Skip to main content

Full text of "Des hybrides 't sauvage. Re animal. 1. volume. (Classe des oiseaux)"

See other formats


1i 


FOR  THE  PEOPLE 

FOR  EDVCATION 

FOR  SCIENCE 

LIBRARY 

OF 

THE  AMERICAN  MUSEUM 

OF 

NATURAL  HISTORY 

DBS 


HYBRIDES 


L'ETAT    SAUVAGE 


FlEG-lNrE       -A.  ISr  I  IVt  A.  L 


premier  volume 
(Classe    des    Oiseauxj 

PAU 

André    SUCHETET 


K.is^cmliloiis  (it'S  fnit>  puiii' 
iiniis  (luntier  (Il'ï:  idées... 
BuiroK. 


^f^ 


LILLE 

IMI'Ul.MI.ItlK   TYPOdHAPHIQUK    KT    LITHO(iIlAI'lll(JUK    LK    BIGOT    KUKKliS 

fis,  i-iic  .Niitioiiiik',  cl  :.'■»,  rtn-  Nil•<)l,l^-Ll•l»I^lnc. 

1  896 


LILLt   —    IMPRIMtlIlE  LE  UICOT   FRERKS 


"o-i-.iôéy  7-Qj  j. 


INTRODUCTION 


SOMMAIRE  : 

Ex  pi  ioa  lions  iiriliininaircs  ;  f:;énéialités,  pp  lll-V.  —  Pourquoi  le  titre  donné  à 
rouvia(;e?  liaisons  alléguées  par  l'auteur,  pp.  VI-XX  —  Imporlance  de  l'élude 
del'liybridité;  cette  élude  délaissée,  pp  XXl-XXVI.  —  L'hybridation  naturelle; 
lilslorii]ue  de  la  question  :  vues  des  naturalistes,  antiquité  et  temps  modernes, 
pp.  XXVIl-XXXV.  —  Pe  quelle  nature  doivent  être  les  espèces  pour  se 
croiser  avec  fruit'.'  Opinions  diverses  ;  lois  pliysiologiciues,  pp.  XXXVI-XLII. — 
Faits  d'tiybridité  provoquée;  résullals  obtenus.  Fertilité  ou  stérilité  des  hybri- 
des, pp.  XLIII-I-XIII.  —  Critérium  de  l'Espèce  basé  sur  les  phénomènes  de 
reproduction;  examen  critique.  Diflérence  entre  l'Espèce  et  la  Kace  établie 
sur  la  génération  ;  races  créées  par  croisement,  pp.  LXIV-CII. —  Caractères  des 
hybrides  et  des  métis;  com|1arais5n*  eiîtfe  lés  uns  et  les  autres.  —  Autres 
phénomènes  propres  aux  hybrides,  pp.  CIII-CXX. 


I. 


Nous  réunissons  dans  cet  oiivrap^e  six  études  qui  ont  été  publiées 
successivement  :  les  quatre  premières  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  zoolojîique  de  France,  pendant  les  années  1890,  1891,  189:2 
et  1893;  la  cinquième  et  la  sixième  étude,  en  librairie,  pendant 
les  années  IS'.l.'i  et  1S96.  —  Ces  Iravau.x  qui  envisagent  l'iiybridité 
dans  la  nature,  et  d'une  manière  plus  iiarticulière  "  les  Oiseaux 
hi/hridcs  ohservcs  à  l'état  sauidijc  »,  (dénomination  sous  laquelle  ils 
ont  paru),  forment  un  ensenii)le  dont  la  lecture  sera  plus  aisée 
dans  un  volume  qui  les  contiendra  tous  (I).  Nous  désirons,  du 
reste,  les  faire  précéder  d'un  .Vvantpropos,  ou  Préface  gé.vérale, 
qui  fera  connaître  le  but  que  nous  y  poursuivons. 

(1)  Très  fréquemment  dans  nos  premières  Additions  (îi»  partie),  et  nos  nouvelles 
Àddiliuim  ((!'  partie),  nous  renvoyons  le  ledeur  à  nos  mémoires;  les  recherches  se 
trouveront  ainsi  simplifiées. 


IV  DUS    HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

Si  riiybridilé,  c'est  à  dire  le  croisement  des  formes  animales, 
spéciruiiiemeDt  distinctes,  ou  pour  mieux  dire,  celles  ([ue  nous 
sommes  convenus  d'appeler  «  Espèces  »,  se  produit  à  l'état  libre,  ce 
pliénomène  mérite  d'attirer  l'attention  du  naturaliste  ;  il  acquiére- 
rait  même  une  imporlauce  considérable  dans  le  cas  où  ces  croise- 
ments seraient  fréquents  et  suivis  de  postérité. 

Cette  question,  qui  touche  à  la  philosophie  zoologique,  est  d'un 
intérêt  très  grand. 

Jusqu'ici,  cependant,  nous  le  verrons  bientôt,  l'étude  des  hybrides 
naturels  a  été  négligée;  on  s'est  ijorné  à  émettre  à  leur  sujet  des 
notions  générales  sans  connaître  exactement  le  rôle  qu'ils  jouent 
dans  la  nature;  de  là,  les  appréciations  les  plus  diverses.  —  Cela 
vient  peut-être  de  ce  que  les  ob.servations  laites  sur  eux  ne  sont 
pas  encore  assez  nombreuses  ou  sont  tellement  disséminées  dans 
les  périodi(jues  et  les  livres  les  plus  divers  que  leur  reciierche  pré- 
sente de  sérieuses  dillicultés  et  demande  une  somme  de  temps 
considérable,  un  travail  de  longue  haleine,  pénible  à  entreprendre. 
Ces  observations  n'ont,  en  effet,  jamais  été  ni  groupées  ni  considé- 
rées dans  leur  ensemble. 

Quoiqu'au  témoignage  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Ililaire,  plus  de 
quatre  cents  physiologistes,  botanistes,  naturalistes,  aient  jiarlé 
de  la  question  de  J'hybridité,  (et  ce  nombre  s'est  notablement 
accru  depuis  la  mort  du  grand  savant),-  aucun  auteur  ne  s'est 
occupé  exclusivement  de  l'hybridité  à  l'état  sauvage  chez  les  ani- 
maux ;  par  conséquent  aucun  livre  ne  traite  ex  professa  de  cette 
matière  dans  laquelle  les  faits  seuls  sont  à  envisager. —  Ce  sont  eux, 
on  peut  le  dire,  qui  sont  la  base  de  toute  déduction  scientifique 
sérieuse  ;  raisonner  sans  eux,  c'est  se  condamner  à  une  stérilité 
absolue.  Malheureusement,  comme  l'a  dit  avant  nous  M.  deQuatre- 
fages  lorsqu'il  a  écrit  quelques  considérations  (1)  sur  le  sujet  que 
nous  abordons  :  «  trop  souvent  ils  manquent.  » 

C'est  pourquoi,  dans  notre  désir  de  prendre  connaissance  de 
l'importante  question  des  hybrides,  nous  nous  sommes  mis  à  la 
recherche  des  faits  ;  mais  il  nous  a  fallu  des  années  pour  eu  rassem- 
bler un  certain  nomln-e.  Quoique  nous  ayons  été  en  correspondance 
avecla  plupart  des  zoologistes  répandus  dans  le  inonde;  quoique 
nous  ayons  fait  fouiller  les  musées  publics,  les  collections  privées, 
les  cabinets  d'histoire  naturelle  ;  quoique  nous  ayons  interrogé  les 
chasseurs,  les  préparateurs,  les  taxidermistes,  les  marchands  de 
gibier,  les  oiseleurs,  etc.,  tous  ceux,  en  un  mot,  qui  pouvaient  nous 

(1)  In  Rev.  des  Cours  scieiililiques,  18G7-68,  j).  Cil. 


INTRODUCTION 


être  utilos  en  cette  circonstance,  nous  n'avons  découvert  qu'un 
nombre  d'hylirides  naturels  très  restreint,  par  rapport  au  nomiire 
immense  des  espèces  qui  sont  aujourd'iiui  connues  (1). 

La  rareté  de  l'hybridation  à  l'état  sauvage  est  sans  doute  le  vrai 
motif  du  silence  qui  s'est  fait  autour  de  ce  grave  sujet,  plus  encore 
que  ne  l'est  la  raison  donnée  tout  à  l'heure  ;  sans  quoi,  on  ne 
s'expli(iuerait  point  une  telle  lacune  dans  la  science  zoologique, 
maintenant  que  la  plupart  des  espèces  existantes  (au  moins  dans  la 
classe  des  Oiseaux  et  dans  celle  des  Mammifères)  sont  bien  étudiées 
et  que  de  nombreux  ouvrages  les  ont  classées  avec  méthode  dans 
le  rang,  l'ordre,  la  famille,  la  tribu,  le  genre,  auxquels  elles 
appartiennent  (2). 

L'ouvrage  que  nous  présentons  n'est  en  quelque  sorte  qu'un 
catalogue  de  faits  ;  mais  ces  faits  sont  groupés,  coordonnés, 
présentés  dans  leur  ensemble  comme  dans  toutes  les  circonstances 
où  ils  méritent  d'être  envisagés  ;  ils  ont,  en  outre,  été  analysés, 
raisonnes  et  critiqués  chaque  fois  que  l'utilité  s'en  est  montrée. 

Notre  catalogue  est  aussi  descriptif,  car  il  fait  connaître  les 
caractères  de  foutes  les  pièces^  dont  on  parle  ;  il  est  surtout  synthé- 
tique. —  Dans  la  mesure  où  l'analyse  détaillée  des  faits  le 
permettait,  nous  avons  tenu  à  descendre  des  principes  aux  consé- 
quences, c'est-à-dire  à  tirer  des  déductions  sans  lesquelles  notre 
curiosité  eût  été  vaine.  Ce  dernier  point,  le  plus  intéressant,  a 
toujours  été  notre  principal  objectif  ;  à  (juoi  bon  tant  de  matériaux 
rassemblés  si  leur  synthèse  fût  restée  à  faire  ? 


(I)  On  verra,  si  on  jette  un  coup  tlVi'il  sur  notre  tableau  (pp.  8;i6-867)  récapitulant 
les  hybrides  naturels  obtenus  à  l'état  sauvasse,  qu'un  très  petit  cabinet  d'Histoire 
naturelle  serait  utlisant  pour  les  renfermer  tous,  alors  (|uc  les  Musées  les  plus 
vastes  contiendraient  dilTicilenient  les  lypcs  purs  répandus  à  profusion  sur  le 
globe  terrestre.  —  Une  remarfjue  bien  importante  est  à  faire  ici  :  depuis  un  nombre 
d'années  assez  restreint,  le  chilire  des  hybrides  naturels  observés  s'est  notable- 
ment accru.  Si  cette  progression  est  confliinle,  dans  un  siècle  les  observations  se 
seront  multipliées  ;  néanmoins,  nous  en  sommes  convaincu,  elles  demeureront 
toujours  fort  rares,  comparativement  au  nombre  des  observations  que  l'on  pourra 
faire  sur  les  espèces. 

|2)  Nous  devons  reconnaître  avec  justice  que  plusieurs  auteurs  ont  essayé  de 
grouper,  dans  des  mémoires  spéciaux  ou  des  articles  de  revue,  les  hydrides  dont  ils 
onl  pu  obtenir  des  exemples;  parmi  ces  exemples  se  trouvent  des  hybrides  naturels, 
c'esl  à-(lire  des  hybrides  observés  à  l'élat  sauvage.  Mais  ces  derniers  se  trouvent 
confondus  avec  les  produits  de  l'hybridité  provoquée;  ils  n'en  sont  point  géncrale- 
nient  distingués  F.ncore  est-il  que  les  mémoires  les  plus  complets  se  bornent  à 
citer  un  très  petit  nombre  de  faits.  Nous  nous  proposons  de  publier  ultérieurement 
un  Index  bibliograplnque  de  ces  divers  travaux. 


VI  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 


II 


Notre  intention  première  avait  été  de  donner  à  notre  travail  le 
titre  suivant  : 

((  Du  croisement  à  l'état  libre  d'espèces  animales  ». 

Par  là,  nous  précisions  trois  choses  :  1  ■  Que  l'hybridation  se 
produit  dans  la  nature  chez  des  espèces  sauvages;  2°  que  non 
seulement  nous  connaissions  la  signification  ilu  mot  espèce,  mais 
aussi  que  nous  savions  quelles  sont  les  formes  qui  méritent  cette 
dénomination  ;  3"  qu'il  existe  encore  sur  le  globe  des  habitats  où 
l'animal  s'est  soustrait  totalement  à  l'influence  de  l'homme.  Ces 
assertions  sont  graves  ;  les  faits  que  nous  avons  à  citer  ne  nous  ont 
pas  permis  one  telle  précision.  Nous  avons  donc  modifié  les  termes 
dont  nous  pensions  pouvoir  nous  servir  et  nous  avons  pris  un 
titre,  on  l'a  vu,  qui  ne  renferme  aucune  de  ces  artumations,  mais 
qui  laisse  seulement  soupçonner  la  possibilité  des  faits  que  nous 
eussions  énoncés  d'une  manière  peut-être  trop  rigoureuse. 

Cependant,  sans  la  crainte  d'être  trop  long,  nous  aurions  préféré 
intituler  notre  ouvrage  de  cette  manière  : 

DE      LA     RENCONTRE 
A  l'État  sauvage 

DE 

paraissant  ktre 

DES 

ÏI'S'B  RIID  E  S 

Car  c'est  là  le  vrai  titre,  le  titre  seul,  qui  convienne  à  notre 
travail.  Malheureusement  il  est  beaucoup  trop  étendu  pour  que 
nous  puissions  nous  en  servir  couramment.  —  Nous  ne  le  ferons 
donc  pas  figurer  sur  la  couverture  de  notre  livre  ;  mais  nous  le 
maintiendrons  en  principe.  —  Voici  nos  raisons;  nous  eu  pro- 
posons trois  : 

I.  Nous  disons:  «  De  In  rencontreti  et  non  «  du  croisement  ».  En  effet, 
quoique  l'hybridation  naturelle  soit  bien  prouvée  pour  certaines 
espèces  d'Oiseau.x,  le  plus  généralement  l'appariage  des  espèces. 


INTKODIICTION  VU 

supposées  mères,  n'a  point  été  (Oiistaté  de  visu.  Serait-on  sih-  tl'une 
(l(iul)le  origine  ciiez  les  liybrides  (jue  l'on  rencontre,  ce  qui  reste 
douteux  dans  nonilire  de  cas,  qu'il  serait  encore  nécessaire,  pour 
les  déclarer  sauvages  de  naissance,  de  savoir  si  les  parents  n'étaient 
point,  au  moment  du  croisement,  retenus  en  captivité  ou  dans  des 
conditions  telles  qu'ils  ne  jouissaient  point  complètement  de  leur 
liberté.  On  sait  qu'un  grand  nombre  d'espèces  animales  sont 
aujourd'hui  transportées  d'un  lieu  à  un  autre,  déplacées  du  milieu 
qui  leur  convenait  essentiellement,  et  qu'ainsi  elles  ont  pu  être 
amenées  à  contiacter  des  mélanges  qui  ne  se  seraient  point  pro- 
duits ilans  un  état  de  comi)lèle  liberté.  —  Que  dirions-nous  de  ces 
espèces  retenues  dans  les  parcs,  les  volières,  les  jardins  d'accli- 
matation, d'où  parfois  elles,  et  leurs  hybrides,  parviennent  à 
s'éclia|)pcr?  Nous  citerons  de  ces  genres  d'hybridations;  les  e.>:em- 
ples  foisonnent  et  donnent  lieu  à  de  nombreuses  méprises  (1). 

Rien  donc  d'absolument  ('eitain,debien  authentique  dans  les  faits 
que  nous  avons  h  grande  peine  rassemblés.  Nous  avons  dû  nous 
livrera  de  minutieuses  enquêtes  sur  leur  compte,  et  bien  souvent 
l'incertituile  à  leur  sujet  demeure  encore  dans  notre  esprit. 
Cependant  il  est  une  catégorie  d'espèces,  chez  les  Oiseaux,  qui 
n'ont  point  encore  propagé  leur  race  en  captivité.  On  peut  dire 
des  hybrides  de  ces  espèces,  quand  on  les  rencontre  à  l'état  sauvage, 
qu'ils  sont  bien  niis  dans  cet  état,  l'our  eux,  le  doute  n'est  plus 
permis.  Encore  est-il  que  leurs  caractères  mélangés,  si  bons 
indices  qu'ils  puissent  être  de  leur  double  origine,  n'en  sont  [)oint 
des  garants  infaillibles.  Des  anomalies  se  présentent  de  telle  façtni 
(lu'elles  sont  souvent  capables  d'induire  à  erreur  l'œil  le  plus 
exercé. —  Une  très  grande  piudence  est  donc  de  règle  dans  le  sujet 
que  nous  traitons. 

On  voit  pourquoi,  au  lieu  de  nous  servir  d'un  terme  absolu 
commençant  notre  titre,  nous  préférons  u.ser  d'expressions  plus 
vagues,  moins  concises,  et  ne  renfermant  aucune  allirmation  tiu 
genre  de  celles  que  nous  redoutons. 

II.  .Nous  avons  substitué  les  mots  ((  formes  animales  »  aux  mots 
((  espèces  animales  >i,  parce  que  notre  embarras  a  été  grand  lorsqu'il 
s'est  agi  de  distinguer  (;ntre  l'espèce  et  la  race  (ou  pour  mieux  dire 

(I)  l.cs  ()rnilliol()j;is(es  (|ui  ont  éprit  des  ouvrages  spéciaux  sur  la  faune  de  cer- 
taines conliées  ont  parfois  iudiciué,  dans  leur  classement,  des  Oiseaux  al)Solunient 
étrangers  à  la  loralité,  et  dont  la  présence  fortuite  n'était  point  due  à  des  causes 
naturelles.  Ces  animaux  s'étaient  échappés  de  quelque  navire  qui  les  transportait 
en  d'autres  lieux  ou  avaient  fui  les  lieux  mêmes  où  ils  avaient  été  importés. 


VIII  DES   HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

entre  l'espèce  et  la  xoiis-espèce  comme  on  fait  emploi  de  ce  mot 
en  zoologie).  Cette  dislinction  serait  cependant  importante  à  établir 
dans  l'état  de  nos  connaissances,  car  le  croisement  entre  individus 
de  race  ditlérente,  mais  appartenant  à  une  même  souche,  ne 
présente  pas,  quant  à  présent,  l'intérêt  que  nous  attachons  à 
l'appariage  libre  d'espèces  bien  distinctes.  Il  n'est  point  surprenant 
que  deux  individus  appartenant  à  une  même  lignée  se  recherchent, 
s'apparient  et  produisent  des  métis  lorsqu'ils  se  trouvent  en  pré- 
sence l'un  de  l'autre. 

La  question  du  croisement  nous  paraît  prendre  une  tout  autre 
importance  lorsque  ce  sont  des  espèces  qui  contractent  des  alliances 
étrangères;  on  le  conçoit  aisément.  Il  faut  donc  s'efïorcer  d'établir 
la  distinction  dont  on  parle.  Mais  là  gît  la  dilTiculté.  —  La  même 
forme  zoologique,  qui  est  classée  par  tel  naturaliste  au  rang 
d'espèce,  est  considérée  comme  sous-espèce  ou  variété  par  tel 
autre  (1).  Nous  ne  parlerons  point  des  divergences  d'opinions  (jui 
se  produisent  lorsque  l'on  cherche  à  découvrir  le  genre,  et  méuie 
la  famille  et  l'ordre  auxquels  l'espèce  appartient.  La  confusion 
devient  alors  inextricable.  Notre  méthode  de  classement  n'est 
peut-être  que  conventionnelle  ;  on  ne  saurait  dire  si  elle  existe 
réellement  dans  la  nature  (2). 

(1)  «  Si  nous  ouvrons  un  traité  de  zoologie,  dit  le  baron  VA.  de  Selys-Longchamps 
(in  Bull,  de  l'Acad.  de  Bruxelles,  T.  XIII,  l"  partie,  ISiC,  pp.  o85-3S6),  nous  y 
verrons  que  des  êtres  vivants  actuellement,  dont  certains  auteurs  font  plusieurs 
espèces,  sont  considérés  par  d'autres  con)me  de  simples  variétés  n.  —  «  Autrefois, 
dit  le  Dict,  de  Déterville  (.4?'/.  variété),  on  rangeait  beaucoup  de  variétés  parmi  les 
espèces;  puis  on  a  rangé  beaucoup  d'espèces  parmi  les  variétés  ».  —  «  il  arrive, 
en  pratique,  écrit  M.  Malliias  Duval  (in  lîev.  Se,  pp.  S  et  fi),  que  faute  delà  possi- 
bilité d'établir  sur  les  caractères  anatomiques  une  règle  absolue  pour  caractériser 
les  bonnes  espèces,  et  dans  l'impossibilité  d'employer  comme  pierre  de  louche  les 
caractères  physiologiques  de  la  reproduction,  les  naturalistes  demeurent  hésitants 
sur  la  valeur  de  certains  types  classés  comme  espèces  ». —  L'importance  des  caractè- 
res, remarque  encore  Lecoq  (Géographie  botaniijue,  p.  200).  est  presque  impossi- 
ble à  apprécier  dans  la  sé|)aration  des  espèces.  On  éprouve  déjà  de  la  dillicullé  à 
reconnaître  la  valeur  des  caractères  génésiques...  Pour  être  rigoureu.x,  il  faudrait 
seulement  décrire  et  adopter  des  formes  sans  leur  donner  de  valeur  n. 

(2)  Voici  ce  que  pense  Flonrens  à  ce  sujet  :  <■  Tous  ces  rapprochements,  tous  ces 
groupes,  combinaisons  variées  des  espèces,  peuvent  n'être  et  ne  sont  peut-être, 
jusqu'à  un  certain  point,  que  des  créations  de  notre  esprit  ».  Toutefois,  en  ce  qui 
touche  l'espèce,  Klourens  devient  formel  et  dit  sans  hésitation  :  «  L'espèce  est  de  la 
nature  ;  l'espèce  est  un  fait  réel,  constant,  et  de  la  réalité  de  ce  fait  dérive  la  force 
de  toutes  nos  considêrali()[is  abstraites  et  générales  dont  l'enchainement  forme  nos 
méthodes  ».  {Obserralions  sur  les  caructères  conslttulifs  de  l'espèce,  in  Annal,  des 
se.  naturelles,  2*  série,  T.  IV,  p.  30(i).  Autre  part,  après  avoir  rappelé  ces  paroles  de 
Linné,  Nalurœ  npus  semper  est  species  et  genus:  cultura;  sxpius  varietas  artis 


INTRODUCTION  IX 

Qu'est  Cl'  (|iie  l'espèce?  Quel  sens  .-ittychons-nous  à  ce  mot-  en 
Histoire  iiiitureile  ? 

Nous  ferons  remarquer,  avant  de  donner  quelques  explications 
à.  ce  sujet,  «lue  l'homme  reste  en  dehors  de  nos  éludes;  nous  n'y 
envisageons  que  les  animaux.  L'espèce  humaine,  seule  raisonnahle 
parmi  tous  les  êtres  qui  peuplent  la  Création,  est  mise  hors  de  nos 
discussions. 

Demandons-nous  d'abord  si  le  mot  espèce  a  toujours  eu  l'acception 
qu'on  lui  prête  aujourd'hui  en  zoologie.  Cette  recherche  ne  sera 
pas  vaine  ;  ce  mot,  dit  justement  Isidore  GeotTroy  Saint  llilaire,  est 
«  le  premier  et  le  dernier  mot  de  l'histoire  naturelle  »  ;  le  jour  où 
nous  en  serions  comidèlcment  maîtres,  ajoute  ce  savant,  nous 
serions  Lieu  près  de  le  devenir  de  la  science  entière  (11. 

Or,  les  anciens  ont-ils,  comme  cela  a  été  dit,  appelé  rÈvo;  ou 
Gcnns  ce  que  nous  appelons  maintenant  espèt'e  ?  CeolTroy  Saint- 
Hilaire,  ([ui  s'est  livré  à  de  grandes  re'cherches  sur  le^i  sens  divers 
de  cette  expression  et  sur  ses  synonymes  (2),  répond  qu'Aristote 

et  natiirn'  claxxis  or  nnla,  le  rui-nie  pliysiologistc  s'exprime  ainsi  :  «  Kn  cllel, 
l'espi'CO  el  le  genre  sont  toujours  l'ieuvre  de  \t  naUire  :  li  variole  est  souvent 
l'œuvre  de  la  culliirc  :  el  la  cliifsc  et  l'ordre  sont  i\  la  fois  I  eeuvre  de  l'art  et  di'  la 
nature:  de  la  nature  (|ui  donne  aux  espèces  les  resscniblanees  et  les  dillérences,  el 
de  l'art  qui  les  juge  el  les  apprécie».  Agassiz  constate  qu'il  n'y  a  pas,  à  vrai  dire, 
en  Histoire  naturelle,  de  sujet  (la  classification  zoologique)  à  l'égard  duquel  l'incer- 
titude soit  plus  grande  et  le  défaut  de  preuves  plus  absolu.  "  Je  n'ai  pu,  dit-il, 
trouver  nulle  part  une  définilion  netle  ihi  caractère  mèiue  des  divisions  les  plus 
compréhensiljles  i>.  I,e  savant  professi  ur  de  l'Université  de  Cambridge  croit  cepen- 
dant, après  <les  investigations  les  plus  prolondes,  avoir  trouvé  le  fil  qui  doit  le 
guider  dans  ce  labyrinthe.  (Les  prijicipes  nitionnels  ae  lu  cUtsxificnlion  zoolo- 
gique,  in  Hevue  des  (iours  se,  8(>S(i!),  p.  l'ili  et  suiv.).  —  Faisons  connaître 
incidemment  comment  les  caractères  du  genre  sont  appréciés  dans  le  Nouveau 
cours  il'tigricutluri'  (T.  VI,  p.  3,S3)  :  ils  doivent,  d'après  l'auteur  de  ce  cours,  être 
exclusivement  pris  des  parlies  qui  décident  le  plus  poissauiuunt  de  l'organisalion 
et  par  suite  des  mœurs  des  animaux.  Les  dents  et  le  bec,  qui  servent  a  manger, 
sont  les  organes  qui  influent  le  plus  sur  les  i|uadrupèdes  el  les  oiseaux  ;  aussi, 
dit-il,  sont-ce  ces  parties  qui  servent  de  premier  caractère  pour  l'élablisseinent 
des  genres  (|ui  les  concernent.  I,'extrémilé  des  pieds,  qui  décident  si  souvent 
de  la  manière  d'être,  est  employée  en  second.  —  IJe  son  côté,  Paul  (iervais  (dans  son 
Traite  de  Zuolngie,  pp.  23  et  24)  dit  que:."  la  réunion  des  espèces  qui  se  ressemblent 
le  plus  forment  les  genres,  et  l'assoclalion  de  ces  genres,  qui  ont  également  des 
caractères  communs  el  d'une  valeur  supérieure  !i  ceux  qui  les  constituent  comme 
genres,  forme  des  tribus,  des  familles,  des  ordres,  suivant  l'importance  des  particu- 
larités communes  ;'i  ces  nouvelles  associations.  Les  genres  de  cerlaines  familles, 
ajoiile-l-il,  se  ressemblent  habituellement  |  ar  certaines  de  leurs  propriétés  ou  de 
leurs  aptitudes,  et  ces  analogies  servent  pliilôl  à  les  définir  ». 

(1)  Pages  '.W.t  et  IlJKt  du  T.  Il  de  son  Hixtuirr  ijdni'rale  des  rèjiies  oiv/ (1/117 »('.<. 

(2)  Voy.  le  cliap.  V  de  l'ouvrage  que  nous  indiiiiions,  chapitre  très  instructif. 


X  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

s'est,  en  efïet,  servi  de  fk-joi;  dans  le  sens  d'espèce.  Mais  le  môme 
mot  prend  parfois  dans  ses  écrits  un  autre  sens,  «  tantôt  plus 
particulier,  tantôt  plus  général».  Le  grand  naturaliste  de  l'antiquité 
l'applique  à  des  collections  d'individus  de  mèine  espèce  ;  ailleurs 
il  retend  à  des  genres,  à  des  familles,  à  des  ordres  même.  Vbio^  ne 
serait  donc  ((  ni  l'espèce,  ni  le  genre  ;  mais  une  réunion  quelconque 
d'individus  naturellement  unis  »  ;  ce  serait,  d'après  le  savant  que 
nous  suivons,  le  mot  Groupe,  qui,  dans  notre  langue,  répondrait  à 
cette  expression  (i). 

Lorsqu"Aristote  désire  opposer  à  l'idée  du  genre  une  notion  plus 
particulière,  «  il  laisse  le  mot  yIvoç  pour  un  autre,  elBoç,  qu'on  a 
traduit  par  espèce,  comme  ykvo;  par  gcnns:.  Néanmoins  doo;  ne 
serait  l'espèce  que  dans  le  sens  métaphysique  et  logique  de  ce 
terme  (2).  Pline  le  prend  toujours  dans  son  acception  ordinaire, 
forme,  iifiparence,  beauté  ;  il  n'en  fait  point  un  ternie  d'histoire 
naturelle  ^3). 

Pour  (leotïroy,  l'espèce  zoologique  et  botanique  n'a  donc  pas  eu 
de  nom  propre  dans  l'antiquité,  et  l'introduction  du  mot  xpecies, 
dans  ce  sens  particulier,  ne  date,  d'après  lui,  que  de  la  renaissance 
scientifique  (4).  M.  de  Quntrefages  est  de  cet  avis  ;  pour  le  célèbre 
anthropologiste,  Aristote  n'avait  et  ne  pouvait  avoir  l'idée  de 
l'espèce,  telle  que  nous  cherchons  à  la  définir  ;  les  Romains  ne 
sont  point  allés  plus  loin.  Le  moyen-âge  et  la  renaissance  n'ont 
rien  ajouté  (5). 

Le  D'Frédault  qui,  suivant  la  lègle  de  Pascal  «  de  n'admettre 
aucun  des  termes  un  peu  obscurs  ou  équivoques  sans  définition  » 
a  voulu,  lui  aussi,  entendre  le  mot  espèce  (G),  admet  qu'Aristote 
«  ne  formula  peut-être  pas  assez  nettement  ce  qu'on  doit  entendre 
par  genre  et  par  espèce  »  (7).  Un  passage  du  Liv.  x  (ch.  9)  de  la 
Métaphysique  serait  cependant  d  philosophiquement  décisif  sur 
la  notion  de  l'espèce  d  (8).  Le  docteur  considère  que  ysvoç,  genus, 
(du  verbe  yivcixïi).  exprimait  chez  les  Grecs  et  chez  les  Latins  «  un 
ensemble  d'être  parents,  et  pouvant  engendrer  ensemble,  ou  étant 

(1)  Vny.  pp.  3ol,  3o2  et  353,  où  Geoffroy  cite  des  exemples. 

{i)  «  lilooç,  subdivision  de  yÉvo;  est,  dans  le  groupe  principal,  un  ^-roupc  cir- 
conscrit »,  p.  353. 

(3)  Voy.  p.  :«o. 

(4)  Se  reporter  à  la  p.  354,  puis  à  la  p.  35o. 

(n)  Voy.  ses  Cours  professés  au  Muséum  de  1867  à  68,  publiés  in  Rev.  des  C.  S.. 
T.  V,  p.  454  et  suiv. 

(6)  Traite,  d'anthropologie  physiologique  et  philosoiiliique.  Paris,  J.-B.  Bail- 
lièreet  fils,  1863  (Voy.  le  l'"'  chapitre  du  Livre  premier,  pp.  17  et  suiv.). 

(7)  Dernières  lignes  de  la  page  23. 

(8)  Ce  passage  est  rapporté  tout  au  long  dans  le  Traité  il  anthropologie. 


INTRODUCTION  XI 

nilics  ])ar  la  génération.  I.o  mot  i/oirc  av;iit  alors  la  signilicalioii 
que  nous  donnons  aujourd'hui  au  mol  espèce  »  (1).  Mais,  solon  lui. 
c'est  Porphyre  (jui,  ilans  Vlsdijoije,  a  attaché  délinitivement  au  mot 
(jenre  la  signidcation  scienlifi(|ue  qu'il  a  gardée  dey)uis,  et  employa 
le  mot  ;î5o;,  eu  latin  sjnxies,  pour  désigner  ce  qu'on  appelait  autre- 
fois (icnns  {'l). —  Voyant  ensuite  ce  que  devint  l'enseignement  de 
Porphyre  (3),  héritier  de  la  philosophie  grecque,  il  remarque  que 
c'est  i\  tort  qu'on  «  s'imagine  heaucoup  trop  de  noire  temps  que 
tout  est  moderne...  et  que  la  question  iW  l'espèce  ne  commence 
qu'au  xviii"  siècle  ».  A  l'appui  de  son  dire,  il  cite  Boëce,  (dans 
lequel  il  faut  lire  Porphyre  pour  le  bien  comprendre),  lequel  consi- 
dère «  l'homnu^  comme  nue  eftpèci'  n. 

Nous  veuous  de  dire  ijue  Geoffroy  ne  date  l'introduction  du  mot 
speries  en  histoire  naturelle  que  de  la  renaissance  scientifique. 

Y  aurait  il  donc  contradiction  entre  les  deux  éciivains  '.''  Nous  ne 
le  pensons  pas  absolument,  car  Geoffroy  a  reconnu  que  l'introduc- 
tion en  histoire  naturelle  du  mot  speries  s'est  faite  sous  l'inlluence 
si  longtemps  prédominante  en  philosophie  d'Aiistote  et  des  scolas- 
tiques,  et  que  c'est  leur  doctrine  sur  les  unim-rsunx  qui  les  a 
conduits  à  discerner  partout,  après  le  genre  révo;,  l'espèce  Eïooç  (4). 
Or,  c'est  précisément  le  livre  tle  Porphyre  qui  posa  la  question  des 
cinq  universaux.  La  conciliation  serait  encore  sans  doute  plus 
facile  en  disant  que  Porphyre  ne  parle  qu'au  sens  métaphysique  ; 
ce  n'est  point  ce  sens  qui  a  été  recherché  par  Geoffroy,  naturaliste. 

Néanmoins,  nous  ne  voulons  point  cacher  tout  ce  que  ces 
passages  renferment  d'obscur  à  nos  yeux.  Ce  qui  parait  bien 
évident,  c'est  que  le  mot  «espèce  »,  en  passant  de  la  ])hilosophie 
en  Histoire  naturelle,  n'eut  point  immédiatement,  co>nme  le 
remanjue  Isidore  GeotTroy  Saint  Hilaire  (.">),  le  sens  qu'on  lui  donne 
aujourd'hui.  Souvent,  dans  les  anciens  livres  zoologiques,  il  est 
l'équivalent  de  ylvo;  et  de  geuus  ;  «  on  rem[»loie  pour  traduire 
ces  ex|)ressions  dont  on  lui  donne  arbitrairement  et  confusément 
tous  les  sens  ;  c'est  l'espèce,  mais  c'est  aussi  le  genre  ;  c'est  encore 
ave<'  une  signilication  plus  indéfinie,  la  sorti'...  On  ne  se  fait  j^oint 
scrupub;  d'appliijuer  tour  à  tour  et  au  môme  groupe,  d'un  passage 
à  l'autre,  les  noms  de  genre,  de  sorte,  d'espèce  ».  Sans  citer  les 


(1)  Voy.  p.  2-2. 

(2)  Voy.  p.  25. 

(3)  Voy.  p.  27. 

(4)  Bisl.  des  règne.i  urgani.ii's',  p.  .'It,î. 
(ii)  Voy.  p.  '£)('),  même  chapitre. 


XII  DES    HYBRIDES    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

ouvrages  auxquels  l'auteur,  dont  nous  mettons  les  travaux  à  profit, 
a  recours  pour  dénionlrer  ce  qu'il  avance  (I),  nous  n'en  voulons 
pour  preuve  ([ue  le  Coiiniieiitairr  iHtrral  de  la  (levrsc  du  savant 
bénédictin  doni  Calmet  (2);  celui-ci,  suivant  l'usage  établi,  emploie 
dans  la  même  phrase  et  dans  le  même  verset,  tantôt  species,  tantôt 
genns,  qu'il  traduit  coustamment  par  espèce  (3).  ti-aduction 
employée,  du  reste,  fré(|uemmenl  dans  les  Bibles  latines  ou  fran- 
çaises (4).  — Tandis  que  dans  le  texte  hébreu,  l'écrivain  sacré  ne 
se  sert  que  d'une  seule  expression,  min,  la  Vulgate  emploie  tantôt 
genus,  tantôt  species,  comme  si  ces  deux  mots  étaient  synonymes 
]»our  elle.  Notons  que  le  texte  grec  ne  porte  jamais  que  yévoç  ; 
la  bible  auglaise  (5)  ne  se  sert  aussi  que  de  kincl  (genre). 

En  employant  cette  seule  expression,  min.  Moïse  a-t  il  voulu 
signilier  le  genre  ou  plutôt  l'espèce  ?  Le  Pentateuque  est  la  seule 
partie  de  la  Bible  où  soit  employé  le  mot  min  ;  à  part,  paraît-il, 
un  passage  d'Ezéchiel  (xlvii,  10)  dans  lequel  le  ])rophète  parle 
des  espèces  de  poissons. 

Assurément,  les  connaissances  scientifiques  n'étaient  pas  assez 
développées  au  temps  où  Saint  Jérôme  traduisait  l'Hébreu  en 
Latin,  jiour  qu'il  put  distinguer  entre  l'espèce  et  le  genre  :  d'où 
les  deux  expressions  gcnus  et  species  qu'il  emploie  indilïéremment. 
Il  sera  bon,  cependant,  de  remarquer  qu'en  cela  il  ne  paraît  pas 
se  trouver  d'accord  avec  le  texte  hébreu  et  le  texte  grec  qui,  l'un 
et  l'autre,  on  vient  de  le  dire,  n'ont  toujours  employé  qu'un  seul  et 
même  mot.  Pourrait  on  prétendre  que  mi)i  renfermait  un  double 
sens,  ou  plutôt  que  les  Hébreux  n'avaient  qu'un  seul  mot  pour 
signilier  ces  deux  choses,  genre  et  espèce;  que  par  conséquent 
Saint  Jérôme  était  en  droit  de  se  servir  pour  le  rendre  eu  latin 
tantôt  de  ijeniis,  tantôt  de  speciesl  —  Cette  question,  à  laquelle  nous 
ne  saurions  répondre,  mérite  d'être  examinée  (H). 

(1)  L'Histoire  entière  des  Poissons,  pai'  lioiuielet  tt  Guy  île  hi  Brosse,  et  De  la 
Nature  des  Plantes. 

(2)  Coiiniienlaire  littéral  sur  les  Livres  de  l'ancien  et  du  nouveau  testament. 
Paris,  MDCcxv. 

(3)  Voy.  les  premières  lignes  de  I.t  p.  i'i.  A  la  page  26  la  mt'nie  manière  de  s'e.\- 
primer  est  reproduite.  On  nous  oliji'clera  sans  doute  (et  pent-élre  avee  raison) 
i|ue  le  Coinnienlaire  de  doni  Oalinet  n'est  pas  un  traité  d'Ilistnire  naturelle. 

(4)  Ceni'se,  cliap.  I,  vers.  ?1,  24,  'i5. 

(,'))  Imprimée  à  Londres  en  KiOS,  par  Barker. 

(Cl)  Nous  avons  oonstdté  à  ce  sujet  des  hébraïsants  ;  mais  leurs  réponses  ne  nous 
ont  pas  sati^fait  pleinejuent.  il  résulterait  eependant  de  la  correspondance  échan- 
gée avec  l'un  deux,  i|ue  min  est  employé  là  où  ilous  mettriuns  «  espèce  ».  Suivant 
un  autre,  que  nous  croirions  volontiers,  il  serait  plus  rationnel  de  traduire  «  cum 


INTRODUCTION  XIII 

11  faut  donc,  comme  le  dit  l'auteur  de  Vllisloire  des  Règnes  urtja- 
ui(jiu'!i  (1),  venir  jiis([ii'iiux  dernières  iinnées  du  xvn°  siècle  pour 
trouver  des  uaturjdisles  qui  rompent  délinitivemeQt  avec  les 
vieilles  habitudes  de  classification  et  langage. 

Ne  peut-on  conclure,  avec  .M.  de  Quatrefai;es,  (|ue  «  la  science 
n'a  fait  que  préciser  ce  dont  le  vulgaire  a  le  pi'essentiment  vague, 
et  ce  n'est  mOuie  qu'assez  tard  et  après  une  oscillation  assez 
curieuse,  qu'elle  y  est  parvenue  »  (2)  ? 

Nous  uous  trouverions  ainsi  amenés  à  l(!8ti,  oii  .(ean  Ray  regarde 
(I  comme  étant  de  même  espèce  les  végétaux  qui  ont  une  origine 
commune  et  qui  se  reproduisent  jiar  semis  »  ;  ou,  uu  jieu  plus 
tard,  en  1700,  époque  dans  laquelle  Touinefort,  posant  nettement 
la  question,  «appelle  espèce  la  collection  des  plantes  qui  se 
distinguent  |iar  quel(|ue  caractère  particulier  ». 

Nous  voici  passés  insensiblement  à  la  définition  de  l'espèce, 
définition  placée,  suivaul  la  parole  d'Isidore  Geofiroy  Saint  Hilaire, 
«  au  nombre  des  plus  grauds  problèmes  dont  l'esprit  humain  ait 
à  se  préoccuper  ».  —  Plus  bas,  en  note,  nous  reproduisons  plu- 
sieurs de  ces  définitions  (3). 

simili  suo  ».  On  ne  s:nirail  d'ailleuis  en  tirer  iictuellement  iiucun  argiinienl.  Cilons 
ici  une  plirase  de  M.  Sanson,  dans  la<|uelle  il  dit  que  «  le  terme  espi^ce,  s'il  est 
ramené  à  son  sens  vérilable,  au  ftiif  i/u'U  a  dans  la  (lenfse,  pur  exemple,  ne  cor- 
respond qu'à  la  noliim  de  dislinilion  entre  les  types,  dislincUon  qui  est  un  tait  mis 
en  évidence  par  celui  de  la  race  même  {C.  H.  de  l'Acad.  des  Sciences,  T.  64.  p.  824). 

(1)  Voy.  p.  :j;i8. 

(2)  L'Espèce  humaine,  cliap.  Il,  pp.  il  et  2ii  de  la  \>'  édit.  l'aris,  187U.  Mous 
avons  ouvert  plusieiiis  dictionnaires  des  XVI«,  .WII"  siècle,  et,  nous  reportant  aux 
mots  Espèce  et  Genre,  nous  avons  trouvé  dilléreutes  définitions  qui  montrent 
que  l'on  n'atlacliait  pas  vers   cette  époque  à  ces  mots  le  sens  actuel. 

(3)  Suivant  Bnllon,  l'espèce  est  une  succession  constante  d'individus  semblables, 
xapables  de  se  reproduire.  Jussieu  s'est  exprimé  à  peu  près  de  la  même  manière, 

ainsi  qu'Adanson.  lUiger  dit  seulement  ipie  «  l'espèce  est  l'ensemble  des  êtres  qui 
donnent  entre  eux  des  produits  féconds  n.  Elle  est,  d'après  Cuvier,  «  la  collection 
ou  la  réunion  de  tous  les  corps  organisés,  nés  les  uns  des  autres  ou  de  parents 
communs,  et  de  ceux  (jui  leur  ressemblent  autant  qu'ils  se  resscud)lent  enire 
eux  ».  t  L'espèce,  dit  Duméril,  est  pour  nous  un  nom  collectif  d'individus  qui 
peuvent  se  reproduire  avec  des  (pialités,  une  structure  et  des  propriétés  abso- 
lument semblables  ».  D'après  Haulieiilon.  elle  n'est  qu'un  yronpe  dé  classilication 
artillciellc  comprenaol  cdous  les  individus  qui  se  ressemblent  plus  qu'aux  autres». 
Henri  .Martin  la  délinit  ainsi  :  «  L'ensemtde  des  individus  qui.  ayant  liérité  d'une 
orïjanisalion  semblable  dans  tous  ses  principaux  détails,  peuvent  remonter  par 
propagation  à  des  êtres  propagateurs  semblables  à  eux,  postérieurement  à  la 
dernière  révolution  du  globe,  cl  dont  les  didércnces  d'organisation,  s'il  y  en  a, 
peuvent   par  conséquent  s'expliquer  par  l'action   prolongée  des  causes  actuelles, 


XIV  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

11  ressort  de  la  plupart  d'entre  elles  que  l'espèce  a  pour  caractères 
essentiels  ((  la  ressemblance  et  principalement  la  succession  cous 
tante  par  voie  de  reproduction  )).  Le  plus  grand  nombre  des  natura- 
listes ont  adopté  cette  manière  de  voir.  Il  en  est,  cependant,  même 
parmi  les  savants  de  l'école  classique,  qui  pensent  ditïérenimenl. 

lanl  nalmelles  (|u'aililicitlles  ».  D'après  Mgi'  Maupied,  «  l'espèce  zoologique  est 
l'animal  muni  d'organes  réunis  ou  séparés  à  l'aide  desquels  il  peut  se  perpétuer 
dans  le  temps  et  dans  l'espace  avec  les  mêmes  propriétés  ou  qualités  plus  ou 
moins  développées  dans  un  certain  laxum,  ayant  ses  minima  et  ses  maxima 
déterminés  par  les  circonstances  et  les  milieux,  mais  qui  ne  peuvent  être  dépassés 
sans  que  l'animal  périsse  ».  Les  espèces,  dit  Pritchard,  sont  des  ensembles  de 
plantes  ou  d'animaux  que  l'on  sait  de  science  certaine,  ou  que  l'on  peut  croire 
d'après  de  justes  niolils,  être  des  rejetons  d'un  même  tronc,  ou  descendre  de 
familles  entièrement  semblables  et  impossibles  à  distinguer  les  unes  des  autres  ». 
l'our  Flourens,  «  le  caractère  de  l'espèce  est  la  fécondité  continue  ;  pour  Marcel 
de  Serres  l'espèi-e  est  une  sorte  de  type  qui  se  perpétue  par  la  génération  et  autour 
duquel  oscillent  certaines  variations  d'autant  plus  nombreuses  que  l'être  cbez  leciuel 
elles  ont  lieu  est  plus  capable  de  supporter,  sans  en  être  sensiblement  incom- 
modé, des  changements  extrêmes  dans  les  circonstances  extérieures  n.  Pour  M.  Cari 
Vogt  «  elle  est  la  réunion  des  individus  qui  tirent  leur  origine  des  mêmes  parenis 
et  qui  redeviennent  par  eux-mêmes  ou  par  leurs  descendants  semblables  à  leurs 
premiers  ancêtres  ».  Suivant  Wagner,  «  Pensemble  de  tous  les  individus  qui 
peuvent  pjoduire  entre  eux  une  descendance  féconde,  indélinlc,  continue,  constitue 
l'espèce  ».  C'est  là  le  signe  essentiel.  De  Candolle  dit  que  l'espèce  est  «la  collection 
de  tous  les  individus  qui  se  ressemblent  entre  eux  plus  qu'ils  ne  ressemblent  à 
d'autres  ;  qui  peuvent,  pir  une  fécondité  réciproque,  |)roduiro  des  individus 
fertiles;  et  qui  se  reproduisent  par  la  génération  de  telle  sorte  qu'on  peut,  par 
analogie,  les  supposer  tous  sortis  originairement  d'un  seul  individu  ou  d'un  seul 
couple  ».  Millier  dit  que  «  l'espèce  est  une  forme  de  vie,  représentée  par  des 
individus,  qui  reparait  dans  les  produits  de  la  génération,  avec  certains  caractères 
inaliénables,  et  qui  se  reproduit  constamment  par  la  procréation  d'individus 
similaires.  Cette  dernière  circonstance,  ajoule-t-il,  dislingue  l'espèce  des  formes 
hybrides  ou  bâtardes  ».  En  somme,  «  la  reiiroduction  constante  du  même  type,  ou 
de  la  même  forme  de  vie,  par  l'union  avec  son  semblable,  est  le  caractère 
essentiel  et  inaliénale  de  l'espèce  ».  Pour  M.  de  Quatrefages,  l'espèce  est  «  l'ensem- 
ble des  individus  plus  ou  moins  semblables  cuire  eux  qui  sont  descendus  ou  «pii 
peuvent  être  consulêrés  comme  descendus  d'une  paire  primitive  ».  Lamark  avait 
(lit  «  quelle  est  la  collection  d'individus  semblables  que  la  génération  per|>êtue 
dans  le  même  état  »  ;  mais  il  ajoutait  :  «  tant  que  les  circonstances  de  leui 
situation  ne  changent  pas  assez  pour  faire  varier  leurs  habitudes,  leurs  caractères 
et  leur  forme  i).  Citons  encore  Isidore  deoUroy  Saint-llilaire  qui  dêhnit  ainsi 
l'espèce  :  u  Une  collection  ou  une  société  d'individus  plus  ou  moins  semblables 
entre  eux  et  qui  sont  descendus,  ou  qui  peuvent  être  considérés  comme  descendus, 
d'une  paire  primitive  par  succession  ininterrompue  de  famille  ».  On  trouve  encore 
dans  le  Nouveau  cows  d'agriculture  An  définition  suivante  :  «  On  appelle  espèce 
dans  les  animaux  et  les  végétaux  la  série  des  individus  qui  se  ressemblent  par 
le  plus  grand  nombre  de  caractères  essentiels  et  qui  se  propagent  avec  les  mêmes 
caractères  par  la  généralion  ». 


INTRODUCTION  XV 

Afin.ssiz  tisl  de.  ce  uoiiil)re  :  pour  lui,  l'espèce  est  foiuléc  k  sur 
l'oxacle  détenniiiation  des  rapports  entre  les  individus  et  le 
monde  ainliiaut,  de  leur  parenté,  de  leurs  proportions  et  des 
rapports  des  parties  aussi  bien  que  de  rorneineul  spécial  des 
animaux  (  I)  ». 

Avouons  i|ue,  dans  la  prati(iue,  il  est  dillicile  d'élalilir  sur  des 
caractères  morphologiques  une  règle  capable  de  caractériser 
l'espèce.  N'arrive-t-il  pas  fréquemment  que  deux  individus  de 
même  esjjècc  difïèrenl  plus  entre  eux,  au  moins  i^n  apparence,  que 
ne  dillèienl  d'autres  individus  spéciliquenient  distincts  (2). 

Quelcjuefois  ces  dissemblances,  tant  extérieures  qu'anatomiques, 
se  présentent  à  un  si  haut  dei;ré  entre  animaux  de  même  espèce, 
(ju'on  est  tenté  de  classer  ceux-ci  dans  des  gtïiires  dilïérents.  k  Les 
dernières  observations  auxijuelles  certaines  espèces  ont  donné 
lieu  ont  montri'.  dit  un  savant  zooloiiisle  (."(),  que  des  individus 
dans  plusieurs  circonstances  présentent  des  dillérences  tdies  (]u'on 
a  souvent  rajjporlé  les  diverses  formes  à  des  genres  ou  même  à 
des  ordres  1res  distincts.  Tant(M,  au  contraire,  c'est  l'opposé  ; 
l'importance  des  caractères  étant  presqui;  impossible  à  apprécier. 
Lorsque  surtout  on  arrive  dans  le  inonde  inférieur,  le  classement 
devient  de  plus  en  plus  difficile.  Aussi,  peut-on  dire  en  quelque 
sorte  avec  Lessoii  (4),  sans  être  taxé  d'exagération  :  «  que  les 
nuances  qui  peuvent  servir  à  distinguer  les  espèces,  dans  quelques 
familles,  sont  si  peu  précises  et  si  évasives  qu'il  est  presque 
impossible  de  les  rendre  sensibles  par  une  description  (;>)  ».  Que 
de  fois,  en  présence  des  nombreux  échantillons  des  collections 

(1)  Nature  el  défmUinn  des  espèces.  Hev.  des  cours  scientifiques,  t.  VI,  pp.  lOCi, 
167  et  169,  1868-09.  Il  est  vrai  que  M.  Agassiz  n'est  pas  un  nionot;pniste. 

(2)  «  Il  arrive  souvent,  dit  Prilcliard  (p.  12.  np.  cit.),  (|ue  deu.x  imlivldus.  ipii 
appartiennent  rcplleinrnt  à  la  même  espi'ce,  dillérenl  plus  entre  eux  en  apparence 
(|ue  des  espèces  distinctes  i.  «  Il  est  inipossilde  de  niéconn;iître,  dit  M.  de  yualre- 
fages  (in  Itaraiii  et  ses  l'réctirspurs,  p.  2:iii,  eil.  par  Sieard,  p.  128).  que  les 
dissend)lances  laiit  extérieures  qu'anatomiques,  existant  parfois  entre  animaux  de 
même  espèce,  même  de  races  di/Jërcutes,  sont  telles  (jue,  rencontrées  chez  des 
individus    sauvages,   elles    moliveraienl    l'étahlissenient    de    genres   distincts   el 

parfaitement    caractérisés  Tout  le  monde  sait,  dit   Agassiz   (Les  principes 

rationnels  de  la  Class.  /.itol  W.  de  l'A,  S.,  p.  150,  T,  (>)  •.,  que  les  métis  el  les 
lemcllesde  queUpies  espÉces  diflërent  entre  eux  beaucoup  plus  que  certaines  espèces 
ne  ilillèrent  l'une  de  l'autre. 

(:t)  Paul  Gervais. 

(■4|  Cit.  p.  tiérard.  {Dicl.  d'Orbignij,  p.  4;J6). 

(b)  On  doit,  il  nous  semble,  appliipier  ce  raisonnement,  surtout  à  la  description 
des  indiviilus  de  sexe  femelle  dont  les  caractères  sont  bien  moins  Iraocliés  (|ue 
chez  les  mâles. 


XVI  DES    HYBRIDES    A   L  ETAT   SAUVAGE 

oriiitlidlogiques,  nous  soiiimes-nous  deuiaiidé  :  Où  commence 
res|)èce?  où  finil  elle?  —  11  est  vraiment  curieux  de  comparer  entre 
elles  les  diiïérenles  appréciations  des  naturalistes  dans  la  classifi- 
cation des  êtres  or{,^anisés  ;  sauf  pour  les  grands  embranchements 
et  les  classes,  peu  sont  tombés  d'accord,  môme  pour  la  constitution 
des  ordres  !  Cela  provient  peut-être  de  notre  ignorance  sur  la 
constitution  des  espèces  (1). 

Les  phénomènes  de  reproduction  resteraient  donc  la  base  essen- 
tielle de  la  distinction  des  espèces.  C'est  du  moins  ainsi  que  les 
ont  compris  Budon,  Cuvier,  Flourens  et  beaucoup  d'autres 
émiuents  naturalistes.  L'idée  de  ressemblance  n'est  qu'accessoire  ; 
ce  qui,  à  leurs  yeux,  constitue  réellement  l'espèce  :  a  c'est  la 
succession  des  individus  qui  se  reproduisent  et  se  perpétuent  », 
c'est-à-dire  la  succession  par  la  génération  (2). 

En   admettant   que  l'appréciation   de   ces   savants    soit   juste, 


(1)  Déjà  nous  avons  tait  cette  remarque.  Nous  ne  nions  pas  \^av  là  t'identité  de 
l'espèce;  nous  reconnaissons  seulement  que,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances, 
les  moyens  nous  manquent  pour  la  reconnaître  et  la  définir.  Cependant,  M.Kernand 
Lataste  est  pleinement  convaincu  que  les  limites  morpholoi;iques  de  l'espèce 
existent  et  qu'elles  sont  nellemenl  déterminées  dans  la  majorité  des  cas.  (Voy. 
Actes  de  la  Soc.  se.  du  Chili,  t.  III,  p.  10S,  1893).  M.  Sanson  va  plus  loin  ;  il 
croit  avoir  trouvé  expérimentalement  les  bases  ostéographiques  de  la  caracté- 
i'islique  anatomique  de  l'espèce  chez  les  Mammifères.  Cette  caractéiisliquc 
dépendrait  essentiellement  des  formes  du  squelette  dont  les  fondamentales  sont 
tout  à  fait  spécifiques.  Ce  sont  celles-là,  dit-il,  qui  se  reproduisent  invincible- 
ment, (|uel(|ues  etïorts  qu'on  leur  oppose  par  des  artifices  de  sélection  ou  de 
génération  croisée.  Les  variations  obtenues  ne  touclient,  parait-il,  que  des 
attributs  accessoires  de  l'individu,  dépendants  d'activités  physiolo,:;iques  suscep- 
tililes  de  plus  et  de  moins  et  ne  varient  que  dans  les  limites  d'amplitude  de  leurs 
oscillations  naturelles.  (Voy.  son  article.  Zoologie  et  Paléontologie  in  Ann.  des 
sciences  nalurelles,  t.  XV,  p.  3,  1872)  —  Nous  avons  demandé  à  M.  Sanson  si  ses 
remarques  sapplii|ueut  aux  Oiseaux  et  aux  Poissons.  (11  est  bien  cerlain  qu'elles 
ne  peuvent  s'apidiquer  aux  invertébrés,  c'est-à-dire,  par  exemple,  aux  insectes  ou 
aux  mollusques).  II  nous  a  répondu  (lu'il  n'a  point  fait  d  études  cràniologiques 
particulières  sur  les  Oiseaux,  si  ce  n'est  celles  qui  ont  été  sommairement  indiquées 
dans  l'examen  critique  des  expériences  de  Darwin  sur  les  Pigeons,  publiées  dans 
le  temps  par  la  revue  de  M.  Littré.  Il  n'en  a  pas  moins  la  certitude  que  les 
caractères  spécifiques,  tirés  des  formes  crâniennes,  s  étendent  à  tous  les  vertébrés. 
Gérard  (in  Dictionnaire  d'Orhigny,  p.  43t>)  prétend  cependant  «  qu'on  trouve  peu 
d'Oiseaux  qui  présentent  des  dilTérences  fondées  sur  d'autres  caractères  que  le 
système  de  coloration  ».  Les  vues  de  M.  Sanson  sont,  d'ailleurs,  vivement  critiquées 
par  M.  Baron  (in  Bull,  de  la  Soc.  centrale  de  médecine  vétérinaire,  t.  ;i,  de  la 
nouvelle  série,  XLl,  volume,  p.  77). 

(2)  Voy.  Butlon,  Histoire  naturelle  :  Georges  Cuvier,  Le  règne  animal,  1829  ; 
Flourens,  Ilisl.  des  travaux  de  Cuvier,  1841,  p.  215  et  Annales  des  sciences 
naturelles,  t.  IX,  2,  série,  ISJS. 


INTRODUCTION  XVII 

leur  théorie,  (qui  nous  parait  rationiielle),  ne  peut  guère  néanuioiiis 
tUre  vérifiée  expérinientalenieiil  (|ue  pour  uu  iKJUilire  très  restreint 
d'espèces. 

La  (lilliciilté  de  reconnaître  i'i^spèce,  (iitlicullé  que?  nous  sij^ualons, 
justillc  noire  volonté  d'ecarler  le  mot  ((espèce»  de  notre  titre  et 
la  sulistitution  (jue  nous  avons  faite  de  ((  fonnc  animale  )>. 

III.  11  nous  reste  à  donner  noire  troisième  raison,  (lour  laquelle 
nous  avons  préféré  employer  cette  expression  ((  dlal  libre  »  à  c(;tte 
autre  ((  état  sautiup'  ». 

Partout  sur  le  glolte  l'influence  de  l'JKininie  s'est  depuis  long- 
temps étendue  :  il  n'en  est  point  aujourd'hui  une  seule  partie  où 
son  action,  soit  de  loin,  soit  de  prés,  ne  soit  ressentie. Tous  les  règnes 
en  ont  été  profondément  modifiés,  et  les  corps  organisés  n'ont  pas 
été  moins  remués  que  la  malière  ([ui  a  servi,  comme  eux,  à  toutes 
sortes  d'usages. 

Si  les  sources,  les  toirents,  les  rivières  se  sont  desséchés  par 
suite  du  di'hoisement  du  sol,  si  l'almosp]i(;ri!  elle-même  a  suhi 
de  graves  |)erturi)ations(  I),  les  faunes  et  les  llores  se  sont  trouvées 
déplacées  du  milieu  qui  leur  convenait,  transportées  sous  d'autres 
climats,  mises  eu  contact  avec  d'autres  formes,  d'auli'es  genres  (2). 

(1)  "  Ciiinliien  île  réfjioiis,  jadis  (ruiuî  cicliessc  iiUM'^eilIciisp,  dont  le  sol  nouri'issait 
une  |>o|iulaUnn  lloiissanlc.  cl  iini.  adjoiiid'luii,  siihissciit  tatiUH  les  ravages  des 
lorreiils,  lanliM  les  ardeurs  du  soleil  1  D'oii  vieiil  ((ue  la  dosolnUmi  a  reiii|ilacé 
l'opiiieiKi'  "  Aiilrelnis.  les  arlires  aux  raeincs  puissantes  et  au  feuillage  toulhi 
abritaient  le  sol  de  ees  régions,  et  les  (or(!'ts  en  eiiuvraient  les  montagnes  ;  ces 
arbres  et  ces  (ori^ls  ntcnaicnl  à  leur  pied  riiiiniidilé  bienfaisante  et  la  laissaient 
écouler  goutle  à  goutte,  pendaiil  tmil  le  courant  de  l'anné'e,  vers  les  arbustes 
des  coteaux  et  les  iicrbes  des  cliamps.  Ou  a  eoup(!>  les  arbres,  incendié  les  forijts  ;  à 
la  chaleur  ft'conde  et  à  l'humiditi''  constante,  oui  succède  les  ardeurs  clu  soleil  et  les 
caprices  des  torrents.  »  Ce  passage  est  extrait  d'un  numéro  de  journal  (lui  nous 
est  tombé  sous  la  main  ;  nous  ignorons  le  nom  de  l'auteur.  Il  nous  a  paru  (jue 
ce  passage  avait  sa  place  ici). 

(2)  (tn  cite  de  nombreu.v  exemples,  particnlièremeiit  dans  le  lîiilb  tin  de  la 
Société  d'acclimatation  (liull.  des  se.  nal.  appli(iiiées).  Signalons  enire  autres  : 
l'introduction  des  Colins  (F.  cdjD'iisis)  au  Cap  de  Honne-Kspéiance  (n"  du  ij,  7,  92, 
p.  20;));  des  .Alloiielles  provenant  d'.Xngleteire  dans  la  Ilépnlilii|iie  .\rgentine 
(n"dii  20  mars  ISltli)  ;  des  Moineaux  aux  Etals-lnis  et  en  .\iisliilie  (année  l<S89, 
p.  8lili  et  n°  du  i"  juillet  ISS'.t,  p.  (i'.H'i)  ;  des  grands  (.:o(|s  de  liruyi-re  dans  le  même 
étal  (11°  du  20fév.  INI'i,  p.  1S7)  ;  de  gibier  exoliipie  eu  Itidième  in'ilu  10  avril  1S'.'3, 
p.  :i8:i)  ;  des  Corbeaux  à  Zanzibar  {n°  du  i'O  décembre  IS92,  p.  1)74)  ;  des  Dindons 
sauvages  dans  la  (oièt  de  Marly  (année  1S'.)2,  p.  217);  des  l'aons  eu  Hongrie  (n"  du 
5  mars  IS'.V'i,  p.  42(i)  ;  des  i\I<iiillons  dans  le  même  pays  à  Talral-oiiinit/.  (n"  du 
20,  novembre,  '.14,  p.  M'.i):  des  Cicouses  en  Daiieiiiark  (n'  du  20  juillet  1S9:!)  ;  des 
mêmes  Oiseaux  en  .\llemagne  (d'après  le  Zoologisl,  n»  do  février  IS'.lt,  p.  .'i;))  ; 
des  Cerfs,  des  Gallinacés,  des  Passereaux,  des  Lapins,  des  Lièvres  etd'aulres  espèces 
carnivores  en  Australie  (Nouvelle-Zélande),  (n°  du  2U  juillet  89,  p.  (HKi).  Ce  n'est 
poinl,  toiilefois,  sans  dommage  (|ue  ces  cbangemeiits  se  sont  accomplis  dans  la  faune. 
Tout  le  monde  sait  i|ue  rinlroductnm  du  Lapin  a  élè  néfaste  en  .\u>tralie  et  a 
ruiné  plusieurs  dislricls  agricoles,  Le  Lièvre  a  dévasté  aussi  nombre  de  pUinlalions 
et  le  Moineau  par  endroits  constitue  un  véritable  Iléau  (p.  (i'.H!,  n"  du  20  juillet 
1889).  Sur  la  Uabbit  pUtijue  (|ilaie  ou  Iléau  des  Lapins  en  .-Vuslraliei,  voir  parlicu- 
llèreiuent  le  Zoologisl,  n"  du  l(i  mars  ISIIH,  p.  '.Ki. 

Suclietet.  —  2 


XVIII  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

Que  d'espèces  même  pourchassées,  traquées  de  tous  côtés  se  sont 
éteintes  sans  laisser  de  représentants  (1)?  Où  est-ii  maintenant 
le  lieu  naturel  où  la  plante  peut  croître,  où  l'animal  peut  exister, 
en  dehors  de  circonstances  arlilicielles  ? 

Le  cours  d'eau  où  nage  le  poisson  est  empoisonne  par  les  di'jec- 
tions  de  l'usine  (2)  ;  la  rive  marécageuse  où  le  Palmipède  et 
l'Echassier  trouvaient  une  retraite  pour  pondre  leurs  œufs  a  été 
canalisée  ;  les  chemins  de  fer  sillonnent  l'espace,  ébranlent  le  sol  ; 
les  Gallinacés,  comme  les  Passereaux,  brisent  leurs  ailes  sur  les 
fils  télégraphiques  tendus  en  tous  sens;  l'habitation  de  l'homme 
est  partout  répandue,  éloignant  le  gibier  qui  ne  sait  plus  où  fuir 
et  qui  disparaît.  Les  Heui-s,  les  arbres,  qui  sont  plantés  en  mille 
endroits,  sont  dus  à  l'acclimatation  (3).  La  propriété  qui  se  divise, 
le  sol  qui  se  cultive  de  plus  en  plus,  la  forêt  surtout  cpie  l'on 
défriche,  la  navigation  à  vapeur  qui  parcourt  les  fleuves,  les  mers, 
et  mille  autres  causes  destructives,  ou  seulement  modificatrices  (4), 
ont  contribué  :  les  premières  à  l'extinction  des  espèces  (o),  les 
secondes  à  leur  éloignement.  Le  déboisement,  entre  autres  causes, 
a  été  on  ne  peut  plus  préjudiciable  à  la  gent  emplumée;  voyons 
ses  pernicieux  résultats  (6). 

(1)  Voy.  à  ce  sujet  :  Bull,  de  la  Soc.  zoologiquo,  n^dc  féviiei-  ISiKj,  p.  •'il  ;  aussi 
le  Naturaliste,  n»  du  15  mars  18%,  p  68,  où  l'on  dit  ([ue  VHoiibara  unduUila  va  se 
trouvei-  à  l'état  de  souvenir  en  Algérie.  Voir  encore  u  On  Exlincl  binis,  par 
llartaub,  Ibis,  octobre  Do,  p.  493. 

(2)  Voy.  un  e.xeuiple  à  ce  sujet  dans  :  Le  l'arc  île  LongcIminpx-siir-Geer,  par 
M.  Craha};,  in  Bull,  de  la  Soc.  cent,  (orestière  de  Belgii|ue.  aoùl  18'J4.  p.  7'i4. 
(p.  it  du  tirat^e  à  part.  Bru.xellcs,  iniprinierie  van  Bngj,'onlioudt). 

(:{)  ie  fiirc  de  Longcliaiiips,  qui  renterme  de  nombreuses  essences  exotiques, 
est  dans  ce  cas.  (Voyez  la  brochure  ci-dessus  citée).  Sur  le  uiènie  sujet  :  Etude  sur 
l'acclimalalion  des  plantes  et  des  animaux.  (L'Acclimatation  illustrée,  n°  du  S 
avril  1886,  p.  317). 

(4)  Consultez  entre  autres  :  Bird  fatnlity  along  .\ehniska  Railroads,  par 
Edwin  Barbour,  (The  Auk,  p.  187). 

(5)  Voy.  par  exemple  le  Bull.  Soc.  zoologiijue  de  France,  p.  41,  n'  de  ter  9';, 
où  l'on  dit  qu'un  comité  de  naturalistes  et  de  sportmeii  anglais  a  fait  des  remon- 
trances à  la  compagnie  anglaise  du  Sud  africain  en  vue  de  protéger  diverses 
espèces  de  grands  animaux  qm  sont  en  dangoi-  d'exUnclion  totale  par  suite  de 
leur  abalage.  Parmi  ces  animaux,  on  doit  lucutiunner  spéi-ialement  la  Girafe,  le 
Zèbre,  l'Elan,  le  '"mou,  le  Koudon,  r.\ulruclie  et  diverses  petites  Antilopes.  On  ne 
peut  qu'approuver,  ajoule-t-on,  cette  initiative  et  souhaiter  ardemment  qu'elle 
porte  des  fruits,  quand  on  considère  que  nombre  d'espèces  animales  se  sont  éteintes 
dans  les  temps  modernes  par  suite  de  1  action  de  l'homme  ».  C'est  un  exemple 
entre  mille  que  nous  citons. 

(6)  On  pourra  consulter  très  nlilemcnl  :  «  Du  déboisement  des  campagnes  dans 
ses  rapports  arec  la  disparilion  des  Oise.a}i.r  utiles  à  l'agriculture,  par  M.  A. 
Burger  (brochure  de  63  pages  éditée  à  la  librairie  agricole  de  la  Maison  rustique). 
Nous  avons  mis  ce  travail  à  prolit  et  nous  lui  avons  fait  des  emprunts.  Sans  doute 
un  .Mémoire  sur  la  destruclion  des  Forêts  et  sur  les  ep'etsgui  en  résultent,  par 
M.  J.  Ooulcet  (1821),  fournirait  d'utiles  renseignements.  Nous  n'avons  pu  nous  le 
procurer  à  la  Librairie  d'agriculture  (V'"  Bertrand  lluzard),  où  il  avait  été  public. 


INTUODUCTION  XIX 

Dans  la  llorc  arborescente  se  trouvent  des  essences  propres  à  tel 
genre  d'Oiseaux  ;  tel  autre  genre  ne  saurait  y  vivre.  Aux  Oiseaux 
voraces,  les  arbres  tle  haute  futaie,  Icscbr'nes  séculaires,  les  sa|)ins 
plantés  sur  les  monts;  aux  Oisciux  de  vol  moindre,  le  taillis  et 
l'arbre  brauchu  ;  aux  petits  Passereaux,  le  buisson  et  le  fourré; 
dans  la  forêt  même  un  certain  mode  de  boisement  est  nécessaire  à 
une  esi)6ce  déterminée.  Faites  disjiaraîlre  ces  abris,  et  leurs  hôtes 
fuiront  ou  contracteront  d'autres  habitudes.  N'a-t-on  pas  vu  les 
Veuves  (Ploceinœ)  qui  habitaient  les  forêts  toulTues  de  l'Afrique 
australe  aller,  devant  le  déboisement  (]ui  s'acc()mi)lit,  suspendre 
leurs  nids  aux  poteaux  télégrai)hi(iues  ;  ou  bien,  eu  Californie,  le 
Pic  Vert  (Mchineipes  lornncivorns)  iiislaller  sa  demeure  et  ses  innom- 
brables ma;;asius  d'ai)provisionnemeut  à  l'intérieur  de  ces  mêmes 
|)oteaux  jiercéspar  lui  i)our  la  i'ircouslance(l)?  Citons  encore  les  Moi- 
neaux, ces  bètes  intelligentes,  qui  transportées  aux  Etats-Unis,  ont 
mis  à  profit  les  wagons  circulant  sur  les  lignes  de  chemin  de  fer  (2). 

L'enlèvement  dans  les  plaines,  la  destrucliou  dans  les  campa- 
gnes des  derniers  lestes  de  la  végétation  arbustive,  n'ont  pas  été 
moins  préjudiciables  à  la  reproduction  des  Oiseaux  (3).  Le  socle  de 
la  charrue  parccmrt  les  champs  où  d'utiles  retraites  étaient  autiefois 
ménagées  de  place  en  place  ;  les  céréales  qui  poussent  abondam- 
ment ne  sauraient  les  remplacer.  Et  du  reste,  là  encore  où  des 
retraites  subsistent,  c'est-à-dire  là  encore  où  l'arbre  et  le  buisson 
sont  debout,  l'enfaul  du  village,  le  paysan  lui-même  ne  sont-ils  jias 
aux  aguets  pour  tendre  leurs  pièges,  enlever  les  nids,  écraser  les 
œufs,  taudis  ([ue  le  chasseur  ou  le  braconnier  jiromèneut  la  deslruc 
tion  d'une  manière  non  moins  meurtrière.  Oue  d'éi|uilibres  ainsi 
rompus  1  (Juand  l'Oiseau  migrateur  passe  à  tire-d'aile  dans  une 
contrée  où  il  se  posera  à  peine,  le  tra(|iieur  est  embustiué  pour  le 
détruire  :  et,  lorsque  le  volatile  regagneia  l'habitat  qui  lui  est  pro- 
pre, les  conditions  naturelles  s'y  seront  modiliées  :  il  trouvera  peut 
être  de  ces  nids  artiliciels,  nouveau  genre  d'habitation  où  des 
espèces  se  sont,  parait-il,  adaptées  (4). 

(1)  Voy.  »  Nids  et  végiHiiux  sur  les  /i;;/ic.<  léU'graiilUques  n.  in  Rcv.  des  se. 
naturelles  appliquées,  n"  du  20  juillet  1890,  p.  718. 

(2)  Nous  laissons  la  responsaliilité  de  ci'lle  indicalmn  à  relui  i|ui  la  (ail  i-unnaitrc 
ilans  la  Revue  des  se  naturelles  appliquOes,  n°  du  M  septejiilire  I8110,  p.  889: 
«  Le  prnrh  rte.i  Hloineaux  aux  I^luts-Liiis  n.  par  M.  11.  Brezol. 

(3)  Voy.surce  sujet, (in  Bull.  se.  nat.  appliquées,  18H7.  p.  3i)i),  une  communication 
de  M.  (J.  Saint-iniaire 

(4)  Voyez  un  article  tort  intéressant  publié  dans  la  llev.  des  se.  naturelles  appli- 
quées (ir  du  J(l  juillet  IS'.K),  pp.  89-90).  (In  y  constate  que  l'exploitation  forestière. 
Iclle    ipi  elle  ••»!   piat'qucc  aciuellenieni,  diminue  de  plus  en  plus  le  nombre  des 


.XX  UES   HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

Desceiiduus  plus  bas,  les  marais  ont  été  desséchés,  les  hautes 
herbes  qui  y  poussaient  brûlées,  les  petits  arbrisseaux  arrachés  ; 
partout  des  pays  cultivés.  Où  ira  pour  se  rej>roduire  l'Oiseau 
nageur  ?  Les  glaïeuls  et  les  roseaux  qui  ont  été  coupés  lui  étaient 
indispensaliles  pour  abriter  sa  nichée  et  la  protéger  contre  la  bète 
de  proie.  L'eau,  souvent  reserrée  eutre  deu.v  ([uais,  a  été  elleraènie 
visitée  ;  le  repeuplenieut  des  lacs,  des  gi'audes  rivières,  des  étangs, 
des  cours  d'eau,  des  fleuves  se  fait  aujourd'hui  sur  une  très  grande 
éclielle.  On  y  jette  à  profusion  d'immenses  quantités  d'alevins  d'où 
naîtront  des  poissons,  espèces  nouvelles  qui  se  trouveront  en  contact 
avec  les  anciennes  (1).  On  cherche  môme  à  empoissonner  les  cours 
d'eau  avec  des  alevins  hybrides,  productions  artificielles,  instables, 
sans  avenir,  élevées  sous  des  i-égimes  variés  et  dont  les  habitudes 
se  trouveront  niodiliées  comme  ont  dû  se  modifier  celles  de  ces 
espèces  obligées  de  vivre  dans  les  milieu.\  habités  et  cultivés 
|iar  l'homme  (2).  Que  de  changements  sont  certainement  survenus 
dans  l'animalité,  liée  intimement  à  la  flore  comme  celle-ci  lui 
est  liée  ;  de  telle  sorte  que  ces  deux  choses  ne  sont  jamais 
indépendantes  l'une  de  l'autre!  Mais  aussi,  que  de  modifications 
sans  doute  dont  ou  ne  peut  se  rendre  un  compte  exact  ou  i]ue  l'on 
ne  peut  apprécier  à  leur  juste  valeur,  la  création  primitive  recelant 
des  harmonies  diverses,  maintenant  brisées  et  dont  les  effets  bien- 
faisants ne  se  produiront  plus  désormais. 

L'état  libre,  indépendant  de  toute  circonstance  artificielle, 
n'existe  donc  plus  aujourd'hui  pour  l'animal  sur  le  globe  terrestre, 
et  celui-ci,  pourchassé  de  ses  demeures,  transporté  dans  d'autres 
milieux,  se  ressent  à  chaque  instant  de  l'inllueuce  que  l'homme 
exerce  sur  son  habitat. 

Ces  explications  étant  données,  revenons  d'une  manière  plus 
directe  au  sujet  que  nous  traitons,  et  voyons  tout  d'abord  ([u'elle 
est  l'importance  de  l'étude  des  hybrides. 

retrailes  île  beaucoup  d'Oiseaux  de  dillérents  ordres.  La  plupart  des  Oiseaii.x  ipii 
élablissent  leurs  nids  dans  les  Irons  d'arbres  ne  songent  plus  à  recreuser  leurs 
retraites  disparues.  On  a  donc  essayé  de  remédier  à  cet  élat  de  cboses  en  ofTranl 
à  ces  Oiseaux  des  nids  arliliciels.  An  siècle  dernier,  peut  être  à  une  époque  anté- 
rieure, on  faisait  déjà  usage  de  nichoirs  artificiels  dans  la  Tburinge  orientale,  etc. 

(1)  Les  lUilletins  de  la  Société  d'acclimatation  comme  ceux  de  la  Société  centrale 
d'a(iuiculture,  abondent  en  exemples  de  ce  genre. 

(2)  Consultez  à  ce  sujet  le  Bull,  de  la  Soc.  d'accl.,  29  Jiovembre  'J4.  p.  574  :  «Métis 
(le  Salmonidés  ». 


iNTnoniJCTio.N  XXI 


III 


L'étude  tic  l'hybriditi',  nous  l'iivons  déjà  dit,  présente  un  Ins  vif 
intérêt  :  la  plupart  dfs  zoologistes  la  regardent  comme  très  impor- 
tante (1).  On  Ta  liée  intimement  avec  la  question  de  l'espèce,  à  ce 
[>()int,  fait  remarquer  un  zootecliniste  distingué  (2),  que  cette  der- 
nière ([uestiou,  «  fondamentale  en  zoologie  générale  »,  a  été  |)lus 
d'une  fois  ahoi'dée  parcelle  de  l'Iiyhridité. 

L'iiybridité  se  rattache,  en  eflet,  aux  phénomènes  de  reproduc 
tien,  phénomènes  (jui,  aux  yeux  de  Cuvier  (.1),  méritent  au  plus 
haut  degré  les  observations  du  naturaliste,  car  ils  sont  poui-  ce 
grand  homme,  indépendamment  de  ce  qu'il  y  a  de  mystérieux  et 
d'admirable  dans  la  génération,  des  plus  importants  pour  l'histoire 
naturelle. 

Des  maîtres  incomparables  en  ont  fait  le  critérium  de  l'espèce. 
C'est  ainsi  qu'on  a  établi  les  caractères  de  l'espèce  parla  féromlilé 
continue  cl  lescaiactères  du  genre  parla  j'cœndité  bornée  [i]. —  Bu  lion 
pensait  qu'un  des  mystères  profonds  de  la  nature,  la  parenté 
d'espèce,  ne  pouvait  être  sondé  (ju'à  force  d'expériences  de  croise- 
ments et  connue  seulement  par  le  résultat  de  l'union  d'animaux 
d'es|iècc  ditïérente  (5). 

S'il  en  est  ainsi,  il  se  cache  vi'aiment  derrière  la  i[iiestion  de 
l'hybridilé  ((  un  problème  en  présence  duquel  aucun  esprit  sérieux 
ne  peut  rester  indiilérent  ».  Est-il  besoin  de  rappeler  l'importance 
exceptionnelle,  mais  probablement  exagéi'ée  que  les  anthro|)olo- 
gistes  ont  attachée  aux  résultais  fournis  i)ar  le  croisement  des 
espèces  animales  ((>)'.'  Tout  le  monde  sait  que  M.  Quatrefages  s'est 

(1)  Voy.  Broca,  op.  cit.,  pp.  329-3:10. 

(2)  M.  Sanson,  in  Bull.  Soc.  aniluopol.  (Soanci'  d»  17  fléconibrc  18tS),  t.  III, 
p.  TM.  ••  l.'hijiiriilili'  ...  Voy  aussi  Znologie.el  l'uléontologie,  In  .\iinal.  se.  nal., 
l   XV,  p./..  IS72. 

(;t)  Annales  ilu  Miisér.ni.  I.  ,\ll,  p.  lil  cl  autres  pages. 

(4)  KIouiens  :  de  VInsluict  et  de  l'Intelligence,  p.  l'i'J  de  la  5'  édil.,  1870.  Voy. 
.niissi  llxuiiien  ilu  liire  de  M.  I)(truin  sur  l'origine  îles  espaces,  p.  lOS  el  p.  1  K), 
18HI.  Voy.  encore  Onloliigie  naturelle  ou  lilude  phitosophique  des  êtres,  p.  10, 
ISCil,  et  llisl.  des  Travaux  de  Cuvier,  3'  édil.,  IKiS,  p.  246,  ouviages  où  la  même 
idée  esl  exprimée 

(">)  Bnllon,  l.  IV,  p.  210.  esl  Ici  cilé  p:ir  Tlourens.  in  <le  Vlnslincl  et  de  l'Intelli- 
gence, p.  \")8.  «Comment  disait  Bnllon,  pourrail-on  connaître  aiilrement  que  par 
les  résultais  de  l'union  mille  et  milli'  (ois  leDlée  des  animaux  d'espèce  ditïérente 
leur  degré  de  parenlé  '.'  » 

(ij)  Voy.  Broca,  Mém.  d'  Vnllii()p()l(if,'ie.  pp.  329  el  330. 


XXII  DES    HYBRIDES   A    L  ETAT    SAUVAGE 

appuyé   sur  les   phénomènes    de    reproduction    pour    fonder    sa 
démonstration  de  l'unité  de  l'espèce  humaine  (1). 

En  faisant  cette  remarque,  notre  intention  n'est  point  cependant, 
de  nous  occuper  des  phénomènes  de  reproduction  par  rapport  à 
l'homme,  puisque  nous  les  cotifidérons  uniquement  par  rapport  aux 
animaux.  Nous  nous  sommes  déjà  expliqué  à  cet  égard  dans  les 
pages  qui  précédent  (2)  mais  nous  appelons  toute  l'allenlion  du  lec 
teur  sur  cette  observation  que  nous  lui  avons  présentée  intention- 
nellement au  début  de   l'exposé  de  nos  recherches  (3). 

Sans  rabaisser  aucunement  la  question  de  l'hybridilé,  même 
envisagée,  seulement  comme  nous  le  faisons,  c'est  à-dire  au  point  de 
vue  de  l'animalité,  nous  nous  permettrons  aussi  ([uelques  réserves 
sur  les  théories  classiques  et  déjà  rappelées.  L'indifférence,  ou 
pour  mieux  dire  la  répugnance  Instinctive  que  les  espèces  difïé- 
rentes  éprouvent  les  unes  pour  les  autres,  à  ce  point,  comme  on 
l'a  justement  écrit,  ((  qu'il  faille  souvent  la  ruse  et  la  puissance  de 
l'homme  pour  leur  faire  contracter  les  unions  hybrides  »,  est  bien 
suffisante  sans  doute  pour  les  caractériser,  et  nous  permettre  de 
les  séparer  les  unes  des  autres  puisijue  cette  aversion  est  un  obs- 
tacle à  leur  confusion. 

C'est  pourquoi  nous  nous  demandons  s'il  est  absolument  néces- 
saire, comme  on  le  fait,  de  refuser  en  outre  aux  protluits  qui  résul- 
tent de  leur  union  «m(/m/('//e ou  torcée  la  fécondité  continue,  carac- 
tère naturel  et  essentiel  de  l'espèce,  surtout  lorsque  l'on  sait  que  la 
fusion  des  caractères  des  deux  espèces  mères,  ne  pouvant  s'accom- 
plir, l'hybride  fait  inévitablement  retour  à  l'un  des  types  ances- 
iraux  (4)  ? 

Les  essais  de  croisement,  tentés  jusqu'alors,  n'ont  pas  été  suivis 
pendant  assez  de  temps  et  ne  se  sont  point  assez  généralisés  pour 
être  proclamés  définitifs  et  pour  permettre  d'aborder  franchement 
le  sujet  perplexe  en  posant  des  règles  invariables. 

Il  est  des  savants  pour  lesquels  il  est  même  faux  «  que  la  fécon- 
dité de  deux  sujets  prouve  qu'ils  appartiennent  à  la  même  espèce  >i. 
Et  pour  eux  «  soutenir  la  thèse  delà  fécondité  des  hybrides  n'est 
noiut  donner  un  appui  au  système  de  la  descendance  transfor- 

(t)  D'aljoid  dans  ses  Cours  professés  au  Muséum  d'Histoire  nalurolle  pendant  les 
années  1867-18(38  ;  puis  dans  son  ouvrage  connu  de  tous,  i'l^<pl'ce  humaine,  éililé 
pour  la  première  fois  en  1877. 

{2]  Vage  ix,  '.i'  ligne. 

(3)  Disons  en  passant  (s"il  en  était  iiesoin)  que  nous  considérons  comme  Irop 
variables  les  systèmes  scientifiques  pour  soiimetlre  le  doj^me  à  leur  critique.  Nous 
attachons  donc  peu  d'iuiporlanco  aux  démoustralions  scientifiques  lorsqu'elles  ont 
pour  but  de  prouver  des  vérités  révélées. 

(4)  Nous  nous  expliquerons  de  nouveau  sur  ce  sujet. 


INTRODUCTION  XXIH 

miste  ».  Us  peiiseut  quo  le  rontr;iire  est  la  vérité  ;  «  la  raison  en 
est,  disent-ils  qu'il  y  a  nne  distinclion  possible  entre /w/vH^ephylo- 
Sénique  ou  de  dcscendauce,  et  alliiiilé  physiologique  concordant 
avec  la  ressemhlance.  dette  distinction,  qui  est,  selon  eux,  inatta 
(|ual)le,  sullit  |)our  écarter  la  thèse  traustorniiste  ;  car  il  faudrait 
|)rouver,  pour  maintenir  celte  thèse,  que  Vd/linili;  plnisiolonici ne  est 
due  à  la  descendance  ou  à  l'origine  commune  :  or  cette  preuve  n'a 
jamais  été  faite  (1)  ».  Nous  avons  vu  tout  à  l'heure  (pie  d'autres 
savants  aussi,  pour  qui  «  l'espèce,  est  fondée  sur  l'exacte  détermi- 
nation des  rapports  entre  les  individus  et  le  monde  aml)iant,  etc.,» 
n'acceptent  pas  pour  ses  caractères  essentiels  la  succession 
constante  par  voie  de  reproduction. 

Ces  réserves  ne  sont  points  formulées  dans  le  but  de  nier  la  fixité 
de  l'espèce,  ce  fait  dont  Flourens  a  dit  :  ((  pour  qui  sait  en  avoir  la 
beauté,  l'histoire  naturelle  n'a  rien  de  plus  beau.  »  .Nous  sommes 
bien  loin  aussi  de  prétendre  que  la  fécondité  illimitée  soit  l'attri- 
liut  (le  l'hybride,  comme  elle  l'est  du  produit  de  l'espèce  :  des 
réserves  n'impliquent  pas  l'obligation,  pour  qui  les  fait  prudem- 
ment d'admettre  que  le  cas  que  l'on  considère  comme  possible  se 
soit  jamais  réalisé.  —  Tout  au  coutraire,  on  l'a  vu,  nous  considérons 
la  (|uestioii  de  l'hyhridité  comme  Irt's  importante  et  méritant,  à  plus 
(l'un  titre,  une  étude  spéciale. 

11  est  à  remanpier  cependant  que,  ni  en  physiologie,  ni  en  ana- 
tomie,  ni  en  zoologie,  les  hyltrides,  même  artiliciels  (2),  n'ont  été 
étudiés  d'une  manière  suivie;  cette  négligence  est  telle  que  l'on 
pourrait  encore  redire  aujourd'hui  ce  qu'on  lit  dans  une  note 
de  l'ouvrage  du  physiologiste  Mueller,  ouvrage  écrit  il  y  a  déjà 
plusieurs  années  :  ((  L'acquisition  des  faits  d'hybridation  a  presque 
toujours  été  abandonnée  au  hasard  et  rarement  elle  a  été  le  sujet 
d'expérimimlalions  directes,  ni  moins  encore  suivies  i;{)  ». 

Ce  n'est  point  que  des  regrets  ou  des  desiderata  n'aient  été  expri- 
més au  sujet  du  délaissement  d'une  (piestiou  aussi  intéressante.  On 
en  rencontre  l'expression  chez  les  anciens  naturalistes  comme  chez 
les  modernes.  .\u  siècle  dernier  Bullon  regrettait  que  l'union  d'es- 

(1)  Le  li.  P.  Ili'udo,  in  Méiiioires  concfrnanl  l'Histoire  nulurelle  de  l'Empire 
chinais,  pac  des  |ii>r<>s  de  \;\  Compagnie  de  Jésus  ;  Cliaii|{-IIaï,  imprimerie  de  la 
Mission  (•aUioli(|iic,  ;i  roiphelinal  de  Tou-si-Wé  ;  dépôt  à  Paris,  rue  Barbet-de- 
Jouz,  17,  cliez  M.  11.  Viyuiei-. 

(2)  C'esl-à  dire  ceii.\  qui  proviennent  d'unions  provoquées. 

{'•i)  Noie  du  traducteur,  le  D'  .lourdan,  p.  2ViH.  Nous  n'ijinorons  point  les  expé- 
riences de  l"r.  Duvier  et  imrliculiirenient  celles  de  KIourens,  faites  au  Musénni. 
Mais  Hourons  reconnaissait  lui-nu''me  (|ue  les  faits,  (ju'il  avait  pu  rassenililer.  se 
réduisaient  à  peu  de  chose.  Voy.  de  l'inslincl,  5*  édit.,  187U,  et  l'édition  1840. 


XXIV  DES   HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

pèces  ilifiérentes  n'eût  pns  été  assez  tentée  (1)  ;  le  baron  de  Glei- 
clien  montrait  combien  il  était  rej^rettable  «  que  tant  d'obs- 
curité régnât  encore  dans  cette  importante  partie  de  Thistoire 
naturelle  (2).  Giorna  s'élonnait  <(  que  l'iiomme  toujours  inventif, 
toujours  curieux,  instruit  el  encouragé  surtout  par  les  avantages 
qu'il  lir^  du  Mulet,  du  Bardeau,  n'ait  pas  tenté  d'obtenir  de  nou- 
veaux métis  en  unissant  d'autres  espèces  voisines  d'animaux 
utiles  (3).  —  Après  ces  auteurs,  et  plus  récemment,  Rudolpli 
Wagner,  indiquait  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  réunir  «  une  collection 
complète  de  tous  les  faits  d'histoire  naturelle  se  rapportant  aux 
animaux  dont  on  a  obtenu  jusqu'alors  des  hybrides  i),  collection 
qui  aurait  un  grand  intérêt  physiologique  si  elle  était  accompagnée 
de  réflexions  et  de  discussions  (4). 

Encore  au  milieu  de  ce  siècle,  Chevreul  espérait  que  le  Muséum 
obiendrait  des  Chambres  un  terrain  «  dont  la  portion  serait  réser- 
vée à  l'étude  des  hybrides  (5)  ».  Vers  la  même  époque,  la  Société 
d'acclimation,  nouvellement  instituée,  considérant  que  les  croise- 
ments des  races  et  des  espèces  seraient  extrêmement  importants  à 
étudier  dans  toutes  leurs  circonstances,  faisait  savoir  qu'elle  enre- 
gistrerait avec  le  plus  vif  intérêt  toutes  les  expériences  faites  dans 
ce  but  et  recevrait  avec  grande  reconnaissance  tous  les  documents 
relatifs  aux  hybrides  que  les  voyageurs  pouraient  se  procurer  (tî). 
Plusieurs  fois,  elle  a  renouvelé  son  désir  ainsi  manifesté  (7)  et  a 
même  proposé  des  prix  pour  récompenser  les  recherches  que  l'on 
entreprendrait  dans  cette  voie  (8). 

De  nos  jours  V Encyclopédie  britai^nique  s'éloone  »  que  l'on  ait  fait 
jusqu'ici  si  peu  d'essais  sur  l'bybridité  des  animaux  ».  Dans  un 
autre  ouvrage  (9)  on  regretta  «  que  l'on  n'ait  pas  tenté  plus  souvent 
des  expériences  scientifiques  pures  et  que  (dans  les  croisements) 
la  zoologie  expérimentale  se  réduise  presque  toujours  à  la  zoote- 
chnie elle-même  ».  Eulin,  suivant  l'opinion  du  traducteur  de 
Millier  (10),  «  l'importante  question  des  hybrides,  surtout  dans  le 
règne  animal,  a  été  beaucoup  trop  négligée  jusqu'ici  par  les  phy- 
siologistes el  les  anatomistes  ». 

(1)  T.  IV,  p.  211. 

(2|  Leadeciiiiverles  Ifs  plii:i  récentea  dans  le  inonilc  végétal,  p.  49  el  50. 

(3)  Observaliiinn  sur  un  /.èbre  métis,  ch.  XI  et  XII.  Méin  :icad.  de  Turin. 

(4)  Lehrbuch  tier  l'Itysiologic.  Leipzig',  1839,  p.  24-2G  ;  ersle  aliUieilun;; 

(5)  Journal  des  savants,  p.  338.  année  1846  (i'  article). 
(Cl)  Bull,  de  la  Soc,  année  l8i>o,  p.  2ôii  et  sulv. 

(7)  Vov.  le  Bull,  de  18l'i3.  p.  730,  et  aussi  les  pages  précédentes. 

(8)  Bull,  de  1887.  n-  de  juillet,  p.  17. 

(9)  M.  Baron,  Méthodes  de  reproduction  en  zoolecUnie. 
(10)  Manuel  de  physiologie,  p.  628,  t.  II. 


INTRODUCTION  XXV 

Hi'coiuiiiissoiis  que  dans  le  luoiule  vc^'Hiil,  les  hiuaues  sont  peut- 
^tre  iiioius  grandes,  car  depuis  les  savants  travaux  de  Godron,  et 
lilus  pailiculirreinent  ceux  de  Nandin,  les  |ihénoniènes  physiolo- 
giques de  riiyliiidité  chez  les  végétaux  sont  assez  liieu  connus. 

Mais,  son  titre  l'iudiiiue,  le  but  du  présent  ouvrage  est  moins  d'étu- 
dier les  particularités  plujsiulo(ji(jues  auxquelles  Thybridité  provo- 
quée peut  dooner  lieu,  que  de  rechercher  si  les  hybrides  naturels 
naissent  et  se  propagent  dans  la  création,  si  non  complètement  à 
l'étal  libre  —  aujourd'hui  presiiue  introuvable,  —  du  moins  à  l'état 
sauvage  parmi  les  animaux  qui  ne  sont  point  encore  asservis  au  joug 
de  la  domesticité.  Nous  ne  pourrons  cependant  nous  dispenser,  dans 
ce  discours  |uélimiuaire  qui  envisage  les  hyl)rides  en  général,  d'en- 
trer dans  (pielques  considérations  à  leur  sujet.  Si  quelque  lumière 
était  projetée  sur  un  tel  sujet,  encore  très  obscur,  peut  être  aper- 
cevrions-nous mieux,  comprendrions-nous  davantage  la  perpétuité 
des  formes  zoologiques  actuellement  existantes,  et  quelque  coin  du 
rideau  épais  (jui  voile  à  nos  yeux  le  redoutable  problème  de  leur 
lixité,  quani  â  leur  génération,  se  trouverait  il  légèrement  soulevé. 
Nous  ne  nouirissons  point  le  fol  espoir  d'obtenir  uue  solution  sur 
le  mode  ijui  a  présidé  à  leur  formation  ;  il  est  encore  et  restera 
peut-être  toujours  caché  aux  investigations  de  la  science  expéri- 
mentale. .Notre  curiosité  sur  ce  point  serait  vaine  sans  doute  et, 
quant  à  préseul,  nous  ne  pouvons  que  nous  poser  ce  problème  :  le 
Créateur  les  a-til  formées  de  toutes  pièces  dans  l'état  où  nous  les 
admiions  aujourd'hui  ;  ou  bien.a|)rés  avoir  tiré  du  limon  de  la  terre 
(pielques  types  initiaux,  très  rudimentaires,  auxquels  sou  Esprit, 
répandu  sur  le  monde,  a  communiqué  le  souffle  de  vie,  a  t-il,  par 
l'elTet  des  causes  secondes,  laissé  aux  siècles  à  venir  le  soin  de  les 
amener  lentement  au  degré  de  perfection  dans  lequel  ils  s'épanouis- 
sent aujourd'hui?  Question  presqu'aussi  mystérieuse  que  la  création 
encore  beaucoup  itlus  étonnante  de  la  matièi'c  sortie  du  néant  I 

Nous  craindrions,  eu  faisant  intervenir  le  Créateur,  par  un  acte 
séparé,  Tlans  chaque  création  de  variétés,  et  môme  d'espèces, 
(comme  les  zoologistes  enlendenl  ce  mot  maintenant),  de  res- 
treindre sa  i)uissance  illimitée  et  de  rabaisser  en  quelque  sorte 
son  œuvre  majestueuse.  Eh!  quoi,"  faudrait-il  donc  que  pour  une 
simple  variation  de  plumage,  de  coloration,  de  forme  ou  de  dessin, 
de  dilTéreneialioii  quelconque,  Dieu,  dans  son  éternité  infinie,  soit 
obligé  de  de.scendre  lui-même  jusque-là  et  doive,  de  ses  propres 
mains,  former  jusqu'au  moindre  détail?  N'a-t  il  pu.  Lui  ipii  peut 


XXVI  DES    HYBRIDKS    A    L  ETAT    SAUVAC.E 

tout,  disposer,  jiour  arriver  à  ce  résultat,  de  mille  moyens,  ceux 
par  exemple  que  nous  appelons  les  causes  secoudes  dont  il  a  su, 
dans  sa  prescience,  diriger  très  sûrement  à  l'avance  tous  les  effets, 
eiïets  dont  pas  un  seul  ne  se  produira  sans  son  ordre  ou  sa  permis- 
sion souverains  ?  La  nature,  une  lois  créée,  ne  peut-elle,  sous  le  regard 
de  l'Eternel,  auquel  elle  obéira  toujours,  évoluer  par  les  propres 
forces  qui  lui  ont  été  communiquées  ah  iiiitio.  En  un  mot,  limite- 
rons-nous la  ])uissance  de  Celui  à  ([ui  tout  appartient,  à  qui  tout 
obéit.  ]uiissance  qui  paraît  beaucoup  plus  étendue,  beaucoup  plus 
prodigieuse  et  beaucoup  plus  majestueuse  quand  elle  prescrit, 
ordonne,  dispose  à  l'avance  que  lorsque  nous  la  bornons  à  une 
intervention  directe,  continuelle,  indispensable  et  sans  cesse  renou- 
velée. Dans  le  premier  cas,  elle. est  sans  bornes,  sans  limites;  elle 
convient  essentiellement  à  la  nature  infinie  de  Dieu;  car,  avoir  su 
dans  le  cbaos,  combiner  toutes  les  causes  dont  les  effets  se  produi- 
ront dans  la  suite  des  siècles  avec  une  régularité  parfaite  de 
manière  à  aboutir,  dans  une  harmonie  exellente,  aux  formes  gra- 
cieuses de  la  vie,  à  leur  entretien  f|uoditien,  à  leur  conservation,  à 
sufTire  à  tous  leurs  besoins,  à  contenter  leurs  désirs,  nous  semble, 
répétons  le,  l'acte  convenant  le  mieux  à  Celui  qui  est  tout  par  lui- 
même  et  qui  n'emprunte  à  aucune  force,  hors  de  lui,  la  puissance 
avec  laquelle  il  se  meut  dans  son  éternité. 

Ainsi  l'évolution,  mais  non  le  transformisme  aveugle,  incons- 
cient, sans  causes  finales,  devient-elle,  en  quelque  sorte,  plus  accep 
table  que  le  système  des  créations  indépendantes.  Elle  semble,  du 
reste,  plus  en  rapport  avec  l'esprit  des  Livres  saints  qui  ne  parlent 
point  de  plusieurs  créations  animales  successives,  mais  d'une -s'CM/t' 
création  unique. 

Or,  ne  l'oublions  pas,  les  formes  animales  actuelles  ne  sont 
point  celles  des  premiers  jours.  D'autres  formes  zoologiques,  ftt'f'M 
di/l'érentes,  les  ont  certainement  précédées.  Si  l'on  veut  donc  qu'elles 
aient  été  toutes  crées  par  des  actes  séparés,  la  création  s'est  renou- 
velée incessamment  et  à  des  intervalles  très  éloignés  (I). 

Les  considérations,  dans  lesquelles  nous  sommes  entré  presque 
involontairement,  nous  ont  éloigné  de  notre  sujet.  Examinons  |du- 
tôt  comment  les  auteurs,  qui  ont  déjà  parlé  des  liybrides  naturels, 
ont  envisagé  cette  question. 

(I)  l.e  11.  F.  Zaliiii,  luofosseiir  à  l'Université  de  Notre-Dame  (Indiana),  vient  de 
|iiil)licr  un  volume  «  résumantailiiMialilenient,  dit  M.  le  Mar(inis  de  Nadaillao(in  Ucv. 
des  Questions  scientiliques.  juillel  1891)),  toul  ce  qui  a  été  écrit  de|iuis  rantiquilé  la 
plus  reculée  jusqu'à  nos  jours  sur  une  queslion  qui  ayile  singulièrement  les  esprils  n. 
Le  volume  du  P.  Zaliin  est  intitulé  :  ..  Eroliilioli  ami  Doijina  »,  Chicago,  1S90. 


INTRODUCTION  XXVII 


IV 


De  quelques  citations  que  nous  ont  laissées  les  savants  fie 
ranli(]iiil('',  il  senilile  que  l'on  soit  aulorisé  à  iXMiser  que  l'hyliii 
dation  iialunilr  était  appelée  à  jouer  un  rôle  dans  la  produetioii 
de  certaines  espèces.  Tout  au  moins  Aristote  dit  qu'en  Lybie,  où 
il  ne  pleut  point,  les  animaux  se  renconiriml  dans  le  petit  iiorniu-e 
d'endroits  où  il  se  trouve  de  l'eau.  Là,  les  mâles  s'accouplent  aveu 
(les  femelles  d'espèce  ditlérente.  Il  ajoute  que  si  ces  animaux  ne 
sont  pas  de  taille  tro|i dispropoitionnée  et  si  le  temps  de  la  gestation 
est  à  peu  piés  le  même  dans  les  deux  es])èces,  ils  produisent  (1). 
Le  grand  naturaliste  a  en  vue  les  Carnivores  (2). 

Pline  précise  les  espèces  qui  contractent  des  mélanges,  car  il 
cite  la  Lionne  d'Ethiopie  comme  capalde  de  s'accoupler  avec 
l'Hyène,  d'où  naît  la  Crocute  (3).  Solinus  paraît  avoir  accepté  celle 
manière  de  voir  (4).  Cependant,  d'après  Ctésias,  auteur  beaiicou|) 
|)lus  ancien  (o).  la  (^rocotlc  (sans  doute  le  même  animal)  provien- 
drait du  Loup  el  du  Chien  (0).  Oppien  prétendait  que  le  Thous 
(Chacal)  est  le  produit  du  Loup  et  de  la  Panthère  (7).  IlesVchion  (M), 
un  m'o-latin,  faisait  descendre  le  même  animal  du  Loup  et  de 
l'Hyène. 

Les  xvir  et  xviii"'  siècle  ont  propagé  ces  erreurs;  aucune  limite 
n'esl  même  assignée  aux  accouplements  féconds  entre  hètes  sau- 
vages, car,  si  l'on  écrit  que  les  Lions  el  les  Léopards  engendrent 
r.Mphiel  (9),  (pie  les   Léopards  viennent  eux-mêmes  de  la    Pan- 

(1)  llisluire des  uniniau.r  d'Arî^lule,  avec  li  liailiiclion  [lanvaise,  pai-  M.  Camus. 
Paris,  178:!,  I.iv.  Vlll,  Clia|«.  -XXVlll. 

(2)  Pensiiiis-nous. 
(:i|  l'Iini-,  VIII.  XLV. 

CO  Sollmis  est  cilé  par  MercmlieiK.  Hist.  nul.  iiuix.,  Anvers,  l(j.'J.'i,  rliap.  XXIV. 
Solinus  a  élé  appelé  le  sinpe  lU^  l'Iiiie  i|u'll  copiait  souvent. 

(5)  Clésias,  de  Gnhle,  élail  du  nouihre  de  ceux  <iui  suivirent  le  jeune  Cyrus  dans 
son  expédition  contre  son  père  Artaxerccs  Miiéiion  (l-'eller). 

(G)  Ctésias  esl  précisément  cilé  par  Pline  !  Vlll,  .\.X.\.  Cardan  {de  sublilil.  Liber 
decimus,  p.  315)  appelle,  au  contraire,  Lyciscas,  les  produits  issus  du  Chien  el  du 
Loup. 

(7)  Oppien  csl  cilé  par  Niereniliern,  op.  ci7.,  oh.  XXIX.  ' 

(8)  Cil.  par  liocharl,  Coiiiiiienliiires  sur  la  Cenhe,  1,  p.  Kii. 

(9)  Hisl.  luit.  ma.r.,  XXIV. 


XXVIII  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT   S  MIVAGE 

tlière  (1)  eide  la  Lioniip,  on  dit  aussi  que  la  >[Mriiiotte  descend  du 
IJlaireau  et  du  Singe  (2)  el  (juc  le  Talou  est  produit  par  l'union 
de  ce  dernier  avec  la  Tortue  (3).  On  parle  même  de  croisements 
enti'e  Renards  et  Lièvres  (4),  entre  CJiameaux  et  Sangliers  (3).  La 
Girafe  devi-ait  encore  sa  naissance  à  un  croisement  (6)  ! 

Qu'aurons-uous  à  dire  lorsque  nous  signalerons  les  croisements 
soi-disant  obtenus  entre  espèces  domestiques  ou  captives?  Les 
exemples  les  jilus  bizarres,  les  plus  absurdes  sont  cités  sans 
réserve. 

Nonobstant  ce,  les  hybrides  étaient  considérés  comme  des 
monstres,  et  par  conséquent  comme  des  raietés.  Dansson  Tlicsaunis 
ornitlioloijiiv  (7),  Giebel  ne  fait  qu'un  seul  article  pour  «  les  monstres, 
les  anormaux  et  les  hybrides  (8)  ».  Le  Dictionnaire  de  Valmoat 
de  Bomare  indique  le  Mulet  comme  une  espèce  de  «  monstre 
quadrupède  ».  Charles  Bonnet  se  sert  de  cette  expression  (9) 
pour  qualifier  le  même  animal  que  M.  J.  Sperling  considère 
comme  un  prodige  (10).  —  Rappelons  ici  que  Démocrite  avait  écrit 
(jue  le  Mulet  est  un  protluit  «  non  de  la  nature,  mais  de  l'audace 
et  de  l'industrie  humaine  et,  pour  ainsi  dire,  un  mensouge  et  un 
vol  commis  par  l'adultère  (11)  ». 

Il  y  a,  en  quelque  sorte,  contradiction  entre  ces  appellations  et 
ce  qui  vient  d'être  dit  Comment,  admettant  que  les  espèces  les 
l)lus  disproportionnées  puissent  se  croiser,  donner  même  naissance 
à  d'autres  espèces  connues,  peut-on  appeler  leurs  produits  des 

(')  Nous  traduisons  le  mol  Pardus  par  PantliPie.  La  phrase  île  Bocliarl  (Hiero- 
znicon  sire  In  pertitum  opus  de  aniiiialibus  .<.  cripliir;i\  M.  D.  C.  L.X.XXII)  est 
ainsi  connue  :  «  Leopurdi  vox  cniiiposila  significul  animal  ex  Pardo  et  l.eœna 
natuin.  » 

{'!)  Atlianasius  Kirclierus,  cit.  pir  llyill  (In  Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
sciences  de  Vienne),  p.  Ib'.l.  ^ 

(:i)  Môme  source. 

(4)  Kalm,  WiiKlgotlin  resa  etc.,  p.  23t;  (D'après  Haller,  FAementa  physiologix, 
I,  p.  101),  17(i(i).  Nous  n'avons  pas  viîrllié  l'exactilude  de  ce  dire. 

[ï)  Dyclimus  (cit.  par  Niéremberff,  o;).  cit.,  diap.  XXIX). 

(6)  Voy.  Bi'evis  historia  anniinaliuiii  {grwae),  manuscrit  publié  à  Moscou 
en  1811,  par  Mattluni,  cit.  par  I.  G  Saint-Hilaire,  in  flist.  ital.  gén.  des  rrgncs 
organisas,  t.  III,  p.  141. 

(7;  Leîpzif;,  1772.  Erster  Halband,  p.  212. 

(5)  Art.  X.WII.  .1res  monslrosa',  alïniorni.r,  hybridie. 

(9)  Considération  sur  les  corps  organisés,  p.  10:t.  X.XXII,  Des  Mulets.  Œuvres 
d'Hist.  nat.  et  de  Philosophie,  t.  V.  Neufrhàlel,  M.  D.  CC.  LXXIX. 

(10)  Zoologia.  Phys.  Posth.  Lipsiœ,  16(il,  p.  IJGIÎ. 

(11)  Democrile  est  ici  cité  par  Elien  in  Nat.  animât  (t.  lib.  .XII,  cap.  10). 


INTRODUCTION  XXIX 

monstres  ou  des  prodiges  ?  Ceci  se  comprend  (raulanl  moins  (|iie 
rinfécdndilc  des  liybrides,  on  li'  verra  l)ientùt,  était  à  Ixin  (Iniit 
reconnue  et  professée. 

\'oici  encort'  (|iit'Iiiues  passages  (i'antciirs  du  siècle  dernier  se 
rapportant  à  l'iiyiiridalion  naturelle  ;  ils  i)Oiirront  seivir  à  éclaiier 
le  sujet  que  nous  étudions. 

i(  Ew  général,  dit  f'iaulliier,  c'est  tout  à  fait  gratuitiMuent  rpion 
altril)ue  à  lieaucoup  de  monstres  d'Alri(]ui'  la  faculté  d'engCLidrer. 
Il  peut  arriver,  et  il  arrive  sans  doute  que  des  espèces  différentes 
irnniiitdUT  féiocfs  se  mrldnr/rnt  ;  mais  les  nouveaux  êtres  qui  en 
résultent  ne  sauraient  procréer  sans  un  écart  de  nature  d'autres 
animaux  qui  leur  ressemblent,  ni  môme  en  procréer  aucun  (I)  ». 

«  Quand  la  nature  agit  seule  sous  l'ieil  de  Dieu,  dit  au  contraire 
Ballhasar  Spr-enger,  de  nouvelles  espèces  naissent  île  l'union  d'êtres 
et  d'espèces  diilérentes  ;  c'est  ainsi  que  l'on  voit  apiiaraître  de 
nouvelles  plantes  quand  le  vent  dirigé  par  la  divine  Providence 
transporte  le  pollen  prolifique  d'une  plante  dans  le  pistil  d'une 
autre  plante  (2)  n. 

(<  Oui  sait,  écrivait  BufTon  (3),  tout  ce  qui  se  passe  en  amour  au 
fond  des  bois  ?  Oui  peut  uombrer  les  jouissances  illégitimes  cmtre 
espèces  diilérentes'.'  Qui  pourra  jamais  séparer  toutes  les  branches 
bâtardes  des  tiges  illégitimes,  assigner  le  temps  de  leur  première 
origine,  déterminer,  en  un  mot,  tous  les  efTets  des  puissances  de 
la  nature  pour  la  multiplication,  toutes  ses  ressources  dans  le 
besoin,  tous  les  suppléments  (jui  en  résultent  et  qu'elle  s.iit 
employer  pour  augmenter  le  nombre  des  espèces,  en  multipliant 
les  inl(Mvalles  qui  les  séparent  '!  » 

Hebenstreint  dit  bien  que  «  parmi  les  animaux  de  nos  contrées, 
il  se  fait  divers  mélanges  avec  les  Chardonnerets  qui  produisent 
des  créatures  d'une  espèce  incertaine  et  dont  aucune  ne  se 
multiplie  (4)  »  ;  mais  il  ne  dit  point  positivement  que  ces  croise- 
ments se  trouvent  produits  à  l'étal  sauvage. 

Pour  Rudolphi  «  beaucouj)  de  variétés  que  l'on  remarque  chez 
les  Oiseaux  dérivent  ceitainement  de  mélanges  (5)  ». 

(\)  Ohservadons  <«r  la  physique,  ou  Journal  des  sciences  el  des  arts,  par 
Toussainl.  l'aris,  3  vol.  iii-'r,  p.  Si;,  \TM. 

(2)  Oiiusculft  PhyMcn-mathcinalici.  llanoverie,  17a3,  in-8  (p.  i'i  à  48)  :  «  De 
iiviitni  hybridartim  virlule  generandi  usque  ad  lerliam  generationem 
observa tii)  ... 

(3)  Cit.  |iar  l'ahhé  lîonalerre.  Talileitu  enciicl()}i<'iliqiie.  Oiseaux,  1823,  p.  X  el  Xj. 
(^)  Journal  encyclopédique,  mars  17()2  i2'  pailie  de  mars). 

(5)  Heylrage  :«  Anthropologie,  p.  \W1. 


XXX  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAdE 

«  On  ue  peul  douter,  écrit  Boimel  1 1 1,  que  les  espèces,  qui  exis- 
taient au  commencement  du  monde,  ne  fussent  moins  nombreuses 
que  celles  qui  rxislent  aujourd'hui.  La  diversité  et  la  multituiie 
des  conjonctions,  peut-être  même  encore  la  diversité  des  climats  et 
des  nourritures,  ont  ils  donné  naissance  à  de  nouvelles  espèces, 
ou  à  des  individus  intermédiaires?  —  Ces  individus  s'étant  unis  à 
leur  tour,  ajoute  t-il,  les  nuances  se  sont  multipliées  et,  en  se 
multipliant,  elles  sout  devenues  moins  sensibles  ».  Bonnet 
entend-il  par  l'expiessiou  <(  conjonctions  »  des  croisements  ? 
nous  le  supposons.  11  paraît  du  reste  envisager  plutôt  les  races. 

Linné  (2)  avait  pensé  qu'à  l'origine  il  pouvait  n'avoir  existé 
qu'une  espèce  dans  chaque  famille  naturelle  et  que  ces  espèces, 
en  se  croisani,  avaient  produit  les  genres,  lesquels,  parleurs  fécon- 
dations réciproques,  avaient  donné  naissance  aux  espèces  et. aux 
variétés.  Il  avait  cru,  dit  (iuillemiu  (3),  à  la  formation  d'espèces 
nouvelles  par  hybridation  entre  espèces  de  familles  différentes, 
lien  était  même  venu  à  rattacher  toutes  les  espèces  actuelles  à  un 
petit  nombre  de  types  primitifs  ».  —  Une  manière  de  penser,  qui 
|)arait  très  différente,  est  cependant  exprimée  par  Hartmann,  dans 
une  thèse  où  celui-ci  développe  les  itlées  de  son  maître  (4).  Hart- 
mann enseigne  «  que  les  Animaux  s'unissent  très  rarement  en 
dehors  de  leur  race  ».  De  Haller  (5)  s'appuie  aussi  sur  Linné  pour 
dii'e  que  les  hybrides  sont  le  plus  souvent  stériles  (6). 

Le  baron  de  Gleichen  (7),  en  manifestant  l'espoir  qu'on  oblien- 
drait  des  éclaircissements  sur  l'existence  de  beaucoup  d'animaux 
qui  se  trouvent  dans  les  climats  chauds,  si  on  instituait  dans  les 
ménageries  des  expériences  de  croisement,  semble  indiquer  par 
là  que  des  animaux  des  climats  chauds  doivent  leur  naissance 
à  des  croisements. 

(1)  Considérdlions  sur  les  corps  organisés,  l.  V  de  ses  œuvres  complètes,  p.  230. 

(2)  D'après  GiiHleinin.  {Diclionnairc  clas''iquc  d'Ilist.  nal.,  de  Bory  de  Sainl- 
Vinccnt,  cdit.  de  1825,  t.  VIII,  p.  403). 

(3)  Op.  cil. 

(i)  Thèse  sur  les  Plantes  hybrides,  Caroli  Linnœi  amœnilales  Àcademira; 
Holmiœ,  173G.  Nous  pensons  que  Linné  a  développé  sa  théorie  sur  les  hybrides 
dans  sa  dissertation  sur  le  Petoria  {Amoen.  Acad  ,  vol.  I,  p.  71),  ouvrage  que 
nous  n'avons  pu  consulte.'. 

(H)  Llementa  physiologiœ,  t.  VIII,  p.  104. 

(ti)  Nous  ne  comprenons  donc  pas  comment  M.  Matliias  Duval  a  pu  dire  (Rev.  Se. 
L'hybridité,  IS84,  |i.  98)  «  qu'à  l'époque  de  Linné  on  ne  pensait  guère  à  |iroclamer 
la  stérilité  dos  croisements  entre  espèces  dillérentes.  "  Kt  cependant,  cette  asserlion 
jiarait  conforme  aux  vues  de  Linné. 

(7)  Déconcertes  les  plus  récentes  dans  te  monde  végétal,  p.  4'J  et  bO. 


INTRODUCTION  X.WI 

Cildiis  ciicorc  Lnc(5|)('(ie.  dont  les  écrits  sciontiliqucs  dalcnl  plus 
pjirliculii'rt'moiit  de  lii  tin  du  siècle  dcriiier:  «  La  force  productrice, 
HOU  seulenieul  réunit  dans  ses  ah^rralious  des  formes  que  l'on  ne 
trouve  pas  communément  ensemble,  mais  encore  peut,  souvent 
dans  sa  marche  réj;iilière,  et  surtout  lorsciu'elle  est  aidée  par  l'art, 
rap|)roclier  des  espèces  dillérenles,  les  combiner,  et  de  leur 
mélange  faire  naître  des  iu<lividus  dilTèrents  de  l'un  et  il« 
l'autre  (1|  n. 

(I  Les  métis,  ces  aberrations  des  espèces,  disait  le  citoyen  (îiorua 
qui  écrit  en  l'an  xii  (2),  sont  très  fréquents  dans  les  petits  animaux; 
elles  le  sont  moins  parmi  les  grands.  Leur  somme  est  en  raison 
directe  du  nombre  que  les  animaux  pioduisent;  aussi,  voit-on 
plusieurs  variétés  dans  les  Insectes,  moins  dans  les  Oiseaux  et 
beaucoup  moins  dans  h^s  Mammifères  (3)  ». 

(les  citations  disent  peu  de  chose  ;  on  remar(]ue,  cependant,  dans 
certaines  une  tendance  à  accepter  l'hybridilé  naturelle  comme 
probable,  quoicjue  rare. 

Des  opinions,  plus  nettes  et  plus  précises,  se  forment  au  commen- 
cement de  ce  siècle.  —  Non  seulement,  comme  nous  le  verrons 
bientôt,  on  restreint  considérablement  la  possibilité  des  féconda- 
lions  hybrides,  mais  ou  vent  aussi,  (à  part  quehpies  auteurs  (|ui 
font  exception),  que  les  croisements  ne  se  produisent  point  à  l'état 
sauvage,  tout  au  moins  qu'ils  ne  s'opèrent  que  lorsiju'une  des 
espèces  qui  contractent  les  mélanu'es  est  k  privée  ou  captivé  ». 

C'est  ce  qu'écrit  en  I82'i  Frédéric  Cuvier  dans  le  Dictiontidire 
des  sciences  nnturellcs  (4)  et  ce  que,  la  même  année,  Desmarets 
répète  presipie  mot  à  mot  dans  le  même  dictionnaire  (5),  en 
ajoutant  (0)  ((ue  «  les  animaux  sauvages  d'espèces  différentes  ne 
s'accouplent  pas  entre  eux  ». 

(1)  Discnurs  sur  lu  nature  lie-t  Poixsons  (llisli)irc  naturelle  des  Poissons. 
17;)8-IS03).  Voy.  p.  483  Ue  \;i  nouvelle  édition,  t.  1.  l'aris  MDCCC  XLIV. 

(2)  Ici  (ilorna  ne  piirle  phis  d'après  lui,  mais  d'api-ès  un  naluraliste  qu'il  ne 
nomme  pas.  .Nous  luius  doiiiandous  (|ui'l  peut  (''li'e  ccl  autour,  car  mus  retrouvons 
la  nn'mi:  idée,  exprimée  à  peu  près  daiis  les  mêmes  termes,  dins  le  Traité  d'Ana- 
loniiijite  «le  Meckel.  paru  louf^temps  après  le  travail  de(îiurn).  (Voir  p.  'tO.'i,  ï.  I  de 
la  Irad.  (ranç.  de  Hister.  l'aris,  iSiH). 

(3)  Mém.  acad.  des  se.  lill.  el  b.-arls  de  Turin,  années  .\  et  XI  an  -XU  n  Obser- 
vations sur  un  Zèbre  métis  ■>. 

(4)  A  l'article  Métis,  t.  XXX,  p.  489. 
(3)  A  l'article  Mulet,  t.  XXXIII,  p.  293. 

(0)  Dans  les  Ann.  des  se   nat.,  I.  XXVII.  p   I.W.  l'aris,  1S32. 


XXXII  DKS    HYBRIDES    \    L  KTAT    SAUVAC.E 

Au  même  moment  (1),  Georges  Cuvier  dictait  cette  phrase  que 
maints  auteurs  ont  depuis  reproduite  :  «  La  nature  a  soin  d'empê- 
ciier  l'altération  des  espèces  qui  pourrait  résulter  de  leur  mélange, 
par  l'aversion  naturelle  qu'elle  leur  a  donnée;  il  faut  toutes  les 
ruses,  toute  la  puissance  de  l'homme  pour  faire  contracter  ces 
unions,  même  aux  espèces  qui  se  ressemblent  le  plus  ». 
•  L'hybridation  dans  la  nature  serait  donc  nulle  aux  yeux  du  grand 
naturaliste.  11  a  soin  du  reste  de  préciser  sa  pensée  dans  la  phrase 
suivante  :  ce  Aussi  ne  voyons-nous  pas  dans  nos  bois  d'individus 
intermédiaires  entre  le  Lièvre  et  le  Lapin,  entre  le  Cerf  et  le 
Daim,  entre  la  Marte  et  la  Fouine  (2)  ». 

En  1833,  acceptant  ces  théories,  Marcel  de  Serres  s'exprime 
ainsi  dans  la  Revue  du  Midi  (3)  :  «  Nous  sommes  parvenus,  par 
suite  de  notre  action  sur  les  animaux,  à  faire  accoupler  plusieurs 
espèces  différentes.  Ces  accouplements  n'ont  jamais  eu  lieu  dans 
les  espèces  livrées  à  elles-Luêmes.  Il  faut  qu'un  des  sexes  au 
moins  soit  dans  l'état  de  domesticité.  Si  la  domesticité,  conlinue- 
til,  n'est  pas  une  condition  absolue  sans  laquelle  deux  espèces 
diflérentes  ne  peuvent  s'accoupler,  il  faut  au  moins  qu'elles  soient 
toutes  les  deux  privées  de  leur  liberté  ». 

((  C'est  un  fait  prouvé  dans  l'histoire  de  la  nature,  écrit  quatre 
ans  plus  tard  Rudol|)h  Wagner  (4),  que  les  animaux  d'une  même 
espèce  s'accouplent  librement  et  produisent  des  petits  féconds.  Ce 
n'est  que  sous  une  influence  artificielle,  sous  l'action  de  l'homme, 
très  rarement  dans  l'état  de  nature  libre,  que  des  animaux  d'une 
espèce  ditïérente  s'accouplent  entre  eux  »  ;  ^\"agner  ne  laisse  place 
que  pour  quelques  exemples. 

Duvernoy  (o)  est  beaucoup  plus  restrictif.  Aucune  observation 
bien  positive  et  incontestable  parmi  les  animaux  na  démontré 
jusqu'à  présent,  dit  cet  auteur,  que  des  espèces  dilTérentes,  libres 
et  aijandonnées  à  leur  instinct,  se  mêlassent  dans  la  nature  ;  et 
qu'il  naquît  de  ces  mélanges  des  espèces  hybrides,  pouvant  se 
propager  avec  leurs  caractères  distinctifs,  et  produire  une  succession 
de  générations  fécondes,  comme  les  espèces  dont  elles  sont  origi- 
naires ».  Pour  lui,  on  peut  conclure  légitimement  â  priori,  (comme 

(1)  Ou  plutôt  quelques  années  ;ui|iiuavaiit  :  Reclirrckes  des  ossements  fossiles, 
1X21,  p.  ;)9.  Discotirs  jiréliminaire. 

(2)  Même  ouvrage. 

(3)  T.  IX,  p   ;i47.  Toulouse. 

(4)  Lebrbuck   dei    Physiologie,    Leipzig,    1839.    Ersie  abtlieilung   (examen   du 
sperme  des  Oiseaux,  p.  24-20,  §  12). 

(5)  Diclionnaire  d'Orbigny  (art.  rropagalion),  p.  'Mo,  1847. 


INTRObUCTION  XXXllI 

il  [)eiise  l'avoir  cuoucù  à  iiusteriuri  (Ij.tjue  les  es|)éces  ue  se  iiiûleul 
pas  dans  leur  état  de  complète  liberté  ». 

Blitli  corrohorc  cette  manière  de  voir  lorsqu'il  uous  apprend  (2i 
«  qu'il  n'a  pu  se  trouver  en  piésence  d'un  seul  exemple  satisfaisant 
où  le  mélauge  des  espèces  ne  soit  dû  à  l'intervention  de  l'homme  ». 

On  peut  {'iiL'ore  mentionner  le  D'  .1.  B.  Jauliert  (■'$)  «[ui  regarde 
le  ra|)pro(liement  de  tieux  espèces  distinctes  eoninu!  un  lait  à  peu 
près  impossible  en  pleine  liberté  ;  puis  Frisch  (4)  qui  ne  parait  pas 
croire  à  la  possibilité  des  i'ap|)ro(bem  en  I  s  chez  les  animaux  sauvages 
et  les  considère  comme  esseuliellemeul  artiliciels  et  contre  nature; 
eulin  Frédéric  Guvier,  qui,  vingt  ans  plus  tard,  revenant  dans  son 
Ilistiiire  des  Mammifères  (5)  sur  le  sujet  déjà  traité  dans  le 
«  Dielioiinairc  des  sciences  naturelles  »,  écrit  que  «  les  Mulets  ne 
sont  ])oint,  à  proprement  parler,  des  êtres  naturels  ;  mais  qu'ils 
sont  esseiUiellement  le  produit  de  l'art  »,  et  que  ((  sans  artilices  ou 
sans  désordres  dans  les  voies  de  la  Providence,  jamais  leur 
existence  u'aui-ail  été  connue  ((i)  ». 

Ces  nouvelles  citations  nous  ont  amené  jus(in'à  la  moitié  de  ce 
siècle  et  même  au  delà. 

Des  théories  analogues  se  retrouvent  chez  des  auteurs  plus 
récents,  comme  Godron,  de  Quatrefages,  lù'nest  Faivre  qui  disent, 

(1)  Lisez  son  article. 

(2)  The  inagiiziiie  o(  naluial  liistory,  coiiilucleil  by  Edward  t;iiarles  worthen, 
l.ondoii.  18;{7,  t.  1,  p.  80.  a  Oit  Ihe  psysliological  disiincUnn  helwcn  mon  and 
ait  (tlliers  uniiiiuls  ;  and  llie  conséquent  dirersity  nf  liunian  influence  ovcr 
Ihe  inferiors  ranks  of  création  ». 

(3)  Rev.  cl  mat;,  'le  zooloj^ie,  mars  18o3,  p.  114. 

(4)  Nalurforsclwr,  Vil,  p.  jG. 
(.=))  T.  vu,  IS42. 

(ti)  Il  paraît  cependant  reconnaître  que  les  insectes  se  mélangent.  Voy.  le  mut 
Hybride  dans  le  Dicl.  des  se.  aat.,  t.  XXII,  1821.  Nous  avons  dit  que  quelques 
auteurs  du  commencement  de  ce  siècle  ne  partageaient  pas  la  même  manière  de 
voir.  Kn  ellet,  l'ahbé  Bonalerre  {Tabteaux  encyclnpédiiiue^,  182li),  s"e.\prime  ainsi 
au  sujet  des  alliances  entre  espèces  voisines  :  «  Ce  que  nous  taisons  par  art  peut 
se  taire  mille  lois  par  la  nature.  I.cs  métis  qui  résultent  de  ces  alliances  fortuites 
peuvent,  en  s'unissant,  produire  d'autres  individus  senililaldes  à  eux  et  former  de 
nouvelles  espèces.  {Oiseaus.  p.  41).  Meckel  (in  TruUc  d'Anutuinie,  1828,  p.  W^  et 
4lX>,  Irad.  de  l'Allemand)  écrit  ce  passage  :  «  Les  métis  sont  plus  fré(iuenls  et  |  lus 
féconds  dans  les  espèces  inférieures  que  dans  les  espèces  élevées;  sans  doute  pour 
la  raison  que  la  (orce  orgaMi(|ue  est  plus  rigoureusement  bornée  aux  phénomènes 
de  formation,  et  est,  pour  cela  même,  plus  énergique.  C'est  à  cette  cause  (ju'il  faut 
attrlliuer  la  fréipience  plus  habituelle  de  la  biUardise  parmi  les  Oiseaux  que  parmi 
les  Mamniilères.  Tous  ces  phénomènes  lendent  fort  vraisendilable  l'opinion  émise 
ci-dessus,  qu'un  grand  nombre  d'Insectes  peuvent  aussi  naître  de  celte  manière  ». 

Suchelel.  —  3 


XXXIV  DES   HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

le  premier  «  que  l'hybridilé  esl  un  phénomèue  très  rare  parmi  les 
animaux  sauvages  (1)  »  ;  le  second  «  que  l'homme  a  une  peine 
infinie  à  découvrir  quelques  hybrides  naturels  (2)  ;  le  troisième 
((  que  l'on  ne  connaît  aucun  exemple  probant  d'hybridilé  natu- 
relle (3j  ».  On  vient  tlu  reste  d'écrire  tout  deruièrument  que  les 
croisements  d'espèces  «  n"ont  jamais  lieu  dans  la  nature  sau- 
vage f4)  ». 

Cependant  des  naturalistes,  dont  les  vues  se  trouvent  en  oppo- 
sition avec  celles  des  auteurs  que  nous  mentionnons,  semblent 
vouloir  accorder  maintenant  à  l'hyliridation  un  rôle  plus  cousi- 
déralile.  «  Il  n'est  pas  douteux,  écrit  .M.  Car!  Vogt  (5),  que,  même 
à  l'état  sauvage,  les  animaux  appartenant  à  des  espèces  voisines 
s'accouplent  ou  cherchent  i!i  s'accoupler  entre  eux.  »  M.  Michel 
Menzbier  (0)  prétend  que  l'étude  des  Oiseaux  de  la  région  paléarc- 
tique  lui  a  prouvé  «  que  certaines  espèces  se  croisent  avec  des 
espèces  voisines  et  forment  un  grand  nombre  d'hybrides,  lesquels, 
de  leur  côté,  se  croisent  entre  eux  et  avec  les  formes  typiques  qui 
leur  donnent  naissance.  Ce  croisement,  ajoute  le  professeur, 
peut  contribuer  à  ce  que  deux  formes  fixées  se  confondent  en 
une  seule  aux  caractères  combinés;  parfois  il  arrive  qu'une  espèce 
est  absorbée  par  une  autre.  ))  ((  Les  cas  où  les  individus  de  chaque 
vallée  s'unissent  avec  leurs  voisins  immédiats  ne  sont  pas  une 
exception,  »  écrit  de  son  côté  M.  Henri  Seebohm  (7). 

Isidore  Geoffroy  Saintllilaire  dit  lui-même  (8)  :  que  l'on  peut 
aûirmer  que  les  croisements  hybrides  ne  sont  pas  très  rares  entre 
espèces  sauvages  du  même  genre,  mais  que  les  métis  qui  en 
résultent  échappent  le  plus  souvent  à  notre  observation.  Avant  lui, 
Hamilton  Smith  avait  fait  savoir  que  l'on  connaissait  des  Mammi- 
fères sauvages  ayant  produit  des  hybrides  en  liberté  (7). 

(1)  De  fe^iiice,  1872,  p.  180. 

(2)  Uev.  des  cours  scirnlUiques,  t.  V,  p.  738  (années  I8(;7-I)8).  A  la  p.  122.  M.  de 
Qualiefages  dit  mciiie  ([u'entiu  espèces  sauvages  de  Maininitéres  «  on  ne  cite  pas 
un  seul  cas  d'Iiybridation  féconde  ». 

(3)  La  variabililc  des  espèces,  p.  129,  1868.  Il  est  vrai  que  M.  Faivre  dit  que 
quelques  exemples  sont  exceptionnels,  mais  il  a  soin  d'ajouter  «  que  ces  exemples 
mériteraient  conlirmation  ». 

(4)  .\nnales  de  Pbilosopliie  dirétienne,  mai  1888,  p.  luO.  {L'évolution  dans  les 
espèces). 

(.^)  Leçons  sur  l'homme,  p.  3oo  et  336,  1878. 

(6)  Revue  scienlifltiue,  p.  520,  n»  du  26  avril  1884. 

(7)  The  Ibis,  1882. 

(8)  Hist.  nat.  générale  des  régnes  organiques,  p.  180,  t.  III,  1862. 

(0)  The  nalt^ralisl's  librnri/,  par  Jardine,  Edinburg,  1841,  vol.  X.\l,  p,  ;s3!i 
(Hurses). 


INTRODUCTION  XXXV 

Eli  parcilli'  matière,  les  faits  seuls,  nous  l'avons  nniiarqué,  sont 
de  quehpu'  Nalcur;  la  eonclusion  de  noire  cin(iuiénie  partie  (I) 
l'épond  aux  iiuestionsque  l'on  |)t'ut  se  poser  sur  celte  matière.  On 
y  verra  que  l'Iiybridité  naturelle,  sans  i>tre  ahsoluinent  nulle  h 
l'état  sauvage,  couslilue  néanmoins  un  fait  c.ici'iitionm'l,  excessi- 
vement rare  et,  disons-le,  presque  toujours  provoqué  par  l'aclion 
de  riiomnie. 

Ces  vues  diverses  ayant  été  exposées,  nous  rctilierclieidus  m;iin 
tenant  de  quelle   nature  doivent   être   les  espèces  pour  pouvoir 
donner  naissance  à  des  produits  hybrides. 


(I)  Voy.  p.  800-873. 


XXXVI  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


On  se  rappoille  que  divers  écrivains,  postérieurs  à  la  renaissance, 
ne  mettaient  aucune  limite  à  la  fécondité  des  accouplements  (1); 
ils  croyaient  que  plusieurs  espèces  sauvages  très  éloifïnées  pou- 
vaient se  croiser  utilement;  a  fortiori  la  même  faculté,  le  même 
pouvoir,  étaient-ils  accordés  à  des  espèces  domestiquées  ou  retenues 
captives. 

Qu'on  se  reporte  aux  vieux  écrits  de  l'ablié  iJicquemare  (2),  de 
Réaumur  (3),  de  Haller  (4),  d'Athanase  Kircher  (5),  de  Valisneri  (6), 
de  Bircli.  de  Loke  (7),  de  deGleichen  (8),  de  ,lean-Baptiste  Porta  (9). 
de  Jean  Léger  (10),  île  Clauderius,  de  nottigniez(ll),  de  Cardan  {{ij, 
de  Nieremberg  (13),  d'Osbock  (14),  de  Ruef  (lî)),  de  Thomas  Bar- 
tholoui  (16),  d'Unger  (17),  de  Blumenbacli  (18),  de  Wieber  (19),  de 
Jean  Taube  (20),  de  Gesner  (21),  de  Clauderius  (22),  etc.,  ou  y 
trouvera  des  mentions  de  croisements  bien  peu  croyables,  même 
burlesques;  quelquefois,  il  est  vrai,  sim])lenu'ut  cités  [)Ouice  qu'ils 

(1)  Ceux  qui  les  oui  précédés  piotessaieiU  sans  doute  les  mêmes  opinions. 

(2)  Journal  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle,  t.  .\11.  l'aris,  1788. 
(.'!)  Arl  de  faire  eclorc  les  Oiseaux.  Paris,  in-12,  1749,  t.  Il,  p.  XM. 
(4)  EU'Dienla  phisiologix. 

(."i)  Cit.  p.  Hyrll,  iu  (Comptes  rendus  de  l'Arad.  des  se.  de  Vienne. 
(0)  (laleria  di  Minerva. 

(7)  An  Essay  concerning  huinan  understnndiny. 

(8)  Uisserlation   sur    la  génération,  les  animalcules  s/)eriiialiiiues  et  ceux 
d'infuSDires.- Paris,  an  VII. 

(9)  La  Magie  naturelle,  cit.  d'après  Blumemhacli. 

(■10)  Hist  gén.  des  Eglises  évanijéligues  du  l'iéiiiniit.  Lcide,  IIUU). 

(11)  Commentarii  de  rébus  in  Hisluria  iiaturali  et  medicuia  gestes,  t   XXIII, 
Lipsiœ,  1779. 

(12)  De  rerum  varietate,  h.  VII.  {De  contradicl  iiiedi.). 

(13)  Hist.  nul.  max.  Anvers,  l(>:i'j,  iliap.  X.XIX. 

(14)  Ostendisk  Resa,  p.  'J'.l  (rit.  par  BlunienhacK,   par  do  llaller  et  pm-  HyrIII). 

(15)  De  cunceplu  el  generulione. 

(IR)  .icla  iiiedica  el  pkilosophica,  llalnicusia  (Copenhague),  1(173,  vol.  !1,  p.  46. 

(17)  Haniburg  Magazin. 

(18)  De  generis  huniani  varietate,  natura.  Gœttingivc  (1116'),  p.  11. 

(19)  Cit.  in  Journal  encyclopédique,  mars  1S92  (2'  partie  de  mars). 

(20)  Ueilràge  zur  fialurkunde  des  Herzag  Uiuinus  Luxembourg,  Zueites  sluck. 
Zellœ,  1709. 

(21)  Uistoria  animalium .  Lib.  1,  «  De  quadrupedi  ». 

(22)  Epli.  Nalur.  cur.  Dec.  11,  ann.  IX  (^cit.  p    llyrlll,  p.  li)7,  op.  cit.). 


INTRODUCTION  XXX  VII 

Viileiil  et  même  critiqués  très  vivement  (I),  mais  souvent  aussi 
acceptés.  Ou'il  nous  suffise  de  iioiuniei-  les  mélanges  du  Crrviis 
l'iaphiis  et  de  17vV/(/».s-  cdhiillits  (2).  du  /'"■-''  tnnriis  et  du  Canis  fuini- 
Hnris  (.'5),  du  i'clix  rnlm  et  du  Lcpun  cuniculus  (4),  de  VEiiuus 
calnillii.s  (ou  de  VKquun  asiniis)  avec  le  lias  laurui:  (o),  du  Canix 
familiarix  et  de  la  Sii>ilii{{)),  du  /V/w  ratiis  et  du  A/wx  rattus  (7),  du 
Sus  xcrofa  el  du  Cad/s  (8),  du  Gnllus  domesticus  et  du  Lcpws  cum- 
cit/i(A-  (9),  de  la  Coloniha  lii-ia  avec  ce  dernier  (10),  enfin  du  Galliif! 
domesticus  avec  l'Auas  bnschas  (il). 

Encore,  dans  ce  siècle,  au  moins  au  commencement  de  ce  siècle, 
quelques  auteurs  crédules  ont  foi  en  des  croisements  aussi  peu 
vraisemliiaiiles.  Ualiuesque  mentionne  dans  le  Konluchy  la  jioitée 
d'une  Chatte  unie  à  un  Opossum  (le  /).  !;H-(7w»M.sdcsnaturalistes)(r2). 
Le  croisement  de  la  Loutre  et  de  la  Brebis  semble  accepté  comme 
possible  (13).  Des  observations  «  sur  une  profïéniture  produite  par 
raccoii|)Iement  d'un  Chien  et  d'une  Brebis)»  sont  présentées  en 
182!)  à  l'.Vcadémie   des  Sciences,  et  le  Bulletin  des  Sciences  de 

(l(  Nous  n'avons  (loiiit  consnllé  tons  les  anleiirs  (|ue  nous  indiquons,  en  sorle 
qui>  i|ncl(|U('s  erreurs  ont  |ui  ^trc  commises.  Pans  le  Journal  île  l'hysitiuc  on 
roeonniiil  même  que  les  aecouplemenls  entre  espèces  éloignées  ne  peuvent  avoir 
lieu.  (Voy.  :i'  vol.  in-4'',   IToO,  p.  8(',). 

(2)  Dont  une  première  mention  a  clé  fiiile  par  HnelT  (op  cit.).  Voir  aussi  Ilist. 
uat.  nia.f.  de  Nierenber^',  l(i:!.">.  oii  au  eli.ip.  .\.\t.\,  avec  quelques  variantes,  on 
trouve  la  nu^iiie  asserlion.  Le  texte  est  précédé  de  la  description  d'un  monstre 
tel  (|ue  la  Kahle  n'en  saurait  inventer.  Sur  un  bAlard  i\  peu  prés  du  même  i;enre, 
voy.  :  Sniiiiiilug.  von  Nainr.  un  Mcilecin.  Sommer  quartal,  1723.  Leipzig.  I72i>. 
(11  s'agissait  pro.ialleuienl  d'un  Klan,  le  Ccnii.<  atces  de  Linné  ou  Ci'rviis 
/;i((/('/ii.s'  de  quelques  ailleurs,  espèce  (pi'on  ne  reni'oiitre  plus  aujourd'hui  que  dans 
les  pays  lout  à   fail  seplenlrionaiix. 

i:{)   riioinas  Baiihiilini,  o;;     cit.,  p.  'il,  vol.   11. 

(4)  liircli.  I.  I.  p.  ;)'.i:i  (cil.  par  llaller,  in  Elenienlit  phijfiolo(ji:i\  p.  101). 

(5)  Cil.  par  un  grand  munlire  d'auteurs.  \oy.  (in  Nouvelles  archives  d'Ohstélri(|ue 
et  de  (iyiiéco  ogie.  11°'  d  oclubre  et  de  novembre  1S8'.)|,  l'article  de  M.  Armand 
Goiibaiix,  4"  pari..  Des  Jitinarls.  Voir  aussi,  Im  Fable  des  Jiimarts,  par  André 
Suihetel,  in  Mem.  Soc.  zool.  de  Prance,  1890. 

(Cl)  Produit  assez  rare  d'après  Cardan  (nous  le  croyons  sans  peine).  Cit.  aussi 
par  Meyer.  Illumenbach  et  (iottigiiiez.  Ce  dernier  n'est  pas  porté  à  radinelhe. 

(7)  Lt.cli.,  op.  cil. 

(8)  Unzer,  op.  cit. 

(9)  De  lléaumnr,  op.  cil. 

(10)  L'alibè  llicquemare,  op.  cil. 

(11)  liieii  souvent  répété  et  encore  de  nos  jours  ! 

(12)  Considérations  sur  queti/ue.i  anin>au.i-  hi/brides,  par  C.  S.  RaOnesque. 
(in  .tournai  des  sciences  médicales,  (1  années,  t.  X.\U,  p.  III  et  suiv.  Pans.  1821). 
Ralinesque  trouve  néanmoins  la  chose  singulière.  Ilyrtll  (op.  cil.)  a  réfuté  ce  lait. 
Les  annales  des  sciences  ralurelles,  l.:{7,  Paris,  i8.'t2,  classent  le  même  (ait  «au 
nombre  de=  assertions  souvent  répétées,  jamais  constatées  ii. 

(i:i|  Voy.  Pliilo>.ophical  Transactions  o(  Ihe  Royal  Society  et  Loiidnn,  1813,  part.  I. 
vol.  :tl,  p.  :J8  et  suiv. 


XXXVIII  DES   HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

Ferrussac  publie  au  m("'me  moment  l'extrait  d'une  lettre  datée  de 
Berlin,  27  février  1827,  où  de  nouveau  on  parle  d'un  Mulet  de  Cerf 
et  de  Jument  (1).  Hamilton  Smith  (2),  (]ui  a  si  bien  réfuté  l'exis- 
tence des  Jumarts,  accepte  et  propose  cette  idée  que  le  Cerf  axis 
produit,  avec  une  espèce  de  Porc,  leccHog-deer»  (3).  MaisGuillemain 
et  Dumas,  Frédéric  Cuvier.  Marcel  de  Serres,  Rudolph  ^^■aiîl)er,  et 
bien  d'autres  naturalistes  de  renom,  réagissent  contre  ces  exagéra- 
tions. Pour  eux,  la  fécondité  des  croisements  ne  peut  même  être 
obtenue  qu'entre  espèces  d'un  même  genre  (4)  :  Pour  que  la  femelle 
d'une  espèce  soit  fécondée  par  le  mâle  d'une  autre  espèce,  disent 
plusieurs  d'entre  eux,  il  faut  que  les  deux  espèces  appartiennent 
au  même  genre,  à  un  même  genre  naturel  (5).  C'est  la  doc- 
tiiue  qui  a  prévalu  dans  notre  siècle.  Elle  a  été  professée  par 
Flourens  (6),  acceptée  par  Duvernoy  (7),  par  Godron  (8),  et  même 
par  Morton  (9). 

(1)  Fail  dont  on  avait  déjà  parlé  au  siècle  dernier  et  accepté  encore  dans  (]uel- 
ques  ouvra^jes  m  ulernes,  tels  que  :  {Dict.  d'flipputtijue,  1,S4I,  p  149):  Journal 
des  [laras,  184S  (I.  XI^V.  p.  liifi).  —  Ilyrtll  ne  l'a  pas  admis  (voy.  Ciiinples  rendus 
de  l'.\cad.  des  se.  de  Vienne,  p.  l7o,  18.'i4.  I.  (i.  Siiinl-llilaire  (op.  cit.,  t.  III)  parlage 
la  même  manière  de  voir.  Du  resie,  déjà  au  siècle  derniei'  on  niait  l'existence  de 
cet  liybride,  (voy.  .lournal  encyclopédique  de  1762,  mars,  2'  part.). 

(2)  INaturalist's  Library.  p.  340. 

(3)  Le  Cerf  importé  en  l'Vance  appartient  à  une  bonne  espèce  qui  se  reproduit 
naturellement. 

(4)  Voici  ce  que  l'on  lit  dans  leurs  ouvrages  :  «  Dans  le  règne  animal,  il  n'y  a 
que  les  espèces  voisines  d'un  même  genre,  ou  d  une  famille  si  naturelle  qu'elle  ne 
forme  qu'un  véritable  genre,  qui  puissent  se  croiser. . .  Nous  ne  sachions  pas  qu'on 
ait  d'exemple  de  métis  de  genres  essentiellement  divers,  ni  mêmes  d'espèi'es  un 
peu  éloignées.  »  (Obsercalions:  sur  l'hi/hridité  des  plantes  en  gênerai  et  parti- 
culièrement sur  celles  de  quehiues  Gentianes  alpines,  par  Guillemin  et  Dumas, 
in  Mém  de  la  Soc.  d'Hist.  nat.  de  Paris,  t  I.  p.  8!l-90,  1823,  séance  du  3  août  1.82t. 
Ce  n'est  que  chez  les  animaux  du  même  genre  que  l'accouplemenl  produit  des 
résultats,  dit  Wagner,  in  Lehrinich  der  rhi/siclogie,  p.  24,  2r>  et  20;  Leipzig,  1839 
(1"  partie);  ou  bien  :  «  On  ne  connaît  de  faits  certains  que  parmi  les  animaux  qui 
apparliennent  au  même  genre  ».  Il  cite  des  exemples  ». 

(;i)  Fr.  Cuvier,  Dict.  des  se.  naiiirelles.  édité  par  Levraull,  1824,  t.  XXX, 
p.  468  et  469(Jî"J.  métis).  —  «  Pour  que  l'accouplement  de  deux  espèces  dilTérenles 
puisse  avoir  lieu  et  produire  d'autres  individus,  il  faut  qu'elles  appartiennent  à  un 
même  genre  naturel  »,  dit  aussi  Marcel  de  Serres,  in  Rev.  du  Midi,  t.  IX,  p.  3'i9. 

(ti)  Les  espèces  seules  du  même  genre  produisent,  m  Flourens,  De  l'Instinct  et  de 
i  Intelligence,  o'  édit.,  1870,  p,  149).   La   I"  édit.  de  son  ouvrage    date  de  1841. 

(7)  Qui  cite  les  paroles  de  Fr.  Cuvier  (in  Dictionnaire  universel  d'Histoire  naturelle 
de  Dorbigny).  Voy.  ail.  Propagatian,  t.  X,  1847,  p.  o46. 

(8)  De  l'espèce,  etc.,  p.  212,  t.  I,  2'  édit.,  1872.  —  Que  pensait  MilneEdwards  " 
Godron  (même  vol.,  même  page)  le  cite  comme  partisan  de  celte  manière  de  voir 
et  renvoie  au  l.  XL,  p.  754  des  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  se.  de  Paris.  —  Nous 
sommes  loin  de  contredire  l'appréciation  de  dolron.  Néanmoins,  dans  le  tome  en 
question,  MilneEdwards  ne  fait  point  précisément  connailre  son  opinion:  (peut- 
être  l'a-lil  fait  ailleurs)  '.'  Il  dit  seulement  ceci,  en  rapportant  le  fait  cité  par  (iray 
sur  raccou|)lement  du  Mouton  et  de  la  Chèvre  :  «  Ce  lait  conduira  peut-être  les 
zoologistes  à  ne  voir,  dans  les  Chèvres  et  les  Moutons,  que  des  espèces  dilTérentes 
d'un  seul  et  même  genre  naturel,  conformément  aux  vues  sur  la  délimitation  des 
groupes  génériques  présentés  il  y  a  quelques  années  par  M.  Flourens  ». 

(9)  Types  of  Manking .  Notl  et  Gliddon,  18,'j4,  p.  81-375.  Cependant  Morton  n'aurait 


INTRODUCTION  XXXIX 

Isidore  Geofiroy  Saint-Hilaire  s'est  cru  cepeinlnnl  en  droit  fie 
reruler  les  limites  assii^iiées  par  S(^s  préilécesseurs  à  la  fécondation 
des  unions  iiylirides.  La  possiliililé  de  l'hyljridaliou  ue  lui  a  pas 
paru  devoir  (Hre  renfermée  dans  les  étroites  limites  qu'on  lui  avait 
assignées,  d  Si  une  femelle  ne  peiil  être  fécondée  par  un  mâle 
d'une  autre  ('lasse  ;  s'il  est  au  moins  douteux  ((u'elle  puisse  l'être 
par  un  individu  d'un  ordre  différent  ;  si  l'on  n'a  pas  un  exemple 
irrécusalile  de  fécondation  par  un  animal  d'ulie  autre  famille, 
l'existence  d'hybrides  bigénères  est  pour  lui  aussi  certaine,  quoique 
plus  rare,  que  celle  des  métis  congénères  (l). 

Disons  que  llirt!  et  Paul  Gervais  ont  admis  (|ne   l'hyliridation 
peut  réussir  entre  espèces  de  deux  genres  diiïiirents,    mais  très 
rapprochés  (2).  M.  de  Qu'atrefages  a  lui-même  reconnu  l'hybri 
ilati(m  hiifénère  possible,  quoique  très  rarement. 

l'armi  les  auteurs  qui  onl  tcnlé  d'étaidir  des  règles  permettant 
de  connaître  les  espèces  qui,  physiologiquement,  sont  aptes  à  se 
"croiser,  nous  citerons  le  D^  Broca.  Pour  lui,  comme  pour  beaucoup 
d'autres  sa\anls,  parmi  les  conditions  qui  favoriseraient  l'hylnidili', 
l'une  d'elles  qui  permettrait  de  préciser  avec  plus  de  probabilité  le 
résultat  d'une  tentative  de  croisement  serait  «  l'analogie  ou  la 
dissemblance  des  deux  espèces  considérées  sous  le  rapport  de  la 
gestation  pour  les  Mammifères,  de  l'incubation  pour  les  Oiseaux.  » 

Le  docteur  ignore  même  s'il  existe  un  seul  exemple  d'iiybridité 
entre  deux  espèces  très  différentes  sous  ce  rai)port.  Toutefois,  à 
ses  yeux,  «  il  n'est  point  nécessaire  que  la  similitude  soit  parfaite 
pour  que  la  fécondation  soit  possible  »  (3).  Il  pense  aussi  qu'il  y  a 
une  certaine  relation  entre  la  facilité  avec  laquelle  le  croisement 
s'effectue  et  l'état  de  perfection  ou  d'imperfection  de  l'hybride  qui 
en  résulte.  »  Mais  ce  n'est  point  une  régie  absolue  (i  parce  que  la 
iécondilé  du    premier  croisement  ne  dépend   pas  seulement  de 

point  kiujours  pensé  Jiinsi.  Voy.  :  1.  (i.  Sainl-llilairo,  [.  III,  p.  l'i'.l  et  l.'iO,  Ilist.  (j . 
nalurelle  dea  rt^gncs  organiques).  —  Arislole  aurail  été  déjà  de  ct-l  avis.  Oodron 
rappelle  (in  De  l'espèce,  t.  II,  p.  209)  la  phrase  suivante  du  célèbre  philosophe  : 
(I  Coeunt  aninialia  {jcneris  (dans  le  sens  d'espèec)  ejusdein  secunduni  natiiram,  sed 
ea  eliaiii  quorum  i^enus  divcrsum  (luidem,  sed  natura  non  mtiltuin  distat  ».  (iodron 
renvoie  à  \'Histori;n  uni  m  a  liu  m,  lib.  II,  cap.  5.  Nous  nous  sommes  reporté  an  livre 
et  au  chapitre  inilii|ués  par  liodron;  mais  nous  n'avons  rien  trouvé  de  semblable. 
Sans  aucun  doute  l'indication  est  mal  donnée. 

(1)  Op.  cit.,  p.  KiS  et  1(19. 

(2)  Voir  pour  le  premier  Ucricli  des  IJerm  Professors  Ifyrll  an  die  Kaisertielie 
.Akademie  (Vienne,  ISiW,  p.  143).  Pour  le  second,  son  J/ist.  liai,  des  Maiiiniifires, 

p.  i:;:î. 

(3)  Op.  cit.,  p.  42.-;. 


XL  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

l'iiomœogénésie  :  elle  dépend  aussi  en  partie  de  la  fécondité  absolue 
de  chacune  des  deux  espèces  mères  (1). 

Pour  lui  encore  (c  ni  le  de?;ré  de  proximité  des  espèces,  ni  la 
nature  de  leurs  instincts,  ou  de  leur  genre  de  vie,  ni  la  comparai- 
son de  leur  fécondité,  ni  môme  la  durée  de  leur  gestation,  ne 
permettent  de  prévoir  avec  certitude  le  résultat  de  leurs  alliances. 
La  méthode  n  priori  doit  donc  céder  le  pas  à  la  méthode  a  poste- 
riori Aan^  l'élude  de  l'hybridité.  L'homo'ogénésie  ne  se  devine  pas, 
elle  ne  se  découvre  que  par  l'expérience.  »  L'expérience  seule, 
dit  de  même  M.  Oscar  Hertwig,  peut  nous  fournir  une  certitude  à 
cet  égard  et  nous  apprend  que  les  diverses  espèces  animales  et 
végétales  ne  se  comportent  pas  toujours  de  la  même  façon  vis-à- 
vis  de  la  fécondation  hybride;  que  certains  individus  qui  se  res- 
semblent par  les  moindres  détails  dans  leur  forme  ne  peuvent  se 
croiser,  tandis  que  le  croisement  est  possible  entre  d'autres 
individus  moins  semblables.  »  (2). 

Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  là  que  la  fécondation  s'opère  entre 
animaux  appartenant  à  des  espèces  éloignées;  c'est  tout  l'opposé 
qui  se  produit,  nous  le  verrons  bientôt. 

Le  grand  obstacle  physique  ou  organique  au  mélange  fécond 
des  espèces  semble,  pour  d'Orbigny  (3),  exister  dans  les  sperma- 
tozoïdes et  dans  les  difléi'cnces,  appréciables  ou  non,  dans  la  forme, 
les  dimensions  et  la  composition  intime  de  ces  machines  qui 
portent  à  l'ovule  la  part  du  mâle  ])Our  la  formation  du  germe. 

Selon  Rousseau,  la  fécondation  ne  se  produit  que  parmi  les 
espèces  chez  lesquelles  «  les  spermatozoïdes  ont  une  sympathie 
réelle  et  réciproque  pour  se  greffer  utilement  sur  les  ovules  pro- 
venant de  la  vésicule  de  Graaf  »  (4).  C'est,  il  nous  semble,  ce  qu'on 
désigne  aujourd'hui  sous  le  nom  «  d'affinité  sexuelle  »  (5).  Quelque 

(1)  Même  page. 

(2)  l.a  cellule  et  les  tissus.  EU'ments  d'nnatnnne  et  de  phi/siologie  générales 
(traduit  de  l'allemand  par  Charles  Julien),  p.  291  et  292.  Paris.  IS'J4. 

(3)  IHcl.  d'Hist.  nat.,  p.  .Vifi. 

(4)  Rev.  de  zoologie,  «  Des  châlaignes  ». 

(5)  Voy.  Ilertwig  déjà  cité,  p.  292,  à  l'article  a  AHinité  sexiielle  ».  «  Sous  le  nom 
d'atflnité  sexuelle,  je  désigne,  dit  l'auteur,  les  actions  réciproques  qui  exercent 
les  unes  sur  les  autres  les  cellules  fécondables  apparentées,  de  telle  sorte  que, 
placées  à  une  distance  déterminée  les  unes  des  autres,  ces  cellules  s"atlirenl. 
.s'unissent  et  se  fusionnent,  comme  le  font  deux  substances  chiniiques  entre 
lesquelles  existent  des  allinités  chimiques  non  saturées  n.  (Selon  PeelTer,  les  anthé- 
rozoïdes sont  attirés  vers  la  cellule  d'uf  par  ries  solutions  chimiques,  sécrétées  par 
cette  dernière).  —  Nous  ne  voyons  donc  pas  pour  quelle  raison  Isidore  (leolTroy 
Saint-llilaire  a  critiqué  d'une  manière  très  acerbe  la  conception  de  Kousseau  (dans 
sa  note  de  la  p.  130  du  t.  111  de  VHist.  générale  des  régnes  organiques). 


INTRODUCTION  XLI 

chose  d'analofjue  avait  étc-  expriiiic  ilans  les  Comptes  rendus  de 
rAi'aih'iiiic  de  Turin  d).  «  l'oiir  qui^  l'union  de  deux  animaux  de 
dillérentes  espèces,  y  disail-on,  soit  féconde,  il  faut  qu'il  y  ail 
un  certain  defjré  d'afTinité  entre  la  liqueur  séminale  du  mâle  et  le 
f^erme  de  la  femelle  (2)  ». 

On  prétend  f;énéralemenl  ([ue  le  croisement  peut  s'opérer  dans 
les  deux  sens,  c'est-à-dire  dans  le  renversement  des  termes  père  et 
mère;  c'est  ce  qu'on  appelle  «  huhriililr  hilah'ralr.  »  Mais,  dans  |ilu 
sieurs  exemples,  la  fécondation  ne  se  produit  que  dans  un  sens; 
elle  manquerait  dans  l'autre.  L'hybridilé  devient  ainsi  yninilaléraU')). 

\'raisemhlablement,  lors(|ue  les  organes  générateurs  des  deux 
espèces  que  l'on  mélange  sont  bien  conformés  et  susceptibles 
d'adaptation,  le  principal  obstacle  physique  au  mélange  ne  saurait 
résilier  ipie  dans  l'incompatibilité  de  l'élément  niAIe  et  de  l'élément 
femelle.  On  sait  aujourd'hui  |)ar  des  expériences  (entreprises  sur 
des  œufs  d'animaux  inférieurs  dont  le  développement  s'o])ère 
extérieurement)  que  la  fécondation  n'a  lieu  que  lorsque  le  sper- 
matozoïde a  pu  traverser  la  couche  muqueuse  (|ni  enveloppe  l'ceuf. 
Il  faut,  en  outre,  que  celui-ci,  rencontrant  hî  pronucleus  femelle, 
puisse  se  fusionner  pour  former  le  noyau  de  l'œuf  (3). 

Or,  tous  les  spermatozoïdes  ont  ils  celte  faculté?  A  leur  arrivée 
près  de  l'enveloppe  ou  mend)rane  vitelline,  ils  peuvent  se  heurter 
à  un  obstacle  qu'ils  ne  sauraient  franchir  et  se  trouver  ainsi  dans 
l'impossibilité  de  se  mettre  en  contact  avec  l'élément  femelle. 
Seraient  ils  Ciipables  de  franchir  cet  obstacle,  que  leur  union  avec 
cet  élément  jjourrait  encore,  sous  des  iulluences  diverses,  ne  point 
s'accomplir,  surtout  si  le  facteur  décisif  réside  dans  l'organisation 

(i|  An  XII. 

(2)  ,M.  Mallii:is  Diival  (in  ftevue  sciontifiiiiie,  n"  du  i  fovricr  1884,  p  l/iCi,  ml.  De 
Vhyhriitité)  parle  du  mrnif  sujet. 

(:!|  Voy.  à  ce  sujel  l'iiiléressant  arlii'le  de  M.  Kd'ldei'  sui-  ■<  l.ea  pMndinhtes 
inliiiies  (le  la  fi'cnnddlion  n,  dans  la  lievue  fj^'nérale  des  se.  pures  et  appliiiiiées, 
(n"  du  l.ïaoùl  |S'.)2,  p  li:!'.))  nolaïunient  la  p.  \'A\  où  M.  Kielder  rapporte  ce  (|ue  lit 
Fol  en  IST.'i.  et  montre  |)ar  des  (iuures  la  <(>[>ul;illon  di'  l'ii'iif  et  du  spermatozoïde. 
"  Qu'on  ni(Man(;e  dans  l'eau  de  mer  !es  leuls  et  les  sperinato.roules  d'un  lùdiiriodornie 
ou  d  un  Oursin,  pour  oliserver,  sous  le  microscope,  les  phases  principales  de  la 
(écondalion,  on  verra  alors,  dit  M.  Kielder.  le  spcruialozoïde  pénétrer  dans  la 
couche  muqueuse  (|ui  enveloppe  l'ii'uf.  dont  le  vilellus  se  soulève  en  une  petite 
saillie  diri;;ée  vers  le  sperniaiozoïde.  Celui-ci  vient  s'y  appliquer  cl,  dés  que  le 
contact  est  opéré,  la  couche  périphérique  de  l'ieuf  se  ^onHe  et  s'éiaissit  de  manière 
à  s'opposer  à  l'entrée  d'un  deuxième  zoosperme  Le  corps  du  sperina  ozoîde 
pénètre  alors  dans  l'œuf  oii  il  prendra  l'apparence  d'un  petit  noyau  clair  entouré 
de  stries  radiaires  :  c'est  le  pronucleus  mAle  qui  marche  vers  le  proniirlnis 
femelle  aiiipiel  il  ne  lardera  pas  à  s'unir  pour  former  un  noyau  unii|ue.  le  noyau 
de  l'ieiil.  ipiienlrera  immédiatement  en  division  »  Mais  voy.  snrloiil  .M.  0.  Ilertwi|», 
sur  le  iiiéme  sujet. 


XLII  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

(le  l'œuf  (1).  (l'est  une  hypothèse;  citons  cependant  quelques  faits 
cl'expéi'imentation. 

Falkemberg-  (2)  ayant  mêlé  des  œufs  de  Cultcria  aspersa  (31, 
ca|)ables  d'être  fécondés  avec  des  anthérozoïdes  en  mouvement 
actif  d'une  espèce  très  voisine,  CidUria  multifida,  remarqua  sous 
le  microscope  que  les  anthérozoïdes  tournoyaient  sans  cesse  et 
finalement  mouraient  sans  avoir  fécondé  les  œufs  de  l'espèce 
parente.  Lorsque  des  anthérozoïdes  venaient  à  toucher  par  hasard 
un  œuf,  ils  s'appliquaient  momentanément  contre  lui,  mais  s'en 
séparaient  immédiatement.  Le  spectacle  était  bien  différent  si, 
dans  une  préparation  semblable  contenant  des  anthérozoïdes,  on 
ajoutait  des  o'ufs  de  leur  espèce.  En  quelques  instants,  les  anthé- 
rozoïdes se  rassemlilaient  autour  de  l'œuf  (4). 

Lors  (les  croisements  entrepris  par  les  frères  Herlwig  entre 
Strongylocentrutus  lividns  et  Sphivrcchmiis  granularis,  il  y  avait 
toujours,  parmi  des  centaines  d'œufs,  un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  qui  étaient  fécondés  par  le  sperme  étranger,  tandis 
que  la  grande  majorité  d'entre  eux  ne  réagissaient  pas.  0_.  Hertwig 
en  conclut  que  les  œufs  étaient  dilïéreuts  les  uns  des  autres  (5). 
Ainsi  les  œufs  d'un  même  animal  montreraient  un  degré  différent 
d'affinité  sexuelle,  lequel,  comme  il  s'en  est  aperçu,  peut  être 
inlluencé  et  modilié  par  les  circonstances  exlérieuies. 

(I)  Consultez  sur  ce  sujet  0.  Herwilg  ^op.  cit.),  dernière  li};ne  de  la  paije  29'i . 
i'i)  «  Die  bejrHckluiig  und  der  génération  swclisel  vun  culleria  ».  in  Milt.  aus 
derzool.  station  zu  Neapel,  I87'J. 
(:i)  Genre  d'Alffues  inférieures. 

(4)  Fallienberg  est  cité  par  llerluip. 

(5)  P.  29o. 


INTRODUCTION 


\LIII 


M. 


Afin  de  iimis  rendre  rdiiipte  des  résultats  olilciiiis  dans  les  croi- 
sements d'espèces  animales,  nous  avons  essayé,  dans  un  mémoire 
présenté  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  (1),  de  grouper  les  faits 
d'h\  bridilé  provoquée,  c'est-à-dire  les  divers  exemples  de  croise- 
ments réalisés  sous  les  yeux  de  l'Iiomme. 

Nous  ferons  connaître  très  sommairement  cette  étude  et  les 
conclusions  que  nous  avons  tirées  des  faits  qui  y  ont  été  cités; 
(nous  ne  nous  sommes  encore  occupé  (h^  la  recherche  des  hyhrides 
que  dans  deux  classes,  la  classe  des  Mammifères  et  la  classe  des 
Oiseaux,  dans  lesquelles,  du  reste,  le  plus  grand  nombre  d'expé- 
riences de  croisement  a  été  entrepris).  Quoique  le  travail  ait  ('té 
rédigé  assez  rapidement,;'!  l'aide  de  matériaux  rassemblés  pendant 
les  années  précédentes,  trois  cent  cinquante-cinq  croisements 
environ,  suivis  de  fécondité,  ont  pu  ètr-e  éuuméri'S  dans  ces  deux 
classes,  soit,  pour  la  première  classe  :  quatre-vingt-treize  croise- 
ments et,  pour  la  seconde  :  deux  cent  soixante-deux,  dont  voici  le 
détail  : 


Classe   des   Mammifères 


Olllllli;    DKS     UUMINANTS 


l'Hiuille  des  Cervidés.   . 

l'iiiiiillc  dis  Hoi'idrs  .    .    . 

l'ninilk-  di's  Antilopidés  . 

l'':imille  des  Uvidés.    .    . 

K;imille  dos  (laniélidés. 
(liinitK  iiK.s  I'ac.hviikkmks  \  l'iunille  des  Equidéx.  . 
(cl  S.-Ordhk  lil'.s  PijHCiNs)  (  l'iiiuille  des  Porcidés  . 
OliliiiK  liKS  Mausupiai'X    —  l'aïuille  des  Macropidês  . 

!l"';iniille  des  Léporidés  . 
l'ainillc  des  Cavidés  .    .    . 
Iviinilk-  a.^s  Muridés.    . 
l"'aiiiille  des  Hysiriadés 
I''aiiiille  des  Simiadrs  .    . 
l'aïuille  des  Lérnuridés.    . 
I-'aiiiilIe  des  Viverridés. 
l'aïuille  des  Ursidés  .    .    . 
Kaiiiille  des  Mustélidés. 
l'aïuille  des  Canidés  .    .    , 
Famille  des  Félidés  .   . 


OllIiliK   lli:S   (jCAIlliUMA.NKS    ) 


OltriRB   DKS  (".AIINIVOUKS 


18 
7 
:s 

4 
3 

'ij 

6    I 
I    j 

1    ( 
1    ) 

12    , 

1    I 


16 
6 


13 


18 


(I)  Réuni  à  la  Sorboiine  en  I8'.t4  Ce  Mémoire  n'a  point  encore  été  publié;  une 
1res  courte  analyse  a  seulement  été  laite  par  M.  Oustalet,  dans  la  Revue  des  Travaux 
scientifiques,  t.  XI,  n'  8,  I8'.)4,  p.  rl'.H. 


XLIV 


DliS    HYBRIDES    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 


Classe  des 

Oiseaux 

Fiiinillc  des  Fringillidés 

118 

OnilUE    DKS  PASSEniCAUX 

Famille  des  Sliirnidcs  .    . 
Famille  des  Turdidés.   .    . 

I 

2 

. 

1 

Famille  di's  MotaciUidés 

1 

Ordre  des  Perroquets  — 

Famille  des  Psittacidés.   . 

6 

6 

Ordre  des  I'ai.mipkdes    | 

Famille  des  Anatidés  .    . 
Famille  des  Lanidés  .    .   . 
Fiimille  des  Tantalidés. 

74 

0 

7.; 

Ordre  des  Echassiers     < 

Famille  des  liallidi's .    .    . 
Famille  des  Scolopacidés. 

1 
1 

4 

Ordre  des  Strutiiions    — 

Fam   des  Struthiodicidé.t . 

1 

1 

OlUIRE    DES    COI.D.MRES           1 

Famille  des  Gouridés.   .    . 
Famille  des  Colombidés  . 

I 

20 

■>l 

Ordre  des  Gallinacés    - 

Appartenant  à  8  familles. 
Total  <;KMînAL.    .    .    . 

82 

82 

262 

355 

Si  nous  uous  étions  Itorné  à  la  simple  énumération  de  ces 
croisements,  le  travail  que  nous  croyons  devoir  rappeler  dans 
cette  préface  n'aurait  qu'un  intérêt  médiocre;  mais,  en  précisant 
avec  soin  les  espèces  qui  ont  contracté  des  mélanges,  nous  les 
avons  classées  par  catégories,  considérant  :  1»  les  espèces  d'uu 
même  genre;  2"  les  espèces  appaitenant  à  deux  genres;  S» celles  qui 
appartiennent  à  deux  familles  ou  au  moins  à  des  genres  éloignés. 

Or,  le  résultat  de  ce  classemeut  dans  la  classe  des  Mammifères, 
(animaux  très  supérieurs,  qu'il  faut  séparer  des  Oiseaux),  montre, 
PREMIÈREMENT  :  qu'ou  ne  rencontre  aucun  croisement  réellement  authen- 
tique dans  la  troisième  catégorie,  c'est-à-dire  entre  des  esiièces  appar- 
tenant à  des  familles  dijjërentes,  encore  moins  à  des  ordres  ilifférents; 
DEUXIÈMEMENT  :  quc  Ics  croiscments  féconds  entre  espèces  de  genre  distinct 
sont,  non- seule  m  eut  très  peu  nombreux,  mais  aussi  fort  suspects:  troi- 
sièmement :  que  le  plus  grand  nomlire  des  croisements  cités  appar- 
tiennent donc  aux  espèces  «  d'un  même  genre,  »  assez  souvent  même  à 
des  espèces  si  voisines  qu'on  pourrait  les  ranger  au  nombre  des  variétés. 

Ces  chifires  sont  du  reste  les  suivants  : 
Première  catégorie,  82  croisements. 
Deuxième  catégorie,  11  croisements  (douteux)  (1). 
Troisième  catégorie,   0. 


(1)  Colin  irroiW  lie  Physiologie  comparée  dru  iiinmnii.r.  t.  II.  p.  9't2. Paris,  1858), 
a  eu  l)ien  raison  de  dire  cpi'  «  aucun  fait  ne  prouve  (ehez  les  Mammifères)  que 
l'hybriilité  soit  possible  entre  espèces  de  genres  différents  ». 


INTKODUCTION  XLV 

Dans  la  classe  des  Oiseaux,  nous  ne  sommes  point  arrivé  tout  à 
fail  au  mi^iue  résultat;  quoique  ce  soient  les  croiscuieûls  d'espèces 
appartenant  au  mf^ik  genhe  qui  soient  incomparablement  les  plus 
nombreux,  nous  avous  trouvé  uu  certain  nombre  de  croisements 
fécomis  (quelques-uns  bien  autlienti([nes)  entre  vsiièce.s  de  genres 
1res  distincts,  ceux  auxijuels  les  zoologistes  donnent  même  quel- 
(juefois  le  nom  de  jamille.  ('es  mélanges  se  décomposent  comme 
suit  : 

Première  catégorie,  ITiS. 

Deuxième  catégorie,  68. 

Troisième  catégorie,  16,  dont  plusieurs  sont  douteux. 
On  voit  que  ce  sont  les  espèces  qui  se  ressemblent  le  plus  qui 
sont  davantage  aptes  aux  mélanges.  On  voit  aussi  que  les  croise- 
ments d'espèces  éloignées  ne  réussissent  guère,  même  chez  les 
Oiseaux,  animaux  d'une  organisation  inférieure  à  celle  des  Mam- 
mifères. Nous  avons  dit  (ju'ils  sont  sans  résultat  chez  ces  derniers. 
Ce  n'est  point,  ajoutons-le,  que  des  expériences  n'aient  été  entre- 
prises dans  le  but  de  croiser  des  espèces  bien  distinctes;  des 
rapprochements  physiques  ont  même  été  constatés,  mais  ils  n'ont 
donné  suite  à  aucune  [Ji'ogéniture.  Nous  pourrions  citer  de 
nomiireux  exemples.  Quelques  fécondations  artilicielles,  tentées 
par  de  savants  physiologistes,  n'ont  pas  davantage  donné  de 
résultats. 

Dans  notre  travail,  nous  avons  aussi  voulu  connaître  le  pouvoir 
générateur  des  hybrides  obtenus,  c'est-à-dire  savoir  s'ils  se  montrent 
|)roliliquos  entre  eux,  ou  seulement  avec  l'une  des  espèces  mères, 
et  jusi[u'à  (iuoll(!  limite  s'étend  ce  pouvoir. 

.Malheureusement  les  croisements  qui  ont  été  suivis  d'effet 
n'ont  point  été,  |)our  la  plupart,  surveillés.  Le  plus  souvent,  entre- 
pris [lar  des  amateurs,  on  ne  les  a  point  poursuivis  jusqu'à  leurs 
dernières  limites;  ils  étaient  sans  but  scientifique.  En  outre,  beau- 
coup de  mélanges  se  sont  faits  accidentellement  et  leurs  i)roduits 
n'ont  été  l'objet  d'aucune  étude. 

On  peut  mettre  toutefois  à  profit  ce  que  l'on  connaît;  or,  parmi 
le  grand  nombre  d'e.teniiiles  qui  ont  été  rassemblés,  quek|ues  faits 
sont  très  instructifs. 

-Vvant  d'exposer  le  résultat  de  nos  recherches,  nous  examiniirous 
rapidement  lesoi)inions  qui  ont  été  professées  soit  sur  la  stérilité, 
soit  sur  la  fécondité  des  hybrides. 


XLVI  DKS   HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

Remontons  d'abord  dans  l'antiquité.  Démocrite,  disant  que  les 
méats  des  Mulets  sont  altérés,  «  parce  que  le  priucipe  qui  leur  a 
donné  le  jour  ne  vient  pas  d'espèces  senii^laiiles,  »  semble  affirmer 
par  là  la  stérilité  des  produits  qui  résultent  des  croisements. 
Empédocle,  donnant,  pour  raison  de  la  stérilité  des  Mulets  «  le 
mélange  des  semences,  »  professait  peut-être  la  même  opinion  (i). 

Nous  ne  saurions  en  dire  autant  d'Aristote.  Le  grand  philosophe 
a  contesté  la  valeur  des  arguments  développés  par  ses  devanciers. 
Qu'on  lise  un  long  passage  du  vr  chapitre  du  second  livre  qu'il  a 
écrit  sur  la  génération  des  animaux,  on  se  convaincra  qu'il  admet- 
tait comme  possible  la  fécondité  cliez  des  hybrides  autres  que  les 
Mulets  (2). 

Mais  Pline,  plu.i  précis,  dit  que  ;  «  tout  hybride  est  impropre  à 
la  génération  (3)  ». 

Cette  opinion  a  certainement  prévalu  aux  xvi",  xvii«  et  xviii" 
siècle.  Cela  ressort  d'un  passage  de  la  Nova  Atlantis,  que  cite 
Isidore  GeolTroy  Saint-Hilaire  (4)  et  où  Bacon  imagine  des  hybrides 
non  stériles,  ((  malgré  l'opinion  commune  »  (prout  communis  fert 
opinio).  On  en  a  encore  une  preuve  dans  ce  vieil  argument  cité 
par  Sprenger  :  «  Deuin  .subjccissc  animalia  hyhrula  ersecrationi,  ut 
nequeant  se  propagare  (3).  Le  célèbre  médecin  suisse  Cardan  (quoi- 
qu'il admette  la  fécondité  chez  certains  hybrides  nés  de  parents 
rapprochés),  parle  des  causes  générales  de  la  stérilité  des  produits 
nés  de  deux  espèces  distinctes  (6i. 

De  Haller,  s'appuyant  sur  Frish  (7),  Aristote  (8),  Valisneri  (9), 
Linné  (10),  Klein  (11),  dit  aussi  que  les  hybrides  sont  le  plus 
souvent  stériles. 

(1)  Ce  ne  sont  toutefois  que  des  suppositions  que  nous  émettons,  car  nous  n'avons 
point  lu  les  fragments  des  écrits  d'Empedocle  (réunis  par  Sturz),  où  le  passage  que 
nous  citons  ne  se  trouve  du  reste  peut-être  pas  rajiporté  ;  encore  moins  avons- 
nous  pris  connaissance  des  ouvrages  de  Démocrite  dont  aucun  ne  subsiste.  C'est 
dans  Aristote  (De  generntione,  lib  11,  cap.  VI)  que  nous  avons  trouvé  les  passages 
que  nous  citons.  Ces  passages  sont  aussi  reproduits  par  Conrad  Gesuer,  in  ii  De 
quadriipedis  civipans,  de  Mulo».  Lib.  1,  p.  79b. 

(2)  Cependant  de  llaller  (Elenienla  phijsiologiie,  t.  VIII,  p.  104)  s'appuie,  nous 
le  verrons  bientôt,  sur  Aristote  pour  dire  les  bybrides  inféconds  le  plus  géné- 
ralement. 

(3)  Liv.  VIII,  chap.  LXI.X  (XLIV). 

(4)  Hist.  générale  des  règnes  organiques. 

(5)  Opuscula  phi/sico  nitillieniatica.  Hanovre,  1753. 

(6)  De  suhtililate,  Lib.  .\. 

(7)  De  avibus  et  in  unicersnni. 

(8)  Gêner,  uninia,  L.  11.  C.  7. 

(9)  Wustgolha  resa. 

(10)  C.  20.  N.  17. 
(llj  De  avibus. 


INTRODUCTION  XLVII 

Cr|ieiiil;iiit  ili's  auteurs,  assez  uuiiilii-eux  dés  le  milieu  du  siècle 
dfiiiier,  ipcul  ètie  iiuhiie  antérieurement  à  ce  siècle,  car  Conrad 
(iesncr,  le  Fliue  de  rAllciuaiiiic,  traitait  en  l.'i."13  «  de  Imlivernes  n 
les  raisons  douni't's  par  Enipt-docle  et  Uénioerite  (1),  ne  partagent 
plus  complètement  l'avis  des  anciens.  Sprenger  (2),  entre  autres, 
pri^tend  que  ces  paroles  de  la  Cienèsc  «  cmcite  et  niHilipliramini  n 
s'adressent  à  tous  les  animaux.  liutlon,  lui-mi\me,  qui  avait  écrit 
que  «  des  espèces  dilïérentes  ne  peuvent,  au  moyen  de  la  copula- 
tion, rien  produire  ensemble  (3)  »,  revient  dans  ses  n  Supplénicntu)) 
sur  ce  qu'il  avait  écrit  pré<-édeniment  et  trouve  qu'on  a  eu  tort 
d'avancer  que  c  tous  les  animaux  d'espèces  mélangées  sont  hors 
d'état  de  produire  (4).  »  Cette  manière  de  voir  a  dû  être  celle  de 
Pallas.  Nous  i)eusons  que  lîonuet  n'était  point  non  plus  convaincu 
de  la  stérilité  absolue  des  Mulets,  au  moins  île  ceux  de  certains 
Oiseaux  (5).  Le  baron  de  Gleichen  est  très  vif  sur  ce  sujet  :  «  Le 
préjugé  de  la  stérilité  des  Mulets  ([ui  a  régné  parmi  les  savants 
et  les  ignorants  n'est,  pour  lui,  établi  sur  aucune  expérience  (6)  ». 
Plus  avant  dans  notre  siècle,  Etienne  Geollroy  Saiut-llilaire  croit 
avoir  remarqué  «  qu'il  n'y  ait  que  les  Mulets  nés  de  père  et  de 
mère  bien  dillérents  ([ui  soient  hors  d'état  d'engendrer  (7)  ». 
Citons  encore  d'Omalius  d'ilalloy  qui  dit  que  ceux  qui  parlent  de 
la  stérilité  des  hybrides  «  ressemblent  assez  à  des  cornacs  indiens 
qui  dii'aieut  que  les  Elépliauls  sont  stériles  |iarce  qu'on  ne  les  a 
point  encore  vus  se  reproduire  en  domesticité  (8)  ».   Nommons 

(1)  Nous  disons  «  peut-élren,  piree  (]ue  il  est  loisible  do  traiter  de  «  l)aliveriies  » 
les  explicnUons  dos  deux  pliilosoplies  (|uo  nous  nommons,  sans  pour  eela  adiueltre 
la  fécondité  dos  hybrides.  ICmpedoele  et  Democritc  ont  pu,  aux  yeux  de  (jesner, 
donner  une  m.invaise  explication  sur  la  cause  de  la  stérilité  du  Malet,  mais  la 
stoiililo  do  cet  animal  n'en  est  pas  moins  bien  établie.  Nous  avouons,  du  reste,  bien 
peu  connaître  le  {;ros  in-folio  du  grand  naturaliste  nui  a  été  surnommé  le  Pline  de 
l'Allemagne.  Cet  in-folio  est  :  ci  HislorUc  animatiuiii  »,  et  le  livre  auquel  nous 
faisons  allusion  est  le  premier,  dans  leciuel  l'auteur  traite  :  «  de  (Juadriipedibus 
viviparis  »,  voy.  la  p.  79!). 

(2)  Op.  cit. 

(3)  Bist.  nal.  dw  Animaux,  l.  Il,  cbap.  1  (édil.  de  1749). 
(4.  Supp.  h  ifUH.  nal.,  t.  111.  p.  l'J. 

(.S)  Voy.  :  Œuvres  d'Uisl.  nul.  et  de  Philosophie,  t.  VI,  MDCCLXXIX  'Consi- 
dérations sur  les  corps  organisés,  p.  184;. 

(6)  Voy.  :  Dissertation  sur  la  génération  et  les  animalcules  sperinatiques  et 
ceux  (Vinfnsion.  Paris,  an  VII,  p.  47. 

|7)  .-Vnnales  du  Muséum,  VlI,  p.  ii(\  {Dcscriplion  d'un  Mulet  venant  du  Canard 
milouin,  etc.). 

(8)  Bull,  de  l'Acad.  de  Belgique,  t.  Xlll,  I"  partie,  184l>,  p.  587. 


XLVIU  DES    HYBRIDES   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

eufin  Clievreul  qui  admet  qu'il  peut  y  avoir  des  iiy))rides  féconds 
indéfiniment  (1). 

Malgré  ces  vues,  on  peut  dire  rpie  la  croyance  générale  à  la 
stérilité  des  hybrides,  (mais  non  dans  ce  qu'elle  avait  de  trop 
excessif  et  de  trop  rigoureux),  s'est  maintenue  jusqu'à  nos  jours. 
Que  l'on  jette  un  coup  d'œil  sur  les  auteurs  récents  qui  parlent  de 
la  question,  ou  verra  qu'ils  limitent  la  reproduction  des  hybrides; 
les  uns  vont  même  très  loin  et  leur  refusent  toute  faculté  de  se 
rejiroduire.  Voici  quelques  phrases  détachées,  empruntées  à  divers 
ouvrages  : 

«  La  plupart  des  hybrides  ne  sont  pas  féconds  (2)  ; 

»  On  peut  considérer  comme  une  règle  générale  la  stérilité  de 
leur  progéniture  (3)  ; 

»  Les  hybrides  sont  généralement  des  êtres  complètement 
stériles  ; 

»  La  plupart  des  bâtards  d'espèces  sont  tout  à  faits  impuissants, 
au  moins  ils  ne  peuvent  se  reproduire  entre  eux  (4)  ; 

»  La  fécondité  des  hybrides  existe;  mais,  bien  différente  de  la 
propagation  normale,  elle  ni  complète,  ni  régulière,  ni  uaturclle(o); 

»  Les  métis  peuvent  engendrer,  mais  leur  postérité  devient 
stérile  (6)  ; 

»  Quelques  rares  exemples  de  fécondité  ont  démontré  d'une 
manière  péremptoire  que  ce  n'était  là  qu'une  exception  qui  ne 
dépassait  pas  une  première  génération  (7)  ; 

»  Des  espèces  voisines  peuvent  donner  des  métis  d'une  fécondité 
plus  ou  moins  bornée,  mais  qui  jamais  ne  constituent  des  races 
subsistant  par  elles-mêmes  (S)  ». 

Autre  part,  nous  l'avons  dit,  on  ne  paraît  même  pas  croire  à  la 
fécondité  des  hyln-ides  et  on  doute  qu'il  puisse  s'en  présenter  de 
féconds  (9).  Ajoutons  que  certains  auteurs  leur  accordent  le 
pouvoir  de  se  reproduire  pendant  (juatre  ou  cinq  générations  tout 

(1)  Journal  lies  Savants,  I84tî,  p.  357. 

(2)  Dict.  de  LevrauU  (art.  Hyl)ri<le). 

(3)  Lyell,  Principes  de  géologie,  4'  part.,  p.  'J'J. 
|4)  Op.  cit.,  1888,  pp.  52(i-527. 

(5)  Faivre,  op.  cit.,  p.  :i6. 

(6)  Nouv.  Dict.  d'ilist.  nat.,  t.  XX.  Paris,  1818,  p.  -491.  Hybrides,  par  Virey 
(Celui-ci  envisage  les  Oiseau.x). 

(7)  J.-B.  Jaubert,  Rev.  et  Magasin  de  zoologie,  p.  16*.  mai  1833,  Description  de 
deux  Oiseau.v  hybrides. 

(8)  Traité  d'anthropologie  physiologique  et  philosophique,  par  le  L>'  Freilaiill, 
p.  42.  Paris,  18(i3. 

(9)  Westood,  in  Trans.  of  tlie  entoniological  Society,  p.  29o  (1841-1843). 


INTRODUCTION  XLIX 

au  plus;  d'autres  ilisoiil  u'avoir  pu  eu  oliteuir  que  quatre  (I).  Eu 
somme,  ou  le  voit,  la  production  des  êtres,  nés  d'un  croiseinenL 
d'espèces,  est  considérée  comme  très  limitée  (2). 

Nous  n'avons  point  cependant  voulu,  dans  nos  citations,  dépasser 
les  diMix  premiers  tiers  de  ce  siècle,  parce  que,  depuis  un  certain 
nomlire  d'années,  il  se  proiluit  uue  nouvelle  tendance  à  étendre  les 
limites  de  la  fécondité  des  produits  hybrides. 

Si  nous  eu  croyons  isitiore  Geoflroy  Saint  llilaire,  (jui  publia  en 
18()2,  son  ((  Ilistdirc  naturelle  (jcnéraU'  des  èlres  arfiiniisés  »  i'i),  le 
démcnli  est  venu  et  u  aucun  argument  véritablement  scieutilique 
ne  s'élcve  plus,  d'une  manière  gi'uérale,  contre  l'aptitude  des 
iiybrides  à  la  i-eprodiiclion  ».  Il  demeurerait  établi,  d'après  ce 
savant,  «  que  riiybridité  (la  vraie  liybridilé,  suivant  les  termes  (ju'il 
emploie),  n'exclut  pas  la  fécondité  (4)  ». 

lîref,  il  va  jns([u'a  dire  (|ue  ((  l'existence  de  races  hybrides 
indéfiniment  fécondes  a  pris  place  dans  la  scieuce(5)».  M.  Sansoii, 
qui  écrit  dix  ans  plus  tard  ((i).  est  de  ce  sentiment  :  c  I.e  nombre 
est  grand  à  [)résenl,  dil  il,  des  observations  qui  prouvent  que 
l'union  sexuelle  de  sujets  ap[)artenaiit  à  un  même  genre  naturel 
peut  avoir  des  suites  indéfiniment  fècimdes,  iiien  que  ces  sujets  ne 
soient  point  de  la  même  espèce  (7)  ».  Ces  cas  sont  même  très  fré- 
quents, pour.M.  Cari  Vogt:  «  Les  cas  où  les  métis  sont  féconds  entre 
eux  et  produisent  une  espèce  mixte  constante  sont  fréquents», 
écrit-il  dans  ses  Le{Vini  sur  l'homme  (S)  et,  «  aussi  loin,  ajoute  t  il, 
que  les  observations  ont  pu  être  suivies,  il  ne  parait  pas  qu'on  ail 
remarqué  chez  les  descendants  aucune  diminution  de  la  faculté 
reproductive  ».   Citons    encore  cette   phrase   du    D'   liroca  (U)  : 


(1)  Klourpiis.  Hist.  (les  Travaux  ite  Cnvicr,  p.  2o2. 

(2)  Il  nous  eût  été  possible  de  citer  encore Oodron  qui  fait  savciir  i|ue  «  les  produits 
d'un  mélanno  de  deux  espaces  légitimes  sont  toujours  stériles  enti'e  eux  ou  le 
deviennent  après  un  petit  nombre  de  }.'énérations  ;  et  ([n'on  ne  peut  les  faire  procréer 
d'une  manière  eontiniie  qu'en  alliant  leurs  femelles  à  l'un  des  deux  types  primitifs i>. 
{De  i'eaiière,  p.  2I7|. 

(3)  T.  m,  p.  230  de  cet  ouvrage. 

(4)  Même  vol.,  p.  2.'i3. 
(b)  Id.,  p.  229. 

(G)  Annales  des  se.  nal  .  t.  XV,  p.  I.  1872. 

(7)  M.  Sanson  exprimait  la  même  jiensée  dès  I8I>S,  à  la  Société  d'anlliropolof^ie  de 
Paris  (séance  du  17  décembre  181)8).  Voy.  t.  111,  p.  730,  2*  série. 

(8)  P.  IVàS  de  la  Trad.  française  de  .l.-J.  Mouliné  (2'  édit.  revue  par  l'A.  Barbier). 
Paris,  1878. 

(il)  Mémoire  sur  l' hy britlité  {3oarii»\  du  D'  llrowa-Sëquart,  p.  42(')-427). 

Suclietet.  —  4 


L  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

((  L'Iiybrifle  le  plus  [larfiiit  possède  une  organisation  aussi  couiplète 
que  celle  des  animaux  d'espèce  pure  ;  il  est  capable,  comme  eux, 
de  prendre  racine  dans  le  présent  et  dans  l'avenir,  de  subsister, 
sans  secours  étrangers  et  de  perpétuer  sa  race.  Aucun  caractère 
anatomique  ou  dynamique  ne  permet  de  le  considérer  comme 
inférieur  aux  créations  primitives  de  la  nature;  il  peut  môme,  à 
certains  égards,  être  supérieur  aux  deux  individus  qui  l'ont 
engendré  (1)  ». 

M.  de  Quatrefages,  quoique  beaucoup  plus  réservé,  admet  que 
l'on  connaît  «  deux  espèces,  mais  deux  espèces  seulement,  dont  le 
croisement  soit  à  peu  près  toujours  et  partout  régulier  et  fécond  (2)  ». 
—  Cela  ne  veut  point  dire,  toutefois,  qu'une  nouvelle  espèce 
durable  ait  jamais  été  créée  par  le  croisement  de  deux  autres 
espèces,  remarquons-le. 

Voici  les  observations  que  nous  sommes  à  môme  de  présenter  : 

Chez  les  Mammifères,  parmi  les  quatre-vingt-deux  croisements 
énumérés  dans  notre  mémoire  entre  deux  espèces  appartenant  au 
même  genre,  (espèces  si  rapprochées  qu'on  pourrait  quelquefois 
les  considérer  comme  variétés  d'une  même  souche),  nous  avons 
remarqué  que,  dans  la  plupart  des  cas,  (soit  dans  soixante-deux 
mélanges),  les  produits  nont  point  laisse  de  descendance;  ils  se  sont 
éteints  saiis  postérité  (3). 

Nous  avons  remarqué  aussi  que  dans  douze  croisements  environ 
les  produits  se  sont  nionlrés  fertiles  avec  l'un  de  leurs  parents  d'espèce 
pure  ou  avec  une  troisième  espèce  étrangère  ;  et  que  dans  sept  ou  huit 
autres  croisements  ils  se  sont  reproduits  inter  se,  tantôt  donnant 
naissance  à  trois  ou  quatre  générations,  mais  tantôt,  a-t  on  dit,  à 
une  suite  plus  nombreuse. 

Notre  attention  se  portera  sur  ces  derniers  faits.  Nous  nous  trou- 
vons ainsi  obligé  d'entrer  dans  quelques  considérations,  et  de 
désigner  même  avec  précision  lés  espèces  qui,  en  se  croisant,  ont 
donné  naissance  aux  produits  fertiles. 

(1)  Broca  a  toutefois  soin  d'ajouter  ceci  :  «  Pouvant  se  reproduire  sans  limites  en 
se  mariant  avec  ses  pareils,  il  constituerait  bientôt  une  espèce  nouvelle,  aussi 
durable  et  aussi  fixe  que  les  autres,  si  la  propriété  qu'il  possède  de  se  mêler  en  toutes 
proportions  avec  les  deux  espèces  d"où  il  est  issu,  ne  donnait  naissance  à  une 
multitude  de  nuiinces  intermédiaires  ». 

{2)  Rev.  des  C.  scienlif,  l.  V,  1S07,  p.  742. 

(.'$)  Leur  infécondilé  n'a  été  constatée  expériiHvnlaleiiwnl  qun  dans  «luelques  cas, 
celte  remarque  est  à  taire. 


INTRODUCTION  Ll 

Premier  exemple  :  Cerfs  du  ifroupe  Silca,  de  Fonnose,  de  la  Chiite 
centrale,  et  des  îles  japonaises.  —  Le  Père  Heude,  missionnaire  à 
(;iiaug-liaï,  directeur  du  Jaiclin  d'acclimalatioii  des  11.  P.  Jésuites, 
prétend,  (dans  une  communication  iju'il  a  la  l)ienveillance  de  nous 
adresser),  ([ue  les  hyhrides  de  ces  diverses  espèces  sont  fécouds 
entre  eux  ;  une  seule  Biche  se  serait  montrée  stérile.  Néanmoins, 
le  savant  zoologiste  observe  que,  ((  si  la  succession  est  directe,  une 
esi)èce  absorlie  rapidement  l'autre,  à  plus  forte  raison  si  un  sang 
pur  s'unit  à  un  hybride  ». 

Nous  ne  pensons  point  que  le  Père  ait  poussé  très  loin  ses  expé- 
riences. Dans  le  second  tome  de  ses  «  Mémoires  concernant  l'histoire 
naturelle  de  VEinjiire  Chinois  »  (1),  quel([ues-uns  de  ses  essais  sont 
racontés  (2j.  Un  voit  qu'un  Cerf,  S.  grilloanm,  a  laissé  deux  descen- 
dants (3)  ;  que  de  l'union  de  ces  deux  descendants  est  née  une 
lîiche,  puis  un  faon  mâle  ;  mais  on  ne  dit  pas  que  ces  derniers 
aient  reproduit  et  que  d'autres  expériences  aient  été  tentées. 

On  nous  permettra  donc  de  faire  cette  remarque  :  il  ne  s'agit 
point  dans  cet  exemple,  on  l'a  vu  par  la  note  qui  accompagne 
notrt!  texte  (4),  d'hybrides  demi-sang,  c'est-à  dire  d'individus 
provenant  de  descendants  d'un  croisement  entre  deux  espèces 
pures,  mais  d'individus  empruntant  moins  de  sang  à  une  espèce 
qu'aux  deux  autres  (.'»). 

Le  Père  tient  absolument  à  considérer  ces  divers  Cerfs  comme 
appartenant  à  des  espèces  ifistinctes.  Nous  ne  sommes  point  h 
même  de  contredire  ses  appréciations,  les  documents  nous 
manquent. 

Dans  une  étude  sur  les  Suilliens  (G),  le  même  écrivain,  se  basant 
sur  le  système  dentaire,  la  défense  et  la  queue,  reconnaît  encore 
chez  ceux-ci  un  grand  nombre  d'espèces  et  constate  que  les  espèces 
de  Nesosus  ont  donné  des  races  domestiques,  lesquelles  races 
spécifiques,  trans[)orti''("s  hors  de  leurs  pays,  sont  fécondes  entre 
elles,    filles   forment,  en   outre,   des  sous-races  fécondes  sans  le 

(1)  Chany-llaï,  1894  (troisième  cahier),  impriiiu'i-ie  de  la  Mission  catholique 
(orphelinat  de  Tou-sé-wé). 

(2)  Voy.  p.  li)4. 

(3)  1°  Un  produit  mâle  par  une  Biclie  déjà  Ijyhride  d'une  mère  des  iles  de  Golo 
(le  C.  Silia,  supposons-nous),  et  d'un  Cert  de  Kormose  (S.  lawanus  ?}  ;  S"  un 
proiluit  femelle  par  une  Bielie  de  Forraose. 

('i)  Précédunte  note. 

(5)  II  parail  que  le  premier  hybride  rV"  avait  fait  retour  au  type  gritloanus. 
Cela  est  1res  oalurel  car  il  possédait  deux  quarts  de  sang  de  cette  espèce,  tandis 
qu'il  ne  possédait  ciu'un  quart  de  sang  Sikd  et  un  quart  de  sang  taivamis. 

(fi)  Mêmes  Mémoires,  I.  II  (deuxième  cahier),  18'J2. 


LU  DES    UYBHlliES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

concours  de  purs  sangs  de  leur  espèce  (1).  Néanmoins,  un  peu  plus 
loin,  il  dit  «  qu'on  les  conservera  en  niainlenant  ri'quilihre  des 
sangs  par  un  choix  judicieux  des  reproducteurs  plm  ou  iitoins 
hybrides  ».  Il  ne  peut  donc  être  question  ici  de  reproducteurs  de 
demi-sang,  entre  eux,  mais  de  reproducteurs  ayant  déjà  plus  ou 
moins  de  sang  de  l'une  des  deux  espèces,  ou  pour  mieux  dire, 
sans  doute  de  reproducteurs  provenant  d'ancêtres  ayant  été  croisés 
avec  les  espèces  pures.  Comment  suivrait  on  des  générations 
d'individus  disséminés  çà  et  là  ?  Peut  on  savoir  si  on  a  toujours  eu 
soin  de  tenir  ceux-ci  séparés  et  de  les  croiser  inter  se  ?  (2). 

Deuxième  exemple  :  Cervus  axis  X  Cenms  pseudaxis.  —  D'après 
Isidore  GeotTfroy  Saint-Hilaire,  une  troisième  génération  d'individus, 
provenant  de  ce  croisement,  a  certainement  été  ol)tenue  en  I8u0  (3). 
Mais  la  reproduction  a-t-elle  eu  lieu  constamment  entre  les  hybrides 
demi-sang  ;  n'est-ce  pas  en  croisant  l'hybride  femelle  avec  le 
parent  c?  d'espèce  pure  (le  pseudaxis]  que  la  fécondation  s'est 
opérée  ?  Puchereau  semble  le  dire.  Du  reste,  au  témoignage  de 
l'auteur  de  YHistoire  îles  règnes  orgaiiiqiies,  il  était  difficile  de 
connaître  toujours  les  unions  qui  se  faisaient  libiement  entre  les 
Cerfs  qui  habitaient  le  parc  de  la  Ménagerie  (4). 

Remarquons,  en  outre,  que  les  deux  espèces  mères  sont  tellement 
rapprochées  que  l'espèce  Faux  Axis  a  été  niée  par  quelques 
auteurs  (fi). 

Troisiiîme  exemple  :  Bos  indicKS  X  Bas  (jruniens.  —  R.  Schla- 
gintwit  aurait  eu  l'occasion  de  voir  des  rejetons  hybrides  jusqu'à 
la  septième  génération.  On  ne  dit  point  si  ces  hjbrides  étaient 
de  demi-sang  ou  des  individus  croisés  d'espèce  pure,  tl  est 
très  présuinable  qu'il  s'agit  d'individus  croisés  de  dilîérentes 
manières  (6). 

Quatrième  exemple  :  Bos  taurns  X  Bos  indiens.  —  David  Luw,  qui 
mentionne  les  produits  de  ces  deux  types  obtenus  eu  Angleterre, 
les  dit  féconds  (7)  ;  la  reproduction  des  mêmes  produits  a  aussi 


(1)  Voy.  |).   108. 

(2)  Nous  ignorons,  du  reste,  si  l'auteur  parle  d'après  ses  observations  person- 
nelles; il  renvoie  aux  ouvrages  de  H.  von  Nathusius. 

(3)  Voy.  :  Hisl.  gMérale  des  règnes  organiques,  t.  III,  p.  221  et  222. 

(4)  Op.  cit.  (même  page). 

(5)  Voy,  :  Bulletin  de  la  Soc.  d'acclimatation  de  Paris,  p.  338,  1889. 

(6)  Voy.  sur  ce  croisement,  «  Rapport  sur  certains  animaux  du  Thibet  »,  cit. 
in  Hagen  entoniologisclie  zeitung,  1858,  p.  48-49. 

(7)  nist.  nal.  agricole  des  animaux  diii)iesli<]iies  de  l'Uurupc  (trad.  annotée 
par  Hoger.  l'aris,   1846,  p.  SA). 


INTRODUCTION'  LUI 

été  obleniu!  dans  les  fermes  du  roi  de  Wiirleniberg  (1).  Nous 
ignorons  quel  est  le  uomlire  des  genératious  olitenues  inter  se. 
Aucun  auteur,  que  nous  sachions,  n'a  précisé  ce  nombre. 

CiNQUiÈMK  EXEMPLi:  :  Auchcnta  pnco  X  Anchmia  vtguqna.  —  (^'est 
sur  ce  ci'oisemeiit  |et  plusieurs  aulres)  qu'Isidore  (ïeoiïroy  Saint- 
Hilaire  s'est  appuyé  pour  démontrer  la  fécondité  des  hybrides. 
(i  Des  croisements  faits  au  point  de  vue  industriel,  et  qui  n'inté- 
ressent pas  moins  la  science  que  l'industrie,  ont  mis  récemment, 
a  t-il  dit.  M.  l'abbi-  Cabrera,  curé  au  Péiou,  en  possession  de  tout 
un  troupeau  d'.Vlpa-vigognes  (2)  ».  Le  fait  peut  être  exact,  il  l'est 
sans  doute;  mais,  suivant  les  propres  expressions  même  de  Saint- 
ililairi'  :  d  nue  partie  de  ces  animaux  était  issue  de  Vigognes 
saillies  par  un  Alpa\'igogne,  et  d"Alpa-\'igognes  fécondées  par  des 
Alpas  ».  Du  reste,  d'après  les  renseignements  mêmes  fournis  par 
M.  Weddell,  l'abbé  Cabrera  n'avait  réussi  à  o])tenir  la  re[)roduction 
de  ses  hybrides  (]u'en  noisaul  le  produit  demi-sang  avec  l'une  des 
espèces  composantes  (3).  —  Hemarquons  qu'il  n'existe  plus  de 
représentants  de  ces  bybriibïs,  ils  se  sont  éteints. 

Ou  a  aussi  paiié  de  la  fécondité  des  produits  du  Dromadaii'e  et 
du  Chameau.  Bntïon,  Knversamm  les  ont  dit  féconds;  nous  n  en 
aurions  pas  été  surpris,  vu  les  ressemblances  des  deux  parents. 
Mais  l'"lourens  (4)  et  Godron  (.'i)  prétendent  le  contraire.  Autinori, 
qui  paraît  bien  connaître  le  sujet,  partage  l'avis  de  ces  derniers  et 
indique  que  pour  obtenir  un  produit,  il  est  nécessaire  de  croiser  la 
femelle  hybride  avec  l'espèce  /;»rc((i). 

Nous  rappellerons  ici,  l'observation  n'est  pas  sans  utilité,  que 
les  l'aco-Vicenas,  c'est-à-dire  les  produits  de  l'.Vlpa  et  du  Lama, 
sont  frappés  de  dégcnèration  ;  nous  n'avons  donc  pas  à  mentionner 
ce  croisement. 

SixiÈMK  KXK.Mi'LK  :  /.('/HAS  limiilus  X  l.cpus  funicHlas.  —  Maintes 
fois  on  a  parlé  du  croisement  de  ces  deux  espèces  ennemies  et  des 

r 

(1)  SatHson,  /.oolngii'  et  l'itléoiltologie  (Annal  di's  sr.  naturelles,  XX.  p.  2.'>). 

(2)  llist.  nat.  gi'itérate  def  règnes  urganiquex.  t.  III,  p.  220. 

(S)  Voy.  :  .M.  Uc  (luiilrefaRes.  Hov.  di's  c.  sclentif  .  p.  125,  18fi8l8fi9.  Sur  la  fécon- 
dité «  non  ronlinue  »  de  ces  hylirides  on  pourra  encore  consulter  :  Gazette  médicale 
de  Paris,  p.  :î8().  37'  année,  t.  21. 

(4)  De  l Inslincl  et  de  V Intelligence,  1851,  p.  1GG. 

(5|  De  l'Espèce,  p.  207. 

(B)  Bull.  Soc.  Acclimatation.  18.ïfi,  p.  5.ï5.  —  M.  Klaniknf,  qui  a  voyagé  pendant 
vinRt  ans  dans  la  partie  N.-O.  de  r.\sie,  a  alllnné  à  M .  de  (Jnatrefages  qu'il  n'avait 
jamais  élé  témoin  d Un  seul  cas  de  croisement  accnlentel  entre  les  deux  types,  hien 
(|u'on  ne  prenne  aucune  précaution  pour  prévenir  un  pareil  (ail.  (Voy.:  in  Itev.  des 
Cours  scienliliques,  ISWJ-ISC.'J,  t.  VI,  le  .Méiii.  de  M.  de  (Jualrefa^es. 


LIV  DES    HYBRIDES   A    L  ETAT    SAUVAGE 

hybrides  qui  résulteraient  de  leur  union  ;  nous  ;ivons  écrit  un 
articled)  dans  lequel  l'existence  de  produits,  indéfiuiuieat  féconds 
entre  eux,  au  dire  de  quelques-uns,  n'avait  point  été  mise  en 
doute.  Si  nous  traitions  aujourd'hui  le  même  sujet,  nous  ferions 
de  nombreuses  réserves  ;  car,  sans  nier  que  le  mélauge  fécond 
des  deux  types  ait  pu  se  produire  exceptionnellement,  les  nom- 
breux faits  de  croisement  que  l'on  nous  a  cités  sont,  pour  la 
plupart,  très  douteux  ;  nous  sommes  convaincu  que  bien  des  fois 
nous  avons  été  induit  à  erreur  dans  les  renseignements  qui  nous 
ont  été  adressés  (2). 

Nous  croyons  donc  devoir  mettre  en  garde  contre  les  récits  qui  se 
sont  multipliés  et  les  annonces  qui  ont  été  publiées  au  sujet  de 
Léporides.  Sous  ce  nom,  ou  n'offre  généralement,  dans  le  commerce 
et  chez  les  éleveurs,  que  des  variétés  rousses  de  Lapin.  Nous  sommes 
à  même  d'alîirmer  qu'aucune  race  hybride  demi-sang,  intermédiaire 
entre  le  Lièvre  et  le  Lapin,  n'existe  actuellement  sur  les  marchés. 

Septième  exemple  :  Cavia  cobaya  X  Cavia  cuUeri.  —  La  race 
appelée  Cochon  d'Inde  Angora,  répandue  dans  toute  l'Europe, 
proviendrait  d'un  Cobaye  mâle  du  l'érou  à  longs  poils,  croisé  de 
femelles  du  Cobaye  ordinaire  (3).  —  Le  C.  aperera  sauvage  se  repro- 
duirait facilement  aussi  avec  la  femelle  du  Cobaye  domestique  et 
les  métis,  résultant  de  ces  unions,  seraient  doués  d'une  certaine 
fécondité  (4). 

Quelle  valeur  spécifique  doit-on  attribuer  aux  types  purs  ?  Le 
Cavia  cobaya  X  le  C.  culteri  à  longs  poils  n'appartiennent-ils  pas  à 
deux  simples  races  ?  Puis,  a-t  on  toujours  eu  soin  de  ne  croiser 
entre  eux  que  des  hybrides  demi-sang?  Il  serait  bien  osé  de 
répondre  atririnalivement  à  cette  question.  Si  on  consulte  un 
des  Bulletins  les  plus  récents  de  la  Société  d'acclimatation  (5), 
on  voit  qu'aucune  précaution  n'est  prise  dans  les  mélanges  pour 
n'allier  entre  eux  que  les  demi-sang. 

Huitième  exemple  :  Canis  hipun  X  Canis  familiaris.  —  Tout  le 
monde  sait  que  Buffon  avait  obtenu  trois  générations  successives 
d'hybrides  de  Chien  et  de  Loup,  et  que  Flourens  obtint  jusqu'à 
quatre  générations  du  Chien  et  du  Chacal. 

(1)  La  question  du  Leporide,  in  Revue  des  Questions  scientifiques  de  Bruxelles, 
janvier  1887.  (Des  tirages  à  part  de  cet  article  sont  vendus  cliez  Baillière,  à  Paris). 

(2)  Le  rut  du  Lièvre  en  captivité  nous  paraît  très  douteux  ;  nous  parlons  par 
expérience. 

(3)  Rev.  des  se.  nat.  et  appliquées,  n»  du  5  décembre  1893,  p.  oî3. 

(4)  Même  Bulletin,  même  numéro,  p.  473. 

(5)  N"  du  20  mars  1895,  p.  286. 


INTRODUCTION  LV 

Daus  ces  cxp^ricuces,  ou  poursuiviiit  un  liiil  scientili(jue  ;  oti 
peut  donc  croire  raisonnablement  que  les  animaux,  gardés  à  vue, 
ne  se  sont  n'cllcineiit  ii|)parit's  qu'entre  eux.  Mais  le  Loup,  le 
Cliacal  et  le  Ciiieu  sont-ils  trois  espèces  distinctes?  Nous  avons 
toujours  supposé  le  contraire.  <)i',  ces  deux  exemples  de  métis 
féconds  /;(//•/•  se  dans  la  classe  des  Mammifères  sont  les  deux  seuls 
bien  authentiques  que  nous  ayons  à  citer.  On  a  vu,  par  les 
exemples  précédents,  que,  le  plus  souvent,  l'espèce  pure  intervient 
dans  la  reproduction  des  hyluides.  De  ce  genre  de  mélanges  nous 
aurions  d'autres  faits  à  citer,  .\insi,  le  Zoologisclie  Garten  a 
rapporté  (1)  qu'au  château  de  Callemherg,  près  Cobourg,  un 
hybride  de  u  Cerciis  a.iis  X  C.  claplius  »  s'est  reproduit  de  cette 
manière  ;  il  en  a  été  de  même  pour  quelques  hybrides  de  Cercus 
viniùtnits  x  Tagulus  memumica  (2)  ;  de  Bon  indiens  X  H.  frac- 
talis  (3)  ;  de  i'Ursus  arctos  x  Ursus  maritimus  (4).  Plusieurs 
hybrides  se  sont  aussi  trouvés  fécondés  par  une  troisième  espèce. 
Nous  avons  déjà  mentionné,  on  se  le  rappelle,  l'hybride  $  du  Cerf 
de  Formose  et  du  Cerf  de  Goto,  fécondée  par  un  (^  S.  grilloanus 
nous  pourrions  parler  d'un  hybride  Ccrvus  yumnotiis  X  C.  virgianus, 
de  même  sexe,  ayant  rapporté  avec  un  (^C.dania  (o)  ;  puis  d'un 
jtroduit  femelle  Dos  frontalis  X  B.  indiens,  ayant  donné  un  rejeton 
avec  un  cT  W-  (ujiericanus  (ti),  etc.  Ces  exemples  sont  moins  inté- 
ressants. 

Parmi  les  onze  croisements  (plus  ou  moins  assurés)  d'espèces  de 
Mammifères  appartenant  à  des  genres  différents,  c'està  dire  parmi 
les  croisements  (|ue  nous  avons  classés  dans  une  deuxième  caté- 
gorie, nous  n'avons  rencontré  qu'un  seul  exemple  de  fécondité 
suivie  :  celui  de  VOvis  aries  X  Capra  hircus  (7).  Mais  dans  ce  cas 
encore,  pour  conservei'  le  type  de  la  race  créée,  doit-on  revenir  an 
Bouc  dès  la  ti-oisiènie  ou  (luatrième  génération. 

Il  semblerait  sans  doute  étrange,  aux  yeux  de  beaucoup  de  natu- 


ll|  Voy.  p.    irjct  120.  Franlifuit,  ISCi".!. 

r>)  .Mrme  revue,  p.  318,  1880. 

(3)  .\ux  Jardins  de  la  Soc.  zool.  de  Londres. 

(4|  Voy.  Zoolo^'isdie  (iarlen,  1877  et  1882. 

(5)  1.  (i.  Sainl-Hllaire  (op.  cit.).  t.  III.  18(i2.  p.  173  et  221.  Le  llnllet.  de  la  Soc. 
d'.\cc!imalation  faiiiice  1882,  p.  G78)  sifjiiale  une  Biche,  née  d'une  Itjclie  hybride  de 
Cerf  de  .Mantchoiirie  et  de  Hiclie  de  l'"rance.  couverte  par  un  Cerf  Maral. 

(())  Aux  Jardins  de  la  Soc.  zool.  de  Londres,  1881  (Voy,  les  Proceedings  de  <etle 
Société,  1884). 

(7)  C'est  ainsi  (|u  on  nomme  au  Chili  les  soi-disant  produits  du  Bouc  et  de  la 
Chèvre. 


LVI  Di;S    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

ralistes,  de  mettre  en  doiile  l'existence,  dans  lesCordillières.  d'une 
race  intermédiaire  entre  le  Bouc  et  la  Brebis,  race  hybride  que 
l'abbé  Molina  et  Claude  Gay,  les  historiens  du  Chili,  ont  fait  eux- 
mêmes  connaître.  Le  incmier  doute  ne  viendra  pas  cependant 
de  nous,  mais  tl'un  habitant  môme  de  ces  contrées,  M.  le  \)'^ 
Philippi,  de  Santiago  (1).  Le  docteur  n'a  pu  connaître  d'une  façon 
précise  l'origine  des  Moutons  (2)  qui  composent  ces  troupeaux. 
.  Tandis  que  les  uns  alTirment  qu'ils  sont  issus  du  Mouton  et  do 
la  Chèvre,  les  autres  prétendent  qu'ils  sont  une  espèce  pure, 
aussi  bien  que  les  autres  races.  Après  recherches,  M.  Philippi  est 
(le  plus  en  plus  convaincu  ((ue  le  Chabin  n'a  jamais  été  (ju'une 
simple  race  de  la  Brebis  dans  l'origine  de  la(|uell(' l'hybridité  n'a 
joué  aucun  rôle  (3). 

On  se  trouverait  sans  doute  encore  plus  surpris  si  on  apprenait 
que  nous  doutons  de  la  fécondité  même  des  croisements  entre  les 
deux  espèces  pures,  les  êtres,  qui  en  proviennent  soi-disant,  ayant 
déjà  reçu  un  nom  dans  l'antiquité  (4).  En  effet,  depuis  Galien,  qui 
les  avait  fait  connaître  i5),  un  nombre  considérable  d'exemples  ont 
été  cités  et  sont  encore  cités  de  nos  jours.  Mais  les 'faits  qui  tendent 
à  les  contredire  ne  sont  pas  en  moins  grand  nombre  et  sérieusement 
établis;  nos  propres  expériences  n'ont  point  elles-mêmes  réussi. 
Cette  constatation  vaut  la  peine  d'être  faite. 

On  a  dit  qu'aucun  mélange  fécond  n'était  authentique  parmi 
les  espèces  appartenant  à  des  familles  distinctes  ;  «  fortiori  ne 
peut-il  être  question  de  la  fécondité  des  hybrides  douteux  qui  en 
résulteraient.  —  Que  se  passe-t-il  dans  la  classe  des  Oiseaux  ? 

Parmi  les  cent  soixante-dix-huit  croisements  obtenus  entre 
espèces  d'un  môme  genre,  les  produits  de  vingt-deux  croisements 
se  sont  seuls,  à  notre  grande  surprise,  montrés  féconds.  Cette 
fécondité  ne  s'est  manifestée  intcr  se  que  dans  huit  cas  plus  ou 
moins  avérés  ;  dans  les  autres,  les  hybrides  étaient  accouplés  avec 

(1)  Voy.  le  Zoologjisfhe  Garten,  de  FiMnkfui'!,  1876. 

(2)  Appelés  Linas  ou  Cliabins. 

(3)  Voy.  les  Actes  de  la  Soi-,  du  Cliili,  t.  111.  p.  109.  18'.)3.  La  même  manière  de 
voir  nous  était  e.\primée,  il  y  a  quelques  années,  |)ar  un  ualuraliste  compétent,  à 
même  de  voir  et  d'étudier  de  près  les  Cliabins  envoyés  au  Muséum  par  Tempereur 
du  Brésil.  —  P. -S.  La  Revue  britannique  (septembre  189ti|  vient  de  se  prononcer 
dans  ce  sens. 

(4)  On  appelait  rt7icH,s  l'animal  qui  nail  du  Bouc  et  de  la  Chèvre;  Musinn,  celui 
qui  naîl  du  croisement  inverse. 

(,'j)  De  Seiinne,  livre  VII. 


INTRODUCTION  I.VII 

riiiic  (le  leurs  espèces  parentes  (1)  ou  avec  une  troisième  espèce  (2), 
ou  bien  encore  avec  d'autres  hybrides  (:{). 

Il  sera  intéressant  de  faire  savoir  que  ViiifiU-ondité  a  été  reronniie 
expcriincntalcment  dans  vinijl-dtMix  croisciiicuts;  non  seulcinont 
lorsque  les  hybrides  étaient  appariés  intcr  se,  mais  quelquefois 
lorsqu'on  leur  procurait  des  esjièces  parents  d'esiiècc  pure. 

.Nous  étudiercins  de  près  les  mélanges  dont,  au  dire  de  quelques- 
uns,  les  produits  auraient  donné  naissance  à  une  lignée. 

Le  PiîKMiKR  CAS  est  celui  de  VAnait  hoxrhns  x  .iniix  zonorhynrhn. 
C'est  encore  le  Père  Heude,  de  Cliaug  Haï,  qui  veut  bien  nous  le 
signaler.  Il  parait  que  les  Chinois  de  l'ancienne  vallée  du  fleuve 
Jaune  recueillent  les  œufs  du  Canard  :onorhyncka,\es  font  éclore 
dans  leurs  basses-cours  et  im-laiigent  les  produits  avec  l'espèce 
commune,  IM.  boschns.  Ainsi  formeraient-ils  une  vraie  race  domes- 
tique. Totitofois,  le  Père  oublie  de  nous  dire  (détail  très  impor- 
tant) si  on  n'a  jamais  recours  à  l'une  des  espèces  pures  pour 
maintenir  la  fécondité  et  la  lixilé  de  la  nouvelle  race.  Il  est  pro- 
bable qu'on  use  de  ce  moyen,  car  il  parait  que  cette  race  est 
u  variable  ».  Le  savant  niissionnairr  n'a  point  du  reste  employé, 
dans  les  termes  dont  il  s'est  servi,  les  deu.\  nmts  importants  : 
((  inler  se  )'. 

Le  sK.coND  icxEMi'LE  est  celui  de  l'I.  /«(.st/kj.s-  x  I>-  liahmnensis. 
Hodinus  a,  dans  une  des  séances  de  la  Société  oriiilliologi([U('  de 
Berlin,  rapporté  (i)  que,  sur  l'ile  des  Faisans,  à  Posldam,  on  avait 
élevé  des  hybrides  de  ces  deux  espèces  et  que  ces  hybrides  avaient 
reproduit  pendant  vingt  ans  sons  le  nom  de  «  Perlenteu  ».  l'n  tel 
fait  mérilerait  bien  quelques  di'lails.  Les  hybrides  étaient-ils  demi- 
sang  ?  N'y  a-t-il  eu  jamais  de  rapprochements  avec  les  autres 
(lanards  d'espèce  pure  ?  Avait-on  soin  d'éliminer  chaque  année  les 
rejjroducleurs?  Bodinus  ne  le  précise  pas.  On  tiil  seulement  que 
la  forme  ((  mitoyenne  »  de  ces  hybrides  s'était  conservée  (5). 

Troisucme  exemple:  Anxer  cii(inoiiles  X  Anxer  cinereus.  Beaucoup 
de  croisements  fructueux  et  des  produits  féconds  seraient  à 
signaler.  Bornons-nous  à  rap|)eler  ((ue  d'ajirès  Blyth  et  le  cap. 
lluttou   (()),  on  rencontre  des  troui)eaux   entiers  d'Oies  hybrides 

(i|  Cola  sopl  fois, 

(2)  Cela  <|iialre  (ois  (trois  fois  l'pspèce  appartenait  ii  un  j;enre  riistinrt  du  leur). 
(:t)  yuiitre  (ois. 

(4|  Tenue  le  ÎS  janvier  1871.  à  7  heures  ilu  soir.  d;ins  le  restaurant  .Schloiu- 
hraner,  sous  le  Tilleul  n°  8.  (Voy.  .Iiiurnal  fur  Ornitholojjie,  1872,  p.  78). 

(5)  .lourual  fur  Ornithnlogie,  p.  78,  1872. 

(6)  Cit.  par  Darwin,  Origine  des  Espèces.  Trad.  franc,'.,  p.  292. 


LVIIl  DES    HYimiDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

(laus  f-ertaines  parties  de  l'iDcle  où  ne  viveul  point  les  deux  espèces 
pures.  De  là,  peut-on  conclure,  nécessité  pour  les  hybrides  de  se 
reproduire  inter  se.  Aussi  Darwin,  parlant  de  ces  hybrides,  a-t  il 
écrit  que  leur  fécondité  est  illimitée.  On  doit  cependant  remar- 
quer ([ue  Blyth  ut  Hutton  ne  disent  j)oint  que  ces  troupeaux  soient 
exclusivement  composés  d'individus  demi-saug.  Ou  ignore  abso 
lument  dans  quelles  conditions  ont  été  réalisés  les  premiers  croise- 
ments. 

Il  nous  faut  rappeler  qu'Eyton,  qui  avait  obtenu  trois  généra- 
tions successives  et  avait  fait  des  examens  anatomiques  des  deux 
espèces  pures,  considérait  i'Oie  de  Chine  comme  une  race  de  l'Oie 
cendrée,  malgré  les  différences  que  ces  deux  types  présentent  (I). 

Quatrième  exemple  :  Anser  cygnoïdes  x  Bernicla  canadensis. 
M.  Chevreul  a  f;iil  savoir  en  1840.  dans  le  .lournal  des  Savants  (2), 
que  M.  de  Lafresnais  avait  donné  au  Muséum  une  paire  de  métis 
d'une  Oie  de  Guinée  mâle  et  d'une  Oie  à  cravate  femelle,  et  que 
de  tels  hybrides  s'étaient  reproduits  jusqu'à  sept  fois  ;  il  n'ajoute 
pas  inter  se. 

Cinquième  exrmi'Le  :  Euplocamus  niicthemerus  X  Kuplocamits 
swinhœi.  Nous  avons  obtenu,  dans  nos  parquets  d'Antiville,  une 
deuxième  génération  d'hybrides  de  Faisan  argenté  et  d'Euplocome 
de  Swinhoé;  mais  nous  n'avons  pu  aller  au  delà.  Depuis  plusieurs 
années,  les  œufs  que  pondent  deux  iemelles,  demeurent  constam- 
ment stériles,  au  moins  aucun  jeune  n'est  né  viable  (3). 

Sixième  exemple  :  Euplocaiinis  nijcthemenis  X  Euplocamus  wla- 
noliis.  Ce  croisement  est  beaucoup  plus  intéressant,  car  on  aurait 
obtenu  à  la  ménagerie  du  Muséum  de  Paris  cinq  ou  six  générations 
(l'hylirides.  Toutefois,  il  règne  dans  le  récit  qui  a  été  fait  de  ces 
expériences  (4)  une  certaine  obscurité.  Nous  avons  relevé  des 
erreurs  à  l'aide  de  renseignements  particuliers  qui  nous  ont  été 
communiqués  au  Muséum  même. 

Septième  exe.mple  :  Thaumalea  picla  X  Thaumalea  ainherstiie. 
Nous  possédons  actuellement  une  cinquième  génération  d'hybrides 
demi-sang  et  croisés  entre  eux.  Plusieurs  de  ces  générations  ont 
été   obtenues  chez    nous;    mais   les   premiers   parents   hybrides, 

(1)  D'après  une  note  insérée  dans  les  Transactions  île  la  Soc.  entomologique  de 
Londres  (vol.  III). 

(2)  P.  357. 

(3)  Ce  n'est  point  dans  nos  parquets  que  le  croisement  des  deux  espèces  pures 
s'est  opéré.  Nous  avions  acheté  les  liybrides  de  première  génération,  c'est-à-dire 
les  Oiseaux  provenant  du  croisement  des  deux  parents. 

(4)  Dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  d'.\ccli. 


INTRODUCTION  MX 

|ii<)Vi'ii;ml  (lu  croisomi'iit  (lir(^ct.  axaient  étii  ohleiiiis  clicz  (l<!S 
tiers.  (Jii('li|ucs  individus  de  diMixiènie  f,M''nerati()n  ne  sunt  |)itinl  nés 
non  |)lus  dans  nos  volières;  enliu,  souvent  nous  avons  remis  à 
des  éleveurs  le  soin  di'  faire  éclore  les  œufs.  Nous  pensons 
néanmoins,  vu  la  grande  altention  que  nous  avons  donnée  à  ces 
Oiseaux,  ([ue  le  résultat  (|ue  nous  anrionrous  est  réel. 

Dans  les  soixante  huit  croisements  entre  espères  de  genres 
distincts,  (mais  appartenant  à  des  mômes  familles),  nous  n'avons 
rencontré  qu'un  seul  produit  s'étant  montré  fécond  avec  l'une  des 
deux  espèces  (pii  lui  avait  donné  naissance  :  c'est  l'hybride  cf 
Coliiitiha  iiciii  x  Tartur  risorius  avec  la  femelle  rixorius,  car 
riiyliride  5  du  même  croisement  demeure  stérile,  ainsi  que  nous 
nous  eu  sommes  assuré. 

Dans  deux  autres  cas,  l'hybride  a  fécondé  une  troisième  espèce  (1) 
et,  dans  un  troisième  exemple,  il  a  été  fécondé  par  celte  troisième 
espèce  (2j. 

Ainsi,  dans  soixante-cinq  cas  sur  soixante  iiuit,  l'hi/hridi'  île  deux 
ijenirs  e.s7  dniiciiré  sans  postévité.  Tous  les  jjroduits  étaient-ils  ]iour 
cela  radicalement  inféconds  ?  Nous  l'ignorons.  .Nous  savons  que 
l'infécondité  a  été  constatée  expérimentaiement  dans  huit  croise- 
nu'nts. 

11  est  presque  inutile  de  tlire  que  dans  les  croisements  de  la 
troisième  catégorie  ancien  produit  hi^biidi-  n'a  pris  naissance  (3). 

-V  (|nelles  causes  peut-on  attribuei-  l'infécondité  des  hybrides 
stériles  ?  —  Chez  l'individu  fc^melle  hybride,  l'ovaire  se  trouve 
parfois  atrophié;  nous  l'a\dns  constaté  deux  fois  chez  des  Cairina 
nmschata  X  Anus  boscbas  9.  ouvertes  vers  l'époque  de  la  reproduc- 
tion. Chez  elles,  l'ovaire  paraissait  manquer,  au  moins  ne  présen- 
tait-il aucune  trace  d'œufs  :  la  grappe,  d'ordinaire  si  facile  à 
reconnaître,  ne  pouvait  être  aperçue.  Ces  Oiseaux,  conservés 
vivants  pendant  plusieuis  années,  n'avaient  jamais  pondu. 
Leabeater   constata   chez    une    femelle   hybride,    provenant  d'un 

(1|  Ce  sont  :  I»  iiii  liyhriilo  ,  ''  l'hasianu.i  reeoesi  o"  X  f^^-  piela  Q  ayant 
lécoiiclé  une  PU.  ellioli  <^^  ilie/,  M.  Ihnr^lnlebant  :  les  petits  sont  morts  en  naissant; 
2"  In  liybrirle  :  r""  Vlmsianus  cotcliicus  X  i:upluciimu:<  tiijrlheiiirnis  ayant 
téconcli-  une  E.   inetanotus  o_ 

(2)  C'est  une  (eniellc  Th.  amhersliw  X  ''''•  versicolor,  dont  les  œufs  ont  été 
téronilés  par  une  Th.  pirta  cf. 

(:<)  Kappelons  à  ce  propos  l'intéressante  observation  consignée  par  M.  de  Quatre- 
lages  sur  les  grclles  animales,  os  et  autres,  sans  résultat  de  famille  à  famille. 
Kev.  des  C.  scient.,  I8(i7-(1S,  p.  743. 


LX  DES    HYBRIDES    A    L  KTAT    SAUVAGK 

l'iiisan  ol  d'une  l'oule  de  Bantaiii,  qui'  IUviducte  était  sans  commu- 
nication avec  le  cloaque  (I). 

Coinnie  l'ovaire,  les  lestimiles  peuvent  se  trouver  atropliiés  ;  puis 
les  spermatozoïdes  nuuKjuer  dans  la  liqueur  séminale.  Chez  un 
Coquart  cT,  que  nous  avons  disséqué  après  l'avoir  observé  longtemps 
en  captivité,  les  testicules  étaient  à  l'état  rudimentaire  et  les 
canaux  déférents  extrêmement  minces.  Nous  avons  examiné  au 
microscope  (olijectif  7  et  oculaire  3)  la  matière  contenue  dans  les 
uns  et  dans  les  autres;  nous  n'y  avons  aperçu  aucun  spermatozoïde. 
Cette  matière,  au  lieu  de  se  montrer  à  l'état  presque  liquide, 
comme  dans  les  testicules  normaux,  était  compacte  et  ne  pouvait 
se  liquéfier  au  contact  de  l'eau  (2).  Chez  un  hybride  cf  C.  mosckato 
cf  X  .4 .  boschas  9 ,  lequel  Oiseau  s'était  montré  incapable  de  féconder 
une  Cane  domestique,  nous  avons  liien  rencontré  deux  testicules 
(dont  un  de  dimensions  très  exagérées),  mais  la  liqueur,  qui  y  était 
contenue,  ainsi  que  dans  les  canaux  déférents,  était  dépourvue  de 
spermatozoïdes,  ou  ceux-ci  étaient  tellement  faibles  qu'on  ne  pou- 
vait les  y  distinguer.  Cette  liqueur  ou  matière  gluante  se  montrait, 
par  places,  épaisse  et  presque  dure.  Le  nvême  phénomène  a  été 
constaté  dans  les  testicules  d'un  hybride  de  Cardnlh  elrgnns  X 
Fringllla  canariit;  mais  chez  celui-ci  les  parties  sexuelles  étaieMit 
beaucoup  moins  volumineuses  que  dans  l'espèce  pure  ;  elles  étaient 
très  petites.  En  outre,  près  d'elles,  se  trouvaient  deux  petits  corps 
ronds  ressemblant  à  des  (l'ufs.  Nous  n'avons  pu  faire  égoutter  le 
sperme  qui  s'y  trouvait  à  l'état  de  matière  gluante,  et  nous  n'y 
avons  découvert  aucun  spermatozoïde.  11  sera  intéressant  de  faire 
remarquer  que  l'Oiseau,  qui  vécut  en  captivité  pendant  plusieurs 
années,  n'avait  point  fécondé  deux  femelles  C.  canaria  de  race 
pure  qui  lui  avaient  été  données.  Celles  ei  pondirent  et  couvèrent 
assidûment.  .Ajoutons  qu'une  femelle  hybride,  sa  sœur,  avec 
laquelle  nous  avions  tenté  de  l'apparier  auparavant,  n'avait  pondu 
aucun  œuf. 

Ainsi  les  hybrides  peuvent  être  dé[iourvus  d'organes  génitaux 
normaux.  Le  physiologiste  Wagner  s'était  rendu  compte  de  cette 
défectuosité  sur  de  nombreux  hybrides  F.  canaria  x  C.  ranluelis. 
Après  avoir  constaté  qu'au  printemps,  chez  le  Canari  niàle,  les 

(\)  Magazine  o[  nal.  Iiistory,  mai-s  \S^i,  p.  VXi  (cil.  par  Gérard.  Dict.  d'Orljifiny, 
au  mot  Espi'cp,  p.  Hli). 

(2)  Le  Coquart,  dont  il  saf,'il,  n'avait  jamais  essayé  de  s'approcher  des  Pontes 
avec  lesi|uelles  il  se  trouvait.  L'e.xamen  de  ses  organes  reproducteurs  eut  lieu  le 
18  avril. 


INTnOI)I!i:Tl(IN  lAl 

parties  sexuelles  se  gonflent  et  prenuent  une  forme  ovale  arrondie 
(l'iiin;  gr.iudeurà  peu  près  égale:  (pie  les  canaux  déférents  furnu'iit, 
à  côté  du  cloaque,  des  rouleaux  particuliers  de  la  forme  d'un 
peloton  ;  (pie  les  animalcules  y  sont,  connue  chez  tous  les  Frin- 
gilles,  très  grands  el  1res  forts  (1)  ;  après  avoir  aussi  constaté  que, 
chez  le  mâle  (Itiardonneret,  tout  se  comporte  de  la  même  façon, 
quoique  les  animalcules  les  mieux  formas  soient  plus  maigres  et 
|)lus  courts  2),  il  remarqua,  au  contraire,  une  grande  diversité 
chez  les  hyhr-ides  provenant  de  ces  deux  espèces.  Chez  quelques- 
uns,  les  testicules  étaient  très  |)elits  ;  chez  tous,  ne  dépassant 
jamais  plus  de  la  moitié  de  ceux  des  parents  et  étant  d'une  forme 
|)lus  arrondie.  Les  lils  à  houts  goidlés,  contenus  dans  les  anneaux, 
n'étaient  point  reliés  en  paquets  réguliers,  mais  jetés  en  désor 
dre  entre  les  molécules  elles-mêmes  plus  opaques  et  plus  gran(l(!S 
((ue  dans  la  matière  cornée  des  kystes  ordinaires;  ce  ([ui  parais- 
sait être  dil  à  une  production  imparfaite  des  spermatozoïdes,  dont 
la  forme  et  les  dimensions  n'étaient  pas  normales.  Hn  outre,  les 
canaux  déférents  étaient  toujours  vides,  même  chez  les  individus 
dont  les  testicules  étaient  les  mieux  déveloitpés;  souvent  il  deve- 
nait impossible  de  les  reconnaître.  .Mais  chez  les  hybrides  de 
sexe  femelle,  Wagner  trouva  les  organes  de  la  génération  dans 
des  conditions  anatomiques  favorables  à  la  leproduction,  c'est  à 
dire  avec  l'oviducte  renfermant  de  petits  corps  jaunes  pourvus 
d'une  huile  germinative  (3i. 

Nous  pouvons  corroborer  le  dire  du  s;\\ant  physiologiste,  en 
faisant  savoir  que  pendant  de  longues  années  nous  avons  con.servé 
vivantes  beaucoup  de  ces  femelles  hybrides  et  que  toutes,  à  quelques 
exceptions  pi'ès,  pondaient  des  œufs  normaux  ;  mais  ces  ii'ufs  ne 
vinrent  jamais  à  maturité,  quoique  les  femelles  qui  les  pondaient 
fussent  en  compagnie  de  mâles  hybrides  et  môme,  si  nos  souvenirs 
sont  exacts,  de  mâles  de  leur  espèce.  Disons  (pie  les  mâles  hybrides 
se  sont  montrés,  en  tout  temps,  impuissants  à  féconder  (1(!S  femelles 
d'espèce  pure.  Cent  fois,  et  beaucoup  il'amateurs  avec  nous,  avons 
recommencé  les  mêmes  exi)ériences. 

Dans  la  liqueur  séminale  d'un  hybride  cT  «le  Coliiiiilia  i)aluinbus 
X  Columba  livia  (soumis  ù  l'examen  de  M.  Camille  Daresle),  le 
docteur  crut   reconnaître   une  déformation   des  spermatozoïdes  ; 

(1)  Ils  ;ittolf!nenl  jiisqnVi  un  10'  de  litim;  (le  Pinson  oïdiniiiri)  ;  leur  poinlP  tor- 
niinée  en  spirale  esl  très  lorleniont  accentuée,  etc. 

(2)  Ils  iiiesurenl  un  l.'V  ili-  ligne. 

(3)  Mueller,  {Manuel  de  l'hysiologie)  rapporte  briévenienl  les  expériences  de 
Wagner,  voy.  p.  (>28  du  T.  II.  Trail.  di'  .lourdan,  1851. 


LXII  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

ces  corps  auraient  été  à  l'état  de  bâtonnets.  Toutefois,  nous 
n'oserions  allinner  que  la  préparation  microscopique  fût  dans  de 
bonnes  conditions.  En  ellet,  chez  plusieurs  autres  hybrides  Columha 
livia  X  Turtnr  risorius  qui  n'avaient  jamais  pu,  comme  le  dernier 
Oiseau,  féconder  de  femelles,  M.  Dareste  rencontra  des  sperma- 
tozoïdes bien  conformés  (ou  bien  dans  les  testicules  ou  dans  les 
canaux  déférents)  (1).  Nous  avons  fait  nous-même  une  consta- 
tation semblable  chez  un  produit  des  mêmes  espèces,  lequel 
s'était  montré  infécond.  Nous  avons  observé  chez  lui  de  nombreux 
spermatozoïdes,  plusieurs  se  remuant  et  ne  différant  en  rien  de 
ceux  que  l'on  renconti'e  chez  ('oiumbn  ou  chez  Turtur.  Nous  ne 
sommes  point  certain,  cependant,  que  les  deux  canaux  déférents 
existassent;  nous  n'avons  pu  nous  rendre  compte  que  de  l'existence 
d'un  seul,  le  droit,  qui  a  pu  être  examiné  sufTisamment  (2). 

Depuis  ces  ol)servations,  nous  avons  constaté  la  fécondité  chez 
un  de  ces  hybrides  7".  risorius  X  C.  livia  déjà  âgé  ;  deux  fois,  il 
féconda  un  des  œufs  de  la  femelle  T.  risorius  avec  laquelle  il  était 
accouplé.  Le  seul  jeune  qui  parvint  à  l'âge  adulte,  (le  premier  œuf 
fécondé  avait  été  brisé),  vit  encore  aujourd'hui  ;  mais  il  se  montre 
constamment  infécond  avec  les  T.  risoria  que  nous  lui  avons 
données,  quoique,  remarque  curieuse  ,  celles-ci  soient  de  pure 
espèce;  il  possède  lui-même  trois  quarts  de  sang  pur  1 

Les  examens  d'Hebenstreit,  de  Ch.  Bonnet,  du  baron  de  (jlleichen, 
de  Prévost  et  Dumas,  de  Gerber  et  Winkler,  et  d'autres  physiolo- 
gistes, entrepris  sur  les  organes  générateurs  des  Mulets,  ont  été 
souvent  cités.  Nous  nous  bornerons  à  rappeler  que  ces  expérimen 
tateurs  ne  trouvèrent  point  d'animalcules  spermatiques  (sperma- 
tozoïdes) dans  la  liqueur  séminale  des  Mulets  mâles,  ou  bien  les 
spermatozoïdes  qu'ils  y  découvrirent  étaient  ou  réduits  ou  défor- 
més, c'est-à-dire  imparfaits,  remplacés  même  par  de  petits  corps 
arrondis  et  brillants. 

Mais  Brugnone  et  Gerber  trouvèrent  des  corps  jaunes  dans  les 
ovaires  de  la  Mule,  indiquant  l'existence  d'œufs  plus  ou  moins 
bien  conformés  ;  M.  Colin  a  vu  dans  la  collection  de  M.  Coste  un 
ovaire  de  Mule  portant  un  corps  jaune  bien  caractérisé.  —  D'autres 
anatomistes  ont  cru  reconnaître  que  le  conduit  de  l'urine   était 

(1)  Ces  e.xamens  soiil  mentionnés  dans  la  Revue  de  Biologie  «  Sur  Vhyhridilé 
chez  les  Oiseaux,  par  M.  Dai-esle  »  (Note  présentée  par  M.  Cliarrin).  Par  erreur, 
M  Dareste  dit,  dans  cette  note,  que  nous  lui  avons  alïirmé  que  les  hybrides  niAles, 
qu'il  a  examinés,  étaient  féconds  avec  les  femelles  d'espèces  parentes;  c'est  le 
contraire  que  nous  avons  observé. 

(2)  Notre  préparation  laissait  peut-être  à  désirer. 


INTRODUCTION  LXIH 

placé  chez  les  Milles  d'une  manifre  différente  de  celle  qui  a  lieu 
dans  les  autres  animaux,  conformation  vicieuse  sullisaiite  pour  les 
rendre  stériles  ;  au  reste,  llei)enslreil  n'aurait  point  découvert  de 
vésicules  transparentes  (d'reufs)  dans  l'ovaire  (1). 

La  stérilité  du  Mulet  ne  le  prive  i)as  de  désirs  ;  il  en  est  particu- 
lièrement lourmenlé  au  printemps,  à  ce  point  ([u"on  est  obligé  de 
le  soumettre  à  la  castration  (2). 

Cette  ardeur  génésique  est  très  visilde  ciiez  les  hyiirides  de 
Colombe  l't  de  Pigeon;  mais  nous  la  croyons  nulle  chez  les  produits 
tic  la  l'oule  et  du  Faisan  (3). 

On  a  prétendu  que  la  stérilité  des  hybrides  provient  de  c(^  que 
ceux  ci  sont  généralement  retenus  dans  d'étroits  réduits  (4)  ou 
appariés  entre  proches  parents  (^).  Nous  l'avions  cru  aussi;  nous 
avons  voulu  nous  rendre  compte  de  cette  assertion.  Nous  avons 
fait  construire  de  très  vastes  volières  représentant  de  petits  jardins 
couverts  de  grillages,  où  nous  avons  lâché  maintes  fois  de  nom- 
breux hybrides  d'Oiseaux  de  diverses  provenances.  (Juoique  les 
femelles  nichassent  dans  les  arbustes,  comme  en  pleine  nature, 
leurs  onifs  n'ont  jamais  donné  de  jeunes.  Le  résultat  a  été  abso- 
lument celui  que  l'on  obtient  en  cage,  c'est-à-dire  négatif. 

La  stérilité  chez  l'hybride  est  donc  produite  par  des  causes  qui 
tiennent  à  l'organisation  môme  de  son  être. 

Il)  Colin,  dont  nous  allons  oilpr  l'onvnifîP,  dll  cp|>cnflanl  i|ne  les  Mules  n'ont  rien 
(l'anormal  dans  la  disposition  el  la  struclnie  de  l'appaieil  génital. —  .\u  sujet  des 
examens  qui  viennent  d'ètie  cités,  voyez  :  G.  (^olin, Trai(^(/<'  l'Iiysialnijie  comparée, 
p.  tl'il.  T.  Il,  ;i'  edit.,  lS88i  M.  de  (Juatrelaj^cs,  Uev.  des  Cours  scienliliques  (ISliS- 
ISi;;»,),  p.  124  et  Bull,  de  la  Soe.  d'Accl.  de  Paris,  188,ï,  p.  382  (Pioeès-verbau.x);  le 
l)'  llebeuslent  (cit.  par  Valmonl  de  lioniare,  Oicl.  p.  189);  Pagenslecher,  Algemeiiii'. 
zoologie,  1875,  p.  214;  Gazette  médicale  de  Paris,  37'  année,  3' série,  I.  21,  ISCiti; 
Bory  de  St-Vincent.  IHcl.  d'/Iisl.  nat.,T.  X,  p.  120;  Valmont  de  Bomare.  (Oi'ct. 
p.  189);  Burdali,  Trailé  d'analomie,  p.  257.  1828  (leciuel  cite  Beclistoin,  T.  I. 
p.  2".I3  el  (ilciclien,  p.  25);  d'Orbij^ny.  Dicl.  unir.  d'/Jisl.  nal.  I84('),  art.  ['ropaj;a- 
lion  far  Duvernoy;  llausniann,  ('lier  den  Slaugel  der  sluamentliiercheii  bei  Maui- 
lliieren  18'i4  ;  Prichard's,  XalurgesclUt  des  Menschciigeschleclite,  etc. 

(2)  ISncyiioiiédie  iiralinuc  de  l'ugricuUiire,  p.  655.  T.  X,  Paris,  IWS. 

(3)  Voy.  les  faits  (|ue  nons  citons  dans  notre  article  :  Hybride  de  la  l'nule  dômes- 
tique  el  du  Faisdii.  L'Éleveur,  n"  23t;,  237  et  238,  de  juillet  ISsO.  Il  e,\isle  un 
tirage  à  part  de  cet  article. 

(4)  GeolTroy-Saint-llilaire.  Bull.  Soc.  accl.,  n°  3,  mars  18S7,  p.  179.  Voy.  aussi  Itroca 
et  autres. 

(il)  Darwin,  Origine  des  espèces,  p.  271,  el  aussi  Emile  Ferriére,  le  Uaricinisme, 
p.  se. 


LXIV  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 


VU. 


Nous  Dous  sommes  étendu  sur  la  question  de  la  fécondité  ou  de 
l;i  stérilité  des  liybrides  parce  que,  nous  l'avons  déjà  dit,  on  a 
voulu  faire  des  pliéuoniènes  de  reproduction  le  critérium  de  l'es- 
pèce (1)  auquel  ou  a  attaché  une  importante  excessive.  Si  les  hybri- 
des sont  féconds,  a-t  on  dit,  c'est  que  leurs  parents  appartiennent 
à  la  même  espèce  ;  s'ils  sont  inféconds,  c'est  que  leurs  parents 
sont  d'espèce  distincte.  Ainsi,  sont  de  la  même  espèce  :  tous  les 
individus  qui,  en  s'unissant,  donnent  des  produits  féconds,  et 
rice-versd.  Buffon  avait  établi  cette  règle  ;  il  a  été  suivi  par  Cuvier, 
par  Flourens  et  par  un  nombre  considérable  d'illustres  naturalistes. 

Sans  doute,  a-l-on  raison  ;  mais  alors,  pour  être  logique,  il  faut 
supposer  que  les  individus  d'une  même  espèce  seront  toujours 
aptes  à  donner  entre  eux  des  produits  féconds  et  que  ce  pouvoir  ne 
sei'a  jamais  interrompu  par  aucune  cause. 

Nous  avons  créé  dans  nos  races  domestiques,  (à  force  de  sélection 
et  de  volonté  réfléchie,  il  est  vrai),  des  formes  tellement  disparates 
les  unes  des  autres  que  leur  union  est  devenue  physiquement  impos- 
sible. —  Conservent-elles  virtuellement  le  pouvoir  de  se  repro- 
duire entre  elles?  Il  faut  le  supposer  (et  nous  le  croyons  sans 
peine)  (2j,  sans  quoi  le  critérium  que  l'on  a  donné  pour  base  de  la 
définition  de  l'espèce  serait  à  rejeter. 

(1)  El  même  du  Heure  et  de  VUrdre.  F.coiitons  Flourens  :  «  Que  deux  individus 
mâle  et  femelle,  semblables  entre  eux,  se  mêlent,  produisent  et  ([ue  leur  produit 
soit  susceptible  à  sou  tour  de  se  reproduire,  et  voilà  l'espèce,  la  succession  îles 
inilividus  qui  se  reproduisent  et  se  perpétuent.  .\  côté  de  ce  premier  tait,  cjue  deu.x 
individus  mâle  et  femelle,  moius  semblables  entre  eux  que  n'étaient  les  précédents, 
se  mêlent,  produisent,  et  que  leur  produit  soit  infécond,  ou  immédiatement,  ou 
après  quelques  générations,  et  voilà  le  genre.  Le  caractère  de  l'espèce  est  la 
fécondité,  se  perpétuant  avec  les  générations  ;  le  caractère  du  genre  est  la  fécon- 
dité boi-née  à  quelques  générations.  Enfin  que  deu.x  individus  mâle  et  femelle, 
moins  semblables  encore  entre  eux  que  n'étaient  les  derniers,  se  mêlent  et  ne 
produisent  plus,  et  voilà  les  genres  divers,  les  oriires.  La  génération  donne  donc 
ainsi  les  espèces  par  la  fécondité  perpétuée,  les  genres  par  la  fécondité  bornée  et 
les  genres  divers,  les  ordres,  par  la  non  fécondité.  (.\nn.  des  se.  nat..  i'  série, 
t.  L\,  p.  3Ub  et  3U6). 

(2)  Voir  notre  communication  aux  Assises  de  Caumont.  Congrès  de  ISSlIi.  Houen, 
imprimerie  Lapierre.  D'ailleurs  ce  mémoire  est  reproduit  en  substance  aux  pages 
suivuutcs,  notamment  L.\1X  à  X(J1.\. 


INTRODUCTION  LXV 

Miiis,  pour  sauvegarder  l'identité  de  l'espèce,  est-il  alisoluiiieiit 
iiidispeiisiil)le  que  deux  individus  a[)parteiuiut  à  des  espèces  dis- 
tinctes ne  puissent  donner  naissance  i)ar  leur  union  à  des  individus 
doués  à  leur  tour  du  pouvoir  de  se  reproduii'e?  Est-il  nécessaire 
de  liorucr  ainsi  les  facultés  du  pouvoir  générateur  et  de  lui  assi- 
)^ner  des  limites  ? 

L'aversion  que  les  animaux  d'espèce  différente  éprouvent  les 
uns  pour  les  autres  n'est  elle  point  1res  suflisaute  pour  ol)vier  à 
leur  mélange  si,  comme  il  y  a  lieu  de  le  croire,  par  ce  que  nous 
voyons,  les  mélanges  ne  rentrent  point  dans  le  plan  de  la 
création  (1)?  La  vt'^rilaiile  cause  de  la  fixité  de  l'espèce  ne  réside 
telle  pas  ailleurs  ([uc  dans  l'infécoudité  plus  ou  moins  absolue  des 
hybrides  ".'  N'est-elle  pas  plutôt  dans  cette  répugnance  instinctive, 
naturelle,  qui,  à  l'état  libre,  constitue  un  obstacle  continu  lîtinfran- 
cliissal)le  à  l'union  des  formes  spéciliiiuement  distinctes  ? 

Admettant,  la  chose  arrive  parfois,  que  deux  espèces  peu 
éloignées  (deux  formes  du  moins  que  nous  considérons  comme 
telles)  se  rapprochent  pur  suite  d'un  défaut  d'équilibre  passager 
dans  les  sexes,  et  que  de  ce  rapprochement  naissent  des  produits 
capables  de  se  perpétuer  à  leur  tour,  la  fixité  de  l'espèct!  ne  serait 
point  pour  cela  atteinte.  Les  individus,  nés  de  croisements,  ne 
tarderont  point  à  faire  retour  à  l'un  des  ancêtres  en  se  mêlant 
promptemeut  avec  les  types  purs,  beaucoup  plus  nombreux  et 
beaucouj)  [dus  répandus  qu'ils  ne  le  sont  eux-mêmes.  Ainsi,  se 
trouveront  ils  absorbés  sans  laisser  subsister  aucune  trace  de  leurs 
caractères  mélangés. 

Si  les  phénomènes  de  reproduction  sont  seuls  capables  de  servir 
de  critcnuiii  certain  pour  la  distinction  des  espèces,  si,  par  exemple, 
comme  le  dit  iMiieller  (2),  «  la  reproduction  constante  du  même 
type,  par  l'accouple  ment  acec  son  scmblahle,  est  le  caractère  essentiel 
de  l'espèce  »,  comment  distinguera  t-on  celle-ci  chez  les  êtres  où 

(1)  «  La  non  confusion  possible  entre  deux  espèces  données  est  une  nécessité  pour 
maintenir  l'ordre  dans  l'univers,  dans  la  création  vivante  ii.  (De  Qlualrefages, 
RéiJonse  il  il.  A.  lienffmij  Suml-Uilaire.  Séance  générale  de  la  Soc.  d'acclimatation 
du  i:<  janvier  1882  ;  voir  p.  liUdii  lUilletiii.  prores-verbaux).  —  «  La  nécessité  d'une 
telle  loi  (la  non  conlusiun  des  espèces)  est  presque  évidente  d'elle-niéine,  ou  le 
devient  dès  ipie  l'on  prisse  en  revue,  niènie  d'une  inanière  très  générale,  même 
d'une  manière  très  superficielle,  les  phénomènes  du  monde  vivant  ;  car  si  ce 
principe  ne  présidait  pas  à  loute  reprodiirtion,  comment  serail-il  possible  que 
l'ordre  el  la  variété  se  conservassent  à  la  lois  dans  la  création  animale  cl  végétale'?  i) 
(l'ricliard,  op.  cil.,  t.  I,  p.  17). 

(2)  Manuel  de  Physiologie,  t.  11,  Irad.  de  Jcnirdan. 

Siiclietet.  —  5 


LXVI  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

le  concours  des  sexes  n'est  pas  nécessaire  pour  la  reproduction  ? 
Comment  môme  la  distinguerait-on  chez  des  individus  pourvus  à  la 
fois  des  deux  sexes  et  qui  se  fécondent  eux-mêmes  :  chez  beaucoup 
d'hermaphrodites,  par  exemple?  —  Il  faut  au  moins  qu'on  ait  soin 
d'ajouter  que  le  critérium,  dont  il  s'agit,  n'est  établi  que  pour  les 
animaux  f[ui  se  reproduisent  par  le  concours  des  sexes  séparés.  Car 
la  multiplicité,  par  fait  de  l'accroissement  de  la  forme  existante 
dans  le  germe,  n'est  pas  seulement,  comme  le  remarque  lui-même 
le  physiologiste  que  nous  venons  de  citer,  une  propriété  exclusive 
des  végétaux  :  ((  elle  appartient  aussi  aux  animaux,  qui  paraissent 
même  en  jouir  tous.  Il  y  a  la  multiplication  par  division  ou  scission: 
il  y  a  aussi  la  propagation  par  germination,  c'est-à-dire  la  formation 
d'un  nouvel  être  par  bourgeons  (1)  ». 

Remarquons,  incidemment,  que  M.  Agassiz  admet  le  rapproche- 
ment sexuel  comme  le  résultat  ou  plutôt  l'expression  la  plus  frap- 
pante de  lalliance  étroite  établie  à  l'origine  entre  les  individus  de 
la  même  espèce;  mais  ce  rapprochement  n'est  pour  lui,  en  aucune 
façon,  la  cause  de  leur  identité  dans  la  suite  des  générations  qui 
se  succèdent.  «  L'espèce  existait  pleinement  avant  que  le  premier 
individu,  provenant  de  leur  union,  ne  fût  venu  au  monde  »  (2). 
On  a  craint  peut-être  de  favoriser  la  thèse  transformiste,  si  l'on 
admet  la  fécondité  illimitée  des  hybrides.  «  La  limitation  des 
phénomènes  de  l'hybridité  à  un  très  petit  nombre  de  cas  a  paru, 
dit  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  une  conséquence  presque 
nécessaire  de  la  fixité,  de  l'immutabilité  de  l'espèce  (3)  ». 

Cependant,  tant  que  les  individus  d'espèce  distincte  ne  se 
rechercheront  point  naturellement  et  tant  que  leurs  produits 
retourneront  aux  types  ancestraux,  la  fécondité  des  hybrides  ne 
pourra  être  invoquée  en  faveur  de  l'évolution. 

La  fécondité  des  hybrides  appuierait  si  peu  le  système  de  la 
descendance  transformiste  que  certains  partisans  de  la  fixité  de 
l'espèce  disent  même,  nous  l'avons  déjà  vu  (4),  que  le  contraire  est 

(1)  F.  376. 

(2)  Il  est  vrai,  nous  l'avons  iléjà  dit,  que  M.  .\gassi/.  n'est  |)as  un  nionogéniste.  — 
D'ailleurs,  s'il  venait  à  ùlre  prouvé  que  nos  variétés  domestiques  telles  querelles  de 
moutons,  ou  de  porcs,  ou  de  loups,  descendent  d'une  souclie  unitiue,  M.  Agassiz 
accepterait  les  phénomènes  de  reproduction  comme  le  crilerium  physiologique  de 
respéce.  (Cela  nous  parait  ressortir  d'un  passage  de  la  p.  Uid,  de  Vop.  cii.\. 

(3)  1.  GeolTroy  Saint-Hilaire.  Hisloire  (/l'iu-rale  des  règnes  organiques,  t.  III,  p.  147. 

(4)  In  liludesiir  les  Sitilliens,  critérium  de  la  fécumiité.  (Mémoires  concernant 
l'Bist.  nul.  de  l'empire  Chinois,  par  des  pères  de  la  Compagnie  de  Jésus,  t.  Il  ; 
second  cahier,  p.  109.  Chang-Haï,  1892;  imprimerie  de  la  Mission  catholique,  à  l'or- 
phelinat de  Tou-se-\vé.  Dépôt  à  Paris,  rue  Barbetde-Jouy,  17,  chez  M.  H.  Viguier). 


INTRODUCTION  LXVII 

la  vérité.  —  M.  Matliias  Duval,  un  transformiste,  pense  connue  le 
savant  auquel  nous  faisons  allusion  :  (1)  «  4  pn'on,  dit-il,  dégafïée  de 
ses  rapjjorls  liistoriiiues,  cette  (|ueslion  de  la  possiliilité  et  de  la 
lécondilé  ou  infécondité  des  croisements,  paraît  tout  à  fait  étran- 
gère à  la  discussion  entre  les  partisans  de  la  fixité  et  les  partisans 
de  la  variabilit('  des  espèces.  Que  des  individus  de  types  très  dillé- 
renls  ne  puissent  se  re[)roduire  entre  eux,  cela  doit  résulter  préci- 
sément de  leurs  difTérences  d'organisation  (2)  ». 

Ou  sera  peut  être  satisfait  de  savoir  comment  l'autcmr  des 
Mémoires  sur  l' h tstoirt;  iialurelie  de  la  Chine  prévoit  l'objection  qu'on 
peut  lui  faire,  à  savoir  que  (suivant  sa  théorie)  les  espèces  ne 
sont  jdus  lixe.s,  indépendantes  les  unes  des  autres.  Voici  comment 
il  y  répond  :  »  (^est  une  erreur,  car  il  ne  faut  pas  oublier  ]ilusieurs 
faits  très  probants,  l'remièrenient,  les  hybrides  naturels  sont  très 
rares  ;  secondement,  l'Iiybridation  n'atïecte  pas  profondément  les 
notes  s]iéciliques  ;  troisièmement,  le  retour  est  inévitable  dans  les 
milieux  libres  ;  il  est  à  la  disposition  de  l'éleveur  dans  la  domes- 
ticité. Les  naturalistes  conviennent  du  premier  fait.  Le  secoud  est 
vrai  aussi,  puistiu'il  est  toujours  possible  de  leconnaître  les  (sspèces 
hybridantes.  Le  troisième,  étant  démontré  pour  les  races,  est  vrai 
à  plus  forte  raison  pour  les  espèces  (3)  ». 

Quoiqu'il  soit  de  ces  diverses  appréciations,  que  d'ailleurs  nous 
ne  faisons  pas  nôtres,  et  que  nous  ne  soutenons  point  sans  réser- 
ves (4),  un  fait  considérable  semble  se  dégager  des  études  sur 
l'hybridité,  et,  lorsqu'un  fait  est  bien  avéré,  il  est  difficile  de  n'en 
point  accepter  les  conséquences  :  c'est  (|ue  l'inféconilite  est  la  règle 
générale  à  laquelle  obéissent  presque  tous  les  produits  provenant  de 
croisements  contractés  entre  individus  appartenant  à  des  espèces 
bien  distinctes.  Nous  avons  vu  que  les  individus  hybrides,  doués 
d'une  fécondité  relative,  ne  prennent,  en  général,  naissance  que 
dans  les  croisements  de  types  rapprochés  appartenant  à  un  même 
genre.  Après  les  lechcrchcs  très  étendues,  les  travaux,  les  examens 
auxquels  nous  nous  sommes  livré  depuis  des  années,  (puisque 
nous  avons  fait  de  l'hybridité  l'objet  constant  de  nos  études),  nous 
ne  trouvons  nulle  part  des  hybrides  ayant  perpétué  leur  race. 
Qu'on  cherche,  parmi  tous  les  croisements  (pie  l'on  a  cités,  cette 
espèce  hybride  se  perpétuant  avec  des  caractères  constants  et  fixes, 

(1)  Le  (>.  Meuilf. 

(2)  Kevue  scienUUiiue.  1S84,  p.  160. 

(3)  iteiiioires  déjà  cUé?. 

(4)  l>;ins  lout  ce  que  nous  venons  de  dire,  nous  ne  nous  sommes  posé  que  des 
questions  ;  nous  n'avons  voulu  les  résoudre  par  aucune  allirniation. 


LXVIII  DES    HYBHIUES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

dilTéraut  lie  ceux  des  espèces  pures  d'où  elle  provient,  nulle  part 
on  ne  la  découvrira.  On  rencontrera  bien  cà  et  là  des  générations 
d'hybrides;  mais  nous  avons  vu  que  l'une  des  espèces  mères  a  été, 
à  un  moment  donné,  redemandée  pour  régénérer  le  saug  et  les 
caractères  mixtes  prêts  à  disparaître.  Il  est  encore  absolument 
vrai,  comme  le  proclamait  naguère  un  grand  savant  (1),  que  «  les 
hybrides,  mélange  imparfait  de  deux  natures  diverses,  tendent 
sans  cesse  à  se  démêler  et  à  revenir,  par  un  retour  forcé,  à  une 
nature  propre  et  exclusive  (2)  ». 

En  présence  de  ce  fait,  on  ne  peut  méconnaître  le  rôle  important 
que  les  phénomènes  de  reproduction  ont  à  jouer  dans  la  question 
de  l'espèce.  —  Jusqu'où  néanmoins  ce  rôle  peut-il  s'étendre?  Nous 
ne  saurions  le  dire.  Il  est  des  questions  d'un  grand  intérêt  dont 
la  solution  n'est  malheureusement  pas  possible. 

Ce  qui  constitue  la  distinction  spécifique,  c'est  assurément  la 
dillérence  d'origine  entre  les  individus.  Cela  a  déjà  été  dit  (3)  : 
mais  cette  assertion  ne  nous  donne  aucun  moyen  de  contrôler  la 
validité  de  l'espèce  dans  certains  cas  douteux  où  les  formes  et  les 
nuances  sont  très  rapprochées.  Peut-on  dire  que  «  toutes  les  fois 
que  deux  êtres  ne  diffèrent  l'un  de  l'autre  que  par  des  traits  qu'il 
sera  possible  de  rapporter  à  l'action  d'une  cause  moilificatrice, 
ces  deux  êtres  seront  de  la  même  espèce,  et  réciproquement  ces 
êtres,  que  séparent  des  différences  si  essentielles  qu'elles  ne 
sauraient  s'expliquer  par  les  causes  que  nous  voyons  agir,  sont 
d'espèce  différente  (4)  ».  Ce  raisonnement  paraît  juste  et  l'expli- 

(1)  Flourens,  in  Journal  des  Savants,  p.  27'i,  mai  1863  (cit.  par  Naiidin). 

(2)  Mais  on  doit  constater  que  les  métis,  dans  leurs  premières  générations  se  com- 
portent de  la  iiiême  manière.  —  Broca  lui-même  a  écrit  ces  lignes  :  fc  La  nature 
conservatrice,  jalouse  de  maintenir  dans  les  espèces  qu'elle  a  créées,  sinon  la 
pureté  du  sang,  du  moins  l'inviolabilité  des  formes,  i>l)lige  promptemcnt  la  race 
liybride  à  revêtir  tous  les  caractères  de  l'espèce  primitive  la  plus  voisine  el  à  se 
confondre  entièrement  avec  elle.  »  A  ce  propos,  rappelons  quelques  paroles  de 
M.  de  Quatrelages  :  «  On  dira  peut-être  qu'on  parviendra,  dans  un  temps  plus  ou 
moins  éloigné,  à  fixer  quelques-unes  de  ces  suites  épliéinères,  de  manière  à  cons- 
tituer une  race  hybride;  cela  n'est  pas  impossible,  et  je  suis  de  ceux  qui  n'assi- 
gnent aucune  limite  aux  progrès  de  l'industrie  humaine.  J'ajoute  cependant  que 
ce  n'est  pas  probable,  .\ussi  loin  que  remontent  les  souvenirs  de  l'humanité  sur 
toutes  les  espèces,  le  fait  ne  s'est  jamais  produit  !  La  loi  du  retour,  en  eflet,  est 
là  qui  parait  s'opposer  dune  manière  absolue  à  la  fixation  d'un  type  hybride 
quelconque  ».  R.  d.  C.  S.,  18GS-1SG0,  p.  IS6. 

(3)  Magazin  of  Natural  llistory,  vol.  IX,  1836. 

(4)  llombron  (d'a|)rès  lilumcnbarh).  Or  l'Iioiiiiiie  l't  îles  races  hiuii'iiiit'.i,  p.  'Sii. 


INTRODUCTION  LXIX 

ciitiou  iiifïéuieuse;  mais  son  application  serait  très  difficile  (t). 
Celte  question,  la  distinction  des  espèces,  n'est  pas  neuve  ;  Jean 
Locke  prétendait  déjà  de  son  temps  qu'elle  ne  pouvait  se  faire 
au  moyen  de  la  ijénération  (2).  C'est  ce  que  disent  aujourd'hui  tous 
les  naturalistes  qui  n'appartiennent  point  à  l'école  classique,  c'est- 
à-dire  ceux  qui  n'admettent  point  la  fixité  de  l'espèce.  Pour  nous, 
celle  fixité,  (lu'elle  existe  ou  non,  ne  sera  jamais  compromise  par  les 
croisements  naturels.  Hroca  a  bien  dit  qu'il  sullirait  «  qu'un  seul 
croisement  d'espèces  donnât  lieu  à  un  type  nouveau  et  durable, 
pour  que  la  permanence  des  espèces  cessât  d'être  une  loi,  pour 
qu'elle  ne  fût  plus  qu'une  régie  (3)  »  ;  mais  ce  croisement  ne  s'est 
point  encore  réalisé,  même  par  l'industrie  humaine  ;  c'est  en 
vain  (pie  nous  l'avons  cherché  parmi  le  grand  nombre  de  croise- 
ments (lue  nous  avons  siij;nalés.  ((  Le  jilus  grand  fait  de  l'histoire 
naturelle,  a  dit  Flourens,  est  celui  de  la  fixité  de  respè(2e  (4)  ».  Le 
dire  de  l'éminent  physiologiste  n'a  pas  encore  été  contredit.  Le 
sera-t-il  dans  la  suite  ? 

Ou  vient  d'étudier  qu(ds  sont  les  phénomènes  de  la  génération 
(fécoudaliouet  reproduction)  dans  les  croisements  d'espèce  et  dans 
les  produits  qui  résultent  de  ces  croisements.  Il  sera  bon  d'envi- 
sager les  mêmes  phénomènes  dans  les  mélanges  de  races  et  de 
variétés  comme  dans  les  produits  de  ces  alliances.  Ils  sont  très 
diflérents  :  les  croisements  de  races  sont  toujours  féconds  ainsi  que 
les  produits  (|ui  en  résultent  ;  les  races  les  plus  disparates  au 
l)oint  de  vue  de  la  forme  et  des  couleurs,  s'allient  entre  elles  avec 
fruit,  lorsque  toutefois  le  rapprochement  n'est  point  devenu 
physi(iuement  impossii)le.  On  ne  cotinait  point  de  descendants  de 
races   croisées,   (ce   que   nous    apijcllerons  les  jl/cV/.s),    se   faisant 

(1)  Revenant  sur  le  sujet  (lij;i  lrait(>  dans  la  noie  de  la  page  xvi,  nous  rappelons 
que  M.  Sanson  prétend  ijue  riiez  les  Mainmil(''res  les  os  de  la  tète  ont  des  proportions 
et  des  formes  Imil  à  fait  spé<ili(|nes.  «  Oliaiiue  espèce  naturelle. dit-il,  a  un  lyperéri!'- 
bral  et  un  type  (arial  i|ui  liii  sont  propies  et  c|u°au(  une  inlliience  de  milieu  ne  peut 
faire  varier  d'une  fai.<>u  durable.  L'éluile  approfondie  des  animaux  doinestiques, 
soumis  depuis  si  lon^;temps  à  des  tentatives  de  modilii-ation  si  souvent  renouvelées, 
nous  l'a  expériiuentalenu'ut  ilémoniré  d'une  manière  suialiondante.  Tels  étaient  à 
cet  égard  ceux  dont  nous  possédons  des  restes  fossiles,  tels  nous  les  retrouvons 
encore  aujourd'hui.  Le  type  oraniologicpie,  eonelue-lil,  est  donc  absolument  lixe 
ou  permanent  dans  l'étendue  de  temps  que  nos  observations  peuvent  embrasser  ». 
Il  en  serait  de  même,  d'après  le  même  auteur,  pour  les  autres  parties  fondamentales 
du  squelette,  nous  l'avons  vu. 

(2)  P.  330.  De  ienlendcmenl  (Irad.  hauç.). 

(3)  0/).  Cil.  Pages  «S  et  130. 

(4)  Journal  des  Savants,  mai  iSSi. 


LXX  DES    HYRRIDES    A    L  ETAT    SAlIVA(iE 

remarquer  par  leur  stérilité  ;  au  contraire,  souvent  le  croisement 
entre  races  accroît  la  fécondité,  a  Le  métissage,  a  dil  avec  beaucoup 
de  raison  M.  de  Qualrel'ages  (1),  est  partout  et  toujours  facile.  Il 
entraîne  une  fécondité  régulière,  indélluie,  égale  et  ]iarfois  supé- 
rieure à  celle  des  individus  de  même  race,  quelque  différentes 
que  soient  les  races  ;  souvent  il  est  accompagné  de  superfétation  ». 
Des  éleveurs  nous  ont  fait  connaître  des  exemples  où  les  métis 
sont  plus  prolifiques  que  les  espèces  dont  ils  dérivent  (2).  Aucun 
cas  bien  constaté  de  stérilité  dans  les  croisements  de  races  domes- 
tiques animales  n'est  venu  à  la  connaissance  de  Darwin,  «  ce  qui 
contraste,  a  remarqué  le  naturaliste  anglais  (3),  avec  la  stérilité 
si  fréquente  chez  les  espèces,  mêmes  voisines,  lorsqu'on  les 
croise  ».  Il  cite  MM.  Boitard  et  Corbie  (4)  qui,  après  quarante-cinq 
ans  d'expériences,  recommandent  aux  éleveurs  de  croiser  les 
races  :  «  attendu  que  les  métis  sont  toujours  plus  féconds  que  les 
individus  de  race  pure  (o)  ».  Godrou  a  aussi  reconnu  (6)  que  la 
fécondité  est  augmentée  par  le  croisement  des  races. 

Mais,  si  nous  croyons  certains  auteurs,  de  même  que  chez  les 
hybrides,  les  métis  ne  conserveraient  que  dinicilement  leurs 
caractères  mélangés;  ils  feraient  retour  au  type  de  l'un  des  ancêtres. 
C'est  là  une  importante  question  à  envisager,  .\vant  de  l'aborder, 
il  sera  bon  d'établir  un  point  :  que  les  races  s'allient  sans  répul- 
sion. 

Il  serait  presque  superflu  de  rappeler  ce  qui  se  passe  dans  nos 
rues  où  les  Chiens,  de  quelque  variété  qu'ils  proviennent,  se 
recherchent  et  se  marient  entre  eux.  ((  Tous  les  Chiens,  a  dit  Ray, 
se  mêlent  dans  la  génération,  et  la  race  qui  jirovient  de  ce  mélange 
est  prolifique  (7)  ».  De  même  pour  les  Chevaux  dans  nos  écuries, 
les  Bestiaux  dans  nos  étables,  les  Poules  dans  les  basses-cours,  les 
Lapins  dans  leurs  clapiers,  les  Pigeons  dans  les  colombiers.  Tout 
le  monde  sait  que  dans  les  lieux  où  l'on  tient  eu  parquets  séparés 

(1)  Rev.  des  Cours  scient.,  I.  5, 1867-1868. 

(2)  M.  X.,  de  Fragiiioreaii  (Vendée)  qui,  ayant  croisé  le  Serin  liollandais  avec  la 
race  de  Saxe,  a  obtenu  trois  et  (|uatre  générations  de  métis,  croit  s'être  aperçu 
que  les  œufs  clairs  sont  pins  rares  que  lorsque  les  espèces  pures  reproduisent  entre 
elles.  — On  remarque  (dans  le  Bull,  de  la  Soc.  d'accl.,  p.  715,  I8(ii)  qu'une  Brebis 
d'Astrakan,  croisée  avec  un  Bélier  Ti-yang,  donna  deux  jeunes,  alors  qu'ordinai- 
rement celte  race  ne  produit  qu'un  seul  jeune,  etc. 

(3)  Variations,  etc.,  t.  II.  p.  IM. 

(4)  in  Variations,  etc.,  t.  II,  p.  134. 

(5)  les  Pigeons.  1S22,  p.  ;io. 

(6)  De  l'Espèce,  t.  II,  p.  217. 

(7)  Wisdum  of  (Sod  in  the  irealion,  London,  p.  31. 


INTRODUCTION  LXXI 

les  diverses  races  de  Volailles,  les  Coqs  ardents  passent  au-dessus 
des  giillages  et  se  rapprochent  des  Poules  voisines  ;  celles-ci 
recherchent  de  la  niùnie  manière  les  luàles  étrangers  à  leur  race. 
Ainsi  se  conduisent  dans  les  colombiers  les  grands  Boulants  qui, 
tout  en  étant  accouiilcs.  s'approchent  de  toutes  les  femelles  à 
(inclque  race  qu'elles  appartiennent  (1).  Le  môme  fait  s'observe 
dans  les  cages  où  l'on  renferme  diverses  variétés  de  Serins  (2). 

Darwin  (3)  constate  que  les  Moutons,  qui  ne  sont  point  gardés 
dans  certaines  parties  de  l'Angleterre,  sont  loin  d'être  uniformes 
par  suite  du  mélange  que  leurs  tliverses  races  contractent  entre 
elles.  Les  Chinois  varient  leurs  Carpes  dorées  de  mille  manières 
en  séquestrant  leurs  variétés  dans  les  rivières  où  celles-ci  se 
croisent  i«ir  la  [tropagatiou  naturelle  (4).  Les  Lapins  qui  iialiitent 
la  Sicile  et  les  îles  voisines  ont  une  race  à  demi  sauvage  qui 
s'accouple  volontiers  avec  la  race  domestique  (5).  Les  Lapins 
indigènes  des  montagnes  de  Quito  se  mélangent  aussi  avec  les 
Lapins  importés  d'Europe  (6).  Les  croisements  des  Abeilles 
italieunes  et  de  nos  Abeilles  se  produisent  si  naturellement  qu'ils 
(h'viimnent  bi';iurou|)  trop  fré(iuenls  pour  les  a])iculteurs  (7). 

S'il  failiiit  cataldguer  les  croisements  qui  ont  été  ojjtenus  sans 
l'intervention  de  l'homme  parmi  les  races  animales  qui  vivent 
côte  à  côte,  nous  n'en  (inirions  pas.  Ils  sont  si  faciles  que,  suivant 
la  juste  remarque  d'un  éminent  anthropologiste  (8),  «  l'art  de 
l'éleveur  consiste  moins  à  les  obtenir  qu'à  les  empêcher  ».  Si,  de 
même  ou  devait  dresser  la  liste  de  Ions  les  produits  issus  de  races 
par  sélection,  c'est-à  dire  tous  les  mélanges  provoqués,  la  nomen- 
clalure  u'en  serait  pas  moins  longue.  Les  races  sont  cependant, 
parmi  nos  animaux  domestiques,  infiniment  moins  nombreuses 
que  les  espèces  répandues  sur  la  surface  du  globe  au  nombre,  dit- 
on,  de  trois  cent  iniHc. 

(1)  Ces  reoseigoements  nous  sont  fournis  par  M.  La  Perrc  cli;  Uoo,  l'auteui'  du 
Guide  illttslré  île  l'Eleveur. 

(2)  M.  Villermct,  de  Cliainbéry,  nous  cite  des  exemples  de  ce  genre. 

(3)  Varialiiiu  ile.t  Animaux  et  îles  l'Uniles,  trad.  franc.'.,  t.  Il,  p.  92. 

(4)  Cosie,  Inlroiluction  il  lu  l'isciculture,  p.  :il. 

(.1)  Conimuiiiralion  <|iii  nous  a  été  adressée  par  M.  le  prof.  Doderlin,  de  Palerme. 
(f)|  M.  G.  Ganljolana,  de  ceUe  ville,  veut  bien  nous  écrire  que,  tout  au  moins, 
on  a  obtenu  des  croise[nenls  entre  ces  deu.x  races. 

(7)  CoHimunicaiion  de  M.  I,.  de  Marcé,  de  la  Vendée. 

(8)  M  .  l'abho  llauiaril,  l)eu.r  ohjectinn.t  contre  le  mnnngénisme.  —  La  permiinence 
des  caractères,  les  jihi'nomi'nes  de  la  génération.  Mémoires  présentés  au  Congrès 
scientifique  international  des  catholi(|ues  de  1888.  (Voy.  le  compte  rendu,  t.  Il, 
Paris  ISSy,  p.  GIT).  Sixième  section;  sciences  anthropologiques. 


LXXII  DES    HVBHIDES    A    L  KTAT    SAUVAGE 

Voici,  en  passant,  les  noms  de  quelques-unes  de  ces  variétés  dont 
le  croisement  s'accomplit  sous  nos  yeux,  et  donne  le  plus  souvent 
d'iienreux  résultats.  (Nous  n'en  parlons,  personne  ne  l'oublie,  qu'au 
point  de  \'ue  de  la  génération)  : 

Race  ovine.  —  Tzigaye  X  Mériuos  (1)  ;  Ovis  steatopygos  X  douze 
races  difïérentes  ;  la  $  X  Ocis  arirs  hisp/micus  (2)  ;  Moutons  de 
Tarlarie  à  grosse  queue  X  Moutons  d'Espagne  (3)  ;  Ti-yang  cf  X 
Brebis  ord.  (4)  ;  Ong-Ti  X  Romanow  (3)  ;  Bélier  anglais  sans 
cornes  X  Brebis  suédoise  (G)  ;  Bélier  du  Sénégal  X  Brebis  Bomar- 
sand(7);  Brebis  mérinos  mauchamp  X  Béliers  South-down  ;  Brebis 
écossaise  X  ce  dernier  (8)  ;  Ti-yang  X  Brebis  d'Astrakan  (9)  ; 
Ti-yang  X  Brebis  Romanow  (10)  ;  Ong-Ti  X  Brebis  du  Naz  (11); 
Brebis  chinoise  demi-sang  X  Bélier  Cotswald  (12)  ;  Moutons  chinois 
X  Brebis  mérinos  Moutons;  Romanowski  avec  races  françaises  (13); 
Brebis  mérinos  X  New-Leicester  (14),  etc. 

Race  caprine.  —  Chèvre  anglaise  X  Chèvre  de  Nubie  (13)  ;  Chèvre 
du  Tliibet  X  Race  ordinaire  (IG)  ;  i'.apra  deprc^xii  x  Capra  reversa  (17); 
Chèvre  de  Nubie  X  Bouc  ordinaire  (18);  Chèvre  Angora  x  Chèvre 
du  Mont-Dore  (19);  Capra  hircus  v^ilgaîisx  rerersus  (20);  Chèvre 
Angora   X    Chèvre  ord.   (21)  et   de   Cachemire  (22);   Chèvre  des 

(1)  Bull.  Soc.  acclimatation,  181)8.  p.  66. 

(2)  Hyrtl.,  in  C.  R.  Acad.  de  Vienne,  p.  147. 

(3)  Pi-icliard,  op.  cit.,  t.  I,  p.  6l)  et  p.  57. 

(4)  Bull.  Soc.  accl.,  1867,  t.  IV,  p.  29,  p.  746.  1868,  p.  3b0. 

(5)  Bull.  Soc.  accl.,  1864,  p.  237.  Iter  zoologische  (iarlen,  Fraiikfuit.  1864,  p.  77, 
p.  258. 

(6)  Caroli  a  Linné  (Amwnilali^  academicsc,  etc.  1873). 

(7)  Bull.  Soc.  accl.  1865,  p.  133. 

(8)  Bull.  Soc.  accl.  1858.  p.  623. 

(9)  Bull.  Soc.  accl.  1864,  p.  715. 

(10)  Bull.  Soc.  accl.,  1864,  p.  71o. 

(11)  Bull.  Soc    accl.,  p.  74.  (Rappelé  in  Zoolische  G.irten,  1864,  p.   198). 

(12)  Bull.  Soc.  accl.,  1860,  p.  44. 

(13)  Bull.  Soc.  accl.  1S6.H,  p.  XXVII.  Voy.  aussi  t.  IV,  1887,  p.  XLl. 

(14)  Bull.  Soc.  accl.,  1862,  p.  465. 

(15)  Chez  M.  John  Wiggines  de  Market-Harbon  (communication  de  celui-ci). 

(16)  Bibliothèque  universelle  des  Se,  Belles  lettres  et  Arts.  Genève,  1832,  I.  I. 
p.  43. 

(17)  Linné,  in  Siijsl.  nat.,  t.  XII,  p.  95;  et  Blumenbach,  p.  10. 

(18)  Godron.  De  l'Espèce,  t.  I,  pp.  213  et  214. 

(19)  Bull    Soc.  ac.-l..  1881.  p.  654. 

(20)  Jardin  de  s'Oravenhague. 

(21)  Bull.  Soc.  accl.,  1867,  p.  178, 

(22)  Bull.  Soc.  accl.,  1862,  t,  9,  p.  87,  et  1864,  p.  66 


INTROni'CTlON  LXXIM 

Pyrt'iu'-esx  Bouc  (rKgyi)le  (I);  Chèvre  de  NalolieX  ('hèvrc  Itlaiiclie 
de  Suéde  (2)  ;  Capra  n'i/itros  x  <'■  mcijacerox  (lî)  ;  Cl)è\Te  de  race 
africaine  X  Hace  indigène  de  Païenne  (4);  CniirahiiTUHXC.  Hier  {"y); 
Bouc  d'Angora  X  Chèvres  indijj;ènes,  maltaises  et  exotiques  (6)  ; 
enfin,  croisements  divers  de  Chèvres  à  la  Uritish  Goal  Society  de 
New  .Malden  (Surrcy)  (7). 

Kack  bovine  ;  hace  porcine.  —  lAace  écossaise  sans  cornes  X  Vaches 
à  cornes  (8)  ;  Binh-Thiiau  X  Vaches  de  Londres  ('))  ;  Races 
liovincs  indigènes  de  la  i)rovince  d'Utline  X  Uaces  suisses  de 
Simineuthal  et  de  Fribourg  (10)  ;  Race  hollandaise  X  Race 
suisse  (11);  Bo'ufs  de  Berne  X  Bœufs  de  Hongrie;  de  Hongrie  x 
Diirliam;  de  Berne  X  Zillertlial  (12).  —  Porcs  indigènes  X  Races 
anglaises  (13)  ;  Verrat  VorUsiiire  X  Truie  craonnaise  (  14);  Cochon 
dom.  X  Sanglier  ri"));  Race  porcine  d'Essex  X  Race  de  la 
Chine  (16),  etc. 

RoNC.KURS.  —  [^apin  argenté  X  Lapin  des  Fiandriis  (17);Laiiin 
.\ngora  x  ord.  (18);  Angora  X  Cachemire  (19)  ;  Lapin  russe  X  Lapin 
de  garenne  (20);  Lapin  domestique  importé  d'Europe  X  Lapin 
Indigène  des  montagnes   de  (Juito  (21)  ;   Souris   grise  x    Souris 

(1)  Bull.  Sur.  accl.,  ISA  |).  3i3. 

(2)  Der  KoniHlick  Scliweiiischc  Akademie  VVissenscli:i(leii,  17'il),  |),  22t. 

(3)  Xoologiral  Giirilfiia,  lSr,8,  p.   I.ï2. 

(4)  Coinm..  rtu  prof.  Dodci-lin. 

(:))  Faune  des  yertrbres  île  la  Suisse.  I8S2,  p.  273;  voir  aussi  Ilyrll  {op.  cit., 
p.  141))  qui  eilo  Biown,  p.  I(il>,  voir  encore  Branrt.  Dicl.  of  scien 

(fi)  Bull.  Soc.  aed.  18ij8,  p.  171.  et  1809,  p.  19,  voy.  aussi  Caioli  m  Linné,  Miiœ- 
mitdlis,  etc.,  et  Bose,  De  generalione  hyhrida. 

(7)  Communication  île  M.  l'aul  Thomas.  Voy  aussi  Bull.  Soc.  accl.,  5  août 
1889,  p.  707. 

(8)  Grogniei-,  Maison  rustique,  p.  430. 

(9)  Bull.  Soc.  accl.   188().  p.  :i95. 

(10)  Communicaiion  de  M.  Domenico  Pœcile,  d'Udine. 

(11)  Bull.  Soc.  accl.,  1862,  p.  4fi2. 

(12)  Comm.  du  D'  Wilkens  de  Vienne. 

(13)  A  Udine(Soc.  (l"Aj;ricull.  )  communie. itloii  de  M    Dominico  INecile. 

(14)  Chez  .\l.  Tislei-,  à  Salloii  (l.oii-ctCherK 

(lli)  Très  connu  et  tri'S  commun.  Voy.    Pline  Vlll,  LX.XIX;  .loui-nal  des  Haras, 
184.S,  l.  XLV;  Bull.  Soc.   accl.  tSSi,  p.  :J83.  etc. 
(IH)  Chez  M.  Ch.  de  BcUeyme. 
(17)  Chez  M.  Gipoulon  aîné,  de  Sauveture. 
(I8|  Bull.  Soc.  accl.,  18(i4,  p.  (56. 

(19)  Bull.  Soc.  accl.,  18<)2,  t.  IX,  p.  87. 

(20)  Chez  M.  Courant,  à  Créteil  (Seine). 

(21)  Comm.  de  M.  G.  Gangotana. 


LXXIV  DES    HYUniDES    A    L  ETAT   SAl'VAGE 

blnnclie  ;  Hat  uoir  X  Rat  blanc  ;  Ecureuil  roux  X  blanc,  etc.  (1). 
CARNASSiiiKS.  —  Chioii  danois  X  le  Uluier  dogue  (2)  ;  ce  dernier 
X  (Milieu  danois  (;i);  (Chienne  setter  (couchant)  X  Chien  d'arrêt  (4); 
Canis  africnnus  X  Chienne  couchante  (3)  ;  Dingo  X  Chien  ord.  (6); 
Barbet  X  Lévrier  (7i  ;  Chien  inàtin  X  Levrette;  Epagneul  X 
Barbet  (S)  ;  Braque  X  Epagneul  (9)  ;  toutes  les  races  de  Chiens 
en  général,  comme  toutesles  races  de  Chats;  et  même  Chat  sauvage 
X  Chat  domestique  (10). 

.  Race  galline;  race  colombine.  —  Poules  indigènes  X  races 
françaises,  de  Houdan  et  de  Crèvecœur  ;  aussi  races  anglaises  de 
Dorking  X  l'aces  asiatiques  de  Langshara  et  autres  (11);  (;oq  phénix 
X  Poules  de  Houdan  (12);  Crèvecœur  X  Race  commune  (13);  Padoue 
cT  X  Issoudum  9  ;  Poules  Bantam  X  Cochinchinois  cf  (14)  ;  Poule 
de  race  commune  X  Barbezieux  noir  (15)  ;  Poule  négresse  X  Nanga- 
saki  noir  cT  (16);  Coq  de  Cochinchine  X  Poule  de  la  campagne; 
Coq  d'Italie  X  Poule  cochinchinoise  (et  vicevrrsâ)  ;  Co(]  d'Italie  X 
Poule  Livo  Chalo(17);  Coq  Brahmapootra  X  petite  Poule  anglaise(18); 
Plymouk  rock(common)  9  XLangsham  croadcf;  Coq  sans  queue  X 
Poule  ord.  (19);  Coq  frisé  X  Poule  ord.  (20):  Langsham  X  Poule 
cochinchinoise  (21);  Padoue  (var.  hoU.  bleue)  à  huppe  blanche  cT  X 
Cayenne  9  (22);  Langsham  xPlyniouth;  Banlain  rosster  X  grande 

(t)  Voy.  Coladoii;  Darwin.  Jean  de  Fischer,  etc. 

(2)  Au  zoologisli  Ilave  île  Copenliague. 

(3)  Au  même  jardin. 

(4)  Principes  of.  Human,  phynology.  I.ondun,  ITTiî. 
(o)  Derzool.  Garten,  p.  «0.  ISfin. 

(fi)  .lardin  d'acelimataUon  et  ailleurs. 
(7i  Broca,  op.  rit.,  p.  421,  422. 

(8)  Chez  le  coinle  Glierards  Krajelin  de  Ramysillo  (d'L'dine). 

(9)  De  la  géiioralinn,  1828,  p.  123. 

(10)  De  la  généralion,  pp.  121,  122,  1878. 

(11)  Soc.  d'Agricnl.  d'Udine;  communication   de  M    Domenico  Pœclle,  de  celte 
ville. 

(12)  Chez  M.  Bourguel,  de  Tournai. 

(13)  La  Perre  de  Roo,  op.  cil.,  p.  17. 

(14)  Id.,  pp.  32  et  33. 

(15)  Chez  M.  Salle,  de  Barbezieux. 

(16)  Chez  M.  Salle  de  Barbezieux, 

(17)  Elevage  de  Klawieter,  d'Anklam. 

(18)  Bull.  Soc.  aecl.,  1867,  1803. 

(19)  De  la  geiiéTalion,  1826,  pp.  120  et  121. 

(20)  Même  ouvrage,  mêmes  pages. 

(21)  Chez  M.  Gipombon,  de  Sauveterre. 

(22)  A  Autiville. 


INTRODUCTION  LXXV 

v;iriL'lc  (le  la  Poule  (  I)  ;  Pigeons  bagailais  X  Glands  boulants  (2)  ; 
le  Long  faced  Buld-head  X  le  Triiinbler  i3)  ;  et  quantité  d'autres. 

Anatidks.  —  (lanard  labrador  X  Pingouin  (4)  ;  Canard  ord.  X 
(;auai(l  (lu  Labrador  (ii)  ;  re  dernier  X  Canard  de  Pékin  (0);  ce 
dernier  X  Canard  ord.  (7)  ;  Canard  ord.  du  Hliin  X  Canard  cendré 
de  Hurliani  (8);  Canard  d'Aylesbury  X  Canard  du  Labrador  (D)  ; 
Canard  de  Buenos-.\yres  et  Canard  d'Aylesbury  (10);  Canard  de 
Rouen  X  Canard  du  Labrador  (II). 

Il  nous  paraît  inutile  de  pi-oloiiger  ces  citations  ;  ne  serait  il  pas 
tout  à  fait  fasiidieux  de  citer,  par  cxeni|)le,  parmi  les  petits 
Oiseaux  de  cage,  les  croisements  du  Serin  de  Saxe  et  du  Serin 
bollandais,  du  Serin  ord.  jaune  et  du  Serin  panaché,  du  Serin 
hujipé  et  du  Seiiu  ord.,  ou  de  ce  dernier  avec  le  StM-iu  de  Saxe. 
C'est  aussi  pour  mémoire  que  nous  rapjjelons,  parmi  les  Insectes, 
les  croisements  de  diverses  races  de  Vers  à  soie,  ou  de  diflércntes 
variétés  d'Abeilles. 

Que  l'on  ne  croie  pas  que  ces  croisements  soient  dus  à  l'influence 
qu'exercent  sur  les  animaux  la  captivité  et  surtout  la  domesticité, 
laquelle,  suivant  la  chaude  expression  de  Buflon,  ((  rend  l'animal 
lascif  1).  A  l'état  sauvage,  à  l'état  de  nature,  loisque  deux  races 
distinctes  se  rencontrent,  on  constate  aussitôt  des  rapproche- 
ments. —  En  veut-on  des  exemples'.'  Un  en  trouvera  de  nombreux 
cités  dans  le  cours  de  cet  ouvrage;  rappelons-les  sommairement  : 
Coturnij  cotuinix  X  Cotumij-  japnnica;  l'Iiasianus  turquatits  X  Ph- 
versicolor:  Ph.  mongoliens  X  Ph-  xemi-torquatus  ;  Ph.  decollatus  x  Ph. 
vultiaris  ;  Ph.  nionijoliru.';  x  Ph-  c/i/v/.sowc/a.s  ;  /'/).  versicolor  X  Ph. 
colchieus  ;  Ph.  loniuatiis  X  l'h.  moiigolicus  ;  Phalacrorax  nfricanus  X 
Ph.  pyt/mœus;  l.iinosa  lapponicax  /-•  uiopygialis  ;  Spizella  pallidax 
Spizella  011  r.  hreireri;  l'a.^ser  ilaliu'  X  l'a.ssrr  ilowcstiemi:  Passer  ilaliw 
X  /'■  salicicolcn  ;  Cyiinestes  llavipectus  X  C.  c.  var.  Tian-'ichimicns ; 
Acredula  caudala  x  -4.  irbyi  ;  Acredula  rosea  x  .4.  irbyi  ;  MotacHln 

(1)  Foreslamt  Slreani.  New- York,  vol.  I,  p.  342. 

(2)  Hull.  Soc.  acel.,  1K87,  p.  6o3. 
(;tl  La  l'cirr  de  Hoo,  op.  cit. 

(4)  Darwin,   lariulion.t.  I.  Il,  p.  10t. 

(;)|  Coitile  Arrluoni  dt'uli  Oildi  de  Padoiie  (Aleneo  \'cneto,  tS87)  el  .lournal  r.Aeili- 
matalion,  n»  du  2(1  fév.  1887. 
((■))  Hdll.  Soc.  dVcl.,  1887,  p.  :«(. 
(7)Cliron.  de  la  Soc.  daccl,  2U  fév.  1887. 

(8)  lîiill.  Soc.  d'accl..  1873,  p.  GO. 

(9)  Variation  des  Aiiinianx  et  des  Plantes,  I.  Il,  p.  42. 

(10)  Hiill.  Soc.  accl.,  18<i7,  p.  174. 

(11)  Bull.  Soc,  accl.,  10  août  18fiO,  p.  422. 


LXXVI  DES   HYBRIDES    A    l'AtaT    SAUVAHE 

nihii  X  -'/■  Itii/uliris  ;  lïiiiJijtPs  jinra  X  H.  ciniijieslris  ;  Budytes  flnnt 
X  B.  bori'alis;  Ci/aufcula  wolft  X  t'//-  leucocfianen  :  ('ijuncrnJn  xuecini 
X  Cy.  leucocyanea  ;  Cynnecula  trolfiXCy.  suecica  ;  l'hiloinda  luscinia 
X  /'/).  major;  Cinclus  cashmiricnsis  X  C.  leucogaster;  Cinclux  cashmi- 
riensis  X  C.  sordidus  :  Lanius  major  X  L.  excubitor  ;  L.  lem-opterns 
X  L.  excubitor;  Curmis  coroneX  C.  cornix;  Sitta  europea  X  N.  ciifuia; 
Quiscala  œncus  ;  X  Q.  quiscaia;  Coracias  indica  X  C.  a/finis;  A<juila 
nobilis  X  .4.  daphnea;  Falco  [eldegai  X  F.  tanypterus,  etc.  (1). 

La  liste  de  croisements,  qui  vient  d'être  donnée,  montrant  nom- 
lire  de  races  for!  divei'ses  s'alliant  entre  elles,  laisserait  supposer 
qu'il  n'existe,  entre  variétés  d'une  même  espèce,  aucune  répulsion 
pour  les  mélanjïes.  —  Cependant,  si  nous  en  croyons  Agassiz,  les 
éleveurs  sauraient  depuis  loni^lemps  »  que  les  races  diverses  d'une 
même  es|)èce  ont  moins  de  dis]iosition  à  s'unir  ([ue  les  imlividus 
de  la  môme  race  ».  Si  aussi  nous  nous  en  rapportons  au  ((  i\ouveau 
Cours  d'agriculture  »  de  Déterville,  les  races  domestiques,  très  oppo- 
sées, répugneraient  à  s'accoupler  ensemble;  les  mères  ('.*)  refuse- 
raient même  de  reconnaître  leur  progénitui'e  (2). 

A  cela,  Isidore  Geofïroy  Saint  Hilaire  a  déjà  répondu  qu'il  n'a 
jamais  rien  observé  de  semblable  (3).  Lorsque  des  individus  de 
races  très  opposées  ont  été  rapprocbés  en  temps  opportun,  il 
les  vit  s'unir  et  se  féconder  sans  dillicullé.  C'est  surtout  sur  les 
races  ovines  que  le  savant  zoologiste  a  constaté  ces  faits  ;  mais 
il  possède,  en  outre,  des  observations  relatives  aux  races  canines, 
caprines,  porcines  et  i;allines. — Un  éleveur  de  la  Somme  nous  a 
affirmé  qu'il  a  vu  chez  lui  des  Pigeons  grands  Boulants  s'accoupler 
avec  de  petites  espèces  et  d(niner  des  produits.  —  A  l'appui  de  son 
dire,  Déterville  avait  cité  le  Baibet  et  la  Levrette  comme  répugnant 
à  s'accoupler  (4 (.Quoique  Cuvier  ait  reconnu  leurs  métis  féconds  (5), 
se  rencontre-t-il,  cependant,  quelques  cas  dans  lesquels  la   race 


(1)  Tous  ops  croisements  fijiiiienl  (iiins  notre  ïdhieaii  n'ca/iitulatif.  iVoy.  pp.  '.'^~ 
et  suiv.j;  on  iniliipie  ilaiis  ce  t:ililean  les  paires  on  ils  sont  cites,  tieccils  et  ci'ili- 
(|ués.  Il  peut  toutefois  arriver  souvent  que  les  Oiseaux  que  nous  con- 
sidérons comme  métis  soient  de  simples  intermédiaires  dus  à  des 
influences  climatériques  ou  de  milieu,  comme  nous  avons  soin  de  le 
faire  remarquer,  p.  872  (dernières  lignes). 

(i)  Voy.  p.  29,  art.  Chien.  Voy.  aussi  t.  IV,  p.  ,'!74  (même  article),  t.  I,\,  p.  14. 

(3)  Voy.  son  «  Hisl.  nat.  générale  des  règnes  organiques  »,  1.  III. 

(4)  Voy.  t.  XI,  p.  14  (op.  cii.]. 

(5)  Cuvier  est  cité  par  Broca  (op.  cil.\,  pp.  421,  422  et  423. 


i.mh<iijiii:tio.\  lxxvu 

Hirit  commt'  le  f;iil  respf'co  ?  Ex;iiiiiiioiis  li's  fails(|iii  fitvoris(M;iinnt 
cellt'  iiKuiiéie  de  voir  : 

I.  Vieillot  a  poss(.'(l('  pendaiil  longtemps  des  Oiseaux  des 
Canaries,  non  donicstiiini's.  Icscinels  oui  toujours  refusé  do  s'allier 
aux  Serins  de  eaf^e  (1). 

■2.  Dans  un  district  où  se  trouvaient  ensemble  du  gros  Moutons 
du  Lineolnsliire  et  de  légers  Norfolks,  ces  deux  variétés,  liieu 
qu'élevées  ensemble,  se  séparaient  promptement  aussitùt  (|u'on 
les  mettait  en  liberté. 

3.  Le  Cliien  Alco  du  Mexique  a,  dit-on.  de  l'anlipathic  pour  les 
Cliiens  d'autres  races. 

4.  Le  (liiien  sans  poils,  appelé  (lar  Desmaresl  k  Caribou  »,  ne 
se  croise  pas  volontiers  avec  les  (^biens  européens  (2). 

5.  Dans  le  Paraguay,  on  a  observé  que  les  Chevaux  indigènes,  de 
même  manteau  et  île  même  taille,  s'unissent  enlie  eux  de  préfé- 
rence, et  qu'il  en  est  de  même  des  Ciievaux  importés  de  l'Eutre- 
Rios  et  du  Kanda  oriental  dans  cette  contrée. 

6.  On  jtrétend  f|ue,  dans  le  même  pays,  le  Ciial  domestique, 
importé  d'Euro|)e,  aujourd'hui  sensiblement  modilié,  montre  une 
aversion  très  décidée  contre  la  forme  européenne  (3). 

7.  Dans  les  lies  de  Feroi',  les  ^foutons  indigènes  noirs  à  demi- 
sauvages  ne  se  sont  pas  mélangés  volontiers  avec  les  .Moutons 
blancs  importés. 

8.  Les  Moutons  .Vncons  (race  monstrueuse  moderne  qui  a  vite 
disparu),  réunis  avec  d'autres  .Moutons  dans  un  même  enclos,  se 
rassemblaient  entre  eux,  dit  Daiwiu,  en  se  séparant  du  reste  du 
troupeau. 

'.I.  En  Cii-cassie,  où  se  rencontrent  six  races  de  Chevaux,  on 
assure  que  les  Chevaux  de  trois  de  ces  races  refusent,  lorsqu'ils 
sont  mis  en  liberté,  de  se  mêler  les  uns  aux  autres  ;  ils  s'alta(|uent 
même  avec  fureur. 

10.  Les  troupeaux  de  Daims  foncés  et  clairs,  tenus  ensemble 
dans  la  forêt  de  Deau  (!t  dans  la  New-Forcst,  ne  se  sont  jamais 
mêlés. 

II.  On  a  essayé  inutilement  d'apparier,  au  .lardin  20oIogi([ue  de 

(1)  Voy.  l'art.  Fringîllég  du  ^'nuvcau  Dicl.  d'Utsi.  nal .  de  Oflcrvillc  l.  XII, 
p.  188.  MDCC.WII  ■ 

(2|  Types"  0/  Vanking,  p.  :(8y,  où  on  renvoie  à  Nal.  history  of  l'aragunij .  p.  lui. 

(3|  Cet  exemple  esl  cité  d  après  Renni^cr  par  nombre  d'ailleurs  :  Cari.  VogI, 
Itérons  sur  l'Homme,  p.  uGol;  Mathias  liuval  (Ri-v.  se,  2  lov,  1884,  p.  14u|; 
Ilicckul  {Hisl.  crralion  naturelle,  Irad.  Lplourncau,  1877,  p.  i:JO):  Claus  (Traité 
de  zoologie,  p.  Ij,  1878). 


LXXVni  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

Londres,  avec  des  Lapins  ajiprivoisés,  deux  Lapines  cf  que  Darwin 
avait  importées  de  l'île  de  Porto-Santo,  et  ([ui  différaient  sensible- 
ment (les  Lapins  coannuius. 

12.  Lorsque  pour  ses  expériences  sur  les  croisements  de  races 
de  Pigeons,  le  naturaliste  anglais  crut  devoii'  apparier  des  formes 
très  distinctes,  il  lui  sembla  souvent  que  les  sujets  conservaient 
quelque  préférence  pour  leur  propre  race. 

13.  M.  Wicking,  le  plus  grand  éleveur  de  races  variées  en 
Angleterre,  est  convaincu  que  les  Pigeons  préfèrent  s'apparier 
avec  leurs  semblables  (1). 

14.  Le  Pigeon  de  colombier  aurait  de  l'aversion  poui'  les  races 
de  fantaisie. 

15.  Le  rév.  W.  1).  Fox  possédait  des  troupeaux  d'Oies  chinoises 
blanches  et  d'Oies  communes  se  maintenant  séparées  (2). 

1(5.  Enfin,  on  dit  que  le  Cochon  d'Inde  ne  s'accouple  plus  avec 
son  ancêtre  du  Brésil  (3). 

La  plupart  de  ces  exemples  sont  empruntés  à  Darwin  (4);  plu- 
sieurs ne  prouvent  rien,  nous  allons  le  voir.  —  C'est  en  vain  que 
nous  nous  sommes  mis  à  la  recherche  de  nouveaux  faits. 

Au  sujet  du  premier,  il  ne  sera  pas  oiseux  de  faire  remarquer 
que  les  Canaries  sauvages,  qui  ne  voulurent  point  accepter  les 
races  domestiques,  avaient  tout  aussi  bien  refusé  de  s'allier  entre 
eux  (3).  Leur  captivité  u'avait  point  sans  doute  été  d'une  assez 
longue  durée  pour  les  familiariser  avec  le  nouveau  genre  de  vie 
qui  leur  était  ofTert  et  pour  leur  permettre  d'en  accepter  les  condi- 
tions. 

Au  sujet  du  ileuxième  exemple,  Darwin  tient  à  faire  remarquer 
que  si  les  Moutons  du  Lincolnshire  et  les  Moutons  du  Norfolk  se 
séparaient  après  leur  mise  en  liberté,  cela  tenait  probablement  à 
ce  que  les  Lincolnshire  recherchent  les  sols  riches,  tandis  que 
les  autres  préfèrent  les  sols  légers  et  secs. 

(1)  Comnmnicalion  de,  M.  WicKing  à  Darwin. 

(2)  (;omniuiiicalion  faite  à  Darwin  pai'  le  révérend. 

(3)  Nous  trouvons  cet  exemple  cité  par  MM.  Hackel,  Matliias  Duval  et  Clans. 
Nous  ignorons  à  quelle  source  ils  l'ont  puisé. 

(4)  Ce  sont  les  exemples  désignés  sous  les  n"~  2,  li,  .ï,  7,  8,  9,  Il  et  12  (forint. 
des  Aniiiitiux,  t.  M,  p.  i09).  Darwin  cite  l'exemple  n"  5,  d'après  liengger  (p.  33(>); 
rexcmple  n»  2,  d'après  Marschall  ^Rurul.  econonnj  of  Norfolk,  vol.  II,  p.  lltti; 
l'exemple  n°  7.  d'après  le  rév.  Landli  [Description  of  faroë,  p.  66);  l'exemple  8, 
d'après  les  Pliilosopliical  transactions,  185:!,  p.  '.10;  l'exemple  10.  d'après  White's 
Nal.  hist.  of  ilelbourne,  p.  39  (édit.  Bennetl):  enlin  l'exemple  n»  14,  d'après 
E.  Dixon  I  The  Devecole,  p.  155)  et  Bechstein,  Naturg  Deutschatuls,  vol.  IV,  179o,  p.  17. 

(o)  Nouv.  Dict.  d'Hisl.  milurelle  (déjà  cité),  même  tome,  même  page. 


inthoduction  lxxix 

Au  sujet  du  quatrième  exemple,  on  ne  piirait  pas  absolument 
fixé  sur  la  nature  du  Cliion  (larihou.  A'oici,  en  efTet,  ce  (ju'fju  lit 
dans  les  Types  of  Manking,  où  cet  exemple  est  cité  :  k  Desmaresl  a 
donné  le  nom  de  Caribou  au  Chien  sans  poils  «lui,  d'après 
Humlidldt,  fui  trouvé  par  Colomb  aux  Antilles,  i)ar  Corlès  au 
Mexique  et  par  Pizarre  au  Pérou.  Desmarest,  si  nous  ne  nous 
trompons  pas,  su])pose  que  ce  Chien  descend  du  G.  cancrivorus, 
espèce  qui,  suivant  Hlainville,  appartient  à  la  classe  des  vrais 
Loups.  Mais  rtenij;g(M',  qui  a  pu  trancher  la  question,  le  rcfianle 
comme  un  Chien  sauvage  arborigène  (lue  les  Indiens  ont  réduit  à 
l'état  domestique  n.  —  Il  paraît  cependant  être  plutôt  une  race 
qu'une  espèce. 

Au  sujet  du  seizième  exemple  que  nous  iouniil  l'.Vperera  du 
Brésil,  il  n'est  ])oint  sûr  que  cet  animal  soit  l'aucétre  de  notre 
CocIkui  d'Inde  (1)  ;  du  reste,  M.  le  prof.  A.  Nehring  vient  d'oblciiii- 
un  certain  nomitre  d'hybrides  deces  deux  types  (2),  qui  s'ac(M)upl('nt 
dans  les  deux  sens,  dit  le  Bulletin  de  la  Société  d'acclimatation  (M). 
Ces  expéi-iences.  iiistiluées  dans  un  but  scienlifique,  (h'menlcnt 
tout  à  fait  l'assertion  de  .M.  Ilickel  (4). 

Au  sujet  du  onzième  exemple,  le  Lapin  de  Porto  Santo,  (e\('iiiple 
devenu  classique  et  cité  par  tous  les  évolulionnislcs),  Darwin  a 
lui-même  fait  observer  ([ue  le  refus,  fait  par  ses  deux  Lapins  mâles, 
de  se  rapprocher  des  Lapines  ordinaires  dans  les  jardins  de  la 
Société  zoologique  de  Londres,  pouvait  être  dil  à  leur  excessive 
sauvageri(',  ou,  comme  cela  arrive  quelquefois,  à  leur  stérilité 
déterminée  par  la  captivité  subite  (5). 

Mais.  (|uoi(]u'iI  ait  été  dil  et  répété  avec  assurance,  que  ces  deux 
Lapins  |)r()vicniient  de  la  souclie  européenne,  ou  n'est  nullement 
certain  du  fait. —  Darwin  avait  cru,  tout  d'abord,  qu'ils  provenaient 
d'une  Lapine  ordinaii'e  ([ui,  embarquée  en  1418  ou  1419  à  bord 
du  vaisseau  de  (ionzalès  Zarco,  avait  été  làchiie  dans  l'ile  avec  uni; 
portée  obtenue  pendant  le  voyage.  —  M.  Fernand  Lalasle  vient  de 

(1)  D'après  M.  Fei-niinit  l-alastc  :  .1  propos  d'une  note  ilc  il.  Itemy  Sl-Loup,  lin 
Ai'lns  do  la  Soc.  scientiliciiie  ihi  Chili,  I.  III,  p.  lOoel  suiv.  IHOii). —  M.  Nélirin^  aurait 
<li'moiilré  ((ue  le  Cobaye  est  originaire  du  l'croii  et  a  pour  souclie  une  autre  espèce 
que  le  Cavia  aperera  (voy.  Ue.cherclie.s  de  zoiitechnie,  p.  491 1. 

(2)  Rev.  des  Se.  nat.  applii|uées,  IS9U,  p.  523  (n"  du  .'>  décembre). 

(3)  V.  i~'.i  (mèmeannéei. 

(4)  Disons  tout  de  suite  que  la  race  appelée  Cocllou  d'Inde  angora  provient  d'un 
Cobaye  inàle  à  long  poil  du  Pérou  Ile  ('.  eu  ««ri),  croisé  avec  des  reniellesdu  Cobaye 
ordinaire  (C.  cobaya).  Voy.  Hev.  des  Se.  nat.  appliquées.  1891,  p.  440. 

(o)  Ces  cas  sont  très  fréquents  ;  nous  pourrions  en  citer  plusieurs. 


LXXX  DES    HYBRIDES    A    L  KTAT   SAUVAGE 

traiter  ce  récit  de  légende  (1)  ;  le  Lepus  kuxleyi  (nom  donné  à  la 
prétendue  nouvelle  race)  a,  d'après  le  savant  de  Santiago,  toutes 
les  apparences  d'une  espèce  insulaire,  autochtone  des  archipels 
qu'il  habite.  On  ne  l'a  jamais  connu  sous  d'autres  traits  que  ceux 
qu'il  présente  actuellement.  Or,  dit  M.  Lataste,  pour  être  autorisé 
à  le  rattacher  génétiquement  à  la  fameuse  Lapine  de  Gonzalès 
Zarco,  il  faudrait  des  documents  plus  circonstanciés,  plus  précis, 
plus  décisifs  que  ceux  qui  ont  été  produits  (2). 

En  ce  qui  concerne  les  autres  exemples,  nous  n'avons  aucune 
réponse  à  fournir;  nous  ignorons  s'il  est  i)0ssible  de  les  contredire; 
nous  avons  répondu  aux  plus  sérieux.  Du  reste,  il  ne  faut  point 
être  surpris  d'apprendre  que  les  animaux  d'une  même  race 
marquent  des  préférences  pour  s'unir  avec  les  individus  qui  leur 
ressemblent  le  plus,  quoiqu'une  masse  de  faits  vienne  contredire 
cette  manière  de  voir.  On  ne  saurait  conclure  de  ces  préférences, 
si  elles  existent,  qu'ils  ne  descendent  point  tous  d'une  même 
souche. 

Un  fait  plus  grave,  beaucoup  |ilus  intéressant,  serait  la  stérilité 
de  l'union  entre  individus  appartenant  à  deux  races  distinctes.  — 
On  cite  quelques  exemples  dans  lesquels  la  fécondité  se  trouve 
diminuée  par  de  telles  alliances,  deviendrait  même  nulle  quel- 
quefois; ces  faits  sont  à  examiner. 

M.  Edmond  Perrier  dit  (3)  que  «  les  grands  éleveurs  de  volailles 
ont  observé  que  le  croisement  des  races  difiérentes  donne  souvent 
des  œufs  clairs,  comme  si  ces  races  étaieni  vraiment  des 
espèces  (4)  ». 

Semblant  conlirmer  ce  dire,  Darwin  a  écrit  que  les  Bantams  de 
Sebright,  (\m  proviennent  de  croisements,  sont  moins  féconds 
qu'aucune  race  galliue  (5). 

On  lit  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'acclimatation  ((i)  qu'un 
jeune  Coq  Bautam  fut  tenu  pendant  huit   mois  dans  un  parquet 

(1)  Voy.  .\ctes  de  la  Soci(Ué  scientifique  du  Chili,  t.  III,  1893  (dernière  livraison, 
pp.  lus  et  10'J  (i  propos  d  une  note  de  M.  Remy  Sl-Loup  intilulée  la  modilicu- 
lion  de  l'espèce,  par  t'emanii  Latasle],  noie  qui  vient  d'èu-e  citée. 

(2)  On  se  rapiielle  que  l'exemple  des  Lapins  de  Porto  Smlo  avoil  élc  cité  avec 
beaucoup  d'enipliase  comme  un  fait  décisif  en  faveur  de  la  formation  récente  d'une 
espèce  nouvelle. 

(:!)  Aiialiimie  et  Physiologie,  Paris,  1884,  p.  8. 

(4)  Cela  a  été  répété  presque  textuellement  par  M.  Matliias  Duvai,  in  Rev   scient., 
n"  du  2  fév.  1884,  p.  7. 
(;i)  Variations  des  Animaux  et  des  l'iantes,  I.  i,  p.  IU8. 
((i)  18(i4,  p.  ti3'.). 


INTUOnUCTION  LXXXI 

avec  des  Poules  (l(^  Houdnii.  de  Padoiu;  et  de  Cocliiiieliine  ;  trente- 
six  ii'ufs  recueillis  fiireiil  Iroinés  clnirs.  Ou  lit  encore  d;ins  la 
munie  levue  qu'un  i'.nq  cochinchinois,  retenu  dans  un  i)arquel 
avec  des  Poules  Rautani  et  de  .lava,  les  écrasait  de  sou  poids  sans 
les  faire  poudre.  La  correspondance  d'un  éleveur  nous  fait  savoir 
que,  dans  le  croisement  du  Serin  ordinaire  avec  le  Serin  hollan- 
dais, il  peut  se  trouver  plus  d'œufs  clairs  (|ue  dans  les  pontes 
ordinaires,  surtout  lorsque  le  uuile  est  de  la  dernière  variété. 
Nous  avons  nous-mônie  croisé  deux  Coqs  de  Padoue  (variété  bleue 
à  luippe  hlancliel  (I)  avec  des  Poules  de  Cochincliine  de  1res  forte 
taille  (pure  race);  une  grande  partie  des  œufs  ne  se  trouva  point 
fécondée. 

Parmi  les  Mainuiil'ères  on  a  recueilli  les  exem|)les  suivants  : 

M.  Quoy  lit  accoupler  un  Dingo  de  l'.Vustralie  occidentale  avec 
un  Chien  français  dont  la  race  n'est  pas  indiquée.  Celte  union  fut 
stérile  (2). 

M.  le  chevalier  Louis  Pétri,  de  l'Ecole  pratique  d'agriculture  de 
l'ozzulo  del  Friuli  (L'iliue).  obtint  d'un  Tiouc  angora  et  d'une 
Chèvre  commune  (C.  lurcus)  un  produit  femelle  qui  ne  donna 
point  de  rejetons,  après  avoir  été  accouplée  à  sou  père  pendant 
deux  ans  (3). 

Vouait  assure  que  les  croisements  opérés  autrefois  dans  le 
Laucashire  entre  le  bétail  à  longues  cornes  et  le  bétail  à  courtes 
coi'ues  douuèreut  des  pioduils  excellents  ;  mais  que  chez  ceux-ci, 
la  conception  était  devenue  fort  incertaine  dès  la  troisième  ou 
(|uatrième  génération. 

M.  .John  Wiggius,  de  la  Hritish  (joal  Soriclii.  nous  écrit  qu'il 
possède  une  Chèvre  femelle  descendant  du  mélange  de  la  Chèvre 
de  Nubie  et  de  la  Chèvre  anglaise  ;  que  celte  Chèvre  est  restée 
stérile  i|U()i(iu'elle  soit  âgée  de  (juatre  ans.  Elle  entre  partiellement 
en   folie,  mais  n'accepte  point  le  mâle  avec  lequel  elle  habite. 

Examinons  quelle  est  la  valeur  de  ces  faits. 

Premier  cas  (4)  :  les  œufs  non  fécondés  provenant  du  croisement 
de  races  distin<'tes.  —  On  ne  donne  point  le  nom  des  races  croisées; 
on  ne  précise  aucun  fait.  Nous  le  regrettons,  car  la  discussion 

|l|  VariélC-  Iri'S  rare  el  peu  stable,  parail-il. 

(2)  Voy.  Broca  (op.  cit.),  p.  /i87,  en  noie.  Broca  cite  cet  exemple  d'après  le  Dict. 
cliifsiquf  U'Hisl.  liât,  de  liory  de  Saisit- Vincent,  Paris  l«23,  In-S".  I.  IV,  p.  1j 
(art.  Chiens 

(3)  Coniniunicalinn  ctn  elievalicr  IVlri. 

(4)  Cil.  par  M.  Kd.  IVrrier. 

Suchetel.  —  (j 


LXXXII  DES   HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

devient  difficile.  Tout  le  monde  sait  qu'il  existe  des  races  de  Poules 
très  dilTéientes  piir  leurs  dimensions;  or,  on  l'a  dit,  là  où  le  rappro- 
cliement  physiijue  est  devenu  presqu'inipossible,  on  ne  saurait 
s'attendre  à  un  accouplement  fécond.  —  Mais  peut-être  M.  Ed.  Perrier 
(et  M.  Malliias  Duval  qui  répète  son  assertion)  eutendent-ils  par 
«  croisement  de  races  »  le  produit  métis?  Le  D'  Knelland  fait  savoir, 
en  ellet,  que  les  fermiers  de  sa  contrée  ont  à  se  plaindre  des  ((/»r//(///- 
hrcil  vniit'tii's  of  foirk  »  au  point  de  vue  de  la  ponte  (1).  —  J'our 
tliscuter  convenahlement  ces  faits,  nous  aurions  besoin  d'élre 
renseigné  sui'  la  formation  de  ces  «  highhibred  varielica  »  se  repro- 
duisant ((  in  and  in  ». 

Deuxième  fait  :  la  stérilité  des  Bantams.  Darwin  observe  qu'il 
serait  très  téméraire  de  conclure  que  la  fécondité  moindre  de 
cette  race  soit  en  connexion  avec  son  origine  croisée,  car  on  peut, 
d'après  lui,  avec  plus  de  probaliilité,  l'attribuer  à  une  reproduction 
((  en  dedans  »  trop  longtemps  prolongée,  ou  à  une  tendance  innée 
à  la  stérilité  en  corrélation  avec  l'absence  des  plumes  séliforraes 
et  des  pennes  eu  forme  de  faucille  de  la  queue  (2). 

Troisième  fait.  Cet  exemple  est  un  de  ceux  oii  les  races  mises  en 
présence  sont  de  dimensions  trop  disproportionnées  pour  que  le 
rapprocbenient,  très  insullisanl,  puisse  produire  un  résultat  (3). 

En  ce  qui  conceine  le  quatrième:  le  croisement  du  Serin  hoUan- 

(1)  Voy.  D'  Knelliind  «A  paper  on  tlie  sierilily  of  viany  of  varieties  of  Ihe 
domeslic  Fowls,  elc.  ».  Proceed.  Bosloii  Nat.  hist.,  1834-1856,  p.  tii. 

(2)  Voy.  p.  1U8  de  Vop.  cil.  A.  la  page  132  du  même  ouvrage,  Darwin  rappelleque 
le  Banlam  a  été  obtenu  par  des  unions  consanguines  ci  un  degré  très  rapproclié.  Il 
pense  que  la  reproduction  consanguine  prolongée  pendant  un  très  grand  nombre 
de  générations  peut  avoir  les  conséquences  les  plus  nuisibles.  Il  fait  savoir  (d'après 
Wrighl)  que  les  Coqs  de  combat,  si  célèbres,  de  M.  Clarli,  ont  lini,  à  force  de  ne  se 
reproduire  qu'entre  eux,  par  perdre  leurs  dispositions  bellii|ueuses;  ils  se  laissent 
liAclier  sur  |)lace  sans  taire  de  résistance  —  Les  effets  de  la  consanguinité  sont 
cependant  très  débattus;  certains  disent,  comme  c'est  l'exemple  ici,  qu'ils  sont 
funestes;  d'autres  prétendent  le  contraire.  Nous  n'avons  pas  à  discuter,  d'ailleurs, 
cette  question  cpii  ne  rentre  pas  dans  le  sujet  que  .nous  traitons.  On  pourra  con- 
sulter C.  Colin  {Traité  de  Physiologie  compnrce,  t.  Il,  pp.  !I37  et  938  de  la  i'  édil., 
l'aris.  18S8)  le(|uel  donne  de  lionnes  explications  pour  concilier  les  opinions  con- 
traires. On  pourra  consulter  encore  Sanson  {de  l'Ilcréditt',  op.  cil.). 

(3)  Il  ne  faut  pas  toutefois  croire  que  toute  fécondation  devient  impossible,  même 
dans  ce  cas.  Nous  avons  obtenu  des  œufs  fécilndés  et  des  jeunes  normaux  d'une 
petite  Poule  cayenne  cochée  par  un  très  jeune  Coq  cocliincliinois;  l'un  de  ces 
Poulets,  que  nous  avons  élevé,  était  un  superbe  sujet.  La  disproportion  de  taille 
entre  les  deux  parents  était  telle,  que  nous  n'aurions  pu  supposer  la  fécondation 
possiljle.  Du  reste,  M.  IJaltey  fait  savoir  (in  Forest  and  Stream,  vol.  I,p.  ;i42)  que 
le  petit  Banlam  rosster  ((|ui  per<'lie)  s'est  croisé  avec  la  grande  variété  de  la  Poule, 
comme  avec  la  variété  de  la  Cocidnclilne. 


INTRODUCTION  LXXXIII 

(l;(is  avec  le  Serin  ordinaire,  dans  lequel  les  (l'ufs  se  montreraient 
clairs  en  plus  piaud  nombre  que  dans  les  unions  de  deux  Serins 
de  nii^ine  variété,  le  fait  mérite  cunlirnuition  ;  d'autant  plus  que 
la  personne  qui  nous  le  cite  ajoute  que  ce  croisement  est  d'ailleurs 
très  facile  (1). 

Cinquième  fait  oltservé  par  uous-méme.  Nous  répondrons  que  l(>s 
métis,  provenant  du  croisement  ([ue  nous  indiquons,  se  montrent 
très  pi-oliliqucs.  Ils  sont  arrivés  à  sept  générations  actuellement. 
L'infécondité  de  beaucoup  d'teufs  des  parents  pouvait  provenii' 
de  rapproclienieuts  incomplets  entre  les  deux  races  bien  différentes 
par  leur  taille  (2). 

Faits  se  rapporl;int  aux  Mammifères.  Qu'on  nous  laisse,  tout 
d'abord,  rapi)eler  qu'Isidore  Geolïroy  Saint-Hilaire  a  écrit  que 
(1  rien  ne  justifiait  la  croyance  des  agriculteurs  ([ui  attribuent  une 
féc(mdité  bornée  aux  produits  de  deux  races  très  éloignées  ».  Cela 
dit,  on  peut  allirmer  que  le  croisement  du  Diugo  et  du  Chien,  tenté 
par  M.  Quoy,  et  qui  demeura  stérile,  est  une  exception,  un  fait 
isolé,  dmiuel  on  ne  peut  tirer  de  conséquences.  Broca,  qui  le  cite, 
dit  lui-même  que  cette  expérience  ne  prouve  rien  (3). 

Quant  à  la  Chèvre,  métisse  de  Bouc  angora  et  de  ('.  hiirus, 
demeurée  stérile  avec  son  père,  c'est  là  encore  un  cas  isolé,  car 
LiniK'  parle  déjà  d'une  race  créée  par  ces  deux  types  de  Chèvres  (4), 
et  le  Bulli;tiii  de  la  Société  d'acclimatation  indique  plusieurs  autres 
générations  de  ces  métis  (5).  Du  reste,  le  chevalier  Pétri,  ayant 
ensuite  donné  sa  Chèvre,  soi-disant  stérile,  à  un  liouc  commun, 
il  en  obtint  deux  Chevreaux. 

En  ce  qui  concerne  la  conception  devenue  incertaine  chez  les 
Vaches  croisées  du  Lancashire,  se  reportant  à  l'explication  donnée 

(1)  Nous  avons  vu  p.  LXIX  (en  note),  (|ue  M.  .\.,tle  Frajinioipau  (Vendée),  ayant 
obtenu  3  ou  4  Ké"Praliuns  île  uiLais  île  Seiin  Ijiillanilais  et  la  race  de  .'^axe,  croit 
s'èlie  appri.u  i|ue  les  leufs  elaiis  sont  plus  rares  que  lorsiiue  les  espères  puies  se 
reproduisent  e:ilre  elles. 

(2|  Nous  avons  conservé  le  scpielelle  du  Coi]  eocliineliinois,  père  des  Poules  qui 
nous  ont  servi  pour  nos  expériences,  et  aussi  le  s(|Melclte  d'un  des  Coqs  de  Padouc. 
On  "Toiridt  volontiers  que  ces  squelettes  ont  appartenu  à  des  Oiseaux  d'espèces  dis- 
tinctes ;  toutefois  la  dillérence  de  taille  entre  l'oule  de  Cochincliine  cl  de  Padoue 
est  bien  moins  considérable  qu'entre  Coqs  des  deux  races, 

(:j)  La  fécondité  illimitée  des  inélis  qui  en  proviennent  parait  cependant  avoir  été 
.  mise  en  doule  par  le  savant  anlhropoloj^'isle.  (Voy.  pp.  487  et  'iSS  en  note). 

(i)  Caroli  a  Linné  Aiiuinilate.i  acculeiiiiac,  vol.  VI.  lloliiiia^  MW.'iGeneralio 
ambiguii,  pp.  12  et  13). 

(5)  Année  lSli2,  t  IX.  p.  S7.  Voy.  aussi  année  lîiiS,  p.  uC.y,  on  on  parle  de  si.\ 
générations. 


LXXXIV  DIÎS    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

par  Darwin  sur  la  fécondité  moindre  des  Poules  Banlaiii,  on  peut 
répoudre  que  cela  provient  peut-être  d'une  reproduction  en  dedans. 

Enfin,  la  stérilité  supposée  de  la  Chèvre,  mi-nubienne,  rai-anglaise, 
obtenue  par  M.  Wiggins,  est  encore  exceptionnelle,  car,  dans  la 
nomenclature  des  croisements  de  Chèvres  que  nous  citons,  se  trou 
vent  nombre    de    métis    féconds,    quoique    provenant    de    races 
très  opposées. 

Ce  n'est  pas  sans  raisou  que  Darwiu  a  pu  écrire,  a|)rès  les 
recherches  auxquelles  il  s'est  livré,  qu'il  ne  connaissait  «  aucun 
cas  bien  constaté  de  stérilité  dans  les  croisements  de  races  dômes 
tiques  animales  »,  fait,  a-t-il  ajouté,  d'un  contraste  extraordinaire, 
avec  la  stérilité  qui  est  si  frécfuente  chez  les  espèces  nalurelies, 
même  voisines,  lorsqu'on  les  croise  (1). 

Nous  avons  maintenant  à  examiner  si  des  races  métisses  ont  pu 
être  constituées,  c'est-à-dire  si,  dans  la  suite  des  temps,  le  type, 
nouvellement  créé,  se  conserve  par  la  génération. 

Cette  question  est  très  débattue  ;  M.  Sauson  considère  que,  tôt 
ou  tard,  la  race  la  plus  ancieune  prévaut,  si  on  n'a  soin  de  recourii' 
à  de  nouveaux  croisements  avec  la  race  mère  la  plus  faible  dont 
les  traits  s'altèrent  peu  à  peu  daiis  la  génération  croisée.  Générale- 
ment, on  reconnaît  qu'il  est  loisible  à  l'éleveur  de  constituer  un 
nouveau  type  durable  à  l'aide  du  métissage. 

Nous  passerons  en  revue  les  auteurs  qui  ont  adopté  cette  manière 
de  voir.  —  Grognier  (2)  est  de  ce  nombre;  il  dit  qu'un  croisement 
poussé  assez  loin  produit  une  race  intermédiaire  (3).  l'rilchai'd 
partage  cette  opinion  (4);  c'était  celle  de  Klourens  qui  a  écrit  que 
le  croisement  des  races  donne  toujours  des  races  nouvelles  (.j). 

L'Encyclopédie  pratique  de  l'agriculture  a  accepté  aussi  ((la  méti- 


(1)  Varialions  des  Aniinaux  el  des  Planles.  t.  II,  p.  111.  Nous  avons  déjà  fait 
celte  citation.  L'auteur  de  {'Origine  des  Espèces  a  encore  reconnu  dans  son  ouvrage 
que  «  les  diverses  races  de  dos  dilTéienIs  animaux  domestiqués  sont  très  fertiles 
lorsqu'on  les  croise  ».  Voy.  p.  272  de  la  traduction  fran(.'aise  que  nous  suivons. 

(2)  in  Maison  rnsli<iue,  i,  p.  463. 

(3)  La  même  opinion  est  encore  exprimée  à  la  p.  410  du  uiènic  ouvrage. 

(4)  Il  n'est  pas  rare  dans  nos  pays,  dit-il,  de  voir  former  de  nouvelles  races  de 
Moutons,  (lela  se  fait  de  deux  manières  :  d'une  part,  en  croisant  des  races  déjà 
établies  et  liieii  connues;  de  l'autre,  et  c'est  plus  fréquemnienl  le  cas,  en  choisissant 
les  reproducteurs    11,  pp.  CiO  et  (il. 

(3)  De  l'hisUiicl^el  de  ilnlellujence  des  aHimaii.r.  3'  cdit.,  p.  127.  nt.  |iar 
Godron.  11,  45. 


INTRODUCTION  LXXXV 

sation  )i  l'oiiiiiie  formation  possible  de  races  à  caractères  nou- 
veaux (I).  (iodion  oljscrve  ((  (juc  toutes  nos  races  de  (chevaux,  de 
Chiens,  de  Moulons,  etc.,  peuvent,  parleur  union. donner  naissance 
à  des  races  nouvelles  ».  Presque  toutes  les  contrées  de  l'Europe, 
ajoute-t-il,  possèdent  des  races  particulières  qui  sont  dues  à  celte 
cause  (2). 

(J.  Colin  i'.i],  se  demandant  si  le  croisement  peut  former  des 
races  nouvelles,  repond  par  l'alTirmative  et  ajoute  :  «  Le  croise- 
luenl  ou  l'alliance  de  deux  variétés,  de  deux  races,  dès  l'instiinl 
qu'il  donne  un  produit  mixte,  une  variété  individuelle,  donne  à 
celle  ci  la  faculté  de  s'étendre  à  un  plus  k™"J  nombre  d'indi- 
vidus I). 

D'après  Millier,  «  uue  race  uée  du  mélange  de  deux  races  »  est 
capable  de  se  propager  «  par  son  union  avec  son  semblable  (4)  »;  il 
croit  à  une  race  «  persistante  par  croisement  (S)  ». 

«  Il  ne  peut  y  avoir  de  doute,  a  dit  Darwin,  que  le  croisement, 
joint  à  uue  sélection  rigoureusement  continuée  pendant  plusieurs 
générations,  n'ait  été  un  moyen  puissant  de  modifier  d'anciennes 
races  et  d'en  ciéer  de  nouvelles  ((î)  ».  Darwin  s'élève  même  contre 
ceux  qui  ciiiieul  iju'il  n'est  pas  possible  de  créer  une  race  nouvelle 
par  croisement  à  cause  des  dilTicultës  du  commencement  (7).  11 
cite  M.  Spooner  (!S)  qui,  après  avoir  éluiiié  tous  les  cas  qui  on 
été  enregistrés  avec  sulfisamment  de  soin,  est  arrivé  à  cette 
conclusion  :  <(  (|u'on  ])eut  établir  une  nouvelle  race  par  un 
ap|)ariage  judicieux  d'animaux  croisés  (9)  ». 

(1)  Voy.  (.  X,  p    28:},  284  et  288.  PMi-is.  18G.H. 

(2)  De  riC^pèce.  l.  II.  p.  40.  Les  produits  d'un  ci-oiseiiient  do  deux  races 
.Tncionncs,  fait-il  ohscrvcr,  d'abord  un  pcU  variahli'S,  finissent  par  se  fi.xer  après 
(|u(>l(|nes  générations,  si  on  n'allie  entre  eux  qut'  les  niélis  du  même  dejjré. 

(Il)  Traili'  (le  l'IiyaUilm^ie  coiiiptiree,  t.   II.  p.  OMX,  :i"  Mil. 

(4i  Op.  cil.  V.  ir,>. 

(5|  Op.  cit.  P.  764. 

(r>)  Varialioiis  (/«.<  .4/iù/iriu.r  el  des  l'iaiiles!.  t.  Il,  p.  Iii2  (trad,  franc). 

17)  P.  lot  du  même  ouvrage  où  on  lit  :  •■  I.'élevi'ur  se  désespère  et  conclut  à 
l'impossibilité  de  faire  une  nnuvelle  race.  .Mais,  d'après  les  cas  que  nous  avons 
cités,  et  un  graml  nombre  il'autres  connus,  il  parail  ([ue  ce  n'est  cpTune  allaire 
de  patience  ». 

(8)  VV.  C.  Spooner,  Sur  les  croisenieiUn.  Journal  Roy.  agr.  soc,  vol.  .\.\, 
part.  II.  Ch.  Howard  Cardener's  Cbronicle,  iSGO,  p.  320. 

('.()  Cependant,  dans  l'Origine  des  Espèces,  on  trouve  ces  deux  phrases:  «  J'ai 
peine  à  croire  qu'on  puisse  obtenir  une  race  presque  intermédiaire  entre  deux 
autres  »;  puis  :  »  je  ne  saurais  tiouver  un  seul  cas  reconnu  où  une  race  perma. 
nente  se  soit  formée  de  celte  manière  ».  Voy.  2'  édit..  p.  28  (trad.  de  (Méuient 
Uoyer),  cil.  par  Sanson.  l.'Héri'Uiti'  normale  ut  pathnlDgique,  p.  17:i. 


LXXXVI  DES    HYBKIDES    A    L  ETAT    SAUVAOE 

M.  (le  Quatrefages  est  de  cet  avis  :  «  Lorsque  l'industrie  de 
l'Iiomme  iutervient,  dit-il  (1),  elle  peut,  avec  des  soins,  régulariser 
le  croisement  entre  deux  races  et  obtenir  ainsi  une  race  métisse. 
Après  quelques  oscillations  du  côté  des  types  paternel  et  maternel, 
celle-ci  se  consolide  et  s'asseoit  ». 

M.  Hamard  trouve  ((  qu'il  est  inutile  de  rappeler  les  nombreux 
cas  de  métissage  obtenus  par  nos  éleveurs  »,  parce  qu'on  ne  compte 
plus  aujourd'hui  les  races  ou  variétés  obtenues  de  la  sorte.  «  Sou- 
mises au  ilébut,  dit-il,  à  certaiues  llucluations  qui  les  rappiochent 
momeutanénienl  de  l'un  ou  de  l'autre  type  ancestral,  elles  finissent 
par  acquérir  assez  de  fixité  pour  se  conserver  avec  leurs  caractères 
particuliers.  Cette  fixité  est  telle  que,  rendues  à  la  liberté,  croisées 
même  avec  des  individus  d'un  type  dilïérent,  elles  conservent 
toujours  quelque  chose  de  leurs  traits  artificiellement  acquis  (2)  ». 

M.  Paul  Mégnin,  le  directeur  de  r/^?co^M;\  que  nous  avons  consulté, 
pense  aussi  «  qu'il  y  a  moyen  de  former  des  races  nouvelles  par 
le  métissage  ».  Dans  une  courte  réponse  qu'il  a  bien  voulu  nous 
faire  par  l'intermédiaire  de  son  journal  (3),  il  dit  ceci  :  «  Le  croise 
ment  de  deux  races  distinctes  donne,  en  règle  générale,  des  indi- 
vidus d'un  type  intermédiaire  se  reproduisant  avec  tous  leurs 
caractères  sans  retour  à  un  des  types  procréateurs.  C'est  même 
par  ces  croisements  que  les  races  améliorées  d'animaux  domes- 
tiques, qu'il  s'agisse  du  Cheval,  du  Bœuf  ou  du  Mouton,  ont  été 
créées  ». 

Citons  encore,  s'il  en  était  besoin,  MoU,  de  la  Maison  rustique, 
qui  écrit,  tout  en  faisant  des  réserves,  «  qu'au  moyen  des  croise- 
ments on  peut,  non  seulement  fondre  une  race  dans  une  autre, 
mais  encore  en  créer  une  nouvelle  qui  participe  en  même  temps 
des  deux  races  dont  elle  provient  (4)  ». 

On  met  toutefois  pour  condition,  ne  l'oublions  pas,  «  que  les 
métis  aient  le  même  habitat  que  celui  de  leurs  parents  et  soient 
soumis  au   môme  régime  alimentaire  »,  chose  fort  naturelle  (5)  ; 


(1)  L'Espèce  /iMmotTie, cliap. VIII.  «  Croisement  des  races  et  des  espèces,  e le», 
p.  32  de  la  3'  édit.,  Paris,  1879. 

(2)  Op.  cit.,  pp.  618  et  619. 

(3)  N»  du  20  fév.  1887. 

(4)  P.  376. 

(.i)  On  sait  que  les  races  les  plus  pures,  changées  de  climat,  subissent  les 
inlluences  du  milieu,  se  Iranstorment  en  d'autres  types;  mises  en  liberté  elles  se 
revêtent  de  caractères  uniformes.  Voy.  des  exemples  dans  :  Dureau  de  la  Malle, 
Compte  rendus  Acad.  des  Se,  t.  41,  p.  688;  la  Volière,  n"  du  1"  septembre  1886, 
p.  114;  et  autres  auteurs.  Citons,  d'après  M.  de  Q^uatrefages  (K.  des  C.  Se.  1867-68, 


INTROnUCTIOX  LXX.Wll 

011  doit  iiussi  (h  ilor  les  croisomeuts  avec;  d'aiili'es  raees  (1).  —  Peul- 
011  citer  des  exemples  ?  Oui,  saus  doute,  et  d'abord  parmi  les  nices 
orine,  boi'iiic  et  iioninc,  nous  nommerons  : 

1»  Le  Mouton  Disliley-MériuosdesTrappes,  obtenu  i)ar  M.  Pluchet 
eu  quelques  années  avec  des  caractères  eulièremeul  dillérenlsde 
ceux  de  leurs  tlescendants  (2)  ; 

La  sous  race  de  M.  Yvart,  créée  par  le  métissage  combiné  des 
Mérinos  Mauchamp,  de  ceux  de  Hainlinuillct  et  de  la  race 
any:laise  (3)  ; 

La  race  des  Moutons  de  la  ("haimoise,  obtenue  pai'  M.  Maliny:ré  (4), 
«  race  sullisamnient  assise,  dit  Godron  (iJ),  pour  exercer  à  sou 
tour  une  influence  modilicalrice  très  beureuse  »  ; 

La  lace  des  Mérinos  provenant,  pense-t  on,  du  croisement  des 
races  de  Moulons  imiisicènes  des  environs  de  Cadix  avec  les  Béliers 
à  laine  Une  de  Maurilaule  ((1)  : 

La  l'ace  liàlai-de  provenant  de  Béliers  de  l'Inde  et  de  Brebis  du 
pays,  existant  dans  les  environs  de  Lille  vers  I79'J  (7)  ; 

Une  autre  race  entre  Brebis  françaises  et  Béliers  anglais  vivant 
à  la  môme  épo(iuc  (8)  ; 

Les  Moutons  Oxfordsbire  Downs,  comptant  aujourd'bui  comme 
race  fixée  (9)  ; 

p.  709),  le  Bœuf  suisse,  qui,  Iransporlé  en  Lomljardie.  se  tr.iiisfoiiiii'  en  ilrnx  f-éiié- 
rations;  les  .\l)eîlles  lioiir^'iiinnonnes,  petites  et  brunes,  qui  rleviennent  en  Bresse, 
après  lieux  iiénéralions  aussi,  des  Abeilles  grosses  et  jaunes  comme  la  race  du 
pays.  Oe  qui  a  (ait  diri^  à  l'éniinent  anlhropologislf  qu'  i  à  moins  de  soins  1res 
spéciaux  et  tout  à  fait  incessants,  les  races  les  mieux  assises  subissent  à  la  lonyue 
l'action  d'un  milieu  nouveau..  —  Tout  tentative  échouera,  a  dit  emore  Colin  {Traili' 
ilr  fhys.  riiiiip.  <ie$  (tiiiiii'iux  (loin.,  t.  11,  p.  IVili.  cil.  par  Itarwin.  I,  11,  p.  104 
(op.  cit.).  u  si  les  ciinditions  exiérieures  se  trouvent  iHi'C  décidément  défavorables 
aux  caiaotéres  de  l'une  el  de  l'autre  des  races  parentes  ». 

(1)  Voy.  M.  l'abbé  llamard  (op.  cil.)  p.  618. 

(2)  llint.  de  ta  création  dea  Dishleymi'rtnns.  (.lournal  d'af;riculture  pratique, 
Barrai.  187'i,  l.  I,  p.  iV,i).  — De  temps  ù  autre  cependant  l'éb'viur  a  introduit  du 
sanv!  pur  Disbley. 

t:{)  Bullct.  Soc.  accl.  IS;;;,  p.  ir>2  et  p.  132. 

(t)  Con<idi'rulions  aur  les  hétes  à  laines  au  mitieu  du  XIX'  siècle,  18;>l,  lu-8, 
par  Malingre. 

(il)  De  li;spece,  I.  U,  pp.  /.O'il. 

(Cl)  feller,  Ifiugraphie  universelle,  1.  III,  p.  .'il'kl.  C'est  l'oncle  de  Coliimelle  qui 
aurait  introduit  cette  race  en  Espagne. 

(7)  Vov.  Tralado  sobre  la  cria  y  propagacion  de  ganados,  par  11.  Dogle, 
Madrid  i7'.l9,  in-8,  2  vol.,  p.  Ilii. 

(S)  Même  ouvrage,  p.  l'i.'i. 

CJ)  D'après  Darwin  :  l'driHl.  t  U,  p.  102.  Ils  ont  été  prodiiils,  en  I8:t0,  dit  cet 
auteur,  par  des  croisemenls  de  Brebis  de  Ilampsbire  et,  ilans  quelques  cas,  de 
Brebis  Soulbdowns,  avec  îles  Béliers  de  (^olswold  Le  Bélier  llampsliire  était  lui- 
même  le  produit  de  croisements  répélés  entre  les  Ilampsbire  et  les  Southdowiis. 


LXXXVin  liliS    HVIiHlDKS    A    L  KTAT    SAUVAGE 

Les  Moulons  de  L('i(^estei',  paiaissjiut  provenir  de  croisements 
entre  plusieurs  Moutons  à  longue  laine  (Ij  ; 

Le  croisement  de  Béliers  Chinois  avec  des  Brebis  mérinos  qui 
valut,  en  1866,  une  médaille  à  MM.  fiaruot  et  Tyssier  (2). 

Le  nouveau  type  de  Chèvre,  formé  il  y  a  vingt  ans,  par  le  mélange 
de  la  Chèvre  commune  et  le  Bouc  de  Nubie  ou  d'Abyssinie  (3)  ; 

La  nouvelle  race  de  Bétail  provenant  du  croisement  d'une  race 
suisse  avec  une  race  hollandaise,  créée  par  le  roi  de  ^^'urtenl- 
berg  (4)  ; 

Le  croisement  du  Cochon  du  Cap,  du  Porc  chinois  et  du  Porc  de 
Siam  avec  notre  Porc,  ayant  produit  on  Angleterre  plusieurs 
variétés  importantes  (5)  ; 

Les  Porcs  de  Boulogne  et  de  Montreuil,  d'une  création 
moderne  (6),  et  peut-être  aussi  la  race  napolitaine  (7). 

2°  Nous  nommerons  ensuite,  parmi  les  races  chemline  et  canine  : 
les  Chevaux  de  course  anglais,  produits  par  le  mélange  d'anciens 
Chevaux  du  pays  avec  des  Chevaux  bardes,  persans,  turcs  et 
arabes  (8)  ; 

(1)  Variations  (mr'nie  page). 

(2)  .^u  moins,  cette  médHille  était-elle  otierte  pour  la  création  d'une  race  prolifi- 
quede  Moulons  par  le  croisenicnl  de  ces  deux  types.  (Voy.  Bull.  Soc.  .acclima- 
tation IhOfi,  p.  LXXIV). 

(3)  Conimunicalion  de  M.  Pe;;ler,  auteur  de  l'article  «  The  niilna>i  Goût  ».  pulilié 
in  <i  [lie  Bazar,  E.xchange,  and  Markel»,  n"  du  i  février  1881.  Ces  animaux  se  repro- 
duiraient inler  se. 

(4)  Darwin.  Vurialinns.  Ouelques  autres  races  encore  rentrent  dans  celte 
combinaison. 

(5)  A.  Dixio,  in  Maison  ritsiique,  p.  491. 

(6)  Ils  proviennent  d'une  race  locale  profondément  abâtardie  qu'on  a  relevée  par 
le  croisement  avec  les  Yorlv  shires.  Les  Métis  ainsi  obtenus  ont  été  mariés  ensem- 
ble et  il  s'est  ainsi  formé  une  race  supérieure.  Godron,  t.  11,  p.  41  (op.  cit)  d'après 
de  Quairefages,  (lievue  des  Deux-Mondes,  renseignements  de  M.  Lavergne,  p.  2, 
t.  VII,  p.  U\\). 

(7)  Nathusius  a  démoniré  que  par  le  croisement  du  Sassrnfa  et  du  i'iis  indiens 
on  obtient  cette  race  (voy.  Rev.  des  Cours  scient.,  p.  5li(i,  1S(')7-I815S,  de  Quatre- 
fages) . 

(8)  D'après  Codron,  «  On  y  a  aidé,  ajoute  cet  auteur,  en  dirigeant  vers  le  même 
but  son  traitemeni,  sa  nourriture,  son  éducation,  et  c'est  par  la  continuation  des 
mêmes  soins  qu'on  est  parvenu  îi  conserver  et  fixer  cette  race  ».  —  D'après  le  Xnu- 
veau  Cours  d'aijricullttre,  «  le  Clieval  anglais  est  1'  résultat  du  croisement  du 
Cheval  arabe  avec  des  Clievaux  d'une  race  existant  depuis  longtemps  en  Angle- 
terre et  fort  peu  dillérenle  de  celle  de  Normandie,  si  ce  n'est  li  uiènie  »  (voy.  t.  IV, 
Miicccix,  p.  332).  —  N'ius  citons  ces  opinions  pour  ce  qu'elles  valent,  car 
M.  de  (Juatrefages  dit  positivement  que  c'est  une  erreur  généi'alement  répandue  qui 
fait  du  pur  sang  anglais  un  métis  du  Cheval  arabe  croisé  avec  les  races  locales. 


INTllODUCTlIlN  LXWIX 

Le  Clieval  iinglo-ndrmaiid,  iié  du  m(-laiij,'c  du  C.licval  pur  saiiy; 
anglais  avec  la  race  devenue  indi^^ènc  i'i  la  .Manche,  au  Clalvados 
et  à  l'Orne  (1)  ; 

Les  races  canines  anglaises  obtenues  (2)  par  des  croisements 
judicieux  et  réfléchis  ; 

Le  Chien  de  Saint-Gennaiii.  [)roduil  du  l'oinler  et  du  Braque 
français  (3)  ; 

Les  Bassets  de  Caux  qui  auraient  été  créés  avec  un  Basset 
allemand  et  une  Chienne  hassette  d'Artois  (4)  ; 

Puis  diverses  autres  races  du  Chien  bien  caractérisées,  formées 
par  John  Sebright  (5). 

3°  P(ti-mi  les  l'dces  ijaUine  et  cobinhixe  (qui  offrent  de  nombreux 
exemples»  :  la  race  de  la  Bresse  provenant  ((î)  de  très  anciens 
croisements  entre  la  l'ouïe  noire  commune  et  la  race  espagnole  (7); 

La  race  des  Poules  Wyandotte,  résultat  (S)  du  croisement  du 
Co(i  l'.aiitaii)  argenté  avec  la  Poule  cochinchinoise  blanche  (9)  ; 

Ciiiyol  laiir.iil  i-i-fuli'e  vicloriiMiscmciil  llan^  iiii  liavail  intitulé  :  «  Etudes  liippoUt- 
jt'gup.'î  ».  Nous  n"iivons  [lOiiit  consulté  ccl  nuvi-a;,'e.  Il  parait  i)ui'  M.  Ijayot  elle 
fomlf  Willielin,  après  avoir  étudié  des  lefçislics  généalo^i(|ues  oUiciels,  le  Raing 
caiandar.  le  Turf  Regisler,  le  Wealher  leg's  genernl  Stiid  hook,  ai  rivent  à  celle 
conclusion:  que  le  pue  sang  anglais  descend  diiecleiiienl  de  Clievaux  et  de  Juiiienis 
aralies  (Uev.  des  Cours  scient.  18(57-fi8,  p.  TO'.I)  —Nous  trouvons  cependant  dans 
l'Encyclopédie  de  l'Agriculture  (p.  201,  t.  X.  1865)  celte  assertion  que  ce  Clieval, 
Il  la  cié.ilicii  chevaline  la  plus  importante  de  notre  temps,  »  est  né  du  mélange 
bien  entendu  des  deux  races  pures  arabe  et  anglaise.  —  (i.  Col  n  est  d'avis  que  la 
race  angliise  de  course  a  été  créée  par  croisement,  quoiiiu'on  ail  prétendu  (|uelle 
résultait  de  la  substitution  du  Cheval  oriental  à  une  race  britannique  indéteriiiinée 
[op.  cil.  p.  !t:iS,  t.  Il,  :)•  édit,  Paris,  18S8|.— .\  ais  n'avons  point  consulté  l'ouvraiie  de 
,  M.  Mégnin  :  l.e  Ckecal  et  ses  races.  Très  piobablemeni  nous  y  aurions  trouvé  des 
inilicalions  utiles  sur  les  croisements  et  des  éclaircissements  sur  ceux  que  nous 
avons  signalés  avec  plus  ou  moins  de  raison. 

(1)  EncyclopMie  priUiiiue  d'agriculture,  t.  X,  ISti;),  p.  29:  >  :  «Comme  toute 
création  solide  et  lixe,  dit  l'Encyclopédie,  ce  Cheval  a  iiciiuis  le  pjuvoic  liéiédi- 
tairc  i). 

(2)  Au  dire  de  «  l'Eleveur  n,  n»  du  7  août  1887,  p.  382. 

(3)  Cit.  par  l'Eleveur,  mais  avec  peu  d'assurance. 

(4)  L'Eleveur,  1887,  p.  344. 

(5)  IVaprès  (iodron,  I.  Il,  op.  cit.,  p.  37,  (Jodron  ne  précise  pas  toutefois  si 
c'est  p.ir  croisenipiit  ;  il  renvoie  à  .lolin  Sinclar  :  L'Agriculture  pratique  rai- 
sniinée  (Irad.  de  licwnhasie).  t.  I.  p.  l'.IS.  —  <ln  pourra  i  ncorc  consulter  liullon  : 
ilammifî're.ii,  (Talile  des  matières  :  Haces  proceiiues  de  races  /(ic'd.^.vfs.  Hoquets, 
p.  3.  t.  V) 

(6)  Pour  M.  E.  nouvel,  de  Saint-Servan. 

(7)  Cette  race  est  1res  rare  aujouid'liui  à  l'étal  pur. 

(8)  Dil-on. 

(".Il  L'I-.leveur,  n"  d'aoùl  IS'.tO,  .lean  .l.icipies,  p.  3li'J. 


XC  DES    HYBHIDES    A    L  ICTAT    SAUVAGE 

Les  PlynioiiLli  rocks,  fruit  d'un  cioisement  (1)  ; 

La  race  de  Polvei'ava  (Pailoue),  obtenue  par  le  croisement  d'un 
(;of[  de  (loclnnciiine  avec  des  Poules  de  Padoue  (2)  ; 

La  race  française  de  Caux  ]»rovenant,  sans  doute,  du  mélange 
de  Crèvccu'uis  avec  des  Fléchoises  (3)  ; 

La  race  de  Houdan,  métisse  de  Crèvecœurs  et  de  Dorkings  (4); 

La  race  de  Bréda  qui  paraît  être  (•"))  le  résultat  d'un  métissage 
entre  deux  races,  l'une  indigène  et  l'autre  exotique  ; 

La  Poule  de  Biot  (ou  de  Belliot)  (6)  qui  doit  son  existence  au 
mélange  de  la  Poule  de  Crèvecœur  et  de  la  Poule  de  Caumont  (7)  ; 

Le  Baiitam  Sebriglit,  formé  il  y  a  environ  soixante  ans,  par  un 
croisement  complexe  (S)  ; 

LesBrahmas  foncés,  nés  récemment  aux  Etats-Unis,  d'un  croise- 
ment entre  les  Chittagourgs  et  les  Cocliincliinois  (9); 

Les  produits  de  la  race  de  la  Bresse  avec  celle  de  Crèvecœur  (10)  ; 

La  race  Essex  améliorée,  qui  doit  sa  valeur  à  des  croisements 
répétés  avec  la  race  napolitaine  et  probablement  à  quelque  infusion 
de  sang  chinois  (il)  ; 

Le  cavalier  qui  semble  èlre  le  résultat  à  la  Grosse-Gorge  et  du 
Runt  (12); 

L'élégant  Pigeon  dragon,  provenant  de  divers  croisements  entre 

(1)  Suppose-ton.  in  Rev.   des  Se.  nat.  Jippliquées,  18X9,  p.  820. 

(2)  Même  Revue,  ISSit,  p.  GIO.  —Celte  race  a  élé  créée  par  le  D'  Mazzonv,  un 
agriculteur  expi^rimenlé. 

(3)  M.  Paul  Lelrone  ne  craint  pas  de  l'allirnur,  in  Bull.  Soc  .Acelim.  18o9,  p.  316. 
Voir  aussi  la  p.  30j. 

(4)  Tous  les  caractères  extérieurs  sont  trop  signillcalifs,  dit  M.  Paul  Letronc.  in 
Bull.  Soc.  "Accl.  18o9,  p.  311.  (voy .  aussi  p.  305),  pour  que  l'on  puis'^e  conserver 
le  moindre  doulc  à  cet  égard. 

(5)  Puur  M.  Paul  Letrone.  (.Même  Rullelin,  p.  184.  Maiiogrdplt.  des  daUinacés). 

(6)  Ancien  marché  placé  à  la  limite  des  deu.\  coiumuiucs  de  Saiut-Maitiu  et  de 
Saint-Julien  de  Fresnay.  dansl'arrond.   de  Lisieu.x. 

(7)  Bull.  Soc.   Accl.,  p.  305,   1839. 

(8)  Race,  aussi  lixc,  dit  Darwin  {Varinlions,  t.   Il,  p.  102|  (|u'aucuru'  autre. 

(9)  l'imUrij  Bdok,  p.  ;i8  (cit.  par  Darwin.  (|ui  dit  (jue  (pielques  éleveurs  consi- 
dèrent à  tort  cette  race  comme  espèce  distincte). 

(10)  Qui  paraissent  de  nature  à  se  |)erpétucr  indéfiniment.  (L'Klcveur,  p.  277. 
1887).  —  L'éditeur  du  Poultry  Choniclea  obtenu  du  croisement  d'un  Coq  espagnol  et 
d'une  Poule  malaise  queli|ues  Oiseaux  bleuAtres  qui  demeurèrent  de  génération  en 
généralion  constants  pour  la  couleur.  Voy.  vol.  1,  p.  10,  1854  (cit.  par  Darwin, 
VariiUions,l.  Il,  p.  104). 

(11)  Darwin  {Varialions,  t  If,  p.  102),  lequel  cite  Richardsoii,  Pigeons.  1847, 
pp.  37,  42.  Eid.  Sidney  de  Goualt.  on  Ihe  Pig.,  1860.  p.  30. 

(12)  Si  nous  en  croyons  MM.  Boitard  et  Corbie  (cit.  par  Darwin.  IV/r.,  I.  Il, 
p.  104).  Lorsque  l'on  croise  ces  deux  races,  on  obtient,  en  eltet,  un  cavalier. 


INTHODl'CTION  Xni 

le  l'iiiooii  caiTier,  le  l'i.ni'dii  viiyaf;(Mir  el  lu  l'i^i'uii  rulhiilaiil  ou 
Moute-iiu-Cicl  (1)  ; 

Le  Bald  llead  ;i  courte  face,  amélioré  à  l'aide  de  cioiseuienls 
avec  le  Tuuihler  alleuiand  (2)  ; 

Le  Pouler  anj^lais  à  bavette,  le  Pij^eou  (iazzi  de  Modène,  le 
Domino,   paraissant   encore  être  le   résultat  de  croisements   (.'})  ; 

Les  Tumber  et  les  Barbes,  ([ui  ont  aussi  reçu  du  sang 
étranger  (4)  ; 

4"  Kulin  parmi  diver-ws  races  :  la  race  lliuialayenne.  formée  par 
le  croisement  de  deux  variétés  du  La|)in  };ris  argenté  (u)  ;  el 
la  race  Cora  (Vers  à  soie),  desceniiani  du  iiK'tissage  des  races  de 
Turin  et  de  Loudun  fd). 

Ajoutons  que  Darwin,  après  avoii-  croisé  des  (lanards  Labrador 
et  l'ingouius  et  croisé  leurs  produits  avec  des  Pingouins,  pensait 
qu'en  choisissant  les  reproducteurs  on  aurait  ]ju  facilement  former 
une  nouvtille  race  des  produits  métis,  car  C(!ux  (lu'il  obtint  pendant 
trois  générations  demeurèrent   pres(|ue  uniformes   (7). 


(1)  li'après  M.  I>a  I'itii-  île  lt(PO,  (i;i.  ci/.,  |i|).   17,  IS. 

(2)  Mùine  ouvnige. 
(S)  Mt-iiie  ouvrage. 

(4)  Même  ouvrage. 

(5)  Darwin  :  Variations,  I.  Il,  p.  lO'i.  Le  docteur  Dannecy  a,  du  reste,  formé  un 
grand  nombre  de  variétés  et  de  races  dans  l'espèce  du  Lapin,  (d'après  Godron,  cité 
par  Lucas,  Traité  philoaophique  et  iiluj^iologii/ne  île  VMrédilé  naturelle,  etc. 
Pans  1K47,  m-S",  t.  I,  p.  iif-^).  On  ne  spécilie  pas  toutefois  si  c'est  par  croisement. 
Nous  n'avons  point  consiiUé  l'ouvra^'c  de  M.   Lucas. 

(G)  (ioiron  («/).   cil.)  d'après  Holiinet,  Manuel  de  iliJucaliun  du  Ver  h   soie, 

p.  ai2. 

(7)   yarialiDU.i,  t.  Il,  p.  lO'i. 

Oserions-nous  noniuier  des  races,  créées  naliircllement  par  métissage'.'  Le  Musée 
de  liruxelli'S  pusséde  un  Faisan  (n"  1781  du  calaloguc',  (p'i  ressemble  en  tous  points 
au  l'Ii.  foniiosdnus  ligure  dans  la  Monographie  des  l'Iiasianidés  d'KlIiot.  Or  cet 
Oiseau  n'est  cepemlant  (|uun  simple  hybride,  né  au  Jardin  zoologicpie  de  Bruxelles, 
ayant  eu  pour  père  un  l'U.  torijualus  ut  pour  mère  un  Pli.  versicolor.  V  a-l-il 
donc  lieu  de  croire,  comme  le  dit  M.  Dubois.  (|u'à  l'Ile  de  Formose,  située  non  loin 
de  la  Chine  el  du  Japon,  on  ait  introiluil  priniiliveinenl  des  l'Ii.  Inrquatus  et  des 
Ph.  versicolor,  propres  à  ces  deux  pays'.'  Les  inélis  nés  dans  celle  île  auraient  fini 
par  remplacer  les  types  dont  ils  dérivent  el  à  produire  la  race  nouvelle  connue 
aujourd'litii  sous  le  nom  de  l'h.  lorimisanus.  Pour  vérilier  celte  assertion  (disons- 
nous,  p.  Hii,  dans  lai|uelle  nous  parlons  de  ce  (ait),  il  faudrait  étudier  les  métis  pro- 
duits en  si  grand  nond)re  à  l'état  sauvage  en  Angleterre  et  voir  s'ils  ont  le  type  du 
fnrniosanus.  Kncoie,  celte  ciinstalation  serait-elle  de  (|ueli|ue  valeur'?  Du  criii- 
senuMil  de  l'iAtplociinius  nyclliemerus  X  '-■  nielanotus.  on  obtient  des  Faisans 
ayant  de  fortes  analogies  a^ec  I  ';".  raynaudii.  Aucun  naturaliste  n'a  eu  cependant 
la  pensée  de  faire  do  cille  espèce,  ou  de  celle  race,  un  produit  hybride  ou  métis. 


XCII  DKS   HYBRinns   A   L  KTAT  s.\i!v\nn; 

Malgré  ces  exemples  nombreux  de  races  fixées,  provenant  de 
croisements,  des  auteui's  s'accordent  à  dire  que  les  caractèi-es 
nouveaux,  que  ces  races  présentent,  ne  sont  que  transitoires;  il 
faudrait,  selon  eux,  avoir  recours,  pour  les  maintenir,  soit  à  l'infu- 
sion du  sang  primitif,  soit  à  de  nouveaux  croisements  avec  celle 
des  deux  espèces  pures  dont  les  caractères  s'effacent.  Pour  certains 
même,  nous  l'avons  dit,  les  races  n'ont  point  en  elles-mêmes  le 
pouvoir  de  se  perpétuer  ;  l'homme  ne  crée  pas  de  races  propre 
meut  dites,  à  quelques  procédés  qu'il  ait  recours.  Il  ne  façonne 
donc  que  des  collections  qui  doivent  retourner  au  type  primitif, 
œuvre  seule  de  la  création  (1). 

On  connaît  les  théories  de  .M.  Sanson  sur  ce  sujet  ;  il  ne  croit 
pas  que  les  races  nouvelles,  mixtes  ou  intermédiaires  entre  celles 
qui  ont  servi  à  les  former,  soient  désormais  fixées.  Pour  lui,  la 
loi  du  métissage  est  la  même  dans  tous  les  cas  :  «  les  groupes 
d'individus  que  l'on  prend  pour  races  nouvelles  n'arrivent  à 
l'homogénéité  qu'à  la  condition  de  faire  retour  complet  à  l'un  des 
types  qui  ont  contribué  à  les  former  et  à  ce  type  seulement  ». 
L'erreur  des  éleveurs  et  des  zootechnistes,  qui  considèreut  ces 
groupes  de  métis  comme  étant  constitués  en  race,  tient,  dit  toujours 
M.  Sanson,  à  ce  qu'ils  ne  les  envisagent  qu'au  point  de  vue  de 
l'aptitude,  laquelle  est,  en  effet,  commune  à  tous  et  forme  le  seul 
objet  (le  l'exploitation.  Mais  il  est  cà  peine  besoin  de  faire  remarquer, 
ajoule-t  il,  que  cetle  aptitude,  se  rencontrant  au  même  degré  dans 
deux  races  notoirement  distinctes,  ne  peut,  en  aucune  façon,  servir 
pour  la  caractéristique  de  la  race. 

Pour  montrer  d'une  manière  bien  évidente  l'inanité  des  préten- 
dues races  nouvelles,  .M.  Sanson  a  pris  comme  exemple  la  race 
Dishley-mérinos,  laquelle,  au  dire  do  savants,  se  reproduisait 
depuis  trente  ans  (2)  par  elle-même  avec  les  caractères  mixtes  qui 
lui  ont  été  communiqués.  Il  a  fait  dessiner,  dans  un  concours  où 

Et;alemenl,  Elliot  a  rernai-qué  (en  parlant  île  deux  exemplaires  o^  de  Pft.  elegitns 
envoyi's  de  Secluien  en  .Angleterre)  (|ue  cette  espèce  semble  être  dans  sa  distri- 
Inilion  géo.^'rapliiqiie  intermédiaire  entre  le  /'.  decollatus  et  le  Faisan  de  Jiinan. 
On  pourrait,  ilit-il,  supposer  un  hybride  entre  Ph.  colchicu^  et  Ph.  mr^icolor, 
si  ces  deux  Oiseaux  avaient  le  même  habitat,  ce  qui  n'est  pas.  — Celle  remar<|ue 
montre  donc  (comme  nous  le  faisons  observer,  p.  609)  qu'un  Oiseau  peut  pré- 
senter des  caraclères  intermédiaii'es  entre  deux  types  sans  pour  cela  être  leur 
hybride. 

(1)  Perrier,  in  Bull,  de  la  Soc.  d'.Anthropolosie,  18(!3.  p.  2.^0  :  Essai  sur  les  croi- 
someiUs  ethniques. 

(i)  .Au  momejil  «ii  M.  Sanson  faisait  conuailresa  inaniéie  de  voir. 


INTRODUCTION  XCIII 

étiiitMit  cxpdsi's  un  fiiaiid  iioiiihre  iriiidividiis  de  la  priHeiiduc 
race,  d'aliord  la  liHe  de  (|iialrt!  individus  ciioisis  par  le  jury  comme 
élaut  les  plus  remar(|uables  représentants  de  la  caté^^oric  ;  puis 
celle  de  quatre  autres  appartenant  aux  races  pures.  Or,  deux  de 
ces  tcHes  ressemblaient  aux  Disliley,  deux  autres  aux  .Mùrinos, 
trois  étaient  retournées  aux  types  primitifs. 

Ce  qui  est  ici  mis  en  évidence  pour  la  prétendue  race  Disldey- 
mérinos  le  serait,  allirme-t-il,  pour  toutes  les  autres  races  ayant 
une  origine  analogue,  attendu  que  pourdui  les  formes  typiques 
de  la  tête  sont  indélébiles,  u  ce  qui  assure,  à  travers  les  siècles, 
leur  conservation  (I)  ». 

M.  Sanson  croit  du  reste  donner  une  nouvelle  preuve  de  ce 
qu'il  avance  dans  un  autre  examen,  fait  par  lui,  des  métis  de  la 
Charmoise,  ra(!e  également  reconnue  comme  mixte  et  fixée.  Les 
types  crtinieus  dilîèrtiul  à  ce  point  qu'il  est  im[iossilile  de  les 
confondre  ;  ils  se  rattacbenl  à  deux  types  distincts  nettement 
tranchés.  —  .Vinsi  ce  groupe  manque  til  encore  du  caractère  indis- 
pensable pour  constituer  une  race  :  l'Iiomogénéité  (2). 

Nous  devons  rappeler  ici  que  M.  Sanson  se  prononce  pour  la 
permanence  de  la  race.  Les  naturalistes  ont  considéré  la  race 
comme  une  variété  accidentelle,  produite  par  linlluence  du  milieu, 
par  la  domestication  ou  la  culture,  par  l'industrie  de  riiomme. 
Il  n'en  est  rien,  d'après  lui;  on  ne  connaît  pas  plus  l'origine  d'une 
race  que  celle  d'aucune  espèce  (']). 

Ainsi,  d'a[)rès  le  [irofesseur  de  l'Ecole  de  Giignon,  il  ne  serait 
au  pouvoir  d'aucune  méthode  zootechnique  de  créer  des  races 
nouvelles.  L'habileté  des  expérimentateurs  s'exercera  seulement 
sur  lies  ajilitudes  physiologiques  n'ayant  rien  de  commun  avec 
la  caractéristique  de  la  race,  n  On  peut  faire  osciller,  pour  ainsi 
dire,  les  formes  typiques  de  races  par  le  croisement  ;  elles 
reviennent  toujours  infailliblement  à  leur  type  primitif,  lorsque 
les  métis  se  reproduisent  entre  eux.  On  peut  agir  sur  leur  étendue 
absolue,  l'augmenter  ou  la  diminuer  par  la  gymnastique,  et  fixer 
ces  formes  dans  les  nouvelles  diuiensious  |iar  la  sélection  :  les 
lignes  et  les  rapports  n'en  demeurent  pas  moins  les  mêmes;   le 


(1)  Voy.  pour  ce  niit'  nous  rapporloiis  :  les  ComplPs  rendus  .\v.  des  Se.  de  Paris, 
t.  Gl,  p.  7'i.  el  '/.nolechnie,  I.  II,  pp    ."iCi  et  suiv. 

(2)  Voy.  Deuxième  nute  .tur  la  vuridbilitc  des  me/ is. Comptes  rendus  de  l'.Vead. 
des  Se,  I.  (il,  p.  KMi. 

{'.\)  Mêmes  con)|)tcs  reiulus:«  Proposition  sur  la  coiistilulion  de  l'espèce  el  de 
la  race  »,  par  A.  Sanson,  t.  62,  p.  1070,  année  isr*. 


XCIV  1)KS    HYBRIDKS    A    L  ETAT    SAUVAGE 

plan  n'a  point  changé,  et  c'est  ce  pl.in  précisément  qui  constitue 
le  lype  (1)  ». 

Nous  ne  pensons  point  que  les  théories  de  M.  Sanson  soient 
généralement  acceptées  ;  tout  au  contraire,  elles  semblent  n'avoir 
converti  personne  (2). 

L'espèce  est  susceplil)le  de  modifications  morpholoi^iques  ;  il 
sullit  que  certains  individus  se  détachent  du  tronc,  habitent 
d'autres  milieux,  pour  subir  les  influences  de  leur  nouvel  habitat. 
Ils  sont  parfois  alteinls,  très  sensiblement,  cela  est  connu  de  tout 
le  monde. 

Mais  nous  ne  voudrions  pas  par  là  aliirmer  l'existence  actuelle 
de  races  absolument  fixes  et  invariables  dues  à  de.s  croisements, 
quoique  nous  croyons  l'existence  de  ces  races  possible. 

Le  plus  souvent,  en  ellet,  les  éleveurs  sont  obligés  de  redemander 
à  l'un  des  parents  du  sang  pur  pour  régénérer  le  métis;  ]iuis, 
souvent,  dans  la  confection  des  i-aces  croisées,  la  sélection  joue 
un  rôle  aussi  graml,  sinon  plus  grand,  que  celui  du  croisement. 
Le  retour  à  un  des  ancêtres  par  atavisme,  auquel  les  races  croisées 
sont  sujettes,  est  encore  un  olistacle  à  leur  fixité.  «  Le  cultivateur, 
dit  M.  Elisée  Lefebvre  (3),  qui  se  laisserait  séduire  par  la  facilité 
du  métissage  et  par  ses  prompts  résultats  et  qui  conserverait 
l'espoir  de  pouvoir,  par  ce  moyen,  entretenir  un  troupeau  de  prix 
sans  être  obligé  de  renouveler  sans  cesse  l'achat  de  reproducteurs, 
courrait  le  ris(]ue  de  voir  tout  d'un  coup  ses  espérances  déçues 
par  la  tendance  que  conservent  les  animaux  à  redescendre  sans 
cesse  vers  le  lype  paternel  Ce  n'est  point,  ajoute  l'écrivain,  i[ue 
nous  regardions  comme  une  chose  impossible  de  parvenir  à  fixer 
dans  une  race  quelconque  le  caractère  d'une  autre  race  au  moyen 
du  croisement;  mais  nous  voulons  seulement  dire  que  l'opération 
est  douteuse,  en  ce  sens  qu'on  ne  peut  calculer  le  temps  nécessaire 
pour  arriver  au  but,  et  que  l'on  ne  sait  jamais  si  on  y  est  arrivé  )). 
Ces  paroles  nous  paraissent  très  justes. 

(I)  II),  id.  Toutes  le.s  objections  qui  ont  pu  se  produire  conlre  la  théorie  de  la  race 
telle  que  M.  Sanson  l'a  définie  s(uil  mentionnées  et  réfutées  dans  la  3'  édit.  de  SDn 
Trailé  de  zootechnie,  ;iul)lié  en  tstjlj  On  trouve  dans  cet  ouvrage  la  dernière  expres- 
sion des  idées  de  l'auteur  sur  les  sujets  dout  il  s'est  occupé  ainsi  que  toutes  les 
eoiisidéralions  bililiograpliiques  dont  on  pourrait  avoir  besoin  (comui.  de  M.  Sanson). 

(i)  Si  nous  en  croyons  un  vétérinaire  1res  distingué,  membre  de  l'Académie  de 
Médecine. —  M.  Baron  a,  du  reste,  nous  l'avons  déjà  dit,  pris  M.  Sanson  à  partie  el  1  a 
réJuté  à  la  Société  centrale  vétérinaire  de  Paris.  (Voy.  Bullcl.  de  la  Soc.  cenirale 
vétérinaire,  t.  V,  de  la  nouvelle  série,  XLl,  p.  70).  La  Racn  N((ta. 

[',i)  In  .1/((Ks()/(  rufliijue,  p.  o20. 


INTRODUCTION  XCV 

«  L'expt'rience  a  diiiioiitié,  <lil  tie  son  côlé  M.  la  Perre  de  Roo  (1), 
(|iu!  l(irs(]iri)ii  liK'lc  deux  races  distinctes,  ruiic  imligène  ou 
d'di'iiîirie  aiiiienue.  l'autre  \i>  jikis  souvent  exotique  ou  d'origine 
nouvelle,  cette  dernière  s'ellace  j;raduellenient  au  fureta  mesure 
que  les  générations  s'accumulent  ;  tandis  que  la  première,  c'est  à- 
(lii-e  celle  qui  était  en  possession  de  l'indigénal,  jjersiste  [jresijue 
exclusivement  dans  ses  produits.  Si  les  niélis  qu'on  veut  (aire 
reproduire  entre  eux,  en  vue  de  fixer  et  de  maintenir  la  race,  sont 
jilacés  dans  les  mêmes  conditions  liysiéuiques  et  climatériques 
au\(iuelles  la  ra('e  inimitive  i)u  indigène  doit  son  sang,  ses  fornnîs 
et  ses  aptitudes,  la  progression  vers  la  prépondérance  incontestée 
et  définitive  de  la  vieille  race  indigène  est  certaine  et  s'établit  d'une 
manière  ri'gulière,  malliématiiiui^  et  progressive,  de  génération 
eu  généralion  ».  Eu  outre,  dans  une  lettre  que  l'auteur  du  (iuide 
ilhisire  de  l'Eleveur  nous  écrit,  nous  trouvons  cette  phrase  :  k  Les 
animaux  issus  de  deux  racts  distinctes  transmettent  accidealelle- 
meut,  mais  jamais  avec  constance,  leurs  caractères  propres  à  leur 
descendance  (2)  ». 

Dans  le  Dictionnaire  de  Chimie  et  d'Iljifiiène  de  Bouley  et  Reynal, 
on  lit  encore  ceci  :  «  Ceux  qui  ont  la  prétention  d'être  les  plus 
intelligents  et  les  plus  éclairés,  se  rangent  parmi  ceux  qui  ne 
croient  et  ceux  qui  ne  se  confient  qu'au  pur  sang  ;  ils  repoussent 
obstinément,  et  d'une  manière  al)solue,  l"em|iloi  des  métis  comme 
reproducteurs  )).  Et  le  motif  que  l'on  invoque  est  le  suivant  :  c'est 
que  «  les  métis  n'ont  point  d'hérédité  stable  (3)  ». 

Godroii,  (jui  soutient  (|u'il  est  loisible  de  ciéiîr  de  nouvelles  rares 
|)ai'  croisement,  reconnaît  lui-même  que  ('i)  «  si  l'on  veut  maintenir 
une  race,  .soit  ancienne,  soit  hybride,  il  est  nécessaire  d'éloigner 
les  individus  (|ui  n'ont  pas  les(}ualités  requises  pour  la  monte  ».  Il 
rai)pell('  (ju'eu  Espagne  »  ou  ne  conserve  les  bonnes  races  de 
Mérinos  que  par  le  choix  intelligent  des  Béliers  (5)  ». 


(1)  Op.  cil.  p|).  Il  el  15. 

(2)  l.a  môme  iilée  est  exprimée  pp.  11)  et  20  de  son  Triiilé. 

(H)  Le  (ail  suivant,  ijne  nous  trouvons  dans  le  (iuide  illiistri',  appuie  ce  dire  : 
u  M.  le  comte  X.  possède  cinquante-sept  couples  de  PiL'eons  Ga/.gi  ou  de  .Modène, 
les  plus  beaux  d'Italie.  Pendant  toute  l'année  nui  vient  de  s'écouler,  il  n'a  réussi 
à  élever  que  trois  jeunes  à  pt'u  près  irrc'(iroclial)les  comme  disposition  correcte  des 
couleurs  liu  plumage  ».  (x'tte  ci)inmuiii<'atiun  est  (aile  à  M.  la  l'erre  de  lioo  par 
le  cliexalier  J.-U.   de  Sella,  de  Bioi.'lio. 

{/il  De  r/i'.s/jccp,  l.  Il,  p.  M. 

(ij)  Mém.  de  la  Soc.  d'Agr.  du  dépailement  de  la  Seine,  t.  Il,  p.  îd'i  (cit.  par 
(ioUron). 


XCVI  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT   SALVAGE 

«  Si  l'ou  abandonnait  une  race  croisée,  dit  V Ivncyriopcdic  d'Agri- 
culture (que  nous  avons  cependant  citée  coniriie  favoraljle  à  la 
création  de  races  par  croisements), si  l'on  négligeait  de  la  retremper 
par  intervalles  dans  le  sang  de  la  race  de  perfecliunnement,  ou  la 
verrait  déchoir  peu  à  peu  el  retomber  à  la  tin  en  l'état  d'infériorité 
relative  (1)  o.  «  L'expérience  a  démontré  ce  fait,  dit  le  même 
ouvrage  (2),  que  le  croisement  interromi)u  dans  ses  ellets  ne  donne 
rien  de  complet,  rien  de  stable  i,. 

W.  de  (Juatrefages  écrit  lui-même  que,  «  quelque  constance 
qu'une  race  métisse  ait  acquise  dans  son  ensemble,  il  arrive  presque 
toujours  que  certains  individus  reproduisent  à  des  degrés  divers 
les  caractères  de  l'un  des  types  primitivement  croisés  ».  C'est 
l'atavisme  qui  apparaît  sans  cesse,  cet  atavisme  qui  empêche  la 
fixité  complète  de  la  race  créée  par  croisement  et  vient,  suivant 
la  pensée  heureuse  du  maître,  «  attester  le  lien  physiologique  qui 
unit  tous  les  métis  (3)  ». 

Citons  aussi  M.  Richard,  du  Cantal,  lequel  fait  savoir,  dans 
un  rapport  adressé  à  la  Société  d'acclimatation  de  Paris  \i),  qu'il 
n'a  pas  conliance  dans  le  croisement,  la  nature  ne  perdant  jamais 
ses  droits  d'une  manière  absolue.  On  peut  encore  rappeler  cette 
phrase  d'un  article  de  la  Volirre  :  «  Dans  aucune  espèce  les  métis 
issus  de  deux  races  dillérentes  ne  sauiaient  transmettre  avec 
constance  à  leur  progéniture  les  caractères  qui  les  font  diOérer  de 
leurs  parents;  sous  les  inlluences  de  la  loi  de  la  rétrogradation, 
il  se  manifestera  toujours  chez  leurs  produits  une  tendance  de 
retour  à  l'un  des  types  primitifs,  à  l'un  des  types  des  deux  races, 
qui  ont  contribué  à  créer  la  race  métisse,  et  cette  tendance  s'accen- 
tuera de  plus  en  plus  énergiquemeut  au  fur  et  à  mesure  que  les 
générations  s'accumuleront  ou  se  succéderont  (5)  ».  Enfin,  il  faut 
mentionner  MoU,  de  la  Maixon  rustique,  qui,  tout  en  ayant  écrit  qu'au 

(1)  1\  894  du  t.  V.  Paris,  18(J1. 

(2)  P.  287  du  t.  X.  Paris,  18l«. 

(3)  h'Esprre  hniiiaine,  p.  ali.  —  M.  de  Quairetages  (p.  bO)  cite  un  exemple  bien 
frappaut  de  ce  retour  à  l'aneélre.  11  l'emprunte  à  (jiruu  de  Buzareingues.  il  s'agit 
d'une  généalogie  de  Chiens  qui  étaient  des  métis  de  bratjue  et  d'épagneul.  utlr,  un 
mâle,  braque  par  tous  ses  caractères,  uni  à  une  femelle  de  race  braque  pure 
engendra  des  épagneuls.  Ce  dernier  sang  n'avait  donc  nullement  été  éliminé  ».  — 
C'est  le  cas  de  répéter  avec  M.  de  la  Perre  de  lîoo  que  celui  qui  ne  connaît  pas  la 
provenance  des  reproducteurs,  dont  il  dispose,  se  ménage  bien  des  déceptions  et 
des  mécomptes  (p.  13(i  de  \'op.  cil.)  ». 

(4)  Voy.  p.  38G,  année  1857. 

(5)  Les  Secrets  de  la  liasse-Cour,  par  Narcisse  Masson.  p.  271,  1"  février  18b»7, 
(L'auteur  parle  de  Poules). 


INTRODUCTION  XCVll 

((  moyen  de  croisciiii'iits  on  pciil  (tl'oi-  une  nouvelle  race»,  observe 
uéannioins  »  que  les  produits  des  métis  tendent  en  général  à  se 
lappioclier  tic  celle  des  deux  races  composautes  qui  a  le  plus  de 
coiistauce  et  qui  est  le  plus  en  harmonie  avec  les  circouslances 
naturelles  etartilicielles  de  la  localité  (1)  ». 

Nous  nous  sommes  permis  toutes  ces  citations,  quelque  longues 
(|u'eiles  fussent,  afin  de  montrer  les  dillicultés  réelles  et  l'incer- 
tituile  que  présentent  les  croisements.  S'il  était  nécessaire  de 
recourir  à  un  argument  encore  plus  décisif,  nous  ne  saurions  mieux 
faire  que  de  rai)i)eler  le  passage  suivant  que  nous  trouvons  dans 
un  ouvrage  destiné  aux  éleveurs;  il  fera  voir  ce  (lue  ceux-ci 
pensent  des  métis.  Un  amateur  dé  Pigeons  envoyant  deux  couples 
de  ces  volatiles  à  un  de  ses  amis,  lui  écrit  :  «  il  ne  faut  pas  vous 
attendre  à  ce  qu'ils  reproduisent  pareils  à  euT-mcmes  »  ;  et  la 
raison  qu'il  donne  est  »  que  ce  sont  des  individus  provenant  de 
croisements  ». 

Nous  avons  nous  même  essayé  de  former  une  race  galline  à  l'aide 
de  croisements  ;  nous  avons  en  18S9  atfouplé  la  race  Padoue 
(variété  bleue  à  huppe  blanche)  avec  la  race  de  Cochinchine, 
donnant  à  la  prcmiéi-e  le  rôle  du  mâle.  Depuis,  cha<iue  année,  nous 
obtenons  une  nouvelle  génération  ;  les  métis  se  montrent  très  pro- 
lifiques. Ou  est  donc  en  présence  de  sept  générations  successives 
provenant  de  métis  rrainu'nt  demi-sang  et  se  reproduisant  inter  se. 
Or,  cluKjue  année,  apparaissent  les  formes  et  les  plumages  les  plus 
divers.  Quelques  types  montrent  une  certaine  uniformité  ;  leur 
attitiule,  leur  forme,  leur  plumage  tiennent,  pour  ainsi  dire,  des 
deux  races  mères  ;  mais  aucun  type  nouveau,  constant,  n"est  encore 
sorti  du  mélange  que  nous  indiquons.  —  Il  y  a  beaucoup  de  jeunes 
se  rapprochant,  soit  d'une  espèce,  soit  de  l'autre;  l'année  du 
mélange,  il  y  avait  aussi  des  Coqs  dont  le  plumage  rapi»elait  celui 
du  Coq  bankiva,  souche  probable  de  nos  Poules  domestiques  (2);  il 
y  avait  surtout,  (si  nos  souvenirs  sont  bien  exacts),  des  jeunes 
montrant  beaucoup  d'analogie  avec  le  Cochiuchinois.  Les  mêmes 
plnhioniènes  se  rejjroduisent  du  reste  chaque  anm-e;  i)eut-étre  le 
type  Cochiuchinois  tend-il  à  s'eflacer?  Nous  remarquions  en  \8\)'6, 
comme  jiendant  les  années  précédentes,  un  grand  nombre  de 
Poules  représciilaut  l;i  race  Padoue,  unais  non  la  variété  récente, 

(I)  Voy.  p.  377. 

(1)  Cet  pUct  >lu  croisemenl  qui  consiste  à  ramener  ileux  nues  au  type  primitif 
est  très  cnrieu^j  et  liien  établi. 

Suclielet    —  7 


XCVHI  DKS    HVBRIDliS    A    L  ETAT    8.VUVAGE 

Pailouft  lileue  à  liuppe  hlaiiclie,  qui  avait  servi  daus  le  mélange  (1). 
—  11  sei-ait  bien  dillicilo  de  préciser  rigoureusement  à  quelle  race 
les  jeunes  ressemblent  le  plus,  car  à  chaque  ponte,  ou  constate 
cette  «  variation  désordonnée  »  dont  parle  M.  Naudin  et  dont  M.  de 
Quatrefages  seH)ble,  en  quelque  sorte,  faire  l'attribut  des  croise- 
meats  d'espèce  (2). 

Il  est  vrai  que  nous  n'avons  point  pris  soin  de  réunir,  dans  un 
même  parquet,  les  individus  qui  se  ressemblaient  le  plus  ;  inten- 
tionnellement nous  avons  laissé  les  jeunes  se  reproduire  en  toute 
liberté,  quoique  les  mâles,  se  trouvant  toujours  trop  nombreux, 
nous  ayons  de  jjrélérence  éliminé  les  Coqs  les  plus  disparates. 

Nous  sommes  persuadé  que,  si  une  sélection  attentive  ne 
survient,  jamais  ces  gallinacés,  demi-sang  et  croisés  entre  eux, 
ne  formeront  une  variété  ou  race  à  caractères  constants  et  bien 
définis.  11  faudrait,  pour  obtenir  une  reproduction  de  formes  inter- 
médiaires, n'allier  entre  eux  que  les  rares  Coqs  et  Poules  qui 
présentent  une  forme  et  des  caractères  mixtes,  ou  bien  encore 
croiser  de  nouveau  les  métis,  qui  se  rapprochent  trop  d'un  seul 
type,  avec  celle  des  races  pures  qu'ils  ne  rappellent  que  peu.  — 
Si  on  faisait  chaque  année  un  choix  judicieux  des  reproducteurs, 
pourrait  on  peut-être  ari'iver,  à  la  longue,  à  fixer  une  forme 
nouvelle  que  l'atavisme  cependant  frapperait  fréquemment  d'un 
retour  vers  l'un  ou  l'autre  type  ancestral  (3). 

Une  remarque  très  importante  s'impose  ici.  Dans  la  plupart  des 
races,  soi-disant  lixées,  et  dont  il  vient  d'être  fait  mention,  nous 
sommes  porté  à  croire  qu'où  ne  compte  qu'un  fort  petit  nombre 
provenant  directement  d'un  seul  et  premier  croisement  opéré  entre 
deux  races  pures.  Généralement,  la  première  génération  de  métis, 
et  les  générations  suivantes,  otTrant  une  grande  variation  ou  plutôt 
une  prédominance  marquée  vers  un  type,  on  a  eu  soin,  afin  de 
donner  aux  métis  des  caractères  intermédiaires,  de  les  croiser, 
non  entre  eux,  mais  avec  le  type  pur  dont  les  traits  étaient  le 

(1)  Cette  variété  est  trop  récente  pour  persister  dans  les  croisements.  Dans  cet 
exemple  on  penl  reconnaitre  toute  la  justesse  d'une  observation  de  M.  de  Quatrefages 
c|ui  est  la  suivante:  u  Des  caractères  récents,  ol)serve-t-il  (in  Rev.  des  C.  Se,  t.  V, 
1867-1868,  p.  7.'i4)  s'elTacent  aisément  lorsque  deu.x  èti-es  mettent  en  présence,  au 
moment  de  leur  union,  des  traits  el  des  qualités  nouvellement  acquis  et  qui  n'ont 
pas  eu  le  temps  de  se  stabiliser  et  de  s'équilibrer.  » 

(2)  Voy.  p.  'SA  de  VEspèce  humaine,  H'  édit.,  le  cliap.  VUI  :  Croisement  des  races 
et  des  espèces. 

(3)  Citons  ici  l'exemple  de  cet  éleveur  qui,ayanl  croisé  des  Poules  avec  les  races 
malaises,  n'était  pas  encore  parvenu  à  les  débarrasser  de  ce  sang  après  quarante  ans 
d'eiïorts,  (exemple  emprunté  à  Darwin). 


INTRODUCTION  XCIX 

moins  apimrents  (1).  En  sorle  que  lii  itluiKirl  des  races  métisses 
ne  sont  pas  à  proprement  parler  des  races  demi-sang  ;  ce  sont  des 
races  qui  possèdent  plus  de  sanij  d'uni;  race  que  d'uni;  autre,  si 
nous  adnii'ltiins  toutefois  iconinie  il  est  convenu  en  pratiijue)  que 
le  produit  représente  «  la  demi-somme  des  puissances  héréditaires 
de  chacun  de  ses  procréateurs  (2)».  On  S(>  trouverait  ainsi  avoir  des 
races  3/i  sang.  5/8,  7/8,  etc.  ;  cela  à  l'intiui.  Nous  lu-  parlons  point 
des  métis  qui  ont,  tout  à  la  fois,  du  sang  de  trois,  (piatrc  et  môme 
cinq  races  ;  ce  sont  peut-être  les  plus  couimuns. 

Ainsi,  même  avec  des  mélanges  variés,  des  combinaisons  dues  à 
une  sélection  très  attentive,  on  n'arrive  que  très  difiicilenient  à 
créer  un  nouveau  type  durable,  lecpicl  est  sans  cesse,  si  une  sélection 
attentive  ne  survient,  sujet  à  retourner  au  type  paternel  ou  au  type 
maternel. 

.Nous  aurions  désiré  rencontrer  une  race  authentique  née  d'un 
liremier  et  unique  croisement  entre  deux  races  pures.  Sans  nier 
assurément  (|u"il  en  e.xiste  dans  les  exemples  cités,  nous  n'oserions 
non  plus  allirmer  qu'elle  s'y  trouve. 

Quoiqu'il  en  soit,  les  croisements  de  race  à  race  sont  bien 
ilillérents  de  ceux  d'espèce  à  espèce.  Si  l'on  peut  facilement  citer 
d(;s  races  métisses  (plus  ou  moins  constantes,  nous  l'admettons), 
il  est  impossible  de  nommer  des  races  hybrides;  on  n'en  connaît 
aucune.  Serait-il  possible  d'en  créer?  Nous  ne  voudrions  cepen- 
dant i)as  répondre  par  la  négative  car,  puisque  l'on  rencontre 
des  hybrides  proliliques  (3),  pourquoi  n'arriverait  on  pas,  par  un 
choix  judicieux  des  reproducteurs  ou  avec  des  infusions  nouvelles 
du  sang  des  espèces  mères,  à  former  un  type  nouveau  dont  la 
durée,  cela  va  sans  dire,  serait  limitée  au  temps  pendant  lequel  la 
sélection  durerait".'  —  En  principe,  nous  ne  voyons  aucune  impos.si- 
bilité  à  cela:  mais  nous  ne  disons  pas  non  plus  que  la  chose  soit. 

.Nous  avons  fait  des  essais  nombreux  pour  résoudre  la  question; 
nous  devons  avouer  que  nous  ne  l'avons  pas  résolue  pratiquement, 
pas  plus  parmi  les  Oiseaux  (|ue  parmi  les  .Mammifères. 

Il  nous  serait  impossible  de  raconter  ici.  même  très  brièvement, 
les  croisements  que  nous  avons  tentés.  Leur  nombre  est  très  étendu, 

(I)  Un  piiiirra  se  renseigner  sur  celle  inuiiiirc  de  procéder,  clans  la  notice  sur 
les  Iruupeaux  Uisliley-mérinos  de  Trappes.  (Journal  d'Agriculture  pratique  Barrai, 
1875,  1.  I.  p.  -M'A). 

[i)  C'est  là  toutefois  une  hypothèse  toute  gratuite,  comme  le  fait  remarquer, 
avec  beaucoup  de  raison,  M.  Sanson,  in  L'hèrcditc  normale  et  patholaijiiiue,  ]>.  ItiO. 

(3)  Il  en  existe,  nous  le  savons  par  expérience. 


C  DES    HYBlilDES    A    L  KTAT    SAUVAGE 

puisque    nous  avons  pu   expérimenter  sur   des   centaines,    nous 
dirions  presque,  des  milliers  .de  sujets. 

C'est  en  1883  que  nous  bâtissions,  dans  notre  parc  d'Aiiliville,  le 
premier  parquet  où  devaient  fommencer  nos  expériences.  Les 
débuts  de  la  première  année  avaient  été  très  modestes;  mais,  dès  la 
deuxième  et  la  troisième  année,  nous  donnions  une  grande  exten- 
sion à  nos  essais,  nous  associant  en  France,  et  même  à  l'étranger, 
beaucoup  d'éleveurs  et  d'amateurs  qui  acceptaient  d'expérimenter 
pour  notre  compte  et  sous  leurs  yeux. 

Nous  éprouverions  une  grande  satisfaction  à  raconter  en  détail 
ces  croisements,  entrepris  dans  un  but  purement  scientifique;  mais 
un  gros  volume  y  suffirait  à  peine.  Si  nous  n'eu  étions  point 
l'auteur,  nous  dirions  qu'ils  présentent  tous  un  intérêt  très  grand. 

Bornous-nous  à  faire  savoir  que,  [lai'mi  tant  de  mélanges,  un 
seul,  bien  connu  des  éloveui's,  le  croisement  de  la  Thaumalea 
picta  X  T.  amherstiœ  (1)  a  réussi  à  nous  donner  cinq  générations 
d'hybrides  provenant  d'un  croisement  direct,  c'est-à-dire  que  les 
hybrides  se  sont  reproduits  quatre  fois  entre  eux.  Certaines 
circonstances  malheureuses,  dans  l'incubation  des  œufs  ou  dans 
l'élevage  des  jeunes,  nous  ont  privé  d'amener  tous  les  ans  une 
nouvelle  génération  dans  les  autres  croisements  entrepris:  quel- 
quefois, souvent  même,  la  cause  de  l'insuccès  a  été  la  stérilité  des 
produits  ou  l'infécondité  des  parents  croisés;  mais  non  le  mélange 
des  espèces. 

Nous  supposons  donc  que  les  Oiseaux  qui  proviennent  du  croi- 
sement qu'on  vient  de  citer  sont  indéfiniment  féconds,  puisque 
chaque  fois  la  ponte  est  uormale  et  leurs  œufs  fécondés  en  quan- 
tité suffisante.  Mais  ce  que  nous  n'avons  point  dit,  c'est  que  les 
individus  de  cimiuième  génération  sont  exactement  les  mêmes  que 
les  individus  provenant  du  croisement  direct:  les  mâles  sont  pres- 
que entièrement  du  type  picta,  les  femelles  se  rapprochent  gêné 
ralement  de  Vamheisliœ.  En  sorte  que,  quoique  certains  sujets 
soient  quelque  peu  intermédiaires,  nous  n'avons  obtenu  aucun 
type  réellement  nouveau  ou  race  hybride. 

Afin  d'éviter  ce  retour  aux  ancêtres,  nous  avions  pensé  qu'il 
serait  bon  d'apparier  entre  eux  des  produits  nés  de  croisements  où 
le  rôle  des  facteurs  se  trouverait  interverti.  Cela,  fait  sur  iinp  très 
large  échelle,  a  été  peine  inutile.  Evidemment,  pour  oiilenir  uue 
forme  intermédiaire,  il  faudrait  infuser  aux  hybrides  du  sang  de 
l'espèce   pure  dont  les   caractères  ne  sont  pas  assez  apparents. 

(I)  p.  87. 


INTRODUCTION  CI 

Mnis  alors  un  arriverait,  comme  dans  la  formation  de  beaucoup 
de  races  du  reste,  à  ne  posséder  que  des  sujets  ayant  plus  d'infu- 
sion de  sang  d'une  espèce  (|ue  l'autre,  Cl'  qu'il  aurait  fallu  éviter  (1). 

l'armi  les  exemples  de  croisements  que  nous  avons  énumércs, 
dans  le  mémoire  présenté  à  la  Sorhonne,  il  a  encore  été  rappelé 
qu'à  la  Ménagerie  du  Muséum  de  Paris  on  croit  être  parvenu  à 
ol)lL'nir  six  ;;énératioiis  d'I'^uplocomes  du  Nepaul  (ou  Leucomèles) 
croisés  d'Euplocomes  iijiclhcmeriis.  Plusieurs  de  ces  produits  nous 
ont  été  envoyés  en  échange;  ils  ap|)artenaient  à  une  deuxième  et 
à  une  troisième  génération.  Nous  avons  cru  constater  que  leur 
plumage  était  sujet  à  des  variations.  En  outre  nous  répétons  que 
nous  ne  sommes  aucunement  sur  cjue  six  générations  de  métis 
demi-sang  aient  éUS  obtenues;  il  y  a  môme  lieu  d'en  doutei-  d'après 
les  renseignemenls  dont  nous  nous  sommes  entouré. 

Nous  ne  mentiounons  |)as  ici  les  antres  exemples  d'hybrides,  non 
stériles,  signalés  dans  le  même  travail;  car  ces  hybrides,  quoique 
jouissant  de  la  fécondité,  n'ont  point  encore  formé  une  race  se  per- 
pétuant sans  le  secours  d'infusion  de  sang  des  espèces  pures. 

Les  phénomènes  de  reproduction  chez  les  hylirides  et  chez  les 
métis  vii'iinenl  d'être  étudiés;  on  peut  se  demander  si  ces  phéno- 
mènes, qui  s'établissent  très  différemment  dans  la  génération  des 
uns  et  des  autres  permettent  d'en  faire  le  rriterinm  physiologirjue 
de  l'espèce  ? 

Beaucoup  sont  tentés  de  répondre  par  l'allirmative;  nous  pen- 
cherions aussi  de  ce  C(Mé.  On  doit,  cependant,  compter  avec  les 
exceptions.  Or,  dans  notre  communication  faite  à  la  Sori)onne,  nous 
avons  remarqué  que  certains  hybrides  sont  doués  de  fécondité, 
même  entre  eux.  S'ils  sont  capables  tie  se  reproduire  normalement 
pendant  un  certain  nombre  de  générations,  on  ne  voit  pas  pour 
quelle  cause  cette  fécondité  réelle  cesserait  tout  à  coup  {•!].  —  Nous 
serions-nous  trompé  sur  la  nature  des  parents  qui  les  ont  engen- 
drés; ceux-ci  ne  méritent-ils  point  d'être  classés  parmi  les  bonnes 
espèces  zoologiqui's?  I-a  chose  est  ti'ès  possible. 

Aussi,  dans  l'ignorance  où  nous  sommes  de  ce  sujet,  (tout  aussi 
obscur  qu'il  est  profondément  mystérieux),  nous  nous  bornerons 
aux  constatations  faites  sans  tirer  de  conclusions. 


(1)  Si  oïl  |iiiil  jiif;or  par  un  ou  diiix  exemples  isolés,  nous  avons  rem.irqiic!'  avec 
inlrirl  (|iii'  les  Coqs  à  (•aiaclries  mixtes  (fort  rares)  se  monlraienl  inféconds  ; 
l'un  d'eux  cependant  devint  inolinijne  au  liout  d'un  certain  nombre  d'années. 

(2)  On  le  dit  cependant  dans  lieaucoiip  d'ouvrages. 


cil  DliS    HVimiDES    A    L  HIAT    SAUVAGE 

Un  esprit  qui  voudniil  alliM-  au  delà,  voir  plus  luiu  que  uous 
essayons  de  le  faire,  ne  manquerait  pas  de  remarquer  que  les  faits, 
tels  que  nous  les  avons  exposés,  mènent  cependant  à  une  conclu- 
sion. S'il  existe,  en  ijénéral,  une  ditïéreuce  très  importante  entre 
l'hybride  et  le  métis,  au  point  de  vue  des  phénomènes  de  reproduc- 
tion, (puisque  le  premier  est  presque  toujours  stérile,  le  second 
toujours  fécond),  il  est  néanmoins  possible  de  rencontrer  des  cas 
où  l'un  et  l'autre  sont  prolifiques.  En  outre,  tandis  que  l'existence 
de  races  métisses,  absolument  et  invariablement  fixes,  n'est  peut- 
être  pas  sutlisamment  établie,  l'impossibilité  de  créer  une  race 
hybride  n'est  point  non  plus  démontrée  scientifiquement.  Il  y  a 
donc  des  cas  où  la  distinction  tiénésique  de  l'hybride  et  du  métis 
n'est  guère  possible;  ces  cas  sont  très  rares  certainement,  tout  à- 
fait  exceptionnels  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  mais 
se  manifestent  parfois. 

Nous  ne  voudrions  point  nous  soustraire  à  celte  critique;  nous 
l'acceptons  avec  ses  conséquences  et  nous  en  reconnaissons  toute 
la  valeur.  C'est  pourquoi,  dans  certains  cas,  au  lieu  de  uous  servir 
des  phénomènes  de  reproduction  comme  critérium  de  l'espèce, 
serions-nous  presque  tenté  de  proposer  comme  signe  tout  spéciale- 
ment distinctif,  l'indifférence  ou  aversion  qui  se  manifeste  entre 
sexes  d'espèces  différentes  au  moment  même  de  la  reproduction, 
lorsque  l'animal  jouit  de  sa  liberté  :  cette  aversion  étant  si  vive 
qu'elle  met  obstacle  à  tout  rapprochement.  —  Cette  proposition  n'est 
faite  que  pour  le  cas  où  le  classement  de  parents  d'hybrides  féconds, 
au  rang  d'espèces  ou  de  variétés,  serait  bien  établi  ;  car  il  peut 
arriver,  nous  le  répétons,  que  de  tels  parents  soient  mal  classés. 

Mais  d'autres  phénomènes  accompagnent  la  naissance  des 
hybrides  et  des  métis.  Les  uns  et  les  autres  revêtent  des  caractères 
nouveaux  propres  à  leur  nature  mixte.  —  L'étude  de  ces  caractères 
n'est  peut-être  pas  d'une  moindre  importance  que  celle  de  leur 
fécondité  ou  de  leur  stérilité.  La  manière  dont  le  mélange  s'opère 
dans  le  produit  peut  jeter,  en  effet,  quelque  jour  sur  la  fécon- 
dation croisée.  Nous  étudierons  donc  maintenant  ce  sujet. 


i.NïiidDi'criON  cm 


VLII. 


Y  ii-t-il  fusion  réelle  (Icscaractèros  des  parents  constituant  dansée 
cas  des  traits  Irh  fiidijcns'!  ou  pliiti'il  le  in(daiiy,e  n'aboulitil  qu'à  une 
juxtaposition  donnant  à  certaines  parties  du  corps  l'aspect  d'une 
espèce,  à  certaines  autres  l'aspect  de  l'autre  espèce  ?  Quelle  est  la 
part  revenaul  à  chaque  fact(!ur?  Le  nièlanjj;e  s'opère-t-il  de  la  niôine 
manière  chez  les  hybrides  et  chez  les  métis  ?  —  Telles  sont  les 
questions  (lu'il  est  nécessaire  de  résoudre.  Leur  solution  peut  être 
d'un  grand  avantai;e  dans  les  cas  douteux  d'hyhridisme  ou  de 
métissage  observés  à  l'état  sauvage,  c'est-à-dire  dans  les  cas  où 
l'on  ignore  si  les  caractères  mélangés  que  présentent  des  individus 
S(mt  (lus  à  un  croisement  ou  à  des  iuduences  cliniatériques  (I). 

Nous  verrous,  dans  le  cours  de  cet  ouvrage,  que  des  Oiseaux, 
observés  à  l'état  sauvage,  sont  intermédiaires  entre  deux  types 
purs  dont,  à  première  vue,  ils  paraissent  provenir  ;  que  les  carac- 
tères de  ces  deux  types  se  fondent  chez  eux  dans  une  harinonle 
parfaite  ;  qu'une  progression  constante  s'établit  lorsqu'ils  tendent 
à  se  rapprocher  vers  l'un  ou  vers  l'autre  de  ces  types.  D'autres 
Oiseaux  représentent  aussi  sur  eux  les  caractères  des  deux  espèces, 
mais  ces  caractères  ne  sont  pas  fusionnés:  des  parties  du  plumage 
ou  du  corps  appartiennent  presque  complètement  à  une  espèce; 
les  autres  parties  à  la  seconde  es[)èce.  —  Dans  le  premier  cas,  il 
s'agit  très  probablement  d'intermédiaires  imn  métis  entre  deux 
laces  ou  deux  variétés,  dans  le  second  cas  on  a  presque  toujours 
alîaire  à  des  [)ro(luits  de  croisements. 

tA'sont  encore  les  faits,  les  faits  seuls  qui  peuvent  nous  instruire; 
il  est  utile  d'en   grouper  un  giand  nombi-e  fiour  établir  des  règles 
de  quelque  valeur.   Ayaut    rassemblé    une   foule  d'observations, 
nous  suri(ms   en   mesure  de  procéder  à  ce   travail  ;    malheureu 
sèment  nous  ne  pouvons  y  songer  dans  cette  courte  préface  ;  il 

(I)  D'après  la  disposition  des  caractères  rjne  revôtenl  les  produits,  des  ailleurs 
onl  cm  pouvoir  dérouvrir  leur  provenance.  Voy.  enire  .autres  :  Ijloger,  dans  le 
Journal  liir  Urnilli.,  ISii'i  là  propos  de  la  l'utifjula  homeyeri):  Severtzow,  in  Bull, 
des  Naturalistes  de  Moscou,  p.  :i;i2  el  suiv.,  i")  propos  d'un  Canard  qu'il  croyait  issu 
(le  la  Sarcelle  et  du  Canard  sauva^-e  ;  Tli.  Loren/.,'  in  Journal  fiir  Ornilliolojrie,  ISflt, 
(pp.  410  et  suiv.),  I:inigeg  iiber  Rackelwild  und  Halmenfedrigkeit. 


CIV  DES    HYBllIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

y  a  ici  matière  à  un  volume.  Nous  ne  ferons  donc,  tout  en  laissant 
eonnaîti'e  noti'c  sentiment,  (|ue  passer  en  revue  les  auteurs  qui 
ont  parlé  du  sujet.  —  Ils  sont  nombreux,  plus  nombreux  peut-être 
que  les  observations  sur  lesquelles  ils  s'appuient  pour  exposer 
leur  manière  de  voir. 

Et  d'abord  quel  est  leur  enseignement  sur  les  caractères  des 
hybrides? 

Pline  prétendait  que  le  produit  de  deux  espèces  n'e.st  semblable 
ni  à  l'une  ni  à  l'autre,  mais  forme  une  troisième  espèce  (I).  Il  est 
à  peu  près  le  seul  naturaliste  qui  se  soit  exprimé  ainsi. 

Les  auteurs  sont  unajiimes  à  dire  que  riijbride  tient  de  l'un  et 
de  l'autre  de  ses  auteurs.  On  pourra  consulter  Willughbei  12), 
de  Haller  (3),  Meyer  (4),  Blumenbacii  (5),  Bronn  (6),  Westood  (7), 
et  une  quantité  d'autres  qui  sont  très  explicites  sur  cette  matière. 

Mais  si  les  hybrides  sont  mixtes,  sont-ils  pour  cela  moyenu  (8)? 

Godron,  qui  a  étudié  la  question,  semide  pencher  pour  celte  opi- 
nion (9),  partagée  en  quelque  sorte  par  les  auteurs  du  A'owrraH 
Dict.  d'Hist.  naturelle  (10)  et  par  M.  Cari  Vogt  (11). 

Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  qui  n'est  point  étranger  à  ce 
genre  d'études,  est  moins  alFirmatif.  Pour  lui  les  hybrides  ne 
sont  pas  toujours  moyens;  toutefois  ils  sont  toujours  mixtes  et 

(1)  Lib.  VIII,  LXIX.  Willughlipii,  Lomlon. 

(2)  Ornilhologiic,  p.  10. 

(3)  Elementa  physiologie'  corpnris  hiiniani.  Berne  176G.  t.  8.  p.  99. 

(4)  Mag.  jiir  Thiergeschichle,  Ersten  liandes.  erstes  Stûck,  (irellingen.  1790. 

(5)  Manuel  d'IJisl.  naturelle,  p.  27.  (Ti-a.!.  de  rallemand  par  Soulango  .\rtiiud), 
t.  I,  pp.  118119.  1803. 

(G)  Natur/jeiichiclite,  etc.,  1843,  p.  172. 

(7)  ITie  transactions  of  Ihe  Enlomogical  Society  of  London.  vol.  III,  ISU  43, 
p.  195;  Voir  encore  le  Dict.  de  Bory  de  St-Vincent.  t.  X,  p.  120. 

(81  Besciierelle  (Dict.  national)  donne  ainsi  l;i  jiistilication  de  ces  deux  mots  : 
((  Mixte,  qui  est  mélangé,  qui  est  composé  de  plusieurs  choses,  qui  participe  de 
la  nature  des  uns  et  des  autres  >i;  «  Moyen,  qui  tient  le  milieu  entre  deux  extré- 
mités, entre  deux  choses.   « 

(9)  Voici  ce  qu'il  éei'it  :  «  Le  mélange  îles  formes  est-il  réparti  dans  une  pro- 
portion égale,  et  les  hybrides  de  même  origine  oUrent-ils  toujours  des  caractères 
constants"?  Il  est  d'observation  que  les  hybrides  (il  p:irle  de  certains  genres  déter- 
minés) sont  réellement  des  êtres  intermédiaires  entre  leurs  parents,  et  tiennent 
à  peu  près  autant  de  l'un  que  de  l'autre.  Ils  ont  généralement  une  ressemblance 
assez  grande,  mais  qui  n'est  pas  cependant  aussi  complète  que  celle  que  présen- 
tent les  espèces  appartenant  à  une  même  espèce  légitime,  etc.  ii  (pp.  197  et  198 
de  ['op.  cit.).  Plus  loin  (p.  2IX))  il  dit  :  «  Les  hybrides,  nés  de  deux  espèces  dis- 
tinctes, participent  presque  également  des  caractères  de  chacun  de  leurs  parents  ». 

(10)  T,  XX,  Paris  1818.  p.  489. 

(11)  Leçons  sur  l'homme,  1878,  p.  iioo. 


INTRODUCTION  CV 

forment  iiii'iiip  de  vériliihles  iiileniii'iliaire.s  (1).  D'après  Marcel  de 
Serres,  (2)  c'est  seuleineiil  quelquefois  qu'ils  tiennent  le  milieu 
entre  les  deux  espèces  mères.  Si  nous  eu  croyons  Gloger  (3), 
Lyell  (4),  Clievreul  (o),  ils  ne  sont  point  rigoureusement  intermé- 
diaires 

L'iulluence  des  parents  ne  se  répartirait  donc  pas  chez  eux  d'une 
manière  égale  — Tiendraient-ils  plus  d'une  espèce  que  de  l'autre? 
Oui,  répondent  les  uns.  D'après  .athénée  ((i),  ils  tiennent  plus  de 
la  mère  que  du  père  ;  cette  opinion  est  partagée  par  Nieremherg  (7), 
Zacchias  (8),  Mérat  (9),  Cardini  (10).  Tel  n'est  pas  l'avis  du 
D'-  (lloger(ll),  du  baron  de  Gleirlien  (12)  et  de  M.  Victor  Fatio  (i:?); 
d'après  ces  derniers,  les  liyliridtis  ressemblent  [iresque  toujours 
davantage  à  leur  père. 

Les  produits  hybrides  ])euvent  ils  aussi  se  rapprocher  complète- 
ment de  l'un  des  parents,  c'eslàdire  |iosséder  tous  les  (caractères 
d'une  espèce  à  l'e-xclusion  de  i'autii'.^  Isidore  Geoffroy  Saint  lïilaire 
ré|)nnd  catégori(iuemenl  à  celle  (juestion  par  la  négative;  il  résulte 
pour  lui,  de  tous  les  faits  oi)servés,  (|ue  jamais  ils  ne  ressemblent 
à  un  seul  type  comiilètement.  M.  de  Qualrefages  approuve  cette 
opinion  (14).  La  nii'me  manière  de  voir  est  exprimée  dans  le 
Diclwnndirc  de  Bory  de  Saint-Vincent. 

Quant  à  savoir  s'il  y  a  fusion  ou  juxtaposition  dans  le  mélange 
des  lyjies,  l'auteur  de  Vllistoire  des  règnes  organiques  admet  que 
les  deux  cas  peuvent  se  présenter.  «  Il  peut  y  avoir  fusion  plus  ou 
moins  intime  des  deux  types  originels;  ou,  au  contraire,  simple 

(1)  nist.  générale  el par Uculière  des  Anomalies  de  l organisation  chez  l'homme 
et  les  animaux,  etc.,  ou  Traité  de  léralolngie,  1. 1,  l'aris  48.32.  Pari.  II,  liv.  III. 
chap  I,  p.  .'lOr)  (en  note).  Voy.  aussi:  Hisl.  générale  des  Règnes  organiques, 
t.   III,  p,  l'on. 

(2)  Hevue  du   .Miili.  Tuulouse,  ISIJo,  t.   IX,   |i.   .Vil. 

(3)  Journal  lui  Oriiilhologie,  n"  de  septembre  ISlii.  '3'  lictl.,  Sur  l'hybridalion, 
etc.,  p.  'lOt. 

(4)  frincipeii  de  Céolo'/ie.  4"  part  ,  p.  102,  IR.'iO, 
(.o)  .lournal  des  Savants,  pp,  ;(;>;>  et  Slili.  18'i(). 

(ti)  Cit.  p:ir  Ijalien.   De  semine,  lib.  sei-undus,  f»  :i3l'>,  verso  30"  ligne. 

(7)  Hisl.  nul.   ma.r.  Anvers  ni;},'),  cli.ip,   XXIX, 

(8)  Questions  médico-U'gates,  Avenlon  ir>,'i7,  p.  533. 
(!))  Dicl.  des  Se.  mùticates.  t.  XXII   p    138,  18IH, 

(tU)  Uict.  d'Hippalique.  184.S,  p.  U'.l. 

(11)  Houstanding,  etc.,  p,  ,tI3. 

(12)  Op.  cit.,  an  Vll,  p.  %. 

(13)  (Juelijues  oh.ierralions  sur  deux  Tétras  des  Musées  de  yeufchàlel  et  de 
l.au.<nnne.  (liul.  Soc,  Vaudoise  des  Se,  nal.  IX,  n°  ;i8,  1868). 

(14)  Voy,   Uev,   des  C,   scientifiiiucs.   I8f)7-I8rs,  p,   7:i2. 


CVI  DES    HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

wélaiii/c  de  ces  typos,  p;ir  juxtaposition  des  cariictères  empruntés 
à  chacun  d'eux.  Daus  le  premier  cas,  les  deux  types,  partout 
altérés  l'un  par  l'autre,  ne  se  montrent  plus  nulle  part.  .Ailleurs, 
au  contraire,  chaque  type  est  séparément  empreint  sur  l'hybride  : 
telle  région  ou  tel  ordre  de  caractères  est  comme  chez  le  père,  tel 
autre  comme  chez  la  mère  (1). 

Darwin  était  porté  à  croire  (|ue  la  fusion  des  caractères  ne 
s'accomplit  que  très  rarement,  daus  des  cas  tout  à  fait  excep- 
tionnels [î).  Au  contraire,  William  B.  Carpenter  (3)  parle  de  cette 
fusion  comme  d'une  chose  ordinaire.  M.  de  Qualrefages  admet 
qu'il  peut  y  avoir  fusion  et  juxtaposition  (4). 

Voici  ce  que  nous  sommes  enclin  à  croire  : 

Rarement  l'hybride  appartient  à  une  seule  espèce  ;  ses  caractères 
sont,  non  moyens,  mais  intermédiaires  ou  mixtes,  c'est-à-dire 
qu'il  possède  sur  lui  les  caractères  des  deux  facteurs  mélangés  en 
diverses  proportions  ;  le  plus  souvent  les  parties  qui  sont  atteintes 
par  le  mélange  laissent  voir  facilement  l'influence  prépondérante 
d'une  des  espèces  mères,  en  sorte  qu'il  y  a  juxtaposition  et  fusion. 
La  fusion  intime,  dans  des  proportions  égales,  nous  paraît  rare 
ou  plutôt  ne  point  exister.  —  La  plupart  des  hybrides,  nés  de  deux 
espèces  bien  pures,  non  altérées  par  la  captivité  ou  la  domesticité, 
doivent  se  ressembler  entre  eux,  non  pas  autant  cependant,  comme 
l'observe  Godron  avec  raison  (5),  que  se  ressemblent  les  animaux 
nés  d'espèces  sauvages  et  libres. 

Il  en  est  tout  autrement  lorsque  les  espèces  que  l'on  marie  sont 
domestiquées  et  altérées  :  la  variabilité  de  leurs  produits  est  alors 
la  grande  règle  ;  on  peut  leur  appliquer  l'expression  caractéris- 
tique employée  par  M.  de  Quatrefages  :  »  variation  désordonnée  >). 

Mais  n'y  a  t-il  aucune  règle  constante  et  fixe  permettant  de  pré- 
voir de  quelle  manière  s'établissent  les  caractères  des  hybddes? 
M.  Edmond  Perrier  (6)  et  le  D''  Broca  pensent  qu'il  n'en  existe 
point  :  «  Aucune  loi  générale,  dit  Broca,  ne  préside  à  la  réparti- 
tion des  caractères  du  père  et  de  la  mère  chez  les  animaux  hybrides. 
11  y  aurait  même,  suivant  les  cas,  des  différences  considérables 
qu'aucune  donnée  théorique  ne  permet  de  prévoir  avant  l'expé- 

(1)  T.  m,  p.  203. 

(2)  Variatinns  des  animaux  el  des  l'ianles,  l.  2,  p.  loi. 

(3)  Principles  oj  Buman  physiology,  p.  'J8G.  Loudon,  187C. 
('i)  Voy.   R.   de.'!  C.  soient.,   I8H7-68,  \i.   757. 

(5)  Op.  cit.,  p.  200. 

(0)  Essai  sur  les  croisemenls  ethniques.  (Bull.  Soc.  anllirop.  ISG-i,  p.  244). 


INTRODUCTION  CVII 

riciice  (1)  ».  C(:  que  cuiiliiiiu;  (leut  iHre  M.  di:  Sclys-Longchamps 
lorsqu'il  dit  (luedans  une  m(''ine  couvée,  k  il  est  rare  que  les  hybri- 
des soient  Inul  à  fait  soinlilaliles  les  uns  aux  autres  (2)  ».  Mauper- 
tuis  (3)  pensait  que  l'incertitude  des  caraetères  s'accroît  à  mesure 
que  les  espèces  hybrides  croisées  sont  plus  éloignées.  —  Ces  diverses 
théories  seraient  à  examiner  de  pins  près. 

Les  choses  se  pa.ssent-elles  de  même  chez  les  uiétis,  nous  voulons 
dire  oliez  les  individus  |inivenaiil  du  nudange  de  deux  races  ou  de 
variétés  (4)? 

On  reconnaît  qu'ils  partiijpent,  comme  les  hybrides,  de  l'un  et 
de  l'autre  de  leurs  auteurs  (ri).  Dil-(iii  qu'ils  sont  moyens?  D'après 
(lirou  de  Buzareingnes  (6),  on  obtient  souvent  un  médium.  Mau- 
pertuis  (7)  aurait  aussi  admis  que  le  produit  est  mi-partie.  Kant  (8) 
le  considère  comme  toujours  et  nécessairement  moyen.  M.  de  Qua- 
trefages  ('J)  pense  qu'il  est  ainsi  (juelquefois,  mais  non  le  plus 
souvent.  D'après  Godron  (10),  il  n'est  pas  réellement  intermédiaire. 
Beaucoup  d'éleveurs  attribueraient  cependant  des  qualités  moyennes 
aux  métis  (11). 

Ceux  ci  tiennent-ils  plus  de  leur  père  que  de  leur  mère,  ou  est-ce 
l'inverse'.'  Peu  d'auteurs,  à  notre  ci)nnaissance,  ont  fait  connaître 
leur  sentiment   sur   ce  point.  .Mais  d'après  Liodron  (12),   tous  les 

(1)  Op.  cil.,  p.  574. 

(2)  Bull.  .Vcad.  des  Se.  de  Hi-iixcllcs,  IS'ili,  I.  2. 

(S)  Cit.  par  de  (jualrefaî,'es.  K.  C.  S.  ISC,7-lS(;s,  p.  Tàî. 

(4)  Il  nous  est  iiMpossll)le,  à  noire  regret,  de  ili>tinij;u(^r  ici  entre  les  produits 
de  variétés  el  les  produits  de  races  croisées.  Ce  sont  là  (-(^pendant  des  êtres  dillé- 
renls.  l.a  variété  étant  nue  création  très  récente,  de  faillie  importance  ;  la  race  étant 
établie  plus  anciennement,  avec  îles  caractères  plus  tranchés,  plus  marquants,  il 
peut  se  faire  ifue  les  mêmes  phénomènes  ne  se  produisent  pas  dans  les  caractères 
des  produits  des  unes  et  dans  les  caractères  des  produits  des  autres.  —  Mais  une 
telle  distinction,  très  subtile  d'ailleurs,  nous  entraînerait  beaucoup  trop  loin,  e', 
nous  ne  disposons  point  d'assez  noml)reu.\  exemples  à  citer. 

(:>)  Voy.  Hi-'»''-  gi'n.  den  atuiinnlies,  p.  .JIOC),  18:i2;  liaces  humaines  (Des  carac- 
tères), par  Edwards,  1829.  p.  23:  le  Dict.  de  Deterville,  1838.  t.  XXIII:  les  Mém. 
de  la  Soc.  d'Kthnologie  de  Paris,  1841,  in  8",  t.  I,  p.  21  (ietln-  à  M.  .Xraédée 
Thierry,  p.  M.  Kdwards),  l.  Il,  p.  21,  etc. 

(6)  Cité  par  de  Oualrefa^'es.  R.  C.  S.,  p.  7;i2. 

(7)  Cit.  par  le  même  auteur. 

(8)  Cil.  aussi  par  M.  de  Qoatrefages  (même  ouvrage). 

(9)  Même  ouvrajje. 

(10)  De  \i:sptce,  p.  212  el  iV.i. 

(11)  Si  nous  en  croyons  le  Bull,  de  la  Suc.  d'Acclim.,  t.  VIII,  année  18CI,  p.  '£'<>. 
(I2l  De  VEsphe,  pp.  212-21:». 


CVIII  DES    ItYBRIDES    A    l/ÉTAT   SAUVAGE 

observateurs  seraient  iinaiiiines    à  n'ooiiiiaiire    (jue   ce    sont  les 
caractères  du  père  qui  doniiiieut  le  plus  géuéralement. 

Les  métis  peuvent-ils  être  entièrement  semblai)les  à  une  seule 
des  espèces  qui  ont  contribué  à  leur  formation?  Broca  dit  que 
«  dans  les  alliances  qui  s'effectuent  entre  les  variétés  d'une 
même  espèce  le  produit  est  quelquefois  entièrement  semblable  à 
l'un  des  pareuls  ».  Toutefois  cette  observation  ne  lui  étant  point 
personnelle,  il  cède  la  parole  à  Isidore  Geoffroy  Sainl-Hilaire  ([ui, 
dit-il,  a  découvert  ce  fait(l).  —  Geoffroy  a  écrit,  eu  efiet  (2),  que  sou 
vent  les  métis  ressemblent  à  l'un  des  individus  qui  leur  ont  donné 
naissance,  (iodron  reconnaît  l'exactilude  de  cette  observation  ; 
«  il  arrive,  écrit-il,  f|ue  la  variété  revient  d'emblée,  soit  à  l'une 
des  deux  origines,  soit  à  un  ascendant  plus  ou  moins  éloigné  ». 
M.  de  Qualrefages  (3)  n'admet  ce  cas  qu'exceptionnellenieut  ;  il 
i-emarque,  à  l'appui  de  son  dire,  que  pour  qu'il  y  ait  ressem- 
blance unilatérale,  lorsque  deux  races  se  croisent,  il  faudrait  que 
chez  l'une  tous  les  caractères  aient  une  ténacité  supérieure  ;  ce 
concours  de  conditions  ne  se  produira  que  bien  raiement  (4). 

Arrivons  aux  questions  de  /m.sww  et  de  juxtaposition,  quoique 
peu  d'auteurs  paraissent  avoir  abortié  ce  sujet.  — ((  En  général,  dit 
M.  Malhias  Duval  (5),  lorsqu'on  croise  deux  races,  leurs  caractères 
tendent  à  se  fusionner  d'une  manière  intime  ;  mais  il  eu  est  qui 
semblent  se  refuser  à  se  concilier  ainsi  et  se  transmettent  de  l'un 
des  parents  ou  de  tous  deux  sans  modilication  au  produit  du 
croisement  (0)  ». 

M.  de  Quatrefages  admet  que  le  croisement  des  races  de  la 
même  espèce  est  suivi,  tour  à  tour,  des  phénomènes  de  fusion  et 
de  juxtaposition  (7).  Dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'acclimata- 
tion (S),  on  parle  aussi  du  mélange  égal  (-omme  possible,  non 
comme  continuel.  —  Mais  contrairement  à  ce  qui  se  passe  chez 
l'hybride,  la  variabilité  serait  l'attribut  essentiel  des  métis  et 
principalement  des  métis  provenant  de  variétés.  Geoffroy  a  accepté 

(1)  Il  renvoie  au  Dicl.  classi(]ue.  d'Hist.  nal.,  I.  X.  p.  1-21  (art.  Mammifères), 
Paris,  18"2;i,  in-8°. 

(2)  In  Hisl.  gén.  des  Règnes  organiqiics,  p.  300,  1832. 

(3)  R.  C.  S.,  18fi7-68,  p.  7ri2. 

(4)  R.  des  Cours  scienUfiques,  1867-68,  p.  755. 
(.5)  Revue  scientifique  1884.  n»  de  fév. 

(6)  I^'auteur  fait  ici  .illusion  aux  expériences  de  Darwin  sur  le  croisement  des 
Souris  grises  et  des  Souris  l)lanclics  dont  les  produits,  on  le  sait,  ne  sont  ni  pie  ni 
d'une  nuance  intermédiaire.  Mais  c'est  là  un  cas  spécial. 

(7)  H.   des  ('..   Se.,   1807-1868,  p.  7,'i7. 

(8)  .-Vnnée  1861,  I,  VII!,  p.  257. 


INTRODUCTION  ClX 

en  quelque  sorte  celte  manière  de  voir;  Goilnm  a  recomui  nue  les 
.  métis  sont  plus  v:ni;ihles  (|U(^  les  hybrides. 

Il  y  iiiirait  ijoni-  lieu  île  (Jistiiigiicr.  li'iipi'r.s  w  (|nr  nous  \i'nons 
de  voii-,  le  métis  de  l'hybride  par  plusieurs  poinis  qui  sont  princi- 
palement :  1"  la  resseniblancp  iinilalérale  ;  2»  leur  variabilité.  Ku 
outre,  le  métis  peut  eniprunicr  ses  caractères  à  l'un  de  ses  ancêtres, 
différent  des  races  dont  11  provient.  Il  est  à  peine  besoin  de  faire 
remarquer  que  si  la  distinction  par  les  deux  premiers  poinis  n'est 
pas  absolue,  elle  l'est  par  ce  dernier  caractèie.  11  est  de  fait  impos- 
sible que  le  croisement  de  deux  espèces  pures,  c'est-à-dire  origi- 
nellement constituées,  telles  qu'elles  se  piésentent  aujourd'hui  à 
nos  yeux,  puissent  donner  naissance  à  un  atavisme  (luelcoiuiuc. 

La  distinction  absolue  entre  l'hybridation  et  le  métissaj^e,  par 
les  caractères  que  levèt  le  produit, réside  donc  dans  rini[)0ssibililé, 
chez  la  première,  de  ce  retour  vers  un  autre  ancêtre;  la  possibilité, 
chez  la  seconde,  de  cette  ressemblance  ancestrale,  très  fréquente  en 
effet,  sinon  totalement,  au  moins  partiellement. 

Nous  parlons  du  métissage  de  races  doiiiesliquées  et  de  l'hyjjrida- 
tion  d'espèces  sauvages,  car  les  mêmes  phénomènes  ne  se  re|irodui- 
raientplus  dans  le  cas  opposé.  —  Si  deux  races,  naturellement  cons- 
tituées, s'alliaient  entre  elles,  nous  sommes  persuadé  que  les  pro- 
duits (|ui  en  naîtraient  offriraient  une  grande  régularité  dans  leurs 
caractères.  Au  contraire,  nous  l'avons  remarqué,  dans  l'alliance  de 
deux  espèces  domestiquées  ou  obtient  des  produits  dépareillés, 
parce  qu(!  ces  espèces  domestiquées  n'offrent  point  i)ar  elles-mêmes 
d(!  caractères  stables. 

Vraisemblablement  les  contradictions,  (|u'on  observe  dans  les 
appréi'iations  (|ui  ont  été  rappelées,  viennent  de  ce  que  la  distinction 
que  nous  signalons  n'a  point  été  observée.  Oue  l'on  marie  un  de 
nos  Chiens  domestiques  avec  un  Loup  ou  un  Chacal,  il  ne  faudra 
pas  être  surpris  de  rencontrer  dans  la  môme  portée  des  jeunes  de 
types  dilîérents,  le  Chien  ayant  subi  de  nombi'euses  ti'ansfoi ma- 
tions. De  môme  si  l'on  accou|)le  des  Anes  et  des  Chevaux,  on  devra 
s'attendre  à  obtenir  des  Mulets  disparates,  l'espèce  Cheval  et 
l'espèce  Ane  ayant  subi  de  grandes  modifications  dans  leur  forme 
et  leur  couleur  primitive.  Dira-l-on  pour  cela  que  les  produits 
d'espèces  sont  variables'?  Non  certainement,  car  il  en  serait  tout 
autremest  si  on  alliait  deux  espèces  dont  les  caractères  n'ont 
point  été  altérés  par  la  captivité  ou  la  domesticité. 

.Vous  sommes  donc  enclin  à  penser,  on  le  voit  tout  de  suite,  qu'à 


ex  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

l'exct^ptiou  des  phénomènes  d'atavisme  el  de  uraiide  variabilité, 
propres  au  croisement  des  races,  les  auti-es  pliùiiomènes  sont  à 
peu  i)rès  les  mêmes  dans  les  caractères  des  hybrides  comme  dans 
ceux  des  métis. 

On  sera  peut-être  satisfait  de  savoir  ce  qu'ont  pensé  à  cet  égard 
les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  question.  —  Voici  comment 
s'exprime  M.  de  Quatrefages  :  «  11  est  impossible,  dit-il  (Ij,  de 
formuler  une  conclusion  générale  qui  permette  de  regarder 
l'hybridation  et  le  métissage  comme  caraclérisés  par  l'un  ou  l'autre 
de  ces  modes  de  transmission  »  (il  parle  des  phénomènes  de  fusion 
et  de  juxtaposition).  ((  On  avait  dit,  ajoute-t  il,  que  la  ressemblance 
unilatérale  était  propre  au  croisement  des  variétés  ou  de  races 
entre  elles,  tandis  que  l'on  caractérisait  les  unions  hybrides  par 
la  ressemblance  bilatérale  des  produits.  Nous  avons  vu  qu'il 
importait  d'écarter  ces  conclusions  absolues.  On  avait  voulu 
rattacher  exclusivement,  dit-il  encore,  les  faits  de  fusion  aux 
produits  hybrides  et  les  faits  de  juxtaposition  aux  métis.  Nous 
avons  vu  qu'en  y  regardant  de  près,  il  n'y  avait  rien  d'exact  dans 
ces  assertions  et  que  l'observation  des  pliénomènes  de  cette  nature 
ne  nous  conduirait  nullement  à  poser  une  règle  générale  ». 

Darwin  a  écrit  ceci  (2)  :  «  Quelques  auteurs  ont  beaucoup  insisté 
sur  le  fait  supposé  qu'il  n'y  a  que  les  métis  qui  ne  soient  pas 
intermédiaires  par  leurs  caractères  entre  leurs  parents,  mais  res- 
semblent beaucoup  plus  à  l'un  d'eux.  Le  fait  arrive  aussi  aux 
hybrides,  mais  je  dois  reconnaître  qu'il  est  moins  fréciuent  chez 
eux  que  chez  les  métis».  On  se  rappelle  que  Geolïroy  Saint-llilaire 
avait  au  contraire  écrit  que  les  hybrides  sont  toujours  mixtes.  Il 
n'admettait  donc  pas  pour  eux  la  ressemljlance  unilatérale  comme 
possible  et  trouvait  là,  sans  doute,  une  distinction  entre  l'hybride 
et  le  métis. 

On  doit  sagement  remarquer  ici  avec  Grogiiier  (3)  que  l'état  cons- 
titutionnel ou  accidentel  des  reproducteurs  contribue  puissamment 
à  leur  influence  réciproc|ue.  La  prépondérance  naturelle  du  mâle 
est  augmentée  quand  il  appartient  à  une  race  plus  ancienne  que 
celle  de  la  femelle,  quand  il  est  jikis  fort,  d'un  âge  plus  nourri, 
mieux  soigné.  M.  de  Quatrefages  dit  aussi  avec  beaucoup  de 
raison  que  «  dans  la  lutte  des  actions  héréditaires  portant  souvent 
sur  des  caractères  opposés,  la  moindre  dillérence  d'énergie  de  part 

(1)  Ue\ .  des  Cours  scientilii|ues,  1867-68,  p.  757 

(2)  Origine  des  Espèces,  Trad.  française,  p.  301. 

(3)  Maison  rusUij^ie,  p.  4,'i:i. 


INTRODUCTION  CXI 

et  (l'autre  siillil  i)our  doiuier  mie  victoire  complète  à  l'un  des  deux 
termes  et  pour  exclure  le  plus  faillie  d'une  manière  plus  ou  moins 
absolue  (1)  ». 

De  là  certainement  ces  différences  dans  les  caractères  des  jji'o- 
duils  que  nous  ne  pouvons  piévoir  à  l'avance,  «  l'inégalité 
d'action  »,  suivant  l'expression  de  Darwin  (2).  modiliant  «  le  résul- 
tat (lu  croisement  ». 

Rapprochons  maintenant  les  phénomènes  (|ui  ont  lieu  dans  les 
croisements  de  races  et  d'espèces  de  ceux  qui;  l'on  ohsiM've  dans 
les  unions  ordinaires.  Ce  rapprochement  ou  parallèle  pourra  cire 
de  quelque  intérêt.  —  Nous  indiquerons  ensuite,  d'après  les  auteurs, 
quelles  sont  les  parties  des  iiioduils  (hybrides,  métis,  ou  ordinaires) 
que  \\m  suppose  soumises  à  linllucnce  particulière  de  clia(]ue 
parent. 

De  même  que  dans  les  unions  croisées,  hybrides  ou  métisses, 
ou  reconnaît,  dans  les  unions  ordinaires,  (c'est-à-dire  celles  qui 
ont  lieu  entre  individus  appartenant  à  une  même  race  ou  à  une 
même  variétéi,  ipie  le  produit  lient  de  ses  deux  auteurs.  Souvent 
cependant,  si  nous  en  croyons  .1.  (ieofIroy-St-Ililaire,  il  se  trouve 
être,  dans  ce  dernier  cas,  exclusivement  semblable  soit  au  père, 
soit  à  la  mère.  Cela  arrive,  dit  il,  lorsque  les  parents  sont  de 
couleur  dillérente  (3). 

Réservant  ce  derniei  cas  ('i),  nous  croyons  cjue  l'on  peut 
enseigner  que  les  produits  sent  très  variables  et  qu'il  est 
impossible  de  [iréjuger  de  leurs  caractères  avant  l'expérience. 

l'euvent-ils  éti'c  moyens  ?  N'raisemblablcmcut  (mi  ;  mais  ce  sera 
l'exception. 

On  constaterait  donc  chez  eux  la  ressemblance  unilatérale  et  la 
ressemblance  hilnléralr,  la  varialiilih!  ei  aussi  le  rrhtur  à  l'anrclrr  ; 
en  quoi  ces  phénomènes  se  rapprochent  sans  doute  beaucoup  de 
ceux  que  l'im  observe  dans  le  croisement  des  races. 

\'oici  maintenant  comment,  dans  les  cas  de  jnxlaposilion,  on 
répartit  les  parts  revenant  à  chaque  parent.  —  On  dit  généralement 
que  la  forme  et  les  dimensions  de  la  tète,  des  oreilles,  des  membres, 
de  la  ([ueue,  des  exlrémitiss  en  un  mot,  sont  fournies  par  le  père  ; 
tandis  que  le  volume  et  les  dimensions  du  corijs,    la   forme  du 

(1)  Hcv.  des  C.  scient.   I8t)7-(yj.   l.  .ï,  p.  754. 

(2)  Vuiiations.  l.  Il,  p.  '.lil. 

1^)  Il  paile  d'Oiseaux,  de  liiilliiiiicés.  {[Cssais  de  zoologie,  p.  51G). 
(4|  ^lue  nous  traiterons  plus  loin,  p    cxiii. 


CXII  DES    HYBUIDES   A   L  ETAT   SAl  VACE 

Ironc,  la  taille,  la  grandeur,  la  forme  du  liassin,  etc.,  tiennent 
de  la  mère.  Nous  avons  con.sulté  Bonnel  (I),  Blouk  (:!),  Scheid- 
weller  (3),  Carpenter  (4),  Lucas  (5),  La  Perre  de  Roo  (6),  Godron  (7), 
Broca  (8),  Meckel  (9),  qui  enseignent  en  tout  ou  partie  cette  règle 
que  Bulïon  (10)  parait  avoir  le  premier  établie  ;  Linné  (M).  Giron 
de  Buzaraigncs  (i2),Valinont  de  Bomare  (13),  Hofacker  (14),  Kuiglit, 
Grognier  (15),  Burdach  (16),  Frisch  (17),  émettent  la  même  manière 
de  voir  sur  plusieurs  points. 

L'apparence  ou  la  partie  extérieure,  la  peau,  la  couleur,  le  poil, 
les  cornes,  les  nerfs,  les  ligaments,  les  tendons,  la  voix,  les  organes 
sensoriels,  le  cerveau,  toutes  les  parties  destinées  à  la  vie  de  rela- 
tion, le  teuipéramenl  aussi,  ainsi  que  la  durée  et  la  sobriété,  tien- 
draient du  père.  L'organisme,  les  fonctions,  la  structure  et  la 
disposition  clés  organes  intérieurs,  les  fonctions  de  nutrition, 
d'accroissement  et  de  sécrétion,  tous  les  viscères  et  les  parties  de 
l'être  se  rattachant  à  la  vie  organique,  même  l'énergie,  la  vivacité, 
le  caractère,  tiendraient  de  la  mère.  On  pourra  consulter  sur  ce 
sujet:  Linné  (18),  de  Haller  (19),  Bufîon  (2U),  Orton  (21),  Carpen- 

(1)  Considérations  sur  les  corps  orgiiniscs,  p.  lOo,  XXXll.  Des  Mulels.  in 
(Euores  d'Hist.  naturelle,  1779. 

(2)  Op.  cit.,  p.   12G. 

i'S)  .lournal  des  Haras,  t.  XLV. 

(4)  i'rinciples  of  Hnman  physiulogij,  p.  'J8(). 

(à)  Traité phtjlosophique  et  physiologique  de  l  hérédité  naturelle.  Paris,  ISliO, 
11,  5. 

(6)  Op.  cit.,  pp.  ;!2  et  33. 

(7)  De  l'Espèce,  p.    19'.) 

(8)  Op.  cit.,  pp.  o73  el  57'!. 

(9)  Traité  général  d'.inatoinie  comparée    pp.  407  el  408,  1828. 

(10)  Mammijères,  des  Mulets,  t.  Il,  p.  OiiB,  el  Oiseau.i\  Du  Serin,  l.    ,  p.  405. 
(H)  Cil.  par  Meckel.  Mickel  le  cite  d'après  Knijjlh. 

(12)  De  la  génération,  eliap.   Vlll,  pp.  122-123  (cit.  par  Lucas,  p.  li). 

(13)  Dict.  d'Histoire  naturelle,  p.  93,  cit.  p.  Lucas,  p.  ;i. 

(14)  Ueber  die  Eigerschaften,  etc.,  p.  90  (cit.  p.  Godron,  p.  199). 

(15)  Cours  de  multiplication  et  de  perfectionnement  des  animaux  domesti- 
ques, p.  82  et  p.  234  (cit.  (mr  Gjdron,  p.   199). 

(10)  Traité  de  l'hysiologie,  etc.,  1838,  t.  Il,  p.  185,  in-8»,  cit.  p.  Godron,  p.  199, 
et  par  Lucas,  p.  5. 

(17)  Cit.  in  Nouv.   Dicl.   d'Ilisl.   naturelle,  t.  XX.  Paris,   ISI8. 

(18)  Gêner,  umbig.,  p.  15;  alinéa  7.  Voy.  aussi  le  youveau  Dict.  itllist.  nat. 
(t.  XV,  Pans.  1818),  où  on  fait  coiinaitre  les  vues  de  Linné. 

(19|  Oit.  in  Amœni.  academi.  Vol,  G.  lienerat.  ambig. 

(20)  Du  Serin. 

(21)  On  the  physidlogy   of  breeding  (cit.  par  Broca,   op.    cit.,  pp.  .■>70,  574). 


INTRODUCTION  CXIII 

1er  (1),  Hroca  (2),  V Encyclopédie  priitUnw  û'iujrkHUure  (3)  et  les 
auteurs  des  Crania  hrilannicn  (4). 

Quiiiil  à  la  peau,  à  la  couleur  et  aux  poils,  on  ne  parait  pas 
tl'aci'onl.  —  Nous  lisons  dans  Hulîon  (ii)  que  le  poil  et  les  couleurs 
(([M  on  doit  ref^arder  comme  faisant  partie  extérieure  du  corps) 
tiennent  plus  du  côtt''  i)aternel  que  du  cAlé  maternel  ;  Lucas  (6)  et 
lîodron  (7)  font  à  peu  près  les  niéines  remarques.  Mais  lîonnet  (8) 
écrit  au  contraire  que  le  Mulet  lient  sa  couleur  et  son  poil  du 
Clieval  (qui  est  sa  mère);  Gauthier  (!))  dit  de  môme  (|ue  la  peau,  la 
plume  ou  le  poil  (et  môme  la  voix),  sont  de  la  mère  ;  ces  diverses 
remar(|ues  étant  applicables  aux  Oiseaux  comme  aux  Quadru- 
pèdes. 11  y  a  donc  là  contradiction.  Peut-ôtre  pourrait-on,  en  ce 
qui  concerue  le  poil  seulement,  concilier  les  deux  opinions 
opposées  en  disant,  avec  Sclieidwellcr  (10),  (jue  la  farmc  des  poils 
est  du  mâle,  tandis  que  leur  longueur  est  île  la  fiMuelle.  luicore 
(lit  on  positivement  que  le  père  inllue  sur  la  longueur  de  la 
toison  (11);  .Moll  pn-lend  du  reste  que  hss  deux  parents  innucnl 
également  sur  la  robe. 

Knfin  chez  les  Mammifères  on  a  écrit  i|ue  les  femelles  tiennent 
en  général  plus  de  leur  père  que  de  leur  mère  (12);  le  (-(Udraire  se 
produii'ailchez  les  Oiseaux  (13).  — Nous  ne  saurions  nous  prcmoncer. 

Il  sei-a  bon  de  faire  remarquer  ([ue  ceux  (|ui  adoptent  les  diverses 
règles  (|ui  viennent  d'être  énoncées  ont  soin  d'ajouter,  avec 
raison,  (pi'elles  sont  sujettes  «  à  de  nombreuses  et  à  de  fré(]uenles 
exceptions  ». 

(1)  Op.  cil. 

(2)  Op.  cit.,  p|>.  o7:{,  574). 
{■.i)  T.  X.   l'aris,  mili,  p.  0«. 

(4)  Cil.  p.   Uioca  {op.  cil.,  pp.   .'iTIt,  ,')7'i). 

(5)  Ou  Serin,  p.  '.O.i,  t.   I. 

(Cl)  Trailé  philosophique  de  l'héréiiile,  vol.   Il,  p.  ii. 

(7)  De  l'Espèce,  p.  21.'},  t.  II. 

(8)  Op.  cit.,  p.  io:t. 

l'.t)  Ubiervation  sur  lu  ///i/y.^n/i/c,  Juuiiial  ik's  Sciences  et  des  .Vrls,  par  Tous- 
saint. Paris,  :i  vol.,  in-i",  171)6,  p.  H(i. 

(III)  Journal  des  Haras,  p.  137. 

(tt|  Ue  VEupi^ce,  t.   1,  p.  ti.i. 

(12)  Pour  la  race  chevaline,  voy,  Henri  ilo  l'arville,  In  Journal  des  Déhats,  à  l'arl. 
Hcv    des  Sciences. 

(i;j)  Voy.  (iinelin.  —  ("esl  cepe[idanl  lout  foppiise  que  nous  conslalons  dans  noire 
élevage  de  Poules  Cochincliinoises  ^,  et  l'adiuie,  var.  à  huppe  lilene  (J'  :  pres<|ue 
Ions  les  produils  leiiielles  ont  une  tendance  uiar(|u(ïe  à  rappeler  le  lype  de  l'aucOlre 
paternel,  1,'asserlion  de  Innelin  se  Irouve  répelée  dans  li'  Af/iir.  Dicl.  (illixl.  nal. 
l.  XX,  p.  V.U.  Pans,  Isis. 

Suchelel.  —  8 


CXlV  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

Nous  n'avons  rien  dit  des  croisements  entre  animaux  albino:s  (^t 
animaux  de  couleur;  il  serait  de  règle  que  le  produit,  auquel  ces 
croisements  donnent  naissance,  soit  ou  all)inos  ou  de  cnuleur.  Il  ne 
serait  point  mi-partie,  du  moins  lorsqu'il  s'agit  de  races.  Ou  cite 
principalement,  en  faveur  de  cette  manière  de  voir,  les  expé- 
riences de  M.  Coladon,  pharmacien  à  Genève.  «  Celui-ci  éleva,  dit 
Etivvards  (1),  un  grand  nomlire  de  Souris  Ijlanches  et  de  Souris 
grises  ;  il  commeur;i  alors  une  longue  suite  d'expériences  en 
accouplant  toujours  une  Souris  grise  à  un^  Souris  blanche.  Or, 
chaque  iiidi\i(lu  provenant  de  ces  unions  était,  ou  entièrement 
gris  ou  entièrement  blanc;  point  de  métis,  point  de  bigarrures, 
rien  d'inleimédiaire  ». 

Ces  expériences  ont  été  coalirmées  en  tous  points  par  celles  de 
M.  Jean  de  Fischer  qui  obtint,  nous  dit-il,  jusqu'à  18,717  ])roduits. 
Jamais,  d'après  lui,  on  n'obtient  de  sujets  panachés.  Même  résultat 
pour  les  Rats  noirs  et  les  Rats  blancs,  dont  il  aurait  obtenu  27..'il(l 
jeunes. 

Ce  fait  n'est  pas  i)articulicr  aux  liaison  aux  Souris:  il  s'étend 
à  tous  les  animaux  albinos.  «  Sir  R.  Héron,  dit  Darwin  (2),  ayant 
pendant  plusieuis  années  crtùsé  des  Lapins  angoras  blancs,  noirs, 
bruns  et  fauves,  n'a  jamais  trouvé,  une  seule  fois,  ces  diverses 
nuances  mélangées  sur  un  môme  individu,  bien  que  souvent  les 
quatre  couleurs  se  trou\assent  dans  une  même  portée». 

Scheiilweiller  cite  (3)  aussi  les  bètes  à  laine,  rappelani  (pn'  les 
noires  et  les  blanches,  accouplées  ensemble,  ne  donnent  que  des 
blanches  ou  des  noires,  lareinent  des  bètes  laclietées. 

On  pourrait  multiplier  ces  exemples  et  parler,  entre  autres,  des 
Tourterelles  blauciies  et  des  Tourterelles  blondes  qui  ne  ]n-oduiseut 
généralement  que  des  blanches  ou  des  blondes. 

Il  se  rencontre  cependant  des  exceiitions.  .\insi,  d'après  le  Jour- 
nal des  Haras  (4),  «  une  Vache  iilauche  accouplée  avec  un  Taureau 
brun  foncé  du  Tyrol  donne  toujours  des  Veaux  rouge  clair  ».  Isidore 
Geullroy  SaiutHilaire  a  obtenu  de  l'union  du  Daim  noir  et  du  Daim 

(1)  Itaceg  huiiuiiiief,  des  caractères.  \t.  25,  ISiU.  Un  trouvera  encore  le  rocit  de 
M.  Kdwards  dans  les  Méiii.  de  la  Soc.  d'Ktliiiologle  de  Paris,  IS'il,  I.  I,  part.  I, 
pp.  21-22. 

(2)  VarUilions  det  Aiuiiiiii.r  et  des  l'iaiites.  I.  2,  p.  '.lit. 

(3)  In  .tournai  des  Haras,  IS-IS,  t.  XLV.  Considrratiuns  sur  les  principes  des 
croisciiienls. 

(4)  Même  page. 


INTRODUCTION  CXV 

l)l;iiic  des  petits  variés  (I;.  Chainbon  (2),  Giiou  de  i]ii/.arciuj;ues  (3), 
dit  Godroii  (4),  rappellent  des  faits  identiques  dans  les  espèces  Ovine 
et  Ciievalliie  ;  Masii  (ii)  dans  celle  du  Pni-i';  M;uiporluis  ((!),  dans 
celle  (li's  C.liieiis  ». 

M.  \:iii  Keinpeii,  le  distingué  uaturaliste-collectioiiueur  di'  Saint- 
Oiiier,  possède  une  (lane  blanche  avec  (pielqnes  |)himes  imir 
l)leuàtre  :  cette  (-ane  est  issue  d'un  (laiiard  I.ahrador  cf  et  d'un 
Canard  nii;;non  lilaiii-  Ç.  M.  Eugène  Hulïel,  de  Villers-Brelonneux 
(Somme),  a  (dUcnu  d'un  couple  de  (lalfals,  le  màhuHant  blanc,  la 
femelle  iHant  grise,  ([uatre  jeunes  dont  deux  blanc  |)ui'  (■(unine 
le  père,  un  gris  coin  nu;  la  nièie,  mais  un  dernier  tacheté  de  gris 
cl  de  blanc.  M.  Fontaine,  propriétaii-e  à  Maicq  en-Baneul,  ]»rôs 
Lille,  conserve  empaillés  trois  inc'tis  de  Tourterelles  dont  le  dos 
est  jaune  tandis  que  le  reste  du  plumage  est  blanc  avec  le  collier 
noir  bien  marqué  ;  ils  proviennent  d'une  Tourterelle  blanche  et 
d'une  Tourterelle  blonde. 

Dans  le  croisement  du  Bouc  blanc  d'Angora  et  de  la  Chèvre 
noire,  observé  [)ar  M.  Bourlier,  en  ,\sie,  la  toison  produite  est 
niarbiée  de  couleur  fauve,  ou  ardoisée  sur  un  fond  blanc  non  pur  (7). 

Mst  il  besoin  de  rappeler  que  le  Furet  et  le  Putois  dounetil  des 
produits  de  couleur  mélangée. 

M.  le  D''  KnEi)eliu,  (|ui  expérimenta  sur  les  Souris  blanches  et 
sut  les  Souris  giises,  ne  paraît  avoir  obtenu  dtr  jeunes  entièrement 
blancs  ou  entièrement  gris  ([u'à  la  cinquième  génération  ;  au 
didiiit  de  ses  expériences,  il  avait  des  petits  tachetés  de  gris  et  de 
blanc  (S). 

Quoi(|u  il  en  soit,  au  dire  du  nahiraliste,  M.  Jean  de  Fischei-, 
que  nous  venons  de  citer,  on  n'obtiendrait  jamais,  dans  les  croi- 
scmcnis  d'espèces,  de  jjroduits  entièrement  blancs  ou  entièrement 
d'une  ;iulr(i  couleur,  comme  cela  se  passe  dans  le  croisement  des 
races.  Mais  M.  ,lean  de  Fischer,  à   l'appui  de  son  dire,   ne  cit(! 

(1)  Hisl.  jt'ii  et  iiurticul.  (/es  «noiiia/ifw  île  l'organisation ,  I.  1.  |i.  M'i.  (Cit. 
par  (iodron,  De  i'/;s/)i''ic,  t    I,  pp.  H'o  ut  216). 

(2)  Traité  de  l'Uducation  des  Moulons,  l   11,  p.  207  et  275. 

(S)  De  la  gén&ralion,  Paris,  1>^28,  ln-8»,  pp.  120,  12C,  307  et  308. 
{^)  De  l'Espèce,  t.  I,  p.  2I(> 
(o)  lier  naturforscher.  I.  .\S'.  p.  27. 
(0)  Œuvres,  175;t,  in  12.  I.   Il,  p.  3H8. 

(7)  Bull    Soc.  Actl.  1S,'>S,  \t    171.  Itiippoil  sur  les  Chèvres  d'.lngora,  etc.,  par 
.M.  Uri'iiis. 
(S)  Zoologisclie  fiarten,  Iss',,  |ip.  ;;8  ,•{  5;). 


CXVI  UES    IIYBUIDICS    A    L  ETAT    SAUVAGE 

d'auln;  exoiiiple,  cruyons-iious,  (jiie  celui  du   Fui'el  ut  du  Putois 
qu'il  rapporte  à  des  espèces  distinctes,  opinion  peu  acceptée  (1). 

Un  |»oiut  est  encore  à  envisager  dans  les  caractères  des  produits 
croisés.  Le  renversement  des  termes  père  et  mère  les  modifie-t-il  ? 
—  Oui,  s'il  est  vrai  ([ue  le  mâle  influe  sur  certaines  parties  et  la 
[emelle  sur  d'autres  parties,  comme  on  vient  de  l'expliquer.  Tout 
le  monde  sait  que  le  Bardeau,  issu  du  (llieval  et  de  l'Anesse, 
dillère  sensildement  du  Mulet,  issu  de  \\\ne  et  de  la  Jument. 

De  ce  fait  on  a  conclu  que  l'interversion  dans  le  rôle  des  facteurs 
amenait  des  modifications  dans  la  descendance.  Aussi,  beaucoup 
d'auteurs  ont  ils  cru  pouvoir  déterminer  le  sexe  des  facteurs. 
Godron  dit  positivement  (2)  «  (ju'il  est  possible  de  déterminer  a 
priori,  par  l'examen  du  bâtard,  quelle  est  l'espèce  à  laquelle 
appartient  son  père,  quelle  est  celle  à  hujuelle  se  rattache  sa 
mère  ». 

Nous  nous  demandons  si  on  peut  étendre  cette  remarque  à  tous 
les  liyl)rides?  —  Frédéric  Cuvier  (.3),  tout  en  reconnaissant  que,  si 
les  phénomènes  d'hyliridation  étaient  plus  noml)reux,  on  pourrait 
peut  être  apprécier  l'influence  de  clia(|ue  sexe  dans  la  fécondation, 
dit  néanmoins  «  qu'il  ne  pai'aît  pas  que  ce  qu'on  a  cru  pouvoir 
déduire  eu  général  à  cet  égard,  ait  rien  de  rigoureux  ;  et  si,  dans 
(|uelques  cas,  certains  métis  lessemhlent  plus  à  leur  père  qu'à 
leur  mère,  c'est  le  contraire  dans  d'autres:  de  sorte,  ajoute  t-il, 
que  la  seule  chose  vraisemblable  aujourd  hui  eu  ce  point  est  que 
l'influence  des  sexes  est  accidentelle  et  relative  à  l'état  des  indi- 
vidus ». 

Il  nous  a  i)aru  que  lorsiiuè  les  espèces  sont  bien  pures  chez  les 
Oiseaux,  (cette  condition  étaut  considérée  comme  indispensable), 

(I)  Nous  sommes  enlré  dans  ces  qiieUiucs  délails  parce  ([He  M.  Jean  île  l'isclier 
se  sert  de  ces  phénomènes  pour  prétendre  que  l'Iioiiime  tlaiic  el  l'IioJiime  noir  sont 
deux  espèces  distinctes,  aUendu  que  de  leur  union  sort  un  métis.  — Nous  nous 
demandons  quel  nipport  il  peut  y  avoir  entre  un  liomnie  Ijlanc,  de  la  race  cauca- 
sienne, et  un  albinos?  Comment  donc  M.  de  Fischer  peut-il  établir  un  parallèle  el 
des  rapproclienienls  entre  l'union  de  la  race  nèyre  el  de  la  race  caucasienne  et 
Tunion  d'un  animal  albinos  avec  un  antre  qui  ne  l'est  pas?  Pour  donner  quelque 
vraisemblance  à  sa  théorie,  il  faudrait  au  moins  qu'il  |irouve  que.  de  l'uniim  d'un 
blanc  albinos  et  d'un  nègre,  il  nait  un  individu  mi-partie  albinos  et  mi-parlie 
nègre.  Mais  un  tel  exemple  n'est  pas  à  citer.  Nous  n'entrons  pas  du  reste  eu 
discussion  à  ce  sujet,  puisque,  nous  l'avons  dit,  nous  ne  nous  occupons  point  de 
rbomuie  dans  nos  éludes. 

{2)  Op.   cil.,  p.  200. 

(3)   hicl.  de  1,1-vrault,  art.  Hli'li.-i. 


INTRODUCTION  CXVII 

le  riMiversemeiil  des  termes  père  el  mère  ii'iiilhieiice  |)oiiU  le 
l)i()(iiiit  (luniil  à  son  plum.i^e.  A  r;i|ipiii  de  notre  dire,  uons  citons 
Ip.  ;il()  de  ee  livi-e)  les  f;iits  suivants:  1»  Deux  wudea  lùiploraiims 
inrliiiKitiis  cT  X  l.iiifalu!^  nujnarulii  9,  semblables  entre  eux  et 
sembiMbles  iiiissi  à  un  antre  niàle  provenant  d'un  iin'lanotns  9  et 
(l'un  rininnuilii  cf.  Si  (pielques  léj,à'res  dillérenees  existent,  elles 
sont  plus  sensibles  entre  les  deux  exemplaires  du  premier  croise- 
ment qu'entre  ceux-ci  el  l'exemplaire  du  second  mélange  ;  2°  Un 
mule  demi-sang-  ïhaiii\ndca  ainhcrsliif  cf  X  Th.  jiieln  9  ayant  le 
plumage  semblable  à  un  (^oq  provenant,  au  coniraire,  d'une 
iimhcrxtid'  9  et  d'une  pirtd  cf. 

.Mais  d'autres  cas,  nous  nous  emiiressons  de  le  reconnaili'e, 
peuvent  venir  à  rencontre  de  cette  manière  de  voir,  que  nous  ne 
soutenons  point  d'ailleurs.  Nous  pensons,  néanmoins,  que  des 
ornitliologisles  se  sont  tro[)  bâtés  lors([u'ils  ont  voulu,  à  la  simple 
inspection  d'un  hybride,  renconti'é  à  l'état  sauvage,  déterminer  le 
sens  des  deux  facteui's  (1). 

Beaucoup  de  faits  pourraient  seuls  nous  renseigner  sur  cette 
intéressante  question  pour  laifuelle  la  lumière  n'est  pas  encore 
faite  ;  nous  ne  sommes  point  à  même  de  les  produire  à  l'heure 
|)résente. 


Nous  avons  parlé  des  phénomènes  de  reproduction  chez  les 
hylirides  et  ehez  les  métis  ;  nous  avons  étudié  brièvement  les 
caractèi'cs  des  uns  et  des  autres  ;  dirons-nous  queli|ues  mots  de 
leur  sexualité  '.' 

On  aurait  remarqué  que  le  sexe  mâle  domine  chez  les  [)remiers  ; 
nous  croyons  celle  remarque  juste,  l^irmi  les  hybrides  d'Oiseaux 
observés  à  l'état  sauvage,  on  rencontre  beaucoup  plus  de  mâles  que 
de  femelles  ;  le  fait  est  certain.  Mais  peut-être  les  femelles  hybrides, 
dont  le  plumage,  uniforme  et  sans  éclat,  ii'atlire  point  l'attention, 
passent  elles  inaperçues  '.' 

La  chose  est  possible.  Gependanl  des  observations  recueillii^s 
par  Bullon,  il  résulte  que  le  nombre  des  mâles  Mulets  est  plus 
grand  (]ue  celui  d(!s  femelh^s.  Dans  les  Oiseaux,  dit-il,  le  nombre 
des  mâles  excède  de  beaucoup  celui  des  femelles  (2).  V^oici  fiuelques 
ehifîres  cités  par  le  grand  naturaliste  :  «  Le  nombre  des  mâles  dans 
ceux  qu'il  a  obtenus  du  Bouc  et  de  la  Brebis,  est  comme  7  sont 

(1)  Nous  avons  elle  quelques  exemples,  p.  182,  en  mile. 

(2)  Voy.  p.  457,  t.  I  (de  nviit.  citée). 


CXVIII  DES    llVliUlDES    A    L  ETAT   .SAUVACE 

à  2  (1)  ;  dans  ceux  du  Chien  et  de  la  Louve,  ce  nombre  est 
encore  comme  3  sont  à  1  ;  et  dans  ceux  du  Chardonneret  et  de  la 
Serine,  comme  Ki  sont  à  3  (2)  ». 

Quant  à  savoir  si  les  Mulets  mâles  provenant  de  l'Ane  et  île  la 
Jument  excèdent  le  nomi)re  des  Mules,  P>Lilïon  prit  bien  quelques 
informations;  mais  aucune  des  ré[)onses  qu'il  reçut,  ne  déterminait 
cette  proportion.  Toutes  ces  réponses,  cependant,  s'accordaient 
à  faire  le  nombre  des  mâles  Mulets  ]j1us  grand  que  celui  des 
femelles  (3). 

Nous  avons  demandé  à  une  poisonne,  qui  a  élevé  des  hybrides  de 
Kaisans,  ce  qu'elle  pensait  à  ce  sujet;  elle  nous  a  répondu,  assez 
vaguement  d'ailleurs,  que  cela  dépendait  du  couple  et  des  espèces. 
Le  même  couple,  qui  donne  une  année  plus  de  mâles,  donnera 
peut-être  plus  de  femelles  une  autre  année  (4). 

Ayant  été  en  correspondance  jiendant  longtemps  avec  un  grand 
nombre  d'éleveurs,  qui  expérimentaient  pour  noli-e  compte  ;  ayant 
nous  même  obtenu  de  nombreux  hybrides,  nous  aurions  pu 
facilement  nous  mettre  au  courant  de  cette  question,  qui  n'est 
point  dépourvue  d'intérêt.  Mais,  parmi  les  nombreux  matériaux 
que  nous  avons  rassemblés  sur  les  hybrides,  nous  ne  trouvons 
point  de  notes  sulTisantes  pour  nous  permettre  de  traiter  le  sujet 
avec  compétence.  Nous  le  regrettons,  car  si  l'on  réunissait,  sui- 
vant l'idée  de  Bulïon  (5),  un  grand  nombre  de  faits  sur  cette 
question,  «  on  pourrait  expliquer  ce  qui  reste  de  mystérieux  dans 
la  génération  par  le  concours  de  deux  individus  d'espèce  différenle 
et  déterminer  les  proportions  elfectives  du  mâle  et  de  la  femelle 
dans  toute  reproduction  ». 

Nous  nous  rappelons  cependant  les  faits  suivants  ;  ils  appuient 
presque  tous  les  remarques  qui  viennent  d'être  faites  : 

Dans  le  croisement  de  Turtur  risoria  $  X  Colnmha  Ikia  cT. 
dont  nous  avons  eu  cinq  jiroduils,  tous  étaieul  mâles. 
M.  Colcombet,  de  Saint-Etienne,  ayant  obtenu  deux  hybrides  du 
même  croisement,  eut  mâle  et  femelle.  Donc  6  mâles  sur  7  individus. 
Deux  Pigeons  hybrides  de  Ramier  et  de  Pigeon  ordinaire,  que 
nous  nous  sommes  procurés,  étaient  mâles.  Dans  le  croisement 

(1)  Bulloii  a-t-il  jamais  obtenu  ces  hybrides? 

(2)  Voy.  p.  460  (même  ouvrage). 

(3)  T.  III,  p.  3.  Svpp.  à  l'ilist.  des  (Juadruiihles. 

(4)  Nous  ignorons  loulefois,  nous  nous  empressons  de  le  diie,  si  la  personne  ipii 
nous  a  envoyé  le  renseignement  est  à  même  de  donner  des  indieations  séiieuses 
sur  ce  sujet. 

(5)  Exprimée  à  la  p.  V.i~  du  t.  I. 


INTUDDr-CTION  CXIX 

(le  Tiirtiir  risoriti  X  Tiirliir  aiuitas  on  ii,  croyons  nous,  hicn 
|j1us  de  nij'iles  que  de  femelles.  I);iiis  les  journaux  qui  anuoncenl 
(les  Mulets  de  Clianlouuerets  el  de  Serin,  il  est  presque  toujours 
(]Mestiou  de  mâles  ;  ou  trouve  cependant  assez  de  femelles  dans  le 
commei'ce. 

D'une  LoMvr  et  d'iiii  (^hien  (chez  M.  ïardy),  n(His  avons  obtenu 
{rois  pelils  doni  le  sexe  de  deux  ji'uiies  a  éU'  reconnu  :  ils  étaient 
mâle  el  feuu'lle.  Mais  d'un  Loup  et  d'uni'  (lliienne  (remis  chez 
M.  Mailler,  à  l'arisl,  vinreid  neuf  petits,  dont  (i  mâles  et  seulement 
3  femelles. 

Si  nos  souvenirs  sont  exacts,  d'une  (Colombe  nu([ue  perlée  el 
d'une  Tourterelle  oïdiuiiire,  c(iu[>le  en  clu-plel  chez  M.  Bullel,  ne 
sont  sortis  que  des  mâles. 

l)'un  mâle  lliiiildriuniis  iiicliniiittts  et  d'une  femelle  K.  i(Ujn<iiidii 
(chez  .\J.  de  la  linuueïoudl,  on  a  (ddenu  il  mâles  et  (i  femelles,  ou 
l'inverse. 

Au  sujet  des  croisements  de  races,  nous  ne  sauiioiis  rien 
préciser  ;  nous  savons  seulement  que  dans  nos  croisements  de 
(loqs  padoue  (var.  hollandaise  à  hup[)e  blanche)  avec  Poules  de 
(Jochiuchine  sont  nés  un  ^rand  nombre  de  mâles. 

La  couslilutiou  physi(iue  des  hybrides  est  e. le  mieux  établie, 
ollre-l-elle  plus  de  résistance  que  celle  des  espèces  pures?  En  un 
mo'.  la  force  vitale  des  jiioduils  croisés  est-elle  supérieure  à  celle 
d(;s  individus  normaux  ?  Celle  (|uestiou  peut  eucoi-e  retenir  notre 
altenliou  pendant  (]uelques  instants. 

(lardiiii  l'épond  ciue  les  hybrides  vivent  1res  longtemps  pour  la 
plupart.  "  L'âi;e  du  Cheval  et  de  l'.Vne,  dilil,  ne  va  que  li'ès  rarement 
au  delà  de  quarante  ans,  et  ces  animaux  produisent  des  Mulets  dont 
(piehiuesuns  sont  parvenus  à  plus  de  quatre-vinj^ts  ans  (1)  ». 

Cardini  fait  ici  allusion  à  un  fait  cité  pai-  Arislote  el  rappelle 
d'ailleurs  en  tous  points  ce  (|ue  dit  le  Nouveau  Dictionnaire 
d'Histoire  iKilurcllc  (2). 

.M.  de  (Jualrffajies  paraît  être  de  celle  opinion  :  «  On  sait,  dit  il, 
que  liiez  les  .Mulets  une  plus  grande  vigueur  musculaire  et  une 
résistame  plus  longue  à  la  fatigue  coïncident  avec  la  destruction 
des  fonctions  génératrices.  Comme  chez  certaines  plantes  hybrides 
infécondes,  aj[oule-t-il,  mais  à  un  degré  plus  marqué,  il  y  a  eu 
pour  le  Mulet  rupture  dans  l'équilibre  vital  en  faveur  des  organes 

(Il  Dictionnaire  tl' JJeppatique,  184ti,  p.  14il. 
(2)  Paris,  181S,  t.  XX. 


CXX  DES    IIYBUIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

et  des  fonctions  de  lu  vie  individuelle,  mais  au  détriment  des 
fonctions  de  reproduction,  qui  sont  les  fonctions  de  la  vie  de 
l'espèce  ». 

Nous  lisons,  au  contraire,  dans  Hérodote  (1),  que  dans  le  pays 
des  Scythes,  les  Chevaux  soutiennent  le  froid,  tandis  que  les 
Mules  et  les  Anes  ne  le  peuvent  absolument.  Il  est  vrai  qu'Hérodote 
dit  ([u'ailleurs  les  Chevaux,  exposés  à  la  gelée,  dépérissent,  taudis 
que  les  Anes  et  les  Mulets  y  résistent  sans  peine. 

Chez  les  hybrides  tl'Oiseaux,  que  nous  avons  possédés,  nous 
avons  toujours  remarqué  une  très  grande  résistance  et  une  très 
grande  vigueur. 

Des  auteurs  ont  prétendu  que  les  produits  hybrides  sont  faibles 
et  délicats  ;  celte  manière  de  voir  ne  peut  s'appliquer  (ju'à  des 
exceptions. 

Ces  dernières  remarques  terminent  ce  que  nous  avions  à  dire 
sur  les  hybrides,  ne  voulant  entrer  au  début  de  ce  livre  que  dans 
des  considérations  générales.  —  Nous  allons  maintenant  passer  à 
la  nomenclature  des  faits  que  nous  avons  pu  rassembler  sur  les 
croisements  naturels.  Mais  nous  n'oublierons  pas  de  remercier  en 
premier  lieu,  les  personnes  qui,  en  si  grand  nombre,  nous  ont 
fourni  des  indications  et  des  documents  à  l'aide  desquels  nous 
avons  pu  poursuivre  nos  études  sur  l'hybridité.  Nous  renu'rcions 
particulièrement  les  naturalistes  qui  ont  bien  voulu  remettre 
entre  nos  mains,  pour  les  examiner,  les  pièces  hybrides  dont  ils 
pouvaient  disposer. 

Nous  publierons  la  liste  îles  uns  et  des  autres,  en  témoignage 
de  reconnaissance  pour  ceux  qui,  facilitant  considérablement  nos 
moyens  d'étude,  ont  permis  de  mettre  en  bonne  voie,  nous 
l'espérons,  un  travail  il'un  genre  nouveau  et  depuis  longtemps 
commencé. 

(1)  Hérodote.  {Choix  des  Histuriens  grecs:.  J.  A.  C.  Uerclinii,  ISST).  Liv.  IV, 
cliai>.  XXVJII. 


LISTE 

DES  MUSÉES  PUBLICS  ET  DES  COLLECTIONS  PARTiCULIÈBES 

dont  les  Directeurs  mi  les  Pni|iri(''l;iii'i's  ont  élc  assez  iriMcieiix 
|i(inr  nous  eu\(ner  l'u  riiiiiiiiiiuieatiuii 

DES    HYBRIDES     SAUVAGES 
OTJ    r)n;g   oisKAUx    liÉPurÉy   comme  th;i.s  (1i 


< 

< 

(A 
O 

S 

i 

< 

u 

< 

G 

2 

û 

< 

0. 

^— 

M^ 

^^ 

I.  Collection  de  M.  le  lieut. -colonel  Butler, 

llciiiiii;  IIitI  lliill,  Ldwi'sIiiII.  Sulïolk  (Aili;!.'): 

1  II    l'riiiii(}linus  rulijdris  X  Franc,  picius  t^ . 

i'IN'tf  cl  cou   Mioiid's) 

1 

t.  Collection  de   M.   le  comte  Luca  Cajoli 

Boidi,  (Ic!  Moluii!  (Ilalio)  {tw 

Deux  l'cnli.i-  rubrii  XJ'cr.  sii.nitih  (^  2  (iii«iii'"|. 

0 

;!.  Muséum  d'Hist.  nat.  de  Marseille  (lilioiu;). 

|iar  M.  Marioii,  (lirmleiir  : 

Iji    (lilIiTt-iils    envois  :  une    l'e.rdri.r   ndini    X 

1'.  sa-valitis  (;j) 

1 

Kt  deux  Fr'nujHla  iiiuntifriiu/iliii  X  F  Cd'lebu  (f 

(|iièces  nioutées) 

2 

4.  Musée  d'Hist.    nat.    de  Grenoble   (Isère)  : 

IJi  deux  ruvois  :    ileiix    l'cidir    viibrn   X   l'ev. 

saxatilU  (pièces  montées) 

•} 

.">.  Musée  de  St-Gallen  (.Suisse),  par  M.  Zooli- 

Uo(ei-,    |iré|iaialrur,    avec    raiilorisallou    de 

.M.  le  Le  liicdenuami,  directeur: 

Une  Perdis  scuatLi  X  !'■  rulmt  cT  (montée)  (4). 

1 

A  reporter 

7 

2 

(1)  Quelques  liyhiiiles,   ohlonus    en   doiiieslliMié,  mais    en   très    petit    nombre, 
figurent  au«si  sur  relte  liste. 

(2)  M.  le  lonitc  I^uca  (iajoli  Boidi  a  eu  la  lioiiti'  de  nous  oITrir  l'un  de  ces  deux 
spécimens. 

(3)  Nous  ne  croyons  pas  cet  Oiseeu  hybride,  mais  seulement  anormal. 

(4)  Née  en  domesticité,  mais  mentionnée  à  cause  de  son  importance. 


ex  XII 


DI£S    HVBKIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


8. 


9 


10. 


12 


fi.  Musée  d'Hist.  nat.  de  Lille  (Nord),  par 
MM.  Gosselet,  dirtcleur,  rt  A.  do  Norguet  : 

l']n  deux  envois  :  un  Telnio  leirij:  X  Teirao  uro- 
(jallus  cf  (monté) 

Et   deux  FvingiUa  cœlebs  X  h\  montiffinqiUa 

(monléos)  (1  ) 

1.  Musée  d'Hist.  nat.  d'Arras  (Pas-de-Calais) 
•ar  M.  le  conscrvaleur  : 

Un  Tetrno  tetri.r  X  Tt'fnw  tiro<iiiUus  (f  (iiionli') 

Musée  zoologique  de  Stockholm  (Suède), 
par  .M.  Siiiidl,  directeur  : 

Un  Tetrao  tetii.v  X  T.  iiroçiallus  cf  (en  peau)  ; 
deux  autres  sujets  de  même  origine  (en 
chair);  (2)  et  deux  Tetrao  tefrir  X  Uuiopux 
a  Unis  (f  9  (montés) 

Musée  zoologique  de  Christiania  (Dane- 
uiark),  par  .M.  le  professeur  C.olli'tt  : 

En  plusieurs  envois  :  un  Tetrao  IctrI.rX  T.  iini- 
galhiS(f  (en  peau)el  deux  femelles  (uionlées), 
deux  Tetrao  tetrix  X  Lagopus  aibns    .... 

Musée  zoologique  de  Francfort-s-leMein 

(Prusse),  par  .M.  .\daiu  Koch  : 
I)ou\  Trtrdotrtri.rX  Trt rao  urniid lliis ,^  {luuiMs) 
Musée  d'Hist.  nat.  de  Genève  (Suisse),  par 

M.  le  D'  Bedol,  ditecteur  : 
En  deux  envois  :  un  Tetrao   tctri.r   X    '/'.  uro- 

galliis  cf  (uionté) 

El  une  fuliiiiilii  feriiiu  X  /•'.  iiijroea  (ujonlée) 
Musée  zoologique  de  Dresde   (Saxe),  par 

M.  le  D'A.  B.  Meyer,  directeur  : 
En  deux  en\i)is  :  trois  Tetrao  tetrix  X  T.  uro- 

gallus,  deux  cf  et  une   Ç    (montés);   (|ua(re 

Teirao  teIri.rX  LagoiiiisalliusJriViii^el  une  $ 

Liste  précédente  .    . 
A    reporter    .   .    .   . 


(1)  L'origine  que  l  on  attribue  à  l'un  de  ces  échantillons  nous  parait  douteuse. 

(2)  Ces  trois  pièces  nous  ont  été  très  gracieusement  olleiles. 


Lisri-;  DKs  HviiHiDKs  iii;i:is  i:n  communication 


ex  XIII 


91 
iil 

< 
y, 

b 

ca 
S 

o 

o 
u 

tA 

È 

< 
s. 

u 

3 

< 
< 

Cl. 

i:!.  Musée  d'York  (Aiii^lclPrrc),  par  M.  l'IanaiiiT  : 

, 

lui   iIl'iis  l'iiviiis  :  <lcii\  Telntn  tcirix  X  '/'.  iira- 

Udlliis  ç^  (montés)  (\)  cl  un   Trlnut   h'Iri.r  X 

I.iifioinis  srntinix  (^  {uiimlr) 

\\ 

14.   Collection  de  M.  van  Kempen  à  SI  Oincr 

(l*.Ts-ile-('.alais  : 

Kii   (lilIiTculs   eiiviiis  ;  ,sc|il  Trlnni  triri.r  X   '/'. 

iir'onatlus,  diiiil    ciiKi  cf  et  deux  Ç  (2),  trois 

Ti'tnni  Irtri.r  X   l.niii}i)ux  .■iciitiriis,  demi  deux 

cf  et  uni'  9  '  '^l  ;  'li'ux  TetriKi  Irlri.f  X  Ijif/opiis 

alhii.s  jj"  ;   un    Phiisiinnis   cdlcliirlnis  X  Plia- 

blantis  leecesi  (f 

\\\ 

Un  Anax  crecca  X  Maieca  penetnpe  cT;  deux 

Ahiix  boschns  X  Dolila  aciitn  cf  (4);  uiw  Fitli- 

fliiln  fcriiiii  X  /■'.  niiiriin;  une  Martin  jieiu'tojif 

X  Oiicriiunlula  fnriitosa  (3).  (Tnus  ces  discaux 

Siinl  nioud's) 

."» 

i;j.  Musée    zoologique    de    Breslau    (l'iusset, 

|iar  M.  le  Dircclcur   : 

l'.n  lieux  envois  :  Un  Tetnin  Iclri.r  X  /'.  uriiiinlliix 

cf  (  rnuiiir') 

1 

Deux    Àiiiix    busiiias    X    Cairiiiii    inoscliiiln    cT 

(nionl<''s) 

2 

ICp.   Musée   de   l'Université   de   Pavie  l  llalir), 

par  M.  I(!  piofesscur  l'avesi  : 

lu  Tetrao  tetiixX  T.  uro(iallu.i  (f  (immtô)  .   . 

1 

hi'ux  inijx  bosclias  X  l'hiiiib'lnsiiius streiifiiis  ç^ 

$   (monti's)  (()) 

2 

Liste  précédcnle  .    . 

29 

1 

4 

A  irpiirti'r 

47 

10 

... 

4 

(1)  l'ii  lie  ci's  iliMix  Haekfllianes  ne  ildiliHrr  qu'un  \iro']i\llxiSi  jiui..  ((ont  au  plus 
une  vieille  poule  sU'nle  iiio^allc  se  levrlant  île  la  livrée  iiu  niùle) . 

(2)  Ij'unu  do  ci-s  itt'ux  (eniclles  nous  a  paru  (51re  un  jiMinc  prenniil  eoulriir. 

et)  Ces  lieux  nulles  seiiil>U'nl  l'-lre  des  femelles  stériles  prenant  lu  livrée  du  initie. 
La  lenietle  n'est  autre  elte-inéme  (pensons-iions)  qu'un  Telrix  anormal. 

(1)  L'un  de  ces  deux  Canards  n'est  qu'un  I).  acutu  en  nine. 

(o)  L'origine  de  ns  An.itidés  n'est  point  connue;  le  dernier  Oiseau  parait  certai- 
nement un  produit  né  en  eaptivitù. 

(G)  Nous  ne  pensons  point  (|uc  ces  Oiseaux  soient  des  hybrides. 


CXXIV 


DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


-S 
< 

< 

O 

2 

X 

X 
X 

< 

•A 

< 

X 

X 

< 

|7.   Musée   zoologique   de  Lausanne  (Siiisso), 

par  M.  Il'  D'  l,nri|iiirr  iIcs  lîaiiiils,  rniiiicrvat.: 

En  deux  envois  :   Irois   Ti-lrnn  tftn.rX  T.  iirn- 

ildlhis  r?  (moiUcs) 

:i 

Trois   Alias   bnxchas    X    Calrina    mnschiiln    (^ 

(montés) 

3 

Un  Lanius  rufiis  X  Lanlus  collurio.  (Cetti'  der- 

nière pièce  nous  a  été  communiquée  grâce  à 

la  complaisance  des  iH'iitiers  de  M.  Raslian 

qui  la  poss''(lail) 

1 

18.  Le    Kelvinfjrove     Muséum    de    Glascow 

(Ixosse),  par  M.  Talon  ; 

Un   Tetrao  telrix  X  el   T.  uvounllii^  (f,  et    un 

Teiriio  tetri.r  X  Lniioinis  scatirus  cf  (tous  deux 

mont(''S) 

2 

lu.  Musée     royal    d'Histoire     naturelle     de 

Bruxelles,  par  M.  huhois  : 

Un  Tetrao  Trtri.r  X  T.  vninalliis  (J'  (monté)  .    . 

1 

20.   Musée  royal  de  Munich  (liaviére),  par  M.  le 

pro(.  H.  lluriwig  : 

En  deux  envois  :  eiuq  Teirao  ti'Irix  X  T.  uro- 

(jalius    cf    (1),   et    un    Phasiunus    culgaris 

X  Tetrao  telri.r  (2)  (montés) 

G 

21.  Musée  zoologique   d'Upsala   (Suède),    |iar 

M.  Tyeho  Tulberg,  directeur  ; 

Eu  dilTéi'cnts  envols  :  sept    Tetrao  tetri.r  X  T. 

uroijullvs,  dont  cimi  cf  et  deux  $;  uu  Tetrao 

tetri.r   X   Uoiia.ta    tyrtuliiia    ^;    un    Ijujopus 

allms  X  lionnm  betulinn;  quatre  Tetrao  tetrix 

X  I.aiiopus  allias,  dont  un  <^  el  trois  9  (lous 

moulés) 

13 

1 

l'ii  ClaïKiitla  (ilaurion  X  Merijus  albellu.'< (^  (m.) 

Liste  précédente  .   . 

47 

10 

4 

A  reporter.       .    .   . 

72 

14 

5 

(1)  L'un  (les  (liseaii-x  est  un  jeune  urogallus  pren.uit  couleur. 

(2)  L'oripine  sauvaf,'e  de  cette  pièce  n'est  nullement  certaine. 


i.lsTE  in:s  innnir>Ks  rkchs  i:n  commcnicatiov 


ex  XV 


< 
< 

c 
p 

-u 
7. 

r. 

S 

u 

X 
X 

u 

•y. 
■fi 

X 

22. 

Cabinet  particulier  de  Son  Altesse  royale 
le  Grand  Duc  de  Hesse-Darmstadt  (.MIc 
rii;i:;il(').  |i;i|-  .\I.   liDiilhcld  : 

1  II    Trlnin  Irtri.r  X  T.  iinnialhis  ^  (iiiiinl(').    . 

1 

2:). 

Musée  impérial  de  Vienne  (  .\iiliiclii'),  |i;ir 

.\1.  Il'  II'  viiu  l.dii'iiz.  riisl(i>  ailjiiiicl  : 
In  Tf'Irno  tetri.r  X  T.  iiniiinlhis  cf  (m  |ii'aii)   . 

1 

t\. 

Collection  de   M.  Otto  Bock,  laxidciniislc 

il  licrliii  (  l'ni.sse)  : 
L'n   Tctraii  Iflri.r  X  T.  itidiiallus  (f  ^lllOlll|■■)  .    . 

1 

•)■; 

Musée   de  Douvres  (.\n?,'lclerri').   par  .\l.  !■'.. 

.\slli\  .  ruraliir  ; 
hi'UN.  Telnin  lelri.rX  T.  iirdiidllusçj'  {\)  (inonic). 

2 

2(1. 

Musée  de  l'Ecole  cantonale  de  Fribourg 

(.^iiissi'),  a  : 
Lu  Tetran  Irlii.rX  T.  urogolliix  (^{2.]  (inonlr). 

1 

27. 

Collection   de    M.    Robert  "W.  Chase,   i\v 

Siiiilliliclil,  in'i's  ltiriiiiii;,'hani  (.Aii^'Icd'iTr)  : 
Kii  lieux  l'iivnis  :  un   Ti-lrau  trtrirX  T.  inuiiiil- 
/i/.v    (/    iH);    un    Tcinin  tetrix    X    l'Iidsutnus 
nilrhirus  (f  (nionti') 

■7. 

Un  Clirisomitris  spinus  X  Cnidinih  rlcfiiins  J' 

2S. 

(rniinli')  ('t) 

1 

Collection  de  Son  Altesse  royale  le  prince 

Philippe    de    Saxe-Cobourg-Gotha.    à 

\  icnnr  (Aulrirlii')  pac  M.  dr  linssinskv  : 

In  l'rtnio  tetrir  X  T.  uinii<iUus  cf  (1 iliM   .    . 

1 

Lislo  précOdenlu  .    . 

72 

14 

.") 

A  l'iMioi'Irr 

SI 

W\~ 

1; 

■■ 

(1)  L'un  lie  ces  Oiseaux  est  un  jeune  iiiille. 

(2)  Celte  |ii(>ce  n'est  encore  i|u'un  jeune   nii^le  prenant  couleur  (on  une  vieille, 
femelle  iiinynUuti  se  reviManl  de  l'Iiabil  ilii  inùle). 

(3)  MOnie  réllexion  i|iie  pour  la  priréilenle. 

(4)  Ne  paiall  èlre  ipie  le  priHliiil   île  Frimjilld  niniiriii  X  l'unluflix  elegain, 
sans  ilonte  érliappé  île  raplivilé. 


CXXVI 


DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


y. 

< 
a 

6 
o 

•a 

i 
< 

•j. 

-S 

X 

-  1 

tn 

< 

29. 

Collection    de    l'Institut    zoologique    de 
Strasbourg,   par  M.  le  prol'.  Doderlin  (avec 
1  iuildiisaliiin  de  M.  le  prof.  Cockc)  : 

Un  Tetrao  Iciri.r  X  T.  urniialliis  cf ,  un    Tclnni 
Jrtf'/ù(.v   (1)   el   une  vieille    femelle  urO(/((/(«.< 
avec  la  livri'e  du  inàlc 

3 

:50. 

Collection    de    M.   le  H""   Ed.    de    Selys- 

Longchamps,   à   f.imgelinriips  s.  (ieer  (Hol- 

gii|ue)  : 
En    dilfrrenl.s   envois  :   un    Ti'lraa  l('trix  X  '/'. 

nrondllus    9:    un    Tiiran   Irtri.v  X   Lagopus 

itlhif^  f-^   fiïinuipi        ... 

■> 

Un  Allas  hoschax  y,  Cairinn  moschnln  $;  ime 

Spalnld   djiiirata  X  Dalila    nruhi    (2);    une 

i'uliuula  l'crina  X  F.  nuroni 

3 

31. 

Musée  royal  de  Prague  (lioliènie),  |)ar  .\l.  le 

D'Fiileh  : 
Un  Tetrao  tcliir  X  '/'.  iiniiiniluf  9  (uioiilé)  '^). 

1 

32. 

Collection  de  M.  le  Comte  J.-B.  Camozzi, 

sénateur  à  liergaine  (Italie)  ; 
Un  Ijirjnpus  malus  X  lionaxi  bctiilimi   .... 

1 

33. 

Musée  de  M.  Dresser,  à  Uondres  : 
i:n  deux  envois  ;  un    t'etran  teirix  X    Lagopm 
srolicus   (f   et    un    Tetrao  teiri.i-  X  Lai/opus 
itlbus  r^  (eu  neau)                               

■> 

34. 

Musée    national   des   Pays-Bas   à   Leyde, 

par  .\l.  le  pidf.  Jeuliurk  ; 
Un  Teirao  tetrixX  l.afiopus  seotieiis  ç^  (4)  el  un 

Tetrao  letriv  X  Laijopus  albus  cT 

Liste  préiédente  .    . 

2 
81 

14 

(> 

.\  leporler 

92 

n 

6 

- 

(I)  Parait  èli'e  une  vieille  femelle  se  revêtant  de  l'iialjit    itu    iiiàle,  ou    un    jeune 
mâle. 


(2)  Origine  douteuse. 

(31  Cet  indiviiln  est  n 
Il  raison  de  son  iniport 

(4)  r.el  Oiseau  paiailiHre  une  vieille  l'unie  stérile  levètue  de  la  livrée  du  niàle. 


(31  Cet  indiviiln  est  né  en  caplivité,  mais  nous    le  faisons  lignrer  sur  cette    liste 
en  raison  de  son  importance. 


LISTE   DES   HYBRIDES   REÇUS    EN   COMMUNICATION 


CXXVll 


< 

1 

c 

'r. 

m    1    X 

T.      1       S 
<      1      ^ 

■i  1  t 

1  Ile    Milri'KI    iiciivinpc  X  Ihtjild    ilcilhl    (f.    deux 

Ihilild  (inilii   X  .\iiiis  Ixixilias  (^  ;  un  ,1.  hn.t- 

liiiis    X    (Jurniiifiliilii    rrerra    (1);    un    .l/irts 

()(i.s77i((.<  X  .W/'(.v  (;/).s((//v(  (Idiis  iiiiiiili's).    .    .    . 

."> 

s; 

De    M.    Alexandre  Doughty,  (11-   Uvcrpodl 

(Aiiyli'li'iTc)  : 
In    Telian   teiri.r  X   Lugopus    scolicut   (pièce 

liC. 

liiniil('i') 

1 

Le  Muséum  of  Science   and  Art  d'Edim- 

bourg (Kcossc),  par  M.  le  D'  li.  II.  Trai|iiuT, 

Ki'c|irr  o(  Niit.  Hislory  (IcparkMiicul  : 

Ln    Tflnio   tctri.r    X   l.ituopm  scntku.i  ^  (2) 

;t7. 

(ninnli'i 

1 

Musée  Zoologique-  de  Tromso  (Xorwi'gc), 

par  M.  .1.  Sparn-  Schneider,  ilirecleiir  : 

Trois    Trlnin    teiri.r  X   Ijuinimx   allnis ,    dnnl 

38. 

deux  c^  el  une  $  (tous  trois  montés).    .    .    . 

:i 

Collection  de  M.  J   H.  Gurney,(lii  Keswick 

Hall,  .Norwieb  (.\nglelene)  : 

\a\  plusieurs  envois  :  un  Tijininniiirltus  iiiiieri- 

niiiiis  X  l'erlincœtcs  phnsianellus  (en  peau).   . 

1 

Ln    iiins  boM-lia-'!  X  Querquetluln  rrerra  (f  (3) 

(monté  et  sous  verre):  deux  FuUijula  feriiia 

X  F.  nijrrirn  (f  (monlées  et  sous  verre)  .    .    . 

w 

1 

In   H'iurninx  rliluris  X  Cdrnndbhin  liiiota  q" 

i  •'■'  • 

(inonli-  et  sous  irlobe) 

1 

Collection  de  feu  M.  Maingonuat,  nalura- 

lisle  à  l'arls  : 

Un  l'Iuixidiius  rokliirux  X  l'Iidsiditds  S(rnimp- 

riidii  r?  Icn  iieau) 

1 

92 

17 

(i 

A  i'r|i()rlcr 

il'J 

2") 

... 

7 

(I)  Noilj  croyons  cet  Oise:iii  iiiid  ilélcrminé. 

(2|  Ni  assurément  en  ea|>llvili;. 

(A)  (lue  nous  (ivnsons  l'tre  |ilulc')l  un  Anas  boschns  X  Chaulela^mus  streperus. 


ex  X  VIII 


Dl;s  iivbuidës  a  l'état  sauvagp. 


'tU 


41 


42. 


43. 


Collection  de  M.Turner,(li'Siitl<iii  (Inliliirlil, 

pirs  liiiniiiighiiin  (Aiiiilelcrre)  ; 
L'n    Ti'tran    li'tri.r   X    l'hasiamis    rnichuus    çj" 

(monté,  fai.saiil  parlie  tl'un  groiipc) 

Collection     de    M.    Hamon    l'Estrange, 

(le  riliinslaiildii  Hall  (.Anglelcrre)  : 
l'n  Telrno  tetii.i  X  l'Iiasianus  rnlrhiiusç^  (iminté 

sous   vcri'o) 

De  M.  J.  H.  Nelson,   de  Redcar,  Clovcland 

(  ViirKshiri'),  Angletorrr  : 
L'n    Teirao  lelri.v  X  l'Iiasitnius   ruiunrix  (piéro 

.  montée)  (I) 

Collection     de    M.    D.    Losh    Torpe,    do 

(laiiisli'  (Ani;lclcrre)  : 
L'n    Pliaxianux  rnirhiciis   X    (•(itlns  (loiiirsticux 

(en  peau) 

Collection  part,  de  M.  le  prof    Doderlin: 
l'ne  l'crdri.r  rinrni  (rnrielas) 

Museo  dei'Vertebrati  de  Florence  (Italie). 

par  M.  lecniii.  pruf.  Ilcnrico  Giglioli, direct.: 
En  iilnsicurs  cnvoLs  :  une  Colomba  œnas  X  Tur- 

lur  tcneni  (2) 

Deux  Àtias  boM^has  X  Lkilita  aciita  (^  (3);  une 

Mareca  ptmebpe'X.  Qucrqueduta  circia  $  (4). 
Un  Ligurinus  cMoris  X  Carduetis  cleganscf  ;  un 

ChriisomUris  «/jiww.v X Caidueli.i  clefians cf  (n); 

trois  rriiKjilla   moiilifriixjilUt   X  /■'.  cœkbs, 

dont  deux  cf  et  une  9;  <leux  Hiniudo  urhim 

X  H.    rustk(t,    un.  Pn^scr  domesticus  X   /'. 

italUv  cf  (toutes  ces  [licces  montées)   .... 

Liste  précédente  .    . 


A  reporter. 


iiy 


104 


28 


(1)  Nous  avons  fait  l'acquisilion  de  cet  Uiseau,  très  bien  earaclérisé. 

(2)  yue   nous   croyons  être  pliilùl   fliybride   (lumestique,   mais    ecliappe.  lie    la 
Coiuiiilui  liviK  et  de  l.i  Turliir  risonus. 

(3)  L'un  de  ces  Oiseaux  paiall  un  inétanisuie  de  honcha.i. 

(4)  Ce  Canard  a  été  reconnu  depuis  pour  ètie  unepenclope  y. 

(ii)  Ouo  nous  pensons  liyliride  de  l'i  iiigiUii  ciUKtriii   x    ('(ifiluelis  rieyiiiis. 


I.ISTK   DES    HVBRIDKS    REC.CS    EN   COMMUNICATION 


CXXIX 


= 

■A 

< 
'A 

< 

CD 

::; 

o 

Ô 

't. 

S 

< 

< 

e 
u 

X 

y) 

— — 

^— 

^— 

^— 

^^ 

/.('.. 

Collection    de    M.    Robert    Fontaine,    de 

M;iii<|  ('ii-li;ir(ful.  pri's  Lilli-  (Nordl  : 

Kn  |iliisieuis  onvois:  uih' Cnliimhid  livinX  Tiir- 
lus  Inirni  (  1  ) 

1 

1 

In  l.ifiiiriiius  ililarisX  Cdiiliiells  cliyavs,  deux 

Cliiiixoinitiis  .1111  iiun  X  Cdnluclis  l'Iciians  "'  (2) 

'.-. 

(liiMs  rimiili's) 

3 

KoninklijkZoologish  Genootshap  (Niilura 

Milis    iM;iL;iNli:i  I.    Amsterdam.    |i:ir    M.    le 

h'  Ki^ihf'il.  (liieclctir  : 

V.n  |ilM>iiiirs  euvois  :  un  Anas  ijeiieloix'  x  C'"*"''- 

ijiiednlii  rirrra  cf;  quatre  .1.  boxihnx  X  Diifila 

(tiula,  don!   trois  c"  cl  une  9  :  deux  Cliaule- 

1 

Itismits  strepeias  X  Atws  boscliax  a';  un  Anas 

1 

1 

boschas  X  Mareca  petielope  d";  un  I.ijiuriiui.i 

i 

cliliiiisX  CaïuiiiliiiKi  tinnln  '  '  (lnus  umnlés). 

8 

1 

!  'tx. 

Musée   d'Hist.    nat.    do   Darmstadt   (.\lle- 
iiiagne   : 

Un  Canard  di;  i;cn]e  Anas  (en  |peauj  ['M   .    .    . 

1 

V.i. 

Collection  de  M    Ch    Royer.  |irésj,|,iii  des 

l!i-au\   .\its,  a  [.angles  : 
1  ne    Marna   pmeloyie    X    Dnjihi   luiita    ^  (4) 

:;{i . 

(UIOMiCr) 

... 

1 

Mnseum   and    Gallery   of  Liverpool.  par 

M.  Uichai'd  l'aden.  direcleiir  : 

L'ne  Marein    iienebijin   X    /'(;///((    (ini/n    ç-f    (.'i) 

(llinnlée) 

1 
28 

15 

I,isle  précédente  .    . 

in; 

1 

^— 

_ 

—^ 

L 

.\  reporter 

104 

2 

3«t 

19 

(1)  Né  en  domesticité. 

(2|  Mi^me  observation. 

(U)  Origine  incdiintie 

(4)  Celte  pii'ce  ri'es'l  pi'une  pp/ie/ope  en  mue. 

(n)  Cet  oiseau  a  éli^  ol)teiui  en  domesticité. 


buclietel. 


c\xx 


DES    HYBUIDKS    A    L  ETAT    SAUVAGE 


51.  De  M.Frédéric  Pretyman,  ilOrwcll   l'aik, 
Ipswick  (Angletrne)  : 

Un  AnanbonclMsXDdjUa  ncuta  cf  ivi\  aiit)  (  I  ),  un 
.4 w(sbo«c/i«s X Çwe/gMeriw/accecca  Ç  (vivante) (2). 

32.  Musée   de  Douai  iXord",   pMr   .VI.   (ln.ssplin, 

(•on.sL'i'vatcui-  : 
[hiAnasboschasXQui'niiii'fhild  rrcicii  ^(umnlv). 

.'Kî.  Collection   du    Rév.   hon.   Lord  Lilford, 

Lillonl  Hall,  Oundlo  (.\ugleleriT)  : 

Un  Ànns  boscha.':  X  QuerquediUa  (remi  (pièce 
iiiontoe) 

34.  ludian  Muséum,  Calcutta  (Indes  Orientales), 

pai-   .\l.  Sclater,  avec   l'aulorisaliDn  de  .M    le 

siipéiinlendant  : 

Un  .iMfw  bouchas  X  Cluitiliinsinus  sln'in'iiis  cf 

(eu  peau) 

33.  Musée    de     l'Université    de     Cambridge 

(Angleten-e),  par  M.  le  prof.  Alfred  New  ion  ; 
Un  Ànas  boschas  X  Ikillla  aculn  cf  (3)  (monté), 
deux  Anus  bosvhas  X  Dalila  acuta  cT  (4)  (en 
peau);  un  Anas  acuta  X  Marecri  peneinpe  r" 
(monté) 

:>().    Muséum   d'Histoire   naturelle   de  Rouen 

(Seine-lnférieiire),    |iar   .M.   le  D'   l'eouetier, 
directeur  : 
Meux   Anas  bosrhas  X  Chiinlelasmus  slri'jifirus 
5  $  ;  un  fanant  /iiibriik'C?)  (dont  la  prove 
nance  n'a  pu  être  élalilie) 

Lisie  piécédenle  . 
,\  reporter.    .    . 


104 
104 


19 

.119 


(1)  Nous  croyons  cet  liybi-ide  produit  iilutot  par  le  croisement  de  l'A.  boschas  X 
Dajila  acula. 

(2)  Les  deux  Oiseaux  nous  ont  été  très  graeieusomeni  offerts. 

(.3)  Ce  croisement   ne  peut  être  nccepté.  Ce  canard  est    un  .4.  boschas  X  Ch 
iireperus,  ou,  moins  probablement,  un  .4.  buscitas  X  Q.  crecca. 
Cl)  Ces  deu.x  Canards  sont  nés  en  domesticité. 


LISTIC    DES    HVBHIDKS    KKÇUS    KN    COMMUNICATION 


CXXXI 


;)7. 


.S8. 


jO 


Le  Musée  national  des  États-Unis,  à 
Washington,  |i;ir  M.  J.  Mi(lf,'\va\.  iiiradir 
ilep.  ni  liinls  : 

l  II  .l/id.v  biisclids  X  Anim  obscuni  ^''  (inoiitO)  . 

Collection  particulière  de  M.  le  D'  Paul 
Lieverkilhn,  ilircrlcur  des  liililiiiilir(|iic  el 
Instilutions  s(iriitiii(|n('s  ilii  iirincf  do  liul- 
garic,  à  Solia  : 

Un  Anas  boschas  X  À.  nlisciira  2  Tl)  (en  peau). 

Muséum  national  de  Hongrie,  à  Budapest, 
par.M.VdU  Madaraz  (sur  la  (Jiiiiandi'  d(^  M.  Ii' 
chevalier  Victor  von  Tslui/.i  : 

l'n  Annx  bnschfts  X  Simlnln  chipeata  c"  (2) 
(iiionlé) 


60 . 


61. 


02 


63. 


Musée     de     l'École     cantonale     d'Aarsiu 

(Suisse),  par  M.  le  Directeur  : 
In  AïKis  bn.irliasX  C'iiriwi  mnschaUt  c'  (monté) . 


Musée    de    M.   Ed.    Hart.    de    Cliiiscliurcli, 

Hauts  (Au^leterre)  : 
In   CliitulelasiHus  slreperu.'i  X   Ana.i  pcnelope 

(pièce  iiionlée  et  sous  verre) 


De  M.  Richard  M.  Barrington  de  Fassaroë, 
l!ni\,  Co   Wicklow  (Angleterre)  : 

lii  (hiiulelnsmus  .itrepcrus  X  Anas  peneUnie 
(pièce  montée  et  sous  verre) 

Collection  de  la  Société  Zoologique  de 
Rotterdam  (  llnllaiidi;,  par  M.  vaii  Heiuine- 
leu,  directeur  : 

Trois  FuU(pd(i  luimui  X  F.  ferinit  (dont  deux 
inàles  et  une  feiiiello  (luiil  autres  nés  en 
captivité) 


Liste  précédente  .    . 
A  reporter 


Vi 

X 

m 

s 

< 

^ 

S 

< 

104 

104 


lll 


2  m 


19 

I'.) 


Il)  Suis  (loiile  un  albinisme  il 'oftscH ra  J 7 
(2)  Pai-ail  êlre  un  tiDScIta.t  domestique. 


CXXXll 


DES   HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


1.S 

T. 

o 

8 

-S 

i 

s 
< 

< 

a 
< 

D. 

64.  Collection  de  M.  le  comte  Arrigoni  degli 

> 

1 

Oddi,  lie  Padouo  (Italie)  : 

i 

Une  FuUijula  nifroca  X  F.  ferinn  (montra).   .    . 

i 

63.   Musée  d'Hist.  nat.  de  Belfast  (Irlande),  par 

M.  J.  lirown,  (liierleiii-  : 

Une  Fuligula  ferma  X  F.  cristatn  (montée)  .    . 

. 

1 

(î6.  Collection  de  M.  Heinricli  Adolf 'Weiss- 

flog,  il  Annaliers  (Saxe),  par-  rinlrrinéiliaire 

(In  Musée  zoologique  royal  de  Dresde. 

In    Menjus  nlhelliis    X    Claiifinl'i   <ilanrinii    i/" 

! 

(niontt't.       ... 

1 

! 
1 

V  1  ■  ■  *^  »4  iv^aa            •            •            •            ■•            •                          •>            -                         •             ■            •            ■            • 

67.   Herzogl.    naturhistor.    Muséums.    Bruns- 

wick (.Alleiiiagnei,  par  M.  le  prof.  D'  Wilh. 

hlasins  : 

Un    MeriiHs  albeUus   X    Clinigula   ijlaacimi  c" 

I 

(monté) 

I 

1 

68.  Musée   de    l'Université    de    Copenhague 

(Danemark),  par  le  Prof.  \r  Cli.  Lutken  : 

.Un    Meniii.s   albellus    X    Chuiiiuln   gJmicion  cf 

(iiicintc) 

1 

69.  Musée  royal  du  Hanovre  (Alleniagm),  par 

la  Direction  : 

Une  (îtilliniilti  chlornpus  X  Fulicti  fitt'n  (iiioutée). 

1 

i 

70.  Muséum    of    Science    and    Art,    Dublin 

(Irlande),  |iar  M.  J.  Kall,   directeur    (sur   la 

demande  de  .\1.  Carpenter  et  de  .M.  le  IV  SchafI, 

curateur)  : 

Un  lAiiuriiius  clilurU  y  Cannnb'inn  linota  .    .   . 

i 

71 .   Collection  de  M.  J.-B.  Nichols,  d'Holmwood 

Dorking  (Survey)  (.Angleterre)  : 

Deux  Ligurinus  rhlnris  X  Cannabina  linota  c" 

(montés) 

2 
19 

Liste  précédente  .   . 

104 

2 

68 

.\  reporter 

104 

2 

7a 

1 

22 

LISÏi:    DES    HYBUIDES    REÇUS    EN    COMMI  NICATION 


CXXXIII 


T^ 


Collection   de  M.   Pbilipp.  B.  Mason,  de 

liiirlmi  on  Trciil  (Aii^li-li'nc)  ; 

Deux  I Afin  ri  II  IIS  cil  II  irisX  (il  11)1(1  h  i  11(1  liiinta  cf, un 
Cardiiilis  l'IefiaiisX  l'hriisninitrix  siiiiiiisj''  (l) 
et  un  Ciinluvlii  eleiiaiis  X  Liiinriinis  rhloris  c* 
(tous  uiontés  et  sous  verre) 

De  M.  J.  Blackhouse,  of  llie  Nurseries 
(\o\-k)  : 

\'n  Lifiuriniii  chlorixX  Ciirduelis  eleçinns  (2).   . 

Du  Rév.  Macpberson,  de  Carlisle  : 

Ln  jeuui'  Ciinliirlis  i-lfi/iiiix  X  (  Il rusomitris 
sjiiniis  (iH),  un  l'iinlus  meruln  X  Turdus 
tnniiintiix  Cl.) 

Muséum  d'Histoire   naturelle   de  Trieste 

(Autri(he),  par  M.   Antoine  Valle,  directeur 
adjoint  : 
ln    FiiiiijiHd    iwlehs   X    /■'.    iiiniitifriiiiiilln    $ 
(monté) 

Collection  de  M.  le  D'  Ricardo  Ferrari, 

(le  Trente  (Autric-lie)  : 
Uu    Friiiyilln    cœlebs   X    /•'.    muiilij'rinqilla   o' 
(monté) 

Collection    de    M.    Ad.   Poggi ,    de   Cn^nes 

(Italie)  : 
Un    FrinijUki    cœlebs    X    /■'.    iiiiiiilifriiuiilla   c' 

(umnlé') 


78. 


Collection   de   M.  Ernest  E    Thompson, 

à  Torenio  (Canada)  : 
Un  Piiiicoln  eiiticlentnr  X  Carpadocus  puriia- 

reus  c" 


Liste   iiri'eéclente  . 


104 


.\  reporter 104 


33 


(Il  Que   nous  soupçonnons  èlre  une  FriiigiUn  canaria  X    (Airdiiclis  elegniis 
écliappéc  de  quelciue  cage. 

(2)  Son  origine  esl  ignorée. 

(3|  iNé  en  caplivllé. 

(4)  Nous  croyons  que  cet  Oiseau  est  un  niéliinisnie  île  inerula. 


CXXXIV 


DES    HYBRIDES    A    L  F.TAT    SAUVAGE 


79.  Musée    royal  de   Turin  (Italie),   par  M.  le 

Comte  T.  Salvadoii  : 
Un  Pnxxer  montnnus  X  /'.  itnVuv  o""  (niontf").   . 

80.  Collection  de  feu  M.  Lemetteil,  à  Bolbec 

(Sciiie-Inférieiire)  : 
l'n  Passer  nioiilciiiHs  x  P.doniesticas  r-"  (monté). 

81.  Collection    de    M.    R.   Tancré ,  à    Anklam 

(Poinéraiiie)  : 
Une  Hiiiuido  urbica  X  H.  rustira  (inonléc)  .    . 


82.  Collection   de   M.  le   prof.   André   Fiori, 

(le  lîologne  (llalie)  : 
Une  Hirutxln  urbica  X  H.  rustira  (montée) 

83.  Konigliches    Muséum    filr    Naturkunde. 

Berlin;  par  M.  Paul  Malscliie  (avec  l'auloii- 
salion  de  MM.  les  D"  Mohius  et  Heichenow)  : 

Une  Hirundo  urbica  X  H.  rustica  (montée)   .    . 

Un  Turdiis  fusnitusX  T.  iiaiinianai  (I)  (monté'); 
un  Gallus  doiiteslicus  X  Numida  iiuiea(jris  (2) 
(monté) 

84 .  Museo  civico  di  Storia  uaturale  di  Genova 

(Italie)  : 
Douze  Paradiseaapoda  X  P-  ragijlana  (en  pean), 
dont  neuf  o"  et  trois  9 


85.  Collection   de  M.  le  D'  Fischer-Sigwart, 

do  Zolingen  (Suisse)  : 
Un  Tetrao  uroçiallus  X  tetri.r,  •:^  jeune,  monté. 

Liste  précédente .    . 
Total  .    .   . 


1 

104 


106 


12 


En  tout  donc  :  236  pièces  (3). 


(1)  Origine  douleiise. 

(2)  Né  en  doraesllcité. 

(3)  D'autres  Musées  nous  ont  bienveillammenl  envoyé  des  échani liions  d'espèce 
pure;  ce  sont  les  Musées  de  Houen,  du  Havre,  de  Caen  de  Gènes.  Nous  aurions 
aussi  à  nommer  des  cullecLions  particulières  qui  'iniis  ont  fad  des  envois  très  impor- 
tants ;  mais  celte  nomenclature  nous  entraînerait  trop  loin. 


LISTE      ALPHABÉTIQUE 


DES 


PERSONNES  AVEC  LESQUELLES  NOUS  AVONS  CORRESPONDU 

au  sujet  des  Hybrides  et  dont  les  noms  se  trouvent  cités  dans  ce  volume  (I) 


MM.   Ai-.ASsiz,   professeur    ;i    rriiivcrsili'    île    C-aiiibrid^'c 

iKtals-rnisI (Voy.  Li^le  ilr<  Ailleurs)  (2). 

AiiNKvv,  Andrew,  N.,  chAteau  de  l.dclinaw  ,  Wigtlioiishire 

(Angleterre) Gi:),  «14,  619 

Ai.DiiiDiiK,  \V.,  de  Londres 19j,  202 

Aliiohiiandi  (Prince  G.),  l'orrella,  |ir()\.  de  Hoioguc  .    .    .  764 

AixKN.  .I.-A.,  curalor  n\  llie  Aimiican  Muséum  of  Naturaj 

llistory,  New-Viirk (Voy.  l.lsli-  des  Ailleurs). 

Altim,   lt^  dlrocleiir  du  Musée  de  l'AcadiTiiio  furestirie 

d'Kberswalde,  à  Ncusiaal  (Allemagne).  vVoy.  Lisie  des  .Ailleurs). 

Ar.viN,  T.,  DepKord  (Angleteire) 150,216 

Ai'i.is,  {).  V.,  l!lo\haiii,  Oxim  (Angleterre  .  .  .  62;;, '70.  801  (V.  LIsI  Aiil.). 
AiiMii;oM  DKc.i.i  Oiiiii,  D'eiimle.  |ir(ifesseiir  à  l'iniveisilé  de 

Padoue  (Italie)  .    .    .    .    III,   113,   114,   194.  2:ifi,  249,  2,11,  2:i2. 

2j4,  2.'i6,  260,  294,  :)l)o,  477,  6;{2,  033,  640,  6.S6,  6S7,  719   7iS'i, 

9j7,  9:)9,963,  906 (Vny.  en  outre  Liste  des  Auteurs). 

.AsuiinwN.  naturalisie  à  llereford  (.Angleterre).  620  (Voy.  Liste  des  .Aul.). 
.AsTiiv.  !■■.,  ciiialeiir  du  Musée  de  Douvres  (.Anglelerie).   .  cxxv 

1 1)  Les  six  parlius  île  cel  ouvrage,  ayant  (Hé,  nous  Tavoiis  ilil,  |nililiéps  ù  île  ^'raiiils 
iiilervalles,  nous  avons  iléjà  lemorrié,  (.'à  et  là,  plusieurs  dos  personnes  i|ue  nous 
noiiiiiiuns  dans  celle  Liste  générale.  Parfois  ilone  celle  lisIe  fera  doiiljle  einpliii; 
nous  la  iioyohs  néanmoins  iililo  pour  trois  raisons  :  l-  elle  est  alpliat)étii|ue:  i'  elle 
iniliipie  les  numéros  îles  pages  où  nos  conespondanls  sont  cités;  ^i"  elle  les  fait  con- 
nailres  tous.  —  Ainsi  i|ue  l'enléle  le  clil,  n'y  figurent  cepemlanl  que  les  pecsonnes 
citées  dans  ce  premier  volume.  Nous  ne  pouvons,  à  notre  regrel,  donner  les  noms  de 
Inules  les  personnes  avec  lesquelles  nous  avons  correspomlu.  depuis  au  moins  dix 
ans,  au  sujet  des  liyluides  el  qui  nous  ont  adressé  des  coiuniunicaliiins  diverses  sur 
cette  intéressante  question;  leur  liste  e^t  beaucoup  trop  longue,  hca'icoup  trop 
étendue  pour  que  nous  soiiKions  à  la  reproduire  ici.  Nos  correspondants  seront 
d'ailleurs  remerciés  dans  nos  piihlicalions  iillérieures  où  nous  ferons  part  de  leurs 
communication-. 

(2|  Lorsqu'une  personne  est  auteur  et  que  ses  travaux  sont  ineiitionnés  dans  le 
cours  de  cel  ouviane,  on  doit  se  reporter  à  la  Liste  (len  Auteurs  (dressée  à  la 
lin  du  vol.),  pour  obtenir  le  numéro  de  la  page  ou  son  nom  el  son  travail  son  cilés. 
Iians  la  présente  liste  nous  n'Indiquons,  en  général,  que  des  communications 
[larliculières. 


CXXXVI  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT    SAL'VAGE 

Baily,  William,  L.,  arciiirecle,  138,  Soulli  'l'i'e  siri'ft,  Phi 

ladelphip  (Ktals-Unis) 197,272,273,7(59 

Hall,  .1.,  liin'ttciir  du  «  Scienn-  aiul  ail   Miisemn  »,  IMiiii- 

hoiirg  (Kcossfl cxxxii,  748 

Hahnks,  d'Alineiliiasan,  Deccnn  (Indes)      S70,  871 

Barrinc.ton,  FassaroK,  Bray,  Co.,  Wicklnw  (Aiiglel  ).    .    .  cxxxi,  961,  9^2 
Rartlett,  A.-D.,  directeur  des  «  Zoologiral  (iardens  n  de 

Londres 195,  BM,  804.  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Batchklder,  C.  F.,  Nultal  Ornilliiiloiîiial  Club.  Cambridge. 

Mass.  (Elats-l'iiis) (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Bkaurefons  or;,  château  de  Cerisay 19."),  239 

Beiiot,D'' directeur  du  .M usi-e  d'Histoire  naturelle  de  (ienève  cxxii 

Beimrr,  naturaliste  i\  Paris 9,  509 

Beldins,  Sldckliin,  Nevada  (^.ounty  (Californie) 197,  246 

Bell,  A.  \V.,  le  .Major,  assistant  adjudant  gem'ral,  Indes 

Orientales 870 

Bell,  Ceorge  el  lils,  l'iliteurs,  Londres 196 

Bell,  Robert,  deologittal  Survey,  OItava,  (Canada. 
Bellecroix,  Ernest,  directeur  de  la  Chasse  Illustrée,  .ofi. 

rue  Jacol),  à  Paris 603 

Bemmelen  van,  directeur  du  Jardin  /oologique  de  Roller- 

dam.  c.xxxi,  III.  197,  402,  69;;,  7lf;  (Voy.  eu  outre  Liste  des  Aut.). 
Beneden  VAN,  château  de  Romelol-Modave  iBelgiquel.    .    .  704 

Béni.  Carlo,  Stia  (Italie) 196,300 

Henneh,  Franklin,  Minneapolis  (Etats-Unis  (l'Améri(|iie)   .  197 

Berlepsch  von,  Muenden  (Hanovre) 197 

Bertoloo,  g. -M.,  IV,  Turin 7."il,  759,  760,  783,  784 

BiEBER,  Cari.,  conservator,  Cotha 305,  401,  405 

Biedermann  de  Sonne.mberi.,  W  à  VVinlerlhein  (Suisse)   .      cxxi,  495,  496 
BiRKS,  A.-R.,  oIT.  commissionner  of  the  .\rakan  divjsi(ui 

Akyab  (Indes  Orientales) 939 

Blaaw,  F.-E.,  s' Graveland  (Noord-Holland)   .    .    .    197,  201,  739,  7'iO,  964 
Blackoose,  .L,  des  Nuiseries  (York)  (Angleterre)   ....         cxxxiii,  477 

Blaine,  h 43 

Blanc,  H.,  n',  Lausanne,  (Suisse) i3 

Blanchard.  Ra|)haël,  D',  Secrétaire  général  de  la  Soc.  zool. 

de  France,  rue  du  Luxembourg,  32,  Paris.    .    .  713 

Rlasius,  Henri,  I)',  Directi'ur  du  Musée  royal  d'Histoire 

naturelle  de  Biunswick  (.Allemagne),   cxxxii.  (Voy.  List.  .Aut.). 

Blu.m,  L)',  Conseiller  de  justice  (.Allemagne; 518 

Bock,  Otto,  naturaliste,  Berlin cxxv,  13,  477,  508.  529 

BoiDl,  Luca  Gajoli,  comte,  de  Molare,  Province  d'Alexan- 
drie (Italie) cxxi,  477,  491,  492,  493,  494 

Bo.NJouR,  Samuel,  13,  boulevard  Di'lorme,  .Nantes   ....  195.  302 

BoNNEEOM)  (de  la),  château   d'.Aulhon.  par    Brizanibourg 

(Charenti -Inférieurei cxix 


LISTE  DES  PERSONNES  QUI  ONT  CORRESPONDU  AVEC  NOUS         CXXXVII 

HoNi),  lùiijcnr,  l'()i-t(ii;nian>  (llnlif) 19(5,  (Voy.  Lisl.  Aiil.). 

H()NviN('iiAi>i'i  is,  Siou  (Suisse) 7,  4'j(),  487 

liooni,  W.-ll.,  l|.swicli  (Aiiirlfli-rrc) lO.'J.   l'.i'.l,  2H;,  232,  ^37 

UoRCioLi,  Uraiicaleone,  prép.  au  Mus.  zoiil.  de  l'iiiiv.  do 

(ii'ni'S  (Italie) I9G,  2,i0,  4'.)1 

BossiNSKY,  l'iani.'ois  de,  Secrélairp  di'  Sou  Altesse  i-Dyale 

le    Prince    Philippe    de    .Saxe-Cobourg-tîdllin, 

Seilerslale,  3,  Vienne  (  Auliiclie).   .    .  cxxv,  477,  530,  532,  533 

BouLENfiK»,  A.,  lii'ilisli  Museutu,  Londres 43,62,195,726 

BouiicuKT,  Tournai  Jielirique) i.xxiv 

Boi'VKT  (K.).  <l>' Sainl-Servan lxxxix 

Bhadkoud  (duc  di'),  W'ohMrn  Alibey,  Angleterre  .        ...  941),  911 

l'.EiKUM,  Leïla  i.M""),  Allrniagnr 390 

BmoiiTO.N,  James,  7,  (Constance  Street,  Sallaire,  Yorksliire.  2I() 

lîitiMi.EY,  11. -H.,  Kalegh,  New-York  (Klals-Unis) 197,  341 

liiioia  S.,  Directeur  de  la  Revisia  ilaliana  di  scicnze  natu- 

rali.  Sienne  (Italie) 190 

BiiooKS,  H.  .M.,  ICssex  Inslitute,  .Saleui.  .Mass.  (Etats-lnisi.  247,  G6U,  Iiti3 
liiiou.N.    (ioode,    actiiig    sccrelary    ut    .Nalural    .Musiuiii. 

Washington  (Ktats-L'nis) 198 

ItiiowN  .1  ,  .N'atural  llistory  and  Philosophical  Society,  Bel- 
fast (.Angleterre) cxxxu,  162,  724 

liiiowNK,  .lohn,  dr  Fox  Warren  Lodge,   Bydeet  (Surrey) 

(.Angleterre) 753 

linùi;i;Kii,  Ch.-ti.,  proies.,  Landesniuseuuis,  CImr  (Suisse).  43,  196,  400 
Bkhiexxe,  0  abbéj,  vie.  à  Sie  Véronique,  Liège  (Belgi(|ue).  197,  369 

BiicH.NKit   Kug.,  conservateur  du   Musée  /.ool.  de  l'Acad. 

impériale  des  sciences,  St-Pétershourg  (iUissie).  (Voy.  List.  .\ut.). 
BucKLEV,  T.-L.,  de  Bossai,  Inverness  (Angiclerre).  66,  933  (\'oy.  List.  Aut.). 

Buffet,  Kugéne,  N  illers-lirelonneux  (Somme) cxv 

BuLLEuWalter,  Wellington  (Nouvelle  Zélande).  290, 743,816  (V.  List.  Aut.). 

Buheai:  (I  ouis\  Nantes  (Loire-ln((tieure) (Voy.  List.  Aut.). 

Bi'RNS,  Franck,  L.  Benoyn,  Penn.  (Llals-L'nis) 197 

Bi-iiTo.N,  Waller.  Wardoiir  SI,  ()\ford  St.  (Londres)  .    .    .  90,  613 

BuTLEii,  .\rlliur,  (i.,de  Beckechan  (Angleterre)  974,  975 (Soy.  List.  Aut.). 
BuTLEU,  Lieutenant  colonel,  Herringlleet  Hall,  Lowestoft 

(SullTolk)  Angleterre  .  .  cxxi,  5,  477,  479,  480,  836.  869,  871 
BiiTTlKOEEii,  .L,  conserv.  du  Musée  de  Leide  (Hollande).  .  43,  (Hî,  70,  77't 
C.AiiiiER.v  V.  hiAz,  7,  Plaza  Nueva,  S('ville  (Kspaijne).  759(  Voy.  List.  Aut.). 
Callo.m,  Silvio,  D',  aide  naturaliste  au  Musée  zoologiiiue, 

Pavia  (Italie) 43,  196 

Cai.pim,  lx)uis,  capitaine,  Slon  (Suisse) 7,  43 

Ca.miiiiidce.    K.  Philipps,    Thiî    Eluis,    Brecon    S     Wales 

(Angleterre) 560,  :i()3,  620,  (Voy.  Lisl.  des  Aut.)- 

Camekano,  L.,  Directeur  du  .Vluseo  zoologico,  Turin  (Italie).  196,  417 


CXXXVIII  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT   SAUVAGE 

Camozi  Vertova,  coiiile  J.-B.,  senatore  del  regno,  Borgaine 

(Italie) :i9,  62,  477,  55;i.  556,  557 

Campbkli,,  J.  Machauglt,  Kelvingrove  Muséum,  Glascow 

(Kcosse) \ 13,  43,  66 

Camusso,  iNicfold  1).,  Novi-Ligure  (Italie) 196,  251,  257, 

26C,  300,  639,  784 

Caniot,  Gustave,  l,ill(MN<)id)5 214,222 

Caupenter,  g.  Herlierl,  Dublin  (Irlande) cxxxii,  748 

Carrucio,  a  ,  professeur,  directeur  de  l'Institut  zoolog. 

de  l'Université  de  Rome,  à  Rome.  .  .  .  (Voy.  List,  dis  Aut.). 
Castano,  Philipp,  du  Leadenhall  Market,  Londres.  4'p,  509.  681 ,  708, 9.50, 951 
CuAPMAN,  Franck   M.,  assislant  curateur  du  Musée  d'Hist- 

nat.  de  New-York  (Etats-Unis)  .    .    .    197  (Voy.  Lisl.  des  Aut.). 
Chase,  Robert,  W.,  es(|.  Southlield,  Birmingham  (.Angle- 
terre)     cxxv,  194,  233,  234,  241,  477,  613, 

CuATviN,  Douvres  (.Angleterre) 196,  202,  207, 

Chireî',,  Lille  (.\ord) • 

Clarté,  .1.,  Raccarat  (Meurlhe-et-Moselle) 

Cleaver,  Leicester  (Angleterre) 

CoBELLE,  prof.  Giovani,  Directeur  du  Musée  de  Rovereto. 
Cooke,  professeur,  directeur  de  riiislihit  zoologiquc  de 

Strasbourg  

CoLco.MBET,  indusirlel.  Sainl-Kllenne  (Loire) 

CoLE,  W.,  Pembroke  Gardons,  Kensington,  Londres  .    .    . 
CoLLETT,  professeur,  directeur  du   Musée  /.oologiquc  de 

l'Université  de  Cliristiana  (Norvège)  .    .    .  cxxii,  515,  53*<,  340, 
352,  574,  375  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
CoLLOT,  L.,  professeur  de  géologie,  directeur  du  .Musée  de 

Dijon  (Côte-d'Or) 195,  400,  401 

Couper,  A.,  de  Penze  (London) 196,231,252 

Conservateur  (le)  du  Musée  d'.Arras cxxii 

CouES,  Elliot^Smillisonian  Institution,  Washington.  (Voy.  Liste  des  Aut.). 

Courant,  à  Créteil  (Souune) lxxiu 

Coutelleau,  abbé   à  Cha/.é  Henry  (Maine-et-Loire).   .   .    .  193,  245 

Cox,  Walter,  des  Firs,  Fiverton  (Devon).    .  760  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Crossly,  T.,  Kendal  (Angleterre) .    ,199,217,232,237 

CuRZON,  L.,  Londres 199 

Dablv,  Saint-Germain-les-Corbeil 83 

Dale,  Frédéric,  D'  de  Scarliorough  (Angleterre) 195,  251,  252 

Dalvero,  V.,  Vérone  (Italie) 5H 

Dareste,  Camille   D',  Directeur  du  laboratoire  de  térato- 
logie à  l'Ecole  des  Hautes  Etudes,  Paris,  lxii,  132  (V.  Liste  .Aut.). 
Davice,  P.-C,  hôtel  «  Victoria  Gardens  »,  île  Vancouver 

(.Amérique) 946 

David,  Armand,  abbé,  correspondant  de  l'Institut,  95,  rue 

de  Sèvres,  Paris 195,  (Voy.  Liste  des  .Auteurs). 


;i3. 

616,  618 

i07, 

212,  215 

214 

230,  233 

196, 

,  234,  237 

973 

CXXVI 

CXXVIII 

96, 

201,  207 

LISTE  DES  PERSONNES  QUI  ONT  CORRESPONDU  AVEC  NOUS         CXXXIX 

Dvvis,  Tiporge,  Sl-Aldule  slreel,  l(î,  (iloucpslpr  (Anglo- 

(ene) 1%,  214,265,287 

Helaito,  N'i'ii d'il liiKi,  sol lo  ispolti)rc  fnicstalc,  Fol trc  (Italie).  l'Jlî,  Hl  1 
Desciia.mi's,  Daniel,  (luilly  du  Jlouji'v,  prrs  Lisicux  (Cal- 
vados)        195,  229,  233 

DEUTSiiiNriE»,  I,..  \y,  SocriMaire  de  M.  1»^  prinre  Alain  de 

Rolian,  Sichriiw,  ISdIu'iiie  (Aiitriclic) 477,5(18, jl((,53S 

Dewar,  naluialisli'.  Kdiinboiiig  (Im'ossc) 21C.  217 

Ueyroi.le   l'jTiile,  '»(i,  rue  du  liar,  Paris 27,29,31,40,44 

Directeur  (le)  du  M  usée  do  l'Kcolecantonaled'Aarau  (Suisse).  (;.\.\xi 

Directeur  (le)  du  Musée  d'Ilistoiic  naliirelle  de  Dariiistadt 

(Alleiiiagne) cxxix 

Dirccleur  (le)  du  Musée  royal  du  Hanovre cxxxii,  746 

Direcleur  (le)  du  Musée  /.oologi(|ue  de  lîreslau  (l'russe)  .  cxxxiii 

Doderlin,  professeur,  Païenne  (Sicile) Lxxiii 

DoDKnLiN,  Direrleur  du  .Musi'e  d'Hisloire  nalurelle.Stras- 

liourg cxxvi,  r.xxviii,  ()24 

Divers,  Kdward,  professeur,  vice-président  de  la  Société 

asiatique  du  Japon,  à  llongo-ïokyo 604,605 

DuniA,  M",  Directeur  du  Museo  civico  di  storia  naturale 

di  Genova.  (Italie) 13.  43,  196 

DouGHTV,    Alexandre,    Reiiagur,    AbeiKoyle    (Perihsire) 

et  Liverpool  (Angleterre) cxxvii,  361,  567,  568,  569 

Dresser,  E.,  310,  Canuon  streel,  Londres.       .  cxxvi,  195,  246,  476.  565, 

572.  574    580,  767  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Dubois  .■\.,  conservateur  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de 

liruxelles.  xci.  cxxiv,  27,  43,  197,  388,  606  (Voy.  Liste  des  Aut). 
DuKii,  Ciérard,  ancien  résident  au  Ja|)on  el  en  Chine.  .  .  604,  OO.'i,  606 
DiiNc.vN,  J.,  peintre  à  .Neweastle-on-Tyne  (Angleterre)  .    .  615,  619 

Dupuis  A.,  Genève  (Suisse) 196 

DuTCHER.  William,  New-York  (Etats  Inis).    .    .   138, 194  (Voy.  Liste  Aul.) 
Eduardovitcii,  ErederieU,  Falz-Eein  (Tauride)  (Russie).    .  14,  15,  45 

Ec.s.Ai  iiEMi,  Joliann,  «hàteau  de  Jelteeli  (.Mhwuagnc).    .    .  91 

EiTERS,  F.,  inspecl.  des  Forèls  du  district  de  Hrunswick 

(Allemagne) 197,  .394 

E.MBLETON,  D',  vice-présideni  de  la  Soc.  d'Ilist.  nalur.  île 

N'ewcasIe-on-Tyne  (Angleterre).  .  III,  116,  126,  194,  199,  207 
E.MËRv,  I)',  prof,  de  zoologie  au  Lycée  el  à  l'Université  de 

liologne  (Malle) 196 

Fatio,  Victor,  D',  Genève  (Suisse) (Voy.  Liste  des  .Vulenrs). 

Faidel,  D',  Direcleur  du  .Musée  et  secrétaire  de  la  Société 

d'Histoire  naturelle  de  Colniar  (Alsace)  ....  43,  545 

Ferrag.m,  Odoardo,  ornilliologiste.  Crémone  l'Italie)  .    .    .     196,278,351. 

782,  7!S5,  ,SI6  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Ferrari,  Gustave.  Calceramica  (Autriche) 197,  231 


CXL  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

Ferrari,  Ricaido.  D',  Trente  (Autriche) .  cxxxiii,  194,  230,  2:i9,  262,  263 

FiNSCH,  Otto,  D',  Villa  Tanne,  Delinenhorsl 386,387,419,827 

FioRi,  Andréa,  professeur  au  Lycée  de  Bologne  (Italie)  .    .  cxxxiv,  194,281, 

293,  298. 
FiscHER-SiGWART,  D'  H.,  ZoMugen  (Suisse).    .   196,  941   (Voy.  Liste  Aut.). 
Fischer  (Jean  de),  Montpellier  (Hérault).  c:xv,  cxvi  (Voy.  Liste  des  Aut.). 
FiuME  DAL,  Camillo,  Badia,  Polesine  (llalie),  633  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Fletcher,  lioberl,  Hanover  (Ktats-Unisi 219,  222 

Fontaine,  Ch.,  propriétaire  à  Marii-en-liaraul,  près  Lille 

(Nord) cxv,  195,  222    23.S.  238 

Fontaine,  Robert,  .Marrq  en-Barœul,  près  Lille  (.Nord).   .  cxxix,  193,223, 
231,  232,  627,  751,  732 

FoREST,  Alphonse,  nainralisto  à  Paris 193,  420,  421 

Fowleu,  W.  \V.,  f'onlefracl  (Angleterre) 213.214,216,218 

Frajelin,  comte  Gherards  dr  Raniigsilln,  l'dine  fllalic)  .  i.xxiv 

Fream  Morcom,  g.,   870,   Norlh    ParU    avenue,    Chicago 

(Illinois) 639,  653,  681 

Frecke   Percy  E.,  Dublin  (Irlande) 196 

Freeman,  R.,  Hull  (Angleterre) 217 

Frey-Gessner,  colonel,  Aarau  el  Genève  (Suisse)  .    .    .  (Voy.  Lisie  ,\ut.). 
Friedrich,  H.,  D'.  Dresnau,  district  de  l'iilbe  (.Allemagne).  816 

Fritsch,  Anl.D'.directeurdu  MuséedePrague(Allemagao).    cxxvi,  92,  307 

Funston,  .1 -F.,  Liverpool  (Angleterre) 196,217,234 

(lADOw,  D',  directeur  dir  Musée  zoologique  et  d'anatoniie 
comparée  de  l'Université  de  Cambridge  (.Angle- 
terre)  309  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Gantjotana,  G.,  Quito,  Amérique  du  Sud lxxi,  lxxiii 

Gargiolli,  Desiderio,  Montifauna  (Fiesole)  (Italie)  .    .    .    .      196,231,233 
Geoffrov-Saint-Hilaire,  directeur  du  Jardin  d'accliina- 

talion  de  Paris  .    .    .     177,  193,  217  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Gestro,  R.,  D%  Directeur-adjoint  du  Museo  civico  di  sloria 

naturale,  Gènes  (Italie) 196,  417,  420,  819,  829 

Giglioli,  Enrico,  llillyer,    D'.   professeur  à   ITstiluto  di 
sludi  superiori  et  directeur  du  Museo  zoologico 
dei  Vertebrati  de  Florence  (Italie).    .  cxxviii,  13,  43,  112,  117. 
121,  194,210,  213,  2.34,  241,  243,  239.  293,  402.  421,  510.  516 
761,  779,  780,  7S1  (Voy.   Liste  des  Auteurs). 

GiPOULON,  aîné,  Sauveture lxxiii.  lxxiv 

Giovanni  de  Cobklle,  directeur  du  .Musée  de  Roverlo. 

Godefroy-Lunel,  direct,  du  Musée  /.oologi(|ue  de  Genève.  43,  112, 136, 137 

Gosselet,  Directeur  du  Musée  d'Hist.  nat  de  Lille  (Nord),   oxxii,  194   264 

GossELiN,  Conservateur  du  Musée  de  Douai cxxx.  662 

Graaf  (de),  W.,  La  Haye  (Hollande 230    234 

Grant,  sir  Arthur,  Moiiyiiuisk  (.\uglelerre) 943,  944,  943 

Grant,  Ogilvie.British  Muséum  (Xatural  history ),  Londres. 43 (V  List.  .\ul.). 
Gregory,  Mac,  InspecteurgcnéraldcQueensland(Océanie).     423,  424,  826 


C40, 

(i43, 

71(5, 

722, 

932 

LXXIX 

LISTE  DES  PERSONNES  QUI  ONT  CORRESPONDU  AVEC  NOUS  CXLI 

Griko,  James  A.,  (^onservaliiir  du  Musée  de  HtTgcn  (Nor- 

\vùf,'e) 43  (Voy.  Lisli>  des  Aiilcuis). 

CiHûNWALn.  junior,  Walfialshausen  (liavièrc lill  .'ii;i,:il4  S38 

GuiCHAnn,  .larques  régisseur  du  domaine  de  Sivry-courly 

(Seine  et-Marne) 49G,  407 

GûNTHEH    I)',  nirerl.  du  Firitisli  Muséum  (Nalural  llislory) 

Londres ' .  607,r)|2,7l2,K04 

GuRNEY,  père,  Norwich  (  An^'li'lerre) 201,207 

GuR.NEY,    J.-ll.,    jun,    Keswirii-llall,    Xorwicli    (Angle- 
terre)   .    .  cxxvii.  III,  128    152,  133,  194,  199,  200,  201,  202, 
203,  204,  208,  209.  240,  243,  277,  310,  367,  3G9,  371,  372,  373, 
4fi4,  463.  466,  476,  341,  343.  389,  390,  .392,  619,  623, 
632,  663,  673,  688,  692,  696,  708,  711,  7i:t,  714,  71,3, 
744,  773,  Sl)4,  803,  964. 

Haase,  0.,  .Millelslr.,  31,  lîcrlin 

H.BCKEL.  prof,  à  riniversilé  d'l('na  (Autriche) 

Hamard,  abbé,  géologue,  andiropologislc,  Rennes  (llle-el- 

\ilaine) (Voy.  Lisie  des  Auteurs). 

OxENDKN  Ha.m.mo.m),  \\'.,  St-.\ll)an  Court,  près  Wingham, 

Kenl  (Angleterre).    ; 194.  199.  200,  205,  206,  .329 

Ha.mon  i.'r^sTiiANGE,  Hunstanton  Hall  (Norfolk)  (Angle- 
terre)  cxxviii,  8.  90.  99.  476.  614,  618 

Hamonvillk  (d'),  liaron.  Conseiller-gi'uéral,  ebàteau  de 
Mauouville.  par  .Noviant-aux-l'rés  (Meurthe-el- 
.\loselle) 541,  619,  675,  682,  708 

Handcock,  .lolin,  Nortliunilieriand,  Uurhamand  .Xewcastle 

Muséum,  à  Xewrastle  upon-ïyne 43,  88,  111, 

lis,  120,   126.  193,  201,  207,  268,  465,  .343,  613,  637.  651,  613, 
637.  631,  680  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Hardy,  James,  secrétaire-honoraire  du  Herwikstiire  Nalu- 
ralisl's  Club,  Oldcaiidms,  par  Cockburnspath 
(Angleterre) 193,  .394    462  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Hardy  Manly,  dealer  in  and  sliipper  of  raw  furs  and  skins 

lirewcr  (.Maine)  (Ktals-lnis) 6,  112,  137, 

197.  470,  682.  708,  709  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Uakt,  Ld-,   Uow   .Muséum,  Christchurch,  Hants   (Angle- 
terre), cxxxi,  99,  111,113,  118,  126,  128,  139,  143,  146,  133,  136, 
613.  619,  631,  634,  634,  6.')3,  6ti6,  674,  686.  697.  6'.)8,  713,  722,  9.39 

Hartert,  KrnsI,  au  zoological  muséum  de  .M.  Hoischild, 

Tring  (  Angleterre).   196,  600.  610   621,  622,  708  (V.  Liste  Au!.). 

Hahti.so,  J.-K.,  directeur  du  zoologist,  Londres 489,  490,  309, 

512,  770,  772  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

IIartson,  Joseph,  Huddon-Hudiey  (York)  (Angleterre)  .    .      196,  201,  208 

IIaiptvogt,  .AnI..  Instituteur,  .\ussig  (Hohème) 407 

Hautebive  (d'),  Paul,  Irance 190 


CXLII  DES   HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

Hayward,  S.,  Camdbridge  (Angleterre) 196,202,208 

Ha/ard,  R  -g.,  Peaic  Dale  F{.  I.  (Etals  l'nis) 197,  273 

IIeensheet,  Th.,  à  Paletu  (Indes-Orientales) 939 

Hehhe,  a.,  Brieg  lAllcinagne; 197,  352 

Hepe,  inspecteur  des  forêts  à  l'iitl  (Alleniagne) 510,  511 

Heuman,  député,  Musé-e  de  liudapesl  (Hongrie) 919,  920 

Hermann,  succès,  de  M.  Maingonnat,  naturaliste,  Paris.   .  604 
Hertwic,  R.,  Professeur,  directeur  du  .Musée  zoologique 

de  Munich  (liaviére) cxxiv,  617 

IIeuch,  près  Kiel  (Allemagne) 239 

Heude,  R.  P.  missionnaire  à  Chang-Haï  (Chine) li,  lvii, 

f)07  (Voy.  en  outre  la  Liste  des  Auteurs). 

H/CKS,  Edmond,  LisUeard,  r.(u-nwall  (Angleterre)    ....  195 

HiLL,  G.-W.,  Londres 196 

HiLLYER,  J.-H.,  Leicesler  (Angleterre) 212,  215,  229 

HoBBS,  (M'''),  25,  Queen's  Road,  Norfhiunpton  i  Angleterre).  803.  804 

HouLTON,  Chas.,  de  St-Helens,  Lancashire  (Angleterre)  .    .  195.  218,  224 

lIouLTON,  D.,  Edimbourg  (Ecosse) 195,  237 

HousE,  Richard.  Directeur  du  .Muséum.  .Xorthumberland, 

Uurham,  .\e\vcaste-on-ïyne  (Angleterre)  .       .  637,  638 
HuNT.  S.-Deny,  King's  Linn  (Angleterre).   .    .    .     196,  217,  232,  237,  251 

HvciNs,  ,1  ,  Pontefract  (.Angleterre! 214 

Jagerskioli),  L.-A.,  D',  de  l'Université  d'Upsala  (Suède)  .  928,  929,  936 
Janson,  Ew.,  Nat.  hist.,  agent  and  Bookseller,  H.  Great 

Russell  St  (London) 200 

Jentinck,  D',  profess.  s'  Riyks  Muséum  van  Naturlijke  his- 
torié, Leiden  (Hollande) cxxvi,  574, 

(;3'i,  6o9,  683.  774  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
JiFFiN.  Thomas,   Rédacteur  du   Carliste  .Journal.  Carlisle 

(Angleterre) 195.  228 

Jupp.  S.,  VVorlhing  (Angleterre) 219 

Kempen  (van),  Sl-(JMier  (Pas-de-Calais) cxv,  cxxni, 

84,   85,   112,  171,    195,   394.   476,   507,  508,  522,  537,  541,  542, 

562,  572,  573,  574,  602,  632,  650,  651,  713,  724,  742,  963,  964, 

969  (Voy.  en  outre  Liste  des  Auteurs). 
Herbert,  C,  It', directeur  du  Koninlilijii  zoologish.  Genoots- 

chap.  Amsterdam  (Hollande).   .  cxxix.  194.  199,  206,  207,  630, 

631,  631,  639,  644,  6'i5,  046,  665.  669,  688,  689,  749 
Keulmans,  Artiste  peintre,   13,   York  Terrace,  Soulhend 

on  soe,  Essex  (Angleterre).    .    .    .   562,  726,  727,  761,  767,  774 

Kirklanu,  .1.,  l!urton-on  Trent  (Angleterre)  .    .    .   195,  231.  233,  234,  237 

Klavvieter.  Anklam  (PomiManie) 


LISTE  DES  PKllSONNES  QUI  ONT  COI'.BESPONDU  AVKC  NOUS         CXLIM 

Klkin  (von),  a.,  grand  veueur,  dirucloiir  du  Jardin  zoolo- 

gique  de  C.openliague  (Danemark) 197,  441.  Wl, 

505,  :i09,  ";iO.  TM,  lai 
Kniz,  James,  J    f.  de  l'Kcole  d'Art  dr  (iinsgow  (Kcosse).  943,  944 

Knop,  a.,  ir,  Kalsriilic  (Allt'iiiaiiiiej 'i:î,   44,   112.   IIS,   'l'il 

Kocii,  Adam.  ('.iistosaii).Seii(ki'ul)erj,'isclieiNaturfurscliende 

Oesellsc'hafl.  l"rankurt-a-.M.  (Allemagne)  .    .    .       cxxii.  :t4,  '»;! 
KoLDE,  (;.,  haupllelirer  (maître  principal),   l,ani;enliiilen- 

in-ScId.  (Allfma;;iuM 19(1,  2i() 

Kortchauliim;,  .•\lc.\andre,aid('  ronserv.dela  sect.iiniilhid. 

du  .Musi'e  do  Moscou  (Russie) .'il.'i 

Kralik,  Rilter,  Von  C,  Mi'gerswaldeii.  Adidf  (  liiilirrne).    .  44,  45,  54, 

:i(l5,  306,  5:i8,  543 

Kramah,  Josef.  Pilzi-n  (Holième) 197,  ,3:;2 

Kreygk.  Hanovre  (.MIemagne) 74(1 

Kroh.n,  J.  H.-H.,  HamljouriT  (Allemagne) 81G 

Krûgër  Vetthusen.  F5randeliourg  (Allemai;ne) 197 

KUSIKEL 91 

Lacroi.x.  A.,  I.  rue  Clémence  Isaure,  Toulouse 9,  112,   118, 

119,  171  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Lamb.  John,  2,  .Muscovy  Court.  Londres 99,  (122 

Langlev,  s. -P.,  Secret.  Musée  nat.  des  E.-U.,  Washington.  197 
La  Ferre  de  Roo  (France)  .  lxxxiv,  xcv.  xcvi,  (Voy,  Liste  des  Auteurs) 
Larquier  des  Hancels,  D".  C.onserv.  Musée  zool.  de  Lau- 
sanne (Suisse) cxxiv.  190.  379,  380,  52G,  699,  810 

Lawrence,  (ieorge,  N.,  New-York  (Etats-Unis) 197.  325 

Lemettkil,  Holbec  (Seine-Inférieure) cxxxiv.  9,  27, 

28,  29.   30,  32,  33.  34,   35,   36,   38,  39,  43.  44,  195,  232,  275, 
277.  282,  476,  492,  772.  773,  774  (Voy    Lisie  des  Auteurs). 
Levanue»,  docteur  K.   M  ,  de  l'Université  d'Helsingfors 

(Finlande) 943,  938,  959 

Leverkùiin,  Paul,  D^  directeur  des  Institutions  scienti- 
liques  et  de  la  liililiothéque  du  prince  de  Rul- 
garie,  â  Solia.  cxxxi,  29.  III.  196,  477,  544,  680  (Voy.  Liste  A  ut.) 
Lewis,  W.  K.,  oologisie,  Lo\  Rox  333,  Kast  l.iverpool  (Ohio).  .      197 

LiLKoni),  Lord.  Lillord  hall.  Oundie  (Ani;leterrc) cxxx,  563, 

601,  975,  979  (Voy.  en  outre  la  Liste  des  Auteurs). 
LiNDNER,  pasteur  à  Usterweich,  à  Harz  (Allemagne)   .    .    .  477,816, 

979  (Voy.  en  outre  la  Liste  des  Auteurs). 
LoRENz.  Liidwii;  von.  I)'.  custos  adjunci  du  .Musée  d'His- 
toire uatundle  de  la  Cour,  Vieiiiu;  (Autriche)  .     cxxv,  43,  197. 
309.  .515.  .'il 6.  521. 

LoRENZ.  Th.,  naturaliste,  .Moscou  (Russie) 11,43,197,223. 

224,  223,  309,  312,  736  (Voy.  Liste  des  Auteurs) 
LosH  Thorpk.  D.,  de  Carlisie  (Angleterre) cxxvm.  476,  623,  758 


CXLIV  DES    HYBRIDES   A    L  ETAT   SAUVAGE 

Loiic.AL,  marchand  d'Oiseaux,  33.  rue  Cliarlol,  l'aris  .    .    .  229,232,230,252 
LùTKEN,   (;h.,  1)',  directeur  du   Musée  de  l'inlversiti'  de 

Copenhague  .    .  cxxxii,  43,  112,  oO.j  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Mackeley  frères,  Norvvich  (.\n;;leterrc).    •    .   199,  201.  208,  217,  232,  243 

Macones,  Joh.,  Ottawa  (Canada) 197 

Macphehson,  Rev-,  Carlisle  (Angleterre) cxxxiii,  111, 

126,  128,  193,  201,  202,  409,  463,  7:58,  739,  740,  760,  964  (Voy. 

en  outre  Liste  des  Auteurs). 
MAcpHKnsoN,  A.  Holte,  Londres  .    .    .  801,  803  (Voy.  Liste  des  Autours). 
Mauarasz,  Julius  von,  l'csth  (Hongrie),  cxxxi,  698  (Voy.  Liste  des  Aut.). 

Mauler,  artiste  peintre,  Paris  ^ cxix 

Magnelli,  préparateur  au  Museo  dei  Vertehrati,  Florence 

(Italie) 230,  2oo,  401 

Maingo.nnat,  naturaliste,  37,  rue  Richer.  Paris cxxvii,  84,  604 

Malm,  a. -H.,  direct,  du  Musée  de  Uulheinlxmrg  (Suède) .  30,  66  (Voy.  en 

outre  Liste  des  .\u leurs). 
Marchant,  Louis,  31,  rue  Rerbisey,  Dijon  .  400  (\oy.  Liste  des  Auteurs). 

Mari;é  (L.  de),  Vendée lxxi 

Marco.m,  g.  Freaiii,  Chicago  (Illinois) 389 

Marion,  correspondant  de  l'Institut,  directeur  du  Musée 

d'Histoire  naturelle  de  .Marseille.   .  r.xxi,  9,  194,  249,  497,  767 

Mar.viottan,  D',  député,  Passy  (Seine) 9,  44,  271,  497,  316,  724 

Martin,  R-,  avocat.  Le  Blanc  (Indre) 193 

Maktorelli,   Ciiacinto,    professeur,   directeui'   du    Museo 

civico  di  storia  nalurale  de  .Milan  (Italie)  .    .    .     403,  819,  833, 

984,  983  Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Mason,  Philipp.  B  ,  esp.,  Burton-on-Trent  (Angleterre).    .       r.xxxiii,  194, 

199,  200,  202,  204,  210,  213,  229,  230,  231,  232,  233,  237,  241, 

242,  243,  738 
Mason,  superinlendant  du  Musée  indien  (Calculta).   .    .    .  cxxx 

Matschie,  Paul,  du  .Muséum  fiir  Naturkunde  de  Berlin 

(Prusse),  .cxxxiv,  194,  293,  293,  361,  421  (Voy.  Liste  des  Aut.). 

Maugh.vn,  Andrew,  Dumbarlon  (Ecosse) 193,  202,  213,  216,  218 

Maunsbll,    Mark,    late   captain   to    the    Royal    Dragons, 

(takiey  Park,Celbridge,Co  Kildare  (Angleterre).      193,  369,  370 
MÉGNIN,  Paul,  directeur  de  l'Eleveur,  membre  de  l'Acadé- 

nue  de  Médecine   à  Vincennes  .    .   lxxxvi  (Voy.  Liste  des  .Aut.). 
Menzbier,  professeur  à  l'Université,  secrétaire  de  la  Société 

des  naturalistes  de  Moscou  (Russie) 197,  303,  410, 

433,  438,  463  (Voy.  Liste  des  Auteurs), 
.Mever,  A.-B.,  D',  directeur  du  Kbnigliches  zoologisches 

und  anlhropologisch-Elhnographisches  Muséum 

de  Dresde  (Saxe) cxxii,  cxxxii, 

27,  520,  340,  374,  577,  386,  587,  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 


LISTE  Dli?  PERSONNES  QUI  ONT  COIIHKSI'ONDU  AVEC  NOUS  CXLV 

MiLi.Ais,  .l.-G.,  Ilii,'lilaii(lrrs  Seadirlli  (Fciit-(ifori;e)  (Aiiijlr- 

tono)  .   lltl,  117,  .'i;)!.  (122.  iVSA.  04(1  (Vov.  Li-^le  ili's  Auli'uis). 

MiM-AHii.  (i..(lo  Wyinjm^'hain  (Aniilcleiic) 908,11011 

Mil. I. Kit  C.iimsTY,  Hobort.  l'ridrs  liroinlicld.  ncai-  Chelinsford 

(Anj,'lcterr().   .    .    19"),  47(1,  489.  490  (Voy.  IJsli' dis  Auteurs). 

Mil  i.KHSH,  G.  ('.Iiilli'iiliain  f  Anslelerrc) 217 

Moiiii:s,  D",  dirocli'iir  du  Kiini;.di(;hos  Miiseiiin  fiir  Nalur- 

kuud.  liciliii cxxxiv,  194,  293,  29b 

.MoKSCH,  ('..,   I)',  dirpctciir  dt-  la   /.i)i)liii,'isclR'  Saiiiiiilunge, 

Miist^e  di'  l'raijue 45 

MoMA'iu  Hniwn,  parleur  à  lidllcrdaiii  (lldllaiidc)   ....  90,  ll't,   140 

.MoHiiis.    ()(     Wlicallaiid--,     ('.licasprakclia)     Vatcli     rhib, 

Kaslim,  .Marvlaiid  (Klals-Unis) G8i,  68;),  727 

.MijsciiKN,  Lamlieiiii,  piofcssi'iir,  Rome   .    .    190  (\ci.\.  Liste  des  Auteurs). 
MOll.ncr,  pro(.,riireclcur  du  Mu.séedo  Laihach  (.\utriche).  539 

Naiiaii.i.ac.  (dk).  marquis,  cuiri'spDndant  de  l'Institut,  au 

rlii'ilraii  de  HiaigciiMiiit.  p.  Oliiyes  (Kiiré-et-l.oir).  (V.  Liste  Aul.). 

.Mriii'iiv,  (lapitaiiie  Michael),  .Angleterre 941 

.Naui'a,  U\  Lin/.  (Aulrielie) 197,  397 

Nazzonow,  N.,  Musée  zooloifique  île  rt'iiiversiti',  N'arsuvie 

(Pologne) 571,  572 

Nblson,  .I.-IL,  Kedeai'.  <'.levelaiid,  Vorkshire  (Angleterre".  941 

Nkwhkhv,   K.-H.,  de   la   (ilascuw  .Sclimil   ut   .Art  (ila-;co\v 

(Kcosse) 370 

Nkwto.n,  sir  Alfred,  prcif.à  l'Iniversiti's.Magdalene  collège, 

Cambridge  .Angleterre) cxxx,  112,  193, 

Gai,  Ik)9,  080,  724  (\'oy    en  oulie  Liste  des  Auteurs). 
NlCHOLS,  .I.-Ii.,  llolniwDiid,  Diirking,  Surrey  (Angleterre),  cxxxil,  I9't,  199, 

201,  202,  407.   'f7f;,  .",40,  (179,  (193,  69:i,  741) 
.\icouD,    Louis,    laliricaiit    dhorlogi'iii-,    Cliaux-de-l'unds 

(Suisse* 196 

.NoRGUET  (de),  a.,  Lille  (.Nord) cxxii,  194,  264 

-NouKV,  directeur  et  loudateur  du  .Musée  d'Histoire  natu- 
relle, LILeuf  (.'>eiiie  lii(érieuri') 9,  27,  28,  31, 

3S,  :i9,  40,  43,  44,  19,").  232,  2.S2,  283,  317,  334,  404,  439 
Oui.,  II.  I.  ,  président   de  la  Soc.  ornitli.  de  llanau-sur-le- 

.Meiii  (Allemagne^ 197,  286 

Oi.eHKdaillard,  (u  iiilhn|iii;isli,  lleudaye  (liasses-1'y  rénées) .  1 12, 

713  iVoy.  Liste  des  .Ailleurs). 
Olsso.v,  P,  I>'.  directeur  du  .Musi'e  d'dshersiind  (Suéde)   .  .'ilo 

OuiiE.MANS,  A.-C,  direct,  du  Koiiinklijk  zool.  Iiot.  Genoots- 

cbap,  à  La  Haye 197,  254 

Oi'STALKT,  Docteiirés-scieiices.  aide  naturaliste  au  Muséum, 

ancien    pri'sident   de    la  Soc.   zcol.  de  France. 

5"),  rue  HulToM.  Paris.    .   \ii,   43,  112.   117,   134.   141,  176,   195, 


CXLVI  DES    HYBRIDES   A    L  ETAT    SAUVAGE 

221,  222,  226,  240,  288,  290,  407,  411,  417,  44i,  447.  litM),  610, 

696,  720,  726,  742,  744,  745,  746,  704  (Voy.  Liste  di-s  Auteurs). 
Padkn,  liicliiutl,  tlireileur  du  Museuiu  and  (ialleiy  ot  Arts, 

Liverponl  (Angleterre) e.xxix,  6:)6,  712 

Palmer  (le  baron),  directeur  du   Musée  de  l'Universiti' 

Helsingtors  (Finlande) 929 

Parrot,  C,  D',  Munirh  (lîavière).   .    .   104,  196  (Vny.  Liste  des  Auteurs). 

Paton,  directeur  du  Musée  de  Glascow  (Ecosse) c.xxiv,  .')7il,  571 

Palier,  Guiseppe,  Via  Romana.  n°  41,  Florence  (Italie)  .    .  196,  212 

Paulstich,  D'',  realschullelirer,  Hanau-sur-le-Mein  .  .  .  197.242.286.374 
Paulucci,  (Madame  la  niar(|uise),  château   de  Ceslaldo. 

Val  dElsa  iltalie) 196,  2;)0.  234,  40:),  401 

Pavesi,  Pietro,  professeur  à  riuivcrsilc  de  Pavie,  direc- 
teur du  Cabinetlo  zodldgirn,  Pavie  (Italie).    .    .  c.xxiii, 

525  (\oy.  Liste  des  Auteursi. 
Pfck,  R.,  directeur  du  Muséum  Nalurforschenden.  Gesells- 

chaft,  Goerlitz  (Alleuiagne) 43 

Peuler,  ils,  Holmes.  K  ing's  Langley,  Hert.  (  a  niLrl.).(  Voy.  Liste  des  .\u  leurs). 
Pel/.eln  (von),  a.,  Musée  impérial  d'Histolr(^  naturelle. 

Vienne  (Autriche) 43,  (Voy.  aussi  Liste  des  Auteurs), 

Pennetieh,  II',  directeur  du  Muséum  d'Histoire  naturelle 

Kouen  (Seine-Inférieure).   .  cxxx.   19.'),  .590.  667,  702,  9:17    967 
Penot,  Ch.,  aide  naturaliste.  Musée  de  Marseille.   .       .    -  497 

Peske,  Schlawe  (.Allemaane) 197 

Petit.  Louis,  naturaliste,  21.  iiie  du  Caire,  Paiis   ....  6111, 

60S  (\(iy.   Liste  des  Auteurs). 
Pétri  (le  chevalier),  Louis,  Vxnlc   pratique   d'a^ricidlure 

de  Pozzulo  del  Friuli,  Udine  (Italie) i.xxxi 

PuiLipp  (le  1)'),  Santiago '.("hijil (Voy    Liste  des  Auteurs). 

PisroNE,  Païenne  (Sicile) 196.  242 

PiTOT,  Louis,  naturaliste  à  Neuville,  piès  Vire  (Orne)  .  .  195,  2'tO.  285 
Pi.A.NAUER,  H. -M.,  custos  du  Musée  d'Vijrk  (.\ngleterre).  cxxm,43  66  522 
Pleske,  Th.,  conservateur  flu  Musée  de  l'Académie,  Saint- 

Pi'tersbourg,    43,  197,  515,  527,  544  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

PcHXiLE,  DouMuico,  Idiiie  (Italii') Lxxiii 

Por.oî,  Ad.,  de  Gènes  (Italie) c.xxxiii,  194,  250,  2.59,  263 

pHETV,MAN.N,Cap.,  Car! toi)  Soulh,  l-iucolushire  (.\ngleterre).  cxxx,  949,952 
Pretv.man,  Fri'dé'ric,  Orwell  Parti,  Ipswick  (Angleterre)  .    cxxx,  476,  639, 

640,  647    950 
Phvoh.  Moderick    79,  Grâce  cleurcle  street,  Londres.    .    .      613,  6IS,  619 

Habauii,  Klienne,  Moulaiibau  (Tarn  et  (laroniie) 195 

Uadiie.   (iusiave,   !>'.  directeui'  île  la    liibliolhèque  et  du 

MuséeilHist.  naturelle  di>Tillis(Russte  d'Asie).  112, 

711   (Voy.  Liste  des  .-auteurs). 
Hagsuale.  g. -H.,  Gigiiesville  ('.o<ike,  Texas  (.■Xmérique).   .  197 

Kaine,  Hobert,  ."Vngleterre 933 


LISTE  DES  PERSONNES  QUI  ONT  CORRESPONDU  AVEC  NOUS         CXI. Vil 

Ramsay,  I-"(1.,  curali'iir  de  l'AiisIralian   Miisi-um,  Sydney 

Ni. uvellps  Calles  (Noiivclli;  Hollande)  .....        "     198.422, 

472  (Voy.  Lisli'  des  .Aiili'iirs). 

IIavmomi,  lils.  .^ntroiilt^iiii'  ((lliari'nli'i 2:i3 

MiMioN   .\k>  iiKNKUK,  l.iiiiis.   soiii'Iairo   ;;i''Uc'i"il   de   la    Soc. 

I.iiiiu'i'iine  de  Lyon,  place  Sallioiiay 498 

Rkicmesiuch.  Scnckenlicriiisclu'Nalnr.CiPselIscliaft,  Kraiik- 

fuil,  A.  .M 4:! 

Reichenau  (von),  W.    cusIos  des  .\alnrli.  Mns.  in  Main/., 

(.Maycncc) 43 

Reichknow,  1)',  direi'k'ur  de  la  i-ullect  oniilli.  du  Mii-^eiiiii 

fiir  .\alnrknnile  dr  lieriin i;\xxiv,   194, 

293.  29!'..  361,  363,  392,  421,  SU.  :ii;5,  677,  710.  741 
Hkn.nk»  .1.,  Ornilhol.  Veioins,  Slai'ijard  (F'oini'ranic)   .    .    .  197,39a 

Rkvoi.i.k,  I..,  din'cleiir  du  Miisi'uni.  rirmohle  (Isère)  .    .    .  cxxi 

Kev,  I-:..  I)',  II.  Klois|ilal/.,  I.ri|)/.iy  (Allrnia^ine) 'i3,  92,  197,  i.'il 

HiDc.WAV,   Hoheit,   «uialor   dcparleininl   of  liirds    Musée 

.\alional  des  Ktals-l'nis,  Washington cxxxi, 

112,   IIS,    137,    197,   247,   292,   300,   320,   392,   421,   682,   683, 

7711  (Voy.  IJstc  des  Auteurs). 
Rouan  (princi'  Alain  he),  Selnrow  (  liolièiin'  du  Nord)  .  .  .  'i77.  ;)08.  iilll 
RocERON.  iiieud)re  de  la  Sociili'  nationali'  d 'a<iliiiialaliou 

de  France,  château  de  l'Arceau,  près  Angers.  94S 

9W,  9,Ti  (Voy.  Liste  des  .Auteurs). 

HoMA.NF.SE,  S..  I)',  I,"vico  Jlalie) I9î'..249  2.iS,2:)9 

RoNiiiEi.o,  .secridaiir  de  S.  A.   H.   le  iji'îi'id  duc  de  Hcssc- 

Darrnsladt i:xxv,  477,  o07,  ;)29 

lioMiTA  (i.e),  I)'.  prof,  à  rinsliliilo  Lniicu,   llai-i  (Ilalic).      lO'i-,  293.  296, 

297,  783 
Rothschild,  VValler,  prof,  du  Musée  Trinj?  ^Angleterre)   .        62    69.  .'ill, 

:il2,  600.  613.  618,  619.  (i22,  640,  708,  9'.0,  969 
RovEB,  Charles,  [)ri'sidcnt  dis  Hiaux-.\rls,  I.anitrcs  .    .    .   i:x\i\,II2.  II.'), 

476,  633,  634 
Ri'DON.  iM'i-d.,  I)',  Pcrlebcri:  (Alleniayiie)       .    197,  394,  39:'>(Vi>y.  Liste  (h's 

.Auteurs). 

RiJOGEni,  A.,  Messine  (Italie) 196,212 

RuHL,  Lniile,  négociani,  iVerviers  lielgiipie) 197,213    216. 

229.  232.  233    237.  241,  242 

.S.u;e.  IL.  l'ortland  (Ktats-lnis) 341,684.791 

Salle,  liarbezieu.x i.xxiv 

Splteh,  Stephen,  jun.,  archilecl  l'I  siirveyor.  à  l'ondwell, 

prés  Ryde  (Anulelcrre) P.Ki,  200,  213.  21;)    2G8 

Salvaduhi,  Thoniasso,  eouile   directeur  adjolul  ilu  Museo 

zool.  de  Turin  (Italie) cxxxiv,  272.278 

(Voy.  Liste  des  Auteurs). 


CXLVIII  DES   HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

Salvin,  Osbert,  Havvks  fokl,  Hosleiiiere.  (Ansli'ti'ii'f).   .    .  l'.IS  (N'oy. 

Liste  des  Auteurs). 

Sanson,  prof,  fie  zooteclinie  à  Tlxiiie  (h;  ("iriiiiKin xvi  (\'i).v.  Liste 

fies  Auteurs) . 

Sarc.knt,  Lisliearfl  (AnisJelerre) 217 

Saundeiis,  Howard,  editor,  of  Ihe  Ibis,  Angleterre.    .   .    .  961  (Voy. 

Liste  des  Auteurs). 
Savatikr.  abbé,  curé-doyen  de  la  Villedieu  du  Cliiin  (Vienne).  491 

Schafk.  D',  Angleterre 748 

St'.HAWRZENBEHG  (S.  A.  le  priuce  Adolphe-Joseph  DE),  châ- 
teau Frauenberg,  par  Libijie  .    .  343  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
ScHLUTER,  naturaliste,  Hall,  a.  Saaie  (Allemagne)  ....  608 

Schneider,  Gustave,  Bàle  (Suisse)  196 

ScHULT,  A.,  Friliourg 43,  396 

ScHUTT,  Karisruhe  (Allemagne) 112,  117,  118 

Sclater,  Henri,  II.,  Angleterre 961 

Sclater,  W.-L.,  Indiau  .Muséum,  Calcutta  (Indes  Orien- 
tales)  cxxx,  669,  677 

Sclater,  P.  L.,  secrétaire  de  la  Société  zoologique  de  Lon- 
dres, Hanover  Square 112,  169,  290, 

389,  660,  739,  740  (Voy.  en  outre  Liste  des  Auteurs). 
Skais,  ,1.  H.,  assistant  au  Muséum  de  l'Acad.  des  Se.  de 

Salem  (Ftats-Unis)  ....   112,  137  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Seebohm,  Londres (Voy.  Liste  des  .\uteurs). 

Sei.ys  Longcha.mps  (baron  Ed.  de)  membre  de  l'Académie 
des  .Sciences  de  Bruxelles,  ancien  président  du 
Sénat  belge,  boulevard  de  la  Sauvinière,  Liège 

(Belgique) cxxvi.  111,  117,  133,  139    161, 

194.  209,  226,  243,  244,  248,  249,  252,  253,  265,  271,  388,  409, 

468,  477,  541,  543,  530,  572,  374,  579,  630,  651,  662    664,  667, 

692,  693,  694,  700,  703,  713,  720,  721,  72(),  955,  938,  959,  964, 

9.S0  (Voy.  en  outre  les  Listes  des  Auteurs). 

Sennett,  Geo.  B.,  Fvis,  Pa.  (Etats-Unis).   .   484  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Seringi,  Otto,  comte.  Autriche 698 

Sharpe,  B.-B.,  D',  Wilminglon,  Dartford  Kent  (Angle- 
terre)  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

SuiiR,  Karisruhe  (Allemagne) 118 

Slater,  Henry,  H.,  Carlisle  (.Angleterre)  .    .    .  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Sleep,  .lackbroock  street.  London 200,  204 

Smart,  G.,  naturaliste,  Durham  (Angleterre) 196,  199 

Smith,  G  ,  Denes  naturaliste  Larus  bouse,  Great  Varmoulb 

(Angleterre) 195.  200,  204,  205,  233 

S.midt  F -A. .direct  du  .Musée  zoolog.  de  StocUolm  (Suède),   cxxii,  43.  501, 
.502,  505,  309.  315,  517,  544,  373,  910,  911,  927,  928 
Sordelli,  professeur,  directeur  adjoint  du  .Museo  civico  di 

stoiia  naturale,  .Milan  (Italie)    .  43.  112,  113,  117,  120,  147,  970 


LISTE  DES  PERSONNES  Qfl  ONT  CORRESPONDf  AVKC  NOUS  CXLIX 

Sparbe-Sch.nkidk»,  .1..   directeur   du    Muséo   zoologique, 

Tt-Dinsii  (Norwègej cxxvii,   V-i,  M^ 

Sprecheh,  Jacol),  Coire  (Suisse) 196,239,284,2.s8 

SpnENGKi 43 

Stai>loiikkt,  lUcliard,  laxideraiisle  à  iMariaknlî,  Post  Neu- 

marks.  Sti'iiTiiiark  (licihôiiie) 509,  513 

Stkphkns,  !•'  ,  Santa  Vsalifl,  Californie  (Etats-Unis)  .    .    .  481,  4S2 

Stevexs,  conitnissaire-priseur,  Londres 196,  399 

Stewaht,   Willani,  clerk    ni  sénat,  t'nivers.  nf   (Ijascow 

(Kcosse) ;;i)U,  570 

Stjehnvai.i.,   llu^o,  .1..  dDctcur  en  pbiiosopliie,   llirven- 

saliiii  (l'inlandi-) in.  ÔOi,  008,  ÔK).  535,  !i36,  572, 

011,  912,  913.  928,  929,  930,  931,  936,  965,  966,  968 
Stonk,  Wilniei-,  cnnscrvaleur  de  la  section  ornithologiqiie 

de  l'liiladil|)bie   Germautown,  Pa,  (Ktats-Lnis).339,392.705,769 
Sube,  .1 -\\'.,  Aciiii,:.' (viirator  in  cliarse  o(  rnilcd  States 

national  Muséum,  Wasliinslon  (Klals-lnis).    .  '07 

SwAYSLAM),  W.,  BriKhton  (Angleterre) 106  20l,207,~'17 

Taczanowski,  prof,  directrui' du  Musée,  Varsovie  (Pologne).  U',  43   56, 

572  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Tanche,  H.,  .Anclam  (l'citnéranie)  (Pi  lisse) cxxxiv,  194, 

293    L'97,  213,  30(>,  446,  477    782,  816 
Takdv,  Chenil  de  la  ('.liarrnoye,  par  Cerdon  (Loiret)   .    .    .  cxix 

Thiele,  Socii'té  allemande  protectrice  des  Oiseaux,  Leipzig;,  43 

Tho.mas,    Paul,    Devonport    Imuse,  New    .Maldou,    Siirrey 

•    (.Vugleterre) Lxxn 

Thompson,  Krnest,  K.,  naturaliste,  86.  Homard  St,  Toronto 

(Canada) c.xxxiv,  197,  267,  268,  477,  768,  769,  845 

Thompson,  Williajn.  secrétaire  du  lierwicksliire  Natura- 

list's  Club,  .Northund)erlan(l  (.-Vn^lelerre)  .   .    .  402,  463 

TouNiiiLL,  ,loliu  (pour  le  duc  de  liradford) 940 

Tie.man,  Fr.,  conservateur  du   .Musée  de  Brcsiau,  Silésie 

(Prusse) 43,  !il,  ^Voy.  Lisle  des  .Auteurs). 

Tissi,  Kniico,  Sotto-ispetlore  forestale,  lielluno  (Italie)  .    .     196,  225,  236, 

245.  288 

TixiEH,  a  Sallon  (Loir-i;l-Cher) Lxxiii 

To.MKiNSON,  Edw.  p.,  ancien  lieutenant  H.  N.,  Pasaduia 

(Californie) 94 

Toppan,  Ceorfres  L.,  138,  .lackson  strei't,  Ciiicago  (Etats- 

Luis).    .    ■ 197,  2;4 

Tohhe  (hel),  Francesco.  Ciudale  tiel  Krioli  (llalie)  ....  191,  26i 

Traquair,    K.-.M.,  Keeper  of  Nat.   hist.   dép.,  Muséum, 

Edimbourg  (Ecosse) cxxvii,  66 

Thistam  (rév.),  Durbam  (Angleterre) 118,  126,  420,  651,  6.52 

Tpotteh  (rév),  St  Mury  de  Crypt  (leclory,  à  Gloucesler  .  651,  652 


CL  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 

Tsciiusi  zu  ScHMfDOFKKN,  le  chevalier  V'iciDr  (vo.n),  llallein 

(Autriche)  .   112,  197,  698,  70i,  7(19,  909  (V.i\  .  Liste  des  Aut.). 
Tlick,  .Iiilian   (rcv.),   Postock   Kectory  liiiry   S'  Ediiiunrl 

SiiBolk  (Angletnie) 476,  771,  772 

TuLBEKii,  Tycho,  directeur  du    Musi'e  zoologique,  l'psala 

(Suède) cxxiv,  543,  bhi,  557,  574,  576 

TiiRCHETTi,  Isole   Fuecchio  (  I lalie) 196,251,252.279 

TuRiNKR,  aux  Hirches   Sulton  Coldlieid,  près  HiruuDgharii 

(Angleterre).  i;xxviii.~91.  99,  476,  613,  615,  616,  617,  618,  941 

Ti'iiNER,  HaïuuKiudviile.  New-York  (Etals-lnis) 197 

Uttehstriim    lliu;o  et  Oskar,  de  Pajula  (Suéde) 936 

Vau.k,   Anloine,   directeur-adjoint    du    Musée   d'Histoire 

naturelle,  de  Trieste  (Autriche) cxxxiii,  194,  250,  259 

Vallon,  Roverto  (Trentino)  (Autriche)  .    .  250  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Varisco,  a.,  prof   D',  dire<'lcur  du  Museo  zoologico,  Ber- 

gaiiie  (llalic) 196    2.52,  972 

Veale  W.,  Scarborough  (Angleterre) 217 

Veg.mulleh,  pharmacien,  Moral  (Suisse) 196 

Verrall,  J. -H.,  Lewes  (Angleterre) 195,  199,202, 

207,  224,  225,  231,  265  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
\errii-l,  a. -H.,  Conneclicut  (Etats  Inis)  .  791  (\oy.  Liste  des  .\uleurs). 
Vian,   président    honoraire   de    la   Société  zoologique  de 

France,  4,  rue  des  Capucins,  Paris,  ou  à  liellevuc 

(Seinc-et-Oise^ 312.  469, 

541,  675,  CH2,  6'i3,  708  (Voy.   Liste  des  Auteurs). 

\  ii.LERMET,  Chambéry  (Somme) .       lxxi 

Vis  (de)   C.-W.,  curateur  du   «    Hueensland   .Vluseura   » 

(Autralie) 840 

Wagg,  E.,  Gros  new  Street,  n*  77,  Londres 911,947 

Wagram  (de),  prince,  avenue  de  l'Aima,  7,  Paris  .  83,  (Voy.  Liste  Aut.). 
Waldung  Zeil  Tranchburv,  le  comte  von,  .Moravie.   .    .    .  92 

Wallac.e,  .\lfrcd.  H.,  Parksione,  Dorsetshire (Angleterre).  (Voy.  Liste  des 

.Auteurs). 

VVard,  Holand.  naturaliste,  Londres 941 

Warthausen,  R.,  \y,  baron  Kœning,  château  de  Warthau- 

sen,  Wurtemberg.   .    .       .  196,  350  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

Waterman,  Arthur,  Londres 212,215,753,754 

Weissklog.  Heinrich-.Adolf.  Annaberg  (Sa.xc) cxxvii,  731,732, 

733,  737 
Westermann,  direct,   du  Kouinklijk  zoologisch   Genool- 

shamps,  Amsterdam  (Hollande).   .  112,  114,  122,  173,  630,  644 
Whitaker,  J.,deRain\vorth  Logde,  Mansfleldi\'otts(.Angle- 

terre.   .   .   .  194,  199.  204,  205,  228  (Voy.  Liste  des  Auteurs). 
Whiteaves,  J.-E.,actingdireclor  Geological  Survey  depart- 

ment,  Ottawa  (Canada) 137,  197,  684 


LISTE  DES  PERSONNES  QUI  ONT  CORRESPONDU  AVEC  NOUS  Cl.I 

Wickevooiit-Crommki.in  (van),  directeur  de  la  Socii'lé  d'His- 
toire iialiirelie,  iliirlrm  (HoIImikIc).    .     111.  117,   133,   131,  14l, 
143,  lli,  i:i(i,  i;i7.  197,  21)1,^49,  ib.i,  6i4,  7K^  (Voy.  Liste  Aul.). 

WlEBKK,  Antoiiin  VVillieni,  Ihiiiihoiirir  (Alleiiiaf;niO.   43.  (V.  Liste  des  .\iil.). 

WiEi'KEN,  T.-.I.,  directeur  du   Musée  duciii  il"()l(li'Uiliipiir?j 

(Alleuiagne) 112,142,096,737 

WiGiiiNS,  Joliu   lie  la  (I  lirili-i|i  (ioal  Sdcielv  i>  Aui.'lelerre.     lxxxi,  i.xxxiv 

Wll.KENS,  11'.  Vieuue  (Autriche) 

WiNTKLKii   .(  ,  I)',  président  de  la  Sociéli^  (inillli()l(ii;ii|ur 

dArijovie,  Aarau  (Suisse) 1%,  243.  440,463 

Wkiiiituhopk,  H.-t;.,   du    lieuf;;diire    uniled    >erviii'   cluli, 

Mniiiha.N  (ludis  Orii'Ulales) 9;i9 

WdiiTMKN,  A.,  ualuralisl-ilealir,  Warsaw,  Illinois  (Klats- 

I  uisi 573, ,590,091, 777 

WuHM,  \V.,  Il',  liad  Teniacb.    (Alli'uiaf.'ne).    .    .   (Voy.  Liste  des  Auteurs). 

VoL'XG,   professeur,   directem-  du    Musée  de  l'Université 

llunlcrian  Musriiiii,  lilascow  (Ecosse) b69,  .')71 

/.Aiioi  iiNoï     N  ,    ualuralisle    d'Oreuihour;;,    au    cani|)   des 

Cadets,  l'skow   (Mussie) 112,   118,   119, 

197,  318,  652,  743,  775,  813,  814,  971 

/oi.i.iKiuKu,  préparateur  au  Musée  de  St-Gallen  (Suisse)  .     r..\xi,495,  496, 
509,  513,  945 


Parmi  ces  noms,  que  de  vides  la  iiiorl  u'a-l-eile  point  faits  ! 
Chaque  mois,  chaque  semaine,  les  revues,  les  recueils  périodiques, 
les  journaux,  nous  apprennent  dans  leurs  articles  nécrologiques 
{[ue  beaucoup  de  ceux  avec  qui  nous  nous  trouvions  en  correspon- 
dance, depuis  di.x  ans  à  peine,  ont  tout  à  coup  cessé  de  vivre.  Nous 
eussions  désiré  indiquer  par  une  croix  les  noms  de  nos  aimables 
corres|ion(lants  qui  ne  sont  |)lus.  Mais  notre  liste  eiU  ressemblé  à 
un  vaste  ciuu'liôre;  puis  il  ne  nous  est  point  possible  de  connaître 
tous  ceux  que  la  mort  a  fauchés.  .Nous  nous  sommes  donc  abstenu 
de  sijinaler  à  nos  lecteurs  les  pertes  que  la  science  a  faites;  nous 
tenons,  néanmoins,  à  nous  .souvenir  de  ceux  que  Dieu  a  déjà  et  si 
|iromptemeut  retirés  de  ce  monde. 


CLII  DES    HYBRIDES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


Avertissement 


Nous  avons  fait  déjà  remarquer  que  cet  ouvrage  n'a  pas  été 
rédigé  d'un  seul  jet;  il  se  compose  de  six  piirties,  écrites  à  des 
iutervalles  éloignés.  Aucune  modification  n'a  été  apportée  à  leur 
rédaction;  aussi  trouvera-t-on  nécessairement  quelques  redites; 
les  idées  générales,  dont  nous  faisons  i)récéder  le  livre,  avaient 
déjà  été  indiquées  rk  et  là  lors  de  la  publication  séparée  de  chaque 
partie.  Nous  avons  cru  devoir,  cependant,  les  rassembler  et  en 
donner  un  résumé  complet  en  tête  de  tout  l'ouvrage,  dont  elles 
sont  destinées  à  éclairer  le  texte. 

Nous  réclamons  l'indulgence  du  lecteur.  (In  travail  aussi  consi- 
dérable et,  à  certains  égards,  aussi  neuf  que  celui  que  nous  lui 
ollrons,  présentera  certainement  des  imperfections  et  des  lacunes. 
Ajoutons  que  la  nécessité  de  recourir  sans  cesse  à  des  sources 
étrangères,  imprimées  ou  manuscrites,  —  puisqu'il  existe  très  peu 
de  livres  français  traitant  des  hybrides  (I),  —  a  dil,  malgré  nos 
soins  les  plus  attentifs,  amener  quelques  fautes  de  traduction. 
Le  lecteur  éclairé  comprendra  les  dillicultés  que  nous  avons  dû 
vaincre,  et  voudra  bien  nous  tenir  compte  de  nos  elTorts. 

(1)  D'enviruii  HOU  oiiviayes  ou  ailicles  de  Revues,  dans  lesquels  nous  avons 
puisé  des  renseignements  el  que  nous  citons,  (voy.  la  l.igle  des  Auteurs,  pp.  87.T  et 
suiv.),  2o0  à  peine  sont  écrits  en  français  —  plus  de  Sjil  sont  écrits  en  langues  mortes 
et  plus  particulièrement  eu  langues  étrangères  diverses.  —  Nos  correspomlances 
avec  les  Naluralisles,  (lettres  que  nous  n'entreprendrons  pas  de  compter  vu  leur 
grand  nombre),  ne  sont  point  davanlage  écrites  dans  notre  langue. 


PREMIÈRE      PARTIE. 

Les  Gallinacés. 

Dans  rOrdre  des  Gallinacés,  la  faniilk'  des  l'haKianidés  et  celle 
des  Perdicinés nous  ollienl  queliiiies  exemples  de  croisements,  mais 
ces  croisements  sont  extrêmement  rares.  L'hybridation  ne  se 
manifeste  d'une  faron  particulière  (jne  parmi  les  Tclraonidés  ;  chez 
ceux-ci,  les  six  espèces  européennes  contractent  entre  elles  des 
alliances  suivies  de  fécondité,  le  Tclnio  tclri.r  et  le  7".  uroijallus  se 
mélangent  même  très  fréquemment.  L'accouplement  de  ces  deux 
Oiseaux  a  seul  été  constaté  de  visu.  La  double  origine  de  tous 
les  hybrides  provenant  des  autres  croisements  n'a  donc  pu  être 
établie  que  par  des  conjectures,  tirées  généralement  de  l'examen 
des  caractères  extérieurs.  Mais  les  dilTérences  inorf)Iiologiques  que 
présentent  certaines  espèces  étant  très  peu  sensibles,  il  s'ensuit 
que  la  reconnaissance  du  produit  est  dillicile  à  faire,  d'autant  plus 
que  la  coloration  du  plumage  varie  suivant  les  saisons.  Aussi, 
plusieurs  des  faits  que  l'on  cite  restent  très  liypothéti((ues. 

Les  diverses  espèces  de  Tetraonidés  ne  se  marient  pas  seulement 
entre  elles;  un  type  très  caractérisé  par  sa  ([ueue  en  forme  de  lyre 
et  sa  grande  agilité,  le  petit  T.  lelrir  s'allie  au  genre  l'iKisinnus. 
De  nombreux  faits  de  ce  croisement  ont  été  observés  en  Angleterre 
depuis  une  cinquantaine  d'années,  et  tout  dernièrement  sur  le 
continent  européen.  Cette  particularité,  digue  d'être  rcmar([uée, 
trouve,  pensons-nous,  son  explication  dans  l'importation  d'une  de 
ces  deux  csiièces  dans  les  cantons  habités  par  la  première. 

Ces  cas  d'iiyhridatiou  entre  deux  espèces  de  genre  très  distinct 
sont  uniques;  tous  les  autres  croisements  féconds  que  nous  allons 
examiuerse  sont,  en  ellel,  produits  entre  espèces  rapprochées.  Nous 
nommerons: 

i"  Frdncdliniis  (uli/iirifi  X  /•"/•.  piclii, 

2"  Callipcpld  (jnnilicli  X  ('(dinus  r(t'ifor]iini>!, 

3°  l'erdij-  ciiwrea  X  /'.  ruina, 

4"  Verdir  rinerea  X  P.  Htir.ililis, 

Ij"  Pcrdi.r  sd.Tiililis  X  P-  ralmi, 


4  A.    SUCHETET 

6°  Tetrao  tetrix  X  T.  urotjallus, 

7°  Laf/opiis  sciil.icus  X  t..  iniitiis, 

8°  Luijopus  (lUius  X  L.  mulus, 

9»  GaUus  Sonnerali  X  G.  bankiva, 
IQo  Eiiplocamus  lineatus  X  E.  melanotus, 
11»  rliasianus  llcevcsi  X  Ph.  colchicus, 
12"  Pli.  versicolor  x  Ph-  Sœunnerinf/i, 
13°  Tetrao  tetrix  X  Lagopus  mntus, 
14»  Tetrao  tetrix  X  Bonasa  beluUna, 
15"  Lagopus  aibus  x  B.  Iirtulina, 
16o  f..  albiis  X  B.  betulina, 
17»  L.  scoticus  X  T.  tetrix, 
18»  L.  aUms  X  T.  tetrix, 
19"  Thaumalea  picta  X  Plinsiainis  vnl.garis, 
20"  Euplocainus  nyethemerus  X  /'/*.  eolehicus, 
21»  Ph.  colchicus  X  T.  tetrix, 
il"  l'h.  ruli/aris  X  Laiiopns  alhus. 

Disons  tout  de  suite  que  les  croisements  compris  sous  les 
numéros  3,  M,  13,  14  et  22  ne  sont  pas  suHisamnient  attestés;  les 
croisements  indiqués  par  les  numéros  4,  5,  7,  12,  10  sont  assez 
]irobables;  sont  autlicnliques  les  numéros)!,  18  et  21;  paraissent 
également  bien  assurés  les  numéros  1,  10,  14,  17,  19  et  20  (mais  le 
croisement  qui  porte  le  n°  10  a  lieu  })lutùt  entre  variétés  qu'entre 
espèces),  enllu  le  n  '  9  n'est  pas  prouvé  et  le  n"  8  est  assez  problé- 
matique. 

Si  l'on  considère  le  grand  nondîre  d'espèces  dont  se  compose 
l'ordre  des  Gallinacés,  le  chilïre  des  croisements  que  nous  indiquons 
l)araîtra  peu  élevé;  c'est  cependant  après  avoir  fait  des  recherches 
bibliographiques  très  étendues,  après  avoir  interrogé  beaucoup  de 
naturalisles  et  (ouilh'  les  divers  rabinels  zoologiqnes,  les  musées 
ou  les  collections  parliculières,  que  nous  avons  pu  l'établir. 

Mais  il  proliable  ([ue  le  nombre  de  ces  croisements  s'augmentera 
à  mesure  que  l'action  de  l'homme  se  fera  sentir  davantage,  c'est-à- 
dire  à  mesure  que  les  forêts  se  défricheront,  que  les  champs  se  cul- 
tiveront, que  l'aire  des  grandes  ciiasses  se  rétrécira  et  que  l'impor- 
tation de  nouveaux  gibiers  deviendia  [ilus  fréquente.  Il  ue  faut 
pas  oublier,  en  effet,  une  remarque  fort  importante:  c'est  que  les 
espèces  que  nous  venons  de  nommer  sont  toutes  comestibles  et 
chassées  par  l'homme.  L'inégalité  dans  les  sexes,  suite  inévitable 
de  la  destruction  qui  s'opère,  le  trouble  apporté  daus  les  mœurs  de 


OISEAUX  HYBRIDES    RENCONTRES    A   L  ETAT    SAUVAGE  O 

ces  Oiseaux  ])îii'  les  clianiîenienls  (|Mt'  nous  avons  ra|)iich's,  peuvent 
certainement  amener  les  mâles  on  lt>  femelles  surnuméraires  à 
contracter  (les  alliances  avec  les  nouveaux  venus  ou  avec  des  espèces 
étrangères  déjà  existantes.  On  a  même  constaté  des  croisemeuts 
entre  des  Gallinacés  vivant  à  l'état  sauvage  et  des  (îallinacés  vivant 
en  domesticité,  nous  eu  dirons  quel([ues  mots  à  la  lin  de  cette  étude. 

Les  hjl)rides,  provenant  des  divers  croisements  que  nous  venons 
d'indiquei',  se  sont-ils  propagés,  onl-iis  reprodiiil  leur  race? 
Nous  pouvons  atllrmer  (jue  non.  Sonl-ils  ])our  cela  stériles? 
D'après  les  expéiiences  qui  ont  été  faites,  ils  le  sont  pour  la  plupart 
lors(pi'ils  se  croisent  entre  eux,  l'infécondité  des  mâles  pouvant  être 
établie  comme  régie  générale.  .Mais  les  individus  de  sexe  femelle, 
(|ue  l'on  rencontie  eu  très  jielit  nombre,  sont  sans  doute;  capal)les, 
en  s'accouplant  avec  les  espèces  pures,  de  donner  des  jeunes. 
Seulement  ces  produits,  empruntant  ainsi  les  trois  quarts  de  leur 
sang  à  l'une  des  espèces  mères,  ne  taideut  point  à  faire  retour  au 
type  prédominant  et  par  là  leurs  caractères  mixtes  s'efïacent  peu  à 
l)eu.  Le  feu  professeur  Severtzow  aurait  eu  l'occassion  de  constater 
chez  certains  exemplaires  a|ipartcnant  au  genre  Tetrao  de  légères 
traces  d'hybridation  qu'il  attribuait  au  mélange  plusieurs  fois 
renonvidi'  des  espèces  pures  avec  les  hybrides.  La  chose  est  vrai- 
semblalile.  Il  ne  faut  cependant  pas  oublier  que,  du  croisement 
direct  de  deux  espèces,  naissent  parfois  (les  |)roduits  dont  les 
caractères  sont  presque  exclusivement  ceux  de  l'uu  des  deux 
liarents. 

Perdicinés 

Genre  Fninrolinus 

Francolinus  vl'lgaris  et  Fr.  iuctus. 

Li'  croisement  de  ces  deux  Oiseaux  est  mentioniu'  jiar  .M.M. 
Hume  et  Marshall  (1).  Ils  racontent  que  le  capitaine  Butler  tua  six 
ou  sept  hybrides  près  de  Deesa  où  ou  a  rencontré  les  deux  espèces. 
Ces  Oiseaux  sont  plus  forts  que  les  Painted  Partridges  (P.  pictus)  ; 
les  lianes  s(uit  d'un  brun  très  sombre,  le  bec  est  noir,  les  jambes 
et  les  pieds  sont  de  couleur  saumon. 

(1)  Game  Uirds  of  India,  II,  p.  25. 


b  A.    SUCHETET 

Genre  Ortyx 
Callipepla  gambeli  (1)  et  Colinus  californicus  (2). 

D'après  une  coiiiiiuiuication  qui  nous  est  faite  par  M.  .Manly 
Hardy  de  Brewer  (Ktals-Unis  d'Amérique),  la  Ganibello  Quail  et  la 
Califoruica  valley  Quail  s'entrecroiseraient.  Le  récent  Hand-Book 
d'Elliot  Coues  sur  les  Oiseaux  des  régions  arrosées  par  le  Missouri 
ne  parle  cependant  pas  de  ces  croisements,  ((uoique  l'auteur 
décrive  longuement  les  diverses  espèces  appartenant  au  genre  Orty.r. 
M.  Geo.  B.  Sennett  a  annoncé  à  la  réunion  du  21  février  de  la 
Liitnœan  Society  oj  New  York  (3)  qu'il  venait  d'obtenir  un  hybride 
bien  marqué  entre  la  Callipepla  squamata  et  le  Colinus  virgiiiianus, 
mais  il  n'indique  pas  si  l'oiseau  a  été  tué  à  l'état  sauvage.  Nous 
n'avons  donc  point  fait  ligurer  cet  hybride  sur  notre  liste;  l'hajjitat 
es  deux  espèces  n'est  pas  le  même. 

Genre  Perdix 
Perdix  cinerea  (4)  et  Perdix  saxatilis  (5). 

Bureau  delà  Malle  a,  le  premier,  parlé  du  croisement  de  ces  deux 
espèces  (6),  le  fait  qu'il  raconte  est  néanmoius  resté  assez  probléma- 
tique comme  on  va  le  voir. 

Dans  la  partie  du  Perche  où  se  trouvait  sou  domaine,  la  Perdrix 
rouge,  surtout  la  grosse  Bartavelle  ou  Perdrix  grecque,  se  trouvait 
en  grande  majorité,  mais,  en  1834,  la  Bartavelle  rouge  avait  presque 
complètement  disparu. 

Depuis  plus  de  dix  ans,  le  garde  rapportait  qu'on  avait  aperçu  des 
Perdrix  rouges  avec  des  ailes  de  Perdrix  grises.  Il  parvint  un  jour, 
sur  les  indications  que  lui  donna  Dureau  de  la  Malle,  à  découvrir, 
dans  le  territoire  de  Calonard,  situé  entre  deux  grands  taillis,  des 
Perdrix  qui  parurent  être  le  ju-oduit  de  la  Bartavelle  grecque  femelle, 
avec  un  mâle  de  Perdrix  grise,  nommée  la  Roquette  (7),  étrangère 
aussi  et  originaire  des  Pyrénées-Orientales. 

(1)  Ou  Lophortyx  gambeli. 

(2)  Ou  Tetrao  ciilifornicus. 

(3)  AbsU-act  of  tlie  Proceetlings  of  tho  Linna?an  Socitl\ ,  7  mars  1890. 

(4)  Ou  P.  cineracea  ou  Tetrao  perdix  ou  encore  Starna  cinerea. 
(,'))  Ou  P.  grceca. 

(6)  Comptes-rendus  de  IWcadémie  des  Sciences,  p.  784,  18Co. 

(7)  La  Roquette  est  probablement  la  variété  damascena. 


OISEAUX    HYBRIDES    IIENCONTIIKS    A    L  ETAT    SAUVAGE  7 

Le  célèbre  ;iiik'iir  de  Vlù-diidiiiic  pidHi(jitr  des  Itoiiiains  pensa  que 
lii  Biiitavclle,  pressée  par  la  violence  de  ses  désirs,  et  ne  trouvant 
|)lusdans  le  canton  qu'elle  habitait  de  mule  de  sa  race,  avait  con- 
traiîté  cette  union  avec  le  niàle  de  la  Roquette. 

Dans  son  récit  il  s'est  montré  très  sobre  de  détails  et  n'a  point 
décrit  les  produits,  aussi  Isidore  Geollroy  Saint-Hilaire  a-t-il  remar- 
qué que  Dureau  de  la  Malle  n'avait  point  jusiilié  complètement  son 
ojiinion  (!).  M.  de  Quatrefag-es  trouve  é;;alenient  les  quelques  ren- 
seijfnenients  qu'il  a  donnés  tout  à  fait  insullisants  (2). 

Par  quelles  circonstances,  en  elTet,  Bureau  de  la  Malle  a-t-il  pu 
savoir  que  c'était  précisément  la  Bartavelle  qui  avait  joué  dans  ce 
croisement  le  rùledela  femelle  et  non  celui  du  mâle?  Qui  sait  encore 
si  ces  produits  ne  tiraient  point  leur  origine  de  la  Perdrix  rouge? 

C'est  à  ]ieu  près  le  seul  exeni[ile  ([ue  l'on  ait  cité;  cependant 
M.  Louis  Calpini  nous  écrit  de  la  Suisse  qu'il  a  vu  un  spécimen 
provenant  du  croisement  de  7'.  cinerea  et  de  P.  saxatilis;  s'il  ne  fait 
point  erreur,  ce  sujet  est  consei'vé  à  Sion.  Nous  avons  interrojré 
M.  Bouoin-Ciuippuis,  de  celte  ville.  Celui-ci  nous  a  répondu  que 
deux  spécimens  avait  été  remarqués  dans  son  canton. 

Peudix  CINEREA  et  Perdix  rubra  (3) 

.\ux  yeux  de  tous  les  chasseurs  ces  deux  Perdrix  ont  toujours 
passé  pour  des  ennemis  irréconciliables.  Aussi  Bullon  avait-il  cru 
pouvoir  s'exprimer  ainsi  à  leur  sujet  :  «  Si  l'on  a  vu  quelquefois 
»  un  mâle  vac;int  de  l'une  des  deux  espèces  s'attacher  à  une  paire 
»  de  l'autre  espèce,  la  suivre  et  donner  des  marques  d'empresse- 
»  ment  et  même  de  jalousie,  jamais  on  ue  l'a  vu  s'accoupler  avec  la 
»  femelle,  (pioiqu'il  éprouvât  tout  ce  (pi'une  jirivation  forcée  et  le 
»  spectacle  ])erpétuel  d'un  couple  heureux  pouvaient  ajouter  au 
»  penchant  de  la  nature  et  aux  influences  du  printemps.  » 

(]ette  règle  soulTrirait-elie  (pichpies  exce])tions  ?  —  Un  jour,  en 
passant  devant  la  boutique  d'un  marchand  de  gibier,  un  membre 
de  la  Société  nationale  d'acclimatation,  M.  Duwarnet,  aperçut  un 
sujet  (|ui,  dit-il  (i),  montrait  des  maniues  évidentes  de  son  hybri- 
dation :  "  ."^on  bec  et  ses  tarses  étaient  rouges.  Les  plumes  des 

(1)  Hisl.  gén.  des  Règnes  orgnniiiue.i.  III,  p.  \M. 

(2)  Rfviu'  dos  Omis  scifiililiciiics,  p.  liS,  ISliS  t;".l.  Voy.  encore  Comptes-rendus  de 
l'Aciid.  lies  Si-.,  XI. III.  p.  7S'i.  ISlit).  <iù  les  inènu-s  reserves  sont  exprimées. 

Ci)  Ou  /'.  nil'u  ou  Tetrao  rufiis  ou  encore  Caccabis  rubra,' 
(4)  BulUlin  de  la  Société d'Acclimalalion,  p.  545,  1874, 


8  A.    SUCHETKT 

flancs,  bien  qu'un  peu  moins  vives,  étaient  celles  de  l'espèce  rouge. 
Les  ailes,  le  dessus  du  corps  étaient  ceux  de  la  race  grise  avec  des 
tous  un  [teu  plus  chiiuds.  » 

Déjà  un  autre  membre  de  la  Société  avait  signalé  ce  fait,  observé 
par  lui  dans  le  département  de  Maine-et-Loire,  d'une  couvée  simul- 
tanée, dans  le  même  nid,  de  trente  à  trente-cinq  œufs  par  deux 
Perdrix,  l'une  grise,  l'autre  rouge  (1). 

Cei)eudantces  renseignements  ne  sont  pas  sullisants  pour  attester 
que  le  croisement  de  la  I'.  ruhra  et  delà  P.  cinercan  eu  lieu  réelle- 
ment et  qu'il  a  été  suivi  de  fécondité.  M.  Hamon  le  Stranger  nous 
fait  savoir  que  ces  deux  espèces  haljitent  les  mêmes  champs  à 
Ilunstanton  Hall  (Angleterre)  ;  jamais  aucun  liybride  n'a  été  ren- 
contré ni  par  lui,  ni  par  les  garde-chasse,  quoique  ses  recherches 
aient  duré  plus  de  vingt  ans. 

PeRDIX  SAXàTIUS  et  PERniX   RUBRA  (2) 

D'après  Bailly(3),  la  Bartavelle  s'accouple  parfois  dans  les  monta- 
gnes avec  la  Perdrix  rouge.  «  Il  résulte  de  cette  alliance,  dit  cet 
auteur,  des  sujets  qui,  par  la  taille,  les  couleurs  et  les  dispositions, 
tiennent  le  milieu  entre  les  deux  espèces,  etc.  » 

MM.  Degland  et  Gerl)e  (4).  après  avoir  examiné  plusieurs  de  ces 
produits,  ont  consinté  des  (iillércnces  très  notables  sous  le  rapport 
du  nombre  et  de  l'étendue  des  taches  du  cou  ;  «  chez  un  niàle  que 
M.  Devron  a  reçu  de  Grenoble,  disent  ces  auteurs,  le  bord  externe 
de  la  bande  noire  qui  encadre  la  gorge  est  à  peine  festonné  par  de 
rares  taches  qui  s'en  détachent;  sur  deux  autres  mâles,  l'un  pro- 
venant aussi  de  Grenoble  et  enAoyé  par  M.  Bouteille,  l'autre  d'origine 
inconnue,  les  taches  un  peu  plus  nombreuses  se  dispersent  assez 
loin  sur  les  cotés  et  le  devant  du  cou  ;  enfin  deux  femelles,  dont 
l'une  appartient  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  diffèrent 
si  peu  par  le  nombre  et  l'étendue  des  taches  du  cou  des  femelles  de 
la  Perdrix  rouge,  qu'on  les  rapporterait  volontiers  à  cette  espèce,  si 
la  double  bande  noire  des  plumes  des  lianes  ne  les  en  distinguait.  » 

M.  Bouteille  a  décrit  (5)  ces  divers  hybrides  sous  le  nom  de 
P.  Labatiei.  Après  les  avoir  regardés  comme  une  espèce  distincte, 

(1)  Voyez  le  Bullelin  île  I8C1I.  11.  288. 

(i)  Les  noies  que  nous  avions  rassemblées  sur  ce  croisement  ayant  été  égarées  en 
partie,  nous  ne  pourrons  èlre  aussi  complet  que  nous  l'aurions  désiré. 

(3)  Ornilliiilogie  de  In  Savoie,  lit,  p.  187. 

(4)  Ornilhdlogie  eiwopéeni^e,  II,  p.  04.  Paris,  1867. 

(5)  Ornithologie  du  Dauphiné,  p.  337. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRES    A   L  ETAT    SAUVAGE  M 

à  rox('m|)l('  di'  (oiis  les  chasseurs  (\n  DiiuiiliiiM',  puis  après  avoii- 
changé  d'avis,  cet  oruilliologiste  est  rovrau  à  si  pieraière  opinion, 
parce  «iiic,  dit-il  ([).  '.\M  et  338),  «  si  dans  le  voisiriai;e  des  lieux 
(lu'IiMliile  la  Hociiassière,  ou  trouve  (jnelquefois  la  Perdrix  rouge, 
ou  n'y  voit  jamais  la  Bartavelle.  »  Le  professeur  Blasius  amis  aussi 
eu  doute  la  valeur  d(>  ei'lte  prétendue  espèce,  «  ou  se  fondant  sur  ce 
(juMl  n'a  jamais  pu  l'ohlenir  dans  son  jjays  natal,  et  alléi;uaut  ce 
fait,  que  sou  auteur  lui-même  ne  s'en  es!  procuré  (ju'uu  seul 
exemplaire  (1)  ». 

La  majoriti'  des  ornithologistes  se  prononce  cependant  en  faveur 
de  l'hybridilé. 

A  ce  sujet,  ^L  Lacroix,  de  Toulouse,  nous  écrit  qu'il  possôdedans 
sa  collection  nu  hyliride  de  la  Perdrix  rouge  avec  la  Perdrix  barta- 
velle ;  il  connaît  un  deuxième  spécimen  chez  un  do  ses  amis.  Ces 
oiseaux  ont  l'té  capturés  à  l'état  sauvage,  le  premier  dans  les 
environs  de  Muray,  20  kilomètres  sud  de  Toulouse,  et  le  second 
près  de  Mirenu)nt  (Haute-Garonne^,  sur  la  ligue  du  chemin  de  fer 
de  Toulouse  à  Foix  (Ariôge),  à  3o  kilomètres  sud-est  de  Toulouse.  Ces 
captures  ont  été  faites  pendant  les  années  ISiii)  et  1872  (2). 

Nous  pouvons  signaler  deux  auti'es  exemplaires  dans  la  collection 
de  M.  Lemetteil,  à  Bolbec  (Seine-Iufôrieure).  La  collection  du 
D' Marmottan  doit  aussi  renfermer  un  hybride  de  Bartavelle  et  de 
Perdrix  rouge,  autrefois  préparé  par  M.  Bémer,  naturaliste  à  Paris. 
Cet  Oiseau  avait  été  tué  dans  la  Sartlie.  Enliu  un  spécimen  auquel 
on  attribue  une  semblable  origine  se  voit  dans  les  galeries  du 
Muséum  d'Ilisldire  naturelle  de  Marseille;  il  a  été  signalé,  nous 
écrit  -M.  Marion,  directeur  de  ce  .Musée,  dans  l'Ornithologie  de 
Jaubert  et  Barthélémy  Lapommeraie;  il  avait  été  acheté  mort  sur  le 
marché  de  .Marseille. 

PeRDIX    MONTANA. 

Buflon  (3)  fait  une  race  distincte  de  cette  Perdrix  «  parce  que,  dit-il, 
elle  ne  ressemble  ni  à  l'espèce  grise,  ni  à  l'espèce  rouge,  et  (pi'il 
est  dillicile  d'assigner  celle  de  ces  deux  espèces  à  laquelle  elle  doit 

(1)  Voypz  M.  Olplip-fiaillard,  Cnnlril)utinn.<  !i  la  Faune  nrnithologiqne  de 
l'Kurope  ncriileiitale,  fasc.  xxxix,  p.  S,  mai  ISW;. 

(2)  Dans  son  rutiilorjue  raisiiiitu'  (les  Oiseaux  obsenu's  dans  les  Pi/renres  fran- 
çaises, p.  17,  M.  .\(liieii  Lacriiix  parle  d'iin  aiilro  hybride  conservé  dans  le  Musée 
d'Iiisloire  nrilnrelle  de  Toulouse.  .Nous  nous  demandons  s"il  n'y  a  pas  lieu  ici  à 
douille  emploi. 

(3)  Œuvres  complètes,  V,  p.  iiO. 


10  A.    SUCHETET 

se  rapporter  ».  Il  dit  qu'on  assure  qu'elle  se  inèle  quelquefois  avec 
les  Perdrix  grises  et  il  la  soupçoune  fort,  mais  saus  pouvoir  citer 
aucun  exemple,  de  se  mêler  aussi  avec  les  Perdrix  rouges.  Par  ces 
raisons  il  est  porté  à  la  regarder  comme  une  race  intermédiaire. 
Nous  pensons  que  la  P.  montana  n'est  qu'une  variété  de  la  Perdrix 
grise,  comme  l'indique  M.  01phe-(îaillard  (1),  comme  l'ont  pensé 
aussi  MM.  Degland  et  Gerbe  (i).  M.  Thomasso  Salvador!  (3)  l'a 
décrite  ainsi  :  «  tout  entière  couleur  de  châtaigne,  excepté  le 
cou  et  les  jambes  qui  sont  de  la  couleur  du  Lion,  ([uoique  un  peu 
moins  clairs.  » 

En  parlant  decet  Oiseau,  I.-G.  Saint-Hilaire(4)  s'est expriméainsi: 
«  il  y  aurait,  selon  plusieurs  ornithologistes,  des  métis  de  Perdrix 
grises  et  Perdrix  rouges;  la  P.  montana  de  quelques  auteurs  serait 
établie  sur  ces  derniers  métis,  mais  cette  opinion  est  contredite  par 
plusieurs  faits.  » 

Une  récente  notice  de  M.  Louis  Petit  (o),  considère  de  nouveau  la 
P.  montana  comme  une  simple  variété  de  la  P.  cinerea.  Nous  signa- 
lerons un  exemplaire  au  Musée  de  Rouen  et  un  autre  au  Musée  de 
Marseille. 

Tetraonidés 

Genre    Tetvao 

Tetrao  tetrix  (6)  et  Tetrao  urogallus  (7) 

Presque  tous  les  ornithologistes  s'accordent  à  dire  que  le  Tetrao 
urogallus  Ç,  pour  des  raisons  dont  nous  chercherons  une  explica- 
tion à  la  fin  de  ce  chapitre,  se  croise  en  liberté  avec  le  Tetrao  tetrix  ^ 
et  donne  naissance  à  l'Oiseau  appelé  Rackelhane  (8).  Celui-ci, 
presque  toujours  du  sexe  mâle,  comme  sou  nom  semble  l'indiquer, 
est  très  répandu. 

(1)  Contrihiition.f  à  lu  faune  uniilhologique  de  l'Europe  occidentale,  fascicule 
XXXIX,  p.  2(>,  mai  1886. 

(2)  Ornilh.  europ. 

(3)  Fauna  d'Italia.  Parte  seconda,  i'ccelli,  p.  101.  Milano. 

(4)  Eixt.  des  règnes  organiiines.  III,  p.  181 . 

(5)  Bullelin  de  la  Société  Zoolo-lipie  de  l'rance,  XIV,  p.  216,  1888. 

(6)  Autres  noms  :  Lijrurus  teirix  ou  Urogallus  niinor. 
(7)  OuUrogalluf:  myor  . 

(8)  Ses  noms  scientiliques  sont  les  suivants  :  l'rogallus  minor  pnnclatus 
Brisson;  Telrao  hyhridus  Linné;  Tetrao  médius  Fritscli;  Tetrao  tetrix  interme- 
dius  Langsdorll:  Tetrao  urogatlides  .Njlsson:  T.  Iiiibriilus  ex  nrogallo  et  telrice 
Uloger;  Tetrao  nrogallo-telricides  Sundevall;  Lijrurus  médius  Brelim;  Tetrao 
urogallus  liybridus  Dresser;  Tetrao  urogalto-tetrix  Bogàanow. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE  11 

Il  a  été  d'abord  rencontré  en  Suède,  dans  le  Smâlaiid  (ancienne 
province  au  sud  de  la  Gotliie  orientale)  et  le  Vestergotland,  où 
Ruteuskiold  tua  deux  exemplaires  pendant  le  printemps  de  l'année 
174i  (1).  Nilsson(i)  l'a  signalé  ensuite  dans  le  dislrid  do  Kalmar, 
(Gotliie),  dans  le  Roslagen,  (partie  de  la  province  dTplandi'),  et  le 
etleSiklermanland  (ancienne  province  de  la  Suède, entre  la  naltique, 
les  lacs  Malar  et  lljelmar,  la  province  d'Uplande  et  la  Gotliie  orien- 
tale), ainsi  que  dans  le  nord  du  Wermlaïul,  près  <le  IJulvcipings, 
dans  un  endroit  montagneux  et  sauvage. 

En  Norvège,  d'après  le  môme  auteur,  il  n'est  pas  rare  aux 
alentours  de  Kungslierg;  ([m'iipiefois  il  apparail  dans  la  partie  nord 
de  Shane.  Le  prol'esseur  C()llett(;jj  dit  même  qu'un  nombre  considé- 
rable de  ces  Oiseaux  sont  tués  cbaque  année  dans  les  dilîérentes 
parties  de  ce  royaume;  ceux  qu'on  ap|iorte  à  Clirisliana  viennent  de 
Gudbrandsdal.d'Osterdal,  des  parties  sud  deTrouiljeu  slit't  (diocèse), 
et  de  Thelemarken,  dans  Ghristiansand  stift.  Le  point  nord  le  plus 
éloigné  où  ils  ont  été  trouvés,  et  où  ils  peuvent  être  vus,  dit  cet 
auteur  (4),  est  le  Balsfjord,  près  Tromso  ((19°  20'),  cette  localité  étant 
l'extrême  limite  d'un  des  parents  :  le  Tetrao  l(iri.r. 

Blasius  rapporte  (a)  que  le  Rackelhanc  se  voit  assez  souvent  dans 
les  forcis  du  nord  de  la  Russie.  Sparmann  ((•)  l'avait  déjà  signalé 
dans  la  Finlande  et  dans  la  Courlande  (7),  le  prof.  Germann  dans  la 
Livonie  (8).  On  le  tue  aux  environs  de  Saint-Pétersbourg  (9),  on  l'ap- 
\MvU'  sur  les  marcht's  de  celle  capitale  en  grand  nombre  (10)  ainsi 
qu'à  Moscou.  M.  Lorenz,  naturaliste  de  cette  ville,  aurait  eu  l'occa- 
sion d'examiner  ainsi  un  grand  nombre  d'exemplaires  pendant 
l'espace  de  ([uiiize  années  (11).  Un  sujet  du  sexe  féminin,  conservé 

(1)  Voyez  sciii  ivcil  envoyé  à  r.Vcadùaiic  des  Sciences  de  Slockliolm  :  Kon;;. 
svenska  Vetcnskaps  Academiens,  V,  p.  181,  182  et  183. 

(2)  .S'A-fl«rf.  faiina.  1S.t8. 

{'.i]  Reiiiarks  on  the  Ornithology  nf  iinrthpren  \orwitij.  Videnskaps  selskabet 
forliandlinger,  I.  p.  235  et  suiv.,  1872. 

Cl)  «  Tlie  iiiosi  noi'Mieily  point  at   wliicli  il  lias  heen  (onnd  or  indeed  can  occur.  » 

(;>)  Rei.'ie  in  europaischeiit  Rus.^hinil,  in  den  Jahrcu  isio  Uïiti  /\!/.  Biauns- 
cliweijj;,  IKM. 

(f))  Muxeiiw  Carhoniuniun.  llohniip,  I7H(;. 

(7)  Pour  celle  dernière  conli-ée,  voy.  aussi  Lan^sdoi'IT  In  i:oni|itrs  rendus  de  l'Acad. 
des  Sciences  de  Sainl-I'élersl)oui^'.  1811. 

(8)  Voy.  le  docleur  Meyer  d'oilenhacli.  Magazin  der  GeselIschaU  naturfors- 
chender  l'ieundi'  in  lierlin,  p.  ii;t7  el  suiv.,  1811. 

CI)  Voy.  Bo|.'(lano\v,  op.  cil.,  p.  '.H>. 

(10)  Voy.  LanjjsdolT.  Meyer.  ipn'  nous  venons  de  ciler,  el  'l'eniminck  {lli.<l.  df.< 
GallinacJs,  III,  l'aris,  ISI5). 

(11)  Voy.  Prof.  Severizow,  in  Mémoires  des  Naluralisles  de  Moscou,  1888. 


12  A.    SUCHETET 

au  Musée  de  Dresde,  provient  du  goiiveriienieiit  île  Whidiinir  (i), 
deux  autres,  de  sexe  mâle,  d'Arcliaûgel  (2). 

De  temps  à  autre,  nous  écrit  M.  le  professeur  Tae/anowski,  le 
Rackelhane  se  montre  eu  Pologne;  deux  exiunplaires,  qui  sont 
conservés  au  Musée  de  Varsovie,  vienneut  de  la  Litliuanie  (gouver- 
nement de  Minck). 

En  Allemagne,  il  se  renccmtre  plus  rarement,  aussi  son  origine 
hybride  a-t-elle  été  longtemps  contestée  dans  ce  pays.  On  ne  connais- 
sait guère  encore,  au  commencement  de  ce  siècle,  qu'un  exemplaire 
pris  i)ar  Klein  en  175(1,  dans  le  duché  de  Kaussuben,  en  basse  Pomé- 
ranie  (3),  mais,  depuis,  cet  Oiseau  a  été  rencontré  dans  plusieurs 
contrées  (4).  Le  ])hysiologiste  Wagner  eut  en  sa  possession  uu 
exemplaire  provenant  de  la  Bavière  méridionale  (5). 

M.  A.  B.  Meyer  a  signalé,  en  1881  et  1883  (6),  deux  autres  sujets 
tués  sur  la  frontière  de  la  Saxe,  dont  l'un  à  Kost,  près  Sobotka 
(Bohème  du  Nord);  il  le  mentionne  encore  aux  environs  de  Dresde, 
(district  de  Rohrdorf)  (7). 

Dans  la  principauté  du  prince  Camille  de  Uohan,  dit  le  Journal 
de  chasse  de  Vienne  (8),  on  tua  non  loin  de  Schrow,  pendant  lecou- 
raut  des  années  1880  à  1887,  huit  Rackelhanes,  trois  furent  tués  en 
1880,  1881  et  1884  par  le  b;iron  Eluing,  un  autre  en  1882,  par  le 
Kronprinz  Rudolph  (9),  un  cinquième  eu  1883  par  le  duc  de 
Cohourg  Gotha,  et  les  trois  derniers  par  le  prince  Alain  Rohan, 
pendant  les  années  188j  et  1886;  on  trouva  aussi,  eu  1887,  un 
Rackelhane  mort.  Ajoutons  qu'un  dixième  exemplaire  fut  abattu 
par  le  prince  Rudoljjh  dans  la  Bavière  du  Sud,  aux  environs  de 
Gundeus,  en  1883.  Mais  c'est  dans  le  Nord  de  la  Prusse  que  le 
Rackelhane  se  rencontrerait  le  plus  souvent  ;  d'après  le  D^Wurm  (10), 


(1)  D''  A.  B.  Meyer,  de  Dresde,  Unser  Àuer  Rakel  und  Birkwild  und  seine 
Àbarten.  VVien,  1886. 

(2)  Di-  A.  B.  Meyer,  op.  cit. 

(3)  Voyez  le  D'  Meyer,  d'OlIenbacli,  loc.  cit..  1811 . 

(4)  Pasteur  lirehm,  Handbuch  der  Natiirgeschichlc  dcr  Yijgcl  Deulschlandx. 
p.  507elo08.  llmenuu,  18:tl . 

(5)  Voyvv.  Lehrbucli  der  Physiologie,  p.  21).  Leipzig,  I83i>. 

(6)  Dans  MiUlieil.  (irnltliol.  Ver.  in  Wien. 

(7)  Mittheil.  ornilhol.  Ver.,  p.  '.I.  18S4. 
(8)Pa8e3'i2,  n»  11.1887. 

(9)  Cependant,  dans  .Millli.  Ornilli.,  1?S3,  et  Jagd-Zeilnng,  même  année,  il  est 
rapporté  que  le  lû'onprinz  liudolpli  tua  deux  exeinplaii'es  reniarqualiles  dans  une 
forêt  qui  avoisine  la  ruute  qui  ooiiduil  de  Soijan  l'odol  à  Soliolka  et  qui,  pensons- 
nous,  fait  partie  de  la  principauté  du  prince  Camille  de  Hohan. 

(10)  Zool.  Garten,  p.  152,  1880. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  18 

on  en  voit  beaiicoui)  dans  le  Li\  laiid;  le  baron  vou  Kruduer  a 
parlé  (1)  de  quatre  exemplaires  tués  dans  celte  contrée  eu  1883  et 
en  1884  (2);  deux  autres  ont  été  nouvellement  tirés  au  cliàleau  de 
Trikaten  ('■]). 

Si^iialous  encore,  tians  l'est  de  la  Prusse,  un  ma^nilique  llackel- 
haue  tué  à  Ralzeburj^,  sur  la  place  des  Tetrix,  par  M.  l'Inspecteur 
des  forêts  Nitclie,  et  un  deuxième  tiré  dans  les  montai^nes  de 
Brangis/.ku,  par  le  fils  d'un  i;arde  forestier  (4). 

LeTyrol,  la  Carniole  en  Autriciie,  l'Italie,  la  Suisse,  nourrissent 
cet  étonnant  liyi)ride.  L'individu  couservé  au  Musée  de  Bcrii'ame 
provient  des  Alpes  (pii  avoisiiieiit  cette  ville  (.'»).  Le  spécimen  décrit 
par  M.  Victor  GalTé  (G)  fut  tué  près  de  Lengendfeld,  dans  l'Ober- 
krain.  Les  deux  exemplaires  du  Musée  de  Gènes  vieiuieut  du  Tyrol 
italien  (7).  l'n  autre,  couservéau  Museo  dei  Vertebrali,  de  Florence, 
fut  abattu  sur  le  mont  ïuttoga  en  Avril  1862  (8).  Ou  a  signalé  de 
nouveaux  sujets  daus  le  canton  dTri,  dans  l'Oberland  Saint-Gallois 
et  dans  le  Valais  (9).  Dernièrement,  le  colonel  II.  de  Salis  faisait 
savoir  (10)  que  deux  magnifiques  exemplaires,  tués  dans  la  vallée  de 
Pratignan,  avaient  été  envoyés  dans  la  collection  de  M.  Cliallaudes. 

Knlin,  le  Uackclliane  s'est  uu)utréeu  Ecosse,  de))uis  l'inlroduction 
récente  d'une  dos  espèces  mères,  l'iiroijalliix,  (|ui  avait  presque 
complètement  disparu  (11).  M.  Campbell,  de  Glasi'ow,  nous  signale 
entre  autres  un  individu  tué  eu  1869  à  Suilzallam  (Clackmannan 
Shire).  Le  premier  liybride  parait  avoir  été  tué  vers  1842  dans  les 
terres  de  Duuira  (12). 

Encore  peu  d'observations  ont  été  faites  surles  mœurs  du  Rackel- 
liMiic.  Il  se  trouve,  dit  le  pasteur  Breb m,  dans  les  lieux  déserts,  il 

(1)  .lag.l-Zcilun?,  p.  'i06,  188a. 

(2)  Voyez  p.  ;10l  el  .iO*. 

(.'))  Voyez  .lagd-Zcitiing.  p.  ;i(JO,  1888. 

(4)  LVxi'inpliiirc  de  Hatzeluirg  a  été  envoyé  à  iM.  HocK,  de  IJerliii,  pour  être 
empaillé.  .layd-Zeitiing,  p.  ^'i-'i,  1888. 

(ii)  Coiiinuiiiication  qui  nous  a  été  (aile  p.ir  .\1.  Cannozzi. 

(r>)  Japd-Zeilung,  p.  217.  18«. 

(7)  Couiinuiiiealion  de  M.  le  Marquis  Doria,  conservateur  de  ce  Musée. 

(5)  Nous  devons  ce  renseignement  à  l'ubligeanee  de  M.  (iiglioli. 
(!»)  Voy.  Tschusi,  Les  Mpeg.  Slrasbourj;.  IS.'W. 

(10)  Jahresbcricht  der  N.  G.  (iraub,  Vlll,  Cliur,  ias:3. 

(11)  VoyezMlson,  Skiiitil.  l'aunti,  I8,)8  De  nombreuses  indications  ont  été  données, 
d'après  cet  auteur,  dans  ['Institut,  .\l,  p  2Î>8.  Voy.  aussi  le  D'  Wurui,  Die 
dctits.  \('(it(t-lli(linci:/,oo\.  Uarlen,  Frankliirt,  1880. 

(12)  .lames  Wilsou,  .\olice  of  Ihe  occiirence  in  ScolUuul  of  llie  Tetrito  nieilius, 
etc.  l'riuciMlirigs  of  tbe  royal  Society  ol  Kdimburg,  I,  p.  I)'.>.'j.  I8'i2-18il(.  C'est  Lord 
Breadalbane  qui  a  introduit  l'Urogalle  en  Ecosse, 


14  A.    SUCHETET 

aime  les  bruyères,  et  recherche,  pendant  l'hiver,  les  collines  cou- 
vertes de  genévriers.  LangsdorlT,  de  Saint-Pétersbourg,  dit  que 
les  gens  qui  le  vendent  au  marché  le  désignent  sous  le  nom  de 
nojieBaa  uiemepKa  ou  Tétras  des  champs,  ce  qui  fait  supposer,  ajoute 
l'auteur,  qu'il  a  une  manière  particulière  de  vivre  et  qu'il  préfère 
les  champs  aux  forêts  (1).  Sa  nourriture  paraît  être  semblable  à 
celle  de  l'Urogalle  et  à  celle  du  petit  Coq  de  bruyère. 

Ruteuski()ld,  qui  l'observa  le  premier,  l'aperçut  sur  le  baltz  de 
rUrogallus,  au  milieu  des  Poules;  il  le  vit  aussi,  mais  plus  rare- 
ment, sur  les  places  où  le  Tétrix  fait  ses  jeux  d'accouplement. 

Nilsson,  auteur  très  complet  en  cette  matière,  dit  que  c'est  surtout 
pendant  le  printemps  qu'on  le  rencontre.  .\  ce  nmmeut  il  iiéuètre 
sur  les  jeux  des  deux  Coqs,  quelquefois  on  en  aperçoit  plusieurs 
sur  le  même  balz;  d'après  le  célèbre  ornithologiste,  c'est  dans  les 
jeux  du  Tétrix  qu'on  le  voit  le  plus  souvent.  11  se  bat  avec  ce  dernier, 
le  chasse  même;  cependant  il  ne  cherche  pas  à  profiter  de  sa  victoire 
et  à  s'emparer  des  Poules.  Parfois,  faisant  irruption  dans  le  jeu  du 
grand  Coq,  il  le  poursuit  aussi,  car  il  a  presque  autant  de  force  que 
lui  et  possède  l'agilité  du  Tétrix.  Lorsiju'il  s'est  rendu  maître  de  la 
place,  il  saute  sur  les  Poules  urogallus.  Pour  lui  il  ne  possède  aucuu 
balz,  ou  ne  le  voit  jamais  avec  ses  semblables  ou  avec  ses  propres 
Poules  ;  il  vit  seul,  dispersé  çà  et  là  (2). 

M.  Frederick  Eduardovitch,  de  Falz-Fein  (Tauride),  qui  eut 
souvent  l'occasion,  pendant  le  séjour  qu'il  fit  à  Dorpat,  de  parler  de 
cet  Oiseau  avec  des  personnes  qui  s'y  intéressaient  et  qui  avaient 
pu  observer  les  Tétras  eu  liberté,  1res  abondants  dans  ce  pays,  nous 
écrit  «  que  partout  où  l'on  a  vu  le  Rackelhane,  on  a  rencontré  que 
des  individus  détachés,  mêlés  avec  les  deux  autres  espèces,  Inva- 
riablement un  à  un;  nulle  part  ces  personnes  ne  l'ont  observé 
comme  espèce  distincte  peuplant  une  certaine  localité. 

Quoiqu'il  soit  le  point  de  mire  de  tous  les  chasseurs,  parce  qu'il 
est  un  véritable  perturbateur,  empêchant  les  accouplements  régu- 
liers de  se  produire,  on  ne  l'approche  que  très  difficilement.  Non 
seulement  il  est  très  sauvage,  mais  il  est  toujours  en  mouvement, 
sautant  d'arbre  eu  arbre  à  la  poursuite  des  Coqs  en  jeu  (3). 

(1)  Op.  cit.,  p.  507  et  o08. 

(2)  Depuis,  cependant,  dans  une  chasse  que  fit  le  prince  Rudolpli,  celui-ci  aperçut 
deux  Poules  hybrides  qui  vinrent  se  placer  auprès  d'un  Rackelhane. 

(3)  Voy.  Sliundinavisk  Faiina.  Fo^darna.  .\ndra  bandet.  Lund  lS;i8.  Cette 
observation  de  Nilsson  est  continué  par  nos  modernes.  Voy.  in  Jagd  Zeilung. 
p.  22o,  ISSJ,  le  prince  Rodolphe  qui  écrit  que  le  Rackelhane  «  change  constamment 
de  place»  et  dans  le  même  journal  (p.  237,  18^4).  M.  Victor  Gatfé.  qui  dit  avoir  vu 
et  tué,  près  de  Lengenfeld,  un  Uackeliiane  qui  «  était  très  remuant.  »  Voy.  aussi 
une  observation  du  prince  Schwarumberg  in  Jagd-Zeitung,  p.  tj.'j7,  1S82. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT    SAUVAGE  15 

(iloger  a  écrit  que  le  Rackelliaiie  ne  fréquentait  pas  les  jeux  de 
['uroijallas  parce  que  ses  forces  ne  lui  permettaient  pas  de  combattre 
ce  dernier.  Le  prof.  Collelt  dit  aussi  ([ue  cet  hybride  semble  recher- 
cher la  compagnie  des  Tétrix,  le  plus  grand  nombre  des  individus 
qu'il  a  observés  ont  été  tués  au  milieu  d'Oiseaux  de  cette  espèce. 
Tschusi  (1)  raconte  que  des  chasseuis  aperçurent  un  Rackelhaue 
s'abattre  au  milieu  de  Tétrix,  et  le  baron  A.  V.  Krudner  rappelle 
dans  le  Jagd-Zeitung  (2)  que  son  père  vit,  il  y  a  environ  quarante 
ans,  un  Rackelhaue  se  promener  dans  les  champs  avec  un  grand 
nombre  de  Tétrix.  11  est  encore  fait  mention  dansce  journal  (3),  de 
Rackelhanes  qui  ajjparaissent  de  temps  à  autre  sur  les  places 
d'amour  du  petit  Coq  Tétrix,  où  ils  mettent  le  trouble.  Enfin,  d'après 
les  personnes  que  M.  l'rederick  Edi'iardovitrli  a  consultées,  au 
moment  de  la  reproduction  les  Rackelhanes  se  réunissent  toujours 
aux  Tétrix. 

Cependant,  dans  It' district  de  Stainz,  pendant  l'année  1802,  le 
comte  Lichnowsky  tua,  le  2(1  avril,  un  Rackelhaue  (lui,  par  ses  que- 
relles, avait,  durant  six  années,  bouleversé  les  balz  des  urogallns 
et  était  même  resté  vainqueur  de  la  lutte  contre  trois  Cocjs  de  ces 
derniers.  L'année  précédente  le  prince  Emile  de  Furstemberg  avait 
tué,  pendant  la  saison  des  amours,  un  Rackelhaue  à  cùté  de 
quarante  et  une  Poules  «rof/aZ/M.s-  et  de  quarante  Poules  tétrix  [i]. 
M.  Victor  Galîé  parle  également  (a)  d'un  spécimen  qu'il  tua  le 
29  mars  de  celte  année  et  qui  chantait  le  plus  souvent  sur  les 
l)alz  de  Vurogalliis.  Il  ajoute  môme  qu'observé  dei)uis  1883,  cet 
Oiseau  combattait  tous  les  urojallus  cf,  et  qu'il  fut  vu  fréiiuem- 
nient  dans  la  société  des  Poules  de  ces  derniers. 

Le  Rackelhaue  fréquente  donc  les  balz  des  deux  Coqs  comme 
l'avaient  dit  Rusleuskiold  et  Nilsson  (G).  Du  reste  tous  les  auteurs, 

(1)  Histoire  des  Atpes. 

(2)  188-i,  p.  29C. 

(3)  Année  1883,  p.  226. 

(4)  Voy.  un  article  de  M.  le  d'  W.  Wunn  dans  Zool.  garten,  Francfurl,  p.  17G, 
1880. 

(ii)  Journal  de  chasse  de  Vienne,  p.  237  et  238,  1884. 

((■))  TscUusi  fait  remarquer  que  les  Tétrix,  auprès  desquels  s'aballil  le  Hackelhane 
mentionné  plus  haut,  étaient  en  train  de  chanter,  que  celui-ci  les  chassa  par  sa  pré- 
sence, après  (luoi  il  se  mit  à  chanter  lui-même,  tout  en  restant  indillérent  pour  les 
Poules,  car  on  sait,  ajoute  l'auteur,  que  les  hybrides  sont  en  général  inféconds. 

Cette  infécondité  ne  les  empêche  point  cependant  de  les  cocher:  nous  avons  vu 
des  Oiseau.N  hybrides  se  montrer  très  ardents  près  de  femelles  et  s'accoupler  avec 
elles.  Il  est  fait  mention  dans  l'article  de  Collet  d'un  individu  «  that  il  uns  shol 
in  ils  s/nt  on  lircciliiig  liauiil  of  Caprrcaillir.  »  Nilsson.  on  se  le  rappelle,  avait  dit 
que  le  Uackelliiini' sautait  sur  les  l'diilesde  \'iir(i'jitllus  lorscpi'il  parvenait  à  chasser 
ce  dernier  de  son  ballz. 


iO  A.    SUCHETET 

s'accordent  généralemeut  à  dire  que  le  Rackelhane  ne  se  rencontre 
que  dans  les  endroits  où  vivent  les  deux  espèces  de  Tétras  (1). 
Il  n'y  a  que  quelques  exceptions  à  citer  : 

Un  exemplaire  femelle  conservé  au  Musée  de  Dresde,  tué  en 
décembre  1884,  à  cinq  lieues  de  cette  ville,  se  trouvait  dans  un 
endroit  où  Vurunallus  paraissait  manquer  et  où  les  Tétrix  sont 
pareillement  rares.  Déjà,  deux  ans  auparavant,  un  Rackelhane 
mâle  avait  été  tué  dans  le  même  endroit  (2). 

M.  le  contrôleur  Steinbreuuer  a  encore  remarqué  que  trois 
Rackelhanes  avaient  été  rencontrés  dans  le  Thaunus  où,  depuis  très 
longtemps,  on  ne  remarquait  plus  d'urogallm.  Mais,  comme  le  fait 
très  bien  observer  Jtickel  (3)  une  femelle  Urogalle,  manquant 
de  mâles  dans  son  canton,  a  pu  se  diriger  vers  Thaunus,  puis 
s'accoupler  avec  un  Tétrix.  Ce  naturaliste  a  souvent  remarqué, 
dans  la  forêt  de  Nuremberg,  que  les  Poules  uivijallus,  au  moment 
des  amours,  sen  vont  au  loin. 

Les  diverses  circonstances  que  nous  venons  de  rapporter  nous  font 
donc  penser  que  le  Rackelliaue  a  une  double  origine.  On  ne  l'aper- 
çoit, en  effet,  ([ue  dans  les  endroits  fréquentés  par  les  Urogalles  en 
môme  temps  (jne  par  les  Tétrix,  il  n'a  pas  de  baltz  propres,  il  se  mêle 
à  des  Poules  étrangères,  on  ne  le  voit  pas  en  compagnie  de  ses 
propres  Poules,  enfin  les  exemplaires  tués  sont  généralement  mâles. 
Cette  double  origine  nous  est  du  reste  indiquée  par  d'autres  circons- 
tances encore  plus  décisives.  C'est  ainsi  que  M.  le  premier  lieutenant 
C.  V.  Krœner  fit  savoir  à  Nilsson  que,  pendant  une  matinée  de 
l'année  1828,  alors  que  l'enseigne  Kerkëpa  assistait,  dans  le  canton 
de  Lampis,  à  un  jeu  du  petit  Coq,  et  que  déjà  deux  Tétrix  cT  avaient 
été  tués  par  lui,  une  Poule  du  Grand  Coq  s'abattit  subitement  à 
quatre-vingts  pas  de  l'affût  de  l'enseigne.  Celui-ci  la  vit,  à  son  grand 
étonnement,  cochée  par  des  Tétrix,  tandis  que  d'autres  Coqs,  aban- 
donnant leurs  Poules,  l'entouraient  et  se  disputaient  entre  eux.  Il 
faisait  à  ce  moment  presque  jour  et  aucune  méprise  n'était  possible. 

Deux  jours  après  on  tuait  sur  le  même  baltz  un  Coq  Tétrix  et  une 
Poule  Urogalle  en  accouplement,  la  môme  Poule,  probablement,  qui 
avait  été  vue  l'avant-veille  ;  ces  deux  Oiseaux  étaient  abattus  du 
même  coup  et  on  put  s'assurer  que  la  Poule  apiiartenait  bien  à 


(1)  Nilsson,  Gloger,  Tschudi,  Schinz,  Brelim,  Gould,  etc. 

(2)  Voyez    Meyer    iu    MiUheilungen    des    ornilhologischen    Vereins   in    Wien, 
p.  19, 1884. 

(3)  La  Naumannia,  p.  108-109, 1855. 


OISEAUX    IIVBninKS    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE  17 

l'espèce  iiro(iullus;  elle  |icsiiit  six  livres  et  demie  et  le  Tétrix  trois 
livres  seulement  (1). 

Eu  outre,  Nilssou  raconte  (ju'entre  Kiosa  et  Skersta,  dans 
le  sud  de  Wisockeu,  existe  uu  petit  villaj^e  près  de  la  route  nommée 
Orsava,  où  tous  les  paysans  sont  chasseurs.  l>e  Tétrix  est  très  uom- 
brenx  daus  ces  parages,  ITrogalle  beaucoup  plus  rare;  presque 
tous  les  ans  ou  y  tue  le  Uackelliaue  et  la  croyauce  des  paysans  est 
que  cet  Oiseau  provient  réellenu'ut  du  petit  Coq  et  de  la  Poule  de 
l'in-iiiinllas.  Ceux-ci  ont  vu,  du  reste,  et  tué  les  Poules  du  graud  Cof] 
sur  les  jeux  du  Tétrix  ;  l'itu  d'eux,  Xil  Hauserd'Orsava,  aperçut,  lui- 
même  un  Tétrix  sauter  sur  une  Poule  du  grand  Coq.  Nilssou  ajoute 
enfin  (pTon  peut  être  certain  de  traîner  nue  Poule  urdijallus  dans 
l'endroit  où  on  a  tué  uu  Uackelliane,  tantlis  qu'on  ne  trouve  pas  de 
Poules  li'irir  sur  les  baltz  de  Vnroijidlua  (2). 

Nous  lisons  cliez  d'autres  auteurs  des  assertions  semblables. 
Gloger,  par  exemple,  rapporte  qu'un  chasseur  de  Kalmariaen  lui  a 
assuré  avoir  vu  un  Tétrix  cf  cocher  uue  l'oule  uro(jaUas\  tous  les 
chasseurs,  dit  (iloger,  sont  unanimes  à  reconnaître  que  les  poules 
de  cette  dernière  espèce  airiveul  fréquemment  sur  les  baltz  des 
Tétrix.  Ce  n'est  donc  pas,  disons-le  en  passant,  '(  le  mâle  Tétras  lyre 
(lui,  à  défaut  de  femelle  de  son  es])èce,  s'accouple  avec  celle  de  son 
congénère  w  comme  l'ont  écrit  .MM.  Degland  et  Gerbe  (3),  mais  la 
femelle  Urogalle  qui,  faute  de  niàle,  recherche  les  i.etii.i-  et  vient 
dans  ce  but  sur  leurs  baltz. 

Nous  trouvons  uu  nouvel  exemple  de  ce  fait  dans  les  Mitthei- 
lungeu  des  ornithologischeu  Vereins  (4).  Il  est  raconté  que,  sur  la 
route  qui  conduit  de  Svijan  Podol  à  Saliotka  s'étend  sur  les  deux 
côté  uue  forêt  dont  les  broussailles  sont  richemeut  peuplées  par  les 
Tétrix;  les  Tétras  urogalles  .se  trouvent,  au  contraire,  à  une  dis- 
lance (le  (pirlipies  lieues  de  la  forêt  dans  une  giaude  ])laine  cultivée. 
Or  depuis  l'époque  où,  dit-on,  uue  l'oule  L'rogalle  s'égara  daus  la 
forêt  habitée  par  les  Tétrix,  on  rencontre  chaque  année  des  Rackel- 
hanes. 

Déjà  nous  avons  eu  l'occasion  de  faire  remarquer  que,  depuis 
l'introduction  récente  en  Ecosse  de  Vurorjallus  dans  les  endroits 
où  existait  le  Irtrir,  ou  aperçoit  maintenant  l'hybride  de  ces  deux 

(I)  Ce  récit  se  trouve  dans  Sckand.  l'auna,  étiil.  de  1858,  p.  84  et  8o.  On  le  trouve 
aussi  tout  au  long  dans  Lloyd,  Came  biril.i,  p.  lOfi  et  lOfi,  en  note,  I8()7. 
{ijSkaïul.  fauna,  18.'«. 
(3)0nullt.  Kutop. 
(4)  Wien,  1S83,  p.  lOo. 


18  A.    SUCHETET 

espèces,  «  ce  qui  n'avait  point  lieu  autrefois,  »  fait  observer 
M.  Wilson  (1).  Mais  le  fait  lo  plus  prohant,  peut-être,  est  celui  que 
le  prof.  CoUelt  a  raconté  (2).  Des  œufs  pris  dans  le  nid  d'une  Poule 
urogallus  mis  sous  une  Poule  domestique,  donnèrent  une  couvée  de 
petits  Rackelhaues;  cette  Poule  avait  donc  été  cochée  par  un  Coq 
tétrix. 

Aussi  le  jdus  grand  nouibie  des  ornitholoiiistes  se  sont  montrés 
partisans  de  l'hybridilé  chez  le  Rackelluiuc  ;  ceux  qui  considèrent 
cet  Oiseau  couime  une  espèce  véritable  sont  bien  rares.  Voici  du 
reste  la  liste  plus  ou  moins  com])lète  des  auteurs  (|ui  ont  admis 
l'origine  mixte  de  cet  Oiseau.  En  premier  lien,  C.A.  Rutenski()ld{3), 
qui  parle  d'après  les  chasseurs  du  Smâland  et  du  Vestergôtland  (4); 
puis  Linné  (jui  s'exprime  ainsi  :  Species  hybrida  a  pr;ecedenti 
{uroijallo)  et  sequenti  specie  (telricc).  «  Ipse  banc  vidi  (3)  ».  Ensuite, 
le  Baron  de  Gleichen  (0);  Si)arrmann  (7),  chez  lequel  on  trouve: 
«  Tctrao  In/hriilus,  maguitudo  femin;e  majoris  T.  uroi/nlU.  Oi'iginem 
ex  T.  tctrice  ac  T.  uroyallo  maire  trahere  creditur  ».  Le  D''  Lalliam, 
(jui  parle  d'après  ce  dernier  (8).  Cependant,  dans  Allgemeine 
Uebersiclit  (1er  yôr/d(9),  un  avis  contraire  paraît  être  donné,  mais 
peut-être  par  l'éditeur  ?  Johan  Beseke(lO),  Bechstein  (11),  Wildun- 
gen  (12);  A.  Reztius  (13),  Nilsson  (14).  Celui-ci  apporte  un  grand 
nombre  de  faits  très  probants.  L'abbé  Bonnaterre  (15),  Fries  (16), 

(1)  Proceedin-s  of  llie  royal  Society  of  Ediiiburgli,  I.  p.  395,  1842-43. 

(2)  Forhaiullingcr  Videnskaps  selsUabet.  Cliristiana,  1872. 

(3)  Kongl.  swenska  Vetenskaps  Academiens,  V,  p.  181,  182  et  18.3,  1744. 

(4)  On  trouve  encore  son  récit  dans  Der  Kœniglichen  Schwedischen  .\cadeniie 
des  Wissenscliaflen  ajjandlungen  ans  der  Natur.,elc.  Hambourg  et  Leipzig,  liv.  V.  1751. 

(u)  Fauna  suecicu,  n»  201,  1701. 

(G)  Découvei-tes  les  plus  récentes  dans  le  Règne  végétal,  CI,  d'après  Abband.  der 
kônigl.  schvved.  Acad.  der  Wissensch.,  VI,  p.  113. 

(7)  Muséum  Carlsonianum.  Holmia',  n"  15,  1786. 

(8)  Supplément  to  the  gênerai  synopsis  of  Birds,  p.  214,  London,  1787,  et  Index 
ornitkologicus  II,  Londini,  1790. 

(9)  Voir  IV,  p.  6G9.  Rurnberg. 

(10)  Ucijtrage  zur  Naturgeschite  der  Vugel  Kurlands,  p.  G9,  Mitau  und  Leipzig, 
1792? 

(11)  Gemein  Natur.  Deutsch.  p.  497  et  suiv.  Leipzig,  1793. 

(12)  Neujarhsgeschenk  fur  179.'),  p.  ;K),  cité  par  Br.rdach  et  Bronn  :  nous  n'avons 
jiu  nous  procurer  cet  ouvrage. 

(13)  Faunœ  suecicœ  a  Carulo  a  Linné,  p.  208.  Lipsiir,  1800. 

(14)  Ornithologia  snecica ,  Pars  prior,  p.  302  et  303,  1817  et  Skandinavisk 
Fauna  (diverses  éditions). 

(15)  Tableau  encyclopédique  des  trois  ri'gnes  de  la  nature.  Urnithutogie, 
l'c  partie,  p.  195  et  196,  Paris,  1823. 

(16)  Tidskritt  for  Jâgare,  p.  54  et  suiv.  Stockholm,  1832,  cité  par  A.B.  Mcyer,  p.  58. 


OISEAUX    IIVUniDES    RENCONTHÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE  l'J 

Naiimanii  ([iii  s'csl  coiivaiiicu  i>ar  ses  propri'S  olistM'vations  et  ses 
louf^uus  roclicrclies  (Ij.  Li'  d'  Ooiislanliii  (iloi;i'r(la:)s  uue  remarque 
que  l'on  trouve  dans  l'ouvrage  de  Naumann,  puis  dans  Volhliindiijes 
llnnilliiirh  <lrr  .XfilKn/csrlticlile  (1er  Xoijcl  Euiojius  {!)  et  dans  le  Jour- 
nal Kir  Ui  iiitJiolonie  (3j  où  le  docteur  s'étend  encor(^  assez  longue- 
ment sur  le  même  sujet.  John  ("Knild  Ci):  U.  Wagner  (5)  qui  fait 
savoir  que  son  o|iinion  s'est  formée  d'après  les  écrits  de  Naumann 
et  de  (j  loger  (lij.  Varrell  (7j;  Temminck,  seulement  dans  la  (luatrièine 
partie  de  son  Manuel  iVOrnilholoijie  paru  en  1840,  car  dans  l'édition 
de  1820  il  déclarait,  dans  l'erreur  les  ornithologistes  iiartisans  de 
riiybridité;  les  ohservations  étendues  de,  Nilsson  l'ont  ensuite  (ait 
changer  d'opinion  (8).  J.  H.  Blasius  (9);  Pritchard  (10)  et  G.  S. 
Morton  (11)  (|ni  citent  tons  deux  Rcchstein.  Jaëckel  proba- 
blement (12);  James  Wilsou  (i;j);  Tschusi(14);  H.  Stevenson  (lo)  ;  le 
D""  W'urni  (Kl);  Isidore  Geofiroy-Saint-Hilaire  (jni  parle  d'après 
Naumann  et  Gloger  (17);  le  jirofesseur  Uudolph  Wagner  (18); 
Sundevall  (19);  L.  Lloyd  (20);  G.  D.  Degland  et  Z.  Gerbe  (21); 
Adolf  Karl  Millier  (ii)\  Victor  Fatio  (23);   de  Quatrefages  (24); 


(1)  Naturgesihiclile  der  Vugcl  Deutscitlands,   (>.  Theil.  p.  304  et  siiiv.  Leipzig, 

1833. 

(2)  1.  Theil,  p.  312  et  siiiv.  Breslau,  ISW. 

(3)  Mars  18,y..  p.  12!»  el  siiiv. 

(4)  Uirds  of  Uuropil.  IV.  Loiidon,  1837. 

(5)  Traité  de  Pliysiotogie.  p.  iS3.  18:i8. 

(G)  Lehrbuch  der  Physiolufjie,  I.  Alilli.,  p.  12  et  2(;,  Leipzig,  1830. 

(7)  llritisli  birds.  II.  p.  3(;i. 

(8)  Voyez  p.  318,  édil.  .le  ISW. 

(!•)  Reise  in  eiiroïKii.frlieni  Russlniid  iii  den    Juhren  ISiO  uiid  ISil.   1.   Tlieil, 
p.  2(i0.  lirannscliwci;,',  184'i. 

(10)  Reseanites.  n°  42,  p.  40. 

(11)  The  aineiican  .loiirnal  nf  sciences,  III,  p.  2(Kt,  1847. 

(12)  La  Naurnaiiriia,  voy.  pp.  108-IOG.  Francfoi'l-siir-le-.Meiii. 

(13)  Proceedings  ol  the  royal  Society  of  Edirdmrgh,  I,  p.  3'.».'),  1842-43. 

(14)  Les  Alpes,  p.  :J74  et  siiiv.  Strasbourj,',  181)7. 
(Ki)  Zoologisl.  p.  (i2W,  18:i8. 

(ICi)  Journal  fiir  Ornithologie,  n»  43,  p.  21,  1800. 

(17)  Histoire  des  Règnes  organigites,  III,  p.  IGii.  Paris,  18G2.  • 

(18)  Der  Zoologischi- (larlen,  Francklorl,  lî<C,:i.  p.  S2. 
(lit)  Srenskii  fnghirna,  IH'iCi. 

(20)  The  gaine  hirds  aud  irild  fowl  ufSueden  iiud  Xoruay,  p.  104et  siiiv.  London 
1807. 

(21)  Ornithologie  eumpeenne.  11,  p.  48  el  siiiv.  1807. 

(22)  Zool.  Garlen,  p.  KHl,  1807. 

(2.3)  Bidielin  Soc.  yaudoisc  des  se.  natinell.'s,  IX,  n"  ;i8,  p.  5  à  9,  18C8. 
(24)  Hcviic  des  Cours  scicnlitiques,  1808-I80'J,  p.  122. 


20  A.    SUCHETET 

Collelt  (1);  Brehm  (2);  Dresser  (3);  le  D^  W.  Wurin  (4);  le 
prince  Scliwuizenberi;' (5);  Pf.  Jackel  (C)  ;  le  prince  Rudolph,  qui 
a  tu6  lui-même  plusieurs  exemplaires  (7);  le  D^  A.  B.  Meyer, 
de  Dresde  (8);  Victor  Gafïé  (9);  le  baron  V.  A.  Krudnur  (10); 
Bogdanow  (11);  der  Weidmaun  n"  33,  1881,  et  le  Journal  de  Chasse 
de  Vienne,  p.  340,  où  l'on  fait  mention  d'un  individu  tué  par  le 
prince  Clary  :  le  même  journal,  année  1884,  p.  296,  327,  366,  434, 
etc.,  où,  à  divers  endroits,  on  trouve  des  articles  de  M.  Sterger,  de 
M.  B.  et  de  M.  GalIé;  M.  Wiebke  (\2);  A.  Dubois  (13),  le  feu  pro- 
fesseur Severtzow  (14)  de  Moscou;  C.  Parot  (13).  Enfin,  M.  Lorenz, 
de  cette  ville,  qui  publie  en  ce  moment  un  ouvrage  sur  les  Tétras 
et  leurs  hybrides  (16). 

La  plupart  de  ces  auteurs  et  presque  tous  les  ornithologistes  que 
nous  avons  consultés,  donnent  au  Rackelhane  le  Tétrix  pour  père, 
rUrogalle  pour  mère;  quehiues-uns,  cependant,  tout  en  reconnais- 
sant la  double  origine  de  cet  Oiseau,  pensent  qu'il  peut  tout  aussi  bien 
provenir  du  croisement  inverse  ou  même  des  deux  croisements(17). 

Les  naturalistes  qui  voient,  au  contraire,  dans  le  Rackelhane,  une 

(1)  Fôrhanclliilger  ViOensUabs  Selskabet,  Cbi-isliania,  p.  loij,  1877  et  aussi  dans 
Nyl  Magazin  for  Natuividenslsaberne,  p.  Voo,  1877. 

(2)  Oiseaux,  Irad.  par  Gerbe. 

(3)  Hislory  of  the  Birds  of  Europa,  London,  1871-22. 

(4)  Zool.  Garlen,  p.  175,  1880  et  113,  1884,  ainsi  que  dans  Das  Auericihl,  dessen 
Naturgescliiclite,  Jagd  und  Pflege,  Wien,  1885,  p.  184  à  195  et  Der  Àiierhahnjàger, 
p.  27à29,  Wien,  1888. 

(5)  Jagd-Zeitung,  p.  637  et  658,  1882. 

(6)  Zool.  Garten,  p.  103,  1881. 

(7)  Milth.orn.  Ver.  Wien,  1883,  p.  105  et  lOG  et  dans  plusieurs  autres  numéros, 
ainsi  que  dans  Jagd  Zeilung  1883.  p.  123  et  IS87,  p.  342. 

(8)  Mitl.  ornilb.  Ver.  Wien,  1880. 1881  et  1884,  et  notamment  dans  son  bel  ouvrage 
Vnser  Auer  Racket  iind  seine Àbarlen,  Wien,  1888,  où  il  donne  les  descriptions  et 
les  figures  d'un  grand  nombre  d'exemplaires. 

(it)  ,lagd-Zeitung,  p.  237,  1884. 

(10)  Même  journal,  même  année,  p.  2%,  et  1885,  p.  502. 

(11)  Conspectus  aviuin  imperii Rossici,iascic\i\\is  I, p.  35  et36, Saint-Pétersbourg, 
1884. 

(12)  .Tournai  fiir  Ornilliologie,  p.  394  et  suiv.,  ISSii. 

(13)  Faune  des  Vertt'hrh  de  la  Belgique,  II,  p.  36  à  30. 

(l'i)  Nouv.  Mém.  de  la  Société  Impériale  des  ^faturalisles  de  Moscou,  XV,  p.  161  et 
162,  1888. 

(15)  Monatsschrift  des  deuts.  Vereins,  n»  3,  p.  87,  1890. 

(16)  Cette  publication  ne  sera  achevée,  nous  écrit-il,  que  l'hiver  prochain. 

(17)  Nous  ne  pensons  point  nous  tromper  en  nommant  les  docteurs  (iloger,\Vurm  et 
Me\er,  ainsi  que  M.  Wielke,  le  prof.  Bogdanow,  le  docteur  Fatio,  et  le  prince 
Schwarzemberg,  Varrel,  Stevenson.  Plusieurs  auteurs  n'ont  point  fait  connaître  leur 
opinion. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  21 

espèce  vérital)Ie  ou  uni' variété  sont,  nous  l'avons  dit,  peu  nonihreux  : 
il  eu  est  (le  nu^rni^  de  ceux  qui  n'ont  pas  viiiilu  se  inoniuiccr.  Ce  sont 
priucipalcuieiil  Hiisson,  (lui  (ait  uieuliou  du  HacKclliane  sous  li- 
nom  dr  (;o(i-de-Hruyéres  piqueté,  l'rdiiaUiis  miiior  junuidlits  (\), 
et  |U'ol)al)leini'ut  RuIToii,  qui  à  l'aftiéle  l'clil  teints  à  iiueiii'  pleine 
seinlile  eu  parler  iiicideninu'ul,  mais  d'une  manière  confuse  et  qui 
ne  permet  pas  de  saisir  si  c'est  bien  l'hybride  qu'il  veut  désigner  (ij. 
Pennant  (."{),  (jui  se  contente  de  dire  (|ue  le  laiii^afie  de  Linné  est 
obscur  1  Dans  notre  siècle,  G.  II.  Lanii'sdorlï  (i)  s'exiirime  d'une  façon 
très  nette;  après  s'être  procuré  plusi(Hirs  exemplaires  il  s'est 
convaincu,  dit-il,  que  le  Rackelhane  n'est  ni  une  variété  ni  une 
production  de  deux  espèces  dillérentes,  iiuiis  une  espèce  partieulière 
qu'il  noinnie  Tétras  intermédiaire  ou  Tetrao  (tetrir)  intennedius.Le 
ly  Meyer  d'OITiMibach  est  moins  aHirmatif,  néanmoins  il  ])ense  que 
leUackeliianecoustitiK'  une  véritable  espèce (o).  Le  pasteur  Breh m  (6) 
est  de  cet  avis.  Lesson  ne  donne  aucune  explication  (7). 

Viennent  ensuite  :  Schiuz  (8)  qui  laisse  la  chose  indécise;  le 
D'"  J.-B.  Jaubert,  (jui  critique  les  raisons  données  j)ar  Gloger  (9), 
puis  met  eu  doute  l'existence  de  l'hybridité,  sans  toutefois  se  pro- 
noncer d'une  façon  délinitive  (10);  Ernest  Faivre,  (jui  écrit,  sans 
paraître  bien  au  courant  de  la  question,  que  les  exemples  que  l'on 
rite  méritent  coulirmalion  (11).  (îodron,  ([ui  pense  que  le  RacUel- 
hane  n'est  qu'une  variété  du  Tétrix  parce  ((ne,  dit-il,  il  ne  s'en 
distingue  que  par  une  taille  un  peu  plus  forte,  et  son  plumage  est 
le  même.  James  Starck,  leipiel,  dans  une  comninnication  lue  à  la 
Société  Zoologi(iue  de  Londres  (12j,  établit  la  curieuse  hypothèse 
suivante  :  «  le  Tetrao  médius  n'est  point  un  hybride,  il  n'est  point 
non  plus  une  espèce  distincte,  mais  plulc^l  un  mâle  jnécoce 
(iiiiiiKilurej.  »   Enlin,   récemment,  le  colonel  H.  de  Salis  (13),  qui 

(1)  OrnilhnliMjia,  I.  p.  l'.ll,  Paris,  ITCO. 

(2)  Voy.  Œuvres  eomplHfs.  V,  p.  l'.ll  (ît  l'.l:!,  cilil.  de  IS'r'i. 

(3)  Arclic  Xiidlinj!/.  II,  p.  :U'i.  London,  178.'>. 

(4)  Méiii.  (If  r.\(:i(l.  Iiiip.  <les  Sciences  de  Sl-I'élersbdiir;.'.  III.  p.  28(1  el  suiv.,  1811. 
(."»)  Mii^a/in  der  tîesollsilwill    naturlorsclieiider    l'ieinidi'   zii    llerlin.    '.).   (Jiiarlal, 

p.  ;t:!7el  siiiv..  1811. 
(ti)  lldiiilhiirh  (1er  \:tliir(jesrhickte  der  i'uijel  Deulschlaiuls.  Ilinonaii,  IS:!I. 

(7)  iliinuel  dUrnitkologie,  II,  p.  194.  Paris,  1828. 

(8)  Eiiropaische  Fauna.  I,  p.  277,  1840. 

(9)  Journal  fiir  OrniUiologie,  I85i. 

(10)  Hevuc  cl  Mai;a/.in  de  zoologie,  de  ruiéi'iii-Menneville,  (2),  VIII,  p,  97,  1856. 

(11)  De  la  viubiUl  '  lies  espèces  et  ses  liiniles,  p.  119.  Paris,  1868. 

(12)  Proceedings,  p.  13,  Part  XIII,  l8'io. 

(I:J)  Jahresberiihl  der  N.  Graiib..  VIII,  Clinr.  ISSO. 


Ti  A.    SUCHETET 

pense  que  le  Rackelhane  est  une  véritable  espèce,  avouant  cepen- 
dant qu'il  ne  peut  le  démontrer. 

Les  raisons  données  par  ces  auteurs  sont  prescjue  toutes  sans 
valeur,  nous  allons  le  voir,  car  la  plus  grande  partie  des  Rackel- 
hanes  qui  ont  été  observés  sont  des  mâles  adultes  qui  diffè- 
rent notablement  de  VuroydUus  et  du  tcfrix.  Dans  cette  liste 
d'opposition  nous  n'avons  point  nommé  Leisler,  parce  que  nous 
n'avons  pu  nous  procurer  son  ouvrage  (1),  mais  nous  pensons 
qu'il  doit  être  com[ité  parmi  les  adversaires  de  l'hyljridité  chez  le 
Rackelhane.  Faisons  ici  remarquer  ([ue  ces  derniers  donnent,  eu 
général,  peu  de  raisons  pour  soutenir  leur  opinion,  tandis  que  des 
naturalistes  de  grande  valeur  et  partisans  d'une  double  origine, 
ont  multiplié  les  leurs. 

Nous  avons  parlé  longuement  des  circonstances  qui  laissent  à 
penser  que  leTétrix  est  le  père  du  Hackelhaue  ;  nous  n'avons  rien  dit 
de  celles  qui  peuvent,  au  contraire,  faire  croire  qu'il  en  est  la  mère. 

Les  ornithologistes  qui  admettent  l'origine  T.  iiroijallus  (J'  et  T. 
tetrix  9  se  sont  surtout  fondés  sur  les  caractères  qui  différencient 
les  individus.  Si  presque  tous  les  Rackelhanes  mâles  (2)  ont  un 
type  uniforme,  quelques-unes,  cependant, offrent  des  différences  dans 
la  forme  et  le  plumage;  aussi  a-t-ou  cru  pouvoir  dire  que  ces  diffé- 
rences étaient  dues  au  renversement  des  termes  père  et  mère.  Nous 
ne  répéterons  pas  ici  ce  que  nous  avons  dit  ailleurs,  le  leu  versement 
des  deux  facteurs  ne  change  poiut  toujours  le  produit.  Chez  les 
hybrides,  Àniltcrstiœ  picta,  par  exemple,  une  différence,  même 
notable,  dans  la  forme  et  dans  le  plumage  de  l'hybride,  n'indique 
poiut  le  rôle  des  deux  parents. 

Mais  des  observations  du  genre  de  celles  (jue  nous  avons  citées 
ont  une  toute  autre  valeur  et  nousdevonsreconnaitreque  plusieurs 
indications  de  cette  nature  ont  été  données  en  faveur  de  la  paternité 
de  rUrogalle. 

Nous  les  avons  priucipalementtrouvées  dans  l'ouvrage  de  Lloyd(3). 

Ainsi,  d'après  M.  Falk,  les  Rackelhanes  suivent  les  Tétrix  aussi 
bien  pendant  le  Lck  (jue  pendant  les  autres  époques  de  l'année,  on 
ne  les  trouve  que  très  rarement  parmi  les  l'rogalles,  pour  cette 
raison  probable,  ajoute  M.  Falk,  qu'ils  préfèrent  la  compagnie  des 
Oiseaux  avec  lesquels  ils  ont  été  élevés.  Pendant  l'année  1830, 

(1)  TIcil.   zii  Beclixlein  s  lynturg.,  Hett  2,  p.  190. 

(2)  Ou  niieiix  Rackelliunar  (en  suédois),  mais  nous  pensons  que  le  nom  de 
Uaciielliane,  liés  usité,  peut  être  francisé  et  emprunter  la  nianpie  du  pluriel. 

(3)  The  Game  Birds  and  IVihl,  Foui  of  Swetlen  and  yoraay,  p.  lOjetsuiv. 
Lonclon,    1807. 


OISEAUX    HYBRIDES    nEXCONTIIKS    A    l'kTAT    SAUVAGE  23 

M.  IIoliii  apen.-ut  une  couvée  de  ïéliix  parmi  k'S(|uels  selrouvaieut 
deux  hybrides.  L'un, i]ue  l'on  crut  femelle, fut  lue  pendant  la  saison 
de  la  chasse;  le  second,  un  mâle,  qui  fut  de  nouveau  aperçu  pen- 
dant rautonine  dans  la  mùuie  couvée,  fut  tiré  le  printemps suivanl. 
Ces  jeunes  oiseaux  vivaient  dans  les  chasses  réservées  de  M.  Ilolni, 
où  ou  avait  laissé  uu  faraud  nombre  d'(//w/a//«s  cf. 

Quand  à  Lloyd,  il  avoue  que  «  c'est  un  sujet  qu'il  ne  saurait 
éclaircir.  «  l'our  notre  pari,  nous  sommes  porté  à  voir  le  plus 
souvent,  dans  le  Hackelhane,  le  produit  du  T.  Iriri.r  J'  avec  T. 
uroijalliis  9. 

Les  causes  qui  déterminent  des  croisements  aussi  fréquents  sont- 
elles  connues?  Plusieurs  auleurs  ont  cherché  à  les  expliquer, 
Nilsson,  |iar  exemple. 

En  Suède,  dit-il,  où  la  chasse  est  libre  dans  certains  endroits, 
tout  |iaysan,  i;rand  ou  i)elit,  est  chasseur  et  chasse  quand  bon  lui 
scnible.  Chacun  tue  autant  qu'il  peut  sans  se  soucier  de  l'avenir;  il 
ne  pense  à  retirer  quelque  profit  (jue  pour  le  présent.  Or,  le  Coq 
uroiiiilltis  se  laisse  tirer  facilement  |)eiidant  le  temps  de  l'accou- 
plement; lors(iu'il  est  en  amour  les  paysans  sont  à  peu  prés  sûrs  de 
le  tuer.  Le  petit  Coq  teiri.r,  plus  agile,  est,  au  contraire,  difficile  à 
approcher,  aussi  devient-il  très  abondant  dans  certains  endroits  où 
disparaît  le  j,'rand  Coq.  Les  Poules  urogalles  surnuméraires  se 
trouveraient  ainsi  portées  à  rechercher  le  Coq  tétrix  faute  de  inàles 
de  leur  espèce.  Une  preuve  en  faveur  de  celte  opinion,  poursuit 
Nilsson,  c'est  que,  dans  le  Herjedalm  et  dans  beaucoup  d'endroits 
du  Nord  de  la  Suède,  le  Rackelhane  augmente  en  proportion  du 
nombre  des  chasseurs;  ceux-ci  sont  devenus  plus  nombreux 
qu'autrefois  et  le  Rackelhane  est  devenu  de  moins  en  moins  rare. 
Pour  l'.Vllemagne,  où  le  Rackelhane  se  voit  moins  fré(|ue'nment 
qu'en  Suède  où  en  Norvège,  Nilsson  cherche  une  autre  explication. 
La  chasse  est  soumise  à  certaines  lois,  elle  est  confiée  à  des 
personnes  iiabiles  i|ui  la  font  avec  mi'thode,  celles-ci  se  gardent  de 
trop  détruire,  et  les  Poules  surnuméraires  de\  iennent  l'exception. 

Gloger  (1)  a  voulu  aussi  étudier  cette  question,  il  est  même  entré 
dans  de  nombi'eux  détails. 

Pour  lui,  ce  sont  priui'ipalemenl  les  jeunes  Co(is  uroi/iillus  qui, 
chassés  par  leurs  aines  de  la  place  du  bail/.,  deviennent  les  pères 
des  hybrides  eu  s'aecouplant  avec  des  Poules  du  Tétrix.  D'après  le 
savant  ornithologiste  on  s'est  convaincu  de  ce  fait  en  Suède  et  en 

(1)  Journal  fûi-  Ornitliologie,  1854. 


24  A.    SUCHETET 

Norvège  par  des  observations  très  exactes  et  poursuivies  longtemps. 
Les  jeunes  Coqs  uroçjallus,  continue-t-il,  sont  en  effet  plus  forts  que 
les  Coqs  ti-lri.r,  et,  excités  i)ar  une  longue  privation,  ils  ne  tardent  pas 
à  devenir  les  seigneurs  du  haltz  de  ces  derniers.  Telle  est,  d'après 
lui,  la  règle  générale  qui  donne  lieu  à  l'hybridation  des  deux  espèces; 
ce  n'est  ([ue  par  excei)tion  qu'elle  se  produit  dans  le  sens  inverse. 
Si,  par  exemple,  dans  un  endroit  quelcouipietropde  Cocjs  nro<inllii.s 
sont  tués  (ce  qui  arrive  plus  facilement  que  les  Coqs  Ulri.r,  bien 
plus  rusés),  les  Poules  urogalles,  privées  alors  de  leurs  Co({s  se 
rendent  aux  a[)pels  des  Tétrix  qui  chantent  dans  le  voisinage.  Elles 
sont  naturellement  les  bien  venues.  Cette  opinion  avait  déjà  été 
émise  par  Gloger  dans  :Fo//s<(/*irf/i'yp.s'  Handhuch  (li'rXaturgeschicliUfi). 
On  cioit,  disait-il  ([ue  le  Rackelhane  ne  se  rencontre  que  dans  les 
endroits  où  les  Coqs  urogalles  ont  été  tués  en  grand  nombre  ou 
dans  les  petits  districts,  où  ils  ont  été  complètement  détruits,  etc. 
Gloger  s'étendait  très  longuement  sur  ce  chapitre.  Une  note  du 
directeur  du /oi(/'(iM/(iui  suit  le  récit  de  Gloger  (p.  1.13)  fait  rciuaiiiuer 
que  chez  les  Tétras, comme  chez  plusieurs  autres  Gallinacés  (]ui  vivent 
en  polygamie,  les  mâles  ne  recherchent  pas  d'ordinaire  les  Poules, 
mais  ils  leur  indiquent  la  place  où  elles  doivent  se  rendre  pour  les 
parades  d'amour.  Ce  sont  donc  les  Poules  ijui,  en  quelque  sorte,  vien- 
nent s'offrir  elles-mêmes.  Rien  donc  d'impossible,  ajouterons-nous, 
à  ce  qu'une  Poule  urogalle  s'abatte  dans  le  jeu  d'un  Coq  tétrix  et  ne 
recherche  ses  avances  puisque  les  mâles  Urogalles  se  laissent  tuer 
plus  facilement  que  les  Coqs  tétrix. 

Nous  croyons  cette  explication  bien  préférable  à  la  première; 
cependant  la  remarque  que  les  jeunes  Coqs  sont  chassés  par  les 
vieux  aurait  été  faite,  d'après  Falke,  par  tous  les  chasseurs  d'Uro- 
galles  (2).  Ces  jeunes  mâles  n'osent  s'approcher  des  Poules  et 
regardent  à  distance  un  spectacle  qui  les  excite.  Ils  seraient  ainsi 
poussés  à  contracter  des  alliances  étrangères?  Enfin,  M.  E.  Dresser 
écrit  (3)  que  le  Rackelhane  se  voit  surtout  aux  endroits  où  les  mâles 
de  Vuroijalliis  ont  été  tués.  La  question  n'est  donc  ]ias  résolue. 

Mais  arrivons  à  la  description  de  ce  curieux  hybride.  Certains 
ornithologistes,  bien  peu  nombreux  du  reste,  ont  prétendu  que  les 
caractères  du  mâle,  dont  nous  parlerons  seulement  pour  commencer, 
sont  très  variables.  A  en  croire  M.  Falke  (cité  par  Lloyd),  sur 
vingt    Rackel-Hanar,    il    n'y   en    aurait    pas    deux    semblables. 

(1)  1834. 

(2)  Cité  par  Lloyil. 

(3)  Proceedings  of  tlie  Zool.  Society,  1876,  p.  34.'). 


OISEAUX    HYBniDES   RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  25 

MM.  Degland  et  Gerbe  ont  également  dit  (iii'il  était  dilTicile  de 
rencontrer  deux  individus  semblables  à  cause  de  la  grande  variabilité 
des  couleurs. 

Nous  pensons  qu'il  y  a  là  erriMir,  à  moins  donc  que  ces  auteurs 
n'aient  voulu  simplement  parler  de  ces  difléreuces  qui  existent 
quelquefois  entre  les  exemplaires  d'une  même  espèce.  Le  Rackel- 
hane  cf  adulte,  sauf  de  rares  exceptions,  forme  un  type  bien  carac- 
térisé, auquel  il  est  facile  de  ramener  la  ])lupartdes  individus  ([ue 
l'on  rencontre.  Ainsi  Naumann  (1)  fait  savoir  qu'un  des  mâles  qu'il 
décrit  ressemble  parfaitement  aux  quatre  exemplaires  vus  par 
Leisler,  ainsi  qu'aux  siqjt  exemplaires  dont  le  D''  Meyera  donné  une 
descrii»tion  (2).  Sept  autres  individus  conservés  à  cette  époque  dans 
diverses  collections,  soit  en  Allemagne,  soit  ailleurs,  présentaient 
les  mêmes  caractères.  John  dould  dit  i(u'il  a  eu  l'occasion  de  cons- 
tater le  peu  de  diversité  ([ui  existe  entre  les  divers  Rackel-IIauar; 
il  ne  croit  point  que  ceux  examinés  par  M.  Yarell  différaient  les  uns 
des  autres  ])ar  leur  structure  interne.  Le  spécimen  tué  dans  les 
terres  de  Demira,  eu  Ecosse,  se  rapporte  en  tous  points  aux  spéci- 
mens que  l'on  trouve  en  Norvège  (3).  Tous  les  caraclères  du  T. 
nii'iliiix,  dit  le  [irof.  Seveiv.low  (i)  sont  extrêmement  constants,  sans 
variations  individuelles;  ils  sont  tous  identicpies.  Ce  ([ui  est  sin- 
gulier, renia  r([ue  encore  Brebm,  c'est  que  le  plumage  du  Rackelhane 
est  régulier,  c'est-à-dire  (|u'il  ne  varie  pas  d'un  individu  à  l'autre. 
Enfin  le  prince  lUidolph,  ((ui  a  eu  entre  les  mains,  soit  eu  chair, 
soit  empaillés,  une  assez  grande  quantité  de  Rackel-Hanar,  dit 
qu'il  n'a  jamais  constaté  des  dilTérences  plus  (essentielles  que  chez 
les  espèces  pures. 

Nous-méme,  qui  avons  jiu  examiner  quinze  Rackelhanes  dans 
diverses  collections  et  (pii  eu  possédons  un  exemplaire,  nous  n'avons 
trouvé  que  des  Rackel-llanar  tijinis,  et  les  renseignements  qui  nous 
sont  parvenus  de  différents  Musées  d'Europe  nous  ont  confirmé 
dans  cette  opinion.  Nous  pouvons  citer  l'individu  conservé  au  musée 
de  Gorlitz,  (jui  est  conforme,  i)ar  sa  grandeur  et  sa  couleur,  au.x 
descriptions  qui  ont  été  données  sur  les  Tetrao  médius  parles  auteurs 
anciens,  tels  que  Rrelini,  Naumann,  etc.  ;  les  deux  exemplaires  du 
Musée  de  Francfort,  qui  coirespondeut  parfaitement  avec  la  des- 

(1)  Natiir  rier  Vogel  Deiilschlands,  r>.  Tlipil. 

(2)  Maijasin  ilor  (iosellsrliad  naliirf.  Fnnimlo  zu  Berlin,  1811. 

(3)  Voy.  la  coiiiiuunii'alion  île  .lames  Wilsoii  A  la  Société  royale  d'Edimbourg- 
l'roccedings,  I,  p.  TOi;,  ltM2-«. 

(i)  Méni.  des  Nat.  de  Moscou. 


26  A.    SUCHETET 

criplioQ  donnée  par  Naumauu  ;  h;  sujet  ((ui  orne  la  collection  de  la 
Société  d'Histoire  natundle  de  Colmar  et  ([ui  se  rapporte  à  ladiagnose 
de  Schinz  ;  le  Rackelhane  de  VU/licio  ornillwUir/ico  de  Florence 
(Museo  dei  Vertebrati),  appartenant  à  la  forme  typique,  ainsi  qu'un 
individu  semblable  du  Miiseo  cirico  tle  Trente  ;  puis,  pensons-nous, 
les  exemplaires  des  Musées  de  Giesseu,Darmstadt,Tubingue, Bergen, 
Leide,  etc. 

Toutefois,  nous  l'avons  dit  il  se  rencontre  plusieurs  exceptions; 
déjà  le  prince  Rudolph  avait  signalé  (1)  deux  exemplaires  qui  s'éloi- 
gnaient du  Rackelhane  typus  (2)  ;  M.  Paul  Leverkiihn  nous  écrit  de 
Strasbourg  qu'il  existe  dans  le  musée  de  cette  ville  un  spécimen 
provenant  de  la  Forèt-Noire,  qui  olîre  des  analogies  avec  ce  type; 
le  Baron  von  Krudner  a  parlé  (3)  d'un  sujet  assez  petit  tué  à  Ranzen 
(Livland),  et  (jui,  d'après  la  description  qu'il  en  donne  paraît 
s'éloigner  du  type  ordinaire  du  7".  mcdius.  Dans  sou  bel  ouvrage  (4), 
le  D''  A.  B.  Meyer  a  rassemblé  plusieurs  exemples  de  ces  excep- 
tions. Le  feu  professeur  Severtzow  (o)  a  également  mentionné  des 
types  de  Tctrao  tetri.r,  présentaul  seulement  quelques  légères  traces 
d'hybridation,  il  a  supposé,  comme  nous  l'avons  dit  en  commen- 
çant, que  ces  individus  provenaient  du  croisement  d'espèces  pures 
avec  des  hybrides  en  traiu  de  faire  retour  à  l'une  des  deux  espèces 
mères  ? 

A  part  ces  exceptions,  lesRackelhanes  cf  adultes  que  l'on  tue  fré- 
quemment, tout  enoiïrant  de  légères  différences  entre  eux,  peuvent 
être  ramenés  le  plus  souvent  à  un  type  dont  les  caractères  princi- 
paux varient  peu. 

Nous  avons  réuni  ici  un  grand  nombre  de  descriptions  du  Rackel- 
hane cf  qui  ont  été  données  depuis  un  siècle  et  demi,  nous  avons 
ajouté  à  ces  divers   reuseignemenls  les  diagnoses  plus  ou  moins 

(1)  Milt.  Oi-n.  Ver.  Wien.  p.   lOo,  IS&Î. 

(2)  Voici  en  grande  partie  leur  description:  Bec  fort  gi'is  jaune,  cou  bleu  foncé, 
poitrine  ù  reflets  violets,  le  dessous  foncé  avec  peu  de  plumes  brillantes.  Sur  les  ailes 
un  miroir  blanc.  —  Au  croupion  des  taches  blanches.  Les  couvertures  supérieures 
du  croupion  sont  longues  et  marbrées  de  blanc.  —  Croupion  forme  de  l'Urogalle,  les 
dernières  plumes  échancrées.  Le  dos  à  la  façon  de  l'Urogalle,  coloré  brun.  Les  yeux 
bruns.  —  2' exemplaire:  Bec  jaune  de  l'Urogalle,  cou  gris  de  ce  dernier,  poitrine 
verte,  le  dessous  brillant,  grisâtre  avec  beaucoup  de  plumes  brillantes,  pas  de  miroir 
blanc  sur  les  ailes.  Croupion  tout  noir,  très  court:  comme  chez  les  poules,  les 
dernières  plumes  sont  écliancrées.  Dos  à  la  manière  de  l'Urogalle,  coloré  brun,  yeux 
bruns  (cet  exemplaire  dilTère  coTuplètenienl  du  Rackelhane  lijpus). 

(3)  Jagd-Zeilung.  j).  oOl  et  .">02.  année  lS8o. 

(4)  Unser  Àw'r-Rackel  iind  Birkwild  und  seine  Abarlen.  Wien,  1888. 
(o)  Nouv.  Mém.  des  Nat.  de  Moscou,  1888. 


OISKAtîX    HYBRIDES   RENCONTnÉS    A    L'kTAT    SAUVAGE  27 

compiles  d'individus  non  encore  décrits.  Aliu  de  faciliter  les  rappro- 
chements, nous  iivDns  mis  en  rcfjard,  à  la  suite  les  unes  des  autres, 
les  parties  dons  nous  donnons  la  (lescri|ilion.  La  comparaison  à 
établir  entre  les  divers  spécimens  deviendra  donc  très  facile,  et  on 
pourra  examiner  si  lesRaekel-IIan;ir  |)résentent  des  dilTérencestrès 
sensibles  ou  si,  |)lutùt  connue  nous  le  |)ensous,  il  est  [lossible  de 
les  ramener  le  plus  souvent  à  une  forme  typique. 

I,a  |»lupartde  ces  descriptions  ont  été  faites  d'ajjrés  nature,  nous 
donnerons  des  extraits  de  celles  (jui  ont  été  publiées  successive- 
niiiil  par  Rutenskiold,  Klein,  Brisson,  Linné,  Peunant,  Joliann 
Besekc,  Rechstein,  Lanp:sdorlT,  le!)'  Meyer,  d'Offenbach  (1),  Nilsson, 
Temminck,  le  jiastenr  Rn-hni,  Xaumann  (:i),  Gloj^er,  Scliinz,  Gould, 
Tschusi,lc  prof.  Collett,  Malm,  Deglaiid  et  Gerbe,  Brebm,  le  prince 
Rudol])!),  Victor  Galfé,  li;  D'  A.-B.  Meyer,  de  Dresde  (3),  le  feu 
professeur  Sovertzow,  auxquels  nous  ajouterons  les  descriptions 
plus  ou  moins  complètes  :  1"  d'un  iiulividu  que  nous  possédons 
en  peau  ;  2' de  trois  autres  individus  ipie  l'on  voit  dans  les  galeries 
du  .Muséum  d'Histoire  Naturelle  de  lîouen  ;  3°  d'un  exemplaire 
conservé  dans  la  riche  collection  ornithologique  européenne  de 
M.  Noury,  à  Elbeuf-sur-Seine;  4"^  d'un  autie  tué  à  Arkangel  et 
dont  M.  .\.  Dubois,  conservateur  du  Musée  Royal  de  Bruxelles,  a 
bien  voulu  nous  envoyer  la  description;  3"  d'un  septième  conservé 
au  Musée  de  Lausanne;  6»  d'un  huitième  faisant  partie  de  VUlficio 
oniilholn()iro  ilid  Miiscn  znolorjico  (Ici  Verichrati,  de  Florence;  7"  d'un 
neuvième  appartenant  à  M.  Lemetleil,  de  Bolbec  (S.-Inf.)  ;  8"  d'un 
dixième  conservé  au  Musée  de  Genève  ;  1)  '  de  trois  individus  du 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  ;  10»  d'un  quatorzième  ofïert 
cet  hiver  au  Mu.sée  de  Bergen,  par  M.  Lardai  ;  11"  d'un  (|uinzième 
que  nous  avons  vu  chez  M.  DeyroUe,  à  Paris  ;  12»  de  trois  autres 
individus  ap])artenant  au  Musée  de  Leyde  ;  13°  d'un  dix-huitième 
spécimen  (|ue  l'on  voit  au  Mus('e  de  York  ;  14°  d'un  dix-neuvième, 
tué  eu  Ecosse,  à  Sullzallaii,  eu  ISG'.t,  et  envoyé  au  Kekingrove 
Muséum  de  Glascow  en  1871  ;  de  deux  autres  de  la  Collection 
Maruiottan  ;  lo»  enfin,  de  deux  derniers  conservés  au   Musée  de 


(I)  Nous  ignorons  si  la  (Icsoriptinn  du  W  Meyer,  d'Olîenbach,  a  été  laite  d'après  un 
grand  nombre  d'exemplaires  ;  on  pourrait  le  supposer,  toutefois  il  parait  ressortir 
d'un  passage  (|u'il  n'a  vu  (|ue  deux  exemplaires. 

i2)  Nilsson  et  Nanuianii  ont  décrit  plusieurs  exemplaires.  Nous  ne  nous  occupe- 
rons point  de  tous. 

CA)  Le  D'  .\.-H.  Meyer.  de  Dresde,  déirit  un  grand  nombre  de  sujets,  nous  ne 
parlerons  que  de  sa  description  générale  du  T.  médius  typus. 


28  A.    SUCHETET 

Strasbourg,  et  sur  les(|iiels  M.  Paul  Leverkûhn  a  l)ieu  voulu  nous 
envoyer  quelques  indications. 

Aspect  général  :  Le  plumage  du  corps,  qui  est  presque  d'une  seule 
couleur  lustrée  et  très  peu  variée, le  rapproche  du  Télri\( Fjimjsdorff); 
par  sa  couleur  uoire  brillaute  il  ressemble  tout-à-fait  au  letrix 
{Johann  Beseice);  il  ressemble  au  Tétrix  (Linné);  par  sa  forme  et  sa 
couleur  il  ressemble  aux  deux  espèces,  néanmoins  plus  au  Tétrix 
qu'à  l'Urogalle,  un  observateur  peu  exercé  le  prendrait  par  consé- 
quent, pour  un  grand  Coq  tétrix  d'une  couleur  un  peu  sombre  et  à 
la  queue  coupée  (IVniunann)  ;  coXore  varie  variât  in  variis  (Sparmann); 
il  ressemble  à  un  Tétrix  dont  la  télé  serait  plus  grande  et  la  queue 
plus  carrément  coupée  (Tachusi);  sou  plumage  est  noir  à  reflets 
bleus  (id.);  sa  couleur  métallique  est  le  violet-pourpre  (exempl.  du 
Musée  de  Hercjen)  (1)  •.  type  du  T.  tétrix  [un  exemplaive  du  Musée  de 
Strashounj)  ;  il  tient  le  milieu  eutre  les  deux  espèces  dont  il  provient 
{B7-ehm};  cou\eur  du  lélrix  (Musée de Lcide);  à  \n^u  près  strictement 
entre  les  deux  pour  les  caractères  plasti([ues  et  pour  la  coloration, 
seulement  la  couleur  des  reflets  métalliques  sur  le  noir  de  son 
plumage,  qui  sont  violets,  diflère  des  reflets  verts  de  Vuroijallus  et 
des  reflets  bleus  du  tétrix  [Severtzou-];  (tous  les  exemplaires  que 
nous  avons  vus  tant  empaillés  (pie  dessinés  présentent  ces  carac- 
tères); par  sa  couleur  il  ressemble  plus  au  Iririx  qu'k  Vuroyallus 
{CoUett)(2)  ;  il  ressemble  plus  au  Tétrix  qu'à  l'Urogalle  (exemplaire 
de  M.  Lemelteil);  comme  couleur  ils  ressemblent  plus  au  Tétrix 
{les  3  exemplaires  du  Musée  de  Rouen)  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces,  mais  l'aspect  est  plutôt  celui  de  l'Urogalle  {exemplaire  de 
la  colleetion  ^■(lurj|);  alternativement  il  se  rapproche  plus  de  l'un 
que  de  l'autre  suivaut  le  père  qui  lui  a  donné  naissance  {Gloser); 
néanmoins  Gloger  constate  que  pendant  longtemps  on  a  trouvé  la 
plupart  des  Rackelhanes  semblables  les  uns  aux  autres. 

Taille,  dlmensions  et  forme:  Corps  à  peu  près  comme  celui  d'une 
vieille  Poule  urogalle  {liutenskiiild};  maguitudo  femluie  urix/alll 
{Linné, Fauna  suecica);  Pennant  répète  Linné.  Pour  la  grosseur  il  res- 
semble au  Coq  de  bruyère  (Bechstein):  il  n'atteint  pas  la  grandeur  de 
\'uro(jallus,\\\i\\s  il  est  plus  grand  que  le  Tétrix  cf,  il  tientjustement 
le  milieu  entre  ces  deux  Oiseaux  {Naumann)\  il  est  plus  grand  que 
le  ^ct/VJ  et  plus  petit  que  l'urogallus  5  {Tschusi);  la  taille  est  au 

(1)  D'après  la  pliotograpliie  ciiii  lums  est  adressée,  sa  forme  le  rapproche  de 
l'Urogalle. 

(2)  Cité  par  M.  James  Alpreig,  ciirator.  liergen  Muséum  (.Norvège). 


OISEAl'X    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT   SAt'VAGE  29 

moins  celle  (rune  vieille  Poule  uiogalle  {r.rriiiiilairi^  du  Musée  de 
llenècc);  il  lient  le  milieu  entre  le  Tétrix  et  l'Urogalle  par  sa  forme 
et  sa  i;rancleur  {Joliuiin  Besckc);  taille  plus  forte  (|ue  celle  de  Vnro- 
ijalius  $  {cirniplaire  de  M.  Lemctti'ilj;  intermédiaire  comme  forme 
et  comme  couleur  entre  les  deux  espèces  {ej'empl.  de  M.  DeyroUe); 
par  sa  grandeur  il  tient  le  milieu  entre  le  i;rand  Coq  et  le  Tétrix 
[Lanysdorjl):  à  peu  près  strictement  intermédiaire  entre  les  deux 
pour  la  taille  [Severtzow);  à  peu  près  aussi  grand  que  VUrogallus 
femelle  {1rs  Iruis  exemiiliurcs  du  Mnaée  de  l.ei.lr);  taille  d'une  helle 
belle  Poule  urogalle  {tes  trois  exeinplaires  du  Musée  de  lioueu);  taille 
d'une  belle  Poule  urogalle  (collection  de  M.  Noury)  (4). 

Sa  longueni' ordinaire  est  d'environ  2  pieds  .'înit'lies  (Lloijd);  taille 
55 cent,  {e.reuijiltiire  dWrkanijelj:  (i!)  à  77  centimètres  de  long  [Ilrehin); 
sa  longueur  depuis  le  bout  du  Lee  jusqu'à  celui  de  la  ([ueue  est  de 
2  pieds  2  pouces  (/.fni'/.sv/i/;//);  longuenr2  pieds  ()  ponces,  mesure  de 
Paris,  largeur  3  pieds  5  pouces  {iPMeijer,  d'djj'euliarh);  longueur 
28  pouces,  largeur  44  à  45  pouces  {Naumann);  longueur  2  pieds 
3 pouces,  largeur  entre  les  ailes  3  i)ieds  3  pouces  (Mlsson);  longueur 
totale  OOS""™  {Malin.);  ab  exlremo  nostri  ad  cauda;  et  digiti  medii 
exitum2"4",  Paris,  {Klein,  Stem. Avi);  longueur  totale  lOG'^"^ {exempt, 
du  Muser  de  lierijcn);  depuis  le  bec  jusqu'à  l'extrémité  de  la  plus 
longue  |ilume  rectrice  75,5,  juscju'à  la  plus  courte  72  (A'jc//)/;/.  rft'cr«< 
par  A.  (iaifé). 

TihE,  DIMENSIONS  :  Un  peu  plus  grande  que  celle  du  Tétrix 
(beclisteinj;  plus  grosse  que  cliez  le  Coq  tétrix  (Naumann);  plus 
grande  que  celle  du  Tétrix  cT  {Tschusi)  ;  intermédiaire  entre  les 
deux  {les  trois  exemp.  ilu  Musée  de  Itouen);  inlermédiaire  entre  les 
deux  {collection  de  M.  Noury)  ;  longueur  de  la  tèle,  100™™  {exempt. 
Musée  de  Ber(jrn). 

Tète,  coloration  :  Comme  celle  du  Tétrix  {lleclistein'?)  ;  d'un 
brun  foncé  lustré  {Langsdorjf)  ;  d'un  noir  à  reflets  brouzés  et 
pourprés  (Temminckj;  noire  avec  un  rellet  bleu  d'acier  tirant  sur  le 
violet  (Naumann);  noire  avec  des  reflets  métalliques  et  pourj)rés 
(lur/('//j  ;  d'un  pourpre  sombre,  les  plumes  tachetées  de  blauc 
(Gould);  d'un  rellet  pourpre  et  bronzé  selon  la  lumière  (Nilsson); 
tête  bigarrée  gris  et  noir  (lOf  autre  exemjilaire);  à'aw  noir  brillant 
(Tschusi);  d'un  noir  bleuâtre  à  reliefs  (Deijtand  et  Gerbe);  un  autre 

(i)  I!  est  encore  dit  ilans  le  Jagd-ZeitiiiiR  de  1888,  p.  244,  en  parlant  du  Rackelhane 
tné  à  Raizebni};.  (pie  sa  conduite  sur  les  places  d"ainour  était  tout-à-fait  celle  d'un 
Tétrix.  On  ajoute  qu'il  ressemble  plus  par  son  plumage  à  cet  Oiseau  qu'il  ne  res- 
semble à  l'urogaltus. 


30  A.    SUCHETET 

exemplaire  adulte  :  d'un  noir  à  reflets  orangés  et  pourprés  [Deçiland 
et  Gerbe);  à  reflets  pourprés  {Breltm};  habituellement  noire  avec  un 
beau  reflet  violet  ou  pourpré  (Glocjer);  noire  à  reflets  pourprés 
violacés  {notre  e.reinitinire);  le  dessus  est  pointillé  de  gris  et  couvert 
de  fines  ondulations  en  zigzags  {pasteur  Brelim);  tète  brune  à  reflets 
pourprés  (m/1  exemplaire  d'Archançjel  (Russie);  d'un  noir  profond  à 
reflets  métallicpies  {e.remplaire  de  M.  Leiuelteil);  comme  coloration 
ressemblent  beaucoup  plus  au  Tétrix  qu'à  l'Urogalle,  tête  brune, 
presque  noire  {les  3  exemplaires  du  Musée  de  Rouen)  ;  la  tète  et  les 
joues  brun-uoir  avec  un  brillant  de  violet  métallique  (/)''.l .  B.  Meijer)  ; 
les  plumes  des  joues  ont  plus  ou  moins  les  pointes  blanches  ('</.); 
tète  noire  avec  bel  éclat  violet  ou  pourpré  {(iloger)  ;  d'autres,  au 
contraire,  (chez  lesquels  la  ressemblance  avec  le  ïélrix  est  plus 
accentuée),  ont  la  tète  plus  noire,  brillant  d'un  bleu  d'acier  {GUnjer). 

Signe  caractéristique  :  Au-dessus  des  yeux,  la  peau  est  dénuée 
de  plumes  et  pourvue  de  petits  mamelons  charnus  d'un  rouge  très 
vif,  ce  qui  forme  un  demi-cercle  rouge;  au  moment  de  l'accouple- 
ment,  ces  petites  verrues,  qui  sont  fines,  allongées  et  plates,  devien- 
nent plus  apparentes  et  se  colorent  davantage  ;  la  bande  a 
relativement  une  étendue  moindre  que  celle  du  vieux  Coq  Tétrix 
{Nauntann);  deux  taches  rouges  {Rnteiiskiôld);  au-dessus  de  chaque 
œil  une  tache  d'un  pouce  de  long  sans  plumes  (?);  plaque  rouge  au 
dessus  de  l'œil  {Musée  d'York);  la  tache  au-dessus  de  l'œil  comme 
chez  le  Tétrix,  grande  et  d'un  rouge  très  vif,  remplie  de  petites 
verrues  {Nilssnn);  au-dessus  des  yeux  une  petite  bande  nue  papil- 
leuse  rouge  {Deijland);  notre  exemplaire  parait  être  privé  de  cette 
petite  tache  rouge  au-dessus  des  yeux  que  beaucoup  d'ornitholo- 
gistes ont  constatée,  peut-être  une  détérioration  en  est-elle  la  cause, 
l'Oiseau  n'ayant  point  été  monté.  On  sait,  du  reste,  d'après  les 
observations  de  Nilsson  qui  a  possédé  des  Rackelhanes  en  captivité, 
que  cette  plaque  verruqueuse  diminue  dès  le  mois  de  mai.  Au  Musée 
de  Rouen,  sur  trois  exemplaires,  deux  seulement  ont  cette  plaque, 
le  troisième  en  est  dépourvu  ;  elle  est  moins  grande  que  chez  le 
tétrix  ;  plaq  ue  papilleuse  au-dessus  des  yeux,  rouge  vif  [coll.  Nourij). 

L'œil  :  L'iris  est  brun  de  noix  {l.amjsdorff);  brun  clair,  le  bord 
des  paupières  gris  foncé  {D^  Mcyer,  d'O/jenbach);  sourcils  rouges 
(Temminck);  l'iris  est  d'un  brun  foncé,  la  paupière  est  sans  cils, 
très  rouge  (Naumann)  ;  iris  brun  {Nilsson)  ;  l'o'il  brun  foncé  {Brelim). 

Bec,  forme  :  Semblable  à  celui  du  Tétrix,  sans  courbure  (Rulens- 
kiuld)  ;  le  bec  étendu  et  un  peu  moins  courbé  que  chez  le  Coq  ou  le 


OISEAUX    HYBRIDES   nENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE  31 

petit  Cof(  de  bruyère?  {Mi'ijer,  d'Offi'uliach);  beaucoup  plus  petit,  plus 
faible,  mais  plus  redressé  (jue  chez  Varoi/dlliis  et  beaucoup  plus 
graud,  plus  fort  cl  plus  élevé  que  chez  le  tclrir  {Xauntann);  la 
luandibule  supérieure  bombée,  la  pointe  un  ])eu  courbée,  pas  autant 
(|ue  chez  le  yrand  Co(i  de  bruyère,  mais  It;  bec  plus  fort  et  plus 
long  que  celui  du  Tétrix  (Nilsson);  intermédiaire  entre  celui  des 
deux  Coqs  (les  trois  (•.irinplaiirs  du  Musée  tic  lUiui'ii)  ;  bec  plus  fort 
que  chez  le  Tétrix  (Tsclmsi);  le  bec,  depuis  la  pointe  juscpi'aux 
coins  de  la  bouche,  un  pouce  et  demi  {Lan(jsdorfl')  ;  le  bec,  un  pouce 
et  demi  de  loniî  {Meijcr  d'Olfmhach)  ;  rostrum  ex  augula  1"  1" 
(A/f/'ii)  ;  bec  fortement  développé  4,   Z  (ficinpl.  décrit  par  V.  Gajjé). 

Bec,  couleur  :  Nigerrimum  (Klein);  noir  (Lamjsdorlf);  noir 
(Teniminek)  ;  couleur  de  corne,  noir  à  bi  i)artie  antérieure  (pasteur 
Brchiii);  couleur  de  corne  {Gottld);  noir  (Scliin:)  ;  noir,  mais  le 
dessous  plus  ou  moins  pâle  (Nilsson);  noir  (prince  Rudolplt,  d'après 
deux  exemplaires  tués  en  1880  et  1881)  ;  noir  (lirehin);  bec  noir 
bleuâtre  (Dei/ldiul  et  (ierbe)  ;  bec  noir  de  corne  foncée  (c.mnpl.  de 
h).  DeyroUe)  ;  couleur  de  corne  foncée  sur  toute  la  mandibule  supé- 
rieure, les  bords  beaucoup  ])lus  clairs  (notre  e.reinplaire)  ;  bec  gris 
noir,  plus  clair  à  la  poiule  de  la  mandibule  supérieure  et  à  la 
naissance  de  l'inférieure,  la  coloration  claire  s'étend  plus  ou  moins 
(.1.  U.  Meyer):  chez  deux  exemplaires  du  Musée  de  Rouen,  la  couleur 
de  corne  est  très  foncée,  chez  le  troisième  elle  est  plus  claire  ;  tout 
le  bec  noir,  en  dessous  jiius  ou  moins  de  jaunâtre  ((./oi/cr)  ;  bec 
noir  (coll.  Xounj). 

Gorge  :  Plumes  longues,  en  forme  de  barbe,  beaucoup  plus 
prononcées  que  chez  le  vieux  letrix,  mais  moins  que  chezVuroyallas, 
(.Xauniann);  plumes  un  peu  allongées  (Teniminek);  la  gorge  a  un 
épi  {Schinzj  ;  l'avaut-gorge  noir  avec  un  rellet  bleu  d'acier  tirant 
sur  le  violet  ;  sous  la  gorge  toutes  les  i)lunies  entourées  et 
tachetées  de  gris  blanchâtre  (Xauniann)  ;  plumes  de  la  gorge  plus 
longues  que  celle  du  tétrix,  plus  courtes  que  celles  de  l'Urogalle 
[Deyland  et  (ierbe)  ;  sous  la  gorge,  quelques  plumes  comme  chez 
ITrogalle,  mais  moins  longues  (e.renipl.  de  M.  DeyroUe)  ;  gorge 
noire  avec  rellets  violacés  ou  pourprés  suivant  le  jour,  peu  de 
plumes  longues  (notre  exemplaire)  ;  un  des  exemplaires  de  Rouen 
a  des  plumes  sous  la  gorge. 

Cou,  DIMENSIONS  :  La  longueur  et  l'épaisseur  du  cou  de  Vuroyallus 
{Itustenskiold)  ;  plus  gros  que  chez  le  Coq  Tétrix  (Xaumann)  ;  inter- 
médiaire entre  les  deux  Co<is  (les  trois  exemplaires  du  Musée  de 
Rouen)  ;  intermédiaire  entre  les  deux  (collection  \oury). 


32  A.    SUCHETET 

Le  cou,  coloration  :  De  la  couleur  du  Tétrix  {Uustenskiëld)  ; 
coUuni  iridis  coloruni  ex  nigvo  {Klein,  Stem.  Ac);  seiné  de  petits 
points  rougeâtres  (Brisson):  colli  color  est  in  urogallo  (Linné,  Fauna 
suecica);  de  la  couleur  du  Tétrix  {liirlisleiii);  à  reflets  pourprés  et 
bronzés  (Teinininck)  ;  d'un  pourpre  sombre  {(iotild)  ;  d'un  retlet 
pourpre  et  bronzé  selon  la  lumière  (M/sAO(t);  Qoir  brillant  {Tschiisi), 
cou  pourpre,  (Musée  d'York);  habituellement  noir  avec  un  beau 
reflet  violet  ou  pourpré  (Gloger)  ;  d'un  noir  bleuâtre  à  reflets 
(Pegland)  ;  un  autre  mâle  adulte,  cou  d'un  noir  à  reflets  orangés  et 
pourprés  (id.);  noir  brillant  à  reflets  pourprés  violacés  (notre  exem- 
plaire) ;  les  côtés  saupoudrés  de  gris  et  {larfois  tachetés  de  blanc 
(Brehm)  ;  cou  d'un  violet  magnilique  reflétant  la  pourpre,  laissant 
voir  du  vert  lors([u'on  s'approche  de  la  lumière  (e.rempl.  décrit  par 
M.  Victor  Gaffé)  ;  violet,  d'un  superlje  éclat  au  soleil  (exempl.  tué  par 
le  prince  Clary)  ;  cou  brun  à  reflets  pourpres  (exemplaire  d'A  rkangel)  ; 
cou  d'un  noir  profond  à  reflets  métalli([ues(('.r('m/)/a/rc(/e,1/./.('/»e/fei7); 
noir  avec  un  bel  éclat  violet  ou  pourpré  (Gloger);  chez  d'autres,  cou 
plus  noir,  brillant  d'un  bleu  d'acier  (/(/.)  ;  les  côtés  du  cou  plus  ou 
moins  verdàtres,  suivant  la  lumière  (Z)''  A.-B.  Meyer). 

Cou,  PARTIE  SUPÉRIEURE  :  D'uu  bruu  foncé  lustré  (Langsdorff); 
profondément  noir  avec  un  éclat  d'acier  (Naumann);  tacheté  de 
blanc  (Gould)  ;  à  reflets  pourpres  et  bronzés  très  accentués  (Nilsson)  ; 
brun  noir,  tacheté  de  gris  (D.  A.-B.  Meijer);  noir  avec  des  reflets 
bronzés  violacés,  parsemé  de  petites  taches  grises  très  fines  {notre 
exemplaire). 

Cou,  DEVANT  :  La  couleur  chatoie  entre  le  violet  et  le  pourpre, 
et  est  fortement  brillante;  cet  éclat  particulier,  bleu,  rouge  ou  pour- 
pre foncé,  dit  Naumann,  est  aussi  vif  que  l'éclat  du  vert  de 
Vurogiillus  et  contribue  à  orner  vivement  l'Oiseau;  il  chatoie  néan- 
moins dans  une  couleur  de  bronze  cuivré.  La  partie  inférieure 
du  col  est  d'une  couleur  lustrée  changeant  en  violet  (Langsdorjj)  ;  le 
devant  du  cou  violet  pourpre  (Scliinz)  ;  à  reflets  pourpres  (Brehm); 
brun  noir  avec  un  brillant  de  violet  métallique  (W  A.-B.  Meger); 
noir  avec  des  reflets  violacés  (les  trois  exemplaires  du  Musée  de 
Rouen);  noir  avec  des  reflets  violacés  (notre  exemplaire). 

Poitrine  et  flancs  :  Pectore  nigro,  paru  m  ex  albo  maculato 
(Klein)  ;  semée  de  petits  points  rougeâtres  (Brisson)  ;  la  poitrine  et 
la  partie  supérieure  du  ventre  sont  variées  de  taches  blanches,  les 
côtés  sont  d'uu  brun  noirâtre,  variés  de  points  très  fins  roussàtres 
[Langsdorfl)  ;  les  côtés  tachetés  de  brun  avec  quelques  grandes 


OISEAUX    IIVDIUDES   UENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGK  33 

laclR'S  Ijlaiiclii's  aux  i'xlr(''niilés,  la  paitit^  poshM'iciire  di'  la  poitrine 
noire  avec  ln'aucoiip  do  lâches  lilaiiches  (Mi'i/cr,  il'(tjfrnhach)\  d'uu 
uoir  à  rellels  bronzés  et  pourprés,  Jlancs  variés  de  grandes  taches 
blanches  ('/■('/((//(/«(•t);  la  partie  inférieure  et  supérieure  de  la  poitrine 
et  les  lianes  noirs  d'uu  éclat  faiJjlL'uienl  lileiiàli'e,  parsemés  de  nom- 
breux petits  points  bruuAtres  au  bout  des  plumes  et  aux  barbules, 
surtout  sur  le  milieu  de  la  jioitriue,  par-ci  par-là  parsemée  de  blanc 
on  tachetée  de  blanc  {Sainnunn);  poitrine  habituellement  noire 
avec  un  beau  rellel  violi't  ou  pourpré  {(iloijcr)  ;  (|uel(iues  taches 
blanches  sur  la  poitrine  ("/.);  poitrine  d'un  jionrpre  sombre  ou 
violet  pourpré  {(iould)  ;  poilrine  violette  (c.ri'nij}.  de  M.  Di'yrolle); 
d'uu  reflet  pourpré  et  bronzé  selon  le  loin (Xilssun);  les  cùtés  bigar- 
rés gris  et  noir  {Xilssitn);  poitrine  violette  (prince  liailulph,  deux 
exemplairi's  luéx  en  ISSO  et  iSSt)  ;  brune  à  r(ïllets  pourpres  (exempl. 
d'Arkdiiiji'l)  :  avec  des  reflets  violacés  (('.reinplalrrdc  l'Ujfirio  ornltho- 
luijico  de  Florence);  poitrine  et  partie  antérieure  du  sternum  d'un 
noir  profond  à  reflets  métalliques  (exemplaire  île  M.  Lemetteil)  ; 
flancs  d'un  noir  de  suie  (id.)  ;  la  poitrine  violette  avec  un  brillant 
de  métal  (A. -H.  Meijer,  d'OjjodHiclij  ;  noire,  avec  un  bel  éclat  violet 
ou  pourpre  (Gloger)  ;  reflets  métalliques  violacés  (coUeclion  IVoury)  ; 
le  plumaiçe  de  la  jinitrine  d'un  violet  niagiiilique  relli^'lant  le  pour- 
pre et  laissant  voir  le  vert  lorsqu'on  l'approche  tle  la  lumière, 
(exeiiip.  décrit  par  M.  Victor  Hnjfé);  poitrine  violette  brillant  au 
soleil  d'un  superbe  éclat  (exempl.  tué  pur  le  prince  Clarij).  Ces 
dillérences  s'expliquent  en  ce  que  la  limite  du  d(,'vantdu  cou  et  de 
la  pallie  supérieure  de  la  poilrine  qui  le  suit  imniédiatemeul  ne 
sont  pas  assez  limités.  N'oii-e  avec  un  bel  éclat  violet  ou  pourpre 
(C.loijei). 

Ventre  :  Ouel([ues  taches  blanches  sur  le  dessous  du  cori)s 
(Brisson)  ;  les  plumes  du  bas-ventre  noires  ;  la  partie  supérieure  du 
ventre  variée  de  taches  blanches,  les  cùtés  d'un  brun  noirâtre, 
variés  de  points  très  lins  et  ioniScd\-es(Lani/silurll)  ;  tachetés  de  brun 
avec  quelques  grandes  taches  blanches  aux  extrémités  (Meyer, 
d'Offenliaeli);  le  ventre  d'un  noir  mal,  l'abdomen  vaiié  de  grandes 
taches  blanches  {Temminci,-}  ;  noir  tl'un  l'dat  d'acier  faiblement 
bleuâtre,  parsemé  de  nomlireux  petits  points  brunâtres  au  bout  des 
pUnues  (Xiniminuij  :  noir  mal  (Sciiinz)  ;  les  côlés  noirs  tachetés  de 
lilanc  ainsi  que  le  ventre  (/'/.);  le  ventre  d'un  reflet  iionrpre  et 
bronzé  selon  le  jour  (iMlsson)  ;  sur  le  milieu  du  ventre  on  trouve 
(juatrc  ou  eimj  petites  taches  blanches  (/'/.);  ventre  noir  brillant 
barré  de  blanc  (ïscliusi)  ;  uoir  (Brelim)  ;  abdomen  uoir,  nuancé  çà  et 


34  A.    SUCHETET 

là  de  blanc  [Degland);  autre  cremplaire,  abdomen  d'un  noir  mal,  has- 
ventre  d'un  blanc  sale  (/M//rt/»/);  bas  du  ventre  blanc  sale  (cirmfy^toT 
de  M.  LoiictU'ilj;  un  peu  de  blanc  au  milieu  de  l'abdomen  ijui  est 
brun  pointillé  de  blanciiàtre  sur  les  flancs  {c.rcmplairc  d'ÂrkaïKji'lj; 
ventre  très  noir,  d'un  brillant  plus  ou  moins  violet,  le  milieu  du 
ventre  parfois  blanc,  la  partie  postérieure  avec  du  blanc  (A.-li. 
Mcyer);  flancs  finement  pourprés  d'un  gris  cendré  (id). 

Dos  :  Front  tetraouis  {Klein)  ;  tout  le  dessus  du  corps  est  tacheté 
de  blanc  {liechslein)  ;  les  plumes  qui  couvrent  la  jiarlie  supérieure 
du  dos  sont  noires  et  variées  de  très  j)Ctits  points  blancs  et  roussàtres 
(jui  sont  à  peine  perceptibles,  le  dos  est  noir  varié  de  brun 
{Lnni/sdarlf)  ;  le  dos  gris  noir  entouré  et  tacheté  couleur  de  rouille, 
et  la  partie  postérieure  noire  avec  (|uelques  taches  blanches  {Mi-ijer, 
d'OJl'mhdch)  ;  chez  un  second  sujet  on  voit  seulement  une  longue 
ligne  blauciie  à  la  tige  des  plumes  (id.)  ;  le  sommet  du  dos  est  d'un 
noir  brun  parsemé  de  petits  points  noirs  innomJjrables  d'un  brun 
clair  comme  du  sable,  qui  se  rangent  quelquefois  en  zigzags 
(Naumann)  ;  dos  d'un  noir  lustré  parsemé  de  très  petits  points  et  de 
zigzags  cendrés  et  bruns  [Teiiiminck]  ;  dos  tiuement  tacheté*(oii 
poudré)  de  gris  cendré  (Gloger)  ;  noir  brillant  tacheté  de  gris 
(Srhin:)  ;  noir  lustré  bleu  (Nilsson)  ;  le  bas  du  dos  noir  violet  poin- 
tillé de  blanc  et  chatoyant  (Tselmsl)  ;  dos  noir,  semé  de  points  et  de 
ligues  grises  très  fines,  en  zigzags  (Brekin)  ;  noir  varié  de  roussàtre 
{Deijlaiid  et  Gerbe)  ;  noir  à  reflets  orangés  et  pourprés  autre  exem- 
plaire [id.)  ;  d'un  noir  de  suie,  sablé  de  très  fines  stries  gris  perle  au 
manteau  {exeiindaire  de  M.  Leinetteil)  ;  brun  presque  noir,  pointillé 
de  roux  et  de  blanchâtre  {exemplaire  d'Arkanyel)  ;  finement  pourpré 
d'un  gris  cendré  {Gloger). 

Epaules  :  Les  plumes  du  dessous  des  épaules  sont  blanches 
{Lnui/silorlJ);  même  signalement  chez  notre  exemplaire;  épaules 
d'un  noir  brun  parsemé  de  petits  points  innombrables  d'un  brun 
clair  comme  du  sable  qui  se  rangent  en  zigzags  (iVawHiann);  la  région 
des  épaules  est  blanclie,  mais  ceci  ne  se  montre  qu'à  l'état  de  repos 
des  ailes,  et  rarement,  comme  une  petite  tache  triangulaire  {i\au- 
nian7i);  une  petite  tache  blanclie  à  l'épaule  {Gould);  les  épaules 
noires  {Nilsson)  ;  absence  de  tache  blanche  aux  épaules  {Langsilorfj); 
une  tache  blanche  sur  l'épaule  (Z)''  A.  B.  Meijer)  ;  de  même  sur  notre 
exemplaire;  absence  de  tache  à  l'épaule  [les  trois  exemplaires  de 
Jtouen). 

Ailes,  conformation  et  dimensions    :    A  l'état   de    repos,  elles 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT  SAUVAGE  33 

n'atteignent  avec  leur  pointe  qu'un  inni  au-delà  de  la  racine  de  la 
(|ueue,  elles  sont  concaves,  en  forme  de  jatte  :  étendues  elles  sont 
arrondies  par  devant  et,  à  cause  des  régimes  primaires,  étroites, 
fendues  comme  les  doigts;  vers  l'extrémité  les  tiges  sont  très 
lecourljées  à  l'intérieur  (XiittiiKinii)  ;  la  troisième  ou  la  quatrième 
lémige  est  la  plus  longue,  la  première  de  deux  pouces  et  demi  plus 
courte  que  la  quatrième  (((/.);  d'une  pointe  de  l'aile  à  l'autre  73«™ 
(<',n';/i///.  lue  ftiir  Ir  prince  Clarjl)  ;  largeur  du  vol,  103  {cirinpl.  décrit 
pur  M.  y.  Gdll'c);  la  première  penne  un  peu  plus  courte  que  la 
septième,  la  deuxième  comme  la  sixième  et  la  troisième  comme  la 
(•iu(|uièuie,  la  quatrième  est  la  plus  longue  (Aïkson)  ;  312"""  {Malm); 
ailes  :2'J,o '^/™  (un  e.ccinplairc  du  Muser  de  Slrashourij);  30"^/™  {un 
autre  exe  w  pin  ire);  l'étendue  des  ailes  d'un  bout  à  l'autre  est  de 
3  pieds  o  ponces  (l.mKjsdorjf)  ;  longueur  des  ailes  de  leur  naissance 
jusqu'à  leur  extrémité,  l't  pouces  1/i  {\auiiiann);  les  ailes  33  centi- 
mètres {exemplaire  d'ArIcanyelj;  l'aile  327™™  {exempl.  du  Musée  de 
lieryen). 

Ailes,  coloration  :  Semées  de  petits  points  rougeâtres  (/Jr/.s-.s-o?i)  ; 
noires  avec  des  points  gris  et  des  lignes  en  zigzags  (Scliinz)  ; 
noires,  quoi(|u'un  peu  moirées  de  brun,  le  lustre  comme  le  dos, 
le  dos,  plus  bleu  {Nilsson]  ;  moirées  d'un  brun  noir  et  gris  (Drehm); 
d'un  brun  noirâtre,  parsemées  de  ])elites  tacbes  roussàtres  peu 
apparentes,  rassemblées  en  zigzags  {Deijland  et  Gerbe)  ;  ailes  brunes 
(Musée  d'York);  d'un  brun  foncé  (Tschusii;  noir  brun,  gris  blanc  et 
brun  châtain  avec  des  zigzags  (Meijer,  d'OlJenbach)  ;  il  existe  une 
tache  blanche  plus  ou  moins  visible  dans  le  creux  de  l'aile  et  une 
autre  à  moitié  ronde  à  la  naissance  de  l'aile  (A(7.s.so»i)  ;  il  y  a  sur 
l'aile  une  tache  blanche  (Tseliusi);  on  voit  une  plaque  blanche  au 
pli  de  l'aile  (Deyland i;\orsqiiG  l'aile  est  ployée,ilse  forme  une  tache 
blanche  (Lawjsdorjf)  ;  une  tache  blanche  au  poignet  de  l'aile 
(exemplaire  de  M.  Lemetteil)  ;  un  large  miroir  blanc  sur  l'aile,  sou- 
vent caché  ipiand  l'aile  est  fermée  (/>' .1.  II.  Mitjer);  les  ailes  oui  la 
couleur  de  celles  de  l'L'rogalle,  quoique  dans  le  haut  elles  soient  un 
peu  plus  foncées  (exemp.  décrit  par  M.  V.  Gaffé). 

Les  plumes  scapulaires  sont  rayées  transversalement  et  en  zig 
zags  de  brun  et  de  roussàtre  de  la  même  manière  que  le  Coq 
uroijnllas  :  les  deux  premières  grandes  |)lumes  de  l'aile  sont  brunes, 
les  antres  sont  de  la  même  couleur;  mais  leur  cùlé  extérieur  est 
bordé  irrégulièrement  de  points  blancs  ;  leur  tige  est  brunâtre.  Les 
plumes  moyennes  sont  jusqu'à  la  moitié  blanches  à  leur  racine,  ce 
qui,  lorsque  l'aile  est  pliée,  forme  une  tache  blanche  de  celte  couleur. 


36  A.    SUCHETET 

leur  bout  est  brun  et  terminé  par  un  petit  bord  blanc,  une  partie 
de  leur  côté  extérieur  est  varié  de  ])run  et  roussàlre,  de  la  même 
manière  que  les  plumes  scapulaires  ;  les  longues  plumes  de  l'aile  du 
dessous  sont  gris  cendré  et  lustré  {Lanijsdor/I)  ;  les  pennes  alaires 
sont  brunes  et  ont  le  bord  de  la  barbe  blanc  (  Tscliusi)  ;  les  scapulaires 
et  les  secondaires  blanches  à  leur  extrémité,  les  rémiges  brunes, 
sur  les  bords  d'un  blanc  grisâtre  (Gould);  les  rémiges  secondaires 
marquées  vers  le  milieu  d'une  légère  bande  d'un  Idauc  sale  et  à  la 
pointe  d'une  même  couleur  [liichm);  les  scajnilaires  noires,  variées 
de  roussàtre  et  bordées  de  blanc  à  l'exti-émité  {Dcijhnul  et  Gerbe)  ; 
rémiges  brunes,  à  baguette  blanchâtre,  les  primaires  variées  de 
blanc  et  de  roux  de  rouille  sur  les  barbes  externes,  les  secondaires 
blanches  et  nniculées  de  brun  do  la  base  au  milieu,  ensuite  tachées 
de  roux  et  bordées  de  blanc  à  l'extrémité  (Degland  et  Gerbe,  autre 
e.rcmplairc);  les  rémiges  primaires  d'un  brun  pâle,  la  barbe  l)lan- 
che  eu  dehors  ;  les  rémiges  secondaires  sont  bordées  de  blanc  à  la 
pointe  {D'-  A.-B.Meyer). 

Les  couvertures  des  ailes  :  Sont  rayées  transversalement  et  en 
zig-zags  de  brun  et  deroussàtrede  la  même  manière (jue  l'Urogallus 
{Langsilorif);  plumae  sub  alis  albae  (Klein);  les  couvertures  d'un 
noir  brun,  parsemé  de  petits  points  innombrables  d"uu  brun  clair 
comme  du  sable  qui  se  rangent  quelquefois  en  zigzags  (Naumaïut); 
antre  exemplaire  bigarrées  d'un  brun  noir  et  de  blane  (id.);  noires 
et  parsemées  de  points  roux  et  blancs  (rsc/ius/);  les  couvertures 
supérieures  des  ailes  sont  noires,  variées  de  roussàtre  [Degland  et 
Gerbe)  ;  autre  exemplaire,  grandes  couvertures  supérieures  terminées 
de  blanc  (/(/.);  couvertures  alaires  d'un  uoir  de  soie,  sablées  de  très 
fines  stries  gris  perle  (exemplaire  de  M.  Lemiileil)  ;  couvertures  des 
ailes  brunes  avec  des  points  et  des  zigzags  roux,  rougeàtre,  et 
plus  ou  moins  bordes  de  blanchâtre  (exemplaire  d'Arkangel);  les  cou- 
vertures inférieures  blanches  et  grises,  parsemées  de  marques 
noires  (/)■•  .1.  B.  Meijer). 

Queue,  conformation  et  dimensions  :  Longueur,  à  peu  près  celle 
de  Vuragollus.  Cauda  non  furcata  aut  divisa  (&'/t'/».  Stem.  Ax;i.); 
cauda  bifurca,  structura  est  in  urogallo  (Linné)  ;  queue  fourchue 
(PennanI)  ;  fourchue,  mais  plus  faiblement  que  chez  le  Coq  de 
bruyère  (Bechstein)  ;  queue  eu  éventail  à  la  manière  de  l'Urogalle 
(Johann  Beseke)  ;  dix-huit  plumes,  lesquelles  étant  déployées 
forment  un  éventail  ;  les  deux  extérieures  de  chaque  côté  sont  les 
plus  longues,  elles  out  huit  pouces  et  demi  de  lougueur,  le  bout  un 
peu  tourné  en  dehors,  ce  qui  rend  la  queue  en  quelque  façon  four- 


OISEAUX  iiYnniDKS  RRXCONTnics  A  l'état  sauvage  37 

cluic  :  les  iiutri's  vers  le  milieu  eu  (liminiiiiut  jiis([ii'à  l;i  septième  et 
liuilirme  (le  eli;ique  ciUé  ;  les  dernières  sont  les  jikis  eoiirtes  et 
iTont  i|ue  7  pouces  1/2  delonf^ueur;  les  deux  du  milieu  augmentent 
un  peu  (Ijiniisilnr/f):  f|ueue  liifuripiée  composée  de  dix-huit  plumes 
(Mi'ijer  (roijrnliiichj  ;  presque  fourchue  et  découpée  (pdsli'itr  lln'liin)  ; 
plus  courte  que  chez  les  deux  espèces  (Xaumnnn)  ;  elle  est  un  peu 
fourchue,  cir  In  découpui-e  ;ittf>iiit  à  peine  un  ])(uice  ;  les  reclrices 
sout  de  longueur  égale,  leur  bout  es!  comme  coupé  avec  le  bout  de 
la  tige  s'avauçant  un  peu  et  les  coins  un  peu  émoussés,  semblables 

à  ceci ^ .(.\nii)nnnn).  Nous  avons  remaiMiué  cette  ])articu- 

larité  sur  plusieurs  rectrices  de  l'exemplaire  qui  est  entre  nos 
mains.  Oueur  bifurquée,  les  rectrices  les  plus  extérieures  sont 
aussi  conlournees  imi  dehors,  mais  |)as  autant  que  chez  le  Tétrix  d" 
(r.ri'iniilniri'  du  Mit-tri'  ih'  Ci'nh-c)  ;  (jueue  un  i)eu  bifnr(iuée  (Schinz)  ; 
bifide  (/J/v'/i»i);  i|ueue  bifurquée  avec  les  rectrices  les  [jUis  extérieures, 
quelquefois  contournées  en  dehors  {Di'ijlnnd  eX  Ccrbc);  (jueue  bifur- 
quée, toutes  les  rechicesdu  côtédioit  contournées  en  dehors,  deux 
ou  trois  seulement  du  côté  gauche  (notre  exemplaire);  la  forme  de  la 
queue  comme  celle  du  Tétrix  d' consistant  en  dix-huit  plu  mesgrnndes 
et  bien  formées,  les  plumes  de  côté  sont  1  pouce  3/4  plus  longues 
que  les  huit  du  milieu  qui  sout  à  i)eu  près  pareilles  (Nilssnn)  ;  queue 
plus  carrément  coupée  que  chez  le  Tétrix  cf  (7'»'/(((.v/);  queue  faible- 
ment fourchue  (e.reinpl.  dit  Kehinfjrove  Muséum,  Glascow)  ;  légère- 
ment fourchue  (T^rhusi);  queue  fourchue  {l>'s  trois  exemplaires  de 
l.eiile);  dix-huit  rectrices  (YarreJl);  les  deux  plumes  extérieures  de 
cliaciue  côlé  ont  8  pouces  1/2  de  longueur,  les  autres,  vers  le  milieu, 
diminuent  jns([u'à  la  7«  et  S'-'  de  chatpie  côté,  ces  dernières  sont  les 
plus  courtes  et  n'ont  que  7  pouces  1/2  de  Xow^iLatujsdurjf);  plumes 
de  la  queue  au  nombre  de  dix-huit,  les  plus  extérieures  un  peu 
courbées  en  dehors  (en'»*/;/,  derril  par  M.  Victor  ('•(ijjé):  les  rectrices 
extérieures  do  la  (jneue  mesurent  jusipi'à  la  |)ointe  8  ponces  1/2, 
celles  du  milieu  7  1/2  (Meijer  d'OjfenhnrJi)  :  la  ipieiie  mesure  15" 
(pasteur  llrelnn)  :  longueur  de  la  (pieue  8  à  !)  pouces,  les  [ilumes  du 
milieu  sont  plus  courtes  d'un  pouce  {Xinniinnii);  la  1'"  rémige  2 
pouces  3/4  plus  courte  que  la  4"  (id.):  la  (pieue  9  ])Ouces  1/2 
(A'/ksox);  cauda  9",  caud;e  ])ennai  18  (Kteiu)  ;  iiiiene  18  à  20  plumes; 
les  rectrices  du  dehors  sont  plus  longues  de  fi*''"  et  plus  ou  moins 
recourbées  en  dehors  (A.-li.  Mei/er);  (|neue  un  peu  fourchue  {Mus('e 
d'Yorlx)  ;  les  rectrices  latérales  beaucoup  plus  longues  (|ue  les 
médiaues,  ce  qui  donne  à  la  (pieue  une  forme  très  fourchue  diffé- 
rant de  celle  du  Tétrix  en  ce  que  les  rectrices  externes  ne  sont  pas 


38  A.    SUCHETET 

contournées,  bien  qu'elles  paraissent  avoir  une  propension  à  se 
retourner.  Les  sous-caudales  sont  moins  frangées  de  blanc,  et  une 
blanche  comme  chez  le  tétrix,  et  ne  dépassent  pas  les  rectrices 
(exemplaire  de  M.  Lemetteil)  ;  queue  biturquée,  les  rectrices  les  plus 
extérieures  sont  assez  contournées  en  dehors,  mais  pas  autant  que 
chez  le  mâle  tétrix  (Musée  de  Genève)  ;  la  queue  étant  ouverte 
ressemble  à  un  éventail  [les  trois  exemplaires  du  Musée  de  Roueu)  ; 
dix-sept  plumes,  eu  éventail  (Coll.  Noury)  ;  longueur  des  rectrices 
extérieures  24,3,  rectrices  intérieures  20  {e.mupl.  décrit  par  A .  Gaffé). 

Queue,  coloration  :  Comme  couleur  ressemble  à  Vuroiialbis, 
les  plumes  sont  linement  tachetées  en  dessous  comme  les  plumes 
de  cet  Oiseau  (Rutenskiold)  ;  caudœ  pennEe  18  nigrœ  sub  cauda 
penn;e  ex  nigro  et  albo  varia*  (Klein)  ;  queue  noire,  le  croupion  et 
les  petites  couvertures  du  dessus  de  la  queue  sont  noirs,  variées  de 
brun,  les  grandes  couvertures  brunes....  les  couvertures  du  dessous 
noires  tachetées  de  blanc  (LaïKjsdorff)  ;  la  queue  est  noire,  avec 
bordure  blanche  à  l'extrémité  (Z^M/c^/tT,  d'Offenbaeh);  la  queue  noire 
avec  les  rectrices  intermédiaires  frangées  de  blanc  à  l'extrémité 
[Gldijer);  les  couvertures  du  dessous  blanches  et  noires,  avec  le  bout 
blanc  (pasteur  RreiiDi):  les  couvertures  de  dessous  Ijlauches  et 
noires,  au  Itout  blanches  (Ho^nw.rpm/)/a/n');  couvertures  supérieures 
brun  noir  très  accentué,  parsemé  de  petits  points  brun  noir 
(Xaumann);  couvertures  supérieures  brun  noir  parsemé  de  petits 
points  bruu  gris  (notre  exemplaire);  les  couvertures  inférieures  de 
la  queue,  noires  vers  l'endroit  où  les  plumes  commencent,  blanches 
au  bout,  beaucoup  ont  à  leur  lige  une  raie  noire  presqu'à  la  pointe; 
ces  parties  sont  donc  blanches  dans  l'ensemble,  avec  des  taches 
noires,  néanmoins  le  blanc  domine  (Naumann)  ;  les  rectrices  sont 
profondément  noires,  d'un  éclat  bleu  très  faible,  et  couvertes  toutes, 
presqu'au  trois  les  plus  extérieures,  à  la  moitié  de  la  racine,  de 
taches  blanches  irrégulières  comme  chez  Varofjallus  (J' (Naumann); 
la  partie  inférieure  de  la  queue  a  un  aspect  gris  noir,  etc.  (id.)  ; 
croupion  noir  brillant,  tacheté  de  gris,  la  queue  noire  (Schin:);  la 
queue  noire  (AV/mo)»).- le  croupion  noir  (id.);  couvertures  inférieures 
noires  avec  des  larges  taches  ])lanches  aux  extrémités,  la  queue 
noire,  quelques  plumes  au  centre  légèrement  blanches  à  l'extrémité 
(Gould)  ;  queue  noire,  les  plumes  les  plus  centrales  et  celles  qui 
sont  le  plus  en  arrière  bordées  de  blanc  à  la  pointe.  Toutes  deux  à 
leur  racine,  et  surtout  les  dernières,  quel([uefois  jusque  vers  le 
milieu,  avec  quelque  peu  de  blanc  couvert.  Les  pennes,  en  général, 
brun  obscur  et  tachetées  à  l'extérieur  d'une  couleur  blanchâtre  et 


OISEAIX    HYBRIDES   RENCONTRES   A    l'kTAT   SAIVAGE  39 

(l'un  jiiuiie  (11'  niuilk' ;  les  jjliiiiit'S  de  la  iiiieiio  lilaiiclics  ,  iiilrrieu- 
remeiit  noires  (Gloi/rr);  les  plumes  du  dessus  de  la  ([ueue  et  celles 
du  milieu  ont  un  tout  jielil  bord  blanc  {Mlsson);  croui)ion  noir 
viok'l  iioiutillé  di'  blanc  et  chatoyant,  ([ueue  noire  (Tsrluisi);  deux 
pennes  médianes  bordées  de  blanc  (/(/.);  les  piMiiies  alaires  sont 
brunes  etont  le  bord  de  la  ])arlie  blanc  (iil.)  ;  (jneue  noire,  quelque- 
fois bordée  de  blanc  à  l'extrémité  des  rectrices  {Brchiii);  rcctrices 
noires,  terminées  de  blanc,  à  l'exception  des  deux  nu'diancs 
(l)nilaii(l);  uulre  cxvmijliiirc,  rcctrices  noires,  les  deux  médianes 
bordées  de  blauc  à  l'extrémité  (id.);  six  plumes  médianes  bordées 
de  blanc  à  leur  extrémité  iiuitrr  r.iiiupldin');  rectrices  noires 
linemcnt  liserées  de  blanc  au  l)out  {l'.iriiijilairc  de  M.  Lcincttàl)  ; 
queue  uoire,  sous-caudales  noires,  mais  largement  terminées  de 
blanc;  rémii;es  brunes  marbrées  de  blaiicliàtrc  sur  la  barbe  externe 
{e.iTiiipldire  ir,\ri,-(ni(i('l);  18  à  20  plumes,  une  iiartie  tachetée  faible- 
ment de  bniii  à  la  base,  marquetée  plus  ou  nu)ins  de  blanc  {A.  B. 
Mcflfi]-,  les  plumes  sous  le  cron|)icui  sont  noires  à  leur  base  et 
blanches  à  leur  extrémité  ;  lorsqu'elles  sont  pliées  les  unes  sur  les 
autres,  le  noir  devient  plus  ou  moins  visible,  les  plus  grandes  sont 
d'un  brun  i)lus  accentué  et  marqiu'-es  plus  fortement,  parfois  elles 
sont  bordées  cle  blanc  (/'/.J  ;  queue  noir  brun  (/es-  Iroia  r.ccmplnircs 
de  Houen);  les  rectrices  de  la  couleur  de  celle  de  l'Urogalle  {coll. 
\onnj)  ;  couvertures  supérieures,  couleur  de  l'Urogalle  {id.}. 

Tarses  et  pieds,  forme,  dimensions  :  la  proportion  du  corps 
conservée,  les  pattes  comme  celles  de  l'Urogallus  {Hustenskiuld)  ; 
(ligitus  médius  3"  {Klein);  les  pattes  et  les  pieds  pour  la  grosseur 
el  la  forme  comme  ceux  de  Vuroijalltts{lkrihsteiii);  le  doigt  médian 
à  peine  recourbé,  le  pouce  fortement  recourbé  (D'  Meijer,  d'O/j'en- 
Ixieh);  aspérités  des  doigts  très  longues  {Tennninelc);  les  ongles 
longs  ei\)ld[s  {pasteur  lirekin);  relativement  à  la  grandeur  du  corps, 
les  tarses  sont  plus  grandes  que  chez  Vurojiallm  {Xaniiianit);  les 
ongles  longs  et  très  bien  courbés  (/\7/.s.so;()  ;  les  doigts  larges  et  plus 
longuement  frangés  sur  les  côtés  i|ue  chez  les  deux  autres  espèces 
(Tschiisi);  la  distance  depuis  1>;  genou  jusiin'au  bout  de  l'ongle  du 
grand  doigt  du  milieu  est  de  fi  pouces  {Lnnijsdiirjfy.  le  doigt  médian, 
l'ongle  compris,  mesure  1  pouces  3/4  (?);  la  patte  2  jiouces  2/8,  le 
doigt  médian  3  pouces  (.Y(7.«o(i)  ;  tarses  épais  qui  le  rapprochent 
de  l'Urogalle  {e.reinplaire  de  M.  I.einelleil);  largeur  du  tarse  0,3,  doigt 
médian,  7,2  {e.re)ii]d.  dc:-ril ii<ir  A.  ('>('lfe). 

Tarses  et  pieds,  diffékiînts  caracticres  et  coloration  :  Pedes 
villosi  ad  primum  usque  articulum  digitorum  [Klein)  ;  les  jambes 


40  A.    SUCHETET 

sont  semées  de  petits  points  rougeâtres  (Brisson)  ;  elles  sont  cou- 
vertes de  plumes  fines,  brunes  ou  grisâtres,  jusqu'à  l'origine  des 
doigts  {Laur/silurlJ)  ;  les  tarses  sojit  couverts  de  ]iluni('s  fines  jusque 
sur  les  doigts,  ces  plumes  gris-noir  sont  à  leur  origine  parsemées 
de  petites  taches  longues  gris  sale  {natrc  (:ri'tiijilinrc)  ;  les  doigts  sont 
bruns  et  garnis  de  cluHiue  côté  d'appendices  écailloux  pectines 
{Langsdorfl);  mêmes  caractères  chez  notre  exemplaire;  les  ongles 
sont  noirâtres  {Lan(jsilorfl)  ;  les  ongles  sont  d'un  noir  brun  très 
loncé  (noire  exemplaire)  ;  les  tarses  sont  recouverts  de  plumes  d'un 
gris  brun  clair  (/)■'  Meyer,  (roffenhach);  les  tarses  sont  fortement 
eniplumés  jusqu'aux  doigts  et  ce  revêtement  est  si  long  dans  le  bas 
qu'il  cache  le  pouce  jusqu'à  l'ongle  {Xnuinanii)  ;  la  couleur  des 
doigts  gris  brun,  les  ongles  brun  noir  [id.)  ;  les  pattes  sont  recou- 
vertes d'un  duvet  long  et  épais,  surtout  dans  le  bas  ;  ces  plumes 
légèrement  blanches  au-dessus  du  talon  (id.)  ;  plumes  des  jambes 
blanc  grisâtre  et  brun  mélangés  (doulil)  ;  pieds  noirs  (/(/)  ;  pattes 
fortement  empluinées(rsf/iws7');  ongles  noirs  («.roH/*/.  deM.Dexjrolle); 
les  jambes  sont  noires  avec  de  petits  points  blancs  moins  nombreux 
à  la  cuisse  (Teliusi);  les  plumes  (]ui  recouvrent  les  pattes  sont 
blanches  (id.);  les  plumes  des  tarses  d'un  gris  noir  (Brehm);  les 
jambes  d'un  brun  pâle  tacheté  de  blanc  sale,  les  doigts  des  pieds 
frangés  (D''  A.-B.  Meyer)  ;  les  plumes  des  tarses  d'un  gris  brun, 
strié  de  blanc  (Degland  et  Cerhe)  ;  l)as  des  jamlies  blanciiàtre, 
plumes  des  tarses  d'un  cendré  brunâtre,  pointillé  de  blanchâtre 
((weniplaire  d'Arkanijel)  :  tarses  eniplumés,  les  jdumes  sont  brunes, 
beaucoup  plus  claires  et  même  ])lanches  dans  le  haut  de  la  jamjje 
(les  trois  exempliires  du  Musée  de  Houen,  ainsi  que  l'exemplaire  de 
M.  Dei/rolle)  ;  tarses  fortement  eniplumés,  de  la  couleur  de 
rUrogalle  (exemp.  de  la  coll.  Xouru). 

Nilsson,  l'ornithologiste  suédois  ([ui,  nous  l'avons  dit,  a  le  plus 
contribué  à  faire  reconnaitie  l'hybridilé  chez  le  Rackellnne,  a 
possédé  vivants  chez  lui  plusieurs  de  ces  Oiseaux.  Il  a  donc  pu 
observer  les  changements  qui  s'opéraient  dans  leur  plumage.  Il  nous 
a  laissé  des  renseignements  intéressants  (jue  nous  reproduisons 
en  partie  (1)  : 

Du  5  au  8  mai  commençait  à  disparaître  le  plumage  luisant  de 
l'hiver;  à  la  moitié  de  ce  mois,  le  changement  était  en  pleine 
activité,  l'écaillé  des  pattes  était  tombée  et  il   existait   une  tache 

(1)  La  traduction  française  qui  nous  a  été  faite  de  ce  passage  ne  précise  point  si 
Nilsson  a  voulu  parler  d'un  seul  exemplaire  ou  de  plusieurs  ;  elle  ne  dit  pas  non  plus 
si  les  observations  de  Nilsson  ont  été  répétées  pendant  plusieurs  années. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SACVAGE  41 

nue  près  des  yeux;  les  plaques  des  sourcils  étaient  diminuées 
sensiblement.  IVndaul  tout  rété,  du  reste,  l'Oiseau  changeait  de 
plumes;  d'abord  lomh lient  les  plumes  du  corps,  puis  celles  de  la 
queue;  le  17  juillet,  il  se  trouvait  sans  ([ueue.  Mais,  dès  le  .'i  août, 
la  uouvelle  (pieue  atteiij;aait  déjà  quelques  pouces  de  longueur. 
Pendant  le  mois  de  septembre,  la  livrée  d'hiver  se  terminait  et 
s'embellissait  de  jour  en  jour.  Le  6  mars,  le  lustre  du  cou  et  de  la 
poitrine  était  splendide  à  cause  de  ses  reflets  violacés  et  pourprés  ; 
la  plaque  verru((ueuse  au-dessus  des  sourcils  élail  rouge  et  gonflée; 
au  mois  d'avril,  l'Oiseau,  dans  toute  sa  beauté,  commençait  son  jeu 
d'accouplement. 

Voix  DU  Rackelhane  :  Le  Rackelhane  chante  sur  les  arbres  ou 
par  terre  (1);  sa  voix  n'a  jamais  été  vantée.  Le  D""  Latham  (2)  trouve 
son  chant  plus  grave,  plus  rude  que  celui  du  Wood  Cfonsc,  dont  il 
se  rapproche,  mais  souverainement  désagréable;  M.  OKdinann  (3) 
ne  l'apprécie  pas  davantage  :  son  cri  désagréable,  dit-il,  est  sem- 
blable à  celui  de  la  Grenouille.  D'après  feu  M.  (îrill,  un  homme 
d'une  grande  compétence  en  histoire  naturelle,  dit  Lloyd  (4),  la 
troisième  note  de  son  chant  d'amour  ressemble  au  grognement  du 
Cochon.  Rulenskiold  (5),  tout  en  conslataut  que  .son  chant  n'a 
aucune  ressemblance  avec  celui  des  deux  espèces  mères  et  qu'il  est 
diflicile  à  décrire,  le  compare  néanmoins  (qu'on  nous  pardonne 
l'expression),  au  bruit  que  fait  une  personne  ([ui  rote  continuelle- 
ment. De  temps  à  autre,  écrit  le  D>"  Meyer,  d'Olîenbach,  le  Tétras 
médius  fait  entendre  un  cri  pleureur,  très  fort,  il  n'a  ])as  d'autre 
cri.  Bechstein  reconnaît  aussi  ce  son  pleureur  et  constate  que  le 
Rackelhane  n'a  ni  le  cri  du  Coq  de  bruyère,  ni  celui  du  petit  Coq. 
Nilsson,  qui  a  conservé  en  volière,  pendant  près  de  six  ans,  un 
Rackelhane  vivant,  parle  de  son  cri  comme  d'un  grognement  ; 
il  ajoute  :  «  absolument  comme  s'il  voulait  le  vomii'.  »  Il  s'étend 
longuement  sur  ce  sujet  lorsqu'il  parle  des  Rackelhanes  vivant  en 
liberté  et  dont  le  cri,  en  dehors  de  l'époque  des  amours,  est  farr 
fnrr  farr  —  [(irr  fuir  farr.  Feu  M.  Grill  ((>),  en  parlant  du  chant 
d'amour  des  Rackelhanes  qui  restent  dans  les  forêts,  dit  ([u'il 
ressemble  beaucoup  à  celui  de   Vuroijallus.   Ses  deux  premières 


(1)  Voy.  Jagd-Zeilun'^'.  page  22.S,  l.S8:t.  ot  p.  237,  1881. 

(2)  Supplément  to  ttie  gênerai  synnpsi';  (il  paraît  parler  d'après  Sparrmann). 

(3)  .\et.  L'psal,  V,  p.  T.'i,  cilé  p:ir  Niiiiiiiann,  op.  rit.  p.  317,  en  note. 
(/i)  Came  hirdu.  p.  KW 

(."))  Kongl.  swe.  Vet.  Aoad. 
((j)  Voy.  Lloyd,  op.  cil. 


42  A.    SUCHETET 

notes  «  Knitppinijer  et  Khiiilcrn  »  renfermeut  néanmoins  plus  de 
modulations,  mais,  au  lieu  de  «  Sisniiujeii  ii,  la  troisième  ou 
dernière  note  produit  un  son  appelé  Rackla,  de  là  probablement, 
ajoute-t-il,  son  nom  de  Rackel.  Le  jjrince  Rudolfili,  <[ui  a  eu  l'occa- 
sion d'entendre  le  chant  d'amour  du  Rackelhane,  en  parle  comme 
d'un  chant  étrange,  mais  étant  toujours  le  môme,  très  caractéristique, 
ne  variant  ])oint.  Les  notes  se  suivent  avec  exactitude,  plus  vite  que 
chez  ViiroijdlliLs  et  sans  interruption,  le  ton  est  aussi  beaucoup  plus 
clair  que  chez  les  deux  autres  espèces  (1).  Enlin,  M.  Victor  Gafïé  dit 
que  le  cri  d'amour  des  Rackelhanes  consiste  en  un  grognement 
dillicile  à  décrire,  mais  dont  le  rythme  fait  jdutôt  penser  au 
Schildhalm  qu'à  rihogalle. 

Peu  de  naturalistes  ont  disséqué  des  Rackel-Hanar,  l'anatomie 
de  cet  Oiseau  est  à  étudier. Le  Di'Meyer,  d'Ofïenbach  (2),acependant 
fait  remarquer  que  la  trachée  artère  du  mâle  n'est  pas  courbée 
comme  chez  r)/?'o;/«i//(.<,  mais  elle  est  droite.  Wildungen  (3),  avait 
déjà  fait  cette  observation.  L'estomac  du  Rackelhane  tué  parM.  Victor 
Galïé  (4)  contenait  une  quantité  de  cailloux. 

Plusieurs  auteurs  ont  donné  des  figures  du  Rackelhane.  Klein  (o) 
a  représenté  les  doigts  de  cet  Oiseau,  pi.  XXXVIII  ;  Temminck  (0)  a 
figuré  le  bec,  pi.  IX,  n"  3.  On  trouve  des  dessins  ou  îles  figures 
coloriés  représentant  tout  l'Oiseau  dans  les  ouvrages  de  Sparr- 
mann  (7)  ;  l'abbé  Ronnaterre  (8)  ;  Leisler  (9)  ;  Naumann  (10)  ; 
Nilsson(ll);Gould(li);Sundevall(i3);  Dresser(14);  A.  R..Meyer(13); 
enfin  on  verra  encore,  dans  Si/nopis  of  the  Newcaslte  Muscuiii  une 

(1)  Voy.  Milt.  orn.  Ver.  Wien. 

(2)  Op.  cil. 

(:î)  Cité  par  le  D'  \V.  Wiirin.  Zool.  garlen,  p.  152,  1880. 

(4)  Décrit  in  Jagd-Zcitiin^',  1884,  p.  237-2:i8. 

(."))  Sleiniiiata  arhmt,  Lipsia-,  IT.'K). 

(G)  Hist.  nal.  génér.  de.t  Pigeons  el  des  Gallinacés,  1.  III. 

(7)  Muséum  Carlsonianum.  IIolmi.T,  17SG. 

(8)  Tableau  encyclopédique  des  trois  règnes  de  la  nature.  Ornithologie.  Paris, 
1823  (très  mauvaise  figure,  probablement  d'après  Sparrmann),  pi.  188,  lig.  10. 

(9)  Deilriige  zu  Declistein's  Natnrgeschic/ite.  Taf.2,  cité  par  Naumann  {op.  cit.). 
p  30o. 

(10)  Nalurgesrhiclite  der  ]ogel  DeutscUlands,  (i.  ïlieil.  pi.  l.'iO,  ligure  coloriée. 

(11)  Dans  |ilusipurs  éditions  lie  Skandiavisk.  Fauna. 

(12)  Drilish  birds,  vol.  IV  ;  la   ligure  en   couleur  est  de   taille  naliirelle. 
(11!)  Svenska  Flogarna.  pi.   XX.MV,  lig.  1,  la  figure  est  coloriée. 

(14)  Birds  of  Europa,  pi.  489,  t.  1. 

(lo)  i  user  .iuer  Rackel  und  lUrku'ibl,  un  grand  nombre  de  figures,  notamment 
des  exemplaires  dillérents  du  Rackelliane  typus. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE  43 

fi^iirt'  gravée  par  Robert  Beewlck,  d'après  un  dessin  fait  par  son 
frère,  Thomas  Beewick. 

Des  (lépoiiillos  du  llakelliani!  sont  conservées  dans  l)eaiicoup  de 
Musées  et  de  collections  [)arlicnlières  ;  nous  nommerons  d'a[)rès 
les  corniiiuuications  bienveillantes  qui  nous  ont  été  adressées  par 
MM.  les  docteurs  ou  iirofcsseurs  Adam  Kock,  R.  Peck,  A.  Dubois, 
James  A.  (îrie;;-,  H.  Giiilioli,  Faudcl,  Calloni,  .1.  Sparre  Schneider, 
von  Lorcnz,  Roulenger,  Sordelli,  E.  Rey,  Fr.  Tiemau,  Briii^îçer, 
Noury,  M''  G.  Doria,  J.  Riisikofen,  A.  von  Pclzeln,  H.  Blaine, 
Leinolteil,  Recheubach,  H.  M.  Plattaiier,  Taczanowski,  Campbell, 
Liitkeu,  Calpini,  F.  Smidt,  Grant,  Reicheuau,  Théel,  Godefroy- 
Lunel,  Handcoke,  Oustalet,  Sprengel,  Th.  Pleske,  A.  Knop,  et  aussi 
d'après  les  renseignements  puisés  dans  les  ouvrages  ou  mémoires 
de  Sundvall,  A.-B.  Meyer,  von  Tschusi,  Fr.  v.  Hauer,  G.  Niorh, 
Eimer,  D"-  Attum,  Ch.  Keller,  Collett,  de  Salis,  Lloyd,  Malin, 
Bogdanow,  Wiebke,  V.  GalTé,  W.  Wurm,  etc.  : 

En  Suède,  ie  A[usée  Zoologique  de  Stockolni  qui  posséderait 
soi.vanlc-deux  exemplaires,  le  musée  de  Gothenibourg,  et  h' Musée 
d'Upsala;  en  Norvège,  la  collection  de  l'Université  de  Christiana, 
le  .Muséum  de  Bergen  ;  en  Riissie,  le  Musée  zoologii|ue  où,  d'api'ès 
M.  Pleske,  on  conserve  sept  exemplaires  ressemblant  tantôt 
à  Vuroijalins,  tantôt  au  tetrix  (1),  le  Musée  de  Moscou(2)  ;  en 
Pologne,  le  Musée  de  A'arsovie,  trois  individus,  dont  deux  pro- 
veuant  de  la  Lithuanie;  eu  .Vlleniagne,  les  Musées  de  Giesseu,  de 
Francfort,  de  Breslau,  de  Mayence,  de  Gorlitz,  de  Darmstadt,  de 
Braunschweig,  la  collection  de  r.Vcadémie  forestière  d'Eberswalde, 
qui  contient  trois  vieux  mâles  et  un  jeune  coq;  l'Institut  zoologique 
de  Tubingue,  le  Caliinel  d'Histoire  naturelle  de  Garlsruhe,  le  Musée 
de  Dresde,  où  il  existe  nu  gi-and  nombre  d'indiviiliis,  décrits  par  le 
Df.\.-B..Meyer,  lacollectionde.M.  \V.\Viei)ke,(iui  renfermeégalement 
plusieurs  exemplaires  ;  celles  du  D^  E.  Rey,  à  Leipzig,  de  M.  Schutt, 
à  Fribourg  ;  en  .\lsace-Lorraine  le  Musée  de  Strasbourg,  et  la 
collection  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Colmar  ;  en 
.\ulriche,  les  .Musées  de  Vienne,  de  Prague,  de  Laibachet  de  Trente  ; 
la  collection  de  S.  A.  le  prince  Clary,  et  le  Musée  de  chasse  de 
Frauenberg,  où  l'on  voit  un  exemplaire  tué  i)ar  le  prince  Adolphe 


(1)  Cité  par  A-IÎ   Meyer,  op.  rit.,  p.  .")8. 

(i)  Vers  I7".(J,  il  exisUiit  iin  pxciiipliiirc  dans  la  colleclloii  di'  .luhn-Deseke.  Voy.  son 
oii\  iM!;<"  sur  les  Oiseaux  île  la  Coiirlandc.  Mitaii  el  Leipzig,  p.  Gi).  On  voit  aujourd'hui 
dans  uni-  aulre  collection  <le  la  Courlando,  celle  du  D'  ined.  II.  M.,  un  Coq  empaillé 
donl  la  description  a  été  faite  dans  Jagd-Zeilung.  p.  iJOO.  Vienne,  1881  . 


44  A.    SUCHETET 

Joseph  de  Schwarzenberg  et  un  autre  provenant,  croyons-nous,  de 
l'élevage  de  M.  Kialik;  en  Italie,  les  Musées  de  Florence,  de  Pavie, 
de  Milan,  de  Gènes,  de  ïuiin  (1);  en  Suisse,  ceux  de  Lausanne,  de 
Zurich,  de  Genève,  de  Coire,  et  les  collections  de  Slon,  du  capitaine 
Vouga  de  Castaillard,  de  M.  Challandes,  à  Berne;  en  Danemark,  le 
Musée  zoologique  de  l'Université  de  Copenhague;  en  Hollande,  le 
Muséum  van  natuurUj/cc  Hiatorie  de  Loiden  ;  en  Belgi([ue,  le  Musée 
royal  de  Bruxelles  (trois  exemplaires);  en  Angleterre,  le  British 
Muséum  de  Londres,  le  Musée  de  Northumberland-Durham  and 
Newcastle  on-Tyne,  celui  d'York,  celui  de  Glascow,  la  collection  de 
lord  Wodehouse  de  Kimberly  (2)  et  celle  de  M.  Wbitaker;  en 
France,  enfin,  le  Muséum  d'iiistoire  naturelle  de  Paris,  celui  de 
Rouen,  le  Musée  Noury,  d'Elbeuf,  le  Muséum  d'Arras,  les  collec- 
tions de  M.  Lemetteil,  à  Bolbec,  de  M.  Degland,  à  Lille,  du 
Dr  Marmottan,  à  Passy  (3),  de  M.  Deyrolle  à  Paris,  ([ui  possèdent 
un  ou  plusieurs  exemplaires. 

La  Rackel-Hona 

La  description  de  la  femelle  présente  certaines  difficultés  ;  peu 
d'exemplaires  ont  été  rencontrés,  soit  ([u'on  les  confonde  avec  les 
deux  femelles  d'espèce  pure  qui  présentent  entre  elles  de  grandes 
analogies,  soit  plutôt  que  le  sexe  mâle  domine  chez  le  Rackelhane 
comme  chez  tous  les  autres  hybrides. 

Brissou,  qui  considérait  le  Rackelhane  comme  appartenant  à 
une  véritable  espèce,  avait  donné  une  description  de  la  femelle, 
mais  une  description  troj)  courte  et  trop  vague  pour  qu'on 
puisse  la  reconnaître.  Laugsdorfl  a  indiqué  ses  caractères  d'une 
façon  plus  précise  et  beaucoup  plus  détaillée.  Toutefois  est-il  qu'il 
se  serait  absolument  mépris.  D'après  Temminck  (4),  sa  description  se 
rapporterait  plutôt  au  jeune  mâle  (jui  ressemble  plus  ou  moins 
dans  sa  première  année  à  la  femelle,  comme  c'est  le  cas  dans  toutes 
les  espèces  de  ce  genre;  le  D''  Meyer,  d'Offenbach,  avait  déjà  fait 
la  nième  remarque. 

Le  pasteur  Brehm,  et  même  Naumann,  le  grand  ornithologiste 

(1)  M.  le  D'  A.  Knop,  de  Carlsriihe,  nous  faitsavoii-  iiii'il  connaît  nn  exemplaire 
chez  M.  Wllting.  à  Innsbruk  (Tyrol). 

(2)  En  onire,  M.  Philip  Cartaug  nons  éeril  de  Londres  qu'il  vient  de  recevoir  trois 
spécimens,  dont  un  Un  est  envoyé  de  Russie. 

(3)  La  collection  du  D'  IMannottan  est  aujourd'hui  réunie  au  Muséum  d'hist. 
naturelle  de  Paris. 

(4)  Hist.des  Gallinacés,  p.  136. 


OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'kTAT   SAUVAGE  43 

alleniaud,  n'aiirau'iit  pas  ctr  plus  Iioiiroux.  D'ajirùs  le  docteur  A.  13. 
Meyer,  de  Dresde,  le  premier  décrit  comme  Uackel-lloua  uu(?l'otile 
de  Télrix,  et  Naumanii  a  commis  la  môme  erreur  eu  reitroduisaut, 
sur  uu  dessin  (|ui  orne  son  ouvrage,  la  soi-disaul  femelle  du 
pasteur  Brehm. 

La  description  donnée  par  Fries(l)  serait  plus  satisfaisante.  Nous 
avons  vu  dans  l'auvra^e  de  Sundevall  (2j  une  lii^ure  coloriée  de 
la  Hackel-Hona.  Un  exemplaire  femelle  se  trouve  au  musée  de 
Prai^ue,  celte  Poule  fut  élevée  par  .M"»^  Kralik,  d'Adolf  en  Bohême  (.S), 
un  autre  exemidaire  est  conservé  au  musée  de  Zurich.  Pendant  une 
chasse  (jue  le  prince  Rudolpli  lit  en  18S3,  il  vit  à  une  distance  de 
vin^l  pas  tout  au  plus,  près  d'un  Ilackelhane,  s'ahattre  deux  Poules 
dont  la  couleur  ronijeàlre  lui  lit  connaître  aussitôt  qu'il  n'avait 
devant  lui, ni  des  Poules  Urogalles,  ni  des  Poules  Tétrix.  Le  cri 
d'ajipel  de  ces  Poules  était  si  dillérent  de  celui  des  deux  parents 
qu'il  en  fut  frappé  et  il  ne  douta  plus  qu'il  se  trouvait  en  présence 
de  Poules  liyhrides  ('i).  Le  I)''  A.  B.  Meyer  (ii),  parle  d'une  femelle 
de  Backelhaue  tuée  dans  les  environs  de  Dresde,  dans  le  district  de 
Rohrdorf,  eu  décembre  1884.  Le  docteur  a  pu  comparer  trois 
femelles  ;  celles-ci  ne  se  ressemblaient  pas  sur  tous  les  points  et  ne 
teuaient  pas  juslemeut  le  milieu  entre  les  deux  esjjèces.  M.  Anto- 
uiu  Wiebke,  dans  une  réunion  de  la  Société  ornitirologique  tenue  à 
A'ienne  en  I88'i,  fit  savoir  (|u'il  avait  reçu  dans  ces  dernières 
années,  de  la  part  de  dillérents  ornilholoj^isles,  des  Poules  de  télrix 
annoncées  comme  des  Poules  de  Rackelhane  ((j).  On  nous  a  oITert 
à  nous-méme  une  femelle  dont  la  descrii)liou  nous  a  laissé  des 
doutes  sur  son  hybridité. 

Nous  croyons  donc  pouvoir  dire  (jue,  sauf  quelques  exem- 
plaires, la  plupart  des  individus  qui>  l'on  conserve  dans  les  collec- 
tione  sont  fort  douteux,  ainsi  que  ceux  dont  on  a  donné  la  descrip- 
tion. L'hybride  femelle  de  deux  espèces  dont  les  Poules  ont  de 
grandes  ressemblances  sera  toujours  difficile  à  déterminer.  Comme 
nous  l'écrit  avec  ijcaucoup  de  raison  ^L  Frédéric  Eduardovitch, 
les  femelles  du  Rackelhane  que  l'on  rencontre  se  perdent  dans  la 

(1)  Tidskrifl    for   jâgarc,  Slocklioliii,  cilo  par  A.  B.  Meyer,  <le  Dresde,  \>.  iii-oT. 

(2)  SiensliU  Flogitrna. 

(:t)  Coiiimunicaliim  de  M.  le  dni-leiirC.  Moesi.'li. 

(4)  Voy.  Mitllied.   (iriiilliol.  Ver.   Wieii.  1883,  |).   108.   Voy.  aussi   Jagd.-Zcilung, 
mèiiie  année,  p.  i£j. 
(.))  MOiiie  revue,  année  1884,  p.  10. 
(G)  Voy.  Journal  lur  Ornilliologie,  188j. 


46  A.    SUCHETET 

masse,  ou  les  prend  tantôt  pour  des  femelles  du  petit  Coq,  tautôt 
pour  des  femelles  du  grand  Coq. 

Quoiqu'il  en  soit,  nous  reproduirons  plusieurs  diagnoses  qui 
nous  ont  été  envoyées  ou  qui  ont  été  faites  dans  divers  ouvrages, 
tout  eu  reconnaissant  que  la  plupart  sout  sans  valeur. 

Aspect  général  :  Gris,  varié  de  taches  noires,  ressemble  assez 
à  la  femelle  du  Tétrix (B/mon);  tout  le  corps  est  d'un  brun  noirâtre, 
tacheté  et  varié  de  plusieurs  couleurs  [Lanjisdor/j)  ;  un  oliservateur 
peu  exercé  la  prendrait  pour  une  forte  Poule  tétrix  ordinaire 
[iVaummm)  ;  le  plumage  doit  être  varié  de  petites  raies  noires 
transversales  sur  un  fond  roussàtre  {sirioant  des  données  plus  ou 
moins  certaines  reeues  pur  Teniminek);  d'un  jaune  de  rouille  avec  des 
bandes  noires  transversales,  d'un  éclat  plus  clair  à  la  gorge  {pasteur 
Brelim);  elle  se  distingue  assez  facilement  de  la  Poule  urogalle  par 
sa  queue  fendue,  et  de  la  Poule  du  tetrix  par  sa  grandeur  et  sa 
couleur  (1);  la  femelle  du  Rackelhane  ressemble  tellement  au  Tétrix 
femelle  qu'on  pourrait  facilement  la  confondre  avec  elle  (Xauniann); 
ressemble  à  la  femelle  du  T.  vraejollus,  mais  elle  est  plus  petite 
{e.rciiiplaire  du  Musée  d'York);  elle  ne  diffère  pas  considérablement 
de  la  Poule  tétrix,  quand  elle  est  jeune  ou  doit  surtout  la  prendre 
pour  cette  dernière  (Lioyd);  elle  ressemble  tantôt  à  la  femelle  de 
rUrogalle,  tantôt  à  celle  ilela  Lyruredes  houh^aux  (Hrelnn):  couleur 
rougeàtre  (/jr/dcc  liudolpli);  partie  inférieure  du  corps  brun-jaune 
plus  ou  moins  intense,  les  plumes  ont  des  bordures  blanches  larges 
et  brunes  plus  ou  moins  régulièrement  formées  (D''  A.-B.  Meijer). 

Taille  :  A  peu  près  de  la  grandeur  de  la  Poule  du  petit  Tétras 
{LangsdorfJ');f:\\e  tient  le  milieu  pour  la  grandeur  entre  les  femelles 
du  Tétrix  et  de  l'Urogalle  (2);  beaucoup  plus  grande  que  la  Poule 
tétrix  {i\aumann);  bien  plus  petite  que  le  mâle  (f.loijd);  tantôt 
ressemblant  à  la  Poule  tétrix  <à  s'y  méprendre,  tantôt  à  la  Poule 
urogalle  {(',lo(jer)\  les  femelles  en  général  sont  prises  pour  des 
Poules  tétrix  [id.];  longueur  21  "  seulement  sur  34"  de  Iav^q [pasteur 
Brelnii):  un  autre  exemplaire,  longueur  22  pouces  (î'rf.);  sa  longueur 
n'excède  pas  de  beaucoup  1  pied  9  pouces  [Lloiid);  un  quart  plus 
petite  que  le  mâle  (exemplaire  du  Musée  de  Zurich). 

TÊTE,  COLORATION  :  Raics  transversales  rousses  et  noires,  sur  le 
côté  de  la  tète  et  au  menton  existent  des  plumes  rayées  de  noir 
et  de   blanc,   formant   des  taches   irrégulières   de  cette  couleur 

(1)  Remarque  du  D'  Gloger,  in  Nauniann. 

(2)  D'après  les  données  plus  ou  moins  certaines  adressées  ù  Teuiminck. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRES    A    L  ETAT   SAUVAGE  M 

(Lanystlorjf);  IvIq  jauue  de  rouille  avec  des  raies  noires  eu  travers 
(Nilsson);  brun  jaune  avec  des  bandes  noires  larges  et  des  taches 
blanchâtres  jaunes  sous  les  yeux,  un  piui  |>lusfoucées  sur  les  joues 
et  eu-dessous  les  pointes  des  taches  noirâtres  {Dr.  A.  H.  Mrjji'r). 

Uec,  conformation  et  dimensions  :  Un  pouce,  et  à  partir  des 
narines,  6/8  (.Mlsson);  le  bec  gros  et  droit,  mais  le  dessus  plus 
bombé  que  celui  de  la  Poule  du  ^rand  Coq  de  bruyère;  (id.)  le  bec 
brun   noir   (.1.  IS.  Mener);   nioilié  ])lus  court  que  celui  du  mâle 

(e.remjil.  M  user  de  /iirieh). 

(ioRGE  :  11  existe  à  la  i;orge  des  plumes  rayées  de  noir  et  de  blanc, 
formant  des  taches  irrégulières  de  cette  dernière  couleur  {Langs- 
dorlf)  ;  les  plumes  de  la  gorge  plus  longues  que  celle  de  la  Poule 
urogalle  (Silsson). 

Cou  :  Ondulé  comme  la  femelle  tetrix  [exe  m  plaire  du  musée  de 
/uricli);  raies  transversales  rousses  et  uo'ires  [LanijsdorU)  ;  beau- 
coup de  plumes  sur  les  côtés,  brunes  variées  et  bordées  d'un  noir 
violet  tiès  éclatant  et  lustré,  de  la  ménu'  couleur  ([ne  celle  du  Coq 
(le  i)ruyère  à  (]ueue  fourchue  ("/.);  le  cou  jaune  de  rouille  avec  des 
raies  noires  eu  travers  {.\ilsson)  ;  brun  jaune  avec  des  bandes  noires 
larges  et  des  taches  blanchàti'es  jaunes  (.1.  li.  Meijer]  ;  les  côtés  du 
dessus  noir  brun  avec  des  bandes  en  travers,  et  des  bordures  gris 
iilanc,  la  bande  en  travers  subtermiiialc  est  jaune  brun,  rompue 
par  des  petites  raies  foncées  (/(/.). 

Dos  :  Beaucoup  de  plumes  sont  brunes  variées  et  bordées  d'un 
noir  violet  très  éclatant  et  lustré,  de  la  même  couleur  (jne  celles 
du  Co(|  de  bruyère  à  (jueiu!  fourchue  {l.antjsdorjf)  ;  sur  le  dos  beau 
noir  bleu  avec  des  taches  de  rouille  (pasteur  Brelim). 

Aile,  dimensions:  A  partir  de  sa  naissance,  11  pouces  2/8  (iV(7Asojt); 
un  autre  exemplaire,  10  pouces  6  lignes  (id.). 

Aile,  coloration  :  Les  couvertures  des  ailes  sont  noires,  variées 
de  petites  raies  transversales  grisâtres  et  rousses,  quelques-unes 
sont  le  long  de  leur  milieu  blanches,  ce  qui  forme  des  raies  longi- 
tudinales blanches,  les  grandes  plumes  de  l'aile  sont  brunes,  le 
bord  extérieur  est  varié  de  blanc,  leur  tige  est  de  cette  même 
couleur,  les  plumes  moyennes  de  l'aile  ressemblent  assez  à  celles 
du  mâle,  elles  sont  blanches  à  leur  origine,  leur  bout  est  brun, 
rayé  transversalement  de  noir  et  t(n-iniiié  d'un  boni  Idanc  (f.anijs- 
durlj)  ;  les  pennes  ?  brun  foncé  en  ilehors,  à  leur  extrémité  bigarrées 
de  brun  rouge  (Nilsson)  ;  sur  les  ailes  on  voit  deux  bandes  blanches 


48  A.    SUCHETET 

{pasteur  Brclitii);  les  épaules  sout  tachetées  de  blanc  (A.  B.  Mener); 
les  petites  couvertures  des  ailes  eu  partie  marquées  de  petits  points 
lins  et  noirs,  la  partie  inférieure  des  ailes  d'un  jaune  gris  d'argent 
i(l.)\  les  rémiges  des  ailes  sont  colorées  comme  chez  la  femelle 
(Tétrix  ?)avec  des  liordures  Idanchàtres  (rxenipl.  du  mugce  de  /urieh); 
miroir  blanc  sur  l'aile  (kl.). 

Poitrine  :  Colorée  comme  la  $  Tétrix  (exempt,  du  musà'  de 
Zurich);  plumes  noires  rayées  transversalement  de  petits  points 
blancs  :  la  tige  de  la  plupart  des  plumes  sont  le  long  de  leur  milieu 
blauches,    ce     qui     forme    des    raies     longitudinales    blanches 

(Lanijsdurlf). 

Ventre  :  Le  bas-ventre  est  ijrun  l'once  (Lanijsdorjf);  on  aperçoit 
sur  le  fond  blanc  du  ventre  des  bandes  brunes  (Brehnt);  le  dessous 
du  corps  tacheté  de  noir  et  de  blanc  et  de  jaune  rouille,  le  bout  des 
plumes  orné  d'un  large  bord  lilanc  (Ailsson),  les  cotés  gris  d'argent 
devenant  noirs  vers  la  queue  (exempl.  Musée  de  Znrieh). 

QuELE,  DIMENSION  ET  conformation:  cUc  csl  coiuposéede  18  plumes, 
dont  10  du  milieu  sont  beaucoup  plus  courtes  et  ne  surpassent 
guère  trois  pouces  et  demi  de  longueur,  tandis  que  les  trois  inté- 
rieures de  chaque   côté  augnienteut  Tune  après  l'autre  jusqu'à 

5  pouces  1/2,  étant  à  leur  bout  tournées  en  dehors,  ce  qui  rend  la 
queue  très  fourcbue  et  si  ressemblante  à  celle  d'un  mâle  de  Coq  de 
bruyère,  qu'il  est  très  difficile  etpardonnalile  de  croire  au  premier 
coup  d'œil  que  cet  Oiseau  est  une  variété  du  mâle  du  petit  tétras 
(Langsdorif)  ;  queue  moins  fourchue  que  le  mà\e(suirant  des  donnés 
plus  ou  mohis  certaines  envoijccs  à  Temminck);  ouverte  dans  le  haut, 
les  rectrices  du  milieu  1/2  pouce  plus  courtes  que  les  extérieures, 
toutes  très  larges  et  bien  garnies,  le  bout  pointu  (Mlsson)  ;  un  autre 
exemplaire,  les  plumes  de  la  queue,  les  10  les  plus  courtes,  longueur 

6  pouces,  les  plumes  extérieures  les  plus  longues,  7  pouces  (Mlsson)  ; 
la  Rackel-Honapeut  être  distinguée  des  Poules  urogalles  et  tétrix  par 
la  forme  de  sa  queue,  qui,  étendue  un  peu,  est  presque  carrée,  au 
lieu  de  présenter  la  forme  ronde  tle  la  Poule  urogalle,  et  la  faible 
fourchette  de  la  Poule  tétrix  (Lloijd)  ;  le  croupion  forme  une  faible 
saillie,  presque  droite  en  dedans  (A.-B.  Meycr)  ;  la  queue  est  tantôt 
à  peine  découpée,  tantôt  au  contraire  elle  l'est  très  profondément 
(Gloger). 

Queue,  coloration  :  Les  couvertures  du  dessus  de  la  queue  et  les 
côtés  sont  noirs,  variés  de  petites  raies  transversales,  grisâtres  et 
rousses,  les  couvertures  du  dessous  sont  blanches,  les  plumes  de  la 


OISKM  X    MVHItlDES    HKNCOXTIiKS    A    I.'kIAT    SAUVAr.l-;  V.) 

(liiiMii'  soiil  viii'iiM's  à  leur  raciiii'  de  (-(nili'iir  rousse  (^l  Irrmiuées  à 
leur  lioiil  (II'  iiuii-  l'I  (l'un  1)1)1x1  hiaiic  (Mioil  {LanysilorU)  ;  la  (|U('M(; 
est  iioiii'  nwc  des  lollcts  jauucs  (.le  rouille  ;  sur  les  cc)lés  de  la  queue 
exlsleal  des  bandes  bruues  [paslt'iir  lireliin);  (jueue  moitié  plus 
courte  (iue>:elle du  lui'de  (/-.'.(■('//(y;/.  (/«  iniifsce  di'  /uridi);  les  i)luiiies 
du  crouijiou  noires  et  liiyarrées  en  travers  d'un  jaune  de  rouille  et 
gris  bluue,  les  couvertures  du  dessous  de  la  (|ueue  jaune  rouille, 
avec  des  raies  eu  travers  jaune  rouille  et  de  larges  poiids  blancs,  les 
reclriees  sont  brun  rouge,  à  la  naissance  rouge  iiàle  et  rayées  (?); 
sur  le  croupion  et  la  queue  des  bordures  larges  se  chaugeant  eu 
gris-clair,  avec,  uu  mouehelagenoir,  ainsi  ces  parties  prennent  une 
teinte  grise  (A. -II.  Mcijcrj  ;  croupion  brun-noir  tacheté  d'un  brun 
clair  rougeàtre  avec  uue  lisière,  de  liserés  blaucs  aux  rectrices  ;  le 
dessous  du  croupiou  plus  pâle;  les  endroits  de  l'anus  noirâtres  avec 
des  bordurt.'s  blanc  sale  et  des  bandes  en  travers,  petites  couvertures 
sur  le  croupiou  blanc,  grandes  brun-clair,  bordées  de  noir  et 
avec  des  i)oiutes  blanches  larges  {A.-B.  Mi-ijer);  les  plumes  du 
dessous  de  la  queue  sont  plus  blanches  (juc  chez  le  mâle,  celles  du 
dessus  sont  noires  avec  des  bordures  brunes  (cje/»;j/.  du  Musée  de 
Zurich). 

Jambes  et  pieds  :  Ressemblent,  ainsi  que  les  doigts  et  les  ongles, 
à  ceux  du  mâle,  excepté  qu'ils  sont  beaucoup  plus  petits  (Lanys- 
dorlj)  ;  les  ongles  plus  courts  que  ceux  de  la  Poule  urogalle  et 
pointus  (AiUsoit);  le  duvet  des  pattes  bigarré  gris  sombre  [id.];  le 
plumage  des  pieds  brun  pâle  avec  marque  claire,  les  pieds  bruu 
noir  ('.');  la  ])aMe  deux  pouces,  le  doigt  du  milieu  3  pouces  :J/8  ; 
plumage  des  pieds  plus  clair  que  chez  le  mâle  (e.venipl.  du  Musée  de 
Zurich);  les  ougles  moitié  plus  courts  que  ceux  du  mâle  (id.). 

Ciu  d'appel  DELA  Rackel-Hona  :  M.  le  comte  Cerlitz  lieckfries 
aurait  entendu  ce  cri.  11  le  dit  moins  lorl  (jui'  celui  de  la  fenu'Ue  de 
IL  rogalle  et  plus  fort  que  celui  de  la  l'oule  du  tetrix,  mais  il  ne 
saurait  dire  au(iuel  des  deux  cris  il  ressemble  le  plus  (1). 

Des  dessins  ou  ligures  coloriées  représentant  des  femelles  de 
Rackelhane  se  ti'ouveut  dans  Nauniaun  (2)  et  dans  Nilsson  (3); 
Lloyd  (i)  a  donné  la  disposition  de  la  queue  comparée  aux  queues 
de  la  l'oule  urogalle  et  de  la  l'oule  tétrix,  d'après  uu  dessin  qui 

(1)  Lloyd,  op.  cil.,  p.  III. 
{i)  Up.  cit..  pL  CLVl. 

(3)  Skand.  fauna,  pi.  iV,  dessin  de  .M.  V.  WiigliL, 

(4)  Up.  cil. 


bO  A.    SCCHETET 

lui  fut  envoyé  par  M.  Malm,  alors  directeur  du  Musée  de  Gothem- 
bourj:;;  Suudevall  (1)  a  donné  un  portrait  en  couleur  représentant 
tout  l'Oiseau  ;  le  D""  A.-B.  Meyer,  de  Dresde,  une  très  belle  planche 
coloriée. 

On  voit  des  exemplaires  empaillés,  mais  plus  ou  moins  authen- 
tiques, dans  les  Musées  de  Colmar,  de  St-Pétersbourg,  de  Lausanne, 
de  Neufchâtel,  de  Stockholm,  de  Christiania,  de  Gothembourg,  de 
Dorpat,  de  Vienne,  de  Munich,  de  Dresde  et  de  Zurich,  dans  les 
collections  de  M.  Henke,  à  Soupsdorf,  de  M.  Walsckke  à  Anna- 
berg  (2),  du  comte  de  Meugden,  au  château  de  Mozahn  (Livland)  (3), 
etc.  (4). 

Jeunes  mâles. 

Nous  n'avons  que  fort  peu  de  renseignements  à  donner  sur  les 
jeunes  du  Rackelhane.  11  en  existe  un  dans  la  collection  de  l'Acadé- 
mie forestière  à  Neustadt  d'Eberswalde  (o).  D'après  lé  D^  Wurm  (6), 
cet  individu  se  trouve  dans  son  habit  de  transition,  il  porte  des 
plumes  de  couleur  de  rouille  claire,  lammelées  de  noir,  tout  le 
plumage  est  déjà  très  mélangé  de  noir  (7).  Nilsson  a  décrit 
un  autre  spécimen,  dont  le  cou,  le  dos,  le  croupion  sont  de  cou- 
leur gris-cendré  fortement  ombrée,  les  épaules  et  les  ailes  aussi 
fortement  ombrées,  mais  d'un  brun  de  rouille.  Tels  sont,  dit  Nilsson, 
les  jeunes  sujets.  Citons  encore  un  jeune  mâle  qui  fut  trouvé  par 
M.  CoUett  sur  le  marché  à  gibier  de  Christiana,  le  3  octobre  1870. 

Rackelhanes  en  captivité. 

Nilsson  posséda  en  captivité  trois  Rackelhanes.  Le  dernier,  né 
pendant  le  printemps  de  1834,  mourut  âgé  de  près  de  six  ans.  Ainsi 
Nilsson  put  faire  des  remarques  sur  les  mœurs  de  cet  Oiseau. 
Presque  toute  la  journée,  raconte  l'ornithologiste  suédois,  ce  Rackel- 
hane restait  sur  son  perchoir,  ayant  les  yeux  fermés,  quelques 
plumes  hérissées,  et  laissant  tomber  sa  queue.  Malgré  sa  longue 
captivité  il  était  demeuré  sauvage;  il  devenait  méchant  lorsque  de 

(1)  Op.  cit.,  pi.  XXXIV,  fig.  2. 

(2)  Pour  ces  deux  collections,  voy.  A-B.  Meyer,  op.  cit. 

(3)  Cilo  p.  le  baron  A.  v.  Krudener,  in  Jagd-Zeilung,p.  29G. 

(4)  Deux  femelles  viennent  d'être  vendues  à  Londres  par  M.  J.A\  Lilakcr,  esq. 
(o)  Comniunicalion  de  M.  le  D'  Attum. 

(6)  Voy.  Zool.  Garten,  1S80,  p.  176.  C'est  d'après  Alsun  que  parle  iM.  Wurni. 

(7)  Skand.  fauna. 


OISKAI  X    lIVIirilDES    IIKNCONTRÉS    A    l'kTAT    SAlIVAr.l';  '11 

|ii'lils  Oiseaux  s'ii|i|)rocliaieiil  de  sa  ciige  iioiir  inauger  sa  uouni- 
turc. 

Au  iiriutoinps,  (•'('st-à-dire  au  nioiiieiit  où  il  preuait  sou  pluuiago 
de  uoces,  il  se  iiionlrait  pins  lier  el  jetait  sou  grogueuieut.  Il  fai- 
sait son  jeu  sur  sou  perchoir  ou  au  foud  de  la  volière  ;  sa  queue  se 
levait  alors  et  se  déjjloyait  eu  éveutail,  les  ailes  se  haissaieut,  les 
jduuies  de  sou  cou  se  hérissaieut.  Ou  l'enleudait  chauler  tout  le 
mois  d'avril  jusqu'aux  preuiiers  jours  de  mai;  il  ue  corameuçait 
jamais  sou  chaut  de  graud  maliu,  uiais  il  le  continuait  dans  la 
journée  lorsque  le  temps  ùtait  beau  ou  après  une  petite  pluie.  Du 
5  au  8  mai,  il  cessait  ses  chants;  parfois  peudant  l'automne  on 
entendait  sa  voix,  mais  rarement. 

Sa  nouriiture  consistait  en  de  petites  baies,  il  mangeait  aussi 
diverses  graines  telles  que  celles  du  genièvre  cl  du  blé  (1). 

Le  Jardin  Zoologique  de  Hambourg  reçut  en  188^  une  Lyrure 
iiiterniédiaire  prise  en  Suède.  Ses  allures  étaient  bien  plutôt  celles 
du  Tétras  iirogalle  (|iie  celles  de  la  T.yrure  des  bouleaux, elle  avait  la 
tenue  majestueuse  du  premier.  Cet  hybride  ne  si'  montrait  point  que- 
relleur. L'u  Coq  tetrix  qui  partageait  sa  cage  lui  fit  bientôt  sentir 
sa  supériorilé;  dans  ses  accès  de  jalousie,  il  le  maltraitait  lellemeiit 
(juc  le  malheureux  Oiseau,  dès  (|u'il  a|)ercevail  son  rival,  se  sauvait 
aussitôt  et  se  cachait  dans  un  buisson,  restant  ainsi  tapi  sans  oser 
bouger  (2).  On  a  encore  parlé  (•3),  d'un  Rackelhaue  vivant  en 
captivité  chez  .M.  Sterger,  à  Krainburg  (i).  Mais  d'après  M.  Victor 
Gaffé  et  autres  (3),  cet  Oiseau  ue  serait  qu'un  telri.r.  Le  Jagd- 
Zeitung  a  publié  plusieurs  articles  à  ce  sujet. 

Lk  Kackeliiank  i;st-ii,  fkcond  V 

Klein  ((>)   i)arle  des  œufs  de  la  Rackel-hona  dans  ces  termes  : 

(1)  Skand.  Faiina.  Edil.  di-  18!».  I.iin.l. 

(ij  Ces  reiiseigneiiients  sont  donnés  par  lîrelim  ,Hi.<<.  des  Animaux.  Oiseaux, 
II,  p.  3  et  i).  Nous  nous  pernielli'ons  de  faire  remiiripier  qne  relie  limidilé  du 
Kai'ki'lliane  en  caplivilé  ne  se  rapporte  pas  au  dire  des  ualuralisles,  (pii  pré- 
tendent au  conir.iire  ipie  le  llackelliane  est  non-seuleiiieiit  victorieux  dans- les  bullz 
des  Tétrix.  mais  (|u'il  allronte  même  l'Urogalle  dans  ses  jeux  d'amour. 

{•i)  Numéros  (i  et  7  du  .tournai  de  Chasse  de  Vienne,  I88/1. 

(4)    Voy.  Jasid-Zeituni,'.  p.  SU.  l.sSi. 

(o)  Voy.  Jajjd-Zeilun^',  n°  II,  p.  2:i7,  et  n"  l.i,  p.  43i,  IS8'),  entre  aulies  la  ri'ponse 
faite  par  .M.  Steiger,  qui  prétend  (|H'ut-Olre  avec  raison)  que  son  Coq  est  bien  un 
Rackeltiane. 

(6)  Ova  aviuin  plwimariuin,  Leipzig,  17(30. 


;J2  A.    sUCHEtEt 

«  Uro(jalliis  lii/bridits:  ovliiu  diliilis  niasculis  miijoribiis.  »  D';ij)|-ès 
le  i)astcur  Bit^liin  (Ij,  (iincliii  ulLiuaé  auraient  dil  ([ue  la  Raikel- 
liaue  pondait  des  œufs  jaune-clair,  tachetés  de  brun.  Déjà  le  D^Meyer 
d'OlIeubacli  {2)  avait  donné  la  même  assertion  d'après  Klein,  mais  le 
texte  latin  de  ce  dernier,  (jue  nous  avons  entre  les  mains,  ne  dit  pas 
cela.  D'après  Langsdoriï,  Klein  aurait  écrit  que  ces  œufs  ont  des 
taches  plus  grandes  que  celles  des  œufs  de  la  femelle  du  grand 
Tétras.  S'agit-il  de  passages  dillérents?  Schinz  (3)  prétend  que  les 
œufs  sont  plus  petits  et  plus  courts  que  ceux  du  Coq  de  bruyère, 
il  n'indique  pas  la  source  où  il  a  puisé  ce  renseignement. 

Ces  témoignages  nous  paraissent  de  peu  de  valeur.  Nous  croyons 
pouvoir  diie  que  les  œufs  de  la  Rackel-hona  n'ont  i)oint  été  décrits 
avec  assez  de  précision.  L'auraieut-ils  été,  qu'il  aurait  encore  fallu 
les  mettre  en  incubation  pour  s'assurer  de  leur  fécondité.  Nilsson, 
Fries  et  Iletzius  paraissent  avoir  parlé  d'un  ovaire  atrophié  (4). 
Cependant  M.  Heucke  a  trouvé  dans  l'ovaire  d'une  Poule  qu'il  tua 
lui-même  à  Kohrsdorf  un  œuf  graud  comme  un  pois  (o),  et  d'après 
Severtzow,  on  aurait  tué  des  feuielles  du  T.  iiifdius  avec  des  petits 
qu'elles  conduisaient  ((5);  malheureusement  le  feu  professeur  ne 
donne  aucune  autre  indication  et  ne  fait  point  savoir  où  il  a  pui.sé 
ces  renseignements. 

Aussi  les  divers  naturalistes  qui  se  sont  occupés  du  Rackelhaue 
donnent-ils  des  avis  très  opposés  sur  la  fécondité  de  cet  Oiseau.  Le 
D''  A.-B.  Meyer,  en  parlant  de  la  Rackel-Hona,  décrite  par  Fries  (7) 
dit  que  cet  auteur  l'a  donné  sans  fondement  pour  stérile.  Bechstein 
prétend  que,  comme  beaucoup  de  bastarden,  leRackelhane  ne  doit  pas 
se  reproduire.  M.Bogdanow  (8J,  tout  en  reconnaissant  que  la  fécondité 
de  cet  hybride  n'a  point  encore  été  constatée,  pense  néanmoins 
qu'elle  est  possible.  ïschusi  (9),  a  dit,  au  contraire,  que  son  infé- 
condité est  probable. 

Comme  les  deux  espèces  de  Tétras  qui  engendrent  le  Rackelhaue 
ne  sont  pas  éloignées,  mais  au  contraire  très  rapprochées,  surtout 


(1)  Op.  cit.,  p.  o07  et  u08. 

(2)  Op.  cit.,  181i. 

(3)  Op.  cil.,  p.  130. 

(4)  Weidmann.  p.  3!)  et  36,  1880,  cité  par  A.-B.  Meyer,  Jagd.-Zeitung,  p.  110, 1884. 
(0)  Voy.  A.-B.  Meyer,  Jagd.-Zeilung,  p.  110,  1884. 

(0)  Voy.  Nouv.  méiii.  des  nal.  de  Moscou,  XV,  p.  ICI,  1888,  Étude  ■<ur  les  viiria- 
tions  (les  .i<juiliiiés. 

(7)  Tidski'ill  for  Jagar,  18.32. 

(8)  Conspectus  avium,elc.,  p.  30. 
'    (9)  Les  Alpes,  1857. 


oisKvrx   }niiitii)i;s  iiic.ncontkks  a  l'ktat  sauvagi;  .'13 

par  les  feln(!ll(^s,  ti)iit  rii)ii>;  porte  à  croire  que  ces  dprnièros  sont 
fertiles  avec  rime  des  espèces  pures,  l'ourle  niàle,  cepoiidaiit,  nous 
ne  pensons  point  qu'il  en  soit  ainsi,  quoi(|ue  M.  Bo^danow,  ayant 
disséqué  nu  individu  de  ce  sexe  (1),  ait  trouvé  les  organes  sexuels 
dans  un  état  lotit  à  fait  normal.  Nous  avons  vu,  en  ellet,  en  parlant 
des  Coqnards  cT  {|iroduits  du  Phasianiis  rolchiciis  et  du  Galiiis 
ilowentints).  que  les  organes  sexuels  d'un  de  ces  Hybrides,  reconnus 
inféconds,  paraissaient  bien  conformés  (2).  Nous  avons  constaté  le 
même  fait  chez  une  hybride  stérilede  Ph.  Reew.sii  X  Tli.  moufioliciis. 

La  présence  de  Rackhelhanes  cT  ddus  les  jeux  d'amour  n'est 
pas  plus  significative.  Que  d'hybrides  cherchent  à  s'accoupler, 
s'accou|)lfnt  même  et  ne  fécondent  jamais  les  femelles  rpi'ils 
cochent.  Depuis  longtemps  nous  possédons  des  màics  hybrides 
T.  auritus  et  7".  riaorius.  Ils  ne  cessent  de  roncouler  près  de  leurs 
femelles,  tout  le  jour  ils  leur  font  la  cour.  Les  œufs  n'écloseut 
jamais.  Vn  Pigeon  demi-ramier  demi-ordinaire,  accouplé  tour  à 
tour  depuis  trois  ans  avec  diverses  femelles  d'espèce  pure,  reconnues 
fécondes  avec  leurs  mâles,  n'a  jamais  donné  de  produits.  Il  est 
cependant  d'une  ardeur  extrême  et,  comme  les  Tourterelles  cT 
hybrides,  ne  cesse  de  roucouler.  Nous  avons  encore  des  hybrides 
de  T.  risariiis  et  de  C.  lirin  accouplés  avec  des  femelles  Colninha 
liviii.  Souvent  nous  les  voyons  cocher  ces  femelles  qui  pondent 
invariablement  des  o'ufs  clairs.  Ces  mâles  hybrides  n'obtiennent 
pas  jibis  de  succès  avec  des  femelles  T.  nsori)is  (3).  Les  Tétrix, 
rencontrés  ])ar  le  feu  professeur  Severtzow  avec  de  légères  traces 
d'hybridation,  proviendraient  donc  d'un  mélange  d'une  femelle 
hybride  avec  un  Coq  d'espèce  pure  et  non  de  l'union  d'une  fiMiielle 
d  espèce  pure  avec  un  Ilackelhane  cf. 

Disons  en  terminant  que  Nilsson,  afin  de  s'assurer  de  l'hybridité 
du  Rackelhane,  avait  prié  ses  compatriotes  du  Nord  de  tenter  des 
croisements  entre  le  Ti'tnio  urotinlhis  et  le  Tctrao  li'trix{i).  On  peut 
se  demander  jiouripioi  il  n'a  pas  tenté  hii-méme  ces  croisements, 
car  d'après  Lloyd  (5)  .le  Tétrix  s'apprivoise  facilement.  Dans 
les  cantons  ruraux  de  la  Suède  on  voit  souvent,  dit  cet  auteur, 
des  lilack-cocks  en  cage  aux  maisons  de  la  petite  noblesse  ; 
Brehm  dit  aussi  qu'en  Scandinavie  on  a  fait  reproduire  plusieurs  fois 

(1)  ïilr  pMi-  le  pi'ini-c  fialilziiiP  pn'-s  dr  Siiiiil-Prlf-slioiirt;. 

(2)  Voyez  IKlcvi'ui-,  n»  2:tS,   18S'.). 

(3)  ('.liiiso  l't'imiinlr.  nous  .ivoiis  pu  conskilcr  Ui  pivsciicp  de  spermatozoïdes  bie 
ilcv('lo|ipi'S  dans  les  IcsIiruIi'S  ilr  i-es  liybiides. 

Cl)  Voy.  Skiuiil.  Fdunit,  p.   17. 
ifl)  Ou  me  birds,  p.  84. 


Oï  A.    SUCHETET 

en  captivité  des  Urogalles,  on  les  aurait  même  croisés  avec  des 
Lyrures  des  lîouleaiix,  mais  lo  résultai  paraît  inronnu.  Heureusement 
ces  essais  ont  été  tentés  tout  dernièrement  par  un  industriel  de 
Mégerswalden,  M. Cari  Kralik.  Celui-ci  a  bien  youlu  nous  faire  savoir 
qu'il  avait  ainsi  acquis  la  certitude  que  «  \(i  Kackcl-halin  ai  ]i\  llar- 
kel-henne,  étaient  bien  le  résultat  d'un  croisement  entre  Tctrao  teirix 
c?  et  Tetrao  uroijalliis  $.  »  M.  Kralik  ajoute  dans  sa  communication 
que  ses  Rackelhanes  s'étaient  accouplés  très  fréquemment  pendant 
le  printemps  qui  suivit  leur  naissance,  mais  il  ne  fait  mention 
d'aucun  produit;  du  reste,  ces  Oiseaux  moururent  les  uùs  après  les 
autres. 

Tous  les  faits  que  nous  venons  de  rassembler  nous  autorisent  donc 
à  reconnaître  une  double  origine  cliez  le  Rackelhane,  qui  peut  être 
déclaré,  croyons-nous,  comme  hybride  authentique  de  T.  tetrixel 
T.  urogallus. 

Genre    Lagopus. 
Lagopus  scoticus  (1)  et  Lagopus  mutus  (2). 

En  1878,  à  l'une  des  réunions  de  la  Société  Zoologique  de  Londres, 
M.  le  prof.  Newton  exposa  la  peau  d'un  Oiseau  qu'il  supposait  être 
le  produit  du  croisement  de  ces  deux  espèces.  Ce  curieux  spécimen 
lui  avait  été  donné  pour  le  Muséum  de  l'Université  de  Camliridge 
par  le  capitaine  Houston,  de  Kintradwell,  en  Sutherlaud  ;  c'est  dans 
cette  contrée  ([u'il  avait  été  tué  le  i«''  septembre  1878. 

Sou  plumage  d'été,  dit  le  professeur  Newton,  ressemble  à  celui 
de  la  poule  Ptarmigau  [Lagopus  mutus),  quoiqu'il  paraisse  plus 
sombre  extérieurement.  Les  régines  primaires  tiennent  beaucoup 
de  celles  du  Lagopède  d'Ecosse,  la  bordure  blanche  s'allonge  davan- 
tage. Le  professeur  fit  voir  la  peau  de  cet  Oiseau  à  plusieurs 
ornithologistes  de  ses  amis,  qui  confirmèrent  son  dire.  Cette 
conjecture  est  d'autant  plus  fondée,  ajoute-t-il,  que  la  partie  du 
terrain  où  cet  Oiseau  a  été  tué  est  voisine  d'une  localité  fréquentée 
par  le  Ptarmigan.  En  outre,  M.  Newton  est  porté  à  croire,  d'après 
certaines  informations,  qu'on  a  découvert,  avec  ce  spécimen, 
d'autres  exemplaires  d'un  croisement  semblable. 


(1)  On  Bonuxa  îtcolica  ou  Telruo  sculiciis. 

(2)  Ou  Telruo  mutus  ou  T.  Iaijnpu.'<  (var  nipina,  miin>r!,  ou  Lagopus  vulgaris 
nu  hion  piicoi-e  t..  alpinus  et  !..  moniiinus. 


OISE.VCX    HYBRIDES    RENCONTHliS    A    L  KTAT    SAUVAGE 


Lagopus  ALBiis  et,  Lagopus  MUTUS  (I). 

Dans  les  l'roceedings  ol  tlie  Zoological  Society  {2),  M.  Colletl  f;iil 
savoir  qu'il  a  examiaé  un  hybride  entre  le  Lagopus  mutus  et  le  L. 
alliiis.  oxcmplaire  tiio  à  Riiros,  oa  septembre  1883,  aujourd'hui 
conservé  dans  le  Musée  de  riiniversité  de  Christiana. 

Ce  spécimen,  dit  .M.  Collett,  est  un  mùledaus  son  plumage  d'au- 
louHie,  éiiorjue  où  la  livrée  des  deux  parents  est  la  plus  recounais- 
sable.  Le  plumage  dn  Laijupits  mutus  prend  alors  une  teiute 
particulière,  gris-bleuâtre,  où  chaque  plume,  sur  un  fond  cendré,  est 
finiment  tachetée  de  noir  sans  former  des  lignes  bien  tranchées; 
11!  fjKjiipus  iilbii.s,  tout  au  contraire,  porte  sur  (iliaque  plume  des 
taches  brun-rougeàtre  où  on  aperçoit  distinctement  des  ligues 
croisées  sur  un  fond  noir.  Or,  cliez  le  spécimen  hybride,  la  couleur 
et  la  disposition  {',ij  des  plumes  indiquent  une  fusion  des  caractères 
des  deux  espèces. 

Sur  le  dtïssus  du  corps  le  ])lumage  ressemble  davantage  au  L. 
mutus,  les  plumes,  ainsi  que  celles  des  (lancs,  sont  finement  tache- 
tées de  noir  sur  un  fond  un  peu  rougeàtre,  ([uoique  la  couleur  ne 
soit  point  aussi  accentuée  que  chez  L.  albus.  La  disposition  du  plu- 
mage (4)  est  celle  du  L.  mutus,  et  les  longues  plumes  des  flancs, 
ainsi  que  les  couverlui'es  supérieures  de  la  queue,  où  il  n'existe 
poiutde  plumes  croisées,  dillèrent  tout  particulièrement  de  L.  albus; 
une  ou  deux  plumes  cependant  ressemblent  à  ce  dernier.  Les 
bandes  croisées  de  la  tète  ont  également  beaucoup  de  ressemblance 
avec  celles  du  L.  mutus,  elles  sont  aussi  plus  fournies  que  chez  L. 
albus,  quoique  plus  confuses  et  irrégulières.  Le  plumage  de  dessous 
se  ra])proclie  de  celui  du  L.  albus,  surtout  comme  coloration,  les 
plumes  soni  rayées  transversalement  comme  celles  de  L.  miilus, 
mais  leur  couleur  est  rouge  et  ressemble  beaucoup  plus  à  celle  de 
L.  albus.  Kn  somme,  la  disposition  (."))  des  plumes  de  cet  Oiseau  est 
celle  du  I .  muliis,  tandis  (jue  la  (iiloration,  notaininent  en-dessous, 
est  celle  de  L'albus.  Le  bec  est  de  grandeur  intermédiaire. 


d)  Oii  Tetraii  suliceli,  ou  T.  sultaljiiiiiis,  mi  T.  I.ngnpus,  ou  T.  allnis  cl  laji/io- 
uinis,  ou  oncore  l.ngnpim  saliceli, 
(i)  l'agps  -JIM)  et  -SU,  188G. 
(3)  Markings. 

H)  The puiterii  on  llie  fealhers. 
(5)  The  jiuttern. 


;)6  A.    SIJCHETET 


Tetrao  tetrix  et  Lagopus  mutus 

Yarrell  parle  de  ce  croisement  (1  )  et  donne  la  figure  d'un  spécimen 
qu'il  remarqua  dans  la  collection  dé  M.  Eskmark.  Le  comte  Alphonse 
Auersperg  de  Laiback  (Krain)  (2)  a  donné  également  (3)  d'inté- 
ressants détails  sur  les  T.  tetrix  cT  qui  fréquentent  les  lialt:- 
plnt:eii  du  Lago]iède  des  Alpes.  Il  aperçut  à  Debela,  dans  les 
derniers  jours  de  mai  1882,  et  cela  pendant  trois  matinées,  un  Coq 
tetrix  qui  venait  régulièrement  sur  les  baltz  du  Lagopède.  Quelques 
jours  après,  se  trouvant  encore  dans  la  forêt,  il  vit  tout  à  coup  le 
même  Oiseau  s'envoler  avec  des  Poules  de  Lajiopns  alpiniis.  Le  soir 
étant  venu,  il  se  porta  dans  les  environs  et  vit  bientôt  le  Coq  revenir. 
Alors,  imitant  le  cri  de  la  Poule  alpinus,  il  entendit  le  Coq  lui 
répondre  par  son  chant  ordinaire  ;  il  était  à  peine  à  cinquante  pas 
de  lui.  Ayant  pu  s'en  rapprocher  davantage,  il  fut  assez  heureux 
pour  le  tuer  ;  ce  Coq  pouvait  a^oir  deux  ans. 

■  Le  D"'  A.-B.  Meyer  pense  que  plusieurs  exemplaires  albinos  du 
Tetrix  cT  doivent  être  des  hybrides  provenant  des  croisements  de 
ces  deux  espèces  ?  M.  Pleske  aurait  admis  pour  la  Russie  de  pareils 
croisements,  chose  possible,  car  M.  le  professeur  Taczauowski,  de 
Varsovie,  nous  fait  savoir  que  le  Musée  de  cette  ville  possède  un 
hybride  de  ce  genre  tué  à  l'état  sauvage. 

Tetrao  tetrix  et  Bonasa  betulina  (i). 

En  1876,  M.  Dresser  présenta  à  la  Société  Zoologique  de 
Londres  (.5),  un  hybride  né  d'un  croisemeut  entre  le  Tetrao  tetrix 
et  la  Bonasia  betulinn.  Cet  individu  appartenait  alors  à  M.  John 
Flower.Esq.,  qui  l'avait  acheté  à  M.  Smithers,  marchand  d'Oiseaux, 
près  de  Cannon-Street,  le  16  mai  1876,  mais  cet  Oiseau  avait  déjà 
passé  dans  plusieurs  mains.  M.  Dresser  apprit  cependant  qu'il 
venait  de  la  Norvège. 

En  le  disséquant  il  reconnut  que  c'était  un  mâle.  Les  intestins 
étaient  presque  semblables  à  ceux  de  la  Poule  Tetrix,  mais  ils 
étaient  plus  courts  de  trois  pouces,  mesurés  depuis  le  gésier  jusqu'à 
la  partie  la  plus  basse  du  caecum,  la  longueur  eutre  ces  points  étant 

(^]  Oiseaux  (le  l'Angleterre,  II,  p.  3IG  el  :>J2. 

(i)  Cité  p.  A.-B.  Meyer,  op.  cit. 

(H)  nus  Ilirlitrild,  p.  12,  iss;;. 

('i)  Ou  Tetrao  l)o>iasia  ou  Bona.^a  sijlceslris. 

(5)  Voy.  Proceedings,  p.  34!)  et  suiv. 


OISEAIX    llVDltlDKSi    IIENCONTKÉS    A    l'kTAT    SAUVAOE  'M 

pour  l;i  l'iMilc  tririx  ili'  ciin|u;iiili'-iiu;itre  pouces.  Le  jabot  (■bi il,  vide, 
le  gi'sipi-  coiilcaîiit  une  (|iiaiilitt'  di'  itolilcs  pierres,  pour  la  plujiarl 
de  quartz  1)1. luc,  et  un  grand  nombre  de  liges  de  matière  vi'gctale. 
M.  Dresser  versa  le  contenu  du  gésier  dans  uu  bassin  rempli  d'eau 
eliaudc,  et  ecs  matières  exbalèrcMit  une  odeur  assez  doui'e.  Pensant 
qu'il  pourrait  apiu'cndre  quel((ue  chose  sur  la  couleur  des  muscles 
pectoraux  après  la  cuisson,  il  fit  cuire  les  muscles  de  l'hybride  et 
ceux  de  la  l'onic  7/77/  (1).  «  Ceux  de  la  l'on  le  ;/ m/  présentèrent 
alors  le  contrasli'  ordinaire  caractéristique  du  Blnrk  (iivusc,  mais 
ceux  de  l'hybride  étaient  pres(|ue  bhiiies.  le  niuscle  inférieur  a  vaut 
à  peine  la  couleur  plus  claire  ([ue  le  muscle  supérieur.  La  chair 
de  l'hybride  était  très  inférieure  comme  saveur  à  celle  du  ti'hi.r, 
elle  était  plutôt  sèche  et  sans  goût,  comme  celle  du  Tctrao  riifus.  » 

M.  Dresser  remarqua,  autant  ipie  son  expérience  pouvait  le  lui 
di'niontrer,  et  suivant  ce  (ju'il  avait  iMitendu  dire  par  les  chasseurs 
suédois  et  russes,  qui  ont  l'occasiou  d'étudier  les  habitudes  de 
VHazel  (irousr,  ((ue  ce  dernier  est  mom)game  et  que,  lors(pi'il 
s'accouple,  il  demeure  fidèle  à  sa  compai;in'.  Il  n'a  donc  jamais 
entendu  dire  qu'un  Coq  Ilazi-l  ait  été  supplanté  par  un  Blark  (irnnuc. 
11  pi'iit  seulement  sou]içonner  que  le  présent  hybride  provient  d'uu 
Co(|  lldzid  (|ui  se  sera  accouplé  avec  (iiiel(|ue  Poule  (//c//  durant  ses 
promenades  solitaires'.' 

D'ajirès  .>L  Bogdanow  (2),  les  ])reiniers  hybrides  de  T.  trlii.r  et 
T.  honnsia  auraient  été  découverts  par  M.  Andreiewsky  au  mois  de 
se])tembre  18(10  ;  deux  exemplaires  cT  avaient  été  tués  près  du 
village  Toxowo,  non  loin  de  St-Pétersbourg  ;  leur  bec  ressemblait 
à  celui  du  letri.r  et  leurs  tarses  étaient  emidumés  comme  chez  cet 
Oiseau  (.'{).  \'oici,  du  reste,  leur  descrijition  : 

«  Queue  beaucoup  plus  longue  que  chez  la  Gélinolle  et  très  four- 
chue. La  forme  des  rectrices  extérieures  tient  beaucoup  de  celle  du 
tetrir.  Les  deux  rectrices  médianes  colorées  comme  chez  la  Ciéli- 
iiotle;  les  autres  noires,  parsemées  de  ])oints  cendrés  sur  les  parties 
toutes  bordées  à  leur  extrémité  de  blanc  étroit.  La  partie  supé- 
rieure du  corps  entièrement  d'un  gris  foncé  avec  des  nomltreux 
zigzags  noir.   Uectrices  des  ailes  même  couleur,  mais  nuancées  de 

(D  r.  letrU. 

(2)  Conspectni  ai'iuiii  iiiijierii  rosnici.  lasciculus  11,  p.  136  et  'M.  Sainl-PétiTs- 
boui!;.  188.'.. 

(^i)  In  de  CCS  liyl)i'i'lcs  H|i|>ai'licnl  an  Mii-.cc  /iHilcp;;ii|ipc  ilc  IWcadcinic  Iiiipcii  ilc 
lies  sciences  de  Saiiil  l'éleislimiin.  el  raiilic  csl  ciinservé  dans  le  (lahinet  zocilci- 
;.'iqne  de  1  liiivorsilé.  Voy.  Tli.  PlesUe.  .Méni.  Ac;i(l  des  se.  de  Sl-IVIersl).,  .\.\.\V, 
n»  o. 


08  A.    SCCHETET 

l)run,  et  des  hauts  blancs  sur  les  tiges  des  plumes  qui  s'élargissent 
vers  le  bout  en  taches  blanches.  Plumes  du  vertex  allongées  comme 
chez  la  Gelinotte.  Base  du  bec  et  gorge  noir,  mat,  encadrées  par 
une  bande  l)lanche.  Derrière  l'œil  une  tache  blanche.  Tout  le  dessous 
du  corps  coloré  comme  chez  la  Gelinotte,  mais  la  couleur  brune  est 
remplacée  par  un  noir  brunâtre.  Sous-caudales  blanches  avec  des 
taches  noires  vers  la  base  des  plumes.  Flancs  colorés  comme  le  dos 
et  n'étant  pas  de  la  coloration  de  la  Gelinotte.  »  En  général,  continue 
M.  Bogdanow,  la  coloration  des  plumes  conserve  le  type  de  la  Geli- 
notte, mais  les  couleurs  sont  plus  foncées,  le  brun  remplacé  par  le 
noir,  le  cendré  plus  foncé;  presque  pas  de  rou.x.  Les  caractères 
plasti((ues,  au  contraire,  ont  conservé  le  type  du  tetrix.  M.  Bog- 
danow a  ajjpelé  ces  liybrides  Trtrno  bnnasia  tclrir. 

On  trouvera,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de 
Saint-Pétersbourg  (1),  la  description  et  une  figure  coloriée  d'un 
mâle  et  d'une  femelle  hytirides.  La  femelle  fut  achetée  au  marché 
sans  que  l'on  sache  sa  provenance;  le  mâle  est  un  de  ceux  ren- 
contrés par  M.  Andreiewsky  en  septembre  1860.  M.  Th.  Pleske 
ne  croit  pas  se  tromper  en  désignant  pour  père  des  deux  exem- 
plaires qu'il  représente  la  Bonasa  hetulinii  et  pour  mère  le  T. 
tetrix,  parce  qu'on  ne  peut  guère,  dit-il,  admettre  qu'une  Geli- 
notte femelle  se  soit  rencontrée  sur  les  places  des  Coqs  de 
bruyère  lorsque  ceux-ci  sont  en  amour  ;  il  lui  paraît  plus  vraisem- 
blable qu'un  Tétrix  cf,  très  porté  à.  l'amour,  ait  recherché  une 
Gelinotte  ? 

M.  le  D''  Meyer,  de  Dresde,  a  également  donné  une  description  et 
une  figure  coloriée  de  l'exemplaire  de  M.  Dresser  (2).  Il  croit  aussi 
(sans  pouvoir  le  prouver,  comme  il  le  dit  avec  beaucoup  de 
raison),  que  le  Tétrix  est  le  père  et  la  Gelinotte  la  mère.  Il  a  appris 
en  ISSfi,  par  M.  Lindner,  de  Salzbourg,  qu'un  spécimen  de  ce  genre 
avait  été  tué  dans  les  environs  de  cette  ville,  mais  l'exemplaire 
ayant  été  vendu,  on  n'a  pu  le  retrouver. 

Dans  les  Nouveaux  Mémoires  dos  Naturalistes  de  Moscou  (3), 
le  feu  prof.  Severtzow  parle  du  produit  de  T.  tclri.r  avec  T.  bonasia 
comme  présentant  une  prédominance  décidée  du  type  bonasia.  Il 
dit  qu'il  a  l'air  d'une  grosse  Gelinotte,  avec  la  coloration  à  peu 
près  normale  de  T.  bonasia,  seulement  les  teintes  sont  plus  foncées, 
la  queue  est  plus  longue  et  fourchue,  les  rectrices  sont  légèrement 

(1)  (7),  XXXV.  n»  a. 

(2)  Tableau  XVI.  Les  iiiesui'es  smil  à  la  pa^c  '.Ht  dv  son  ouvrage  déjà  cilé. 
Gi)  XV,  p.  1(12,  1888. 


OISEAUX    IIYBniDKS    nKNCONTRKS    A    l/iCTAT    SAlVAfiE  "lO 

fléchies  en  deliors.  D'iiprès  M.  Kolllioll  (i),  le  dessiu  des  couleurs 
de  la  (iclinollc  Ictrix  varie  beaucoup. 

Lagoi'hs  mijtus  et  Bonasa  betulina. 

M.  le  Comte  J.-B.  Cauuozzi  \'ertova  veut  bien  nous  écrire  de 
Berfianie  qu'il  possède  dans  sa  collection  un  hybride  de  L.  mulnH  et 
T.  bonasia;  cet  individu  fut  pris  dans  les  Alpes  de  Bergaine. 
M.  le  Comte  \'ertova  crut  d'abord  qu'il  avait  allaire  à  un  cas 
d'albinisme,  niais  le  S|)écimen  ayant  été  examiné  avec  soin  par  le 
feu  prof,  de  Kilippi,  il  fut  jugé  un  vrai  byiirido  de  ces  deux  espèces, 
surtout  pai-  les  pieds  ipii  sont  couverts  de  |)lnmes  laineuses  parfai- 
tement blanches  à  peu  près  jusqu'à  l'extrémité  des  doigts,  ayant 
cependant  près  des  ongles  un  |)etit  bout  des  doigts  découvert  comme 
dans  les  autres  Télraonidés;  daus  le  lionasia  beluUna,  la  partie 
inférieure  du  tarse  et  des  doigts  continue.  D'autres  caractères 
marquent  encore  ce  croisement,  mais  ils  sont  moins  saillants  que 
ceux  des  pieds.  Le  comte  ajoute  daus  sa  communication  ([u;  la 
lionasia  est  maintenant  très  rare  dans  les  montagnes  de  Berganie, 
tandis  qu'on  trouve  encore  facilement  le  Lmjopus  mutusel  le  Lagopus 
nlliiis. 

Lagopus  albus  et  Bonasa  betulina. 

M.  Ci.  KoltholT  a  donné  dernièrement  (i)  des  rouseiguements 
sur  un  Oiseau  ([u'il  nomme  f.ngopus  bonasioides,  et  qu'il  croit 
provenir  du  Iju/npiis  alhas  et  la  liomisa  bctnliiia. 

Le  spécimen  qu'il  déciil  est  un  mâle,  aujourd'iiui  conservé  dans 
le  .Musée  d'Upsala.  11  fut  acheté  en  1885,  au  marché  de  Disting  de 
cette  ville,  à  une  personne  qui  vendait  des  Oiseaux  du  Nord  et  qui 
déclara  (|ue  cet  Ois('au  ])rovenail  du  .lemtlaud  s(q)teutrional. 
M.  Koltholl  pense  qu'il  avait  été  tué  au  mois  de  décembre  1884,  puis 
mis  dans  la  glace. 

Dans  le  .Musée  on  le  classa,  tout  d'abord,  comme  provenant  de  la 
Gelinotte  et  du  Tétras,  avec  un  autre  spécimen  qui  avait  été  acheté 
en  même  ti-mps  et  qui  lui  était  ù  peu  près  semblable. 

Ce  n'est  qu'un  an  plus  tard  que  M.  le  |irof.  Collet  s'aperçut,  après 
l'avoir  comparé  avec  plusieurs  hybrides  Gelinotte-Tétras,  qu'il  ne 
pouvait  leur  être  assimilé  et  émit  l'opinion  (pi'il  était  plutôt  produit 


<\)  Dont  nous  citerons  bienlùl  l'ouvrage. 

(i)  Bihang  UU  kongl.  svpnska  Vcicnskabs  Akaileniicns  Handiin^ar.  XIII.  Afd.  IV. 
SlocklioliM,  l!S8,s. 


()0  A.    SUCHETET 

par  l'alliance  du  I.af/opm  avec  la  Bonam.  M.  Kolthoff  l'otudia  alors 
de  très  près,  le  soumit  à  un  examen  détaillé,  et  reconnut  par  son 
squelette  que  l'assertion  du  i)rofesseur  de  Christiania  devait  être 
exacte.  Les  parties  du  squelette  qui  purent  être  examinées  s'écar- 
taient en  eiïet  de  la  conformation  de  la  Gelinotte-Tétras  et  indi- 
quaient une  forme  intermédiaire  entre  le  Lai/opus  et  la  Hnnasa. 

La  difficulté  consistait  à  déterminer  à  quelle  espèce  dr  Iju/opits  il 
deviiit  sa  naissance,  car,  portant  s;i  livrée  d'hiver,  il  était  diUlcile  de 
préciser  s'il  provenait  du  [jujopus  iinitns  ou  iilutiM  du  La(jopus 
albux  ? 

Comme  certaines  partiels  de  son  squelette  sont  j)lus  fortes  (jue 
chez  le  L.  mutun  et  que  le  mode  de  vie  de  la  Bonasa  se  rapproche 
bien  plus  de  celui  du  L.  albus  que  du  L.  mntns,  qu'aussi  le  L.  miitns 
se  rencontre  rarement  dans  les  endroits  habités  par  la  Gelinotte, 
M.  Kolthoiï  est  amené  à  penser  que  cet  Oiseau  est  hybride  du 
L.  albus.  Voici  en  grande  jjartie  sa  description  : 

«  Les  troisième,  quatrième  et  cinquième  plumes  des  ailes  sont  de 
la  même  long;ueur,  la  queue  n'est  pas  entaillée,  mais  arrondie  et  se 
composant  de  seize  plumes ....  A  première  vue,  cet  Oiseau  ressemble 
beaucoup  au  produit  de  la  Gelinotte  avec  le  Tétras;  la  couleur  domi- 
nante est  le  blanc.  La  tête  est  blanche  en  dessus,  les  plumes  se  pro- 
longent jusqu'à  la  houppe  et  sont  de  couleur  gris  clair,  mélangées  de 
noir,  ou  avec  une  bande  noire.  Les  côtés  de  la  tête  sont  blancs;  la 
naissance  du  bec,  ainsi  que  les  coins,  sont  marqués  de  ({uelques 
taches  noires. . . .  Les  plumes  du  cou  rappellent  beaucoup  celles  de  la 
Gelinotte  et  sont  gris  clair  avec  trois  rayures  noires.  Sous  le  menton 
existe  une  tache  noire,  la  gorge  est  toute  blanche  par  devant  et  sur 
les  côtés,  comme  aussi  toutes  les  parties  inférieures  du  corps.  Le  dos 
est  tacheté  de  gris  clair,  blanc,  brun  et  presque  noir.  Les  plumes 
de  la  partie  antérieure  du  dos  sont  gris  clair  avec  de  larges  raies 
brunes  et  noires  et  de  gros  points  de  la  couleur  primitive  des  plumes, 
lesquels  points  sont  parsemés,  à  grands  intervalles,  de  petits  points 
bruns  ou  noirs.  Sur  la  partie  inférieure  du  dos  les  plumes  sont  brun 
foncé  avec  mélange  de  noir  et  de  gros  points  blancs  confus.  Les 
plumes  de  l'épaule  sont  noirâtres  à  la  naissance  et  blanches  dans  le 
reste.  Les  tiges  des  plumes  des  ailes  sont  noires,  les  troisième,  qua- 
trième et  cinquième  ont  en  outre  des  barbes  blanches  ;  pour  le  reste, 
elles  sont  gris  foncé  avec  de  petits  bords  gris  blanc  sur  la  barbe  des 
pointes.  La  première  plume  des  ailes  est  aussi  longue  que  la 
septième;  la  seconde  un  peu  plus  longue  que  la  sixième;  les  troi- 
sième, quatrième  et  cin([uième  de  la  même  longueur.  La  cinquième 
plume  manque  à  l'aile  droite. 


OISICAIX    UVItlUDKS    liKN'CONTlIKS    A    l'kTAT    SAUVAdK  lil 

»  La  queue  est  un  pou  arrondie;  les  jiluines,  qui  soutau  nonilin; 
de  seize,  soiil  moirées  de  grisa  la  naissance el  au  centre  et  rappel- 
lent beaucoup  celles  de  la  Gelinotte.  Les  plumes  de  la  queue  sont 
noires  dans  la  moitié  exlérieure,  avec  des  |)ointes  lilauches,  et  le 
blanc  des  pointes  est  [ilus  grand  dans  les  plumes  centrales. 

»  Le  bec  est  noir;  les  doigts,  qui  ressemblent  beaucoup  à  ceux 
de  la  Gelinotte-Tétras,  sont  tout  blancs  comme  les  tarses.  Le  revê- 
teuM'ul  des  )ilumes  des  oiteils  occui)e  les  deux  tiers  de  leur  lon- 
gueur. Les  ongles  sont  plus  petits  que  ceux  de  la  Gelinotte-Tétras. 
L'ongle  du  doigt  médian  a  -i  millimètres  de  largeur  au  milieu. 
Tons  les  ongles  sont  noirs  àleur  naissance;  vers  l'extrémité,  ils  sont 
d'une  teinte  claire  cornée  comme  les  parties  nues  des  doigts.  Les 
lamelles  des  doigts  sont  phisgrandi's  (|ue  cbez  les  Gelinottes-Tétras 
et  d'uue  teinte  gris-blanc. 

»  Le  squelette  a  aussi  une  (orme  intermédiaire  entre  le  Lagopède 
el  la  Gelinotte,  mais  il  se  rapporte,  (domine  l'extérieur  de  l'Oiseau, 
plus  au  Lagopède  (in'à  la  Gelinotte.  Ainsi,  tout  le  squelette  est 
seulement  un  peu  plus  petit  que  celui  du  Lagopède  blanc  (ou  sub- 
alpin) et,  dans  certaines  parties,  plus  grand  que  le  Lagopède  muet 
(ou  alpin). 

»  La  crisla-sterni,  qui  a  70  millimètres  de  longueur  est,  par 
devant  et  à  la  partie  inféricui'e,  moins  prolongée  ((ue  cbez  le 
Lagopède  blanc  ;  par  suite,  son  bord  antérieur  est  moins  concave, 
et  comme  la  crista-sterni  chez  la  Gelinotte  est  encore  plus  en  travers 
à  l'avant,  la  Gelinotte-Lagopède  est,  à  ce  point  de  vue,  entre  les 
deux.  La  hauteur  de  la  ciista  est  contenue  trois  fois  en  longueur 
chez  le  Lagopède,  deux  fois  et  demie  chez  la  Gelinotte,  et  deux  fois 
trois  ([uarts  chez  la  Gelinotte-Lagopède. 

»  La  partie  de  los  de  la  poitrine  le  plus  rapproché  de  la  cristn 
est,  chez  les  deux,  large  de  12  millimètres  à  l'endroit  le  plus  mince; 
chez  la  Gélinolte  elle  n'a  que  5  millimètres  et  8  millimètres  chez 
la  Gelinotte-Lagopède.  Le  bord  postérieur  de  l'os  de  la  poitrine 
qui,  chez  le  Lagopède,  est  faiblement  arrondi,  avec  une  insignifiante 
incision  an  milieu  de  l'avant  de  la  crit^ta,  et  (jui,  chez  la  Gelinotte, 
est  fort  arrondi  ou  presque  en  pointe,  est  ici  plus  arrondi  que  chez 
le  Lagopède.  La  partie  inférieure,  impaire  et  plate,  est  triangulaire 
chez  le  Lagopède  et  presque  aussi  large  que  longue;  chez  la  Géli- 
nolte, elle  est  deux  fois  plus  longue  ([iie  laige  et  atteint  sa  lai'geur 
extrême  au  centre.  Chez  la  Gelinotte-Lagopède,  la  largeur  est 
comprise  une  (ois  et  demie  dans  la  longueur  et  le  bord  antérieur 
est   arrondi,   de  sorte  que  la  plus  grande  largeur  est  au  centre. 


(32  A.    SUCHETET 

»  Le  scapuliiire,  qui  est  long  de  8  millimètres  de  jikis  que  chez 
la  Gelinotte  et  de  2  millimètres  de  moins  que  chez  le  Lagopède 
blanc,  est,  comme  chez  la  Gelinotte,  un  peu  plus  courbé  que  chez 
le  Lagopède,  quoique  insensiblement,  et  son  élévation  au  milieu 
du  i)ord  supérieur  est  un  \)eu  plus  forte  et  moins  étendue  que  chez 
ce  dernier,  mais  pas  aussi  forte  que  chez  la  Gelinotte.  » 

Comme  le  bassin  était  très  défoncé,  M.  Kolthofï  n'a  pu  en  donner 
la  largeur  extrême,  mais  il  est  évidemment,  dit-il,  plus  étendu 
que  celui  du  Lagopède  et  se  rapproche  ainsi  de  celui  de  la 
Gelinotte. 

A  l'examen  du  sexe,  on  trouva  que  les  organes  génitaux  étaient 
forts  et  bien  prononcés,  ce  qui  fit  penser  qu'on  avait  affaire  à 
un  vieil  Oiseau,  le  développement  des  lamelles  des  doigts  du  pied 
semblait  également  l'indiquer. 

Il  serait  intéressant  de  comparer  cet  Oiseau  avec  l'exemplaire 
que  possède  M.  le  comte  Cannozzi  et  dont  l'origine  est,  au  con- 
traire, attribuée  au  croisement  de  la  Gelinotte  avec  le  /,.  mutuf:. 
M.  Walter  Rothschild,  de  Londres,  a  acheté  dernièrement  à  la 
vente  faite  par  M.  J.  \\hitaker,  un  Tétras  indiqué  sur  le  catalogue 
comme  provenant  de  la  \Mllow  Grouse  {L.  alliKs)  et  de  la  Hazel  hen 
{Bonasa  betuUna).  Cet  Oiseau  viendrait  de  la  Russie. 

Tf.tr AO  TETRIX   et   LaGOPUS  SCOTICUS(l). 

La  femelle  du  T.  tetrix  a  la  queue  à  peine  fourchue  et  se  rapproche, 
comme  forme  et  comme  couleur,  de  la  femelle  du  Lagopède  d'Ecosse; 
pour  cette  raison,  dit  iMacgillivray(2),  on  croit  que  ces  deux  espèces 
produisent  ensemble,  du  moins  trois  spécimens  qu'il  a  vus  présen- 
taient des  caractères  intermédiaires.  Il  put  examiner  l'un  d'eux  qui 
était  du  sexe  mâle.  L'imperfection  de  ses  organes  génitaux  lui  laissa 
à  penser  que  c'était  un  hybride. 

Cet  Oiseau,  d'al)ord  en  la  possession  de  M.  Feuton,  empailleur 
d'animaux  à  Edimbourg,  passa  dans  les  mains  de  M.  W.  Smellie 
Watson,  de  cette  ville.  Comme  forme  et  comme  proportions,  il 
resseml)lait  à  la  femelle  du  Coq  noir,  et  son  bec  était  pareil  à  celui  de 
cet  Oiseau.  Voici,  en  partie,  la  description  que  donne  Macgillivray  : 

«  La  membrane,  au-dessus  de  l'œil,  comme  celle  du  Coq  noir, ayant 
cependant  une  mince  bordure  frangée,  ce  qui  n'existe  pas  chez  ce 
dernier.  Les  plumes,  en  général,  oblougues,  largement  arrondies. . . . 

(I)  Ou  Telrao  scotictis,  oii  encore  Bonasa  scoUca. 
{t)  Hislory  of  British  Birils,  p.  iGi,  London,  1837. 


OISICAUX    HVliltlDKS    RKNCONTHICS    A    i/kTAT    SAUVAGK  M 

La  (iiicue  à  peiuc  fourchue,  comme  celle  de  la  femelle  du  Coq  uoir, 
mais  cumijosée  srulcmi'iil  de  si'ize  plumes  cummc  celle  du  Co(| 
rouge...  Les  tarses  recouverts  de  plumes  sans  espace  dégarni  par 
derrière.  Les  doigts  couverts  aussi  de  duvet,  comme  les  memluanes 
(|ui  les  sépareut,  le  plumage  de  ces  parties  aussi  épais  (jue  chez  le  Coq 
rouge.  Les  ongles  1res  longs,  arqués,  comme  ceu.v  du  Coq  rouge  et 
du  l'hirmigan  ijmj.  Le  bec  d'un  uoir  brun,  la  memhrane  au-dessus 
(le  l'œil  écarlale  ;  les  doigts  bruns.  La  partie  supérieure  de  la  télé 
marquée  de  taches  bruu  rougeàtre,  noir  brun  et  gris,  le  cou  à  la 
partie  postérieure  gris;  le  reste  du  ('ou  noir  avec  une  légère  teinte 
rouge  jiourpre  à  la  gorge,  les  plumes  out  le  bord  blanc  et  sur  les 
côtés  du  cou  elles  sont  barrées  d'uu  rouge  bruu.  En  géuéral,  les 
plumes  dans  les  parties  iuférieures  sont  noires,  marquées  de  blanc  ; 
celles  des  côtés  ont  une  bande  rouge;  celles  de  la  partie  inférieure 
delà  (jucue  noires  avec  un  grand  espace  blanc. . .  Les  parties  supé- 
rieures sont  très  ondulées;  elles  sont  uoir  bruu  et  rouge  bruu  avec 
des  bandes  blanches  très  étroites. . .  On  voit  une  tache  blanche  à 
l'aisselle,  mais  il  n'y  a  pas  de  bande  blanche  sur  l'aile,  comme  chez 
le  Coq  noir.  La  (jneueesl  uoire,  les  deux  pennes  du  milieu  marquées 
de  points  rougeàtres,  la  huitième  plume  a  une  bande  étroite 
blanche.  Les  plumes  des  tarses  d'uu  blanc  grisàtie,  celles  sur 
le  côté  extérieur  poiutilléesde  rouge.  La  longueur,  comptée  jusqu'à 
l'extrémité  de  la  queue,  20  pouces  1/2;  celle  des  ailes  31  pouces. 

»  En  somme,  cet  Oiseau  ressemblait  par  sa  forme  à  une  femelle 
ou  à  un  jeune  mâle  de  l'espèce  du  Coq  noir;  il  leur  ressemblait  aussi 
par  son  organisation  interne,  mais  il  avait  le  canal  intestinal  beau- 
coup plus  court  et  à  peu  près  de  la  môme  dimension  que  celui  du 
Coq  rouge;  comme  plumage  et  couleur,  il  tenait  des  deux  espèces.  » 

»  En  examinant  le  corps  on  put  facilement  se  rendre  compte 
de  la  cause  de  sa  maigreur.  Les  bronches  étaient  très  enflées,  le 
poumon  gauche  paifaitemeut  sain,  mais  le  droit  engorgé  de  sang. 
Le  rectum  s'était  dilaté  à  sa  partie  inférieure  de  façon  à  atteindre 
1  pouce  1/2  de  diamètre  et  contenait  une  substance  ressem- 
blant à  du  mastic  el  composée  principalement  d'acide  uritiue. 
Les  rognons  étaient  dans  leur  état  naturel,  mais  l'urèthrc  s'était 
empli  d'urne  subslauce  semblable  à  celle  contenue  dans  le  rectum, 
cependant  [ilus  molle.   » 

-M.  Yarrell  (I),  en  septembre  18.").'),  eut  l'occasion  de  voir  un  bel 
exemplaire,  dont  le  plumage  ne    laissait  pas  de  doute  sur  son 

(1)  Urilish  Bii-ds,  II,  p.  360. 


64 


A.    SOCHETET 


origine.  CelOiseau  avait  été  envoyé  par  lord  Mosteyn  de  Galles  à  M. 
William,  rempailleur  d'Oiseaux  de  la  rue  d'Oxford,  qui  perniil  à 
M.  Varrell  d'eu  preudre  un  croquis. 

«  La  tôte,  le  cou,  la  poitrine  cl  toute  la  partie  inférieure  du  corps 
étaient  recouverts  d'un  ])iumage  semblable  à  celui  d'un  jeune  Coq 
rouge;  le  dos,  les  ailes,  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  et 
les  plumes  de  la  queue  étaieu',  aussi  uuires  que  le  sont  ces  parties 
chez  le  Coq  noir  ;  les  plumes  de  la  queue  étaient  allongées  et  four- 
chues, mais  comme  c'était  un  jeune  Oiseau  de  l'année  tué  au  com- 
mencement de  la  chasse,  la  plus  grande  partie  des  plumes  latérales 
de  la  queue  n'étaient  pas  encore  recourbées  à  l'extérieur;  les 
jambes  étaient  couvertes  de  plumes  jusqu'aux  doigts,  les  doigts 
étaient  nus  et  pectines  comme  ceux  du  Co(i  noir.  » 

En  outre,  M.  Collell  (Ijexaiuinaau  Musée  de  M.  Dresser,  à  Londres, 
un  individu  dont  la  forme  lui  indiqua  un  croisement  entre  le 
T.  Tetrix  et  le  L.  Scolicus.  Ce  spécimen  avait  été  tué  en  Ecosse,  le 
12  septembre  187(5. 

11  est,  dit-il,  de  couleur  noire  brunâtre,  «  le  dos  a  de  belles  taches 
brunes  sur  un  fond  presque  noir  ;  la  poitrine  est  noire,  la  tète  et  le  cou 
noirs,  avec  des  taches  brunes.  Le  ventre  a  des  bandes  transversales 
d'un  brun  rouge  ;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  ont  des 
arêtes  blanches,  ainsi  que  plusieurs  des  plumes  sur  les  côtés  du 
dessous  du  croupion.  La  queue  est  noire.  La  garniture  des  pieds 
tout  à  lait  comme  chez  le  liipc  hybride.  » 

Deux  autres  individus,  examinés  par  M.  Dresser,  dilïèrent  peude 
cet  Oiseau,  qui  est  actuellement  en  la  possession  de  M.  le  D'^  Meyer, 
de  Dresde. 

Un  nouveau  spécimen  cT  acheté  la  même  année,  le  15  décembre, 
au  marché  de  Gothembourg,  en  Suède,  a  été  décrit  par  le  feu 
professeur  Malm  {2),  qui  l'avait  reçu  de  M.  E.  Lignell,  employé  de 
la  salle  de  vente  (3).  Les  parties  du  squelette  que  l'on  put  recueillir 
en  le  préparant  sont  exposées  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de 
cette  ville,.  On  ignore  dans  quelle  contrée  il  fut  tué. 

Cet  Oiseau,  dit  Malm,  a  des  ressemblances  avec  le  petit  Coq 
de  bruyère,  mais  il  dilîère  de  ce  dernier  sous  d'autres  rapports  qui 

(1)  Voy.   Magazin  for  Kalur.,  Christiania,  p.  162,  1S77. 

[ij  ijiveisigt  af  kongl.  Vil.  Alaiil.  Fôrhandlingar,  18«0,  ii°  7,  p.  17-^1,  Stockholm. 

(■i)  On  aurait  rencontré  jadis  en  Urande-Brelagne,  dit  Malm,  des  hybrides  sem- 
blables, mais  ils  n'ont  point  été  l'objet  d'un  examen  complet.  Malm  iait  sans  doute 
allusion  aux  trois  spécimens  décrits  par  Macgillivray  et  peut-être  aussi  à  celui  dont 
a  parlé  Varrell. 


(iisKMX  ini;iiii)i;s  iti;M:i)NTiii:<  a  i.'KfAT  s\i\  aci':  (i.') 

soiil  |ii'i(|Me»  au  l,;ii^iiii 'ilr  l'iiilge:  sa  i;i-aii(l(Mir  est  |i)(_'Si|ii('  rcllr 
(le  la  fi'iiiellc  de  ïétrix. 

i(  I.e  bec  et  li'songlPs  sont  courts,  ceux-ci  onttles  bordures  inté- 
rieures blancliàlres.  La  graniieurdu  i)ec  se  rapprocbe  de  la  femelle 
du  Coq  des  bois  ;  la  forme,  remar([uable  par  la  grosseur  relative  de 
la  uaissance  du  bec,  ressemble,  par  contre,  davantage  à  celle  du  Coq 
des  bois  mâle.  Sous  tous  points  de  vue  le  bec  s'écarte  beaucoup  du 
iiec  court  et  épate  du  Lago|)ôde  rouge,  et  est  pies([ue  deux  fois  plus 
grand  en  volume  que  ce  dernier.  La  longueur  des  ongles  dépassr, 
par  contre,  celle  du  Cof|  des  bois;  ceux-ci  ressemblent  aux  ongles  du 
Lagopède  rouge,  ils  sont  plus  droits,  ou  moins  recouri)és  (|ue  cliez 
le  Coij  des  bois. 

»  Il  existe  une  plaque  nue  de  couleur  riuige  au-dessus  de  l'ieil.  et 
reuiiilie  de  [papilles...  Les  plumes  du  vertex  sont  petites  comme  cliez 
le  Co(|  lagopède  rouge,  mais  plus  longues  (jue  cliez  celui  ci  et  cliez 
le  mâle  du  Coq  des  bois.  Les  ailes  ont  la  même  structure  et  la  même 
forme  (pie  celles  du  (;o(|  lies    bois  et  du  Lagop'dc  rouge. 

»  La  longiiriir  totale  île  l'Oiseau  est  environ  celle  du  Tétrix  cf, 
attendu  ipieles  plumes  centralesde  la  queue  sont  jilus  longues  que 
chez  ce  dernier...  La  ipieiie,  ipii  comprend  18  plumes,  est  très  peu 
arrondie  ;  toutes  les  plumes  ont  une  petite  pointe,  et  sont  droites 
nu  bord  extérieur,  mais  les  2-3  extérieures  sont  iiiDius  arrondies. 
Les  plus  longues  lectrices  inférieures  de  la  (|iiciie  sont  un  ogoii- 
diameter  plus  courtes  que  les  plumes  centrales  de  la  queue.  Chez 

le  Coq  des  bois  cf  et  9.  bi  (pieneest  fourchue,  et  les  [)1  uni  es,  r iiir 

celles  deTliybride,  initia  ]ioiiit;'  |)lusém()ussée,  mais  les  extérieures, 
surtout  chi'zle  Coq,  soûl  très  relevées  et  i);ir  suite  très  arrondies  au 
bord  extérieur,  les  tectrices  inférieures  les  plus  longues  attei- 
gnent l-l  ogondiametrar  en  [dus  des  iiliimes  centrales  de  la  ipieuc. 
Chez  le  Lagopède  rouge,  la  ipieue  est  loi  temenl  arrondie,  ce  qui  est 
aussi  le  cas  pourclia((ue|)luine  qui  est  relevée  un  peu  à  chaque  bord 
extérieur.  Les  autres  lectrices  inférii^ures  de  la  (pieue  sont  1  1/2. 
ogondiam  plus  courtes  i|ue  les  centrales  et  sont  aussi  lesplus  longues 
delà  (lueue,  de  môme  qu'elles  ont  l/4ogondiameter  de  plus  long  que 
les  extérieures. 

»  Les  plumes  des  doigts  du  pied,  par  exemple,  entre  les  doigts, 
s'avancent  jusqu'au  commencement  de  ravant-dernière  partie  du 
doigt  de  ])ied.  Chvz  le  Coq  des  bois,  elles  n'alleigneiit  que  la  moitié 
du  premier;  chez  le  Lagoi)ède  rouge,  elles  ne  vont  que  jusqu'à 
l'ongle.  La  longueur  du  i)ouce,  comparée  au  doigt  médian  sans 
compter  les  ongles  =  1:4  i/2;  chez  le  (ioq  des  bois  cette  propor- 
tion est  de  1 :  3  i/'l  ;  chez  le  Lagopède  rouge  de  1  :  5  1/2. 


(i(>  \.    SUCIIIOÏE'I' 

Après  iivoir  donné  des  détails  sur  la  disposilioii  et  le  iioiiii)re  des 
fraiiiies  des  écailles,  le  |irofesseiir  Malin  décrit  lon^uenii'nt  la  cou- 
leur de  l'Oiseau  (ju'il  compare  avec  celle  du  jeune  Coq  des  hois  tué 
à  la  nièuio  é|iO([ue  et  à  celle  de  Lagopède  rouge. 

De  ce  qui  jirécède,  ajoute-t-il,  il  semble  ([ue  l'hybride  (|ui 
vient  d'être  décrit  est  un  intermédiaire  entre  les  deux  espèces. 

Il  ressemble  au  Coq  des  bois  par  : 

1"  La  forme  longue  et  grossière  du  bec  ;  2°  la  tache  sur  l'œil  ;  3° 
les  franges  des  écailles  à  la  partie  extérieure  des  doigts;  4"  la 
couleur  noire  dominante,  surtout  dans  les  parties  inférieures  du 
corps;  3"  les  plumes  blanches  de  la  partie  inférieure  du  croupion, 
qui  sout  noires  à  la  base. 

11  tient  surtout  du  Lagopède  rouge  par  : 

1°  Le  pouce  du  pied  relativement  petit;  2"  la  (jneue  relativement 
pliLs  longue;  3°  les  plumes  de  la  partie  inférieure  du  croupion 
relativement  courtes,  en  conqiaraison  de  la  longueur  moyenne  de 
la  ([uene  ;  4°  les  plumes  uniformément  foncées  de  la  partie  infé- 
rieure du  bras,  à  l'exception  des  pointes  ;  5°  la  marque  châtaigne 
sur  le  dos,  sur  le  jabot  ;  0"  les  pUnnes  du  vertex  plus  longues. 

Le  prof.  Mal  ni  a  donné  à  cet  hybride  le  nom  de  Lafjopoti'lrix 
Dickson  i. 

Les  diversindividusdout  nous  venons  de  parler  ne  sont  pasles  seuls 
qui  aient  été  rencontrés.  M.  Bussikofen,  conservateur  du  Musée  de 
Leide,  nous  fait  savoir  que  la  collection  de  cette  ville  possède,  sans  indi- 
cation desexe,  nu  iudividuempaillé  auquel  il  attribue  une  semblable 
origine.  M.  Bussikofen  est  porté  à  croire  qu'il  provient  du  croise- 
ment du  k-liix  9  t->t  du  acoticus  cf  ''  M.  R.-M.  Traquair  nous 
informe  aussi  qu'il  existe  an  Muséum  ofScicnceand  .4rïd'Edimbourg 
un  autre  spécimen:  llerr  Wiebbke,  dellamliourg,  auquel  cet  Oiseau 
a  été  envoyé  pour  être  examiné,  a  émis  l'opinion  (ju'il  devait 
provenir  du  mâle  Red  Grouse  et  de  la  femelle  Black  Grouse.  D'après 
nue  communication  qui  nous  est  faite  par  M.  J..Macliauglt  Cami)bell, 
le  h'elcingroce  Muséum  de  Clascow  possède  un  hybride  de  ce  genre, 
mais  on  ignore  à  quelle  époque  cet  Oiseau  a  été  reçu.  Enfin,  dans  le 
Musée  d'York  ou  conserve  deux  autres  exemplaires  cf  et  $  ;  la 
femelle  seule  est  bien  conservée,  nous  écrit  M.  Platnaner,  elle  a 
l)resquela  grandeur  du  Iriri.r,  le  plumage  est  plus  foncé,  les  jambes 
sout  nues,  le  cou  est  long.  Ajoulonsqu'uu  nouvel  exenqilaire  a  ététiuÀ 
eu  Ecosse  tout  récemment,  au  mois  d'août  dernier,  à  un  endroit 
appelé  Glen-.Mayeran,  dans  le  comté  d'Inverness.  Nous  tenons  ce 
fait  (l«  M.  J.-B.  Burton,  de  Rossai,  (jui  nous  envoie  une  copie  de 


i)1si;ai\   iiviiiiiiPKs  iu:m:iintiu:<  a  i.'ktat  saixack  ()7 

rivcruess  (".oiiricr,  du  G  iioveiiihre  18811,  où  l'on  trouve  de  pri'cieuses 
indications  sur  cet  Oiseau.  Le  journal  s'exprime  en  ces  ternies  : 

(i  Vendredi  dernier,  M.  Macleny  demanda  à  M.  ,1.  E.  Burkley 
d'examiiiiT  un  oisrau  i{iii  avait  été  envoyé  de  Glen-Mayerau  iioiir 
être  empaillé  et  (|ui  avait  été  tué  par  M.  Laurence  Hardy  Ksq'''^. 
F>'()iseau  est  un  liyl)ride  niàle  entre  T.  scoticiis  et  ï'.  trlri.r. 

Le  cou  et  le  dos  sont  de  la  couleur  de  la  Grousse  ordinaire, 
cependant  li;  dos  est  peut-être  un  ]ieu  plus  foncé.  La  [loitriiie,  à 
l'exceiilion  de  (jue^pies  plumes  Manches,  est  d'un  noir  Inillanl.  Le 
croisement  se  fait  voir  tiuil  piiiliculièrement  dans  la  téte,laqueue,les 
ailes  et  les  pieds.  Le  dos  est  lari;e,  la  crête  est  extrêmement  rouj^e 
pour  la  saison.  La  (pieue  est  exactement  celle  d'un  jeune  Tetrix, 
mais  les  plumes  ne  sont  pas  recourbées  en  forme  de  lyre  comme  chez 
ce  dernier.  Les  ailes  sont  marquées  d'une  manière  curieuse  et  mon- 
trent plusieurs  ressemblances  avec  le  Coq  capcrcaiiic,  notamment 
sur  les  couvertures  (mais  M.  Marling  observe  qu'il  a  aperçu  cette 
cette  couleur  sur  les  ailes  de  poules  (/;r;/  i|ui  semblaient  être  de 
très  vieilles  poules).  Les  jambes  et  les  pieds  sont  forts  comme  chez 
le  Tetrix,  et  disposés  pour  que  l'Oiseau  ])uisse  se  percher.  Enlin  ce 
spécimen  est  un  peu  plus  petit  «[u'une  poule  i/ri'n  et  pèse  2  1.  1/2. 
C'est  au  milieu  de  buissons  qu'il  a  été  tué.  » 

Tkthao  ïktrix  et  Laoopi  s  ai,bi.;s. 

,\l)rès  le  Rackeliiane,  l'byhride  le  plus  rêj)audu  parmi  les  Tétrao- 
nidés  est  le  Uipe-Orre,  i)roduit  par  le  croisement  du  T.  tctri.r  et  du 
/..  (tlbiis. 

Le  premier  auteur  qui  en  parle,  mais  à  titre  de  variété,  est 
Sparmann,  en  17S8  (1).  Bientôt  après,  en  17!).^,  Sommerfelt  (2), 
décrit  deux  exemplaires  niàles(iu'il  considère  comme  hybrides.  Ces 
deux  auteurs  paraissent  être  les  seuls  {}ui,  an  siècle  dernier,  aient 
fait  mention  de  cet  hybride. 

C.  P.  Thumberg,  en  1808  (.'}),  en  parle  de  nouveau;  Nilsson  ensuite 
en  1817  (4),  et  dans  les  diverses  éditions  de  Skandiniiris/c  Faunn. 


(1)  Muséum  Cnrlxonianum,  partie  III". 

(2)  Tofiographil\  Journal  fôr  .Norge. 

(:t)  Kongl.    Vi'tonslvaps-AI<a(lciniens\  nya  llandliiii^ar,  .\\I.\,  p.   I'.i:i,    l'.Ki  cl  I'j7. 
l'i)  Ornilliologia  sueeica. 


(■.8  A.    SICIICTKT 

l/t'ditioii  (1(;  Liiiid.  1838,  coiitiL'iil  de  longues  desci'i|itu)iis  de  ci'l 
Oiseau  (I). 

Nauuiaun  eu  1833  {'2),  éerit  qu'où  ue  peut  douter  de  l'hybridité 
du  Ripe-Orre  et  que  cette  double  origine  apparaît  même  au  pre- 
mier coup-d'd'il  ;  le  célèhreoruitliologiste  allemand  avait  été  assez 
heureux  i)our  recevoir  d'un  ami  un  spécimen  qu'il  put  comparer 
aux  deux  espèces  pures. 

LeD'' Constantin  Lambert  rrloser  pense  de  même  (3),  R.  Wagner  (4), 
rapi)elle  ce  croisement,  ainsi  que  Yarrell  (.'i)  et  Broun  (0),  ces  deux 
derniers  d'après  Naumanu.  ,1.  H.  Blasius,  dans  un  voyage  qu'il  (It 
eu  Russie  (7),  en  1840,  le  mentionne  également  ;  puis  Lewin  (8), 
Sundevall(y),Lloyd(lU),  Lindhland  (11), A.Muller(12).  ARasin(13), 
Degland  et  Gerbe(14),  Isidore  Geotïroy-Saint-Hilaire(lo),  Brehm  (16), 
A.-W.  Malm  (17). 

M.  Collett  en  a  donné  nue  longue  histoire  et  a  fait  connaître  beau- 
coup de  spécimens  nouveaux  (18).  Citons  encore  Dresser  (19)  i]ui 


II)  Quoique  Ti'uimincU  (Manuel  d'ornithologU',  2'  éJit.,  2"  partie,  Paris,  octobre 
1840}  n'en  ait  pas  parlé  d'une  façon  directe  de  cet  hybride,  nous  ne  pouvons  cependiuil 
passer  sous  silence  ce  qu'il  dit,  à  l'article  Tétras  birkan,  de  l'Oiseau  figuré  par  Spaj-- 
niann  op.  cit.,  fasc.  3.  H  reuiarque  en  eltet  que  cet  Oiseau  «  porte  des  plumes  sur  les 
doij.;ls»  et  que  ses  pieds  sont  ceux  «  duLagO[ièdeptaruiigan.»  Aussi,  no  lui  supposant 
pas  une  double  origine,  émet-il  l'avis  que  l'individu  qui  a  servi  de  modèle((/i/n»(  c't' 
probahkment  inutile)  on  lui  aura  substitué  des  pieds  de  Lagopède  ptarmigan 
«  doiit  ces  parties,  ajoute-t-il,  portent  les  caractères.  »  Cette  reuiarque  est  assu- 
rément en  faveur  de  l'origine  hybride  de  l'Oiseau. 

(2)  Natimj.  des   Vurjrl  Dentscli,  VI,  p.  :i:!3. 

(:i)  Handbiich  der  Natiirgeschiclite  dcr  yoijrl  l'uri>pii'.<.  I.  'l'heil,  p.  .">:^2  el  oiîli. 
IJreslau,  183'i. 

(4)  LeltrliHch  der  l'hijsioln{jie.  p.    12  cl  2<i.  l.ci|izii.'.  is:!',i. 

(5)  llrilsh  liirds.  11,  i>    Util . 

{('<)  Iland.  der  Ntilnrijescliichte,  p.   liili. 

(7)  Reise  in  europàixchen  Rnxxland  in  der  .lalircn  ts'iO  lunl  l.S'rl.  lii'auns- 
vvlieig.  1S44. 

(8)  Otversigt  af  kongl.   Ventenskaps-Akademicns  l'uiliaiidlingar.   IS'rT. 
(S))  Srenska  Fogkirna,  p.  '235,  ISfiCi. 

(10)  Otime  birds,  1867. 

(11)  Svenska  .lâgareforbundets  nya,  ■rid>kiill.  \1,  p.  2'i;i  à  2(;o,  IS7:i. 

(12)  Der  zoologiscbe  Garten,   tS(j7. 

(13)  Journal  fur  ,lagd  und  Pferdezuclit,  l.S(>;). 

(14)  Ornithologie  européenne.  Il,  p.  4S  et  4'.). 
(l.'i)  Ilisl.  des  règnes  organiques.  111. 

(16)  Oiseau.v,  II,  p.  '.m. 

(17)  (ifversigl  al  kongl.  Vetens,  AUad.  Fiirhandlingar,  IS7(;,  u"  .'i.  et  arg  37, 
n»  7,  p.  17  à  31,  18SI). 

(18)  Das  Forhaudiiugar  Videnskaps-selskabet,  Christiania.  1872,  el  .Nyl  .Magazin 
for  Naturwidenskaberne,  p.  li)5,  Christiania,  1877. 

(19)  Proceed.  of  Ihe  zool.  Society,  p.  3'i5,  1870. 


(IlSKAl  X    IIMll!ll)i;s    UKXCONTUKS    A    l.'ÉTAT    SAlVAdE  (10 

Il  vti  (iliisiciirs  liyhiides;  Tscluisi(l),  l!oi;iliiiio\v  (2;,  A.  IIii^o  (;t), 
Wiehko  (4),  le  I)'' A.-B.  Meyer  (ii),  <li'  Drcsilc,  cl  le  l'eu  prolï'ssnii- 
Scverlzow.  de  Moscou  (6). 

Le  produit  du  Tftras  lelrirnvcc  le  Iakjoiius  nllms  ^\yw  l'oii  dcsi^in', 
iKHis  l'avons  dit,  sous  le  nom  de  liiiie-Orre  (ou  simplement  Hiporre),a 
reçu  Jesnniiisscii'idiliqucssuivauls:  ïVOv/o-/*'///,/' i /nvV/r/.sSpariiKiiin, 
Tcinio-liijliriiliis  Idtjniinlis  Nilsson,  Tclra-ldiinpiili-lflrlridcs  Suiidi-- 
vall  (7),  Trtrao-uruijiillo-li'lniiilfs  Collctl,  l.diiujiitlclri.r  Idijuiiiililrs 
Mal  m,  Ti'Inio-lnijopodo-li'tri.c  Kogdanow. 

On  trouve  des  spécimens  empaillés  dans  diveis  musées:  la  cul- 
leetioii  de  l'Université  de  Christiania  en  possède  un  grand  nombre, 
onze  d'après  Collett,  dcint  deux  femelles;  vient  l'iisuilc  le  Miisi'r  de 
l'Université  (ou  de  l'Académie) de Sainl-l'élcrsljourg(|ui  eu  conserve 
huit  environ  (8),  presque  tous  des  mâles  ;  puis  le  Musée  zoolof^ique 
de  Stdckolm,  ([ualre,  dont  une  femelle,  presque  tous  achetés  au 
marché  à  i^ihier  (9)  ;  le  Musée  (rUi)sala  (Suède),  un  mâle  et  trois 
femelles, égalementaequis  en  grande  partie  au  marché  à  i^ibier  (10)  ; 
le  Musée  deP)erliu(ll),  celui  de  Lund  (1^);  la  collection  de  M. Wiehke 
à  lland)onr^, plusieurs  ex(MupIaires(  l.'{);  le  Beri;eu's  Muséum  {l'i)et 
celui  du  Tromso,  en  Norvège;  les  Musées  de  Darmstadt,  de  Halle, 
de  Berlin  en  Allemai;ne  (un  ou  plusieurs  exemi)laires)(I.")),  le  Musée 
de  Dresde  (H)), le  Muséi'  de  Mdsi-ou  (17),  la  collection  de  M.  le  Baron 
Walter  Rothschild,  de   Londres,    le  Musée   zoologiiiue   de    Milan 


(1)  llibliiilhek  f.  Juger  uiul  Jui/^l-Frcuniic.  1,  \>.  liiS,  1878. 

(2)  Coiispeclux  aviuiii  imperii  rossici,  fasciciilus  I,  Saint-Pétersbourg,  ISM. 
(:t)  Jiijîd  Zcitiinp;,  Wien,  p.  :m,  i88i. 

l'i)  Journal  tiir  (iniillinlogU',  p.  3',I4  et  suiv.,  lISHo. 
(1))  l'nsrr  Aller  lldcliel  aiul  Hirkuilil  innl  seine  Abarlen,  1887. 
(r>)  iNoiivi";uix  Mi'riioii'es  de  laSucirli'  Inipéi'iali'des  Naliiralislcs,  XV.  p.  I(i2.  1888. 
|7|  Siinili'vall   avait  iléjà  p  irlé   du   Itipe-Ono  dans  (ifvd'siL.'!    Uoni,'!.  Vi'lcn-ikaps- 
AcadoniiiMis.  IS'i'i.  Slockliolin.  IS'io-'ili,  p.  80  (l'H  l^.'i). 
(8)  CoMiinuniialKiii  de  M.  l'ieske  à  M.  Culletl. 
(•J)  CoiniiiMidialii)n  dr  M.  Kullluill  à  i\l.  Culktl. 

(10)  .Même  Sun  lie. 

(11)  Viiy.  iNHiiiiianii. 

(12)  Vuy.  Nilsson. 

(i;i|  Voy.  le,  Vf  i.  \.  li.  Me>er,  op.  rit. 

(14)  Coiniminicallon  qui  nous  est  faite  par  M.  le  curateur  de  ce  Musée;  d'après 
M.  Culletl  il  y  aurai!  deux  exemplaires. 

(15)  Daprés  les  coininuniealions  qui  nmis  sont  ailressées. 

(16)  Voy.  A.  B.  Meyer,  op.  cil. 

(17)  Voy.  Collett. 


70  A.    SUCHETET 

(coUocliou  Tiirati  ilj,  ciiliii  \i'  Musée  de  Leide  (:i).  Tous  ces  spé- 
cimens dans  leur  livrre  d'Iiivcr,  sont  plus  ou  moins  authentiques, 
car  il  arrive  ['ré([uemuient  que  Ton  jirend  des  Tetrix  alljinos  pour 
des  hybrides. 

On  trouvera  des  dessins  ou  des  figures  coloriées  dans  les  ouvrages 
cités  de  Sparmanu  (3),  Thumberg  (i),  Nilsson  (5),  \aumann, 
Yarrell  (d'après  ce  dernier),  Lindblad  {(>),  Suudevall  (7),  A.  B. 
Meyer  (8). 

Le  Ri|ie-Orre  se  rencontre  en  Suède,  eu  Norvège  el  eu  Uiissie, 
où  habitent  les  deux  espèces  qui  lui  donnent  naissance,  s'accorde- 
t-on  géïK'ralementà  dire,  M.  Le\viu(9)  |)arle  d'un  jeune  exemplaire 
(|iii  fut  tui;  lors(iu'il  était  perché  sur  uu  aibre  ;  rendruil  où  il  se 
trouvait,  ainsi  qu'un  autre  individu,  était  couvert  de  jeunes  arbres 
dont  la  [ilupai't  se  composaient  de  sapins,  mais  sans  bruyères,  au 
milieu  tl'étangs. 

Le  plus  grand  nombre  de  Ripe-Urre  qui  ont  été  pris  en  Suède  l'ont 
été,  d'après  M.  Collett,  dans  les  contrées  du  uord  (Helsinglaud-Jemt- 
land-Horr  et  Wester-Botteu)  ;  quel((ues-uus  ont  aussi  été  tués  dans 
le  sud  (Delarre  W'ermelaud).  Horr  Berljom,  inspecteur  des  forêts,  eu 
tua  uu,  le  30  novembre  1871,  à  Saltdalem,  sur  une  petite  colline 
couverte  de  bois  de  bouleaux  et  entourée  de  marais;  l'Oiseau  parais- 
sait isolé,  ne  se  mêlant  ni  aux  Tétrix,  ni  aux  Lagopèdes  qui 
fré(|uentput  la  même  contrée.  Eu  novemlire  1881,  uu  autre  spécimen 
fut  tué  non  loin  de  Chrisliana  Fjord  (10).  Thumberg  indique  le 
Wcrmeland  comme  habitat  de  ces  Oiseaux  (11).  M.\Viebke(l:i)  jiarle 
d'un  mâle  tué  à  Heisiugfors,  d'un  autre  à  Petrosavodsk,  et  d'une 


(1)  Coiiiimink-aliim  qui  nous  est  faile  par  M.  le  |M'iiIisseui-  Siinlelli.  directeur, 
adjoint  de  ce  musée. 

(2)  M.  liullikofer,  conservateur,  nous  a  fait  savoir  qu'il  e.xistait  dans  celte  col- 
lection un  Oiseau  (sans  indication  aucune)  paraissant  provenir  du  Lagopède  (^  el  du 
Tétri.\  :j.,  à  l'e.xception  de  quelipies  parties  du  plumage  blanc  et  gris  du  Lagopède 
et  la  grandeur  de  la  femelle  Télrix. 

(:î)  l'I.  l.XV. 

Cl)  Tab.  II. 

(;i)  PI.  V. 

(G)  Svenska  Jagar  forbundets. 

(7)  PI.  XXXIV. 

(8)  Tabl.  XIV  et  XV. 

(il)  Op.  cil. 

(10)  Voy.  Collett.  op.  cit. 

(11)  Op.  cil.,  p.  l'.Ki. 

(12)  Jour,  fia-  Ornillt..  \^<<n. 


OISKAIX    IIMIIIIDKS    IIK.NCONTUÉS    A    l'kTAÏ    SAlVAdl-:  71 

Iriiii'llc  ;i  liiisiiii.   Os  liylii'idcs  lie  seraii'iil    |i(iiiil  ilii    rr-lr   cxlrù- 
iiii'iiieul  raies  eu  Russie. 

Origixk  de  Kipe-Ohrk 

l,('  Uipe-One  est-il  le  iinuluilde  l^uiiimi  du  /'.  l'clri.r  c?  i'vec  le 
Linjapus  tillius  $,  ou  de  l'union  cuuliaire,  ou  iiièiiii'  \ieiit-il  des 
deux  accoupleinenls?  Cette  (|uestioii  u'a  pu  encore  trouver  de 
solution. 

Nilssou,  Nauiiiaim,  Gloger.  Hasin,  indiquent  le  premier  croise- 
ineiit,  mais  M.  Wiebke  (1)  et  le  D'  Meyer  pensent  ([uc  le  Ripe-Orre 
peut  l'être  produil  |iar  les  deux  accouplements  (2).  M.  Collett,  tout 
en  pensant  (praucunc  certitude  n'est  encore  établie,  penche  néau- 
nioins  pour  l'opiuion  ([ue  Sonimerfeet  avait  émise  en  1823,  à  savoir 
que  le  L/KjoiiHs  albiisc^  doit  être  regardé  comme  le  pèrede  l'hybride. 
Il  lui  i)arait  assuré  qu'on  ne  peut  allribuer  l'origine  du  Ripe-Orn^ 
(lu'à  une  seule  des  deux  uuioiis  j)arce  que,  dit-il,  (|uaud  on  tue  cet 
oiseau  à  uuo  môme  époque  de  l'année,  les  divers  spécimens  obtenus 
ne  dilléicnt  ni  en  taille  ni  en  couleur.  (Nous  verrons  tout  à  l'heure 
(|ue  le  |irof.  Se\ertzo\v  dit  au  contraire  i[ue  les  diveissiiécimens  de 
Ripe-Urre  dillèrent  considérablement  par  leur  coloration)  (3). 

Les  individus  dont  a  parlé  I.ewin  (4),  suivaient  une  Poule  (jiii  fut 
prise  pour  la  femelle  du  petit  (^o(|  de  bruyère;  Nauinaiiii  dit  cepen- 
dant avoir  appris  du  grand  veneur  royal  de  Greifl  (|ue,  priulanl  la 
guerre  de  Finlande  (l78S-l7!)l)j,  on  avait  vu  des  Lagopèdes  femelles 
sur  les  ballz  des  (^oqs  tétrix  (."J).  Le  même  auteur  écrit  eucore  (6j, 
(jue  des  chasseurs  norvégiens  lui  out  assuré  que  souvent  les  Lago- 
pèdes fré([ueiitent  les  lialtz  du  Coq  Tetrix.  Nilssou  (7)  écrit  aussi 
que  plusieurs  chasseurs  expérimentés  de  la  Norvège  et  de  la  Fin- 


it) Journal  fur  Onulliolo.'ii'.  IsKl,  oi'i  trois  ('xt'iiiiilaircs,  donl  di-ux  inàlcs  i'\  une 
fi'uu'llc.  soiil  l'iinsiilcié-;  coiuine  ayant  [umv  [«•iv  li'  Liif/opiix  (illim:.  l't  un  i|ualrirnii' 
iiuiiuie  provenant  du  croisement  en  sens  inverse. 

(i)  Le  D'Meyer  (op.  cit.)  considère  le  Itipe-Orrc  desontalileau  (|ualo]zièiiieconinie 
produits  par  l'accuiipleinenl  du  T.  telri.v  cf  avec  le  Lagointx  nllnis  ^.  Ces  exem- 
plaires peints  sont  au  nonilire  de  quatre:  deux  Coqs  de  la  collection  Wiebke,  un  Coq 
du  musée  de  Dresde,  donné  par  M.  Colletl,  le  quatrième  une  l'oulo,  décrite  par 
M.  Itii};dano\v. 

(:t)  Il  n'y  a  pas  deux  individu-^  idenli(|ues,  ilil-il.  Nouv.  Méiii.  Soi-,  .N.il.  .Moscou, 
XV,  p.  U\',  IHSS. 

(4)  Ofversigl  a(  kongl.  Velenskaps-Akademiens  Fortiandlingar.  IS(7. 

i.'l)  Voy.  iip.  cit.,  p.  :t.'!Ci. 

ic,)  I'.  ":t:ic,. 

(1)  Skiiiid.  fiiiiiiii,  I8j8. 


/::  A.    SICFIKTKT 

landt'fl)  SMVontqu'il  n'est.  |):is  rare  de  voir  la  Foule  de  neige  dans  le 
jeu  du  pelit  Coîjde  biuyère.  Enfin,  M.  Pleske  a  adressé  à  M.  Collett 
l'analysi^  d'un  ra[)porl  de  !M.  I{asin(2),  d'où  il  ressortirait,  d'après 
le  savant  Russa  (|ue  le  TrI.rao  trliix  doit  être  réellement  considéré 
comme  Ir»  père  dans  la  production  hybride  dont  nous  parlons. 

Cette  auidyse  écrite  en  langue  allemande  est  la  suivante:  «  Dans 
le  district  de  Nowgorod,  dans  les  lieux  marécageux  appelés  Kone- 
vosclii'n,()ii  rencontra  une  compagnie  de  Poules  qui  étaient  conduites 
par  une  femelle  de  Lrt//û/;»(.va/6i(s,  laquelle  fut  tuée  dans  la  suite.  Les 
deux  petits  qui  furent  pris  avaient  l'extérieur  complet  de  jeunes 
Tetiix;  iisétaientaussigraudsque  la  mère, ils  ne  dilïéraieut  des  vrais 
Telrix  que  par  quatre  plumes  caudales  blanches  ainsi  que  par  deux 
rémiges  de  l'aile  droite;  l'un  des  deux  avait  l'aile  gancbeentièrement 
marquée  comme  le  Ijvjoiihs  alhita  (3). 

DESCniPTION    o'KXK.MPL.VUtKS    cf 

Caractères  gicnkraux  :  l'as  deux  individus  identiques  {Si'ccrtzuir); 
le  type  de  la  coloration  des  deux  espèces  pures  s'équilii)re  parfois, 
mais  plus  souvent  c'est  le  blanc  du  Laijopus  ([ui  prédomine,  quel- 
(|uefois  aussi  le  noir  ilu  T.  trtri.c  {/'/.);  intermédiaire  pour  la  taille 
et  les  caractères  plastiques  entre  les  deux  espèces  (/'/.)  ;  ce  (jui  le 
'distingue  des  variétés  accidentelles  de  l'espèce,  c'est  qu'il  n'a  pas 
comme  celle-ci  la  (|ueuo  profondément  échancréc.  et  ([ue  les  rectrices 
latérales  sont  très  peu  contournées  en  dehors  [lic<jlanil  et  GcrI e); 
noir  sur  le  dos  et  cliiné  gris  ou  bordéde  blanc  dessous,  le  dessus  du 
cou  et  le  dessus  des  ailes  est  blanc  avec  des  taches  noires  et  une 
grande  tache  noire  sous  la  gorge  {Nihson);  ou  s'accorde  à  dire  qu'ils 
sont  plus  ou  moins  blancs,  et  plus  ou  moins  marqués  de  taches 
noires  (Tluniihcnj):  de  couleur  blanche  dans  les  parties  inférieures, 
tachetés  de  gris  dans  les  supérieures  avec  des  taches  jilus  foncées 
(/'/.);  le  troisième  exemplaire  décrit  parM.Wiebke  ressemble,  par  sa 
couleur,  à  la  Poule  de  ueige;  une  grande  partie  du  plumage  d'un 
blauc  luisant,  chaque  plume  marquée  au  milieu  d'une  tache  noire; 
cette  tache  [ireud  la  forme  d'une  poire  sur  le  dos  (/'/.);  une  grande 

{'.))  IViiiis  dt'viiiis  iri  fiiii'c  l'i'iiiiu'iiuci'  i|m',  (i'iipii's  Mêla  {Yrrlelmila  frniticd, 
llelsiiigfoi-K.  p.  I(>i.  eilr  par  Collell,  iip.  (((  i.  un  n'a  point  cepemlanl  signal(>  le  Ripe- 
Oire  en  Finlamle 

(Cl)  Joiiriitil*Ocli<)liji  Kaniiosniroilstiiii,  ji.  ;iiO  et  ;i4l,  tSS9. 

(7)  Dans  le  l'IIS  on  le  rapiinrl  rie  M.  Bazin  se  bornerait  à  ces  qiiel(|iies  détails,  le 
prof.  Collell  isl  pnilr  à  criiirr  ipu'  ees  ilen.\  jeunes  sont  îles  alhinos  et  non  |ioint  des 
liybrides . 


(IISI.MX    IIMlHIliKS    llK.NCONÏItKS    A    I.'KTAT    SArVAOK  7.1 

1;ii;Im'  noire  sur  \r  devaiil  (!>''  tiliHjri-];  il  esl  li'llciiiciil  int.i'riiii'Mli;iin' 
iMiIre  lu  ïetrix  el  lo  Lagopède  (livK'C  d'hiver  cl  de  mue'.')  iiu'dii 
poiivail  le  prendre  à  première  vue  i)Ouriiii  vrai  asseiiiblaj^earliliciel 
dfs  deux  [(Hixjer);  toute  la  ])arUe  supérieure  noire,  pointes  des 
plumes  liiiemeiil  lai-lielccs  de  vert,  et  dessous  hlaaelies  (Si'//'/''ii//0- 

ÏAii.i.i;,  coNidiiMATioN"  :  à  peu  [)rès  di'  la  j^randeur  d'uni'  poule 
ti'trix,  également  la  forme  de  cet  oiseau  {\(niiii(iini):  le  Iroisièiiie 
exemplaire  dont  parle  M.  Wiebke  a  également  la  forme  d'une  l'oule 
tétrix. 

TiVn:.  coLOKATmN  :  ))lumes  noires  dans  le  haut  avei'  bouts  bruns 
ou  blanes  {Mhsoii);  un  autre  exemplairiv.  an  dessus  des  yeux  une 
Jurande  phupie  rougeverru(|ueuse,  etc.  (MUsau);  autre  exemplaire  : 
dessus  de  la  tcM.e  noir  semé  de  taches  blanches,  avec  une  raie  blanche 
en  travers  et  derrière  les  yeux,  les  tempes  noires  avec  des  points 
blancs  (/(/.);  an-dessns  des  yeux  une  bande  nue  et  rouge  (Sininiiaiin); 
sourcils  couverts  d'une  grande  ([uantité  de  petites  verrues  rouges. 
La  hauteur  des  sourcils  est  environ  1/2  du  diamètre  de  I'omI:  la 
crèle  n'est  pas  très  haute  (VnUi'tt)  ;  |dnmes  de  la  tète  d'un  rmir  fort 
luisani,  bordure  blanche  à  leur  pointe,  peu  de  plumes  sont  brunes 
(  Widike):  un  autre  exemplaire  :  plumes  très  luisantes  et  très  noires 
[i(l.):  un  troisièuH'  exemi)laire,  (considéré  par  .M.  Wiebke  comme 
proveiuinl  du  croisement  inverse  Tétrix  c?  et  Lagopède  9),  plumes 
de  la  tète  brun  jaune  pâle,  à  la  i)ointe  noires,  bordées  d'une  bande 
blanche  ("'.):  une  tache  ronge  veriui|neuse  au-dessus  de  l'ii'il 
(fi'/w/cr)  ;  le  menton  noir  ou  tacheté  de  m\v  (Sundi-ndl);  comme  b^ 
U'Irir,  |)la(pie  verruqneuse  [Siindetall). 

Bec,  coN'FOitMATio.N  KT  coLOR.VTio.N  :  mnv  {Spaniiaïui)  ;  noir,  pareil 
à  celui  du  Lof/apiis  albux,  mais  un  peu  ])lns  grand  (Xilsson)  ;  un 
autre  exemplaire  :  noir,  semblable  à  celui  du  l.mjniitis,  mais  beau- 
coup plus  grand  (('(/.);  large  et  également  haut  WiniiiKitun  :  bec 
plutôt  semblable  à  celui  du  Tétrix,  l)ien  consliuil.  mais  le  cnlinen 
n'est  pas  si  élevé  que  dans  cette  espèce  ;  sa  longueur  est  à  jien  près 
double  de  celle  du  l.iujopufi  aihus,  les  branches  de  la  mandibule 
fortement  développées  (ColU'Il);  bec  noir,  un  peu  i)lus  grand  ijuc 
chez  le  Lagopède  [(, loger). 

Coi;  :  sur  le  cou,  comme  chez  le  Tétras  lyre,  mais  le  plus  souvent 
les  plumes  sont  variées  de  taches  blanches  conlluenles(S/;()rm'/n»)(l); 
plumes  très  luisantes  et  très  noires  (  IV/c/y/.c);  2'^  c.n'iiiiilniir:  plumes 

lll  Cih'  |i;n' Ucglaiiil  l'I  (ici  l)c,  l't  iiin>i  |Mim'  les  ;iiilir>  inriiliim^  cihk  riiiiiiil  l,i 
ilfsciipliim. 


7'l  A.    SlICHETET 

Uùs  luisaiilus  et  très  uuiies  ;  3"  cjTiiiplaire  :  iiluiin's  du  cou  d'uu 
lirun  jauue  |iàle,à  la  pointe  noires,  Imrdéesd'uue  bande  lilanche. 

Dessus  du  cou  :  noir  linement  ombré  gris  cendré  (Nikson);  sur  le 
derrière  du  cou,  il  y  a  une  grande  tache  noir  l)leu  luisant  et  haute 
de  deux  pouces,  qui  s'allonge  des  deux  côtés  jusqu'au  joint  de  l'aile 
{id);  sur  le  cou  les  plumes  sont  blanches,  tachetées  de  noir  (id.);  les 
plumes  du  dessus  du  cou  d'un  noir  fort  luisant,  bordure  blanche 
à  leur  i)oinle,  jjeu  di'  pliiuies  sont  brunes  {iVirbkc). 

Gorge  :  grande  tache  noire  sous  la  gorge  (Nihuon):  entre  la 
poitrine  et  la  gorge,  un  anneau  de  taches  noires  et  blanches, 
montant  jusqu'au  cou  (r/iM/»/'C/v/);  la  partie  inférieure  delà  gorge 
noire  ou  tachetée  de  noir  (Sundctall). 

Dos,  COLORATION  :  Moir,  finement  ombré  gris  cendré  (Nilsson); 
autre  exemplaire  :  le  haut  du  dos  noir  avec  les  bords  blancs 
{Nilsson);  le  reste  du  dos  brun  noir  avec  des  taches  noires  et  d'étroits 
bords  blanchâtres  (/(/.);  quelques  plumes  foncées  d'un  brun  châtain 
avec  des  liandes  en  travers  et  des  zigzags,  toutes  ces  plumes  sont 
hnement  bordées  de  blanc  ;  outre  cela,  le  dos  est  mélangé  de 
[Aamesuoives  {Wieblic);  un  autre  e.reniplairc:  partie  supérieure  du 
dos,  plumes  fort  luisantes  et  très  noires,  sur  la  partie  inférieure 
beaucouj)  de  plumes  sont  colorées  de  châtain  brun  foncé  (iil). 

Poitrine,  coloration;  poitrine  hiancln'  tachécde  mnv iSiKinuanuj; 
sur  la  première  iiarlie  de  la  poitrine  il  y  a  une  grande  tache  noir 
bleu  luisant  et  liante  de  deux  pouces,  qui  s'allonge  des  deux  côtés 
jusqu'au  point  de  l'aile  (Nilsson)  ;  les  flancs  noirs  ou  tachetés  de 
noir  (Sundevall). 

Epaule,  coloration  :  clunpio  plume  se  termine  par  une  tache 
blanche  qui,  au  milieu,  est  petite  et  étroite  et  qui,  sur  les  côtés,  est 
])lusgrande  et  plus  large  (Nilsson);  les  plumesdesé]iaules  d'un  noir 
très  luisant,  bordées  de  blanc  à  leur  ]iointe,  peu  déplumes  lirunes 
I  Wicbkc);  un  autre  exemplaire  :  plumes  très  noires  et  fort  luisantes 
(id). 

AiLK,  CONFORMATION  :  plumcs  poiiilucs,  la  piemière  jilus  longue 
que  la  septième,  la  deuxième  que  la  sixième,  et  un  plus  courte  que 
la  cinquième,  la  troisième  est  plus  longue,  la  quatrième  un  peu  plus 
courte  (A'//ASo;ii;  les  plunn>s  des  ailes  ressemblent  comme  forme 
à  peu  près  à  celles  de  l'Oiseau  décrit  par  Naumann  (  iViehke). 

Aile  coloration  :  lilauchc,  (achée  de  noir  {spanntinn);  les  petites 
plumes  de  l'aile  l»laiiches  avec  des  taches  noires  (A'îVa'soh);  sur  les 


OISEAIX    lIVIIlilDKS    HKNCO.NTHKS    A    L  ETAT    SAUVAGE  /.) 

îiiles  coloralioli  lilauclie  avec  des  laclies  noires  {Xauniann):  les 
|iliiiiifs  dos  ailes  resscmlileiit  (•(iinrno  couleur  à  peu  près  à  celles  de 
l'oiseau  dccril  par  Nauiiiaiiii  ;  ce  (|ui  est  à  reiiiarquer  c'est  (pie  hcau- 
c(Mi|)  (le  ces  plumes  sont  sur  un  ('(Hé  de  la  tige  hlanches,  de 
l'autre  c('*t(j  noires.  Les  rémiges  hriin  gris  noir,  ()ui  sont  l)laiiclies  à 
leur  pointe,  ne  sont  lilandies  (pi'au  milieu  de  la  barlie,  ailleurs  elles 
sont  tachetées  de  blanc  (Wiehke);  le  Iroisièiiie  l'.rnnphiirr  :  les 
plumes  lilaucliesdes  ailes,  (pii  sont  tn's  courtes,  ont  des  deux  côtés 
de  la  tige  une  liande  lai'ge  lirun  gris  (/(/.);  aile  tacbebM!  de  noir 
{ThiiiiilK'ni);  ailes  Manches  avec  des  taches  noires  {!)'  (ilonrr);  ailes 
noires  avec  de  grandes  taches  blanches  cl  de  petites  raies  blanches 
aux  liges  (Sini'/crof/). 

\'kntri:  :  le  dessons  du  .coi  |i>  biaiie  avec  des  hu'lies  noires  en 
travers  (.Mlssou);  les  lianes  cl  le  ventre  sont  sans  tache  (Wicbkr); 
(lcu.rihne  crcmplaire  :  ventre  blanc  niarfjué  de  raies  noires  tians- 
versales  (/r/.);  abdomen  blanc,  tachi''  de  noir  {Sparmann). 

(JUEUE,  coNFon.MATioN  :  elle  consiste  eu  dix  huit  plumes,  les  rec- 
trices  les  plus  exii'rieures  sont  les  plus  longues  et  courbées,  celles 
i|ui  viennent  ensuite  se  raccourcissent  de  plus  en  jjUis  et  sont  plus 
droites  jiisipi'à  celles  du  milieu,  qui  sont  à  peu  près()/8  pins  courtes 
ipie  celles  de  e(Hé  ( .Mlfsaii);  (pieiie  uii  peu  ïi'udut' {.\iuniifni ii):  i|nene 
moins  fourchue  que  celle  du  Teiras  télrix  (Spannaint);  queue  h'gé- 
reinenl  fourchue;  dix-huit  rectrices  {('olklt);  les  plumes  les  plus 
extérieures,  lr('S  légèrement  recourbées  vers  le  bout,  de  12  à  14  mil- 
limètres plus  longues  i|iie  les  plumes  du  centre.  La  longnenr  de  la 
(pieue  est  en  proportion  plus  longiu^  (|ue  celle  du  ïétrix  et  se  rap- 
]>roclie  plus  de  celles  du  Ijujuptis  (CdJIcU):  couverliires  inférieures 
delà  (|ueiie  légèrement  plus  courtes  (|iie  les  rectrices  ceutrales(/'/.); 
cpieue  légèrement  fourchue  {Xunileridl)  :  (|ueue  fendue  (  Wiehkr);  bien 
fourchue,  mais  moins  recourbée  (pie  celle  du  Ti'\i';\s  (Tli  uni  lie  ri/); 
ipiehpie  peu  fendue,  composée  de  dix-hnil  plumes,  dont  les  liiiil  ou 
dix  centrales  soiiliri'gaie  longueur  ."J/i  de  2"  dedegrés  plus  coiirles 
(pie  les  huit  exb'rieures  (pii  sont  (|uel(|uefois  même  légèrement 
recourbées  vers   rextérieiir  (f./o'/c/  i. 

Queue,  colohation  :  noire,  rectrices  médianes  avec  la  poiiile 
bordée  de  blanc;  croupion  noir,  finement  ombré  gris  cendré; 
couvertures  supérieures  noires  bordées  de  blanc,  le  dessous  tout 
blanc  (A//.V.SÔ»):  aulri'  r.rfinptairc  :  queue  dix-hnil  pennes  noires, 
les  plus  extérieures  sont  les  plus  longues,  les  (|uatre  suivantes  un 
lieu  pluscourles,  toutes  un  peu  courbées  ou  pres(pie  tiroitcs,  les  huit 


70  A.    SCClIliTET 

niédianos  |)rpsi|ue  de  la  mêiin' longueur,  etc.  ("/.);  le  croupion  brun 
noir  avec-  des  taches  noires  et  d'étroits  bords  blaïudiàtres  {Mlsson); 
sus-caudales  noires,  avec  l'extrémité  blanche,  sous-caudales  d'un 
blanc  pur.  excepté  la  pointe,  ((ui  est  noire,  rectrices  noires,  les  deux 
nK'dianes  l)lanches  an  bout  {SpaniKinn):  la  (juene,  ainsi  que  les 
couvertures  supérieures  d'un  noir  pur,  plumes  bordées  de  blanc  à 
leur  extrémité,  surtout  celles  du  milieu,  les  couvertures  inférieures 
bhinches  (Glo(j('r):  queliiues  plumes  du  croupion  foncées,  d'un  bruu 
châtain  avec  des  bandes  en  travers  et  des  zigzags;  toutes  ces  plumes 
ont  de  fines  bordures  blanches  (  U'iclikr)  ;  f|ueue  noire,  à  l'exception 
de  la  rectrice  extérieure  qui  est  brun  noir  et  une  des  rectrices  ilu 
milieu  ()ui  est  pointillée  de  brun  à  sa  pointe.  Quelques  |ilumes  de  la 
(|ueue  en-dessous,  très  lirillantes,  sont  bordées  de  blanc  ;  ces  bor- 
dures s'élargissent  sur  les  plumes  du  milieu  (  Wielikt'];  un  deuxième 
exemplaire:  parmi  les  dix-huit  rectrices  tout  à  fait  noires,  celles  du 
milieu  ont  des  bordures  blanches  et  très  larg(!S.  Les  tectrices  en 
dessous,  comme  toute  la  partie  inférieure,  d'une  blancheur  éblouis- 
sante (iii.);  S*"  exei)if)lnire:  qnehpies  ]dumesde  la  queue,  blanches, 
sont,  au  milieu  et  sur  tonte  la  longueur,  rayées  de  noir,  ce  qui 
forme  à  la  pointe  nue  grande  tache,  etc.  (iiL);  queue  noire  avec  les 
bords  blancs  aux  extrémités. 

Pattes  :  jjattes  couvertes  de  petites  plumes  blanches.  Le  bout  des 
pattes  couvert  d'écaillés  avec  les  bords  dentelés  (XiLsson)  un  autre 
exemplaire:  les  pattes  comme  le  précédent,  etc.  (id.);  les  plumes 
sont  d'un  blanc  sale  un  peu  ombrées  (id.):  les  jambes  ont  un 
plumage  semblable  à  celui  du  Lagopède  ('H7c/;/.-('i;  doigts  à  moitié 
couverts  de  plumes,  les  ongles  sont  comme  ceux  du  Lagopède 
(Swndevall). 

Pied,  conformation  et  coloration  :  Les  ongles  sont  longs  et 
brunâtres  avec  les  bouts  plus  tranchants  et  plus  larges  que  ceux  du 
petit  Coq  de  bruyère,  mais  plus  étroits  que  ceux  de  la  Poule  de 
neige  ( Mlsson l;  an  autre  exemplaire  :  les  doigts  sont  intermé- 
diaires entre  ceux  du  petit  Co<|  de  bruyère  et  ceux  du  Lagopède; 
])ieds  fortement  cm]ilumés,  doigts  couverts  justjn'à  la  moitié 
(Xaiim(ninl:<U)\ii\sh  moitié  couverts  de  plumes  épaisses,  ressemblant 
à  des  poils,  l'articulation  la  plus  intérieure  entièrement  recou- 
verte de  plumes,  celle  du  milieu  nm*  au  dessus,  mais  couverte  sur 
les  côtés,  la  plus  extrême  tout  à  fait  nue  (Collell):  les  ongles,  comme 
ceux  du  Lagopus.  longs  et  larges  et  légèrement  obliques,  le  bord 
intérieur  étant  légèrement  ]ilus  large  que  le  bord  extérieur.  Ils  sont 
moins  courbés  que  chez  le  Tétrix  et  leur  couleur  est  moins  sombre 


(IISKAI   \     inilllll)l>    IIKNC.ONIIIKS    A     r,  KTAÏ    SAIVAdK  /l 

iliif  iliiiis  ri'LIc  (,'spècL'  (iil.);  le  pouce  court  coiiinie  clit'/.  c  l.aijtijiux, 
proportioniiellenu'iit  beaucoup  plus  long  que  cliez  le  Tclrao  (hl.l; 
un  tiers  des  ddij^ts  est  l'ocouvoit  d'un  phnii;i!,^t'  seuililaliif  à  celui  du 
Lajiopède;  pouce  couverl  eulièreuieiil;  les  ongles,  larges,  resseui- 
hleul  ])lulol  à  ceux  du  Télrix  (  WieliL'c) ;  le  troisihm'  i:iciiijihiiri'  -.^ 
pieds  eouverlsde  |)luMies  Idauclies  seinlilaldes  à  des  poils  eUpii  ne 
s'élèvent  que  peu  au  dessus  des  doigts,  (les  derniers  mit  de  longues 
franges  et  les  ongles  ont  la  forme  et  la  couleur  deceux  du  l/igopède 
(/(/.);  ongles  très  longs  peu  reenuiliés,  plus  larges  (pie  cinix  du 
trlri.r,  mais  plus  minces  queeeux  du  Lagopède, d'un  luim  de  corne 
(Déclouer).' 

Dimensions  :  Longueur  totale  18  p.  queue  comprise,  hupu-Ue  a 
presque  Cl  p.;  le  bec  de]iuis  l'ouvertureà  1  ]).  1/8,  depuis  les  narines 
"J/Ki;  pattes  1  p.  (i/8  de  long;  de  la  naissance  de  l'aile  jusqu'au  liout 
9  p.  6/8;  la  patte  1  p.  6/8;  le  doigt  du  milieu,  sans  l'ongle,  1  p.  3/8; 
l'ongle  6/8;  le  pouce  caché  dans  les  plumes  11  p.  10  (Mhmni);  lon- 
gueur einiron  18  pouces  {Nauiitanii):  un  exem|)laire  du  Musée  de 
Berlin,  longueur  16  à  17  pouces,  largeur  2S  à  29  pouces;  longueur 
(les  ailes  8  pouces;  longueur  de  la  queue  pres([ue  5  pouces  3/4,  le 
bec  0/8,  à  la  racine  1/2  [Xainiiaiin);  le  doigt  nu-dian  (y  compris 
l'ongle,  qui  a  presque  8  lignes),  un  pouce  3/i{Nai(i)iiinn). 

M.  (iollett  a  donné  les  dimensions  de  dix  individus  iirovenant  de 
diverses  contrées  et  tués  pendant  l'espace  de  douze  années,  depuis 
1870  jusqu'en  1882,  elles  sont  les  suivantes:  longueur  totale  du 
premier  spi'cimen  tué  à  Gandrandsdalen  470  »'«>,  du  deuxième  480, 
du  troisième  (7),  du  ([uatrième  .'108,  du  cimpiième  481»,  du  sixième 
499,  du  septième  JJO.ï,  du  huitième  480,  du  neuvième  486,  du  dixième 
:i30.  L'aile  242  >""',  238,  2.37,  2o.';,  2:i2,  24.';,  232,  ^V",,  23."),  23.';; 
rectrice  extérieure.  I42'"™,  147,  1.38,  142,  140  (7),  146,  1.33,  140,  130. 
Itectrice  centrale  122,  117,  lOC,  12.'i  (7),  130,  124,  113,  118,   123. 

On  voit  qu'il  règne  des  difféiem'cs  quehpu'fois  assez  sensibles 
entre  les  divers  (exemplaires  décrits.  M.  le  professeurdoUett  a  (hmué 
aussi  les  dimensions  des  différentes  parties  du  s(|uelette  d'un 
Oiseau  cf  venant  de  Saltdalen  (Nordiandj.  «  Çouiitk»  les  s(pieleltes  des 
deux  parents,  fait  remarquer  l'auteur,  se  ressemblent  tellenujnt, 
(|u'à  part  la  dilTérence  de  taille,  il  serait  diflicile  de  les  distinguer, 
cet  hybride  n'a  i)as  de  Irait  dislinctif  dans  la  slruclure  de  son 
s(pieletle  en  dehors  de  la  dillérence  de  taille  ». 

Le  deuxième  exemplaire  décrit  par  .M.  \\  iebke  a  32  centimètres 


78  A.    SrcilKI'KT 

(le  longueur  totale,  le  troisième  a  46''™, o  (1).  Longueur  iGO"!™ 
(S)inilfvall);  aile  250™'",  piiiinesdu  milieu  de  la  queue  140""»,  plumes 
extérieui-es  35  """  plus  lougiu's  el  un  peu  courljt-es. 

Voix  :  Les  deux  jeunes  mâles  dont  M.  Lewin  a  parlé  avaient  un 
"loussement  dur,  tout  à  fait  comme  le  graud  Coq  de  bruyère  (2). 

Dkscru'tion  de  l.\  femf.lle 

M.  Wiebkc  (.'{)  a  décrit  une  femelle  hybride  tuée  à  Ka/.au  le 
2  mars  IS8i.  P;utie  inférieure  du  corps  blanche,  la  poitrine  tachetée 
(le  noir,  sui'  le  uiilicii  du  ventre  des  phnues  blanches  sont  bordées 
de  noir.  La  tête,  le  cou,  la  nu(iue  sont  d'un  rouge  brun  jaune  vif, 
le  reste  du  corps  d'un  rouge  plus  foncé,  bordé  et  tacheté  de  noir, 
larges  l)or(lures  blanches  sur  les  tectrices'*  les  plumes  bruu  gris 
des  ailes  sont  bordées  et  tachetées  de  blanc  sur  la  barbe  extérieure; 
deux  larges  bandes  blanches  traversent  les  ailes.  Le  noir  de  la  partie 
inférieure  du  dos  brun  luisant  bleu  d'acier,  toutes  les  plumes  sont 
bordées  de  blanc.  Les  plumes  de  la  queue  rouge  brun  bordées  de 
uoir  avec  des  bordures  très  blanches  et  larges,  de  même  sont  les 
tectrices  qui,  en  dessous,  sont  blanches. . .  A  la  gorge,  une  plaque 
blanche;  bec  allongé;  jambes  blanches,  partie  inférieure  tachetée 
de  bruu  gris:  doigts  faiblement  enipluniés  à  leur  racine,  frange 
courte  et  ongles  plus  tendus.  La  longueur  de  cet  Oiseau  est  de  48  c. 

D'après  Nilssou,  la  femelle,  dans  son  ])lumage  d'hiver, est  bigaréc 
et  tachetée  de  blanc,  uoir,  jaune  rouille  et  gris  cendré;  la  tète  a 
des  taches  blanches,  noires  et  jaune  rouille;  sur  le  cou  ces  taches 
sont  transversales.  Le  dos,  et  surtout  le  croniiion,  plus  gris  et  semés 
de  [)()inls  noirs.  Les  épaules  avec  des  taches  blanches  plusgrandes  et 
|ilus  rondes.  Le  dessous  du  corps  blanc,  avec  les  côtés  tachetés 
transversalement  de  noir  et  de  jaune  rouille,  aucune  grande  tache 
noire  sur  le  devant  du  cou.  La  (jueue  un  jieu  ouverte,  toutes  les 
plumes  avec  de  largespoints  blancs;  les  plumes  extrêmes  de  la 


(1)  M.  Wiebke  cousidèce  cel  exemplaire  connue  provenant  du  ccoisenieiil  du 
Telri.r  cf  et  d((  Lngopiis  J  el  non  du  croisenienl  inverse,  pourtpioi? 

(2)  Le  Journal  de  Chasse  de  Vienne,  18^14.  p.  ."i(12,  a  donné  une  courte  de.scription 
du  Ripe-orre.  11  lésulte  des  ol)servations  qui  ont  été  faites  que  la  tète  el  le  cou  sont 
d'un  brun  de  rouille  avec  des  laclies  noires,  que  le  reste  du  pluniage  est  gris  et 
Idanc  et  tacheté  dune  couleur  de  l'ouille,  que  le  croupion  est  (orlenient  arroiiili.  ipie 
les  plumes  exlérieures  sont  noires. 

(:il  .lourual  liir  Ornithologie,  p.  I5!1l!el  suiv..  ISS.'i. 


OISK.M  X    IIVIllîlliKS    IIKNCO.NTIIKS    A    r.'iCTAT    SAI  VA(1K  "'.1 

(|ih;iic  sont  iioiros,  bigarrées  de  jaune  et  quel([iH'fois  aussi  avec  des 
poiiils  blancs,  etc.  {l'.n-iiiiilitiri'  du    Miisrr   ilr   SlnrUiDliii). 

Autre  (iesciiption  de  la  femelle  en  hiver,  d'après  Sundevall  : 
lilancliàtre,  lii,;::arrée  de  noir,  de  brun-jaiyie  et  de  blauc.  Les  plumes 
de  tonte  la  partie  supérieure,  ainsi  que  celles  de  la  gorge,  des  côtés 
du  corjis,  sont  rayées  de  noir  et  de  brun  jaune  avec  la  pointe  large 
et  blanche.  Sur  le  dos  et  sur  la  partie  inférieure  du  dos  ces  jioiiites 
sont  plus  longues,  gris  blanc  tacheté  de  noir.  Le  ventre  blanc,  les 
plumes  (le  la  (jueue  noires  avec  des  pointes  blanches  plus  larges  cl 
en  dehors  tachetées  de  brun  jaune  surtout,  au  centre.  Longueur 
:{80™|";  ailes  1^0:  plumes  du  centre  11b,  les  plumes  extérieures 
IlOmni   plus    longues. 

.V  en  juger  par  les  plumes  d'été  ((ui  lestent  encore  à  l'aulomne 
on  pendant  la  mue,  Sundevall  ajoute  qu'elle  doit  être  pendant  l'été 
jaune  biMin  et  tàchelée  de  noir.  .Vf.  Collell  a  l'gMleineiil  (lininé  nue 
description  du  Kipe-Orre  $. 

l)i;S    .IKl  .NKS 

Il  existe  au  musée  de  (Ihristiana  quatre  exemplaires  jeunes,  chan- 
geant de  livrée,  celle  d'hiver  prédominant  (1).  Nilsson  a  décrit  un 
jeune  Co(|  ]>endant  l'automne  :  Sur  le  cou,  ta  ])arlie  (antérieure)'' 
du  dos  et  les  épaules,  les  plumes  du  jeune  âge  se  voient  encore, 
elles  sont  jaune  rouille  avec  des  raies  noires  en  travers  sur  le  cou  ; 
mais  sur  le  dos  ci'S  raies  sont  |)lus  larges,  noires  et  jiiunes  de  rouille. 
Le  dessus  des  épaules  est  bigarré  noir  et  jaum'  rouille,  une  gi-ande 
tache  noire  au  milieu,  et  une  en  longueur,  étroite  et  blanchâtre 
jus(|u'à  l'extrémité  du  corps:  une  grande  tache  noirt!  sur  le  devant 
du  cou  et  une  par  devant  à  la  hauteur  des  cuisses.  Les  plumes  de 
l'aile  sont  d'un  brun  sombre  avec  de  larges  bords  blancs.  La  queue 
esl  noii'e  avec  une  |)oinle  blanche  aux  grandes  (!t  aux  |)etites  i)Iumes. 

Cet  Oiseau  est  conseivi'  au  musée  dt>  Stockholm. 

I.,e  Ripe-Orre  peut-il  se  reproduire  avec  l'une  des  deux  espèces 
mères?  Le  prof.  Severtzow  a  pensé  que,  par  suite  de  la  grande 
diversité  des  exemplaires  (|ue  l'on  a  rencontrés,  cet  Oiseau  se  nuMe 
avec  le  Tflrao  Ictrir  et  le  l.(i(jti})ns  tilhiis. 

-M.  Collett,  qui  a  disséqué  des  individus  de  sexe  niAle  et  de  sexe 
femelle,  s'exi)rinu'  ainsi  :  «  Dans  tous  les  mâles  dissétpiés  en  hiver, 
les  b'sticules  ont  paru  petits,  bien  que  foiinés  d'une  façon  normale. 
Leur  couleur  était  d'un  blanc  gi'isàtic  :  le  lenticule  gauche  était,  en 

(1)  Voy.  Collell,  op.  fit. 


80  A.    SICIIKTKT 

général,  plus  «iraiid  que  le  droit  et  mesurait,  ilaus  un  spécimen, 
5  millim.  de  long  et  environ  ."i  de  large.  Dans  un  autre,  examiné 
le  Î8  février,  ils  étaient  petits  et  n'avaient  que  '2  millimètres 
de  long.  Les  Poules  tuées  en  hiver  avaient  les  ovaires  visibles  sur 
le  côté  gauche  comme  un'petit  i)oiut  blanchâtre;  on  voyait  dilli- 
cilement  les  œufs. 

Si  lesRipe-Orre  9  ou  cf  se  reproduisent  en  se  mêlant  avec  l'un  des 
deux  types  purs,  les  jeunes  ainsi  obtenus  doivent  reprendre,  après 
quel([ues  autres  croisements,  les  caractères  propres  aux  ancètres(l). 

Phasianidés 

Genre     Gai  lus 

Gallus  Sonnerati  (2)  et  Gallus  Baniîiva  (3). 

D'après  M.  L.  Magaud,  d'Aubusson,  on  rencontrerait  à  l'état 
sauvage  des  hybrides  du  G.  Sonnerati  et  du  G.  bankixa  :  Jerdon 
aurait  fait  cette  remarque  (4);  dans  ses  Birdx  of  India,  à  larticle 
Gallus  liTru<iineus,  p.  o36,  il  est  dit  que  la  variété  de  Sykes  se  ren- 
contre dans  les  Western  Ghals,  qu'elle  a  beaucoup  plus  de  rouge 
dans  son  plumage,  mais  qu'elle  doit  être  considérée  comme  étant 
de  l'espèce  du  [rmifiineus;  Jerdon  ajoute,  p.  337,  qu'un  jour  il  tua 
un  Oiseau  (]ui  était  un  hybride  certain  (M/tf/o/z/^^v/j  entre  les  deux 
races. 

Gallus  Temmincki 

lui  18i!),  M.  G.  R.  Gray  attira  rattcnlion  des  membres  de  la  Société 
Zoologi([ue  de  Londres  sur  deux  spécimens  de  Gallinacés  que  l'on 
ne  trouve  décrits  dans  aucun  ouvrage;  on  prétend  ([ue  l'un  d'eux 
avait  été  rapporté  de  Batavia,  cependant  on  ne  savait  rien  de  bien 
précis  sur  son  origine.  Le  deuxième  se  voyait  dans  les  Jardins  de  la 
Société  ;  il  offrait  une  certaine  ressemblance  avec  le  premier,  quoi- 
que se  raiiprochaut  du  Coij  Œnit.'i.  Des  planches  repicscntant  ces 
deux  Oiseaux  furent  alors  exécutées  (3).  On  désirait  en  elîet  attirer 


II)  Cel  iii'licle  était  tci-niint'  lorsque  M.  Gi-af  von  Waliliiij,',  il'All^'au  (Suisse),  a  eu 
la  L'oinplaisance  de  nous  faire  savoir  qu'il  avait  vu  en  Sibérie  llivliriile  vivant  ilu 
Coq  des  bois  et  de  la  Gélinale  blanehe. 

(i)  Appelé  encore  (iatlus  indicus  ou  P/k/.-'iïouk  ijnllitn. 

(3)  G.  ferrugineiis  ou  G.  gallorumiiu. 

(4)  Voy.  Bull.  Soc.  dWcclinialation.  p.  (ll'.l,  18(17. 
(li)  PI.  VII  el  VlU.p.  Ci. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  81 

l'attention  des  niiluralistcs  à  même  d'étudier  ces  Oiseaux  sur  leur 
lieu  d'origine  et  savoir  ainsi  si  ou  se  trouvait  eu  présence  d'uue 
espèce  |)artieulière,  ou  si  ces  Oiseaux  devaient  élre  considérés 
comme  liybrides. 

M.  Blitii  (I),  et  quelques  autres  savants  se  seraient  montrés  fa\i>- 
rables  à  celte  dernière  o[)ini()n. 

Nous  reproiluisons  ici  eu  partie  la  description  (|ui  a  été  faite  |>ar 
M.  C.  R.  Gray  (2),  parce  que,  dernièrement,  on  a  émis  l'opinion  que 
le  lialliix  Triiniuncki  jiouvait  élre  un  hybride  (3). 

Les  plumes  du  dos  allont;ées  et  étroites,  noires,  Ijurdées  d'une 
nuance  fauve,  les  plumes  de  la  queue  d'un  noir  bronzé  avec  les 
couvertures  alloniiées,  noires,  largement  bordées  de  viobît,  les  plus 
larges,  violettes,  étroites,  bordées  dt;  noir  et,  dans  (|uelques  cas,  d'une 
nuance  fauve  ;  les  moins  larges,  tout  à  fait  fauves,  les  plumes  de 
derrière  étroitement  bordées  de  blanc  brunâtre  et  les  plumes  secon- 
daires noires,  bordées  de  châtain.  Lesi)lumes  de  la  poitrine  noires, 
plus  ou  moins  bordées  d'une  nuance  fauve.  La  crête  large, 
s'étendant  très  en  arrière  est  irrégulièrement  dentelée  sur  le  bord 
supérieur,  la  gorge  est  nue,  les  barbes  larges  et  pendantes  de 
chaque  côté  près  de  la  base  de  la  mandibule  inférieure. 

Dans  le  cas  où  le  (iallus  Tmiinincl;!  serait  un  véritable  hybride,  il 
faudrait  encore  s'assurer  s'il  a  été  produit  en  liberté'? 

Genre  Euplocamns 

EUPLOCAMUS  L1NEATUS(4)  ET  EUPLOCAMUS  MELANOTUS 

.M.  Magaud,  d'Aubusson  (i>),  dit  que  le  Faisan  de  Reynaud,  ijui 
habite  les  forêts  et  les  jungles  de  Ternasserim,  du  Pégou  et  de 
Siam,  ainsi  que  r.\rakan  et  les  contrées  montagneuses  de  la  Bir- 
manie, rejoint  l'Kuplocome  de  Horsiield  et  s'unit  à  ce  dernier:  les 
deux  types  se  fondent  l'un  dans  l'autre  à  travers  une  suite  de 
variétés  (jui  existent  à  l'état  sauvage  dans  la  région  qui  relie  leurs 
habitats  respectifs. 

Remarquons  ici  que  l'origine  des  Euplocomes  appelés  melanotus. 


(1)  Cité  par  Darwin.  Variation  (tex  animaux  et  des  ptantes,  I,  p.  240. 

(2)  Proceedings  of  llie  zool.  Society,  p.  02,  Londres,  ]8W>. 

t'i)  Voyez  le  Bulletin  de  la  SociiHo  d'.Xccliniatation,  p.  (ïllt.  IS.S7. 
(4)  Ou  iinealii.t  Reyninulii. 

(ii)  Bulletin  île  la  Société  dWcclini.iladnn.  p.  'i£>,  ISST  ;  voyez,  aussi  le  Bullelin  de 
18(W,  p.  274,  et  celui  de  I8S8,  p.  'i7s. 


82,  A.    SUCHETET 

Cucieri,    alliocrixiiitiis,   IciicfDncInnus    et  llurxfn'lili ,    variétés  d'un 
même  type,  reste  très  eoufiise. 

L'£.  Cuneri  doit,  selon  nous,  se  conl'oudre  avec  VE.  mclanulux, 
cependani  les  llhislraliuiis  :uoloijiii>irs  de  DeyroUe,  pul)liées  en  187 't 
et  faites  d'après  les  Faisans  iniiioités  au  Jardin  (rAecliniatation, 
identifient  le  Curicri  avec  Vulbocn'slaltis,  donnaid  pour  patrie  à  cet 
Oiseau  le  nord-ouest  de  l'Hymalaya. 

Dans  la  List  (ifllw  ccrtchrated  Anintah{[),  lesdeuxnoins  Cuvieri  et 
llorsficldi  désignent  deux  ty[)es  provenant  le  premier  de  l'Arakan, 
et  le  tieuxiènie  du  nord-ouest  de  l'Hymalaya;  tout  au  contraire, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation  (2),  M.  Touchard 
laisse  à  penser  que  VE.  Cnrieri  et  \'E.  Ilorxfirldi  ne  sont  qu'un 
seul  et  même  type  ;  la  même  manière  de  \  oir  est  exprimée  dans  une 
note  de  la  Rédaction  (3).  Dans  le  même  Bulletin  (4),  M.  Rufz  de 
Lavison  fait  du  Curifriei  de\'(illi(irrisl(iliis  deux  variétés  originaires 
de  l'Asie  cenirale,  principalement  de  l'Himalaya  et  du  Népaul. 

Ajoutons  (|u'au  Muséum  d'Histoire  naturelle  deParis,  nous  avons 
trouvé,  sous  les  noms  de  Leucomèle  et  ^Vnlllllcristnlu■^<,  deux  types 
(pii  dilTèrent  légèrement  entre  eux;  nous  sommes  disposé  à  regar- 
der le  Leucomèle  comme  le  produit  de  ce  dernier  avec  le  inelanotn-^. 

Du  reste  Elliot  (."))  nousai)prerul  que,  dans  la  provincedu  Xépaul, 
où  le  iiiclaïuilus  et  ïalbom'.slalm  se  rencontrent  sur  la  ligne  qui 
sépare  leurs  territoires  respectifs,  ceux-ci  produisent  un  métis  qui 
se  distingue  facilement  de  ses  parents  par  la  crête  noire  et  le  crou- 
pion. Or,  si  nos  souvenirs  sont  exacts,  la  pièce  indicjuée  au  Muséum 
comme  Leucomèle  a  précisément  les  teintes  du  croupion  intermé- 
diaires entre  les  deux  variétés.  Elliot  ajoute  que  c'est  à  tort  qu'on 
fait  de  ces  métis  nue  espèce  particulière  sous  le  nom  de  leucomc- 
Uuius.  Jerdou  (6)  avait  déjà  signalé  ce  fait  dans  ces  termes  :  le 
^Vhite  Crested  Kalij|)heasant  {albocristattis)  se  trouve  dans  le  nord- 
ouest  de  l'Himalaya,  là  il  se  croise  avec  l'espèce  rapprochée,  et  des 
liybrides  entre  les  deux  ne  sont  pas  rares;  ceux-ci  ont  causé 
quelque  confusion  d'espèces,  P.  kucoinelanus  de  Latham  étant 
considéré  comme  un  de  ces  hybrides,  et  P.  Hamilloni  un  autre. 

Le  Faisan  Reynaud  serait-il  lui-même  une  variété  de  VE.  mehi- 

(1)  Of  tlie  GarUen  nf  (lie  Znol   Society,  Eiglil  lîclitinn,  p   'iSG,  188:3. 

(2)  P.  307,  186o. 

(3)  P.  274,  1868. 

(4)  P.  175.  i8(i4. 

(0)  Monographie  des  Pliasianidé.i,  octobre  187t. 

(0)  TIte  Birds  of  India,  being  a  luitunil  liislory,  jjy  llip  liile  Jerilon.  reprinled 
l)y  Major  Cio(l\vin-.\uxlen.  VIII,  p.  3o2,  part  II.  Calcutta. 


OISEAUX    HYBRIDES    RE.N'CONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE  S.'i 

jiiitiis,  foiiiiiH'  I'h  dit  M.  A.  (îeofïroy  St-Hilairo  (t)  ;  il  est  naturel  de 
II'  suiiposer.  Lo  croisenieut  que  nous  indiijuous  ici  sous  le  titre 
lùililiicdiims  lî  lirai  us  et  E.  inelanotus  devrait  donr  iHre  reporté  aux 
croiseiiieuts  outre  variétés. 

Genre  Pliasianiis 
Phasianus   VI  lgaris  ET  Phasianus  Keevesi 

D'après  M.  Dresser  (2),  les  l'Ii.  Ihricsi,  introduits  daus  les  chasses 
eu  Ecosse,  se  sout  cioisés  avec  le  Faisau  ordinaire  et  le  Faisau 
vemicolor  (variété  de  ce  dernier).  N'ayant  pu  consulter  directeuieut 
l'ouvrage  de  M.  Dresser,  nous  ignorons  dans  (juelles  circonstances  ces 
croisenieuts  se  sont  produits.  Nous  uous  soniines  iuiornié  eu  France, 
aupi'ès  <le  grands  propriétaires  qui  avaient  lâché  des  /'//.  Hci'msi 
dans  leurs  cliasses,  si  les  mêmes  faits  s'étaient  |)roduits  ;  les 
réponses  ([ue  nous  avons  reçues  sont  toutes  négatives.  .\I.  le  prince 
de  Wagram  nous  écrit  que,  depuis  vingt  ans,  il  possède  dans  ses 
bois  des  Faisans  vénérés  à  l'état  sauvage  ;  ces  Faisans  se  sont  très 
multipliés.  Jusqu'à  ce  jour,  le  prince  a  tué  ([uatre-vingt-dix  Coqs, 
il  en  a  repris  et  vendu  cinquante-cinq  paires,  sans  compter  tous 
ceux  qui,  s'éloignant  des  réserves,  se  trouvent  tiu!'S  par  les  live- 
rains  ipii  aliattent  Coqs  et  Poules.  Or,  jamais  un  croisenieut  n'a  été 
constaté  avec  les  Faisans  communs  qui  vivent  en  grand  nombre 
dans  les  mêmes  lieux.  Loin  de  se  mêler  avec  ces  deiuiers,  ils  les 
chassent;  souvent  les  deux  espèces  se  livrent  de  furieux  comltals, 
jusqu'à  ce  qu'une  mort  s'en  suive. 

Dans  le  parc  de  Ferrières,  où  ou  avait  égalenuMit  introduit  des 
Faisans  vénérés,  aucun  croisement  n'a  encore  été  signalé  (3);  deux 
exemplaires,  tués  dans  ces  bois,  ([ui  uous  ont  été  présentés  par  un 
amateur  comme  ayant  quelques  marques  de  croisement,  n'étaient 
autres  (jue  <ies  Faisans  ordinaires.  M.  Dahly,  de  Saint-tjermain-les- 
Corheil,  nous  allirme  également  n'avoir  jamais  rencontré  un 
seul  hybride  dans  son  parc  où,  depuis  six  ans,  il  a  lâché  des 
Faisans  vénérés  qui  se  sout  rencontrés  avec  les  Faisans  ordinaires. 
Toutefois,  contrairement  à  ce  ([ui  s'est  passé  dans  les  bois  de 
M.  le  prince  de  Wagram,  Faisans  ordiuaires  et  Faisans  véuérés  font 
bon  ménage  ;  on  a  même  trouvé  un  nid  où  une  Faisane  vénérée  et 
une  Poule  faisane  commune  pondaient  ensemble.  —  Nous  ignorons 

(1)  Bulletin  SociéU»  dAccliiiialalion,  ji.  470,  l«8«. 

(2)  Cité  par  M.  Dubois,  ia  Faune  de  la  Belgique. 

(ii)  Communication  qui  nous  est  faite  par  le  faisandier. 


84  A.    SLCHKTET 

ce  que  s(jut  devenus  les  Itccccsi  qui  avaient  été  inlroduils  dans  la 
forêt  de  Saiiil-(jerMiaiu,  tians  celle  dlvry  et  dans  la  chasse  du  duc  de 
Williuglun.  Mais,  quoique  l'assertion  de  M.  Dresser  nous  vienne  de 
seconde  main,  nous  ne  voulons  |)oinl  la  mettre  en  doute;  il  est 
très  croyable  riue  deux  espèces  de  Faisans,  telles  que  le  Vénéré  et 
le  Faisan  ordinaire  de  taille  à  peu  près  semblable,  une  fois  mises 
en  contact,  se  recherchent  lorsijue  les  sexes  ne  sont  plus  en  équi- 
libre, ce  qui  doit  arriver  fréquemment  dans  des  chasses  réservées. 
Du  reste,  ungrandcollectionneur,  M.  van  Kempen,  deSaint-Omer, 
nous  apprend  qu'il  possède  un  hybride  de  l'h.  colchicns  et  de 
Ph.  Ret'Deiîi,  trouvé  à  Lille,  en  décembre  187!».  au  milieu  d'autres 
Faisans  envoyés  d'Ani;leterre  pour  la  consommation.  Cet  Oiseau 
porte  les  marques  du  Vénéré  ;  le  dessus  du  corps  est  maillé  roux 
clair  et  noir  avec  reflets  violets,  et  la  tète  a  le  type  du  Reepcsi. 
Peut-on  supposer  que  ce  Faisan  aitété produit  en  volière?  le  gi1)i('r 
([ue  l'on  destine  à  la  consommation  provient  s'éûéralement  de 
battues  faites  dans  les  chasses.  Du  reste,  en  captivité,  le  croisement 
des  deux  espèces  s'obtient  rarement. 

Phasianus  versicolor  et  Phasianus  Soemmeringi 

M.  Maingonuat,  naturaliste  à  Paris,  nous  a  fait  savoir  qu'il  avait 
i-eçu  du  Japon,  parmi  des  Faisans  cersiculor  et  des  Faisans  Sœmine- 
ringi,  un  individu  présentant  les  caractères  bien  mélangés  de  ces 
deux  espèces;  l'Oiseau  aurait  été  tué  à  l'état  sauvage. 

Variétés 

Notre  intention  n'est  point  de  |)arler  dans  cette  étude  des  croise- 
ments entre  variétés  d'un  même  type.  Nous  rap|)ellerous  seulement 
que  les  variétés  xiongoUcus,  colchictts,  loiquatus  et  l'ersicolor,  se 
sont  mélangées  depuis  leur  importation  en  Europe  et  ont  produit  des 
métis  féconds  qui  se  sont  propagés  à  leur  tour. 

Voici  quelques  exemples  de  ces  croisements  :  il  y  a  environ  dix 
ans,  dans  une  localité  dépourvue  de  Faisans,  .M.  le  Baron  Henri  de 
Bussières  introduisait  quaire-vingts  Poules  de  Bohème  importées 
d'Autriche  et  sept  Coqs  de  Mongolie  importés  de  Chine;  quelques 
années  après  ou  tuait  un  grand  nombre  de  métis  dans  les  chasses  (  1). 

(1)  Bulletin  Société  d' Acclimatation.  Procès-verbaux,  p.  73,  18S5.  L'empereur 
Napoléon  111  aurait  remarqué  que  ces  deux  variétés,  qui  se  croisent  avec  la  plus 
grande  facilité,  ne  peuvent  cependant  vivre  ensemble.  Bull.  Soc.  Aecl.,  II,  p.  288, 
1865. 


oiSKACx  iivni)ini:«  rkncontrks  a  l'état  saivaok  80 

I);iiis  les  réserves  iiiifiliiiscs  le  l'"iiisMii  vcrsicolor  et  le  l'';iis;iii  ;i 
collier  se  sont  mélangés  à  un  tel  point  qu'il  est  très  ditlicilc,  si 
l'on  n'a  soin  do  les  tenir  soigneusement  séparés,  de  trouver  des 
e.\empl;iircs  ]inrs(l).  Ces  croisements  se  produiraient-ils  aussi  au 
Ja[ion,  patrie  du  rrrsiroli)r.'  M.  van  Kempen  nous  fait  savoir  qu'il 
possède  daus  sa  collection  un  métis  mâle  adulte  du  Faisan  commun 
cT  et   du    Faisan  versicolore  Ç,  indicjué  comme  lue  au  Japon. 

!.(>  caiiilaine  W.  F.  Ilfeellon  dit(i)que,  dans  lile  de  Sainte-Hélène 
et  dans  la  Nouvelle-Zélande,  où  on  transiiorta,  vers  18ÎJ0,  le 
rolcliinis  et  le /orry//f(/(f.s-,  ces  deux  Oiseaux  se  sont  très  multi|)liés. 
L'al)hé  David  rap|)orle  ég:,le!nonl  ['A},  ipie  dans  la  chaîne  des  Tsin- 
linz,  le  Faisan  commun  se  mêle  fréciuemmetil  au  Faisan  à  collier. 
Enliu  -M.  I)ul)ois  fait  la  remar(|ue  suivante  ('()  :  «  Le  musée  de 
Bruxelles  possède  nu  Faisan,  (n"  1781  du  catalogue), (luiresscmbleeii 
tous  points  au  /'/(.  fnrmusnnus  figuré  dans  la  Mono/iraphie  des  Pha- 
«/rt/i/V/c'.'.deM.Klliol.CotOispaun'estcejiendantqu'nn  simple  hybride, 
né  au  .Jardin  Zoologi(|ue  de  Firuxelles,  ayant  eu  pour  iiére,  nu  l'Ii. 
IdifiiKilus  et  poui'  nn''n!  un  l'h.  n-rsicolnr.  Il  y  a  donc  lieu  de  croire, 
ajoute  M.  Dubois,  (|u'à  l'île  de  Foi-mose,  située  non  loin  de  la  Chine 
et  du  .Ia[)on,  ou  a  introduit  |)rimilivement  des  l'h.  lorqualus  el  des 
Ph.  rersinilar,  propres  à  ces  deux  pays.  Les  métis  nés  dans  cette 
île  auraient  fini  (lar  remjirlacer  les  types  dont  ils  dérivent  et  à  pro- 
duire la  race  nouvelle  connue  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Ph.  for- 
iiio^aïui.i .'  >i  l'our  vérifier  cette  assertion,  il  faudrait  étudier  les 
métis  jjroduits  en  si  grand  nombre  à  l'état  sauvage  eu  .\ugletorre 
et  voir  s'ils  ont  le   type  du  foiDKixinui.'i ;  nous  en  doutons  un  pou. 

Nous  rappelons  ici  (|u'il  s'agit  de  variétés  d'un  même  type,  et  non 
de  véritables  es|ièces  ;  c'est  à  ce  litre  (|ue  nous  faisons  meutiou  de 
ces  derniers  croisements. 

(icnifs  Eiiploriiinus  al  Pliusiuiiiis 
EUPLOCAMUS   NVCTHEMERi;S   ET   PhASIANUS   VULGARIS 

En  1875,  M.  W.  B.  Tegetineier  exposa,  à  la  Société  Zoologique  de 
Londres,  deux  s|>écimens  de  Faisans  hybrides  nés  dans  le  Surrey  à 
l'état    sauvage.    Ces    deu.x    hybrides    provenaient    d'une   Poule 


(1)  M.  .MagduJ,  il'Auhusson.  in  Biillftih  Soriéli- (l'Acclimalatioii,  p.  41S,  1R86. 

(2)  Transactions  of  (lie  Ne\v-7,i>lancl  Insliluto. 

(3)  Oiseaii.r  de  la  Chine. 
l'O  Faune  de  Belijiqur. 


86  A.    SUCHETET 

nycthemrnis  (|ui  s'était  échappée  et  qui,  suppose-t-on,  s'était  unie 
à  un  Faisan  commun;  ces  Oiseaux  paraissaient  être  mâle  et  femelle, 
cependant  leur  sexe  n'avait  point  été  bien  déterminé  par  l'empail- 
leur. L'exemplaire  ressemblant  à  un  mâle,  dit  M.  Tegetmeier  (1), 
était  très  distinctement  éperonné.la  couleur  générale  de  son  plumage 
gris  brun  avec  des  rcllets  métalliques,  mais  pas  de  trace  des  irradia- 
tions du  Faisan  argenté  sur  la  tète.  La  Poule  sans  éperons,  sa 
couleur  générale  d'un  brun  clair  tacheté;  queue  longue  et  pointue, 
avec  des  bandes  transversales,  ressemblant  à  celles  du  Faisan 
de  Sœmmering. 

Genres  Tliaiiinalen  et  i'Jiasianiis 

Thaumalea   picta    9    Pt  Phasianus  VULGARIS  i^ 

M.  John  W.  G.  Spicer  a  cité  (2)  deux  hybrides  nés  dans  un  bois 
faisant  partie  de  la  propriété  de  .M.  llalsey,  à  Henly-Park,  comté 
de  Surrey.  —  Vers  1838,  une  Poule  Th.  picta,  s'élant  échappée  dans 
les  couverts,  on  remarqua,  dans  certaines  parties  des  bois,  que  les 
Faisans  ordinaires  étaient  toujours  troublés;  après  avoir  surveillé 
attentivement  les  endroits  où  ces  Oiseaux  prenaient  leur  nour- 
riture, ondécouvrit  la  Poule  faisane  eldeux  autres  Faisans  à  l'appa- 
rence singulière.  Ils  furent  tués  tous  les  trois  et  on  acquit  la  preuve, 
dit  le  rapport,  que  les  deux  derniers  étaient  des  hybrides.  Leur 
plumage  dévoilait  leur  origine  mixte.  Ils  étaient  petits  et  sans 
beauté,  tenant  des  deux  espèces. 

L'auteur  qui  raconte  ce  fait  dit  qu'il  mérite  de  fixer  l'attention, 
car  en  Chine,  où  ces  deux  sortes  d'Oiseaux  sont  sauvages,  on  ne  les 
a  jamais  vus  produire  des  hybrides.  Mais  ce  fait  perd  de  son  impor- 
tances! l'on  considère  que  la  femelle  T/i./j/c^o  qui  s'était  échappée  se 
trouvait  sans  mâle  de  son  espèce  et  dans  un  jiays  où  il  n'en  existait 
aucun  (3). 


(1)  Voy.  Proceedings,  p.  317,  London. 

(2)  Proceedings  of  the  Zool.  Society. 

(3)  La  lettre  de  M.  Spicer,  qui  était  adressée  à  M.  Leadbeater,  a  été  lue  à  la  Zool. 
Society  par  M.  Gould  (p.  Cl,  des  Proceedings  de  1851).  M.  Lowock  avait  déjà 
signalé  ce  (ait,  en  18(30.  dans  les  Neue  Notizen  ausdem  (jeb.  der  Nalur.  XIII,  p.  2,')0. 
Voyez  aussi  Bioiiii,  yaliiri] ..  p.  172. 184:!,  et  le  Zoologisl.  p.  i£)'6,  May  1S54. 


DISKAl  \    HUIIUUKS    IIKXCO.NTKÉS    \    L'KTAT   SALVAr.K  87 

Phasianidés  et  Tetraonidés 

Genre    Plhisiiiiiiis    et     Telr;io    Ivtrix 
Phasianis  vi'lc.aius  v.i  Tktrao  tetiiix 

Nous  rivons  (lit  en  coiiimciicaiit,  un  nomlirft  assez  considérable 
d'Oiseaux,  (jue  l'on  sup|)ose  produits  par  le  croisement  de  ces  deux 
espèces,  a  élé  observé  en  Aufileterre.  Le  premier  spécimea  est 
mentionné  par  Wiiite  (I);  la  pièce  avait  été  abattue  dans  un  taillis 
à  Holt  et  envoyée  par  Lord  Stawell  à  W'iiite,  qui  ne  put  détermiuer 
cxactemeul  sou  origine.  Ce  ïiil  le  Hev.  William  Herbert  (|ui  se 
]U'()nouça  d'une  façon  (l(''cisi\c  ajM'és  l'avoir  examinée  dans  la 
colleclion  du  couite  (riv4remont,  à  l'etworth.  Lue  lij^ure  coloriée  est 
douiiée  dans  quelques  éditions  de  l'ouvrage  de  While. 

Le  deuxième  exemplaire  fui  tué  au  mois  de  janvier  de  l'année 
1829,  à  W'idey,  près  de  l'h  iniiutli,  par  le  Rev.  Morshead.  Lézarde 
des  bois  où  il  fut  aliatlii  avait  remarcpu'  (]u'un  Faisan  mâle  et  une 
Poule  létrix  étaient  souvent  ensemble.  On  tua  d'abord  le  Coq 
Faisan,  puis,  (pielques  jours  après,  le  jeune  liybride,  mais  la  Poule 
/c/r/.r  échappa.  Cet  Oiseau  fui  envoyé  à  M.  Drew  pour  être  préparé; 
on  croit  qu'il  passa  ensuite  dans  les  mains  du  capitaine  Morshead  (2). 

Va\  183'»,  .M.  Sabine  appida  ratteution  des  nn-mbrcs  de  la  Société 
Zooloi;i(iue  de  Londres  sur  un  troisième  spécimen  w  dans  le 
(larnwald,  et  ([ui  était  en  la  jiossession  de  M.  William  Va\\\  (3). 
L'année  suivante,  on  lut  devant  la  nn^un^  société  un  rapport  de 
S\.  Thfunas  C.  Eyton  esq.  sur  un  Oiseau  ayant  une  origine  sem- 
blable, k  la  suite  de  celte  lecture,  on  montra  la  peau  de  cet  hybride 
ainsi  ([u'un  dessin  le  représentant.  «  Il  y  a  ([uelques  années,  disait 
II'  rapport,  ou  avait  observe  dans  h;  voisinage  de  Merrington,  appar- 
tenant à  l{ol)erl  llaiicy,  esii-,  uwv  femelle  de  Tétras,  mais  on  ue 
l'avait  jamais  vue  avec  aucun  autre  Oiseau  de  son  espèce.  Au  mois 
de  novembre  183'i,  un  Oiseau  tenant  du  (loq  de  Bruyère  et  du 
Faisan  était  tué  sur  les  terres  du  manoir  avoisiuaul  Merringtou  et 
appartenant  à  M.  Llyod,  esq.  ».  Un  autre  spécimen  qui  dirait  avec 
lui  lies  ressemblances,  (|iHHi(iir  plu-^  pi'tit.  fut  abattu  de  nouveau  au 

(1)  Histoire  de  Selbourne. 

(2)  Tlie  Magasin  of  naliiral  liistory.  1,  London,  1S37. 

li!)  Tliu  Pioifediiiy>  of  lln'  Zool.  S<pciil\ ,  part  11,  fi.  'Si.  LoiiUon,  l^:^l.     ' 


»»  A.    SUCHETET 

mois  de  décembre;  il  est  couservé  dans  la  collection  de  M.  Eytou  (1) 
(]ui  en  adonné  un  dessin  (2|.  D'après  M.  Yarrell,  qui  l'a  également 
ligure  dans  sou  ouvrage  sur  les  Oiseaux  de  l'Angleterre  (3),  il  serait 
du  sexe  femelle.  M.  Eytou  nous  apprend  que  la  couvée  dontfaisaient 
partie  ces  hybrides  se  composaient  de  cinq  Oiseaux.  Les  trois 
derniers  furent  tués  en  mêmq  temps  (|ue  la  vieille  Poule  Tetrix(4). 
D'api'ès  Yarrell,  ils  auraient  été  servis  sur  la  table  d'un  fermier  qui 
les  avait  abattus.  C'est  avec  raison  que  M.  Eytou  considère  ces 
cinq  Oiseaux  comme  issus  du  T.  tetrix  $  et  du  Phasianus  (f  puis- 
qu'ils furent  tués  en  compagnie  d'une  Poule  du  Coq  de  Bruyère. 
—  Cet  auteur  aurait  vu  un  autre  spécimen  tué  près  de  Croweey 
et  conservé  dans  la  collection  de  M.   Rowland  Hill,  Bart  (5). 

En  décembre  1836,  un  dixième  exemplaire  fut  présenté  à  la 
Société  naturelle  de  Belfast,  par  M.  William  Thompson,  vice- 
président  de  la  Société.  Cet  Oiseau,  qui  lui  avait  été  envoyé  par 
M.  Andrew  Agnew  du  château  de  Lochnam,  paraissait  être  du  sexe 
mâle  ;  il  avait  été  tué  dans  le  Wigtoushire,  à  Lochnam,  en  1835,  où 
les  Coqs  de  bruyère  et  les  Faisans  étaient  nombreux  dans  les  plan- 
tations environnantes.  Il  avait  été  vu  plusieurs  fois  et  pris  pour  un 
Dindon  sauvage.  M.  Thompson  pense  qu'il  provient  de  l'union  de 
Coq  tétrix  et  de  la  Poule /j/rnsm/ut*'.  M.  Yarrell  (6),  en  a  donné  un  des- 
sin. Celui-ci  exposa,  le  i2décembre  1837,  devant  les  membres  de  la 
Société  Zoologique  de  Londres,  un  onzième  liybride  paraissant 
provenir  des  mêmes  espèces  (7).  Cet  Oiseau,  tué  près  d'Aluwick  et 
envoyé  à  M.  Leadbeater  par  ordre  du  duc  de  Northumberland,  est 
actuellement  au  Musée  Britannique  (8).  Le  duc  fit  don  au  Muséum 
of  the  Nalural  luslory  Society  of  Northumberland,  Durham  and 
Newcastle-on-Tyne ,  d'un  pareil  spécimen  tué  à  Aluwick  martlur- 
drich  Castle,  en  novembre  1837(9). 

D'autres  hybrides  rencontrés  dans  le  Devonshire  sont  mentionnés 
dans  Yarrell(lO).  C'est  le  Rev.  W.  S.  ilore,  de  Stoke,  près  de  Devon- 
port,  qui  les  lui  fit  connaître.  L'un,  mâle,  fait  partie  de  la  collection 


(1)  Voyez  l'i'oceedings  ot  the  Zool.  Society   of  I.ondon,  |).  ()2.   ISiïi. 

(2)  Hislorij  of  brUishbirds.  p.  1.  London.  ISIiti  (petile  gravure). 
{'A)  Brilish  birds,  p.  '.Kil. 

('()  Voyez  William  Thompson,  in  llie  .Magasinof  Zoolcigy  and  liolany,  1,  p.  't'M,  1S37. 
(o)  Voyez  BriLish  Birds  de  Yarrell,  p  'XM'i. 

(6)  Brilish  Birds,  p.  331 . 

(7)  Voyez  Proceedings  of  the  Zool.  Society,  p.  133.  18.37. 
(y)  Voy.  Yarrell,  op.  cil.,  p.  338. 

(0)  D'après  une  lettre  qui  nous  a  été  adressée  par  M.  Ilandcock. 
(10)  Op.  cit.,  p.  338. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAOR  80 

t)t'  iM.  Hore  ;  l'autre  est  ligure  à  la  pafjo  .'tô'.t  des  Hrilish  Hirds;  on 
croit  qu'il  se  trouve  clans  la  rolleclion  du  D''  Roabdc  ïrcbariha  eu 
Corn\vall(lj.  Yarrell  nieutiouue.à  la  uii^uic  page,  un  exemplaire,  tué 
au  eotnuienceinent  de  déeeuibre  1839,  par  Lord  Howick,  dans  un 
grand  bois  ap|)arlenanl  au  comte  Grey,  à  quelques  milles  à  l'est  de 
Felton  (Nortliuiiilicrland).  l'U  dessin  cnlorir  de  cet  Oiseau  se  trouve 
dans  l'ouvrage  de  Varrcll. 

M.  Handcock  nous  iiiforiiie  i|u'eu  \H'i2.,  un  auln^  s|iécimeu  l'ut 
tué  à  Relsay,  |iar  M.  (1.  II.  (ladosan  esq.,  de  Hrienkimrn:  on  li' 
conserve  dans  le  Musée  de  la  Société  d'Histoire  Naturelle  de 
Norlhumberlaud.  Cet  exemplaire,  ainsi  que  celui  qui  fut  tué  à 
Aluwick  en  novembre  1837.  n'ont  jamais  été  décrits  (2). 

1mi  ISol,  M.  Gould  appela  de  nouveau  l'attention  di^s  membres 
delà  Société  Zoologiquede  Londres  sur  un  Oiseau  hybride  qui  avait 
été  tué  le  2fi  octobre  à  Ilenley  Park,  dans  le  comté  de  Surrey,  par 
le  garde  de  M.  Ilasley  es([.,  dans  une  jiartie  de  sa  pro[)riélé  appelée 
«  The  Peal  Moor  ».  .\u  rrioui-  de  la  chasse,  cet  Oiseau  avait  été 
pendu  dans  l'oincc  avei-  les  autres  Faisans,  et  ou  se  préparait  à  le 
plumer,  lors(iue  M.  .lolui  W.  G.  Spicer  l'aperçut.  11  demanda  aussitôt 
à  M.  Hasley  la  permission  de  l'enlever  et  de  le  faire  empailler,  ce 
qui  lui  fut  accordé.  «  Il  n'y  a  pas  de  doute,  écrivit-il  à  M.  Leadbater, 
que  cet  Oiseau  ne  soit  un  hybride  entre  le  Tétrix  cT  et  la  Poule 
faisane;  depuis  deux  ans  un  Tétrix  fréquentait  le  couvert  où  cet 
Oiseau  a  été  tué,  il  y  prenait  même  sa  nourriture  avec  des  Faisans  (3). 

Trois  ans  plus  lard,  eu  185i,  .M.  .lolin  J.  Briggs  de  King's  Derby 
faisait  savoir  (4),  qu'un  Oiseau  venait  d'être  tué  dans  un  grand  bois 
appelé  «  Slniinlon  SpriiKj.i,  »  prés  de  Melbourne,  par  le  garde  au 
service  du  comte  Ferrers.  Depuis  quelque  temps  ou  avait  remar(|uc 
que  cet  Oiseau  se  nourrissait  avec  plusieurs  Faisans  i\in  fré((uen- 
taient  les  bois.  M.  Briggs  crut  reconnaître  un  hybride  entre  le 
Tétrix  et  le  Faisan,  quoique  ce  dernier  filt  tout  à  fait  inconnu 

(1)  Oans  le  Zoolo^isl  do  ISTil.  p.  7.'>'i.'i,  M.  \V.  S  lloïc  s'i'xpriine  iiinsi  :  «  A  la  vt'iilo 
do  la  l'oUpftion  niiiitlioliif;ii|iif  ilo  feu  M.  Coriirliiis  Tiipe.  de  Di'vonporl,  j'achelai  un 
hybride  eiilie  le  Co(|  noir  et  le  Faisan,  ijni  iivail  rir  a(;(niis  sur  le  inanlio  de  lelle 
ville  il  y  a  dix  ou  douze  ans.  O'esl  un  niAle  en  beau  iilunuige,  i|uoi(|ue  roniniemanl 
à  muer  prés  du  bee.  En  I8:{'.1.  j'obtins  un  de  ees  bybrides  (|ui  avait  ili'  tué  dans  le 
<;orn\vall,  et  qui  se  lron\e  dans  les  Hrili.th  Ilirds  de  Varrell.  • 

(2)  Nous  en  donnerons  pins  loin  les  deseriplions  qui  nous  ont  été  adressées  par 
M.  Handcock. 

(:t|  Voy.  les  l'roceedings  de  IKjl,  p.  fil. 
(4)  The  Zoologisi,  p.  4i'i3. 


90  A.    SUCHETET 

dans  ces  régions.  Le  comte  Feirers  en  conserve  la  dépouille.  On 
signale  encore  piirnii  le  i;ibier  tué  le  19  décembre  18.j3,  dans  les 
couverts  du  comte  de  Stamford,  à  Enviile,  un  très  curieux  et  très  l)el 
Oiseau  tenant  du  Coq  de  bruyère  et  du  Faisan  (1). 

M.Hore,dansunecommunication  adresséeauZoolosist  en  1861  (2), 
fait  savoir  qu'il  avait  vu,  il  y  a  plusieurs  années,  une  femelle  de 
cette  sorte  dans  une  collection  d'Oiseaux  appartenant  au  Rev. 
T.  Jobnes,  de  lirandstone  Rectory,  près  Tavistock  ;  cette  femelle  était 
beaucoup  plus  petite  que  son  exemplaire. 

En  octobre  1878,  M.  John  Gatcombe  renianjua,  parmi  le  gibier 
exposé  sur  le  marché  de  Plymoutb,  un  byljride  entre  le  Faisan  et 
le  Coq  noir,  tué  depuis  quehjues  jours  sur  les  limites  de  Dartmoor, 
pense-t-il.  C'était  un  jeune  mâle,  mais  inférieur  eu  grandeur  au 
Coq  Faisan  et  en  pleine  mue,  notamment  sur  la  tète  et  le  cou.  S'il 
avait  vécu  un  mois  de  plus,  dit  M.  Gatcombe  (3),  il  aurait  revêtu  uu 
magnillcpie  plumage.  Cet  oiseau,  qui  faisait  partie  de  la  collection 
mise  eu  vente  par  M.  Whitaker,  esq.,  le  22  mai  dernier,  a  été  acquis, 
nous  écrit  M.  Stevens,  par  M.  Lamb,  de  Londres. 

En  1883,  M.  Burton  exposait  à  la  Société  zoologique  de 
Londres  un  hybride  supposé  issu  du  mâle  Tétrix  et  de  la  Poule 
faisane. Cet  Oiseau  avait  été  acheté  récemment  au  marché  de  Leaden  ; 
un  an  plus  tard,  le  Ifi  janvier,  M.  Edwards  Haris,  de  Christchurch, 
Hauts,  rencontrait,  dans  une  grande  |ilaiue  remplie  de  Itroussailles, 
un  autre  individu  qu'il  conserve  dans  son  Muséum,  à  Christchurch, 
Hauts. 

La  même  année,  sur  la  propriété  de  M.  Joliu  Jones  de  Tlic  (irares, 
près  de  Craven  Arms  (Shropshire),  le  u)ajor  Gregory  Knight,  tuait 
lui-même  un  très  beau  croisement  entre  un  Black  Grouse  et  un 
Faisan.  M.  Montagu  Brown,  qui  raconte  ce  fait  (4),  est  enclin  à 
penser  que  le  père  de  cet  oiseau  était  un  Faisan,  peut  être  un  lim/- 
necked,  parce  qu'on  aperçoit  quatre  ou  cinq  plumes  blanches  sur  le 
cou. 

M.  Hamon  le  Stranger  à  la  bouté  de  nous  écrire  de  Hunstaulon 
Hall  (Norfolk),  qu'un  exemplaire  entre  le  l'haainnus  colrhicus  et  le 
Tetrao  tciri.r  fut  tué,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  dans  un  de  ses 
bois;  sou  père  y  avait  introduit  ([uelques  Tétrix,  venant  d'Ecosse. 

(1)  Vriypz  Yarroll,  np .  cit.  p.  :ifi. 

(2)  1*.  7o4b. 

(3)  Thp  Zoologist,  p.  (30,  1879 

(5)  The  Zoologist, 'Pp.  2fi  el  27,  1883. 


OISKAI  X    HYBRIDES    nENCONTRÉS    A    1,'ÉTAT   SAUVAGE  !M 

M.  le  SlrangtT  ])0ssèile  encore  cet  Oisyaii  ;  ;'i  iireiiuère  vue,  nous  dil- 
il,  on  reconnaît  sa  double  parenté. 

M.  J.  Turner,  rie  Sutton  (loUlelfi,  prés  Hiiininf;liani,  nous  fait  éga- 
lement savoir  (ju'il  tua,  en  1888,  un  hybritle  lenielle,  dans  le  grand 
parc  qui  avoisine  cette  petite  ville  manufacturière.  Les  faisans  cou- 
vent rarement  dans  ces  bois,  où  [)cndanl  IVIé  viennent  un  grand 
nombre  de  pronu;neurs;  ceux  ([ue  l'on  rencontre  vieuneat  de  la 
jtartie  réservée  qui  appartient  à  un  riche  propriétaire.  Pendant  l'été 
de  1888,  on  avait  ai)erçn  un  ou  deux  Tétrix.  I/Oisean  tué  par 
.M.  Turner  ne  laisse  pas  de  doute  sur  son  origine  liybiide.  Aucune 
poule  Tétrix  n'ayant  été  vue,  mais  seulement  un  on  deux  mâles 
Tétrix,  M.  Turner  en  conclut  i|uc  ce  jenin'  hybride  avait  eu  iKiur 
mère  nue  Poule  faisane.  11  n'était  point  isolé,  et  appartenait  proba- 
blement à  une  couvée,  car  un  deuxième  exemplaire  fut  tué  le  môme 
jour.  Après  avoir  été  empaillé,  on  le  Rt  voir  à  nue  des  réunions  de 
la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Birmingham,  il  y  excita  un  grand 
intérêt.  Comme  il  sérail  dilVi<ile  de  décrire  minutieusement  les 
caraclères  ([u'il  présente,  .M.  Turner  se  propose  de  le  faire  j)hoto- 
grapliier  dans  deux  on  trois  positions  dilïérentes;  il  veut  bien  nous 
jtroniettrc  ces  photographies. 

C'est  en  1884  que,  pour  la  première  fois,  l'hybride  du  /'/).  rdlrhlrnx 
et  du  7".  Ii'tri.r  parait  avoir  été  tué  sur  le  continent.  \'ers  les  (h'iniers 
jours  de  novembre,  on  aperçut  un  Oiseau  étrange  qui  était  égaré 
dans  le  parc  du  château  de  .leltech  (1);  il  y  était  venu  probablement 
]inur  y  chercher  de  la  nourriture.  Il  fut  tiré  par  le  jardinier  du 
pays  sur  une  grange  bâtie  près  du  parc.  Depuis  cependant  vingt- 
cinq  ans,  nous  fait  observer  M.  Johann  Egsaurend,  auteur  de  cette 
communication,  aucun  Coq  de  bruyère  n'avait  été  tué  en  cet  endroit, 
où  existent  seulement  des  Faisans.  L'Oiseau,  du  sexe  femelle,  est 
conservé  au  i-hàteau  de  Jeltech,  chez  M.  le  comte  Saurma  (2). 
Kii  188(1,  M.  le  conUe  Johann  Karrark  envoyait  au  Musée  royal  de 
lîohéme  un  second  spécimen  de  ménie  provenance  tué  à  Zèle,  dans 
le  district  de  Talnn'er;  c'était  un  (^oq  de  forte  taille.  Dans  les  envi- 
rons de  Zèle,  dans  une  partie  du  bois  où  les  Tétrix  sont  en  grand 
nombre,  on  avait  établi  une  faisanderie:  les  Faisans  se  trouvèreiil 
ainsi  en  contact  avec  les  (loqs  de  bruyère,  et  l'on  suppose  qu'un 
Faisan  se  croisa  avec  un  de  ces  derniers. 


(1)  Silésie. 

(2)  C'est  M.  Kusikel  qui,  le  premier,  nous  a  (ait  connaître  ce  (iiil  :  M.  Fieman,  con- 
servairuc  du  Musée  de  l'Université  de  Breslau,  nous  a  également  adressé  des  rensei- 
nicnls  •iur  celle  iui|iiirlaiilc  capture. 


92  A.    SUCHETET 

M.  le  prof.  I)''  Aiit.  P'ritscji,  de  Prague,  qui  iJicoute  ce.  fait  (I), 
croit  m(''me  que  le  père  de  cet  hyltride  est  le  Faisan,  et  le  Tétras  sa 
mère,  mais  le  croisement  inverse  a  pu  aussi  bien  se  réaliser,  et  lé 
Dr  A.-B.  Meyer  penche  pour  cette  opinion. 

Ce  sujet  devait  être  envoyé  à  la  prochaine  e.xposition  ornitholo- 
gique  d(>  Meune  ;  un  dessin  en  a  été  donné,  dans  les  Mitlheilungeu 
des  Ornithologischen  Vereins  de  Vienne  ;  il  existe  aussi  une  magni- 
fique planche  coloriée  dans  l'ouvrage  du  D'  J.-A-B.  Meyer  (2). 

Depuis  soi.xante-dix  ans  environ,  un  grand  nombre  do  spécimens 
hybrides  entre  le  Tetrixet  le  Faisan  auraient  donc  été  rencontrés.  Le 
premier  que  nous  avons  nommé  fut  tué  dans  un  taillis  à  Holt; 
le  deuxième  à  Whidey,  près  de  Plymouth,  en  1829;  le  troisième 
dans  le  Cornwall,  en  183i:  le  ((uatrième,  le  cinquième,  le 
sixième,  le  septième  et  le  huitième  sur  les  terres  de  Merringtou  ou 
sur  celles  avoisinant  le  manoir,  pendant  l'année  1834;  le  neu- 
vième près  de  Gorwey,  dans  le  Merionelhshirc,  le  dixième  à 
Lochnam,  dansleWigtoushire,  en  183.^;  le  onzième  près d'.Vhnvicli, 
dans  le  Northumberland:  le  douzième  au  même  endroit,  en 
novembre  183.'):  le  Ireizième  et  le  quatorzit'me  dans  le  Devonshire; 
le  quinzième  à  quelques  milles  à  l'est  de  Felton  (Northumberlaudj, 
en  décembre  1839  ;  le  seizième  à  Belsay,  en  1842;  le  dix-septième  à 
KeulgPark,  comté  de  Surrey,  le  iC^  octobre  ISol:  le  dix-huitième 
en  1834,  dans  un  grand  bois  appelé  Staunton  Springs,  près  de  Mel- 
bourne; le  dix-neuvième  dans  les  couverts  du  comte  de  Stamford, 
à  Enville,  le  19  décembre  185.'i;  nous  ignorons  la  provenance  du 
vingtième:  le  vingt  et  unième  fut  tué  probablement  sur  les  limites 
de  Dartmoor  en  1878;  le  vingt-deuxième  fut  acheté  au  marché  de 
Leaden;  le  vingt-troisième  rencontré  dans  les  environs  de  Christ- 
church,  le  1(5  janvier  1884;  le  vingt-quatrième  fut  abattu  en  1883, 
près  deCraven  Arms,  Shrosphire  ;  le  vingt-ciuquièmedans  le  Norfolk 
il  y  a  une  vingtaine  d'années  ;  le  vingt-sixième  en  1888  près  de  Bir- 
mingham ;  le  vingt-septième  vers  la  lin  de  novembre  1884  au  châ- 
teau de  Jeltsch,  en  Silésie;  enfin  levingt-huitièmeàZèle,eu  Bohème, 
en  1880.  Si  même  nous  en  croyons  M.  le  comte  von  Waldung  Zeil 
Tranchbury,  de  semblables  hybrides  auraient  été  rencontrés  en 
Moravie. 

L'origine  de  ces  Oiseaux  a  été  attribuée,  tantôt  à  l'accouplement 
du  Faisan  c?  et  du  Tétrix  $,  tantôt  au  croisement  inverse.  Quatre  de 

(I)  Mitt.  ornith.  Ver.  Wjen,  p.  98  et  suiv. 

(2}  Taf.  XIII.    Nous  pensons,  d'apiès  les  indications   qui  nous   sont  fournies  par 
!M.  le  D^Rey,  de  Leipzig',  ipie  le  sujel  a  élê  lue  par  .M.   le  loiiile  Breiiner. 


OlSEAlX    HVHKIDKS    HENCONTRKS    A    l'ÉTAT    SAL'VAGIC  93 

ci's  assortions  p.iraisseril  fondées,  elles  ('oncernenl  le  deuxième 
(•xeni|iliiiie.  leiiiiatriùiiie  avec  ses  frères  ou  sœurs,  le  dix-septiènie  el 
le  viugl-sixiènic. 

Un  ne  peut  ^uèic  supposer  iiuf  ces  liyljrides  soient  des  oiseaux 
échappés  de  volière;  l'individu  tué  sur  une  grange  cliez  M.  le  comte 
Saurma  pourrait  seul,  à  cause  de  sa  familiarité  apparente  et  des 
circonstances  particulières  que  nous  avons  ra|)pelées,  laisser  quel- 
(|ue  doute  sur  son  origine. 

Les  croisements  entre  espèces  [)ures  paraissent  donc  s'être 
accomplis  à  l'état  sauvage,  ils  donnent  lieu  à  quelques  remarques  : 

Quelle  tendance,  eu  ellet,  peuvent  avoir  deux  espèces  éloignées  à 
se  rapi)rocher?  Le  petit  7V!/j"ao  tetrir,  avec  les  séductions  qu'il 
déploie  et  sa  queue  eu  forme  de  lyie,  oITre-l-il  assez  d'attraits 
pour  coniiuérii'  les  Foules  faisanes? 

Nous  l'avons  vu  souvent  jouer  le  rôle  de  mâle  dans  les  croisements 
des  Tétras.  Mais  ici  il  n'en  est  plus  de  même,  les  Coqs  faisans 
|)araissent  s'être  accouplés  avec  ses  femelles.  Aussi  l'inégalité  dans 
les  sexes  nous  semble-t-elle  plutôt  ex|)liquer  ces  accouplements.  A 
l'époipiede  la  reprodiution,  i|ui  suit,  eu  général,  la  fermeture  de  la 
chasse,  les  Faisans  el  les  Jétrix  surnuméraires  chercheront  en  valu 
des  individus  de  leur  propre  espèce  pour  s'accoupler;  les  influences 
du  |irintemps  aidant,  ils  .^e  trouveront  amenés  à  contracter  ces 
unions  bizarres  qui  se  sont  produites,  nous  devons  le  remarquer, 
dans  les  pays  de  chasse  où  l'introduction  de  nouveaux  gibiers  n'est 
|)as  une  chose  rare.  Du  reste,  si  le  Tétrix  est  un  Oiseau  projire  à 
r.\ngleterre  et  à  l'Europe,  le  Faisan  est  un  Oiseau  d'importation  ;  et 
(|uoi(|ue  cette!  importation  remonte  à  plusieurs  siècles,  le  Faisan 
n'en  a  pas  nu)ins  été  mis  par  le  fait  de  l'homme,  et  non  par  des 
causes  naturelles,  en  contact  direct  avec  le  Tétrix;  puis  les  condi- 
tions de  son  existence  ont  été  et  sont  encore  tous  les  jours  modifiées. 
Souvent  lâché  dans  les  chasses  après  sa  reproduction  en  volière, 
son  cor|is  a  pris  à  ce  régime  un  volume  (|u'il  n'avait  pas  originai- 
rement, il  est  devenu  plus  gros,  i)lus  massif,  il  est  aussi  devenu 
l)lus  familier.  Avec  les  soins  ([u'ou  lui  |)rocure,  la  nourriture 
échaullaute  (pi'on  lui  donne,  le  Faisan  s'est  plutôt  ahàtardi.  Ne 
voyons-nous  pas  tous  les  jours  des  Faisans  blancs,  isabellc,  ou  à 
Ijlumagedépareillé,  commele  sont  nos  Poules  domesti(iues?  Buflon 
a  remar(iué,  avec  lieaucoup  de  raison,  que  l'Oiseau  cajjtif  devient 
lascif.  Dans  plus  d'un  cas,  l'union  du  Faisan  avec  le  Tétrix  peut 
avoir  été  provoquée  par  ces  changements  divers,  c'est  au  moins  ce 
qui  est  arrivé  à  Zèle. 


i)4  A.    SUCHETET 

Mais  si  les  causes  qui  amènent  ces  unions  ne.  peuvent  être  délei- 
uiiuées  d'une  façou  précise,  on  ne  saurait  nier  l'existence  des 
liyljrides  i[ui  en  résulleul;  l'origine  mixte  des  Oiseaux  dont  nous 
venons  de  parler  est  acceptée  par  tous  les  naturalistes,  quelques 
cas  seuls  ne  sont  pas  sulTisamment  prouvés.  —  Dans  les  listes  des 
vingt-huit  spécimens  éuumcrés,  il  ne  se  rencontre  que  cinq  ou  six 
femelles;  il  est  vrai  que  le  sexe  n'a  point  été  déterminé  chez  beau- 
coup il'individus  ;  cependant,  là  où  cet  examen  a  été  fait,  ils  ont 
été  presque  tous  déclarés  mâles,  ce  qui  est  une  forte  présomption 
en  faveur  de  l'hybridité;  on  sait  (]ue  les  hybrides  de  deux  espèces 
liien  tranchées  sont  généralement  mâles. 

On  pourra  établir  comme  suit  une  comparaison  entre  plusieurs 
des  Oiseaux  décrits  : 

Premier  exemplaire  :  la  description  faite  par  W'iiile,  à  l'exception 
des  jambes  dégarnies  de  plumes,  s'applique  admirablement,  dit 
Thompson,  au  spécimen  ([u'il  a  décrit  (celui  que  nous  avons  cata- 
logué sous  le  n»  10.).  Le  cinquième  exem|)laire  ressemble  au  n"  4, 
sauf  qu'il  e.st  plus  petit  (Yarrell).  Le  dixième  exemplaire  offre  égale- 
ment des  ressemblances  avec  l'Oiseau  de  M.  Sabine  (u°  3),  mais  il 
dilîère  beaucoup  par  les  couleurs  et  par  les  dimensions  du  spé- 
cimen de  M.  Eyton  (le  n"  5(1).  Le  onzième  exemplaire,  que  décrit 
Yarrell,  avait  plus  de  ressemblatu'e,  dit  cet  auleur,  avec  l'hybride 
représenté  par  White  (le  n  '  1),  tju'avec  l'un  ou  l'autre  des  spécimens 
exposés  à  la  Société  Zoologique  de  Londres,  c'est-à-dire  avec  les 
n"^ 'i  et  5;  le  vingt  et  unième  est  très  semblable  au  spécimen  de 
Shropsbire  ligure  par  Eyton  et  Yarrell,  mais  il  laisse  voir,  à  l'inser- 
tion de  l'aile,  le  blanc  sale  comme  ou  l'observe  chez  le  Tétras;  le 
dix-huitième  exemplaire,  décrit  par  Briggs,  ressemble  presque 
complèlement,  comme  forme  générale,  à  l'Oiseau  rejirésenté  par 
Yarrell,  p.  311,  c'est-à-dire  à  ce  dernier  (n»  11);  le  vingt  quatrième, 
dont  parle  M.  Montagu  Brown,  ressemble  aussi  à  l'oiseau  de  Yarrell, 
p.  311  ;  pour  la  ct)uieur,  cependant,  il  faut  se  reporter  au  spécimen 
figuré  à  la  page  310,  (1"'«  édition);  enliu  le  douzième  et  le  seizième, 
conservés  au  Musée  de  Northumberlaud,  n'ont  pas  de  rapport  avec 
l'individu  du  Biitish  Muséum. 

Description 
Aspect  général.  Premier  exemplaire  :  sa  forme,  sa  tournure  et 

(1)  Toiiipson.  Celle  rem;irt|iie  a  peu  d'iuipoi'lanre,  puisque  on  a  présumé  que  cet 
Oiseau  est  tlu  sexe  inàle,  tandis  que  l'Oiseau  de  Jl.  Eylon  est  une  femelle,  ainsi  que 
l'a  prouvé  l'e.xanien  de  ses  organes  génitaux. 


OISKAI  X    llYBniDES   RKXCO.N'TRÉS    A    LKTAT    SAL'VAGE  Dj) 

ses  liabitiiiles.  If  (•ciclf  fclalaiit  Miilmir  ck's  yi'ux,  lui  (Idiiiiciit  r;i]i|ia- 
icnce  d'un  (^oij  faisan,  mais  la  tiHc,  h- cou,  la  gorge,  li'  m'uIic,  sont 
(I  lin  iKiir  liistri';  pas  de  plunn's  l()nj;ni's  cl  rcconrlH'cs,  cninme  les 
a  d'Iialiilndc  le  (!(i(|  faisan,  cli|iii  snnl  le  caiaclciisli(|uc  de  son  sexe 
(  M7i(7(',  ritr  jK!!    rhiiiiijiaitn  I. 

Dcnxicnu!  ('xcin|dairc  :  le  jeune  Oiseau  porte  des  inan|ues  de  l'un 
et  de  l'autre  île  ses  auteurs,  mais  il  tient  suitout  du  (loi]  de  hiuyi'ie  ; 
la  riiiilciir,  en  ijénéral ,  cxeeple  piuir  le  cim,  est  celle  du  Faisan 
(  Montuijnj. 

Tioisième  exemplaire  :  tient  plus  en  a|i|)aience  du  ('.i»|  de  iiniyère 
i|ue  du  Faisan  {Yaricll}. 

Quatriéino  exemplaire  :  tient  idiis  du  (loq  noir  rpie  du  l^'aisan 
(  Kjitdu  i. 

Cinquième  exeniidaire  :  Kessomlde  à  eo  dernier,  mais  plus  petit 
{Kl/ton),  il  lient  donc  plus  {\u  (loi]  de  hruyère  que  du  Faisan  {rriixiv- 
ijiit'  fnitf  par  Yani'H). 

Onzième  exemplaire  :  inlermédiaire,  nianifestanl  des  caracti'ies 
liropres  aux  deux  espèces  {Ynrn'll). 

Dix-neuvième    exemplaire  :    tenant    du   (loq   de   bruyère    et   du 
Faisan,  ressemblant  davaiilaL;i' an  |neinier  qu'an  second  {Ynrrcll). 
\'ingl  et  unième  exein|ilaire  :  pour  la  forme,  TOisean  ressemble 
plus  au  Faisan  qu'à  la  Grouse. 

\'inf;l-tri)isiènie  exeniplaii'e  :  |iliiniai:i'  ]ioiirpre  \iolaci'',  sinnbre, 
mais  très  lustré. 

Vingt-c[uatiiènn' exemjilaire  :  par  la  tèle  et  la  poitrine,  il  se  rap- 
proche (In  Co(|  noir  ;  il  s'en  l'Iiiii^iie  par  les  ailes,  la  queue  et  les 
jambes  ijui  ressemblent  an  Faisan. 

V'iugt-cinquième exemplaire  :  de  la  i;iandenr  d'un  l'aisan  9  ordi- 
naire: les  parties  supérieures  ont  la  ciibu'ation  de  la  femelle  du 
Faisan,  mais  le  bec  est  plnlAl  de  la  forme  de  celui  du  Tétras. 

\'ingt-liuiliènie  exemplaire  :  dans  la  couleur  du  [diinia^^e  on  ne 
lemarqne  f;uèrc  ([lie  deux  teintes  :  un  violet  sombre  foncé  avec 
brillant  rou!:;eàtre  doré  et  nn  brun  gris  jaune  d'olive.  Tout  le  plu- 
mage porte  encore  des  traces  du  jeune  âge  (prof,  l-'rilsrli). 

Ti^Ti:  :  d'un  noir  lustré  (!<"'  c.rc»)/)/.)  ;  l'espace  nu  au-dessus  de 
l'œil,  qui  existe  Chez  le  Coq  de  Itruyère,  est  entièrement  couvert  de 
plumes  comme  chez  le  Faisan  (^^  cxcmpl.)',  forme  des  plumes  de  la 
tète  intermédiaire  entre  les  deux  espèces  (lO"  crempl.);  tête 
d'iuie  I)elle  couleur  marron  {[[''  rrempL);  la  tète  noire,  le  lourdes 
yeux  comme  chez  le  Faisan  (12'-'  t'jrwpL);  la  tète  et  la  plus  grande 
partie  du  cou  ressemblent  au  Faisan  dans  son  jeune  âge,  quoiiiue 


;")  A.    SUCHETET 

plus  clairs  (21«  exempt.};  derrière  les  yeux,  deux  taches  écarlates 
(iij<^  exemiiL);  tùte,  cou  el  haut  de  la  poitrine,  violet  sombre  foncé, 
avec  un  brillant  rougeàtre  doré,  se  changeant  presque  en  uoir  sur 
le  ventre;  porte  toutes  les  marques  du  Tétrix  sur  la  ninitié  du  devant, 
tandis  que,  parderrière,  il  montre  la  forme  et  le  plumage  de  la  Poule 
faisane  (1),  la  peau  nue  autour  de  l'œil  comme  celle  du  Faisan  ()V/.). 

Bec  :  ressemblant  à  celui  du  Faisan  comme  couleur  et  comme 
forme  (o''  exempt.)  ;  ttMianl  de  la  couleur  jaune  verdàtre  de  celle  du 
Faisan  et  île  la  couleur  noire  de  celle  du  tetrlx  (10  exempt.);  de  la 
forme  du  bec  du  Faisan  (12"  exempt.)  ;  hec  comme  celui  du  Faisan 

{2'ii'^  exempt.). 

Cou  :  D'un  noir  lustré  (!«'  exempt.)  ;  tout  le  cou  couvert  de  plumes 
noires,  un  peu  bigarrées  (ou  tachetées)  (2=  exempt.};  d  un  noir  lui- 
sant, tirant  sur  le  brun  (o"  e.rempl.);  forme  des  plumes,  intermé- 
diaire entre  les  deux  espèces  flO'^  exempt.};  le  cou  d'une  belle 
couleur  marron(ll«c7vwi;*/.);  cou  noir  avec  reliefs  ])ourpres  brillants 
(12''  e.rempt.). 

Poitrine  :  La  forme  des  plumes,  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces  (lO"  e.eempl.);  la  poitrine  d'une  belle  couleur  marron  (il'^' 
exempt.);  poitrine  noire  avec  reflets  pourpres  brillants  (12<=  exempt.): 

Ventre  :  De  la  couleur  du  Faisan,  mais  plus  marbré  de  noir 
(5«  exempt.)  ;  la  forme  des  plumes  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces. 

Dos  :  La  forme  des  plumes  est  intermédiaire  entre  les  deux  espèces 
{iO<^  e.remp.);  les  plumes  qui  se  trouvent  à  la  partie  inférieure  du 
dos  laissent  voir,  à  environ  un  demi-pouce  de  leur  extrémité,  uiie 
sorte  de  bande  en  forme  de  demi-cercle  d'une  couleur  crème...  ; 
la  partie  supérieure  ressemble  au  Faisan,  mais  avec  un  mélange 
de  gris-jaune  tirant  sur  le  brun  et  de  noir  formant  de  belles  ondu- 
lations (»/.);  dos  tacheté  de  gris  noirâtre,  comme  cela  se  voit  chez 
le  Coq  de  bruyère  après  la  première  mue,  mais  avec  un  peu  de  brun 
(11'^  exempt.);  la  partie  inférieure  du  dos  elle  croupion  ombrés 
de  noir  violet  (21«  cxeinpl.);  dos  tacheté  (23e  exempt.)  ;  sur  le  dos  un 
brun  gris  jaune  d'olive,  mélangé  de  marques  brunes  (27«  e.rempl.}. 

Épaules  :  Une  tache  blanche  sur  les  épaules  comme  chez  le  Coq 
de  bruyère  (2"  exempt.);  une  petite  tache  blanche  (3«  exempt.);  tache 
blanche  sur  les  épaules  (18'^  exempt.). 


(1)  Une  pai'lie  de  ces  reiiiai-ques  nous  sont  envoyées  par  M.  Joliann  Gesaureni.1.  du 
cUùteau  même  de  Jellsch,  où  l'Oiseau  a  été  lue  et  où  il  est  conservé. 


OISEAUX    HVBRIDiES    nENCONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE  97 

Aii.K,  co.Ni'OHMATioN  :  La  (iiiMlririiic  |iliiini'  csl  la  |iliis  longiii; 
{10"  c.irnipl.);  la  torme  des  plumes,  des  scapulaiics  l'I  des  ailes  se 
rapproche  de  celle  du  Tétrix  ;    peuues  seinblalilcs. 

Aii.E,  COLORATION  :  PluiiiBS  d'uue  couleur  roussàtre,  bigarrées 
ilu'ne  façon  curieuse  (1"^'' crcHi/)/.);  les  ailes  lachclées  de  gris  noi- 
râtre, comme  cela  se  voit  chez  le  Coq  noir  après  la  première  mue, 
mais  avec  un  peu  de  hrua  (11"  crciiipl.)  ;  ailes  laciiet,ées(23'-('.ri"//(/)/.); 
sur  les  ailes  un  hruu  gris  jaune  d'olive,  mélangé  avec  des  marques 
brunes  (28"  c.nw///.);  ailes  et  parties  supérieures  du  dos  ])lus  som- 
bies  que  chez  le  Faisan  (21«  exeiiipL). 

Queue,  conformation  :  Beaucoup  plus  courte  qui' celle  de  la  l'oulc 
faisane,  carrée  sans  façon  à  l'extrémité  (!«''  l'.mnpl.)  ;  non  fourchue, 
mais  en  éventail  et  à  moitié  aussi  longue  ([ue  celle  du  Faisan 
(2"  e.n'nipl.);  les  plumes  du  milieu  allongées  (3»  e.rcnipl.)  ;  la  queue, 
s'étendant  à  5  p.  1/2  au  delà  de  l'aile,  s'arrondit  en  si;  déployai) I; 
elle  se  compose  de  dix-sept  plumes,  mais  les  ])lus  longues,  étant  en 
tout  semblables  il  esta  supposer  que  l'Oiseau  a  perdu  la  dix-hui- 
tième {[0"  e.ri'iiipl.);  la  forme  des  plumes  des  couvertures  inférieures 
de  la  queue  intermédiaire  entre  les  deux  espèces  (id.)  ;  les  lectrices 
sont  dillérentes  de  celles  de  l'une  et  de  l'autre  espèce;  plumes  de  la 
queue  jjlutùt  courtes,  mais  droites,  en  pointes,  ressemblant  à  celles 
du  Faisan  (11"  e.venijil.];  intermédiaire  entre  celle  du  Faisan  et  celle 
du  Tétrix  (12«  cj"«»/:>/.)  ;  la  queue  tient  de  celle  des  deux  Oiseaux, 
étant  plus  courte  i\uo  celle  du  Tétrix  (l8"('./c//)/)/.);  ([ueue  très  serrée 
(weaijc),  les  plumes  les  plus  longues  huit  niches  (23"  t'.irinpL);  queue 
singulière,  cunéiforme,  semblable  à  celle  d'une  femelle  de  Faisan 
(|ui  a  atteint  sa  croissance  (28"  rrfiiipl.);  la  (lueue  comme  forme 
très  semblable  à  celle  d'uue  Poule  faisane,  mais  pas  aussi  longue 
(21«  exempL);  la  ([ueue  ne  s'allonge  pas  comme  celle  du  Faisan, 
mais  elle  est  large  et  plate  (23<^  exempL). 

HuEUE,  COLORATION  :  D'uns  couleur  roussàtre,  bigarrée  d'une 
façon  curieuse  (l"  exempt.);  de  la  môme  couleur  que  celle  du  Tétrix 
femelle  (ii''  rxcinpL);  les  plumes  de  la  queue  mélangées  de  noir 
et  de  jaune,  tirant  sur  le  brun  et  avec  des  bai-res  transvei'sales 
noires;  les  barres  sur  les  plumes  extérieures  occuicint  autant 
d'es|)a('c  que  le  plumage  Ijigarré;  leurs  exii-émilés  noires  sur  une 
largeur  d'un  |jouee  et  demi;  cette  couleur  v,i  eu  diiuinuanl  vers 
les  plumes  du  centre;  les  cinf|uièmes,  les  plus  lougues,  étant 
tachetées  à  leurs  extrémités.  Elles  préseuteul  un  singuliei' couliaste 
avec  les  longues  plumes  de  la  queue  ilii  Faisan  dans  les((uelles  les 
barres  s'élargissent  au   bout,   tandis  ([ue,  dans  cet  oiseau,  elles 


98  A.    SrCHKTKT 

dispaiaisseut  à  cet,  eii(li'()il(lÙ''('.r''//i/)/.):  les  couvertures  iuférieures 
de  la  (jueue,  noires,  avec  des  Uk'Iics  d'un  hruii  rougeàtre  à  leurs 
cxlrémités  (/(/.);  couvertures  de  la  queue,  jirises,  tachetées  de 
uiéine  couleur  plus  foncée  (12'-  cJciiipL);  queue  bariée  coiniiHî  le 
dos  avec  les  poiutes  des  recli'ices  uoiiàtres  (23  exeinid.)  ;  sur  la 
queue,  un  brun  gris  jaune  d'olive  mélangé  de  marques  brunes 
(28"  exempl.). 

Jambks  et  pieds  :  Aucune  trace  d'éperons  (!«'"  c.rcmpl.)  ;  les  tarses 
nesontpas  enipluniés.ilssoul  uuscomniecliez  le  Faisan  (2ec.rf »»/)/.); 
jambes  couvertes  de  plumes  (3«  exempl.)  ;  tarse  à  moitié  garni  de 
plumes,  sans  éperons,  couleur  du  Faisan  (5"  rur/y)/)/.);  tarses  et  doigts 
de  la  forme  du  Faisan  ;  tarses  nus  sur  les  côtés  et  derrière,  mais  gar- 
nis de  plumes  par  devant  jusqu'à  la  moitié  de  leur  longueur  (10» 
exempl.)  ;  partie  supérieure  du  tarsecouverte  de  plumes(ll"=<'J('/Hp/.); 
tarses  nus  à  la  manière  du  Faisan  (12«  exempl.);  jambes  en  partie 
couvertes  de  plumes  (18^'  exempl.):  tarses  à  moitié  einplumés  (partie 
supérieure);  pas  d'éperons  (ÈS'^e.vempl.);  aucune  ressemblance  dans 
les  doigts  des  pieds  avec  ceux  du  Télrix  (id.);  sont  comme  ceux  du 
Faisan  (iil.)  (1);  tarses  et  iloigls  nus,  à  l'exception  de  quelques 
)ilumes  qui  ressemblent  au  duvet  et  se  montient  par  devant,  s'éteu- 
dant  un  peu  au  dessous  du  genou  (21«  exempl.);  les  jambes  et  les 
doigts  ressemblent  à  ceux  du  Faisan  par  la  couleur,  la  forme  et  la 
grandeur  (24«  exempl.). 

Thompson  a  donné  un(î  table  permettant  de  comparer  les  dimen- 
sions du  10«  exemplaire  avec  celles  du  Coq  faisan  et  du  Coq  Tétrix. 
Goiild  a  fait  remarquer  que  le  17'*  evemplnire  chantait  eu  s'élevant 
lorsqu'il  fut  tiré,  comme  le  fait  habituellement  le  Faisan.  M.  Mon- 
tagu  Brovvn  a  donné  les  dimensions  des  principales  parties  de 
l'exemplaire  tué  par  le  major  Gregory  Knight.  Eyton  a  trouvé  dans 
le  Hoxempldire  des  ovaires  très  petits,  les  œufs  à  peine  visibles,  et 
en  petit  nombre.  Il  a  donné  quelques  détails  anatoniiques  qui  sont 
les  suivants  ; 

Le  sternum  se  rapproche  plus  de  celui  du  Coq  noir  que  du  Faisan, 
mais  l'os  n'est  pas  si  massif  (ou  dur),  le  bord  antérieur  du  keel  est 
plus  festonné  et  l'os  entre  les  pétoncles  postérieurs  n'est  pas  si 
large  que  chez  le  Tétras.  L'os  furcatorium  est  le  mémo  que  celui  du 
Faisan,  plus  anpié  que  celui  du  Coq  noir  et  ayant  l'apophyse  {pro- 

iljSims  n'avons  ji iint  pai-lé  ilii  Ifi'"  exeinplaii-e,  parce  que,  nous  dit  M.  llandcocli, 
il  ressemble  au  12'  (|ui  a  élé  ilécril,  cepentlanl  cet  Oiseau  laisse  apercevoir  quelques 
plumes  blanches  à  l'angle  ilc  l'aile,  comme  chez  le  Tétrix. 


oiSEAi'x   iiviiiiiiii>  iii;N(:(intiii;<  a  i.'ktat  sauvaTiKs  00 

(V'v.v)  pl.il  ;'i  rrxIiiMiiilù  cl  plus  l;irj;c'  |ii'rs  du  slciiuiui.  \.f  l);issin  csl 
fXiicleriR'iil  iiili'imédiaire  eulie  les  deux,  plus  feiuie,  plus  hirge 
{'I  plus  lôiii;  ipu^  chez  le  Fiiisiin  eu  ce  ([u'il  n  deux  npopliyses  de 
clia(|uecùti' di'  la  \('itéhie  caudale  ([ui  serveul  pour  lesallaches  des 
muscles  levalor  el  de  la  ([ueue. 

Au  sujet  du  21''  r.ifiiijiliiiri-,  M.  le  prnf.  Kiilsrli  dit  ([ue  :  le  lulie 
iulesliiial  est  de  la  diiiieusiou  de  celui  du  Teliix,  la  icclierclie  aua- 
toinique  lui  prouva  (|ue  l'exeuiplaire  était  uiàle. 

Tous  ces  caracti'-res  anuouceni  liiru  une  double  oi'it;iue  chez  ces 
Oiseaux. 

Coiiinic  ou  l'a  vu,  de  noinhreux  dessins  de  l'Iiyhride  du  l'h. 
folrhinis  et  du  /'.  Ii'tri.i-  ontéle  faits,  ainsi  que  dos  ligures  coloriées. 
l'res(|ue  toutes  les  dépouilles  des  Oiseaux  lues  oui  également  été 
conservées;  voici  les  noms  des  personnes  qui  les  possèdent  ou  (pii 
les  ont  possédées  :  le  comte  d'Egrcmont,  à  Petworth;  le  ca]iilaiiie 
.Morseliead,  pruhablemeut  ;  William  (^all  ;  Eyton  ;  Uowland  llill;  le 
Rev.  \V.  S.  Ilore,  di;  Stock  ;  le  D''  R.  Rod  de  Treeben  en  Cornwall  ; 
Leadbeater;  Rev.  T.  ,Iones,de  Rradstone;  le  comte  Ferrers;  Rustou  ; 
M.  Kd.  llarl  :  M.  Stiammi  le  Sli'anger  ;  M.  John  (îalcombr, 
iM.  Tui-ner  et  M.  Lamb. 

Dans  les  collections  publiiiucs  nous  avons  à  nounuer  :  le 
Muséum  of  theNatural  llislory  Society  of  Northumberlaud,  Durliam 
and  Ne\vcastle-on-Tyne,  le  .Musée  de  Leicester,  le  Rritisli  .Muséum 
et  le  .Musée  royal  do  Robèmo. 

Ocurvs  Liii/iipiis  ri   l'li/isi:iiiii.s. 

Phasianus  vulgaris  et  Lagopus. 

Lf  .lournal  cb;  (Chasse  de  \'i(Miue  (1)  parle  do  trois  hybrides  de 
Faisan  et  de  Lagopède  {Sclioi'i-liiiliii)  tués  à  Wales,  pendant  le  cours 
de  l'année  1872.  .Malbeureusemenl,  ce  journal  ne  donne  iiiH'uns 
détails  et  cette  sinqde  mention  ne  nous  parail  point  sullisanle  pour 
attester  que  ce  croisenu'ut  se  soit  réellenienl  produit. 

Tels  sont  les  croisements  entre  espèces  sauvages  de  Gallinacés 
(|ui  sont  venus  à  notre  connaissance. 

Noire  travail  doit  se  terminer  [lar  une  courte  étude  sur  les 
croisements  qui  se  sont  produits  entre  espèces  libres  et  entre  espèces 
domestiques  ou  captives.  Le  nombre  de  ces  croisements  est  très 

lll  I'.  tiOl,  IS7i. 


100  A.  SUCHETET 

Hjiiilé:  la  plupart  sont  l'estés  fort  douli'ux  ou  n'ont  ])ii  être  déclarés 
féconds  ;  l'un  d'eux  est  môme  absolument  fantaisiste,  un  seul  est 
bien  authentique  et  deux  autres  probables.  Les  espèces  qui  ont 
contracté  des  mélanges  sont  les  suivantes  :  (iallut<  Sonnerali, 
(ialliis  doini'blicus,  (jallus  Lafaiji^tti'i,  Lagupus  alltus,  l'rrili.r  vinerea, 
l'Iiasianits  ijulgoris,  Mel('ar/ris{\m\  dnnu'sticus)  et  hybride  de  T.  telii.v 
X  T.  uiviidlliis,  s'alliant  ainsi  : 

a.  Sunncrnli  X  (i.  iloiiirstlnis. 

a.  La/ayctli'i  X  ''■  iloinesllciis. 

(',.  ilompsiicus  X  hybride  T.  Iclrl.r  >:  /'.  iirn(j(iUus. 

a.  (Itniicsticus  X  L.  albiits. 

Perdix  cinerea  X  0.  domesticus. 

Ph.  vulgan's  X  Mekagris. 

Ph.  vulfinris  X  CnUits  domcstinis. 

En  tout  sept  croisements. 

Il  est  à  remar(iuer  (lue  le  croisement  fécond  autlieutique  est  le 
deuxième  indiqué,  ifue  les  croisements  féconds  probables  sont  le 
premier  et  le  septième,  eu  sorte  que  tous  les  trois  ajqiartienuent  à 
des  espèces  rapprochées  ou  à  un  genre  peu  éloigné. 

Gallcs  Sonner.vti  et  Gallus  domesticus 

Le  G.  Sonneivli,  dit  Darwin  (1),  se  croise  aisément  dans  l'Inde 
avec  la  Poule  domestique.  Aucune  autre  indication  n'est  donnée 
sur  ce  croisement  et  Darwin  ne  parait  pas  avoir  indicjué  la  source 
011  il  a  puisé  ce  renseignement. 

Gallus  Lafayettei  (2)  et  Gallus  domesticus 

Layard  (3)  dit  que  les  (!.  sVa/Wr///  cT  se  mêlent  assez  souvent  aux 
volailles  des  villages  isolés  et  ([u'ils  s(!  croisent  avec  la  race  domes- 
tique, étant  supérieurs  en  courage  aux  Coqs  de  basse-cour  et  armés 
d'éperons  terribles.  M.  Milford,  du  service  civil  de  Ceylau,  lui 
montra,  a  Katnaj)oova,  une  Poule  hyliride  ;  sa  tournure  et  sa  forme 
générale  élaientcelles  de  l'Oiseau  sauvaue;ses  u'ufs  étaient  tachetés. 


(1)  y'arialion  (les  aniinaiix  et  des pldnlfi,  p.  148.  TracUicliou  fr.invaisc. 

(2)  Ou  G.  Stanleyi  ou  G.  lineahis. 
■"    "'■' "      '"    '  ■■ '■  -    •  '"■-  iinj  Magazine  of  natunil  liislory, 

pep- 

lO.   ont 

donne  le  récil  île  I.ayard. 


(2)  Ou  G.  Stanleyi  ou  G.  lineahis. 

(■i)  Xotes  on  Ihe  ornithaloijy  of  Ceylon,  Annals  anj  Magazine  ofnatural  liis 
(2),  XIV,  p.  al.  Lonilon,  IS.'ii;  Gloi;ei',  Journal  fiir  Ornithologie,  ,j  Heft. 
tembre  I8o4;el  Darwin.   ]  inialiDits  des  iniiiniii.r  et  des  l'Iiiiiles.  1,  p.  2'i'.i. 


OISKAIX"    HVRIUniCS    RKNCONTaÉS    .V    l'ÉTAT    SAl'VAGF.  101 

Mais  M.  Millurd  essaya  eu  vain  d'eu  avciir  des  Poussins  ;  les  ii'ufs 
ne  furent  jamais  féeuudés.  L'Oiseau  se  uioulia  liés  l)ien  a|i|iiivoisé 
au  milieu  des  volailles  près  des([uelles  on  le  plaça,  il  fuyait  eu 
liiule  hàle  à  l'a |)])roclie  des  étrangers.  D'après  les  exemplaires  ipii 
sont  exposi's  dans  les  Nouvelles  galeries  du  Mus(''nni,  le(;()(i  Ijifni/rlli 
présente  de  grandes  ri'sseinl)lauees  avec  le  Coq  hmikifd.  .lerdon  (  1 1, 
dit  qu'il  est  i]ui'li|ucl(iis  cuninir  le  Baukiva,  niais  rou^e  en  dessous. 

IIVUIUUK    cf    UK    T.  TKTniX  X  T.   L'ROGALLUS   {Hnckflllil lie] 

et  Gallus  domesticus  $ 

Le  i)riii(  r  Adiil|ili('  Joseph  de  Schwarzenherg  rapporte  (2j  ([u'iiu 
IJaekelhane,  vivaat  dans  le  district  du  Tasin,  réussit  à  croiser  une 
l'ouL'  domestique  contrefaite,  qui  ne  pouvait  lui  échapper,  (^e 
llackelhaiie.  ipie  le  cri  de  Poules  domesliipies  ]iaraissail  exciter, 
fut  tué  par  \r  prince  iieinlaiil  le  iimis  d'octolire. 

Genres  Lugopiis  el  Gallus 
Lagopus  albus  et  Gallus  do.mesticus 

.M.  Collett  a  fait  savoir  (3)  que  son  ami,  le  prof.  Krees  renianjua, 
an  priuleinps  de  18.^)7,  daus  l'uue  des  fermes  les  [iliis  élevées  du 
.\tu-dmose  (Uergen  stifl),  une  Willow  Grouse  qui  rôdait  pendant 
plusieurs  jours  de  suite  autour  de  l'iiahitali<in  de  la  ferme,  clier- 
idiant  à  s'accoupler  avec  une  Poule  domestique  tachetée  de  lilaiic. 

.V  ce  sujet,  le  luofesseur  de  l'Université  de  Christiania  fait  i-emar- 
(juer  (|u'il  peut  y  avoir,  pendant  l'été,  excès  de  mâles  chez  la  W'iUoir 
(irome  (et  chez  le  l'Iiiniiii/du]  et  que  ceux-ci,  parcourant  li-s  inouta- 
ffiies,  coutracteut  probablement  des  unions  fortuites  de  ([uelque 
nature  (ju'elles  soient?  Néanmoins  il  ne  cite  aucun  f.iil. 

Gallus  do.mesticus  et  Ferdix  cinerka. 

Sir  (ieoiucs  Ldwarils  ('j)  dit  qu'on    lui  a  assiirc  (rt  il  est  porté  à 

(1)  Dans  une  noie  de  la  |>.  .'kî'.t  ilc  sis  fl/rrf.s-  of  India. 

li)  Zngd-Zoilung,  p.  (UiT,  1882. 

Cl)  Proceedingsof  llie  Zoologii-al  Society,  I88G.  Voyez  aussi  :  Forliundlingar.  Videns- 
kMbs-Selskabel,  Clirisliariia.  p.  l'il,  1872,  où  le  même  fait  est  raconté  et  oii  on  parle 
jIii  l'iiirmipan. 

('»)  l'liilosi)plilc:il  Transactions,  LI,  partie  II.  p.  fillJ.  London,  ITtît. 


11)2  A.    SUCUETET 

le  croire),  «  qu'iiue  espèce  mixio  ;i  été  pioiliiilr  entre  nos  Poules 
(loniesli(iues  et  les  Perdrix  qui  séjourneul  d;iiis  le  vuisinafïe  des 
lernies.  »  Quel  est  cet  hybride,  où  a-t-il  été  élevé  et  par  qui?  Sir 
Georges  Edwards  ne  le  dit  poiut  avec  raison. 

Phasianus  (vuLGAïus?)  et  Gallo-i'avo  (var.  itonieslicus) 

l'ii  seuT  exemple  de  ce  croiseuienl  jiaraît  avoir  été  cité,  encore 
e>t-il  (|u'il  remonte  au  milieu  du  siècle  dernier  et  qu'il  n'est  point 
parfaitement  établi.  Eu  1700  (i),  le  même  sir  Georges  Edwards  lit 
savoir  au  liev.  D^  Birk,  secrétaire  de  la  Société  Royale,  (lu'il  avait 
revu  du  li'ès  digne  Henri  vSeymour  Esq.,  de  Handford.  dans  le 
Dorselshire,  un  Oiseau  intéressant  qui  paraissait  provenir  d'un 
croisement  accidentel  eulie  un  Faisan  et  uu  Diutlon.  Aussitôt  après 
la  mort  de  cet  Oiseau,  on  constata  que  la  peau  autour  des  yeux 
était  d'un  rouge  plomb  iiàle  et  les  yeux  comme  ceux  d'un  Dindon. 
C'est  en  vain  que  l'on  chercha  à  se  procurer  un  autre  exemplaire 
dans  le  bois  où  il  avait  été  tué  et  où  on  avait  aperçu  deux  Oiseaux 
semblables.  La  description  que  sir  Georges  Edwards  a  donné  de 
cet  hybride  est  la  suivante  : 

«  Sa  taille  est  moyenne' entre  celle  d'un  Faisan  et  d'une  Dinde,  sa 
forme  est  à  peu  près  celle  de  ce  dernier  Oiseau.  Le  bec,  les  jambes 
et  les  pieds  sont  noirs,  formés  comme  ceux  du  Dindon  :  il  a  autour 
des  yeux  une  espèce  de  peau  nue,  couleur  de  minium  pâle,  les 
yeux  comme  ceux  du  Dindou.  La  tète  el  la  moitié  du  col  sont  recou- 
verts de  plumes  très  courtes,  couleur  d'argile  blanchâtre  avec  des 
barres  sombres  transversales,  ([uoique  la  gorge  et  la  partie  anté- 
rieure du  col  restent  entièrement  couleur  d'argile  claire.  Ces  courtes 
plumes  occupent  la  tète  et  cette  partie  du  col  qui,  chez  le  Dindon, 
est  naturellement  privée  de  plumes.  Sur  la  partie  inférieure  du  col, 
sur  la  poitrine  et  sur  le  ventre,  ces  plumes  sont  bien  plus  longues 
et  de  couleur  noire  avec  un  rellct  pourpre  et  changeant.  Les  cuisses 
et  les  jambes,  sur  la  partie  antérieure,  et  un  peu  au-desssus  des 
genoux,  sont  couvertes  de  plumes  traversées  de  bandes  noires  et 
coideur  d'argile.  Le  dos,  les  couvertures  des  ailes  et  de  la  queue  sont 
de  couleur  mixte,  avec  des  ligues  lines  transversales  brunes  et 
noires,  quoique  quelques -nnes  des  plumes  des  couvertures  des  ailes 
et  de  la  <|ueue  aient  des  bandes  transversales  plus  larges  de  ces 
mêmes  couleurs...  »  Sir  Georges  Edwards  a  complé  seize  i)luraes 
à  la  queue,   les  extérieures  étant  de  deux   pouces  plus  courtes 

(I I  V(i\oz  Plnliiso]iliii-al  transiicliuiis,  LI.  |iail  II,  fur  Uic  yrar  l'i'U.  I.onilon.  ITr.l . 


OISEALX    inimibKS   UIINCONTRICS   a   l'état   SAUVAr.li  Kl.'f 

iliii'  celles  (lu  milieu  :  «  leur  couleur  se  ciiiu[)()se  de  luiiu  cl  de 
noir  entreniiMée  piir  des  raies  trausversales,  connue  sur  le  dos, 
mais  leur  couleur  est  plus  sombre  vers  les  bouts,  ces  liouls 
même  étant  d'un  brun  clair.  Les  bords  extérieurs  des  plumes  laté- 
rales caudales  sont  d'uu  bai  clair,  les  plumes  des  couvertures  en- 
dessous  de  l.i  ((ueue  sont  de  couleur  orangée  avec  raies  noires  trans- 
versales: autour  de  l'anus,  les  plumes  sont  blanclies  avec  destai'lies 
sombres.  Toute  la  partie  ressemble  à  celle  d'une  l'oule  faisane, 
mais  (k'  coloration  plus  foncée.  Toutes  les  pliunes  du  ciu-ps 
sont  doubles,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  doux  plumes  distinctes  sur 
une  seule  tij^e.  la  plunu- extérieure  tarife  et  de  tissu  ferme,  la  plume 
intérieure  est  plus  petite  et  couverte  de  duvet.  » 

L'auteur  de  celte  description  est  porté  à  croire  i|ue  ce  spécimen 
est  plulùt  le  produit  du  l'hasiaiiKs  cf  et  du  Callo  para  9  que  le  |)ro- 
dnit  inverso,  parce  (pie,  dit-il,  la  disiiroportion  de  taille  entre  ces 
deux  Oiseaux  est  moins  {grande  ((u'elle  ne  l'est  entre  un  (iallo  piini  $ 
et  une  Poule  de  Pliaxianiis  ;  il  reconnaît  cependant  que  cette  suppo- 
sition n'est  pas  sans  donner  prise  à  une  didiculté;  comment,  enetlet, 
un  Oiseau  (l(jmesti(pie  se  seiait-il  réfuijié  de  lui-même  dans  les  bois 
et  y  aurait-il  élevé  son  produit  sauvage,  chose  contraire,  parait-il, 
aux  babitiules  des  Dindes  dans  le  Dorsotshire. 

liullon,  (pii  a  parlé  assez  loni;uenu'nt  de  ce  fail(l),  ne  se  sent  pas 
porté  à  admettre  l'orif^ine  qu'Edwaids  suppose  à  cet  Oiseau,  paice 
(pie  ce  ])rélendu  bybrido  avait  des  caractères  ipii  man(pionl  absolu- 
ment aux  deux  espèces  |uimitives  (les  plumes  doubles)  et  (pi'il  lui 
manquait,  par  contre,  d'autres  caractères  qui  se  trouvent  dans  les 
espiTCS  mères  (les  IS  plumes  de  la  queue).  Si  l'on  veut  lui  d(mner 
une  origine  double,  il  y  aurait  plus  de  fondement,  croit  Bullon,  à 
supposer  qu'il  dérive  du  mélange  du  Coq  de  bruyère  et  du  Dindon, 
qui  n'a  (pie  seize  pennes  à  la  (pieue  et  (pii  a  des  plu  mes  doubles, 
coinuK'  l'hybride  en  (piestion. 

Temminck  (2)  partage  l'avis  de  Bullon.  Nous  n'avons  point  vu  la 
gravure  (pii  accomjiagiie  dans  les  IMiilosophical  lransacti(Uis  la 
description  de  (ieorges  Ldwards,  mais  Yarrell,  dansses  lirilish  llinis, 
en  a  donné  une  reproduction,  et  nous  avouons  r[ue  l'origine  sup- 
posée (le  ce  produit  nous  |iarait  assez  iirobable.  L'Oiseau,  du  moins, 
tel  qu'il  est  représenté,  parait  liieu  intermédiaire  entre  le  Hindou 
et  le  Faisan. 


(Il  V.  pa^c  l''i.  EdiliiMi  ilo  IS'i.", 

(2)7;(.v(.  ilr<  luilliiuins.  II.  p.  :JM)  <•!  li'.lO. 


lO'f  A.    SUCHETET 

llesle  encore  à  savoirs!  le  l'hasiamis,  |)rri.'  su|>i)Osi'',  de  l'Iiyliride 
en  question,  était  un  Faisan  vivant  à  l'état  sauvage? 

I'hasianus  vulgaris  et  Gallus   do.mesticus 

A  la  dernière  Exposition  oini[liologi{iue  de  Stargard  (Ponié- 
rauie)  (1),  on  voyait  plusieurs  liylnides  ])rovenaut  d'un  F'aisau  et 
d'une  Poule  doinestii(ue  (raceCocliincliiuoise).  Ces  Oiseaux  avaient 
été  ex|)osés  par  M.  Adolph  Meyer.  qui  les  avait  reeus  d'un  culti- 
vateur des  environs  (2).  La  Poule,  mère  de  ces  liyl)rides,  s'étaut 
écartée  près  de  la  forêt,  avait  été  cochée  par  un  Faisan  de  chasse. 
Les  hybrides  exposés  étaient  au  nombre  de  trois,  un  Coq  et  deux 
Poules.  Leur  couleur  est  blanche,  avec  rellets  jaunâtres,  [)eu  de 
plumes  sont  tachetées.  Le  inàle  a  la  poitrine  légèrement  brune. 
La  forme  du  corps  est  svelte,  le  cou  est  long  et  gracieux.  Li  ([ucne 
courte,  la  pointe  est  légèrement  arquée  en  ilessous,  se  rajqirochant 
du  genre  Cm-liiït,  mais  moins  fournie. 

IjC  2^  décembre,  Son  Altesse  Royale  le  Priuce  Louis  Ferdinand 
tuait,  dans  une  chasse  de  la  faisanderie  de  Moosach,  un  bel  Oiseau 
ayant  la  grosseur  et  l'aspect  du  Coq  de  bruyère;  le  croupion  est 
celui  du  l'"aisan,  le  jdumage  noir,  semé  de  gris  et  de  blanc.  Cet 
ex(;mplaire  se  trouvait  au  milieu  d'autres  l'aisans  ('■V). 

Comme  on  avait  élevé,  l'année  précédente,  dans  une  des  volières 
de  Moosach,  des  hybrides  du  Ph.  rolchirus  et  des  (ialius  tlamcslims, 
on  suppose  avec  raison  que  l'Oiseau  tué  par  le  Prince  Ferdinand 
avait  été  produit  eu  domesticité  (4);  aussi  nous  ne  le  décrirons  pas. 

A  ce  propos,  rappelons  que  le  Uev.  Gilbert  White  (5)  a  raconté 
((u'un  Oiseau  curieux  fut  trouvé  dans  un  taillis  par  les  éjtagneuls 
d'un  des  gardes  de  Lord  Stamwell.  Cet. Oiseau,  qui  avait  été  tiré  à 
l'aile,  lui  fut  envoyé  par  ce  dernier,  afin  (ju'il  l'examinât  :  «  La 
tournure,  la  forme  extérieure  et  le  cercle  éclatant  autour  de  l'œil 
de  cet  Oiseau  dénonçaient  un  Coq  Faisan;  mais  la  tète,  le  cou 
et  la  poitrine  étaient  d'un  noir  lustré,  et  bien  qu'il  pesât  le 
poids  d'un  fort  Coq  Faisan,  il  n'avait  i)as  d'éperons  aux  jambes, 
comme  en  ont  les  Co(|s  Faisans.  Les  jambes  et  les  pieds  n'étaient 


(1)  Tenu.-  les  W  cl  17  novembre  ISSlt. 

(2)  Voyez  Zeilsclirift  tûi'  Oniilliotoyie,  Sleilin,  .\III,  n°  12,  188(1. 

(;î)  Voy.  Aosslnii'jiei'  Abeiulzeitiin.;,  '2fi  Décembre  18.s;).n<'3;io,  p.  G(arUcle  SporI). 
Cl)  Commiiiiicalion  qui  nous  es  adressée  de  Munich  jiar  M.  C.  Parrot. 
(;1)  A   Natunilist  Calendar   extri.ted   froni    Mie    papers  o(  tlie   late  Rev.  (iilbei't 
White.  Loiidun,  I7'.i;i. 


OISEAIX    HYBRIDES    IIENCONTRES   A    L  ETAT   SAUVAGE  111.) 

pdiiit  i'iii|iluiiit''s,  il  n'Mvail  jKiiul  iiini  pliiN  a  la  (|ii(MU'  de  loii^^iius 
|iliiincs  coiniiie  celles  des  Faisans;  sa  queue  élail  iMaucoup  ]ilus 
(•ourle  que  celle  d'une  Poule  Faisane,  elle  était  carrée.  Les  piunies 
(lu  dos  et  des  ailes,  de  même  c|ue  celles  de  la  (lueue,  étaient  d'uu 
roux  pâle  rayé  d"iinc  manière  étrauj^e  et  ressenildaient  un  peu  à 
celle  d'une  Perdrix.  » 

Le  Rev.  Gilbert  W'hile  n'indi(|ue  point  exactenu'ut  la  provenance 
de  cet  Oiseau  étrange,  il  (ait  remarquer  qu'il  ne  peut  venir  du  Co(i 
de  l)ruy6re  parce  ({ue  ni  ses  jambes  ni  ses  |)ieds  n'étaientempluinés. 
il  pense  (pn' c'est  un  liyinide  probalilc  entre  le  (lot]  faisan  et  (|ucl(iur 
Oseau  domesti((ue.  Il  ajoute  que  le  garde  lui  avait  dit  que  jjendant 
l'été  on  avait  vu  des  Paonnes  fré(|uenter  le  taillis  et  les  couverts  on 
cet  Oiseau  avait  été  tué. 

Montagu  (I)  a  parlé  du  récit  de  White,  mais  il  dit  (|ne  \\'liitr 
considérait  cet  hybride  comme  venant  du  Faisan  et  de  la  Poule 
doinestii|nc  {dowfstir  fool  (2).  Morlon  dit  également  que  White  a 
donné  la  description  d'un  hybride  sauvage  provenant  du  Faisan  et 
(le  la  Poule  domestique  (3). 

N'ayant  pu  examiner  la  figure  coloriée  qui  accompagne  le  récit 
de  White,  nous  n'osons  point  inuis  prononcer. 

I*eut-étre  pourrions-nous  ajouter  à  ces  divers  croisements  celui 
de  la  Honasn  brtiiUnn  et  de  la  Poule  domestique.  L'Isis  (4)  dit  en  effet 
(|ue  ^L  Badeker  a  cité  un  exemple  de  ce  croisement,  mais  on  ne 
fait  ])oiut  savoir  si  cet  accouplement  a  été  suivi  de  fécondité,  on 
n'indi(|ue  point  non  plus  l'état  dans  lequel  vivaient  lesdeuxOiseaux, 
c'est-à-dire  si  l'une  des  deux  espèces  était  sauvage  et  l'autre 
domestique. 

Uemakque 

Longtem])s  on  a  confondu  dans  un  .seul  Oritri'  les  Gallinacés  et 
les  PiciEONS.  Cette  classification  est  encore  aujourd'hui  maintenue 
dans  plusieurs  ouvrages.  Ceiiendant  la  manière  ])aiticulière  dont 
les  Pigeons  nourrissent  leurs  iiclits,  (|ui  naissent  dépourvus  de 
l)luines,  aveugles  et  pres(]ue  nus,  fornn-  un  contraste  avec  les 
Gallinacés  dont  les  jeunes  sont  capables  de  (juilter  le  nid  aussil(jt 
leur  sortie  de  l'u'uf  et  de  chercher  eux-mêmes  leur  nourriture. 


(1)  Oriulhological  Dictiuiuuiry,  secouUe  CMJilion,  p.  ,T)9.  Londoii,  1831 

(2)  Nous  n'avons  plus  sous  les  yeux  le  texte  anglais  de  White. 

|3)  The  amerir:in  .lonrnal  of  srienre  and  lillrralnre.  (I),  111.  May  If-'iT.  p.  203. 
(4)  P.  m,  IS2.S. 


lui)  A.    SLCHETET 

Les  Pigeons  sout.  aussi  tous  uioiio^anies,  taudis  que  le  plus  grand 
nouibre  des  Gallinacés  est  polygame;  chez  ces  derniers  le  mâle  ne 
partage  point  le  soin  de  l'incubation.  Autre  parlicularilé  remarquée 
par  Pline  (1)  :  les  Pigeons  ne  renversent  ])as  le  cou  en  Ijuvant;  ils 
ont  aussi  la  lacnlté  de  développer  leur  œsophage.  Au  point  de  vue 
anatoniique,  la  manière  dont  leur  pouce  est  placé  sur  le  tarse  est 
encore  un  signe  qui  les  distingue  des  Gallinacés;  leur  doigt  infé- 
rieur est  articulé  au  niveau  même  des  doigts  de  devant,  ce  (|ui 
leur  permet  de  se  percher  à  la  manière  des  Passereaux,  ordre  dans 
lecfuel  ils  ont  été  également  classés.  Les  Gallinacés  ont,  au  contraire, 
le  pouce  placé  pi  us  hau  t,  ce  doigt  est  court,  quelquefois  rudiiiien  taire; 
cependant  plusieurs  espèces  de  Colombes  sout  constamment  à  terre. 

Mais  il  existe  aussi  des  caractères  zoologiques  qui  sout  communs 
aux  deux;  certains  points  d'organisation,  certaines  ressemblances 
dans  les  mœurs  et  les  habitudes  tendent  à  les  faire  rentrer  dans  un 
même  ordre. 

Or,  riiybridation  à  l'état  sauvage  est  presque  nulle  chez  eux  ; 
tout  au  moins  nous  n'avons  pu  découvrir  qu'un  seul  exemple  de 
croisement  entre  types  distincts,  c'est  celui  de  la  Culinnbd  /à/«  et 
de  la  l'aliutibœnas  f'usca,  décrit  par  M.  N.  Zarouduoï  dans  ses 
Recherches  zoologiques  dans  la  contrée  Trans-Caspienne  (2).  Les  quel- 
([ues  auties  faits  (|ue  l'on  cite  ne  se  rapportent  qu'à  des  variétés 
bien  jteu  diiïérentes;  nous  faisons  ici  allusion  aux  croisements  des 
Bisets  à  croupion  blanc  et  des  Bisets  à  croupion  bleu  qui  se  repro- 
duisent ensemble  là  où  ils  vivent  de  compagnie  (3),  ainsi  qu'aux 
(ireen  l'Iijeons  de  l'Inde  qui  se  mélangent  aussi  entre  eux  (4). 
Nous  avons  cependant  appris  qu'il  existait  au  .Musée  de  Turin  un 
individu  tué  au  mois  d'octobre  1870  dans  le  voisinage  de  cette  ville 
et  que  .M.  le  Comte  Thomasso  Salvadori  n'avait  pu  iléterminer,  ne 
sachant  s'il  avait  affaire  à  une  variété  de  Colombe  ou  à  une  Colombe 
hybride.  Cet  Oiseau  «  a  le  cou,  la  poitrine  et  une  partie  de  l'ajjdo- 
meii  d'une  belle  couleur  chair  vineux  comme  cela  se  voit  chez  la 
SlreptojU'lia  albicentris;  les  deux  taches  noires  sur  les  côtés  du  cou 
s'unissent  par  derrière  et  la  cou  eur  noisette  du  dos  et  des  scapu- 
laiics  est  beaucoup  plus  sombre  (;j)  )>.  M.  le  Comte  Arrigoni  degli 


(2)  Bull,  lie  la  Socit'U'  iinpi'riate  des  Aiiliiyalistt:<  de  .l/o.?co»,iio  i,  p.  SLI8.  1889 

(3)  Voy.  Doglaïul  et  Gei-br,  qui  onl  donné  dis  indications  sur  ces  cioisenienls  dans 
leur  Oniitlwlogie  eurapcenne,  II,  p.  Il,  Paris  l-8b7 

(4)  Jerdon,  op.  cit.,  p.  218. 

(.'))  Fanna  d'Ilalia,  Parte  seconda.  Icrelli.  par  Thomasso Salvadeiri.  p.  180,  Milano. 


OISEAl  X    1IMIIIU)1;>    ltK.\i;()MliKS    A    r.'KTAT    SAliVACK  l(l7 

Oilili  l'sl  |ini't(' ;'i  l'idini  (l)i|iii'  ccl  Oiscim  csl  un  luodiiit  du  Tinlnr 
minliis  et,  tlii  T.  lisiiiiiis,  parcf  ((ui',  dil-il.  les  (|iit'l(|iii's  dtl'Iails  (|iii' 
dimne  M.  Sidvadoii  s'ada|itriil  incivcilliMisciiiciil  à  iiu  sujet  aiillicii- 
li(|iit' (ihk'iui  fiilic  l'es  deux  l'spt'Oi's  et  coiiservi'  dans  sa  collfclion. 
Mais, en  adiiiellaiil  iiiic  rapinriiatioii  de  M.  leCoiiik'  degli  Oddi  sitil 
juste,  encore  est-il  que  ce  snjcl  ne  peut  cire  considéré  comme  nn 
liyliride  prodnil  à  l'état  sanva^e,  piiisiineic  T.  risarins  n'iialiile  pas 
illalie.  Tout  au  plus  |HMil-il  être  considéré  comme  provenant  d'un 
croisement  acci  II  II  pli  en  srini-lilierlé,  à  moins  donciiu'uii  /'.  rlsuz-ins, 
écliai»pé  de  (|ueii[uc  volière  el  ne  trouvant  aneuii  individu  de  son 
espèce  ptuir  s'accoupler,  n'ait  contracté  une  alliance  avec  un 
/'.  iiiirihis  sauvufic,  chose  très  douteuse.  Il  est  plus  naturel  de 
penser  i|ue,  si  l'individu  en  question  n'est  point  une  simple  variété 
de  Tiirliir,  c'est  un  Oiseau  éciiappé  ;  en  captivité  h?  croisement  des 
(leu\  espèces  est  en  etîet  très  fréquent. 

Nous  n'avons  donc  rencontré  qu'un  seul  cas  d'hybridation  chez 
les  Pigeons  vivant  à  l'état  sauvage.  Pouniuoi  cette  dilïérence  avec 
les  (iallinacés  dans  l'ordre  desi|uels  ils  ont  été  classés?  Celle  dillé- 
lence  provient-elle  tle  leurs  hahiludes  monogames, on  sérail  tenté  de 
le  croire.  On  ne  peut  cepeiulanl  alléguer  ce  molif,  car  chez  les 
Passereaux  elles  Palmipèdes,  Oiseaux  esseuliellemenl  monogames, 
on  a  rencontré  plusieurs  fois  des  individus  portant  des  traces d'hy- 
liridation.  11  faut  croire  plutôt,  si  nos  recherches  ne  sont  point 
incouqdètes,  (|ui;  l'aire  de  dispersion  des  Pigeons  et  leur  manière  de 
vivre  ue  leur  donnent  point  l'occasion  de  se  rencontrer,  comme  il 
arrive  chez  les  Gallinacés  (|ui  vivent  à  terre  el  dont  la  destruction, 
au  moins  flans  nos  pa\s,  s'opère  sur  nue  grande  échelle. 


(I)  Soie  sur  un   lii/hnilr  urti/u-ifl   i.<sii  tlu  Tinlur  iiiintiis  fl  ilii  T.  risoriK.i 
Rovigo,  l8So. 


I()t> 


DEl'XIKMK     l'AKTli;. 

Les  Palmipèdes. 

Dans  l'onlie  des  (lallinurrs  nous  avous  vu  (|ii('  riiyl)iidation  ([iii 
se  présente  dans  trois  l'aniilles.  les  rcrdiciiirs,  les  l'iiasidiiiilrs  et  les 
Télraonidës,  ne  se  manifeste  d'une  façon  particulière  que  chez  ces 
derniers.  De  nu''nie,  dans  l'ordre  des  Palnnphles,  l'hybridation  ne  se 
rencontre  guère  ijne  dans  une  seule  (aniille,  celle  des  .1  luitides;  c'est 
à  peine  si  l'on  peut  citer  un  ou  deux  croisements  trè§  hypothétiques 
chez  les  [.ariilcs.  Par  contre,  les  espèces  des  .Vnatidés  qui  se  mélan- 
gent sont  très  nombreuses,  la  plupart  appnrti(Minenl  au  genre  Aiias; 
les  croisements  entre  espèces  de  genres  éloignés  sont  très  rares, 
nous  aui'ons  l'occasion  de  citer  seulement  deux  croisements  entre 
les  genres  Mcn/ns  et  CldiKjabi,  encore  est-il  que  beaucoup  d'ornitho- 
logistes considèrent  comme  véritable  espèce  l'un  des  jiroduits 
supposés  de  ces  deux  genres  (1). 

Voici  le  tableau  des  hybridations  que  nous  avons  pu  rassembler: 

l'ALMIPKUHS  L.\  .M  K  LU  ROSTRES 

FaiiiUlt'  ili's  Anntidiit. 

Genre  Anas. 

i»  .1.  peut'lopc  X  ^.  crt'cai, 
2o  A.  aruta  x  l-  penelope, 
3°  A.  boschas  X  A.  acuta, 
4»  A.  boschas  X  A.  crecca, 
5*  A.  boschas  X  A.  stn'pi'ira, 
G»  .1.  acula  X  A.  crecca, 
7"  A.  obscura  x  A.  boschas, 
8°  .1.  boschas  X  A.  pcm'lDjic, 

(I)  l.'hyliride  d'cg|ièces  appartenant  an.x  genres  FuUgula  il  l»».-;  a.  il  est  vrai 
l'io  lue  sur  une  pièco  d'eau  d"a(;ri'-nicnt  eu  Aiii,'Ii'liMr('.  mais  ou  iiciil  -iuiiposer  i|ue 
ce  croisi'uii'nl  s'Olait  opt'ré  en  caplivili'-. 


MA  A.    SUCHETET 

i)"    I.  rltjjtriild  X  A.  ucHta, 
10°  .1.  ucala  X  -l-  slrepera, 
'12»  .1.  slri'pera  X  A.  dypeata, 
14°  .1.  wuschata  x  -l-  bouchas, 
15°  .1.  casarka  x  -1.  falcata? 
IG"  .).  Kulpanser  X  A.  hoschas. 

Genre  Fuligula 

17"  F.  ferina  x  F.  nyroca, 

180  F.  nyroca  x  F.  cristata, 

19"  F.  afpnis  x  F.  valismeria?  (nu  F.  iimciicinui). 

20»  F.  ferina  X  F.  cristata, 

21°  F.  crislalii  X  F.  marila. 

Genres  Anas  et  Fuligula. 

22°  A)tas  bosclias  X  Fuligula  ferina. 

Genres  Mergus  et  Clangula. 

23"  Mergus  albellus  X  Clangula  glaucion, 
24°  Clangula  gtancinn  X  Mergus  cucullatus. 

PALMIPÈDES  LONGIPENNES 

Famille  des  Laridés. 
Genre  Sterna. 

25"  Sterna  paradisea  X  Sterna  iurumlo. 

Nous  devons  recouiiaîtie  que  beaucoup  de  ces  croisements  ne 
sont  rien  moins  que  prouvés;  s'ils  se  présentent  plus  nombreux 
i[ue  chez  les  Gallinacés,  ils  sont  moins  autlienti([ues,  plusieurs 
sont  même  vivement  contestés  ;  de  savants  ornithologistes  ont 
voulu  faire  de  leurs  proiiuits  supposés  des  variétés  d'âge  ou  de 
climat;  enfin,  un  certain  nombre  d'hybrides,  ([uoique  réellement 
tués  ou  pris  à  l'état  sauvage,  doivent  probablement  leur  origine 
mixte  à  des  croisements  obtenus  en  domesticité  :  ce  sont  des 
échappés  de  captivité. 

On  a  remarqué  que  l'esjiècc  bosehas  est,  parmi  toutes,  celle  qui 
contracte  le  plus  facilement  des  mélanges,  cela  tient  probablement 


OISEAUX    HYBRIDES    IIENCO.NTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  1  I  I 

au  grtind  iioiiiljrc  d'iiulividiis  qui  lu  couiiioseiil  ;  vient  t'iisuile 
l'espèce  ticutu,  puis  l'esiièco  rljninilu.  Les  espèces  créera,  musrlnihi. 
prnritipr,  strriierea,  ferinu,  erislala  se  inélangoiit  daus  les  nuMUfis 
proportions,  ainsi  ([ue  nyroca,  marila,  rlanijula,  Cttsarka,  rulpanser 
et  oljsruni  n'ont  010  nommées  i|u'une  fois. 

Mais  si  l'on  considère  séparément  les  individus  de  ces  divers 
espèces,  leur  mélange  n'a  plus  lieu  dans  les  mûmes  proportions, 
c'est  ainsi  (jue  l'on  verra  daus  la  suite  que  les  croiseinents  cons- 
tatés le  plus  de  (ois  sont  ceux  : 

1°  de  l'A.  bosrlids  et  de  IM.  (tenta, 

2°  de  r.i.  boseluis  et  de  l'.l.  enirina, 

3"  (probablement)  ceux  de  l'.l.  obscitnt  et  de  l'.l.  bouchas, 

4»  de  r.l.  hosrhas  et  de  l'.-l.  creeca, 

o«  de  la  F.  ferina  et  de  la  F.  nyroeu, 

6°  de  r.l.  hosehas  et  de  l'.l.  clypeata, 

_  I  de  VA.  peiielope  et  de  l'.l.  creeca,  )  daus  les  mêmes  i)ro- 
i  de  l'I.  penelopç  et  de  l'.l.  acuta,    )  portions, 

8°  Enfin  ceux  de  l'.l.  aruta  et  l'.l.  creeca;  les  autres  hybrides  que 
nous  meulionuerous  n'ont  été  observés  qu'une  fois  ou  deux. 

Ces  divers  Oiseaux  ont  été  tués  ou  pris  en  Palestine,  en  France, 
en  Russie,  en  Suisse,  en  Belgi(iue,  en  .\lli.Miiagne,  en  Autriche,  aux 
Etals-Unis,  en  Italie,  en  .Viigleterre  et  en  Hollande.  Ce  sont  ces 
deux  derniers  pays  qui  ont  fourni  le  plus  grand  nombre  d'hybrides; 
la  Hollande  à  elle  seule  entre  en  ligue  de  compte  jiour  un  tiers  au 
moins.  .\I.  van  Wickevoort  Crommeliii,  de  Harlem,  a  fait  connaitn^ 
beaucoup  de  ces  Oiseaux  ;  nous  re])ro(luirous  fré([uemmenl  ses 
savantes  descriptions.  V.u  Italie,  .M.  le  comte  .Vrrigoui  degli  Oddi, 
de  Padoue,  en  a  décrit  lui-même  plusieurs.  Nous  tenons  à  remer- 
cier ici  ces  messieurs  qui  se  sont  montrés  d'une  grande  obligeance, 
mais  nous  ne  devons  |)as  oublier  non  idus  .M.  le  B""  l-ldnioiid 
de  Selys-Loiigchamps  ([ui,  le  premier,  a  donné  une  récapitulaliim 
très  complète  des  hybrides  observés  chez  les  Auatidés  (1)  ;  M.  Paul 
Leverkuhu,  de  Munich,  qui  a  droit  tout  i)articulièremeiit  à  nos 
remerciemeuts;leHév..Ma(pherson,deCailisle(2),  elM.  J.H.Ciuerney, 
juM.,  dont  la  connai.ssance  des  hybrides  est  justemeut  appréciée  en 
.Vngleterre  ;  M.  Jobnes  Handcok  et  son  ami,  .M.  le  D''  Embleton, 
de  Newcastle-on-Tyue  ;  .M.  vaii  Bcmmelen,  directeur  du  Jardin 
Zoologlipie  de   Rotterdam,  M.   Edouard   Hart,    de  Ciiristchurch  ; 

(I)  Bulletin  lie  l'.Académie  de.s  Sciences  de  Bruxelles,  1843  el  I8.t6. 
(i)  he  r<-\.  Marplic  Tson  a  publié  ses  arlicles  sur  l'hyliricHIr  nolamuienl  dans  le 
Field,  le  Natitratisl  et  le  /.ootogisl. 


112  A.   SUCHETET 

M.  Charles  Royer,  de  Langres;  M.  Weltermaiin,  directeur  du 
Koninklijk  zoologiscli  Genootshamps,  d'Amsterdam  ;  M.  Oustalel, 
docteur  és-scieuces,  aide-naturaliste  au  Muséum  ;  M.  Wiepkeu, 
directeur  du  Musée  ducal  d'Oldembourg  ;  M.  le  professeur 
H.  Giglioli,  de  Florence (1);  M.  le  professeur  Sordelli,  de  Milan (2); 
M.  Lacroix,  de  Toulouse  :  M.  le  professeur  Newton,  de  Magdalene 
Collège  de  Cambridge;  M.Ridway,  curateur  de  la  collection  oruitho- 
logique  du  Musée  national  des  États  Unis,  à  Washington  ;  M.  Schutt 
et  M.  le  D''  A.  Knop,  de  Kalsruhe  ;  M.  Zarouduoï,  ornithologiste 
d'Orembourg  (Russie);  M.  Olphe  Galliard,  d'Hendaye(Basses-Pyré- 
uées);  M.  le  D''  Ch.  Liitken,  de  Copenhague;  M.  J.  H.  Seais, 
assistant  au  Muséum  de  l'Académie  des  Sciences  de  Salem  (États- 
Unis);  M.  Manly  Hardy,  naturaliste  de  Brewer  (Etats-Unis);  M.  le 
B°"  von  Ritter  vou  Tshusi,  de  Schraidoflen,  l'ornithologiste  et 
le  savant  bien  connu  ;  M.  le  D^  Radde,  de  Tiflis  (3)  ;  M.  Sclater, 
l'éminent  secrétaire  de  la  '/ooJoijiral  Sncietji  off.ondon  ;  M.Godefroy- 
Lunel,  directeur  du  Musée  zoologique  de  Genève,  M.  Van  Kempen, 
de  Saint-Omer,  et  bien  d'autres  assurément  qui  ont  droit  à  notre 
reconnaissance. 

PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES 

Famille  des  Anatides. 

Genre  Anas. 

ANAS  PENELOPE  (4)  et  QUERQUEDULA  CRECCA  (5) 

Nous  citerons  d'abord  trois  pièces  hybrides  auxquelles  on  attribue 
cette  origine.  Elles  se  trouvent  :  la  première  dans  le  Musée  de  la 
Faune  néerlandaise,  à  Amsterdam,  la  deuxième  dans  la  collection 
de  M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi,  à  Padoue,  la  troisième  dans  la 
collection  du  feu  Lord  Malmesburg. 

L'hybride  du  Musée  delà  Faune  néerlandaise  a  été  acquis  récem- 
menl,  il  est  adulte,  de  sexe  inàle,  et  a  été  capturé  à  l'état  sauvage. 
L'iiybride  appartenant  à  M.  le  comte  degli  Oddi  a  été  tué]  au  mois 
de  décembre  1882,  par  M.  B.  Dute  dans  la  vallée  de  Salsa  Morosiua, 

(1)  Directeui-  du  Musée  des  Vertébrés  de  cette  ville. 

(2)  Dii-ecleiii'-adidint  an  Musée. 
(.'i)  A.uleuv  lie  ['OniU  cdiicasica. 

(4)  Autns  noms  scicnliliiiiics  :  Mdrecii  penelope,  A.  fi^lulitri:<,  .1.  kiujalko. 
Çà)  Ou  QuerquedttUi  crecca,  ou  (Juerquedula  minor. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAl  VAGE  113 

IMiiviiicc  (Ir  l'.iddMf.  CM  Oiseau  se  trouvait  dans  une  baudo  de 
<lanards  Pénélo|if,  il  est  de  sexe  mâle.  Nous  u'avous  pu  savoir  à 
(juelle  ('[Kxiue  a  été  tué  le  spéciuieii  de  Loid  Malniesburg. 
M.  Ed.  Hart,  de  Christchurch,  qui  l'a  vu  il  y  a  dix-huit  mois 
eiivirou  dans  la  eollecliou  du  feu  I.ord,  nous  éi'iil  (|ui>  e'cst  sur 
la  livière  Slow  qu'il  a  été  abattu. 

M.  le  coinle  degli  Oddi  a  bien  voulu  nous  adresser  une  description 
manuscrite  de  l'hybride  qu'il  possède.  Il  nous  fait  savoir  (|ue  celte 
descripliou  est  sous  [iresse  et  qu'elle  sera  acc()m|)agnée  d'une  liyure 
coloriée  représentant  l'oiseau  : 

<(  Longueur  totale,  0™ilO;  longueur  du  bec,  0">n'iO;  aile  fermée, 
0'n230;  queue,  O'n04o;  tarse,  0'»Û40;  le  doigt  sans  l'ougle,  OniOiO;  le 
doigt  avec  l'ongle,  0"045. 

«  Bec  et  iris  noirs;  tête  et  cou  d'un  châtain  ardent  tirant  sur 
l'isabelle.  Une  large  l)ande  entoure  l'œil,  passe  au-dessus  et  se 
continue  sur  la  tête  et  jusqu'à  la  uuque.  Le  Ijord  de  cette  tache  est 
jaune  fauve,  plus  marqué  auprès  des  yeux.  A  la  partie  centrale  de 
la  nuque  il  y  a  une  raie  noire  d'un  violet  foncé.  La  gorge  et  le  tour 
du  bec,  noirâtres,  sont  entourés  par  uue  couleur  baie.  A  la  naissance 
du  cou,  qui  est  violet,  on  voit  des  raies  transversales  noires  en 
zigzags. 

«  La  poitrine  d'un  rose  violet  avec  beaucoup  d(î  taches  noires 
irrégulières,  le  ventre  blanc  clair.  Les  plumes  de  côté  en  zigzags, 
blanches  et  noires.  La  partie  inférieure  du  ventre  blanche  en 
zigzags  avec  un  peu  de  gris,  mais  très  peu  visible  et  ayant  la  forme 
de  petites  stries  transversales  sur  les  plumes.  Les  plumes  du 
dessous  de  la  queue  noires,  un  très  petit  nombre  de  celles  de  côté 
blanches,  légèrement  teintées  de  jaune,  avec  une  bande  noire  à  la 
base  ;  chez  (^uelques-unes  la  matière  spongieuse  de  la  tige  est 
noire. 

«  Dos,  scapulaires,  sur  la  queue  et  sur  le  crou[)ion,  plumes  blan- 
ches ou  gris  perlé  avec  des  stries  eu  travers  et  eu  zigzags,  noirs.  Les 
<'ouvertures  grisâtres  en  zigzags  noirs  et  blancs,  quelques-unes  des 
grandes  couvertures  ont  l'extrémité  plus  claire  cl  n'ont  iires([ue  pas 
de  zigzags;  uue  bande  couleur  noisette,  qui  devient  plus  foncée  au 
fur  et  à  mesure  qu'elle  se  rapproche  du  corps,  termine  les  grandes 
couvertures.  Les  rémiges  sont  grisâtres;  le  miroir  est  d'un  vert 
l'uu'raude  entouré  de  toute  part  de  noir  velouté,  excepté  les  anté- 
rieures, où  elle  est  limitée  par  une  bande  couleur  noiselte,  et  près 
du  corps,  où  elle  est  bordée  de  brun  ou  gris  i)erlé.  Quelques-unes 
des  grandes  ouveitures  des  ailes  sont  cendrées,  d'autres  cendrées  à 
l'intérieur,  taudis  que  dans  le  vessillo  extérieur  des  ailes  elles  sont 


114  A.    SUCHETET 

cendrées  à  la  racine,  puis  ensuite  noires  et  bordées  de  blanc, 
l'Isabelle  entoure  le  tout,  le  cendré  est  sillonné  de  zigzags  noirs. 
Les  couvertures  supérieures  de  la  queue  blanches  autour  avec 
zigzags  noirs  et  blancs  sur  le  reste,  les  latérales  iioires,  les  rectrices 
grisâtres  bordées  de  blanchâtre,  les  médianes  un  peu  plus  longues 
(jue  les  autres  et  terminées  en  pointe  ;  ])attes  et  ongles  tiraut  sur  le 
brun.  » 

«  Eu  observant  attentivement  ce  spécimen,  ajoute  M.  le  comte 
Oddi,  nous  y  trouvons  des  ressemblances  évidentes  avec  ses 
l)arents.  Plus  élégant  que  le  Fischionc  (Pénélope)  et  moins  léger  que 
VAlgavola  (A.crccca),  il  a  comme  dimensions  la  moyenne  entre  les 
deux  ;  son  bec,  de  la  longueur  de  la  tète,  s'élève  à  la  base  presque 
droit  à  partir  des  narines,  étroit,  plus  large  vers  l'extrémité  qu'au 
milieu,  il  ressemble  beaucoup  à  celui  de  \'Al(iarola,  la  tète  et  le 
cou  avec  la  belle  bande  d'un  vert  brillant  est  commune  aux  deux 
espèces  ;  il  faut  noter  également  les  taches  de  la  poitrine  et  la  colo- 
ration de  la  partie  inférieure  du  ventre  qui  sont  de  VAlfjacola 
comme  disposition.  » 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Westerman,  directeur  du  Kouinklijk 
zoologisch  Genootschap  d'Amsterdam,  nous  pouvons  donner  aussi 
la  description  de  l'hybride  sauvage.  .1.  penclope  x  A.  crecca,  acquis 
dernièrement  par  le  .Musée  de  la  Faune  néerlandaise  :  «  Tète  et 
grande  partie  du  cou  roussàtres,  aux  deux  côtés  autour  et  derrière 
les  yeux  et  le  long  du  cou  une  ligue  de  vert  métallique,  mêlée  de 
brun.  Jabot  brun  pourpràtre,  chaque  plume  possédant  une  petite 
tache  ronde  de  couleur  noire;  poitrine  et  ventre  blancs.  Parties 
supérieures  et  lianes  du  corps  avec  des  lignes  transversales  noires 
et  blanches.  Couvertures  des  ailes  grises,  petites  rémiges;  celles  au 
milieu  avec  tache  oblongue,  noire;  miroir  vert,  en  avant  avec  bande 
brune  comme  chez  A.  rrccca,  en  arrière  avec  bande  noire,  comme 
chez  .1.  pciiclopc.  Grandes  rémiges  d'un  noir  brunâtre;  plumes  de 
la  queue  brun  grisâtre  à  marges  blanchâtres  ;  sous-couvertures 
noires;  croupion  brun  noirâtre,  mêlé  de  blanc.  Bec  noir  grisâtre, 
yeux  bruns;  pattes  couleur  de  plomb  foncé  (1). 

Un  spécimen,  faisant  partie  de  la  collection  réunie  par  M.  Whi- 
taker,  esq.,  vient  d'être  vendu  à  M.  Dicks,  de  Creeve  (2).  Un  autre 

(1)  Nous  pensons  que  la  dosriiptiou  faite  par  M.  Kollec  dans  le  Journal  de 
Zoologie  de  IS'.tO  d'un  hybride  enlie  VA.  penelope  et  la  Q.  crecca  se  raiiporte  au 
spécimen  dont  M.  AVcsternian  a  bien  voulu  nous  envoyer  la  deseription. 

(2)  Vente  du  ii  mai  1890,  faite  au  Covent  Garden  de  Londres.  L'Oiseau  au  cata- 
loj^ue  portait  le  n»  100.  Le  Field  du  31  may  en  parle  comme  d'un  très  beau  spécimea, 
intermédiaire  en  dimensions  entre  lesdeu.x  espèces.  Peut-être  vient-il  de  la  collection 
du  feu  Lord  Malmesburg  ? 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  1  lf> 

exemplaire  se  trouverait  chez  M.  le  comte  Ninni,  à  Venise;  malhen- 
reusemeut  nous  n'avons  pu  obtenir  aucune  indication  sur  ce  sujet. 

Dafila  aclta  (Il  et  Anas  peneloimc 

M.  Charles  RoyiM",  de  Langres,  nous  écrit  qu'il  possède  un  sujet 
màle  qu'il  considère  comme  produit  par  ces  deux  espèces;  cet 
Oiseau  a  été  tué  dans  une  bande  de  Canards. 

Sur  notre  demande  il  nous  a  adressé  la  dcscriptiou  suivante  : 
Tète  rougcàtre,  chaque  plume  mar(iiiée  au  centre  d'une  lUduchcture 
plus  sombre  ;  cou,  comme  la  tète  ;  poitrine  rousse  au  sommet,  mais 
s'éclaircissant  raiùdement  et  passant  au  blanc  ;  al)domen  blanc  pur  ; 
dos  griveié  comme  dans  le  Pénélope,  entremêlé  de  plumes  plus 
rousses  ;  couvertures  des  ailes  grises,  rémiges  comme  dans  le 
Pénélope  ;  couvertures  de  la  queue  d'un  brun  grisâtre  ;  miroir  vert 
bronzé  plus  voisin  de  Vnoitd  que  du  Pénélope,  mais  il  est  précédé 
d'uue  large  bande  blanche  plus  large  même  que  dans  le  Pénélope  ; 
bec  intermédiaire,  plus  long  que  chez  le  Pénélope,  moins  long  que 
chez  l'ocidii.  Enlin,  comme  aspect  général,  il  resseml)le  plus  au 
Pénélope  qu'à  Vaculu,  aussi  bien  par  sa  forme  que  \niv  sa  couleur. 

Déjà  M.  van  Wickevoort  Crommelin  avait  décrit  (2)  un  Canard 
qu'on  supposait  proveuir  des  mêmes  espèces.  Cet  Oiseau,  pris  àFrise 
le  20  janvier  18(12, est  conservé  dans  la  collection  du  MusécdeLcyde. 

«  Le  dos,  les  ailes,  y  compris  le  miroir,  la  poitrine,  le  ventre  et 
les  lianes,  le  croupion  et  la  queue  sont  comme  ceux  de  l'.l .  acuta, 
mais  les  rectrices  allongées  un  peu  plus  courtes  (jne  dans  l'adulte 
de  cette  espèce  et  les  taches  noires  sur  les  scapulaires  plus  étroites; 
le  bas  du  cou  et  le  jabot  pareils  à  ceux  de  r.4 .  penelope  màle,  mais  la 
couleur  roiigeàtre  y  descend  davantage,  aussi  sur  les  côtés;  la  gorge 
et  le  haut  du  cou  d'un  beau  noirâtre  plus  somljre  (]ue  dans  l'.l .  iiruta, 
se  rapprochant  davantage  de  la  tache  à  la  gorge  de  VA.penclojn'.  La 
coloration  de  la  tête  dilTère  de  celle  de  ces  deux  espèces,  une  large 
bande  d'un  brun  jaunâtre  clair  va,  eu  se  rétrécissant,  du  bec  par  le 
dessus  de  la  tête  jusqu'à  l'occiput;  des  deux  côtés  de  cette  baude  il 
se  trouve  une  autre  bande  plus  large  d'un  vert  clair  à  rellets  qui  va 
de  l'œil  à  la  nu(iue  eu  dessous  de  cell(!-ci,  on  en  voit  encore  une 
autre  également  très  large,  d'un  jaune  bruuàtre  clair,  semblable 
pour  la  couleur  à  celle  du  dessus  de  la  tète  de  l' l .  pnn'lope  et  s'éteu- 


(1)  .Viilrcs  noms   scienUO(|ues  :   .inun   avula,     1.   longicauda,   A.    cduilaciilu 
Qucrtiuethila  acuta. 

(2)  Tijibchiift  vooiik'  Dk-rluindc,  M,  p.  2'.H\. 


lit»  A.    SUCHETET 

(iaiit  depuis  le  l)ec  jusqu'à  la  uiniue;  le  bec  esl  noir  et  mesure 
40  niill.;  les  pieds  semblables  à  ceux  de  l'.l.  acuta  ». 

Dans  un  article  publié  dans  les  Archives  néerlandaises  (1), 
M.  van  Wickevoort  Crommelin  avait  émis  quelques  doutes  sur  la 
descendance  supposée  de  cet  hybride, qui  pouvait  liieii  être  aussi  le 
produit  du  Pilet  avec  la  petite  Sarcelle.  Mais  depuis  le  savant 
hollandais  est  revenu  à  sa  preuiière  opinion  ;  dans  une  lettre  qu'il 
nous  a  écrite  le  14  février  dernier,  il  nous  lait  savoir  qu'il  consi- 
dérera désormais  ce  spécimen  comme  descendant  de  l'.l.  acuta  et 
de  l'A.  penelope,  l'expérience  lui  ayant  démontré  que  les  mâles 
(non  hybrides)  de  cetle  dernière  espèce  ont  quelquefois  une  bande 
verte  plus  ou  moins  apparente  derrière  l'œil. 

Nous  signalerons  un  troisième  exemplaire  hybride  acheté  au 
Leaden  hall  market  de  Londres  et  conservé  dans  la  collection  de 
M.  Handcock,  du  Musée  deNorthuniberland  (2).  Mais  nous  igno- 
rons complètement  si  cet  Oiseau,  acheté  sur  le  marché,  avait  été 
tué  à  l'état  sauvage  ;  M.  Handcok  n'a  pu  nous  donner  aucune  indi- 
cation sur  son  origine,  il  nous  a  seulement  fait  savoir  par  M.  le  D^ 
Emellton,  de  Newcastle,  que  l'Oiseau  était  vraiment  un  hybride.  En 
voici  la  description  : 

«  Ce  spécimen  a  à  peu  près  des  caractères  moyens  entre  les  deux 
parents  :  la  couleur  châtaigne  de  la  tête  et  du  cou  est  mélangée 
avec  le  vert  brillant  du  Pintail  et  le  derrière  du  cou  est  très 
sombre  comme  chez  le  Wigeon.  Les  couvertures  des  ailes  sont  d'un 
blanc  sale  ;  les  scapnlaires,  les  tertiaires  et  les  plumes  de  la  queue 
ressemblent  daus  leur  plus  grande  paitie  à  celles  du  Pintail,  mais 
les  deux  plus  longues  plumes  du  milieu  de  la  queue  ne  se  voient 
pas  autant  que  chez  le  Pintail.  » 

Un  quatrième  exemplaire  est  encore  à  signaler.  M.  J.  G.  Millais, 
de  Seaforth  llighlanders  (Fort  George),  écrit  dans  le  Field  du 
15  février  qu'il  a  reçu  dernièrement  un  Canard  très  étrange,  qui 
fut  tué  par  son  oncle,  M.  George  Gray,  sur  la  rivière  Isla,  prés 
Perth,  en  décembre  1889.  M.  J.  G.  Millais  pense  que  c'est  un 
hybride  entre  un  Wigeon  (A.  penelopr)  et  un  Pintail  (.1.  acuta), 
montrant  les  caractères  des  deux  espèces.  Le  Pintail  est  assez  rare, 
dit-il,  dans  cette  partie  de  l'Ecosse,  mais  il  pense  que  cet  oiseau, 
comme  le  Gadiral  (Anas  slirpcrca},  s'y  établit  peu  à  peu.  11  y  a 
quelques  années  cette  espèce  était  presque  inconnue  ;  jamais  un  hiver 
ne  se  passe  maintenant  sans  que  l'on  ne  voie  une  paire  des  deux 

(1)  vil,  |).  i:». 

(i)  Natuial  hisloiy  Tl•;nl^iacU()ns,  VII,  p.  i;i;!. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE  117 

Oiseaux,  particulièrement  daus  le  Perthshire.  NéauiuoiusM.Millais 
croit  ([u'ils  ne  se  reproduisent  pas  dans  cette  contrée. 

Anas  uoscuas  (1)  et  Anas  acuta 

D'après  MM.  Doiilnnd  vl  (ii'rlie(2),  il  n'y  a  point  d'espèce  qui,  à 
l'état  sauvage,  se  croise  |)lus  facileuieut  que  l'.l.  (irttla  avec  ii' 
hosrhas.  Pres(|ue  toutes  les  collections,  disent  ces  auteurs,  possè- 
dent des  ]iyl)ridcs  provenant  dn  croisement  de  ces  doux  espèces; 
ils  ajoutent  que  le  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  en  renferme 
un  bon  nombre;  ils  en  connaissent  plusieurs  autres  qui,  tous,  ont 
été  rencontrés  sur  les  marchés  de  Paris. 

Il  est  vrai  que  les  hybrides  du  Pilet  acuticaude  et  du  (lanaid 
sauvage  ne  sont  pas  absolument  rares;  cependant  le  |)lus  grand 
nmnbre  des  Musées  et  des  collections  en  sont  dépourvus;  le  .Muséum 
(II'  Paris  n'en  possèdi;  lui-même  (jue  deux  exLMuplaires,  encore  est- 
il  que  l'un  des  deux  provient  de  la  Ménagerie  et  que  l'autre  ne 
porte  aucune  indication  de  localité,  on  ignore  s'il  a  été  tué  à  l'état 
sauvage,  on  sait  seulenuMit  i[u'il  a  été  acquis  sur  échange  à  M.  Perrol, 
le  15  mars  1854.  C'est  un  exemplaire  adulte,  de  sexe  niàle.  Ces  ren- 
seignements nous  sont  fournis  par  M.  Oustalet,  docteur  ès-scieuces 
et  aide-naturaliste  au  Muséum. 

Les  exemplaires,  tués  à  l'état  sauvage,  qui  nous  ont  été  indiqués, 
sont  les  suivants  :  Musée  royal  de  Florence,  dans  la  collection 
centrale  des  animaux  vertébrés  d'Italie,  deux  exemplaires  (3). 

Musée  zoologTque  de  Milan,  dans  la  collection  du  comte  Turati, 
pensons-nous,  un  exemplaire  (i). 

-Musée  de  la  Faune  Néerlandaise  à  Amsterdam,  trois  exem- 
plaires (5). 

Collection  de  M.  van  Wickevoort,  à  Harlem,  trois  exemi)laires  ((i). 

Collection  de  M.  le- baron  Ed.  de  Selys-Longchamps,  à  Long- 
champs-sur-Ger  (Belgique),  un  exemplaire  (7). 


(I|  Antres  noms  scienliliqups  :  .iiuls  fera,  Ilosciis  rlnmexticn. 

(i)  Ornitliiiliiijie  européenne. 

(iî)  C.omniuniraliiin  iV  M.  le  professeuc  U<Mii'i  (li^linli,  ilii-ccli'iir  dn  Miisrc. 

(4)  (;nninini\i(alion  de  M.  le  prnk'ssenr  Sordelli,  diicelenradjoinl  dn  Musée. 

(li)  0)nimuni(aliini  de  M.  G.  1".  Weslernian,  directeur  du  Koninklijk  zoologiscli 
l'ienoDlseliap  .\(iluru  arli.t  magislra. 

(Cl)  Communication  de  M.  van  Wickevoort  Crommelin.  direeleurde  la  Société  lies 
sciences  exactes  et  naturelles  de  Harlem. 

(7)  Communication  de  M.  le  liaron  Ed.  de  Selys-Lonj,'(liam|is,  sénateur,  mi'fidni' 
<le  r.Vcadémie  des  sciences  de  Hruxelks. 


118  A.    SUCHETET 

Collection  de  M.  Adrien  Lacroix,  de  Toulouse,  un  exemplaire  (1). 

Colleclion  de  M.  N.  Zaroudnoï,  d'Orenbourg  (Russie),  un  exem- 
plaire (2). 

Colleclion  de  M.  Daniel  U.  Elliot,  de  New-York,  un  exemplaire  (3). 

Muséum  of  Northumberland,  Durham  and  Newcastle-upon-Tyne, 
dans  la  collection  de  M.  John  Handcock,  nu  exemplaire  (4). 

Collection  de  M.  Reid,  de  Doncaster,  un  exemplaire  (o). 

Collection  de  M.  Law,  de  Youghal,  unexemplaire(6)  ? 

Nous  signalerons  encore  deux  exemplaires  tués  en  janvier  1864 
parM.Cirantly  F.  Rerkelysurla  rivière  AvonChristchurch  (Hauts |  (7), 
et  un  autre  spécimen  rapporté  de  Palestine  par  M.  Cauon  Stristram, 
de  Durham  (S).' 

Musée  national  desEtats-Unis  à  Washington, trois  exemplaires(9). 

Collection  réunie  par  M.  Whitaker,  esq.,  et  vendue  à  Londres 
le  22  mai  1890,  plusieurs  exemplaires  (10). 

Enfin,  d'après  M.  de  Rettner.  il  devrait  se  trouver  dans  le  Cabinet 
d'Histoire  naturelle  de  Karlsruhe  (Allemagne),  un  hybride  de  cette 
sorte;  d'après  le  même,  un  deuxième  individu  aurait  été  pris  en  1857 
à  Kniebrigen  (11).  Mais  M.  le  d^  A.  Knop,  directeur  du  .Musée,  nous 
écrit,  que  ces  hybrides  n'existent  plus  dans  cette  collection  et 
qu'on  ignore  ce  qu'ils  sont  devenus;  du  reste,  les  hybrides  dont  il 
est  question  dans  les  Beitnige  :ur  rhcinischen  Nfitnrgesrluchti'[i2)  ne 
paraissent  pas  être  de  véritables  hybrides  sauvages  (13). 

Les  deux  exemplaires  du  Musée  royal  de  Florence  ont  été  tués  : 
le  premier  à  Comacchio,  le  22  janvier  1882,  il  porte  le  n°  1880  du 
catalogue  ornithologique,  le  second,  (|ui  parait  plus  jeune,  n"  2251, 

(1)  Coinnmnication  tic  M.  Lacroix. 

(2)  Communication  de  M.  Zaroudnoï. 

(3)  Voy.  Proceedings  of  tlie  zool.  sociely  London,  p.  437.  18n!). 

(4)  Communication  de  M.  Jolm  Handcock.  Voy.  aussi  Magazine  of  Natural  liistory 
and  Journal,  vol.  VIH,  p.  b09.  London,  183o. 

|5)  Le  mémo.  Magazine,  p.  107,  I83G. 

(G)  Voy.  The  foivle.r  iti  Ireland,  by  sir  Ualp.  Payne-Gallway,  p.  3o,  Lond<ni.  188(î. 
Sir  Ralp,  Payne-Gallway  ne  dit  pas  cependant  que  l'Oiseau  ait  été  tué  à  l'état  sauvage. 

(7)  Communication  de  M.  Ed.  Harl,  de  Cliristchurcli.  Nous  ignorons  où  sont  con- 
servés ces  Oiseaux. 

(8)  D'après  une  communication  de  M.  .Macpherson. 

(9)  Communication  do  M.  R.  Ridway.  curateur  du  .Musée  ornitlu>l(igii|nc  de 
Washington. 

(10)  Voy.  le  Catalogue  de  la  rente.  iNous  les  supposons  tués  à  l'état  sauvage. 

(11)  Communication  de  M.  Scliutl,  de  Karlsruhe. 

(12)  Fribourg,  p.ili,  1840. 

(13)  Voy.  l'art,  que  nous  n'avons  pu  consulter  nous-nièmo  et  dont  M.  Slnii-  a  bien 
voulu  nous  envoyer  quelques  extraits. 


OISKAIX    IIVIliilDKS    IIKNCONTHÉS    A    l'kTAT    SAUVAOK  119 

a  été  liir  à  Niiples  le  14  (iécenibre  i884.  Tous  deux  sont  du  sexe 
ni;He. 

I/exoin plaire  du  Musée  zoologique  de  Milau  ue  porte  poiut 
d'iudication  sur  son  état.  Il  paraît,  nous  écrit  M.  le  professeur 
Sordelli,  avoir  vécu  eu  liberté.  Il  a  été  tué  à  Biewe  (Allemagne), 
et  provient  de  chez  M.  Otto  Tunch.  C'est  un  niàle;  son  père, 
d'ai)rès  l'étiiiuette  originale,  serait  le  honrhas.  Ces  renseignements 
n'allirment  pas  d'une  manière  parfaite  l'origine  sauvage  de  cet 
Oiseau. 

Les  exem]ilaires  du  Musée  de  la  Faune  Néerlandaise  ont  été  tous 
les  trois  ('a|)turés  à  l'état  sauvage,  ils  sont  adultes,  deux  sont  du 
sexe  mâle,  le  troisième  du  sexe  femelle. 

l'n  des  exemplaires,  apitartenaut  à  M.  van  Wickevoorl  Crom- 
meliii,  de  Harlem,  fut  pris  le  18  janvier  1862  dans  les  environs  de 
lintterdani,  un  autre  le  2()  janvier  ISOf),  également  en  Hollande,  et 
le  dernier  en  1SG6  dans  une  des  canardières  de  la  Hollande  se])ten- 
trionale;  ce  sont  trois  mâles  (1). 

I/exemplaire  faisant  partie  de  la  collection  de  M.  le  baron 
l''d.  de  Selys-Longchamps  a  été  pris,  dit-on,  à  l'i'tat  sauvage,  c'est 
MU  iiiàli-  adulte  i2}. 

I/exemplaire  de  M.  Lacroix,  de  Toulouse,  a  été  capturé  sur  les 
marais  de  Orisolles  (Tarn-et-Garo:ine),  le  17  décembre  18(i8;  il  est 
de  sexe  mâle  (3). 

L'exemplaire  de  .M.  N.  Zaroudnoï  provient  des  environs  d'Oren- 
liourg  (Russie),  il  est  de  sexe  mâle. 

L'exemplaire  appartenant  à  M.  Daniel  G.  Llliot,  de  New- York, 
fut  tué  (ou  prisi  sur  la  cùle  sud  de  Long  Island  (Etats-Unis  d'Amé- 
rique i.  Cet  Oiseau  a  été  exposé  à  une  réunion  de  la  Société  zoolo- 
gique de  Londres,  le  22  novembre  1859.  Sir  Alfred  Newton,  qui 
l'avait  re(;n  de  M.  Elliot.  a  contesté  son  origine  supposée  et  ne 
jjeiise  point  ([u'il  descende  de  l'nnitn  parce  ([ue,  dit-il,  il  n'a  aucun 


(1)  V(iy.  |ioiir  les  deux  pivmiors  :  N'iMlerliincIscli  Tijilsclirill  vooi-  do  Dicikunde. 
1.  |(,  17.'),  cl  III.  |).  :iOl);  pour  le  Iroisiouie,  viiy.  .Archives  néerlandaises  des  sciences 
c.xacles  et  iialurcUes  de  von  Baumliuuer,  II,  I.a  Haye,  1867,  ouïe  liulletia  de  la 
Sociélé  nalidnale  d'Acclimatation,  p.  784,  18(58. 

(2)  Voy.  le  Bulletin  de  l'Académie  des  science»  de  Belgique,  .Wlll,  i'  |iiiilic, 
n°  21,  I83G. 

(M)  D'après  snn  Catalogue  raisonné  des  Oiseaux  observés  dans  les  Pyrénées 
franraises  et  les  n'yions  liiitilritpites,  p.  244,  Toulouse  et  Paris,  1873  et  187."),  car 
dans  une  lettre  que  M.  Lacroix  a  bien  voulu  nous  écrire  le  9  mars  1888,  l'Oiseau  en 
question  aurait  été  capturé  en  ISoI!  dans  la  banlieue  de  Toulouse,  à  lllagnac-sur- 
liaronne,  à  i;t  k.  nord,  sur  le  bord  du  llcuve.  S'agitil  de  dcu.x  individus  '.' 


120  A.    SOCHETET 

signe  qui  puisse  le  rapprocher  de  cette  espèce.  Néaumoins  le 
professeur  de  Cambridj^e  ue  paraît  point  avoir  pu  déterminer  le 
second  progéniteur  (1). 

L'exemplaire  de  la  collection  de  M.  John  Handcock,  au  Musée  de 
Northumberland,  Durham  and  Newcastle-upsou-Tyne,  tué  près  de 
Newcastle-on-Tyue,  lui  fut  oiïert  par  M.  W.  C.  Trevelgan,  c'est  un 
Oiseau  adulte  et  du  sexe  raàle  (2).  D'après  le  Magazine  of  uatural 
History  (3),  c'est  en  février  1835  que  l'Oiseau  fut  abattu.  Il  fut  alors 
acheté  et  empaillé  par  M.  Thomas  Ellison,  naturaliste,  puis  il  passa 
dans  les  mains  de  M.  W.  C.  Trevelgan. 

On  pense,  dit  Samuel  Morton  (4),  que  l'exemplaire  de  la  collection 
de  M.  Reid,  de  Doncaster,  a  été  produit  à  l'état  sauvage;  le  Maga- 
zine of  natural  History  (5),  qui  a  parlé  le  premier  de  ce  fait,  ne  donne 
cependant  aucune  indication.  Il  dit  seulement  (juil  i)rovient  du 
Pintail  (.1.  acuta)  et  du  connnon  wild  Duck  (.1.  bosrhas).  Nous  ne 
savons  ce(ju'est  devenu  cet  Oiseau  après  la  mort  de  M.  Reid. 

Nous  n'avons  pu  savoir  si  lexemplaire  qui  se  trouve  dans  la 
collection  de  M.  Law,  de  Yonghal,  est  un  Oiseau  sauvage.  M.  Payne- 
Galhvay,  qui  le  cite  (6),  se  contente  de  dire  que  c'est  le  plus  bel 
hybride  qu'il  ait  vu.  Les  trois  exemplaires  du  Musée  national  des 
Etats-Unis  sont  mâles  et  ont  été  tués  à  l'état  sauvage,  mais 
M.  R.  Ridgway,  curator  department  of  birds,  ne  nous  indique  pas 
la  localité  où  ils  ont  été  rencontrés. 

Deux  des  hybrides  de  la  collection  Whitaker  furent  achetés  sur 
les  marchés  de  Londres  (7)  ;  l'origine  des  deux  autres,  catalogués 
sous  le  u»  99,  est  contestée  par  le  rév.  Macpherson;  il  pense  qu'ils 
proviennent  du  Mallard  (.1 .  boschas)  et  du  Wigeon  (A .  penelope).  L'un 
d'eux,  dit-il,  montre  sur  la  partie  inférieure  du  cou  et  sur  la  poitrine 
les  caractères  propres  au  Wigeon. 

Ainsi,  sur  trente  hybrides  de  l'A .  boschas  et  de  VA .  acuta  que  nous 
venons  d'énumérer,  l'origine  sauvage  de  dix-huit  nous  est  seule- 
ment l)ien  attestée.  On  doit  remarquer  que  sur  un  nombre  aussi 
étendu,  il  ne  se  rencontre  que  quelques  sujets  femelles. 

(1)  Voy.  :  1»  Tlie  Proceedings  o£  Ihe  zoological  sociely  of  Loiulon,  page  437,  1839. 
2»  thc  Proceedings,  etc.,  p.  330,  1860,  On  soiiie  hylirids  ihicks,  by  Al.  Newton. 
(i)  Comniunicalion  de  M.  Jolin  Handcock. 

(3)  P.  bO'J,  VIll,  London,  l.s3o. 

(4)  Hyhridity  in  animais.    The  anicrican  journal  of  science  and  arls,  .May  1S47. 
(o)  P.  107,  IX,  183fi. 

(0)  The  fowlerin  Ireland,  p.  36.  London,  1886. 
(7)  Voy.  :  The  Field,  31  mai  1890. 


OISEAUX    HVBUIDKS    ItK.NCD.NTllKS    A    l.'iCTAr    SALVAIlt  \  2\ 

Dksckii'tion 

Uyliriilc  tué  ù  Comncclun,  du  Mhîk'c  de  floirnce  :  «  Boc  cendré  sur 
les  cùtùs  l't  noir  au  milieu;  pictls  jauuàlies,  membranes  noirâtres, 
formes  et  teintes  du  plumage  du  (f  D.  acuta,  mais  la  tôte  a  le  vert 
obscur  tlu  cT  .1.  Iinsrhds,  la  poitrine  est  teintée  do  châtain  clair,  li' 
collier  est  l)lan('  et  large  de  1$  centimètres  (1)  ». 

Ilijhildc  titr  à  i\npli's,  du  Musée  de  Florence  :  plus  jeune  ([ue  le 
précédent  et  nntnlre  davantagi^  les  caractères  de  l'.l.  hosclias,  mais 
il  est  de  moindre  taille.  La  tète  est  d'un  lirun  noirâtre  sur  un  fond 
[dus  clair,  il  u'y  a  i»as  de  trace  de  collier  Ijlauc  ;  la  poitrine  est 
marron  foncé  ;  le  dos  est  comme  la  tête,  le  spéculum  clair,  bien 
marqué  dans  le  précédent,  l'est  peu  dans  celui-ci.  Les  sous- 
caudales,  qui  sont  noires  dans  le  u"  188(1,  sont  blanches  lavées  de 
marion.  Le  l)e('  et  les  pieds  ont  les  proportions  du  l).  acula  (2).  » 

Hybride  tué  à  Brème,  Musée  de  Milan  :  «  Le  bec  noir,  un  peu 
allongé,  rappelle  assez  celui  de  Vaeutu.  Tète  noiràti'e.  à  rellels  verts. 
lu  collier  blanc.  Poitrine  couleur  de  rouille  en  haut,  d'un  blanc 
rougeàtre  en  bas.  Cette  dernière  couleur  est  celle  de  l'abdomen  et 
des  flancs,  dont  les  plumes  sont  traversées  par  de  très  Unes  lignes 
brunes  ondulées.  Dos  et  couvertures  supérieures  (de  la  base)  des 
ailes  blanc-cendré,  traversés  de  même  par  de  fines  brunes.  Rémiges 
brun  cendié,  miroir  vert  métalli([ue,  bordé  en-dessus  de  brun 
rougeàtre,  l't  dessous  d'aile  étant  dans  la  position  du  repos)  d'un 
double  bord,  imir  foncé  cl  blanc.  Une  partie  des  grandes  couver- 
tures des  ailes  est  noire,  de  sorte  (]ue,  les  ailes  étant  fermées,  ou 
voit  deux  longues  taches  noires,  à  reflets  violacés;  pennes  exté- 
rieures de  la  queue  cendrées,  bordées  de  blanc  ;  les  deux  moyennes 
noir  à  reflets  verts,  plus  longues,  (;flilécs,  et  courbées  en  haut. 
L'aspect  général  de  l'oiseau  paraît  assez  tenir  le  milieu  entre  les 
deux  espèces  (3).  » 

Hybrides  ^  du  Musée  d'Amsterdam,  te  premier  :  Tète  brun-noirûtre 
avec  reflets  métalliques,  au  cou  une  bande  blanche,  montant  aux 
deux  côtés  de  la  nuque;  jabot  brun-pourpré,  poitrine  et  flancs  du 
corps  avec  des  lignes  transvi'rsales  blanches  et  noir-brunàlre,  les 
parties  supérieures  de  la  nn^mc  couleur,  mais  |)lus  bi-uncs.  Couver- 
tures des  ailes   giis-luun,  iiiiinir   vert   avec   liaiidc  brune  coinnie 


(1)  Desrripliiiii   (ailr  sur  naluii' [liii-  M.  lr|iicp(.  Ilriii'i    H.  (iigliiili,  l'I  ciiii  nous  osl 
adrcsséi-  par  ce  dcriiit-r. 
(i)  Description  (aile  pour  nous  parle  niènie. 
(3)  Descriplion  taili' également  pour  nous  pur  M.  prof.  Sonlilli. 


122  .V.    Sl.CIlETliT 

(•liez  ïiinild,  plmiiesdes  épaules  uoires  et  lilanches,  celles  en  dehors 
avec  des  taches  noires.  Couvertures  de  la  queue  roussàtres  avec 
marges  hlauches  et  lignes  transversales;  celles  du  milieu  noires  et 
recourbées,  mais  pas  daus  toute  leur  longueur.  Sous-couvertures 
de  la  queue  brunes  avec  des  marges  blanches,  croupion  brun 
noirâtre  à  marges  plus  claires.  Bec  noir  au  milieu,  aux  côtés  bleu 
grisâtre,  yeux  bruns,  pattes  roussàtres,  palames  plus  foncées. 

ieseconrf  .' Tête  brun  noirâtre  avec  reflets  métalliques,  bande  au 
cou  large  et  blanche,  toutes  les  petites  plumes  avec  des  marges 
bruu-})Ourpré  montant  aux  deux  côtés  de  la  nuque  dans  une 
jiointo,  la  nuque  gris  brunâtre.  Jabot  brun-pourpré,  toutes  les 
plumes  finissant  en  des  marges  brun-blanc.  Partie  antérieure  de  la 
poitrine  blanche,  du  milieu  jusqu'au  ventre,  blanche,  avec  des 
ligues  transversales  gris  noir,  ventre  de  la  méuie  couleur.  Couver- 
tures des  ailes  gris-brun  avec  des  marges  plus  claires,  miroir  vert, 
en  avant  avec  bande  brune  comme  chez  .1.  acutaet  finissant  en  une 
bande  noire  et  blaiiclie;  rémiges  gris-noir;  épaules  grises.  Plumes 
de  la  queue,  celles  du  milieu  noir-grisâtre,  un  peu  recourbées,  les 
autres  gris-foncé  avec  marges  blanchâtres.  Sous-couvertures  de  la 
queue  noires  à  l'extérieur  avec  des  marges  lilanches  ;  celles  de 
dessus  et  le  croupion  sont  gris  noirâtre  avec  marges  hrun-clair. 
Bec,  bleu  foncé  sur  les  côtés,  le  milieu  noii-,  yeux  hruus,  jiattes 
roussàtres,  iialaines  plus  foncées.  » 

Ufihridc  Ç  iJu  Musée  d' Amsterdam:  «  Bec  gris  bleu  foncé,  à  la  racine 
deux  taches  irrégulières  bleu-clair.  Couvertures  des  ailes  gris-bleu 
foncé  avec  marges  plus  clairi's,  miroir  comme  chez  les  précédents. 
Dessus  et  couleur  des  plumes  comme  chez  .1.  Iiaschas,  mais  cette 
dernière  couleur  plus  claire,  excepté  aux  flancs,  dont  le  dessus 
ressemble  à  celui  de  l'.l.  aoita.  Queue,  forme  coin  de  mire,  les 
plumes  noir  brunâtre  avec  marges  brunes,  claires  et  bandes  trans- 
versales. Pattes  gris  bleu  roussâtre,  palames  plus  foncées,yeux  brun 
foncé  (1)  ». 

E.rfiiiiplaii'v  (f  pris  dans  les  environs  de  Rotterdam,  collection  de 
M.  van  Wickeroort  Crommelin  :  «  Il  est  presque  aussi  grand  que  le 
Canard  sauvage,  et  a  le  bec,  les  pieds  et  l'iris  de  cette  espèce,  la 
tèfe  et  la  partie  supérieure  du  cou  sont  d'un  vert  foncé  à  reflets;  au 
bas  du  cou  se  trouve  un  collier  blanc;  dos  et  scapulaires  comme 
dans  l'.4.  boschas,  plusieurs  de  ces  derniers  portent  des  zigzags 
noirs  très  marqués,  semblables  à  ceux  du  Canard  Pilet  ;  croupion 


(1)  Ces    trois    ilernirros   ili>sriiplioiis   nous  mit  été  gracieiisomonl   envoyées    par 
iM.  Wcsterman, 


OISEAUX    HYBniDICS    ItENCOXTlîKS    A    I.KTAT    SAUVACi;  I2.'i 

iKiir  lu  iiiiiUie  à  lellels  veiis;  coiivcrliires  supérieures  de  la  queue 
liruu  cfiidri'  à  l;iij;cs  bordures  |ilus  claires,  deux  de  ces  dernières 
sont  alloufiées,  ellilées  et  reeouriiées  au  Itoul  et  d'un  noir  à  reûets  ; 
ailes  pareilles  à  celles  de  l'.l.  acuta,  mais  les  rémiges  brunes;  les 
parties  inféiieures  connue  celles  du  Canard  sauvage,  mais  le 
niarrou  du  jabot  nioius  étendu  et  plus  clair  elles  lianes  rayés  de 
zigzags  noirs  et  blancs,  pareils  à  ceux  du  Canard  Pilet,  rectrices 
semblables  à  celles  de  VA.  huscluis,  les  deux  du  milieu  son!  briiues 
et  dépassent  un  peu  les  autres. 

«  Cet  liybridi'  ollre,  quanta  la  construction  de  la  trachée,  les 
mêmes  signes  caractéristiques  que  le  mâle  de  l'I.  aruld.  Cet 
(u-gane  est  dans  iH)tre  Oiseau  de  la  même  longueur  ([ue  dans  le 
Canard  Filet.  Les  anneaux  sont  tous  d'un  égal  diamètre  et  les 
bronches  sont  disposées  de  la  même  manière^  la  protubérance 
osseuse  présente  la  même  fornu;  que  dans  l'.l.  acuta,  mais  olïre  des 
dimensions  beaucoup  plus  grandes,  et  égale  presque  en  grosseur 
celle  de  l'.l.  /;ow/*a.s'(l).  » 

E.rcinphiirc  (f  pris  c«  Hollande,  collccUon  île  M.  can  Wickevoort- 
Ciommelin  :  «  Il  se  rapproche  par  la  taille  de  r.lww  hoschas,  dont 
il  a  aussi  le  bec  et  les  pieds;  ledessus  de  la  tête.depuisle  bec  juscju'à 
roccii)ut,  est  d'un  brun  |)lus  foncé  que  chez  le  Canard  Pilet;  cette 
eoiMeur  ue  descend  pas  au-dessous  de  l'teil,  mais  elle  entoure  le  bec 
et  s'étend  aussi  sur  la  gorge,  où  cependant  elle  est  [leu  nuancée  de 
rellets  verts.  Les  cCtlés  de  la  tète  et  du  cou  sont  d'un  vert  foncé  à 
rellels:  ainsi  {|ue  chez  le  Canard  sauvage;  la  nuque  est  noire,  à 
rellets  verts,  le  collier  blanc  est  très  étroit  et  plus  interrompu  que 
dans  cette  espèce,  mais  le  blanc  s'avance  un  peu  vers  le  haut  en 
longeant  la  bande  noire  de  la  nu([ne;  cependant  cette  ligne  blanche 
est  loin  d'être  aussi  prolongée  que  chez  l'.l.  acuta.  Le  haut  du  dos 
et  les  scapulaires  présentent  en  général  la  même  coloration  que 
ceux  de  l'.l.  boschas:  ces  parties  sont  cependant  jilus  nuancées 
de  gris  cendré,  et  se  rapprochent  par  ce  caractère,  ainsi  que  par  les 
raies  en  zigzag  noir  très  prononcé,  des  niômesparties  du  Canard  Pilet; 
([uelcjucs-unes  des scapidaires  sont  noires conunedans cettedernière 
espèce,  et  l'on  renuaipic  comme  <hez  celle-ci  une  grande  tache  d'un 
noir  velouté  formée  par  les  plumes  les  plus  rapprochées  de  l'aile;  les 
plus  longues  n'olTrent  ]ioiid  île  noir  ni  de  blanc,  ainsi  ((ue  chez 
l'.l.  anila;  elles  ne  sont  non  plus  aussi  réliécies  et  aussi  allongées, 
cependant  elles  sont  plus  étroites  et  plus  longues  (|ue  celles  du 

(I)  DescriplUiii  liiitr  par  M.  van  W  iikrvmnl  Oniinimliii  il  |iiililiiT  dans  .Ni'iUt- 
landsch  Tijdsclirid  vnoi'  ilr  Dit  rknnili',  I,  |i   IT.i. 


■>A 


A.    SUCHKTKT 


Ciinnrd  sauvage,  tlont  elles  diiïèreut  par  le  manque  rie  brun  marrou, 
aiusi  (lue  par  les  raies  en  zigzag  très  prononcées,  semblables  à  celles 
que  l'on  observe  aux  parties  supérieures  du  Pllet.  Le  bas  du  dos 
est  pareil  à  dclui  du  Canard  ordinaire,  ainsi  que  le  croupion.  Les 
couvertures  alaires  ressemblent  à  celles  de  cette  espèce;  le  miroir 
égale  en  grandeur  celui  de  l'.l .  boschas,  mais  il  est  d'un  beau  vert 
lustré  sans  nuance  pourpre  ni  violette;  il  est  surmonté  d'une 
liande  rousse,  et  suivi  d'une  étroite  raie  noire  et  d'une  bande 
blanche;  les  rémiges  primaires  ne  diffèrent  point  de  celles  du 
Canard  sauvage,  le  marron  du  jabot  est  [)lus  foncé  et  plus  étendu 
que  dans  l'hybride  de  1862,  mais  plus  clair  que  chez  le  Canard 
ordinaire  type  ;  le  reste  des  parties  inférieures  est  nuancé  comme 
dans  coltt^  espèce,  cependant  le  milieu  delà  })oitrine  est  presque^ 
blanc,  et  les  zigzags  brun  cendré  sont  moins  distincts  ;  les  flancs 
présentent  des  raies  en  zigzag  noires  et  cendrées  semblables  à 
celles  de  VA.  acutn,  et  plus  foncées  que  chez  la  première 
variété,  dans  laquelle  elles  ne  se  prolongent  pas  aussi  loin  en 
arrière  que  chez  notre  présent  individu.  Les  sous-caudales  sont 
noires  comme  ilaiis  les  deux  espèces  originelles,  mais  le  triangle 
qu'elles  forment  est  plus  étroit  que  dans  le  Canard  sauvage,  et 
se  rapproche  ainsi  tie  celui  du  Pilet;  les  couvertures  supé- 
rieures de  la  f|ueue  ne  sont  pas  pointues  comme  dans  cette 
espèce  ;  elles  sont  noires,  à  bordures  d'un  cendré  roussàtre.  La 
queue  ressemble  par  la  forme  à  celle  de  l'.l.  dculu,  et  s'y  rapproche 
aussi  par  les  couleiirs,  cependant  les  bordures  blanches  sont  plus 
larges.  Mais  ce  qui  caractérise  surtout  cet  oiseau  et  l'éloigné  de 
l'hybride  décrit  dans  le  premier  volume,  c'est  que  ce  ne  sont  pas 
les  couvertures  médianes  du  dessus  de  la  queue  qui  sont  recour- 
bées ou  bien  allongées  et  eflilées  comme  dans  ce  dernier  individu 
ou  chez  l'.l.  bosciwi  type,  mais  ici  les  deux  rectrices  médianes  se 
rapprochent  par  la  forme  de  celles  du  Pilet  ;  elles  sont  cependant 
plus  larges,  moins  eflilées  et  moins  longues, et  leur  couleur  est  d'un 
noir  nuancé  de  cendré,  enfin  elles  sont  un  peu  relevées  au  bout.  La 
trachée  de  cet  hybride  ressemble  par  la  plupart  des  caractères  à 
celle  de  VA.  boschas;  les  anneaux  ont  le  même  diamètre  que  ceux 
de  celte  espèce;  la  protubérance  osseuse  à  la  bifurcation  de  cet 
organe  présente  la  môme  forme  et  la  même  dimension  et  les  bron- 
ches sont  disposées  de  la  même  manière;  mais  cette  trachée  diffère 
de  celle  du  Canard  sauvage  par  sou  extrême  longueur  ;  elle  surpasse 
même  à  cet  égard  celle  du  Canard  Pilet  et  du  jn-emier  individu  (1)  ». 

(I I  l)csii'i|iliini   fiiilc  |i;ii-  .\1.  Viin   \\  icki'VddilCroiiiini'liii  ri  |iiililii'i'   il:ins    .Ni'dei'- 
laiiilsili  TijilMlirifl  Vf".r,lc  liiriKiiiidc,  111.  |i.  :ill!l. 


OISEAUX    HYBHimcs    HICNCONTHKS    A    I.'kTAT    SAI  VAiiK  15) 

Hj/liridc  cT  liti'  dans  Ui  Hollaivle  sriilciilridiiiilc,  rullrclinn  ilc  )/.  nni 
iViclicroorl-Crommflin  :  >■  lîessi'inble  t'ii  m'iu'ial,  [lar  les  foniK's  el. 
les  couleurs  ilu  |iUiiiiii;^e,  nu  second  des  iiidividusque  nous  veuous 
de  signaler  ;  il  otire  toutefois  quelques  niodilications  dans  les 
teintes,  d'ailleurs  il  porte  encore  des  restes  de  la  première  livrée, 
les  i)lunies  se  voient  surtout  au  cou,  aux  scapuhiires  et  aux  lianes; 
elli's  sont  pareilles  à  celles  du  jeune  Pilet.  Mais  ce  qui  caractérise 
surtout  l'Oiseau,  et  le  fait  dilïérer  des  deux  individus  cités  plus 
haut,  c'est  (ju'il  a  le  bec  formé  comme  celui  du  Canard  ordinaire, 
coloré  comme  celui  de  IM.  (irtita.  et  que  les  pieds  (]ui,  par  la 
structure,  rappellent  l'cux  de  I'.^.  lidsrhas,  out  cepeudaut  une  teinlc 
cciulrée  uu  peu  mariée  de  jaunâtre.  Ce  Canard  préseute,  quant  à  la 
confiiriiiali(Ui  des  diverses  |iarlies  i\('\;\  trachée,  les  mêmes  sif^iies 
(•aiaclérisliijues  (|ue  le  Canard  ordinaire  ;  les  anneaux  ont  le  même 
diamètre,  la  protubérance  osseuse  ù  la  bifurcation  decet  organe,  et 
oITi-e  la  même  forme  et  la  même  dimension,  et  les  bronclies  sont 
disposées  de  la  même  manière  (juc  chez  <'ette  es|)ècc.  Mais  cette 
liacliée  n'égale  même  |)as  en  longueur  celle  de  l'I.  Ixixchas;  c'est 
donc  encore  par  cette  parliciilariti'  ([ue  l'Oiseau  se  distingue  de 
l'individu  aui[uel  on  vient  de  le  comparer,  et  ([ui  se  caractérise 
surtout  par  la  longueur  excessive  de  cet  organe  (1)  ». 

Ililhnilc  cf  '/''  /'/  cdlhriiiiii  (If  M.  Il'  liariiii  Ed.  de  Sidys-f.oni/rlKniips. 
«  Bec  de  forme  intermi'diaire,  ainsi  cpuî  la  queu(%  dont  les  deux 
rectrices  médianes  sont  un  peu  plus  longues  (|ue  les  autres  et 
recourliées  eu  haut.  Plumage  voisin  de  \'(inil(i  par  le  dos,  le  ventre 
elles  ailes,  mais  le  miroir  |)!us  grand,  ]ilus  brillant.  Couleui'  de  la 
tête  comme  le  lioschas,  mais  moins  verte,  ayant  au  bas  et  en  avant 
du  cou  un  (lemi-collier  blanc  ]ilus  large,  remontant  eu  s'amincis- 
sant  sui- les  côtés  vers  la  uu([ue,  cou)me  chez  !'''((//((  ;  haut  de  la 
|)oitrine  sous  le  cdllier  lappelaut  le  huxrlnis  pai'  des  ondes  lniiii 
roussàtre  il).  » 

Ilyliride  lue  sur  la  (jaivinii',  nillrrlion  dr  M.  I.<n-riii.i-,  de  Toalausc. 
«  Tète  et  cou  d'un  gris  de  Souris,  suivis  d'un  cullier  blanc  d'argent 
étroit  et  eu  forme  de  bague;  haut  de  la  poitrine  (l'un  roux  marron 
vif,  grandes  |>luun's  des  ailes  d'un  iilauc  pur.  ])etiles  et  moyennes 
couvertures  (l'un  roux  très-clair,  miroir  cdulcnr  liias  pâle,  dessus 


(I)  Dcscriplion  faite  par  M.  vaii  Wickevoort  Crommelin  ol  publiée  dans  les 
.\reliives  «les  sciences  exaeU-s  et  iialuielles  de  vnii  Haiinliaiier,  II,  p.  'i.'iO-'i.'il.  1S67. 
puis  dans  le  HiiUetin  de  la  Société  Nationale  dWccliinalalioii,  p.  781,  ISCiS. 

2)  l)isci'i|ili(in  faite  |ai'  .M.  le  liaion  de  Si'Iys-l.(inf,'elianips  et  pnlilié<'  dans  le 
linlletin  de  l'Académie  des  sciences  de  Hcli;ii|iie.  XXIll.  ■>'  |iai-lii-,  ls;i(p. 


12()  A.    SUCHETET 

(lu  dos  presque  eQacé,  sous-cuudales  violet  gris-clair,  qut'ue  blauc 
sale  ;  pieds  rouge  rose  très  pâle;  bec  gris,  vineux.  La  forme  géné- 
rale est  asez  élancée,  le  cou  est  long  et  mince  comme  celui  du 
Canard  Pilet  (1).  » 

Hybride  tué  près  de  Neirnisllf-on-Tync,  collection  de  M.  John 
Ilandculk  :  k  La  forme  et  la  couleur  sont  plutôt  celles  de  l'.l.  ncula 
([lie  celles  de  IM.  boschas.  Par  son  bec  et  sa  tèle  il  a  plus  de  rapport 
avec  VA.  acula  qu'avec  r.4.  Iiosrhas. 

»  Tête  et  cou  bruns,  derrière  du  cou  Ijrun  et  vert  luisant,  pres(iu(' 
tout  à  [ail  comme  le  cou  de  VA.  boschas.  Il  présente  deux  stries 
blanches,  une  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane  postérieure,  qui 
font  voir  le  collier  blanc  s'éteudant  presque  jusque  sur  le  derrière 
delà  tète.  Dos  comme  celui  de  l'.i.  hoschas,  poitrine  et  abdomen, 
couvertures  et  rémiges,  sous-caudales  noires,  la  partie  blanche 
autour  de  l'anus,  sont  comme  chez  l'.t.  acutn.  Les  deux  plumes  de 
la  partie  supérieure  de  la  queue  sont  recourbées  en  haut,  cependant 
pas  autant  que  chez  l'A.  bosclias  (2).  » 

Nous  ne  pouvons  donner  la  description  de  l'exemplaire  ayant 
appartenu  i\  M.  Reid,  de  Doncaster,  le  Magazine  of  natural  History 
n'ayant  rien  publié  à  ce  sujet.  Les  renseignements  donnés  par  Sir 
Payne-Gallway  sur  l'exemplaire  ajipartenant  à  AL  Law,  de  Goughal, 
sont  très  incomplets.  Le  rév.  Macpherson,  de  Carlishe,  ne  nous  a 
non  plus  fourni  d'indications  sur  l'hybride  rajiporté  de  Palestine 
par  M.  Carron  Tristram,  de  Durham,  hybrjde  qui  fut  tué  dans  le 
«  Holy  laud  »  par  un  habitant  du  pays  (3).  Quant  aux  deux  sujets 
dont  a  parlé  M.  de  Rettner,  nous  avons  vu  qu'on  ne  savait  ce  qu'ils 
étaient  devenus.  EnOn  les  deux  exemplaires  tués  sur  la  rivière  Avon, 
Ghristchurch,  par  M.  Grantly  V.  Berkeley,  ayant  été  vendus, 
M.  Ed.  Hart  peut  seulement  se  rappeler  que  le  mâle  avait  la  tèle 
grise  du  bosrhas  et  le  collier  blanc,  mais  s'étendant  derrière  le  cou 
jusqu'à  la  tète;  le  reste  du  plumage  ressemblait  au  boscluis,  le  cou 
était  plus  long;  certaines  plumes  de  la  queue  ressemblaient  comme 
forme  à  Vacula.  La  femelle  avait  le  cou  plus  loug  que  celui  do  la 
femelle  A.  bosehas  ainsi  que  les  deux  plumes  centrales,  elle  ressem- 
blait à  cette  dernière. 

fl)  Catalogue  raisonné  ile.t  Oi.teau.v  obsevfés  dans  les  Pyre'nées  françaises  cl 
les  régions  limitrophes.  Toulouse  et  Paris,  lS7:î-187;). 

(2)  Description  faite  pour  nous  par  M.  le  D'  Embleton,  de  Newcasllc 

En  parlant  de  cet  Oiseau,  le  .Magazine  o!  natural  history  avait  dit  seulement  ([ue 
son  plumage  tenait  du  mâle  de  la  première  espèce  (le  Wild  Duck)  et  de  la  femelle  de 
la  seconde  (le  Pintal). 

(3)  Peut-être  cet  auteur  diinuelil  le  signalement  de  cet  Oiseau  dans  son  ouvrage 
de  la  faune  de  la  Palestine. 


OISEAUX    IIVBRIDKS    KENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAL'VACK  I  Ji" 

A.NAS    HOSCHAS    el    Ol'ERQLEUULA    CUKUCA 

Si  l'on  en  cToit  sir  AHrt'd  Newloii,  l'AimsIiimanihild  de  Keysorling 
et  de  Bkisius,  l'.l/irt.v  (jlocildus  de  Giiieliu  (mais  point  celui  de 
Pallas),  desceudeut  du  Canard  sauvage  (.1.  bosclias  Liuué)  et  de 
la  Sarcelle  {Ijiifiqiii-dnlii  nrrni,  Stoph.i.  Le  professeur  Newton  est 
arrivé  à  cette  couclusiou,  non  seulenicnl  à  la  suite  (rohservalions 
répétées  sur  des  spécimens  décrits  par  Vigors(l  ).  qui  soni  uiaiiite- 
uant  au  Rritish  Muséum,  mais  aussi  parce  ([u'il  a  vu  |)lusieurs 
oiseaux  de  celle  sorte  dans  dilTéreutes  collections  (2).  M.  Tiiomes  et 
M.  Bartlett  (.'J)  avaient  déjà  émis  celte  oi)iuion  (i).  L'avis  du 
professeur  Newton  est  encore  celui  de  M.  van  Wickevoort  (Ironi- 
nielin  (3).  Mais  d'autres  naturalistes  ne  partagent  point  cetle 
manière  de  voir.  M.  de  Selys-Longcliamps,  entre  antres,  pense 
que  r.l.  Iiliiiiicidald  et  l'.l.  ijIhcHuks  viennent  du  croisement  de 
IM.  pcneliipr  et  l'.l.  boschas.  M.  Cirantley  F.  Berkely  i^st  de  cetle 
opinion  (6|,  ainsi  que  le  prince  Bonaparte  (7),  Degland  et  Gerbe 
disent  f|ue  la  chose  est  probable  (8),  il  n'y  a  même  aucun  doute 
d'après  M.  .lolin  llandcock  ('.)). 

Trois  exemplaires  décrits  par  MM.  van  Wickevoort  Crommelin, 
van  Bemmclen  et  Scvertzow  ne  paraissent  pas  avoir  été  critiqués; 
nous  donnerons  la  description  de  ces  Oiseaux,  ainsi  que  celle  de  trois 
autres  que  le  Rev.  .Macpberson,  de  Garlisle,  nous  aindiqués. 

Ces  six  exemplaires,  tués  ou  capturés  récemment,  sont  tons  du 
sexe  mâle. 

Le  premier  capturé,  en  Hollande  |)endant  l'année  18(Ji,  se  trouve 
dans  la  coliei'tion  de  M.  van  Wickevoort  Crommelin,  à  Harlem  ;  le 
deuxième,  abattu  près  de  Leyde,  est  conservé  dans  les  galeries  du 
Muséum  national  des  Pays-Bas;  le  troisième,  tué  en  1883  dans  le 
gouvernement  de  jîjiisan  (llussie),  a  été  entre  les  mains  du  feu  pro- 

(1)  Linn.  Traiis.,  XIV,  p.  'X\'.). 

iî)  Voyez  Oh  ((  hi/hriU  Piick.  l'roci'riJ.  u(.  \hr  zpdI.  Suricly  of  l.ciiuliiii,  l.sCil. 
Cl)  C.ilé  parNouliin.  innp.  oilc. 
(4)  The  zoDlogisle. 

|îi)  .Vrcliives  .XéerlanUaises  des  scieiicrs  i'.\ailcs  el  iialiin'lle>;.  nailein. 
(6)  Kield.  n»  du  Ki  mars  1861. 

(1)  Cilé  par  Olptic  (îalliard,  CoiUribiitioii.'!  ii  l<i  l-'ituiie  urinlhiilniiiiiue  ilc  l'Eu- 
rope ocridenldlr,  faseieulo  IV.  Anntiiine. 

(8)  Ontitliulogie  européenne. 

(9)  «  The  Bimaculated  Duck  of  lîewiek  ami  (iawell  is  a  hyhrid  Ix^lweeti  the 
Wigeoii  and  llie  Teal  n  llistoiy  transactions,  Norlhuniberland,  Dnrhani,  elc.  Vi, 
p.  1*!. 


128  A.    StJCHETET 

fesseur  Severtzow,  de  Moscou;  le  ciuatrième,  tu«j  en  Hollande  deux 
ans  plus  tard,  appartient  à  M.  .1.  M.  Plck  de  Nortli  Haven  (Angle- 
terre), mais  il  est  actuellement  chez  M.  Hart,  de  Christcliurch.  (|ui 
l'a  préparé.  Celui-ci  conserve  dans  son  Mns('um  le  cinquième  exem- 
plaira  qui  fut  tué  dans  les  environs  de  Foole  (Dorset)  pendant  le 
mois  de  janvier  1861.  Enfin  le  si.xième  se  trouve  chez  M.  J.  H.  Guer- 
uey  de  Keswick,Novwick,  il  a  été  acheté  par  M.  Iloreau  marché  de 
Devonport;  cet  Oiseau  avait  été  tué  dans  le  iJevonshire.  Il  a,  nous 
dit  son  propriétaire,  la  poitrine  d'un  Anas  crccca.  Les  autres  parties 
de  sou  plumage  ressemblent  Ijcaucoup  à  VA.  boschas  ^. 

Le  Rév.  Macpherson  nous  a  bien  indi(iué  un  autre  exemplaire 
trouvé  par  ses  cousins, MM. Macpherson,  dans  une  maison  de  ferme 
du  Sussex,  mais  ce  Canard,  qui  était  dans  une  caisse  avec  d'autres 
Oiseaux,  ne  portait  aucune  indication  de  son  lieu  d'origine.  L'aqua- 
relle faite  d'après  nature  par  les  cousins  du  Révérend,  aquarelle 
que  celui-ci  nous  a  obligeamment  envoyée,  ne  nous  a  point  paru 
du  reste  prouver  l'origine  hybride  de  l'Oiseau. 

L'exemplaire  de  M.  Pike  a  été  examiné  lorsqu'il  était  encore  en 
chair,  par  MM.  Macpherson  et  Hart;  tous  deux  pensent  qu'il 
provient  de  VA.  Boschas  et  de  l'.l.  orcca.  Voici,  du  reste,  les  rensei- 
gnements que  M.  Hart  a  bieu  voulu  nous  envoyer  sur  ces  deux 
hybrides  : 

Exemplaire  de  M.  Pirk  :  tète  et  cou  vert  somlire  avec  plumes  de 
couleur  châtaigne  sur  chaque  ciHé  et  au-dessus  des  yeux,  avec  des 
plumes  vertes,  une  bande  sombre  traverse  la  poitrine  comme  chez 
VA.  boschas,  mais  chaque  plume  a  une  tache  sombre;  les  lianes 
sont  tachetés,  le  ventre  brun;  les  spéculum  de  la  couleur  du  crecca; 
les  jambes  jaune  ocre  sombre. 

Exemplaire  de  M.  Hart  :  La  couleur  châtaigne  des  deux  côtés  de 
la  face  est  plus  prononcée  (jue  chez  l'exemplaire  de  M.  Pick,  le 
spéculum  est  comme  chez  le  crecca.  En  parlant  de  la  couleur  de  la 
poitrine  et  des  plumes,  M.  Hart  s'exprime  ainsi  :  «  It  lias  the  che- 
snunt  band  across  the  chest  like  boschas,  and  each  feather  spottcd 
like  crecca.  » 

Ces  deux  exemplaires  paraissent  donc  se  ressembler;  ils  ressem- 
bleraient aussi  à  l'individu  décrit  par  le  professeur  Severtzow. 
Celui-ci,  (|ui  ne  connaissait  [loint  les  descriptions  déjà  faites  de 
l'hybride  de-  1.  crccca  x  bosch(Ci  et  même  aucune  citation  de  cet 
hybride,  est  entré  dans  de  nombreux  détails  sur  la  couleur  et  la 
conformation  de  l'Oiseau,  ([ui  avait  été  tué  dans  legouvernement  de 
Rjiisan  en  avril  1883.  Après  avoir  donné  les  descriptions  de  MM. 


OISEAUX    UYBIIIDKS    UENCONinÉS    A    l/ÉTAT   SAUVAGK  129 

VMii  Wickevooit  Croinmelin  et  van  Beninielen,  nous  reproduirons 
eu  jïraude  |)artie  la  description  du  feu  professeur. 

fo  Mâle  adulte,  caiitiiréle  i.'i  mars  1868  et  adressé  à  M.  Crominelin  : 
«  Pour  la  taille,  un  peu  inférieur  au  Canard  ordinaire;  bec;  formé 
comme  celui-ci,  mais  un  peu  plus  court,  coloré  de  noir  en  dessus 
et  de  vert  foncé  sur  les  ccMés,  à  lamelles  plus  apparentes  ;  les  pieds 
pareils  à  ceux  de  la  môme  espèce.  Le  dessus  de  la  tête  est  d'un 
roux  de  rouille  pointillé  d'une  teinte  plus  foncée  et  un  peu  plus 
claire  autour  de  l'ceil  ;  au-dessous  et  derrière  cet  orjïanc  existe 
une  hande  d'un  vert  foncé  à  reflets,  qui  s'étend  jusqu'à  la  nuque; 
celle-ci  est  de  môme  couleur,  ainsi  qu'un  large  collier  qui  entoure 
tout  le  bas  du  cou  ;  point  de  collier  blanc.  Les  joues  sont  d'un  roux 
ferrugineux,  plus  foncé  à  la  fiorfje  ;  cette  couleur  couvre  toute  l'éten- 
due (j  ni  se  trouve  entre  les  deux  bandes  vertes;  elle  ne  forme  pas  deux 
faciles  distinctes,  comme  c'est  le  cas  dans  les  Canards  célèbres,  tués 
en  Angleterre  ;  il  existe  cependant  une  raie  entrecoupée,  formée  de 
ipielques  plumes  d'un  vert  foncé,  et  traversant  la  grande  tache 
rousse  de  haut  en  bas,  réunissant  ainsi  la  bande  verte  de  l'œil  au 
collier  du  bas  du  cou.  La  poitrine  est  colorée  comme  chez  VAnas 
hoschils,  mais  d'une  teinte  plus  claire  et  niari|uée  de  taches  pareilles 
à  celles  de  l'Anas  crcccd.  mais  moins  distinctes.  Les  autres  parties 
inférieures  semblables  à  celles  du  Canard  ordinaire,  mais  les 
raies  en  zigzags  des  tbmcs  moins  tines.  Le  dos,  connue  celui 
de  cette  dernière  espèce,  mais  marciué  de  zigzags  comme  chez 
la  petite  Sarcelle,  ((uoique  plus  fins.  Le  croupion  et  la  queue 
semblables  aux  mêmes  ]iarties  de  VAniis  hoi^rhiis  ;  cependant 
aucune  des  couvertures  supérieures  n'est  recourbée  en  haut  et 
les  i\e\i\  i)ennes  médianes  sont  pareilles  à  celles  de  VAnas  crecca, 
un  peu  allongées  et  pointues  comme  chez  cette  espèce.  Les  ailes  et 
les  scapnlaires  formées  comme  chez  le  Canard  ordinaire;  ces  der- 
nières ont  cependant  des  raies  en  zigzags  plus  distinctes;  couver- 
tures supérieures  d'un  giis  de  plomb  comme  chez  la  petite  Sarcelle  ; 
nue  bande  noire  sui'montant  le  mii'oir,  (pii  est  noir  comme  chez  la 
dernière  espèce,  le  beau  vert  à  reflets  étant  réduit  à  la  partie  supé- 
rieure de  (|uelques  plumes,  seulement  un  peu  de  roux,  au-dessus 
du  miroir;  une  large  bande  blanche  liorde  le  miroireu  dessous  ».(1) 

2°  Kxemplaire  conservé  au  Musée  national  des  Pays-Bas  à  Leyde; 
description  faite  par  .M.  van  Wickevoort  Croinmelin  et  M.  van  Bem- 
melen  :  «  Les  ailes,  y  compris  le  miroir,  le  dos  et  les  autres  parties 
suiiérieui'es  |iareils  ù  ceux  du  mâle  de  1'  I .  Iio^chna  ;  le  dessous  de  la 
([ueue  du  niàle  de  la  nn'me  espèce,  mais  les  couvertures  mitoyennes 

(1)  Canards  obsercés  en  lldlluniJr.  .\rcliives  néerlandaises,  \>.  XH  el  :ï!2. 


130  A.    SUCHETET 

moins  recourbées  ;'  le  dessous  île  la  queue  comme  chez  la  femelle  de 
l'A.  crecca,  cependant  pas  autant  de  taches;  le  jabot  et  le  haut  de 
la  poitrine  d'un  brun  marron,  ainsi  que  dans  le  Canard  ordinaire, 
mais  varié  de  taches  noires  en  croissants;  le  collier,  le  bas  de  la 
poitrine,  le  ventre  semblables  à  ceux  du  mâle  de  1'  1.  hoschas,  ainsi 
que  les  autres  parties  inférieures  ;  mais  sur  les  flancs  se  trouvent 
de  grandes  taches  brunâtres,  telles  qu'on  en  remarque  chez  la 
femelle  de  l'.l.  crecca  ;  le  dessus  de  la  tète  comme  dans  l'.l.  hoschas 
mâle,  le  vert  à  reflets  plus  pâles  ;  le  reste  de  la  tète  et  une 
raie  étroite  aux  deux  côtés  du  front  comme  dans  la  femelle  de  l'.l. 
crecca;  la  gorge  et  le  devant  du  cou  d'un  brun  rougeàtre  clair; 
le  bec,  mesurant  47°»™,  est  noir  à  la  base  ;  les  bords  et  une  grande 
tache  sur  le  devant  de  la  mandibule  supérieure  de  couleur  orange, 
les  pieds  jaunâtres  comme  ceux  de  l'I.  Iioschas;  taille  moyenne 
entre  celle  des  deux  espèces  citées,  mais  se  rapprochant  plus  de 
celle  du  Canard  ordinaire  (1). 

3°  Exemplaire  du  professeur  Sevei'tzow.  décrit  ]iai' ce  dernier  (2): 
«  Mandibule  supérieure  gris  bleuâtre  ;....  mandibule  inférieure, 
presque  noire  ;  la  couleur  jaunâtre  du  bec  de  l'.l.  hoschas  apparaît 
cependant  à  travers  le  gris  de  la  mandibule  supérieure  et  se 
montre  autrement  dans  les  lamelles  des  bordures...  Les  pieds  sont 
d'un  jaune  rougeàtre,  comme  chez  .1.  hoschas,  les  membranes 
digitales  sont  cependant  plus  noirâtre  foncé.  Les  plumes 
du  front  sont  brun  noir,  leurs  extrémités  sont  en  partie 
jaune  de  rouille,  en  partie  gris  jaune  blême.  Les  plumes  du 
sommet  de  la  tête  sont  aussi  brun  noir,  vers  les  sourcils,  elles 
chatoient  en  partie  sur  le  vert,  toutes  larges  à  leur  extrémité  et 
d'un  rouge  de  rouille  foncé  ;  pareillement  la  nu(jue,  les  tempes.  La 
moitié  supérieure  du  cou,  tout  le  collier  (à  la  partie  inférieure  du 
cou)  sont  d'un  vert  métallique  foncé.  La  tête  et  les  côtés  du  cou 
sont  rouge  de  rouille  comme  chez  .1.  crecca;  la  gorge  noirâtre  et 
brun  châtain,  les  plumes  sont  finement  bordées  de  rouille  blan- 
châtre  Dans  leur  ensemble  les  couleurs  de  la  tête  et  du  cou 

sont  exactement  intermédiaires  entre  les  deux  races  d'origine. 

La  partie  antérieure  du  dos,  près  du  cou,  d'un  brun  noirâtre  peu 
accentué,  avec  des  ondulations  en  travers  d'un  brun  jaune  pâle; 
en  avançant  vers  le  milieu  du  dos,  ces  ondulations  s'eflacent  peu  à 
peu  et  la  teinte  des  plumes  devient  uniforme  tout  en  conservant 
de  faibles  traces  de  ces  ondulations  qui  deviennent  alors  plus 

(1)  Tijdschrifl  vooi- de  Dierkinide,  II. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  des  Naturalistes  de  Moscou. 


OISEAUX    HYBniDES   RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAfilC  131 

ihiiit's  et  bordées  de  brun  mate  et  de  gris  jaunâtre  peu  accentué. 
Les  plumes  dès  épaules  sont  en  jjénéral  marquées  de  fines  raies 
ondulant  en  travers  qui  forment  îles  zigzai;s  variant  du  brun  noirâtre 
au  jaune  rouille,  excepté  les  plus  intérieures  vers  le  dos  (jui  sont 
brun  mat,  et  les  dernières  et  les  |)lus  longues  (|ni  sont  fjris-brnn 
<-lair  ;  toutes  ces  plumes  de  couleur  unil'ormc  son!  forlemcnl  lior- 
dées  de  jrris  jaunâtre.  Le  derrière  du  dos  est  assez  foncé,  cependant 
de  couleur  niatto  brun-noir,  s'assombrissant  pmi  à  peu  sur  le  crou- 
pion et  [)réseiitant  la  teinte  noir  velouté  des  couvertures  supé- 
rieures de  la  (jueue Les  couvertures  des  ailes  sont  gris-cendré, 

assez  clair,  tirant  un  peu  sur  le  brim;  les  petites  couvertures  de 
derrién^  sont  de  couleur  uniforme,  celles  du  devant  sont  l)ordées 
l)lus  clair,  mais  couvertes  aussi  faiblement  de  rouge  de  rouille, 
celles  du  milieu  ont  des  bordures  noir  de  velours,  quelques-unes  de 
devant  ont  des  bordures  brun-cliâtain  ;  les  grandes  pareillement 
bordées  de  noir  de  velours,  mais  iieaucoup  plus  larges,  se  rétrécissant 
sur  celles  de  devant  et  se  cbangeaut  en  brun  gris;  on  aperçoit  en 
avant  de  l'extrémité  foncée,  une  bande  transversale  assez  large,  de 
couleur  gris  blanchâtre,  mais  u\i  peu  masquée:  cette  bande  manque 
aux  grandes  couvertures  de  derrière.  Les  ([uatre  pennes  tertiaires 
de  l'aile  sont  allongées  et  pointues,  la  plus  longue  a  quatre  centi- 
mètres, elle  est  à  peine  de  trois  centimèlres  plus  courte  que 
les  plus  longues  pennes  primaires;  toutes  les  quatre  sont  gris  brun 
I)âlc,  bordées  de  gris  jaunâtre  très  clair  ;  les  secondaires  diminuent 
dans  leur  longueur,  les  deux  dernières  sont  encore  elTilées,  elles 
sont  d'un  gris  cendré  tin  avec  larges  bordures  noir  velouté;  vers 
l'intérieur  cette  couleur  se  change  peu  à  peu  en  gris.  Les  six 
pennes  du  milieu  sont  d'un  magiiili(|ue  vert  d'émeraude,  se  termi- 
nant au  tiers  jiar  du  noir  de  velours;  toutes  ont  leurs  barbes  inté- 
rieures gris  foncé,  tirant  un  pini  sur  le  brunâtre.  Cette  couleur  des 
pennes  secondaires,  s'accordani  avec  les  extrémités  noires  des 
grandes  couvertures,  forme  de  tous  côtés  un  niiroii'  bordé  de  noir 
de  velours  dont  la  couleur  est  entièrement  vert  métallique,  bril- 
lant aussi  bien  dans  l'ombre  que  dans  la  lumière,  comun'  cela 
arrive  chez  le  créera:  mais  lors([u'on  place  l'Oiseau  dans  une 
lumière  passagère,  cette  couleur  verte  se  change  en  un  violet  métal- 
li(]ue  comme  chezl'.l.  hoschas;  sans  lumière  le  miroir  se  montre 
en  partie  vert,  en  partie  violet.  Quant  aux  pennes  primaires,  elles 
sont,  comme  chez  presque  tous  les  Canards,  gris  d'oie  bordées  de 
gris  |ilus  clair.  En  ce  qui  concerne  les  rectrices,  les  (]uatre 
nu'dianes  sont  gris  d'oie,  avec  bordures  gris  jaunâtre  ;  les  autres 


132  A.    SUCHETKT 

gris  chtir,  bordées  laryeiiienl  de  Ijlanc  jaiiuàtre.  Près  du  corps,  les 
couvertures  inférieures  des  ailes  sont  blanches,  à  leur  base  elles 
sont  gris  brun  clair Les  plumes  du  jabot  sont  pour  la  plu- 
part d'un  rouge  de  rouille,  toutes  sont  bordées  assez  largement  en 
travers  de  brun  noir....  Sur  la  partie  antérieure  du  lliorax,  prèsdu 
jabot,  toutes  les  plumes  portent  des  taches  ovales  ou  demi-rondes 
de  couleur  foncée  et  des  bordures  entières  n'ayant  d'interruption 
iiu'à  la  naissance  des  plumes.  La  couleur  du  fond  est  ici  pâle 
rouille  jaunâtre,  le  dessin  est  mat  brun  noirâtre,  puis  la  couleur 
du  fond,  aussi  bien  que  le  dessin,  deviennent  peu  à  peu  coname 
ceu.x  de  la  partie  postérieui'e  de  la  poitrine,  où  la  liorduie  foncée 
est  remplacée  ])ar  des  ondulations  plus  fortes  vers  le  devant  et  plus 
fines  vers  le  ventre,  et  où  la  couleur  claire  se  change  en  lilanr 


Les  plumes  du  ventre  sont,  à  mi-partie  de  la  racine,  d'un  blanc  pur  : 
l'autre  moitié,  qui  se  dirige  vers  l'extrémité,  est  [dus  grisâtre  et 
ondulée  transversalement  d'un  gris  foncé  fin  et  bordée  largement  de 
blanc. .  .Les  couvertures  inférieures  de  la  ijueue  entièrement  noires 
de  velours  comme  les  su])érieures.  Sur  toutes  les  parties  du  corps 
une  couleur  assez  intermédiaire  entre  les  deux  espèces  mères.  Les 
bandes  transversales  du  jaliot,  étrangères  à  ces  dernières  et  changées 
par  l'influence  de  l'I .  boacluts,  se  rapprochent  aisément  des  marques 
typiques  du  jabot  de  VA.  crecca.  Les  nombreuses  petites  plumes 
variées  (brun  blanchâtre  avec  taches  noirâtres)  du  devant  de  la  tète 
qui  entourent  la  racine  du  bec,  et  les  quelques  plumes  des  couver- 
tures supérieures  de  la  ([ueue  qui  sont  bordées  de  couleur  claire, 
indiquent  que  cet  hybride  a  revêtu  l'habit  de  noces. 

Le  professeur  Severtzow  fait  savoir  que  l'Oiseau,  dont  on  vient  de 
donner  la  description  en  grande  partie,  fut  acheté  peu  de  temps 
après  sa  mort,  sur  le  marché  à  gibier  de  Moscou,  le  lo  (27)  avril, 
par  un  habile  préparateur  qui  prit  soin  d'examiner  les  testicules  ; 
il  les  trouva  aussi  bien  conformés  et  aussi  forts  que  le  sont  ceux  de 
r.t.  boschiis  à  l'époque  du  printemps.  Le  professeur  pense  que  ce 
développement  complet  des  parties  génitales  prouve  i|ue  cet  hybride 
était  capable  de  se  reproduire  et  (|ue  déjà  il  avait  dû  s'accouider? 
Nous  croyons  qu'il  n'eu  est  rien.  Nous  avons  examiné,  avec  M.  le 
B^  Camille  Dareste,  des  testicules  d'hybrides  de  Colombiilés.  Ces 
testicules  étaient  parfaitement  normaux,  les  hybrides  n'avaient 
jamais  pu  cependant  se  reproduire,  même  avec  les  femelles  des 
deux  espèces  pures  auxquelles  ils  devaient  leur  naissance.  Ajoutons 
que  les  testicules  d'un  des  deux  hybrides  contenaient  des  sperma- 
tozoïdes entiers  et  sdns  liéjhvination. 


OISEAUX    IIVIllUI)i;S    IIKNCONTRKS    A    LÉTAT   SAUVAGE  133 

M.  Severtzow  lit  riicquisitiini  de  lliyliriili'  .1.  rrccnt  x  l-  /'"•'>■''/'«■''' 
sculcinciit  au  mois  de  iiiiii,  alors  (|uc  l'Oiseau  était  di'jà  mis  en  jieau; 
lieureusenicut  sa  longueur  et  sa  largeur  avaient  été  mesurées  lors- 
(|u'il  était  encore  en  chair.  Ces  mesures  cii  i)ouces  anglais  sont  les 
suivantes  ;  «  Longueur  totale  (pointe  du  hec  jusqu'à  l'extrémité  de 
la  (|U('ue)  23'  2  =  Ij'.h"^  ;  ailes,  mesurées  de  la  courbure  à  la  pointe 
11"  G  =  29<^'n,;j,  largeur  38"  =  Qô^^/t;  queue  4'  îi;  tarse,  1"  8  ; 
(ioiiit  médian,  i";  sommet  du  hec,  2."  1. 

Le  professeur  pense  que  ces  mesures  peuvent  indiquer  le  sens 
de  deux  facteurs,  soit  .1.  rmnt  cT  et  .1.  Iioschas  Ç,  parce  que, 
ajoute-t-il,  l'ceuf  de  l'A.  hdxchns  $  est  seul  capable  de  jtroduire 
nu  hybride  aussi  grand,  l'ieuf  de  l'.l.  crccca,  i)eaucoup  plus  petit. 
ne  saurait  le  faire. 

Cette  opinion  ne  nous  paraît  pas  jnsti(ié(>.  Ne  voyons-nous  pas 
tous  les  jours  des  animaux  $  de  petite  taille  donner  le  jour  à  des 
produits  de  grande  taille  ? 

Sans  antres  indications  ([ue  celles  dévelopj)ées  par  le  feu  profes- 
seur, le  sens  des  deux  facteurs  dans  cette  production  hybride  ne 
nous  paraît  jioint  pouvoir  être  déterminé. 

.M.  van  Wickevoorl  Ciominelin  nous  fait  remar([uer  f|ue  si  l'on 
com|)are  la  description  donnée  par  le  professeur  Severtzow  avec 
celle  faite  par  lui  de  l'hybride  qu'il  possède  et  qui  paraît  provenir 
des  mêmes  espèces,  on  s'aperçoit  (|ue  les  deux  spécimens  difTérent 
l'un  de  l'autre,  tout  en  présentant  des  ressemblances  entre  eux. 
Kn  effet  la  coloration  de  la  tète,  du  cou,  du  dos,  de  la  queue,  des 
ailes  et  des  parties  inférieures  se  ressemblent  beaucoup  dans  les 
tieux  individus  ;  cependant  le  miroir  du  sjiécimen  de  M.  van 
Wichevoort  Grommidin  est  bordé  en  dessous  d'une  bande  blanche 
qui  manque  chez  celui  de  M.  Severtzow,  et  les  raies  blanches 
jiropres  au  mâle  de  1'  I.  necca,  et  ([ui  se  trouvent  également  aux 
c(Més  du  cou  de  l'hybride  de  M. Severtzow,  mantjuent  totalement  chez 
celui  lie  M.  Crommelin,  cet  exemplairi^  a  le  bec  et  les  pieds  jnesque 
pareils  à  ceux  de  l'.l.  boscluts,  taudis  que  ces  mêmes  parties  de 
l'Oiseau  de  M.  Severtzow  ressemblent  surtout  à  celles  de  l'.l.  crccca. 

Dans  ses  Addilions  â  la  liccapilulalioir  des  Itijbiidca  observés  chez 
les  Anatidés  (l),  M.  de  Selys  Longchamps  avait  mentionné  au  titre 
Anus  biischas  x  A nas  crccca,  un  sujet  également  de  sexe  mâle, 
conservé  au  Muséum  de  Paris.  11  en  avait  donné  la  description, 
sans  indiquer  si  cet  individu  avait  été  tué  à  l'état  sauvage. 

Il  nous  est  impossible  d'indiquer  sa  provenance,  car,  nous  écrit 

(\)  lUillcliii  ili'  l'AiMiliiiiie  des  Sciences  de  nnixcllcs,  XXIII.  2*  partie.  \><'Mt. 


134  A.   SUCHETET 

M.  Oiistalet,  «  cet  liybiide  a  clù  être  réformé,  il  y  a  plus  de  viugt- 
cinq  ans,  avant  que  M.  Milue-Edwards  ait  fait  dresser  le  catalogue 
rnétjiodique  de  la  galerie,  ou  bien  il  a  été  signalé  par  erreur  par 
M.  de  Selys-Longclianips,  car  il  n'en  existe  aucune  mention  sur 
les  registres  du  Muséum  ». 


'^S' 


Anas  boschas  et  Chaulelasmus  streperus  (Il 

Nous  avons  lu  dans  une  brochure  écrite  jiar  M.  le  comte  Arrigoni 
degli  Oddi  qu'il  existait  dans  la  collection  du  comte  Niuni  à  Venise 
un  liybride  d'An((s  hoschas  et  de  Chaulelasmus  streperus.  M.  Oddi 
remarque  que  c'est  un  très  bel  Oiseau  qui  fut  tué  dans  l'estuaire  de 
Venise  au  mois  de  mai  (2). 

Dafila  acuta  et  Querquedula  crecca. 

Deux  individus  cf  et  $  que  l'on  suppose  provenir  de  ce  croise- 
ment sont  conservés  dans  la  collection  de  M.  van  Wickevoort  Crom- 
nielin  à  Harlem;  un  troisième  du  sexe  Ç  se  voit  dans  la  collection 
de  M.  le  comte  degli  Oddi  à  Padoue  (â). 

C'est  M.  A.  A.  van  Bemmelen,  directeur  du  Jardin  zoologique  de 
Rotterdam,  qui  fit  don  à  M.  Crommelin  du  premier  individu.  Cet 
Oiseau,  ajjrès  avoir  été  pris  vivant  dans  une  cauardière  en  Hollande, 
le  25  février  1868,  vécut  pendant  près  de  trois  ans  dans  l'établisse- 
ment zoologique  de  Rotterdam  et  mourut  le  26  décembre  1870  (3). 

M.  A.  A.  van  Bemmelen  l'inscrivit  tout  d'abord  dans  son  premier 
Annuaire  (4)  comme  hybride  d'.l.  acuta  et  de  Querquedula  eircia, 
erreur,  paraît-il,  qui  fut  corrigée  dans  le  second  volume  (5)  où  on 
lui  altriliue  l'origine  ,1.  arut((XQuer(juedula  crecca.  Cette  manière  de 
voir  a  jmru  à  M.  van  Wickevoort  Crommelin  la  plus  rationnelle 
puisque  ce  sont,  dit-il,  les  deux  espèces  auxquelles  l'Oiseau  semble 
le  plusse  rapprocher;  on  ne  saurait  cependant,  ajoute-il,  l'iden- 
tifier à  aucune  des  deux,  ni  le  rapporter  à  aucune  autre  espèce 
connue. 

(1)  Autres  noms  :  Cluiiilioilus  sirepera,  Querquedula  slreperu,  Klinorliynclius 
slreiieru. 

(2)  Nota  aopra  uno  ibrido  artificialc,  p.  O.  Rovigo,  1885. 

(3)  Voyez  pour  ces  renseij^ncments  et  les  suivants  :  J.  P.  van  Wickevoort-Crom- 
melin,  Note  sur  quelques  Canards  oliservés  en  Bollande.  .\rcbives  néerlandaises, 
p.  134  et  13:;,  1872. 

(4)  Jaarb.  Uott.  Dierg.,  I,  p.  l.'io, 

(5)  Jaarb.  Roll.  Dierg.,  11,  p.  97. 


OISEAUX    HYBRIDES    HENCONTIlÉS    A    I.'kTAT    SAUVAnE  ^^") 

«  Ce  (^aiiiird  est  pour  la  taille,  les  formes  générales,  le  bec  et  les 
])ie(ls,  iiiterméiliaire  entre  le  Pilel  et  la  petite  Sarcelle;  cependant 
il  se  ra])pr()clie  plus  de  cette  dernière.  Le  dessus  de  la  tête  est  brun 
foncé,  varié  de  petites  taches  noires  connue  chez  l'.l/u/.s-  acutd  ;  les 
côtés  de  la  tête,  les  joues,  la  nuque  et  le  cou  sont  colorés  comme 
chez  r.l«((s  créera;  toutefois  il  n'existe  pas  de  raies  blanches  lon- 
geant la  bande  verte  ;  le  rouj^e  des  joues  est  d'une  teinte  plus  claire 
et  traversée  ]iar  une  raie  noirâtre.  La  poitrine  est  pareille  à  celle 
de  la  petite  Sarcelle,  mais  les  taches  sont  moins  nombreuses  et 
moins  apparentes.  Les  lianes  ressemblent  à  ceux  du  Pilet,  cepen- 
dant les  zigzags  sont  moins  lins.  Les  sous-caudales  et  les  rectrices 
sont  pareilles  à  celles  de  cette  dernière  espèce,  néanmoins  les  deux 
pennes  médianes  seiisiblemcnl  pins  courtes;  les  couvertures  du 
dessus  de  la  (pieue  sont  nuancées  comme  chez  le  Pilet,  mais  elles 
<mt  des  bordures  claires  comme  celles  de  la  petite  Sarcelle.  Le  dos 
et  le  croiipiou  sont  pareils  à  ceux  de  1'  I/kî.s-  (icida.  les  plus  longues 
scapulaires  sont  formées  comme  chez  cette  espèce,  mais  colorées  de 
gris-brun  bordé  d'une  nuance  plus  claire.  Les  ailes,  y  compris  le 
miroir,  ressenddent  à  celle  de  VAnas  ererra,  mais  la  bande  blanche 
en-dessous  de  cette  dernière  partie  est  aussi  large  que  chez  ri«(/.v 
ucnlii  II).  » 

La  femelle  (|ni  a  été  tuée  le  2  octobre  1888,  et  (pie  M.  van  Wicke- 
voort  Crommelin  considère  également  comme  provenant  de 
r.t.  acutn  et  de  VA.  crecca,  a  été  décrite  par  lui  dans  une  lettre 
adressée  à  M.  Paul  Leverkùhn.  M.  Crommelin  a  bien  voulu  nous 
envoyer  une  copie  de  cette  description  :  «  En  ce  (pii  concerne  le 
plumage  et  les  couleurs,  la  longueur  du  cou,  ainsi  que  la  forme  de 
la  queue  et  du  bec,  elle  ressemble  presque  entièrement  à  la  femelle 
de  Va.  (tenta,  cependant  elle  est  d'un  tiers  |)lus  petite;  les  ailes  sont 
plus  courtes  que  celles  de  l'hybride  mâle  provenant  de  l'.l.  cicula 
et  de  l'.l.  ereeca  décrit  dans  les  Archives  néerlandaises  (2),  mais 
]dns  longues  que  celles  de  l'.l.  crecca  ;  on  peut  dire  la  même  chose 
de  la  longueur  du  bec,  qui,  pour  la  forme  et  la  couleur,  ressemble 
à  cidui  de  l'.l.  «(■»(«  ;  tandis  (jue  le  bec  du  mâle  déjà  décrit  se 
rapproche  davantage  de  celui  de  l'.l.  crecca.  La  coloration  du 
dessous  de  la  tête  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la  môme 
partie  de  l'.l.  crecca,  tandis  que  le  miroir  est  en  tout  semblable  à 
celui  de  l'.l.  acala.  Il  est  surtout  intéressant  de  remarquer  que  les 
pieds  et  les  doigts  qui,  quant  à  la  couleur,  ressemblent  à  ceux  de 

(1)  VII,  p.  134. 

(2)  Archives  néerlandaises,  VII,  p.  131  et  VMi,  1872. 


136  A.    SUCHETET 

r  I.  acutii,  sont  pareils,  ([uant  à  la  forme,  à  ceux  de  l' l.  creccu  el 
((u'ils  n'excèdent  certainement  pas  en  longueur  ceux  de  cette  der- 
nière espèce.  » 

Voici  maintenant  la  description  de  l'exemplaire  appartenant  à 
M.  le  comte  degli  Oddi  : 

«  Le  sujet  en  question  est  une  femelle  de  l'année  ;  dans  les 
scapulaires  on  y  voit  des  traits  couleur  Isabelle,  les  parties  infé- 
rieures sont  couvertes  de  taches.  La  couleur  du  fond  tire  sur  le  rouge, 
(^lle  est  plus  apparente  sur  la  tète,  sur  la  gorge,  et  elle  s'efface  sur  le 

ventre,  les  côtés  et  les  autres  endroits La  physionomie,  en 

raison  peut-être  de  la  lougueur  du  bec,  est  plutôt  celle  du  Dafila 
«cd/rt  que  celle  de  la  Qucrquedula  rrrcca.  Les  plumes  du  dos  sont 
d'un  brun  noir,  traversées  par  trois  stries  d'un  Isabelle  clair,  il 
en  est  de  même  des  scapulaires,  ici  cependant  l'isabelle  s'accuse 
plus  nettement.  Sur  le  dos  et  la  croupe  les  stries  transversales 
vont  en  se  rétrécissant.  Les  grandes  plumes  de  la  queue  sont  pres- 
que de  la  même  couleur  que  celles  de  la  Querquedula  crecca.  Les 
ailes  sont  brunes,  les  grandes  couvertures  largement  bordées  de 
couleur  noisette  claire.  Les  rémiges  secondaires  d'un  vert  émeraude 
comme  celles  de  Q.  creccu,  celles  qui  touchent  les  premières  sont  de 
couleur  noisette  claire  à  leur  extrémité,  et  celles  qui  se  trouvent  le 
plus  près  de. celles  du  corps  sont  blanches,  plus  ou  moins  teintées  de 
noisette.  Cet  Oiseau  fut  tué  en  janvier  1888,  dans  la  vallée  de  Salsa 
Morosina  (Padoue),  par  M.  Bernardo  Date.  L'Oiseau  présente  les 
particularités  suivantes  :  Bec  brunâtre,  iris  marron,  tête  et  cou  d'un 
blanc  rougeâtre  fou  roussàtre),  piqué  de  taches  foncées  plus  larges  et 
plus  rapprochées  sur, la  partie  supérieure  et  le  derrière  de  la  tète, 
moins  accusées  sur  les  côtés,  et  à  peine  apparentes  sur  la  gorge  ;  le 
dessus  du  corps  brun,  presque  noir,  avec  deux  ou  trois  stries  trans- 
versales de  couleur  Isabelle  claire  ou  blanchâtre,  plus  dessinées  sur  le 
dos  que  sur  la  croupe.  Les  couvertures  supérieures  de  la  queue  noires, 
blanches  sur  les  bords,  et  au  centre,  où  l'on  remarque  une  petite 
tache  triangulaire.  La  poitrine  d'un  lilanc  rougeâtre  avec  de  grandes 
taches  d'un  brun  noir  au  centre  des  plumes,  taches  qui  se  rappe- 
tisseut  graduellement  en  se  rapprochant  du  ventre,  où  elles  sont 
très  épaisses  sur  un  fond  blanc  sale.  Le  dessous  de  la  queue  légè- 
rement rougeâtre  avec  de  grandes  taches  presque  noires.  Les 
couvertures  des  ailes  brun-ceudré.  Les  grandes  secondaires  ont  à 
la  base  quelques  petites  taches  blanches  et  le  bout  orné  d'une  large 
bande  fauve  clair  tiiant  sur  le  noisette.  Les  rémiges  secondaires 
sont  à  l'extrémité  d'un  blanc  fauve  pour  les  plumes  extérieures, 


OISEAUX    IIYBlUniCS    RENCONTRÉS    A    l'kTAT   SAUVAOK  137 

d'iiu  bliiiic  li-yèrciiieiil  teinté  de  fauve  pour  celles  qui  suul  itrès 
(lu  corps,  noires  sur  les  barbes  extérieures  de  la  1"  2«,  3«,  4%  les 

suivantes  d'un  vert  doré ;  le  miroir,  coinposé  par  le  vert  et  le 

ru)ir,  forme  île  louj^ues  bandes  sn|)eri)Osées  séparées  sni-  le  devant, 
auprès  des  rémiges  primaires,  par  une  couleur  noisette  claire,  puis 
(le  ])lanc  légèrenn'iit  fanvc,  etenlin  par  une  bande  fauve  clair  tirant 
sur  le  uoisette.  Les  rémiges  brunes,  jilus  claires  sur  le  bord  exté- 
rieur, les  grandes  plumes  de  la  queue  brunes,  blancbes  sur  les 
bords.  Les  pattes  bleuâtres,  les  ongles  couleur  de  corne  (I).  » 

Anas  boschas  et  Anas  obscura. 

L'hybride  de  ces  deux  espèces  est  mentionné  par  Morton. 
M.  William  Gamliel  aurait  vu  un  produit  clicz  M.  J.-G.  Bell,  de  New- 
Vork  ;  ce  spécimen,  dont  h'  sexe  n'est  pas  déclaré,  a  été  tué  dans 
les  environs  de  cette  ville. 

M.  J.  IL  Seais,  assistant  an  .Muséum  de  IWcadémie  des  sciences 
(le  Salem  (2),  nous  fait  connaître  deux  Oiseaux  de  plumage  sem- 
blable conservés  dans  cette  coUection;  ces  Oiseaux  furent  capturés 
dans  une  bande  d' Idrti  ohsrnra.  On  crut  tout  d'abord  avoir  alîaire 
à  des  Oiseaux  albinos;  mais,  de  leur  petite  taille  et  de  leur  ressem- 
blance générale  à  l'Anas  boscims,  M.  J.  H.  Seais  conclut  (pi'ils  vien- 
nent de  l'A.  nlisciira  et  de  l'.l .  Iioschm. 

Des  renseignements  c[ui  nous  sont  parvenus  d'autres  c()tés,  nous 
font  croire  que  le  croisement  de  ces  deux  espèces  n'est  pas  absolu- 
nu'ut  rare  daus  l'Amérique  du  Nord.  Ainsi  M.  J.  F.  Whileaves,  du 
(ieologicdl  Survey  Departnieut,  nous  écrit  d'Ottawa,  qu'il  eu  a 
enicudu  parler;  M.  H.  Hidway,  curateur  du  Musée  ornitliologiiinc 
de  Washington,  nous  fait  aussi  savoir  que  |)lusieurs  exemplaires 
sauvages  sont  conservés  dans  cette  collection.  En  1888,  un  habile 
chasseur,  .M.  Andrew  Chichester,  envoyait  d'Amityrille,  Sulfolk 
(^0.,  à  M.  William  iJutcher,  un  très  beau  spécimeu  tué  dans  une 
bande  de  cinq  canards.  Enfin  M.  Meanly  Hardy,  de  Brewer  (Etats- 
Unis),  nous  écrit  qu'il  a  eu  entre  les  mains  deux  hybrides  prove- 
nant du  Black  duck  (3)  cl  du  Mallard  (4). 

{\)  Esli'iitlo  (li'gli  Alti  délia  Sociela  venelo  trenlina  di  Scienze  .\alurali,  XI, 
fiiscU'iilo  II. 

(2)  l'calioily  AcailiMiiy  of  Scifia-c,  Salem.  M.iss.,  U.  S.  A. 

(H)  Ànas  ohscurii. 

(t)  Aiiii.'i  bdjchas  Cc;u'nilaiil  M.  Hivwcr  ne  n  (Us  in,li(|iic  pis  la  provcicinoi-  ilc 
ci'S  oiseaux,  cl  coiiiinc  il  nous  l.ilt  coniiailiv  li-  sens  des  deux  laili'urs,  .1.  iih.icitni 

■"X-l-  bin'tian  ^.  |)ii;ii' le  |nv.n  oi-,  l'I  .1.  honcltis  çj^  X  .1.  oltscui'it  pour  li;  si-i'ond, 
nous  pouvons  suppos(.Ti|ut'  c(;sdfu.\  hybrides  sont  nés  en  capUviti;'.' 

;j 


l.'{8  A.    SUCHETET 

M.  ^\"illiHm  Ihitclier  a  douué  daus  le  journal  oruithologique 
américain  «  The  Auk  »  (1),  quelques  renseignements  dus  à  M.  F.  M. 
Cliampmaii  sur  l'Oiseau  (|iii  lui  avait  été  envoyé  par  M.  Andrew 
Chichester  (2). 

«  Cet  hybride  mâle,  dit  M.  F.  M.  Chapman,  présente  dans  tout 
son  ensemble  les  caractères  mixtes  des  deux  parents  ;  le  dessus  de 
la  tôte,  le  derrière  du  cou  et  la  nuque  (3)  sont  comme  cliez  le 
boachan  ;  les  côtés  de  la  tète,  la  gorge  et  le  cou  ressemljlent  davan- 
tage à  ceux  de  Vohscura,  mais  il  existe  comme  un  lavage  de  vert 
sur  la  tète,  le  menton  est  noirâtre.  Les  couvertures  les  plus 
petites,  les  médianes  et  les  tertiaires  sont  semblables  à  celles  du 
boschas,  taudis  que  le  spéculum  est  comme  chez  Vohscum,  avec  le 
bord  terminal  plus  blanc  ([ue  dans  le  boschns.  Les  couvertures 
supérieures  el  celles  de  dessous  ressemblent  à  celles  du  hoschas, 
la  queue  diflère  très  peu  de  celle  de  Vobscura.  L'abdomen  se 
rapproche  de  Vobscura,  mais  la  couleur  châtaigne  est  répandue 
sur  toute  la  poitrine.  » 

On  sait  que  l'hybride  de  l'J.  boschas  X  .1.  nbscura  a  été  décrit 
comme  une  espèce  distincte  sous  le  nom  de  Brewer'S  duck  (Anas 
Breireri). 

An.'VS  boschas  et  Anas  pexelope 

A  l'article  1.  hoschas  x  -t-  creccd  nous  avons  eu  l'occasion  de 
faire  remarquer  la  divergence  d'opinion  qui  existe  au  sujet  de 
plusieurs  hybrides  que  divers  ornithologistes  supposent  provenir 
de  ces  deux  espèces,  taudis  (lue  d'autres  les  regardent  comme 
\n-oamispav  A.  penclope  x  A.crccca. 

M.  Westerman,  dont  nous  avons  eu  l'occasion  de  parler  déjà 
plusieurs  fois,  nous  signale  un  Oiseau  (f  conservé  dans  le  Musée 
d'Amsterdam,  provenant  du  croisement  de  r.lH((.s  boschas  et  de 
l'Anas  penelope.  Cet  individu,  capturé  à  l'état  sauvage,  a  le  front  et 
le  sommet  de  la  tète  bruns,  avec  des  petites  marges  claires,  les 
joues  et  le  cou  jaune  d'ocre  avec  des  petites  taches  noires  et  reflets 
métalliques  ;  les  oreilles,  l'occiput  et  le  long  du  cou  sont  d'un  vert 
métallique,  la  gorge  est  noire;  entre  les  yeux  et  le  bec  supérieur 
aux  deux  côtés  une  petite  tache  jaune  blanchâtre.  Jabot  brun  pour- 
pâtre.  Poitrine  blanche,  ventre  avec  petites  bandes  transversales 
grisâtres.  Parties  supérieures  et  lianes  du  corps  avec  bandes  trans- 

(1)  The  Auk,  VI,  n»  â,  p.  133  el  13i,  avril  IS82. 

(2)  Un  cxli'ail  ili;  cet  article  nous  a  été  gracieusement  coninriniiiiié  par  M.  Liuliiier. 

(3)  «  Tlie  troat  liind-neck  and  nape  » 


OISEAUX    HYBRIDES    IlENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAUVACK  139 

viTsales  gris  blaiicluUrc.  (^ouveiiiires  des  iiilus  gris  blaiicliAlic, 
pi'tiU's  rémiges  extérieures  grises,  miroir  vert,  grandes  rémiges  gris- 
noir,  l^lurnos  di' la  ([uciK^  brnn-grisàtre  ù  miirg(!s  Idanclics,  celiiis 
(In  milien  pointues  el  un  peu  recourbées  ;  couvertures  de  la  queue 
noires  à  marges  claires.  Croupion  gris  noirâtre  avec  petites  ligues 
transversales  blanches,  l'atles  roussàtres,  palames  gris  noirâtre. 
Yeux  bruns,  Ix.'c,  l)leu  grisâtre  à  pointe  plus  foncée  (1). 

M.  Ed.  Hart,  de  Christchurch,  veut  bien  également  nous  faire 
connaître  un  autre  individu,  de  même  origine,  tué  par  Lord  Chas 
Lennot  sur  le  marais  Douglas  Laniark  (Kcosse),  le  9  décembre  1870. 
Ce  spécimen  lut  envoyé  à  M.  Ed.  llart  par  Lord  Home,  alin  d'en 
faire  l'examen.  C'est  indubilablemeul  nue  femelle,  nous  écrit 
M.  Hart,  ressemblant  |)lns  à  la  femelle  liosrliit.'<  (ju'â  la  femelle 
peneloite,  mais  le  spéculum  et  la  tête  sont  comme  chez  cette 
deruiérc  espèce  el  les  pieds  sont  gris  rougeâtre. 

.V  la  vente  d'Oiseaux  (jui  eut  lieu  le  2:2  mai  1890,  au  Covent 
Garden  de  Londres,  on  exposa  deux  hybrides  entre  le  penelope 
et  le  boschds.  Ils  étaient  inscrits  sous  les  numéros  129  et  131  du 
Catalogue.  Le  Rév.  Macpherson  a  donné  sur  eux  quelques 
renseignements  (2).  Les  Oiseaux  étaient  en  mue  lorsqu'ils  furent 
empaillés,  aussi  on  ne  peut  préciser  quelle  aurait  été  la  couleur 
déllnitive  de  leuiplnmage.Leurdos  elles  couvertures  des  ailes  révé- 
laient le\\'igeond'une  manière  sensible, mais  ils  avaientla grandeur 
et  la  tournure  du  Mallard  (A.  hoscluts). 

Nous  avons  vu  à  l'article  .1.  boschns  x  1-  ocula  que  le  Hév. 
Macplierson  croit  f[u'nne  semblable  origiue  doit  être  attribuée  à  un 
autre  coiq)le  désigné  sur  le  catalogue  comme  l'intails  hybrides. 

Nouspensons  ([u'il  s'agit  bien  ici  d'oiseaux  sauvages,  M.  Withaker, 
esq.,  nous  ayant  fait  savoir  que  tous  les  Oiseaux  hybrides  de  la 
collection  qu'il  mettait  en  vente  avaient  été  obtenus  à  l'état  sau- 
vage. Nous  n'oserions  cependant  rieu  alïirmer  sur  ce  point. 

Spatula  clypeata  (3)  et  Dafïta  aclta? 

M.  le  baron  Ed.  de  Selys-Longchamps  a  donné  (4j  la  description 
d'un  Oiseau  cf  acheté  par  lui  dans  une  collection  à  Enis,  et  pré- 
sentant des  caractères  propres  au  clypealu  et  à  Vaciita.  Mais  c'est 

(I)  Nous  pensons  (|ue  la  descripUon  qui  vk'iil  clrlic  cloiini-i'  [y.ii-  M.  Kollrr,  ihuis 
le  Joni-nnl  ilo  Zooln^io,  si-  iii|i|ii)i'li'  A  let  liybiiilc. 
(2l  l'ii'ld,  :tl  mai  IS'.M. 

Cî)  Anlirs  noms  :  Anus  dijpeala.  Anus  ruhcnf,  HlnjnclKixpis  ctypeala. 
(i)  Bullflin  de  r.Vcadéiiiii.'  des  sciences  de  Belgiipie,  X.MIl,  n"  7,  IKliG. 


140  A.    SUCHETET 

;ivec  beaucoup  de  doute  qu'il  a  présenté  cet  Oiseau  comme  uu 
liybride.  Il  se  foudo,  dit-il,  «  sur  la  circonstance  (jue,  dans  la 
collcclion  où  il  l'a  acquis,  il  était  indiqué  comme  tué  en  Alle- 
magne ;  sur  la  forme  intermédiaire  du  bec,  même  poui'  les  lamelles, 
et  sur  le  système  de  coloration,  oii  la  tète,  la  queue  et  les  pieds 
rappellent  si  bien  le  cii/peata,  alors  que  les  ailes,  le  ventre  et  les 
lianes  sont  presque  comme  chez  Vdcula.  »  Il  se  fonde  encore  «  sur 
le  motif  qu'il  n'a  vu  cet  Oiseau  dans  aucun  Musée,  bien  qu'un 
ornithologiste  illustre  pense  que  c'est  une  espèce  connue  sans 
toutefois  pouvoir  se  souvenir  du  nom.  » 

La  description  qu'il  en  a  donnée  est  la  suivante  :  «  Bec  dans  le 
genre  du  rhipcdld,  mais  moins  large.  Tète  de  même,  mais  le  dessus 
entre  les  yeux  sans  rellet  vert;  les  joues,  la  gorge  et  les  eûtes  du 
cou  blancs,  un  peu  pointillés  de  noir;  région  des  oreilles  et 
nuque  vert  foncé  ;  bas  du  cou  et  poitrine  marron  vermiculé 
de  noir;  ventre  et  lianes  comme  l'ucutd,  ainsi  que  les  ailes;  les 
scapulaires  moins  allongées  en  pointe,  ne  formant  pas  à  leur  base 
la  grande  tache  noire  de  Vdcuta;  dos,,  queue  et  croupion  comme  le 
Clypcdld,  ]iieds  jaunâtres. 

Depuis  la  savante  communication  de  M.  le  baron  Ed.  de  Selys- 
Longchamps  à  l'Académie  des  Sciences  de  Bruxelles,  nous  avons 
a|)pris  que  la  riche  collection  ornithologi(iue  de  M.  van  Wiclcevoort 
Crommelin,  à  Harlem,  renfermait  un  spécimen  cf,  pi"is  à  l'état 
sauvage  et  que  M.  Crommelin  attribue  au  même  croisement.  Cet 
oiseau  ressemble  sous  Ijeaucoup  de  rapports  à  l'hybride  décrit  par 
M.  de  Selys-Lougchamps.  M.  Paul  Leverkuhn  doit  prochainement 
donner  le  signalement  de  cet  Oiseau. 

Dafila  acuta  et  Anas  streperea 

AI.  van  Wickevoort  Crommelin  a  le  premier  décrit  l'hybride  de 
ces  deux  espèces  (1).  Uu  seul  exemplaire  mâle  paraît  du  reste  être 
connu.  Cet  Oiseau  tut  pris  dans  les  canardières  de  la  Hollande  et 
fait  aujourd'hui  partie  de  la  collection  ornithologiquede  M.  Browu, 
l)asteur  à  Rotterdam.  Ce  sujet  olïre  des  particularités  qui  ont 
autorisé  M.  van  Wickevoort  Crommelin  à  le  considérer  comme 
provenant  de  l'union  de  r.4.  acuta  et  de  l'.l .  streperea. 

Voici  la  description  de  cet  Oiseau  :  «  Taille,  formes  générales, 
ainsi  que  le  bec  et  les  pieds,  comme  chez  1'  I /(((•;  acnld;  coloration 

(1)  Archives  néerlandaises  des  Sciences  e.xacles  et  uatui-elles,  II,  p.  431  et  4o2, 
1807. 


OISEAUX    IIYnniDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE  d4t 

do  la  liHe  et  du  cou  seuiltlablc  à  celle  du  Canard  Chipeau  ;  cepen- 
dant la  teinte  foncée  au-dessus  de  la  UHe  s'avance  sur  le  front 
jusqu'à  la  hasi' du  bec,  et  le  blanc,  (|ui  forme  un  deiui  collier  au 
bas  du  cou,  s'avance  vers  le  liaut  des  deux  cotés  de  la  nuipie  comme 
chez  le  Pilel  ;  la  poitrine  est  d'un  blanc  sale,  mais  elle  est  marquée 
de  ([uelqiics  traits  noirs  (jui  m;  ra[)ii('llentque  faiblement  les  écailles 
noires  propres  à  \'\nii^  slirpi'rcu.  \entre  blanc  ;  cùlés  du  cori)S  et 
abdomen  rayés  de  noir  sur  fund  blanchâtre  ainsi  que  chez  le 
Canard  Hidi'iine:  les  raies  noires  de  la  dernière  de  ces  parties  sont 
disposées  irrr'guliérement  ou  eu  zigzai;s  comme  chez  cette  espèce, 
mais  elles  sont  beaucoup  plus  prononcées;  les  traits  noirs  des 
(lancs  se  distinj^ueut  de  ceux  du  Chipeau,  en  ce  qu'ils  sont  plus 
ré^'uliers,  et  qu'ils  forment  de  larges  bandes  alterualives  noires  et 
blanches  dont  la  série  se  prolonge  depuis  les  côtés  de  la  poitrine 
jusqu'aux  cuissi^s,  ce  qui  donne  ainsi  à  l'Oiseau  un  as|ie(t  tout  jiar- 
ticulier. 

«  Le  dos  et  les  plus  courtes  des  scapulaires  sont  colorés  comme 
chez  r.lH((.s-  si irpercii  ;  les  plus  longues  de  ces  dernières  sont  plus 
pointin>s(pie  chez  cette  espèce,  mais  elles  ne  sont  jias  allongées  et 
aussi  rétrécies  (pie  celles  du  Pilet  ;  elles  sont  cemlrées  comme  chez 
le  Chipeau,  mais  maniuées  au  centre  d'une  tai-he  noire  comme 
chez  r.l((r/.s  (icnlu  ;  les  ailes  et  la  queue  sont  pareilles  aux  mêmes 
parties  de  cette  dernière  espèce  (1).  » 

M.  van  Wickevoort  Crommelin,  n'ayant  pas  eu  l'occasion  d'étu- 
dier les  caractères  anatomi(iues  de  cet  hybride,  n'a  pu  donner 
aucun  détail  sur  la  construction  de  la  trachée. 

Carina  moschata  (2)  et  Anas  clypeata. 

M.  Oustalet  nous  fait  savoir  ipie  le  Muséum  d'Histoire  ualurelie 
de  Paris  possède  un  Canard  offrant  certains  caractères  du  Cauaid 
de  Barbarie  et  du  Canard  Souchet  ;  cet  Oiseau  a  été  tué  par 
M.  Dybowski,  à  la  fin  de  l'hiver  188G,  dans  le  parc  de  Grignou. 
M.  Oustalet  ajoute  que  c'est  peut-être  un  Canard  échappé  de  quel- 
que basse-cour"? 

Axas  Streperea  et  Anas  clypeata. 
On  conserve  dans  la  collecliim  du  Musée  du  grand  diu'  d'Olden- 

(1)  1.1'  linllclin  (le  la  Socirir  (IWcclirnahition  lie  Paris  ,i  ir|iiiMliiil  ii'llr  ilrsiTip- 
lion,  p.  TS.i,  l8Ci8. 

(2)  Autre  nom  :  Anas  nwsclKila. 


142  A.  SUCHETET 

bourg  un  liyln-ide  mâle  paraissant  provenir  de  ces  deux  espèces  (1). 
La  forme  du  corps  est  celle  de  IM.  dypetiUi,  au  moius  elle  olîre  avec 
celle  de  ce  dernier  de  grandes  ressemblances.  Le  dessus  de  la  tète 
et  le  derrière  du  cou  sont  brun  foncé  avec  du  vert  brillant,  les 
plumes  du  devant  de  la  tète  sont  bordées  de  jaune  clair  brunâtre  ; 
la  gorge  blanche  est  eu  partie  tachetée  de  brun  foncé;  ces  taches ~ 
deviennent  si  grandes  devant  le  jabot  qu'elles  forment  une  large 
bande  transversale  d'un  verdàtre  brillant.  Le  haut  de  la  poitrine 
brun  clair,  ainsi  que  le  jabot,  chaque  plume  est  bordée  largement 
de  brun  noir;  ventre  blanc;  les  flancs  rayés  et  tapissés  de  brun; 
couvertures  inférieures  de  la  (jueue  noire  ;  le  haut  du  dos  brun  ; 
chaque  plume  est  bordée  de  brun  plus  clair;  le  bas  du  dos  est  noir; 
couvertures  supérieures  de  la  queue  noires,  avec  vert  brillant; 
plumes  de  la  queue  brun  gris,  bordées  de  gris  clair;  les  ailes  gris- 
cendré  bleuâtre,  comme  chez  .1 .  di/pcaUt  ;  le  miroir  gris  cendré  dans 
sa  partie  supérieure,  vert  métallique  en  dessous,  devant  lequel 
existe  une  liande  transversale  noire,  bordée  de  blanc;  le  vol  brun 
noir,  les  pieds  comme  chez  ,1.  c-lypeata;  forme  du  bec  également 
pareille  à  ce  dernier,  mais  au  bout  encore  plus  étroite  à  la  fin. 

Cet  hybride  fut  pris  vivant  dans  le  Mecklembourg  ;  il  vécut  en 
captivité  pendant  plusieurs  années,  on  lui  donna  des  Canes  domes- 
tiques avec  lesquelles  il  s'accoupla,  néanmoins  on  ne  put  jamais 
obtenir  d'œufs  fécondés,  quoique  l'expérience  durât  pendant  trois 
années. 

M.  F.  Wiepkeu  a  eu  la  lionté  de  nous  envoyer  une  aquarelle  de 
l'Oiseau  que  son  jeune  ami,  le  peintre  Miiller-Kânifï,  de  Berlin,  a 
exécutée  avec  une  rare  habileté. 

Anas  boschas  et  Anas  clypeata. 

Nous  avons  reçu  de  M.  van  Wickevoort  Crommelin  la  descrip- 
tion d'un  Canard  hybride  tué  près  de  Rotterdam,  le  \±  février  1801, 
et  dont  les  caractères  se  rapportent  aux  deux  espèces  i)lus  haut 
nommées  (2).  M.  le  6"°  Fischer.a  fait  connaître  (3)  un  autre  exem- 
plaire tué  par  le  comte  Otto  Sorewyi,  pendant  le  mois  de  sep- 
tembre 1884.  sur  le  lacdePomagy.  M.  le  B™  von  Rittervon  Tshnsi, 
de  Schmidhofîen  (Dalmatie)  a  parlé  d'un  troisième  individu,  tué 


(1)  Communication  qui  nous  esl  adressée  par  M.  WiepUon,  dirpcteur  do  ce  Musée. 

(2)  CeUe  doscrlpliun  a  été  puljliéedansNederlandscli  Tijdsclii'ift  voordi-  Miei'l<unde, 
1,  p.  175. 

(3)  Mitih.  des  Ornith.  Ver.  Wein. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTHÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  1  i3 

;\  Frif,  cii  j^iiivicr  18So,  (]iic  M.  le  professour  Kolonibalovic, 
de  Sp;ilato,  lui  avait  donné  ;'i  examiner  (I).  Un  quatrième  spécimen 
avait  été  remarqué  quelques  années  auparavant  i)ar  le  professeur 
Kol()ml)al()vi<'(:i).  Il  en  existe  un  cinquième  dans  la  colleclion  de 
M.  Kd.  Ilart  à  Christchurcli  ;  cet  Oiseau  fut  tué  en  ISUji,  parmi  d'au- 
tres espèces  de  Canards  sauvages  (3).  Eidîn  dans  le  Zoolo}j,ist  de 
celte  année  (4),  M.  G.  B.  Corhin  de  Ringwood,  Hants,  fait  savoir 
d'aïu-ès  .M.  Mills,  de  Bislerm^  Ilouse,  Ringwood,  qu'en  1873,  un 
hybride  entre  le  Mallard  (.1.  bosclias  (^)  et  le  Slioveller  (.1.  chjpcata) 
avait  été  tué  dans  cette  contrée. 

Mais  il  faut  rcmanjuer  que  iilusleurs  de  ces  exemplaires,  ([U()i(juc 
tués  à  l'état  sauvage,  |)araissenl  iiroveuir,  d'après  les  caractères 
qu'il  révèlent,  de  Canards  domestiques.  C'est  au  moins  ce  qui  arrive 
pour  les  exemplaires  de  M.  le  baron  von  Ritter  von  Tsluisi  et  de 
M.  le  baron  Fischer. 

La  description  de  ces  différents  Canards  et  quelques  renseigne- 
ments sur  li'ur  origine  ne  manqueront  pas  de  présenter  un  certain 
intérêt. 

1°  Exemplaire  de  M.  von  Wickevoort  Cronimelin  :  «  Presque  de 
la  taille  de  l'.l.  Iiosi-Ikis,  il  en  a  aussi  les  pieds;  il  a  le  bec  de  la 
seconde  espèce,  mais  un  peu  moins  large  et  à  lamelles  plus  courtes; 
l'iris  d'un  jaune  ronssûlre;  la  tête  et  le  cou  d'un  vert  foncé  à 
reflets;  point  de  collier  ni  de  blanc  au  jabot:  plumes  du  dos  et 
scapulaires  d'un  brun  cendré  à  bordures  plus  claires  et  quelques- 
unes  portent  des  raies  en  zigzags  très  indistinctes,  mais  d'une 
teinte  plus  foncée  (pie  dans  le  Canard  sauvage;  les  plus  longues 
des  scapulaires  marquées  de  blanc  sale  à  la  pointe  ;  croupion  et 
couvertures  supérieures  de  la  queue  noirs  à  reliefs  verts;  les  deux 
plus  longuiîs  idumes  de  ces  dernières  atteignent  le  bout  de  la  cpieue 
et  se  relèvent  un  peu  vers  la  pointe  ;  jjarties  inférieures  comme 
dans  l'.l.  hoschiia ,  mais  nuancées  d'une  teinte  rousse,  (jui 
couvre  aussi  le  jabot,  cette  teinle  est  plus  claire  au  bas-ventre 
et  se  change  en  blanc  sur  les  ciHésde  cette  partie  ;  ailesà  peu  près 
comme  celles  du  Souchet,  mais  les  petites  couvertures  nuan- 
cées d'un  peu  de  brun  et  le  miroir  bordé  de  deux  étroites 
bandes  blanches  dont  l'inférieure  est  précédée  par  un  liseré  noir 

(I)  nnslaril  roii  Anas  hnschag  !..  (dowestica  et  A.  cli/peata  /,.  Zeilscliiill  fiir  dk- 
Ri'sammtc  OrniHioloijie  von  Madiirasz,  II.  p.  listel  ;)2'i.  HiKlaprsI.WI).  Collo  descrip- 
linna  Hé  reproiliiilcdans  Di-iilsrlic  .Iâ};or  Zcitun;;.  VII,  ii"  :!.  Niiidniann,  I88(>. 

(i)  Ibidom. 

(3)  roMiiimnicaliiiii  i|iii  nous  osl  failr  par  ce  dernier. 

(4)  .XIV,  p.  £i.  n"  i;i7,  janvier  IS'.Kl. 


144  A.    SUCHETET 

qui  se  trouve  entre  elle  cl  le  vert  du  miroir  ;  rectrices  et  sous-cau- 
dales pareilles  à  celles  de  l'A.  boschas.  n 

2"  Hybride  décrit  par  M.  le  baron  von  Fischer  : 

D'après  la  construction  du  bec  et  des  ailes,  l'Oiseau  paraît 
n'être  plus  un  exemplaire  jeune  ;  quekjues  plumes  vertes  sur 
la  tète  font  également  croire  que  c'est  un  mâle.  S'il  avait  été 
tué  six  semaines  plus  lard,  on  [lourrait  élre  plus  sûr  de  sa  prove- 
nance, on  ne  peut  donc  faire  que  de  simples  conjectures  sur  son 
origine. 

Plumage  brun  gris  cendré,  les  deux  premières  pennes  rémiges  de  " 
l'aile  droite  entièrement  blanches  ;  le  cou  blanc  montre  très  exacte- 
ment les  marques  du  ^  l.ôf[el-Ente{\e  Souchet).  Cette  ressemblance 
existe  encore  dans  la  forme  du  cou  et  dans  le  vert  de  la  léle.  Bec 
de  la  couleur  de  celui  du  Stock-Ente  ou  de  quelque  Canard 
de  maison  (race  de  Rouen,  Ifaus-Entcn).  Les  membranes  inler- 
digitales  tachetées  comme  le  dos  des  Salamandres  de  feu. 

Le  baron  Fischer,  ayant  eu  cet  Oiseau  entre  les  mains  pendant 
quelques  heures  seulement,  n'a  pu  examiner  d'une  façon  sufli- 
sanle  la  couleur  jaune  delà  pupille.  Il  dit  que  les  rémiges  blanches 
des  ailes  prouvent  que  le  père  était  un  Canard  domestique,  il  pense 
que  la  mère  était  sauvage;  dans  le  cas  contraire  l'hybride  aurait 
été  élevé  dans  quelque  basse-cour.  Malgré  l'opinion  de  plusieurs 
ornithologistes  ([ui  pensent  (|ue  le  Stock-Ente  n'est  pas  étranger 
dans  cette  production,  M.  Fischer  croit  que  l'Oiseau  est  bien 
l'hybride  du  Canard  douiestiqueet  du  Souchet,  attendu  que  :  1°  Il 
est  trop  petit  pour  provenir  du  croisement  du  Stock-Ente  et  du 
Ilaus-Ente,  il  a  à  peu  près  la  grosseur  du  I.olfct-Ente  ;  2°  La  forme 
est  celle  de  ce  dernier  ;  3"  La  couleur  blanche  et  la  marque  du  cou 
sont  aussi  caraclérisli(|ues  pour  le  Lôffcl-Ente  que  pour  le  Spitz- 
Ente;  4°  La  couleur  des  membranes  iuterdigilales,  au  nujius  la 
partie  colorée  en  jaune,  permet  de  distinguer  les  Canards  Stock  des 
Canards  Lo/[el;  5'^  La  manière  de  vivre  du  Ldfj'cl-Entc  se  rapproche 
considérablement  de  celle  du  Slock-Entc;  6"  Enfin,  si  on  objecte 
que  le  signe  dislinctif  du  Lii/Jel-Ente ,  c'est-à-dire  son  large  bec, 
fait  défaut  à  l'hybride  en  question,  d'un  autre  côté  il  possède  la 
marque  du  cou  et  la  couleur  des  membranes  interdigitales  de  ce 
dernier. 

A  ce  sujet  M.  van  Wickevoort  Crommelin  nous  adresse  la 
réllexion  suivante  :  «  Je  viens  de  lire  la  desciiplion  (jue  le  liaron 
Fischer  a  donnée  d'un  hybride  supposé  provenir  d'un  Canard 
domestique  et  d'une  femelle  sauvage  du  Souchet  ;  l'hybride  de  ces 


OISEAUX   HYnntDES   RENCONTRÉS   A   i/kTAT   SAl'VAGE  14b 

diMix  csiH'ces,  que  j'ai  dans  ma  collectiou,  nie  paraît  avoir  des 
caractères  plus  nianpiants  eu  faveur  de  son  oriijine  hybride  :  le 
lilauc  au  jahot,  aucpiel  on  reronnaît  farileineut  le  niàie  du  Soucliet 
et  sur  lc(iufl  .\1.  Fischer  base  surtout  son  raisounenieut,  pourrait 
bien,  selon  moi,  provenir  du  père,  vu  que  plusieurs  Canards 
domestiques,  du  moins  en  Hollande,  qui  ont  comme  lui  (luelcpics 
rémiy:es  d'uu  blauc  pur,  ont  souvent  un  grand  espace  blanc  au 
jabot.  Le  caractère  le  plus  saillant  qui  pourrait  lUre  allégué  comme 
preuve  de  l'origine  hybride  de  cet  Oiseau  me  paraît  devoir  iMre  pris 
desa  taille  et  de  son  liabitus,  (jui,  selou  M.  FisclnM',  [taraissaimt 
correspondre  entièrement  avec  ceux  du  Soucliet.  » 

Exemplaire  déciit  par  M.  le  baron  von  Ritter  von  Tsiliusi. 

L'Oiseau  n'ollre.  poTut  le-;  caractères  d'une  espèce  pure,  il 
rappelle  visiblement  l' Ina.v  hosrlms,  cependant  son  large  bec  et  ses 
marques  d'un  vert  brillant  le  rapprochent  du  rhipcnld.  Ou  y  trouve 
aussi  des  traces  (l'albinisnie,  (pii,  d'après  l'oidnion  émise  par  le 
barou  Fischer  (1)  et  par  le  baron  Sleph.  v.  Washington,  indi(|ueulla 
]irovenancc  d'un  Canard  domestique.  Le  front,  le  verlex,  le  deriière 
de  la  tète  el  du  cou,  et  une  marque  indécise  (jui  part  de  la  cavité 
buccale,  sont  d'un  noir  brun.  La  gorge,  la  tète,  les  côtés  du  cou 
dans  le  tiers  supérieur,  couleur  de  glaise  foucée,  la  première  partie 
jilus  fine,  les  deux  autres  marquées  de  noir  brun.  Un  large  collier 
blanc  entoure  la  pai-tie  inférieure  du  cou,  qui  est  coupée  par  les 
marques  noir  brun  (|ui  jiarteut  de  la  tète.  Jabot,  poitriue,  venirect 
c(Més  d'un  noir  brun,  aviîc  de  larges  bordures  ou  bandes  d'un  jaune 
de  glaise  dans  les  parties  supérieures.  Les  couvertures  inférieures 
de  la  queue  noir  brun,  bordées  couleur  de  glaise,  semées  de  bandes 
et  de  taches  irrégulières.  Le  dos,  les  épaules,  et  le  derrière  d'un 
noir  brun,  ipiekiues  plumes  seulement  sont  légèrement  tachetées 
de  jauue  glaise.  Les  ailes  brun  foncé,  à  l'exception  des  cint[  pre- 
mières pennes  primaires  qui  sont  d'un  blanc  sale,  avec  la  tige  d'un 
blanc  ])nr.  Le  miroir  vi'it  brillant,  bordé  en  dessus  et  en  dessous 
de  blanc  sale,  les  rémiges  sont  d'un  noir  bruu,  bordées  couleur  de 
glaise.  Eulin,  le  bec  en  avant  est  large  et  de  couleur  noire;  les 
membranes  interdigilales  sont  d'un  biiin  jaunâtre,  ainsi  que  les 
ongles  bru  us,  à  l'excepti<m  de  l'ongle  du  doigt  majeur,(|ui  est  noir  (2j. 

.Vjoutons,  d'après. M. Tschusi,  (|ueMM.  von  Pelzelu  et  Homeyer, qui 

(I)  MiMirilunycn  des  Oinilli.  Veicin  in  Witii,  IX,  p.  'li,  ISSi. 
(i)  llu.ttard  ro/i  Aniix  bosclias  !..  ((loiiieslicaj  et  À.  clypeala  t..  Zeitsclirift  cli'r 
esiinunlen  Oriiillioliitrio  vnn  Miidaiiisz,  II,  pp.  Vt£^.  'M'i.  Huihipesl,  lS8o. 


146  A.    SUCHETET 

out  examiné  cet  hybride,  pensent  comme  lui  que  ce  Canard  vient 
de  VA.  boschas  et  l'.l.  cli/pcnta. 

Exemplaire  appartenant  à  M.  Ed.  Hait,  de  Cliritscluirch  :  «  Res- 
senil)leaux  deux,  bec  du  cli/pcatn,  cou,  collier  blanc,  spéculum  de 
VAnas  bouchas  ;  les  couvertures  les  plus  petites  et  les  médianes  du 
dypeata,  les  flancs  sont  tachetés.  » 

En  parlant  de  l'Oiseau  tué  à  Rinjj^wood  M.  G.  B.  Corbiu  dit  seule- 
ment .•  «  Il  a  le  large  bec  du  Shoveller  (le  Souchet),  mais  la  colo- 
ration de  son  plumage  ressemble  plutôt  à  IM.  boschas. 

CAmiNA    MOSCHATA    et    AnAS    BOSCHAS 

Un  certain  nombre  d'exemplaires  auxquels  on  attribue  cette 
origine  ont  été  tués  à  l'état  sauvage,  nuiis  il  est  présumal)le  que 
plusieurs  d'entre  eux  proviennent  d'individus  échappés  de  capti- 
vité. 

Les  premiers  exemplaires  out  été  observés  sur  le  lac  de  Genève 
en  avril  1815  et  mars  1824,  ils  étaient  en  compagnie  d'espèces 
sauvages;  on  en  vit  deux  autres  sur  le  lac  de  Constance  (1)  ;  un 
cinquième  avait  été  recueilli  à  Altbeville  en  1818.  Depuis  M.  le  baron 
de  Selys-Longchamps  en  tua  un  sixième,  de  sexe  femelle,  sur  un 
étang  à  Longcbamps-sur-Geer,  en  décembre  1835  (2)  ;  M.  von  Beneden 
lui  en  lit  voir  un  autre  provenant  des  environs  de  Louvain  (3).  Un 
huitième,  tué  sur  la  côte  sud  de  Long-Island  (Etats-Unis  d'.\mé- 
rique),  fut  envoyé  par  M.  Daniel  G.  Elliot  à  la  Société  Zoologique 
de  Londres  et  exposé  dans  un  meeting  de  la  Société  tenu  le 
22  novembre  1859  (4).  En  1863  on  en  tua  un  neuvième  sur 
l'Oder,  à  Rottennunden  en  Silésie  (5),  puis  en  1873  un  dixième  sur 
le  fleuve  Chram  (neuf  milles  au-dessous  de  Tiflis)  (6);  enfin,  deux 
exemplaires  c?  sont  conservés  dans  le  Musée  national  des 
Etats-Unis  à  Washington,  plusieurs  autres  auraient  été  vus  autrefois 
sur  les  lacs  de  Lombardie  (7).  Tels  sont  au  moins  les  exemplaires 
qui  nous  sont  bien  connus  (8). 

(1)  Schinz,  Europàisehe  Fauna,  I,  p.  421,  StuU.ijarl,,  1840. 

(2|  Faune  belge  :  i"  Série,  p.  140.  Liège,  1842,  et  Bulletin  de  IWcadéiiiie  des 
Sciences  de  Bruxelles,  184!j. 

(.3)  Bulletin  de  IWcadéniie  des  Sciences  de  Bruxelles,  1845. 

(4)  Proceedings  of  tlic  zoological  Society,  p.  437,  18u9. 

(o)  Journal  fur  Ornithologie. 

(G)  Omis  cttucasictt.  p.  433.  Cassel,  1884  ;  voyez  aussi  :  Réponse  à  M.  le  prof. 
Bogdnnow.  Omis,  pp.  3  et  61,  1881). 

(7)  Voyez  Bull.  Acad.  des  Sciences  de  Bruxelles,  18to. 

(8)  11  existe  cependant  encore  au  Musée  de  Milan  (collt-ction  Tiirati)  un  hybride 
de  ce  genre  acheté  à  M.  Shilling  par  le  feu  comte.  Malheureusement  M.  le  proies- 


OISEAUX    HYBRIDES   HENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  147 

Los  deux  iireiiiiiM's  sont  consei'vùs  au  Musée  de  Lausanne  ;  M.  le 
colonel  Fieli,  à  Aaion,  possède  un  de  ceux  ([ui  furent  tués  sur  le 
lac  (le  (Constance  (1).  M.  de  Selys-Lon^cliauips  a  vu  chez  M.  Raillon 
l'individu  d"  recueilli  à  Abbeville,  il  a  examiné  au  .Musée  de  F^au- 
sanne  ceux  qui  furent  tués  sur  le  lac  de  Genève.  Ceux-ci  sont 
niAles  et  absolument  semhlahles  à  l'exemplaire  de  M.  Bâillon  (2). 
Le  dernier  a  été  décrit  par  M.  le  D''  Gustave  Kadde  dans  son 
Omis  caucasim  (3),  où  il  donne  un  dessin  colorié  représentant  l'Oi- 
seau (4).  Le  Canard  tué  sur  l'Oder,  eu  1803,  est  conservé  dans  le 
Musée  de  Breslauavec  un  autre  individu  (pii  date  de  l'année  1878, 
mais  dont  nous  n'avons  ]K)iul  parlé,  ignorant  s'il  a  été  tué  à  l'état 
sauvage. 

Descriptions 

Exemplaire  tué  en  janvier  J873  :  «  Il  surpasse  eu  grandeur  aussi 
l)ien  le  Canard  ordinaire  que  le  Canard  musqué  et  resseiniile  à  une 
petite  Oie  naine.  Les  caractères  (le  l'I.  Imi>:cIi((s  dominent  dans  toute 
la  partie  de  devant.  Le  plumage  du  dos  de  couleur  uniforme  et  la 
(jueue  cunéiforme  rappellent  l'I.  inosrhuta.  Les  plumes  recour- 
bées eu  denu-cercle,  projires  à  l'I.  boschas,  mani|ueut  chez  lui. 
Les  couvertures  ainsi  que  le  plumage  du  dos  possèdent  le  vert  bleu 
d'acier  brillant  lel  qu'on  le  voit  chez  le  moschala  à  l'âge  typique. 
La  tète  et  le  bec  sont  comme  chez  l'I.  bosclias,  le  bec  est  tepen- 
daut  plus  long  et  plus  mince:  l'onglet  a  une  bande  mince  dans  le 
haut,  à  sa  naissance,  il  estconleurde  corne,  le  reste  est  jaune,  etc.. 
La  tête  et  la  partie  supérieure  du  cou  sont  de  couleur  uniforme 

seur  Sor{|(>lli,  directeur-adjoint  au  Mus(^e,  n'a  pu  nous  dire  si  I"l)iseau  avail  éié  tué  à 
l'étal  snuvaiic;  cet  exemplaire  ne  porte  aucune  indication  sur  son  é-lat,  on  sait 
seuleiiunt  ipi'il  vient  du  Chili.  .\  titre  de  renseiitnemeut  nous  en  donnons  la 
diafinose  :  Ti'h'  d'un  hriui  fone(''  sur  le  dessus;  joues  couleur  de  rouille  avec  de 
iioinhrenses  nionclieliuis  noirâtres;  de  petites  plumes  blanches  pifs  de  la  racine 
du  liée;  un  pelil  es  lacc  nu  triangulaire,  derrii're  les  yeux  avec  pliimule  blanche  aux 
bords  ;  une  étroite  bande  nue  sur  les  yeux,  encore  bien  distiucle  inalf,'ré  la  disseclion. 
("ou  et  dessous  de  la  Ic^le  blancs;  poitrine  d'un  roui;eàtre  marron  à  taches  noires. 
Abdomen  blanc,  avec  (iiielques  plumes  latérales  brunes  derri(';re  les  jaudu's.  Dos  et 
eouvcrinres  des  ailes  bruns  ;  rémiges  et  pennes  de  la  (|uciie  lilanchcs,  couvertures 
de  la  queue  blanches,  mêlées  avec  d'autres  noirâtres.  Le  dos  a  de  légers  rcllels 
violacés,  tandis  que  les  rémiges  secondaires,  d'un  brun  foncé,  ont  des  reflets  vert 
nu''lallii|ue. 

(1)  Schinz,  np.  cit.,  p.  4*8. 

(2)  Faune  llelge,  p.  140. 
(:t)  IV  4o;i-454. 

(4)  ïab.  XXV. 


148  A.    SUCHETET 

vert  uoir,  le  coloris  n'est  pas  aussi  clair  et  vert  brillant  comme 
chez  IM.  hoschas,  mais  plus  mat  et  il  brille  tl'ua  foncé  métallique 
comme  chez  moschata;  ensuite  ou  aperçoit  une  large  zone  blanche* 
au  cou,  à  laquelle  se  rattache  le  plumage  brun  de  IM.  boscluis  <J. 
Cette  couleur  brune  se  change  de  plus  en  plus  en  gris  à  mesure 
qu'elle  s'avance  vers  le  ventre  et  plus  loin  ;  en  dessous  on  voit  une 
place  large  de  couleur  blanche  où  se  trouvent  quelques  plumes 
qui  ne  sont  pas  tout  à  tait  couvertes  par  des  ])ordures  brunes.  Plusbas 
suit  de  nouveau  une  zone  blanche  ;  les  couvertures  de  la  queue 
sont  également  blanches,  au  contraire  les  côtés  des  cuisses  et  les 
plumes  placées  sur  les  côtés  de  la  partie  postérieure  du  ventre  sont 
largement  tachetées  de  noir  et  de  blanc,  bien  plus  largement  et 
distinctement  ([uti  cela  se  |)roduit  dans  la  couleur  grise  et  noirâtre 
des  Canards  mâles  ordinaires.  Les  grandes  pennes  de  l'aile  sont 
blanches;  le  miroir  est  d'un  vert  métallique  très  accentué.  Les 
pieds  sont  plus  forts  que  chez  l'.l.  bosohas,  mais  conformés  à  la 
manière  de  ce  dernier  et  de  couleur  jaune-orange.  » 

Exemplaire  tué  en  1S63  sur  l'Oder  :  «  De  la  grosseur  de  l'.l. 
moschntn.  Le  bec,  la  tète,  la  queue  et  les  pattes  sont  en  tout  sem- 
blables à  ceux  de  l'A.  bosrixis,  mais  ils  sont  plus  grands.  Pas  de 
pouce  à  la  patte  gauche,  rieu  cependant  n'indique  que  ce  pouce  ait 
été  perdu  pendant  la  vie  de  l'animal.  Le  plumage  est  un  heureux 
mélange  des  couleurs  des  dcu.x  parents.  La  tète  et  le  cou  sont  noirs 
avec  des  marges  d'un  pourpre  chatoyant.  Le  collier  blanc  de 
r,l.  boschas  existe,  mais  il  est  uii  peu  interrompu  sur  les 
côtés  du  cou.  La  poitrine  est  brune  comme  chez  l'A.  boscluts. 
La  couleur  des  plumes  du  croupion  est  un  mélange  de  la 
couleur  de  celte  partie  chez  les  deux  mâles.  Toute  la  partie  supé- 
rieure de  l'Oiseau  est  comme  chez  le  mâle  du  moscluita,  les  ailes 
comprises,  mais  le  miroir  n'est  pas  blauc,  il  est  d'un  vert  bleuâtre 
brillant  et  la  pointe  des  plumes  est  bordée  de  blanc.  » 

Ces  deux  descriptions  ont  été  faites,  la  première  par  M.  le  D' 
Radde,  directeur  du  .Musée  d'Histoire  naturelle  de  Tillis  (1),  la 
seconde  par  M.  Tiemann,  conseivateur  du  Musée  zoologique  de 
Breslau  (2). 

Axttres  fkscriplions  données  par  M.  de  Selys-Lonijclunitps  (3)  : 
«  Mâle  :  tète  et  haut  du  cou  vert  foncé  à  reflets  violet  pourpré  en 
dessus.    Un  large  demi-collier  en  dessous.  Haut  du  <los  marron 

(1)  Omis  caucasica. 

(2)  Journal  Jiir  Ornitliologic,  p.  219, 1805 

(3)  Faune  Belge. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  149 

foucé  ;  le  iTsle  ft  les  couverUiros  des  iiiles  verl  olisciir  à  relk-ls 
pompri's;  couvertures  supérieures  de  la  (pieuc  iruii  vert  foncé 
plus  décidé  ;  la  queue  un  [)eii  cunéiforme,  vert  doré  et  [lourpré  au 
uiilien,  les  rectrices  latérales  brun  noirâtre.  Poitrine  marron 
rougeàtre,  le  centre  des  plumes  noirâtre,  la  couleur  marron  sélend 
sur  les  flancs  avec  des  bordures  blanchâtres  aux  plumes  et  de 
lines  stries  noires  veruiiculées.  Le  ccnire  du  ventre  blanc,  mêlé 
de  grisâtre;  couvertures  inférieures  de  la  queue  rousses.  Ailes 
brunes  avec  un  large  miroir  vert  doré  bordé  des  deux  côtés  par  une 
Due  raie  dorsale  et  basale  noirâtres,  l'ieds  jaune  obscur,  les  ongles 
noirâtres.  Iris  jaune. 

«  Femelle:  Elle  diffère  du  mâle  en  ce(|u'elle  n'a  pas  de  demi- 
collier  blanc,  le  cou  est  brun,  linemcut  moucheté  de  noir  et  de  gris 
en  dessous,  i)lus  foncé  eu  dessus  avec  des  reflets  vert  foncé  et  pour- 
prés ;  le  dos  est  brun  avec  le  centre  des  plumes  noirâtre  ;  les  couver- 
tures de  la  queue  et  celle-ci  sont  noirâtres  à  reflets  verts  ;  le  miroir 
des  ailes  est  d'un  vert  moins  vif  ;  les  flancs  n'ont  prescjue  pas  de 
roux  et  sont  plus  fortement  vermiculés  de  noir  et  do  blanc  sale,  le 
d(!Ssous  de  la  queue  est  blanc  saupoudré  de  uoir.  Le  bec  est  d'un 
jaune  sale  et  plus  bordé  de  noir  sur  les  cùtés  et  près  des  narines.  Les 
pieds  jaune  orange  obscur  avec  quel(|ues  taches  brunes. 

((  Taille  un  peu  plus  forte  que  cellede  l'.t.  bosclins,  nioinsgraude 
que  celles  de  ÏAnas  moschala.  » 

.\  ces  deux  descriptions  M.  le  baron  Ed.  de  Selys-Longcliamps  a 
ajouté  les  caractères  généraux  suivants  : 

«  Le  mâle  a  eu  quelque  sorte  le  bel  aspect  de  r.-l«ns  lailoinoiilcs 
de  rOcéanie.  Il  tient  du  iiwscliata  par  la  forme  et  la  dimension  dti  la 
queue,  des  ailes  et  un  peu  parcelles  du  bec  et  des  pieds,  mais  il  se 
rapproche  du  hosclia.';  par  le  port,  l'absence  de  nudité  à  la  base  du 
bec,  le  miroir  vert  jjourpré  des  ailes  souvent  bordé  de  blanc, 
l'absence  de  blanc  à  la  base  des  ailes,  la  couleur  de  la  tôte  et  du 
cou.  La  femelle  ressemble  également  â  celle  du  hosrlifis  par  ces 
mêmes  caractères.  Le  marron  domine  chez  le  mâle,  le  fulugiueux 
obscur  chez  la  femelle  (I). 

Nous  avons  fait  remarquer  eu  commençant  i|ue  plusieurs  de  ces 
hybrides,  cjuoitiue  tués  à  l'état  sauvage,  pouvaient  proveuir 
d'espèces  domestiques  échappées  de  captivité.  Le  croisement  des 
deux  es[)èces  mères  s'oiière,  eu  eflel,  sur  une  grandi'  échelle  dans 
bien  des  contrées  et  même  en  Amérique,  patrie  du  num-htiln.   Un 

(I)  Ri'capUulation  des  hybrides  observes  dans  la  famille  des  Ànulidés.  liulle- 
Uii  de  r.Vcadéiuio  des  Sciences.  Bru.\cllcs,  1845. 


150  A.    SUCHETET 

sait  que  cette  dernière  espèce  n'a  jamais  été  l)ieii  domestiquée; 
d'ai)rèsPallas(l)  et  Sclilegel  (2)  elle  serait  même  redevonue  sau- 
vage sur  les  Ijords  de  la  mer  Caspienne.  Ce  seraient  donc,  des 
mosoArtto  échappés  qui  se  mélangeraient  avec  des  A.  hoschas,  car 
comment  supposer  que  les  individus  dont  nous  avons  i)arlé  soient 
venus  de  l'Amérique  du  Sud  V 

11  est  curieux  de  remarquer  que  l'exemplaire  envoyé  par 
M.  Daniel  J.  Elliot,à  la  Société  zoologique  de  Londres.ne  diffère  pas, 
suivant  le  professeur  Newton  (3),  de  la  variété  apprivoisée  connue 
sous  le  nom  de  Canard  du  Labrador  et  vivant  précisément  en  Amé- 
rique. M.  le  D''  Radde  de  Titlis  a  aussi  émis  l'opinion  que  le  Canard 
hybride  qu'il  a  décrit  provient  d'un  Amis  boschas  jerus  et  d'une 
femelle  moscliata  échappée  de  captivité,  fait,  ajoute-t-il,  qui  arrive 
dans  le  Caucase  (4).  Et  du  reste  les  hybrides  mentionnés  peuvent  à 
la  rigueur  avoir  été  eux-mêmes  produits  en  captivité,  puis  s'être 
échappés,  ayant  hérité  du  caractère  sauvage  du  moachata.  M.  de 
Selys-Lougchamps  (5)  suppose  cependant  que  ces  Oiseaux  sont  pro- 
duits par  des  .1.  moscliata  cf  qui,  sur  les  grands  marais,  recherLdient 
des  I.  Iioscliiis  9;  peut-être  même  par  des  niosclutta  veuus  des 
bords  de  la  mer  Caspienne,  où,  nous  venons  de  le  dire,  ils  seraient, 
suivant  Pallas  et  Schlegel,  redevenus  sauvages.  M.  Ridgway  nous 
fait  remarquer  lui-même  que  les  deux  Oiseaux  conservés  au  Musée 
National  de  Washington,  quoique  tués  à  l'état  sauvage,  sont  proba- 
blement d'origine  domestique. 

Quoi(iu'il  en  soit,  la  double  origine  de  .1.  iiiosrhdta  X  A  boschas 
parait  proijable  au  moins  pour  plusieurs.  M.  Tiemaun,  eu  parlant 
de  l'exemplaire  tué  en  1863,  sur  l'Oder,  dit  même  que  sa  forme  et 
son  plumage  ne  laissent  aucun  doute  sur  son  origine  hybride.  M.  A. 
Pichler,  assistant  à  l'Iuslilnt  zoologique  de  l'Université  d'.Vgrain, 
([ui  a  eu  l'occasion  d'examiner  un  semblable  individu  produit  en 
domesticité,  dit  aussi,  que  dans  tout  l'ensemble,  l'Oiseau  décrit 
par  le  D''  Radde,  annonce  un  produit  de  VA.  boschas  et  de  l'.l.  mos- 
chata.  (6)  D'après  MM.  Degland  et  Gerbe  (7)  les  quatre  exemplaires 
décrits  par  Schinz  sous  le  nom  d'.l?i«,s  purpureo-riridis  sont  certai- 

(1)  Cité  par  M.  de  Selys-Longchamps,  Bull.  .\cad.  des  Sciences  de  Bruxelles,  1845. 

(2)  Cilé  par  Olplie-Gaillard.Cofiti'j'ftifa'oMS  ((  la  faune  ornitholngique  de  V Europe. 
Fascicule  IV,  p.  109. 

(3)  l'roceeJings  of  llu^  zoological  Society,  June  20,  1850.  On  some  hylirid.  Dueks. 

(4)  Voy.  :  R('i><insc  a  UI.  le  professeur  Botjilanow.  Omis,  p.  o,  1889. 
(."))  Bulletin  de  r.Vcacléiiiie  <les  Sciences  de  Brn.\elles,  184o. 

(())  Voy.   MiUheilungen  des  Ornilhologisclien  Vereins  in  Wien,    p.  84  à  80,  1887. 
(7)  Ornithologie  européenne,  II,  p.  471. 


OISEAIX    HYBRIDKS    RENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAL'VAGë  151 

netiieul  des  liylnidi's  de  ces  deux  espèces.  Scliiii/,  il  est  est  vr;ii, 
les  ;i  placés  dans  son  EuropiUsche  Fauna  comnn'  nicf  riiii/tiuiliiiiic, 
mais  il  reconnaît  que  heaiu'oup  de  ceux  qui  les  oui  vus  les  oui 
considtTi's  eotnuie  |iro\euaut  de  TOiseau  duuiesti(iue  et  du  Bisa- 
ineiitei  I.  mosclKitit)  (1).  Enliu  M.  de  Selys-Longehauips,  tout  en 
admettant  provisoirement  comme  esiièce  les  six  exemitlaires  qu'il 
a  examinés,  a  laissé  penser  qu'ils  pouvaient  être  des  hybrides  (i). 

Tadorna  casarka  (3)  et  Querquedula  falcata? 

A  la  réunion  du  14  janvier  1890  de  la  Société  zoologique  de  Lon- 
dres, M.  Sclater  fit  voir  un  Canard  sinfiulier(pii  lui  avait  été  envoyé 
])arM.r.li.  Liilken,  de  Copenhague.  (>et  Oiseau  avait  été  tué  en  1877, 
dans  une  localité  de  l'Asie  orientale,  au  nord  ('i)  par  un  tonc- 
liounaire  léh'giapliiste  (u) et  envoyé  sans  autre  indication.  Uegardé 
à  Cdpeidiagut'  (■(uiune  une  espèce  nouvelle  ((i),  il  a  été  considéré 
l)ar  M.  Sclater,  après  un  examen  minutieux,  comme  devant  être 
un  hybride,  produit  probablement  par  le  croisement  de  la  Tmlorma 
cttsarni  et  la  (juvrijucihila  fidratu.  M.  Sclater  l'a  décrit  comme  suit  : 
«  Le  front,  la  face,  l'espace  entre  les  yeux,  tout  le  tour  du  cou, 
blancs;  le  sommet  et  le  derrière  de  la  tête,  les  plumes  relevées  qui 
s'étendent  derrière  le  cou  et  la  ligne  sous  les  yeux,  noires,  le  dos 
gris-brunàtre,  avec  de  nombreuses  barres  transversaliis  blanches 
et  étroites  :  les  couvertures  de  l'aile  d'un  blanc  très  pur;  les  pre- 
mières noires  ;  les  secondaires  intérieures  vert  bronzé;  les  secon- 
daires extérieures  grises,  avec  une  large  tache  de  couleur  châtaigne 
brunâtre  sur  les  werbs  extérieurs,  la  queue  noire,  la  poitrine  et 
le  ventre  gris  sombre  avec  de  nombreuses  barres  blanches  trans- 
versales; le  crissum  rougeâtre  ;  les  couvertures  sui)érieures  de  la 
queue  blanches;  le  bec  brun;  les  pieds  jaunâtres;  dans  toute  sa 
longueur  l'Oiseau  a  18  pouces;  l'aile  11 '8,  la  (|ueue  4'  4,  le  tarse  2  (7).» 

Uue  ligure  coloriée  accompagne  la  description  de  M.  Sclater. 

(1)  Voy.  p.  421. 

(2)  ItiillcUn  (le  P.VeaiIéinie  royalo  dp  nruxi-Iles,  XII,  IS'i;;. 

(:ij   Aiilii's  noms  scieiilillquos  :    .l)i«.<   rutila,    Àiuis    ruhra,    Antis    ca.mrka, 
Caiitrka  rutila. 
('il  l'iés  W'IadivostDk,  N.-K.,  siiivaiil  les  l'iocepiling?. 
(ii)  M.  le  lii'ulcnant  Kr.  Iriningcr. 

(Ci)  CuiiiiiiuniL'ation  qui  nous  a  èlù  (aile  par  M.  Cli.  Liilken. 
(7)  Proceedings  ol  Ihe  zool.  Society,  14  Janvier  ISÏX). 


Ib2  A.    SUCHETET 

ÏADORNA    VULPANSEIl    (1)    et    ANAS    BOSCHAS 

D'iiprès  les  notes  de  Hele  sur  Akleburgh  (2),  on  tua,  au  mois  de 
janvier  1884,  près  de  cette  place,  deux  hylirides  jirovenant  d'un 
Canard  et  d'un  Drake  {T.  rulpampr),  mais  d'après  une  remariiue 
faite  dans  le  Field,  ces  Oiseaux  avaient  probablement  été  produits 
en  domesticité,  le  croisement  de  ces  deux  espèces  avait  en  effet  été 
obtenu  avec  succès  ta  Saxmundliam. 

Genre  Fuligula 

FULIGULA   FERINA  (3)    et    FuLIGULA   NVROCA  (4) 

Beaucoup  d'auieurs  ont  parlé  de  ce  croisement;  mais  plusieurs 
considèrent  l'Oiseau  que  l'on  su])pijse  eu  jn-ovenir  comme  une 
véritable  espèce;  un  savant  ornithologiste  a  môme  voulu  eu  faire 
nue  variété  d'âge  on  de  climat.  Voici,  du  reste,  les  principrilcs 
opinions  qui  ont  été  émises  à  ce  sujet. 

En  1847,  M.  Bartlelt  (o)  a  présenté  comme  une  nouvelle  espèce 
les  trois  exemplaires  alors  tués  en  Angleterre  et  les  a  désignés  sous 
le  nom  de  F.  ferinoides,  ou  Paget's  Pochard  (6),  parce  que,  dit-il, 
«  ils  semblent  plus  rapprochés  du  Pochard  commun  que  de  toute 
autre  espèce  (7).  En  parlant  d'un  couple  tué  en  avril  18.W  dans  les 
environs  de  Rotterdam  et  conservé  dans  la  collection  du  Jardin 
zoologique  de  cette  ville,  M.  Baedeker  s'exprime  ainsi  :  «  Ces 
Oiseaux  tiennent  le  milieu  entre  la  Fulifiula  fcriud  et  la  Fuligula 
ni/roca.  Leur  ressemblance  avec  ces  deux  dernières  pourrait  faire 
penser  qu'ils  en  proviennent,  mais  l'apparition  à  l'état  sauvage 
d'hybrides  naturels  est  tellement  rare,  qu'il  est  difliciie  de 
penser  qu'il  en  soit  ainsi,  d'autant  plus  que  ces  Oiseaux,  mâle 
et  femelle,  étaient  vraisemblablement  accouplés  (8).  »  iM.  Baedeker 

(1)  Ou  Tadorna  Belonii,   T.  familiaris,  Anas  tudorna. 

(2)  Cité  par  M.  J.-H.  Gut-rney,  juni,  in  Zoologist,  p.  Si(iO,  n»  de  juillet  I8S0 

(3)  Ou  Anas  fer  ina,  A.  Pencltipe,  À.  rufiollis,  Aijlhija  ferina,  Ayihijaerijlhro- 
cephala. 

(4)  Ou  Anas  nyroca,  A.  glaucion,  ifijroca  leucophlhalmos,  A.  africana. 
(:'))  Voy.  Proceedings  of  tlie  zoological  Society  of  London,  p.  48,  1847. 

(0)  Fuligula. 

(7)  Fagi't  à  cause  de  feu  E.  .1.  Paget,  esq.,  de  Oieat-Yai'moi:tli,  geiUleniaii  hien 
connu  comme  un  naturaliste  Ominent  et  l'un  des  auteurs  de  «  Skelch  of  Ihe. 
nalural  Hislonj  uf  Great  Yarmonth.  » 

(8)  Naumannia,  Archiv  (iir  Oi-nitliologie  von  liduard  Baldarnus,  p.  12  et  13, 
Stuttgart,  1852, 


OISEAUX    HYBUIDES    IlENCONTRÉS   A   l'ÉTAT    SAUVAGE  153 

a  (Iniuié  à  celte  soi-disant  espace  lu  uoin  de  Fuliipilu  Ihtmi'ijcri,  eu 
riiciuiieur  de  iM.  le  i)arou  de  llonieyer. 

Ces  deux  Oiseaux  furent  dans  la  suite  assimilés  par  M.  Gould  (1) 
au  Pai;ets'  Pochard. 

Le  D""  J.-B.  JauJjeit,  ([ni  iiaraîl  avoir  connu  quatre  autres  exem- 
plaires, capturés  en  France,  voit  en  eux  des  produits  iiyl)ridesi 
L'examen  attentif  des  signes  d'un  (Canard  mâle,  dont  il  donne  la 
description,  «  (ait  voir,  dit  le  docteur,  tous  les  caractères  de 
riiybride,  et  mai|j;ré  les  (pielijues  captures  que  nous  en  comptons, 
on  ne  saurait  eu  faire  une  espèce  (2).  »  Le  célèbre  professeur 
Naumann  partage  cette  manière  de  voir.  Après  avoir  parlé  d'un 
excmiilaire  de  la  Fiilltjiila  llomenfii  «  ce  n'est  pas  une  espèce, 
dit-il,  mais  un  produit  hybride  (3).  »  Cependant  le  D''  Gloger  est 
d'un  avis  tout  opposé,  parce  ([ue  F.  Iloniei/eri  «  n'est  pas 
intermédiaire  entre  les  deux  espèces,  qu'elle  n'ollre  pas  de 
ressemblances  avec  nijrom,  et  lient  beaucoup  plus  de  jcrina.  » 
C'est  probablement,  conclut-il,  une  variété  d'âge  ou  de  climat  de 
cette  dernière  espèce,  et  non  une  espèce  indépendante,  comme  le 
croit  M.  Baedeker  {\).  Mais  M.  le  H""^  de  llonieyer  n'admet  pas  cette 
manière  de  voir  ;  l'Oiseau  forme  une  véritable  espèce  {'6). 

L'ornithologiste  bii'ii  connu,  M.  Olpiie  Gaillard,  trouve  également 
inadmissible  l'assertion  du  ])'•  Gldger  (0);  une  vive  tliscussion  s'est 
engagée  à  ce  sujet  entre  lui  et  le  savant  docteur. 

M.  le  B°°  Ed.  de  Selys-Longchamps,  en  parlant  des  quatre  exem- 
plaires du  D'' .laid)erl,  de  la  Fuligule  de  llonieyer  et  d'un  jeune 
mâle,  pris  à  Liège,  eu  1832,  dit  «  qu'on  ne  peut  anirmcr  avec  certi- 
tude que  ce  Plongeur  soit  vraiment  un  hybride,  mais  que  la  chose 
est  probable  )i(7).  Le  IJ"" Henri  Blasius,  après  avoir  examiné  les  diverses 
opinions  qui  ont  été  émises  au  sujet  delà  F.  lloiifijeri,  et  après 
avoir  comparé  à  cette  dernière  nu  individu  mâle  qui  fut  présenté 
à  la  réuuion  des  ornithologistes  allemands,  réunis  à  llalberstadt, 
pense  aussi  qu'il  convient  de  conclure  à  l'hybridilé  (8). 

(1)  Ci(é  par  M.  AU.  Newton,  ia  Proceedings  of  lli«  Zool.  Society  o(  London,  18<>0. 

(2)  Revue  et  Magasin  de  Zoologie,  p.  1 18,  I8;>i. 
(M)  .loiiinal  fûi-  Oniilliologie,  Exlia-llefl.  p.  7,  1853. 

(4)  Cette  opinion  a  été  de  nouveau  expiiniée  dans  le  joiiinal  fin-  Ornilliologie,  V, 
1854,  et  p.  3:;'i,  \Kr,. 

(5)  Eiiiiyr  Horti?  iihi'r  Art.  berlauii  uiid  kliiiiatisclie  tiuxiirlliunij  Fiilifiiilii 
Bomeyeri,  in  Journal  (lir  Ornilhologie,  supplémenl  l.XVI,  1854.  Voy.  aussi  Journal 

ûi Krnilli.  p.  4:»,  IS70. 
(ti)  Naninannia,  V,  pp.  40i  et  'lOli,  Ik;;:;,  et  VII,  p.  (JG  à  70. 
(7)  hullelin  de  IWeadéiuie  des  Selenees  de  Hru.xelles,  .X.Xlll. 
(8;  L'Histoire  des  Uiseaux  île  l  Allemagne,  de  .Xaumuiiii.  XIII,  [i.  305  à  3li,  1800. 


154  A.    SUCHETET 

En  18()U,  dans  nno  iviinion  de  la  Société  zoologique  de  Londres, 
le  ])rol'esseur  Newlon  lappelle  l'exposition  faite  par  M.  Bartlett  en 
1847,  des  trois  Canards  tués  en  Angleterre,  préseutés  sous  le  nom 
de  F.  ferinoides,  et  de  l'assimilation  de  la  F.  Homeyeri  à  ce  dernier 
par  M.  Gonld.  Le  professeur  fait  aussi  mention  des  quatre  hybrides 
mâles  du  D''  Jaubert,  VAiuts  intcrmeiHa,  puis  il  fait  connaître  son 
opinion  et  déclare  que  les  F.  ferinoides  et  les  F.  Homeycrt  lui  parais- 
sent issus  du  croisement  qu'a  suggéré  M.  JauJjert,  sa  croyance  est 
confirmée,  ajoute-t-il,  par  la  parfaite  analogie  que  l'on  trouve  avec 
l'hybride  du  Nouveau-Monde.  » 

Telle  est  l'opinion  du  savant  directeur  de  la  Société  des  sciences 
naturelles  de  Rotterdam,  M.  van  Wickevoort  Crommelin,  d'une 
grande  compétence  en  cette  matière.  Si  ces  oiseaux  formaieut 
une  espèce  particulière,  dit-il,  avec  beaucoup  de  raison  (1), 
celle-ci  serait  une  espèce  anormale  car,  les  canards  proprement 
dits,  comme  les  Canards  plongeurs  appartenant  à  la  môme  espèce, 
ne  présentent  que  très  exceptionnellement  des  variétés  indivi- 
duelles dans  les  teintes  et  dans  les  formes  des  différentes  parties 
du  corps,  eu  dehors  de  celles  produites  par  l'âge  ou  les  saisons.  » 
Or,  les  divers  Milouins  supposés  hybrides,  dons  nous  venons  de 
faire  mention  «  quoique  se  ressemljlaut  sous  plusieurs  rapports, 
offrent  néanmoins  des  différences  très  remarquables,  .\insi,  à  eu 
juger  par  les  mesures  données,  le  type  du  Fm/.  llomeyeri,  aussi  bien 
que  le  sujet  cité  par  M.  de  Selys,  avait  le  bec  et  les  pieds  de  la 
longueur  de  ceux  du  Milouin  commun.  Les  mâles  décrits  par  M. 
Jaubert  auraient  le  bec  se  rapprochant  de  celui  de  cette  même 
espèce,  tandis  que  le  torse  et  les  doigts  n'excéderaient  guère 
ceux  du  Fui.  Nyrocu.  »  Enfin,  l'individu  de  la  collection  de 
M.  Crommelin  ne  surpasse  que  de  très  peu  ce  dernier  Oiseau 
par  la  longueur  du  bec  ;  les  pieds  sont  égaux.  Il  faut  noter 
aussi  que  ((  la  coloration  de  la  poitrine  et  celle  des  sous-caudales 
présentent  des  disparités  uotaliles  «  Le  mâle  décrit  par  Yar- 
rell  et  Bartlett,  ainsi  que  ceux  pris  en  Provence,  et  celui  de 
M.  van  ^Vickevoort  Crommelin,  «  ont  plus  ou  moins  de  noir 
à  la  première  de  ces  parties  »,  tandis  ([ue  cette  teinte  «  manque 
complètement  chez  les  sujets  de  MM.  Baedeker  et  Olphe  Gaillard.  » 
Cet  exemplaire,  comme  ceux  de  M.  Jaubert,  semblent  eu  outre 
avoir  plus  de  blanc  aux  sous-caudales  qu'il  ue  s'en  trouve  dans 
l'exemplaire  de  M.  van  Wickevoort  Crommelin,  ainsi  que  chez  le 

(1)  Notes  sur  quelques  Canards  observés  en  Hollande.  Archives  néerlandaises, 
III,  p.  138,  1872. 


OISEAUX    IIYBIUDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  153 

niiïlc  adiille  tué  eu  Angleterre  (le  tyi)C  de  /■'.  fcrinuidcs}  ;  celui-ci 
.aurait  le  dessous  de  la  queue  d'uu  noir  bruuàlre.  Même  le  miroir, 
celte  partie  du  plumage  la  moins  sujette  aux  variations,  observe 
encore  iM.  Croinnielin,  i)résente  chez  les  Oiseaux  en  question  des 
dilléreuces  toutes  particulières.  Chez  les  Canards  tués  eu  Angleterre, 
comme  chez  le  mâle  pris  en  Belgique  et  les  sujets  capturés  eu 
Provence,  «  le  blanc,  ainsi  ijue  les  i)andes  noirâtres,  pr(jpres  au 
/•"«/.  niirocn,  seraient  plus  ou  moins  prononcés,  tandis  que  chez 
ceux  iiris  eu  Hollande,  comme  cliez  le  niûle  tué  près  de  Lyon,  le 
miroir  présente  plus  de  gi-is-cendré.  Il  manque  à  l'exemplaire  de 
M.  van  Wickevoort  Crommelin  (1). 

A  ces  judicieuses  remarques  nous  ajouterons  qu'il  n'est  jioint 
exact  (jue  l'hyliridation  soit  nulle  chez  les  Anatidés,  comme  le 
supposait  iM.  Baedeker,  les(aits(pie  nous  venons  de  citer  lo  prouvent 
aboudamment;  les  raisons  alléguées  par  l'éminent  ornithologiste 
ne  peuvent  donc  servir  à  établir  la  thèse  ([u'il  soutient.  Quant  à 
l'opinion  émise  par  le  D'  Gloger,  à  savoir  (jue  cette  Fuligule  ne  peut 
être  déclarée  hybride  parce  qu'elle  n'ollre  pas  des  caractères  mixtes, 
déjà  nous  avons  en  l'occasion  de  remarquer  ([ue  les  hybrides  em- 
pruntent (|uelquefois  [)resqu(!  exclusivement  leurs  caractères  à  une 
seule  des  espèces  mères. 

Nous  sommes  donc  porté  ù  croire  que  les  Oiseaux  dont  nous 
avons  i)arlé  doivent  leur  origine  au  croisement  des  types  /•'.  ferina 
et  F.  niiroat:  ainsi  pensent  un  grand  nombre  de  naturalistes  que 
nous  n'avons  pu  nommer  tous. 

Voici  la  récapitulation  plus  ou  moins  complète  des  exemplaires 
qui  ont  été  pris  ou  tués  pendant  ce  siècle  : 

Collection  de  M.  J.  11.  Guerncy,  un  exemplaire,  capturé  outué  en 
Angleterre;  —  collection  de  feu  M.  Donbleday  d'Epping,  un  exem- 
lilaire|)risoii  tué  en  Angleterre;  — .Musée  du  feu  corn  te  Derby  àLiver- 
pi)ol,  un  exemplaire,  même  provenance.  Ce  sont  ces  trois  Oiseaux  (jui 
ont  fait  le  sujet  de  la  communication  adressée  par  M.  Bartiett  à  la 
Société  zoologi(ine  de  Londres.  — Collection  du  Jardin  zoologique  de 
Rotterdam,  un  mâle  et  nue  femelle  adultes,  tués  en  avril  ISuO,  et 
décrits  par  M.  Baedeker  sous  le  nom  de  Fiiliuula  llomcypri,  plus  une 
jeune  femelle(2).  —  ChezM.Olphe  Giiillnrd, un  exemplaire, celui  ([ui 
fut,  pensous-nous,  présenté  à  la  Société  ornithologique allemande. 
—  Musée  de  M.  Ed.  Hart, naturaliste  à  Christchurch  (Hauts),  deux 

(1)  Iliidrm.  |>.  i:t.s  ri    i:V.I,  IS7J. 

(2)  l'ioliiihlimciil  tiicp  i]«alri>  ans  plus  laiil.  Nmis  supposons  en  l'IIct  i|U  il  s"agit  ■ 
tlf  l'nisi'aii  minliiiimO  p.  XIV,  du  .lounial  tiir  Oinitliologie  (siipplémeiit),  l8oi. 


136  A.    SUCHETET 

exemplaires  mâles.doiituu  tué  par  celui-ci  le  12  février  1870;  lesecond 
avait  été  tué  plusieurs  années  auparavant.  Musée  d'Histoire  natu- 
relle de  Genève,  uu  sujet  trouvé  sur  le  marché  de  Montpellier.  — 
Collection  vendue  par  M.  Wliitaker,  esq.  à  Londres  (1)  eu  mai  1890, 
un  hybride,  catalogué  sous  le  n"  132  (sans  indication  d'origine). — 
Collection  de  M.  van  Wickevoort,  à  Harlem,  uu  mâle.  —  LeBritish 
Muséum,  un  ou  plusieurs  exemplaires.  —  Nous  ignorons  où  sont 
conservés  les  (juatre  exemplaires  décrits  parle  D^Jaubert,  le  Canard 
pris  vivant  en  février  1870  dans  une  canardière  de  la  Hollande  (2)  ; 
et  le  jeune  mâle  capturé  à  Liège  au  mois  d'avril  1832  (3). 

Nous  serions  donc  en  présence  de  vingt  iudividus  environ,  mais 
peut-être  dans  ce  uombre  plusieurs  font-ils  double  emploi  à  cause 
du  déplacement  probable  de  certaines  pièces  (4). 

La  description  de  ces  divers  Oiseaux  est  la  suivante  : 

Hybride  c^,  lue  le  J2  [écrier  1S70  par  M.  Ilart.  — Aussi  grand  que 
ferina.  Tête  et  poitrine  riche  châtaigne  remplaçant  la  bande  noire 
de  ferina.  Le  dos  brun  sombre,  finement  vermiculé,  avecdes  couleurs 
plus  foncées,  ventre  lavande  sombre. 

Le  second  hybride  de  M.  Ilart.  —  Plus  jeune  que  le  précédent, 
teintes  de  toutes  les  parties  du  corps  moins  accuentées,  sans  quoi  il 
lui  serait  semblable. 

Mâlepris  à  Liège  en  1832.  —  «  Il  se  rapproche  beaucoup  du  ferina  par 
lebec,la  tête,  les  yeux,  les  pieds.  Il  eu  diflère  principalement  par  la 
coloration  des  ailes  et  surtout  par  la  coloration  de  leur  m  iroir,  qui  est 
d'un  blanc  sale  terminé  de  noir  avec  une  bordure  extrême  blanche  ; 
l'intérieur  du  miroir  est  formé  par  ijuelques  plumes  d'un  noir  à  reflet 
métallique  verdàtre,  mais  moius  prononcé  que  chez  le  nyroca. 
L'Oiseau  se  rapproche  donc  du  nyroca  par  la  couleur  des  ailes  et 
de  leur  miroir,  ainsi  que  par  le  roux  de  la  tête  et  du  cou,  (jui  descend 
plus  bas  et  se  mélange  insensiblement  avec  le  brun  de  la  poitrine 
(laquelle  est  noire  chez  le  feiina).  Le  dos  est  presque  comme 
celui  de  la  Naumannia,  le  dos  est  gris,  vermiculé  de  noir  comme  le 
ferina  (.^). 

Exemplaire  trouré  sur  le  marché  de  Montpellier,  le  iô  janvier 
'IS30{{)). — Tête,  cou  et  poitrine  d'un  rougeàtre  et  brillant  comme  chez 

(!)  Au  Covcnl  garden. 

{i}  Ce  Canard  vécut  au  Jardin  Zoologiquo  do  llotterdain  depuis  le  a,*}  février  1870, 
jour  de  sa  capture,  jusqu'au  9  juin  de  la  même  année. 

(3)  Dont  tait  mention  M.  le  baron  Ed.  de  Selys-Longchamps. 

(4)  Le  n"  132  de  la  vente  Whitaker  est  peut-être  dans  ce  cas. 
(li)  De  Sclys. 

(0)  La  description  suivante  a  été  faite  sur  notre  demande  par  M.  Godcfroy  I.unel, 
conservateur  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Genève. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  lb7 

F.  nijroca,  avec  seulement  quelques  plumes  noires  éparses  sur  la 
poitrine  ;  (M-dupion  d'un  noir  mat;  queue  brune;  ailes  de  cette 
dernière  couleur  avec  quelques  reflets  pourprés.  Dos,  couvertures 
des  ailes,  flancs,  cuisses  et  alidonien  d'un  brun  roussâtre,  un  peu 
plus  clair  sur  ces  deux  dernières  parties  ;  toutes  ces  parties  sont 
rayées  de  zijïzags  fins,  nonil)reux  et  très  rapprochés  d'un  brun 
noinltre.  Milieu  du  ventr(>  d'un  blanc  pur  comme  chez  F.  fcrinn, 
miroir  de  l'aile  blanc  termine,  de  noir  comme  ctiez  F.  nyrora.  \r\s 
d'un  jaune  oran;<i'  très  clair.  Bec  d'un  bleu  noirâtre;  ony;let  noir. 
Tarses  et  doigts  d'un  cendré  bleuâtre,  comme  chez  F.  ferinn,  niem- 
liranes  noires.  Longueur  'iH  centimètres.  » 

L'examen  (jue  M.  Godefroy-Lunel  a  pu  faire,  sur  le  frais,  des 
parties  internes  de  cet  Oiseau  comparées  à  celles  de  F.  fn-ina,  lui  a 
montré  certaines  léi^^ères  modifications  résultant  sans  doute  du 
croisement  de  ces  deux  espèces. 

Uijbridp  capturé  dans  une  canardière  de.  la  Hollande,  le  23  févriei- 
ISIC).  —  «  Cet  Oiseau  a  le  bec  conformé  presque  comme  celui  du 
Fu.  ferina,  mais  guère  plus  long  ipic  celui  de  Fui.  ni/mra  et  mesu- 
rant fil  millimètres  ;  le  tarse  et  les  doigts  se  rapprochent  également 
le  iilus  (h>  ceux  de  la  seconde  espèce,  le  doigt  du  milieu  mesurant 
60  millimètres:  les  ;iiles  égalent  aussi  en  longueur  celles  du  même 
oiseau.  Le  dessus  de  la  tête  comme  chez  le  Milouin  commun  ; 
les  joues,  la  nmiue  et  le  cou  pareils  à  ceux  du  petit  Milouin 
(F.  ni/rocn),  mais  avec  moins  de  reflets  au-dessus  du  i)etit 
collier  brun,  qui  est  moins  apparent  que  chez  celui-ci  j  la  poitrine 
est  colorée  égaleini'iit  comme  celle  de  la  dernière  espèce,  mais  le 
brun  ne  s'avance  pas  aussi  loin  que  chez  celle-ci  et  se  termine 
en  noirâtre  comme  chez  le  F.  ferina.  Les  flancs,  le  ventre  et  le 
dessous  de  la  queue,  pareils  à  ceux  do  la  dernière  espèce;  cependant 
la  teinte  du  ventre  est  un  ])eu  jibis  claire,  et  le  noir  des  sous-cau- 
dales est  varié  de  blanc.  Le  dos,  le  croupion  et  le  dessus  de  la  queue 
sont  colorés,  à  peu  près  comme  chez  le  Milouin  commun  :  Les  raies 
en  zigzags  semblables  il  celles  d(!  cette  espèce,  mais  la  teinte  du  fond, 
ainsi  que  les  couvertures  supérieures  des  ailes,  tirant  plus  au  brun 
que  chez  celle-ci.  Le  miroir  est  pour  la  largeur  intermédiaire  entre 
les  miroirs  des  deux  espèces  citées;  il  est  d'un  blanc  sale,  tirant 
au  grisâtre,  mais  dépourvu  des  deux  Itandes  noires  propres  â  celui 
du  F.  tijiroea.  Les  rémiges  ne  présentent  que  très  peu  de  blanc  et 
uniquenientà  la  barbe  in  terne;  le  bord  extérieur  de  l'aile  est  très  clair, 
mais  non  pas  d'un  blanc  aussi  pur  que  chez  les  petits  Milouins  (j  )  «. 

Un  (/('.s  Irais  Oi.seau.r  tui'a  eu  .\nijlelrrre avant  ISIiJ. —  Il  diflère  de  la 

(1)  Description  do  M.  van  Wickovoort  Crummclin. 


158  A.   SUCHETET 

F.  luUgula,  espèce  à  laquelle  il  ressemble  le  plus  cependant,  par  sa 
taille  plus  petite,  sa  coloration  plus  sombre,  la  couleur  des  yeux, 
par  sou  miroir  blanc  apparent  sur  l'aile.  La  trachée  artère  est  aussi 
plus  longue  et  plus  étroite  que  chez  F.  ferina  (1). 

Mâle  en  hiver  décrit  par  Jaubert.  —  «  Longueur  totale  :  43  centi- 
mètres, longueur  du  bec,  54™™,  le  bec  se  rapproche  de  celui  du 
Milouin  par  sa  torme  générale,  par  sa  colileur,  par  l'onglet  et  par  la 
disposition  des  narines.  Iris  orangé  clair,  tête  et  cou  d'un  roux 
rougeàtre  comme  chez  le  Milouin  ;  poitrine  d'un  roux  marron 
comme  chez  le  Nyroca.  On  remarque  à  la  base  du  cou  un  petit 
collier  noir  qui  se  fond  en  avant  avec  les  teintes  de  la  poitrine  et 
va  former  en  arrière  un  espace  noirâtre  qui  limite  la  partie  supé- 
rieure du  dos. 

Région  dorsale  grise,  forte,  striée  de  brun,  flancs,  cuisses  et 
abdomen  d'un  centre  bleuâtre  striés  de  brun,  comme  le  dos,  le 
ventre  de  même  blanc  jusqu'à  la  hauteur  des  cuisses,  région  anale 
noirâtre,  couvertures  inférieures  de  la  queue  blanches.  Les  ailes 
sont  brunes  avec  un  large  miroir  blanc,  les  tarses  et  les  doigts 
bleuâtres,  les  memln-anes  noires.  » 

Les  deux  Oiseaux  appelésF  .Homeyeri. — Le  mfl/e."couleurdu  becblanc 
noirâtre  à  l'extrémité  antérieure,  bande  transversale  au  sommet  du 
bec;  prunelle  de  l'œil  de  deux  couleurs,  le  tour  de  la  ]»upille  blanc, 
le  bord  extérieur  rouge-jaune.  Au-dessous  du  bec,  une  ligne  aiguë 
large  de  3™™  (2)  avec  une  tache  ronde,  dont  les  petites  plumes  sont 
rouge  foncé.  La  tête  et  le  cou,  ainsi  que  le  bord  supérieur  du  dos, 
le  jabot  et  lé  bord  de  la  poitrine  sont  d'un  rouge  brun  avec  éclat. 
On  aperçoit  à  la  lumière,  sur  les  côtés  et  sur  le  jabot,  une  teinte 
verte  ou  violette.  Les  plumes  du  jabot  à  la  base,  sont  bordées 
de  gris  noir  (mais  ceci  ne  peut  se  voir  que  de  près).  Le 
dessus  du  dos,  le  croupion  et  la  queue  sont  brun-noir,  avec  des 
reflets  verdâtres.  La  poitrine  est  blanche  avec  des  plumes  rouge 
jaunâtre  près  du  jabot.  Les  grajules  pennes  rémiges  sont  gris-brun 
avec  un  bord  brun-foncé  et  une  bordure  inférieure.  Le  croupion  est 
blanc,  aussi  mélangé  de  gris  argenté  jusqu'au  gris  noir  et  blanc  aux 
extrémités.  Les  grandes  plumes  des  ailes  sont  d'un  vert  Ijrillant, 
mêlées  de  noir,  le  reste  gris  pointillé  de  lilauc.  La  queue  a  ipiatorze 
plumes,  celles-ci  sont  noir  gris  plus  foncées  à  la  tige  et  à  l'extré- 
mité, etc. 

Lu  [enielle  :  Les  pieds  et  le  cou  comme  ceux  du  mâle,  nuds  la  tach  e 
grise  au-dessus  du  bec  est  plus  petite  et  presque  indistincte.  Tète 
et  cou  couleur  de  rouille  avec  reflets  cuivrés  sur  lo  haut.  Le  jabot, 

(1)  Bartlelt. 

(2)  Mesure  de  la  Saxe. 


OISEAUX  HYBRIDES   HEXCONTRÉS   A   I.'ÉTAT   SAUVAGE 


lo9 


le  dos  à  la  parlio  siiiiérieure  et.  les  plumes  de  l'épiiule  hruu  fonc6, 
clia(|iie  pluim'  bordée  de  rouille,  les  plunies  des  épaules  en  partie 
])oiutillées  avec  des  ondulations  iulerronipues.  La  poitrine  et  le 
ventre  jusqu'à  l'auus  sont  couleur  de  rouille  foncé.  Le  ventre  est 
prcsipii'  hruii.  Les  plumes  des  i-ùlés  brunchs  avec  tle  larges  bords 
rouille  L't  gris  rouille.  La  partie  inférieure  de  la  queue  est  blauc 
jaunâtre.  Dessous  des  ailes  blanc  comme  chez  le  mâle  avec  une 
bordure  de  plumes  grises  pointillées  de  blanc  et  au  nombre  de 
quatorze,  etc.  (1). 

RESSEMBLANCE  DE  LA  FULIGUU  nOMEYERI  Ci) 


avec  F.  nyroca. 

La  tète,  le  cou,  sans  collier 
noirâtre,  et  le  bouclier  rouge  de 
rouille  foncé  avec  reflet  de  pour- 
pre. Ce  plastron  descend  moins 
lirofond('ment  que  chez  ni/roca. 

Point  (le  |)lastron  noir,  le  mi- 
lieu du  ventre  blanc.  Les  cou- 
vertures sui)érieures  des  ailes, 
grises  noirâtres,  moins  foncées 
(pu'  chez  F.  )itiro('(i,  mais  très 
distinctes  de  la  couleur  de  ces 
parties  liiez  ffrino,  où  elles  sont 
giis  clairsur  un  fond  blanchâtre. 
Klles  ont  outre  cela  des  retlets 
faibles  de  bronze,  ijui  rappellent 
la  couleur  tle  ces  parties  chez 
nfiioai.  Le  miroir  de  l'aile  pres- 
que tout  blanc,  quoique  cette 
couleur  soit  moins  pure  que  celle 
dans  les  mêmes  parties  chez 
niirdcn.  Il  se  distingue  ci'ih'u- 
dant  beaucoup  du  miroir  (U'  la 
frritia  i\m  est  gris  de  cendres. 
Outre  cela  il  est  gris  foncé  d'ar- 
doise avec  un  rellet  jieu  sensible 
là  où  les  mêmes  parties  sont  vert 
bronzé  chez  itjirora.  La  partie 
extérieure  et  postérieure  de  der- 
rière des  rémigesdu  second  rang, 
(pii  est  vert  de  bronze  chez 
yii/rocii ,  est  ici  gris  d'ardoise, 
avec  un  léger  reflet  de  bronze 
(gris  chez  ferina). 

La  longueur  totale  surpasse 
très  ]ieu  celle  de  miroca  et  est 
bien  inférieure  à  celie  de  feriiid. 
Les  mêmes  relations  pour  le  bec. 

(1)  Bacdeljer. 

(2)  D'iiprès  Olplie  Gaillanl.  Naumannia,  Vll,  \\  l',(;  à  70. 


avec  F.  ferina. 

Pas  de  collier  noirâtre  sous  le 
cou  ;  le  rouge  de  la  tête  et  du 
cou  moins  pourpré  f[ue  chez 
F.  nyroca ,  mais  bien  plus  que 
chez  F.  ferina. 

I^es  régions  anales  et  le  bas- 
ventre  gris  et  formé  de  lignes. 
Les  côtés  sont  eu  lignes  grises 
(elles  sont  rouge  l)ruu  chez 
njiroca).  Le  dos  en  forme  de 
lignes  grises,  mais  ces  lignes 
sont  moins  lines  (|ue  celles  de 
fcrinael  sur  un  foml  plus  foncé. 


136 


A.    SUCHETET 


RAPPORTS  DE  LA  F.  HOMEYERI  AVEC  LES  DEUX  ESPÈCES  MÈRES  (1) 

La  tète,  le  cou,  les  environs  du  jabot  et  la  nuque  (VA.  llomciini 
ressemblent  à  .1.  nyroca,  il  ne  maû([ue  que  la  bande  noire  du  cou. 
Le  dos  et  les  flancs  s'accordent  essentiellement  avec  .1.  ferina. 

Le  miroir  {;ris  pâle  est  essentiellement  comme  chez  1.  ferina, 
mais  s'approche  d'A.  lu/nira,  par  la  couleur  l)lanchâtre  aux 
bordures  des  ailes  et  par  le  miroitant  de  la  base.  Egalement  l'aile 
supérieure  fait  penser  à  A.  ferina. 

Les  couvertures  inférieures  de  la  queue  ressemblent  davantage  à 
celles  d'.-l.  nyroca. 

CARACTÈRES  DISTINCTIFS  DES  AAM.S  FEHIXA  F.T  NYROCA 
ET  ANAS  INTERMEDIA,  d'après  JAUBERT 


Anas  ferina 


Long,  totale,  45  cent. 

Bec  assez  fort,  mais  à 
sa  base  et  à  son  extrémité, 
bleuâtre  dans  son  milieu. 

Iris  jaune  orangé. 

Tète  et  cou  d'un  roux 
rougeâtre  et  brillant; 
large  bande  ou  ceinture 
noire  s'étendant  sur  toute 
la  poitrine  et  sur  les  par- 
ties supérieures  du  dos. 
Région  dorsale  d'un  gris 
clair  fortement  strié  de 
brun. 

Flancs,  cuisses  et  abdo- 
men d'un  cendré  bleuâtre, 
finement  strié.  Milieu  du 
ventre  blanchâtre,  varié 
de  zigzags  cendrés,  pres- 
que imperceptibles.  Ré- 
gion anale  et  couvertures 
inférieures  de  la  queue 
noires,  queue  cendrée. 

Ailes  d'un  gris  brun, 
avec  un  large  mii'oir  cen- 
dré. 

Tarses  et  doigts  bleuâ- 
tres ,  avec  membranes 
noires. 

Longueur  du  tarse, 
33  niillini. 

Longueur  du  doigt  mé- 
dian, 70  millim. 


Anas  intermedia 

Long,  totale,  43  cent. 

Bec  moins  fort,  de  même 
forme  et  de  même  couleur, 
long.  54  millim. 

Iris  orangé  clair. 

Tête  et  cou  d'un  roux 
rougeâtre  plus  terne  :  col 
lier  noirâtre  se  fondant 
en  avant  avec  la  nuance 
roux  marron  de  la  poi- 
trineet  formant  en  arrière 
un  espace  noir  qui  limite 
la  partie  supérieure  du 
dos.  Régions  dorsale  d'un 
gris  plus  fon<'c  fortement 
strié  de  brun. 

Flancs,  cuisses  et  abdo- 
men d'un  cendré  bleuâtre 
linenient  strié.  Milieu  du 
ventre  blanc.  Région  anale 
noirâtre,  couvertures  in- 
férieures de  la  queue 
blanches,  queue  brune. 

Ailes  brunes  avec  un 
large  miroir  hianc,  ter- 
miné de  brun. 

Id. 

'M  millim. 
51    millim. 


A .  nijroca 


Long,  totale,  40  à  41  cent. 

Rec  plus  court,  presque 
noir,  â  narines  relevées, 
long.  4(j  milim. 

Iris  blanc. 

Tète  et  cou  d'im  roux 
marron  ainsi  que  la  poi- 
trine ;  à  la  base  du  cou 
est  un  petit  collier  noir 
qui  va  se  fondre  en  arrière 
avec  la  couleur  brune  du 
dos.  Région  dorsale  d'un 
brun  noirâtre  à  reflets 
pourprés  sans  aucun  strie 
chez  l'adulte. 

Flancs,  cuisse  et  abdo- 
men d'un  roux  plus  on 
moins  foncé.  Milieu  du 
ventre  blanc.  Région  anale 
et  couverlures  inférieures 
(le  la  queue  blanches, 
queue  noire. 

Ailes  d'un  brun  noi- 
râtre avec  miroir  d'un 
blanc  pur.  terminé  de 
noir. 

Tarses  et  doigts  d'un 
gris  foncé .  avec  mem- 
branes noires. 

Longueur  du  tarse,  28 
millim, 

Lon^'iieur  du  doigt  mé- 
dian. 01  Miillini. 


(1)  D'après  Henri  Blasius,  Histoire  des  Oiscnux  île  l'Allemagne,  de  Xuumann, 
p.  305  à  312,  XIII''  partie. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  Ifil 

Tels  sont  les  renseignements  que  nous  iwoiis  pu  liisscinltk'r  sur 
l'intéressant  hybride  qui  a  fait  le  sujet  de  tant  de  discussions. 

FULIGULA   NYROCA   et   FULIGULA    CRISTATA  (1) 

M.  le  baron  Ed.  de  Selys-Longchanips  nous  fait  savoir  qu'il 
possède  dans  sa  collection  un  hybride  tué  à  l'état  sauvage  et  parais- 
sant (Hre  le  pi-oduit  de  ces  deux  espèces. 

On  sait  (lue  Winas  liacri,  décrit  par  Radde  (2),  a  été  considéré  par 
plusieurs  comme  étant  un  hybride.  MM.  Newton  (3),  G.-R.  Gray  (4) 
et  Th.  V.  Hcuglin  (,T)  seraient  de  cet  avis.  M.  Eugèiu^  de  Ilomeyer 
a  émis  des  doutes  à  ce  sujet  (0).  Nous  n'oserions  nous  prononcer, 
n'ayant  pu  consulter  les  auteurs  parti.sans  d'uiu;  double  origine.  Il 
serait  intéressant  do  comparer  cet  Oiseau  avec  l'exemplaire  que 
possède  M.  le  baron  Ed.  de  Selys-Lougchamps. 

FuLIGULA   AFFIXIS   OU    (FULIGULA    COLLARIS)?  (7) 

et  Fi'LiGULA  Valismeria  (ou  Fuligula  americana)? 

En  1859,  M.  Daniel  G.  Elliot  envoyait  de  New- York,  à  la  Société 
Zoologique  de  Londres,  un  Canard  considéré  par  lui  comme  hybride 
probable  entre  F.  nffmis  et  F.  Valismeria  (ou  F.  americana  (8). 
M.  Newton  (9)  a,  l'année  suivante,  contesté  l'origine  supposée  de 
cet  Oiseau  ;  il  croit  qu'elle  est  due  à  un  croisement  entre  F.  coUaris 
et  une  des  espèces  indiquées  par  M.  Elliot,  mais  probablement 
F.  americana.  «  On  remarque,  dit-il,  une  ressemblance  avec  la 
F.  coHaris  à  cause  du  miroir  gris  et  de  la  tache  blanche  qui  se 
trouve  sous  le  mouton,  caractères  que  ne  possèdent  aii  l'un  ni 
l'autre  des  Scauii-Ducks,  trouvés  dans  le  Nouveau-Monde.  » 
M.  Newton  accompagne  son  récitd'une  belle  planche  coloriée  repré- 
sentant l'hybride  dont  l'origine  n'est  point  assurée  (10). 

(I)  Aiilrcs  noms  :  Àna.i  fuligula,  À.  Glaucion.  À.  arclira,  A.  scandiana,  Nyroca 
fuligulii.  Ana/:  Intirnslra. 

(î)  Oiieau.v  de  la  Sihfy-ic.  p.  STC. 

H)  The  Ibis,  p.  118,  1886,  cilé  par  M.  van  WifkevoDit  CiDniniclin.  Artliivcs  n(?iT- 
lanilaisps. 

f'i)  fland-Liat  of  Hird.i,  III,  p.  8(i.  cilé  par  \c  m<^mc. 

(.'i)  Oiseaux  de  lAfriiiue,  II,  p.  i:V.\.  1S70,  cilo  par  ÔlpIicGailIarii,  Contributions 
à  la  Faune  nrnithologique  de  l'Europe  occidentale,  III,  p.  100,  1888. 

(<i)  Cabanis,  .lournal  tfir  Ornilli(iIof;ic  p.  'i.'ït,  1S70. 

(7)  Antres  noms  :  Fuligulalu  rufitor<iues.  Anax  collaris.  Anas  fuligula. 

(8)  Vny.  l'rncpeclinys  ol  llie  Zool.  Sorioly  ni  l.ondon,  p.  VM,  \X\^. 
(0)  I.PS  niènvs  Proceedings,  p.  336,  1880. 

(10)  1>1.  CLXVII. 


162  '  A.    SUCHETET 

FULIGULA   CRISTATA  et  FOLIGULA   FERINA. 

Nous  ne  connaissons  que  deux  exemplaires  provenant  de  ce  croi- 
sement, le  premier  se  trouve  au  Musée  de  la  Société  d'Histoire 
naturelle  et  pliilosophique  de  Belfast,  le  deuxième  dans  la  collec- 
tion particulière  de  M.  le  D''  Giovanni  Piazza,  de  Padoue.  L'exem- 
plaire du  Muséum  de  Belfast  n'a  jamais  été  décrit,  il  fut  tué  près  de 
Dowimpatrick. 

M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi  a  douiié  une  description  du 
second  (1);  cet  Oiseau  est  adulte,  du  sexe  mâle,  on  pense  qu'il  a  été 
tué  dans  la  vallée  de  Salsa  dei  Millecampi,  province  de  Padoue. 

On  nous  avait  indiqué  un  troisième  exemplaire  au  British 
Muséum,  mais  M.  Bouleuger  et  plusieurs  de  ses  collègues  l'ont 
cherché  en  vain  pour  nous  eu  adresser  la  description.  Nous  nous 
contenterons  donc  de  décrire  le  premier  exemplaire  d'après  les  ren- 
seignements (jui  nous  sont  envoyés  par  M.  J.  Brown.puis  nous  don- 
nerons la  description  du  deuxième,  d'a|)rès  VAtciwo  rrnclo. 

Premier  exemplaire.  —  Bec  plus  court  que  celui  de  la  FuUgula 
ferind,  mais  un  peu  plus  large;  ressemble  beaucoup  au  bec  de 
eristala,  quoique  plus  long.  Tète  pourpre  brun,  avec  un  lustré 
métallique;  huppe  petite,  mais  bien  caractérisée.  Le  cou  de  la 
même  couleur  que  la  tète.  Poitrine  très  foncée,  coideur  pourpre, 
presiiue  noire.  Ventre  blanc  satiné,  la  partie  postérieure  faiblement 
tachetée  de  gris.  Dos  pourpre  foncé  comme  la  poitrine.  Les  couver- 
tures des  ailes  gris  sombre  et  tachetées.  Queue  pourpre  foncé  ; 
môme  ton  de  couleur  que  chez  F.  cristnta. 

L'Oiseau  est  intermédiaire  entre  les  deux  espèces,  mais  ressemble 
plus  à  cristata. 

Exemplaire  de  M.  le  D^  Giovanni  Piazza,  de  Padoue  (description 
de  M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi). —  «  Tète  et  cou  d'un  noir  violet 
à  reflets  pourprés  ;  rémiges  secondaires  grises ,  avec  une  bande 
blanche  terminale,  le  gris  formant  un  large  miroir  oblique  sur 
l'aile  fermée  ;  flancs  faiblement  cannelés,  à  la  différence  des  parties 
inférieures. 

Bec  d'un  bleu  foncé,  avec  la  base  et  l'onglet  noirs.  Iris  jaune  doré. 
Tète  et  cou  d'un  noir  violet  à  reflets  pourpres  tachetés  de  bai.  Les 
plumes  de  l'occiput  voûtées  et  formant  un  petit  toupet.  Les  plumes 
de  l'échiné  du  dos,  des  scapulaires,  sus-caudales  et  sous-caudales 
noir  violet.  La  gorge  et  le  cou  noirs  avec  un  pointillé  bai,  la  poi- 
trine d'un  noir  changeant.  Abdomen  blanc.  Flancs  faiblement  striés 

(1)  .Vofe  soprn  unihricln  non  encnra  desrrillo.  ,\t.cnoo  vcneto,  1887. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  163 

do  brun,  les  coinx-rUires  des  ailes  ccudrées  et  noires.  Rémiges  pri- 
maires d'iiii  brun  grisâtre.  Rémiges  secondaires  grises  avec  uu 
liseré,  le  gris  formant  un  large  miroir  ()lili(|ue  quand  l'aile  est 
fermée.  Tarses,  doigts  et  membranes  iulerdigitalcs  de  couleur 
brune. 

Longueur  totale,  doo™"»  ;  longueur  de  l'aile,  220"""  ;  de  la 
queue,  70'"'"  ;  du  bec,  -io'"""  ;  du  tarse,  30""™;  du  doigt  du  milieu 
avec  l'ouglet,  5d'^^  ;  saus  l'onglet,  54°"". 

FULIGULA    CRISTATA  Ct    FuUf.ULA   MARILAfl)? 

M.  le  docteur  Marmottan.  dont  la  maguiiique  collection  est 
aujourd'bui  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  nous 
a  fait  savoir  qu'il  possédait  un  Palmipède  ([u'il  a  déterminé  comme 
devant  être  l'hybride  du  Canard  Morillon  et  du  Canard  Milouinan, 
toutefois  le  docteur  ajoute  dans  sa  communication  que  cet  exem- 
jdaire  aurait  besoin  d'être  examiné  de  nouveau. 

FULIGULA    CLANGULA  (2)  Ct   FULIGULA    MARILA  ? 

Nous  avions  fait  connaître  (3)  un  Oiseau  tout  à  fait  extraordinaire, 
que  M.  de  Selys-Longchamps  conserve  dans  sa  collection.  Cet  Oiseau 
vient  certainement  du  Garrot,  disions-nous,  mais  eu  désignant 
comme  second  progéuileur  le  F.  niorila.  M.  de  Selys-Longcbamps 
était  loin  d'être  aussi  alTirmatif. 

Aujourd'hui,  M.  de  Selys-Louchamps  veut  bien  nous  donner  des 
détails  très  précis  sur  ce  spécimen,  qu'il  a  examiné  de  nouveau  et 
qui  probablement  n'est  pas  uu  hybride,  mais  une  aberration  de 
couleur  du  inariln. 

\o\c\  in  r.vlenso  la  note  c[ue  le  savant  académicien  a  rédigée  sur 
cet  Oiseau  : 

«  Au  milieu  de  l'iiiver  de  1888,  j'ai  trouvé  à  l'un  des  marchés  de 
Bruxelles,  un  Canard  du  genre  FuUntila,  qui  est  si  singulier  par  les 
couleurs  de  son  plumage  et  de  ses  pieds,  que  je  ne  jiuis  le  rap])orter 
avec  certitude  à  aucune  des  espèces  connues.  Il  dillère  de  toutes 
celles  qui  sont  décrites  par  les  pieds  (tarses,  doigts  et  membranes) 
d'un  beau  jaune  orangé,  comparables  sous  ce  rapport  à  ceux  du 

(I)  Aulirs  niims  :  Anus  frenelu.  Hyroca  marila,  Anas  marila. 

ii)  .\iilirs  noms  :  Clmigula  nili/dris,  Aiias  glaticion,  Cl<iiicit)n  rliim/ulii,  Aiui.< 
cliinguhi. 

(:t)  Siitc  .tur  /e.<  Hi/briilfs  des  Aitdlidc's.yt.  I  J.Hmii'n.impriniorii'  nouvelle  de  l';uil 
Lopiètre,  1S8S,  et  Revue  des  Seiciioes  nalurelles  iiiiplUpiéos,  n"  21,  novembre  IfSSt). 


164  A.    SUCHETET 

Mergns  nicrgauser  ou  du  Rhynchaspis  clypeata,  et  pnr  les  six  pre- 
mières grandes  rémiges,  entièrement  hlanches,  caractères  qui  ne 
se  voient  chez  aucune  espèce  de  Fuligidn,  dont  ses  pieds  ont  cepen- 
dant la  conformation,  y  compris  la  membrane  du  doigt  postérieur, 
très  développée,  caractère  du  genre. 

«  Par  la  taille,  la  stature  et  le  reste  du  plumage,  il  ressemble 
assez  à  une  femelleou  au  jeune  âge  du  Milouinan  { F uligula  marina), 
mais  le  bec  est  en  grande  partie  couleur  de  chair  avec  l'arête 
obscure  et  l'onglet  noir.  Ce  liée  est  moins  élargi  au  bout  que  chez  le 
Marila.  La  tête  et  le  cou  sout  noirâtres  avec  un  large  collier  blanc  ; 
le  dos  gris  brun,  comme  saupoudré  de  petits  points  blanchâtres, 
passant  au  noirâtre  aux  couvertures  supérieures  de  la  queue.  La 
poitrine  grisâtre,  ainsi  que  les  plumes;  le  reste  du  dessous  blan- 
châtre ;  l'épaule  mélangée  de  blanc. 

«  II  me  paraîtrait  être  un  demi-albinisme  du  Marila,  si  le  bec 
n'était  moins  élargi  au  bout,  à  moins  que  ce  ne  soit  un  hybride  du 
Marila  et  du  Clangula  ?  (Le  Clangulii  a  les  tarses  et  les  doigts  jaunes, 
mais  non  la  membrane). 

«  Le  pouce,  additionné  d'une  membrane,  exclut  l'hypothèse  que 
ce  serait  un  hybride  d'une  Fnligula  avec  un  ,1  nas  ou  un  lihuiichaspis, 
genres  chez  lesquels  il  existe  des  espèces  à  pieds  jaunes  ou 
orangés.  » 

L'origine  de  cet  Oiseau  restant  incertaine,  nous  n'avons  pu  cru 
devoir  le  faire  figurer  sur  la  liste  des  hybrides. 

SOMATERIA  MOLLISSIMA  et  SOMATERIA  SPECTABILIS  ? 

A  l'article  Eider  vulgaire,  MM.  Degland  et  Gerbe  CI)  font  remar- 
quer que  «  trois  ou  quatre  individus  reçus  de  Terre-Neuve,  avaient 
sous  la  gorge  deux  traits  noirs  comme  enofire\n  Somateria  speclabilis, 
mais  d'une  teinte  moins  foncée.  »  Ces  auteurs  se  demandent  si  ces 
Oiseaux  sont  des  hybrides  de  ces  dernières  espèces,  avec  la  femelle 
de  l 'Eider,  ainsi  que  l'a  supposé  M.  Hardy? 

Le  prince  Bonaparte  et  sir  W.  Jardine  (2)  ont  eu  l'occasion  d'exa- 
miner d'autres  exemplaires  reçus  de  l'.Vmérique  polaire,  ils  pensent 
au  contraire,  dit  M.  de  Selys-Longchamps,  que  c'est  une  espèce 
distincte  et  l'ont  décrite  sous  le  nom  de  Somateria-V-nigrum  (3). 

(1)  Ornithologie  européenne,  H,  p.  555. 

(2)  Cités  par  M.  de  Selys-Longchamps,  in  Riill.  .\cad.  Sciences,  Bruxelles.  ISofi. 

(3)  On  sait  que  la  femelle  de  l'Eider  n'olïre  jifesciue  pas  de  différence  avec  celle 
de  VA.  spectahilis. 


OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRES   A   l'ÉTAT   SAUVAGE  163 

C'est  SOUS  ce  iiuiii  (jue  l'a  insnile  M.  Schiler  ilaiis  sa  LisI  o/'  llic 
cerlainly  kiioirn  .s-p(r((\so/.l«a^(W(r'(i  jet  beaucoup  d'autres  auteurs  (:J). 

Genres  :  Anas  et  Fuligula 

FULIGULA    FERINA   Cf    AnaS   CRECCA    (OU    ANAS   BOSCHAS  )? 

En  1882,  à  l'une  des  réunions  delà  Société  zoologique  de  Londres, 
M.  Sclater  montra,  de  la  part  de  M.  Peter  Jucliliald,  F.  Z.  S.,  deux 
Canards  curieux  qui  avaient  été  tués  sur  une  pièce  d'eau  d'agré- 
ment, près  Darlington,  dans  le  pays  de  Durhain.  L'un  d'eux  paraît 
être  le  produit  d'un  croisement  entre  le  Pocliard  {liuUguhi  j'i'riiin) 
et  un  Canard  d'eau  douce,  tel  que  la  Teal  (.1.  creccd)  ou  le  Mallard 
(I.  lioHclias)  ;  le  deuxième  présentait  l'apparence  d'une  femelle 
Scoter  (Œdemia  nir/ra)  mais  il  était  au-dessous  de  couleur  i)lus 
sombre  (3).  Ces  deux  Oiseaux  doivent  peut-être  leur  origine  à  un 
croisement  ayant  eu  lieu  en  captivité  (4). 

Genres  :  Clangula  et  Mergus. 

Clangula  glaucion  et  Mergus  albellus  (o) 

Le  McriiHS  anatariu.'i  d'Eimbcck,  hyljride  supposé  de  ces  deux 
espèces,  n'a  pas  moins  fait  parler  de  lui  que  la  l'ùHijula  Umiiviicii 
de  Baedeker;  sa  double  origine  a  môme  été  plus  contestée  que  celle 
de  cette  Fuligule.  Les  exemplaires  sont  aussi  beaucoup  plus  rares, 
on  en  compte  quatre  ou  cinq  seulement.  Ils  sont  encore  connus 
sous  les  noms  de  Clangula  anyustirostris  Brelim,  et  C.  mcrijoiiks 
KjiJrbolliug. 

(\)  Proccciliiifjs  llie  Zoologii-al  Soriety  nf  I.ondon,  ISH'i. 

(2)  The  list  of  the  vcrtebrutnl  (iiiimuls  of  llic  /.oological  Socicli/  porte  aussi 
qu'on  in'liclji,  le  i(j  niiirs  ISGl,  un  hylirido,  supposé  entre  Fultgulu  marila  (l>inn.) 
et  Xyroca  leufuphtatina  (Beclist.),  mais  on  iic  dit  pas  si  col  Oiseau  avait  été  pris  à 
l'étal  sauva^-e  ou  produit  en  domesticité.  M. le  professeur  Sordelli.  dircoleur  adjoint 
au  Musée  de  Milan,  nous  a  fait  aussi  savoir  qu'il  existait  dans  la  eollection  Turali. 
réunie i'ue  .Musée,  un  e.xemplaire  d'OirfpiiiiK  fusca\  C. glaucion;  mallieuieusemenl 
il  ne  nous  indique  pas  si  l'Oiseau  a  été  tué  à  l'étal  sauvage.  Nous  n'avons  donc 
point  cru  devoir  faire  figurer  ces  deux  hybrides  sur  notre  liste. 

(U)  l'roreedings  of  tlie  Zool.  Society,  p.  134,  1882. 

('«)  M.  de  Selys  mentionne,  daprés  Morton,  l'hybride  de  l'.l.  boschas  et  de  la 
F.  rulltorqueg,  observé  aux  Etats-Unis,  mais  il  n'indique  pas  l'origine  de  l'Oiseau 
(liull.  Acad.  dis  Sciences  de  liruxelles,  IKili). 

(5)  Autres  noms:  Slerijus  nniiiilu.^,  M.  asiaticus,  M.  gluciali.i,  M.  crislatus 
minor. 


166  A.    SUCHETET 

Eimbeck  a,  le  premier,  failconuaître  uu  de  ces  Oiseaux  qui  fut 
tiré  au  priutem|)S  de  1825,  sur  l'Oker,  dans  le  voisinage  de  Bruns- 
wik,  par  rinspecteur  des  (orèls,  M.  Buscli,  uu  chasseur  infatigable. 
L'Oiseau  fut  tué  dans  une  contrée  où,  pendant  le  passage  des  Canards, 
il  s'arrête  plusieurs  espèces  différentes,  même  lors  des  froids  rigou- 
reux, le  courant  rapide  empèciiant  l'eau  de  se  congeler  entièrement. 
L'Oiseau  tomba  par  bonheur  dans  les  mains  d'un  amateur  qui 
l'empailla  pour  sa  petite  collection  ;  puis  il  fut  acheté,  à  la  mort 
de  ce  dernier,  par  Eimbeck,  qui  en  donna  la  description  suivante  (1)  : 
«  De  la  grosseur  du  mâle  de  r.4.  clangula,  il  peut  avoir  19  pouces  de 
long  et  32  à  33  pouces  en  largeur,  les  ailes  déployées;  il  res- 
semble aussi  au  clamjula  par  la  forme  du  corps  et  de  la  queue. 
Cependant  ses  longues  plumes  en  taillades  à  la  partie  posté- 
rieure de  la  tête,  sou  bec  et  ses  ailes  pointues  le  caractérisent  plutôt 
comme  un  Mergus  albellus,  masc.  Sa  forme  est  intermédiaire  entre 
les  deux  espèces,  elle  montre,  ainsi  que  sa  couleur  et  la  façon 
dont  les  plumes  sont  marquées,  des  traces  des  deux  espèces.  Son 
bec,  depuis  son  extrémité  jusqu'au  coin  de  la  bouche,  mesure 
Ipouce  10  ligues.  Il  est  à  la  base  plus  haut  que  large;  sur  le  devant, 
il  est  tout  plat,  plus  large  que  haut,  et  ((uaud  il  est  vu  de  côté,  il 
ressemble  à  celui  du  Harle,  mais  le  bord  supérieur,  les  dentelures 
sont  moins  visibles.  Les  narines  ovales  et  transparentes  sont  placées 
au  milieu  du  bec,  lequel  est  rouge  foncé,  tirant  sur  le  brun  et  au- 
dessous  d'une  couleur  corne  claire.  La  forme  particulière  du  bec 
frappe  au  premier  coup  d'œil  lorsqu'on  regarde  la  tète  d'en  liant. 

«  Le  loud  de  la  couleur  de  l'Oiseau  est  le  blanc  ;  la  tète  et  la  nuque 
vert  foncé  chatoyant  à  diverses  places.  Entre  le  bec  et  les  yeux  se 
trouve  une  tache  blanche  dont  les  petites  plumes  blanches  ne 
touchent  pas  immédiatement  le  bec,  mais  sont  entourées  d'une 
tache  foncée  large  de  deux  lignes.  Au-dessous  se  trouve  une  tache 
semblable  qui  s'étend  vers  le  bas  et  qui  s'unit  au  cou  d'un  blanc 
pur,  sur  les  joues  se  trouvent  de  petites  plumes  dont  le  tuyau  est 
gris  argenté  jusqu'au  milieu  et  la  pointe  seulement  est  vert  et  tout 
cet  endroit  semble  en  être  parsemé. 

«  Le  dos  est  noir  brillant  et  quelques  plumes  des  épaules  sont 
blanches,  mais  la  plupart  à  la  poitrine  sont  bordées  de  noir 
qui  marque  les  deux  traces  des  deux  colliers  comme  chez 
le  Mergus  albellus.  Les  grandes  plumes  des  ailes  sont  d'un 
blanc  pur,  sur  les  bords  extérieurs  deux  lignes  noires  et  larges 
qui  se  réunissent  sur  le  dos  et  forment  nue  longue  tache.  Sur  la 

(1)  Isis.  Xll,i).  2'J".»,  lU-ft  1,  Leipzig,  d8;îl. 


OISEArX    HYBRIDES   nENCONTRKS   A    l'kTAT    SAUVACE  1G7 

IJiiiliL'  iiifiTieiux'  du  ilos,  au-ik'ssus  des  ailes,  soiil  quatre  plumes 
rectrices  d'une  beauté  particulière,  celle  de  l'intérieur  bruu  gris, 
celles  de  l'extérieur  blauehes,  avec  la  couleur  pure  des  jperles  aux 
extrémités  et  entourées, dans  toute  leur  longueur,  d'une  l)ande  noire, 
de  sorte  que  cet  espace  semble  être  divisé. 

«  Les  plumes  motrices  du  premier  ordre,  d'un  brun  noir  avec  des 
tiges  noires,  celles  de  second  ordre  et  les  petites  i)lumcs  rectrices 
des  ailes,  au  bout,  d'un  blanc  clair  avec  l'extrémité  noire,  de  sorte 
([ue  les  ailes  forment  une  double  niaïque  brillante.  La  (jueue  a 
seize  plumes,  dont  les  extérieures  sont  1  pouce  3/8  i)lus  courtes  que 
les  deux  du  milieu,  toutes  sont  d'un  noir  grisâtre,  plus  brillantes  à 
l'extrémité,  les  plumes  inférieures  blanches,  les  su|)érieures  bruu 
noir.  Les  plumes  des  côtés  et  les  plumes  uujtrices  des  ailes  blanelies 
et  tachetées  de  points  gris. 

«  Les  pieds  n'ont  pas  tout  à  faitla  grosseur  de  ceux  de  l'.l/(«.s  clan- 
(jula,  mais  ils  sout  ceiiendanl  façonnés  de  même  ;  couleur  foncée  de 
rouille,  la  iialme  tirant  sur  le  noir.  Les  ongles' de  couleur  cornée. 

«  D'après  son  plumage  jjrillant.bien  coloré,  on  pourrait  le  prendre 
pour  un  mâle  ilu  plus  beau  plumage.  » 

Un  second  spécimen  femelle,  tué  quatre  aus  plus  tard  sur  un 
marais,  est  nientiouné  par  Rrehm.  Un  troisième  individu,  un  jeune 
mâle,  fut  trouvé  par  .M.  Ivjabolling,  dans  une  collection  d'Oiseaux 
achetés  par  lui  en  18o3  à  Copenhague.  L'Oiseau  fut  d'abord  pris 
pour  un  jeune  Mcrgux  (////('//i/s.niais  bientôt  .M.  Kjarbolling  s'aperçut 
qu'il  devait  aiipartenir  à  la  famille  des  Canards  plongeurs  appelés 
Clampila.  11  ressemble  dans  sa  première  livrée  au  mâle  décrit  par 
Kimbeck,  maison  voit  que  c'est  un  jeune  Oiseau,  surtout  à  la  tète, 
où  la  couleur  rougeàtre  et  d'un  brun  olive  n'est  atténuée  ([u'en 
partie  par  un  noir  chatoyant  dans  le  vert  (1). 

Ce  sout  ces  trois  premiers  exemplaires  qui  ont  donné  lieu  à  de 
nombreuses  discussions.  Doit-on,  en  effet,  les  considérer  comme 
provenant  des  deux  espèces  nommées  ])ius  haut,  ou  plutôt  comme 
appartenant  à  une  espèce  régulière  et  bien  délinie?  Plusieurs  orni- 
thologistes, auxquels  Eimbeck  montra  le  premier  exemidaire,  men- 
tionné dans  ribis  ("2)  le  prirent  pour  une  production  hybride;  le 
pasteur  Drehni  l'a,  au  contraire,  considéré  comme  une  véritable 
espèce,  ainsi  que  la  femelle  qu'il  décrit  (3). 

Naumauu,  sans  se  prononcer  d'une  façon  définitive,  partage  visi- 

(1)  Naumannia,  p.  328,  1833. 

(2)  Voy.  p.  300  ilo  te  jouriiiil,  1831. 
(.3)0/).  d(.,pii.  !I30. 


108  A.    SUCHETET 

blemeut  l'opiuion  de  ceux  qui  voieut  daus  l'Oiseau  d'Eimbecli  un 
mélange  des  deux  espèces;  IM.  clamjula  et  le  M.  (tlbeUus  (1).  Pen- 
dant riiiver  et  au  même  endroit  on  voit,  paraît-il,  ces  Oiseaux 
rassemblés,  et  les  Mcryus  côte  à  côte  avec  les  clangula.  On  aurait 
même  vu  une  fois  un  de  ces  derniers  conduire  une  troupe  de  Mer- 
^MS?Scblegel  (2)  et  Temminck  partageraient  l'avis  du  célèbre 
ornithologiste  allemand  (3).  Cependant  KjiirboUing  estplutôt  porté  à 
croire  à  une  véritable  espèce;  la  proximité  où  vivent  les  Meigus 
et  les  Clamjula  ne  prouve  rien.  Il  observe  avec  raison  que  l'hybri- 
dation ne  se  manifeste  pas  là  où  diverses  espèces  se  rassemblent  en 
foule,  vivant  longtemps  les  unes  près  des  autres.  D'après  lui,  le 
pasteur  Brehm  paraît  avoir  le  mieux  jugé  la  chose  (4).  Gloger  (5), 
en  parlant  de  l'exemplaire  de  Copenhague  et  de  celui  de  Brunswick, 
dit  qu'il  croit  reconnaître,  aux  caractères  que  présentent  ces 
Oiseaux,  l'origine  indiquée  par  Eimbeck  et  Naumann.  Degland  et 
Gerbe  sont  de  cet  avis  ((!). 

A  l'occasion  d'un  mémoire  de  M.  Kjàrbolling  (7),  qui  possède  le 
jeune  mâle,  il  y  eut,  dit  M.  de  Selys-Longchamps  (8),  lors  de  la 
réunion  des  ornithologistes  allemands,  tenue  à  Halbertstadt  en 
1853,  une  discussion  très  intéressante;  la  majorité  des  membres 
qui  y  prirent  part  se  prononcèrent  dans  le  sens  de  l'hybridité,  ce 
furent  :  MM.  Hartlaub,  Kircbkofi,  Panier,  Naumann,  Heine, 
Baldamus,  von  Homeyer,  Blasius  ;  MM.  Kjàrbolling,  Cabanis, 
Reichenbach,  Henuecke  se  montrèrent  d'un  avis  opposé;  M.  von 
Homeyer,  continue  M.  de  Selys,  croit  que  le  Mergus  anatarius, 
vieux  mâle,  est  certainement  un  hybride,  et  que  le  jeune  mâle,  Anas 
danijula  mcrgoules  (9j  de  M.  Kjàrbolling  l'est  probablement  aussi. 
M.  Heine  est  du  môme  avis,  mais  trouve  que  l'autre  individu  est 
différent.  M.  de  Selys,  n'ayant  pas  vu  ces  Oiseaux,  ne  peut  se  pronon- 
cer sur  l'identité  entre  les  deux  hyljrides  ;  pour  expliquer  leur 
diversité,  il  se  demande  si  Vanatarius  ne  serait  pas  le  produit  du 

(1)  Voy.  NaturgexchiclUe  der  Vogel  DeutscMands,p.  195.  Leipzig,  1844.  Voy. 
aussi  p.  33U,  011  la  même  opinion  est  e.xprimée. 

(2)  Aperrii.  critique  des  Oiseaux  européens,  p.  100,  1S84,  cité  par  Oscar 
WolsihUe.  Siebenter  Jaliresbericht  des  Annaberg—  Buchbolzezl  Vereins  fiir  Natur- 
liunde,  1883-1S85. 

(3)  Cilû  par  Oscar  Wolschkc. 

(4)  Voyez  iNaumaniiia,  p.  328,  StiiUgarl,  1833. 

(5)  .lournal  tiir  Ornilhologie,  novembre  1SS3. 
(('))  Ornithologie  Européenne,  p.  471. 

(7)  Notice  insérée  dans  la  Naumannia  de  1853,  p.  137. 

(8)  Bulletin  de  l'Acad.  des  Sciences  de  Bruxelles,  X.YIII,  1856. 

(9)  Ainsi  appelé  par  .M.  KjiirboUint;. 


OISEAUX    HYimIDKS    RKNCONTRKS    A    l'kTAT   SAUVAC.K  IMI 

Mi'rijii.s  albclliis  luàlcuttlii  Fulniidit  chinijiiii  iViiielle,  cA Aii  iiuTijaulcs 
(ou  anriusliroslris  Brehni),  li'  i)ro(liiit  du  rlnnijuln  iiiàle  cl  (le 
Valhcllna  femelle  ou  bien  l'inverse'.' 

Kulin,  M.  Lieollroy  Saiiit-HiUiire  parUi^e  l'oiiiiiion  de  la  i^iaiule 
majorité  des  ornithologistes  allemands  et  il  croit  ((ue  le  Ilarlr- 
Giirrot  ue  lardera  |ias  à  être  inscrit,  d'un  accord  unauiuic,  sur  la 
liste  des  hylirides  aullienti(|ues  (1). 

Un  nouvel  exemplaire  (ut  lire  à  la  tin  de  février  186.'i  dans  le 
voisinage  du  Pol,  et  un  autre  eu  1881  à  Kaluiarsund.  Le  premier 
(ut  d'abord  dans  la  possession  de  M.  Frantz  Sclimidl,  qui  lit  un 
rapport  sur  cet  Oiseau  (2),  puis  il  passa  dans  les  mains  de  M.  Oscar 
Wolsclike.  Le  second  se  trouve  dans  le  Musée  de  l'Université 
d'l[)sala,  en  Suède.  Il  fut  tué  le  iO  novembre  par  .^L  Tliemstrom, 
.M.  le  Dr  Blasius  eut  l'occasion  de  le  voir  au  mois  de  juin  1883,  an 
retour  d'un  voyage  en  Scaiulinavie,  il  le  mentionna  dans  ses  notes 
de  voyage  comme  un  hybride  du  Mcnjus  (ilhellus  et  de  V  iiuts  clan- 
ijula  (3).  M.  Gustave  Koltholï  en  a  donné  la  description  (4). 

On  trouvera  des  dessins  ou  des  figures  coloriés  représentant  ces 
divers  Oiseaux  dans  les  ouvrages  ou  ijubliiatious  d'Eimijeck  (ii). 
Kjarbolling  (G),  de  Naumann  (7)  de  Kolthoft  (8)  et  de  Blasius  (9). 

Clangula  A.MER1CANA  et  iMeugus  cucullatus  (10) 

Eu  185i,  à  l'une  des  réunions  de  la  Société  d'Histoire  naturelle 
de  Boston,  le  I)'"  Cabot  exposa  un  spécimen  d'un  hybride  div  Canard, 
un  croisement  probable  entre  le  Golden  eye  (('.  (unericaiia)  et  le 
Hooded  merganser  (M.  cucullatus).  Cet  hybride,  dit  le  rapport  (11), 
possède  les  caiactères  distinctifs  de  chacun  de  ses  progéniteurs. 

(1)  Histoire  des  Règnes  organiques,  pp.  latiet  IfiO,  III.  1862. 

(2)  Arcliiv  dos  Vereiiis  der  Froiindi'  dor  .Naliu'soschichlo  in  MiM-Momliuri;, 
pp.  l'w  el  KiCi,  I.S7j. 

(3)  .Monaischrifl  ilrs  dculschcn   ViMTins  ziiin  Sclnilzc  der  Vof;ehvell,  il"  14,    ISS7. 

(4)  Ofvi'i-sial  a(  kongl.  Vctoiiskaps-AkadiMMicns  Kûiliaiidliiigei-,  p.  18.'i.  Slockholiii, 
1884. 

{'■))  Op.  eil. 

(ti)  Ornilhologia  Vania,  1831,  cit.  ^nr  Wolsclikr. 

(7)  Op.  oil. 

(H)  Op.  cil. 

(9)  Op.  cit. 

(10)  AiiU'Ps  noms  :  Mergus  fiisciis,  ilerganser  cucullatus. 

(11)  Procoedings  ot  llie  Roston  Sociely  (if  nainral  liislorv,  V,  p.  i>7,  18.>'i. 


170  A.    SUCHETET 

L'Oiseau  fui  tiré  dans  le  voisinage  de  Scarborough  par  M.  Calel) 
Loring,  au  mois  de  niai(l). 

Le  D"'  Cabot  en  a  fait  une  description;  il  conclut  en  disant  que  si 
cet  oiseau  doit  être  considéré  comme  appartenant  à  une  véritable 
espèce,  à  cause  de  particularités  et  de  dimensions  des  viscères,  il 
l'appellerait  Clangida  mergifonnis. 

Les  testicules  de  ce  spécimen  avaient  été  examinés  au  microscope 
par  le  professeur  Wymau,  et  quoiqu'ils  fussent  très  gonflés  (ils 
avaient  un  demi-pouce  de  long),  on  n'avait  pu  cependant  découvrir 
aucune  particule  spermatique. 

Clangula  glaucion  et  Mergus  merganser 

Pendant  un  violent  ouragan  de  neige,  M.  l'Inspecteur  des  forêts 
de  Negelin,  d'OldenliOurg,  aperçut  pendant  plusieurs  heures  deux 
Anasclanijula,  accompagnés  d'un  troisième  Oiseau  qui  se  comporta 
près  de  ces  derniers  comme  un  mâle  ;  après  l'avoir  tué  on  reconnut 
que  c'était  un  Meryus  mcnjaiiacr.  On  ignore  si  cet  accouplement  fut 
suivi  de  fécondité,  disons  que  l'observation  de  M.  de  Negelin  avait  été 
faite  de  loin,  d'une  fenêtre  de  la  maison  d'un  garde  forestier  (2). 

PALMIPÈDES  LONGIPENNES 

l'tUHillc  (ks  Landvf:. 

Genre  Sterna. 

stern.v  paradisea  C-i)  et  sterna  HmuNDO  (4) 

La  Sterne  paradis,  disent  MM.  Degland  et  Gerbe  (3),  a  été  con- 
fondue jusqu'en  1819  avec  la  Sterna  liirundo.  Ces  auteurs  pensent 
que  ces  deux  types  se  croisent  quelquefois  et  donnent  des  produits 
ressemblant  plus  ou  moins  au  père  ou  à  la  mère.  M.  Hardy  (6)  croit 
en  avoir  acquis  la  certitude. 

«  Les  individus  (jui  provieudraieiit  de  cette  uuion,  ont,  les  uns 

(1)  Voy.  inùmc  revue,  p.  IIS 

(2)  Rapport  du  D'  Gloger,  .Inurual  fiir  (Iruitliolosie,  p.  417,  Uefl  VI,  novem- 
bre 18,^0. 

(3)  Autres  noms  :  SteriM  macroura,  S.  Mlzschi  ou  S.  Iiinindo. 
(i)  Ou  Sterna  /luvialis,  ou  S.  marina. 

(o)  Ornithologie  européenne,  II,  p.  459 
(fi)  Cité  par  Degland  et  Gerbe. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTIIES    A    1,  ICTAT    SAIVALK  171 

avec  k's  piL'dsfoiirlsde  UxSli'r.  iinrailisci/,  le  Ijec  assez  luuj;  dv  la  s/c;-. 
hinindo:  les  autres,  le  bec  grille  de  la  SIrr.  jiaradisi'd,  et  les  tarses 
de  trois  à  ciuq  iiiiliiinètres  plus  lonj;s  (]ue  ceux  de  cette  espèce. 
Toutes  les  fols  que  les  pieds  se  rapproclieut  ainsi  [y,\v  leur  lougueui' 
de  ceux  de  la  Sli-r.  hirnndo,  il  s'y  joint  un  autre  poiut  de  ressem- 
blance; les  couvertures  de  la  ([ueue  ont  uue  teinte  d'un  gris  bleu 
dans  celle-ci,  taudis  ([u'en  automne  les  Sler.  parailiscn  jeunes  et 
vieilles  ont  toujours  ces  parties  d'un  blanc  pur.  .M.  Hardy,  i)rofond 
observateur,  reconnaît  ces  Oiseaux  au  vol,  à  ce  dernier  signe  dillé- 
rentiel,  tant  il  est  frappant.  » 

Notons  ici  que  le  l'év.  Macphersou  a  émis  roj)ini,r)n  (1)  que  le 
(ilaucous  (l.arusijlnHcusj  et  le  Iceland  Gidl  (l.anis  U'iicopirnts)  pou- 
vaient s'entrecroiser  parfois  dans  les  régions  lointaines  du  Nord, 
mais  il  ne  cite  aucun  exemple. 

C'est  à  peine  si  ce  dernier  croisement,  qu'aucun  fait  n'a  encore 
confirmé,  peut  être  cité;  aussi,  comme  nous  l'avons  dit  en  conimen- 
(.ant.  riiybridation  chez  les  Palmipèdes  ne  se  manifeste  réellement 
que  dans  uue  seule  famille,  celle  des  Anatidés. 

Il  nous  paraît  probable  qu'elle  ne  se  produit  que  fort  rarement 
chez  les  Kcliassiers.  Dans  cet  ordre,  du  moins,  nous  n'avons  pu 
rassembler  que  deux  exemples. 

ÉCII.\SSIERS  HEHODIENS 

Famille  drs  Gr aidés 

Genre  Ardea 

Ardea  cinerea  et  Ardea  i-iirpi  uea 

M.  Lacroix,  de  Toulouse,  nous  fait  savoir  (|u'il  jiossède  un 
hybride  de  Héron  cendré  et  de  Ilénm  pourpré,  liié  (ou  pris)  dans 
les  ramiers  de  Braqueville,  8  kil.  sud  de  Toulouse,  eu  février  KS.'i'i. 

M.  van  Kempen  nous  écritr  aussi  qu'il  a  dans  sa  collection  un 
oi.çeau  qui  lui  a  été  vendu  comme  un  hybride  de  1'  \i(lr(i  puriinrca 
et  de  V  \nl.  cinered. 

Ces  croisements  sont-ils  bien  authentiques'.'  M.  van  Kempen 
ajoute  que  chez  sou  Oiseau  les  jambes  seules  et  les  ailes  sont  musses, 
tout  le  reste  du  plumage  est  de  VAid,  cincrcn.  Son  sujet  proviimt  de 
l'Allemagne. 

(I)  Fielil,:!!  mai  ISOU. 


172  A.    SUCHETEÏ 

ÉCHASSIERS    COUREURS 

l'aiiiillc  (Ic.^  Chaiiitlridcs 
Genre  Haeinatopus 

H.EMATOPUS    U.MCOLOR    et   H.EMATOPOS    LONGIROSTRIS 

Plusieurs  collections  de  la  Nouvelle-Zélande  posséderaient  des 
liy])ri(les  entre  ces  deux  types.  Sir  Walter  Biiller,  qui  fait  cette 
conimunication  à  M.  Henry  Seeboliui,  ajoute  (jue  ces  Jiyltrides  sont 
probablement  stériles  (1). 

REMARQUE 

Un  certain  nombre  des  croisements  (jue  nous  avons  cités  ont  été 
répétés  en  domesticité. 

Plusieurs  des  produits  obtenus  ont  été  mariés  entre  eux.  Nous 
n'avons  point  besoin  d'insister  sur  l'intérêt  que  présentent  ces 
expériences  qui  permettent  de  fonder  de  sérieuses  présomptions 
contre  ou  pour  la  fécondité  des  hybrides  rencontrés  à  l'état 
sauvage.  Malheureusement  ces  expériences  n'ont  point  toujours  été 
entreprises  dans  un  but  scientifique  et  bien  souvent  les  auteurs 
qui  les  ont  racontées  (tut  négligé  de  faire  connaître  les  diverses 
circonstances  dans  lesquelles  ces  accouplements  se  sont  produits. 

Ces  expériences  pourraient  présenter  un  autre  avantage  si  elles 
étaient  faites  avec  des  individus  d'espèce  bien  pure,  car  elles  per- 
mettraient, par  l'étude  des  caractères  des  hybrides  ainsi  obtenus 
et  leur  comparaison  avec  les  produits  sauvages,  de  reconnaître 
l'autiicnticitéde  ces  derniers,  quoiqu'on  ne  puisse  cependant  obtenir 
un  critérium  absolu  à  cause  de  la  plasticité  des  hybrides  et  la 
varial)ilité  de  leur  coloration. 

Dans  les  croisements  que  uous  allons  indiquer,  l'.l.  hoschiis 
domestique  parait  avoir  été  le  plus  souvent  enq^loyé;  les  produits, 
ayant  hérité  des  caractères  des  parents  modifiés,  ne  pourront  donc 
servir  de  poiut  de  comparaison. 

Les  hybrides  obtenus  en  captivité,  se  rapportant  aux  croisements 
que  nous  avons  indiqués,  sont  les  suivants  : 

A.  ACUTA  et  A.  PENELOPE:  Hybrides  nés  dans  la  ménagerie   de 

(1)  «  The  rarily  ol  llic  iiilfi-nicdhilo  tdriiis  is  |ir'esiiiii|ilivc  évidence  lli;iy  H'^y  ïii'i' 
baren.  ii  Voy.  :  The  geograpliicnl  flislriliutioit  of  tlif  Charadridiv,  p.  30S. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    I.KTAT    SAIVAGE  173 

Lonl  Stiiiiley,  d'iiue  femelle  ((t»/((  et  d'uu  lUiAv  iinu'lui)c{l):  hybride 
égiileinent  oliteiiu  au  Jardiu  /.oologuiue  d'Aiiistenlani  (2). 

A.  BOSciiAS  et  A.  ACUTA  :  Hybride  ayant  vécu  à  la  ménagerie  de 
Schœiibrunn  (3).  Uu  autre  mâle  montré  dans  une  réunion  de  la 
Société  zoologiciue  de  Londres  par  M.  Twiseltou  Fienes  (4),  origine 
(tciilu  cf  ;  cet  Oiseau  appartenait  à  une  couvée  de  six  jeunes.  Croise- 
ment encore  obtenu  au  Jardiu  zoologi(iue  d'Anislerdam,  origine 
acutaj'  et  twschas  $  (5).  M.  Alf.  Newton  a  parlé  d'autres  hybrides 
qui  lui  furent  offerts  par  un  ami  (0).  Enfin  M.  l'fauncnschmid.à 
Emdeu,  aurait  obtenu  de  nouveau  le  même  croisement  (7). 

Anas  boschas  et  Chaulelasmus  strepera  :  Hybride  vu  par  M.  de 
Selys-Longchamps  au  Zoological  Garden  (8).  Tne  femelle  obtenue 
par  M.  Hogerou  entre  un  mâle  Chipeau  et  une  femelle  de  Canard 
sauvage  (9). 

Anas  obsccra  et  A.  boschas  :  Hybride  obtenu  aux  Ktats-Unis,  par 
M.  Elisa  Slade(iO). 

A.  PENELOPE  et  A.  BOSCHAS  :  Hybride  obtenu  par  M.  Durham,  de 
Rremly  Grange,  près  de  Ripon  (Angleterre),  (origine  .1.  penriopi- 
masc.   I.  hosrhas  fein.)(ll). 

A.  BOSCHAS  et  Carina  moschata  :  Hybride  obtenu  journellement  ; 
grand  nombre  d'auteurs  l'ont  mentionné  dans  leurs  ouvrages. 

FuLiGULA  NYROCAetF.  CRisTATA  :  Hybride  né  au  Jardin  Zoologique 
de  Londres  (12). 

.\nas  clangula  et  Mergus  merganser  :  Ce  croisement  aurait  été 
obtenu  par  M.  Pfaunenschmid,  d'Emden  (Ostfriesland);  celui-ci 
aurait  élevé  un  hybride  de  ces  deux  Oiseaux  (13). 

(I)  Voy.  Monlai,Mi,  Urnilliologicdl  dictionari/,  2'éilil.,  p.  ."iW.  LdiuIuii,  I8:!I. 
(i)  Coiiiiminiiation  de  M.  Wostermanii,  tlirccleiir. 

(3)  C.-R.  .\cail6iiiie  de  Vienne.  Kit/inner,  dércmlire  l^Vii. 

(i)  Prooeed.  of  llie  commiUe  of  science  and  correspondamc  i>l  llie  zhmI.  Sooiely. 
Part.  I,  p.  luC,  18:«)183l. 

I,"))  Coninuiiiication  de  M.  WeKoriiiariii.  dii-ciiiMir. 

(0)  Procciul.  of  llu'  zool    Society  of  London,  p.  :(2r).  It^'CiO. 

(7)  Voy  :  Neiidam,  XVI,  n"  21.  |i.  :573.  M  décembre  4WUJ. 

(S)  liiiU.  Acad.  Se.  de  Bruxelles,  2'  partie,  XMII,  l.s:if>.  .M.  de  Selys  ne  illl  pas 
si  lOisi'an  a  été  produit  en  doniestiiité,  mais  la  chose  nous  parait  probable. 

('.))  linllel.  de  la  Soc.  nationale  irAeeliuialatjon,  p.  .'li;'.!.  iHX\. 

(Kl)   Proeeed.  of  llie  Lnited  Slales  national  Muséum,  p.  (iCi. 

(II)  Alf.  Newton,  On  a  Uybrid  diiek.  Proeeed.,  p.  :«)2,  ISCd. 

Voy.  aussi  pour  le  même  croisement  .lolin  llanilcnk,   .1  catalogue  oj    tlie   liirds 
of  .Sorthumherlaiiiiund  Durham.  NaluralTransacl.  .Nnrthumbcrland,  p.  153, 187i. 
(I2|  Bull.  delWcad.  des  Se.  de  Bruxelles,  X.Mll.  ISiiC. 
(13,  Voyez  Neudam,  XVI,  n°  21,  p.  373.  décembre  18!)0. 


174  a.  suchetet 

Essais  de  reproduction  en  captivité 

Lord  Stanley  Ot  savoir  ati  colonel  Montai^u  (|u'ant'  femelle 
Piutail  (.1.  actila)  s'aj)|)aria  daus  sa  iiiéuagerie  avec  uu  mâle 
Wigeoii  (1.  penelope),  et  produisit  la  première  année  neuf  ou 
dix  jeunes.  La  seconde  année,  cette  Cane  donna  six  petits  (1). 
Les  hybrides  nés  de  cette  union  se  montrèrent  stériles  (2).  Il 
est  fait  mention  dans  les  Proceedings  de  la  Société  zoologique  de 
Londres  (3)  de  plusieurs  hybrides  A.  arntn  cf  et  -1.  boschas  $  qui, 
unis  à  Vaciita  (f  dont  ils  descendaient,  ])roduisirent  avec  celle-ci. 
M.  Alf.  Newton  parle  (4)  d'une  paire  semblable  qu'il  mit,  en  1836, 
sur  uu  étang  où  il  y  avait  des  Canards  des  deux  espèces.  Le  mâle 
hybride  régnait  eu  maître.  A  l'approche  du  printemps,  il  se  montra 
de  plus  en  plus  jaloux,  aucun  Canard  n'avait  le  droit  de  s'approcher 
de  sa  compagne.  M.  Newton  ne  fut  jamais  assez  heureux  pour 
assister  aux  noces,  mais  il  a  de  fortes  présomptions  pour  croire 
qu'aucun  mâle  ne  trouva  moyeu  de  s'accoupler.  Au  mois  d'avril,  la 
femelle  hybride  lit  sou  nid  et  couva  ses  œufs,  d'où  il  sortit  quatre 
jeunes ,  deux  mâles  et  deux  femelles.  Pendant  les  années  1857 
et  183j^,  m.  Newton  ne  fut  pas  chez  lui;  mais,  en  1859,  ayant  pu 
observer  attentivement  les  nouveaux  hybrides,  il  crut  s'apercevoir 
qu'ils  étaient  infertiles.  Après  leur  mort,  il  les  disséqua  et  constata 
que  ses  présomptions  étaient  fondées.  Cette  stérilité,  reconnue  dès 
la  deuxième  génération,  indique,  comme  le  pense  M.  Newton,  des 
hybrides  demi-sang.  Cependant  la  surveillance  n'a  pas  été  telle 
qu'on  puisse  assurer  ijue  les  mâles  d'espèce  pure  aient  toujours  été 
éloignés  de  la  femelle  hybride. 

L'hybride  .1 .  strepera  x  .1 .  boschas,  vu  par  M.  de  Selys-Long- 
chanips  au  Zoological  Gardca  en  1851,  s'étant  accouplé  au  Canard 
siflleur,  l'uuiou  fut  féconde.  Il  en  est  résulté,  dit  M.  de  Selys,  uu 
Oiseau  dans  la  formation  duquel  1' I.  penelope  entre  pour  la  moitié, 
et  les  .1.  boschas  et  A.  strepeni  chacun  pour  un  quart  (5). 

M.  Rogeron  raconte  (G)  qu'une  femelle  (Chipeau  cf.  Canard  sau- 

(1)  OriiiUiological  (lictionary  of  brilish  Binls,  p.  .'143,  London,  1831. 

(2)  Voy.  Sclby,  lUitstrations  of  hiilish  oriritholof]y,U,  p.  32G.  F.diiihni'^'li,  ls:t3. 
Voy.  aussi  Yaiicll,  Itritish  Dirds,  p.  2(il. 

(3)  P.  IMS,  1830-lS3I.Ce  fait  est  rapporté  par  Varrcll  iii  lil-itish  Itinl.i. 
(i)  Proceediiigsot  Uiezool.  Society  of  Loiulon,  p.  ii.3(j,  I8(i0. 

(b)  BiiUetin  di'  l'.Vcad.  des  sciences  de  Bruxelles,  X.\V1,  1850. 
(0)  Bulletin  do  la  Société  d'Acclimatation,  1KS3. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTIlÉS   A    L'ÉTAT   SAl'VAGE  175 

Viige  9).  après  avoir  coutracté  une  liaisou  avec  un  Milouiii  (1 1,  fut 
Irouvi'f  (iiins  une  luzerne  couvant  neuf  u-ufs  tous  fécondés  et,  donl 
six  éclorent.  (".elle  Cane  donna  encore  d'autres  o'ufs  fécondés  les 
années  suivantes,  et,  en  1884,  M.  Uogeron  était  en  possession  de 
douze  iiybrides  (2).  En  188(i,  les  tentatives  de  reproduction  des 
hyljrides  étaient  restées  sans  résultai;  pas  un  seul  (euf  n'avait  été 
fécondé  (3).  II  en  était  d(!  même  en  1888  (4). 

Une  femelle  croisée  de  Canard  soinijre  el  de  Canard  sauvaiçe 
(Wild  Ouciv),  accouplée  à  unohsrara  pur,  a  produit  une  couvée  au 
Jardin  de  la  Société  zoolo^ique  de  Londres  {','>j.  V.n  1S77,  dans  le 
comté  de  bristol  (Klals  IJuis),  raconte  M.  Elisa  Slade  ((i),des  jeunes 
Mallards  sauvages  {A.  hoschas)  furent  capturés  et  appariés  avec  des 
Canards  sombres  pris  l'année  précédente  dans  la  même  contrée. 

M.  Slade  dil  (lu'il  possède  aujourd'liui  dans  sa  cour  un  de  ces 
Canards  sombres  et  un  mâle  Mallard  de  1877,  le  reste  de  ses  Oiseaux 
descemlent  de  cette  paire.  «  Les  hybrides  sont  fertiles  /((/(•)•  se  les 
Uiseaux  s'apparient  régulièrement  sans  se  quereller.»  Nous  pensons 
donc  que  M.  Slade  a  pcjs  soin  de  séparer  les  espèces  pures. 
Cei)endaiit  il  ajoute  qu'il  possède  une  «  |)niredont  le  mâle  est  tiois 
quarts  sang  Mallard  et  un  quart  Duskey  Duck,  la  femelle  trois 
quarts  Duskey  Duck  et  un  quart  Mallard».  La  fécondité  inter  se  de 
ces  Oiseaux  n'aurait  rien  du  reste  de  suriirenant,  car  ils  [jaraissent 
|ilutôt  ap|)artenir  à  une  variété  (ju'à  une  b(mne  espèce. 

M.  John  Handcok  (7)  parle  d'une  femelle  1.  yn/ic/o/jc  cf  cl  I.  has- 
rhas  $  qui  couva  pendant  un  mois  onze  œufs  dont  l'éclosion  n'eut 
pas  lieu.  .M.  Handcok  avait  reçu  de  .M.  Savage  deux  paires  d'hybrides 
de  cette  sorte,  un  des  mâles  vivait  encore  en  1874. 

Nous  avons  dit  que  le  croisement  de  1'  1.  hoschafi  et  de  l'.l.  mos- 
chata  se  produisait  journellement  dans  les  basses-cours.  Les 
hybrides  qui  en  naissent  sont  inféconds.  Cette  infécondité  est  telle- 
nienl   notoire  que,  dans  les  fermes  où  l'on  élève  les  Mullards  (8), 


(1)  Ce  Canard  avait  eu,  liuil  ou  lU'iif  ans  aii{iaravaiit,  uiii'  aik'  hrisi'c  par  iiii 
cliasseur,  et  depuis  il  ('lait  resté  sur  les  ilnuves  île  .\l.  Ild^'erou  sans  feuu'lle  île  son 
espèce. 

(i)  Bulletin,  p.  SOT,  18*4. 

(3)  Bulletin,  p.  :JI0,  I88(;. 

(i)  Bulletin,  p.  'Jl'.>,  ISS,><. 

(;1)  Sriater,  On  nninr  hybrid  Diifics.  l'ii>reeiliii;;s  nf  tlie  /.iiol.  Soiiely  ut  l.umlun, 
p.  442,  I8;;9. 

(6)  Proceedings  o(  United  States  national  .Muséum,  p.  fiC), 

(7)  Natural  Ilislory  Ti-ansaclinns  of  .Nortliundjerland,  p.  I.'ij,  I87i. 

(8)  On  nomme  ainsi  les  prodiiils  de  IM.  hogriuis  et  de  l'.l.  mnxcliatd. 


176  A.    SUCHETET 

ceux-ci  ne  sont  jamais  ronservés  jusqu'au  moment  de  la  repro- 
duelion. 

M.  (le  Selys  cite  un  liyljride  l'uliijala  lujroca  et  F.  rristata  (jui 
s'apparia  avec  un  vyroca  pur  d'où  il  résulta  uu  second  croisement. 

Ou  se  rappelle  que  l'hybride  I .  cljiprrnta  et  .1 .  st reperça,  pris  vivant 
dans  lu  Mecklenibourg,  ne  put  féconder  les  Canes  qu'on  lui 
donna. 

En  dehors  de  ces  exemples,  un  grand  nombre  d'autres  croise- 
ments chez  les  Anatldés  ont  été  produits  en  domesticité  ;  nous 
en  tenant  seulement  aux  genres  Anas,  rtiUr/nlit  et  Menjus,  les  seuls 
(pii,  à  l'état  sauvage  .aient  contracté  des  mélanges,  nous  citerons  : 

A.  casarka  X  Tadorna  nilpanser  (1) 

.'I.  hosclms   X   Tadorna  nilpanser  (2) 

Aix  spo7isa  X  -1.  bosclias  (3) 

Querquedula  hrasiliensis  x  Querquedula  castanea  (4) 

Aix  sponsa  X  Air  gnlcrinilata  (S) 

Marecn  chiloensis  X  Dn/ila  spinicauda  ((î) 

Dafila  spinicaiida  X  Dafila  aeiita  (7),  etc. 

Or,  un  hybride  de  Spa/((/af/î/p('a<rt  x  /l.  q'werq'uprfM/a  fut  conservé 
sans  résultat  pendant  un  été  sur  un  petit  étang  des  jardins  de  la 
Société    Zoologique   de    Londres  avec  une  femelle  de    Garganey 


(1)  Né  en  1859  dans  le  Jai'din  de  la  Zoological  Society  of  London,  issu  d'un 
mâle  du  Common  Sliieidrake  {Tadorna  rulpanser  et  d'une  temelle  du  Shieldrake 
Wliite  fronled  ou  Monlain-Gonsc  of  Southern  Ali-ica  (Casarca  Cana/.  Celle  temelle, 
dit  M.  P.  Lutley  Sclaler,  avait  élé  arquise  par  la  Société  à  la  vente  de  la  collection 
du  leu  Lord  Derby  en  1831 . 

(2)  Croisement  s'élant  produit  dans  la  basse-cour  de  .\I.  Haillon,  fait  cité 
par  BulTon  {Oiseaux,  11,  p.  îilS),  puis  rapporte  par  Bernardin  de  SLiint-Pierre 
(T.  XII  des  ((Kuvres  complètes,  p.  54).  Le  même  fait  paraît  s'être  produit  en 
Alh'magne  (Voy.  le  prof.  1)'  Mimler  in  Journal  liir  Ornilliologie,  IV,  p.  'JOi,  18.';:!. 

(:i)  Examiné  par  M.  de  Selys-l.ongclianips  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de 
\'';\vis  {Hrcaj).  des  Ili/lirides  elle:  les  Analidés.  Bull.  Acad.  sc.de  Bruxelles,  I8.')6i. 
Depuis,  l'Oiseau,  nous  écrit  M.  (histalet.  a  été  réformé  à  cause  de  son  mauvais  état. 
Il  ne  portait  aucune  indication,  mais  lout  porte  à  croire  (|uc'  c'était  un  individu 
domestltpie. 

Cl)  Crcisemenl  s'élant  pi'oduil  au  pai'C  Beaujardin,  à  Tours,  enire  uu  lirasiliensix 
cf  et  un  casianea  '+'. 

(5)  Croisement  obtenu  dans  les  deux  sens  par  divers  amateurs. 

(6)  Hybride  présenté  en  1S78  par  M.  ,1.  Charlton  Parz,  Esq.  (Voy.  List  nf  llie 
vertébrale  animais  in  Ihe  gardeii  of  zool.  Society  of  London,  p.  437.  188:ii. 

(7)  Obtenu  par  M.  Bourgeuil,  de  Nantes.  Voy.  Bull.  Soc.  Acclimatation,  p.  57'(, 
1884. 


OiSKAI  X    IIVlilUUES    nE.NCONTHÉS    A    I/kTAT    SAUVAIiK  177 

(.1.  (juci(jni-iliila),  et  une  Iciiielle  de  Sliovck'r  (>■/'"'"/"  clintrula]  {{). 

l'nu  femelle  ïadornu  vnIpatmT  x  .1. /w.st/j(w, gardée  peiKhiut  trois 
ans  par  M.  Bâillon,  n'a  jamais  vouln  écouler  ni  les  Canards  ni  les 
Tadorues  (2). 

Les  produits  de  l.  siiininiudu  x  .{.  aculirawla,  ohtenus  par 
M.  Bourj^euil  et  euvoyés  jiar  lui  au  Jardin  d'Acclimataliou  de  Paris, 
u'out  pas  reproduit  (3). 

Les  hybrides  .l/.r(/a/<'n'ci(/((7«  x  W'.rs/joji.srt,  élevés  notamment  en 
Hollande,  sont  inféconds  {!i). 

Va\  concluant  par  aualoj;ie,  il  y  a  lieu  de  croire  ((ue  les  hybrides 
sauvages  que  nous  avons  cités  sont  incapables  de  se  reproduire 
intcr  se,  mais  accouplés  avec  desespèces  pures,  iilusienrs  paraissent 
jouir  de  la  fécondité.  Dans  ce  cas,  les  jeunes  i-elourueut  tôt  ou  lard 
au  type  dont  le  sang  domine,  c'est  ce  qui  fut  constaté  par  Yarrell  : 
Les  Pinlails  .'î/'t  saug  anilu  perdirent,  dit  cet  auteur  (5),  «  toute 
apparence  du  (lauard  commun.  » 


(I)  Voy.  Vanell,  ttritish  lUrds,  p.  XH. 

(i)  Billion,  Oiseaux,  \l,  p.  ooS. 

(;t)  Comiminicatiiiii  de  .M.  h'  Direcleur. 

(4)  Voy.  Alfred  ToiKdinrd.  Giiidr  pniir  élever  les  l'aisans,  p.  !)1. 

(:i)  Op    rit. 


179 


TliniSIK.MF    PMirii: 


Les  Passereaux, 


La  |ilii|i  lit  ili's  (Tuisciiiciils  i|iii'  iHHis  iKiils  proposons  d'éiiumérer 
(hiijs  celte  élude,  ainsi  (|ue  ceux  ipii  ont  été  cités  dans  nos  deux 
l)i'écédonli's  pui)iications,  les  (idllinarcs  cl  les  hiliniiirdrs.  n'ont 
point  été  constatés  de  risii,  ils  ne  sont,  presque  tous,  (|ut'  présumés  ; 
souvent  même  ils  denieureul  très  hypothétiques. 

De  l'examen  de  certains  types  anormaux,  présentant  des  carac- 
tères propres  à  deux  espèces  ou  à  deux  races  distinctes,  on  a 
conclu  (|ue  ces  types  empruntaient  leur  origine  au  mélange  des 
formes  dont  ils  |)résentent  l'apparence  :  mais  Vappariaijc  des  parinits 
supposés  n'a  point  été ijéuéralemcnl  obsfrcé. 

Il  peut  donc  se  faire  (|ue  les  exemplaires  i-épntés  pour  hybrides, 
c'esl-à-dire  pour  le  produit  de  deux  formes  distinctes  croisées, 
soient  simplement  des  individus  aberrants  ayant  subi  dans  la  colo- 
ration de  leur  iiliimage  des  altérations  ou  des  modifications  les 
ra|)prochaut  de  certaines  formes,  sans  toutefois  ipie  leur  origine 
soit  imputable  au  croisement  de  ces  formes. 

Chez  les  variétés  climatériques,  ces  variations  jjeuvenl  sans 
doute  se  manifester  (l'une  façon  telle  (jue  le  sujet  (|ui  les  subit 
passera  pour  intermédiaire  entre  deux  races  sans  (|ue  celles-ci  se 
soient  aucunement  croisées. 

Les  mêmes  phénomènes  pouiraient  à  la  ligueur  se  produire  chez 
certaines  espèces  ou  du  moins  chez  certains  types  auxquels,  ù 
tort  ou  à  raison,  les  zoologistes  appliquent  celle  dénomination.  La 
chose,  nous  l'avouons,  ne  nous  parait  cependant  pas  probable  el, 
dans  ce  dernier  cas,  nous  ne  cacherons  point  nos  préférences  pour 
l'hybridation  comme  mode  de  formation  beaucouj)  |)lus  rationnel 
de  ces  types  égarés. 

C'est  donc  sous  les  réserves  les  plus  expres.ses  ipje  nous  citons 
tdiis  les  croisements  i|ui  fout  l'objet  de  ces  études  (I):  nous  croyons 

(1)  Le^s  Oalliitiicés  ol  lus  l'atiiiipi'ite!!  ont  ctO  publics  iliiiis  les  ilemuires  de  la 
Sociélù  (auuùfs  IS'JO  ft  1891). 


180  A.   SUCHETET 

qu'une  très  grande  prudence  s'impose  à  leur  égard,  car  les  obser- 
vations faites  jiist|u'alors  ne  sont  pas  encore  assez  étendues,  et  n'ont 
pas  été  assez  de  fois  renouvelées,  pour  conclure  d'une  manière  pro- 
lital)le  à  la  science. 

Une  remarque  d'un  autre  genre  s'impose  égalenieul  :  c'est  que 
beaucoup  des  types  qu'on  suppose  avoir  contracté  les  mélanges 
qui  vont  être  énumérés,  le  tiers  environ,  doivent  être  considérés, 
non  comme  de  véritables  espèces  liues,  mais  comme  de  simples 
variétés  ou  races  d'une  même  souche. 

Nous  insistons  sur  ce  point,  car  si  on  n'établissait  point  de  dis- 
tinction formelle  entre  les  espèces  et  les  formes  ou  races  locales,  on 
arriverait  à  grossir  notablement  le  nombre  des  croisements.  Et, 
ici,  on  nous  permettra  de  citer  les  savants  travaux  de  M.  Meuzbier, 
et  même  ceux  de  M.  Seebohm,  qui,  dans  les  étmles  qu'ils  ont 
faites  de  certains  croisements,  ont  bien  plutôt  énuméré  des  mélanges 
de  races  que  des  mélanges  d'espèces  (1).  Il  est  un  fait  à  remarquer, 
c'est  que  depuis  Linné,  les  naturalistes  ont  montré  une  tendance  à 
diviser  le  Genre  en  un  nombre  considérable  d'espèces  dont  les  diffé- 
rences sont  parfois  si  minimes  qu'il  devient  presque  impossible  de 
les  apprécier.  Le  nombre  des  espèces  principales  ou  souches,  suivant 
la  pensée  d'un  naturaliste  éminent  (2),  devrait  sans  doute  être  réduit 
et  celui  des  groupes  ou  sous-genres  augmenté;  tandis  qu'on  devait 
reléguer  «  au  rang  de  races,  ou  mieux  de  formes  locales,  plusieurs 
d'entre  elles  qui  sont  signalées  comme  espèces.  » 

Sons  l'influence  du  climat,  des  conditions  de  l'iiabitat,  de  la 
nourriture,  de  causes  diverses,  certains  individus  d'une  même 
souche  se  localisant,  arrivent  à  contracter  un  faciès  un  peu 
différent  de  leurs  ancêtres,  qui,  peu  à  peu,  devient  constant; 
ils  ne  se  séparent  point  pour  cela  de  l'espèce  à  laquelle  ils  se 
relient  insensiblement,  quelquefois  par  des  croisements.  Cela 
ne  constitue   donc    eu  aucune  manière  l'hybridation   de   formes 

(1)  Voir  {(  Du  rôle  dn  croisement  dans  l'extinction  des  espèces.  »  Conférence 
(aite  à  la  Société  Zoologique  <le  Tiance  par  M.  Michel  Meuzbier.  Olle  conférence  a 
été  reproduite  dans  la  lîevue  scientifique,  n»  4,  p.  olo  et  suiv.,  il)  avril  1S84.  Pour 
M.  Secbolini,  voir  dilférents  ouvrages  :  A  History  of  british  Ilirds.  Silieria  in 
Àsia,  Siberia  in  Etiropa,  et  notanimimt  On  llie  interbreeding  of  Birds.  Ibis, 
p.  a46  et  suiv.,  1882. 

Reconnaissons  toutefois  que  M.  Seebohm  n'a  point  intitulé  son  travail  «  Inter- 
breeding of  species  »  mais  o  Interbreeding  of  Birds  »,  ayant  soin  d'indiquer  à 
titre  de  sous-espèces  la  plupart  des  Oiseaux  croisés  :  M.  Menzbier  s'est  servi  du  mot 
espèce,  comme  on  vient  de  le  voir. 

(2)  De  Selys-Longchamps,  Considérations  sur  le  genre  Mésange.  Bull,  de  la 
Soc.  Zoûlog.  de  France,  p.  3i  et  p.  25,  1884. 


OISKALX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SALVAOE  181 

spécil'i(]ueiiii'nl  ilislincli's  eliw  jieul  eulrei' en  lij^iii'  de  cumiili'  daus 
les  croisemeuts  ([ue  uous  ;i!lous  préseuter  et  aiigmerilcr  leur 
noinlirc.  Si  nous  taisons  nu-ntion  de  ces  niélanjçes,  c'est  jiarce  ([u'ils 
ont  été  signalés  ou  ([u'ils  jtonnaient  donner  lieu  à  (jneliine  méprise 
si  uous  les  laissions  dans  l'ouhli. 

Knlin.  l'oliscrvation  attentive  des  faits  ([ui  voni  être  cités  mon- 
trera que  beaucoup  de  croisements  ne  sont  pas  sullisamment  attes- 
tés parce  que  leur  étude  a  été  incomplète  ou  que  les  récits  qui 
en  ont  été  faits  manquent  de  ])récision  :  jilusieurs  sont  certainement 
faux,  au  moins  restent  très  douteux;  jiuis  aussi  la  ca|)ture  à  l'état 
libre  ou  l'origine  sauvage  de  toutes  les  pièces  considérées  comme 
hybrides  n'est  point  certaim;,  la  rencontre  à  l'état  sauvage  d'Oi- 
seaux échappés  de  captivité  n'étant  pas  absolument  rare. 

Sous  le  bénéfice  de  ces  circonstances,  nous  avons  dressé  hi  liste 
suivante,  qui  est  un  résumé  des  faits  dans  le  détail  descpieis  nous 
entrerons  bientôt. 

Famille  îles  l-'riiuiHliiliv. 

Genre  Fringilla. 

LlGUHiNLS  CHLOHis  et  Cannahina  linota,  paraît  très  autlientique 

à  cause  des  caractères  réellement  intermédiaires  cjne  |uéseu- 

tenl  les  pièces  observées. 
LiGi:itiNiis  CHLOHis  et  (LvRDUKMS  Ki-KGANS,  même  obseivation. 
Chryso.mitius  spi.nus  et  AcA.NTHis(espèci'  non  délerminéej  probable. 
Carduelis  elega.ns,  var.  major  cl  Carduelis  caniceps,  plusieurs 

spécimens  iutermédiaires  entre  ces  deux  lyiies  ont  été  décrits. 
Carduelis  elegans  et  Cannahina  linota,  jiarait  aussi  bien  assuré. 
Chrysomitris  spinus  et  Carduelis  elegans,  les  exemplaires  qui 

nous  ont  été  montrés  ne  peuvent  établir  ce  croisement. 
Fringilla  canaria  et  Carduelis  elegans,  aurait  été  constaté. 
Fringilla  canaria  et  Cannabina  linota,  même  observation. 
LoxiA  ORvzivORA  et  Fringilla  (espèce  non  déterminée)  vague. 
F.Mi!ERi/.A  BHASiLiENsis  et  Passer  domesticus  n'esl  pas  sullisamment 

attesté. 

iex  cinq  criiiseinenls  ne  sont  pas  ii  proprement  parler  (Jes  croisements 
naturels,  pnisiiu'ils  iint  été  contractés  arec  des  hybrides  éleres  en  captiriie 
ou  des  Oiseaux  exotiques  importés,  quoique  constates  ii  létal  saurage. 

Serinus  hortulanus  et  Carduelis  elegans,  n'est  pas  suHisaniinent 

attesté. 


182  A.    SUCHETET 

Serinus  HORTULANUS  et  Cannabina  linota,  même  observation,  peut 
être  à  reportei-  au  croisement  du  F.  ciinnria  X  Cannahin  ;  les 
formes  F.  canaria  et  /■'.  liortiildHns  appartiendraieut  du  reste 
à  la  même  espèce. 

Chrysomitrisspinls  et  Ligurisus  chloris,  nous  laisse  des  doutes. 

Acanthis  linaria  et  Spinus  pinus,  hypolhéti([ue. 

AcANTHis  linaria  ct  AcANTHis  ExiuPES,  doutcux,  en  tous  cas  deux 
variétés  ou  races  d'une  même  espèce. 

Fri.ngilla  cœlebs  et  Fringilla  montifringilla,  paraît  très  authen- 
tique. 

Fringilla  goklebs  et  Fringilla  spodiogena,  simple  appariage  hypo- 
thétique. 

Genre  Pyrrhula. 

PiNicoLA  ENULEATOR  et  Carpodacus  purpureus,  Semble  bien  certain 
à  cause  des  caractères  intermédiaires  de  la  pièce  capturée. 

Genre    Emberiza. 

Emberiza  ciTRiNELLA  et  Emberiza  schoeniclus,  probable. 
Emberiza  citblnella  et  Emberiza  pithyornus  (id.),  mais  l'origine 

sauvage  de  l'Oiseau  n'est  pas  absolument  certaine. 
Emberiza  citrinella  et  Emberiza    cirlus,   vague,  on  ignore  du 

reste  si  l'Oiseau  a  été  prisa  l'état  sauvage. 
JuNco  HIEMALIS  et  ZoNOTRiCHiA  ALBIC0LLIS,  paraît  authentique  par 

ses  caractères. 

ZONOTRICHIA     LEUCOPHRYS,     ZONOTRICHIA     GaMBELI    et     ZONOTRICHIA 

Gambeli  iNTERMEniA   (ti'ois  variétés  d'une  même  forme),  dou- 
teux, peut-être  dû  à  des  variations  climatéricjues'? 
Spizella  pallida  et  Spizella   Breweri  (n'a  pas    été  contrôlé)  ; 
notons  que  Bretreri  a  été  considéré  comme  race  de  pallida. 

Genre  Passer. 

Passer  domesticus  et  Passer  montanus,  semble  assez  probable. 
Passer  montanus  et  Passer  Itali.ï:,  nous  n'oserions  point  nous 

prononcer,  fait  du   reste  double   emploi  si  [talùc  est  race 

de  tlnviesticus. 
Passer  domesticus  et  Passer  Itali.e,  probable,  entre  variétés  si, 

comme  ou  vient  de  le  dire,  P.  Ualia'  est  race  de  P.  damesticm? 
Passer  saucicola  et   Passer   Itali.e,   pourrait  être   reporté  au 

précédent  i^i  snlirola  est  race  de '/o))!c.s?/c»s  ;  salicola  paraît 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  iS3 

lui-mùaie  u'èlri;  qu'uue  race  d'tldliiv;  nous  ignorons  nirnic 
si  la  production  des  pièces  intermédiaires  est  réellement  din' 
à  un  croisement. 

Genre  Loxia. 

LoxiA  cuRviROSTRA  ct  LoxiA  BiFASciATA,  tri's  vaguc,  liypotliétique, 

ne  mérite  ])as  sans  doute  d'étri' mentionné. 
Lo.\iA  cLiiviROSTRA  et  LoxiA  piTYOPsiTTACUs,  uo  uous  piiraîl  pas 

suHisamment  affirmé, sans  doute  deux  variétés  du  môme  type? 

Entre    deux   genres. 

Embehiza  BRASiLiENSis  et  Passer  do.mesticus  (ce  croisement  a 
été  mentionné  plus  haut,  rappelé  ici  [Kiur  mémoire). 

LiGURiNUs  CHLORis  et  Fasser  Itali.e,  n'est  p;is  alllrmé  suHisam- 
ment, douteux. 

Fringilla  coelebs  et  Passer  domesticus  ,  faux  certainement  dans 
un  cas,  très  douteux  dans  le  second. 

Chrysosiitris  spinus  et  Pyrruula  vulgaris,  fort  douteux. 

Famille  des  Muscaitidm. 
Genre  Rhipidura. 

UmPIDLRA    FLABELUI'ERA    Ct    IllIIPIDUR\    FULIGINOSA,     parait    bicU 

attesté;  reste  à  savoir  si  flabellifera  et  fulUjinosa  doivent  être 
considérées  comme  deux  espèces  distinctes  l'une  de  l'autre? 

Finnille  des  lliiundinida'. 
Genre  Hirundo. 

IlmUNDO     EltYTlIROOASTER,      Var.      HORREORUM      Ct      PeTROCIIELIDON 

LUNiFRONs,  probable. 
Hirundo  erythrogaster  et  Petrociielidon   Swainsoni,  peut  être 

exact,  mais  n'est  pas  sullisammeut  attesté;  peut-être  aussi 

fait  double  emi)loi  avec  le  précédent  si  Sunin^oui  est  le 

môme  ([ue  luaifrons  ou  variété  de  celui-ci. 
IlniuNDO  URBiCA  et  Hirundo  rustica,  parait  authenticpic  d'ajirès 

les  caractères  que  présentent  les  hybrides  supi)osés. 


184  A.  SUCHETET 

Famille  des  Paridœ. 
Genre  Parus. 

Parus  atricapillus  el  Parus  Gambeli,  sans  doute  exact. 

Parus  atricapillus  et  Parus  bicolou,  nous  manquons  de  ren- 
seignements sur  ce  croisement  qui  peut  n'être  qu'un  «sport.n 

Parus  coERULEus  et  Poecile  communis,  paraît  bien  établi. 

Parus  palustris  et  Parus  cyanus,  semble  authentique,  mais  on 
ne  spécifie  pas  si  l'Oiseau  a  été  réellement  pris  à  l'état 
sauvage. 

Parus  palustris  et  Parus  cristatus,  paraît    bien  établi. 

Cyanistes  cyanus  et  Cyanistes  C(eruleus  a  été  contesté. 

Cyanistes  cyanus  et  Cyanistes  Pleskei,  si  le  dernier  type  est  race 
A&cœruh'un,  ce  croisement  est  à  reporter  au  précédent. 

Cyanistes  coeruleus  et  Cyanistes  Pleskei,  n'est  qu'une  pré- 
somption. 

Cyanus  flavipectus  et  Cy'anistes  cyanus  var.  Tian-Schanicus,  sans 
doute  deux  variétés  d'un  même  type,  assez  obscur  du  reste. 

Cyanistes  cyanus  et  Poecile  longicaudus,  peut  être  exact? 

Acredula  caudata  et  A.  Irbyi,  deux  variétés  d'une  même  espèce. 

Acredula  rosea  et  Acredula  Irbyi  (id.).  Y  a-t-il  eu  véritable 
croisement  dans  ces  deux  cas;  nous  l'ignorons. 

Famille  des  MotaciHidœ. 
Genre   Motacilla. 

Motacilla  ALEA  et  Motacilla  lugubris,  semble  certain,  mais  les 
deux  types  se  rattachent  plutôt  à  des  variétés  qu'à  des  espèces. 

Budytes  elava  et  Budytes  melanocephala,  probable,  deux  races 
d'un  même  type. 

Budytes  flava  et  Budytes  campestris,  paraît  bien  attesté,  tou- 
jours variétés  d'une  même  espèce. 

Budytes  flava  et  Budytes  borealis,  mêmes  renseignements  que 
pour  le  précédent,  est  peut-être  le  même  que  l'avant  dernier? 
Des  variations  ou  anomalies  pourraient  peut-être  être  invo- 
qués pour  expliquer  les  caractères  intermédiaires  des  exem- 
plaires attribués  à  plusieurs  de  ces  derniers  croisements. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE  185 

Famille  des  Turdiihr. 

Genre  Sylvicola. 

Helmintiiophaga   pinus  et  Helminthophaga  chrysoptera,  pillait 

Itii'ii  aflirmi'. 
Helminthophaga  pinus  et  Oporonis  formosa,  moins  autlieiiti(iue. 
Denur.eca  striata  et  Perisiglossa  tigrina  toutàfail  liypothctique. 

Genre  Cyanecula. 

Cyanecula  Wolfi  et  Cyanecula  leucocyanea. 

Cyanecula  suecica  et  Cyanecula  leucocyanea. 

Cyanecula  Wolfi  et  Cyanecula  suecica,  ces  trois  types  sont  pro- 
baliicinenl  des  variétés  d'une  même  espèce,  et  leurs  croise- 
ments ne  sont  pas  assurés. 

Genre   Philomela. 

Philo.mela  luscinia  et  Philomela  major,  ne  nous  |iaiaît  pas 
sunisammeul  attesté,  deux  variétés  du  reste. 

Genre  Petrocincla. 

Petrocincla  cyanea  et  Petrocincla  saxatilis,  a  été  bien  étudié, 
n'est  cependant  pas  positivement  cerlaiu. 

Genre  Turdus. 

TuRDUs  RUFicoLLis  cl  TuRDus  ATRiGULARis,  iioiis  ne  |ioiirrions  nous 
piououcer. 

TuRDus  FuscATUs  et  TuRDUs  Naumanni,  n'est  pas  sullisamment 
attesté  (plusieurs  de  ces  quatre  espèces  sont  facilement 
eonfoiulues). 

Turdus  merula  et  Turdus  musicus,  sans  doute  quel(iues  croise- 
ments se  sont  réellement  produits. 

Turdus  merula  et  Turdus  viscivorus? 

Turdus  torquatus  et  Turdus  merula  douteux. 

Genre  Regulus. 
Regulus  SATRAPA  cl  Regulus  CALENDULA  liypotliétique. 


18('>  A.    SUCHETKT 

Genre   Hydrobata. 

CiNCLUS  CASHMiniKNSIS  et  GiNCLUS  LEUCOGASTER. 

CixcLus  cASHMiRiENsis  et  CiNCLus  soRDiDus,  ti'ois  variétcs  d'un 
môme  type. 

Genre  Copsychus. 

CopsYCHus  Musicus  et  Copsychus  amoenus,  à  peine  si  ces  deux 
types  peuvent  être  appelés  des  variétés. 

FdiitUlc  des  Laniidd\ 

Genre  Lanius. 

Lanius  rufus  et  Lanius  collaris,  paraît  avoir  été  bien  étudié. 
Lanius  excubitor  et  Lanius  major,  sous  ces  deux  dénominations 

ou  doit  peut-être  entendre  le  même  individu  '!  En  tous  cas 

deux  simples  variétés  d'une  même  espèce. 
Lanius  excubitor  et  L.  leucopterus,  deux  variétés? 
Lanius  excubibor  et  L.  borealis,  n'a  pas  été  suffisamment  observé. 

Fainille  des  Garrididœ. 

Genre  Cyanocorax. 

CyANOCORAx  CYANOMELAs  et  Cyanocorax  cyanopogon  (ou  Cyano- 
corax  cayanus)  liypothétique. 

Genre  Garrulus. 

Garrulus  gland arius  et  Garrulus  Krynicki,  vague,  du  reste 
deux  variétés  d'un  môme  type. 

Famille  des  Corvidœ. 
Genre  Corvus. 

CoRVus  CORAX  et  CoRvus  corone,  n'est  point  sans  doute  exact. 

CoRvus  corone  et  Corvus  cornix,  bien  établi,  mais  deux  variétés 
d'une  même  espèce. 

Corvus  krugileus  et  Corvus  cornix,  très  vague  mention,  et  pro- 
bablement indiqué  par  erreur. 


OISEAUX    lIMllimKS    REiNCONTUKS    A    l.'lh'AT    SAUVACK  1.S7 

Convos  couoN'i':  et  Couves  Fuur.iLiiuus,  invraisemblable,  n'csl  |)as 

sérieux. 
CoRVL's  NECt.ECTLis  et   CoKvus  DAunicus,    pi'olialilciiieiit  variétés, 
certains  croient  inèine  que  iti'yli'clns  est  un    |ir(;iuier  âge  ! 
CoRvus  coRNix  et  GoRvus  ORiENTALis,  (leux  variélés? 

FiuiuUf  (les  Ccrlltiilii. 

Genre  Sitta. 

SrrTA  Kunoi'EA  et  Sitta  caesia,  les  quelques  reusei|;nenicnts  fournis 
ue  nous  permettent  pas  (rallirmer  ce  croisement. 

Famille  des  MplUphagidœ 

Genre  Jora. 

JoRA  TviMiiA  et  Jora  zevlomca,  tout-à-fait  bypothétique. 

Famille  des  Puradisidœ 

Genre  Paradisea 

I'aiiauisea  ai'oda  cl  l'AitADisEA  RAooiAN'A,  paraît  probable,  à  moins 
donc  que  niiji/lnim  ne  soit  sujet  à  des  écarts  de  coloration  le 
rapprocbaiil  de  /'.  npoda .' 

Famille  des  ScenopiidfC 

Genres  Oriolus  et  Ptilorhynchus. 

Ptilonorvncuus  HOLosERicus  ct  Sericulus  chrysocephalus,  con- 
testé, reste  indécis. 

Famille  des  Coraciudidœ 
Genre  Coracias 

CoRiACiAs  i.NniCA  et  Coracias  akfinms,  a  été  contesté,  en  tous  cas 

deux  variétés  d'un  même  type. 
CoRiACiAS  OARRii.A  et  (aiuacias   indica  ,  u'cst  poiut  entouré  de 

toutes  les  garanties  désirables. 


188  A.    SUCIIETET 

Failli  Ile  ili's  Piiiilœ 
Genre    Colaptes. 

CoLAi'TES  Ai'UATUs  et  CoL.M'TES'  MEXicANUS,  ces  deiix  foriiips  sont 

peut-être  une  seule  espèce  ? 
Colaptes  chrysoïdes  et  Colaptes  mexicanus,  paraît  avoir  été  bien 

étudié,  mais  cJu-j/soiilrs  est-il  réellement  espèce? 
Dryobates  Nuttallii  et  Dryobates  pubescens,  probable. 

Entre  deux  familles. 

Turdidœ  et  Fringillidœ. 

Genres  Ruticilla    et   Carduelis. 

Saxicola  rubricola  et  Carduelis  elegans,   description    insufTi- 
sante;  très  probablement,  sinon  assurément  faux. 

Si  on  déduit  vingt-neuf  ou  trente  croisements  produits  entre  types 
pouvant  sans  doute  être  considérés  comme  variétés  ou  races,  et  non 
comme  de  véritables  espèces  zoologiques  dans  le  sens  pro[u'e  du 
mot,  croisements  qui  sont  même  loin  d'être  prouvés  tous,  restent 
soixante-deux  croisements.  Sur  ce  nombre,  on  l'a  vu,  trois  sont 
faux  ou  paraissent  l'ctro  ;  huit  sont  hypothétiques  ;  sept  sont  dou- 
teux,  ou  méi'itent  à  peine  d'être  mentionnés;  dix  ne  sont  pas 
sufllsamment  attestés  ou  ont  été  décrits  trop  vaguement;  un  n'est 
qu'un  simple  appariage  présumé,  et  non  suivi  de  fécondité;  (juatre 
dont  la  capture  à  l'état  sauvage  n'est  pas  certaine  ;  quatre  aussi  dont 
le  croisement,  s'il  a  eu  lieu,  s'est  effectué  avec  des  hybrides  ou  des 
espèces  exotiques  échappées  de  captivité  ;  trois  font  peut-être 
double  emploi,  c'est-à  dire  qu'ils  sont  à  reportera  des  croisements 
déjà  cités.  Enfin  onze  semblent  probables;  sept  paraissent  bien 
assurés  et  cinq  sont  sans  doute  authentiques.  En  résumé,  vingt  à 
vingt-cinq  croisements  d'espèces  seulement  doivent  être 
retenus,  si  toutefois  (notons- le  bien  encore)  les  hybrides  pris  à  l'état 
sauvage  ont  été  réellement  produits  dans  cet  état  et  ne  sont  point 
des  échappés  de  captivité,  dont  la  capture  présente  certainement 
beaucoup  i)lus  de  facilités  que  celle  de  leurs  congénères  sauvages. 
Comme  nous  le  disions  en  commençant,  dans  la  plupart  des  cas, 
on  n'a  point,  en  elîet,  constaté  de  t/.s»  l'appariage  des  parents  suppo- 


OISEAUX    HVniUDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  1S9 

ses  et  suivi  leur  postérité  (I).  Les  hybrides  les  plus  aulhentiques, 
c'est-à-dire  ceux  tloiit  les  caractères  alFiruieul  une  double  origiuo, 
se  trouveut  doue  eux  uièuies  sujets  à  cauliou  ! 

F"aut-il  dire  uiainteuaut  que  pour  rassembler  ces  vinj^t  à  vingt- 
cinq  croiseiueuts/(/o/<(//;/('.v,  nous  avons  dû  nous  livrer  à  des  reclier- 
ches  très  étendues,  à  épuiser  pour  ainsi  dire,  comme  nous  l'avions 
fait  pour  les  Gallinacés  et  les  Palmipèdes,  toutes  les  ressources  dont 
nous  pouvions  disposer  :  ajjpel  aux  directeurs  de  Musées,  aux  pro- 
priétaires de  collections  particulières,  aux  ornithologistes,  natu- 
ralistes, voyageurs,  amateurs,  éleveurs,  marchands,  etc.,  etc.,  sans 
compter  de  uomi)reuses  rerli(>relies  liililiographiques.  Sans  doute, 
si  nous  nous  étions  contenté  des  renseignements,  plus  ou  moins 
vagues,  qui  nous  arrivaient,  toutes  les  réserves  que  l'on  vient  de 
lire  n'auraient  |)as  été  émises;  mais  nous  avons  voulu,  daus  l'in- 
térêt de  l'exactitude,  éprouver  tous  les  docunieuts  reçus,  les  con- 
trôler sérieusement,  et  bien  nous  en  a  pris,  comme  on  le  verra  dans 
la  suite. 

Nous  ignorons  quel  peut  être,  dans  la  nature,  le  nombre  des  espèces 
appartenant  à  l'Ordre  des  Pasfsereaur.  Sous  ce  rapport  le  catalogue 
des  Oiseaux  couservés  au  British  Muséum  fournit  de  précieuses 
indications.  Mallieureusement,cel  ouvrage,  en  cours  de  publication, 
n'est  point  achevé.  Combien  de  volumessontencore  à  publier,  nous 
ne  pouvons  le  dire.  .Vctiiellemeut  on  en  compte  quatorze  s'occu- 
pant  du  groupe  (|ui  fait  l'uljjet  de  celte  étude  (2).  Or  ces  volumes 
nomment  déjà  G86j  espèces  existantes  dont  55  950  spécimens 
(représentant  OOOi  de  ces  espèces)  sont  conservés  dans  les  galeries 
du  .Musée.  Tel  est  au  moins  le  total  auquel  nous  sommes  arrivé 
eu  additionnant  les  ehilfres  donnés  dans  chaque  volume.  On  sera 
peut-être  surpris  d'apprendre  qu'après  un  examen  attentif  des 
pièces  cataloguées,  trois  ou  (juatre  seulement  |)araissent  avoir  été 
notées  comme  hybrides  (3);  celte  pro|»ortiou  intime  n'est  même 
point  celle  qui  existe  dans  les  autres  Musées  d'Europe  et  d'Amé- 
rique, où,  le  plus  souvent,  aucun  Passereau  hybride  sauvage  n'est 
conservé.  C'est  cependant  dans  les  colleelions  ([ue  l'on  doit 
s'attendre  à  trouver  des  pièces  curieuses  et  anormales.  Des  natu- 
ralistes qui  ont  passé  leur  existence  à  chasser  ou  à  collectionner 
nous  disent  n'avoir  jamais  rencontré  aucun  Oiseau  hybride;  une 

(1)  Ct'tic  rt'sorvi'  n'fsl  cepeiKiant  pas  apiiliiMhlc  aux  espèces  i|ui  no  peuvent  sup- 
porter la  captivité,  mais  c'est  le  petit  niiuibre. 

(2)  Car  nous  comptons  clans  les  Passereaux  les  Picidn'  (Scnnsores,    auct.  pUir.). 

(3)  Il  y  en  a  quelques  autres,  mais  elles  sont  déclarées  hybrides  de  variétés  et 
suivies  même  souvent  d'un  point  d'interrogation. 


190  A.    SUCHETET 

foule  de  mnrchauds  do  zoologie,  oiseleurs  ou  autres,  que  nous 
avons  consultés,  nous  ont  fait  la  même  réponse.  L'uuanimité  de 
leurs  réponses  négatives  est  réellement  surprenante  ;  le  dépouille- 
ment de  leur  correspondance  mériterait  d'être  cité  pour  montrer  la 
concordance  qui  y  règne  sur  ce  point  (1). 

Evidemment  tout  ceci  prouve  que  l'hybridité  à  l'état  sauvage  est 
rare,  fort  rare,  si  elle  existe  même,  puisque  des  gens  du  métier 
persistent  à  la  nier,  malgré  les  pièces  que  l'on  a  apportées  en  preuve. 

Afin  d'éclaircir  un  sujet  si  obscur  nous  faisons  appel  aux  bonnes 
volontés,  à  tous  ceux  qui,  croyant  avoir  observé  quelques  faits  de 
cette  nature,  ne  les  ont  point  publiés  ;  à  tous  ceux  particulièrement 
qui,  s'étant  aperçus  de  lacunes  dans  notre  travail,  voudront  bien  les 
combler  eu  nous  montrant  nos  oublis  ou  les  erreurs  que  nous  avons 
sans  doute  commises.  Si  beaucoup  despèces,  actuellement  exis- 
tantes, ne  sont  point  encore  tombées  sous  l'observation,  à  plus  forte 
raison  les  rares  croisements  ((u'elles  peuvent  contracter  restent-ils 
ignorés.  Mais  ce  cliifire  est  restreint  nécessairement,  et  l'on  ne  peut 
espérer  enrichir  désormais  nos  catalogues  ornithologiques  d'un 
aussi  grand  nombre  d'espèces  que  déjà  ils  en  contiennent  ;  ainsi 
peut-on  prévoir  que  les  nouveaux  faits  d'hybridisme  ne  seront  jamais 
nombreux  et  que  les  croisements  d'espèce  pourront  toujours  être 
réputés  fort  rares  dans  la  nature. 

Ce  fait  rare  de  l'hybridation  mérite-t-il  de  fixer  l'attention  ? 
est-il  de  nature  à  intéresser  le  naturaliste  et  le  philosophe,  à 
apporter  nue  solution  aux  problèmes  graves  et  non  résolus,  qui  se 
posent  en  face  des  œuvres  de  la  Création?  Oui,  certes,  si  ce  que 
nous  sommes  convenus  d'appeler  Vesjièce  en  éprouve  quelques 
modifications  assez  importantes  pour  altérer  son  essence.  Lorsque 
nous  aurons  énuméré  et  étudié  dans  leurs  détails  et  dans  leur 


(1)  M.  Paul  (l'IIauterivp,  un  nalui'aliste  sagace,  qui,  depuis  cinquante  ans  qu'il 
observe  les  Oiseaux,  n'a  jamais  rencontré  un  seul  croisement  d'espèce  parmi  ceux 
qui  vivent  en  liberlé,  nous  cite  le  fait  suivant  qui  peut,  pensons-nous,  être 
rapporté  :  Ayant  remarqué  la  jalousie  des  Pinsons  dont  les  mâles,  au  moment  des 
amours,  ne  perdent  jamais  leurs  femelles  de  vue,  il  eut  l'Idée  un  jour,  après  s"ètre 
approché  d'un  couple  établi  dans  son  jardin,  de  tuer  le  mâle  pour  voir  comment  se 
comporterait  la  femelle  resiée  seule  et  savoir  si,  en  recommençant  plusieurs  fois  le 
meurtre  des  époux  légitimes  qu'elle  rechercherait  sans  doute,  elle  ne  se  lasserait  pas 
enfin  et  ne  séduirait  pas  un  étranger  quelconque,  notamment  un  Chardonneret  dont 
le  nid  est  établi  presque  toujours  dans  le  voisinage  de  celui  du  Pinson.  Dix  minutes 
après  la  mort  du  premier  Pinson  mâle,  la  femelle  revint  avec  un  nouvel  époux  qui 
uldenouvrau  abattu,  lîienlol,  même  conquête,  mais  aussi  même  déception.  Enfin  un 
(luati'ième  mariage  fut  contracté  toujours  avec  un  mâle  de  l'espèce,  tandis  (juc  les 
Chardonnerets  avaient  été  laissés  de  coté. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE  191 

eiisemltle  tous  les  fiiils  (jiii  (mil  l'oliji-l  de  ces  études,  nous  nous 
permettrous  d'aborder  seulenienl  celle  question  ;  nous  ne  croyons 
poinl  devoir  le  faire  avant  d'avoir  réuni  el  mis  sous  les  yeux  du 
iecleui-  toutes  les  oliservalions  i-ecuoiliies  jus(iu'ii  ce  jour. 

Avant  d'entrer  eu  nialière,  nous  pensons  aussi  devoir  lui  pré- 
senter (|uel(iues  reniar(|ues  ([ui,  si  elles  ne  sont  poinl  à  notre 
avanta^M',  sont  cependant  utiles  à  faire  connaître.  El  d'ahord  si  nous 
avons  étudié  de  notre  mieux  les  espèces  ou  types  qui  se  sont 
croisés,  si  de  tous  côtés  nous  avons  pris  des  renseiiiuemeuts  à  leur 
sujet  afin  de  liien  ctjnnailre  leur  nature,  nous  ne  sommes  |)oiut 
cei)endanl  un  ornithologiste  de  profession;  nous  avons  donc  pu 
commettre  des  erreurs  de  détail,  peut-être  même  des  fautes,  surtout 
lorsqu'il  s'est  a;;!  d'examens  comparatifs  entre  les  diverses  parties 
du  plumage  ou  de  la  forme  des  hybrides  el  de  leurs  parents 
supposés,  étude  qui  demande  une  allention  très  soutenue  el  un 
matériel  de  comparaison  ([ue  nous  n'avons  pas  toujouis  possédé 
en  (luantilé  suHisaute.  Peut-être  aussi,  la  {)lu|iarl  des  documents 
i|ue  nous  avions  à  consulter  étant  écrits  en  langues  étrangères, 
s'est-il  glissé  (pielques  erreurs  dans  leurs  traductions,  pour  les 
descrii)lions  notamment  (I).  Puis  nous  devons  reconnaître  notre 
embarras,  nos  hésitations,  pour  le  classement  des  différentes  formes, 
à  cause  de  la  divergence  d'opinions  de  ceux  qui  ont  entrepris  des 
classilicalions.  Grande  est  la  dilTiculté  de  préciser  si  le  type  que  l'on 
envisage  apparlieul  à  une  espèce,  à  une  race  ou  à  une  simple 
variété.  Sa  forme,  son  plumage,  ses  habitudes  permettent  souvent 
de  le  ranger  indilTéremment  dans  tel  ou  tel  genre,  mèmequebfuefois 
dans  telle  ou  telle  famille;  il  n'y  a  pas  dans  la  nature  de  limites 
précises  qui  s'imposent  et  i)ermeltenl  de  classer  (suivant  notre 
système)  telle  espèce  dans  tel  genre,  dans  telle  famille  et  même 
dans  tel  ordre;  la  preuve  en  est  dans  les  désaccords  si  fré([uents 
que  l'on  constate  dans  presque  tous  les  livres  d'ornithologie.  Il  n'est 
pas  besoin,  croyons-nous,  d'appeler  l'altenlion  sur  ces  divergences 
d'opinions;  elles  sont  mallieureu.'^emeul  trop  évidentes  el  trop 
connues. 

En  dehors  de  cesdillicultés  qui  se  présenteront  tant  (|ue  les  espèces 
dureront,  et  tant  ijue  les  naturalistes  essaieront  de  les  classer, 
viennent  se  placer  les  nouvelles  découvertes,  les  nouvelles  obser- 
vations i|ui  changent,  modilieut  les  opinions  ([ne  l'on  s'était  for- 

(I)  Celle  leaiianiue  sa|i|)li(|iip  pliilol  ù  nos  Jcii.v  ili-niitTcs  élmlps  :  les  OiUlinact's 
el  les  l'attiiipèdes,  car,  puur  les  l'as^ereaiix,  nous  avons  eu  soin  de  (au'e  relire 
tous  lis  passages  dont  la  traduclion  présentait  certaines  dillicullés  uu  nous  laissait 
quelques  doutes  sur  son  exactitude. 


192  A.    SUCHETET 

mues.  Eq  voici  un  exemple  entre  mille  :  on  s:iil  quelle  précision 
les  ornithologistes  américains,  constitués  eu  comité,  ont  mise  dans 
l'élude  de  la  f\une  de  leur  pays  et  avec  (|uelle  conscience,  (pielle 
persévérance  ils  l'ont  étudiée.  Or,  pendant  l'intervalle  de  vingt- 
deux  années  i[ui  se  sont  écoulées  depuis  la  publication  du  dernier 
catalogue  Sniitlisonian,  des  cliangemeats  nombreux  ont  été 
nécessités  à  cause  de  leur  importance  et  il  a  paru  utile  à  l'un  de  ces 
ornithologistes,  M.  Robert  Ridgway,  de  substituer  une  nouvelle 
liste  à  l'ancienne.  Si  les  modifications  apportées  ne  iiortaienl  (|ue 
sur  l'addition  d'espèces  nouvelles,  cela  n'aurait  rien  d'étrange 
puisque  chaque  jour  de  nouvelles  découvertes  sont  faites;  mais 
elles  portent  aussi  sur  un  i)oinl  plus  grave  :  l'élimination  d'espèces 
classées  pour  telles  et  qui  ont  dû  être  descendues  au  rang  de  sous- 
espèces  ou  races.  Si,  six  ans  plus  tard  seulement,  nous  examinons 
la  liste  ollicielle  du  comité,  nous  trouvons  de  nouveaux  change- 
ments; telle  forme  qui  figure  sur  le  catalogue  de  M.  Hidgway  est 
rayée  sur  la  nouvelle  liste  ou  liguie  à  uu  autre  titre.  Mais,  sans 
doute,  on  pourrait  rencontrer  entre  cette  liste  et  celle  d'un 
autre  ornithologiste  non  moins  émineut,  M.  Elliot  Coues,  des 
divergences  d'appréciations  plus  flagrantes.  Chaque  année  du  reste, 
le  Comité  révise  ses  listes  et  y  apporte  des  modilications  (I). 
Comme  les  croisements  qui  sont  à  éuumérer  se  rapportent,  eu 
Amérique  principalement,  à  des  types  nouvellement  connus  et  peu 
étudiés,  il  ne  sérail  point  élouuant  d'apprendre  que  nous  ayons 
commis  des  erreurs  en  les  portant  comme  croisements  d'espèces; 
nous  verrous  que  les  ornithologistes  sont  divises  sur  des  points 
d'une  haute  importance  quant  au  sujet  qui  nous  occupe,  les  uns 
faisant  de  deux  types  de  coloration  bien  tranchée  une  seule  espèce 
à  forme  modiliée  par  climat,  les  autres  au  contraire  donnant  à  ces 
deux  types  une  origine  distincte  et  les  reliant  insensiblement  les 
uns  aux  autres  à  l'aide  des  croisements.  Ne  sait-on  point  encore 
que,  de  jeunes,  ou  de  femelles,  on  a  fait  des  espèces  !  Dans  ce  dédale, 
nous  demandons  donc  toute  l'iudulgeuce  du  lecteur. 

Dans  nos  deux  dernières  études  sur  les  Gallinacés  et  les  Palmi- 
pèdes nous  n'avions  point  examiné  les  diverses  pièces  hybrides 
qui  ont  été  mentionnées,  nous  n'avions  même  point  songé  à  les 
voir,  persuadé  que  le  jugement  que  leurs  possesseurs  on  leurs 
détenteurs  portaient  sur  elles  était  exact:  du  reste  nous  les  citions 

(1)  Voir  les  deux  supplémenls,  American  OriiiUiologist's  Union,  New- York  1889; 
tlie  Auk,  Vil,  1.  January,  1890. 


OISEAUX    IIVMIUDES   RENCONTUÉS   A   l'ÉTAT    SAUVAGE  d93 

pour  rr  ijurllct  raliiifut,  laissant  à  ceux  ([tii  les  présentaient  pour 
hybrides  la  ri'spoiwibllitc  enlière  (le  leurs  npjircrinliims. 
■  (À'tte  fois  noire  curiosité  s'est  éveillée  el  nous  avons  désiré  étu- 
dier noiis-uiôtno  en  nature  quelques-uns  des  hybrides  ou  des 
sujets  répuh's  couinie  tels.  Une  grande  dilTicullé  se  présentait,  ces 
divers  spéeiniens  étant  dispersés  dans  plusieurs  collections  euro- 
péennes, américaines  et  même  de  l'Océanie.  Un  tel  voyage  autour 
du  monde  était  impossible;  nous  avons  donc  demandé  aux  direc- 
teurs ou  projiriétaires  de  collections  les  plus  rapprochées  de 
nous  la  permission  de  faire  sortir  quelques  instants  de  leurs  vitri- 
nes les  pièces  curieuses  y  renfermées  et  de  nous  les  adresser.  Nous 
avons  pu  ainsi  examiner  de  près  un  certain  nombre  d'exem- 
plaires intéressants,  dont  (|uelques-uns  cependant  nous  ont  paru 
suspects.  Nous  avons  donc  été  oblii^é  de  constater  des  erreurs  (qui 
se  sont  sans  doute  produites  déjà  pour  les  'Jallinacés  et  les  Pal- 
mipèdes) et  nous  serons  obligé  de  les  signaler. 

Mais  merci,  et  grand  merci,  à  ces  personnes  généreuses  qui  se 
sont  montrées  assez  désintéressées  et  assez  courtoises  jiour  nous 
favoriser  de  leurs  envois  ;  notre  reconnaissance  leur  est  acquise  et 
nous  prions  ceux  (|ue  la  nature  de  nos  rerherches  intéressera  de 
partager  avec  nous  à  leur  égard  ces  sentimeuts  de  gratitude 
auxquels  elles  ont  droit.  .Maliieureusement  ces  envois  ont  été 
bornés  à  l'Europe  ;  encore  est-il  que  beaucoup  de  spécimens  ne 
nous  sont  point  |)arveuus,  les  uns  n'existant  plus,  les  autres  étant 
dispersés  çà  et  là,  ou  ne  sait  plus  où.  Ajoutons  (juc  quelques  collec- 
tionneurs n'ont  point  cru  devoir  se  séparer  de  leurs  ])ièces  rares  et 
se  sont  contentés  de  nous  adresser  des  a(iuarelies,  les  unes  sulli- 
sautes  pour  apprécier  l'origine  hybride  du  sujet  iiu'elles  repré- 
sentent, les  autres  trop  vagues  et  à  l'état  de  croquis,  ne  nous 
permettant  pas  (rac(piérir  une  opinion  formelle  sur  la  nature 
de  l'Oiseau  dessiné.  Disons  enlin  (]ue,  sans  doute  à  tort,  nous 
n'avons  point  osé  adresser  des  demandes  d'euvoi  à  des  natu- 
ralistes trop  éloignés;  aussi  au  moment  de  publier  cette  nou- 
velle étude,  éprouvons-nous  (|iiclque  rt^grel  de  n'avoir  point  tenté 
davantage;  si  nous  nous  étions  adressé  à  luus  indistinctement, 
sans  doute  aurions-nous  été  plus  complet.  Nous  espérons  que  cet 
appel  indirect  sera  entendu  et  (|ue  de  nouveaux  envois  imus  seront 
j)ri)posés.  Il  nous  sera  facile,  dans  les  Adililiojis  que  nous  nous  \no- 
posons  de  faire  à  nos  précédentes  publications  et  à  la  présente 
étude,  de  rendre  com|)te  en  supplément  des  pièces  i|ui  nous  seront 
présentées  et  que  nous  serons  toujours  très  heureux  d'examiner. 

En  attendant,  nous  remercions  ici  pour  leurs  envois  de  pièces 


194  A.    SUCHETET 

moulées  ou  mises  eu  peau  :  M.  le  D^  C.  Kerbert,  directeur  du 
Koninklijl;  zooloijish  (/('«oo/sc/iffj»,  d'Amsterdam  (HoUaude)  ;  M.  .MI. 
Gurney,  esq.,  de  Keswick  Hall,  Norwich  (Angleterre);  Si.  J.  B. 
Nicliols.esq.,  d'Holmwood,  Dorking,  Surrey(Angleterre)  ;  M.lecom- 
mandeur,  piof.  Henrico  Giglioli,  directeur  du  Masco  z.ooloijico  ilri 
Vertebrati,  de  Florence;  M.  Philipp  B.  Mason,  esq.,  de  Burton-on- 
Trent  (Angleterre);  M.  R.  Tancré,  d'Anclam  (Poméranie);  M.  le 
docteur  Môbius,  directeur  du  konigllches  Miiscum  fiir  Nnlarlmide, 
de  Berlin;  M.  le  DrReichenow,  directeur  de  la  collection  ornitholo- 
giqiie  et  M.  Paul  Matscliie,  du  môme  Musée;  M.  Robert  W.  Chase, 
esq.,  de  Southfield,  Birmingham  (Angleterre);  M.  le  prof.  Andréa 
Fiori,  professeur  au  Lycée  de  Bologne  (Italie)  ;  M.  Antoine  Valle, 
directeur  adjoint  du  Musée  d'histoire  naturelle  de  Trieste( Autriche); 
M.  Marioii,  correspondant  de  l'Institut,  directeur  du  Musée  d'his- 
toire naturelle  de  Marseille  ;  M.  le  D'^  Ricardo  Ferrari,  de  Trente 
(Autriche)  ;  M.  le  comte  T.  Salvadori,  du  Miisco  zoologico  de  Turin  ; 
M.  Ad.  Poggi,  de  Gènes  (Italie)  et  enfin  M.  A.  de  Norguet,  de  Lille 
(Nord)  et  M.  Gosselet,  directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle  de 
cette  ville.  Puis  pour  leurs  aquarelles  ou  leurs  photographies 
exécutées  à  notre  intention,  M.  le  baron  Edmond  de  Selys- 
Longchamps,  sénateur,  ancien  président  du  Sénat  belge,  mem- 
bre de  l'Académie  des  Sciences  de  Bruxelles  (1),  et  M.  de  Selys- 
Lougchamps,  son  fils;  M.  le  D""  Embleton,  un  des  vice-présidents  de 
la  «  Xntiiral  Historii  Soclctij  of  Ncircastle-upon-Tynr  «  et  le  Comité  de 
Direction  du  Muséum  ;  M.  W.  Oxenden  Hammond,  esq.,  de  Saint- 
Alban-Court,  près  Wingham,  Kent  (Angleterre)  ;  M.  le  D''de  Romita, 
professeur  à  Vlnstitnto  Icrnicn  de  Bari  (Italie)  ;  M.  Whilaker,  esq., 
de  Raiuworth  Lodge,  Mansfieid,  Notts  (Angleterre)  ;  M.  le  comte 
Arrigoni  degli  Oddi,  de  Padoue  (Italie),  et  M.  Francesco  del  Torre, 
de  Cindale  del  Frioli  (Italie). 

Nous  devons  également  des  remerciements  aux  naturalistes  qui 
nous  ont  fait  des  communications  ou  ont  décrit  les  hybrides  qui 
vont  être  mentionnés,  ainsi  qu'aux  personnes  qui  nous  ont  fourni 
des  indications  bibliographiques  ou  d'autres  renseignements  ayant 
facilité  considérablement  notre  tâche.  Nous  voudrions  citer  les 
noms  de  tous  ceux  qui  ont  répondu  de  la  manière  la  plus  gracieuse 
aux  questions  que  nous  leur  avions  posées,  mais  c'est  chose  impos- 
sible ;  les  personnes  dont  les  noms  ne  sont  point  portés  sur  la  liste 
suivante  voudront  bien  sans  doute  nous  excuser. 

(I)  M.  le  Ijariin  Ed.  Je  Sclys-Longohamps  nous  a  adressé  en  ouU'c  une  foule  d'in- 
dications très  précieuses  pour  nos  éludes. 


OISKAI'X    HYBRIDES    KENCONTKICS    A    l'kT.VT    SAUVAOE  195 

En  Frnnce:  MM.  Oustalel,  docteur  ès-sciences,  assistant  au 
Muséum  d'Hisloire  naturelle  (1);  D'  Peunetier,  directeur  du 
Musétî  d'Histoire  naturelle  de  Rouen  (2);  Olphc  (ialliard,  ornitho- 
lo^'isle  à  Hendaj e  (Basses-Pyrénées) ;  Charles  van  Kenipen,  de  Saint- 
Omer  (Pas-de-Calais);  Noury,  directeur  et  fondateur  du  Musée 
d'Hisloire  naturelle  d'Elbcuf-sur-Seine  (Seine- Inférieure)  (3); 
A.  Geoliroy-Saint-Hilaire,  directeur  du  Jardiu  Zoologique  d'accli- 
matation du  Bois  de  Boulogne  et  président  de  la  Société  nationale 
d'acclimatation  de  France  ;  L.  CoUot,  directeur  du  Musée  de  Dijon  ; 
Descliamps,  du  Ouilly  du  Ilouley,  près  Lisieux  (Calvados);  deBeau- 
refons,  château  de  Cerisay  ;  l'abbé  David,  correspondant  de  l'Institut  ; 
le  regretté  M.  Lenietteil,  de  Bolbec  (Seine-Inférieure);  Samuel  Bon- 
jour, de  Nantes;  Etienne  Hahaud,  de  Monlauban  ;  Martin  ,  avocat  au 
Blanc;  Alphonse  Forest,  naturaliste  à  Paris;  le  D^  Marchant,  de 
Dijon;  Cli.  l*"ontaine,  [jropriétaire  à  Mareii-en-Barœul,  près  Lille 
(Nord);  Robert  Fontaine,  lils;  Louis  Pitot,  naluralisle  à  Neuville, 
près  Vire  (Orne);  l'abbé  Coutelleau,à  Chazé  Henry  (Maine-et-Loire). 

En  Anyleterrc  :  MM.  le  rév.  Maciiiierson  de  Carliste  (4);  James 
Hardy,  secrétaire  honoraire  du  BerwiUshire  Naturalist's  Club; 
Mark  Maunsell,  late  captain  la  the  Royal  Dragons,  Oakly  Park, 
Celbridge,  Co.  Kildare;  P.  L.  Sclater,  secirtari/  nf  the  zoolof/kal 
Socii'ty  of  l.ondon  ;  Stepheu  Salter,  jun.,  arcliilect  ri  siirv.eyor,  à 
Pondwell,  prèsRyde;0.  V.  Alpin,  deBloxham(Oxon);  OsbertSalvin, 
d'Hawks  fold  (Hoslemere)  ;  Thomas  Jilliu,  rédacteur  du  Carliste 
Journal;  Sir  Alfred  Newton,  professeur  à  l'Université  d(^  Cambridge; 
M.  .Miller  Christy,  dePriors  Broomfield,  uear  Chelmsford  ;  E.  Dresser, 
le  savant  ornithologiste  de  Londres  ;  A.  Boulenger,  du  liritish 
Muséum  ;  le  regretté  John  Handcock,  de  Newcastle-upon-Tyne  ; 
A.-D.  Bartlelt,  directeur  du  /ooloijiral  Ganicn;  le  D""  Frédéric  Dale, 
de  Scarborough;\V.  Aldridge.  de  Londres (o);J.  IL  Verrait, de  Lewes; 
Andrew  Manghan,  de  Dumbarton  (Ecosse)  ;  G.  Smith,  naturaliste, 
Larus  honse,  Great  Yarmouth  ;  Edmond  Hicks,  de  Liskeard, 
Coruwall  ;  D.  Houllou,  d'Edimbourg  ;  Chas.  Iloulton,  de  Saint 
Helens  ;  H.  Boolh,  d'ipsevich  ;  J.  Kirkland,  de  Burlou-on-Trent  ; 

(1)  .M.  Ouslalel  nous  a  obligé  de  mille  iiiaDièrcs. 

(2)  M.  le  D'  Peunetier  a  mis  à  notre  disposition  toutes  les  pièces  dont  nous  avions 
besoin  et,  avec  une  frnmde  courtoisie,  nous  a  ouvert  son  laboratoire  pour  les  étudier. 

(:S)  M.  Noury  nous  a  donné  accès  dans  sa  rnaf,'nitique  l'ollectiun  qui  renferme 
lous  les  Oiseaux  d'Europe  depuis  l'œuf  jusqu'à  l'Age  adulte. 

(4)  Le  rév.  Macplierson,  d'une  complaisance  excessive,  nous  a  fourni  une  foule 
d'indications  1res  précieuses. 

(.'!)  Auteur  de  liirds  of  Norwood,  etc. 


196  A.  SUCHETET 

S.  Hayvvard,  de  Cambridge  ;  Percy  E.  Frecke,  de  Dublin  ;  S.  Deny 
Hunt,  de  King's  Linn  ;  G.  Smart,  de  Durham  ;  Josepli  Hartsou,  de 
Huddon-Rudiey  (York)  ;  W.  Swayslaud,  de  Brigbtoa  ;  Cleaver,  de 
Leicester  ;  Chatvin,  de  Douvres  ;  George  Davis,  de  Glocester  ; 
J.  Fuuston,  de  Liverpool;  George  Bell  et  lils,  éditeurs  ;  Stevens, 
commissaire-priseur  ;  G.  W.  Hill  ;  A.  Cooper  ;  W.  Cole,  de 
Londres,  etc. 

En  Italii'  :  MM.  le  professeur  Sordelli,  directeur-adjoint  du 
Musée  de  Milan  ;  Enrico  Tissi,  solto-ispettore  forestale  de  Belluno  ; 
Eugène  Bono,  de  Portogruaro  ;  Guiseppe  Pauer,  de  Florence  ;  le 
docteur  S.  Brogi,  directeur  de  la  Htvisita  italiana  di  scienze  natu- 
rall,  Sienne;  Isolo  Turchetti,  de  Fuecchio  ;  Carlo  Béni,  de  Stia  ; 
Venteutino  Delailo,  solio  ispcttorr  forr.^tale,  à  Feltre  ;  Madame  la 
marquise  Paulucci,  au  cbàteau  de  Cestaldo(Val  d'Eisa);  A.Ruggeri, 
de  Messine;  le  docteur  Emery,  professeur  au  Lycée  de  Bologne  ; 
Desiderio  Gargiolli,  de  Montifauna  (Fiesole)  ;  professeur  Lamberto 
Moschen,  de  Rome  ;  le  M'^  Doria,  directeur  du  Museo  civico  di 
storia  naturale  de  Genova,  et  M.  R.  Gestro,  sous-directeur  du 
même  Musée  ;  le  docteur  Silvio  Calloni,  de  Pavia  ;  Pistone,  de 
Palerme (Sicile);  le  professeur  Camerano,  directeur  ànMu>>eo  zoulo- 
(jico  de  Turin  ;  le  docteur  S.  Romanese,  de  Levico  ;  prof,  docteur 
A.  Varisco,  directeur  du  Miaco  roo%(ro  de  Bergame  ;  Brancaleone 
Borgioli,  préparateur  au  Musée  zoologique  de  l'Université  royale  de 
Gênes  ;  Edoardo  Ferragui,  ornithologiste,  de  Crémone  ;  D.  Niccolo 
Camusso,  de  Novi  Ligure,  meinhro  del  Incliiesta  ornithologica 
internationale,  etc. 

Eu  Suisse  :  MM.  Cli.  G.  Briigger,  professor  der  Natunjeschichte 
(in  der  Kantonsschule  und  Verwalter  des  naturhistor.  Landcsinuseums 
in  Cliiir;  Gustave  Schneider,  de  Bàle;  le  D'  J.  Winteler,  professeur 
à  l'Ecole  cantonale  et  président  de  la  Société  oruithologique  d'Aarau; 
le  D"'  L.  Larguier  des  Bancels,  conservateur  du  Musée  de  Zoologie 
de  Lausanne;  Jacob  Sprecher,  de  Coire  ;  Vegmiiller,  pharmacien,  à 
Morat;  Louis  Nicoud,  de  Chaux-de-Fonds;  A.  Dupuis,  de  Genève; 
H.  Fisher  Sigwart,  de  Zolingen,  etc. 

En  Alleniaf/ne  :  MM.  le  D"-  Paul  Leverkùhn,  de  Munich  (1)  ;  le  baron 
R.  Kœnig-Warthausen,  du  Wurtemberg;  Cari  Parrot,  cand.  med., 
de  Munich;  Ernst  Hartert,  auteur  du  Katalog  des  Muséum  der  Sen- 
ckenbergischen  nalurforschenden  Gesellschaft,  de  Francfort-sur-le- 
Mein;  C.Kolde,/!awp?/("/ic/' deLangenbielen,  inSchl.;  Friedliinder  et 

(1)  M.  le  D' Paul  Leverkùhn  s'est  montré  d'une  très  grande  obligeance  pour  nous; 
qu'il  reçoive  donc  ici  en  particulier  tous  nos  vifs  remerciements. 


OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  197 

fils,  libraires-éditeurs  à  Berliu;  Kriiger  Velthuseu  ,  de  Brande- 
bourg; vou  Berlepsch,  de  Muendeu  (Hanovre)  ;  D'^E.  Rey,  de  Leipzig  ; 
W.  Heuch,  de  Iviel  ;  H.  L.  Ohl,  président  de  la  Société  ornithologique 
de  Hanau-sur-le-Mein;  Peske,  de  Schlawe;  J.  Renuer,  de  Stuttgard; 
K.  Eiters,  inspecteur  des  lorèts  du  district  de  Brunswig.  ;  A.  Hehre, 
de  Brieg;  D^  Ferd.  Rudon,  de  Perleberg,  Di^Paulstich,  reaUchullehrer, 
Hanau-sur-le-Mein,  etc. 

En  Danemark  :  M.  A.  von  Klein,  veneur,  chevalier  de  l'Ordre  de 
Dambourg,  etc.,  membre  de  la  Direction  du  Jardin  Zoologique  de 
Copenhague,  etc. 

En  Aulriclw  :  MM.  Ritter  von  Tschusi  zu  Schmidolïen,  d'Hallein; 
le  D'  Naupa,  de  Linz;  Gustavo  Ferrari,  de  Calceramica,  province  de 
Trente  ;  Josef  Kramar,  de  Pilzen,  Bohême  ;  D"'  Lo.  Lorenz,  custos 
udjunctdu  Musée  de  Vienne,  etc. 

En  Russie:  MM.  Th.  Pleske,  conservateur  du  Musée  de  l'Académie 
de  Saint-Pétersbourg  ;  M.  Meuzbier,  professeur  à  l'Université  de  Mos- 
cou ;  Zaroudnoï,  d'Orenbourg;  Th.  Lorenz,  naturaliste  à  Moscou,  etc. 

En  Belgique  :  MM.  Alfred  Dubois,  directeur  du  Musée  royal 
d'Histoire  naturelle  de  Bruxelles  ;  Emile  Rulil,  de  Verviers  ;  l'abbé 
Bruieune,  vicaire  à  Sainte-Véronique  de  Liège,  etc. 

En  llollanile  :  MM.  A.  A.  van  Bemmelen,  directeur  du  Jardin  zoo- 
logi(iue  de  Rotterdam,  F.  E.  Blaauw  de  Graveland  (Noord  HoUaud); 
le  très  regretté  van  Wickewoorl  Crommeliu,  de  Harlem  ;  A.  G.  Oude- 
mans,  directeur  du  koninldijk  zool.  bot.  (ienootsehaf),  à  la  Haye,  etc. 

En  Amérique  :  MM.  Robert  Ridgway,  curateur  du  Depurtuienl 
^of  Birds  du  Musée  national  à  Washington  ;  Manly  Hardy,  natura- 
liste de  Brewer  (Maine)  ;  Georges  L.  Toppau,  de  Chicago;  J.  F. 
Whiteaves,  directeur  du  Muséum  d'Ottawa  (Canada)  et  M.  John 
Macones;  J.  A.  Allen,  curateur  ï'American  Muséum  uf  iXatural 
Histonj,  New-York;  Franck  iM.  Cliapman,  assistant  curateur  de 
ce  Musée  ;  George  N.  Lawrence,  de  New- York  :  H.  H.  Brimley,  de 
Ralegh,  N.  Y.;  William  L.  Baily,  architecte,  de  Philadelphie;  W. 
E.  Lewis,  oologiste,  d'East  Liverppol  (Ohio)  ;  Franck  L.  Burns, 
de  Bewyn,  Penn.  ;  R.  G.  Hazard,  de  Peace  Dale,  R.  1.  ;  J.  W. 
Sure,  acting  Curator  in  charge  of  United  States  national  Muséum,  à 
Washington  ;  Ernest  E.  Thonqison,  ancien  éditeur  des  Procredings 
ofthe  ornilhological  suhseetion  ofthe  Camidiun  Institule,  de  Toronto 
(Canada);  Turner,  d'IIammondeville  ;  S.  P.  Langley,  secrétaire  du 
Musée  national  des  Etats-Unis,  à  Washington  ;  William  Dutcher, 
de  New-York;  Franklin  Benuer,  de  Minneapolis  (Minn.);  G.  H. 
Ragsdale,    de  Ganiesville   (Te.xas)  ;   Belding,  de  Stockton   (Cali- 


1!J8  A.    SUCIIKTKT 

fornie)  ;   Browa  Goode,  acting  secretary  of  National  Muséum,  de 
Washiugtou,  etc. 

Enfin  en  Océanie  :  M.  Ed.  Ramsay,  curateur  de  VAuslralian 
Muséum  de  Sydney. 

Famille  des  Fringillidœ 

Nous  citons  en  premier  lieu  les  croisements  des  FrimjiUidœ,  non- 
seulement  parce  qu'ils  sont  les  plus  nombreux,  mais  surtout  parce 
que,  grâce  à  l'obligeance  des  ornithologistes,  des  collectionneurs  ou 
des  savants,  dont  la  bienveillance  pour  nous  vient  d'être  rappelée, 
nous  avons  pu  examiner  un  grand  nombre  des  spécimens  qui  font 
l'objet  de  celte  étude. 

Le  Verdier  {Liijurinus  chloiis)  semble  eu  quelrjue  sorte  pouvoir 
être  comparé  chez  les  Passereaux  au  petit  tetrix  des  Gallinacés  ;  du 
moins  son  mélange  avec  deux  autres  espèces  de  son  genre,  le 
Ciiniiiihina  linota  et  le  Carduelis  eli'ijaiis,  est-il  fréquent. 

Cet  Oiseau,  eu  qualité  de  mâle,  exerce-t-il  autour  de  lui  un  charme 
particulier,  ou  plutôt,  comme  femelle,  se  laisse-t-il  captiver  ?  Son 
rôle  dans  ses  croisements  avec  les  deux  espèces  nommées  ne  nous 
est  pas  assez  connu;  cependant,  dans  les  très  rares  circonstances 
où  l'appariage  a  été  constaté,  il  représentait  le  sexe  mâle. 

Nous  parlerons  d'abord  de  son  mélange  avec  le  Cannabina  linota. 

Genre  Fringilla. 

LiGURiNus  CHLORis  (1)  et  Cannabina  linota  (2). 

Ce  mélange  est  certes  un  des  moins  rares,  il  est  sans  doute  aussi 
un  des  plus  authentiques  si  l'on  en  juge  par  les  caractères  non  équi- 
voques que  présentent  les  hybrides  supposés.  En  Angleterre  (mais 
là  presque  exclusivemeut),  ou  a  rencontré  de  nombreux  exemples. 
I^es  deux  formes  mères  sont  distinctes,  il  ne  peut  exister  aucun 
doute  à  ce  sujet;  reste  à  savoir  si  les  hybrides  observés  à  l'état 
sauvage  doivent  être  tous  considérés  comme  originaires  de  cet  état? 
C'est  la  seule  question  que  l'on  puisse  se  poser. 

Le  croisement  en  captivité  du  Ligurinus  chloris  et  du  Cannabina 
linota,  sans  être  un  croisement  recherché  des  éleveurs,  comme  l'est 

(1)  Autres  noms  scienUfiques  :  Loxid  chloris,  Fringilla  clitoris, Chloris,  SeriJius 
chloris.  Chlorospiza  chloris,  Chloris  /lavigastcr. 

(2)  Autres  iKjrns  :  Fringilla  cannabina,  Fringilla  linoUt,  Cannabina,  Linota 
cannabina,  Cannabina  pinelorum  et  arbuslorum. 


OISEAUX    IIYBUIDES    RENCONTUICS    \    L'kT.VÏ    SACV.VCE-:  199 

par  exemple  celui  du  Pijvrhidn  ralijaris  et  du  ('(irduelis  clcijans, 
s'opère  cepeiidaut  de  temps  à  autre.  MM.  Mackeley  frères,  de 
Norwicli,  et  L.  Curzou,  de  Londres,  nous  ont  assuré  que  les  hybrides 
exposi'S  pai'  eux  au  (a'istal  Palact'  pendant  l'année  1888  étaient  ués 
en  captivité.  .MM.  J.  II.  X'errall,  de  Lewes,  W.  II.  Bootli,  d'Ipowich, 
etCrossIy,  de  Kendal,  nous  ont  écritipi'ils  avaient  obtenu  les  mêmes 
hybrides.  Eu  Franci',  nous  pourrions  citer  aussi  (piclques  croise- 
ments. Il  peut  doue  se  faire  que  plusieurs  des  spécimens  pris  à  l'état 
sauvage  soient  des  échappés  de  captivité,  eu  voici  un  exemple  : 

En  1887,  à  l'Exposition  du  Palais  de  Cristal,  .M.  G.  Smart,  de 
Durham,  montrait  sous  le  n"  1274,  un  hybride  entre  le  Greeulinch 
(L.  clilori>i)  et  le  Brown  Linuel  [Vannaliiiui  llnuln).  Cet  Oiseau  avait 
été  réellement  pris  à  l'étal  sauvage  ipiatrc  ans  au[iaravautà  Durham, 
mais  ayant  été  réclamé,  ou  apprit  ([u'il  avait  été  élevé  dans  le 
voisinage.  L'Oiseau  s'était  échappé  par  une  fenêtre  do  la  maisou  à 
un  mille  de  ln(|uclle  il  fut  jtris  (li. 

Il  serait  uéaniiuiius  <linicil('  d'adinetlie  pour  tous  les  exemplaires 
rencontrés  une  semblable  origine,  et  la  production  à  l'état  sauvage 
de  plusieurs  d'entre  eux,  au  moins,  paraît  s'imposer. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.M.  le  D''  Keibert,  J.  H.  Gurney,  J.-B. 
Nichols  et  l'hiliiip  B.  Mason,  nous  avons  pu  examiner  en  nature 
cinq  de  ces  intéressants  spécimens,  MM.  Oxenden  Ilammond, 
J.  Whitaker,  et  le  .Musée  de  Newcastle-on-Tyue  (par  l'intermédiaire 
de  M.  le  D'  Kml)lcton)  nous  ont  envoyé  des  aquarelles  des  hybrides 
conservés  dans  leurs  collections.  Ainsi  neuf  spécimens  clUoris  et 
Cannaliina  nous  sont  bien  connus.  Nous  croyons  devoir  réitérer  à 
ces  éminents  naturalistes  l'expression  de  notre  gratitude,  car,  en 
exposant  leurs  pièces  précieuses  aux  aventures  d'un  assez  long 
voyage,  ils  ont  fait  preuve  d'un  véritable  désintéressement;  faut-il 
dire  que  les  hybrides  de  M.M.  Gurney  et  Mason  étaient  sous  verre 
et  par  conséquent  ne  pouvaient  voyager  sans  inconvénient.  L'examen 
de  ces  Oiseaux  nous  a  permis  de  nous  rendre  compte  de  leur 
nature  plus  facilement  ijue  nous  n'aurions  pu  faire  par  de  simples 
descriptions. 

Avant  de  décrire  ces  diverses  pièces,  nous  éuumérerous,  à  peu 
près  dans  l'ordre  où  ils  se  sont  produits,  les  différents  hybridismes 
qui  feront  le  sujet  de  cet  article. 

1.  Un  hybride  pris  à  Eaton,  près  de  Norwich,  par  M.  Edouard 

(1)  CetU' communication  nous  a  été  adressée  par  M.  G.  Sniai'l  qui  nous  a  fait  savoir 
en  outre  que  trois  jeunes  avaient  été  obtenus  du  mémo  croisement  ;  on  ignore  ce 
que  ces  Oiseaux  sont  devenus. 


200  A.    SUCHETET 

Fontaine,  pendant  l'année  1831,  aujourd'hui  dans  la  collection  de 
M.  J.  H.  Guruey  (1). 

2.  Un  spécimeu  de  sexe  uiàle,  pris  à  Hellesdon,  en  février  1865  (2) 
par  M.  Carr,  autrefois  dans  la  collection  de  M.  Stevenson,  chez 
lequel  il  vécut  en  captivité. 

3.  Uu  exemplaire  5,  capturé  près  de  Brigthon  (nous  ignorons  la 
date),  acheté  àla  vente  de  M.  Wliitalser,  esq.,  par  M.  Ew.  Janson, 
pour  M.  Philipp  B.  Mnson,  esf[.,  qui  le  possède  actuellement. 

4.  Un  autre  exemplaire  cf  de  la  même  vente  et  chez  ce  dernier, 
pris  à  Londres  en  1868.  Cet  Oiseau  et  le  précédent  avaient  été  la 
propriété  de  M.  Frédéric  Bond  et  durent  être  décrits  dans  le 
«  Zoologist  ».  L'individu  de  Brigthon  porte  en  outre  la  mention 
«  Swayslaud  »  (3). 

5.  Un  hybride  acheté  il  y  a  environ  treize  ans,  par  M.  Stepheu 
Salter,  jun.,  architecte  de  Poudwell,  à  M.  G.  Miller,  de  Reàdiug, 
qui  prit  cet  Oiseau  dans  ses  lilets  à  f[uelqiies  milles  du  Jown  parmi 
une  bande  de  Linottes.  Ce  spécimen,  après  avoir  été  exposé,  fut  vendu 
à  M.  Sleep,  de  Jackbroock  street,  London,  l'un  des  juges  aux  expo- 
sitions du  Cristal  Palace,  lequel  le  revendit  à  son  tour  et  ignore 
maintenant  ce  qu'il  est  devenu  (4). 

6.  Un  hybride  pris  en  1882  à  Denes,  Greal  Yarmouth,  vendu  en 
1889  par  M.  G.  Smith,  de  cette  ville,  à  M.  J.  B.  Nichols  esq.,  qui  le 
conserve  empaillé  dans  sa  collection  (3).  (L'Oiseau  n'avait  pas  été 
gardé  longtemps  en  cage,  bientôt  on  l'avait  tué  pour  rempailler). 

7.  Un  autre  hyln'ide  de  même  origine,  pris  à  l'état  sauvage  dans 
le  comté  de  Cambridge  (nous  ignorons  la  date),  actuellement  chez 
M.  J.  Whitaker,  esq.  (6). 

8.  Un  spécimen  acheté  en  1883  par  M.  Oxenden  Hammond  à  un 
oiseleur  du  district  de  Winghaui,  qui  l'avait  obtenu  depuis  peu  de 
temps  (7). 

9.  Un  exemplaire,  que  M.  H.  KoUer  a  supposé  provenir  du 
Verdier  et  de  la  Linotte,  pris  à  l'état  sauvage  à  Harderwijk,  pro- 

(1)  Voy.  The  Zoologist,  p.  33S8,  janvier  18o2.  Voy.  aussi  Birds  of  Norfolk,  by  Stev- 
venson.  I,  p.  220.  Ce  croisement  a  encore  été  rappelé  par  M.  Gurney  dans  The  Zoolo- 
gist, VII,  p.  3791, 1883. 

(2)  liirds  of  Norfolk,  I,  p.  220;  voir  aussi  The  Zoologist,  ii°  81.  p.  379,  1883. 
(3;  Ces  lieux  Oiseaux  étaient  porlésau  catalogue  de  la  vente  sous  le  n"  103. 

(4)  Communication  lie  MM.  Sallcr  et  Sleep. 

(5)  i;et  Oiseau  a  été  cité  par  M.  ,1.  II.  (lurney.  jun.,  de  Norwich,  dans  le  Zoologist, 
XI,  n"  127,  p.  390.  1887,  et  aussi  dans  le  n"  de  Kévrier  1890,  p.  ;)7. 

(Cl)  Cet  exemplaire  a  été  également  indiqué  par  M.  Whitaker,  dans  le  Zoologist. 
VII,  n"  79,  p.  302,  1883. 
(7)  Zoologist,  p.  83,  1883. 


OISEAUX    HYBRIDES    nENCONTRÉS    A   l'ÉTAT   SAUVAGE  201 

vince  de  Gueldre  (Hollande),  le  24  jauvier  1885,  couservé  au  Musée 
d'Histoire  luitiirolk'  (rAinslfnlam  (j  ). 

10.  Lu  liyliride  $  (Vjciivoyc  vivant  le  15  noveuibrolSSGàM.Gurney 
père,  de  Norvvich,  par  M.  F.  Dagget,  de  Cambridge  (2),  ciui  dit  avoir 
possédé  cinq  ou  six  spéciiucus  de  ce  goure  pris  à  l'otat  sauvage  (3). 

11.  Un  individu,  montre  à  l'exposition  du  Cristal  l'alace  de  1887, 
sous  le  uo  1289,  par  M.M.  Harlsou  et  Sidgwick,  de  llullon  Uudiey, 
près  Yarm  (comté  d'York),  pris  vers  l'année  1887,  à  West  Hartlopoo, 
sur  la  cùte  nord-est  d'Angleterre,  environ  vingt  milles  de  Yarm, 
depuis  vendu  à  MM.  Mackley  frères,  de  Norwick  (4). 

12.  l'n  liyliride,  entrevu  le  29  juin  1887,  à  Aberdeen,  dans  les 
champs,  parle  revereud  Maephersou  et  deux  de  ses  amis  (5). 

13.  Un  exemplaire  mâle  pris  à  Kenton,  près  de  Newcastle-on- 
Tyne,  par  M.  Wardle,  apporté  le  samedi  24  décembre  1887,  à 
M.Handcock.auMuséede  Norlhumberland,  Durliamand  Newcastle- 
on-Tyne,  où  il  vécut  jusqu'au  îi  octobre  suivant  (G). 

14.  Un  autre  exemplaire,  e.^posé  en  1887  au  Cristal-Palace, comme 
«  Dark  l.imwt  mule,  iiilil  cauglit  »  (7i,  par  M.  Walter  Swaysland,  qui 
le  prit  lui-même,  nous  écrit-il. 

15.  L'u  individu,  exposé  aussi  au  Cristal-Palace,  en  1890,  par 
M.  W.  Gole,  de  Pembroke  Gardens,  Kensiuglou,  sous  le  a"  1812,  et 
indi(]ué  comme  i)ris  à  l'étal  sauvage,  afliimation  ([ue  nous  a  renou- 
velée par  lettre  M.  Cote,  qui  ajoute  «  pris  daus  les  champs,  pendant 
l'année  1889.  ii  M.  Cole,  malheureusement,  ue  sait  ce  que  cet  Oiseau 
est  devenu. 

16.  Un  jeune  individu  tué  à  Beerchurch.  près  de  Colchester,  Essex, 
pendant  le  printemps  de  1890,  acheté  à  M.  J.  Pettitt,  empailleur  à 
Colchester,  jiar  M.  .1.  Nichols  esq.  d'Uolmwood,  qui  le  conserve 
dans  sa  collection  (8). 

(1)  Cet  Oiseau  nous  avait  été  indiqué  par  M.  F.  C.  Blaauw,  (1«  Gravelaml,  Noord- 
Uollaïul,  ol  par  lo  reiireUt-  M.  vaii  Wicki'voorl-CroiiMnelin,  de  Harlem,  il  liyure  sur 
le  yaaniUjsl  van  in  ycdcrland  in  dcn  vrijen  luUuurslddt  waarijenoinen  Vogets, 
dressé  par  M.  II.  Knllcr,  conservateur  adjoint  el  préparateur,  p.  41,  en  note. 

(2)  The  Zooloj,'isl. 

(H)  Communicalion  réeente  de  .M.  J.-II.  (îurney  dans  le  Zooloyist,  XI,  n»  127,  pp.  2(JG 
et  i()7,  1SS7.  .M.  (jurney  déilaraii  M.  l)aj;(;et  ■>  familier  avec  ce  genre  d"hybrides  ». 
(4)  Communication  de  M.  Joseph  llarlson. 
(b)  Voyez  le  Zoologist,  XI,  n»,  I2H.  p.  il'J,  août  IS87. 
(C)  Communication  du  regretté  M.  llandcocK. 

(7)  Voy.  p.  3Ci  du  Catalogue. 

(8)  Communication  de  ce  dernier,  M.  NicUoIs  pense  que  l'Oiseau  n'a  été  mentionné 
dans  aucune  revue. 


202  A.    SUCHETET 

17.  Une  femelle,  prise  près  de  Carlisle,  pendant  l'hiver  de  1890-91, 
encore  vivante  chez  M.  Georges  Davvson,  de  Carlisle  (1). 

18.  Un  cT  exposé  au  Palace-Crystal  en  1891  (2)  par  M.  S.Hayward, 
de  Cainl)ridge. 

19  et  20.  Deux  hybrides  entre  le  «  Green  et  le  Grey  Linnet  » 
capturés  avec  leur  mère  qui  était  un  Grey  Linnet,  c'est-à-dire  un 
CUmvabina  Unota,  par  M.  Chatviu,  à  Douvres  (3). 

En  outre,  M.  J.  H.  Verrall,  de  Lewes,  nous  assure  que  des 
Oiseaux  de  ce  genre  sont  souvent  pris  près  de  Brigliton  et  tués 
pour  être  empaillés,  étant  peu  prisésdes  amateurs.  M.  Andrew  Mau- 
ghan,  deDumbarton  (Ecosse),  nous  écrit  aussi  qu'il  a  connu  l'Iiybride 
du  Verdier  et  de  la  Linotte  pris  à  l'état  sauvage.  Enfin,  M.  W. 
Aldridge,  de  Londres,  se  rappelle  que  l'hybride,  exposé  par  lui  au 
Palais  de  Cristal  en  1883,  était  un  Oiseau  sauvage,  et  qu'il  avait 
été  capturé  par  un  birdcatchcr,  M.  A.  Subvvit,  de  Londres. 
M.  W.  Aldridge  croit  que  le  même  Oiseau  fut  exposé  une  seconde 
lois  par  son  clerc,  M.  Lancaster,  auquel  il  l'a  donné.  Ce  spécimen, 
encore  vivant,  montre,  nous  dit  M.  Aldridge,  distinctement  le  plu- 
mage des  deux  espèces. 

Peut-être,  si  nos  recherches  avaient  été  plus  étendues,  aurions- 
nous  pu  citer  d'autres  croisements.  Ce  n'est  cependant  pas  sans 
avoir  pris  de  nomljreuses  informations,  notamment  en  Angleterre, 
que  nous  nous  sommes  décidé  à  publier  cette  liste.  Du  reste,  nous 
pensons  encore  faire  connaître  quelques  autres  faits.  .Vinsi,  d'après 
une  communation  de  M.  J.  H.  Gurney,  toujours  très  obligeant  pour 
nous,  il  doit  exister  dans  la  collection  de  M.  Seebohm,  à  Londres, 
un  ou  deux  hybrides  du  Liijurinus  chloris  et  du  Cannnhina  Unota  ; 
M.  Gurney  en  avait  vu  un  autre  chez  M.  Gould  il  y  a  une  dizaine  d'an- 
nées (4),  à  moins  donc  que  cet  Oiseau  ne  soit  celui  que  possède  actuel- 
lemeutM.Philipp.  B.  Mason,  car  peut-être,  à  notre  insu,  faisons-nous 
quelques  doubles  emplois  ;  la  chose  est  possible,  les  pièces  changeant 
très  fréquemment  de  mains.  Toutefois  il  existe  un  assez  grand 
nombre  d'exemples  pour  uioutrer  que  le  croisement  du  Linurinus 
chloris  et  du  Cannahina  Unota  doit  se  produire  de  temps  à  autre, 
au  moins  en  Angleterre. 


(11  Communication  du  rév.  Mac|iliei'son. 

(2)  Ou  en  1S89. 

(3)  D'apiH's  co  que  relui-ci  nous  a  écrit. 
(i)  Voy.  ZoologisI,  p.  37'.),  I8S;3. 


OISEAUX    IIVIJHIDKS    fl KiNCONTR ES    A    l'kTAT   SAIVACK  203 

Renseignements  et  Desrriptions 

1.  —  M.  Giirncy  ne  met  (las  eu  doute  l'origiue  de  cet  Oiseau, 
mais,  nous  dit-il,  ses  ressemhlauces  avec  le  Cannainno,  tinola  sont 
plus  accentuées  i[ue  chez  l'exemplaire  envoyé  à  sou  père  par 
M.  Dagget. 

2.  —  M.  Stevenson  écrit  de  son  hybride  (1)  qu'il  montre  de  la 
manière  la  ])lus  décidée  les  principaux  caractères  du  plumage  du 
Verdicr  et  de  la  Linotte,  tandis  ([ue  le  bec  et  la  forme  générale 
sont  intermédiaires  entre  les  deux  types.  »  Ces  doubles  traits  sont 
si  bien  mar([ués,  dit-il,  qu'à  la  première  inspection  (ju'il  en  fit,  il 
ne  |)ut  douter  de  l'origine  mixte  de  cet  Oiseau.  M.  Fontaine,  qui 
l'examina  ensuite,  y  reconnut  le  fac-similé  de  son  propre  spécimen 
(le  n"  1  de  M.  Gurney).  La  voix  même  particii)ait  des  deux  espèces, 
la  noie  aigre  du  rliloris  se  combinant  avec  les  douces  roulades 
de  la  linota.  La  description  suivante  fut  faite  au  mois  de  mai, 
lors(|ue  l'Oiseau  était  retenu  en  cage  près  d'une  volière  où  se 
trouvaient,  comme  jjoiuts  de  comparaison,  des  Veriliers  et  des 
Linottes  en  plein  (liant.  «  Bec  couleur  chair  bleuâtre  sur  la  mandi- 
bule supérieure,  rose  clair  sur  l'inférieure.  La  tête,  le  cou  et  le  dos 
bruns,  avec  une  teinte  grisâtre  sur  les  côtés  du  cou  et  autour  des 
yeux.  Iris  brun  clair.  Couleur  du  dos  châtain,  moins  riche  que 
celui  de  la  Linotte  en  été,  mais  aussi  moins  mélangé  que  chez  le 
niôme  Oiseau  en  hiver,  la  tige  de  cluKiue  plume  très  foncée.  Les 
couvertures  de  l'aile  châtain  foncé.  Les  primaires  presque  noires  ; 
les  bords  extérieurs,  qui  sont  blancs  dans  la  Linotte,  sont,  dans  cet 
Oiseau,  jaunes  comme  dans  le  Verdier.  Les  secondaires  brun  noi- 
râtre, largement  bordées  de  roux.  Les  couvertures  supérieures  de 
la  queue  jaune  soufre.  Les  plumes  de  la  ([ueue  brun  très  foncé  ;  les 
deux  du  milieu,  légèrement  teintées  de  jaune,  sur  le  bord  extérieur 
jaune  vif  et  les  lames  extérieures  largement  bordées  de  blanc 
comme  dans  la  Linotte;  le  jaune  occupant  la  môme  proportion 
<|ue  (laus  le  Verdier.  La  gorge,  le  menton  et  la  poitrine  blanc 
brunâtre,  fortement  teinté  de  jaune,  devenant  presque  blanc  pur 
sur  les  parties  inférieures  du  corps  et  à  l'auus.  Les  pattes  et  les 
doigts  rose  brunâtre,  les  grilles  noires  (2)  ». 

-M.  0.  V.  .'Mpiii,  de  Bloxham,  veut  bien  mnis  écrire  qu'il  a  vu  lui- 
même  l'Oiseau  dans  la  collection  de  feu  .\L  Stevenson  et  qu'il  n'a 

(1)  Op.  cit..  p.  220  el  221. 

(2)  Binis  ofNorfiilli,  I,  p.  220.  Dans  le  Zoologisl,  Vil,  n»  SI,  p.  379,  septembre 
ISSl,  M.  Gurni'y  a  rappelé  les  priDdpau.\  traits  de  cet  Oiseau. 


204  A.    SUCIIETET 

nucun  doute  sur  son  ori£;iiie  hybride.  Nous  n'avons  pu  savoir  ce 
que  cette  pi('ce  était  devenue. 

3  et  4.  —  La  vitrine  dans  laquelle  étaient  renfermés  ces  deux 
spécimens  ne  portait  aucune  indication  nous  permettant  de  les 
distinguer;  nous  avons  supposé  que  l'individu  placé  le  plus  haut,  à 
gauche,  était  la  femelle  prise  près  de  Brighton  (Swaysland)  et  que 
l'exemplaire  placé  plus  bas  était  le  mâle  capturé  près  de  Londres  en 
1868. 

Ces  deux  Oiseaux  nous  onl  paru  avoir  la  taille  du  cliloris  ;  le  plus 
foncé  (celui  du  fond  delà  vitrine)  ressemble  même  très  fortement  à 
ce  dernier.  Mais  sa  couleur  peut  passer  pour  un  mélange  de  deux 
espèces.  Son  bec  est  intermédiaire.  Sur  la  poitrine  on  n'aperçoit 
pas  le  jaune  orangé  roussàtre  foncé  et  caillouté  qui  existe  sur  les 
exemplaires  du  Musée  d'Amsterdam  et  de  la  collection  Handcock. 
La  femelle  (du  moins  l'exemplaire  que  nous  considérons  ainsi), 
montre  davantage  le  plumage  de  la  f^inotte,  le  bec  est  petit.  Cet 
Oiseau  nous  a  paru  ressembler  complètement  à  l'exemplaire  dont 
M.  Whitaker  nous  a  envoyé  l'aquarelle. 

Ces  deux  spécimens,  appartenant  aujourd'hui  à  M.  Mason, 
semblent  avoir  incontestablement  l'origine  qu'on  leur  suppo.se. 
Dans  le  Zoologist  (1),  M.  Gurney  avait  déjà  dit,  en  parlant  d'eux, 
qu'ils  montraient  «  de  la  manière  la  plus  décidée  le  plumage  de  la 
Linotte  et  du  Verdier.  »  M.  J.-B.  Nichols,  d'Holmwood,  les  avait  vus 
à  la  vente  de  M.  Frédéric  Bond  qui  les  avait  possédés,  comme  nous 
l'avons  expliqué  plus  haut. 

5.  —  .M.  Sleep  n'a  jamais,  nous  dit-il,  rencontré  de  plus  bel 
Oiseau  de  ce  genre,  «  vol  jaune,  plumes  jaunes  à  la  queue,  poitrine 
et  tête  rouges;  tenant  comme  forme  de  la  Linotte.  »  Lorsque 
M.  Sleep  s'en  rendit  possesseur,  la  capture  du  spécimen  remontait 
seulement  à  quelques  jours  ;  il  parut  être  à  M.  Sleep  un  croisement 
indubitable  entre  la  linota  et  le  chloris.  Il  ne  portait  pas  alors  de 
traces  de  captivité;  ses  plumes  étaient  bien  conservées  (2).  Nous 
avons  dit  que  M.  Sleep  ignore  ce  que  cet  Oiseau  est  devenu. 

6.  —  Eu  nous  adressant  des  renseignements  sur  cet  emplaire, 
I\L  J.-B.  Nichols  nous  écrivait  qu'il  le  croyait  tout  à  fait  un  hybride 
entre  le  Verdier  et  la  Linotte,  dont  il  montrait  clairement  les  carac- 
tères. C'était  également  l'opinion  exprimée  par  .M.  J.-II.  Gurney  et 
celle  de  M.  G.  Smith  de  Great  Yarmouth  (3).  L'examen  que  nous 

(1)  Page  379,  1883. 

(2)  Dans  Transactions  of  Xorfolk  Sncu-ly,  part  IV.  p.  3fi9,  1886-87,  le  rev.  Mac- 
pliei'son  fait  allusion  à  cet  Oiseau  et  rappelle  que  «  sa  poitrine  était  peinte  ». 

(3)  Voy.  Zoologist,  XI,  n"  127,  pp.  260  et  207,  juillet  1887. 


oisEAi'x  iiviiuiDKS  hknconïiiks  a  i.'ktat  sauvage  2i)o 

en  avons  f;ul  sur  nature  nous  [lonnel  de  partager  complèlcnient 
cette  manière  de  voir.  LorS(|u'on  regarde  l'Oiseau  en  dessus,  la 
couleur  du  cou,  du  dos,  des  ailes  (jusqu'à  la  moitié  de  la  lou^tueur), 
est  celle  de  la  linulu,  tandis  (pie  la  couleur  du  chloris  se  montre 
sur  le  crouiiion,  la  ([ueue  et  l'autre  partie  des  ailes;  il  y  a  là  une 
démarcation  très  sensible  et  très  curieuse  de  la  coloration  des  deux 
espt'ces  ;  en  sorte  que  l'on  peut  dire  ([ue  l'Oiseau  (vu  en  dessus) 
présente  3/o  de  la  coloration  de  la  Linotte  et  2/5  environ  de  celle 
du  chloiis.  Ainsi,  signe  distinctif  et  très  intéressant,  les  couleurs 
sur  ces  parties  se  heurtent  sans  se  confondre,  particularité  qui  se 
montre  à  d'autres  iilaces.  La  tête  est  fine  et  rappelle  celle  de  la 
l.inota:  sur  le  front  la  couleur  est  brun  roux  mélaufié  de  jaune;  la 
poitrine  et  le  ventre  roux  jaune  sont  un  mélange  de  la  couleur  des 
deux  types.  Le  bec  assez  fort  se  rapproche  par  ce  caractère  de  celui 
du  Verdier;  lorsque  les  ailes  sont  soulevées  on  aperçoit  sur  les 
flancs  (le  larges  pastiches  brunâtres  foncés,  rappelant  la  coloration 
de  la  Linotte,  mais  exagérant  beaucoup,  croyons-nous,  cette  teinte. 
Kn  somme,  plumage  et  conformation  réellement  intermédiaires  ; 
il  ue  nous  paraît  pas  possible  de  mettre  eu  doute  la  provenance 
de  cet  Oiseau,  elle  éclate  au  premier  coup-d'œil.  Quant  à  sa  capture 
à  l'état  sauvage,  M.  G.  Smith  nous  l'a  allirmée. 

7.  —  L'aquarelle  de  ce  spécimen,  que  M.  Whitaker  a  été 
assez  gracieux  pour  nous  envoyer,  étant  de  très  petite  dimension 
et  seulement  esfiuissée,  nous  ne  [lonvons  faire  une  description 
détaillée  de  la  forme  et  du  plumage  de  i'Oiseau  qu'elle  représente. 

'  L'impression  que  ce  dessin  colorié  nous  a  causée  est  que  l'Oiseau 
est  une  Linotte  avec  la  queue  et  les  ailes  rappelant  par  leur  colo- 
ration jaune  vif  les  ailes  et  la  queue  du  Verdier.  Les  taches  longi- 
tudinales du  Cannabinu  sont  très  accusées;  l'Oiseau  paraîtrait 
femelle.  Il  nous  a  semblé  liiea  aulii(Mitic[ue  et  ressemblant  encore 
au  spécimen  de  M.  Oxeodeu  liammonii,  dont  nous  allons  mainte- 
nant parler. 

8.  —  M.  Oxenden  Ilammond,  (|ui  n'est  pas  seulement  nn  natura- 
liste, mais  un  peintre  de  talent,  (ujuiuk;  il  nous  l'a  prouvé  par  la 
jolie  aquarelle  de  son  spécimen  qu'il  a  exécutée  à  notre  intention, 
nous  a  envoyé  la  description  suivante  de  l'hybride  acheté  par  lui  à 
un  oiseleur  des  enviions  de  Wiiigham,  et  ([u'il  croit  à  bon  droit, 
d'après  ce  que  nous  avons  pu  juger  par  son  dessin,  un  produit  réel 
du  I.iijurinua  cltlnris  avec  le  Cdnndbhw  Unotn. 

((  Bec  brun  rose,  yeux  bruns;  front,  menton,  gorge  et  toutes  les 
parties  inférieures  d'un  brun  clair  jaunâtre,  strié  d'un  gris  brun. 
L'occiput,  le  cou  et  le  derrière,  le  dos,  les  couvertures  des  ailes. 


20(3  A.    SUCUETET 

les  petites  et  les  fraudes,  d'un  brun  châtain  foncé,  strié  jiarloulfjris 
noirâtre.  Les  six  premières  plumes  des  ;iiles,  aussi  bien  ([ue  la 
petite  aile  bâtarde,  noires,  avec  bordure  d'un  jaune  vit.  Les  plumes 
tertiaires  gris  noir,  bordées  gris  clair.  La  croupe,  aussi  bien  que  la 
couverture  de  la  queue,  brun  jaunâtre.  La  queue  gris  noir,  les 
([uatre  plumes  extérieures  bordées  de  jaune  vif.  Les  tarses  et  les 
doigts  bruns  et  les  ongles  noirs.  Longueur  de  l'Oiseau  empaillé  du 
sommet  delà  tète  au  bout  de  la  queue  cinq  pouces.  Eu  somme, 
l'Oiseau  s'approche  du  Verdier  par  les  plumes  jirimaires  de  l'aile 
et  les  plumes  extérieures  de  la  queue,  aux  points  des  plumes  ter- 
tiaires de  l'aile  ;  tandis  qu'il  ressemble  au  Cannahinn  dans  toutes 
les  parties  inférieuies,  aussi  bien  par  la  tête,  le  cou  et  le  dos.  Le 
croupion  est  intermédiaire,  étant  d'un  brun  jaunâtre.  La  forme  est 
plutôt  celle  de  Is  Linotte,  quoique  l'Oiseau  soit  légèrement  fort,  le 
bec  est  aussi  plus  fort  et  plus  épais  que  celui  de  la  Unota.  » 

Lorsque  M.  Oxenden  llammond  acheta  cet  Oiseau,  probablement 
le  lendemain  même  de  sa  capture,  toutes  les  extrémités  des  plumes 
et  de  la  queue  étaient  parfaitement  bien  conservées,  aussi 
M.  Hammond  croit  il  (jue  l'Oiseau  avait  été  sûrement  pris  à  l'état 
sauvage  (1). 

9.  —  Nous  avons  ([uelques  réserves  à  faire  sur  ce  spécimen 
dont  l'origine,  nous  l'avouons,  nous  a  paru  au  premier  abord 
suspecte.  Longtemps  même  nous  avons  pensé  que  nous  avions 
affaire  bien  plutôt  à  une  variété  qu'à  nu  hybride.  L'Oiseau,  par 
Sa  forme  et  sa  taille,  n'a  rien  en  effet  du  Cannahina,  c'est  un  véri- 
table chloris  sous  ces  rapports;  le  plumage  est  plus  roux  grisâtre 
(jue  ne  l'est  habituellement  la  coloration  du  chlori:<;  mais  il  n'existe 
aunnie  trace  des  taches  longitudinales  caractéristi(|ues  de  la  Unota, 
tant  sous  la  gorge  que  sur  le  devant  du  cou  et  sur  les  autres  parties 
du  corps. 

L'envoi  gracieux  de  M.  le  D''  Kerbert,  directeur  du  Musée 
d'Amsterdam,  nous  faisait  voir  pour  la  première  fois  le  produit 
présumé  du  chloris  avec  le  Cannabintt.  Au  moment  où  nous  l'avions 
reçu,  nous  n'avions  encore  examiné  aucun  exemplaire  authentique 
de  ce  croisement,  nous  n'avions  même  pas,  étant  en  déplacement, 
la  facilité  d'examiner  les  deux  espèces  pures.  Ces  circonstances 
sont-elles  la  cause  d'une  erreur?  nous  n'oserions  le  dire.  L'examen 
attentif,  fait  diïpuis  sur  d'autres  pièces  non  douteuses,  nous  permet 
aujourd'hui  d'établir  une  comparaison  entre  cet  exemplaire  et  ces 
dernières,  et  d'y  trouver  réellement  quelques  ressemblances  avec 

(1)  M.  Hammonil  avait  cilé  cet  Oiseau  dans  le  Zoologist,  p.  83, 1883. 


OISEAUX    HVRIllDKS    HENCO.NTnKS    A    LÉTAT    SAUVAGE  207 

elles  dans  la  coloration  roux  brun  oranijc  murlelé  de  la  poitrine, 
sans  toutefois  pouvoir,  du  tro})  vague  souvenir  qui  nous  en  reste, 
aftirnier  d'aucune  façon  son  orij^ine  liybride  (1). 

10. —L'Oiseau  nous  a  paru  tellement  bien  dévoiler  sa  double 
origine  (quoiqui'  ressemblant  beaucoup  plus  à  chloris  comme 
conformation  et  pliima;ic),  (|ue  nous  avons  noté  seulement  les  carac- 
tères suivants  :  tète  et  bec  intermédiaires,  malgré  la  ressemblance 
de  cette  dernière  partie  avec  chloris  ;  couleur  du  dos,  et  partie  anté- 
rieure roux  brun  taché  brun  noir  rappelant  la  linola  ;  sur  les  flancs, 
lors([uc  les  ailes  sont  (léjiloyées,  couleur  de  celte  dernière  (quoique 
plus  accentuée).  Par  cette  mar([u;'et  la  couleur  du  dosel  de  la  moitié 
de  dessus  <les  ailes,  ce  Verdier  indi(iue  son  mélange  avec  la  Linotte. 
La  poitrine,  comme  cbez  |iiusieurs  autres  exemplaires,  jaune  brun. 
En  jiarlant  de  cet  exemplaire  dans  le  Zooloijist  (2),  M.  J.  II.  Guruey 
juu.,  le  comparait  à  celui  que  M.  Gurney  père  reçut  de  M.  Dagget, 
et  le  reconnaissait  «  légèrement  plus  foncé  »  ([ue  l'exemplaire  de 
M.  Stevenson,  ainsi  que  «  d'une  taille  un  ])eu  plus  forte  ». 

13.  —  L'aquarelle  de  grandeur  naturelle,  très  fine  et  très  travail- 
lée, que  le  Comité  de  direction  du  Musée  de  Newcastle-on-Tyne 
(sur  la  demande  de  M.  le  D''  Emblelon,  l'un  de  ses  membres) 
a  bien  voulu  faire  exécuter  pour  nous,  nous  a  paru  établir  d'une 
façon  évidente  la  nature  mixte  de  l'Oiseau  qui  faisait  partie  de  la 
collection  du  très  regretté  M.  Ilandcok.  D'après  cette  aquarelle,  ce 

(1)  Ce<iiii  nous  fiiit  lu'siler  à  déclarci'  pui-emenl  et  simplenieni  l'oiseau  en  question 
i\nK  viirielé,  e'eU  (|ui>,  dune  part,  nuus  lisons  dans  Stevenson  {Op.  Cit.,  p.  221)  que 
«  les  variétés  sont  rarement  rencontrées  ii  et,  de  l'autre,  dans  Dcgland,  que  lors- 
qu'elles se  rencontrent  elles  sont  «  blanches  ou  jaunâtres  ou  maculées  de  blanc  et 
de  jaune  ».  f/exeinplaire  exceptionnel  que  elle  Stevenson  (exemplaire  pris  à  IlcUes- 
don,  en  février  1802),  est  u  de  couleur  gris  clair,  se  clianseant  en  brun  sur  les  plumes 
de  la  queue  et  des  ailes.  Le  dos,  les  couvertures  des  ailes,  les  côtés  de  la  tète  et  de 
la  poitrine,  soni  aussi  pins  ou  moins  teintés  de  jaune,  enfin  les  bords  extérieurs  des 
primaires  et  les  plumes  de  la  queue  avec  les  couvertures  supérieures  de  la  queue 
jaune  vif  ».  Il  n'y  a  donc  lieu  d'établir  aucun  parallélisme  entre  <'ette  variété  et 
l'exenqilairc  du  .Musée  d'.Amstcrdam  <pii  peut  être  réellement  bybride?  Il  figure 
ciimme  tel,  nous  l'avons  dit,  dans  «  A'(/«/h//;',<(  riin  in  yederland  naturirscual 
nanrgennmen  Vogrh  ».  l/antenr  de  ce  travail,  M.  Koller,  décédé  il  y  a  quelques 
mois,  élail,  nous  dit  M.  le  D'  Herbert,  «  un  des  meilleurs  connaisseurs  en  Oiseaux  ». 
Il  est  bon  loulefoisde  noter  que  le  même  spécimen  nous  avait  été  indùpié  comme 
croisemeni  du  «  Cantuftif:  eleganx  et  du  l.ifjuriiiiig  chloris  -  par  M.  K.-C.  Blaainv. 

Au  moment  de  mettre  sons  presse,  M.  Verrall,  de  Lewes  (Angleterre),  nous 
apprend  «|u'il  vient  d'acbeler  un  ciniiiimon  Greenfrinch,  c'eslàdire  un  Verdier  de 
la  couleur  de  1 1  canelle  ;  cette  coinniunicilion  renouvelle  nos  hésitations  à  recon- 
naître riiybriililé  chez  l'exemplaire  ilu  Musée  d'.Vmsterdam. 

(2)  XI,  n»  127,  pp.  2(;n  cl  207,  juillet  IS87. 


208  A.    SUCHETET 

spécimen,  pris  au  mois  de  décemljre  1887,  on  se  le  rapi)elle,  est, 
comme  forme  et  comme  taille,  un  véritable  cliloiis  au  bec  plus  petit; 
mais  quelques  plumes  teintées  de  rouge  cramoisi  sur  le  devant  de 
la  tôte,  sa  poitrine  martelée  jaune  orangé  rouge,  sou  dos  et  les  cou- 
vertures de  ses  ailes  moulreut  très  suffisamment  son  mélange  avec 
le  Cannainna  dont  il  montre  encore  les  marques  sur  diverses  autres 
parties  du  corjjs.  (lliose  à  noter,  pendant  sa  captivité,  c'est  à-dire 
depuis  le  mois  de  décembre  1887  jusqu'au  mois  d'octoljre  1888, 
époque  à  laquelle  il  mourut,  il  ne  mua  pas  (1)  ». 

Les  onze  spécimens  dont  nous  venons  de  donner  la  description, 
sauf  l'exemplaire  du  Musée  d'Amsterdan,  pour  lequel  nous  avons 
fait  quelques  réserves,  paraissent  donc  tous  devoir  être  classés  comme 
hybrides  proliables.  A  noire  regret,  nous  ne  ijouvons  donner  les 
mêmes  affirmations  sur  les  spécimens  11,  12,  14,  13,  16,  17,  18,- 19 
et  20.  Nous  n'avons  en  effet  reçu  ([ue  fort  peu  d'indications  sur  ces 
divers  Oiseaux. 

L'Oiseau  de  M.  Ilartson,  d'après  communication  de  ce  dernier, 
aurait  été  vendu  à  MM.  Mackley  frères,  de  Norwich,  mais  ceux-ci 
ne  nous  ont  point  fait  connaître  la  conformation  et  le  plumage  de  ce 
spécimen  sur  lequel  ils  paraissent  du  reste  avoir  peu  de  souvenirs. 
Le  spécimen  aperçu  par  le  rév.  Macpherson  n'a  pu  être  tué  ;  il 
fut  vu  dans  un  champ  de  navets,  alors,  il  est  vrai,  que,  mangeant 
très  avidement,  il  se  laissait  approcher  (2);  mais  un  examen  aussi 
superficiel  ne  peut  établir  son  authenticité,  au  moins  d'une  façon 
absolue.  M.  Swaysland  ne  nous  a  donné  aucun  détail  sur  l'Hybride 
qu'il  prit  lui-même,  il  nous  dit  seulement  qu'il  n'était  pas  (autant 
qu'on  en  pouvait  juger)  «  un  Oiseau  écliappé  de  volière.  »  M.  Colene 
nous  a  point  fait  connaître  non  plus  les  caractères  de  l'Oiseau  exposé 
par  lui  au  Cristal  Palace  en  1890  ;  indications  qui  nous  manquent 
pour  le  jeune  hybride  acheté  par  M.  Nichols  à  M.  Pettitt,  pour  l'exem- 
plaire femelle  vivant  possédé  par  M.  Dawsou,  pour  lu  mâle  exposé  au 
Cristal  Palace  par  M.  S.  Hayvvard  en  1891  (ou  en  1889),  dont  on  ne 
connaît  même  pas  le  nom  de  l'acheteur,  et  pour  les  deux  hybrides 
pris  par  M.  Chatvin,  de  Douvres.  Sans  mettre  aucunement  en  doute 
l'authenticité  de  ces  diverses  pièces,  qui  nous  ont  été  indiquées  si 
gracieusement  par  leurs  propriétaires,  nous  nous  abstiendrons  de 
porter  un  jugement  sur  elles,  puisque,  nous  le  répétons,  elles  ne 
nous  sont  ni  décrites,  ni  connues  (3). 

(1)  (t  /(  dted  before  mouUing  ».  Hatidcok  Collection  in  Ihe  Muséum  of  the 
■nalural  history  Society  of  Nortliumbrrland,  Durhaiii  and  t\eu'castle-on-Tyiie- 

(2)  Voy.  le  Zoologist,  XI,  n"  128,  p.  303.  août  1887. 

(3)  Nous  rappelons  aussi  que  nous  avons  pu  faire  quelques  doubles  emplois. 


OISKAIX    IIVIIKIIIKS    RKNCONTRKS    A    l'kTAT   SAUVAGE  209 

Nous  soiniiu'S  cepiuidaul  porté  à  croire  que  la  plupart  au  moins 
(k-  ces  spéciruens  out  leur  origine  l)ieu  établie.  Nous  eu  dirons 
autant  de  l'exemplaire  de  la  collection  Gould,  vu  autrefois  par 
M.  Gurney  (I)  et  qui,  d'apiès  ce  dernier,  «  montrait  de  la  manière 
la  plusdécidée  leplumai::e  de  la  Linotte  et  du  Yerdier.  »  Nous  tenons 
cependant  à  faire  remarquer  que  les  hybrides  de  MM.  Wliitakei-  et 
Hammond  furent  pris  pendant  l'année  1883,  c'est-à-dire  pendant 
une  époque  où  des  hybrides  de  ce  croisement  avaient  été  obtenus  en 
domesticité  et  où  l'un  d'eux,  précisément,  s'était  échappé  (2). 

Nous  nous  sommes  étendu  un  peu  lonjïuement  sur  les  hybrides 
du  Ijif^uinux  chlurix  et  du  t'annubina  Ihtola,  ces  pièces  présentant 
un  véritable  intérêt  par  leurs  caractères  mixtes  et  par  leur  nom- 
bre (3). 


(M  Voy.  llic  ZoolOi,'isl,  VU,  ii"  SI,  p.  :i7'.l,  ISS.'!. 

(2)  M.  .1.-11.  (iiiini'y  ;i  cru  devoir  (aire  rcman(iier  (ZoologisI,  VII,  n»  81,  p.  370, 
1SS:!|,  (pie  licaiinmpdos  hybrides  chlorix  el  liiiotd  portent  des  marques  évidcnles  de 
raplivilé,  ee  qui,  d'après  les  réllexions  de  M.  l'hilipp  (Zoolofjist,  p.  liOl,  julllel  1S83) 
piuirraieul  amener  un  naluraliste  sceptique  i'i  penser  que  ees  hybrides  furent  élevés 
en  cape;  avis  ([ue  ne  partage  pas  M.  (iurney  i|ul  pense,  avec  plus  de  raison  peut-ôtrc 
que  ces  marques  de  captivité  proviennent  d'un  séjour  plus  ou  moins  prolongé  en 
cage  après  leur  capture.  En  18S3,  M.  Gurney  n'avait  pas  encore  observé,  dans  les 
Oiseaux  e.xposés  à  .Norwich.  d'hybrides  de  ce  genre.  Mais  nous  avons  vu,  d'après  les 
afllrmations  de  plusieurs  éleveurs,  que  le  croisement  du  chloris  et  de  la  linota 
s'obtenait  aussi  en  captivité. 

(Iti  Nous  n'avons  point  parlé  intentionnellement  des  hybrides  que  l'on  dit  avoir  été 
pris  à  N'<jrfolk  et  (|ui  sont  mentionnés  par  .\I.  IJurney  dans  le  Zoologist  (111,  n»  81, 
p.  379,  l8S.'i)  parce  i|ue,  comme  le  présumait  .M.  (juruey,  ces  Oiseaux  (au  moins 
celui  que  nous  avons  re(;u).  n'ont  point  les  origines  qu'on  leur  suppose.  Dans  l'exem- 
plaire que  M.  (iurney  a  eu  la  complaisance  de  nous  adresser,  nous  n'avons  vu  qu'une 
F.  raniiriil  v.iriété  verte,  échappé  sins  doute  de  qnehpie  volière,  pas  même 
rhybri<le  vulgaire  di^  la  Linotte  et  du  Serin.  Nous  n'avons  point  parlé  non  plus  d'un 
hybride  pi-éseuté  vers  IHSI)  à  la  Société  zoologi(pic  de  Londres  par  le  rév.  Macpher- 
son,  parce  que  nous  n'avons  pu  savoir  si  cet  Oiseau  avait  été  pris  à  l'étal  sauvage  ou 
proiliill  en  capllvilé. 

LinURI.NUS   CHLOKIS    KT    CaNNABINA    I.INOTA    ou    KkINCII.I.A    CITRINELLA 

M.  de  Selys-I.ongehanips  a  vu  autrefois  <laus  la  collection  de  M.  Hory,  à  I.ouvain, 
collection  qui  n'existe  plus,  un  hybride  sur  lequel  il  a  pris  la  note  suivante:  "^hybride 
du  chloris  avec  Canitiiliina  ou  avec  l'ringilla  cilrinelta?  (espèce  qui  n'est  pas 
belge).  (Jiieue  du  Venturon  (/'.  citrincUit),  épauletles  de  cet  Oiseau,  dos  grivelé, 
une  nianpie  p:Me  comme  F.  peironia,  les  longues  rectrices  pâles  en  dehors  (nulle- 
ment jaunes  ne  dessous)  ;  bec  moindre  que  le  chloris.  Nous  ignorons  tout  à  fait  si 
cet  Oiseau  a  été  pris  à  l'état  sauvage;  M.  de  Selys-Longchatnps  espère  pouvoir  obte- 
nir quelipies  indications  sur  cette  pièce  intéressante. 


210  A.    SUCHETET 

IjGdRlNUS   CHLORIS    et    CaRDUELIS    ELEGANS  (1). 

Ce  croiseiiieut  présente  un  grand  intérêt  parce  que  l'appariage 
des  deux  espèces  a  été  plusieurs  fois  constaté  dr  vim,  observation 
exceptionnelle  et  qui  n'a  pas  été  faite,  nous  l'avons  dit,  dans  la 
plupart  des  autres  cas.  Cependant,  nous  avouons  l'avoir  mis  long- 
temps en  doute.  Le  premier  hybride  reçu,  et  qui  nous  avait  été 
envoyé  gracieusement  par  M.  le  comm.  prof.  Giglioli,  de  Florence, 
rappelait  en  ellel  presque  complètement,  par  sa  couleur  générale, 
le  produit  commun  du  F.  canaria  et  du  Cardiiclis;  sa  taille,  seule, 
et  son  bec  un  peu  plus  forts  le  faisaient  reconnaître.  L'Oiseau  cepen- 
dant avait  été  pris  à  l'état  sauvage,  à  Santa-Maria  in  Monte 
(Florence)  pendant  le  mois  de  Septembre  1878,  et  M.  Giglioli 
regardait  comme  digne  de  confiance  la  personne  qui  le  lui  avait 
remis. 

Le  deuxième  exemplaire  qui  nous  fut  envoyé  d'Angleterre  par 
M.  PhilippB.  Mason,  esq.,  de  couleur  plus  fontée,  de  taille  au  moins 
aussi  forte,  montrant  très  visiblement  au  bord  extérieur  de  l'aile, 
dans  la  partie  haute,  une  teinte  jaune  vif,  nous  laissa  un  peu  moins 
incrédule. 

Mais  nous  n'étions  pas  convaincu.  Les  envois  successifs  de  quatre 
spécimens  vivants,  que  l'on  nous  a  dit  avoir  été  pris  eu  Angleterre 
])endant  ces  dernières  années,  enlevèrent  enfin  nos  doutes.  Nous 
pûmes  en  effet  étudier  à  loisir  les  mouvements,  la  voix,  les  manières, 
les  gestes,  le  vol  de  ces  Oiseaux,  placés  à  côté  de  canaria  X  Carduelis 
et,  peu  à  peu,  les  distinguant  facilement  de  ces  derniers,  nous  recon- 
nûmes que  le  chloris  devait  avoir  concouru  à  leur  production. 

Le  croisement  du  Ligurinus  etda  Cardnclis,deiix  FriiKjilliiliP,  de 
forme  et  de  couleur  réellement  bien  distinctes,  a  été  observé  depuis 
longtemps  et  peut-être  môme  est-il  le  premier,  parmi  ce  genre 
d'Oiseaux,  dont  on  ait  fait  mention.  C'est  à  Vieillot  que  revient 
probablement  l'honneur  do  l'avoir  cité  pour  la  première  fois.  Le 
célèbre  ornithologiste  raconte  en  effet  (2)  qu'il  posséda  pendant 
longtemps  un  Oiseau  pris  au  filet  et  qui  paraissait  être,  d'après  sa 
taille,  ses  couleurs  et  son  chant,  <(  le  résultat  de  l'union  d'un 
Verdier  et  d'une  femelle  Chardonneret  ».  Ce  métis,  pris  au  mois 
d'octobre,   resta  toujours  très  sauvage  et  ne  se  familiarisa  que  peu 

(1)  Autres  noms  scienliliques  :  FringiUa  carihielis.  Pris'itpr  cardiielis.  Cdriluelis, 
Spinus  carduelis,  Aciinlhis  carduelis. 

(2)  Nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle  appliquée  aux  arts.,  XII,  pp. 
162  et  163.  Déterville,  Paris,  1817. 


OISEAUX    HYBRIDKS    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  211 

avec  lu  cage.  .Malgré  SOU  caractère  farouclie,  il  céda  cependaut  aux 
impulsions  de  l'amour  et  s'apparia  avec  une  9  canaria  ;  mais 
cet  accou|(lenient  demeura  stérile. 

Vingt  ans  plus  tard,  un  auteur  anglais,  Macgillivray  (1),  faisait 
connaître  un  exemple  remarquable  d'une  femelle  de  Goldfinch 
(Chardonneret)  se  croisant  à  l'état  sauvage  avec  uu  mà\e  Green 
Linnet  (^'erdier).  Ces  deux  Oiseaux,  dit  l'émineut  naturaliste, 
bâtirent  d'abord  leur  nid  dans  une  haie  d'épines  d'un  jardin  qui 
avoisinait  Rathgate.  où  ils  nourrirent  quatre  petits  ;  mais  bientôt 
les  jeunes  furent  pris  et  élevés  par  uue  personne  de  la  ville.  Les 
parents  construisirent  alors  un  deuxième  nid  dans  une  vieille 
haie  de  hêtres  sur  les  pro|)riétés  de  MM.  Marjoribauks,  de 
Balbardie,  et  réussirent  à  élever  une  autre  couvée,  ilout  ils  furent 
encore  privés.  Ces  nouveaux  jeunes  furent  donnés  à  un  tisserand 
chez  lequel  ils  vécurent  plusieui's  années. 

.Macgillivray  dit  avoir  connu  un  autre  exeuiple  du  môme  genre 
qui  fut  constaté  cette  fois  dans  la  partie  nord  du  jardin  du  château 
d'Edimbourg,  propriété  devenue  la  possession  de  M.M.  Eagle  et 
Hendersou.  l'ii  niùle  Verdier  et  sa  femelle,  un  Chardouueret,  furent 
attrapés  par  un  oiseleur,  qui  garda  cette  dernière  pendant  quel- 
que temps  pour  s'en  servir  d'ai)peau.  .Macgillivray  vit  les  deux 
parents  (pendant  l'année  1838?)  et  un  jeune  de  leur  couvée  qu'un 
ébéniste  d'Edimbourg  aclieta  dans  la  suite. 

Ni  .Macgillivray,  ni  Vieillot  n'ont  donné  de  détails  sur  la  couleur 
du  plumage  et  la  forme  de  ces  divers  hybrides.  Isidore  Geoffroy 
Saint-llilaire  a  rap])orté  le  fait  cité  par  Vieillot  dans  sou //('.s7oî7'e 
(icncridc  </«  Ilèi/ncs  organiques  (2),  et  le  Rév.  Mncpherson  a  fait 
allusion  aux  exemples  de  Macgillivray  dans  le  Zoologist  (3).  Le 
révérend  cite  du  reste,  dans  la  même  revue,  un  autre  exemple  de 
cette  sorte  qu'il  tient  de  M.  Traviss,  le  gardien  de  la  volière  occi- 
deutale  du  Zoological  Garden.  Celui-ci  lui  a  assuré  avoir  pris 
un  nid  de  jeunes  Chardonnerets  ])laeé  près  d'un  autre  nid  de 
Verdiers.  Dans  la  couvée  de  Chardonnerets,  il  se  trouvait  un 
intermédiaire  entre  le  «  Carduelis  elegans  et  le  Ligurinus  chloris  » 
que  M.  Traviss  éleva  et  conserva  un  grand  nombre  d'années.  L'Oiseau, 
dit  le  Rév.  Macpherson,  devait  ressembler  à  un  hybride  obtenu  en 
captivité  possédé  par  lui  au  moment  où  il  discutait  surcesfaitsavec 
le  gardien  de  la  volière  de  Regent's  Park. 

(1)  Ilislory  of  Brilisk  IHrds,  1,  18.37. 

(2)  III,  p.  UVt. 

(•,!)  VII,  n»  8,  p.  :n8,  août  1883 


212  A.    SUCHETET 

Plusieurs  autres  hybrides  sont  mentionnés  dans  le  récent  ouvrage 
de  M.  le  professeur  Giglioli,  de  Florence  (1  ).  D'abord  un  exemplaire 
observé  par  M.Pauerdans  le  district  de  Florence,  puis  un  deuxième 
cité  par  M.  Ruggeri,  de  Messine,  enfin  un  individu  cT  venant  de 
S.  Maria  in  Monte,  celui  que  nous  avons  déjà  indiqué  et  qui 
aurait  été  donné  au  Musée  royal  par  M.  Scaramucci  (2).  L'Oiseau 
dont  parle  M.  Pauer  avait  été  trouvé  sur  le  marché  de  Florence  et 
envoyé  à  la  collection  italienne,  mais  il  paraît  n'avoir  jamais  été 
remis  à  la  Direction  et  sans  doute  a-til  été  perdu  dans  le  labora- 
toire de  taxidermie,  car  on  parait  ignorer  ce  qu'il  est  devenu. 
Il  était,  nous  écrit  M.  Pauer,  très  semblable  à  celui  que  l'on  conserve 
aujourd'hui,  tant  i)ar  le  plumage,  les  couleurs  et  la  forme.  Sa 
grosseur  était  celle  du  /,.  chloiis,  auquel  il  ressemblait  par  sa  queue 
et  la  forme  de  sa  tête  ;  mais  les  ailes  et  la  queue  montraient  dans 
l(»ur  couleur  des  marques  non  équivoques  du  Canhirlis.  Cet  Oiseau 
avait  été  pris  dans  les  filets. 

L'hybride  indiquéparM.  A.  Ruggieri,  de  Messine,  n'existe  peut-être 
])Uis.  Il  avait  été  porté  à  un  avocat  de  cette  ville,  M.  Joseph  Pagano,  par 
un  prêtre  des  environs,  il  y  a  déjà  (juatreoucinq  ans.etM.  Ruggieri 
avait  fait  alors  tout  son  possible  pour  l'obtenir,  mais  ses  tentatives 
avaient  échoué.  L'Oiseau  présentait  des  marques  évidentes  des 
deux  espèces,  il  avait  la  forme  grossière  du  cliloris,  qu'il  rappelait 
encore  par  son  bec  gros  et  cylindrique.  Son  plumage  était  vert, 
plutôt  foncé;  sur  les  rémiges  il  portail  une  tache  jaune  comme  le 
Carduelis  elajiim;  son  masque  rouge  était  saupoudré  de  cendré. 
Nous  ignorons  tout  à  fait  si  M.  Joseph  Pagano  a  pris  soin  de 
conserver  cet  intéressant  exemplaire. 

D'autres  exemples  nous  sont  encore  connus,  ils  concernent  : 

1.  —  Un  individu  exposé  au  Cristal  Palace  pendant  deux  années 
successives, '18S4et  1885,  par  M.  J.  H.  Hillyer,  de  Leicester,  qui  nous 
affirme  l'origine  sauvage  de  cet  Oiseau  capturé  par  un  oiseleur  à 
quelques  milles  de  Leicester. 

2.  —  Un  autre  individu  exposé  également  au  Cristal  Palace  en 
1887,  par  M.  Arthur  Waterman,  de  Londres. 

3  et  4.  — Deux  hybrides  du  même  croisement  pris  avec  le  précé- 
dent dans  les  environs  de  Londres. 

S.  — Un  individu  capturé,  avec  des  Chardonnerets,  dans  les  filets 
d'un  oiseleur,  M.  J.  Chatvin,  de  Douvres,  pendant  l'hiver  de  1890-91, 

(1)  Giglioli,  Primo  resoconto  dei  résultait  delV  inchiesta  ornitologica  in 
ilulia,  parle  terza  ed  ullinia,  pp.  GO  et  70,  Florence,  1891. 

(2)  D'après  une  communicaUon  de  M.  Pauer. 


OISEAUX    lIVHlUltES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  213 

et  envoyé  nii  mois  <Ie  janvier  par  M.  Saltor  jiin.,  de  Poiidweli,  au 
Hi'ilisli  Miiseiini  ; 

(t.  —  Un  autre  exemplaire  9  pris  au  nid  dans  le  comté  de 
Dumharlon.  exposé  an  (Cristal  Palace  parM.  Andrew  Manchon,  qui 
a  bien  vonln  nous  ollrir  cet  Oiseau  aujoiird'lini  empaillé.  Dans  le 
uid  où  le  jeune  fut  pris  existaient  trois  autres  petits.  Les  parents 
auraient  été  eux-mêmes  capturés,  c'étaient  un  CaidneVis  9  et  un 
chloris  cf  nourrissant  leurs  jeunes. 

7,  8  et  !).  — Tiois  hybrides  du  l.oiia  chloris  et  du  Carduclls,  vus 
au  commencement  de  l'automne  de  tSOI,  par  des  tendeurs  des  envi- 
rons de  Verviers(Belgi(iuc),  paraissant  tous,  d'après  M.  Emile  Ruhl, 
qui  luius  cite  ce  fait,  appartenir;!  une  même  couvée  et  avoir  voyagé 
ensemble  après  la  mue  sans  s'être  jamais  (|uiltés.  M.  Ruhl  possède 
vivant  l'un  de  ces  Oiseaux,  les  deux  autres  s'étant  échappés  (1). 

Kl.  — L'exemplaire  pris  près  de  Londres  en  ISfiR,  appartenant 
aujourd'hui  à  .M.  l'hilii)pIL  iMason,  de  Hurton,  dont  il  a  été  parlé, 
hybride  provenant  de  la  vente  faite  au  Covent  Garden  en  1890  par 
M.  Whitaker. 

11,  \:i,  !.'{  et  14.  —  Kiilin  nos  quatre  exemplaires  reçus  vivants 
et  sur  lesquels  M.  W.  W.  Fowler,  de  Pontefract,  qui  nous  les  a 
vendus,  nous  a  donné  les  indications  suivantes.  Le  premier,  arrivé 
à  notre  [)ropriété  d'Antiville  le  10  octobie  1801,  fut  pris  au  sud 
d'Elcusal,  à  huit  milles  sud  de  Pontefract,  il  y  a  quatre  ans.  L'oiseleur 
qui  l'attrapa  avait  vu  ses  parents  le  nourrir  :  c'étaient  un  Verdieret 
un  Chardoiineret.  Le  jeuue  Oiseau  ét;iit  eu  comijagnie  d'autres 
petits  dont  ou  ne  put  s'emparer.  Il  a  une  aile  brisée  et  pendante, 
l'aile  jrauche.  Le  deuxième,  reçu  le  même  jour,  quoique  pris  plus 
récemmeni,  en  1889,  avait  les  onj;les  tombés.  Il  fut  capturé  à  la 
lin  de  l'année  à  Balue-Moor  (7  milles  de  Pontefract)  par  M.  G. 
Gildersome. 

Les  deux  autres,  reçus  seulement  le  17  octobre,  seraient  encore, 

(1)  M.  Riilil  nous  adresse  les  détails  coinpl6menlaires  suivants  :  ■  Les  trois 
liyhrides  (Chardonneret  el  Verdier  ontété  vus  ensemliie  plusieurs  (ois.  Deux  oiseleurs 
du  village,  les  deux  (rères,  ont  tend»  leurs  lilels  grands  de  i"  wir  1".  Les  Oiseaux 
ont  été  tous  les  trois  pris  sur  une  plante  de  chardon,  iiiallieureusement  le  filet  ne 
s'est  qu'iuiparf.'iitement  fermé  el  au  montent  de  le  haisser  avee  la  main,  les  trois 
Oiseaux  se  sont  envolés.  Ils  se  sont  dirigés  en  ligne  droUe  sur  les  buissons  de 
l'autre  tendeur  il  cent  métrés  environ  du  premier  endroit,  mais  celui-ci,  en  tirant 
son  lilel,  ayant  mis  trop  do  lenteur,  deux  hybrides  se  sont  échappés.  On  assure  que 
c'étaient  trois  mules  ».  Tout  ceci,  ajoute  M.  liuhl,  dans  la  nouvelle  communiiation 
qu'il  veut  bien  nous  faire,  s'est  passé  comme  il  nous  l'explique.  .\u  début  on  lui 
avait  bien  raronté  ipie  le  tendeur  ronservait  les  deux  plus  beaux  sujets,  mais  ce  ren- 
seignement n'est  pas  exact,  M.  Ruhl  et  sou  fils  ayant  interrogé  les  deux  frères. 


214  A.    SUCHKTKT . 

d'après  M.  Fowler,  deux  mâles.  L'un  des  deux  est  mauchol,  il  ne 
I)ossède  que  l'aile  droite,  la  gauche  ayant  été  enlevée  par  le  (il  télé- 
graphique contre  lequel  l'Oiseau  s'était  frappé  dans  son  vol.  Il  fut 
pris  en  effet  le  lonj;  de  la  ligne  du  chemin  de  fer  d'Hensall,  située 
près  de  Balue-Moor.  Depuis  sa  capture,  il  était  devenu  la  possession 
de  M.  J.  Hygins,  de  Pontefract,  qui,  sur  les  sollicitations  de  M. 
W.  W.  Fowlei-,  consentit  à  nous  le  vendre.  Malheureusement,  il 
mourut  le  lendemain  de  son  arrivée  à  Antiville.  L'Oiseau  qui 
l'accompagnait  avait  été  pris  aussi  dans  le  district  de  Balue-Moor, 
par  un  sieur  Burton,  avant  re.\position  du  Cristal  Palace  de  1890 
où  il  tut  montré  sous  le  n°  1801.  Ces  trois  derniers  avaient  été  aper- 
çus avant  leur  capture  volant  ensemble  à  la  fin  de  l'année  1889 
accompagnés  d'un  quatrième  hybride  femelle  que  M.  W.-W.  Fowler 
eut  l'occasion  de  voir  lors(ju'il  était  dans  son  premier  plumage. 
Cette  femelle  avait  été  prise  également  par  M.  S.  Burton,  de  Knos- 
tingley  et  au  même  endroit,  c'est-à-dire  à  Balue-.Moor.  Depuis  elle 
fut  vendue  au  Leeds  Market  pour  une  livre  sterling  et  six  pence. 
On  ignore  ce  qu'elle  est  devenue;  M.  Fowler  a  bien  voulu  faire 
pour  nous  des  recherches  qui,  malheureusement,  n'ont  point  abouti. 
En  outre  M.  Geo.  Davis,  de  Glocester,  veut  bien  nous  faire  savoir 
([u'uu  hybride  Verdier-Chardouneret  fut  pris  par  M.  Coxà  Newent, 
mais  il  y  a  de  cela  longtemps,  et  M.  Gustave  Caniot  nous  écrit  de 
Lille  que  le  métis  du  Chardonneret  et  du  Bruant  (1)  a  été  pris  au 
lilet  dans  les  environs  de  cette  ville. Gel  Oiseau,  acheté  par  M.  Courbe, 
son  prédécesseur,  a  été  revendu  ensuite  et  on  ignore  qui  le  possède 
maintenant.  C'est  peut-être  à  cet  Oiseau  que  fait  allusion  M.  Chirez, 
de  la  même  ville,  qui  nous  infor.iie  qu'il  a  vu  des  «  Vermontants  (2) 
couver  en  plein  air  avec  des  Chardonnerets.  » 

Description  de  plusieurs  pièces  que  l'on  doit  de  citer.  —  Le  plumage 
et  la  forme  des  quatre  individus  présumés  mâles,  aujourd'hui  en 
notre  possession,  sont  presque  semldables,  en  sorte  qu'une  même 
description  peut  s'appliquer  aux  quatre  exemplaires  :  taille  du 
chloris,  tout  au  moins  bien  plus  forte  que  celle  du  Carduelis  ;  le 
plumage  rappelle  davantage  ce  dernier.  Le  bec  est  très  fort,  mais  il 
est  long  ;  il  se  trouve  ainsi  être  un  mélange  des  deux  espèces.  Le 
rouge  de  la  tête  est  terne,  plutôt  orangé  foncé.  Le  dessus  de  la  tête, 
la  nuque,  le  dessus  du  dos,  brun  gris  assez  uniforme,  un  peu  de 
la  teinte  du  Verdier  çà  et  là.  Devant  et  poitrine  :   mélange  bien 

(1)  C'est  ainsi  qu'on  nomme  clans  le  Nord  et  dans  beaucoup  d'autres  départements 
de  la  Tranee  le  Verdier,  appelé  encore  Vermonlanl. 
(i)  Se  reporter  à  la  note  ti-tlessus. 


OISEAUX    IIYBHIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  215 

acceutué  des  deux  espèces.  Lu  manière  doiil  la  ([ueue  est  colorée 
montre  riiitliieiice  exercée  par  les  deux  facteurs;  la  teinte  jaune 
des  rectrices  du  clibiri.s  y  est  bien  visible. 

Celle  ([ueue  est  plus  forte  que  celle  du  l'ariliu-lis,  elle  nous  a  même 
paru  assez  longue.  Le  croupion  est  verdàtre,  jaune  doré.  Le  trait 
qui  nous  a  le  plus  ïrap|)é.  et  qui  a  servi  surtout  à  (listiiii;;uor  ces 
Oiseaux  des  h)ln'n\cscuniuiiixl'(i>'iliiclis,  est  la  tache  jaune  vif  sur  le 
bord  supérieur  de  l'aile  près  de  l'épaule.  Sous  les  rectrices  de  la 
(|ueue  uni'  li'intc  jaune,  qui  mau(|iie  complètenieiit  aux  candria  x 
Cardurlis,  s'aperçoit  aussi  facilement  chez  les  hybrides  chloris  x 
Carditelis.  Le  dessus  du  dos  de  ces  derniers,  ainsi  que  la  poitrine, 
sont  d'une  teinte  jilus  uniforme  :  ou  y  sent  riulUieuce  du  cltloris. 

M.  Gigiioli  ayant  été  assez  gracieux  pour  nous  envoyer  de  nou- 
veau l'hybride  du  Musée  de  Floreuci',  pris  à  Santa-Maria  in  Monte 
en  1878, nous  avons  reconnu  chez  cet  exemplaire,  (dans  un  deuxième 
examen),  sur  le  bord  supérieur  de  Ta  Ile,  la  teinte  jaune  vif  à  huiuelle, 
on  le  voit,  nous  attachons  une  assez  grande  importance;  le  bord 
snpérieurdes  rectrices  est  également  teinté  de  jaune;  enfin  la  barre 
jaune  des  rémiges  est  très  apparente.  Cet  Oiseau,  quoiipie  de  cou- 
leur générale  pâle,  nous  a  donc  paru  présenter  des  caractères 
propres  aux  deux  espèces. 

Sur  la  poitrine  de  l'individu  de  la  collection  Mason,  existent  des 
plumes  jaunes  assez  nombreuses  ornant  cette  partie,  mais  ressem- 
blant aux  plumes  de  nos  hybrides  canaria  x  Canludis.  Sans  vouloir 
aucunement  nier  son  origine  rltlaris,  nous  ne  voudrions  point  non 
plus  l'allirmer  d'une  façon  absolue.  11  est  regrettable  (juc  celte  pièce 
nous  ait  été  envoyée  sous  verre  ;  placée  dans  une  vitrine  avec  d'autres 
Oiseaux,  nous  ne  l'avons  i)u  examiner  aussi  complètement  que  nous 
l'aurious  désiré. 

Nous  n'avons  point  vu  l'hybride  (ou  les  hybrides,  s'il  s'agit  de 
deux  exemplaires  dilTérenls)  exposés  par  MM.  llillycr  et  \\'aterman 
en  1884,  1880  et  18!)U. 

.\u  sujet  de  l'hybride  envoyé  par  M.  Saller  au  Brilish  Muséum 
et  pris  à  l'élat  sauvage  par  M.  J.  Chalvin,  de  Douvres,  M.  Sharpe 
nous  fait  savoir  que  l'Oiseau  porte  des  marques  évidentes  de 
captivité  «  les  ailes  et  la  queue  sont  déjà  sales  ».  M.  Chatvin,  près 
duquel  nous  avons  pris  des  informations,  nous  assure  cependant 
que  cet  hybride  avait  été  capturé  à  l'état  sauvage  ;  sauvagerie  bien 
facile  du  reste  à  reconnaître,  nous  dit  .M.  Salter  qui  posséda  vivant 
cet  Oiseau, car  on  ne  pouvait  réussira  le  nourrir:  il  n'acceptait  que 
des  graines  de  Chardon,  et  mourut  au  bout  d'uni'  semaine  de  cage. 


21(1  A.    SUCUETKï 

Ces  niar([iios  de  captivité  doivent  donc  être  rapportées,  non  à  une 
origine  domestique,  mais  au  court  séjour  que  l'Oiseau  lit  dans  sa 
prison. 

Comparaison  de  plmieurs  spécimens  saurages  arec  des  hybrides 
obtenus  en  captivité.  —  Les  caractères  mixtes  des  liybridesdu  dernier 
croisement  nous  avaient  paru  si  nettement  accusés  chez  presque 
tous  les  exemplaires  que  nous  avons  examinés,  que  nous  n'avions 
point  trouvé  utile  de  les  confronter  avec  des  spécimens  obtenus  en 
captivité,  dilliciles  du  reste  à  se  procurer  à  cause  de  leur  rareté 
et  à  cause  aussi  du  prix  excessif  qu'en  demandent  ceux  qui  ont 
réussi  à  les  élever.  Quoique  l'origine  des  supposés  Ligurius  rhloris 
X  Carduelis  elegans  nous  parût  également  bien  établie,  nous  avons 
néanmoins  préféré  nous  confirmer  dans  notre  opinion  par  l'examen 
de  pièces  nées  en  cage,  par  conséquent  authentiques.  M.  Andrew 
Maugliau,  de  Dumbarton,  Ecosse,  a  bien  voulu  nous  offrir  un 
spécimen  çf,  spécimen  (jui,  exposé  au  Cristal  Palace  (soit  par  lui, 
soit  par  miss  Howison)  oljtint,  pensons-nous,  le  premier  prix. 

Nous  avons  acheté  également  un  autre  sujet  (réputé  9)  à 
M.  Uewar,  d'Edimbourg,  qui  nous  a  dit  connaître  le  hreeder 
(éleveur).  Or,  après  examen  comparatif,  si  nous  croyons  devoir 
faire  quelques  réserves,  au  sujet  du  spécimen  du  Musée  de  Florence 
et  de  celui  de  la  collection  Mason,  nous  pensons  pouvoir  déclarer 
bien  authentiques  les  quatre  spécimens  qui  nous  ont  été  envoyés 
vivants  par  M.W.  W.  Fouler,  de  Pontefract,  ainsi  que  l'individu  9 , 
pris  au  nid,  et  que  nous  a  encore  ofiert  M.  Maughan. 

M.  Emile  Ruhl,  de  Verviers,  nous  écrit  qu'ayaut  reçu  lui-môme 
de  M.  Dewar,  d'Edimbourg,  un  niàle  hybride,  né  en  captivité 
(le  frère  sans  doute  de  la  9  achetée  par  nous),  et  l'ayant  comparé 
avec  l'Oiseau  pris  par  les  tendeurs  des  environs  de  sa  ville,  il  a 
reconnu  de  très  grandes  ressemblances  entre  les  deux  Oiseaux, 
à  l'exception  de  la  structure  et  de  l'aspect  plus  robuste  que  pré- 
sente l'exemplaire  sauvage. 

On  est  donc  en  droit  de  supposer  une  origine  mixte  chez  ces  six 
derniers  spécimens. 

Reste  à  savoir  si  beaucoup  des  individus  rencontrés  à  l'état  libre 
ne  sont  pas  des  échappés  de  captivité?  Le  croisement  en  cage  du 
chloris  et  du  Carduelis  est  en  ellet  chose  commune  en  Angleterre; 
nous  [lourrious  citer  un  grand  nombre  d'exemples  de  ce  genre.  Il 
suflit  d'ouvrir  les  catalogues  de  l'exposition  du  Cristal  Palace 
pendantcesdix  dernières  années  pours'en  convaincre.  aMM.  T.  .\Ivin, 
de  Deplford  ;  W.  Booth,  d'ipswich  ;  J.    Brighton,    du  Yorkshire, 


OISEAUX    HYBIUDES   HENCONTHÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  217 

R.  Freeinaii,  de  HuU;  G.  Millersli  (1),  de  Cheltenhani  ;  S.-D.  lluiil 
de  Kiiif^'s  l.iiui  ;  Mackley  brolhers,  de  Norwicli  ;  Sargeut  el  Hicks, 
de  Liskeard;  W.  Swaysland,  de  Hriiilitou;  \V.  Veale,  de  Scarbo- 
rougli,  nous  assuieiil  que  les  Oiseaux  (juMls  exiiosùient  au  (hislal 
Palace  pendant  les  années  188i,  ISSo,  IS8G,  1887,  1888,  1889  et  1890, 
étaient  nés  eu  ra])tivité.  MM.  Th.  Fuuslon,  de  Liverpool,  (IrossJey, 
de  Keudal,  coniniu  .MM.  l)e\var  d'ivliuibouig  et  .Mauciiaii  de  Duni- 
barton,  nous  ont  encore  parlé  d'Oiseaux  obtenus  en  cage. 

En  France,  nous  connaissons  plusieurs  exemples  de  ce  croise- 
ment; des  amateurs  ou  éleveurs  ont  chez  eux  croisé  le  Cliardonncret 
avec  le  Verdier  C2).  En  .\lloinagne,  le  D^  Ferd.  Hudon,  de  Perleberg 
(Prusse),  nous  dit  avoir  vu  à  Rostbock,  eu  1873,  dans  le  magasin 
d'un  marchand,  un  hybride  Carduclis  X  Mnrix  (3). 

Du  reste,  le  croisemeni  du  Verdier  et  du  (Ibardonneret  à  l'état 
captif  a  été  mentionné  depuis  longtemps.  Lucas  en  parle  dans  son 
traité  d'e  physiologie  (i)  d'ajjrès  le  Dictionnaire  des  Sciences  médi- 
cales (5).  M.  \.  Geotirciy  Saint-llilaii-e  a  signalé  aussi  un  (!xcm|)le 
que  lui  a  fait  connaître  .M.  de  Lamangainy  (G). 

Le  croisemeul  desdeux  espèces  est  donc  très  fréquemmentobtenu; 
il  parait  même,  (|uoi(]ue  de  seeond  ordre,  assez  recherehé  des  ama- 
teurs; par  conséquent  il  peut  se  faire  que  plusieurs  (ou  peut-être 
même  beaucoup)  des  hybrides  rencontrés  à  l'état  sauvage  soient 
des  écliapiiés  île  captivité.  Cependant  cette  hypothèse  doit  être 
écartée  pour  les  exemples  dans  Ies(iiiels  l'aiipariagedeileux  espèces 
mères  a  été  constaté  de  visu  ou  chez  lesquels  les  circonstances  qui 
ont  accompagné  leur  (•a|)ture  ont  été  telles  ([u'elles  ne  permettent 
pas  de  supposer  une  telle  origine. 

Quant  à  savoir  si  les  pièces  qui  soûl  in(li(|uées  comme  prises  à 
l'état  sauvage  l'ont  été  réellement,  nous  ne  ixmvons  rien  allirmer; 
les  renseignements  (jue  nousdonnons  s  appuientsur  la  bonne  (oi  de 
ceux  qui  nous  les  ont  envoyés.  Mais  quel  intérêt  auraient-ils  donc 
PU  à  nous  tromper  ? 

(1)  Pour  miss  Ilavison  (dt'funte). 

(2)  Ce  dernier  (en  t;i<;e)  servant  toujours,  ou  prescpie  lonjuiirs,  île  femelle. 

Ci)  Cet  Oiseau  aurait  été  au  cdutraire  produit  par  un  l'urdueliii  ^  el  un  chloris  cf- 

(4)  Traité  phUosophique  el  pkijsioluijiiiue  île  l'Iti'ràliti'  niilurellc.  II,  p.  5, 
Paris,  1850. 

(:>)  Voy.  :  lliiUeUii  île  la  SocicHé  il'accliiiiaUiliiin,  p.  7811,  187j,  .X.WII,  p.  264. 

(tj|  M.  A.  (ieolIroy-Sainl-Ililaire  a  bien  voulu  faire  rechercher  par  nous  la  corros- 
potidance  qu'il  avait  éehangée  avec  M.  ili;  Lauian^aruy  et  nous  l'a  adressée.  Celui-ci 
parle  il  est  vrai  d'un  Jannin  ;^'  croisé  avec  un  Chardonneret,  mais  il  faut  entendre 
par  là  le  Verdier  qu'on  appelle  aussi,  mais  improprement.  Uruuiil  d  ins  beaucoup  de 
départements  de  la  France. 


21cS  A.    Sl'CHETET 

Lorsque  nous  iivous  demandé  à  M.  W.  W.  Fowler,  de  Poutefract, 
des  indications  sur  l'origine  de  l'hybride  exposé  par  lui  au  Cristal 
Palace  en  18S9,  il  ignorait  certainement  alors  nos  préférences  pour 
les  hybrides  sauvages.  Avant  son  dernier  envoi  (si  toutefois  nos  sou- 
venirs sont  exacts),  nous  lui  aurions  même  manifesté  le  désir  de 
posséder  quelques  spécimens  nés  en  captivité  pour  examen  compa- 
ratif. Quant  à  M.  Andrew  Maughan  il  nous  a  offert  à  titre  gracieux 
le  spécimen  femelle  pris  à  l'état  sauvage  dans  le  nid,  ainsi  que  le 
niàle  élevé  en  captivité  (1).  Ce  n'est  que  sur  des  instances  réitérées 
qu'il  s'est  décidé  à  accepter  une  faible  somme  d'argent.  L'intérêt 
n'avait  rien  à  voir  dans  cette  alTaire.  Nous  devons  donc  supposer 
(jue  parmi  les  exemples,  assez  nombreux,  du  reste,  que  nous  avons 
cités,  il  se  trouve  réellement  des  hybrides  nés  à  l'état  sauvage. 

Chrysomitris  spinus  (2)  et  Acanthis  (espèce  non  déterminée). 

M.  J.-H.  Verrait,  de  Lewes,  le  «  fancier  «  bien  connu,  annonçait 
le  23  octobre  1891,  dans  le  «  Feathered  World,  »  la  capture,  par  un 
oiseleur  de  Worihing  (Sussex),  d'un  Oiseau  qu'il  croyait  être  cer- 
tainement le  iiroduit  du  Redpoll  etilu  Siskin,  c'est-à-dire  du  Sizeiin 
et  du  Tarin  {Litutria  X  Chnjsuinilris  Spinus).  «  Le  Field  »  du  len- 
demain publiait  en  ces  termes  la  description  de  cet  Oiseau  :  «  Trifle 
larger  than  a  Redpolo,  greenish  grey  colour  over  ail  the  body, 
faiut  line  of  yellow  on  outside  edges  of  wing  feathers,  faiut  yellow 
on  sides  of  tail,  greenish  colour  ou  rump,  and  withe  on  the  abdomen 
and  lowers  parts,  with  the  dark  streaks  on  the  sides  like  a  Siskin, 
bill  jtointed  and  dark  legs  and  feet  also  dark,  but  not  so  dark  as  a 
Redpoll's.  »  M.  Verrait  ajoutait  :  «  It  has  the  attitude  of  a  Siskin  with 
the  Redpole  call-note,  and  looks  like  a  Redpole  about  the  eyes  (3).  » 
Quelques  jouis  après  l'annonce  de  cette  importante  capture, 
M.  Chas.  Houlton,  de  S.  Helens  (Laucashire),  demandait  par  la 
voie  du  journal,  The  feathered  World  (4),  si  M.  Verrall  connaissait  un 

{i)  Cet  Oiseau  étant  niorl. 

(2)  Autres  noms  :  Fringillu  spinus,  Spinus  ririilis,  Liyuriuus,  Linaria  spi- 
nus, Acanthis  spinus.  Carduelis  spinus. 

(3)  C'est-à-dire  :  De  la  taille  légèrement  plus  grande  ijue  celle  du  Sizerin,  couleur 
verdàtre-gris  sur  tout  Je  corps,  faible  ligne  de  jaune  sur  les  bords  extérieurs  des 
plumes  de  l'aile,  jaune  peu  accentué  sur  les  cotés  de  la  queue,  couleur  verdàtre  sur 
le  croupion,  et  blanche  sur  l'abdomen  et  les  parties  de  dessous,  avec  des  raies  sombres 
sur  les  cotés  comme  chez  le  Tarin  ;  le  bec  pointu  et  sombre  ;  les  jambes  et  les  pieds 
foncés  aussi,  mais  pa?  autant  i|ue  chez  le  Sizerin.  11  a  le  geste  du  Tarin,  la  noie 
d'appel  du  Sizerin;  il  ressemble  à  ce  dernier  autour  des  jeux. 

(ij  Page  208,  30  octobre  IMM. 


OISEAUX    IIVBRIDKS    RENCONTRÉS    A    1,'ÉTAT    SAUVAGE  21'J 

hyl)ride  de  ce  jicurc  acheté  par  lui  deraièremcnt  ci  coiicsporKlaiil 
à  fa  description  donnée.  A  quoi  M.  Verrall  répondait  (lu'il  ne  l'avait 
pas  vu,  mais  (ju'il  ('l'iivail  à  un  i^cnllciiiaii  en  Ecosse  pour  savoir 
si  l'Oiseau  itu  ([ucslion  ne  s'étail  point  échappe  de  ciiez  lui. 

M.  Fletcher  crut  bientiU  devoir  mettre  en  doute  l'origine  de 
l'hybride  prisa  Worthinjî  et  il  écrivit  (I)  ([u'il  le  pensait  être, 
d'après  la  description  donnée  par  J.  H.  N'errall,  un  Serin  Finch 
(Friui/illn  serinus). 

Après  avoir  pris  des  informations  auprès  de  ce  dernier,  nous 
apprîmes  iiue  l'Oiseleur,  qui  avait  capturé  cette  pièce,  était  un 
nommé  C.  IJacon,  mais  (|ue  l'Oiseau  avait  été  vendu  depuis  à  M.  S. 
■luitp,  de  Wortliing.  Celui-ci  a  bien  voulu  nous  faire  connaître  son 
opinion  sur  cet  Oiseau  (|u'il  considèi'e  comme  un  hybride  réel  du 
Tarin  et  du  Si/.erin,  un  Oiseau  très  rare  et  qu'il  n'avait  jamais 
encore  rencontré.  Après  bien  des  pourparlers,  que  nous  ne  croyons 
point  devoir  aboutir,  nous  avons  enlin  obtenu  ce  spécimen  qui 
nous  est  ariivé  vivant  à  Rouen  le  12  janviiîr  dernier. 

Une  étude  très  minutieuse  que  nous  en  avons  faite,  eu  regard 
des  espèces  supposées  parentes,  nous  a  permis  de  reconnaître  chez 
lui  des  caractères  propres  au  Tarin  et  au  Sizcrin.  11  possède,  sur 
la  croupe  et  les  reclices,  la  teinte  jaune  verdàtre  quoique  très 
aflaiblie  du  premier  ;  il  a  la  couleur  brune  du  second  sur  toutes 
les  parties  antérieures  ;  les  ailes  n'olïrent  point  de  différence  avec 
celles  du  Sizerin  cabaret. 

Avant  d'en  donner  une  description  détaillée,  nous  croyons  utile 
de  faire  ressortir  les  diilérences  ((ue  présentent  les  deu.v  espèces 
pures  et  de  faire  connailie  aussi  leurs  ressemblances. 

Ayant  pris  dans  notre  main  un  Sizerin  cabaret  cT  (Linaria  rufes- 
ri'ns)  et  un  Tai'iii  cT  {('Inij.  sjiiunx},  tous  deux  vivants,  nous  avons 
remarqué  (|ue  le  bec  du  premier  dilléie  de  celui  du  Tai'in  en  ceci  : 
il  est  moins  long,  plus  ramas.sé,  mais  aussi  pointu  et  surtout  beau- 
coup plus  droit;  la  mandibule  supérieure  du  hecdu  Tarin  est  légè- 
rement bus(|uéc.  Celle  iiarlie.  chez  tous  les  deux,  se  termine  à  sa 
pointe  en  couleur  foncée.  Les  deux  becs  peuvent  surtout  facile- 
ment être  distingués  par  la  couleur  générale  qui  est  blanc  terne 
chez  le  Tarin,  tandis  ([u'elle  est  jaune  ocre  (un  peu  chrùine)  chez  le 
Sizerin.  Enlin  le  bec  du  Tarin  est  certainement  |)lus  épais  à  sa  base. 
Les  pattes  de  ce  dernier  sont  noir  violacé  très  foncé,  celles  dn  Tarin 
sont  brunes. 

Il  y  a,  l()rs([u'on  regarde  lesdeux  Oiseaux  de  profil,  une  très  grande 

(1)  The  foalheretl  World,  p.  :i'i:i,  i:i  iiovlmmIuc  Is'.ll. 


220  A.    SUCHETET 

ressemblance  comme  disposition  du  pliimnt!;p,  notamment  dans  la 
tète,  le  cou  et  les  autres  parties  du  corps,  quoique  la  coloration  soit 
dilïérente. 

Comme  taille,  les  deux  Oiseaux  sont  à  peu  près  les  mêmes,  c'est- 
à-dire  petits:  peut-être  le  Sizerin  l'est-il  eucore  davantage;  la 
queue  de  l'exemplaire  examiné  est  plus  longue  que  celle  du  Tarin 
(laquelle  nô  s'évase  pas).  Chez  le  Si/.eriu  il  n'existe  aucune  couleur 
jaunâtre,  verdàlre, propre  auTarin;  le  liserédes  plumes estbrunàtre, 
tandis  que  le  liseré  des  plumes  du  Tarin  est  jaunâtre  verdàtre.  Quant 
aux  flammèches  des  flancs,  elles  sont  longitudinales  et  se  ressem- 
blent, mais  beaucoup  plus  accentuées,  beaucoup  plus  nettes  chez  le 
Tarin. 

En  somme,  la  couleur  générale  du  Sizerin  est  brun  foncé,  celle 
du  Tarin,  jaune  verdàtre.  Chez  le  premier  il  existe  sur  la  tète,  le 
front  notamment,  et  sur  la  poitrine,  une  couleur  rouge  cramoisi 
ou  sanguin,  qui  diminue  considérablement  d'intensité  en  hiver; 
cette  couleur  manque  complètement  chez  le  Tarin.  Les  rémiges  de 
ce  deruier  sont  traversées  par  une  large  bande  jaune  vif  clair 
s'élargissaut  graduellement  en  approchant  près  du  corps;  chez  le 
Sizerin  rien  de  semblable.  Cette  barre  manque  complètement,  les 
pennes  des  ailes  sont  uniformément  brunes,  sauf  les  petites,  dont 
le  bord  de  la  barbe  extérieure  est  brun  clair.  Les  deux  barres  brun 
gris  clair,  mais  peu  apparentes,  qu'on  aperçoit  sur  l'aile  du  Sizerin 
sont  la  terminaison  des  couvertures  ;  elles  se  présentent  de  la 
même  manière,  ou  à  peu  près,  chez  le  Tarin,  en  couleur  jaune 
verdàtre  foncé.  Enfin,  sur  le  dos,  le  Tarin  n'est  pas  moucheté  de 
taches  longitudinales,  sou  dos  est  beaucoup  plus  uniforme  que 
celui  du  Sizerin  cabaret  dont  les  mouchetures  longitudinales  brun 
foncé  sont  réellement  accentuées.  Les  deux  espèces  ont  sur  la  gorge, 
directement  sur  le  bec,  une  plaque  noire. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  du  mâle  Sizerin  peut  s'appliquer 
à  sa  femelle,  chez  celle-ci  cependant  le  rouge  n'existe  que  sur  la 
tête,  mais  elle  conserve  sous  le  bec  la  tache  noire  qui  manque  à  la 
femelle  Tarin;  son  ventre  nous  a  semblé  plus  blanc  que  celui  du 
mâle  ainsi  que  la  nuque  et  les  joues. 

Quant  à  la  femelle  Tarin  elle  diflère  du  mâle  par  ses  couleurs 
jaunes  beaucoup  moins  vives,  elle  est  d'un  aspect  plus  grisâtre; 
son  ventre  est  blanc. 

Notre  exemplaire 

a  les  ailes  en  tout  semblables  à  celles  du  Sizerin  (nulle  trace  de 
barre  transversale  sur  les  rémiges);  son  dos  est  moucheté  de  la 


IIISKAIX    lIVRIilliKS    nENCONTRKS    \    l'CTAT   SAUVAGE  221 

nit"'ini'  manière,  ainsi  (|iie  sa  IHe  :  mais  son  croupion  est  riH-llciiuMil 
vi'rdàlix'.  Les  grandes  réel rices  (côté  <;auche),  man(|uent;  sur  les 
droites  existantes  on  constate,  le  long  de  leurs  bords,  un  liseré 
jaune  verdàtre  très  bien  caractérisé.  Les  couvertures  inférieures  de 
la  (lueuc  sont  iilauc  verd;\tre  paie,  l'abdomen  et  les  lianes  stmt  l)laucs, 
mais,  près  des  ailes,  la  teinte  jaune  verdàtre  clair  est  visible.  En 
cela  cet  Oiseau  est  Tarin;  du  reste  les  marques  longitudinales 
brun  foncé,  se  détachant  sur  le  blanc  des  flancs,  le  rapprochent 
peul-élre  encore  de  celte  dernière  espèce.  .Mais  toute  la  couleur 
des  parties  antérieures  est  Sizerin.  Ses  pattes  ne  sont  pas  aussi 
foncées  ([uo  celles  du  mâle  de  ce  dernier  (I).  En  somme  il  ])orte  les 
caractères  des  deu.v  espèces,  il  ne  peut  être  classé  comme  Sizerin 
cabaret  à  cause  de  la  couleur  jaune  verdàtre  que  l'on  a  constatée 
sur  différentes  parties  de  sou  corps,  la  forme  et  la  couleur  de  son 
bec  et  probablement  de  ses  pattes;  il  ne  peut  être  classé  comme 
Tarin  à  cause  de  la  couleur  brune  des  parties  antérieures  du  corps. 

Ne  voulant  point  cependant  nous  rapporter  à  notre  propre 
jugement,  nous  avons  soumis  cet  Oiseau  à  l'examen  de  M.  Oustalet, 
l'ornithologiste  éminent  du  Muséum  d'Histoire  uaturelle  de  Paris  ; 
nous  désirions  du  reste  savoir  si  ce  type  nouveau  ne  pouvait  être 
rapportéà  quelque  forme  étrangère  ou  inconnue  de  nous.  .M.  Oustalet, 
après  l'avoir  examiné,  sous  toutes  ses  faces,  a  bien  voulu  nous  écrire 
((u'il  trouve  comme  nous  :  1°  qu'il  a  le  bec  du  Tarin  {)lutôt  que 
celui  du  Sizerin  cabaret  '1°  que  ses  ])attes  sont  moins  foncées  que 
celles  de  Sizerin  cabaret  cT  ;  3°  que  sa  croupe,  ses  rectrices  et  ses 
rémiges  offrent  des  teintes  jaunes  c[ui  semblent  empruntées  auTarin; 
4"t|ue  la  partie  postérieure  des  flancs  est  tachée  à  peu  près  comme  chez 
le  Tarin.  En  revanche,  la  poitrine  rappelle  plutùtle  Sizerin  cabaret, 
et  les  teintes  rembrunies  semblent  empruntées  à  celui-ci.  M.  Oustalet 
nous  fait  remarquer  que  le  sourcil  est  très  marque,  plus  que  chez 
les  diverses  espèces  de  Sizerins,  mais  d'une  couleur  roussàtrc  et 
non  pas  jaune  comme  chez  le  Tarin.  En  résumé,  nous  dit-il,  il  y  a 
dans  celOiseau  des  caractères  du  ChrynoniHris  spinns  etde  V.Egiotlius 
rufi'nci'n.t  ou  Cabaret  (plutôt  encore  que  du  vrai  Sizerin,  ou /Ejr/of/iKs 
linaria). 

Toutefois  le  savant  naturaliste  se  garde  d'airirnier  que  c'est  un 
hybride;  on  ne  pourrait  le  faire,  d'après  lui,  qu'en  ayant  la  preuve 
de  l'accouplement  des  parents  su|)posés.  «  //  //  a  des  probahilités, 

(I)  Nous  disons:  les  paUps  ilii  mile,  ne  siiclianl  si  les  smilellps  <le  la  fomellc  sont 
aussi  foncées  Deux  cxoniplairos  ^t  i|ne  nous  possédons  vivants  dillérent  sur  i-e  point  ; 
l'un  nyani  à  celle  parlio  la  lonleui'  noire  (Dniée  ipic  riiez  le  i-y-,  le  deuxième  étant 
au  i-onlraire  de  la  couleur  du  (J". 


222  A.    SUCHETET 

c'est  lout  ce  (ju'on  peut  dire.  «  Quanta  savoir  s'il  doit  vive  reporté  à 
à  une  espèce  elraugère  quelconque,  M.  Oustalet  n'en  voit  qu'une 
seule  qui  en  approche,  c'est  la  femelle  d'une  espèce  améiicaine 
Chrysnmhris  pinus  Wils.  ;  mais  celle-ci  n'a  de  jaune  qu'au  bord  des 
rémiges,  et  point  sur  le  croupion  ni  sur  la  queue  ;  en  outre  elle  n'a 
pas  de  sourcils  roussàtres  et  sa  poitrine  est  plus  fortement  rayée. 

On  remarque  facilement  que  notre  description  ne  concorde  pas 
entièrement  avec  celle  qui  a  été  donnée  en  premier  lieu  par  M.  Verrall 
au  nioisd'Octol)re  1891,  puistiue  M.  Verrall  disait  que  l'Oiseau  «  était 
(Ir  couli'ur  rcnlâln'  gris  sur  tout  le  corps  ».  .\ussi  nous  nous  deman- 
dons si  son  plumage  ne  s'est  point  modifié  ?  Aujourd'hui  par  sa  cou- 
leur il  est  bien  plus  Sizerin  que  Tarin  et  Userait  impossible  dele  con- 
fondre, comme  l'avait  fait  M.  Fletcher,  avec  un  Cini  {Fringilld  seri- 
nas), auquel  il  ne  ressemble  aucunement.  CependantM.Jupp,  auquel 
nous  avons  signalé  la  contradiction  qui  existe  entre  la  description 
de  MM.  Verrall  et  la  nôtre,  nous  assure  que  l'Oiseau  u"a  point  changé 
de  coloration,  excepté  qu'il  était  plus  brillant  lorsqu'il  fut  pris. 
M.  Verrall  nous  informe  lui-même  que  c'était  en  le  comparant  avec 
un  Sizerin  que  la  couleur  grise  paraissait  nuancée  du  verdàtre. 
Quoiqu'il  en  soit,  notre  intention  est  de  conserver  cet  Oiseau  pour 
voir  s'il  a  acquis  son  dernier  plumage,  car  il  pourrait  être  à  la 
rigueur  une  femelle  Sizerin  dont  la  coloration  aurait  été  niodiliée 
par  la  nourriture  ;  on  sait  que  certaines  graines  ont  la  propriété 
de  changer  les  teintes  du  plumage  chez  diverses  espèces  d'Oiseaux 
l'etenus  en  cage. 

M.  Verrall,  répondant  à  une  de  nos  questions,  a  bien  voulu  nous 
faire  savoir  que  l'hybride  sur  lequel  il  avait  pris  des  rensei- 
gnements en  Ecosse  était  toujours  en  cage  et  vendu  à  M.  Houlton. 
L'Oiseau  pris  à  Worthiug  est  donc  distinct  de  celui  auquel  il 
faisait  allusion  et  qui,  du  reste,  ne  correspond  pas  au  nôtre  par  ses 
caractères  (1).  Si  l'Oiseau  de  VVorthing  était  un  échappé  de  capti- 
vité, la  publication  qui  eu  a  été  faite  dans  les  journaux  l'aurait  sans 
doute  fait  réclamer,  ce  qui  ne  s'est  iioint  produit. 

Cet  individu  n'est  pas  le  seul  de  son  genre.  M.  Gustave  Caniot, 
de  Lille,  nous  a  appris  (|u'un  tel  hybride  avait  été  capturé  au 
(ilet  dans  les  environs  de  cette  ville  et  existait  chez  M.  Fontaine, 
propriétaire  à  Marcq-en-Barœul.  Le  renseignement  était  exact. 
M.  Robert  Fontaine  a  bien  voulu  nous  donner  les  indications 
suivantes  sur  cet  Oiseau  :  «  Forme  du  Sizerin,  un  peu  plus  gros  de 
corps;  bec  du  Sizerin,  pattes  de  ce  dernier;  dessus  du  front  jaune; 

(1)  Col  Oiseau  porte  sur  la  li^te,  les  ailes  et  la  queue  une  couleur  typique  verdàtre. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l/ÉTAT    SAUVAGE  223 

poitrine  {iris  jaimc  ;  le  reste  comme  eliez  la  femelle  du  Tariu,  un 
peu  plus  gris  toutefois.  La  queue  est  celle  du  Sizeriii;  c'est  un 
mâle,  il  chante  à  peu  piès  comme  le  Tarin.  »  Toutes  les  i)ersonnes 
qui  le  voient,  ajoute  M.  Fontaine,  le  reconnaissent  pour  un  méiauge 
du  Tarin  cl  du  Bougueron  (c'est  ainsi  qu'on  nomme  dans  le  Nord 
le  Sizerin  cabaret).  M.  Fontaine  ne  mot  donc  point  en  doute  son 
origine. 

En  outre,  M.  Th.  Lorenz,  de  Moscou,  a  donné  (1)  la  description 
générale  du  produit  du  Chrusonntrifi  .spinu.t  x  Acunlhis  linarid, 
d'après  trois  individus  cf  qui  furent  tous  pris  pendant  l'hiver  dans 
le  gouvernement  de  Moscou,  pendant  l'espace  de  huit  années  et 
dont  un  vivait  chez  lui  en  captivité  en  1880  depuis  trois  ans. 

\oiei  cette  description  :  «  Front  brillant  orange  verdàtre  ;  raies 
supraciliaires  d'un  jaune  sale  ;  le  sommet  de  la  tête,  jusqu'à  la 
nuque,  noirâtre;  cha(pie  plume  bordée  largement  d'un  vert  jau- 
nâtre; les  joues  veit  gris.  Le  dos  supérieur  et  les  plumes  du  man- 
teau d'un  vert  grisâtre  avec  des  taches  foncées  et  nettes.  La  gorge 
et  la  poitrine  supérieure  brillant  d'orange  avec  une  très  faible  lueur 
verdàtre.  Poitrine  et  côtés  du  ventre  vert  jaune,  avec  des  (taches'.') 
foncées  et  minces.  Flancs  blancs,  couvertures  inférieures  de  la 
queue  d'un  blanc  jaunâtre  avec  ties  taches  foncées  très  fines.  Les 
couvertures  des  ailes  d'un  noirâtre  sombre  avec  lueur  verte;  sur 
celles-ci  deu.x  raies  nettes  d'un  jaune  sombre  dont  la  deu.viéme 
est  plus  large.  Les  plus  longues  ])lumes  des  rémiges  secon- 
daires sont  bordées  à  la  barbe  extérieure  d'un  jaune  verdàtre. 
Les  rémiges  primaires  gris  brun,  finement  bordées  aux  barres 
extérieures  d'un  jaune  verdàtre.  Croupion  jaune  avec  une  légère 
couche  d'orangé,  chaiiue  plume  avec  une  raie  foncée  fine.  Les 
rectricesbrun  noir,  les  barbes  extérieures  de  celles-ci  bordées  d'un 
verdàtre  mince;  les  extérieures  sont  bordées  plus  largement.  La 
forme  du  bec  incline  davantage  vers  Chrysomitris  spinus,  cepen- 
dant la  couleur  est  cçlle  d\Ac(tnlhis  liiiuria,  c'est-à-dire  jaune,  lo 
sommet  et  la  [)ointe  du  bec  seuls  sont  foncés.  » 

Les  trois  individus  de  M.  Lorenz  étaient  colorés  à  peu  près  d'une 
couleur  constante.  Deux  mâles  avaient  la  gorge  noire,  mais  le  troi- 
sième (celui  possédé  vivant  pendant  trois  ans)  ik^  jjortait  pas  de 
tache  noire  à  la  gorge.  Chez  un  de  ces  Oiseaux,  le  sommet  de  la  tète 
était  beaucoup  plus  foncé,  presque  noir  ;  au  contraire  chez  l'exem- 
plaire vivant  il  était  clair  et  ne  reflétait  (jue  faiblement  le  noir  à 
travers  la  bordure  jaune  verdàtre  des  plumes.  On  constatait  égale- 

(1  j  Cabanis'  .Idiinial  fin-  (iiiiitliologie,  .XXXVIII,  n»  189,p.  98  et  suiv.,  janvier  1890. 


224  A.    SUCHETET 

ment  une  petite  difl'éreuce  clans  les  prrandes  proportions.  Les  deux 
premiers  Oiseaux  étaieut  un  peu  plus  petits  que  celui  retenu  en 
captivité,  tout  en  se  montrant  plus  grands  que  ('lirysomitrisspimis  ; 
le  spécimen  vivant  était  au  moins  la  grandeur  d'Acanthis  linaria  cf. 
Son  haliitus  [jenchait  en  général  vers  Acanthis  linaria  ;  sou  cri  de 
pipée  était  celui  de  ses  parents  d'origine.  Son  chant  était  tout-à-fait 
particulier,  quoique  rappelant  le  chant  des  deux  parents,  mais  il 
était  plus  nourri,  plus  sonore.  Il  était  encore  remarquable  en  ce 
qu'on  entendait  au  milieu  le  cri  de  pipée  du  Tunhis  pilaris. 
M.  Lorenz  ne  saurait  dire  si  ce  chanl  caractéristique  appartenait 
seulement  à  ce  seul  spécimen  ou  si  tous  chantaient  ainsi,  les  deux 
premiers  exemplaires  ayant  été  disséqués  aussitôt  après  leur 
arrivée.  L'hybride  vivant  était  très  bien  apprivoisé  et  se  nourrissait 
facilement  avec  les  grains  qu'on  donne  aux  Canaris  (1).  Malgré  ses 
trois  années  de  captivité,  l'Oiseau  chantait  très  assidûment,  il  com- 
mençait vers  le  milieu  d'octobre  et  Unissait  seulement  au  commen- 
cement de  juillet. 

Les  mesures  d'un  Oiseau  qui  fut  tué  le  23  décembre  1883  sont 
les  suivantes  :  longueur  de  la  pointe  du  bec  jusqu'au  bout  de  la 
queue  5-5"  pouce,  le  vol  8' 3". 

Ajoutons  que  les  trois  hybrides  de  M.  Lorenz  furent  pris  en  com- 
pagnie de  LainzeisKjcn,  avec  lesquels  ils  s'arrêtaient  toujours.  Ils 
sont  actuellement  répartis  dans  diverses  collections.  Le  dernier, 
celui  qui  vécut  en  captivité,  a  été  ofiert  à  .M.  Th.  Pleske  pour  le 
Musée  de  l'Académie  de  St-Pétersbourg  (2). 

Le  croisement  en  captivité  de  Chnjsomitris  spinus  avec  Linaria 
nous  paraît  exceptionnel.  Nous  n'en  connaissons  qu'un  seul  cas 
olitenu  par  une  personne  connue  de  M.  Chas.  Houlton,  qui  possède 
le  spécimen,  comme  nous  l'avons  expliqué  plus  haut.  M.  Yerrall 
l'aurait  cependant  entrepris  avec  succès,  si  nos  souvenirs  sont 
exacts  (3). 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  mélange  de  ces  deux  espèces  paraît  être 
peu  recherché  des  éleveurs  ;  si  donc  les  cinq  spécimens  dont  nous 
avons  parlé  sont  réellement  hybrides,  il  existe  des  probabilités  en 
faveur  de  leur  origine  sauvage. 

Nous  les  avons  réunis  sous  un  seul  titre  :    Chrysoniilris  apinus 

(1)  Cependant,  dans  la  période  de  la  mue,  M  Loi'enz  avait  soin  de  lui  donner  une 
nourriture  spéciale  (des  œufs  frais  de  Fourmis),  ceci  alin  d'éviter  li'  changement 
qui  s'opère  après  la  mue. 

(2)  Les  deux  autres  se  trouvent  :  l'un  dans  la  collection  de  M.  Soverlzow  (prof. 
Menzbier),  le  second  en  Suède,  chez  M.  H.  Lilliorn. 

(3)  Le  rév.  Macplierson  lait  également  allusion  à  ce  croisement,  U]i.  cit.,  p.  3C9. 


OISEAUX    HYBRIDES    RKNCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE  225 

(Linuriii  X  espèce  non  (iolermiuoe)  car,  (luoiijue  M.  Loreuzaitdésigné 
l'espèce  du  l.iitarki,  nous  pensons  qu'il  doit  être  bien  difficile  de 
reconnaître  le  produit  (riin  croisonient  de  Chrus.  spiniix  X  I.innria 
nijescens  du  produit  d'un  croisement  de  Vhrys.  siiinus  x  I-innria 
borealis  ou  même  HnlboUi  (1). 

Un  sixième  exem]ile  de  ce  ij;enre  serait  peut-tMre  encore  à  enre- 
gistrer. M.  Tissi  dit  avoir  noté  dans  Cadorc  le  croisement  très  rare 
de  VAigiothm  rufescens  et  du  ('hnjsomitris  spinus  (2).  L'hybride  de 
ces  deux  espèros  aurait  ('le,  d'après  une  communication  que  celui-ci 
veut  bien  nous  faire,  cajjluri"  dans  le  passage  de  la  Mauria,  com- 
mune de  Lorcnzago.  Malheureusement  les  recherches  que  M.  Tissi 
a  entrcjjrises  |>oiir  nous  procurer  cet  Oiseau  n'ont  point  encore 
abouti,  cl  jus(pi 'alors,  au  moins,  il  n'a  pu  se  iirocurer  des  rensei- 
gnements précis  sur  cette  capture.  Nous  attendrons  donc  de  nou- 
velles informations  avant  d'admettri'  l'authenticité  de  ce  croise- 
ment, car  les  indications  fournies  par  M.  Tissi  dans  Vfnrhiesta 
ornillioloyiii  italienne  ont  un  caractère  très  vague,  ainsi  (|ue  celles 
qu'il  a  bien  voulu  nous  envoyer. 


Carduelis  major  et  Carduelis  caniceps 


A  l'une  des  séances  de  la  Sociét**  zoologique  de  Londres,  M.  Henri 
Seebohm,  esq.,  montra  une  série  de  formes  intermédiaires  entre 
Carduelis  (•aniccps  et  CardueUx  major,  la  forme  orientale  de  notre 
(Ihardonneret  ('.  einjans.  Dans  cette  série  obtenue  à  Krasnoyarsk, 
Sibérie  centrale,  entre  le  2o  octobre  et  le  2  janvier,  on  voyait,  dit  le 
rapport,  toutes  les  formes  inUîrmédiaires  entre  l'une  et  l'autre 
espèce,  le  blanc  sur  les  barbes  extérieures  des  secondaires  les  plus 
cachées,  augmentant  proportiDunellement  avec  la  diminution  du 
noir  sur  la  couronne  et  la  nu(iuc.  .M.  Seeboliin  suppose  que  les 
deux  formes  se  croisent  dans  ce  district  et  produisent  des  jeunes 


(1)  M.  Vri'iHll,  i|iii  osl  un  i'Oiin;iisscui' ciiiinenl,  nous  a  drcliiié  avec  raiï^on  iiii'il 
lui  l'tail  ton!  à  lail  iinpossiblp  ilc  délcriiiintr  l'Iiez  l'oxcmplaire  de  Worlliinf;  l'espèce 
>lii  Sizrriii  qui  avait  sans  doute  concouru  à  sa  formation.  On  sait  i|ue  les  trois  ou 
quatre  types  appartenant  au  genre  Sizerin  (([uoiciue  considérés  comme  espèces  par 
plusieurs  naturalistes)  sont  tellement  rapprochés  qu'il  est  dinTicile  de  leur  assigner 
des  caractères  biendélinis. 

(2)  Primo  re.ioronto,  etc.,  III.  p.  CkS.  Klorenre,  IS'.il. 


226  A.    SUCHETET 

qui,  à  leur  tour,  sont,  [erliles  dans  tous  les  degrés  (I)'?  Il  existe 
au  Britisli  Muséum  uu  hybride  de  cette  provenance  et  ofïert  par 
M.  Seebohm.  Un  jeune,  venant  de  Shiraz,  a  paru  à  M.  Sharpe  être 
le  résultat  d'un  croisement  à  cause  de  la  quantité  de  blanc  sur  les 
secondaires  intérieures.  Une  femelle  obtenue  par  Sir  0.  Sh.  John 
semble  aussi  intermédiaire  (2). 

Le  CariliieUs  caniceps,  signalé  dans  l'Afghanistan  par  le  lieute- 
nant Wardlaw-Ramsay  (3),  à  Chaniba  par  le  major  Marshall  (4), 
à  Quetta  et  aussi  à  (ihamba  par  le  lieutenant-colonel  C.  Swinhoë  (o), 
à  Gilgit  par  le  major  Biddulph  (6)  et  M.  J.  Scully  (7);  à  Kotegurh 
pendant  l'hiver  et  à  Kjeland  pendant  le  mois  de  juin  par  M.  von 
Pelzeln  i8)  et  qui  est  le  même  que  le  C  oricntalis  d'Eversani  (9) 
forme-t-il  une  espèce  distincte  de  notre  Chardonneret,  le  C.eleijans.' 

Le  prince  Charles  Bonaparte  l'a  bien  indiqué  comme  espèce, 
mais  il  a  rangé  également  à  ce  titre  C.  oiientalis  qui  diffère  fort 
peu  du  caniceps  dO).  M.  de  Selys-Longchamps  possède  dans  sa 
collection  de  Longchamps  un  exemplaire  indiqué  comme  prove- 
nant du  Caucase  asiatique.  C'est,  nous  dit-il,  une  forme  ou  espèce 
différente  de  notre  Caiiluclis,  telle  qu'on  les  admet  maintenanL 
La  coloration  (absence  du  rouge  et  aussi  du  noir  en  partie  de  la  tête) 
paraît  constante,  l'Oiseau  ressemble  ainsi  beaucoup  à  un  jeune 
r.  clcgdns.  M.  Oustaleta  vu  un  certain  nombre  de  Carduells  caniceps 
de  l'Inde  et  de  l'Asie  centrale  et  les  a  toujours  trouvés  assez 
distincts  des  nôtres  pour  mériter  le  titre  d'espèce,  mais  il  n'a  jamais 
vu  de  formes  intermédiaires.  M.  Seebohm,  qui  les  a  observés,  n'assi- 
gne au  contraire  à  caniceps  que  le  rang  de  sous-espèce,  subspecies, 
à  cause,   sans  doute,  des  mélanges  qu'il  contracterait  (II).  Nous 

(1)  Proceedingsof  the  zoological  Sociely  of  Lonilon,  p.  134, 1882. Voyez  :  aussi  flii  Ihe 
vrnithology  of  Siberia.  lliis,  124,  I8S2. 

(2)  Pour  ces  derniers  renseignemenls,  voy.  le  Catalogne  of  Birds  Ilril.  Milieu  m, 
p.  1S9,  1888. 

(.'))  Ornilhology  ^oleg  froin  Afghanistan.  Ibis,  j).  07,  188IJ. 

(i)  0/1  the  liirds  ufChaniliu.  Ibis,  p.  420,  1884. 

(o)  On  the  Ilirds  of  Sontherii  Afghanistan.  Ibis,  p.  ll.'i,  1882. 

(6)  On  the  Birds  of  Gilgit.  Ibis,  p.  85,  1881. 

(7)  On  the  Ornithologij  of  (iilgit.  Ibis,  p.  577,  1881. 

(8)  On  Birds  from  Thibetand  Himalaya,  p.  318.  Ibis,  1868. 

(9)  Voy.  :  Dresser.  Ibis,  p.  387,  1875,  et  J.  SciiUy,  même  revue,  p.  579,  1881. 

(10)  Conspectus  generum  .ieiun),  I,  p.  518,  1851). 

(11)  i  This  sul)species,  dit-il,  ranges  southwards  the  to  .\Ilaï  nioimtains  and  west- 
wards  AIghanistan,  etc.  ».  A  Hislory  of  britisli  Birds,  II, p.  87.  Uriridique  encore 
plus  nettement  On  Ihe  interbreeding  of  Birds.  Ibis,  p.  547,  1882.  Considérant  que 
le  caniceps  se  croise  avec  le  major,  M.  Seebohm  admet  a  fortiori  son  mélange  avec 
le  C.  elegans? 


227 

avons  vu  au  Muséum  d'hisloire  uaturelle  de  l'aris  (|uatre  ou  ciui( 
C.  caniceps:  nous  avouons  que  nous  n'avons  point  songé  à  examiner 
le  blanc  des  secondairesdont  ne  parle  poiiil  io  juinroCli.  Bonaparte, 
mais  qui  est  sans  doute  de  ([uehjue  iniporlauce  puisque  .M.  Seebohni 
et  M.  Sliarpe  s'en  occupent.  Dans  l'ensemble  général  nous  ne  trou- 
vons [toint  ciiez  cdniccps  de  dillérencc  essentielle  avec  le  C  i-lcfians. 
Caniceps  se  distingue  iVcIciidits  par  l'absence  du  noir  profond  du 
dessus  de  la  tête  complètetncnt  effacé  et  aussi  par  ses  couleurs 
grisonnantes  reinplaeant  les  leintes  brunâtres  du  C.  deijnns.  Mais 
un  manque  décoloration  servirait  à  ex]ilii[uer  facilement  ces  chan- 
gements. Il  n'y  a  pas  là  transposition  d'une  couleur  en  une  autre, 
mais  atlémiation  du  coloris  par  l'elTacement  des  teintes  foncées 
devenant  plus  claires,  plus  blanciies.  Le  mas(iue  rouge  reste  iden- 
tique et  le  jaune  vif  des  ailes  existe  nettement  accusé.  Autant  un 
changement  on  une  modification  de  cette  sorte  s'ex|)li(iue  facilement 
chez  ces  deux  types,  autant  chez  d'autres  types  dont  nous  avons 
énuméré  les  croisements,  par  exemple  chez  chloris  et  C.  eleijans, 
est-il  impossible  de  saisir  un  passage  graduel  d'une  teinte  d'une 
espèce  à  l'autre:  encore  moins  un  passage  de  ce  geure  serait-il 
explicable  dans  la  disposition  du  plumage.  Aussi  reconnaissons- 
nous  volontiers  ('(inlurlis  clej/inis  et  l.i(j.  rhioris  (de  structure  et  de 
taille  différentes),  comme  devant  a|)parteuirà  deux  espèces:  diffé- 
rences que  nous  n'hésitons  point  à  reconnaître,  quoique  dans  de 
moindres  ])roportions,  entre  l.qiota  ninnahina  et  A/'/,  chluris,  de 
môme  entre  C.  cdiduclis  et  C.  linota,  etc. 

Mais  ou  nous  permettra  de  fairedes  réserves  pour  lesdeux  formes 
r.  clegnm  et  C.  ainireps  qui  nous  paraissent  une  simj)le  modification 
de  coloration  et  par  conséquent  ai)|)artenir  bien  [)lul(jl  à  deux 
races  d'une  même  espèce  qu'à  deux  espèces  distinctes. 

Nous  ne  sommes  donc  point  convaincu  (pie  les  spécimens  inter- 
médiaires dont  a  parlé  M.  Seebobm  soient  de  réels  hybrides;  le 
noir  profond  du  dessus  de  la  tète  ou  le  brun  du  poitrail  et  du  dos 
pouvant  s'atténuer  peu  à  peu  et  devenir  grisonnant  sous  l'influence 
d'agents  naturels,  sans  (jn'nn  croisement  des  deux  types  soit 
nécessaire  pour  arriver  à  ce  résultat.  Nous  ne  nions  point  cepen- 
dant l'hybridite  d'une  façon  absolue,  nous  disons  seulement  qu'elle 
demeure  hypi)lhéti(|ue  ;  dans  le  cas  où  elle  serait  véritable,  elle  se 
produirait  alors  entre  types  de  conformation  et  de  coloration  très 
rapin'ochés  et,  sans  doute,  parents. 


228  A.    SUCHETET 

Carduelis  elegans  et  Cannabina  linota 

Le  croisement  de  ces  deux  espèces,  assez  rapprochées  par  les 
mœurs  et  la  taille,  aurait  été  constaté  plusieurs  fois  à  l'état  sau- 
vage. Lu  rév.  Macpliersoû  ijarle  de  tels  croiseineuls  (1 1  et  cite  même 
un  exemple  dans  son  ouvrage  sur  les  Oiseaux  de  Cumbeiiand  (2). 
L'Oiseau  en  question  fut  capturé  à  Cotehill,  par  M.  Little,  pendant 
le  mois  de  novembre  de  l'année  1885,  puis  vendu.  Deux  autres  (de 
la  même  couvée  ?)  avaient  été  pris  au  même  endroit  dans  les  haies 
aux  environs  de  Carlisle,  d'après  une  communication  qui  nous  est 
adressée  par  M.  Thomas  JifTm  de  cette  ville.  L'un  de  ces  Oiseaux 
appartint  à  M.  Addison  avant  de  devenir  la  propriété  de  M.  JiHiu, 
qui  le  revendit  à  son  tour  à  un  marchand  d'Edimbourg,  lequel  ne 
le  possède  plus  aujourdhui.  M.  Addison  et  M.  Jiflin  ont  tous  deux 
considéré  ce  spécimen  comme  devant  être  né  à  l'état  sauvage  d'un 
Chardonneret  et  d'uue  Linotte  parce  qu'il  montrait  d'une  manière 
non  équivoque,  les  caractères  des  deux  espèces,  .\vant  la  mue,  il 
ressemblait  beaucou])  au  Carduelis,  mais  ensuite  par  sa  tète  et  son 
cou  il  devint  très  semblable  au  Cannabi)ia  linota.  Cet  exemplaire 
fut  montré  à  diverses  expositions  d'Oiseaux. 

M.  J.  Whitaker,  esq.,  de  Manslield,  dont  nous  avons  déjà  parlé 
plusieurs  fois,  conserve  un  semblable  hybride  dans  sa  collection.  Ce 
gentleman  a  bien  voulu  nous  envoyer  une  aquarelle  de  son  Oiseau, 
malheureusement  à  l'état  de  croquis,  et  de  trop  petite  dimension, 
l)()ur  nous  permettre  de  reconnaître  l'origine  attribuée  à  cet  exem- 
plaire qui,  d'après  lui  (3),  aurait  été  tué  près  de  Mansfîeld.  Les  grandes 
rémiges  des  ailes  nous  out  bien  paru  avoir  la  teinte  jaune  or  du  Char- 
donneret; sur  le  fronton  aperçoit  faiblement  une  teinte  rouge;  le 
reste  du  corps  est  le  brun  roux  de  la  Linotte,  beaucoup  plus  foncé, 
ce  qui  permet  de  supposer,  à  certaines  places,  un  mélange  du  brun  et 
du  noir  Chardonneret.  Mais  les  taches  longitudinales  du  Cannabina 
manquent  complètement  sur  l'aquarelle.  Ce  qui  nous  semble  tout 
particulièrement  remarquable  c'est  la  couleur  jaune  citron  du  bas 
du  dos  et  du  croupion  qui  rappelle  les  hybrides  canaria  X  Carduelis. 
Ni  la  Linotte,  ni  le  Chardonneret  ne  possèdent  à  ces  places  une  cou- 
leur semblable;  en  plus  le  dessous  du  ventre  paraît  brun  foncé?  Nous 
avons  fait  part  de  ces  remarques  à  M.  Whitaker  qui  est  plus  apte  à 
juger  que  nous  puisqu'il  possède  l'original.  Nous  nous  rappelons 

(1)  Field,  :tl  riiiii  ISiK). 

(2)  The  Iliids  ufCuiiiberlaiifl,  p.  46  (en  note).  Carlisle,  188G. 
i:i)  Voy.  le  ZoolO!j;isl,  Vil,  n"  "'.),  p.  :m,  ISK!. 


OISEAUX    HYBIUDF.S    HENCONTRKS    A    I.'kTAT    SAUVACiK  229 

avoir  on  viviiut  |)t'ndaiit  plusieurs  aunées  un  petit  hybride  brun  très 
foncé  du  F.  atnaria  dom.  y  CardueUs  qui  rap|)elail  cet  Oiseau. 

Le  (ait  suivant,  concernant  I'ai)pariage  à  l'état  libre  d'un  Chardon- 
neret el  d'iint'  Linolte  nous  a  été  cité  par  M.  Daniel  Deschanips,  de 
Ouilly  du  Ilouley,  près  de  Lisieux  (Calvados);  celui-ci  en  a  été  le 
témoin.  Il  trouva  dans  un  poirier  de  son  jardin  un  nid  de  Chardon- 
neret sur  lequel  une  Linotte  $  couvait,  tandis<iu'iiii  Chardonneret  cT 
voltigeait  aux  alentours.  Les  œufs  des  deux  espèces  étant  semblables, 
nous  dit  .\L  Deschanips,  aucune  anomalie  ne  s'était  produite.  Quant 
à  la  forme  du  nid,  c'était  exactement  celle  du  nid  de  Chardonneret, 
elle  ne  ra|)pelait  en  rien  la  forme  du  nid  de  la  Linotte  qui,  formé  de 
brins  de  foin  et  garni  à  l'intérieur  d'un  peu  de  crin  et  de 
laine,  e^t  toujours  placé  dans  une  toulïe  d'ajoncs  ou  dans  un  buisson 
de  ronces. 

M.  Deschamps  (ut  assez  heureux  |)our  trouver  quelques  jours 
après  les  jeunes  éclos.  f.a  femelle  couvait  toujours  et  le  niàle 
Chardonneret  apportait  des  Insectes  au  nid.  Le  départ  de  M.  Des- 
champs de  la  campagne  ne  lui  permit  pas  de  suivre  plus  longtemps 
celte  intéressante  nichée,  il  ne  put  voir  les  jeunes  arriver  à  l'âge 
adulte.  Depuis,  il  a  observé  des  couples  semblables,  mais  jamais  il 
ne  trouva  leur  nid;  ^L  Deschamps  n'a  donc  pu  compléter  ses 
observations  sur  ce  point. 

\dici  (|uelques  autres  exemples  :  \f.  Lougal,  marchand  d'Oiseaux, 
à  Paris,  U3,  rue  Chariot,  nous  dit  avoir  vu,  il  y  a  une  dizaine 
d'années,  «  un  Mulet  de  Chardonneret  et  de  Linot  »  pris  à  l'état 
sauvage  surle(|uel  il  ne  peut  malheureusement  nous  donner  aucun 
détail.  I>a  personne  (|ui  le  posséda  est  morte  depuis  (iiielque  mois. 
M.  J.  IL  Hillyer,  de  Leicester  (Angleterre),  nous  dit  aussi  avoir 
connu  des  hybrides  sauvages  de  Cardurlis  et  Cininabina.  M.  Emile 
Uuhl,  de  \erviers  (Belgique),  nous  informe  (ju'un  de  ses  amis, 
grand  connaisseur,  habitant  la  campagne  près  de  Paris,  lui 
aenvoyé  un  I.,inot-Cbar(iouneret  pris  au  filet  pendant  l'année  1890; 
M.  Ruhl  conserve  cet  Oiseau  vivant.  M.  Pbillip  B.  Mason,  <le 
Burton-sur-Trent,  nous  a  envoyé  sous  cette  dénomination  deux 
pièces  empaillées  qui  furent  autrefois  possédées  par  M.  Bond,  puis 
vendues  en  1890,  au  Covent-Garden  par  M.  Whilaker,  esq. 

Ces  deux  Oiseaux,  qui  sont  conservés  dans  une  vitrine  avec  les 
trois  antres  pièces  dont  nous  avons  déjà  parlé,  sont  les  seuls 
exemplaires  sauvages  qua  nous  ayons  vus  en  nature,  malheu- 
reusement ils  ne  portent  aucune  étiquette  pouvant  servir  à  les 
distinguer.  D'après  une  note  manuscrite,  placée  derrière  la  vitrine. 


230  A.    SL'CHETET 

l'un  des  deux  aurait  été  tué  à  Biighton  Racecource,  en  1868,  par 
.M.  Pratt;  le  second  viendrait  de  Pliœnix  Park,  Dublin;  en  outre 
on  lit  :  William.  On  ne  spécifie  pas  si  ce  dernier  spécimen  fut  pris 
ou  tué  à  l'état  sauvage. 

L'individu  placé  au  milieu  de  la  vitrine  dévoile  nettement  sa 
double  origine,  car  il  présente  des  caractères  communs  avec  quatre 
spécimens  linota  X  Carduelis  nés  en  captivité  que  nous  avons  achetés 
el  dont  trois  sont  encore  vivants;  donc  pas  de  doute  sur  son  hybri- 
dité.  Mais  l'exemplaire  placé  au-dessus  (à  droite)  montre  au  con- 
traire d'une  façon  bien  évidente  son  origine  F.  camiria  X  Carduelis 
vlegans,  du  moins  il  est  en  tout  semblable  à  une  quantité  d'hybrides 
de  cette  origine  que  nous  avons  possédés,  tandis  qu'il  ne  ressemble 
pas  aux  hybrides  Linota  x  Carduelis  dont  on  vient  de  parler  (1). 

Si  le  premier  exemplaire  de  la  vitrine  de  M.  Masou  présente 
lui-même  quelques  ressemblances  avec  les  hybrides  sombres  si 
communs  et  si  répandus  du  Chardonneret  et  du  Canari,  il  indique 
son  origine  Ca»i)ia6ma  par  le  rouge  cramoisi,  et  non  orangé,  du  front, 
puis  aussi  par  le  mélange  du  gris  brun  de  la  linota  avec  les  teintes 
du  Carduelis,  mélange  qui  existe  sur  le  dos  et  tout  particulièrement 
sur  la  poitrine. 

Quant  au  deuxième  exemplaire  de  la  même  collection,  il  semble 
montrer  sa  provenance  canaria,  dom  X  Carduelis  par  les  marques 
suivantes  :  le  rouge  du  front,  qui  descend  jusque  sur  la  gorge,  n'est 
pas  ce  rouge  cramoisi  que  possèdent  sans  doute,  au  moins  à  leur 
l»remière  mue,  tous  les  hybrides  linota  X  Carduelis  (2)  ;  c'est  le  rouge 
jaune  quelque  peu  grisâtre,  mélange  inévitable  du  jaune  vert  du 

(1)  Ces  quatre  liybiides  ont  été  achetés  par  nous  à  M.  J.  Clarté,  de  Baccarat 
(Meurthe-et-Moselle),  qui  les  avait  obtenus  chez  lui.  Deux  d'entre  eux,  qu'il  suppose 
avec  raison  o^  el  Q  (celte  dernière  a  ponilu  dans  nos  volières  en  1890,  mais  ses 
crufs  étaient  inféconds),  sont  nés  en  1889  d'un  Chardonneret  cf  ^t  d'une  femelle 
[.inolte,  lesquels,  nous  dit  M.  Clarté,  donnent  chaque  année,  et  ce  depuis  quatre 
ans,  une  nichée  de  deux  à  quatre  jeunes.  En  1890,  époque  où  nous  achetions  ces 
deux  exemplaires,  M.  Clarté  possédait  un  troisième  individu  du  sexe  mâle,  né  en 
1880,  Depuis  nous  lui  avons  acheté  les  deux  autres  individus  qui  sont  encore 
a"  '?t5;  le  mâle  a  été  envoyé  empaillé,  la  femelle  vivante;  ils  proviennent  du 
même  couple  que  les  précédents  et  sont  nés  chez  lui. 

(2)  Nous  disons  «  à  la  première  mue  »,  car,  en  captivité,  nous  avons  constaté  que 
cette  teinte  de  beau  rouge  sang  s'amoindrissait.  Du  moins,  ayant  examiné  cet  hiver 
un  hybride  de  cette  provenance,  nous  avons  reconnu  que  le  rouge  du  vertex  était 
devenu  en  quelque  sorte  presque  orangé, changement  dû  peut-être  à  la  saison?  nous 
nous  proposons  du  reste  d'examiner  pendant  le  printemps  le  même  Oiseau.  Nous 
savons  cpie  le  rév.  Macpherson  a  décrit  un  hybride  ;",  exposé  au  Cristal  Palace  en 
18S7.  cumule  ayani  ^>  Ihe  fiirehi'iKl  ijolclen  yetloir  as  in  muny  GoUi/inclies-Canary 


OISEAUX    HYBniDKS    nENCONTRÉS    A    l'iÏTAT   SAUVAGE  i3 1 

Canari  avec  le  rouge  du  Cliarclouueret.  Uuh  quaulilé  d'hybrides 
canaria  X  Carduelis,  inoulreul  tous  celle  couleur  idenlique  (1). 

La  provenance  ciDiaiia  de  cel  individu  est  encoie  indiquée,  et 
d'une  manière  plus  décisive,  par  les  plumes  jaune  cition  cjui  se 
monlreut  sur  la  poitrine,  qiioitjne  faiblement,  iiiusi  (|ue  cela  se 
produit  dans  les  hybrides  des  ranaria  x  ('aniuclls.  i.e  poitrail  du 
(Ihardounerel  brun  foncé,  et  celui  de  la  linola,  brun  rougi;  llam- 
niéché,  pourraient-ils,  dans  leur  mélange,  aboutir  au  jaune  citron? 
Ce  spécimen  étant  :  1°  en  tout  semblable  aux  hybrides  communs  du 
canaria  et  du  Canluciis  ;  i"  dillérent  d'hybrides  aiitiienti([ues 
Cannahina  x  Carduelis,  on  doit  logiquement  conclure  que  son 
origine  est  due  au  premier  croisement  dont  il  porte  les  caractères. 

Cependant  comme  cet  Oiseau  est  aussi  très  semblable  à  trois 
spécimens  pris  à  l'état  sauvage  ([ui  nous  ont  été  indi(|ués  comme 
Chrysumitris  spinus  X  Carduelis  eletjans,  dont  nous  parlerons  bientôt, 
nous  avons  prié  M.  Pbilipp  B.  Mason,  esq.,  de  bien  vouloir 
permettre  à  une  personui;  de  sa  ville,  M.  Kirkland.  qui  avait 
obtenu  en  captivité  plusieurs  fois  le  produit  de  ces  deux  der- 
nières espèces,  de  l'examiner.  Le  résultai  de  cel  examen  con- 
firme entièrement  notie  manière  de  voir.  M.  Ivirkland  a  trouvé 
l'Oiseau  beaucoup  trop  gros  pour  pouvoir  être  considéré  comme 
né  d'un  Siskin  (Chnj.  spinus),  il  lui  manque  aussi  le  jaune  de  la 
queue.  M.  Kirkland  l'a  donc  déterminé  comme  i)rovenant  du 
/''.  ca)(a/((/ dom.  et  du  (Chardonneret. 

Une  pièce  que  l'on  conserve  au  Brilish  Muséum  (2)  comme 
hybride  de  L.  rannaliind  x  C.i'li'i/aii.s  ne  serait  encore  autre,  d'après 
le  rév.  Macpherson,  (ju'un  k  Culdfuich  caaanj  luulc  »,  c'est-à-dire  un 
hybride  du  Canari  et  du  Chardonneret. 

mules  ..  (Voir  Transactions  of  Norfolk  .Naturalisl's  Society,  111,  p.  3G8,  1886-1887). 
M.  Verrait,  que  nous  avons  consulté,  croit  aussi  nue  la  couleur  de  la  lôte  de 
riiybiidc  de  la  Linotte  et  du  Cliardonnerct  est  plus  rouge  (|ue  la  couleur  safran  de 
l'hybride  du  Canari  avec  le  Chardonneret.  Ouant  à  savoir  si  cette  teinte  rouye  appa- 
raît sous  la  gorge,  nous  pensons  (|u'elle  peut  s'y  rencontrer.  .\ous  l'avons  constatée 
chez  l'exemplaire  empaillé  de  M.  Chiplé',  et  M.  Funlaine,  de  Marci[-en-Harœul,  nous 
informe  qu'un  liybride  l.inolle-Chardoniu'rel  qu'il  iiossède  a  «  l'aurore  au-dessous 
de  la  gorge  en  trois  endroits,  un  ronil  à  gauche,  un  rond  à  droite  et  une  barre  au 
milieu  ».  Le  rév.  Macphersun  a  décrit  dans  le  Zoologisl  (p.  iîol,  septembre  1888)  de 
Jeunes  hybrides  du  même  croisement,  nés  en  captivité  dans  une  des  volières  de 
M.  Verrait. 

(1)  Tous  les  hybrides  du  Canari  el  du  Chardonneret  ne  sont  pas  uniformément 
semblables;  il  existe  des  individus  presque  jaunes,  d'autres  presque  blancs;  nous  en 
possédons  un  ainsi.  Mais  nous  parlons  des  produits  communs  et  tr>'>s  répandus  qui 
naissent  du  croisement  de  ces  deux  espèces. 

(2)  Voy.  p.  189,  vol.  Vil,  1888. 


i32  A.    SUCHETET 

Il  est  à  remarquer  que  le  croisenieut  de  la  linutii  et  du  Cardiielis 
a  douué  lieu  à  d'autres  iuterprétations.  Eu  1886,  on  auuouçait  dans 
le  Naturaiisti'  (1)  qu'uu  oiseleur  des  environs  de  Montauban 
venait  de  prendre  au  filet  un  Linot-Chardonneret  dont  le  plumage 
et  le  chant  dévoilaient  la  double  origine.  Cet  Oiseau  n'était  autre 
qu'un  Sizerin  (Linaria). 

L'auteur  de  cette  communication  ayant  bien  voulu,  avec  une  rare 
courtoisie,  nous  procurer  l'iiybride  supposé,  nous  le  fîmes  voir  à 
deux  ornithologistes  compétents  delà  Seine-Inférieure,  M.  Noury, 
directeur  et  fondateur  du  Musée  d'Elbeuf, et  le  regretté  M.  Lemetteil, 
de  Bolbec  ;  tous  deux  le  reconnurent  immédiatement  pour  appar- 
tenir au  genre  que  nous  venons  d'indiquer  (2). 

Les  erreurs  qui  se  sont  produites  et  que  nous  venons  de  signaler 
ne  viennent  pas  cependant,  croyons-nous,  infirmer  le  fait  du  croi- 
sement réel  du  CardneUs  i-lcuans  et  du  Cannainna  linottt.  puisque 
l'un  des  individus  que  nous  avons  vus  dans  la  vitrine  de  M.  Philipp. 
B.  iMason,  présente  les  caractères  de  nos  hybrides  authentiques 
Cannabina  X  Carduelis.  Reste  à  savoir  si  cet  hybride,  et  les  quel- 
ques autres  dont  nous  avons  parlé,  c'est-à-dire  les  trois  pris  dans 
les  haies  à  Carlisle,  ceux  que  nous  ont  indi([ués  M.  Lougal  et  M. 
Hillyer,  et  le  spécimen  de  M.  Ruhl  pris  aux  environs  de  Paris,  ne 
sont  point  des  échappés  de  captivité? 

Le  cioisemeut  en  cage  de  la  Linotn  cannabina  et  du  Carduelis  est 
fréquent;  on  nous  a  cité  de  nombreux  exemples  tant  en  France 
qu'à  l'étranger.  Les  Oiseaux  exposés  au  Cristal  Palace,  eu  1884, 
1885,  1880,  1887,  1888,  1890,  1891  par  MM.  Crossley,  Parker,  J.  H. 
^'errall,  miss  Howison,  Hunt,  Mackley  brothers,  étaient  tous  des 
produits  domestiques,  plusieurs  nés  chez  des  personnes  qui  les 
avaient  exposés,  celui  de  M.  Verrall  entre  autres  (3).  M.  W.  H. 
Booth,  d'Ipswich,  a  également  croisé  les  deux  espèces.  M. Fontaine, 

(1)  N°  du  lo  octobre,  p.  351. 

(2)  Il  y  eut  cependant  diver},'cnie  d'opinion  quant  à  l'espèce,  l'un  le  prit  pour  un 
Sizerin  boréal  {Linaria  borealis):  l'antre. avec  plusde  raison,  pour  un  Sizerin  cabaret 
(Linaria  rufescens).  On  ne  peut  èlre  surpris  de  celle  contradiction,  car  les  deux 
espèces  (si  espèce  il  y  a)  sont  tellement  voisines  qu'en  hiver  on  ne  peut  les  distinguer 
que  par  la  coloralion  du  croupion,  qui  est  de  couleur  blanche  llaniniachée  de  brun 
noir  chez  la  première,  tandis  que  chez  la  seconde,  celle  couleur  est  plus  roussàtre 
(voy.  Degland).  Nous  avons  eu  l'occasion  de  parler  de  ce  fait  dans  le  Naturaliste  de 
1888,  pp.  o8  et  uO. 

(3)  lîlackston,  de  Sumberland,  cite  dans  le  livre  de  Cassel  «  ("ap*"  liirds  •  un 
hybride  de  ce  genre  ayant  appartenu  à  M.  John  Brown,  de  Penrik.  Cette  communi- 
cation nous  esl  (aile  par  M.  Andrew  .X.Maughan.  de  Dumbarlon;  nous  n'avons 
point  consulté  l'ouvrage  en  question. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'kTAT   SAUVAGE  233 

(le  Marcq-en-Barœul,  près  fie  Lille  (Nord),  possède  un  exemplaire 
vivant  et  un  autro  empaillé.  M.  Raymond  lils.  d'AngonJt^me,  un 
métis  de  Chardonneret  d^  et  de  Linotte  $,  provenance  de  ceux  de 
M.  Clarté  ;  chez  M.  Emile  l{uhl  (Belgique)  existent  d'antres  exem- 
plaires du  même  croisement.  An  Musée  de  Francfort-sur-Ie-Meiu, 
ou  conserve  un  individu  Canna'iina  9  Carduelis  cT  etc.  (1). 

On  pourrait  donc  encore  prétendre,  à  la  rigueur,  comme  pour 
quelques-uus  des  croisements  ])récédenls,  que  les  individus  ren- 
contrés à  l'état  libre  sont  des  échappés  de  captivité?  Il  semhle 
toutefois  que  l'on  doive  faire  une  exception  pour  la  nichée  observée 
par  M.  Deschanips,  de  Ouilly,  près  Lisieux. 

Chrvsomitris  spiNus  et  Cardueus  elegans 

Sous  cette  dénomination, nous  avons  reçu  deux  pièces, l'une  venant 
d'Italie,  l'autre  d'Angleterre.  La  première  nous  a  été  envoyée  par 
M.  le  comm.  prof.  Henrico  Giglioli,  de  Florence,  la  seconde  par 
M.  Robert  W.  (lliase,  es({.,  de  Birmingham,  qui  l'avait  reçue  de 
M.  G.  Smith,  naturaliste  à  Great  Yarmouth. 

Ces  deux  Oiseaux  ont  en  tout  l'aspect  de  l'individu  désigné 
comme  l.iiwld  caniinlnna  et  Cdfdndis  de  la  coUeclion  Mason  ;  ils 
ressL'mblent  à  cet  exem|>laire  par  la  forme  du  corps,  par  la  colora- 
tion générale  et  la  disposition  du  plumage.  Nous  avons  dit  que 
l'Oiseau  de  .M.  Mason,  présenti'  à  l'examen  de  M.  J.  Kirkland,  avait 
été  reconnu  par  celui-ci  comme  étant  un  hyliiide  de  ainnria  dom. 
et  t'ardiu'lis,  ainsi  (jue  nous  l'avions  déjà  déterminé.  Nous  jjensous 
que  les  deux  nouveaux  spécimens  reçus  comme  i'Iinjsuntilrisspinus 
X  Cardiielia  ont  la  même  origine. 

Ces  deux  pièces,  fort  ressemblantes,  ne  dillérenl  eu  rien  des 
hybrides  cannrin  et  Carduelia,  déjà  cités,  à  ce  point  que,  placées  près 
de  ces  derniers,  il  est  impossible  de  les  en  distinguer. 

L'exemplaire  du  Musée  de  Florence  tut  obtenu  à  Salona, 
Dalmalie,  en  mars  1879  (2);  le  second  fut  pris  dans  les  filets  eu 
1889  dans  les  environs  de  Great  Yarmouth.  en  compagnie  de 
I.iijuiiniis  chloils.  C'était,  nous  dit  .M.  Smith,  «  un  des  |)lus  imlonip- 
lahh's  »  Oiseaux  qu'il  ait  reucontrés;  très  farouche,  il  se  laissait 
voir  diiricileniont  dans  sa  cage,  cherchant  par  tous  les  moyens  à  se 

(I)  Kalalog  (1er  Vogehanimlting  in  .Muséum,  p.  VU,  Franckfurt,  IS-tl. 
.M.  Ernst  Ilai'tct,  auteur  du  catalogue,  a  trouvé  cel  Oiseau  dans  une  collection; 
il  ne  doute  pas  que  cet  Oiseau  ne  soit  né  en  captivité. 
{i)  Primo  resoronlo,  etc.,  III,  p.  70,  18'.)1. 


:234  A,    SUCHETET 

soustraire  aux  regards.  Cette  sauvagerie  dura  longtemps.  Aussi 
M.  Smith  ne  conserve  aucun  doute  sur  la. nature  de  cet  Oiseau 
véritablement  intraitable  ;  il  ne  saurait  être  pour  lui  un  échappé 
de  quelque  volière.  M.  Oiglioli  nous  assure  également  que  la  per- 
sonne qui  lui  a  remis  l'hybride  de  Salona  est  digne  de  confiance; 
on  peut  être  certain  que  l'Oiseau  a  été  pris  à  l'état  sauvage. 

Ayant  précisément  à  notredisposition  plusieurs  hyl)ridestY(n«?iV/et 
Carduclis  (en  tout  semblables  àcesdeuxOiseau.x),  nous  avons  voulu 
faire  examiner  deux  de  nos  spécimens  par  M.Kirkland  qui, on  le  sait, 
obtint  en  caiilivilé  plusieurs  fois  le  croisement  du  Chry.  spinus  et 
du  Curdut'iis.  Sans  lui  l'aire  connaître  aucunement  l'origine  de  nos 
Oiseaux,  nous  lui  avons  demandé  de  bien  vouloir  en  faire  une  com- 
paraison avec  les  hybrides  spinus  et  ('iirdiu'lis  qu'il  avait  j)0ssédés. 
M.  Kirklaud  nous  a  répondu  qu'il  ne  les  croyait  point  le  produit  du 
spinus  X  Carduclis,  mais  plutôt  des  hybrides  iecanaria  X  Carduelis, 
opinion  partagée  par  un  de  ses  amis  auxquels  il  lésa  montrés.  Le 
jugement  de  M.  Kirkland  doit  être  juste,  car  il  a  su  reconnaître  le 
sexe  dans  nos  deux  exemplaires  empaillés.  Nous  avons  poussé  notre 
curiosité  plus  loin.  M.  Kirkland  ayant  vendu  un  de  ses  hybrides  à 
M.  Cleaver,  de  Leicester  (1),  nous  avons  prié  ce  dernier  de  bien  vou- 
loir examiner  à  son  tour  l'un  de  nos  spécimens,  puis  de  nous  faire 
connaître  son  appréciation.  Or,  M.  Cleaver  nous  fait  savoir  que  ce 
spécimen  ne  ressemble  aucunement  à  l'hybride  spinus  et  Carduclis 
qu'il  a  possédé  (2).  Même  réponse  de  M.  F.  Funston,  de  Liverpool; 
après  l'examen  d'une  de  ces  pièces. 

Du  reste  il  nous  fut  permis  de  nous  livrer  à  un  examen  plus  sérieux. 
Ayant  pu,  après  de  longues  recherches,  nous  procurer  deux  exem- 
plaires authentiques  Carduelis  etsjjinus,  c'est-à-dire  des  Oiseaux  nés 
et  élevés  en  captivité,  nous  avons  demandé  à  MM.  Giglioli  et  Chase 
de  bien  vouloir  nous  envoyer  une  deuxième  fois  les  deux  spéci- 
mens déjà  examinés.  Ce  nouvel  examen,  fait  en  regard  des  hybri- 
des authentiques,  nous  a  confirmé  dans  notre  manière  de  voir; 
il  nous  a  été  impossible  de  reporter  au  croisement  sjiinus  X  <'ar- 
ditclis  les  Oiseaux  pris  à  Salona  et  à  Great  Yarniouth.  Ce  sont, 
répétons-le,  par  la  forme,  la  coloration,  la  disposition  du  plumage, 
de  véritables  F.  canaria  dom.  X  Carduelis. 

Les  deux  hybrides  spinus  X  Cardueiis  qui  ont  servi  à  notre 
examen  nous  ont  été  gracieusement  envoyés  par  M.  Ch.  Fontaine, 


(1)  Pi'opriélaii'p  de  l'hôtei  Victoria. 

(2)  Cet  liybride  a  été  vendu  au  Palais  de  Cristal.  M.  KirkiaDd  ne  possède  plus  lui- 
môme  aucun  de  ses  hybrides. 


OISKAUX    llVIiniDK'i    HKNCOXTKKS    A    l'kTAÏ    SAIVAdi;  23j 

iJroprii'laiiT  ù  M;irc([-eii-r>;ini'ul,  prés  Lilli'  (Ni)i'(li.  M.  I'"()nl:iiiii; 
nous  il  donné  sur  ces  deux  spéciniiMis  (f  ol  9  l''s  renseiiçiUMuenls 
suivants.  Il  les  a  reçus  vivants  et  oiitenus  d'un  prêtre  des  environs 
de  Sejïi'é  |. Maine-et-Loire),  (pi i  ]iossédail  un  ('hriisniiiHris  spinns  9 
familier  lui  servant  d'appelant.  Le  passaf;,o  des  Tarins  étant  ter- 
miné, l'Oiseau  9  fut  'H'^  dans  une  grande  volière  à  air  lilire 
avec  un  ('nrihn'lis  cln/dns  (^  apprivoisé,  (les  deux  Oisiviiix  s'a|ipariè- 
rent  hienlcHel  [londireiiliiiiatre  (eufsdansun  nid  de  (lanari  en  111  de 
fer  et  garni  d'une  peau  à  l'intérieur.  Les  quatre  œufs  étaient  fécondés, 
il  en  sorlil  cpiatre  jeunes  an  boni  de  treize  jours;  donc  nul  doute  sur 
leur  origine.  Deux  seulement  ont  été  conservés,  ils  sont  em|)aillés(l). 
Or,  ces  hybrides  Apt/m.sX^'cn/wc/fs  se  distinguent  des  hy brides  cadflîva 
X  Carduclis  par  leur  taille  plus  petite  ;  leur  corps  est  beaucoup  plus 
court.  Leur  bec  est  faible,  très  mince,  s'allongeant  en  pointe.  La 
coloration  générale  est  d'un  noir  brun  in'rdûlre,  très  signilicatif  et 
sans  rapport  avec  le  brun  du  canaria  X  Carduelii^.  En  outre  l'in- 
tlueuce  du  Tarin  est  très  apparente  sur  la  tète,  les  joues,  le  derrière 
et  les  côtés  du  cou  de  l'exemplaire  cT-  Les  deux  Oiseaux  montrent 
sur  les  pennes  des  ailes  la  barre  jaune  vif  très  accentuée  du  Carduclis, 
barre  bien  moins  apparente  chez  les  hybrides  canaria  X  Carduclis. 
Enfin  les  rectrices  en  dessus  et  en  dessous,  même  celles  de  la  femelle, 
ont  les  parties  blanches  couvertes  d'une  teinte  jaune,  et  à  l'anus 
existent  les  taches  noires  longitudinales  du  Tarin,  très  apparentes 
snr  les  couvertures  inférieures  de  la  ([ueue  de  l'exemplaire  9-  Ce 
caractère  mérite  d'être  remarqué. 

L'hybride  de  Salona,  mis  en  présence  de  ces  deu.x  pièces,  en  dif- 
fère par  sou  bec  conformé  comme  celui  de  nos  hybrides  ranarin  et 
par  sa  taille.  Sur  les  pennes  des  ailes  on  u'aiierçoit  point  cette 
barre  large  très  étendue  jaune  vif  qui  affecte  chaque  penne  des 
ailes  lies  hybrides  de  Segré.  Nulle  trace  de  celte  teinte  noir  verdàtre, 
mélange  iiiévitai)le  du  vert  du  v//mh(.s  avec  le  brun  du  ('nrdiudis  ; 
c'est  bien  le  brun  jiropre  aux  hybrides  canaria.  La  seule  dilfé- 
rence  (pi'on  peut  constater  avec  ces  derniers  consiste  dans  la  colo- 
ration des  redrices  et  des  rémiges  (jui,  chez  lui,  est  noire. 

Inutile  de  passer  en  revue  les  caractères  du  spécimen  de  M. 
Chase,  l'sq.,  ce  sont  encore  (à  un  second  examen,  et  en  présence  des 
spécimens  de  .M.  Fontaine)  les  traits  et  la  coloration  des  hybrides 
canaria;  il  s'éloigne  lotalriiieut  iIcss/h'/iks  X  Cardiu'Uf:  et  ne  ]h'uI  être 
confondu  avec  eux. 


(I)  Nous  avons  possi-ilé  noiis-mi'iiie  un  liyliriili'  <le  ceUo   origine,  le  frère  de  ces 
deux  derniers  ;  il  nous  avait  été  cédé  par  le  uiéinc  ccclésiaslique  de  Segré. 


236  A.    SUCHËTET 

Ces  remarques  s'appliquent  à  uu  troisième  exemplaire  appar- 
tenant à  M.  le  comte  Otldi  de  Padoue  et  dont  nous  avons  reçu  l'aqua- 
relle. Cet  Oiseau,  pris  à  Crémone  en  1887,  a  été  décrit  par  le  savant 
naturaliste  comme  spinus  X  Ccwdnclls  ;  son  aspect  est  celui  des 
hybrides  camivia  X  Carduclis,  il  ne  diilère  point  de  ces  derniers. 

En  voici  du  reste  la  description  telle  que  nous  l'avait  faite 
M.  Oddi,  avant  l'envoi  de  son  charmant  dessin  :  «  Bec  jaunâtre, 
iris  noir,  masque  jaune  orange,  tète  et  nuque  grises  avec  le  milieu 
des  plumes  brun  noisette.  Dos  noisette  avec  le  milieu  des  plumes 
noirâtre.  Croupion  et  couvertures  supérieures  de  la  queue  de 
couleur  brune  mélangée  de  (luehjues  plumes  jaunâtres  ou  d'un 
blanc  jaune.  Poitrail  noisette,  mélangé  de  jaune.  Flancs  et  côtés  du 
poitrail  noisette  avec  une  strie  foncée  au  milieu  des  plumes  et  quel- 
ques traces  de  jaune;  les  parties  inférieures  blanches  mélangées  de 
jaune.  Les  ailes  traversées  de  trois  bandes  jaune  olivâtre,  formées 
par  les  couvertures.  L'angle  de  l'aile  jaune  olivâtre.  Les  rémiges 
noires  bordées  vers  le  centre  à  l'extérieur  de  jaune  soufre  clair 
et  à  l'extrémité  en  blanc  Isabelle  qui  couvre  la  plus  grande  partie 
an  fur  et  à  mesure  qu'elles  s'approchent  du  corps;  rectrices  bor- 
dées de  blanc  Isabelle,  pattes  et  ongles  foncés.  ». 

Cette  description  répond  très  exactement  à  celle  que  l'on  pour- 
rait tracer  de  nos  hybrides  ranaria,  à  ce  point  que  si  nous  voulions 
décrire  ceux-ci  nous  n'aurions  qu'à  copier  la  description  de 
M.  le  comte  Oddi. 

Ces  trois  exemplaires  sont  les  seuls  qui  nous  ont  été  indiqués 
comme  provenant  du  spinuset  du  Carduelis,  à  moins  donc  de  parler 
d'un  exemplaire  que  AL  Tissi  a  mentionné  (I).  mais  sur  lequel 
l'inspecteur  des  forêts  de  Belluno  n'a  pu  nous  donner  des  rensei- 
gnements satisfaisants  et  dont  l'origine  nous  paraît  douteuse  si, 
comme  celui-ci  nous  l'écrit,  cet  Oiseau  (iiui  aurait  été  capturé  dans 
le  passage  de  la  Mauria,  commune  de  Lorenzo)  présente  une  taille 
pins  grande  que  celle  de  ses  auteurs  présumés. 

Devons- nous  cependant  considérer  les  trois  premières  pièces 
comme  produits  réels  du  camtria  dnm.  et  du  Cnrduelisl  M.  Giglioli 
accepte  celte  provenance  pour  l'hybride  pris  en  Angleterre,  mais  il 
fait  une  exception  pour  le  sien  (applicable  sans  doute  à  l'hybride 
de  M.  le  comte  Oddi)  :  «  En  Italie,  nous  dit-il,  \eSerinus  horhdanus 
et  le  Carduelis  eleijans  sont  également  communs,  vivent  côte  à  côte 
et  nichent  dans  les  mêmes  endroits  ;  qu'un  de  ces  derniers  s'unisse 
à  ^erinus  liortulanus  et  l'hybride  qui  en  résultera  ne  pourra  différer 

(I)  Primo  resoconto,  ele.  III.  p.  68,  Florence,  1891. 


OISEAUX    IIYHUinKS    REN'CONTRICS    A    l'kTAT   SAUVAGE  2'M 

di>  rhyl)ri(l('  rnmirin  (loin,  cl  Cnnlitclis  olitenii  daus  les  volières. 
La  Serinus  lioiiiilanus  \ii'èseul&  en  ellet  de  grandes  res.seniblances 
avec  le  Canari  vert,  et  son  hybride  ne  peut,  par  celte  raison,  différer 
sensil>I(Mnent  de  celui  du  niitariit,  son  très  proche  allié.  » 

Cette  liyiiolhèse  pourrait  assurémeut  être  soulevée,  (^ependaut  un 
Oiseau  aussi  petit  que  le  Serinus  hortulanus  (I)  donuerait-il  des  pro- 
duits de  hi  taille  decenxdi's  Cinxiriii  X  cardurlis  ?  Si  on  floit  sup|iri- 
nier  rélénientc'//!rn-/r/,  ne  serait-il  pas  préférable  de  supposer  comme 
deuxième  facteur  le  Frimjilla  cilrinclla  (ou  Venturon)  de  propor- 
tions plus  fortes  (2);  toutefois,  est-il  que  le  Venturon  n'existe  pas 
ou  .Angleterre  C-i).  Aussi,  nous  admettons  ])lus  voloutii'rs  que  ces 
trois  individus  et  l'exemplaire  de  M.  Mason  (celui  qui  est  désigné 
comme  Cannaliind  X  Cariliiclis)  ne  sont  autres  que  des  échappés  de 
captivité.  En  maintes  circonstances,  des  ca|itures  de  ce  geure  out 
été  faites;  nous  aurons  bientôt  l'occasion  de  signaler  plusieurs 
exemples,  nous  apprenons  même  qu'eu  Suisse  les  éleveurs  laissent 
(luelquefois  et  inlentionnellemeul  les  Canaria  X  cardaclis  $  ou 
les  Canaria  X  catmahinn  $  s'envolei'  parce  qu'elles  sont,  on  le 
sait,  impropres  à  la  reproduction  et  ne  chantent  point  (4).  Il  est 
très  probable  (|ue  cet  exemple  est  imité  par  beaucoup  d'amateurs 
d'autres  pays,  [misi[u'on  ne  voit  pas  en  cage  de  mulets  femelles. 

Quoiqu'il  en  soit,  il  nous  est  im|)Ossil)le,  d'après  les  motifs  cités, 
de  rapporter  ces  quatre  pièces  au  croisement  duspinus  X  Carduelin. 
(]e  mélange  s'est-il  niènie  réellement  jiroduit  à  l'état  sauvage  ?  Le 
rév.  Macpherson,  très  versé  dans  la  science  ties  hybrides,  nous  dit 
n'avoir  jamais  vu  d'hybrides  naturels  de  ce  croisement.  Tous  ceux  eu 
provenant,  (ju'il  a  examinés,  avaient  été  produits  eu  captivité;  les 
renseignements  (|ui  nous  sont  jiarveuus  d'Angleterre  sur  les  nom- 
breux spécimens  spinus  x  Canluelis,  exposés  au  Cristal  Palace 
pendant  ces  dernières  années,  confirment  cette  mauièie  de  voir, 
c'élaieultousdesindividusnéseu  captivilé(u). Cependant,  M.  K.  Uuhl, 

(1)  Il  csl  (le  In  iHilIc  fin  Tarin  ll'hrys.  .v'/iinii.s")  :  laille  0,11  centini.  à  0,12  cenlini.; 
grand  (liain.  O.OIIi,  pclil  iliam.  O.OI,  il'aprrs  Dei-lnnil  ipii  assigne  oxaolcmcnt  ces 
mrnjps  pro|i(irlif>ns  au  Tarin,  i|mo  nous  Irouviins  (•••pcnilaul  ilrriiléincnl  plus  Inrt. 

(2)  Taill.M),i:tci'nlini.;  ^'rand  diain.  0,01H.  petit  diaui.  O.DlViraprès  lle^iland. 
(:t)  Il  a  él«^,  d'après  M.  Scebolim,  Op.  Cil.,  Il,  p. '.K),  •  erroneuiisly  includcd  in 

British  lisl  ». 

(4)  Ces  indiratinns  nnus  sont  fournies  par  .VI.  \.  Dupuis,  de  Genève. 

(ii)  Ces  renseignements  nnus  ont  él6  envoyés  par  .MM.  11.  Uootli,  dipswicli; 
.1.  Cleaver,  de  Leicester;  T.  Crossiey.  de  Kendal:  Th.  Kunslon.  de  I.iverpool  ,  S.-D- 
Hunl,  de  King's  l.inn;  I).  Ilnidlon,  d'Edimhourjj;  ;  .1.  Kirland,  de  Hurton  on  Trent, 
etc.  Sur  de  senihlables  hybrides  voir  :  Transaelions  of  Ihe  Norfolk  and  Xorwieli 
naluralist's  Soriely.  Hijhriil  Finclie.<,  par  le  rév.  Maepherson,  p.  :tri8,  ISSC-ISS": 
voir  aussi  Zoologisl,  p.  1770,  1870. 


238  A.    SUCHETET 

(leVerviors.nurnit  vu  des  piiTes  prises  à  l'étal  sauvage,  «  mais  louli's, 
indlstiiictenieiil,  s'éloujniml  des  produHs  roiimuins  du  caiiaria  (loin. 
X  Cardudis  etresscnililant  aux  spinusX  Curduelis  de  AI.  Fontaine.  » 

Carduelis  elegans  et  Fringilla  canaria 

Le  croisement  ([ue  nous  allons  rappeler  et  les  quatre  suivants, 
quoique  s'étant  produits  à  l'état  libre,  ne  peuvent  être  mis  au  rang 
des  hyl)ridismes  naturels;  mais  nous  les  citons  pour  confirmer  ce 
que  nous  venons  de  dire:  à  savoir  qu'à  l'état  sauvage  on  rencontre 
de  temps  à  autre  des  échappés  de  captivité,  hybrides  ou  non, 
s'appariant  quelquefois  avec  d'antres  espèces.  L'exemple,  qui  fait 
l'objet  de  cet  article,  présente  d'autant  plus  d'intérêt,  qu'il  a  été 
observé  en-  Angleterre,  la  terie  par  excellence  des  FringilUdœ 
hybrides. 

Dans  le  courant  de  l'automne  de  1838,  un  Oiseau  cf.  issu  d'un 
Chardonneret  et  d'une  lemelie  de  Canari,  s'échappa  de  la  volière  de 
de  M.  George  Cookson.  L'Oiseau  ue  fut  revu  qu'au  printemps  sui- 
vant, mais  alors  il  se  trouvait  en  compagnie  d'un  Chardonneret 
avec  lequel  on  le  vit  bientôt  rassembler  les  matériaux  nécessaires  à 
la  construction  d'un  nid.  Le  nid  fut  découvert,  il  était  placé  dans 
un  Cèdre,  près  de  la  volière  où  l'hybride  avait  vécu.  Quatre  œufs 
furent  pondus,  ils  furent  recueillis  avec  soin  par  M.  Cookson  qui 
les  plaça  sous  un  Canari,  mais  ces  œufs  ue  purent  éclore.  Quelques 
jours  après  leur  désenchantement,  les  Oiseaux  bâtirent  un  second 
nid  dans  le  même  arbre.  Cette  fois,  on  ue  les  dérangea  point  et  le 
résultat  fut  plus  favorable;  cinq  jeunes  naquirent  de  leur  union. 
M.  Cookson,  qui  s'intéressait  toujours  vivement  à  ce  croisement, 
retira  les  cinq  petits  du  nid  dix  jours  environ  après  leur  naissance  ; 
sur  ce  nombre  deux  mâles  et  deux  femelles  vivaient  encore  lors- 
qu'il publiait  son  récit  en  1840  (I). 

(1)  .^iinals  (>[  N'atiiral  llistory  or  Maj.;aziiie  (i(  Zoology,  Bol.iny  anil  Gcolony,  con- 
(lucted  by  sir  \V.  Jardine,  1'.  li.  Selhy,  csii.  elc.  V,  p.  424,  1840. 

Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  suivre  les  expériences  i|ue  lit  M.  Cookson  avec  ces 
jeunes.  Au  comniencomenl  <lu  printemps  il  accoupla  un  des  nulles  trois  ([uarls  sang 
Chardonneret  et  un  quart  Canari  avec  une  lemelle  de  Canari,  mais  le  nid  était  mal 
fait  et  11  fallut  faire  Ijeaucoup  d'ellorts  pour  sauver  les  O'ufs  qui  furent  jilacés  sous 
un  Canari.  Un  seul  petit  Oiseau  vint  au  jour.  .-Vprès  cet  insuccès,  un  second  nid  fut 
construit  et  eut  le  sort  du  premier.  M.  Conlison  enleva  alors  le  uiàle  et  le  mit  dans 
sa  volière. Celui-ci  lit  choix  presque  ininiédialenient  d"iin  autre  Oiseau  des  Canaries^ 
pour  s'apparier  avec  elle.  M  Cookson  mit  alors  le  nouveau  couple  dans  une  cage  et 
un  nid  fut  construit  en  moins  d'une  semaine  ;  quatre  œufs  lurent  pondus.  L'expé- 
rimentateur avait  eu  soin  d'entourer  le  nid  de  flanelle,  de  sorte  que  les  œufs  ne  purent 


OISEAUX    IIVIIIUDES    IIK.NCONTIIÉS    A    L  ÉTAT    SAUVAGE  239 

Voici  1111  iuitro  exemple  : 

M.  .lacol)  Spreclier,  (le  Coire  (Suisse I,  nous  a  raconté  que  l'on  avait 
vu  il  y  a  peu  de  temps  dans  sa  contrée,  pendant  l'automne  de  1891, 
deux  petits  Oiseaux  dont  le  eorps  était  complètement  blanc  jus([u'à 
la  tête,  à  l'exception  de  l'anneau  rouge  du  Chardonneret.  C'étaient 
deux  hybrides  ([ui  provenaient  d'un  Chardonneret  et  d'une  femelle 
de  Canari.  Cette  dernière,  retenue  en  cage,  en  compagnie  de 
Chardonnerets,  s'était  un  beau  jour  éciia|)pée  et,  après  avoir  vécu 
avec  la  nourriture  que  la  Société  ornithologique  fait  |)réparer  pour 
l'hiver,  elle  s'était,  an  mois  de  mai.  appariée  dans  la  forêt  avec  un 
jeune  Chardonneret.  Elle  avait  couvé  dans  les  bois  et  fait  édore  ses 
œufs.  Un  des  petits  fut  pris  après  la  sortie  du  nid  par  un  oiseleur 
qui  le  vendit  à  Saint-Gall. 

FrINGILLA  CANARIA  Ct  CaNNABINA  LINOTA 

Dans  un  jardin  situé  près  de  la  ville  de  Kiel  (Allemagne), 
M.  Heucli  observa,  il  y  a  f[uatre  ans,  un  nid  f|uc  construisirent  un 
mâle  Canari  et  une  femelle  Linotte,  i^e  nid  était  placé  dans  un 
arbre.  L'observation  de  M.  Heuch  dura  jusqu'au  moment  où  les 
jeunes  furent  prêts  à  s'envoler,  toutefois  on  ne  les  vit  pas  quitter 
le  nid  (1). 

LoxiA  ORvzivoRA  et  Fringilla?  (espèce  non  déterminée). 

M.  de  Reaurefons,  du  château  de  Cerisay,  nous  écrit  qu'un 
couple  de  Calfats,  s'étant  échappé  de  ses  volières,  contracta  un 
mélange  avec  d'autres  Oiseaux,  car  il  aperçoit  maintenant  trois  ou 
quatre  jeunes  tenant  surtout  du  Calfat,  mais  ayant  le  ventre  rouge. 

(■'Irc  diHriiils  (qiioiiitio  ce  niil  fiU  mis  en  pièces  romiiie  la  première  fois).  Nous  ne 
savons  s'ils  èlaienl  fécondés;  au  moment  où  M.  Cooltson  écrivait  son  récit,  la  femelle 
pondait  encore.  Nous  savons  seulement  ijue  le  mile  écarté  une  deuxième  (ois,  «se 
raccommoda  »  avec  sa  première  compagne  ijui  pondit.  On  ne  vit  jamais  aucun  Oiseau 
aussi  poric  à  la  reproduction  fpic  cet  liyliride.  Une  deuxième  expérience  de  repro- 
duction fui  lenléc  en  accouplani  le  deuxième  hybride  c"  avec  une  femelle  du  mémo 
niil  ;  il  résulla  de  celle  union  Irois  leufs  dont  un  vint  à  éclosion  après  avoir  été  mis  en 
incubation  sous  un  Canari.  I.e  jeune  nouvellemeiil  éclos  présentait  ilonc  cini|  parties 
Oinnri  el  trois  parties  Chardonneret. f>s  divers  produits  n'élaienl  pas  des  hybrides  à 
proprement  parler,  c'est  à-dire  des  Oiseaux  nés  du  croisement  de  deux  hybrides  demi 
sanjj,  mais,  dans  le  premier  cas,  nés  d'un  hybride  avec  une  espèce  pure,  el  liaris  le 
second  cas  de  deux  hybrides  trois  quarts  sang  Chardonneret  si,  cocnine  nous  le  pen- 
sons, M.  Cookson  entend  par-  femelle  du  même  niil  »  la  scrur  de  l'hybride. 

(I)  On  croirait  plus  volontiers  que  le  Caniri  était  la  femelle  el  la  l.inolte  le 
màlc. 


240  A.    SUCHETET 

Malgré  tous  les  pièges  tendus,  ces  jeunes  Oiseaux  n'ont  pu  être 
capturés. 

Emberiza  brasiliensis  (1)  et  Passer  domesticus 

M.  Louis  Pitot,  rie  Vire  (Calvados),  nous  fait  connaître  un  fait  du 
même  genre.  Un  Bouton  d'or  {Emheriza  hrasiliensis)  s'étant  échappé 
se  croisa  dans  son  jardin  avec  une  femelle  Moineau.  Assez  fréquem- 
ment on  aperçoit  les  jeunes,  mais  on  n'a  pu  encore  réussir  à  les 
prendre  ("2). 

Autres  Exemples  : 

Nous  avons  eu  l'occasion  de  parler  (en  note),  à  l'article  iJijurinus 
chloris  et  Cannabina  iinota,  d'un  soi-disant  hybride  de  ces  deux 
espèces  que  l'on  dit  avoir  été  prisa  Norfolk,  et  qui  n'était  auti'o, 
d'après  ce  que  nous  avons  pu  constater,  qu'un  Canari  vert  échappé 
de  quelque  cage  (3).  Nous  avons  également  parlé,  dans  le  même 
article,  d'un  /,.  chloris  x  C.  Ihiota  authentique,  pris  à  l'état  sauvage, 
et  qui  n'était  autre  encore  qu'un  échappé  de  captivité  ;  nous  venons 
de  rappeler  qu'en  Suisse  on  laisse  quelquefois  les  Mulets  9  s'eu- 
voler.  Dans  la  collection  do  M.  Seehohm,  il  se  trouve,  d'après 
M.  Gurney  (4),  une  Linotte-Canari  qui  fut  tuée  à  l'état  sauvage 
près  d'Amsterdam.  M.  Gurney  suppose  avec  raison  que  cet  Oiseau 
s'était  échappé  de  quelque  cage.  Dernièrement,  nous  recevions 
d'une  collection  importante  du  Pas-de  Calais  un  Oiseau  tué  dans 
les  environs  de  Marseille  et  que  son  propriétaire  pensait  être, 
d'après  les  renseignements  qu'on  lui  avait  adressés,  un  hybride  du 
Tarin  {Cliry.  spinm)  et  de  Bruant  melanocephale  {Einlirri:a  iiielarw- 
n-phala).  L'Oiseau  montré  par  nous  à  M.  Oustalet  fut  reconnu  pour 
être  un  Tarin  de  l'espèce  Chri/somifris  notatit,  du  Bus,  c'est-à-dire 
un  Oiseau  exotique,  échappé  de  cage;  car  il  n'est  pas  présumable 
qu'une  espèce  ([ui  habite  le  Mexique  et  le  Guatemala  soit  venue 
émigrer  en  Provence.  M.  Oustalet,  par  la  même  occasion, 
nous  cite  le  fait  des  Perruches  ondulées  d'.\ustralie  tuées,  dans 
les  mêmes  conditions,  près  de  Marseille.  Enlîn,  .M.  C.  Kolde, 
haiipth'lirer  (maître  principal)  à  Langenbielen  i.  Sclil.  (Allemagne), 

(1)  Autres  noms  :  Frinigilla  l»-asiliensis,  Passeritm  flava.  LinarUi  aurifrnnf:. 

(2)  Pour  plus  (le  détails,  voyez  plus  loia    les  croisements  entre  Oiseaux  appar- 
tenant à  lieux  genres. 

i'J)  M.  J.  11.  Gurney  a  eu  la  complaisance  de  nous  envoyer  cet  Oiseau. 
(4)  Zoologist,  VU,  n"  SO,  p.  37'.1,  1883. 


OISEAUX    IIYBniDES    REXCONTIIKS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  241 

se  rappelle  avoir  rencoiilré  sur  sa  route,  en  traversant  uu  village, 
il  y  a  de  cela  une  trentaiuo  d'années,  un  hybride  de  Canlitelis  et 
de  canai'ia  <|ui  ne  pouvait  tHre  autre  qu'un  Oisi^au  parti  de  quelque 
chambre.  L'Oiseau  u"avait  pu  ùtre  attrapé. 

Notre  but,  nous  l'avons  dit,  eu  citant  ces  exemples  (1)  est  de 
montrer  qu'on  rencontre  de  temps  en  temps  des  Oiseaux  échappés 
de  captivité,  vivant  à  l'étal  sauvaj^e  (et  même  quelquefois  se  repro- 
duisant avec  d'autres  espèces)  ;  bien  d'autres  faits  de  ce  genre 
pourraient  sans  doute  être  rappelés.  Ainsi  les  trois  hybrides  qui 
nous  ont  été  si  gracieusement  envoyés  par  MM.  Masou,  Chase  et 
Giglioli,  et  l'exemplaire  de  M.  le  comte  d'Oddi,  dont  nous  avons 
reçu  l'aquarelle,  pourraient,  à  la  rigueur,  être  considérés  comme 
des  CdiKiriii  ilmn.  X  Conhirlis  clri/nns  échap])és  de  captivité  ou  des 
hybrides  dont  l'un  des  paiciits  au  moins  aurait  vécu  eu  domesticité. 
Toutefois,  comme  le  savant  professeur  de  Florence  admet  par  son 
exemplaire  l'origine  Seriinis  Iwituldiiiis,  nous  iiuliquons,  mais  à 
litre  d'hypothèse,  le  croisemeul  du 

Serinus  hortulanus  (2)  et  Carduelis  elegans 

Auquel  nous  référons,  sous  toute  réserve,  et  nous  l'avouons,  avec 
une  certaine  hésitation,  le  spécimen  du  Miisco  di'i  Verlrbrati,  tué  à 
Saloiia,  en  mars  1878.  Du  reste  le  c.roi^cmc\]l  ilu  Serinus  hortulu nus 
et  du  Carduelis  elegans  peut,  à  la  rigueur,  ligurer  sur  notre  liste, 
car,  nous  apprend  M.  Emile  Ruhl,  de  Vcrviers,  on  rencontrerait 
des  hybrides  de  ce  genre  dans  le  Wurtemberg  (région  de  .Stuttgart), 
et  près  de  Francfort-snr-le-.Mein,  endroits  où  les  Chaidonnerets  et 
ces  petits  Serins  sont  très  communs,  paraît-il.  Dans  cette  dernière 
ville,  un  M.  Gill,  mort  aujourd'hui,  aurait  pris  vers  1865  de  sem- 
blables spécimens. 

CeiJcndant,  ayant  écrit  à  divers  marchands  d'Oiseaux,  amalcurs 
ou  oiseleurs  de  ces  deux  contrées,  pour  nous  renseigner  sur  ces 
croisements,  nous  n'avons  obtenu  aucune  indication  à  ce  sujet. 

(t)  Qui  ne  sont  [as  absoluincnl  à  leur  place  puisqu'ils  n':i|ipai'liennoiil  pas  lous 
au  urnro  Fringilla. 

(2)  Autres  noms:  Frinriillit  srriiiu.i,  l'dsser  serinus.  I.oxin  serinus,  Serinus 
)iieridi(iiiulis,  Serinus.  l'i/rrhulii  serinus,  l'ringilln  islnn/licn,  Serinus  pnves- 
cens,  Serinus  lule'ilus.  CrUngtt  serinus,  etc. 

D'apri^s  M.  Sliarpe  {Cul.  hrilisli  Muséum.  .MI,  p  .17(1),  le  Serinus  Canaria  nesl 
p:is  uuc  espère  ilislincle  du  Serinus  hortulanus,  il  n'en  esl  (|u'uue  race,  ou  plulot 
une  sous-espèce. 


242  A.    SUCHETET 

M.  Ernst  Hartet,  uu  ornithologiste  émérite  (1)  qui  a  haltité  deux 
ans  Francfort,  n'a  jamais  entendu  parler  de  croisements  de  ce 
genre,  il  les  met  même  fortement  eu  doute;  pour  lui,  uu  tel  hybride 
est  un  mythe.  M.  D.  Paulstich,  liealsc huile lircr,  d'Hanau-sur  le- 
Mein,  se  montre  aussi  sceptique  ([ue  M.  Hartet  sur  l'existence  de 
ces  produits.  Nous  aurions  été  heureux  de  pouvoir  examiner 
quelques  spécimens  et  de  les  rapprocher  de  ceux  qui  nous  ont  été 
indiqués  comme  ^pijius  X  Canlurlia.  M.  Emile  Ruhl,  qui  obtint  en 
captivité  le  croisement  du  FriiujIUa  sfriniis  et  du  ('(inhulis,  prétend 
qu'un  œil  exercé  peut  distinguer  les  produits  qui  en  résultent  de 
ceux  du  Canaria  dom.  X  Cardiieiis;  malheureusement  M.  Ruhl  n'a 
point  conservé  ses  Oiseaux  empaillés  ou  quelque  peinture  permet- 
tant de  les  juger.  Si  l'hypothèse  soulevée  par  M.  Giglioli  au  sujet 
de  l'hybride  de  Saloua  est  vraie,  elle  pourrait  être  proposée  pour 
les  exemplaires  de  MM.  Mason,  Chase  et  Oddi,  et  tout  particuliè- 
rement pour  la  Linola  X  canaria  de  la  collection  Seebohm,  car  un 
Serinus  bortulanus,  égaré  en  Hollande,  pourrait  de  même  s'être  uni 
à  une  Linola  cannabinal 

Pour  mémoire,  nous  ferons  donc  figurer  sur  notre  liste  le  croise- 
ment toujours  très  hypothétique  du 

Serixus  hortulanus  et  Linota  cannabina 

Bien  peu  probable,  nous  l'avouons,  et  auquel  nous  préférons  de 
beaucoup  celui  du  Frinijilla  canaria  dom.  x  Linota  cannabina  dans 
le  cas  où  la  Linotte  hybride  de  M.  Seebohm  (([ue  nous  ne  connais- 
sons pas)  ne  serait  point  un  Oiseau  échappé  de  captivité?  Du  reste, 
comme  on  l'a  lait  pour  le  croisement  du  Serinus  hortulanus  X  Car- 
(luelis,  ou  peut  laisser  subsister  ce  titre  pour  un  autre  cas,  car 
M.  Pistone  dit  avoir  eu  à  noter,  mais  alors  en  Italie,  un  hybridisme 
naturel  entre  Cannabina  linota  et  Scrinu-s  hortulanus,  pris  en 
mars  1882  (2). 

Ce  spécimen,  nous  dit-il,  fut  pris  au  filet  au  Faro  (Messina).  C'est 
lui-même  qui  l'a  acheté  au  marché  et  maintenant  l'Oiseau  fait  partie 
de  sa  collection  sicilienne.  En  outi  e,  M.  Pistone  a  pu  constater  sou 
sexe  qui  est  mâle  (3). 

Les  indications  que  M.  Pistone  nous  donne  sur  les  caractères 

(1)  M.  Ernest  Hartet  a  écrit  le  Katalog  iter  VogeL^animliing  in  .Muséum, 
Frank furt-uiH-)lein  :  il  travaille  en  ce  moment  à  Londres  au  Catalogue  tics 
Oiseaux  du  Musée  Britannique. 

(2)  Primo  resoconlo,  etc.  p.  69,  Florence,  1891. 
(;()  Les  organes  génitau.v  étaient  très  développés. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A    I.'kTAT   SAUVAGE  243 

de  cet  Oiseau  feraient  volontiers  croire  que  c'est  un  liyiiride  de 
Canorin  X  linotn  érliaiipé,  car  (luoiijue  la  eroupe,  les  ailes  et 
quelques  iilunies  de  la  tète  aient  toutes  les  couleurs  du  Serinus 
hortulanus,  l'Oiseau  ressemble  à  un  Cannabina  linota  9. 

Nous  possédons  vivant  un  hybride  de  ce  dernier  croisement  et 
qui  est  également  liituin  dans  son  as])ect  et  même  par  la  coloration. 

M.  le  D'  Winteler,  président  de  la  Société  Oruith.  d'Aarau,  nous 
décrit  de  la  même  façon  trois  hybrides  randiiii  X  linotn  qu'il  a 
élevés. 

Nous  avons  remarqué  que  M.  Sharpe  réunit  au  S.  hortiilitnus  le 
F.  canaria,  comme  race  ou  sous-espèce  (subspecies)(l).  Dans  le  cas 
où  une  différenciation  spécifique  ne  pourrait  être  établie  entre  le 
type  insulaire  et  le  type  continental,  le  croisement  de  /•".  canaria  X 
Cannabina  serait  à  reporter  à  celui  du  .S.  liDrtiilanus  X  Cannabina. 

Chryso.mitris  spinus  et  Ligurinus  chloris 

Si  le  croisement  du  Carduelia  fhijanii  i'I  du  Chnjsoiiiitris  ftjiinu.'i, 
basé  sur  les  exemplaires  de  MM.  Giglioli,  .\bison,  Chase  et  Oddi,  ne 
nous  paraît  pas  supposable,  le  mélange  du  Chrysomitris  spinus  avec 
le  l.iijurinits  chloris  nous  laisse  aussi  beaucoup  de  doutes.  Nous  ne 
connaissons,  du  reste,  ([ue  deu.x  exemplaires  aux(|uels  on  attribue 
cette  origine. 

f^e  premier  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  baron  Ed.  de 
Selys-I>on;j;champs,  à  Longchamps-sur-Ger  ;  le  deuxième,  pris  avec 
quelques  Tarins,  à  Taverhaue,  près  de  Norwich,  le  12  décembre 
188(j,  n'existe  plus;  du  moins  il  s'échapi)a  et  on  ne  le  revit  plus. 
Pendant  sa  captivité  il  fut,  nous  dit  M.  Gurney,  montré  par  sou 
|)ossessenr.  M.  Mackley,  à  une  réunion  de  la  Société  des  Natura- 
listes de  Norwich  ;  M.  .Mackley  le  considérait  comme  provenant  du 
Siskin  (Tarin)  et  du  Grecnfmch  (Verdier). 

Tout  en  ayant  de  fortes  présomptions  en  faveur  de  l'origine 
spinus  X  chloris  de  son  spécimen  pris  aux  lilets  à  Liège,  M.  de 
Selys-Longchamps  n'a  pas  toutefois  voulu  nous  allirmer  cette 
origine  d'une  façon  absolue,  et  reconnaît  que  la  ressemblance  de 
son  Oiseau  avec  chloris  pourrait,  à  la  rigueur,  s'expliquer  par  un 
croisement  du  spinus  avec  le  canaria  dom. 

Le  savant  naturaliste  belge  a  bien  voulu  nous  faire  connaître  cet 
intéressant  spécimen  par  une  aquarelle,  peinte   par  lui-même,  et 

(1)  Catalogue  of  Birds  of  Brititi  Muséum,  XII,  p.  370. 


244  A.    SIICHETET 

par  une  photographie  exécutée  par  M.  de  Selys-Longchamps,  son  fils. 
En  outre,  il  nous  a  adressé  plusieurs  descriptions,  écrites  à  diflé- 
reutos  reprises,  en  présence  de  l'original. 

D'apiès  l'aquarelle,  l'Oiseau  montre  évidemment  son  origine 
spiniis,  mais  il  n'indique  pas  sullisamnieut  le  deuxième  facteur 
{)résunié,  le  Lignrinnti  chloris.  Le  croisement  du  Spiiius  avec  le 
Canari  est  si  commun  et  si  fréquent  chez  les  éleveurs  que  nous 
nous  demandons  s'il  ne  s'agit  pas,  dans  le  cas  présent,  d'un  hybride 
de  ce  génie,  échappé  de  quelque  cage?  Il  existe  au  .Muséum  d'His- 
toire naturelle  de  Paris  une  pièce  indiquée  comme  s pinus  d"  X  cana- 
ria  $  qui  ressemble  étonnamment  à  l'aquarelle  que  nous  avons 
reçue. 

La  première  description  que  voulut  bien  nous  adresser  M.  de 
Selys-Longchamps  est  la  suivante  :  «  Ressemble  surtout  à  spiniis 
|iar  le  dessus  de  la  tête  noiràlre,  les  deux  baudes  noirâtres  des 
ailes,  la  nuance  olivâtre  du  dos  et  celle  jaunâtre  du  dessous  du  corps. 
Diffère  du  spiniis  par  l'absence  de  la  tache  noire  sous  le  bec,  le 
iiiamiue  de  llammèches  noires  au  dos  et  aux  flancs  et  le  bord 
clair  des  rémiges,  qui  est  cendré  foncé  et  noir  jaunâtre.  —  Bec 
de  forme  intermédiaire  entre  les  deux  parents,  en  cône  droit 
comme  CdntKtlihia,  nullement  renllé.  Taille  également  intermé- 
diaire. » 

On  remaniue  facilement  qu'un  hybride  canaria  et  spinus  pour- 
rait reproduire  les  mêmes  caractères.  Nous  avons  présenté  ces 
observations  à  M.  de  Selys-Loiigchamps  qui  nous  a  répondu  de  la 
manière  suivante,  après  avoir  longtemps  examiné  son  exemplaire 
en  présence  de  ses  parents  présumés  et  d'espèces  voisines  : 

«  Tient  de  chiuris  :  A.  bec  /)/((.s  gros  que  spinus;  B.  pas  de  noir 
sous  le  bec;  C.  le  milieu  du  ventre /a»/ic,  de  même  que  la  gorge  et 
le  haut  de  la  poitrine  (la  partie  entre  ces  deux  couleurs,  d'un  jaune 
verdâtre  ;  D.  pas  de  flammèches  noires  ni  an.r  flancs  ni  aux  couver- 
tures inférieures  de  la  queue;  E.  le  dessus  du  croupion  verdâtre, 
sans  aucune  flamwt'clw  noire  (il  est  plus  jaune  à  flammèches  chez 
spinus);  F.  la  nuance  cendrée  de  la  barbe  extrême  des  secondes 
rémiges  (légère  indication  dont  on  trouve  les  vestiges  chez  plusieurs 
chloris).  » 

En  terminant  cette  description,  M.  de  Selys-Longchamps  ajoutait  : 
"  La  provenance  du  spinus  est  évidente.  Quant  à  celle  qui  serait 
la  part  de  chloris,  elle  est  moins  certaine,  d'une  façon  absolue;  mais 
elle  paraît  réelle,  à  moins  donc  que  l'Oiseau  ne  vienne  d'un  Canari 
verddtre  échappé,  mais  la  queue  est  courte  comme  chez  chloris 
et  spinus  et  bien  colorée,  sauf  en  dessous.  » 


OISKAIIX    HYBRIDES    IIICNCONTRKS    A    L'KTAT    SAlIVA(iK  243 

«  Celte  ((ueiie  couric  semble  donc  phiider  coulic  l'idée  qii'uu 
Canari  échappé  serait  l'un  des  parents,  la  coloration  de  la  lôte  et 
de  la  (|ueue  sont  eu  faveur  de  s}ii)uts,  comme  la  grosseur  du  l)ec  et 
la  taille  semblent  justifier  aussi  la  ])rovenance  de  (•///(/;•/>•.  » 

C'est  ainsi  que,  sans  allirmer  d'une  manière  positive  l'origine 
Li(j.  chloris,  le  savant  académicien  la  préfère  à  l'origine  canaria. 

Les  dimensions  de  cet  intéressant  exemplaire  sont  les  suivantes: 

Aile  fermée,  7o  à  76'"'";  ([ueue,  plumes?  et  reclrices  externes, 
48™™;  bec,  depuis  la  base  de  l'arête  supérieure  au  front,  llmm; 
mandibule  inférieure,  depuis  la  base  non  emplumée.  12""n  ;  tarse, 
jusqu'au  doigt  postérieur,  13""";  doigt  postérieur,  sans  l'ongle,  T™™. 

La  capture  de  l'Oiseau,  qui  paraît  de  sexe  mâle,  remonte  à 
dix-liuil  ans  environ.  Le  ('liruxoiiiitris  siiiniis,  nous  dit  M.  de  Selys- 
Lougeliamps,  arrive  en  Belgitjue  en  octobre  et  part  au  printemps; 
c'est  un  Oiseau  d'hiver  ;  très  accidentellement  il  reste  des  individus 
égarés.  M.  de  Selys  a  cependant  i-eucontré  un  nid  de  celte  espèce. 
La  production  d'hybrides  de  ce  tyjie  avec  le  /./;/.  cltlaiis  serait  due, 
d'après  lui,  à  ces  exemplaires  restés  accideutellemeut  pendant  l'été 
dans  cette  région. 

Si  le  s|)écimen  décrit  est  un  croisement  réel  du  chloi'is  et  du 
sfjiniis,  il  ne  peut,  en  effet,  être  cousidéré  comme  un  Oiseau  échappé 
de  cage,  car  un  tel  croisement  en  captivité  est  presque  impossible 
à  trouver.  Nous  ne  connaissons  (ju'un  seul  exemple  obtenu  en  cage 
par  M.  l'abbé  Coutelleau,  de  Chazé-llenry  (Maine-et-Loire)  (1),  quoi- 
que le  rév.  .Macpherson  ait  cité  un  autre  exemplaire  né  à  Carlisle, 
en  1883  (2). 

Au  moment  de  mettre  sous  presse,  M.  Tissi,  sous-inspec- 
teur forestier  à  Belluno,  nous  signale  un  hybride  spintisX  chloris 
pris  récemment  eu  Italie;  mais  M.  ïissi,  ne  peut  nous  fournir 
aucun  délai!  sur  cette  capture,  il  attend  lui-même  de  plus  amples 
informations  (3). 

(1)  (Itl  lioiii)ial)l(î  ecclésiasticiuc  aurait  obtenu  deux  couvées,  rtoni  quatre  jeunes. 
Un  seul  lies  petits  survcciil,  les  trois  autres  ayant  été  dévorés  par  des  rats  alirons. 
Le  survivant  (ul  cédé  à  nn  professeur  de  l'institution  de  Conibrée.  Il  était  de  se.xe  4., 
de  la  grosseur  du  Chardonneret,  bec  court  et  gros,  léte  du  Tarin,  ailes  du  Bruant 
(Verdier),  le  venin'  était  jaune. 

Nous  sommes  heureux  d'apprendre  que  M.  l'abbé  Coutelleau  se  propose  de  tenter 
de  nouveau  ce  croisement  fort  intéressant,  car  il  permettra  de  juger  plus  aisément 
l'hybride  de  M.  de  Selys-Longchamps. 

(2)  Voy.  Ilybrid  finches.  op.  cit.,  p.  :m.  et  aussi  Zoolopist,  p.  .'$39,  1889. 

(3)  Sebinus  hortulanus  et  Kringilla  citrinella  (a).  —  M.  Brce  cite  (6),  d'après 
Crcspon,  le  croisement  du  Citril  fincli  l'Fringilta  cilrinella)  et  du  Serin    Finch 


246  A.    SUCHETET 

ACANTHIS   LINARIA   (1)   et   SPINUS   PINUS  (2) 

M.  Brewster  (3)  remarque  que  V.lùjiothus  Birusteri  (Brewster's 
Lianel)  est  pres(iue  intermédiaire  entre  .£.  linaria  et  Chiysomitris 
pinus,  et  que  cet  exemplaire,  le  seul  que  l'on  connaisse  de  ce 
genre,  pourrait  être  considéi-é  comme  un  hybride  entre  ces  deux 
espèces.  Ce  u'esl  là  qu'uue  supposition. 

Le  Brewster's  Liuuet  est  porté  sur  la  liste  hypothétique  du  «  Code 
uj  Nomenclature  »  adopté  par  l'Union  Américaine  des  Oruitholo- 
gisles  (4).  Ce  seul  exemplaire  fut  tué  dans  une  bande  de  .£.  linaria, 
dont  cinq  furent  abattus  par  la  même  décharge.  Il  fut  obtenu  à 
Waltham,  Mass.  par  M.  William  Brewster,  de  Cambridge.  Aucun 
des  quatre-vingt-dix  spécimens  préparés  par  celui-ci  pendant 
l'hiver  ne  ressemble,  disent  les  auteurs  des  «  Oiseaux  de  l'Amé- 
rique du  i\ord  (5),  à  cet  Oiseau,  qui  en  diffère  complètement. 
Le  type  dont  il  s'approche  le  plus  près  est  WE.  flavirostris  $ 
d'Europe  (6). 


{Fringilla  serinus).  M.  Bree  n'indique  pas  l'ouvrage  de  Crespou  dans  lequel  il  a  pris 
ce  l'enseignement  ;  il  ne  dil  pas  non  plus  si  le  croisement  a  lieu  en  captivité  ou  à 
l'état  sauvage.  On  lit  seulement  .ces  mots  :  «  According  lo  M.  Crespon  il  {Citril 
Finch)  uill  bred  icilli  the  Serin  Finch.  « 

Dans  VOrnithologie  du  Gard  de  cet  auteur  (c),  nous  n'avons  pas  trouvé  l'asser- 
tion que  M.  Bree  lui  prête  ;  Crespon  dit  seulement,  en  parlant  du  Venturon,  que 
cette  espèce  peut  être  appariée  avec  le  Serin  des  Canaries.  Nous  n'avons  point  été 
plus  heureux  en  consultant  la  Faune  nu'ridionale  (d).  Par  Serin-Kinch,  le  feu 
auteur  des  Zi»'(/.-i  o/'i'wropn  a-t  il  voulu  désigner  le  FnH3i7(((  canaria  et  non  le 
F.  serinus  f  Ceci  nous  parait  très  sup|iosable.  M.  Dresser,  que  nous  avons  consulté, 
est  de  cet  avis. 

(«)  Autres  noms  :  Citrinella  aipina,  Serinus  ilalicus,  Serinus  cilrinella, 
Fringilla  aipina,  Ciirinelta  serinas,  CannaOina  citrinella. 

{b)  Birds  of  Europa,  IV,  p.  24.  Georges  Bell  et  Sous,  London. 

{(■)  Nimes,  1840. 

(d)  Nimes,  1844. 

(1)  Autres  noms  :  ^-Egiothus  linaria,  Passer  linaria,  Spinus  linaria,  Linota 
linaria,  Linaria  minor,  Fringilla  borealis,  Linaria  americana,  £giolhus 
l'urcescens, Linaria  rubra  minor? 

(2)  Autres  noms  :  Linaria  pinus,  Chrysomilris  pinus,  Chrysoinilris  macroptera, 
AstragaUnus  pinus,  Fringilla  pinus. 

(3)  Nutt.  ornithological  club,  VI,  p.  223,  ISSl. 

(4)  Page  354,  édit.  de  188G. 
(o)  II,  p.  501. 

(6)  AsTRAGALiNus  PINUS  et  ,\sTKAG.\Lixis  PSALTRiA  M.  L.  Beldiug,  de  Stockton 
(Californie),  nous  a  fait  savoir  que  pendant  l'hiver  de  1878  à  1880,  il  tua  dans  cet 
état  un  Chardonneret  parmi  une  volée  de  Chrysomilris  pinus  (aujourd'hui  connus 
des  ornithologistes  sous  le  nom  A'.istragalinus pinus).  M.  !..  Belding  supposa  que 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTKKS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  247 

ACANTHIS   LINAUIA    Cl   ACANTHIS    EXILIPES 

M.  Ridgway  fait  figurer,  dans  sou  Catalogue  des  Oiseaux  du  Nord, 
public  en  1880  (1),  l'.Eijiothus  exilipcs  comme  race  ou  sous-espèce  de 
l'.hijiotlius  aini'xcens  (appelé  aussi  Ilonwniani).  M.  Leonliard  Stej- 
neger  partage  cette  manière  de  voir  (2).  Dans  la  Chn-k-Lisl,  adoptée 
par  rUuiou  des  Ornithologistes  américains  en  188G,  VAcantliis 
cxiUiJCs  ligure  aussi  comme  variété  de  l'Avanlliis  llornciiutni  ('.]). 

Or,  si  M.  Slejneger  ne  fait  point  erreur,  l'hybride  de  ces  deux 
formes  aurait  été  observé  à  Alarka  par  M.  E.  VV.  Nelson.  M.  Brooks 
a  cité  lui-même  quatre  exemplaires  du  genre  Acdtilhis  qui,  avec 
toutes  les  apparences  d'i'.rilipes  (sauf  les  plumes  du  croupion  et  celles 
(le  la  queue  de  couleur  un  peu  plus  accentuée)  paraissent  être  ou 
hybrides  d'ej-ilipcs  X  llnaria,  ou  d'une  espèce  distincte.  Cependant 
les  caractères  intermédiaires  que  ces  quatre  individus  présentent 
sont  si  faibles  (|u'il  serait  peut-être  plus  rationnel  de  les  considérer 
comme  des  ci-ilijX's.  Chez  tons  les  adultes  cf  que  M.  Stejneger  eut 
l'occasion  d'examiner,  un  seul  présentait  des  caractères  légèrement 
intermédiaires,  mais  si  faibles  également,  qu'il  n'hésite  pas  à 
le  considérer  comme  un  vrai  petit  Uiinrin.  M.  Slejneger  fait  remar- 
quer à  cette  occasion  (\\i'rj-iliiu's  devient  graduellement  jikis  petit 
au  fur  et  à  mesure  (|u'on  va  de  l'est  à  Alarka  et  au  nord-est  de 
l'Asie.  La  dillérence  de  taille  est  si  graduelle  que  l'on  ne  peut 
séparer  les  Oiseaux  de  l'orient  de  ceux  de  l'occident,  ilest  impos- 
sible d'accuser  chez  eux  la  plus  légère  différence  dans  la  colora- 
tion (4). 

La  plupart  des  espèces  du  genre  Sizerin  (Linaria),  peu  nom- 
breuses du  reste,  sont  si  peu  distinctes  les  unes  des  autres  qu'elles 
ont  souvent  donné  lieu  à  diverses  interprétations.  Les  faibles  gra- 
dations qui  existent  entre  rxilipvs  et  linaria  ne  sont  donc  pas  une 
preuve  du  croisenient  de  ces  deux  types  ;  ces  gradations  ne  sont 

ce  Cliardonnciet  venait  du  cioiscincnl  di;  À.  junii:!  X.  ■■iP'>uUria.  M.  Uiihvay.qui  le 
reçut  pour  li'  Musée  national,  nous  a  appris  depuis  que  cet  Oiseau  n'était  ni  un 
hybride,  ni  une  variété.  La  couleur  jaune  (|ui  avait  pu  le  faire  passer  pour  tel  était 
due  à  son  frottement  contre  des  lioulons  de  saule  ;  celle  couleur  ne  tarda  pas  du 
reste  à  disparaître.  (M.  Belding  aurait  informé  lui-même  M.  Kidway  de  cette 
particularité).  Dans  une  lettre,  reçue  tout  dernièrement,  M.  Beldmgnous  conlirmait 
rependant  sa  manière  de  voir  ! 

(1)  Proccedings  ot  l'nileil  States  national  .Muséum,  p.  177,  INSO. 

(2)  The  Auk,  I.  n»  2,  p.  l'iO,  avril  1S84. 

(3)  Voy.  The  Coile  olWnmenclature,  p.  2;i".l  et  200,  New-Vork,  1880. 

(4)  Voy.  Tlie  .\uk  pour  ces  renseignements. 


248  A.    SUCHKTET 

peut-être  dues  qu'à  des  iullueuces  cliniatériques  ou   à  l'âge   des 
Oiseaux. 

Dans  l'ouvrage  de  M.  Seebohm  (1),  V.Eçjioihus  exilipes  est  du  reste 
synonyme  de  Fringilla  Unaria.  D'après  les  observations  que  put 
faire  le  savant  ornithologiste  dans  la  vallée  de  la  Petchora  (2),  il  se 
convainquit  qu'e.rilipcs  n'est  que  l'adulte  de  Unaria  en  plumage 
complet  d'hiver.  Dans  ce  cas  le  croisement  en  question  ne  se  serait 
jamais  produit  (3)  ! 

Après  avoir  éuuméré,  en  commençant  le  genre  FrinqiUa,  une 
série  de  croisements  authentiques,  peu  à  peu  nous  sommes  tombés 
dans  le  domaine  de  l'hypothèse,  nous  avons  cité  tantôt  des  hybrides 
douteu.\,  tantôt  des  croisements  entre  de  simples  variétés,  revenons 
à  des  croisements  mieux  affirmés  et  entre  espèces  mieux  définies, 
quoique  encore  fort  rapprochées. 

Fringilla  coelebs  et  Fringilla  montifringilla 

Si  nous  en  croyons  les  nombreux  exemples  qui  nous  sont  cités 
de  divers  côtés,  le  Pinson  ordinaire  {Fringilla  cœlebs)  et  le  Pinson 
des  Ardennes  (F.  nwnlifrinfjilla)  contracteraient  fréquemment  des 
alliances  entre  eux. 

Nous  avons  pu  examiner  un  certain  nombre  des  exemplaires 
dont  nous  allons  parler  dans  ce  chapitre,  plusieurs  nous  ont  paru 
authentiques. 

Voici  les  renseignements  qui  nous  ont  été  communiqués  sur  cet 
hybridisme,  nous  donnons  les  faits  dans  l'ordre  où  ils  se  sont 
produits  : 

M.  le  baron  Edmond  de  Selys-Longchamjis  a  vu  à  Paris,  il  y  a 
environ  quarante  ans,  dans  la  collection  du  Maréchal  Vaillant,  un 
mâle  hyliride  dont  la  coloration  était  celle  d"un  exemplaire  qu'il 
possède  actuellement  et  dont  nous  avons  reçu  la  photographie. 

M.  Marion,  directeur  du  Muséum  de  Marseille,  nous  a  adressé 

(l).'l  Bistory  ofbritish  Birds,  II,  p.  116. 

(2)  Siberia  in  Eiiropa,  p.  51.  Cité  par  M.  Biooks,  Ibis,  III,  p.  382  et  383. 

(3)  Reconnaissons  loulefois  que  M.  Droolis  conteste  vivement  l'assection  de 
M.  Seebohm  :  In  Slray  ornithological  Notes  (Ibis,  III,  n»  12,  p.  382,  octobre  1885). 
M.  Broolis  indique  les  points  de  distinction  entre  les  deux  types.  Ces  points 
seraient  :  1"  diUérence  de  voix  ;  2°  croupion  sans  tache  ;  3°  couvertures  sous  les 
ailes  non  rayées  de  blanc  ;  d"  le  peu  de  raies  étroites  sur  les  flancs  ;  5°  le  rouge 
pourpre  très  paie  de  la  poitrine  el  du  croupion  faisant  contraste  avec  le  rouge  vif 
de  L.  Unaria  ;  G»  les  très  larges  bordures  blanches  aux  tertiaires  et  aux  plumes 
de  la  queue  ;  7"  le  Ion  beaucoup  plus  blanc  ou  farineux  du  plumage  supérieur  ; 
8"  le  bec  formellement  plus  court  et  (ihis  petit. 


(tlSEAUX    UVUniDliS    UE.NCONTIIKS    A    I.'lh'AT    SAUVAGK  241) 

deux  ext'iii|»liiires  iiiAles  provenant  de  la  collection  de  M.  Luinitin 
et  iiiii,  nous  dit  M.  Mariou,  i)aiaisseut  avoir  été  achetés  sur  le 
marché  de  Marseille  à  une  époque  où  l'on  ne  recevait  sur  ce 
marché  que  le  a'iïnev  de  la  région  (1). 

Degland  cite,  dans  sa  collection,  deux  hybrides  de  Pinson  ordi- 
diuaire  et  de  Pinson  des  Ardeunos,  l'un  nuUe,  l'autre  femelle,  pris 
tous  deux  aux  environs  d'Anvers,  le  premier  durant  l'hiver  de 
1852,  le  second  pendant  l'automne  de  la  même  année  (2). 

Dans  la  collectiou  du  regretté  M.  van  Wickwort  Crommeliu,  se 
trouve  un  spécimen  mâle,  pris  le  13  octobre  18o!),  dans  des  lilets 
tendus  aux  Piusous  sur  le  versant  oriental  et  boisé  des  dunes 
qui  ktugeul  la  côte  maritime  de  la  Hollande.  Ces  dunes  se  trouvent 
près  du  village  d'Overvem,  situé  à  un  (juart  de  lieue  à  l'ouest  de 
Harlem. 

Dans  la  collection  de  M.  de  Selys-Loncliaiiips  on  voit  un 
individu  cT  dont  la  capture,  d'après  l'éniineut  uaturalisto,  remon- 
terait à  plus  de  dix-huit  ans.  Cet  Oiseau  avait  été  pris  au  filet  dans 
les  environs  d'Anvers. 

M.  le  comte  Arrigoui  degli  Oddi,  de  Padoue,  conserve  un  Pin- 
son $  adulte,  venant  de  Caoddo  (Montfelice)  15  octobre  1875. 
M.  Oddi  a  bien  voulu  peindre  pour  nous  ce  spécimen. 

Pendant  l'automne  de  1879,  M.  le  I)'' Silvio  Romanse,  de  Levico, 
pritnnexemplairemàle  ([ui  fut  examiné  et  décrit  par  le  D^  Lamberlo 
Moschen  {'•)). 

Eu  1881,  à  Borgo  S.  Sepolchro  (Italie),  le  15  octobre,  fut  capturé 
un  individu  cf,  aujourd'hui  conservé  au  Musée  de  Florence. 

Eu  188't,  à  Fiesole,  le  4  novembre,  on  prenait  un  autre  mâle, 
également  conservé  au  Musée  de  Florence. 

Le  15  novembre  1885,  à  Palaia  (Toscane),  c'était  une  femelle  qui 
orne  aujourd'hui  la  même  collection  (4).  Ces  trois  Oiseaux  nous  ont 
été  envoyés  i)ar  .M.  Giglioli. 

Un  mois  plus  tôt,  en  Hollande,  on  trouvait  au  milieu  de  milliers  de 

(1)  Le  U'.laiibiTt  (Magasin  de  Zoologie,  mars  187.'$,  p.  117;  parle  il'im  liyhride 
pris  en  octobre  IKil  dans  les  environs  de  Marseille,  il  en  donne  la  description. 
C'est  sans  aucun  <loL'le  l'un  de  ces  deux  exemplaires,  car,  dit  le  docteur,  cet  Oiseau, 
mort  en  IS.')2,  ornait  la  collection  de  son  ami,  .M.  Laurain.  Dcgland  et  Gerbe 
{Ornith.  européenne,  I,  p.  272)  font  mention  de  ce  spécimen. 

(2)  Ornith.  européenne,  I,  p.  272. 

(:i)  Voy.  D'  I.amberto  Moschen,  Sopra  un  kybrido  di  Fringilla  cœlebs  e  Frin- 
gilla  monti/ringilla.  Bollettino  délia  Societa  veneto  trenlina  di  Scienze  naturali 
in  l'adova,  pp.  90-103,  lasO. 

(4)  Couiniunicaliori  de  M.  le  coiiiui.  prof.  Ciiylioli. 


:2S0  A.    SUCHETKT 

Plnsous  pris  daus  les  diiucs  près  de  La  Haye,  deux  hybrides  cT? 
dont  iiu  vécut  au  Janliu  zoolog;ique  de  cette  ville  jusf[u'au  çouiiiien- 
cerneut  de  1891;  l'autre  mourut  bientôt  en  captivité  il). 

Également  dans  la  même  année  de  1883,  pendant  l'automne, 
M.  Ah.  Poggi,  de  Gènes,  tuait  dans  les  collines  de  Bolzaneto,  éloi- 
gnées de  cette  ville  d'environ  10  kilom.,  un  sujet  inàle  qu'il  trouvait 
dans  un  bois  de  Châtaigniers. 

Cet  Oiseau  nous  a  été  indiqué  par  M.  Brancalione  Borgioli,  pré- 
parateur au  Musée  zoologique  de  l'Université  de  Gènes;  M.  Poggi  a 
bien  voulu  nous  donner  les  détails  complémentaires  que  nous  citons. 
L'Oiseau  est  aujourd'hui  conservé  dans  sa  collection. 

L'année  suivante,  le  26  octobre,  Madame  la  Marquise  Paulucci, 
de  Certaldo  (Val  d'Eisa)  per  Monte  (Italie),  prenait  elle-même  au 
Paretaio  (chasse  aux  filets)  un  exemplaire  cT  qui  fut  préparé  le 
même  jour  par  M.  Magnelli,  de  Florence,  et  que  l'on  voit  aujouril'hui 
daus  la  collection  ornithologique  italienne  de  la  Marquise  dans  sa 
propriété  de  Monte. 

On  conserve  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Trieste  (Autriche) 
une  femelle  prise  à  l'état  sauvage  dans  une  campagne  près  de  cette 
ville,  à  Servola,  le  6  octobre  1888.  Cet  Oiseau  vécut  jusqu'au 
15  décembre  de  la  même  année  (2).  M.  Antonio  Valle,  directeur- 
adjoint  du  Musée,  a  bien  voulu  nous  adresser  cet  intéressant 
spécimen. 

Pendant  la  première  moitié  du  même  mois  d'octobre  1888,  dans 
un  petit  roc  situé  près  d'une  colline  de  la  vallée  de  l'Addige,  à  envi- 
ron 220  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  M.  le  d''  Ricardo 
Ferrari,  de  Trente,  prenait  lui-même  avec  deux  autres  Fritiguelli 
co//î/;Hni(  un  hybride  ]iaraissant  mâle.  L'endroit  où  l'Oiseau  fut  pris, 
ajoute  le  docteurdaus  la  communication  qu'il  veut  bien  nous  faire, 
s'appelle  Vadena,  petite  commune  du  district  politi(iue  de  Balzauo 
(Bozeu)  éloigné  de  58  kil.  de  Trente.  Nous  avons  reçu  à  Rouen  cet 
intéressant  spécimen. 

Deux  ans  plus  tard,  en  1890,  M.  D.  Lougal,  marchand  d'oiseaux  à 
Paris,  33,  rue  Chariot,  achetait,  moyennant  une  très  faible  somme 
(0  fr.  75  c),  au  marché  aux  Oiseaux,  «  un  iitulrl  de  Pinson  ordinaire 
et  de  Pinson  des  Ardennes  »  qu'il  conserva  jusqu'au  printemps  de 
1891,  èpoijuc  où  l'Oiseau  mourut. 


(1)  Coiiiimmicalion  de   M.  de  (îiaaf,  de  la  Haye,  ot  de  M.    A.-C.    (ludcnians,  de 
la  Haye. 

(2)  Coinimiiiic-alioii  de  M.ti.  Vallun.de  Uovcrlo  (Tj-riitin,  Auliiilic)et  de  M.  Aiiloiiio 
Valle,  dirirlciir  ailjoinl  du  Musée  di'  Trlesle. 


OISEAl'X    llVBniDKS    HENCONTRES    A    L  KTAT    SArVA<il':  lil 

EgalfMneiit  pendant  raiiiiéo  1890,  M.  A.  Coopor.  de  Peuzi- 
(Londoii)  ('.\])Osail  au  Cristal  Palaco.  sons  lo  n"  179!),  un  liybride 
de  Brauiblolinch  (/*.  cœIcIis)  el  de  Cliallincli  (/■'.  MiintifriinjiUdj  pris 
à  l'état  sauvage,  nous  dit-il,  par  un  oiseleur  de  sa  contrée.  Après 
avoir  passé  par  les  mains  de  M.  le  1)''  Dale  de  Scarborougli, 
l'Oiseau  fut  vendu  à. M.  S.  Deny  Hunt,  de  Kiiigs'  Liuu,  qui  l'exposa 
de  nouveau  en  181)1  an  niènie  Palais.  Cet  individu  avait  été 
montré  à  l'exposition  de  .Northampton   (22  el   23  octobre   1890). 

En  outre,  M.  Gustavo  Ferrari,  frère  du  docteur  de  ce  nom,  et 
habitant  Calarauica  (province  de  Trente),  se  rappelle  avoir  pris, 
il  y  a  un  an,  à  Valsugana,  un  très  joli  mâle  hybride  ((u'il  conserva 
en  cage,  pendant  ([uelipie  temps  et  qu'il  remit  ensuite  en  liberté. 
M.  Gustavo  Ferrari  ajoute,  dans  la  lettre  qu'il  veut  bien  nous 
adresser,  (|ue  l'on  pri'iid  dans  son  pays,  à  jieu  près  tous  les  ans, 
quelques  sujets  hybrides. 

Notons  aussi,  d'après  M.  (^ainusso,  (|ue  le  croisement  de  r(rU'hs 
X  moHlijrinijiUa  ne  serait  pas  absolument  rare  dans  les  montagnes 
de  Novi  Ligure.  Un  de  ses  amis,  chasseur,  mais  digne  de  confiance, 
âgé  aujourd'hui  de  quatre-vingts  ans,  observa  deux  fois  ci^t  liyl)ri- 
disme,  m;iis.  comme  le  fait  lui  était  tout  à  fait  étranger,  il  négligea 
de  consigner  ses  observations. 

.M.  Desiderio  Gargiolli,  de  Monlefauna  (P'iesola),  nous  a  cité  lui- 
même  deux  individus  byl)rides  ([ui  furent  eu  sa  possession  il  y  a 
longtemps  et  qui  avaient  été  pris  dans  ses  filets  pendant  le  mois 
d'octobre,  en  compagnie  île  quchpies  F  ri  u;/ il  la  cœli'lis  avec  les(]uels 
ils  voyagt^aient.  Ces  deux  Oiseaux,  mis  en  cage,  vécurent  ainsi 
pendant  quelques  mois  (1). 

M.Turchetti  aurait  obstu-vé  un  autre  exemplaire  dans  le  district 
de  Fucchiu  i2),  nous  ignorons  à  quelle  époipic. 

Au  Musée  de  Bergame,  on  conserve  trois  individus,  deu.v  cf 
et  une  $  {'.])  et  au  .Musil'c  <li'  Milan  un  autre  exemplaire  venant  de 
la  Ligurie  (i). 

Enfin  M.  D.  .Niccolo  (^aniusso,  de  Novi  Ligure,  veut  bien  nous 
apprendre  qu'un  hybride  /•'.  arlebs  X  /•'.  montifrinoilla  a  été  pris  le 
27  seiitembre  dernier  à   Bleggio  (Venise).  On  lit  en  cllet  dans  le 

(1)  Vno  monlion  do  ces  Oiseaux  a  Ho  (ailrdans  l'rinu}  resoconio  dei  resultali 
dellii  inchiesta  nrnilhologica  in  llalia  du  prof,  docteur  Eiinco  IliUyer  Giglioli, 
3"  parUe,  p.  IKI,  Kircnze,    IK'.II. 

(2)  Voy.  le  in(>iiic  oiivrafje,  im'^nii'  paf;e. 

(3)  Coininiinicalion  de  M.  le  comte  Airigoiii  degli  nddi,  de  l'adoiie. 
(i)  Coiiimuiiicatiuii  de  M.  le  protesseiir  Surdelli. 


252  A.    SUCHETET 

Bollclliitii  (Ici  Ntiliiriilisli  de  Sienne  (i),  (]u'(iii  tel  Oiseau  eypluré  en 
cet  endroit  par  M.  Giaconio  Salvador!  est  conservé  au  Musée  de 
Rovereto. 

La  plupart  de  ces  Oiseaux  ont  donc  été  obtenus  à  l'état  sauvage. 

Cette  indication  nous  manque  cependant  pour  l'exemplaire  vu  par 
M.  de  Selys  dans  la  collection  du  Maréclial  Vaillant  à  Paris,  l'indi- 
vidu acheté  par  M.  Lougal  au  marché  de  Paris,  eu  1890,  et  les  trois 
exemplaires  du  Musée  de  Bergame.  M.  le  comte  degli  Oddi,  qui 
nous  a  indiqué  ces  derniers  spécimens,  nous  dit  bien  que,  d'après 
une  communication  qui  lui  a  été  faite,  ils  furent  tous  pris  à 
l'état  sauvage,  mais  M.  le  professeur  d'  A.  Varisco,  directeur  du 
Musée  zoologique,  «  regrette  de  ne  fournir  aucun  renseignement  sur 
ces  pièces  qui  furentorigiuairement  possédées  par  un  collectionneur 
amateur,  mort  depuis  près  de  trente  ans.  » 

Comme  rarement  on  a  obtenu  en  captivité  le  croisement  des 
deux  espèces  et  que  ce  croisement  ne  parait  point  être  recherché  des 
éleveurs,  il  y  a  lieu  de  croire  ([ue  la  plupart  des  Oiseaux  cités  ont 
été  produits  à  l'état  sauvage.  Reste  maintenant  à  savoir  si  toutes 
ces  pièces  sont  bien  authentiques,  c'est-à-dire  ont  réellement  l'ori- 
gine qu'on  leur  attribue? 

M.  le  D''Turchettine  se  rap]ielle([ue  vaguement  les  caractères  pré- 
sentés par  l'hybride  dont  il  a  fait  mention  dans  Primo  resoconto[2). 
Il  l'a  tué,  nous  écrit-il,  à  une  époque  où  il  ne  faisait  guère  attention 
aux  hybrides  et  où  ceux-ci,  jetés  pêle-niéle  avec  les  autres  Oiseaux 
tués  à  la  chasse,  étant  tous  mangés. 

M.  Lougal  n'a  point  pris  non  plus  le  soin  de  décrire  soigneuse- 
ment son  hybride;  comme  le  docteur  italien,  il  parle  de  souvenir. 

L'exemplaire  exposé  primitivement  par  M.  Cooper  au  Cristal 
Palace  en  1890  a,  paraît-il,  été  critiqué  dans  une  revue.  On  aurait 
mis  en  doute  sa  provenance  hybride,  d'après  un  renseignement 
que  veut  bien  nous  envoyer  M.  le  D''  Dale  qui  posséda  cet  Oiseau 
pendant  quelque  temps.  Pour  le  docteur  toutefois,  il  ue  peut  être  ici 
question  de  variété  (3). 

Sur  les  autres  spécimens,  nous  possédons  les  descriptions  et 
renseignements  suivants  : 

Le  spécimen  appn rtenant  â  M.  ran  Wickcvort  (^rommelin  :  «  Un  peu 
plus  grand  que  le  Pinson,  se  rapprochant  par  la  taille  de  montifrin- 

(i)  N»  du  15  mars  1892. 

(2)  Page  C9. 

(3)  D'après  le  Zoolngist,  p.  106,  Mai-s  1890,  le  rév.  Macpherson  a  parlé  d'un  inté- 
ressant spécimen  de  Bramhling  et  Chcifpnch,  sans  doute  le  spécimen  en  question"? 


oisRAix  itvnnit)i;s  RKNcnNTHKS  A  i/i'riAT  sAUVAr.K  i!i;{ 

ifilln  (Iniil  il  a  lt>  l)i'c  ]ilus  fori,  les  jambes  plus  faibles (|ut'  celli's  du 
Pinson,  la  iioitriue  ilc  la  bi'Ile  teinte  prrti)ie  au  i'insou,  mais  plus 
intense,  le  dessus  de  la  iiMe  d'une  teinte  bleue  comme  ce  dernier,  à 
la(|upllp  l'Sl  ukMi'c,  siii'tout  vers  le  devant,  une  teinte  rousse  comme, 
chez  le  /■'/■.  iiionlifrinijillu  ;  les  plumes  du  front  sont  noires,  bordées 
de  roussàtre  comme  chez  cette  espèce  ea  automne;  la  nuque,  le 
derrière  du  cou,  le  dos  et  le  croupion  comme  chez  le  Pinson,  mais 
le  clTîUain  du  dos  a  une  teinte  roussàtre  qui  ra|)|)elle  celle  des 
bordures  des  plumes  do  l'r.  montifrintfilla,  et  le  vert  du  croupion 
est  moins  intense  que  (liez  le  Pinson  ;  la  ipieue  et  les  couvertures 
sont,  tant  par  la  forme  (jue  par  la  coloration,  pareilles  à  celles  du 
Fr.  monlifriiiijUlo,  toutefois  la  tache  blanche  sur  les  deux  rémiges 
externes  (propre  au  Pinson)  s'y  retrouve,  mais  iirescpie  nulle;  les 
ailes  rappelliMil  par  la  forme,  ainsi  que  par  la  teinte  des  plumes 
surtout,  le  Fr.  montijringiUa,  particulièrement  aux  scapulaires  et 
aux  secondaires,  mais  on  y  retrouve  les  deux  bandes  caractéris- 
tiques du  Pinson,  lesquelles,  toutefois,  sont  d'une  couleur  rousse,  ce 
qui  rappelle  l'Oiseau  des  Ardennes;  sur  les  rémiges,  on  remarque 
une  faible  teinte  verdAtre  qui  manque  chez  cette  dernière  espèce; 
le  ventre  et  l'abdomen  sont  d'un  blanc  pur  comme  chez  le  Fr.  nton- 
tifrinfjilln,  mais  on  ne  retrouve  pas  sur  les  flancs  la  teinte  roussàtre 
ni  les  taches  noires  qui  distinguent  cette  espèce  »  (i). 

Ifi/briilr  (le  M.  le  baron  Fil.  rir  Selys-Lonr/champs  (2)  :  «  Tout  le 
dessus  du  corps  et  les  ailes  comme  nionlifriiujiUii  (le  dessus  de  la 
tète  noirâtre,  plumage  d'élé),  mais  le  croupion  noirâtre  sans  blanc 
eu  dessus.  Tout  le  dessous  du  corps  jusiju'au  cuisses  rappelant 
crrli'hs  par  sa  nuance  uniforme,  mais  d'un  roux  ferru;îineux  plus 
foncé,  moins  vineux,  sans  aucun  vestige  de  llammèches  obscures 
des  flancs  du  inontifrinijiUn.  Chez  nwiitifringilln  le  roux  de  la  poi- 
trine est  clair,  ])iiitùt  jaune  eliamois,  et  ne  descend  pas  bas  sur  la 
])oitrine,  i[ni  est  bianciie.  La  |)remière  bande  des  ailes  est  blanche 
comme  chez  cœlebs,  à  peine  salie  sur  son  extrême  base  ;  bec  inter- 
médiaire. I)  La  double  (irovenance  de  cet  Oiseau  paraît  évidente  à 
M.  de  Selys-Longcîhanips  qui  ajoute  à  celte  description  les  rensei- 
gnements suivants  :  «  Le  montifringilkt  arrive  ici  en  octobre  et  part 
au  prinlemi)s,  c'est  un  Oiseau  d'hiver.  Très  accidentellement  il 
reste  des  individus  égarés;  la  production  des  hybridt;s  de  cette 
espèce  semble  due  à  ces  exemplaires  restés  accidentellement  en 
été.  » 

(1)  Ottp  (Icsriiptioii  nous  :i\Mil  clé  envoyée,  il  y  il  ipielinirs  années,  par  M.  van 
Wickevoort  Croinmelin. 

(2)  La  description  suivante  a  élé  faite  pour  nous  par  le  savant  aradémicien. 


254  A.  SUOHETET 

M.  de  Selys-Longcliamps  fils  a  bien  voulu  exécuter  pour  nous 
une  photographie  de  cet  Oiseau;  malheureusement,  comme  on 
nous  le  fait  observer,  dans  la  photographie  le  jaune  et  le  ver- 
dàtre  sont  transformés  en  noir  et  se  confondent  avec  les  parties  qui 
sont  réellement  noires.  Nous  ne  pouvons  donc  aucunement  nous 
rendre  compte  de  la  coloration  du  plumage. 

Hyliride  9  de  M.  le  romtp  Arrif/onidriili  Oddi  de  Padoue  (1)  :  ((  Bec 
jaune  fort  avec  la  pointe  foncée  ;  iris  noir  ;  plumes  de  la  tête,  nuque, 
dos,  gris  olivâtre  moins  chargé  que  celui  de  la  femelle  du  F.  cœlebs; 
croupion  et  couvertures  de  la  queue  vert  jaunâtre  assez  terne. 
Quelques  couvertures  gris  l)run.  Gorge,  gosier  et  poitrine  gris, 
légèrement  clair.  Le  reste  blanc  teinté  de  jaune.  Les  couvertures 
des  ailes  clair  vif.  Les  rémiges  brunâtres  bordées  nettement  de 
jaune  verdàtre.  ].,es  rectrices  noires,  les  deux  latérales  blanches 
portant  un  petit  trait  auprès  de  l'extrémité  tle  l'éventail  externe  et 
une  tache  allongée  à  la  base  interne,  les  deux  suivantes  ont  une 
tache  blanche  à  l'extrémité  de  l'éventail  interne.  Tarse,  pied,  ongles 
brunâtres.  » 

Hybrides  d\t  Jardin  zoologique  de  la  Haye  :  «  L'un  de  ces  individus 
avait  la  stature  d'un  FriiKjiUa  montifrinijillu,  mais  le  plumage  d'un 
Frinijilla  cœlehs.  avec  cette  exception  que  la  tête  entière  avait  la 
couleur  de  la  poitrine,  et  que  les  deux  bandes  transversales  sur  les 
ailes  étaient  d'un  roux  orangé,  comme  chez  le  Frinijilla  montifrin- 
gilln. 

Le  second  avait  la  grandeur,  la  stature,  le  bec  et  le  cri  d'appel  du 
Fringilla  cœlebs,  mais  portait  le  plumage  d'hiver  du  FringiUn  monti- 
frinijilla,  avec  cette  exception  que  le  croupion  blanc  était  entremêlé 
de  plumes  vertes  et  que  la  première  bande  transversale  sur  les  ailes 
était  d'un  blanc  pur  ».  (2) 

Hybride  de  Madame  la  Marquise  Pauliicri  :  «  C'est  un  Fringilla 
cœlebs  cf  pour  tout  ce  qui  se  rap]inrte  à  la  coloration  générale  de  la 
poitrine,  de  la  tèle  et  du  dos,  y  compris  le  vert  jaunâtre  près  de  la 
queue.  Le  dessus  de  la  tête,  les  joues  et.  la  partie  supérieure  et 
latérale  du  cou  présentent  des  taches  ondulées  noirâtres,  propres 
au  Fringilla  nwnlijringilla.  Quant  aux  ailes,  elles  ont  la  coloration 
fauve  du  F.  monti fringilla,  de  sorte  que,  vu  en  dessous,  cet  Oiseau 
représente  un  F.  cœlebs,  vu  en  dessus,  il  a  tous  les  caractères  d'un 
F.  montifringilla,  la  tache  vert  jaunâtre  de  dessus  de  la  queue 
exceptée  ». 

(1)  Description  faile  pour  nous  par  M.  ilegli  Oddi. 

(2)  Ces  renseisnemenis  nous  sont  envoyés  par  M.  A.-C.  Oudenians,  mais  la  des- 
cription du  den.xitnie  exenipUuie  a  été  faile  par  M.  de  Graaf,  de  la  Haye. 


OISEAUX    IIYHRIDKS    HENCONTHES   A    L  ETAT    SAUVAGE  2.):) 

Cette  (Icscriptinii  fuite  |iar  la  iiiarqiiisi'  l'IIc-riièiiic  nous  est  con- 
lirmée  en  tous  points  par  .M.  iMagnelli,  préparateur  au  Musée  de 
Florence. 

HiihridcK  de  ]t.  Dfxidcrio  Ciiir<i'm1li  :  Ces  deux  spécimens,  confondus 
d'abord  avec  /•".  nitinllfrinijillu  9  <i  cause  de  la  [)arfaite  resseniMauce 
de  leur  couleur  et  de  leur  forme  avec  cet  Oiseau,  furent  mis  en  caj^e 
pour  servir  de  pâture  à  des  oiseaux  de  proie;  mais  leur  chant,  qui 
ressemblait  à  /■'.  r(i"//7w,  les  lit  reconnaître  ;  M.  Garjfiolli  s'aperçut 
bientôt  de  son  erreur  et  se  convainiiuit  (|ue  les  deux  exemplaires 
étaient  certainement  des  hybrides  provenant  des  deux  espèces  ci- 
dessus  indi(iuées.  C'est  alors  que,  i)ar  une  curiosité  bien  naturelle, 
il  voulut  conserver  près  de  lui  les  deux  prisonniers  afin  de  faire 
quehiucs  observations  sur  leur  nature.  Pendant  leur  captivité  qui 
fut  courte,  car  ils  moururent  après  quel(|ues  mois  décade,  M.  Gar- 
gioUi  n'observa  d'autre  chanyiementiiuedans  la  couleur  dt^s  {)lumes 
qui  devinrent  un  peu  plus  sombres  après  la  mue  du  printemps.  Ils 
ne  changèrent  pasieurchant  pendantla  saison  des  amours. 

Ces  Oiseaux  ne  purent  malheureusement  être  envoyés  apiès  leur 
mort  au  Musée  royal  d'Histoire  naturelle  de  Florence,  leur  état  ne 
permettant  pas  de  les  em|)ailler. 

Nous  voyons,  iiar  ces  quehiues  renseignenients  ([ue  M.  Gargiolli 
a  eu  la  complai.sance  de  nous  envoyer,  ({u'ils  ne  dilTéraient  ])oint 
par  leur  couleur  et  leur  forme  du  Frinijilla  Ç,  leur  chant  seul  les 
faisait  distinguer  de  cette  espèce.  Est-ce  sullisant  pour  établir  leur 
origine  hybride?  M.  Gargiolli,  (jui  les  a  étudiés  en  captivité,  ue  la 
met  pas  en  doule  ce|)eudant. 

lli/hiKlrs  (In  Mitsrr  ilc  lli'rijiiinc  :  Individu  ■ ''adulte  :  «  Tète,  uu((ue 
et  coté  du  cou  mélangés  de  noir,  de  grisâtre  et  de  jaunâtre.  Dos 
chataiu  olivâtre.  Cioupion  noir,  à  l'extrémité  jaune  verdàtre  vif. 
En  dessous  comme  le  FrinijiHa  i-n'lrhs.  .Viles  et  queue  prestiue  sem- 
blables à  Fr.  ai'lchs  ». 

Autre  individu  c^  adulte  :  «  Comme  le  précédent  avec  le  crou- 
pion beaucoup  ])lus  jaune  soufre  et  jaune  verdàtre.  La  tète  plus 
teintée  avec  rosace.  Les  ailes  avec  les  bords  et  les  séparations,  au 
lieu  d'èlre  blancs,  sont  d'une  couleur  plus  claire  vineuse.  Les 
rémiges  plus  petites  avec  le  bord  couleur  soufre.  » 

Troisième  individu:  «Bec  allongé  ressemblant  à  celui  de /■"/•. ///oh- 
li frinijilla,  corné  foncée,  iris  noir.  Front  gris  rosàtre.  La  tôle  de 
même  couleur  tachetée  de  noir  à  la  base  des  plumes. 

«  Une  bande  noire  passant  au-dessus  des  yeux  descend  sur  les 
côtés  du  cou  en  se  rapprochant  vers  les  épaules.  L'espace,  compris 


256  A.  sucHetet 

entre  la  nuque,  verdAtre  mélangé  de  gris  rosàtre.  Dos  noir,  teinté 
de  bai  foncé  sur  les  bonis  et  à  l'extrémité. 

((  Croupion  jaune  soufre  mélangé  de  noir  et  de  noir  bordé  et  tacbeté 
de  gris  rosàtre  sur  les  couvertures  supérieures  de  la  queue.  Côtés 
de  la  tête  gris  rosàtre  mélangé  de  vert  jaunâtre.  Côtés  du  con  plus 
verdàtres.  Gorge  et  poitrine  couleur  de  lion,  mélangé  de  jaune  légè- 
rement soufre.  Abdomen  blanc  et  soufre  mélangés.  Flancs  lion 
soufre,  sous-code  blanc  mélangé  de  soufre  etd'isabelle  lion.  Sca])u- 
laireset  petites  couvertures  noires  avec  l'extrémité  lion  soufre,  les 
médianes  noires,  avec  l'extrémité  largement  entourée  de  blanc 
soufre,  avec  la  lige  de  la  coloration  noire  qui  continue  en  noir  sur 
la  coloration  lilanc  soufi'e  ;  les  grandes  noires,  bordées  de  bai,  plus 
particulièrement  et  plus  largement  sur  l'éventail  externe.  Les 
rémiges  et  les  rectrices  bordées  de  jaune  serin  çà  et  là  légèrement, 
coloration  plus  vive  sur  les  rémiges  prés  du  coi'ps.  La  première 
rectrice  à  la  base  jusqu'à  la  moitié  de  la  longueur  bordée  à  l'exté- 
rieur de  blanc  avec  pénombre  serin  brunâtre  dans  la  partie 
médiane  vers  l'extrémité,  chose  peu  visible.  La  coloration  de  cet 
individu  est  celle  de  Fr.  montlfringilla  $  excepté  la  couleur  soufre 
du  poitrail  et  celle  de  la  croupe.  Il  n'y  a  rien  de  remarquable,  à 
l'exception  peut-être  des  deux  timouières  qui  sont  semblables  à 
celles  de  monlifringilla  comme  l'est  généralement  l'Oiseau  (1).  » 

Hybride  autrefois  dans  la  collection  Laarin  (2)  :  «  Demi-collier 
bleuâtre,  exactement  comme  chez  le  Pinson  ordinaire;  dos  d'une 
teinte  rouillée  à  peu  près  unifornie;  croupion  vert  jaunâtre;  cou- 
vertures supéiicures  de  la  queue  gris  plomb.  La  tète  ressemblerait 
assez  à  celle  d'une  femelle,  sauf  quelques  teintes  verdàtres  sur  les 
joues;  le  bec,  unicolore  comme  chez  le  Pinson  ordinaire,  se  rappro- 
cherait, par  sa  forme,  de  celui  du  Pinson  d'Ardenues.  La  coloration 
de  la  poitrine  est  d'une  nuance  intermédiaire  entre  le  rouge  vineux 
du  cœlebs  et  le  jaune  du  moniifrinijiUa:  seulement,  cette  teinte  ne 
s'arrête  pas  au  poitrail,  comme  chez  celui-ci,  elle  euvaiiit  une 
partie  de  l'abdomen  ainsi  que  les  flancs  qui  tournent  au  gris.  On 
ne  remarque  pas  sur  les  flancs  ces  luiuiles  noires  (|ui  caractérisent 
le  mâle  du  Gros-Bec  d'Ardennes;  la  queue  et  les  ailes  ressemblent 
à  celles  de  cet  Oiseau,  mais  les  taches  blanches  y  occupent   un 

(1)  La  description  de  ces  trois  exemplaires,  faite  par  M.  le  comte  De},'li  Oddi  de 
Padoue,  nous  a  été  envoyée  jiracieusement  par  celui-ci. 

(2)  La  description  suivante,  donnée  par  le  \)'  .l.-B.  .laulierl  dans  le  Magasin  de 
/.iiologie  (mars  ISliiî,  p.  I17>,  se  rapporte,  sans  aucun  doute,  à  un  des  deux  exem- 
plaires aujourd'hui  au  Musée  d'histoire  naturelle  de  Marseille  et  venant  de  cette 
collection. 


OISEAL'X    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAfiK  2S7 

espiice  plus  };rand.  n  Le  cri  de  cet  hybride,  que  le  docteur  Jaubert  a 
eu  l'occasion  (renteudrc  à  diviM'ses  reprises,  était  identique  au  cri 
bien  couiiii  du  Piiisou  ordinaire. 

Exemplaire  9  ''"  Munée  de  Milan:  L'Oiseau  est  noté  sur  le  cata- 
lo^liic  coninic  FritKjilht  média  ii\uh.  M.  le  prof.  Sordelli  a  cru  inutile 
de  nous  adresser  cette  pièce  cju'il  a  bien  voulu  examiner  lui-niOinic 
et  comi)arcr  avec  F.  montifrinijilla  et  avec  les  deux  sexes  de  cœlebs. 
Le  résultat  de  cette  étude,  que  le  savant  professeur  a  faite  à  notre 
intention,  a  été  (jue  l'indication  :  «  /■'/■.  nuuilifriiKjiUa  liybr.  cnm 
cwlelie  »,  également  inscrite  sur  l'étiquette,  n'est  pas  exacte  et  que 
l'Oiseau  en  question  n'est  ([u'une  femelle  de  cwlehs  dont  les  couleurs 
(lilTèrenl  en  partie  seulement  de  celles  (|ui  caractérisent  cette  espèce. 

Eneflet»  la  coloration  ([ui  distingue  monlifrinuUla  n'apparaît  nulle 
part.  Les  dimensions  de  la  forme  du  bec,  ainsi  fine  celles  de  toutes 
les  autres  |)arties  du  corps,  sont  les  mêmes  que  chez  les  femelles  de 
cn-lelis.  Le  vertex  a  les  deux  raies  brunes  qui  se  rejoignent  sur  l'oc- 
ciput; rémiges  brunes,  liserées  de  jaune  et  de  blanc;  bande  blanche 
étroite,  scapulaires  roussAtres  là  où  cœlehs  9  les  montre  blanches, 
pennes  de  la  queue  exactement  les  mômes  que  chez  le  Pinson  ordi- 
naire, y  compris  les  deux  plus  externes  avec  leurs  parties  blanches. 
Tout  le  reste  est  d'un  roussàtre  qui  rappelle  tout  à  fait  celui  de  la 
poitrine  et  des  joues  de  cffWw  ^f;  cette  couleur  tourne  un  peu  au 
vert  olivi\tre  sur  le  dos;  croupion  roussàtre,  ainsi  que  la  poitrine, 
ventre  plus  pâle  avec  quelques  taches  l)runes,  ainsi  ((uecela  se  voit 
chez  la  9  de  eirlehs.  » 

11  s'agit  donc,  ajoute  ^L  Sonlelli,  d'un  sim|)le  cas  ii'allocitrnisine. 
M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi,  de  Padoue,  ([ui  connaît  ce  sujet, 
nous  avait  ])i'évenu  également  (|u'il  ne  devait  pas  éti'e  un  hybi'ide, 
mais  plutôt  une  anomalie  de  couleur.  Celle  nouvelle  appr('cialion 
conlirmeles  renseignements  que  veut  bien  nous  envoyer  M.  le  prof. 
Sordelli. 

Exeinplaire  du  Miifféede  Rixereto  (Italie).  Nous  ne  pouvons  repro- 
duire (]ue  les  quelques  indications  données  sur  la  couleur  et  la 
forme  (le  cet  Oiseau  par  leRollettino  del  Naturalisti  de  Sienne,  car 
notre  article  sur  le  cioisement  du  /•'.  iiionlifrinijHla  et  F.  radehn  est 
SOUS  presse  au  moment  où  M.  D.  Camusso,  de  Novi  Ligure,  nous 
fait  cimnaître  ce  nouvel  hybride.  «  Les  parties  supérieures  de  cet 
exemplaire,  dit  le  Bollettino  (li,  ressemblent  à  celles  du  nnmlifrin- 
flilla,  les  inférieures  à  Ja  9  àa  cœlehs,  mais  plus  jaunâtres.  Le  blanc 
des  ailes  est  remplacé  par  du  jaune  clair.  » 

(1)  .N"  3,  lo  mars  18'.>2. 


258  A.    SUCHETET 

Hybride  de  /)/.  le  W  Sllcio  Itonianese,  de  Leciro:  «  C'iHait,  uousécril 
le  docteur,  un  très  bel  Oiseau,  avec  le  bec,  les  côtés  du  corps,  le  cou, 
la  poitrine  et  le  ventre  d'une  couleur  caractéristique  et  semblable 
au  iiionli/'n'ii.i/illa;  tandis  que  la  partie  supérieure  de  la  tète,  du 
dos,  la  croupe  et  les  plumes  des  ailes  et  de  la  queue  étaient  du 
cœU'bs.  M.  le  D^  Romanese  conserva  en  cage  pendant  un  an  l'Oiseau 
([u'il  avait  pris  en  automne;  son  chant  était  celui  du  cœlehs.-dii  prin- 
temps, au  contraire,  il  chantait  comme  le  montifrinijiUa  et  aussi  un 
peu  comme  le  cœlelis.  L'Oiseau,  n'ayant  pu  être  apprivoisé  et  ses 
I)lumes  se  détériorant,  fut  tué;  M.  Romanese  ne  se  rappelle  plus  ce 
qu'il  en  fit.  Voici  sa  description  détaillée  d'après  le  D'  .Moschen  (1). 

((  Des  trois  caractères  qui  servent  à  la  diagnosti(iue  des  deux 
espèces,  un  appartient  à  la  Pepola  (F.  mnntifrirujiUa)  :  croupe 
blanche  ;  les  deux  autres  du  cœlcbs  ;  rémiges  bordées  de  jaune  ver- 
dàtre  ;  les  deux  timouières  externes  tachées  de  blanc  vers  l'extré- 
mité. Certaines  parties  de  la  tête  ont. une  couleur  semblable  à  celle 
de  la  partie  correspondante  de  la  Pepohi  ;  les  côtés  du  cou  et  le  dos 
sont  comme  dans  le  Pinson  ordinaire  ;  les  reins,  la  gorge,  le  gosier 
et  la  partie  antérieure  de  la  poitrine,  les  scapuiaires  et  les  couver- 
tui'es  comme  chez  la  Pepola,  enfin  les  pattes  comme  celles  du 
Pinson.  » 

Afin  de  faire  ressortir  les  caractères  mixtes  de  cet  Oiseau,  M.  le 
D""  Moschen  a  cru  devoir  donner  sa  description  en  regard  de  celle 
que  M.  G.  Periui  donne  des  deux  espèces  pures  (2).  Nous  nous  con- 
tenterons de  reproduire  la  diagnose  de  l'hybride  :  «  Croupe 
blanche,  rémiges  bordées  de  verdàtre  jaunâtre,  les  deux  rectrices 
extérieures  tachées  de  blanc  vers  l'extrémité.  Bec  jaunâtre  (3)  à  la 
base,  couleur  turquoise  vers  l'extrémité  et- le  long  des  bords.  Iris 
assez  foncé;  front  noir;  dessus  de  la  tète,  uu([ue,  joues  et  région 
auriculaire  noires  avec  bords  grisâtres  et  jaunâtres,  sans  reflets 
métalli((ues.  Les  deux  côtés  du  cou,  couleur  de  cendre  tuniuoise. 
Dos  châtain  rougeâtre  clair,  tirant  légèrement  sur  l'olivier,  avec 
quelques  rares  pointillés  en  noir  sur  les  côtés.  Croupe  blanche 
tirant  un  peu  sur  le  jaune  sur  les  côtés  et  avec  quelques  plumes  de 
couleur  vert  clair.  Reins,  gorge,  gosier  et  partie  antérieure  de  la 
poitrine,  jaune  fauve  strié;  ventre  et  sous-queue  blancs  ;  scapulai- 

(i)  Bolleltino.  délia  Sooiota  Veni'to-Trenlina. 

(2)  Ornithologie  veronèze. 

(3)  On  fait  observer  ici  que  la  couleur  jaunàlre  delà  base  du  bec  dépeud  de  ce 
(ail  ([ue  l'Oiseau  (lorsqu'il  fut  décrit)  n'avait  pas  encore  revêtu  entièrement  le  plu- 
mage du  printemps  et  par  suite  on  doit  considérer  ce  caractère  et  quelques  autres 
encore  comme  un  reste  de  la  livrée  d'automne. 


OISE.UX    IIVlilUDKS    1U;.N(X)NÏI1KS    A    l'CTAÏ   SAUVAUIC  JiSV» 

reset  faces  transversales  sur  les  ailes  jaune  fauve;  autre  face  blan- 
che en  dessous  de  celle-ci;  |)elites  couvertures  des  ailes  blanelies  et 
rémiges  brunes  légèrement  tachées  d'un  jaune  verdàtre,  avec  tache 
lilauchc  à  la  base  de  celles-ci  entre  les  trois  premières.  Tiinonières 
brunes  ;  la  iireniière  externe  noire  à  bi  base  et  aux  extrémités  avec 
tache  blanche  le  long  de  l'éventail,  la  secondeavec  tache  semblable 
mais  [lins  petite,  les  suivantes  noires.  Pieds  brun  ijris  couleur 
chair.  » 

((  De  ce  qui  précède,  dit  le  ducleur,  il  résulte  clairement  ([ue, 
dans  cet  (tiseau,  il  existe  des  caractères  propres  au  l'riugillo 
(/■'.  ciidcbs)  tandis  que  d'autres  appailiennentà  la  l'epola  ;un  ue  peut 
expliquer  ce  fait,  suivant  les  lois  de  l'iiérédilé,  (|u'eu  admeltaiit 
que  cet  Oiseau  soit  uu  hybride  (b'sceudant  des  deux  espèces.  » 

f^'Oiseau  avait  du  reste  été  arraché  au  sort  de  ses  nombreux  com- 
pagnons (/■>/((//////  et  ['■■piilf)  grâce  à  son  plumage  ((ui  différait  de 
celui  de  tous  les  autres.  Ru  automne,  les  deux  espèces  traversent 
en  graud  nombre,  eu  effet,  les  vallées  duTreiitinà  la  grande  joie  et 
au  divertissement  des  oiseleurs  ([ui  les  attendent  au  passage  avec 
leurs  filets.  .\u  moment  où  M.  le  (K  Moschen  donnait  la  description 
de  l'hybride  de  sou  ami,  M.  S.  Uomanese  de  l.evico,  l'Oiseau  vivait 
en  captivité  chez  ce  deruier. 

Venous  maintenant  aux  exemplaires  que  nous  avons  pu  examiner 
eu  nature  :  ce  sont  les  trois  exemplaires  du  Musée  de  t'"loreuce  et 
envoyés  gracieusement  pour  nos  études  par  M.  le  prof.  Giglioli  ; 
celui  du  Musée  de  Trieste,  que  nous  a  communiqué  très  obligeam- 
ment M.  .Vntoine  Valle,  directeur-adjoint  de  cette  collection;  les 
deux  individus  du  Musée  de  Marseille  reçus  dernièrement  grâce 
à  la  bienveillance  (le  M.  Marion,  directeur;  le  s|)écimen  supposé 
c"  de  .M.  le  (K  Ilicardo  l'errari,  de  Trente;  l'exemplaire  apparte- 
nant à  M.  .\h.  l'oggi  de  Oènes  et  les  deux  iiièces  de  la  collection 
Degland  aujourd'hui  au  Musée  de  Lille.  En  tout  neuf  pièces. 

f.'iniiicidu  cT  'II'  Honjo  S.  Sepolcro,  Arezzo  [Toscane),  15  octobre 
/S'S7,  nous  a  paru  être  un  véritable  hybride  ;  nous  avons  uoté  les 
caractères  suivants  :  Bec  brun  clair  violacé,  sans  noir  à  l'extrémité 
des  mandibules.  J.,e  dessous  du  corps,  la  gorge  et  la  poitrine  sont  un 
mélange  de  roux  violacé  bien  intermédiaire  entre  le  roux  vineux 
du  cœlrbs  et  le  rou.x  orangé  du  iiiuiitifrinijiUa.  I>e  dessus  de  la  tète 
et  du  cou  est  un  mélange  de  brun  gris,  de  noir  et  de  bleuté;  le  dos 
est  marron  gris,  la  ])remière  bande  transversale  de  l'aile  (la  plus 
haute)  blanc  pur,  la  seconde  blanc  sale,  gris  jaunâtre;  les  bandes 
extérieures  des  rémiges  sont  bordées  de  verdûtre  pâle  comme  dans 


i60  A.    SllCHETEÏ 

cœlebs,  euliu  les  rectrices  les  plus  extérieures  sont  eu  ])artfe 
Ijlanches.  L'Oiseau  uous  a  donc  semblé  inleriuédiaire  eutre  les  deux 
espèces. 

Croyant  posséder  la  description  de  Vcxeinplalir  de  l'Iesolc  (4  noccm- 
hre  JSS4),  nous  ne  l'a  vous  point  faite,  mais  l'impression  que  cet 
Oiseau  nous  a  causée  est  bien  celle  d'un  hybride.  Les  ailes  le  prouvent 
d'une  façon  évideute,  et  la  couleur  du  dessus  de  la  lèle  semble  être 
aussi  un  mélange  de  celui  des  deux  espèces? 

L'exemplaire  9,  pi'i'f  le  JJ  noceiiibre  J883  àPalaia:  ne  parait  point 
montrer  aussi  clairement  sa  double  oriij;ine.  Il  tient  eu  effet  presque 
exclusivement  du  rwlcbs  $,  s'il  a  le  croupion  blanc  gris,  et  non 
verdâtre  comme  ce  dernier,  cette  couleur  pourrait  à  la  rigueur 
provenir  d'un  albinisme  partiel;  si  encore  la  deuxième  barre  de 
l'aile  est  presque  rousse  comme  chez  DiontifrinijiUa,  ou  ne  doit  pas 
oublier  que  l'Oiseau  a  été  tué  à  l'automne,  à  cette  époque  de  l'année 
où  la  deuxième  barre  de  l'aile  du  rœlebs  9  prend  aussi  cette  teinte. 
Toutefois  le  dessus  de  la  tète  et  du  cou,  le  dos  (mélange  des  deux 
espèces?)  uous  a  paru  montrer  l'influence  exercée  quelque  peu  par 
montifringiUa,  influence  qui  se  reconnaît  encore  sur  les  côtés  des 
flancs  colorés  en  roux  presque  orangé. 

J.a  femelle  du  Musée  de  Trieste  est  aussi  très  semblable  à  une  9  c(debs. 
Nous  avions  entre  nos  mains,  pour  la  comparer  à  cette  dernière,  deux 
femelles  eœlehs,  tuées  pendant  le  mois  d'octobre,  époque  de  l'année  où 
elle  fut  capturée  (1  ).  Voici  les  notes  que  nous  avons  prises  :  Quoique 
ressemblant  presque  entièrement  à  une  9  Pinson  ordinaire,  elle 
montre  sa  provenance  du  montifringiUa  par  sa  tonalité  plus  rousse 
eu  général  ;  sur  le  dos  supérieur,  sur  le  dessus  du  cou  et  sur  la 
couronne  de  la  tète,  on  aperçoit  un  mélange  des  deux  espèces;  à 
l'épaule  une  teinte  franchement  rousse,  en  dessous  (couvertures  iufé- 
rieures)les  plumes  jaune  citron  indiquent  mauifestemenl  l'influence 
du  inontifrinyilki;  le  croupion  est  aussi  un  mélange  des  deux  types. 
Malgré  ses  faibles  ressemblances  à  montijringiUa  et  ses  très  grandes 
ressemblances  avec  ceelebs  9,  nous  supposons  néanmoins  qu'elle 
provient  d'un  mélange  des  deux  espèces,  origine  que  l'on  peut 
aussi,  sans  doute,  attribuer  à  l'exemplaire  9  du  Musée  de  Florence? 
Les  femelles  hybrides  auraient-elles  une  propension  à  ressembler 
presque  exclusivement  à  une  seule  des  deux  espèces?  par  la  des- 
cription qui  uous  a  été  envoyée  par  M.  degli  Oddi  de  son  exem- 
plaire 9,  nous  voyous  les  mêmes  particularités  se   reproduire; 

(1)  Elle  ne  vécut,  nous  l'avons  dit,  que  jusqu'au  15  décembie  tle  la  uiÎMiie  année; 
son  plumage  ne  dul  donc  pas  changer. 


OISEAUX    UVUIUUKS    UE.NCOXTllÉS    A    LKTAT    SALVAUE  ilil 

(•('|ieiKiaiil  raqunicllo,  ([lie  II!  savant  naliiralisli'  a  bien  voulu  faire 
[H)ur  uous  scmlile  di-voiliT  l'origiue  mixte  dt;  l'Oiseau. 

Les  Ueur  exemplaires  du  Musée  de  Marseille  :  La  description  dounée 
plus  haut  (i)  se  rapporte  évidemment,  comme  on  a  ou  soin  de 
l'iruliquiT,  à  l'une  de  ces  pièces,  à  celle,  sans  aucun  doute,  (|ui 
présente  d'uue  manière  assez  tranchée  les  caractères  du  monlifrin- 
yitla  et  du  cœlehs,  quoi([ue  l'Oiseau  ue  rejjroduise  que  très  faijjle- 
meut  les  traits  de  ce  dernier.  Nous  ferous  néanmoins  connaître 
notre  impression  sur  ce  spécimen.  Quant  au  second,  provenant  de 
la  même  collection  (collection  Laurin),  quoicfue  étiqueté  comme 
hyliride,  il  nous  a  paru  être  un  exemplaire  doHleu.v  parce  que  les 
caractères  projjres  aux  eirleh.K  ue  sont  |ias  assez  aijpréciables.  Sauf 
quehiues  i)articularilésde  peu  d'importance,  c'est  un  monlifrinijilhi. 
Le  produit  de  deux  types  distincts  a'olliant  quelquefois  que  peu  de 
ressemblance  avec  l'une  des  espèces  dont  il  tiri^  son  origine,  l'indi- 
vidu en  question,  presque  entièrement  inontijrinijiila,  pourrait,  il 
est  vrai,  provenir  d'un  croisement  de  ce  dernier  type  avec  le  eœlebs  ; 
mais,  n'ayant  point  la  jjreuve  de  l'union  des  deux  parents,  nous 
ne  pouvons  le  déclarer  hybride  :  c'est  tout  ce  i(ue  uous  voulons  dire. 
Aiusi  la  couleur  de  sa  poitrine  roux  orangé  ne  porte  aucun  mélange 
du  roux  vineux  du  ro'lehs  ;  cependant,  nous  le  reconnaissons,  cette 
teinte  roux  orangé  descend  plus  bas  (ju'à  l'ordinaire,  elle  allecte 
même  les  flancs  en  se  fonçant  presque  en  bleuté;  si  encore  ((uel- 
ques  parties  de  la  croupe  sont  verdàtres,  elles  sont  très  inélaugées 
de  gris,  à  la  rigueur  blanc  sale.  Les  rectrices  n(!  sont  point  fran- 
gées comme  elles  le  sont  chez  tous  les  imintifrinyilla  ([ue  nous 
avons  examinés  (quoique  ce  caractère  ne  nous  paraisse  pas  abso- 
lument fixe  chez  cet  Oiseau,  car  il  existe  au  .Musée  de  Rouen  un 
exemplaire  nvmtifrincjilla  c?  dont  les  rectrices  sont  noires,  presque 
toutes  sans  bordures).  Nous  avons  oublié  de  constater  si  une  ou 
deux  des  rectrices  extérieures  étaient  tacliées  tle  blanc  (2)  ;  la  forme 
des  rectrices  nous  a  paru  se  rapprocher  de  rœlebs  ;  sur  les  côtés  du 
cou  la  teinte  bleutée  semble  aussi  em|)runtée  à  ce  dernier'?  Le  seul 
caractère  remarquable  de  cet  indixidu,  jucsque  entièrenuîut  niunti- 
frinijilld,  consiste  dans  l'absence  de  taches  noires  aux  lianes.  Est-ce 
sulfisant  pour  déclarer  sou  hybridilé'.'  Deux  naturalistes  prépara- 
teurs de  notre  ville,  aux(|uels  nous  avous  fait  voir  le  spécimen,  ne 
supposent  point  nue  double  origine  chez  cet  Oiseau. 

(I)  D'après  Ir  Magasin  de-  Zoolo^'ie,  p.  117,  mars  is;)3. 

(i)  I  m  sail  (|ue  deux  reclrices  lalt-rales  de  eœlebs  porlenl  une  larj^e  lâche  blanche, 
le  hianc  n'alTecterait  qu'une  seule  desreclrices  latérales  du  monlifringitla  (d'après 
Di'fjlandt. 


262  A.    SIICHKTET 

Revenons  au  |)ieinier  :  dans  son  ensemble  l'Oiseau  est  encore 
plus  monli[rin(jiUa  que  cœlebs,  mais  le  roux  de  la  poitrine  est  fran- 
chement vineux,  et  la  croupe  est  jaune  verdàtre  clair,  très  nette- 
ment accusé.  Vu  en  dessus,  la  partie  supérieure,  le  dos  au  moins, 
et  le  croupion  peuvent  passer  pour  un  mélange  des  deux  types,  la 
croupe  seulement  cependant  est  réellement  intermédiaire  entre  le 
blanc  du  tuonlifringilla  et  le  vert  jaunâtre  du  rœlehs.  Les  rectrices 
sont  encadrées  d'un  petit  liseré  blanchâtre  ou  jaunâtre  que  n'a  pas 
cu'lcbs;  la  forme  parait  se  rapprocher  davantage  de  celui-ci.  Vu  en 
dessous,  l'Oiseau  est  bien  plus  cwlebs  par  sa  coloration,  presque  de 
la  couleur  roux  vineux  (le  celui-ci,  quoique  l'on  seule  faiblement 
le  roux  orangé  du  monlifrintjilla,  mais  cette  couleur  rosé  vineux  ne 
s'arrête  point  sur  la  poitrine  comme  le  roux  orangé  du  montifrin- 
Uilta;  à  la  manière  du  cœlclis,  elle  s'étend  sur  le  ventre  et  jusque 
sur  les  lianes  qui  deviennent  gris  bleuté  foncé,  ce  que  ne  présente 
d'aucune  manière //(0(if//;//i^///«.  Absence  aussi  sur  cette  dernière 
partie  des  taches  foncées  longitudinales  de  ce  dernier.  Il  n'existe 
point  sous  les  couvertures  des  ailes,  près  des  épaules,  c'est-à-dire 
dans  la  partie  haute,  de  couleur  jaune  chrome  orangé  propre  au 
montijr'nuiiUa.  Enfin  la  couleur  du  bec  paraît  être  plutôt  celle  de 
cœkiis.  La  première  barre  lilanche  des  couvertures  des  ailes  est  plus 
apparente  que  chez  niontifringilla,  du  moins  le  brun  orangé  roux 
du  haut  de  l'aile  ne  la  recouvre  pas  autant,  cette  couleur  caracté- 
ristique du  nionlifriiKjilla  est  peu  accentuée  chez  ce  spécimen. 
Nous  pouvons  encore  noter  que  chez  cet  Oiseau  on  aperçoit  sur 
les  côtés  du  cou  un  demi  collier  bleuté,  mélangé  de  noir  assez 
large,  qui  pourrait  aussi  montrer  l'inllueuce  dacœlcbs'! 

Exemplaire  de  M.  le  D^  Ricardo  Ferrari,  de  Trente  :  presque  monti- 
frinijiUa  pur;  le  seul  caractère  qui  l'en  distingue  consiste  dans  les 
taches  blanches  de  deux  rectrices  externes.  Le  bec  de  couleur 
giis  bleuâtre  l'éloigné  aussi  sans  doute  de  inontifringilla,  car  c'est 
au  mois  d'octobre  qu'il  fut  tué  et  à  cette  époque  le  bec  du  monti- 
fringilla  a,  pensons-nous,  sa  couleur  jaune  brillant  à  la  base  des 
mandibules  et  brun  foncé  ou  uoire  à  leur  extrémité.  Le  roux  foncé 
de  la  poitrine  descend  plus  bas  ([u'à  l'ordinaire,  il  se  prolonge 
jusque  sur  les  flancs;  peut-être  aussi  est-il  quelque  peu,  quoique 
très  légèrement,  viueux. 

Ces  caractères  permettent-ils  d'alUrmer  l'hybridité  de  cet  inté- 
ressant Oiseau?  Nous  n'oserions  le  prétendre.  Cependant  les  deux 
rectrices  externes,  tachées  à  la  manière  de  ccelebs,  et  la  couleur  gris 
bleuâtre  du  bec,  nous  laissent  dans  l'indécision. 


OISEAUX    HVnhlDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  2Clli 

Nous  avons  nii  devoir  faire  part  à  M.  le  D''  Ferrari  de  l'impres- 
sion que  nous  avait  causée  sou  Oiseau  ;  ci'lui-ci  iio  jjartage  pas  nos 
liésitations.  ha  (^duIcui-  des  plumes  de  la  gorf^e  cl  du  croupion, 
nous  dil-il,  sont  deux  marques  hien  dislinclivi's,  tiùs  caracléris- 
liques,  non  équivoques.  Sans  être  un  savant  (ce  que  le  docteur 
nous  permettra  de  contester),  comme  oiseleur  et  amateur,  il  con- 
uait  assez  le  caractère  des  Oiseaux  de  passage  pour  discerner  les 
anomalies  et  les  variantes  de  l'une  et  de  l'autre  espèce.  Sur  ce  point, 
nous  dit-il,  la  j>ratique  vaut  mieux  quelquefois  que  la  théorie 
(nous  sommes  complètement  de  cet  avis).  Or,  trois  oiseleurs,  parmi 
les  meilleuis  connus  du  docteur,  ont  déclare  que  le  sujet  en 
(luestiou  était  un  hybride.  Quant  à  lui,  il  le  considère  comme  tel 
sans  (tiicun  iloiili',  «  la  couleur  des  |)lumes,  le  chant  et  le  maintien 
de  l'Oiseau  »  lui  en  donnent  la  certitude. 

Si,  comme  .M.  Kiccardo  Ferrari  le  pense,  sou  sujet  est  bien  le 
produit  des  deux  espèces  nommées,  cette  circonstance  prouve  qu'un 
hybride  peut  (|uel(pii'fois  emprunter  la  plupart  de  ses  caractères 
à  une  seule  des  espèces  mères. 

Krempliiiri'  appurtnianl  à  M.  M.  l'aij'ji,  dr  Grues.  .\ vaut  de  nous 
envoyer  son  si)écimen,  M.  Poggi  avait  eu  la  complaisance  d'écrire 
pour  nous  une  description  que  nous  traduisons  littéralement  : 
«  mâle,  de  la  taille  de  l\  cœlchs;  télé  lacliée  de  noir  mélangé  d(^ 
châtain  foncé;  ciHés  du  cou  gris  verdâtre;  dos  de  couleur  noisette 
olivâtre;  les  grandes  rémiges  /•'.  ewlchs,  les  rémiges  secondaires  et 
les  [tetites  couvertures  F.  nwnlifrinijilki;  le  croupion  vert  taché  de 
noir;  (|ueue  et  sojiracoda  /•'.  rwlchs;  sotlocoda  fauve  clair;  gorge 
fauve;  poitrine  fauve  clair;  alMlomen  blanc;  ascellari  à  jieine  tein- 
tées de  jaune  clair.  » 

La  double  origine  de  ce  spécimen  s'inq)ose  à  première  vue,  nous 
voulons  dire  par  là  (jue  ses  caractères  sont  tellement  intermédiaires 
entre  les  deux  types  purs  qu'il  semble  tout  naturel  d'assigner  à  un 
tel  Oiseau  une  double  parenté,  l'une  nricbs,  l'autre  iiiunlifrinijilla. 
Mais  ce  qui  nous  a  surpris,  ça  a  été  de  constater  sur  le  crou- 
pion, de  couleur  verdàtre  jaunâtre  foncé,  un  mélange  de  noir  ! 
Les|)lumes  de  celte  partie  sont,  à  leur  base,  de  cette  couleur.  (Nous 
croyons  cependant,  si  nos  souvenirs  sont  exacts,  avoir  constaté  la 
même  particularité  chez  un  des  premiers  exemplaires  que  nous 
avions  examinés]. 

Quoique  l'exemplaire  de  M.  Poggi  soit  plutôt  ca'li-bs  que  iiionlifriii- 
gillii,  le  mélange  des  deux  types  est  visible  sur  presque  toutes  les 


264  A. 'SUCHETET 

parties  fin  corps.  C'est  iiii  des  meilleurs  spécimens,  sinon  le  meil- 
leur, que  nous  ayons  eus  à  examiner.  (La  maudijmle  supérieure 
manquait;  l'inférieure  nous  a  paru  l'tt'/c^i' ainsi  ([uc  les  deux  rectrices 
externes). 

Les  deux  pièces  du  Musée  de  Lille  de  In  collection  Deyland. 
M.  Degiand  n'avait  point  donné  la  description  de  ces  deux  Oiseaux 
qu'il  avait  seulement  signalés  comme  hybrides  (1). 

En  demandant  à  M.  Gosselet,  directeur  du  Musée  de  Lille,  l'auto- 
risation de  nous  les  faire  parvenir,  M.  A.  de  Norguet,  dont  les 
connaissances  ornithologiques  sont  justement  appréciées,  nous  pré- 
venait qu'ils  dilïéraient  peu  à  première  vue  du  cœlebs  et  que  leur 
origine  hybride  lui  paraissait  quelque  peu  suspecte.  La  femelle, 
eu  ellet,  est  un  vérital)le  cœlebs,  sans  aucune  trace  de  montifrim/illu  ; 
c'est  un  Oiseau  plus  pâle  que  le  cœlebs  $  ordinaire,  aux  teintes 
quelque  peu  décolorées,  c'est  tout.  Nous  ne  pouvons  donc  nous 
expliquer  quelles  sont  les  raisons  qui  ont  pu  déterminer  un  orni- 
thologiste, aussi  distingué  que  l'étaitM.  Degiand,  à  déclarer  hybride 
un  tel  sujet.  L'étiquette  que  porte  cette  pièce  lui  était-elle  destinée  ? 

Nous  ne  ferons  point  toutefois  la  même  critique  de  l'exemplaire 
indi(iué  comme  cf.  Quoique,  dans  son  ensemble,  il  ressemble  plus 
à  cœlelis  qu'à  iiiontifringilla,  il  est  réellement  intermédiaire  entre 
les  deux  espèces.  Le  roux  de  la  poitrine  est  un  exact  mélange  des 
deux  teintes  propres  à  chaque  type,  le  dos  est  plus  cœlebs  que 
monlilrinijillii.  Les  rectrices,  prises  dans  leur  ensemble,  semblent 
être  elles-mêmes  intermédiaires,  quoique  les  deux  externes  soient 
cœlebs.  Le  croupion  est  verdàtre  gris  sale,  quelque  peu  blanchâtre, 
c'est  bien  encore  un  mélange  des  teintes  propres  à  chacune  des 
deux  espèces.  La  coloration  du  bec  est  sans  doute  également 
empruntée  aux  deux  parents.  La  large  bande  blanche  des 
couvertures  des  ailes  est  cœlebs,  à  peine  si  on  aperçoit  au-dessus 
et  la  recouvraut  unpeu  des  couvertures  de  inoutifrinijilla;  la  seconde 
barre  est  réellement  jaune  brun  roux,  plus  roux  peut-être  que  chez 
tnontifringUla  et  moins  blanc  que  chez  cadcbs.  Pas  de  taches  longi- 
tudinales foncées  sur  les  flancs,  ceux-ci  sont  recouverts  par  la 
couleur  roux  vineux  propre  à  cœlebs  ;  en  somme,  si  l'hybridité  doit 
se  reconnaître  à  des  caractères  intermédiaires,  elle  ne  fait  pas  de 
doute  chez  ce  sujet. 

Il  nous  reste  à  parler  d'une  pièce  dont  M.  del  Torre  a  fait 
mention  dans  l'ouvrage  de  M.  Giglioli  (2).  M.  del  Torre  a  été  assez 

(1)  Ornilli.  européenne,  I,  p.  272,  1S67. 

(2)  rrimu  resuconlu,  etc.,  p.  C8,  Firenze,  1891. 


OISEAUX    llVUIilDliS    HKNXONÏIUOS    A    l'kTAT    SAUVAGK  2Gi) 

aimal)k'  i)Oiii'  nous  ciivoyi'r  raquiiicllL'  do  cet  Oiseau  peinte  par 
lui-mùnic;  mais, en  nous  l'adiessanl  il  nous  i)révenait  ijue  cet  exem- 
plaire, pris  dans  les  environs  de  Cindale  il  y  a  quelques  années  et 
ayant  vécu  loniitcmits  en  caplivilé,  pouvait  bien  n'être  qu'une  variété 
de  /•'/•.  nrlfhs.  D'après  ce  que  nous  avons  jui  voir,  il  s'agit  eu  elTel 
d  lin  (ilhiiiisiiir  iKirlirI,  nous  n'hésitons  pas  à  le  déclarer  ;  beaucoup 
des  parties  du  plumage  sont  blanches,  toute  la  tête  et  le  cou  uotam- 
nieiit,  ce  (|ui'  n'oni  ni  nrlcli.'i  ni  nionlifriiujiUa.  L'Oiseau  du  reste 
chantait  tout  à  (ail  comme  calelis,  nous  dit  M.  del  Torre. 

Nous  avons  vu,  dans  une  collection  particulière  de  Houeu,  un 
Oiseau  semblable  à  (;e  dernier  spécimen  ([ui  avait  été  présenté  par 
erreur  comme  hybride  à  l'une  des  séances  de  la  Société  des  Amis 
des  Sciences  naturelles  de  notre  ville,  mais  ([ui  n'est  encore  autre 
qu'un  alliiiiisnie  piirlicl  (i). 

Eulin,  .M.  Ed.  de  Selys-Longchamps  a  la  bonté  de  nous  envoyer  la 
description  d'un  exemplaire  de  Pinson  ijue  l'on  pourrait  croire,  par 
sa  coloration,  hybridedu  l'iuson  d'Ardennes  avec  une  autre  espèce; 
ce  ([ui  est  blanc  chez  l'espèce  normale  est  ici  d'un  jaune  citron 
brillant.  Nous  ferons  savoir  à  M.  de  SelysLougchanq)S  que  nous 
avons  reçu  du  Musée  de  ïrieste  la  même  variété  ;  nous  ignorons  à 
quelles  causes  ce  changement  de  couleur  est  dil ,  toute  pensée 
d'hybridisme  nous  paraît  devoir  être  éloignée. 

.\insi  si  i|ueh|ues  pièces  sont  certainement  fausses,  si  la  double 
origine  de  (inehiiies  autres  reste  douleuse,  ou  n'est  point  suHisam- 
nieul  apparente,  pour  la  plupart  des  exemplaires  (|ue  nous  avons 
cités  i'hybridisme  s'impose  et  nous  croyons  pouvoir  dire  que  le 
croisemiMit  du  /•'.  ni'lcljs  et  de  /•'.  iiionlifrimjilld  à  l'étal  sauvage  se 
produit  (|uelquefois,  ne  pouvant,  à  (-((use  de  lu  nuelé  de  ce  iiuhne 
civifienienl  en  domesticité,  supposer  que  ces  divers  exemplaires 
hybrides  soient  des  échappés  de  captivité.  Il  est,  en  ellet,  croyons- 
nous,  extrêmement  rare  de  trouver  des  hybrides  cuelelis  et  iitunti- 
fiimjilla  nés  en  cage  (2). 

(1)  Vuy.  l'roci'svorlial  di'  l:i  sraïu-c  du   i  jiiillil    (S'.M.  I/Oiseuii   avait   été    luO  à 

(iorvillc  iSeiiK'-liitéi'iouiv).   vers  I8.S;;  nu  18H().  I.i^  iilirr,  (|ui  le  |iii'senlail,  n'iiidi- 

i|uait  pas  louli'fois  ii'  mnnlifrinijUla  loinme  dcuxiènio  (aileur  iiu'il  s'abstenait  du 
reste  de  di'li'rininer. 

(2)  M.  ViTiall,  de  l.ewes,  nous  assure  ci'|)eiidaut  avoir  vu  l'li}l)i-ide  des  deux 
espèces  né  en  caplivilé.  Deux  spécimens,  niainlena  it  montés,  ont  llguré  ù  TExpo- 
silion  du  Palais  de  Cristal  en  1872;  ils  paraissaient  iSlre  conservés  chez  M.  T.  Monk, 
de  Lewes  (Voir  Tlif  Ficld.ii  mars  18'.)0).  M.  Georges  lîavis,  deS.AUlule  Slreet  16, 
(ilcjuiisler,  nous  lait  aussi  savoir  «lu'il  a  mainlenaut  en  sa  possession  un  Oiseau  né 
en  caplivilé  du  croisement  du  munlilringilht  el  du  cwlebs. 


266  A.    SUCHETET 

M.  1).  Niccolo  (liiiiiusso,  do  Novi  Ligure,  iiifiiibro  de  l'fnchieslo 
orniloloijim  inlernaziunah',  nous  a  fourni  du  reste  des  indications 
très-précieuses  sur  l'appariage  constaté  de  r/isu  des  deux  parents 
supposés.  C'est  la  seule  fois  que  nous  ayons  rencontré  pour  le  croi- 
sement du  F.  cwlclis  et  du  F.  montifrinijiHu  une  observation  de  ce 
genre  ;  M.  Niccolo  Gamusso  ne  l'a  point  encore  publiée  (ce  qu'il  se 
propose  de  faire  dans  un  prochain  ouvrage);  nous  pensons  donc 
qu'elle  sera  d'un  grand  intérêt  pour  nos  lecteurs  (1  ). 

C'est  au  mois  de  juin  1870,  à  Rochetta  Ligure,  que  M.  D.  Camusso 
fit  cette  observation.  Dans  un  arbre  (un  Ubiius),  à  la  hauteur  de  cinq 
mètres  du  sol,  dans l'cnfourcliure d'un  tronc,  était  placéunniddela 
forme  commune  F.  cwlcbs,  de  la  même  composition  et  de  la  même 
configuration  que  ce  nid  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'e.xlérieur.  11  ren- 
fermait quatre  jeunes  âgés  d'environ  six  jours,  ])lus  un  u'ufqui 
n'était  pas  éclos;  cet  (puf  était  de  la  couleur  de  celui  tlu  cu'^/w, 
quoi(iu'avec  beaucoup  de  taches  obscures  sur  sa  partie  obtuse. 
Seule  la  femelle  couvait;  elle  fut  reconnue  pour  un  iiionlifrini/illd; 
le  mâle  était  un  beau  cceh'bs.  Malheureusement  des  gamins  avaieut 
aperçu  M.  Camusso  grimpaut  à  l'arbre  et  cette  couvée  intéressante 
fut  prise;  l'œuf  lui-même  fut  détruit.  La  femelle  néanmoins  resta 
encore  (iueli[ue  temps  près  du  nid  désert,  quatre  jours  environ, 
puis  disparut. 

L'hybridisme  cwlebs  X  montifringilla,  comme  on  le  voit,  présente 
un  réel  intérêt,  l'examen  des  caractères  des  deux  espèces  mères 
mérite  donc  de  fixer  l'attention.  Ces  caractères  sont-ils  assez 
tranchés,  assez  distincts,  pour  permettre  de  déclarer  cœlebs  et 
inoniifringiUa  spécifiquement  séparés,  nous  soumettons  la  question 
aux  ornithologistes. 

Frtngilla  coelebs  et  Fringilla  spodiogena. 

Un  beau  mâle  F.  spodiui/cna,  en  plumage  de  noces,  que  M.  Degland 
examina  dans  la  collection  de  iM.  Lauriu,  au  moment  où  l'Oiseau 
venait  d'être  dépouillé  et  monté,  avait  été  vu  avec  une  femelle  de 
Pinson  ordinaire  (F.  cœlebs)  avec  laquelle  il  jiaraissait  accouplé. 
11  arrivait  toujours  aux  cris  de  cette  dernière  et  la  suivait  constam- 

(I)  F.Ue  n'a  point  élé  publiée  dans  Primo  irsoconlo  liei  resuUctlo  délia  incliiesta 
oniitlioluijica  iit  llulki  iparle  lerza)  Florence,  1891,  parce  (|u'elle  fut  faite  hors  du 
district  inie  M.  Oaniusso  s'Otail  assigné  dans  cette  enquête  ornilliologiiiue  (Voir  II, 
part,  du  ItesocuHto  du  prof.  Giglioli,  p.  '.iS  et  suiv.). 


1 


OISEAUX   IiyBniDES   nENCONTR^;S   A   1,'ÉTAT   SAUVAOE  2fi7 

ment  d).  On  ne  dit  pas  cepciuiaiil  que  les  Oiseaux  construisirent. 
un  ui;i;  du  reste,  le  in;'ile  fut  tué  ;ui  mois  d'avril  I8*;i.  C'est  un 
apparia^c  présumé. 

Genre  Pyrrhula. 

PiNICOLA    ENUCLEATOR    (2)    et   CaRPODACUS    PURPUREUS    (3) 

M.Rid^waya  vuchezM.KrnestE.ThompsoQ,deTorento(Canada), 
un  Oiseau  inàle  adulte  paraissant  |)i'ovenir,  malgré  la  grande  dis- 
parité de  taille  (pii  existe  entre  les  deux  espèces  (4),  du  l'itiiroln 
enudeator  et  du  l'iiriKtiliirKSjiiirinircus.  Le  savant  curateur  du  Musée 
national  de  Washington  ne  met  même  point  en  doute  sa  ])rovenance. 

Le  I)'  .1.  A.  Allen,  le  directeur  de  l'Aiik,  a  vu  également  ce  spé- 
cimen et  l'a  déclaré  de  même  :  «  «  clnirhi  liybriil  bclivcn  comnion 
f'uriilc  rinrh  and  ihr  l'iiu'  Groshnik.  U  is  ri'rlaiiihi,  ajoute-t-il  (5)  « 
Diost  inti'rrslinii  nipltivr,  combiniwj  ecpuMij  thc  churcrtiTs  of  thr 
Pini'  (iroshcak  ami  Ihc  l'nrple  Finrh.  U  is  just  Imlj  iiinj  lii'lircni  llii'iii 
in  xizr  miil,  rerii  iicarli/  no,  in  nll  athrr  featurcs.  » 

Cet  hybride  fut  pris  dans  une  bande  de  Piue  Grosbeaks  ( Pinicohi 
l'inœleatorj  le  22  janvier  1890.  M.  Ernest  E.  Thompson,  qui  le  possède 
dans  sa  collection  pi'ivée  à  Toronto  en  a  donné  nue  descrijjtion 
dans  les  l'roceedings  de  la  section  ornithologique  de  l'Institut 
canadien  ((V),  revue  dont  il  fut  le  directeur.  Celui-ci,  en  ce  moment 
à  Paris,  n'ayant  pu  nous  communiquer  un  exemplaire  de  son 
journal,  nous  nous  bornons  à  rei)r()duire  la  descrijjtion  de  M.  W. 
Cross  (7). 

«  Màie  ad.  l(),7.ï,  ailes  3'7f),  (|ueue  l'^ti  pouces  ;  couleur  géné- 
rale comme  celle  du  Piniroln  danssim  iiius  beau  plumage,  le  rouge 
sur  la  poitrine  étant  riche  tout  particulièrement.  Le  dos,  les  ailes, 
les  côtés  delà  iioitrineet  le  ventre  se  rapprochent  de  la  couleur 

(1)  DKi-.f.ANr»  (-1  (iKiiiii.,  DniilliotDfiie  riiropi'enne.  I,  p.  27'i. 

(2)  Autres  noms  srieiililii|iips  :  l.o.iia  enudeator,  Cnrylltu-t  enudeator, 
Coccolhr<iu:<les  cannden^is,  Slrohilojihmjn  enuclentiir.  I.o.ria  psitlacen,  Loiia 
flamengn,  l'ijrrhuln  entidentor,   Frinz/illii  enuclealor. 

CM  Aiili-es  noms  scipnlifiqiios  :  Fringilla  purpureu.  l'yrrlnila  purpurea, 
Erythrospiza  purpurea. 

Cl)  Les  lieux  taeleurs  ne  pourraient  <Mre  considérés  eomme  races  d'une  même 
espèce,  ils  appartiendraient  plul(M  »  deux  genres? 

(.'))  In  Tlie  Iransaclions  o(  Ihe  Canadian  Institut,  Second  meeting,  I,  p.  i, 
28  Janvier  1890. 

(Cl)  Proccedings  n(  Iho  Oiiiithological  sulisecliiin  of  lln' iliiiiadian  liisllhile. 

(7)  In  Transactions  o(  llic  C:inadian  Instihilc,  I.  |i.  1.  IS'.Ki. 


268  A.    SUCHETET 

chaude  du  Carpnihirus,  saus  les  teintes  schisteuses  du  Pinicoln,  et 
rayécoinine  dans  les  espèces  les  plus  petites;  les  couvertures  infé- 
rieures sont  doulilées  (li)ii"l)  comme  dans  Cariioilunis  Cassinii:  le 
bec  avec  ses  plumes  anirorsc  est  intermédiaire  en  dimensions  et  en 
couleur,  mais  il  est  plus  large  que  celui  de  quelques  Pinicola 
adultes,  » 

Il  nous  jjarait  dinicilc,  après  l'avis  de  iMM.  Uidgway  et  Allen,  de 
mettre  en  doute  la  dou]]h'  origine  de  cet  Oiseau.  Reste  à  savoir  s'il 
n'est  point  un  éciiap[iéde  captivili'.  M.  Ernest  E.  Thompson  veut  bien 
nous  communi([uer  les  renseignements  suivants  :  «  \f  Pinicohi.  est 
très  rare  daus  les  inuarcs  (volières),  le  Cdpodnnis  y  est  très  commun, 
on  élève  facilement  cet  Oiseau  en  cage.  Le  Pivlcoln  visite  Toronton 
seulement  itendant  l'hiver  ;  ce  n'est  pas  un  visiteur  régulier.  Pendant 
la  saison  de  1889-1890  l'espèce  était  très  abondante.  » 

Genre   Emberiza 
Emberiza  citrinella  (1)  et  Gynchramus  schoexiclus  (2). 

Dans  la  collection  des  Oiseau.x  d'.\ngleterre  de  feu  M.  Handcock, 
collection  réunie  aujourd'hui  au  Musée  de  la  Société  d'Histoire 
naturelle  de  Northumberland,  Duiiiam  etNewcastle-upon  Tyae.on 
voit  un  liyi)ride  entre  le  Yellow  Bunting  (Einhcrizu  ritrinrlln]  et  le 
Reed  Bunting  (Eutbeiiza  schaniiclus).  D'après  les  renseignements 
qui  nous  ont  été  communiqués  par  M.  Handcock,  cet  Oiseau  fut 
pris  à  Whitley  Bents  (Northumberland)  le  30  janvier  18S().  11 
vécut  en  captivité  au  Musée  jus{iu'an  11  juin  1.S87;  il  mua  une 
fois  pendant  ce  temps.  Après  sa  mort  il  fut  envoyé  à  M.  Handcock 
à  Oatlands  et  préparé  par  celui-ci.  Sur  la  tète,  le  cou  et  le  dos  il 
présente  les  caractères  du  Iteed  Buntiiif/,  le  reste  du  plumage  se 
rapproche  du  Yellow  fluntin;/. 

Depuis  nous  avons  appris  par  M.  Salter,  jun.,  architecte  à  Pond- 
well  (Angleterre),  que  M.  .Miller,  de  la  «  Brewery  «.à  Reading,  i>rit 
])rès  de  cette  ville  un  Oiseau  qui  lui  parut  être  le  croisenieut  entre 
VE.  citrindin  et  le  C.  schœniclus.  Cet  Oiseau,  qui  fut  envoyé  à 
M.  Salter,  jun.,  ressemblait  aux  deux  espèces;  il  mourut,  il  y  a 
douze  ans   en\iron,    chez    M.   Salter.    .Malheureusement   celui-ci 

(1)  Autres  noms  -.Emberiza  sylveslri.':,  Eiiihfriza  xepteiUrioniilis.  Cilriiielld. 
Cilrinella,  Emberiza  Emberiza. 

(2)  Autres  noms  :  Emberiza  sclufuiclii.'!,  Emberiza  pa.^seriiui,  Hnrhiliiniis 
annulinaceiis,  Chyncramiis  slugiuili^  et  .'<eplentri<>nnlis,  Emberiza  Diirazzi, 
Biiscarla  pilyornis,  etc. 


269 

n'attnchant  |)rtiiità('etliu''|)oiiiiiMiii('^rnnd('  iiiiportnncofiiix  liylirides 
ne  (il  point  pri'parerla  iiiallieureiisc  biHc  amaigrie  par  la  dianliéo 
et  peu  acce|ital)le  pour  le  montage  ;  mais  il  ne  conserve,  nous 
dit-il,  aucun  doute  sur  son  authentieité. 

Nous  croyons  qu'il  serait  inipossii)l('  de  rerouuaîtic  un 
hybride  E.  citrinella  X  ^cha'nîclus  d'un  autre  hybride  de  /■;.  citri- 
nc'lUi  X  iiiiliislris,  cnv,  sauf  par  la  taille  et  par  le  cri  ([ui  les  distingue, 
ces  deux  espèces  sont  pareilles.  Il  existe  dans  le  genre  Eiiilirri:ii 
certains  types  qui  ofireui  de  grandes  ressemblances  de  coloration, 
de  taille  et  de  confiuMuation  ;  qu'ils  viennent  à  se  croiser  entre  eux, 
ou  avec  A.'.  cHriitclla,  il  sera  sans  donte  impossible,  en  maintes  cir- 
constances, de  déterminer  leurs  produits. 

Emberiz.v  citrinella  et  Emberiza  pithvornus  (1) 

L'hybride  de  ces  deux  espèces  a  été  signalé  par  .M.  Th.  Pleske  (2)  ; 
il  fut  piis  le  8  mars  par  le  professeur  Eversmann  aux  environs  de 
Kasan  et  est  aujourd'hui  conservé  au  Musée  Zoologiqne  de  r,\ca- 
démie  de  Saint-Pétersbourg.  «  D'après  sou  caractère  varié,  dit 
.M.  Pleske,  cet  Oiseau  est  incontestablement  le  produit  d'l'jitli('ri:.(i 
ciln'iicllii  et  d'Kiiil)i'ri:a  Icitcocrphala.  »  Le  savant  naturaliste  croit 
même  pouvoir  alTirmer  avec  certitude  (|ue  son  père  fut  VKiiihn  i:ii 
citrinella  et  la  mère  \e  Icurocephiiln.  Nous  nesuivi'ons  pas  l'éminenl 
académicien  dans  cette  voie. 

Eu  outre  M.  Pleske  remarque  ipie  le  |)lumage  assez  usé  de  cet 
Oiseau  porte  à  croire  qu'il  a  été  retenu  prisonnier  pendant  quelque 
temps?  (Ne  serait-ce  pas  plutôt  nu  Oiseau  échapiié  de  captivité,  élat 
dans  lequel  Userait  né)?  Le  sexe  n'a  pas  été  constaté,  m;iis  il  |)arait 
inàle  par  les  traits  particuliers  de  sa  couleur. 

Voici  les  principaux  caractères  qu'il  présente  :  «  .Sommet  de  la 
tête  gris  blanc,  avec  des  traits  noirs  plus  nombreux  au  front  et  aux 
côtés  de  la  tète,  formant  une  espèce  d'encadrement  foncé  qui 
s'étend  du  C(Mé  juscju'an  derrière  du  cou  el  prend  à  cette  place  une 
tonalité  brunâtre....  liande  superciliaire  intense  s'étendant  jus- 
(ju'aux  côtés  du  cou.  Les  joues  et  la  gorge  blanches,  les  joues 
encadrées  de  deux  raies  d'un  gris  foncé  et  toutes  les  |Kirties  avec 
de  rares   taches  noires.  On  remarque  nettement  des  traces  de  la 

il)  Auli'ps  nom.s  :  Eiiiberizii  leurncepluilu,  FringiUa  dalninlica,  Eiiiberiza 
liiinapnrtii.  Jtuscnrla  pitlujornua,  Passer  scldroniciis,  etc. 

(2)  Desrhreihung  einiger  Vngelhaslarilf,  von  Tlicodor  l'icski-,  consei-valor  ain 
Zoologisclien  Musruiii  der  kaisciliclien  Akiidoiiiie  dt'i-  Wissenschiifloii  (Mt-nioifes 
de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Siiinl-PélerslKmrg,(7),  X.XXV,  n»  a,  1887). 


270  A.    SUCHETET 

baude  rouge  de  rouille  de  VEinhrri^ic  cHr'uiolhi  cf.  Tout  lecôlé  iufé- 
rieur  est  bhiuc,  celle  couleur  ne  se  montre  pure  que  sur  le  milieu 
du  ventre,  taudis  qu'elle  est  maïquéesur  la  [loitriiie supérieure  par 
des  taches  larges  d'un  gris  de  ceudre  et  sur  la  poitrine  inférieure 
par  des  taches  pareilles  rouge  de  rouille  et  par  des  raies  d'un  hrun 
foucé.  Les  marques  de  la  poitrine  inférieure  s'étendent  sur  le  cùté 
du  ventre  et  sur  les  plumes  tectrices  du  dessous  de  la  queue,  cepen- 
dant les  taches  ainsi  que  les  raies  sont  plus  uunces. 

«  Le  deriiéie  du  cou  est  d'un  gris  de  ceudre  avec  quelques  taches 
d'un  rouge  de  rouille.  Les  plumes  du  dos  et  des  épaules  sont  rouille 
brunâtre  avec  des  raies  d'un  brun  foncé;  le  croupion  d'un  rouge 
de  rouille,  chaque  plume  bordée  de  blanc.  Toutes  les  paities  sans 
Irace  d'une  teinte  jaunâtre.  Les  tectrices  supérieures  des  ailes  d'un 
brun  foucé;  les  petites  et  les  grandes  bordées  de  brun  pâle  et  munies 
d'une  teinte  jaunâtre  à  la  bordure  extérieure.  Celles  du  milieu  avec 
des  bordures  rouge  de  rouille.  Les  pi'imaires  d'un  brun  foncé, 
bordées  d'un  jaune  mince.  Les  secondaires  d'un  brun  foncé,  bordées 
largement  d'un  rouge  de  rouille.  La  courbure  (le  pli)  des  ailes  d'un 
jauue  assez  intense  ;  les  tectrices  inférieures  des  ailes  d'un  blanc 
jaunâtre. 

»  Les  plumes  rectrices  d'un  hruii  foncé,  les  extérieures  avec 
des  bordures  ])]anehâtres  et  avec  la  barbe  intérieure  presque 
blanche,  la  deuxième  avec  une  tache  blanche  sur  la  l)arl)e  inté- 
rieure (jui  ne  renferme  qu'un  (piarl  de  la  longueur  de  la  |)lume 
de  la  queue,  les  autres  sont  jjordées  paiement  sans  teinte 
jaune  des  bordures.  Le  bec  noir  de  corne  sur  le  di'ssus,  bleu  de 
corne  en  dessous  (tl'après  Eversmann).  Culmen,  I2""".  Les  pieds 
couleur  de  chair  bruu  clair  (d'aju^ès  Eversmann).  Longueur  des 
ailes,  88"™  »  (1).  M.  l'Ieske  douue  une  ligure  coloriée  de  l'Oiseau  (2). 

Cette  figure,  quoique  bien  dessinée,  ne  nous  parait  pas  assez 
finie,  assez  précise,  pour  juger  de  la  nature  de  lOiseau  d'une  façon 
absolue,  quoique  sur  le  sommet  di^  la  tête  ou  aperçoive  h;  Idaue  f[ui 
caractérise  le  vertex  du  pilhnonnis  ;  le  large  collier  roussâtre  qui 
orne  le  devant  du  cou  et  la  gorge  du  iiillniarniis  fait  complètement 
défaut  chez  l'hybride  représenté,  le  reste  du  corps  paraît  se  lajjporlei' 
à  K.  cilrini'lld. 


(1)  C.e'to  (]cscri|iliiin  st>  lioiivi'  dans  les  .Mémoires  cités. 

(2)  Fig.  4  de  la  plandic  ecilorléo. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONmÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE  271 

EmBERIZA    CITRINELLA    t't    EmBERIZA    CIIILL'S   (1). 

M.  le  li"»  lui.  de  Sclys-Loiij:;c'liiin)ps  se  rappelle  avoir  vu  autrefois 
dans  la  collection  de  M.  Bovy,  à  Louvain  (collection  qui  n'existe  plus 
aujoiird'liiii),  un  Oiseau  liyliride  (Mùiihcrizu  cHrinelld  eld'E.  ciiius. 
M.  de  Selys-Li)ii!,'(liani|is  ne  peut  loutefuis  prik'iser  si  l'Oiseau  avait 
été  pris  à  l'état  sauvage  ou  obtenu  en  captivité. 

C'esl  parla  face  (|ue  les  mâles  de  ces  deux  espi'ces  se  distinguent 
jn-inciiialement,  mais  ils  oITrenl  sur  les  autres  parties  du  corps  de 
très  grandes  ressemblances;  quant  aux  femelles,  un  œil  exercé  peut 
seul  les  dilléreneier.  l'n  produit  "  entre  les  deux  types  serait  donc 
assez  diUieile  à  n'conuaîlre,  à  moins  donc  i|u'il  ne  soit  franchement 
intermédiaire  dans  ses  parties  supérieures  ;  quanta  un  hybride  ? 
nous  nous  demandons  comment  on  pourrait  allirmei-  sùrenienl  sa 
double  origine.  Cei^'iidant  si  nous  en  jugeons  par  un  individu  $  du 
Musée  de  Rouen  indii|ué  comme  cirliia  et  un  cilrimlUi  9  authen 
tique  que  nous  possédons,  il  existerait  dans  cette  collection  un 
sujet  (|uel(|ue  i»eu  intermédiaire  entre  les  deux  espèces.  Cet  indi- 
vidu, étiijucté  comme  E.  citi  incllii,  a  les  dimensions  de  cette  espèce 
ainsi  ([ue  la  longueur  des  pennes  de  la  (|ueue.  Vu  de  dos,  c'est  un 
ritiiiK'lbt  9  à  cause  de  son  croupion  brun  rougeàtre.  Sur  le  front, 
le  jaune  du  rUriiicllii  est  également  visil)le  ;  mais  vu  de  face,  par 
la  linesse  du  dessin  et  un  i)eu  par  la  coloration,  il  présente  certaines 
ressemblances  avec  l'individu  du  Musée  de  ftouen  désigné  comme 
r>/7».s- $.  Toutefois,  ayant  mis  ce  sujet  en  présence  de  nombreux 
s])écimcns  conservés  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Paris  et  dans 
la  collection  Marmottau,  ses  caractères  intermédiaires  ne  nous  ont 
plus  paru  aussi  sensibles  et  nous  n'oserions  le  présenter  comme 
hybride. 

(1)  Appelc  aussi  :  Embcviza  sepiaria  ou  L'mberizu  clivalhorax. 

l'.MHKiii/.A  iNTi-HMEtuA  —  I.es  auU'iii's  de  X'OrnilliDloiiie  euroiit'enne  n'admot- 
lonl  point  comme  l'spéce  Vl^iiiherizii  iiili'niiedia  de  Miclialiolles.  Ils  n'ont  vu 
jusi|u'i('i,  •  dans  un  assez  lion  nouilire  d'exeniplaires  déleriiiinés  l^iith.  inti'r- 
iiieiliii  (|ue  CyncUr.  pi/rrltulaiiles  au  hec  un  peu  moins  foil  c|ue  eliez  les  vieu.x 
individus,  ou  des  (ijnrlir.  ncltiiuiclux  dont  le  liée,  un  peu  plus  arqué  et  un  peu 
plus  oblus,  sortait  de  la  forme  ordinaire.  I.'liyhridilé  a-t-elle  produit  quelques-unes 
de  ces  formes  intermédiaires  ?  Il  n'y  aurait  rien  là  d'impossible,  •  disent-ils  : 
loulefois.  ils  remarquent.  v\  peut-être  aver  plus  de  raison,  que  ii  l'ûge  est 
certainement  pour  heaiieoup  dans  les  niodilii-alions  qu'éprouve  le  hee  de  ces 
Oiseaux.  »  MM.  De^land  el  (ierbe  ont  observé  et  tué  très  souvent,  dans  le  Midi 
de  la  l'"rance,  les  schirniclus  et  les  pyrrhuloiden  en  compagnie  de  tous  leurs 
intermédiaires  possibli's;  aussi  ils  ne  craignent  pas  d'allirnuu'  qu'il  n'y  a  eu  entre 
CCS  Oiseaux  aucime  dillérencc  de  mœurs,   d'habitudes.    Quant  aux  œufs,  ils  sont 


272  A.    SUCHETET 

JlJNXO    HIEMALIS    (i)    ZONOÏRICHIA    ALBICOLLIS    (2). 

Le  12  décembre  1882,  M.  William  Baily  tua  près  de  Ilaverford 
Collège,  Montgomery  Couuty,  Pa.,  un  Oiseau  ({u'il  soupçonna  iHre  le 
fruild'un  croisement  entre  le  White-Tliroated  Sparrow  (Z.  alhicollis) 
et  le  Snow  Bird  (Z.  hiemalis).  Il  le  remit  à  M.  Charles  H.  Townsend 
pour  en  faire  l'examen.  Celui-ci,  après  l'avoir  comparé  avec  des 
spécimens  des  deux  esi)èces  pures,  a  pensé,  comme  M.  ^^'illiam 
Baily,  que  cet  Oiseau  est  bien  un  hybride  parce  qu'il  porte  fortement 
accentués  les  caractères  de  ces  deux  espèces.  M.  J.  A.  Allen,  le  direc- 
teur de  l'Auk,  examina  aussi  ce  spécimen  «  (jui  joint,  dit-il,  à  un 
degré  presque  égal, les  caractères  deJnnco  hucmalis  et  de  /onotriachia 
albicoUis.  Les  Ijandes  noires  de  chaque  côté  du  haut  de  la  tête  sont 
plus  étroites  et  moins  distinctes  que  dans  le  dernier  et  la  ligne 
superciliaire  est  sim[ilement  représentée  par  une  tache  blanche  au- 
dessus  des  lorcs.  Il  y  a  une  faible  tache  blanche  maxillaire.  Les  raies 
noires  de  la  région  interscapulaire  sont  beaucoup  plus  étroites  que 
dans  Z.  alhicollis  et  les  bordures  frisées  des  plumes  sont  couvertes  de 
gris  ardoisé  ;  il  y  a  aussi  moins  de  frisé  sur  les  ailes  et  sur  le  crou- 
pion et  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  sont  plus  olivâtres 
et  la  queue  plus  foncée.  » 

Voici  du  reste  la  description  qu'eu  a  donnée  .M.  Charles  H. Town- 
send :  «  Taille  intermédiaire  entre  Z.  alhicollis  et  /.  hiemalis.  Bec 
presque  de  la  grandeur  de  /.  alhicollis.  mais  coloré  comme  celui  de 
Z.hicmnlis.  La  gorge  comme  dans  alhicollis,  la  poitrine  et  le  ventre 
comme  dans  hiemalis.  La  queue  de  dix  plumes,  la  paire  intérieure 
blanche,  avec  le  tiers  de  la  base  foncé,  la  seconde  paire  avec  une 
petite  tache  blanche  sur  la  vane  intérieure  ;  autres  plumes  de  la 
queue  foncées,  bordées  de  clair  au-dessus.  Le  plumage  supérieur 
principalement  comme  celui  de  Z.  alhicollis,  mais  couvert  d'une 
nuance  ardoisée  de  /.  hiemalis  ;   tache  blanche  des  narines  aux 

k'Uoment  semblables  que,  si  on  les  mélanije.  on  s'expose  à  les  confondre,  l'ne  très 
légère  dillérenco  de  volume,  dilîéi-ence  i]iii  n'est  point  générale,  n'est  jias  toujours 
propre  à  les  faire  ilistinsuer  [Op.  cit.  I,  p.  32ti  et  327).  M.  Salvador!  fit  savoir  à 
M.  de  Selys-Longcbamps  (On  carions  Birds  obserred  in  Ilalian  Museiiiiis.  Ibis, 
p.  WO,  1870)  que  dans  le  l'iémont  on  ne  rencontre  ni  VEmberiza  piirrUiilotdrs  ni 
VEmberiza  schœniclus,  mais  seulement  Tf.  intermedia  «  rcilh  tlie  bill  siiollen, 
rather  variable,  (ind  oflen  pasiing  inlii  Ihnl  of  E  scliœniclus.  » 

(1)  Autres  noms  :  Fringilla  liiulsniiica,  l'ti,':ser  uivalis,  Emheriza   hyenialis, 
Fringilla  hijeiiiali.';,  Eiiiberiza  liyeii>alit<,  .Mpbœa  hi/emalis.  .Stnilhus  hi/emalit:. 

(2)  Autres  noms  :  Fringilla  albicolli.'^,  Fringilla  fusca,  Zonoirirhia  pennsyl- 
vanica,  Fringilla  pennsylvanica,  Spiza  pennsylvanica. 


OISKAIX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAUVAGE  273 

yeux.  Les  couvertures  des  ailes  niarfiu(''OS  h^giTiMuent  do  blanc 
comme  dans  /.  (illncollis.  et  lo  bord  des  plumes  légèrement  jau- 
nâtre. Lonjïueur  l,nù  ;  aile  et  queue  3.  » 

L'Oiseau  (ut  tué  on  oompagnie  des  espèces  mères  qui  étaient  très 
communes  dans  le  Montgomery  pendant  l'hiver  de  18S2-1883.  Ce 
spocimon  est  du  sexe  mâle  (1). 

M.  R.  L.  Hazard,  do  Poaoo  Dalo,  U.  L,  qui  nous  a  indiqué  oc 
croisemeut,  nous  dit  qu'il  n'a  peut-être  rien  de  surprenant,  attendu 
que  les  doux  espèces  vivent  dans  les  mêmes  endroits,  et  que  souvent 
on  a  trouvé  loui-s  nids  tout  prés  los  uns  dos  autres.  Ces  Oiseaux  sont 
à  i)eu  près  do  la  mémo  grosseur,  mais  d'un  |)liimage  bien  dilléreut  ; 
l'un  porte  des  taches  noires,  l'autre  est  tout  à  fait  uni. 

L'hybrido  tué  par  M.  Lloyd  Baily  a  reçu,  comme  on  le  voit,  la 
sanction  d'ornithologistes  autorisés  (2). 

ZONOTRICHIA  I.EUCOPHRYS    (3)  ZONOTRICHIA    fiAMBELI  (4)  Ct  ZoNOTRICHIA 

Gambeu  ixtkbmedia  (a). 

Le  nombre  des  Oiseaux  de  ces  trois  types,  reçus  en  1889,  au 
Musée  national  des  Ktats-Uuis  à  Washington,  a  montré  une  série  de 
formes  passant  d'un  type  à  l'autre.  Aussi,  dit  M.  Hidvvay,  curateur 
du  Musée,  «  devient-il  nécessaire  de  les  considérer  comme  de 
simples  races  géographiques  d'une  espèce.  En  même  temps,  con- 
tinue le  savant  naturaliste,  on  a  vu  quel([uos  exemples  vraiment 
intermédiaires  outre  /.  inU'iinedia  et/.  Irucoiiliri/ti,  mais  en  considé- 
rant le  grand  nombre  de  spécimens  de  ces  deux  formes  qui  ont  été 
réunis  dans  dilTérentos  parties  de  l'Ouest,  la  projjortion  relative- 
ment faible  de  tels  spécimens  est  étonnante.  Il  est  possible  que  ces 
Oiseaux  soient  hybrides,  mais  il  est  encore  plus  probable  qu'ils 
indiquent  une  vraie  inlerfjrcidation  entre  les  deux  espèces  sup- 
posées (()).  >i 

Dans  le  Catalogue  que  M.  Ridgway  a  dressé  en  1880,  /.  Icu- 
a>iilir!is  ot  /.   (!(i)iilicli  liguicut  à  lili'o  d'espèce  (7),   toutefois  ces 

(1)  l'ciiir  Ions  CCS  rcnsci(;iiciiicnls,  voy.  Uijllcliii  ni  tlic  Niilhil  iinnlli<)loi,'i<al  Cliil), 
VIII,  pp.  7«  cl  7'.»,  avril  XiiS'i. 

(2)  Ce  croisement  a  6té  aussi  mentionné  dans  Koresl  and  Sircam,  on  il  est  dit 
(|uc  roisean  lut  présente  aux  membres  de  l'.Vcadémic  de  l'iiiladelphie  (N»  du 
:J0  avril  18«.3,  p.  84). 

(3)  On  ICmheriza  lencophrys. 

(4)  Ou  /:.  leucopkrt/a,  var.  inlermedia. 
(îi)  Ou  FringiU(t  Oaiiiheli. 

(6)  Tho  Ank,  VII,  n"  1,  p.  I9tj,  1890. 

(7)  Proceedings  ut  United  State  National  Muséum,  p.  177,  I8S0. 


274  A.    SUCHETET 

Oiseaux  auraient  été  auparavant  considérés  comme  variétés  (1). 
Dans  le  Catalogne  des  Oiseaux  dn  British  Muséum.  M.  Sharpe, 
après  avoir  indiqué  Z.  U'ucoph)-ys  comme  bonne  espèce,  y  réfère 
/.  intermedia  tout  en  reconnaissant  que  ce  type  diflère  un  peu  du 
précédent.  Z.  Gambeli  iiitiTinnlin  est  aussi  identifié  à  Z.  Ii-ucophrya. 
M.  Sharpe  ne  voit  pas  de  raison  de  séparer  les  deux  races. 

Spizella  pallida  (2)  et  Spizella  pallida  var.  Breweri  (3) 

M.  Gro.  L.  Tojipan,  de  Chicago  (Illinois),  nous  écrit  ([ue  pendant 
un  voyage  qu'il  fit  au  Nouveau  Mexique,  il  tua  un  Oiseau  qui  lui 
parut  être  le  croisement  de  la  Spizella  pallida  avec  la  Spizella  Bre- 
weri. L'Oiseau  fut  abattu  le  15  mai  1883  dans  la  contrée  de  San 
Miguel  et  fait  aujourd'hui  partie  de  la  collection  de  M.  Toppan  où 
il  porte  le  n"  580. 

M.  Gro.  L.  Toppan  a  eu  la  bonté  de  nous  en  faire  une  description 
très  détaillée  que  nous  traduisons  littéralement  : 

«  Sommet  de  la  tête  gris  cendré  foncé  ou  nuancé  argile  avec  des 
raies  noires  rapprochées  devenant  d'un  brun  légèrement  jaunâtre 
sur  le  bord  des  plumes.  Les  raies  sont  clairement  définies,  beau- 
coup plus  que  dans  S.  pallida.  Les  lignes  au-dessus  des  sourcils  pas 
aussi  distinctes  que  dans  S.  pallida,  mais  plus  que  dans  S.  Breireri. 
Les  marques  et  les  couleurs  sur  toutes  les  parties  supérieures 
ressemblent  de  près  à  celles  de  S.  pallida,  mais  elles  sont  plus  sombres 
et  aussi  jilus  foncées.  La  gorge  d'un  blanc  pur,  ombrée  sur  la 
poitrine,  tandis  qu'elle  balance  sur  les  parties  inférieures  dans  un 
l)lanc  cendré,  la  poitrine  sur  les  côtés  est  de  couleur  baie. 

«  La  queue  uniformément  plus  sombre  que  dans  la  plupart 
des  spécimens  de  S.  pallida,  les  plumes  remaniuablement  bor- 
dées de  blanc.  Le  bec  d'un  brun  noir  et  tout  à  fait  resserré.  Le 
tarse  brun.  L'iris  était  brun  clair  et  l'estomac  contenait  de  petites 
graines  et  un  jteu  de  gravier.  Les  mesures  en  pouces  et  centimètres 
sont  :  longueur  3.20,  étendue  des  ailes  7.20,  longueur  de  l'aile  2.50, 
queue  2.35.  tarse69,  culmen  30.  »  Nous  pensons  que  cette  description 
n'a  point  encore  été  publiée  et  nous  ignorons  complètement  si 
d'autres  ornithologistes  partagent  les  vues  de  M.  Toppan  sur  l'inté- 
ressant spécimen  qui  vient  d'être  décrit.  Nous  croyons  devoir  faire 

(1)  Voy.  Hiilletin  o(  Ihe  Essex  Iiistilut,  V,  p.  198,  décembre  187:5,  oii  tiii  lit  : 
«  Zonolrichia  leucophriis.  var.  inlermcdiu.  »  (il'apivs  the  Chcck-iist  de  ISSfi, 
p.  271.) 

(2)  Le  rnènieque  £m6pn;(r  pnilidn,  ou  que  Spizella  Breueri. 

(3)  Appelé  aussi  :  Zoiiotrichiit  fSpizelln!  Ilreweri. 


OISKAUX    HYBRIDES    IIENCONTKKS    A    I.'ÉTAT    SAUVAGK  273 

remarquer  que  la  Spizcllu  /icffc/-/ (igiire  dansElliot  Coiies  à  titre  de 
variété  tie  [dSpizcUa  pdllulu  dont  elle  a  les  mêmes  iinrurs,  aiusi  que 
M.  P'iliot  Coues  a  pu  l'observer  dans  le  sud-est  (1). 

M.M.  Hainl,  lirewer  et  Ridgway  (2)  observent  aussi  que  celle  race 
est  très  semblable  à  S.  palUda  et  réclame  une  comparaison  critique 
et  très  serrée  pour  l'en  séparer  (3).  Les  diflérences,  disent-ils,  sont 
peut-être  celles  d'une  race  plulùt(ine  celles  d'une  espèce,  quoique 
elles  soient  lrès-apprécial>les. Us  ajoutent  cependant  :  «  Thisspecies 
hears  a  very  close  to  the  S.  paliidit  in  exteraal  appearance,  but 
tliere  are  certain  constant  dilTcrenccs  \vlii(-li,  wilh  tlieir  pecularities 
of  llieir  distiuctive  distribniions  and  babils,  scein  to  elablisli  tlieir 
spécifie  séparation  ».  Les  œufs  dilléreraient  un  peu  de  ceux  de 
S.  jinlliild-.v  llic  gronnd  is  more  o(  a  green  tlian  in  tliose  of  S.  paUida.y 

Nous  n'avons  point  vu  en  nature  ces  deux  Oiseaux,  mais  les 
deux  létes  dessinées  (4)  sont  tellement  seniblables  iju'il  est  presque 
imi)Ossiblç  de  les  distinguer  l'une  de  l'autre.  Les  marques  dp,  pallida 
sont  un  peu  plus  foncées  sur  le  front  et  sur  la  tète  (|ue  chez  Dreaeri. 
La  SpizelUi  lireueri  figure  à  titre  d'espèce  dans  la  Chcrl,--I.ist  (5)  ainsi 
que  dans  le  Catalogue  des  Oiseaux  de  l'Amérique  du  Nord  dressé 
en  1880  par  Robert  Hidgway  ((>),  également  aussi  dans  le  Catalogue 
des  Oiseaux  du  Musée  Britannique,  ipioique  M.  Sharpe,  en  parlant 
d'un  mâle  adulte,  s'exprime  ainsi  :  a  fery  slniiiar  to  S.  palliiln  »  (7). 

Genre  Passer 

Passer  domesticls  (8)  et  Passer  montanus  (9) 

Le  regretté  M.  Lemetteil,  de  Bolbec  (Seine-Inférieure),  abattit,  le 
10  décembre  18(18,  un  Moineau  qui,  «  par  la  taille,  les  caractères 
zoologiques  et  le  mode  de  coloration,  >i  lui  parut  être  un  intermé- 
diaire remarquable  entre  le  Passer  domesticus  et  le  Passer  inuiUaniis. 

(1)  À  hislory  of  yortk  nmerican  Uir(l.<,  II,  p.  13,  1874. 

(2)  Oirdu  of  llie  yortkicest,  Washington,  1874. 

(:i)  (1  Rcqu ires  close  and  critical  comparaison  tu  separale  it.  » 
(4)  l'I.  XXVII,  n-'  3  el4. 

(ii)  Tke  code  of  Nomenclature  ofNorlli  ainerican  Birds  adopled  Inj   llie  U)ite- 
rican  Ornitlwlogisls'  Union,  p.  173,  Ncw-Vork,  1880. 
(G)  Pruceedings  ol  United  States  national  .Muséum,  p.  78. 

(7)  l'âge  (UVS,  1888. 

(8)  Apjielé  aussi  :  l'ringilla  domeslica  ou  Pyrgila  domesUca. 

(9)  Autres  noms  scientifiques  :  Fringilla  inonlunu.  Passer  montanus  et  cani- 
pestris,  l'yrgita  montuna,  Passer  montannica. 


276  A.    SUCHETET 

11  l'a  considéré  comme  hybride  (1)  et  eu  a  douné  la  descriptiou 
suivante  :  «Taille  13  ceutiuiètres;  bec  moins  gros  (jue  celui  du 
Moineau  domesti(iue,  plus  fort  que  celui  du  Fri([uet,  avec  une  teinte 
jaune  à  la  base  comme  chez  ce  dernier;  rémiges  tertiaires  étagées 
comme  celle  du  premier;  tête  roux  vineux  sur  les  côtés,  lavée 
de  cendré  olive  au  vertex  ;  une  petite  raie  blanche  partant  du  front 
et  s'étendant  sur  l'œil  ;  gorge  d'un  noir  pur,  bordé  de  cendré  sur 
le  haut  de  la  poitrine;  nue  tache  noire  peu  apparente  et  comme 
effacée  sur  la  joue  ;  point  de  demi-collier,  seulement  un  peu  de 
blanc  plus  pur  que  chez  le  Moineau  franc;  manteau  comme  chez 
le  Friquet;  bandes  blanches  de  l'aile  tenant  plutôt  du  Moineau 
commun;  rectrices  brun  noir  comme  celles  de  ce  dernier.  » 

Le  cri  particulier  de  cet  Oiseau  avait  frappé  M.  Leuiclteil,  c'est 
pourquoi  il  l'avait  tiré.  Eu  le  ramassant  il  le  prit  tout  d'abord  pour 
un  Moineau  commun,  mais  à  un  second  examen  il  crut  avoir  afiaire 
à  un  Fri([uet  eu  remarquant  toutefois,  à  chaque  inspection,  qu'il 
avait  dans  le  faciès  quelque  chose  d'insolite  dont  on  se  rendait 
compte  dilïicilement. 

M.  Lemelteil  tua  alors  un  Oiseau  de  chacune  de  ces  deux  espèces 
afin  de  les  com|iarer  au  premier  dans  la  livrée  de  la  même  époque, 
et,  après  avoir  trouvé  entre  eux  «  les  dillérences  et  les  rapports  » 
qui  viennent  d'être  signalés,  il  crut  devoir  mentionner  dans  son 
ouvrage  ce  très-rare  métis.  C'est  en  elïet  le  seul  que  nous  ayons  à 
citer.  Nous  n'en  avons  point  trouvé  d'autres  exemples  à  l'état  libre. 
Une  vague  mention  de  ce  croisement  a  cependant  été  faite  par  le 
rév.  Macphersou,  de  Carlisle,  mais  le  révérend  ne  peut  rieu  aliir- 
mer  à  ce  sujet  (2). 

Lorsque  M.  Lemelteil  nous  avait  fait  voir  sou  exemplaire,  nous 
nous  occupions  alors  des  Gallinacés  hybrides  et  nous  n'avions 
donné  que  peu  d'attention  à  cet  Oiseau,  cepemlant  fort  intéressant. 
Depuis  nous  avons  demandé  à  la  veuve  de  M.  Lemelteil  la  permission 
de  l'examiner  de  nouveau,  nous  étant  préparé  à  cet  examen  par 
l'étude  des  cai'actères  des  deux  espèces  pures  supposées  parentes. 
Malheureusement,  l'habile  collectionneur  de  Bolbec n'ayant  point 
étiqueté  les   pièces   de    sa    collection  qu'il  préparait  lui-même, 

(1)  Culalogue  raisonné  des  Oiseaii.i  de  la  Seine-Inférieure,  II,  \i.  83. 

(£j  Voy.  Tlie  spaiTow  in  the  lake  district,  The  Natviralist.  pp.  92  et  93,  Londres, 
1890.  Voici  ce  que  dit  le  révérend  :  «  Wbelher  llie  Iwo  species  inlerbreed  in  a  wild 
slale,  I  cannol  positiveley  say.  I  saw  in  Eigg  oiie  Bird  Uial  niight  be  a  hylirid  ;  on 
tl\e  Rhine  I  once  met  with  a  Bird  tliat  I  felt  quite  salislied  was  a  hall  lireed;  but 
the  day  being  a  Sunday,  I  had  left  my  gunt  at  home.aud  could  only  scrutiuisc  him 
llirougli  a  glass.  »  Voir  aussi  Field,  31  .Mai  1890. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L  ÉTAT    SAUVAGE  277 

l'hybride  ne  poiie  aucune  nuMition.  Nous  avons  cru  cependant  le 
reconnaître  |iarini  iilusieuis  si)éi'ini('iis  cf  du  ^enri'  Pas^rr  et  nous 
ne  pensons  point  avoir  (ail  fiicur. 

Dans  son  aspect  gùiiriai,  il  nous  a  paru  bien  [Aus  P.  domesticus 
que  P.  niontanns:  il  est  presque  de  la  j^rossour  du  P.  domesticus.  Il 
se  distingue  de  ce  type  si)écialfnn'ut  lorsqu'on  icgarde  le  dos;  vu 
ainsi  il  présente  le  manteau  du  inontnnus  (tant  par  la  coloration 
que  par  la  disposition  du  plumage)  (1);  il  est  aussi  plus  court  que  le 
/'.  donii'slicus.  Sur  les  joues  ou  remarque  en  ellet  une  tache  noire 
ellacée,  et  son  bec  (la  mandibule  intérieure  au  moins)  rappelle  par 
sa  coloration  le  P.  mnntamis'!  Nous  le  croirions  doue  volontiers 
hybride  à  cause  de  ses  caractères  propres  aux  deux  espèces. 

Il  existe  que](iues  exemples  du  croisement  en  domesticité  du 
Moineau  domestique  et  du  Frifjuet.  Bechestein  l'aurait  déjà  men- 
tionné (2).  En  1880,  un  F.  Ilouse  Sparrow,  dit  le  révérend  Macpher- 
son,  s'aj)pariait  avec  une  $  Tree  Sparrow  dans  une  volière  des 
Jardins  de  la  Zoological  Society;  les  œufs  furent  reconnus  inféconds. 
Mais  M.  Otty,  de  Norwich,  fut  plus  heureux  et  obtint  un  bel  hybride 
eutre  ces  deux  esi)èces  (3).  Nous  supposons  que  c'est  ce  spécimen 
qui  fut  montré  |)ar  M.  Gurney  à  un  meeting  de  la  Société  Zoologique 
de  Londres(4).  Nous  mémeavonsobtenu,  dans  une  volière  d'Anti  ville, 
de  sendilables  jiroduits  entre  un  cf  !'■  moiiliiiius  et  une  Ç  /'.  ddines- 
ticit!-,  du  nmiiis  ayant  laissé  ensemble  dans  un  vaste  compartiment 
ces  deux  Oiseaux,  nous  nous  aperçûmes  un  jour  de  la  présence  de 
quatre  jeunes  déjà  forts  et  volant  facilement  (.')). 

Deux  de  ces  jeunes  ont  disparu  (jnehiues  années  après  leur  nais- 
sance; nous  ignorons  ce  qu'ils  sont  devenus.  l'eut-ètre  se  sont-ils 
éciiappés  et  depuis  se  sont-ils  ajjpariés  avec  des  Moineaux  domes- 
tiques? L'individu  rencontré  par  M.  Lemetteil  pourrait  à  la  rigueur 
être  un  Oiseau  échappé  de  cage  comme  se  sont  sans  doute  envolés 
les  deux  exemplaires  que  nous  ne  retrouvons  plus. 

(1)  Si  nos  souvenirs  sont  fxacis. 

(2)  Voy.  Hybridily  iii  Ilirds.  h\  rév.  Macphcrson.  l-'ielil.  ,11  Miii  1S90. 

(li)  Voy.  TUe  Iree  Sparrair  in  the  Inke  diflncl.  by  rév.  Maiplierson,  Naturalisl. 
p.  yy.  Mars  1890. 

(4)  Op.  cil.,  nièmp  page. 

(li)  Quoique  nous  n'ayons  point  vu  les  parents  les  nourrir  ni  uiùme  trouvé  le 
nid,  et  que  d'aspect  ils  soient  de  véritibles  pclils  P.  montanus,  il  nous  parait 
dilVicile  de  mettre  en  doute  leur  origine  rar,  en  admettant  à  la  rigueur  qu'ils  aient 
pu,  à  cause  de  leur  jeune  âge  et  de  leur  petite  taille,  s'introduire  dans  le  parquet, 
d'où  seraient-ils  venus,  l'espèce  montanus  ne  nichant  pas,  pensons-nous,  dans  la 
contrée. 


278  A.    SUCHETET 

Passer  montanus  et  Passer  Itali.e  (1) 

M.  Odoardo  Ferragni,  de  Crémoue,  nous  écrit  i|iril  tua  jieudant 
l'hiver  l'Iiytiride  de  ces  deux  espèces.  Ce  spéciiiien,  ayant  été  cédé 
à  M.  le  comte  Salvadori  del  Meyes,  du  Musée  de  Turin,  nous  avons 
demandé  à  celui-ci  de  bien  vouloir  nous  l'adresser,  ce  qui  nous  fut 
accordé  très  gracieusement. 

Mis  en  présence  des  deux  espèces  mères,  rOiseau  nous  a  paru 
être  presque  entièrement  P.  ItaUœ.  C'est  dans  sa  face  et  à  son  bec 
|ieul-étre  qu'on  pourrait  reconnaître  l'influcmco  du  P.  nionlnniis, 
ainsi  (pie  dans  l;i  tache  noire  de  la  gorge.  Celte  tache  ne  s'étend 
point  très  en  avant  sur  la  poitrine  et  ne  s'arrête  pas  brusquement 
à  son  extrémité  inférieure  comme  cliez  /'.  montanus,  elle  se  mélange 
eu  quelque  sorte,  et  par  quelques  degrés,  avec  le  gris  blanc  sale  de 
la  poitrine.  La  teinte  marron  du  dessus  de  la  léte  est  celle  du  /'. 
[taliœ.en  sorte  que  si  l'Oiseau  est  réellement  un  produit  deP.  mon- 
tanus e[  d'une  autre  espèce  de  Pas.scr,  ce  serait  bien  le/'.  Italiœ 
qui  devrait  être  reconnu  pour  être  le  deuxième  facteur  et  non 
le  P.  (lo)iu'sticus.  Mais  peut-il  être  déclaré  hybride,  nous  n'oserions, 
pour  notre  part,  le  prétendre. 

Cependant  .M.  T.  Salvadori  ne  met  pas  eu  doute  sa  provenance, 
et  le  croit  réellement  hybride  de  P.  /f«//ti;  et  de  P.  )nontanus.  Ce 
qui  nous  a  surpris,  c'est  que  M.  Salvadori,  et  M.  Ferragni  du 
reste,  trouvent  à  cet  exemplaire  plus  de  ressemblance  avec  le 
P.  montanus  qu'avec  le  P.  Italiœ.  Ce  n'est  point  notre  avis,  autant 
que  nous  avons  pu  en  juger  par  les  quelques  spécimens  ItaUœ, 
conservés  au  Musée  de  Rouen.  «  La  tache  obscure  sur  les  plumes 
des  oreilles  et  le  manque  de  couleur  châtain  sur  le  dos.  prétend  le 
savant  comte,  sont  bien  les  caractères  du  Passer  montanus;  le 
noir  de  la  gorge,  qui  s'étend  plus  bas  que  dans  cette  dernière 
espèce,  mais  qui  n'arrive  pas  sur  le  haut  de  la  poitrine  comme 
dans  les  P.  Italiœ,  et  aussi  la  couleur  de  la  tète  et  des  couver- 
tures des  ailes  plus  vives  que  dans  les  P.  /»0((/««i(5, mais, pas  autant 
que  dans  les  P.  ItaliO',  sont  encore  des  caractères  iutermétiiaires 
entre  ceux  des  deux  espèces  nommées.  Enfin  l'Oiseau  a  les  dimen- 
sions plus  grandes  que  celles  du  P.  montanus,  mais  plus  jjetites 
que  celles  du  P.  Itaihv.  » 

On  voit  que  notre  manière  de  voir  ne  concorde  pas  en  tous  points 
avec  celles  de  l'éminent  ornithologiste  italien,  puis(]ue  nous  trou- 
Ci)  Synonymie  :  Passer  Italiœ.  Passer  iloiiiestictis  var..  Passer  tloiiieslicits 
cisalpiiius,  Fringilla  cisalpina,  Fritigilla  Italiœ. 


OISEAUX    IIYBIIIDKS    HENCONTRKS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE  27ît 

VOUS  i|ii('  l;i  luiileur  iiiairoii  du  dessus  de  hi  liHc  osl  plutôt  celli'  du 
/'.  Ilaliii-  et  iioii  celle  du  /'.  nionlanus  (qui  nous  paraît  avoir  celte 
couleur  plus  violcltei  ;  puis  aussi  que  l'Oiseau  est  plus  P.  iimntitniis 
pai'  la  di.sp()sili(Ui  de  sou  |(luuiai;e  qiw  /'.  llaliif. 

Nous  avons  probableuieul  fait  erreur  dans  uolre  appiécialiou. 
et  nous  eu  déférons  volontiers  à  l'autorité  de  M.  Salvador!. 

Le  produitdu  /'.  (//(;/i^//M/.\el  du  /'.  /7a//(/' aurai!  été  aussi  observé 
par  M.  leD'  Turdietti  de  Kueccliio  (Italie), tout  au  moins  le  docteur 
cite  un  fait  de  ce  j;eure  dans  l'ouvrage  de  M.  Giglioli  (1).  Mais  celte 
mention,  faite  de  souvenir,  est  très  vague.  M.  Turchetti,  auquel 
nous  avons  écrit  à  ce  sujet,  nous  a  répondu  qu'avant  d'être  a|ipi'lé 
à  travaillera  la  statistique  de  rornilliologie  italienne  il  ne  faisait 
aucune  atlenti(Mi  aux  hybrides,  el  que  ceux-ci,  s'il  venait  A  cm  icn- 
contrer,  ét.aient  mangés  avec  les  autres  Oiseaux  (pu;  l'on  prenait. 

lie  croiseuM'ul  aurait-il  eu  lieu  (pi'il  pourrait  se  l'apporter  au 
(irécédeiit  si  le  /'.  Ilnliir  n'est  ipi'uue  race  du  /'.  ihniiesticiis'! 

I'assek  domesticuS  el  Passer  Itali-e 

M.  le  |irofesseur  (iiglioli  a  eu  la  lonqilaisance  de  nous  envoyer 
un  Oiseau  olilenu  à  l'dine  iNénétie)  au  mois  d'avril  1887,  actuelle- 
ment en  jieau  et  non  encore  catalogué  dans  le  Musée  de  la  Faune 
italienne.  Cet  Oiseau,  d'après  l'éminenl  professeur,  proviendrai!  du 
/'.  (Idiiiislicus  cl  t]\i  /'.  lldliii;  il  lui  avait  été  donné  par  M.  \'alloii. 

N'ayant  point,  au  moment  où  nous  l'avons  reçu,  de  sujets  de 
comparaison,  c'est-à-dire  des  /'.  (tunicstiniK  et  des  /'.  ItaliiV  tués  à  la 
même  épo(pie,  Udus  n'avons  |iu  nous  rendre  compte  de  ses  caractères 
inleiinédiaires;  on  sait,  en  elle!,  ([ue  la  coloration  du  plumagedeces 
deux  Oiseaux,  très  rapiirocbés,  varie  plusieurs  fois  dans  l'année. 

Le  témoignage  de  M.  Giglioli  nous  suffit  du  reste,  et,  pour  le 
savant  naturaliste  de  Kloreuce,  l'Iiybridisme  n'es!  d'aucun  doute, 
l'Oiseau  étant  mâle  et  dans  son  liabit  d'été.  .M.  Giglioli  a  vu  ensem- 
ble dans  les  rues  d'L'dine  les  deux  espèces. 

Reste  à  savoir  si  le  Moineau  cisalpin  doit  être  détaché  du  Moi- 
neau domestique'.' 

.MM.  Degland  el  Gerbe  semblent  l'inscrire  comme  race  du 
/'.  ilii\>irslictis;  Temminck,  apiès  l'avoir  considéré  ainsi,  l'a  admis 
cependantcomme  esiièee  dans  la  deuxième  édilicm  de  son  MtiHiirl(l). 
C'est  aussi  l'avis  du  prof.  Giglioli  (■'{)•  l'inii-  uolie  pari,  nous  le  croi- 

(1)  l'iiiiio  n',<ori)H((),  cil- .  m.  KIdii  iici',   is'.il. 

(2)  Voy.  iH'glaiiil  l'I  (iiilie,  op.  cit.,  I,  p.  iii,  JST'i. 
(.i)  Voir  :  Atifiiuiui  Udlica,  p.  2.1,  Kirni/e.  ISSIJ. 


280  A.    SUCHETET 

rions  bien  plus  volontiers  race  qu'espèce,  car  à  certaines  époques  de 
l'année,  son  plumage  diffère  peu  du  P.  Homesticus,  en  sorte  que,  do 
l'aveu  même  de  M.  Giglioli,  on  ne  pouri-ait  toujours  reconnaître  les 
hybrides  des  deux  formes. 

Passer  Itali.e  et  Passer  salicicola  (1) 

M.  C.  A.  Wright,  après  avoir  rajipelé  (2j  que  le  principal  carac- 
tère qui,  d'après  les  auteurs,  sert  à  différencier  les  deux  types, 
consiste  dans  la  présence  chez  P.  salicicoln  de  barres  noires  trans- 
versales qui  manquent  chez  /'.  Ituliœ,  lait  connaître,  dans  une  col- 
lection de  l'île  de  Malle,  où  vivent  les  deux  variétés,  quatorze  ou 
quinze  spécimens  intermédiaires  qui  présentent  plus  ou  moins  ces 
raies  transversales  et  forment,  pour  ainsi  dire,  une  série  à  grada- 
tions tellement  peu  sensibles  qu'il  serait  didicile  de  tracer  bien 
nettement  une  ligne  de  démarcation  entre  chaque  spécimen. 

Aussi,  pour  M.  Wright,  on  ne  saurait  porter  au  rang  d'espèce  ces 
deux  formes  dont  les  habitudes  sont  essentiellement  les  mêmes,  qui 
vivent  associées  dans  les  mêmes  localités  et  dont  les  femelles  ne 
peuvent  être  distinguées. 

Une  collection  nombreuse  de  peaux  d'Oiseaux,  obtenus  par  le 
D'  Leitli  Adanis  et  M.  Wright  à  diverses  époques  de  l'année,  dans 
différentes  parties  de  Malte  et  de  Gozo,  montrant  ces  gradations, 
fut  soumise  à  sir  William  Jardine. 

Celui-ci,  après  les  avoir  conqiarées  très  soigneusement  avec  une 
(imiiitilé  de  si)écimens  venant  des  différentes  parties  du  monde, 
aurait  émis  une  oiiinion  conlirmant  celle  que  M.  \\'rigld  s'était  déjà 
formée  ('•}). 

M.  Wright  observe  eu  oulre  qu'après  la  s;iison  des  amours  un 
changement  de  couleur  affecte  le  i)lumage  du  Maltesc  Sparrow, 
lequel,  dit-il,  «  becomes  sprinkled  willi  a  greyish  or  sand  colour, 
the  deep  black  of  Ihe  beak  changes  to  born  colour  wilh  a  tinge  of 
yellow  about  the  base,  much  of  the  Idack  about  the  throat  and 
ffauks  disappears  and  the  whole  plumage  is  duUer  )>. 

Quebiues  anuées  plus  tard  (4),  M.  Wright  rappelait  que  le  véri- 
table Moineau  de  Malte  était  le  /'.  suliciroln  avec  peut-être  une 
«  iidnii.rliirc  of  P.  Ilaliiv  ». 

(1)  AuUts  nijiiis  :  Frinyillii  liisiKitiioleiisis.  l'i-inijHlii  snlicicula,  Puiser 
liin/ianiolcnsis,  l'dniier  saticdi'iui. 

(2)  I.i.'it  of  Biid.i  obgfrveil  in  thr  islaitil.<  of  Milita  and   (jozo.  Iliis,  \>.'M.  ISGi. 
(A)  Voy.  IbU.  p.  :;2,  ISCt. 

(/i)    77nrf/  appcndix   lo  a  iisl  of  Uinls  olisfrreil    iit  Malla  ami   (iozu,  Ibis, 

p.  2:ki,  isw). 


OISEALX    lIVltlUDKS    ItKNCONTHÉS    A    L'KTAT    SAUVAGK  '2Sl 

Les  S]>i'ciinciis  |iivsciil;iiit  les  ii;r;i(l;i lions,  (|iie  nous  nvons  citées 
d'après  M.  \\ii;^iit,  ne  (loimoiit  jioiut  une  |)ri'uvo  foi  iiii'llc  du  croi- 
seinenl  des  deux  types,  ciir  le  /'.  snllcicuhi  peul  èli'e  sujet  à  ces 
variations  et  se  i'ap|)i'Oclier  ainsi  presiiuc  coni|>l('lcnient  dci  /'.  Itdliiv 
dont  sans  doute  il  n'est  ([u'um-  simple  vaiiété.  Lorsque  deux 
formes  sont  aussi  voisines  et  peuvent,  dans  une  série  de  spécimens, 
se  rallier  l'une  à  l'autre,  il  nous  paraît  dillicile  d'établir  eiilri^  elles 
une  distineliou  spécilii|ui.'. 

Du  reste,  si  nous  en  croyons  M.  Tommasso  Salvador!  (  J),  il  n'exis- 
terait à  Malte  d'autre  espèce  (luele  /'.  .s'r//(('("cr)?(/.s-,  ainsi  qu'en  Sardai- 
gae  et  Sicile.  Aussi,  d'après  M.  Salvador!,  k  les  individus  que 
M.  \Vriy;ht  désigne  comme  présentant  des  caractères  de  transition 
d'une  espèce  à  l'autre  ne  seraient  autres  prohahlement  que  de 
jeunes  sujets  du  /'.  snliriralus  n. 

Cependant  dans  un  ouvrage  plus  récent  (2),  le  même  ornitholo- 
giste parle  de  quelques  individus  passant  le  détroit  de  Messine  et  se 
croisant  eu  Calabre  avec  le  /'.  Italiif  qa'i\s  rencontrent  à  cet  eudroit. 
M.  Salvadori  a  uième  vu  des  individus  qui  semblent  hybrides  entre 
les  deux  espèces.  Une  allusion  à  cet  liybridisme  est  faite  ])ar 
M.  Giglioli  d'après  le  prof.  A.  Fiori  (3). 

.M.  Sordelli  nous  demande  si  P.  (loiiifstini.i,  P.  Iliilid'  et  /'.  oïlici- 
ciiltis  diflèrent  autrement  que  par  la  coloration?  Nous  no  saurions 
lui  répoudre.  Nous  avons  vu  que  M.  Wright  assigne  à  P.  [talia-  et 
/'.  sdlirirolu.t  les  mêmes  mieiirs  et  les  mêmes  habitudes;  mais  il 
considère  /'.  fliniifsHrux  'comme  forme  dislincle,  ainsi  que  sir 
Jardine. 

Si  l'on  en  juge  par  les  exenqilaires  conservés  au  Musée  d'Histoire 
natui-elle  de  Rouen,  le  .Moineau  ordinaire  (Passer  iloiiicslints)  dillère 
du  Moineau  espagnol  (Passi'r  hispnniolensis)  par  la  couleur  du 
dessus  de  la  tète  qui  est  brun  chocolat  très  accentué  chez  le  dernier 
et  gris  foncé  bleuté  chez  le  premier.  Le  noir  du  dessous  de  la  gorge 
chez  /'.  Iiisiiiiiuiih'nsix  s'étend  |)lus  lias  que  chez  /'.  doinesticus,  il 
descend  sur  la  iioitiine  ipi'il  couvre  eu  largeur;  peut-être  aussi  les 
marques  uoires  lougihnliuaii^s  du  dessus  du  dos  sont-elles  chez  lui 
plus  accentuées  (fue  chez/',  domcstirus.  \  I'umI  on  rem;ir([ue  chez 
ce  dernier  une  barre  blanc  jaune  peu  éleuduc,  (pu)iqu'assez  large  ; 
elle  est  plus  mince  et  plus  longue  chez  /'.  Iiisiiiiiiioli'usis. 

(1)  Voy.  l'auna  dllaliii,  p.  l'iS,  187i. 

(2)  Klenco  degti  Uccelli  ilaliani  conipilala  da  Tommasso  Salvadori,  iiieiiiliro  ilfl 
Coinilalo  ornitologico  inlernazionale.  .\nnali  dt-l  Musco  civico  di  sloria  naliiralc 
di  Ueiiova  |iiiblicati  per  cura  G.  IJoria  et  K.  GesU-o,  (i),  III,  p.  87,  IS,SO. 

(3)  Voy.  Àrifauna  ilalica,  p.  25,  Kirenzo,  itHMi. 


282  A.    SUCHETET 

Si  iiiiiiiite.uaul  ou  coiii])ai'e  avec  ces  deux  types  le  /'.  Italia',  ou  le 
Iroiive  (îri  (jiiehitie  sorte  iult'riiu'cliairc;  la  couleur  du  dessus  de  la 
lèle  louvoie  euLn'  le  hleulé  giis  du  /'.  (Ioiih'sIIcks  et  le  luanou  du 
P.  Iiispaniolensis.  Chez  un  des  trois  exemplaires  de  ce  deruier 
type,  le  marron  est  même  très  répandu  et  alïecle  presque 
eiitièremeut  le  dessus  de  la  tète,  mais  il  est  moins  vif  que  chez 
P.  Impaniolensis  et  laisse  voir  quelque  peu  de  la  teinte  bleutée  du 
P.  doincsticiis.  Chez  tous  les  individus  de  cette  dernière  espère  que 
nous  possédons,  nous  avons  remarqué  indistincteuient  à  celle 
place  celte  teinte  bleutée  sans  mélange  aucun  de  marron. 

Dans  la  collection  Noury  (Musée  d'Histoire  naturelle  d'Elbeulj, 
uons  avons  examiné  deux  sujets  liispdniok'nsis  l'un  5  et  l'autre  (f 
exactement  semblables  ;  ils  nous  ont  paru  très  caractérisés  et  s'éloi- 
gnant  du  type  ilonicsliras  par  leurs  joues  franchement  blanches,  le 
dessus  de  la  tète  chocolat;  la  teinte  noire  de  la  gorge  s'évase  sur  la 
poitriuede  chaque  côté  et  s'étend  en  taches  jus(|ue  sur  les  flancs.  L'ii 
Ô  llaliœ  de  la  môme  colleclion,  se  montre  intermédiaire  entre  les 
types  hispaniolrnsis  et  rlomesliciis,  se  rapprochant  davantage  de 
/*.  clonirstii-Hs  ;  le  dessus  de  la  tète  est  marron  chocolat  comme  dans 
kispdniulciisis,  mais  ses  joues  ne  sont  pas  profondènieat  blanches 
comme  chez  celui-ci,  et  la  plaque  noire  ne  s'étend  guère  plus  que 
chez  /'.  (loiiiestlru.s  ;  en  somme  /'.  Ilaliif  différerait  prut-Hrc  moins 
de  P.  (lomcsticHs  que  de  l'.  sallcicolus. 

Chez  les  exemplaires  P.  S((/h"K'o/(/.s  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle de  Paris,  les  taches  noires  longitudinales  qui  atTectenI  les 
flancs  sont  également  très  prononcées,  se  détachant  sur  le  blanc 
gris  sale  de  la  jjoitrine.  Les  taches  brunes  du  dos  se  détachent 
aussi  assez  nettement  de  la  couleur  du  fonds.  Nous  avons 
remarqué  ces  mêmes  caractères  chez  plusieurs  spécimens  de  la 
colleclion  de  M.  Lemetteil  à  Bolbec  (Seine-Inférieure).  Eu  somme, 
il  nous  semble  dillicilede  porter  au  rang  d'espèce,  les  trois  formes 
P.  diinirstirus,  P.  Italia'  et  P.  bispinilnlrnsis.  Ceux-ci  paraissent  bien 
plulùt  races  ou  variétés  d'un  même  type. 

Génie  Loxia 

LOXIA    CURVIKOSTRA   (1)   et    LoxiA   BIFASCI.^TA    (2) 

En  parlant  de  la  Lo.ria  rulirifasciata,  MM.  Deglaml  et  Gerbe 
s'expriment  ainsi  (3)  :  «  L'on  ne  saurait  mieux  se  faire  une  idée  de 

(1)  Ou  Curviroslra  pinelorum,  ou  f.oxin.ou  Cruciroslra  iiliictiiin. 

(2)  Ou  Crucinistra  hifasciald.  ou  loxia  tn'nioplera. 

(3)  0/1.  cit..  1,  |i.  mi 


OISEAUX  HVnniDRS  nENCONTRÉS  A  l'étvt  sacvage  2S3 

la  l.ii.rid  nthrifasciata,  diuit  M.  Sclilogel  donne  une  excellente 
ligure  (I),  (|iiVn  siipposaiil  une  l.ti.rin  liipisrlnln  dont  la  double 
bande  et  la  pointe  des  rémiges  scraieul  roui^eàtres,  ;m  lieu  d'être 
Manches;  en  sorte  que,  si  les  deux  Oiseaux  ne  dilléraient  pas  par 
les  proportions,  on  serait  tenté  de  rapporter  la  nibrifasciata  à  la 
hifiixcidln  pluttH  qu'à  la  nircirosira.  Peiit-ùtre  même,  la  f.n.ria 
ruhrifiiscinta  est-elle  le  i)roduit  d'un  accouplement  fortuit  du  Bec- 
croisé  orilinaire  et  du  Bec-croisé  bifascié.  »  Néanmoins  les  auteurs 
de  VOriiitlioloiiie  enropi'oinc,  après  avoir  considéré  que  «  le  prince 
('.11.  Bonaparte,  qui  en  avait  d'abord  fait  une  espèce  (2),  n'y  a  jihis 
vu  en  dernier  lieu  (3),  ((u'une  race  de  la  f.n.rid  rurciroaira,  n  ter- 
minent en  disant  qu'  «  elle  ne  constitue  probablement  qu'une 
variété  accidentelle,  à  bniuelle  il  n'y  a  par  conséquent  aucun  rang 
à  assigner.  » 

Ce  croisement  reste  donc  tout  à  fait  liypothétique.  Les  deux  fac- 
teurs supposés  doi\eril-ils  même  être  considérés  comme  ajipar- 
tenant  à  deux  espèces  distinctes  '.'  Certains  l'ont  pensé  à  cause  des 
deux  barres  blanches  de  l'aile  qui  dilTérencient  hifnsriata  de 
rnnirostni,  clie/,  laquelle  ces  bandes  blanches  fout  di-fant  (i). 
Mais  .M.  le  D''  Baron  Uichaid  Kicning  Warthausen  ne  reconnaît 
qu'une  seule  véritable  espèce  de  Becs-croisés  (5). 

LOXIA    CURVIROSTRA    et    LOXIA    PITVOPSITTACUS   (()) 

Christian  LudwigBrelim  dit  que  |iar(ois  les  deu.x  espèces  s'accou- 
plent et  produisent  des  hybrides  fertiles,  lesquels,  par  la  grandeur 
et  la  forme,  tienuenl  le  milieu  entre  les  deux  espèces.  Mais  il  n'in- 
dique pas  dans  son  ouvrage  (7)  si  ces  croisements  se  produisent  à 
l'état  libre. 

(1)  iUinitgnipliie  des  I.o.iien.<,  l'I.  .'i. 

(2)  Confp.  Cen.  Ar.,  p.  'Ml. 

(3)  Cal.  l'iirzHil. 

(4)  Trois  excni  pliures  cunirontru  adultes  l'I  en  plumage  de  noces  de  la  colleclion 
Noury,  d'Ellieiit.  ont  la  routeur  roufjc  du  corps  dilléreiile  de  celle  de  hifngriatn,  c|ul 
est  plus  ro.«i-e  crauiolsie  clie/  ce  dernier.  Chose  étonnaiile,  nous  n'avons  point  trouve 
larnii  les  nomlu-eux  exi-mplaires  l.oxin  du  Muséum  d'Ilisl.  nil.  de  Paris,  une 
seule  pièce  rlii|uetéc  hifiinriiilri  :  un  individu  portant  deux  liarres  blanrhes  sur 
r.iile  est  iniliqui-  coiniiie  Irtiiiiplrra.  .Même  particularité  au  .Muséum  de  Ituuen. 

(;i)  1-e  savant  baron  a  bien  voulu  nous  envoyer  son  travail  :  Die  Kreuzxchniibel 
iind  ihrr  l'Drtjilhinziinj  in  Jalireslieflen  des  Vcreins  fur  vaterl.  Naturkunde  in 
Stuttgart,  n<Si,  on.  pafje  10,  il  indique  les  variétés  ou  races  diverses  des  Uecs-croisés. 

(())  Ou  t.nxia  currirnslra  major,  t'ruciroslrn  i>iti/npsillacus,  Crueirantrii  pinr- 
Inriim. 

(7)  Lehrhiich  (1er  Nulnrijeseltichlr  iiUer  eiiropiiiarhen  VHgcl.  Krsier  Tlieil. 
p.  16S,  \xa. 


284  A.    SUCHETET 

La  chose  est  possible,  car  dans  iiii  autre  livre  (1)  aiii|iicl  il  renvoie, 
il  écrit  (2)  qu'il  a  eu  en  sa  ])ossession  uu  véritable  Oiseau  nain  de 
Cnrriroslra  pityopsiltacus,  uu  cT  âgé  d'un  an  qu'il  considère  comme 
un  hybride  de  Lo.rid  cunirostra,  et  (|ui  fut  tué  au  milieu  d'une 
bande  de  Becs-croisés  (Curriro.itid  pituopsillncns).  Dans  sa  forme 
l'Oiseau  ressemblait  à  ce  dernier  dont  il  avait  la  téleet  les  pieds,  mais 
non  entièrement  le  bec  et  la  grandeur,  car  il  ne  pesait  que  2 1/2  d'une 
sonde  (3)  et  avait  seulement  7  pouces  1/2  de  long,  dont  3  1/8  pour  la 
queue  et  12  1/2  de  largeur  ;  la  plus  longue  penne  était  de  3 1;G  pouce. 

M.  Jacob  Sprecher  nous  écrit  aussi  de  Coire  (Suisse)  qu'on  a  cru 
apercevoir  dans  la  forêt  de  Fohreuwald  des  l.o.rid  piti/opsiliarus  appa- 
riés avec  des  Lo,rl(t  nu'firo.'iirfi,  cependant  comme  les  deux  types  se 
ressemblent  beaucoup,  l'observation  n'est  pas  absolument  certaine. 
Nous  rappelons  ici  la  remar([uc  du  |>récédent  article  :  à  savoir  que, 
d'après  M.  le  baron  Kœuing  W'artliausen,  il  n'existe  qu'une  seule 
véritable  espèce  de  Becs-croisés  ;  du  reste  il  nous  paraît  dlIFicile  de 
séparer  spéciliquement  pitiiopsittnrus  de  (•nrcirnstra.  Si,  eu  eiïet,  le 
premier  n'était  de  taille  plus  forte  et  ne  présentait  un  bec  plus 
gros  (4)  que  celui  de  curtiroiitrii,  comment  distinguerait-on  ces  deux 
ty])es  dont  le  plumage  est  à  'jieu  près  identique,  tant  ])ar  sa  dispo- 
sition (jue  par  sa  coloration.  Dans  la  collection  Mannoltan.  aujour- 
d'hui réunie  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  j'aris,  tous  les  l.o.rin 
sont  étiquetés  sous  im  même  nom  :  cKm'rnstni  (3). 

Entre  deux  genres. 

EmBEUIZA    BRASILIENSIS  et  PASSER  DOMESTICUS 

Nous  rappelons  ici  pour  mémoire  cet  hybridisme  déjà  cité  (p.  240) 
parce  que  les  deux  espèces  croisées  appartiennent  à  deux  genres 
différents,  le  genre  Emhcriza  et  le  genre  Passer,  il  est  vrai,  très 
l'approchés. 

.M.  Louis  Pitot,  de  Neuville,  qui  nous  a  signalé  cet  exemple,  n'a 

(1)  lieitriigc  ziir  Vinjclkiitiilc. 
(i)  Page  r.l'i. 

(3)  La  soiulo  oUiil  un  (inids  d'une  deiui-oncc. 

(4)  La  mandil)ulo  infin-ieun^  nuliiinineiit  est  plus  épai.ssc,  et  la  supéiieuro  ne  la 
dépasse  pas  autant  (|ue  eliez  cunirostra. 

(;i)  M.  de  SelysLongclianips  {yolice  sjir  les  llvc.t-cruisrs  leuuijiitre  et  liifascié. 
Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Uelgiiiue,  XIU,  n'  j),  eonsiilèie  pityopsitlacus 
iiminie  espèce  (voir  p.  12):  toutefois  il  reeonnait  la  grande  allinité  des  dillérentes 
espèces  de  Lu.ria  (p.  9). 


OISEAIX    IIVUniDES    HKNCONTHKS    A    l'kTAT    SAlVAIiK  28o 

jaiiinis  pu  siivoir  où  les  OiscMiix  avaient  fait  Iimii-  nid,  ni  attraper 
les  jeunes  qui  en  pro\ieiulraient. 

Cependant,  il  ne  doute  nullement  di-  la  provenance  do  la  iii(;liée 
qu'il  a  (diservée.  »  Les  Oiseaux  scnit  iires(pie  tous  hii^arrés, 
nous  dil-il,  et  ont  les  couleurs  vives  soit  du  pire,  soil  de  la 
mère.  L'un  d'eux  a  la  tiHe  et  les  ailes  de  la  couleur  du  Moineau, 
tout  le  reste  du  corps  est  jaune;  en  sorte  (pi'on  ne  saurait  se 
tromper  ».  Depuis  la  neige  dernière  M.  Pitot  n'a  i)lus  revu  (pie  deux 
ou  trois  do  ces  hybrides  dans  son  jaidin.  (Jiie  sont  d(^vonus  les 
autres,  sont-ils  nnirls,  ont-ils  été  tués,  on  ont-ils  ciiaiigé  de  (]war- 
lier?  il  rif;iioro.  Il  se  proiiose  de  les  observer  attentivement.  On  se 
rappelle  que  l'un  des  deux  parents  était  un  Oiseau  exoti(|ue 
éclia|)pé  de  (■ajie,  par  conséquent  un  Oiseau  iinjjorté-  ne  pouvant 
rencontrer  pour  s'appariei'  aucune  femelle  de  son  espèce.  Néan- 
moins, on  nous  permettra  do  faire  des  réserves  sur  la  provenance 
des  jeunes  Oiseaux  observés  tant(iu'ils  n'en  auront  jm  ètrecaptuiés, 
l'albinisme  (|ui  alTecle  souvent  le  plumaije  du  Moineau  [louvaiit  se 
traduire  par  une  couleur  jaune  et  non  blanche,  comme  cela  arrive 
chez  les  Perruches  inséparables  on  les  Pinsons  d'.Xrdennes. 

LiGuiuNus  CHLORis  et  Passke<  Itali.k. 

■M.  Kni;èue  Itono.  de  Portoj;ruaro  (\enezia)  a  fait  connaître  (1)  nu 
Oiseau  rappelant  le  Verdoue  (Ligurimis  chloris)  et  le  l^-dSAfivo  (Passer 
It(iliw):  irrandeur  d'un  (Canari,  couleur  des  plumes  (pennes)  ressem- 
blant de  loin  à  celles  d'une  femelle  de  Verdier;  la  partie  supérieure 
vert  grisâtre,  la  tète  et  la  gorge  jaune  olivâtre  bordé  de  gris  sombre, 
ventre  blanchâtre,  (pu'ue  et  ailes  gi'is  très  foncé;  bec  et  pattes  du 
Moineau  et  la  strui'ture  générale  du  Vi-rdier.  Les  [ilumes  jaunes  du 
Verdier  adulte  faisaient  défaut.  Cet  Oiseau  avait  été  pris  au  (ilet  dans 
les  premiers  jours  du  mois  d'octobre  1800;  niisencageil  commença 
à  chanter  aussitôt.  Son  chant  ni  varié,  ni  agréal)le  rappelait  celui 
du  Passera  scoparola  (2).  Comme  particularité,  il  avait  l'habitude  de 
chanter  la  nuit. 

Ce  singulier  spéciuH'u,  qui  servait  d'appeau  à  l'oiseleur  (|ui  l'avait 
pris,  vécut  iMi  cage  environ  deux  mois  et   ne  fut  envoyé  (|u'aprés  sa 

(1)  liolteUina  del  yalnralisla  colleUore,  aUemlorc,  coUivalure,  n"  <;,  p.  71, 
a  guigno,  1S9I,  Sicnna. 

(2)  Nous  ifinorons  quoi  peut  i-lrp  cet  Oiseau,  nous  iw  le  Imuvoris  pas  dan?  la 
Synonymie  ilu  prof.  Ciiiilioli  (iiifituiia  ilalirn);  nous  supposons  i|u'il  exisie  urir 
faule  d'iuipresslon  et  ipiil  faut  lire  Scopainla,  qui  rsl  V.iccentor  niothilurlf  l.iiin. 


286  A.    SCCllETKT 

mort  à  M.  Eii^èue  Hono;  il  Jiviiit  iHo  si  mal  empaillé  qu'il  ne  tarda 
pas  à  se  détériorer  et  il  fut  impossible  de  le  conserver. 

Les  quelques  n'otes  sur  sa  conformation  et  sa  couleur  que  nous 
venons  de  transcrire  ont  été  prises  par  M.  Bouo  lorsque  l'Oiseau 
était  encore  vivant.  Un  professeur  de  sciences  naturelles  qui  vil 
ce  spécimen  empaillé  chez  M.  Boao,  à  Portogruaro,  le  considère 
comme  hybride  du  Verdone  et  du  Passero,  c'est  aussi  l'avis  de  ce 
dernier  qui  le  suppose  même  provenir  d'un  Verdono  "■  et  d'un 
Passero  9. 

Il  est  regrettable  que  cet  exemplaire  ail  été  perdu,  car,  iiensons- 
nous,  c'est  le  seul  spécimen  dece  genre  (juc  l'on  connaisse.  Le  croise- 
ment des  deux  espèces  supposées  mères  nous  parait  cependant 
difficile  à  admettre.  Elles  n'ont,  en  effet, -ni  les  mêmes  mieurs,  ni  la 
mêuie  nidification.  Une  description  beaucoup  plus  détaillée  nous 
paraît  nécessaire  pour  allirmer  l'origine  que  M.  Bono  a  déclarée; 
nous  remercions  néaumoins  ce  dernier  des  irenseigiiements  qu'il 
nous  a  très  obligeamment  envoyés.  Si  l'Oiseau  était  réellement  un 
hybride  des  deux  genres  nommés,  ce  dont  nous  doutons  vivement, 
son  origine  devrait,  dans  ce  cas,  être  attribuée  à  un  croisement 
accompli  sans  doute  eu  caiitivilé,  la  femelle  Verdone  couvant  assez 
facilement  en  cage. 

Fringilla  cia:LEBS  et  P.\ssEn  domesticus. 

JNL  H.  L.  Ohl,  Président  de  la  Société  ornilhologi(]ued'ilauau-sui- 
le-Mein,  a  bien  voulu  nous  faire  savoir  qu'on  avait  tué  dans  la 
localité,  il  y  a  (|uelques  années,  un  «  Bif^tnrd  »  d(^  Friiii/illn  cœli-bs  et 
l'asurr  iluiiirxlicns. 

M.lelKPaulstich,  maître  à  la  Healschnle  (Realschullehren.nousa 
communiqué  les  renseignements  suivants  :  «L'Oiseau  euqueslion,  fut 
pris  il  y  a  environ  vingt  ans,  il  fut  considéré  comme  provenant  des 
deux  espèces  nommées  par  un  oruilhologiste  très  capable,  mort 
depuis  déjà  une  dizaine  d'années.  Malheureusement  le  spécimen 
n'a  point  été  conservé  dans  le  .Musée  d'Hanau  et  M.  Paulsticb  ne 
peut  nous  direciuels  étaient  ses  caractères.  Peutètie  était-il  simple- 
ment une  anomalie  de  coloration  ? 

Nous  avons  peu  de  conliance  dans  ce  genre  d  hybrides,  les  deux 
espèces  'ayant  des  niunirs  différentes  et  leur  mode  de  nidilication 
n'étant  point  surtout  le  même.  Un  exemple,  semblable  à  celui  <jui 
nous  a  été  cité  par  M.  L.  Ohl,  nous  a  été  indiqué  à  Paris,  et,  l'allir- 
mation  était  telle  que  l'on  aurait  pu  su]iposer  qu'elle  fût  vraie. 

Cependant  nu  examen  de  ce  sujet  nous  a  permis  de  reconnaître 


OISICAIX    m  IlItlIlKS   lUC.NCtl.NrilKS   A    l'kïat   salvaok  287 

chez  lui,  mm  le  friiil  (riiii  croiseiiii'iit  des  deux  es|)t'!ces  nomini'es, 
mais  un  aliiiiiisme  partiel,  alïeelaiil  nolaiiiMieiit  les  grandes  jiennes 
des  ailes.  Cet  Oiseau,  qui  vit  eucme  dans  une  maison  du  boulevard 
A'olt.aire,  avait  élé  lamassé,  il  y  a  ([ualie  ans,  dans  nn  jardin  d('|ieii- 
danlde  l'InMel  Sully,  [nvs  la  place  des  Wis^^es;  il  était  alors  tout 
jeune  et  on  l'avait  élevé  à  la  bec(iuèe.  Jusqu'à  de  nouvelles  observa- 
tions, nous  iToyons  done  devoir  mettre  en  doute  le  croisement  à 
l'état  sauvage  du  /'.  ((C/c/w  et  du  /'.  (Iinncsliciis. 

(llIIlVSOMITIUS   S1>INIJS  et   l'viiiuu  I.A    vri.GAiiis  (1) 

Sous  la  dénomination  de  Siskin-liiillfincli,  M.  Oo.  Davis,  de 
Giowccster,  exposait  en  181)0  au  Cristal  Palace  uu  Oiseau  capturé  à 
l'état  sauvage.  L'Oiseau  avait  été  ju'is  dans  un  grand  filet  près  de 
Newcastle  ((îloweestersliire)  par  nn  hinlralclici-  (*)  mimmé  Cox.  Ce 
spécimen  se  trouvait  on  compagnie  <raulres  pelils  Oiseaux  avec 
lesquels  il  incnail  sa  nouiiilure. 

M.  G.  Davis  pensi  tout  d'abord  avoir  alïaire  à  nn  Sisliiii-Circiifinrli, 
c'est  à  dire  à  un  Tarin-N'erdier  ;  mais  après  l'avoir  comi)aré  qneKpu' 
temps  avec  d'autres  croisements,  il  arriva  à  cette  conclusion  ipie 
c'était  un  |)roduit  du  l'Iiii/sdiuilri.s  sjiinns  et  du  l'urrhiilu  nih/aris. 
M.  (îeo.  Davis,  après  l'avoir  ex[iosé,  le  vendit  donc  comme  Oiseau 
hybride  à  M.  Cook,  de  Barlon  Street,  Glowcester,  lequel  le  revendit 
à  son  tour  à  M.  Manuing,  de  Porlsmoutb.  Nous  ignorons  si  cet 
Oiseau  est  encore  entre  les  mains  de  ce  dernier  acheteur;  quant 
aux  renscignemenis  ([ue  nous  avons  pu  obtenir  sur  sa  conforma- 
tion et  la  couleur  de  son  plumage,  M.  Davis  s'est  contenté  de  nous 
dire  ipi'il  était  de  |ilus  i)elite  taille  (pi'un  hybride  \'erdier-Iiou- 
vreuil  (ju'il  avait  élevé  et  ressemblait  davantage  au  Tarin  ;  en  outre 
ce  soi-disant  hybride  partait  sur  le  dos  des  pla(|ues  bleues  comme 
le  Bouvreuil    \ 

C'est  la  première  fois  <|ue  nous  voyons  le  l'i/rrhiild  contracter  à 
l'état  libre  un  mélange  avec  une  autre  espèce.  Aussi  comme  le 
i'hriis(})iiitris  spiniis,  (|u'il  aurait  choisi  pour  se  croiser,  dilîère  nota- 
blement (le  son  gcMire,  il  faudrait,  il  nous  semble,  pour  établir  la 
réalih-  de  l'hybi'ide  exposé  au  Cristal  l'alace,  des  indications  beau- 
cou  j)  plus  |uécises(|ue  celles  qui  nousontétécommuni(|uées;àmoins 
donc,  chose  foil  iio>silile,  cpu'  l'Oiseau  eaptuié  ne  soit  un  échappé  de 
captivité;  onsaitqu'en  Angleterre,  les  éleveurs  (/y'Yw/c/sj emploient 

(1)  Appelle  ïiiissl  :  l.iiriii  pyniiitlii.  Pyrrhiilii  l'urn/Kr,  Pi/rrlniln  nihririllu. 

(2)  OisolPtir. 


288  A.    SltCHETET 

tn's  fréqiit'iimM'iil  pour  hnirs  croisemculs  la  fenielle  l'urrhiihi  riil- 
ijdris,  colle-ci,  coiiinie  le  Verdier  9.  couvant  assez  lacilenient  en 
caKP  (1). 

Les  croisements  à  l'état  sauvage  di;  Passereaux  aiipartenaul  à 
deux  genres  difiéreuts  ne  sont  donc  pas  prouvés  par  ces  quatre 
exemples  que  nous  venons  de  présenter,  nous  les  mettons  même 
fortement  en  doute. 

F(i)inlle    (ks    Mii^irirapiihv  (2). 

Genre    Rhipidura. 

Rhii'udura  flabellifera  et  Rhipudura  fuliginosa. 

D'après  M.  Thomas  II.  Potls,  les  Gobe-mouches  noirs  et  les  Gobe- 
mouches  bigarrés  de  la  Nouvelle-Zélande  (Black  and  Ufd  Flijcat- 
chrrs]  se  croisent  ensemble  fréquemment  (3). 

Cet  auteur  dit  qu'il  trouva  le  l^r  octobre  1870,  sur  un  jeune  Fagus, 
un  nid  d'union  (union  ^icst)  sur  lequel  était  un  mâle  fi.  flabellifera  ; 

(1)  Emberiza  iiiclandchepbiilii  el  Cliriisomitrif:  ^piniix.  —  .\insi  rjnp  nous  avons 
en  l'occasion  de  le  dire  (p.  2iQ),  il  nous  a  été  envoyé,  d'une  colloclion  imporlante  du 
Pas-de-CaUiis,  un  Oiseau  considéré  comme  élan!  l'hyliride  de  ces  deux  espèces. 
1,'Oiseaii  avait  été  lue  à  l'état  sauvage  dans  les  environs  de  Marseille  :  mais  il  fut 
reconnu  pac  M.  Oustalet,  auquel  nous  l'avons  montré,  comme  appartonani  à  l'espèce 
Clirixoiiiilri.t  nolala  du  Bus:  c'est  sans  doute  un  Oiseau  échappé  de  quelque 
volière  après  son  exportation  du  Guatemala  ou  du  Mexique  en  France. 

Frinqilla  linota  et  loocia  curvirosla .  —  M.  Tissi,  sous-inspecteur  forestier  de 
Belluno,  nous  écrit  de  Zolto  Alto,  à  la  date  du  31  Septembre  1891,  que  l'on  a  pris, 
il  y  a  peu  de  temps,  un  Fringilla  linola  dont  le  rouge  est  celui  dé  Loxia  curri- 
rosla.  M.  Tissi  se  demande  arec  héMlation  si  cet  Oiseau  peut  être  considéré  comme 
hybride  de  ces  deux  espèces?  Cette  hypolhèse  n'est  pas  vraisemblable.  Nous  n'avons 
point  cru  devoir  taire  figurer  ces  deux  derniers  exemplaires  sur  notre  liste. 

Peulètre  pourrions-nous  encore  mentionner,  au  seul  titre  de  curiosité,  un  Oiseau 
assezextraordinaire  de  la  grosseur  d'un  Pinson  de  hêtre  {Frittgilla  iiiontifringilla)  ' 
qui  fut  apporté  ;'i  .M.  .laUob  Sprecher  de  Coire.  Ce  spécimen  avait,  parail-il,  quelque 
chose  du  Bouvreuil,  les  ailes  étaient  jaune  doré,  la  létc  noir  de  velours,  la  poitrine 
louge.  le  dos  el  la  queue  brunâtres. 

I.'Oiseau,  mort  bien  vite  on  cage,  n'a  poitd  été  empaillé.  M.  .Iakob  Sprecher 
n'avait  pu  déterminer  l'espèce  à  laquelle  il  appartenait  el  avait  supposé  (ju'il 
avait  peul-èlre  une  origine  liybride.  Ne  serait  ce  point  encore  un  Oiseau  exotique 
échappé'/ 

(2)  Il  est  bon  de  noter  que  Lesson  a  classé  les  Muscicapidées  dans  les  Denli- 
rostres,  tandis  ipi'il  place  les  Hirondinidées  dans  les  Latirostres.  Bonaparte  nwl  les 
unes  et  les  autres  dans  la  même  tribu,  celle  des  Oscines. 

(3)  On  the  Birdx  of  New-7.elanii  bij  Th.  Potls,  Transactions  and  Proceedings 
of  the  New-Zeland  Institulc,  Vol.  11,  Part.  II,  p.  63,  1869. 


oisKAix  innmriKs  hkncontuks  a  i.'ktaï  sai  vack  281) 

le  2  ortobre  on  npnn.iit  imo  femelle  ILfiili(iinos((.  Ce  uid,  et  les  trois 
œufs  qu'il  conleiiiiit,  furent  pris.  La  femelle  étaitsi  familière  qu'elle 
se  laissa  enlever  avec  le  uid  et  ne  se  retira  (|ue  lors(|u'eIle  fut 
poussée  avec  le  floigt;  sou  cornpaij;u(ui  higarré  voltij^eait  aupi'ès 
d'elle  en  gazouillant  vivement,  seml)lant  ainsi  protester  contre 
celle  cruauté. 

Le  7  janvier  il  fut  trouvé  un  autre  nid  d'union  dans  le(|uel  était 
déjeunes  Oiseau.x  ;  le  ])ère  était  une  IL  jnlitjiiuisd. 

Le  10,  les  petits  avaient  quitté  le  nid  et  volaient  avec  grande 
vivacité  autour  de  l'arbre  dans  lequel  le  nid  avait  été  construit;  ils 
ressemblaient  exactement  au.\  petits  de  H.  Ililifllifi'i-(t.  Cette  couvée 
de  Gobemoucbes  fut  la  jtlus  vigoureuse  que  M.  Potts  eut  à  noter 
durant  la  saison  ;  ce  grand  dévelo])|)euii'nt  d'énergie  était-il  dû  au 
croisement  des  parents'.'  M.  Potts  remarqua  (|ue  le  inàlc  II.  fiili'ji- 
nosa  était  aussi  assidu  dans  ses  attentions  envers  la  jeune  lainillr 
que  la  mère,  (|uoi(|ue  les  Oiseaux  fussent  d'un  plumage  différent 
du  sien  (1 1. 

Vers  le  20  octobre  1872?  le  même  observateur  paraît  avoir  vu  un 
Oiseau,  (]u'il  prit  pour  une  K.  fl<t' cUifrnt,  donnani  ses  soins  à  trois 
jeunes  ([u'elle  surveillait  et  qui  semblaient  cependant  en  élal  de  se 
nourrir  seuls.  Ces  jeunes,  selon  toute  apparence,  étaient  des  It.fuli- 
(/ino.sd  noirâtres  ou  d'uu  brun  olivâtre  sombre  ;  la  tète  était  d'uu 
noir  nuancé  do  gris,  les  poils  à  la  base  de  la  mandibule  étaient 
gris  (2)  ou  d'uu  noir  argenté  i."}). 

Enfin  le  28  et  le  2!)  aoiU,  à  Oliiiiitaki,  pendant  le  |)rintem|)s  de 
l'année  suivante,  il  put  oliserver  deux  nids  d'union,  la  ((nidation  de 
la  construction  étant  établie.  Dans  le  premier  cas  l'Oiseau  noir  allié, 
II.  fulif/inosa,  se  distinguait  par  sa  tacbe  blanche  sur  cliaque  oreille, 
dans  le  second  exemple  l'Oiseau  foneé  n'avait  aucune  laiiie  blanche. 
Comme  les  nids  avaient  été  bâtis  simultanément,  la  saison  n'avait 
rien  à  faire,  ajoute  .M.  Potts,  avec  la  sujqiosilion  de  la  chute  des 
plumes  blauches  |4|. 

Plus  tard,  en  1884,  l'Ornithologiste  australien  envoyait  à  la  Société 
zoologi(|ue  de  Londres,  aliu  qu'on  put  l'examiner,  un  uid  trouvé  le 
10  septembre  au  matin.  Ce  nid  contenait  trois  n-ufs.  Avant  de  l'em- 
porter, M.  Potts  avait  vu  le  mâle  et  la  femelle  s'occuper  d<^  l'incu- 
bation eu  se  remplaçant  tour  à  tour  à  de   rares  intervalles.  Le  cT 

(I)  On  Ihr  Birda  iif  Seir-/.elnutl,  im'inr  jcniriiiil,  III.  p.  su,  |n7(|. 

(21  Ou  i;risonn.iiils. 

(3)  Mi-nies  PiocroiJin-is,  V.  p.   I,s2. 

('()  Viil.  VI,  p.  t'i.'i.  n"  :n-S,  (les  iiii^ines  transactions  pour  1S7:S. 


290  A.    SUCHETET 

ét;iil  nue  It.  fitlifiliKisii.  aux  pliiuies  de  l'oreille  très  petites,  mais  très 
distinctes,  la  femelle  était  uue  /(.  flabcllifera  (1). 

Des  iiids-joints  (joint-nests)  se  trouvent  dans  la  collection  dn 
musée  deCantorbery.  Ils  présentent,  dit  M.  Potts  (2),  des  caractères 
d'un  yrand  intérêt  pour  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'arcliitecture 
des  Oiseaux.  Dans  le  nid-joint  dont  la  femelle  était  une  flaheUifent, 
la  structure  du  uid  montrait  l'influence  exercée  par  la  femelle  (3). 
Les  trois  (eufs  faisant  partie  du  nid  pris  le  2  octobre  1870,  seraient, 
d'après  .M.  Buller  (4),  semblables  à  ceux  de  ]{h.  fulUjinosn,  ayant 
une  ceinture  (zone)  très  distincte  de  taches  brun  pourpré  près  du 
gros  bout.  Les  leufs  des  deux  espèces  sont,  d'après  le  même,  pareils 
en  dimension  et  forme. 

Diggles.  daus  son  ouvrage  illustré  sur  les  Oiseaux  de  l'Australie, 
ne  parle  pas  de  ces  deux  espèces;  Gould  nomme  seulement  fJnheUi- 
fera.  Fuliginom  est-elle  une  bonne  espèce?  ce  type  n'est  représenté 
au  British  Muséum  que  par  un  seul  individu  g.  M.  Sclater,  (]ue 
nous  avons  consulté  à  ce  sujet,  ne  voit  aucune  raison  de  mettre  en 
doute  la  distinction  spécifique  établie  par  Buller  qui  a  rapporté  leurs 
croisements  d'après  AL  Potts;  M.  Oustalet  nous  dit  aussi  que  les 
deux  ty])ps  sont  très  distincts  par  le  mode  de  coloration  ;  fiilif/inom 
porte  une  livrée  beaucoup  plus  sombre  et  n'a  pas  comme  jhdifJli- 
fera  les  pennes  caudales  externes  en  majeure  partie  blanches,  etc. 
Le  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  possède  l'une  et  l'autre  de 


(1)  Voy.  :  .1  case  of  rross-breeding  betwcen  twu  specips  of  Fli/catchei-s  of  Ihr 
geniis  Rhipidiira  hy  Thoiins,  H.  Potts  of  Ohinilaki,  in  l'roceedings  of  llie  Zoolo- 
gical  Society  of  London,  p.  330,  1S84. 

(2)  Trans.  of  New-Zeland,  V,  p.  182. 

(:?)  M.  Potts  avait  dit  icpenrlanl  (Vol.  II,  p.  K!)  ipie  les  dmx  cspéoe.s  couvaient 
dans  des  conditions  tellement  senildaldes  que  la  description  d'un  nid  d'une  des 
deux  èlait  sullisantc  :  u  Le  nid  de  la  pabellifern.  très  bien  construit  et  très  com- 
pacl,  varie  légcrcnicnt  on  foi-me.  Les  matériaux  sont  feutrés  ensemble,  la  mousse, 
les  lierbes,  les  racines  fibreuses  avec  des  toiles  d'araignées,  etc.  La  construction 
est  lixée  sur  quelque  branche  ou  liranchage,  la  fondation  commence  très  fréquem- 
Mienl  avec  des  l-opeaux  de  vieux  bois...  Les  a^ufs,  au  nombie  de  quatre,  sont 
légèrement  blancs  avec  des  taches  brunes  vers  le  plus  gros  bout,  ils  ont  8  lignes  de 
longueur  sur  6  de  largo.   » 

Le  lédacteur  des  Procecdings  de  la  Société  Zoologique  de  Londres,  eu  rappor- 
tant la  note  de  M.  Poils,  remar(|ue  que  les  faits  cités  par  ce  dernier  ne  sont  pas 
aientionncs  dans  le  Maiiiwl  nf  ihe  lUrds  nf  Neu-Zeland,  publié  en  1882  par  ordre 
du  Colnnial  Muséum  and  gcological  Sunrey  Département. 

M.  Potts  aurait  encore  parlé  des  croisements  des    Rhipidurii    dans    Neic-Zeland 
Journal  of  Science,  .luillet   18S4. 
g  (4)  .1  llistoni  ofthe  Itirds  of  yca--/clands,  \>.  147,  187:i. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAIVAGE  291 

ces  espèces,  iiiiiis  aucuai"  (orme  intermédiaire  ou  résullaut  eu  appa- 
rence d'uu  cioist'iiieiil. 

La  Pictl  fuiildil  ou  l'iw  ;ik.-i\\;ika  {j}iibi'IU('rrii\  liiiliilc,  (l';i|ir('s 
BuUer  (1),  les  deux  iles;  la  Black-fanlail  ou  Tiwakawaka  {jiiliiiinnsit) 
haliite  au  contraire  ><  soutli  island  CUatliain  islaud  ».  Nous  nous 
proposons  d  étudier,  en  terminant,  ces  deux  types  i(ui  nous  pa- 
raissent plutôt  appartenir  à  des  variétés  i|u'à  de  véritables  espèces. 

l'diiiilli'  ili's  Ilinihdinidir 
Genre  Hirundo 

HlRUNDO    ERYTHROCASTER    Var.   noRREORUM    (2)   cl    PETROCHELIDON 
LLNH'RONS    (3j. 

Le  22  mai  1878,  M.  (l.-l).  Wood  tuait  à  Liuwood,  Dclaware 
Counly,  Pa.,  une  Ilirondelle  présentant,  dit  M.  Spencer  Trotter  (4), 
les  traits  bien  distincts  de  ÏHiridulii  huncuriDn  et  du  l'elroclwiidon 
lanifrons.  Cet  Oiseau,  examiné  par  plusieuis  oruilliologistcs  com- 
pétents, aurait  été  reconnu  comme  un  liyljiide  incontestable. 

.Malheureusement  son  sexe  n'a  pas  été  déterminé  par  la  dissection, 
M.  C.-D.  Wood  le  prit  cependant  pour  un  mâle  (4).  M.  Spencer 
Trotter,  qui  Ta  décrit  pour  la  première  fois,  lui  a  donné  le  nom 
d' Hirundo  Iwrreoii-lintifrons. 

Description  :  n  Bec  semblable  à  celui  delà  Lîarn  S\vallo\v(////')(/i(/o 
ciytliioijdsli'r,  var.  hoiirorum,  mais  un  pi^u  plus  fort.  Les  uariues 
s'ouvrant  latéralement  en  i)artie  avancée  près  de  la  membrane,  quoi- 
que pas  autant  que  dans  l'espèce  citée  ci-dessus.  Le  tarse  environ 
aussi  long  que  le  doigt  du  milieu  sans  l'ongle,  couvert  de  plumes  à 
l'intérieur  de  l'extrémité  supérieure.  Les  doigts  divisés  comme  dans 
horrvoniw.  La  queue  fourchue  jusqu'à  environ  un  quart  de  sa  Ion- 

(1)  Mnnual  uf  llie  lUnl.-i  iif  Seu-Zclatids,  l,siS2. 

(2)  .\vilri's  iioiMs  :  lliiunilo  rufii,  llinimlu  (tinencnna.  Iliniiido  ruitica,  ex 
.\iiier.,  Hirundo  cijaiuipi/rrhu.  U'apiùs  Shai-pe  [Cut.  Ilril.  Muséum,  X,  p.  137, 
ISSo),  177.  erylhroijasicr  (l'Ainciiinie  ne  sérail  qu'une  race  ou  sous  espèce  de 
noire  rH.<<iC(i  d'Europe.  I,a  var.  horreorum  est  chez  lui  la  nièuie  (|ue  //.  erhijlro- 
gaiiter.  Ce  dernier  type  nous  a  piiru  dilîérer  lr<>s  peu  de  ru.iUai. 

(3)  Autres  noms  :  Hirundo  lunifrons,  Hirundo  respulilicana,  Hirundo  pacei- 
loma,  Hirundo  opifcr,  Hirundo  fuira,  Herse  fuiva,  Petrochelidon  Swainsoni, 
Hirundo  cyanopijrrha,  Hirundo  pyrrlionota. 

(4)  Description  of  u  hijbrid  Hirundo  horreori-lunifrons  belween  two  norlli 
americunan  Sicaihu-s,in  Bulletin  of  Un- Nullall  oruillKdogieal  Chili.  III,  |i.  i;i5, 1878. 

(3)  Op.  cil. 


292  A.    SUCHKTET 

gueur  avec  des  taches  blanches  sur  les  pennes  rectrices,  mais  point 
aussi  fortement  mar(|ués  ([vfe  dans  horrcorum  et  les  plumes  exté- 
rieures ne  sont  pas  prolongées  et  linéaires  comme  dans  cette  espèce. 
Les  ailes,  quand  elles  sont  ployées,  atteignent  presque  le  bout  de 
la  queue.  La  tète  et  le  dos  bleu  acier  avec  un  bandeau  chàlain 
foncé  comme  dans  Iwrreoniin,  l'étendue  châtain  plus  en  arrière  sur 
la  tête  que  dans  cette  espèce.  La  croupe  blanc  rougeàtre,  la  nuance 
plus  pâle  ([uc  dans  le  Clift  Swallow  il'clrocliclidou  lanifrons).  Les 
ailes  semlilaldes  à  celles  de  horrcoriun. 

«  La  gorge  et  la  poitrine  châtain  foncé  avec  une  légère  iiartie  cen- 
trale noirr  comme  dans  lunilrons  et  une  bande  pectorale  comme 
dans  Inirrronnii.  Les  côtés  sous  les  ailes  et  les  ]jarties  au-dessous 
généralement  d'une  nuance  v;u-iant  entre  celle  de  horreoium  et 
celle  de  liinifron.s.  Crissum  blanc  rougeàtre  avec  une  légère  teinte 
fumée.  Lorca  bruu  sombre;  rictus  légèren)ent  hérissé.  Les  joues 
bleu  acier  comme  dans  horreorum,  mais  avec  une  légère  tendance 
de  châtain,  comme  dans  lanifrons.  Dimensions  (de  la  j)eau  sèche)  : 
longueur  .'1.88,  aile  4.GM,  ([ucue  2.09.  » 

HmU.NDO    ERVTHROGASTKR    ut    PeTROCHELIDON    SwaIXSO.M 

M.  EUiott  Coues  semble  identifier  au  Pctrochelidon  lunifrom, 
nommé  dans  l'article  précédent,  le  Petrochelidon  Sicainsoni  (1). 
Le  croisement  que  nous  allons  citer  se  rapporterait  donc  au  pré- 
cédent. Cependant  MM.  Baird,  Brewer  et  Ridgway,  dans  leur 
ouvrage  sur  les  Oiseaux  de  l'Amérique  du  Nord  (2),  parlent  de  ce 
dernier  comme  une  esjièce  alliée  (allied  spcrirs).  M.  Philipp  Lutley 
Sclater,  qui  l'a  décrite  pour  la  première  fois,  l'a  considérée  comme 
une  bonne  espèce  (3). 

Au  mois  de  mai  188.'1,  M.  Gaumer  tuait,  si,ir  File  Cozumel,  un 
Oiseau  ollrant  certaines  ]iarlicularités  avec  llinnido  rrylltroijaslrr 
et  Petrochelidon  Su'ainsoni.  Cet  Oiseau  c|ui  réunit,  paraît-il,  les 
caractères  des  deux  tyi)es,  pourrait  bien  être  un  hybride,  <raprés 
le  capitaine  Salviu  (4). 

(1)  Voy.  Ilirds  of  tlie  \iirlliiiest,  A  Htiml-ltaok  nf  thr  Ornithnloyi/  of  llw  région 
draineci  bij  tlie  Missouri  rirer  iiml  trilnitarifs.  p.  .S'.l,  Washington,  I.S74. 

(2)  Korth  Àmericuii  Birds,  p.  3.'H,  IST'i. 

Ci]  List  of  Birds  coUerlcd  hy  M.  À.  Boucard  in  the  Slalr  nf  Pa.raca  in  Sonth- 
Western  Mexico,  uitli  description  of  new  spécimens.  l'riK-fediiigs  nt  tlic  Zooloj;ii-al 
Society  of  Loiulon,  p.iOO,  1HS>S,  et  On  ionie  neu'  or  lillle  Knowcn  specics  ofTauagers 
/CCI/»   the  collection  of  M.  Verrenu.r  of  l'aris,  mémos  I'i'ocoedinf;s,  p.  376,  lî^o'J. 

(4)  Iliis,  p.  3oO,  liSS8.  Cit  in  }Ionograpli.  Ilirundinidie,  by  Sliii-pf,  [liirl.  XIII, 
XIV.  Nous  n'avons  point  nous-jnème  consnllt'  l'oiivras;e  du  savant  ornithologiste, 
ouvrage  en  cours  de  publication;  un  cxliail  nous  a  élé  oliligeamiuent  envoyé  par 
le  rév.  Macpherson,  de  Cai'lisle. 


OISEAUX    HYBRIDES    nKXCONTRÊS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE  293 

Celui-ci  en  a  (li)iiiir  la  description  suivanlc  :  «  les  couvertures  de 
l'oreille  et  le  collier  sont  hlcii  acier  coninie  tlans  //.  iTijliiroijastiT, 
la  queue  est  aussi  fourchue,  quoiiiue  moins  étendue,  et  les  ijluaies 
latérales  ont  les  taches  blanches  caractéristiques;  les  ailes  sont 
aussi  longues  que  celles  de  1'//.  crjilhrondxli'r,  et  les  couvertures  du 
dessous  de  la  (lueue  sont  teintées  de  roux.  Les  caractères  avec  1'. 
Swainsoni  sont  :  le  coloris  de  la  surface  inférieure,  comprenant  la 
pla(|ne  noire,  le  erou]iion  jj;ris  roux.  » 

.M.  Sliarpe  a  reproduit  cette  descriiition  (1)  en  ajoutant  «que  la 
couleur  du  pluinage  participe  des  deux  espèces  caractéristiques,  les 
traits  généraux  du  l'firochclidon  étant  conservés,  pendant  (pie  la 
(lueue,  légère"uient  fourchue,  et  [lar  dessus  tout  les  taches  blanches 
sur  le  dernier,  sont  les  caractères  d'une  vraie  Hirando. 

Nousreniarfjuerons  que  la  distinction  entre  l'hybride  /'.  Stcdinsoni 
X  I'.  erutliniiiiislcr  el  h;  produit  de  P.  lunifrotis  X  !'■  cnjlliroiiaslvr, 
doit  sans  doute  présenter  des  dillicultés,  puisque  /'.  lunifrom  a  été 
identifié  avec  P.  Sudinsoni  ('!).  M.  Salvin  est  du  reste  loin  de  se 
inonlrcr  allirnialif  :  «  d  lilllr  ilouht  is  a  liybrid  »,  dit-il  eu  parlant  de 
l'Oiseau  tué  par  .M.  Gannier  sur  l'île  Cozuinel. 

HmuNDO  URBiCA  (3)  et  Hirundo  rustica  CO 

Sept  exeni[)laires  de  ce  croisement  paraissent  seuls  observés 
jusqu'alors.  Grâce  à  l'obligeance  de  ceux  (|ui  les  conservent,  nous 
avons  |iu  examiner  en  nature  ([uatre  d'entre  eux  ;  le  cinquième 
nous  est  connu  |iar  deux  aquarelles  qui  ont  été  exécutées  à  notre 
intention,  l'une  nujulranl  le  sujet  de  face,  l'autre  permettant  de 
le  voir  sur  le  dos;  le  sixième  nous  est  également  connu  par  une 
fort  jolie  peinture  représentant  l'Oiseau  de  profil  ;  le  septième  n'a 
[lu  être  conservé  ni  décrit.  Tous  nos  remerciements  à  M.  le  prof. 
Giglioli,  de  Florence,  à  M.  II.  ïancré,  d'Anclam  (l'oméranie),  à 
M.  le  D"  Fiori,  de  Bologne,  à  .M.  Paul  Matshie  de  Herlin  (5),  qui  ont 
bien  voulu  nous  envoyer  leurs  spéciÊuens  enq)aillés  ;  à  M.  le  prof. 
Romita,  de  Bari  (Italie),  qui  a  été  assez  conq)laisant  pour  faire 
exécuter  à  ses   frais   les  deux  a(|uaielles  dont  nous  venons  de 

il)  ilonogrnpli.  lliniiutiniiliv. 
(2)  Nous  iir  ronnaissons  pas  lello  ilrriiière  espèce. 

(I{)  Le  inrinc  cpic  Clirlidoii  urhii'u,  lliruiuto  iiiiiiar  xeiinistica,  Clielidon  feues- 
trulruiii  l'I  niiie.ilris. 
(4)  .\ulros  noms  :  llirumlo  diinifsHea,  l'm-djiis  nislica,  Ci'criiinx  paijiirum. 
(il)  Ce  (leriiici'  avec  l'aiitorisalioii  île  .MM.  les  cl»c-tcurs  Môhiiis  el  Heieheiiiiw. 


294  A.    SUCHETET 

parler;  enfin  à  M.  le  coinle  Airigoni  degli  Oddi,  de  Piidoue  qui  a 
agi  d'une  manière  aussi  gracieuse. 

1°  Exemplaire  du  Musée  de  Berlin,  le  plus  anciennement  connu. 
C'est,  pendant  l'été  de  1823,  alors  que  Gloger  se  trouvait  par  hasard 
dans  son  village  natal,  à  Kasischka,  près  de  Neisse  (Haute  Silésie), 
que  cet  exemplaire  l'ut  pris.  \'oici  dans  (juelles  circonstances  :  le 
1()  septembre,  pendant  une  courte  absence  de  ce  dernier,  le  frère 
cadet  du  savant  ornithologiste,  désirant  nourrir'son  Épervier,  relira 
d'un  nid  d'Ilirundo  rusiieii,  construit  dans  l'étable  aux  brebis  de 
l'exploitation,  deux  jeunes  Hirondelles  prêtes  à  s'envoler  et  dont 
les  frères  ou  sœurs  étaient  déjà  partis.  Un  seul  œuf  restait  dans  le 
nid,  c'était  un  œuf  clair.  Déjà  l'un  des  Oiseaux  capturés  avait  servi 
de  jiàture  à  l'Kpervier,  lors(iue  le  jeune  frère  de  Gloger  s'a|)ercut,  à 
son  grand  étonnement,  (jue  le  deuxième  Oiseau  qui  restait  était  de 
couleur  blanche  sur  le  croupion.  Tout  d'abord  il  pensa  ipi'il  avait 
alTaire  à  une  jeune  urbiea,  entrée  par  hasard  dans  le  nid  d'une 
runticu.  Cependant,  ayant  remarqué  que  la  coloration  de  la  partie 
inférieure  ressemblait  entièrement  à  celle  des  autres  Hirondelles 
de  cheminée,  il  crut  devoir  conserver  cet  Oiseau  pour  le  faire  voii'à 
son  frère  aîué  aussitiH  le  retour  de  celui-ci.  Il  enferma  donc  sa  pré- 
cieuse trouvaille  dans  une  cage  qu'il  accrocha  au  mur  de  l'étable. 
Mais  les  parents  qui  veillaient  sur  leur  jeune  prisonnier  parvinrent 
à  le  faire  sortir  et  à  l'emmener  avec  eux;  heureusement  le  cri  inac- 
coutiuné  de  ce  dernier  le  fit  bientôt  reconnaître  parmi  les  autres 
Hirondelles;  on  le  suivit,  et  ayant  été  découvert  sur  les  brandies 
d'un  aibre  où  ses  parents  le  nourrissaient  (à  la  manière  des  rus- 
tieu)  (1),  ou  le  tira  et  il  fut  abattu.  Sa  voix,  bien  dilléreute  de  celle 
du  père  et  de  la  mère  présumés,  ressemblait  presque  complètement 
à  la  voix  d'appel  du  Chardonneret  (2). 

La  description  de  cet  intéressant  spécimen,  donnée  par  Gloger  (3), 
est  la  suivante  :  «  Plumage  du  nid,  forme  et  couleur  intermédiaires 
entre  les  jeunes  du  même  âge  des  deux  espèces  pures.  A  la  partie 
inférieure,  même  aux  ailes,  il  est,  par  la  couleur,  entièrement  Hiron- 
delle de  cheminée,  à  peine  un  peu  plus  clair  à  la  gorge.  Par  le 
sommet  et  sa  forme  un  peu  plus  élancée,  il  ressemble  à  l'Hirondelle 
urbiea,  cependant  il  lui  man(|ue  les  bords  blanchâtres  des  bouts 

(!)  L'itrbica  ne  se  perclic  que  rarement. 

(2)  Pour  ces  détails,  voy.  Naumann  (^'alurgencliite  der  Yiigel  deuUchlunds, 
Sdicster  Iheil  p.  o2  et  73,  Leipziu'.  IS'Si),  auquel  (ut  envoyé  cet  Oiseau  avant  de 
devenir  la  possession  du  Musée  de  Ueilin. 

(:i)  llousinndiiies  Handbruch  der  yalurgiisehichle  der  Yiigel  l'.uropa  i  vo[i 
d'  Cons(anlin  Lauiljeil  (iloger,  ester  tlieil,  p.  417,  lireslau,  IS3i. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTIlÉS   A   LÉTAT   SAUVAGE  295 

des  peunes  prinjres  à  Vlllruiulv  iirhlrd.  La  piiilie  blanche,  où  se 
placent  les  ailes,  est  recouverte  d'une  légère  teinte  rouge,  comme 
chez  lustirn.  Les  doi^Hs  des  pieds  sont  éj;alement  intermédiaires 
par  leur  forme;  sur  la  partie  supérieure  ils  sont  nus  et  noirâtres, 
mais  sur  les  parties  intérieure,  extérieure  et  intérieure,  ils  sont 
eniplumés  de  blanc  comme  chez  urhica;  la  queue,  sous  tous  les 
rapports,  est  comme  chez  cette  dernière.  Par  conséi[uent,  pris  dans 
son  ensemble,  cet  Oiseau  hybride  est  [iresque  plus  ressemblant  à 
l'Hirondelle  domesticiue  cf  "lu  a  l'Hirondelle  de  cheminée  $.  » 

Ainsi  i|U('  nous  venons  d<'  le  dire,  le  jn-écieux  spécimen  de  Berlin 
nous  a  été  envoyé  |iar  M.  Paul  Malshie  avec  l'autorisation  gracieuse 
de  MM.  les  docteurs  Mobius  et  Heicheuow.  La  pièce  estaujourd'hui 
en  très  mauvais  état,  la  barbe  des  plumes  du  dessous  du  corps  est 
tellement  usée  (ju'il  est  diflicilede  reconnaître  sa  couleur  primitive  ; 
toute  la  poitrine  et  le  ventre  sont  gris  sale  jaune  brun,  paraissant 
mélangé  de  blanc,  c'est-à-dire  d'une  couleur  que  ne  possèdent  ni 
Vurhiai  ni  la  ntsticu  (le  blanc  a  ijrcsipie  complètement  disparu). 
Cependant,  sous  la  gorge,  on  aperçoit  quelques  restes  d'une  teinte 
roussàtre  devant  avoir  été  encadrée  de  noir  sur  le  devant  de  la 
poitrini'  à  la  manière  de  ntalicii,  mais  le  roux  descendait  sans  doute 
beaucoup  plus  bas  t[ue  d'habitude,  s'eutremèlant  avec  le  noir'.'  Sur 
les  couvertures  inférieures  de  la  queue,  sur  les|cùtés  notamment,  on 
aperçoit  aussi  la  même  teinte  roussàtre.  Quehiues  plumes  du  crou- 
pion restent  mélangées  de  blanc  {une  granile  quantité  de  plumes 
a  sans  doute  disparu).  Tout  le  dessous  du  corps,  la  tête,  le  dos,  les 
ailes,  la  r[neue,  sont  iiresque  bruns,  à  [leine  si  sur  le  dos  inférieur 
et  sur  la  tète  on  aperçoit  cette  teinte  noire  bleutée  propre  aux  deux 
espèces,  surtout,  pensons-nous,  à  rustica. 

Ainsi,  par  cette  teinte  brune, l'Oiseau  se  rapprocherait  davantage 
d'urbica  '!  dont  il  nous  paraît  bien  plutôt  avoir  la  (orme  (1)  que 
la  forme  de  rustica.  Les  rectrices,  par  leur  conformation,  nous  ont 
paru  plutôt  celles  de  Vurhicn,  et  n'ont  ni  en  dessous,  ni  en-dessus, 
la  tache  blanche  de  rustica.  Cependant  les  rémiges  ne  se  terminent 
pas  en  blanc  comme  sont  celles  des  jeunes  de  celte  dernière. 

Les  pattes  de  cet  hybride  semblent  avoir  été  en  dessous  couvertes 
de  duvet  et  n'ont  point  été  probablement  de  couleur  uoii'c  comme 
celle  de  rustica  ;  elles  sont  actuellement  jaune  sale.  La  mandibule 
inférieure  du  bec  manque. 

Le  spécimen,  par  ces  caractères,  semble  donc  hybride  et  a  bien 
l'aspect  d'un  jeune  Oiseau  ;  mais  son  très  mauvais  état  ne  nous  a 

(1)  Régimes?  rectricei)  au  inuins. 


296  A.    SUCHETET 

pas  permis  de  uous  livrer  à  un  examen  sérieux,  et  certes,  si  nous 
n'avions  les  allirmations  de  Gloger  et  Naunianu,  nous  u'aurious  pu 
reconnaître  facilement  sa  double  origine. 

A  quelles  causes  expliquer  la  naissance  de  ce  produit?  Les 
parents  qui  le  nourrissaient,  et  dans  le  nid  desquels  il  tut  trouvé, 
étaient  de  purs  //.  ratiliat.  Aussi  Gloger  suppose  que  sa  production 
est  due  à  une  circonstance  fortuite  ;  la  mère,  une  rtistiai,  laissée 
dehors  par  la  fermeture  inopinée  des  portes  et  de^  fenêtres  de 
rétable,  se  serait  glissée  dans  un  nid  d'Hiiondelle  iirhlni  habité  et 
se  serait  trouvée  cochée  par  le  propriétaire  du  uid  (l'accouplement 
des  urbica  a  lieu  généralement  dans  le  nid);  aux  murs  extérieurs 
de  l'étable  existaient  en  effet  des  nids  d'Hirondelles  urhira.  On  peut 
supposer  qu'il  eu  est  ainsi,  à  moins  donc  qu'un  cf  urbica  n'ait  été 
enfermé  dans  l'étable  et,  ne  pouvant  rentrer  dans  son  propre  nid,  ne 
se  soit  accouplé  avec  une  rustica  $?...  La  première  hypothèse 
nous  semble  la  meilleure  (1). 

2  et3.  Exemplaires  de  M.  leiy  Vincent  de  RoiniUi  île  Ikiri ,  et  du  Musée 
zooldijique  de  Florence.  —  Le  premier  spécimen,  uous  écrit  M.  de 
Romita,  fut  pris  aux  filets  à  la  lin  d'avril  1872,  le  second  aux  filets 
également,  au  môme  endroit,  à  la  même  époque,  mais  l'année  sui- 
vante (2).  Le  savant  naturaliste  de  Bari  les  reconnut  tous  les  deux 
pour  appartenir  au  sexe  mâle;  leurs  organes  étaient  du  reste  bien 
développés.  M.  de  Romita  a  donné  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de 
Florence  l'un  des  deux  exemplaires,  il  n'en  possède  donc  plus 
qu'un  seul  chez  lui.  La  description  de  l'exemiilaire  (ju'il  a  conservé 
est  la  suivante  :  «  Bec  et  iris  noirs  ;  sur  le  front  une  ligne  très  étroite 
brun  marron,  comme  la  gorge,  jusqu'à  la  poitrine.  Sur  la  poitrine, 
quelques  taches  noirâtres;  poitrine,  abdouien  et  sous-caudales 
blanches  tiraut  légèrement  sur  le  roussàtre  aux  flaucs  et  aux  sous- 
caudales,  parties  supérieures  du  corps  noires  à  reflets  violets  ; 
croupion  blanc  avec  petites  taches  noires,  tarses  couverts  dans  la 
face  interne  de  rares  petites  plumes  blanches  très  étroites.  Long. 
0,147  ;  rectrices  externes  dépassant  les  médianes  de  0,035. 

Les  deux  aquarelles  que  M.  de  Romita  a  eu  la  bonté  de  faire 
exécuter  |)our  uous  ne  nous  laissent  aucun  doute  sur  l'origine 
hybride  de  cet  Oiseau. 

(1)  B.  Wagner  (l.ehrburch  der  Physiologie,  p.  26  (en  note),  Leipzig,  1839; 
J.  Geollroy  Saint-Uilaire,  Histoiee  naturelle  générale  des  Ri'gites  organiques, 
m,  p.  lï<:i,  De  (Jualrefages  Hevue  des  cours  seientiflques,  p.  T.iS,  1SC7-68,  onl  fait 
mention  de  cet  liyljiide. 

(2)  Ces  Oiseaux  sont  mentionnés  dans  V.icifauna pugliese.  Calalogo  sisteniatico 
degli  Vccelli  ossevati  in  Puglia,  nel  dott.  Vincenzo  de  Romita,  p.  18,  Bari,  1884. 


OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE  297 

Dans  la  lettre  qu'il  a  bien  voulu  uous  écrire,  M.  do  Roinita  nous 
dit  que  le  sujet  de  Florunce  est  très  si'uililalile  à  l'exenjpjaire  de 
sa  coUectiou.  Cej)eudaul,  d'aiirès  les  couleurs  des  dessins  ijue 
nous  avons  reçus,  les  caractères  intermédiaires  nous  paraissent 
s'alliruier  davantage  chez  le  sujet  de  Hari  (}Uf  citez  celui  de  Florence 
que  nousiivous  pu  exaiuiui'r  eu  nature,  M.  le  connu,  prof,  (iiglioli 
ayant  consenti  à  nous  l'adresser.  Ce  dernier  spécimen  ressemble  eu 
ellet  en  beaucoup  de  points  à  une  Hirondelle  de  cheminée,  dont  elle 
difïère  cependant  :  l"  [lar  l'iibseuce  du  collier  noir  qui  encadre 
ordinairement  le  brun  roux  du  dessous  de  la  gorge,  (cette  couleur 
brun  roux  descend  directement  sur  la  poitrine,  remplaçant  le  noir 
qui  manque  totiilenient) ;  '1"  par  le  croupion  (jui  est  blanc  chez 
lui,  mais  non  point  d'un  blanc  pur,  comme  chez  rustira;  ce  blanc 
est  très  mélangé  de  plumes  noir  bleuté.  (Chez  l'exemplaire  de  M.  de 
Romita,  l'aquarelle  montre  nu  croupion  presque  blanc!).  Les  rec- 
trices  peuvent  passer  aussi  pour  intermédiaires,  quoic[ue  se  rap- 
prochant beaucoup  plus  de  celles  de  rustira  dont  elles  ont  la 
couleur  blanche  sur  leurs  barbes,  mais  non  aussi  fortiMuent  mar- 
quée que  cliez  celte  dernière,  celle  couleur  est  plus  confuse. 

L'Oiseau  nous  a  paru  adulte.  Cette  Ilirunilo  rastiea,  par  ses  carac- 
tères, quoique  faibles,  qu'elle  présente  avec  urhira,  peut  passer  pour 
hybride  des  deux  types;  toutefois,  elle  n'indique  pas  sa  provenance 
aussi  nelteineul  (jue  l'exemplaire  de  M.  ïancré  et  dont  nous  allons 
maintenant  parler.  Disons  toutefois  auparavant  que  M.  Giglioli 
nous  fait  observer  que  lorsque  l'exemplaire  eu  question  lui  avait 
été  envoyé  par  le  professeur  de  Homita,  on  apercevait  quel([ues 
petites  plumes  sur  les  deux  tarses  que  le  préparateur  a  malheureu- 
sement fait  tomber  en  le  montant.  H.  rustica  étant  dépourvue  à 
cette  place  des  plumes  qui  existent  chez  urbka,  ce  caractère 
dévoilerait  encore  l'origine  mixte  de  l'Oiseau  (1). 

40  Exemplaire  de  M.  Tancre  irAiirlaiu  (l'onicranie).  —  M.  E.  F. 
Homeyer  a  mentionné  et  décrit  cet  Oiseau  qui  fut  observé  le 
Ib  mars  187G  par  un  uataraliste  d'Anclam  dans  les  environs  de 
cette  ville  (2j.  L'aspect  particulier  qu'il  présentait  engagea  ce 
dernier  à  s'en  emparer  et  à  l'ollrir  à  M.  Tancré,  possesseur  d'une 

(1)  Le  spi'cinu'n  est  indiqué  dans  Primo  resiKonto,  III,  p.  190,  Florence,  1891: 
il  porte  la  date  du  i'j  avril  l>«72,  mais  nous  pensons  que  eï'St  par  erreur,  puisque, 
d"apros  .M.  de  Romita,  ce  serait  l'exoniphiirc  pris  l'année  suivante  <ful  fut  envoyé 
au  Musée. 

(2)  Journal  fiir  Ornilliolo;;ie,  p.  20:i  et  20i,  ISTCi.  Il  est  aussi  cité  par  le  D'  R. 
Blasius  dans  Muuatschrijl  des  deutschen  Vereins  :um  Schulze  der  Vogeluelt, 
p.  m,  numéro  d'octobre  1884. 


298  A.    SLICHETET 

collection  importante  d'Oiseaux.  «  A  première  vue,  dit  M.  Homeyer, 
on  reconnaît  un  hybride  (bastard),  cequecoullnue  un  examen  minu- 
tieux. Cet  Oiseau  tient  le  milieu  entre  les  deux  parents.  L'enseuible 
le  fait  plutôt  ressembler  à  nue  Hirondelle  declieminée,  tant  par  les 
marques  des  ailes  que  par  la  [orme  de  la  queue.  Cette  queue  est 
cependant  un  peu  plus  courte  et  sans  taches  blanches  sur  les  plumes 
extérieures.  Par  contre,  la  partie  inl'érieuie  du  dos,  les  taises  et  les 
côtés  postérieurs  sont  blancs,  les  côtés  antérieurs  et  la  moitié 
supérieure  blanc  châtain.  La  partie  supérieure  de  la  tête  et  les 
petites  plumes  des  parties  supérieures  des  côtés  sont  bleu  d'acier, 
sur  les  côtés  vert  d'acier.  Les  ailes  et  les  grandes  couvertures  noir 
brunâtre,  la  queue  de  même  avec  les  couvertures  bleu  d'acier, 
mais  sans  taches  blanches.  Le  derrière  blanc  avec  les  bordures  de 
plumes  noires.  La  gorge  est  blanchâtre  et  rouge  de  louille,  comme 
l'est  à  la  première  saison  celle  des  Hirondelles  de  cheminée  qu'une 
bande  d'un  brun  noirâtre  de  5"°"^  traverse  à  cette  place.  Les  parties 
inférieures  du  côté  sont  blanchâtres.  Les  couvertures  inférieures  de 
la  queue  couleur  de  rouille.  Les  plus  longues  plumes  ont  S'"™  ;  en 
avant  de  la  pointe  de  la  plume  une  tache  de  couleur  passée.  Sur 
les  côtés  du  ventre,  près  de  la  queue,  une  tache  noire  couverte  en 
partie  par  les  pointes  blanches  des  plumes.  La  partie  inférieure 
de  l'aile  est  gris  rouille.  Longueur  des  ailes  118™'»,  queue  74'""', 
tarse  12,'^'^,  la  forme  de  fourchette  de  la  queue  30'^^  ». 

Cet  Oiseau  nous  ayant  été  envoyé  très  gracieusement  par  son 
propriétaire,  M.  R.  Tancré,  nous  avons  noté,  à  notre  tour,  les  carac- 
tères suivants  :  ailes,  longueur  de  celles  de  nislica,  croupe  avec  du 
blanc  mélangé  de  brun,  mais  plus  de  blanc  que  d'autre  couleur, 
ainsi  le  croupion  se  i-approche  à'urbica.  La  queue  nous  paraîtrait, 
comme  forme  et  longueur,  un  mélange  des  deux  espèces,  cependant 
plus  du  côté  d'urbica;  il  n'existe  pas  de  petites  taches  blanches  sur 
les  rémiges.  Gorge  rousse,  mais  de  couleur  moins  vive  que  celle 
de  )-iistica  ad.  (ce  roux  est  moins  foncé  et  plus  mélangé  de  blanc)  ; 
le  collier  noir  mélangé  du  brun  propre  à  ruxtica  est  également 
moins  apparent;  néanmoins,  par  ces  caractères,  le  sujet  de  M.  Tancré 
se  rapproche  de  ruslica.  Les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
sont  blanc  rou.r  très  elair  comme  chez  rtistica,  ainsi  que  les  couver- 
tures du  dessous  des  ailes,  et  les  parties  qui  longent  les  côtés. 
En  somme,  c'est  un  intermédiaire  entre  les  deux  espèces  très  bien 
caractérisé. 

5°  Eri'wplaire  de  M.  Andréa  Fiuri,  de  Bologne. —  Cette  pièce  fort 
intéressante,  et  qui  ne  paraît  avoir  été  décrite  dans  aucun  ouvrage 
d'ornithologie,    fut  tuée  au  printemps  de  1884  par  M.  Fiori  lui- 


OISEAUX    IlYliniDES    RENCONTniîS    A   L'kTAT   SAUVAGE  200 

nit'^mc.  F/émiiu-nt  professeur  du  Lycée  de  Bolop;ne  ét;iit  nller 
cliiisscr  p;ir  un  lomps  pluvieux  au  Itord  de  la  nier  lorsi[ii'il  fui  assez 
heureux  pour. faire  cette  rencontre;  VHirundo  iiyltride  volait  dans 
une  bande  composée  û'H.  ruslira  et  de  deux  nu  trois  urhira  seu- 
lement. 

Voici  la  description  ([ne  nous  avons  faite  sur  la  pièce  montée  : 
gor^e  roux  orange  descendant  jnsf|ue  sur  la  poitrine,  pas  d'enca- 
drement noir,  i)arlicularilé  déjà  constatée  chez  d'autres  s|)éciuiens, 
couvertures  inférieures  des  ailes  et  de  la  queue  blanc  gris,  jioint 
roux.  Sur  le  croupion  (juehpies  plumes  blanc  sale.  Coloration  du 
dos  noir  ardoise  très  accentué  comme  rmlim.  Forme  de  la  queue 
plutôt  celle  de  ntstica,  mais  l'intluence  d'urbira  est  visible  ;  les 
deux  rectrices  extérieures,  et  les  autres  pennes  de  la  queue,  du 
reste,  nous  semblent  affecter  une  forme  intermédiaire.  L'Oiseau 
doit  étie  adulte. 

6"  Ejrnipldiif  (Ir  M.  Arrii/uni  di'i/U  Oïlili,  de  Padoue.  —  Par  une 
belle  journée  d'octobre  188(5,  dans  la  matinée,  pendant  que  le 
savant  comte  était  posté  ])onr  tirer  des  Alouettes  dans  la  plaine 
de  Caoddo,  près  de  Monseliie,  tout  à  couii  apparut  une  petite 
bande  de  six  Balestrucci  (Cheiiilon  nrbim).  (lomme  ces  Oiseaux 
cimtinnainnt  à  tourner  autour  de  ses  Chouettes  (Alhcnr  nortiid).  le 
chasseur  leur  envoya  un  coup  de  fusil.  Un  seul  tomba,  et  la  sur- 
prise de  M.  Oddi  fut  grande  lorsqu'il  se  trouva  en  présence  d'un 
Oiseau  d'une  coloralion  anoi'niale  :  «  fîec  et  iris  noirs,  plumage 
général  noir  |iàle,  non  dégrade  sur  la  tète,  encore  moins  sur  le  dos; 
(•roui)e  noire  à  la  base  des  plumes,  rouge  blanchâtre  à  l'extrémité. 
•  imge  ronge  améthyste,  plus  bas  un  petit  es])ace  foncé.  Parties 
inférieuies  d'un  blanc  sale.  .Viles  et  fiuene  du  Cli.  urliica.  Pattes 
foncées  avec  un  peu  de  duvet  blanc.  La  taille  de  celle  de  i'urblca. 
La  manière  dont  il  volait  et  sa  voix  l'taienl  celles  de  cette  dernière; 
c'était  un  jeune  Oiseau.  » 

Telle  est  la  descriiition  que  .M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi  a 
bien  voulu  faire  pour  nous  du  sujet  qu'il  conserve.  L'aquarelle  qu'il 
nous  a  adressée  montre  l'Oiseau,  dans  sa  coloiation  générali^  plus 
nislini  qyi'iirbirn,  quoique  le  croupion,  brun  rougeàlre  vers  le  dos 
et  gris  brun  clair  vers  la  queue,  laisse  voir  sur  le  milieu  une  teinte 
blanchâtre  sale;  mais  la  (pieue  et  les  ailes  sont  davantage  iirbira  ; 
ces  dernières  sont  exactement  de  la  longueur  de  celles  d'une  urbira 
que  nous  possédons  empaillée;  le  bec,  par  sa  forme,  nous  parait  de 
cette  dernière  espèce.  Les  tarses  et  les  doigts  laissent  apercevoir  le 
duvet  blanc  propre  à  urbica,  (|uoiqu'eu  moins  grande  jjorportion 
Si  la  figure  est  exacte,  le  spécimen  se  présente  comme  intermédiaire 


300  A.    SUCHETET 

entre  les  deux  Hiroudelles  ;  uous  le  croirions  volontiers  hybride 
dans  ce  cas. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  décrire  d'une  manière  satisfai- 
sante le  septième  exemplaire  (jui  nous  a  été  indiqué  avec  beaucoup 
de  complaisance  par  M.  D.  Niccolo  Camusso^  membre  àt^Vlnchiestn 
ornitholuijlcn  internazionale.  Cet  hybride  Ô,  tué  à  Pozzolo  (Novi)  le 
14  octobre  1869,  était  trop  abîuié  par  le  coup  de  fusil  pour  que  l'on 
pût  le  conserver.  C'était  un  jeune  individu  de  l'année,  avec  les 
deux  plumes  de  la  queue  longues,  à  peu  près  comme  celles  de 
rustica,  la  gorge  roux  marron  et  les  pieds  couverts  de  petites 
plumes  comme  chez  les  Clieb'ilon  urbica. 

Nous  n'avons  point  fait  mention,  dans  cet  article,  de  l'exemplaire 
cité  par  M.  Carlo  Béni,  de  Slia  (1),  et  observé  dans  le  Cosentin 
(Arezzo)  parce  que  M.  le  prof.  Giglioli  nous  a  fait  savoir  que  cet 
Oiseau  n'était  autre  qu'une  Cotile  (Clivicola)  riparia  indiquée  par 
erreur  comme  hybride.  Nous  n'avons  point  non  plus  mentionné  de 
soi-disant  croisements  qui  nous  ont  été  indiqués  par  un  naturaliste 
de  Bordeaux.  Les  sujets  examinés  par  ce  dernier  étaient,  paraît-il, 
très  aliîmés  et  difficiles  à  reconnaître,  ils  ne  nous  ont  point  du  reste 
été  communiqués  malgré  la  iiromesse  qu'on  avait  bien  voulu  nous 
faire  ;  il  y  avait  probablement  erreur  sur  leur  origine. 

Bestent  donc  sept  exemplaii't^s  ;  cependant  M.  le  comte  degli 
Oddi  se  rappelle  avoir  vu  un  liy])ride  du  même  genre  dansla  collec- 
tion de  iM.  Gallo;  malheureusement  il  lui  été  a  impossible,  malgré 
les  recherches  faites,  de  savoir  ce  que  ce  spécimen  était  devenu. 

Famille  des  Paridœ 

Genre  Parus 

Parus  atricapillus  (2)  et  Parus  Gambelli  (3) 

Le  Musée  national  des  États-Unis  à  Washington  possède  un 
hybride  sauvage  pai'aissant  provenir  du  Parus  (itricapillus  et  du 
P.  Giniihelll.  «  Cet  Oiseau,  nous  écrit  M.  liidgway,  est  sous  chaque 
rapport  exactement  intermédiaire  entre  ces  deux  formes.  » 

Ne  connaissant  i)oint  ces  deux  formes  américaines,  nous  avons 
jirié  M.  Hidgway  de  bien  vouloir  nous  donner  son  opinion  sur  leur 
valeur  spécifique  :  «  Le  P.  iitriedpillus  et  lei'.  Gaiiilirlli,  nous  a-t-il 

(1)  In  Primo  resuconio,  etc.,  III,  y.  (i'.l.  Kloi-ence,  1891. 

(2)  .Vulri's  noms  :  Pd'ciUi  atricdiiilhi,  Parus  liudsniuciis.  Punis  palustris, 
var. 

(3)  Parus  uiontanus  au  P(Fcile  montanus. 


OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  301 

répondu,  nitparticnnciil  ;\  doux  types  liicn  d('fiuis,  loprPuii(>r  ayaut 
des  bordures  l)lauches  visil)l(!s  sur  les  fiiaudes  couvertures  des 
ailes,  aux  secondaires  et  aux  rectrices,  bordures  tjui  manquent 
chez  Giitiilirlli ,  leciuel  se  distinjjue  en  outre  par  une  raie  i)lanche 
superciliaire  qu'on  ne  trouve  point  dans  les  autres  espèces  de  ce 
genre. 

Parus  bicolor  (1)  et  Parus  atricapillis 

M.  Ridg\vay(2j  a  rappelé  la  capture,  par  M.  Christophe  Wood, 
de  Philadelphie,  d'une  .Mésan^ie  à  ^orjic  et  Iiuiqie  noires,  et  suppo- 
sée provenir  de  la  crested  Titniouse  (l.uplwpltiini'a  hicolor)  et  de  la 
black-cap  Tilniouse  {Purus  atricapillus]. 

Aucuns  détails  n'étant  donnés  sur  cet  Oiseau,  M.  de  Selys- 
Loni^chauips  (([ui  a  lappoi'té  aussi  cet  exemple)  (.3)  se  demande  si 
la  réunion  des  deux  caractères  cités  ne  donne  pas  l'idée  du 
Wolirehfri,  du  Texas,  qui  aurait  ])u  s'égarer  accidentellement  jus- 
qu'en Peusylvanie.  M.  de  Selys-Lonchamps  remar(iue  que  cette 
capture  ne  serait  pas  plus  étonnante  que  celle  faite,  en  Belgique, 
du  Parux  Plcshri  de  Sibérie. 

Nous  n'avons  pu,  à  notre  rt^gret,  ncTiis  procurer  le  numéro  de 
l'Anierican  Sporlman  (4)  où  cet  exemple  a  été  cité  pour  la  première 
fois,  nous  ignorons  si  .M.  Christophe  a  donné  des  détails  précis  sur 
la  forme  et  la  coloration  de  son  exemplaire  et  si  l'Oiseau  i)eut 
être  réellement  considéré  comme  hybride;  nous  pensons  qu'il 
existe  quelqiu's  doutes  sur  sa  véritable  origine,  car  M.  Hidgway 
en  parle  ou  comme  d'un  croisement  ou  simplement  comme  d'un 
«  Sport.  » 

Parus  cœRULEUs  (ii)  et  P(»:cile  communis  (6). 

Degland  dit  ([ue  cette  dernière  espèce  «  s'allie  quelquefois  avec 
la  Mésange  bleue  et  que  de  leur  union  résultent  des  métis  très 
reniar([uables.  »  Pendant  deux  années  il  a  possédé  vivant  un 
exemplaire  ([ui  avait  été  pris  dans  les  environs  de  Paris,  vers  la  fin 
de  septembre  de  l'année  1851.   Cet  Oiseau   portait  le  cachet  de  sa 

(1)  Uii  I.nplif>]ili(iiies  Illisx(nirien.-ii.<  ou  I.npluipltaïu's  bicolor, 

(2)  In  lins,  VI,. f  sérir,  p.  IC,;»,  ISTCi  (vn  nole|. 

(3)  (onsUléralinms  sur  le  genre  Mésuitge,  Bulletin  de  la  Société  Zoologi(iiic  de 
France,  p.  ol,  Iss-S. 

(4)  12  (lécciiibre  1S74,  p.  UT. 

(.ï)  .\nlrcs  iiiiins  :  Ci/ancsles  raruleiis,  l'arus  ciyrulcsccns. 
(f>)  Aiilre.s  noms  :  l'erus  patustris,  Temn.  nec  Liane,  Parus  cinereus  communis. 
Parus  fruticei,  Parus  salicarius. 


302  A.    SUCHETET 

double  origine,  quoique  la  forme  Nonnette  dominât  manifestement 
chez  lui  ;  ses  cnuleiirs  ne  furent  pas  mortifiées  par  les  deux  mues 
qu'il  suliit  pendant  sa  captivité  (1).  La  description  que  M.  Degland 
en  a  donnée  est  la  suivante  : 

«  Tout  le  dessus  du  corps  d'un  gris  lavé  de  brun;  les  rémiges  et 
les  reclrices  brunes,  bordées  de  roussàtre  ;  une  bande  transversale 
blanche  à  l'aile,,  passant  sur  l'extrémité  des  grandes  couvertures 
secondaires  ;  une  tache  noire  à  la  gorge;  les  joues  blanches  ;  toutes 
les  parties  inférieures  lilanchàtres,  uu  peu  lavées  de  roussàtre  sur 
les  flancs  ;  le  sommet  de  la  tôle  noir,  circonscrit  par  une  couronne 
blanche  couvrant  le  front,  la  région  sourcilière,  l'occiput  ;  une 
large  bande  d'un  noir  ])leuàtre  passant  à  travers  l'o'il  et  s'élendant 
du  bec  à  la  nuque,  où  elle  formait,  par  sa  réunion  à  celle  du  côté 
opposé,  un  collier  interrompu,  dont  les  branches  latérales  s'avan- 
çaient à  quelques  millimètres  seulement  sur  les  côtés  du  cou  ;  enfin 
des  pieds  bleuâtres.  » 

Ainsi,  fait  encore  observer  M.  Degland,  «  cet  hy])ride  ne  rappe- 
lait donc  le  Parus  cœruleus  que  par  la  bande  blanche  de  l'aile  ;  par 
ses  pieds  bleuâtres  ;  par  la  bande  noire  à  travers  l'œil,  se  réunis- 
sant, sur  la  nuque,  à  celle  du  côté  opposé,  et  par  la  couronne 
blanche  encadrant  le  noir  du  sinciput.  Par  tout  le  reste  de  son 
plumage,  il  ressemblait  à  la  Nonnette  vulgaire  (2)  ». 

(1)  Ornithologie  européenne,  par  Degland  et  Gerije,  I,  p.  jG7,  Paris,  1S()7. 

(2)  Voy.  pour  ceUc  ilescriplion  pages  367  il  o(i8,  op.  cit. 

Parus  major  (rt)  et  Poecii.e  palustris  (6) 

(a)  Aiilros  noms  :  Paru$  fringilliKjii.  Parus  robustris. 

(I))  farits  palustris  Linn.,  Ptirii.t  cinereiis  }iiont(nius.  Parus  borerilis,  Porile 
borealis.  Parus  alpestris. 

M.  Samuel  Bonjour,  de  iNantes,  nous  écril  qu'il  se  rappelle  avoir  vu  un  croisement 
deces  deux  espèces,  niais  il  y  a  fort  longtemps,  et  il  ne  saurait,  à  noire  regret,  en 
faire  une  description  exacte.  Tout  ce  dont  il  peut  se  souvenir,  c'est  ijue  le  jaune 
faisait  complètement  défaut  chez  le  sujel  el  que  sa  taille  était  intermédiaire  entre 
celle  des  deux  espèces.  L'Oiseau  était  alors  en  peau,  dans  un  état  déplorable,  et  est 
sans  doute  maintenant  perdu. 

Nous  nous  demandons  si  ce  croisemevt  ne  doit  point  être  rapporté  au  précédent. 
M.  Bonjour  ajoute,  en  effet,  dans  sa  li.'llre,  que  cet  hybride  n'est  pas  le  seul  connu, 
et  (pie  MM.  Degland  et  (ierbe  (dans  les  suppléments  de  leur  Ornilhologie  euro- 
péenne) donnent  une  description  détaillée  d'un  hybride  idenliijue  observé  en  cage. 
Or,  nous  venons  de  voir  que  M.  Degland  a  rapporté  son  hybride,  non  au  croisement 
du  Parus  major  avec  la  Ponte  palustris,  mais  au  Parus  cœruleus  X  Pcecile 
coinmunis.  Du  reste,  M.  Bonjour  ne  sait  si  l'Oiseau  avait  été  pris  ou  tué  à  l'état 
sauvage. 


OISE.VLX    HYBRIDES   UENCONTRÉS   A   l/ÉTAT   SAUVAGE  303 

Parus  cyaxus  et  P.ecile  borealis  (1). 

M.  Jiiliiis  V.  Madarasz  dit  avoir  vu,  chez  M.  Menzbier,  nu  iiylii'ide 
très  intéressant  qui  ne  serait  autre  que  le  produit  du  Ciinnistcx 
ry(inpus  et  de  la  Pivcih'  hoiralis.  «  Toute  la  partie  supérieure  des 
ciMés  de  cet  exemplaire,  écrit  M.  Madarasz  (2).  est  gris  ceudré  avec 
une  légère  teinte  bleue.  Les  ailes  sont  couinie  celles  de  ciianisles 
q/nneux.  Le  dessus  de  la  tête  est  blanc  de  neige  avec  une  tache  noire 
ovale  au  milieu.  La  bande  du  bec  qui  va  jus(|u'h  la  partie  de  l'oc- 
ciput est  noire,  tout  le  dessous  du  corps  est  blanc.  La  (jueue  est 
comme  chez  /'.  InifCdlis,  mais  de  couleur  un  peu  moins  nette.  La 
longueur  de  cet  Oiseau,  de  sexe  mâle,  est  de  12,3''™;  les  ailes  6,8; 
les  pattes  1,8:  le  bec  1/2''».  » 

L'Oiseau  a-t-il  été  pris  à  l'état  sauvage  ?  .M.  .Madarasz  ne  rindiijuc 
pas,  il  dit  seulement  qu'il  aététi'ouvéprès  de  Moscou  le  5  septembre, 
par  le  savant  ])rofesseur  lui-même.  Nous  pensons  cependant  qu'il 
ne  s'agit  point  ici  d'un  Oiseau  né  eu  captivité. 

Parus  cristatus  (3)  et  Parus  borealis  (4) 

M.  Plcske  a  fait  connaître  (o)  un  hybride  cf  de  Parus  borealis  et  de 
f.iilili.  crisidliis  acheté  le  l.'i  S('|)tembre  1880  sur  le  marché  aux 
Oiseaux  de  Saiut-Pétersbourg,  cette  pièce  est  aujourd'hui  devenue  la 
possessiondu  .Musée  zoologique  de  l'Académie  impérialedes  .sciences. 

Nous  ne  savons  point  exactement  si  le  spécimen  avait  été  pris  ou 
tué  à  l'état  sauvage;  l'éminent  couservateur  du  Musée  de  l'.Vca- 
démie  n'a  pu  nous  fournir  d'indications  précises  sur  ce  sujet 
qui,  suppose-t-il,  n'est  point  né  en  captivité.  D'après  une  com- 
niunication  de  .M.  .Meiizbier,  il  aurait  été  ])ris  dans  les  environs 
de  Saint-Pétersbourg  ((il.   .M.  Pleske  (mi   ;i    duniié  une  description 

(1)  La  mémo  que  P.  pnlustns.  dont  U's  antres  ikiiiis  scioiilili(|iii'S  viennent 
(IVlre  donnés. 

(2)  Deutsche  omit  kologisclie  Gexellxrlidfl.  ,lnnin:il  fin'  (iiiiilli(il.i{.'ie,  p.  i'.ic,  ixs',. 

(3)  Antres  noms  :  l'uni!:  iiiilrnlint,  l.djilKiiiliaiifs  cri.<liilu!i. 

(4)  Le  même  qne  l'ircilc p<ilu:<tris,  Linn. 

(.H)  Brxchrpihinid  einiger  Yogelliitslnrdi'  in  Mémoires  de  i'.Veadéniie  inipériule 
des  Sciences  de  Sainl-l'étei-sbonri;,  Vil"  série,  XXXV,  ii"  .'i,  ISH7.  Tel  Oisean  anrail 
été  cité  pliisienrs  fois  par  M.  l'ic'slie.  Voy.  Bniliner  n.  l'Ieske.  Ucilr.  z.  Ornith.de 
S'  Pelcrsh.  (iiiitr.  Ileiti:  :.  koniiln.  A  Russ.  II.  Tol-e.  Rd  IV.  p.  !J8  et 
'l'inxuc)!'!.,  IItiiiii.i.  C-lIcTepi').  vyû.  T|).  (".nô.  (Ii'iii  Kcr.  XIV,  crp. 
419.  .Nous  n'avons  pu  consulter  ces  deux  ouvrajjes. 

(())  Nous  n'avons  point  eonsalté  Bnchner  el  Pleske,  lleitr.  z.  Oniithologie  île 
St-Pétershourg  goiiv.  p.  i.'),  oii,  peut-être,  celte  indication  a  été  donnée? 


304  A.    SUCHETET 

détaillée  en  comparant  ses  rapports  avec  les  deux  types  purs.  Nous 
nous  contenterons  de  signaler  ses  caractères  :  Plumes  recouvrant 
le  nez  blanches  tachetées  de  noir.  Sommet  de  la  tête  et  devant 
noirs,  chaque  plume  avec  pointe  blanche.  L'occiput,  la  nuque  et  le 
derrière  du  cou  (cervix)  d'un  noir  pur.  La  huppe  manque  complète- 
ment. Bandes  superciliaires  d'un  blanc  pur,  sur  un  côté,  tacheté  de 
noir  clairsemé.  Joues  blanc  pur  ;  vers  les  côtés  du  cou,  claires,  colo- 
rées de  Ijrun.  Gorge  et  devant  du  cou  noirs,  la  gorge  d'un  noir'pur; 
le  cou  plus  bas  avec  pointes  d'un  gris  blanc.  Le  champ  noir  de  la 
gorge  est  considérablement  plus  grand  que  chez  P.  borealis  el  plus 
petit,  notammentà  la  partie  antérieuredu  cou,  que  chez  L.cristalus. 

Dos  (partie  supérieure  et  parties  inférieures),  ainsi  que  le  crou- 
pion, brun  de  terre,  cependant  avec  une  teinte  nette  de  gris,  en 
quoi  la  couleur  devient  un  peu  moins  intense.  Rectrices  supé- 
rieures des  ailes  gris  de  cendre,  chaque  pluiue  est  bordée  de  brun. 
Poitrine  et  ventre  blancs,  les  côtés  sont  fortement  colorés  de  brun. 

M.  Th.  Pleske  fait  suivre  sa  description  d'une  planche  coloriée 
représentant  seulement  la  tète  et  le  cou  de  cet  hybride  (1).  C'est,  eu 
effet,  par  ces  deux  parties,  que  les  deux  espèces  se  distinguent  à  pre- 
mière vue;  sous  ces  rapports,  on  peut  dire  (lue  le  dessin  colorié  (2) 
présente  des  caractères  mixtes  entre  les  deux  tyi)es.  Point  de  huppe, 
quoique  les  plumes  soient  teintées  comme  chez  cristntus,  sur  la 
nuque  et  le  dessous  du  cou  la  teinte  noire  propre  à  P.  pabtstris, 
l'iris  est  du  brun  roussàtre  du  cristalus.  Nous  aurions  été  heureux 
de  voir  l'Oiseau  dans  son  entier,  quoique  la  distinction  du  reste 
du  corps  entre  les  deux  espèces  soit  bien  moins  tranchée  que  dans 
les  deux  parties  représentées. 

P.-S.  —  M.  Menzbier  veut  bien  nous  écrire  qu'un  autre  hybride 
de  la  même  provenance,  capturé  aux  environs  de  Moscou,  fait 
partie  de  sa  collection. 

CvANîSTEs  cYANus  (.3)  et  Cyanistes  cceruleus  (4). 

En  1877,  M.  Severtzow  adressait  à  la  Société  Zoologique  de 
France  (5)  la  description  d'un  Oiseau  qu'il  disait  être  «  uu  hybride 
inédit  de  Parus  ryanus  et  de  P.  cceruleus,  »  acquis  en  chair  à 
Saint-Pétersbourg,  mais  mort  en  cage  :  «  Sommet  de  la  tète  d'un 

(i)  Fig.  3. 

(2)  Mémoires  de  l'Académip. 

(3)  Aiilres  noms  :  Pttrus  an-uleus  major,  Cyanisles  cyaneu.t. 

(4)  Appelé  aussi  Parus  cœruleiif:.  ou  Parus  r(i;rulescens. 

(o)  Voy.  le  Bulletin  p.  320  el  p.  3:il,  procès-veiLaux,  séance  du  K)  juillet  IS77. 


OISEAUX    HYBIUDES    RENXONTRÉS   A    L'ÉTAT    SAUVAGE  30o 

bleu  pâli"  grisAti-e;  une  iiKirque  bleuAtre  sur  la  g:orge,  romme  chez 
le  /*.  rd'rulcii.t,  tuais  iiàlc;  uni'  teinte  jaiinàlrc,  à  peine  sensible  sur 
la  poitrine,  tout  le  bas  du  corps  blanc,  connue  chez  le  /'(ov/.s-  cya- 
»(>!(.<;  dos  gris  bleu,  coiunie  celui  de  ce  dernier;  ailes  et  (|ueue 
intermédiaires  entre  les  deux  espèces,  ayant  i)lus  de  marques  blan- 
ches que  lecœnileus,  mais  beaucoup  moins  que  le  ciidunis,  » 

M.  de  Selys-Longcbamps  a  contesté  l'origine  de  cet  Oiseau  (1). 
Pour  lui  la  diagnose  donnée  par  M.  Severtzow  désigne  sans  le 
moindre  doute  le  P.  Pleskei. 

Cyanistes  cyanus  et  Cvanistes  Pleskei. 

Dans  uue  conférence  faite  à  lu  Société  Zooloyique  de  France 
en  l(S8i  (2),  M.  le  professeur  Michel  Menzbier  fit  savoir  ([u'il  avait 
recueilli  une  série  d'exemplaires  (|ni,  d'une  part,  présentaient 
«  les  produits  du  croisement  des  ('.  l'Icskri  l'I  et  des  ('.  ii/anuf!,  » 
et,  d'une  autre,  «  ceux  du  croisement  de  ces  hybrides  et  des  C. 
cfidniis».  M.  Menzbier  trouvait  inutile  «  de  donner  la  description 
de  tous  ces  exemplaires  »,  (quatre,  pensons-nous),  (3)  il  mention- 
nait seulement  qu'ils  avaient  été  capturés  «  dans  la  contrée  où  les 
C.  njdtiiis  et  les  C.  l'Ic^hi'i  nichent  ensemble  et  disait  qu'ils  pré- 
sentaient une  série  de  formes  intermédiaires  entre  les  C.  ri/dnus 
et  les  C.  Pleskei  ».  Ajjrès  avoir  fait  connaître  que,  sur  cinq  cents 
exemplaires  à  coloration  normale,  se  trouvaient  dix  exemplaires 
C.  Pleskei  et  cinq  de  ceux  (jne  l'on  peut  envisager  comme  hybrides, 
le  savant  conférencier  continuait  ainsi:  ((Comme  je  possède  des  exem- 
plaires intermédiaires  entre  les  bybridesde  C.  Pleskei  et  de  (\  eijdnus 
et  de  i;es  derniers,  et  (|ue  je  connais  la  relation  numéri(iue  entre  les 
C.  cijdnus  et  les  C.  Pleskei,  je  me  vois  eu  même  temps  obligé  de  con- 
venir (jue  les  C.  Pleskei  s'accouplent  avec  les  C.  ci/anus,  eu  formant 
des  hybrides  qui,  à  leur  tour,  se  croisent  avec  les  C.  ci/itmis,  et,  après 
plusieurs  générations  successives,  se  confondent  complètement 
avec  les  (\  eyanus.  « 

Disons  tout  de  suite  ([u'un  naturaliste  de  Russie,  qui  reçoit  dans 
ses  magasins  un  grand  nombre  d'Oiseaux,  ne  |)artage  point  cette 
manière  de  voir  et  ne  croit  point  aux  hybrides  de  C.  Pleskei 
X  C.  Cynniis.  Nous  ne  contesterons  point  cependant,  jusqu'à  de 
nouvelles  observations,  l'assertion  de  M.  Menzbier;  ce  qu'il  indique 

(t)  Voy.  Sur  le  genre  Parus,  Bull.  Soc.  ZooIok.  de  France,  1884. 

(2)  Voy.  :  Revue  seienlifique,  p.  .11;)  et  .'Ht),  ii"  du  H'i  avril  1884. 

(3)  Voii-  :  Mémoires  sur  les  l'aridtr.  I.  I.e  groupe  des  Mésanges  bleues.  Bulletia 
do  la  Sociélc  zooloiiiiiui-  de  Kraiicc  IX.  1884  (p.  28,  2',)  el  30  <hi  liiaf;c  à  pari.) 


nO()  A.    SUCHETET 

est  peut-être  très  exact,  uous  isnoroas  nbsoluiiieut  ce  qui  se 
passe  dans  la  nature  à  ce  sujet.  Mais  si  l'éminent  professeur  base 
son  assertion  sur  les  quatre  exemi)laires  uniques  décrits  dans  son 
Mémoire  sur  les  Parulœ(i),  ce  chiffre  est-il  suffisant  pour  prouver 
que  les  deux  types  purs  se  croisent  d'une  manière  constante  d'ahord 
entre  eux,  puis  dans  la  suite  avec  leurs  produits'.' Il  faudrait,  il 
nous  semble,  recueillirun  très  grand  nombre  d'exemplaires  croisés 
pour  que  cette  opinion  fût  probable  ;  peut-être  M.  Menzbier  les  pos- 
sède-t-il  aujourd'hui?  En  1884,  M.  Zaroudnoï,  ornithologiste  dis- 
tingué d'Orenbourg,  disait  avoir  dans  sa  collection  un  hybride 
C.  l'h'skei  x  C.  eijanus  (2),  ce  qui  portait  à  cinq  les  exemplaires 
hybrides  décrits  et  sans  doute  alors  seuls  connus. 

Eu  effet,  sur  le  tableau  des  formes  décrites  des  Mésanges  bleues, 
tableau  récapitulant,  pensons-nous,  toutes  les  Mésanges  que 
M.  Menzbier  a  vues  dans  les  divers  Musées  d'Europe,  quatre  formes 
hylu-ides  de  Cyaniis  Pli'sh-ei  (celles  qu'il  possède)  figurent  seules. 
M.  Menzl)ier  les  a  déterminées  ainsi:  une  $  ilO  avril  Moscow), 
croisement  direct,  soit  Cijan.  cyano  X  Pleskei  :  une  autre  femelle 
(22  oct.,  Moscow)  l'origine  Cyun.  qinno  X  Pleskei  X  C.  cijnnus;  un  cT 
(16  avril,  Moscow)  également  C.  cyano  X  Pleskei  XC  cnanus;  enfin 
un  autre  individu  cf  C  cyanus  Pleskei  x  C-  cyanus  X  C.  cyanus  (3). 

Si  les  caractères  des  hybrides  suivaient  des  règles  fixes,  c'est-à- 
dire  si  les  demi-sang  étaient  de  ])lumage  et  de  forme  mixtes,  si  les 
trois-quarts  sang  n'étaient  plus  dans  leur  aspect  extérieur  qu'un 
quart  d'une  espèce  et  trois  quart  de  l'autre,  et  ainsi  de  suite,  il  serait 
certainement  possible  de  déterminer  la  part  des  facteurs  qui  les  ont 
produits.  Mais  les  caractères  des  hybrides  sont-ils  invariables  ?  leur 
coloration  et  leur  forme  peuvent-ils  servir  à  indiquer  sûrement 
le  rôle  des  deux  parents  ?  nous  ne  voudrions  le  dire,  car  un  individu 
léellement  demi-sang,  ayant  eu  pour  parents  deux  types  d'espèce 
pure,  peut  se  rapprocher  sensiblement  d'un  seul  de  ses  auteurs;  au 
contraire  un  individu  trois  quarts  sang  pourra  demeurer  mixte,  entre 

(1)  Le  groupe  des  Mésanges  bleues,  in  BuUoliii  de  la  Sociélé  zoologique  île 
France,  IX,  1884. 

(2)  Voir  Ren((irques  comple'mentnires  pour  connaître  la  Faune  ornilholng^gue 
(lu  pays  d'Orenbourg.  Bullolin  lie  la  Sciciélé  des  Natiiralisles  rie  Moscou,  n"  4,  1888. 
C.oile  communication  nous  a  été  faite  directement  par  M.  Zaroudnoï,  cai'  nous 
n"avons  pu  consulter  son  mémoire  écrit  en  langue  russe,  pensons-nous. 

(3)  Me'nioires  sur  les  Parido-. 

1.  ie  groupe  i/p.s  Mésanges  bleues,  où  ces  quatre  exemplaires  sont  décrits  avec 
beaucoup  de  détails  que  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  reproduire  ici,  à  causerie 
retendue  de  la  description.  (Voir  p.  28.  29  et  30  du  Bull,  de  la  Soc.  Zool.  rie  France). 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  307 

les  deux  espèces  pures  ;  nous  ;ivons  observé  ces  phéuomèues.  On  se 
IronipeiHit  (loue  eu  allriliuaiit  la  uaissauco  du  piouiiiT  à  un  hybride 
avec  l'fsiifcf  jiurc  ;  la  [iioducliou  du  st'ioud  à  uu  croiseuuMil  de 
deux  espèces  pures.  Les  caractères  que  préseuteul  les  liybriiles  ne 
peuvent  iudi(|ui'r  toujours  la  part  des  parents;  uous  revenons 
souvent  sur  ce  point  parce  que  nous  le  croyons  d'une  certaine 
importance. 

.\insi  les  trois  derniers  exemplaires,  sur  h^squels  se  fonde 
.M.  .Menzbierpour  indi(iuer  «  les  rcsultals  tlu  croisement  de  plusieurs 
générations  de  l'Iiybride  avec  l'espèce  ])ure  »,  ne  sont  p.'ut-étre  (|ue 
les  frères  et  sueurs  du  premier  et  descendus  directemeut  d'un  couple 
composé  d'un  l'i/anas  el  d'un  l'ieskei'! 

Quaut  à  l'extinction  des  (.'.  IHi'sIcci  par  leurs  croisements  avec  les 
('.  ci/a/u/.s-  et  les  hybrides  qui  résulleut  de  cette  union,  uous  admet- 
tons fort  bien  avec  M.  Menzbier  que,  si  ces  croisements  se  lépétaieut 
constamment,  ils  élimineraient  peu  à  |ieu  le  premier  type  pour 
fairt!  place  euliu  et  dèliuitivemeul  au  second.  11  est  certain  que  le 
mélaufîe  répété  d'hybrides  (féconds)  avec  des  individus  d'espèce 
jjuie  doit  aboutir  falalemeut  à  l'ellcacement  complet  des  caractères 
du  type  dont  le  saufi'  u'eutie  plus  que  daus  d'iulimes  proportions. 
Toutefois,  dans  le  cas  présent,  il  faudrait  encore,  pour  aboutir 
à  l'extinction  des  types  purs  C.  l'ieskri,  que  ces  derniers  ue 
s'alliasseut  jamais  entre  eux  (1). 

Et,  du  reste,  les  C.  Plnkei  formeutils  une  véritable  espèce? 

Dans  un  mémoire  très  étendu  sur  le  genre  Mésange  (l'anis)  (2), 
.M.  Edm.  de  Selys-Longcham|)s,  après  de  savantes  considérations 
et  de  très  compétentes  observations  sur  les  races  nombreuses  des 
espèces  souches  de  ce  genre,  conclut  que  le  Ciidnixli'x  l'Ii'skci, 
observé,  ou  le  sait,  pour  la  première  fois,  par  M.  Th.  Pleske,  sur  le 
marché  de  Saint-Pétersbourg  au  printemps  de  187G,  n'est  qu'une 
race  de  C.  avntlcHs.  11  est  persuadé  ([ue  c'est,  eu  effet,  une  race 
constante,  mais  eu  l'examinant  de  près, en  considérant  la  similitude 
absolue  de  la  stature  et  des  dessins  avec  ceux  du  cœiuleiis  et  de  ses 
races  pemicus  et  Ti'nnifja-,  il  est  d'avis  que  ce  n'est  qu'une  race 
cUnintériqite,  remplaçant  le  avnileus,  précisément  dans  ces  contrées, 
où    habite   le   Parus   cyanus,   avec   lequel   elle  aura  toujours  été 

(Il  M.  Mcii/liicr  a  inUliilé  sa  confrienrc  :  u  Huit'  ilu  criiiseiiieiil  ilans  l'exlinction 
des  espèces  »,  ('("sl  pniiniuoi  nous  nous  peiimllons  ces  rùllexions. 
[i)  Bulletin  tle  la  Sm-iolé  zoologiquc  de  France,  p.  'ii  à  p.  St),  ISM. 


308  A.    SUCHETET 

confondue  (1).  M.  Alf.  Dubois  veut  bieu  nous  dire  qu'il  considère 
également  C.  Pleskei  comme  simple  race  ou  variété  climatérique. 

Nous  pensons  qu'il  ne  peut  eu  être  nutreineut  si  nous  en  jugeons 
par  deux  individus  (jue  nous  posséilons  et  qui  nous  ont  été  adressés 
de  Moscou;  à  moins  donc  que  C.  Pleskei  ne  soit  un  hybride  de 
V.  cyanus  X  C.  cœruleus  comme  nous  l'expliquerons  plus  loin. 

Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  ra|>peler  ici  brièvement  dans 
quelles  circonstances  le  type  nouveau  C.  Pleskei  fut  érigé  au  rang 
d'espèce. 

L'Oiseau  obtenu,  comme  ou  vient  de  le  dire,  au  marché  de 
Saint-Pétersbourg,  n'avait  vécu  chez  M.  Pleske  qu'un  seul  soir  et, 
comme  il  venait  d'être  pris,  il  était  impossible  d'imputer  à  un  aussi 
court  séjour  en  cage  un  changement  de  couleur  qui  permettait  de 
le  distinguer  de  P.  cœruleus. 

En  1877,  le  docteur  Cabanis  crut  donc  devoir  attirer  l'attention 
de  ses  collègues  sur  ce  spécimen,  disant  qu'il  s'agissait  probable- 
ment d'une  nouvelle  espèce  destinée  à  enrichir  la  fauue  ornitho- 
tique  du  Nord-Est  de  l'Europe  et  du  Nord-Ouest  de  Sibérie  {î). 

Les  captures  du  nouveau  type  depuis  cette  époque  paraissent 
toujours  rares,  plus  rares  mêmes  nous  dit  M.  iMenzbier  ([ue  les 
hybrides  Cyan.  Pleskei  X  C.  cyanus.  Eu  1884,  celui-ci  ne  men- 
tionne encore  sur  son  tableau  des  dimensions  des  Mésanges  bleues, 
que  six  exemplaires,  un  seul  de  la  variété  A  se  trouvant  à  Paris 
au  .Muséum  d'Histoire  naturelle;  les  cinq  de  la  variété  B  répartis 
ainsi  :  un  au  .Musée  britannique,  un  autre  à  Vienne,  et  les  trois 
derniers  dans  sa  collection.  Nous  avons  appris  par  .M.  Paul  Matschie 
(qui  considère  Pkskei  comme  une  salspccies)  que  le  Musée  de  Berlin 
conservait  deux  seuls  exemplaires  (3).  M.  .\lfred  Dubois  nous  dit 
que  le  Musée  de  Bruxelles  n'en  possède  point,  mais  que  les  deux 
sujets  ligures  dans  le  dernier  fascicule  de  son  ouvrage  appartiennent 

(1)  Sur  le  genre  Parus.  —  On  se  rappelle  qu'à  propos  d'un  e.\emplaire  acheté  sur 
le  marché  de  St-Pélersbourg  et  signalé  par  M.  Sewertzovv  comme  hybride  de 
cœruletis  et  de  cyanus,  M.  de  Selys  avait  dit  que  la  diagoose  très  claire  que  celui-ci 
en  donne  désignait  sans  le  moindre  doute  le  P.  Pleski.  In  Bull,  de  la  Soc.  Zool.  de 
France,  p.  330,  IS77. 

0  Voy.  Journal  fur  Ornilhologie,  p.  213,  avril  1S77,  rapport  pour  février,  ou 
une  figure  de  l'Oiseau  a  été  donnée  pour  la  première  lois. 

En  1881,  M.  Menzbier,  dans  la  Reçue  comparalioe  de  la  Faune  ornithologique 
du  Gouvernement  de  Moscou ,  indique  C.  Pleskei,  Cah.  à  titre  d'espèce.  Voy. Bulletin 
de  la  Société  des  .Naturalistes  de  Moscou,  n"  3,  p.  212,  1881. 

(3)  Ces  deu.x  exemplaires  sont  sans  doute  ceu.\  dont  M.  Dubois  a  parlé  dans  le 
Journal  fiir  Ornilhologie  1877,  et  dans  le  même  journal,  p.  109,  1878. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE  30SI 

à  M.  le  baron  de  Selys-Loagchamps  (1).  Le  Muséum  de  Paris  ne 
s'est  point  enrichi  de  nouveaux  exemplaires,  il  n'eu  conserve  (ju'un 
seul,  rapporté  il  y  a  (pielques  années  du  gouvernement  de  Moscou 
par  M.  Ujfalvy.  Le  cataloguedes  Oiseaux  du  Brilisli  Muséum  ne  men- 
tionne (pie  le  sujet  $  déjà  indi(iué  par  M.  Men/.bi(!r.  AL  Taczauovvski 
ue  fait  poiul  liguierr.  l'IrsLct  dans  la  liste  des  Oiseaux  observés 
depuis  cincpuinte  ans  en  l'ologue  (2).  Dans  la  liste  des  Oiseaux  des 
gouvernements  de  Saint-l'élersbourg  (Ji),  M.  Eug.  Biichner  dit  que 
ce  type  u  a  été  observé  qu'en  petit  nombie.  C'est  eu  vain  ([ue  nous 
avons  cherché  des  mentions  de  nouvelles  captures  de  ('.  l'irslcn  dans 
les  grands  journaux  ornithologiiiues  européens,  l'Omis,  le  Journal 
fur  Ornithologie,  l'Ibis  n'en  parlent  point  ou  fort  peu  (4).  Nous  peu- 
sous  ((ue  la  pkqiarl  des  collections  ornilhologiques  ne  possèdeut 
pas  encore  ce  nouveau  type.  Le  Musée  de  \'ienne  (Autriche)  eu 
serait  même  dépourvu  (5)  ?  M.  Lorenz,  naturaliste  de  Moscou, 
nous  a  cependant  signalé  trois  pièces  eu  sa  possession  ;  nous  lui 
avons  acheté  deux  de  ces  pièces.  Dans  une  nouvelle  communication 
que  M.  le  prof.  Meuzbier  a  la  bouté  de  nous  adresser,  nous  appre- 
nons (jue  le  Cyan.  l'icskei,  type  toujours  rare,  se  rencontre  actuelle- 
ment en  Russie  dans  les  trois  localités  suivantes  :  environs  de 
Saint-Pétersbourg,  environs  de  Moscou  et  environs  d'Orembourg  ; 
c'est  à  Moscou  qu'on  le  voit  le  plus  souvent,  tandis  que  c'est  à 
Orembourg  qu'il  est  le  plus  rare. 

Dans  celte  communication  M.  Meuzbier  nous  dit  qu'il  est  mainte- 
nant d'avis  que  la  variété  B  est  le  résultat  d'im  croisenieul  d'un 
iiybride  ('ijai(.  Plciikei  x  C.  cyanus  avec  un  ('.  l'b'skei  lypicjne  ;  dans 
ce  cas  on  aurait  trois  sortes  de  formes  : 

A)  Cyiin.  iHeskei  typique. 

B)  Première  génération  des  hybrides  C.  Pleskei  X  C.  cyaiius  et 
génération  résultant  du  croisemeul  de  ces  hybrides  avec  les  Cyan. 
cyanus. 

C)  Première  génération  des  Cyan  l'ie^kei  X  C.  cyanus  et  généra- 
tion provenant  du  croisement  de  ces  hybrides  avec  les  Cyan.  Pleskei. 

Ceci  pourrait  expliquer,  d'après  .Meuzbier,  pourquoi  les  carac- 

(1)  Le  d*  vient  de  Moscou,  la  :^  a  élé  prise  en  Belgique  (Liège). 

(2)  Omis,  p.  4Cu,  1888. 

(3;  Juui'oal  fur  Uiiiilbulogie,  p.  19G,  i88u. 

(4)  .Nous  ne  vuyons  guine  ligiirer  (|u'un  seul  sujet,  encore  douteux,  parmi  les 
supt  Parus  ugareus  tués  par  M.  Alexanilre  Mchalovits.  Qrnitlioloijische  Cosells- 
cluifl  zu  Berlin.  Voir  Cabanis-Journal  fur  Ornitliologle,  p.  US,  1885.  Voir  aussi  le 
uniuie  journal,  p.  i07,  1880,  où  une  vague  mention  de  l'teskii  a  élé  également  laite. 

Ci)  D'après  une  coiumuQicalioa  de  .M.  le  D'  L.  Loreoz,  Cutlos-adjunct. 


310  A.    SUCHETET 

tères  distinctil's  de  la  variété  B  sont  moins  constants  que  ceux 
de  la  forme  typitiue  et  pourquoi  aussi  cette  même  variété  est  moins 
fréquente  que  les  hybrides  Cjjan.  Plfskei  X  ('yan.  cyanns. 

L'étude  du  type  l'kskei  est  donc  d'un  grand  intérêt  pour  les 
zoologistes;  mais  M.  Menzbier  nous  permettra  de  lui  rappeler  res- 
pectueusement qu'il  n'est  pas  prouvé,  comme  nous  le  disions  tout 
à  l'heure,  que  les  produits  demi-sang  revêtent  nécessairement  des 
caractères  intermédiaires  entre  les  deux  espèces  mères  des(]uels  ils 
tirent  leur  origine;  pas  plus  qu'il  n'est  prouvé  que  dans  un  produit 
trois  quarts  sang  ces  caractères  intermédiaires  s'alïaiblissent 
aussitôt,  il  ne  viendra  à  l'idée  d'aucun  ornithologiste,  pensons-nous, 
d'allribuer  la  naissance  des  hybrides  Luj.  clhuris  X  Ltnolacannabina 
ou  FringiUa  cœlebs  X  F.  muntifringilla,  rencontrés  à  l'état  sauvage, 
les  nus  à  nu  croisement  direct,  les  autres  à  un  mélange  de  l'espèce 
pure  avec  un  hybride;  l'origine  de  tous  iudistiucleineni  est  imputée 
à  un  croisement  d'espèces  pures.  Or,  si  nos  souvenirs  sont  exacts, 
tous  les  hybrides  que  nous  avons  vus  ne  sont  pas  absolument  sem- 
blables; pour  le  dernier  croiseau'ut,  nous  avons  vu  des  individus 
revêtant  presque  entièrement  les  caractères  d'une  seule  des  deux 
espèces  pures.  Nous  possédons  un  hybride  trois  (juarts  sang 
{C(dtiiiiba)  qui  ne  présente  pas  de  dillerenee  avec  d'autres  proiluits 
demi-sang  de  la  même  origine. 

Les  jeunes  provenant  du  croisement  des  libii>iilurn  ressemblent 
tantôt  à  l'un  des  parents,  tantôt  à  l'autre;  si  le  mélange  des  espèces 
mères  n'avait  été  constaté  de  risu,  il  n'aurait  donc  point  été  pos- 
sible de  les  déclarer  demis;ing.  Chez  les  Léporides  (si  toutefois  ces 
liybrides  existent  réellement'.')  on  constate  toujouis  une  forte 
ressemblance  au  type  Lapin  (L.  cunkulm).  M.  Guruey  a  cité  des 
cas  curieux  parmi  les  Palmipèdes  et  les  Oiseaux  de  cage  où  des 
individus  hybrides  demi-sang  ne  tenaient,  pour  ainsi  dire,  que 
d'une  seule  espèce. 

Le  renversement  des  termes  père  et  mère  est-il  même  capable 
d'opérer  un  changement  dans  les  caractères  des  produits.  Nous 
possédons  deux  Ô  demi-sang  Euplucainus  melanotus  Ô  X  Lineatus 
limjnaudii  $  semblables  entre  eux  et  semblables  aussi  à  un  autre 
Ô  provenant  d'une  nteldiwtus  $  et  d'uni'.  Uaynaudii  Ô.  Si  quel- 
ques légères  dillérences  existent,  elles  sont  plus  sensibles  çntre  les 
deux  exemplaires  du  premier  croisement  qu'entre  ceux-ci  et  l'exem- 
plaire du  second  mélange.  Au  contraire,  un  Ô  demi-sang  E.  Sicinhoi 
Ô  X  E.  nycllienterus  $  dillère  en  une  certaine  manière  d'uu  Ô  pro- 
venant d'un  E.  Suinhut  Ç  X  E.  nyrlhemenis  ô. 

L'étude  des  caractères  des  hybrides  demi-sang,  trois  quarts  sang, 


OISEAUX  HVBniDKS  hexconthés  a  l'état  sauvage  311 

cinq  huitièmes,  etc.,  obtenus  en  captivité,  s'impose  donc  d'une 
manière  toute  inniiculiiTe  ;  car  lorsque  deux  espèces  se  mélangent 
accidentellement  dans  la  nature,  leurs  produits  ue  peuvent  sans 
doute  emprunter  exactement  autant  de  parties  à  une  espèce  qu'ils 
en  empruntent  à  l'autre.  IJu  des  types  purs  (|ui  se  croise  aura, 
dans  certaines  circonstances,  une  action  plus  grande  que  son 
conjoint  n'en  aura  une  sur  lui,  d'où  il  s'en  suivra  que  son  influence 
sera  prépondérante. 

Cyanistes  cceruleus  et  Gyanistes  Pleskei 

Dans  sa  conférence  faite  à  la  Société  zoologique  de  France, 
M.Menzbier  dit  encore  que  les  C.  cœrulcns,  d'après  leurs  stations  et 
leurs  habitudes,  «  se  rapprochent  à  un  tel  point  des  ('.  iHcskci  »  que 
l'on  ne  devra  point  s'étonner  si  des  observations  ultérieures 
«  prouvent  que  ces  Mésanges  se  croisent  entre  elles  et  produisent 
des  hybrides.  »  .M.  Menzi)ier  remarque  toutefois  que  ces  deux 
formes  sont  si  voisines  dans  les  traits  typiques  de  leur  coloration, 
qu'il  est  souvent  très  dillicile  d'indiquer  les  caractères  d'après  les- 
quels ou  pourrait  distinguer  les  hybrides.  «  C'est  la  comparaison 
seule  de  ces  exemplaires  avec  ceux  des  C.  cœruleus  qui  pourrait 
faire  remarquer  peut-être  que  le  dos  est  d'un  bleu  plus  intense,  les 
parties  inférieures  plus  pâles  et  le  blanc  de  l'abdomen  plus  déve- 
loppé. »  M.  Meuzbier  possède  dans  sa  collection  un  exemplaire  $ 
de  ce  genre  recueilli  près  de  Moscou  2(3/14  janvier. 

M.  Menzbier  ne  dit  pas  par  là  que  les  (J.  cœruleus  se  croisent 
certainement  avec  les  C.  l'ieskci,  c'est  une  hypothèse  qu'il  émet  ; 
elle  est  du  reste  possible  (et  même  probable)  si  le  C.  PlesL-ei,  comme 
le  croit  M.  de  Selys-Lougchamps,  n'est  qu'une  race  de  C.  cœruleus. 
Semblant  contirmer  cette  opinion,  M.  Zarouduoï  nous  écrit  qu'il 
possède  daus  sa  collecliou  d'Uremliourg  (Russie),  un  exemplaire 
auquel  il  attribue  l'origine  C.  vœruleusK  t'. Pleskei  XC.cœruleus([}. 

Cyanus  flavipecteus  (2)  et  Cyanistes  cyanus  var.  Tian-Schanicus. 

D'après  M.  Menzbier  (3),  le  prof.  Severtzow  possédait  dans  sa 
collection  des  exemplaires  de  Cyanistes  du  district  limithrophe  de 
la  région  des  C.  flaiiperlus  et  des  C.  cymius  tidn-seliatiirus  «  avec  dé- 

(1)  Nous  pensons  que  la  JeàL-iiplioii  do  cet  Oiseau  a  élé  ilonuée   daus  le  Bull,  de 
la  Société  des  Naturalistes  de  Moscou,  n"  4,  1888. 

(2)  Ou  Parus  flavipectus,  ou  encore  Cyanestes  flavipectus. 

(3)  Les  hlt'sanges  bleues.  Bull,  de  la  Soc.  zoolot,'.  de  France,  I88i, 


312  A.    SICHETET 

veloppeineiit  plus  ou  moins  l'aiLle  de  jauue  sur  la  jjoilriue  el  avec 
tous  les  autres  caractères  de  la  forme  typique  des  C.  flavipectus  ». 
M.  Menzbier  se  deiiiaude  si  ou  ne  doit  pas  adineltre  que  ces  exem- 
plaires, de  même  que  ceux  des  C.  njatiati  lian-irlianinis  à  couleur 
jauue  sur  la  poitrine,  soient  des  hybrides  des  C.  cyanus  Imn-srltanicus 
eldes  C.  flacipert  II»'!  «C'est  une  simjile  conjecture  à  latiuelle  se  livre 
léminent  naturaliste;  du  reste  s'il  admet  à  titre  d'espèce  ('.  jlaci- 
pectus  (considéré  comme  race  de  ci/diiiis  [lar  M.  de  Selys-Long- 
cliamps),  il  reconnaît  que  C.  tîan-srluinlciiti  n'est  qu'une  variété  ou 
race  de  C.  cyanus,  il  s'agirait  donc  ici  du  croisement  hypothétique 
de  llacipectus  avec  cyanus,  ainsi  que  cela  résulte,  du  reste,  de  l'opi- 
nion que  M.  Menzbier  a  émise  dans  sa  conférence  faite  à  la  Société 
Zoologique  de  France  (1). 

Or,  pour  M.  de  Selys-Lonchamps,  le  flmipeclus  est  encore  au  cyanus 
ce  que  le  cwruh'us  est  au  i'lfsl;ei.  11  ne  trouve  chez  flavipectus  aucun 
caractère  assez  inqjortant  pour  le  séparer  de  cyanus.  Il  en  donne 
la  raison  et  cite,  à  l'appui  de  son  opinion,  un  exemplaire  femelle  de 
cyanus  du  Nord  de  la  Russie  faisant  partie  de  sa  collection  «  chez 
lequel  les  lianes,  depuis  la  base  delà  poitrine  jusqu'à  la  queue,  sont 
très  légèrement,  mais  dislinclement,  lavés  de  jaune  pâle  (2)  ». 

Un  exemplaire  obtenu  à  Ferghanah,  provenant  de  la  collection 
Sewerztovv,  actuellement  eu  notre  possession,  ne  dillère  que  par  le 
jaune  de  cyanus  dont  il  se  rapproche  [lar  tous  les  autres  points,  ce  qui 
nous  fait  partager  la  manière  de  voir  de  M.  de  Selys-Longchamps. 

Remarque, 

Le  présent  croisement  C.  jlavipectus  X  C.  cyanus,  elle  précédent 
€.  cœruleus  X  C.  Pleskei,se  produiraient  donc  entie  variétés  et  non 
entre  espèces.  Nous  devons  toutefois  ici  faire  mention  d'une 
opinion  émise  par  iM.  Vian.  Dans  une  communicition  que  celui  ci 
avait  bien  voulu  nous  adresser  il  y  a  quel((ues  années,  il  disait 
«  qu'il  était  convaincu  que  les  deux  formes  iHesla'i  et  jlavipectus  sont 
des  métis  de  la  Mésange  bleue  {cœruleus]  et  de  la  Mésange  azurée 
(cyanus).  11  possède  quelques  exemplaires  qui  tiennent  plus  ou 
moins  de  ces  deux  types,  variant  dans  leurs  emprunts  qui  leur 
font  et  soûl  Pleskei  ou  llavipectus  suivant  qu'ils  ont  pris  plus  ou 
moins  à  Parus  cœruleus  ou  à  Parus  cyanus  ;  entin  ils  sont  rares 
partout  ». 

(1;  Voy.  Hevue  scientifique,  p.  516,  1884. 
(2)  P.  72. 


OISEAUX  iiviminKs  iuîncontiiics  a  l'ktat  sauvagk  313 

Eu  1884,  alors  que  ciu(i  exeuiphiires  Pleski'i  ijaraissaient  seuls 
connus,  M.  Meuzbier  (1)  disait  d'eux  que  le  plus  grand  uonibre 
élaient  des  mâles  et  préseulaieut  deux  variétés  :  l'uue  à  bec  bleu, 
à  tache  d'uu  jaune  très  prononcé  sur  la  poitrine,  plus  voisiue  de 
ca-ralt'tis;  laulre,  plus  i)àle,  a  la  tète  duue  coloratiou  bien  moins 
prononcée  se  rapprochant  de  cyaiius.  Si  les  observations  faites 
de|iuis  conlirnu'ut  ces  reuseii^nements  (ce  ([ue  nous  ij;uorons),  il  y 
aurait  (juelqucs  prohabilites  à  iidmellre  les  /'/cs/ri'/  à  titre  hybrides, 
peul-élre  même  pourrait-on  attribuer  leurs  deux  variétés  au  ren- 
versement de  tenues  père  et  mère  dans  le  croisement  des  espèces 
pures,  si  toutefois  ce  renversement  est  capable  d'accomplir  des 
changements  dans  la  coloratiou  des  [iroduits,  chose,  nous  l'avons 
vu,  très  discutable.  Aussi,  uoiis  ue  voudrions  aucunement  soutenir 
cette  thèse,  et  le  C.  iHc.skn,  comme  le  dit  M.  Selys-Longchamps,  qui 
a  étudié  longuement  ce  sujet,  n'est  probablement  autre  qu'une  race 
locale  de  ca-nilcus,  tandis  (jue  llacipeclus  se  rattache  à  l'espèce 
souche,  cyanas.  C'est  tout  à  fait  notre  avis. 

Les  derniers  croisemeuts  que  nous  venons  d'énumérer  restent 
donc  très  obscurs,  puisqu'on  ignore  la  véritable  origine  de  l'kskei 
et  de  Ihniperlus,  et  qu'on  ue  sait  s'ils  sont  de  bonnes  espèces,  des 
races  ou  des  hybrides'?  Qui  sait  encore  si  les  pièces  considérées 
comme  hybrides  ne  sont  point  des  variétés  de  coloration? 

11  serait  très  désirable  qu'un  amateur  d'Oiseaux  insectivores 
voulût  bien  entreprendre  dans  ses  volières  le  croisement  du 
Cyanistes  cœruh'us  et  du  Cyanistes  cyanus,  ou  verrait  ainsi  si,  du 
croisement  présumé,  naissent  les  C.  l'icskii  et  même  les  C.  jlavipec- 
tits  ;  aiusi  serait  tranché  le  débat.  Eu  cas  de  négative,  il  faudrait 
voir  dans  ces  deux  derniers  types  des  races  ou  variétés  des  espèces 
souches. 

Cyanistes  cyanus  et  Puecile  longicaudus  (2) 

M.  le  prof.  .Meuzbicr  dit  (.'()  qu'il  possède  dans  sa  collection  un 
exemplaire  de  .Mésange  bleue  recueilli  près  de  .Moscou,  lequel  «  ue 
peut  être  qu'un  hybride  d^  C.  cyanus  el  de  Pœcile  bnyicaudus. y>\oici 
la  description  de  cet  Oiseau  d'après  le  sa  vaut  professeur  de  Moscou: 

(I)  P.  olijiie  sa  Conférence,  iii  Heviie  SeieiiUfique. 

(i)  .\utres  noms  :  Parus  catiUulus,  Parus  longicaudus,  Mecistura  vagans, 
.Egitliatus  cauilutui,  Acredula  caudata,  Mecistura  caudata,  l'aroides  caudatus 
et  longicaudus. 

(3)  Mémoires  sur  les  Paridœ.  I.  Le  groupe  des  Mésanges  bleues,  Bullet.  Soc. 
Zoul.  de  France,  IX,  1884. 


314  A.    SUCHETET 

«  La  coloration  de  cet  hybrifle  est  d'uu  gris  pâle,  intermédiaire 
entre  la  coloration  du  (.'.  cijaniis  et  celle  du  l'œcUe  lonyirauilus.  Le 
sommet  de  la  tète  est  entouré  d'une  large  bande  blanchâtre;  une 
bande  noire  jirend  son  origine  à  la  base  du  bec,  traverse  l'œil  et  se 
prolonge  jusqu'à  la  nuque,  comme  dans  les  C.  cyanm,  mais  elle  n'y 
forme  point  les  deux  embranchements.  Le  dos  et  les  scapulaires 
d'un  gris  pâle,  moins  intense  sur  la  partie  supérieure  du  manteau, 
à  l'endroit  où  nous  oljservons  une  tache  blanche  chez  les  C.  ci/anus. 
Les  couvertures  alaires  d'un  bleu  grisâtre  foncé.  Les  grandes  cou- 
vertures, un  peu  plus  foncées  que  les  autres, sont  terminées  par  du 
blanc  pur,  qui  forme  une  bande  transversale  sur  l'aile.  Les  rémiges 
primaires  noirâtres,  blanches  sur  les  pages  externes;  les  rémiges 
secondaires  d'un  gris  noirâtre,  avec  bordures  blanches  plus  larges 
sur  les  pages  externes  et  avec  pointes  ressemblant  à  celles  des 
C.  ryanus.  Les  rectrices  sont  noires,  à  teinte  d'un  gris  bleuâtre,  la 
plus  latérale  à  page  externe  et  à  pointes  blanches  ;  la  seconde  liserée 
de  blanc  sur  la  page  externe;  la  troisième  un  peu  moins  lisérée; 
sur  les  quatrième,  cinquième  et  sixième,  le  blanc  disparait  tout  à 
fait  et  c'est  le  gris  pâle  qui  le  remplace.  Le  dessous  du  corps,  d'un 
blanc  pur,  excepté  la  gorge,  qui  est  marquée  d'une  tache  noire 
comme  chez  le  Pivcilc  lonyicatulus.  »  M.  Menzbier  note  encore  «  que 
le  bleu  propre  au  C.  cyanus  est  très  faible  dans  l'exemplaire  cité  et 
qu'il  est  remplacé  par  le  brun  du  PœciU'  longicaudus.  La  teinte  si 
pâle  de  la  couleur  bleue  du  C.  cyanus  est  pour  ainsi  dire  eiîacée 
parle  brun  plus  prononcé  du  Pœcile  longicaudus.  » 

ACREDULA  CAUDATA  et  ACREDULA  IrBYI 

Ce  croisement  ayant  été  cité  par  M.  H.  Giglioli,  à  titre  hypothé- 
tique (1),  dans  la  lite  des  cas  d'hybridité  de  l'Avifauna  italienne 
représentés  dans  la  collection  centrale  des  Animaux  vertébrés  de 
Florence  (2),  nous  croyons  devoir  en  faire  mention;  il  ne  peut 
toutefois  être  question  ici  que  d'uu  croisement  entre  l'espèce  souche 
et  une  variété  locale,  le  genre  Acredula  (ou  Orite)  n'étant  représenté 
en  Europe  que  par  une  seule  espèce  :  Y  Acredula  caudnta.  Dans  la 
variété  Irbii  qui  se  trouve  eu  Espagne,  dans  l'Italie  centrale  et 


(1)  La  citalion  de  M.  Gijilioiu  est  précédée  d'un  ? 

.2)  Primo  resoconto  dei  liesullati  délia  InchiesUi  ornithologica  in  Italia, 
Parle  teiza  ed  ullinia,  Notizie  d'Initole  générale,  compilata  dal  dottore  Henrico 
Hillger  Giglioli,  p.  70,  Florence,  1891. 


OISEAIX    HYBRIDKS   RKXCONTHKS   A   l'kTAT   SAUVAGE  .'Jlo 

méridionale,  flaus  la  Sicile,  la  couleur  violette  des  scapulaires  est 
remplacée  i)ar  le  gris  (1). 

Le  sujet  du  Musée  de  Florence  provient  de  Turin  el  fut  pris  (ou 
tué)  le  19  octobre  188i.  M.  II.  Giglioli  se  contente  de  dire  que  «  la 
tête  est  pres(pic  hlanciie  »  et  jilaco  devant  sa  ritalion,  comme  nous 
l'avons  dit,  un  point  il'iuterrogatiou. 

ACREDULA  ROSEA  et  ACREDULA  IrBVI 

D'après  M.  Seebohm.l'.l.  Irhiji  se  mélangerait  en  Lombardie  avec 
r.l.  rosea,  la  forme  britaiini(iuo  de  VA.  cnudatd  (2). 

Le  D'  Gadow  (■i)  parle  de  trois  exemplaires  du  Piémont,  conservés 
dans  la  collection  du  Brilisli  Muséum,  intermédiaires  entre  À.  Irbyi 
et  A.  rosi'a  (4). 

M.  Tommasso  Salvadori  dit  également  (4)  qu'en  Piémont,  en 
Lombardie  et  en  Toscane  on  trouve  des  exemplaires  intermé- 
diaires entre  .1.  roscd  et  .4.  Irhyi,  lesquels  ont  le  dos  cendré  en 
grande  partie,  mais  taché  de  noir.  «  Probablement,  ajoute  le  savant 
comte,  ce  sont  des  hybrides.  » 

Que  sont  les  deux  types?  Jus([u'en  ISSfi,  dit  M.  Al|)hoi)se  Dubois, 
tous  les  ornithologistes  oui  considéré  les  dillérences  de  coloration 
que  présente  l'espèce  .1.  caudata,  soit  comme  un  caractère  sexuel, 
soit  comme  une  distiucliou  d'âge  ou  de  saison....  Plusieurs 
auteurs  anglais  vienueul  d'admettre  trois  espèces  aux  déi)eus  du 
Parus  caudata.  Pour  eux,  les  individus  à  tète  blanche  appartiennent 
seuls  au  type  de  Linné,  tandis  que  ceux  jjourvus  d'une  bande  sour- 
cilière  forment  deux  espèces  :  .1.  rosm  et  A.  Irhyi  (5). 

L'éminent  conservateur  du  Musée  royal  de  Bruxelles  ne  partage 
pas  cette  manière  de  voir;  tout  en  reconnaissant  l'existence  de  ces 
trois  formes  de  .Mésange  à  longue  queue,  il  ne  les  admet  qu'à  titre 
de  races  ou  variétés  climatériques  (6).  D'après  cela,  si  les  deux 

(1)  Voy.  Seobohm.  .1  hislory  i>f  hriLsh  Binis,  I,  p.  'iS7.  M.  Odoardo  l'erragni  la 
signale  ilaiis  son  .ii'ifaiinit  creiiionese,  p.  iK).  Crcmoni'  I8.s;>.  Il  dit  laviiir  Iroiivée  en 
compagnie  de  sa  proche  alliée  .1.  cauiinta.  11  en  fait  «ne  espèce. 

.M.  Tonunano  Salvadori  ne  la  mentionne  poinl  dans  sa  Fliunn  d'Hulia. 

(2)  yue  l'on  voit  aussi  dans  le  non!  de  la  Krance  et  l'Allemagne  occidentale, 
(d'après  le  mème.)rt/).  cit.  I.  p.  'iH7. 

(H)  Catalogue  nf  Uinls  of  llrilish  Sluseum,  VIII,  1883. 

(4)  Nous  en  trouvons  seulement  deux  indiqués  dans  la  liste. 

(5)  Elenco  degli  VccelU  itatiani,  p.  DU.  l88()-87. 

(6)  Remarques  sur  les  Mésanges  du  genre  Acredula,  Bulletin  de  la  Société 
i[Oologii|ue  de  France,  p.  437,  188.3. 


31(î  A,    SUCHETET 

croisements  assez  hypothétiques  que  nous  mentionnons  se  sont 
réalisés,  ils  seraient  donc  produits  entre  types  appartenant  à  une 
même  souche. 

Famille  de  MotacUlidiv. 
Genre   Motacilla. 

MOTACILLA    ABBA   (1)    et   MoTACILLA    LUGUBRIS    (2). 

Teniminck  (3)  dit  avoir  «  acquis  la  certitude  que,  dans  nos  con- 
trées occidentales,  la  Benioronnelte  Jiufubre  s'accouple  av«c  la  Ber- 
(jerannette  (/rise  et  produit  des  individus  tapirés  de  noir  et  de 
cendré  clair.  »  Serait-ce  parce  qu'elle  ne  trouve  pas  toujours  à 
s'unir  avec  des  individus  de  son  espèce,  se  demande  le  célèbre 
ornithologiste?  Quoiqu'il  en  soit,  ajoute  t-il,  le  fait  est  certain. 

Le  rév.  Macpherson  dit  qu'il  a  vu  lui-même  les  deux  espèces 
appariées  (4).  Un  des  Musées  d'Histoire  naturelle  d'Angleterre  ren- 
ferme un  individu  qui  proviendrait  de  ces  deux  types?  (5) 

Pour  M.  Degland,  la  Hochequeue  grise  (Motacilla  liiyubris)  n'est 
qu'une  race  de  la  Motarilht  alha,  ainsi  (jue  pour  beaucoup  d'orni- 
thologistes. M.  Sharpe  l'a  portée  cependant  au  rang  d'espèce  (6). 
M.  Sclater  la  distingue  également  de  M.alba,  mais  il  ne  précise  pas 
à  quel  titre  (7).  Ces  deux  Bergeronnettes  sont  assurément  deux  types 
bien  rapprochés  et  leurs  hybrides,  (si  hybrides  il  y  a),  doivent  être 
dilliciles  à  reconnaître.  D'après  ce  ([ue  nous  avons  pu  juger  par 
l'examen  de  plusieurs  exemplaires,  M.  laijiibiis  ne  se  distingue 
d'nlba  que  par  son  aile  présentant  moins  de  blanc,  et  par  son  dos 
plus  noir,  .\ussi  de  si  faibles  dilïérences  sont-elles  suffisantes  pour 
ériger  ces  deux  types  au  rang  d'espèce  ? 

(1)  Auli-ps  noms  :  Motacilla  cinera. 

(2)  On  Motacilla  Yarrclii,  oa  MolacilUi  nlba.  oa  Motacilla  iitha  lugubris. 

(3)  Manucld'Ornithulogicou  Tableau  sysléinaliqiiedcs  Oiseau.r<iui  se  trourent 
en  Europe,  I.  p.  2ai,  1820-1840. 

(4)  «  Paired  logelhcr  ». 

(5)  «  A  oa^e  of  Pied  Waglails  at  llie  Natiiral  Muséum,  dit  le  Révérend,  contains, 
as  one  of  (he  parents,  a  Blid  whicli  conipelenl  aulhorilies  hâve  decid,  I  belive, 
to  be  a  Whilc-Wagtail  »,  Field,  3i  mai  1890. 

(6)  Ornithologie  européenne,  I,  p.  384. 

(7)  Catalogue  dis  Oiseau.t  du  Muse'e  britannique,  p-  'i*Xi,  1885. 

(8)  Voy.  :  Ibis,  p.  173,  1874. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   LETAT    SAUVAGE  317 

BODYTES   FLAVA   (1)   Ct  BUDYTES   MELANOCEPHALA  (2) 

M.  Tli.  Pleskea  figuré  (3)  une  Lavandière  jaune  qu'il  croit  prove- 
nir de  la  Molacilla  flnva  Lin.  et  do  la  Motacilla  mchinoccpbaln  I.iclitn. 
Cet  Oiseau  fut  pris  le  S  avril  18îî4,  près  de  Gur^ew.  M.  Pleske  pré- 
sume f|ue  la  Motarllln  flunt  est  le  père  de  cet  exemplaire  «  parce 
que  ses  régions  molaires  sont  toutes  blanches  ».  Le  sexe  n'a  pu  être 
distin?;ué,  M.  Pleske  croit  rependant  ret  Oiseau  mâle,  ses  couleurs 
étant  très  vives. 

Le  savant  académicien  en  a  donné  une  description  détaillée  en 
ayant  soin  d'étai)lir  ses  rapports  avec  les  deux  types  purs;  nous 
nous  contenterons  de  not(>r  les  caractères  suivants:  «  dos,  plumes 
des  épaules  et  croupion  d'un  vert  foncé  olive;  petites  tectrices  des 
ailes  brunâtres,  bordées  largement  d'un  vert  jaune  d'olive,  celles  du 
milieu  et  les  grandes  d'un  brun  foncé,  bordées  largement  de  jaune 
verdàtre,  les  |)lnmes  axillaires  d'un  jaune  vif.  Plumes  roctrices  les 
plus  extérieures,  toujours  deux  ensemble,  blanches  avec  taches 
noires,  la  troisième  plume  rectrice  noire,  les  autres  plumes  de  la 
queue  sont  noires.  Bec  et  pieds  noirs.  La  nuque,  le  derrière  du 
cou,  la  tache  de  l'oreille  d'un  gris  noirâtre.  Joues  rougeàtres  avec 
quelques  plumes  noirâtres  et  jaunâtres.  Gorge  blanche,  mélangée 
de  jaune  vers  le  cou.  Culmen  13™™,  ailes  7G™™. 

La  limlijlf»  incliinnrrpliiila  n'est,  d'après  Degland,  ipi'une  race 
de  /{.  flava  (4).  La  menocepbala  nous  paraît  différer  de  flaca  par  le 
dessus  de  la  tète  ([ui  est  noir,  par  ses  joues  et  le  dessus  du  cou  qui 
sont  de  cette  couleur,  ce  noir  descend  sur  le'^  épaules  en  forme  de 
collier.  Chez  la  femelle  melnnoccphnln  le  bleu  cendré  est  à  ces  par- 
tics  aussi  plus  foncé  que  chez  la  femelle  Ihini.  La  flaira  variant 
beaucoup  suivant  l'âge  et  les  saisons  (o),  comme  sans  doute  la 
menocpphalu,  il  doit  éiro  dillicile  de  reconnaître  l'hybridation 
lorsqu'elle  se  présente. 

(1)  Autres  noms  :  Molarilla  para.  Moincilld  pareiita,  Molacilla  veriui,  Mola- 
cilla neglecla. 

(2)  Antres  noms  :  Motacilla  metanocephala,  Motacilla  paca  melanocephala, 
Uotacilla  pava  \ar. horealis . 

(.'»)  Mi'tiKiircs  (If  l'Académie  des  Scienres  de   Sl-PétersbourK.   T.  XXXV,    a'  'S, 
VII-  série. 
(4)  Op.  cit.,  1,  p.  :iSI. 

(3)  D'après  imc  (•Dnitnimii'ation  verbale  de  M.  Noury  el  d'après  de  nombreux 
exemplaires  furmanl  série  exposés  dans  les  vitrines  du  musée  d'Elbeuf  et  que  nous 
avons  examinés. 


318  A.    SL'CHETET 

BUDYTES    FLAVA   et    BUDYTES   CAMPESTIS    (1) 

La  Budyles  fîava  s'accouple  encore  avec  son  autre  variété  B.  Rnyi. 
«  Il  paraît  hors  de  doute,  dit  Degland  (2),  que  la  Budytes  flava  et  ses 
variétés  s'apparient  entre  elles.  »  On  a  tué  près  de  Lille,  ajoute 
cet  auteur,  un  niàle  de  nudylca  flnra,  des  mieux  caractérisés,  accou- 
plé avec  une  femelle  de  Budytes  Rayi. 

M.  Zaroudnoï  nous  écrit  d'Orembourg  qu'il  connaît  lui-même  des 
hybrides  entre  ces  deux  types;  il  en  connaît  aussi  entre  B. //«i-its 
et  le  changement  de  B.  Rayi  que  M.  Sewertzow  a  marqué  comme 
B.  flavifrons.  Il  croit  pouvoir  attribuera  certains  individus  l'origine 
suivante  :  B.  flavus  X  Rnijl  typica  X  B.  flacua,  B.  flacus  X  B.  Rayi  jhivi- 
frons  X  B.  (lavus.  Ces  divers  Oiseaux,  tués  au  milieu  du  cours  de 
l'Oural,  ornent  sa  collection. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner  une  analyse  du  mémoire 
de  M.  Zaroudnoï  dans  lequel  ces  divers  croisements  sont  relatés  et 
où  l'auteur  parle  aussi  de  Budytes  flnrn,  var.  heema  X  Budytes  C.flati- 
frons.  Le  mémoire  de  M.  Zaroudnoï  est  écrit  en  russe.  Il  s'agit  du 
reste  tout  au  plus  de  croisements  entre  variétés:  nous  devons  cepen- 
dant reconnaître  ((ue  si  campestris  est  cité  à  titre  de  race  de  flata 
par  Degland,  M.  Sharpe  la  porte  au  rang  d'espèce.  Ces  caractères 
intermédiaires  pourraient  peut-être  également  être  attribués  à  des 
variétés  de  coloration  ;  les  traits  qui  distinguent  ces  deux  types 
n'étant  pas  considérables. 

Budytes  flava  et  Budytes  borealis 

M.  Zaroudnoï  nous  a  encore  indiqué  le  croisement  de  B.  flava  X 
B.  borealis,  ([u'il  se  propose  d'étudier  ultérieurement.  Il  a  tué  un 
exemplaire  de  ce  genre  au  milieu  du  cours  de  l'Oural.  Dans  la 
Collection  centrale  des  Animaux  vertébrés  d'Italie,  à  Florence, 
il  existe  un  individu  cT  indiqué  comme  flarus  X  borealis  obtenu  à 
Fana  le  26  avril  1887  (3). 

M.  Sharpe  (4)  inscrit  borealis  comme  bonne  espèce,  M.  Degland(5) 
en  fait,  au  contraire,  une  simple  variété  de  la  race  melanocephala 
à  laquelle  même  il  semble  l'identifier  de  sorte  que,  si  son  opinion 

(1)  Autres  noms  :  Budyles  Rayi,  MotitcilUi  flavn,  Molacilla  campestris,  Unla- 
cilla  flara  Rayi  el  Molacilhi  flaveola. 

(2)  Op.  cit.,  I,  379. 

(3)  Primo  rcsoconto  dei  resultate,  etc.,  KIorence  1S91. 

(4)  Calaloi;ue  des  Oiseaux  ilu  Brilisli  Muséum.  PI.  VII,  fis;.  1  efS,  I880. 
(.S)  Op.,  cit.,  I,  p.  380. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRKS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE  IM!) 

est  juste,  ce  croisement  devrait  être  rapporté  à  celui  de  fldvax  mcla- 
nocephala  dont  nous  avons  déj;\  parlé. 

M.  Shar|)(' constate  liii-niénie  (  I  )  r[ue  (|iiel(ines  spécimens  de  la 
Berfj;eron nette  jaune  de  la  Méditeranuée  se  distinguent  peu  de  la 
vraie  M.  bori'alis.  Les  appariages  ou  accouplements  des  deux  races 
auraient  sans  doute  besoin  d'être  constatés  pour  déclarer  hybrides 
les  individus  à  coloration  mélangée. 

Fainilti'  ilrs  Turdidie 

Genre    Helminthophila 

Helmi.ntiiophila  pinus  (2)  et  Helminthophila  chrysoptera  (3) 

Si  le  ('(ilai)ti's  (tnrnto-iiic.rii-anus,  (jue  nous  étudierons  plus  loin, 
doit  être  considéré  comme  une  variation  climatéripne  et  non  comme 
un  hybride,  voici  peut-être  l'hybridisme  le  plus  intéressant  et  le 
plus  curieux  dont  nous  îiyons  à  pnvWv  [)0ur  l'Ainériiiue  du  Nord, 
quoiqu'il  n'existe  encore,  reconnaissons-le,  que  de  siini)li's  ronjrr- 
tuirs  sur  la  véritable  nature  des  hybrides  supposés  et  ([ue  la  double 
origine  de  la  plupart  de  ceux-ci  soit  même  contestée. 

Le  18  mai  1870,  ^LWilliam  Brewster  tuait  à  Newtônville,  Mass., 
un  Oiseau  du  genre  Helminthophafia,  mais  d'une  espèce  jusqu'alors 
inconnue.  L'Oiseau  était  en  pIiMii  chant  lorscpi'il  fut  surpris  et 
voltigeait  çà  et  là  dans  un  fourre  marécageux  pliinlé  de  chênes  et 
d'érables.  Autant  M.  Brewster  peut  se  le  rappeler,  il  ne  différait  pas 

(1)  Op.  cit..  X,  p.  2,17. 

(2)  Synonymie  :  Certliid  pinit.i,  Sijlrid  pitiii.':,  .'ii/lcia  solilnrin  Heliiiillicru.t 
solilarius.  Ilelinum  sutilaria,  Veniiicara  solilnria,  etc. 

(3)  .Vutres  noms  :  MuUicilla  clirijaiiplera,  Sijlvicohi  chrijsoplcvii,  Molacilla 
finvifrons,  Sylvia  pavifrons,  Hehiinllu'ro.^  chrijsoplera,  Vermiiord  chryanptrrn, 
Helinain  rhrysoptern,  etc. 

Les  deux  espaces  pinus  et  chrysopterii,  quoiqne  présentani  un  air  de  parenlé 
indisrulahle,  ollrenl  cependant  des  earactères  dltlérentiils  asser  traneliés.  .\insi  un 
ne  trouve  point  dans  pinus  la  fioi'fJe  noire  de  chrysopleru.  Pinus  est  d'un  heau 
jaune  chrome  sur  toutes  les  parties  intérieures:  clirysoplera  est  gris  blanc  sond)re 
à  ces  parties;  ce  dernier  n'a  (loinl  no;i  plus  l'u'il  entouré  de  noir  à  la  manière  de 
pinus,  mais  la  conformation  du  corps  et  la  laille  est  la  même  eh,./,  les  deux  espèces. 
Sur  le  dos  il  existe  un  rapprochement  entre  les  teintes  des  deux  types,  car  le  dos 
de  chrysDplvni  est  lavé  de  jaune  venUUre  jjris  dans  le  fjenre  du  dos  de  pinus.  On 
voit  donc  (pie  certaines  relations  unissent  les  deux  (oiines,  mais  aussi  certains  carac- 
lèi-esdillérentiels  seuihleiil  les  séparer. 


320  A.    SUCHETET 

sensiblement,  soit  dans  la  voix  ou  dans  ses  mouvements  de  ff.  chrij- 
soplera  (1). 

Qu'était  cet  oiseau?  M.  Brewster  n'osa  rien  décider  sur  son  ori- 
gine. Les  ditlérences  du  coloris  avec  le  type  ordinaire  étaient  si 
S'randes  et  de  telle  nature  que  toute  théorie  de  variation  acciden- 
telle (ou  de  variation  due  à  la  saison)  lui  parut  impossible  à  émettre: 
l'hypothèse  d'un  hybridisme  ne  lui  parut  point  non  plus  devoir 
être  prise  en  considération,  vu  la  grande  rareté  des  hybrides  à 
l'état  sauvage.  La  nouvelle  espèce, dépourvue  de  noir  ou  de  cendré 
sur  les  joues  et  sur  là  gorge,  reçut  donc  un  nom  particulier,  celui 
de  //.  leucobrnnrhialitt,  du  gr.  )iS'jxoç  blanc  et  ppoY/o;  bronches  ou 
poitrine. 

Voici  sa  description,  telle  que  l'a  faite  M.  William  Brewster  : 
«  Mâle  adulte,  plumage  d'été;  sommet  de  la  tête  jaune  vit  légère- 
ment teinté  d'olive  sur  l'occiput.  Les  plus  grandes  et  les  moyennes 
couver'ures  de  l'aile  jaune,  au  sommet  moins  vif.  La  ligne  sourci- 
lière,  les  joues,  la  gorge  et  toutes  les  parties  inférieures,  blanc 
soyeux,  avec  une  légère  teinte  de  jaune  pâle  sur  la  poitrine.  Surface 
dorsale,  à  l'exclusion  de  la  nuque,  qui  est  cendré  clair  lavé  de 
jaune,  comme  sont  aussi  les  ])ords  extérieurs  des  secondaires. 
Une  étroite  ligne  de  noir  clair  passe  de  la  base  de  la  mandibule 
supérieure  à  travers  et  à  une  pi'tite  distance  derrière  l'o'il,  inter- 
rompue cependant  par  la  paupière  inférieure  qui  est  distinctement 
blanche.  Aucune  trace  de  noir  sur  les  joues  ou  sur  la  poitrine, 
même  sur  les  plumes  naissantes.  Bec  noii',  les  pieds  brun  foncé. 
Dimensions  :  Longueur,  il. 19;  étendue,  7.88;  aile.  2.4.')  ;  tarse,  71  ; 
queue,  d  .86;  culmen,  33.  On  verra,  d'après  la  description  ci-dessus, 
continue  M.  Brewster,  que  cet  Oiseau  ressemble  de  plus  près  à  la 
Fauvette  à  aile  dorée  (Golden  Winged  Warbler  ou  Sli'Uiiinlhopluujn 
clirysoptcra.  L'absence  entière  de  noir  ou  de  cendré  sur  les  joues  et 
la  gorge,  le  caractère  particulier  de  la  ligne  sourcilière,  et  le  blanc 
de  la  ])aupière  intérieure  présentent  cependant  des  différences  qui 
ne  s'accordent  avec  aucune  variation  connue  accidentelle  ou  de 
saison  de  cette  espèce.  La  ligne  restreinte  du  noir  sur  l'œil  donne 
à  la  tête  une  similitude  remarquable  à  celle  de  Hi'lminllidfénya 
pinns,  mais  la  ressemblance  ne  va  pas  plus  loin.  » 

M.  Ridgway,  le  savant  curateur  de  la  collection  ornithologique 


(i)  Voy  :  Description  of  a  new  species  nf  Belminthophaga,  liy  \V,„.  Brewster, 
in  Bulletin  of  Uu-  N'utlall  ornilhological  clul),  I,  n°  1,  pp.  1  et  i,  avril  1876,  et  the 
.\merican  Sporlman,  VI.  p.  23  journal  dans  lequel  celte  capture  a  été  mentionnée 
|iour  la  première  fois,  mais  que  nous  n'avons  pu  consulter. 


OISEAIX    HVHRIDKS    nEiSCOKTRÉS    \    l'kTAT    SAUVAGE  .'121 

(lu  Miisi'e  do  Wnshinston,  eut  bienlcU  l'ofcasion  de  pîirlcr  dn  ce 
iioiivi'iiii  type  I  1 1,  mais,  comme  .M.  Brewster,  il  ne  voulut  |»oiut  se 
prononcer  sur  sa  nature,  tout  i>u  (^loi^nant  cependant  la  possibilité 
d'une  liybridntion,  cet  exemplaire  ne  pivsentant  aucune  cnmliinai- 
son  de  la  coloration  des  deux  espèces  les  plus  rapi)i'ocliées,  clniisop- 
tera  et  piniis,  mais  simplement  un  développement  imparfait  pour 
ainsi  dire  de  la  coloration  d'une  seule  des  deux  {"2). 

Sept  ans  se  passèrent  sans  i|u'on  rencontrAt  aucun  spécimen  du 
même  genre;  dans  l'après-dinée  du  12  mai  1877,  dans  une  localité 
très  éloitrnée  de  civile  où  le  iiremier  exemplaire  avait  été  obtenu, 
près  de  Clifton  (Delaware  County.  Pa),  M.  r.liristoi)lie  D.  Wood 
aperçut  dans  un  pon)mier  un  deuxième  Oiseau  qu'il  fut  assez 
beureux  pour  abattre.  Comme  le  précédent  il  était  mâle,  et  corres- 
pondait A  la  description  donnée  par  M.  Brewster,  ce  (jui  semblait 
confirmer  la  validité  de  l'espèce.  Ce  fut  du  moins  l'avis  qu'exprima 
à  son  sujet  M.  Spencer  Trotter,  de  Philadelpliie  (3).  Bientôt,  du 
reste,  celui-ci  ne  tarda  pas  à  découvrir  un  troisième  spécimen,  tué 
sans  doute  depuis  louiçtenips,  mais  qui  était  demeuré  inaperçu 
pendant  plus  de  (piinze  ans  dans  la  collection  de  l'Académie 
des  Sciences  de  Pliiladel|)liie.  M.  Trotter  était  occupé  un  jour 
à  examiner  des  Fauvettes  (S7//u/cof/r/rp\  lorsque,  par  hasard,  il 
aperçut  parmi  elles  un  spécimen  de  l'Oiseau  à  gorjre  blanche, 
le  Wiiite  Throated  Warbler  ou  Ifelminthopharia  yucnhronchialh  de 
Brewsler.  L'iuscriplion  que  cette  pièce  portait  était  la  suivante  : 
Il  J.  C.  20  octobre  /S'fi2,  Xot.  of  Bill.  »  autant  qu'on  put  lire,  car  les 
trois  derniers  mots  étaient  très  effacés.  Les  initiales  ./.  r.  furent 
reconnues  pour  être  celles  de  John  Cassin,  moutrani  ainsi  qu'il 
posséda  autrefois  ce  spécimen,  au  moins  qu'il  s'en  occupa  (4). 
Malheureusement  cette  étitpielte  ne  portait  aucune  indication  de 
la  localité  où  l'Oiseau  avait  été  obtenu,  non  plus  aucune  indication 
ni  de  son  sexe  ni  de  son  es|)èce  ;  toutefois,  à  cause  des  ressem- 
blances qu'il  montrait  avec  les  deux  premiers  spécimens,  on  pouvait 
le  suj^poser  mâle. 

luformatioiis  ayant  été  prises  \)\r  M.  Lawrence  au|ii'ès  de  M.  Bell, 
celui-ci  déclara  se  rappeler  avoir  tué,  vers  1832,  pendant  le  prin- 

(I)  Ihis.  VI,  p.  1S,S,  I87<). 

(i)  l-p  noir  (le  la  r(''^irin  jiif,'tilaire  et  do  la  ri'gloii  aiiiictilaire  propre  an  inAlo 
chrysoplerii  est  en  edet  supprimé  el  ces  parties  soni  enlièreinenl  blaiii-  pnr  anx 
rarines  îles  plumes. 

(3)  Voy.  Itulletin  o(  llie  iNullal  ornilliolof,'i(al  cIuIj.  Il,  n"  :!,  pp.  79  et  Si),  jiiillel 
1877. 

(4)  Celui-ci  était  en  cllct  alors  chargé  du  soin  de  la  collection. 


322  A.    SUCHETKT 

temps,  à  Rocklaiul,N.  Y.,  un  spécimen  à  ailes  dorées  {Golden  ivings) 
qu'il  avait  fait  remarquer  à  son  jeune  frère  à  cause  de  l'absence  de 
noir  à  la  sorge  et  qu'il  pensait  être,  vu  cette  particularité,  un  jeune 
mâle.  L'attention  de  M.  Bell  avait  été  attirée  vers  cet  Oiseau  par 
son  chant  qu'il  n'avait  pas  encore  entendu  (1).  L'Oiseau  en  question 
fut  conservé  longtemps  à  cause  de  sa  rareté,  puis  il  fut  vendu  à  une 
personne  de  Philadelphie.  C'est  ainsi,  sans  doute,  qu'il  parvint 
dans  les  collections  de  l'Académie  ;  il  y  a  tout  lieu  de  le  supposer. 

Quant  à  l'inscription  portant  la  date  du  20  octobre  1862,  elle  peut 
s'expliquer,  d'après  M.  Trotter,  par  le  dépôt,  à  cette  époque,  de 
l'Oiseau  entre  les  mains  de  M.  John  Cassin  (2).  Ce  troisième  Oiseau^ 
qui  correspondait  à  la  description  faite  par  M.  Brewster  et  par 
conséquent  à  l'exemplaire  de  M.  Wood,  confirma  décidément 
M.  Trotter  dans  sa  manière  d  j  voir.  Celui-ci  admit  donc  H.  leuco- 
bronchialis  comme  bonne  et  valide  espèce(3). 

Un  quatrième  exemplaire  çf  fut  ensuite  tué  à  Wauregan,  Conn., 
le  25  mai  1873,  par  M.  Charles  M.  Carpentier  ;  puis  un  cinquième, 
que  M.  William  Brewster  décrivit,  fut  obtenu  près  de  SufTield  le 
3  juillet  suivant  par  M.  E.-J.  Shores,  c'était  encore  un  mâle  adulte. 
Dans  chaque  détail  essentiel  cet  Oiseau,  dit  M.  Brewster,  s'accorde 
avec  son  type  de  l'espèce,  quoique  montrant  certaines  particula- 
rités de  coloris  qui  ne  se  trouvent  dans  aucun  des  s|>écimens  pri- 
mitivement examinés,  particularité  que  M.  Brewster  fait  con- 
naître (4). 

Trois  autres  individus  sont  cités  par  MM.  A.  Purdie,  de  Newton, 
Mass.  (5).  D'abord  un  exemplaire  très  typique  tué  par  M.  Samuel 
Jillson  à  HudsoD,  Mass.,  en  mai  ou  juin  1838,  étiqueté  comme 
//.  pixtis  f^  et  placé  dans  la  collection  de  M.  Williams  Collège, 
Williamstown,  Mass.,  puis  envoyé  à  M.  Ridgway  par  le  professeur 
P.  A.  Chadbourne  ;  deuxièmement  un  mâle,  en  la  possession  de 
M.  William  W.  Coc,  de  Portland.  tlonn.,  capturé  eu  cet  endroit  le 
22  mai  1873;  enfin  un  beau  mâle,  pris  le  30  mars  1879,  et  obtenu  par 
M.  J.  N.  Clarck,  de  Sagbrook,  Couu. 

Dans  le  premier  exemplaire  la  surface  inférieure  est  nette,  d'un 
blanc   soyeux,    sans    trace  de  jaune  en  aucun    endroit,    le   dos 

(1)  M.  bell  avait  l'outiime,  dans  ses  jeunes  aiinces,  de  reconnaître  les  diverses 
espèces  à  leur  cliant. 

(2)  Poui'  tous  ces  détails,  voir  les  Bulletins  du  Club  ornitlioloRique.  III.  n»  1, 
p,  44.  janvier  1878  et  IV,  n»  1,  p.  ol),  janvier  187',). 

(3)  Le  même  Bulletin,  III,  n»  1,  p.  44,  1878. 

(4)  Bull.  III,  n°  4,  p.  19Ï»,  octobre  1878. 

(5)  Bull.  IV,  n»  3,  p.  184,  juillet  1879. 


OISEAUX    IIVBniDES    RENCONTRÉS    A    I.'kTAT    SAUVAGE  .'523 

cendré  iiiir.  Le  deuxième  s'éloigne  du  type  dans  la  marche  du 
jaune  sur  les  parties  supérieures  et  inférieures.  Sur  la  poitrine 
existe  une  larj^e  handc  on  tache  dt;  cette  couleur  avee  léj^ère  siiffa- 
sion  sur  le  meutou.  Tout  le  plumagi^  dorsal,  depuis  le  soiiiuiet  de  la 
tête,  est  faihlement  recouvert  de  la  môme  teinte.  Le  troisième  est 
exceptionnel,  il  montre  unu  plaque  jaune  vif  sur  la  poitrine,  depuis 
la  eourluiie  des  ailes.  M.  (liark  pensa  avoir  allaire  à  un  iiinus, 
lorsqu'il  le  tua,  l'Oiseau  avait  les  notes  et  les  habitudes  de  cette 
espèce. 

Le  neuvième  exemplaire,  //.  leucobronchialis,  tué  par  M.  Gunn,à 
Ottawa,  Gonn.,  a  été  décrit  par  le  D''  Gibbsdans  les  «  Grand  Rapids 
Daily  Democrat(l)  »  comme  nouvelle  espèce  d'IIi'bnintliiiphiuja,  sous 
le  nom  dedunnii.  Présenté  ensuite  comme  appartenant  à  Icucohron- 
ckidlis  par  M.  J.  IL  Purdie  (2),  il  fut  envoyé  à  la  Smithsonian  Insti- 
tution à  M.  Ridy;\vay  ([ui  l'examina  et  déclara  (3)  que  la  validité  de 
l'espèce  //.  U'Hcoliroiirhiaiis  pouvait  être  considérée  comme  déliniti- 
vement  acquise  à  la  science,  cette  nouvelle  forme,  dans  tous  ses 
degrés,  se  distinguant  réellement  par  l'absence  totale  de  noir  ou  de 
gris  sombre  sur  la  gorge  (4),  ainsi  que  par  l'absence  de  la  plaque 
auriculaire  gris  sombre  ou  noire.  L'année  suivante,  le  savant 
curateur  du  Musée  dé  Washington  portait  à  ce  titre  H.  leitcobron- 
chialis  sur  son  catalogue  (5). 

A  ces  neuf  cajjtures  viennent,  pendant  les  années  1879  et  1881, 
s'ajouter  trois  nouvelles,  toutes  trois  obtenues  par  .AL  A.  K.  Fisher, 
de  Sing-Sing,  N.  Y.,  dans  les  circonstances  suivantes  : 

(1)  l-juin  1879,  cit.  par  M.  11.  .V.  Purtlie. 

(2)  Bull.  IV,  n'  3,  juillet  1879,  p.  185. 

(3)  Bull.  IV,  n"  4,  octobre  1879. 

(4)  Les  bases  des  plumes  étaient  quelquelois  grisâtres. 

(5)  Cat.  of  the  Uirds  of  Nnrth  America.  Proceedings  of  U.  S.  National  Muséum, 
p.  163.  laSO.  M.  Uidsway  (Bull.  Nuit,  ornitb.  club,  IV,  n"  4,  p.  233,  octobre 
1879),  avait  fait  les  remarques  suivantes  sur  le  spécimen  décrit  d'abord  dans  les 
«  Grand  Hapids  ».  Le  spécimen  recueilli  par  M.  (iunn  est,  dans  tous  ses  riip|)orts 
essentiels,  comme  type  de  H.  leucubronchidlÎ!!.  à  l'exception  de  la  poitrine  sur 
laquelle  existe  une  grande  plaque  jaune  gomme  gutte  vif  bien  délinie,  tandis  que  les 
parties  supérieures  sont  moins  vivement  colorées,  le  jaune  du  sommet  de  la  télé  et 
le  gris  bleuiMre  de  la  nuque,  le  dos  et  les  ailes  étant  ob'^ciircis  par  un  recouvrement 
de  vert  olive.  La  plaque  jaune  de  la  poitrine,  qui  est  très  fortement  délinie  antérieu- 
rement contre  le  blanc  pur  du  pirulum,  ne  s'étend  pas  en  arrière  aux  lianes  et  à 
l'abdomen,  mais  est  strictement  limitée  au  milieu  de  la  poitrine,  dont  les  côtés  sont 
d'un  gris  bleuâtre  foncé,  presque  aussi  sombre  que  le  dos.  La  partie  supérieure  de 
la  gorge  (pas  le  menton)  est  fortement  teintée  de  jaune  pâle.  Les  mesures  sont 
comme  suit  :  ailes,  2,40;  queue,  2,10;  bec,  de  la  narine,  35;  tarse,  63;  doigt  du 
milieu.  14i. 


324  A.    SOCHETET 

Celui-ci  èlait  en  tiaiu  de  collecliouiiet'  daus  un  lieu  bas  et  mare-' 
cageux,  uu  fourré  composé  d'Auui's,  de  petits  KialjJes  et  d'autres 
essences,  lorsqu'il  remarqua  paruii  diverses  Fauvettes  ua  II.  ku- 
coliniiichiaUs.  L'Oiseau,  uu  niàle  adulte,  fut  abattu.  «  11  ressemblait 
au  spécimeo  de  Al.  \V.  \V.  Coe  (cité  [)ar  .M.  l'ardie;  ayaul  la  bande 
jauue  sur  la  poitriue  et  uue  très  légèie  i^ujfusion  à  la  gorge, 
caractère  dilïéreut  des  autres  spécimens  en  ayaut  les  barres  des 
ailes  blanchâtres,  plus  blanches  même  que  dans  //.  [linus.  Le  dos 
comme  celui  de  Iciicobroiicliiali.s  ly[)i(iue  (1). 

Les  deux  autres  individus  furent  tués,  le  premier,  paraissant 
femelle,  le  14  juillet  1881,  au  milieu  de  Pins,  alors  qu'il  s'envolait  à 
la  poursuite  d'un  Insecte  (2,);  le  second,  le  3  août  de  la  même  année 
dans  quelques  petits  buissons  bordant  uu  cours  d'eau,  près  de  l'en- 
droit où  M.  Fischer  avait  tué  son  premier  exemplaire  deux  ans  au- 
paravant, le  Èi  août  1879.  11  ressemblait  à  ce  spécimen  ayant  une 
bande  jauue  pectorale,  mais  dillérant  par  les  bandes  des  ailes  qui 
sont  jauue  normal,  non  blanches  (3j. 

C'est  alors  que  M.  Brewsler,  ayaut  reçu  de  M.  le  D"^  A.  Mearns  et 
de  M.  Eugène  P.  Biknell  plusieurs  sqécimens  douteux  paraissant 
être  des  iudividus  égarés  de  11.  yiuus  et  de  H.  chry-suplcra,  crut 
devoir  émettre  des  doutes  sur  la  validité  de  l'espèce  présumée 
//.  IfacohroHchialls,  et  considérer  les  spécimens  sur  lesquels  elle 
s'appuyait  comme  hybrides  des  deux  espèces  qu'où  vient  de 
uommer. 

Avant  d'exposer  les  vues  de  M.  Brewster  sur  ce  sujet,  nous 
devons  parler  d'un  autre  type  douteux  d'ihinnnlltophaya,  le  II. 
Lawrencii,  dont  l'histoire  se  trouve  intimement  liée  à  celle  de  son 
congénère  II.  leiu-oliruncliiiUis. 

Daus  les  Proceedings  de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de 
Philadelphie,  il  est  en  effet  question  d'un  Oiseau  d'un  type  nouveau 
qui  fut  trouvé  par  M.  Herold  Herrik  dans  la  collection  de  son  ami 
M.  U.  H.  Dickinson,  deChatham,  New-Jersey,  et  dont  voici,  d'après 
M.  Herrick,  la  description  :  «  Parties  supérieures  et  croupion  d'un 
vert  olive,  teinte  plus  foncée  (jue  dans  pinus.  Ailes  d'un  gris 
bleuâtre  avec  deux  bandes  blanches,  mais  la  supérieure  pas  aussi 
nettement  définie  que  daus  pinus.  Queue  d'un  gris  bleuâtre,  trois 
plumes  extérieures  de  cette  queue  ont  la  plus  grande  partie 
de  leur  palmure  blanche,  il  existe  aussi  uue  petite  place  blanche 

(1)  Biillet.  IV,  110  i_  187'.),  p.  -m. 

(2)  Il  uillèiv  des  airtres  ayant  une  plaque  noire  auriculaire. 

(3)  Bull.  .\uU.  ornith.  club,  VI,  n"  i,  p.  245,  octobre  IStil, 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    A    L'ÉTAT    SAUVAGE  3215 

sur  l'extrémité  de  la  (luatriéinc  iiliiiiic.  ('.miiDnne  et  j)iirties  iiifé- 
lieiirt's  (le  la  poitrine  de  cotileur  orange,  lue  large  niar<iue  noire 
s'étend  du  bec  à  travers  l'œil  et  par  derrière.  Meulou,  gorge  et 
partie  située  en  avant  de  la  poitrine  noirs.  Une  raie  jaune,  com- 
iiieiic.'aulsons  le  bec,  s'ciciid  eu  arrière  enli'e  l'ieil  noir  et  les  taciies 
de  la  iioilrine  et  angnieute  eu  largeur  sur  l'épaule.  Longueur  4..'J0, 
aile  i.'àO,  (|ueue  -,  mesures  prises  sur  l'Oiseau  monté.  »  Une 
planciie,  lialiile  dessin   de  M.  Uidgway,   montre   l'Oiseau  (I). 

«  Ce  spécimen,  évideaimenl  uu  inàle  adulte,  disait  .M.  Ilerrick, 
est  uuirqué  d'unr  mauu're  si  uetlr  cl  si  Iraueliée  qu'il  e.xclut  la 
possibilité  de  son  classenieul  parmi  les  (ormes  rares  de ///;ti(.v  uu 
cliri/soplira,  ses  alliés  les  plus  i)rocbes,  ou  parmi  les  hybrides.  Si 
sou  apparence  générale  est  à  première  vue  celle  de  pinus  avec  l'o'il 
noir  et  les  taches  de  la  gorge  de  cltniwjitcra,  eu  l'examinant  attenti- 
vement ou  aperçoit  de  petites  particularités  qui  n'existent  ni  ilaus 
l'uueni  dans  l'autre  des  deux  espèces. »Aussi  M. Herrick,  qui  le  faisait 
connaître  pour  la  première  fois,  lui  donna  un  nom  particulier  : 
celui  de  II.  Latcrenrii  i2).  Sa  capture,  autant  il  pouvait  se  le 
rappeler,  avait  eu  lieu  en  mai  1874,  sur  les  rives  du  Fassaic,  près  de 
Chatham,  New-Jersey,  section  complètement  explorée  au  point  de 
vue  oruilhologique. 

lin  janvier  1877,  M.  llerrik  mentionnait  uu  second  spécimen, 
obtenu  d'un  marchand  pendant  l'automue  de  1876;  ce  marchand 
l'avait  reçu  au  printemps  précédent  île  Hoboken,  N.  J.,  dans  un  lot 
varié  de  Warblers  (Fauvettes). 

Si  les  partisans  de  l'hybridité  avaient  élevé  quehiues  doutes  sur 
la  validité  de  la  nouvelle  espèce  //.  laureticii,  ce  second  spécimen, 
s'accordanl  avec  le  premier,  devait,  d'après  M.  Herrick,  faire  cesser 
toutes  les  hésitations. 

Nous  voyous,  en  1880,  M.  Ridgway  lui-même  porter  l.uinrnvii 
à  ce  titre  sur  son  Catalogue  des  Oiseaux  de  l'.Vmérique  de  Nord  (3), 
après  toutefois,  quelques  années  auparavant,  l'avoir  soupçonné 
d'être  uu  hybride  entre  pinns  et  chrysopteni  à  cause  de  sa  coloration 
«exactement  intermédiaire  entre  les  deux  (4).  » 

M.  Herrick  a  décrit  le  second  spécimen  de  la  manière  suivante  : 

«  Parties  supérieures  et  croupion  vert  olive,  d'une  couleur  [)lus 

(1)  \'\.  xv. 

(2)  Eu  reconnaissance  de  plusieurs  faveurs  qui  lui  turent  rendues  par  M.  Georg. 
W.  Laurence,  esq. 

(3)  Hroccedinys  o(  tlie  U.  S.  National  Muséum, 

(4)  Ibis  VI,  p.  108,  HJ76,  Un  seul  e.xemplalre,  le  premier,  était  alors  connu, 


326  A.    SUCHETET 

foncée  que  dans  pinits.  Les  ailes  gris  Ijleuàlre,  avec  deux  bandes 
blanclies,  la  supérieure  pas  aussi  clairement  définie  que  dans  pmws. 
La  queue  gris  bleuâtre,  les  trois  plumes  extérieures  de  la  queue 
avec  plus  de  blauc  sur  les  lames,  une  petite  tache  blauche  aussi 
sur  le  bout  de  la  quatrième  plume.  Le  sommet  de  la  tête  et  les 
parties  inférieures  de  la  poitriue  à  l'issue  orange.  Une  large  plaque 
noire  s'étend  du  bec  sur  l'œil  et  derrièie  cet  organe.  Le  menlou,  la 
gorge  et  la  partie  avant  de  la  poitrine  noirs.  Une  raie  jaune,  com- 
mençant sous  le  bec,  s'étend  entre  les  plaques  noires  de  l'œil  et  de 
la  poitrine  et  augmente  en  largeur  sur  l'épaule.  Longueur  4.50  ; 
aile  2.30  ;  queue  2.00;  mesures  de  l'Oiseau  monté.  » 

Les  choses  en  étaient  là,  c'est-à-dire  douze  spécimens  H.  Leuco- 
bronchialis  et  deux  spécimens  //.  Laicreiicii  étaient  connus  et 
considérés  comme  appartenant  à  deux  espèces  bien  définies, 
lorsque  M.  Brewster,  nous  venons  de  le  dire,  crut  devoir,  sur 
la  présentation  de  quelques  types  égarés,  placer  au  rang  d'hybrides 
les  deux  espèces  présumées.  M.  Brewster  appuie  ses  raisons, 
en  ce  qui  concerne  H.  Icucobroncliialis,  sur  cinq  spécimens  dont 
quatre  de  la  collection  Fischer,  et  un  de  sa  collection  ;  en  ce  qui 
concerne  //.  Lawrencii  sur  deux  spécimens  lui  a|)parleuant. 

Les  quatre  spécimens  H.  leucobi-onchialis  de  M.  Fischer,  N"'*  123.'), 
603,  1210, 1208,  se  décomposent  ainsi  :  deux  mâles,  une  femelle  et  un 
Oiseau, qu'on  pense  de  ce  sexe,  obtenus  le  premier  cf  le  3  août  1881, 
le  deuxième  cT  le  24  août  1879,  le  troisième  $  le  24  juillet  1881,  et 
le  quatrième  (  $  ?)  également  le  24  juillet  1881.  Le  spécimen  (  $  ?) 
de  M.  Brewster,  daté  de  mai  1878,  fut  présenté  par  M.  Eugène 
E.  Bicknell  et  obtenu  à  Nyack,  New-Jersey;  il  est  indiqué  sous  le 
N°  2620.  Les  spécimens  H.  Lawrencii  sont  les  suivants  :  une  femelle 
de  Highland  Falls,  New- York,  7  juillet  1879,  présentée  par  M.  le  D' 
Mearns,  N°  4667  ;  un  jeune  Oiseau  dont  la  capture  et  l'origine  ne 
sont  pas  indiqués,  N°  4668  (1). 

M.  Brewster  indique  de  la  façon  suivante  les  caractères  de  ces 
divers  Oiseaux  : 

N»  1208  «  en  tout  genre  semblable  au  type  leiicobronchialis,  à 
l'exception  des  loirs  plus  noires  dans  leur  largeur  et  de  l'endroit 
noir  post-oculaire  qui  s'éteud  en  arrière  et  en  bas  entourant  pres- 
que toute  la  région  auriculaire.  »  N»  1233  «  diffère  du  type  leuco- 

(I)  D'après  un  mémoiie  publié  en  1885  par  M.  Rkigway  (tlio  AuU,  11,  u»  4,  p.  301, 
octobre  188o),  ce  jeune  Oiseau  aurait  été  capluré  par  M.  le  1)'  E.  A.  Mearns,  égale- 
ment à  Highland  Kalls.  N.  Y.  le  jour  même  où  fut  pris  le  précédent. 


OISEAIX    IlYniUDICS    nKNCONTHKS    A    l'kTAT   SAUVAGE  'Ml 

tiroiicliidlis  seuliMR'ut  par  uni'  pliHiiii'  jaiiiio  jiàle  sur  la  poiliinu. 
(Beaucoui)  tle  spécimens  uioiitroul  cetto  paiticulariti'.)  »  N»  (lOo 
((  montre  une  faible  teinte  jaune  citron  sur  la  gorge,  taudis  qu'un 
large  espace  ti'aversant  la  ixtitrini!  est  d'un  jaune  doré  foncé, 
les  bandes  des  ailes  sont  blanc  pur.  ))  N"  :2fi20,  «  menton  d'un 
jauue  franc;  la  gorge,  les  joues  et  uu  petit  espace  sur  l'abdomen 
blaiHs,  le  reste  des  |)arties  inférieures  jaune  doré,  les  bandes  des 
ailes  blaucbes,  la  nuque  d'un  cendré  leintéde  vert,  rocci[)ut,  le  dos. 
les  ailes  d'un  vert  olive  aussi  pur  que  dans  iiiitus.  »  N°  1210  «  tout 
entier  jaune  venlàtrc  |(àle  en  dessous;  dos  semblable  à  celui  de 
liiinis,  mais  la  uu(|ue  est  très  cendrée  et  les  bandes  des  ailes  sont 
aussi  jaunes  que  clicz  rlinj-soptriii  ;  la  raie  brun  sombre  de  l'n'il  est 
restreinte  aux  loirs  et  à  l'endroit  post-iu'bilaire  ))  (1). 

M.  Brewsler  considère  le  n»t)0.jcomnn_'  probableineul  plus  im|ior- 
taut  parce  qu'avec  ses  barres  blanches  des  ailes,  son  dos  ceudré,  sa 
poitrine  cl  sa  gorge  blanches,  il  réunit  les  caractères  respectifs  de 
lfiiriiliriinrltinli'<  et  de  /.//n/s. 

\'iennent  ensuite  les  n^^  2620  et  1210  qui  se  rapprochent  même 
de  plus  [irès  de  pians,  mais  le  premier  a  «  la  gorge  et  le*join's 
blanches  de  U'iinjhronrhitdis  )>,  le  second  a  u  la  nu([ue  cendrée,  les 
bandes  jaunes  aux  ailes,  et  est,  en  général,  d'une  couleur  plus  pâle 
en  dessons  >  (2).  Le  n»  1208  montre  une  variation  plus  im[)orlante 
dans  uu  autre  ordre  :  «  l'étendue  de  la  raie  de  l'œil  inditjuanl  une 
increased  a/finity  avec  rhrysoptera.  »  Enfin  le  n»  1235  est  «  appa- 
remment semblabli!  au  type  de  fiibbes,  le  If.  Gunni.  n  .\insi,  prise 
dans  son  ensendjle,  la  série  //.  leiiculinincliinlls  «  joint  parfaitement 
li'ucohronchiulis  à  pinus,  tout  eu  faisant  voir  une  tendance  du  pre- 
mier vers  (•/(/•//.<()///('ra.  » 

Huant  à  [.iiirrriicei,  le  n°4667  (d'  Mearns)  a  n  le  dessus  de  la  tète 
jaune;  le  dos  et  les  ailes  d'un  cendré  foncé  teint  de  vert  olive;  les 
bandes  des  ailes  jaunes;  les  joues  et  la  gorge  cendrées;  le  menton 
et  les  cùtés  de  la  gorge  ainsi  que  le  reste  des  parties  inférieures 
inar(|uées  fortement  de  jaune  verdàtrc.  Eu  considérant  ((ue  le  plu- 
mage de  cet  Oiseau  est  considérablement  passé  et  terni,  il  présente 
l]res(|ue  les  caractères  de  relation  (pie  l'on  cherchait  dans  l.air- 
rriicii  9,   les    manjues  de   la   gorge  et  des  joues  sont   celles  de 


(1)  Remarquons  que  le  Oocicur  Fischer  n'a  luenlionnè  qu'une  seule  (f  nielle  luée 
le  i't  jiiilltl  1881  (avec  plaque  auru'ulaire).  M.  Brewsler  parle  cepemlanl  d'une 
ileuxlèmc  femelle  tuée  le  même  jour  et  au  nièiue  endroit,  à  Sing-Sing.  Les  deux 
mâles  (ureni  lues  aussi  à  celle  place. 

(2)  «  \n  asky  napi-,  yellow  wingl  ands  and  ijenir.illy  pale  colorini;  lienratli.  n 


328  A.    SUCHETET 

chrysoplfid  9,  tandis  ([uc  le  reste  des  plumes  est  coloré  presque 
comme  cliez  pi  nus.  Les  haudes  des  ailes  sont  cependant  jaunes  au 
liiHi  d'elle  blanches,  et  le  dos  n'est  pas  vert  olive  pur,  mais  les 
variations  sont  de  près  parallèles  à  celles  que  l'on  rencontre  chez 
Iriirohroncliiiilis. 

D'après  cette  analyse,  il  semble  tout  à  fait  naturel  à  M.  BreWster 
lie  rapporter  le  présent  exemplaire  qui  a  les  bandes  des  ailes  jaunes 
au  fjiwrcnrri,  comme  le  spécimen  n°  60o  avec  les  bandes  des 
ailes  blanches  au  leucobroncliialis.  Cette  supposition  étant  faite, 
M.  Brewster  passe  au  jeune  Oiseau  (le  n"  4608)  de  sa  collection. 
Son  plumage  est  suinsamment  développé  pour  montrer  «  que  le 
itris  des  parties  inférieures  est  remplacé,  au  travers  de  la  poi- 
Irine  et  le  long  des  côtes,  par  des  plaques  de  plumes  jaune  vif, 
tandis  que  la  pousse  du  second  plumage  de  la  gorge  est  blanc  pur, 
les  lofps  sont  noires,  mais  les  quelques  secondes  plumes  qui  appa- 
raissent sur  les  auriculaires  sont,  comme  celles  de  la  gorge, 
blanches.  Cette  individu  aurait  certainement  montré  après  la 
mue  des  «  lorrs  noires,  la  gorge  blanche,  les  côtés  et  la  poitrine 
jaune,  c'est-à-dire  uu  état  presque  semblable  au  n°  603.  » 

Or,*i\I.  Brewster  explique   la  parenté  du  jeune  Oiseau  avec  le 
n°  4667  en  supposant  que  la   femelle,   portant  ce  numéro,  s'est' 
api)ariée  avec  uu  c"  //.  piniis  ou  avec  un  cf  IL  chnjsoptcrn  car  «  si  la 
femelle  avait  été  ou  Lawri'ncel  ou  chrysoptcra.  les  plaques  noires  <le 
la  gorge  et  du  cou  auraient  été  inévitablement  reproduites.  » 

En  associant  les  uns  aux  antres  ces  différents  cas,  M.  Brewster 
trouve  «  1°  que  les  caractères  dominants  de  Luwrencci  et  de  li'uco- 
bronchialis  ne  sont  pas  originaires,  mais  esseuliellement  empruntés 
à  leurs  alliés;  2"  que  les  caractères  de  leucohninchialis  sont  incons- 
tants, et  que  cette  espèce  se  relie  à  piniis;  3"  que  les  caractères 
de  Lawrcncei  sont  aussi  inconstants,  que  celui-ci  se  croise  avec 
quelque  allié  inconnu,  probablement  H.  pinua,  produisant  des  des- 
cendants qui  ressemblent  aux  spécimens  peu  connus  de  Icucohron- 
clu'ali.t.  Les  conséquences  que  l'on  peut  tirer  de  tout  ceci,  ajoute-t-il, 
ne  sont  pas  équivoques.  Les  allinitésdes  races  ne  peuvent  expliquer 
les  caractères  particuliers  de  leucobronchialis  ou  de  Laiirencei,  car  la 
région  où  l'on  rencontre  tous  les  spécimens  jus([u'alors  connus  est 
occupée  par  l'une  ou  l'autre  espèce,  ou  les  deux  espèces  auxquelles 
ils  sont  le  plus  intimement  alliés.  Ils  ne  peuvent  être  non  plus  con- 
sidérés comme  des  exemples  anormaux  ou  prématurés,  ceci  étant 
rejeté  par  le  fait  ([ue  tous  les  premiers  plumages  des  deux  alliés 
sont  connus  pour  être  grandement  diflérents;  puis  aussi  parce  que 


OISEAIX    lIVimiDKS    Hh'NCONTHKS    A    I.'kTAT   SAUVAGK  '.ii\) 

les  spéciiiicus  tn-s  scinblables  (lui  suul  vcuus  à  sa  couaaissaQco  sont 
nombreux. 

«  En  cousf(Hii'nce  iiiio  seule  soliilion  semble  [tnssible  à 
M.  Brewslor.  »  C'est  (iii'il  existe  des  liybrides  eutre  llflinlitlltoiiliila 
pinas  et  llihninlliophila  clirysopteia.  » 

M.  Brcwsler  cioit  même  pouvoir  avancer  ([ue  Ji^  rôle  joué 
par  les  deux  faeleurs  n'a  [las  été  le  même  pour  ciiaque  produc- 
lion.  Les  combinaisons  très  difTérenles  des  marques  et  de  la 
coloration  dans  les  deux  formes  supposées  bybrides  sont  pour 
lui  une  [ireuve  incontestable  du  renversement  des  termes  père  et 
mère  dans  chaque  cas  «  a  reversai  of  tlie  parcnta  in  mch  caxe  (1)  », 
c'est-à-dire  (|ue  l'une  des  formes  a  été  produite  par  le  croisement  de 
//.  piniis  cf  avec  //.  rhnjaoptrra  Ç  ;  l'autre,  au  contraire,  par  le 
mélaujïe  de  //.  clirnHopIcni  cT  avec  //.  piniis  9 .  Toutefois  M.  Brewster 
se^'arde  d'indiquer  lequel  des  deux  croisements  produit  tel  ou  tel 
type,  (luoiipie  //.  li'iirohroncliiitU's  lui  semble  être  le  descendant  du 
premier  croisement,  c'est  à-dire  de  //.  pinus  avec  //.  clirjisopleni  9. 
puis([ue  dans  le  cas  du  n»  4008  la  gorge  noire  et  les  plaques  des 
joues  caractérisant  Uiirremri,  également  avec  clirysopterd.  sont 
éliminées  par  un  croisement  attribué  avec  le  mâle  pinus.  Ailleurs 
encore,  ou  plutôt  dans  le  cours  de  son  travail,  M.  Brewster  laisse 
à  penser  (pie  la  (.'oloration  de  certains  spécimens  est  due,  non  à  un 
croisement  direct  des  deux  espèces  pui'es,  mais  au  croisement  de 
l'hybride  avec  tel  ou  tel  type  |)ur.  M.  Brewster  a-t-il  raison  '.'  les 
caractères  des  hybrides  1/2  sang  ou  3/4  sang  étant  très  variables  et 
le  cioisement  de  ler'uu'  père  et  mère,  croyons-nous,  ne  délermi- 
naut  i)as  toujours  des  modilications  appréciables,  au  moins  régu- 
lières, la  coloration  ou  la  forme  du  produit  hybride  ne  sauraient 
laisser  deviner  son  uu)ile  réel  de  création.  Du  reste,  M.  Brewster 
s'enqiresse  de  dire  ipie  de  nombreuses  observations  doi\ent  être 
rassemblées  avant  que  l'on  puisse  considérer  comme  règle  cette 
partie  de  la  (piestoiu. 

Sous  le  bénéfice  de  cette  remarcpie,  nous  reconnaîtrons  avec 
lui  tiue  le  produit  de  deux  espèces,  aussi  rapprochées  que  le  sont 
pinus  et  cbriisaptcra,  peuvent  se  montrer  ferliles,  sinon  enire  elles, 
an  nnjins  avec  les  individus  de  l'une  ou  l'autre  des  espèces  puies, 
et  engendrer  d'autres  hybrides  3/4  sang  (jui,  eux-mêmes,  se 
croiseront  de  nouveau  entre  eux  ou  avec  les  espèces  parentes  et 
donneront  sans  doute  ainsi,  par  une  ié[)artition  inégale  des  deux 
sangs,  une  descendance  (pii,  tôt  ou  lard,  rc^viendra  aux  ty|ies  [iri- 

(IJ  Voyez,  p.  iii. 


330  A.    SUCHETET 

initifs?   Nous  igiioious   ce  qui  se  passe  daus  la  nature  sous  ce 
rapport. 

Les  vues  émises  par  M.  Brewster  sur  le  rroiseineiit  d'//.  pinus  et 
chrij.soptcra  produisant  //.  Lawrcncci  et  //.  Iritcobruiicliialls  ue  tar- 
dèrent pas  à  (Hre  adoptées.  Dès  1882,  nous  voyous  M.  Robert 
lîidgway  se  rallier  à  la  théorie  de  sou  savant  collègue  (i).  La 
manière  de  voir  de  leminent  oruilhologiste  fut  aussi  acceptée  par 
M.  Charles  H.  ïownseud  en  1883  (2),  et  sans  doute  par  bien  d'autres. 
Cependant  M.  Roliert  Ridgway  revint  bientôt  sur  l'adhésion  (ju'il 
avait  donnée,  en  passant,  du  reste,  à  la  théorie  tie  M.  IJrewster 
et,  en  1885,  alors |que  plusieurs  spécimens  //.  leucobronchiali.s  étaient 
de  nouveau  observés,  il  fit  paraître  une  étude  (3)  daus  laipielle  il 
maintient  //.  Icitcdlironcliialis  à  titre  d'espèce,  tout  eu  laissant 
//.  Laicrencci  au  simple  rang  d'hybride. 

Avaut  d'ex|)Oser  les  vues  de  l'émineut  curateur  de  la  collection 
ornilhologiciue  du  Musée  de  Washington,  nous  devons  faire  con- 
nailre  les  nouveaux  exemplaires  observés  depuis  l'impression  du 
mémoire  de  M.  Brewster  jusqu'à  la  publication  du  travail  de 
M.  Ridgway  en  1885,  M.  Rigdway  ayant  parlé  de  [ilusieurs  de  ces 
ilernières  captures  ;  ce  sont  : 

1°  Un  exemplaire  //.  leurobivncliialis  du  Conuectieut,  tué  par 
M.  Harry  W.  Fliut,  de  Deepriver,  le  18  mai  1880,  examiné  d'abord 
par  M.  John  H.  Sage,  de  Porllaud  (4),  puis  par  M.  Brewster  (5). 

«  Cet  Oiseau,  dit  M.  Sage,  a  une  légère  sHJfusioii  de  jaune  sous 
chaque  œil  et  sur  les  cotes  du  menton,  et  la  région  pectorale  est 
recouverte  de  la  même  couleui-<iui  s'étend  sur  l'abdomen  [u-esipie 
jusque  sur  la  queue.  Les  bandes  des  ailes  sont  très  restreintes,  et  le 
blanc  est  teinté  de  jaune.  »  D'après  M.  Brewster,  u  il  diffère  du 
type  (aussi  bien  ([ue  tous  les  autres  exemples  qu'il  a  vus),  en 
ayant  le  jaune  du  front  partiellement  obscurci  par  une  marque 
d'olive  verdàtre,  dans  le  peu  d'étendue  des  bandes  des  ailes,  et  dans 
l'ajiparencegénéralement  jaune  du  plumage.  »  Eu  outre  M.  Brewster 
oliserve  que  les  traits  caractéristiques  de  ce  spécimen  sont  tout-à- 
fait  ceux  que  l'on  supposait  dans  la  femelle  de  Icucobroncliialis; 
aussi  ne  donte-t-il  pas  que  la  inarciue  $  du  collectionneur  soit 
exacte. 

(1)  On  Ihe  Generic  name  Heliiiinl/wphilci.  Bulleliii  o[  ihc  iNiillal  ornUliological 
Club,  VII,  n"  1,  p.  n3,  1882, 

(2)  MiMiie  Bullelin,  VIII,  n»  2,  p,  78,  avril  1883, 

(3)  In  Ihe  .\uk,  II,  n°  4,  p,  3o"J  et  suiv,,  octobre  1S83, 

(4)  Voy,  The  Auk,  1,  n»!,  p,  SI,  janvier  188'i, 
(;)i  Mènii'  Ile\ue,  mOiiie  nnincro,  même  page. 


OISEAUX    HYBRIDES   HENCONTRÉS    A    1,'ÉTAT    SAUVAGE  3.'M 

2"  V\\  S|i('fiiiR'ii  //.  Ii'iicoliniiicliinlis,  vu  à  S;iybrook,  Coiiii  ,  pen- 
dant le  in-iiitomps  de  1880,  mais  non  capturé  d). 

.'t"  l'n  nuire,  du  mt^me  i^enre.  tué  dans  la  Viii;iiiie  le  l."!  niai  188.') 
par  M.  William  Palmer,  près  du  Fort  Meyer,  Ariiuf^ton,  Alexandrie, 
(;o.  Va.  '2).  L'Oiseau,  raconte  M.  Palmer,  s'af;:ilait  vivement  dans  les 
iiroussailles  d'un  bois  lias  et  humide  lorsqu'il  le  tira,  il  sautait  de 
haut  en  hasà  la  manière  de  //.  chrusnplcra.  M.  l'aimer  n'entendit  pas 
sou  chant,  l'ayant  tiré  aussitôt  après  l'avoir  aperçu,  car  il  pensait 
(|ue  c'était  une  Fauvelte  à  aile  dorée  (Goldrn  \\'inj;ed  Warhier)  ti'ès 
rare  en  ces  lieux.  Cet  individu,  (jui  est  un  mâle,  s'accorde  de  près 
avec  la  description  du  type  qui  fut  donnée  poui'  la  première  fois  par 
M.  Ri-ewster  (3).  <à  l'exceiilion  de  l'olive  mélangé  avec  le  jaune  sur 
le  sommet  de  la  tête  lequel  si'  trouve  eu  plus  grande  quantité.  Ce 
spécimen  est  aujourd'hui  la  propriété  du  Musée  national  des  Etats- 
Fniset  porte  le  n"  101,081. 

4°  l'n  nouvel  exemplaii-e  H.  lenrohrmu-hioUx.  du  (lonuecticul, 
présenté  encore  à  M.  .Ino.  H.  Sage  par  M.  llarry  W.  Kliiit  ipii  tna  cet 
Oiseau  à  New-Haven,  le  10  mai  ISSri.  C'est  un  mâle,  «  il  nioiitre  nu 
lé<;er  recouvrement  de  jaune  sous  chaque  ceil  et  sur  le  menton, 
aussi  bien  qu'une  léfïère  barre  de  la  même  couleur  sur  la  poitrine; 
le  reste  des  parties  inférieures  est  blanc.  Les  barres  des  ailes  sont 
1res  restreintes,  et  le  blanc  est  teinté  de  jaune,  sur  le  dos  existe  une 
tache  de  la  même  couleur  (4). 

Telles  sont  les  nouvelles  captures  qui  eurent  lieu  depuis  la  publi- 
cation du  mi'Uioii'e  de  M.  Rrewster  justju'à  l'impression  du  Iravail 
de  M.  Hidiïway. 

Orcclui  ci,  tout  en  constatant  qu'aucune  ex[ilication  ne  peut  élre 
lirésentée  comme  certaine,  soulève  une  hypothèse  (|ui,  selon  lui, 
conlicnt  une  solution  plus  acce[)tal)le  sous  certains  l'apports  que 
celle  (pii  reconnaît  comme  sullisant  l'hybridisme  de  rhni.tnptcrn  et 
piniix  pour  expliquer  la  formation  du  tvpe  //.  Iruciilironrhiiilis. 

Dans  son  mémoire  sur  «  la  pnrrnlf  dll.  Laiircnrpi  et  de  //.  Irnm- 
lirnnrhiii!is(l\)  n,  M.  lîrewsler,  après  avoir  montré  parallèlement  les 
caractèn^s  b-s  plus  tranchés  des  (jualre  types,  pinux,  rbripoptern, 
liiirrciu-i'i  et  Iciicobronchialis,  avait  fait  i'i'mar(|uer'  que  les  rieiix 

<1)  llelminlhophila  leucobronchiali.i  hy  .1.  Clark,  naiilnn  notos  of  .Naliiral 
llislory,  Reeoiil  puhliclied  Iiy  Soulh-Wid;  and  .lenrks  cif  rioviili'iicc.  I'.  I.  ISS',  IS.S.;. 
Cil.  in  llic  Auk.  n"  2,  p.  270.  IS-Sfi. 

(21  Cit.'  in  Ihe  .\nk.  par  M.  I>almcr,  II,  n»  :!.  p.  :iO'..  jiiillol  ISSii. 

CM  I.  n<>l,  p.  I  ("I    2  ilu  mi'mc   HiiUclin. 

(4)  Thp  .\uk,  II.  n»  :i,  p.  .m.  juillet  IsXi. 

(;))  Voy.  le  IVilletin  of  Ihe  Nnlt,  Ornilli.  CInl».  VI.  n"  '.,  p,  2IS  el  sniv.,  oclob.  |S,SI. 


332  A.    SUCHETET 

derniers  ne  possèdent  aucun  caractère  distinctif  iinporlaut  : 
Lmprenrci  n'ayant  aucune  marque  ou  coloris  jiarticuliers,  unissant 
simplement  le  noir  de  la  s:ovge  et  les  raies  principales  de  chni-sop- 
tera  avec  les  bandes  blanches  des  ailes  et  la  couleur  générale  de 
pinus;  leucobronchialis  empruntant  son  dos  cendré  et  les  barres 
jaunes  des  ailes  à  chnisoptcrn,  sa  raie  restreinte  de  l'œil  à /)/hm.ç, 
tandis  que  la  valeur  différentielle  de  sa  gorge  blanche  et  les  deux 
parties  inférieui'es  est  matériellement  afîectée  par  la  présence  ordi- 
naire de  plus  ou  moins  de  jaune  sur  la  poitrine  ;  en  somme  simple- 
ment une  combinaison  spéciale  de  caractères  d'emprunt  dans  l'un 
et  l'autre  cas. 

Or,  M.  Ridgway  a  fait  observer  que  si  on  a  cru  devoir  refuser 
à  H.  leucobronchialis  et  à  //.  I.airrencei  des  caractères  originaux  im- 
portants, ceci  n'est  exact  que  pour  l.ninrnci')  qui  est  d'une  façon 
très  évidente  un  hybride  entre  irinuft  et  rbriixnpti'vn  :  mais  la  remar- 
que n'est  pas  vraie  pour  II.  leucobronchialis  qui,  «  dans  sa  gorge 
blanc  pur,  en  opposition  très  frappante  avec  la  goi-ge  gris  foncé  ou 
noir  de  l'un  et  la  gorgt^  jaune  vif  de  l'autre  des  parents  supposés, 
présente  certainementun  caractère  original  très  iuipoitant  qu'on  ne 
peut  imputer  au  croisement  des  deux  espèces  eu  i|uestion.  )> 

Quant  à  l'objection  qui  a  été  avancée  conti-e  la  validité  de  H. 
U'ucobroncbiolis  eu  tant  qu'espèce  distincte,  et  qui  consiste  à  dire 
«  (|ue  les  spécimens  types  constituent  une  faible  proportion  parmi 
cenx  qui  ont  été  obtenus,  ceux  restant  se  rap|irocbant  dans  un 
rapport  ou  dans  un  autre  de  H.  pitvis  »  (1),  M.  Ridgway  répond 
que  «  si  an  lieu  de  prendre  deux  cléments  en  considération, 
c'est-à-dire /f.  p»n(s  et  H.  chrysoptera,  on  en  ajoute  un  troisième, 
H.  Icinoln'onchidlis.  la  disproportion  devient  moins  importante.  « 

En  conséquence,  M.  Ridgway  suppose  que  //.  tcucobroncliiaiis  est 
lui-même  une  espèce  distincte  qui  s'hybridise  avec  ses  alliés.  Ainsi 
s'expliquerait  l'origine  de  la  série  des  spécimens  embarrassants. 
Aussi  croit-il  cpie  M.  Brewster  avait  raison  lorsque,  avant  d'émettre 
sa  théorie  nouvelle,  il  déclarait  (2)  que  H.  leucobronchialis  consti- 
tuait une  espèce  distincte  bien  caractérisée. 

La  classification  suivante  des  s]iécimens  rapportés  à  //.  Luiirenrei 
ou  à  11.  leucobronchialis  exprime  les  vues  de  M.  Ridgway  quant  à 
leur  nature  et  à  leur  origine.  Cet  arrangement,  |)urement  sup])0sé, 
donne,  d'ajirès  lui,  une   solution    lieaiu>oup  |ilus  satisfaisaiite  du 

(1)  Si'pl  (les  vin^t-(l('\ix  exemplaires  i|iii  onl  élé  ra|i|ir)i'lés  (ycompris  le  fjnrrencei) 
siml  seulement  (lu  Y(Tital)le  type  H.  Irurnbrnt^chialis. 

(2)  Hiill.  III.  p.  ï)9. 


oisKAix  iiYniunics  hkncontiiks  a  i.'ktat  sauvage  'VXl 

pi'olilt'ino  i|iio  111'  (loiiiic  I;i  tlit'orio  (|iii  adinol  la  sério  enti(''rf  des 
S|it'ciiiiciis  coiniiu'  iini\oiiaiil  jiar  hyliridisiiie  de  //.  iilniis  et  rlnij- 
soptera  seuls  ou  de  leurproiîéniture  inti'r  se. 

Spécimens  l!ipi(iii(\i  de  H.  Ii'itcnhrunrhialis  :  Le  (^  adulte  de  Now- 
towille,  Mass.,  18  mai  1870:  le  ^^  ad.  obtenu  pr^s  de  Clifton, 
Deiware  Conii.  Penn.,  lii  mai  1877  ;  le  cf  de  la  collection  de  r.\ca- 
démie  des  Seieiices  de  Pliiladel|)liie,  (pie  l'on  suppose  avoir  été  tué 
|)ar -M.  .1.  fi.  Bell  à  Hocklaiid  :  le  ^  ad.  tué  à  Wauiegau,  Coiin., 
25  mai  187n,  N.-Y,  par  M.  Carpentier;  le  cT  ad.  obtenu  à  Sudiidd, 
(lonn.,  5  juillet  1873,  par  M.  Shores  ;  le  d"  ad.  (coll.  W.  Collège) 
iiblcnii  à  lludson,  mai  ou  juin  18."iS;  le  cT  ad.  tué  près  d'Orlingtoii, 
Va.  m  mai  188."),  [lar  M.  Paliner. 

IJi/hiiiles  suppo.iés  entre  II.  leneobroncliialis  et  pinus,  ou  ce  dernier 
arec  l'hi/hride  pinxs  et  chr!isopler(i=  l.awrencei,  de  trois  genres  : 

A.  Winfi-linntl  iir  paieh  ip'lloir.  Le  d"  ad.  pris  à  Portiand.,  Conn.,  le 
22  mai  188;i,  par  M.  Coc  ;  le  cT  ad.  pris  à  Saybrook,  Conn.,  le  30  mai 
d879.  pariM.  (;iark;  le  jeune  Oiseau  (sexe  inconnu)  pris  à  Higliland 
Kalls,  X.  Y.,  le  7  juillet  1879,  jiar  >L  Mearns:  l'adulte  (sexe  non 
reconnu)  obtenu  à  Sing-Siug  N.  J.,  3  août  1881,  par  M.  Fischer; 
h' (^"J  ad.,  obtenu  à  Ottawa.  Co.,  le  2î5  mai  1879,  par  M.  Gunns; 
le  i-j"  ad.  |)ris  à  Siiig-Sing  N.  .1.,  3  août  1881,  par  .M.  Fisciici-; 
la  $  adulte,  prise  au  même  endroit  et  par  le  même,  le  14  juillet 
1881. 

B.  Winn-liiimh  irbile.  La  $  adulte,  recueillie  à  Sing-Sing  le 
24  aoiU  1879,  par  .M.  .\.  K.  Fischer;  la  9  ?  adulte,  recueillie  à 
Nyack,  N.  J.,  en  mai  1878,  par  M.  Bickuell. 

C.  Winii-hands  tni.red  while  and  i/elldie.  Le  (J"<u].  tué  à  N'ew-Haveii, 
Conn.,  le  19  mai  188;;,  par  M.  Flint. 

Hybrides  prèsnwés  entre  H.  leucobronrhidlis  et  II.  ehrii.wpteni. 
La  0?a«lulle  obtenue  à  Siug  Sing.  N.  Y.,  le  24  juillet  1881,  par 
.M.  Fischer;  la  9  adulte  obteiiuc  au  même  endroit,  le  même  jour  et 
par  le  môme. 

Ili/brides  siiftpases  entre  II.  rtiriisuptera  et  II.  pinus  =  l.aiereiieii, 
llerrick,  de  deux  genres  : 

.\.  Wing  Imnds  nhile.  Le  ^^  adulte  (le  type)  obtenu  à  Passaic, 
N.  .1.,  en  mai  187'(.  par  .M.  llerrick;  le  (f  ad.  de  .M.  Ilaboken, 
.\.  .1.,    pris  au    priiitemiis  de  187(1. 

B.  W'inri-biinds  ijellon-.  La  9  adulte  prise  à  Higland  Falls,  N.  ,1., 
7  juillet  1879,   par  M.  Mearns. 

.\  ces  quatre  catégories,  M.  Ridgway  a  assigné  les  caractères  sui- 
vants, à  la  première  :  «  Thront  and  checLs  pure  uhite;  pnstcirnlar 
blael;  or  dush/  slrenk  revu  nurrou-,  not  inrolrinij  theauriculars;  breast 


•loi  A.    SUCHETET 

uliili',  or  hul  ccvii  finiiAlfi  lin;/ril  iiilh  i/rlhiir  :  n-iii;/  pnirli,  ar  Imiiih 
HcUow  ».  A  la  deuxième  :  «  Throul  irliilo,  siiiiicliiiii's  jainllfi.  tinijeti 
irilli  yclloïc  ;  hirasl  ijcHow  ;  ijrinj  of  (ipprr  parts  tiiu/i'd  irith  olire 
green  )».  A  la  troisième  :  «  lùitirclcij  (illh  hninilh  (r.ircpl  on  snirs) 
(ts  in  11.  lenrahrunchialix,  but  ivith  bhirk  itirriculars  aj  II.  rhrtjsop- 
tem.  »  A  la  qiialriènie  :  «  Black  or  i/rau  lliroal  ami  auriciilars  0/ 
chrysoptera,  with  rcst  uf  hrad  ami  Ihr  coirrr  parts  yrlloir,  as  in 
piiiiis  ;  apper  parts  olire,  i/rcen  as  in  pirtiis,  a-iiig-hantls  or  aliitr.  »  (I). 

Nous  remarquerons  ici  que  d  ans  1  es  viugl-deux  spécimens  en  11  mérés 
fic;urent  trois  femelles  obtenues  à  Sing  Sing,  N.  Y.,  le  24  juillet  1881. 
par  M.  le  Df  A.-R.  Fischer,  et  deux  raàles  tués  le  3  août  an  même 
endroit  et  par  le  môme,  tandis  (ju'une  seule  femelle  et  un  seul 
niàle  sont  mentionnés  par  ce  dernier  (2);  deux  femelles  et  un  cf 
avaient  été  cités  par  M.  Brewster  (3).  Il  n'est  |)oint  (juestion  de 
l'exemplaire  5  ?  tué  jiar  M.  Harry  W.  Flint,  à  Deep  Hiver,  le 
18  mai  1880  (4).  Nous  ignorons  si  M.  Ridgway  a  examiné  en  nature 
tous  les  spécimens  dont  il  parle,  ou  s'il  les  a  classés  d'après  la 
descrii)tion  (|ni  en  a  été  faite. 

La  contradiction  qui  existe  entre  la  manière  de  voir  de 
M.  Ridgway  et  celle  de  M.  Brewster  au  sujet  de  //.  Icaculironchialis 
ne  nous  permet  pas  de  donner  nue  solution  satisfaisante  concernant 
la  nature  de  ce  type,  d'autant  plus  que  M.  Brewster  a  persisté  dans  sa 
manière  de  voir,  après  la  publication  du  mémoire  de  M.  Ridgway(o), 
manière  de  voir  qui  semble  aussi  partagée  par  M.  Spencer  Trotter  (6  ). 
Le  comité  de  l'Union  des  Ornithologistes  Américains  n'a  point  voulu 
trancher  le  débat  et,  portant  sur  la  liste  hypothétique  de  sou 
«  Code  of  Nomenclature  »  H.  lencobronchialis,  il  l'a  fait  suivre  de 
cette  remarque  :  «  Siipjiosed  to  lie  a  hyhrid  lielireu  H.  piniis  and 
H.  chrysoptera,  liut  possiblh/  a  dislinel  species  ».  renvoyant  aux  deux 
mémoires  opposés  de  MM.  Brewster  et  Ridgway. 

Dans  ces  dernières   années,   c'est-à-dire  depuis  1885  jusqu'en 
■1891,  un  bon  nombre  de  spécimeus  //.  leucolironchialis  typiques  ou 
variétés,  ainsi  que  quelques  //.  Laurencei,  ont  été  de  nouveau  ren 
contrés.  Mais  les  observations  les  plus  intéressantes  sont  assuré- 
ment celles  ([ui  portent  sur  l'iqtpariage  constaté  de  r.isa  de  //.  pinus 

(i)  Tous  rps  rensei^nemenls  sont  donnés  in  Auk  l8S:i,  II,  n"  1  pp.  :{(jO  ol  -^niv. 
(2)  Bulletin  of  tlie  Nuit,  oi-nilh.  club,  VI,  n»  i,  p.  21S,  oi-lobie  1881. 
(:!)  In  llie  Bulletin  of  Nultal.  ornith.  club,  VI,  n»  4,  p.  24o,  octobre  1881. 
(i)  Mentionné  par  M.  Jno  H.  Sage,  in  Ihe  .Vuk.  I,  n"  1,  p.  91,  janvier  18,8'i. 
(.'))  Voy.  The  Auk,  III,  n»  3,  p.  411,  juillet  1880. 

(0)  Voy.  Tlie  signi/ication  o/'  certains  phases   in  tlie  gciius  Relminlltopliiln, 
by  Spencer  Trotter,  The  Auk,  IV,  n»  4,  p.  :W8,  octobre  1887. 


oisEAix  iivniiinns  hkncontuks  a  i.'ktat  sauvage  XV:') 

avec  H.  Irticobrotirhialis  el  sur  l'appariiij^e  supposé  de  //.  leucobron- 
chinlin  avec  H.  pi  nus. 

Voici  les  faits  :  i"  Le  4  jiiilli'l  l8S."i,  [)('ii(i;int  i|iil'  M.  A.  K.  I'"is- 
cher,  (le  Siiiii-Sins.  Ncw-Yoïk,  était  occupé  à  recueillir  des  Fau- 
vettes daus  un  épais  taillis,  il  surprit  une  femelle  à  ailes  dorées  à 
la  poursuite  d'iusectes.  Comme  il  la  surveillait  atlenlivemeul,  il  la 
vit  s'envoler  vers  un  cèdre  du'voisinaijc,  où  elle  donna  de  la  nourri- 
ture à  nu  jeune  Oiseau.  Aussitôt  M.  Kisi'her  lit  feu  cl  ai)attit  le 
jeune  tîindis  que  la  mère  s'enfuyait.  Au  liruit  (|uc  lit  la  décharge, 
un  aulrc  petit  s'envola  des  buissons  i|iii  étaient  i)roclies  et  fut 
rejoint  par  la  fenuMIc.  M.  Fischer  ne  réussit  pas  à  tnei-  celle-ci  du 
premier  coup,  il  la  lilessa  seulement,  mais  bientôt  revue  à  i|iiel(|ue 
distance,  elle  fut  abaltin'  d'uuf'  seconde  décliar^e.  Kn  revenant  sur 
ses  pas,  M.  Fischer  fut  assez  heureux  pour  aiiercmoii'  le  jeune  ipii 
ressemblait  de  très  près  à  sa  mère,  il  n'avait  ixiinl  de  jaune  sur  la 
poitrine,  tandis  ([ue  le  premier  tué,  avec  sa  |ioitiine  jaune  et  ses 
barres  blanches  sur  les  ailes  était  «  l'crdclc  copie  d'un  jeune  ilc  Fuu- 
vette  jaune  à  ailes  bleues.  »  Selon  toute  probabilité,  dit  M.  Fischer, 
le  père  de  cette  iiitéi'cssante  couvée  était  un  pinus  (i). 

2"  Le  20  juin  1887,  M.  Fi-anck  .\L  (^iia|)inann,  du  Miiseuui  iW 
New-York,  venait  à  peine  de  capturer  à  Englewood  une  femelle 
ie)ir(ibr(nirhiulis,  (|uc  son  attention  fut  attirée  par  les  cris  de  jeunes 
Oiseaux  tpii  étaient  an-dessus  de  sa  tête  et  (|u'un  mâle  typi(|ue 
pinus  nourrissait. 

M.  Frank  M.  Chapmanii  ayant  oliservé  attentivement  cette 
fauvette  pendant  une  heure  (entre  quatre  et  cini)  heures)  crut 
s'aper<;evoir  que  l'Oiseau  qui  manquait  était  sans  doute  le  spé- 
cimen qu'il  venait  de  capturer.  Il  prit  trois  des  jeunes,  tous  jiinus, 
le  quatrième  lui  échappa.  En  considérant  (pie  le  plumage  de  la 
femelle  est  usé  par  l'incubation  fl'alKlomeu  est  dénué  de  plumes), 
on  peut  dire  qu'il  s'accordi!  avec  le  type  Irurubrourhialis.  Cet  Oiseau 
orne  aujourd  bui,  sous  le  n"  003,  la  collection  de  M.  Chapmann  (2). 

30  .\n  mois  de  mai  1888,  .M.  Edwin  H.  Eames,  de  Seymoiir 
(Coiinecticnt),  futattiré  vers  un  Pommier  par  léchant  d'un  //.  leuni 
bronehitilis  qu'il  trouva  seul  daus  cet  arbre.  La  localité  où  cet 
arbre  était  planté  était  aride  aux  alentours,  un  maij;rc  i)àturai;e 
avec  peu  de  leirain  boisé.  l,e  2',(  mai,  le  chant  de  l'Oiseau  s'étant 
de  nouveau  fait  entendre,  M.  Eames  le  découvrit  dans  les  branches 

(I)  lîvidence  concerning  interhreeding  of  llehiiiiilliiipliilii  ilirii^iijilrrn  n/ul 
H.  pinun.The  .\iili.  II.  11»  i,  p.  .■}70.  <M-tol)re  ISKi. 

{i)  Cniitiireg  additionDelte.i  ilr  llelininlhopltita  leueol>ronrhinli.<,  Mio  Ank. 
IV,   n»   i,  p.   :MS,   ortobiP   1S.S7. 


3  ifi  A.    SUCIIKTET 

d'un  Noyer  blaoc  (ou  Noyer  d'Amérique)  (1);  il  paraissait  timide, 
mais  peu  désireux  de  quitter  sa  position.  Le  31  l'Oiseau  fut  eucore 
aperçu  alors  qu'il  se  nourrissait  et  chaulait  dans  le  mémo  arbre. 
Une  patiente  surveillance  pendant  trois  heures  ne  révéla  rien  autre 
chose  que  des  vols  courts  et  apparemment  dirigés  vers  plusieurs 
petits  Hickorifs  croissant  autour  d'un  taillis  de  Coudriers.  La  cui'io- 
sitéde  l'observateur,  étaut  de  jilus  en  plus  attirée  parles  gestes  de 
cet  Oiseau,  qui  paraissait  bien  plus  occupé  à  quelque  chose 
d'insolite  qu'au  propre  soin  de  sa  nourriture,  le  3  juin,  après  s'être 
assuré  de  sa  présence,  il  se  cacha  et  attendit  patiemment.  Plusieui's 
fois  la  petite  bête  vint  dans  son  voisinage,  mais  sans  intention  que 
l'on  put  préciser,  toutefois  elle  faisait  certainement  des  rondes 
autour  des  jeunes  Noyers.  Enfin,  avec  plus  de  vivacité  qu'à  l'ordi- 
naire, elle  descendit  et  disparut  dans  les  buissons  où  apparemment 
elle  remplaça  sur  son  nid  une  H.  pinus  qui  s'envola  en  toute  hâte. 
Ce  piniis  était  le  premier  que  M.  Edwiu  Eames  rencontrait  dans  le 
voisinage.  Tout  ceci  se  passait  au  coucher  du  soleil  et  l'obscurité 
arriva  sans  que  Jeurohronchialis  se  fît  voir  de  nouveau. 

Plusieurs  jours  s'étant  écoulés,  le  sagace  observateur  visita  le 
taillis  aussi  consciencieusement  ([u'il  le  pût;  une  fois  il  aperçut  un 
pinus,  mais  sans  avoir  l'heureuse  chance  de  découvrir  son  nid.  Il 
vit  aussi  lencohmnchiaUs  (en  compagnie  de  ce  dernier)  s'apjiro- 
cher  avec  précaution  et  le  considérer  un  instant,  puis  les  Oiseaux 
s'envolèrent  sans  crainte  apparente.  Lorsque  M.  Eames  faisait 
quelque  mouvement,  leurobronchialis  venait  en  reconnaissance, 
puis,  satisfait  sans  doute,  il  reprenait  ses  occupations  comme 
auparavant. 

M.  Edwin  H.  Eames  ne  put  visiter  de  nouveau  l'endroit  que  le 
17  juin  ;  il  n'y  rencontra  |)lus  Iciirolironrhlalls,  mais  il  trouva  une 
couvée  de  plusieurs  petits  qui  étaient  nourris  par  H.  pinus,  le 
résultat  possible,  dit-il,  entre  les  deux  Oiseaux  qui  étaient,  du 
reste,  les  seuls  de  leur  genre  qu'il  ait  jamais  vus  dans  la  localité (2). 

4°  Jusqu'alors  le  croisement  de  H.  pinus  avec  clirnsoplera  d'une 
part,  de  H.  leur'obroncliidlis  avec  pniMS  de  l'autre,  n'est  encore  que 
présumé,  mais,  dans  l'exemple  qui  va  suivre,  l'appariage  de  H.  pinus 
av(M'  clniisiiptcra  est  constaté  de  risu. 

-M.  Jno.  H.  Sage,  de  Portland,  Conu..  raconte  en  effet  (3)  que 
M.  Samuel  Robinson.  qui  collectionna  avec  lui  pendant  plus  de 

il)  nirkory. 

(2)  Pour  Ions  ces  détails.  .)iu'  nous  avons  reproduits  in  extenso,  voy.  Kotrs  on 
ÏJelminthophila  leucohroncluuii.'!.  Tlie  Auk.  V.  n"  l,  p.  'lîl.  octolire  ISS.'^. 

(3)  Tlie  Aulv,  VI,  n»  3,  p.  270,  juillet  iaS9. 


oisKAUX  iiviiluiiKS  re:nt,()ntui'.s  a  i.'ktat  saivack  :!;(7 

([uinzo  ans,  observa  un  jour  un  çf  //.  piinis  (|ui  disparut  au 
jiied  d'uu  jielit  Aune  en  tenant  de  la  nouniluie  dans  son  bec. 
Bientôt  a|)rès  il  altèrent  une  o  II.  chryanpti'rn,  égalemeut  avec 
de  la  |i;\tnie  dans  son  bec,  (|ui  fut  perdui'  de  vue  au  nn'^nie 
endroit  où  le  ineniier  Oiseau  était  entré.  En  s"api)ii)chant  de 
l'arbuste,  M.  Robinsou  vil  cinq  jeunes  Oiseaux  s'envoler  du  niil  : 
ces  ein(|  Oiseaux  s'abattirent  dans  le  voisinaije  le  plus  proche,  où 
les  deux  pareiils  continuèrent  à  les  nourrir.  M.  Robinsou  tua  les 
deux  vieux  et  prit  les  jeunes  Oiseaux  avec  le  nid  qui,  tous,  sont 
aujourd'hui  dans  le  cabinet  de  M.  Jno.  II.  Sage,  de  Portland. 

«  L'endroit  où  ce  fait  se  passait  était  un  terrain  s'abaissaut  vers 
un  fourré  marécageux,  (juelques  Erables  croissaient  dans  le  voisi- 
nage. Le  nid  était  sur  la  terre  au  pied  du  petit  .\une  dont  on  vient 
de  jiarler;  et  se  trouvait  caché  en  partie  par  des  Fougères  et  d-e 
mauvaises  herbes  qui  le  recouvraient  ;  il  était  entièrement  com- 
posé de  feuilles  de  Chêne  et  entouré  d'écorces  de  Vigne,  aucune 
autre  matière  n'avait  été  employée,  n 

Le  mâle ///«K.s'.d'ajirès  ce  qu'écrit  M.  Sage  dans  Wiiik  d),  «  est  un 
très  Ijriilant  spécimen  avec  les  barres  blanches  des  ailes  bordées  de 
jaune.  La  femelle  rhnjsoptera  est  fortement  marquée  de  jaune  en 
dessous,  les  b:irres  des  ailes  exceptionnellemi'ut  riches  de  la  même 
couleur.  Les  jeunes,  deux  mâles  et  trois  femelles,  sont  tous  sem- 
blables, et  ont  la  léte.  le  cou,  la  poitriue,  les  côtés  et  le  dos  vert  olive; 
l'abdomen  jaune  olive,  les  rémiges  comnu'  jiiniis  à  l'âge  adulte  :  deux 
barres  visibles  de  l'aile  olive  clair  bordé  de  jaune.  »  M.  Sage  ayant 
négligé  de  dire  s'ils  représentent  le  type  //.  Lairrawi,  (ceci  étant  du 
plus  haut  intérêt),  nous  lui  avons  écrit  à  ce  sujet.  M.  Sage  a  bien  voulu 
nous  lépondre  que  les  jeunes  ne  sont  pas  assez  avancés  en  âge  pour 
qu'il  soit  possible  de  déterminer  leurs  caractères.  L'uu  d'eux 
cependant  est  lout-à-fait  jaune  en  dessous  et  pourrait  être  référé  à 
Luiiiriirii. 

5°  Au  commencement  de  juin  1889,  .M.  .1.  K.  Averville,  jun..  de 
Seymour.  rencontra  un  Iciirolironrhidlif  en  train  de  chanter.  L'ayant 
cherché  deux  jours  après,  il  ne  put  le  trouver.  Le  2'i  juin,  M.  Edvin 
H.  Eames  l'ayant  accompagné,  ils  eurent  bientôt  le  plaisir  d'ob- 
server l'Oiseau  à  une  très  courte  distance  de  la  jibice  où  ils  se 
trouvaient,  trois  à  dix  pieds:  leur  observation  dura  (oui  le  temps 
qu'ils  le  désirèrent.  L'Oiseau,  du  sexe  mule,  nourrissait  des  petits; 
on  ne  ])ut  voir  combien,  un  seul  probablement.  Il  fréipientait  le 
même  massif  par  intervalles  île  une  à  cinq  minutes,  cha(|uc  fois 

(1)  VI.  no  ;{,  p.  17".t,  juillet  I8S9. 


338  A.    SL'CHETET 

leuaiit  un  ou  deux  petits  vers  de  trois  quarts  de  pouce  de  loiiirueur, 
;ill;int  d'abord  en  reconnaissance,  puis  s'approchantavec  précaution, 
i|iiiltanl  ensuite  le  fourré.  Les  observateurs  ne  purent  découvrir  quel 
était  l'objet  de  ses  soins,  mais  M.  Eames  pense  que  c'était  un  jeune 
Coifhird,  le  reste  de  la  couvée  devant  être  nourri  par  un  piniis  (une 
femelle),  le  seul  de  ce  ^enre  qu'on  trouva  dans  le  voisinage.  A  cette 
date,  les  Oiseau.K  étaient  assez  forts  pour  voler  et  trouver  facilement 
oux-mémesleurnouri'iture.  Ils  mon  traient, dit  M.  Eames,  une  ressem- 
blance générale  aux  jeunes  pinus.  Le  vieux  mâle  IpucobronrhiaUs 
fut  lue  le  8  août  et  aussi  un  des  jeunes  ;  les  autres,  observés  atten- 
tivement, ressemldaient  à  celui  qui  fut  tué;  celui-ci  présentait  des 
ressemblances  trop  acceutuées  avec  l'Oiseau  adulte  pour  qu'on  pût 
douter  de  la  paternité  de  ce  dernier  (1). 

(les  cinq  exemples  étant  les  seuls,  pensous-uous,  i[ui  aient  été 
rapportés  sur  l'appariage  des  types  qui  font  le  sujet  de  cet  article, 
il  n'y  a,  comme  on  le  voit,  que  des  présomptions  en  ce  (juicoacerue 
le  croisement  de  pinus  avec  leucobronrliidlls. 

])e  nouvelles  captures  de  ce  dernier  type  sont  devenues  assez 
nombreuses;  en  dehors  de  celles  que  nous  venons  de  citer,  voici  les 
|iriucipales,  sinon  toutes  :  un  spécimen  tué  à  environ  dix  milles  de 
Morristown  ?  (New-Jersey),  ])ar  M.  .Vuguste  Blancliet,  vers  la  lin  de 
mai  1859.  «  Tout  le  ]ihinuige  dorsal  de  cet  Oiseau,  dit  M.  E.Charleton 
ïhurber,  qui  rapporte  le  fait  (2),  est  teinté  de  jaune  verdâtre;  la 
gorge  et  les  joues  sont  blanc  pur,  très  légèrement  teintées  de  jau- 
nâtre, le  haut  de  la  poitrine  grisâtre;  la  poitrine  jaune  s'éteudanl 
vers  le  crissum,  une  petite  ligne  noire  sur  l'œil  droit,  uue  grande 
plaque  grisâtre  derrière  le  gauche;  les  barres  des  ailes  jaunes.  En 
outreM.Thurliei-faitobserver  que  toutle])luuiage  ressemblequelque 
peu  à  celui  de  la  femelle  chrysoplmt,  toutefois  le  grisàlre  de  la 
poitrine  n'est  point  aussi  foncé. 

Dans  la  collection  du  D'  .\.  K.  Fischei-,  M.  Frank  .M.  Chapuiann 
cite  encore  (3)  une  femelle,  n"  2046,  15  mai  1886,  ayaut  le  «  crou- 
pion et  les  interscapulaires  comme  chez  pinus;  les  barres  des 
ailes  intermédiaires  entre  //.  rhrusopli-ra  et  pinm.  Une  bande  pec- 

(1)  Notes  sur  lu  l'anvrlle  h  (tilcn  bleues  (lilue  ivinejpd  Wurhler)  et  ses  alliés 
{Helminlhophfifjii  pinus,  H.  leucohronrliialis,  II.  I.anrencii  et  H.  chrysoplera), 
dans  le  Conneclicut,  par  M.  Kciwiii  II.  Eanii>s,  llie  Auk,  VI,  n"  4,  p.  3l)o  el  siiiv., 
nctolire  1889. 

(2)  The  Auk,  Vil,  n"  3,  p.  291,  juillet  iS'JO. 

(I{)  Captures  additiunnelles.  The  Auk,  IV,  n"  4,  pp.  H'kS  |.|  iî'i!!,  ortohip  ISS7. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'KTAT    SAUVAGE  339 

tonile  jaune  et  uik'  légère  apparence  df  la  nirnic  couleur  existe  sur 
les  parties  inférieures.  » 

Dans  la  collection  de  M.  Chappniaun,  sous  le  n»  932,  figure 
un  niàle,  cai)luré  le  31  juillet  IS87  :  ((  surface  dorsale  et  les 
])arres  des  ailes  comme  chez  pinus,  avec  un  collier  cervical  d'un 
grisâtre  extrêmement  faible.  La  poitrine  jaune,  réapparition  de  la 
même  couleur  sur  le  blanc  de  la  gorge  et  de  l'abdomen.  »  Cet  Oiseau 
fut  pris  dans  le  voisinage  de  celui  qui  figure  dans  la  même  collec- 
tion sous  le  u"  903  et  ((ui  était  né  iucontestalilemenl  dans  cet  v.n- 
droit:  il  peut  être  considéré,  dit  M.  Clia|)[)manii,  comme  le  i|ua- 
liièine  Oiseau  maniiuantdans  la  couvée  mentionnée  ci-dessus. 

Dans  la  même  revue  et  daus  le  même  numéro  d),  M.  E.  Carleton 
Tliurber,  de  Morristown,  signale  un  beau  spécimen  mâle  //.  kii- 
ruIiiDurhialis,  tué  près  de  cet  endroit  le  13  mai  1877?,  dilTérant  du 
type  par  une  laclie  jaune  citron  sur  la  poitrine  et  par  une  légère 
teinte  de  la  même  couleur  sur  l'abdomen  et  sur  le  dos. 

Le  31  aoill  1887,  dans  la  parlii'  centrale  de  (Ihester.  On.  Peiin., 
sur  le  bord  d'un  marais  rempli  de  broussailles,  on  prenait  un  autre 
spécimen  s'écartant  du  type  If.  Iciicobronchidlis  «  étant  plus  lavé  de 
jaune  en  dessous  et  d'olive  en  dessus  i2i.  »  T.e  1)''  l-'isclier,  au(|uel 
M.  Witnier  Stone,  de  (iermantown,  l'a.,  envoya  l'Oiseau,  lit  savoir 
à  ce  dernier  qu'il  ressemblait  à  son  spécimen  d'Englewoud.  N.  J.  (3). 

('.im|  exemples  sont  rapportés  par  M.  Edwin  II.  Eames.  de 
Seymour,  Conneeticut  ('i).  Le  2()  mai  1888,  celui-ci  prenait  un  mâle 
IcHcolironchialis  qui  lui  parut  typique  après  l'avoir  comparé  avec 
l'original  ;  long.  4.80,  grandeur  7.(10.  Les  testicules  avaient  ■i.H!  de 
longueur,  l'eslomac  contenait  seulement  des  insectes. 

Pendant  le  temps  que  dura  l'observation  de  M.  Eaines  sur  la  nichée 
qui  a  été  décrite  plus  haut,  celui-ci  vit  quatre  autres  ^'U(•o/)/•o«c/(/«//A■. 
D'abord  le  premier  juin  un  individu  entrevu  un  seul  instant  dans 
un  Noyer  d'où  il  s'envola  vers  un  Aune  du  marais  voisin  ;  puis  un 
deuxième  observé  plus  longtemps  sur  le  bord  d'un  terrain  boisé  et 
aride.  Le  14  juin  M.  Eames  et  un  de  ses  amis  ai)er(;urent  les  deux 
autres,  le  premier  parmi  les  branches  de  hauls  arbres  plantés  dans 
un  pâturage  situé  |>rès  d'un  bois  de  maigre  apparence,  revu  le  19 
juin  et  le  7  juillet;  le  secoud  ù  trois  quarts  de  mille  i)lus  loin  et  qui 
fut  eucore  aperçu  le  22  juin,  toujours  en  plein  chant,  ce  (pii  [(crmit 

(1)  P.  349. 

(2)  The  Auk,  V,  ii»  I,  p.  Il-i,  JHiivicr  1888. 
i'.i)  Se  reporler  à  llic  Atik,  IV,  p.  :ViX. 

l'i)  Noirs    sur    nelminthophUn    lencahrunchinti^.    Tlio  Auk,   V,    n"    'i,  p.    '<27. 
oflobic  I88S. 


'MO  A.    SUCHETET 

de  le  découvrir.  M.  Eames  a  entendu  i)arler  d'un  autre  li'uailiron- 
chialis  pris  en  1888  dans  le  Connccticul  par  M.  Hayt. 

Pendant  le  printemps  de  cette  même  année,  d'après  ce  que  rap- 
porte M.  Louis  B.  Bishap,  de  New-Haven,  Counecticut  (1),  M.  Flit 
vit  un  exemplaire  à  New-Haven,  le  lo  mai  ;  M.  Clark  un  autre  à 
Saybrak,  le  13  mai  ;  le  10  mai  M.  Sage  avait  capturé  un  mâle  à 
Portland. 

Pendant  la  saison  de  1889,  M.  Eaines  eut  à  enregistrer  de  nou- 
velles captures;  préparé  par  les  observations  qu'il  avait  faites 
l'année  passée  sur  le  chant  de  leucobroncliia.Us,  il  reconnut  d'abord, 
le  6  mai,  un  Oiseau  typique  qu'il  aperçut  dans  un  Pommier  dont 
les  branches  toucbaient  presque  à  sa  maison.  L'Oiseau  était  si  fa- 
milier qu'il  aurait  presque  jiu  être  saisi  dans  un  lilet  à  main. 
Quoicjue  plusieurs  fois  dérangé,  il  ne  manifestait  aucuu  désir  de 
prendre  sa  nourriture  autre  i)art  que  dans  les  Pommiers.  Puis  le 
14  mai,  dans  la  matinée,  M.  Eames  tua  un  nuile  li'urol/rnnchialis  eu 
|)lein  chant.  Le  17,  il  ne  lit  que  lilesser  un  Iroisième  individu  (|ui 
ne  put  être  rapporté,  ([uoiqu'on  vit  ilislinctement  la  place  où  il' 
était  tonil)é.  Cet  Oiseau  était  bien  marqué  de  jaune  sur  le  devant 
de  la  poitrine  et  d'un  lavis  plus  pâle  partout  ailleurs,  à  l'exception 
du  bas  de  la  poitrine  (jui  était  d'un  blanc  pur,  sans  quoi  il  aurait  été 
typique.  Le  22,  M.  Eames  vit  un  autre  leurobronchlalis  qui,  malheu- 
reusement, était  hors  de  son  atteinte,  se  trouvant  dans  un  terrain 
conservé  par  le  gardien  des  machines  hydrauliques  de  la  ville. 
Toutefois,  ayant  obtenu  de  ce  dernier  la  permission  de  le  tirer,  le 
lendemain  l'Oiseau  tombait  en  sa  possession. 

C'était  un  très  beau  spécimen  du  type.  M.  Eames  n'eu  prit 
qu'un  autre  le  11  juiu,  ce  dernier  se  trouvait  très  ressemblant  à 
pinus  (2). 

Le  11  mai  1890,  M.  t'rauck  Ciiappman  crut  voir  à  Euglewood  un 
individu  typique  A'Hclminlhophila  leucobroiichialis.  Se  trouvant 
heureusement  sans  fusil,  la  tentation  de  le  tirer  lui  fut  épargnée,  et 
pendant  les  dix  ou  quiuze  minutes  que  l'Oiseau  demeura  sous  sou 
observation,  il  put  l'entendre  chanter,  le  voyant  mènu',  particu- 
larité qui  mérite  d'être  notée,  ouvrir  son  bec  lorsiju'il  faisait 
entendre  son  chant.  Ce  chant  ressemblait  exactement  aux  notes 
élevées  et  aux  notes  basses  de  //.  pinus.  mais  il  était  moins  fort  que 
le  chant  moyen  de  cette  espèce  (3). 

(1)  Tlie  Auk,  VI,  II»  "2,  p.  193,  avril  1889. 

(2)iVo/fS  sur  la  Fauvette  îi  ailes  lileues,  elc,  déjà  cité.  The  Aiil;,  VI,  ii"  I,  p.  30;i 
el  siiiv.,  oclobi-e  1889. 
(3)  Tlie  Auli,  Vll.n"  3,  p.  «Jl,  juillet  189J. 


OISEAUX    llVIIIlinKS    HEiNCONTRKS    A    1,'kTAT    SAUVACE  M'il 

Au  |)riuteuips  de  1891,  un  Urbninlhopliila  leucobivnchiaUs  fut 
encore  ()l)seivé  à  .Maiideville,  Lm.  Ce  spéi'iinen.  dont  le  sexe  n';i  i)as 
été  déterminé,  mais  qui  (nuait  niàle,  s'accorde  connue  niar(iues  (1) 
avec  Hclminlbophila  pinus.  Par  sa  coloration,  il  est  intermédiaire 
enlri>  ju'iius  et  Irurolinnicliinlis  lupus,  les  parties  inférieures  sont 
blanches  avec  une  [daciue  jaune  sur  la  poitrine,  il  existe  une;  plus 
ou  moins  grande  quantité  de  cetli'  couleur  sur  le  menton  et 
raljdouKui;  les  partii's  supérieures  sont  lileuàlres  avec  un  lavis 
verddtre.  Les  bouts  di.'s  couvertures  de  l'aile  sont  plus  fortement 
marqués  de  jaune  que  dans  les  spécimens  normaux  de  pinus. 

Enfin  MM.  II.  II.  Bimley,  de  Ralenti,  nous  ont  fait  savoir  qu'ils 
avaient  pris  un  spécimen  du  W'Itilc  tliradtcd  Wdrlilt'i ,  qui  fut  vendu 
depuis;  mais  ils  ne  nous  indiquent  ni  le  lieu  ni  la  date  de  la  capture; 
|ieut-élre  est-ce  un  des  exem|)laires([ue  nous  avons  nommés? 

Les  nouveaux  spécimens  //.  l.airrrHci'i,  observés  depuis  IS77, 
sont  beaucoup  plus  rares.  C'est  à  peine  si  on  en  compte  quel([ues 
uns.  -M.  EUiot  Coues,  en  1884,  se  bornait  à  signaler  (2)  les  deux 
exemplaires  iiue  nous  avons  mentionnés.  Cependant,  si  nous  en 
croyons  M.  Louis  B.  Bisliap,  de  N'ew-IIaven,  Conu.  (3),  trois  beaux 
spécimens  H.  f.increncei  auraient  été  pris  dans  le  Conneclicul  [len- 
dant  le  printemps  de  1889:  une  femelle,  capturée  à  New-IIavcn  le 
21  mai  par  .M.  Kliut,  une  autre  femelle  à  Stamford,  le  23  mai,  par 
M.  Hogt,  et  uu  mAle,  le  2o  mai,  au  même  lieu  et  par  le  môme? 
.M.  Jno.  Sage  nous  dit  (|u'il  prit  Itii-méme  à  Portland,  Conu.,  uu 
niàle  le  11  mai  1887.  M.  Bisliai)  fait  observer  ([ue  «  le  jaune  des 
parties  inférieures  de  la  femelle  prise  par  .M.  Ilogt  s'approche  du 
jaune  gomnie-gutte  du  //.  pinus,  et  est  beaucouj)  plus  vif  que  celui 
des  parties  eorresi)ondautes  du  spécimen  de  .M.  Flint.  »  Tu 
septième  exemplaire  cf  Ijiuienrei  parait  encore  avoir  été  obtenu 
le  IG  mai  de  l'année  suivante  dans  b;  (Conneclicul  méridional,  tout 
au  nu)ins  M.  Kd\\in  II.  I]ames  mentionne  dans  sa  collection  cet 
individuipi'il  avait  entendu  chanter  une  heure  du  deux  dans  un  petit 
marais  très  boisé. 

Sans  dire  préi'isémeiil  à  quel  type  il  appartenait,  M.  William 
Brewster  avait  parlé,  dès  188(i  ('n,  d'un  s|iécimen  intéressant  du 
genre  llelminlhophila  t|iii  lui  avait  été  envoyé  par  M.  !•;.  Carlelon 
Thurber,  de  Morristown,  et  (pi'il  su[>posait  être  l'hybride  de  //. 
I.auirnrci  et  du  //.  piiius  lypi(pie.  Cet  Oiseau  avait  été  tué,  le   13 

(l|  •  As  iKiUcni  ot  inarking.  n 

(2)  In  llie  Key,  iVlilre  en  I8S4. 

(:ti  V<.y.  Uu-  .\uk,  VI.  11»  1'.  |..  I'J3,  avril  18W). 

(4)  Tlie  Aiik,  III.  ir:!,  [<.  '.H,  I88C.. 


342  A.    SUCHKTET 

m;ii  1884, à  deux  milles  de  Morrislowii  (New-Jersey),  à  quatre  milles 
et  demi  de  l'endroit  uù  le  type  de  I.Kurencei  avait  été  olitenu.  Le 
sexe  n'a  pas  été  déterminé,  mais  l'Oiseau  serait  incontestablement 
un  mâle,  d'après  M.  Brewster.  En  voici  la  description  :  «  Presque 
semblable  au  mâle  piniis  adulte,  les  marques  des  ailes  et  de  la 
queue  et  le  coloris  général  au-dessus  et  au-dessous  sont  essentielle- 
ment les  mêmes.  Mais  à  travers  le  jugulum  il  y  a  une  larfie  liande  de 
taches  noires  épaisses,  et  la  raie  noire  île  l'œil,  courte  et  liieu  déliuie 
dans /jm((.s-,  est  dans  cet  Oiseau  limitée  antérieurement  et  postérieure- 
ment à  une  simple  ligne  ([ui  s'étend  jusqu'aux  auricuUirs  formant 
une  plaque  sombre  ou  uoiràtreplusou  moins  rompue  ou  recouverte 
par  un  mélange  abondant  de  jaune.  L'espace  tacheté  de  noir  sur  le 
jugulum  est  plus  large  dans  le  milieu,  se  rétrécissant  graduelle- 
ment en  approchant  des  côtés  ;  sa  plus  grande  largeur  est  d'un  peu 
plus  d'un  (juart  de  pouce.  Les  taches  sont  sous-terminales,  toutes 
les  plumes  étant  couvertes  et  beaucoup  se  trouvant  bordées  par  le 
jaune  riche  ordinaire  des  parties  inférieures.  Ici,  dit  M.  Brewster, 
le  noir  tend  à  se  ca<',her  naturellement,  mais  aucun  arrangement 
des  plumes  ne  peut  l'absorlier  couiplèlemeul;  aussitôt  les  |)lunies 
dérangées  on  aperçoit  un  trait  visible.  L'effet  n'est  pas  dillérent  de 
celui  (|ui  se  produit  chez  les  jiniues  mâles  d'automne  de  Demlroim 
fircns,  lescpiels  ont  le  noirde  la  gOT'ge  et  du  jugulum  recouvert  plus 
ou  moins  de  la  même  façon  de  jaune.  En  un  mot, on  i)eut  dire  ([ue  cet 
intéressant  Oiseau  est  à  peu  près  intermédiaire  en  marques  et 
couleur  entre  le  typique  pinus,  avec  sa  barre  courte  et  étroite  de 
r(eil  et  le  jaune  semblable  des  parties  inférieures,  et  entre  le  //. 
Ijiici'i'nci'i  ([ui  a  nue  large  plaque  noire  s'étendaut  du  liée  sur  l'o'il 
et  derrière  cet  organe,  et  tlont  le  menton,  la  gorge  et  la  partie  anté- 
rieure lie  la  poitrine  sont  liien  noirs.  » 

.Vvant  de  clore  cet  article  il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  repro- 
duire les  remarques  faites  par  M.  Kdwin  II.  Eames  sur  le  chant  de 
li'iirobruiiclildlis  (  I). 

M.  Edwin  11.  Eames  a  cru  en  elîet  utile,  pour  ses  observations,  de 
chercher  à  reconnaître  les  divers  types  {\'Helminth()]ihila  |)ar  leur 
chaut;  une  graiule  [lartie  des  succès  qu'il  a  obtenus  est  due  à  celle 
étude. 

Sept  Oiseaux  typiques  //.  Icucobronchidlis  ont  exprimé  leur 
ipiarte  parle  chaut  de  H.  chiijmplera,  à  l'exception  d'un  point  peu 
important.  (Le    chaut   de    chrysoplera    consiste  généralement  en 

(I)  Noies  sur  Iti  FaiiVflli'  (i  ailes  bleues,  olc,  lit'JH  rit.  Tlie  .Xuk,  VI.  ii"  4.  pp.  30o 
et  siiiv.,  octobre  188'.l. 


OISEAl'X    IIYBIUDES    RENCONTRÉS    A    I.'ÉT.VT    SAUVAGE  •Vi'-i 

(lUiitre  uotcs  :  Slure-e-e,  zace,  :iree,  zwee,  la  première  uole  d'euviiou 
deux  tous  plus  haut  que  les  trois  suivantes,  ceux-ci  se  prolou- 
î;eaut  légèivnieut.  Queli|uefois  il  est  iia  peu  varié,  avec  la  seconde 
uole  seinblalile  à  la  prcuiière;  il  se  réduit  encore,  dans  d'autres 
circonstances,  à  trois,  à  deux,  ou  même  à  une  seule  note).  Un  autre 
spécimen  //.  leurohnincliinlix  faisait  entendre,  en  plus  du  cliant 
ordinaire,  ([ueliiues  variations  originales. 

Un  autre  individu,  offrant  de  proches  ressemblances  avec  //. 
.pinus,  répétait  le  chant  de  //.  rliri/sniiln-a,  mais  d'une  f;içon  désa- 
gréable et  dure  (1).  Tu  Oiseau  eulin,  parfaitement  lypiiiue,  ne  répétait 
qu'une  seule  note  (ou  ton);  celte  parlicularité  surprit  vivement 
M.  Eames,  le  chant  se  trouvant  être  précisément  le  même  que  celui 
(le  //.  pinus.  M.  Eanies  cite  encore  un  individu  (avec  une  faible  cou- 
leur jaune  verdàtre  sur  le  dos,  une  forte  plaque  jaune  sur  la  poi- 
trine et  un  lavis  sur  les  parties  inférieures).  (|ui  employait  exclusi- 
vement ce  dernier  chant. 

Le  seul  //.  I.aurenci'i  ([ne  M.  Kames  entendit  avec  certitude,  pen- 
dant près  (h'  deux  heures,  ne  varia  jamais  son  chant  dans  les 
nudindres  détails  ;  c'élait  le  chant  caraclérislique  du  pi  nus,  consis- 
tant en  deux  notes  entraînantes  see-e-e-e,  zcce-e-f-c-e,  avec  un  son  ; 
bien  arrêté. 

Ces  détails,  pensons-nous,  ne  sont  pas  sans  utilité  |i(iiir  les 
recherches  de  //.  loucobroncbialis  (même  de  //.  I.innrucci),  recher- 
ches i|ui,  sans  doute,  se  poursuivront. 

Remarquons  en  terminant  que,  nulle  part,  on  n'a  encore  constaté 
tic  visn  l'appariage  de  //.  Icnroh'onchiaUs  avec  pinus  ;  lorsqu'on  l'a 
supjiosé,  et  qu'on  a  pu  saisir  les  jeunes,  ceux-ci  étaient  de  vrais 
pinus  (i).  Seul  l'appariage  de  pinus  avec  chrysopleni  semble  mis 
hors  de  doute. 

Les  uns  ont  considéré  //.  Icucoliroiirhinlis  comme  espèce;  les 
.autres,  au  contraire,  les  plus  nombreux  (.'{)  l'ont  considéré  comme 
i»ybride. 

Il  est  constaté,  à  maintes  reprises, que  ce  type  ne  |irési'nte  pas  de 
caractères  absolument  lixes,  et  aussi  (|ue  sa  gorge  blaïu'he  le  diilé- 

(1)  Ccl  Oiseau  est  celui  dimt  on  parle  dans  lAuk,  V,  p|>.  4^7-428. 

(2)  Voir  l"e.\eiiiple  cité  par  CtiappnKinii  (The  .\uk,  IV,  ii"  4,  p.  348,  octobre  1S87) 
el  l'exemple  cilé  par  M.  F.amcs  (Tlie  Auk,  VI,  n»  4.  p.  30o,  octobre  1889). 

(.'()  D'après  les  docuinenls  que  nous  avons  consultés  et  aussi  la  correspondanee 
que  nous  avons  reçue. 

Dans  The  Key  lo  Horlli  amcrican  Birds  by  Elliol  Cônes,  cdilidu  de  is-ni.  nous 
lisons  encore  à  l'article  II.  Irucubronchiulis  :  «  Duulilless  lij  lirid  bilwieii  Il.iiiiius 
und  //.  clirysiipterii  «  (p.  i'.Kt). 


;Vl4  A.    SUCHETEÏ 

rencie  totalement  des  deux  types  chrysoptera  el  pinus  auxquels  il 
ne  peut  être  rnpporté  à  cause  précisément  de  ce  caractère  qui  lui 
est  particulier. 

Pourrait-on  donc  soutenir  cette  nouvelle  hypothèse  :  à  savoir  que 
leucohroncliiaiis,  peu  rare,  quelquefois  plus  commun  que  chrijsop- 
Icra  (1),  est  une  espèce  dislincle,  mais  sujette  à  variations?  Dans  ce 
cas  l'hyhridisme  supjiosé  et  si  complexe  ne  reposerait  (j ne  sur  quel- 
ques rares  types  //.  Lawrencei,  ceux-ci  précisément  (à  cause  de  leur 
rareté)  méritant  d'être  considérés  seuls  comme  hyl)rides  réels. 

Celle  solution  esl-elle  acceptable  ?  11  est  sans  doute  préférable  de 
se  l'anger  à  l'avis  de  M.  Ridgway,  disant  que  leuculironchiulis  tijpus 
est  bonne  espèce,  mais  se  mélange  avec  ses  alliés.  L'avenir  sans 
doute  résoudra  le  proldéme  {i). 

(1)  Voir  h:  rap]iorl  ilf  M.  E<l\viM  II.  Kyiiies,  Notes  sur  les  l'aiirrlte!!  à  ailes 
l)leues,  elc.  TIk-  .\nU,  \  1,  ii»  4,  p.  :i0.'j,  ocloljre  1889. 

(2)  Sous  ce  titre  :  «  Tlie  significalion  of  certains  plinses  iii  the  r/cnH.s-  lletiiiin- 
llmpliHa  ))  (The  .\iik.  VI,  n"  4,  pp.  30.'>  et  suiv.).  M.  Spencer  Trottei',  pai-tisiiii  de 
riijiiiiilisnie  chez  les  formes  H.  leucobroiichiatis  et  //.  I.aurencei,  a  cru  pouvoir^ 
présenter  iiuelipies  e.\plic;itiotis  sur  les  circonstances  qui  ainènei'nient  les  deux  types 
ll.piiiiis  cl  H.  clirijsnplerii  à  se  croiser,  .\pres  des  considérations  générales  basées 
sur  les  données  évolutionistes,  et  iiosé  en  principe  ijue,  par  exemple,  «  la  rareté 
dans  les  espèces  et  les  individus  ijidique  la  dégénérescence,  l'expression  de  l'im- 
puissance du  groupe  à  inainleuir  ce  qui  lui  est  pro|)re,  et  que  l'hybridismo  dans 
la  nature  est  aussi  une  expression  de  décadence,  le  résultat  d'une  rareté  arrivant 
chez  les  individus  qui  composent  une  espèce,  etc.,  »  il  recherche  comment  ces 
principes  peuvent  s'appliquer  au  genre  Heliiiinltiophila,  groupe  formé  de  huit 
espèces,  dont  aucune  de  ces  espèces  n'est  très  abondante  quand  on  les  compare  à 
certains  autres  groupes,  tel  celui  des  Oendroicu: 

Chacune  des  espèces  Uelinintlwphila  a  comme  habitat  une  surlace  plus  ou 
moins  bien  définie,  l'habitat  des  deu.x  types  chrysoplera  et  pimis  et  de  leurs 
allies  est  le  plus  restreint  de  tous.  Or,  c'est  précisément  dans  cette  dernière  seclinu 
que  l'on  trouve  l'évidence  de  la  décadence.  «  Strictement  insectivores,  dit  l'émi- 
nent  naturaliste,  les  HeliiiinUioplutœ  sont  entrées  en  concurrence  directe  avec 
les  autres  formes  insectivores,  et  parmi  elles,  sont  leurs  proches  alliés  et  le 
genre  dominant  Oendroica,  composé  de  plus  de  trente  espèces  bien  définies,  dont 
les  habitudes  et  la  nature  ressemblent  de  près  aux  Swaujp  Warblers  (Fauvettes 
des  marais).  La  pression  exercée  par  Denitroicit  serait  beaucoup  plus  grande  dans 
l'Est  que  dans  l'Ouest,  il  cause  de  la  prépondérance  de  ces  individus  et  des  espèces 
dans  leur  première  surface,  par  conséquent  les  espèces  orientales  plus  restreintes 
de  Uelminlhophita  se  ressentiraient  fortement  de  celte  rivalité.  »  Les  Dendroicœ, 
toujours  d'après  M.  Trotter,  sont  plus  habiles  à  capturer  les  mouches  que  le 
Swamp  VVarblers  (elles  le  font  avec  plus  de  promptitude  et  de  persistance')  et 
comme  cela  a  lieu  dans  la  même  localité,  les  lieliiiintliopliagœ,  moins  bien 
adaptées,  doivent  nécessairement  leur  céder  le  pas  et  diminuer  en  nombre,  tandis 
que  les  deux  autres  augmentent.  L'espèce  H.  Bacitinani  en  serait  un  exemple 
frappant;  elle  se  montre  excessivement  rare  dans  la  limitée  d'extinction,  quoiqu'elle 
existe   encore   dans    les  localités   favorables  à  sa    propagation,  par   exemple,   les 


OlSKAl  X    IIVHKIDKS    UENCONTRKS    A    l'kTAT   SAUVAGK  '.i'ùi 

Helminthophila  piNis  vl  OpononNis  formosa  (I). 

M.  Frank.  W.  Lanjj;(l(iii  a  ilccrit(2)  connue  espèce  nouvelle,  sous 
11'  iiiiin  de  lli'hiilnlliiiiihdiid  rnirhntiiticnsis,  un  s|)éciin(Mi  jusqu'alors 
inconnu  tlu  jjjcnrc  lit  Ininilliopliiiiia  ([u'W  tua  le  1<^''  mai  1880  à  Madi- 
sonville,  Ilamilton  County,  Ohio.  (Jet  Oiseau,  disail-il,  dilTcre  de 
//.  piiiii.s,  si>u  |ilus  proche  allié,  par  sa  taille  plus  jurande,  le  noir 
lâché  du  vei'tex.  les  iiailies  auriculaires  noires,  l'aliseuce  totale  de 
harres  blanclies  sur  li's  ailes  bleu  cendré  au-dessus  ainsi  (jiu;  hi 
(jneue,  par  les  taches  blanches  de  celte  dernièie  partie,  etc.  Il 
s'i'loinue  d'O.  faniHixn  (avec  la(|uelleil  senii)le  a  iiriori  nécessaire  de 
le  comparer)  par  sa  taille  plus  ])etite,  ses  proportions,  son  tarse 
court,  son  front  jaune,  le  bord  blanc  au.\  |)kimes  extérieures  de 
la  (|ueue. 

Alusi.louten  éloiguant  la  peuséed'hybridisme.M.  Langdon  avait 
soin  de  comparer  le  nouveau  type  avec  //.  pinus  et  0.  foniitisn, 
comme  si  sa  pai'entéavec  ces  derniers  se  faisait  soupçonner. 

.M.  Hidgway  a  signalé  (3)  chez  cet  Oiseau  d'autres  marques 
qui  le  rapprochent  de  ces  deux  espèces.  «  A  première  vue,  dit 
le  savant  ornithologiste  de  Washington,  le  coloris  |)aralt  uni(iue, 
mais  en  le  regardant  de  plus  [très  on  y  trouve  une  combinaison  du 
plumage  ik'  llrlminthdiiliaijd  piuns  ald'Oporonils  formomi.  «  Les  ailes 
et  la  queue  sont  de  couleur  unie,  comme  chez  la  deruière,  mais  les 
ailes  montrent  un  faible  rapport  avec  les  bandes  de  l'aile  du  pre- 
mier daus  l'olive  [jIus  pâle  des  bouts  jusqu'au  milieu  et  les  plus 
grandes  couvertures.  Le  front  est  jaune,  comme  daus  //.  pinux, 

vastes  iiKiiais  des  Klals  du  Sud,  l.i'  ]ii\  llic  carbunuhi  tsl  pciil-iHi'e  le  dernier 
re|iiéseiit;iiit  d'une  auU'e  (oriiicV  M.  Speiicei' TroUer  est  cependant  oblijjé  d'avouer 
(jue  elirijsopteni  eXjnnus  u  lestcnt  néanmoins  Irrs  iibunilaiits.  »  Nous  ne  voyons 
donc  quelle  raison  peut  loiccr  ces  deux  (ormes  «  à  se  croiser  et  idem  ment 
ciisemblr,  u  comme  il  le  dit.  De  la  Uiéoric  que  pose  M.  Trotter  (si  elle  est  vraie), 
il  doit  ressortir  tout  le  contraire.  Ce  serait  chez  les  espèces  restées  peu  nom- 
breuses, telles  que  biichmani,  que  l'on  devrait  constater  l'Iiyljridisme  et  non 
chez pinus  ou  clirysopLera,  très  abondants  au  dire  de  M.  Trotter. 

(1)  Autres  noms  :  Sylvia  formosa,  Myiottioctes  joriiiosus,  Oporornis  fonno- 
.siLi',  SiiUaniti  jormosa. 

(2)  Description  of  a  .Vcir  WarhUr  of  tlie  Geniis  Ilelitiintlwiilinrjti,  hy  Kiank 
\V.  Langdon.  .tournai  of  the  Cincinnati  Society  o(  Natural  History,  pp.  ll'J  et  120, 
juillet  IKN». 

1,'artiele  de  M.  Langdon  a  été  reproduit  tout  au  long,  avec  son  aulorisalion,  dans 
le  llulletin  o(  N'ultall  oriiillioh^i;ical  (.luli,  \ 4.  pp.  208.  21)1)  et  210,  octobre  ISHI. 

(Il)  In  the  Uiiilelin  o(  Un-  Nullall  Ornilhc>loi,Mcal  Club,  \,  n»  i,  pp.  237  et  2;jJ<, 
iiiliihre    ISSU. 


346  A.    SL'CHICTI.T 

mais  derrière  et  le  loug  du  bord  posléro-latéral  de  ce  jaune  on  voit 
une  portion  du  courouiienieut  qui  caractérise  0.  forniosa.  Les 
marques  noires  du  cùto  de  la  tète  sont  intermédiaires  en  étendue 
entre  la  raie  étroite  du  lorum  et  post-oculaire  de  Heiminthopliaga  et  la 
pla(|ue  [dus  large  du  lorum  avec  coutiuuatiou  sous-orhilaire,  comme 
ou  le  voit  ciie/  Uporuniis.  Eu  forme,  l'Oiseau  est  presque  intermé- 
diaire entre  les  deux  types,  le  bec  incline  davantage  vers  Oj)i}ror)iis, 
les  pieds  se  rapprochent  de  ceux  d'Uclniinthophaga. 

Toutefois  M.  Ridgway  ne  le  déclare  pas  sûrement  un  hybride;  il 
peut  avoir  une  double  origine,  mais  aussi  il  peut  appartenir  à 
une  véritable  espèce?  Ce  qui  engage  à  croire  que  la  première 
hypothèse  est  vraie,  cest  que  dans  beaucoup,  sinon  dans  la 
plupart  des  parties  de  la  vallée  du  Mississipi,  notamment  dans 
la  latitude  de  Cincinnali,  les  deux  espèces  produisent  aboudam- 
meut  dans  les  mêmes  lieux,  et  toutes  deux  nichent  sur  le  sol  ayant 
souvent  leurs  nids  situés  à  quelques  pieds  de  distance  les  uns  des 
autres. 

L'hypothèse  de  l'hybridisme,  soulevée  par  M.  Ridgway,  est 
acceptée  par  M.  William  Brewster  (1)  et  sans  doute  aussi  par 
M.  J.-A.-A.  Allen  (2).  M.  EUiol  Coues  ne  s'est  pas  prononcé,  au 
moins  d'une  manière  significative  (3).  Le  cinciiinalicnsis  ligure  dans 
le  Code  oj  NoiDcuclatiirc  (4)  sur  la  liste  hypothétique. 

Voici  sa  description  d'après  M.  Frank  \V.  Laugdon  :  «  Toutes  les 
parties  supérieures,  excepté  le  fro'nt,  claires,  les  plumes  et  les 
rectrices  d'un  brun  [}lombé  foncé,  leurs  lames  extérieures  frangées 
de  vert  olive  comme  celle  du  dos.  .\u-dessous,  y  compris  le  crissum 
jaune  cadmium  brillant  et  presque  la  même  nuance  partout.  Le 
front  jaune  brillant,  cette  couleur  reliée  antérieurement  par  une 
ligue  trèsêtroite  noire  du  lonnii.el  derrière  se  fondant  graduellement 
dans  le  vert  olive  clair  du  haut  de  la  tète  ;  les  plumes  du  vertex 
avec  une  surface  au  milieu,  cachée  de  noir.  Le  lorum  noir  velouté, 
uiiriciiliirs  noirs,  parsemés  de  vert  jaunàtie,  leur  donnant  une 
apparence  mélangée.  Une  surface  jaune  au-dessous  de  l'œil  sépare 
le  noir  du  lorum  de  celui  des  auiiculars.  Les  plus  grandes  cou- 
veiturcs  des  ailes  ainsi  que  les  plus  petites  garnies  île  jaune  ver- 
dàtre  formant  deux  barres  indistinctes  aux  ailes;  les  primaires 
extérieures  bordées  de  blanchâtre.  Les  lames  extérieures  des  deux 
plumes  extérieures  de  la  queue  étroitement  bordées  de  blanc  près 

(1)  Voy.  BiillpUii.  VI,  p.  :!2.'i  (i-n  noie),  18S1. 

(2)  Mtinc  Bulletin.  \  II,  n"  2,  p.  78  (en  note),  avril  1883. 

(3)  Voy.  The  Key  lo  ^()rlh  American  Birds,  p.  21)3,  London  et  Boston,  1884. 

(4)  Edil.  lie  18^(1. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE  .Ti7 

de  rextréinité.  Le  bec  noir,  excepté  rextrémité  du  bout  et  la  base 
de  la  niaiidibiile  iniï'i-ioure  qui  sont  couleur  corne  lileuàti-c:  le 
culnieii  légèrcuuiut  dcccrced,  avec  la  trace  d'une  entaille  au  boni. 
Le  rictus  avec  les  soies  bien  développées  (I)  s'étendant  presque  tout  à 
fait  aux  narines,  dillérant  ici  des  autres  es|)èces.  Les  yeux  hiiiri 
foncé,  tarses  et  doigis  d'un  pâle  brunâtre;  grilïes  plus  |)àles. 
Dimensions:  Longueur,  4.75;  aile  2.30;  queue  1.8;};  culinen44; 
de  la  narine  31.  tarse  70  »  il]. 

On  trouve  une  planche  représeutant  l'Oiseau  (hms  le  liullcliu  ol 
(lie  Nuttall  ornithological  Club  (3). 

DENDn(i:CA  STiuATA  (4)  et  Perissoglossa  Tir.UI.NA  (5) 

Dans  l'état  du  Iventueky.  pendant  le  mois  de  mai  1811,  le  célèbre 
ornithologiste  américain  .Audnlton  tua.  près  du  village  d'ilenderson, 
les  deux  Oiseaux  dont  nous  allons  donner  la  description,  .\udubon 
dit  que  lorsqu'il  les  tua,  ils  étaient,  tous  deux,  très  occupés  à 
chercher  des  insectes  le  long  des  branches  et  parmi  les  feuilles  d'un 
Cornouiller  (Dog-wood);  leurs  niouvenients  étaient  ceux  de  toutes 
les  espèces  du  genre  .S///r/«.  Eu  les  examinant,  on  constata  qu'ils 
étaient  du  sexe  mille.  L'opinion  d'.Vudubon  est  qu'ils  n'avaient 
vraisemblablement  aucune  partie  de  leur  ])luuiage  complet,  sauf 
la  tète.  Ce  sont  les  seuls  de  ce  genre  qui  furent  tués  (6). 

Depuis  aucun  autre  Oiseau  de  leur  espèce  n'a  encore  été  observé. 
Ils  fui-ent  dessinés  ajirès  leur  mort  et  reçurent  le  nom  de  Si/lrin 
carboniilit  ou  Carbonated  \Varbler(7). 

Dans  le  Catalogue  des  Oiseaux  de  l'Amérique  du  Nord,  dressé  en 
ISSO  par  M.  W.  Ridgway,  la  Sfilrio  cnrhnnatn  d'.Vudubon  ligure  à 
titre  de  bonne  espèce  sous  le  n"  91  (8)  et  est  appelée  l'erissuijlossa 
carhonala. 

(1)  M.  Lind^on  obsoivf  iri  i|ijc  l,\  présence  de  ce  canicloie  «  woiilillie  liy  siime 
aniliois  lie  ileemed  sullicieni  reiison  foi-  the  iiistUiili<in  n(  ii  ncw  ;;pihis  mc  siili- 
j,'eniis.  »  avis  (|iie  ne  pait.i).'e  pas  M.  I.andeon. 

(2)  Juurnal  o(  llie  Cincinnati  Snciely  of  iNaliual  llisliny.  p.  Ii;i,   ISSO. 

(3)  Plaie  IV,  vol.  V,  n"  4.  oclobre  I8.st;. 

il)  Appelée  aussi  :  Si/tfiu  striatd,  MoHiotillu  xliialii.  Sijhinihi  slriatu.  IVtio- 
ndiiiilnta  sirialus,  etc. 

(.">)  Ou  Denilroicai  tigrinii  ou  Mnldcilla  ligrinn. 

(IVi  Voy.  Iliol.  ornilhn.,  p.  308,  Pliiladclplii»,  Dessin  LX,  le  mâle;  Clieck-l.isl, 
p.  :i,')(l.  I88(i,  ol  .Vor//i  american  liirds  by  Baird  Brcwcr  and  Ridgway,  p.  2U, 
I.  1874. 

(7)  Proreedinf;  of  l'niled  stales  National  Muséum,  p.  ICbl. 

(S|  Voy.  p.  \12;  voy.  aussi  p.  1(14. 


3i8  A.    SUCHETET 

Comme  cet  Oiseau  réunit  certains  cai'actères  iiropres  à  la  /). 
stritita  et  à  la  /'.  tiijrina  (trait  de  la  tète  noir,  bandes  doubles  des 
ailes  et  le  dos  rayé  de  /).  slriata  avec  le  coloris  général  de  P.  tigiina) 
et  qu'en  plus  «  il  ne  possède  aucun  caractère  individuel  qui  ne 
puisse  avoir  été  tiré  d'une  telle  parenté  »,  M.  Brewster  a  cru  pou- 
voir émettre  l'opinion  (1)  qu'il  provenait  peut-être  de  ces  deux 
espèces.  M.  Spencer  Trotter  s'est  au  contraire  demandé  si  «  le 
mythe  Carbonata  »  ne  pourrait  être  considéré  comme  «  le  dernier 
représentant  d'une  forme  inconnue.  » 

On  voit  ([uo  rien  n'est  certain  sur  l'origine  de  cet  Oiseau,  c'est 
sur  la  «  IJsti'  hypothétique  »  qu'il  a  été  inscrit  dans  le  «  CheckListy 
adoptée  par  l'Union  des  Ornithologistes  américains  (2). 

Description  d'après  Auduljon:  «  Bec  delongueur  ordinaire, presque 
droit,  suhulato  conique,  aigu,  presque  aussi  protond  (3)([ue  largeà 
la  base, les  boids  aigus,  la  ligne  d'interstice  légèrement  déclinée  à  la 
base.  Les  narines  basâtes,  latérales,  elliptiques,  à  demi  fermées  par 
une  membrane,  tête  un  peu  petite,  cou  court.  Corps  mince,  pieds 
de  longueur  ordinaire,  grêles;  tarse  plus  long  que  le  doigt  du  milieu 
couvert  antérieurement  par  quehiues  scutelles  aiguës  en  pointe 
derrière;  doigts  scutellate  au-dessus,  l'intérieur  libre  ;  le  doigt  de 
derrière  do  taille  modérée  ;  les  ongles  minces,  comprimés,  aigus, 
recourbés.  Plumage  mélangé  et  touffu.  Ailes  de  longueur  ordi- 
naire, aiguës  ;  les  secondes  plumes  plus  longues,  queue  courte. 
Bec  brunâtre,  noir  au-dessus,  bleu  clair  au-dessous,  iris  brun  clair. 
Pieds  couleur  de  chair  claire.  Les  parties  supérieures  de  la  tète 
noires.  Le  dos  supérieur,  les  plus  petites  couvertures  de  l'aile  et  les 
côtés,  foncés,  tachetés  de  noir.  Le  bas  du  dos  gris  jaunâtre,  sombre 
comme  la  queue.  Bouts  du  second  rang  des  couvertures  blancs, 
de  la  première  rangée  jaunes;  plumes  foncées,  leurs  lames  exté- 
rieures teintées  de  jaune,  les  côtés  du  cou  et  de  la  goige,  jaune  vif. 
Lue  ligne  sombre  derrière  l'iril.  Le  reste  des  parties  inférieures 
jaune  sombre,  excepté  les  côtés.  Longueur  4  pouces  3/4  ;  bec  le  long 
du  sommet  .5/12  ;  le  long  de  l'interstice  7/12  ;  tarse  3/4.  » 

(1)  In  Bulletin  of  Ihe  Niittal  Ornitliological  Club.  p.  221.  Camlirirlfjc  (Mass.).  ISSI. 

(2)  Tlie  code  ofNomenclalure,  p.  3n6,  New-York,  18S6. 

Xi(']i\,  mais  sans  soulever  l'hypollièse  d'un  liybridisme,  les  autours  des  Oiseaux 
de  l'Àiiu'riiiue  du  Nord  avaient  dit,  en  parlant  de  cette  prétendue  espèce,  connue 
.seulement  par  la  description  el  le  dessin  dWudnbon  n  ils  ilainif  tn  lie  regnrded 
IIS  a  gnod  and  distinct  species  nre  involve<l  in  rinubt  »  Nortli  American  Birds, 
I,  p.  218,  1876. 

(.3)  Auk,  IV,  n"  4,  p.  :508,  1887. 


OISEAUX    HYBRIDKS   RENCONTRÉS   A   l'ëTAT   SAUVAGE  ."J'jD 

Genre  Cyanecula  (1) 
Cyanecula  Wom-i  et  Cyankci;la  leucocyanea 

D'après  M.  le  professeur  Menzbier  (2)  on  trouve  des  individus 
aux  caractères  inlerinédiains  entre  les  C.  Wolji  et  les  (\  l.ruro- 
cjldHea  :  ces  individus  iulerniédiaircs  ue  se  rencontrent  (jue  dans 
les  réfiions  où  les  deux  types  séjournent  ensemble.  «  En  France, 
de  niéine  que  dans  rKiinipi'  ocridentale,  en  lîénéral,  dit  le  pi'o- 
fesseur,  ou  trouve  les  (ormes  lyi)iques  des  C.  H'olfi  et  des  C.  Icucd- 
rynnni  de  même  (|u'un  faraud  nombre  de  formes  intermédiaires; 
mais  ces  dernières  ne  se  rencontrent  |)oint  tlans  les  endroits  qui  ne 
sont  habités  que  de  l'une  des  es|)è('es  typiques.  » 

(IVANKCn.A    SUECICA    (.'1)    et    (h'ANECUr.A  LEICOCVANEA 

D'après  le  même  (4)  on  trouve  également  des  individus 
intermédiaires  entre  les  C.  leucocyanea  et  les  C  suecica  et  là 
encore  seulement  où  les  deux  formes  séjournent.  »  Dans  la 
Russie  centrale,  par  exemide,  existent  les  représentants  typiques 
des  C.  Iriiroryaiiea  et  des  C.  xKerira ,  et  ceux-ci  exceptés, 
ou  y  trouve  un  grand  nombre  d'individus  intermédiaires,  à  com- 
mencer par  ceux  clie/.  lesquels  la  tache  l)lanch('  sur  le  fond  ocreux 
roux  est  à  peine  à  i-emar(pier  el  à  linir  par  ceux  chez  lesquels  la 
bande  rousse  au  bas  de  la  tache  blanche  disparaît  tout  à  fait.  » 

(IyAXECL'LA    WoLlll    cl    (".YANKCl'LA    SllKCICA. 

M.  le  prof.  Ciiglioli,  de  Florence,  indique  dans  la  liste  des 
Oiseaux  hybrides  du  Musée  (4),  (en  ayant  soin  de  le  faire 
précéder  d'un  point  d'interrogation),  un  cT  adulte  Cyanecula  Wolfi 
X  C  .vi«('c/(7/ de  Prato.'î  mai  I88S,  avec  les  plumes  de  la  tache  de 
la  gorge  blanche  rouges  à  leur  extrémité,  et  un  autre  mâle  adulte 
du  10  avril  I.SS'i,  .Montepulciauo,  semblable  au  premier. 

M.  .Menzbier  envisageait  autrefois  les  C.  Wolfi,  les  C.  cyane- 
cula el  les  C.  suecica  comme  des  vaiùétés  d'une  seule  et   mônn' 

(1)  Appela  aussi  :  Mnlucillti.  Si/lria.  Cijanecutn,  Sylviii,  elr. 

(2)  Conléi'ciico  faite  »  la  Société  Zoolo};i(]iu;  de  France,  Uemc  .SciVdd/i'/HC. 
p.  ;il7,  iC,  avril   lS8i. 

(3)  Ou  Sylria  cyanecula,  ou  Saxicola  stiecia,  on  encore  Ficedula  nuecira. 
(^)  Même  Revue,  mi^nie  page. 

(a)  Primo  resoconln  tiei  re.vuWuM',  etc.,  p.  70,  Florence,  1891. 


350  A.     SUCHETliT 

forme,  mais  aujourd'hui  il  croit  qu'elles  ne  peuvent  6lre  réu- 
nies en  une  seule  espèce,  attendu  que  «  ces  trois  variétés  occupent, 
dit-il,  pendant  la  période  de  leur  nidilicatiou,  chacune  une  région 
tout  à  fait  distincte.  » 

Tel  n'est  l'avis  de  MM.  Degland  et  Gerbe  qui  les  considèrent 
«  non  pas  même  ('omme  des  races  locales,  mais  comme  de  simples 
variétés  dépendant  de  l'âge  et  du  sexe  »  (I  ).  M.  le  baron  R.  Kœning- 
Wathaiiser  nous  écrit  qu'il  ne  reconnaît  aussi  qu'une  seule  espèce 
de  Gorge-bleue  {Cyanecula)  thème  qu'il  se  propose  de  développer 
plus  tard.  Nous  croyons  que  ^Vnl/i  et  lc}troct/aiii'a  sont  encore 
regardées  généralement  comme  des  variétés. 

Nous  ne  pouvons  nous  expliquer  comment  les  types  Wolfi, 
kuroniancn  et  siiccica  trouvent  moyen  de  se  croiser,  puisque,  d'après 
M.  Menzbier,  on  vient  de  le  dire,  ces  trois  formes  occupent 
chacune,  pendant  la  période  de  nidification,  «  une  région  tout  à 
fait  distincte.  » 

Les  croisements  indiqués  par  le  savant  professeur  (et  que  toutefois 
nous  ne  voulons  point  nier)  ne  paraissent  point  avoir  été  constatés, 
ce  sont  plutôt  des  mélanges  présumés.  Se  sont-ils  réellement  pro- 
duits ?  Des  variations  de  coloration  ne  pourraient-elles  pas  pro- 
duire chez  certains  individus  ces  colorations  mixtes? 

Sur  une  Illankcichcn  (Gorgebleue)tirée  près  de  Munsterel  indiquée 
comme  appartenant  au  type  Ci/aneculti  Wolfi,\i\  tache  blanche  ou 
la  tache  couleur  canelle  manque  sur  l'étendue  bleue  de  la  gorge  ; 
seule  la  moite  des  racines  des  plumes  (jui  ne  sont  pas  visibles  est 
blanche.  Or,  les  D^s  Konig  et  Hartert  croient  que  ce  n'est  pas  la 
Wolfi  avec  la  coloration  bleu  profond  de  la  gorge,  mais  au  con- 
traire une  variété  de  Cjianci'ula  Irncocyanea  (2). 

Dansl'Ibison  semlile  encore  faire  allusion  à  une  autre  variante(4). 

M.  Tommasso  Salvadori  dit  (3)  qu'il  a  vu  des  individus  pris  en 
Italie  et  d'autres  exemplaires  sur  lesquels  on  peut  observer  le 
passage  d'une  forme  à  l'autre,  c'est-à-dire  avec  la  tache  blanche 
argentée  plus  ou  moins  grande  et  plus  ou  moins  apparente,  avec  le 
bord  blanc  autour  de  la  tache  centrale  fauve  plus  ou  moins  étendue, 
avec  la  tache  fauve  plus  ou  moins  vivement  colorée,  si  vivement 
affectée  qu'elle  devient  presque  blanche. 

(1)  Op.  cil.  I,  p.  434,  1807. 

(2)  Voy.  m  Journal  fiir  Ornillio/oijif,  .Wll,  p.  20),  1,S89.  l'arlicle  :  Àllgoneine 
deiiUche.  Oniilholngische  Gesellschafl  in  Ilrrlni. 

Ci)  XotPS  onthe  Birds  of  Cashmere  and  Ihc  Dras  District.  liy  Lieiil,  W.  \\  ilfrid 
lîoi-deaux  (Queens  Bays).  The  Ihis,  VI,  pp.  220-221.  l8S8. 
(4)  In  Fiuina  ri'Italia.  p.  94,  1874  (Al'ai-licle  Ci/anicuki  Wolfii  . 


OISEACX    lIVltKIDKS    REXCONTnÉS    A    L'kïAT    SAUVAGE  M.'ll 

Reconuaissons  toutefois  quo  si  ces  observations  avaient  tout 
d'abord  amené  M.  Salvador!  à  conclure  que  les  C.  leucoq/anea  aussi 
bien  que  les  C.  Icucori/ancti  ne  sont  que  des  états  divers  de  C.  surcira. 
plus  tard  celui-ci  est  revenu  sur  son  opiniDU  (1 1.  Ayant  reconnu  que 
la  forme  Wolfi  domine  dans  l'Europe  orientale  et  se  trouve  |)ent- 
élre  seule  en  Asie,  tandis  que  la  forme  à  tache  blanche  <lominc 
dans  rr.urope  centrale  et  orientale,  on  doit  maintenant,  d'après  lui, 
«  considérer  les  deux  formes  comme  dislinctes.  »  M.  Giglioli,  après 
une  visite  au  musée  de  Florence,  aurait  lui-même  reconnu  la  néces- 
sité d'admettre  la  distinction  des  doux  formes.  Nous  voyons  cejieu- 
dant  encore  en  1887  (2l  Wolfi  figurer  comme  variété  de  Iniroriidiini, 
c'est  à  ce  titre  (|u'elle  figure  souvent  dans  l'Omis  (3). 

Genre  Philomela. 
Philomela  luscinia  (4)  et  Philomela  majou  (3). 

Degland  a  fait  de  ces  deux  types  deux  espèces,  tout  en  remar- 
quant ([ue  des  ornithologistes  ont  considéré  le  l'h.  imiJDr  comme 
simple  race  du  Ph.  luscinia,  sans  doute  avec  raison,  car  il  ne  se 
di-itingiie  de  ce  dernier  que  par  sa  taille  un  peu  plus  forte,  sa  colo- 
ration ujodiliée  légèrement  par  le  climat,  et  l'une  de  ses  rémiges 
différant  en  longueur  de  celle  du  Rossignol  proprement  dit  (6). 

(1)  Ulencn  ileiili  l'ccelli  italiani,  elr..  p.  121,  I8S(Î-S7. 

(2)  In  Joiiiiiiil  fûi' OrniMiolnsisclio.  p.  .'illi.  .laliroslierichl,  18S.'),  des  Aiinchunes 
fiir  Hedhafliliinfinsldliiinen  (1er  Viigt'l  Deuhclilitnils. 

i'.ï)  Nmis  rPi.'iH'Ui)ns  l)p;iiicoiip  (io  ne  point  ronniiîlri'  le  rapport  de  M.  A.  Millier, 
(jui  avait  ('traiinonié  dans  le  Jour  liai  fur  Ornithologie  (p.  III,  janvier  ISSI),  mais 
(|ue  nons  avons  cherché  en  vain  dans  ce  journal.  M.  .\.  Millier  devait  discuter  sur 
la  coloration  des  formes  C.  sitecica,  Wolfi.  Icueneyaiiea  et  urientali.i. 

On  sait  que  M.  Bernard  .\ltun  (cilé  par  De^Iand.op.  ci'/.,  I,  p.  43(i),  avait  récust'-  les 
six  variétés  qu'on  avait  voulu  élaljlir  parmi  l'espèce  souche  C.  suecica  Ka\i- 
iiianin.  p.  K'iCi.  ISSti).  Il  avait  obtenu  des  individus,  pris  en  mars  et  avril,  chez 
lesquels  le  b'eu  de  la  î,'orf;e  et  du  cou  encadraient  une  jurande  liiclie  blanche  ou  roiis- 
s.'itre:  d'aiilres  chez  lesquels  la  tache  h'anclie  était  plus  élioile  nu  [iresque  ellacée; 
d'autres  chez  lesquels  la  !;orf;c  et  le  devant  du  cou  étaient  enlirreinent  biens; 
d'autres,  enfin,  dont  le  hausse  col  bleu  oITrail,  au  centre,  une  lâche  rousse  qui, 
ellernèuie,  est  ciiconscrile  par  un  cercle  blanc.  Toutes  ces  variétés  correspondent 
à  des  espèces  ou  sous-espèces  admises  par  (|ueli|ues  auteurs. 

(4)  Synonymie  :  Moturilla  liisciiiia.  Siilinn  lu.iriiiia,  CurrKea  lusriuid,  l.itscini:! 
philoiiirld.  I.U!iri<il<t  lit.ieiiiia.  Erijlhiiciis  /i/.ifiHii;. 

Ci)  l.iisrinid  major,  flotarilla  limcina  iiinjnr.  .Sylcia  philomela,  Motiicillii 
neilon.  I.usciola  philomela.  liri/thaciis philomela. 

ilii  M.  T.  Salvadori  Fautia  it'ltalia,\t.  9()  et  !»7)  (ail  cependant  deux  espèces  du 
Philomela  luseinia  et  du  Philomela  aetton.  M.  Giglioli  fAvifauna  italica, 
pp.  loi  et  10.5),  semble  également  les  dislioguer  spéciliqueinent. 


.'îbS  A.    SUCHETEÏ 

Nous  ignorons  si  le  croisement  de  ces  deux  types  se  trouve  men- 
tionné dans  (luelques  ouvrages  d'ornithologie  (1).  Il  nous  a  été 
indiqué  plusieurs  fois.  M.A.Hehre.de  Brieg, entre  autres,  nous  a  fait 
savoir  qu'on  prit,  il  y  a  trois  ans,  un  «  hastard  »  provenant  d'un 
Sprosser  [Ph.  wajor)  et  d'un  Rossignol  ordinaire  (Naclitiriall),  lequel 
fut  vendu  à  Neisse  à  un  M.  Bahnbcamter.  M.  Josef  Kramar,  de 
Plzen,  en  Bohème,  nous  dit  également  qu'il  a  tiré  souvent  des 
Rossignols  hybrides  de  la  Hongrie,  et  un  marchand  d'Oiseaux  de 
Neustadt  nous  a  cité  des  faits  de  ce  genre.  Il  faut  croire  qu'il  y  a 
quelque  chose  d'exact  dans  ces  dires;  des  renseignements  plus 
précis  nous  semblent  cependant  utiles  pour  afTirmer  le  croisement, 
d'autant  plus  que,  si  nous  en  croyons  M.  Kramer,  ces  hybrides 
sont  très  difficiles  à  distinguer  car  ils  ressemblent  beaucoup  au 
Sprosser  (le  gros  Rossignol).  La  couleur  serait  un  peu  plus  claire 
et  le  corps  plus  elTilé.  Ces  hybrides  supposés  ne  sont  peut-être 
que  des  variétés  du  Sprosser  ? 

Genre  Petrocincla 

PeTROCINCLA    SAXATILIS    12)   et    PEinOClNCLA    CVANEA    (3). 

Le  28  décembre  1840  fut  tué,  sur  le  Mont-Saint-Loup  (près  de 
Montpellier),  un  Merle  qui  était  toujours  en  société  d'un  autre 
Oiseau  lui  ressemblant  en  beaucoup  de  traits.  Le  berger  i[ui 
le  tua  cherchait  depuis  plus  de  quinze  jours  le  moyen  de  l'appro- 
cher, car  il  se  montrait  très  méfiant.  Au  milieu  du  jour,  il  faisait 
entendre,  lorsque  le  soleil  brillait,  un  petit  ramage  cadencé  comme 
celui  des  Fauvette-^  (4). 

M.  Crespon  eu  a  donné  la  description  suivante  :  «  Le  front,  le 
dessus  de  la  tête  et  toutes  les  parties  supérieures  d'un  bleu  mêlé  de 
brun;  mais  les  plumes  du  haut  du  dos  jusqu'au  croupion  et  les 
couvertures  des  ailes  sont  presque  toutes  terminées  de  blanc; 
les  côtés  de  la  tète  et  les  joues  blanchâtres,  teintés  d'azur;  gorge, 

(1)  Bechsiein  (.\fiUirqesclurliti'  dcr  Stuhpnihieye,  p.  SOT,  IS07),  parle  crpi'iidaiil 
i\a  Ikistrird-Xarhliriall  (If  Hossisnol  hybride).  Nous  ismiron-s  de  i|iirl  Oiseau  il 
vpui  parler. 

(2)  Autres  noms  :  Tiirdvx  .■fa.ratilis.  Saxicola  mnntann.  I.anius  infiiu:<t.us\ 
Petrocoasuphus  sa.ralilis,  Merula  sa.ratilis,  ilonticoln  saxatilis. 

(,3)  Nommé  encore  ;  Merula  cœrnlea,  Turdtis  solitariux,Turduf  cijaiuis.Peiro- 
cossijphus  cyanrus  ou  cynniis.  etc. 

(4)  Ce  récit  a  été  fait  à  M.  Crespon  par  M.  Lebrun,  de  Monipellier.  Voy.  Faune 
méridionale,  par  Crespon,  I,  p.  179,  1844. 


OISEAl'X    IIVBIUDES    RKNCONTnÉS    A    l'ÉTAT   SAIVAGrC  .'l.').'( 

ili'vnnl  otcùtésdu  cou  lihiiics,  avec  tiiielétj;(''ro  niumcc  de  bleu  d'a/.ui', 
une  liiifre  plaque  suc  la  poitrine  d'un  cendré  hleuAtre;  mais  sur  le 
milieu  de  celte  partie  celte  couleur  est  nu'lmjïée  de  iilanc  ;  parties 
inférieures  blanches  avec  de  petites  taclies  de  la  couleur  de  la 
plaque  qui  recouvre  la  poitrine,  les  flancs  portent -ésalenient  de 
grandesel  de  petites  taches  d'un  cendré  bleuâtre  ainsi  que  (juchiues 
teintes  couleur  de  rouille;  les  couvertures  supérieures  (;t  infériinires 
de  la  queue  sont  de  cette  même  couleur  avec  une  tache  noire  vers 
le  bout  de  toutes  les  plumes  (]ui  sont  terminées  de  blancliAti-e  ; 
rémiges  noires;  les  pennes  delà  fiueuesont  d'une  couleur  de  loiiille 
vive,  surtout  jirés  de  leur  base,  mais  entourées  et  terminées  de 
noir  ;  bec  et  pieds  bruns  ;  iris  brun  clair.'Lon^ueur  2i)  centimètres  ; 
mâle,  n 

M.  Crespon  pense,  comme  M.  I.ciiiuii.  ijiii  lui  envoya  l'Oiseau, 
que  c'est  un  hybride.  «  Plus  on  l'examine,  dit-il,  |)lus  on  est 
convaincu  ([u'il  est  le  i)ro(luit  de  deux  Oiseaux  difTércnts  ;  il  a 
d'ailleurs  toutes  les  formes  du  Merle  bleu  et  son  plumage  supérieur 
se  rapproche  de  celui  du  jeune  m;\le  do  cette  espèce,  tandis  que  sa 
queue  et  les  couvertures  de  celles-ci,  de  même  que  la  teinte  couleur 
de  rouille  des  lianes,  lui  donnent  les  plus  grands  rapports  avec  la 
femelle  du  Merle  de  roche.  Il  a  encore,  ajoute  M.  Crespon,  beau- 
coup de  ressemblance  avec  ces  deux  Saxicoles  par  sa  manière  de 
vivre.  » 

M.  Crespon  lui  a  doniu^  le  imm  d(?  Merle  azuré,  Tiinhix  n:inrit^. 
La  femelle  est  inconnue,  il  ne  su[)pose  pas  du  moins  que  l'Oiseau 
avec  lequel  il  vivait  de  compagnie  \)(\{  être  sa  femelle  (1). 

.MM.  Degland  et  Gerbe  (2),  qui  ont  vu  dans  l'intéressant  .Musée  de 
M.  Doumel,  à  Celte,  h-  Tnrdiis  (izitmis,  disent  qu'il  est  bien  certai- 
nement un  hybride  du  Merle  bleu  (Pctrorinrld  cyancfi)e[de  la  Petro- 
ciocla  de  roche  {P.  scuatiliK). 

Le  prince  Charles  Rnnai)arte  ne  partage  pas  celle  manière  de 
voir  (3),  car  il  s'exprime  ainsi  (4)  «  iiiiiiiiiii'  liiiliriiliisl  cum  sii.ralili ! 
sed  juu.  »  (du  Tiinhis  ri/nncm).  Cependant  le  prince  serait  entré 
dans   tme  véritable    coniradiclion  avec  lui-même,  il  aui-ait  dit  ("il 

(Il  Oj).  cit..  p.  170. 

(i)  Ornilhologie  Eunipixiiiir.  1.  p.  'liS,  l'.nis,  isi'û, 

(3)  Conspectus  generum  aviuiii. 

(4)  P.  297. 

(."il  In  Catalogue  Parzudaki,  p.  .'1,  niu'  mms  n'avons  pu  t-onsuller. 


3b4  A.    SUCHETET 

(d'après  MM.  Deglaud  et  GeiiM'  :    «   Hijhridus  nim   inantirola  sa.ra- 
tili  y>  (I). 

Genre  Turdus. 

TuRDUs  RUFicoLLis  (2)  et  Turdus  atrigularis  (3i. 

Dans  UQ  réceut  travail  (4)  M.  Th.  Pleski;  a  fait  connaître  plu- 
sieurs hybrides  du  Turdus  nifimllis  et  du  T.  atrigularis  qui  se 
trouvent  dans  les  collections  de  M.  N.  M.  Przewalski.  «  L'hybridité 
doit  arriver  très  fréquemment,  dit  M.  Pleske,  chez  ces  deux  espèces 
dont  les  descendants  ressemblent  tantôt  jdus  à  Mcrula  nificullis, 
tantôt  plus  à  M.  atrigularis.  Les  hyl)rides  eu  question  sont  cepen- 
dantdedeux  types,  soit  qu'ils  s'approchent  davantage  de  l'une  ou  de 
l'autre  espèce.  Dans  la  collection  Przewalski  il  se  trouve  des  exem- 
plaires de  ces  deux  types.  « 

Les  individus  qui,  d'après  le  savant  académicien,  peuvent  être 
considérés  comme  ayant  une  double  origine,  sont  les  suivants  : 

Tgpe  (le  Mernla  ruficollis, unique  exeniplaire.  «  Ne  se  distingue  de 
Merula  ruficollis  typique  que  par  la  couleur  de  sa  poitrine  qui  n'est 
point  rouge  de  rouille  mais  de  couleur  beaucoup  plus  foncée, 
pi'esque  cliàlain.  Si  le  dessin  ressemble  davantage  à  celui  de  Merula 
atrigularis,  il  s'en  éloigne  par  la  couleur.  Ce  sont  les  seuls  signes 
qui  le  distinguentdu  Merula  ru  f\e(illis\.\'\y\e\nç.  Dimensions:  Culmen 
24™"",  ailes  13.j'"™,  queue  103'"™,  tarsus  34°>™.  Cet  Oiseau,  de  sexe 
mâle,  fut  acquis  parM.  Przewalski  dans  le  premier  voyage  qu'il  fit 
en  1872  au  Muni-ula.  Il  porte  le  n"  10,749. 

(1)  Le  Merle  bleu  9  et  le  Meiie  de  roche  c""  jeune  oITrent  île  notables  ressem- 
blances; ce  sont  p-incipalenient,  d'après  deux  échantillons  conservés  au  Musée  de 
Rouen,  les  pennes  de  la  queue  brun  rou.v  du  mâle  jeune  saxalilis  (différant 
de  celles  de  la  '^  cyanea,  qui  les  a  de  couleur  noir  bleuté)  qui  peuvent  servir 
principalement  à  diUérencicr  les  deux  types,  ainsi  que  les  lianes  plus  roux  du 
premier,  lesquels  sont  gris  clair  bleuté  chez  la  femelle.  Il  serait  donc  sans  doute 
dilTicile,  si  Ton  venait  à  rencontrer  soit  un  jeune  mâle  hybride,  soit  une  femelle 
hybride,  de  reconnaître  positivement  leur  double  origine.  Devant  plusieurs  cxem- 
(ilaiies  exposés  au  Musée  de  M.  Noury,  à  Kllieuf,  nous  avions  également  note 
qu'un    «   liybriile  jeune  de  ces  deux  espèces  paraîtrait  dillicile  à  décider.  » 

(2)  Ou  Tiirdus  enjthriinis.  ou  Meriild  riificolli.'',  ou  PUmeslicus  ruiicollis. 
(:{)  Autres    noms  :    Merula     atriijvluri^,    PInnesticus    alrigiil<iri<,    Sylria 

(itrigiilnris. 

('()  Wissetischaftliche  Hesiilldie  (1er  van  .V.  .)/.  Przeunlski  micli  Crnlral  Asien 
((ufkaiserlielien  Huhrit  dem  Crijssfiirsten  Tlironfnlger Mkolai ÀlcranUrouitsch 
gespendciitciit  Summe  herau^gegrlien  von  der  Ivaiscrlichcn  Akadomie  der 
VVissenschaften,  II.  p.  0,  10,  II,  12,  13.  U  et  15. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE  1.")") 

Ereiiipluiies  lijin's  de  Menda  atrigulaiis.  «  Le  n"  11,271  est  un 
jeune  Oiseau  qui  ressemble  dans  tout  son  hithiliis  à  Menda  alriiju- 
laris,  il  possùdc  cependant  deux  marques  qui  font  reconnaître 
cliez  lui  l'orijiine  rnjirullis.  Les  plumes  dtî  la  poitrine  et  celles  des 
parties  latérales  du  cou  ont  à  l'extrémité  des  taches  noires,  ciiez 
les  exemplaires  de  Menda  alrùjidaris  du  même  âge  ces  plumes  sont 
largemeul  bordées  de  noir.  Par  la  détérioration  de  cette  bordure 
grise,  le  noir  du  thorax  s'aperçoit  davanlajic  de  jour  en  jour.  Le 
môme  rapport  existe  également  chez  .I^t.  nifieolU^,  avec  la  didé- 
rence  que  les  taches  chez  celui-ci  sont  rouge  de  rouille.  Chez  les 
exenq)laires  présents,  les  taches  en  forme  arrondie  comme  nue 
goutte  manquent  sur  beaucoup  de  plumes  des  côtés  du  cou  et  sont 
rein[)lacées  par  dt;  plus  petites  taches  roiigeâtres,  (iui,cependant,ne 
sont  i)as  si  intenses  ([ue  chez  les  jeunes  Mernla  nij'iroUis  ».  M.Pleske 
n'a  pu  remarcpier  un  tel  phénomène  chez  les  Meniia  tilrii/nlaris 
typiques.  «  La  seconde  marque  distinctive  est  visible,  ajoute-t-il, 
aux  plumes  de  la  ipieue,  dout  les  deux  extièmes  de  chaque  côté 
laissent  voir  un  tim  de  couleur  de  rouille  rouge  et  ont  au  h;iut 
des  tiges?  plus  claires  que  chez  les  autres  plumes  «. 

«  Ex.  n"  11272,  plus  âgé  que  rexenq)laire  ])récé(lent,  i):ir  coiisé- 
(|uent  II!  bouclier  pectoral  est  plus  visible.  Les  plumes  tectrices 
sont  de  nouveau  caractéristiques,  les  trois  extrêmes  de  chaque  côté 
sont  assez  fortement  rouge  di'  rouille  vers  les  pointes.  Les  tiges  de 
ces  mêmes  jilumes  sont  plus  claires  que  celles  des  autres  et  à  la 
barbe  extérieure  des  parties (6a.sa/t/)e(7c)  des rectrices  se  fait  voir  un 
coloris  rouge  de  rouille  foncé.  » 

Ex.  no  11273,  du  même  âge  que  le  précédent  ;  se  montrerait, 
d'après  .M.  IMeske,  comme  descendant  direct  d'un  cou|)le  mélangé! 
Cl  Les  côtés  des  bordures  sur  tout  le  boucJier  pectoral  {llnts(child) 
l)Ossèdent  un  coloris  brun  rouge  qui  ap|)araitde  là  sur  tout  le  thorax. 
Les  plumes  rectrices  sont,  pour  la  plus  grande  partie,  rouge  de 
rouille  ;  celles  du  milieu  possèdent  cette  couleur  à  la  base,  les 
antres  dans  la  i)artie  moyeune  mélangées  itius  ou  moins  d'une 
couleur  foncée;  les  rectrices  extérieures  sont  presi|ue  uniformément 
rouge  de  rouille,  l'ius  les  rectrices  sont  couchées  vers  l'extérieur, 
|ilus  le  haut  du  tuyau  est  clair. 

«  Ex.  n"  11.27'i,  vieux  mâle  de  couleur  pres([ue  monochrome 
à  la  gorge,  mais  dont  le  coloris  ne  paraît  pas  de  couleur  aussi 
mate  que  chez  les  exemplaires  typiques.  On  y  remarque  aussi, 
bien  davantage,  une  teinte  brunâtre  légère  sur  le  thorax.  Les  barbes 
extéiieures  des  parties  voisines  du  tuyau  des  |)lumes  rectrices 
sont  ou  bien  monochromes  (couleur  brun-rouge),  ou  bordées  du 


;{o(i  A.    SUCHETKT 

même  coloris.  Les  rectrices  les  plus  extérieures,  plus  brunes  par 
rapport  aux  autres,  sont  légèrement  ef(lenréesd"un  rouge  de  rouille 
et  leurs  tuyaux  sout  plus  clairs  x. 

«  Ex.  n"  11.275,  très  ressemblant  au  précédent,  priucipalement 
en  ce  qui  concerne  la  couleur  définitive  de  la  queue  ;  mais  il  diflère 
de  celui-ci  en  ce  que  le  tliorax  n'est  pas  aussi  uniforme,  et  les 
Ijordures  blanchâtres  de  son  habit  de  jeuuesse  sont  encore  bien 
conservées.  Les  bordures  latérales  des  plumes  du  thorax  ont  ici 
pareillement  une  couleur  foncée  brun  de  rouille,  mais  assez  passées 
cependant  et  s'aperçoivent  par  là  moins  bien.  » 

Ex.  N°  1127G.  Oiseau  très  intéressant,  dit  M.  Pleske,  et  ayant 
déjà  attiré  l'attention  de  M.  N.-M.  Przewalski.  «  Cet  exemplaire  est 
tlans  sa  livrée  de  couleur  passée  de  printemps, de  là  la  couleur  noire 
du  bouclier  pectoral  peu  vive.  Par  contre  s'étale  partout,  parmi  les 
plumes  noirâtres  de  la  gorge  et  de  la  poitrine,  sur  les  paupières  et 
des  deux  côtés  du  lorum,  un  coloris  clair  rouge  Isabelle.  Les  plumes 
caudales  sont  colorées  d'un  rouge  de  rouille  moins  vif  que  chez  les 
exemplaires  précédents,  elles  montrent  cependant  encore  des 
traces  de  cette  couleur,  (jui  s'annonce  surtout  comme  bordure  rouge 
de  rouille  vif  aux  barbes  extérieures  des  rectrices.  Outre  cela,  on 
remarque  aux  barbes  internes  de  toutes  les  plumes  rectrices,  à 
l'exceiitiou  des  deux  du  milieu,  un  ton  de  couleur  de  rouille  rouge 
plus  ou  moins  intense.  » 

«  Ex.  N»  11277  est  de  nouveau  presque  revenu  au  type  Meruln 
(itrifinliiris,  tandis  ({u'il  n'y  a  cjue  sur  les  barbes  extérieures  de  la 
partie  basaltique  de  quelques  plumes  rectrices  de  petites  bordures 
de  couleur  de  rouille  rouge,  et  les  tiges  des  deux  plumes  rectrices 
extrêmes  de  chaque  côté  paraissent  plus  claires  que  chez  les  autres, 
une  faible  trace  de  couleur  de  rouille  se  l'econnait  facilement  à 
leurs  barbes  intérieures.  » 

«  Ex.  N°  11278  est  un  jeune  Oiseau  qui  possède  seulement  dans 
la  partie  interne  des  barbes  des  rectrices  une  couleur  rouge  de 
rouille  assez  intense.  Hors  cela,  les  tiges  de  ([uelques-unes  des  rec- 
trices sont  entièrement  claires  ou  en  partie.  » 

Le  sexe  de  tous  ces  Oiseaux  est  le  sexe  mâle,  sauf  le  n"  1 1278,  qui 
est  femelle;  M.  Pleske  a  dressé  un  tableau  comparatif  de  leurs 
dimensions  (1). 


(1)  Voirpoiii'  ces  descriptions  et  renseignemenis  le  mémoire  île  M,  Pleske,  p.  Il 
il  p.  14.  La  traduction  qui  nous  a  été  laite  iiVst  cerlainemenl  poini  parfaite,  et 
peut-être  s'y  est-il  glissé  quelques  erreurs.  Celle  réilexion  peiU.  sans  doule,  s'ap- 
liUipier  à  plusieurs  autres  haduclioiis. 


OISEAUX    HVHHIDES    RK.NCONTRKS    A    LKTAT    SAUVAOK  'M'Û 

(■luoutix',  Al.  l'ioskt'a  l'ait couiiaîlre  lescudioils  où  M.  l'rzuwalski 
a  découvert  les  liiiit  deruiers  numéros,  cVst-àdire  les  hybrides  se 
ra|)|M-oclr,iut  du  type  Mmila  (ilrli/ularis.  «  Trois  de  ces  exenipiitires 
(ureut  observés  probablement  eu  uiùuie  temjjs  que  cette  (orme  i)eu- 
daiit  le  voyage  de  Lob-nor  dans  le  Tjan-Schau,  auprès  du  Lobiior 
el  dans  h'  Altyu-Taf;h.  Une  [)iéi-e  fut  tirée  eu  mars  188't,  près  <lu 
village  de  lJauil)a,  dans  la  proviuce  de  Gaussu,  et  dans  le  couimeu- 
cement  d'octobre  de  la  même  année  ou  rencontra  dans  le  Zaidan 
mi-ridional  (pielques  exem|)lair('s,soit  isolés, soit  [>ar  paires  «.  Quatre 
(le  ce  nomlu-e,  et  qui  se  trouvent  dans  la  collecliou,  ont  été  recon- 
nus hybrides;  par  conséquent,  dit-il,  il  I aul  admettre  que  M.  l'rzc- 
walski  a  i-cucoulré  toute  une  couvée  il'liybrides.  » 

l/émiuent  conservateur  du  Musée  de  l'Académie  de  St-Péters- 
liourg  (ail,  eu  outre,  au  sujet  de  ces  cioisements  présumés,  les 
r('llexions  suivantes  : 

Si  l'on  admet  qu'un  byjjride  1/2  sang  se  croise  avec  un 
rxeniplaiie  lypii|Mi',  cl  (|ue  ses  descendants  s'accoui)leul  de  nou- 
veau avec  des  exemplaires  ty|ii(|ues  de  la  même  esjjèce,  il  ne 
restera  plus  à  la  lin  que  de  faibles  traces  de  la  descendance  des 
deux  espèces;  à  la  quatrième  génération,  par  exemple,  il  ne  reste 
liius  que  1/1(>  de  sang  de  l'une  des  espèces  mères.  De  là  vient, 
ajoutet-il,  <|ue  beaucoup  d'exenq)laires  de  la  même  origine  se  res- 
sembleut  extrêmement,  taudis  (ju'ils  portent  à  peine  quelques 
traces  de  la  coubuir  de  l'autre  espèce  (1). 

Ici  nous  prions  le  lecteur  de  bien  vouloir  se  reporter  aux  remar- 
ques que  nous  avons  déjà  préseutées  à  l'article  des  Mésanges  ('. 
l'icslti'i  X  ('.  ci/dnits  (p.  310).  Nous  ue  pensons  point  (|ue  l'on  puisse 
toujours  détermiuer  (par  les  caractères  de  coloration  et  de  la 
liMiiu;)  l'origine  des  hybrides.  Le  croisemeut  de  deux  espèces 
|)ures  donne  (luelquefois,  nous  l'avons  dit,  des  produits  presque 
en  tout  ressemblant  à  nue  seule  des  deux  espèces,  en  sorte  que 
l'on  pourrait  supposer  que  ces  lu-oduils  proviennent  d'un  mélange 
d'hybrides  déjà  eu  train  de  (aire  retour  à  l'un  des  ancêtres,  ce  ([ui 
n'est  pas.  Nous  pouvons  rappeler  l'exemple  déjà  cité  de  deux 
hybrides  demi-sang  l'rinij.  cnnavio  dom.  X  ('(ird.  i-lriianx  dont  la 
coloration  et  la  (orme  ne  rappellent  i)resque  en  rien  celles  de  cette 
dernière  espèce. 

Dans  son  imi)ortant  mémoire,  M.  Th.  PlcsUe  <lisail  (2j  (jne  le  U'' 
Dybowski  avait  déjà  (probablement  pour  la  première  foisi  appelé 

(1)  Op.  cil.,  p.  9. 

(2)  Voy.  p.  lOet  H. 


338  A.    SUCHKTET 

l'utlentiou  sur  le  chaDgemeot  de  (orme  entre  Meruln  nificolUs  et 
M.  atriyidaris  et  que  celui-ci  considérait  une  partie  de  ces  exem- 
plaires comme  étant  des  hybrides  (à  cause  de  leurs  marques  mélan- 
gées reconnaissables),  taudis  qu'il  prenait  les  autres  pour  une 
espèce  qu'il  anoniuiée  Tuiiln.'i  hycinalis. 

Le  savant  académicien  ajoutait  que  de  pareils  exemplaires  furent 
trouvés  ])lus  tard  en  Chine  par  l'ablié  David,  et  à  Gilgit  par  le 
major  Biddulph. 

Dans  les  «  Stray  Feathers  »  (1)  le  major  Biddulph  constate,  chez 
plus  de  trente  spécimens  l'ulicullis  chinois  qu'il  possède  (2),  une 
coloration  qui  ne  lui  parait  point  régulière  (3). 

(1)  IX,  n»'oet6,  pp.  318  et  319,  septembre  ISiSl  (Heprinled  froin  the  IhisJ. 

(2)  Origine  :  Anam,  Miinipar,  Sikline,  le  liluitan,  Duars,  etc. 

(3)  u  Je  ne  puis  coniprendie  comment  il  se  fait,  dit  l'ollicier  anglais,  que  dans 
aucun  lie  ces  trente  spécimens,  ni  la  gorge  ni  la  poitrine  ne  soient  brun  van  DyeU 
foncé  avec  une  couleur  ferrugineuse  et  les  étroites  bordures  ferrugineuses  aux 
bouts  des  plumes;  pas  un  seul  ne  possède  une  gorge  foncée  uniforme.  Dans  les 
vieux  mâles  adultes,  le  menton,  la  gorge  et  la  poitrine  sont  tout  à  fait  d'un  rou.x 
uuitorme  rouille,  plus  vif  dans  quelques  spéciuiens  et  d'une  teinte  brune  plus 
claire  chez  les  autres.  Chez  quelques  jeunes  màlcs,  il  existe  de  chaque  côté  de  la 
gorge  une  seule  raie  étroite  mal  délinie  de  petites  taches  sombres.  Cependant  chez 
ceux  qui  sont  moins  âgés  ces  raies  sont  plus  larges  et  plus  visibles.  Les  plus  jeunes 
(lise.iu.\  sont  semblables  aux  femelles  (le  Major  doute  toutefois  que  les  jeunes 
miles  aient  toujours  des  taches  sombres  sur  la  poitrine).  Les  femelles  adultes  ont  le 
centre  de  la  gorge  nuance  crème  ou  blanc  roux,  tacheté  de  roux  de  rouille,  et  les 
lignes  maxillaires  sont  bien  marquées,  presque  noires,  dans  beaucoup  de  spécimens, 
et  se  continuent  derrière  les  couvertures  de  l'oreille  qu'elles  enloureni .  La  poitrine  est 
d'un  roux  de  rouille  plus  sombre  que  dans  les  mâles  ;  les  plumes  sont  plus  ou 
moins  frangées  de  nuance  crème  ou  blanc  chamois,  et  la  poitrine  est  plus  ou  moins 
fortement  pointilléc  de  taches  brun  noirâtre  en  forme  de  llèche.  Daus  les  plus 
jeunes  femelles,  encore,  le  roux  de  la  poitrine  est  très  faible  et  mélangé  avec  le  brun 
cendré  de  la  surface  supérieure.  Les  taches  rousses  sur  la  gorge  manquent  presque 
complètement,  et  les  taches  plus  sombres  sur  la  poitrine  sont  plus  ou  moins  fanées. 
Huant  à  la  queue,  on  ne  peut  supposer  qu'elle  soit  tout  entière  d'un  roux  pur, 
même  dans  les  mules  les  plus  âgés  les  deux  laines  des  plumes  du  centre  sur  la 
longueur  d'un  pouce  sont  brun  cendré  aux  bouts,  et  sur  les  trois  ou  quatre  paires 
de  plumes  voisines,  il  existe  une  plus  ou  moins  grande  iiuantilé  de  cette  couleur,  au 
moins  sur  les  lames  extérieures  vers  les  bouts.  Quelques  mâles  tout  à  fait  adultes 
ont  les  deux  plumes  du  centre  entièrement  brun  cendré.  Dans  beaucoup  de  jeunes 
Oiseaux  toutes  les  lames  extérieures  de  toutes  les  plumes  de  la  queue,  excepté  les 
deux  ou  trois  extérieures  tout  à  fait  à  leur  base,  sont  de  ce  même  brun;  mais  à 
tous  les  âges  les  lames  intérieures  des  plumes  extérieures  de  la  queue  sont  d'un 
roux  généralement  pur,  quelquefois  un  peu  ombrées  de  brun  cendré  et,  quand  les 
Oiseaux  sont  un  peu  plus  vieux,  la  totalité  des  lames  intérieures  des  plumes  laté- 
rales de  la  ((ueue  dans  les  mâles  deviennent  d'un  beau  roux  rouillé  pur.  Dans  les 
femelles  une  certaine  quantité  de  brun  cendré  semble  toujours  rester,  même  sur 
les  lames  intérieures  des  plumes  latérales  de  la  queue  vers  les  bonis.  » 


OISKAl  X    IIVBIUDKS    HKXCO.NTRKS   A    I.'kïAT    SAtJVAGK  '41}'J 

L'aiiiKH'  suivMiile  dans  la  rm^iiie  revue  iiidieuiie  (li  et  dans  le 
journal  ornilln)l()gii[uo  anglais  <(  l'Ibis  »  (:J),  le  major,  ai)ii;s 
avoir  coiu|iaié  avec  uu  j^rand  nombre  do  s|)écimeus  du  Musée 
l)iitauni(|ue  et  d'autres  eoUeclions,  le  spécimen,  elassé  comme 
ruiinillis  dans  sa  [)réeédenle  publication  (3),  pense  que  celle 
|iiéce  ne  [leut  conserver  cette  dénomination,  les  marques  étant 
essenliellemeut  les  mêmes  (|ue  celles  do  T.  ruIicoUis  et  de  7".  nlru- 
iinlaris,  à  l'i.'xeeptii)U  de  la  couleur  de  la  poitrine  et  de  la  queue. 
Cette  dernière  partie  est  rousse,  à  peine  aussi  Ijrillante  que  dans 
les  spécimens  du  type  T.  nilicullis,  mais  beaucoup  plus  brillante 
que  chez  les  exemplaires  ï'.  (U/w/«/«*7.s  ;  la  poitrine  est  d'un  beau 
brun  van  Dyck  foncé,  Ijeaucoup  plus  sombre  (|ue  chez  ï'.  rulhvllis, 
ipie  l'on  distingue  aisément  de  celle  de  T.  ulroijularis.  Ce  serait  en 
(lélinitive  un  spécimen  /'.  Iiiicnialis  iDybowski)  que  le  major  aban- 
donne toutefois  à  l'appréciation  de  M.  Seeliolim,  alin  ([ue  celui-ci  le 
range  à  son  idioix  ou  dans  la  classe  des  hybrides  ou  bien  dans  celle 
des  espèces  pures  (4). 

lîst-cc  parmi  les  Ircnte  spécimens  à  coloration  ditlicile  à  exidicpier 
que  .M.  l'ieske  a  vu  des  hybrides,  ou  plutôt  a-t-il  constaté  l'hybri- 
disme  seulement  dans  le  dernier  exemplaire  ((ue  na  pu  classer 
le  major,  nous  l'ignorons. 

De  même  dans  les  Oiseaux  de  la  Chine  (o)  nous  ue  voyons  aucune 
mention  concernant  les  croisements  de  T.  nilicdllis  et  de  T.  atriffu. 
I(tri>i,  dernière  espèce  que  les  auteurs  ne  mentionnent  même  pas. 
Nous  lisons  seulement  (f!)  ([ue  M.  l'abbé  David  possède  uu  mâle 
adulte  de  /'.  ;»/)Vo//(.s  dans  lequel,  «  par  un  phénomène  de  mélanis- 
me  analogue  à  ceux  ([ue  l'on  observe  également  dans  le  T.  Xiiii- 
iiKinni,  les  teintes  rousses  du  cou  et  de  la  ]ioitrine  sont  remplacées 
|iar  du  noir,  la  queue  ei  le  dessus  des  ailes  conservant  la  même 
couleur  i-ousse  rpie  dans  l'Oiseau  normal.  C'est  peut-être  dans  cet 
exi'uiplaire  qu(!  .M.  l'ieske  croit  reconnaître  l'hybridisme'.' 

Cependant,  le  savant  missionnaire,  que  nous  avons  consulté, 
n'ayant  jamais  rencontré  le  T.  (tlnujulnris  en  Chine  ne  pense  point 

(Ij  -X,  II"  4,  pp.  202  el  2G:!,  jiiillel  I8.S2.  Fiirlvr  noies  un  llic  liiiils  ufCiUjil. 

(2)  Ibis.  p.  271,  1882. 

(:i)  Ibis,  p.  ."i;!.  1881. 

(4)  La  l'olleclion  di;  M.  Sccboliiii  eonlItMl  nii  spécimen  sembl.ibli'  piovonanl  du 
liic  Baikiil  il  un  iiulri-  ayinil  encuie  vlv  lue  par  !<•  niajoi-  dans  le  ^n^kand,  Mais 
M.  SecboliiM  ne  (ait  allusion  à  auiun  hybride  dans  son  Catuloijiie  nj  Ilinh  nf 
llrilish  Muséum. 

(il)  Les  Oiseaux  delà  Chine,  par  l'abbé  Armand  Uavul,  rorrespondani  de  llns- 
lilul,  el  K.  Ouslalel.  docteur  èssciences,  avec  allas,  p.  i;>7,  Paris,  C.  Mas.sou,  IS77. 

((i)  l'.  lo7. 


360  A.    SUCHETET 

avec  raison  que  le  cas  de  mélanisme  du  nificolUs  qu'il  cite  puisse 
être  pris  pour  une  marque  certaine  de  croisenieut  ■à\w\niiitjuUiris. 
Néanmoins,  il  avoue  qu'il  conserve  quek|ues  doutes  à  cetésiird; 
et  il  admet  que  les  ornitliologistes  qui  ont  en  main  d'abondants 
éléments  de  comparaison  puissent  trouver  les  deux  formes  typiiiues 
passant  lacilement  de  l'une  à  l'autre  «  ces  formes,  eu  délinitive, 
n'étant  peut  être  que  des  niauièi'es  d'être  de  races  géograjibiques 
d'une  seule  et  même  espèce.  » 

M.  Taczanowski,  eu  rendant  compte  des  recherches  ornilholo- 
giques  du  D''  Dybowski  dans  l'Est  de  la  Sibérie  (1),  dit  «  que  le 
T.  nilicolUsmonlrede  nombreuses  variétésde  couleur;  ces  couleurs 
ne  sauraient  être  attribuées  ni  à  l'âge  ni  aux  saisons,  car  à  toute 
époque  on  trouve  les  variétés  les  plus  distinctes.  Ces  distinctions 
ne  se  remarquent  en  général  et  pour  la  plus  grande  partie  que  sur 
l'écussou  de  la  poitrine.  Celle-ci  est  chez  quebjues  Oiseaux  mâles 
d'un  brillant  jaune  de  rouille  dans  tout  son  contour,  sans  une  seule 
trace  de  taches  ou  d'autres  changements;  d'autres  individus,  au 
contraire,  ont  sur  chaque  côté  de  la  gorge  de  petits  traits  formés 
par  un  assemblage  de  petites  taches  noires.  D'antres  sont  plus  ou 
moins  distinctement  tachetés  au  cou;  les  uns  possèdent  celle 
jiarure  seulement  sur  la  poitrine  supérieure,  d'autres  l'ont  sur 
l'écussou  entier  de  la  poitrine  et  d'une  manière  plus  ou  moins 
visible.  Les  plumes  jaunes  de  rouille  sont  encadrées  chez  qnel- 
(jues  individus  par  une  bandelette  blanche,  ce  <|ui  fait  ])araître 
toute  la  partie  sujiétieui'e  plus  ou  moins  écaillée;  chez  quelques 
individus  cet  encadrement  est  tellement  grand  que  le  fond  rouge 
de  louille  disparaît  presque  devant  la  couleur  claire  avec  ses  dilîé- 
renles  taches.  La  couleur  du  fond  rouille  rougeàtre  de  l'écussou 
de  la  poitrine  est  plus  blême  chez  (juelques  individus,  chez  d'autres 
plus  ou  moins  foncée,  la  couleur  du  trait  de  l'œil  y  est  analogue 
aussi,  chez  quelques-uns  elle  (>st  partout  couleur  de  chocolat.  11  y 
a  des  exeinplaiies  (pii.  sur  un  fond  clair  ou  foncé,  possèdent  des 
taches  brunes  en  forme  de  nuages,  assombrissant  le  fond  plus  ou 
nmins  foitement.  Chez  (juelques  mâles,  le  devant  du  corjis  est 
également  plus  ou  moins  ressemblant  à  celui  des  femelles,  c'est-à- 
dire  clair  tacheté  de  cette  teinte  foncé  qui  se  présente  de  différentes 
façons.  De  tels  mâles  sont  probablement  de  jeunes  Oiseaux. . .  « 

«  i'aiiui  les  nombreuses  variétés,  la  plus  intéressante  de  toutes 

(I)  .louinal  fui'  Urnilliologio,  111,  Uelll.  VU,  p.  W"  It  p.  440.  noveiiibi-f  1872. 
l.'arliclc  est  inlilulé  :  Hericlil  iiber  (lie  ornilhologischeii  rnderfiicliiingen  in 
O.-it  Siheriei^  den  il'  Dylioicski  von  T.  Tacznnnwslu. 


oi8i:au.\  iivitmnKS  iiknco.ntiiks  a  l'ktat  sauvagk  Util 

est  uu  exemplaire  mâle  avec  le  devant  du  corps  coniine  chez 
l'Oiseau  typi([ue  du  7'.  Insniiu.-i.  11  a  une  jiorgc  d'un  clair  jauuàlre, 
nue  large  haude  eu  finine  d'arc  :  le  manteau  entier,  les  côtés  et  la 
i|iitMie  sont  au  contraire  comme  à  l'ordinaire.  Les  femelles  ne 
montrent  pas  moins  de  variétés,  soit  par  la  couleur  du  fond,  soit 
jiar  celle  des  taches  ;  cependant  ces  variétés  ne  sont  pas  j^roupées 
comme  chez  les  mAh^s...  l'n  jeune  Oiseau,  m'ouveil  de  sou 
dernier?  haiiit,  tué  dans  les  monts  de  (ihamardabau,  le  l;j  juillet 
1870,  ressemble  au  petit  du  T.  pildrix,  seulement  la  queue  est 
jaune  de  rouille,  à  part  les  deux  rectrices  médianes  qui  sont  olivâ- 
tres. Quant  aux  autres,  la  partie  externe  de  la  iiordure  est  couleur 
olive  et  l'extrémité  hrune.  La  couleur  principale  du  dos  est  gris 
olivâtre,  mais  sans  taches  de  rouille,  seulement  tachetée  de  blanc 
comme  chez  T.  plUiris.  Les  taches  toutefois  sont  plus  courtes,  plus 
larges  et  comme  faites  au  pinceau.  Des  taches  analogues  se  retrou- 
vent sur  les  couvertures  des  ajles.  La  partie  inférieure  des  côtés 
du  corps  est  comme  chez  la  jc'une  Grive.  » 

Hnliu,  dit  tonjonis  .M.  Taczanowski  (1),  «  le  tl''  Dybovvski  cousti- 
dére  la  variété  avec  l'écusson  foncé  en  forme  de  nuage  comme  nue 
espèce  ou  race  distincte  sous  le  nom  de  T.  Iiijcmalin  en  faisant  remar- 
quer ce  qui  suit  :  cett(!  espèce  vient  ici  en  hiver  et  séjourne  durant 
cette  saison  sur  les  bords  des  ruisseaux  et  des  sources,  où  elle  se 
nourrit  en  abondance  de  larves  de  Diptères  et  de  Névroptères;  au 
milieu  d'aviil  elle  s'envole,  l'ai-  contre,  le  1)'  Dybowski  et  le  1)'' 
(labanis  considèrent  comme  hybriiles  les  variétés  qui  se  distinguent 
des  Oiseaux  typiques,  et  cela  par  la  queue,  qui  est  à  sa  partie  supé- 
rieure brun  foncé,  même  |)res(iue  noire,  par  le  dessous  de  la  gorge, 
le  devant  du  cou  et  la  raie  des  yeux  {(im/t'uslrcil)  presiiue  noirs, 
comme  le  spécimen  cité  plus  haut  cl  (jui  a  une  bande  (ou  raie)  analo- 
gue à  celle  de  T.  fiisraltia. 

Des  renseignements  qui  nous  ont  été  fournis,  il  parait  ressortir 
que  les  exemplaires  obtenus  par  M.  Dybowski  près  du  lac  Baïkal  se 
trouvent  au  .Musée  de  Berlin.  Or,  plusieurs  d'entre  eux  se  rappor- 
teraient :  les  uns  au  croisement  du  Tttrdits  fusnitus  avec  le  T.  Xaii- 
iimnnii,  les  autres,  au  contraire,  au  croisement  du  Tuidun  ruficoUis 
et  du  T.  alronuliiris.  C'est  du  moins  la  communication  ([ue  nous  a 
faite  M.  le  1)""  Heicheuow  et  M.  Paul  .Matschie.  Ou  trouve  une 
indication  de  ce  genre  dans  l'ouvrage  de  .M.  Seebohm  (2).  «  Le 
[ilus  proihe  allié  du  Black   tiiroated  Ouzel  (7'.  (ilriijnluns),  dit  cet 

(I)  1'.  iat». 

(i)  A  lli^tuiii  iif  «n(i.s/(  Ilinis,  I,  p.  :i:A. 


362  A.    SUCHETKT 

auteur,  est  iiuluhitahlt'uieut  le  Red  throated  Onzel(r.  nificollis);  les 
espèces  sont  si  prorhrs  jhi mites  qu'il  y  a  des  raisons  de  croire 
qu'elles  se  cioiseul;  dans  le  Muséum  de  Berlin,  il  existe  une  série 
complète  de  formes  intermédiaires,  de  l'une  à  l'autre  forme,  mon- 
trant les  deux  extrêmes,  toutes  coUectiouuées  par  M.  Dybowski 
sur  les  rivages  méridionaux  du  lac  Baïkal,  en  avril  et  mai.  » 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  T.  rufirollis  se  rapproche 
aussi  de  très  près  de  T.  Naumanni;  jes  deux  espèces  n'ont  même 
pas  toujours  été  distinguées  l'une  de  l'autre;  M.  Radde  (1),  si  l'on 
en  croit  M.  Severlzow  (2),  les  aurait  confondues. 

Les  produits  du  T.  ruficoUis  X  Naumanni  seraient  donc  sans 
doute  faciles  à  confondre  avec  les  hybrides  T.  atriijularis  X  i\na- 
iiianni  si  de  tels  hybrides  venaient  à  se  produire. 

Les  explications  données  par  le  major  Biddulph  nous  ont  paru 
assez  confuses;  celles  de  M.  Taczauovvski  ne  nous  ont  pas  paru 
absolument  précises;  cela  vient  sang  doute  de  ce  que  nous  nous  ne 
connaissons  point  d'une  façon  suffisante  les  types  purs.  Du  reste, 
lors([ue  deux  espèces  sont  aussi  voisines  que  le  sont  T.  atriynlarls 
et  7'.  iii/icollis  et  que  ces  espèces  sont  sujettes  à  des  variations, 
il  sérail  peut-être  utile,  pour  déclarer  sûrement  hybrides  les  indi- 
vidus à  coloration  mélangée,  de  constater  de  clsii  les  croisements 
des  espèces  pures?  Nousavons  vu  dans  le  laboratoire  de  M.  Oustalet 
un  jeune  nijicollis  rapporté  des  voyages  du  [irince  Henri  d'Orléans 

(Ij  Ucis  in  Sud  von  Osl.  Sib.,  VIII. 

(2)  lî.rli-itit  des  Notes  de  Dresser  sur  la  Faune  du  TurUeslan,  par  Severlzow, 
Ibis,  n»  104,  p.  334,  IS7.S. 

Le  seul  caniclère  qui  apijarail  eoiislaiit  à  tous  les  âges,  d'après  Seeboliiii_ 
Catalogue  of  Ihe  Birds  on  Ihe  Hritish Muséum,  v.  p.  270,  1888.  cslla  couleur  •  o/' 
llie  underparts  beloœ  Ihe  lireasl.^  Les  T.  Naumanni  sonl  toujours  ■  more  or  less 
marked  wilh  chesnut  wliitst  lliey  are  nerer  so  in  il.  ruficollis.  »  Pour  M.  labljé 
Uaviil,  Oiseaux  de  la  Chine,  p.  LiO,  le  T.  ruficollis,  e'eslàdire  la  Gi-ive  à  col 
roux,  se  distingue  de  la  (irive  de  iNauiiiaiin  par  la  teinte  cendrée  de  ses  parties 
iiilérieures  ;  elle  n'a  pas,  comme  celle  dernière,  les  flancs  lavés  d'une  teinte  rousse. 
Daprès  Severlzow  (cité  i)ar  Dresser),  T.  rulicollis  a  toujours  les  lianes  gris, 
T.  Nuuniannii  les  a  marques  de  brunâtre  ou  de  roux,  et  dans  les  vieux  mâles  les 
lianes  sont  roux  comme  la  ^'orge  qui,  «  ronnecting  irith  Ihe  enlire  flanks  »,  [orme 
une  surface  continue  colorée  de  roux  sur  la  goriçe,  la  poitrine  et  les  cotes,  tandis 
que  chez  T.  rulicollis,  la  gorge,  et  nne  plaipie  circulaire  couvrant  la  poilrine  au- 
dessus,  sont  rousses.  M.  Dresser  ajoute  à  ces  remarques  que  dans  T.  Nauniannii 
les  lames  intérieures  des  loyaux  des  plumes  sont  mux  pâle,  jusqu'à  pres(|ue  les 
deux  tiers  de  leur  longueur  de  la  base,  tandis  que,  même  dans  de  très  vieux  exem- 
plaires de  r.  rufirotlis,  les  lames  intérieures  sont  seiUemenl  1res  faiblemeni  teintées 
de  chamois  ro\ix  pâle  vers  la  base  des  plumes. 

Le  jeune  ruficollis  a  la  gorge  tachetée  comme  le  jeune  airigularis  ;  à  l'âge 
adulte  ils  sont  cependant  bien  distincts  (Oustalet). 


OISKAl'X    HYBRIDES    RKNCOXTRKS    A    l'kTAT    SAUVAGE  3()3 

ol  (le  M.  Bonvalot.  (le  jeuiK?  riificDllis,  p;ir  sa  coloration  noir  lii'iin 
sous  la  tïor;ie,  présente  des  caractères  réellenienl  intermédiairt^s 
entre  les  deux  types.  C'est  probablement  une  phase  pendant 
laipielle  le  jeune  T.  nifiralllu.  en  train  de  se  transformer,  revêt 
inonientanémenl  des  caractères  propres  aux  deux  espèces.  I.orscjue 
la  sor^e  prend  le  ton  rouge  de  rouille  qui  caractérise  l'adulte,  il 
l'esté  nécessairement  ipieliines  plumes  noires  du  jeune  âge,  mélange 
ipii  laisse  croire  à  un  croisement  du  /'.  ruficollis  avec  le  T.  alrii/it- 
/'/?•/.<!  dont  la  gorge  est  noire.  Dans  un  croisemeut  réel,  le  pioduit 
serait  de  ras|ieet  de  ce  jeune  individu  d;ins  la  phase  ((u'on  vient  de 
décrire.  On  se  rappelle  (|u'K.  Mlyth  sus|)cclait  fortement  '/'.  nlrii/it- 
laris  et  T.  nificollis  de  u'ôtre  i\»e  deux  phases  parallèles  ttiro  pnralli'l 
///m.v('.<),  i(  plusieurs  exemplaii'es  du  premier  ty[)e  ayant,  notam- 
ment, la  (|ueue  plus  ini  moins  rousse  comme  cela  se  produit  rhcz 
le  dernier  (I).  »  Nous  avons  vu  aussi  que  .M.  l'abbé  David  aduul  (|ue 
ces  deux  fiMMiies  soient  des  manières  d'élie  de  races  géogra[)lii(pii's 
d'uni'  seule  et  même  espèce. 

TunTus  Fi'scATus  (2)  et  Turdcs  Naumanni  (3i 

Nous  avons  reinarqui'  qu'entre  T.  nificollis  et  ï'.  XdiiiiKinni  il 
existe  des  marques  profondes  de  ))arenté;  il  en  existe  aussi  entre 
le  7'.  .Xanmiinni  et  li'  T.  fiisnitiis.  Cependant  on  aurait  pu  distin- 
guer, i)armi  les  exemplaires  (jue  le  I)''  Dybowski  rapporta  de  sou 
voyage  au  lac  Baïkal,  un  hybride  entre  les  deux  types.  M.  le 
\)'  Reichenow,  du  Musée  de  Berlin  (où  paraissent  se  trouver  les 
oiseaux  du  l)'' Dyliowski)  nous  a,  en  elîet,  fait  savoir  ipi'il  existe 
dans  cette  collection  un  indivividu  auquel  on  peut  attribuer  cette 
origine.  «  Cet  hybride  .luppiisr,  nous  écrit-il,  ressemble  en  général 
par  la  couleur  an  T.  iXiinmnuni,  seulement  il  a  la  poitrine  mélangée 
de  taches  noires  (une  partie  des  plumes  sont  à  la  base  d'un  brun 
rouge,  vers  le  bout  elles  sont  noires  et  sur  le  bord  blanchûtres).  Le 
savant  docteur  nous  prie  du  reste  de  nous  reporter  au  texte  de 
ïaczanowski,  «  n'ayant  point  d'autres  renseignements  à  nous 
communiquer  sur  ce  spécimen.  » 

Des  erreurs  sans  doute  assez  nombreuses  se  sont  [iroduites  au 
sujet  du   Tiinliis  fuxcatiis  et  du  Inrihis  .Xinuinnnii.  D'a|)rès   le  D' 

(1)  Iliis.  p.  353. 1868. 

(2)  Aniros  nnms  scientifiques  ;  Turdiis  ohsninin.  Tiirtliis  Xiiuiiiiiniiii,  l'iirhli)- 
sv/i/s  fiisiiilus,  Turdiig  eiiiiomiix. 

(3)  Ou  Tiirdiis  dubius,  oii  eiicoiv  Turditt  ruiicollis. 


3G4  A.    SUCHKTET 

Sclater  (1),  .M.  Sdireuck  qui,  paiail  il,  se  luouUe  tics  réservé  lors- 
qu'il s'ayit  d'admettre  de  nouvelles  espèces,  nieutioiine  (2)  la  ren- 
contre à  Anioorland  du  vrai  T.  Siiumanni  de  Temininck  (T.  iluhiiis, 
Naum.  uec  Bechst)  et  établit  sa  distinction  du  T.  fuscatus  de  Fallas. 
Mais  M.  Sclater  fait  aussi  observer  que  le  T.  fascatuit  a  été  l'epré- 
senté  par  M.  Gould  :  comme  T.  iXmimanni  dans  ses  «  Oisciiiu-  (l'Eu- 
rope »  (3),  comme  T.  fu.vahis  dans  ses  Oiseaux  d'Asie  (4),  et 
comme  T.  eunoiivis  par  Temininck  (3).  Or,  M.  Sclater  est  porté  à 
croire  que  Gould  a  eu  tort  d  unir  ces  deux  espèces.  M.  Tommasso 
Salvailori  reconnaît  aussi  avoir  indiqué  par  erreur  dans  son  cata- 
logue des  Oiseaux  de  Sardaigne  un  7".  fiisratiis  sous  le  nom  de 
T.  AaniiKinni  ;  le  prof.  Filippi  aurait,  au  congrès  des  savants 
italiens  à  Naples,  désigné  sous  la  même  dénomination  le  même 
individu  ;  mais  le  prince  Bonaparte  a  montré  (|u'il  ne  s'agissait  que 
du  T.  fusrains  (6). 

M.  Seebohm  remarc[ue  (7)  (ju'il  existe  une  variation  de  couleur 
très  considérable  dans  la  couleur  des  peaux  du  T.  fusralus  qu'il 
rap])orta  de  Jen-e-say,  spécialement  dans  la  couleur  montante  noire 
de  la  poitrine  et  la  couleur  rouge  du  plumage  supérieur.  Plusieurs 
spécimens  ont  plus  ou  moins  sur  les  plumes  de  la  queue  du  rou- 
geàtre  les  rapprochant  de  T.  yduinanni.  Celui-ci  varie  lui-même 
beaucoup  dans  les  couleurs  de  son  plumage  (8). 

Taczanowski  (Dybowski)  en  [)arlant  des  deux  espèces  (9)  dit  (|ue, 
d'après  beaucoup  d'ornithologistes,  elles  sont  ditïéi'cntes  d'aspect, 
mais  que  cette  dilïérence  réside  dans  la  couleur  qui  est  si  chan- 
geante et  si  variable  qu'il  n'est  pas  possible  de  se  servir  de  ce 
diagnostic  pour  poser  des  règles  de  dilïérenciation  certaines.  Dans 
lieaucou|)  d'exemplaires,  ajoute-t-il,  c'est  avec  beaucoup  de  peine 
qu'on  a  pu  déterminer  l'espèce  à  laquelle  ils  appartiennent.  Aussi 
doute-t-il  de  la  dilïérence  spécifii|ue  appuyée  seulement  sur  ces 
simples  bases. 

M.  Tabbé  David  (10)  dit  lui-même  (ju'en  coiii|iaraMt  de  nomlircux 

(1)  Ibis,  p.  278,  1801. 

(2)  Amurreise,  p.  2o3. 

(3)  II,  p.  79. 

(4)  Part.  IV. 
(ii)  PI.  col   ol4. 

(G)  Voy.  :  Fmina  d'Ualiii,  par  T.  Salviuloii,  p.  s;i,  LsTi. 

(7)  Ibis,  187',). 

(8)  l/ubbè  David,  Op.  cil.,  p.  l.'i'i. 

(0)    liericht   iiher   ornilhologische  UiHer.-mcIniiirirn. 
(10)  Op.  cit.,  pp.  153  ol  150. 


niSKAIX    IIVIIIUDCS    llKN'CONTnKS    A    L'kTAT   SAUVAGE  30") 

spécimens  de  7".  fiinraiHii  et  de  T.  .\aumnnni,  il  a  pu  remarquer 
«  des  trausitioiis  presijiic  insensibles  entre  ees  deux  espôees  ou  ers 
deu.T  raecu  (|ui  vivent  ecHe  à  ciUe,  dans  les  niAmes  conditions,  (|ui 
ont  les  mûmes  nueurs  et  le  mi'^me  cri  d'api)el.  »  Il  croit  pouvoir 
cependant  élalilir  ((ue  «  dans  la  plnpait  des  cas,  le  T.  Iiisnilas  dillèrc 
de  T.  Xiitiniiiniil  :  1"  pai-  une  taille  un  peu  plus  faible;  apparia 
couleur  de  la  i|ueue  (]ui  est  noirâtre  dans  la  plus  grande  jiartie  d(! 
son  étendue;  3^  par  les  taches  de  ses  i)arties  inférieures  (pii  sont 
brunes  et  non  |)as  rousses.  »  Il  ajoute  que  les  deux  Oiseaux  doivent 
se  croiser  avec  une  grande  facilité. 

J^e  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Paris  conserve  un  assez  grand 
nombre  d'exemplaiies  T.  nificoUix,  T.  (ilriunlaris,  T.  fit.tntlns  {\); 
on  peut  constater  de  h'ès  grandes  variations  de  coloralion  che/  les 
individus  d'un  même  type. 

Si  l'hybridité  à  l'étiit  sauvagr  n'iMait  atliiiiici'  iiuc  p:ii-  les  dciix 
derniers  eroiseinents  ipie  nous  vivions  de  citer,  elbï  resterait, 
pensons-nous,  très  probliMnaliciuc.  Kt  du  reste  les  (juatre  formes 

(|ue  nous  venons  de  ud ni-  i)euvent-elles  être  considérées  comme 

des  espèces;  ne  sont-Cilles  [loinl  pliilôt  de  simples  races  d'une 
niéine  souche? 

Ti'nnus  merula  (2i  et  Tcriocs  musicus  (3) 

Depuis  cinipianle  ans,  on  a  cili'diins  les  livres  d'histoire  ualurelle 
un  certain  nombre  de  fails  concernanl  l'apiiariage  de  la  Grive  et  du 
Merle  et  la  naissance  de  leurs  produits.  (;e|)endant,  la  plupart  <li' 
ces  exemples  ont  été  critiqués,  et  l'existence  des  hybrides  n'est 
point  sullisamment  attestée. 

M.  Miller  Christy,  es(|.,  dePriors  Broomfield,  a.  parait-il,  dans  un 
mémoire  très  étendu,  parlé  duu  granil  nombre  de  faits  de  ce  genre. 
Nous  regrettons  vivement  de  n'avoir  pu  lire  son  travail  qui  a  été 
publié  dans  les  Tiansaclions  of  Norfolk  and  Norwicii  Naturalist's 
Society  (4);  malgré  les  demaudes  que  nous  avons  faites  successive- 
nuMit  au  j)résideut  de  cette  Société,  au  secrétairt?  de  la  même 
Société,  à  l'auteur  lui-même,  nous  n'avons  pu  nous  le  procurer; 
notre  libraire  n'a  pas  élé  plus  heureux.  F-es  Tiansactions  ne  sont 
point  reçues  à  la  Bibliothèque  du  Muséum  d'Misloire  naturelle,  elles 
nt'  soni  point  davantage  envoyées  à  la  Bibliothèque  nationale,  à  la 

(1)  T.  Sntiminitiii  n'esl  représenté  que  par  trois  exemplaires. 

(2)  Synonymie  :  Syhiii  merul't,  Merula  merula. 

(3)  .\ntres  noms  :  Tunlus  pilarin.  Si/lvia  niusicti.  Turilu.'<  phitoiuphn! 
ii)  l>n  Ihi'  iulerbreeding  of  lllackhinl  iiiid  Tlirnsh.  III.  \>.  ."SS,  l.ssi. 


•■!()(')  A.    SUCHETET 

Sorbouue  ou  à  la  Société  zoolosii|ue  de  Frauce.  Nous  ainious  cepeii- 
(lautàcroirequ'ellesnesoutpoiutla  propriété  exclusive  des  membres 
qui  la  rédigent  et  que  quelques  Sociétés  correspondantes  élranaères 
peuvent  les  consulter,  satisfaction  qui  ne  nous  a  point  été  accordée. 
Nous  craignons  donc  d'être  très  incomplet,  car  M.  Miller  Christy 
aurait  cité  dix-huit  cas  (plus  ou  moins  satisfaisants)  de  croisements 
entre  le  Merle  et  la  Grive.  Nous  sommes  loin  d'arriver  à  ce  chillre, 
tout  en  ayant  mis  à  contribution  le  i  Siipplementavy  article  »  (1)  de 
l'auteur,  que  celui-ci  a  eu  la  gracieuseti'  de  nous  adresser. 

Nous  pensons  que  c'est  Henry  Berry,  de  Bootle,  près  Liverpool, 
qui  a  parlé,  pour  la  première  fois,  du  croisement  de  la  Grive  et  du 
Merle;  le  fait  (|u'ilciledansle  Magasin  ofNatural  History  (2)  de  1834 
et  qui,  deux  ;ins  plus  tard,  a  été  rappelé  dans  la  même  revue  (3),  est 
devenu  en  quelque  sorte  classique.  On  le  trouve  rapporté  dans  une 
quantité  d'ouvrages  (4).  M.  H.  Berry  raconte  i[ue  dans  le  jardin  de 
James  Hankin  (5),  jardin  situé  à  Oruiskisk,  dans  le  Lancasliire, 
une  Grive  et  un  Merle  s'accouplèrent  et  que  pendant  deux  années 
successives,  ces  Oiseaux  élevèrent  des  jeunes  qui  avaient  bien 
les  caractères  d'hybrides  ;  ce  fait,  dit  Henry  Berry,  était  connu  de 
bon  nombre  de  personnes.  » 

Macgillivray,  quelques  années  jilus  tard,  ra|)|iorte  un  exem])le  du 
même  genre,  d'après  une  communication  ([ui  lui  lut  faite  par 
M.  Weir. 

M.  Russel  de  Moss-Nide,  voisin  de  campagne  de  ce  dernier, 
et  son  frère,  tirent  savoir  à  M.  Weir  que,  vers  la  lin  de  l'hiver 
de  1836,  un  Merle  mâle  et  une  Grive  femelle,  après  avoir  pris  par 
hnsard  leur  nourriture  ensemble,  s'attachèient  l'un  à  l'autre  au 
commencement  du  printemps  et  finirent  par  s'unir.  Après  une  assez 
longue  délibération,  le  couple  se  résolut  à  construire  un  nid. 
M.  Russel  ne  vit  pas  leurs  œufs,  car  lorsque  le  nid  fut  découvert, 
il  contenait  déjà  quatre  petits.  Ces  jeunes  Oiseaux  étaient  alors 
presque  en  état  de  voler,  lorsque  un  dimanche,  dans  l'aijrès-niidi 
du  3  juillet,  durant  les  heures  du  service  divin,  ils  furenl  enlevés 

(1)  Mêmes  Transactions,  IV,  pp.  .■i28  et  siiiv.,  I8S8. 

(2)  VII,  II"'  37  à  44,  pp  308  et  o!»9,  London.  IS:!4. 

(3)  N°s  37-01,  p.  (;i(),  1831). 

(4)  Histoire  tiaiurelle  générale  des  Règnes  rirganifuus,  111,  p.  182.  par 
.1.  CioolTroy-Saint-llilaire  ;  prof.  Newton,  in  garreli  Ilrilish  Hird.i,  i,  p.  iSi,  4"  édit.. 
liiirncy,  in  Zoolosist  VII,  n"  78,  p.  ÎK.  1883:  tlie  KieUl.  p.  .S80,  n"  du  lil  avril  I8t«; 

.  M.  Cliristy  in  Norfolli  ad  Norwiili  Natnralisl  Socioty.  III.  p.  88.  1884,  cit  in  tlie 
Zoolofîist.,  VIII.  n"  88,  p.  140,  avril  ISS'i,  pi'ul-t^lre  aussi  in  Tlio  .Xmericaii  .lonrnal 
o(  Science  and  arts,  I'''  série,  viil.  III,  p.  203,  mai  1884? 

(3)  A  ntirsery-mans  (un  pépiniériste). 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE  ^CÛ 

par  (le  jeunes  dénicheurs  de  nids,  malgré  toutes  les  précautions  que 
l'on  avail  prisr^s  pdiir  les  conserver. 

Kn  avril  i.SiiO.M.  UoiierlM.  Auslin  faisait  coiuiailre  à  M.  Tlioiiip- 
son  le  fait  suivantdont  il  lui  le  propre  témoin:  «  A  Waterloo  (",ot- 
tai;e,  un  mille  d'Ayr,  nue  femelle  7".  niusicit'i  e\.  un  mâle  7'.  mcniln 
s'apparicn'iit  pcmlant  l'clé  de  1849,  bâtirent  un  nid  dans  un 
petit  arbrisseau,  et  donnèrent  trois  jeunes  en  juin,  lesquels  étaient 
parti-cfildiirrd,  lnirinn  somr  hlnck  xpots,  Ihc  si:r  of  ii  si.r  jn-nrc,  an 
Iheir  Inrasla  ».  Les  cris  (notes)  de  ces  jeunes  Oiseaux  étaient  souvent 
entendus  et  différaient  de  ceux  du  Merle  et  de  ceux  de  la  (irive  eu 
élanl  plus  délachés.  On  couslate  que  les  pnreuls  avaieni  nourri  et 
acc()mpai,qi('  leurs  jeunes.  »  L'attention  de  .M.  Aiisliu  fut  a|ipeli'e 
sur  ce  fait  par  le  rév.  W.  M.  Ilwaine,  de  Belfast.  (|ui  était  venu 
rendre  une  visite  à  un  ami  eu  cet  endi'oit  (t). 

'(  Pendant  le  printemps  de  18o.3,  on  trouva  dans  un  laurier  un 
nid  de  Grive  sur  lequel  une  Grive  (supposée  femelle)  couvait  assi- 
dûment. Elle  était  nourrie  par  un  Merle  mâle,  on  ne  vit  aucun 
Merle  de  l'autre  sexe.  Les  ])etits  furent  élevés.  Lorsqu'ils  eurent 
(juilté  le  nid,  la  Grive  se  mit  à  chanter  et  attira  un  autre  compa- 
gnon, mais  de  sa  projire  espèce;  elle  éleva  encore  deux  couvées 
dans  le  même  jardin  pendant  ce  même  printemps.  Le  Merle  §  et  sa 
compagne  perdirent  tant  de  temps  par  ces  i)rocédés  de  la  part  du 
l)remier  (2),  ([u'ils  furent  très  troublés  durant  toute  la  saison.  Four 
(■'lever  leur  ])remiére  couvée  ils|)rirent  possession  d'un  vieux  nid  de 
(^irive  de  l'an  passé. 

Leur  second  nid  était  également  très  pauvrement  consiruil  et  le, 
troisième  encore  ])lus  mal.  Le  dernier  ue  contenait  que  deux  œufs 
dont  un  seulement  vint  ;\  éclosion  (3). 

(l)  Xalural  nixlory  n(  Ireland.  III  (.Appentllx),  p.  'l'.K.  Nous  n'av(Jii>  pu  luiiis 
pidnircr  ci'l  oiivra^f.  il  rsl  cilo  pur  M.  Rolioil  Miller  Clirisly.  in  Zniilo^'ist,  IX.  ii"  '.IS. 
p  (>!(.  l-V'viiiT  IS83.  M.  fllirisly  iloil  ■■plie  indication  à  M.  .).  11.  (iiinipy,  jiin.  de 
Krswich   lliill.    Norwifli.   Il   avail  omis,    parail-il.    ilc  parler  île  ce   fait   dans  son 

i'i- ier  niénioiie  snr   ii    Tlie  inlerlireding   of  IHackbinl  miil  Tniali    n  ipie  nons 

nous  n'avons  pu,  nous  l'avons  dit,  l'onsnlter 

(î)  .Nous  avouons  que  nous  ne  roinprenons  poinl  bien  oe  que  cela  veut  dire,  vclci 
le  texte  :«  The lucl; Hlnckliiril  (inrl  liis mate  tosi so  miiclt  lime  by  thèse prnreedtng.i 
OH  Ihe  pari  of  Ihe  former. . .  d 

(:t)  .Nous  li-ouvons  re  ix-cit  dans  On  Ihe  inlerbreeding  nf  lUackbird  and 
Truxh.  Supptenienlary  article  by  Miller  Cliristy  esq.,  que  celni-ei  a  eu  la  couiplai- 
-anee  de  nous  envoyer.  Il  a  été  donné  par  M.  Edwards  Ne»  nian  in  Zoologisl,  X\  II. 
p.  G722.  ISa!),  revue  (pie  nous  n'avons  poinl  (-(uisultoe.  M.  Miller  (Uirisly  reuianpie 
à  ce  sujet  (pn' le  rtcll  de  ces  faits,  doruii'  |iar  M.  Edward  .N'ewinan,  n'est  poiid  à 
propreineni  parler  un  cas  de  croisement,  (|uoiquc  s'y  rappnrlanl. 


368  A.  SUCHETET 

Le  Rév.  J.-r..  Alkisou  rajjporte  (|u'eu  ISS!)  il  vit  uu  Merle  s'euvo- 
1er  d'une  haie  où  un  nid  typique  de  Merle  garni  d'herbes  (ut  observé 
par  le  révérend.  Ce  nid  contenait  quatre  œufs  également  typiques 
mais  incontestablement  de  Grive  (1). 

En  novembre  1861.  M.  le  D'Thomasso  Salvador!  acheta  à  Florence 
un  Oiseau  vivant  ayant  l'apparence  d'une  Grive  (Thrmtlt)  et  dont  la 
taille,  la  couleur  du  bec,  les  pattes,  les  pieds  et  les  parties  supé- 
rieurs étaient  tout  à  fait  semblables  à  la  SongThrus(r»/Y/usmwsîCMs). 
Les  paities  inférieures  étaient  pi'es(ine  noires,  excepté  le  bord  de 
cha(iue  plume,  qui  était  d'une  couleur  claire;  cette  Grive  avait 
autour  du  cou  un  collier  étroit  de  plumes  d'un  blanc  jaunâtre,  sur 
le  ventre  étaient  deux  ou  trois  plumes  blanches  tachetées  de  noir 
comme  celles  delà  Song  Tiush;  les  plumes  sous  la  queue  étaient  tout 
à  fait  blanches.  Peu  de  temps  après  l'avoir  acheté,  M.  Salvador! 
constata  que  le  cercle  jaunâtre  avait  disparu.  En  juillet  1863, 
l'Oiseau  commença  à  changer  de  plumes  dans  les  parties  infé- 
rieures ;  et  en  septembre  il  ressemblait  déjà  de  très  prés  à  la  Soug. 
Thrusli,  gardant  seulement  quelques  plumes  noires  sur  la  poi- 
trine cpii,  l)ientùt,dis|iarurent.  M.  Salvador!  attendait  d'autres  chau- 
changements,  quand,  au  commencement  d'octobre,  l'Oiseau  s'é- 
chappa. Au  printemps  il  ne  chantait  pas,  son  :it  était  semblable  à 
celui  de  la  Song  Thrush  M.  Salvador!  a  supposé  f[ue  c'était  un  croise- 
ment entre  la  Song  Thrush  et  le  Black-bird  (Tiinlns  menila  (2). 

Le  Rév.  J.-C.  Atkison  trouva,  en  avril  1875,  dans  son  jardin,  uu  nid 
typique  de  Merle  garni  d'herbes.  Ce  nid  était  bâti  dans  un  lierre 
garnissant  un  mur.  L'attention  du  révérend  avait  été  attirée  vers 
ce  nid  par  les  gestes  d'un  Oiseau  de  l'espèce  Merle.  Trois  œufs  de 
Grive  y  avaient  cependant  été  pondus  et  étaient  en  elïet  couvés 
l)ar  une  Grive.  Ce  fait  est  rapporté  par  M.  Christy  dans  son  Xtipplc- 
vientarii  article. 

En  1885,  M.  J.-H.  Mayes,  de  Streatham,  exposait  sous  le  u°  1214 
«  un  hybride  de  Blackbird  et  de  Thrush.  »I1  nous  a  été  impossible 
d'avoir  des  renseignements  sur  ce  spécimen. 

Le  22  mai  1888,  M.  F.  W.  Frohawk  dit  (3)  avoir  trouvé  sur  le 
bout  d'une  branche  basse  d'un  If  uu  nid  d'où  un  Merle  se 
leva  faisant  entendre  son  cri  d'alarme.  En  regardant  dans  le 
nid,  M.  F.  W.  Frohawk  fut  surpris  de  voir  qu'il  contenait  deux 
œufs  en  toute  apparence  d'une  Grive,  car  ils  ne  différaient  aucune- 

(I)  Tlie  ZoologisI,  XVIf,  p.  OlilH,  cité  riialoiiieiil  piii-  M.  Miller  Clirisly  dans  son 
«  Sitppleinentary  article  n. 

Ci]  Ce  récit  a  été  fait  par  le  cointe  Iiii-nièiiie  dans  le  journal  ornilliologi(|ue 
anglais,  l'Ibis,  de  \Sû'i ^Lelters,  E.rlrncls  from  Correspondance,  Notes,  etc.,  p.  2:î7). 

(3)  In  the  Field,  cité  encore  par  M.  Miller  Cliristy  (supplementary  article). 


OISEAl'X    nYBIlIDKS    nENCOXTRKS    A    l'kTAT   SAUVACE  3llt) 

iit'iiieiit  (le  ceux  de  cette  espùce.  Le  nid  était  entièrement  composé 
d'herbes  Unes  et  communes,  racines,  petites  branches  et  mousse, 
avec  un  essai  de  j^^ainiUirc  l)Oueuse  d'un  seul  côté. 

M.  F.  W.  Froiiawk  pense  qu'on  ne  peut  supposer  (jue  les  (nufs 
avaient  été  dé[)osés  à  dessein  dans  ce  nid  (|ui  était  jjlacé  loin  de  tout 
passa jre  fréiini'ulé.Ledjuin,  le  même  observateur  avait  trouvé  un  nid 
de  Merle  avec  un  œuf  sans  marque  et  de  couleur  léj^èrement  bleu 
clair.  Celte  variété  d'o'uf,  reniarque-til,  déjà  mentionnée  par  M. 
Sauuders  (1),  pourrait  être  le  résultai  d'un  croisement  entrr  un 
Merle  et  une  Grive. 

11  existe  au  Brilish  Muséum  uu  Uiscau  (jue  l'on  suppose  être  le 
])roduit  des  deux  espèces.  Celle  pièce  obtenue  à  l'état  sauvage, 
dans  les  environs  de  Londres,  («'nsous-nous,  avait  été  présentée 
par  M.  Bartielt.  (]elui-ci  veut  bien  nous  faire  savoir  qu'elle  avait  été 
examinée  non  seulement  par  lui,  mais  aussi  par  M.  Edward  Blyt 
et  d'autres  ornitlinliii;istt's  ipii  l'avaient  déterminée  comme  un 
hybride  entre  lus  ileux  espèces  désignées  (2i.  .M.  (iurney,  eu  ])arlant 
de  celte  pièce  (3),  dit  aussi  que  les  parties  claires  de  son  ])lnmage 
sont  bien  d(''linies. 

Eu  1800, à  l'exposition  duCiislal  Palace,  M.  G.-W  .  Ilill,  île  Londres, 
moutrait  un  hybride  du  môme  genre  qui,  nous  dit-il,  fut  pris  avec 
iiualre  autres  jeunes  dans  un  tiid  trouvi'  dans  les  New  Forests  à 
Ilams|iliire.  Ol  Oiseau  fut  le  seul  (ju'ou  réussit  à  élever.  M.  G.-\V. 
Ilill  n'a  pu  savoir  ce  qu'il  était  devenu.  Le  Zoologist  de  mars  1S'.I2 
mentionne  un  nouveau  spécimen  (|u'on  croit  hybride. 

M.  l'abbé  liruienne,  de  Liège  (Belgique,  nous  a  parlé  d'un  eroise- 
menl  de  Grive  et  de  Merle  qui  se  serait  jjroduit  en  pleine  liberté 
dans  uu  petit  bois  de  Tilleuls.  On  aurait  vu  les  parents  nourrir  la 
nichée,  mais  cet  ecelésiasti(|ue  n'a  pu  nous  donner  de  renseigue- 
ments  précis  sur  les  jeunes. 

Pendant  l'année  1889,  il  y  eut  dans  le  jardin  de  M.  Mark  Mauusell, 
esq.,  situé  à  Oakley  Park  (Celbi'idge,  co.  Kildare),  un  véritable  Iléau 
de  Merles.  Le  propriétaire,  devant  s'abseuler,  détruisit  avec  sou 
jardinier  tous  les  nids  ([u'il  pul  trouver.  En  rentrant  chez  lui  il  eut 
l'occasion  de  voir  un  Oiseau  ([u'il  prit  pour  une  Grive,  et  qui  cou- 
vait assidiïmenl  dans  un  buisson.  .M.  Mauusell  appiit  alors  par  sou 
jardinier  qu'un  Merle  lujuriissail  (;et  Ois(!au  et  (|uati'e  jeunes,  ce 
qui  dura  jus(|u'à  ce  que  ceux-ci  s'envolassent  du  nid. 

(1)  Maniiiil  nf  liritisk  Hirds. 

(2)  Nous  no  nous  rappelons  pss  lavoir  vue  li^'nrrr  dans  le  l'iiliilogiie  i>lHird.<  i>f 
llrilish  Muséum. 

Ç.i)  In  UiP  Zoologisl.  VII,  n-  "S.  p.  I.Mi,  juin  IKSIt. 


370  A.    SUCUETET 

Le  jeudi  (17  avril  '.')  I8!)0,  le  jardiûier  appela  l'alteiitioii  de  son 
maître  sur  iiu  Merle  et  tippiirciiuuntt  une  Grive  qui  occupaient  le 
miMne  buisson,  situé  à  vingt  mètres  environ  du  (umoir  du  gentle- 
man, et  (II"!,  l'année  précédente,  les  deux  Oiseaux  avaient  déjà 
construit  leur  nid.  Leurs  mouvements  dénotaient  (ju'ils  étaient 
appariés.  Au  moment  où  ces  lignes  paraissaient  (1),  M.  Mauusell  se 
proposait  (le  surveiller  très  attentivement  le  résultat  de  cet  appa- 
riage. 

M.  Maunsell  a  bien  voulu  nous  écrire  depuis  que  le  uid  avait  été 
dérobé,  comme  il  l'avait  été  déjà  l'année  précédente,  en  sorte  (ju'on 
ne  sait  si  les  nids  avaient  été  construits  à  la  manière  du  Merle  ou 
comme  le  fait  la  Grive.  M.  Maunsell  n'a  jamais  vu  les  jeunes  Oiseaux 
lui-même,  il  ignore  même  sien  1890  les  parents  ont  reproduit;  ce 
qu'il  a  fait  connaître  dans  le  Field  a  été  écrit  d'après  le  dire  de  son 
jardinier,  qu'il  croit  du  reste  digue  de  confiance,  l'ayant  à  son  ser- 
vice depuis  plusieurs  années. 

Enfin,  tout  dernièrement,  M.  J.  G.  Wheeler  faisait  savoir 
(2)  que  dans  les  pépinières  de  Kingsholm  tKiiigsliohn  nurseries) 
dans  un  buisson,  baut  de  quatre  pieds  environ,  ou  avait  trouvé  uu 
nid  sur  lequel  se  tenait  généralement  un  Merle,  mais  où  une  Grive 
venait  aussi  couver  à  sou  tour  lors(|ue  celui-ci  ([uittait  le  nid,  sans 
doute  intentionnellement.  Geci  dura  quebiues  jours,  mais  la  Grive 
finit  par  abandonner  le  nid,  et  laissa  le  Merle  seul  couver  à  son 
aise.  Le  nid  contenait  six  œufs,  dont  quatre  œufs  de  Merle  et  seule- 
ment deux  de  Grive. 

Il  ne  peut  être  évidemment  question  ici  d'un  appariage  d'uu 
Merle  cf  et  d'une  Grive  9,  ou  vire-crrsa,  il  s'agit  d'uu  Merle  9  et 
d'une  Grive  du  même  sexe  ([ui,  tontes  deux,  avaient  jiondu  dans 
un  même  nid,  particularité  ((ui  u'est  pas  absolument  rare  chez 
certains  Oiseaux  (3). 

En  est-il  de  même  pour  les  autres  faits  i|ui  ont  été  cités? 
Cela  parait  assurément  possible  ])our  plusieurs,  sinon  pour  beau- 
coup d'entre  eux. 

Parmi  les  exemples  dont  parle  M.  Miller  Christy,  dans  son 
«  Supplementiiry  artiele  »,  certains  faits  nous  paraissent  rentrer  dans 
cette  catégorie.  Ainsi,  en  avril  188lt,  d'après  M.  Philippe  H. 
Hardlield,  de  Moraston  House,  près  de  Rune  (Uerefordshire),  un 

(1)  KieUI.  |i.  o87,  19  avril  18!X). 

(2)  In  Kield,  yi.  CTo,  9  mai  ISUI, 

(3)  M.  le  D'  Paul  Leverkiilin  a  <lii  nienlioniu'r  iIps  ('x(>ni|i|es  de  ce  irenre  dans 
nii  OMvrai;e  important  :  Freunde  eier  in  i\est,  Ein  Ueilrag  ziir  liiologie  lier  Vik/ei 
oji  Paul  Levei'lciilin,  Berlin,  Londres,  Paris,  etc.,  1891. 


OISKAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A   L'kTAT    SAIJVAGK  .'57 1 

Merle  el  une  Giivo  |)i-ireal  possessiou  d'un  iiiùiiie  uid  où  ils  pou- 
direiit  l'uu  et  l'autre.  Il  y  eut  tiois  œufs  de  Grive  el  trois  ouifs  de 
merle.  Far  accident  les  (l'iifs  tureut  dclruits  en  grande  partie,  il  no 
resta  plus  qu'un  u'ul'  de  Merle  el  uu  œuf  de  Grive,  les([uels  furent 
couvés  (juehiue  temps  encjre  par  le  Merle,  puis  furent  aban- 
donii('s(l). 

Ku  avril  1887,  M.  F.  R.  Fitzgerald  trouva  dans  uu  hui.s.sun  de 
Hou.v  sur  la  Savage  Farm,  à  llari-ogate,  un  uid  typi(|ue  de  Grive 
contenant  i|ualie  leufs  de  Merle  et  d'où  un  Merle  s"envola  en  elTet. 
Un  voisin  informa  celui-ci  (|u'un  de  ses  tils  avait,  l'année  précé- 
dente, rencontré  uu  exemple  semblable  près  du  même  endroit,  l'n 
fait  de  ce  genre  a  encore  été  signiih!'  à  Nidderdale  (2). 

Les  deux  exemjiles  dont  a  parlé  le  rév.  J.  G.  Atkison  ne  iKtiis 
semblent  point  élrc  non  plusde véritaljles  croisements,  niais  pintôl 
rentrer  dans  cet  ordre  de  faits. 

De  nundtreuses  objections  se  sont  du  reste  produites  sur  ces 
croisements  présumés.  M.  J.  H.  Gurney  (3),  un  connaisseur  émérite 
en  fait  d'bybrides,  «  ne  croit  (|ue  faiblement  aux  liybrides  de  la 
Grive  et  du  .Merle  »  et  pense  qu'en  beaucoup  de  cas  lesmélanisuies 
partiels  dans  la  Grive  ont  été  pris  pour  des  hybrides.  »  11  cite  l'e.xem- 
ple  «  d'une  Grive  qui  devint  pi'esque  noire  en  captivité,  à  ce  point 
(|ue  le  possesseur  pensa  (|ue,  iiendant  une  absence  i|u'il  lit  de  clie/ 
lid,  on  avait  cliangé  son  Oiseau;  cependant,  avec  une  nourriture 
convenable,  cette  Grive  refirilsa  couleur  ordinaire.  »  M.  Gurney  a 
vu  aussi  «  un  .Merle,  tué  à  Heigats,  et  qui  portait  de  larges  plaques 
brunes,  maniuées  d'une  manière  très  singulière  (4).  Un  Merle  cf, 
dit-il,  peut  parfois  conserver  les  marques  de  la  première  livrée 
jusqu'au  priideini»s  (jui  suit  sa  naissance,  ainsi  pourrait-on  sup- 
poser ([(l'un  .Merle  dans  cet  étal  fût  un  hybride  '.'  » 

La  manière  de  voir  de  M.  Gurney  a  été  partagée  jiar  .M.  Cam- 
bridge Philipps,  qui  semble  tout  à  fait  disposé  à  douter  des 
hybrides  T.  mcrulit  et  T.  iinisinis.  Il  voudrait,  comme  preuve  de  leur 
aulhenticilé,  autre  chose  que  la  simple  couieni-  iirune  du  Merle, 
par  exemple  les  plumes  tachetées  de  la  poitiinc  il  la  (pieue  plus 
courte  de  la  Grive  {">}. 

(I)  KiHcl,  |i.;>7(t.  1"  mai  188C  (cil<>  par  M.  Miller  Clirisly). 
{■>)  Zoiilogisl,  p.  l'.l'i,  IS87  (cilé  piir  M.  iMillci- Clirisly). 

(M)  Voy.  Zoolof,'isl,  VII,  ii"  78,  p,  ijtl,   juin   188.'i.  el  ii»  7'.i,   p.  :M,   jtiillel   de  la 
même  aiin6-. 
(l)  Le  brun  n'était  cepen  !ant  pas  le  brun  mélangé  de  la  (iiive. 
(5)  Tlie  Zoologisl,  VII,  n"  7ÏI.  p.  301.  Juillet  lS8:t. 


372  A.    SUCIIETKT 

Le  rév.  Macpliersou  a  lait  les  mêmes  réserves  que  ces  deroiers  (1) 
et  a  déclaré  n'avoir  jamais  trouvé  un  hybride  de  telle  sorte,  ni  vu 
quelqu'un  qui  en  ait  oiitenu. 

Si  nous  eu  jugeons  |)ar  les  critiques  de  son  «  Siiiiplriiii'ntini/aiiicle  », 
M.  Miller  Ciiristy  a  sans  doute,  dans  son  preuiier  mémoire,  cri- 
tiqué également  beaucoup  des  faits  cités  par  lui.  Dans  l'exemple 
relaté  par  Thompson  (celui  qu'il  avait  omis  de  citer),  il  est  encore 
incliné  A  penser  i|ue  c'est  un  de  ces  cas  dans  lesquels  nue  femelle 
Merle  peut  avoir  été  prise  pour  une  Grive  (2);  chose  bien  possible, 
nous  l'avouons,  et  qui  probablement  s'est  réalisée  dans  plus  d'un 
des  exemples  que  nous  avons  rappelés. 

M.  Miller  Christy  fait  la  môme  reniar(iue  au  sujet  de  l'appariage 
rapporté  dans  le  Zoologist  (3).  Peu  de  personnes,  sauf  les  ornitho- 
logistes de  métier,  dit-il,  savent  que  la  poule  Merle  n'est  pas 
entièrement  noire  comme  le  mâle.  Or,  dans  ce  cas  encore,  une 
femelle  T.  mvrulu,  avec  son  plumage  brun  et  sa  poitrine  tachetée, 
peut  avoir  donné  lieu  à  une  méprise  ;  le  récit  des  faits  n'est  pas  du 
reste  concluant.  Comme  nous  il  pense  i[ue  le  cas  cité  par  M.  Fitzge- 
rald (4),  s'explique  par  la  ponte  d'un  Merle  p  dans  un  nid  aban- 
donné de  Grive.  Il  cite  à  cette  occasion  l'exemple  rapporté  par 
M.  T.  0.  Hall  (3)  de  deux  T.  iiwruUi  qu'on  aperçut  dans  un  nid 
où  déjà  une  Grive  avait  pondu  et  (|ui  continua  à  couver.  M.  Miller 
Christy  a  lui-même  publié  un  livre  où  il  fait  connaître  les  résultats 
i|u'il  a  obtenus  en  changeant  de  nid  les  œufs  et  les  petits  des  dilTé- 
rentes  espèces  (6).  Il  rappelle  (7)  qu'à  Marly,  il  y  a  peu  de  temps, 
tiois  œufs  de  Merle,  ayant  été  placés  dans  un  nid  de  Grive,  furent 
couvés  avec  succès  par  cette  dernière. 

Cependant  il  admet  (quoique  l'évidence  soit  bien  faible)  que,  dans 
quelques  cas,  on  peut  supposer  que  des  Merles  et  des  (îrives  se 
soient  croisés,  et  tout  en  critiquant  beaucoup  d'exemples,  il  croit 
(|u'uue  certaine  iirésomption  existe  en  faveur  de  rhylu'idisme  dans 
certaines  circonstances  (8). 

Depuis  la  publicatitm  de  son  travail,  le  rév.  Macpherson  semble 

(I)  The  Zoologist  VII.  n°  80,  p.  3:!S.  .\oi'i(  188!!.  Hemarquons  ccpemiaiit  que 
MM.  (iiirney  et  Pliilipps  el  li^  lév.  Miiepheison  écrivaioiit  avant  la  puhliralion  ilii 
mémoire  de  M.  Clirisly. 

(:!)  Mi'rae  revue,  I,\,  u»  1)8,  p.  (j!(.  Février  188.Ï  m»  '.i'.l,  p.  1 1:;,  ls,><y?) 
[■A)  XVIIl,  p.  0722,  m\\\. 
(4)  Zoologist,  p.  l'J'i,  18S7. 
(0)  Kield,    10  juin  187(i. 

(II)  IVocecdingsof  the  Esse.x  Fiold  Club,  III,  p.  XCIV,   1883. 

(7)  D'après  la  u  Esse.x  County  Clii'oniele  »  du  i'i  mai  1888. 

(8)  Celle  opinion  avail  déjà  élu  émise  par  lui  dans  le  Zoologist,  IX,  188;). 


OISEAl'X    IIYIIHIDKS    RENCONTriKS    A    L'ÉTAT    SAUVAGK  'M'\ 

liii-imMiie  LHre  reveiiii  sur  sa  |ireiiiiiTe  opinion  (I)  i-t,  tout  en 
adineltiint  que  dans  les  exeiniiles  cités  [lar  l'aulcur  il  y  ait  «  jjIus 
de  niylliolotrie  que  d'histoire  »  il  se  sent  porté  à  admettre  la  nalitr 
d'hybrides  entre  le  Merle  et  la  Grive. 

l'our  notre  part,  et  en  attendant  des  faits  mieux  avérés,  nous 
préférous  ne  point  nous  pron'oncer.  De  tels  appariages  toutefois  ne 
devraient  point  nous  surprendre,  les  Grives  et  les  Merles  sont  dans 
les  jnrtiins  roiijet  de  (ré(iuenles  jioursuites,  heaueoup  de  leurs 
roupies  se  trouvent  ainsi  dépareillés.  Les  deux  espèces  ont  aussi  les 
mêmes  nueurs.  les  mêmes  habitudes  et  à  peu  prés  la  même  nidili- 
ralion  {'1\. 

TiHDus  Mehula  et  Ti  anus  touquatus  (3i 

1-e  rév.  Maeplierson  cite  i  4)  un  Turdus  fort  intéressant  que  lui 
donna  dernièrement  M.  Gurney  pour  le  Musée  de  Carlishe.  Si,  dit 
le  révérend,  l'Oiseau  est  un  hybride,  et  non  une  variété,  il  provient 
d'un  croisement  entre  le  Hini;  On/.el  i  T.  torqualus)  et  le  Blackbird 
(J'.  niniihi). 

Le  fait  que  les  axillaires  sont  comme  couleurs  auxiliaires  inter- 
nu''diaires  entre  Ii'  Merli'  ordinaire  et  le  .Merle  de  monlajj;iu\  send)le 
pour  le  révérend,  favoriser  l'opinion  d'une  hybridation,  «  car  dit-il, 
si  c'était  seulement  une  anomalie  du  Merle,  les  axillaires  devraient 
être  conformes  à  celles  di'  celte  espèce.  »  Le  révérend  ajoute  dans 
une  conimunication  (ju'il  \eul  bien  nous  adresser,  (pie  .M.  Ste- 
venson, qui  était  un  naturaliste  perspicace  et  au((uel  a|)partenail 
cet  Oiseau  tué  dans  le  Norfolk,  pensait  i|u'il  était  indubitablement 
un  hybride  eutre  les  deux  espèces  mentionnées;  ce|iendanl  .M.  (!ur- 
ney  le  considère  comme  une  variété  du  nirvuln.  L'oriirine  reste  donc 
douteuse. 

TuiiDLs  iiEiuLA   et  ïuiiDUs  viscivoiirs  (.'>) 

Vu  individu  (^  que  .M.  Vallmi  croit  provenir  du  Tunhix  iin'niUi 
et    du    /'.    risri (finis   fut    jiris    le   '2lj   octobre    188;j,    près    d'Uiline. 

(t)  Voy.  Field,  31  mai  IK'JO,  llybriiiily  in  llints. 

(2)  Le  iiiil  (Ic-la  ruivc  l'sl  (■ciifiiilaiit  t'ncliiil  iiitiTieiircmcnl  ilr  bouc. 

(3)  AiiUcs  noms  :  Meniht  monUiiiii,  l'opsiclius  ti>r<iuiUiis,  Si/lfia  lorquala, 
Merula  ruHarisel  aliiealrix. 

(41  llijUnditii  in  llinh,  Kiclil,:!!  mai  ISlK). 

(!))  Synonymii'  :  Titrilus  miijnr,  Tnrdus  iirhnreiin,  Si/lriu  riscivoru,  fxnrussy- 
liliii^  liscirorn.i. 


IJ74  A.    SCClIKTIiT 

«  L'hybride,  dit  M.  Vallon  (1),  tient  du  premier  les  parties  infé- 
rieures du  corps  et  sa  taille,  quoique  celle-ci  soit  légèrement  plus 
petite.  11  tient  dn  second  la  marque  des  ailes,  ou  pour  mieux  dire, 
les  bordures  claires  des  pennes  des  ailes  et  des  couvertures  et  les 
plus  petites  jikimes  claires  et  caractéristiques  de  la  région  de 
l'ùreille.  La  couleur  des  parties  supérieures  du  corps  est  très 
sombre  mais  rappelle,  sous  certains  rapports,  celle  des  Grives,  comme 
aussi  le  coloris  des  plumes  de  la  tète,  coloris  (jui  resseuible  à  celui 
du  viscicorus,  mais  la  coloration  sombre  en  fait  la  difïérence.  Le 
front,  le  devant  de  la  tète  et  l'occiput  et  toutes  les  autres  parties 
supérieures,  saus  en  excepter  les  plumes  recouvrant  la  queue,  sont 
d'un  noir  brun  gris  avec  une  apparence  presque  imperceptible  de  vert 
jaune...  Le  dessin  (ou  le  coloris)  rappelle  sous  ce  rapport  celui  du 
T.  viscicoras,  à  l'exception  des  couleurs  beaucouj)  plus  sombres.  Les 
parties  inférieures  du  corps,  lescouvertuies  de  la  ijueue  comprises, 
sontd'un  noir  brun,  presque  noir,  avec  des  bordures  très  étroites  (à 
peine  visibles),  lesquelles  sont  d'un  brun  gris  et  manquent  à  la 
gorge,  aux  parties  supérieures  de  la  poitrine  et  à  la  région  posté- 
rieure. La  partie  postérieure  est  d'un  blanc  sale  touchant  au  jaune. 
11  existe  encore  une  raie  qui  est  de  la  couleur  de  la  partie  inférieure; 
cette  raie,  qui  commence  aux  narines  et  enclôt  les  yeux,  se  dirige 
vers  les  régions  de  l'oreille  ;  et  à  cette  place  elle  s'étend  considéra- 
blement, en  sorte  qu'elle  s'unit  à  la  couleur  des  parties  inférieures 
et  se  teruiiue  à  la  région  des  épaules.  Les  régions  des  oreilles 
rappel leut  dans  leur  ensemble  le  T.  vUcicorus  ;  il  existe  à  cette 
place  des  petites  plumes  claires;  çà  et  là  apparaissent  également 
tiuel([ues  plumes  claires  sous  les  couvertures  supérieures  des  pre- 
mières pennes  des  ailes.  La  couleur  de  l'anneau  de  l'œil  ressemble 
aussi  à  celle  de  la  grande  Grive  (ciscironi!-),  mais  il  est  beaucoup 
plus  étroit. 

((  Les  couvertures  des  ailes  du  premier  et  du  second  rang  ont  les 
mêmes  couleurs  que  les  parties  supérieures  du  corps,  avec  de  larges 
l)ordures  un  peu  rouge  jaune  et  contrastent  fortement  avec  les  bor- 
dures claires  par  la  couleur  sombre  du  fond.  C'est  sur  ce  point  ({ue 
l'hybride  se  rapproche  le  plus  du  T.  viscironts. 

«  Les  pennes  des  ailes  ont  en  général  la  couleur  sombre  des 
couvertures  des  ailes,  mais  les  bordures  sont  également  beaucoup 
plus  étroites.  Les  plumes  anguleuses  des  ailes  sont  lirun  presque 
noir  avec  de  larges  bordures  jaunes  louchant  sur  le  rouge. 

(I)  Monalsohiil'Len,  p.  2M,  ISSu.  Nous  n'avons  pu  nons-mènie  consiiUer  cclU' 
revue,  c'ei-t  Jl.  le  D'I'aiLlslich,  inaitre  à  la  Realschiile,  qui  a  élé  assez  aimable  pour 
nous  adresser  une  copie  de  l'article  de  .M.  Vallon. 


OlSIi.UX    IIVBIIIDES    IlENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAUVAGE  'Mlj 

«  Les  iiliimt's  ((iii  recouvrent  les  parties  inférieures  des  ailes 
sont  d'un  noir  linin;  les  pennes  des  ailes  en-dessous  sont,  à  la  base, 
d'un  blanc  d'argent  et,  vers  les  pointes,  d'un  noir  ^ris  ;  les  plumes 
des  épaules  d'un  blanc  pur  soyeux.  L'ieil  est  noir  brun,  la  mandi- 
bule su|K''rieure  brun  de  corne,  les  pattes  jaune  couleur  de  chair, 
les  ongles  bruns,  n 

.M.  Vallon  n'a  pu  donner  la  description  des  rectrices  parce  que  la 
queue,  ayant  ('lé  arrachée,  ne  repoussa  pas  tant  (pie  l'Oiseau  vécut 
en  cage. 

Nous  pensons  ([ue  ce  spécimen  est  conservé  au  musée  tl'L  diuc. 
.M.  Vallon  parait  eu  avoir  fait  une  étude  très  attentive  et  très 
sérieuse,  mais  l'Oiseau  est-il  réellement  un  hybride? 

Genre  Regulus. 
Regulus  satuai'a  et  Regulus  calendula. 

Le  si)écimeu  dont  nous  don  nous  la  description  ci-dessous  futohtenu 
le  7  juin  ISl:i,  jiai'  Audiiiton,  dans  les  |)laulaliims  de  Falland  lù)rd, 
sur  la  ri\ière  Schnykill,  eu  Peusylvanie,  plantations  appartenant  à 
son  heau-pére,  AL  William  Rakcrrell.  L'Oiseau  fut  tué  sur  une 
branche  de  Kaîinii  UilijuUit,  au  nH)ment  où  il  cherchait  des  insectes 
et  des  larves  au  milieu  des  feuilles  et  des  fleurs  de  ce  végétal.  F^e 
célèbre  ornithologiste,  en  le  tirant,  croyait  avoir  affaire  à  un 
simple  I\oitelet  à  hu|ipe  row^e  {llitliri/  crcalril  irrcii)  ;  c'est  en  le 
ramassant  qu'il  s'aperçut  de  son  erreur.  Nulle  part  il  ne  rencontra 
d'autre  Oiseau  de  ce  genre  (jui  peut  être  pris  pour  le  lUtlinj  rritir 
H'/TH  dont  il  paraît  avoir  les  habitudes. 

Le  prince  Charles  Lucien  Ronaparte,  ami  d'Audubon,  ayant  vu  ce 
curieu.\  spécimen  à  Londres,  proposa  de  l'appehir  Hcijidaa  carhun- 
ciilus,  mais  Audubon  i)référa  lui  donner  le  nom  de  /^v/h/i/s  Cuvieri, 
par  un  sentiment  de  reconnaissance  envers  le  savant  baron  dont  il 
avait  reçu  des  uiartpies  d'altenlion,  et  surtout  pour  reudre  hommage 
à  celui  qui  était  a  lors  sans  rival  dans  l'étude  de  la  zoologie  générale  (1). 

MM.  Raird,  lirewer  et  Ridgway,  en  faisant  observer  que  cetlc 
<ifspiri')>  conliuufà  être  connue  par  le  seul  exem[)laire  d'Aiiduboii, 
remar([iiiiit  (pi'eile  diffère  |)rincipalement  du  ltc;iulu.t  shIihiki 
par  deux  bandes  noires  visibles  sur  le  veilex  (2),  lesipielles  suni 
séjiarées  jiar  une  autre  bande  blanchâtre,  l'extrémité  du  front  étant 
noire  au  lieu  d'être  blanche,  comme  chez  snlrapa. 

(I)  Hiol.  (Jrnilh..  p.  288,  1831. 
(i)  Croun  anteriorly. 


;n(i  A.    SUCHETET 

Daus  le  Calalogiie  des  Oiseaux  île  rAïuérique  du  Nord,  de 
M.  Ridgvvay  (i),le/to/H/«s  Citoîm  figure  toujours  à  litre  d'espèce  sous 
le  ir  ;_ii  ;  mais  M.  Brewster,  considéraul  «  la  plaque  vermilloa  du 
souiiuet  de  la  tète  bordée  de  raies  noires,  la  raie  uoire  de  l'œil  et 
les  bandes  blanches  des  ailes,  qui  reproduisent  de  très  près  les 
caractères  dominants  du  Itcfinlits  cah'ndula  et  du  R.  satrapa,  »  a 
émis  l'opiuion  cju'il  pouvait  être  un  liybride  de  ces  deux  espèces  (2). 

Cet  Oiseau  figure  sur  la  liste  hypothétique  du  Code  of  Xomenda- 
Inre  (3),  M.  Elliot  Coues  l'a  identifié  au  llci/ulus  f^atrapu,  il  a 
cependant  eu  soin  de  faire  suivre  son  assertion  d'un  point  d'inter- 
rogation (4). 

Voici  sa  description  d'après  Andubon  (a)  :  «  Les  parties  supé- 
rieures sont  d'un  olive  grisâtre,  monotone  (ou  sombre);  la  partie 
supérieure  de  devant  de  la  tête  (du  front)  est  lorée,  avec  une  ligne 
noire  derrière  l'œil  ;  il  y  a  une  bande  d'un  blanc  grisâtre  à  travers 
le  front  sur  l'œil;  une  bande  semi-lunaire  de  noir  sur  le  devant  et 
les  côtés  de  la  tête,  bande  qui  renferme  un  espace  de  vermillon  ; 
les  ailes  et  la  queue  sont  sombres,  bordées  d'un  jaune  verdàtre; 
les  plumes  secondaires  et  la  première  rangée  des  petites  plumes 
sont  garnies  de  blanc  grisâtre.  Dimensions  :  4  K  G  ». 

La  véritable  origine  de  cet  Oiseau  parait  donc  ignorée,  peut-être 
est-ce  un  hybride,  mais  peut-être  appartient-il  aussi  à  une  espèce 
([ui  ne  compte  iiue  peu  de  représentants  ou  (jui  est  disparue  depuis 
l'arrivée  des  Européens  en  Amérique? 

Genre  Cinclus 

CiNCLUS    CASHMIRIENSIS    et    CiNCLUS   LEUCOGASTER. 

D'après  M.  Seebohm  (6)  on  trouverait  vers  le  nord  des  xMonts 
Altaï  des  individus  intermédiaires  entre  ces  deux  formes.  Daus 
l'Est  de  la  Sibérie  chaque  forme  intermédiaire  se  rencontre  entre 
le  C.  ('iishiiiirlcnsis  et  le  C.  Icitruijaslcr  {!). 

Le  Citniiiti  (•(tsluiiirinis'is  fut  rapjjorté  ])ar  M.  Przewalski  avec  le 

(1)  Pioceeding  of  llie  L'niled  stales  national  Muspiim,  p.  IG3.  Voiraussi  p.  164. 

(2)  BuUeUu  of  tlie  NuUal  ornilhological  Clnb.  VI,  p.  224  vt  223.  1881. 

(3)  Adopted  Uy  Ihe  American  ornilliologist's  Union,  188G. 

(4)  Birds  oftlie  Northwest,  p.  17.  Washington,  1874. 

(ii)  Synopsis  oftlie  Birds  of  Xorth  America,  p.  82,  n»  131,  pi.  LV,  cr".  1839. 

((j)  On  inlerbreeding  of  Biriis.  Ibis,  p.  54(!  et  suiv.,  1882.  La  même  adlrmation 
est  donnée  dans  .4  nislory  of  british  Birtls,  t.  I,  p.  253,  et  dans  l'Ibis,  pp.  190  et 
l'.H,  18S0(O?)  thc  Ornithology  of  Siberia). 

(,7)  On  Ihe  ornithology  of  Siberia,  pp.  190  el  191,  Ibis,  1880. 


OISKAUX    IIYBHIIJES    nE.NCONTIllis    A    l'kTAT    SAUVAUK  .'{77 

r.  ^•(«•<)//((.s7<'/(le  ses  voviiiics  ircenls  (lîins  l'Asie  (1),  mais  le  savant 
voyageur  ne  paniît  [las  avoir  observé  de  croisemeiils. 

Les  deux  types  en  question  forment-ils  deux  véritables  espèces? 

M.  l'Ieske  reiiinr(|ue  que  «  si  ces  deux  Oiseaux  n'avaient  un 
babitat  dillrrentel  si  les  parties  du  ventre  d'un  des  exemplaires  de 
ritslimiriensis  qui  furent  rapportés  par  M.  Przewalski,  ne  laissait 
voir  des  ])lnnies  sombres  (2),  il  serait  ditUcile  de  dire  avec  ce  dernier, 
(jne  le  jeune  appaitient  à  des  espèees  dillérentes  l'-i). 

Du  reste  M.  Seebobm  ne  voit  lui-même  dans  le  «  Pabeartic 
Di|>per  n  «lu'une  seule  espèce  se  suiidivisant  eu  races  locales  (4). 

CiNCLUS   CASHMIRIENSIS   et   CiNCLUS   SORDIDUS 

M.  Seebobm  a  eu,  il  y  a  ((uelques  années,  l'occasion  d'examiner 
une  Jurande  (luanlili-  de  Dippers  (Merles  plongeurs)  envoyés  des 
Monts  Allai  par  un  colleelionneui' sil)érieu,  HerrTauere,  d'Anclam; 
il  a|ipril  i|iif  dans  l'extrémité  de  ces  monts  le  ('inclus  cashmiriensis 
est  en  contact  avec  le  Cincliin  sonlidus,  avec  le(iuel  il  paraît  s'unir, 
car  on  rencontre,  dil-il,  aussi  bien  les  formes  intermédiaires  ijue 
les  formes  extrêmes  (5). 

Le  ('inclus  sordiihts  ne  figure  point  dans  le  ('Dnspfclus  ijcncruin 
Aviuin.  On  sait  ijue  M.  Przewalski  le  ri'neonlra  dans  le  Tibet  en 
compagnie  du  ('inclus  cashmiriensis,  mais  .\L  Przewalski  ne  fait 
mention  d'aucuns  croisements.  Le  <'.  siinlidns  ue  jmut  être  qu'une 
race  du  ciisiiniiricnsis  (fi). 

Genre  Copsychus 

CopsYCHL's  SAULARis  (7),  var.  .Musiciis  et  Copsychus  saularis, 

Var.     A.M.ENLS 

Cliez  les  Oiseaux  de  Dbayal  la  transition  d'une  espèce  supposée  à 
une  autre  est  si  grailuelle,  et  les  caractères  spéciliques  sont  si 

(1)  iVisscnschaflliche  reauUate (1er  von  A',  il.  Przeualslii  iidch  t'entral-Àsien, 
lirai-  hcil.'l  vim  Th.  PUski',  II,  Vôgel.  Saint -PélersIiOurg,  IKS». 

(2)  (on  fonct'i'sl. 

(3)  Op.  cit.,  p.  :i->. 

(i)  .1  Ihslury  British  o(  liirils.  \>.  £Vt. 

(;))  On  Inlerbreeiling  nf  Birds,  Ihis,  pp.  VMt  el  suiv.,  1H82.  Voy.  aussi  :  À  lUslonj 
of  lirili.ih  Hiyits,  où  la  nirmc  allirmatinn  est  donnée. 

(G)  Voy.  Sceboliin  :  ■»  Hislory  of  British  Itirils.  p.  2;H. 

(7)  Synonymie  :  GracutK  .^aularis  Unn.,  Turtius  amœiiu.-i  l\orsl.,Laniu.<:  iiiu- 
sirus,  Cryllivora  sautaris  Swain,  Gryltirora  brevirostra.  Hrylliora  magiii- 
ro.<lrii,  Cop.iycliiis  miinlanensis,  Copsychus  pluto,  Copsychus  anKCiiu.i,  de.,  clc. 


378  A.  SUCHETET 

incertains,  que  M.  R.-B.  Sliarpe  a  jugé  utile  (1  )  de  ne  reconnaître 
qu'une  seule  espèce,  quoique  dans  la  liste  des  spécimens  du  Biilisli 
Muséum  il  ait])u  indiquer  des  races  ou  variétés.  «  L'Oiseau  iudieu 
de  Dhayal,  dit-il,  peut  être  distingué  de  son  congénère  l'Indo- 
Malayan  par  les  axillaires  d'un  blanc  pur  et  par  trois  plumes  exté- 
rieures de  la  queue  généralement  lilanciies,  la  quatrième  blanche 
aussi  on  grande  partie.  Dans  rindo-.Malayan  les  axillaires  ont  les 
bandes  noirâtres  très  visibles,  en  sorte  que  dans  la  plupart  des 
Oiseaux  la  couleur  dominante  des  axillaires  est  noire  avec  un  large 
bord  blanc;  les  deux  plumes  extrêmes  de  la  queue  sont  blanches,  la 
troisième  a  une  large  mai(iue  basane  sur  la  lame  intérieure,  tandis 
que  la  quatrième  a  seulement  une  plaque  blanche  à  l'extérieure. 
Cependant,  ajoute  M.  Sharpe,  lesmarques  ne  sont  pas  sullisamnient 
constantes  jiour  donner  toujours  un  critérium  absolu.  M.  Sharpe 
donne  encore  quelques  indications  pour  reconnaître  ces  deux 
variétés  et  dit  avoir  vu  seulement  une  femelle  de  Tenasserim  en 
mauvais  état  qu'il  n'a  pu  préciser;  est-elle  C.  saubuis  (race  qui 
descend  à  Tenasserim),  ou  C.  iiiusims  ((jui  lemoute  à  cet  endroit  de 
la  iiéninsule  de  Malayani;  il  ne  saurait  le  dire. 

Dans  les  îles  de  (Java  et  de  Bornéo?)  C.  imisicus  rencontre  le 
noir  C.  (unœnus;  plusieurs  espèces  du  British  Muséum  paraissent 
un  croisement  incontestable  entre  les  deux  formes,  M.  Sharpe  indi- 
(lue  comme  tels  :  une  femelle  de  Java  (provenance  Horsfield) 
Indian  Muséum;  un  mâle,  une  femelle  et  uu  jeune  de  Java  (|)rove- 
nance  E.  G.  Buxton.  F.  Nicholsou);  enfin  un  mâle  et  une  femelle 
de  Laberan  (provenance  H.  Low.  R.  B.  Sharpe)  (2). 

Si  des  croisements  se  sont  réellement  ])roduits  entre  les  deux 
types,  il  ne  peut  être  question  ici  que  de  croisements  de  variétés 
d'une  même  espèce,  et  de  variétés  sans  doute  bien  peu  tranchées. 

Famille   de   Laniukv 

Genre  Lauius 

Lanios  uufus  (3)  et  Lanils  collurio  (1) 

«  Au  commencement  de  Mai  1865,   dit  M.  le  Dr  Depierre   (o), 

(1)  Catalogue  of  the  Dinls  of  Urilish  iluseiuit.  Vil,  p.  G3. 
(J)  Pour  tous  cos  détails,  voy.  le  Cat.  oflhe  Birds. 

(3)  Aulies  noms:  Lanius  pomeranus,  Innius  rilutns,  Phoneusrulus,  Ennenc- 
tonus  nifiis,  Lanius  nulnnoles,  etc. 

(4)  Antres  noms:  Laitius   duiiietoriiin,  Enncoctonus  colhirio,   Lanius  spiili- 
torquus. 

(a)  linlletin  île  la  Sodêté  ornilliologiiiue  Snisse.  T.  ].!'  pail,,  p.  31  etsniv.,  ISCli. 


OISEAUX    IIYBRIDKS   RKNCONTUÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  370 

M.  Bastian,  préparateur  ilii  Musée  de  Lausanne,  tua,  dans  une 
localité  où  il  trouvait  habituellement  le  Lanius  rufim  (1),  une  Pie- 
Uriéche  qu'il  prit  d'abord  pour  un  jeune  de  cette  espèce.  Mais  en  la 
considérant  avec  |)lus  (ralleiilion,  il  lui  trouva  des  dilléreuces  si 
notables  avec  celte  dernière,  qu'il  s'empressa  de  la  monter,  sans 
toutefois  prévoir  tout  riiilérét  qu'elle  pourrait  exciter  plus  tard.  11 
négligea  malheureusement  de  constater  le  sexe  et  de  noter  exacte- 
ment la  couleur  des  pattes  et  de  l'iris  ». 

L'Oiseau  ne  fut  point  montré  aussitôt  après  sa  mort  à  M.  De- 
])ierre.  (lelui-ci,  après  l'avoir  examiné  avec  la  plus  scrupuleuse 
attention,  et  esi)érant  toujours  pouvoir  le  déterminer  d'une  façon 
un  peu  certaine,  dut  se  contenter  des  conjectures  les  plus  plausi- 
bles, «  tout  en  laissant  le  chami)  parfaitement  librt^  aux  rei^herches 
et  aux  opinions  ultérieures.  »  Quoique  les  diverses  colorations 
])ien  assurées  donnent  à  cet  Oiseau  un  faciès  caractéristique,  il 
paraît  ditlicile  au  docteur  d'admettre  que  cet  exemplaire  isolé 
ap|iartionne  il  une  espèce  non  décrite.  Un  l.aniu^,î\  ])remière  vue 
si  dillerent  de  ses  congénères,  n'aurait  pu  eu  elfet  échappera  l'atten- 
tion de  ceux  qui  s'occupent  d'ornithologie.  Il  ne  semble  pas  davan- 
tage |)robable  à  M.  l)i'pierre  que  celte  Pie-grièclie  soit  une  sim[)le 
variété,  il  la  croirait  plus  volontiers  un  hybride  de  Lanius  ntfus  et 
def.iiniiis  collunu,  les  Lanius  exciibitor  et  minor  qai  vivent  en  Suisse 
ne  ]irésenlant  iiucun  rapport  ni  de  taille,  ni  de  coloration,  avec  le 
sujet  en  question,  taudis  (|ue  cet  exemplaire  possède  des  caractères 
communs  avec  les  deux  autres  petites  espèces,  le  /..  rufun  et  le 
L.rollnrio.  «  Avec  le  Lanius  rulus,  le  large  bandeau  frontal,  le 
Irait  sourcilicr  blanc,  les  traces  de  rougeàtre  à  la  nui|ue  et  derrière 
la  tête,  le  ceiKlré  foncé  du  bas  du  dos,  le  miioir  blanc  des  ailes, 
enfin  la  bordure  extrême  des  rémiges  secondaires.  Avec  h'.  Laiiina 
colluiio,  l'absence  de  blanc  au  Itas  du  front,  le  gris  du  vertex,  le 
gris  du  croupion  et  le  large  liseré  brun  roux  des  couvertures  et 
des  rémiges.  »  On  y  remarque  en  outre  »  certaines  colorations  qui 
ne  peuvent  être  regardées  que  comme  iulermédiaires.  .Musi,  le 
brun  bronzé  (pii  occupe  la  nuque  et  le  sommet  du  dos  rappelle  un 
peu  la  couleur  de  ces  parties  de  la  femelle  du  Lanius  rufus,  et 
semble  parfaitemeni  un  mélange,  à  doses  égales,  du  brun  clair  du 
Lanius  cnllurio  et  du  noir  de  Lanius  rufus  dans  ces  parties,  l.o  gris 
clair  de  ses  couvertures  supérieures  provient  aussi  probablement 

(1)  CcUe  loralilé  sPi'ail,d'apros  une  romiiiiinicalion  di'  M.lo  D'  ,1. 1,ai(|iiior(les  Dan- 
rels,  los  bonis  du  lac  I.rinan.  CVst  (•iialcnii'nl  an  niiliou  d'avril  i|iic  I  Oisran  aiirail 
été  Uré. 


380  A.    SUCHETET 

d'au  mélange  de  brun  nuancé  desi'isdu  Lanius  collurio  et  àv\  Lnnius 
rufiis.  La  teinte  Ijruu  noiiàtre  de  ses  pennes  et  de  ses  rémiges  paraît 
encore  un  composé  du  brun  foncé  de  ces  parties  chez  le  Lunins 
CoUurio  avec  h;  noir  du  Lanius  riifuf;.  Enlin,  la  dislributiou  du  noir 
et  du  blanc  sur  les  pennes  externes  de  la  queue  du  Lanius  (en  ques- 
tion) tient  parfaitement  le  milieu  entre  ces  répartitions  dans  nos 
deux  espèces. 

«  Le  seul  curactrrc  spécifique  que  l'on  pourrait  attribuer  à  cette 
curieuse  Pie-grièche,  remarque  en  terminant  le  docteur,  est  donc 
sa  coloration  d'im  roux  foncé  à  la  poitrine  et  aux  lianes.  » 

La  présence  de  ce  caractère  particulier  a  engagé  ^L  Depierre  à 
donner  un  nom  à  ce  Lanius;  il  l'a  appelé  duhius,  malgré  ses  preuves 
d'hybridité,  dit-il,  mais  [ilutùl  poui'  attirer  l'attention  des  ornitho- 
logistes sur  cette  forme  que  pour  en  fairt'  une  espèce  nouvelle.  Il 
en  a  donné  la  description  détaillée  suivante  : 

«  Un  large  bandeau  noir  profond  occupe  tout  le  front  dejuiis  la 
base  du  bec,  sous  forme  de  forte  moustache,  en  dessous  de 
l'œil,  pour  venir  se  perdre  dans  la  teinte  foncée  du  bas  de  la 
nuque.  Le  sommet  de  la  tète,  ou  vertex,  est  d'un  gris  bleuâtre 
assez  foncé.  Le  tour  de  l'œil  est  blanc,  ainsi  qu'un  large  sourcil 
qui  se  prolonge  passablement  en  arrière.  L'occiput,  la  nuque  et  le 
sommet  du  dos  sont  d'un  brun  foncé  et  légèrement  lironzé.  Derrière 
la  tête  et  à  la  nuque  se  remarquent  quelques  stries  transversales 
d'un  rouge  brique.  Le  bas  du  dos  est  d'un  gris  bleucàtre  foncé;  le 
croupion  est  plus  clair,  mais  de  même  couleur.  La  queue  est  d'un 
brun  lujiràlre  foncé  avec  un  liseré  blanc  au  bord  des  pennes  les 
plus  externes.  De  ces  deux  dernières,  la  première  est  blanche  sur 
les  deux  tiers  environ  de  sa  longueur  à  partir  de  sa  base,  et  la 
seconde,  sur  la  moitié  seulement.  L'aile  possède  une  teinte  fonda- 
mentale d'un  brun-uoiràtre,  sur  laquelle  se  détache,  soit  le  gris- 
clair  des  couvertures  supérieures,  soit  le  liseré  roux  des  scapu- 
laires,  des  rémiges  secondaires  et  de  quelques  rémiges  primaires. 
Un  assez  fort  miroir  d'un  lilaiic  pur  occupe  le  sommet  des  rémiges 
primaires  ou  externes,  et  quelque  peu  de  la  même  couleur  borde 
encore  l'extrémité  des  secondaires.  La  gorge  et  le  milieu  du  ventre 
sont  d'un  l)lanc-iaun<àtre:  et  les  côtés  du  cou,  la  ])oilrine  et  les 
lianes  sont  d'un  roux-jaunàtre  assez  foncé.  Le  bec  est  noirâtre;  les 
pattes  semblent  avoir  été  d'un  brunâtre  foncé,  x 

L'Oiseau  mesure  à  peu  |)iès  toutes  les  dimensions  du  Lanius  rufas 
mâle.    M.    Depierre  le   considère  comme  un    mâle   adulte. 

.M.  le  D' .L  I.,arf|uicrdes  liancels,  directeur  du  .Musée  de  Zoologie 
de   Lausanne,   nous   informe  (jue  ce   curieux   Oiseau   est   encore 


OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTnÉS   A    l'kTAT   SAt'VAGK  381 

aujourd'hui  conservi-  ilaiis  la   collection   iiarticullèrc  de  .M.   Cli. 
nastiiui. 

Lanius  ExcuBiTon  (I)  et  I.anius  ma.iou 

Sous  ces  deux  noms  il  ne  ne  faut,  sans  doute,  comprendre  (in'uiir 
seule  espèce,  tout  au  ])lns  deux  variétés  d'un  même  type.  Sur  ce 
thème  les  oruitholo^istes  se  montrent  dans  un  i^rand  désaccoixi. 
Le  /..  major  de  Pallas  a  même  été,  dans  ces  dernières  années,  porté 
au  rauR  d'espèce  1  Sa  dilTérence  S|)écifique  de  /..  crnihildr  ne  paraît 
ceiiendant  pas  soutenahle  :  l'étude  du  sujet  mène  invcdontairemcnl 
à  cette  conclusion.  L'étendue  d(!S  documents  ([ue  nous  avons  con- 
sultés ne  nous  permet  pas  d'entrer  dans  tous  les  détails  des 
observations  qui  ont  été  faites  de  part  et  d'autre,  mais  de  l'analyse 
que  nous  [)résentons  il  nous  |)arait  ressortir  que  /,.  l'icnhilor  et 
/..  major  ne  sont  même  point  deux  races.  /..  ercuhilor,  tyjie  unique, 
serait  sujet  à  des  variations  jjIus  ou  moins  caractérisées,  peut-être 
même  au  dimorpliisinc,  ce  qui  a  donné  lieu  à  de  fausses  interpré- 
tations. L.  major  (variété  de  /..  crcubitor  suivaut  les  uus,  espèce  ou 
sous-espèce  suivant  les  autres)  ne  présente  point,  en  edet.  comme 
nous  allons  le  voir,  des  caractères  alisolninont  fixes  et  assez  dillé- 
rentiels  de  /..  r.rnihilor  [lour  permettre  d'eu  faire  une  race  ou  une 
espèce. 

Ces  soi-disant  caractèn-s  dilTérenliels,  sur  lesquels  s'appuiiMit  les 
partisans  d'um'  origine  S|iéciale  chez  /..  major,  reposent  générale- 
ment sur  l'absence,  chez  ce  dernier,  d'une  double  barre  blanche  sur 
l'aile,  ([ue  possède  A.  r.rculiitor, 

M.  le  D'  (jadow  (:i)  ilonne  ainsi  la  Ken  '''T  clef  ou  sifîne  distinctif) 
des  deux  espèces:  excuhitnr,  «  specuhiin  divisé  en  deux  barres 
lorsque  l'aile  est  pliée,  lianes  teintés  de  ifris  n  ;  k  major,  base  des 
b.irbcsde  tontes  les  secondairesnoiràtre.  plumai^eblanc;  un  très  petit 
spéculum  »  (3).  En  somme,  d'après  ce  dernier,  le  /..  major  dilïôre  du 
/..  i'.rculiil<ir  par  le  bas  du  dos  et  les  couvertures  supérieures  de  cou- 
leur blanche,  par  la  diminution  très  sensible  de  celte  couleur 
blanche  à  la  base  des  secondaires,  diminution  qui  aboutit  à  un  seul 
spéculum. 

D'après  .M.  le  D' Jean  Cabanis,  qui  paraît,  après  Pallas,  avoir  attiré 

i\)  Aiilro  nom  si'ienlili(|iii' :  iMnius  riiicreiK. 

(i)  Cntnlngiir  nf  llie  Patsnifornies  or  prrcliiiig  lltrii^  in  tif  (ttllectktti  i)f  titr 
llritish  Miiscitiii.  p.  £i:i,  VIII.  188:). 

(:<)  «  Alnr  .iprculuiii  hrokeii  itp  iiiln  liiii  alar  ftnrx  in  Ihe  Inldi'ii  iiint):  ftirnlis 
linge  nith  greij.  Itiisr  nf  llie  irehs  nf  ail  Ihe  seçunduires  hlncki^h,  plumage 
irltile;  veri/  xnitill  nlar  sprcnlum,  » 


382  A.    SUCHETET 

l'atteution  des  oriiitholoji'istPs  sur  le  Lanius  major,  presque  tombé 
dans  l'oubli,  cette  forme  dilïère  coniplètemeut  de  /..  r.Tcubitor{avec 
lequel  il  n'aurait  rien  de  commun),  «  par  son  miroir  qui  est  simple- 
ment blanc  et  qui  ne  se  montre  que  parle  niiroileuientde  la  main.  » 

Pour  M.  Seebohm,  qui  s'est  occupé  aussi  de  cette  question,  le 
L. major  (ou  Pallas'grey  Shrike)  diffère  du  I.excM/«tor(onGreatsrey 
Shrike)  «  par  sun  cronpioti  blanc  et  la  haar  hlanrhi'  des  primaires  d'une 
moindre  étendue,  tandis  que  la  luise  lilanehe  des  secondaires  manque 
complètement  (1).  »  La  quantité  de  blanc  sur  la  base  des  deux  lames 
des  secondaires  ne  lui  paraît  pas  devoir  être  lapportée  à  l'âge,  ce 
qui  lui  semble  suffisamment  prouvé  par  le  caractère  que  présente 
un  jeune  Oiseau  de  Bade  (de  la  collection  Dresser),  dans  lequel  la 
barre  sur  les  secondaires  est  aussi  développée  que  dans  les  faux 
types  de  L.  excubitor  (i).  Deux  exemplaires  semblables  sont  dans  le 
Muséum  britannique  (3). 

M.  Seebohm  croit  le  Lanier  gris  de  Pallas  aussi  distinct  du 
grand  Lanier  gris  que  la  Corneille  mantelée  l'est  de  la  Corneille 
noire  ;  il  ajoute  que  sa  dittérence  avec  ce  dernier,  si  elle  est  niée  en 
Angleterre,  est  reconnue  par  presque  tous  les  ornitliologistes  du 
continent.  Nous  ne  VDudrious  pas  être  aussi  aHirmatif.  En  tous  cas 
si  le  Pallas  grey  Shrike  n'est  point  ])lus  distinct  du  Great  grey 
Shrike  que  le  C.  corrus  ne  l'est  de  corni.r,  il  n'y  a  point  lieu,  dans  ce 
cas,  d'établir  une  différenciation  spécifuiue,  comme  nous  le  verrons. 

Voici,  d'après  lui,  quelques  indications  sur  l'haliitat  en  Europe 
de  la  Pie-grièche  grise  de  Pallas. 

Le  Pallas  grey  Skrike  ou  f..  major  serait  un  hôte  accidentel  de 
l'Ouest  de  l'Europe,  il  s'y  montre  cependant  assez  pour  qu'il 
puisse  être  considéré  comme  un  voyageur  régulier,  quoique  rare. 
Plusieurs  exemplaires  sont  conservés  au  Musée  d'Edimbourg. 
Gray  (4)  aurait  vu  «  au  moins  deux  douzaines  »  de  Lanier  gris  tués 
en  Ecosse  ((  ayant  seulement  une  barre  sur  l'aile.  »  Dans  la  collection 
de  M.  Borrer  existent  deux  exemplaires  tués  dans  le  Sussex.  Il  en 
a  été  aussi  abattu  près  deCardifï.  M.  Backhouse,  ami  de  .M.  Seebohm. 
possède  un  spécimen  dans  sa  collection  qui  fut  obtenu  près  de  York, 
tandis  <[ue  dans  le  Musée  Britannique  on  conserve  un  individu  tué 
dans  le  même  pays.  Autant  que  M.  Seebohm  a  pu  le  savoir,  tous  ces 

(1)  A.  Iiistorij  of  britisli  Birds,  p.  b07. 

(2)  Ibis,  IV,  p.  18uet  1S6,  18S0.  Consulter  .loiirnal  fiir  Oinilliolo.aic  (p.  96,  .lanvier 
1K7S)  siii-  la  i-echerclip,  par  M.  Tscliiisl,  d'exiMiiplairos  /..  ilajor. 

(3)  .1.  History  british  Birds.  p.  59o. 

(4)  Oiseaux  de  iOuesl  de  l'Iicosse,  cit.  par  M.  Seebohm. 


OISEAUX   HYBRIDES   IlENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE  383 

exemplaires  ont  été  pris  en  aiiloinnc,  en  liivor  ou  an  commence- 
ment du  printemps.  Sur  le  continent  il  en  a  été  trouvé  à  Sarepta  en 
Mars;  dans  la  Crimée  en  défonibre,  dans  les  provinces  Baltiques  à 
la  (in  d'août,  près  de  Stockiiolin  en  automne;  près  df  Bergen  en 
octobre;  outre  beaucoup  de  localités  d'Allemagne,  d'Autriche, 
etc.  (1). 

Le  Lanier  ijris  de  Pallas  se  ro|iro(luirait  dans  tout  h'  Midi  de  la 
Sibérie  65"  lat.),  où  il  est  un  émif^rant  partiel  hivernant  eu 
Turkestan  (2).  M.  Severtzow  a  donné  des  indications  sur  l'habitat 
du  /..  »if;;or  dans  cette  contrée  (3).  Le  /..  major  se  rencontrerait  aussi 
au  Jajmn  (i).  Benoist  Dybowski  l'a  rencontré  au  Kamtschatha; 
on  le  verrait  aussi  à  l'ile  de  Behring  (.ï). 

Voyons  maintenant  ce  que,  coutrairement  aux  opinions  émises 
par  M.  M.  le  D''  Cabanis,  Secbohm  et  D'  Gadow  sur  la  distinction 
du  /..  ninjor  et  de  /..  e.rcubilor,  pensent  d'autres  ornithologistes  et 
en  premier  lieu  M.  R.  von  Homeyer  qui  a  pu  comparer  entre  elles, 
et  sans  doute  simullanément,  cinquante  et  une  pièces  de  dillérentes 
provenances.  M.  von  Homeyer  dit  en  effet  avoir  reçu  de  .M.  l'Ins- 
pecteur Meves,  de  Stockholm,  vingt-trois  belles  pièces  empaillées. 
/..  r.rniliitor  et  A.,  major,  et  onzi'  autres  de  la  collection  de  M.  Tancré 
d'Anclam,  lesquels,  avec  les  dix-sept  qu'il  possède,  passèrent  entre 
ses  mains  et  purent  être  examinées  avec  les  spécimens  du  Musée  de 
Berlin,  sans  compter  les  autres  nombreuses  pièces  vues  auparavant 
et  déjà  étudiées. 

Ce  nouvel  examen  a  complètement  confirmé  M.  von  Homeyer 
dans  sa  première  manière  de  voir,  à  savoir  (|ue  la  distinction  de 
L.  p.Tcuhilor  de  L.  major  n'était  jioint  possible,  «  attendu  ipie  le 
miroii'  du  bras  qui  consiste  chez  le  f.anius  excubUor  typique  en 
une  grande  lâche  blanche,  diminue  [)eu  à  jieu  chez  un  nombre 
d'Oiseaux,  à  ce  point  que,  linalement,  il  se  change  en  une  petite 
tache  mélangée  de  blanc  et   de   noir  qui   se  trouve    près  de  la 

(1)  Tous  ces  exemples  smil  cilés  dans  A  [lialnri/  nf  Brilifh  iiinh,  p.  iWli. 

On  signale  éfîalemcnl  ilaiis  nue  pelite  collection  de  fiianwûrfier,  envoyée  de  la 
Ilonfîiie  npérieiire  à  M.  von  Tscliusi,  nn  Laninitf  mdjor  Pal).  (|iii  smail  le  onzième 
cnnslali'  par  M.  Tsclinsi.  K^'aleniciit,  dans  celle  pelilecollçclion.  se  trouve  uneaiilrc 
pièce  se  rappcocliani  ilc  I..  Jldinfijcri  Cab.  (Jonmal  fiir  Oniilliologie,  p.  ISOO, 
oclohre  1S7S). 

(2)  A  llhlorn  nfllrilisli   llird.f. 
Ci)  Diisser,  ]lii.t,  p.  18'i,  IS7C.. 

(4)  Même  revne,  p.  ,'H.  18H4.  Voir  aussi  p.  lil.'i. 
(.'>)  lUillelin  lie  la  Société  Zoolosicpie  de  Fiance,  p.  ."Kil,  ISS:t. 
Sur  l'habitat  de  /.  majitr,  on  pourra  encore  consulter  D'  (iailow,  l'itUtlogur  /Viy.-c- 
rifnrmes,  p.  2:«t,  I8SS. 


38i  A.    SUCHETET 

raciue  des  plumes,  taclie  qui,  cliez  maiuts  Oiseaux,  disparaît 
presque  totalement,  en  sorte  qu'où  ne  peut  distinj^uer  à  laquelle 
des  deux  espèces  l'Oiseau  appartient.  »  En  outre,  M.  von  Ho- 
meyer  remarque  que  certains  vieux  mâles  montrent  les  mêmes 
degrés  successifs  de  blanc  et  de  transition  très  parfaites,  et 
d'autres  marques  de  vieillesse.  Les  cinquante  et  une  pièces  dont  on 
vient  de  parler,  et  qui  proviennent  des  pays  les  plus  divers,  com- 
prouneut,  en  outre  des  types  rappoités  à  L.  c.cculiilur  et  à  L.  major, 
d'autres  individus  rapportés  à  la  forme  L.  Homeyeri.  Il  ne  serait  point 
sans  utilité  de  les  passer  tous  en  revue,  comme  M.  von  Homeyer  a 
eu  soin  de  le  faire,  mais  cette  étude  nous  entraînerait  trop  loin  : 
remarquons  seulement  que  parmi  huit  pièces  de  la  Laponie  et 
de  la  Suède,  qui  ont  la  tache  plus  ou  moins  cachée,  se  trouvent  des 
Oiseaux  chez  lesquels  il  est  difïïcile  de  remarquer  la  trace  d'une 
tache  sur  l'humérus  ;  à  ce  genre  se  rattachent  encore  trois  Oiseaux 
de  la  même  contrée  parmi  lesquels  un  vieux  mâle  sur  lequel 
ou  ne  découvre  guère  qu'une  plume  montrant  un  endroit  marbré 
de  blanc  et  de  noir.  Tout  à  fait  semblable  est  un  Oiseau  de  Baïkal 
reçu  de  M.  Dybowski  comme  l.anius  mollis.  Les  Oiseaux  du  Volga, 
L.  homeym,  ressemblent  tellement  à  certains  vieux  mâles  de 
L.  excnbitor,  ajoute  M.  von  Homeyer,  qu'on  ne  saurait  établir  entre 
eux  et  ce  dernier  type  une  différence  spécifique.  Chez  bon  nombre 
lie  L.  »iO;/o?' leur  maintien  seul  indique  si  on  doit  les  classer  comme 
L.  cxculiitor  ou  /..  major,  etc.,  etc.;  bref,  aucune  distinction  solide 
ne  permet  d'établir  la  valeur  spécili(iue  des  uns  et  des  autres,  tel 
est  l'avis  du  savant  ornithologiste  (1). 

Le  professeur  Collett,  de  Christiania,  qui  n'a  pas  moins  étudié  le 
sujet  que  M.  von  Ilemeyer,  a  cru  devoir  criticiuer  aussi,  et  très 
vivement,  le  D''  Gadow  (2)  d'avoir  rangé  à  titre  d'espèces  de  simples 
variétés  ou  races  climatériques  de  Lanius  qui,  en  somme,  après 
avoir  présenté  des  degrés  variés  de  transition,  liuisseut  par  s'iden- 
tifier complètement  eu  une  seule  espèce,  pouvant  servir  de  type; 
])armi  ces  variétés  se  trouvent  le  /..  major,  Pall.  Le  professeur  de 
Clirisliania  a  essayé  de  montrer  (3)  «  (jue  la  présence  ou  l'absence 
des  bases  blanches  sur  les  secondaires  ne  fournit  aucun  moyen  de 
direction,  et  qu'ainsi  L.  major  ne  peut  être  distingué  de  L.  excubitor 
par  des   caractères   méritant    qnelijue  confiance.  »   Chez   des  indi- 

(1)  L'élude  de  M,  E.  F.  von  Homcyei"  a  paru  dans  le  Journal  lin-  Ornithologie  du 
l.rof.  D-  Jean  Ciibanis  sous  le  litre  Die  Eiiroptiisclien  grnssi'n  Uiirger,    np.   l'iS, 

1'.'.),  ino  et  i;;i. 

(2)  Voy.  :  Ibis  IV,  n"  13,  p.  ;«),  ISSfi. 

(3)  .\rrhiv.  f.  Matheinatick.  og  Nalurvidenskali.  IST'.I. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  383 

vicias  (les  districts  méridionaux  de  la  Norwège,  comprenant 
égaleim-nt  li's  spi-ciinons  les  plus  tyiiiques  de  /,.  major,  les  secon- 
daires ne  montrent  aucunes  traces  de  bases  blauclies;  chez  d'autres 
les  premières  indications  de  cette  marque  ont  fait  leur  apparition; 
chez  d'autres  enlin  ces  indications  sont  élcndues  à  une  tache  dis- 
tincte d'environ  15"""  de  larj^eur.  Ou  pourrait  avec  une  parfaite 
indillérence  nommer  de  tels  individus  L.  majur  ou  /,.  r.rcuhilnr.  Ou 
lient  trouver  une  série  non  interrompue  de  transition  jusqu'à  ce 
que  la  tache  extérieure  sur  les  secondaires  devienne  la  inan|ue 
blanche  dans  !..  cirubitor  typiciue.  M.  Collet  fait  en  outre  savoir 
que  M.  Meves,  de  Slockliolm,  a  dans  sa  collection  deux  jeunes 
Oiseaux,  tous  deux  tués  le  12  aoiU  à  Ouickjock,  en  Lapniark, 
probablement  de  la  même  couvée,  dont  l'un  est  un  mâle  à  double 
tache  /,.  c.rrnliihir,  l'antie  une  femelle  avec  une  seule  tache,  /.. 
major. 

Afin,  du  reste,  de  montrer  les  variations  auxtiuelles  est  sujet  L. 
crciihltnr,  M.  CoUett  énumère  vingt-six  spécimens  de  la  Norwège 
conservés  dans  le  Muséi'  de  ITniversité  de  Cluisliania,  la  plupart 
tués  ou  réunis  jiar  lui,  ce  qui  lui  i)ermet  d'indiiiuer  pour  presque 
tous  le  sexe,  la  date  de  la  capture  et  la  localité  où  elle  eut  Heu.  Ces 
si)écimens  [lourraient  être  rangés  aussi  bien  en  sept  catégories 
qu'en  deux  seules.  Nous  remar(iuerous  parmi  les  spécimens  en 
plumage  de  printemps  :  un  mâle  typique  L.  CdCtihitor  sans  vermi- 
culations,  avec  tache  basale  de  2!)'""'  sur  les  secondaires.  Deux 
femelles  du  même  type,  l'une  sans  vermiculations,  l'autre  iiossé- 
dant  de  faibles  maniues  basales  normales  sur  les  secondaires; 
(9  petits  18-20'n">),  le  blanc  sur  les  premières  plumes  mélangé  de 
noir.  Puis  un  mâle  pn^sque  typi(|U(!  /..  major,  avec  vermiculations 
comparativement  distinctes;  l'indication  de  la  tache  basale  sur  les 
secondaires  montre  comme  une  petite  tache  gris  blanchâtre  (lO™™) 
sur  la  troisième  plume. — Un  autres  mâle  typi(|ue  /..  major,  sans 
aucunes  vermiculations,  la  tache  basale  sur  les  secondaires  manque 
absolument.  —  Une  femelle  du  même  type,  également  sans  aucunes 
vermiculations,  la  tache  basale  sur  les  secondaires  est  seulement 
indii[uée  par  un  poinlillement  ])resque  impcrceplii)!e  de  blanc  sni- 
une  seule  plume. 

Parmi  les  spécimens  en  plumage  d'été,  M.  Collett  parle  d'un  mâle 
ty|>iqne  /,.  e.rruhitor,  abdomen  blanc  de  neige,  le  crouiiion  iires(|ue 
d'un  blane  pur,  la  plume  de  la  (|ueiie  la  plus  exlérieuri'  {>r(;s(|iie 
entièi-enient  blanche;  la  marcpie  basale  sur  les  secondaires  nor- 
male. Kiisnili'  iini^  femelle  typique;  /..  major  (s'élant  aliii'e  avec  le 
ileuxièuie  spiMinien)  i|iii  jirésente  de   faibles    traces  de   verniieula- 


38(l  A.    SUCHETET 

lions  ;  la  plume  la  plus  extérieure  de  la  queue  a  une  grande  et 
large  tacUe  noire  ;  la  tache  basalc  sur  les  secondaires  nian(iue  abso- 
lument. —  Coniuie  spécimens  eu  i)reniier  plumage,  le  savant  profes- 
seur cite  encore  deux  mâles,  type  excuhitor,  couvés  ensemble,  avec 
taches  basales  normales  sur  les  secondaires  ;  une  femelle  type  L. 
major,  delà  même  couvée,  dont  la  tache  basale  sur  les  secondaires 
manque  totalement.  —  Puis,  comme  spécimens  |en  plumage  d'au- 
tomne, un  mâle  typique  crrubitor  sans  vermiculations,  avec  grande 
tache  sur  les  secondaires,  plume  la  plus  extérieure  de  la  queue 
presque  entièrement  blanche;  quatre  autres  spécimens  avec  traces 
de  vermiculations  et  tache  basale  sur  les  secondaires  normale.  Un 
mâle  presquo  typique  L.  major  avec  des  traces  de  vermiculations 
et  une  faible  indication  de  tache  basale  sur  la  seconde  plume  des 
secondaires,  etc., etc.  —  Eulin  nousnoterons  parmiles  spécimens  en 
plumage  d'hiver,  deux  mâles,  types  /-.  ««yor,  avec  traces  de  vernii- 
culalions;  dans  un  de  ces  spécimeus  la  tache  sur  les  secondaires 
manque  absolument,  dans  l'autre  elle  est  indiquée  par  un  point 
blanc. 

Nous  ne  pourrions  rendre  compte  de  toutes  les  savantes  obser- 
vations que  cite  le  ]U'ofesseur,  et  nous  renvoyons,  pour  plus  de 
détails,  à  son  étude (i). 

On  trouve  encore  de  précieuses  indications  sur  le  même  sujet 
dans  un  travail  de  M  le  D>'  Otto  Finsh  (jui,  avec  les  matériaux  du 
Musée  de  Berlin,  s'est  livré  à  une  étude  du  genre  de  celle  de 
MM.  von  Homeyer  et  r.ollett.  Après  avoir  rapi)elé  que  l'absence  des 
taches  blanches  ptérygoïdes  sur  les  plumes  des  ailes  propres  à 
L.  excuhitor  caractérise  /..  major,  il  observe  que  cette  marque  dis- 
tinctive  est  très  variable  Deux  spécimens  sibériens  ont  la  base 
de  l'omoplate  des  ailes  blanche  sur  les  deux  côtés  des  plumes, 
mais  ce  blanc  est  tout  à  fait  caché  chez  l'un  par  les  plumes 
brunâtres  et  pointues  quand  les  ailes  sont  croisées  ;  ce  blanc 
devient  visible  chez  le  second  dont  les  bordures  brunes  de  l'extré- 
mité sont  déjà  émoussées  ;  celui-ci  devrait  donc  être  classé  comme 
L.  e.rcuhitor  et  celui-là  comme  L.  major.  Le  L.  mnjorn'esl  aux  yeux 
de  M.  le  D'  Otto  Finsh  (ju'un  rvcuhilor  dans  la  livrée  d'automne 
après  la  sortie  de  la  mue.  Un  /..  llomniferi,  Cab.  il.  Icitroptcrus, 
Severtz.),  unique  spécimen  rapporté  par  le  docteur,  pourrait  ne 
représenter  qu'un  L.  excubilor  dans  la  livrée  usée  du  priotemps(2), 
etc. 

(1)  Ibis  IV,  11»  i:i,  p.  311.  .laiivier  I8.SC1. 

(2)  Voir  ■■  flci'.'-T  nnrh  W  est -sibérien  in  jtihre  IS'H,  p.  188. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE  '.iSl 

La  série  presque  (.•oiupléle  d'uu  /..  niajur  jcuuc  de  l'Aïuor  à 
L.  exctibitor  a  été  constatée  par  M.  Seeboliiu  lui-même  (1).  M.  le 
D"'  Fiusli  aurait  aussi  n'inontré  des  séries  de  transition  entre  les 
deux  types  (2j. 

Sous  le  bénéfice  de  ces  observations,  nous  parlerons  des  soi-disant 
niélanjies  (|ue  l'on  a  cru  constater.  D'après  M.  Sceboliin,  un  grand 
nombre  de  spécimens  /..  iiuijor,  obtenus  à  lliliyolaud  et  près  de 
Constautinople,  à  l'époque  de  la  migration,  sont  le  résultat  d'un 
croisement  avec  la  Great  grey  Slirike(/..  crriz/^/or),  croisement  ayant 
pu  s'opérer  dans  le  Nord-Est  de  l'Europe.  11  est  cependant  liossible, 
ajoute  le  savant  ornithologiste,  que  les  Oiseaux,  se  reproduisant 
dans  le  Nord-Est  de  l'Europe,  ou  même  daus  le  Nord  occidental 
de  la  Sibérie,  soient  de  race  intermédiaire,  mais  les  deux  exem- 
plaires obtenus  par  Finsh  dans  la  vallée  de  l'Obb  paraissent  être  l'un 
demi-sang  et  l'antre  quarteron.  En  thèse  générale,  M.  Seebohni 
admet  que  les  deux  types  se  croisent  «  là  on  leurs  ovdvas  {runijcs} 
géograpbi(|ues  se  rencontrent  (3).   » 

M.  Collelt  a  cilédes  faits  beaucoup  plus  précis.  Lorsfjue,  eu  1884, 
il  était  à  Dovre-Fjeld,  il  rencontra,  le  'M  juin,  dans  une  forêt  de 
sapins,  à  une  haute  altitude,  près  de  lljerkiu,  une  famille  de 
Laniers  comprenant,  avec  les  parenls,  toute  une  couvée  de  petits 
venant  d'avoir  leurs  plumes  et  revêtus  en  conséquence  de  leur  pre- 
mier ])lumage.  Il  tua  trois  de  ces  petits;  le  reste  s'envola  en  com- 
l)agnie  des  parents.  Or,  deux  de  ceux  qui  furent  tués  étaient 
des  mâles  et  se  rapportaient  en  tout  à  des  spécimens  typi- 
(pu!S  (11!  I..i'.iritliitiir:  la  tache  sur  les  secondaires  était  très  grande 
et  blanc  de  neige  avec  la  longueur  normale  de  2(j'°'",  dans  un 
de  ces  jeunes  elle  était  même  de  27™™.  Le  troisième  exemplaire,  une 
femelle,  était  au  contraire  un  individu  typi([ue  de  /,.  major 
n'ayant  pas  la  [dus  légère  mar(iue  de  bases  blanches  sur  les  secon- 
daires. Sous  d'autres  rapports  les  dillérences  entre  ces  trois  indi- 
vidus étaient  extrêmement  légères.  Pendant  l'été  de  I88."i,  M.  Collett 
lit  une  observation  semblable  en  Finmark  ;  il  tua  dans  une  nichée 
un  mâle  et  une  femelle  dont  le  premier  était,  sous  tous  rapports,  un 
spécimen  typi(ine  lie /..  l'icuhilor;  la  femelle,  au  contraire,  avait 
une  seule  tache  /..  major,  sans  trace  d'aucune  tache  intcrieure  sur 
les  secondaires.  Le  30  juin,  en  compagnie  de  .M.   Landniark,  M. 

(1)  Voy.  :  ll)is.  IV,  PII.  114  et  ISH,  1880. 

(2)  Vcik  k.  k    /.mil.  hiit.  des.,  p.  ISS.  Vieniio,  1S79,  fit.  par  le  prof.  Ccillcll.  iii  Ihis, 

\m;. 

Ci)  A  Bistury  of  Brilish  Uirds,  I,  p.  DOiJetaDO.  LonJrcs,  1883. 


388  A.    SUCHETET 

(loUetl  trouva  encore,  [irès  le  Laiia-Elv,  un  nid  de  Pie-grièche  cou- 
tenant  six  petits.  Ce  nid  était  placé  dans  un  Bouleau  à  environ 
quatorze  milles  de  l'enibouchure  de  la  rivière.  On  voyait  facilement 
le  nid,  dit  M.  Collell;  il  était  construit  de  rameaux  secs  et  unis 
avec  de  la  paille,  fortement  garni  de  jjlumes  blanches  du  Willow- 
Grouse,  et  aussi  d'un  peu  de  laine  et  de  coton  de  Saii.r  lanata.  Les 
petits  étaient  environ  de  la  taille  du  Moineau  et  nus,  quelques 
plumes  poussaient.  Les  parents  qui  montraient  une  grande  anxiété 
furent  tués  facilement.  Le  mâle  était  un  L.  cxcubitor  normal,  de 
couleurs  très  pures,  il  n'avait  aucune  trace  de  vermiculations  sur 
l'abdomen  blanc  ;  la  femelle  était,  au  contraire,  /,.  major  typique  et 
montrait  dans  son  ensemble  des  couleurs  un  peu  plus  foncées  que 
le  mâle,  le  croupion  était  seulement  un  peu  plus  clair  que  le  dos  ; 
dans  le  niàle  cette  pailie  était  d'un  blanc  pur. 

Ces  exemples  d)  qui  moulrent  que  la  forme  à  une  seule  tache  et 
la  forme  à  deux  taches  peuvent  se  trouver  simultanément  dans  une 
même  couvée,  et  aussi  que  les  deux  types  se  croisent,  sont  avec 
raison,  pour  M.  Collelt,  une  preuve  que  /..  niajur  ne  peut  être  con- 
sidéré comme  une  espèce  distincte  de  /..  c.irabitor.  Mais  peut-être, 
comme  nous  avons  eu  soinde  rindiqueroncommeuçaiit,  u'existe-t-il 
même  point  une  variété  ou  race  stable  ;  on  est  eu  droit  de  supposer 
plutôt  que  L.  excubitor,  sujet  au  dimorphisme,  offre  deux  variantes 
dans  les  taches  blanches  des  ailes,  particularité  ayant  été  la  cause 
des  erreurs  qui  se  sont  produites. 

Il  n'y  aurait  donc  point,  dans  ces  divers  exemples,  de  croisement 
à  proprement  parler,  même  entre  deux  variétés  d'un  seul  type  ! 

Nous  n'avons  pu,  dans  cet  article,  donner  une  analysedu  mémoire, 
également  très  important,  de  M.  J.  Reinhardt  (2),  la  traduction  qui 
nous  avait  été  faite  du  texte  danois  ayant  été  perdue.  Du  reste, 
nous  croyons  nous  être  assez  étendu  sur  un  sujet  qui,  certes,  ne 
mérite  pas  une  étude  plus  longue  etavoir  tait  sutnsamment  connaître 
L.  major  que  certains  ornithologistes  ont  encore  considéré,  mais  à 
tort  sans  doute,  comme  un  état  d'âge  ou  simplement  une  femelle 
de  la  Pie-grièche  grise  (3).  Si  nous  voulions  en  terminant  faire  con- 
naître l'opinion  de  ALM.  de  Selys  Longchamjjs,  \\l.  Dubois  et  von 
Zschuzi  de  Schmidofïen  (4),    ce  serait  pour  nier  de  nouveau  la 


(1)  Tous  rapportés  par  M.  le  pi-of.  Cullcll  (ll)is,  IV,  n»  13,  p.  30.  janvier  ISSfi. 

(2)  Om  Lanius  major,  l'ail.  Kog  deus  Fore  Komst  lierilamlet  of  J.  Reiulianlt 
(iMcddeIt  den  ;>'*  marts  188S,  pp.  387  à  30(i)  in  Videnskaheli^'e  ira  Natiu'liislorisk 
Foreing  i  Kyolenhaven,  111,   lS79-iS0. 

(3)  \'oy.  sur  ce  sujet  Ueiiland  et  Gerbe.  Ornitlwlogie  Européenne. 

(4)  D'après  leurs  eommunicalious  reçues. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  389 

valeur  sinrifuine  de  ce  \y\>v  (|iip  M.  Sclater  (lualiliait  deriiièremont, 
dans  une  lettre  ((u'il  voulait  bieu  nous  adresser, de  (((/o((/;(/u/.s7*c(v>.s'  » 
(espèce  douteuse),  et  ([ue  M.  Blasius  a  sans  doute  bien  déterminé 
en  l'appelant  «  un  capriee  de  la  nature  »  {l'ia  nalurssiilcl  in  dicsrr 
r(iri(ili(in)  (i). 

Lanius  ExccniTon  et  Lamus  leicopterus 

M.  Seeholun  dit  (2)  que  dans  le  sud-est  de  la  Russie,  les  lii,niées 
(the  ranj;es)  du  Wliite-wiuged  grcy  Skrikc  (/..  leiicuplerua)  et  du 
(ireal-^rey  Skrike  (L.  exrubitor)  se  reucontrent  (3),  et  que  sur  le  bas 
du  Voli;a{4),  le  plus  grand  nombre  des  exemplaires  sont  des  formes 
intermédiaires.  Ces  types  ont  été  décrits  comme  une  nouvelle 
espèce  sous  le  nom  de  Liinius  hoiiieyeri  et  se  trouvent  rarement  en 
Sibérie.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire,  ajoute  M.  Seebohm,  que  ces 
formes  intermédiaires  sont  le  résultat  d'un  croisement. 

Il  ue  faut  voir  encore  dans  le  leucoptfms  qu'une  race  du  /..  crcii- 
hilor  (si  race  il  y  a).  Ce  [.nniits,  d'après  M.  Seebohm,  a  le  blanc  de 
l'aile  plus  développé  que  chez  le  grand  Lanier  gris  ;  ceci  serait  prin- 
cipalement remarquable  sur  les  plumes  secondaires  qui  oui  la 
moitié  de  la  base  des  deux  barbes,  et  presque  la  barbe  inlérieuic, 
entièrement  d"uu  blanc  jiur.  Le  D' Gadow  a  donné  une  descri[)ti()ii 
détaillée  de  ce  type  qui  prête,  sans  doute,  à  quelque  confusion, 
car  M.  Dresser  parle  d'un  Ldnius  leucoplfriis  devant  être  assimilé 
au  Lanius  lloinnjrri  (o). 

Les  croisements  indiqués  par  .\L  Seebohm  ne  le  sont  du  icste  ([u'à 
titre  hypothétique. 

Lanius  excubitor  et  Lanus  borealis  (0). 

D'après  .M.  Seebohiii,  le  /..  cinibilur  parait  (7)  se  croiser  en 
Asie  avec  le  f..  horealis  A'iell,  sur  toute  la  ligne  de  démarcation  (pii 
le  sépare  de  ce  ty|)e  et  qui  devint  la  forme  dominantedans  l'est  delà 
Sibérie.  «  Eu  .\méri(iue  probablement,  ajoute  .M.  Seebohm,  la  race 

(1)  Journal  tûr  Ornilliologio,  p.  46,  janvier  I.S.S2. 

Voir  sur  le  mOiiie  sujet  la  noie  qui  termine  l"arliele  /..  excubilnr  il  /..  Iiorealis. 

(i)  A   Historu  o[ Ilrilinh  Binh,  par  II.  rieebohin.  I.  I,  p.  il7. 

|3)  Impinge. 

(4)  Lower  Walga  by  far.  Catalogue  of  Birds  o[ Brilish  .)/ii,«H»(,  VIII. 

(li)  Voy.  Dresser,  .Voies  on  Secerlzuw,  etc.  Ibis,  Vil,  pp.  IS;{  el  IS4,  IXiCi. 

(Cl)  .Synonymie  :  Lanius  e.rcnbitor,  Korl.  Wils.  .Vuil. 

(7)  Ibis,  iV,  pp.  IS5-18G,  1S80. 


390  A.    SÙCHETET 

pure  borealis  se  rencontre  seule,  tandis  qu'en  Asie  existent  non 
seulement  des  Oiseaux  de  pure  race  des  deux  espèces,  mais  aussi 
des  liyljrides  de  leurs  croisements  et  entre-croisements  ». 

Quoique  le  borealis  dillère  de  Vexcuhitor  par  la  coloration  de  son 
poitrail  maculé  de  gris,  ce  n'est  encore  là,  sans  doute,  tout  au  plus, 
qu'un  croisement  entre  variétés  d'une  même  espèce,  si  même  ce 
croisement  existe?  car  si  le  horenUti  est  relié  k  Vexcuhitor  par  des 
gradations  insensibles  servant  de  passage  du  type  européen  au  type 
américain,  il  paraît  plus  naturel  d'attribuer  ces  moditicalions  aux 
iulluenees  clinialériques  qu'à  de  véritables  mélanges  de  deux  types 
purs. 

Dans  ces  dernières  années,  on  a  érigé  au  rang  d'espèces  bon 
nombre  de  formes  douteuses  de  Laniiis  qui,  certes,  ne  méritent  pas 
ce  titre.  Aussi,  est-ce  probablement  avec  raison  que  M.  Seebohm, 
considérant  que  les  parcours  géographiques  de  tous  les  Laniers 
gris  (Grey  shrikes)  sont  reliés  les  uns  aux  autres,  dit  qu'il  ne  serait 
pas  sui'pris  d'apprendre  qu'en  beaucoup  de  cas  où  ces  l'ormes  habi- 
tent les  mêmes  districts,  elles  se  croisent  habituellement.  Dans  ce 
cas,  d'après  lui,  uneou  plusieursdes  formes  ainsi  croisées,  devraient 
être  descendues  au  raug  de  sous-espèces;  mais,  ajoute-l-il,  on  ne 
pourrait  les  réunir  comme  MM.  Sharpeet  Dresser  paraissent  l'avoir 
lait  (1). 

L'article  de  M.  0.  V.  Alpin,  de  Blowham,  publié  dans  leZoolo- 
gist  (2),  et  que  nous  reproduisons  en  note,  montrera,  les  diffi- 
cultés qui  se  présentent  lorsqu'on  veut  déterminer  certains  types, 
vu  sans  doute  le  peu  d'importance  ou  même  le  peu  de  slaljilité  des 
caractères  de  ces  derniers,  ce  qui  vient  encore  en  faveur  de  l'unité 
spécifique  (3). 

(1)  Ibis  IV,  pp.  184  el  1S5,  1S8G. 

(2)  P.  28,  1890. 

(3)  M.  0.  V.  Alpin,  après  avoir  rappelé  que  loD'H.  Gadow  dit  qucle  L.  excubitor 
est  d'un  gris  blanchâtre  sur  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures  de 
la  queue,  et  que  le  L.  major  en  dillère  par  le  blanc  du  bas  du  croupion  et  des 
couvertures  supérieures  de  la  queue,  remarque  que  le  gris  blauchàire  pâle  décrit 
bien  la  couleur  de  ces  parties  dans  L.  exciihitor,  quoique  la  tonalité  varie  dans 
certains  siiécimens.  Mais  il  est  fort  surpris  d'apprendre  que  L.  major  ait  les  couver 
turcs  de  la  queue  blanc  plus  pâle  que  chez  L.  excuhilur.  Dans  ses  deux  spécimens 
approchant  du  type  L.  Hoiiieyeri  (chez  lequel  type  le  blanc  sur  les  secondaires  et 
la  queue  est  beaucoup  plus  étendu  que  chez  /,.  excubilor),  les  couvertures  supé- 
rieures de  la  queue  sont  blanc  pur,  le  croupion  jdus  pâle  que  dans  cette  espèce. 
Sans  doute  faut-il  reconnaître  quelque  chose  suivant  l'âge  ou  le  sexe,  .\insi 
L.  borealis  dans  le  plumage  d'été  (adulte)  est  décrit  par  le  D'  Gadow  comme  ayant 
un  croupion  et  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  blanc  pur,  mais  les  jeunes 
Oiseaux  apparaissent,  d'après  ces  descriptions,  avoir  ces  parties  colorées.  Dans  le 
spécimen  de  Massachusetts  de  M.  Alpin,  un  jeune  Oiseau  aiiparemment  en  plumage 
d'hiver,  elles  sont  gris  [làle,  avec  une  forle  étendue  de  brun  clair.  Ce  qui  fail  penser 


OISEAUX    HYBRIDES    HENCONTKÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE  3!tl 

Famillr   (1rs   GarnilidiV 

Oenre  Cyanocorax 

Cyanocorax  cyanomelas  (I)  et  Cyanocorax  cyanopogon  (2) 
ou  Cyanocorax  cayanus  (3). 

(domine  le  spécimen  décrit  par  M.  Geuty  sous  le  iioiii  di'  Cyioio- 
roinx  lleilprini  si'wlûa  rester  unique,  comme  aussi  M.  (!enty  dit 
clans  sa  description  qu'il  nuit  les  caractères  des  deux  groupes  dans 

ù  M.  .\l|iin  ijiu'  puiil-iilii'  /,.  »iajorii":u'quierl  le  cioiiiiidii  lilaiic  i|iie  lorsqu'il  csl  liiiit 
à  liiil  ailiillo,  ciii'  il  a  pusséili'  pendant  (niel(|u('  Iciiips  un  exemplaire  di'  NorfolU  de 
celle  forme  (évidi'nmienl  un  jeune  Oiseau)  qui  avail  le  eroupion  el  les  couvertures 
supérieures  de  l;i  ipieue  yris.  tout  aussi  foncés  (|ue  ces  parties  le  sont  chez  ses  trois 
peaux  les  plu-^  foncées  de  L.  exculiitdi:  ainsi  qu<'  chez  deux  Oiseaux  inlerrnédiaires 
entre  celle  forme  et  /..  iiiiijor.  Pendant  l'hiver  de  INS'JIWIO,  il  a  cependant  ohlenu  un 
Lanius  dePallas,  tué  à  \Vardin(;ton,Oxon,  en  novembre,  qui,  autani  il  a  pu  le  voir, 
est  entièrement  adulte,  mais  a  encore  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures  de 
la  queue  gris.  Les  vermiculalions,  tonjoui'S  présentes  dans  cette  espèce,  ne  se  con- 
tinuent pas  aux  joues  et  au  bas  de  la  gorge,  comme  dans  son  jeune  spécimen,  et 
quoiqu'il  y  ait  une  légère  teinte  de  brun  vif  sur  les  joues  et  la  poitrine,  et  iilus  appa- 
rente aux  cùlés  du  dernier,  celle-ci  est  très  faiblement  dévelopi)ée,  sinon  sur  la  léle 
et  ledos.  Cet  Oiseau  de  Wardington  est  le  Lanier  gris  de  la  couleur  la  jilus  foncée  que 
M  Oxon  ait  jamais  vu  ;  sur  la  tète  el  le  dos,  li'  gris  plombé  est  aussi  foncé  que  la 
couleur  de/,.  men'/io)i'(/iS,  mais  la  nuance  bleue  fait  défaut.  Le  croupion  csl  du 
même  gris  foncé  que  le  dos,  el  les  couvertures  de  la  cpieue  sont  plus  foncées  que 
celles  de  tout  autre  I,anler  gris  (pi'il  ait,  mais  elles  sont  légèrement  teintées  d'une 
couleur  brnnAlre.  M.  Seebohm  dil  que  le  :,■"  /,.  major  adulte  dilTère  du  grand  Lanier 
gris  par  son  croupion  blanc,  M.  Oxon  désirerait  savoir  si  cela  est  ex.'icl,  car 
s'il  en  est  ainsi,  à  iiuelle  forme,  se  deuiaude-t-il,  ces  deux  Oiseaux  avec  leur  cri.ujiion 
et  les  couvertures  de  la  queue  gris  (im  au  moins  qui  ne  peut  être  nommé  un  jeune 
et  qui  s'accorde  avec  la  descriplion  de  /..  major  par  le  blanc  ju'esque  fané  à  la  base 
des  secondaires)  doivent-ils  être  rangés?  Dans  ses  spécimens,  un  examen  minu- 
tieux permet  seul  de  découvrir  quelque  peu  de  blanc  près  du  tuyau  des  plumes  à 
leurs  bases  extérieures.  Si  ces  Oiseaux  ne  sont  pas  de  purs  /,.  major,  ils  doivent 
être  intermédiaires  entre  celle  forme  et  excuhilor.  El  s'il  est  réellement  vrai  qui- 
/..  major  avec  le  blanc  presque  fané  sur  les  secondaires  a  le  croupion  et  les  couver- 
tures de  la  (pieue  blancs,  alors,  assurément,  dil  M.  Alpin,  les  Oiseaux  intermédiaires 
entre  celle  forme  cl  e.rciiliitor  !x  croupion  pùle  ne  doivent  pas  avoir  ces  parties  plus 
fonci'i's  que  dans  le  dernier,  comme  ils  les  ont  cerlainement,si  ses  Oiseaux  sont  inter- 
médiaires el  non  pure  race  major,  ainsi  qu'il  incline  à  penser  qu'ils  le  sont.  «  l)'un 
autre  coté,  ujoute-t-il,  si  ces  Oiseaux  à  croupion  gris  sont  intermédiaires,  alors 
M  forliuri,  !..  »i(//or  aurait  un  croupion  gris  el  non  blanc.  El  si  ses  Oiseaux  sont 
de  pure  race  /,.  major,  alors  celte  forme  a  un  croupion  gris,  ii  —  SI  nous  en  croyons 

(1)  Synonymie  ;  Pica  cyanomelas,  Conus  œnas,  l'ica  cyanomelana. 

(2)  Pica  cyanopogun,  Corvus  cyanopogon. 

(3)  Garrulus  cyanensis,  GarrulU):  mystacalis,'Pica  albicapilla,  Pica  carvala, 
Cyanocorax  mystacalis. 


;W2  A.    SUCHETET 

les(iuels  l'espèce  ])eut  ôtre  classée  (1),  M.  Witmer  Stone  (2)  se 
demande  si  ou  ne  sérail  pas  en  présence  d'un  cas  semblable  à 
celui  d'Helmintopliila  Icucobronchialis  qu'il  cousidère  comme 
hybride.  «  Un  hybride  entre  des  espèces  comme  Ci/aïKiciird.T  ri/iino- 
iii<'l(i.'<  et  ('.  cyanopoi/dii  ou  C.  cajianiiK  se  rapporterait  en  elïet  de  très 
])rès,  pense  M.  Stoue,  du  r. //('///«/(i/,  ella  rareté  extrême,  au  moins 
en  apparence,  de  ce  dernier,  favoi'ise  la  tiiéorie  de  l'hybridatiou.  » 
Ce  ne  sont  h'i  ([ue  des  conjectures  (3). 

Genre  Garrulus 

fiAnniILUS    GLANDARIUS  (4)   et    (iARRlLUS    KRYNICKI  (5) 

iM.  Nordmanu  aurait  vu  en  Crimée,  pendant  le  nniis  de  septembre, 
des  spécimens  tenant  le  milieu  entre  le  G.  (jlantlavius  et  le  G.  Kry- 
iticki.  .MM.  Deiiland  et  Gerbe,  (|ui  citent  ce  l'ait  (ti),  ne  disent  point 
cependant  que  M.  Nordmanu  attribue  ces  individus  intermédiaires 
entre  les  deux  types  à  un  croisement  de  ces  derniers.  Ils  se  deman- 

lo  .Idiirnal  fiii'  Ornilliulugie  (XIII.  p.  97  et  !IS,  janvier  188a),  le  croii|iiii[i  blanc  serait 
la  marque  caraclérisliqiie  du  Liinius  Hoiiici/eii.  Dans  ce  numéro,  on  dit  (|ue 
M.  SclialDw  accepte  comme  douteuse  l'exislence  delà  forme  Uoiiieyeri  en  tant  (lue 
considérée  comme  genre  à  part,  tandis  que  M.  lîeiclienow  n'admel  pas  qu'on  refuse 
à  /,.  excubilor  un  vêtement  de  vieillesse  On  pourra  encore  consulter  une  note  de 
M.  Sliiidow  dans  l'Auli  (I,  n"  3,  p.  189,  1884),  où  des  erreurs  de  classement  de  L. 
hore.alis  sont  signalées.  Voir  aussi  un  article  de  MM.  Dresser  et  Sliarpe  (Proceeding 
of  zoological  Society  ot  London,  pp.  391  et  suiv.,  187(i.  etc.).  Dans  le  journal  fur 
Ornitliologie  (p.  247,  avril  1884),  on  parle  d'un  Lanius  borealis  mentionné  dans  un 
travail  dont  on  rend  compte  et  qui  pourrait  probablement  être  classé  comme  L. 
major  Pall.,  M.  Cabanis  ayant  été  d"avis  qu'un  Oiseau  présenté  par  M.  Ilarllaub 
comme  L.  hoi-eaiis  (^.  i.  0.,  1882,  p.  270)  appartient  encore  à  l'espèce  de  Pallas. 
Euliu  sur  le  même  sujet,  lire  le  Joiirn.  fin'  Ornil.,  avril  1884,  p.  2ol,  où  on  verra 
les  dillicullés  que  présente  le  classement  du  L.  major,  et  où  M.  Cabanis  dit  que  si 
/,.  major  doit  être  référé  à  une  espèce,  ce  doit  être  à  l'espèce  f,.  borealis  Vieill. 
et  non  à  L.  excubitor.  Nous  avons  vu  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Paris  un 
individu  rapporté  de  Chine  par  l'abbé  David  et  étiqueté  comme  t.  major.  Celte 
pièce  nous  paraîtrait  eu  elfet  mieux  classée  comme  borealis,  avec  lequel  il  pré- 
sente de  noiubreuses  afiinités. 

(1)  Proceedings  Pbilad.  .\cad.,  p.  90,  1883.  Il  a  sur  les  parties  supérieures,  pour 
la  plus  grande  partie,  la  couleur  pourpre  sombre  el  la  queue  a  une  bande  termi- 
nale; blancbe. 

(2)  Proceedings  of  llie  .Vcademy  of  Nat.  Se.  of  Philadelpliia,  p.  443,  1892. 

(3)  C'est  M.  Hoberl  Ridgway,  de  Washington,  qui  a  eu  la  complaisance  de  nous 
indiquer  ce  croisement,  tout  à  fait  hypothétique,  comme  on  le  voit. 

(4)  Autres  noms:  Corcus  glaiulanus.  Glandanus  iiiclus,  Lanius  glitntlarius. 
(3)  Aulres  noms  :  Corcus  glanUarius,  var.  pileo   jtigro,  Cori-us  ilii-ciili.   Car- 

rulus  glaiidarius  nulanocephales,  Cornis  iliceli. 
(ti)  Ornithologie  européenne,  1,  p.  216,  1837. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTnKS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE  31)3 

dent  au  contraire  s'ils  ue  seraient  pas  des  jeunes  de  l'anni'e.  Du 
reste,  M.  Nordinann,  qui  a  pu  coni|)aiRr  un  grand  nombre  <le 
Geais  à  tùte  noire  et  de  Geais  oïdiuaires,  s'est  convaincu  (|ui'  les 
premiers  ne  sont  ([u'unc  variété  de  ceux-ci,  opinion  que  partagent 
MM.  Degland  et  Gerbe.  «  Lors((u'on  (^\amine,  écrit  à  son  tour 
M.  de  Sciys  (1),  ce  ([ue  dit  M.  Seebolim  des  (iurrulus  f/l(nul(niu.i, 
atriatpilliis,  Kri/nicki,  Analoliœ,  caspius,  sijriacus,  qui  sont  cantonnés 
dans  le  sud  de  l'Europe  et  dans  les  ])arties  avoisinantes  de  l'Asie, 
ou  constate  ([ue  ces  formes  passent  de  l'une  à  l'autre  et  l'on  reste 
persuadé  que  le  système  qui  les  considère  comme  des  races  locales 
dépendant  toutes  de  l'espèce  linnéenne,  (i.  ijlandttrius,  est  l'ex- 
pression de  la  vérité.  » 

M.  Sharpe  n'aurait  donc  ]ias  eu  raison  de  porter  le  (inrrulKs 
Kri/inrhi  à  titre  d'espèce  dans  le  catalogue  d'Oiseaux  du  Brilisli 
Muséum. 

l'aniiltc  lie  Corvidœ 
Genre  Corvus 

CORVLS    CORAX    (2)    et  CORVUS   CORONE 

Est-il  présuMialiie  qui'  ces  deux  espèces  se  l'éunisseut?  Aucun 
fait  positif  ne  le  prouve.  Ou  trouve  cependant  dans  divers  ouvrages 
une  menlioii  de  ce  croisenienl.  .\insi,  dans  le  Dictionnaire  de  Dupi- 
ney  de  \'()reiiierre  on  lit  cette  phrase  :  «  Parmi  les  Oiseaux,  laiil  h- 
monde  connaît  les  hybrides...  du  Corbeau  et  de  la  Corneille.  » 
Gérard,  dans  le  Dictionnaire  d'Orbigny  (.'5),  répète  la  même  asser- 
tion :  (I  Le  (Airbeau  s  accouple  avec  la  (Corneille.  »  Mais  très  certai- 
nement ces  auteurs,  qui  n'ont  point  employé  i)Our  désigner  le 
Corbeau  le  mot  scientifique  C.  rorar,  ont  voulu  parler  du  croisement 
du  C.  eoriine  et  du  C.  corni.r,  croisement,  on  va  le  voir,  très  commun 
et  connu  des  ornithologistes  depuis  longtemps.  Cette  remarque 
peut  aussi  s'appliquer  à  un  article  de  l'Isis  où  l'auteur  se  sert,  il  est 
vrai,  du  mot  /(«//r- (Corbeau)  (4),  mais  il  ressortévidemment  du  texte 
que  les  deux  espèces  envisagées  sont  la  Corneille  mantelée  et  la 
Corneille  noire. 

Le  prof.  Severtzow  a  cependant,  croyons-nous,  mentionné  en 
Sibérie  l'existence  d'hybrides  de  C.  cwax  et  de  C.  corone;  malheu- 

(1)  ili'moire  fiiir  le  genre  Wésange.  liulletin  de  la  Société  Zoologique  ile  France, 
p.  1\\,  IS,S4. 

(2)  On  Corius  ma.riniii.^. 
(•i)  .\u  mol  Espèce,  p.44o. 

(4)  Voy.  :  p.  ïi,  Leipzig,  1828. 


:{9'(  A.    SUCHETET 

reusemeiit  nous  ne  saurions  dire  dans  quel  ouvrage  celte  mention 
a  été  faite,  les  notes  que  nous  avions  prises  ayant  été  égarées. 
Aussi,  n'ayant  pu  nous  assurer  positivement  de  l'affirmalioa  du 
savant  naturaliste  (que  nous  lui  prêtons  peut-être  à  tort),  nous  la 
donnons  sous  toutes  réserves;  d'autant  |)liis  que  le  rév.  Maepherson, 
deCarlisle,  qui  a  cité  quelque  cliose  de  semblable  dans  le  Field  (1), 
nous  informe  que  les  renseignements  qu'il  fournit  n'ont  point  été 
])nisés  chez  ce  dernier  auteur.  Ils  l'auraient  été  plutôt  dans  les 
Proceedings  ol'  the  Berwick  siiire  Naturalist's  Club  (2).  Le  révérend 
se  montre  du  reste  très  sceptique  à  cet  égard  et  ajoute  :  «  nof 
prov'cn  II  non  prouvé. 

Toutefois  il  nous  faut  citer  un  exemplaire  que  iM.  van  Kempen, 
de  Saint  Orner  (Pas-de-Calais),  conserve  dans  sa  coUectien  et  qu'il 
suppose  provenir  de  ces  deu.K  espèces.  Cet  exemplaire  a  été  acheté 
par  lui  eu  Allemagne,  en  1883,  à  M.  le  Dr  Schaufuss,  de  Dresde, 
qui,  lui-même,  l'avait  obtenu  d'une  autre  collection  privée.  L'Oiseau 
adulte,  de  couleur  noire,  tué  à  l'état  sauvage,  nous  dit  M.  van 
Kempen,  est  presque  aussi  grand  que  le  ('.  curaj-,  et  a  notamment 
le  bec  plus  fort  que  les  hybrides  6'.  coronr  X  C.  corni.r,  ce  qui 
fait  penser  à  M.  van  Kempen  qu'il  est  bien  hybride  de  C.  cnrax  et 
de  C.  corone  ! 

Convus  CORONE  et  Corvus  cornix  (3). 

Le  croisement  de  ces  deux  formes  se  produit  fréquemment  en 
Allemagne,  en  Autriche,  en  Ecosse,  en  Sibérie  et  peut-être  aussi 
en  Italie.  Eu  France  et  en  Hollande  on  a  tué  ou  capturé  quelques 
exemplaires.  Voici,  sur  ce  sujet,  les  renseignements  iitie  nous 
avons  obtenus  ou  que  nous  trouvons  consignés  dans  divers  ou- 
vrages : 

Allem.\gne  :  M.  F.  Eiters,  inspecteur  des  forêts  du  duché  de 
Brunslnvig,  a  remarqué  à  Grashbeu,  près  de  Harnisladt,  un  couple 
composé  d'un  C.  corone  et  d'un  C.  conii.r,  toutefois  ce  couple  n'au- 
rait jias  eu  déjeunes,  M.  Eiters  robservaitavecsoinclia([ue jour(4). 
Le  docteur  Ferd.  Uudou,  de  Perleburg,  Prusse,   observa  pendant 

(1)  Hybridity  in  AniinaU,  :jl  mai  18!)0,  où  on  lit  :  «  La  Cariion  Crow  •  a  élé 
sigiiiilée  connue  s'appariant  dans  ce  pays  (la  Sibérie)  avec  le  Raveii  (Corbeau). 

(2)  Le  Secrétaire  honoraire  de  la  Société,  M.  James  Hardy,  a|irès  avoir  bien  voulu 
faire  des  reclierches  pour  nous  dans  cette  revue,  nous  assure  cependant  qu'il  n'a 
trouvé  aucune  note  de  ce  genre,  mais  seulement  un  article  de  M.  G.  Balam  concer- 
nant les  Coi'vus  corune  et  Corni.v. 

(3)  .4utres  noms:  Cornix  ci  nerea  el  Corone  cornix. 

(4)  Cette  communication  nous  a  été  faite  directement  par  M.  Eiters. 


OISEAUX  iiviiruDKs  nENCONTRÉs  A  l'ktat  sauvack  3'J;j 

les  années  1887  et  1889  trois  oxcuiplaires  croisés.  L'iiu  do  ces 
Oiseaux  fut  tué  par  lui,  depuis  les  autres  ont  disparu  (I). 

M.  Cari  Bieber  (2)  tua  au  vol  dans  la  |)laiuc  de  Hamstadt,  prés  de 
Gotha,  un  jeune  Oiseau  dont  les  parents  avaient  niché  dans  la 
phiine  de  BriUiheiui,  également  prés  de  Gotha.  Suivant  les  obser- 
vations qu"a  pu  faire  .M.  Cari  Bicher,  le  i)ére  de  ce  métis  était  un 
cnrnis  et  la  mère  un  curanc.  Cet  Oiseau  nous  a  été  envoyé  par  M. 
Bieber.  Celui-ci  tua  deux  autres  exemplaires  du  niéine  nid  ipii 
sont  encore  aujourd'hui  en  sa  possession. 

M.  Paul  Matschie  observa,  pendant  l'été,  un  Nebelkràhefr.coDtu;, 
qui  s'accoupla  avec  un  C.  mroni'.  La  première  fois  le  Nebclkriihe 
était  un  cT  ;  la  seconde  fois  cet  Oiseau  était  une  Ç  (;i).M.  Matsciiic  a 
l)ublié(4)  une  liste  d'observations  faites  sur  les  territoires  suivants 
et  d'où  il  résulte  (ju'on  ani-ait  observé  :  à  .Munich,  deux  couples 
hybrides  (5);  à  Miiunersdat,  près  Kisseingen,  en  1883,  une  cou- 
vée (6);  à  Zwischenahiner,  1871  et  1872,  parfois  une  famille;  à 
Rccki'dorf,  lires  Ilermannsboni-j;.  deux  couvées  en  ciii(|uante  ans  ; 
ù  llusum  uue  couvée. 

Dans  le  territoire  de  l'Elbe,  habité  par  les  deux  espèces,  ou 
connaît  aussi  des  Iiybridalions  dans  plusieurs  stations  (7).  En  1881, 
il  a  été  remarqué  dans  le  district  de  Wiltenberg  et  de  Seehausen  (8) 
un  couple  avec  quatre  jeunes  dont  le  père  était  visiblement 
un  r.  rarnix  et  la  mère  un  C.  niram'  (!)).  En  1887,  dans  une  excur- 
sion faite  an  mois  de  juillet  dans  la  région  de  l'Elbe, 
M.  Herniau  Schalow  ne  trouva  vers  l'est  de  Clôwen  (|u'uii  petit 
nombre  de  couples  purs  et  observa  que  le  C.  rnroiir  et  le  C.  ranu.i 

(1)  Ciimmiinication  du  H'  Ruiloii.  Dans  Mdiiiit/'schrifli'H  (I^S7,  pp.  IT.'i  et  17(i).  le 
docteur  parle  d'uu  spécimen  ijiii  lui  fui  appoilé  coiuine  élant  uu  Oiseau  étranger. 
Il  en  donne  une  description  que  nous  reproduisons  plus  loin. 

(2)  Conservator  (préparateur  naturaliste)  à  (iotha. 

(3)  Voir  \e  Journal  jiir  Ornilhologie,  p.  (HT.  1887  (Par  erreni-,  le  imm  .\chrU;riilie 
lijfure  deux  fois). 

('»)  In  Jahresbericlit,  188:5,  des  Auscliusses  fur  BcobahtunKs  lalimien  iln'  \ii:.m| 
deulschland,  pp.  020  et  r>2l. 
(.'>)  D'après  llclltrcr. 
(H)  D'après  Reigel. 

(7)  Op.  cit.  M.  J.  Itenner,  président  de  la  Société  urnitlinlogii|ue  de  Sluttt;aiil, 
nous  contiruieces  renscigneuients.  Les  coriinc,  nous  dilil,  ne  se  tiennent  ipie  de 
l'autre  coté  de  l'Elbe  et  au  sud  de  la  même  rivière;  tandis  rpie  les  nirni.r  se  Irouvenl 
au  n(U'd  et  à  l'est  de  l'Klbe.  Or,  on  trouve,  mais  senleuienl  dans  le  voisina;;e  de 
l'Klbe,  sur  les  deux  rives,  des  mélanges  des  deux  types. 

(8)  Près  de  l'Elbe. 

(9)  Journal  fiir  Ornitliologie,  p.  7;t,  janvier  1882. 


396  A.      SUCHETET 

étaient  |)ourla  plupart  appariés  (1).  (litous  encore,  il'après  Jacliel 
(si  cette  oljservation  ne  fait  pas  double  emploi)  un  exein|)laire  tué 
eu  Bavière  pendant  l'année  1882  (2).  Eulin,  au  musée  de  Milan 
(collection  du  comte  Turati),  existe  un  spécimen  obtenu  ea  Pomé- 
ranie(3);M.  Taucré,  d'Anclam,  c'est-à-dire  de  cette  province,  aurait 
lui-môme  tué  des  hybrides  de  ce  genre  (i). 

La  collection  de  l'Ecole  supérieure  d'agriculture  de  Berlin  et  la 
collection  de  M.  Schutt,  à  Frihourg,  possèdent  des  croisements 
semblables,  mais  nous  ignorons  la  provenance  de  ces  Oiseaux  (oi. 

Nauniann,  à  la  suite  d'observations  personnelles,  aurait  pu  citer 
un  très  grand  nombre  de  faits  de  ce  genre;  son  père,  un  naturaliste 
chasseur,  avait  lui-même  recueilli  une  foule  d'observations  qu'il 
avait  communiquées  à  son  fils.  Le  célèbre  ornithologiste  allemand 
raconte  (6)  qu'ayant  tué  la  femelle  d'un  couple  Rabenkràkeu  {('. 
corone),  qui  avait  bâti  son  nid  dans  ses  bois,  il  vit  le  mâle 
s'accoupler  à  une  Corneille  manteiée.  Un  nouveau  nid  fut  construit 
sur  un  arbre  très  élevé;  cette  fois  les  deux  Oiseaux  ne  furent  point 
dérangés  et  purent  couver  tranquillement  leurs  œufs.  Lorsque  les 
petits  eurent  grandi,  ils  furent  pris;  la  mère  elle-même,  accourue  aux 
cris  de  sa  progéniture,  fut  tuée;  le  mâle  ne  put  être  atteint.  Nau- 
niann trouva  beaucoup  d'autres  couvées  semblables;  une  fois  ce  fut 
une  Corneille  mantelée  mâle  qui  s'accoupla  avec  une  Rabenkràben 
femelle,  dont  les  œufs  donnèrent  ciu(j  jeunes. 

Ces  métis  s'unissent  avec  les  Corneilles  mantelées  et  avec  les 
Corneilles  noires  de  pure  race  et  demeurent  ensemble  toute  l'année. 
Pendant  plusieurs  années,  Naumann  observa  un  couple  composé 
d'une  Corneille  noire  et  d'une  Corneille  mantelée  dans  l'endroit  où 
ces  Oiseaux  s'étaient  établis;  ils  ne  se  séparèrent  jamais  l'un  de 
l'autre,  suivant  les  habitudes  des  deux  espèces. 

Le  croisement  des  C.  corone  et  des  C.  cornix  dans  le  Nord  de  l'Alle- 
magne, notamment  dans  le  voisiuage  d'.\hbsdorf,  a  été  aussi  men- 
tionné par  Christian  Ludwig  Brehm  (7). 

(1)  Neue  Beilfdge  zur  Vogelfaunn  ron  Itriindeiihiinj.  p.  27.  Naiinilieri:. 

(2)  Matériaux  pour  l'Ornithologie  de  la  llarière  el  Catalogue  de.t  collections 
de  l'Ecole  polytechnique  Furtii.  Cet  ouvrage  nous  est  cité  par  M.  Parrot.  i-anil. 
mod.  de  Munich. 

(:î)  (lomnuinicalion  de  M.  SordcUi,  directeur  adjoint  du  Muséum. 
(4)  D'après  une  communication  qu'il  veut  bien  nous  faire. 

(ii)  Ces  deux  communications  nous  sont  faites  par  M.  le  D'  Emstdclialï  et  .M.  Scliult. 
(())  Histoire  des  Oiseaux  de  l'Xllemagne,  zweiter  Tlieil,  pp.  62,  6.j  et  6i,  1822. 
(7)  Hantlbuch  der  Salurgesch.  aller  Vogel  deutschlands,  p.  Kil.  Ilmenau,  1S3I. 
Le  D'  Altun  (in  Forstzoologie,  11,   Vogel,   p.  'XH]  donne  des  détails  intéressants 
sur  riialiilat  en  .\lleniagne  des  deux  types.  11  résulte  de  ces  informations  c|ue  dans  le 


OISEAUX    HYBIllDES    KENCONTUÉS    A    i/kTAÏ    SAUVACB  .'J!)7 

A  l'i'i)0(|ue  où  le  piisteur  écrivait  sou  oiivriiiîi',  le  D'  (loiislanliii 
Gloger  s'exprimait  ainsi  :  «  Là  on  la  Coiueille  noire  et  la  Corneille 
jïrise  sont  voisines,  comme  dans  beauconp  de  contrées  de  l'Allema- 
};ue,  tontes  denx  s'accouplent  très  souvent  sans  la  moindre  dilli- 
culté.  Kilos  paraissent  aimer  ces  mariages  car  elles  se  cioisent  sans 
aucune  nécessité;  néanmoins  les  jjetits  ressemlilent  d'ordinaire  à 
l'un  des  deux  parents,  ceux  (|ui  sont  d'une  nuance  intermédiaire 
sont  rares.  On  aurait  même  trouvé,  en  Saxe  notamment,  desOiseaux 
de  coloration  mélangée,  ([ui  ne  provenaient  pas  d'un  croisement  des 
deux  types,  mais  qui  sortaient  d'une  paire  pure  de  (lorneilles  entiè- 
rement noires;  malgré  les  recherches  faites  dans  tous  les  environs 
on  n"avait  jiu  en  ellel  découvrir  aucune  (Corneille  mantclée. 

AuTiucHE  :  M.  le  D'  Naupa  nous  écrit  que  le  croisement  de  deux 
Corneilles  a  été  observé  à  Lin/.  (I). 

En  18(i7,  M.  Victor  Rilter  von  Tschusi  aperçut  sur  un  vieil  Aune 
un  nid  de  Corneilles  {k'r<ili'i'nn('sl)snr  lequel  se  tenait  un  (\  corunc  (f. 
BientiH  il  vit  \enir  un  <'.  rornijc  9  (jui  se  percha  sur  un  arlire  du 
voisinage.  La  femelle  ne  se  montra  point  sauvage  pendant  tout  le 
temps  que  dura  l'incubation,  mais  lorsque  ses  petits  furent  éclos, 
il  ne  fut  jilus  [lossible  de  l'apijroclier;  elle  s'éloignaitaussilùt  i|u'on 
s'approchait  du  nid  eu  poussant  de  grands  cris  et  revenait  bientôt 
accompagnée  du  mâle  qui  voltigeait  avec  elle  au  dessus  de  l'arbre 
où  le  nid  était  établi.  Lorsque  les  jietits  furent  élevés,  .M.  Tschusi 
les  fit  prendre;  pendant  ce  temjis  le  mâle  et  la  femelle  ne  cessèrent 
de  voler  autour  de  l'arbre  en  faisant  entendre  des  plaintes,  mais  peu 
à  peu,  une  bande  de  Corneilles  s'étant  élevée  haut  dans  les  airs,' 
les  parents  disparurent  et  ou  ne  les  revit  plus.  Parmi  les  ([uatrc 
petits  il  y  avait  un  Rabenkriihe  (C.  curone),  les  trois  antres  ressem- 
blaient à  la  Nalii'Ikridie  If.  cornix),  toutefois,  les  parties  grises  qui 
se  rencontrent  d'ordinaire  chez  celles-ci  étaient  noir;Ui'es  chez  ces 
sujets.  En  outre,  M.  vou  Tschusi  fait  remarquer  (|u"en  18(Ji),  aux 
environs  d'.Vrnsorf,  il  n'existait  plus  de  nirni.r  [uirs,  tous  portaient 

Noi-'l  ili'  (Pttc  (■i)nli'<''i'  11'  corone  ()CCii|ii'  If  ciMi'  oursl.lo  Ni'ln'lluâlip  le  cotr  orit-iil:il. 
l.ors<|ii'nii  l'sl  en  rliemin  ili"  for  ou  en  liiileiiii  à  va|K'iir,  dil  li'  |in>fosscni'  ilr 
NeusIaiU,  on  peul  (|Ui'l(|urfois  avoir  l'occasion  de  rcniaiiiucr  la  sépaiation  des  denx 
races  ou  vii'iélcs.  suivant  la  région  qui  sert  de  limites  à  leur  habitat  cl  ù  leur  pi'o- 
pa^alion.  Une  pareille  séparation  de  frontière  se  trouve  par  exemple  entre 
Urannscliweiz  et  Ma^debourg;  plus  loin,  entre  Berlin  et  Hamliourg,  auprès  de 
Willemburg-sur  IKlbe;  plus  loin  encore,  entre  Linz-sur-le-Danube  et  Vienne.  Or, 
lit  où  les  deux  v.iriélés  se  touchent,  il  arrive  souvent  ipie  les  deux  parents  d'un 
mènu'  ni<l  appartiennent  l'un  à  ime  race  et  l'autre  à  une  autre. 
(1)  La  lettre  du  ilocleur  ne  renferme  toutefois  aucun  détail. 


398  A.  SUCHETET 

des  marques  de  C.  rorojw  ;  cependant,  en  1863.  on  voyait  enrore 
un  grand  nomljre  d'individus  d'espèce  pure  (I  i. 

M.  Micliel  Menzbier,  pendant  un  séjour  qu'il  lit  en  Styrle, 
constate  lui-niènie  «  que  le  uomljre  des  G.  cornu-  à  sang  impur 
surpassait  de  beaucoup  le  nombre  de  C.  cornix  typiques.  »  Le 
savant  naturaliste  de  Moscou  pense  qu'on  ne  peut  les  considérer 
comme  produits  par  le  croisement  direct  du  corni.c  et  de  corone  «  à 
cause  (les  canictères  qu'ils  prcsentcnt  »;  ce  ne  sont  pas  donc  seule- 
ment les  formes  typi(jues  qui  se  croisent,  mais  aussi  les  hybrides 
produits  de  ce  croisement,  lesquels  «  se  croisent  de  nouveau  avec 
l'une  ou  l'autre  des  formes  typiques,  aussi  bien  qu'entre  eux  »,  ce 
que  confirme  ses  observations  sur  la  nidification.  Le  croisement 
illimité  de  ces  deu,\  formes,  c'est-à-dire  des  formes  typiques,  de  ces 
dernières  avec  les  hybrides,  et  le  croisement  des  hybrides  entre 
eu.x,  n'aurait  lieu,  d'après  lui,  (|ue  dans  rAutriche  occidentale, 
parce  qu'à  l'Occident,  en  Italie  et  eu  France,  les  hybrides  (.'.  cornix 
et  C.  corone  ne  se  rencontrent  que  bien  plus  rarement  (2j. 

Ecosse  :  Le  rév.  Macpherson  dit  que  le  croisement  de  la  Corneille 
à  charogne  et  de  la  Corneille  à  manteau  est  un  fait  connu  de  beau- 
coup de  garde-chasse  écossais.  Rien,  du  reste,  ne  serait  plus 
commun  dans  le  Nord  de  cette  région  «  que  de  voir  la  Corneille 
mautelée  appareillée  avec  la  Corneille  noire  »  (3).  M.  J.  H.,  d'Edim- 
bourg, fut  témoin  pendant  quatre  années  successives  de  l'appa- 
riage  de  ces  deux  Corneilles  (4). 

Deux  spécimens  de  ce  croisement  sont  maintenant  à  Carlisle. 
L'un  d'eux  appartient  à  M.  Taylor  Scott,  l'autre  à  iM.  J.  Barnes  (5). 

Sibérie  ;  Pendant  ses  voyages  en  Sibérie,  en  1877,  M.  Seebohm 
eut  l'occasion  d'étudier  les  croisements  des  deux  Corneilles.  «  La 
ligne  de  démarcation  entre  la  colonie  très  considérable  des  cornir 
de  la  Russie  et  de  la  Sibérie  occidentale,  dit  le  voyageur,  et  la 
colonie  non  moins  nombreuse  des  corone  de  la  Sibérie  orientale, 
s'étend  entre  les  villes  de  ïomsk  et  de  Krasnovarsk,  lesquelles  sont 
à  une  distance  de  3u0  milles  l'une  de  l'autre.  En  laissaut  Tomsk  et 

(I)  .lounial  fiir  Oi-niUiHlojjie,  dirigé  par  le  D'  Cabanis,  (2)  II,  p.  240,  Leipzig,  ISfi'J. 
(2i  Conférence  fuite  à    ta  Société  zootogique  de  France,  Revue  scientiGque, 
pp.  dI6  et  517,  n°  du  26  août  1884. 

(3)  Voy.  Fiekt  naturalist  Magazine,  I.  p.  27;i,  cit  in  Magazine  nf  .Natnral  History; 
n°'  57-(i8,  p.  6o,  1831). 

(4)  Fielii  Naturalist,  p.  239,  cit.  pai-  le  même  Magazine. 
(.ï)  Communication  du  Rév.  Macplierson. 

Au  Biitibh  Muséum,  l'Iiybiide  de  C.  corone  el  C.  cornil  est  aussi  conservé,  mais 
nous  ignorons  le  pays  d'origine  de  ce  croisement. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE  .'W!( 

en  avançant  vers  l'Est,  ou  ne  voit  sur  les  bords  de  la  roule,  pendant 
près  de  120  milles,  ({ue  des  corni.r,  et  pendant  les  120  derniers 
milles,  avantd'atteindre  Krasnovarsk,  on  ne  trouve  que  des  corune. 
Mais  pendant  les  cent  et  quelques  milles  intermédiaires,  il  se  pré- 
sente un  fait  assez  bizarre;  à  |)eii  près  un  (piart  des  Corneilles  se, 
compose  de  llooded  Crows  (C.  corni.r)  pur  sanj;  ;  un  autre  ijuart  de 
Carrious-Crovvs  {C.  coro/ic) également  pur  sang;  tandis  que  la  moitié 
restante  est  composée  d'hylirides  de  toute  classe,  quarterons,  octo- 
roons  et  ainsi  «le  siùieml  iiil'uiiliiin.  »  M.  Seebolim  raconte  qu'il  fut 
témoin  du  (ait  suivant;  «  Au  cercle  arctique,  dans  la  vallée  de 
Yenesay,  pendant  (jue  la  terre,  aux  premiers  jours  de  mai,  était 
encore  recouverte  de  six  pieds  de  neige,  un  coni)le  de  Corneilles 
hybrides  s'appareilla  et  bàlit  un  nid  presqu'au  sommet  d'un  pin. 
Le  11  mai,  le  nid  contenait  un  o!uf;  le  21,  .M.  Secbohm  monta  de 
nouveau  à  l'arljre,  et  trouva  cini|  (cufs;  il  en  prit  deux.  Le  ^il,  un 
œuf  était  éciosel  les  deux  autres  fendillés,  ptèls  àéclore.  Le  26  juin 
enfin,  étant  encore  grimpé  à  l'arbre,  M.  Seebohm  vit  que  l'un  des 
petits  était  mort  ou  s'était  enfui  ;  il  tua  la  mère  et  prit  les  deux 
jeunes  ».  Cet  exemple  prouve,  ajoute-t-il,  la  fertilité  des  parents 
métis. 

M.  Seebohm  remporta  avec  lui  de  Ku-ray-i-ka  un  certain  nombre 
de  Corneilles  se  décomposant  comme  suif  :  coriii.v  pur  sang  (2  ^f  et 
1  9);  dix  coroni'  (i)  cT  et  1  $);  et  (juinze  hybrides  (7  cT  et  8  $)(1). 

Les  hybrides  ra|)portés  de  Sibérie  par  M.  Seebohm,  se  trouvent 
au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Kensingloii  (2).  Il  en  existait  pro- 
bablement aussi  dans  la  collection  vendue  par  M.  Wliitaker  escj.  au 
Covent  Garden,  à  Londres,  en  18!)0,  carie  catalogue  indiquait,  sous 
len»  136,  un  hybride  de  M.  Seebohm  (3). 

(1)  De  ces  uliilfros,  M.  Sei'holim  a  crii  iiotivoir  coiioliire  (|ue  l'élcmenl  (rniclle 
lies  coroiie  élail  en  Iraiii  de  couver,  dispersé  çà  et  là  dans  les  hois,  tandis  ((lie  les 
femelles  hybrides  s-e  inonlraieiit  |ires(|iie  toutes  stériles!  c'est  pourquoi  il  était 
aussi  facile  de  tirer  sur  un  sexe  (|ue  sur  l'autre  (a).  Il  nous  semble  que  le  rensei- 
gnement que  vient  Ile  donner  M.  Seebohm  sur  le  couple  réellement  fertile  et 
observé  par  lui-même,  et  bien  d'autres  observations  de  ce  genre  qui  ont  été  citées. 
ne  sont  pas  de  nature  à  conlirmer  celle  manière  de  voir.  Nous  ajouterons,  du 
reste,  (|ue  la  stérilité  des  parents  n'est  point  toujours  un  obstacle  à  la  nidilication, 
au  moins  dans  le  cas  où  la  stérilité  vient  du  parent  niAle.  Nous  avons  eu  l'occasion 
de  citer  des  exemples  de  ce  genre  dans  nos  précédentes  publications, 

(2)  Communication  du  Hév.  Macplierson  ;  voy.  aussi  l'ield,  :tl  mai  ISHI. 

(Ill  Cet  Oiseau  a  été  acheté  par  M.  Ilulscliinson,  nous  a  écrit  M.  Mevenson.  coni- 
inissaire-priseur. 

(o)  History  of  Drili.ih  Hirds.  I,  pp.  547  et , 'H*!. 

Sur  l'hybridation  en  Sibérie.  On  pourra  encore  consulter  du  même  auteur 
t  Siberia  in  Europa  •  et  «  Siberia  in  Asia.  » 


400  A.      SUCHETET 

Italie  :  Nous  signalerons  les  captures  suivantes  :  un  mâle 
obtenu  à  Grève  (Toscane),  le  15  février  1880;  un  autre  inàle  venant 
de  Turin,  décembre  1882;  une  femelle  obtenue  à  Caneo  (Goni), 
décembre  1883  ;  un  troisième  mâle,  mars  1887,  d'Oristano  (île  de 
Sardaigne),  exemplaire  fort  intéressant,  nous  fait  remarquer 
M.  (îiglioli,  ([ui  nous  communique  ces  renseignements,  «  attendu 
que  le  C.  corane  est  extrêmement  rare  au  sud  des  Appenins,  dans 
l'Italie  péninsulaire  et  insulaire.  »  Ges  (juatre  exemplaires  sont 
conservés  au  Musée  de  Florence  (I). 

Madaniela  mar([uisi^  Paulucci  veut  Itien  nous  faire  savoirégalenieiit 
que  sa  collection  renferme  un  exem|)laire  pris  à  Sandalo  fWattelline). 

France  :  Deux  individus  tués  dans  la  Côte-d'Or,  l'un  près  de 
Nuits  et  l'autre  dans  les  environs  de  Dijon,  figurent  aujouiil'hui  au 
Musée  de  cette  ville  (2).  L'exemplaire  de  Nuits  fut  abattu  lia  r  M.  Lacor- 
daire  (3).  M.  Magand-d'Aubusson  a  représenté  (4)  l'hybride  tué  dans 
les  environs  de  Dijon. 

Hollande  :  Il  y  a  (piebiues  années,  un  exemplaire,  observé  pen- 
dant toute  la  durée  de  l'hiver  et  visitant  journellement  le  .laidin 
zoologique  d'Amsterdam,  fut  pris  au  mois  de  mars.  11  vécut  en  capti- 
vité jus(|u'au  mois  de  mai.  Monté,  il  orne  aujourd'hui  la  collection 
d'Oiseaux  sauvages  hollandais  du  Jardin  zoologique  (5). 

Caraclèrea  dfs  hijhridi's 

.Inuu's  jinircnanl  d'un  coniilc  C.  corone  (^  et  C.  curni.c  $  (obser- 
vation de  Naumann)  :  deux  noirs  comme  le  mâle,  deux  autres  gris 
et  tout  à  fait  semblables  à  l;i  mère. 

Autres  jeunes  du  même  eroisenient  (observation  de  M.  Ritter  von 
Thusi)  :  un  ressemblait  au  Rabenkrâhe  (C.  cororie),  les  trois  autres 
au  Nebelkriike  (C.  corni.r),  mais  les  parties  grises  qui  se  rencon- 
trent d'ordinaii-e  chez  ceux-ci  étaient  noirâtres. 

.leinies  pnireniiDt  d'nn  eoiipir  C.  corni.r  (J'  et  C.  conine  $  (observa- 

(1)  LliyljiidL'  (11'  (iivvc  el  ct'liii  ili'  Tiirin  oui  été  cités  dans  Primi)  resncoiilo  itri 
regiitlali,  olc..  p.  70.  Kloroncc,  IS'.II.  I^es  ilmix  autres  sont  iiiscrils  deimis  peu  au 
('atidoj,Mie,  c'est  pouiipioi  l'ouvrage  de  M.Injjlioli.édilo  en  ISIM,  n'en  (ail  pas  iiicnliDn. 

(2)  CoiMmiiniralion  de  M.  E.  Collot,  directeur  actuel  du  Musée. 

(3)  Ces  renseignenienis  nous  sont  envoyés  par  le  D'  Louis  Marchant,  mais  Ils  ont 
élé  consignés  dans  le  Catalogue  des  Oiseaux  de  lu  Cùle-il'Or,  publié  par  le  D'  Mar- 
chant en  1800,  [i.  2:)1.  Voir  aussi  le  Catalogue  des  Oiseaux  du  Doubs  et  de  la 
Haute-Stn'ine.  par  M.  Lacordaire,  publié  par  M.  Marchant  en  IS77. 

(i)  Moiiograpliie  des  Coreidés.  Nous  n'avons  point  consulté  cet  ouvrage. 
(ii)  Communication  de  M.  A.  van  Bemmelen.  Le  journal  de  la  Société  zoologique 
Néerlandaise  a  tait  mention  de  celle  capture. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l/ÉTAT    SAUVAOK  'lOl 

lioinle  .\,ium;inn)  :  deux  coiiiplèleiiieiit  sciiilil;ibli's  à  la  inèio,  (l(nix 
tout  à  fait  st'iiiblaljlps  au  père,  le  ciaquiènie  tenaut  des  deux  parents 
par  son  pluniaj^e. 

.1  utresji'HHi's  il  II  nii'iiii'  croisnin'nt  {ohsevvalion  de  PauLMatschie)  (I): 
trois  d'un  ini''nie  nid  presque  tout  uoirs  coninie  la  9,  la  qunlriènie 
tout  comme  la  Corneille  inanlelée. 

Auti'f  jeune  du  iiirine  eioiseiiienl'!  Lu  individu  acheté  par  nous  à 
M.  Cari  Bieber,  de  Gotha,  ne  nous  paraît  point  pouvoir  être  diflé- 
rencié  d"un  earonc,  il  est  uoir  et  ne  montre  pas  de  traces  du  manteau 
gris  de  C.  corni,r.  Les  deux  exemplaires  (que  possède  encore  M.  Bieber 
et  qu'il  suppose  du  même  nid)  ne  se  distinfcueraient  que  peu  du  nôtre. 

Un  csemplnire  (présenté  à  .^[.  le  D''  Rudon)  12.):  «  fri"0sseur  du 
rorr».s' foro/i^' (plus  petit  habituellement  que  Corris  rorni.r'.)  Vu 
de  devant,  la  couleur  est  celle  du  co/ojie  ;  la  tète,  le  dos,  les  ailes, 
la  queue  d'un  noir  blenàtre;  sous  les  ailes,  |)lusienrs  |)lumes  f^ris(!S 
qui  se  trouvent  eachéis  lorsipie  l'Oiseau  est  en  repos.  La  |K)itrine, 
au  conti'aire,  resseiniile  plus  à  celle  de  t-nriu.r,  la  i^oi'ge  est  de 
couleur  i^ris  noir;  de  la  iîor;,'e  jusqu'à  la  (|ueue  s'étend  une  teinte 
gris  clair,  au  milieu  de  laquelle  uue  large  tache  noire. . . .  La  cou- 
leur grise  se  sépare  sans  transition  de  la  couleur  uoiri'  du  dos,  les 
jambes  ont  aussi  la  couleur  f()n(é(!  du  corni.c.  h 

Hybride  (de  la  collection  de  .Madame  la  marquise  Paulucci,  à 
Certaldo,  Val  d'Eisa,  par  Monte);  couleur  générale  noire,  mais  la 
poitrine,  au-dessous  du  collier  noir,  est  entourée  d'une  large  bande 
gris  cendré  nuancé  de  noir  (.'ij. 

Les  deux  erempluires  (conservés  au  Musée  de  Dijon),  de  la  taille  de 
la  Corneille  ordinaire,  ont,  sur  le  cou  et  à  la  naissance  du  dos, 
un  manteau  de  plumes  mi-jiarties  brun  foncé  et  grises,  rap|)elMut 
le  manteau  gris  de  la  Corneille  mantelée  (4).  Le  Musée  de  Chiir 
possède,  d'après  M.  Brugger,  un  exemplaire  de  coniix  qui,  par  sa 
couleur  foncée,  rappelle  le  Rabeukràhe  {('.  corone);  M.  Bnigger  est 
porté  à  croire  que  cet  Oiseau  est  un  hybride.  La  Corneille  liybride  $ 
que  tua  .M.  Seebohm  dans  la  vallée  de  Venesay  le  il)  juin,  «  parais- 
sait être  aux  trois  quarts  une  Corneille  corone.  I>es  plumes  de 
chique  côté  du  cou  et  de  la  partie  inférieure  de  la  poiti'iue  (gosier) 
et  du  ventre  étaient  grises  avec  des  centres  de  couleur  foncée.  Le 
màle,  qu'il  ne  put  tuer  (mais  (|ui  fut  examiné  au  travers  de  son  téles- 

(1)  ,liinin;il  (iir  nriiilliolofiii',  p.  C/iT,  18X7. 
{il  Décrit  diins  .Voiinf.-f/in/ïc/i,  p    n:>,  I8S8. 

(3)  Ce.i  rensci^-nciiirnls  iioils  sont  oiivoyés  par  M"  la  nianiiiisc  r.iiiliiici  cl  m)IiI 
conlirinés  par  M.  .Mafinclli.  prfparali'iir  au  .Miisoc  do  Klortiicc. 

(4)  Kenseigiiciiifiits  du  M.  L.  Collol,  diieclour  actuel  du  .Musée. 


402  A.     SUCHETET 

copt:),  nvait  plus  de  s;ing  de  ainii.r  (jue  n'en  avnit  la  femelle,  ayant 
autour  du  cou  un  grand  anneau  gils  et  montrant  beaucoup  de  gris 
sur  la  gorge  et  sous  les  ailes  (1). 

/.*'  siiécimen  de  la  collection  Tuiati  (porté  au  catalogue  comme 
hybride)  <(  ne  dillère  pas  de  coroiie,  soit  par  les  proportions  de 
toutes  les  parties  du  corps  (autant  on  peut  relever  sur  le  sec)  et  la 
forme  de  la  tète,  soit  par  la  coloration  noire  à  reflets  violacés  ; 
la  région  ventrale  est  seulement  un  |)eu  plus  pâle  (|ue  dans  le  type, 
cette  particularité  est  due  aux  plumes  qui  sont  noirâtres  le  long  de 
la  lige  seulement.  Le  dessous  de  la  queue  est   presque  noir  (2).  » 

Les  (jiuitro  i:i-cinplaires  (du  Musée  de  Florence),  le  cf  de 
Grève  :  «  Dos  presque  entièrement  noir;  le  gris  se  voit  à  la 
marge  de  quelques  plumes  et  à  la  base  de  toutes;  plumes  des 
parties  inférieures  d'un  gris  noirâtre  et  largement  tachetées  de 
noir  au  centre.  Prévalence  de  C.  corone.  »  —  Le  (f  de  Turin  : 
«  Les  plumes  grises  du  dessus  et  du  dessous  ont_  simplement 
une  tache  noire  plus  ou  moins  grande  au  centre.  Pré  valence. 
C.  çorni.c.  ii  La  9  de  Cuneo  «  ressemble  beaucoup  à  ce  der- 
nier, mais  le  gris  sur  le  dos  et  sur  le  ventre  est  plus  clair,  les 
taches  noires  centrales  étant  plus  petites,  sur  le  dessus  simplement 
des  traits  longitudinaux.  Prévalence  C.  cornir.  »  —  Le  cf  d'Oris- 
tano  :  La  partie  inférieure  du  dos,  de  l'abdomen  et  les  sous-cau- 
dales sont  noires.  Le  gris  au  milieu  du  dos  et  du  ventre  est  clair, 
mais  les  plumes  de  la  nuque  sont  terminées  de  noir.  Prévalence 
C.  coniix(3)'? 

L'Oiseau  (pris  au  Jardin  zoologique  d'Anvers)  est  de  petite  taille 
(entre  C.  corni.n  et  C.  corone])  noir  à  l'exception  du  haut  du  dos  qui 
est  plus  ou  moins  gris  varié  de  noir,  les  côtés  du  corps  (les  flancs) 
au  dessous  de  la  poitrine  et  du  ventre  qui  sont  gris  avec  quelques 
raies  noires  éparses.  Bec  et  pattes  noirs  (4). 

Knliii,  d'après  Naumann,  on  trouve  «  des  hybrides  tout  à  fait 
noirs,  mais  le  noir  est  différent  des  espèces  pures,  il  n'a  pas  de 
brillant;  sur  quelques  autres  la  couleur  grise  apparaît  seulement 
un  peu  sur  la  poitrine  et  sur  le  dos;  chez  d'autres  encore  sur  la 
poitrine  seulement;  chez  (luelques-uns  enlin  seulement  sur  le  dos 
et  alors,  dans  ces  parties,  les  plumes  sont  noires  au  bout.  11  en 

(1)  .1  Bislory  of  Britinh  llinis,  I,  p.  o48. 

(2)  Cette  description  nous  est  envoyée  par  M.  Sordelli,  direfteiii'  adjoint  du  Musée 
de  Milan. 

(3)  Ces  renseignements  nous  sont  adressés  par  M.  le  comm.  prof.  Henrico  Giglioli, 
directeur  du  iluseo  zoologico. 

(4)  Description  faite  pour  nous  par  M.  van  Bemmelen. 


OISEAUX    HVnniDES    RKNCONTUKS    A    I,'h";TAT    SAUVAGE  403 

existe  aussi  dont  la  couleur  est  beaucoup  plus  sombre  que  celle 
des  Corneilles  maulelées,  taudis  qu'elle  est  plus  claire  ijue  celle 
des  C.  corone  chez  d'autres  exemplaires.  Puis  on  rencontre  des 
individus  coniplètenu-nt  semblables  à  la  Corneille  mantelée,  sauf 
la  partie  inférieure  du  dos,  les  épaules  et  le  ventre  qui  sont  noirs. 
Les  différents  mélanges  de  ces  deux  couleurs,  ajoute  Naumann, 
peuvent  varier  iudéfiuimenl,  et  il  est  presque  impossible  de  trouver 
deux  liyi)rides  coui|)lélemeut  semblables.  »  Un  hybride  figuré  dans 
l'ouvrage  du  célèbre  oruithologiste  (1)  «  présente  un  mélange  à  peu 
près  égal  de  la  couleur  d(!S  deux  parents;  il  est  presque  com- 
plètement noir,  seulement  un  demi-collier  grisonne  sur  le  devant 
du  cou.  » 

Quant  à  la  conformation  de  ces  divers  produits,  ils  ne  dilïérenl 
pas  par  la  grosseur  de  leurs  parents;  de  même  que  l'ou  rencontre 
))armi  les  deux  races  pures  des  individus  très  forts  et  d'autres 
extrêmement  petits,  de  même  les  hybrides  sont  très  forts  ou  très 
petits.  Naumann  vit  des  sujets  «  dont  le  bec  était  complètement 
uni  ou  tiui  n'avaient  aucune  trace  de  dentelures  (bien  (jue  les  becs 
des  deux  espèces  soient  aruu'S  de  pointes  très  aigut'sj,  »  mais  il  vit 
aussi  «  des  hybrides  dont  le  bec  était  dentelé  et  trouva  des  Corneilles 
niautelées  et  des  Corneilles  noires  de  race  pure  avec  un  bec 
presque  uni.  n 

Naumann  fait  ici  une  remarque  très  importante  :  on  j)otirrail 
croire,  dit-il,  (|ue  les  hybrides  ([ui  s'unissent  fréquemment  entre 
eux  donnent  naissance  à  des  Oiseaux  fort  divers  ;  il  n'eu  est  rieu  : 
«  les  petits  de  ces  hybrides  ressemblent  toujours  aux  parents  ou 
aux  grands  parents.  »  Le  feu  prof.  Severizow  s'est  montré  de  cette 
opinion  (2).  M.  Seebohm  parle»  d'hybrides  présentant  les  caractères 
de  mulâtres,  de  quarterons,  d'octoorons,  etc.  n  II  n'admettrait  donc 
point  un  retour  au  type  aucestral  aussi  subit?  Quant  au  prof. 
Menzbier  il  dit  u  qu'une  dillêrenciation  des  caractères  est  [)roduite 
par  le  croisement  des  hybrides  entre  eux.  »  Enfin  le  D""  Altun  pré- 
tend (3)  que  lorsque  les  parents  d'un  môme  nid  appartiennent  l'un 
à  une  race,  le  deuxième  à  l'autre  variété,  les  jeunes  .sont  alors 

(i)  Tab.  "A,  Sig.  2. 

(2)  <  Ce  qui  parait  positif,  écrit-il  (in  Nouveaux  Mémoires  de  la  Société  impériale 
des  Naturalistes  île  Moscow),  XV,  p.  Ki.'},  1888),  c'est  que  la  coloration  intermédiaire 
n'est  pas  héréditaire  chez  ces  hybrides  ijui  prennent  vile  les  couleurs  des  di-ux 
espèces  pur  sang,  dès  la  deuxième  génération  au  plus  tard,  plus  souvent  dès  la 
première.  »  Il  est.vrai  qu'il  déclare  n'avoir  pas  eu  l'occasion  d'étudier  les  hybrides 
en  nature. 

(3)  Fonlzoologie.  II,  Vôgel,  p.  331. 


404  A.      SUCHETET 

nelteinent  de  l'une  ou  de  l'autre  sorte  et  la  couleur  moyenne  doit 
être  regardée  comme  une  exception  »  (1). 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  opinions  le  croisement  du  Cornis  rornix 
et  du  Cornus  carone  nous  paraît  évident.  Quelques  auteurs,  mal 
informés  sans  doute,  ont  cru  cependant  pouvoir  émettre  quelques 
réserves  à  son  sujet.  Ainsi,  on  lit  dans  le  Magazin  of  Natural 
History  (2)  que  «les  cas  d'union  supposée  entre  la  Corneille  noire 
et  la  Corneille  mantelée  ne  sont  pas  concluants;  dans  Godron  (3) 
que  ces  faits,  «  quoique  possibles,  sont  loin  d'être  démontrés  ;  » 
daus  Faivre  (4)  «  que  ces  exemples  exceptionnels  méi'itent  confir- 
mation. »  Pour  nous  nous  ne  le  mettons  point  en  doute;  mais  que 
chaque  type  ait  une  valeur  spécifique  réelle,  ceci  ne  nous  paraît 
point  admissible.  Nous  croyons,  tout  au  contraire,  d'après  les 
examens  faits  sur  les  deux  formes,  que  celles-ci  doivent  être  ratta- 
chées à  une  seule  espèce;  cette  opinion  semble  du  reste  prévaloir 
aujourd'hui  en  zoologie.  Sans  s'occuper  de  leur  plumage,  Naumann, 
voulant  absolument  trouver  quelques  marques  sûres  pour  les  dis- 
tinguer, ne  put  y  arriver.  Voici  le  résultat  de  ses  recherches  pen- 
dant plusieurs  années. 

Si  on  laisse,  dit-il,  la  couleur  des  plumes,  la  conformation  du 
corps  est  identique  dans  les  deux  espèces,  aucun  signe  de  leur 
structure  ne  peut  les  diiïérencier,  et  si  on  fait  porter  ses  obser- 
vations, non  seulement  sur  des  pièces  de  cabinet,  mais  sur  les 
Oiseaux  qui  vivent  à  l'état  sauvage,  on  remarque  la  parfaite  ressem- 
blance de  ces  deux  Corneilles  dans  leur  manière  de  vivre,  dans 
leurs  mœurs,  dans  leur  voix,  dans  leurs  œufs  (o),  bref,  dans  leur 

(1)  Nous  ignorons  loutetois  si  le  doclenr  parle  d'après  des  observations  person- 
nelles ou  d'après  Naumann'? 

(2)  I,  p.  81,  1837. 

(H)  De  l'espèce,  p.  181. 

(4)  De  la  variabililé  des  espèces,  p.  129. 

(;))  Ceci  est  confirniù  par  ,M.  Seebohiu,  qui  dit  (Histori/  llrilish  Itirds,  1,  p.  r).42). 
qu'il  est  inipossililc  de  distinguer  les  œufs  de  la  Carrion  crow  et  de  la  llooded- 
erow.  Nous  avons  vu  dans  la  collortion  ornitliologiiiuedu  Musée  d'Histoire  naturelle 
d'Elbeui-sur-Seine  un  certain  nt-mbre  d'œufs  des  deux  espèces  que  M.  Noury,  le 
directeur  et  le  fondateur  de  cette  S|jlendide  collection,  avait  cboisis  parmi  un  grand 
noiubre  d'o'ufs  récoltés  par  lui-même.  11  nous  a  paru  presque  impossible  de  les 
diiïérencier  par  la  couleur:  il  existe,  sous  ce  rapport,  plus  de  diflérence  entre  certains 
Uîuls  de  corone,  qu'il  n'en  existe  entre  les  œufs  des  deux  types.  Reconnaissons  tou- 
tefois que  M.  W.  R.  Natbasius,  dans  un  mémoire  très  étendu  {Kai-luieis  des  Species- 
VnlerscliieUes  von  Corviis  corone  un d  Coitus  cornix,  vnU  ihrer  hùujigen  Yer- 
bastardirung  an  den  Eisclialen.  Journal  fur  Ornithologie,  janvier  1874),  a  cru 
pouvoir  distinguer  les  œufs  du  C.  cornix  des  œufs  de  C.  corone.  lia  indiqué  le 
moyen  de  les   reconnaître  :   le  planimèlre  lui  paraît   être  le    meilleur  mode   de 


oiSK.vux  iiviininES  rk.ncontrés  a  l'ktat  sauvage  40.') 

uuluri'  tout  L'iilii'ic;  euliu  le  croisomeiil  jourualier  des  deux  tyiies, 
et  la  fécoudilé  de  leurs  produits,  portent  iudubitablenieiit  à  croire 
([u'ils  a|)partieiuieiili'i  une  seule  espèce,  uniquement  variable  ipiaiit 
à  la  eoluration. 

M.  le  professeur  Sordelli.  (Ir  Milan,  sur  notre  demande,  a  bi(!n 
voulu  faire  un  examen  attentif  des  deux  formes.  Ayant  comparé 
un  certain  nombre  de  Corneilles  curnix  elniroin',  il  n'a  pu,  pas  plus 
que  le  célèbre  ornithologiste  de  l'Allemagae,  découvrir  des  carac- 
tères bien  mar(|ués  pour  les  distinguer,  abstraction  faite  de  la 
couleur.  Taudis  que  l'nujUrtjHS  s'en  éloigne  par  plusieurs  bons 
caractères,  les  deux  autres  espèces,  admises  jusqu'alors  par  les 
naturalistes,  se  ressemblent  tnitih-cmcni  :  ce  sont  les  mêmes  pro- 
portions, la  même  forme  de  la  tète  et  du  bec,  les  mêmes  mieurs,  les 
mêmes  habitudes.  En  outre,  les  plumes  foncées  ont,  chez  les  deux, 
les  mêmes  rellels  bleu  violacé.  Aussi,  .\I.  Sordelli  i)artage-t-il  l'opi- 
nion de  M.  Martorelli,  un  des  meilleurs  ornilhologistes  d'Italie,  à 
savoir  que  roroiie  n'est  peut-être  qu'un  mélanisme  du  curvus  cornix? 

LdL  Corneille  mantelée,  remarque  M.  Sordelli,  varie  souvent 
((]noi(|u'asse/.  fail)lcment)  dans  les  parties  cendrées;  ainsi  le  noir 
s'étend  plus  ou  moins  sur  le  cou  et  sur  la  poitrine.  La  plu|)art  des 
individus  tués  en  Lombardie  ont  les  plumes  du  dos  plus  foncées 
au  milieu,  presque  noirâtres  à  bord  cendré;  celles  de  la  gorge 
mar(|uées  de  même  d'une  taclie  longitudinale  noire.  Eu  cela  ils 
paraissent  s'éloiguer  du  type  et  établir  un  passage  au  C.  coroiie 
tout    noir    d).    D'après  Degland    le  C.  coroiie  ollre  même    des 

mcnsiiralion.  L'iiutem-  de  ce  Uavail  a  luru  un  graml  nombre  d'(Piifs  de  diltérenls 
côtés,  les  lins  sous  le  le  noui  de  corone,  lesaiih'cs  sous  le  nom  de  rorniX;  d'après 
les  mesures  et  la  diUérenoe  iiu'oflrenl  les  uni ts  des  deux  types  |iurs,  il  croit  pouvoir 
dire  ipie  queUpiesiiiis  de  ces  leuls  (ilaiiiit  hybrides;  seul  M.  von  Tscliusi  lui  a  envoyé 
une  ponte  indiquée  comme  liyliiide.  I.esieufs  liybridessont  de  couleur  vert  olivAlre 
foncé.  M.  l'aul  Matschie  (.lournal  (iir  Ornithologie,  p  (i47,  18X7)  ilit  aussi  ipie 
dans  le  nid  d'un  cortine  c'  et  d'un  curnix  4.  les  œufs  élaient  plus  beaux  que  ceux 
du  eoroiie  (Habenkrâhe),  le  fond  plus  clair,  la  couleur  et  les  points  plus  éclalanls. 
Ces  (cufs,  dénichés  de  ses  propres  mains,  orneni  aujourd'hui  sa  collection.  M.  Paul 
Matschie  établirait-il  une  distinction  entre  les  nids  des  deux  types'.'  Il  dit  i|ue  «  ce 
nid  était  tout  semblable  i^  celui  de  la  Uabenkrâhe,  (|uoi<|ue  un  peu  moins  éli'ndu. 
et  paraissait  être  construit  plus  m''gliKemmenl.  » 

(1)  M.  Sordelli  n'admet  pas,  comme  certains  auteurs,  que  la  dillérenciation 
spccilique  puisse  s'établir  par  les  rapports  de  longueur  des  rémiges;  il  n'a  point 
poussé  ses  recherches  jusque  là,  mais  il  doute  fort,  et  à  bon  droit,  que  d'aussi 
minimes  diflérences  soient  capables  de  fournir  de  bons  caractères  de  diflérenciatioii. 
Nous  avons  fait  voir  à  M.  Sordelli  l'exemplaire  jeune  hybride  acheté  par  nous 
à  M.  Cari  Bieber,  de  Gotlia.  .Après  avoir  comparé  ci-l  individu,  dès  son  anivée. 
avec  les  C.  corune  et   les  C.  cornix  du   Musée  de  .Milan  et  avoir  tout  récemment 


400  A.      SUCHETET 

variétés  à  plumage  presque  noir.  Le  D''  Altun  (1)  dit  connaître  des 
spécimens  de  Syrie  et  d'Egypte  qui  se  distinguent  des  Nebelkrâhen 
(C.  cornir)  ordinaires  par  leur  taille  un  peu  moindre  et  aussi  pai' 
la  trace  remarquable  du  manteau  gris  qui  se  clianijc  elies  elles  en 
couleur  Je  rouille  d'argile  rouge.  Lorsque  M.  de  Selys-Longchamps 
visitait  les  musées  d'Italie  (2),  M.  Salvadori  lui  fit  aussi  remarquer 
que  des  spécimens  de  C.  eorni.r  sont  souvent  noirs  avec  du  gris 
sur  la  poitrine  seulement,  tandis  que  d'autres  ont  du  gris  sur  le 
dos,  les  couvertures  supérieures  et  intérieures  de  la  queue  étant 
noires.  Au  musée  de  Rouen  il  existe  un  exemplaire  de  eorni.r  dont 
le  manteau  gris  s'étend  peu  avant  sur  le  dos.  Enfin  ou  sait  que 
le  plumage  du  fond  de  la  Corneille  noire  est  gris  cendré,  à  l'excep- 
tion des  pennes  rectrices  et  des  rémiges.  Mais  la  remarque  la  plus 
importante  sur  ce  sujet  est  celle  faite  par  le  D''  Gloger  :  à  savoir 
que  d'une  paire  de  Corneilles  enlièrcmcnt  noires,  et  par  conséquent 
pur  sang,  il  peut  nuHre  des  Oiseaux  à  coloration  mélangée. 

Par  toutes  ces  raisons,  on  ne  saurait  donc  toujours  considérer  les 
individus  présentant  des  traces  de  mélanges  comme  de  vrais 
hybrides;  très  probablement  bon  nombre  de  sujets  conservés  dans 
les  Musées,  et  considérés  comme  tels,  ne  sont  que  des  variétés  de 
corone  ou  de  eorni.r.  D'un  autre  côté,  puisque  beaucoup  d'hybrides 
ressemblent  à  l'une  des  deux  espèces  pures  (3),  bien  des  individus 
considérés  comme  étant  de  cette  sorte,  peuvent  être  des  hybrides. 
Quant  à  la  valeur  spéciliciue  de  chaque  type,  elle  ne  nous  paraît 
point  établie;  toutefois  il  serait  diUicile  de  dire  s'il  faut  écrire 
C.  corone  var.  cornix  ou  plutôt  C.  cornix  var.  corone,  car  si  cornix 
peut  être  considéré  comme  albinisme  partiel  de  corone,  corone  peut 
sans  doute  tout  aussi  bien  être  considéré  comme  un  mélanisme  de 
cornix. 


renouvelé  son  examen  poiii'  (aire  de  notre  Oiseau  l'objet  d'une  étude  jilus  attentive, 
M.  Sordelli  nous  écrit  que  «  nialjjré  tous  ses  soins  »  il  n'a  pu  découvrir  aucune 
différence  entre  lui  et  les  soi-disant  espèces  corvus  et  eorni.r.  «  La  coloration 
noire  à  reflets  bleuâtres  est  bien  celle  de  corone  et  des  parties  foncées  de  cornix: 
les  plumes  du  cou  sont  les  mêmes  et  la  forme  du  bec  ne  diffère  aucunement  de 
celle  du  C.  cornix.  «  .\ussi,  ajoute  M.  Sordelli,  «  la  conclusion  de  tout  ceci  est, 
pour  moi,  que  corvus  et  cornix  ne  sont  (pie  deux  races  d'une  même  espèce,   r 

(1)  Op.  cit.,  I,  p.  200. 

(2)  On  varions  Birds  observed  in  italian  Muséums.  Ibis,  p.  450,  1870. 

(3)  D'après  fe  même  ornithologiste. 


oiSEAix  iiYnaiDKs  KKXcoNTaÉs  A  l'ktat  sauva(;k  'iI)7 

CORVUS   FRUGILEGUS  (I)   l't   CORVUS   CORNIX 

On  lit  (Iniis  le  Janninl  fur  Oniilhologii'  (2)  :  «  Il  y  a  tiiic  ciiniiiau- 
laJQc  (i'aniii'cs,  un  |>r()|iii('laii('  de  N'en  Riippin  imijorta  le  Freux 
dans  ce  jiays.  Celle  Corneille  y  est  devenue  très  commune  el  a 
donné  des  liyhiidesavec  le  Nehelkrahe.  »  L'auteur  de  cette  commu- 
uicatioD,  M.  C.  Niessing,  n'est  point  certain  toutefois  du  fait  qu'il 
cite,  car  il  a  cru  devoir  prendre  des  informations  ]iour  savoir  s'il 
n'y  avait  point  confusion  avec  le  corom-.  Sa  demande  est  malheu- 
reusement restée  sans  réponse. 

Le  renseiijnement  donné  par  le  .loiinnil  liir  Ontitholoijic  n'établit 
donc  point  d'une  façon  liien  certaine  le  croisement  des  deux  espèces. 
Ce|>endaul  M.  .\nl.  Ilauplvoi;t,  instituteur  à  Aussis,  prétend  (|u'il  y 
a  trois  ou  quatre  ans  ou  tua  à  l'ommerle,  près  d'Aussig  (Bohême), 
un  hybride  de  C.  curuir  et  de  C.  Irwjik'ijus,  dont  les  parents  avaient 
établi  leur  nid  près  du  talus  du  chemin  de  fer.  C'est  M.  Joseph 
Heller,  pro|)iiétaire  à  Pommeiie,  ([ui  le  tira  lui-même,  et  eu  présence 
de  ^L  liauplvogt.  L'Oiseau  étant  devenu  notie  possession,  nous 
l'avons  montré  à  AL  Oustalet  qui,  disons-le,  n'a  guère  trouvé  chez 
lui  de  ressemblance  avec  C.  frmjilfqus  :  «  il  n'a  ni  le  bec  dénudé  à  la 
base,  ni  le  i)lnMiage  luiifornie,  à  retlets  poiiiprés  très  accentués,  ni 
la  première  penne  iiius  longue  (jue  les  secondaires  du  C.  friujilcijiis  ; 
il  ressemble  au  contraire  à  C.  cornir  par  son  bec  assez  épais,  garni 
de  cires  horizimtales,  par  son  plumage  tacheté  et  par  les  pr()|)or- 
tions  de  ses  rémiges,  si  bien  (lu'on  ponriail  le  prendre  ])our  une 
Corneille  manteléeà  plumage  anormal,  .M.  Ibiuptvogt  est-il  absolu- 
ment sûr  que  le  parent  noir  soit  un  ///((///('//«.s-  et  non  un  ronu.r'! 

COUVUS    CORO.NE   et    CORVLIS    FRUGILEGUS 

Oullon  a  dit  quelque  part  (3)  que  la  Corneille  mantelée  n'est 
peut-être  qu'une  race  métisse  produite  par  le  mélange  du  Freux 
(CuivH-i  //'«(///('(/((.s)  avec  la  Corneille  (6'.  roronr);  les  anciens  n'ayant 
ni  connu,  ui  nommé  la  Corneille  mantelée,  il  enconcluaitque  celte 
race  n'existait  pas  de  leur  temps. 

Nous  croyons  (luc  la  donnée  du  grand  naturaliste  ne  repose  sur 
aucune  base  sérieuse.  Nous  n'avons  point  eucore  vu  de  croisements, 

(I;  AuhfS  noms:  ('on  un  frugilegn.  Corvus  agroruin,  graiiorum  el  advrna, 
Coleiis  frugilegus. 
(2)  Paye  l'i,-;.  1870. 
('i)  Nous  n'iivons  pu  relroiivcr  l'endroit. 


408  A.      SL'CIIF.riiT 

produits  à  l'état  de  nature,  procréant  de  nouveaux  types  durables; 
on  ne  peut  croire,  du  reste,  (pie  le  mélange  du  roronr  l't  du  friuji- 
legiis,  deux  types  de  coloration  noire,  ait  abouti  à  la  formation 
d'un  troisième  type  à  manteau  gris. 

CORVUS  NEGLECTUS  et  CORVUS  DAURICHS 

M.  Swiiilioc  second,  dit  (l)qu'il  s'est  procuré  à  Shanghai  un  hybride 
entre  le  ('.  (/«////«.s  et  le  ('.  ni'ijU'ctii^.  D'ajirès  le  savant  voyageur,  le 
r.  ncijlcrtus  chinois, (pie  l'on  rencontre  de  Mingpo  à  Pékin  (et  que  l'on 
rappoi'te  à  /,.  tiumcdnla)  a  la  mandibule  inférieure  du  bec  beaucoup 
plus  petite  (jue  la  supérieuie  et  ne  possède  point  de  gris  sur  les 
(■(jtés  de  la  tète  et  du  cou. 

M.  Svviuhoë  remarque  que  le  Corrus  (Momdttla)  wglectus  Schl. 
est  très  nombreux  à  Pékin  et  (pi'il  s'associe  souvent  avec  le  Corcits 
(Moni'dalit )  iliiiirlcus  Pall.  Rarement,  dit-il,  on  voit  une  bande  de 
l'une  ou  de  l'autre  espèce  sans  quelques  individus  de  l'espèce 
analogue.  Dans  leurs  lia!)iludes  les  deux  types  sont  remar([uable- 
ment  semblables  aussi  bien  dans  le  vol  c[ue  dans  le  choix  des  lieux 
où  ils  se  perchent  (2). 

De  son  côté  M.  Seebohm  s'exprime  ainsi  en  parlant  du  Chou- 
cas (Corrtis  nioiicduld)  :  «  Dans  la  Sibérie  centrale,  entre  Krasuoyarsk 
et  Irkutsk,  une  nouvelle  forme  apparaît,  eu  moyenne  légèrement 
plus  petite  que  nos  Choucas  et  ayant  la  nuque,  les  c(ités  du  cou.  la 
partie  inférieure  du  gosier  (de  la  poitrine)  et  le  ventre  blancs.  Cette 
espèce.  (('.  dainicii.i)  s'étend  vers  l'est  aussi  loin  que  le  nord  de  la 
Chine,  et  partout  se  trouve  en  compagnie  du  C.  neijlecliis  ;  on  trouve 
avec  cette  espèce  les  formes  intermédiaires  entre  les  deux  types, 
lesquels  proviennent  sitns  duiilf  d'un  croisement.  La  foiine  noire, 
pur  sang,  ditière  en  couleur  aussi  l)ien  qu'en  grandeur  de  notre 
Choucas,  le  gris  de  la  tète  et  du  cou  étant  presque  entièrement 
j)assé  »  (3). 

En  outre  M.  Seebohm  remarque  (4)  ([ue  la  collection  du  capitaine 
Blakiston  renferme  un  exemplaire  (no2701)  obtenu  à  Osaka,  dans 
la   partie  méridionale  de  l'ile  principale  du  .lapon,  et  ([ui  paraît 

(1)  Catalogue  of  the  Birds  of  China,  by  tlie  laie  Swinhœ's  secoml,  Proceedings 
of  llie  Zoological  Society,  p.  383,  1871. 

(2)  Notes  (le  M.  Swinhoë  sur  l'OriiiUiologic  enlie  TaUao  et  Pékin,  au  nord  delà 
Chine.  Ibis,  p.  337  et  338,  1867. 

(3)  /(  Hisli»-y  ofBrilisli   Bints,  I,  p.  557. 

(4)  Oi-uilliologie  d\(  Japon,  Ihis,  p.  180.  1884. 


OISEAUX    IIYBRIDKS    HENCO.N'TRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  40'J 

îi|)|)iirtt'iiir  à  iiiio  tnriin'  irili'nii(''(liaii'e  entre  le  Cornue  ddiiricas  et.  le 
Cornts  urijh'CtHS. 

M.  Styan(l)  dit  aussi  «  que  ces  deux  espèces,  distinctes  dans 
leurs  formes  extrêmes,  se  croisent  si  facilement  «  qu'il  croit  devoir 
les  ranger  ensemble  f (/('(// «///i  loi/rlhi'r).  M.  l'alihé  David  a  vu  lui- 
même  plusieurs  exemples  de  ce  croisement  (2). 

I>es  ornilliologisles  ne  paraissent  jtas  d'accord  sur  la  valeur  spéci- 
li(|ue  des  deux  types.  MidilendorlT  et  Dybowsky  (3)  considèrent  la 
(orme  foncée  {('.  nnjlccliis)  comme  étant  un  Oiseau  prématuré. 
.M.  Dybowsky,  c|ui  a  trouvé  ceitt!  forme  eu  train  de  couver,  déclare 
qu'elle  n'obtient  le  |iluniage  complet  ([u'au  bout  de  la  troisième 
année.  D'un  autre  côté,  M.  Swiulioë  fii  dit  avoir  enlevé  du  nid  do 
jeunes  Oiseaux  ayant  les  signes  caractéristiques  de  l'âge  adulte,  et 
il  existe  dans  sa  collection,  d'après  M.  Seebohm,  un  exemple  ([ui 
])rouve  ce  (^l'il  alTirme.  Aussi  M.  Seebobm  croit  que  Dybowsky 
s'est  trompé. 

Il  parait  probable  à  M.  de  Selys-Longchamps  que  le  daiiricns 
de  Chine  n'est  qu'une  race  de  nioiicdulit,  comme  sont  plusieurs 
races  de  notre  Geai,  <i.  nicldnorepluilux,  Kriinlcki,  jdiionicus,  etc. 
f|ui  sont  des  races  locales  (5).  M.  Sharpe  fait  une  espèce  à 
pari  du  Ciild-ns  ilititniKs  i  Mitncdida  dauriai  ou  Coniis  (■(ipitalix)  {('>); 
(If  même  il  érige  au  rang  d'espèce  Colauis  iicijln-tus  (7).  Il  faut 
remarquer  que  le  British  Muséum  ne  possède  comme  point  de  com- 
paraison qu'un  seul  exemplaire  cf  de  ce  dernier  type,  i)rovenant 
de  Sang-IIaï  (Chine). 

Il  nous  sera  peut-être  dilTicile  d'établir  entre  le  Corvus  neglectus 
de  la  Chine  et  notre  Cùiriis  moni'ilulii  une  distinction  spécifique; 
cette  distinction  doit-elle  être  établie  entre  le  i)reuiier  (('.  tii-j/h-rliis) 
et  C.  dauricus .' 

D'après  li'S  exemplaires  que  nous  avons  vus,  C.  nfi/hrliis  pouriail 
être  un  mélanisme  de  dduiinis,  ou  plutôt  ce  dernier  un  albinisme 
incomplet  de  unjlfctHs;  il  existe  au  .Muséum  de  Paris  des  inoni'dnUi 
tout  blancs.  Il  y  a  certainement  de  grandes  relations  entre  T.  iieghrlus 

(1)  Uiis,  jiiillrl  1,S!)I.  Nous  n'avons  point  consnUi'  nons-nii^ine  ce  nninrro,  il  nous 
a  été  iniliquù  par  le  rév.   Macpherson. 

(2)  Oiseaii.r  de  ta  ('liine.  p.  :(70. 

(3)  Cités  par  M.  Sci^liolim. 

(4)  Egalement  cité  par  M.  Seeliolim. 
(i))  Communication  de  M.  de  Selys. 

(G)  On  encore  l.i/cus  (lauricus,  Corvus  iitonatula. 

(7)  Le  même,  d'après  lui,  que  Corvus  dauricus,  jun.,  Sclil..  l'urnis  neglectus, 
Monedula  neglectus,  Lycus  neglectus. 


'tlO  A.     SUCHETET 

et  C.  ihturicus.  Ce  n'est  pas  sans  raison,  sans  doute,  que  M.  Radde 
a  appelé  ce  dernier  :  C.  iiioni'didd  var.  (huiricn  i[). 

Cependant,  M.  l'ablié  IJavid,  qui  constate  ([ue  la  couleur  bicolore 
qui  caractérise  daiiricus  «  se  rencontre  déjà  chez  les  jeunes  Oiseaux 
qui  sont  encore  dans  le  nid,  »  porte  au  rauf^  d'espèce  Li/cos  dau- 
ricus  et  Ljjcos  m'ulcctus,  tout  en  reconnaissant  que  M.  Taczanowski 
n'admet  même  pas  comme  race  distincte  de  L.  neijh'ctm.  M.  Oustalet 
nous  dit  qu'il  considère  les  deux  types  comme  des  races  et  non 
comme  des  espèces. 

CORVUS   CORNIX    et   CORVUS   ORIENTALIS    (2) 

l^e  Dr  Severtzow  dit  (3)  avoir  recueilli  en  hiver,  dans  le  Turkestau 
russe,  un  grand  nombre  d'hybrides  entre  C.  rurni.r  et  C.  oricntitlis, 
dont  M.  Seehohm  a  étudié  les  niellées  dans  les  forêts  près  du 
Yénessi,  sous  le  cercle  polaire. 

D'après  le  feu  jjrofesseur,  les  afliuitésde  ces  hybrides  avec  les 
deux  espèces  pur  sang  seraient  tout  autres  (|ue  celles  des  C.  hijhri- 
coroiie  (4).  «  l'armi  les  C.  hijbiicornir,  dit-il,  les  colorations  inter- 
médiaires sont  au  moins  très  prédominantes,  sinon  exclusives  ;  de 
plus,  elles  sont  héréditaires,  et  il  faut  plusieurs  générations  de 
croisements  avec  les  espèces  pur  sang,  C.  cornix  ou  C.  urienlalis, 
pour  ellacer  les  traces  d'hybridation.  »  M.  Severtzow  a  recueilli 
une  belle  série  d'exemplaires  très  graduellement  nuancés,  depuis 
le  noir  presque  pur  du  (\  orlctitaiis,  à  peine  mêlé  de  gris  foncé  au 
haut  du  dos  et  de  la  poitrine,  jusqu'au  gris  clair  du  C.  coniix,  sur 
lesquels  les  traces  d'hybridation  se  réduisent  à  quelques  petites 
taches  noires  aux  lianes  et  au  bas  du  dos.  Après  un  examen  compa- 
ratif des  individus  de  cette  série,  M.  Severtzow  pense  <■<  que  la  colo- 
ration intermédiaire  des  C.  hijbrkornix,  passant  héréditairement  au 
noir  ou  au  gris  par  des  croisements  successifs  avec  des  C.  orientnlis 
ou  des  C.  aivnix  pur  sang,  se  maintient  plus  ou  moins,  du  moins 
pendant  deux  ou  trois  générations;  »  il  pense  aussi  «  que  l'hérédité 

(I)  Reise  in  S.  ().  Sili..  II,  p.  207,  cil.  in  Oiseaux  de  la  Chine. 
(i)  .Synonymie  :  Con'us  corone,  Pall.,  Schrenk,  RadJe  et  Przen,  Corrus  sinensis, 
Corvus cnlunoyuu\,  Cnrntsjaponicus. 

(3)  Etudes  sur  ifs  rariations  d'âge  des  Àquilines  paléartiques  et  leur  valeur 
taxnnimiqiie.  II' pnrlie.  CEuvios  posthumes  publiées  par  M.  Mmzbier,  in  Nouveaux 
Mémoiies  de  la  Société  inipéi'iale  îles  Naturalistes  de  Moscou.  XV,  p.  ira.  1S^8  (Ce 
travail  nous  a  été  adressé,  su  mot  redemande,  par  M.  Menzbier;  nous  l'eu  remercions). 

(4)  M.  Severizow  appelle  ainsi  les  hybrides  deC  cornix  cl  de  C.  corone,  tandis 
qu'il  donne  le  nom  de  C.  hyln-icornix  aux  hybrides  de  C.  cornixX  C-  orienlalis. 


OISEAUX    IIVIllilIlKS    HENCONTHKS    A    L'kTAT    SAIVAGK  'i  I  1 

(k'.  la  coloralioii  In  bride  doit  encore  se  |iroloai;er  iiarmi  iesiiiniuis 
(lesliybridcsentreoiix.)iKiilin.  dil-il.oii  Sibérie,  où  lesC.lu/hricorni.i- 
iitnisscnl  en  nombre  considérable  dans  les  grandes  colonies  mixtes 
(1er.  oricntdlis  i't  de  C.  ronii.r,  les  croisiunents  des  liybridcs  avec 
les  espèces  pures,  et  leuis  unions  entre  eux,  doivent  plus  ou  moins 
alterner  dans  la  série  des  {générations  successives.  » 

Nous  ne  suivrons  pas  le  savant  docteur  dans  ses  spéculations, 
nous  pensons  ([ue  pour  étudier  d'une  manière  prolitable  les  pliéno- 
mènes  ou  les  loisijni  président  à  la  |iroduelion  des  hybrides  et  à 
leur  propaf^^ation,  il  faut  les  étudier  en  captivité,  les  croisements  qui 
se  pi'odniseiit  à  l'état  sauva{;e  ne  pouvant  être  suivis  d'une  manière 
convenable,  au  moins  pendant  plusieurs  générations.  Nous  nous 
contenterons  de  faire  reniari|uer  ijik^  les  C.  kybriconiix  ne  peuvent, 
pas  plusijno  les  (\  liijhriforunr,  être  considérés  comme  des  [)roduits 
de  deux  espèces  véritablinnenl  distinctes,  mais  des  métis  pro\enant 
du  mélanj^e  de  sim])les  variétés.  M.  Severtzow  nous  apprend  lui- 
même  qm^  les  caractères  de  C.  (irifiihilis  sont  si  variables  qu'il 
existe  des  individus  dont  la  distinction  avec  C.  corom;  est  presque 
impossible  à  faire. 

M.  Oustalet  a  bien  voidu  nous  monli-er  une  ])ièce  de  son  labora- 
toire, C.  si)icnsix,  i'a])portée  par  M.  l'abbé  David.  Nous  avons  cons- 
taté uniqucuieul  chez  ce  sujet  une  diftéreace  dans  son  bec  avec 
celui  du  coroiir  el  une  teinte  peut-être  un  ])eu  plus  verte  sur  la 
gor^e  que  chez  ce  dernier,  .\ns-i  nous  le  souiiçouiions  foil  de  n'être 
qu'une  simple  variété  climatérique  de  ('.  corone  ijui,  lui-même, 
nous  l'avons  dit,  présente  de  toiles  allinitôs  avec  C.  corni.r  (jue  l'on 
doit  considérer  les  deux  types  comme  appartenant  à  une  seule 
espèce  (1). 

Fiinillli'  ilfs  Çrrlhiikc 
Genre  Sitta 

SlTTA    EUROP.«A   (2)   Ct    SiTTA   CAESIA   (3) 

.M.  le  jjrofessenr  .Menzbier  croit   pouvoir    considérer  (jnelques 

(I)  Hpiiiaïquons  n'priiJant  (jne  M.  l'al)bi'  Daviil,  (jui,  i-flle  fois,  ne  se  montre  pas 
il'accorii  avci'  son  savant  tnllr^'iie,  «^ruibli'  séparer  le  Cortus  ainensis  du  C.  covone 
•  dont  il  diffère,  dit-il,  par  sa  taille  pins  forte,  son  bec  beaucoup  pins  j^ros  et  plus 
convexe  en  ilessns,  pii-  les  plumes  de  sa  (îor^e  acnmiaées  ct  par  le  rellet  vert  de 
son  plumage,  n  Oiseaux  de  la  Chine,  p.  ;tl>.s. 

(i)  Anh-esnonis  :  SiUa  sericea,  Sillit  iiralenKis,  Silla  asialica,  Silta  sericea. 

(3)  Autres  noms  :  SiUa  europaea,  SiUa  a/finis. 


412  A.     SUCHETET 

exemplaires  de  Siltelles  proveuaut  de  la  Russie  ceulrale,  qu'il 
possède,  comme  produits  par  le  croisemeut  de  Sitta  caesia  et 
.S.  europd'a,  et  de  ces  deux  formes  typiques  avec  leurs  hybrides  (1). 
Le  professeur  fait  remarquer  que  les  Sittelles,  pareilles  à  celles  qu'il 
possède,  ne  se  trouvent  que  dans  les  endroits  habités  par  les  deux 
formes  typiques;  il  ne  les  a  point  décrites  à  notre  regret  (2). 

Il  nous  paraît  dillicile  d'établir  une  différence  spécifique  entre 
la  Silln  puruixt'ii  et  la  Sitta  cae.iia{3),  le  principal  caractère  de  colora- 
tiou  (|ui  les  dislinj^ue,  cousislant,  pensous-uous,  dans  la  couleur  des 
parties  inférieures,  qui  est  ijlanche,  dans  earopœa,  et  rousse,  dans 
caesia.  Or  cette  couleur  blanche  se  colore  déjà  quelque  peu  en  roux 
vers  l'auus  chez  ciiropira.  Que  cette  couleur  rousse  gagne  peu  à  peu 
le  blanc  de  la  poitrine,  elle  pourra  taire  supposer  un  croisement 
entre  les  deux  types.  Mais  nous  ignorons  complètement  si  c'est  à  ce 
signe  que  M.  Menzbier  a  cru  reconnaître  des  mélanges  (4). 

FaiiiiUc  di's  Melliphagidce 
Genre  Jora. 

JORA   TVPHIA    (5)   et   JORA    ZEYLANICA    (6) 

Blyth  (7)  a  émis  rojiinion  que  le  Jora  tijphia  et  le  Jora  zeylanica 
pouvaient  se  croiser,  il  ne  cite  néanmoins  aucuns  exemples;  c'est 
une  simple  hypothèse  émise  par  le  savant  naturaliste. 

(1)  Conférence  faiteà  la  Société  zoologique  de  France,  Revue  scientifique,  1884. 

(2)  (".es  e.\emples  ont  été  reniis,  il  y  a  fort  longtemps,  nous  écrit  M.  Menzbier,  à 
feu  M.  Taczanowski.  Celui-ci  aurait  fait  mention  de  ces  formes  intermédiaires  dans 
un  article  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Zoologique  de  France  vers  la  fin  de 
lîi22  ou  de  18S3.  Nous  avons  en  vain  feuilleté  les  volumes  correspondant  à  ces  deux 
années. 

(3)  Beaucoup  d'ornitliologistes,  notamment  Blasius,  sont  de  cet  avis.  Voir  Salvadori 
(Fauna  d'ilalia,  p  71.  1872),  qui,  toulefois,  ne  partage  pas  cette  m  inière  de  voir. 

(4)  Le  roux  de  caesia  serait  sujet  à  certiines  variantes.  Voir  un  exemple  cité  par 
L.  Taczanowski  :  Conlrihulion  il  la  faune  ornithologiijue  du,  Caucase.  Bull.  Soc. 
zool.  de  France,  p.  621,  1880. 

(o)  Autres  noms  :  Ficedula  bengaleiisi^,  Jora  scapulari.t,  Molacilla  suhriridis. 
(li)  Autres  noms  :  yEgilhina  ijundricolor,  Muscicapa  cambayensis  '  Molacilla 
zeylonica,  Jora  typliia,  var.,  Jora  melaceps. 
•  (7)  Journal  of  the  asialic  Soiiely  of  Bengal,  Xl.X,  p.  222. 


OISEAUX    HYBRIDES    RF.NCONTRÉS    A    I.Ï;TAT    SAUVAGE  413 

Famille  des  Paradisidm 

Genre  Paradisea 

Paradisea  apoda  (Il  l'i    Paradisea  raggiana 

Il  nous  paraît  utile  de  dire  quelques  mots  sur  le  Paradisea  apoda 
et  le  Paradixiii  raggiano  avant  de  parler  de  leurs  croisements  pré 
sûmes.  Le  Paradisea  apoda  est  une  espèce  d'Océanie  connue  depuis 
longtemps.  Si  les  observations  de  M.  d'Alhertis  sont  exactes,  celte 
espèce  habiterait  les  îles  .\ru,  et  la  Nouvelle  Guinée  au  sud  des 
montagnes  Giiarles  Louis  (2).  Elle  est  ainsi  décrite  (3)  :  «  d"  adulte.  A 
peu  près  de  la  taille  du  Geai,  mais  les  formes  plus  élancées.  Lon- 
gueur totale  :  0™38à  Ou^M.  Dos,  cou,  ailes,  queue  et  dessous  du  ven- 
tre couleur  marron  foncé  uniforme.  Tète  garnie  de  |)lumes  courtes, 
très  denses  et  d'aspect  velouté,  front,  lorumset  gorge  d'un  beau  vert 
foncé,  brillant  et  lustré,  à  reflets  d'émeraude  ;  nuque  d'un  jaunâtre 
brillant.  Plumes  des  flancs,  dans  la  saison  des  noces,  prolongées 
en  deu.K  grands  panaches  latéraux,  très  allongés  de  plumes  molles 
d'un  jauuàtre  rouillé  éclatant  à  la  base,  blanches  vers  leur  extrémité, 
qui  se  termine  par  un  rachis  nu  à  la  pointe  ;  les  deux  rectrices 
médianes  prolongées  en  deux  lilets,  ou  currhes  allongées  et  très 
fines,  décrivant  un  arc  très  étendu  et  dépassant  de  trois  fois  au 
moins  la  longueur  de  la  queue.  Iris  brun,  presque  noir.  Le  c^,  en 
hiver,  perd  ses  longues  et  belles  [tarures  des  flancs,  qui  ne  se 
produisent  que  durant  la  saison  des  noces.  Femelle  adulte.  Couleur 
générale  d'un  brun  marron,  plus  foncé  sur  la  tête,  le  cou  et  la  poi- 
trine. Plumes  de  la  tète  serrées  et  veloutées,  teintées  de  jaunâtre 
paille,  sur  la  nuque.  Plumes  des  flancs  lâches  et  un  peu  allongées, 
de  la  couleur  du  ventre.  Les  deux  plumes  du  centre  de  la  queue 
plus  pointues  que  les  autres,  mais  non  terminées  en  filets  subulés. 
La  livrée  du  jeune  âge  ressemble  tout  à  fait  à  celle  de  la  vieille 
$  ;  les  deux  Oiseaux  ne  peuvent  être  distingués  que  par  la  taille. 
Après  la  première  mue,  on  voit  apparaître  le  jaune  du  dessus  de  la 
tête,  le  vert  émeraude  et  les  grandes  couvertures  des  flancs  ;  en 
même  temps,  les  deux  plumes  du  centre  de  la  queue  commencent 
à  s'allonger  eu  filets.  » 

(  1 1  Ou  Paradisea  major. 

{2)  Voy.  :  Oiseaux  provenant  de  l'exploralinn  de  ti  Albert ix  sur  le  fleuve 
Fly,  traduction  et  mites  de  T.  Salvadori.  .Aanali  Museu  civico  di  slnria  nuturale 
diGenova.  XI,  pp.  15  et  10,  1877. 

(3)  In  Annuaire  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Caen,  p.  21,  1880. 


414  A.    SUCHETET 

LeP.raggiana  est,au  contraire, uue  espèce  nouvellement  observée. 
Elle  fut  découverte  à  Orangerie  Bay,  en  1873,  par  M.  d'Albertis,  pen 
dantses  explorations  sur  le  fleuve  Fly  ;  cette  espèce  habiterait  la 
partie  centrale  et  la  péninsule  orientale  de  la  Nouvelle  Guinée{l).  Sa 
description  est  la  suivante  (2)  :  «  cf  Taille  du  précédent,  0™36.  Tète 
et  cou  de  couleur  corne  jaunâtre,  avec  les  plumes  de  texture  serrée 
et  veloutée  :  une  bande  frontale,  joues,  couvertures  des  oreilles  et 
gorge  d'un  vert  brillant,  métallique,  foncé  ;  menton  d'un  noir  ver- 
dàtre  velouté.  Parties  postérieures  brun  châtain  rougeàtre  ;  les  ailes 
de  même  couleur,  un  peu  plus  pâles.  Petites  couvertures  des  ailes 
bordées  de  couleur  de  butTle  paille.  Queue  brun  rougeàtre,  avec  les 
deux  plumes  uiédianes  disposées  en  lilets  minces  très  allongés  et 
filiformes.  Plumes  des  flancs  formant  des  larges  toutles  d'un  cra- 
moisi brillant  ;  les  antérieures  plus  pâles  et  d'un  brun  blanchâtre. 
Pieds  brun  rougeàtre.  Iris  jaune.  La  femelle  plus  petite  que  le  cf. 
Couleur  générale  du  dos,  ailes  et  queue  rouge  brun.  Parties  posté- 
rieures de  la  tête  et  cou  couleur  jaunâtre.  Côté  de  la  face,  gorge  et 
poitrine  bruu  pourpre.  Parties  inférieures  brun  pourpre  très  pâle. 
Iris  jaune.  Jeune  (f,  semblable  de  couleur  à  la  $,mais  détaille  un 
peu  plus  grande  et  de  nuances  un  peu  plus  vives.  A  la  seconde  mue, 
les  plumes  vertes  de  la  tête  commencent  à  apparaître.  » 

Le pointsuivantestà  noter  :  il  existeaussi,d'aprèsM.d'.\lbertis(3), 
((  une  ressemblance  notable  entre  les  jeunes  mâles  et  les  femelles 
des  deux  espèces.  »  Les  jeunes  P.  raggiana  se  distinguent  seulement 
par  la  teinte  jaune  de  l'occiput  et  de  la  tète.  Après  la  première  mue 
cette  distinction  s'établit  par  une  étroite  bande  jaune  traversant  les 
couvertures  supérieures  des  ailes  et  aussi  par  un  collier  jaune  qui 
se  trouve  dans  la  région  qui,  chez  les  adultes,  partage  le  vert  de  la 
gorge  et  la  couleur  châtain  purpurin  foncé  de  la  poitrine,  c'est 
seulement  après  la  première  mue  que  le  jaune  de  la  tête  et  le  vert 
de  la  gorge  se  trouvent  complètement  développés.  »  Cependant  chez 
un  jeune  individu  (P.  raggiana)  on  n'a  point  trouvé  de  traces  de  la 
bande  jaune  des  ailes,  et  il  eût  été  impossible  de  le  distinguer  d'un 
autre  individu  de  P.  ajioda,  du  même  âge,  s'il  n'eût  possédé  un 
commencement  de  collier  jaune.  En  outre,  M.  d'Albertis  a  aperçu 
chez  un  P.  apodci,  également  du  même  âge,  une  légère  teinte  de 
jaune  décorant  les  extrémités  des  couvertures  des  ailes.  Chez  un 

(1)  Voy.  :  Aiiniili  miiseo  civico  di  storia  nnliirale,  XI,  p.  lo  et  16.  1877. 

(2)  D'après  VAnnuniie  dn  )luséeile  Caen,  pp.  14  et  15.  1880. 

(3)  Voy.  :  Aniiali  museo,  etc.,  pp.  15  et  16,  1877. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'kTAT   SAUVAGE  415 

autre  iiulividii  jjIus  jt'uue  de  la  môme  espèce,  la  teinte  du  dessus 
de  la  ttUe  tournait  légèrement  au  jaunâtre. 

Ces  observations  montrent  éNidemment  la  très  proche  parenté 
des  deux  types, dont  nous  nous  sommes  rendu  compte  plusieurs  fois 
en  examinant  très  attentivement  les  divers  spécimens  conservés  au 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  (I). 

Du  reste  les  (|uatro  types  nilnor,  npoilft,  nKjijiinui  vX  ruhra  ont 
entre  eux  les  plus  grandes  relations,  mais  apoda  et  raggiana  sont 
les  deux  types  les  plus  rapprochés  ;  /«/y/Y?  s'éloigne  davantage  des 
trois  autres. 

On  peut  trouver  chez  les  quatre  formes  de  véritahles  gradations 
decouleur.  Toutefois  ces  gradations  ne  suivent  point  toutes  un  ordre 
régulier.  —  Troiscouleurs  notamment  caractérisent  les  quatretypes, 
le  bruu  violacé,  le  jaune  et  le  vert. 

Le  brun  violacé  est  la  couleur  générale  de  tous  et  à  peu  près  iden- 
tique chez  les  quatre  formes.  Ilaiïectetout  le  corps  et  les  ailes,  sauf 
la  tète.  Le  jaune  se  voit  aux  parties  su|)i'rieures  :  chez  apoda  il 
couvre  la  tète,  les  joues  et  le  dessus  du  cou,  il  se  termine  brusque- 
ment à  la  nai.ssance  du  dos;  chez  minor,  après  avoir  teinté  les 
mêmes  parties,  il  descend  sur  le  dos  en  se  mélangeant  avec  le  brun 
violacé,  il  apparaît  aussi  sur  les  couvertures  des  ailes  eu  deux  barres 
indistinctes  et  confuses;  chez  raguiana  il  est  limité  comme  chez 
apoda  il  la  tète,  aux  joues  et  au  dessus  du  cou,  ne  s'éteiidant  pas  sur 
le  dos,  mais  il  forme  collier  en  venant  se  montrer  sur  le  devant  de 
la  gorge  en  une  raie  fine.  Sur  les  couvertures  des  ailes  la  barre  jaune 
est  distincte,  bien  définie,  non  confusi-  comme  chez  inintir.  Enfin, 
chez  ruina,  le  jaune  se  trouve  placé  de  la  même  façon  que  chez  ce 
dernier,  mais  il  s'élargit  beaucoup,  quoicjue  très  nettement,  sur  le 
devant  du  cou  (où  il  forme  un  très  large  collier),  la  barre  des  ailes 
est  également  très  agrandie. 

Le  vert  émeraude  brillant  garnit  chez  les  (juatre  le  devant  delà 
gorge,  mais  chez  ruhra  il  monte  davantage  au  dessus  du  bec  et 
couvre  le  front. 

Quant  à  la  couleur  des  parements  la  transition  d'un  type  à  l'autre 
est  ou  ne  peut  mieux  accusée  ;  on  le  voit  de  iiiinorù  rnlira  p;\rapoda 
et  raggiana  et  cette  fois  d'une  manière  très  régulière.  D'abord  blanc 
crème  avec  quelques  taches  brunes  chez  »iinor{na  moins  d'après  les 

(!)  Voy.  aussi  d'Anicrlis,  On  Birds  collecling  diiring  the  Exploration  ofthe  Flij 
river.  Ibis,  pp.  :ti;'.)  ol  :t70,  1«77.  M.  Sloiie,  qui  pénétra  dans  riiiléiiciir  duPorl 
Morcshy  (environ  2j  milles),  est  le  premier  qui,  après  Wallace,  aurait  tué  le 
Paradisea  raggiana.  \h\%,  p.  3'i4,  1882. 


410  A.      SUCHETET 

exemplaires  conservés  ;ui  Muséum  de  l';iris,  car  sur  la  plauclie 
colorée,  puliliée  par  GouJd,  les  parements  sont  déjà  quel([ue  peu 
brun  violacé  chez  minor  et  ressemblent  à  ceux  û'apoda),  ils  prennent 
chez  apoda  à  leur  extrémité  tin  ton  brun  violacé  au  vineux,  ils 
deviennent  complètement  rouge  vineux  chez  nKjfiidnd.  Chez  rnhra 
ils  sont  d'un  brun  rouge  brique  très  vif  ou  même  cramoisi  :  c'est 
une  transition  réelle,  au  moins  à  partir  d'a/jorfa. 

C'est  donc  le  jaune  seul  qui  suit  une  marche  irrégulière  quoiqu'il 
soit  possible  de  suivre  ses  modifications,  mais  alors  il  faut  commen- 
cer par  apoda  (jaune  seulement  sur  la  tête,  les  joues  et  le  dessus  du 
cou),  puis  suivre  par /'«(////«ïia.présentant  en  outre  une  barre  jaune 
sur  les  ailes,  en  venir  ensuite  à  rubra  où  le  jaune,  aux  mêmes  par- 
ties, s'élargit  considérablement,  quoique  très  nettement,  et  terminer 
enfin  par  minor,  où  le  jaune  formant  collier  n'existe  plus,  et  où 
la  même  teinte  s'atténue  progressivement  sur  les  barres  des  ailes  en 
s'éteudant  et  en  se  mélangeant  sur  le  dos  avec  le  brun  violacé. 
Quoique  dans  ces  marques  jaunes  on  reconnaisse  assez  facilement 
une  même  empreinte,  leurs  modifications  s'expliquent  lieaucoup 
plus  difficilement,  on  le  voit. 

A  part  cela  chez  les  quatre:  une  même  couleur  générale  qui  est 
le  lirun  violacé  (très  foncé  sur  le  poitrail  d'apudn  et  de  nvjfiiana): 
un  même  vert  émeraude  brillant  garnissant  le  devant  de  la  gorge 
disposé  d'une  même  façon  chez  tous:  une  gradation  très  nette  et 
très  accusée  dans  les  teintes  du  parement  passant  du  blanc  cième  de 
(/(ni'»(peut-êtredéjàun  peu  brun  vineuxcommecheza/)0(/rt),au  rouge 
brun  cramoisi  de  rubra,  ou  si  l'on  aime  mieux  (en  commençant  par 
rnhra)  descendant  du  brun  rouge  cramoisi  de  ce  dernier  au  blanc 
crème  quebpie  peu  vineux  de  minor  ou  d'apoda. 

Nous  constatons  toutefois  que  r}ihra  est  visiblement  plus  petit  (jue 
les  trois  autres  types  qui  sont  à  peu  près  d'égales  dimensions,  et 
se  sépare  d'eux  quelque  peu  par  sa  physionomie  particulière;  signe 
caractéristique:  ses  filets  sont  surtout  beaucoup  plus  largeset  plus 
longs. 

Néanmoins,  lorsqu'on  peut  établir  de  tels  rapprociiements  entre 
certaines  formes  d'Oiseaux,  quand  au  moins  ces  rapprociiements 
sont  tels,  qu'entre  ai)oda  et  ratjuiana  les  différences  qui  les  séparent 
ne  consistent  plus  que  dans  l'absence  chez  le  premier  d'un  collier 
jaune  et  d'une  barre  que  possède  le  second,  doit-on  séparer  spccifi- 
ijitciin'nt  ces  deux  types?  Nous  ne  le  pensons  point. 

Certes  il  peut  exister,  il  existe  sans  doute,  en  dehors  de  ceux  que 
nous  avons  constatés,  d'autres  petits  caractères  diflérentiels  qu'un 


OISEAUX    IIYBIUDKS    RENCONTRES    A    L  ETAT    SAL'VAGE  41/ 

U'il  exerce  rocoiiii:iilr;i  l'iieileiiieiil,  mais  ces  caractères  ne  sont  iiuiiil 
si  importauts  qu'ils  s'imposent  à  première  vue. 

Sous  le  l)éuèlice  de  ces  ol)servatioiis,  nous  reproduirons  la 
description  (|ue  M.  Salvadori  donne  de  nomi)reux  exiMuplaires  raj)- 
porlés  par  M.  d'Albertis  de  son  voyage  au  lleuve  Fly  et  ipii,  d'après 
le  savant  comte,  «  présentent  les  caractères  qui  peuvent  les  faire 
considérer  comme  des  iiyl)rides  des  deux  espèces.  » 

Nous  pouvions  penser  que  ces  exemplaires,  au  nombre  de  dix- 
huit,  portant  tous  des  numéros  d'ordre,  étaient  conservés  au  Musée 
de  Gènes  ;  mais  M.  le  I)''  B.  (ieslro,  sous-directeur  du  .Musée,  en 
rai)sence  de  M.  le  marquis  Doria,  directeur,  nous  a  fait  savoir  que 
la  collection  génoise  ne  possédait  (|ue  douze  des  spécimens  décrits 
par  M.  L.  M.  d'Albertis  et  'Tomuiasso  Salvadori.  Ce  sont  les 
a»'  5:j3,  :;o4,  3S8,  ;}0!»,  T>,  IJi"),  430,  466,  763,  471),  600  et  383.  .M.  le 
D'  B.  Gestro  n'a  pu  nous  procurer  d'indications  précises  sur  les  six 
spécimens  manquant,  nous  supposons  qu'ils  sont  réjjartis  dans  les 
musées  de  Turin,  de  .Milan,  de  Paris,  car  d'après  MM.  Oustalet, 
Sordelli  et  Camerano,  ces  trois  collections  en  possèdent.  Voici  la 
description  de  ces  dix-huit  pièces  telle  qu'elle  a  été  faite  par  le 
comte  Salvadori  : 

Mâles  adultes  à  constitution  parfaite,  com[)renant  les  n^^  601, 
384,  383,  307  et  3o9,  tous  mâles  : 

«  Yeux  jaune  tirant  sur  le  vert  »  {d'.\).  Tous  ces  exemplaires 
ressemblent  aux  mâles  adultes  du  /'.  a^mda  |)ar  les  longues 
plumes  jaunes  des  flancs;  outre  qu'ils  ont  les  bords  marginaux 
(margini)  des  couvertures  des  ailes  légèrement  dorés,  ils  ont  une 
sorte  de  collier  jaunâtre.  » 

N»  600  cf  :  «  Yeux  jaune  vei't  (d'.\|.  Les  bords  marginaux  dorés 
(les  couvertures  des  ailes  sont  plus  apparents  ([ue  chez  les  individus 
(jue  l'on  vient  d'énumérer  et  le  collier  est  aussi  plus  distinct,  bien 
qu'interrompu  dans  le  milieu.  » 

N"  466  (f  :  a  Yeux  jaunes  (d'.V).  Individu  semblable  aux  précé- 
dents avec  une  bande  large  et  bien  niar(iuée  sur  les  couvertures 
des  ailes,  bien  (jue  moins  large  et  nu)ins  distincte  (|ue  chez  le 
P.  riKfijiaiut.  Il 

N"  763.  cf  :  «  Yeux  jaunes  tirant  sur  le  vert  »  (d'A.).  Semblaljle  au 
précédent  mais  avec  les  longues  plumes  des  flancs  de  couleur  jaune 
orange  plus  vif.  » 

N "  560.  cf  :  '<  Yeux  jaune  verdàtre  »  (d'.\.).  Semblable  au  précé- 
dent, mais  avec  le  collier  jaune  sans  iulerru|)tion,  étroit,  surtout 
dans  le  milieu  ». 


418  A.  SUCHETET 

N»  479.  cf  :  «  Yeux  jnuiies  tirant  sur  le  vert  »  (d'A.).  Semblable  au 
précédent,  mais  avec  les  longues  plumes  des  flancs  de  couleur 
orange  rouge;  collier  jaune,  presque  aussi  large  que  dans  les 
exemples  pur  sang  du  /'.  Itngulrnin;  mais  la  bande  sur  les  cou- 
vertures des  ailes  est  moius  appari'ute  (|ue  chez  les  précédents. 

N"  450  cf  :  «  Yeux  jaune;  tirant  sur  le  vert  »  (d'A).  Les  longues 
plumes  des  tlancs  de  couleur  rouge  orange  très  vif;  collier  jaune 
parfait,  bande  jaune  sur  les  couvertures  des  ailes  très  apparente. 
Les  cinq  individus  mentionnés  en  dernier  lieu  présentent  une 
parfaite  gradation  pour  ce  ((ui  est  de  la  couleur  des  longues 
])lumes  des  flancs,  depuis  le  jaune  du  Paradism  apoila  juseju'à  la 
couleur  presqur  rouge  du  /'.  Udifjinnn  ;  il  y  a  aussi  une  grada- 
tion i)onr  le  collier  jaune  qui  n'a'  qu'une  bande  dans  le  premier 
individu,  et  qui  va  toujours  en  s'élargissant  jusqu'à  devenir  dans 
le  cinquième  aussi  large  que  dans  le  P.  ft/ii/f/iand  pur  saug.  La 
bande  jaune  sur  les  couvertures  des  ailes  présente  une  certaine 
variété.  La  couleur  de  l'iris  est  jaune  verdàtre  et  se  rapproche 
davantage  de  la  couleur  de  l'iris  du  P.  apodu  que  de  celle  de  la 
P.  Rarjyiana;  toutefois,  le  n°  4fi6,  la  couleur  est  indiquée  jaune 
comme  dans  cette  espèce.  Pour  ce  qui  est  des  dimensions,  elles 
tiennent  le  milieu  entre  les  exemples  pur  sang  des  deux  espèces.  » 

M.  le  comte  Salvadori  décrit  ensuite  les  mâles  adultes  à  consti- 
tution (abito)  imparfaite. 

N"  543  c?  ■•  «  yeux  jaune  tirant  sur  le  vert  »  (d'A.).  Semblable 
aux  deux  premiers  spécimens  hybrides,  mais  sans  les  longues 
plumes  des  flancs.  Ressemble  à  quelf[ues  individus  du  P.  apoda 
dans  le  stade  correspondant,  mais  eu  diflère  par  les  bandes  du 
collier  qui  sont  jaunes. 

N»  73  cT  .'  «  Yeux  jaunes  »  (d'.\.).  Semblal)lo  au  précédent,  niais 
avec  les  bandes  du  collier  non  apparentes.  Puis  les  mâles  jaunes 
ayant  la  constitution  des  adultes. 

N°  309  cf  :  «  Semblable  au  n°  54.3,  mais  avec  deux  rectriccs 
moyennes  incomplètement  dévelopfiées  et  terminées  par  de  longues 
barbes  vers  le  sommet,  ce  qui  leur  douue  la  forme  de  spatule  ou  de 
rame.  Le  jaune  de  la  nuque  est  mélangé  de  châtain.  » 

N"  333  cT  :  «  Yeux  jaune  verdàtre  »  (d'.\.).  Individu  jeune,  front 
et  gorge  vert  :  un  peu  de  jaune  apparaît  dans  le  châtain  du  sommet 
(fcrllrc).  Les  deux  rectrices  moyennes  de  même  forme  que  les  laté- 
rales, mais  uu  peu  plus  larges  et  plus  pointues.  11  a  ime  bande  du 
collier  jaune  et  les  yeux  jaune  verdàtre,  ce  qui  fait  croire  que  c'est 
un  hybride. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAUVAGK  4I'J 

Fi-iiiclle  ii>^  (518  $  :  «  Voux  jaunes  »  (d'A.).  Semblable  à  la  femelle 
du  Paratlifed  apodn  de  la(|uelie  elle  difïère  seulement  par  une 
bande  peu  apparente  de  jauue  sur  l'occiput  et  aussi  par  les  yeux 
qui  sont  jaunes.  » 

N"  388  Ç  :  «  Yeux  verdàtres  (d'A.).  » 

N"  .■)4().  Ç  :  «  Yeux  jaune  verdàlre  /)  (d'A).  Ces  deux  exemplaires, 
avec  les  bandes  du  CDJlier  non  apparentes,  sont  tout  à  fait  sem- 
blables aux  femelles  du  l\  llatjijiund,  il  n'y  a  (pie  la  couleur  des 
yeux  qui  les  a  fait  considérer  comme  liybrides  ». 

N^.'j.'ii.  o  :  «  Yeux  jaune  verdàlre  »  (d'A.).  Individu  semblable  aux 
précédents,  mais  avec  le  collier  formé  de  points  jaunes,  large  et 
bien  apparent,  m 

.M.  le  comte  Salvadori  qui  considère  ces  individus  à  caractères 
mélangés  comme  une  preuve  de  croisement  des  deux  types,  s'est 
demandé  si  ces  hybrides  étaient  féconds,  et  a  répondu  allirmative- 
ment  en  considérant  les  dilTéreuees  qu'ils  présentent  entre  eux, 
attribuant  (probablement)  ces  dillérences  au  croisement  des  hybri- 
des avec  les  espèces  mères.  Il  a  même  émis  cette  opinion  ([ue  le 
résultat  final  du  croisement  entre  les  deux  espèce-^  jiourrait  être 
«  une  forme  avec  des  caractères  constants,  c'est-à-dire  la  formalion 
d'une  nouvelle  espèce  »  (1). 

Jusfpi'alors  cette  nouvelle  espèce  avec  des  caractères  mixtes 
constants  n'a  pas  encore  été  constatée,  tout  au  contraire,  comme 
on  vient  de  le  voir,  M.  Salvadori  n'a  rencontré  chez  les  hybrides 
supposés  que  des  formes  non  stables  et  variables. 

Nous  ne  connaissons  (|u'un  seul  de  ces  exem[)laires,  celui  (|ui  est 
couservé  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Paris.  Nous  avouons  bien 
franchement  ([ue  nous  ne  sommes  point  convaincu  de  sa  double 
orii^ine,  il  nous  a  paru,  à  bien  peu  de  chose  près,  un  véritable 
'(/)(«/((.  Du  reste,  cette  coloration  mélaiiiçée,  i|u"iiidique  .M.  le  comte 
Salvadori,  n'est  peut-être  ([u'une  transition,  un  commencement 
de  passage  d'un  type  à  l'autre,  dil  entièrement  à  des  causes  natu- 
relles et  non  à  un  croisement  des  deux  formes.  Nous  allons  voir 
bientôt  à  l'article  Colaptes  auratus  et  C.  mexicanus  des  exemples 
bien  plus  étonnants  de  ces  gradations  presque  insensibles  d'une 
coloration  à  une  autre,  changements  (ju'on  explique  aujourd'hui 
sans  croisements  (2). 

(1)  Voy.  Op.  (il  .  t.  Xl.\,  p.  40(1,  1S77. 

{i)  Le  ruggiana  piirail,  du  reste,  Sdjcl  à  quelques  vnn.iiUcs.  .MM.  les  docteurs 
l).  Kinsh  ol  .\ -B.  .Meycr-  cilciit  dos  oxemplaiiTs  de  Milnc  liay,(|iii  scmlilent  avoir 
«  llio  liiDwiiisli-violcl  l)iust  sliii'ld  catlier  daiki'i-  iiiid  llic  parts  iimnediallly  lielow, 
also  darkcc  liiau  tlie  exemple  fioni  .\slroliale  mountains,  etc.  Voir  t  Un  some 
neic  Paradise  Birds,  »  Ibis,  p.  2l'>i,  July.  188G. 


420  A.      SUCHETET 

Les  Oiseaux  supposés  hybrides,  dont  ou  vient  de  faire  mention, 
préseuteut  néanmoins  un  grand  intérêt  seientififiue.  Nous  ignorons 
si  de  nouvelles  découvertes  de  ce  genre  eut  été  faites  depuis  le 
voyage  de  M.  d'Albertis  au  fleuve  Fly.  Nous  n'avons  trouvé,  dans 
les  divers  journaux  d'oruitliologie  ijue  nous  avons  consultés,  aucune 
mention  de  ces  formes  intermédiaires,  mais  quelques  spécimens 
ragi/ldiia  sont  seuls  cités  (1). 

Les  collections  d'Oiseaux  de  la  Nouvelle  Guinée  envoyées  au 
Musée  de  Gènes  par  M.  le  D-'L.  Loria,  depuis  les  voyages  de  M.  d'Al- 
bertis, ne  contiennent  également  que  des  i-ajiijinna;  M.  le  D''  Gestro 
nous  écrit  qu'il  n'y  a  point  vu  d'hybrides. 

Ki'iMACiius  MAGNiricis  pL  Sei.kucides  AMiA.  —  Kn  IsyO,  M.  Alphonse  Forest, 
naturaliste  pluniassit'r  à  l'aris,  en  réponse  à  une  demande  que  nous  lui  avions 
adressée,  nous  taisait  savoir  qu'il  possédait  un  exemple  remarquable  de  croisement 
(l'Epimaque  promefil  (Epiniaque  gorge  d'acier  du  commerce  lEpimncliiis  magni- 
/iciis  Vieill.  et  de  Seuleucides  niultifil.  (Seuleucides  alha  ou  resplemlens',  deux 
espèces  de  la  Nouvelle-Guinée.  La  description  qu'il  voulait  bien  nous  donner  îlors 
était  la  suivante  :  »  le  dos  de  l'Eiiimaque,  les  ailes  et  la  queue  du  Seleucides  ;  la 
gorge  et  la  poitrine  ni  de  l'un  ni  de  l'autre,  tout  en  reproduisant  les  caractéris- 
tiques des  deux  Oiseaux:  le  ventre  et  les  flancs  comme  chez  l'Epimaque.  « 
M.  .Mphonse  Forest  ajoutait  qu'il  était  tout  disposé  à  nous  laisser  étudier  à  loisir 
ce  produit  et  qu'il  nous  le  conlierait,  si  nous  le  désirions,  avec  des  sujets  purs  des 
parents  supposés,  ce  qui  nous  permettrait  sans  doute  de  reconnaître  les  traces  du 
croiseinent. 

Nous  n'avions  point  accepté  son  ofTre  [larce  (|u'à  cette  époque  nous  nous  occu- 
pions principalement  des  croisements  des  Gallinacés.  Mais,  celte  année,  ayant 
appris  que  M.  Forest  conservait  encore  cet  Oiseau  à  titre  de  curiosité,  nous  lui 
avons  manifesté  notre  désir  de  l'examiner. 

La  pièce,  préparée  en  peau  plate,  est  incomplète,  elle  mancpie  de  pattes.  En 
nous  l'adressant,  M.  Forest  nous  disait  qu'atin  de  se  rendre  compte  de  son  aulhen- 
tiiité  et  de  savoir  si  des  parties  n'avaient  point  été  rajustées  (les  Papous  sont  très 
habiles  au  raccommodage  d'Oiseaux  mutilés,  mais  s'inquiètent  peu  de  mettre  un 
nu'mbre  d'une  espèce  d  Oiseau  à  un  sujet  d'une  autre  espèce),  il  lui  avait  arraché 
une  aile  et  avait  reconnu  qu'elle  lui  appartenait  réellement  ;  la  queue,  que  l'on 
pouvait  croire  collée,  ne  l'était  aucunement;  bref,  l'Oiseau  pouvait  être  considéré 
entier,  à  l'exception  des  pattes  manquant.  M.  Forest  appelait  également  notre 
attention  sur  les  reclrices  externes,  ayant  la  forme  de  celles  de  l'Epimaque  (tandis 
que  celles  du  milieu  ou  de  couverture  de  couleur  roux  brun  le  rapprochaient 
comme  forme  du  Seuleucides),  puis  aussi  sur  l'aile,  qui  présentait  dans  sa  forme  les 
caractères  de  l'Epimaque,  étant,  par  son  coloris,  un  amalgame  des  deux  genres. 
Kn  outre,  il  nous  indiquait  un  sujet  rappelant   cet  Oiseau  et  donné  récemment  au 

(I)  Voir  :  On  a  small  Collection  i>f  liirds  from  the  I.ousiade  aiul  d'Entrecas- 
teaitx  Istnnds,  by  II.  B.  Tristram,  Ibis,  I,  p.  553,  1S89.  Voir  aussi  Notes  on  the  Pnra- 
dise  IHrds  of  British  New  Guineii.  by  .\.  P.  Goodwiu  ut  Lisnu)ie.  The  Ibis,  11. 
p.  loi,  1890. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    1,'kTAT    SALVAGK  421 

Musriiiii  \ii\v  M.  Maillon,  sujil  i|iii  av.iit  été  désigné  pai-  M.  (iiishilcl  sous  le  nom 
lie  ilitnlnui. 

Ne  poiivani  aiipri'ciiT  nous  nirine  Ui  nalnit'  ili>  ic  c  iirieiix  s|icciini'n.  nous  avons 
cru  devoir  le  cominunii|ner  il  plusieurs  savants  ornilliolofiislcs  M.  Oustalet  étant 
alors  en  vacances  el  alisenl  de  Paris,  nous  l'avons  d'abord  envoyé  à  M.  le  prol. 
Giglioli,  de  Florence,  qui  n'a  pas  voulu  se  prononcer  à  cause  du  mauvais  étal  île  la 
pièce,  tout  en  reconnaissant  c|u'elle  [irésenlait  des  caractères  embarrassants. 
M.  nidgway,  de  Washington,  <|ui  l'a  vue  ensuite  et  l'a  examinée  avec  une  grande 
attention,  ne  la  croit  nullement  hybride,  «  mais  une  espèce  dislincle  de  Plilorhii!, 
alliée  à  P.  miigin/'iciir:,  pouvant  être  facilement  reconnue  par  ses  caractères.  - 
M.  Paul  Malscliie,  i|ui  l'a  vue  également  en  compagnie  de  M.  le  W  Ueichenow,  du 
.Musée  (le  Iterlin,  ne  la  croit  pas  davantage  hybridiî  tiv  Seleiifiiten  X  /i/'""'"'/n(.v, 
mais  11  un  vrai  ri'(i.<y)orfo/)/io)v/  A'/nHiac/ii/s'j  dillèreiit  du  Cr.  iiiiignifica  iiilerre- 
(Irns.  appartenant  à  une  espèce  iwurelle  très  bien  carailèrisée.  »  (M.  l'aul  .Matscliie 
conslalail  la  présence,  sur  le  corps,  de  iiueli|ues  pluiius  indiipiant  un  état  dejeunesse, 
comme  M.  Korest  l'avait  déjà  reconnu).  Kniin,  M.  (iiistalct  s'esl  convaincu  que 
l'Oiseau  apparllentà  l'espèce  du  spécimen  donné  au  Miiséiiiii  (au  mois  de  juillet  IS'.ll) 
par  .M.  Maiiliiu,  espèce  nouvelle  qu'il  a  décrite  dans  le  Natiiralisle  (I)  sous  le 
nom  de  l'tiliirhi.-!  ou  plulol  de  Crafpniliiphorn  Miinttiui. 

Nous  avons  fait  connaitre  à  .M.  Foresl  les  a|)précialiiuis  de  ces  qualre  oniillioio- 
gistes,  néanmoins  .M.  Koresl  persiste  dans  sa  première  manière  de  voir  et  considère 
l'Oiseau  comme  produit  par  le  mélange  des  deux  espèces  qui  ont  été  nommées.  Il 
est  persuadé  que  si  des  voyageurs  ou  des  négociants  liabilués  à  manipuler  et  con- 
naissant les  Oiseaux  de  la  Nouvelle-Guinée  le  voyaieiil,  ils  seraient  de  son  avis. 
.Nous  n'avons  point  cru  néanmoins  devoir  faire  ligurer  sur  notre  lisle  lecroisemenl 
Ai:\'l'.pimachu!!  iiiUfinificua  et  du  Seiileciflfx  alhn.  quoique  celle  lisle, ri'iiiai-quons  le 
encore,  conlieiine  bien  d'autres  croisements  qui,  sans  doute,  n'ont  pas  pins  de  valeur. 

rniliiUi'  tics  Sn'Hiiliiiild' 

Genres  Oriolus  et  Ptilorhynchus 

Sericulus  chrysocephalus  (2)  et  Ptilorhynchus   holosericeus  (3) 

Nous  avons  épi'ouvé  un  réel  embarras  pour  reconnaitrc  la  lamillo 
d'Oiseau.x  à  laquelle  apparlieniient  les  deu.\  espèces  Sfriciiluts  cbrij- 
sucrpluihis  et  l'Iilorhynrlnis  lioloscricnis;  la  dilliculté  du  clas.-^enicnt 
a  été  d'autant  plus  graude  tiiie  divers  oiiiitlioloiiistes  placent  les 
deux  espèces  daus  deux  familles  distinctes.  Ainsi,  le  prince  Charles 
Bonaparte  classe  le  genre  l'tilorhiinchux  dans  la  famille  de.s  Garru- 
liens;  Lesson,  au  coutraire,  le  place  dans  la  famille  des  Corvidés, 
et  Gould  (ainsi  qu'Elliot)  dans  celle  des  Paradisidés. 

(1)N"du  1"  novembre  1891,  pp.  2(W  et  2111. 

(2)  Autres  noms:  Oriolus  regiiis.  Oriolus  regeiis,  Melipluiga  chrysocepliala, 
Sericulus  magniroslris,  Turitus  iiiellinus,  Sericulus  mellinus. 

(;i)  Corvus  sguamulosus,  l'iirrliocora.r  violaceus,  Plilorliynchus  macleayi. 
Hitta  holosericea. 


422  A.      SUCHETET. 

Le  genre  Scriadus,  à  son  tour,  est  admis  par  le  priuce  Bonaparte 
parmi  les  Oriolidés,  taudis  que  Lessou  le  range  dans  la  famille  des 
Turdusiuées;  mais  Gould  le  croit  api)artenir  à  la  famille  du  Ptilo- 
rhyncliHS,  c'esl-à-dire  aux  Paradisidés. 

11  est  bon  de  noter  ici  que,  d'après  Degland,  les  Garruliens  et  les 
Corvidés  sont  des  Déodactyles  cultirostres,  alors  que  les  Oriolidés 
et  les  Turdidés  sont  des  Déodactyles  subulirostres.  Or,  les  Paradi- 
sidés appartiendraient  aux  Tenuirostres  suspenseurs.  M.  Sharpe, 
comme  M.  Gould,  a  rangé  les  deux  genres  ([ui  nous  occupent  dans 
une  seule  famille,  toutefois  dans  une  famille  différente  de  celle 
choisie  par  le  célèbre  ornithologiste  australien,  dans  celle  des 
TiiiicUiilcs  M.  Ramsay,  curateur  du  Muséum  de  Siduey,  qui  s'est 
occupé  du  croisement  des  deux  espèces,  S.  cliri/soceplialus  et  l't. 
holosericeus,  \ent  bien  nous  faire  connaître  sa  manière  de  voir.  Il 
ne  voit  aucune  raison  de  les  assimiler  aux  Paradisidés,  il  les  met 
au  nombi'o  des  Scciiojnidd'  {\). 

Ceci  montre  les  divergences  d'opinions  dans  le  clasement  des 
espèces,  divergences  ([ue  nous  avons  signalées  eu  commençant  et 
malheureusement  lro[)  fréquentes  parmi  les  naturalistes.  Mais 
passons  à  l'hybride  hypothétique  que  plusieurs  ont  supposé  prove- 
nir des  deux  espèces  nommées,  et  dont  le  classement  a  donné  lieu 
lui-même  à  des  opinions  contraires. 

Ce  remarquable  spécimen  fut  envoyé  à  M.  Gould  par 
M.  H.-C.  Rawnslay,  esq.  de  Brisbane,  en  Queensland.  Depuis  deux 
ans  déjà  l'Oiseau  était  devenu  d'un  grand  intérêt  pour  les  Ornitho- 
logistes d'Australie,  qui  discutaient  sur  sa  nature.  D'après  les 
lettres  que  M.  Gould  reçut  alors,  MM.  Coxen  et  Rawnslay  le  suppo- 
saient hybride. 

Après  avoir  soigneusement  comparé  le  spécimen  avec  les 
exemples  du  Satin  Bird  (Pt.  Iwloscriceus),  M.  Gould  ne  put  arriver 
à  une  conclusion  satisfaisante,  quoique  inclinant  vers  l'hybridisme. 
Comme  le  Régent  Bird  (.'^.  )iiel.inus}  et  le  Satin  Bird  ont  tous  deux 
des  endroits  de  divertissement  (2)  et  habitent  les  mêmes  taillis, 
il  pouvait  en  effet  se  faire  que  les  lieux  de  réunion  des  premiers 
aient  été  visites  par  les  seconds,  d'où  l'origine  de  l'Oiseau  soumis 
à  son  examen  ? 

(1)  Faiiiitli'qui  comprend  d'après  lui  les  genres:  Scenopacus  liam.say,  Aiiiblijornis 
EUiol,  Àtlurœdus  Cabanis,  Sericulug  Swaison,  Ptilonoi-hynckus  Kulil.  Priotia- 
(Ivra  (le  Vis  el  peul-èlre  aussi  t'inrmphius  de  Vis,  mais  ce  dernier  n'a  pas  été 
examiné  par  Ramsay. 

(2)  Sorte  de  berceau  où  les  individus  de  races  ditlérentes  se  rencontrenl  el  où 
les  mâles  eombaltent,  pendant  ([ue  les  femelles  coqueltenl. 


OISEAUX    HYBRIDES  RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  423 

Les  ciiTonstaiipes  dniis  les(|iielli's  il  fui  tné  sont  les  suivautcs  (1). 
l'a  grand  iionihre  de  S;ilin  Birds  preiiaieul  leur  nourrilure 
dans  le  jardin  de  la  maison  de  M.  llawnslay,  située  à  Willon, 
près  de  Brisbane,  le  14  juillet  18r>7,  et  M.  Rawnslay  venait  de 
tuer  un  niàle  noir  adulte,  quand  son  attention  fut  attirée 
sur  un  autre  individu  qui  s'était  abattu  sur  un  arbre  à  une  courte 
distance.  (Miarj^eant  son  fusil  aussi  vite  ([u'il  put,  il  (il  feu  et  fut 
assez  heureux  pour  abattre  le  nouveau  venu.  Lorsqu'il  tomba,  la 
partie  jaune  de  son  |)luniai;e  attira  son  attention  et  l'élonna  vive- 
ment, car  il  avait  cru  tirer  sur  un  Regenl  Bird.  L'Oiseau  était  mort 
sur  le  coup;  en  soulevant  sa  paupière  le  gentleman  de  Brisbane 
ti"ou\a  (|ue  l'iris  était  d'un  vert  |)àle  de  mer,  sans  aucune  trace  de 
cette  belle  teinte  magenta  (jui  entoure  la  pupille  du  Satin  liird  et 
rayonne  autour  de  cette  pupille.  M.  Rawnslay,  fort  surpris,  |)orta 
l'Oiseau  chez  M.  Gregory.  esq.,  inspecteur  général  de  Queensland, 
{(ui  le  reconnut  immédiatement  comme  une  espèce  vue  déjà  par  lui 
vers  le  mois  d'octobre  I80G,  sur  la  route  du  golfe  de  Carpeutaria,  à 
la  baie  Moreton.  La  localité,  où  cette  espèce  avait  été  vue, 
était  la  rivière  Sutter,  une  branche  du  Burde  Kine.  M.  Rawnslay 
note  ici  (|ue  M.  Gregory  prit  toujours  un  grand  soin  de  distin- 
guer les  (lillérents  chants  des  Oiseaux  ou  les  cris  divers  dos  ani- 
maux de  buissons,  sachant  (|ue  les  indigènes  les  emploient  fréipic m- 
ment  pour  leur  propre  usage,  soit  comme  appât  ou  signaux  de 
cominunic;ilion.  Aussi  l'attention  de  celui  ci  fut-elle  attirée  vers  la 
nouvelle  espèce  à  cause  de  son  chant  particulier,  qui  était  un  Olioii 
répété  ]ilusieurs  fois  très  distinctement...  M.  Gregory  avait  observé 
si  soigneusement  le  plumage  de  cette  espèce  ((u'il  |)ut  discuter  avec 
M.  Elsey,  le  chirurgien  et  le  natui-aliste  attaché  à  sa  comi)agnie,  sur 
la  (juestion  de  savoir  si  on  devait  la  placer  dans  le  genre  l'tiloilijiH- 
cint.s  ou  bien  dans  le  genre  Sericiilu.s.  Cette  espèce,  toutefois,  ne  fut 
point  observée  i)ar  M.  Helsey,  ([ui  s'imagina  un  moment  ([ue 
.M.  Gregory  avait  vu  simplement  le  Régent  Bird.  Mais  M.  Gregory 
ne  doute  pas  de  son  assertion  et  est  (lersuadé  de  n'avoir  fait  aucune 
méprise  ayaut  eu  tout  d'abord  son  attention  attirée  par  le  chant 
inusité  de  l'Oiseau  (2i. 

Diggles  a  décrit  ainsi,  dans  sou  ouvrage  sur  les  Oiseaux  d'.\us- 
tralie(3),  l'hybride  supposé.  €  La  tète,  la  gorge,  le  cou,  la  poitrine,. 

(t)  Elles  ont  été  racontées  par  .\I.  Rawnslay. 

(2)  Toul  ceci  se  trouve  dans  (ionld,  IliriLi  of  Aiislralirt,  ([ne  nous  n'avons  lail 
que  traduire.  Voy.  partie  XVI  et  pi.  23  pour  la  hgure  coloriée  de  l'hybride 
supposé. 

(3)  Companion  to  Gould's  Handbook  nr  Synopsis  of  thn  nirds  of  Àustralia  by 
Silvester  Diggles,  Brisbane,  1808. 


424  A.      SUCHETET 

raltdomeu,  le  dos,  les  couvertures  inférieures  et  supérieures  de  la 
queue,  il'uu  beau  noir  bleuâtre  luisaut,  les  couvertures  de  l'aile 
et  la  fausse  aile  iioir  jais,  bordées  de  la  première  couleur,  les 
primaires  uoires,  à  l'exceplion  d'uue  petite  partie  des  lames 
extérieures  et  uue  grande  partie  des  lames  intérieures  près  de  la 
base  qui  sont  d'uue  couleur  jaune  vif;  les  secondaires  sont 
orange  brillant  pour  la  grande  partie  de  leur  longueur,  les 
parties  de  la  base  étant  bordées  de  noir,  elles  ont  une  grande 
plaque  noire  arrondie  ou  ovale  près  des  bouts,  une  étroite  raie 
d'orange  foncé  s'étend  dans  une  forme  ondulante  à  travers  le 
centre  des  lames  extérieures  des  tertiaires,  les  lames  intérieures 
étant  entièrement  noires;  les  deux  plumes  du  milieu  de  la  queue, 
noir  jais,  le  reste,  de  même,  légèrement  tacheté  de  brun  doré,  les 
pieds,  noir  olive,  le  bec  de  même,  mais  plus  clair  au  bout,  les 
irrides,  bleu  verdâtre.  Longueur  11  K  pouces;  aile  6,  queue  4, 
tarse  \%,  bec  K.  n 

((  Cette  spleudide  espèce  nouvelle,  dit  cet  auteur,  doit  être  con- 
sidérée conmie  une  addition  fort  intéressante  à  la  faune  de  Queens- 
land.  La  forte  ressemblance  de  couleur  au  Satin  Bird  commun  et 
aussi  à  l'Oiseau  Régent  pourraient  faire  supposer  qu'il  s'agit  d'un 
hybride,  mais  l'important  témoignage  de  l'explorateur,  M.  Gregory, 
est  d'un  gi'and  poids  et  amènera  le  naturaliste  à  une  juste  conclu- 
sion. »  Diggles  rejette  donc  l'hypothèse  d'une  double  origine,  mise 
également  en  doute,  i[uoiqueavecun  peu  d'hésitation,  parM.  Gould. 

M.  Ramsay  a  repris  la  question  pendante,  et  n'a  pas  hésité  à  se 
déclarer  partisan  de  l'hybridité  chez  le  Pldorhynchus  Rawnslayi{\.)  ; 
il  a  adressé  à  la  Société  zoologique  de  Londres  plusieurs  remarques 
sur  ce  curieux  Oiseau  (2)  où  il  conclut  que  tout  naturaliste  sans 
prévention  doit  admettre  un  hybridisme.  Le  PUlonorhynchus 
Ilawnslayi  est  si  intermédiaire  en  forme,  en  taille  et  en  couleur 
entre  les  mâles  adultes  Régent  et  Satin  Bower  Birds,  dit-il,  qu'on 
ne  peut  avoir  de  doute  sur  sa  descendance.  La  forme  et  le  contour 
du  bec  notamment,  la  couleur  de  l'iris,  la  manière  dont  l'Oiseau 
est  marqué,  la  forme  même  de  ces  marques  tendent  toutes  â  prouver 
son  origine  mixte.  M.  Ramsay  rappelle  en  outre  que  l'Oiseau  fut 
tué  dans  une  bande  de  Satin-Bower  Birds  dans  le  voisinage  des 
Oiseaux  Régent,  à  quelques  milles  de  Brisbane,  circonstances  qui 
l'amènent  à  penser  que  c'est  un  produit  des  deux  espèces.  Si  le 

(1)  C'est  ainsi  que  Diggles  appelé  cette  nouvelle  espèce  en  riionneur  de  M.  Rawnslay 
esq. 

(2)  Noies  sur  lespi'cinien  original  l'iiloiwrynchus  RawnsUi!ji,[iay  E.  I'.  Ramsay. 
Froceedincs  of  tlie  scientilic  meetings  of  tlie  zoological  Society. 


OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTHÉS   A   l'ÉTAT    SAUVAGE  425 

Ptilonorhynchus  liauiislniii  était  réelleineul  uue  espèce  valide,  dit- 
il,  d'autres  e.\ein|iles  aiiraieiil  assurément  été  trouvés  prés  de  la 
même  localilé  ;  mais  d'après  ce  que  M.  Ramsay  a  pu  apprendre, 
jusqu'à  présent  aucune  preuve  sérieuse  n'est  donnée  sur  l'exis- 
tence en  Australie  d'une  semblable  esi)éce.  Aussi  a-t-il  cru  devoir 
attirer  de  nouveau  l'attention  sur  le  plumagede  fl.  ItawnsUiyi  qu'il 
a  décrit  ainsi  : 

«  Tout  entier  d'un  uoir  bleuâtre  brillant  intermédiaire  en  teinte 
entre  celui  de  l'Oisimu  mâle  Hegent  {Sericulus  rhi'ysocephalus)  et 
celui  de  l'Oiseau  sd[in{l'lilil<irlniiu-lii(s  holofserimis);  sur  les  primaires 
est  une  large  bande  de  jaune  doré  brillaul  commcnranl  à  2-!)  pouces 
du  bord  supérieur  de  l'épaule  ;  celte  bande  ou  plaque  jaune  s'étend 
aux  bouts  des  secondaires;  les  lames  extérieures  des  plumes  de  la 
septième  primaire  sout  divisées  comme  dans  l'Oiseau  mâle  adulte 
Régent.  Les  deux  plumes  extérieures  de  la  queue  sont  marquées  de 
jaune  pûle  sur  leur  bord  extérieur;  les  trois  proches  de  chacjue  côté 
sontmar(|uées  de  la  même  manière,  excepté  les  deux  du  centre, 
(|ui  sont  marquées  d'une  teinte  jaune  orange  plus  foncé;  les 
plumes  extérieures  sont  bordées  sur  leurs  lames  intérieures  d'un 
pâle  jaune  i)runàtre.  Les  plumes  de  la  tète  sont  courtes,  ressemblant 
à  celles  de  l'Oiseau  mâle  adulte  Régent,  les  ])lumes  sur  le  haut  de  la 
tète  et  celles  s'étendaut  du  derrière  de  la  tète  à  la  nuque  ont  uue  i)la- 
que  de  couleur  orange  prés  du  centre  du  bout  de  chaque  plume;  le 
bord  extérieur  de  cet  endroit,  où  il  joint  le  bord  étroit  bleu  noirâtre, 
est  d'une  teinte  orange  plus  foncée,  quelques  plumes  ayant  uue  ligue 
noire  bleuâtre  jusqu'au  centre  le  long  de  leurs  tuyaux,  divisant  par 
moitié  l'endroit  couleur  orange;  l'extrême  boni  étroit  de  toutes  ces 
plumes  est  d'un  uoir  bleuâtre,  de  même  teinte  que  le  reste  des 
plumes  de  la  tête  et  du  cou  »  (1). 

Ici  M.  Ramsay  observe  (|ue  les  marques  couleur  orange  de  ces 
plumes  ue  sout  point  visibles,  à  moins  donc  qu  ou  ne  soulève  les 
plumes  du  bout  de  la  tête,  ainsi  on  les  aperçoit  facilement.  Il 
est  tout  surpris  de  constater  que  cette  très  importante  marque 
d'hybridisme  a  été  apparemment  négligée  par  M.  Gould  (2)  et  par 
M.  Diggles  (3),  qui  ont  fous  deux  d'écrit  l'Oiseau  d'après  cette  même 
peau  qui  lui  fut  apportée. 

Gould  a  donné  une  gravure  coloriée  du  Ptilonorkynclms  RaiDiislayi 
et  deux  iiutres  gravures  représentant  l'une,  le  Sericulus  melinus, 

(1)  l'roceeding  o(  thc  Zoological  Society. 
(■>)  Siippl.  B.  Aust.,  pi.  34. 
(a)  Uniitli.  Àusl.,  pi.  02. 


420  A.      SL'CHETKT 

la  deuxième  le  Plilonorhijnchus  kolosericeus:  une  comparaison  peut 
doue  être  établie  entre  les  facteurs  supposés  et  leur  produit 
hypothétique,  mais  des  gravures,  si  exactes  qu'elles  puissent 
être,  ne  permettent  de  fonder  un  jugement  que  lorsque  les  espèces 
qu'elles  représentent  ont  été  longuement  étudiées  et  par  conséquent 
sont  déjà  bien  connues.  M.  BowdlerSharpe,  le  savant  ornithologiste 
du  British  Muséum,  en  parlant  incidemment  du  Plilonorliynchus  si 
controversé,  s'est  exprimé  ainsi  dans  le  catalogue  de  cette  iiumense 
collection  :  «  This  supposed  species,  whieh  is  like  a  Salin 
Bovver-bird  witli  tlio  wings  of  a  Régent  Bird,  appears  to  be  a 
unduiiblt'd  hybrid  between  thèse  two  species  »  (1).  M.  Newton,  en 
signalant  dans  l'Ibis  (2)  cet  Oiseau,  décrit  par  Diggles  pour  la  pre- 
mière fois,  le  considérait  comme  une  espèce  ditTicile  à  classer  (3), 
mais  il  ne  posait  point  la  question  d'iiybridisme  (4).  Le  PtiUmorhyn- 
chiis  Itawnslayi  serait-il  un  des  derniers  représentants  d'une  espèce, 
Jiiaintenant  disparue,  nous  ne  le  supposons  point  ;  mais  nous  atten- 
drons aussi  de  nouvelles  observations  pour  le  déclarer  un  véritable 
hybride.  L'albinisme  se  traduisant  quohiuefois  en  jaune  pourrait  à 
la  rigueur  avoir  alïecté  les  plumes  qui  le  rapprochent  d'une  des 
deux  espèces  supposées  mères;  mais  peut-être  aussi  d'autres  mar- 
ques, dont  nous  ne  pouvons  nous  rendre  compte,  viennent-elles 
aussi  en  faveur  d'une  hybridation?  Ce  qui  nous  a  vivement  surpris, 
ça  a  été  de  constater  sur  la  queue  la  présence  du  jaune  qu'aucun 
des  iiK'Utiiis  conservés  au  Muséum  de  Paris  ne  porte  à  cette  j)lace. 
Ceci  semblerait  indiquer  que  cette  marque  n'est  point  due  à  ua 
croisement.  La  couleur  non  violacé  du  inriinns  n'est  point  non  plus 
i'api)elée.  La  taille  toutefois  est  plus  faible  que  chez  niolaceus  et 
l'iris  est  moins  bleu  que  chez  celte  dernière  espèce.  (Nous  parlons 
ici  de  la  figure  donnée  dans  l'ouvrage  d'EUiot). 

Famille  des  Coraciadidce. 
Genre  Coracias 

CORACIAS   INDIGA    (5)    et    CORACLAS    AFFINIS 

M.  Blylh  a  obtenu  dans  le  voisinage  de  Calcutta,  avec  un  ou  deux 

(1)  Catalogue,  of  llie  Birds  in  the  llritish  Muséum.  VI,  p.  3.S1,  ISSl. 

(2)  fiotices  on  récent  Ornithological publications.  Ibis,  1868,  p.  348. 

(3)  H  sliould  be  referred  to  Plitilonorhynchus  or  Sericulus  seein  at  présent 
doubtful. 

(4)  EUiot.  Monographie  des  Parailisidœ,  IS73,  a  publié  une  planche  (pi.  X.XIX) 
représentant  le  l't.  Rawnslayi,  et  parait  favoralile  à  la  tlieorie  de  l'hybridalion. 
Le  Pt.  Raionslayi  avait  été  encore  signalé  dans  l'Ibis  de  1870,  p.  119. 

(ii)  .Vutres  noms  :  Coracias  pilosa,  Coracias  uaevica,  Coracias  affinis. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  427 

individus  ayant  le  pliiniagi'  pur  de  l'affinis,  plusieurs  spécimens 
proseutnnt  une  t;r;ulali(in  de  coloraliou  entre  ce  type  et  le  ('.  iiulica. 
.M.  Blylli  conclut  de  là  que  dans  les  lieux  où  ces  exemplaires  furent 
trouvés,  les  deux  formes  C.  affinis,  C.  nu/Zm  s'accouplent  assez  sou- 
vent e(  tendent  à  se  fondre  dans  une  race  jiarticulière  niiMée. 
M.  Blytli  n'a  jamais  renconlii'  un  exemple  de  \rai  C.  nf/inls  avec  la 
largte  bande  pour|)re  <'»  la  ([uciic  (|ni  caractérise  l'adulte  C.  indien, 
rnaisila  ti'onvé  cette  Itandedrvelopiiéedansla  race  mêla nijrefl).  Dans 
plusieurs  districts  des  contrées  situi'cs  à  l'Kst.  il  est  dillicilc,  dit 
encore  Blyth,  de  se  procurer  des  Cornrids  nj finis  ou  dt-s  Coracias 
indica  avec  la  coloration  tout  à  fait  typii|ue  (2). 

Ces  croisements  ont  été  si;;iialés  |iar  le  capitaine  L.  II.  Orby,  (|ui 
in(li(|ue  dans  le  Muséum  de  Oalculta  des  spécimens  «  évidemmeiit 
iiybrides  (3)  ».  Legge  (4)  constate  aussi  que  «  les  deux  formes 
C.  indira  t'I  C.  nlpnis  s(>  fondent  tellement  l'une  dans  l'autre,  qu'il 
est  impossible  de  dire  où  Viinlicn  linit  et  où  Va/jinis  commence (ii).  » 
Enlin  M.  L.  Hume  (6)  remarque  que  c'est  dans  le  Terai,  entre 
Darjiling  et  le  Beuj;al,  que  les  deux  races  commencent  à  s'accou- 
pler i7). 

Sommes-nous  ici  en  ])résence  d'un  véritable  croisenu'nt  f(|ui  tout 
au  plus  s'o[)érerait  entre  deux  variétés  d'une  même  espèce)?  11  n'est 
point  certain  que  ces  spécimens  à  plumage  intermédiaire  entre  les 
deux  types  soient  de  véritables  hybrides  (8);  certains  considèrent 
([ue  la  diversité  des  nuances  doit  plutùt  être  attribuée  à  la  sépara- 
tion incomplète  des  espèces  dans  les  lieux  où  C(!s  variétés  se  rencon- 
trent ainsi  que  cela  se  produit  chez  les  Euplocomes  :  E.  lineatus  et 
E.  Iiorxficldi  {'.)),  ou  bien  eneorecbez  les  l'<d<i}il('s  C.  niirnliis  et  C.  tnc.ri- 
cnnus  (10).  Ce  n'est  pas  dans  une  collection,  remarque-t-ou  dans  la 

(1)  A'odcc.s-  ((;('/  Ih-scripliiiiif:  nf  i-iirioux  iiirir  nr  lillle  knotru  .•-■//eciV.s-  iif  Ilirils. 
.tournai  of  llie  asialic  Socicly  ut  Bcn;,'al.  XIV,  p.  1110,  18'il>. 

(2)  M.^iiio  journal,  vol.  XIX,  p.  22H. 

(3)  On  tlie  ninlK  uhserreit  in  Oiidli  inul  Kiimasn.  ll)is.  p.  22S,  jiiillcl  isdl. 

(4)  lli.iliinj  Ilirds  of  ('l'ylini,  p.  2S2,  London.  18S(t. 

(il)  Le  Corucids  indien,  rini  se  lrouv<>,  dit  Légère,  dans  iiresquc  louirs  les  parties 
de  rindp,  no  va  pas  jusqu'à  Burniah  où  il  est  remplacé  par  la  race  C.  iill'niis. 

(G)  Cité  par  Legge,  op.  cit.,  nièmc  page. 

(7)  Voy.  sur  les  màmes  croisements:  SHknPE,  On  the  Coraciadidœ  of  Ethiopan 
Région,  Ibis,  p.  18o,  187t. 

(8|  Voy  :  Ibis,  p.  ISC>  (en  note),  1871. 

(9)  Si-IalPi-,  in  Proceedings  of  llic  zoologital  Society  of  London,  p.  120,  ISKt. 

(10)  Baird,  Birds  o( Norlh  America,  p.  122. 


4:28  A.      SUCHETET 

même  revue,  que  l'ou  peut  chercher  la  preuve  de  l'hybridisme  (1). 
Peut-être  beaucoup  de  croisements  supposés,  répétons-le,  ne  sont 
autres  que  des  variations  de  coloration.  Il  faudrait  constater  l'accou- 
plement des  deux  types  pour  affirmer  sûrement  leur  mélange,  même 
chez  les  variétés. 

CORACIAS    GARRULA    (2)    et   CORACIAS   INDICA 

Dans  une  réunion  de  la  Société  asiati(iue  du  Bengale  (3),  M.  Bell 
exposa,  avec  plusieurs  autres  Oiseaux  pris  dans  le  voisinage  de 
la  mer  Rouge  et  dans  l'Arabie,  une  espèce  de  Roller  {Corncias),  dis- 
tincte de  l'espèce  indienne  et  de  l'espèce  européenne.  Cet  Oiseau, 
disait  le  rapport,  se  rapproche  de  cette  dernière  espèce,  mais  il 
en  diffère  par  quelques  détails  de  plumage.  «  D'une  façon  générale, 
il  a  une  coloration  plus  adoucie,  et  le  bleu  violet  des  couvertures 
inférieures  des  ailes  ne  se  continue  pas  comme  dans  C.  garrula  sur 
les  épaules.  La  tète  et  le  cou  sont  aussi  d'un  gris  sale,  plutôt  d'un 
gris  bleuâtre.  »  L'auteur  de  cette  communication  notait  qu'il 
n'avait  point  eu  le  temps  de  s'assurer  si  ce  spécimen  appartenait  à 
une  espèce  connue. 

M.  Blyth  semble  l'avoir  considéré  comme  un  hybride  de  C. 
■garrula  etc.  indica{/k);  le  savant  ornithologiste  cite  eu  outre  un 
spécimen  de  Coracids  (jarruln.  obtenu  dans  le  Kashmire,  et  sur 
lequel  on  aperçoit  «  une  trace  de  croisement  très  visible  avec 
C.  indica;  ce  qui  montre,  ajoute-t-il,  que  le  C.  indica  s'unit  à 
C.  garntla  dans  l'Ouest  comme  il  s'unit  au  C.  a/Jinis  dans  l'Est.  » 

M.  Blyth  n'avait  point  cependant  osé  alfirmer  ce  croisement  lors 
de  sa  première  publication  (5),  faite  en  1845,  dans  le  journal  de 
la   Société  asiatique  du    Bengale.  .M.  Seebohm    le  conteste  |6)  ; 


(1)  Le  Bui-meso  roller,  c'esl-à-dirc  le  Corncias  affinis.  ditTére  de  Vlndiuii  roller 
[C.  indica)  «  in  llie  iipper  part  benig  greener  ;  tlie  iieck  .ind  breasi  without  aiiy 
reddish  browii,  bcin<;  dusky  piii'plisb,  varied  wilh  hriitht  purple,  aiid  in  llie  wing 
beingdup  purple;  it  also  wants  llie  broard  lerniinal  purple  hard  o(  thc  lail.  »  Mais 
il  n'en  dillcre  pas  «  in  ils  babils  or  voice.  »  The  Ilirdx  of  Indian  heing  a  nalural 
liislonj  ofaUlhe  Itirds  l;noir  lo  inliabil  conlinerUnl  indica.  etc.,  by  Ihe  late 
T.  C.  .lerdon,  reprinted  under  supervision  of  major  H.  II.  Godwin  .Vusten.  I,  p.  214, 
CalcuUa.  1877. 

(2)  Autres  noms  :  (ialgiiliis  gumilus,  Coracias  loiiiiax,  (jalguliis  galgnlus. 

(3)  Voy.  Proceedings  of  llie  asialic  Society  of  Bengal,  p.  249,  1871. 

(4)  Voy.  Addenda  ta  tlie  Arifauna  of  India.  Ibis,  p.  80,  1873. 

(5)  Voy.  en  effet  vol.  XIV,  p.  190,  et  aussi  vol.  XIX,  p.  228. 

(6)  A  Hislory  of  Brilisli.  Birds,  II,  p.  328. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    I.'kTAT   SAUVAGK  420 

Jeidou  (1)  n'en  a  pas  parlé,  mais  nous  lisons  dans  Legge  (2)  que 
«  la  classe  di'  cet  Oiseau  (l'.  indien)  s'étend  à  travers  la  Perse  jus([u'à 
l'Asie  Mineure,  se  mélangeant  avec  son  ;dlié  d'Europe  C  ijavrula.  » 
Dans  ce  croisement. il  s'agirait  plutôt  du  croisement  de  deux  espèces, 
que  du  einisemenl  de  deux  variétés,  comme  cela  s'est  jjroduit  dans 
le  précédent  exemple;  ce  mélange,  toutefois,  ne  nous  parait  pas 
entouré  ^le  garanties  sulïisantes  pour  établir  son  authenticité. 
Notons  aussi  que  la  dilïérenre  de  coloration  entre  le  ('uracinfi  benyd- 
lensis  et  le  C.ijanuUi  n'est  pas  très  considérable quoiqu(!  cette  colo- 
ration ne  soit  pas  absolument  la  niénii'  en  |ihisieurs  points;  ainsi, 
cliez  le  premier,  la  goru;e  l't  la  poitrine,  au  lieu  d'être  vert  veronèse 
bleuté  clair  comme  elles  le  sont  chez  ijamiUt,  sont  brun  roux  clair 
(rosé)  taché  longitudinalement  de  raies  jaunes  déterminées  i);ir  l.i 
couleurdela  tigedela  plume  principalement  blanc  jaune.  Les  pennes 
de  la  (jueue,  dans  le  In-iKjdlfnsis  sont  aussi,  en  dessus  et  i^ii  dessous, 
terminées  transversalement  par  du  bleu  foncé  (|iii  fait  barre,  ce  qui 
n'existe  pas  chez  f/(///i( /a.  Il  existe  encore  quelques  autresdilïérences 
de  teintes  sur  ces  plumes.  Knfin  le  bleu  di;  la  tètt;  s'arrête  à  la 
nuque  chez  hcnfialcnsis  et  ne  descend  pas  sur  le  cou  comme  chez 
f/arruld.  Telles  sont  les  caractères  différentiels  principaux  (|ui,  on 
le  voit,  ne  sont  pas  très  considérables. 

Famille  des  Picidœ 
Genre  Colaptes 

COLAPTES    AL'RATUS    (3)    Ct    CoLAPTES    MEXICANUS    (4) 

Il  existe  dans  l'Amérique  du  Nord  [dnsieurs  formes  de  Piverts 
(Woodpeckers):  parmi  elles  sont  le  Cidaitlcs  auralus  et  le  Cohiptes 
mexic(i)tHs(o).  Le  premier  habile  le  Nord-Est(6),  le  second  le  Nord- 
Ci)  Hin/s  of  Iiulifi.  1,  pp.  22Xcl  21'.),  CalcuUa,  IS77. 

(2)  Hislonj  ol  Ilinis  ofCentan,  p.  282. 

Ci)  .\iiU-cs  noms  scienliQqucs  :  Cuculus  aurulitf:,  Piiius  aunilua,  (Jeopicus 
auralus. 

(4)  Ou  :  Picus  cafer.  Picus  Lathanii,  Picus  mexicamts,  Picus  ruliricatus, 
Colaptes  rubricutus,  Colaptes  coltaris. 

(o)  Du    grec   xoXotTTT};;.  cisi'.Tii  à  lailler,  inarli'a». 

(6)  a  Easlcrii  Inilod  Slali-s  West  lo  ("ircal  Plains,  anil  Norlh  lo  lliidsoni  Ra.v 
and  .\laska,  occnring  ortasionally  i>n  tlip  l'arilir'  slope  of  Uie  Hockey  Moutains 
Irom  California  Nortliwards  »  (d'après  Edward  llargiU). 


430  A.      SUCHETET 

Ouest  (1).  Eulre  ces  deux  formes,  quelque  peu  difiérenles  l'une  lie 
l'autre  par  la  coloration  du  plumage  (2),  se  trouve  toute  une  série 
d'Oiseaux   intermédiaires  olîrant  une  réelle  gradation  de  teintes. 

Longtemps  on  a  pensé  que  ces  formes  de  transition  devaient  leur 
origine  à  l'hyliridation.  Si  cela  est,  on  se  trouverait  en  présence 
du  plus  curieux  et  du  plus  intéressant  hybridisme  naturel  qu'il 
soit  possible  de  constater. 

Mais  si  nous  en  croyons  des  naturalistes  d'une  grande  compé- 
tence en  pareille  matière,  le  croisement  ne  jouerait  aucun  rôle 
dans  cette  afïaire.  Ce  serait  au  climat  que  l'on  devrait  attribuer  le 
passage  graduel  insensible  d'un  plumage  à  l'antre;  dans  les  lieux 
où  habitent  ni  aiiratus  ni  iiic.vicaniis  se  rencontrent,  en  eflet,  des 
formes  de  transition.  Que  d'hybrides  supposés  doivent  peut-être 
être  rapportés  aux  mêmes  causes  et,  parmi  eux,  bien  des  exem- 
plaires ([ue  nous  avons  cités  ! 

M.  Elliot  Coues  traite  ainsi  le  sujet  (3)  :  D'abord  il  remarque 
que  le  professeur  Baird,  d'après  les  nombreux  exemjjlaires  du 
D''  Hayden,  qui  lui  ont  permis  de  suivre  la  gradation  insensible 
(|ni  joint  une  forme  à  l'autre,  a  adopté  sans  restriction  l'hypo- 
thèse de  l'hybridation.  C'est  ainsi  que  le  professeur  renferme 
sous  le  nom  d'hijlii-iiliis  une  série  remarquable  de  Piverts  des 
régions  du  Missouri  supérieur  et  de  Yellow-stone,  lesquels  por- 
tent à  la  fois  les  marques  caractéristiques  du  Co'.iiptcs  auratns 
et  celles  du  C.  mr.riraiiKs  dans  des  proportions  variables  suivant  les 
individus.  Il  a  tracé  les  voies  nécessaires  de  départ  des  types 
aiiratus  au  type  mexicanus,  et  a  fait  saisir  les  gradations  à  l'aide 
d'un  tableau  comparatif  qui  indique  les  variations  des  caractères. 
La  première  déviation  consiste  dans  l'apparition  des  plumes  rouges 
dans  les  endroits   noirs  maxillaires  (4),  ces  plumes  augmentent 

(1)  «  Me.xico  (^-enerally).  cxcept  IlicEaslern  porlion  Norlli  of  Vera-Cniz,  s'jiilh 
iiito  Ooxaca;  north  Ihiounsh  the  Western  United  states  of  Silka;  also  foiind  in 
Guaciahipe  Island.  Lower  California  (irapi-ès  le  inèrae). 

(2)  Leur  analyse  par  Elliot  Coues  (in  «  Ute  Kei/  »  )  se  résume  ainsi  :  Micxicanis  : 
Il  Red  moustaclies  in  cr";  no  red  on  nape  in  ^■,  tvings  and  lail  orange-red 
underneatli :  cap  lilac-browii:  Ihroal  asky ;  noyellow  on  belly:  back  tiinber- 
hroirn.  »  .Virati-s:  Illack  mniistaclies  in  cf,red  nuchal  cresent  in  cf  uings  and 
lail  gnldcn  yelUnc  undernealh:  cap  asky  :  troat  lilac-brnwn  :  yellow  on  helley, 
back  nlive-broion.  » 

(3)  Birdsoftlie  North-Wesl,  etc.,  p.  2'.I2  et  suiv.,  1S74. 

(4)  Ici  M.  Elliot  Coues  fait  observer  que  les  places  noires  sont  supposées  manquer 
complètement  chez  la  femelle.  Mais  M.  W.  D  Scott  aurait  dit  (Pr.  Bost.  Soc.  Acad., 
1872),  une  femelle  non  adulte  fse.xe  reconnu  dans  une  dissection  minutieuse)  avait 
une  marque  noire  à  la  joue,  différant  seulement  de  celle  du  mâle  adulte  en  ce 
qu'elle  avait  des  plumes  grises  mêlées  de  noir.  Chez  la  femelle  adulte,  les  contours 
de  la  marque  de  la  joue  se  voient  nettement. 


OISEAUX    HYBHIDES    RENCONTRÉS   A    L'eOTAT    SAIVAGIC  431 

jusqu'à  ce  qu'elles  domiiiiiit  cl  liiiissenl  par  exclure  les  uoires  et  se 
transforment  coinplèleinent  en  laniarque  rouge  du  type  iiie.ricanns. 
Ceci  a  lieu  conjointement  avec  la  diminution  et  l'extinction  de 
la  liu|)pe  écarliite  de  la  nu(jue,  où  l'on  trouve  la  nianjue  caracté- 
ristique du  jaune  doré  à  l'aile  et  à  la  queue  passant  par  la  couleur 
iuterniédiaire  de  l'oranger  en  celle  du  rouge  iiic.iiraiius,  change- 
ment accompagni^  d'une  autre  modification  (jui  allecte  la  couleur 
du  brun  lilas  parliculièie  à  la  gorge  et  celle  du  hriin  olive  du  dos, 
couleuis  ([ui  se  fondent  resiiectivemeut  en  couleur  cendrée  et  en 
gris  purpurin. 

Si  cet  liyliridisme  existe,  il  s'étend,  nous  veiionsde  le  dire,  sur  une 
très  vaste  échelle.  Mais  ,M.  Elliot  Coues  croit  prudent  de  suspendre 
son  jugement,  les  récentes  recherciies  sur  la  question  de  variation 
climaléricjue  «  ayant  jeté  une  grande  lumièicsui' ce  sujet  et  discrédité 
ainsi  la  plupart  des  hybridisines  supposés  de  moindrt;  imporlauce.  » 
La  circonstance  suivante  qui  est  allirmée  dans  «  the  Key  »  et  que  lui 
a  fait  connaître  .M.  .Mien  i  1)  l'a  amené  à  des  considérations  opposées 
à  celles  du  prof.  Baird.  En  ellet,  les  exemplaires  Colnpli'fs  (ua-alus 
de  la  Floride  portent  quelquefois  des  marques  rouges  sur  les 
endroits  maxillaires  noirs.  M.  J.  H.  Bathy  lui  a  parlé  d'un  spécimen 
delà  Nouvelle-.Iersey,  obtenu  il  y  a  quelques  années,  ([ui  montre  à 
la  joue  des  endroits  mélangés  de  rouge  et  de  noir.  Comme  le 
Colaptcs  iiii'.ricanus  ne  se  rencontre  jamais  dans  ces  régions, 
M.  Elliot  conclut  ([ue  l'Iiybridité  n'y  est  pas  possible  et  ce  fait 
semble  prouver  que  le  Colaptes  auralus  peut  tendre  vers  les  carac- 
tères de  mc.rinniiis  par  sa  ])ropre  inhérence  aux  changements  qui 
s'opèrent  sous  l'inlluence  du  climat. 

Cette  explication  semble  aussi  à  M.  Alleu  (2)  bien  autrement  satis- 
faisante que  celle  île  l'hybridisme  lorsque  l'on  songe  que  la  Iran 
sition  des  formes  embrasse  un  parcours  de  plusieurs  centaines  de 
milles  et  qu'il  existe  une  gradation  similaire  dans  les  conditions 
de  l'entourage.  Aiijdurd'hui,  en  elTet,  les  lois  inflexibles  qu'imposent 
les  variations  climatéri(iues,  sont  si  bien  établies,  que  l'on  peut 
prévoir  que  telle  espèce  adoptera  un  caractère  donné  sous  certaines 
conditions  ou  influences  climatériques  spéciales. 

.\insi,  si  ce  raisonnement  est  juste  on  ne  devra  plus  écrire  : 
Colaptes  auratus  X  mexicanus  =  byhridus,  mais  Colaptes  aiiratus 
var.  iiirxicauus.  Cependant  certaines  objections  peuvent  encore  être 
soulevées,  dit  .M.  Elliot. 

(1)  Page  19S.  (Nous  n'avons  point  consulté  cet  ouvrage). 

(2)  Cité  par  M.  Elliot. 


432  A.      SUCHETET 

A  noire  regret,  nous  n'avons  rencontré  que  peu  d  études  sur  ce 
sujet,  daus  les  divers  ouvrages  que  nous  avons  consultés.  Nous  pen- 
sions voir  cette  question  traitée  souvent  dans  le  Bulletin  du  «  Nxittal 
ornitholo(]ical  clvh  »  ou  dans  VAuk,  publication  spéciale  du 
Comité  ornilhologique  américain  ;  mais  est-ce  insuffisance  de 
nos  recherches,  nous  n'avons  pu  nous  éclairer  sur  ce  chapitre. 
Nous  pensons  toutefois  que  la  manière  de  voir  de  M.  Allen  et  de 
M.  Elliot  est  partagée  ;  nous  eu  trouvons  une  preuve  dans  une  lettre 
qui  nous  a  été  écrite  récemment  par  Téminent  curateur  de  la 
Collection  des  Oiseaux  du  Musée  national  de  Washington, 
M.  Ridgway.  Dans  cette  lettre,  en  parlant  des  nombreux  spécimens 
du  Musée  appelés  hybrides,  M.  Ridgway  terminait  ainsi  :  «  On  ne 
doit  point  les  considérer  comme  tels,  mais  simplement  comme  des 
séries  graduelles  entre  deux  races  géographiques  d'une  seule  espèce 
(as  merclij  the  conncctinfj  Kcries  bctiren  two  gcographiciil  ntrcs  uf  oiie 
specicn).  Dès  1880,  dans  son  Catalogue  des  Oiseaux  du  Nord  (1), 
M.  Ridgway  avait  inscrit  sous  un  même  numéro  (le  n°  378) 
C.  auratus,  C.atu-atiis  hyhridus  et  C.  nuralus  inr.rlrnnut:)  semblant 
ainsi  considérer  ces  trois  types  comme  appartenant  à  une  seule 
espèce,  dont  les  deux  derniers  ne  seraient  que  des  modifications. 

Nous  reconnaissons  cependant  que  dans  un  récent  ouvrage  (2) 
M.  Elliot  Coues  a  écrit  cette  phrase  :  «  C.  hybridus,  perhaps  il  is  a 
hybrid,  and  perhaps  it  is  a  transitinnal  form  )),Le  savant  académi- 
cien semble  donc  ne  point  considérer  comme  absolue  l'opinion  qu'il 
avait  émise  en  1874,  opinion  partagée,  nous  l'avons  dit,  par  M. 
le  D-- Allen. 

Également  daus  une  publication  toute  nouvelle  (3),  M.  Edward 
Hargitta  maintenu  l'hypothèse  de  l'hybridation.  La  variété  C.  ayresi, 
étant  intermédiaire  entre  C.  auratus  et  C.  mi'xicanus,  lui  paraît 
devoir  être  classée  comme  hybride;  toutefois  les  individus  compo- 
sant la  race  ne  sauraient  être  considérés  comme  descendants  immé- 
diats du  vrai  C.  auratus  et  du  vrai  C.  mexicanus,  la  race  de  vieille 
date  aurait  subi  des  mélanges  avec  les  pur-sang  du  dehors. 
M.  Edward  llargitt  (4)  s'est  étendu  longuement  sur  ce  sujet.  Mais 
M.  J.  A.  Allen,  après  avoir  analysé  le  travail  de  M.  Hargitt  (5),  a  cru 

(1)  Proceedings  of  United  slates  national  Muséum,  p.  1(53. 

(2)  The  Key  to  north  ainerican  Birds,  1884. 

(3)  Catalogue  of  the  oflhe  Picariœ  in  Collection  ufthe  luitish  Mvseuii).  XVIII. 
Londres,  18!)0. 

(4)  Voir  son  introduction,  pp.  7  et  9,  voir  surtout,  p.  22,  où  l'auteur  parle  de  la 
fécondité  nécessaire  de  C.  ayresi. 

(&)  In  the  Auk,  VIII,  I,  p.  93,  janvier  1891. 


OISEAUX    IIYBHIDES   RENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAUVACE  '(3.'l 

devoir  remarquer  que  la  manière  dont  l'auteur  a  traite  le  sujet 
semble  «  hardly  consistent  uilli  thc  nulhor's  avowed  tcnt'ts,  ahovc 
quoteil  »  (1). 

Le  Code  of  Nomenclature  (2)  ne  semble  faire  aucune  mention  de 
C.  hybridus  ;  il  porte  à  titre  d'espèces  ('.  aurattis  et  C.  cafer  (mexi- 
canus). 

Dans  les  Oiseaux  de  l'Amérique  du  Nord,  par  MM.  Baird,  Brewer 
et  Ridgway, les  influences  climatériquescomme  agent  de  modification 
ne  sont  pas  invoquées,  et  on  suppose  que  le  changement  graduel 
d'une  formeà  l'autrecst  due  aux  croisements  desdeux  types.  Dans 
le  Conspectus  avitim  Picinarwn  de  Sundevall,  on  lit  (3)  cette 
phrase  :  <i  aur.^to-mexicanus  )■  .1  ris  à  P.  aurato  ri  /'.  tncxicann  hyhridiv 
notas  al)  utroquc  i/ercns.  Mais  Sundevall  écrivait  son  ouviage  en 
1866,  celui  de  MM.  Baird,  Brewer  et  lUdgway,  date  aussi  de  1874. 

A  la  rigueur  on  pourrait  supposer  que,  dans  les  endroits  où  les 
individus  intermédiaires  (\  ni/irsi,  C.  hybridus  ou  C.  aurato-meri- 
canus,  remplacent  les  types  purs,  ils  ont  été  originairiMUcot  pro- 
duits parle  croisement  de  ceux-ci.  puisqu'ils  les  ont  absorbés  étant 
devenus  prépondérants  par  leur  nombre.  Quant  à  leur  variabilité, 
elle  pourrait  s'expli(]ucr  par  le  mélange  de  la  race  hybride  avec  les 
espèces  pures.  Cette  supposition  présenterait  surtout  quehjue  vrai- 
semblance si  les  variations  concordaient  très  exactemeul  avec  le 
mélange  oi)éré,  c'est-à-dire  si  les  hybrides  teudaieni  décidément 
vers  auratits  dans  le  Nord-Est  et  vers  »i('j-/iv()ii<.s' dans  l'Ouest. 

Nous  ignorons  si  les  caractères  des  soi-disant  hybrides  capturés 
confirment  cette  manière  de  voir  ?  Encore  est-il  qu'uu  partisan  de 
la  variabilité  climatérique  se  servirait  des  mêmes  arguments  pour 
démontrer  sa  thèse,  car,  si  le  climat  change  insensiblement  C. 
aurains  en  C.  incrirnuus  (ou  vice  versa),  les  phénomènes  que  l'on 
aurait  à  constater  dans  ce  cas  se  rapporteraient  entièrement  à  ceux 
de  l'hybridisme,  tels  que  nous  les  avons  exposés. 


(1)  Il  ne  sera  peiit-t^lre  pus  sans  ulililé  de  faire  remarquer  que  M.  Edward  Ilargill, 
partisan  de  l'iiybridilé  en  ce  i|ui  concerne  Caurato-mevicanus,  rapportcà  l'influence 
du  climat  les  formes  variées  du  C.  viericanus-.ceci  dit,  il  pense  que  ces  formes  «  ne 
sont  pas  confinées  i")  quelque  surface  (léofîrapliique  particulière.  »  l"n  examen  d'une 
très  grande  série  de  spécimens  la  convaincu  qu'ils  ne  pouvaient  être  séparés.  I,a 
proche  resseudilance  de  couleur  entre  les  Oiseaux  de  Vancouver  et  ceux  de 
l'Klal  de  (inerrero.  et  aussi  un  exemple  de  .Nevada  et  un  de  Jalapa,  exclut  la 
possibilité  de  reconnaître  aucune  des  formes  comme  des  sous-espèces  occupant  une 
surface  fixe.  » 

(2)  Edit.  de  1886. 

(3)  p.  -i. 


434  A.      SUCHETET 

Il  régnera  sans  doute  pendant  longtemps  une  grandeobscurité  en 
cette  matière;  nous  croyons  cependant  que  l'opinion  qui  voit  dans 
nuriito-Diexiciinus  un  changement  climatérique  tend  à  se  généraliser. 

Captures  de  C.  aurato-mexicanus.  —  Des  captures  de  folaptes  auratus 
mexicaiU(S  ont  (''lé  mentionnées  fréquemment.  Nous  nous  bornerons  à  citer  quel- 
ques spécimens  ilécrits  clans  ces  dernières  années.  M.  L.  Bérier,  de  Kort  Haniilton, 
Long  Island  N.  Y.,  indi([ue  plusieurs  spécimens  (a).  Un  individu  pris  par  lui-même 
au  Fort  Ilamilton,  dont  les  moustaclies  noires  parsemées  de  plumes  rouges  et  le 
ilos  différaient  d'nuralu!!  tyjiique;  les  barres  noires  très  étroites  et  la  couleur  du 
fond  plus  olivâtre,  correspondaient  presque  à  la  figure  de  C.  Ayi'esi  donnée  par 
Andubon,  (Binlx  of  America,  VII).  Pendant  l'automne  de  1880,  M.  Bériertua  deux 
lligtbolders  ayant  quelques  plumes  rouges  mélangées  au.\  jilaques  noires  des 
joues.  M.  Bell,  taxidermile  de  New-York,  a  préparé  quelques  Oiseaux  de  ce  genre 
dans  l'espace  de  plusieurs  années.  11  se  souvient  tout  particulièrement  d'un  exem- 
plaire qui  était  remarquable  par  la  couleur  saumon  foncé  des  parties  qui  sont  au 
contraire  jaune  doré  chez  auratus  normal.  Presque  la  moitié  de  chacune  des 
plaques  maxillaires  de  ce  si)écin]en  était  rouge.  Cet  Oiseau  avait  été  tué  à  Orange 
ou  dans  le  pays  voisin.  M.  Wallace  a  également  fait  savoir  à  M.  Bérier  qu'il  pos- 
sède un  certain  nombre  de  ces  variétés  et  parmi  clUs  le  cas  le  plus  étrange  dont 
il  ait  entendu  parler.  Un  côté  du  spécimen  était  auratus  et  l'autre  irieiicanus, 
c'est-à-dire  qu'une  des  moustaches  était  noire  et  l'autre  rouge,  et  les  plumes,  ainsi 
que  les  surfaces  intérieures  des  ailes  et  de  la  (jueue  sur  les  côtés  correspondant, 
étaient  respectivement  jaunes  et  rouges. 

M.  Hidgway  (môme  Bulletin,  VI,  n"  2.  p.  121.  Cit.  par  M.  de  L.  Bérier)  fait  aussi 
savoir  que,  sur  deux  cents  auratus  pris  dans  le  voisinage  du  MontCarmel  et 
examinés  par  lui,  il  découvrit  un  Oiseau  aberrant  montrant  quelque  trace  du 
luexicanus.  Chez  les  trente  exemplaires  qui  furent  tués  dans  une  chasse  faite  au 
Fort-Hamilton  et  qui  furent  examinés  par  M.  de  L.  Bérier,  deux  individus  mon- 
traient cette  variation. 

M.  Elliot  Coues,  de  Fort-Philippe  (.\rizona)  a  cité  (même  Bulletin,  VI,  n°  3, 
p.  183,  1881)  un  cas  très  remarquable  de  C.  me.iicanus-uuratus  pris  à  cet  endroit 
le  20  février  1881.  L'Oiseau  était  ute.ricanus,  sauf  la  première,  deuxième,  troisième 
et  cinquième  plumes  de  la  ijueue  du  côté  gauche,  qui  étaient  auralus,  le  jaune 
doré  en  contraste  (rappant  avec  le  rouge  orange  du  reste  de  la  queue.  Cet  Oiseau 
montrait  aussi  la  lare  anomalie  consistant  dans  la  symétrie  bilatérale  en  coloris; 
il  est  un  de  ceux  qui  ligurent  au  Muséum  national  de  Washington. 

M.  A.  Mearns  mentionne  un  Culaples  auratus-uie.ricanus  *  ad.,  lii  juin  1870, 
obtenu  par  le  lieutenant  Willis  Wittich  au  F'orl-Klamath,  Oregon;  il  lindiipie, 
cependant  comme  Red-Sbalted  FlicUer!  {Bull,  of  tlie  Ornith.  Cluh,\i,  n°  4,  p  195, 
octobre  187'J.  (Voir  encore  sur  Colaptes  liybridus,  ou  auratus-me.ricanus,  le  même 
Bulletin,  p.  67,  1878;  p.  128,  1881;  pp.  8  et  143,  1885,  etc.). 


(a)  In  Bulletin  of  the  Xuttall  ornithological  club,  V,  n»  1,  p.  46  et  VI,   1881, 
n"  4,  p.  247. 


oisicAi'x  iivnniDES  nENCONTRÉs  A  l'ktat  sauvage  435 

COLAPTES   CEIRYSOÏDES    (1)    et    COLAl'TES    MEXICANUS 

Un  jour  t[ue  M.  Herherl  Brown  collectionnait  des  Oiseaux  dans  le 
voisinage  de  Tienton,  nolaninient  des  Piverts  dorés  {rlinjsi)i(les)  (2), 
il  tua  un  Oiseau  c|ui  présentait   les  marques  de  cette  espèce  et 
celles  de  ('.  mcvicduiis.  D'abord,  M.  Browu   le  crut  appartenir  au 
type  rliinsoiilcs,  mais  eu  le  ramassant,   il  s'aperçut  que,   tout  en 
portant  quelques  maniues  caractéristiques  de  cette  espèce,  l'Oiseau, 
dans   son  ensemble,   ressemblait   davantage  au  Pivert  à   plumes 
rouges,  c'est-à-dire  au  ('.  mc.vicaniLs.  Ku  eflet,  ce  spécimen  possé- 
dait «  tous  les  traits  caractéristiques  d'un  mâle  adulte  C.  mexicanus, 
à  l'exçcplioii   des  plumes   secondaires  d'une  des  ailes,  de  quatre 
plumes  dans  l'autre  aile,  et  des  trois  plumes  extérieures  de  chaque 
côté  de  la  queue,  qui  étaient  identiques  en  couleur  et  en  carac- 
tères généraux  avec  celles  du  Pivert  doré.   i>   Aussi,    M.  Browu 
vil  qu'il  avait  devaut  lui  le  produit  de  C.  clinjsoides  et  de  C.  mexi- 
canus. Plusieurs  raisons  l'empêchent  en  elTet  de  référer  cet  exem- 
plaii'c  au  Pivert  hybride,  le  Cobtpli'n  hi/hridns  :  «  D'abord,  piirce  que 
r.  cliri/sohlrs  et  C.  iiwxintiuis  vivent  cùte  à  cùte  daus  la  saison  des 
amours,  les  deux  espèces  nichant  daus  le  Cactus  géant  sur  le  haut 
Misas,  environs  de  Tusson.  Secondement,  paiceque  le  s|)écimen  en 
([uestion  ne  montre  aucune  fusion  do  couleur  sur  les  tuyaux  ou  les 
barbes  des  plumes  de  la  queue;  il  n'existe   aucun   mélange   de 
plumes  noires  sur  la  pla(|ue  des  joues,  ce  (|ui,  d'après  M.  Browu, 
est  le  trait  caractérisli(iuc  d'/i///;/vWi(.s-.  Lesquel(|U(;s  plumes  que  l'on 
vient  de  nommer,  et  qui  sont  semblables  à  celles  de  chrysoiiles, 
sont  aussi    claires  et  du  jaune  le  plus  brillant  que  l'on   puisse 
trouver,  tandis  que  le  reste  des  plumes  des  ailes  et  de  la  queue  sont 
celles  de  mexicanus  d'une  manière  typique,  étant  rose  rougeàtre  et 
ne  montrant  aucune  tendance  à  la  nuance  orange  ou  jaunâtre.  De 
même  et  très  exactement  les  plumes  de  rhrysdides,  que  porte  cet 
Oiseau,  ont  bien  les  dimensions  de  celles  de  ce  tyi)e  et  forment  ainsi 
un  vif  contraste  avec  les  plumes  auxquelles  elles  sont  associées  et 
qui  sont   beaucoup  plus  grandes.   (M.    Herbert  Brown   remarque 
ici  (|ue,  peut-être,  ces  plumes  ne  sont  pas  arrivées  à  leur  pleine 
croissance,  quoique  cela  ne  soit  pas  très  vraisemblable,   le   reste 
de  la  mue  étant  accompli  et  la  saison    très  avancée).  Enfin  le 
reste  du  plumage,  même  la  nuance  de  la  tête,  est  d'une  manière 
typique  celle  de  mexicanus.  «  Ces  notes  ont  été  prises  par  M.  Brown, 

(1)  .appelé  aussi  Oœpinis  chryxoides. 

(2)  Du  grec  xpuooî  et  £ÎSoç. 


436  A.      SUCHETET 

après  avoir  comparé  ensemble  deux  spécimens  appartenant  aux 
deux  espèces  (1). 

Le  Colaptes  chiysoldes  ligure  à  titre  de  bonne  espèce  dans  divers 
ouvrages  (2)  ;  MM.  Baird,  Brewer  et  Ridgway,  tout  en  remarquant 
(ju'il  est  intermédiaire  entre  auratus  et  me.ricanus  (3),  que  sa 
l)arenté  avec  mexi  canot  des  est  encore  plus  accentuée  (4),  et  qu'un 
liyliride  entre  cette  dernière  espèce  et  atualus,  dans  quelques 
variétés,  rappellerait  de  très  près  le  clirijsoïdes ,  pensent  néan- 
moins qu'il  n'y  a  aucune  raison  de  le  considérer  comme  tel, 
attendu  que  mexicanoidcs  n'appartient  pas  à  sa  région  (5)  et  qu'il 
n'existe  aucune  transition  d'une  espèce  à  l'autre  dans  aucuns 
spécimens  (6). 

D'autre  part  Charles  J.  Sundevall  a  écrit  au  sujet  du  Picus 
chnjsoïdes  :  «  invcntns  in  Culifomia,  Malh  ;  ad  limites  meiicanos, 
Baird.  «  Incerluni  ûidctur  an  liœc  eliavi  avis  sit  hybrida.  Corpus 
P.  aurataiii,  P.  mexicanum  relert.  » 

L'analyse  de  C.  Ghrysoïdes  se  résume  ainsi  (7)  «  red  moustaches 
in  cT  ;  non  red  on  nape  in  cf  9  ;  wings  and  tail  golden  yellow  under- 
neath  ;  cap  lilac-brown  ;  throat  asky  ;  yellow  on  belly,  back  um- 
ber  brown.  » 


(1)  Oixeau  mulet.  Foresl  and  Stream,  p.  '84,  15  juillet  1884.  Nous  supposons 
que  r"est  le  même  Oiseau  ([ni  a  été  cité  sous  le  titre  :  À  croiti  belaeen  Colaptes 
me.ricanus  aiul  C.  chri/soïdes,  in  tlie  Arizona  Daily  Star  Tucson,  IG décembre  1884, 
et  aussi  in  Forest  an  Stream,  31  janvier  1884,  cités  tous  deux  in  Ihe  «  Auk  »  et  que 
nous  n'avons  point  consultés. 

(2)  Voy.  par  exemple  :  The  cala logueof  Ihe  BirdsofNorth  A  merica  de  M.  Ridgway, 
1880;  tlie  k'eij  to  North  American  Uirds,  liy  Elliot  Coues,  p.  4!t3,  Boston,  1884 
The  Code  of  nomencliiture  nnd  Check  List  of  Nurth  American  Bù't/s,  adopted 
by  tlie  American  OrnilholoyisfsUnion,  p.  218,  New-York,  188(5. 

(3)  Parce  qu'il  a  les  tuyaux  et  les  barbes  jaunes  du  premier,  une  plaque  rouge 
mauve,  la  gorge  cendrée  et  le  croissant  de  la  nuque  comme  chez  le  dernier. 

(4)  Puisque  les  deux  sont  roux  brun  sur  le  dessus  de  la  tête. 

(5)  C.  chrysoïdes  habile  le  Colorado,  le  fleuve  Gila,  le  Nord  du  fort  Mohave.  Les 
auteurs  of  North  anierican  Birds  assignent  à  C.  chrysoides  l'haltitat  suivant  : 
«   Colorado  and  gila  River  north  to  fort  Mohave,  south  to  cape  S'  Lucas.  . 

(Ij)  Qu'est-ce  que  mexicanoides?  Un  auteur  très  compétent,  M.  EUiol  Coues, 
rapporte  le  Colaptes  mexicanoides  de  Woodh.  au  C.  mexicanus,  M.M.  Baird, 
Brewer,  l\k\g\\ny  (North  american  Birds)  disent  (p.  579)  que  ïe  Mexicanus  n  is 
distinct  from  Ihe  C.  mexicanoides  de  Lafresnaye.  Le  C.  mexicanoides  n'est  point 
mentionné  dans  la  Check  List  (1886)  ni  dans  Elliot  Coues  (T/ie  A>(/,  1884). 

(7)  D'après  Elliot  Coues  {The  Key,  p.  492,  1884}. 


niSEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  437 

Dryobates    Nuttalli   (1)    et    Dhyodates  pubescens   GAinnNKai  (2) 

D'après  M.  Uobert  Fli(li;\v;iy  (3i  le  w  SO.i'Jfi  de  la  collection  oriii- 
thologique  du  Musée  National  des  Etats-Unis,  indi([uéconune  Picus 
Nutlallii,  a  toujours  passé  pour  tel.  Mais  il  résulte  d'ua  récent 
examen  critique  des  nombreuses  pièces  de  cette  espèce  et  de  ses 
dilléreiits  alliés,  que  cet  imiividu  ne  [)eut  être  rapporté  à  ce  type  et 
ni  à  aucune  autre  espèce  connue  à  cause  des  nombreux  caractères 
anormaux  qu'il  présente.  U.  Rid^way  ne  pense  point  cependant 
i[n"i\  a[)parlifnne  à  une  nouvelle  espèce  non  encore  décrite,  parce 
que  chaque  fois  qu'il  s'éloigne  du  D.  NuttalU  il  se  rapproche  de 
D.  puhfsrrns,  «  chai|ue  trait  de  taille,  de  forme,  était  exactement 
intermédiaire  entre  les  deux  espèces  ». 

D'après  lui,  cet  Oiseau  est  donc  un  hybride  entre  les  deux  espèces 
nieutionuées. 

A(in  de  faire  ressortir  ses  caractères  mélangés,  M.  Ridgway  a 
dressé  un  tableau  comparatif  où  l'hybride  et  les  deux  espèces  pures, 
supposées  |tarentes,  sont  décrites  parallèlement;  nous  nous  conten- 
terons de  donner  la  description  de  l'iiybride. 

«  Sommet  de  la  tète  noir  avec  (juelques  raies  blanches  près  de  la 
partie  rouge  de  l'occiput.  Dos  irrégulièrement  barré  (^t  transver- 
salement tacheté  de  blanc,  les  barres  blanches  beaucoup  plus 
larges  que  les  noires  et  à  la  partie  antérieure  rompues  ou  modifiées 
eu  larges  taches  dontqneliiues-unes  ont  une  direction  longitudinale. 
Couvertures  moyennes  de  l'aileentièrement  noires.  Les  plus  grandes 
couvertures,  les  trois  ou  quatre  [)lumes  du  milieu,  chacune  avcc 
une  petite  tache  blanche,  le  reste  noir.  Tertiaires,  irrégulièrement 
tachetées  de  blanc,  aucune  des  taches  ne  louchant  le  tuyau.  Côtés 
de  la  poiti-iiie,  mar(|ués  d'un  très  petit  nombre  de  raies  noires 
presque  indistinctes.  Côtés,  rayés  de  place  en  place  et  indistinc- 
tement con)me  les  côtés  de  la  poitrine.  Flancs,  tachetés  indistinc- 
tement et  rayés  de  noirâtre.  Couvertures  inférieures  de  la  ([ueue,  les 
plus  longues  plumes,  plus  étroitement  barrées  de  noir  que  chez 
Nuttallii,  les  plus  courtes  marquées  de  taches. 

(1)  Le  iniMiie  que  :  Picns  Nuttalli. 

(2)  Le  inôiiie  ((ue  :  Picus  Gilirdneri,  KUiolCoues  rapporte  à  retle  variélé  :  Picus 
nieridionalis  NiiU.,  Picus  lurali  Malli.,  Picus  IwiiiDrus  Cab.  et  Heine,  Picus 
( Dryobates I  iKjmorus  Gray. 

(3)  On  a  probable  hybrid  belween  Dryobates  Nuttalli  (Gaiiib)  et  D.  pubescens 
Gairdnerii  (.\uil.)  by  Robert  Ridgway.  Procecdings  of  U.  S.  national  Muséum, 
pp.  ">i\  et  :iii,  188G. 


438  A.      SUCHETET 

Le  D.  Nutlalli  a  été  mentionné  par  Ganiliel  pour  la  ])remière  fois 
eu  1843  :  «  Je  tuai  cette  espèce,  dit  l'énnueut  «luitliologiste,  dans 
un  taillis  de  Saules,  près  de  Pueblo  de  los  Angelos,  dans  la  haute 
Californie,  le  10  décembre. L'Oiseau  était  vivement  occupée  donner 
des  coups  de  bec  dans  un  des  arbres,  jetant  de  temps  à  autre  un 
cri  singulier  que  je  u'ai  jamais  entendu  d'aucun  Woodpecker  »  (1). 
Le  P.  NuttalU  est  porté  dans  le  Code  of  nomencbituir  (2)  à  titre 
d'espèce. 

Elliot  Coues  la  meulionue  du  reste  dans  son  nouvel  ouvrage  (3). 
Quant  au  P.  pubesccns  ou  le  divise  généralement  eu  deux  races,  le 
P.  puhescens,  proprement  dit,  et  le  Picus  Gairdneri.  Les  deux 
formes  passent  de  l'une  à  l'autre  ])ar  um^  graduation  insensible  (4)  ; 
M.  Ilargitt  (5)  fait  du  dernier  une  siihupccies  du  /'.  i>ubi'sce)ts. 

Entre  deux  familles  Turdida'  et  Fringillidœ. 

Genres  Saxicola  et  Carduelis 

Saxicola  rubricola   (G)    et   Carduelis  elegans 

M.  Anatole  Carteron,  auteur  du  Guide  pédestre  de  hi  Hoiinjoijiie  aux 
Pyrénées  (7),  attribue  l'origine  de  «  beaucoup  »  de  variétés  à  des  croi- 
semeuls  à  Vélat  libre!  11  ailirme  avoir  vu  à  Tarsul  (Càte-d'Or),  chez  le 
sieur  Couturier,  garde  chef  de  M.  le  marquis  de  Courtivron,  «  un 
Oiseau  très  curieux  »,  et  qu'il  suppose  provenir  «  du  croisement  du 
Chardouueret  et  du  Traquet  pâtre!  Le  uid  élalili  sur  un  Poirier 
et  que  l'on  pensait  être  celuid'unCliardonueret,  raconte  M.  Carteron, 
avait  été  déniché,  au  mois  de  juin  186G,  à  la  ferme  Jument  de  Cour- 
tivron. Les  petits  ressemblaient  du  reste  «  à  de  jeunes  Chardonnerets, 
et  eu  avaient  le  rappel  caractéristique  »  ;  mais  «  avec  l'âge  »,  le  plu- 
mage des  quatre  Oiseaux  se  modifia  d'une  manière  étonnante,  «  à  peu 
près  d'une  façou  identique  chez  les  quatre  frères  ou  sœurs.  »  Trois 

(1)  Proceedings  of  llie  Aeademy  of  National  Sciences  Pliilai,iel|)hia,  p.  279,  avril 
1883. 

(2)  Ed.  de  188G. 

(3)  Key  to  Norlli  America  Birds,  p.  482,  Lonilon  el  Boston,  1884. 

(4)  Voy.:  Elliot  Coues,  A  Hand-book,  p.  283. 

.Vndubon  [Synopsis  of  Birds,  p.  180)  semble  avoir  considéré  P.  pubescens  el  le 
P.  Gairdneri  comme  des  formes  distinctes,  ce  serait  une  erreur. 

(o)  Catalogue  of  Picidœ,\\lU,  p.  241,  1890. 

(())  Autres  noms  :  Molacilla  rubricola,  Sylcia  rubricola,  Pralincola  rubricola 
etc. 

(7)  Causeries  sur  l'histoire  naturelle,  Oiseaux  el  Papillons,  Paris,  18G8. 


OISEAUX    HYBIUUKS    ItENCONTHÉS    A   L'ÉTAT   SAIVAGIC  439 

moururent  pendant  l'IiiviT  de  181)7;  aussi  l'écrivain  ne  put  décrire 
(|ue  le  survivant.  (|iii)i(|ii'il  Tait  vu  au  nionu'iil  do  la  mue,  alors  que 
les  plumes  do  la  queue  étaient  en  partie  salies  ou  tombées. 

v(  Le  bec,  les  pattes  et  les  ailes  à  miroir  jaune  doré,  étaient,  dit-il, 
ceux  du  Ciiardouueret.  Le  masque,  au  lieu  d'être  rouge,  était  com- 
plètement noir  avec  reflet  marron  sous  la  gorge  ;  le  collier  blaui',  très 
peu  large,  se  prolongeait  comme  cbez  le  Traquel,  jusqu'à  la  nais- 
sance de  l'aile;  le  dos  était  bruu  foncé,  el  la  poitrine  terreuse  était 
lavée  de  noir.  »  Je  n'ai  pu  euteudre,  ajoute  M.  Carteron,  le  cbant  de 
cet  Oiseau  qui  était  un  mâle;  le  garde  m'a  assuré  que  c'était  le 
(•liant  du  Cbardonneret.  un  peu  moins  éclatant  et  avec  d'assez 
fréquentes  suspensions  (l).  »  M.  Anatole  Carteron  ne  revendique 
l)as  la  découverte  de  ce  métis.  «  Albin  et  Brisson,  dit-il,  ont 
tous  les  deux  indiqué  le  Cliardoiincret  à  Capudiou  noir  commi'  une 
variété  accidentelle  du  Cliardouneret  en  liberté....  Albin  ajjpelle 
son  Cbardonneret  thc  Stralhnr  Cohl-finch  (le  Chardonneret  Hiron- 
delle). »  C'est  là  elîecti\ement  et  sans  connaître  la  dénomination 
d'.Mbin,  continue  l'auteur,  l'inqiression  que  m'a  produites  ce  sin- 
gulier Oiseau,  à  cause  des  reflets  marron  de  la  gorge,  qui  rappellent 
celle  de  l'Hirondelle  de  cheminée;  mais,  en  réfléchissiuil  ([U(;  le 
rouge  et  le  noir  produisent  le  marron  elen  couq)arant  la  dillérence 
de  mœurs  et  de  constitution,  le  bec,  la  queue  et  les  pattes  du 
Chardonneret  de  l'Hirondelle,  on  reste  parfaitement  convaincu  de 
l'impossibilité  d'une  pareille  sup])<)sitioii,  et  de  la  vraisemblance 
beaucoup  plus  grande,  justifiée  itar  les  foiiiies,  d'un  croisement 
avec  le  ïraipiet.  » 

Nous  ignorons  quelle  est  la  variété  Cardnrlis  que  M.  .Miiiii  a 
nommée  Swallow-Goldfinsh,  mais  certainemeutdans  l'exemple  que 
(îile  M.  (Carteron  il  ne  s'agit  ([ue  d'une  variété.  On  sait  que  le  plu- 
mage du  Chardonneret  est  sujet  à  de  nombreuses  variations;  ou 
connaît  des  variétés  à  tète  noire,  d'autres  mar(|uéesde  raies  oblou- 
gues  (2i;  on  a  même  décrit  comme  espèce  nouvelle,  sous  le  nom  de 
r.  alboijularis,  sans  doute  une  simple  variété  à  poitrine  blanche  (3). 
Dans  le  Musée  Noury,  à  Elbeuf-sur-Seine,  il  existe  un  Chardoimeret 
marron  au(|uel  M.  Carteron  aurait  certainement  attribué  la  môme 
origine  qu'au  spécimen  qu'il  décrit.  Dans  la  même  collection  on  en 
voit  un  autre  entièrement  l)lanc,  à  rexcei)tion  du  masque  rouge  et 
lie  la  barre  jaune  de   l'aile.    Les  bjil)rides  Chardonneret-Hirondelle 

(1)  Voy.  p|i.  ii'.tet  (;u. 

(2)  Voy.  :  De^land  et  (iorbe.  Op.  cil  ,  1.  |>.  2rf0. 
(a)  Voy.  :  Soi'ljolim.,  Op.  cit..  Il,  p.  8«. 


440  A.      SUCHETET 

ne  sont  pas  du  reste  absolument  rares,  car  M.  Vegmiilhu-,  pliarma- 
cieu  à  Morat  (Suisse),  dans  une  conimunication  qu'il  veut  bien  nous 
adresser,  nous  apprend  qu'un  paysan  de  sa  contrée  lui  vendit  autre- 
fois, sous  cette  dénomination,  un  Oiseau,  en  eftet  assez  curieux 
«  dont  la  tête,  le  dos  et  une  bonne  partie  de  la  gorge  étaient  entière- 
ment noirs.  »  On  s'étonnait  beaucoup  en  voyant  cet  Oiseau  ;  mais  peu 
à  peu  ses  couleurs  se  modifièrent  et  dès  le  commencement  du  prin- 
temps qui  avait  suivi  sa  capture,  on  apercevait  de  petites  plumes 
rouges  à  la  tète,  et  insensiblement,  il  devint  ><  un  Chardonneret 
d'une  grande  beauté  (1).   » 

Mnncs  faniillcs  :  Genres  Ruticilla  et  Carduelis.  —  M.  A.  Boiivin- 
Ghappuis,  de  Sion  (Suisse),  nous  a  écrit,  il  y  a  quelques  années, 
([u'il  avait  observé  (ou  qu'on  avait  observé)  dans  son  canton*  un 
Chardonneret  croisé  avec  un  Rouge-queue  »  dont  tout  le  plumage 
était  presque  complètement  du  iJernier,  tandis  qu'il  avait  toutes  les 
formes  du  premier. 

Nous  avons  prié  M.  Bonvin-Chappuis  de  bien  vouloir  nous 
doniiei'  ([ueiiiues  jjIus  amples  renseignements  et  de  nommer  l'espèce 
de  Itaticilla  qui  se  serait  croisée,  mais  nous  n'avons  point  reçu  de 
réponse  (2).  Quand  et  par  qui  l'Oiseau  a-t-il  été  tué,  a-t-il  été  soumis 
à  un  examen  sévère,  sa  description  détaillée  a-t-elle  été  f;iite,  nous 
l'ignorons.  Nous  ne  pouvons  donc  enregistrer  à  aucun  titre  un 
Oiseau  sur  lequel  d'aussi  vagues  indications  nous  ont  été  données 
et  dont  l'origine  n'est  pas  vraisemblable. 

Ces  deux  exemples  sont  les  seuls  qui  nous  ont  été  indiqués 
comme  mélanges  de  Passereaux  appartenant  à  deux  familles  difié- 
rentes,  à  moins  donc  de  parler  d'un  autre  fait  qui  ne  mérite 
davantage  de  lixer  l'attention,  et  que  nous  a  fait  connaître  un  mar- 
chand de  gibier  de  Duukerque.  Pendant  l'hiver,  au  moment  du 
passage  des  Alouettes,  on  trouverait  quelquefois,  parmi  les  Oiseaux 
pris,  des  spécimens»  paraissant  avoir  du  Vert-Linot  et  de  l'Alouette. 
Corps  de  cette  dernière,  bec  et  pattes  du  premier,  parfois  brunes.  » 
Des  indications  aussi  peu  précises  ne  nous  permettent  pas  de 
prendre  au  sérieux  des  mélanges  de  ce  genre  qui  sont,  .sous  tous 
rapports,  peu  croyables. 


(1)  M.  le  D'  Winleler,  d'.Varau,  avait  bien  voulu  nous  indiiiuer  ce  fait. 

(2)  On  sait  (|u"il  existe  en  Europe  trois  espèces  do  Rouf,'e-(iueue,  le  Rouge-queue 
liUiys  (Ruticilld  lithys),  le  Uouge-iiueue  de  murailles  (RuliciUa  pha'nicura!  elle 
Rouge  queue  ù  ventre  roux  {Riilicitld  eri/titrogastra):  jiiais  ce  dernier  parait 
nlialiiter  ipie  l'Europe  orientale. 


OISKAL'X    llYUHinKS    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE  441 


CONCLUSIONS 

Les  croisenienls  iMitre  Passereaux  de  famille  (lilïéienle,  même  de 
famille  i)eii  éloifiiiée,  comme  le  seraient  les  deux  derniers  cités,  ne 
sont  donc  pas  iirouvi'S,  ils  ne  sont  mcme  ]ias  vraisemblables. 

Les  mélauges  entre  denx  genres  distincts,  fort  peu  nombreux, 
ne  sont  pas  non  plus  sullisaniment  attestés  ;  celui  qui  paraît  avoir 
élé  constaté  a  été  contracté  avec  une  espèce  exotique  échappée  par 
hasard  de  captivité  (1). 

Si  l'hybridité  se  manifeste  quelquefois  chez  les  Passereaux  à  l'état 
libre,  c'est  donc  parmi  les  espèces  ra|)|irocIiées  (|u'il  faut  la  cberclier 
et  principalement  parmi  les  variétés  d'uue  même  espèce.  —  Tel  est 
le  résultat  auquel  amènent  les  études  que  l'ou  vient  de  présenter. 

Deux  ordres  de  faits  s'en  dégagent:  ou  les  bybridi's  sont  acciden- 
tels, dus  à  des  circoustauces  qui  ne  se  re[)rodiiiront  pas  dans 
la  suite  ;  ou,  au  contraire,  leur  production  semble,  si  non  régulière, 
du  moins  assez  fié([uente  et  devoir  se  continuer. 

Dans  le  premier  cas, les  lu  l)rides,  ainsi  formés,  sont  à  négliger,  ils 
ne  sont  d'aucune  importance;  en  supposant  (hypothèse  peu  probable) 
leur  fertilité,  leur  mélange  forcé  avec  les  espèces  pures  ferait  bientùt 
retourner  leur  progéniture  au  type  des  ancêtres.  Dans  le  second 
cas,  ils  doivent  attirer  sérieusement  l'attention  du  naturaliste,  car 
ils  semblent  dus  à  une  sorte  de  nécessité,  provoqués  i)ar  des  causes 
naturelles. 

Pour  se  rendre  compte  de  ces  faits,  il  est  utile  de  classer  dans 
deux  catégories  les  croisements  qui  ont  été  énumérés  et  dont  ou 
vient  de  parler  eu  détail.  On  a  en  eltet,  cité  :  1"  des  croisements 
entre  types  que  les  zoologistes  considèrent  pres<iue  unanimement 
comme  des  espèces;  2"  des  croisements  eulre  types  ([ue  l'on  peut 
sans  doute  ranger  au  nombre  des  variétés  climatériques  ou  des 

(I)  .Nous  ne  venons  point  dire  par  là  i(m'  le  croisenienl  de  Passereaux  apparte- 
nant ù  deux  genres  distincts  soit  nécessairement  infructueux.  Kn  captivité,  on 
parvient  ù  obtenir  de  tels  mélanges.  I.e  Mentor  agricole,  de  Bruxelles,  donnait  der- 
nièrement la  cliromolilliograpliie  d'un  hybride  né  au  Jardin  Zoologique  de 
Copenluigue  du  croisenienl  du  Verdier  ordinaire  avec  le  limant  jaune,  hybride 
qui  nous  avait  été  déjà  signalé  par  M.  .\.  von  Klein,  veneur,  membre  de  la  direction 
du  .lardin  Zoologique.  Nous  serions  à  même  de  citer  bon  nombre  de  faits  de  cette 
calégotie.  La  femelle  lUiuvreuil  (Pijrrhula  viilgaris',  entre  autres,  se  croise 
volontiers  avec  d'autres  Fringillidœ  d'un  genre  un  peu  dillérent  du  sien,  tels  que  le 

Cunluelis  elegans.    le    Cunnahina  liiwUt,   l'.icanlhis  linaria,    etc.,  etc ais 

tous  ces  croisements  se  sont  produits  en  captivité. 


442  A.      SUCHKTET 

races  locales  et  qui,  du  reste,  out  été  classés  ainsi,  quoique 
les  oruithologistes  se  montrent  souvent  en  désaccord  à  leur  sujet, 
vu  la  tendance  actuelle  à  séparer  spécifiquement  les  individus  sur 
lesquels  ou  ne  reucontie  quelquefois  que  de  très  légères  dilïérences 
décoloration. 

Il  y  a  lieu  aussi  de  retrancher,  dans  ces  deux  classes,  les  mélanges 
c[ui  sont,  ou  trop  douteux,  ou  peu  vraisemblables,  ou  très  hypo- 
thétiques, car  il  n'est  pas  nécessaire  de  tirer  des  conclusions  de 
faits  qui  ne  se  sont  peut  être  jamais  produits. 

Parmi  les  types  considérés  pres(iue  unanimement  comme  espèces, 
nous  trouvons  les  croisements  probables  suivants,  (juelques-uns 
même  paraissant  autheutiques  : 

1  Ligurinus  chlork  X  Cannabina  linola, 

2  Liguriiiiif:  chloris  X.  Carduelis  (icijans, 

3  rhrysoiiiilri.s  xpinus  x  lAmirin  (sp.  ?], 

4  Cardav.lis  eleyans  x  Cannabina  linolu. 

5  FringiUa  cœlcbs  X  FrimjiUa  inontifrinylUa, 

G      Pinicula  enadcalor  x  Carimdacus  piopureus, 

7  Eiiibcriza  citrinella  x  Etnberiza  schœnicltis. 

8  Junco  hyeiualis  X  Zonotrichia  albicollia, 
y      Passer  domesticus  x  Passer  montanus, 
d^'^  Passer  montanus  x  Passer  Italiœ, 

10  llirundo  erytliroyaster  X  Petroclielidun  Iniilpxnis, 

11  llirundo  ruslica  X  llirundo  urbica, 
i2,       Parus  atricapilus  X  Parus  Gambeli, 

13  Parus  cœruleus  X  Pœcile  coiniaunis, 

14  Parus  palustris  X  Parus  cristatus, 

15  Cyanistcs  cyanus  X  Cyanistes  Pleskei, 

16  Cyanistes  ci/aiius  X  Pœeile  longicaudus, 

17  Helminthophaga  pinus  X  Helmintliophai/a  chrysoptera , 

18  Helminthophaga  pinus  X  Oporomis  formosa. 

19  Pelrocincla  eyanus  X  Petrocincla  saxalilis, 

20  Tardas  meruta  X  Tardas  visivorus, 

21  Lanius  rufus  X  Lanius  collaris, 

22  Colaptes  eltrysuides  X  Colaples  mexicanus, 

23  Dryobates  Nuttalli  X  Dryobates  pubescens. 

Ne  sont  donc  point  iiicutionnés  dans  cette  liste,  (iiioiqnc  appartenant  à  de  bonnes 
espèces  : 

1"  Cardttelis  elegans  X  Vringilla  canaria,  Cannabina  linota  X  fringilla 
canaria,  l,n.ria  oryzivnra  X  Fringilta  (sp.  iiic),  Emberiza  brasiliensis  X 
Passer  Uomeslicus,  pai'ce  que  ces  croisements,  s"ils  se   sont  i-éellement    tous  i)ro- 


OISEAUX    IlYBItlDKS    HKNCONTRÉS    A    I.'kTAT    SAI.VAGK  443 

duils,  ne  sont  [iDiiil,  il  |ir(i|Jiiiiiont  |iiirlor,  des  iiuHiin^'cs  d'espèces  vivant  ù  l'étal 
sauvage. 

2°  Chrysomilris  spinus  X  Curditelis  elegans,  Seriniis  liDrliilanus  X  Carduelis 
elegans,  Serinus  hnrtulanusX  Cunnabina  linotu,  Chrusomilris  spinus  X  Ligti- 
rinus  chlons,  l.igurinus  clthris  X  l'osser  Ilaliœ,  Uirundo  erylkrugnster  X 
Pelrocheliilan  Strninsotii,  Parus  atricapillus  X  Purus  bicnlor,  Turdus  meruin 
X  Turdus  musicus.  Turdus  li}r(iu(ilus  x  Turdus  mcruUi,  Coracins  gnrrula  X 
Coracias  indica,  piinc  ciueccs  inrlan^îcs supposes  ne  sont  pas  siiflisaminonl  prouvés 
el  que  (pu'lques-uiis  ini'^me  sont  liés  doiileiix. 

>  Acanlhis  liudridXSpinusiiiiius,  I)cii(lr(rc(i  slriutii  X  Perissiglossa  tigrinw 
Regulus  satrupu  X  Kegulus  ailcndulu.  Ci/iinororu.r  cyaiwinelus  X  C'janiicora.r 
cyanopogon  (ou  Ciianocnnix  riiyanus).  Jora  ti/phia  X  J'»'o  zcylanica,  parce  que 
ceux-ci  sont  tout  à  (ail  iiypotlictiipies. 

4»  Fringilln  ciricbs  X  Fringilla  spndiogciiii,  pane  ([ii'il  s'aj;il  d'un  simple 
appariage  présume. 

5°  Eniheriza  cilrinclla  X  liiiiheriza  pilhyornus,  liiiiberizd  cilrtnelta  X  Fiii- 
beriza  cirlus.  Parus  paluslrisX  l'urus  cyanus,  parce  que  la  capture  à  l'étal 
sauvage  des  hybriiles  rencontrés  n'est  pas  absolument  certaine  ou  que  ce  renseigne- 
ment n'a  pas  été  donné. 

G"  I.oxia  currirostra  X  l-oxia  bifasciala,  Cyanisles  cyanus  X  PffcHe  longi- 
cuudus.  Ciirrus  frugileus  X  Corrus  cornix,  parce  (pic  la  mention  qui  ena  été  faite 
csl  trop  vague. 

7°  Fringilla  r'i'/e/w  X /'"•'>'''<''' f'o""'-"'''"^"*.  i'hrysoniilris  spinus  X  Pyrrhula 
rutgaris,  Corrus  corax  X  Corvus  corone.  l'orrus  corone  X  Corvus  frugilegus, 
Saxicola  rubricola  X  Carduelis  elegans,  parce  que  ces  croisements  ne  sont  pas 
probables  el  restent  fort  douleiix.  l'un  d'eux  est  inénie-cerlainemeni  faux 

8»  (yanisles  cyanus  X  Cyanisles  cirruleus,  Plhil<inurynclius  holosericus  X 
Sericulus  chrysocephalus,  parce  que  ces  mélanges  ont  élé  contestés. 

'.)»  Enliii  f'o/(ipte.\-  auralus  X  Cotaptes  mexicanus.  iiiircc  que  ces  deux  ly|ii's 
appartiennent  probablement  à  une  seule  espèce  cl  ipie  les  hybrides  sii|i|insés  ne 
sont  (pie  des  modiricalions  clinialéii(pies. 

Parmi  les  types  (lue  in)us  riingerons  iiiiiiiii  les  r;icos  on  variLMil'S, 
ou  trouve  : 

24  Spizelld  paUida  x  ^])i:('ll<i  llrnreri, 

25  Passer  dovirstlcHs  X  Passer  llnliœ, 
'25i<is  Passer  salicicola  x  l'asser  llaliiv, 

2G  Lo.riii  eurvirnstra  x  l-O.rùi  pilyopsiltiints, 

27  Cyiutits  flaripertns  x  ('nnitislcs  ri/inius  var  lian-schanicus, 

28  Aereduld  cnndata  X  Acredula  Irbyi, 
28'''*  Acredula  rosea  X  Acredula  Irhyi, 

20  Moldrilln  (lUm  ;    Mvtacilhi  hii/ithris, 

30  Budytes  //«ca  x  Hndyti's  iiielaiiucephalu, 
30'''-'*  Budyles  flaca  X  Budytes  ravtpeslris, 
30''^''  Biidiites  lliini  X  Budyles  lnirealis, 

31  Cyanerula  Wnlfi  X  Cydneciild  lencncyanea. 
SI"»'*  Cyanecula  suecica  X  Cyanecula  leiicocyaneu, 


44't  A.      SUCHETET 

32  Cinrlus  coshinirii'n.'iis  X  Cincttis  Icncnijdsler, 
32'''s  Cinclns  cashinirioisisX  Ciiiclus  mnliilus, 

33  Ijuiiu.s  cjcubitor  X  Laniiis  major, 
33'''*  Ijinius  c.rculiilor  X  Lanius  li'iicopterus, 

34  Carcus  ni'ijli-clus  X  Con-ns  daiirrrus, 

35  sitta  ciiropea  X  Sitta  cœsia, 

36  Corarias  iniUrn  X  Coracias  ii/Jinis. 

N'onI  (lonr  poiiil  élé  nniiiinés  daiiscellfi  lisle  : 

1»  Àcanlliis  linariu  X  Acanihis  e.rilipes,  Zonotrichin  leiicophn/s.  /.iiniilriclua 
Cambeli  et  Zonolrichia  Canibfli  inlermedia,  (Uirruliis  glandaritts  X  Garrulus 
Knjnicki,  |)ai'ce  que  leurs  cruiseinenls  restent  trop  <loiileux. 

2"  Philnmela  lusciniaX  PhHomela  major.  Copui/clius  mttsiciisX  Copsichiis 
amœmis,  Lanius  excubitor  X  t-d'^'i''^  borealis,  jiarce  que  ces  mélanges  ne  sont 
pas  sullisanimenl   allinnés. 

3»  Knfin  Cyanistes  cœruleus  X  Cyaniste!!  Pleskei,  parce  que  ce  n'est  qu'une 
présomption 

4"  Cyaneeula  Wol/i  X  Cyaneciila  suecica,  [larce  que  la  mention  ipii  en  a  élé 
faite  est  très  vague  et  que  la  citation  est  du  reste  suivie  d'un  point  d'interrogation. 

Par  les  motifs  (jiii  mit  élu  expliqués  dans  le  cotirs  de  ce  travail, 
nous  croyons  devoir  faire  rentrer  dans  cette  liste,  et  non  dans  la 
précédente,  les  croisements  suivants  oubliés  à  dessein  : 

37  ('(irihii'lis  clri/ints  var.  imiior  X  Cardiiclis  caniceps, 

38  lihipklnrn  jldln'lllfcra  x  lihipidiini  fiillijlnosn, 

39  Cornus  coroiw  X  Cnrvus  corni.r, 
30''is  Cornus  corni.r  X  Corrus  orlcnlnlis, 

40  Puradiscu  apoda  X  Paradisea  rn(jiiiana, 

41  Turdus  ruficoUis  X  Turdus  alriijularis, 
li\.^'-^  Turdus  fuscatus  X  Turdus  Xnumnnni. 

Ainsi  y  aurait-il  nécessité  d'auguienter  ([uelque  peu  le  nombre 
des  croisements  entre  variétés  que  nous  énumérions  en  commen- 
çant (1). 

■  Or,  sont  tout  à  fait  accidentels  :  les  n^^  0,  7,  8,  0.  9^'%  10,  12,  13, 
1  ,  1(),  18,  19,  20,  21,  22.  et  23  ai)partenant  à  la  première  catégorie: 
les  a°^  24,  23,  30  de  la  seconde  catégorie.  Ces  mélanges  n'ont  été 

(I)  Nous  serions  mèuie  autorisés  à  :ijouter  à  cette  liste  Cyanistes  cyanns  X 
Cyanistes  Pleskei:  car  cicrH/pio;,  dont  Pleskei  eaV  variété,  peut  aussi  être  consi- 
déré comme  race  dé  cyanus.  Vn  ornithologiste  de  très  grand  mérite,  que  nous 
avons  eu  l'occasion  de  citer  bien  des  fois  dans  le  cours  de  cet  ouvrage  et  avec  les 
plus  grands  éloges,  M.  (luslidet,  dont  l'autorité  ne  sera  certes  point  contestée,  ne 
voit  dans  C  cyantis,  C.  cœruleus.  C.  reneriffa-.  C.  ultraniarinus.  (|ue  des  races 
ou  formes  dérivées  d'un  même  type. 


OISEAUX    IIVIiiniii:S    RENCONTIIKS    a    LETAT    sauvage  ï't.) 

(■oustatt's  qu'une  seule  fois;  ils  sont  doue,  i-omiiu'  mius  l'iivous  dil, 
à  négliger,  n'élaut  d'aucune  iuiporliince. 

Plusieurs  (les  (Moiseinciils  portés  sous  les  autres  luiuiéros  pour- 
raient encore  être  considérés  l'onnne  accidentels,  quoifjue  observés 
plusieurs  fois,  parce  (pi'ils  l'ont  été  à  de  très  rares  intervalles  ;  quel- 
ques autres  seinlileni  se  produire  de  temps  à  autre,  plusieurs  même 
appartenant  spé('ialenieiil  à  la  dernière  caléiiorie  d'une  façon  assez 
régulière,  tels  sont  ceux  du  Corrus  corone  et  du  Corvus  cornir.  Nous 
porterons  plus  particulièrement  notre  attention  sur  les  n»^  1,2, M, 4, 
0,  11,  lo  et  17  de  lapremière  catégorie;  sur  les  n"^  Soi»'»,  2i),  ."il, 
Sli^'s,  32,  SS»-'^,  33,  36  de  la  deuxième;  ainsi  ([ue  sur  les  n»^  37,  38, 
3!),  40,  41  et  41'''"  qui  ont  été  indi([uôs  en  dernier  lieu  et  que  nous 
croyons  devoir  rattaciier  à  la  dernière  classe.  —  On  remarque  que 
c'est  parmi  les  races  ou  les  variétés,  presque  exclusi cernent,  que  l'on 
rencontre  des  croisements  en  quelque  sorte  suivis,  quoique  beaucoup 
rentent  tri's  problématiques. 

Les  mélanges  se  produisant  entre  races  ou  vaiiétés  n'ont  rien 
de  surprenant  ;  il  paraît  même  naturel  que  des  individus  appar- 
tenant;'! une  même  espèce  souche,  (|uoi(iue  difïérant  par  la  colo- 
ration, se  croisent  lors(|ue  leurs  raïujes  (suivant  l'expression 
anglaise)  se  rencontrent.  On  n'est  point  certain,  du  reste,  nous 
l'avons  dit,  que  les  sujets  à  coloration  mélangée  soient  toujours  et 
nécessaii'i'mcnt  des  |irodnit><  d'un  cioisenient.  Dans  les  variétés  où 
les  races  des  changements  de  coloration  ijcuvenl  être  produits  par 
des  causes  naturelles,  notainnienl  par  les  inlluences  du  milieu, 
(pi(d(|ni'f(iis  par  la  pro|)re  iidiércni'edesOis<'aux  aux  variations.  On  se 
rajipcl  lequel!  loger  a  cité  un  cou  ]  île  de  (loineijles  entièrement  noires, 
d'où  sortirent  des  jeunes  à  coloration  mélangée  et  qui,  certaine- 
ment, anraii'ut  été  considérés  par  tous  les  ornithologistes  comme 
réels  lu  hrides  de  ('.  corui.r  si  ces  Oiseaux  se  fussent  rencontrés  dans 
les  environs. 

Mais  le  croisement  de  types  aux<(uels  nous  attachons  l'idée 
d'espèce  nous  frajtpe  davantage,  nous  chotpie  même  en  (judijuc 
sorte.  A  leur  sujet,  nous  présenterons  les  remarques  suivantes  : 

Les  n<"  I.  2,  3,  4,  appartiennent  à  des  espèces  dont  beaucoup  de 
représentants  vivent  en  caidivité  où  ceux-ci  se  reproduisent  (|uel- 
quefois  en  se  mélangeant  les  uns  avec  les  autres,  en  sorte,  on  l'a 
vu,  qu'on  ne  peut  point  être  absolument  sur  que  tous  les  hybrides 
rencontrés  à  l'état  sauvage  soient  nés  dans  cet  état.  Mais,  y 
seraient-ils  nés.  comme  cela  est  vraisemblable  pour  plusieurs, 
qu'ils  ne  paraissent  pas  devoir  s'y  reproduire  inler  se  à  cause  de 
leur  petit   nombre,  de   leur  éloignemeut  les  uns  des  autres,  et 


446  A.      SUCHETET 

surtout  d(î  leur  iuiï'coadité  [Ji-oluible,  si  l'on  eu  ju^^e  par  leurs  sem- 
blables retenus  eu  captivité. 

Du  reste,  il  n"a  jamais  été  parlé  dans  ces  croisements  de  proiluits 
trois  quarts  sang,  cinq  huitièmes,  etc.,  mais  simplement  d'hybrides 
directs;  eteaefïet,  lorsquedansquelques  rares  occasions  l'a ppariage 
des  parents  a  été  constaté,  c'était  entre  espèces  jinres.  Si  fréquents 
qu'ils  puissent  être,  ils  ne  sont  donc  poiut  appelés  à  modiUer  les 
types  établis.  Il  en  est  de  même  du  n"  o,  soit  F.  cœleb.s  X  montilrinf/ilia; 
on  n'a  jamais  rencontré  de  cou[)les  appariés  de  leurs  hybrides  <[U! 
vivent  isolés  (.'à  et  là  et  sont  comme  perdus  au  milieu  des  espèces 
pures  sans  les  altérer  (1). 

Il  faut  en  outre  remarquer  que  beaucoup  de  croisements  peuvent 
être  provoqués  par  l'action  de  l'homme;  les  mélanges  du  Llijnriinis 
chlorin  X  Cannabina  linota,  du  fj(jiirinusclili»-is  X  Canhiclis  eh'ijnns 
et  de  ce  dernier  avec  Caiinnhina  llnold,  sont  surtout  constatés  en 
Angleterre,  où,  si  l'on  en  juge  j)ar  la  fréquence  des  expositions  orni- 
thologiques,  les  oiseleurs  doivent  être  fort  nombreu.K  et  désapparier 
une  quantité  de  couples  établis. 

Tous  les  hybrides  du  croisement  portant  le  n°  11,  U.ntslicd  X  //. 
urbirn,  que  nous  avons  vus  en  grande  partie  et  qui  ne  dépassent  pas 
le  chilTre  de  sept  ou  huit,  sont,  dans  leur  physionomie,  sauf  l'exem- 
plaire appartenant  à  M.  Taucré,  de  véritables  nislica  à  croupion 
mélangé  de  blanc  (2).  La  large  bordure  noire  qui  encadre  sur  la 
poitrine  le  roux  de  la  gorge  fait  généralement  défaut  chez  elles; 
cette  absence  de  coloration  et  le  blanc  du  croupion  seraient-ils  dus 
à  un  albinisme  partiel?  Non  point  que  nous  cherchions  à  mettre  en 
doute  leur  double  origine  (jui  semble  s'annoncer  par  d'autres 
caractères,  notamment  par  le  duvet  blanc  qui  garnit  les  pattes  de 
plusieurs  échantillons.  Mais  les  croisements  d'espèces  pures  ont  pu 
encore  être  déterminés  par  des  circonstances  fortuites.  Ces  deux 
espèces,  construisant  leurs  nids  dans  les  lieux  habités  par  l'homme, 
sous  le  toit  et  contre  le  mur  des  maisons,  tout  particulièrement 
dans  les  corps  de  ferme  où  fréquemment  elles  #e  trouvent  déran- 
gées, peuvent  être  amenées  à  contracter  des  mélanges  (jui  ne  se 
produiraient  point  si  leurs  nids  étaient  toujours  établis  le  long  des 

(1)  Nous  aurons,  du  reste,  à  examinei'  ulléiieurement  la  ilislinclion  spécifique 
qu'on  a  établie  entre  mnnlifringilla  et  cœlebs;  nous  ne  pouvons  le  faire  dès 
aujouiilhui,  parce  qu'il  nous  manque  des  renseignements  sur  les  moeurs,  les  habi- 
tudes, la  nldillcation,  les  œufs  de  ces  deux  types,  présentant  déjà  de  grandes  alli- 
nités  en  ce  qui  concerne  la  manière  dont  leur  plumage  est  disposé. 

(2)  Nous  n'avons  pu  loulcfois  apprécier  l'exemplaire  du  Musée  de  Berlin,  1res 
détérioré. 


OISEAIX    HYBRIDKS   RENCONTKKS   A    l'kTAT   SAUVAGK  447 

côtes,  sur  lus  rocliers,  les  falaises  ou  autres  lieux  déserts.  C'était,  ou 
se  le  rappelle,  l'opinion  du  savant  Glogersurle  premier  exemplaire 
oi)servé. 

On  ne  peut  sans  chnite  alliilmer  aux  inèuies  caus.'s  les  croise- 
nieats  supposés  des  deux  Mésanges,  l'anis  cjianns.  l'aiKs  Pli'xkri 
{n"  la).  Si  nous  considérons  l'Iruhci  comme  race  de  nt'nilcii'i  dont 
il  dillére  fort  peu  (I),  rirnilrns  s'éloigne  réellement  de  cynnits 
(luoiqiie  encore  très  proche  allié  de  cette  espèce.  Nous  avons  conservé 
longtemi)s  devant  nous  des  écliaiitillons  de  ces  deux  types,  les 
regardant  fré(piemmeutet  les  examinant  avec  soin.  Certaines  dispo- 
sitions de  la  coloration  nous  ont  paru  dilliciles  à  expliquer  par  de 
simples  modifications  graduelles  ducs  à  l'albinisme  cpii  allocte  cer- 
tainement une  grande  partie  du  plumage  de  ciianiifi  et  le  dillérencie 
ainsi  de  celui  de  cœrnleus.  Toutefois  cyKiius  pourrait  être  dérivé  de 
rœrulem  (2)  et  parconséqnent  ne  point  s'en  séparer  si)éciriquement. 
Lescroisements  decesdeux  mélanges peuvenlaussinepoints'étendre 
sur  une  grande  échelle,  comme  l'a  supposé  M.  .Meuzlticr.  Nous 
n'avons  pu  enregistrer  jusiiu'alors  ([ue  cinq  spécimens  présentant, 
d'aprèslesavanl])r()fesseuret  .M.Zaroudnoï,descaractèi"esmélangés. 
Frohablement  depuis  la  publication  du  mémoire  de  M.  .Menzbier 
et  de  celui  de  .M.  Zarondnoï,  peu  de  nouveaux  hybrides  sont  venus 
grossir  le  nombre  très  restreint  indiqué  dans  ces  travaux;  nous 
n'avons  jioint  trouvé  de  mentions  de  ce  genre  dans  les  revues 
ornithologiques.  On  se  souvient  en  outre  que  ces  «luelques  exem- 
plaires, quoiiiue  dilTérant  les  nus  des  autres,  ne  prouvent  point  pour 
cela  Texistence  de  croisements  des  espèces  |)nres  avec  les  hybrides 
ou  des  hybrides  eutre  eux  ;  ils  peuvent  provenir  de  mélanges  directs 
des  deux  types.  L'origine  que  .M.  Menzbier  leur  attribue  est  du  reste 
niée  par  un  naturaliste  (|ui  croit  à  l'infécondité  du  type  l'Iraki'i. 

Eu  ce  (jui  concerne  //.  pimis  et  //.  crysupti'id,  qui  sont  maintenus 
dans  la  première  liste,  quoique  plusieurs  des  traits  distinctifs  chez 
rlirnsoptiTti  puissent  s'expliquer,  les  uns  par  un  albinisme,  les 
autres  |)ar  un  mélanisme.  nous  remarquerons  que  l'origine  de 
leur  |uoduit  supposé  //.  U'Hcohronchialis  n'est  pas  certaine,  elle 
a  été  et  est  encore  vivement  contestée,  //.  Icticobrnnrhinlis  pouvant 

(1)  Le  jaune  lies  parlios  inférieures  ilo  raîni/fHS  est  1res  aUénué  ihcz  Pleskei, 
il  n'y  esl  guère  visible  que  sur  les  lianes  el  à  la  région  de  l'anus;  le  reste  ilu 
dessous  du  (•or[)s  esl  lilanc  ^ris.  Sur  le  ilds  de  Pleskei  la  eouleur  blru  verdAlre 
(jrisAlre  de  CiiTulcns  se  change  en  Meu  grlsAIre.  Nos  exein|iUiires  l'Ieskei  ont  la 
(|ueue  un  peu  plus  longue  cpie  chez  iirruleus. 

(2)  C'est  lavis  de  M.  Ouslalel,  comme  onvicnl  dr   le  iliii'  à  la  page  précédenlc. 


448  A.      SUCHETET 

èlvc  kii-iiK^iiie  une  race  ou  iiiie  espèce  (I)  s'iiybridisiint  avec 
eux.  Il  est  doue  prudent  d'attendre  de  nouvelles  observations 
pour  conclure,  puisque  I.iiiircncei,  leur  hybride  plus  certain,  est 
accidentel. 

Telles  sont  les  explications  que  nous  croyons  devoir  donner  sur 
les  l)uit  croisements  entre  types  de  la  première  catégorie,  c'est-à- 
direeutreformesconsidéréesunaninieuientcomme  espèces,  quoique, 
nous  l'avouons,  les  types  se  rattachant  aux  croisements  3,  S,  15  et 
17  nous  laissent  des  doutes  sur  leur  valeur  spécitique.  Suivant 
notre  manière  de  voir,  nous  ne  voyous  guère,  méritant  bien  le  titre 
d'espèces,  que  Llf/urinus  cliloris,  CuniKibina  lixota.  Cai-ilueUs  elcgans, 
Ilirundo  uiiiicael  Hirundorustica,  car  il  existe  de  grandes  affînités 
entre  Chrysomiliis  spiniis  et  les  races  du  genre  Linaria,  et  la  dispo- 
sition du  plumage  de  Fringilln  cœlebs  et  de  Fringllla  montlfriiigillit 
est  identique  quoique  la  coloration  des|)ignientsdilïèrenotablement. 

Au  sujet  des  croisements  de  la  seconde  catégorie,  il  est  tout 
naturel,  on  l'a  dit,  que  deux  variétés,  provenant  d'une  même  espèce, 
se  mélangent  lorsqu'elles  se  rencontrent  on  lorsqu'elles  ne  trouvent 
point,  |)our  s'apparier,  des  individus  de  leur  propre  variété  ;  ces 
croisements  ne  se  rapportent  pas  du  reste  directement  au  sujet  que 
nous  désirons  traiter  :  le  mélange  des  espèces. 

Toutefois,  comme  les  types  que  nous  avons  nommés  en  dernier 
lieu,  et  que  nous  rattachons  à  cette  dernière  catégorie,  ont  été 
jusqu'alors  considérés  comme  espèces  ])ar  beaucoup  de  ceux  qui  en 
ont  parlé,  il  est  bon  de  présenter  quelques  remarques  sur  leurs 
croisements  (|ui  ont  été  constatés  ou  supposés  plusieurs  fois. 

Ces  mélanges  concernent  principalement  les  n'^  38,  40,  41  et 
41  bis,  car  la  forme  Canhiclls  canlcrps,  indiquée  au  n"  37,  a  été 
portée  comme  siil)-!<i)ecii's  par  M.  Seebohm,  et  la  valeur  spécifique 
de  Corvus  vornix  (n"  39)  n'est  plus  guère  reconnue,  d'où  il  résulte 
que  C.  oricntalis  (n°  SOi»'*)  devient  au  même  titre  variété  de  ('.  rurni.r 
puisqu'il  l'est  déjà  de  C.  coronc. 

Rappelons  d'abord  que  les  formes  Turdui  nlrifiidaris  et  Titrdits 
ntlirtillia  ne  sont  peut-être,  suivant  la  pensée  d'un  savant,  que  «  des 
manières  d'être  de  races  géographiquesd'une  seule  et  même  espèce,  » 
et,  d'apiès  le  même  ornithologiste,  que  T.  luscaliis  et  T.  Naumanni 
«  présentent  des  transitions  insensibles  les  reliant  les  uns  aux 
autres.  » 

On  connaît  du  reste  les  grandes  allinités  de  ces  quatre  formes,  la 

(I)  .Nous  ii'iivons  jioinl  vu  H.  leticoliriinrhittlis. 


oi.si;\Lx  iivuniuES  rencontrés  a  l'état  sauvage  i'i".) 

(lilliculté  qu'il  y  a  à  les  renonnaître  ainsi  quo.  leurs  aplitudos  aux 
variations.  Les  prochiits  des  croiscineuls  et  (Mitre-croisemeuts  des 
quatre  espèces,  s'ils  existent,  ne  sont  donc  pas  à  proprement  parler 
des  hyhrides  dans  le  sens  où  nous  les  entendons,  ne  pren.inl  en 
considération  que  les  hybrides  d'esj)èces. 

Quant  aux  croisements  des  Ithipiduia  (labrlliferaet  des  lihipiihira 
fulifjinosn,  certains  puis(iu'ils  ont  été  constatés  di'  tixu,  (à  moins 
donc  (ju'il  ne  s'agisse  encore  dans  ce  cas  de  parents  des  deux 
espèces  couvant  tour  à  tour  dans  un  même  nid  comme  cela  a  été  vu 
chez  les  Grives  et  les  Merles),  M.  Poils  remarque  que  les  jeunes 
qui  naissent  de  leurs  croiseuKMits  ne  sont  pas  de  coloration  mélan- 
gée, mais  laiitùt  d'un  type,  tantôt  de  l'autre  (1)  ;  ils  ne  sont  donc 
pas  appelés  à  modilier  l'espèce,  même  dans  le  cas  où  ils  seraient 
aptes  à  la  reproduction  (2). 

Du  reste,  nous  nous  étions  réservé  de  présenter  (juelqiies  obser- 
vations sur  les  relations  de  coloration  et  de  forme  qui  existent 
entre  ces  deux  types.  Ce  sont  des  Oiseaux  de  même  taille  et  de 
même  confoiniation;  la  forme  même  des  i)lunies  de  la  queue,  qui 
est  en  éventail,  est  ideuli(|ue  chez  les  deux.  (Test  le  fond  de  la  colo- 
ration qui  diffère,  non  point  cependantd'une  façon  essentiellecomme 
on  va  le  voir.  Le  plumage  de  fnli^jinomi  est  très  somhre,  très  foncé, 
d'un  aspect  triste;  mais  c'est  le  plumage  assombri  iU'  jlalniUfèra 
dont  on  reconnail  facilement  les  teintes.  Ou  bien,  si  l'on  aime 
mieux,  fin liHli fera  est  nue  dégradation  des  teintes  éclaircies  de 
fnliiiinosd.  Il  y  ;i  cependant  rhai  lltiliclUfrni  (luehjues  caractères  qui 
ne  se  trouvent  ])oint  représentés  chez  faliginosa.  Ce  sont  :  li  cou- 
leur hlanclic  des  barbes  intérieures  de  la  |)lupart  des  rectiices,  jiuis 
le  sourcil  blanc,  le  demi-collier  de  la  mèmecoubnirel  le  miroir  blanc 
de  l'aile.  La  teinte  blanche  des  rectrices  pourrait  s'expliquer  par 
un  défaut  de  coloration,  par  un  albinisme,  c'est-à-dire  l'absence 
de  pigment.  Le  demi-collier  se  conqirend  nmius  facilement 
et  différencie  (piehiue  peu  les  deux  espèces  assurément  proches 
parentes.  Mais  ces  caractères  de  coloration  ne  sont  point  tels 
(|u'ils  puissent  servir  à  établir  une  dislinction  spécifique  absolu- 
ment sérieuse,  car,  on  le  voit,  ils  ne  sont  dus  cIuîz  flnlielUlcin  iju'à 
un  man(iue  de  coloration  en  plusieurs  endroits  et  à  un  éclaircisse- 
ment de  la  tonalité  générale.  Néanmoins,  en  attendant  de  nouvelles 

(1)  Voir  p;ipe28S. 

(2)  La  roiiiarqiie  (11-  l'uriiilliologiste  aiistralion  nous  siiiiiicnd  cppcndiinl  si  iiiiiuni' 
contusion  n'a  olé  commise  de  sa  part  dans  lo  sexo  di's  parents,  comme  il  y  a  lieu 
de  le  supposer. 


450  A.      SUCHETET 

observations  sur  les  iiKi'urs  et  les  liabiludos  de  ces  Oiseaux,  nous 
ne  lesterons  point  rentrer  dans  le  cadre  des  variétés. 

Le  croisement  du  l'aradiscd  apoda  et  du  l'aiddiam  viuiiiiana, 
deux  types  considérés  comme  espèces  par  M.  Salvadori,  o(Ire-t-il 
plus  d'intérêt  et  mérite-l-il  enfin  de  fixer  l'attenlion  '.'  Après 
l'examen  (|ue  nous  avons  fait  de  ces  deux  formes,  il  jiaraît  ti'ès 
didicile  de  les  séparer  spéciliquement.  Elles  semblent  u'étre  (|u'uue 
série  dégradations  de  teintes,  modifications  qu'il  est  aisé  desuivre 
dans  les  tonalités  de  leurs  paremeuts  et  même  à  la  rii;ueur,  clans  le 
dessin  du  jaune  des  parties  supérieures,  comme  il  a  été  expliqué  plus 
haut.  La  coloration  de  cliaque  forme  respective  pourrait  elle-même 
être  sujette  à  des  cliani;enients  analogues,  rapprochant  des  uns  et  des 
autres  certains  de  leurs  produits  aiierr;iuts.  j"]t,  du  lesle,  quehjues 
mâles  ou  femelles  surnuméraires  de  couples  désappariés  par  suite 
des  chasses  dont  les  Piiniilisidd'  sont  l'objet  de  la  part  des  indigènes, 
se  sont-ils  trouvés  dans  la  nécessité  de  contracter  des  mélanges  et 
ont-ils  donné  naissance  aux  individus  que  M.  le  comte  Salvadori  a 
considérés  comme  hybrides?  Il  sera  très  utile  d'examiner  les  ;v/r/(//(/H(( 
on  les  ((iJinlii  qui;  l'on  inquirlera  dans  la  suite  pour  voir  s'il  se 
rencontrera  parmi  eux  desformes  intermédiaires,  cequi  jusqu'alors 
n'a  été  constaté  que  chez  les  individus  rapportés  par  M.  d'Alberlis 
defson  voyage  au  tlenve  Fly. 

La  coloration  des  pigments,  disons-le  en  terminant,  n'est 
pas  un  guide  sûr  pour  dilïérencier  les  espèces.  M.  le  D''  Raphaël 
Blanchard,  qui  s'occupe  très  activement  dejiuis  quelques  années 
d'une  monographie  des  Hirudinées,  nous  montrait  dernièrement 
trois  individus  de  ce  groupe  appartenant  à  une  seule  et  même 
espèce,  ainsi  qu'il  s'en  est  convaincu,  et  dilîérant  tellement  par  leur 
coloration  qu'une  séjiaration  s|pécilique  entre  eux  semblait  s'im- 
poser. Tout  le  monde  sait  aujourd'hui  ce  que  l'élimination  du  bleu 
a  fait  dans  la  couleur  verte  des  Perruches  ondulées;  elle  a  rendu 
ces  Oiseaux  com]ilètement  jaunes  et  par  conséquent  très  difïéients 
de  leurs  semblables.  Une  modification  encore  plus  remar([ual)le 
s'est  produite  par  l'élimination  du  jaune,  leur  plumage  est  devenu 
bleu  (1). 

MM.  Nichols  et  Snow  viennent,  paraît-il, dans  un  travail  important, 
d'étudier  l'intlueMce  de  la  temiiérature  sur  la  couleur  des  pigments(2); 

(I)  Consiillcz  Hull  Suc.  il'AcclinialMliuii  p.  lids  pi  p.  314,  1.S81.  Kxlriiil  d'une  Icllre 
(le  M.  Florin  au  direcleiir  iln  .Jai'diii  d'.XcL'linialation. 

i'i)  Une  conrlo  analyse  de  cet  ouvrage  a  elé  faite  dans  la  Revue  génér-ale  des 
Sciences  pures  et  appli(iuées,  dirigée  jiar  M.  Louis  Olivier.  Docteur  ès-sciences. 


OISEAUX    HYUIUDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGK  4:il 

il  j'  iiur;iit  l'eut  à  (lire  sur  ce  sujet  inii  iutéresse  la  zooioi^ie  eleu  par- 
ticulier roriiitbolo^ie. 

Mîilgré  les  restrictions  (|ue  nous  appoiloiis  dans  presque  tous  les 
croisements  cités  à  cause  de  l'incertitude  de  l'origine  des  hybrides 
supposés  et  surtout  de  la  véritable  nature  des  parents  qu'on  leur 
attribue,  un  fait  semble  se  dégager  de  ces  études  :  c'est  que  l'bybri- 
dation  se  manifeste  ijuebiuefois  cliez  les  Passereaux  vivant  à  l'état 
sauvage,  comme  elle  a  été  reconnue  cbez  les  Gallinacés  et  les  Palmi- 
pèdes, llien  ne  prouve  cependant  ([u'elle  soitca|)al)le  de  modilier  les 
espèces  zoologi{[ues  actuellement  existantes  en  les  trausformaut  en 
de  nouveaux  tyi)es.  A  côté  de  (|uelques  sujets  mélangés,  rencontrés 
à  de  rares  intervalles,  ne  formant  pas  souche,  s'épuisaut  Ijienti'it 
dans  leur  isolement  et  leur  stérilité,  les  types  purs  demeurent; 
c'est  au  moins  le  résultat  auquel  aboutissent  les  croisements  les 
[dus  avérés;  nulle  part  du  reste  on  n'a  rencontré  d'exemples, 
(l'espèees  pures  bien  distinctes,  se  mélangeant  sur  une  vaste  échelle 
avec  leurs  hybrides  et  pouvant  ainsi  être  considérées  comme  en 
train  d'accoin|)lir  des  transfoi-mations.  C.  (lunild-mi'.ricdnHs  [hijhri- 
diis)  et  r.  iiif.rirdiiHs,  les  seuls  ijue  l'on  [)ourrait  citer  contre  cette 
manière  de  voir,  ne  sont  sans  doute  que  des  variations  climatériques 
de  C.  anidlns,  duquel,  reconnaissons-le,  ils  ne  dillèrent  que  par 
quelques  marques  de  coloration.  Nous  réservons  touti'fois  le  cas 
à'II.  leucubionchialis  si  celui-ci  est  réellement  hybride  de /)i/u<.s  et 
chni^oplem,  ce  ([ue  parait  contredire  la  taeiie  blanche  de  la  gorge 
qui  n'est  |)oint  un  caractère  d'emprunt. 

Des  études  ultérieures,  provo(juées  par  de  nouvelles  observations, 
feront  sans  doute  mieux  connaître  les  hybrides  naturels  que,  pour 
la  piemière  fois,  on  a  essayé  de  grouper,  eu  môme  temps  ((u'elles 
permettront,  espérons-le,  de  donner  une  solution  satisfaisante  aux 
problèmes  intéressants  soulevés  par  les  cioisenieuts  des  types 
classés  à  tort  ou  à  raison  comme  espèces. 


453 


QIjATRIKMIÎ    I'AKTIIC 

Accipitres 


Nous  n'avons  çuère  rencontré  parmi  les  Accipitres  lou  Oiseaux  de 
proie)  d'hybrides  méritant  une  mention  ;  cela  tient  peut-être  à 
l'insulFisance  de  nos  recherches,  nous  pensons  cependaut  ([ue  les 
observations  faites  jusqu'à  présent  sont  peu  nombreuses. 

Les  croisements  que  nous  nous  proposons  de  citer  se  rapportent 
en  ellet,  presque  tous,  à  des  croisements  entre  variétés  ou  entre 
individus  appartenant  à  de  mêmes  espèces,  celles-ci  sujettes  au 
dimorphisme;  encore  est-il  que  ces  croisements  sont  très  hypo- 
thétiiiues. 

Quoique  nous  en  ennuierions  plus  de  douze,  un  seul  uous  a  paru 
sérieux,  parce  ipi'il  se  serait  produit  entre  deux  types  considérés 
unanimement  comme  espèces  et  qu'il  présente  certains  caractères 
d'autlicnticité,  mais  nous  l'avouons,  il  n'est  point  encore  exempt  de 
critique.  Il  est  du  reste  du  nombre  de  ceux  que  l'on  peut  consi- 
dérer comme  accidenlels  et  par  conséquent  sans  portée.  Un  deuxième 
présente  quelque  intérêt,  mais  il  n'est  pas  sutlisamment  allirmé; 
un  troisième  doit  être  déclaré  faux;  un  quatrième  reste  douteux. 
Tous  les  autres,  on  vient  de  le  dire,  se  sont  produits  entre  variétés 
ou  types  très  rafiprochés,  ou  entre  espèces  sujettes  au  dimorphisme. 
L'existence  d'hybrides  sauvages  chez  les  Acripiircs  reste  donc 
problématique,  ceux-ci  étant  sujets  à  de  grandes  variations. 

En  somme,  et  jusqu'à  nouvel  ordre,  l'hybridation  parait  pouvoir 
être  déclarée  nulle  dans  cet  ordre.  LIassertion  de  Willugby  (l),-.'i 
savoir  :  «  que  les  Oiseaux  de  diverses  espèces  s'accouplent  quelque- 
fois et  que  ceci  a  lieu  surloiit  cuire  les  Oiseau.c  île  proie  (2)  »  n'est 

|l)  Ornilhology,  Londun,  IGTS 

[i)  Dans  l'édilion  lalinc  on  lil  :  «  Les  Accipitres  et  les  aulrcs  itapaces  et  espèces 
diverses  s'accouplent,  soil  que  Teur  aspecl  les  rende  semldables  à  eux-mOmes, 
soit  parce  qu  ils  sont  liés  porlrs  à  laniour.   • 


434  A.  SUCHETET 

donc  pas  exacte;  une  assertion  à  pen  près  semblable  émise  par 
Rndolphi  (1)  doit  iHre  également  rejetée.  Les  grandes  variations  et 
le  dimorpliisme  qu'on  constate  chez  les  diverses  espèces  de  ce 
genre  d'Oiseaux  (phénomènes  qui  n'ont  point  toujours  été  connus), 
sont  sans  doute  la  cause  de  ces  erreurs. 

Le  tableau  suivant  résume  les  croisements  dont  nous  avons  à 
parler  et  indique  la  valeur  que  nous  leur  attribuons. 

Famille  des  l'akunida:. 
Genre   Âquila. 

Aquil.\  fulv.v  et  .\ql'ila  crysaetos,  deux  variétés. 
Aquila  nobilis  et  Aquila  Daphnea,  (id.) 

Aquila  pennata  et  Aquila  minuta,  dimorphisme. 

Genre  Falco. 

Falco  tinnunculus  et  Falco  litiiofalco,  parait  authentique. 

Falco  eleonor/e  et  Falco  arcadicus,  dimorphisme. 

Falco  Feldeggii   et  Falco  tanypterus,  simple  appariage  supposé 

entre  deux  variétés. 
Falco  Holbof,lli  (ou  V.  islaxdicus)  et  H.  candicans,   observation 

portant  sur  quatre  spécimens  décrits  par  AI.  Gurney. 

Genre  Buteo. 

Blteo  vlilgaris  et  Buteo  vulpinus  (deux  esiiéces  très  rapprociiécs), 

le  croisement  existe-t-il  ? 
Buteo  aviporus  et  Buteo  vulgaris,  inexact. 
Buteo  viLGARis  etBuTEO  (lagopus?)  simple  conjecture,  plutôt  une 

anomalie. 

CiRCAETUS      GALL1CLS    et    CiRCAETUS    IIVPOLEUCOS,      CCS     deUX       UOmS 

désignent  une  même  espèce. 

Genre  Accipiter. 

« 
.\cciPiTER    Nisus    et    Accipiter    brevipes,    deux    variétés,    hypo- 
thétique. 
AsTUR  ATRiCAPiLLUs  et  Falco  Cooperi,  pcut  être  exact. 

(I)  lu  lleilniije  ziir  .{nllirripolugie.  p.  102. 


OISEACX    llVniirDKS    liKN'noNTIiKS    A    I,  I;T\T    SAlVAliK  !■);) 

l'iunilli'  ilfs   l-'alcoiliikv. 

Genre  Aquila. 

Aqiila  fulva  (1)  el  Aouila  chhvsaetos  (2). 

La  plupart  des  ornithologistes  (|ui,  on  lu  SMit,  ne  se  montrent 
point  (l'accord  sur  le  nonilire  des  espèces  (jue  doit  renfermer  le 
genre  Aigle  (3j,  considèrent,  de  l'aveu  même  du  professeur 
Severtzow  (4),  VAquila  fulva  el  l'Aquila  clinjsaëtos  comme  appar- 
tenant à  une  seule  espèce  (ij). 

Cependant  le  feu  professeur,  qui  a  étudié  un  grand  nombre 
d'Aquila  chrijsaëlos  et  d'AquiUi  nobilis,  a  cru  reconnaître  des  dillé- 
rences  de  coloration  (0)  dans  chaque  type  pris  séparément.  Cette 
étude  paraît  très  dillicile  et  très  compliquée,  vu  notamment  les 
variations  d'âge  de  chaque  espèce.  Un  exemplaire  examiné  chez 
M.  Russow  (7),  préparé  par  celui-ci  pour  la  collection  de  M.  Kocli 
à  Saint-Pétersbonrg,  serait  peut  être  un  hybride  entre  les  deux 
espèces  mentiounées.  M.  Servertzow  s'exprime  ainsi  dans  sa  note  : 
«  Quelques  scapulaires  à  base  d'un  gris  pâle,  variées  de  bandes 
onduleuses  brunes,  comme  celles  de.l.  clirnsai'tus;  le  reste  des  scapu- 
laires, toutes  les  plumes  du  dos,  les  petites  et  les  moyennes  couver- 
tures de  l'aile,  toutes  les  plumes  des  parties  inférieures,  en  un  mot, 
tout  le  reste  du  menu  |ilumageà  Ijases  blanches,  ce  blanc  occupant 
au  moins  la  moitié  de  chaque  plume.  Ilectrices  blanches  sur  toute  la 
moitié  basale,  ensuite  grises  sur  nu  quart  de  leur  longueur,  jusqu'à 
la  bande  terminale  noire,  trèslarge;  le  gris  marbré  de  noir  sur  les 
deux  rectrices  médianes,  largement  vermiculé,  sur  les  latérales,  de 
raies  noires,  obliques,  irrégulières  et  sinueuses,  dont  l'ensemble 

(1)  Synonymie  :  Aquila  nobilis,  Iquila  regia,  Falco  ftilvus  eimelanaelos,  etc. 

(2)  Ou  Falcn  chrysaëtos. 

(3)  Vi  ir  Dkgi.and  etCiKiiiii:,  UraitUulogie  européenne,  I,  Paris,  18()7. 

(4)  Voir  :  Eludes  sur  les  variations  d'âge  des  Aiiuilinés  paléarcliques  el  leur 
valeur  tuxonimique,  IV,  Œuvres  posthumes  de  SI.  le  V  N.  A.  Severlzow, 
publiées  par  la  Société  Impériale  des  Xaluralislos  de  Moscou,  rédigées  par  M.  N. 
M.  Menzbicr,  Nouveaux  Mémoires  de  la  Sociélc,  XV,;)'  livraison,  Moscou,  1888. 

("))  C'est,  entre  autres,  l'avis  du  D'  Itailcle,  de  Tillis,  cpii  n'a  pu  déterminer  la 
séparation  dos  deux  espèces  que  .Naumnnn,  le  jeune,  a  essayé  d'établir. Voir  Haddc, 
Reisen  m  Siiden  von  Ost  Sibérien,  il,  p.  83,  i8G3. 

(C)  Aquila  fulva  chrysaëtos  dans  Die  Vogelsammlung  des  liosnich-Berzego- 
vinischen  Landesmuseums  in  Serajevo  de  M.  0.  Reiser,  cuslos.  Voir  p.  11. 
Budapest,  1891. 

(7)  Op.  cU. 


436  A.    SL'CHETET 

forme  à  travers  toutes  les  cinq  rectrices  latérales  de  chaque  côté, 
uue  baude  ondulée  noirâtre,  très  interrompue,  outre  la  grande 
bande  noire  terminale  (1).  Rémiges  primaires  8-10  à  moitié  basale 
du  pennon  interne  blanche,  transversalement  ondée  de  brun  ;  les 
autres  primaires,  et  toutes  les  secondaires,  à  barbes  internes  d'un 
gris  sombre,  transversalement  ondées  de  noir,  comme  les  rémiges 
de  A.  ciirysdl-loii.  Les  plus  petites  couvertures  de  l'aile,  et  les  ])lumes 
du  coté  du  jabot  et  du  haut  de  la  poitrine  sont  largement  bordées 
de  fauve;  quelques  scapulaires  antérieures  blanches,  à  l'insertion 
de  l'humérus  (2).  » 

L'hybridité  de  cet  individu  se  montre,  d'après  M.  Severtzow, 
«  dans  la  combinaison  des  caractères  de  coloration  normale  de 
.1.  nobilis  et  de  .1.  rhrijsaëtos.  Les  rectrices  sont  complètement 
celles  de  .4.  nohills  (quatrième  livrée);  dois  rémiges,  8-10,  pré- 
sentent une  coloration  intermédiaire  entre  les  deux  espèces  ;  toutes 
les  autres  rémiges  sont  de  la  coloration  normale  de  .1.  chrysuctos. 
Dans  le  même  plumage  quelques  scapulaires  à  bases  de  la  couleur 
normale  de  1.  cliri/sarlos  :  tout  le  reste  de  1.  nolillis.  Au  contraire, 
les  albinismes  partiels  de  .1.  chrtjsactnsn'oat  pas  uue  seule  plume 
marquée  de  blanc  comme  celle  de  .4 .  iiobilis  ;  toutes  sont  anormales, 
relativement  à  cette  espèce  et  paraissent  caractérisli(iues  pour  un 
albinisme  partiel  de  .4.  chrysactos  de  race  pure  et  nullement 
hybride.  » 

Le  docteur  observe  ici  que  le  type  même  d'albinisme  est  difié- 
rent  dans  les  deux  espèces.  Il  remarque  aussi,  mais  en  noté,  que  le 
type  de  .4.  nobilis  prédomine  cependant  dans  cet  individu  qui,  tout 
bien  considéré,  lui  parait  être  «  le  produit  d'un  .4.  nohilis  pur  sang 
et  d'un  hybride  Clinjsacto-noliiUs,  plutôt  (ju'un  hybride  Chrysaëto- 
)wbilis  direct,  produit  par  l'union  de  parents  pur  sang  des  deux 
espèces  »,  (juoiqu'il  hésite  encore  «  à  décider  cette  question  d'après 
les  seuls  caractères  de  coloration  ».  M.  Servertzow  a  vu  chez 
M.  Russow  un  autre  individu  qui  serait  également  hybride  ?  11  est 
cité  à  la  page  153;  nous  n'avons  point  bien  compris  le  passage  s'y 
rapportant  (3),  nous  y  renvoyons  le  lecteur;  du  reste  M.  Severtzow 
parle  d'hybridation  hypothétique  (4)  ne  pouvant  être,  en  elïet,  cons- 

(1)  M.  Severtzow  renvoie  à  la  fis-  -  Uc  son  ouvriigc,  troisième  ou  quatrième 
rectrico  à  droite,  les  médianes  étant  1-1  ;  reprodiiclion  exacte  d'une  figure  esquissée 
d'après  nature  dans  son  livret  de  notices. 

(2)  Pajçe  160. 

(3)  Peut-être  parée  que  nous  ne  connaissons  point  ces  types. 

(4)  Page  161. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    \    l'ÉTAT    SAUVAGE  V61 

tatée  que  sur  le  plumriiie.  Plus  loin  (1),  le  {locleur  cite  un  antre 
.1.  nobilis  portant  ccriaines  traces  d'iiybridaliou  très  légères; 
puis  il  ênumère  plusieurs  Ailles  qu'il  croit  croisés  d'hybrides,  c'est- 
à-dire  provenant  de  riiyliride  avec  l'espèce  pure,  puis  enllu  d'autres 
individus  n'ayant  |)lus  que  des  I rails  d'iiybridation  considérable- 
ment alfaiblis  (±). 

Nous  ne  pouvons  reproduire  toutes  les  descriptions  et  les  nom- 
breux détails  qu'a  donnés  M.  Severtzow  sur  les  hybrides  supposés. 

Si  celui-ci  s'est  étendu  lonituemeni  sur  ce  sujet,  c'est  ((ue,  dit-il, 
ces  hybrides  sont  les  premiers  découverts  dans  l'ordre  des  Rapaces 
et  qu'ils  ue  sont  pas  encore  connus  par  les  naturalistes.  Nous 
prions  donc  (]u'ou  veuille  bii'u  se  reporter  à  son  mémoire. 

Ou  nous  permettra  cependant  de  dire  que  l'hybridation  nous 
semble  très  douteuse  chez  ces  divers  Aigles,  puisqu'elle  ne  s'aper- 
çoit que  jiarde  légères  dilïéiences  de  coloration  très  peu  sensibles, 
souvent  des  albinisnies  partiels  qui  pourraient  être  dus  à  d'antres 
causes  qu'à  celles  proveuaot  de  croisements.  Chrysaiitos  est  du  reste 
race  on  variété  de  .1.  iiohilis  et  non  une  espèce  indépendante. 

Au  sujet  de  ces  croisetnents  piésuméset  de  plusieurs  autres  cités 
dans  son  travail,  le  fi'U  |)rofcsseur  s'est  livré  à  de  nombreuses 
spéculations  sur  les  caractères  ([uc  doivi'nt  piésenicr  les  hybrides, 
soit  (|n"ils  descendent  de  deux  types  [)urs,  soil,  au  contraire,  (ju'ils 
proviennent  d'hybrides  croisés  d'espèces  pures.  Laquelle  des  deux 
espèces  |(ures,  .1.  nohilin  ou  1.  c//r//.sa('7().v,  a-t-elle  une  induence 
lirédominante  sur  les  caractères  dislinctifs  des  hybrides?  I/esiièce 
prédominante  est-elle  .1.  clirystii'tos  ou,  au  contraire,  .1.  nobilis. 
L'inihience  de  deux  espèces  pures  sur  la  coloration  de  leur  hybride 
ne  s'éiiniliiire-t-elle  pas  et  ue  se  cantrel)alance-t  elle  pas  de  façon 
qu'aucune  des  deux  ne  soit  prédominante?  Telles  sont,  et  beaucoup 
d'autres,  les  questions  qu'il  se  pose.  Pour  nous,  on  ne  se  rendra 
compte  de  rinfluence  exercée  par  les  deux  facteurs  sur  leur  descen- 
dance qu'en  étudiant  leurs  croisements  en  captivité,  l'appariage  en 
liberté  des  parents  |)résumés  ne  pouvant  toujours  être  constaté  et 
leurprogéuiture  suivie  d'une  manière  régulière.  Comme  le  reconnaît 
du  reste,  avec  beaucoup  de  raison,  M.  Severtzow,  «  jtour  résoudre 
positivement  cette  question  d'hybridation,  il  faudrait  trouver  un 
nid  d'A.  nnl)ili.t,  celui-ci  étant  accouplé  à  un  A.chriisai'tos,  tuer  et 
déterminer  exactement  le  vieux  parent,  surtout  celui  dont  la  queue 
aurait  du  blanc,  et  élever  les  jeunes  jusqu'à  l'âge  adulte,  chose  plus 

(I)  l'ngo  KJT. 

12)  l'iigfs  l(V.).  170  el   171. 


458  A.    SUCHETET 

facile  à  dire  qu'à   faire,  ajoute-l-il,  «  la  niditîcaliou  normale  de 
chrt/saclos  étant  encore  inconnue.  )> 

Aussi,  l'éminent  ornithologiste  disait-il,  dans  le  cours  de  son 
travail,  que  si  l'hybridation  lui  parait  bien  établie  par  l'analyse 
comparative  des  caractères  individuels  dans  la  série  passée  par  lui 
en  revue,  «  la  détermination  des  résultats  de  ce  fait,  des  exemplaires 
hybrides  et  croisés  d'hybrides,  n'en  reste  pas  moins  bien  incer- 
taine ».  Il  avouait  même  que  «  l'hybride  direct  chrysaëto-nohilis 
doit  être  dilTicile,  sinon  impossible  à  distinguer,  du  produit  d'un 
.4.  nobilis  croisé  d'hybride  et  d'un  .1.  chnjsal'tos  croisé  d'hybride.  » 
Nous  le  croyons  sans  peine.  Nous  pensons  également  avec  lui 
que  renseml)le  do  tous  ces  croisements  (s'ils  se  sont  réellement 
produits,  comme  on  peut,  après  tout,  le  supposer,  vu  les  faibles 
distinctions  des  deux  types)  présente  probablement  les  combinai- 
sons les  plus  variées  et  que  ces  mélanges  répétés  aboutissent 
tous  au  même  résultat  définitif,  c'esl-à-dire  à  l'absorption  des 
descendants  d'hybrides  par  les  deux  espèces  pures  et  à  l'efiacenient 
complet  des  caractères  diagnostiques  d'hybridation.  Ils  n'abouti- 
raient donc  pas,  dans  ce  cas,  au  résultat  supposé  par  M.  iMenzbier 
dans  le  croisement  des  C.  cijanus  x  C-  l'ieslcei,  c'est-à-dire  à  l'extinc- 
tion d'un  des  deux  types  purs.  Ils  auraient,  au  contraire,  un  effet 
tout  différent.  Tout  cela,  sans  doute,  est  très  hypothétique  et  ne 
prouve  aucunement,  disons-le  en  passant,  le  mélange,  sur  une  vaste 
échelle,  de  deux  espèces  réellement  distinctes,  la  seule  hybridation 
sérieuse  dans  ses  conséquences. 

Aquila   nobilis  et  Aquila  daphnea. 

Dans  le  même  travail,  M.  Severtzow  a  parlé  «  d'Àc].  nobilis  très 
ressemblants  aux  croisés  d'hybrides  chnjMU'Io-nohilis,  se  trou- 
vant aussi  en  Asie  centrale,  sur  le  Tian-schan  et  les  bords  du  Syr, 
loin  en  dehors  de  l'habitat  de  A.  clvysai'tos.  ■>  II  considère  ces 
Oiseaux  comme  des  produits  de  l'hybridation  de  .4.  nobilis  avec 
A.  daphnea,  Hodgs,  l'Aigle  indigène  de  la  Haute-Asie,  c'est-à-dire 
comme  des  hybrides  directs  daphiiea-nobilis,  et  aussi  comme  des 
A.  nobilis  croisés  d'hybrides  (luplinra-nobilis.  Ces  derniers,  dit-il,  se 
dis(  inguent  des  A .  nobiiis  de  race  pure  :  «  le  vertex  est,  en  partie  d'un 
brun  pur,  pas  de  bouts  roux,  beaucoup  de  roux  au  jabot,  des  tarses 
fauve  pâle  ou  d'un  blanc  mêlé  de  fauve  pâle;  plus  de  gris  et  moins 
de  blanc  aux  rectrices,  les  vermiculations  noirâtres  et  rétriculaires 
sur  fond  gris,  caractéristiques  pour  .1.  daphnea.  D'autres  à  vertex 
d'.4.  nobilis  normal,  sans  roux  au  jabot,  ont  le  tarse,  en  revanche, 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE  4ut) 

d'uu  fauve  roux  bruuàlru  presiiue  aussi  iuluiise  ([ue  .1.  daphnea; 
dès  la  deuxième  livrée,  ils  out  autant  de  gris  aux  rectrices  que  les 
vieux  -I.  nol)lll.'<  en  ijossètleut  à  ses  |)arli('s,  mais  ce  gris  est  encore 
sans  taches  noirâtres,  comme  celui  de  la  deuxième  livrée  normale 
de  A.  nobilis.  »  Quant  à  l'hyhride  direct  daphnra-nobUis,  il  ressem- 
blerait lienucoup  à  un  I.  fhiphnca  en  plumage  imparfait  :  ((  même 
vertex  d'un  brun  intense,  même  roux  brillant  de  la  nuque  et  du 
jabot,  seulement  le  roux  fauve  du  tarse  et  des  sous-caudales  plus 
pâle  et  plus  terne,  surtout  aux  tarses;  mais  les  rectrices  plutôt 
du  type  .1.  nobilis,  leurs  bandes  transversales  noirâtres  très  irrégu- 
lièrement sinueuses,  beaucoup  plus  larges  que  celles  de  A.  daphnea. 
Toutes  les  rectrices  à  bases  blanches,  ce  blanc  moins  étendu  que 
chez.i.  nobilis,  ei  la  distribution  du  blanc  et  du  gris  très  irrégu- 
lièrement inégale.  » 

Dans  le  Turkestan  russe,  les  .1.  nobilis,  que  M.  Severlzow  croit 
croisés  d'hybrides  duplnied-nobilis,  lui  ont  paru  plus  nombreux 
que  ceux  d'espèce  pure;  au  moins,  en  est- il  ainsi  dans  sa  collection. 
Il  a,  en  tout,  recueilli  au  Turkestan,  six  .1.  *(o/*(7/.s-,  dont  un  de  race 
pure,  un  autre  avec  des  traces  d'hybridation  rbrusaëto-nobilis,  un 
troisième  vraisemblablement  hybride  iliiphih'd-nobilis,  les  trois  der- 
niers croisés  daphnea -nobilis,  dont  deux  échappés  de  captivité,  ce  qui 
lui  fait  croire  que  .4 .  nobilis  n'est  pas  indigène  dans  ces  contrées,  sur- 
tout dans  les  montagnes.  M.  Severtzow  remarque  ici  que  les  Kirgliiz, 
amateurs  passionnés  d'Aigles  dressés  à  la  chasse,  importent  beau- 
coup d'.4.  nobilis,  eu  partie  pris  au  piège  dans  la  steppe,  surtout 
en  hiver,  en  partie  achetés  aux  Basciikirs  des  Monts  Durais.  Il  se 
demande  aussi  si  les  .1.  nobilis,  sédentaires  dans  le  Turkestan,  et  qui 
y  nichent  d'ailleurs  en  petite  quantité,  ne  seraient  pas  des  échappés 
de  captivité,  s'accouplant  comme  ils  le  ])euvent,  et,  à  défaut  d'.l. 
noliilis,  à  des  A. daphnea,  composant  l'espèce  indigène  et  beaucoup 
plus  nombreux?  Cette  conjecture  lui  parait  la  plus  vraisemblable. 
L'importation  du  reste  continue;  en  dehors  de  ces  Aigles  fugitifs, 
et  de  leurs  descendants,  chaque  année  de  nouveaux  Oiseaux  par- 
viennent à  s'échapper  et  une  partie  des  jeunes  .4.  nobilis.  hivernant 
au  Turkestan,  peuvent  également  s'y  fixer.  Cette  rireoustance 
expliciuerail  le  métissage  des  A.  nobilis  croisés  d'hybride  daphnea- 
nobilis,  si  toutefois,  observe-t-il,  avec  raison,  «  on  peut  en  juger 
d'après  les  matériaux  insnfTisants  de  sa  collection.  » 

Hemarquons  ici  que  I.  daph)iea,  ty|)e  peu  connu,  n'est  qu'une  race 
ou  une  variété  de  nobilis;  que  les  croisements  contractés  par  cet 
Oiseau  avec  .4.  nobilis  Aoni  le  résultat  d'impoitatious;  que  les  hybri- 
des observés  paraissent  être  des  échappés  de  captivité. 


4()0  A.    SUCHETET 

Aquila  pennata  (I)  et  Aquila  minuta. 

Le  pasteur  Brehm,  qui,  si  i'ou  eu  croit  Deglaud  (2),  a  établi 
K  sur  des  caractères  en  fjénénil  fictifs  et  souvent  sur  des  difîérences 
d'âge  »  bon  nombre  d'espèces  ou  sous-espèces,  a  cru  pouvoir  recon- 
naître chez  l'Aigle  botté  [Afjuila  pennata)  deux  types  bien  distincts 
méritant  d'être  séparés  spérif(jueinnit  :  une  variété, ditM.  Bureau  (3), 
de  grande  taille,  munie  d'épaiileltes,  à  laquelle  il  conserva  le  nom  de 
.4.  pennata,  l'autre  de  taille  plus  petite,  à  laquelle  il  donna  le  nom 
de  .4.  minnla. 

Or,  les  deux  types  s'accouplent  fréquemment  (4).  M.  Bureau  a 
lui-même  constaté  leurs  alliances  (5).  Mais  doit-on  considérer  leurs 
unions  comme  des  croisements  d'esi)èces  séparées? 

Sous  les  deux  dénominations  de  A.  pennata  et  de  A.  minuta,  W 
ne  faut  entendre,  d!après  ce  dernier,  qui  a  étudié  longuement  le 
sujet,  qu'une  seule  et  môme  espèce  présentant  deux  types  de  colo- 
ration indépendants  de  l'âge  (6). 

Il  ressort  des  mémoires  (7)  de  l'émineut  naturaliste  de  Nantes 
que  «l'Aigle  botté  possède  deux  types  parallèles,  l'un  blanc,  l'autre 
nègre,  et  chacun  de  ces  types  comprend  la  livrée  de  l'adulte  et  celle 
du  jeune  âge  en  premier  plumage;  de  là  (|uatre  livrées  (8j.  Tantôt, 
observe  M.  Louis  Bureau,  il  y  a  alliance  entre  sujets  d'une  même 
livrée,  tantôt  croisement  des  deux  types.  De  l'une  ou  l'autre  de  ces 
unions  naissent  habituellement  des  jeunes  d'un  seul  type,  plus 
rarement  on  trouve  dans  une  même  niciiée  des  jeunes  de  l'une  ou 
de  l'autre  race.  Le  plumage  des  deux  types  se  modifie  parallèlement 
avec  l'âge;  mais  les  changements  sont  plus  accusés  dans  le  type 
ordinaire  que  dans  le  type  nègre.  Les  sujets  de  tous  deux,  depuis 
le  jeune  âge  jusqu'à  l'âge  adulte,  se  développent  en  conservant  les 
caractères  de  leur  type  (9).   Un  nid  pris  par  M.  Bureau  et  M.  de 

(1)  Synonymie  :  Fako  pedibus  penoctif.  Falro  pennahi^,  Hieratus  pennatus. 

(2)  Ornithologie  europdnne,  I,  p.  37,  1S67. 

(3)  L'Aigle  boité,  d'après  des  observations  recueillies  dans  l'Ouest  de  ta 
France.  Association  (lançaise  poui-  ravanceinent  des  Sciences,  Congrès  de  Nantes, 
1875  (p.  o  du  tirage  à  part). 

(4)  Micliel  Mrnzbikr,  Conférence  faite  ù  la  Société  Xoologiijue  de  France. 
Hevue  scientifuiue,  p.  519,  N»  du  2(i  Avril  1884. 

(ii)  Voir  l'Aigle  boUé. 

(G)  Bulletin  do  la  Société  Zoologique  de  France,  1877. 

(7)  Publiés  dans  le  Congrès  de  Nantes,  187"),  et  le  Bnll.  de  la  Soc.Zool.de  France, 
1876.  Voir  aussi  le  même  Bulletin,  1877. 

(5)  Page  9  du  tirage  à  part  (Congrès  de  Nantes). 
(0)  Page  22  du  même  tirage. 


OISEAIX    HYBRIDES   HENCOXTIlÉS    A    LKTAT   SAUVACE  461 

risle  coiiteuait  deux  JL-unes,  l'un  bl;nic  roussàlre,  raulir  luiiii  de 
suie,  et  le  couple  qui  ;ivait  doniii'  n:iissiince  à  ces  jeunes  se  couipo- 
s;iit  d'un  mâle  brun  de  suie  etd'uue  femelle  eu  livrée  ij|iiuche(l)I  » 

Lediniorpliisuie  se  fixe,  du  l'esle,  chez  d'autres  Oiseaux  de  proie, 
il  y  allecle  la  fornie  uiclanijéi'  et  atteint  si  souvent  (luelipies  espèces 
([u'il  s'y  développe  un  l\\>e  uèitre,  aussi  fré(pieat,  parfois,  que  le 
type  primitif.  Les  niàles  ou  les  femelles  revêtent  indilTéremmeut  la 
livrée  de  l'uu  ou  de  l'autre  type  (2). 

L'opiuiou  que  s'est  faite  M.  Louis  Bureau  sur  les  deux  Aigles  en 
question  n'avait  point  été  parla'iée  par  M.  Severtzovv  (3)  ;  elle  ne  l'est 
poini  encore  i)ar  M.  Menzhier('i).  Le  s:ivant  professeui'  de  Moscou 
reconnaît  uéaumnins  ((ue  la  manière  de  voir  de  iVl.  Bureau,  à  savoir 
que  r/17.  pennata  ell'.lr/.  iniiiulu  ne  re|irésenteut  qu'une  seule  et 
même  espèce,  est  maintenant  a(lo])t('e  jiar  les  zooloiiistes  (o). 

Le  jour  même,  du  reste,  où  Hrelnu  avait  créé  \'A<jnila  ininula, 
cet  Oiseau  avait  été  l'objet  de  violentes  critiques  et  les  défections 
sont  din'euues  de  plus  eu  plus  nombreuses  dans  le  p;irti  du  célèbre 
ornithologiste  allemand  ((i). 

Nous  ne  croyons  donc  point  faire  ligurer  au  nombre  des  croise- 
ments d'espi^ces,  pas  môme  au  nombre  des  croisements  de  variétés, 
les  alliances  de  V.\ii.  ijciuwln  et  de  11'/,  itiinuld. 

Genre  Falco. 
Talco  tinxuxcli.us  (7j  et  Falco  i.rTiioiALCo  (8). 
Ou   lit,  dans  les  comptes-rendus  de  Berwickshiro  Naturalist's 

(1)  t'apo  11  (lu  im'-nie  lirai;!". 

(2)  Voy.  M.  Louis  Biire:iu,  |i.  i\  cl  ÎZ  du  inètnoii-e  cité. 

(M)  Faune  dos  \'erU'hri'.i  <lii  Tiirkenlnn,  par  N.  A.  Severizow.  Les  Oisrau.r. 
trailurlion  di'  M.  Olplic  Oalliaril,  p.  30.  Budapest,  1888.  Voir  les  discussions  qui 
oui  eu  lieu  à  ce  sujel  diiiis  le  Bullelin  de  la  Société  Zoologique  de  Krame,  année 
1877,  pp.  ii,  [ti.  el  :{20. 

{^)  Conférencf  faite  à  la  Sociélé /oologii/ue  de  France. 

{">)  Même  Contérence,  p.  .'il'.l  de  la  Hevue  scientilique  di-  18Si.  On  sait  que  tel  est 
l'avis  du  D'  H.ulde,  de  Tillis.  D'après  iiii  {Voir  son  Ornia  caitcasicu,  p.  87),  dans 
la  deu.xième  édition  delà  Tlnerlelien,iie  Hreliin,  la  distinction  des  deux  espèces  éta- 
blie dans  la  première  édition,  n'e.xislerait  plus,  tout  au  moins  on  n'y  trouve  men- 
lionné  qu'un  Aigle  nain  «  /wergodler  ».  Nous  n'avons  poiul  cDnsiillé  I1  ileuxième 
édition  de  I  ouvrage  du  savant  ornithologiste  allemand. 

((i)  Voy.  Oeglanil,  "/'•  '"''• 

(7)  .\ulres  noms  scicnliliqucs  :  .iccipiler  alaiidiiriiia,  Falcn  hrunneiis,  Cerchneis 
linnuiiCHld,  Tinîtimcidus  aliiu<lariiis. 

(S)  Synonymes  :  l.ilho  falcii  et  ./;'.<a/oH,  lùilco  rcguliix,  Falcn  Sinirullus.  Falco 
rirsius,    Fsulon  litlin  jalcn. 


462  A.    SUCHKTET 

Club  (1),  qu'au  printemps  de  188G,  uue  chose  s;ius  exemple  arriva 
aux  Barra-Crags,  situés  sur  la  rivière  Coquet,  au  dessus  du  petit 
village  d'Alwington  (Northumboriaud),  dans  les  monts  Cheviot. 
«  Un  mâle  Faucon  Emeiilloa  {Fako  .-Esaloit)  s'apparia  avec  une 
femelle  Crécerelle  {F.  linnnncuius).  Le  résultat  fut  une  couvée  de 
quatre  jeunes.  La  Crécerelle  fut  tuée  par  le  garde-chasse  Taylor, 
résidantà AugraghaughTalu,  sur  le  Coquet;  il  avait  trouvé  l'Oiseau 
en  train  de  nourrir  ses  petits  avec  des  souris  et  des  rats  d'eau. 
Quelques  jours  après,  l'Emerillon  fut  lui-même  pris,  il  nourrissait 
au  contraire  les  jeunes  avec  des  Coqs  de  bruyère  et  des  Perdrix.  » 
L'auteur  du  récit  dit  en  terminant  ([ue  «  ^L  Mather  d'Alwinston 
obtint  trois  jeunes  Oiseaux  et  les  garda  jusqu'à  ce  qu'ils  pussent 
voler  )). 

M.  James  Hardy,  secrétaire  du  Club,  qui  a  eu  la  bonté  de  nous 
envoyer  une  copie  des  Proceedings  où  ces  faits  sont  racontés, 
a  bien  voulu  également  uous  donner  les  renseignements  complé- 
mentaires suivants  :  M.  Mather  était,  en  1887,  maître  d'hôtel  à 
Alwington,  près  Rothury  Mospeth  (Northumberland)  ;  la  personne 
qui  a  fait  la  communication  qu'on  vient  de  lire  est  M.  Thompson, 
résidant  à  Rolhburg,  où  il  possède  une  collection  d'Oiseaux  pré- 
parés par  lui-môme.  Le  Club,  un  jour  d'orage,  s'était  réfugié  dans 
sa  maison  pour  éviter  une  ondée  de  pluie,  c'est  alors  qu'on  avait 
obtenu  les  notes  qui  fout  le  sujet  de  cet  article. 

Nous  avons  donc  interrogé  M.  William  Thompson,  et  nous  avons 
appris  que  l'Oiseau  capturé  dans  les  pièges  tendus  autour  du  nid 
par  M.  Taylor,  garde-chasse  de  M.  Selby  de  Biddlesteue  Hall,  était 
la  femelle  Crécerelle.  L'Emerillon  aurait  été  tué  trois  ou  quatre 
jours  après  cette  capture,  sur  le  nid  même  et  d'un  coup  de  fusil. 
Les  Oiseaux  furent  apportés  à  M.  Thompson  pour  les  préparer, 
mais  au  moment  où  ils  furent  remis  chez  lui,  il  était  absent.  En 
attendant  son  retour  ils  se  gâtèrent  et  devinrent  en  trop  mauvais 
état  pour  être  préparés.  Un  des  jeunes  cependant  put  être  élevé 
pendant  trois  mois  (2);  malheureusement,  ce  petit  s'échappa  et 
on  ne  le  revit  plus.  Son  plumage  était  semblable  à  celui  de  la 
Crécerelle,  mais  de  couleur  un  peu  plus  claire.  Ce  qui  porte  à  croire 
qu'il  s'agissait  bien  d'hyl)ri(lus  dans  ce  cas,  ajoute  de  nouveau 
M.  Thomiison,  c'est  que  la  femelle  (la  Crécerelle)  nourrissait  ses 
petits  avec  des  souris  et  des  campagnols  aquatiques,  tandis  que  le 

(1)  XII.  n«  1.  ii|).  lis  et  129,  l!<S7.  .\ulurtil  hinlorij,  .\oles  from  Upper  Co'iuet 
date  by  William  Thompson. 

(2)  Nous  supposons  donc  ([ueles  jeunes  avaient  été  apportés  vivants. 


OISEALX    llVBniDES    RENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAl  VAC.E  463 

mâle  (l'Etiicrillou)  les  nourrissait  avec  des  jeunes  Grouses  et  des 
Perdrix. 

Quoique  la  comniunicatiou  de  M.  Tiiompson  ne  concorde  pas 
tout  à  fait,  on  le  voit,  avec  le  récit  des  Procecdin^is,  ce  croisement 
présente  certains  caractères  d'aullienticité  et  mérite  d'attirer  l'at- 
tention. Il  faut  cependant  rcmarfiuer  que  le  plumage  du  jeune 
Oiseau  conservé,  ressemblant  à  celui  de  la  Cresserclle,  ne  prouve 
point  son  origine  liybridc  (I). 

Falco  Eleoxor^  et  Falco  arcadicus  (2), 

Ces  deux  noms,  jjour  les  ornithologistes,  désigueut  une  seule 
espèce.  Si  l'on  eu  croit  M.  Menzbier,  ils  s'appliqueraient,  au  con- 
traire, à  deux  formes,  l'une  plus  foncée  (jue  l'autre,  toutes  deux  se 
distinguant  à  tous  les  âges,  mais  se  croisant  si  fréquemment  qu'on 
ne  peut  plus  les  séparer,  car  les  deux  types  se  trouvent  dans  le 
même  nid.  Le  savant  professeur  dit  qu'il  fut  un  temps  où  le 
F.  Klroiioni'  et  le  F.  (irvadicus  étaieut  deux  espèces  fort  distinctes 
l'une  de  l'autre  et  ne  se  croisant  pas  ;  aujourd'hui  elles  sont  prêtes 
à  disparaître,  aptes  à  donner  des  hybrides  (avec  les(|uelles  elles  se 
croisent  de  nouveau)  et  se  confondrout  complètement  dans  la  suite 
sous  l'influence  de  conditions  plus  favorables.  Comme  nous  igno- 
rons absolument  ce  (jui  s'est  produit  dans  le  passé  au  sujet  de  ces 
deux  formes,  comme  nous  savons  au  contraire  qu'elles  appar- 
tiennent aujourd'hui  à  une  seule  espèce,  nous  ne  saurions  envisager 
leurs  accouplements  réguliers  et  sans  doute  nombreux  comme  de 
véritables  croisements  (3). 

(1)  C"esl  le  Rév.  Macphersoii,  (le  Carlisle,  i|iii  nous  a  sifinale  ce  croisement,  sans 
quoi  il  ni)us  aurail  sans  doute  écliappé. 

(2)  Autres  noms  scientifiques  du  même  Oiseau  :  fa/co  conco/or,  Dandro  falco 
Eleonoriv,Bijpolriorchis  Eleonorœ. 

(3)  Palco  perigrim's  et  Falco  i.anakios 

M.  le  D'  .1.  Wintelcr,  président  de  la  Société  ornitlioIoj;i(|ne  d'Argovie  (Suisse), 
nous  lait  renianjuer  que  Gesner  (Thierbuch,  p.  llil,  IIeidcll)eij;,  IGOfj),  u  cité  le 
croisement  du  Falco  lanarius  et  du  Falco  perigrinua  en  donnant  quelques  indica- 
tions sur  les  pi-oduits  qui  en  résultent.  Dans  une  autre  communication,  le  docteur 
nous  parlait,  au  contraire,  d'hybrides  du  Kaucon  pèlerin  çf  avec  leGerlaut  femelle, 
sans  doute  le  llierofalco  gyrfalco.  dont  les  Fauconniers  se  servaient  pour  la 
chasse?  Nous  n'avons  point  consulté  le  texte  allemand  du  vieil  auteur;  mais  (|u"il 
s'agisse  d'une  esjièce  ou  d'une  autre,  il  ne  saurait  être  question  ici,  pensons- 
nous,  que  de  croisements  accomplis  en  tlomesticitt'  pour  les  plaisirs  cjnéjtéliques. 


464  A.    SUCHETET 


Falco  Feldeggi  (I)  et  Falco  tanyi'terus. 

M.  J.  H.  Gurney  veut  bien  nous  informer  que,  pendant  un  voyage 
qu'il  fit  en  Egypte  en  1875,  il  tua  à  Esné  un  Falco  Feldejjfji  qui 
paraissait  accouplé  à  uu  Falco  tanypterus.  M.  Gurney  ne  doute  pas 
que,  de  cette  union,  seraient  nés  des  hybrides  si  les  deux  Oiseaux 
n'avaient  été  tués  par  lui. 

Ce  fait  du  reste  a  été  rapporté  dans  Vllii^  de  1882  (2)  par 
M.  Gurney  père,  dans  les  termes  suivants  :  «  In  counexion  with 
the  occurence  of  spécimen  of  an  intermediate  character  in  Egypt, 
I  may  refer  to  the  circumstance  of  my  son  and  a  fellow  traveller 
havingshot  and  adult  pair  of  tliese  Falcons  at  Esné,  in  that  country, 
which  were  sitting  logether  on  the  same  tree,  and  of  which  the 
female  was  a  typical  pale  F.  Fcldeggii,  and  the  maie  sufficiently 
(lark  to  nierit  the  title  of  tani/iitenis,  being  very  little  less  intensely 
coloured  that  the  darker  individuals  from  Abyssinia  and  Sennaar.  » 

Il  n'y  donc  là  qu'un  appariage  supposé  entre  deux  variétés  d'une 
même  espèce,  appariage  non  suivi  de  fécondité. 

Falco  Holbœlli  (ou  F.  islandicus)  et  H.  candicans. 

M.  Gurney  dit  encore(3)avoir  vu  quatre  Faucons  qui  lui  paraissent 
être,  à  cause  des  marques  blanches  de  leurs  plumes,  des  hybrides 
entre  //.  Holbœlli  (ou  H.  islandicus)  et  //.  candicans.  Trois  de  ces 
individus  seraient  des  jeunes  de  l'année;  mais  le  quatrième  a  revêtu 
le  plumage  complet  de  l'adulte.  Ce  dernier  et  très  curieux  exem- 
plaire lui  a  été  obligeamment  offert  par  le  colonel  Radclilïe,  qui  avait 
reçu  cette  peau  du  iMaharajaliDliuleepSnigh,  lequel  l'avait  lui-même 
obtenu  en  Islande  quand  l'Oiseau  était  encore  dans  son  premier 
plumage.  Cet  intéressant  spécimen  avait  vécu  en  captivité  chez  le 
Maharajah  assez  longtemps  pour  compléter  sa  première  mue. 

Les  trois  jeunes  sont  conservés  :  l'un  (4)  au  Muséum  de  Norwicii, 
les  deux  autres  dans  la  collection  du  regretté  M.  Handcook  au 
Musée  de  Newcastle-on-Tyne,  où  M.  Gurney  les  a  examinés,  grâce 
à  la  bienveillance  de  ce  dernier. 

D'après  les  renseignements  fournis  par  le  colonel  Radclifle, 
le   vieil   Oiseau    ayant  appartenu  au   Maharajah    Dhuleep  Snigh 

(1)  Synonymie  :  Falco  /an«rù/.>\  I.inarius  cinereus,  Gennaja  lanarius. 

(2)  Piii;e  441.  ^'otes  on  M.  R.  II.  Shai'pe's  Catalogue  of  Accipilres. 

(.3)  In  Ibis,  1882,  p.  588,  (linney's  .\otes  onM.Sharpe's  Catalogue  of  Accipilres. 
(4)  Que  l'on  liit  provenir  du  Gronland. 


OISEAUX    IIYBRIOES    llENCONTItKS    A    l'kTAT    SAUVAGE  W6 

était  plutcM,  dans  son  jeune  âge,  un  spéciniea  brun  foncé  d'un 
Faucon  du  Nord  et,  avant  sa  mue,  les  plumes  du  Groëulandais 
étaient  plus  visibles  que  maintenant.  Sa  ressemblance  avec  //.  can- 
dicans  se  montre  sur  quelques-unes  des  scapulaires  placées  sur  le 
côté  gauche  du  dos,  sur  les  couvertures  et  les  rémiges  de  l'aile 
gaucbe;  ces  dernières,  fait  observer  M.  Guruey,  sont  mallieureuse- 
ment  dans  un  état  incomplet,  toutes  les  primaires  n'existant  plus, 
à  l'exception  de  la  première  et  de  la  partie  basale  de  l'autre.  La 
plupart  des  plumes  des  couvertures  de  la  queue  et  les  rectriees 
extérieures  du  C(Mé  droit  de  la  queue  le  rapprochent  encore  de 
//.  candicaiix.  Toutes  les  parties  du  plumage  que  l'on  vient  de  nom- 
mer ressemblent,  en  effet,  aux  mêmes  parties  des  adultes  de 
H.  candicans,  parties  mieux  accentuées,  tandis  que  le  reste  du 
plumage  s'accorde  avec  celui  des  adultes  plus  gris  de  H.  Holbœlli. 

C'est  ainsi  que  M.  Guruey  se  trouve  amené  à  penser  que  ce 
Faucon  était  éclos  dans  le  Groenland  et  fut  capturé  dans  l'Islande  au 
moment  de  sa  migration.  M.  Gurney  remarque  encore  que  son  bec 
est  d'une  teinte  intermédiaire  entre  celle  qui  est  ordinaire  au  bec 
des  Gerfaleons  blancs  et  la  couleur  plus  foncée  des  becs  de  la  race 
grise,  quoiqu'on  ne  doive  point  oultlier  que  les  becs  de  coloris 
intermédiaire  soient  assez  fréquents  dans  les  spécimens  de  //.  can- 
dicans, spécialement  chez  les  jeunes  Oiseaux  plus  foncés. 

En  ce  qui  concerne  le  plumage  du  jeune  Oiseau  du  Musée  de 
Norwicb,  il  est,  d'après  le  même  ornithologiste,  celui  d'un  jeune 
Oiseau  foncé  de  l'une  des  i-aces  grises,  à  l'exception  des  rémiges  et 
(le  la  plupart  des  couvertures  de  l'aile  gauche  ;  les  tertiaires  de  l'aile 
droite,  la  rectrice  extérieure  du  côté  gauche  de  la  queue  et  les 
(|ualre  rectriees  ([ui  sont  contiguës  à  cette  dernière  plume  ressem- 
blent toutes  à  celles  des  //.  mndicans  de  couleur  claire  et  du  môme 
âge.  Chez  ce  spécimen  le  bec  est  encore  plus  foncé  que  dans  le 
Faucon  du  colonel  Hadcliffe  et  ne  diffère  point  du  coloris  ordinaire 
qui  se  voit  dans  le  bec  du  Faucon  gris. 

Quant  aux  deux  jeunes  de  la  collection  Handcook,  si  les  notes  de 
M.  Gurney  sont  exactes,  l'un  d'eux  aurait  toutes  les  rectriees  du 
côté  gauche  blanches,  excepté  la  dernière,  mais  deux,  parmi  elles, 
auraient  les  bouts  bruns  et  deux  plumes  semblables  du  côtédroitde 
la  queue.  Cet  individu  possède  encore,  parmi  ses  scapulaires  du  côté 
gauche,  une  plume  ressemblant  au  plumage  de  If.  candicuns.  Le 
second  est  un  Oiseau  très  brun,  dont  l'iiybridilé  apparaît  dans  une 
seule  plume  primaire  qui  ressemble  à  celle  de  H.  randiiann  (1)! 

(1)  Tous  ces  renseignements  sont  donnés  dans  ril)is  à  r.irticlc  mentionné  plus 
haut. 


466  A.  SUCHETET 

Ajoutons  que  M.  Gurney  père  était  porté  à  croire  que  le  Falco 
(jyrfalco  et  le  Falco  Holbœlli  hybridisaient  à  Alaska. 

Genre   Buteo. 

BUTEO    VULGARIS    (1)    et    BUTEO    VULPINUS. 

D'après  M.  Meuzbier,  deux  Buses,  le  Buteo  tulgaris  de  l'Europe 
occidentale  et  le  Buteo  ouljjinus  de  l'Europe  orientale,  luttent 
pour  la  possession  d'une  certaine  région  de  l'Europe  centrale. 
«  Dans  ces  dernières  années,  dit-il,  on  a  rencontré  plus  sou- 
vent le  B.  culpiniis  en  Allemagne  et,  à  en  juger  par  quelques 
exemplaires,  on  trouve  des  produits  du  croisement  des  B.  lulçjaris 
avec  les  B.  vulpinus  dans  les  parties  limitrophes  des  régions  de 
leur  distinction  (2).  » 

Le  nom  de  Buteo  Vjulpinus  ne  figure  point  dans  Deglaud,  nous  ne 
le  trouvons  point  non  plus  dans  le  Conspectus  generum  Avium  du 
Prince  Charles  Bonaparte.  11  est,  d'après  M.  Sharpe,  synonyme  de 
Buteo  ilesertoruiu,  lequel  Oiseau  a,  on  le  sait,  de  grandes  analogies 
avec  le  B.  )^ul.iiaris.  M.  Meuzbier  ne  paraît  pas,  du  reste,  avoir  décrit 
les  intermédiaires  qui  auraient  été  observés. 

Buteo  aviporus  (3)  et  Buteo  vulgaris. 

M.  Anatole  Carteron,  auteur  du  Guide  pédestre  de  la  Bourgogne 
au:r  Pyrénées  (4),  ouvrage  que  nous  avons  eu  l'occasion  de  critiquer 
à  la  fin  de  notre  étude  sur  les  Passereaux,  remarque,  après  avoir 
rappelé  les  principaux  caractères  de  la  Bondrée  (B.  aviporus),  que 
la  Buse  commune(B.  v.ulgaris)esl  sujette  à  de  nombreuses  variations. 
Certaines  Buses  ont  la  poitrine,  le  ventre  et  le  dessus  des  ailes  plus 
ou  moins  bruns  ;  les  autres  ont  ces  mêmes  parties  du  corps  blan- 
châtres à  mouchetures  bruues  plus  ou  moins  apparentes.  Or, 
M.  Anatole  Carteron  qui,  nous  l'avons  dit,  croit  à  tort  que  beau- 
coup de  variétés  proviennent  de  croisements  à  l'état  libre,  attribue 
cette  dernière  variété  de  Buteo  vulgaris àdes  mélanges  avec  l'espèce 

(1)  Autres  noms  scientifiques  :  Falco  riilgaris.  Buteo.  Buten  albus.  Falco 
variegatus  cinereiis,  obsolelus  ni  versicotor,  Accipiter  buten,  Buleo  mutans  et 
faxcialus,  Buteo  pojana. 

(t)  Conférence  faite  a  la  Société  /oologique  de  Fr((nce,  in  Revue  scientifique, 
p.  517,  N»  du  20  Avril  1884. 

(.3)  Synonymie  :  Falco  apivorus,  Falco  poliorynclios,  Pernis  aviporus, 
Accipiter  lacertarius. 

(4)  Causeries  sur  l'Histoire  naturelle,  pp.  37  et  58,  Paris,  1868. 


OISEAUX    HYimiDES    RENCONTnÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE  Mil 

voisine,  la  Boiulrée,  dont  De^laud  fuit  uu  genre  à  part  sous  le  nom 
de  Pi'rnis.  Nous  soiiiuies  i)orsuailé  (ju'il  u'y  a  rien  de  fondé  dans  le 
dire  de  M.  Carlerou.  La  distribution  des  couleurs  est  si  variable 
chez  la  Buse  vulgaire,  dit  l'auteur  de  VOrnilholoijic  fin'oproinc  (1), 
«  qu'il  est  pres(iue  impossible  de  trouver  deu\  individus  absolu- 
ment semblables.  »  Les  vieilles  femelles  seules,  selon  M.  de  Selys- 
Loiigcbamps  (2),  deviendraient  blanches  ou  blanchâtres.  Aucun 
oruithologisto  sérieu.x  n'a,  pensons-nous,  envisagé  l'iiybridatiou 
comme  cause  de  ces  variations.  Si  nous  citons  ce  croisement,  c'est 
donc  dans  le  l)ut  seul  de  le  réfuter  et  montrer  qu'il  est  purement 
hypothéticiue. 

BCTEO    Vt'LGARlS    ct    .\RCUinUTEO    LOGOPUS   (3)? 

Dans  le  tome  V  des  Bulletins  de  IWcadéinic  de  Belgique  (4), 
M.  le  Baron  de  Selys-Longchamps  a  signalé,  sous  le  nom  de  «  Buteo 
caiiegaliis  variété?  iilitmipes  Selys  (ij),  »  un  exemplaire  de  Buse 
(ordinaire?  )  pris  près  de  Liège  en  Novembre  1858,  et  faisant  partie 
de  sa  collection.  »  L'ensemble  est  celui  d'une  Buse  ordinaire  com- 
mune adulte  (généralement  brun  chocolat  foncé  en  dessus);  mais 
on  voit  avec  sui'prise  (pie  tonte  la  partie  ertenv  des  tarses  jaseiuati 
niicau  du  dûiijt  postérieur  est  retètu  de  plumes  fines,  obscures,  ana- 
logues à  ce  qui  existe  chez  laBusepattue(BH/po  logopus);  seulement, 
chez  cette  dernière,  le  derant  des  taises,  en  outre,  est  également 
emplumé  jusqu'à  l'origine  îles  doigts,  comme  chez  les  Aigles. 

«  Est-ce  un  hybride  des  deux  espèces;  est-ce  une  espèce  étran- 
gère égarée  en  Belgique,  une  race,  ou  bien  une  simple  variété 
accidentelle?  »  C'est  ce  (jiie  M.  de  Selys-Longchamps  se  proposait 
d'examiner  dans  la  notice  qu'il  annonçait.  Depuis,  il  n'a  rien 
publié  sur  ce  sujet. 

Mais  le  savant  naturaliste  vent  bien  ajouter,  daus  une  communi- 
cation qu'il  nous  fait  (Août  1892)  et  qu'il  nous  autorise  à  publier, 
que  «  peu  d'années  après  cette  publication,  dans  une  de  ses  excur- 
sions à  Leyde,  feu  le  docteur  Schlegel  lui  a  montré,  au  Musée  des 

(1)  I,  p.  ."i'i,  Paris,  18G7. 

(2)  Cilc  par  Degland. 

(3)  Synonymie  :  Falca  tof/npus.  Fnlni  sclaconicu.i,  Falcn  pliimipes,  Iliilen 
iogo/iMs-,  elr-. 

(4)  iV  i,  |.s.i;i. 

(5)  Ne  point  conloudro.  nous  fait  obsprvci-  M.  de  Selys-Longchamps,  avec  Blileo 
pluiiiipex  (Hodgson,  ISi'ii  île  l'hide,  (|ni  n'a  pus  les  pieds  paUns  et  dont  il  ignorait 
le  nom  en  ISiiO,  quand  il  a  nommé  la  var.  pluiiiipes  de  la  Duse  conimune. 


468  A.    SUCHETET 

Pays-Bas,  un  exemplaire  semblable  à  sa  Buse  var.  ?  jibtmipi'.'^,  tué 
en  Hollande. 

M.  de  Selys  pensait  à  une  espèce  exotique  de  Buse  plus  ou  moins 
pattue  :  celte  Buse  n'ayant  été  signalée  nulle  part  depuis  trente- 
quatre  ans,  il  est  persuadé  aujourd'hui  qu'elle  n'existe  pas  comme 
espèce.  On  l'eût  trouvée  dans  l'une  ou  dans  l'autre  des  régions 
arctiques  ou  asiatiques  des  deux  mondes,  actuellement  l)ien  explo- 
rées. M.  de  Selys  penche  donc  pour  une  anomalie  individuelle. 
«  Pour  considérer  ces  deux  exemplaires  comme  hybrides  de  la 
Buse  commune  avec  la  Buse  pattue  (Archibutco  lagopus),  il  fau- 
drait, en  eiïet,  admettre  (ce  que  du  reste  il  n'accepte  ni  ne  refuse) 
que  l'hybridité  ne  se  montrerait  que  par  la  présence  de  ces  plumes 
garnissant  le  côté  externe  dus  tarses.  Mais  les  Archibuteo  ont  la 
queue  et  les  ailes  plus  longues  que  la  Buse  de  nos  pays,  et,  au 
contraire,  les  doigts  un  peu  plus  courts,  surtout  le  doigt  médian. 
Tandis  que  l'exemplaire  eu  (juestion,  sous  ces  rapports  et  sous 
tous  autres  rapports,  a  les  dimensions  du  Buteo  rulgaris;  il  n'existe 
point  non  |)lus  de  vestige  de  blanc  du  dessus  du  croupiou  de  la 
Buse  pattue. 

«  Dans  le  cas  où  il  serait  un  hybride,  il  pourrait  encore,  nous  fait 
remarquer  M.  de  Selys-Longehamps,  i)rovenir  de  ï'Âirhibutco  stra- 
liliiiUuf:  du  Népaul  et  du  Thibetoudu  loiiopit.s  d'Europe.  »  En  outre, 
M.  Sharpe  (1)  ne  parle  pas  de  la  variété  plnmipes  à  l'article  Buteo. 

Nous  sommes  loin  de  dire  que  cette  variété  soit  un  hybride; 
néanmoins,  ;iyant  vu  des  hybrides  demi-sang  présentant  presque 
entièrement  tous  les  caractères  d'un  seul  des  pareuts,  ne  rappe- 
lant le  deuxième  progéniteur  que  par  des  traits  -bien  faibles, 
l'Oiseau  de  M.  de  Selys-Longchamps  peut,  à  la  rigueur,  avoir  été 
produit  par  le  croisement  des  deux  espèces  nommées.  .Mais  s'il  n'est 
point  permis  de  nier  une  telle  descendance,  il  serait  bien  osé  de 
l'afTirmer,  et  M.  de  Selys  a  sans  doute  raison  en  laissant  la  chose 
très  indécise;  une  simple  anomalie  pouvant  produire  la  déviation 
constatée. 

CiRCAÉTdS    GALLICUS   (2)    et    ClRCAi'JTUS    HVI'OLEUCOS   (3) 

M.  Menzbier  (4)  dit  que  les  deux  formes  désignées  par  ces  deux 

H)  Catalogue  des  Oiseaux  du  British  Muséum,  1,  1874. 

(2)  Autres  noms  :  Aquila  pi/gargus,  Falco  qallicus,  Falco  leucnpsis.  \tiuila 
leucainphoiita,  Aquila  brachijdaclyla,  Àccipiler  liypoleucns,  etc. 

(3)  .\ppelé  aussi  Circaetus  orientalis. 

(4)  Conférence  eilée,  Revue  scientifique,  p.  Î519,  1884. 


OISEAUX    UYIIRIDES    RENCONTRKS    A    l'ÉTAT    SAIVAGE  4(Î9 

noms  sont  distinclos  à  tous  les  âges,  bien  que  cette  tlillérence  en 
soit  pas  i;r;iiide.  Elle  consiste  chez  le  gallkns  en  ce  que  la  gorge 
est  foncée,  tandis  que  chez  17i///<o/p«co.s-  elle  est  pâle;  déplus,  les 
dimensions  de  celui-ci  sont  moindres  (]ue  celles  de  çiaHinix. 

Ces  deux  Buses  sont  éloignées  l'une  de  l'autre  par  les  condi- 
tions de  leur  distribution  géographique;  ('.  (jaUicus  est  plutôt 
l'Oiseau  du  district  des  forèts-îlots  ;  C.  Iim  olnicos,  l'Oiseau  du 
district  des  steppes.  Mais  dans  l'Europe  occidentale,  dans  les  dis- 
tricts du  littoral  méditerranéen,  ces  deux  formes  habitent  ensemble. 
Or,  d'après  l'éminent  ]>rofesseur,  à  en  juger  j)ar  les  exemplaires 
qu'il  a  vus,  ces  deux  types  produisent  ensemble,  ce  ijui  donne, 
d'après  lui,  le  droit  de  prétendre  que,  vu  leur  grande  ressemblance, 
ils  se  confondront  complètement  et  ne  formeront,  avec  le  temps, 
([u'une  seule  espèce  aux  caractères  intermédiaires. 

Si  nous  en  croyons  Degland  (1),  \eCiicai-tn.s  hypoleucos  (le  même 
Oiseau  que  VAcnpitrr  liijjiolcucos  de  Pallas),  indiqué  par  le  comte 
de  Keyserliug  et  le  professeur  Blasius,  ne  serait,  à  en  juger  par  la 
tiescriplion  (|ue  donne  ce  dernier,  qu'un  jeune  de  notre  Jeun-lc-Blanc: 
il  n'eu  dilTère,  en  etîet,  remarque  Degland,  «  que  par  de  petits 
appendices  pénicilliforines  intercalés  entre  les  plumes  de  la  nui[ue, 
appendices  qui  ne  sont,  ainsi  que  le  fait  observer  Schlegel,  que 
des  restes  du  duvet  de  l'enfance,  dont  l'usure  ne  s'est  opérée 
qu'iniparfailemenl.  » 

M.  Sharpe  a  rendu  liiipulcucos  synouynie  ûeijdlUnis;  .M.  Oustalet, 
que  nous  avons  consulté,  ne  reconnaît  également  qu'une  seule 
espèce  de  Jran-le- Blanc:  il  n'y  aurait  donc  aucun  croisement 
possible. 

Genre  Astur 

AsTL'R  Nisus  et  Astur  brevipes 

M.  Vian  peuse  que  plusieurs  espèces,  considérées  comme  nou- 
velles par  M.  Severtzow  dans  sa  Fauiii'  du  Tnrkestnn.  sont  des 
métis  ou  des  variétés  accidentelles.  D'après  la  description  que 
celui-ci  donne  de  l'^stur  cenchroides,  M.Vian  est  porté  à  croire  que 
cet  Oiseau  est  un  métis  de  l' IsH//'  lu'sus  dont  la  distribution  géogra- 
phique se  termine  vers  le  Turkestau  et  de  l'.l.  hinipcs  qui  com- 
mence à  se  montrer  à  cet  endroit  pour  se  répandre  vers  l'est  de 
l'Asie.  Ce  n'est  là,  toutefois,  qu'une  simple  conjecture. 

Il)  Op.  cil.,  p.  i9  (en  noie). 


470  A.    SLCUKTET 

Geure  Astur 

ASTUR    ATRICAPILLL'S    (1)   et    FaLCO    COOPERI   (2) 

M.  Manly  Hardy,  naturaliste  à  Brewer-Maine  (Etats-Unis),  possé- 
derait l'hybride  de  ces  deux  espèces  tué  par  lui-même.  M.  Manly 
Hardy  a  bien  voulu  nous  adresser  les  indications  suivantes  sur  cet 
Oiseau,  aujourd'hui  empaillé,  et  dont  les  mesures,  par  conséquent, 
ne  peuvent  être  prises  exactement.  La  taille  est  d'environ  celle 
d'un  jeune  mâle  Grehawk.  La  queue  est  longue  de  6  pouces  1/4, 
légèrement  couverte  de  brun  sombre,  suivie  d'une  bande  foncée 
d'un  pouce  de  largeur  avec  quatre  bandes  étroites  au  dessus,  deve- 
nant plus  pâles  à  mesure  qu'elles  s'avancent.  Le  dos  est  brun  terre 
d'ombre  avec  les  bords  d'ocre  et  blanc  à  la  base  des  plumes.  Les 
primaires  et  les  secondaires  foncées  avec  les  bords  plus  clairs;  les 
scapulaires  et  inter-scapulaires  aussi  brun  foncé,  mais  laissant  voir 
du  rougeâtre  sur  les  bords  des  plumes.  Chaque  plume  du  cou  et  de 
la  tète  chamois  avec  le  bout  bruu  foncé,  d'apparence  générale  rayée. 
Les  plaques  auriculaires  chamois  clair  avec  des  taches  plus  foncées. 
La  couleur  fondamentale  de  toutes  les  parties  inférieures  est  d'un 
blanc  chamois,  varié  aussi.  La  gorge  a  une  seule  ligne  de  brun 
foncé  jusqu'au  centre,  avec  des  plaques  sombres  de  chaque  côté  de 
la  mâchoire.  La  poitrine  a  cinq  raies  longitudinales  formées  par 
l'arrangement  des  plus  longues  plumes,  dont  chacune  a,  à  son 
bout,  une  tache  bruu  foncé  en  forme  de  poire  de  même  taille.  Les 
taches  du  ventre  et  des  parties  inférieures  sont  plus  petites  et  en 
forme  de  lance,  chacune  ayant  une  même  flèche  étroite  se  conti- 
nuant jusqu'à  la  nervure  du  milieu  de  la  plume.  Les  couvertures 
inférieures  de  la  queue  sont  blanc  jaunâtre. 

En  somme,  le  spécimen  de  AL  xManly  Hardy,  un  jeune  de  l'année, 
ressemble  beaucoup  aux  petits  des  deux  espèces,  qui  se  ressemblent 
plus  entre  eux  qu'ils  ne  ressemblent  aux  vieux  Oiseaux  de  leur 
propre  espèce.  Remarquons  ici  que  les  deux  parents  supposés, 
([uoique  classés  dans  un  seul  genre  par  certains  ornithologistes, ont 
été  considérés  par  d'autres  auteurs  comme  appartenant  à  des  genres 
diflérents  ;  ils  seraient  donc  bien  distincts. 

(1)  Synonymie  :  Falco  regalis,  DœduUon  pictum,  Sparvius  utricapillus, 
Falco  atricapillus,  Hierofako  utricapillus,  Falco  palumbarius,  Astur  paluiii- 
borius,  Falco  regalis.  etc. 

{2i  Autres  noms  scientiQques  :  Àstur  Stanleyi.  Astur  Cooperi,  Accipitev 
Cooperi,  Falco  Stanleyi,  Xisus  Cooperi,  Accipiter  mexicanus,  Nisus  pileatus, 
Astur  pileatus,  Accipiter  gundlachi,  etc. 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE  'l71 

Mnllieureusement,  le  spécimen  observé  par  M.  Mauly  Hardy  n'a 
pas  atteint  1  âge  adulte,  il  est  donc  dilTicile  d'apprécier  ses  carac- 
tères mixtes  d'une  manière  formelle. 

ORDRE    DES    SCANSORES 

Failli  lie  des  Psillacida- 

Doit-on  l'aire  mention  d'iiyhrides  dans  cet  ordre  ?  Les  observa- 
tions man(|U('nt  complètement.  Cependant,  si  nous  eu  croyons 
M.  Ranisay,  curateur  de  rVustralian  Muséum  à  Sydney,  le  Plalij- 
ccrcHs  de  Masters(cilé  dans  les  Proceedings  of  tlie  Linnean  Society 
of  New  South  Wales  (1),  serait  le  produit  d'un  croisement  entre 

Platycercls  eximels  et  Platycekcus  I'exnantii. 

C'est  du  moins  l'opinion  que  le  savant  naturaliste  émet  dans 
une  lettre  cju'il  veut  liien  nous  écrire,  ajoutant  que  ijuelques  spé- 
cimens se  sont  rencontrés,  mais  ne  sont  point  exactement  sem- 
blables. Deux  pièces  sont,  en  elTet,  citées  dans  les  Proceedings  of 
llie  Linnean  Society  of  New  South  Wales. 

Dans  la  même  lettre,  .M.  Ramsay  nous  [)arle  aussi  d'un  hybride 
entre  : 

.Vl'ROS.MlCTLS    SCAl'UL.VTUS    Cl    l'l,ATYCERCUS    PeXNA.NTII, 

mais  il  ne  nous  donne  aucune  indication  sur  ce  croisement,  que 
nous  n'avons,  du  reste,  trouvé  mentionné  nulle  part  et  que  nous 
citons  donc  avec  grande  réserve.  Nous  espérons,  et  nous  avons  tout 
lieu  de  croire,  que  M.  Ramsay  voudra  bien  nous  envoyer  des  notes 
complémentaires  (|ue  nous  nous  empresserons  de  transmettre  à 
nos  lecteurs. 

Celui-ci,  après  avoir  donné  dans  les  Com|ites-Reudus  de  la  Sociélé 
Linnéenne  des  Nouvelles-Galles  du  Sud  la  description  du  l'Idli/ccr- 
cus  masferseanus  s'exprime  ainsi  : 

....  «  My  attention  was  drawn  to  tliis  species  sonie  two  years 
ago  by  Mr.  Ceorgi;  M;islers,  the  late  Assilant  Curator  of  the 
Australiau  .Muséum  ;  and  although  the  Bird  could  not  in  any  way 
be  referred  to  any  known  inember  of  the  genus  I  had  great  doubts 
of  its  proviug  to  be  a  good  species,  being  rather  iucliued,  froni  the 
great  variegation  and  ununiformity  of  its  markings,  to  consider  it 

(I)  Voir  V.  11,  lasc.  I.  p.  27. 


472  OISEAUX    HYBKIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

a  hybrid,  or  cross  between  some  of  the  smalier  species.  However, 
Iiaving  lately  found  another,  altlioush  immatiu'e,  but  having  the 
same  chnracterislic  red  Irout,  aud  upper  tail  coverts,  blue  wiugs 
and  yellowish-greeu  under  surface,  I  bave  hesitated  no  longer  to 
describe  it  as  new,  and  in  compliment  to  Mr.  George  Masters,  wbo 
lirst  drew  my  attention  to  it,  liave  named  it  alter  thaï  gentleman. 
The  adult  spécimen  above  described  is  one  of  the  few  relies  of  our 
early  explorers  that  I  found  left  in  the  Muséum.  The  young  Bird 
referred  to  bas  been  recently  obtained  in  the  interior  northern 
portion  of  New  Sout  Wales.  » 

On  sait  qu'on  obtient  souvent  dans  les  volières  des  croisements 
de  Perruches  de  diverses  espèces  ;  mais  ceci  n'intéresse  pas  le  sujet 
({ue  nous  traitons.  Nous  nous  abstiendrons  donc  d'indiquer  ces 
hybridations. 

Cependant,  nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  le  croisement 
de  Ve.riiiieus  avec  le  Pennanlii,  car  ces  hybrides,  obtenus  fréquem- 
ment en  captivité,  peuvent  être  d'une  grande  utilité  dans  le  cas 
présent,  et  nous  souhaitons  vivement  qu'on  les  compare  avec  les 
exemplaires  rencontrés  à  l'état  sauvage.  Nous  possédons  deux 
de  ces  hybrides  ;  nous  les  mettons  volontiers  à  la  disposition  de 
M.  Ramsay. 


473 


CINQUIÈME    PARTIE 
Additions.  Corrections  et  Examens  d'après  nature. 


AVANT-PROPOS 


Pendant  que  nous  publiions  des  études  sur  les  hyijrides  rencon- 
trés à  l'état  sauvage  {Gallinacés  et  Colomhex,  1890;  Pitlmipèden  et 
Echassicrs,  1891;  l'assercau.T,  189i;  Oiseaux  de  proie  et  Perro- 
quets, 1893)  (1),  plusieurs  nouveaux  cas  d'hybridisme  étaient 
mentionnés  dans  les  revues  ou  les  ouvrages  d'ornithologie,  des 
observations  étaient  faites  de  divers  côtés. 

Puis,  malgré  les  recherches  très  étendues  et  très  laborieuses 
auxquelles  nous  nous  étions  livré,  plusieurs  omissions  se  sont 
glissées  dans  notre  travail. 

Enfin,  des  faits  cités,  mais  mal  avérés,  ont  été  reconnus  faux. 
au  moins  trop  douteux  pour  leur  donner  quelque  considération. 

Nous  avons  donc  pensé  qu'il  serait  profitable  de  préparer  des 
Additions,  en  même  temps  qu'une  révision  générale  des  pièces 
dont  on  avait  parlé.  Du  reste,  notre  désir  était  d'examiner  nous- 
même  et  de  décrire  les  hybrides  observés  chez  les  Gallinacés,  les 
Colombes,  les  Palmipèdes  et  les  Échassiers,  ce  que  nous  n'avions 
pu  encore  faire.  On  se  rappelle  que  les  Passereaux  seuls  avaient 
fait  l'objet  d'examens. 

En  vue  de  ce  travail,  nous  avons  étudié  pendant  longtemps  les 
espèces  pures  supposées  mères  dont  avons  voulu  posséder,  non- 
seulement  les  dépouilles,  mais  les  représentants  vivants,  afin 
d'observer  leurs  manières  et  leurs  gestes  et  les  changements  qui 
s'opèrent  dans  le  plumage  au  moment  des  diverses  mues  de  l'année. 

La  chose  était  difficile  pour  les  Gallinacés,  car  les  Tétraouidés, 

(1)  Mémoires  de  la  Société  Zoologique  de  France. 


474  OISIÎAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

chez  lesquels  les  hybrides  sont  le  plus  répandus,  ne  peuvent 
guère  supporter  la  captivité  ;  mais  elle  était  beaucoup  plus  aisée 
pour  les  Palmipèdes,  dont  les  Anitidés,  qui  forment  presque  tous 
les  hybrides  de  cet  Ordre,  sool  facilement  domestiqués. 

Les  Gallinacés  hybrides  qui.  suivant  la  règle  établie,  doivent  être 
décrits  les  premiers,  excitent  un  intérêt  beaucoup  plus  vif  que  ne 
peuvent  le  faire  les  hybrides  des  Palmipèdes.  Si,  en  eiïet,  on  envi- 
sage la  Famille  des  Tétraonidés,  dans  laquelle,  on  vient  de  le  dire, 
les  hybrides  se  rencontrent  le  plus  fréquemment,  il  paraît  difficile 
de  supposer  que  ces  produits  soient  des  échappés  de  captivité,  les 
espèces  parentes  étant  difficilement  domestiquées  et  rarement 
appariées  dans  les  parcs  d'agrément  on  les  jardins  d'acclimatation. 

Il  eu  est  tout  autrement  des  Palmipèdes,  des  Anatidés,  notam- 
ment. On  retient  un  grand  nombre  de  ces  derniers  sur  les  cours 
d'eau,  les  lacs,  les  petites  rivières,  les  bords  mêmes  des  grands 
fleuves;  les  basses-cours  à  air  libre,  les  cours  de  fermes  eu  sont 
remplies,  sans  compter  tous  ceux  qui  vivent  dans  un  état  de  plus 
complète  réclusion  sur  les  bassins  ou, les  étangs  artificiels  des 
jardins. 

Puis,  beaucoup  des  individus  qui  appartiennent  aux  diverses 
espèces  comestibles  très  pouix-hassées,  se  trouvent  blessés  à  la 
chasse  et  ne  peuvent  rejoindre  leurs  compagnons  dans  les  régions 
où  d'habitude  ils  se  rencontrent  à  l'époque  de  la  reproduction.  Ils 
contractent  ainsi  forcément,  dans  les  eaux  où  ils  séjournent,  des 
alliances  avec  d'autres  espèces,  d'où  naissent  probablement  ces 
produits  bizarres  qui  nous  surprennent. 

Le  «  Forest  and  Stream  »  (1),  de  New-York,  a  attiré,  il  y  a  quelques 
années,  l'attention  de  ses  lecteurs  sur  ce  sujet.  Il  attribue  la  nais- 
sance de  la  plupart  des  hybrides  à  ces  individus  blessés,  désac- 
couplés,  qui  ne  peuvent  plus  rejoindre  les  leurs.  ((  Tous  les 
exemples  qui  me  sont  connus,  disait  M.  Thos.  S.  Esty,  dans  un 
numéro  de  ce  journal  (2),  me  portent  à  croire  que  les  hybrides  de 
Californie  proviennent  toujours  de  Canes  couvant  dans  le  Nord, 
lesquelles  sont  estropiées  et  incapables  de  se  rendre  au  lieu  ordinaire 
de  leurs  couvées.  Elles  se  trouvent  eu  contact  avec  les  mâles  de 
quelques-uns  de  ces  Canards  restant  dans  ces  parages,  comme  le 
Mallard,  le  Gadwall,  la  Redhead,  le  Wood-Duck,  la  Blue-Winged 
Teal  (3).  ))  Un  autre  correspondant  de  la  même  revue,  M.  Perdrix, 

(1)  Journal  de  Sport. 

(2)  Vol.  3,  p.  388. 

(3)  L'auteur  désigne  sous  ces  noms  :  l'Anas  boschas,  VAnas  streperus,  VAi/thya 
americana,  l'Anas  sponsa  et  l'Anas  discors. 


ADDITIONS,    CORRKCTIONS    ET     EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  475 

de  Saint-Louis,  partap:e  la  môme  manière  de  voir  ;  il  rappelle  (1) 
que  plusieurs  centaines  d'Oiseaux  appartenant  aux  deux  variétés, 
le  Mallard  et  le  Gadwall,  sont  annuellement  abandonnés  dans  les 
marais  à  la  fin  de  la  chasse,  après  avoir  été  blessés  à  l'aile.  Il 
ajoute  que  des  hybrides  bien  connus  dans  ces  localités  proviennent 
vraisemblablement  du  mélange  de  ces  deux  espèces. 

En  outre,  ou  connaît  des  exemples  d'Oiseaux  sauvages  venant 
fréquenter  les  espèces  retenues  en  semi-liberté.  Il  est  non  moins 
incontestable  que  des  hylirides  obtenus  en  domeslicité  recon- 
quièrent leur  liberté:  les  produits  de  VAnas  hoschas  et  de  la  Cairina 
moschata  sont  tous  des  échappés  de  basse-cour  ;  il  en  est  de  même 
d'autres  métis. 

Cependant  M.  le  B°"  d'Hamonville  ayant  constaté,  dans  une 
excursion  faite  au  lac  de  Valenczé,  lors  du  deuxième  Congrès  inter- 
national d'Ornithologie  tenu  à  Budapest  (2),  l'association  très 
curieuse  de  deux  espèces  différentes  par  la  taille,  VA.  nyroca  et 
r.4. /èmia,  qui  n'auraient  souvent  qu'un  nid  commun,  pense  que' 
c'est  à  cette  association  d'élevage  entre  espèces  dilîérentes  que 
l'on  doit  les  croisements  et  les  iiybrides  si  communs  chez  les 
Canards  (3).  Le  savant  conseiller  général  de  Meurthe-et-Moselle  a 
môme  bien  voulu  recommander  cette  constatation,  faite  encore  pour 
d'autres  espèces  (4).  à  son  collègue  de  la  Société  Zoologique,  celui 
qui  écrit  ces  lignes.  Nous  le  remercions  vivement  de  son  sou- 
venir pournouset  de  son  attention;  nous  serions  loin  de  le  contre- 
dire dans  ses  appréciations.  Mais  nous  croyons  que  la  demi- 
domesticité,  si  répandue  chez  les  Anatidés,  explique,  au  moins  pour 
beaucoup  d'entre  eux,  les  mélanges  que  ces  Oiseaux  contractent. 

Nous  avons  voulu,  avant  d'entrer  en  matière,  donner  ces 
quehjues  indications  parce  que  si  l'hybridation  constatée  chez  les 
Anatidés  n'eût  jamais  été  provoquée,  elle  eût,  vu  le  nombre  élevé 
des  hybrides  rencontrés  h  l'état  sauvage,  actiuis  une  importance 
beaucoup  plus  considérable  et  plus  sérieuse  qu'elle  n'a  en  réalité. 

Nous  sommes  fort  heureux  de  pouvoir  annoncer  qu'un  grand 
nombre  de  pièces  ijui  avaient  été  mentionnées  dans  nos  précédentes 
publications  nous  ont  été  adressées  en  communication,  souvent 

(1)  Vol.  I.  |).  374,1874. 

(2)  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  de  France,  V,  1892,  p.  16. 

(A)  Dans  un  de  ces  nids,  il  y  avait  cinq  œufs  de  Milouiii;  à  quel(|ues  centimètres 
plus  loin  quatre  œufs  de  nyroca,  jetés  dans  l'eau,  repoussés  peut-être  par  la  cou- 
veuse qui  avait  trouvé  la  poule  trop  abondante. 

(4)  Voy.  p.  139. 


47B  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

de  pays  fort  lointains,  malgré  les  difficultés  des  transports,  les 
hasards  du  voyage,  les  précautions  que  nécessitent  les  transports 
et  toutes  les  peines,  enfin,  qui  devaient  résulter  de  ces  dépla- 
cements. 

Ainsi  avons-nous  pu  examiner  à  loisir  ces  pièces  curieuses,  les 
décrire  soigneusement  et  les  faire  peindre. 

Faut-il  le  dire,  bon  nombre  d'entre  elles  ne  nous  ont  point  paru 
déterminées  convenablement.  Chez  les  Gallinacés,  entre  autres, 
beaucoup  de  femelles  se  revêtant  de  l'habit  du  mâle,  ou,  le  plus 
souvent  même,  de  jeunes  Oiseaux  non  encore  .en  livrée  parfaite, 
ou  encore  des  mâles  en  mue,  ont  été  pris  pour  des  produits 
hybrides.  Nous  nous  félicitons  donc  d'avoir  demandé  à  examiner 
ces  diverses  pièces  qui,  sans  doute,  seraient  encore  aujourd'hui 
considérées  à  tort  comme  hybrides. 

Nous  n'aurions  certainement  pu  faire  des  examens  aussi  profi- 
tables en  visitant  les  collections,  pour  la  plupart  très  éloignées  les 
unes  des  autres;  ou  bien,  il  aurait  fallu  emporter  avec  nous  notre 
matériel  de  comparaison  et  nous  faire  touriste  perpétuellement. 

Aussi,  nous  tenons  à  nommer,  en  débutant,  les  musées  publics 
ou  les  collections  particulières  d'où  ces  nouveaux  envois  nous  ont 
été  faits;  ce  sera  témoigner  notre  grande  reconnaissance  aux  natu- 
ralistes, aux  savants,  aux  collectionneurs,  à  toutes  les  personnes 
qui  ont  ainsi  facilité  considérablement  notre  tâche. 

Ces  Musées  et  ces  Collections  sont  : 

1°  En  France,  les  Musées  publics  de  Rouen,  de  Lille,  de  Marseille, 
d'Arras,  du  Havre,  de  Caen,  de  Douai,  de  Grenoble;  les  collections 
privées  de  M.  van  Kempen,  à  Saint-Omer  (Pas-de-Calais);  de 
M.  Robert  Fontaine,  à  Marcq-en-Barœul,  près  Lille  (Nord);  de 
feu  M.  Lemeitteil,  à  Bolbec  (Seine-Inférieure);  de  M.  Ch.  Rover,  à 
Langres  (Haute-Marne). 

2"  Eu  Angleterre,  les  Musées  publics  d'York,  de  Douvres,  de 
Cambridge  (Musée  de  l'Université),  de  Liverpool,  de  Carliste, 
de  Glascow  (Kelvingrove  Muséum),  d'Edimbourg,  de  Dublin,  de 
Belfast;  les  collections  privées  de  M.  J.  H.  Gurney,  du  Keswik  Hall 
(Norwich);  de  M.  J.  B.  Nichols,  d'Holmoowd,  Dorking  (Surrey); 
de  M.  0.  V.  Aplin,  de  Bloxham;  de  M.  E.  Dresser,  de  Londres;  de 
M.  Turner,  de  Sutton  Colfield  (Birmingham);  de  M.  Hamon  l'Estrange, 
de  l'Hunstanton  Hall  (Norfolk);  de  M.  D.  Loshthorpe,  de  Carliste;  de 
M.  le  capitaine  Pretyman,  d'Orwell  Park  (Ipswick)  ;  du  Révérend 
Macpherson,  de  Carlisle;  du  Rév.  Julian  Tuck.de  Postock  Rectory, 
Bury   S'    Edniuuds  (Sufiolk);   de   M.   Miller-Christy,    de    Priors, 


ADDITIONS,    COIUIECTIONS    ET    KXAMENS    D'aPRKS   NATURE  477 

Broomfields  (n'Cbelsinfoni)  ;  de  M.  J.  Blnckhouse,  des  Nurseries 
(York);  de  M.  Robert  W.  Chase,  de  Soutlitield  (Birininghain)  ;  de 
M.  le  lieutenant-colonel  Butler,  de  l'Herring  fleet  Hall,  Lowestoft 
(Suffolk). 

3"  Eu  Italie,  les  Musées  publics  de  Florence,  de  Pavie,  de  Gênes 
(Muspo  C°)  ;  les  colleolions  privées  de  M.  le  Comte  Luca  Gajoli 
Boidi.de  Molare  ;  deM.  le  Comte  Arrigouidegli  Oddi.de  Padoue;de 
M.  le  Comte  J.  B.  Camozzi,  sénateur  à  Bergame  ;  de  M.  le  D'  G.  M. 
Bertholdo,  ^i  Turin. 

4"  En  Allemagne,  les  Musées  de  Francfort-sur-le-Mein,  de  Bres- 
lau, de  Berlin,  de  Dresde,  de  Munich,  de  Darmstadt,  de  Brunswick, 
de  Strasbourg,  de  Hanovre;  le  cabinet  d'Histoire  naturelle  de  son 
Altesse  Royale  le  Graud-Due  de  Hesse-Darmstadt;  les  collections 
de  M.  R.  Tancré,  d'Anclam  (Poméranie);  de  M.  le  pasteur  Lindner, 
d'Osterweich ;  de  M.  le  Di'PauJ  Leverkiilin,  de  Munich  (l);deM. 
le  professeur  Doderlin,  de  Strasbourg;  de  M.  Otto  Bock,  de  Berlin. 

5°  En  Belgique,  le  Musée  royal  de  Bruxelles;  la  collection  de 
M.  le  B""  Ed.  de  Solys-F^ongchamps,  à  Longchampss.-Geer. 

6°  En  Hollande,  les  Mu.sées  de  Leyde,  d'Amsterdam  ;  les  Collec- 
tions de  la  Société  Zoologique  de  Rotterdam. 

7°  En  Suisse,  les  Musées  de  Genève,  de  Lausanne,  de  Fribourg 
(École  cantonale),  d'Aarau  (id.),  de  Saint-Gallen. 

8"  En  Autriche,  les  Musées  de  Vienne,  de  Prague  (Bohême) ,  la 
collection  de  Son  Altesse  Royale  le  Prince  Philippe  de  Cobourg- 
Gotha  à  Vienne  cl  celle  du  Prince  Alain  de  Rohan  à  Schirow 
(Bohème  du  Nord.) 

9°  En  Hongrie,  le  Musée  de  Budapesth. 

10°  En  Suède,  les  Musées  publics  de  Stockolm  et  d'Upsala. 

11"  En  Norvège,  les  .Musées  de  Cbristiaua  et  de  Tromso. 

12"  Eu  Danemark,  le  Mu.sée  de  l'Université  de  Copenhague. 

13°  En  Russie,  la  collection  deM.  Hugo  J.  Stjernvall,  d'Heinola, 
Passa  (Finlande). 

14'  En  Amérique,  le  Musée  national  de  Washington;  la  collection 
de  M.  Ernest  E.  Thomson,  de  Torento  (Canada). 

15"  Aux  Indes,  le  Musée  de  Calcutta. 


(I)  Maintenant  à  Sophia  (Bulgarie). 


478  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   LÉTAT    SAUVAGE 

ORDRE   DES   GALLINACÉS 

Perdicinés 

Genre  Francolinus 

Francolinus  vulgaris  et  Francolinus  pictus 

(Se  reporter  p.  5,  ou  p.  258  des  Mémoires  de  la  Soc.  Zool.  de  France,  1890). 

Ce  croisement  avait  été  mentionné  d'après  MM.  Hume  et 
Marschall,  qui  avaient  fait  connaître  (1)  plusieurs  hybrides  tués 
par  le  capitaine  Butler.  Le  capitaine  Butler,  aujourd'hui  lieutenant- 
colonel,  a  bien  voulu  nous  donner  lui- môme  des  indications  sur 
ces  Oiseaux,  au  nombre  de  six  ou  sept,  qu'il  tua  à  Deesa,  dans  le 
Guzeral  (Présidence  de  Bombay).  Pour  lui,  ces  pièces  proviennent, 
sans  aucun  doute,  d'un  croisement  opéré  entre  «  la  Black  et  la 
Painted  Partridges  »  (Fmncolinus  vulgaris  et  Francolinus  pictus). 
La  première  espèce,  nous  dit  il,  compose  la  race  septentrionale  et 
la  seconde  la  race  méridionale;  une  ligne  traversant  la  carte  de 
l'Inde  du  Run  de  Cuth  (sur  la  côte  occidentale)  à  Gwalior,  et  de 
Gvvalior  à  Ganjan,  indique  sonimairenienl  les  limites  géogra- 
phiques des  deux  races.  Deesa  se  trouve  précisément  là  où  les 
deux  types  se  rencontrent  et  les  deux  espèces  sont  communes  dans 
les  localités  où  les  hybrides  furent  découverts. 

M.  A.  0.  Hume,  qui  examina  la  dépouille  de  l'un  de  ces  hybrides 
supposés,  partage  la  manière  de  voir  du  lieutenant-colonel,  car, 
d'après  lui,  celte  peau  diffère  des  spécimens  pictus  qu'il  a  vus 
usqu'alors  par  différents  caractères  nettement  accusés  (2). 

(1)  Game  Birds  of  India,  II,  p.  25. 

(2)  Par  :  1»  une  ligne  noire  marquée  des  narines  à  l'angle  intérieur  de  Toeil  et 
encore  de  l'angle  postérieur  en  arrière  sur  les  couvertures  de  l'oreille  ;  2°  une  partie 
noire  sur  la  poitrine;  3°  des  traces  distinctes  d'un  tarife  collier  brun  clair;  4°  une 
taille  plus  forte,  particulièrement  le  bec  plus  gr^md;  et  ;>»  la  gorge  fortement  tachetée 
de  noir.  En  outre,  tout  autour  du  cou,  sur  la  puitrine  (en  dehors  de  la  partie  noire) 
et  sur  l'abdomen  le  noir  est  plus  considérable.  D'un  autre  côté,  l'Oiseau  est  plus 
pictus  que  vulgaris,  non  seulement  l'ensemble  du  plumage  est  celui  du  pictus, 
mais  encore  il  a  les  lorums  (en  dehors  de  la  ligne  foncée),  les  joues,  les  couvertures 
des  oreilles  et  la  large  bande  ou  raie  du  cou,  de  la  couleur  rouge  fauve  et  lirillanl 
de  cette  espèce. 

La  pièce,  ainsi  décrite,  est  ûguréedans  l'ouvrage  de  MM.  Hume  et  Marschall.  La 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  479 

Nous  avous  demandé  à  M.  Butler  communication  de  ses 
hybrides;  celui-ci  n'a  pu  satisfaire  notre  curiosité  qu'en  partie. 
Un  seul  de  ses  Oiseaux  est  conservé  au  British  Muséum  et  le 
colonel  n'a  luiinOme  en  sa  possession  que  la  tête  et  le  cou  d'un 
autre  spécimen  servant  de  poignée  à  un  essuie-plume. 

Celte  petite  pièce  nous  a  donc  seule  été  adressée,  car  les  règles 
du  British  Muséum  s'opposent  à  tout  envoi  extérieur;  mais  nous 
avons  fait  peindre  sur  deux  faces  l'exemplaire  conservé  en  peau 
au  Musée  anglais. 

Nous  n'avons  pu  établir  aucune  distinction  entre  la  tète  et  le  cou 
de  l'Oiseau  monté  en  essuie-plume  et  la  tète  et  le  cou  d'un  F.  vul- 
fjaris  pure  espèce;  le  dessin  et  la  coloration  des  plumes  sont 
idenliqurs  cliez  riiyi)ride  et  chez  le  type  pur,  la  taille  seule  difière, 
elle  est  plus  petite  chez  le  premier;  le  bec  suit  la  môme  règle.  Ce- 
pendant, d'après  .M.  Butler,  le  corps  et  la  queue  étaient  pur  pictus, 
donnant  à  l'Oiseau  l'apparence  d'un  siiéciinen  de  cette  espèce  ! 
Les  autres  exemplaires  ressemblaient,  ajoutet-il,  tantôt  plus  au 
vulgaris,  lauiùt  plus  au  pictus  (1). 

Quant  à  l'Oiseau  en  peau  du  British  Muséum,  dont  nous  possé- 
dons deux  aquarelles  le  représentant  vu  de  côté  sur  l'une,  et  va 
en  dessous  sur  l'autre,  nous  avouons  bien  franchement  que  nous 
n'avons  pu  lui  reconnaître  les  caractères  mélangés  qu'on  lui  prête. 
C'est,  du  reste,  avec  beaucoup  de  peine  (|ue  nous  nous  sommes 
procuré  une  ou  deux  peaux  de  pictus  cf  pour  notre  examen  ;  l'espèce 
pictus,  très  rare,  manque  même  au  Muséum  d'histoire  naturelle 
de  Paris. 

Dans  les  deux  figures  en  question,  on  voit  bien  un  Oiseau  plus 
petit  qu'un  vulgaris,  à  peu  près  de  dimensions  intermédiaires  entre 
le  pictus  et  le  inih/iiris;  mais  ce  signe  a  peu  d'iini)ortance,  puisque 
nous  somiiifs  informé  par  .M.  Ogilvie  Graut  (2)  que  les  spécimens 

iii<'iii('(li"scri|ition  est  (aile  dans  ii  Slray  (eatliers,  v,  p.  211  ».  I.a  fifçiire  coloriée  parall 
tout  il   fait  iiisiilVisaiile    |)our  juf;er  des  caractères  de  l'Oiseau  qu'elle  représente. 

Les  Oiseaux    tués  à  Deesa  avaient,    la   partie  haute  il'une  espèce,  ou  la  partie 
basse  de  l'autre  et  n'étaient  point  par  là  intermédiaires  dans  leur  ensemble. 
Les  dimensions  de  deux  mules  tués  le  2  août  187G  sont  les  suivantes  : 
Longueur  Aile  Queue  Bec  à  F.  Bec  ù  G.  Vol. 

13.25  o.7b  4  87  1.06  20 

13.75  0.12  4  1  1.06  20 

(1)  Il  faut  noter  que  dans  une  première  lettre,  le  colonel  avait  reconnu  que  le 
spécimen  dont  on  s'occupe  ressemblait  au  culguris.  Cette  contradiction  provien- 
drait d'une  erreur. 
(2)  Catalogue  of  tlie  Game  Birds  of  the  Brilisli  Muséum,  p.  134,  t.  XXll. 


480  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

de  l'Inde  (d'où  provient  cet  hybride)  sont  considérablement  plus 
petits  en  taille  que  ceux  de  Chypre,  d'Asie-Mineure  et  de  Perse. 
Puis  le  plumage  du  corps  est  presque  entièrement,  sinon  totale- 
ment, du  culgaris.  Toutefois,  le  noir  à  la  gorge  fait  défaut,  ainsi  qu'à 
la  grande  ligne  des  yeux  (1).  C'est  peut-être  par  là  que  le  mélange 
est  appréciable? 

Sans  vouloir  aucunement  mettre  en  doute  l'assertion  du  lieute- 
nant-colonel Butler,  nous  tenons  à  faire  savoir  que  les  aquarelles 
du  spécimen  conservé  au  British  Muséum  ont  été  montrées  à  plu- 
sieurs éniinents  ornithologistes.  Ceux-ci  ont  cru  reconnaître  un 
jeune  vuhjaris.  Dans  son  Catalogue  of  the  Game  BIrds,  M.  Ogilvie- 
Grant  dit  du  même  spécimen  qu'il  ressemble  «  mont  nearly  F. 
pictus.  »  Nous  ne  pouvons  nous  expliquer  une  telle  contradiction. 
Nous  reconnaissons  néanmoins  que,  dans  le  cas  où,  comme  plusieurs 
l'ont  pensé,  la  peau  en  question  serait  celle  d'un  jeune  nulgaris,  il 
faudrait  admettre  que  les  jeunes  de  cette  espèce  commencent  à  pren- 
dre la  livrée  de  l'adulte,  d'abord  par  le  corps  qui  se  recouvre  à 
beaucoup  d'endroits  d'une  teinte  noirâtre  perlée  de  clair,  tandis 
que  la  partie  haute,  la  tête,  demeure  longtemps  jaunâtre,  ne 
devant  prendre  que  plus  tard  la  teinte  foncée,  caractère  de 
l'adulte.  Cela  est  peu  vraisemblable. 

Nous  ne  pouvons  croire,  du  reste,  que  des  ornithologistes  expé- 
rimentés comme  MM.  Hume  et  Marschali,  ou  M.  Ogilvie-Grant,  se 
soient  trompés  dans  leurs  appréciations,  alors  surtout  qu'au  British 
Muséum  on  conserve  un  grand  nombre  d'exemplaires  culgaris  et 
pictus  à  tous  âges  (2). 

Nous  ne  terminerons  point  cet  article  sans  adresser  à  M.  le 
lieutenant-colonel  Butler  nos  plus  vifs  remerciements  pour  son 
excessive  courtoisie.  L'éminent  oflicier  a  toujours  répondu  avec 
un  grand  empressement  aux  nombreuses  demandes  que  nous  nous 
sommes  permis  de  lui  adresser  au  sujet  des  Oiseaux  qu'il  ren- 
contra à  Deesa. 

Il  serait  d'un  vif  intérêt  de  savoir  si  de  nouvelles  pièces  ont  été 
depuis  obtenues  ou  si  l'hybridisme  en  question  n'était  qu'acci- 
dentel. Jusqu'alors  les  recherches  que  nous  avons  entreprises  à 
ce  sujet  n'ont  point  encore  amené  aucun  résultat. 

(1)  L'espace  blanc  jaune  chez  le  h',  vulgaris  existe  sous  et  entre  cette  longue 
raie  noire;  le  noir  de  la  |j;oi'ge  semble  ainsi  manquer. 

(2)  Les  jeunes  rulgaris  ([ue  nous  avons  eus  entre  les  mains  étaient  peu  avancés 
en  Age  et  ressemblaient  assez  à  des  femelles,  en  sorte  qu'il  nous  a  été  impossible 
de  nous  rendre  compte  de  la  marche  progressive  de  la  livrée  de  l'adulte. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET     EXAMENS    D'aPHÈS    NATURE  481 

Callipepla  Gambeli  (1)  et  Colinus  Californicus  (2) 
(Se  reporter  p.  (1,  ou  p.  2o9  des  Mëm.  de  la  Soc.  Zool.  de  France,  1890). 

Les  indicalioas  que  nous  avions  données  sur  le  croisement  de 
ces  dt'ux  Cailles  américaiiu'S  étaient  assez  va{;iit's,  nous  n'avions 
point  cité  de  faits  précis.  Nous  trouvons  dans  la  revue  oroitho- 
logique,  l'Auk  (3),  mention  de  deux  hybrides  tués  dans  une  môme 
localit»',  dans  le  voisinage  de  San  Gorgonio  (Pass.).  M.  H.  W. 
Henshaw,  qui  a  donné  une  longue  description  de  ces  deux  Oiseaux, 
dit  que  leurs  caractères  intermédiaires  ne  laissent  aucune  hésita- 
tion ;  on  aperçoit  au  premier  coup  d'œil  leur  mélange.  Mais  il  est 
peniiis  de  se  demander  si  ces  Oiseaux  sont  de  véritables  hybrides 
ou  simplement  des  intermédiaires  ordinaires?  A  cette  question, 
M.  Henshaw  répond  que  lors(|ue  des  espèces  habitent  deux 
régions  assez  dillérenles  pour  produire  à  leurs  extrémités  une 
variété  ou  race,  les  chaînons  montrant  que  les  deux  formes  «  inter- 
grade »  doivent  venir  des  terrains  intermédiaires.  Or,  dans  le  cas 
présent,  aucun  terrain  de  ce  genre  n'existe.  La  Californica  Valley 
Quail  est  abondante  jusiiue  sur  le  bord  même  du  désert,  à  portée 
et  en  vue  des  terrains  habités  par  la  Caille  de  Gambel.  Des  individus 
qu'il  a  tués  à  la  distance  de  quelques  milles  du  désert  ne  diffèrent 
par  aucuns  rappoits  des  individus  des  vallées  intérieures  de  la 
Californie  et  ne  montrent  aucuu  indice  de  rapprochement  avec  les 
caractères  de  la  Callipepla  gambeli.  Pour  cette  bonne  raison, 
M.  HeushaAv  conclut  que  les  spécimens  en  question  ne  sont 
autres  que  des  hybrides. 

L'hybridation  est-elle  fréquente  entre  les  deux  espèces?  Nous 
ne  saurions  le  dire,  on  manque  encore  de  renseignements  sur  ces 
croisements  qui,  peut  élre,  ne  sont  dus  qu'à  des  causes  fortuites. 
Depuis  qu'ils  ont  été  observés,  M.  F.  Stephens,  de  Sauta  Ysabel, 
veut  bien  nous  faire  savoir  qu'il  a  visité  le  même  désert;  il  n'a  pu 
trouver  d'autres  exemplaires,  quoiqu'il  y  ait  rencontré  des  bandes 
de  chaque  espèce  volant  ensemble.  II  est  convaincu  que  l'hybri- 

(1)  Appelée  encore  :  Callipepla  lenusta. 

(2)  Autres  noms  scientinques  :  Perdix  californicus,  Orlyx  californica,  Calli- 
pepla californica,  l.ophoporlix  californica,  Callipepla  picta,  Oreortyx  piclus, 
Orlyx  plumifera.  elr. 

(3)  11,  n"  3,  p.  247,  .lulllel  1885. 


482  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

dation  arrive  rarement,  même  sous  d'aussi  favorables  circons- 
tances, et  comme  la  C.  californica  couve  dans  les  montagnes, 
tandis  que  la  C.  gambeli  niche  dans  les  plaines,  il  suppose  que 
les  bandes  mixtes  qu'il  a  observées  se  sont  rassemblées  après  la 
reproduction. 

Les  deux  hybrides  en  question,  après  avoir  été  dans  les  mains 
de  M.  Stephens  et  de  M.  Herron,  sont  aujourd'hui  conservés  au 
British  Muséum.  Nous  les  avons  fait  peindre  de  grandeur  naturelle, 
l'un  vu  de  côté,  l'autre  vu  en  dessous. 

Il  est  difficile,  lorsque  des  espèces  sont  aussi  rapprochées  que 
sont  qambeli  et  caiifornicus,  déjuger  leur  hybride  au  moyen  d'aqua- 
relles ;  au  moins  faudrait-il  avoir  le  portrait  des  Oiseaux  sur  toutes 
leurs  faces.  Aussi,  n'ayant  point  vu  les  dépouilles  de  ces  deux  sujets, 
sans  doute  fort  intéressants,  nous  abstenons-nous  de  les  décrire 
minutieusement,  ce  qui,  du  reste,  a  été  fait  par  M.  Henshaw  (1). 
On  peut  cependant  se  rendre  compte  des  caractères  vraiment  inter- 
médiaires que  présente  la  pièce  vue  en  dessous.  Ces  caractères  con- 
sistent dans  le  dessin  très  affaibli  des  plumes  à  écailles  et  dans  la 
tonalité  de  la  plaque  du  ventre.  Le  dessin  écaillé  du  cou  paraît  lui- 

(1)  Dans  les  termes  suivants  :  N"  I.  Ressemble  davantage  à  la  Caille  de  Californie; 
le  brun  de  1h  têle  tire  sur  le  marron,  la  bande  blanche  antérieure  du  Iront  est 
mélangée  de  noir;  les  plumes  sur  le  côté  et  le  derrière  du  cou  ne  sont  point 
marquées  de  blanc,  excepté  sur  les  cotés  du  cou  où  les  taches  apparaissent, 
quoique  moins  marquées  que  dans  la  partie  correspondante  de  californictis: 
ces  parties  par  conséquent  sont  presque  comme  dans  gambeli.  La  tache  abdominale 
couleur  vin  de  californictis  existe,  mais  les  plumes  de  l'abdomen,  au  lieu  d'être 
marquées  d'une  large  bande  noire,  sont  seulement  étroitement  bordées  ;  ainsi 
elles  sont  dans  leur  partie  basse;  pendant  qu'au-dessus,  spécialement  dans 
la  surface  nuancée  de  chamois  (qui  est  aussi  foncée  dans  ce  spécimen  que  dans 
californiens),  les  bords  noirs  se  réduisent  à  une  frange  noire  excessivement  étroite. 
L'Oiseau  a  les  côtés  et  les  flancs  marron,  comme  dans  gambeli,  mais  le  marron 
n'est  pas  aussi  foncé.  Le  bord  des  tertiaires  est  pâle,  comme  dans  ce  dernier  ». 

N"  2.  Ressemble  presque  à  gambeli.  La  partie  du  sommet  de  la  tête  est  marron, 
quoique  aussi  claire  que  dans  le  gambeli  typique.  Les  plumes  soyeuses  du  front 
sont  beaucoup  plus  soinbresi|ue  dans  californiens  et  presque  comme  dans  gambeli. 
Les  plumes  des  côtés  et  derrière  le  cou  montrent  des  traces  de  blanc,  mais  ressem- 
blent, ainsi  que  cela  se  produit  dans  l'autre  spécimen,  beaucoup  plus  à  gambeli. 
Dans  la  tache  abdominale  la  couleur  vin  de  californicus  n'est  que  faiblement 
visible,  elle  est  couverte  pour  ainsi  dire  de  noir.  La  tache  sur  la  partie  supérieure 
de  l'abdomen  est  chamois  jaunâtre,  mais  plus  pâle  même  que  dans  gambeli.  Les 
larges  bordures  noires  aux  plumes  de  l'abdomen  et  la  poitrine  de  californicus  sont 
dans  ce  spécimen,  comme  dans  l'autre,  principalement  restreintes  aux  parties  infé- 
rieures, laissant  les  parties  supérieures  presque  sans  taches.  Le  marron  sur  le  côté 
et  les  flancs  est  semblable  à  celui  de  gambeli.  Les  bords  des  tertiaires  sont  très 
pâles.  > 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  483 

même  mixte  entre  celui  des  deux  espèces,  c'est-à-dire  qu'il  est 
moins  prononcé  que  chez  tjamheli  et  plus  vif  que  chez  californicus. 

Dans  la  pièce  vue  de  cùté,  le  rijux  des  plumes  lainées  de  ijamheli 
est  visible,  mais  il  est  très  atténué;  par  sa  teinte  bleu  ardoise, 
l'Oiseau  paraît  intermédiaire.  Le  dessus  de  la  tête,  roux  clair,  rap- 
pellerait beaucoup  plus  (jainheli. 

Le  Lophorty.v  ijamhfli  est  une  espèce  nouvellement  découverte. 
Elle  paraît  avoir  été  observée  pour  la  première  fois  vers  1842  ou 
1843,  dans  U-  mois  de  novembre,  à  quelque  distance  ouest  de  la 
Californie,  dans  des  plaines  très  arides  et  touflues,  couvertes 
d'une  espèce  de  Clienopodium.  Là  où  l'existence  semble  impossible, 
on  vit  ces  Oiseaux  courir  en  petites  bandes  de  cinq  ou  six  indi- 
vidus, jetant  de  temps  à  autre  leur  cri  d'appel  ou  de  reconnais- 
sance, cri  très  difTérent  de  celui  de  l'espèce  commune  (1). 

Les  Ornithologistes  américains  considèrent  les  deux  types  comme 
séparé§  spéciliquement,  (luoique  les  deux  formes  présentent  entre 
elles  de  très  grandes  analogies.  Si  on  doit  les  classer  ainsi,  ce  sont 
deux  espèces  proches  parentes.  C'est  surtout  par  la  disposition  du 
dessin  des  parties  de  dessous  que  s'établit  leur  distinction.  CaUjor- 
K(ca,  en  eflet,  laisse  voir  sur  la  plus  grande  partie  du  dessousdu 
corps,  depuis  le  ventre  et  s'étend  ant  presque  sur  la  poitrine,  un  es- 
pace de  couleur  jaune  clair,  lequel  espace  est  parsemé  de  plumes  à 
aspect  d'écaillés;  sur  le  ventre  au  milieu  de  cet  espace,  se  trouve 
une  tache  foncée  et  rousse.  Or,  chez  ijambeli,  le  même  es|)ace  jaune 
existe;  sur  le  milieu  du  ventre  se  voit  également  une  large  tache 
brune  plus  accentuée  et  surtout  beaucoup  plus  foncée,  mais  les 
plumes  à  écailles  fout  complètement  défaut.  Sur  les  côtés,  les 
plumes,  lamées  de  blanc  vers  le  milieu,  sont  roux  vif  chez  gambeli; 
elles  sont,  au  contraire,  gris  de  plomb  (c'est-àdire  de  la  teinte  du 
devant  de  la  gorge)  chez  nilifurnicd.  On  peut  dire  que  ces  deux 
traits  :  1°  le  manque  d'écaillés  dans  les  parties  de  dessous,  2"  le 
roux  des  plumes  lamées  de  blanc  des  côtés,  sont  les  deux  marques 
distinctives  et,  à  proprement  i)arler,  les  seules  qui  divisent  les 
deux  types,  car  ailleurs  la  disposition  et  la  coloration  du  plumage 
sont  les  mêmes,  seulement  la  tonalité  s'allaiblit  très  notablement 
chez  ijambeli.  Ou  retrouve  encore  chez  celui-ci,  uKiis  d'une  manière 
très  peu  visible,  le  dessin  des  écailles  du  cou  de  californica.  Il  est 

(1)  Proceedings  o(  Ihe  Academy  of  sciences  o(  Philadelpliie,  1,  p. 260, 184;$.  D'après 
Baird,  lirewer  et  Kidgway  (A'ort/i  uiiierican  Uirds,W,  p.  482.  1874).  l.a  nouvelle 
espèce  a  élé  ublt-nue  par  le  b'  Kenncrby,  près  de  Sun  bluana  (Te.\as),  et  sur  la 
rivière  Colorado  (Caliloroie),  par  le  même  docteur  et  M.  A.  ScliuU. 


484  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

donc  très  remarquable  que  gambeli,  qui  est  plus  clair  dans  sa 
tonalité  générale,  devient  tout  à  coup  plus  foncé,  mais  seulement  à 
deux  places  :  sur  le  milieu  du  ventre  et  sur  les  plumes  des  côtés. 
C'est  là,  pour  ainsi  dire,  uue  irrégularité,  une  déviation  qui  se 
produit  et  qui  est  vraiment  curieuse. 

Ajoutons  que  les  femelles  de  ces  deux  Oiseaux  nous  ont  paru 
d'aspect  plus  dissemblable  que  ne  le  sont  les  mâles  entre  eux,  lors- 
qu'on prend  soin  de  les  examiner  en  dessous.  Cela  tient  sans  doute 
à  l'absence  du  plastron  qui  ne  peut  être  rappelé  chez  elles,  puisque 
le  sexe  femelle  en  est  privé. 

Callipepla  squamata  (1)  et   Colinus  virgianus  (2) 

(Se  reporter  p.  (i  ou  p.  259  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  1890). 

Ce  croisement  ne  figure  point  sur  la  liste  que  nous  avions  dressée, 
parce  que  les  Proceedings  de  la  Linnean  Society  de  New- York, 
dans  lesquels  l'Oiseau  avait  été  annoncé,  ne  faisaient  point  con- 
naître sa  provenance. 

M.  Geo.  B.  Sennett  nous  a  écrit  qu'il  avait  été  pris  pendant 
l'année  1889  dans  le  pays  de  Concho  (Texas),  dans  un  endroit 
désert  situé  à  une  altitude  de  1500  à  2000  pieds  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer,  oîi  les  Oiseaux  et  les  Mammifères  sont  abondants.  Dans 
le  voisinage  s'élèvent  de  hautes  montagnes.  T--e  chasseur  qui  l'obtint 
est  M.  Lomies,  propriétaire  à  Rauch.  C'est  un  homme  instruit, 
grand  amateur  de  chasse  et  possédant  une  connaissance  appro- 
fondie de  la  faune  ornithologique  de  l'Amérique.  .M.  Lomies  est 
absolument  certain  d'avoir  vu  dans  la  bande  où  l'hybride  fut  tué 
d'autres  individus  également  hybrides.  Cependant,  jusqu'à  ce  jour, 
aucun  nouveau  spécimen  de  cette  catégorie  n'a  encore  été  ren- 
contré. L'exemplaire  obtenu  dans  les  plaines  de  Concho  reste  donc 
unique. 

Au  moment  où  M.  Geo.  B.  Sennett  nous  envoyait  ces  renseigne- 
ments, il  se  trouvait  éloigné  de  son  appartement  du  Musée  de 
New-York,  où  le  spécimen  en  question  est  précisément  conservé, 
en  sorte  que  M.  Sennett  n'a  pu  nous  donner  que  de  mémoire  le 
signalement  suivant  :  «  Sur  le  sommet  de  la  tête  existe  une  touffe 
composée  de  quelques   plumes  verticales  différant  de  celles  de 

(1|  Synonymie  :  0)-tyx  squamata,  Callipepla  strenna,  Telrao  crislata. 
(2)  Autres  noms  :  Telrao  virgianus,  Perdix  virgina,  Orlyx  virgianus,  Telrao 
marilandicus,  Telrao  minor,  Perdix  borealis,  etc. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ICT    KX.VMENS    d'aPRÈS    NATURE  485 

C.  squnmatd,  elles  sont  larges  et  plates  comme  les  plumes  (pii 
orneut  la  ttHe  du  i^olinus  vinjiaitus  {[).  La  poitrine  est  comme 
chez  C.  sqwimata;  le  ventre,  au  contraire,  comme  chez  oiri/ianus. 
Le  dos  et  les  couvertures  sont  un  mélange  des  deux  espèces;  la 
gorge  est  blanche.  Le  dessin  de  la  queue,  autant  qu'il  peut  s'en 
souvenir,  est  mélangé,  mais  la  forme  dominante  doit  être  celle  de 
C.  squnmatd,  quoique  M.  Sennelt  ne  puisse  absolument  l'afTirmer. 
Le  sexe  est  mâle.  Le  spécimen  a  été  très  bien  préparé  et  en  plumage 
parfait  (2). 

M.M.Baird,  Brewer  et  Ridgway  (3)  rangent  la  Caltipepla  sqnamata 
elYOrtyx  virgianus  dans  deux  genres  différents.  Cette  classification 
est  peut-être  exagérée,  elle  montre  néanmoins  que  les  deux  types 
sont  bien  distincts  et  doivent  être  classés  comme  appartenant  à 
deux  bonnes  espèces.  D'après  les  spécimens  que  nous  avons  fait 
venir  d'Améri([ue,  le  (\  virgianus  diffère  de  la  C.  squamdtn  beaucoup 
plus  que  C.  california  et  C.  Gambeli  ne  dillèrent  entre  eux.  La 
taille,  le  dessin  des  plumes,  le  ton  de  ces  mômes  plumes,  tous  ces 
caractères  sont  différents;  le  C.  virgianus  rappelle  un  peu  sur  le 
dos  inférieur  notre  Caille  d'Europe,  tandis  que  la  C.  squamata,  par 
sa  teinte  gris  ardoisé  et  davantage  en  écailles,  rappelle  les  espèces 
dont  il  vient  d'être  parlé. 

Le  mâle  et  la  femelle  diffèrent  peu  dans  chaque  espèce,  notam- 
ment chez  squamata.  La  gorge  du  mâle  virgianus  est  blanche, 
entourée  de  foncé;  elle  est  jaune  roux  chez  la  femelle  et  n'est  point 
encadrée.  Rarement  chez  les  Oiseaux,  la  femelle  se  revêt  d'une 
teinte  différente  de  celle  du  mâle;  la  femelle  virgianus  fait  donc 
exception. 

Perdix  cinerea  et  Perdix  saxatius  (4) 

(Se  reporter  p.  6,  ou  p.  2o9  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  18'JO.) 

En  citant  ce  croisement,  rapporté  par  Dureau  de  la  Malle,  mais 
demeuré  très  problématique,  on  faisait  remarquer  que  c'était  à  peu 
près  le  seul  exemple  connu,  que  cependant  deux  ou  trois  autres 
spécimens  auraient  été  vus  en  Suisse. 

Renseignements  pris,  il  existe  réellement  un  individu  adulte  au 

(1)  Celle  parlicularilé  surprend  vivement  M.  Sennett. 

(2)  Une  nouvelle  mention  de  cet  Oiseiiu  a  été  faite,  depuis  la  publication  de  noire 
travail,   dans  les  mêmes  Proceedings  (l.innean  Soc.  of  New- York),  2  Mardi  1892). 

(3)  North  american  Uirds,  III,  1887,  pp.  467,  4&S  et  487. 

(4)  Appelée  aussi  :  Tetrao  ruia,  Pa\l.,Cacabis  grœca,  Kamp.  ou  Chacura  grœca, 
G.  H.  Gray 


480  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Musée  de  Sion  et  un  jeune  dans  la  collection  de  Bex,  tous  deux 
tués  par  le  capitaine  Bonvin-Chappuis,  dans  le  Valais,  pendant  les 
années  1878  et  1879.  Mais  ces  Oiseaux  ayant  été  soumis  à  l'examen 
de  M.V.  Fatio,  aucun  indice  certain  de  mélange  de  la  Bartavelle  avec 
la  Perdrix  grise  n'a  pu  être  découvert  par  l'éniinent  zoologiste  de 
Genève.  Celui-ci  a  même  désigné  ces  Oiseaux  sous  le  nom  de 
«  variété  »,  dont  il  a  ainsi  tracé  le  portrait  (1)  :  ((  Le  bec  n'est  point 
rond,  court  et  convexe,  comme  chez  la  Perdrix  grise  ;  le  tarse  et  les 
doigts  sont  plus  longs  que  dans  cette  espèce,  le  pouce  porte  jusqu'à 
terre,  comme  chez  la  Bartavelle,  et  les  ongles  sont  bien  recourbés. 
L'espace  nu  derrière  l'œil  n'est  pas  aussi  grand  que  chez  la  Perdrix 
grise,  les  plumes  des  flancs  sont  fortement  élargies  au  lieu  d'être 
allongées  comme  chez  cette  dernière.  Les  rémiges  sont,  en  outre, 
aussi  échancrées  au  bord  externe  que  chez  la  Bartavelle,  il  n'existe 
pas  de  trace  du  fer  à-cheval  de  la  P.  cininra,  pas  plus,  du  reste, 
qu'il  n'existe  de  jaune  roux  à  la  tête  ou  de  traits  clairs  sur  le  dos.  » 
M.  Fatio,  ayant  ensuite  comparé  cette  variété  avec  le  Tetrao  banasia 
et  la  Perili.r  rubrn  (2),  remarque,  qu'abstraction  faite  de  la  présence 
de  plusieurs  bigarrures  sur  le  dos,  elle  ne  montre  aucune  analogie 
avec  la  Gelinotte,  ni  dans  les  formes,  ni  dans  les  couleurs,  pas  plus 
au  corps  ou  à  la  tête,  qu'aux  membres  ou  à  la  queue.  Il  n'y  a  pas 
de  vestiges,  chez  elle,  du  poiutillé  noir  qui  orne  le  bas  du  cou  et 
le  haut  de  la  poitrine  de  la  Perdrix  rouge,  pointillé  qui  se  retrouve 
cependant  plus  ou  moins  chez  les  hybrides  de  celle-ci  avec  la 
Bartavelle;  presque  toutes  les  plumes  de  ses  flancs  portent  deux 
bandes  noires  transversales,  comme  chez  cette  dernière,  tandis  que 
les  parties  correspondantes  ne  présentent  qu'une  barre  chez  lubra. 

Bref,  il  n'est  point  possible  d'expliquer  par  un  mélange  de  ces 
deux  espèces,  soit  la  calotte  noire  qui  recouvre  la  tête,  soit  l'étrange 
bigarrure  du  dos  des  jeunes  (3)  . 

Quelle  est  donc,  se  demande  M.  Victor  Fatio,  la  raison  de  l'appa- 
rition de  cette  gracieuse  mais  bizarre  livrée?  Pourquoi  ces  deux 
Oiseaux,  d  âges  différents,  sont-ils  à  la  fois  semblables  entre  eux 

(1)  Journal  la  «  Diana  »,  n°  du  1"  octobre  1890.  M.  Fatio  a  bien  voulu  nous 
adresser  un  extrait  de  ce  Journal. 

(2)  Espèces  avec  lesquelles  on  avait  sans  doute  soupçonné  un  croisement? 

(3)  11  faut  noter  que  le  jeune  faisait  partie  dune  compagnie  de  huit  Bartavelles 
dont  cinq  furent  tuées  ;  seul  de  ces  dernières  il  dillérait  du  type  de  son  espèce. 
1/adulte  (de  sexe  femelle)  se  trouvait  dans  une  famille  de  cinq  individus  (dont 
trois  tués);  seul  aussi,  il  présentait  une  liizarre  livrée.  Notons  encore,  d'après 
M.  Fatio,  qu'à  part  quelques  légères  dilïérences  provenant  de  l'âge,  les  deux  sujets 
portent  une  livrée  quasi  identique. 


ADDITIONS,    CORHKCTIONS    KT    ICXAMEN.S    d'aPRKS    NATUllK  487 

et  plus  (Jifîérents  du  type  de  leur  espèce  que  d'autres  Perdrix  dans 
le  mi^uie  genre?  M.  Bouviu.  (jui  a  beaucoup  chassé  dans  la  inènie 
localité,  n'a  pas  revu  de  semblable  variété. 

«  La  présence  du  noir  sur  la  tète  et  eu  diverses  places  sur  le  dos 
pourrait  faire  supposer  une  tendance  an  inélanisnie,  résultant 
d'une  alimentation  particulière;  mais  comment  les  autres  membres 
de  la  famille  n'auraientils  point  partagé  la  même  nourriture. 
Puis  aussi  pourquoi  cette  prédominance  de  tons  jaunâtres?  11 
n'existe  pas  de  teintes  nouvelles,  c'est  plutôt  un  développement 
et  une  transposition  en  diverses  places  des  couleurs  de  l'espèce, 
sans  doute  un  dcjaut  (fétiuilibre  dans  la  répartition  ordinaire  des 
matières  colorantes,  un  désordre  d'autant  plus  curieux  qu'il  a  pu 
se  produire  identique  chez  deux  sujets  et  n'est  point,  par  consé- 
quent, purement  accidentel.  » 

Après  être  entré  dans  ces  considérations,  M.  V.  Fatio  a  donné  une 
très  longue  et  très  savante  description  de  cette  variété  qu'il  a 
appelée  Perdix  saxatilis,  varietas  nielanocephala.  Nous  ne  reprodui- 
sons point  cette  description,  puisqu'elle  ne  concerne  point  un 
hybride,  mais  nous  nous  empressons  de  rectifier  l'assertion  qui 
avait  été  émise  par  nos  honorables  •correspondants  à  propos  de 
de  cette  variété.  En  outre,  nous  sii^nalerous  à  M.  Fatio,  (s'il  ne  la 
connaît  déjà),  une  Perdrix  qui  existe  au  Muséede  Marseille  et  qui  a 
été  considérée  par  M.  Barthélémy  La  Ponimeraye  comme. un  métis 
de  riifa  elde  saratiiis,  mais  ijui  n'est  autre  qu'une  monstruosité  de 
coloration  pouvant  peut-être  entrer  dans  la  catégorie  de  la  variété 
qui  vient  d'être  étudiée  ?  —  Le  croisement  de  la  P.  cinerea  X  P. 
saxatilis,  ne  reposant  plus  que  sur  l'exemple  cité  par  Dureau  de 
la  Malle,  demeure  donc  toujours  très  problématique.  Tenté  en 
captivité,  au  Jardin  zoologique  de  Copenhague,  entre  une  P.  cinerea 
cf  et  une  P.  saxatilis  9,  il  est  demeuré  sans  résultat  (1). 

Perdix  cinerea  et  Perdix  rubra 
(Se  reporter  p.  7  ou  p.  260  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Le  mélange  de  ces  deux  espèces  n'est  pas  plus  certain  que  le 
précédent,  malgré  les  faits  nombreux  que  l'on  cite.  Ou  se  rappelle 
qu'il  avait  été  mis  en  doute;  nous  signalerons  néanmoins  quelques 
exemples  nouveaux  et  plusieurs  autres  que  nous  avions  omis  de 
mentionner. 

(1)  Ces  renseignements  nous  sont  envoyés  par  M.  A.  von  Klein. 


488  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    F.'ÉTAT    SAUVAGE 

1°  D'après  M.  Howard  Saunders,  qui  a  revu  et  corrigé  la  qua- 
trième édition  des  «  British  Birds  »  de  Yarrell  (1),  Temmincka  cité 
un  exemple  (2); 

2°  Stevenson  en  mentionne  un  autre  observé  à  Holverstone  en 
octobre  1850(3); 

3°  En  1887,  on  informa  M.  Sackett  que  l'espèce  Caccabis  rufa 
s'était  croisée  avec  l'espèce  ordinaire  dans  les  marais  est  de 
Dilbury,  où  elle  est  tout  aussi  commune  que  celle-ci. 

4°  M.  Stacey,  de  Dunmow,  posséderait  un  couple  paraissant 
croisé; 

5"  M.  Miller  Christy  tua  lui-même,  à  Bromfield,  en  1887,  un 
jeune  Oiseau  du   même  genre  (4)  ; 

6°  M.  Colburii,  de  Birmingham,  vit,  un  jour  qu'il  se  promenait 
suivant  son  habitude  devant  les  marchands  de  gibier  de  sa  ville, 
une  Perdrix  étrange  qui  se  trouvait  dans  un  lot  de  P.  cinerea.  Il 
la  reconnut,  quoique  fort  abîmée  par  le  coup  de  fusil,  pour  le  pro- 
duit de  la  C.  rufa  et  de  la  P.  rinerea.  Quelques  jours  après,  le  même 
observateur  remarqua  un  autre  spécimen  qui  avait  été  tué  dans  la 
même  chasse  et  sans  doute  dans  la  même  compagnie  (5)  ; 

7"  Enfin,  tout  récemment,  en  1891  (6),  M.  Miller  Christy  mon- 
trait, dans  un  meeting  de  la  Société  Liiméenne  de  Londres,  un 
jeune  Oiseau  tué  à  Melbourne,  près  de  Slratford,  pendant  l'année 
précédente  et  qui  paraissait  être  un  croisement  entre  les  deux 
Perdrix. 

Tels  sont  les  sept  exemples  de  croisement  que  nous  n'avions 
point  rappelés;  quoique  peu  probables,  nous  avons  à  les  examiner. 

1.  Il  nous  a  été  impossible  de  trouver  dans  les  ouvrages  de 
Temminck  le  fait  que  le  célèbre  ornithologiste  aurait  cité.  Nous 
avons  lu  dans  son  Histoire  générale  des  Gallinacés  (7)  les  pages  qu'il 
a  écrites  sur  la  Perdrix  grise  et  sur  la  Perdrix  rouge.  Loin  de  parler 
de  rapprochements  entre  ces  deux  espèces,  il  rapporte  en  entier  le 
passage  de  Bufton  qui  rappelle  leurs  inimitiés  (8).  Ce  passage  est 

(I)  Le  vol.  m. 

(i)  Voy.  p.  120.  (M.  Saunders  a  sans  doute  copié  Stevenson). 

(3)  Birds  of  Norfiilk,  I,  p.  419,  1866. 

(4)  Voy.  pour  ces  exemples,  Birrfs  o/"  £sse.l',  p.  120,  ouvrage  qui  nous  a  été  indiqué 
avec  beaucoup  d'obligeance  par  M.  Cari  Parrot,  cand.  méd.  à  Munich  (Bavière). 

(.ï)  The  Zoologisl,  p.  384,  ISiH). 

(fi)  Ou  en  1890,  nous  n'avons  pu  nous  procurer  les  Transactions  de  la  Société 
Linnéenne,  dans  lesquelles  l'exemple  est  cité. 

(7)  IHsl.  nat.  générale  des  Pigeons  et  des  Gallinacés.  III,  Amsterdam  et  Paris, 
iSI.'i. 

(8|  P.  374   La  Perdrix  grise. 


AUDITIONS.    COltUliCriONS    KT    EXAMENS    D  APRÈS    NATURE  489 

trop  t'onmi  pour  qu'il  soil  besoin  de  le  reproduire.  Nous  u'avons 
point  été  i)lus  heureux  en  pareourant  le  Maïuiel  (l'Ornithologie  (1) 
du  même  auteur.  Cependant,  dans  la  quatrième  partie  d'une  nou- 
velle édition  (2),  Temminck  (ou  son  éditeur  plutcM),  ouhliant  ce 
qui  avait  été  écrit  précédemment  sur  la  l'crdi.r  niontana,  considérée 
avec  raison  comme  une  simple  variété  de  la  Perdrix  grise,  la  dit 
cette  fois  «  un  métis  possible  entre  In  Homje  et  la  Grise  »,  opinion 
qui  n'est  poini  acceptable  (3).  C'est  sans  doute  à  cet  exemple  que 
M.  Stevenson,  d'abord,  et  M.  Sounders,  ensuite,  font  allusion  (4), 
mais  certes,  ces  éminents  écrivains  ne  peuvent  partager  une  telle 
manière  de  voir. 

2.  Stevenson  n'a  donné  qu'une  très  courte  description  de  l'Oiseau 
qu'il  croyait  être  «  un  croisement  certain  entre  la  Perdrix  française 
et  la  Perdrix  anglaise.»  Il  dit  seulement  de  ce  sujet  (qui  n'a  pu  être 
empaillé)  (5)  :  »  Feathers  on  the  [tanks  and  wing  coverts,  the  legs 
»  and  \iart  of  the  head  decidely  French,  tail  and  upper  part  of  the 
»  head  Knglish  (6).  »  Cette  descri|)tion  n'est  point,  sans  doute, 
sullisanle  pour  permettre  de  porter  un  jugement  sur  l'Oiseau  tué 
à  Holverslon  par  l'un  des  parents  de  l'ornithologiste  de  Norfolk. 

3.  On  ne  jiossède  [)oint  d'indications  précises  sur  le  plumage 
des  Oiseaux  tués  dans  les  marais  est  de  Dilbury. 

4.  Sur  le  couple  qui  appartiendrait  à  M.  Stacey,  il  est  dit  seu- 
lement que  «  les  traces  de  croisement  sont  visibles  sur  le  dos,  » 
indications  très  vagues  et  (jue  nous  n'avons  pu  vérifier,  .M.  Christy 
nous  ayant  fait  savoir  que  le  propriétaire  de  cet  Oiseau  est 
maintenant  eu  voyage  et  qu'il  est  inutile  de  le  lui  demander. 

5.  M.  Miller  Christy  ne  paraît  point  lui-même  avoir  décrit  le 
jeune  qu'il  tua  à  Bromlield,  ni  celui,  pensons-nous,  qui  fut  présenté 
à  la  Société  Linnéenne  de  Londres.  Il  n'a  conservé  du  premier 
d'autres  parties  ([ue  les  ailes,  mais  ces  parties  nous  ont  été  gracieu- 
sement envoyées  ;  bientôt  nous  allons  eu  parler. 

6.  M.  Colburn  a  donné  la  diagnose  assez  complète  des  deux 
Perdrix  (|u'il  avait  aperçuesà  la  bouliqued'un  marchanil  degibier; 
ces  pièces   [)rovenaient  du    Lincolnshire.   .M.   Harling,   (jui   les  a 


(!)  Seconde  Edition,  II'  pari.  Dufoiir.  l'.iris,   1820. 

(•2|  Paris  (Cousin),  1840. 

(Il)  Voy.  noire  premier  Mémoire  (p.  9  ou  p.  262  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  18110). 

(4)  Dans  leurs  ouvrages  respectifs. 

(ii)  II  avail  clé  conservé  trop  longtemps  en  rliair  et  s  "était  détérioré. 

(6)  P.  419. 


490  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

examinées,  a  leconna  qu'elles  appartenaient  à  l'espèce  rufa  et 
qu'elles  n'élaienl  autres  que  des  jeunes  de  ce  type  (1). 

7.  C'est  également  l'impression  que  nous  avons  ressentie  en 
voyant  les  ailes  du  jeune  tué  par  M.  Miller  Christy  à  Bromfield.  Il 
existe  réellement  sur  les  tertiaires  des  dessins  qui  rappellent 
étonnamment  cinerea  ;  mais  rufa  jun.,  ainsi  que  nous  nous  en 
sommes  assuré,  montre  aussi  les  mêmes  marques  ou  dessins.  Nous 
avons,  en  efîet,  fait  venir  vivants  du  centre  de  la  France  plusieurs 
jeunes  rufa  sur  lesquels  les  traits  dont  il  s'agit  étaient  très  visibles. 
Peu  à  peu,  à  mesure  que  les  Oiseaux  vieillissaient,  ce  dessin 
disparaissait. 

Cette  mue  parait  être  ignorée  de  beaucoup  d'ornithologistes.  Un 
maître  dans  la  science  de  l'ornithologie,  auquel  nous  avons  montré 
les  ailes  du  jeune  Oiseau  de  M.  Miller,  a  cru  pouvoir  constater  que 
ces  ailes  présentaient  évidemment  des  caractères  de  cinerea,  il  ne 
soupçonnait  pas  que  tous  les  jeunes  rufa  montrent  celte  particu- 
larité. Disons,  pour  confirmer  notre  dire,  que,  depuis  l'observation 
faite  sur  les  jeunes  rufa  reçus  vivants,  nous  avons  eu  l'occasion  de 
voir  plusieurs  fois  chez  des  marchands  de  gibier  de  jeunes  Perdreaux 
de  cette  espèce  présentant  la  même  particularité.  La  supposition 
que  le  jeune  tué  à  Bromfield  était  une  vraie  rufa  avait  été  déjà 
faite  par  M.  Miller  Christy. 

Il  est  bien  rare,  en  effet,  de  rencontrer  des  produits  de  la  Perdrix 
rouge  et  de  la  Perdrix  grise,  ou  plutôt  cette  rencontre  n'a  jamais 
eu  lieu.  M.  Haiting,  directeur  du  Zoologist,  qui,  certainement, 
aurait  eu  connaissance  de  tels  faits,  s'ils  avaient  été  observés,  n'en 
a  jamais  entendu  parler,  et  M.  Bond  a  confirmé  son  dire  par  qua- 
rante années  d'expérience.  Ceci  porte  à  croire  que  les  Perdrix  tuées 
dans  le  marais  est  de  Delhury,  comme  celles  de  M.  Sackett,  ne 
sont  elles-mêmes  que  de  jeunes  rxifa.  M.  Miller  Christy  les  sup- 
pose du  reste  ainsi.    Le  Bév.  Macpherson  dit  lui-même  que  les 

(1)  Voy.  dans  le  Zoologist.  p.  4G6  (ligne  7),  la  réfutation  qu'il  en  lait.  La 
description  écrite  par  M.  Colljurn  est  cependant  la  suivante  : 

Première  pièce  :  <i  primaires  et  secondaires  montrant  un  mélange  de  la  couleur 
des  ileu.x  espèces,  mais  les  tertiaires  presque  entièrement  de  celles  du  jeune  cinerea. 
Grandes,  moyennes  et  petites  couvei  tures  de  cet  Oiseau,  quoiqu'avec  un  mélange 
de  rufa.  Sur  le  cou  1 1  sur  la  léle  mélange  également,  mais  avec  prédominance  du 
type  rufa;  pas  de  hausse-col  et  les  marques  noires  de  la  gorge  et  de  ta  poitrine 
en  petit  nombre.  Flancs  rufa,  mais  à  travers  de  la  poitrine  traces  de  cinerea 
queue  de  rufa,  etc  !  » 

La  deuxième  pièce  :  a  Prédominance  visible  de  rufa,  P.  cinerea  se  fait  seulement 
sentir  sur  les  primaires  et  les  tertiaires.  » 

Les  deux  Oiseaux  sont  petits  et  très  en  retard  dans  leur  mue,  ajoute  M.  Colburn. 


AUDITIONS,    COIIHECTIONS    ET    EXAMENS    d'aI'RÈS    NATURE  4fll 

«  reports  »  d'hybrides  entre  la  Perdrix  srise  et  la  Perdrix  rouge 
qui  lui  furent  faits  du  Nord  de  Cumherlaud  ne  furent  point  certifiés 
par  la  production,  nécessaire  en  pareille  circonstance,  de  spéci- 
mens du  croisement  supposé. 

Parfois,  cepeudaiit,  on  trouve  dans  un  même  nid  des  œufs  de 
Perdrix  grise  et  des  œufs  de  Perdrix  rouge.  M.  l'abbé  Savatier, 
curé  de  la  Bussiére,  par  Sainl-Savin  (Vienne),  a  reçu  dernièrement 
un  nid  de  Perdrix  dans  lequel  se  tiouvaienl  douze  œufs  de  P.cini'rea 
et  trois  de  /'.  rufa.  Mais  ceci  n'implique  aucunement  le  croisement 
des  deux  espèces,  croisement  qui  restera  longtemps  problématique. 

Perdix  ruba  X  Perdix  saxatilis 
(Se  reporter  p.  Sou  p.  261  des  Mémoires  de  la  Soc.  Zool.  1890). 

Nous  avons  appris  par  M.  Brancaleone  Borgioli,  préparateur  du 
Musée  de  l'Université  de  Gènes,  que  M.  le  comte  Luc  Gajoli  Boidi, 
de  Pegli,  possédait  deux  produits  de  la  Perdrix  rouge  et  de  la 
Bartavelle.  Le  comte  a  bien  voulu  nous  adresseren  communication 
ces  deux  spécimens;  il  a  même  été  assez  gracieux  et  assez  désin- 
téressé pour  nous  abandonner  un  de  ces  Oiseaux  sur  lesquels  il 
nous  a  donné  les  renseignements  suivants.  Les  deux  hybrides  tués 
par  lui  furent  reucoutrés  au  mois  d'octobre  1884,  sur  les  mon- 
tagnes, entre  Tenda  et  Briga  (Alpes  Maritimes),  province  du  Cuneo. 
Ces  deux  individus  élaieut  adultes  et  de  sexe  opposé  (1);  ils  étaient 
accompagnés  de  ciuq  jeunes,  dout  (rois  furent  tués;  la  livrée  de 
ces  jeunes  était  absolument  pareille  à  celle  de  la  mère.  Dans  la 
même  localité,  .M.  le  comte  Boidi  a  rencontré  une  autre  bande  de 
ces  iiybrides,  mais,  à  cause  du  brouillard,  il  n'a  pu  abattre  qu'un 
jeune  qui  ne  présentait  aucune  dillérence  avec  les  individus  tués 
précédemment.  Ces  hybrides,  ajoute  M.  Boidi,  sont  bien  connus 
des  chasseurs  des  Alpes  Liguriennes,  ((ui  les  appellent  Mimcghctti; 
on  les  rencontrerait  fréquemment  dans  toutes  les  montagnes,  entre 
Tenda  et  Albeuga.  Il  y  a  deux  ans.  .M.  Boidi  en  a  vu  cinq  près  de 
Tenda  ;  il  lui  a  été  impossible  di^  rapporter  chez  lui  ([uoiques-uns 
de  ces  spécimens,  mais  il  les  a  reconnus  facilement  par  les  plumes 
qu'ils  avaient  laissées  dans  l'endroit  où  ils  avaient  dormi.  En  1887, 
le  marquis  Pinella  rencontra  lui-même  sept  ou  huit  individus  près 
de  Gavi  (Appennins  liguriens)  ;  il  en  tua  deux  qu'il  montra  au 

(1)  Celui  que  nous  avons  conservé  est  le  mâle. 


492  OISEAUX    HYBRIUKS    RENCONTHÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

comte  Boidi  :  c'étaient,  paraît-il,  deux  jeunes  absolument  sem- 
blables aux  Oiseaux  obtenus  à  Tenda  ;  ces  Oiseaux  ne  purent 
malheureusement  être  conservés. 

M.  Boidi  est  convaincu  que  ces  hybrides  peuvent  se  reproduire 
entre  eux,  par  cette  raison  qu'il  n'a  jamais  vu  dans  un  vol  de  ces 
Perdrix  ni  une  Bartavelle,  ni  une  Perdrix  rouge.  Les  adultes  pré- 
sentent les  caractères  que  l'on  aperçoit  chez  les  jeunes,  et  tous  les 
chasseurs  qu'il  a  interrogés  les  croient  une  variété  de  Perd'-ix 
et  non  des  hybrides. 

Nous  ne  saurions  assez  remercier  M.  le  Comte  Luc  Gajoli  Boidi 
d'une  communication  aussi  intéressante. 

Ou  se  rappelle  que  M.  Bouteille  avait  d'abord  regardé  ces 
hybrides  supposés  comme  formant  une  véritable  espèce  et  ce,  à 
l'exemple  de  tous  les  chasseurs  du  Dauphiné.  Nous  avons  reçu  du 
Musée  de  Grenoble  deux  de  ces  pièces  que  l'ornithologiste  avait 
décrites  sous  le  nom  de  P.  lahatici.  Nous  avons  été  en  outre  revoir 
les  deux  exemplaires  qui  se  trouvent  encore  dans  la  collection  du 
regretté  M.  Lemetteil,  à  Bolbec  (Seine-Inférieure).  Nous  avons 
examiné  de  nouveau  Téchantillon  du  Muséum  d'Histoire  naturelle 
de  Paris;  en  sorte  que  sept  sujets  parfaitement  authentiques  sont 
passés  entre  nos  mains.  Après  les  avoir  examinés  avec  soin,  nous 
n'oserions  partager  l'opinion  des  ornithologistes  qui  font  de  ces 
produits  une  véritable  espèce  ou  une  race.  Et  cependant  nous  ne 
voudrions  point  non  plus  les  déclarer  positivement  hybrides.  On 
jugera  par  les  descriptions  qui  vont  être  faites  avec  détails  de  la 
dilliculté  que  l'on  éprouve  pour  se  prouoncer  : 

1»  et  2".  Les  deux  vieux  appartenant  à  M.  le  comte  Boidi.  Le  mâle 
est  très  fort,  il  atteint  par  sa  taille  une  belle  Perdrix  s^a.ratiiis.  La 
teinte  roux  clair  du  ventre,  des  plumes  de  l'anus  et  des  couvertures 
inférieures  de  la  queue,  peut  passer  pour  intermédiaire  entre  celle 
des  deux  espèces.  La  teinte  du  dessus  du  dos  antérieur,  des  deux 
côtés  de  la  poitrine,  près  du  cou,  de  la  croupe,  du  dessus  de  la 
queue,  est  plutôt  de  la  teinte  de  saxatilis;  le  dessus  de  la  tête  est 
d'un  ton  intermédiaire. 

Les  taches  ou  perles  du  cou  sont  peu  abondantes,  elles  n'existent 
que  sur  le  devant;  sur  les  côtés  elles  sont  presque  nulles.  Par  h'i 
encore  l'Oiseau  est  intermédiaire. 

Les  plumes  des  lianes  sont  rayées  de  deux  barres  noires  comme 
chez  saxatilix.  mais  la  dernière  barre  est  bordée  largement  de  brun 
roux  comme  chez  rubra;  la  partie  inférieure,  de  couleur  perle  ou 
lilas,  est  sans  roux  clair,  et  rappelle  la  première  espèce. 


ADDITIONS.    CORRECTIONS    ICT    KXAMENs    d'aPRKS    NATURK  493 

Le  second  échantillou,  beaucoup  plus  petit,  a  plutôt  les  teiotes 
supérieures  de  nibni  ;  le  dessus  du  dos,  les  côtés  antérieurs 
de  la  poitrine,  le  dessus  de  la  tiHe  iudiqui'iil  bien  aussi  les  tons  de 
celte  espèce,  mais  ils  sout  éclaiccis.  Le  bas  du  dos  et  le  dessus  des 
couvertures  de  la  (|ueue  se  rapprochent  des  teintes  bleutées  ou 
cendré  clair  de  f:(i.Tatills.  Le  roux  du  dessin  du  ventre,  de  l'anus  et 
de  la  queue  est  lont  à  l'ait  de  la  teinte  du  précédent  ;  cette  teinte 
est  donc  intermédiaire.  Les  plumes  des  tlancs  sont  pourvues  de 
deux  barres  noires,  la  dernière  de  ces  barres  est  bordée  largement 
de  roux;  en  outre,  les  plumes  rappellent  rithra  i)ar  le  tonde  la 
partie  basse  avoisinant  le  tuyau,  ce  (jui  n'existe  pas  chez  la  pre- 
mière pièce.  Le  cou  est  également  peu  perlé;  il  ne  l'est  que  sur  le 
devant,  car,  sur  les  côtés,  il  ressemble  au  cou  du  (ireinier  exem- 
plaire. Cet  Oiseau  est  donc  plus  nthni  que  le  précédent  par  sa  taille 
petite,  par  le  ton  roux  du  dessous  du  corps  et  la  partie  roux  clair 
de  la  partie  basse  des  plumes  des  flancs. 

Ces  distinctions  sont  assez  considérables  |)our  dire  que  les  deux 
pièces  ne  sont  pas  identiques  dans  leurs  caractères  essentiels,  ce 
qui  semble  être  en  faveur  d'une  hybridation  ? 

3"  i'iii'  lies  Perdiir  ilu  Musée  df  Grenoble,  portant  le  n°  964.  indi- 
quée comme  /'.  labatiei  et  de  sexe  femelle,  provenant  de  l'Isère. 

Les  plumes  des  flancs  ont  les  deux  barres  noires  de  saxatilis, 
barres  très  bien  marquées  sur  toutes  les  plumes  sans  exception. 
(Sans  cette  particularité,  l'Oiseau  serait  tout  à  fait  nihni].l\  est,  en 
effet,  de  petite  taille,  à  peu  près  de  la  taille  de  l'exemplaire  9  de 
.VI.  Boidi.  Les  perles  ou  points  du  collier  sont  très  développés  et 
abondants.  Ils  le  sont,  pour  ainsi  dire,  tout  autant  que  chez  ruhrn, 
quoique  moins  foncés.  Les  plumes  des  flancs,  dont  on  vient  de 
parler,  sont  même  rousses  à  leur  extrémité  ;  la  partie  blanche,  qui 
est  encadrée  par  les  deux  raies  noires,  est  lavée  de  jaunâtre; 
sous  le  ventre,  les  plumes  sont  jaune  nankin  foncé,  ainsi  que  sous 
les  couvertures  dj  la  queue;  la  phKjue  blanche  des  joues  est  très 
lavée  de  violacé  ronssàtre.  le  dessus  de  la  tète  est  foncé.  Notons 
encore  que,  sur  les  parties  de  dessus,  cette  pièce  est  foncée  conaine 
chez  nthra. 

La  présente  description  montre  évidemment  qu'elle  diffère  des 
deux  spécimens  du  comte  Boidi  (1). 

(1)  On  ri'inarqiip  riiez  cllr  {mms  niillciiipnt  comme  caractère  d'Iiyhridilé)  une 
leinti'  rousse  1res  lar);i'  entoiiranl  coinplètemenl  le  colliir.  Les  échiinlilliiiis  riihra 
(|ue  nous  possédons  sont  bien  moins  ronx  à  celle  place,  et  nos  .ia.iiilili.i  ne  le  sont 
ancuncinent;  sans  doule  celle  particularité  est  l'apanage  des  vieux  échantillons 
des  deux  espèces,  au   moins  des  rubrn. 


494  OISEAUX    HYBniDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

4°  Le  deuxième  échantillon  du  Musée  de  Grenoble  (1)  nous  a  paru 
plus  fort  que  le  précédent,  de  ton  plus  clair,  par  conséquent  se 
rapprochant  de  saxatiii.i. 

La  gorge  est  remplie  de  petits  points  ou  de  perles  presque  en  aussi 
grande  quantité  que  chez  rubra  ;  par  ce  caractère,  il  se  rapproche 
du  n*»  964.  Mais,  particularité  très  remarquable,  ces  perles  ou 
pointillés  ne  s'observent  que  du  côté  gauche.  Par  ses  pointillés 
nombreux,  il  diffère  donc  encore  des  spécimens  de  M.  Boidi. 
Par  devant,  sur  le  poitrail,  la  teinte  rousse  constatée  (mais  non 
comme  un  signe  d'hybridité)  chez  le  précédent  f;iit  défaut;  toute 
cette  partie  de  devant  est  seulement  bleutée.  Le  blanc  de  la  gorge 
est  assez  violacé.  Les  plumes  des  flancs  sont  deux  fois  barrées. 
L'aspect  est  plus  brun  roux  que  chez  saxatilis,  et  par  là  l'Oiseau  se 
rapproche  de  rubra,  mais  la  plume  des  tlancs  est,  à  sa  naissance, 
à  peine  rousse;  sous  ce  rapport,  elle  est  comme  la  plume  de  mxa- 
talis.  Le  roux  jaune  du  dessous  de  la  queue  est  en  outre  assez  foncé. 

5°  L'échantillon  cf  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Paris  (prove- 
nant aussi  de  Grenoble  et  indiqué  comme  lalmtiei),  ressemble,  par 
l'étendue  des  taches  du  cou,  aux  deux  derniers  exemplaires. Les  deux 
barres  transversales  existent  sur  les  plumes  des  flancs.  Les  barbes, 
au  début,  c'est-à-dire  près  du  tuyau,  sont  jaunes.  Lorsque  nous 
l'avons  examiné  au  Muséum,  le  jour  taisait  défaut  et  nous  uavons 
pu  apprécier  la  teinte  générale  de  son  plumage,  mais  M.  Oustalet 
veut  bien  nous  faire  savoir  que  cette  teinte  est  plus  grise  que  dans 
la  Perdrix  rouge  commune. 

Ainsi,  les  trois  échantillons  du  Dauphiné  se  ressemblent  assez 
entre  eux,  au  moins  par  les  taches  du  collier  et  les  barres  trans- 
versales des  plumes  des  flancs  ;  mais  ils  diffèrent,  précisément  par 
l'étendue  des  taches,  des  exemplaires  obtenus  par  M.  le  comte 
Boidi. 

6°  et  1°  Échantillons  de  la  collection  Lemetteil.  Chez  l'un  d'eux,  le 
ton  du  plumage  est  intermédiaire;  la  taille  est  de  la  Perdrix  rouge. 
Du  côté  gauche,  sur  les  plumes  des  flancs,  on  aperçoit  une  seule 
barre  noire,  tandis  que  sur  le  flanc  droit  les  deux  barres  sont 
visibles  quoique  la  deuxième  soit  toujours  peu  distincte.  Les  taches 
du  collier  sont  comme  chez  les  exemplaires  de  .M.  Boidi,  c'est-à-dire 
peu  étendues,  le  tour  uni  du  collier  est  très  large.  Le  dessous  du 
ventre  clair  roux  ;  sous  la  queue,  le  ton  roux  assez  foncé.  Au  début 

(1)  Au  momeul  où  nous  l'avons  reçu,  le  premier  exemplaire  avail  été  renvoyé 
déjà  depuis  quelque  temps,  en  sorte  que  les  comparaisons  que  nous  ëlublissuns 
ne  sont  faites  que  de  souvenir. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMKNS   D"APRÈS    NATURE  49îj 

des  barbes  des  plumes  des  flancs  on  trouve  du  jaune  en  assez  grande 
quantité. 

Chez  Tautre  spécimen,  le  tour  uni  du  collier  est  bien  moins 
large,  mais  les  perles  sont  plus  détachées,  quoique  toujours  en 
très  petit  nombre.  Sur  le  dessus  du  dos,  la  teinte  est  intermédiaire 
entre  celle  des  deu.x  espèces,  quoique  plus  foncée  que  chez  le 
dernier.  Sur  les  plumes  des  flancs  les  deux  barres  noires  sont  bien 
visibles,  ladeuxième  barreest  cependant  très  mince.  Plusieurs  deces 
plumes  sont  roux  prouoncé  au  début,  d'autres  plumes  ne  le  sont  que 
faiblement.  En  dessous  du  corps,  la  teiule  jaune  est  assez  claire. 

Il  est  bien  facile  de  voir  par  ces  descriptions  qu'il  ne  peut  être 
question  ici  de  pièces  appartenant  à  une  espèce  fixe,  puisque  les 
échantillons  décrits  diiïôrent  les  uns  des  autres  par  le  dessin  de 
leurs  plumes.  Ce  que  Degland  dit  de  rirréguiarité  des  caractères 
dans  les  cinq  Oiseaux  (vus  sans  doute  par  lui)  conlirme  notre 
dire  (I).  Il  semble  donc  que  la  P.  lahntiri  soil  \e  produit  de  rufa 
et  de  saxatilis.  .Mais  peut-être  doit-on  la  considérer  comme  une 
simple  variété,  fort  bizarre,  dans  ce  cas,  il  faut  le  reconjiaître. 

Inutile  de  rappeler  la  proche  parenté  des  deux  espèces  supposées 
mères,  divisées  seulement  :  1"  par  le  collier  garni  de  perles  chez 
rubra,  sans  perles,  mais  plus  large,  chez  saxatilis  ;  2"  par  les 
barres  noires  des  plumes  des  flancs,  doubles  chez  celle-ci,  simples 
chez  celle-là;  3' et  parla  teinte  nankin  des  parties  inférieures, 
plus  claire  chez  saxatilis,  plus  foncée  chez  rubra.  (Hubra  est  encore 
de  taille  moindre  que  saratilis,  quoique  l'on  trouve  de  petits  échan- 
tillons chez  la  Bartavelle). 

Aussi  considère-t-on  ces  deux  types,  au  moins  dans  certains 
pays  où  ils  habitent,  non  comme  deux  espèces  distinctes,  mais 
comme  deux  races  d'une  môme  espèce.  Le  type  rufa  serait  lui- 
même  susceptible  d'autres  variations  constantes  (2). 

C'est  avec  beaucoup  de  i)laisir  que  nous  avons  appris  par 
M.  Zollikofer,  préparateur  à  Saint-Gallen  (Suisse)  ,  que  M.  le 
D'  Biedermann  de  Sonnemberg,  à  Winterthein,  avait  obtenu  plu- 

(1)  Degland  constate  des  dilTérences  très  notables  a  sous  le  rapport  du  nombre 
et  de  l'étendue  des  taches  du  rou.  » 

(2)  Il  existe  notamment  une  variété  aux  îles  Canaries,  appelée  austrulis,  très 
rare  et  qui  diflére  du  type;  la  diaunosc  suivante  a  été  donnée  par  M..\nalole  Cabrcbra 
Y.  Diaz  {Catalogo  de  las  Aves  del  Archipielago  Canario,  Mailrid,  IH',13,  p.  27): 
«C.rostro  quarte  parle  robustiore  et  lonjiiore  quam  in  C.  rn/a;larsis  robuslioribus 
et  diraidio  pullicis  li>ngioribus;  dorso  cinereo,  nec  rulescenti-fusco  fascia  nigra 
circutn  gulluri  latiore  quam  in  C.  rufa  ». 


496  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

sieurs  fois  en  captivité  le  croisemeut  de  la  Bartavelle  et  de  la 
Perdrix  rouge  et  qu'un  des  produits  de  ces  deux  Perdrix  existait 
empaillé  au  Musée  de  Saint-Galleu.  Cette  pièce,  qui  porte  l'étiquette 
suivante,  ((  Bastard  vou  P.  saxatalis  et  P.  rubra,  vieux  cf,  élevé 
par  le  D""  Biedermann,  janvier  1892  »,  nous  a  été  envoyé  en 
communication;  nous  eu  avons  fait  la  description  suivante  :  «  d'une 
belle  taille,  mais  n'égalant  pas  celle  d'une  forte  Bartavelle,  n'est 
point  même  aussi  grand  que  l'hybride  cf  du  comte  Boidi  que  nous 
avons  conservé.  Tout  le  dessus  est  aussi  foncé  que  chez  la  Perdrix 
rouge,  ainsi  que  le  jaune  nankin  des  parties  tout  à  fait  inférieures, 
mais  les  flancs  sont  complètement  de  aa-ratitis,  c'est-à-dire  qu'ils 
montrent  les  deux  raies  noires  transversales;  point  de  couleur 
jaune  au  début  des  barbes  vers  le  tuyau.  Quant  au  collier,  il  est 
intermédiaire  entre  celui  des  deux  espèces;  toutefois,  beaucoup 
plus  saxatilh  que  rubra,  attendu  qu'il  est  large  ;  il  existe  très 
peu  de  plumes  noires;  les  pointillés  sont  plus  nombreux  du  côté 
gauche.  Notons  encore  qu'entre  les  deux  barres  noires  des  plumes 
des  flancs,  le  blanc  est  très  jaunâtre.  En  somme,  l'Oiseau  est  bien 
plus  saxatilis  que  rubra. 

On  voit  par  là  que  cet  hybride  authentique  diffère  de  ceux  que 
nous  avons  examinés  par  le  très  petit  nombre  de  taches  du  cou, 
les  plumes  des  flancs  sont  cependant  rayées  de  deux  barres  noires. 
Mais  les  indications  qu'il  peut  fournir  sont  insulîisautes  pour  per- 
mettre de  déclarer  hybrides  les  pièces  sauvages  que  nous  avions 
examinées. 

Nous  avons  voulu  savoir  s'il  provenait  réellement  du  croisement 
direct  des  deux  espèces,  ou  plutôt  s'il  n'avait  point  été  produit  par  un 
hybride  demi-sang  accouplé  avec  une  saxatilis  pure,  car  il  présente  de 
grandes  ressemblances  avec  cette  dernière.  M.  Zollikofer  nous  a  ré- 
pondu que,  sises  souvenirs  sont  exacts,  le  D''  Biedermann  n'a  obtenu 
que  des  produits  delà  même  et  vieille  paire,  c'est-à-dire  d'une  «aj-a- 
tilis  d"  (1)  et  d'une  rubra  9  ;  peu  de  jeunes  ou  plutôt  aucuns  ne 
seraient  nés  des  hybrides.  En  sorte  que  M.  Zollikofer  pense  que  la 
pièce  que  nous  avons  examinée  est  bien  un  hybride  demi-sang. 

Il  nous  reste  à  citer  un  autre  fait  de  croisemeut  constaté  à  l'état 
sauvage,  mais  en  quelque  sorte  provoqué.  Il  nous  a  été  raconté 
par  M.  Jacques  Guichard,  régisseur  du  domaine  de  Sivry-Courtry 
(Seine-et-Marne).  Celui-ci  se  trouvant,  en  1881,  au  château  de 
Guebar-bou-Aoun,  province  de  Constantine,  avait  fait  venir,  avec 

(1)  Acheté,  croyons-nous,  à  un  marchand  d'animau.x  de  Proppan,  un  nommé 
Zuiia.  L'Oiseau  proviendrait  de  l'Asie-Mineure. 


ADDITIONS,    COURECTIOXS    ET    I.XAMENS    DAPBÈS    NATURE  497 

plusieurs  couples  de  Faisans,  quatre  couples  de  Bartavelles.  Trois 
Poules  de  ces  dernières  étant  mortes  après  une  année  passée  en 
volière,  M.  Giiicliard  résolut  de  lAcher  les  Perdrix  avant  le  retour 
de  l'été  et  les  abandonner  dans  les  orges  vertes  environnant  le 
château,  où  pullulaient  des  Perdreaux  rouges  autochtones.  Il  eut 
la'salisfaction  de  voir  les  Coqs  Bartavelles  s'apparier  avec  les  Poules 
indigènes  et  l'autoniue  suivant  on  rencontra  plusieurs  compagnies 
de  métis  parfaitement  venus  et  faciles  à  reconnaître  à  leur  coup 
d'aile  du  départ  et  même  à  leur  plumage  lorsqu'on  les  rencontrait 
au  milieu  d'autres  bandes.  M.  Guichard  n'a  pu  suivre  que  les 
mâles:  il  u'a  jamais  revu  runi(|ué  Poule  qui,  seule,  avait  survécu. 
Il  est  regrettai)le  que  les  métis  n'aient  point  été  conservés.  Ces 
Oiseaux  avaient  certes  un  intérêt  scientilique  que,  sans  doute,  on 
ne  leui-  soupçonnait  i)as  alors. 

Faisons  remarquer,  eu  terminant,  que  nous  avions  cité,  dans 
notre  première  publication  (d'après  les  indications  que  M.  Biémer, 
naturaliste  à  Paris,  avait  bien  voulu  nous  fournir),  un  hybride 
P.  sa.ralilis  X  P.  nihra  comme  devant  se  trouver  dans  la  collection 
du  D''  Marmottau,  collection,  on  le  sait,  remise  au  Musée  d'Histoire 
naturelle  de  Paris.  Des  recherches  ont  été  faites  dans  cette  collec- 
tion, mais  aucun  hybride  n'a  été  découvert. 

Nous  avions  aussi,  d'après  MM.  Jaubert  et  Barthélémy  la 
Pommeraye  (I),  signalé  au  Musée  de  Marseille  un  semblable 
hybride.  L'Oiseau  avait  été  décrit  par  ces  auteurs  comme  ayant  «la 
tête,  le  cou  et  la  poitrine  de  la  Bartavelle,  et  les  flancs  maillés  de 
la  Perdrix  rouge.  »  Nous  sommes  vraiment  surpris  d'une  telle 
confusion.  11  s'agit  simplement  d'une  monstruosité  dé  plumage  et 
non  d'un  hybride,  comme  nous  nous  en  sommes  assuré  par  l'examen 
de  celte  pièce  qui  nous  a  été  adressée  en  communication  par 
M.  Ch.  Péuot.  aide-naturaliste,  sur  les  instructions  de  M.  Marion, 
directeur.  Cet  Oiseau  montre,  en  ellel,  au-dessus  des  ailes  et  même 
sur  le  dos,  une  seconde  rangée  de  plumes  des  lianes  de  rubra, 
véritable  anomalie  ou  plutôt  monstruosité,  comme  on  vient  de  le 
dire.  Il  est  vrai  qu'il  ne  porte  pas  au  cou  un  collier  de  perles  nom- 
breuses et  foncées  disposées  comme  dans  cette  espèce,  mais  les 
croissants  ou  lunules  qui  ornent  cette  place  ne  se  rapportent  aucu- 
nement à  un  mélange.  L'Oiseau  est  du  reste  tout  à  fait  dillérent 
des  nombreux  hybrides  que  nous  avons  examinés  et  que  nous 
avons  décrits  minutieusement.  Rien  n'annonce  chez  lui  une  double 
origine,  c'est  une  simple  variété  roux  jaunâtre  ou  Isabelle,  avec 

(1)  Richesses  ornithologiqaes  du  Midi  de  la  France,  p.  41G.  Marseille,  18b9. 


408  OISEAUX    IIVBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

double  rangée  de  plumes  des  flancs  et  collier  spécial,  sans  rapport 
aucun  avec  ce  que  l'on  peut  attendre  d'un  mélange  entre  rubra 
et  saratilis. 

Nous  avons  lu  sur  l'étiquelte  qu'il  porte  qu'il  avait  été  acheté  au 
marché  de  Mai'seille  par  M.  Laurin  ;  nous  savons  en  outre  qu'il 
était  de  sexe  mâle  (1).  Constatons  qu'il  n'est  point  étiqueté  «hybride 
de  P.  rufa  et  de  P.  saxntUh  »,  mais  simplement  «  métis  mâle  »  ; 
c'est  déjà  trop. 

Il  existerait  encore  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Lyon  un 
hybride  de  la  Perdrix  saxitlilis  avec  la  Perdrix  rubra?  M.  Reydon 
Neyreneuf,  ayant  eu  la  bonté  de  visiter  soigneusement  à  notre 
intention  quelques-unes  des  vitrines  de  ce  Musée,  a  remarqué  une 
Perdrix  étiquetée  seulement  :  «  Caccnbis  saxatilis  »,  mais  cette 
Perdrix  lui  a  paru  être  un  métis.  Voici  les  notes  qu'il  a  prises  : 
«  Bec  de  la  Perdrix  rouge,  pattes  plus  élevées  que  chez  cette  der- 
nière, semblable  à  celles  de  la  Bartavelle.  Collier  bien  net  de  la 
Bartavelle;  plumes  des  flancs,  la  moitié  environ  de  cette  Perdrix, 
une  dizaine  de  plumes  avec  la  coloration  de  la  Perdrix  rouge.  » 
Nous  ignorons  ce  que  peut  être  cet  intéressant  Oiseau  ;  nous  regret- 
tons qu'il  ne  nous  ait  point  été  communiqué  (2). 

Supprimant  de  notre  liste  le  croisement  de  la  Perdrii  rubra  avec 
la  Perdrix  cinerea  comme  n'étant  point  prouvé,  laissant,  mais  avec 
beaucoup  de  doute,  celui  de  la  Perdrix  cinerea  avec  la  P.  saxatilis, 
qui  ne  repose  plus  que  sur  le  fait  cité  par  Dureau  de  la  Malle,  nous 
ne  trouvons  donc  plus  chez  les  Perdicidés  que  les  croisements 
problables  suivants  : 

1"  Francolinus  vul.garis  X  F.  pictus,  repré.senté  par  six  ou  sept 

(1)  Op.  cit. 

(2)  M.  le  Directeur  (lu  Musée  avait  bien  voulu  cependant  nous  en  promettre  l'envoi. 
Nous  n'avions  reproduit  que  très  incomplètement  les  renseit;nements  donnés  par 

M.  Bouteille  sur  les  pièces  hybrides  décrites  par  lui  sous  le  nom  de  P.  labatiei. 
Ces  indications  pouvant  être  utiles,  nous  les  reproduisons  :  «  D'habitude,  dit  cet 
auteur,  le  mâle  a  plus  daûinités  avec  la  Bartavelle  qu'avec  la  Perdrix  rouge;  le 
contraire  se  produit  chez  la  femelle.  Ces  hybrides,  que  les  chasseurs  nomment 
improprement  «  Bartavelles,  »  se  distinguent  surtout  par  leur  taille  un  peu  plus 
grande  que  celle  de  la  Perdrix  rouge  et  un  peu  plus  petite  que  celle  de  la  Bartavelle, 
par  le  collier  noir  qui  est  comme  celui  de  cette  dernière,  mais  suivi  de  quelques 
taches  noires  comme  dans  la  première  espèce  et  toujours  moins  longues,  moms 
nombreuses;  par  les  lianes  rayés  de  deux  bandes  noires  comme  chez  la  Barta- 
velle, mais  dont  la  supérieure  est  peu  marquée,  assez  souvent  interrompue  dans 
son  milieu  ».  Enlin,  d'après  Bailly,  on  reconnaît  ces  produits  à  leur  plumage  qui 
a  moins  de  gris  cendré  et  plus  de  rouge  que  l'une  (espèce),  plus  de  gris  cendré 
et  moins  de  roux  que  l'autre  (espèce),  n 


ADDITIONS,    COUBECTIONS    ET    EXAMENS    d'APRÈS    NATURK  400 

échantillons;  2»  Callipepla  f/ambeli  X  CoUnus  virgianus,  représenté 
par  deux  pièces;  lioCalliiirjiln  mitidUKitu  X  Colinits  piryiainis,  connu 
par  une  seule  pièce  ;  et  4"  Penli.r  rubra  X  Pcrdix  sa.ratilis,  repré- 
senté par  plusieurs  spécimens,  dont  sept  ont  été  examinés  par 
nous  (1). 

Tetraonidés. 

Les  additions  aux  Tetraonidés  font  connaître  bon  nombre  de 
Rackelhanes  (hybrides  du  Tetrao  tetrix  et  du  T.  urogallus)  ;  quelques 

(1)  CoTCRNix  coTURMX  X  CoTUiiNix  jAPONicA.  —  En  1892,  dans  les  "  Annals 
and  Magiizin  of  Natural  History  (X,  pp.  166-17.3),  M.  Ogilvie  Grant  a  étudié  le 
genre  ColurnLx.  Il  trouve  qu'aucune  espèce  de  gibier  n'a  peut-î'tre  été  plus 
confondue  que  la  Coltirnix  coturnix  avec  son  alliée  du  Japon,  la  Coturnix 
Japonica.  M.  Ogilvie  tiranl  se  plail  à  dire  qu'il  a  enlin  découvert  les  caractères 
délinitifs  et  bien  marqués  qui  peuvent  servir  à  dillérencier  les  deux  types,  aussi 
bien  chez  le  sexe  niàle  (|ue  cbez  le  sexe  femelle.  Il  lui  parait  en  outre  que  les 
formes  intermédiaires  sont  le  résultat  d'un  croisement  entre  les  deux  formes. 

Les  caractères  qui  servent  à  M.  Ogilvie  Grant  pour  leur  dislincliun  éiant  très 
minimes,  on  ne  saurait  faire  tout  au  |ilus,  de  ces  deux  formes,  que  deux  races  ou 
deux  variétés. 

Mais  M.  Leonhard  SIcjneger,  dans  ses  a  Remarks  on  Japanese  Quails  »  Prnceed. 
UnitedSIates  Muséum,  I8'.H),  criti<|ue  la  manière  de  voir  de  son  collègue.  Pour  lui, 
les  conclusions  de  M.  Orant  ne  sont  point  fondées,  tout  au  moins  les  raisons  allé- 
guées ne  sont  point  siillisantes  pour  permettre  de  vérifier  l'exactilude  des  conclu- 
sions prises.  Ayant  jeté  un  coup  d'ceil  sur  son  matériel  d'observation,  M.  Stejneger 
ne  se  voit  point  obligé  d  avoir  recours  i  un  hybridisme  pour  expliquer  les  varia- 
tions de  plumage  que  présentent  ses  Cailles.  M.  Stejneger  n'a  pu  toutefois  oITrir  des 
explications  positives  sur  la  signilication  exacte  des  plumes  allongées  de  la  gorge 
de  C.  Japonica.  lesquelles  plumes  servent,  pour  .M.  (iranl,  de  dilférenciation  entre 
ce  type  et  le  type  C.  coturnix. 

Nous  avons  examiné  seulement  quatre  CoturnUc  indiquées  comme  Japonica,  que 
nous  a  envoyées  M.  Houcard.  Nous  les  avons  comparées  à  trois  C.  coturnix  du 
Musée  de  Kouen.  Malhcureuseiiient  le  sexe  n'était  indiqué  sur  aucun  de  ces  éclian- 
tillons.  Nous  avons  remaniué,  sur  trois  C  Japonica,  qu'il  existe  en  elfet  sur 
la  gorge  de  petits  dessins  en  forme  de  lances,  ce  qui  ne  se  verrait  point  chez 
C.  coturnix  ordinaire.  Mais,  nous  le  répétons,  celte  particularité  ne  peut  acquérir 
une  valeur  spécilique.  f^'une  des  C.  Japonica  était  tout  à  fait  semblable,  par  sa 
gorge  blanche  et  ses  très  petites  marques  allongées,  à  une  Coturnix  coturnix. 
Serait  ce   un  individu  croisé'.' 

Disons  aussi  que,  pour  M.  Ogilvie  Grant,  C.  coturnLx  se  croise  aussi  avec 
la  race  résidant  dans  l'.Mrique  du  Sud,  la  C.  capemis  au  cou  rouge.  Il  ne  s'agit 
là  encore  que  de  mélanges  possibles  entre  deux  simples  variétés. 

Nous  avons  remarqué,  non  sans  surprise,  que  dans  le  Catalogue  of  Ihe  Game 
Birds  of  tlie  British  Muséum,  publié  en  IS'.y,  M.  Ogilvie  Grant  n'appelle  point 
hybrides  les  douze  échantillons  intermédiaires  L.  coturnix  et  C. japonica  et  les 
treize  autres  échantillons  intermédiaires  C.  coturnix  X  t  •  capensis,  qui  y  sont 
catalogués  (p.  2.18  et  24U|;  il  les  appelle  seulement  intermédiaires. 


OUU  OISEAUX    HVBHIDES    RKNCONTRKS    A    l/ÉTAT   SAUVAGE 

T.  scoticus  X  T.  telrix,  assez  douteux,  du  reste;  plusieurs  T.  albus 
X  T.  tetrix,  dont  l'origine  n'est  peut  être  pas  mieux  démontrée, 
une  nouvelle  pièce,  Uo)ia.'<a  behilina  X  T.  tetri.v  et  deux  croisements: 
celui  de  T.  uroyallus  X  T.  albus  (que  nous  nieuliounerous  encore 
sous  réserves),  et  celui,  sans  doute  plus  certain,  de  la  Cupidojiia 
cupido  X  Pedioat'tex  phnslanellus,  qui  paraît  s'être  renouvelé  plu- 
sieurs fois. 

D'un  autre  côté  il  y  a  lieu,  si,  comme  on  l'expliquera,  le  Laijopus 
scoticus  est  la  même  espèce  que  le  Laf/opus  albus,  de  faire  figurer 
sous  une  même  dénomination  et  daus  un  même  article  les  hybrides 
T.  scoticus  X  T.  tetrix  et  7'.  albus  X  T.  tetrix  ;  de  même  les  hybrides 
7'.  scoticus  X  T.  mutus  et  7'.  albus  X  T.  scoticus  ne  sauraient  être 
différenciés.  Du  reste,  ces  deux  derniers  croisements,  quoique 
signalés  par  des  natuialistes  éminents,  ne  paraissent  point  s'être 
réellement  produits.  Il  en  serait  de  même  du  mélange  entre  le  7". 
tetrix  et  le  T.  mutus,  au  moins  en  ce  qui  concerne  la  pièce  qui  a 
été  citée  dans  la  Diana.  Le  nombre  des  croisements  entre  Tetrao- 
nidœ  se  trouve  donc  à  peu  près  égal  à  celui  que  nous  indiquions 
dans  notre  premier  mémoire,  quoique  la  nomenclature  des  espèces 
concourant  à  ces  croisements  ait  subi  quelques  modifications. 

Genre  Tetrao 

Tetrao  tetrix  et  Tetrao  urogallus 

(Se  repoi-ler  p.  10  ou  p.  263  des  Mérunires  de  la  Soc.  Znol..  annoe  1890). 

Dans  notre  article  sur  leRackelhane,  nous  disions  avoir  vu  quinze 
sujets  mâles,  nous  disions  aussi  que  ces  quinze  exemplaires  se  res- 
semblaient parfaitement  entre  eux.  Nous  ajoutions  que  les  rensei- 
gnements reçus  de  difiérents  Musées  uous  laissaient  supposer  que 
l'Oiseau  qui  provient  du  mélange  du  tetrix  et  de  Vuroijallus  est 
toujours  d'un  même  type.  De  nouvelles  et  très  nombreuses  infor- 
mations nous  confirment  dans  cette  manière  de  voir. 

Depuis  la  publication  de  notre  travail,  grâce  à  l'obligeance 
excessive  de  directeurs  de  Musées  publics  ou  de  propriétaires  de 
collections  privées,  nous  avons  obtenu  en  communication  quarante 
autres  spécimens  mâles  et  huit  femelles.  Nous  avons  pu,  par 
conséquent,  étudier  à  loisir  ces  pièces;  plusieurs  ont  même  été 
peintes.  Or,  les  descriptions  qui  ont  été  faites  de  ces  quarante 
spécimens  mâles,  venus  de  toutes  les  parties  de  l'Europe  où  l'on  tue 


ADDITIONS,    COnnFXTlONS    ET    EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  5()i 

le  Raekelhaue,  montreront  que  l'opinion  que  nous  avions  émise  est 
fondée,  car,  bien  ([ue  ces  Oiseaux  aient  été  oi)tenus  dans  des  contrées 
diverses  et  sous  des  climats  différents,  trois  seulement  ditïèrent  du 
type  ordinaire  (1). 

Si  leRackelhane  avait  le  pouvoir  de  se  reproduire,  si  ses  unions, 
soil  avec  les  Poules  trtri.r,  soit  avec  les  Poules  um^idlliis,  étaient 
suivies  de  fécondité,  on  rencontrerait  fréquemment  des  individus 
non  typiques,  c'est-à-dire  présentant  des  traces  évidentes  de  mélange 
avec  l'espèce  pure,  et,  par  cette  raison,  se  rapprochant  tantôt  de 
Vurogallutt,  tantôt  du  ti'tri.r.  11  n'en  est  rien. 

Faut-il  donc  admettre  que  le  Kackelhane  engendre  avec  ses 
propres  Poules  et  donne  avec  elles  de  nouveaux  Oiseaux,  doués 
eux-mêmes  de  fécondité,  ne  variant  pas  dans  leurs  caractères 
plastiques  et  de  coloration?  Cette  hypothèse  mérite  d'être  consi- 
dérée. Mais  elle  est  réfutée  par  ce  fait  que  les  Poules  hybrides 
sont  excessivement  rares.  Le  nombre  de  celles  qui  ont  été  obser- 
vées est  très  restreint,  et  encore,  beaucoup  de  doutes  existent  sur 
leur  véfitable  nature.  Nous  verrons  bientôt  (|u'elles  ne  présentent 
pas  des  cai-actères  certains  d'Iiybridité,  comme  eu  montrent  seuls 
les  mules.  Dans  l'hypothèse  d'unions  fécondes,  elles  seraient  donc 
en  nombre  tout  à  fait  insufTisant  pour  permettre  une  reproduction 
régulière  et  suivie  :  on  a  vu  du  reste  que  les  Rackelhanes  n'ont 
point  de  ballz  propres  et  qu'ils  ne  se  rencontrent  que  sur  les  lieux 
fréquentés  par  les  deux  espèces  pures. 

Nous  n'avons  rien  ou  presque  rien  à  ajouter  aux  généralités  qui 
commençaient  notre  article  et  qui  faisaient  connaître  l'histoire  de 
ces  très  curieux  Oiseaux.  Nous  n'avons  point  non  plus  à  citer  de 
nouveaux  faits,  observés  à  l'état  sauvage,  venant  attester  la  double 
origine  ([u'on  leur  suppose  avec  raison.  Nous  nous  sommes  borné  à 
enregistrer  de  nouvelles  captures,  à  examiner  et  à  décrire  de 
nouvelles  pièces. 

Cependant,  nous  voulons  revenir  sur  un  fait  fort  intéressant  et 
que  nous  avions  raconté  brièvement.  Nous  avions  rapporté  {2}. 
d'après  M.  le  Prof.  Collett,  que  des  œufs  pris  sous  une  urogallus  $ 
et  que  l'on  fit  couver  par  une  Poule  domestique,  donnèrent  de 
jeunes  Rackelhanes.  Nous  apprenons  par  M.  F.  A.  Smild,  du  Musée 
Zoologique  de  Stockolm,  que  l'un  de  ces  Oiseaux,  arrivé  à  l'âge 
adulte,  est  encore  bien  conservé  dans  les  collections  du  Musée 
et  que  ce  Rackelhane  ne  présente  aurune  (lijierence  sensible  avec 
les  autres  Rackelhanes  obtenus  à  l'état  sauvage. 

Il)  Un  qualrii-ine  difti're  eompli'lemciil, c'est  un  vrai  urogallus.  Mais,  pour  cpUe 
raison,  nous  ne  le  considérons  poiul  comme  hybride. 
(2)  P.  18  et  p.  271  des  Mémoires  de  la  Soc.  Zool. 


b02  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

Le  fait  que  nous  signalons  de  nouveau  est,  on  le  voit,  très  impor- 
tant, parce  qu'il  prouve  d'une  manière  décisive  l'origine  que  l'on 
attribue  au  Rackelhane.  On  doit  supposer,  toutefois,  qu'aucune 
confusion  n'a  été  commise  dans  la  détermination  de  la  femelle 
Tetriui  qui  avait  pondu  les  œufs  et  que  cette  Poule  appartenait 
réellement  à  l'espèce  iirogallus.  Elle  n'a  point  malheureusement 
été    conservée,    d'après   ce   que  nous    fait    savoir  M.   Smitd   (1). 

Nous  avons  encore  relevé,  dans  la  Deutsche  Jager  /eittimj  (journal 
de  chasse  allemand),  publié  à  Neudamm  (2),  un  récit  qui  a  trait 
aux  mœurs  du  Rackelhane  et  qui,  par  conséquent,  présente  un 
réel  intérêt. 

En  1885,  pendant  la  saison  de  la  reproduction  du  Tetrao,  un 
chasseur  découvrit  deux  Rackelhanes  sur  les  lieux  d'accouplement 
desSpielcoqs  ou  Coqs  de  combat.  Il  put  les  observer  fréquemment, 
il  les  vit  défier  et  chasser  les  uns  après  les  autres  des  tetrix  cf ,  puis 
il  entendit  leur  chant  d'amour.  Les  deux  Oiseaux  s'accouplèrent 
avec  les  Poules  prescjue  immédiatement,  contrairement,  parait-il, 
à  ce  qui  se  passe  d'habitude  (3). 

Le  même  chasseur  observe  que  lorsqu'il  imitait  le  cri  de  la  Poule 
de  bruyère  (arogallus),  les  deux  Rackelhanes  se  rendaient  très 
attentifs,  mais  n'avançaient  pas;  tandis  que  sur  l'appel  de  la 
Birkenne  {tetrix  9  ),  leur  ardeur  s'allumait  ;  la  voix  du  Coq  de  celte 
espèce  les  excitait  au  plus  haut  degré.  Au  moment  de  l'appariage 
ils  devenaient  tout  à  fait  hors  d'eux-mêmes,  ébouriffant  leurs 
plumes  et  traînant  à  terre  les  pennes  de  leurs  ailes.  11  vit  en  outre 
l'un  des  deux  Rackelhanes  foudre  sur  un  tetrix  qui  était  prèsd'uue 
Poule. et  bientôt  le  chasser.  Mais,  quoique  le  perturbateur  fût 
bien  visé,  il  ne  put  être  tué.  Au  bruit  de  la  détonation,  deux  Poules 
s'étaient  envolées  ;  celles  ci  paraissaient  être  des  Rackelhennen,  à 
cause  du  cri  aigu  et  élevé  qu'elles  tirent  entendre;  leur  taille,  plus 
grande  que  celle  de  la  Poule  tetrix,  mais  plus  petite  que  celle  de  la 
Poule  urogallus,  semblait  encore  indiquer  leur  origine  mélangée  (4). 

(1)  Septujufs  avaient  été  pris;  ils  donnèrent  naissanceàdes  jeunes.  Mais  ces  jeunes 
ne  parvinrent  pas  jusqu'à  leur  complète  croissance.  L'exemplaire  adulte  avait  été 
tué  après  sa  mue  et  ollerl  au  Musée  en  1835,  le  22  septembre,  par  le  Procureur 
liscal,  M.  A.  Roman.  (Ces  indications  se  trouvent  dans  l'ouvrage  de  Sundevall, 
Svenska^Foglarnu,  p.  255,  cahier  20,  184'j),  dont  M.  Smitd  a  été  assez  complaisant 
pour  nous  (aire  une  traduction  et  nous  adresser  une  copie. 

(2)  N»  20,  16  aoùl  1885,  pp.  4;{3-434. 

(3)  Le  Rackelhane,  avant  de  s'accoupler,  laisserait  entendre  d'autres  notes  bien 
différentes. 

(4)  P.  433  et  434,  op.  cU. 


ADDITIONS,    COHRKCTIONS   KT    EXAMFA'S    D'aPHÈS   NATURE  U(l3 

Le  rôle  des  espères  mères  daxis  la  produclitm  du  Hackelhane  a 
été  étudié  dans  un  autre  numéro  du  même  Journal  des  chasseurs  (Ij. 
Dans  notre  premier  article  nous  avions  laissé  penser  que  le  tctrix 
devait  être  considéré  comme  le  père  des  hybrides  et  Vuror/allus 
comme  leur  mère;  tel  n'est  pas  l'avisde  M.Buchsenmach,  de  Berlin, 
qui  base  principalement  sou  raisonnement  sur  ce  fait  :  ijue  le 
Rackelhaue  est  toujours  d'un  même  type,  comme  il  a  pu 
l'observer  sur  vini;l  exemplaires  qui  lui  oui  passé  par  les  mains  et 
qui  ne  présentaient  entre  eux  aucune  différence.  Or,  pour  lui,  de 
tels  Oiseaux  ne  peuvent  provenir  que  d'un  même  croisement,  parce 
que  (dit-il),  le  renversement  des  termes  père  et  mère  produirait 
d'autres  caractères,  comme  il  l'a,  paraît-il,  obsei'vé  dans  les  croise- 
ments du  Chardonneret  et  du  Serin  ou  de  celui-ci  avec  la  Linote, 
croisements  qu'il  a  obtenus  l'un  et  l'autre,  dans  les  deux  sens  et 
qui  n'ont  pas  donué  les  mêmes  produits  (2). 

Quant  au  rôle  du  mâle  attiibué  à  l'iuoyallus  et  non  au  letrix, 
M.  BiJchseumach  se  trouve  amené  à  celte  conclusiou  par  les  raisons 
suivantes  :  la  siison  des  amoui-s  commence  plus  tôt  pour  les 
urotjallus  que  pour  les  tciri.r:  ce  sont  les  vieux  Coqs  qui  éprouvent 
les  premiers  le  besoin  de  s'apparier;  ils  écartent  les  plus  faibles. 
Ceux-ci  repoussés,  et  chez  lesquels  la  passiou  de  l'amour  ne  s'éveille 
que  plus  lard,  reucoulrent  les  balz  des  tetii.r;  bieulùl  ils  ont  raison 
des  Coqs,  à  cause  de  leur  plus  forte  taille,  etcontractent  des  alliances 
avec  leurs  femelles.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  (|ue  le  Rackelhaue  se 
rencontre  de  préférence  dans  les  endroits  où  abonde  le  gibier  Birk 
{tetrix),  suit  les  Poules  de  cette  espèce  et  en  prend  les  allures. 
M.  Biichsenmach  recul  d'un  Anglais,  qui  les  avait  tirés  lui-même, 
deux  jeunes  Rackelhanes  «  les(iuels  amicitl  été  icncoultés  au  milieu 
d'une  bande  de  jeunes  Biikluihns.  »  Un  marchand  de  gibier  de  ses 
amis  lui  a  communi(pié  ce  fait  que  les  Rackelhanes  sont  toujours 
tirés  en  société  des  iciri.v.  C'est  daus  les  mêmes  circonstances,  fait-il 
remarquer,  que  le  Kronprinz  Rudolph  avait  tué  ses  Rackelhanes, 
c'est-à-dire  que  ces  Oiseaux  se  trouvaient  dans  des  endroits  fré- 
quentés par  des  leirix. 

Enlin,  il  semble  inadmissible  au  même  écrivain  que  la  Poule 
urogulins,  dont  l'époque  d'accouplement  a  lieu  plusieurs  semaines 

(1)  Voy.  N»  du  25  octobre  18^. 

(2)  Il  est  fort  rare  que  le  Cliardonnerct  Q  i-l  la  Linote  Ç  reproduisent  en  captivité. 
Les  mulets  de  ces  espaces  avec  le  Qiniiri  ont  presque  luujours  ee  dernier  comme 
mère.  L'assertion  de  W.  Bûcbsenmacli  nous  surprend  donc. 


oui  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTHES    A    LÉTAT    SAUVAGE 

avant  l'appariage  des  tetrix,  recherche  pour  cette  raison  les  Coqs 
de  cette  espèce. 

Une  observation  qui  nous  est  communiquée  par  Hugo  J.  Stjern- 
vall,  (Can.  phil.  de  Borga,  Finlande),  tendrait  à  confirmer  le  dire 
de  M.  Biichsenniach.  Il  y  a  cinq  ans,  on  a  tiré,  dans  le  district 
de  Màityharju,  contigu  au  district  de  Paasa,  un  Rackelliane  qui 
avait  toujours  pris  son  vol  en  compagnie  de  Poules  de  bouleau 
(Birkhiihnen).  Or,  nous  dit  M.  Stjernwall,  si  l'on  admet  qu'un 
Oiseau  suit  sa  mère  et  les  parents  de  cette  mère,  il  faut  admettre 
que  le  père  de  cet  hybride  est  un  urofidllus  cT,  et  non  point,  comme 
on  le  pense  communément,  un  tetrix  cf. 

Malgré  ces  observations,  nous  sommes  enclin  à  penser  que  le 
tetrix  doit  toujours  être  considéré  comme  le  père  des  Rackelhanes 
que  l'on  rencontre  à  l'état  sauvage. 

Si  le  rôle  des  parents  dans  le  croisement  qui  produit  le  Racke- 
Ihane  est,  comme  on  le  voit,  encore  discuté,  les  raisons  qui 
déterminent  les  mélanges  des  espèces  pures  sont  encore  demeurées 
beaucoup  plus  obscures.  La  destruction  des  espèces  mères,  qui 
s'opère  sur  une  grande  échelle  et  à  des  époques  où  les  deu.K  sexes 
se  recherchent,  peut  amener  une  perturbation  assez  grande  pour 
que  les  mâles  et  les  femelles  surnuméraires  de  l'une  ou  de  l'autre 
espèce  soient  amenés  à  contracter  des  croisements.  Il  est  bien  évi- 
dent que  si  le  grand  Coq  de  bruyère  se  laisse  tuer  plus  facilement  que 
le  tetrix,  doué,  dit-on,  d'une  grande  agilité,  les  Poules  du  premier, 
restées  ainsi  sans  Coqs,  rechercheront  les  tetrix  plus  abondants, 
au  moins  s'en  laisseront  approcher.  Mais  ce  n'est  là  qu'une  hypo- 
thèse. Ce  qui  est  probable,  c'est  que  la  chasse  rompt  l'équilibre 
des  sexes  et  amène  de  vrais  perturbations  dans  le  mode  de  repro- 
duction. Il  semble  que  l'on  soit  autorisé  à  dire,  sans  être  taxé 
d'exagération,  que  les  unions  entre  les  deux  espèces  sont  le  résultat 
d'un  défaut  d'équilibre  dans  les  sexes.  M.  Hugo,  J.  Stjernvall, 
dont  nous  venons  de  parler,  confirme  entièrement  notre  manière 
de  voir.  Il  appelle  le  Rackelhane  «  une  production  de  chasse  )), 
parce  qu'au  printemps,  les  Coqs  de  bruyère  se  trouvant  décimés  par 
suite  du  tir  sur  le  »  Spiel  »  (jeu  d'accouplement),  leurs  Poules 
acceptent  les  tetrix  qui   ont  été  repoussés  par  leurs  rivaux  (1). 

(1)  M.  Stjernwall  tient  les  Indioiitions  qu'il  nous  transmet  de  chasseurs  lapons, 
parmi  lesquels  il  a  vécu  pendant  cinq  élés;  ces  indications  sont  donc  précieuses 
puisqu'elles  ne  proviennent  point  de  lectures  faites  dans  des  livres  d'ornithologie  et 
qu'elles  concordent  avec  les  observations  déjà  faites  dans  ces  livres. 


ADDITIONS,    COHKKCTIONS    KT    KXAMKNS    d'aPRÈS    NATURE  503 

Nous  ajouterons  du  reste  que  si  les  raisons  qui  déterminent  la 
production  du  Rackelhane  provenaient  de  causes  purement  natu- 
relles, celui  ci  aurait  des  femelles  en  nombre  sulTisant  pour  qu'il 
puisse  se  reproduire  ré^uliùrenienl,  comme  cela  a  lieu  chez  les 
autres  espèces  d'Oiseaux  ;  il  serait  en  outre  doué  du  pouvoir  de 
féconder  ces  femelles  (1). 

En  achevant  noire  article,  nous  demandions  que  l'on  voulût  bien 
entreprendre  des  expériences  pour  la  production  en  captivité  de 
cet  hybride  si  commun  à  l'état  sauvage,  afin  de  démontrer  scienti- 
fiquement l'hybridisme  que  l'on  suppose  avec  raison. 

Nous  avons  éprouvé  une  vraie  satisfaction  lorsque  nous  avons 
appris  qu'en  dehors  des  essais  déjà  tentés  chez  M.  Kralik,  en 
Boliôme,  le  Jardin  zoologique  de  Copenhague  (Danemark)  et  un 
établissement  de  plaisance,  le  Tivoli,  près  de  Stockolm  (Suède), 
avaient  renouvelé  les  mômes  expériences. 

Malheureusement  ni  les  unes  ni  les  autres  n'ont  réussi.  A  Tivoli 
on  a  conservé  en  cage  pendant  deux  années  un  teiri.r  ç^  et  un  uro- 
galliis  9.  La  Poule  pondit  six  œufs,  mais  ne  les  fit  point  éclore(2). 
A  Copenhague,  cinq  jeunes  furent  obtenus,  mais  ils  ne  vécurent  que 
peu  de  temps  :  on  n'a  pu  les  suivre  jusf|u'à  leur  complet  dévelop- 
pemtuil.  L"n  des  exemplaires,  mort  quelque  temps  après  sou 
éclosion,  est  conservé  au  Muséum  de  l'Université  ;  il  ne  saurait, 
nous  dit  .M.  le  D'  Luikeu,  l'émiiieiit  professeur  de  zoologie,  fournir 
aucuns  renseignements  de  la  nature  de  ceux  que  nous  cherchons. 

Au  Jardin  de  Copenhague,  on  n'avait  point  toutefois  été  découragé 
par  ce  premiei-  insuccès  et  de  nouveaux  Oiseaux  d'espèce  pure 
avaient  été  importés  pour  continuer  les  expériences.  Mais  trois 
couples  ayant  été  perdus  successivement,  on  renonce  maintenant, 
nous  informe  M.  A.  von  Klein,  .'i  poursuivre  ces  essais  fort  dispen- 
dieux et  dont  le  résultat  est  trop   incertain. 

Désirant  nous-méme  tenter  le  croisement  de  deux  espèces  qui 
présente  un  si  grand  intérêt  scientifique,  nous  avons  fait  venir  des 
spécimens  mâles  et  femelles  des  deux  espèces  pures,  c'est-à-dire  des 

(1)  Dans  notre  premier  article,  nons  nous  étions  posé  cette  question  :  «  Le 
Rarkelliane  est-îl  fécond  ?  »,  El  nous  donnions  un  résumé  des  opinions  qui  s'étaient 
produites  à  ce  sujet.  Nous  faisions  aussi  connaitie  queUpies  examens  microscopiques 
(encore  1res  peu  nombren.K)  qui  ont  été  faits  sur  les  organes  génitaux  de  cet 
liyhride.  Nous  avions  omis  de  dire,  d'après  M.  \.  B.  Meyer,  que  le  Professeur  de 
Kœiliker  avait  examiné  au  microscope  Ihs  parties  sexuelles  d'un  Haikelane  et  avait 
trouvé  des  .  lils  de  semence  •  (spermatozoïdes,  siippos(ms-nous)  parfaitement  déve- 
loppés. Mais  ceci  prouve-l-il  que  l'Oiseau  puisse  féconder  un  autre  hybride  '.' 

(2)  Ce  renseignement  nous  est  fourni  par  M.  Smitd,  i|ui  ajoute  (|ue  trois  des 
œufs  sont  encore  conservés. 


S06  OISKAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SALVAGE 

Coqs  tetrix  et  des  Poules  urogallus.  Les  deux  premiers  Oiseaux  pris 
en  Suède,  envoyés  eu  Danemark  au  Jardin  zoologique  de  Copen- 
hague, ensuite  réexpédiés  en  France  par  chemin  de  fer,  n'ont  vécu 
que  quinze  jours  environ  dans  le  vaste  parquet  où  ils  avaient  été 
placés.  Lors  de  leur  mort  ils  se  trouvaient  dans  un  état  de  grande 
maigreur  ;  ils  n'avaient  voulu,  pendant  leur  séjour  en  captivité, 
prendre  presqu'aucune  nourriture.  Deux  nouvelles  pièces  nous  ont 
été  envoyées  par  voie  de  mer  ;  nous  pensions  être  plus  heureux,  vu 
les  soins  qui  pouvaient  être  facilement  prodigués  à  ces  Oiseaux  sur 
le  steamer.  Nos  espérances  ont  été  vaines.  Les  Oiseaux,  après  un 
voyage  qui  avait  duré  plus  de  dix  jours,  ont  succombé  à  leur  arri- 
vée à  Antiville. 

Restent  donc  seules  les  expériences  de  M.  Kralik.  Mais  ces  expé- 
riences, nous  l'avons  remarqué,  ont  donné  des  résultats. 

Nous  avons  reçu  à  leur  sujet  les  indications  complémentaires 
suivantes  :  Une  femelle  empaillée  existe  au  Musée  royal  de  Prague, 
une  autre  (montée  ou  en  peau)  dans  la  collection  de  chasse  de 
Frauenberg,  appartenant  au  prince  de  Schawrzemberg.  Un  sujet 
mâle  fut  envoyé  par  M.  Kralik  à  M.  le  chevalier  von  Tschusi  de 
Scmidhoffen  ;  l'Oiseau  arriva  en  si  mauvais  état  qu'il  ne  put  être 
préparé.  Son  squelette  doit  figurer  au  Musée  impérial  de 
Vienne,  tout  au  moins  y  avait-il  été  envoyé  à  cette  intention.  Un 
dernier  mâle  que  M.  Kralik  prit  soin  de  faire  empailler,  remis 
à  l'instituteur  d'Adolf,  sa  ville,  est  maintenant  chez  M.  Alois  de 
Nedobity,   maître  principal  des  forêts,  à  Wirtemberg  (Bohême). 

M.  Kralik  a  obtenu  de  celui-ci  l'autorisation  de  faire  peindre 
pour  nous  ce  très  rare  échantillon.  Nous  nous  plaisons  à  reconnaître 
que  c'est  un  vrai  T.  médius  à  poitrine  et  à  gorge  avec  reflets  violets, 
à  queue  demi-échancrée,  à  bec  foncé,  aux  caractères,  enfin,  qui 
constituent  le  type  ordinaire  du  Rackelhane,  quoique  l'Oiseau  nous 
ait  paru  un  peu  plus  fort  que  les  Rackets  cTtués  à  l'état  sauvage. 
M.  le  chevalier  von  Tschusi  veut  bien  nous  informer  que  le  mâle 
qu'il  reçut  était  exactement,  en  couleur  et  eu  forme,  semblable  aux 
autres  Tetrao  médius  du  type  commun  et  que  l'on  tue  si  souvent  à 
l'état  sauvage.  En  outre,  M  Tschusi  nous  a  envoyé  gracieusement 
plusieurs  aquarelles  représentant  des  hybrides  cT  et  $  à  dilïérents 
âges,  provenant  du  même  élevage  et  parmi  lesquelles  le  portrait 
d'un  jeune  mâle  né  le  13  juin  1884,  mort  le  13  décembre,  complè- 
tement en  couleur  et  identique  par  son  plumage  à  celui  de  M.  de 
Nedobity,  mais  de  taille  très  inférieure  (1). 

(1)  Les  deu-N.  Oiseaux  sont  tellement  semblables  que  nous  nous  ilemandons  s'il 
ne  s'agit  point  d'un  même  sujet? 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  507 

Ces  indications  sont  extrêmement  précieuses  à  retenir  et  confir- 
ment complètement  la  double  origine  que  l'on  suppose  aux 
Rackelhanes.  On  ne  saurait  trop  reconnaître  l'importance  de 
l'expérience  qui  fut  entreprise  à  Adolf  ;  sans  elle  l'iiybridité  du 
Ftackelliane  serait  encore  sujette  à  controverse. 

Quant  aux  femelles,  dont  les  caractères  sont  moins  bien  délinis, 
l'examen  que  nous  en  avons  fait  ne  nous  a  poiut  donné  le  résultat 
que  nous  attendions.  M.  le  prof.  Fritscli  a  été  assez  complaisant 
pour  nous  adresser  en  communication  le  sujet  du  Musée  de  Prague; 
nous  avons  donc  pu  le  décrire  complètement  et  le  rapprocher  des 
rares  individus  de  ce  sexe  rcucontiés  à  l'étal  sauvage  et  dont  nous 
avons  obtenu  liuit  exemjtlaires.  Mais  nous  devons  avouer  qu'il 
existe  de  sérieuses  difficultés  pour  déterminer  convenablement 
les  caractères  des  hybrides  de  ce  sexe.  Nous  étudierons  du  reste 
plus  loin  ces  caractères  en  parlant  aussi  de  la  Poule  conservée  au 
.Musée  de  chasse  de  Frauenberg  et  sur  laquelle  M.  le  prince  de 
Schavvrzemberg  a  bien  voulu  nous  adresser  des  indications  très 
utiles. 

Voici  la  liste  des  Rackels  cT  el  9  qui  nous  été  envoyés  en  com- 
munication. Ces  Oiseaux  sont  inscrits  suivant  l'ordre  de  leur 
réception.  (Nous  ne  faisons  figurer  que  les  sujets  qui  nous  ont  paru 
authentiques,  car  bon  nombre  d'autres  individus,  qui  ne  sont  que 
de  jeunes  mâles,  nous  ont  été  adressés  sous  la  dénomination  fausse 
de  Rackelhanes). 

Exemplaires   mâles  :  Nombre 

de  pièces 

Du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Lille  (Nord) i 

—  —  d'Arras  (Pas-de-Calais) 1 

Du  Musée  Zoologique  de  Stockolm  (Suède) i 

—  de  Christiana  (Norwège) 1 

—  de  Francfort-sur-le-Mein 2 

Du  .Musée  d'Histoire  naturelle  de  rienève  (Suisse) 1 

Du  Musée  royal  de  Dresde  (Sa.\e) 2 

Du  Muséum  d'York  (Angleterre) 1 

De  la  rolleclion  de  M.  van  Keiiipen,  Saint-Onier  (Pas-de-Calais).   ...  5 

Du  Musée  de  Breslau  (Prusse) I 

Du  Musée  Zoologique  de  l'Université  de  Pavie  (Italie) 1 

Du  Musée  Zoologique  de  Lausanne  (Suisse) 3 

Du  Kelvingrove  Muséum  de  (ilasgow  (Ecosse) l 

Du  Musée  roy;il  d'Histoire  naturelle  de  Bruxelles 1 

Du  .Musée  royal  de  Municli  (Bavière) 4 

Du  Musée  Zoologiciue  d'L'p-^ala  (Suède) 5 

Du  cabinet  de  Sun   Altesse  Royale  le  Grand-Duc  de  Ilesse-Darmstadl 

(Allemagne) t 


O08  OISEAUX    HYBniDi:S    RENCONTRÉS    A    LÉTAT    SACVAGE 


Nombre 
Exemplaires  mâles  :  de  pièces 


Du  Musée  impérial  de  Vienne  (Autriche) 

De  chez  M.  OUo  Bock,  naturaliste  à  Berlin  (Prusse) 

Du  Musée  de  Douvres  (Angleterre) 

De  Son  Allesse  Royale  le  prince  Philippe  de  Saxe-Cobourg-Gotha. 
De  la  collection  de  l'Institut  Zoologique  de  Strasbourg.    ..... 

De  M    le  prince  Alain  de  Rohan  (Bohême) 

De  M.  Hugo  J.  Stjernvall,  d'Heinola,  Passa  (Finlande) 


40 

Exemplaires  femelles  : 


l>u  Musée  Zoolo^iijue  de  Chrisliana  (Norwège) 

Du  Musée  Zoologique  de  Dresde  (Saxe) 

De  la  Collection  de  M.  van  Kempen,  à  Saint-Omer  (Pas-de-Calais). 
—  de  M.  le  Baron  Selys-Longchamp  (Belgique).    .   . 

Du  Musée  de  Prague  (Bohême) 

Du  Musée  Zoologique  d'Upsala  (Suède) 


Soit  quarante-huit  échantillons. 

Nous  venons  de  dire  que  nous  avons  reçu,  sous  le  nom  de 
Rackelhaues,  un  assez  grand  nombre  de  jeunes  mâles  nrogallus. 
Cette  confusion  qui  se  commet  souvent,  car  elle  s'est  produite  dans 
des  Musées  français,  anglais,  allemands,  suisses,  est  à  signaler. 
Quelle  peut  en  être  la  cause?  Sans  doute  la  rareté  des  urogaUus 
/m«.  dans  les  collections.  D'après  les  pièces  que  nous  avons  exami- 
nées, les  couleurs  de  l'adulte  se  montrent  alors  que  la  taille  des 
jeunes  mâles  est  encore  très  minime.  Tous  les  jeunes  prenant 
couleur  que  nous  avons  reçus  n'étaient  guère  plus  gros  que  des 
letri.r,  ils  n'atteignaient  même  point  la  taille  d'aucun  Rackel  Ç. 
Cette  apparition  des  couleurs  définitives  avant  que  l'Oiseau  n'ait 
atteint  son  complet  développement  nous  a  surpris. 

Confondrions-nous  ces  pièces  avec  des  femelles  stériles  se  revotant 
de  l'habit  des  Coqs?  La  chose  est  possible  pour  certains  échantil- 
lons. Cependant  les  cas  oi'i  les  femelles  prennent  la  livrée  du  mâle 
forment  une  exception;  cela  laisse  supposer  que  nous  avions  plutôt 
alïaire  à  des  sujets  nroqaUus  jun.  Un  ou  deux,  cependant,  sem- 
blaient être  de  vieilles  Poules. 

Avant  de  décrire  les  hybrides  qui  nous  ont  été  envoyés  et  que 
nous  venons  d'énumérer,  nous  signalerons  encore  d'autres  pièces 
que  nous  n'avions  point  citées  dans  notre  première  publication.  Le 
nombre  des  Rackelhanes  conservés  dans  les  collections  européennes 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    KXAMKNS    D'aPRÈS    NATUHE  ")()9 

est  certainement  très  élevé,  et  sans  doute,  bon  nombre  de  pièces  qui 
ont  été  exposées  sur  les  marchés  sans  attirer  l'attention  de  l'ornitho- 
logiste, ont  été  livrées  à  la  consommation. 

M.  le  veneur  A.  von  Klein  nous  fait  savoir  (lu'un  naturaliste  de 
Copenhai;iit'  a  (ic])uis  quelques  années  obtenu  ciiez  un  marchand 
de  sa  ville  quatre  pièces  venant  de  Suéde  ou  de  Norwège.  M.  J.  E. 
Harting  dit  avoir  eu  entre  ses  mains  un  hybride  bien  conservé 
qui  lui  avait  été  remis  par  M.  Ed.  Jackson,  du  Poultry  Market,  à 
Sinithtield  (1).  L'hiver  dernier  M.  Smitd,  du  Musée  de  Stockolm, 
avait  bien  voulu  nous  proposer  d'acheter  pour  nous  quelques-uns 
de  ces  Oiseaux  qu'il  ne  maïuiucrait,  tlisait-il,  de  trouver  chez  les 
marchands  de  gibier  de  sa  ville.  Tout  dernicremcnl  un  licencer- 
dealar  in  Game,  du  Leadenhall  market  de  Londres.  M.  Philip  Cas- 
tnni;,  nous  offrait  un  Rackelhane  en  chair.  On  vient  d'en  vendre  un 
dans  la  ville  d'Abo  (Finlande).  Parmi  les  Tclnioiidif  exposés  par 
.M.  P.  Oospenky,  lors  de  l'International  Exhibition  qui  eut  lieu  en 
1862,  figuraient  quelques  exemplaires  intéressants  du  Tetrno 
nieilius  (2).  L'année  suivante,  M.  H.  Stevenson,  de  Norwich,  avait 
l'occasion  d'examiner  un  urfKjnlluH  hybride  dans  une  collection  de 
Grouses  rapportées  de  Russie  par  lord  Wodehouse  de  Kimberly, 
Grouses  qui  avaient  été  collectionnées  pendant  ranil)assH(le  du  lord 
à  Saint  Pétersbourg  (3).  Lerév.  Macpherson  parle  dans  le  Field  d'un 
beau  mâle  qu'il  vit,  l'Oiseau  ayant  été  nouvellement  écorché  (4). 
M.  Beimer,  naturaliste  à  Paris,  se  rappelle  avoir  empaillé  un 
exemplaire  provenant  de  Russie,  et  M.  Zollikofer,  de  Saint  Gallen 
(Suisse)  a  préparé  trois  pièces  pendant  l'année  18it3,  toutes  obtenues 
dans  son  pays.  Eufin  M.  Richard  Stadlober,  taxidermiste  à  Maria- 
kofl-Sleirmeark,  nous  informe  qu'un  Oiseau  de  ce  genre  avait  été 
remis  à  .M.  le  curé  S.  Blasius  Kauf. 

Dans  les  collections,  en  dehors  des  pièces  qui  figurent  sur  notre 
liste,  il  faut  encore  noter  :  au  Musée  de  l'Université  de  Cambridge, 
d'après  M.  Gadow,  directeur  de  ce  .Musé(?,  le  tronc  d'un  hybride 
mâle  T.  urofiallus  X  T.  tetrix;  dans  la  collection  d'Harmaunstadt 
un  cf  T.  iiirdiK.i  signalé  par  MM.  C.  G.  Daxford  et  Harwie  Brown; 
dans  la  collection  de  .M.  Bund  .Adams,  d'après  les  mêmes,  un  sujet 
de  sexe  femelle  (ii)  ;au  Musée  d'Osbersund  (Suède),  deux  exemplaires 

(1)  Zoologisl.  p.  349  et  350,  N°  de  septembre  1878. 
(î)  Ibis.  p.  28!>,  18C>2. 

(3)  The  Zoologisl,  p.  (J24;i,  octobre  1863. 

(4)  31  mai  I8i>2  (llibridily  in  Birds). 

(5)  Ciux-ii  ajoiileni  ((n'en  Transylvanie,  le  T.  médius  se  rencontre  quelquefois 
(Ibis,  1873,  p.  417). 


!J10  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

de  la  province  (1)  ;  au  château  de  Sichrow,  appartenant  à  M.  le  prince 
Alain  de  Rohan  un  Rackelliane  du  type  «  birk  »  (?)  et  deux  autres 
du  type  ordinaire  (2)  ;  au  Muséed'Innsbruck,  un  Tetrno  médius  jun., 
décrit  et  figuré  par  M.  von  Tschusi  dans  l'Omis  (3).  Notons  encore 
quatre  autres  pièces,  dont  deux  femelles,  qui  figuraient  au  catalogue 
de  la  collection  vendue  par  M.  Wliitatker  au  Covent-Garden  en  1890. 

Les  collections  étrangères  à  l'Europe  ne  sont  point  dépourvues 
de  ce  genre  d'hybrides,  car  un  exemplaire  est  conservé  au  .Musée 
national  des  Etats-Unis  à  Washington  (4)  et  un  autre  au  Musée 
d'Auckland  (Nouvelle-Zélande)  (3). 

Voici  maintenant,  d'après  les  récits  qui  ont  été  faits  dans 
diverses  revues,  journaux  de  chasse  ou  autres,  et  d'après  les  commu- 
nications qui  nous  ont  été  adressées,  quelques  captures  que  nous 
n'avions  point  annoncées  :  un  Rackel  mâle  obtenu  dans  les  chaînes 
de  Glatzer  vers  la  fin  de  l'année  1860  par  un  ami  de  M.  Hepe,  ins- 
pecteur des  forêts  royales  à  Putt,  près  Gross-Chrstmemberg  (Alle- 
magne) ;  une  femelle  tuée  au  commencement  de  novembre  1872  près 
de  Campbelton,  prêtée  par  M.  Martin,  de  l'ExchangeSquare,  à 
M.  James  Lumsden,  qui  l'a  présentée  à  l'une  des  réunions  de  la 
Société  naturelle  de  Glascow  (6);  un  mâle  montré  par  ce  dernier  à 
la  même  Société  le  9  janvier  1877  (7);  un  autre  Rackelhane  tué  le 
15  avril  1881,  par  le  prince  Clary,  dans  son  domaine  de  Brauddorf  ; 
cet  Oiseau  avait  été  observé  depuis  le  28  mars  précédent  (8);  un 
superbe  spécimen,  grand  perturbateur  parait-il,  abattu  en  1885  par 
le  chasseur  Joseph  Pernegger  (9)  ;  un  autre  exemplaire  tué  en 
1887  par  M.  Walm  de  Meinerhagel  (Westphalie)  sur  un  review  où 
se  rencontrent  habituellement  le  tetrix  et  VurogaHus  (10)  ;  une  nou- 
velle pièce  tuée  sur  le  review  de  Razebourg  par  M.  l'Inspecteur  des 

(1)  Cette  indication  nous  est  donnée  par  M.  le  D'  P.  Olsson,  directeur. 

(2)  Communication  de  M.  le  D'  L.  Deutshinger. 

(3)  1888,  p.  017-526.  Taf.  IV. 

(4)  Communication  de  M.  liidgway. 

(5)  Commiinicalion  de  M.  le  l'rof.  Giglioli,  qui  a  lui-même  offert  ;iu  Musée  cet 
exemplaire  d'origine  allemande. 

(6)  Voy.  Proceedings  de  cette  Société,  p.  19o,  vol.  Il,  part.  11,  illasc'ow,  1876 
(Séance  du  2ti  novembre  1875).  Plusieurs  autres  hybrides  de  ce  genre  paraissent 
avoir  (té  montrés  à  la  même  Société  (Voy   p.  ib'.i  du  même  volume). 

(7)  Mêmes  Proceedings,  p.  127,  vol.  III,  part  II,  1S77.  Deu.x  pièces,  obtenues  en 
1880,  l'une  prise  (trapped)  sur  le  IJlack  Mount,  l'autre  tuée  sur  les  bancs  du  Loch 
Lomond,  ont  été  lithographiées  (vol.  1.). 

(8)  Weidmann,  N»  3n,  1881. 

(9)  Deutsche  Jâger  Zeitung,  p.  i;!6,  N"  9,  1887. 
(10)  Même  journal,  pp.  2Ù1  et  202,  N°  de  juin  1885. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMICNS    d'aPRKS    NATURE  ijl  1 

forêts  Nitche,  qui,  on  se  le  rappelle,  avait  déjà,  les  années  précé- 
dentes, obtenu  deux  autres  Rackelhaues  (1);  un  remarqualjle 
hybride  abattu  à  la  (in  de  décembre  de  la  même  année  près  de 
Reiclienhall  (2)  ;  un  hybride  de  T.  urogallus  et  T.  tetrix  reçu  le 
23  novembre  par  M.  V.  Dalvero,  de  Vérone,  le  premier  rencontré 
par  celui-ci  sur  le  territoire  de  Vérone  (3);  un  exemplaire  signalé 
en  1890  par  .M.  G.  V.  Haguenon  (4)  ;  un  autre  obtenu  sur  le  Revier 
Posiieck  (fin  novembre  1893),  SascheuMeiriengen(5)  ;  un  Rackelane 
tué  dans  la  forêt  de  Hesse-Oldonwold,  par  M.  Kôhler,  garde-forestier 
en  chef  à  Beerfelden  (G);  un  Rackelhane  avec  type  Auer  (urogallus), 
tué  en  Bavière  le  25  avril  1894  par  M.  firiinwald  junior,  proprié- 
taire et  brasseur  de  bière  à  Walfratshausen;  enfin  un  Raikel  cT  du 
type  ordinaire,  abattu  près  de  Sonnenfeld,  dans  la  Marche,  au  mois 
de  juin  1894  (7). 

Les  renseignements  que  nous  avons  pu  obtenir  sur  ces  pièces 
sont  les  suivants  : 

C'est  chez  son  ami,  le  comte  de  Frenkenberg,  à  Kaiserswalde,  en 
Autriche  Silésie,  que  M  llepe  vit  le  Rackelhane  qu'il  nous  a 
signalé,  mais  il  ignore  si  le  comte  est  encore  vivant. 

.M.  Lumsden  fait  savoir  que  la  femelle  urogallus,  ayant  donné 
naissance  au  Rackel  Ç  (ju'il  a  montré  à  la  Société  de  Glascow,  est 
sans  doute  un  de  ces  Oiseaux  importés  dans  l'île  d'Arrau,  où  ils  se 
sont  acclimatés. 

Les  deux  sujets  de  sexe  femelle  de  la  collection  vendue  par 
M.  Witaker  paraissent   avoir  été  achetés  par  M.  de  Rothschild  ; 

(J)  Même  revue,  p  172,  mai  1889. 

(2)  Monaschrifl,  N'  3,  p.  87,  17  février  1890. 

(3)  CommunicaUon  de  M.  Dalvero. 

(4)  Deutsclie  Jàgfr  ZeitiinR,  N"  8,  p.  134,  N"  du  27  avril. 

(u)  StHuberlus  .\1,  IH!):),  p.  8u4,cit.pHr  Tscliiisi(in  Ornitli.  Monath.lSaj.n"  l,p.4). 

(fi)  l.eschinann  :  N.  H.  .lagd  .\ll,  1892,  p.  iM-2t5(cit  in  Ornithologische  Monats- 
berichte,  sept.  1894.  >  9,  p.  141). 

(7)  Ortiilholof^ische  Monalsberichle  herausgegeben  von  IV  .\nt.  Reidienow,  N»7, 
juli  18ït4.  p.   109. 

M.  Delailo  avait  r.ipporlé  (sous  réserves)  quelques  cas  d'iiybridalion  survenus, 
lui  avait-on  dil,  ilans  le  district  de  Feltre,  entre  le  Tetrao  urogallus  et  le  Ligurus 
tetrix.  (Voy.  Incliiesta  Urnitli.  p.  t)8).  Ayant  interrogé  M.  Delaito  à  ce  sujet, 
celui-ci  a  bien  voulu  nous  écrire  que  les  personnes  qui  lui  avaient  donné  ce  rensei- 
gnement étaient  des  chasseurs  au.\quels  il  avait  demandé  la  communication  de 
quelques  sujets.  Mais  ces  sujets,  ayant  été  examinés  par  lui,  ne  paraissent  être  que 
de  véritables  T.  tetrix,  à  IVxception  de  la  taille  et  de  la  grosseur  du  corps  de 
moindres  dimensions  i|u'à  l'ordinaire,  particularités  imputables,  non  à  un  croise- 
ment, mais  à  l'inlliieuce  de  conditions  spéciales  de  l'habitat  de  ces  Oiseaux. 


812  OISEACX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

sur  le  catalogue  de  la  vente  ils  étaient  indiqués  comme  venant  l'un 
de  Norwège,  l'autre  de  Russie.  M.  Rothschild  en  posséderait  un 
autre  provenant  de  chez  M.  Lorenz,  de  Moscou.  Ces  Oiseaux  sont, 
paraît-il,  intermédiaires  entre  les  deux  espèces. 

Le  spécimen  vu  par  M.  J.  S.  Harting  avait  la  crête  et  la  barbe  du 
Capercaillie  (Coq  de  Bruyère),  les  plumes  lisses  du  Coq  noir  et  les 
tertiaires  semblables  à  celles  du  Capercaillie.  La  queue  paraissait 
intermédiaire  entre  les  deux  espèces  (1).  L'Oiseau  avait  été  reçu 
de  Norwège  et  reconnu  parmi  un  lot  de  Tétras. 

Quoique  la  pièce  abattue  près  de  Reichenhall  ait  les  marques 
propres  au  genre  d'hybrides  que  nous  décrivons,  M.  E.  Parrot,  de 
Munich,  a  cru  devoir  en  donner  une  description  (2)  de  laquelle  il 
résulte  que  la  couleur  générale  est  noire  avec  tin  reflet  pourpré  à 
la  ])artie  antérieure  du  col  et  à  la  tète.  Sur  les  ailes  se  trouve  une 
bande  blanche  formée  par  les  plumes  du  bras.  Les  couvertures 
inférieures  de  la  queue  sont  blanches  avec  marques  noires  ;  le 
bec  noir,  la  base  inférieure  rougeàlre. 

La  description  de  l'hybride  examiné  par  M.  Stevenson  corres- 
pond si  exactement,  dit-on.  à  celle  d'un  spécimen  montré  par 
M.  Gould  à  la  Société  zoologique  de  Londres  eu  1830.  qu'il  sufïïl  de 
se  reporter  aux  Proceedings  pour  la  connaître  (3). 

Le  Coq  tué  par  M.  VVahn  de  Meiuérhagen  fut  d'abord  pris  pour 
un  Auerhahn(itro//a//MScr),  mais  en  l'examinant  de  près  on  reconnut 
que  c'était  un  Rackelhane  d'une  longueur  de  75  centimètres  ;  «  la 
tète  et  le  cou  bleu  noir,  la  poitrine  avec  un  éclat  violet,  sur  le 
derrière  du  cou  se  trouvent  quelques  i)lumes  grises.  Les  plumes 
des  ailes  de  couleur  brune  portent  une  bande  blanche.  La  poitrine 
est  d'un  bleu  profond,  à  la  courbure  existe  une  tache  blanche.  Les 
plumes  de  la  queue  sont  noires  et  ne  sont  point  recourbées  en 
forme  de  lyre,  mais  les  plumes  latérales  sont  un  peu  plus  longues 
que  celles  du  milieu  »  (4). 

La  tête  et  le  cou  de  l'individu  tué  par  l'élève  garde  forestier 
Niederlansitz  sont  «  d'un  bleu  d'acier,  le  cou  est  sans  barbe,  le  dos  est 
d'un  bryn  sombre  noir.  Le  ventre  est  noir  avec  une  tache  blanche  au 
milieu, "le  dessus  de  l'aile  est  brun  et  gris  avec  une  bande  transver- 
sale blanche  au  milieu  ;  le  dessous  de  l'aile  est  blanc  :  le  croupion 
est  noir,  les  plumes  du  bord  de  la  queue  plus  longues  que  celles  du 

(1)  Zoologisl,  pp.  349  et  350,  N"  7',  1878. 

(2)  In  Monalschriflt. 

(31  Zoologist,  p.  6243,  octobre  1863. 

(4)  Deutsche  Jâger-Zeitung,  N»  9,  mai  1887. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    D'APRKS    NATURE  '.'A3 

milieu.  Le  dessous  du  (•roui)ioii  est  couvert  de  taches  noires   et 
blauches  »  (1). 

M.  Uichard  Sl:i(ilol)er  veut  IjIl'u  uoiis  faire  savoir  ((ue  M.  le  curé 
Blasiiis  Kauf  (Hait  uu  oruitli()loy;istè  distiuijué;  il  ne  peut  y  avoir 
erreur  par  coiisi-queut  sur  la  nature  de  l'Oiseau  qui  lui  fut  reiuis. 
En  Boliriue,  ajoute  M.  Stadioher,  on  tirerait  chaque  aimée  nue  ou 
deux  paires  de  ces  Coqs  hybrides,  tandis  que  dans  la  contrée  qu'il 
haliile  le  croisement  des  deux  espèces  réputées  mères  est  excessi- 
vement rare. 

Les  trois  Rackelhanes  que  M.  Zollikofer  a  reçus  sont  encore  dans 
son  atidier  :  l'un  de  ces  Oiseaux  est  destiué  à  une  collection  parti- 
culière, lesdeu.v  autres  à  des  Musées  publics,  ceux  de  Saiut-Gallen 
et  deChiir.  Tous  sont  du  môme  type  et  paraissent  être  issus  d'une 
iiK^me  couvée  ;  ils  furent  du  lesle  tués  à  la  même  épo(iue,  pendant  le 
mois  de  septembre.  L'un  dilTère  quel(|ue  ])eu  des  deux  autres  par 
l'indication  plus  n,ette  du  miroir;  cheziui  lemiroirest  visible,  même 
lorsque  l'aile  u'est  (|u'ii  moitié  ouverte.  Chez  les  deux  autres  cette 
particularité  ue  s'observe  pas,  même  lorsque  les  ailes  sont  ouvertes  ; 
pour  l'apercevoir,  il  faut  soulever  les  couvertures.  Chez  les  trois, 
les  rectrices  extérieures  sont  légèrement  en  faucille;  elles  dépassent 
les  médianes  de  sept  centimètres.  Le  |)oids  de  chacun  de  ces  exem- 
plaires atteignait  à  peine  deux  kilogrammes  et  demi  ;  le  plumage 
est  en  mue. 

M.  Otto  Grashen  a  donné  (2)  sur  leRackelhane  avec  type  «i/cr  tué 
à  Wolfratshausen  (Bavière),  les  indications  suivantes  :  d'après 
M.  Griiuwald,  qui  l'abattit,  on  n'aurait  point  tué  de  Coqs  de 
bruyère  dans  les  environs  de  Wolfratsliausen  depuis  une  quin- 
zaine d'années;  dans  la  matinée  du  jour  où  il  fut  obtenu,  le  garde- 
chasse  s'était  rendu  dans  le  domaine  d'Euertshausen,  appartenant 
à  .M.  le  Directeur  Lechuer,  afin  d'y  rencontrer  des  Spielhahne 
(Coqs  di;  jeu).  Il  observa  là  plusieurs  Oiseaux  (jui  se  courtisaieut 
entre  eux,  mais  au  milieu  de  leurs  cris  il  entendit  un  chant  tout 
particulier  qui  lui  était  inconnu.  M.  Grùnwald  s'approcha  alors  et 
eut  la  bonne  fortune  d'aiialtre  l'Oiseau  qui  chantait  et  qui  était  sur 
un  Pin;  il  le  iirit  pour  uu  petit  Coq  de  biuyère.  Après  examen, 
.M.  Otto  Grashen  s'assura  que  c'était  un  réel  spécimen  de  Telrao 
hylirldus  avec  type  uroijallu.s.  Comme,  depuis  longtemps,  on  ne  voit 
plus  à  Wolfratshausen  de  Coqs  de  bruyère  au  moment  de  l'appa- 
riage,  M.  Grashen  suppose  qu'ils  ont  tous  été  tués  successivement  et 

(1)  In  Deutschcr  Jài^er-Zeitung,  p.  109,  novembre  1888. 
(â)  In  Deutsche  Jâger  Jagd-Zeitung. 


0l4  OISEAUX    HYBUIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

qu'une  de  leurs  Poules,  à  défaut  de  Co(|  de  son  espèce,  s'est  rendue 
à  l'endroit  où  se  nisseniblent  les  Spielhàhne  dont  on  vient  de 
pai-ler.  11  a  décrit  ainsi  ce  rare  exemplaire  : 

Apparence  générale  d'un  Coq  de  bruyère  de  petites  dimensions  ; 
bec  noir,  forme  et  couleur  du  bec  du  Coq  de  Bouleau  (Birkhahn  ou 
T.  tetrix)  ;  plumes  de  la  tête  et  de  la  sorire  de  la  forme  de  celle  de 
Vuroijallus.  Au  cou,  le  plumage,  au  lieu  d'être  parsemé  comme  chez 
l'Auer  de  pointillés  noirs  gi'is,  est  bleu  d'acier  avec  l'éclat  métal- 
lique du  Birkhahn.  Celte  couleur  bleue  ne  se  perd  point  dans  le 
bouclier  vert  de  la  poitrine,  elle  se  continue  jusqu'au  ventre  qui 
est  blan(^  et  noir.  Les  pieds  correspondent  à  ceux  du  Coq  de 
bruyère  ordinaire.  Le  plumage  du  dos  ressemble  à  celui  de  Yiiro- 
gallus  ;  les  couvertures  des  ailes  ressemblent  également  à  celles  de 
cette  espèce,  mais  elles  ont  les  bandes  transversales  blanches  du 
tetrix  faiblement  niarc|uées.  Les  plumes  de  la  queue  sont  de  la  cou- 
leur de  celles  du  tetrix,  mais  proportionnellement  elles  ne  sont 
que  de  la  moitié  de  la  longueur  de  celles  de  l'Auer  ;  les  deux 
rectrices  extérieures  sont  un  peu  plus  longues  que  celles  du  milieu  : 
elles  ont  une  propension  à  se  recourber  extérieurement.  Les  cou- 
vertures inférieures  ressemblent  à  celles  de  l'Urogalle,  elles  sont 
blanches  et  noires,  le  blanc  domine.  .M.  Grûnwald  n'ayant  point 
entendu  jusqu'alors  le  cri  d'accouplement  du  Tetrao  urogallus  n'a 
pu  comparer  ce  cri  avec  les  notes  de  l'Oiseau  qu'il  entendit  chanter  ; 
M.  Otto  Grashen.  ayant  fait  connaître  à  M.  Griinwald  le  chant  de 
l'Auer,  M.  Grashen  croit  cependant  que  les  notes  du  Rackelhaue  en 
question  n'étaient  point  rhythmées,  mais  imitaient  un  gémissement 
ou  un  croassement  indéterminé  et  mêlé  d'elïroi. 

Le  Rackelhane  typus,  tué  dans  la  Marche,  fut  tiré  sur  un  reviere 
(lieu  de  chasse)  composé  exclusivement  de  gibier  Birk  (tetrix)  et 
éloigné  des  Coqs  de  bruyère  d'une  distance  de  cinq  lieues.  li'Oiseau 
possède,  d'après  M.  Nauwerck,  tous  les  caractères  du  Racket  d"  ordi- 
naire. Il  est  surprenant,  ajoute  celui-ci,  qu  il  ait  été  rencontré  dans 
la  Marche,  car  aucun  hybride  de  son  genre  n'y  avait  encore  été 
observé;  il  suppose  donc  qu'un  Coq  de  bruyère,  étant  venu  de  la 
Silésie  et  s'étanl  apparié  avec  une  Poule  de  bouleau  (Birkeuue),  a 
donné  naissance  à  une  couvée  de  ces  hybrides. 

Le  Rackelhane  tué  par  M.  Kôhler,  garde-forestier  en  chef  à 
Beerfelden,  n'avait  point,  paraît-il,  de  localité  fixe  d'accouplement, 
il  se  montrait  sur  les  lieux  d'amour  des  urogallus  aussi  bien  que 
sur  les  parades  des  tetrix,  tantùt  sur  un  arbre,  tantôt  à  terre, 
mais  il  préférait  surtout  les  endroits  fréquentés  par  les  derniers. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATUHI:  51:) 

Élant  le  plus  fort,  il  chnssiiit  les  Coqs,  en  sorte  que  ceux-ci  se 
trouvaient  tous  les  matins  à  des  endroits  difl(''rents.  Sa  longueur 
totale  est  de  74  cm.,  sou  poids  était  de  2  k.  210  (1). 


Nous  donnerons  maintenant  quel(|ues  autres  indications  sur  des 
Rackelhanesdéjà  çitésdansnolrepremierméuioire,  mais  non  décrits. 

Le  Tetrao  médius  du  Musée  de  Berlin  est,  nous  dit  .M,  le 
D' Reichenow,  l'hybride  ordinaire  du  T.  uroijnllns  et  du  T.  tetru: 
Celui  du  Musée  de  Turin  est  encore  semblable  aux  exemplaires 
communs  qui  se  trouvent  dans  presque  tous  les  Musées.  Les  sept 
exemplaires  d"  que  possède  le  Musée  de  Stockolm  (et  non  les 
soixante-douze  Oiseaux,  comme  on  l'avait  dit  par  erreur),  sont 
tous,  d'après  M.  Sniitd,  à  reflets  violacés  ;  ainsi  se  présentent  les 
hybrides  cf  du  Musée  de  Christiania,  qui  sont  d'un  même  type. 
M.  le  Prof.  Collett,  de  ce  Musée,  n'a,  du  reste,  jamais  vu  de 
Rackelhaues,  soit  avec  la  poitrine  verte  de  Vurogallus,  soit  avec  la 
poitrine  bleue  du  tetriï.  M  Alexandre  Korfchaguine,  conservateur 
de  la  section  ornilhologique  du  Musée  de  Moscou,  nous  fait  savoir 
(de  la  part  de  M.  .\natole  Bogdanow)  que  celte  collection  ne  possède 
qu'un  seul  exemplaire  typique  du  Tetrau  médius,  mais  ([ue,  d'après 
des  observations  faites  à  Moscou  sur  près  de  trois  cents  exemplaires, 
la  couleur  est  le  plus  souvent  uniforme,  la  poitrine  ayant  toujours 
les  reflets  violacés,  parfois  bronzés,  que  l'on  connaît.  On  n'a  jamais 
observé,  ajoute-t-il,  chez  le  T.  médius,  ni  la  couleur  verte,  ni  la 
couleur  bleue. 

M.  Th.  Pleske,  de  Saint-Pétersbourg,  nous  informe  que  les  deux 
seuls  mâles  adultes  conservés  au  Musée  de  l'Académie  ont  la 
poitrine  violacée.  Il  y  aurait  en  outre  dans  ce  Musée  un  mAle  en 
costume  d'été  et  un  jeune  mâle.  Ce  jeune  possède  lui-même  les 
reflets  violacés  sur  la  poitrine  et  a  la  queue  échancrée  comme  le 
le  T.  médius  cT  adulte  (2). 

D'après  .M.  le  D"'  von  Lorenz,  quatre  Rackelhaues  existent  dans 
le  Musée  impérial  de  Vienne.  L'un,  portant  le  n"  709,  a  la  poitrine 
d'un  vert  violet  chatoyant;  les  reclrices  extérieures  sont  faiblement 
recourbées^les  couvertures  des  ailes  sont  brunes.  Un  autre,  portant  le 

11)  Lrschmann  :  .N.  I).  Jagdz.  XI!,  I!<92,  p.  2'i4-24b;  cit  in  Ornilhologisclie 
Monatsherlchte,  sept.  1894.  N»9,  p.  141. 

(2)  Il  parait  qu'une  grande  partie  de  son  plumage  appartinnl  encore  à  la  livrée 
des  poussins.  .Nous  aurions  été  fort  heureu.x  de  voir  un  semblable  érhantillon.  Il 
en  existe  fort  peu.  L'Académie  forestière  d'Eberswalde  (prof.  .Vlliin)  .ser.iil  cependant 
en  possession  d'un  même  individu  (moins  Agéj  ;  et  Te.Nemplaire  du  Musée  d'Insprîick 
(décrit  par  .M.  Tscluisi  in  Ornis,  11^8^1  porte  aussi  des  plumes  de  la  femelle. 


5i6  OISEAUX    HYBRIDES    RKNCONTRKS    A    LÉTAT   SAUVAGE 

n"  10897,  a  la  poitrine  d'un  vert  noir  avec  un  chatoiement  un  peu 
rouge  violet  ;  les  plumes  extérieures  de  la  queue  sont  légèrement 
recourbées,  les  ailes  d'un  brun  sombre.  Un  troisième,  n"  407,  a  la 
poitrine  violet  rouge,  queue  avec  plumes  fortement  tordues,  ailes 
d'un  brun  sombre.  Le  dernier,  n»  408,  est  plus  grand  que  le 
précédent,  poitrine  violet  rouge,  queue  avec  plumes  droites,  ailes 
et  rectrices  d'un  brun  noir.  M.  le  D'  von  Lorenz  a  été  assez  gracieux 
pour  nous  adresser  le  n"  10897  venant  de  la  Russie  ;  il  sera  décrit 
en  son  temps. 

M.  Hugo  J.  Stjernval,  de  Borga  (Finlande),  nous  écrit  que  les 
Rackelbanes  que  l'on  rencontre  dans  son  pays  sont  toujours  d'un 
même  type. 

L'individu  du  Musée  de  la  Faune  des  Vertébrés  de  Florence  est 
aussi  revêtu  de  l'habit  typique  du  wedim.  u  Les  couleurs  correspon- 
dent parfaitement  à  celles  du  mâle  adulte  urogalbis,  seulement  les 
plumes  allongées  sous  le  bec  et  le  plastron  de  la  poitrine,  au  lieu 
d'avoir  des  reflets  vert  bouteille,  ont  des  reflets  d'un  beau  violet: 
les  deux  taches  blanches  sur  les  épaules  manquent;  les  plumes  de 
la  queue,  laquelle  est  légèrement  fourchue, sont  entièrement  noires; 
la  taille  est  moindre  que  celle  de  Vnrogallus,  intermédiaire  entre 
celle  des  deux  espèces  »  (1). 

Nous  avons  voulu  revoir  les  exemplaires  du  Musée  de  Paris  (coll. 
IMarmotan),  ceux  du  Musée  de  Rouen  et  l'exemplaire  de  M.  Noury, 
à  Elbeuf.  Nous  n'avons  pas  à  modifier  nos  premières  appréciations, 
ces  divers  Oiseaux  étant  tous  du  même  aspect. 

Voici,  avec  quelques  détails,  les  descriptions  des  exemplaires  cf 
qui  nous  ont  été  adressés  en  communication  : 

Le  Rackelhane  du  Musée  de  fjlle.  —  Sur  l'étiquette,  on  lit  :  «  Telrao 
hyhridus,  d",  métis  du  Coq  de  bruyère  et  du  Tetrao  lyre.  Suède, 
1845  »  :  Par  sa  taille,  cet  Oiseau  peut  passer  pour  intermédiaire 
entre  les  deux  espèces,  quoiqu'il  soit  plus  du  côté  de  Vurogallus. 
Sa  poitrine  est  d'un  violacé  brillant;  les  ailes,  brunes,  ne  sont  pas 
parsemées  de  petits  points  blancs,  la  couleur  est  unie ,  pas  de 
miroir  blanc.  Sous  la  queue,  les  taches  blanches  sur  fond  noir  sont 
celles  de  VurounllKS.  La  queue  est  fortement  échancrée,  surtout  du 
côté  gauche,  les  rectrices  étant  plus  longues  de  ce  côté.  Les  médianes 
sont  bordées  finement  de  blanc,  elles  affectent  à  leur  bord  extrême 

la   forme  suivante -,   propre   surtout  au  tetrix.  Les 

pattes  sont  emplumées  ;  le   duvet  est  brun  gris  et  ne  s'avance 

(1)  Communication  de  M.  le  Prof.  Henrico  Giglioli. 


ADDITIONS,    COHRECTIONS    KT    EXA.MliNS    DAPKÈS    NATUHli  517 

presque  pas  sur  les  doigts;  au  haut  du  tarse  existe  une  large  toufie 
de  plumes  blanches.  Au-dessus  de  l'œil,  uu  espace  nu  et  rouge.  Le 
bec  est  couleur  cuir  de  botte  foncé;  intermédiaire  par  sa  forme, 
quoiiiue  se  rappiochaiU  davantage  de  celui  de  Viiroi/dllus.  Ventre 
violacé  brun,  avec  quelques  petits  points  blancs  ;  il  existe  une  petite 
tache  de  chaque  côté  des  flancs  qui  son!  brun  uni;  l'anus  blanc.  La 
croupe  violacée  comme  le  haut  du  dos,  ainsi  que  le  cou;  le  dessus 
de  la  tète  est  moins  brillant  et  se  brunit.  Les  pattes  et  les  doigts 
sont  de  dimensions  intermédiaires  entre  celles  des  deux  espèces. 
Cet  Oiseau  a  été  peiut. 

Muxéi;  d'Amis.  —  Sur  l'étiquette,  on  lit  :  (i  Hybride  de  Tetrao 
urogalle  et  de  Lyre,  cT,  Tetrao  hyhvidus  Linn.  »  :  C'est  un  superbe 
spécimen  fort  bien  empaillé;  il  est  posé  sur  une  branche,  il  est  de 
taille  intermédiaire.  An  menton  peud  une  barbiche.  Les  tarses 
sont  fortement  emplumés,  du  duvet  gris  déborde  sur  les  doigts.  Le 
dessous  de  la  queue  est  à  la  manière  de  l'urogallus.  Le  bec  est 
foncé;  la  queue  à  peine  échancrée,  les  recti'ices  se  terminent  par  la 

coupe et  sont  bordées  de  blanc.  Les  ailes,  de  couleur 

brun  marron,  sont  saupoudrées  finement  de  blanc.  Le  devant  de  la 
poitrine  est  violacé  ;  uu  petit  miroir  blanc  existe  sur  l'aile.  Le  dessus 
du  dos  est  brunâtre,  saupoudré  vers  la  queue,  dont  les  couvertures 
supérieures  sont  elles-mêmes  saupoudrées  finement.  Les  rectrices 
sont  d'une  teinte  marron  foncé  noir  uniforme.  Anus  blanc,  ventre 
brun  noir,  joues  et  télé  foncées  avec  quelques  reflets  violacés  ;  un 
peu  de  peau  rouge  au-dessus  de  l'œil.  Les  doigts  sont  gris  brun 
foncé.  Au  haut  des  tarses  une  petite  touffe  de  plumes  blanches. 

Musce  di'  Sloclilwlm.  —  (Exemplaire  cT  eu  peau  ([ui  nous  a  été  gra- 
cieusement offert  par  M.  Smitd)  :  c'est  un  très  fort  Oiseau,  presque 
de  la  longueur  do  celle  de  Vurogallas.  Croupes  noire  ;  queue  très 
large  et  fortement  échancrée,  les  rectrices  su  recourbent  même  exté- 
rieurement; ou  croirait  voir  la  queue  du  telrix.  Les  deux  médianes 
sont  bordées  finement  de  blanc  comme  plusieurs  autres  qui  les 

suivent  ;  à  leur  extrémité   elles   se  terminent   ainsi  ■ ■ -. 

Les  plumes  des  couvertures  de  la  queue  sont  également  bordées 
finement  de  blanc.  Les  rectrices  sont  grandement  marquées  de 
blanc  sur  les  barbes  près  du  tuyau  (partie  de  la  plume  la  plus  rap- 
prochée du  corps).  Le  miroir  blanc  de  l'aile  est  étroit,  mais  bien 
défini;  les  couvertures  des  ailes  assez  sombres,  mais  piquetées.  Les 
plumes  des  couvertures  inférieures  de  la  queue  comme  chez  Vuro- 
tjallus,  c'est-à-dire  noires  et  blanches,  le  blanc  formant  l'extrémité; 
toute  la  région  de  l'anus  blauc  sale;  ventre  noir  brun,   ([uchpies 


S18  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

plumes  blanches  vers  le  milieu.  Gorge,  cou  et  poitrine  violacés  très 
vivement,  ainsi  que  le  dessus  de  la  tète,  qui  est  cependant  plus  foncé. 

Musée  de  Christiania.  —  (Exemplaire  cT  tué  pendant  la  saison  de 
l'hiver  en  Norwège)  :  c'est  un  petit  spécimen  si  on  le  compare 
avec  le  précédent.  Par  leur  nuance  et  leurs  poiutillés,  les  ailes 
rappellent  vivement  celles  de  VurogaUus  que  la  couleur  de  la 
croupe  rappelle  encore.  Sans  que  les  rectrices  extérieures  se  recour- 
bent extérieurement,  l'échancrure  de  la  queue  est  néanmoins 
prononcée,  mais  la  queue  est  moins  large  que  chez  l'exemplaire  de 
Stockolm.  Les  plumes  médianes  sont  bordées  finement  de  blanc  et 
la  plupart  des  rectrices  accusent  à  leur  lin  la  coupe  ordinaire.  Elles 
soûl  noires  en  dessus  et  en  dessous.  Les  couvertures  inférieures  de 
la  queue  sont  celles  de  l'urogallus,  c'est-à-dire  marquées  de  taches 
noires  et  de  taches  blanches.  La  croupe  violacée  diffère  du  ton  de 
la  croupe  noire  du  dernier.  Les  couvertures  des  ailes  sont  aussi 
plus  claires  que  chez  le  précédent.  Poitrail  et  gorge  du  violacé  ordi- 
naire; sur  les  joues  plusieurs  plumes  sont  terminées  par  un  petit 
liseré  gris  piqueté.  Le  dessus  du  cou  et  du  dos  antérieur  est  piqueté 
gris  cendré.  Dessous  du  ventre  noir.  Les  tarses  sont  fortement 
emplumés,  de  petites  plumes  brunes  recouvrent  un  peu  le  com- 
mencement des  doigts.  Bec  foncé  et  fort;  au-dessus  de  l'œil,  une 
petite  partie  de  peau  dépourvue  de  plumes  a  dû  exister. 

Musée  de  Francfort-sur-leMein.  —  L'étiquette  est  ainsi  libellée  ; 
«  Tetrao  tetrix  c?  X  7.  urogallus  9  provenant  du  Coq  de  bouleau 
et  de  la  Poule  de  bruyère.  — liackelbakn  (Coq  de  Rackel),  tiré  par  le 
Conseiller  de  Justice,  le  D^  Blum,  Allemagne,  1876.  ))  :  superbe 
exemplaire,  magnifiquement  empaillé;  les  ailes  sont  un  peu 
ouvertes,  il  repose  sur  une  branche.  Nous  l'avons  fait  peindre  sur 
toile  par  M.  Charpentier.  L'Oiseau  est  très  fort,  il  rappelle,  en 
quelque  sorte,  par  ses  dimensions,  la  taille  de  Vuroijallus.  Au  haut 
des  tarses  a  dû  exister  la  touiïe  ordinaire  des  plumes  brunes  et 
blanches;  cette  touffe  est  maintenant  rappelée  par  quelques  plumes 
blanches  et  grises.  Le  violet  des  parties  hautes  (poitrine,  jabot,  cou 
et  joues)  est  très  vif.  Un  seul  arc  rouge  (peau  nue)  se  montre  au- 
dessus  des  yeux.  Le  bec  est  fort  et  foncé;  la  pointe  delà  mandibule 
supérieure  dépasse  la  mandibule  inférieure  d'une  manière  assez 
prononcée  en  formant  une  courbure.  Les  doigts  sont  bordés  de 
lamelles,  le  tout  bordé  de  brun  gris-noir,  les  ongles  sont  foncés. 
La  barbe  extérieure  des  rémiges  est  beaucoup  plus  claire  que  la 
barbe  inférieure  des  mêmes  plumes,  laquelle  est  brun  uniforme. 
Sur  l'aile,  un  petit  miroir  blanc,  mal  défini.  Point  de  tache  blanche 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  ul9 

à  l'épaule;  de  la  barbe  au  meuloii.  La  queue  ouveiLe  lonue  l'éven- 
tail ;  les  rectrices  (dont  aucune  n'est  bordée  de  blanc)  se  terminent 

parle  trait  caractéristique ■.  Les  grandes  couvertuies 

supérieures  de  la  queue  sont  bordées  liuenient  de  blanc,  elles  sont 
noires  comme  les  rectrices.  Ces  dernières  sont  eu  dessous  très 
luisantes.  Sur  la  croupe  se  voit  une  teinte  violacée.  Les  plumes 
du  dessons  de  la  (jneue  sont  tachetées  de  noir  et  de  blanc  à  la 
manière  de  Viirogalliai,  mais  il  e.\iste  plus  de  blanc  que  de  noir, 
quelques-unes  sont  entièrement  noires.  Les  couvertures  de  l'aile 
brun  piqueté. 

Le  second  exemplaire.  —  Sur  réti(|uelte,  on  lit  :  «  Tetrao  tetri.r  cT 
X  T.  uroijallus  $  mâle.  »  En  allemand,  «  Baslard  provenant  du  Coq 
de  bouleau  el  de  la  Poule  de  bruyère.  Ilaekelhdlin  mas.  Euro])e,dela 
collect.  de  Meyer,  1818.  »  :  bel  el  fort  exemplaire  comme  celui  du 
même  Musée  (jui  vient  d'être  décrit.  Cet  Oiseau,  qui  est  dans  la 
position  où  se  trouve  le  Rackelbane  de  Lille,  présente  beaucoup 
d'analojîie  avec  ce  dernier;  cependant  la  barbe  du  menton  est  plus 
prononcée  el  l'arc  rouge  au-dessus  de  l'ceil  est  plus  développé.  Sur 
l'épaule  existe  une  tache  blanche.  Le  bec  n'est  pas  de  couleur  abso- 
lument foncée,  il  est  assez  long.  Au  haut  des  tarses  se  voit  un  petit 
plumet  gris  blanc  sale  et  les  tarses  sont  emplumés,  mais  les  plumes 
sont  très  courtes,  comme  râpées,  de  la  couleur  ordinaire  gris 
souris;  des  lamelles  entourent  les  doigts,  elles  sont  peu  |)rononcées. 
Dessous  de  la  queue  composé  de  plumes  blanches  et  noires,  à  la 
manière  de  Varogallus;  queue  assez  échancrée  ;  presque  toutes  les 
rectrices  sont  terminées  par  le  trait  caractérislique,  elles  sont  noires 
brun  en  dessus,  noir  brillant  en  dessous.  l'as  de  miroir  blanc  à 
l'aile,  du  moins  ce  miroir  n'est  pas  visible,  l'aile  étant  au  repos. 
Les  couvertures  des  ailes  bruu  gris  foncé,  peu  pi([ueié.  La  barbe 
extérieure  des  rémiges  beaucoup  plus  claire  ipie  la  barhe  intérieure 
des  mêmes  plumes  ;  elle  est  piquetée,  tandis  que  l'intérieure,  d'un 
brun  pâle,  est  uniforme.  Le  dessus  de  la  queue  brun  noir.  Poitrine 
et  cou  de  couleur  violacée  à  reflets;  dessus  de  la  tète  foucé,  comme 
est  le  dessus  du  cou;  des  reflets  violacés  se  voient  sur  le  cou. 

Musée  de  Genhe.  —  Etiquette  :  «  Tétras  moyen,  Tetrao  hijhridits, 
Arkangel,  .M.  Scbmidely  fils.  »  La  pièce  est  mal  montée,  l'Oiseau 
paraît  ainsi  de  très  chétive  apparence,  il  est  étroit  de  corps  ;  ce 
sont  là  sans  doute  des  défauts  du  montage.  Les  plumes  ont  sans 
doute  perdu  leur  ancien  éclat  et  leur  fraîcheur.  Dos  et  dessus 
des  ailes  complètement  bruns,  la  dernière  partie  un  peu  piipietée. 
Sur  la  croupe   la  couleur  devient   plus  foncée  ;  les  couvertures 


520  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTBÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

de  la  queue,  de  même  couleur,  sont  aussi  finement  piquetées. 
Rectrices  noires  en  dessus  et  eu  dessous,  le  dessous  luisant.  Les 
couvertures  de  la  queue,  formées  de  plumes  avec  taches  noires  et 
blanches;  dans  leur  plus  grande  partie,  elles  sont  cependant 
blanches.  La  queue  est  échancrée,  mais  légèrement.  Les  rectrices 
médianes  sont  seulement  bordées  très  finement  de  blanc  et  se 
terminent,  pour  la  plupart,  par  la  coupe  ordinaire,  sauf  les  deux 
extérieures.  Pas  de  barbe  au  menton;  poitrine,  gorge  et  autres 
parties  violacées  comme  à  l'ordinaire;  dessus  de  la  tète  foncé 
comme  le  dessus  du  cou.  Pas  de  tache  à  l'épaule,  pas  de  miroir 
blanc  à  l'aile;  les  grandes  rémiges  brun  très  clair;  la  barbe  exté- 
rieure étroite,  piquetée  ou  tachetée,  et  beaucoup  plus  claire  que  la 
barbe  intérieure.  Le  haut  du  tarse  est  couronné  par  une  petite 
toufie  de  plumes  gris  blanc  et  brun,  les  tarses  sont  empluiiiés 
jusqu'aux  doigts,  les  doigts  sont  entourés  de  lamelles  très  pronon- 
cées, ils  sont  de  couleur  brun  clair;  les  ongles  sont  foncés.  Le  bec, 
assez  fin,  semble  allongé  ;  il  est  aussi  de  couleur  foncée. 

Mvsée  de  Dresde.  —  Rackelhane  du  Ti/rol  :  semblable,  nous  dit  le 
D"'  A.  B.  Meyer,  à  celui  figuré  à  droite  sur  la  planche  XII  de  son 
ouvrage  ;  l'Oiseau  n'a  pas  encore  été  peint,  ajoute-t-il.  Sous  le 
socle,  on  lit  :  «  Gries  in  Selbrainthal  bee  Junstruche,  10  Mai  1887 
erlegt.  » 

Ce  Rackelhane,  dont  les  ailes  et  la  queue  sont  déployées,  est  du 
type  ordinaire.  Il  ne  paraît  point  très  fort  de  taille.  Les  parties 
supérieures  sont  violacées,  la  croupe  montre  les  mêmes  reflets;  sur 
le  devant,  l'Oiseau  devient  bronzé  suivant  les  reflets;  sur  l'œil  on 
voit  l'arc  rouge  :  le  bec  est  foncé.  Le  haut  des  tarses  est  pourvu  d'une 
touffe  de  plumes  blanches,  mais  collées  à  l'os.  Les  couvertures 
inférieures  de  l'aile  sont  blanches  ;  l'aile  est  traversée  par  un  miroir 
blanc.  De  légers  pointillés  se  voient  sur  le  dos  et  sur  les  couvertures 
des  ailes,  ainsi  que  sur  les  couvertures  de  la  queue  ;  ce  pointillé, 
brunâtre,  est  très  accentué  et  se  change  en  blanc.  Rectrices  noires, 

en   dessous    brunâtres,   avec  la    coupe  terminale  ~ 

ordinaire  très  accentuée.  La  queue  fait  bien  l'éventail  lorsqu'elle 
est  largement  ouverte  ;  fermée,  elle  doit,  pensons-nous,  se  montrer 
échancrée,  car  les  rectrices  extérieures  sont  beaucoup  plus  longues 
que  les  médianes.  Ongles  et  doigts  foncés,  petites  plumes  des  tarses 
très  foncées.  Couvertures  inférieures  de  la  queue  tachetées  comme 
chez  Vurogallus  ;  mais  presque  toutes  sont  noires  et  à  bouts  blancs 
des  deux  côtés  des  barbes. 

liackelhane  du  Livland  (déjà  figuré  sur  la  planche  XI  de  l'ouvrage 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    D'aPRÉS    NATURE  321 

du  D'  Meyer,  en  bas  et  à  droite).  —  Voici  un  Oiseau  qui  diffère  du 
type,  mais  est-ce  bien  un  hybride?  Il  est  de  taille  uu  peu  plus 
fort  que  le  tetri.r,  il  esl  plus  long  nolamniout,  sans  atteindre 
les  dimensions  d'une  Poule  Urogalle.  Le  bec,  dont  la  mandibule 
supérieure  est  assez  arquée,  est,  pour  la  grosseur,  entre  le  bec  du 
tetrix  et  le  bec  de  la  femelle  urogallus;  il  parait  avoir  (Mé  de 
la  couleur  de  cette  dernière  espèce.  Tout  le  dessus  du  dos  infé- 
rieur, (autant  qu'on  peut  en  juger  dans  le  très  mauvais  état  où 
se  trouve  le  spécimen),  a,  par  sa  teinte  cendrée,  plus  d'analogie 
avec  VuroiinliuH  qu'avec  le  ti-lri.r  ;  les  couvertures  supérieures  de  la 
queue  sont  aussi  dans  ce  cas;  les  inférieures  sont  pur  urogallus, 
c'est  à  dire  blanches  tachetées  de  noir  (sur  le  côté  interne  de  la 
plume  et  à  la  base).  L'Oiseau,  en  dehors  de  .son  épaulette  blanche, 
montre  sur  l'aile  un  miroir  peu  apparent.  Les  rectrices  sont  noires, 
quelques  unes,  les  médianes,  légèrement  cendrées  en  dessus;  en 
dessous,  elles  ne  sont  pas  d'un  noir  franc.  Le  devant  du  jabot  est  à 
reflets  verts;  il  existe  de  la  peau  nue  et  de  couleur  rouge  au-dessus 
des  yeux  afïectant  la  forme  de  l'arc.  Les  couvertures  supérieures 
soutà  la  manière  de  Vurogalliis.  Bref  cette  pièce  devient  très  embar- 
rassant, et  on  se  demande  si  on  n'est  point  en  présence  d'une  simple 
variété  de  Vnroijallus .'  Remarquons  en  outre  que  la  queue,  sans 
être  de  forme  arquée,  n'est  point  non  plus  véritablement  échancrée, 
elle  est  indécise  entre  les  deux  formes;  il  serajt  difficile  de  préciser 
la  ligne  qui  forme  son  extrémité,  quoiqu'au  milieu  les  rectrices 
médianes  soient  réellement  plus  courtes  que  les  extérieures.  On 

trouve  à  la  lin  de  ((uelques  rectrices  le  trait rarement 

rappelé.  11  faut  noter,  en  terminant,  que  la  partie  des  joues  descen- 
dant vers  le  cou,  est  tachetée  fortement  de  blanc,  ce  qui  donne  un 
aspect  particulier  el  annonce  sans  doute  le  plumage  d'été.  —  On  se 
rappelle  que  cet  Oiseau,  obtenu  en  juillet  1884  sur  la  propriété 
de  Rauzen  (où  déjà  on  avait  tué  un  Rackelhane),  a  été  ofTert  par  le 
baron  von  Krùdener.  M.  Th.  Lorenz  qui,  à  première  vue,  l'avait 
pris  pour  une  Poule  Urogalle  stérile,  pense  aujourd'hui  que  c'est 
un  Rackelhane  typus  ;  la  couleur  verdàtre  du  jabot  ne  serait  pro- 
duite (|ue  par  la  mue  !  (1)  —  M.  Lorenz  a  t-il  raison?  Nous  décri- 
rons bientôt  d'autres  exemplaires  en  plumage  d'été,  c'est-à-dire 
avec  des  pointillés  blancs  sur  les  joues  et  sur  le  cou,  et  qui  sont 
parfaitement  violacés.  —  D'après  le  Jagd  Zeitung  de  iSSii,  la  pièce 


(I)  Voy.  :  Jour,  fur  OrnUh.  l8'.Vi,  p.  416.   Wierderun  Einiges  ûber  tiackelwild 
unit  llahenfedrigheit. 


522  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

en  questioa  fut  obtenue  dans  un  district  de  chasse  où  il  n'existait 
aucun  urogalliis. 

Musée  d'Yurk.  —  L'Oiseau  est  du  type  ordinaire,  mais  il  en  diffère 
cependant  par  la  couleur  brune  très  claire  des  ailes  ;  ses  doigts  sont 
blanc  jaune  ainsi  que  ses  ongles.  Le  bec  n'est  pas  foncé,  il  est  long, 
assez  fort.  Les  flancs,  les  ailes,  le  dessus  de  la  queue  rappellent 
Vurogallus  parce  que  ces  parties  sont  saupoudrées  finement  de  blanc. 
La  queue  est  assez  claire,  elle  est  bien  échancrée,  très  longue  com- 
parativement à  la  taille  de  l'Oiseau;  les  rectrices  se  terminent  par 
le  trait  ordinaire,  les  deux  extrêmes  semblent  vouloir  se  recourber. 
Dessous  de  la  queue  à  la  manière  de  l'Urogalle,  mais  les  plumes 
sont  très  blanches,  le  noir  n'affecte  qu'un  petit  côté  de  la  barbe 
extérieure.  Ce  Rackelhane  de  petite  taille  rappelle  donc  Vuroijallus 
par  les  parties  brun  clair  de  ses  flancs,  de  ses  ailes,  du  dessus  du  dos 
et  de  la  queue  et  par  le  dessin  piqueté  de  ces  parties.  Il  est  sans 
doute  peu  avancé  en  âge  ;  dans  le  cas  contraire,  les  parties  claires 
de  son  plumage  et  sa  coloration  brune  le  différencieraient  du  type 
ordinaire.  M.  Plataner,  qui  a  bien  voulu  nous  adresser  cette  pièce, 
avec  un  jeune  mâle  uiognllus  (1),  nous  fait  savoir  qu'il  ne  connaît 
rien  sur  son  origine. 

Collection  de  M.  van  Kenipen,  àSaint-Omer.  N»  496,  porte  l'indica- 
tion suivante  :  ce  Tétras  croisé,  T.  médius  d"  ad.  Sibérie  ;  »  on  lit 
encore  :  T.  urogalloides  ou  médius  cf  (Reg.).  —  Intermédiaire  par 
sa  taille,  quoique  plus  du  côté  de  Vurogallus;  ongles  fins  et  longs. 
Bec  entre  celui  des  deux  espèces,  très  pointu,  peu  foncé;  les  ailes 
attirent  l'attention  par  leur  couleur  brune  assez  claire  et  très 
piquetée  de  blanc.  Un  grand  miroir  blanc  les  traverse,  mais  ce 
miroir  est  caché  par  les  couvertures  de  l'aile.  Pas  d'épaulette 
blanche,  un  arc  rouge  sur  l'œil.  Le  dessus  du  dos  est  très  pointillé 
de  gris,  ainsi  que  la  croupe,  qui  est  de  couleur  assez  claire.  Égale- 
ment le  dessus  du  cou  et  la  partie  près  du  dos  sont  pointillés 
finement.  Poitrine  et  partie  haute,  joues,  cou,  etc.,  violacés 
comme  d'habitude.  Dessous  de  la  queue  à  la  manière  de  l'Urogalle, 
mais  le  blanc  domine;  le  noir  est  généralement  d'un  seul  côté 
des  plumes  et  sur  la  barbe  intérieure.  Anus  blanc,  tarses  gris 
souris;  les  pattes,  rtant  rentrées  dans  le  corps,  la  touffe  du  haut 
des  tarses  disparaît.  Rectrices  noires  en  dessous  et  luisantes; 
claires  en  dessus.  Queue  peu  échancrée,  point  de  rectrices  exté- 
rieures recourbées;  les  médianes  liserées  de  blanc  fin  et  terminées 
à  la  manière  ordinaire. 

(I)  Considéré  à  tort  comme  Hackelbane. 


ADDITIONS,    CORRKCTIONS   ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURK  523 

N°  497  de  la  mhne  collection.  —  On  lit:  «  Tétras  hybride.  —  7'. 
médius.  T.  urofialloidcs  Rd.  cf  Kurope.  (lollect.  Oursel,  mars  1881.  » 
Ce  Rackelhiuie  est  tout  petit  si  ou  le  compare  avec  le  précédeut; 
la  couleur  hruoe  des  ailes  est  très  vive,  très  éclatante,  piquetée 
comme  est  la  croupe.  Le  dessus  du  cou  et  la  poitrine  violacés; 
du  rouge  sur  rn'ii;  bec  fort  et  long,  de  couleur  corne  claire, 
de  dimensions  intermédiaires.  iMiroir  blanc,  pas  d'épaulette.  La 
queue  n'est  pas  absolument  échancrée,  quoique  les  rectrices  exté- 
rieures dépassent  notahlemeni  les  autres,  mais  les  médianes  sont 
plus  longues  que  celles  qui  les  suivent;  presque  toutes  sont  ter- 
minées par  la  coupe  • ' ^,  et  la  majeure  partie,  sauf  les 

extérieures,  liserées  finement  de  blanc.  Dessous  de  la  queue  à  la 
manière  de  Viirofiallus,  plus  de  blanc  que  de  noir;  le  noir  se 
trouve  sur  la  barbe  intérieure  et  ne  se  prolonge  pas  vers  l'extré- 
mité ;  ongles   fins  et  foncés,  assez  petits;  tarses  brun  souris,  etc. 

iV°  499  de  la  même  collection.  —  Un  lit  :  <(  7'.  hyhridm,  telrix  X 
urof/allux.  d"  ad.  Ecosse.  14  novembre  1879,  Franck.  »  Forme  inter- 
médiaire; aile  brune.  i)iqurtée  mais  assez  foncée;  pas  de  miroir 
blanc  quoique  l'on  suive  çà  et  là  une  trace  de  blanc  à  la  place 
qu'occupe  généralement  le  miroir.  Ongles  intermédiaires,  tarses 
gris  souris  uni,  touffe  de  plumes  dans  le  haut.  Arc  rouge  surl'cpil; 
bec  couleur  corne  assez  fort,  quoique  intermédiaire,  entre  les  deux 
espèces.  Parties  hautes  foncées,  tête  et  poitrine  violacées.  Queue 
assez  bien  échancrée.  mais  pas  do  rectrices  en  forme  de  lyre,  deux 
ou  trois  médianes  seulement  bordées  finement  de  blanc  et  avec  le 

trait ' ;  croupe  à  reflets  violacés  et  saupoudrée  de 

gris.  Dessous  de  la  queue  comme  chez  l'Urogalle,  barbe  intérieure 
des  plumes  tachetée  de  noir  à  la  base;  quelques  plumes  sont  de 
même  tachetées  de  noir  des  deux  côtés  dans  leur  partie  haute,  le 
blanc  les  termine  toutes.  Rectrices  noires,  bien  luisantes  en 
dessous. 

^''  49S,  m('me  collection.  On  lit  :  «  T.  Hybride  urog.  x  tetrix 
cT  ad.  Ecosse,  14.  9.  1879.  Franck  ».  C'est  toujours  le  type  du 
Rackelhane  comme  dimensions  et  coloris.  Aile  brune  et  pointillée, 
miroir  blanc  pas  très  prononcé,  épaulelte  blanche,  croupe  saupou- 
drée comme  le  dessus  du  dos  ;  poitrine  violacée,  arc  rouge  sur  l'œil, 
ongles  foncés  intermédiaires;  bec  on  peu  effilé,  de  couleur  corne 
assez  claire,  de  taille  moyenne  entre  les  deux,  plus  du  cMé  du 
tetri.r;  queue  échancrée;  médianes  bordées  d'un  liseré  blanc,  tontes 

les  plumes  se  terminent  par  la  coupe  caractéristique ^. 

Rectrices  noir   brun  luisant  en  dessous;  dessous  de  la  queue  à  la 


524  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A  l'ÉTAT    SAUVAGE 

manière  de  l'Urogalle,  le  noir  principalement  du  côté  gauche,  la 
plume  finit  en  blanc.  Tarses  emplumés  gris  souris,  toufîe  au-dessus 
blanc  mélangé,  ventre  brun  violacé,  etc. 

N°  495.  même  collection.  On  lit  :  «  Tetrao  urogaUoides  cf  ad. 
Sibérie.  Frank  Amsterdam  ».  Splendide  exemplaire,  plus  fort,  nous 
semble-til,  que  Vurogallus.  Beaucoup  plus  de  ce  type  que  du  type 
tetrix  taai  par  ses  dimensions  que  par  ses  formes  et  sa  coloration. 
C'est  un  Oiseau  tout  à  fait  à  part.  Que  peut-il  être  ?  La  forme  de  la 
queue  est  en  tous  points  celle  de  Vurogallus  ;  aucune  rectrice  ne  se 

termine  ainsi  . ..  En  dessous  la  couleur  est  brune,  cette 

teinte  est  très  nette  ;  sur  les  couvertures  supérieures  on  aperçoit 
des  taches  blanches.  Les  plumes  des  tarses  sont  très  brunes,  ainsi 
que  la  foulîe  placée  au  dessus,  particularité  que  nous  n'avons 
point  encore  rencontrée  ni  chez  Vurogallus  ni  chez  le  tetri.r.  Sur 
les  ailes  existe  un  double  miroir,  tout  au  moins  un  espace  blan- 
châtre à  la  place  accoutumée,  puis  quelques  taches  blanches  bien 
au-dessus  posées  transversalement,  ce  que  ne  possèdent  encore  ni 
urogallus  ni  tetrix.  Mais  le  violacé  qui  se  mêle  au  vert  de  la  poitrine 
et  qui  domine  sur  le  cou,  sur  les  joues,  qui  s'aperçoit  même  en 
quelque  sorte  sur  le  dos  (laquelle  partie  est  noire  et  brun  foncé), 
les  ailes  brunes  qui  ne  sont  point  piquetées,  le  bec  qui  est  foncé  et 
qui  n'est  point  aussi  fort  que  celui  de  Vurogallus.  loas  ces  points  rap- 
prochent l'Oiseau  du  Rackelhane,  et  ces  particularités  sont  suffi- 
santes pour  montrer  qu'il  s'agit  bien  encore  de  l'hybride  du  tetri.r  et 
de  Vurogallus,  mais  bien  dillérent  du  type  ordinaire.  Peut-on  croire 
que  ce  magnifique  Oiseau  doive  sa  naissance  à  un  croisement  dans 
lequel  le  renversement  des  termes  père  et  mère  s'est  accompli  ?  Nous 
l'ignorons;  nous  serions  plutôt  porté  à  croire  que  c'est  un  Rackel- 
hane croisé  A'nrogallas,  soit  le  produit  d'une  Poule  urogallus,  fécon- 
dée par  un  Rackelhane,  soit  au  contraire  le  descendant  d'une  Poule 
hybride  unie  à  un  Co(i  Urogalle.  Cette  pièce  est  certainement  la  plus 
intéressante  de  toutes  celles  que  nous  avons  décrites  jusqu'alors 
parce  que  son  hybridité  n'est  pas  douteuse,  tandis  que  dans  le  Rackel- 
hane à  poitrine  verte  représenté  dans  l'ouvrage  du  D^  A.  B.  Meyer, 
l'origine  hybride  n'est  pas  démontrée  suffisamment.  Aussi  nous 
avons  fait  peindre  de  grandeur  naturelle  l'Oiseau  de  la  collection 
van  Kempen. 

Musée  (le  Breslau.  —  Le  Rackelhane  cT  qui  nous  a  été  envoyé  de 
ce  Musée  nous  ramène  à  la  description  du  typus  si  counu,  c"est-à- 
dire  :  queue  échancrée,  dessous  de  la  queue  à  la  manière  de  l'Uro- 
galle, épaulette  blanche,  tarses  brun  souris,   poitrine   violette  à 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  523 

reflets  bronzés,  arc  rouge  sur  l'œil,  bec  iuterinédiaire,  etc.  Remar- 
quons que  les  rectrices  extérieures,  qui  sont  droites,  ne  sont  pas 
bordées  pur  uu  liséré  blanc:  ce  liseré  est  seulement  visible  sur 
quelques  médianes  au  bout  desquelles  on  aperçoit  la  coupe  ordi- 
naire. La  taille  est  celle  des  exemplaires  du  Musée  de  Lausanne  dont 
nous  allons  bientôt  |>arler.  Sur  l'étiquette  que  porte  cet  Oiseau,  on 
lit:  «  T.  iiiediiisTem.  Obcr.  Forstmeister  von  Panuewitz.  Schlesien  ». 

Musée  zoologique  de  l'Université  de  Pavie.  —  M.  le  prof.  Pietro 
Pavesi,  qui  a  eu  la  bonté  de  nous  adresser  l'exemplaire  de  celte 
collection,  n'a  pu  nous  donner  aucune  indication  à  son  sujet. 
L'Oiseau  avait  été  aclieté  avant  qu'il  ne  fût  nommé  directeur  du 
Musée  de  l'Université.  C'est,  du  reste,  le  T.  médius  ordinaire,  mais 
de  grandes  dimensions.  La  teinte  violacée  est  très  accentuée  et 
peut-être  plus  étendue  qu'à  l'babitude;  la  queue  est  très  échan- 
crée,  le  dessous  des  couvertures  à  la  manière  de  l'Urogalle.  Tache 
blanche  à  l'épaule,  miroir  blanc  sur  l'aile;  couvertures  de  l'aile  et  de 
la  queue  piquetées  de  blanc,  mais  très  finement.  Arc  rouge  sur  l'œil, 
bec  fort,  plumes  au-dessus  des  tarses,  pieds  grands,  ongles  longs, 
très  foncés.  Sur  le  socle  qui  soutient  la  pièce  on  lit  la  date  de  1866. 

Musée  de  Lausanui'.  —  Iku.r  pvemii'res  pièces  :  du  type  et  très 
semblables  entre  elles:  poitrine  violette,  pas  de  miroir  à  l'aile, 
au  moins  ce  miroir  n'est  pas  visible  ;  du  rouge  au-dessus  de  l'œil  ; 
l'épaulette  blanche  manque  ;  queue  échancrée  chez  l'un,  rectrices 
médianes  bordées  de  blanc  peu  étendu  et  terminées  suivant  la 
forme  ordinaire;  touiïe  de  plumes  blanches  et  brunes  au  haut  des 
tarses.  Les  deux  Oiseaux  paraissent  être  de  taille  intermédiaire 
entre  l'exemplaire  que  nous  avons  reçu  du  Musée  de  Stockolm  et 
un  exemplaire  de  notre  collection  dont  nous  avons  parlé  dans  notre 
premier  mémoire.  Bec  de  la  grosseur  du  premier.  Rien  de  parti- 
culier à  noter  chez  ces  deux  Rackelhanes. 

Un  troisième  individu  est  diflérent,  c'est  celui  que  M.  le  D'  A.  B. 
Meyer  a  représenté  sur  la  PI.  XIl  de  son  ouvrage.  Le  bec  est,  en 
efïet,  hlaiic  et  très  fort,  la  queue  est  en  éventail  comme  celle  de 
Vurogallus,  en  sorte  que  les  rectrices  médianes  sont  plus  longues 
que  les  extérieures;  elles  sont  terminées  par  une  bordure  blanche 

assez  large  sur  laquelle  la  terminaison  ordinaire ne  se 

montre  point.  Ce  sont  ces  caractères  qui  distinguent  l'Oiseau  du 
typus;  il  faut  encore  noter  que  le  dessus  du  cou  et  le  camail  rappel- 
lent quelque  peu  Vurofidilus:  on  aperçoit  diflicilement,  çà  et  là, 
quehiues  reflets  violacés;  plusieurs  plumes  des  joues  se  terminent 
par  un  liseré  blanc  fin.  A  part  cela,  l'Oiseau  est  bien  uu  Rackelhane. 


526  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

Nous  avons  noté  que  l'épaulette  bhinche  lait  défaut  et  qu'il  n'existe 
pas  de  miroir  blanc;  on  voit  cependant  sur  l'aile  une  raie  trans- 
versale blanchâtre,  vague,  très  indécise,  rappelant  sans  doute 
le  miroir  qui  manque.  La  barbe  des  trois  rémiges  primaires  est 
presque  blanc  uniforme  partout.  Il  faut,  en  outre,  remarquer  que 
les  petites  taches  des  joues  rappellent  faiblement  celles  qui  existent 
sur  l'exemplaire  à  poitrine  verte  du  Musée  de  Dresde  et  annon- 
cent sans  doute  un  reste  ou  un  commencement  du  plumage  de 
l'été.  Nous  avons  peint  de  grandeur  naturelle  ce  curieux  échan- 
tillon. Nous  remercions  vivement  M.  le  D'  Larquier  des  Bancels 
d'avoir  bien  voulu  nous  le  communiquer.  On  se  rappelle  que  ce 
Rackelhane  avait  été  supposé  provenir  du  croisement  du  Tetmouni- 
gallus  cT  X  Tetrao  tetrix  9-  Est-ce  avec  raison?  Cette  opinion  ne 
peut  être  vérifiée  expérimentalement. 

Kelvinvgrove  Muséum  (le  Glascow.  —  Nous  rappelons  que  cet  exem- 
plaire, qui  fut  reçu  au  Musée  en  1871,  avait  été  tué  à  Jullgallan, 
Clarkmannanshire  (Ecosse)  en  1869.  Plusieurs  autres  exemplaires 
paraissent  avoir  été  obtenus  dans  la  même  contrée  (1).  Lorsque 
nous  avons  retiré  cette  pièce  de  la  boîte  où  elle  était  enfermée,  sans 
doute  se  trouvait-elle  alors  dans  un  jour  spécial,  car  au  lieu  des 
reflets  violets  ordinaires  que  l'on  observe  chez  le  Rackelhane,  nous 
avions  aperçu  des  reflets  verdàtres  qu'il  nous  a  été  difTicile,  dans 
la  suite,  de  retrouver.  L'Oiseau,  néanmoins,  est  plutôt  d'une  teinte 
bronzée  que  violette;  ces  reflets  bronzés  et  métalliques  sont  ceux 
qui  brillent  le  plus  ordinairement  à  l'œil.  Il  présente,  en  outre,  un 
faciès  étrange  :  barbe  au  menton  très  abondante,  croupe  très  large, 
pieds  très  foncés,  tarses  noirs  ou  brun  très  foncé  ;  touffe  au-dessus 
entièrement  blanche,  ce  qui  ajoute  au  contraste.  Tout  l'individu  dans 
son  ensemble  est  du  reste  très  foncé,  quoique  sou  plumage  soit  légè- 
rement saupoudré.  Sur  l'aile  pas  de  miroir  apparent,  le  blanc  qui 
existe  est  comme  nébuleux  et  se  cache  sous  les  plumes  des  couver- 
tures. La  queue  est  très  fournie,  très  large  et  très  noire,  elle  n'est 
pas  échancrée  quoiqu'elle  forme  comme  une  apparence  de  lyre.  Les 
grandes  couvertures  de  la  queue  sont  bordées  de  blanc,  les  rectrices 
n'ont  aucune  bordure.  Le  bec  est  assez  fort,  court  mais  très  arqué, 
il  est  large  et  élevé  au  commencement  de  la  mandibule  sapérieure. 

Musée  royal  de  Bruxelles.  —  L'Oiseau  porte  le  n"  1929  ;  c'est  le  seul 
Rackelane  que  l'on  conserve  dans  ce  Musée.  Sa  tonalité  brune  le 
rapproche  de  l'uroyallus  dont  il  a  les  sous-caudales,  mais  il  est 
petit,  bien  plus  court  que  ne  le  sont  les  exemplaires  de  Lausanne; 

(1)  Voy.  p.  13  (ou  p.  266  des  Mémoires)  et  p.  510  {en  note). 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS   DAPRÈS    NATURE  527 

le  bec  est  lui-même  mince,  quoique  Iour  :  la  tiHe  et  les  doigts  sont 
de  faibles  dimensious.  Quelques  rectrices  seulement  dépassent  les 
autres  pennes,  en  soric  que  la  queue  se  trouve  ft  peine  échancrée. 
Néanmoins  c'est  bien  un  typus  sur  lequel  on  remarque,  en  le  plaçant 
dans  un  certain  jour,  des  reflets  verts  bronzés  au  lieu  de  reflets 
violacés. 

Musée  royal  de  Munich;  quatre  piècen.  —  L'une,  indiquée  comme 
venant  de  Suède,  est  très  petite,  le  violet  se  voit  faiblement  sur 
la  poitrine  et  sur  les  parties  hautes.  Les  ailes  sont  brun  très 
foncé  mais  piquetées.  La  queue  est  assez  échancrée,  le  bec  est  de 
couleur  de  corne,  les  ongles  sont  foncés,  la  barbe  intérieure  des 
rémiges  est  d'un  brun  uniforme  grisâtre. 

La  deuxième  pièce  de  llolien  ScluvaiKjen  est  d'un  violacé  très 
foncé  et  très  métallique;  la  queue  est  très  large,  les  rectrices  exté- 
rieures semblent  vouloir  se  courber,  les  deux  médianes  sont 
bordées  de  blanc.  Dessus  des  ailes  foncé;  quatorze  peunes  rectrices; 
doigts  assez  foncés;  barbe  naissante.  C'est  à  peine  si  le  plumage  est 
pointillé.  On  aperçoit  tout  autour  du  rou,  dans  le  noir  violacé,  des 
taches  en  croissants  formant  comme  une  espèce  de  damier. 

La  troisième  pièce,  avec  cette  meuliou  :  «  Bayr  Wald.  Forstrat 
Kock.  1842.  »  provient  des  forêts  de  la  Bavière  et  a  été  offerte  par  le 
Conseil  du  prince.  Elle  est  de  taille  ordinaire,  plutôt  petite.  Le 
bec  est  foncé,  plus  long  que  celui  de  la  pièce  précédente,  mais  moins 
bombé.  Le  bout  des  rémiges  secondaires  est  clair  et  piqueté,  les 
doigts  sont  clairs,  les  ongles  sont  foncés  ;  on  aperçoit  de  beaux 
reflets  violacés  sur  la  poitrine.  Cet  Oiseau  a  sur  les  joues  quelques 
petites  taches  blanches  du  plumage  de  l'été,  mais  en  bien  moins 
grande  (luantilé  que  le  suivant.  On  compte  dix-sept  rectrices 
foncées  à  la  queue  qui  est  très  échancrée. 

La  quatrième  pièce  avec  cette  étiquette  :  «  Wilhelm,  28  avril  1873. 
Forts.  V.  Lips  )>,  est  encore  le  typus  ;  chez  elle  le  costume  de  l'été  (1) 
paraît  très  prononcé.  On  remarque  en  effet  sur  le  cou  une  teinte 
grisâtre,  tandis  que  sur  les  joues,  sur  le  devant  du  cou,  sur  la 
gorge  principalement,   les  plumes  sont  fortement  martelées  ou, 

(1)  Nous  avons  été  longtemps  sans  connaître  celle  mue;  c'est  M.  Tli.  l'ieske,  du 
Musée  lie  l'Acadéniip  de  Sninl-Hétershourg,  (|ui  nous  l'a  fiiil  connaître  Dans  ce 
Musée,  on  possède  dix  Tetrao  tetrix  avec  la  Roige  ondulée  de  lilaiic,  it  M.  l'Ieske 
a  l'occasion  d'en  classer  chaque  année  en  été  plusieurs  anires.  Nous  lui  avons 
envoyé  une  .iquiirelle  repi'é.*entanl  la  tête  et  l'encolure  du  sujet  de  Munich  et  11 
nous  a  répondu  que  c'était  bien  un  sujet  en  mue.  On  conserve  du  reste  au  Musée 
de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg  un  Rackelhane  en  costume  d'été,  c'est-à-dire 
ayant  la  tête  ondulée  de  blanc,  comme  chez  le  mâle  du  Tetrao  tetrix. 


528  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

pour  mieux  dire,  terminées  de  blanc  à  la  manière  de  l'exemplaire  à 
poitrine  verte  du  Liveland  (Musée  de  Dresde).  Nous  remarquons 
aussi  que  la  poitrine  n'est  point  aussi  violette  qu'à  l'ordinaire,  il  y  a 
même  des  tons  bleu  d'acier  comme  chez  le  Tetrao  tetrix.  A  part  cela 
on  retrouve  chez  cet  Oiseau  les  traits  propres  au  Rackelhane.  La 
queue  est  légèrement  échancrée,  le  dessous  de  cette  partie  est  très 
clair,  tacheté  à  la  manière  de  l'Urogalle  ;  le  bec  est  foncé  (plus  fort 
que  chez  les  deux  derniers  exemplaires)  ;  les  doigts  sont  assez 
foncés,  les  ongles  le  sont  beaucoup.  On  compte  dix-neuf  rectrices. 
Nous  avons  fait  peindre  en  aquarelle  la  tète  et  le  cou,  qui,  nous 
venons  de  le  dire,  sont  seuls  remarquables  par  les  marques  termi- 
nales blanchâtres  des  plumes  (1). 

Musée  zoologiqued'UpsaUi  [Suède). —  Cinq  échantillons.  Le  premier 
est  indiqué  comme  venant  du  Jemtland,  le  deuxième  de  la  même 
province,  le  troisième  de  celle  d'Upland,  1/10  1880,  le  quatrième  et 
le  cinquième  du  Nordland,  1846  ;  ce  dernier  porte  la  date  du  28  jan- 
vier 1860,  mais  nous  ignorons  si  c'est  la  date  de  sa  capture  ou  de 
son  entrée  au  Musée  (2). 

Quatredeces  pièces  sontpresque  de  la  même  taille,  la  cinquième 
est  plus  grande. 

Vus  de  dos,  les  cinq  exemplaires  sont  identiques  par  leur 
couleur  générale  ;  chez  tous,  les  ailes  sont  brunes  avec  les  plumes 
terminées  de  blanc,  ces  parties  sont  de  ton  plus  clair  que  le  reste  du 
corps.  Chez  tous  encore,  les  rectrices  sont  foncées,  de  teinte  noire, 
et  les  médianes,  à  leur  extrémité,  sont  liserées  de  blanc  fin  en 
plus  ou  moins  grande  quantité.  Les  couvertures  supérieures  de  la 
queue  sont  d'un  brun  mélangé  de  petits  points  roux  et  blancs; 
notamment  vers  rextrémité,cependant,  chez  le  plus  grand  spécimen, 
ces  couvertures  sont  presque  entièrement  noires.  Chez  le  n"  1,  les 
rectrices  sont  très  allongées,  chez  le  n°2,  elles  le  sont  moins  (ou  les 
médianes  se  prolongeraient  davantage?)  ainsi  que  dans  le  n°  3.  Chez 
un  autre  numéro  les  rectrices  extérieures  dépassent  de  beaucoup 
les  médianes.  Les  cinq  pièces  ont  l'épaulette  et  le  miroir  blancs, 
mais  le  miroir  n'existe  guère  que  sur  deux  pennes  de  l'aile  du  grand 
exemplaire,  c'est-à-dire  du  n»  5.  Tous  enfin  ont  des  taches  blanches 

(1)  Nous  avons  reçu  du  même  Musée,  on  l'a  vu  sur  noire  liste,  une  cinquième 
pièce  ;  mais  elle  nous  a  paru  être  un  ji'une  Coq  urogallus  ayant  dans  son  plumage 
quelque  ressemblance  avec  la  Poule  de  celle  espèce  ;  du  reste  si,  sous  le  socle  qui  le 
perle,  on  lit  :  Tetrao  hybridus  Linn.,  au  crayon  on  a  ajouté  :  «  peut-être  Coqjun.  » 

(2)  Le  quatrième  paraît  avoir  été  en  possession  de  M.  G.  V.  V.  Yhlem. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aI'RÈS   NATURE  529 

sur  les  barbes  supérieures  des  reclrices  ;  ces  taches  ne  se  voient  que 
lorsqu'on  soulève  les  plumes.  Les  rellets  violacés  de  la  poitrine 
s'aperçoivent  sur  les  parties  supérieures,  mais  d'une  maniiMc  bien 
moins  prouoncée.  Dans  la  partie  haute  de  la  poitrine  et  de  clia(|ue 
côté  du  cou  chatoient  des  reflets  verts,  chez  le  n"  2  et  chez  le  n°  I 
principalement.  Comme  forme,  les  becs  sont  à  peu  près  identiques; 
leur  mandibule  supérieure  dépasse  par  sa  pointe  l'inférieure.  Ceci 
est  moins  prononcé  chez  le  grand  exemplaire.  C'est  peut-être  le 
n°  1  qui  a  le  bec  le  plus  élevé;  cet  Oiseau  a  également  les  doigts  très 
forts.  —  On  peut  dire  que  ces  Rackelhanes  tiennent,  par  leur  taille, 
le  milieu  entre  les  deux  espèces  mères,  sauf  celui  qui  est  très  fort.  Il 
est  remarquable  que  chez  les  W^l  et  5  les  doigts,  quoique  nus,  soient 
garnis  à  l'intérieur  de  plumes  qui  s'allongent  notablement.  Chez  le 
n"  5  le  commencement  des  doigts  se  trouve  recouvert  par  les  plumes. 

Cabinet  d'Histoire  naturelle  de  S.  A.  H.  le  (jrand  due  de  Ilesse- 
Darmstadt. —  Son  Altesse  Royale,  le  Grand-Duc,  ayant  consenti  à 
nous  faire  adresser  un  magnifique  exemplaire  typtis  tué  récemment 
dans  ses  chasses,  nous  avons  pu  admirer  les  proportions  et  le 
plumage  de  cet  Oiseau  monté  d'une  manière  tout  exceptionnelle. 
11  est  dans  la  position  d'un  Rackelhane  sur  les  baltz  d'amour.  Le 
bec  est  largement  ouvert,  car  l'Oiseau  fait  entendre  son  cri  ;  le  cou 
est  gonllé,  rasant  la  terre  comme  les  grandes  rémiges  des  ailes  qui 
sont  largement  déployées;  la  queue  redressée  se  d^^loie  en  roue. 
Une  forte  toullc  de  plumes  pend  au  menton  :  c'est  un  lypu.s  splendide 
au  bec  arqué,  au  plumage  foncé,  sans  doute  un  vieux  mâle,  mais 
rentrant  dans  le  genre  général. 

.Vitsée  impérial  de  Vienne,  N"  408,  venant  de  la  Russie,  porte  l'in- 
dication :  «  Fundorl  Stadhwald  Phiew  Datum  ».  L'Oiseau  est  très 
fort,  la  poitrine,  la  gorge,  les  parties  supérieures  ne  sont  pas 
absoUnneut  du  violet  ordinaire  Elles  ont  des  reflets  bronzés  très 
accentués  et  quelque  peu  mélangés  de  vert.  Le  bec  est  fort  et  noir, 
mais  peu  long  pour  sa  largeur.  Rien  de  particulier  n'est  à  noter 
sur  cet  exemplaire  qui  diflère  seulement  un  peu  du  type  commun 
par  les  reflets  violacés  qui  sont  chez  lui  peu  apparents. 

Exemplaire  appartenant  à  M.  Otlo  Bock.  —  C'est  un  véritable 
typus  dont  il  serait  superflu  de  faire  la  description;  disons  seule- 
ment que  le  miroir  de  l'aile  n'est  pas  visible,  qu'il  existe  une 
épaulette  blanche,  que  la  queue  est  échancrée  ;  (les  sous-caudales 
restent  à  la  manière  de  Vuroyallus);  enfin  la  taille  est   petite. 

Musée  de  Doucres  {Angleterre).  —  Cette  pièce  ne  porte  aucune 
indication,  mais  M.  Oxenden  Haraon,  qui  nous  l'a  signalée,  nous 


530  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

fait  savoir  qu'elle  avait  été  offerte  au  Musée  par  M.  Thompson, 
ancien  résident  en  Russie;  celui-ci  l'avait  rapportée  de  ce  pays 
avec  un  jeune  urofjalkis  (désigné  à  tort  comme  Rackelliane).  Nous 
ne  devons  point  nous  attarder  à  décrire  cette  pièce  qui,  par  son 
plumage,  sa  poitrine  violette,  et  le  dessous  de  sa  queue  tacheté  à 
la  manière  de  l'Urogalle,  est  encore  du  type  ordinaire.  Sa  taille  est 
assez  petite,  mince,  un  peu  allongée,  rappelant  assez  bien  celle  de 
l'exemplaire  du  Musée  d'York,  mais  le  montage  joue  un  si  grand 
rôle  dans  la  forme,  qu'il  modifie  considérablement,  qu'on  ne 
saurait  attacher  quelque  importance  aux  caractères  plastiques 
d'une  pièce  empaillée.   Il   est  à   noter   que  peu    de  rectrices  se 

terminent  ainsi , ^- .. 

Collection  de  So7i  Altesse  Royale  le  Prince  Philippe  de  Saxe-Cobourg- 
(iothn.  —  Nous  avons  dit  que  Son  Altesse  Royale  avait  bien  voulu 
nous  faire  adresser  le  soi-disant  Rackelhane,  figuré  pi.  X  de  l'ou- 
vrage de  M.  le  D"'  A.  B.  Meyer,  exemplaire  qui  avait  été  déjà 
signalé  par  le  Kronprinz  Rudolph  comme  Rackelhane  avec  type 
de  l'Auer  [urugallas)  (1).  En  examinant  la  magnifique  planche 
coloriée  qui  orne  l'ouvrage  du  D'  Meyer,  de  nombreux  doutes 
s'étaient  présentés  à  notre  esprit  sur  la  réalité  d'une  double  origine 
chez  cet  Oiseau,  vrai  Coq  uroyallns  par  son  aspect,  sa  forme,  le 
dessin  et  la  coloration  de  ses  plumes,  etc.  L'examen  fait  sur  nature, 
aussi  minutiey^ement  et  aussi  consciencieusement  que  possible, 
nous  a  confirmé  dans  ces  doutes.  Il  nous  est  impossible,  même 
après  de  longues  recherches,  de  trouver  chez  cet  Oiseau  quelque 
trait  décisif  en  faveur  de  son  hybridité  soupçonnée  par  le  D^  Meyer. 
Pendant  plus  de  quinze  jours,  la  pièce  empaillée  est  restée  entre 
nos  mains.  Nous  nous  sommes  torturé  l'esprit  afin  de  reconnaître 
les  traits  mixtes  indiqués  par  le  savant  docteur  saxon  ;  nous 
n'avons  pu  les  saisir.  Les  Oiseaux  d'espèce  pure,  (3  uroijallnsd'  ad., 
1  jeune  cT  ad.,  5  Rackelhanes,  et  quantité  de  tetrij:  d"),  qui  nous 
servaient  de  points  de  comparaison,  étaient  tous,  il  est  vrai,  des 
"sujets  empaillés;  peut-être  nous  eùt-il  fallu  des  individus  en 
chair  pour  reconnaître  l'exactitude  des  remarques  faites  par  l'au- 
teur du  grand  album.  —  Nos  premières  observations  auraient  pu 
favoriser  quel(|ue  peu  l'idée  d'hybridité.  Ainsi,  la  couleur  générale 
roux  brunâtre  nous  avait  paru  dilîérerde  la  coloration  plus  grisâtre 
d'un  bel  exemplaire  uroyatlus  de  race  pure  de  notre  collection  ; 
mais  bientôt  nous  avons  trouvé,  au  Muséum  de  Rouen,  un  autre 

(Il  Jadg.  Zeitungl883.  N"  8,  30 avril,  pp.  225  226  et   Milli   des  Ornilh.  Vereines 
in  Wien,  juni  1883,  N»  6,  p.  105  et  suiv.  (Description  A,  p.  108). 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  531 

exempliiire  iircnjallus,  depuis  plus  louglciiipsempaillé  que  le  nôtre, 
et  qui  olTre  cette  teinte  brun;Ure.  Nous  avions  remarqué  aussi  que 
le  devant  de  la  tète,  d'un  ton  assez  noinUre,  rappelait,  pour  ainsi 
dire,  la  teinte  que  le  Raekelliane  présente  à  cette  place.  Mais  cette 
même  teinte  foncée  existe  très  visiblement  sur  un  jeune  urogallus 
dont  nous  avons  fait  l'acquisition  en  Italie.  Enfin,  nous  avions 
cru  observer  que  la  barbe  extérieure  de  quelques  pennes  de  l'aile 
est  très  claire,  tout  aussi  claire  que  celle  d'un  Rackelhane  que 
nous  possédons;  la  même  particularité  se  trouve  reproduite  sur 
deux  des  uingiilliin de  pure  race  que  nous  avons  examinés.  L'Oiseau 
du  prince  de  Cobourg  a  bien  le  sommet  de  la  mandibule  supérieure 
du  bec,  près  de  la  pointe,  marqué  de  brun  très  accentué;  reste  à 
savoir  si  les  Hmyrt//«.s- ne  montrent  pas  quelquefois  cette  particu- 
larité. N'ayant  donc  pu  trouver  quelque  signe  bien  caractérisé 
indiquant  une  parenté,  (même  déjà  ancienne  avec  le  tetrix),  nous 
rappellerous  les  traits  qui  ont  fait  penser  au  D'A.  B.  Meyer  que 
la  pièce,  qu'il  a  examinée  avec  tant  de  soin  et  décrite  avec  une  si 
grande  précision,  a  vraiment  du  sang  du  telrix.  Néanmoins,  si 
l'ou  tieut  à  préteiuire  avec  lui  que  cet  Oiseau  est  un  Rackelhane, 
(ce  (|ue  nous  n'aurions  jamais  soupçonné),  il  faut,  poifr  donner  une 
vraisemblance  à  cette  opinion,  faire  remonter  très  loin  sa  parenté 
avec  le  tclrix,  parenté  tellement  éloignée  et  eflacée  que  l'œil  du 
vulgaire  est  incapable  de  la  saisir.  Les  raisons  du  docteur  sont  les 
suivantes  (1)  : 

1°  L'impression,  dit-il,  ([ue  cause  l'ensemble  de  l'Oiseau,  est  celle 
d'un  très  petit  Auerhahn  ayant  la  queue  du  Rackelhane  (!); 
2°  la  teinte  pointillée  des  plumes  du  cou  est  plus  grossière  (2); 
3"  la  couleur  grise  sur  le  fond  brun  noir  est  distribuée  de  telle 
façon  que  les  plumes  des  côtés  et  les  plumes  postérieures  du 
cou  laissent  voir  des  bandes  transversales  plus  ou  moins  distinctes, 
foncées  et  étroites,  ce  qui,  chez  i'urofialbin,  ne  se  trouve  sur 
ces  plumes  qu'isolément  et  moins  di-^tinctement  ;  4"  le  dos  et  le 
croupion  sont,  sous  ce  rapport,  plus  grossièrement  parsemés; 
5°  les  plumes  du  nez,  du  front  et  des  joues  sont  d'un  noir  brun 
foncé  avec  des  bords  paraissant  bleus,  les  plumes  du  menton  ont 
un  bord  mélallique  plus  large;  ces  bords  ou  bordures  sont  d'un 
vert  sombre,  quelques-unes  ont  un  reflet  luisant  et  violet;  6"  le 
devant  de  la  tète  est  assez  foncé  et  linomeut  piqueté,  le  dos  supé- 

(1)  Nous  les  cataloguons  sous  des  numéros  d'ordro  parce  que  nous  désirons 
répondre  à  quelques-unes  qui  nous  paraissent  critiquables. 

(2)  Que  chez  le  premier,  supposons-nous.  * 


S32  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

rieur  ne  tire  que  peu  sur  le  brunâtre;  7»  les  plumes  des  épaules 
montrent  aussi  la  moucheture  en  forme  de  bande  d'une  manière 
plus  grossière  que  chez  rM?'0(/«l/i«;  8"  les  plumes  intérieures  sont 
teintées  de  brun,  les  extérieures  sont  teintées  de  gris  vers  la  pointe 
et  surtout  sur  la  barbe  extérieure  ;  oelle-cl  est  munie  d'une 
tache  en  forme  de  (?)  et  excessivement  blanche  ;  9'  les  grandes 
tectrices  des  ailes,  pennes  secondaires  extérieures  (1),  ne  sont 
marquées  et  mouchetées  de  brun  que  sur  les  barbes  extérieures,  et 
là  elles  sont  munies  d'un  bord  clair  et  blanc  d'une  largeur  attei- 
gnant jusqu'à  1-5  mm.,  La  couche  suivante  qui  les  recouvre  est 
brune,  plus  grise  vers  la  pointe,  mouchetée  assez  grossièrement  et 
en  forme  de  bande  (ou  de  lien);  les  plumes  reviennent  peu  en 
arrière,  point  au  milieu. 

Bref,  aux  yeux  du  descripteur,  les  différences  principales  qui 
distinguent  cet  Oiseau  du  grand  Coq  de  bruyère  sont  :  1^  sa 
petitesse  (!);  2*  la  forme  delà  queue  du  Racket  (!);  3*  l'absence 
de  coloration  brune  sur  le  dos  supérieur;  4*  les  grandes  plumes 
tertiaires  à  la  manière  du  Rackel  ;  5*  des  taches  blanches  sur  les 
plumes  des  épaules  et  des  pennes  secondaires;  6*^  le  dessin  plus 
fortement  nuancé  de  brun  et  de  gris;  1^  le  chant  du  Rackel  (décrit 
par  le  Kronprinz  Rudolph)  (2). 

Nous  ne  saurions  critiquer  la  plupart  de  ces  distinctions,  ne  les 
ayant  point  saisies;  nous  répondrons  donc  seulement  à  quelques- 
unes.  Au  sujet  des  observations  indiquées  sous  les  n»*  1,  1*  et  2*^f 
nous  dirons  :  que  l'Oiseau  ne  frappe  aucunement  par  sa  petitesse, 
car  il  paraît  aussi  fort  que  certains  uronallns  cT  ad.  (3)  ;  en  outre, 
sa  queue  n'est  aucunement  celle  du  Rackelhaue.  Au  sujet  du  u°  2  : 
la  teinte  poinlillée  des  ptumes  du  cou,  loin  d'être  plus  grossière 
que  chez  Vurogalbis,  est,  au  contraire,  plus  fine  que  chez  un 
urocjaUns  de  notre  collection.  Au  sujet  du  n"  5*  :  nous  pensons 
que  Viiroijallns  montre,  comme  l'Oiseau  étudié  par  le  D"'  Meyer, 
des  taches  blanches  sur  les  plumes  des  épaules  et  des  pennes  secon- 
daires (4).  Enfin,  au  sujet  du  n"0  :  un  uro<jaUusd\i  Muséum  de  Rouen 
est,  comme  les  pièces  en  question,  d'une  tonalité  générale  brunâtre. 

(1)  Ce  passage  a  été  traduit  d'une  manière  obscure,  nous  ne  le  comprenons  que 
difficilement. 

Ci)  Il  nous  parait  ressortir  de  la  lecture  du  Jadg  Zeitung  (1883,  p.  225),  que  c'est 
le  Prince  de  Cobourg,  (beau-frère  du  Kronprinz),  qui  aurait  entendu  ce  cri,  et  non 
point  le  Kronprinz. 

(3)  Le  montage  aurait-il  augmenté  son  volume? 

(4)  Nous  ne  pouvons  point  nous  expliquer  le  passage  auquel  nous  répondons  ; 
serait-il  mal  traduit? 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  533 

Cependant,  d";ipr6s  le  Prince  de  Cobourg,  l'Oiseau  faisnit  entendre 
le  son  du  Rackel  (1)  ;  ses  gestes,  sa  manière  d'agir  n'étaient  poiul 
non  plus  comme  chez  Vurdijalliis  {2);  pour  le  prince  l'Oiseau  n'est 
donc  point  uuiiiuemenl  dt;  cette  dernicrc  espèce. 

Il  y  aurait  grande  importance  à  obtenir  des  preuves  d'un  croise- 
ment ancieu  des  pareuls  de  cet  Oiseau  avec  le  tctn.r,  car  la  fécondité 
du  Rackelliane  serait  ainsi  établie,  au  moins  avec  l'une  îles  espèces 
pures.  Mais,  le  retour  des  hybrides,  aiusi  mélangés,  vers  l'uu  des 
deux  types  purs  serait  aussi  manifeste  (3J. 

Collection  de  l'Inxlitnl  /oologiiiur  ilc  Strasliouif/.  —  Le  Rackelhane 

(1)  Nous  ferons  reinannier  ici,  d'aprrs  k-  Kronprinz  Uudolpli,  qu' «  à  part  quel- 
ques petites  nuances,  le  Rackelliane  s'annonce  comme  VurogaUus.  »  Il  est  donc 
aisé  de  confondre  les  deux  cris. 

{i)  D'après  communication  qui  nous  a  été  faite  par  M.  François  Bossinsky 

(3)  Un  second  spécimen,  à  peu  près  scmbl.ible  à  ce  dernier  échantillon,  avait, 
parait'il,  éié  tué,  le  o  mai  de  la  même  année,  par  le  Kronprmz  Hudolpli,  dans 
rOeberl  Hofjagdbezirk  Neuberg  (iiaul  district  de  chasse  de  Neuberjj)  Seiermark. 
L'Oiseau,  en  chair,  avait  été  envoyé  au  D'  Meyer  alin  qu'il  l'examinât.  Oji  le  conserve 
aujourd'hui  dans  le  Musée  impérial  de  Vienne.  Avant  de  décrire  ses  car.ictéres,  le 
docteur  rappelle  dans  quelles  circonstances  il  avait  été  tué.  Se  trouvant  au  premier 
allùt,  <lit-il,  le  Kronprinz  entendit  immédiatement  le  «  Jhni  »  du  llackelhane, 
qui  lui  était  si  connu  en  Bohême.  Il  ne  dérangea  point,  en  consé(iuence,  drux  autres 
Coqs  (.Nioles)  qui  appelaient  les  femelles,  mais  il  essaya  de  s'approcher  de  l'arbre 
d'où  partaient  les  appels  du  Uackelhane.  Il  aperçut,  tout  à  fait  au  haut  de  l'arbre, 
l'Oiseau  qui  faisait  entendre  le  son  propre  au  Kackii  ;  il  était  trois  heures  du  iiiatin. 
Un  coup  bien  ajusté  l'abattit.  A  première  vue,  continue  le  docteur,  ce  Uackelhane 
fait  l'impression  d'un  Coq  de  bruyère  avec  un  bec  un  peu  plus  petit  et  un 
plumage  éliouriflé;  mais,  en  l'examinanl,  on  voit  que  c'est  un  Rackelhane  avec  type 
d'Auerhâhn.  La  description  de  M .  Meyer  est  fort  longue  ;  il  en  résulte  que  ce  nouvel 
Oiseau  ressemble  beaucoup  à  un  urogallns  et,  par  conséquent,  à  la  dernière  pièce 
décrite.  «  Pour  la  grandeur,  les  deux  hybrides  supposés  ne  sont  pas  très  dissembla- 
bles :  cependant,  l'individu  de  la  Seiermark  est  un  peu  plus  grand.  Chez  le  premier, 
la  Hackelstoss  (la  queue  du  Rackel)  est  plus  accentuée,  c'est-à-dire  que  les  plumes 
de  la  queue  sont  relativement  plus  courtes  ;  mais  on  ne  peut  juger  les  caractères 
de  la  forme  de  la  queue  avec  sûreté,  attendu  (ju  il  n'existe  que  treize  plumes.  Les 
deux  Oiseaux  ont  la  même  bordure  noire  et  régulière  du  cou,  bordure  qui  peut 
exister  chez  les  Auerhâhne  d'une  manière  plus  ou  moins  accentuée,  à  la  place  de  la 
moucheture  ordinaire  qui,  tout  en  existant  (chez  l'Auer),  parait  cependant  être 
propre  à  ces  formes  rares  de  Rackel  (voir  aussi  le  Rackelhane  du  .Musée  de 
Prague)  Le  dessin  régulier  à  bandes,  (ou  mieux  ?  les  marques  régulières  des 
bandes)  des  plumes  tectrices  des  ailes  et  des  épaules  sont  également  semblables 
par  leur  forme,  ainsi  que  par  leur  couleur  brun  rougeàtre,  etc.  » 

M.  Meyer  ajoute  qu'on  ne  peut  regarder  cet  exemplaire  comme  un  petit  Coq 
Auerbâhn  cbétil,  parce  que  la  conformation  des  os  se  prononce  contre  sa  jeunesse; 
ses  os  correspondent  à  un  OL-^eau  ayant  plusieurs  années.  La  formation  du  tuyau 
de  la  plume  de  la  queue,  qui  a  été  particulièreiuenl  examiné,  s'oppose  aussi  à 
cette  manière  de  voir.  Et,  du  reste,  les  Auerhâhne,  fait-il  obserrer,  ont,  avec  les 


534  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

que  nous  avons  reçu  (1)  est  tout  à  fait  du  type  ordinaire.  Ce  qui  pour- 
rait le  distinguer  légèrement,  c'est  son  bec  assez  jaune  blanchâtre; 
néanmoins,  il  est  aussi  fortement  teinté  de  brun.  La  queue  est  très 
échancrée,  l'aile  est  traversée  par  une  barre  blanche;  à  l'épaule 
existe  une  tache  de  même  couleur.  Enfin,  le  violet  couvre  large- 
ment la  poitrine,  le  cou,  et  les  autres  parties  qui  en  sont  généra- 
lement teintées. 

Collection  de  M.  le  prince  Alain  de  Rohan.  —  Deux  pièces.  —  On  lit 
sur  une  plaque  de  cuivre,  fixée  sur  le  socle  de  l'une  de  ces  pièces 
montées  et  aux  ailes  étendues,  les  mots  suivants  :  «  Wurde  am 
23  April  1883  von  S--  K.  Hokeit  Kronprinz  Rudolf  erlegt.  »  —  Ce 
qui  veut  dire  :  «  Tué  le  23  Avril  1883.  par  .son  Altesse  Impériale 
le  Kronprinz  Rudolph.  »  Cette  mention  nous  intrigue  beaucoup, 
car  le  Kronprinz  ne  parle  que  de  deux  Rackelhanes  tués  le 
23  Avril  1883,  à  Svijan  Podol,  l'un  au  cou  bleu,  abattu  par  lui- 
même  (2)  et  qui  est  aujourd'hui  au  Musée  de  la  cour  à  Vienne, 
l'autre  avec  type  Auer  tué  par  sou  beau  frère,  le  prince  Philippe  de 
Cobourg(3),  c'est-à-dire  l'exemplaire  qui  a  été  critiqué. 

Les  deux  Oiseaux  sont  du  type  ordinaire,  mais  celui,  sur  lequel 
la  mention  en  question  est  attachée,  aurait  la  queue  en  éventail, 
sans  aucune  apparence  de  la  forme  de  la  lyre!  Ceci  nous  surprend, 
à  ce  point  que  nous  nous  demandons  si  la  queue  n'a  pas  été  dis- 
posée de  cette  façon  par  l'empailleur?  Du  côté  gauche,  il  est  facile 

derniers  resles  du  jeune  âge,  une  queue  déjà  coinplMeinent  développée.  Le  docteur 
envisage  encore  la  question  de  dépérissement  qui  pourrait  être  soulevée  comme 
cause  déterminante  de  l'état  dans  lequel  l'Oiseau  se  présente  Mais  cette  In  poltièse 
n'est  pas  admissible  d'après  lui,  car  une  telle  cause  aurait  afiecté  tous  les  organes 
également.  Enfin,  ce  qui  prouve  en  faveur  de  la  nature  Rackel,  ce  sont  pour  lui  :  la 
courte  queue  (stoss),  les  proportions  des  plumes  lectrices  droites,  la  coloration 
brune  et  plus  rouge,  l'indice  du  miroir  de  l'aile,  le  dessin  des  bandes  du  dessus 
(du  côté  supéiieur),  le  bec  plus  droit  et,  ce  qui  est  le  plus  important,  la  conduite 
que  tenait  cet  Oiseau  lorsqu'il  était  en  vie,  ainsi  que  le  son  qu'il  faisait  entendre. 
Enfin,  son  poids  n'atteignait  que  3  k.  373,  poids  très  minime,  parait-il. 

On  voit  par  là  que  l'origine  de  ce  soi-disant  nouveau  RacKeUiane  n'est  point  à 
l'abri  de  tout  soupçon  puisqu'il  présente  de  nombreux  points  de  ressemblance  avec 
celui  que  nous  critiquons. 

(1)  Deux  autres  pièces  nous  ont,  il  est  vrai,  été  adressées,  mais  ce  sont  de 
vieilles  Poules  revêtant  la  livrée  du  mâle;  l'une  d'elles,  du  reste,  était  étiquetée 
comme  Poule  stérile. 

(2)  Signalé  in  Jagd-Zeitung,  n»  8,  p.  223,  30  avril  1883:  décrit  sous  lettre  A. 
p.  108,  Mitth.  des  Ornithol.  Vereins  in  Wien,  1883  ;  puis  représenté  par  le  D'A.  B. 
Meyer  (op.  cit.)  pi.  XI. 

(3)  Signalé  (même  journal  de  chasse),  décrit  (même  revue  ornilhologique),  repré- 
senté (même  ouvrage). 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    KXAMENS    d" APRÈS    NATURE  535 

de  voir  qu'elle  n'est  plus  diins  son  état  naturel,  plusieurs  plumes 
dont  l'extrémité  est  absolument  carrée  ont  été,  semblet-il,  coupées 
au  ciseau.  Le  coup  de  fusil  ayant  porté  dans  celte  partie,  le 
préparateur  aura  raccommodé  de  sou  mieux  les  i)1uiih's  détério- 
rées? Cependant  si  la  position  que  les  pennes  occupent  maintenant 
est  naturelle,  il  faut  voir  là  une  influence  prépondérante  du 
type  MrO(/o//((s  ;  ce  serait  un  signe  probable  de  mélange  avec  cette 
espèce.  Vu  le  mauvais  état  du  côté  gauche,  nous  n'osons  nous  pro- 
noncer. Nous  remarquons  en  outre  que  la  couleur  du  bec  est  assez 
claire.  Cette  couleur,  ciui  rappelle  Viiroyallus.  serait  donc  en  corré- 
lation avec  la  queue? 

Le  deuxième  éciianlillon,  dans  la  pose  du  Spiel,  tué  par  le  D' 
Ehmingau  même  endroit  (l),eldout  les  plumesdela  gorge, arrondie 
et  baissée,  se  hérissent  en  brosse,  présente  les  pennes  extérieures  de 
la  queue  plus  allongées  que  les  médianes  et  légèrement  recour- 
bées. Il  est  typus  par  tous  ses  caractères;  sa  queue  est  très  courte. 

La  poitrine  de  ces  deux  pièces,  est  d'une  teinte  violacée  très 
accusée,  la  terminaison  , ^  des  rectrices  est  peu  accen- 
tuée et  rare  ;  aucune  des  deux  n'a  d'épaulette  blanche,  mais  l'aile 
est  traversée  par  un  miroir  plus  ou  moins  blanc. 

Le  KackeUianc  de  M.  Hugo  J.  Sljermmll,  d'Heinola  {Finlande),  eht 
tellement  semblable  aux  exemplaires  de  la  forme  connue  qu'il  est 
inutile  de  le  décrire;  ce  devait  être  un  superbe  spécimen  au  bec 
excessivement  foncé,  presque  noir  ;  les  reclrices  extérieures  dépas- 
sent les  autres  pennes;  l'épaulette  blanche  manque;  l'aile  est 
traversée  par  un  miroir. 

Cet  Oiseau  a  été  obtenu  par  M.  Stjernvall  d'un  marchand  qui 
achète  du  gibier  aux  chasseurs  paysans.  M.  Stjernvall  a  dû  pré- 
parer lui-même  la  peau  qu'il  nous  a  gracieusement  ollerte,  car  il 
n'existe  aucun  naturaliste  dans  la  contrée  et  il  faisait,  au  moment 
de  l'achat,  trop  chaud  pour  l'envoyer  chez  un  préparateur  d'Hels- 
ingfors.  M.  Slernjvall  n'a  pu  savoir  où  on  avait  tiré  l'Oiseau  que  le 
marchand  avait  acheté  comme  un  vrai  uroijdUus  ;  mais  il  est  suppo- 
sable  qu'il  a  été  tué  dans  le  district  d'Heinola,  gouvernement  de 
St-Michels.  En  ouvrant  l'estomac,  M.  Stjernvall  a  fait  sortir  beau- 
coup d'aiguilles  de  Pinas  xijhestrk  Linn.,  (sapin  forestier),  un  bour- 
geon de  ce  même  arbre,  quelques  baies  de  genièvre  (baccœ  Juni- 
peri  communis),  enfin  quelques  feuilles  ou  baies  de   «Breissel», 

(1)  Cet  endroit  de  Svijan  Poilol  s'appela  Jèlirow  (d'après  une  communication  de 
M.  le  D'  L.  Dertsctiinger);  mais  nous  répétons  qu'une  confusion  doit  certainement 
avoir  été  commise. 


536  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

{foHa  et  baccœ  Vacceinii  Vitis  idaene  (t).  Comme  ce  Rackelhane  a 
été  tué  par  un  coup  de  fusil  et  non  point  pris  dans  un  piège 
(ou  trappe),  on  peut  tirer  peut-être  de  celte  particularité  la  con- 
clusion suivante  :  qu'il  vivait  avec  des  letiix{2). 

Les  exemplaires  qui  viennent  d'être  décrits  et  dont  trente-six, 
on  l'a  vu,  ue  présentent  point  entre  eux  de  difïérences  appré- 
ciables, nous  permettent,  en  rapprochant  leur  description  de 
celle  des  quinze  autres  spécimens  déjà  examinés  lors  de  notre 
première  publication,  de  tracer  ainsi  le  portrait  -du  Rackelhane 
typtis  :  L'aspect  général  est  sombre,  l'Oiseau,  au  premier  abord, 
paraît  noirâtre,  mais  bientôt  on  aperçoit  sa  teinte  générale  grisâtre 
et  brunâtre  mélangée  de  violacé  ;  puis,  sur  le  devant  notamment,  se 
montrent  des  reflets  violacés  très  brillants  et  métalliques.  En 
l'examinant  de  plus  près,  on  aperçoit  sous  le  ventre  une  partie 
blanche;  le  dessous  de  la  queue  est  très  clair.  Les  couvertures  de 
l'aile  sont  eu  général  brunes;  les  parties  supérieures  sont  saupou- 
drées finement,  tandis  que  les  rectrices  restent  profondément 
noires  ;  celles-ci,  au  moins  les  médianes,  sont  presque  toujours 
bordées  de  blanc.  La  tache  blanche  de  l'épaule  est  quelquefois 
absente  et  le  miroir  blanc  de  l'aile  plus  ou  moins  visible  ;  un  arc 
rouge  domine  souvent  l'œil.  Le  bec  est  couleur  de  corne  comme 
sont  les  ongles.  La  queue  est  échancrée,  c'est-à-dire  que  les 
rectrices  extérieures  sont  plus  longues  que  les  médianes,  mais 
rarement  elles  se  recourbent  extérieurement,  au  moins  d'une 
manière  sensible.  Les  tarses,  gris  souris,  sont  toujours  garnis, 
dans  leur  partie  haute,  d'une  toutïe  de  plumes  brunes,  grises  ou 
blanches.  Aux  rémiges  des  ailes,  la  barbe  intérieure  est  toujours 
large  et  de  couleur  unie,  tandis  que  la  barbe  extérieure,  est  étroite, 
plus  claire  et  tachetée.  Le  plus  ou  moins  de  saupoudré  et  l'intensité 
des  tons  du  plumage  sont,  avec  la  taille,  les  deux  caractères  qui 
varient  le  plus  d'individu  à  individu.  La  taille  est  généralement 
assez  intermédiaire  entre  les  deux  espèces,  mais  elle  se  rapproche 

(1)  Celle  nourriture  composerait  le  manger  onlinaire  de  Vurogallus  pendant 
l'hiver.  Pendant  la  même  saison,  le  tetrix  mange  de  préférence  le  bonrgeon  ou 
bouton  du  Bouleau,  gemmœ  Butiilœ  aZiiœ  (Communication  de  M.  Stjernvall). 

(2)  M.  Stjernvall  nous  donne  ses  raisons  et  a  la  complaisance  de  nous  adresser 
une  c<'mnmnical)on  très  intéressante  sur  la  manière  dont  on  chasse  les  tetrix  chez 
lui.  Nous  regrettcms  vivement  de  ne  pouvoir  reproduire  ici  les  très  intéressants 
détails  qui  nous  sont  adressé»  avec  tant  de  bienveillance  par  le  jeune  et  savant 
étudiant  linlaudais. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  337 

9 

davantage  de  celle  de  Vurogallus  qu'elle  n'atleiut  jamais.  Ce  sont 
les  parties  liantes  qui  sont  les  plus  foncées,  au  menton  pend 
quehiuefois  unej)arl)iclie.  Ajoutons  que  les  couvertures  inférieures 
des  ailes  sont  d'un  blanc  très  pur,  mais  les  couvertures  de  la 
queue,  très  blanches  aussi,  sont  toujours  tachetées  de  noir,  princi- 
palement dans  la  base  de  la  tige. 

Tel  est  le  portrait  que  l'on  peut  faire  du  Rnckrlhane  indif. 

Nous  regrettons  (le  n'avoir  pu  réunir  simultanément  les  (juarante 
échantillons  niAles  qui,  pendant  l'espace  de  six  mois  environ,  sont 
passés  entie  nos  mains.  Il  eût  été  extrêmement  intéressant  de  les 
ranger  tous  les  uns  à  c<Mé  des  autres  et  par  ordre  de  taille.  On  aurait 
pu  se  rendre  compte  ainsi  si  les  légères  différences  qu'ils  présentent 
entre  eux  sont  dues  à  l'âge  ou,  au  contraire,  à  l'hybridation.  Ces 
différences  peu  considérables  consistent  principalement,  on  vient 
de  le  voir,  dans  la  forme  des  rectrices,  le  pointillé  du  plumage, 
le  coloris  général  plus  ou  moins  foncé,  comme  aussi  dans  la 
taille. 

Les  rares  individus  présentant  des  différences  appréciables  sont 
ceux  des  Musées  d'York,  de  Munich,  de  Glascow,  de  Dresde,  de 
Lausanne,  de  la  collection  de  van  Kempen.  Mais  l'individu  du 
Musée  d'York  est  peut-être  un  jeune  dont  les  couleurs  ne  sont  point 
encore  complètement  développées  ;  celui  de  Munich  n'est  autre 
qu'un  mâle  en  plumage  d'été;  et  l'exemplaire  de  Glascow  diffère 
seulement  du  type  ordinaire  par  sa  tonalité  plus  bronzée.  Restent 
donc  comme  extraordinaires  :  l'exemplaire  de  Lausanne  au  bec 
blanc,  l'exemplaire  de  Dresde  à  poitrine  verdâtre  (1),  le  grand 
Rackelhane  de  M.  van  Kempen,  à  la  haute  stature  et  aux  reflets 
bleus;  ces  trois  échantillons  n'ont  point  la  queue  échancrée. 

Ils  suffiraient  seuls,  avec  leurs  caractères  mélangés  qu'ils  emprun- 
tent taulôt  à  une  espèce,  tantôt  à  l'autre,  pour  prouver  l'origine 
hybride  du  Rackelhane.  Mais  le  D'  A.  B.  Meyer  a,  en  outre,  repré- 
senté (pi.  XI  de  son  ouvrage)  un  quatrième  sujet  à  poitrine  fortement 
bleutée  et  à  queue  non  échancrée;  l'Oiseau  fut  tué  à  Svijan  Podol  par 
l'archiduc  Hudolph  (2).  iM.  le  chevalier  von  Tschusi  a  aussi  repré- 
senté un  jeune  exemplaire  mâle  dont  la  gorge  paraît  bleu  verdâtre, 


(1)  Si  c'est  réellement  un  hybride? 

|2|  Nous  supposons  toutefois  que  le  peintre  a  colorié  la  poitrine  d'un  bleu  Irop 
apparent,  car  la  description  que  le  Kronprinz  a  donnée  de  cet  e.\cnipluire  sons  la 
lettre  .\  iMiltli.  ilrnitli.  Ver.  Vienne,  1883)  indique  seulement  le  cou  bleu  foncé  et  la 
poitrine  brillante  tirant  sur  le  foncé. 


538  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

r 

le  cou  bleu  et  la  poitrine  à  reflets  verts  (1).  Enfin,  on  vient  de  tuer 
en  Bavière  un  individu  qui  se  rapprocherait  de  Vurogalius  (2). 

Les  partisans  d'une  espèce  chez  le  Rackelhane,  (s'il  en  existe 
encore  après  les  observations  qui  ont  été  présentées),  diront  peut- 
être  que  ces  quelques  pièces  extraordinaires  sont  dues  précisé- 
ment au  croisement  du  Rackelhane  môme  (bonne  espèce)  avec  des 
urufjfdlus  ou  des  letrix  cT  ou  $.  Ce  croisement,  que  l'on  indique 
hypothétiquement,  est  assez  vraisemblable.  Mais,  depuis  les  célèbres 
expériences  faites  chez  M.  Kralik,  (on  peut  qualifier  de  ce  nom  des 
expériences  qui  ont  jeté  tant  de  jour  sur  une  question  aussi  intéres- 
sante), il  serait  vraiment  malaisé  de  soutenir  que  le  Rackelhane  est 
une  bonne  espèce. 

Il  nous  reste  à  examiner  les  femelles  : 

C'est  M.  le  prof.  Collett,  de  Christiania,  qui,  le  premier,  nous  a 
adressé  une  Poule  de  Rackel,  tout  au  moins  un  individu  présumé 
de  sexe  femelle.  Cet  Oiseau,  nous  dit  le  savant  professeur,  avait  été 
tué  pendant  la  saison  d'hiver.  Il  est  beaucoup  plus  tetri.r  qu'u/'O- 
galliis  d'aspect  et  de  taille.  La  gorge,  les  joues  et  la  poitrine  sont 
réellement  du  beau  jaune  de  l'Urogalle  ;  il  existe  aussi  à  cette 
dernière  partie  de  larges  plumes  jaunes  avec  de  grandes  raies  brunes 

(1)  Autant  que  nous  pouvons  en  juger  par  la  chromo-litliograpliie  de  l'Omis, 
(IV,  p.  517-o26,  1888)  ;  peut-être  ces  teintes  devaient-elles  se  modifier  avec  l'âge  ? 

(2)  Cet  Oiseau  est  celui  qui  a  été  signalé  in  Der  deuische  Jâger,  N»  13,  1894,  et 
décrit  dans  le  N°  15  de  la  même  année,  p.  13o.  Nous  avons  dit  que  c'est  M.  Grûnwald, 
propriétaire  et  brasseur  à  Waltratshausen,  qui  l'alnittit;  il  l'avait  pris  pour  un 
petit  Coq  Auer.  M.  Otto  Grashey  le  considère  comme  «  un  rare  et  parfait  spécimen 
de  Raclselhane  avec  un  type  net  d'.Xuer  (grand  Coq  de  bruyère),  tel  que  les  deux 
Rackellianes,  dit-il,  que  le  Kronprinz  Rudolph  tua  autrefois  en  Bohème  et  qu'il 
a  signalés.  Voici  comment  il  le  décrit  :  n  L'apparence  générale  est  celle  d'un  jeune 
ou  d'un  faible  Coq  de  bruyère  (Auerbàhn).  Le  bec,  noir,  a  la  forme  et  la  couleur 
du  bec  d'un  Coq  de  bouleau  (Birkbâhn)  ;  la  tète,  les  plumes  de  la  tète  et  la  barbe 
qui  pend  à  la  gorge  sont  celles  du  Coq  de  bruyère  par  leur  forme.  Les  roses  (nous 
ne  savons  ce  que  le  descripteur  veut  dire  par  celle  expression)  s'approchent  égale- 
ment de  celles  de  cette  espèce.  A  la  place  du  plumage  du  cou.  parsemé  de  noir  gris 
comme  chez  l'Auerhàhn,  ce  lîackelbane  a  l'ornement  acier  bleu  du  tetrix  c*  avec 
l'éclat  métallique  qui  ne  se  perd  pas  dans  le  bouclier  vert  de  la  poitrine  de 
l'Auerhàhn,  mais  qui  contmue  jusqu'au  ventre,  laquelle  partie  est  éclalanle  de  blanc 
et  de  noir.  Les  pieds  correspondent  très  bien  à  ceux  du  Coq  de  bruyère  ordinaire.  Le 
dos  ressemble  au  plumage  de  cette  espèce  ;  les  ailes  sont  aussi  celles  de  cet  Oiseau, 
mais  elles  possèdent  les  simples  bandes  transversales  blanches  du  Birkhâhn  (tetrix) 
faiblement  marquées,  tandis  que  le  miroir  blanc  à  l'épaule  est  du  grand  Coq.  Les 
plumes  de  la  queue  sont  de  la  couleur  de  celles  du  tetrix  et  en  ont  la  texture; 
mais  elles  ne  sont  que  moitié  de  la  longueur  de  celles  de  l'Auerhàhn.  Les  deux 
plumes  extérieures  de  la  queue  dépassent  un  peu  celles  du  milieu  et  tendent  à  se 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  539 

rappelant  encore  umijnllus  $,  quoique  plus  fonc(''es.  Egalement, 
sur  les  joues,  se  voient  de  petits  pointillés  neigeux  propres  à  cette 
espèce.  Quant  aux  ongles,  ils  sont  foncés,  courts,  assez  recourbés  et 
les  doigts  sont  noirs.  Les  rectrices,  à  leur  bordure  extn'uie,  inili- 

queut   vaguement  la  coupe   du  telri.v  ■ (1),  ni.iis  la 

bordure  blanche  est  très  large,  comme  chez  Vurogallus  elle  est 
aussi  bien  nette  ;  cette  bordure  est  précédée  par  une  raie  fine  (2). 

Si  la  (tMiielle  ti'(ri.r  ne  montre  jamais  la  couleur  beau  jaune  que 
nous  constatons  sur  les  parties  supérieures,  si  elle  ne  montre 
point  davantage  le  pointillé  que  nous  avons  constaté  sur  les  joues, 
ni  la  large  bordure  blanche  sui-  la  (pieue  qui  vient  d'être  signalée, 
l'Oiseau  que  nous  étudions  peut  être  considéré  comme  intermédiaire 
entre  les  deux  types,  quoi([ue,  par  sa  taille,  il  soit  beaucoup  plus 
telri.r  qu'nroyalliis.  En  faveur  d'une  hybridation,  on  peut  encore 
noter  :  le  manque  d'échancrure  de  la  queue  qui  se  termine  en 
éventail.  On  peut  aussi,  pour  le  même  motif,  considérer  ces  trois 
points  :  l"  la  barbe  extérieure  des  rémiges  qui  est  largement 
tachetée,  comme  chez  la  grande  espèce;  2"  plusieurs  plumes  des 
couvertures  de  la  queue  qui  sont  terminées  largement  de  blanc 
formant  comme  des  flocons  de  neige  sur  la  queue;  3°  la  raie 
blanche  de  l'aile  qui  est  à  peine  prononcée,   pas   davantage  que 

recoiirljpr  extérieurement.  Le  duvet  blanc  de  dessous  ressemble  davantage  au 
duvet  (lu  grand  Coq  ;  il  est  étincelant  de  noir  et  de  blanc,  et  les  rayons  blancs 
dominent.  »  Nous  n'avons  pu  oblenir  en  communication  ce  rare  spécimen. 

Peul-ètre  l'individu  décrit  par  M.  Victor  (iatlé  dillère-lil  quelque  peu  du  type 
ordinaire?  M.  le  prol.  Miillner,  directeur  du  Musée  de  Laibach,  où  se  trouve  cet 
Oiseau,  veut  bien,  en  eUet,  nous  le  décrire.  Il  ressortirait  do  cette  description  que 
la  qui'uo  serait  en  éventail,  quoiiiue  les  quatre  premières  plumes  soient  un  peu 
courbées  ;  puis  le  cou  serait   rayé  lie  noir  et  de  blanc. 

Nous  avions  laissé  croire  (Voy.  p.  20  ou  p.  I7S1  des  Méni.  de  la  Soc.  Zool.)  qu'il 
existait  encore  à  Strasbourg  un  spécimen  non  typus.  C'est  là  une  erreur;  cet 
Oiseau  nous  a  été  adressé  en  communication  et  nous  avons  reconnu  qu'il  u'élait 
autre  qu'une  vieille  Poule  urogallus  se  révélant  de  l'habit  du  mâle. 

(1)  Au  sujet  de  cette  coupe  terminale  des  recirices,  sur  laqu'lle  nous  revenons  si 
souvent,  peut  élre  sera-t-il  bon  de  donner  une  courte  explication.  Nous  sommes  loin 
de  dire  que  les  recirices  de  Vurogallus  ne  se  terminent  point  ainsi  ;  nous  avons 
souvent  constaté  chez  lui  la  même  coupe  terminale,  mais  d'une  manière  moins 
accentuée  que  chez  le  tetrix.  .\joutons  que  cette  dernière  espèce  peut  en  être  elle- 
même  privée  parfois;  on  voit  au  Musée  de  Rouen  une  femelle  tetrix  dont  les 
rectrices  n'ont  point  cette  terminaison. 

(2)  Nous  ne  saurions  juger  les  dimensions  du  bec,  car  il  est  plus  fort  que  celui 
d'un  niAlc  tel  ix  que  nous  avions  dans  les  mains  au  moment  où  nous  nous  livrions 
au  présent  examen,  quoique  de  la  taille  de  celui  d'une  Poule  telrL\  de  notre 
collection  ! 


540  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

chez  l'urogalhis.  —  Malgré  ces  probabilités  en  faveur  d'un  hybri- 
disnie,  nous  n'apercevons  pas  de  preuves  certaines  du  mélange 
des  deux  espèces. 

M.  le  prof.  Collett  a  été  assez  gracieux  pour  nous  adresser  un  deu- 
xième spécimen  5  provenant  de  la  Norwège,  tué  en  octobre  1880 
à  Eldskogen.  Cette  femelle  n'est  guère  plus  grosse  qu'une  Poule 
de  tetrix,  mais,  par  son  plumage,  elle  parait  être  une  petite  Poule 
urogallus.  La  iemelle  qui  vient  d'être  décrite  et  qui  était  en  peau, 
(celle-ci  est  montée),  nous  paraissait  apporter,  quoique  dans  une 
faible  mesure,  plus  de  traits  décisifs  en  faveur  de  son  hybridité. 
Après  avoir  examiné  le  nouvel  Oiseau  sur  toutes  ses  faces  et  après 
l'avoir  comparé  avec  des  spécimens  d'espèce  pure,  il  nous  a  été 
impossible  de  rencontrer  aucune  marque  de  croisement  avec  le 
tetrix,  sauf  la  petitesse  du  corps.  Mais  on  sait  que  les  urogallus 
varient  par  la  taille.  C'est  à  peine  si  la  queue  est  écliancrée,  elle  ne 
rappelle  aucuuement  la  forme  de  la  lyre  ;  toutefois  reconnaissons- 
le,  elle  n'est  point  en  éventail  comme  celle  de  l'Urogalle  qu'elle 
rappelle  tout  à  fait  par  la  disposition  et  la  coloration  du  dessin. 
Il  faut  encore  noter  :  1°  que  le  dessus  du  cou  est  moins  blanc, 
mais  plus  terne  que  chez  Vurogalhis;  2"  que  le  bec  est  foncé,  (à 
peine  gros  comme  le  bec  d'un  tetrix  $  que  nous  avons  possédé), 
très  efTilé  et  bien  moindre  que  celui  de  la  grande  Poule  de  bruyère. 
A  part  cela,  tout  est  de  l'Urogalle,  jusqu'aux  petits  pointillés  qui  se 
trouvent  près  de  la  gorge.  Cette  pièce,  qui  a  été  peinte  à  l'huile 
par  M.  Prévôt,  a  été  montrée  à  M.  J.  B.  Nichols  d'Holmwod,  qui  l'a 
cependant  désignée  sous  le  nom  de  «  T.  tetrix  X  T.  urogallus  » 
hybrida.  Nous  connaissons,  il  est  vrai,  des  hybrides  2  de  Th. 
amrshtiœ  y  picta  qui  rappellent  à  peine  cette  dernière  espèce  et 
sont  presque  purs  amrshtiœ;  nous  ne  nions  donc  point  absolument 
l'hybridité  chez  cette  Poule,  nous  voulons  dire  seulement  que  rien 
ne  la  prouve. 

Quelque  temps  avant  de  recevoir  cette  pièce,  M.  le  D^  A.  B.  Meyer, 
de  Dresde,  avait  bien  voulu  nous  communiquer  une  Poule  figurée 
en  front,  pi.  XIII  de  son  ouvrage,  Poule  ayant  de  grands  rapports 
avec  celle  que  l'on  vient  de  décrire,  et  présentant  le  même  faciès. 
La  double  origine  ([ue  le  docteur  a  supposée  à  cet  Oiseau  nous 
a  encore  paru  très  difficile  à  démontrer.  La  taille,  il  est  vrai,  n'est 
guère  plus  forte  que  celle  d'une  grande  Poule  tetrix;  la  queue,  sans 
former  une  véritable  échancrure,  n'est  point  non  plus  en  éventail 
etie  bec  est  foncé;  mais,  en  dehors  de  ces  caractères,  qui  rappellent 
le  tetrix,  on  ne  saurait  distinguer  le  plumage  de  celui  d'une  femelle 
Urogalle.  Peut-être  de  tels  hybrides  ne  peuvent-ils  se  reconnaître 


ADDITIONS,    COUnECTIONS    ET    liXAMKNS    d'aPRÈS    NATURE  341 

que  par  la  démarclie.  la  pose,  l'allure  ou  le  }^este,  ainsi  que  cela 
arrive  chez  corlaius  |iiO(liiils  mélangés?  En  examinant  une  deu- 
xième fois  cette  pièce,  qui  nous  a  été  si  gracieusement  prêtée,  nous 
avons  remarqué  (|u'elle  dilTère  peut-être  de  l'uroijdllus  $  par  les 
marques  du  ventre  qui  rappellent  le  lelrix,  et  que  la  (jueue  est  un 
peu  plus  échancrée  que  nous  ne  l'avions  remarqué  tout  d'abord  ; 
mais  tout  cela  nous  paraît  encore  insuffisant  pour  prouver  claire- 
ment sa  double  origine. 

M.  van  Kempen,  toujours  très  aimable  et  désireux  de  nous  rendre 
service,  nous  a  fait  en  outre  l'envoi  d'un  Teirao  mndius  femelle 
adulte,  indiqué  comme  provenant  de  VVjatka  (Silésie)  et  acheté 
au  Df  Rey.  Cet  Oiseau  présenle  certains  caractères  d'authenticité, 
d'abord  par  sa  queue  complètement  carrée,  c'esl-à-dire  ni  échancrée 
comme  celle  du  leiri.r,  ni  en  éventail  comme  celle  de  Vurcgallus, 
puis  par  sa  taille,  plus  forte  que  celle  delà  première  espèce,  et  enfin 
par  son  encolui-e,  rappelant  l'encolure  de  la  dernière.  Il  est  vrai 
qu'un  empailleur,  peu  consciencieux,  pourrait  gonfler  dans  le  mon- 
tage la  peau  d'une  Poule  tetrlx  et  exagérer  ainsi  ses  proportions 
véritables,  puis  aussi  disposer  les  rectrices  extérieures  à  l'uuisson 
des  médianes  et  donner  ainsi  à  une  simple  Poule  tetrix  un  semblant 
de  croisement  avec  \'urojiallii.s.  Mais  il  ne  nous  est  point  permis 
de  faire  une  telle  supposition,  et  si,  comme  nous  voulons  le  croire, 
le  préparateur  a  conservé  scrupuleusement  la  forme  et  les  dimen- 
sions de  l'Oiseau,  ainsi  que  la  disposition  des  plumes  de  la  ([ueue, 
il  faut  reconnaître  que  cette  Poule  présente  des  (rails  mélangés. 
Nous  avons  fait  voir  la  peinture  que  nous  possédons  à  MM.  Gurney, 
Vian  et  d'Hamonville  ;  tous  trois  nous  l'ont  retournée  avec  cette 
mention  :  hybride  d'iiroijalliis  et  de  teiri.r.  11  y  a  en  outre,  dans  le 
dessin  piqueté  des  joues,  dans  les  marques  blanches  terminales 
de  plusieurs  plumes  du  bas  du  cou,  dans  le  gris  des  plumes  du 
cou.  probablemeni  aussi  dans  les  dimensions  des  doigts,  d'autres 
marques  de  croisement,  quoique  moins  certaines  que  les  i)remières  ; 
enfin  le  bec  nous  a  paru  d'un  jaune  plus  clair  que  celui  du  tetrix. 

Après  l'envoi  de  M.  van  Kempen  nous  est  arrivée,  de  la  part 
de  M.  le  Baron  de  Selys  Loiigchamps,  une  autre  femelle  achetée, 
il  y  a  vingt-cinq  ans  environ,  par  le  savant  académicien  chez 
M.  Niiger,  chef  forestier  au  Saiut-Gothard.  M.  Niiger ,  qui  est 
mort  maintenant,  élait,  parait  il,  un  bon  naturaliste;  c'est  lui  qui 
aurait  découvert  (si  les  souvenirs  de  M.  de  Selys  Longchamps  sont 
exacts)  le  Sorex  alpinus  et  VArvicola  nageri.  M.  de  Selys  a  oublié  la 
provenance  de  l'Oiseau  ou  ne  l'a  pas  demandée,  mais,  nous  dit-il, 


542  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

cette  pièce  avait  été  certainement  tnée  à  l'état  sauvage.  Voici  la 
description  que  nous  en  avons  iaiie:  ijieu  plutôt  ti'trid-  qu'urofjallus, 
néanmoins  ayant  l'apparence  d'un  véritable  hybride.  Si,  comme 
nous  venons  de  le  faire  remarquer  au  sujet  du  spécimen  apparte- 
nant à  M.  van  Kenipen,  aucune  supercherie  n'a  été  commise  dans 
la  disposition  que  présente  actuellement  les  plumes  rectrices,  la 
coupe  de  la  queue  est  un  vrai  mélange  des  deux  espèces.  Eu  outre, 
l'Oiseau  présente  une  largeur  telle  qu'on  ne  peut  le  présumer  pur 
tetrix;  puis  il  montre  dans  la  disposition  et  la  teinte  des  parties 
supérieures  du  plumage  un  rappel  évident  de  l'urogallus;  ceci 
s'annonce  principalement  sur  les  joues,  sur  le  dessus  du  cou  et 
même  sur  la  poitrine.  Cette  dernière  partie  est  franchement  rousse, 
barrée  largement  en  travers,  et  les  petites  plumes  du  cou  se  termi- 
nent en  blanc,  à  la  manière  de  l'Urogalle.  (Ce  caractère  s'observe 
chez  l'Oiseau  de  M.  van  Kempen,  mais  d'une  manière  bien  moins 
accentuée).  Le  bec,  quoique  long,  est  plutôt  moins  fort  que  celui 
du  tetrix  ;  il  n'est  pas  très  foncé.  Les  pieds  et  les  doigts  sont  égale- 
ment petits.  Les  rectrices,  qui  se  terminent  sans  échancrure,  sont 
frangées  de  blanc,  le  petit  point  qui  forme  l'e.xtréuiité  terminale 
est  insignifiant. 

Nous  venions  d'examiner  et  de  faire  peindre  ce  curieux  échan- 
tillon, lorsque  du  Musée  de  Prague  (Bohème)  nous  a  été  envoyé  un 
Oiseau  bien  précieux  pour  nos  études  et  nos  examens,  une  des 
femelles  obtenues  en  captivité,  chez  M.  Kralik,  du  croisement  d'un 
mâle  tetrix  et  d'une  Poule  iirogallus. 

Cette  pièce  diffère  des  précédentes;  quoique  bien  authentique, 
elle  n'est  point  plus  grosse  qu'une  femelle  de  tetrix.  Elle  ne  montre 
guère  son  hybridité  que  par  la  forme  de  la  queue,  qui  paraît  avoir 
été  carrée,  par  le  roux  vif  du  poitrail,  le  dessin  des  joues  et  du 
dessus  du  cou,  la  couleur  du  bec,  plus  claire  que  chez  le  tetrix  ; 
peut-être  aussi  le  dessin  des  flancs  indique-t-il  encore  quelque  peu 
son  mélange?  A  la  rigueur  même,  sur  le  dos,  le  dessin  pourrait 
passer  pour  intermédiaire.  (On  doit  noter  que  quelques  rectrices 
sont  bordées  de  blanc  ;  les  autres  plumes  de  la  queue  ne  portent 
point  cette  bordure,  mais  cette  absence  de  blanc  est  peut-être  due  à 
l'usure  des  barbes).  Le  bec  paraît  plus  faible  que  chez  tetrix;  les 
pieds  et  les  ongles  semblent  avoir  été  de  teinte  claire.  L'iris  est 
brun  verdàtre  clair  ;  était-ce  la  couleur  primitive  ?  Néanmoins, 
l'Oiseau  est  bien  plus  tetrix  <\u'uro!jalliis,  qu'il  ne  rappelle  que  par 
quelques  marques.  Ses  plumes,  qui  ont  été  froissées  ou  mutilées, 
manquent  en  plusieurs  endroits  ;  ces  détériorations  se  produisent 
forcément  chez  les  Oiseaux  vivant  en  réclusion. 


ADDITIONS,    CORnECTIONS    ET   EXAMENS    d'APUÈS    NATURE  o43 

Nous  avons  dit  que  Son  Altesse  le  prince  de  Schawrzenberg 
possède  dans  son  Musée  de  cliasse  de  Frauenberg  la  seconde 
femelle  obtenue  du  nn^nie  élevage.  Nous  avons  adressé  au  i)riuce 
l'aquarelle  de  l'Oiseau  qui  vient  d'ôti-e  décrit.  Celui-ci,  ayant  com- 
paré les  deu.x  pièces,  a  bien  voulu  nous  faire  savoir  que  la  légère 
difTéreuce  qui  existe  entre  son  sujet  et  l'individu  qui  est  représenté 
consiste  :  !<>  dans  la  teinle  un  peu  plus  grise  des  plumes  qui,  chez 
le  premier,  bordent  le  dessous  du  dos  ;  2°  dans  les  taches  blanches 
plus  nombreuses  des  plumes  rectrices.  A  part  cela,  l'effet  général 
est  à  peu  près  le  même. 

Le  croisement  du  T.  umijdllus  9  avec  le  T.  tclrix  c?  obtenu  chez 
M.  Kralik  n'a  donc  pas  donné  des  produits  femelles  exactement 
semblables  aux  Poules  sauvages  considérées  comme  hybrides. 
Mais  ceci  ne  |)rouve  pas  que  les  Poules  sauvages  soient  d'espèce 
pure.  La  captivité  change  la  forme,  l'allure,  la  teinte,  les  caractères 
des  Oiseaux  qui  la  subissent,  surtout  lorsque  ceux-ci  naissent  en 
cet  état,  et  les  modifications  qu'ils  y  subissent  sont  de  nature  à 
tromper  l'œil  lorsqu'il  s'agit  d'examens  aussi  difficiles,  puisque 
ces  examens  lorsqu'ils  sont  faits  sur  des  sujets  empaillés,  ne  portent 
en  général,  que  sur  des  différences  de  ton  et  de  dessin  très  légères. 
Il  en  est  tout  autrement  pour  les  mâles  en  couleur.  Chez  ceux-ci 
les  teintes  sont  assez  tranchées,  assez  bien  définies  et  nettement 
accusées  pour  qu'on  puisse  établir  entre  les  produits  sauvages  et 
les  produits  domestiques  d'utiles  parallèles.  Du  reste,  si  l'aspect 
général  et  la  taille  des  deux  Poules  de  M.  Kralik  ne  sont  pas  les 
mêmes  que  chez  les  Poules  sauvages,  il  faut  reconnaître  que  ces 
Poules  présentent  néanmoins  certains  |)oiuts  de  ressemblance,  tels 
que  :  le  roux  vif  du  poitrail,  la  couleur  claire  du  bec,  les  dessins 
des  joues  et  du  cou. 

Deux  autres  femelles,  tuées  à  l'état  sauvage,  nous  ont  encore  été 
adressées  du  Musée  d'Upsala  par  M.  Tycho  Tulberg.  Elles  étaient 
renfermées  dans  une  caisse  qui  contenait  les  cinq  mâles  envoyés 
du  mémc^  Musée:  nous  n'avons  pu  nous  emiiùcher  de  remarquer 
leur  taille  très  petite  en  comparaison  de  celle  des  mâles  ;  il  existe 
entre  elles  et  ces  derniers,  sous  ce  rapport,  une  véritable  dispro- 
portion." 

L'une  d'elles  a  beaucoup  d'analogie  avec  la  Poule  achetée  par 
M.  de  Selys-Longchamps  à  M.  Niiger,  non-seulement  par  le  plumage 
(coloration  et  dessin),  mais  môme  aussi  par  le  montage.  Toutes 
deux  se  trouvent  dans  une  position  semblable  ;  on  croirait  voir 
les  deux  mêmes  Oiseaux  ;  cependant,  dans  la  partie  du  dos,  l'aspect 


544  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

du  dessin  n'est  pas  tout  à  fait  le  niênie.  —  Chez  celte  Poule,  la  queue 
ne  s'arrondit  pas  du  côté  droit,  comme  elle  s'arrondit  chez  l'itro- 
galhis  9  pure  espèce,  car  ses  rectrices  extérieures  dépassent  quelque 
peu  celles  du  milieu.  Par  ce  caractère,  l'Oiseau  parait  réellement 
hybride,  quoique  différent  de  celui  de  M.  Kralik.  Il  est  malheureu- 
sement détérioré  à  la  tête  et  assez  mal  empaillé  (1). 

L'autre  femelle  ne  paraît  être  qu'une  petite  Poule  urogallus  ;  elle 
pourrait  passer  facilement  pour  telle.  Néanmoins  nous  l'avons  fait 
peindre,  comme  la  précédente,  afin  de  pouvoir  nous  la  rappeler, 
lorsque  notre  matériel  d'observation  aura  pu  être  augmenté.  Quoique 
nous  ayons  examiné  attentivement  bon  nombre  d'échantillons  des 
deux  espèces  mères,  nous  n'avons  point  vu  tous  les  types  et  variétés 
qui  se  produisent  chez  elles,  types  et  variétés  diverses  qu'il  serait 
cependant  utile  de  connaître  toutes  pourque  nos  examens  laborieux 
puissent  devenir  tout  à  fait  parfaits.  Le  trait  qui  nous  a  paru  diffé- 
rencier cet  Oiseau  d'une  femelle  urognllus  pure,  c'est  la  petitesse  des 
taches  du  cou  et  la  taille  moindre;  mais  peut-être  trouverait  on  des 
traits  semblables  sur  d'autres  Poules  urogallus^  Notous  encore  que 
son  bec  est  uniforme  de  ton  et  point  extrêmement  foncé. 

Nous  ne  terminerons  pas  ces  descriptions  sans  faire  savoir  qu'au 
Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  existe  une  femelle  de  Tetrao, 
étiquetée  «  tetrtx»,  mais  qui,  par  sa  grosseur  et  par  le  jaune  roux 
du  devant  du  corps,  pourrait  passer  pour  hybride  de  «  teti'ix  et 
d'urogallus.  »  M.  le  D'  Paul  Leverkiin  nous  a  aussi  adressé  une 
Poule  uro,9a//M.s  indiquée  comme  «  prenant  le  plumage  du  mâle  », 
mais  qui  se  laisserait  prendre  volontiers  jtour  un  hybride  des 
mêmes  espèces,  si  l'on  considérait  le  dessus  de  la  croupe  et  de  la 
queue.  En  outre,  on  pourrait  croire  la  mandibule  du  bec  empruntée 
à  tetrix ;  le  bec  est  lui-même  petit,  et  l'Oiseau,  dans  sa  longueur, 
n'atteint  pas  tout  à  fait  les  dimensions  d'une  autre  femelle  de  la 
même  espèce  qui  l'accompagnait.  Il* faut  cependant  reconnaître 
que  la  queue  est  complètement  en  éventail,  comme  chez  l'Urogalle; 
du  reste,  nous  sommes  loin  de  dire  que  ces  Oiseaux  soient  des 
hybrides. 

M.  Smit  a  eu  la  bonté  de  nous  écrire  du  Musée  de  Stockolm  que 
deux  femelles  de  Rackel,  qui  existent  dans  cette  collection,  sont 

(1)  Une  des  deux  femelles  conservées  au  Musée  de  l'Académie  de  Saint-Péters- 
bourg ressemble  tout  à  tait  parait-il  à  cette  Poule,  tamlis  que  la  seconde  se 
rapproche  du  type  de  la  femelle  du  tetrix.  (Couimunication  de  M.  Th.  Pleske  auquel 
nous  avons  adressé  l'aquarelle  du  sujet  dont  nous  nous  occupons). 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  545 

très  difTérenles  l'uue  de  l'iiiitre.  Dans  sn  visite  au  Musée  de  Saiot- 
Pétersbourg.  M.  J.  H.  Giirney  (  I)  couslale  (|iie  les  femelles  hybrides, 
conservées  dans  ce  Musée,  jiaraisseut  exacteincut  semblables  à  de 
petites  femelles  Capercaillie  {iirugallus). 

Ces  dernières  remarques  sont  failes  pour  montrer  la  difliculté  ([ui 
se  présente  lorsque  l'on  cherche  à  distinj^uer  les  Poules  hybrides  des 
femelles  d'espèce  pure.  Peut-être  bien  que  des  sujets  qui  ont  une 
double  oriiïine  passent  inaiierçus  dans  les  colleclions,  ou  plutôt 
encore  prend-on  poui'  hybrides  des  Poules  qui  n'ont  point  une 
origine  mélangée.  La  chose  est  fort  possible  ;  le  croisement  des 
espèces  mères  tenté  eu  domesticité  est,  on  l'a  vu,  incapable  de 
résoudre  la  question. 

Faisons  observer,  en  terminant  ce  trop  long  chapitre  sur  le 
Rackelhane,  que  c'est  probablement  à  tort  que  nous  avons  indiqué 
une  femelle  de  Rackei  au  Musée  de  (]olmar  (2).  .M.  le  D'  Faudel, 
directeur,  nous  informe  en  elïel  qu'il  n'existe  pas  de  Poule  de  ce 
genre  dans  ce  .Musée;  nous  aurions  commis  une  erreur  du  même 
geni'e  en  indiquant  une  autre  Poule  hybride  dans  le  Musée  de 
Lausanne  (3),  car  aucun  hybride  $  tetri.r  X  uragallus  ne  paraît 
être  conservé  dans  cette  collection. 


Tetrao  albus  et  Tetrao  urogallus 

M.James  A.  Grieg,  conservateur  du  Muséum  de  Bergen  (Norwège), 
a  décrit,  pour  la  première  fois,  le  produit  de  ces  deux  espèces  (4). 

Tout  d'abord,  paraît-il,  l'Oiseau  avait  été  pris  pour  une  variété 
albinos  de  Vunxjdllits  qu'il  rappelle  par  ses  marques  caractéris- 
tiques. M.  Grieg  n'avait  point  songé  à  la  possibilité  du  croisement 
de  i'iiroi/allus  avec  le  fAigopua  allnts,  quoique  la  taille  fiU  plus  petite 
qu'à  l'ordinaire.  Ce  détail  n'avait  pu  retenir  l'attention  de  l'orni- 
thologiste parce  que,  on  le  sait,  les  Poules  urogallus  dillèrent 
beaucoui)  les  unes  des  autres  i)ar  leurs  dimensions.  Une  insi)ection 
plus  minutieuse  lit  voir  qu'il  ne  pouvait  être  question  d'un  urogallus 
affecté  d'albinisme. 

Cet  hybri<le  avait  été  trouvé  dans  un  lot  de  Coqs  de  bruyère  et 
de   Poules  de   neige  (ju'un   marchand    de  gibier  avait  reçus,  au 

(1)  Rambles  of'a  naturalist.  p.  17. 

(2)  Voy.  p.  'M  (lu  lirnt;e  it  pari  et  p.  303  (lis  Méin  .  (1890). 

(3)  Viiy.  mêmes  pa^es. 

(4)  In  Bergens  Muséum  Aarsberetning,  for  1889. 


546  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

commencement  de  mars  1889,  de  Mo-Ranen  (Nordland).  M.  Grieg 
pense  que  l'Oiseau  a  été  attrapé  dans  les  derniers  jours  de  janvier 
ou  ati  commencement  de  février,  car  il  était  encore  très  fraisa  son 
arrivée  à  Bergen.  Il  croit  i:ussi  qu'il  a  été  pris  au  lacet  ;  on  remarque 
en  effet,  sous  la  peau,  à  la  place  même  des  plumes  qui  manquent, 
une  forte  empreinte  rouge;  sans  doute  l'Oiseau,  voulant  s'échapper, 
ses  plumes  ont-elles  été  enlevées  par  le  frottement. 

La  description  que  M.  James  k.  Grieg  a  donnée  de  cet  intéressant 
spécimen  (1)  est  la  suivante  :  ((  La  première  penne  des  ailes  est  plus 
longue  que  la  septième,  la  seconde  plus  longue  que  la  sixième,  la 
troisième  et  la  quatrième  sout  d'égale  longueur,  la  cinquième  un 
peu  plus  courte  que  ces  dernières,  mais  plus  longue  c[ue  la  seconde. 
La  queue,  qui  avance  au-delà  de  la  pointe  des  ailes  d'une  longueur 
de  120"™,  est  légèrement  arrondie.  Les  pennes  rectrices  sont  au 
nombre  de  dix-huit.  Le  doigt  de  derrière  est  comme  chez  la  Poule 
de  neige,  c'est-à-dire  tout  à  fait  court.  Comme  couleur,  le  plumage 
ressemble  à  celui  du  Lagopède  dans  la  saison  d'hiver.  Une  large 
bande  à  raies  grises  et  noires  passe  eu  travers  du  front  ;  cette  bande 
(ou  ceinture)  devient,  sur  la  tête  et  le  long  du  cou,  plus  uniforme 
en  couleur.  Entre  cette  division  et  l'œil  se  trouve  une  bande  blanche 
qui  s'étend,  à  partir  du  bec.  jusqu'à  une  certaine  partie  du  cou,  où 
elle  devait  se  rencontrer  avec  la  bande  blanche  de  l'autre  côté  de 
la  tête.  Toutefois,  on  ne  peut  pas  préciser  ce  détail  avec  certitude, 
la  plupart  des  plumes  du  cou  et  de  la  queue  ayant  été,  comme  on 
l'a  observé,  enlevées  par  le  lacet.  Entre  les  yeux  et  les  coins  du 
bec,  de  même  sous  le  menton,  on  aperçoit  un  espace  noir;  autour 
des  narines  une  petite  partie  est  noire  parsemée  de  blanc.  Le  cou 
inférieur  est  d'un  blauc  très  pur,  mais  sur  les  côtés  il  passe  plus 
ou  moins  au  gris;  quelques  plumes  isolées  sont  en  outre  marque- 
tées de  noir  ou  rayées. 

«  Les  plumes  du  dos  sont,  comme  chez  le  Coq  de  bruyère,  gris  noir 
et  parseméfsde  brun,  mais  les  bordures  sont  blanches;  quelquefois 
ces  bordures  ne  sont  que  très  petites,  à  ce  point  que  l'extrémité 
seule  des  plumes  est  teintée  de  blanc,  mais  en  général,  elles  sont 
assez  larges,  et  par  là  le  dos  est  d'un  très  bel  aspect.  La  partie 
supérieure  du  croupion  est  de  la  même  couleur  que  le  dos.  La  poi- 
trine porte  un  grand  bouclier  noir  qui  correspond  à  celui  du  grand 
Coq  de  bruyère,  sans  être  toutefois  aussi  grand  que  chez  ce  der- 
nier ;  ce  bouclier  laisse  voir  un  éclat  métallique  vert,  mais  point 

(1)    In  op.  cit.  l'Cetologiske  notiser.  En  zoologisk  exhursion  til  Husoenj. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS     D'aPRÈS    NATURE  547 

aussi  vif  que  cljez  l'Urogiillo  (1).  L;i  |);irtie  inférieure  et  les  càtés 
sont  blancs,  les  tuyaux  des  plumes  réuiii-es  de  la  main  sombres:  la 
barbe  exiérieiirc  liliinche,  l;i  baibc  intérieure  d'un  brun  noir  avec 
des  taches  blanches  et  des  points  blancs.  Les  plumes  rémiges  du 
bras  ont  une  poiute  très  large  et  blanche;  au-dessus  de  cette  pointe 
elles  sont  colorées  comme  la  barbe  intérieure  des  plumes  rémiges 
de  la  main,  tandis  que  les  plumes  tectrices  de  cette  partie  sont 
presque  complètement  blanches  et  celles  du  bras  presque  colo- 
rées comme  celles  du  dos.  Les  tectrices  inférieures  sont  blan- 
ches, les  rectrices  ou  caudales  noires  avec  une  pointe  blanche  ; 
cette  pointe  est,  comme  chez  la  Poule  Schnee-Birkbuho,  très 
large  sur  les  plumes  du  milieu,  mais  elle  diminue  de  chaque 
côté  et,  sur  les  plumes  les  plus  extérieures,  elle  apparaît  comme 
un  petit  point  à  l'extrémité  des  plumes.  Les  plumes  les  plus  hautes 
des  couvertures  de  la  queue  sont  colorées  comme  le  dos  et  le  haut 
du  croupion,  cependant  la  couleur  blauche  domine.  Au  contraire, 
les  plumes  les  plus  basses  des  couvertures  de  la  queue  ont  la  cou- 
leur des  rectrices  médianes,  elles  sont  noires  avec  large  pointe 
blauche.  Les  plumes  rectrices  du  dessous  sont  blanches;  les  jambes 
et  les  doigts  de  la  même  teinte,  (lommela  Schnee-Haselhuhn,  cet 
hybride  n'a  qu'une  partie  des  doigts  couverts  de  plumes;  la  partie 
placée  près  des  ongles  est  tout  à  fait  nue.  Cette  partie  nue  est, 
comme  chez  le  Coq  de  bruyère,  recouverte  en  haut  d'anneaux 
cornus  et  sur  les  c(Més  d'une  rangée  de  scutelles  (ou  écailles)  rondes 
sous  lesquelles  se  trouvent  les  petites  lames  caractéristiques  du 
genre  Tctrao.  Ces  petites  lames,  colorées  d'un  gris  blanc,  sont 
considérablement  plus  grandes  que  celles  de  la  SchneeBirkhubn, 
mais  elles  n'ont  cependant  pas  la  grandeur  de  celles  du  Coq  de 
bruyère.  Les  ongles  ressemblent  plus  à  ceux  de  la  Poule  de  neige 
qu'aux  ongles  du  Coq  de  bruyère:  ils  sont  longs  et  larges,  légère- 
ment courbés,  de  couleur  corne  sojnbre,  pas  autant  prononcée 
que  chez  le  Coq  de  bruyère.  L'ongle  du  doigt  du  milieu  a  .'i  mill. 
de  large  à  la  racine.   » 

M.  Grieg  décrit  ensuite  le  bec,  les  yeux,  les  bourses,  l'estomac, 
le  jabot,  l'os  de  la  poitrine,  les  flancs,  le  bassin,  etc.  Nous  regret- 
tons de  ne  point  entrer  dans  tous  ces  détails,  cependant  iutéres- 


(1)  L'auteur  remarque  ici  que  le  Sdinec-Blrltlnihn  porte  aussi  un  semblable 
bouclier  sur  la  poitrine,  innis  son  éclat  métallique  est  quelque  peu  violet,  de  sorte 
que  s'il  n'existait  point  d'autres  dillérences  entre  ces  deu.x  hybriiles,  on  pourrait 
encore  les  distinguer  facilement  par  léclat  métiillique  qui  est  ditlérent. 


548  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

sants,  iiiiiis  qui  nous  mèneraient  très  loin.  On  pourra,  pour  se 
rendre  compte  des  dimensions  de  la  tête  et  du  cou,  consulter 
une  planche  ornant  le  travail  de  M.  GrieR  et  où  figurent  en 
contraste  les  têtes  des  deux  espèces  mères  et  celle  de  leur  produit 
supposé. 

Autant  que  le  conservateur  du  Musée  de  Bergen  le  sait,  <(  la  Moors- 
clmeehuhn  ou  Lagopède  des  Saules  n'a  jamais  été  vue,  pas  plus  que 
la  Birkhuhn  (T.  tetrix]  dans  les  localités  où  l'Auerhahii  (  T.  urogalbts) 
s'apparie;  on  est  cependant  fondé  à  croire,  dit  l'éminent  natu- 
raliste, que  l'hybride  qu'il  décrit  (1)  descend  du  Lagopède  des 
Saules,  car  il  n'est  guère  proljable,  sinon  impossible,  ajoute-t-il, 
que  l'Alpenschneehuhn  se  rencontre  dans  les  localités  où  le  Coq  de 
bruyère  habite.  Par  contre,  on  a  souvent  rencontré  des  familles  du 
Lagopède  des  Saules  sur  le  terrain  où  habitent  des  familles  de  Coqs 
de  bruyère,  ainsi  que  cela  a  été  plusieurs  fois  mentionné  dans  la 
littérature  zoologique.  »  M.  Grieg  cite,  pour  trouver  un  exemple,  la 
chasse  aux  Coqs  de  bruyère  mentionnée  par  Bath  (2). 

Mais  on  ne  saurait  déterminer,  d'après  lui,  d'une  manière  cer- 
taine, si  cet  hybride  descend  d'un  Tetiao  uroijallm^  mâle  et  d'un 
Lagopus  albux  femelle  ou  du  croisement  inverse.  Néanmoins,  comme 
on  admet  maintenant  que  le  Lagopus-tetrici-albus  descend  de 
Vuroçallus  9,  il  est  fort  probable  qu'il  en  est  de  même  chez  son 
exemplaire.  Il  lui  paraît  difficile  d'admettre  qu'un  albns  9  ait 
produit  un  si  gros  Oiseau. 

M.  Grieg  s'est  livré,  comme  on  le  voit,  à  une  étude  minutieuse 
et  à  un  très  sérieux  examen  du  sujet  fort  rare  conservé  dans  la 
collection  qu'il  dirige.  Il  faut  certainement  un  œil  exercé  et  une 
connaissance  approfondie  des  deux  types  purs  dans  leurs  difléreutes 
livrées  pour  discerner  entre  un  nrogalliis  à  demi-alhinos  et  un 
hybride  de  cette  espèce  avec  le  Lagopède  des  Saules;  mais  M.  Grieg 
a  certes  ces  qualités.  , 

Celui-ci  a  bien  voulu  faire  exécuter  pour  nous  une  peinture  à 
l'huile,  grandeur  naturelle,  de  cet  unique  exemplaire.  Nous  ne 
saurions  contredire  l'éminent  naturaliste  dans  ses  appréciations. 
Par  le  vert  que  l'Oiseau  montre  sur  les  régions  pectorales,  il  est  aisé 
de  voir,  comme  le  disait  le  descripteur  en  commençant  son  examen, 
qu'on  n'a  point  affaire  à  un  hybride  de  Lagopède  et  de  tetrix, 
hybride  beaucoup  plus  commun  et  qui,  du  reste,  n'atteint  jamais 

(1)  De  même  que  la  Sehnee-Birkhuhn  (te<ri.ic  X  <i""is)  ?'  'a  Schnee-Haseihuhn 
I  albus  X  bonasa). 

(2)  Norges  Fuglewild,  p.  43.Ï. 


ADDITIONS,    CORRKCTIONS    KT    KXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  o43 

uue  taille  aussi  grande.  La  queue  arrondie  est  encore  une  preuve 
que  le  trtrir  ne  peut  tHre  considéré  comme  i)ro^énileur.  —  Certes, 
une  peinture  ne  permet  pas  de  se  rendre  compte  de  tous  les  carac- 
tères qu'a  considérés  M.  Grieg,  mais  elle  |)ermet  de  juger  l'Oiseau 
par  son  aspect  général.  Or,  tel  c|ue  l'Oiseau  se  iirésente,  il  donne 
bien  l'aspect  d'un  croisement  du  Tctrao  urognllus  avec  le  Layopus 
albus. 

Nous  ne  douions  point  (si  l'origine  qu'on  suppose  est  réelle) 
que  le  Lanopus  ne  soit  le  véritable  père  et  non  la  mère;  cette 
manière  île  voir  parait  beaucoup  plus  lationnelle.  Mais,  toutefois, 
quelle  disproi)orlion  de  taille  entre  les  deux  espèces  réputées  mères! 
L'urofjallus  est  grand  comme  un  Dindon  et  Vallius  petit  comme  une 
Poule  cayenne.  Ce  croisement  surprend  donc  vivement  au  premier 
abord.  Toutefois,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  le  Tetrao  urognllus 
et  le  Laçiopua  albus  sont,  à  part  leur  taille,  deux  espèces  l)ieu 
voisines  et  de  mœurs  semblables.  Fuis,  ne  l'oublions  pas,  l'authen- 
ticité de  l'hybride  n'est  pas  absolument  démontrée  ;  un  albinisme 
produisant  les  résultats  constatés  n'est  point  insoutenable. 

Nous  regrettons  que  M.  Grieg,  qui  a  écrit  une  description  si 
minutieuse  de  toutes  les  moindres  parties  du  plumage  du  corps  et 
des  proportions  de  l'Oiseau,  n'ait  point  fait  ressortir  les  caractères 
qui  font  ressembler  cette  pièce  tantôt  à  une  espèce,  tantôt  à  une 
autre.  Une  démonstration  de  ce  genre  aurait  eu  son  utilité.  Si  elle 
a  été  établie  pour  certaines  parties,  elle  ne  parait  point,  autant 
que  nous  pouvons  en  juger  (1),  avoir  été  faite  pour  toutes. 


Lagopus  scoticus  et  Lagopus   .mutus 
Lagopus  albus  et  Lagopus  mutus 

(Se  reporter  pp.  54  et  55  ou  pp.  307  et  308  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Sous  ces  deux  litres,  nous  avions  cru  devoir  désigner  deux  croi- 
sements différents  ;  mais  le  Lagopus  albus  serait  le  même  Oiseau  que 
le  f.agopus  scoticus,  ce  dernier  étant  simplement  la  race  anglaise 
du  T.  albus,  répandu  sur  le  continent  européen.  Il  y  aurait  donc 
lieu  de  réunir  sous  un  même  litre  les  deux  croisements  qui  ont 
fait  l'objet  de  deux  articles  séparés.  M.  John  Handcock,  le  regretté 

(I)  La  description  de  M.  (jrieg  est  écrite  en  Allemand:  notre  traduction  peut  être 
incomplète. 


530  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

ornithologiste  du  Northumberland,  s'est  étendu  longuement  sur 
ce  sujet  (1)  et  a  conclu  à  l'identité  des  deux  espèces.  C'est  l'avis  de 
M.  de  Sélys-Longchanips,  et  M.  Oustalet  n'émet  point  de  doutes  à 
cet  égard  ;  si  notre  opinion  avait  quelque  poids,  ce  serait  aussi  la 
nôtre.  Nous  sommes  donc  suroris  de  trouver  encore  les  deux  types 
figurant  à  titre  d'espèce  dans  des  livres  d'ornithologie  d'un  grand 
mérite.  «  Le  red  Grouse  (A.  scoticus),  dit  avec  raison  M.  Handcock, 
est  si  près  du  L.  saliceti  (ou  albus),  que  les  deux  espèces  peuvent  à 
peine  être  distinguées  dans  leur  plumage  d'été;  elles  s'accordent  par 
leur  taille,  dans  la  couleur  et  les  marques  du  plumage.  M.  Handcock 
avait  en  outre  appris  de  M.  Norman-Cookson  que  le  cri  du  /..  saliceti 
est  exactement  semblable  à  celui  de  la  forme  britannique.  Cepen- 
dant le  bec  du  premier  est  ordinairement  un  peu  plus  fort  que 
celui  du  second.  Le  changement  en  blanc  qui  s'opère  dans  l'hiver, 
chez  le  /..  saliceti,  est  le  seul  point  distinctif  de  quelque  importance, 
quoique  L.  scoticus  soit  lui-même  trouvé  dans  la  même  saison  avec 
beaucoup  de  blanc  sur  les  parties  inférieures.  La  collection  de 
M.  Handcock  possède  un  exemplaire  tué  en  Northumberland  et 
«  chez  lequel  le  blanc  s'étend  de  la  poitrine  à  l'anus  et  de  flanc  à 
flanc,  le  plumage  du  ventre  étant  un  peu  rompu  de  brun.  Les  plus 
grandes  et  les  plus  petites  couvertures  sont  poiutillées  de  blanc,  les 
couvertures  inférieures  blanches  et  les  couvertures  de  la  queue 
largement  pointillées  de  blanc.  »  Un  autre  exemplaire,  autrefois 
dans  la  même  collection,  ((  montre  une  grande  quantité  de  blanc 
sous  le  ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue;  le  bord  des 
ailes  et  les  couvertures  inférieures  sont  blancs  aussi  ;  les  plus  grandes 
et  les  plus  petites  couvertures  sont  pointillées  de  la  même  couleur.  » 
M.  Handcock  conservait  encore  la  dépouille  d'un  spécimen  tué  en 
Weardale  et  ayant  «  les  primaires,  les  couvertures  primaires  et  la 
fausse  aile  d'un  blanc  pur,  comme  sont  les  tuyaux  des  grosses 
plumes.  »  Cependant,  d'après  la  remarque  de  l'émiuent  ornitho- 
logiste, dans  le  L.  saliceti,  «  les  tuyaux  des  grosses  plumes  sont 
ordinairement  sombres  sur  la  surface  supérieure.  »  Ajoutons,  pour 
confirmer  ces  exemples,  qu'au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de 
Paris  existe  un  Layopus  scoticus  en  partie  blanc  (2). 

(1)  A.  Catalogue  oj  Ihe  Birds  of  Northumberland  itnd  Durhani.  in  Natiiial 
History  Transaclions  of  Northumberland,  Durham,  elc,  VJ,  p.  88,  1874. 

(2)  M.  Handcock  pense  aussi  que  le  Plarmigan  d'Ecosse  elle  Rock  Grouse  d'Islande, 
du  Groenland,  de  Laponie,  de  Norwège  et  de  Russie  sont  races  d'un  seul  type. 
Nous  ignorons  quel  est  l'Oiseau  désigné  par  M.  Handock  sous  le  nom  de  «  Rock 
Grouse.  » 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  551 

Lagopus  scoticus  et  Lagopus  mutus 

(Se  reporter  p.  54  on  p.  .')l)7  îles  Mém.  ilc  la  Soc.  Zool.,  1S90). 

L'individu  nioutré  par  le  prof.  Newloii  à  l'une  des  réunions  de 
la  Société  Zrtologique  de  Londres  ])endaiit  l'année  1878  et  supposé 
produit  par  le  croisement  de  ces  deux  espèces  a  été,  nous  informe 
le  savant  professeur,  critiqué  par  M.  Millais,  dans  son  ouvrage  : 
«  Game  liirds  nnii  Shoolimj  Shctchis  »,  où  lOiseau  est  représenté. 
M.  Newton  s'était  promis  de  nous  le  communiquer,  mais  il  n'a 
pu  le  retrouver  dans  le  Musée  de  l'Université.  Nous  le  regrettons 
vivement,  car  nous  ne  connaissons  l'ouvrage  de  M.  iMillais  que 
par  quelques  extraits  ([ui  ont  été  publiés  dans  le  Z(Jo/o.7?.st  (1).  La 
petite  figure  en  noir  qui  y  est  reproduite  ne  peut,  quoique  bien 
litliographiée,  donner  une  idée  exacle  de  la  coloration  et  même 
du   plumage  de  l'Oiseau   douteux.  Voici  ce  que  nous  lisons  : 

((  One  would  imagine  that  from  the  close  association  and  simi- 
larily  of  sti-ucture  of  two  species.  Grouse  and  Ptarmigan  would 
frequeutly  be  found  breediug  togelher;  but  sucli  is  for  from  being 
the  case.  Tliere  is  no  perfectly  aulhenticated  instance  of  such  a 
hybrid,  and  I  hâve  only  given  the  illustration  of  this  supposée 
cross  because  il  is  believed  to  be  such  Ijy  more  thau  one  eminent 
ornithologist.  The  bird  possesses  ail  the  points  that  such  a  hybrid 
should  hâve,  the  head  and  neck  closely  resembling  the  head  of  an 
autumn  lien  Ptarmigan,  and  the  tail  and  the  lail-coverts  being  also 
alike,  so  that  the  bird  is  as  likely  as  uot  lo  be  a  genuine  hybrid 
the  two  species.  It  wasshot,  ajoute  M.  Millais, on  the  1  st  Sept.  1878, 
by  Mf  \V.  Houston,  a  well-kuown  vétéran  Highland  sportsman. 
He  killed  it  on  the  Ptarmigan  ground  above  bis  bouse  al  Kiu- 
tradwell,  Brora,  Sutherland,  as  il  was  llying  wilh  a  covey  of  Grouse. 
Aflerwards  he  sent  il  lo  Professor  Newton,  of  Cambridge,  who 
placed  it  in  the  muséum  of  that  town.  » 

Nous  n'avions  point  parlé  d'une  autre  hybridation  que  feu 
François  Day  avait  mentionnée  dans  ses  Notes  parues  dans  le 
Catlesirolil  I\'nliinili^t's  Fielil  i'inh  [i).  Ce  fait  nous  avait  échappé, 
quoique  cité  encore  dans  le  Field  (.'{).  Le  jeune  Coq,  soi  disant 
hybride,  avait  été  tué  le  16  août  sur  lesGarth  Noors,  par  sir  Donald 
Currie  et  désigné  dans  cette  dcrnirre  feuille  sous  le  titre  de  variété 

(Il  Niiinon)  lie  Sepliciibrc  isy'é,  ii*  :ti:t.  p.  Xi'i  et  suiv. 

(i)  Notes  sur  riiyhridalion.  l'roceedings  de  ce  Cliil),  IX,  part  IV,  p.  342,  1888-8S). 

(3)  Nuuiéio  du  ■&  Aoùl  188». 


552  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

((  Curious  cariety  o(  the  red  (irouse  (1);  »  l'auteur  (dout  nous  n'avons 
pu  connaître  le  nom),  imaginait  cependant,  ((  si  une  telle  chose 
était  possible,  »  un  croisement  entre  la  Grouse  et  le  Ptarmigan. 

L'Oiseau  ayant  été  adressé  à  M.  Malloch,  de  Perth,  nous  avons 
écrit  à  ce  dernier  pour  obtenir  quelques  indications  au  sujet  de 
cette  capture,  mais  nous  n'avons  pas  reçu  de  réponse.  Nous  ignorons 
donc  si  le  spécimen  figure  actuellement  dans  quelque  collection 
particulière  ou  dans  quelque  musée.  Il  était,  paraît-il,  accompagné 
de  la  mère  et  de  cinq  jeunes,  dont  aucun  ((  ne  montrait  la  même 
particularité.  » 

Voici  son  signaleuient  :  «  The  back  is  nearly  white,  slightly 
speckled  with  light  browu,  with  a  small  patch  of  dark  Grouse 
feathers  on  either  side,  close  to  the  pinious  of  the  wiugs.  A 
couple  of  corresponding  dark  patches  lie  immediately  below  the 
wiugs,  on  the  body,  while  the  breast  is  of  a  very  light  colour, 
in  which  white  feathers  predomiuate,  with  a  dark  line  down  the 
centre.  The  tail  is  white,  shading  off  to  a  pale  slate  colour  at  the 
tip,  and  the  outer  feathers  of  the  wings  are  pure  white,  faintly 
tipped  with  grey.  The  feet  are  like  those  of  olher  Grouses,  but  the 
pads  are  distinctly  yellow,  instead  of  the  usual  green-grey  colour 
of  the  ordinary  young  Birds  on  thèse  moors.  » 

Lagopus  albus  et  Lagopus  mutus 

(Sp  reporter  p.  iiS  ou  p.  308  des  Méiii.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Nous  avions  cité  d'après  M.  le  prof.  Collett,  de  Christiania,  un 
individu  mâle,  produit  supposé  de  ce  croisement.  Le  savant  pro- 
fesseur nous  informe  qu'il  est  maiuteuant  enclin  à  voir  dans  ce 
produit,  non  l'hybride  qu'il  avait  tout  d'abord  supposé,  mais  sim- 
plement une  variété  curieuse  de  plumage  dont  le  Lagopus  se  revêt 
quelquefois  à  la  tin  de  l'été. 

Le  croisement  du  Lagopus  albus  avec  le  Lagopus  tnutus  est  donc  à 
rayer  de  notre  liste,  comme  il  y  a  lieu  sans  doute  de  rayer  le 
produit  du  : 

Tetrao  tetrix  et  Lagopus  mutus 

(Se  reporter  p.  36  ou  p.  ;i09  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Tout  en  parlant  en  général  de  ce  croisement,  que  le  même  pro- 

(4)  Voy.  p.  279. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  SS3 

fesseur  croit  peu  probable  piirce  que  les  deux  espèces  habitent  des 
lieux  (iifTércnls  (  Ij,  nous  ii'avious  i)oii)l  cité  de  faits  pn^cis,  ni  donné 
la  descripliou  d'aucun  hybride.  La  n  Diana  (2)  »  a  fait  inentiou  d'un 
tel  produit,  tué  eu  octobre  1889,  dans  les  montagnes  de  l'Entlebuch, 
canton  de  Lucerne.  Mais  ce  curieux  Tétras  ne  serait,  pour 
M.Fatio  (3),  «  ni  un  bâtard  du  rcimo  tclrir  X  Idgaima  aljiinux, comme 
l'avait  d'abord  supposé,  avec  quelcjucs  réserves,  M.  A.  Schwgtzer, 
de  Buonas,  ni  un  simple  albinos  de  la  première  de  ces  espèces, 
ainsi  que  l'avait  déterminé  M.  H.  Sulermeister  Rahn.  » 

De  minutieuses  comparaisons  avec  de  nombreux  individus  de 
Tetrao  tetrix  et  de  LaijOjms  alpiniis,  <^  ad.  $  et  jeunes  à  différents 
âges,  ont  amené  le  naturaliste  de  Genève  «  à  la  conviction  qu'il 
y  avait  ici  plus  qu'un  sim|)Ie  cas  d'albinisme  et  qu'il  importait 
de  faire  entrer  dans  la  discussion  des  éléments  nouveaux  et  plus 
complexes  .» 

M.  Fatio  croit  i|U(!  l'on  a  souvent  considéré  à  tort  comme  hybrides 
de  Laiiopiis  des  Tétras  c  ([u'uu  examen  plus  circonstancié  eût 
démontré  simples  variétés  albines  du  Tetrao  tetrix.  n  (Cet  aveu  est 
utile  à  retenir),  f^es  principales  raisons  qui,  pour  lui,  militent 
contre  l'idée  d'un  produit  liybridc,  sont  :  ([ue  le  Tétras  de  l'Entle- 
buch emprunte  tous  ses  caractères  au  Tetriv,  aucun  trait  au  Lagopus 
alpiniis,  et  qu'il  se  rapproche  bien  plus  du  Tetrix  que  du  jeune 
mâle  de  celte  espèce. 

Quant  à  savoir  si  on  a  affaire  à  une  bizarre  variété  albine  mâle 
ou  à  une  femelle  en  partie  albinos  qui  devrait  à  un  défaut  de 
développement  de  l'ovaire  à  la  fois  la  stérilité  et  certains  apanages 
du  mâle,  il  eiU  fallu,  au  préalable,  pour  résoudre  cette  question, 
un  examen  aoatomique  très  minutieux. 

«  N'étaient,  dit  le  docteur,  quelques  petites  plumes  à  axe  pûle, 
mais  très  usées  (dont  il  a  discuté  l'importance),  on  pourrait  presiiue 
croire  à  une  vieille  femelle  prenant,  sous  l'inlluence  de  la  stérilité, 
le  plumage  et  les  attributs  du  mâle.  La  stérilité  pouvant  être  de 
naissance,  on  doit  se  demander  aussi  si  la  couleur  du  plumage  et 
la  forme  de  la  queue  ne  pourraieni  pas  être  ainsi  atïectées  dès  la 
seconde  année  de  vie.  Mais  comme  l'albinisme  peut  être  également 
ou  de  naissance,  ou  accidentel,  ou  de  vieillesse,  on  ne  saurait  guère 
voir  là  une  indication  certaine  de  l'âge  de  l'individu.  » 

(1)  Voy.  «  Un  hybrid.  Grouse  u,  l'ntceeilings  ol  llie  scienUUc  mefliiig  ol  llie 
Zoologiciil  Socieiy  ut  Loiiilon.  XVI,  p.  233  (en  note),  188C. 

(2)  Niimi^ros  Hu  I"  au  15  Juillet  ISiK). 

(3)  Le  cuiieux  Tétras  de  VEntlebucli,  pir  V.  Kalio.  Journal  «  Lii  Diana  • 
Berne,  l.'i  Août  18»J. 


554  OISEAUX    HYBRIDES    HENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

Que  d'hybrides  supposés  ne  sont  peul-èlre  autres  que  des  sujets 
de  ce  genre,  empruntant  leurs  caractères  bizarres  à  des  anomalies 
et  non  à  un  croisement  de  leurs  auteurs! 

Tetrao  tetrix  et  Bonasa  betulina 

(Se  reporter  p.  56  ou  p.  309  des  Méin.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Nous  n'avons  pu,  à  notre  regret,  examiner  l'hybride  que  M.  Dresser 
montra,  en  1876,  à  la  Société  Zoologique  de  Londres,  hybride  repré- 
senté par  M.  le  D''  A.  B.  Meyer  dans  son  grand  ouvrage  sur  les 
Tétraonidés.  Madame  V.  Flower,  qui  le  possède,  n'a  point  consenti 
à  nous  l'adresser  en  communication.  Nous  n'avons  point  été  plus 
heureux  en  demandant  les  hybrides  conservés  au  Musée  de  Saint- 
Pétersbourg.  M.  Th.  Pleske,  auquel  nous  nous  étions  adressé,  n'a 
pas  cru  devoir  nous  les  envoyer,  la  douane  paraissant  mutiler  les 
Oiseaux  à  leur  retour.  Mais  M.  Tycho  Tulberg  a  bien  voulu  nous 
faire  parvenir  une  pièce  nouvelle  qu'il  vient  d'acquérir  pour  le  Musée 
Zoologique  d'Upsala,  l'hybride  précisément  décrit  par  M.  Kolthoiï  (1). 

Autant  que  nous  avons  pu  nous  eu  rendre  compte,  cet  exemplaire 
ressemble  d'une  manière  étonnante  à  l'Oiseau  peint  par  le 
Dr  Meyer,  ainsi  qu'au  mâle  représenté  par  M.  Pleske  (2);  cependant 
ces   trois   hybrides  ne  sont  point  absolument   les  mômes. 

Voici  sa  description  (3):  la  taille  n'est  point  intermédiaire  entre 
les  deux  espèces,  elle  atteint  presque  celle  du  totrix.  La  queue, 
très  échancrée,  rappelle  encore  ce  type,  toutefois  les  rectrices  ne 
se  recourbent  pas  autant  en  arrière  (4).  Par  sa  forme  et  même  sa 
coloration  (elle  est  poinlillée  vers  le  milieu),  elle  rappelle  celle  du 
Lagopus-tetrici-albus  si  connu.  Le  bec  est  bien  noir  (noir  d'ébène)  ; 
au-dessus  de  l'œil  se  voit  un  peu  de  peau  nue  et  rouge.  Rien  de 
particulier  en  ce  qui  concerne  les  plumes  qui  couvrent  les  tarses, 
les  tarses  des  deux  espèces  réputées  mères  étant  emplumées  de  la 
même  manière.  Ces  plumes  sont  de  couleur  blanchâtre  traversée 
de  brunâtre. 

Si  l'Oiseau   n'était  point  aussi  fort,   on   pourrait,  au  premier 

(1)  In  liiliany  ïill  K.  Svenska  Vet-Akad.  Handlingar,  Baiid  17,  Afd.  IV,  n»  2. 
Slockolm,  IS'Jt. 

(2)  In  Méni.  de  TAcad.  des  Se.  de  Saint-Pétei'sbourg,  XXXV,  n"  5. 

ÇA)  Sur  l'étiquette  qu'il  porte,  on  lit  :  «  Tetrao  bonasio-tetrix,  Bogdanow  —  Habo, 
Vestergieoland  7,11  189U.  (iustaf  Koltiiofl.  » 

(4)  Elles  sont  presque  noires  et  celles  qui  se  rapprochent  du  milieu  sont  large- 
ment frangées  de  blanc. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  35b 

abord,  le  prendre  pour  uu  Tetrao  canadensis  qu'il  nippelle  par  ses 
plumes  eu  écailles  devant  et  sous  la  poitrine,  aussi  et  surtout  par 
la  disposition  de  la  gorjjotte  lilauclio  en  forme  d'arc.  On  se  demande 
même  comment  il  se  fait  ((ue  la  collerette  hlanclie,  qui  descend  de 
la  ligne  des  yeux  et  forme  un  collier  comme  chez  le  Tetrao  cana- 
densis. puisse  (^tre  si  réi^ulière  sous  la  so'"oi'  ^t  rappeler  si  Itien 
celte  espèce,  car  le  type  Hamisa  duquel  on  le  pense  proveuir  ue 
présente  pas  une  telle  régularité  ?  Tout  en  constatant  que  les 
plumes  du  devant  de  la  Bonaaa  peuvent,  dans  un  mélange  avecle 
telrir,  produire  l'elïet  que  l'on  aper(.'oil  chez  cet  hybride,  tout  en 
constatant  aussi  que  le  noir  qui,  chez  la  même  espèce,  commence 
sous  le  bec  et  s'étend  devant  la  gorge,  peut  déterminer  la  séparation 
de  la  partie  que  nous  nommons  gorgetle  du  reste  du  plumage,  on 
doit  néanmoins  reconnaître  qu'il  se  produit  dans  cet  hybride  un 
phénomène  étrange  :  à  savoir  que  le  croisement  de  la  Gelinotte  et 
du  ti'tri.r  peut  donner  nu  ])roduit  l'appelant  si  bien  l'espèce  cana- 
densis] Nous  avons  fait  peindre  l'Oiseau  de  grandeur  naturelle.  Le 
portrait  est   très  exact  en  tous  points. 

Lagopus  mutus  et  Bonasa  betulina 
(Se  reporter  \<.  59  ou  p.  312  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Nous  avions  signalé  une  pièce  ;  nous  ne  l'avions  point  décrite. 
Depuis  notre  publication,  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi  a  fait  une 
étude  très  .sérieuse  du  sujet  (1),  et  le  comte  J.  B.  Camozzi  Vertova, 
sénateur  de  Berganie,  au(iuei  l'Oiseau  appartient,  a  bien  voulu  nous 
l'adresser  en  communication.  Afin  d'en  garder  le  souvenir,  nous 
l'avons  fait  peindre,  comme  le  précédent,  de  grandeur  naturelle,  on 
trouve  en  outre  une  lilliogi-aphie  coloriée  de  demi-grandeur  dans 
le  mémoire  de  M.  degli  Oddi. 

Nous  avons  remarqué,  à  notre  surprise,  qile  l'Oiseau  est  presque 
aussi  fort,  sinon  môme  aussi  fort,  que  le  Lagopus  albus.  (On  sait  que 
les  deux  espèces,  H.  hettilimi  et  L.  iniilnx,  sont  deux  Tétras  de 
petite  taille).  Aussi,  dans  l'hypothèse  d'un  croisement,  nous  sommes- 
nous  aussitôt  demandé  si  on  ue  devait  point  référer  cet  hybride 
au  mélange  du  /,.  albus  avec  la  Bonasa?  On  nous  avait  dit  en  eflet, 

(1)  Notize  sopra  un  ibrido  di  Lagopus  inulus  e  Bonasa  betulina  apparte- 
nente  alla  coHeiionc  ornilhologica  del  conte  G.  H.  Catnozzi-Vertova.  Sola  del 
Dott  Kttore  Arrigoni  degli  Oddi  (con  iina  lavoln  rolorala).  K.slrallo  dagll  AtU 
délia  Socielà  italiaiia  di  Scii'ii/.c  iiatuiali  Milaiio,  18'J:i. 


556  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

que  le  L.  albus  se  rencontre  aussi  facilement  que  le  L.  mutus  dans 
les  montagnes  de  Bergame,  et  que,  dans  l'endroit  où  l'Oiseau  avait 
été  obtenu,  la  Bonasa  seule  est  maintenant  devenue  très  rare.  Mais, 
si  nous  en  croyons  M.  le  comte  Oddi,  le  L.  albus  n'existe  pas  en 
Italie  (1). 

Néanmoins,  vu  la  taille  de  l'Oiseau,  nous  avons  voulu  procéder 
à  son  examen  avec  des  pièces  mutus  et  albus:  la  description  et  les 
comparaisons  que  nous  avons  faites  en  présence  de  ces  deux 
espèces  et  du  type  betulina  se  résument  ainsi  :  la  pièce  est  montée 
très  haut  sur  pattes  ;  elle  est  d'aspect  plus  albus  (ou  même  mulus)  que 
Bonasa.  Le  dessus  du  corps  et  la  coloration  grise,  non  rouge, 
rappelle  le  mutus  (2).  L'iris  (artificiel)  est  brun.  Les  pennes 
rectrices,  qui  sont  toutes  largement  bordées  de  blanc,  paraissent 
très  courtes.  Le  sont-elles  effectivement  ?  L'effet  produit  n'est  dû 
peut-être  qu'aux  plumes  de  recouvrement  qui  s'avauceut  très  avant 
sur  la  queue.  C'est  surtout  par  le  dessin  de  ces  plumes  rectrices 
que  l'Oiseau  montrerait  son  mélange  avec  la  Bonasa.  En  effet,  toute 
la  partie  supérieure  n'est  pas  uniforme  de  ton,  comme  chez  le 
Lagopus,  ou  chez  le  L.  mutus  ;  mais  elle  est  piquetée  comme  chez  la 
Bonasa.  Toutefois  la  partie  inférieure  foncée  ne  dessine  pas  com- 
plètement une  frange  comme  chez  cette  dernière  espèce  ;  cette 
partie  est  plus  irrégulière  et  plus  étendue  en  hauteur.  Puis,  chez 
Bonasa,  les  deux  rectrices  médianes,  qui  recouvrent  légèrement  les 
rectrices,  sont  privées  de  cette  frange  ou  barre  transversale.  Or,  sur 
l'exemplaire  du  comte  Camozzi,  une  seule  plume  médiane  est  privée 
de  cette  barre  (3).  En  outre,  on  remarque  que  le  pointillé  des  rec- 
trices n'est  que  du  côté  extérieur,  la  partie  uniforme  se  montre 
même  déjà  le  long  de  la  tige  dans  les  parties  extérieures  et  couvre 
complètement  la  barbe  intérieure. 

Les  pieds,  eux-mêmes,  tendraient  à  rappeler  Bonasa,  car  ils  ne 
sont  point  entièrement  recouverts  de  petites  plumes  blanches  ;  ces 
petites  plumes  cessent  avant  la  naissance  de  l'ongle,  laissant  ainsi 

(1)  Voy.  la  note  p.  6  de  son  travail. 

(2)  La  coloration  du  Lagopus  albus  en  été  est  rouge  ;  elle  est  grise  chez  mutas. 

(3)  Du  reste  un  des  exeniplaiies  Bonasa  de  noire  collection  n'en  a  qu'une  aussi; 
peut-être  la  deuxième  plume  manque-telle'.'  Nous  comptons,  en  effet,  chez  nos  divers 
exeniplaires,  tantôt  16,  tantôt  17,  tantôt  15,  tantôt  même  seulement  13  rectrices, 
et  précisément  l'exemplaire  qui  ne  présente  qu'une  harie  est  de  ce  dernier  nombre. 
Il  semble  que  l'on  puisse  en  trouver  l;i  chez  le  spécimen  de  M.  Vertova  '? —  Chose 
bizarre,  sur  l'aquarelle  que  nous  avons  tait  exécuter  de  grandeur  naturelle  et  qui 
est  très  fidèle,  les  deux  rectrices  médianes  sont  sans  trace  de  barre  !  Nous  serions- 
nous  trompés,  ou  est-ce  le  peintre  qui  a  commis  une  erreur  '? 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  557 

l'extrémité  desdoigts  à  découvert.  (Ou  sait  que  les  doigts  de  miitus 
et  d'iilhus  sout  entièrement  recouverts  de  plumes).  Enfin,  la  façon 
dont  le  plumage  blanchit  ne  semble  rappeler  ni  le  mutus  ni  Valbus. 
—  Constatons  eucore  que  le  bec  du  f.agopus  iilbia  est  plus  fort  que 
celui  du  L.  mutus  ;  le  bec  de  l'exemplaire  de  M.  Camozzi  est  plus 
fort  que  celui  du  /,.  mutus.  Si  ce  dernier  spécimen  n'a  pas  pour 
parent  le  L.  allnts,  il  ticudrait  donc,  par  l'ampleur  de  sou  bec,  de 
la  Bonasa  chez  laquelle,  il  faut  le  faire  remarquer,  le  bec  est 
plus  fort  dans  l'espèce  mntux. 

Toutes  ces  particularités  indiqueraient  donc  un  Oiseau  mélangé 
ou  pour  mieux  dire  un  hybride.  Mais  la  taille,  beaucoup  plus  forte 
que  celle  de  la  Ronasa  ou  celle  du  mutus,  rend,  nous  l'avons  dit,  la 
supposition  d'un  croisement  entre  ces  deux  espèces  peu  vraisem- 
blable. 

Cependant  pour  M.  le  comte  Oddi,  l'Oiseau  est  bien  un  hybride; 
ses  pattes,  sa  queue,  les  parties  inférieures  en  sont  de  suffisants 
indices.  Le  feu  prof,  de  Fiiippi  (1)  l'aurait  considéré  comme  tel,  se 
basant  sur  le  caractère  des  plumes  des  pieds.  Nous  n'oserions  nous 
prononcer;  il  nous  paraît  éliange,  répétons  le,  qu'un  mutus  et  une 
tona.sa  (les  deux  plus  petites  espèces  européennes  du  genre  Tetrao), 
puissent  procréer  un  individu  de  taille  beaucoup  plus  forte  que  la 
leur;  puis  les  caractères  mixtes  ne  sont  pas  assez  tranchés,  assez 
nets,  pour  permettre,  il  nous  semble,  une  conclusion  aussi  absolue. 
Nous  demeurons  dans  l'hésitation. 

Lagopus  albus  et  Bonasa  betulina 

(Se  reporter  p.  59  ou  p.  312  des  Méra.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

L'Oiseau  décrit  par  Koltholï,  peint  par  M™»  Gunilda  Kolthofï,  et 
dont  nous  avions  déjà  parlé  dans  notre  première  publication,  nous 
a  été  gracieusement  envoyé  en  communication  du  Musée  d'Upsala 
par  M.  Tycho  Tulberg. 

Nous  avons  peint  nous-môme  de  grandeur  naturelle  ce  charmant 
Oiseau  fort  bien  empaillé  et  plein  d'intérêt. 

Contrairement  à  ce  (jui  arrive  chez  le  dernier  exemplaire,  cette 
pièce  représenterait  bien  plutùt  le  mélange  du  mutus  avec  la  Bonasa 
que  le  mélange  de  Vullius  avec  le  même  Oiseau,  mélange  qui  a  été 
soupçonné  par  .M.  KoltliolT.  Mais  quelques-unes  de  ses  parties 
foncées  sout  d'un  roussàtre  rouge,  notamment  sous  la  queue,  et 

(1)  Cité  par  M.  Oddi,  p.  6. 


558  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

semblent  rappeler  la  couleur  rouge  du  Lagopus  albus.  Toutefois, 
comme  l'espèce  Bonasa  hetulina  est  roussàtre  elle-même,  on  peut 
tout  aussi  bien  attribuer  le  ton  roux  à  l'influence  de  cette  dernière. 
(On  sait  qu'eu  biver  Valbits  et  le  muttis.  blanchis  tous  deux,  se 
ressemblent  à  tel  point,  qu'on  ne  peut  les  distinguer  que  par  la 
taille)  (1). 

Eu  terminant  notre  premier  article,  nous  faisions  comprendre 
tout  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  établir  une  comparaison  entre  cet 
hybride  et  l'exemplaire  de  M.  le  comte  Vertova.  M.  le  comte  Oddi 
a  tenté  ce  rapprochement  à  l'aide  de  la  peau  du  premier  et  de  la 
lithographie  coloriée  du  second.  Pour  lui,  l'Oiseau  représenté  est 
bien  déterminé,  attendu,  dit-il,  «  qu'il  a  sur  les  parties  supérieures 
une  teinte  très  netfe  de  châtaigne  tirant  sur  le  rouge  (2)  ». 

Nous  nous  permettrons  de  faire  observer  à  notre  savant  collègue, 
que  ce  châtain  tirant  au  rouge  pourrait  tout  aussi  bien  provenir 
du  plumage  de  la  Bonasa  lietitlina.  En  outre,  l'Oiseau  possède  peut- 
être  une  moins  grande  quantité  de  parties  foncées  qu'il  en  existe 
sur  la  chromo-lithographie  de  M"»  Guuilda  Kolthofî;  d'aspect,  il 
nous  a  paru  un  peu  plus  blanchâtre. 

Cependant,  comme  certaines  parties  du  squelette  sont,  d'après 
M.  Kolthofî,  plus  fortes  que  chez  f..  mittus,  l'opinion  émise  par 
celui-ci,  puis  par  M.  le  Comte  Oddi.  est  peut-être  bien  fondée;  la 
même  manière  de  voir  est  du  reste  exprimée  par  M.  Collett. 

Mais,  quoique  sa  double  origine  paraisse  beaucoup  plus  assurée 
que  celle  du  précédent,  (soit  qu'il  provienne  du  muius  et  de  la 
Bonasa,  soit  qu'il  soit,  au  contraire,  le  produit  de  Valbtis  et  de  la 
Bonasa)  (3),  il  ne  saurait  sans  doute  être  déterminé  sûrement. 

Après  avoir  conservé  longtemps  entre  nos  mains  cette  pièce  très 
intéressante,  après  l'avoir  étudiée  soigneusement,  fait  peindre  deux 
fois,  l'avoir  peinte  nous-même,  nous  l'avons  décrite  ainsi  :  Quoique 
blanche  d'aspect,  elle  a  tout  à  fait  la  tournure  de  la  Bonasa;  elle  est 
plus  forte  que  celle-ci  sans  atteindre  la  taille  du  Lagopus.  Elle 
pourrait  à  la  rigueur  passer  pour  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces.  Le  dessin  de  la  joue  se  montre  comme  dans  le  genre 
Bonasa.  En  soulevant  légèrement  les.  plumes  du  dessus  de  la  tête, 
on  voit  une  petite  huppe  se  former.  Sous  la  gorge,  on  aperçoit  la 

(1)  Nous  avons  examiné,  dans  le  Musée  Noury,  à  Elbeuf.  une  collection  de  muius 
et  d'albas  entièrement  blancs.  Ces  Oiseaux,  rangés  les  uns  près  des  autres,  ue  pou- 
vaient être  différenciés  que  par  leur  taille. 

(2)  P.  9.  Op.  cit. 

(3)  Dernière  question  que  nous  laissons  indécise. 


ADDITIONS,    COBRECTIONS    liT   EXAMENS    DAPRÈS    NATURE  559 

tache  foncée  de  honnxa  cT  ad.  Derrière  et  sur  le  cou  existent  de 
petites  barres  foncées  transversales  qui  paraissent  encore  être 
celles  de  cette  espèce,  qui  la  rappellent  au  moins.  Le  bec  noir  luisant 
est  intermédiaire  par  ses  dimensions  entre  le  bec  de  Vdllina  et 
celui  de  la  betnlinn,  mais  on  sait  que  les  becs  de  ces  deux  espèces 
ne  diffèrent  guère  (3).  Les  ongles  sont  très  grands,  longs,  et  blan- 
châtres au  bout,  ce  qui  indique  le  genre  l.agopus  ;  les  doigts 
sont  recouverts  de  plunios  l)lanches  très  fines  et  les  tarses  sont  très 
emplumés  et  blancs.  La  barbe  intérieure  des  rémiges  est  foucée, 
d'un  brun  gris  presque  uniforme,  l'extrémité  blanche,  sauf  à  la 
première  penne  extérieure.  Sur  le  corps  on  aperçoit  très  facilement 
des  rellets  bleuâtres  disséminés  çà  et  là  par  plaques,  cette  particu- 
larité est  due  à  ce  que  beaucoup  des  plumes  foncées  se  trouvent 
recouvertes  par  des  plumes  blanches  transparentes.  C'est  là  un 
caractère  spécial,  propre  à  cet  Oiseau  unique,  et  qu'on  ne  voit 
point,  ce  semble,  chez  le  Lagoiius  albus  en  costume  de  transition. 
Nous  avons  dit  qu'il  était  difficile  de  déterminer  si  les  parties 
foncées  du  plumage  (qui  sont  brun  roussàtre)  appartiennent  à 
la  Bonasa  ou  à  Vallius.  Par  leur  disposition,  elles  paraissent  être 
plutôt  du  €Ôté  de  la  Bonasa  ;  les  grandes  rectrices  extérieures  ont 
cependant  la  teinte  foncée  et  uniforme  du  Lagopus  albus. 

Quelque  temps  après  avoir  fait  cet  examen,  nous  en  avons 
recommencé  un  autre.  Nous  croyons  devoir  publier  nos  nou- 
velles notes  en  supprimant  les  redites  sans  intérêt.  Par  sa  forme  et 
sa  petitesse,  l'Oiseau  se  montre  du  type  Bonasa.  La  tête  bombée,  la 
hu|)pe  (jui  se  forme  naturellement  lorsqu'on  relève  quelques-unes 
des  plumes  de  la  tète,  le  front  arqué,  la  croupe  élevée  et  la  queue 
en  forme  d'arc,  rappellent  bien  |)lutôt  cette  espèce  que  le  /..  albus. 
Mais  il  est  plus  blanc  que  foncé  et  les  pieds  sont  complètement 
couverts  de  plumes  aussi  fines  que  du  poil  ;  ce  n'est  aucunement  le 
duvet  court  et  ras  du  lAUjupus.  Les  giandes  pennes  de  la  queue 
(brun  foncé  uniforme)  sont  largement  terminées  de  blanc;  dans 
les  couvertures,  la  couleur  brun  roux  se  trouve  tachetée.  La  décou- 
pure ilelaijueue  est  j)lutùt  carrée  que  ronde;  néanmoins,  de  chaque 
côté  terminal,  la  queue  s'arrondit.  Les  ongles  sont  assez  clairs, 
notamment  à  leur  extrémité.  Le  bec  est  petit  et  foncé;  l'iris  (artificiel) 
est  d'un  châtain  verdâtre  grisâtre  et  clair  ;  une  tache  noire  existe 
sous  la  gorge.  Nous  avons  ajouté  sur  nos  notes  cette  phrase  :  «  ou 
peut  croire  volontiers  que  cet  Oiseau  provient  des  deux  espèces,  le 
L.  albus  et  la  B.  betulina  qu'on  lui  a  données  comme  parents.  » 

(2)  11$  ne  sont,  du  reste,  pas  tous  de  même  grosseur  dans  une  m>>ine  e:^pèce. 


560  oiseaux  hybrides  rencontrés  a  l'état  sauvage 

Tethao  tetrix  et  Lagopus  SCOTICUS 
(Se  reporter  p.  62  ou  p.  313  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Nous  avions  cité  : 

1»  Trois  exemplaires  vus  par  Macgillivray  et  dont  un  de  ces 
Oiseaux  avait  été  étudié  par  le  vieil  ornithologiste; 

2°  Un  autre  exemplaire  vu  par  Yarrell  et  sur    l'authenticité 
duquel,  disait  cet  auteur,  aucun  doute  ne  pouvait  subsister; 

30  Un  cinquième  examiné  par  M.  Collett,  au  Musée  Dresser,  à 
Londres  ; 

4»  Deux  autres  individus  examinés  par  M.  Dresser; 

3°  Un  huitième  sujet  décrit  par  le  prof.  Malin; 

6°  En    outre,   nous    parlions   d'un    neuvième    au    Musée    des 
Pays-Bas,  à  Leyde  ; 

7°  D'un  dixième  au  Kelvingrove  Muséum  de  Glascow; 

8"  D'un  onzième  au  Muséum  of  Science  and  Art  d'Edimbourg; 

9"  D'un  douzième  (et  même  d'un  treizième?)  au  Musée  d'York  ; 
10°  Nous   ajoutions  encore,  d'après  l'Inverness  Courier,  qu'un 
nouvel  hybride,  soit  un  quatorzième,  avait  été  tué  récemment  en 
Ecosse. 

Depuis  ces  mentions,  M.  van  Kempen,  le  savant  collectionneur 
de  S'-Omer,  a  bien  voulu  nous  faire  savoir  qu'il  possédait  trois 
spécimens  dans  son  Musée  ;  M.  William  Stewart,  clerk  of  sénat, 
(the  University  of  Glascow),  nous  informe  que  deux  pièces  sont 
conservées  à  l'Hunterian  Muséum;  puis  nous  avons  lu  dans  les 
ouvrages  du  Rév.  Macpherson  qu'un  hybride,  qui  passe  pour  avoir 
été  tué  dans  le  Cumberland,  se  trouve  chez  M.  E.  H.  Horrocks 
d'Edenbrows,  à  Carliste;  qu'un  autre  individu  se  laissa  voir  sur  les 
rochers  de  S'-Bees-Head  (H.  Nott,  M.  S.);  et  qu'un  troisième  aurait 
été  tué  sur  le  Crossliellrange,  en  1877  (1).  Le  Zoologist  de  1893  (2), 
mentionne  lui-même  deux  pièces,  l'une  abattue  près  de  Brecon, 
présentée  par  M.  L.  Cambridge  Phillips  à  la  Société  Linnéenne  de 
Londres,  la  seconde,  obtenue  à  Halmannock  (Kikcowan  N.  D.)  et 
montrée  par  M.  Tegetmeier  à  la  Zoological  Society  (3).  Enfm 
le  Field   vient    de    signaler   un    dernier   »    hybrid    Grouse    and 

(1)  Voy.  the  Birds  of  Cnmberland  by  tlie  Rev.  II.  A.  Macplierson  and  William. 
Duckwortii,  Carlisle,  188t),  p.  24,  et  A  Vertébrale  Faiina  0/  Lakeland,  p.  LXX.XIl, 
Edimbourg  1892. 

(2)  N'  de  Janvier,  p.  32. 

(3)  N»  de  Décembre  1893,  p.  4(i3. 


ADDITIONS,    COHRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  561 

Blackgaiiie  »  tué  par  M.  A.  Douglily,  de  Renagour,  Aberfoyle 
(Perthshire),  le  24  aoiU  189i. 

En  sorte  que  vingt-cinq  hybrides  seraient  connus,  si  toutefois  il 
n'y  a  pas  de  redites  dans  notre  classement. 

Ces  captures  présenteraient  beaucouj)  d'intérêt. 

Mais,  de  renseignements  minutieux  pris  sur  ces  Oiseaux,  il 
résulte  que  l'origine  sauvage  de  beaucoup  d'entre  eux  n'est  pas 
établie  et  (jue  chez  d'autres  l'hybridité  ne  joue  aucun  rùle,  à  ce 
point  que  uous  nous  sommes  demandé  s'il  existe  des  produits  du 
Tetrao  letrix  X  f.agopus  scolicus  obtenus  à  l'état  sauvage? 

Voici  nos  raisons  : 

La  pièce  du  Musée  d'Edimbourg  représente,  à  n'en  pas  douter, 
l'un  des  deux  Oiseaux  obtenus  en  captivité  chez  Sir  Colquhoun  et 
dont  celui-ci  parle  dans  son  ouvrage  «  The  Moorand  the  Lock  »,  car, 
nous  dit  le  keeper  du  <(  Natnral  history  département  »  du  Musée, 
le  spécimen  est  indiqué  sur  le  vieux  registre  de  1830-31  comme 
ayant  été  offert  par  le  père  du  baronet  (1). 

Une  des  deux  pièces  de  l'Huuterian  Muséum  de  Glascow  est  aussi 
cataloguée  comme  ayant  la  môme  provenance. 

Ces  deux  Oiseaux  sont  donc  à  écarter. 

Le  soi-disant  hybride  du  Kelvingrove  Muséum,  de  la  même  ville, 
est  seulement  indiqué  comme  ayant  été  offert  par  M.  lugrand  de  la 
Benfieldstreet  ;  M.  Paton,  directeur  de  ce  Musée,  ne  sait  rien  autre 
chose  sur  son  compte.  Cet  Oiseau  diffère  du  reste  par  plusieurs 
caractères  du  premier  échantillon  authentique  ayant  appartenu  à 
Sir  Colquhoun. 

La  provenance  du  seul  exemplaire  du  Musée  d'York,  (et  non  les 
deux  exemplaires,  comme  nous  l'avious  dit  par  erreur)  (2),  n'a  pu 
nous  être  indiquée  par  l'expéditeur  ;  cet  Oiseau  diffère  encore 
du  produit  obtenu  en  captivité;  il  en  est  de  même  de  l'Oiseau  tué  au 
mois  d'août  dernier  par  M.  A.  Doughty. 

Nous  sommes  certain  que  la  pièce  conservée  au  Musée  national 

(t)  Il  est  dit  dans  l'ouvrage  en  question  (New  édition.  Edimburg.  1888,  pp.  94eti^), 
que  le  garde  de  la  faisanderie  à  Roosdhu  possédait  un  Black  Cook  et  une  Grouse  qui 
faisaient  hon  ménage;  que  la  (jrouse,  qui  était  une  femelle,  produisit  doux  ans 
de  suite.  La  première  année  les  jeuni's  moururent  ;  l'année  suivante,  deux 
hybrides  r^  purent  être  élevés  avec  beaucoup  de  soins,  ils  se  revélirent  du  plumage 
de  l'adulte.  Os  deux  Oiseaux,  il  est  vrai,  auraient  "té  donnés  par  le  père  de  Sir 
Culquiioun  aux  Musées  de  Glascow  (voy.  p.  95,  7'  ligne),  mais  c'est  là  sans  doute 
une  erreur,  et  l'un  de  ces  Oiseaux  dut  être  odert  au  Musée  of  ScieDce  and  Art 
d'Kdimbourg.  ainsi  que  les  vieux  registres  l'indiqueut. 

(2)  Le  deuxième  est  un  Hackelbane  ! 


562  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

des  Pays-Bas  n'est  autre  qu'une  vieille  femelle  stérile  revêtant 
l'habit  du  mâle,  car  elle  ressemble  étonnamment  à  deux  des  échan- 
tillons de  la  collection  de  M.  van  Keinpen  qui  sont  aussi  de  vieilles 
Poules  prenant  l'habit  du  Coq.  Ayant,  en  efïet,  envoyé  l'un  de  ces 
deux  exemplaires  à  M.  Keulmans  pour  le  faire  peindre,  celui-ci, 
doutantde  l'origine  attribuée,  a  cru  devoir  le  montrer  à  M.  Oustalet 
qui  lui  a  fait  remarquer  de  vieilles  Poules  îef/'ja;  correspondant  à  ce 
faux  hybride. 

Quant  au  troisième  de  la  même  collection,  qui  y  figure  sous  le 
n°  506  et  qui  est  indiqué  comme  femelle,  nous  le  croyons  une 
simple  anomalie  de  ce  sexe  et  de  l'espèce  tetrix,  sans  aucun 
mélange  avec  le  scolicus  (1). 

Or,  en  présence  de  ces  erreurs,  de  ces  confusions,  sans  doute 
fréquentes,  nous  avons  le  droit  de  nous  demander  si  beaucoup  des 
pièces  citées  et  que  nous  n'avons  point  examinées  (comme  l'ont 
été  les  précédentes)  ne  rentrent  point  dans  la  même  catégorie? 

Il  nous  a  été  impossible  d'obtenir  des  indications  sur  le  soi-disant 
hybride  tiré  par  M.  Laurence  Hardy  et  dont  a  parlé  «  l'Inverness 
Courier  ».  Nos  lettres  adressées  au  chasseur  et  au  directeur  du  journal 
nous  ont  été  renvoyées.  M.  Tegetmeir,  qui  montra  à  l'une  des  réunions 
de  la  Société  Zoologique  la  pièce  abattue  à  Balmannock  (Kikcowan), 
n'a  plus  l'Oiseau  entre  les  mains  et  il  ignore  la  demeure  de  celui 
qui  le  possède.  La  Grouse  hybride,  présentée  par  M.  E.  Cambridge 
Phillips  à  la  Société  Linnéenne  de  Londres,  ne  serait  autre  qu'une 
variété  singulière  de  «  Common  Grouse  (2)  ».  M.  Horroks,  de  Carlisle, 

(1)  La  jambe  gauche  de  cit  Oiseau  esl  moins  couverte  de  duvet  que  la  droite;  ce 
duvet  est  gris  tacheté  longitudinalement  de  rayures  brunes.  Ce  caractère,  et  d'autres 
traits  que  la  pièce  présente,  ne  prouve  aucunement  son  hybridité  ;  du  reste,  si  elle 
porte  une  mention  ainsi  conçue  :  «  iMétis  Tétras  lyre  et  d'Ecose  ».  elle  en  porle aussi 
une  antre,  qui  indique  seulement  et  avec  lieaucoup  plus  de  raison,  un  Lagopus 
tetrix  2  variété.  L'Oiseau  a  été  acheté  à  la  maison  V'erreaux.  de  Paris;  nous  igno- 
rons à  quelle  date.  Les  deux  premières  proviennent  de  chez  M    Franck,  de  Londies. 

(2)  M.  E.  Cauibriilge  Phillips  a  bien  xoulu  nous  envoyer  la  note  ([u'il  a  com- 
muniquée au  Clab  en  présentant  son  Oiseau  et  la  réponse  qui  lui  a  été  faite  par 
M.  \V.  C.  Ashdown.  Dans  cette  note,  intitulée  :  «  A  supposed  Hybrid  Grouse  n, 
M.  E.  Cambridge  Phillips  rappelle  que  l'Oiseau  en  question  fut  tué  à  la  fin  ilu  mois 
d'août  1891  sur  le  Kriddyllt  (irouse  Hill,  .Merthyv  Cjnog,  par  M.  Rees  Williams,  de 
Brecon.  Lorsque  l'Oiseau  volait,  il  laissait  apercevoir  du  blanc  sous  les  couver- 
tures de  l'aile.  A  première  vue,  il  lui  fit  l'elTet  d'une  Grouse  curieusement 
colorée  ;  mais  après  un  examen  attentif,  il  arriva  à  cette  conclusion  que  c'était  un 
hybride,  à  cause  principalement  de  la  largeur  des  ailes  et  de  la  queue,  qui  ditTérait 
de  celle  dime  (Irouse  normale.  M.  Ashdown,  natur.ilisie  à  Hereford,  empailla 
l'Oiseau  et  se  prononça  pour  un  croisement  entre  la  Perdrix  et  laGrouse;  M.  Phillips, 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    D'APRÈS    NATURE  S63 

que  nous  avons  interrogé  sur  l'hyliricie  qui  doit  se  trouver  chez  lui, 
n'a  pas  répondu  à  notre  demande.  L'hyhridité  de  cette  Grouse  vient 
du  reste  d'être  critiquée  très  vivement  dans  le  Zoologist  (1). 
L'Oiseau,  qui  aurait  été  tiré  à  Crossfield,  était  trop  abîmé,  paraît-il, 
pour  pouvoir  être  monté,  et  il  n'a  pas  été  conservé.  Quant  à  l'indi- 
vidu qui  se  laissa  apercevoir  sur  les  rochers  de  S'-Bees-Head,  son 
apparition  fut  trop  courte  sans  doute  pour  qu'on  put  le  juger 
siïrement. 

L'origine  sauvage  des  trois  pièces  vues  par  Macgillivray  ne  paraît 
pas  avoir  été  étahlie.  Peut  être  l'ornithologiste  fait-il  allusion  aux 
Oiseaux  oblenns  par  M.  Colquhoun  ?  Yarrell  n'écrit  point  davantage 
que  la  pièce  qu'il  examina  ait  été  obtenue  en  liberté,  mais  seule- 
ment qu'elle  avait  été  envoyée  par  lord  Mosteyn,  de  Galles,  à 
un  empailleur  d'Oiseaux,  ce  qui  ne  dit  rien.  Enfin,  les  deux  exem- 
plaires que  M.  Dresser  étudia  sont  peut-être  du  nombre  de  ceux 
qui  viennent  d'être  cités  ;  dans  ce  cas,  ils  feraient  double  emploi. 

Nous  ferons  une  exception,  toutefois,  pour  l'exemplaire  en  peau 
qui  se  trouve  dans  le  Musée  de  M.  Dresser.  Cette  pièce,  nous 
informe  l'éininent  ornithologiste,  fut  trouvée  dans  un  lot  de 
Red  Grouses  au  Leadenhall  market;  il  y  a  donc  lieu  de  supposer 
qu'elle  avait  été  obtenue  à  l'état  sauvage.  Puis,  comme  elle  res- 
semble en  beaucoup  de  points  au  spécimen  du  .Musée  d'Edimbourg, 

au  contraire,  l'avait  (ioterminé  l'omme  hybride  du  Faisan  et  de  la  Grouse:  attendu 
que  la  tète  se  rapproche  de  celle  d'une  (einelle  Faisan  et  que  la  couleur  rouiie  de 
la  poitrine  rappelle  la  coloration  que  l'on  vuil  chez  les  vieilles  (emclles  stériles. 
M.  Phillips  possède  un  sujet  de  ce  dernier  fjenre  qui  porte  la  même  teinte  sur  la 
poitrine.  Les  ailes,  qui  soni  longues  et  pointues,  et  même  aussi  la  queue,  rappellent 
encore  le  Faisan.  —  L'Oiseau  (ut  ensuite  mnnlré  à  la  l.iiinean  Society  de  Londres 
el  les  ornithologistes  présents  se  piononcéreni  pour  un  hybride  de  BUickgauie 
(7".  tetrix)  et  de  firouse.  sentiment  (jne  ne  put  partager  M.  Phillips.  La  note  de 
M.  Phillips  lui  crili(|uée  par  M.  W.  C.  Ashdown  clans  le  u  llerelord  Tiuies  n 
(N*  du  14  Janvier  IS'.K))  M.  Ashdown  est  convaincu  que  l'on  a  afTaire  à  un  mélange 
de  Red  tirouse  {L.  scoticus)  et  de  (■ouimon  Partriilge  (Ferdix  cinerea).  Nous  ne 
ferons  point  connaître  toutes  les  raisons  i|ue  celui-ci  développe  ;  nous  dirons  seule- 
ment, it'après  lui.  que  la  carcasse  ressemblait  de  très  près  à  celle  d'une  liedlegged 
Partridge  iP.  rubra).  et  que  la  chair  était  blanche.  Celte  dernière  particularité 
arrête  principalement  1  attention  de  M.  Ashdown.  —  En  pré.seiice  de  cette  diver- 
gence d'opinions.  M.  Cambridge  Plii'lips  crut  devoir  montrer  l'Oiseau  extraordi- 
naire au  professeur  Newton,  puis  à  Lord  Lilford,  qui,  liualement.  ne  virent  dans 
celte  (irouse  qu'uni  aberration  de  couleur  de  Lagopiis  scoticus. 

(I)  N"  de  Janvier  IM'.lii.  p.  20  ;  ce  numéro  nous  arrive  au  moment  où  nous  corri- 
geons nos  épreuves  d'imprim-  rie,  mises  déjà  en  pages,  en  sorte  que  nous  ne  pouvons 
reproduire  la  erilliioe  qui  vieni  il'èlre  faite  par  .\l .  Henry  II.  Slaler.  lequel  considère 
la  (jrouse  en  question  comme  une  «  Ijarren  grey-hen  assiiiuing  mal  plumage  »  ;  ce 
que  ne  conteste  pas  du  reste  le  Uév.  Macpherson. 


564  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

obtenu  en  captivité,  il  est  fort  probable  que  l'origine  qu'on  lui 
suppose  est  bien  établie. 

Nous  voulons  croire  aussi  que  l'exemplaire  décrit  par  le  profes- 
seur Malm  sous  le  nom  de  fMgopotetrix  est  bien  nommé.  Nous  ne 
l'avons  cependant  pas  vu.  Il  avait  été  acheté,  on  se  le  rappelle,  le 
IS  décembre  1876,  sur  le  marché  de  Gothenbourg  (Suède),  et  avait, 
parait  il,  été  rencontré  dans  une  localité  où  l'espèce  scoticus  avait 
été  introduite  plusieurs  années  auparavant  (1). 

Ainsi,  des  vingt-cinq  exemplaires  que  nous  avons  cités  en 
débutant,  l'authenticité  d'un  très  petit  nombre  est  reconnue  ;  et 
combien  ont  été  obtenus  à  l'état  sauvage'?  nous  l'ignorons.  Nous 
devons  néanmoins  des  renseignements  plus  complets  sur  les  pièces 
qu'on  a  bien  voulu  nous  laisser  examiner.  Et  d'abord,  nous  donne- 
rons le  signalement  très  précis  de  l'exemplaire  de  M.  Colquhoun, 
c'esl-à-dire  de  l'exemplaire  qui  est  conservé  au  Muséum  of  Science 
and  Art  d'Edimbourg,  car,  on  le  voit,  il  est  pour  nos  études  d'une 
très  grande  utilité. 

Exemplaire  du  Muséum  of  Science  and  Art  d' Edimbourq .  —  La  cou- 
leur générale  est  le  violacé  luisant,  teinté  de  roux  ;  ceci  forme 
comme  le  fond  de  la  couleur.  Mais  tout  le  corps  est  tacheté  de 
petits  points  blancs  donnant  quelque  peu  l'aspect  de  légers  flocons 
de  neige  répandus  sur  le  plumage.  Ces  gouttes  blanches  appa- 
raissent surtout  sur  les  ailes,  sous  le  ventre  et  plus  légèrement  au 
cou  et  sur  le  dos,  où  elles  deviennent  très  fines.  Elles  se  forment 
à  l'extrémité  de  la  plume  qui  se  trouve  ainsi  comme  bordée  de 
blanc.  Le  devant  de  la  poitrine,  qui  est  roux  violacé,  est  dépourvu 
de  ces  taches  blanches  ;  un  plastron  uni  se  forme  ainsi  et  s'étend 
jusqu'au  dessus  des  ailes.  La  queue  est  presque  absolument 
carrée;  du  côté  droit  seulement,  les  rectrices  les  plus  extérieures 
s'allongent  quelque  peu.  Au  bout  des  plumes  on  aperçoit  le  trait 

terminal  ■ ■ ■  propre  au  tetrir;  les  plumes  des  pennes 

sont  bordées  à  leur  extrémité  de  blanc  fin. 

Les  couvertures  de  la  queue  sont  assez  rousses,  les  inférieures 
sont  blanc  mélangé  de  taches  rousses  en  petite  quantité,  dans  le 

(I)  Celte  indication,  qui  es-t  donnée  diins  un  mémoire  de  M.  CoUett  :  «  Hybrid 
Grouse  n,  Proceed.  of  llie  Zool.  Soc.  of  London,  pp.  224-240,  1886,  était  passée 
pour  nous  inaperçue.  Elle  est  cependant  très  importante,  car  elle  confirme  l'opi- 
nion que  nous  avons  émise  souvent:  à  savoir,  que  beaucoup  de  croisements  sont 
délerminés  par  des  cliangements  introduits  par  l'action  de  l'homme  dans  l'habitat 
des  espèces  mères  qui  contraclenl  des  mélanges. 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    ET   EXAMENS    DAPRÈS    NATURE  565 

genre  du  plumage  du  Rackelhane.  Les  couvertures  inférieures  des 
ailes  sont  tout  à  fait  blanches.  La  barbe  extérieure  des  pennes 
rémiges  est  taclietée;  elle  n'est  point  d'un  ton  uniforme  comme  se 
trouve  la  barbe  intérieure.  Les  ailes  sont  plutôt  gris  roux  que 
violacé  brillant,  le  fond  de  la  couleur  est  le  roux  ;  cette  couleur  est 
aussi  celle  du  corps. 

Le  bec  est  foncé,  les  ongles  et  les  doigts  sont  très  clairs;  la  plume 
des  tarses  est  d'un  gris  souris  blanchâtre,  elle  recouvre  les  doigts 
dans  le  premier  tiers  de  leur  hini/ueur.  Nous  comptons  six  ou  sept 
rémiges  primaires,  dix-neuf  rectrices,  (les  plus  extérieures  sont,  on 
l'a  dit,  du  côté  gauche),  la  barbe  est  malheureusement  usée.  La 
première  penne  de  l'aile  est  longue,  (cette  première  penne  nous 
parait  plus  longue  relativement  que  chez  le  Lagopus). 

Longueur  totale  de  l'Oiseau  :  0,467  jusqu'au  bout  des  rectrices 
médianes  et  0,476  jusqu'au  bout  des  rectrices  extérieures  les  plus 
étendus.  L'aile  mesure  0,245,  mais  les  plumes  paraissent  usées 
à   leur  extrémité. 

On  peut  dire  que  ce  spécimen  est  un  véritable  intermédiaire  entre 
le  Tetrao  tetri.r  ei  le  Lagopus  scoticits;  le  mélange  des  teintes  des 
deux  espèces  est  très  accusé.  Cet  hybride,  authentique,  puisqu'il  a 
été  produit  en  captivité,  rappelle  le  scolicus  :  par  l'absence  com- 
plète de  la  barre  blanche  qui  traverse  l'aile  du  tetrix,  par  la  coupe 
presque  carrée  de  la  queue,  par  le  ton  roux  qui  forme  le  fond  de  la 
couleur,  par  le  bec  un  peu  plus  faible  et  moins  noirâtre  que  celui 
du  tetrix,  par  la  couleur  blanche  de  ses  ongles  (1)  et  de  ses  doigts, 
par  le  dessin  piqueté  du  dos,  de  la  croupe  et  des  couvertures  supé- 
rieures de  la  queue.  Néanmoins  son  aspect  fait  songer  au  Tetrao 
tetrix.  —  Nous  avons  fait  peindre  cet  échantillon  précieux  qui  peut 
servir  de  type. 

Exemplaire  appartenant  à  M.  Dresser,  de  Londres.  —  Cette  pièce 
est  en  peau  ;  nous  n'en  avons  point  fait  faire  le  portrait,  d'abord 
parce  qu'il  est  difTicile  pour  le  peintre  de  reconstituer  les  formes 
d'un  Oiseau  dont  l'aspect  n'est  pas  connu,  puis  aussi  parce  que 
M.  le  D' A.  B.  Meyer,  de  Dresde,  en  a  publié  une  lithographie  coloriée 
dans  son  grand  album  :  <(  ilnser  Auer-ltackel-und  Hirnild  (2).  »  Cette 
lithographie  qui  est  de  dimensions  moindres  que  l'Oiseau,  (elle  le 
représenteseulementauxdeux  tiersde  sa  grandeur), nous parattassez 
exacte.  Cependant  la  couleur  de  la  plume  qui  couvre  les  tarses  est 
trop  claire,  celle  des  ailes  est  trop  claire  aussi.  Puis  la  queue  n'est 

(1)  Un  L.  scoticus,  du  Musée  de  Rouen,  a  lependdiil  les  ouk1>-s  foncés. 

(2)  Wien,  Verlag  von  Adolph  W.  Kûnast,  1887. 


566  OISKAUX    HYBRIDES    BENXONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

point  assez  échancrée;  les  rectrices  extérieures  dépassent  davantage, 
dans  l'original,  les  pennes  médianes;  les  couvertures  sont  aussi 
chez  le  même  plus  nettement  bordées. 

La  pièce,  nous  l'avons  dit,  présente  beaucoup  d'analogie  avec 
celle  que  l'on  conserve  au  Musée  d'Edimbourg;  elle  nous  paraît 
toutefois  plus  forte  ;  la  queue  est  aussi  plus  échancrée,  tout  au 
moins  les  rectrices  les  plus  extérieures  s'avancent  davantage  en 
pointe;  la  coloration  générale  est  plus  foncée  et  les  points  blancs 
neigeux  sont  moins  accusés,  notamment  à  l'extrémité  des  plumes  ; 
nous  croyons  encore  le  bec  et  les  doigts  plus  foncés,  surtout  ces 
derniers  (1). 

A  part  ces  légères  différences,  on  ne  saurait  sans  doute  se  repré- 
senter plus  exactement  l'hybride  des  deux  espèces  tPtrlx  et  scoticus. 
Un  caractère  principal,  la  grande  taille  de  l'Oiseau,  s'explique 
diflicilement  ;  dans  l'hypothèse  d'un  croisement,  on  préférerait 
rencontrer  un  produit  de  taille  intermédiaire.  Mais  le  bec  est 
beaucoup  plus  faible  que  chez  le  tetrix  ;  puis,  il  n  existe  point, 
à  la  manière  de  cette  espèce,  de  blanc  à  l'épaule  ni  en  travers 
de  l'aile;  il  faut  noter  encore  que  le  pointillé  roux  du  plumage 
indique  complètement  le  scoticus;  ce  pointillé  ne  rappelle  même 
pas  le  plumage  du  jeune  tetrix  en  mue,  point  davantage  la  plume 
du  sexe  femelle  de  cette  espèce. 

Exemplaire  du  Kehingrove  Muséum  de  Ginscoiv.  —  L'Oiseau  est 
aussi  fort  qu'un  tetrix  dans  tout  son  ensemble;  le  bec  est  cependant 
plus  faible  et  de  couleur  moins  noire,  il  est  corne  foncée.  Sa  teinte 
générale  est  le  brun  violacé,  les  plumes  sont  toutefois  parsemées 
de  blanc  à  leur  extrémité;  cette  particularité  se  produit  en  abon- 
dance sur  l'aile,  et  aussi  sous  la  gorge,  sur  la  croupe,  sur  les  côtés 
et  sous  le  ventre.  Le  dessus  de  la  tête  et  du  cou  est  finement  piqueté 
de  blanc  grisâtre.  Le  tour  de  la  poitrine  est  foncé  et  tire  sur  le  brun 
bleu.  Une  tache  blanche  existe  sur  l'épaule  ;  on  n'aperçoit  pas  sur 
l'aile  le  miroir  transversal  propre  au  tetrix.  La  queue  est  presque 
carrée,  quelques  rectrices  extérieures  dépassent  seulement  un  peu 
les  autres  pennes.  On  n'aperçoit  point,  sauf  sur  une  ou  deux  pennes, 
la  coupe  terminale  des  plumes  du  tetrix  -  •.  Le  des- 

sous de  la  queue  est  blanc  comme  chez  cette  espèce.  La  plume  des 
tarses,  qui  est  de  couleur  brun  souris,  descend  sur  les  doigts,  mais 
elle  ne  les  recouvre  que  très  faiblement,  environ  d'un  tiers  de  leur 
longueur.  Les  doigts  sont  de  couleur  corne,  et  non  noirâtres  comme 

(1)  Nous  ne  possédons  plus,  au  mouienl  de  notre  examen,  l'exemplaire  d'Edim- 
bourg qui  a  été  renvoyé. 


ADDITIONS,    COnnECTIOMS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  567 

chez  le  Tétras  lyre  ;  les  ougles  sont  bruns.  Une  loulîe  de  plumes 
blanchâtres  coiironne  le  tarsi-.  Au-dessus  des  yeux,  l'empailleur  a 
indiqué  un  espace  nu  et  ioui;e,  mais  d'une  manière  peu  naturelle, 
trop  accentuée. 

L'espèce  .svon'ci/.s-  semble  être  rappelée,  chez  ce  grand  exemplaire, 
par  la  teinte  brun  chocolat  (jui  se  laisse  voir  sur  le  violacé,  par  les 
petits  points  très  fins  et  de  couleur  blanche  qui  terminent  les 
plumes,  surtout  par  les  plumes  du  dos  et  la  forme  presque  carrée 
de  la  queue.  La  môme  espèce  est  encore  rappelée  par  les  plumes 
qui  descendent  sur  le  premier  tiers  des  doigts,  peut-être  aussi  par 
la  deuxième  rémige  de  l'aile,  qui  semble  être,  comparativement, 
de  la  hiiiiiueur  de  celle  correspondante  du  scoticus  (1).  Malgré  le 
rappel  évident  de  cette  dernière  espèce,  ce  spécimen  s'éloigne  de 
celui  du  Musée  d'Edimbourg,  aussi  il  nous  laisse  quelques  doutes 
sur  l'origine  qu'on  lui  su])pose. 

Exemplaire  du  Musée  de  York.  —  Voici  une  pièce  qui  nous  déroute 
complètement  ;  non  seulement  elle  difïére  notablement  de  l'Oiseau 
produit  eu  captivité  et  qui  nous  sert  de  type,  mais  elle  s'éloigne 
aussi  du  dernier  exemplaire  qui  vient  d'être  décrit  ;  elle  ne  se 
rapporte  pas  non  plus  au  sujet  tué  par  M.  Alex.  Doughty,  et  dont 
la  description  va  suivre.  —  Par  sa  taille,  l'Oiseau  est  intermédiaire 
entre  le  tetrix  et  le  scoticus,  les  dimensions  de  son  bec  sont  aussi 
intermédiaires.  Les  doigts  sont  nus  et  de  couleur  cuir  de  botte;  les 
jambes  ne  sont  que  légèrement  emplumées  ;  sur  le  devant  cependant 
ces  dernières  parties  sont  bien  garnies,  mais  les  plumes  sout  très 
courtes  et  comme  râpées.  La  forme  de  la  queue  annonce  le  tetrix, 
quoique  les  rectrices  extérieures  ne  soient  pas  très  longues  ni 
recourbées  absolument  ;  l'écliancrure  se  trouve  très  large  vers  le 
milieu.  Les  rectrices  extérieures  allongées  ne  sont  pas  égales, 
d'un  côté  elles  paraissent  usées. 

Sous  la  gorge  le  dessin  des  plumes  affecte  la  forme  d'écaillés, 
elles  sont  grises  avec  du  brun  et  du  blanc;  sur  les  joues  on  voit 
encore  quelques-unes  de  ces  écailles,  mais  celles-ci  sont  de  couleur 
jaune.  Sur  la  nucjue  il  y  a  des  reflets  noir  bleu  ;  ces  mômes  reflets  se 
voient,  dans  de  moindres  proportions,  sur  le  dos  et  sur  le  devant 
de  la  poitrine.  Tout  le  plumage  de  l'Oiseau  est  un  mélange  de  gris, 
de  brun  et  de  noir;  le  brun  domine.  Les  rémiges  sont  claires, 
surtout  sur  leurs  barbes  extérieures.  Le  dessous  de  la  queue  est 
blanc  pur;  il  n'existe  pas  de  peau  rouge  au  dessus  de  l'œil. 

Celte  fois,  l'Oiseau  est   plus  scoticus  que  tetrix,  cependant  ses 

(I)  L'espèce  letrix  parait  la  porter  plus  courte  (relativement), 


S68  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

doigts  nus  et  sa  queue  échancrée  rappellent  bien  la  dernière  espèce. 
Il  faut  encore  remarquer  quMl  possède  des  épauleltes  blanches, 
l'épaulette  droite  est  même  très  bien  accusée. 

Serait-ce  une  vieille  poule  stérile/eîn'j;?  Nous  ne  saurions  le  juger. 

Exemplaire  abattu  par  M.  Alerandir  Doughty  (de  Liccrpool).  — Cet 
exemplaire  est  au  moins  de  la  taille  d'un  beau  tetrix,  les  ailes  sont 
très  petites,  comparativement  au  corps,  mais  nous  pensons  que 
chez  l'espèce  tetrix  l'aile  est  également  petite.  Le  cou  et  la  tête  sont 
bruns,  le  dessin  peut  aussi  bien  être  du  letrtx  (femelle)  que  du 
scoticus,  il  représente  peut-être  mieux  le  dessin  de  la  première 
espèce.  Tout  le  dessus  du  dos,  de  la  queue,  des  ailes,  sont  d'un 
brunâtre  noir  et  les  flancs  sont  quelque  peu  d'un  noir  violacé. 
Souvent  les  plumes  se  terminent,  à  leur  extrémité,  par  ces  taches 
neigeuses  que  nous  avons  déjà  signalées.  Le  devant  de  la  poitrine 
rappelle  par  sa  teinte  métallique  le  plumage  du  tetrix.  Les  plumes 
des  tarses  descendent  légèrement  sur  les  doigts  ;  une  touffe  de 
plumes  couronne  le  haut  du  tarse.  Un  arc  rouge  domine  l'œil; 
le  bec  est  moins  fort  que  chez  le  petit  Coq  de  bruyère,  moins 
foncé  aussi,  et  la  plume  s'avance  très  en  avant  sur  la  mandibule 
supérieure;  les  doigts  et  les  ongles  sont  brun  foncé.  La  forme  de 
la  queue  est  très  échancrée,  mais  comme  les  rectrices  s'étagent 
en  s'allongeant  dès  le  milieu,  la  queue  ne  donne  aucunement  l'as- 
pect de  la  lyre,  comme  chez  le  tetrix.  A  peine  si  on  aperçoit  au 

bout  des  rectrices  la  forme  suivante  • " ..  Il  n'existe 

aucune  raie  blanche  sur  les  ailes,  qui  sont  étendues  chez  le  sujet 
empaillé.  —  Cet  exemplaire  est  très  intéressant,  on  le  voit;  mais 
il  s"écarte,  comme  celui  du  Kelvingrove  .Muséum  de  Glascow,  de 
l'individu  que  nous  avons  pris  pour  type.  Si  ses  ongles  et  ses 
doigts  étaient  clairs,  comme  le  sont  les  doigts  et  les  ongles  de  ce 
dernier,  ou  bien  si  la  plume  couvrait  davantage  les  pieds,  si  encore 
la  queue  était  carrée,  ces  traits,  avec  ceux  qu'il  possède  déjà, 
seraient  de  bons  indices  du  mélange  du  scoticus  avec  le  tetrix; 
mais  les  caractères  que  nous  signalons  manquent.  Il  est  donc  bien 
difficile  de  se  prononcer  sur  la  véritable  nature  de  cet  Oiseau. 

Nous  avons  remarqué  que  les  plumes  des  couvertures  inférieures 
de  la  queue  sont  blanches  tachetées  largement  de  foncé,  dans  le 
genre  de  celles  de  Vuroijallus,  mais  la  barbe  tachetée  est  brune 
et  non  noire.  Ceci  n'existe  ni  chez  le  ncoticus  ni  chez  le  tetrix.  Cette 
particularité  se  comprend  néanmoins  facilement  si  l'on  songe  que 
les  couvertures  dont  nous  parlons  sont  blanches  chez  le  tetrix, 
rousses  chez  le  scoticus.  Nous  remarquons  qu'il  n'y  a  pas  de  touffes 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPUÈS   NATURE  5569 

mélangées  des  deux  couleurs,  mais  divisiou  et  partage  (ce  qui 
montrerait  (jue  la  fusion  des  caractères  des  espèces  pures  ne  s'établit 
pas  par  l'iiybridation  ?)  La  particularité  dont  nous  nous  occupons 
serait  un  signe  réel  du  croisement  des  deux  espèces,  car  une  femelle 
telri.r  stérile,  prenant  la  livrée  du  mâle,  ne  ra|)pellerait  pas  sans 
doute  la  teinte  rousse  ^\u  scoticus,  ainsi  que  cela  se  produit  dans 
le  cas  présent. 

Le  taxidermiste  qui  a  di''|inuillé  cette  Grouse  prétend,  du  reste, 
qu'elle  est  de  sexe  mâle  et  que  son  examen  lui  permet  de  faire 
celte  aflirmation  (I).  La  seule  diflérence  qu'il  ait  trouvée  est  que  le 
dévelo|)peinenl  des  organes  est  moindre  que  dans  les  espèces 
pures. 

Les  vieilles  Poule'!  de  la  coUe.rlion  de  M.  van  Keiiipcn  ont  la  queue 
complètement  en  lyre  :  c'est  l'indice  le  plus  certain  de  leur  uature 
Tetnio  telri.r  ;  ce  caractère  éloigne  toute  idée  de  mélange  avec  le 
scolicus.  Cependant  M.  van  Kempen  nous  assure  qu'il  possède 
d'autres  vieilles  Poules  qui  n'ont  aucun  rapport  avec  ces  dernières; 
elles  ont,  nous  dit-il,  l'apparence  du  Coq  teirix  et  n'ont  en  aucune 
façon  leur  plumage  mélangé  à  la  manière  de  celles  que  nous 
critiquons.  Les  vieilles  Poules  stériles  que  M.  le  D""  A.  B.  Meyer  a 
représentées  dillèrent  aussi  de  ces  dernières.  M.  van  Kempen  a 
donc  catalogué  les  deux  échantillons  en  question  comme  hybrides 
de  srolinis  ou  teirix,  et  les  a  indiqués  de  nouveau  sous  cette 
dénomination  dans  un  travail  récent  {2)  ;  mais  c'est  à  tort, 
pensons-nous. 

Nous  n'avons  point  reçu,  à  notre  grand  regret,  les  deux  exem- 
plaires qui  sont  conservés  à  l'Hunterian  Muséum  de  Glascow  (Collec- 
tion de  ITuiversilé).  Un  de  ces  deux  exemplaires  provient,  comme 
nous  l'avons  indiqué,  de  chez  sir  Colquhoun  et,  vraisemblablement, 
du  croisement  obtenu  en  captivité  (3). 

M.  le  professeur  Youiig,  directeur  du  Musée,  auquel  nous  les 
avons  demandés  à  diverses  reprises,  n'a  pas  cru  devoir  nous  les 
communiquer,  parce  que  ces  pièces  sont  montées.  Un  intérêt 
considérable  s'attache  à  ces  deux  Oiseaux,  car  si  l'individu  abattu 
à  l'état  sauvage  ressemble  à  celui  qui  a  été  obtenu  en  cai)tivité, 
Ihybiidisme  libre  du  Telrao  tetrix  et  Lagopiis  scolicus  peut  être 
alTirmé.  —  Nous  disons  «  l'individu  abattu  à  l'étal  sauvage  »,  car 
nous  supposons  qu'il  s'agit  bien  de  la  Grouse  mentionnée  dans  les 

(1)  Dapri-s  nolrf  correspondance  avec  M.  Alexandre  Dougtily. 

(2)  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  de  France. 

(3)  llacoiilés  in  «  The  moor  and  the  locli  ».  p.  95,  new  édition,  1888. 


570  OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS   A    LÉTAT   SAUVAGE 

Proceedings  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Glascow  (1), 
c'esl-à-dire  de  la  Grouse  qui  fut  présentée  en  1874  à  l'une  des 
séances  de  cette  société  (2)  par  M.  James  Lumsden  et  qui  fut  tuée 
dans  le  «  South  Ayrshire  »  au  commencement  du  mois  de  Décembre 
de  l'année  précédente.  —  Nous  pouvons  faire  erreur  cependant, 
car  M.  Willam  Stewart,  clerk  of  senate,  nous  indique  l'Oiseau  comme 
ayant  été  oflert  par  M.  Brown,  ce  qu'une  lettre  de  M.  Paton, 
(directeur  du  Kelviugrove  Muséum)  paraît  en  outre  confirmer. 
Notre  embarras  est  d'autant  plus  grand  que  M.  le  professeur 
Young  nous  indique  l'hybride  d'Ayrshire  comme  devant  être  reporté 
au  croisement  du  Tetrao  tetrix  cT  X  I.  urogallus  $  !  —  Il  y  a  certai- 
nement confusion  dans  lesi-ènseigneraenlsqui  nous  ont  été  donnés. 
N'ayant  même  pu  obtenir  la  peinture  des  deux  Grouses  en  ques- 
tion (3),  nous  nous  sommes  décidé  à  adresser  à  M.  J.  A.  Paton,  (dont 
nous  connaissons  la  grande  obligeance),  l'aquarelle  du  second 
hybride  obtenu  en  domesticité  et  conservé  au  Muséum  of  Art 
d'Edimbourg,  le  priant  de  bien  vouloir  nous  faire  savoir  :  1°  si  cette 
aquarelle  est  conforme  à  l'autre  sujet  de  même  provenance  et 
conservé  à  l'Hunterian  Muséum  ;  2"  si  l'hybride  présenté  par 
M.  James  Lumsden  (ou  par  M.  Brown  ?)  lui  ressemble. 

M.  Paton,  en  réponse  à  notre  demande,  nous  a  adressé  les  indica- 
tions suivantes  : 

«  L'aquarelle  est  d'une  couleur  trop  rouge  pour  se  rapporter  à 
l'un  et  à  l'autre. 

»  L'Oiseau  empaillé  de  sir  Colquhoun  mesure  actuellement  46"°'(4). 
Les  tarses  sont  emplumés  jusqu'au  milieu  des  doigts  ;  les  parties 
supérieures  du  corps  sont  de  la  couleur  de  la  Red  Grouse,  mais 
elles  sont  plus  foncées  ;  les  parties  inférieures  sont  semblables  à  la 
Black  Grouse,  on  y  aperçoit  les  demi-lunes  caractéristiques  de 
la  rouge.  Le  cou  par  devant  est  muni  de  ces  taches  qui  sont  blan- 
ches et  fines  ;  la  queue  est  très  visiblement  fourchue  (ou  plutôt 
échancrée)  (3). 

»  La  pièce  tuée  dans  le  South  Ayrshire  est  longue  de  51™™  (6). 
Toutes  les  parties  supérieures  ressemblent  au  plumage  assombri  de 

(1)  Page  263,  vol.  II,  part.  11.  Glascow,  1876. 

(2)  Séance  Un  1"  Décembre  1874. 

(3)  Qui  cependant  auraient  été  peintes  autrefois,  d'après  une  communication  que 
veut  bien  nous  faire  parvenir  M.  F.  11.  Newbery  (ol  the  Glascow  Sehool  of  art). 

(4)  Nous  supposons  que  M.  Paton  a  voulu  dire  46  cenlira. 

(5)  M.  Paton  se  sert  de  l'expression  d  forked  ». 

T  (6)  Nous  supposons  encore  que  M.  Paton  veut  dire  51  centim. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATLRE  .171 

la  Red  Grouse.  Le  haut  de  la  poitrnie  est  d'un  brun  sombre;  le  ventre 
est  plus  foncé  avec  une  ligne  blnnche  à  son  milieu.  Les  couvertures 
supérieures  et  inférieures  de  1  aile  sont  très  tachetées  de  i)lanc  ;  le 
gosier  est  d'un  roiiij;e  de  rouille  très  accentué.  Les  tarses  sont 
couverts  de  plumes  serrées  en  plus  grand  nombre  que  chez  le 
précédent  (dont  les  plumes  sont  plus  làidies  et  plus  llollantes), 
mais  ils  couvi-eiit,  comme  chez  celui  ci,  le  milieu  des  doigts. 
Enfin  la  queue  est  noire,  plus  large  et  plus  fourchue  que  chez  le 
premier.  » 

Il  est  facile  de  voir,  par  ces  quelques  indications,  que  l'Oiseau 
sauvage  est  encore  plus  grand  que  l'Oiseau  domestique  et  que  sa 
queue  rap|)elle  plutôt  celle  du  tciri.r  que  celle  du  sroth'iis:  deux 
marques,  au  moins  la  première,  qui  caractérisent  les  autres  pièces 
(tuées  ou  nouj  à  l'état  sauvage  que  nous  avons  décrites. 

Des  examens  que  nous  avons  faits,  ainsi  que  de  la  description 
qui  nous  est  adressée  par  M.  Paton,  il  résulte  que  celles-ci  présen- 
tent évidemment  des  analogies  avec  les  hybrides  désir  Colquhoun  ; 
les  demi-lunes  ou  points  blancs  que  l'on  aperçoit  à  l'extrémité  de  la 
plume  les  en  rapprochent  notamment.  Nous  n'osons  néanmoins, 
(à  l'exceptiou  du  spécimen  de  M.  Dresser),  les  déclarer  de  véritables 
hybrides  vu  la  grandeur  de  leur  taille,  l'échancrure  de  leur  queue 
et  la  nudité  de  leurs  doigts.  Le  spécimen  de  South  .\yrshire  a 
cependant  les  doigts  à  moitié  recouverts  de  plumes.  Il  est  donc 
désirable  que  M.  le  professeur  Young  revienne  sur  sa  détermination 
et  qu'il  se  décide  à  nous  communiquer  les  deux  pièces  de  son 
Musée.  Peut-être,  s'il  eût  cousenli  à  nous  faire  cet  envoi,  nos 
hésitations  eussent-elles  cessé. 


Lagopus  albus  et  Tetrao  tetrix. 

(Se  reporter  p.  Cl  oii  p.  320  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

Quoique  bon  nombre  d'exemples  du  croisement  de  ces  deux 
espèces  aient  été  cités,  plusieurs  omissions  ont  été  faites  ;  quelques 
cas  nouveaux  sont  encore  à  signaler. 

M.  le  D'  Giinther  nous  informe  en  effet  qu'au  British  Muséum  on 
conserve  la  dépouille  d'un  T.  tetrix  X  L.  albua  en  costume  d'hiver, 
dont  nous  n'avions  ijoint  parlé,  et  M.  N.  Nazzonovv,  de  Varsovie,  nous 
signale  au  Musée  Zoologique  de  l'Université  de  sa  ville  un  exemplaire 
sur  lequel  est  écrit  de  la  main  de  M.  Tatchanowsky  l'indication 


572  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

«  Laiiopus-tetrici-lagopus)>{i).M.  le  baron  Ed.  de  Selys-Longchamps 
a  bien  voulu  nous  communiquer  aussi  un  exemplaire  qu'il  a 
obtenu  en  échange,  vers  1842,  de  son  ami  le  prof.  Cari.  Sundevall, 
à  cette  époque  directeur  du  Musée  de  Stockholm.  M.  van  Kempen 
nous  a  encore  adressé  deux  autres  pièces,  mais  Tune  d'elles,  ache-, 
tée  en  Allemagne,  nous  laisse  des  doutes  sur  l'origine  qu'on  lui 
suppose. 

Enfin,  M.  E.  Dresser,  de  Londres,  nous  a  fait  parvenir  un 
Riporre  cT  en  peau,  obtenu  à  Roros  en  1882.  Nous  avons  du  reste 
reçu,  pour  les  examiner,  un  grand  nombre  d'hybrides  dont  nous 
ferons  bientôt  la  description. 

Disons  encore  que  M.  Hugo  J.  Stjernvall,  de  Borga,  a  bien  voulu 
nous  fournir  des  indications  sur  ces  hybrides  dont  l'existence  est, 
paraît-il,  très  rare  en  Finlande  ainsi  qu'en  Lapouie,  car  il  n'a  jamais 
vu  qu'un  seul  spécimen,  bien  qu'il  ait  passé  cinq  années  dans  ce 
dernier  pays,  où  il  s'est  occupé  de  questions  d'histoire  naturelle. 
L'oiseau  qu'il  a  vu  avait  été  obtenu  à  l'aide  d'un  lacet  qui  sert 
d'habitude  à  prendre  les  espèces  de  Lagopus.  Les  couleurs  de  ce 
spécimen  étaient  très  bariolées  comme  chez  le  Lagopus  en  mue, 
mais  beaucoup  plus  sombres. 

Le  montage  ayant  été  mal  pratiqué,  les  mesures  n'ont  pu  être 
prises  que  très  incomplètement.  Les  paysans,  qui  sont  tous  d'excel- 
lents chasseurs,  n'avaient  jamais  entendu  parler  d'un  tel  Oiseau. 
C'est  inutilement  que  M.  Stjernvall  a  demandé  dans  la  suite  des 
renseignements  sur  ce  genre  d'hybrides;  cette  rencontre  est  tout 
à  fait  extraordinaire,  ce  qui,  ajoute-t-il,  n'est  point  surprenant,  les 
parents  ayant  des  habitudes  très  différentes.  M.  Sundevall  avait 
déjà  fait  part  à  M.  de  Selys-Longchamps  de  la  rareté  de  cet  Oiseau 
en  Laponie  (2). 

Il  est  remarquable  que  le  mélange  du  Lagopus  allius  et  du  Telrao 
tetrir,  constaté  sur  dilïérents  points  de  l'Europe,  l'ail  été  également 
en  Amérique  depuis  l'introduction  de  la  dernière  espèce  à  Terre- 
Neuve.  Le  «  Forest  aiul  Streani  »  de  New-York,  a  mentionné,  au  mois 
de  décembre  1888,  la  capture  d'une  Grouse  paraissant  croisée  de 
gibier  noir  (Black  Game)  et  de  Ptarmigan  de  Terre  Neuve,  le 
Lagopus  a lleni,  Slejn.,qui  n'est  autre  que  la  variété  du /,(((/o/ji«a/6us 
ou  plutôt  le  même  Oiseau,  comme  nous  avons  pu  le  constater  sur 

(1)  Serait-ce  à  l'occasion  de  cet  exemplaire  que  feu  M.  Tatschanowsky  nous  avait 
parlé  d'un  hybride  «  telrix  X  miitus  »  (p.  u(i  et  p.  :i09  des  Mém.),  niiiis  que 
M.  Nazzonow  n'a  pu  rencontrer  nulle  part  dans  ce  Musée'' 

(2)  Communication  de  M.  de  Selys-Longcbamps. 


ADDITIONS,   CORRRCTIONS    ET     KXAMKNS     d'aPRÈS    NATURE  573 

un  spécimen  que  uous  a  procuré  M.  A.  Worlhen,  naturalist-dealer 
à  Warsaw  (Illinois).  La  description  de  l'hybride  supposé,  envoyé 
de  Trépassez  et  qui  avait,  attiré  l'attention  de  M.  Marc  el  d'autres 
personnes,  a  été  donnée  avec  quelques  détails  par  le  journal  spor- 
tiquede  New-York  (1)  ;  il  résulte  de  cette  description  que  la  queue 
est  bifnniuéc.  qui;  le  bec  est  court  et  courbé  à  la  manière  de  celui 
du  gibier  noir,  tout-à-fait  dillérent  de  celui  du  l'tarmiyan  ;  que  les 
ongles  sont  du  T.ternx.  Le  plumage  du  dos  est  un  mélange  des  plumes 
des  deux  espèces  ;  la  couleur  est  brune  avei:  des  taches  noires  ou 
des  barres  (à  cette  époque  de  l'anuée  les  Ptarmigans  de  Terre-Neuve 
sont  devenus  tout  à  fait  blancs).  Le  poids  de  l'Oiseau  atteignait 
pres([ue  le  doubhî  de  celui  d'un  Ptarmigan  de  la  même  saison.  Le 
descripteur  ajoute  que  tous  les  chasseurs  qui  ont  examiné  cette  pièce 
reconnaissent  qu'elle  est  croisée  de  Ptarmigau  et  de  Blackgame. 
—  Si  cette  assertion  est  vraie,  on  ne  doit  voir  dans  ce  produit  que 
le  résultat  de  l'importation  d'un  nouveau  gibier  qui,  dépourvu  de 
femellesdesonespèce,cherchedes  Poules  ailleurs  pour  se  reproduire. 
Le  [■'orest  and  Strenm  a  donné  sur  l'importation  des  ti-trix,  faite  en 
deux  envois  composés  de  vingt  spécimens,  d'intéressants  détails 
que  nous  croyons  devoir  reproduire.  Ils  étaient  envoyés  d'Ecosse, 
trois  moururent  en  route,  les  autres  arrivèrent  le  21  octobre  et  le 
'.i  décembre  1886.  Les  premiers  reçus  furent  transportés  entre 
Halgrood  et  Salmouxer,  les  seconds  à  quelques  milles  de  cet  endroit. 
Bienlùt  on  apprit,  par  de  nombreux  rapports,  qu'ils  prospéraient 
et  se  multipliaient;  plusieurs  avaient  été  vus  à  Bay  Saint-Georges 
et  à  Trépassez,  sur  la  cùle  méridionale  de  l'île.  Il  est  à  noter  que 
c'est  à  celte  place  précisément  que  fut  obtenu  le  Ptarmigan  croisé 
qui  fait  l'objet  de  cet  article. 

Nous  avons  dit  que  bon  nombre  de  pièces,  référées  au  croisement 
du  l.agopiis  nlbus  et  du  /.  tetrix,  nous  ont  été  gracieusement 
adressées.  Les  examens  que  nous  avons  faits  de  ces  Oiseaux, 
presque  tous  montés,  nous  ont  laissé  quelques  doutes  sur  leur 
réelle  origine  hybride,  quoiciu'elle  se  laisse  cependant  supposer 
par  divers  caractères  intermédiaires;  mais  ces  caractères  ne  sont 
pas  assez  nets  pour  entraîner  une  entière  conviction.  L'hybridité 
de  quelques-uns  est  à  rejeter  complètement. 

Voici  quels  ont  été  ces  envois  : 

Collection  de  M.  van  Kenipon,  de  Saint-Onier 2  n 

Musée  de  .Stockholm  (par  M.  Smidli I  I 

(1)  N«  du  27  Décembre  1888,  p.  tôii. 


574  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT   SAUVAGE 


Mâles      Femelles 


Musée  de  Cliristiania  (par  M.  Collett) 

Musée  d'Upsiila  (par  M.  Tyclio  Tulberg) 

Musée  de  Dresde  (par  M.  A.  B.   Meyer) 

Collection  de  M.  de  Selys-Longchanips 

Musée  de  Leyde  (par  M.  Jentinck) 

Collection  de  M.  Dresser,  de  Londres 

Musée  de  Tromso  (par  M.  J.  Sparre-Scheider) 2  1 

En  tout  vingt  échantillons,  dont  treize  mâles  et  sept  femelles. 

Descriptions. 

Collection  van  Kempen.  —  N°  764.  Sur  l'étiquette,  on  lit  :  Tetrao 
hybridus,  Tetrix  cum  Lngofjo  atbo,  mâle  adulte,  Archangel,  1879 
(Collection  de  Givenchy). 

L'Oiseau  est  plus  fort  et  plus  long  que  l'albus  ;  les  pattes  sont 
emplumées,  très  fortes  ;  les  ongles  sont  très  longs.  Le  bec  est  à 
peu  près  des  dimensions  de  celui  du  tetrir.  Il  n'existe  point 
au-dessus  de  l'œil  de  peau  nue.  Les  pattes  et  les  pieds  sont  très 
fortement  emplumés,  les  plumes  sont  blanches  sur  le  devant  des 
tarses;  près  du  pied  on  aperçoit  un  peu  de  gris  mélangé.  Les 
parties  inférieures  du  corps  sont  blanches,  ainsi  que  le  dessus  du 
cou;  le  dessus  du  dos,  du  croupion  et  de  la  tète  est  d'un  noir 
gris  foncé.  Cette  teinte  semble  indiquer  l'intluence  du  tetrir. 
Une  particularité  se  laisse  voir  à  la  queue  :  les  rectrices 
extérieures  du  côté  gauche  semblent  manquer,  tandis  que  les 
droites  sont  fort  longues.  Si  la  queue,  au  lieu  de  suivre  l'inclinai- 
son du  dos,  avait  été  relevée  par  l'empailleur,  l'échancrure  du 
milieu  se  trouverait  très  prononcée  ;  les  rectrices  extérieures  n'au- 
raient pu  toutefois  s'arrondir  assez  pour  former  la  lyre.  Là  encore 
l'influence  du  tetrix  est  très  visible.  En  somme,  l'Oiseau  paraît 
être  un  bon  intermédiaire  entre  les  deux  types.  Nous  avons  peint 
de  grandeur  naturelle  ce  bel  échantillon. 

Exemplaire  de  la  même  rollertiori,  N"  700,  acheté  chez  le  D''  Rey. — 
Cette  pièce  est  montée  comme  la  précédente.  A  la  patte  pend  une 
étiquette  sur  laquelle  on  lit  :  «  Teltao  lagopides  (hybrid)  Nilson,  sep- 
tember.  Weliki-Ustyng,  Wologodrch  Govern.sLes  mots  :  «(Sibérie) 
cf  ad.  »  figurent  sur  une  autre  étiquette. 

L'Oiseau  est  de  toute  petite  taille,  comme  wntus  ;  on  l'aurait  con- 
sidéré comme  provenant  de  cette  espèce  avec  Valbim  que  la  suppo- 
sition eût  été  très  vraisemblable.  Cependant  il  faut  reconnaître  que 
la  queue  est  échancrée;  les  rectrices,  sans  se  recourber  extérieure- 


ADDITIONS,    CORRKCTIONS    ET    EXAMENS    d'APRKS    NATURE  ')75 

ment  en  lyre,  dépassent  très  visiblement  les  médianes'  (et  sans 
doute  sont  plus  longues  ([ue  celles  correspondantes  de  l'aZ/Aux);  mais 
est-ce  bien  leur  disposition  naturelle?  —  Il  semble  que  l'on  aperçoive 
au  dessus  des  yeux  un  commencement  de  peau  nue  et  rouge.  Dans 
les  parties  foncées,  le  plumage  n'est  pas  aussi  roux  que  celui  de 
Valbus;çà  et  là  existent  quelques  plumes  presque  entièrement 
noires.  Les  pattes  sont  emplumées,  les  plumes  sont  blanches  ;  les 
doigts  ne  sont  pas  couverts,  il  n'existe  de  plumes  qu'à  leur  début.  Les 
grandes  rectricesde  la  queue  sont  noires,  sauf  les  plus  extérieures; 
elles  .sont  bordées  as.sez  largement  de  blanc,  bordure  qui  n'existe 
pas  chez  le  telrix;  deux  ou  trois  rectrices  seulement  présentent 

cette  terminaison ■.  Les  autres  bordures  terminales 

se  rapportent  bien  à  ïalhns. 

La  petitesse  de  cet  exemplaire,  très  intéressant,  nous  empêche  de 
le  croire  Ictrix  x  alhns;  on  le  supposerait  plus  volontiers  iiybride 
de  lionaxd  et  (Valhits.  Mais  comment  alors  expliquer  la  forme  de  la 
queue,  qui  est  échaucrée? —  Nous  en  conseivons  une  aquarelle 
exécutée  de  demi-grandeur  par  M.  Prévôt. 

Musée  de  Stockholm.  —  Pièce  montée;  sur  l'étiquette,  ou  lit  : 
«  Tetrao  telrix  Ingopides  Niiscf.  Jemlland.  Dec.  1835  (Juk)  Riporre, 
n"  1.  »  (C'est  sans  doute  une  pièce  ayant  déjà  servi  aux  ornitho- 
logistes suédois  pour  leurs  descriptions  du  Riporre).  Elle  offre 
beaucoup  d'analogie  avec  le  n»  764  de  la  collection  van  Kempen; 
le  plumage  est  à  peu  près  du  même  ton,  quoi([ue  un  peu  moins 
foncé  et  plus  parsemé  de  blanc;  elle  est  aussi  notablement  plus 
forte.  Chez  elle  encore,  les  rectrices  extérieures  sont  plus  longues 
d'un  côté  que  de  l'antre,  mais  cette  particularité  se  montre  du  côté 
gauche;  puis  on  n'aperçoit  point  de  larges  taches  blanches.  Les 
pattes  sont  bien  emplumées,  ainsi  que  les  ongles  ;  les  plumes  sont 
d'un  blanc  sale  jaunâtre  ;  sur  le  devant  des  tarses  se  montre  du 
brun  jaune  piqueté  de  blanc.  Les  ongles  à  leur  extrémité  sont  blancs, 
ils  sont  foncés  vers  leur  racine,  le  bec  est  fort,  mais  n'atteint  pas  les 
dimensions  de  celui  du  tetrix.  L'Oiseau  parait  donc  un  bon  inter- 
médiaire entre  allnts  et  tetrix. 

Musée  de  Christiania.  —  Riporre  cT,  (tué  en  Norwège  pendant 
l'hiver,  nous  dit  .VL  le  prof.  Collett).  Cette  pièce  est  fort  jolie,  bien 
empaillée,  très  agréable  d'aspect.  De  forte  taille,  presque  Irtiix;  bec 
également  fort;  doigts  en  partie  empluinés.  Les  plumes  sont  de 
couleur  blanche  comme  elles  le  sont  sur  les  tarses;  elles  sont  très 
fines  et  d'une  grande  épaisseur.  Les  rectrices  extérieures  sont 
d'égales  dimensions  des  deux  côlés  ;  la  queue,  comme  chez  le  Coq 


576  •   OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

lyre,  est  échancrée  ;  les  couvertures  sont  bordées  largement  de  crois- 
sants blancs,  les  rectrices  médianes  bordées  de  blanc.  Plusieurs 

rectrices   montrent  cette  terminaison  ■ •.   La  barbe 

extérieure  des  rémiges  estblanche,  tandis  que  la  barbe  inférieure  est 
d'un  brun  clair  grisâtre  et  tacheté.  Pour  faire  une  description 
complète  de  cet  Oiseau,  il  faudrait  décrire,  pour  ainsi  dire,  chaque 
plume,  et  ce  d'une  manière  minutieuse.  Dans  son  aspect  général 
il  est  plutôt  blanc  que  noir.  C'est  sur  le  dos,  la  tète,  la  croupe  et 
aux  couvertures  de  la  queue  qu'il  est  davantage  marqué  de 
grisâtre  et  de  noir.  Les  ongles  des  doigts  sont  longs  et  colorés.  Le 
pouce  est  complètement  caché  par  les  plumes  des  pattes  qui  sont 
fortes  et  blanches.  Le  dessus  de  la  queue  est  très  blanc,  tandis  que 
les  grandes  rectrices  sont  noires  en  dessus  et  en  dessous.  Il  n'existe 
point  de  tache  blanche  sur  l'épaule  ;  un  commencement  de  miroir 
blanc  se  montre  sur  l'aile. 

Musée  d'Vpsala  (Suède).  —  Sur  le  socle,  on  lit  :  «  Tetrao  Lagopides c? 
Riporre,  Mus.  Thumberg.  »  On  voit  par  là  que  l'Oiseau  a  appartenu 
au  naturaliste  de  ce  nom,  ce  que  nous  confirme  l'expéditeur 
M.  Tycho  Tulberg.  Ce  spécimen  est  encore  très  fort,  au  moins  très 
long,  aussi  long  que  le  tetrix,  sauf  les  rectrices  extérieures,  les- 
quelles ne  sont  nullement  recourbées,  quoique  la  queue  se  trouve 
fortement  échancrée.  Quelques  rectrices  médianes  ne  montrent 
point  la  coupe  terminale  du  tetrix;  celles  qui  alïectent  cette  forme 
la  montrent  irrégulière  et  très  peu  sensible  à  l'œil.  Beaucoup 
de  rectrices  sont  largement  bordées  de  blanc  à  la  manière  de 
l'albus  ;  toutes  sont  d'une  couleur  chocolatée,  d'un  brun  dilTicile  à 
définir,  où  l'on  aperçoit  un  mélange  de  violacé,  mais  terne. 

Toutes  les  parties  foncées  de  l'Oiseau  sont  du  reste  de  ce  brun 
chocolat  violacé  terne  et  sale;  on  ne  découvre  point  une  seule 
plume  noire.  Les  barbes  des  rectrices  sont  de  couleur  uniforme  ;  la 
croupe  brune  est  parsemée  de  petits  points  blancs.  La  couleur 
blanche  et  la  couleur  foncée  des  plumes  sont  à  peu  près  réparties 
dans  une  égale  mesure.  Les  tarses  ne  sont  pas  très  emplumés;  les 
plumes  descendent  sur  les  doigts  sans  couvrir  les  ongles  ;  mais  les 
ongles,  qui  sont  très  blancs  dans  leur  plus  grande  partie  et  vers  leur 
extrémité,  paraissent  en  avoir  été  autrefois  recouverts,  car  les  pieds 
sont  encore  emplumés  en  dessous.  L'iris  (artificiel)  est  rouge.  Le 
bec  n'atteint  pas  les  dimensions  du  bec  du  tetrix:  il  n'est  pas  de 
couleur  foncée,  néanmoins  il  est  moins  clairque  celui  du  Lagopède. 

Quoique  cette  pièce  soil  presi[ue  de  la  forme  du  tetrix,  quoique 
les  rectrices  extérieures  soient  longues  et  la  queue  échancrée,  elle 


ADDITIONS.    CORRKCTIONS     ET     EXAMENS    D  APRES    NATURE  .)/7 

annonce  bien  un  liybride.  Elle  a  été  peinte  à  l'aquarelle  de  demi- 
grandeur  par  M.  Jules  Adeline. 

Mitsi^e  de  Dresde  (Saxe).  —  M.  le  Di"  A.  B.  Meyer  a  eu  la  boulé  de 
nous  envoyer  une  autre  pièce  qui  n'a  point  encore  été  décrite  et 
qui  dillère  uiiiqueiuent  du  /,.  albux  par  quelques  taches  noires  sur  le 
poitrail  et  [)lusieurs  autres  taches  très  efïacéessurle  devant  du  cou. 
Les  reclrices  extérieures  sont  noires,  mais  la  queue  n'est  nullement 
échancrée;  du  reste,  ces  plumes  sont  bordées  de  blanc,  à  la  manière 
du  /,.  olhiis  ou  du  /..  iiiiitiis,  et  celles  du  dessus  de  la  ([ueue  sont 
entièrement  blanches.  Comme  dimensions,  l'exemplaire  est  de  la 
taille  du  /,.  aihux:  le  bec  n'est  pas  plus  fort  que  dans  cette  espèce. 
Tout  If  reste  du  plnuiai;e  est  libinc,  ainsi  que  les  iiliinies  des  ])altes. 
Les  pieds  sont  en  outre  fyriemeiil  emphimés  jusqu'aux  ongles  qui 
sont  blancs  comme  nlhus.  En  sorte,  on  le  voit,  {|ue  l'hybridité  de 
cet  Oiseau  ne  pourrait  être  présumée  que  pir  les  quelques  rares 
taches  noires  de  devant.  Ces  taches  noires  (causées  peut-être  par 
un  mélanisme)  sont-elles  sullisanles  pour  alTirmer  sa  double  ori- 
gine? Nous  ne  le  pensons  point.  Mais  l'Oiseau  est  peut-être  le 
descendant  d'un  hybride  croisé  plusieurs  fois  d'espèce  pure:  cette 
supposition  est  toute  gratuite.  —  11  provient,  nous  dit  M.  Meyer, 
de  la  Norwège. 

Le  savant  docteur  a  bien  voulu  nous  adresser  en  communication 
un  autre  spécimen,  non  encore  décrit  et  semblable  à  celui  qui  est 
figuré  à  droite  sur  la  pi.  XIV  de  son  ouvrage.  Cet  Oiseau  provient 
aussi  de  la  Norwège.du  Wermeland  ;  il  porte  la  date  du  l.ï  janvier 
1886.  Il  est  petit,  relativement  à  d'autres  pièces;  il  est  moins  fort 
que  tetrix,  mais  plus  grand  que  l.aijointu.  Les  plumes  des  tarses 
descendent  jusque  sur  les  doigts,  les  plumes  ne  sont  point  aussi 
serrées  que  chez  albiix,  les  ongles  sont  assez  foncés.  La  (|ueue  est 
échancrée,  les  rectrices  extérieures  ne  se  recourbent  point,  cepen- 
dant elles  ne  dépassent  pas  de  beaucoup  les  médianes.  Détail  à 
noter  parce  qu'il  pourrait  prouver  l'hybridité  de  cet  Oiseau  :  les 
deux  rectrices  médianes  (et  même  les  autres  rectrices  qui  sont 
rapprochées  de  ces  plumes)  n'ont  point  la  terminaison  du  tetrir; 
elles  sont  rondes  ou  carrées  comme  chez  le  l.agopus,  en  oiilrt! 
bordées  de  blanc  (1).  Si  cet  individu  était  de  l'espècie  du  letrix 
et  de  sexe  femelle,  celte  particularité  ne  se  produirait  point  sans 
doute;  du  reste,  la  queue,  quoique  échancrée,  est  loin  de  l'être 
autant  que  celle  du  tetri.r.  Notons,  sur  le  devant  de  la  poitrine, 
directement  sous   le    cou,  un    beau   plastron  de  forme  allongée 


(1)  Deux  ou  trois  seulement  se  terminent  ainsi 


378  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

formé  de  plumes  noires  en  forme  d'arc.  Au-dessus  de  l'œil  la  peau 
est  nue,  mais  il  n'existe  point  de  rouge.  Dans  le  plumage  des 
parties  inférieures,  le  blanc  domine  ;  le  dessus  du  dos  est  noir, 
piqueté  de  blanc  ;  les  couvertures  des  ailes  sont  en  partie  blanches. 
Dans  les  rémiges,  c'est  la  barbe  extérieure  qui  est  blanche.  Les 
rectrices  de  la  queue  sont  noires,  les  couvertures  supérieures  de 
cette  partie  le  sont  aussi,  mais  légèrement  bordées  de  blanc.  La 
croupe  est,  comme  le  dos,  piquetée  de  blanc.  Le  dessus  de  la  tète 
et  l'espace  sous  les  yeux  sont  en  partie  noirs,  le  front  et  le  cou 
blancs.  Le  bec  est  très  noir;  il  n'est  guère  plus  fort  que  celui 
du  Lagnpus.  L'iris  (artiliciel)  est  noir.  Les  tarses,  fortement  emplu- 
més,  sont  de  couleur  grise;  au  dessus,  les  couronnant,  deux 
touffes  de  plumes.  Cet  exemplaire  est  indiqué  sous  les  numéros 
9813  et  12659. 

Un  troisième  spécimen  nous  a  été  communiqué  très  gracieu- 
sement par  le  même  naturaliste.  C'est  le  Coq  Tetrix  anormal  repré- 
senté sur  la  pi.  V  de  son  ouvrage,  aux  deux  tiers  de  sa  grandeur 
et  vu  de  dos.  Le  portrait  est  très  exact  et  donne  une  excellente 
idée  de  l'original.  Mais,  pour  nous,  un  tel  Oiseau  ne  saurait  être 
considéré  comme  «  hasiard  :  »  c  est  plutôt,  il  nous  semble,  un 
albinisme  de  tetrix.  Non-seulement  il  est  de  la  taille  du  Coq  de 
cette  espèce,  mais  en  outre  les  ongles  sont  foncés  (1),  le  bec  est  de 
la  forme  de  celui  du  teirix  et  la  queue  échancrée  est  très  exactement 
de  cet  Oiseau  :  les  pennes  rectrices  les  plus  extérieures  dépassent 
en  effet  très   fortement  les   médianes  et  se   recourbent   en  lyre, 

puis  se  découpent  comme  à  l'ordinaire ^' '.  Seulement, 

elles  sont  en  partie  blanchies  et  se  terminent  en  noir;  si  l'on 
examine  de  très  près,  on  aperçoit  cependant"  la  petite  bordure 
blanche  ordinaire.  En  somme,  c'est  un  tetrix  «  sous  tous  les 
rapports,  »  mais  se  blanchissant  d'une  manière  très  régulière  et  très 
bien  ordonnée.  En  parlant  de  cet  Oiseau,  M.  Meyer  a  soin  de  citer 
bon  nombre  de  cas  d'albinisme  signalés  par  Nilsson,  Beichstein, 
Lloyd,  Bogdanow,  Gloger,  Yarrel  et  autres;  il  fait  remarquer  en 
outre  que  le  professeur  Collett  (auquel  il  est  redevable  de  ce 
spécimen)  le  considère  lui-même  comme  un  albinos.  Mais  M.  Meyer 
croit  à  une  forme  de  «  bastard  »  et  donne  ses  raisons  qui  sont, 
entre  autres,  «  qu'un  Oiseau  albinos  n'est  point  ordinairement 
tacheté  de  blanc  d'une  manière  aussi  régulière.  » 

Musée  de  Leyde.  —  Pièce  montée  comme  les  précédentes.  On  lit 
sur  le  socle  :  «  Tetrao  litgopidc.'^,  Nills.  llijbridus  por  Tetrao  lagopus 

(1)  Les  doigts  le  sont  moins  cependant. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  579 

en  tetrix.Sepl.  1861.  Jenitlaud(Z\vedeu).»  L'Oiseauest  presque  de  la 
taille  du  Iflrir,  légèrement  plus  fîiible.  Les  plumes  des  tarses  ne 
descendent  point  sur  les  doigts.  La  queue,  par  sa  forme,  ludique 
un  commencement  de  lyre,  cependant  les  reclrices  extérieures 
sont  moins  recourbées  que  chez  le  Iflrix  et  bien  moins  prolongées 
eu  avant;  l'écliancrure  est  doue  moins  sensible.  Ou   retrouve  au 

bout  des  plumes  la  coupe  suivante ■,  mais  la  bordure 

blanche  terminale  est  très  large,  à  la  manière  du  Lagopus.  L'Oiseau 
est  long  et  présente  l'aspect  d'un  jeune  tetrir  en  mue  ou  d'une 
Poule  stérile  frappée  d'albinisme.  Nous  doutons  donc  un  peu  de 
son  hybridité.  Nos  raisons  sont:  1°  qu'il  est  presque  de  la  taille 
du  tclri.r  ;  2'  que  le  duvet  des  tarses  ne  se  piolonge  pas  sur  les 
doigts;  3"  que  le  bec  est  lui-môme  plus  fort  que  celui  du  Laijoinis; 
4°  enfin,  que  les  plumes,  qui  sont  colorées  de  jaune,  représentent 
bien  plutôt  la  teinte  jaune  du  jeune  ou  de  la  femelle  tctiix  que  la 
teinte  véritablement  jaune  roux  et  rouge  du  LaijopiLs.  Nous  recon- 
naissons cependant  qu'on  retrouve  le  même  ton  sur  les  plumes 
d'un  exemplaire  qui  nous  a  été  adressé  par  M.  Dresser  et  dont 
l'hybridité,  on  le  verra,  paraît  bien  démontrée. 

Collection  de  M.  de  Selys-Umgchamps.  —  On  se  rappelle  que  cet 
hybride  avait  été  obtenu,  en  i8i2,  du  prof.  Cari.  Suiidevall.  Les 
parties  foncées  de  son  plumage  sont  d'un  brun  violacé;  cette  teinte 
est  presque  uniforme  à  la  queue,  devant  le  cou  (partie  de  la  poi- 
trine) et  un  peu  sur  le  dos,  quoique  les  plumes  brunes  soient  ter- 
minées de  blanc.  Il  existe  dans  l'ensemble  du  plumage  autant 
de  parties  foncées  que  de  parties  blanches  et  les  deux  teintes  sont 
réparties  dans  d'égales  proportions.  Tout  1(î  devant  du  cou  est 
blanc  uniforme,  ainsi  que  le  large  plastron  qui  garnit  le  devant 
de  la  poitrine  ;  les  flancs,  dans  leur  partie  inférieure,  c'est-à-dire 
dans  la  partie  la  plus  rapprochée  de  la  queue  et  tout  le  dessous 
de  la  queue  le  sont  aussi.  Le  dos,  les  couvertures  des  ailes,  les 
scapulaires  sont  piquetés.  Tel  qu'il  est  monté,  l'Oiseau  est  plutôt 
de  la  taille  du  Lagopus  itlhus  que  de  celle  du  Tctrao  letrix, 
toutefois,  il  est  long  et  fin  ;  il  est  élancé  aussi  et  haut  sur 
pattes  (I).  Le  bec,  quoique  beaucoup  plus  mince  que  chez  le  li'lrix, 
est  de  couleur  cuir.  Beaucoup  de  plumes  lectrices  de  la  queue 

se  terminent  comme  chez   le  letrix ,  à   l'exception 

de  celles  du  milieu,  qui  sont  bordées  de  blanc.  La  queue  est 
échancrée,  sans  que  les  pennes  extérieures  soient  recourbées. 
Les  ongles  sont  très   longs  et  blanchAtres  ;    les   plumes  (ou   le 

(Ij  Ceci  lient  sans  doute  du  montage. 


580  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    1,'ÉTAT    SAUVAGE 

duvet)  qui  couvrent  les  tarses  se  terminent  vers  la  moitié  des 
doigts;  elles  ne  recouvrent  donc  aucunement  les  ongles  desquels 
elles  n'approchent  point,  mais  le  pied  est  empluméea  dessous.  Les 
doigts  sont  bordés  de  lamelles  espacées  comme  chez  le  tetrir.  Dans 
les  plumes  des  pattes,  qui  sont  de  couleur  jaune,  se  mélange  çà 
et  là  un  peu  de  gris,  surtout  vers  le  bas  des  tarses. 

Cet  Oiseau  paraît  donc  vraiment  un  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces  supposées  mères  :  le  ti'trix  et  Valliiis.  Il  se  rapproche  de  la 
première  espèce  par  sa  queue  échancrée,  son  bec  plus  long  que 
chez  Itiqopm,  ses  taches  foncées,  ses  doigts  qui  ne  sont  point  com- 
plètement emplumés.  Il  se  rapproche  de  la  seconde  par  sa  petite 
taille,  ses  ongles  blanchâtres,  la  faiblesse  des  mandibules,  la  couleur 
blanche  de  son  plumage,  ses  rectrices  e.xtérieures  qui  ne  sont 
point  recourbées. 

Collection  de.  M.  Dresser. —  La  pièce  est  en  peau  (1).  Sur  l'étiquette 
on  lit  :  «  E.  Mus.  Univ.  Reg.  Fred.  Lagnpus  tetrix  albus  cf ,  Roros, 
10  oct.  82.  » 

Cet  Oiseau  nous  a  vivement  intéressé  parce  qu'il  nous  a  semblé 
que  plusieurs  des  plumes  jaunes  qu'il  porte  sont  celles  du  Lngopus 
albus.  Si  cette  remarque  est  juste,  on  serait  obligé  forcément 
d'admettre  l'origine  qu'on  lui  suppose,  car  sa  queue,  très  échancrée, 
ses  plumes  noires  qui  abondent  sur  son  corps,  ses  doigts  en  partie 
nus  vers  leur  extrémité,  sont  des  caractères  propres  à  l'autre  espèce. 
Mais,  après  avoir  examiné  attentivement  un  jeune  tetri.r  de  notre 
collection  sur  lequel  les  plumes  du  jeune  âge  s'aperçoivent  encore, 
nous  avons  cru  rencontrer  des  plumes  jaunes  semblables  à  celles 
de  l'hybride  de  M.  Dresser. 

En  dehors  de  cette  particularité,  fort  intéressante  (que  l'on 
retrouve  du  reste,  mais  dans  une  plus  faible  mesure  chez  l'exem- 
plaire du  Musée  de  Leyde),  l'Oiseau  ressemble  à  tous  les  autres 
liijiorres  que  nous  avons  reçus  ;  il  en  possède  le  type  et  le  caractère. 
Son  dos  est  très  finement  piqueté  de  blanc  sous  le  ventre  ;  des 
plaques  noires  tachent  le  poitrail  (2)  ;  les  ongles  ne  sont  ni  foncés, 
ni  clairs.  Le  bec  est  plus  fort  que  celui  de  ïallius;\es  rectrices 
sont  d'un  noir  uniforme,  les  médianes  sont  bordées  de  blanc  ;  on 
voit,  sur  toutes,  sauf  sur  celle  du  milieu,  la  terminaison  que  l'on 
connaît  ;  enfin   la   taille  est  intermédiaire  entre  celle   des  deux 

(1)  C'est  le  seul  exemplaire  que  nous  ayoas  reçu  dans  cette  préparation,  tous 
les  autres  sujets  sont  montés. 

(2)  CVst-à-dire  que  les  plumes  sont  en  grande  partie  noires  à  cette  place  et 
manquent  de  blanc. 


ADDITIONS,    CORHECTIONS    KT    EXAMENS    d'aPRÈS    NATUnK  o81 

espèces  (1).  Nous  reiiKirqueious  encore  que  les  Inirhes  de  la  troi- 
sième, de  la  quatrième,  de  la  cinquième  et  de  la  sixième  rémige 
primaire  sont  blanches  com[)lèteinent,  ce  qui  ne  se  produit  pas 
sur  la  barbe  des  premières  rémij^'es.  ni  sur  la  barbe  des  autres 
pennes.  La  troisième  parait  la  plus  longue,  mais  elle  ne  dépasse 
Ruère  la  quatrième  (examen  fait  du  côté  gauche).  Les  marques 
jaunes  (du  iMijofnis/)  devaient  être  assez  nombreuses  sur  le  dessus 
de  la  tète  qui  est  généralemeiit  foncé;  malheureusement  celte  partie 
est  endommagée  et  on  ne  peut  la  décrire  complètement.  Toute 
la  gorge  est  blanc  pur,  ainsi  que  la  partie  du  poitrail  qui  avoisinele 
ventre  ;  ainsi  en  est  il  encore  de  la  partie  de  l'anus  et  des  couvertures 
inférieures  de  la  queue.  Les  plumes  des  tarses  et  des  doigts  sont 
complètement  blanches. 

La  description  qui  vient  d'être  faite  nous  engage  à  faire  les 
rétlexions  suivantes  : 

Si  cet  Oiseau  n'était  qu'un  simple  albinisme  de  tctiix,  on  ne 
pourrait  exi)liquer  la  direction  droite  des  rectrices  extérieures  ;  le 
tetrix  a  en  effet  les  pennes  toujours  fortement  recourbées;  même 
chez  un  jeune  tetiix  de  notre  collection,  la  queue  se  recourbe  déjà, 
quoiqu'on  aperçoive  encore  des  marques  de  jeunesse  sur  le  corps. 
Enliu,  la  deuxième  penne  de  l'aile  est  chez  l'exemplaire  en  question 
presqu'aussi  longue  que  la  troisième,  ce  qui  ne  paraît  pas  exister 
chez  l'espèce  tetrix. 

Musée  de  Tromso  (Norwège).  —  Deux  pièces  de  sexe  mâle  nous 
ont  été  adressées.  Ces  deux  pièces  sont  la  reprodjiction,  pres(iue 
exacte,  de  beaucoup  de  celles  que  nous  avons  examinées  jusqu'alors; 
leur  plumage  est  seulement  plus  noir  et  plus  blanc  et  on  ne  voit 
pas  de  roux.  Cependant  leur  taille  diffère  considérablement  ;  l'une 
d'elles  est  plus  grande  que  le  teirix,  l'autre  est  d'une  taille  plus 
ordinaire.  Leurs  doigts  sont  eu  partie  emplumés,  tandis  que  leur 
queue  est  fourchue.  Les  rectrices  extérieures  sont  droites,  elles  ne 
se  recourbent  pas  en  s'allongeant  et  sont  plus  courtes  que  chez  le 
tetrix.  La  queue  affecte  donc  la  même  forme  que  chez  les  exem- 
plaires déjà  vus. 

Description  de  l'exemplaire  le  plus  fort  (2). — De  la  taille  d'un  beau 
tetrix;  bec  foncé,  (noir)commecliez  cette  espèce,  mais  la  mandibule 
supérieure  ne  dépasse   pas  la   mandibule  inférieure.  Les  pennes 

(1)  Presque  tous  les  Hiporres  que  nous  avons  examinés  sont,  en  général,  de 
taille  plus  forte.  Par  ce  poinl,  il  en  ili(Ti-re  donc. 

(2)  Cet  Oiseitu  scmlile  provenir  de  St  -l.jdisliaL't,  mois  de  Mai.  Sur  le  socle  on  lit  : 
Il  Grashoppen  og  .Myren  En  (iras  boppe  koiii  i  den  streni^e,  etc.  o. 


582  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

rémiges  primaires,  au  nombre  de  sept,  si  nous  comptons  bien, 
sont  (1)  :  la  première  plus  courte  que  la  deuxième,  celle-ci  plus 
courte  que  la  troisième,  la  troisième  plus  courte  que  la  quatrième. 
Cette  dernière  est  la  plus  longue.  La  (inquième  diminue  ensuite, 
puis  la  sixième  et  la  septième.  Les  barbes  extérieures  de  la  pre- 
mière et  de  la  deuxième  sont  piquetées  de  blanc  :  les  barbes  des 
autres  plumes  sont  beaucoup  plus  blanches.  Qunnt  aux  barbes 
intérieures,  elles  sont  toutes  marquées  de  la  même  façon  ou  à 
peu  près  :  couleur  lisse  uniforme  près  de  la  tige,  puis  se  poin- 
tillant.  Les  rectrices,  noir  uniforme,  sont  presque  toutes  termi- 
nées à  leur  extrémité  par  une  bordure  blanche.  Nous  avons  cherché 

en  vain    la  terminaison  • des  rectrices  du  tetrtx. 

L'absence  de  cette  coupe  terminale  serait  peut-être  un  indice  d'hy- 
bridilé,  c'est-à-dire  de  parenté  avec  le  Lcigopus,  puisque  les  pennes 
des  rectrices  de  bigopus  n'affectent  point  cette  forme  ou  coupe 
terminale.  En  outre  ces  mêmes  plumes  sont  bordées  de  blanc 
comme  chez  le  Lagopiis  ulbus.  Si  ces  faibles  marques  peuvent  être 
considérées  comme  des  caractères  d'hybridisme,  ce  sont  les  seules 
que  nous  ayons  à  relever  avec  les  plumes  des  doigts,  à  moins 
qu'on  invoque  encore  la  forme  de  la  queue. 

Le  deuxième  échantillon  porte  l'indication  suivante  :  «  Lagopus 
tetrix  albm.  Coll.  Riporre  cT,  Raben,  Osterdalen  »  ;  en  dessous,  au 
crayon,  on  lit  :  «  cf  Aalen  21/10  28/10  18-]i-51  ». 

Les  plumes  foncées  ou  noires  ont  un  reflet  (juelque  peu  brunâtre, 
refletqu'on  n'aperçoit  point  sur  les  plumes  de  l'exemplaire  qui  vient 
d'être  décrit.  Les  ongles  sont  aussi  plus  clairs  que  chez  celui-ci  ; 
ils  paiaissent  plus  emplumés  et  leurs  plumes  sont  d'une  blancheur 
plus  grande.  Le  bec  est  de  dimensions  moindres,  moins  noir,  plus 
de  couleur  corne.  Peut-être  peut-on  voir,  dans  ces  caractères,  un 
indice  de  mélange  avec  le  roux  du  Lagopus. 

Les  rectrices  noir  brun  uniforme  avec  un  fond  violacé  très  pro- 
noncé sont  bordées  de  blanc,  au  moins  les  médianes,  mais  presque 

toutes  sont  terminées  ainsi  • ■.  L'Oiseau  dans  son 

ensemble  est  moins  blanc  que  le  précédent,  il  est  plus  foncé  en 
dessus  (le  premier  est  pointillé  de  blanc  sur  le  dos  supérieur).  On 
aperçoit  du  roux  particulièrement  dans  la  partie  foncée  des 
barbes  intérieures  des  rémiges.  Les  tiges  des  troisième,  quatrième 
et  cinquième  rémiges  sont  très  jaunes.  Cette  pièce  fort  mal  montée 
accuse  davantage,  ou  le  voit,  son  hybridité  que  la  précédente. 

Néanmoins,  lorsque  nous  avons  reçu  les  deux  spécimens  qui  nous 

(1)  Du  côté  gauche  qui  a  été  examiné. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    KXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  383 

produisent  l'ellel  de  tetrix  albinos,  nos  doutes  sur  l'origine  qu'on 
suppose  aux  liiporrcs  se  sont  réveillés  et  nous  nous  soiiin)es  demaudé 
de  nouveau  si  nous  avions  réoilenieul  afÏJiire  à  dfs  hybrides.  Par 
quels  caractères,  eu  ellet,  les  Itiporrcs,  (jui  portent  taut  de  marques 
du  tetrix,  se  rapprochent-ils  de  l'autre  espèce  qu'on  lui  donne 
pour  parents,  le  iMi/opus  albus?  Principalement  par  les  plumes  des 
doigts.  Mais  le  Trtrao  tetrix,  blanchissant,  ne  pourrait  il,  pour  la 
même  raison,  se  recouvrir  de  plumes  aux  mêmes  endroits  tout  le 
temps  qu'il  se  trouverait  alleclé  d'albinisme?  Nous  voyons  tous 
les  exemplaires  supposés  hybrides  provenir  de  régions  froides. 
Il  est  vrai  qu'il  faudrait  encore  expliquer  la  cause  de  l'absence 
chez  eux  de  la  courbure  dans  les  rectriccs.  Trouverait-on  aussi 
une  explication  de  ce  phénomène  dans  l'action  du  froid?  Ou  bien 
les  doutes  que  nous  exprimons  sont-ils  de  nature  à  faire  penser  que 
les  Riporres  appartiennent  à  une  véritable  espèce  d'Oiseaux  ? 

Description  des  Femelles 

Mnsée  de  Stocliliohn.  —  On  lit  sur  l'étiquette  que  porte  l'Oiseau  : 
«  Riporre,  Tetrao  tetrix  layopides,  Niliss.  $,  vinterdr.  Helsingland 
hôsten,  1883  (Juli  S' hm-^|^  43)  Mesh.  Riporre  n- 4  ». 

Cette  femelle,  la  seule  qui  existe  encore  dans  cette  collection, 
n'est  pas  aussi  forte  qu'une  Poule  tetrix,  mais  elle  est  plus  grosse 
qu'une  Poule  Lagopus  albus.  Le  bec  atteint  cependant  à  peine  les 
dimensions  de  celui  de  cette  dernière  espèce  ;  la  tète  est  petite.  Les 
pattes  et  les  pieds  sont  fortement  eniplumés.  les  plumes  sont  de 
couleur  blanche  ;  les  ongles  sont  aussi  de  cette  couleur. 

Le  plumage  est  comme  tacheté  de  neige,  la  couleur  foncée  étant 
parsemée  de  taches  blanches,  à  l'exception  du  ventre  et  du  dessous 
de  la  queue  et  môme  du  commencement  de  la  poitrine,  lesquelles 
parties  sont  entièrement  blanches.  Sur  les  plumes  foncées  le  dessin 
du  tetrix  est  plus  reconnaissable  que  celui  de  Valhus.  Si  bien  qu'au 
premier  abord,  nous  avions  cru  avoir  affaire  à  une  Poule  tetrix 
blanchissant;  la  coupe  de  la  queue  est  en  effet  celle  de  la  queue  du 
tetrix  9. 

Nous  ne  nous  permettrions  (loint  de  contester  l'origine  qu'on  a 
supposée  à  cet  Oiseau,  et  qui  sans  doute  a  été  déterminée  par  d'émi- 
ueuls  ornithologistes  suédois,  car,  tout  bien  considéré,  un  croise- 
ment des  deux  espèces  tetrix  et  allius  pourrait  aboutir  à  ce  même 
résultat  ;  néanmoins  il  nous  parait  bien  osé  de  l'allirmer  d'une 
manière  positive. 

Musée  zoolugique  d'Upsala  (Suède).  —  Ce  musée  est  plus  riche  que 


584  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

le  précédent  en  spécimens  femelles  de  Ripoire,  car  il  en  possède 
trois.  Ces  trois  Oiseaux  nous  ont  été  adressés  très  gracieusement 
par  M.  Tulberg.  L'une  des  Poules,  étrange  par  sa  grande  taille, 
son  allure  et  sa  longueur,  paraîtrait  plutôt  de  sexe  mâle  ;  elle  est 
cependant  étiquetée  comme  femelle.  Très  certainement  elle  a  été 
montée  trop  haut  sur  jambes.  L'indication  qu'elle  porte  est  ainsi 
formulée  :  «  Tctrao  lagopides  $.  Augermanland  Natra  Jùk.  i  Upsala, 
Jan.  1861.  » 

Les  doigts,  à  l'exception  du  doigt  médian,  sont  garnis  de  longues 
plumes  jusqu'aux  ongles,  le  pouce  se  trouve  complètement  caché. 
Les  doigts  ne  sont  cependant  point  euiplumés  aus^i  fortement  que 
chez  \e  I.ngopus,  pais  les  pluuies  ne  présentent  point  l'aspect  du  duvet 
de  cette  espèce,  lequel  est  beaucoup  plus  serré,  beaucoup  plus  tassé 
et  de  moindi-e  longueur  ;  en  plus  les  ongles  sont  foncés,  et  n'attei- 
gnent point  les  proportions  de  ceux  du  Lafiopua. 

Ce  spécimen  montre  dans  son  plumage  plus  de  blanc  que  de 
couleur  foncée  :  c'est  sur  le  dos  que  le  gris  brun  mélangé  domine. 
Le  bec  est  foncé,  il  n'est  guère  plus  fort  que  celui  de  Vnl.lms.  La 
teinte  et  le  dessin  du  dos  rappellent  cet  Oiseau.  La  queue  est  bien 
échancrée  ;  cependant  les  rectrices  externes  ne  dépassent  pas 
autant  les  pennes  du  milieu  que  chez  le  tetrir  Ç.  Elles  sont  dans 
leur  moyenne  partie  brun  foncé  uniforme.  Les  médianes  sont 
beaucoup  plus  mélangées  ;  toutes  sont  largement  bordées  de  blanc. 

Sur  une  plume  seulement  ou  remarque  la  terniinaisou^ . 

du  tetrix,  et  cela,  presque  d'une  manière  imperceptible.  Cet  exem- 
plaire n'a  pas  été  peint. 

Les  deux  autres  femelles  se  ressemblent  étrangement  :  on  croit 
voir  deux  sœurs  ;  mais  l'une  est  plus  foncée  que  l'autre.  Nous  décri- 
rons d'abord  celle-là.  Sur  le  socle  qui  la  soutient  on  lit  :  u  Tetrao 
la[/f)pi(les,  Riporre  $.  Inkoijt  pa  Dislûgen,  Upsala  1883  fr  Jemtland 
Klf  I).  A  la  jambe  pend  une  étiquette  ainsi  conçue  :  «  Tunuen  i 
fogellaso  fr  .lemtland  Aggslaken  lydligKIT  ». 

Cet  oiseau  est  court  de  jambes,  les  doigts  sont  recouverts  jus- 
qu'aux ongles  par  des  plumes  d'un  blanc  sale  qui  ne  représentent 
point  le  duvet  épais  et  court  du  Lagopus  alhiis.  Les  plumes  qui 
garnissent  les  tarses  sont  mélangées  de  gris  brun  sale.  Les  ongles 
sont  foncés  et  n'atteignent  point  les  dimensions  de  ceuxdu  Lagopus. 
La  couleur  dominante  de  l'Oiseau  est  le  brun,  barré  de  jaune  et 
piqueté  çà  et  là  de  blauc.  Sur  la  poitrine  et  à  l'anus,  le  blanc  s'étend 
davantage.  Il  existe  comme  une  grande  raie  blanche  fort  large  sur 
les  ailes  ;  ce  sont  les  plumes  les  plus  rapprochées  du  corps,  les 


ADDITIONS,    COnilECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  585 

rémifj;es,  peusous-uous,  qui,  recouvei'les  à  leur  naissance  par  d'au- 
tres plumes,  produisent  cet  ellet.  Le  hec  est  moins  tort  que  chez  le 
tctrix.  L'Oiseau  dans  son  aspect  et  dans  sa  pose  parait  plutôt  alhus 
que  letrlr ;  il  n'est  point  allongé,  mais  ramassé;  sa  queue  est  très 
courte  et  foncée.  Les  rectrices  extérieures  brunes  sont  de  ton  uni- 
forme, non  bordées,  ou  bordées  très  légèrement  de  blanc  :  les 
médianes  le  sont  au  contraire  davantage.  La  queue  est  peu  échan- 
crée,  les  rectrices  extérieures  dépassent  seulement  un  peu  celles  du 
milieu.  On  lc  remarque  pas  à  l'extrémité  de  ces  diverses  plumes 
la  terminaison  du  tctrix,  sauf  sur  la  rectrice  la  plus  extérieure 
du  côté  gauche  et  encore  d'une  manière  assez  faible  ;  les  autres 
pennes  ont  la  terminaison  ronde  ou  carrée  de  Vdllms.  Cette  pièce 
a  été  peinte  à  l'aquarelle  et  de  grandeur  naturelle  par  M.  Prévôt. 

La  troisième  femi'llc  porte  encore  l'indication  du  Jemtland;  elle  est 
datée  de  février  1886.  (Est-ce  la  date  de  l'achat  ou  de  la  capture?). 
Elle  est  plus  blanche  que  la  précédente,  tout  en  présentant,  on 
vient  de  le  dire,  beaucoup  d'analog-e  avec  elle.  Elle  est  aussi  un 
peu  plus  haute  sur  jambes  et  sa  queue  est  plus  carrée,  quoique 
ne  paraissant  pas  échaucrée;  la  queue  ne  tourne  point  cependant 
à  la  manière  du  Lanopus.  Les  ongles  sont  foncés,  mais  très  longs. 
Les  plumes  qui  recouvrent  les  doigts  n'indiquent  point  le  duvet 
court  et  épais  de  l'albus;  ce  sont  de  petites  plumes,  comme  les 
précédentes,  longues  et  fines.  Sur  les  tarses,  le  plumage  est  quelque 
peu  mélangé  de  brun.  On  n'aperçoit  la  terminaison  du  tctrix  sut 
aucune  des  rectrices.  C'est  encore  sur  le  dos  (pie  la  couleur  foncée 
brun  jaune  se  trouve  très  répandue.  Il  existe  des  rectrices  médianes 
bordées  de  blanc,  la  bordure  est  peu  étendue.  Le  bec,  qui  est  foncé, 
n'est  pas  très  fort.  L'iris  (artiliciel)  est  assez  clair.  L'Oiseau  est 
ramassé  et  est  plus  d'aspect  alhus  que  tetrix  ;  il  est  un  peu  plus  fort 
que  Lai/opus,  moins  fort  que  tetrix. 

Musée  lie  Cliristiania.  —  Nous  avons  examiné  eu  trois  fois  diffé- 
rentes l'intéressant  Oiseau  9  tué  à  Rorosen  1876  et  que  le  professeur, 
M.  Collett,  a  bien  voulu  nous  adresser.  Comme  dimensions,  cette 
Poule  est  un  peu  plus  faible  que  le  tetrix  9,  par  conséquent  plus 
grande  que  le  f.agopus.  Les  tarses  et  les  doigts,  à  leur  naissance,  sont 
fortement  emplumés,  mais  les  plumes  sont  loin  de  recouvrir  les 
ongles  et  laissent  la  dernière  phalange  des  doigts  très  visible.  En 
dessous,  le  pied  est  bien  emplumé.  Les  ongles  ne  sont  point  blancs. 
Le  bec  ne  dépasse  guère  les  dimensions  de  celui  du  Lagopus  ;  par 
contre  il  est  foncé.  L'échancrure  de  la  queue  n'est  point  aussi  pro- 
noncée que  celle  du  tetrix.   Néanmoins  les  rectrices  extérieures 


586  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

dépassent  les  médianes,  mais  elles  sont  droites;  elles  sont  en  outre 
marquées  de  blanc  à  leur  extrémité  dans  le  genre  de  celles  du 
Laçjopus.  Les  couvertures  du  dessous  de  la  queue  sont  entièrement 
blanches. 

Nous  n'osons  point  nous  prononcer  sur  l'origine  de  cet  Oiseau 
qui  pourrait  être  un  tetrix  albinos.  Nous  avons  fait  part  de  nos 
hésitations  à  M.  Collett.  Le  savant  professeur  nous  a  répondu  qu'il 
avait  la  certitude  que  cette  Poule  était  réellement  un  hybride  et 
non  un  albinisme  9  de  tetrix. 

Nous  avons  donc  procédé  à  un  deuxième  examen  qui  est  le  sui- 
vant. Comparativement  aux  femelles  lUporre  qui  nous  ont  été 
envoyées  du  Musée  d'Upsala,  l'Oiseau  se  montre  très  fort  d'enco- 
lure, mais  on  ne  doit  point  attacher  une  grande  importance  à  ce 
caractère  qui  pourrait  provenir  du  montage.  On  n'aperçoit  point, 
(remarque  que  nous  n'avions  point  faite  dans  notre  premier  exa- 
men), la  coupe  . terminant  les  rectrices  ;  toutes  les 

pennes  au  contraire  finissent  avec  la  large  bordure  blanche 
propre  au  Lagopus  albus.  Ainsi  l'Oiseau  ne  se  montre  plus  tetrix 
par  ce  caractère  ;  il  s'éloigne  encore  de  cette  espèce  par  le  dessous 
de  ses  pieds  qui  sont  emplumés,  et  sa  queue,  qui  est  réellement 
moins  échancrée  que  celle  du  tetrix.  En  présence  de  ces  traits,  nous 
nous  sommes  demandé  s'il  ne  pourrait  pas  être  complètement 
référé  à  l'espèce  Layopus.  Mais  ses  ongles  foncés,  les  fortes  dimen- 
sions de  son  corps,  sa  queue  quelque  peu  échancrée,  le  coloris 
foncé  et  la  disposition  du  plumage,  qui  sont  du  tetrix,  empêchent 
cette  supposition.  En  sorte  que  ce  deuxième  examen  est  plus 
favorable  à  l'hybridité  que  le  premier,  l'Oiseau  se  montrant  inter- 
médiaire en  bien  des  points. 

Un  troisième  et  dernier  examen,  qui  nous  a  prouvé  qu'aucune  des 
rectrices  ne  se  termine  comme  celles  du  tetrix,  que  toutes  sont 
invariablement  et  largement  bordées  de  blanc,  nous  a  permis 
d'accepter  la  supposition  d'un  hybridisme,  quoique  l'Oiseau  soit 
très  fort  et  qu'il  atteigne  presque  les  dimensions  d'une  Poule  tetrix. 
M.  Jules  Adeline  a  peint  pour  nous  cette  pièce  intéressante. 

Musée  de  Dresde.  —  La  Poule,  presque  tetrix,  que  nous  avons 
reçue, est  semblable,  nous  a  fait  savoir  M.  le  Df  A.  B.  Meyer,  à  une 
autre  Poule  figurée  comme  »  abnorme  »  dans  son  grand  atlas.  A 
cause  de  celte  dénomination,  nous  étions  autorisé  à  supposer  qu'elle 
avait  été  considérée  comme  variété,  et  non  comme  hybride,  .-^ussi, 
nous  n'avons  point  pris  la  peine  de  l'examiner  minutieusement 
et  de  la  décrire.  —  Il  n'en  serait  point  ainsi  :  «  L'anomalie  qu'elle 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  î)87 

présente,  nous  écrit  le  docteur,  est  justement  le  sang  de  Vullnts, 
qui  apparaît  au  deuxième  ou  au  troisième  degré.  »  L'Oiseau  est, 
d'après  lui,  le  descendant  d'un  hybride  ietrix  x  albns  croisé 
deux  ou  trois  fois  avec  le  (etrir  pur.  Les  caractères  d'athus  sont 
visibles,  ajoute  t  il,  «  dans  les  tarses  emplumés.  »  Néanmoins, 
M.  Meyer  veut  bien  nous  dire  que  si  nous  trouvons  une  «  explica- 
tion plus  plausible  de  celte  auonialie  »,  il  cédera.  Cette  gracieuseté 
ne  peut  être  agréée,  puisque  nous  n'avons  point  pris  soin  d'exami- 
ner la  pièce  en  question.  Nous  avons  noté  seulement  que  le  plumage 
est  d'une  couleur  violacée  et  hniiiàtre,  neigeuse  çà  et  là,  sale  dans 
son  ensemble.  Ce  que  nuus  |>ouvous  objecter  »  la  remar(|ue  faite 
à  propos  de  la  garniture  des  tarses,  c'est  que  la  femelle  de  l'espèce 
tetri.r  a  les  tarses  emplumés  et  cela  jusqu'à  la  naissance  des  doigts. 
Mais  M.  Meyer  sait  cela  tout  aussi  bien  que  nous;  sa  remarque 
porte  donc  sur  un  autre  point. 

jl/u.vi'c  (/('  Troinsi)  (Norwège).  Uu  spéeiiiiPii  (1).  —  Sur  l'étiquette  on 
lit,  parmi  d  autres  mots  :  «  1. 1893,  SUarsIaii  H.  Hutto  »  ;  et  plus  loin  : 
«  Skjovsalli  sids  se  Haloder  afe  Uesemben  18'J1  ». 

Cet  Oiseau  (qui  paraît  mâle  par  son  aspect)  rappelle  tout  à  tnil  les 
Riporres  que  nous  avons  vus.  C'est  un  vrai  îci/vx  albinos,  de  bi  taille 
et  de  la  forme  de  cette  espèce  et  avec  le  bec  foncé  ;  mais  il  faut 
reconnaître  que  les  doigts  sont  en  partie  emplumés,  que  les  ongles 
sont  de  couleur  corne  assez  claire,  quoique  non  blancs,  ([ue  les 
pieds  sont  petits  (plus  petits  même  que  ceux  de  Vallms),  que  les 
reclrices  ue  sout  point  terminées  à  îa  manière  du  tctrix  (2),  mais 
bordées  de  blanc.  Kn  outre,  les  plumes  noires  sont  barrées  de  raies 
jaunes,  et  semblent  être  uu  mélange  du  plumage  des  deux  espèces. 
Eulin  on  peut  considérer  la  couleur  blanche  répandue  sur  le  corps, 
non  comme  uu  elTet  d'albinisme,  mais  comme  provenant  du  Lagopns. 
Dans  ce  cas,  l'Oiseau  ue  paraîtrait  |)lus  un  Ietrix  frappé  d'albinisme. 
Nous  restons  néanmoins  un  peu  hésitant  sur  sou  hybridité. 

Ces  ADDITIONS  nous  fournissent  l'occasion  de  mentionner  un 
article  de  M.  K.  G.  lleuke  sur  le  Tetrao  albo-tctrix  $  du  Musée  de 
Dresde,  article  publié  dans  le  «  Zeitschrift  fur  Ornithologie  »  (3)  et 
qui  contient  une  ligure  coloriée  de  l'Oiseau  (4).  La  mention  de  cet 

(t)  Nous  avons  oulilié  de  relever  l'indication  du  sexe;  nous  pensons  cependant 
qu'il  est  indiijué  comme  Q. 

(2)  Il  faut  noter  ici  que  cette  terminaison,  à  laquelle  nous  faisons  souvent  allusion, 
s'apervoil  peu  chez  la  femelle  de  cette  espace:  ce  que  nous  n'avons  point  encore  dit. 

(3)  1883.  Uber  sellen  vorkommende  Vogel. 

(4)  Taf.  m. 


588  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

article,  omise  dans  notre  première  publication,  vient  ici  très  à 
propos,  car  M.  Henke  s'occupeprécisément  des  marques  auxquelles 
on  peut  reconnaître  l'albinisme  dont  nous  craignons  la  présence 
chez  les  échantillons  considérés  comme  hybrides.  Après  avoir  cité 
plusieurs  exemplaires  Tetrao  albo-tetrix  conservés  dans  des  Musées, 
le  savant  ornithologiste  remarque  qu'on  ne  pourrait  émettre  des 
doutes  sur  l'origine  des  hybrides  réputés  femelles  de  ce  croisement, 
comme  il  en  a  été  émis  à  propos  des  sujets  supposés  femelles  du 
T.  tetrix  X  T.  urogallus,  attendu  que  le  Tetrao  albo-letrix  diffère 
d'une  manière  frappante  de  la  Poule  de  neige  et  encore  bien  davan- 
tage de  la  Poule  trlrix  (1).  On  se  rappelle  que  le  professeur  Collett, 
de  Christiania,  avait  déterminé  comme  albinisme  partiel,  issu  d'une 
Poule  des  bois  (Birkenne),  l'Oiseau  que  M.  Henke  avait  au  contraire 
décrit  comme  hybride  à'allms  X  letrix  (2)  et  que,  d'après  le  même 
professeur,  plusieurs  Oiseaux  semblables  se  trouvent  au  Musée  de 
cette  ville.  Or,  d'après  M.  Henke,  cette  manière  de  voir  n'est  pas 
acceptable  ;  autant  que  celui-ci  a  pu  se  rendre  compte  de  l'albinisme 
partiel  chez  quelques  espèces  de  Poules,  il  a  trouvé  «  que  le  blanc 
du  plumage  chez  les  hybrides  du  Lagopède  des  neiges  n'a  rien 
de  commun  avec  l'albinisme  »,  ainsi,  du  reste,  que  la  couleur  qui 
représente  la  livrée  d'hiver  du  L.  albus.  Ce  qui  lui  permet  de 
conclure  à  l'hybridisme  avec  le  plus  de  probabilité,  c'est  que  «  la 
forme  et  la  couleur  reviennent  régulièrement,  c'est-à-dire  dans 
une  mesure  égale.  »  M.  Henke,  admettant  la  fertilité  des 
hybrides,  croit  à  la  grande  variabilité  de  leurs  produits  qui 
reviennent,  après  un  certain  temps,  à  la  forme  des  parents.  Ce 
sont  des  hybrides  «  retournant  eu  arrière  »,  et  comme  la  différence 
de  grandeur  est  ici  très  petite,  même  insignifiante,  qu'elle  offre 
peu  de  fixité,  il  devient  très  difficile  d'indiquer  avec  sûreté  les 
diverses  et  nombreuses  bigarrures  des  ((  Poules  des  bois.  »  La 
manière  dont  M.  Henke  reconnaît  les  hybrides,  est  la  suivante: 
«  Déjà,  dit-il,  dans  leur  ensemble,  ces  Oiseaux  présentent  un  aspect 
étrange,  particulier,  qui  étonne;  puis  la  marque  régulière  est,  chez 
quelques  spécimens,  un  tracé  excessivement  prononcé  ;  la  tête  et 
le  cou  sont  plutôt  aussi  de  couleur  uniforme.  »  Mais  c'est  surtout 
par  ce  fait  :  ((  que  plusieurs  parties  du  plumage,  qui  sont  claires 
chez  la   Poule  des  bois    (Birkenne),  se  trouvent  noires   chez  les 

(1)  Voy  :  Scheeliuhn  bastard  oer  partieller  albinismus   der  Birkhenne,  in 
Zeitschr.  f.  d.  gesaimntnte  Oinilliologie,  pp.  î!67-6i),  111,  Jalig.  18S6. 

(2)  Voy.  encore  à  ce  sujet:  Proceediags  oftheZool.  Society  ofLondon,  1886, p. 419. 


ADDITIONS,    COURECTIONS    ET    F.XAMENS    D^APRICS    NATURE  589 

hybrides.  »  M.  Henke  ne  tient  pas,  en  effet,  comme  possible,  qu'à 
côté  de  l'albinisme  il  puisse  se  présenter  un  mélanisiue. 

Les  observations  comparatives  de  M.  Henke  sur  l'albinisme  par- 
tiel se  rapportent  aux  Faisans,  aux  Haselhiihiier  et  aux  Rebhûhner. 
De  ces  dernières,  il  a  élevé  quatre  jeunes,  toutes  devenues  marque- 
tées de  blanc  ;  il  a  môme  pu  constater  une  régularité  frappante  dans 
la  manière  dont  les  marques  blanches  formant  tache  étaient  posées; 
malirré  cela,  ces  marques  ne  produisaient  point  l'impression  que 
l'on  éprouve  à  la  vue  des  hybrides. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  sans  mentionner  les  deux 
planches  représentant  des  hybrides  ((  telri.v  X  nlhits  »  que  le  pro- 
fesseur Collett  a  publiées  dans  les  Proceedings  of  the  zoological 
Society  of  London  (1),  planches  que  nous  avions  omis  de  citer.  La 
fig.  1  de  la  planche  XXI  représente  un  mâle  en  costume  d'hiver  et 
la  fig.  2  une  femelle  dans  la  même  livrée.  Au  contraire  on  voit  sur 
la  planche  XXllI  un  jeune  màleci  in  early  autuinn  dress  »  (fig.  1)  et 
une  jeune  femelle  «  in  late  autumn  dress  »  sur  la  fig.  2. 

Ty.mpanuchus  americanus  (2)  et  Pediocoetes  phasianellus 
(ou  Pedioc»;tes  P.  campestris  (3)  ou  Pkdiocoetes  P.  cllumbianus) 

Les  espèces  de  Tétraonidés  propres  à  l'Amérique  contracteraient 
des  mélanges  comme  le  font  les  espèces  européennes. 

M.  G.  Fream  Marconi,  de  Chicago  (Illinois),  nous  informe  qu'il  a 
dans  sa  collection  un  produit  du  Pediocœtes  phasiavelliis  et  du 
Tijiiipanuchus  aDiehcanus.  Cet  hybride,  qui  est  de  sexe  mâle,  fut  tué 
à  l'état  sauvage  dans  l'État  de  Vebrarka,  puis  envoyé  au  marché 
avec  beaucoup  d'autres  Grouses.  M.  Marcom  en  connaît  un  second 
chez  son  ami.  le  D^  Rowe,  éditeur  de  VAmerican  Field,  à  Chicago. 
M.  J.  II.  Gurney  a  mentionné  (4)  un  Oiseau  cf  semblable  trouvé  dans 
la  boutique  d'un  marchand  de  volaille  à  Brighton  (Vugleterre),  chez 
lequel  il  avait  été  envoyé  d'Amérique.  En  outre  le  Catalogue  of  the 
Game  lUrds  de  M.  Ogilvie  Graut  indique  dans  les  collections  du 
Brilish  Muséum  un  mâle  adulte  en  peau,  provenant  de  l'Amé- 
rique du  Nord  (5). 

(1)  1886,  p.  224. 

(S)  .\uli'es  noms  scientifiques  :  Ty-mpanuchus  citpido  americanus,  Cupidonia 
americanus,  Tetrao  cupido,  Cupidonia  cupido.  Cupidonia  americana, 

(.'{)  Synonymie  :  Pediocœtes  phasianellus,  Tetrao  pliasianellus,  Pedioccetea 
kennicotti. 

|4|  In  Aiik.,  n»  4.  p.  391.  Octobre  1884. 

(5)  Vol.  XXII,  p.  80,  1893. 


590  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

Avant  de  procédera  l'exMinen  d'une  de  ces  pièces  qui  nous  a  été 
gracieusement  communiquée,  nous  donnerons  quelques  indications 
sur  les  parents  supposés  dont  les  variétés  sont  nombreuses  et  dont 
la  connaissance  est  fort  utile  dans  le  cas  présent. 

Baird,  Brewer  et  Ridgway  classent  les  deux  espèces  dans  deux 
genres  difïérents(l).  Danslecc  Code of  Nomenclature  ))(2),  on  partage 
cette  manière  de  voir.  —  Cette  séparation  nous  paraît  excessive. 

On  compte  trois  espèces  chez  le  Pediocœtes  phanianellus,  c'est-à- 
dire  1°  :1e  P.  phasiancUus  proprement  dit  (ou  Sharp  tailed  Grouse); 
2°  \e  Pediocœtes  p.  Coiumhianiis  (ou  Columbian  Sharp  tailed  Grouse); 
3°  le  Pediocœtes  p.  campestris  {o\i  Prairie  Sharp  tailed  Grouse).  — Le 
tympanuchus  americanus  aurait  lui-même  ses  trois  types,  mais  ceux- 
ci  sont  érigés  en  espèces  dans  le  Code  of  Nomenclature;  ce  sont  :  le 
Tympanuchus  americanus  (ou  Prairie  Hen),  le  Tympanuchus  pallici- 
dinatus  (ou  Lesser  prairie  hen)  et  le  Tympanuchus  cupido  (ou  Beat 
hen),  propre  seulement  à  l'île  Martha's  Vineyard,  Mass.  (3). 

Or,  ces  divers  types  présentent  de  très  grandes  analogies  entre 
eux  et  il  paraît  difficile,  en  cas  de  mélange  de  deux  espèces,  de 
déterminer  sûrement  les  variétés  qui  se  sont  croisées. 

M.  J.  H.  Gurney,  toujours  d'une  très  grande  complaisance  pour 
nous  favoriser  l'étude  des  hybrides,  a  bien  voulu  nous  adresser 
en  communication  le  spécimen  qu'il  a  décrit.  Nous  n'avions,  au 
moment  où  nous  l'avons  reçu  pour  la  première  fois  (4),  qu'un  mâle 
et  une  femelle  Tympanuchus  americanus  et  une  9  P  phasianellus, 
pièces  montées  au  Musée  de  Rouen,  et  que  M.  le  D^  Pennetier  avait 
eu  l'obligeance  de  nous  faire  parvenir;  mais  depuis,  afin  de  rendre 
profitable  l'examen  que  nous  avions  commencé,  nous  avons  fait 
venir  d'Amérique  les  divers  types  qui  viennent  d'être  signalés  (5). 

De  la  comparaison,  faite  de  l'exemplaire  hybride  de  M.  Gurney 
avec  les  pièces  du  Musée  de  Rouen,  sont  nées  de  fortes  présomp- 

(1)  Voy.  leur  ouvrage  :  North  American  Birds,  1874. 

(2)  Edition  de  1886. 

(3)  Nous  ne  connaissons  point  ce  dernier  type,  fort  rare,  paraît-il;  peut-être 
diflère-t-il  réellement  des  autres  (ormes  par  des  caractères  sensibles.  .Mais  nous  ne 
voyons  point,  puisque  le  «  Code  of  Nomenclature  »  ne  fait  qu'une  variété  du 
Pediocœtes  p.  campestris,  ce  même  Code  érige  en  espèce  le  Tympanuchus 
palUdicinatiis  qui,  si  nous  en  jugeons  par  un  evemplaire  qui  nous  a  été  envoyé  par 
M  Wortlien,  diffère  certainement  moins  du  T.  americanus  que  le  P.  p.  carjipestris 
ne  dilîère  du  P.  pliasianellus.  Notons  que  M.  Ogilvie  Grant  (Cat.  of  Game  Birds, 
XXII)  réunit  le  P.  ptiasianellus  columbianus  au  P.  phasianellus  campestris. 

(4)  On  verra  plus  loin  que  M.  Gurney  a  eu  la  complaisance  de  nous  le  retourner 
une  seconde  fois. 

(5)  A  l'exception  de  celui  qui  habile  l'ile  Martha's  Vineyard,  la  Heat  ben  Grouse. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    F.T    EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  Ji91 

lions  en  faveur  de  la  double  origine  que  l'on  suppose  à  ce  produit. 
Quoique  plus  TiiDipannrlnix  (dont  il  porte  au  cou  la  fraise  et  les 
touffes  de  plumes  allongées)  que  Pediocœtes,  le  dessin  du  plumage, 
étudié  de  très  près,  se  montre  intermédiaire  entre  celui  des  deux 
espèces.  Puis  l'influence  du  l'ediaccelcs  se  voit  encore  autour  de  la 
gorge.  Le  poitrail  et  la  gorge  ne  sont  point  non  plus  barrés  trans- 
versalement à  la  manière  de  T.  aim-rivanm.  Les  barres  transversales 
ont  subi  un  changement  et  se  montrent  comme  de  petites  barres 
formant  de  larges  zigzags,  particularité  due  encore,  sans  doute,  à 
l'influence  du  7".  phasiancHus.  Sur  le  dessus  des  couvertures  des 
ailes  on  voit  facilement  les  taches  blanches  de  ce  dernier;  c'est 
môme  par  ce  trait  que  l'Oiseau  doit  attester  plus  particulière- 
ment sa  double  origine,  f^e  plumage  du  dos  pourrait  aussi  passer 
pour  un  mélange  des  deux  espèces.  Quoique  les  rectrices  soieiit  de 
teinte  presque  uniforme,  comme  chez  T.  americaiius,  et  bordées 
largement  de  blanc,  les  deux  médianes  dépassent  les  autres 
plumes;  ces  plumes  se  prolongent  toutefois  peu  en  avant.  Ce  der- 
nier caractère  nous  parait  être  encore  l'indice  d'un  mélange,  puis- 
qu'il est  étranger  au  T.  (uitericamis.  Ajoutons  que  lorsque  les  plumes 
des  flancs  recouvrent  les  ailes,  cet  hybride  parait  plus  T.  americanus 
que  P.  phasianrllus:  mais  lorsqu'on  dégage  l'aile  de  ces  plumes  de 
recouvrement,  on  reconnaît  l'Oiseau  pour  un  vrai  intermédiaire. 
Nous  avons  été  surpris  de  trouver  son  bec  de  dimensions  plus 
fortes  et  de  couleur  plus  foncée  fiue  dans  les  deux  espèces. 

C'est  longtemps  après  avoir  fait  cet  examen  que  nous  avons  reçu 
d'Amérique  (de  chez  M.  Worthen,  de  VVarsaw,  Illinois),  les  différents 
types  purs  des  deux  espèces.  Ayant  demandé  à  M.  Gurney  à  revoir 
son  exemplaire,  ce  qu'il  nous  a  accordé  très  facilement,  nous  avons 
cru  reconnaître  que  dans  l'hypothèse  d'un  croisement  la  variété 
Pedioccetes  p.  cam/icsfrî.?  conviendrai!  mieux  que  la  variété  Prdiocœtes 
p.  iihnsiiinclltis  (si  toutefois  li's  éclianlillons  reçus  sont  convenable- 
ment déterminés).  C'est  en  effet  avec  le  P.  p.  campextris  que  cet 
hybride  présente  le  plus  de  ressemblance  tant  par  le  dessus  du 
corps  que  par  le  ton  du  plumage.  I^es  couvertures  supérieures 
des  ailes  sont  précisément  de  cette  variété  ;  les  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue  sont  aussi  d'un  bleu  clair  à  leur  début,  comme 
un  de  nos  échantillons /'.  campestris.  Enfin  P.  c«7n/)csfm  (paraissant 
avoir  le  bec  plus  fort  que  ses  autres  variétés?)  se  rapproche  par  là 
de  l'hybride. 

Toutefois,  on  vient  de  le  dire,  la  Sharpe  tailed  Grouse,  la 
Columbian  sharp  tailed  et  la  Prairie  scharp  tailed,  présentant  de 


592  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LÉTAT   SAUVAGE 

grandes  ressemblances  entre  elles  (1),  comme  en  présentent  la 
Prairie  lier  et  le  Lesser  prairie,  il  serait  assez  difficile  de  préciser 
nettement  les  variétés  qui  ont  donné  naissance  à  ce  curieux  Oiseau  ; 
à  moins  donc  peut-être  de  connaître  l'endroit  précis  où  il  a  été 
rencontré  si  les  diverses  variétés  ont  chacuue  un  habitat  bien 
séparé  (2). 

C'est  encore  à  ce  type  (P.  campestrisj  que  M.  William  Brewster  a 
reporté  une  Grouse  hybride  achetée  dernièrement  à  Cambridge  et 
dont  nous  allons  maiutenant  parler. 

M.  William  Brewster  trouva  en  elTet,  le  15  janvier  1893  (3),  sur 
les  marchés  de  Cambridge,  un  spécimen  d'une  Grouse  hybride  que 
le  vendeur  avait  reçu  avec  beaucoup  d'autres  Grouses  d'un  mar- 
chand en  gros  de  Boston.  Toutes  ces  Grouses  étaient  du  type  Tijmpa- 
nuchus  americanus.  L'hybride  paraissait  avoir  eu  le  cou  tordu. 

La  peau  fut  préparée  pour  la  collection  privée  de  M.  William 
Brewster,  et  le  corps,  mis  dans  l'alcool,  fut  euvoyéà  M.  R.  W.  Schu- 
feldt  pour  un  examen  anatomique.  M.  Brewster  n'avait  point 
aperçu,  même  avec  une  loupe,  quelque  trace  d'organes  générateurs. 

Le  tronc  offre,  d'après  M.  Schufeldt,  plusieurs  points  d'un  grand 
intérêt  pour  les  ornithologistes.  Celui-ci,  ayant  déjà  étudié  au  point 
de  vue  ostéologique  les  Grouses  américaines,  avait  remarqué  que 
parmi  elles,  ce  sont  les  deux  types  Pediticœles  et  Tympanurhus  qui, 
par  la  structure,  sont  les  plus  proches  alliés  (4).  Voici,  d'après  les 
mesures  prises,  les  relations  de  plusieurs  os  de  ces  deux  espèces  et 
de  leur  hybride  : 

Spécnnens  ad.  Sternum  Coracoid        Scapula  Pelvis        Fémur. 

Tynipanuchus   americ.   .   . 

Hybride .... 

Pediocœtes  p.  camp.   .  .  . 

(1)  A  ce  point,  on  le  sait,  que  M.  Granl  confond  campestris  cl  columbianus . 

(2l  Nous  supposons  que  tympanuchiis  jeune  montre,  sur  la  poitrine  et  la  partie 
de  dessus,  les  barres  transversales  à  la  manière  des  adultes  et  non  rompues  ou 
rappelanlles  dessins  ovales  de  Pediocœtes.  car, s'il  montrait  ces  derniers  caractères, 
on  pourrait  dire  que  l'Oiseau  de  M.  Gurney  est  un  jeune  en  mue.  Mais  ceci  n'est 
pas  probable.  M.  Elliot  Coues,  qui  l'a  vu,  a  reconnu  un  véritable  hybride.  [.'Oiseau 
avait  été  décrit  dans  l'Auk  (déjà  cité).  Voici  comment  M.  Gurney  s'élait  exprimé  : 
(i  La  fraise  du  cou  existe,  mais  elle  n'est  longue  que  d'un  quart  de  pouce;  la 
queue,  qui  est  brune  chez  le  P.  phasianellus  et  blanche  chez  le  C  cupido,  est 
grise  dans  l'hybride;  les  côlés  des  doigts  ne  sont  que  légi^rement  empliiiiiés;  la 
couleur  générale  du  plumage  est  intermédiaire  entre  les  deux  espèces,  n 

(3)  Voy.  The  Auk,  July  1890,  pp.28l-28o,  vol.  X.  iNote  on  the  trunck  skeleton 
ofa  Hybrid  Grouse  by  H.  W.  Schufeldt) 

(4)  Voir  la  li'  année  du  Report  ofU.  S.  Geological  and  Geographical  Survejr, 
Washington,  Octobre  1882,  p.  700. 


115 

35 

75 

85 

72 

114.0 

48 

70 

72 

66 

101 

48 

66 

71 

64 

ADDITIONS.    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  j93 

Nous  extrayons  encore  de  l'article  publié  par  VAuk  les  indi- 
cations suivantes  : 

Les  côtes  vertébrales  de  l'hybride  rappellent  plus  le  l'cdincœtes 
que  le  n/mpanuchiis.  Le  pelvis  est  tout  à  fait  intermédiaire  entre 
celui  des  deux  espèces  (1). 

Vu  de  profil  (laterally),  le  caractère  le  plus  sensible  est,  sur  cha- 
que côté,  la  partie  »  posl-acetabulur  »  de  l'ilium,  qui  dépasse  de 
beaucoup  la  surface  latérale  du  pelvis  et  de  l'ischiocforaureu.  Ceci 
est  apparent,  il  est  vrai,  juscju'à  un  certain  point,  sur  le  pelvis  du 
Pedlocœtes;  néanmoins  on  trouve  cette  marque  beaucoup  plus 
prononcée  chez  l'hybride,  sans  l'être  toutefois  autant  que  chez  la 
Prairie  lien. 

M.Scluifeldt  examine  encore  d'autres  caractères  appréciables  sur 
le  même  os  et  conclut  au  parfait  accord  du  pelvis  de  sa  pièce  avec 
le  pelvis  des  deux  parents.  Une  telle  observation  peut  aussi  s'appli- 
quer au  sternum  qui  ])araît  ditlérer  tant  soit  peu  du  sternum  du 
Tijmpanuchus,  mais  qui  en  dilTère  par  un  petit  caractère  insignifiant 
en  ce  que  «  l'antero-superior  produc'd  portion  of  either  costal 
process  »  chez  l'hyiiride  est  quelque  peu  allongée,  très  rctrécieet  se 
dirige  directement  en  avant  {2.).  Dans  tous  (3),  fait  encore  remarquer 
M.  Schufeldt,  les  éléments  de  la  voûte  pectorale  ou  de  la  ceinture 
de  l'épaule  (shoubdergirdie)  sont  très  ressemblants,  bien  que  les 
os  de  l'hybride  simulent  davantage  les  os  correspondants  dans 
les  squelettes  des  Prairies  liens.  Plus  extraordinaire  est  ce  qui 
concerne  la  forme  de  l'hypocleidium  très  étendu  dans  les  os 
furcula,  leur  étendue  étant  considérée  comme  réellement  moindre 
((  antero-posleriorly  »  cliez  le  Pediocd'tes  qu'elle  ne  l'est  chez  le 
TyiniHinwhus,  ou  chez  l'hybride,  ainsi  que  leur  diamètre  l'indique. 
Ce  diamètre  est,  chez  les  deux  derniers,  de  12  millimètres,  tandis 
que  chez  la  Sharpe  tailed-Grouse  il  ne  mesure  que  9  ou  10  milli- 
mètres. Enfin,  les  caractères  du  fémur  sont,  à  l'exception  de  leur 
longueur,  dans  un  exact  rapport  avec  ceux  des  fémurs  des  espèces 
parentes.  11  faut  cependant  noter  que  le  «  calibre  of  its  shaft  »  est 
relativement  (4)  plus  gros  qu'il  ne  l'est  chez  le  Pediocœtes.  «  A  part 

(1)  M.  Sctiufeldl  fait  remarquer  qu'il  est  d'autaat  plus  facile  d'apercevoir  les 
caractères  inleriMéiliaires  qu'il  présenle,  iiu'on  Irouve  chez  le  Pediocœtes  un 
pelvis  qui  dilTcre  d'une  inanii'ie  fr.ipP'"^'(^  ''•'  celte  même  paille  dans  le  s(|iieletle 
de  tous  les  autres  (jenres  de  (irciuses  de  l'Amérique,  (^'esl  le  pelvis  du  Pediocœtes 
qui  s'en  ra|iprocbe  le  plus,  mais  II  n'en  approche  p:is  d'une  manière  aussi  marquée 
que  celui  de  l'hybride. 

(2)  (To  the  front). 

(3)  Les  Oiseaux,  pensons-nous  (ou  chez  toutes  les  (jrouses  américaines|'? 

(4)  (As  well  as  actuallyj. 


894  OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS   A    L*ÉTAT   SAUVAGE 

ce  petit  détail,  conclut  l'ostéologue,  u  the  fémur  of  this  hybrid  fills 
Ihe  idéal  place  in  a  séries  of  Ihree  that  otherwise  iusensibily  iuter- 
grade  in  ail  particulars.  » 

L'Oiseau,  si  minutieusement  examiné  au  point  de  vue  ostéolo- 
gique,  est,  comme  plumage,  paraît-il,  «  presque  intermédiaire 
entre  T.  americanus  et  Pediocœtes  p.  campestris  par  sa  couleur,  ses 
marques  et  le  développement  de  ses  plumes.  Il  a  les  toufles  du 
cou  (1)  du  premier  et  les  plumes  centrales  de  la  queue  allongées 
du  dernier  (2).  » 

Nous  avons  encore  à  signaler  une  Grouse  hybride  que  M.William 
Brewster  possède  dans  sa  collection  et  qu'il  a  déterminée  comme 
provenant  du  Cupidonia  cupido  et  du  Pediocœtes  phasianellus  var. 
columbianus  (3).  Les  caractères  distinctifs  que  possède  cet  Oiseau 
sont  les  suivants;  d'après  l'éminent  ornithologiste  : 

((  Size  and  gênerai  proportions  of  Pediorœles  phasianellm  var. 
columbianus.  Tail  of  sixteen  feathers  exclusive  of  tivo  central  projec- 
ting  ones.  Tarsi  feathered  as  in  Cupidonia.  Neck-tufts  1..jO  inches 
long.  Upper  tail-coverts  coextensive  \\i\.\\  the  rectrices.  Abovesimilar 
to  Cupidonia  cupido;  wiugcoverts  (but  not  the  scapulars)  white- 
spotted,  as  in  Pediocœtes.  Breast  and  sides  barred  transversely,  as 
in  C.  cupido;  abdomen  white.  sparsely  covered  with  obtuse  V-shaped 
spots  of  brown.  Head,  neck,  and  throat-markings  precisely  as  in 
C.  cupido.  Neck-tutfs  dark  brown;  the  longer  ones  not  so  stifïs  as 
those  of  C.  cupido,  the  shorter  dull  yellow.  Tail  generally  similar 
in  shape  and  color  to  that  of  C.  cupido,  but  with  a  central  pair  of 
elongated  fegthers  «  with  parallel  edges  and  truncated  ends,  «  which 
Project.  52  of  an  inch  beyond  the  next  pair.  Thèse  projecting 
feathers  are  tipped  with  Iight  brown  like  the  other  rectrices;  sub- 
terminally  for  the  space  of  about  an  inch  they  are  solidly  black,  — 
anteriorly,  with  ragged  rusty-yellow  bars.  The  outer  webs  of  the 
outer  pair  of  rectrices  are  irregulary  white.  The  measurements, 
taken  from  the  dried  spécimen,  are  as  follows  :  Wing,  8,37;  tail, 
3,25,  —  two  central  feathers,  .52  longer;  bill,  depth,  .40,  length 
from  nostril,  .50;  tarsus,  2.03;  middle  toe,  2,73.  » 

De  cette  description,  il  ressort,  (fait  remarquer  le  descripteur), 
que  cet  Oiseau  combine  dans  d'égales  proportions  les  caractères  du 
Pediocœtes  et  du  Cupidonia.  Dans  l'apparence  générale  du  plumage, 

(1)  Longueur  d'un  «  nich  «  seulement. 

(2)  Tous  ces  renseij^nements  sont  extraits  de  l'Auk..  pp.  281-28.Ï,  July  1*90. 

(3)  Voy.  Bulletin  of  Ihe  Nuttall  ornilhological  Club.  N'  de  Juillet  1877,  pp.  67 
et  suivantes. 


ADDITIONS,    CORRECTIOiNS   ET   EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  !)9S 

il  ressemble  davantage  à  C.  cupido,  mais  l'aljdomen  est  tacheté 
comme  la  poitiine  du  l'edincœlcs,  et  les  couvertures  des  ailes  sont 
marquées  comme  dans  cette  espèce.  Il  possède  les  touUes  du  cou 
de  Cupiitonia  et  les  plumes  avancées  de  la  queue  de  Peiiiocœtes,  ces 
deux  caractères  sont  cependant  visiblement  modifiés.  Un  trait 
remarquable  apparaît  dans  l'étendue  des  couvertures  supérieures 
de  la  queue  qui  s'allongent  jusque  près  des  pointes  des  rectrices. 

Dans  l'article  que  nous  reproduisons,  M.  Brewster  disait  en  outre 
qu'il  connaissait  trois  spécimens  de  ce  genre  dans  des  collections 
privées  et  qu'il  avait  entendu  parler  de  plusieurs  autres,  sans  doute 
ceux  que  nous  avons  déjà  mentionnés? 

L'hybridisme  Pediocœti-s  xCitpidonia  n'est  donc  point  absolument 
rare  en  Amérique. 

Famille  des  Phasianidés 
Genre    Euplocamus 

EUPLOCAMUS    HORSFIELDI    et   E.    LINEATUS,    et   EuPLOCAMUS 
ALBOCRISTATUS   et    E.    MELANOTUS 

(Se  reporter  pp.  81  et  82  ou  pp.  334  et  33o  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

De  nombreuses  confusions,  pensons-nous,  se  sont  produites  au 
sujet  de  plusieurs  types  très  rapprochés  du  genre  Euplocamus; 
nous  en  avons  rappelé  quelques-unes. 

Les  formes  les  plus  voisines  de  ce  genre  sont,  sans  contredit: 
VE.  iiiclauotus,  \'Ë.  leucomelanus,  VE.  albocristatus,  l'A',  cuvieri, 
\'E.  horsfieldi  et  VE.  lineatus. 

Les  autres  espèces,  c'est-à-dire  ÏE.  swinhœi  et  l'Ê.  nycLhemerus, 
d'une  part;  VE.  prmlntus,  VE.  mobilis,  VE.  vieillotii,  d'autre  part, 
sont  assez  séparées  pour  être  facilement  reconnues. 

11  n'est  point,  du  reste,  question  de  mélanges  pour  elles  ;  mais,  si 
nous  eu  croyons  des  ornithologistes  de  l'Inde,  plusieurs  parmi  les 
premiers  types  contracteraicfnt  entre  eux  des  croisements. 

C'est  ainsi  que  Jerdon  dit  que  VE.  horsfieldi  «  grades  into  the 
Burmese  E.  lineatus,  specimeus  from  Arrakan  being  apparently 
hybrids  betwen  the  two  species  (1).»  Blylh  répèle  cet  auteur; 
parlant  de  ces  deux  Oiseaux,  il  écrit  (2)  :  «  They  complety  passone 

(1)  Jerdon,  Birda  of  India.  vol.  Il,  part.  Il,  p.  535,  Calcutta,  1864,  in-8o. 

(2)  Mais  vraisemblablement  d'après  Jerdon,  et  non  d'après  ses  observations 
personnelles. 


596  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

into  the  olher  in  tbe  province  of  Arraitan  ;  il  ajoute  même  que 
«  some  living  spécimens  hâve  bcen  received  by  tlie  Zoological 
Society.  »  Pour  lui,  Ï'E.  cumeri  de  Temmink  représente  la  race 
hybride  référée  aux  croisements  de  \'E.  lineatus  X  E.  Iwrsfieldi!  (1). 

Le  même  ornithologiste  nous  apprend  que  VE.  albocristalus  et 
l'A',  melanotus  «  interbreed  in  the  intermediate  province  of  Népal. 
E.  melanotus  being  the  species  inhabiting  Siskin  and  Butam,  where 
most  assuredly  E.  Uneatus  is  unknown,  the  latter  inhabiting  Soulh- 
ward  of  the  range  of  E.  horsfieldi,  in  Pegu  and  the  Tenasserin  pro- 
vinces, »  ou,  ajoute-t-il  :  ((  /  hace  ptrsonnaly  observe  it  in  the 
forests  (2). 

Nous  avons  donc  à  examiner  quelle  est  la  valeur  de  ces  dernières 
formes.  Toutefois,  il  sera  bon  de  faire  remarquer  préalablement 
que  les  croisements  indiqués  par  Jerdon  et  par  Blyth  n'ont  point 
fait  l'objet  de  nouvelles  observations;  nous  n'avons  même  pu  décou- 
vrir aucun  fait  les  confirmant.  Les  Musées  indiens  de  Calcutta  et 
de  Lucknow  nous  ont  fait  savoir  qu'ils  ne  contenaient  aucun 
hybride  de  ce  genre  ;  dans  le  Catalogue  of  Game  Birds  of  Britisk 
Muséum  (3),  pas  un  seul  n'est  cité  et  nous  avons  été  nous  assurer 
qu'au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  on  n'en  voit  pas  non 
plus.  En  outre,  les  correspondances  que  nous  avons  reçues  de 
l'Inde  et  de  l'Indo-Chine  ne  nous  ont  fourni  aucune  indication  sur 
ces  croisements  que  l'on  paraît  ignorer  et  auxquels  MM.  Hume  et 
Marschal  n'ont  fait  aucune  allusion  dans  leur  important  ouvrage 
sur  les  Oiseaux  de  chasse  de  l'Inde  (4),  ce  qui  nous  surprend,  si  de 
tels  hybrides  existent.  Les  formes  intermédiaires  dont  parlent 
Jerdon  et  Blyth  ne  sont  du  reste  peut-être  point  le  résultat  d'un 
croisement.  Un  écrivain  anglais  paraît  suggérer  qu'elles  doivent 
seulement  être  attribuées  «  à  la  séparation  incomplète  des  espèces 
dans  les  lieux  où  ces  variétés  se  rencontrent  (5).  » 

(1)  Bljlh.  Commentarj'  on  D'  Jerdon  o  Birds  of  India  ».  Thf  Ibis,  vol.  III, 
18G7,  p.  lo3,  et  itussi  «  Cat.  Museurn  A.  S.  B.  p.  244.  cité  par  Sclater  :  in  l'rocePil. 
Zool.  Soc.  of  London,  I8(ili,  p.  120.  —  Elliol  a  lui-même  rapporté  l'assertion  de 
Blyth.  in  «  Monograph  of  the  Pliasinnidœ.  »  Vol.  II,  New-York,   1872,  in  fol. 

(2)  Commentarj-  on  D'  Jerdon,  etc.  The  Ibis,  II,  1867,  p.  153.  Ceci  a  encore  été 
rapporté  par  Elliot  (A  monograph  of  Phasianidœ,  1872). 

(3)  De  M.  Ogilvie  Crant,  London,  1893. 

(4)  The  game  Birds  ojf  India.  Calcula,  1879-1882. 

(5)  The  Ibis,  p.  186,  1876.  Nous  avons  lu  dans  le  Bull,  de  la  Société  d'acclima- 
tation de  Paris,  1888,  p.  478,  que  M.  Geollroy  Saint  Hilaire  a,  dans  une  séance  de 
cette  Société,  rappelé  que  dans  1  Hymalaya,  des  espèces  inlerinédinires  se  sont 
formées  entre  les  trois  Faisans  :  L'iiùplocamus  albocristalus,  \'E.  melanotus  et 
VE.  Uneatus,  qui  occupent  trois  réfiions  différentes  ;  puis  que  ces  espèces  intermé- 
diaires ne  sont  :il)solunient  que  des  variétés  des  Irois  iiulres.  Nous  supposons  que 
M.tîeotîroy  Saint-Hilaire  fait  iii  illusion  au.x  exemplaires  cités  par  Jerdon  et  Blyth. 
M.GeoDroy  Saint-Hilaire  oublie  toutefois  de  nommer  ÏE.  horsfieldi. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMKNS    d"aPRÈS    NATURE  ;i97 

Quoiqu'il  en  soit,  uous  allons  donner  quelques  imlicalions  sur 
les  types  purs  du  genre  Euplorainus  ou  plutôt  sur  les  types  qui 
sont  les  plus  semblables  et  parmi  lesquels  on  a  supposé  des 
mélanges. 

Nous  avons  possédé  vivants  VK.  melanotus,  VF.,  horsfieldi, 
YE.  nycthemerus,  VE.  swinhoei  et  VE.  prœlatus  <^  et  9.  Les  trois 
premiers  types  présentent  actuellement  quelque  intérêt.  Or, 
VE.  horsfti'liti  cT  dilïère  réellement,  par  les  teintes  de  son  plumage, 
de  VE.  lineatus  du  même  sexe  ;  les  mêmes  différences  s'observent 
dans  le  sexe  opposé.  Néanmoins,  ces  types  ont  un  air  de  parenté 
très  rapprochée.  La  femelle  de  VE.  horsfieldi  se  rappelle  à  ce 
point  la  femelle  melanotus  qu'on  confondrait  aisément  les  deux 
Oiseaux  (i).  L'£.  melanotus  cT  est  lui-même  très  voisin  de  VE. 
horsfieldi  cT  (2). 

Au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  les  individus  étiquetés 
melanotus  montrent  le  croupion  foncé  et  les  pattes  bleuâtres;  le 
poitrail  est  panaché  de  barres  grises  sur  les  flancs.  Ceux  qui  sont 
nommés  horsfieldi  ont  le  croupion  gris  blanc,  les  pattes  grises  et  le 
poitrail  bleu  uni.  Les  exemplaires  indiqués  comme  albocristatus 
ont  au  contraire  le  croupion  panaché  comme  les  côtés  du  poitrail, 
mais  les  pattes  rouges  (3).  Il  paraît  y  avoir  un  inlermédiaire  entre  le 
leucomelanus  et  Valbocristatus.  Nous  laissons  de  côté  l'A',  diardi, 
VE.  vteilloti,  VE.  sicinhœi  et  VE.  nycthemerus,  qui  sont  également 
conservés  dans  ce  Muséum,  puisqu'il  n'est  pas  question  de  mélan- 
ges pour  eux. 

M.  Ogilvie  Grant  classe  comme  espèces:  Valbocristatus,  le  leuco- 
melanus. Vhorsfietdi,\e  lineatus  et  Vandersani  d'Elliot  (4),  types  très 
rapprochés  les  uns  des  autres.  Mais  le  même  ornithologiste  fait  de 
cuvieri  une  sous-espèce  de  Vhorsfieldi:  il  en  fait  une  seconde  avec 

(t)  Si  toutefois  les  sujets  que  nous  avons  nclietés  sont  bien  dëtermiDés. 

(2)  Nous  avons  croisé  VE.  melanotus  avec  1'^.  horsfieldi  el  avec  VE.  lineatus. 
Nous  avons  possédé  îles  liybridcs  iVE.  su/inliœi  X  E.  nycthemerus,  li'E.  nycthe- 
merus X  E.  melanotus,  li'E.  swinliœi  X  -E.  melanotus,  d'E.  prœlatus  X 
E.  nycthemerus,  et  iiiùine  des  liyhrides  d'B.  swinhwi  X  nycthemerus  X 
E.  melanotus  X  lineatus.  iMallieureuseriient  ces  croisements  ne  correspnndenl 
point  avec  ceux  que  Jerdun  et  Blylh  ont  fait  connnitre.  (.Nous  avons  parlé  de  ces 
croisements  dans  un  Mémoire  présenté  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  à  la 
Sorbonne  en  1894). 

(3)  Le  plumage  de  r£.  leucomeUinns  doit  être  plus  terne,  moins  bleu  ardoise. 
L'obscurité  est  telle,  parfois,  dans  les  galeries  de  ce  niagnilique  Muséum,  qu'on  ne 
peut  se  rendre  compte  de  la  couleur  des  Oiseaux  qui  sont  ^enfe^més  dans  certaines 
vitrines. 

(4)  P.  Z.  S.  1871,  p.  137  et  Mon.  Phas.  ii,  pi.  XXli,  (Le  crawjurdi  de  Hume  el 
Davison). 


398  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

l'E.  andersoni  Anderson  (aec  Elliot)  (1).  Il  donne  encore  comme 
sous-espèce  du  Unealns  un  type  qu'il  nomme  «oa^esn)  et  qui  corres- 
pond au  Loph.  cuvieii,  Hume  (nec  Teiiim.),  à  VE.  cuvieri,  Oates  et  à 
]'E.  lineatus,  Feilden.  Enfin  VE.  nycthemerus  et  \'E.  swinhœi,  tous 
deux  distincts,  sont  sans  sous-espèces.  De  tous  ces  types  M.  Grant 
fait  un  seul  genre  qu'il  nomme  (icniimus.  Remarquons  en  passant 
qu'il  éloigne  de  ce  genre  VE.  vieiUoti,  VE.  nobilis  et  VE.  prœlatus 
(ou  diardi),  espèces  dont  il  fait  un  genre  à  part,  qu'il  désigne  sous 
le  nom  de  Lophnra.  Eu  outre  il  sépare  ces  deux  genres  par  les  genres 
Lobiophasis  et  Crossoptilon  !  Nous  avions  toujours  pensé  que  le 
Crossoptilon  est  beaucoup  plus  éloigné  de  V Euplocainus  que  ce  qu'il 
nomme  Lophura.  Nous  sommes  donc  surpris  de  cette  classification. 
—  Quoiqu'il  en  soit  on  va  voir  facileuient  par  ses  propres  descrip- 
tions qn'albocristatusjeacomelus,  melanotus,  horafuidi  et  cuvieri,  ne 
peuvent  être  cons  dérées  tout  au  plus  que  comme  des  variétés 
d'une  même  espèce. 

Voici,  en  elïet,  à  peu  près  les  seuls  caractères  qui  les  distin- 
guent aux  yeux  de  l'éininent  ornithologiste  : /l/^ocnstatM.'>-,  crête 
<(  blanche  »,  chez  leucomeliinuf!  et  melnwitus  ((  lustrée  de  bleu 
pourpre.»  Le  manteau  et  les  couvertures  de  la  queue,  chez  les  trois, 
«  noir  lustré  de  pourpre  et  de  bleu  d'acier  »  (plus  intense  chez 
melanotus).  Le  menton  et  la  gorge  «  noirs»  chez  les  trois.  Les  cou- 
vertures supérieures  de  la  queue  «  bordées  légèrement  (narrowly) 
de  blanc  sale  chez  albocristatus,  avec  des  «  bandes  terminales  géné- 
ralement plus  étroites  (narrower)  chez  leucomidanus  (et  sans  doute 
chez  melanotus).  L'arrière  dos  et  la  croupe  «  bordés  étroitement 
de  blanc  sale,  mais  «  avec  une  bande  terminale  blanche  et  large 
«  chez  alhocrislatus.  Chez  leucomelanus,  ces  bandes  terminales  sont 
«  généralement  plus  étroites,  »  tandis  que  chez  melanotus  les 
mêmes  parties  sont  <i  lustrées  profondément  de  bleu  pourpre  uni- 
forme sans  bandes  terminales.  »  Le  bec  <(  blanc  verdàtre,  »  les  pieds 
et  les  jambes  «  blanc  vif  teinté  de  brun  »  chez  les  trois  types.  Leuco- 
melanus serait  un  peu  plus  petit  qu'alhonistatus  et  aurait  la  tête 
d'un  pourpre  «  moins  intense  j>  que  melanotus.  —  Ce  sont  là  de 
faibles  distinctions  (2). 

Quant  à  Vhorsfieldi,  M.  Grant  le  dit  «  noir  lustré  de  pourpre  et 
de  bleu  d'acier;  »  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  «avec 
bandes  blanches  terminales  très  étroites,  »  l'arrière  dos  et  la  croupe 

(1)  La  même,  d'après  lui,  que  VE.  lineatus.  Anderson  (nec  Vi^'). 
(2,  Nous  les  avons  établies  ainsi  en  taisant  l'analyse  des  descriptions  de  chaque 
type,  descriptions  écrites  séparément  par  M.  Ogilvie  Grant. 


ADDITIONS,    COnRECTIONS    ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  599 

égalemeut  avec  «  une  baiidu  leriuiaale  blanche,  n  l'Oiseau  étant  de 
la  môme  taille  que  les  autres  espèces. 

D'après  le  même,  la  sous-espèce  cuvieri  ressemble  à  Vluirsfieldi, 
mais  toutes  les  plumes  des  parties  supérieures  sont  linement 
poiutillées  «  avec  des  lijjues  blanches  irrégulières  et  onddyantes  » 
et  les  barbes  intérieures  «  of  the  centre  pair  of  tail-feathers  »  sont 
«  noires  sur  les  bords.  »  .Même  taille  que  la  précédeute. 

Quant  au  (/aci'.so;((,  il  dilTère  du  rwciVr/ en  ayant  les  ligues  blanches 
des  plumes  des  parties  supérieures  «  plus  grossières  et  moins  régu- 
lières ))  spécialement  sur  le  manteau,  sur  les  scapulaires  et  sur  les 
couvertures  des  ailes.  Les  plunus  de  ces  parties  ont»  une  ligne 
extérieure  qui  est  blanche  vers  le  bord,  cette  ligne  est  parallèle  au 
bord,  et, dans  l'espace  de  cette  ligne  et  de  ce  bord,  se  trouvent 
quatre  ou  cinq  ligues  irrégulières  plus  ou  moins  parallèles  (I).  Sous 
ce  rapport,  cette  sous-espèce  s'approche  de  Vandersoni;  mais  les 
lignes  blanches  sont  «  plus  étroites  »  et  les  «  black  interspaces 
broader  than  in  the  former.  » 

Au  sujet  des  femelles  de  ces  types,  M.  Grant  dit  le  «  leucomelanus 
$  parfaitement  semblable  à  la  femelle  de  Valbocrislatns,  quoique 
plutôt  plus  foncée.  »  Il  ajoute  que  la  femelle  inelanolux  ne  saurait 
ètredislinguée  de  cette  dernière.  Également  le /w/s/fc/r/j  9  ressemble 
à  la  femelle  du  leucnuielanus  ou  du  mclmiotus,  seulenieut  dans  les 
vieux  spécimens  la  paire  centrale  des  plumes  de  la  queue  devient 
châtaigne  foncée  et  uniforme,  au  lieu  que  chez  les  deux  dernières, 
il  existe  toujours  à  cette  place  quelques  petites  marbrures  noires  (2). 
Enfin  la  femelle  cuvieri  ressemble  encore  à  la  femelle  hoisficldi, 
mais  toutes  les  pluuiesde  la  queue  sont  plus  ou  moins  mélangées 
avec  du  roux  marbré  ou  bigarré  (motlled)  de  noir,  les  |)aires  exté- 
rieures étant  seulement  noires  vers  leur  extrémité.  La  femelle 
davisoni  n'est  pas  décrite  (avec  raison  sans  doute). 

Ou  voit  à  quelle  minutie  de  distinctions  il  faut  arriver  pour 
reconnaître  ces  diverses  Poules. 

Nous  avons  toujours  cru  lincalu.s  (renaudii)  bien  |)lus  distinct  des 
autres  types  (3)  que  ceux-ci  ne  sont  distincts  entre  eux.  La  femelle 
surtout  a  dans  le  dessin  de  son  plumage  des  traits  tout  particuliers 
et  qui  lui  sont  propres. 

(1)  «  An  oiiler  suliin:ir«iniil  white  lines  par.illed  lo  llie  edge,  wtllùn  \Yliicli  are 
lour  or  five  irregular  but  inoro  or  less  parallel  lines.  » 

(2)  f  IJliii'li  motlling  ».  «  As  a  ruie.  dit  enroïc  .M.  (iranl,  tlie  rum|)  is  paler  and 
more  olive  lirown,  and  contrasts  rallier  slrongly  willi  llie  injddle  pair  ol  lail- 
featliers.  » 

(3)  Les  derniers  qui  ont  été  décrits. 


(ÎOO  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT  SAUVAGE 

Quaut  à  nyctkemerus  et  à  sirinhcei,  quant  aussi  à  oieillotti,  nobilis 
et  pnf/(U«.s,  ces  espèces,  nous  l'avons  dit,  s'éloignent  vraiment  des 
précédentes  ;  mais  ce  sont  toujours  pour  nous  des  Oiseaux  du  genre 
Euplocamus,  que  nous  négligeons  de  décrire  pour  les  raisons  que 
nous  avons  données. 

Remarquons  en  terminant  que  M.  Grant  (1)  réfère  à  VE.  citvieri 
l'Oiseau  que  Mac  Clell  avait  décrit  comme  hybride  de  lineatus  et 
de  leucoiiielanus  (2). 

Genre    Phasianus 
Phasianus  vulgaris  et  Phasianus  heevesi 

(Se  reporter  p.  83  ou  p.  336  des  Mémoires  de  la  Soe.  Zool.,  année  1890). 

Nous  n'avions  pu  consulter  nous-môme  l'ouvrage  de  M.  Dresser, 
«  .4  History  of  the  Rirds  of  Europe  »,  qui,  au  moment  où  nous  écri- 
vions notre  premier  mémoire  sur  les  Gallinacés  hybrides,  n'avait 
point  encore  été  acquis  par  la  Bibliothèque  du  Muséum  à  Paris. 
Cet  ouvrage  très  important  ayant  été  aclielé  depuis,  nous  avons  lu 
à  l'article  /'/).  cokhicus  le  passage  suivant  : 

«  Olher  species  hâve  also  been  introduced  into  Scotland  as  for 
instance  Phasianus  verskolor  and  l'hasianus  reevesii;  and  both 
thèse  hâve  crossed  with  the  présent  species  [Ph.  colchicus)  so  that 
it  is,  as  elsewhere,  most  difïïculle  to  (ind  a  pure  blooded  Phasianus 
colchicus.  »  (3) 

Nous  sommes  persuadé  que  M.  Dresser  a  voulu  parler  seulement 
de  mélanges  entre  le  Ph.  versicolor  et  le  P/i.  colchicus,  et  non  entre 
le  /'/).  recvesi  et  le  Ph.  ccrsicolor. 

Nous  pensons,  en  effet,  ces  derniers  mélanges  fort  rares,  s'ils  se 
produisent  même  à  l'état  sauvage,  car  nous  n'avons  encore  trouvé 
aucun  fait  bien  authentique  à  citer.  M.  Walter  de  Rotschil.d  nous 
avait  fait  savoir  que  dans  son  Musée  de  Triog  se  trouvait  une 
pièce  représentant  le  croisement  du  fo/<,'/!7Ci(.s-  et  du  reevesi;  nou- 
velles informations  prises,  l'Oiseau  paraît  avoir  été  obtenu  en 
semi-doinesticité  (4). 

Nous  avons  lu  aussi  dans  le  u  Catalogue  of  the  Game  Birds  »   de 

(1)  Même  Calalofjue,  vol.  XXII,  p.  303. 

(2)  In  Calciilla  Journal,  N»  II,  p.  147,  1842.  En  nous  reportant  a  ce  journal,  nous 
ne  voyons  aucune  mention  ilii  lineatus.  mais  t\v  fasintus  croisé  i\^- leiicomelanus. 
Fasiatus  estil  donc  le  même  que  le  lineatus  ? 

(3)  Voy.  :  Vol.  VII,  p.  8d. 

(4)  Renseignements  qui  nous  sont  envoyés  par  M.  Hartert. 


ADDITIONS,    COHHKCTIONS    ET    EXAMENS    d'APRÈS   NATURE  601 

M.  Ogilvie  Graiit  (1)  que  Ton  conserve  dans  les  galeries  du  Brilish 
Muséum  trois  s|)éciiiiens  cf  liybrides,  un  irnm.  et  un  putl.  pro- 
venant de  la  Société  Zoologique  et  nu  adulte  envoyé  de  Suflolk 
par  Lord  Lilfonl.  On  aurait  pu  croire  que  la  dernière  pièce  avait 
été  obtenue  à  l'état  sauvage.  Mais  l'auteur  du  Catalogue  nous  fait 
savoir  qu'à  l'exception  des  /'/(.  culrhicu!>  X  T.  telrix,  tous  les  autres 
hybrides  qu'il  a  cités  sont  nés  en  captivité  (2). 

Enfin,  le  Prince  de  Wagrani.  tout  eu  constatant  que  le  Faisan 
vénéré,  qui,  au  début  de  son  introduction  dans  son  jjarc,  s'était 
montré  peu  sociable,  est  devenu  peu  à  peu  moins  farouche, 
remarque  néanmoins  qu'aucun  croisement  ne  s'est  encore  opéré 
entre  les  dillérentes  espèces  (lui  vivent  en  commun  (3). 

Cependant,  M.  Petit  aîné,  naturaliste  à  Paris,  nous  informe 
qu'il  a  acheté  aux  Halles  centrales  des  hybrides  du  Faisan  vénéré 
et  du  Faisan  ordinaire,  et  M.  van  Kemi)en  nous  assure  (jue  l'hybride, 
acheté  à  Lille  (4j  dans  un  lot  de  Faisans  communs  et  provenant 
d'Angleterre,  paraissait  avoir  été  tué  au  (usil  dont  il  portait  des 
traces.  C'est  le  seul  échantillon  parvenu  entre  nos  mains;  on  ne 
peut  douter  de  ses  caractères  mélangés;  mais  cet  Oiseau,  et  ceux 
dont  parle  M.  Petit,  ont  pu  être  produits  en  volière,  puis  lûchés 
dans  les  bois.  —  Quoiqu'il  eu  soit,  nous  avons  fait  du  i)i'emier  une 
description  très  détaillée,  après  l'avoir  l'ait  peindre  de  grandeur 
naturelle. 

Sur  une  étiquette  placée  sous  le  socle  qui  le  supporte  on  lit  de 
la  maiu  de  .M.  van  Kempen  :  »  Vù'A,  Métis  Pluuianns  culclucus,  trouvé 
en  chair  à  Lille,  l'"^  Décembre  1879,  tué  en  Angleterre  (Pauqueret).  » 
Puis  au  crayon  :  ((  Épicerie  parisienne  »,  (semblant  indiquer  la 
maison  où  il  a  été  acheté  ?).  Eu  outre,  dans  le  Catalogue  des 
Oiseaux  hybrides  de  la  collection  de  M.  van  Kempen  (5),  les  rensei- 
gnements suivants  sont  donnés  :  «  Mâle  adulte  trouvé  au  milieu  de 
Faisans  communs  envoyés  d'Angleterre.  " 

La  pièce,  fort  bien  montée,  de  forte  taille,  de  celle  du  i-eevesi, 
rappelle  par  la  coloration  de  tout  son  corps,  le  Faisan  commun,  à 
l'exception  de  la  tête,  des  joues,  du  cou  et  de  la  queue.  Mais  le 
dessin  du  plumage  est  un  mélange  des  deux  espèces.   Il  dillère 

(1)  Vol.  X.XII,  p.  .'J24. 

(2)  Bull.  Se.  nal.  appliquées,  N»  du  20  mai  1874,  p.  4fi8. 

(2i  11  y  a  cependant  des  exieplions,  car  les  hybrides  de  Tetraonidés  sont  tous 
certainement  des  hybrides  sauvages. 

(3)  Voy.  les  renseignements  donnés  p.  83  ou  p.  336  des  Mém. 

(4)  Voy.  p.  84  ou  p.  337  des  Mémoires  de  la  Société  Zoologique. 

(5)  Publié  in  Mém.  Soc.  Zool.  de  France,  18'J0,  p.  lO'i. 


60^  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

tout  spécialement  du  coichicus  par  la  ttHe  dont  le  sommet  est  blanc 
lavé  de  roussàtre  entouré  complètement  et  largement  de  blanc. 
Deux  petites  taches  blanches  se  montrent  sur  les  joues.  Tout  le 
devaut  et  le  dessus  du  cou  sont  d'un  noir  violacé  (couleur  de  vin)  et 
aucunement  du  vert  bleu  de  mer  du  coichicus.  Un  demi-collier 
blanc  existe  derrière  le  cou  et  ne  se  prolonge  pas  sur  le  devant. 
La  croupe  diffère  beaucoup  de  celle  du  rolcincm  adulte  ;  elle  n'a 
point  de  reflets  gris  verdàtre  bleuté,  mais  elle  a  de  beaux  reflets 
brun  violacé.  Les'pattes  sont  très  fortes  et  de  couleur  jaunâtre. 

Nous  possédons  un  hybride  du  même  genre  et  du  même  sexe, 
un  mâle  adulte  né  en  domesticité.  En  sorte  qu'il  nous  a  été  possible, 
quoique  notre  exemplaire  soit  en  peau  et  un  peu  détérioré  en  cer- 
tains endroits  (1),  de  faire  les  rapprochements  que  voici  :. L'hybride 
de  M.  van  Keinpeu  diffère  du  nôtre  par  les  dessins  plus  clairs  de 
son  plumage  où  l'on  aperçoit  de  larges  taches  jaunes  rappelant 
davantage  le  reevesi.  Néanmoins  les  deux  Oiseaux  présentent  de 
grandes  analogies  entre  eux  et  la  coloration  des  parties  inférieures 
est  la  même  chez  les  deux  individus  ainsi  que  le  dessin  de  la  queue, 
qui  n'est  nullenieut  Phasianus  mlgaris.  Vers  l'épaule,  où  le  reevesi 
est  rappelé,  les  deux  hybrides  se  ressemblent  encore.  Mais  il  faut 
noter  que  la  queue  de  l'hybride  sauvage  est  bien  moins  longue  que 
celle  de  l'hybride  domestique  et  se  trouve  être  ainsi  intermédiaire 
entre  celle  des  deux  espèces  ;  (nous  ignorons  si  elle  a  acquis  toute 
sa  croissance). 

Nous  sommes  surpris  de  voir  que  chez  aucun  de  ces  hybrides  les 
demi-cercles  blancs  que  Je  reevesi  montre  sur  le  devant  de  son 
plumage  ne  sont  rappelés.  Cependant  le  dessin  qui  existe  à  cette 
place  se  trouve  très  élargi   (t). 

Cette  partie  îest  blanche  chez  recDesî,  bleu  de  mer  brillant  chez 
colchicusl;  elle  est  noir  violacé  chez  l'hybride. 

Le  croisement  du  Ph.  coichicus  et  du  Ph.  reevesi,  (comme  d'autres 
croisements  du  reste),  nous  apprend  donc  que  le  mélange  des  deux 
espèces  ne  produit  point  l'effet  que  l'on  pourrait  en  attendre.  Les 
combinaisons  dans  le  dessiu^et  même  la  coloration  du  plumage  sont 
quelquefois  autres  que  celles  que  l'on  s'imaginerait  volontiers. 

Cet  article  était  écrit,  lorsque  nous  avons  ouvert  la  Chasse  lUus- 

(1)  C'est  celui  qui  a  servi  pour  les  e.xameus  microscopiques  dont  M.  Daresle  a 
rendu  compte  dans  la  Revue  de  Biologie. 

(i)  Ceci  parait  dû  à  l'inlluence  du  reevesi  dont  les  demi-cercles  sont  beaucoup 
plus  prononcés  que  chez  le  coichicus.  On  sait  que  chez  celte  espèce  ces  derai-cerclea 
sont  noir-i  "l  disposés  sous  la  gorge  d'une  manière  diflérente. 


ADDITIONS,    COnRECTlONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  603 

trée  (1),  où  ou  lil  àlapajje  138Gdu  n"  49,  les  lignes  suivantes  :  «  Une 
»  seule  fois  j'ai  tué  un  Faisan  qni  était  évidemment  métis  de  vénéré. 
M  Qui  l'avait  produit?  D'où  venait-il  ?  Je  n'en  sais  rien,  s'était-il 
»  échappé  d'une  faisanderie"?  Ktait-il  le  produit  d'un  des  Coqs  de 
»  pur  sang  qui  s'étaient  établis  dans  le  voisinage  avec  une  Poule 
»  faisane  commune  '.'  Je  ne  puis  le  dire. 

))  C'était  un  très  bel  Oiseau,  d'un  tiers  au  moins  plus  grand  que 
»  le  Faisan  à  collier,  au  plumage  chaud,  dont  les  mailles  rappe- 
n  laient  celles  du  vénéré  à  ne  pas  s'y  tromper,  mais  d'une  couleur 
»  rouge  brique  et  non  dorée.  La  queue  était  aussi  infiniment  plus 
»  courte  ;  celle  du  Vénéré  atteint  jusqu'à  deux  mètres  de  longueur, 
»  celle  de  ce  métis  n'était  pas  beaucoup  jjlus  longue  que  celle  du 
»  Faisan  commun,  mais  les  plumes  en  étaient  maillées  comme 
»  celles  du  Faisan  vénéré.  » 

Ce  récit  était  signé  de  M.  Ernest  BeHecroix  ;  nous  avons  écrit  au 
directeur  de  la  Chasse,  Illustrée  pour  lui  demander  quelques  indica- 
lious  complémentaires.  Celui-ci  a  été  assez  bienveillant  pour  nous 
adresser  la  communication  suivante  : 

«  Paris,  le  14  Août  1894. 
»  Monsieur, 

»  A  IV'poque  diSjà  loinlaine  où  j'ai  écrit  l'arUcle  que  vous  nie  rappelez,  le  Faisan 
vénéré  n'éliiit  pas  aussi  commun  (lu'aujouririiui,  et  le  métis  que  j'avais  tué  à 
Cueilly,  prés  de  Villiers-sui-iMarne,  él;iil  peut-être  le  piemier  (jue  j'eusse  vu. 

»  U'où  venait-il'?  Je  n'eu  s;iis  rien.  Notre  chasse  ne  renfermait  que  des  Faisans 
ordinaires,  des  Faisans  à  collier  et  quelques  Monjiuls;  depuis,  le  Vénéré  est  devenu 
bien  moins  rare.  A  Grosbois,  le  prince  de  Wagram  en  a  assez  pour  qu'ils  se  soient 
répandus  sur  les  chasses  voisines. 

Il  Je  crois  cependant  que  les  hybrides  de  Vénérés  et  de  Faisans  communs  se  pro- 
duisent à  l'état  sauvage;  ils  sont  surtout  obtenus  en  faisanderie  pour  être  lûchés 
dans  les   tirés. 

a  A  Chantilly,  chez  le  duc  d'Aumalc,  on  laisail  des  élèves  qui  donoaient  l'occasioa 
de  brillants  coups  de  fusil. 

»  J'ai  personnellement  vu,  depuis  dix  ans,  bon  nombre  de  sujets  provenant  du 
croisement  du  Vénéré  avec  le  Commun,  et  je  crois  qu'il  en  est  d'eux  comme  des 
combattants  :  pas  un  ne  se  ressemble  nbsoLument. 

>  La  couleur  (jui  me  parait  dominer  est  le  rouge  brun,  mêlé  de  taches  plus  ou 
moins  fauves  ou  jaunes,  piir  endroits;  niais  la  forme  de  la  tête,  la  taille,  tout 
rappelle  le  Vénéré  :  un  œil  exercé  ne  saurait  s'y  tromper. 

Il  £rnesl  Bellecroix.  b 

Cette  lettre  nous  montre  que  les  hybrides  du  Faisan  vénéré  et 
du  Faisan  ordinaire  sont  des  hybrides  obtenus  en  domesticité,  ou 
tout  au  plus  en  semiliberlé,  comme  nous  le  pensions. 

(I)  Journal  des  Chasseurs  et  la  vie  à  la  campagne.  (A.  Firmin-Didot,  Pans), 
du  6  décembre  1884. 


604  OISEAUX    HYBRIDICS    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

Phasianus  versicolor  et  Phasianus  Sœmmeringi 

(Se  reporter  p.  84  du  tirage  à  part  ou  p.  337  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1890). 

On  se  rappelle  que  M.  Maingonuat,  ancien  natui-alisle  à  Paris  (1), 
avait  reçu  du  Japon,  un  individu  qu'il  pensait  être  un  véritable 
hybride  entre  le  Ph.  V'ersicolor  et  le  Pli.  scfmmcriiuji.  Cet  Oiseau 
faisait  partie  d'un  lot  nombreux  composé  des  deux  espèces  et 
M.  Maigonnat  se  croyait  apte  à  le  juger,  car  il  avait  acquis  une 
grande  connaissance  des  deux  types  par  suite  de  sa  longue  expé- 
rience. M.  Maingonuat  avait  eu  la  bonté  de  nous  l'envoyer,  mais 
c'était  à  une  époque  oi'i  nous  n'étions  point  à  même  de  juger  ses 
caractères  mixtes,  n'étant  point  pourvu  d'un  matériel  de  compa- 
raison suflisant.  Depuis  nous  avons  essayé  de  nous  procurer  ce 
sujet  pour  l'étudier  sérieusement  et  le  comparer  aux  espèces  présu- 
mées mères  que  nous  nous  étions  procurées.  Malheureusement  le 
successeur  de  M.  Maingonuat,  M.  Hermaun,  ignore  ce  que  l'Oiseau 
est  devenu. 

Nous  avons  pris  au  Japon  même  des  renseignements  sur  l'habitai 
et  les  mœurs  des  deux  espèces  parentes  afin  de  nous  assurer  que 
de  tels  croisements  peuvent  être  présumés.  Nous  nous  sommes 
adressé  à  M.  le  professeur  Edward  Divers,  de  Hongo  Tokyo,  qui  a 
réussi  à  obtenir  quelques  informations  à  ce  sujet  de  M.  Gérard 
Duer,  un  ancien  résident  au  Japon  et  en  Chine,  M.  Duer  s'est  inté- 
ressé à  l'histoire  naturelle.  Il  résulte  de  la  lettre  de  ce  dernier  que 
les  habitudes  du  Ph.  wrsiœlor  &\.  du  Ph.  sœmmerinçji  diffèrent  ainsi 
que  leurs  habitats.  Le  premier  Faisan  fréqueute  les  endroits  décou- 
verts; l'autre  les  abris  épais  et  sombres,  tels  que  ceux  qui  sont 
fournis  par  les  bocages  de  Crytomerin.  M.  Duer  ne  pense  point  pour 
cette  raison  qu'ils  se  croisent  ne  se  rencontrant  pas. 

A  l'état  de  captivité  il  n'en  est  point  ainsi  ;  les  Japonais  ont  réussi 
à  obtenir  des  hybrides  des  deux  espèces.  MM.  Blakiston  et  Pryer 
ont  vu  un  couple  d'hybrides  dont  le  Coq  était  d'une  grande  beauté: 
«  Tète  et  queue  du  Faisan  vert,  corps  d'un  brun  luisant,  queue 
plus  en  éventail  que  chez  le  scemmeringi,  mais  barrée  de  la  même 
manière.  La  Poule,  de  forte  taille,  différait  à  peine  du  Ph.  versi- 
color »  (2). 

Le  Faisan  de  M.  Maingonnat  aurait  donc  pu  avoir  une  origine 
domestique? 

(1)  .Vujourd'lnii  décédé. 

(2)  Transactions  asiatic  Society  of  Japon,  VIII,  p.  170,  1S80. 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    KT    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURK  6(J5 

Variétés  (1). 
■    Phasianus  torquatus  et  Phasianus  versicolor  (2). 

On  lit  dans  Blakistoii  et  Pryer  (3)  que  le  Ph.  versicolor  el  le 
Chinese  Pheasanl  (l'h.  torquatus)  contractent  volontiers  des  alliances 
à  l'état  sauvage  et  que  leurs  produits  sont  ^LMiéralcuient  plus  forts 
que  ne  le  sont  les  parents.  —  Après  l'importation  des  Ph.  torquatus, 
près  de  Yokohama  Kobé  et  de  Nagasaki,  on  obtint  facilement  des 
hybrides  ([ui  devinrent  plus  nombreux  que  les  Pli.  torquatus  pur 
sang.  On  rencontra  aussi  tout  un  nombre  de  sujets  petits  ayant  le 
plumage  du  Coq,  incontestai)lement  des  Poules  dont  l'état,  connu 
sous  le  nom  d'hermaphrodite,  est  accompagné  d'un  défaut  orga- 
nique. 

Si  nous  en  croyons  les  auteurs  que  nous  citons,  les  individus 
obtenus  dans  cet  état  de  plumage  proviendraient  d'une  seconde 
génération  d'hybrides  k  cause  des  marques  de  collier  blanc  autour 
du  cou  (pie  présentent  quelques-uns  de  ces  spécimens  ;  l'Iiybri- 
dation  serait  aussi  la  cause  de  leur  organisation  défectueuse  prou- 
vée, du  reste,  par  la  dissection. 

Nous  ne  voyons  aucune  raison  de  croire  que  des  sujets  réputés 
hermaphrodites  soient  de  deuxième  génération,  ce  qui  prouverait 
du  reste  aijondammciit  la  fertilité  des  premiers  hybrides,  leurs 
parents.  Si  le  croisement  donne  des  êtres  inféconds,  il  ne  les  rend 
point  pour  cela  hermaphrodites.  Les  sujets  en  question  nous  parais- 
sent donc  être  simplement  de  vieilles  Poules  ayant  revêtu  la  livrée 
du  mâle.  Nous  pensons  en  outre  que  le  croisement  du  versicolor 
et  du  torquatus  est  fertile  aussi  bien  en  Europe  qu'au  Japon  ;  dans 
sa  lettre  écrite  à  M.  Divers,  M.   Duer  manifeste  avec  raison  son 

(1)  Notre  intention  n'étant  point  de  parler  dans  notre  premier  mémoire  des  croise- 
ments entre  variétés, (quoique  les  deux  mélans{''s  mentionnés  au  genre  Euplocamus 
rentrent  peut-être  dans  celle  catégorie),  nous  ne  nous  sommes  point  étendu  longue- 
ment sur  ce  sujet.  Dans  ces  Additions,  et  à  titre  de  simple  renseignement,  nous 
donnerons  quelques  Indications  sur  plusieurs  croisements  de  variétés  dans  le  genre 
Phasianus,  variétés  dont  quelques-unes  sont  à  tort,  pensons-nous,  considérées 
comme  de  véritables  espèces. 

(2)  La  femelle  du  versicolor  dont  on  a  voulu  (aire,  à  tort,  selon  nous,  une  espèce 
séparée  du  Faisan  commun,  pourrait  être  confondue  avec  la  femelle  de  ce  dernier. 

{^\  Op.  cit.  Vlll,  p.  17(i,  IHSi».  Nous  n'avons  poini  consulté  directement  les 
Transactions,  c'est  M.  Kchvards  Divers  qui  a  eu  l'obligeance  de  nous  adresser  une 
copie  des  passages  qui  pouvaient  nous  intéresser. 


(iOC  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LÉTAT    SAUVAGE 

étonnement  de  voir  M.  Pryer  déclarer  infécond  l'hybride  du 
Ph.  torquntus  X  Ph.  versicolor  (1). 

Les  croisements  de  ces  deux  espèces  ont  été  mentionnés  par 
M.  Seebohn  (2). 

Nous  avons  fait  remarquer,  d'après  M.  Dubois,  qu'un  hybride  de 
Ph.  torquatus  X  Ph.  versicolor,  né  en  captivité,  ressemblait  au 
Ph.  formosanus.  Au  sujet  de  ce  type,  M.  Seebohn  (3)  s'exprime 
ainsi  :  «  The  Formosan  Pheasant  has  also  been  dignilied  with  a 
name,  P.  torquatus  var.  formosanus  ;  but  it  only  difters  froni  the 
typical  form  in  having  a  pale  groud-colour  to  the  upper  back  and 
flanks,  wich  are  pale  bufïïsh  while  instead  of  brownish  bufï.  » 
M.  Seebohn  ajoute  que  des  exemples  «  from  Hankovv  and  the  Corea 
are  intermediate.  » 

PhASIANUS    MONGOLICUS   et    PhASIANUS    SEMITORQUATUS 

M.  Severtzow  dit  (4)  avoir  vu  dans  la  collection  de  M.  Gould  un 
spécimen  reru  de  Saint-Pétersbourg,  déterminé  comme  Ph.  mon- 
goliens, mais  qui  paraît  être  le  croisement  de  deux  races,  le  Ph. 
mongoliens  et  le  Ph.  semilorquatus,  lesquels  se  rencontrent  près  de 
Ebe-Nor.  En  effet,  cet  Oiseau  a  le  large  collier  blanc  que  possède 
le  monyolicus  et  la  même  gorge  pourprée  «"with  rusty  featers-bares, 
widely  difïerent  from  P.  semitorqualus  »  ;  mais  il  ressemble  au 
dernier  «  in  the  greenish  gênerai  gloss  and  the  wing  colour  »  et  non 
au  ((  typical  mongolieus,  de  Syr,  »  recueilli  en  grand  nombre  par 
M.  Severtzow. 

PhASIANUS  colchicus  X  Phasianus  torquatus 
Quelques  indications  avaient  déjà  été  données  sur  le  croisement 

(1)  La  leltie  de  M.  Duer,  dalée  du  8  Septembre  1890,  nous  apprend  qu'il  n'y 
a  que  seize  ou  dix-sept  ans  que  le  Ph.  torquatus  a  été  importé  de  Chine  par  les 
résidents  étrangers  à  Nagasalii  ;  la  même  importation  (ut  faite  par  les  résidents 
à  Yoltohama.  Il  y  a  quelques  années,  M.  Uuer  remarqua  sur  un  paravent  japonais 
relativement  ancien,  un  dessin  représentant  un  torquatus.  M.  Duer  a  aussi  été 
informé,  par  le  capilaine  Dawson,  que  M.  M.  N.  S.  Desarf  tua  un  exemplaire  près 
de  Sliimonoscki,  il  y  a  environ  quinze  ans,  croit-il.  Un  des  capitaines  de  la 
marine  britannique  qui  visita  Susina  vers  la  même  époque  lui  a  rapporté  que  le 
torquatus  était  le  Faisan  commun  de  celle  ile.  Enfin  M.  Ota  aîné  a  fait  savoir  à 
MM.  Blakiston  et  Pryer  que  tous  les  Faisans  de  Teuseknia,  dans  le  détroit  de 
Corée,  sont  de  cette  espèce. 

(2)  A.  Historx  of  British  liirds,  II,  p.  44G. 

(3)  Op.  cit.  même  page. 

(4)  The  Ibis,  1875,  p.  493. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    DAPRÈS    NATL'IiK  ()U7 

de  ces  deux  variétés  très  rapprochées  qui  ont  été  importées  en 
Nouvelle-Zélande.  Les  «  Monatschrifteu  (1)  »  confirment  (ou  rappel- 
lent) ce  fait  en  disant  que  les  hybrides  se  ressemblent  tous  et 
offrent  les  caracloi'es  du  Ph.  torqiintus  si  prononcés  que  l'on  pourrait 
désigner  cette  forme  hybride  sous  le  nom  de  ((  l'hasinnus  torquatus 
var.  ht/bridus.  n 

Au  Muséum  de  Paris,  il  existe  un  métis  cT  de  Faisan  commun  et 
de  Faisan  à  collier  indiqué  comme  provenant  de  chez  M.  le  prince 
de  la  Moskova  (Saint-Germain)  et  un  autre  de  chez  M.  Johanneau 
(France).  Ou  ne  spécifie  point  cependant  si  ces  Oiseaux  ont  été 
obtenus  à  l'état  sauvage. 

Phasianus  decollatus  et  Phasianus  collaris 

Le  R.  Père  Heude,  missionnaire  à  Ghang-Haï  (Chine),  nous  écrit 
de  Zikawéi  que  la  région  habitée  par  le  Pk.  reevcsi  nourrit  le 
Ph.  decollatus  el  le  Ph.  collaris  (le  Faisan  commun  de  la  Chine).  Des 
hybrides  entre  le  Ph.  rolhiris  i:^  pi  le  Kîiisan  japonais  ont  été  ren- 
contrés en  abondance  dans  les  chasses  du  Mikado. 

Phasianus  mongolicus  et  Phasianus  chrysomelas 

M.  le  D'  Gunther  a  eu  la  complaisance  de  nous  signaler,  au 
British  .Muséum,  une  peau  de  Phasinnus  qui  représente  l'hybride 
du  /'/(.  nioiii/oliriis  croisé  de  /'/).  chrysomelax.  Des  renseignements 
qui  nous  sont  envoyés  par  M.  Grant,  nous  savons  que  ce  spécimen 
provient  de  la  collection  de  M.  Holst  et  a  très  probablement  été 
tué  par  ce  dernier  près  de  la  mer  d'.Vral,  en  décembre  188."),  à 
Nukuss  (.\sie  centrale),  .\ucune  notice  n'a  été  encore  publiée  sur 
ce  produit,  dont  le  croisement  se  voit,  ajoute  M.  Grant,  au  pre- 
mier coup  d'œil  (2).  M.  Prévôt,  que  nous  avions  envoyé  à  Londres 
pour  peindre  plusieurs  pièces  hybrides  conservées  au  British 
Muséum,  a  représenté  de  grandeur  naturelle  ce  beau  Faisan. 
Cette  peinture,  d'une  exécution  très  habile,  nous  a  montré  le 
produit  de  deux  variétés  et  non  de  deux  espèces.  Cependant, 
.M.  Severizow  considère  comme  véritable  espèce  le  Ph.  chrysonielax; 
le  feu  professeur  s'est  même  étendu  longuement  sur  ce  sujet  ("{).  Le 

(1)  Voy.  Zoologishe  Gnrten.  N'  4,  p.  III.  1889. 

(2)  Depuis  (|iie  M.  (iranl  mius  a  (.lil  cette  commuiiicatiun,  l'Oiseau  a  été  signalé 
dans  le  Cat.  of  the  Game  Birds,  p.  'M&. 

CA)  Voy.  Bull.  Soc.  Inip.  clés  Nat.de  Moscou,  IH7^,  seconde  partie,  p.  i09.  Corre«- 
pondance-Letlre  adressée  à  M.  le  Vice-Président. 


608  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

Ph.  chrysomelas  conserve,  dit-il,  des  caractères  constants,  ainsi  qu'il 
l'a  vu  par  l'examen  de  beaucoup  de  spécimens  (1).  Ce  n'est  point 
néanmoins,  pour  nous,  une  raison  de  le  déclarer  espèqe  distincte, 
dès  lors  que  ses  caractères  le  différencient  fort  peu  du  mongoliens. 
Une  race  conserve  ses  propres  caractères  sans  être  une  espèce 
véritable. 

Nous  avons  reçu  de  chez  M.  Schliiter  un  mongolicus  d*  ad.  de 
Weruai  et  un  chrysomelas  cT  de  Assa-Durjà;  ce  sont,  nous  pouvons 
le  dire,  deux  Oiseaux  à   peu  près  identiques. 

Voici  les  seules  différences  que  nous  avons  constatées  dans  le 
plumage  (car  la  taille,  la  forme  du  bec,  la  longueur  de  la  queue, 
les  pattes  sont  les  mêmes).  Le  chri/somelas  est  beaucoup  "  plus 
verdâtre  brillant  sous  la  gorge,  sur  le  devant  de  la  poitrine  et  au 
commencement  du  ventre.  Sur  les  côtés  la  couleur  roux  brunâtre 
est  plus  claire,  le  blanc  des  couvertures  supérieures  de  la  queue 
est  plus  vif,  (moius  terne  au  moins).  Sur  le  dessus  du  dos,  au  lieu 
de  présenter  des  reffets  verdàtres  tirant  sur  le  roux  (comme  chez 
le  mongolicus),  il  est  d'un  brun  noir  mélangé  plus  franc,  ainsi  que 
sur  le  croupion  et  sur  les  couvertures  de  la  queue  ;  les  raies  trans- 
versales de  la  queue  (rectrices)  sont  plus  fines,  enfin  le  collier  est 
considérablement  plus  étroit.  A  part  cela  ce  sont  les  deux  mêmes 
Oiseaux.  Les  petites  différences  que  nous  constatons  ne  proviennent 
sans  doute  que  des  influences  de  l'habitat. 

Nous  remarquerons  que  l'hybride  peint  par  Prévôt  paraît  plus 
chrysomelas  que  mongolicus,  car  les  côtés  sont  roux  clair,  le  collier 
est  petit  et  le  vert  assez  répandu  sur  le  devant  de  la  poitrine 
quoiqu'en  moins  grande  quantité  que  chez  ce  type.  Quant  au 
dessous  de  la  gorge,  il  est  peut  être  aussi  plus  mongoliens,  étant 
moins  vert. 

Nous  ne  saurions  juger  tous  les  caractères  mixtes  qu'il  peut 
présenter  par  une  aquarelle  qui  le  montre  en  peau  et  d'un  seul 
côté,  mais  il  paraît  réellement  métis. 

Phasianus  versicolor  et  Phasianus  colchicus 

M.  Petit  aîné,  naturaliste  à  Paris,  que  nous  avons  déjà  nommé,  a 
acheté  pour  nous  un  superbe  Faisan  en  chair,  tué  à  Rambouillet, 
en  1893,  dans  les  chasses  de  M.  Carnot.  Ce  Faisan,  dont  nous 
conservons  la  dépouille,  paraît  être  un  croisement  du  colchicus  avec 
le  versicolor. 

(1)  Voy.  Ibis,  187o,  vol.  5,  p.  493. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    D'aPRÈS   NATURE  fi09 


Phasianus  torquatus  et  Ph.  mongolicus 

M.  Seebolim  (I)  parle  des  deux  races,  le  Ph.  torquatus  et  le  Ph. 
monfioUcus,  existant  dans  le  Turkeslan  russe  méridional  et  qui, 
apparemment,  se  sont  croisés  et  ont  produit  une.  forme  intermé- 
diaire, le  Ph.  mongolirus,  var.  insignis,  (Ph.  càrysolaus  de  Severtzow), 
variété,  ajoute  M.  Seobohm,  ayant  «  sarcely  i)ereeptible  preen 
reflections  ou  the  upper  tail  covert,  and  a  very  narrow  while  rinjï, 
but  with  the  green  lyps  to  the  feathers  of  the  miner  part  very 
large  ».  Cette  manière  d'envisager  l'origine  de  Vinsignis  est,  cela 
va  sans  dire,  tout  iiypothélique. 

Le  fait  que  l'on  va  maintenant  citer  ne  se  rapporte  point  à  un 
croisement  ;  nous  le  croyons  cependant  de  nature  à  intéresser.  Il 
pourrait  donner  une  explication  du  cas  précédent,  sans  avoir 
recours  à  une  liybridation. 

En  parlant  de  deux  exemplaires  cT  de  Phnsianns  clrgans  envoyés 
vivants  en  .\ngleterre  de  la  province  de  Sechuen  (iJ),  Elliot  (3)  a 
remarqué  que  cette  espèce  semble  être,  dans  sa  distribution  géo- 
graphique, intermédiaire  entre  le  P.  decollntus  de  la  partie  Est  de 
Sechuen  et  le  Faisan  de  la  province  de  Yunan  (4).  «  On  pourrait, 
dit-il,  le  supposer  un  hybride  entre  Ph.  cnh-hicus  et  Ph.  versirolor  si 
ces  deux  Oiseaux  avaient  le  même  habitat,  ce  qui  n'est  pas.  :—  Cette 
remarque  montre  donc  qu'un  Oiseau  peut  présenter  des  caractères 
intermédiaires  entre  deux  types  sans,  pour  cela,  èlre  un  hybride; 
opinion  qui  n'aurait  point  manqué  d'être  soutenue  si  le  r.ersicolor  et 
le  colchims  eussent  habité  les  mômes  localités. 

Il  serait  donc  d'un  grand  intérêt,  jugeant  par  analogie,  de  com- 
parer le  Ph.  clegaas  d'Elliot  avec  les  hybrides  colchiciis  et  versicolor 
que  l'on  obtient  sans  aucun  doute  en  domesticité. 

Dans  le  cas,  où  le  croisement  du  Ph.  colchicus  X  Ph.  versirolor 
viendrait  à  se  produire  à  l'état  libre,  il  serait  à  référer  au  croise- 
ment du  versicolor  X  torquatus  déjà  indiqué  (torquatus  étant  simple 
et  très  faible  variété  de  colchicus,  malgré  la  constance  de  ses 
caractères). 

(1)  A.  History  o/British  Birds,  II,  pp.  4r>6  et  467, 

(2)  (Chine  méridionale). 

(3)  Monography  of  Pha.iianidœ,  III,  1871.  Voir  aussi  le  même  auteur  in  :  Ann. 
mag.  nal.  hist.  VI,  p.  :il2,  1870.  . 

(4)  Lequel,  on  le  sait,  a  été  mentionné  par  .\nder9on. 


610  OISEAUX    HYBRIDES    BENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 


Phasianus  scintillans  X  Phasianus  Scemmeringi 

Ce  mélange,  très  peu  assuré  comme  on  va  le  voir,  n'avait  point 
été  cité  ;  c'est  M.  Ernst  Hartert  qui  nous  l'a  indiqué.  Celui-ci 
possède  en  effet  plusieurs  échantillons  qui,  lors  d'un  premier 
examen,  lui  avaient  paru  être  intermédiaires  entre  les  deux 
espèces  ;  mais  les  ayant  examinés  une  seconde  fois,  des  doutes  se 
sont  faits  dans  son  esprit.  D'après  M.  Hartert,  le  Phasianus  scintil- 
lans (Udère  du  vrai  Ph.  sœmmerinqi  par' la  bordure  blanc  pur  de 
toutes  les  plumes  du  dos,  de  la  croupe,  et  des  couvertures  supé- 
rieures des  ailes.  Chez  lesœmmeringi  ces  mêmes  bordures  sont  brun 
cuivre  ou  brun  rouge.  La  queue  est  aussi  plus  pâle  chez  ce  type 
que  chez  le  scintillans.  —  Or,  chez  quelques-uns  de  ses  spécimens,  la 
couleur  générale  de  ces  parties  est  semblable  à  celle  du  vrai  sœm- 
meringi,  mais  quelques  plumes  ont  les  bords  blancs.  En  terminant 
sa  communication,  M.  Ernst  Hartert  nous  disait  :  «  As  I  do  not 
thiuk  that  P.  scintillaiis  and  P.  scemmerinqi  are  merely  races,  but 
regard  them  as  specifically  distinct,  the  idea  crossed  my  mind 
that  it  mighl  be  hybrids,  but  there  is  no  proof  for  this.  Possibily  what 
I  mentionned  are  intermediate  forms  and  both  are  after  ail  only 
races  of  one  forme,  althought  they  seem  to  be  strikingly  différent, 
and  alsoto  inhabit  différent  localities:  Ph.  smmmeringi  the  southern 
islands,  Ph.  scintillans  the  island  of  Honeloo  ». 

On  voit  par  là  que  l'ornithologiste  émérite  ne  veut  rien  affirmer 
sur  le  croisement  qu'il  nous  avait  tout  d'abord  indiqué,  mais  qui, 
maintenant,  reste  pour  lui  assez  problématique.  Du  reste,  M.  Hartert 
nous  ayant  cédé  un  des  échantillons  de  sa  collection,  et  cet  échan- 
tillon ayant  été  examiné  par  M.  Oustalet,  il  a  été  reconnu  que  bien 
peu  de  différences  sont  à  constater  avec  les  individus  que  possède  le 
Muséum.  On  se  voit  donc  fort  embarrassé  pour  le  déclarer  hybride. 

Quant  à  la  différenciation  spécifique  des  deux  types  scintillans  et 
sœmmeringi,  elle  n'existe  point  en  réalité  ;  on  doit  considérer  le  Ph. 
scm/t7/ons  comme  une  simple  variété  du  Ph.soemnieringidont  il  diffère 
seulement  parla  proportion  plus  grande  de  blanc  sur  le  plumage  ; 
de  nombreux  exemplaires  scintillans  originaires  du  Japon  septen- 
trional, reçus  au  Muséum,  montrent  cette  particularité.  M.  Ogilvie 
Grant  nous  apprend  (1)  que  la  forme  intermédiaire  entre  les  deux 
variétés  existe  (2)  ;  c'est  peut-être  à  cette  catégorie  qu'appartiennent 
les  exemplaires  de  M.  Hartert  et  celui  qu'il  nous  a  cédé  ? 

(1)  Catalogne  oj  Game  Birds,  p.  VM. 

(2)  (I  Every  state  between  the  two  forms  may  beseen.  » 


ADIIITIONS,    COnniîCTIONS    KT    EXAMKNS    D'aPRÈS    NATUHE  t)ll 

Genre  Crossoptilon 
Crossoptilon  thibetanum  (1)  ET  Crossoptilon  auritum  (2) 

M.  Oustalet  a  bien  voulu  nous  montrer  dans  son  laboratoire  des 
peaux  de  Crossoptilons  rapportés  par  M.  Bonvalol  et  le  prince  H. 
d'Orléans  de  leur  voyage  au  Thibet,  Oiseaux  qui  présentent  des 
caractères  intermédiaires  entre  la  variété  blanche,  C.  lliibctanuin,  et 
la  variété  bleue,  C.  aHritiis. —  Que  sont  ces  Oiseaux?  Proviennent-ils 
d'uD  croisement  entre  les  deux  variétés,  ou  leurs  couleurs  intermé- 
diaires sont-elles  le  résultat  de  modifications  analogues  à  celles  qui 
s'accomplissent  chez  le  P.  scinlillans,  c'est-à-dire  de  modifications 
s'obtenant  naturellement  et  sans  mélange  des  espèces  pures?  On  ne 
saurait  le  dire,  les  deux  types  n'étant  point  encore  assez  connus. 
Peut-être  C.  thibetanum  doit-il  la  blancheur  de  son  plumage  au 
climat  froid  des  hautes  régions  qu'il  habite?  C.  auritum  pourrait 
encore  lui  être  rattaché  par  d'autres  causes,  celles  du  dimorphisme, 
par  exemple,  que  nous  avons  vu  si  souvent  se  produire  cliez  les 
^ccî/nVrcs.  Quoiqu'il  eu  soit,  le  croisement  des  deux  types  ne  serait-il 
pas  contestable,  qu'on  ne  saurait  encore  appeler  hybrides  leurs  pro- 
duits, les  parents,  de  môme  structure  et  de  mômes  mœurs,  ne 
pouvant  ôtreséi)arés  s[)écifiquement. 

M.  Oustalet  a,  du  reste,  étudié  cette  question  dans  une  élude  que 
le  journal  ].a  Nature  a  publiée  (3).  Le  savant  docteur  n'a  point  voulu 
se  prononcer  sur  la  véritable  nature  des  spécimens  qui,  tout  en 
présentant  des  caractères  mélangés,  ne  sont  peut-être  point  cepen- 
dant des  métis  (4). 

(I)  Synonymie  :  Crossoptilon  thetanus,  Crossoptilon  album,  Crossoptilon 
drouynii  ou  encore  le  Faisan  oreillard  du  Nord  de  la  Chine. 

(2|  .\ppelt'  aussi  Crossoptilon  cœrulescens,  Phasianus  auritua.  C'est  l<"  Fai- 
san oreillard  bleu. 

(3)  N»  du  10  juillet  1892.  pp.  lui,  102  et  10:t. 

(4)  Un  autre  croisement  dans  le  genre  Crossoptilon  est  celui  du  Crossoptilon 
MANTCHURicuM  et  du  Crossoptii.on  THiBRrAMM,  quB  nous  a  fait  connaître  M.  le 
prof.  Surdelli  et  que  l'on  voit  dans  la  collection  du  (eu  comte  Turati,  au  Musée 
de  .Milan.  Malheureusement,  le  prolcsscur  ne  nous  a  point  fait  savoir  si  le  (ou  les) 
spécimens  qui  le  reprosenti'nl  ont  été  obtenus  à  l'étal  sauvage.  Il  est  assez  pré- 
sum^ble  qu'ils  proviennent  de  mélanges  obtenus  accidentellement  dans  quelque 
Jardin  d'acclimalioa  où  l'on  recherche  ces  be  lux  Faisans. 


612  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

Familles  des  Pénélopidés 
Genre  Pénélope 

PÉNÉLOPE   JACUCACA    et   PÉNÉLOPE   PILEATA 

M.  le  D'  Gûnther  a  été  assez  aimable  pour  nous  faire  connaître 
l'hybride  de  ces  deux  espèces  conservé  au  British  Muséum.  Cet 
Oiseau,  nous  dit  le  savant  directeur,  fut  envoyé  du  Brésil  à  Londres 
comme  Oiseau  sauvage.  Il  vécut  dans  le  Jardin  de  la  Société  Zoolo- 
gique depuis  le  26  mai  1870  jusqu'au  31  août  1875  et  fut  acheté  par 
le  Muséum  après  sa  mort.  Autant  que  M.  Giinther  se  le  rappelle,  il 
a  été  considéré  par  tous  les  ornithologistes  qui  l'ont  examiné  com- 
me un  hybride.  Cependant  M.  Ogilvie  Grant  fait  précéder  la  men- 
tion qu'il  en  fait  (1)  d'un  point  d'interrogation,  comme  s'il  hésitait 
sur  la  valeur  de  ses  caractères.  Il  dit  qu'il  diffère  «  chietly  from 
typical  P.  jacucaca  in  having  the  underparts  of  a  deep  chestnut 
niuch  darker  than  in  P.  pileata  »,  et  ajoute  :  «  There  can  be  Utile 
doubt  that  it  is  a  hybrid  between  the  two  species.  »  Cette  peau 
se  trouve  dans  la  collection  Salvin  Godman.  Elle  a  été  peinte  pour 
nous,  mais  il  paraît,  d'après  M.  Giinther,  que  l'aquarelle  qui  la 
représente  n'est  point  exacte  comme  coloration  :  puis  sur  cette  pein- 
ture beaucoup  de  plumes  des  couvertures  de  l'aile  et  du  corps  n'ont 
point  les  couleurs  blanches  comme  dans  l'original.  Nous  ignorons 
tout  à  fait  si  P.  jacucaca  et  P.  pileata  peuvent  être  considérés 
comme  des  espèces  absolument  distinctes.  Nous  ne  connaissons 
point  ces  types  suffisamment. 

Phasianidés  et  Tetraonidés 
Genres   Phasianus  et  Tetrao 

PhASIANUS   VULGARIS    X    TeTRAO   TETRIX 
(Se  1-eporlei-  p.  87  ou  p.  340  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Trente  spécimens  environ,  représentant  le  croisement  de  ces 
deux  espèces,  avaient  été  signalés.  Nous  n'en  avions  vu  aucun  ;  ces 
Oiseaux  nous  étaient  seulement  connus  par  leurs  descriptions,  par 

(1  )  Dans  le  Catalogue  of  Game  Birds,  p.  SOO. 


ADDITIONS,    COHHliCTIONS    ET    KXAMENS    d'aPRÈS    NATURIC  013 

les  dessins  publiés  par  Yarrell  (I)  et  par  la  belle  planche  en  couleur 
de  l'ouvrage  du  D'  A.-B.  Meyer  (2). 

C'est  avec  beaucoup  de  peine  que  nous  nous  sommes  procuré 
quelques  échanlillons.  Beaucoup  de  pièces  signalées  sont  aujour- 
d'hui dispersées  çà  et  là;  il  est  dillicile  de  savoir  ce  qu'elles  sout 
devenues. 

Les  Oiseaux  que  nous  avons  reçus  sont  au  nombre  de  quatre;  ce 
sont  :  1°  la  pièce  de  M.  Turner,  abattue  en  1888  dans  le  grand  parc 
qui  avoisineSuiton  CoKield  ;  2"  le  spécimen  obtenu  avec  cet  Oiseau, 
appartenant  à  M.  Robert  Chase,  de  Southfield,  et  dont  on  n'avait 
parlé  que  très  vaguement  {'3)  ;  3»  l'hybride  tué  par  le  père  de 
M.  Hamon  l'Eslrange  dans  les  bois  de  son  château  d'Hunstanton  ; 
4"  un  exemplaire  existant  au  Musée  de  Munich,  non  mentionné,  et 
dont  l'origine  sauvage  n'a  pu  du  reste  nous  être  certiliée. 

Nous  avons  fait  peindre  ces  pièces,  ainsi  que  plusieurs  autres  qui 
n'ont  pu  nous  être  adressées  ;  ces  dernières  sont  :  l'individu  conservé 
au  Muséum  de  M.  Hart,  à  Christchurch,  (liants)  ;  les  deux  exem- 
plaires signalés  par  M.  Handcock  au  Musée  de  Newcastleon-Tyne  ; 
une  pièce  provenant  de  la  collection  VVhitaker,  actuellement  au 
Musée  de  M.  Walter-Rothschild  à  Trings,  (signalée  dans  le  Zoologist 
de  1888  (4i,  mais  que  nous  avions  omis  de  citer),  et  l'exemplaire 
exposé  en  1883  par  M.  Burton  à  la  Société  zoologique  de  Londres, 
aujourd'hui  chez  M.  Pryor.  Eu  outre  sir  Andrew  N.  Agnew  nous  a 
adressé  la  photographie  de  l'hybride  obtenu  dans  le  Wigthonshire, 
au  château  de  ses  ancêtres,  à  Lochan,  en  1835,  où  l'Oiseau  fut 
conservé  longtemps,  mais  où  sir  Agnew  n'a  pu,  à  notre  grand  regret, 
le  retrouver  (o). 

Eu  sorte  que  les  hybrides  du  Tetrao  letrix  X  Phasianux  colchicus^ 
ou  plutôt  les  Oiseaux  que  l'on  croit  provenir  du  mélange  de  ces  deux 
espèces,  nous  sont  connus  par  :  1»  les  quatre  échantillons  montés 
qui  nous  été  communiqués  ;  2»  les  cinq  peintures  (jui  out  été 
exécutées  pour  nous,  dont  trois  sont  de  grandeur  naturelle  ;  3°  la 

(1)  Dans  la  3<  édit.  de  l'ouvrage  de  cet  auteur  «  Hristh  Dirds  >  ISbG,  ces  dessins 
repri^sentent  :  1°  le  spécimen  Ç  tué  sur  le  innnoir  de  Maringlon,  conservé  dans  la 
collection  Eyton  (cil  in  Procced.  ol  tlic  Zool.  Soc,  183.Ï,  p.  62);  2°  rcxuniplaire 
abattu  en  183i),  par  Lord  llowiclf,  à  Early  Grcy  (Nortliumberland). 

(2)  Cette  planche  donne  le  portrait  aux  2/3  de  la  pièce  tuée  A  Zèle,  dans  le 
district  de  Tiiliorcr. 

(3)  P.  ÏIO  ou  p.  344  des  Mém.  (13%  14'  et  lii*  lignes). 

(4)  ^•  de  lévrier. 

(.">)  La  pièce  montée  n  avait  point  été  mise  sous  verre;  on  suppose  qu'elle  s'est 
détériorée  et  qu'elle  est  sans  doute  aujourd'hui  détruite. 


614  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

planche  en  chromolithographie  du  D''  Meyer  ;  4"  les  deux  dessins  en 
noir  de  Yarrell  ;  et  S"  la  photographie  de  sir  Agnew,  lesquels  dessins, 
gravures  ou  peintures  représentent  des  pièces  diverses  et  non  les 
mêmes  Oiseaux. 

Tel  est  le  matériel  qui  nous  permet  aujourd'hui  de  procéder  à 
l'examen  des  produits  du  Tetrao  letrix  x  Ph.  colchicus. 

Commençant  par  les  hybrides  montés,  nous  décrirons  d'abord 
la  pièce  de  M.  Hamoal'Estrange,  (celte  pièce  a  été  reçue  la  première). 

L'Oiseau  précieux  est  enfermé  dans  une  case  en  bois  dont  le 
devant  seul  en  verre  permet  de  l'observer  ;  son  examen  présente 
donc  beaucoup  plus  de  difficultés  que  si  ou  pouvait  le  tenir  en 
main. 

Le  plumage  semble  indiquer  un  jeune  mâle  en  mue  prenant  la 
livrée  d'hiver,  car,  tandis  que  sur  les  parties  supérieures  on  n'aper- 
çoit qu'une  teinte  gris-jauuàtre  sans  éclat,  en  dessous  se  déclare 
une  teinte  vivement  violacée  et  lustrée  montant  par  plaques 
jusqu'au  cou. 

Au  premier  abord  la  double  origine  qu'on  suppose  à  cet  Oiseau 
ne  paraît  point  s'imposer  ;  on  se  demande  même  pourquoi  la  cou- 
leur principale  est  d'un  gris  aussi  froid,  car  ce  même  gris  est  beau- 
coup plus  ciiaud  chez  les  deux  espèces  mères  arrivées  au  même 
degré  de  développement.  Cependant  des  signes  du  tetri.v  et  du  Pha- 
sianus  se  moulrent  çà  et  là  ;  on  aperçoit  par  exemple  au-dessus  de 
l'œil  et  môme  un  peu  en-dessous  de  cet  organe  la  peau  rouge  de 
cette  dernière  espèce.  La  queue  est  courte  et  très  large,  rappelant  le 
tetrix,  tandis  que  les  pattes  hautes  et  sans  plumes  indiquent  le 
Phasianus.  Au-dessus  de  l'oeil  et  même  un  peu  en-dessous  de  cet 
organe  la  peau  devient  rouge  cerise.  M.  Hamon  l'Estrange  nous 
fait  remarquer  que  cet  hybride,  tué,  on  se  le  rappelle,  par  un  de  ses 
oncles,  à  Essellisham  (Norfolk),  avait  été  rencontré  dans  le  bois  de 
«  Ken  Hill  »,  bois  d'une  trop  petite  étendue  pour  que  le  tetrix  qui  y 
avait  été  importé  ait  pu  s'y  acclimater.  M.  Hamon  lEstrange  nous 
fait  aussi  remarquer  que  l'Oiseau,  mentionné  par  Henry  Steven- 
son dans  ((  The  Birds  of  iXorfolk  »  (1),  est  le  même  que  celui  qu'il 
nous  envoie.  Mais  Stevenson  ne  l'a  point  décrit  et  s'est  contenté 
de  l'indiquer  sommairement.  En  outre,  l'ornithologiste  de  Norfolk 
ne  parait  pas  l'avoir  examiné  lui-méuie.  —  Avec  l'autorisation 
gracieuse  du  propriétaire,  nous  avons  adressé  cette  pièce  curieuse 

(1)  Publié  par  van  Voorst,  à  Londres,  en  18(5C.  Voy.  t.  I,  p.  375., 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPHÈS    NATURE  G15 

à  M.  J.  Duncan,  peintre  h  Newcastle  on-Tyne,  qui  en  a  fait  pour  nous 
une  aquarelle  île  petites  ctiiiieiisions. 

Le  second  spécimen  qui  nous  est  parvenu  appartient  à  M.  Turner, 
il  a  bien  des  analogies  avec  le  dernier  :.la  couleur  du  dos  est  la  même, 
le  ton,  le  dessin,  la  disposition  du  plumage  du  cou  et  de  la  tète 
sont  aussi  les  mêmes.  Néanmoins  il  parait  plus  large  et  plus  fort, 
puis  son  cou  est  plus  couit.  (Celte  partie  n'est  point  allongée 
comme  elle  l'est  chez  l'hybride  de  M.  Turner,  elle  rappelle  ainsi 
davantage  le  trtrix].  La  queue  est  aussi  beaucoup  ])lus  courte  ; 
elle  est,  par  sa  disposition,  celle  d'une  femelle  tetrix. 

Sur  certaines  parties  du  corps,  de  chaque  côté  et  en  dessous  des 
ailes,  ou  voit  apparaître  des  plumes  foncées  à  reflets  violacés  luisants 
qui  indiquent  les  marques  du  cT  prenant  la  livrée  de  l'adulte.  11  faut 
remarquer  que  ces  plumes,  piesque  noires,  sont  rayées  de  larges 
barres  jaunes  arrondies  se  terminant  en  pointe.  Cette  particularité 
nous  élonne,  car  si  les  plumes  de  T.  li-tvix  $  ont  à  peu  près  cette 
disposition,  ce  sont  les  barres  qui  sont  noires  et  le  fond  de  la  plume 
jaune  ;  l'inverse  se  produit  donc  !  En  oulre  il  n'e.xiste  généralement 
sur  les  plumes  de  l'hybride  qu'une  seule  barre  ;  on  en  trouve  deux 
et  même  trois  chez  la  Poule  faisane  dont  les  plumes  sont  à  cet 
endroit  dans  le  genre  de  celles  du  letrix.  Une  telle  coloration  ne 
prouve  pas  un  mélange.  Mais  (juclle  origine  autre  assignerait-on  à 
l'Oiseau  tué  dans  le  parc  de  Sutlon  Gollield  ?  Peut-on  le  croire 
variété  d'une  espèce  inconnue?  Cette  hypothèse  ne  peut  même  être 
soulevée.  Or,  par  ses  analogies  avec  l'exemplaire  de  .M.  llamon,  il 
laisse  supposer  un  produit  hybride,  quoique  ses  caractères  mixtes 
soient  moins  bien  accusés.  On  s'explique  diilicilement,  nous  le 
répétons,  la  teinte  générale  grisâtre  qui  n'est  propre  ni  au  Tcirao 
tetrix  ni  au  l'hasiamis  colchicus  (1). 

L'hybride  de  M.  ïurner  n'a  point  été  disséqué  par  le  taxidermiste 
qui  l'a  préparé;  on  a  supposé  seulement  cet  Oiseau  de  sexe  femelle 
à  cause  de  sou  plumage. 

En  faveur  du  sc.xe  contraire,  nous  ferons  valoir  la  peau  nue  (jui 
entoure  l'œil  et  qui,  sans  être  rouge,  prend  la  forme  de  l'ovale  à  ses 
deux  extrémités.  Ni  la  Poule  faisane,  ni  la  poule  letrix  ne  montrent 
un  espace  nu  près  de  l'œil.  La  partie  foncée  des  côtés  du  devant 
indique  encore  pour  nous,  et  ce  très  suffisamment,  le  sexe  luàle. 

M.  Turner  a  bien  voulu  nous  fournir  quelques  indications  complé- 

(t)  Les  jeunes  ou  les  femelles  des  deux  espèces  possèdent  les  uns  el  les  autres  des 
teintes  beaucoup  plus  chaudes. 


(31(5  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    LÉTAT    SAUVAGE 

mentaires  sur  les  circonstances  et  le  lieu  dans  lesquels  ce  curieux 
spécimen  a  été  tué. 

Le  parc,  qui  contient  deux  mille  cinq  cents  acres,  appartient  à  la 
petite  ville  de  Suttou  CoUield  depuis  trois  cents  ans.  Le  tiers  de  ce 
parc  est  planté  en  forêt;  les  autres  parties  sont  en  genêts  et  en 
bruyères,  à  l'exception  de  quelques  parcelles  marécageuses  fré- 
quentées par  les  Bécassines.  Les  haLilants  de  Sutton  Colfield  ont 
non  seulement  le  droit  de  faire  pâturer  leurs  bestiaux  dans  le 
parc,  mais  ceux  qui  sont  munis  d'un  permis  de  chasse  peuvent  y 
chasser  un  jour  de  chaque  semaine,  le  mercredi,  depuis  le  commen- 
cement d'octobre  jusqu'à  la  lin  de  janvier.  Le  Coq  noir  de  bruyère, 
ou  Black  Grouse,  s'y  trouvait  encore  représenté  il  y  a  environ  dix- 
neuf  ans.  L'année  où  l'hybride  fut  tué,  on  avait  aperçu  un  de  ces 
Coqs. 

Disons  que  l'Oiseau  intéressant,  qui  nous  a  été  si  bienveillam- 
ment  envoyé,  n'a  encore  été  montré  dans  aucune  société  d'ornitho- 
logie. 11  a  cependant  été  communiqué  à  un  naturaliste  bien  connu, 
M.  Walter  Chamberlam  de  Moor  Green,  de  Birmingham  (1),  qui 
avait  déclaré  aussitôt  après  l'avoir  vu  que  c'était  bien  un  hybride 
de  Black  Grouse  et  de  Faisan  ;  l'empailleur  avait  porté  le  même 
jugement. 

Le  troisième  spécimen  reçu  et  appartenant  à  M.  Robert  W.  Chase 
est  précisément  celui  qui  fut  tué  en  compagnie  de  la  pièce  qui  vient 
d'être  décrite.  Ses  caractères  sont  presque  exactement  les  mêmes 
que  ceux  de  cette  dernière.  Ainsi  les  deux  Oiseaux  paraissent 
appartenir  à  une  même  couvée,  au  moins  provenir  d'un  même 
couple.  Toutefois  le  spécimen  de  M.  Chase  a  un  air  plus  jeune  ;  sa 
queue  n'a  point  en  effet  acquis  tout  son  développement  et  affecte  la 
forme  de  celle  d'une  Perdrix  ;  eu  outre,  son  corps  est  plus  lin  et 
plus  mince.  —  On  retrouve  chez  cet  hybride  des  plumes  entière- 
ment semblables  par  leur  dessin  à  celles  que  porte  l'exemplaire 
de  M.  Turner;  ces  plumes  se  voient  notamment  sur  le  dos.  La 
tonalité  générale  de  l'Oiseau  est  encore  de  ce  gris  qui  nous  a 
déjà  surpris;  le  plumage  de  la  gorge  et  du  cou  est  aussi  celui  de 
l'hybride  qui  vient  d'être  décrit.  Mais  l'Oiseau  de  M.  Chase  avait 
certainement  du.rouge  près  de  l'œil  comme  on  en  voit  sur  le  Faisan  ; 
cette  partie  rouge  se  laisse  deviner,  tandis  que  nous  n'avons 
pu  la  constater  sur  l'hybride  de  M.  Turner.  Le  bec  est  encore 
semblable  au  dernier  exemplaire,  quoiqu'il  soit  plus  fin;  la  man- 

(1)  M.  Walter  Cliamberlain  est  le  frère  de  l'honime  d'Etal. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS   d'aPRÈS  NATURE  617 

dibule  supérieure  est  très  allongée.  Enfin,  sur  les  côtés  du  ventre 
et  de  la  poitrine,  on  retrouve  les  mêmes  plumes  bleu  violacé,  avec 
bordures  jaunes  vers  la  pointe,  se  terminant  en  flèche,  formant 
ainsi  de  chacjue  côté  deux  bandes  de  couleur  foncée.  Tout  cela  est 
cependant  peu  prononcé,  d'une  couleur  moins  éclatante,  et  indique 
un  Oiseau  plus  jeune  que  le  précédent.  Notons  qu'il  est  très  haut 
sur  pattes,  lesquelles  sont  d'un  brunâtre  gris  violacé  ;  que  les 
petites  rectrices  de  la  queue,  c'est-à-dire  celles  qui  ne  dépassent 
guère  les  couvertures  supérieures,  sont  foncées  eu  dessus  et  en 
dessous,  bordées  de  gris  sale,  tandis  que  les  couvertures  inférieures 
sont  terminées  de  rougcàtre.  Ces  caractères  laisseraient  bien  sup- 
poser le  mélange  des  deux  espèces  qu'on  lui  donne  pour  parentes. 

Le  quatrième  et  dernier  exemplaire  que  nous  avons  examiné  pro- 
vient, ou  l'a  fait  savoir,  du  Musée  royal  de  Munich.  Mais  son  origine 
sauvage  reste  tout  à  fait  incertaine.  Sur  réli(|uette  ([u'il  porte,  on 
lit  .seulement:  «  Pliasianiis  colchicus  Lian.,  var.  hybridan;  suit  un 
mot  illisible,  puis  «  H.  V.  Preysyng,  Bayern  ».  Enfin  on  a  ajouté  ces 
mots  :  «  avec  Tetrao  teîrix  ». 

Le  prof.  R.  Hertwig,  qui  a  eu  la  bonté  de  nous  l'adresser,  nous 
l'avait  tout  d'abord  annoncé  comme  «  bastard  de  Phasianus  colchicus 
et  Tetrao  urof/alhut.  »  ajoutant  que  tous  les  renseignements  sur 
son  origine  font  défaut  dans  le  catalogue  du  .Musée  royal. 

A  première  vue  nous  avons  cru  avoir  affaire  simplement  à  une 
vieille  Poule  faisane  stérile  prenant  la  livrée  du  Coq.  Il  nous  a 
cependant  été  facile  de  constater  que  le  dessin  des  plumes  du  poi- 
trail n'est  point  celui  de  la  Poule  faisane,  mais  bien  celui  de  l'hy- 
bride de  M.  Turner.  En  outre,  se  montre,  directement  au-dessus  des 
tarses  et  les  recouvrant  dans  la  partie  haute,  une  petite  touffe  de 
plumes  qui  ne  doit  pas  exister  chez  le  Faisan.  Ces  plumes  semblent 
même  être  de.scendues  plus  bas  et  s'être  attachées  sur  le  tarse, 
lequel  aurait  été  par  conséquent  légèrement  emplumé  (environ 
presque  à  moitié  de  sa  longueur).  Puis  les  joues,  le  cou  et  une 
partie  du  poitrail  sont  brun  violacé,  semblant  indiquer  l'influence 
du  tetrix.  On  constate  encore  sur  le  dos  un  dessin  tacheté  qui  semble 
être  le  mélange  des  plumes  des  deux  espèces  supposées  mères,  et 
sur  les  rectrices  un  autre  dessin  qui  n'est  point  complètement 
celui  de  la  Faisane.  Cette  remarque  peut  sans  doute  s'appliquer 
au  dessin  du  dessus  de  la  tète.  Enfin  la  queue  n'est  pas  eflilée, 
comme  chez  le  Faisan;  elle  est  assez  courbée  et  s'arrondit  légère- 
ment vers  son  extrémité. 

La  teinte  générale  de  l'Oiseau,  gris  jaunâtre  un  peu  verdàtre, 


618  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

OU  couleur  bois,  rappelle  le  plumage  de  l'hybride  de  M.  Harnoa 
l'Estrange  (1).  Disous  de  nouveau  que  cette  teinte  ne  saurait  être 
considérée  comme  un  mélange,  puisqu'elle  n'est  propre  ni  au 
Phasianus  ni  au  Tetrao  tetrix.  Quant  au  bec,  il  est  fort  long  et  de 
couleur  claire  ;  il  donne  l'aspect  de  celui  d'une  vieille  Poule  faisane. 
On  peut  dire  que  les  caractères  mixtes  chez  cette  pièce  sont  moins 
bien  accusés  que  chez  les  Oiseaux  qui  viennent  d'être  décrits  ;  à 
l'exception  de  la  couleur  de  devant,  cet  individu  est  presque  une 
Poule  faisane.  Nous  n'aurions  point  vu  les  produits  précédents  que 
nous  n'aurions  jamais  soupçonné  l'origine  <iu'on  lui  a  supposée.  — 
Vu  les  plumes  foncées  et  violacées  qui  se  montrent  sur  le  poitrail^ 
il  doit  être  de  sexe  mâle,  peut-être  un  jeune  en  mue,  comme  sont 
sans  doute  les  trois  derniers. 

Il  est  assez  singulier  que  ces  quatres  exemplaires  aient  tous  été 
trouvés  dans  le  même  état  de  plumage. 

On  a  remarqué  la  surprise  que  nous  a  causée  leur  tonalité  générale 
gris  de  fer  ;  il  sera  utile  de  faire  savoir,  à  cette  occasion,  que  nous 
avons  trouvé  au^  Musée  d'histoire  naturelle  de  Rouen  un  Tetrao 
lagopus  qui,  presque  gris,  rappelle  assez  bien  cette  tonalité.  En 
outre  le  plumage  du  cou  de  ce  Lagopus  est  identique  à  celui  que  l'on 
voit  à  la  même  place  chez  les  pièces  de  M.  Hamon  l'Estrange  et 
de  M.  Turner  :  c'est  tout  à  fait  le  même  mode  de  coloration  et  de 
dessin. 

Les  examens  des  autres  échantillons,  que  nous  avons  faitsd'après 
des  peintures,  n'ont  pu  nous  procurer  des  renseignements  aussi 
complets  que  si  nous  les  eussions  entrepris  sur  la  nature  même. 
Nous  serons  donc  obligé  de  décrire  ces  Oiseaux  plus  sommairement 
quoique  les  peintures,  qui  les  représentent,  aient  été  exécutées  par 
des  peintres  habiles. 

Il  nous  faut  remarquer  immédiatement  que  les  hybrides  de 
M.  Pryoretde  M.  de  Rothschild  sont  encore  dans  la  livrée  du  jeune 
se  colorant.  C'est  seulement  sur  certaines  parties  du  devant,  (comme 
chez  les  autres  exemplaires  vus  eu  nature),  que  la  teinte  foncée  et 
violacée  (prune)  se  développe  principalement,  tandis  que  le  reste 
du  corps  demeure  d'un  gris  jaunâtre.  La  queue  de  ces  Oiseaux,  en 
partie  carrée,  fait  bien  voir  qu'il  ne  s'agit  pas  de  Poules  faisanes 
prenant  la  livrée  du  mâle  ;  du  reste  le  spécimen  appartenant  à 

(1)  Si  notre  souvenir  est  e.xacl,  le  gris,  chez  les  exemplaires  de  M.  Turner  et  de 
M.  Chase,  est  plus  foncé,  moins  jaunâtre,  ressemblant  davantage  au  gris  de  fer. 


ADDITIONS,    CORHECTIONS    ET    EXAMKNS    d'aFRÉS    NATURE  619 

M.  Pryor  montre  en  outre  des  plumes  sur  les  tarses  II),  comme  en 
portent  seuls  les  tetrix. 

Voici  donc  six  pièces  qui  picnneut  couleur  et  cela  de  la  même 
façon  !  Ont-elles  été  tuées  toutesà  la  même  époque?  Nous  l'ignorons. 

L'hybride  de  M.  Ed.  Hart  est  beaucoup  plus  avancé  ;  il  est  presque 
entièrement  brun  violacé  prune,  sauf  sur  le  dessus  dos  ailes,  où  il 
reste  encore  grisâtre.  (La  plume  semble  descendre  quelque  peu  sur 
les  tarses?)  La  queue  n'est  pas  pointue  comme  chez  le  Faisan, 
quoique  l'Oiseau  soit  haut  sur  pattes. 

La  chromolithographie  du  D'  A.  B.  .Meyer  montre  un  Oiseau  rap- 
pelant beaucoup  cette  pièce,  mais  moins  avancé,  car  le  violacé  ne 
garnit  point  la  croupe.  Nous  constatons  sur  les  ailes  la  teinte  gris 
de  fer  remarquée  sur  les  premiers  exemplaires. 

Les  deux  hybrides  du  Muséum  de  Newcastle-on-Tyne,  dont  les 
aquarelles  ont  été  faites  par  .M.  Dnucan,  sont  certainement  des 
adultes.  L'un  aux  allures  du  Faisan,  l'autre  à  la  pose  du  Ktri.r  (2) 
diflèrent  de  tous  ceux  que  nous  avons  examinés.  Us  sont  tous 
deux  néanmoins,  à  leur  manière,  de  bons  intermédiaires. 

En  somme,  si  nous  nous  rappelons  que  le  mélange  des  deux 
espèces  ne  donne  pas  toujours  les  eflets  que  l'on  pourrait  en 
attendre,  la  plupart  de  ces  Oiseaux  peuvent  passer  pour  hybrides  ; 
mais  l'Oiseau  de  M.  Pryor,  comme  l'Oiseau  du  Musée  de  Munich, 
il  faut  le  reconnaître,  sont  presque  des  Faisans.  Il  sera  intéressant 
défaire  savoir  que  l'aquarelle  du  premier,  montrée  à  MM.  Hart  etie 
baron  Haiiionville,  nous  a  été  retournéeavec  cette  indication  :  «  l'Iia- 
sianns  cokhicus  et  Poule  de  basse-cour  !  »  M.  J.  H.  Gurney,  auquel 
nous  avons  adressé  le  même  dessin,  y  a  écrit  cette  mention  : 
((  Perhaps  a  9  l'hdsianus  colchiciis  assuming  cT  plumage  !  »  En  outre 
cet  oriiitholof;iste,  ayant  vu  la  peinture  de  l'exemplaire  du  Musée 
de  Munich,  n'y  a  reconnu  aucun  signe  du  Tetrao  tetrix,  mais  plutôt 
une  ap|)arence  de  Gallus  (lomexticus ! 

On  voit  p  ir  là  que  l'origine  tetrix  de  ces  deux  derniers  Oiseaux, 
si  elle  est  réelle,  ne  s'aperçoit  pas  au  premier  coup  d'ceil'. 

Nous  ne  pouvons  guère  juger  la  pièce  photographiée  que  sir 
Andrew  N.  Agnew  a  eu  la  grande  complaisance  de  nous  envoyer  de 
son  château  de  Loquehan.  Cette  photographie  n'est  point  de  dimen- 

(1)  Nous  ne  pouvons  voir  si  celle  parliculariti^  caraclérise  l'iiybrlde  de  M.  de 
Rotlischild,  les  pâlies  élanl  en  partie  cacliés,  (d'après  l'aquarelle  (|ui  a  été  Jaile 
par  M.  l'révol). 

(2)  Ce  dernier  est  celui  qui  u  élé  lue  en  1837;  le  premier  n'avait  été  obtenu,  on 
se  le  rappelle,  qu'en  1842. 


620  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

siens  assez  grandes  pour  permettre  un  examen  sérieux.  Quant  aux 
deux  petites  figures  en  noir  publiées  par  Yarrell,  elles  semblent 
bien  indiquer  des  produits  du  croisement  dont  on  s'occupe. 

P.  S.  —  Au  moment  où  nous  terminons  cet  article,  M.  E.  Cam- 
bridge Phillips,  des  Elms  (Brecou-s.-VValles),  nous  apprend  que 
son  ami,  M.  Crawshay,  tua  le  2  décembre  1893,  à  Llausaintfrasd 
(Breconsbire),  un  hybride  «  Black  Game  and  Pbeasant  ».  En  même 
temps,  M.  Cambridge  Phillips  nous  envoie  un  petit  dessin  à  la  plume 
de  cet  Oiseau,  en  ayant  soin  de  nous  faire  remarquer  que  les 
«  shaded  parts  »  sont  noires  avec  une  teinte  de  bronze,  tandis  que 
les  autres  parties  sont  gris  brun.  Les  ((  shaded  parts  »  étant  préci- 
sément celles  du  devant  et  des  parties  hautes,  il  résulte  que  cet 
hybride  présente  des  caractères  propres  à  la  plupart  des  précédents 
spécimens  et  que,  suivant  les  principes  appliqués  à  ceux-ci,  il  doit 
être  encore  un  jeune  eu  mue  1  M.  Cambridge  Phillips  a  pu  examiner 
sur  le  frais  cet  Oiseau  :  il  rappelle  mieux,  nous  dit-il,  par  sa  couleur 
noire  et  bronzée  le  Black  Game  que  le  Pheasant;il  est  plus  fort  que 
l'un  ou  l'autre  de  ses  parents  supposés.  Voici,  du  reste,  la  descrip- 
tion que  le  gentleman  de  Brecon  a  la  bienveillance  de  nous  com- 
muniquer : 

«  The  characteristic  white  wing  feathers  which  partly  overlapthe 
wing  scapulars  and  the  half  feathered  tarsus;  the  latter  (viz  Phea- 
santjseenin  the  light-colouring  behind  the  cyes,  thegrayish  brown 
variegation  of  the  interscapulars  running  down  to  the  tail  coverts 
and  middle  reclrices  in  tail,  as  well  as  the  entire  wings.  »  M.  Cam- 
bridge ajoute  :  «  Indeed  if  nature  had  tried  to  make  a  hybrid 
exactly  half  and  half  between  the  Black  cock  and  Pheasant,  she  could 
not  hâve  succeeded  better  (1).  »  M.  W.  C.  Ashdown,  qui  a  cité  (2)  et 
décrit  (3)  ce  spécimen,  dit  que  c'est  l'exemplaire  le  plus  brillamment 
coloré  qu'il  connaît  ;  deux  ou  trois  individus  de  ce  genre,  qui 
sont  passés  par  ses  mains,  il  y  a  dix  ou  douze  ans,  étaient  plus 
sombres  et  rappelaient  davantage  la  Grouse  (le  tetrix). 

M.  Cambridge  Phillips  a  eu  l'occasion  de  voir,  depuis  qu'il  nous 
a  écrit,  deux  autres  hybrides  tués  il  y  a  quinze  ans  environ  à  Builth 
dans  son  comté  (4)  ;  il  nous  informe  que  ces  deux  Oiseaux  sont 

(1)  C'est-à-dire  :  «  si  la  nature  avait  voulu  représenter  un  Oiseau  exactement 
intermédiaire  entre  le  Coq  noir  et  le  Faisan,  elle  n'aurait  su  mieux  faire,  n 

(2)  In  the  Field,  N"  2137.  9  décembre  1893,  p.  901,  et  aussi  dans  le  Uereford 
Times. 

(3)  Ornithology  in  Herefordshire. 

(4)  Par  M.  Priée,  aujourd'hui  décédé. 


ADDITIONS,    CORUECTIONS    ET    EXAMENS    D'APRÈS   NATURE  621 

nbsolumenl  seinbliildes  à  celui  qu'il  vient  de  uoiis  faire  connaître  ; 
ou  doit  seulement  tenir  compte  de  la  saison  dans  laquelle  ils  ont 
été  tués.  Ils  onf  été  abattus  en  septembre,  tandis  que  l'exemplaire 
de  M.  Crawsbay  avait  t'ité  obtenu  en  décembre. 

A  propos  de  ces  bybrides,  M.  Cambridge  Philipps  est  persuadé 
qu'ils  ne  prennent  naissance  que  lorsque  l'un  de  leurs  parents  se 
trouve  dans  l'impossibilité  de  trouver  un  compagnon  de  sa  propre 
espèce.  M.  Cambridge  Pbilipps  se  rappelle  que  dans  le  Carniar- 
thenshire,  il  y  a  plusieurs  années,  un  vieux  Coq  noir,  le  dernier 
survivant  d'une  petite  bande,  s'apparia  avec  un  Phasianits.  Quelques 
rejetons  de  ce  croisement  furent  tués  cbaque  année.  A  ce  moment, 
le  gibier  noir  était  fort  rare  ;  mais  un  gentleman  ayant  lâché 
quelques  sujets  dans  le  Breconshire  et  ceux-ci  s'étant  étendus  dans 
les  bois  du  Carmailbeusire,  le  vieux  Coq  ne  larda  pointa  retourner 
vers  ses  propres  Poules,  délaissant  les  Poules  faisanes.  —  Ce  récit 
serait  basé  sur  une  observation  personnelle.il  ne  nous  surprend 
aucunement;  les  raisons  que  M.  Cambridge  Phillips  développe  sont 
celles  que  nous  avons  toujours  données  en  explication  du  mélange 
des  espèces  à  l'étal  sauvage  (1). 

Phasianus  colchicus   X  Tetrao  urogallus 

On  conserve  au  Muséede  M.Walter  Rothschild, à  Tring,  un  magni- 
fique Faisan  qui  semble  indiquer  par  quelques  parties  de  la  colo- 
ration de  son  plumage,  et  aussi  par  sa  grande  stature,  un  croisement 
du  Pl>.  colchicus  et  du  T.  urogallus.  Cet  Oiseau  aurait  été  tué  à  l'état 
sauvage,  à  Aiden  Loch  Lomond  (Ecosse),  en  décembre  1890  (2), 
«  in  a  loneby  forest  far  from  any  pheasantry  »,  a  soin  d'ajouter 
M.  Hartert,  ce  qui  semble  repousser  l'idée  d'une  origine  domes- 
tique. 

Cet  Oiseau  est  unique  ;  on  ne  parait  avoir  rencontré  nulle  part 
d'autres  échantillons  de  son  genre.  Un  tel  produit  étonne.  S'il  pro- 
vient réellement  du  Faisan  et  du  Coq  de  bruyère  (ce  que  nous 

(1)  Le  Zoologist  de  1883.  (pp.  301  el  302,  VII,  N*  74),  avait  déjà  raconté  le  même 
fait  et  avec  plus  de  détails  que  nous  n'en  donnons.  Il  parait  que  les  jeunes,  qui 
turent  tués,  furent  mandés  avant  qu'un  examen  sérieux  de  leurs  caractères  n'ait  pu 
être  (ail.  La  personne  qui  a  donné  à  M.  Cambridge  les  divers  renseignements  qu'il 
nous  a  transmis  lui  avait  (ait  ronnailre  aussi  que  ces  hybrides  présentaient  beau- 
coup de  ressemblance  avec  la  Poule  (aisane,  tant  parla  taille  que  par  le  plumage. 
Le  croisement  se  laissai!  apercevoir  dans  les  jambes,  lég'Temenl  emplumées,  et 
dans  leur  cliair  foncée,  quelque  peu  colorée  rappelant  celle  du  HIackgame. 

(â)  D'après  les  renseignements  qui  nous  sont  adressés  par  M.  Uartert. 


G22  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

n'oserions  allirmer),  sans  nul  doute  il  a  été  produit  par  une  de  ces 
alliances  coutractées  forcément  par  des  urogallns  importés  de 
temps  à  autre  en  Angleterre  et  dont  les  deux  sexes  ne  sont  point 
toujours  représentés  ;  autrement  on  ne  s'expliquerait  pas  un  tel 
mélange.  M.  Millais  l'a  paraît-il  figuré  dans  son  ouvrage  «  The  Game 
Birds  H.  Nous  en  avons  fait  exécuter  nous-nième  une  aquarelle  gran- 
deur naturelle. 

Lagopus  saliceti  et  Perdix  cinerea 

Sur  le  Catalogue  de  la  vente,  faite  par  M.  Whitaker  au  Covent- 
Garden  en  mai  1890,  figurait  sous  le  n»  113  un  hybride  «  Willow 
Grouse  »  ;  celte  mention  était  suivie  d'un  point  d'interrogation.  Si 
nous  comprenons  bien  une  lettre  que  M.  Whitaker  a  eu  la  complai- 
sance de  nous  écrire  au  sujet  de  cet  Oiseau,  il  proviendrait  de  la 
(i  Red  Grouse  et  de  la  Partridge»  (/.a(/op».ssco(/c».set  Peri/Mcmc/eu)! 
M.  Walter  Rothschild,  qui  a  fait  acheter  cette  pièce  par  l'entremise 
de  M.  Lamb,  pense  que  c'est  un  croisement  de  Lagopus  albus  et  de 
Tetnio  telri.c  ayant  appartenu  à  M.  Bond.  Serait-ce  à  cet  Oiseau  que 
Yarrell  fait  allusion  lorsqu'il  dit  (1)  que  M.  Bond  possédait  un 
Oiseau  tué  par  lord  Walsingham  à  Blubbertrouse  Moor,  près  de 
Harrogate,  en  août  1866,  et  qui  paraît  être  le  résultat  d'un  croise- 
ment delà  ((  P.  cinerea  avec  la  lied  Grouse  »  ?  Nous  serions  tenté 
de  le  supposer;  cependant  l'exemplaire  acheté  par  M.  Rothschild 
proviendrait  de  la  Russie. 

Quoiqu'il  eu  soit,  l'hybride  indiqué  par  un  point  d'interrogation 
ne  serait  autre,  d'après  les  observations  qui  nous  ontété  transmises 
par  M.  Rothschild,  nous  venons  de  le  dire,  qu'un  croisement  du 
L.  albiiii  avec  le  T.  tetrix,  ou,  plus  probablement  encore,  d'après  un 
examen  que  vient  de  faire  pour  nous  M.  Hartert,  un  simple  albi- 
nisme de  Laijopus  scoticus  dans  un  plumage  tout  particulier. 


En  terminant  notre  élude  sur  les  Gallinacés  hybrides,  nous 
avions  donné  quelques  indications  sur  des  croisements  contractés 
entre  des  espèces  de  Gallinacés  sauvages  et  entre  des  espèces  de 
Gallinacés  domestiques.  Un  de  ces  croisements  est  celui  du  : 

Gallus  domesticus  et  Phasianus  vulgaris 
Un  nouvel  exemple  nous  est  cité  en  Angleterre.  La  pièce  supposée 
(1)  British  Birds,  (4«  édition,  III,  p.  114,  editcd.  by  prof.  Newton). 


ADDITIONS,    COnRECTIONS    ET    EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  623 

hybride  fut  tuée  par  .M.  ,J.  Losli  Atkinson.  .M.  D.  Losh  Thorpe,  de 
Carlisle,  étail  présent  lorsque  l'Oiseau  tomba  sous  le  coup  de  fusil. 
Ce  curieux  volatile  tHaif  doué,  paraît-il,  d'uue  grande  agilité  ;  il 
était  aussi  alerte,  aussi  vif  qu'un  Faisan  et  capable  d'entreprendre 
un  grand  vol  (50  i/anis  environ).  C'est  en  vain  que  le  garde  qui 
l'avait  déjà  iiperru  avait  essayé  de  s'en  emparer.  La  «  copre  »  (1  )  que 
cet  hybride  fréquentait  est  située  à  une  distance  considérable 
des  habitations. 

M.  D.  I^osh  Thorpe,  qui  était  présent  lorsque  l'Oiseau  tomba  sous 
ce  coup  de  fusil  et  ([ui  le  possède  actuellemeul,  a  consenti  à  nous 
l'adresser  en  communication. 

Ce  spécimen  est,  dit-on,  comme  il  le  paraît  du  reste,  du  sexe 
femelle.  Il  présente  l'aspect  d'uue  Poule  fort  ordinaire  ;  aucun 
caractère  ne  rappelle  le  Faisan.  C'est  tout  à  fait  en  vain  que  nous 
avons  essayé  de  découvrir  chez  lui  quelque  ressemblance  avec  cette 
espèce.  —  Nous  ne  nions  point  pour  cela  son  origine.  Nous  nous 
rappelons  avoir  reçu,  il  y  a  plusieurs  années,  deux  Poules  qui  lui 
étaient  presque  semblables  et  qui  nous  étaient  adressées  comme 
hybrides  du  /'/*.  colrlurus  et  du  G.  (loiiiKSticus.  Il  est  vrai,  nous 
empresserons-nous  d'ajouter,  que  nous  sommes  toujours  resté  fort 
sceptique  au  sujet  de  l'origine  qu'on  leur  attribuait.  Mais  M.  Thorpe 
est  convaincu  de  l'hybridité  chez  le  spécimen  qu'il  nous  a  commu- 
niqué. Il  aurait  fallu,  nous  dit-il,  que  nous  le  vissions  voler  pour 
nous  rendre  compte  de  son  agilité,  de  ses  gestes  et  de  sa  forme 
bien  exacte,  aujourd'hui  modiliée  par  la  préparation.  Le  garde- 
chasse  est  de  l'opinion  de  M.  Thorpe  (2). 

Le  rév.  Macpherson,  qui  a  examiné  l'Oiseau  lorsqu'il  était  en 
chair,  le  croit  semlilable  à  un  des  Oiseaux  tués  dans  le  Norfolk  et 
que  Stevenson  a  mentionnés  (3).  Nous  avions  omis  de  rappeler  la 
citation  de  l'ornithologiste  de  Norfolk  ;  voici  ce  que  dit  ce  dernier 
au  sujet  de  plusieurs  faits  de  croisements  entre  le  G.  domesticus  et 
le  Pli.  vulgaris  : 

((  The  three  following  instances  of  hybrldism  bctwecn  Pheasants 
and  domestic  Fowls  bave  come  under  my  own  observation  duriug 

(1)  PeUle  (oiéL 

(2)  .\ou,s  pensons  que  lorsqu'il  y  il  croisemonl  fécond  entre  deux  espèces  l'ioignées, 
le  proiliiit  montre  une  tendance  ;'i  emprunter  presque  Ions  ses  caractères  à  un  seul 
des  parents.  Oinlinnanl  notre  dire,  .M  .1.  H.  (iurney.  le  distingué  ornithologiste 
anglais,  cite  un  livi^ride.  •  tiime  lired  helwien  Greelinch  L.chloris  and  lir.inililing 
(F.  civlebs  »  qui  ne  montrait  aucune  trace  du  Brand)lins  dans  son  plumage  (Voy. 
llie  Zoologist,  p  90,  n"  di'  Mars,  I8',I4).  Nous  reconnaissons  cependant  avoir  vu  bien 
des  fois  des  liyltrides  provenant  du  croisement  de  deux  espèces  éloignées  et  qui 
resseml)laient  à  leurs  deux  parents.  Ce  n'est  donc  pas  une  régie  que  nous  posons. 

(3)  Birds  of  Norfolk,  1,  pp.  :itJ8  et  3t)'J. 


624  OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS   A  l'ÉTAT   SAUVAGE 

the  last  ten  or  twelve  years  (1)  :  In  December  1854,  a  very  singular 
looking  Bird,  apparently  a  cross  between  a  Pheasant  and  Cochin 
China  fowl,  was  shot  in  a  wild  stateiu  tbe  woods  at  Wolterton  ;  and 
on  the  31''  of  January  1863,  an  equally  remarkable  spécimen  was 
brought  to  a  bird  préserver  in  the  city  (Mr.  John  Sayer)  to  be  stufied 
by  a  garaekeeper,  from  whom  I  afterwards  learnt  the  siibjoined 
particulars.  Il  had  been  bred  wild  in  a  plantation,  at  Metbwold,  as 
was  supposed  between  a  cock  Pheasant  and  a  domestic  Hen,  the 
fowl  beinga  cross  also  between  thegame  and  Dorkiug  breeds.  This 
strange  Bird,  which  proved  to  be  a  maie,  had  heen  repeatedly  seen 
amongst  the  Pheasants  in  the  wood  when  the  beaters  were  driving 
the  game  towards  the  giins,  but  as  it  ran  whit  great  swiftness,  and 
never  attempted  to  rise  on  the  wing,  it  always  managed  to  escape, 
and  was  at  last  netted  to  ascertain  what  is  was.  » 

D'après  l'auteur  que  nous  citons,  cet  Oiseau  mesurait  trente-deux 
pouces  de  la  pointe  du  bec  à  l'extrémité  de  la  queue.  Dans  son 
apparence  générale,  il  montrait  un  étrange  mélange  du  Faisan  et  de 
la  Poule  et  n'était  point  différent  d'un  Coq  Capercally  (Vttrogallus) 
parla  tête  et  le  cou.  Les  jambes  étaient  très  claires  (clean)  et  fortes, 
sans  éperons,  décidément  Gallinaceous  (2)  par  ce  caractère  ;  le  bec 
large  et  puissant  ;  la  queue  longue  et  arrondie,  avec  les  plumes  du 
milieu  quelque  peu  allongées,  etc.  En  novembre  de  la  même  année, 
ajoute  Stevenson,  M.  Sayer  reçut  aussi,  de  lord  Rendlesham's 
préserves,  un  autre  hybride,  apparemment  «  a  cross  between  a 
Pheaseant  and  a  black  Bantain  Fowl  »;  mais  aucuns  renseignements 
ne  sont  donnés  sur  son  origine. 

Ces  faits,  quoique  assez  nombreux,  on  le  voit,  ne  peuvent  exciter 
l'intérêt  que  présentent  les  hybrides  nés  du  croisement  de  deux 
espèces  sauvages  et  libres  (3). 

(1)  L'ouvrage  de  Steveasou  paraît  avoir  été  publié  à  Norvich  en  18(i6. 

(2)  Nous  pensons  que  Stevenson  veut  dire  Gallus  par  cette  expression. 

(3)  M.  le  Prof.  Dôderlin  a  eu  la  comphiisance  de  nous  envoyer  de  sa  propre 
collection  une  Perdrix  qu'il  a  reçue  de  la  Marche  de  Brandebourg.  Cet  Oiseau  a 
été  tué,  avec  deux  autres  échantillons  qui  lui  sont  semblables,  dans  une  compagnie 
de  Perdix  cinerea.  11  n'existe  presque  point  du  plumage  delà  P.  cinerea  sur  ce 
sujet.  C'est  à  peine  si  on  en  trouve  ([uelques  traces  çà  et  là.  Tout  le  devant  et 
les  côtés  sur  le  ventre  sont  brun  roux;  cette  couleur  est  séparée  à  son  milieu  par 
un  espace  blanc  grisâtre  mélangé  tormnnt  bande.  La  même  teinte  brun  roux  e,st 
rappelée  sur  le  dos,  les  scapulaires  et  la  queue.  Tout  le  dessous  et  le  devant  du 
cou  sont  blanc  gris  jaunâtre. 

C'est  donc  un  Oiseau  très  bigarré,  dont  le  plurange  est  analogue  à  relui  d'une 
Poule  de  basse-cour;  il  en  donne  tout  à  fait  l'aspect.  Nous  n'avons  éprouvé  aucune 
surprise  lorsque  nous  avons  lu  sous  le  socle  :  «  Perdix  cinerea  X  Oallus  dornes- 
ticas?  »  Néanmoins  cette  mention  est,  avec  raison,  suivie  d'un  point  d'interrogation. 
Pour  notre  part,  nous  ne  pensons  aucunement  que  ce  sujet  soit  un  hybride:  il  est 
trop  pelit  de  dimensions  pour  avoir  été  produit  par  une  Poule  domestique;  la  taille 
est  exactement  celle  d'une  Perdix  cinerea. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  623 

ORDRE  DES  COLOMBES 
(Se  reporter  p.  1C6  ou  p.  .'io8  des  Méni.  de  la  Soc.  Zoul.,  1890;. 

Nous  avions  remarqué  que  l'hybridation  à  l'état  sauvage  était 
presque  nulle  dans  cet  Ordre  d'Oiseaux,  tout  au  moins  qu'un  seul 
croisement  d'espèces  paraissait  avoir  été  observé  entre  deux  types 
distincts  :  relui  de  la  Culuniba  liiria  et  de  la  Paliimbœna  fusca  ;  que 
les  autres  exemples  que  l'on  citait,  très  rares,  du  reste,  se  rappor- 
taient à  des  variétés. 

Malgré  les  recherches  que  nous  avons  faites  nouvellement,  nous 
ne  sommes  guère  plus  avancé,  comme  on  va  le  voir.  Quelques  cas 
de  mélanges  d'espèces  sont  bien  à  mentionner,  mais  l'origine  sau- 
vage des  parents  ayant  donné  lieu  à  ces  croisements  n'est  pas 
prouvée.  Il  est  môme  beaucoup  plus  vraisemblable  que  l'appariage 
s'est  opéré  eu  captivité;  au  moins  l'une  des  deux  espèces  croisées 
vivait-elle  en  cet  état.  Pour  plusieurs  cas,  cela  est  certain. 

Genre  Columba 

COLUMBA    CENAS     (1)    X    COLUMBA    AFFINIS    (2) 

M.  0.  V.  Aplin,  de  Bloxham,  nous  a  appris  que  dans  la  collection 
de  M.  Whitaker,  à  Mausfield,  existe  un  hybride  entre  la  Columba 
œnas  el\d  Columba  a/finis;ceci  nous  a  été  confirmé  par  le  propriétaire 
de  cette  collection.  M.  0.  V.  Aplin  a  vu  ce  spécimen  qui  montre  des 
points  de  ressemblance  avec  les  deux  parents.  Mais  l'Oiseau  fut, 
parait-il,  élevé  dans  un  bosquet  d'arbres  situé  près  d'une  maison  de 
ferme  où  beaucx)up  de  Pigeons  domestiques  sont  retenus.  Il  est 
donc  probable,  (quoique  la  C.  lioia  vive  encore  à  l'état  libre),  que 
l'individu  de  l'espèce  a/pnis,  qui  a  contracté  le  mélange  avec  une 
C.  ivnas.  faisait  partie  des  Oiseaux  retenus  dans  la  ferme  voisine. 

La  Colombe  colombine  et  le  Bizet  sont  deux  espèces  très  rappro- 
chées, sinon  deux  variétés.  L'examen  de  leur  produit  présente  des 
diiricultés  sérieuses,  mais  peut-être  l'hybride  en  question  porte-t-il 
quelques  traces  de  la  domesticité  empruntées  à  son  second  parent? 

(1)  Autres  noms  :  Colambœna  colambella,  Œnas  sive  vinago. 
{i)  Columba  domestica,  Columba  Uvia. 


626  OISKAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

CoLUiMBA    LIVIA    X    COLUMBA    PALUMBUS    (1) 

Un  laboureur  de  la  ferme  d'  «  Haywood  Oaks  »  raconta  à  M.  Whi- 
taker  que,  pendant  l'été  de  1884,  un  Pigeon  ramier  aux  ailes  blan- 
ches avait  été  vu  de  temps  à  autre  sur  de  vieux  chênes  creux, 
fréquentés  par  un  grand  nombre  de  Pigeons  ramiers.  Le  garde  du 
colonel  Seely,  auquel  appartient  la  ferme  d'Hay wood  Oaks,  parvint 
avec  beaucoup  de  peine  à  tuer  cet  Oiseau  qu'il  apporta  à  M.  Whi- 
taker.  Celui-ci  crut  tout  d'abord  avoir  affaire  à  un  des  Pigeons 
apprivoisés,  nombreux  dans  la  ferme.  Mais  le  garde  lui  assura  qu'il 
était  excessivement  sauvage,  difficile  à  approcher,  et  qu'il  s'était  laissé 
tirera  une  distance  de  plus  de  cinquante  mètres.  Lu  manière  dont 
le  Pigeon  avait  été  tué  témoignait  de  l'affirmation.  Enquête  faite, 
M.  Whitaker  apprit  que  l'Oiseau  avait  été  remarqué,  après  sa  sortie 
du  nid,  sur  les  ciiénes,  entrant  dans  les  trous  ou  eu  sortant,  et  se 
nourrissant  avec  les  Pigeons  ramiers  dans  les  champs  loin  de  la 
ferme,  jamais  sur  les  bâtiments  et  avec  les  Oiseaux  domestiques. 
Voici  sa  description:  «  Six  ou  sept  grosses  plumes,  flèches  blanches, 
d'autres  d'un  gris-ardoise.  Les  plumes  de  dessous  couleur  ardoise, 
avec  quelques  marques  plus  foncées;  le  dos  blanc,  la  queue  et  le 
croupion  couleur  ardoise,  comme  dans  les  Pigeons  ramiers;  la  tête 
ardoise,  avec  des  marques  blanches;  le  cou  a  la  couleur  brillante  du 
Pigeon  ramier;  la  poitrine  est  grise,  les  pattes  sont  rouges  (2).  » 

Il  ne  peut  être  encore  question  ici  que  du  croisement  d'une  espèce 
sauvage  avec  une  espèce  domestique. 

TURTUR    RISORIUS    X    TURTUR    AURITUS    (3) 

En  parlant  d'un  hybride  paraissant  provenir  de  ce  croisement, 
et  pris  à  l'état  libre,  nous  émettions  l'avis  que  son  origine  sauvage 
nous  paraissait  suspecte.  Un  produit  de  la  C.  lurtur  et  de  la  C. 
risoria  fut  de  même  attrapé  le  14  mai  1865  dans  un  jardin  à  New- 
market  Road,  et  quoiqu'on  ne  trouvât  point  son  propriétaire,  la 
personne  qui  le  décrit  dans  le  Zoologist  (4)  ne  suppose  aucunement, 

(l) Synonymie:  Paliimbus,  Colnmba  torquata,  Columba palumbus,  Palumbus 
torqualus,  Columba  pinetorum,  Palumbus  excelsiis. 

(2)  Voy.  the  Zoologist  :  Ujbrid  beliveen  a  Stock  Dove  and  Tarne  Pigeon, 
p.  150,  1885. 

(3)  Synonymie:  Columba  turtur,  Turtur,  Peristera  turtnr,  Tartur  l'ulgaris, 
Turtur  tenera. 

(4)  P.  369,  octobre  1882. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  627 

et  avec  raisou,  qu'il  ait  été  produit  à  l'état  sauvage.  L'hybride 
C.  turtur  et  C.  risoria  est  eu  effet  très  commun  en  domesticité; 
quehjues  pièces  de  ce  genre  peuvent  sans  doute  de  temps  à  autre 
s'échapper. 

COLUMBA   LIVIA    X    TuRTUR    RISORIUS 

On  conserve  au  Musée  de  Florence  un  Pigeon  cT  que  M.  Giglioli 
croit  provenir  de  la  Columba  œnas  et.  \e  Turtur  tenera  (l).  Cet  Oiseau, 
nous  assure  M.  Giglioli,  a  été  tué  à  l'état  sauvage  le  10  octobre  1885 
près  de  Cuiieo  (Piémont).  Le  savant  professeur  ne  conserve  aucun 
doute  sur  son  authenticité.  11  l'a  reçu  de  M.  V.  Abre,  observateur  très 
consciencieux.  «  Eu  dimensions  l'Oiseau  est  intermédiaire  entre  les 
deux  espèces  ;  le  bec  est  plutôt  celui  du  Titrttir  ;  la  couleur  vineuse 
s'étend  sur  le  cou  et  sur  la  tète  ;  les  plumes  du  double  collier  ont 
les  caractères  de  ceux  du  Turtur,  mais  sont  à  rellets  pourprés  sur 
un  fond  vineux.  Les  ailes  et  le  dos  sont  gris,  quoique  lavés 
de  brun.  Les  taches  (barres)  noires  de  l'aile  ont  disparu.  La  queue  a 
bien  les  caractères  du  Turtur,  les  rectrices  (excepté  les  deux 
médianes)  étant  terminées  de  blanc.  Toutefois  l'Oiseau  est  d'aspect 
C,  œnas.  n  Telle  est  la  description  que  M.  Giglioli  a  bien  voulu  nous 
communiquer. 

Nous  lui  avons  demandé  à  voir  cette  pièce,  faveur  que  le  très 
obligeant  directeur  du  Museo  ilei  Vertebruti  s'est  empressé  de  nous 
accorder.  —  L'Oiseau  est  en  tout  semblable  à  des  hybrides  cT  de 
Colunibia  livia  et  Turtur  risorius  que  nous  avons  plusieurs  fois 
obtenus  en  captivité.  Il  est  tellement  semblable  à  ces  hybrides  que 
nous  ne  pouvons  lui  donner  une  autre  origine.  M.  Fontaine,  de 
Marcq-en-Barœul,  qui  possède  le  produit  de  la  Columba  livia  avec 
le  Turtur  lenwra,  nous  a  communiqué  son  échantillon,  qui  difïère 
réellement  des  nôtres  et,  par  conséquent,  de  celui  de  M.  Giglioli. 
Cette  dissemblance  nous  porte  donc  à  considérer  la  dernière  pièce 
comme  hybride  réel  de  Turtur  risoriux  X  Columba  licia  échappé, 
cela  va  sansdire,  de  quel(|ue  volière,  puisque  T.  risorius  ne  vit  pas 
à  l'état  sauvage  eu  Italie. 

La  Columba  licia  et  le  Turtur  risorius  appartiennent,  d'après  le 
classement  des  ornithologistes,  à  deux  genres  dilïérenls. 

Ainsi  les  quatre  croiseqients  que  nous  venons  de  citer  :  ou  auraient 

(1)  Primo  resoconto  dei  resultati  dcl  incliiestu  ornithologica  ilaliana 
(3*  parUo),  1891 . 


628  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

été  produits  en  domesticité,  ou  auraient  été  contractés  par  une 
espèce  sauvage  avec  une  espèce  domestique.  Peut-être  en  est-il  de 
même  du  croisement  de  la  Columba  livia  X  Polumbama  fusca  que 
nous  avons  mentionné  d'après  M.  Zarowdnoï,  d'Orembourg  (Russie). 

CoLUMBA    LIVIA    X    POLUMBOÎNA   FUSCA   (1) 
(Se  reporter  p.  106  et  p.  aï9  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool..  1890). 

Le  savant  explorateur  a  eu  la  complaisance  de  nous  adresser  ses 
intéressantes  «  Recherches  zoobgiques  dans  la  contrée  transcas- 
pienne  (2),  où  ou  lit  (3)  que  l'Oiseau  fut  tué  près  de  Ak-Maïdjor. 
C'était  un  Pigeon  présentant  des  caractères  propres  à  l'une  et  à 
l'autre  des  deux  espèces.  M.  Zarowdnoï  regrette  vivement  que  cet 
exemplaire  n'ait  pu  être  empaillé  et  qu'il  ne  figure  point  dans  sa 
collection.  Les  Cosaques  qui  l'accompagnaient  le  plumèrent  et  le 
rôtirent,  avec  d'autres  pièces  de  gibier,  pour  le  déjeuner.  Autant  que 
le  naturaliste  d'Orembourg  peut  se  le  rappeler,  «  l'Oiseau  possédait 
des  caractères  plastiques  intermédiaires  entre  la  C.  litia  et  la  C. 
jusca  et  avait  le  croupion  d'un  bleu  noir  à  reflets  métalliques,  comme 
la  C.  livia.  Le  bec  était  semblable  à  celui  de  la  C.  fusca,  les  ailes  à 
bandes  transversales  bien  développées  et  le  dessus  de  la  tête  teinté 
de  rouge.  » 

11  nous  reste  à  dire  quelques  mots  du  mélange  des  variétés 
des  Grcen  Pigeons  de  l'Inde,  dont  a  parlé  Gerdon  et  que  nous  avons 
déjà  mentionnés,  mais  d'une  façon  trop  sommaire.  Nous  avons  en 
outre  à  enregistrer  le  mélange  de  la  Columba  intermedia  avec  la 
C.  livia  dom.,  que  nous  font  connaître  MM.  l'abbé  David  et 
Ouslalet(4). 

Trerou  PHœNicoPTERA  (5)  X  Trerou  chlorigaster. 

(Se  reporter   p.    106   ou    p.  3:59  des  Mém.    de    la   Soc.   Zool.,    18iK)). 

■   Dans  les  «  Birds  of  India  »  (6),  Gerdon  ne  détermine  point  les 

(1)  Synonymie:  Colamba  fusca.  Va\\..Coluinba  œnas,  Lich.  in  Evers.:  Columba 
eversmanii  Bona  ;  .\i1dil.  ;  Coliimbœna  eversmannii,  Jerd.  ;  Columba  fusca 
var.  p.  brachjura,  Sev.? 

(2)  Moscow,  1890  (E.\trail  du  Bulletin  de  la  Société  Impériale  des  Naluralistes  de 
Moscou,  1889-1890). 

(3)  P.  101. 

(4)  Oiseaux  de  la  Chine. 

(o)  Synonymie  :  Columba  phœnicoptera.  Columba  militans. 
(6)  I,  p.  218,  Calcutta,  1862. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  629 

les  variétés  des  Green  Pigeons  qui  auraient  contracté  des  mélanges. 
Après  avoir  parlé  des  croisements  du  Burmese  [{oller  avec  l'Indian 
Roller,  il  dit  sinipleinent  :  «  The  same  interrniniilint;  of  afiined 
species  takes  place  in  the  Green  Pigeons  of  tlie  soutli  an<l  norlli  of 
India  and  in  several  otlier  Birds.  o  L'auteur  ne  se  sert  même  point, 
comme  on  le  voit,  du  mot"  interbrecding  ».  Mais  Blylh  (1)  est  plus 
précis  et  dit  qu'il  soupçonne  raisonnablement  des  croisements  entre 
les  deux  espèces,  T.  phœnicoptera  et  T.  chlorigaster,  (quoiqu'il  ne 
cite  aucun  exemple). 

Nous  avons  examiné  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris 
des  spécimens  de  ces  deux  types  ;  déjà  M.  Ouslalel  nous  avait  fait 
voir  dans  son  laboratoire  l'une  des  deux  variétés.  Or,  les  différences 
qu'elles  présentent  sont  si  peu  sensibles  qu'il  nous  paraît  même 
diilicile  de  les  apprécier,  du  moins  au  premier  coup  d'oeil  ;  il  faut 
une  attention  soutenue  pour  les  remarquer.  Chlorigaster  aurait  les 
épaules  ou  couvertures  supérieures  plus  foncées,  la  gorge  jaune 
moins  vif,  plus  verdàtre  que  chez  pbœnicopU'ra  ;  peut-être  les  pattes 
et  l'iris  plus  foncés  '?Tout  cela  et  quelques  autres  petites  dissem- 
blances dans  les  liserés  forment  un  très  petit  nombre  de  carac- 
tères pour  les  différencier. 

Il  ne  s'agit  donc  tout  au  plus  dans  ces  mélanges  (s'ils  se  pro- 
duisent ?)  que  de  croisements  entre  simples  et  légères  variétés  ;  il  en 
est  de  même  du  croisement  suivant  : 


COLUMBA   INTERMEDIA    X    COLUMBA    LIVIA    IIOM    (2) 

M.  l'abbé  David  s'exprime  ainsi  (3)  :  «  Cette  race  à  peine  distincte 
de  notre  Colombe  bizet  (4),  vit  à  l'état  sauvage  dans  l'Inde,  dans  le 
Turkestan  (?)  et  dans  la  moitié  de  la  Chine.  Je  l'ai  vue  établie  en 
grand  nombre  dans  les  cavernes  placées  à  une  grande  hauteur  dans 
les  montagnes  du  Tsin-hiug.  Des  Oiseaux  domestiques  se  mêlent 
fréquemment  aux  Oiseaux  sauvages,  il  s'opère  des  croisements  qui 
donnent  naissance  à  une  foule  de  variétés.  » 

(1)  Journal  of  Ihe  .\siatic  Society  o(  Bengal,  XIV,  p.  228,  ISfô? 

(2)  Synonymie  :  Columba  intermedia.  Strick  :  Columba  livia,  Blylb;  Colamba 
œnas,  Rt^ich.;  Columba  intermedia.  Bon.;  Columba  Uvia,  Swicli. 

(3)  Op.  cit.,  p.  385. 

(4)  Semblable  en  général  à  la  Columba  Uvia,  mais  oflranl  sur  le  croupion  une 
teinte  brun&tre  et  sur  la  nuque  des  rellets  verts  et  pourpres  plus  intenses  que 
dans  l'espèce  européenne  (David  et  Oustalet). 


630  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LÉTAT   SAl  VAGE 


ORDRE  DES  PALMIPEDES 

(Nous  croyons  devoir  rappeler,  avant  de  commencer  l'énuméra- 
tion  des  hybrides  de  cet  Ordre,  ce  que  nous  disions  dans  notre 
«  Avant-Propos  n  (1),  à  savoir  que  la  demi-domesticité,  si  répandue 
dans  la  famille  des  Anatidés,  explique,  au  moins  pour  beaucoup 
d'entre  eux,  les  mélanges  que  les  Oiseaux  de  cette  famille  con- 
tractent). 

Famille  des  Anatidce 

Genre  Anas 

Anas   PENELOPE   et   Anas   crecca 

(Se  reporter  p.  112  ou  p.  120  des  Méra.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Cinq  spécimens  représentant  le  mélange  des  deux  espèces  avaient 
été  signalés  :  une  pièce  au  Musée  de  la  faune  néerlandaise,  une 
autre  appartenant  à  M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi,  une  troisième 
dans  la  collection  du  feu  lord  Malmesbury,  une  quatrième  faisant 
partie  de  la  collection  vendue  par  M.  Whitaker,  et  une  cinquième 
enfin  chez  M.  le  comte  Ninni,  à  Venise.  Nous  avions  donné,  d'après 
M.  le  comte  Oddi,  la  description  très  complète  de  l'exemplaire  qui 
lui  appartient  et,  d'après  M.  Westermann  (aujourd'hui  décédé),  la 
description  du  spécimen  conservé  au  Musée  des  Pays-Bas. 

La  provenance  sauvage  des  trois  premières  pièces  paraît  établie  ; 
une  telle  indication  manque  pour  les  deux  dernières. 

M.  le  D'  Kerbert  a  bien  voulu  nous  communiquer  l'hybride  du 
Musée  d'Amsterdam.  La  double  origine  de  cet  Oiseau  se  voit  au 
premier  coup  d'œil  ;  c'est  un  intermédiaire  entre  les  deux  espèces 
dans  toute  la  rigueur  du  mot,  aussi  bien  par  la  taille  que  par  la 
couleur  du  plumage  :  Tète  châtaigne  comme  crecea,  avec  bandes 
vertes  de  séparation  partant  de  chaque  côté  des  yeux  et  se  rejoi- 
gnant sur  le  dessus  du  cou  (2)  ;  miroir  vert  brillant  entouré  de  noir 
dans  le  bas,  dans  le  haut  entouré  de  cliàtaigne  et  non  de  blanc 
comme  chez  crecca  (3).  Pieds  et  jambes  presque  aussi  forts  que 
ceux  de  penelope  et  couleur  de  plomb.  Le  dos  est  penelope,  eu  cos- 

(1)  P.  473  et  p.  475. 

(2)  Le  vert  est  moins  foncé  que  chez  crecca  et  la  petite  raie  blanche  qui  sépare 
le  vert  de  la  couleur  châtaigne  est  peu  visible. 

(3)  Il  est  à  noter  qu'aucune  des  deux  espèces  ne  présente  cette  couleur  d'une 
manière  aussi  accentuée. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    lit    EXAMENS    d' APRÈS    NATURE  031 

turae  de  transition.  La  gorge  est  fond  rose  vineux,  comme  chez  cette 
espèce,  mais  çà  et  là  tachetée,  ainsi  que  les  llaucs,  indiquant  parce 
caractère  un  plumage  en  mue.  Les  couvertures  supérieures  des 
ailes  sont  d'un  blanc  gris  mat,  présentant  tout  à  fait  un  ton  moyen 
entre  la  couleur  gris  noir  de  crecca  et  le  blanc  de  penekipe  (I). 

Le  plumage  du  corps  est  donc  beaucoup  plus  penelope  que  crecca, 
mais  la  tète  est  presque  entièrement  de  ce  type;  le  contraste  est 
d'un  effet  saisissant,  surtout  lorsque  l'on  examine  les  caractères 
intermédiaires  de  ce  sujet  qui  est  fort  joli.  Nous  en  avons  conservé 
un  croquis  ;  il  porte  une  mention  ainsi  conçue:  k  Annx  hijbrida  (f 
von  .1.  jicnebpe  on  .-i.  crecca,  9  nov.  1888.  Schiermetrop.  »  On  n'y 
dit  point  qu'il  ait  été  pris  à  l'état  sauvage,  mais  le  M.  D'  Kerbert 
nous  a  donné  cette  atlirmation. 

Le  comte  Oddi  ne  nous  a  point  adressé  le  spécimen  qu'il  con- 
serve; il  nous  a  seulement  fait  parvenir  une  aquarelle  fort  bien 
exécutée  et  qui  représente  uu  réel  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces,  ayant  beaucoup  d'analogie  avec  l'hybride  précédent,  car  le 
corps  paraît  penetope  et  la  tête  de  la  crecca;  mais  c'est  un  individu 
en  vrai  costume  d'hiver  ou  de  noces.  Nous  remarquons  encore  au- 
dessus  de  la  bande  verte  du  miroir  une  bande  châtaigne  très  pro- 
noncée. L'oiseau  semble  avoir  les  pattes  et  les  doigts  jaune  brun 
(cuir)  et  les  palmures  plomb  violacé;  ce  dernier  caractère  est-il 
exact  9 

M.  Ed.  Hart,  de  Christchurch,  qui  possède  maintenant  l'exemplaire 
du  feu  lord  Malmesbury  (signalé  d'abord  comme  hybride  de  pc/ie/ope 
et  de  crecca],  considère  cet  Oiseau  comme  le  produit  de  l'A.  crecca 
et  de  l'A.  boschas.  Nous  ignorons  si  M.  Hart  a  raison  de  penser 
ainsi,  mais,  autant  qu'on  en  peut  juger  par  l'aquarelle  que  M.  Prévôt 
a  exécutée  pour  nous  de  grandeur  naturelle,  cette  pièce  n'est  point, 
comme  nous  l'avions  annoncé  à  tort,  l'hybride  de  l'/l.  crpcca  avec  l'.-l . 
penelope.  Nous  croyons  devoir  la  rayer  de  cet  article.  Toutefois, 
comme  nous  ignorons  à  quel  croisement  on  doit  la  reporter,  (sou 
jeune  âge  ne  permettant  point  sans  doute  de  le  juger  convena- 
blement), nous  eu  donnons  ici  la  description  : 

Bec  jaune  roux  brunâtre,  plus  clair  au  début  de  la  mandibule 
supérieure.  Tète  presque  rousse  quoicpie  l'on  aperçoive  confusé- 
ment une  trace  de  la  bande  verte,  laquelle  part  de  l'œil  et  se  dirige 
vers  la  nuque.  Une  nuance  blanche  qui  se  perd  peu  à  peu  dans  le 
roussàtre  de  la  tête  et  du  dessus  du   cou  se   répand  à  partir  du 

I)  A  moins  donc  que  penelope  ne  se  montre  ainsi  en  costume  de  transition  7 


632  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

bec  vers  la  gorge  devant  le  cou.  Poitrail  roux,  tacheté  à  la 
manière  de  la  Sarcelle,  quoique  les  petites  taches  ne  portent  pas 
de  blanc  au-dessus  de  la  partie  brune.  Dos,  couvertures  des  ailes, 
brun  cendré  gris  ;  les  grandes  rémiges  du  même  ton,  mais  plus 
claires.  Tout  le  ventre  gris  brunâtre  à  fond  blanc  est  rempli 
de  petits  zigzags  irréguliers  et  mélangés  avec  des  taches  du  même 
ton  près  des  flancs.  Les  pattes  sont  jaune  orangé,  les  palmures 
paraissent  plus  foncées.  La  disposition  du  miroir  consiste  en  une 
première  bande  supérieure  chamois  foncé,  puis  en  une  large 
partie  verl  de  mer  bordée  inférieurement  d'une  raie  noire,  laquelle 
est  suivie  d'une  bordure  chamois  s'éclaircissant  en  blanc  à  sa  partie 
extérieure. 

Cette  pièce,  qui  porte  sur  tout  son  corps  les  caractères  d'un 
jeune  Oiseau,  semble  devoir  être  reportée  au  mélange  de  la  crecca 
avec  le  boschas  ;  mais  sa  taille  assez  grande  peut  laisser  quelque 
hésitation  (1). 

Nous  apprenons  que  le  spécimen  faisant  partie  de  la  collection 
vendue  par  M.  Whitaker  a  été  acheté  par  M.  Dickes  pour  sir 
Vauncey  Crewe,  de  Cork  Abbey  (Derby)  ;  nous  n'avons  pu  obtenir 
d'autres  indications. 

Quant  à  l'exemplaire  du  comte  Ninni,  de  Venise,  nous  manquons 
également  de  renseignements.  M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi,  qui 
avait  bien  voulu  nous  promettre  des  indications  au  sujet  de  ce 
Canard,  assez  problématique  du  reste,  ne  nous  les  point  adressées; 
ce  qui  nous  fait  croire  qu'il  n'existe  point  dans  la  collection  du 
feu  comte. 

Nous  avons  à  citer  un  autre  exemplaire  acheté  par  M.  van 
Kempen  en  Angleterre  dans  une  collection  où,  paraît-il,  on  ne 
vendait  que  des  Oiseaux  sauvages  d'Europe;  toutefois  M.  van 
Kempen  n'a  point  voulu  nous  affîrmer  l'origine  sauvage  de  cet 
hybride  bien  authentique  et  qui  confirmerait  grandement,  s'il 
avait  été  obtenu  à  l'état  de  réclusion,  l'origine  mélangée  des  autres 
pièces  sauvages,  car  il  leur  ressemble  en  plus  d'un  point.  On 
retrouve  chez  lui  la  tète,  les  joues  et  le  commencement  du  cou 
complètement  de  couleur  châtaigne  avec  la  large  bande  verte 
qui  part  des  yeux  pour  se  prolonger  jusque  sur  la  nuque.  On 
voit  aussi  la  bande  châtaigne  en-dessus  du  miroir  qui  est 
vert  (2).  Toutefois  il  est  plus  ramassé,  il  a  le  cou  court  et  épais, 

(1)  Elle  a  été  décrite  à  la  fin  de  notre   «  Histoire  da  Bimaculated  Duck  » 
pp.  47  et  48,  ne  sachant  dans  quelle  catégorie  la  placer. 

(2)  Cette  bande  est  peut-être  moins  foncée  que  chez  les  autres  exemplaires. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    l.XAMENS     D'APnÈS    NATURE  633 

Est-ce  l'effet  du  moutiige  ?  —  On  remarque  sur  le  rose  de  la  poitrine 
(comiile  cela  se  produit  sur  l'exemplaire  de  M.  le  comte  Oddi)  de 
petits  points  foncés  très  délacliés  les  uns  des  autres,  nullement 
entourés,  rappelant  presifue  complètement  les  points  que  l'on  voit 
sur  la  partie  correspondante  de  la  sarcelle  fonnosa.  Ce  sont  sans 
doute  les  taches,  beaucoup  plus  larges,  de  la  sarcelle  crecm,  (jui  se 
rétrécissent  ici,  car  penelope  est  dépourvu  complètement  de  ces 
marques  dont  il  ne  peut,  parconséquent,  favoriserle  développement. 
Nous  avons  fait  peindr-e  l'Oiseau  de  .M.  van  Kempen,  celui-ci  l'a 
signalé  dans  les  mémoires  de  la  Société  Zoologique  (l),  en  ayant 
soin  de  faire  remarquer  qu'aucune  mention  n'atteste  que  ce  Canard 
ait  été  tué  à  l'état  sauvage;  nous  ne  pouvons  donc  le  comprendre 
dans  noire  liste. 

Dafila  acuta  X  Anas  penelope. 
(Se  reporter  p.  115  ou  p.  123  des  Méin.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Quatre  exemplaires  avaient  seulement  été  cités;  encore  disions- 
nous  que  l'un  d'eux,  acheté  sur  le  Leadenhall  market,  n'avait  peut- 
être  point  été  pris  à  l'état  sauvage.  —  Il  faut  ajouter  à  cette  liste, 
peu  nombreuse,  un  cinquième  Oiseau  décrit  et  ligure  en  1893  par 
M.  dal  Fiume  Camillo  (2),  puis  un  sixième,  cT,  pris  récemment 
dans  la  lagune  de  Venise  et  (|ui  se  trouve,  d'après  M.  Oddi  (3),  dans 
la  collection  du  feu  comte  Niuni  au  Musée  Correzo,  à  Venise.  Mais  il 
faut  supprimer  la  pièce  que  nous  avions  citée  la  première  et  qui 
nous  avait  été  indiquée  par  M.  Ch.  Royer,  de  Langres.  Cet  Oiseau, 
que  nous  avons  reçu  eu  communication,  n'est  autre,  en  effet,  qu'un 
.1.  penelope  en  mue.  M.  Royer,  à  qui  il  appartient,  n'ayant  pu  le 
classer,  avait  essayé  de  le  contrôler  à  Paris  avec  les  Canards  du 
Muséum.  Ne  le  trouvant  dans  aucune  vitrine,  il  l'avait  montré  aux 
em[)loyés  qui  l'avaient  déterminé  comme  hybride  d'.l.  penelope 
et  de  l).  aeula,  mais  à  tort,  selon  nous.  Il  est  vrai  que  sa  préparation 
le  fait  paraître  plus  long  que  le  penelope:  son  cou  est  plus  tendu, 
il  est  moins  ramassé.   Mais  ou  ne  saurait   s'attacher  à  la  forme 

(1)  Mém.  Soc.  Zool.  de  Krance,  1890.  p.  III.  Oiseaux  hybrides  de  ma  collec- 
tion, par  Ch.  van  Kempen. 

(2|  «  Sopra  un  ibrido  naturale,  Mareca  penelope  Liiin .  X  Dafila  acuta  Linn.  » 
Nota  didel  Fiume  Camillo  (.Milano,  I89.i,  Eslratlo  degli  Alti  dflla  Socii'ta  italiana 
di  scienze  natufale). 

(;{,  Commuiiitation  (l--  celui-ci. 


(i.'U  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

d'une  pièce  empaillée,  surtout  lorsque  le  montage  est  visiblement 
défectueux  ;  ce  qui  se  voit  aisément  chez  cet  individu. 

Nous  avons  constaté  que  par  sa  coloration  générale  et  la  dispo- 
sition de  son  plumage  il  ne  diffère  point  d'un  1.  penelopeif  en  cos- 
tume de  transition,  c'est-à-dire  à  ce  moment  où  l'espèce  revêt  le 
vêtement  de  noces  ou  s'en  dépouille,  pour  reprendre  la  livrée  moins 
brillante  de  la  saison  chaude.  Au-dessus  du  miroir,  qui  n'est  point 
bordé  à  sa  partie  supérieure  de  brun  rose  clair  et  à  sa  partie  infé- 
rieure de  couleur  blanche  comme  chez  ticnta,  on  reconnaît  les 
grandes  plaques  blanches  caractéristiques  de  penelope.  Seule  la 
couleur  verte  à  reflets  roux  du  miroir  le  rapproche  réellement  d'arwfa. 

Mais  ayant  observé  de  très  près  un  des  pcneiope  cf  que  nous  con- 
servions vivants  dans  nos  parquets,  nous  avons  reconnu  (c'était  au 
mois  de  juillet  et  au  mois  d'août)  que  la  couleur  verte  du  miroir  se 
modifiait  chez  cet  individu  et  prenait  précisément  ces  reflets  bronzés 
constatés  sur  le  spécimen  de  Langres.  Ceci  nous  a  complètement 
convaincu  que  ce  dernier  n'était  point  un  hybride,  mais  simple- 
ment, comme  nous  le  pensions,  un  Oiseau  en  mue.  M.  Ed.  Hart, 
de  Christchurch,  auquel  nous  avons  montré  la  petite  aquarelle  que 
nous  avons  fait  de  cette  pièce,  nous  l'a  retournée  avec  cette  mention 
bien  significative  .  a  A.  pcnelope  in  the  change  of  plumage  ».  —  Ce 
qui  nous  étonne  un  peu,  c'est  que  M.  Royer  la  croit  tuée  au  mois 
d'avril.  La  mue  était  donc  avancée  ou  retardée  chez  l'exemplaire 
qui  a  servi  de  point  de  comparaison,  ou  l'inverse  (1). 

M.  le  D''  Jentinck  a  eu  la  complaisance  de  nous  adresser  en  com- 
munication l'exemplaire  du  Musée  de  Leyde.cet  exemplaire  au  sujet 
duquel  le  savant  et  très  connaisseur  M.  van  Wickevoort  Crommelin 
avait  changé  jilusieurs  fois  d'opinion,  mais  qu'il  avait  considéré 
en  dernier  lieu  comme  le  produit  der.4.  penelope  x  ■•!•  acuta  (après 
l'avoir  cru  hybride  dacreccd  elà'acuta).  Les  caractères  de  la  tète  sont 
en  efïet,  nous  allons  le  voir,  très  embarrassants.  Notons  de  suite 
que  le  poitrail  rose  vineux  rappelle  lepc/u'/opc,  mais  tout  le  plumage 

(1)  Tout  en  considérant  cet  hybride  suppose  comme  un  simple  pcne/opc en  mue, 
nous  tenons  à  faire  remarquer  que  le  bec  nous  a  paru  loni:  :  il  dépasse  légèrement 
les  dimensions  de  celui  du  penclope.  Quant  à  la  largeur  de  cette  même  partie,  elle 
est  reproduite  sur  deux  sujets  , -''  vivants  de  celte  espèce  que  nous  possédons  (l'un 
en  livrée  d'été,  l'autre  en  costume  de  transition),  et  encore  sur  le  bec  d'une  femelle 
empaillée.  Il  nous  faut  aussi  reconnaître  que  la  ternie  bleu  violacé  de  l'épaule, 
(laquelle  épaule  est  munie  de  la  tache  blanche),  n'est  peut-être  point  tout  à  fait 
aussi  pointillée  que  dans  ce  penelope.  Cette  particularité  fait  penser  à  acuta, 
de  teinte  plus  uniforme,  si  nous  en  jugeons  par  nos  exemplaires  de  race  pure. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    T.T  EXAMENS   D'aPRÈS   NATURE  633 

(lu  corps  est  de  Vacutn,  à  l'exception  de  la  tache  noire  qui  paraît 
être  moius  longue  que  chez  cette  espèce;  les  deux  petites  plumes 
elllit^es  de  la  queue  ne  se  prolon^i'nt  point  non  plus  très  avant.  Les 
tarses  et  les  doijîls  étant  à  peu  |)rés  du  munie  Ion  cliez  les  deux 
espèces  supposées  mères,  rien  n'est  à  remarquer  de  ce  côté.  Le  bec, 
par  ses  dimensions,  semble  intermédiaire  entre  le  bec  de  Vacuta  et 
celui   du  priii'lopc. 

On  pourrait  donc  déterminer  aisément  ce  produit  comme  hybride, 
puis(]ue  le  corps  est  du  premier  type  et  le  poitrail  du  second  ;  mais 
la  coloration  très  originale  delà  tête  prés(;nte  de  sérieuses ditlicultés. 
La  disposition  des  teintes  k  cette  |)artie  est  en  elïet  celle  de  cirera  ;  la 
couleur  noisette  des  joues  et  la  couleur  plus  foncée  et  plus  rougeAtre 
de  la  tète,  qui  se  relient  entre  le  bec  et  l'œil,  se  trouvent  séparées 
par  une  large  raie  verte  parlant  en  arrière  de  l'o'il  dans  la  direction 
de  la  nuque.  En  outre,  sous  la  gorge  existe  une  partie  très  foncée 
qu'on  ne  voit  ni  chez  cnrca,  ni  chez  penelope,  ni  chez  acula. 

Nous  comprenons  donc  l'embarras  dans  lequel  s'est  trouvé 
M.Crommelinà  l'égard  de  celte  pièce,  bizarre  à  l'excès,  car,  si  on  fait 
abstraction  delà  tète  et  du  poitrail,  on  se  trouve  en  présence  d'un 
corps  de  vrai  amta.  C'est,  on  peut  le  dire,  un  (iriita  au  poitrail  rose 
du  prneloite,  coillé  d'une  tète  qui  ne  rappelle  aucune  espèce  connue, 
ou  plutôt  qui  en  dévoile  une  troisième,  la  créera,  espèce  que  l'on  se 
sent  attiré  à  admettre,  mais  qu'on  est  bientôt  obligé  de  récuser  en 
face  des  deux  caractères  nettement  accusés  du  pnirlopr  et  de  Vacuta. 
N'osant  vraiment  croire  que  ce  curieux  échantillon  emprunte 
son  origine  à  trois  espèces,  qu'il  soit,  par  exemple,  un  hybride  de 
créera  X  penrlopr  croisé  û'acnta  (hypothèse  trop  invraisemblable  si 
l'Oiseau  est  né  réellement  en  liberté),  nous  avons  étudié  la  variété 
américaine  du  penelope,  la  Marera  americana,  parce  (|ue  M.  Olphe 
Galliard  dit  que  cette  variété  a  la  gorge  et  le  devant  du  cou  d'un 
brun  noirâtre  mélangé  de  roux  et  que  derrière  l'ccil  se  trouve  une 
bande  longitudinale  d'un  vert  brillant  à  rellels.  Mais  nous  n'avons 
point  été  satisfait  des  examens  que  nous  avons  faits.  Nous  avons 
constaté,  il  est  vrai,  (surdes  exemplaires  que  nous  avons  demandés 
d'Amérique),  que  la  Marrc:i  ameiicana  a  réellement  au-dessus  des 
joues  une  raie  foncée,  quelque  peu  à  reflets  verts,  partant  de  l'œil 
et  se  i)iolongeant  vers  la  nuque;  mais  la  teinte  du  front,  des  joues 
et  du  cou  n'est  aucunement  noisette,  pas  même  roux  marron,  comme 
le  dit  Degland  (1).  En  plus,  le  front  est  blanc.  Si  donc  une  parenté 

(1)  Degland  s'exprime  ainsi  :  u  Occiput  cl  luiiil  du  C"U  d'uii  Iji-uii  marron.  »  Cet 
orniUiologisIe  aurait  dit  an  moins  ajouter  :  «  excessivement  clair,  à  peine  visil)le.  » 
(iNous  supposons  nos  e.xemplaircs  complOleuient  en  couleur?  ). 


636  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

avec  Mareca  americana  expliquerait  la  bande  verte  que  possède  uotre 
hybride,  cette  parenté  est  tout  à  fait  iusuffîsante  pour  donner  une 
explication  de  la  teinte  vraiment  jaune  roux  orangé  des  joues, 
ainsi  que  du  roussàtre  assez  foncé  du  front  et  de  la  gorge. 

Nous  avions  abandonné  cette  pièce,  trop  embarrassante,  lorsque 
l'envoi  fait  par  M.  Richard  Paden  d'un  hybride  pmelope  x  acuta, 
obtenu  autrefois  en  captivité  dans  la  ménagerie  de  Lord  Derby  et 
possédé  maintenant  par  le  Muséum  and  Gallery  of  Art  de  Liverpool, 
est  venu  nous  tirer  d'embarras. 

Lord  Derby  avait  en  effet  obtenu,  vers  1812, dans  sa  ménagerie  de 
Knosley,  le  produit  d'un  A  nas  penclope  cf  croisé  avec  un  A .  ncuta  $ , 
ainsi  que  nous  avons  pu  le  constater  par  la  mention  écrite  en 
vieille  encre  sur  le  socle  de  cette  pièce  montée  et  encore  conservée, 
à  notre  surprise,  dans  un  état  de  fraîcheur  exceptionnelle  (1). 

Or,  quoique  le  cou  et  la  queue  soient  plus  allongés  que  chez  le 
précédent  (2),  le  dessin  et  la  coloration  de  la  tête  sont  exactement  les 
mêmes  chez  les  deux  Oiseaux,  et  dans  le  plumage  du  corps  ils  ne 
ditïèrent  réellement  que  par  la  première  barre  oblique  qui  borde 
supérieurement  le  miroir.  Cette  barre  est  d'un  roux  châtaigne 
clair  sur  l'exemplaire  de  Leyde,  en  grande  partie  mélangé  de  noir 
sur  le  spécimen  de  Lord  Derby  (3). 

Voici,  du  reste  la  description  de  ce  précieux  échantillon  qui  nous 
rend  actuellement,  on  le  voit,  un  si  grand  service. 

Vrai  intermédiaire  entre  les  deux  types,  quoique  sa  queue  et 
son  cou  allongés  rappellent  "onsidérablement  Vdcittn.  Les  joues 
sont  de  couleur  châtaigne  clair  jaunâtre;  le  dessus  de  la  tête 
est  d'un  rougeâtre  foncé  ;  le  bec  est  plus  court  que  chez  ncuta  et 
rappelle  celui  du  penelupe.  Le  poitrail  est  rose  comme  chez  cette 
espèce,  mais  afïaibli  de  ton.  Le  miroir  est  un  intermédiaire  très 
réussi  entre  les  miroirs  des  espèces  pures.  Les  couvertures  de  l'aile 
sont  blanc  perle  clair  ;  la  première  bande  qui  borde  le  miroir  en 
obliquant  (4)  est  ici  en  partie  noire,  en  partie  châtaigne.  La  deu- 
xième barre,  qui  borde  obliquement  et  inférieurement  le  miroir, 
est  mi  partie  noire,  mi-partie  blanc  sale,  un  peu  roux.  La  tache  noire 
desscapulaires  d'acata  est  très  bien  marquée,  tout  en  étant  de  plus 

(1)  Voici  ceUe  menlion  :  «  Ilylirid  tlucU  uinle.   bred  al  Knosly    bi'lween  a  malc 
Wigeon  (An.  penelope)  ami  a  femalf  Pinlail  (An.  acnta).  Knosly,  apiil  1812.» 
(i)  L'Oiseau  du  Musée  de  l.eyde  est  plus  ram^issé. 

(3)  Peut  être  aussi  le  bec  est-il  un  peu  plus  tort  chez  ce  dernier,  les  couveilurcs 
de  l'aile  plus  blanchâtres,  les  rayures  des  flancs  moins  accentuées  vers  le  milieu, 
el  le  dessus  de  la  tôte  plus  foncé. 

(4)  Bande  qui  est  noire  chez  penelope  et  rouge  châtaigne  chez  acuta 


ADDITIONS,    CORnECTIONS    ET    EXAMENS    D'AmÈS   NATURE  037 

fail)les  dinieusions  que  chez  ce  type.  Les  couvertures  des  ailes 
(partie  basse)  sont  un  mclauge  des  deux  espèces  (1).  Les  pieds 
paraissent  de  grandeur  moyenne,  comme  est  la  taille.  Les  longues 
plumes  de  la  (|ueue,  quoi(iui'  bleu  i'trilé(^s  et  se  i)rolongeant  en 
avaut,  n'atteignent  point  cependant  la  longueur  des  plumes  corres- 
pondantes d'acuta.  En  dessous,  le  ventre  est  très  blanc. 

Ce  qui  surprend  donc;,  ce  sontles caractères  delà  tête,  c'est-à-dire 
le  dessus  de  cette  partie  très  rougeàlre,  les  joues  de  couleur 
ch;\taigne  très  claire,  la  gorge  très  foncée  et  surtout  le  vert  au- 
dessusde  l'ceildaiisla  direction  de  la  nu([ue;  néanmoins  ce  vert  ne 
rejoint  point  l'œil  comme  chez  nrrcd  ;  il  est  considérablement 
éloigné  de  cet  organe. 

l'i-ni'loj)!'  étant  roux  foncé  sur  les  joues,  roux  très  clair  sur  le 
front,  on  admet  ditllcilement  que  l'inverse  puisse  se  produire 
chez  notre  hybride  ;  il  ne  semble  pas  moins  étrange  que  du 
vert  puisse  apparaître  sur  la  nuque.  Doit-on  admettre  que  c'est  là 
un  cas  d'alavisme  causé  par  hybridation,  c'est-à-dire  que  les 
ancêtres  de  notre  penelope  européen  sont  la  Mareca  americana, 
laquelle  porte  une  bande  verte  au-dessus  des  joues  et  dont  la  tête 
est  de  couleur  châtaigne  pres(|ue  gris  blanchâtre? 

Ndus  admettrions  peut-être  |)lus  facilement,  quoique  nous  n'en 
ayons  jamais  vu,  qu'il  existe  de  vva\s  pnielopc  européens  montrant 
quel(|uefois  cette  bande.  Non  seulement  M.  Olphe  Gaillard  la 
décrit  chez  le  penelope,  mais  aussi  M.  Olgivie  Gaillard;  M.  Richard 
House,  de  Norlhumberland,  semble  lui-même  l'admettre  (2). 

Nous  nous  sommes  un  peu  étendu  sur  la  particularité  que  pré- 
sente l'Oiseau  de  Leyde  ;  mais  cette  paiticularité  méritait  bien  une 
explication.  Le  produit  hybride  obtenu  en  domesticité  par  lord 
Derby  prouve  que  le  vei-t  de  la  tète  n'est  pas  imputable  à  la 
Sarcelle;  celle-ci  par  conséquent  ne  joue  aucun  rôle  dans  ce  croi- 
sement. 

L'hybride  du  Musée  de  Newcasleon-Tyne  (coll.  Handcock)  figure 
dans  un  groupe  de  gibier  conservé  sous  glace.  Il  ne  nous  a  point  été 
communiqué;  nous  n'avons  point  cru  devoir  le  faire  peindre,  car 
il  nous  a  été  impossible  d'obtenir  d'autres  renseignements  sur 
son  origine  que  ceux  que  nous  avions  déjà  reçus  :  à  savoir  que 
l'Oiseau  avait  été  acheté  au  Leadenhall  market  de  Londres.  .M.  Hand- 

(I)  Les  Hanrs  sont,  nn  le  sait,  à  peu  prés  les  mêmes  chez  les  deu.x  types. 
{t)  Voy.  quelques  lignes  plus  loin. 


638  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

cock  en  le  décrivant  (1)  avait  dit  que  la  couleur  cliàtaigne  de  la 
tête  et  du  cou  est  mélangée  avec  le  vert  brillant  du  Pintail  «  iritli 
the  glossy  (jrecn  of  thèse  parts  of  the  Pintail  ».  M.  Richard  House 
nous  fait  observer  que  c'est  là  une  erreur  et  qu'il  faut  lire 
«  with  the  t/lossy  green  of  thèse  parts  of  the  Widyeon  »,  attendu 
que  le  Pintail  (.4.  ac?<îa)  n'a  point  de  vert  brillant  sur  la  tête,  mais 
que  c'est  le  Widgeon  (.4.  penelope)  qui  en  possède.  On  voit  parla  que 
M.  Richard  House  admet  que  le  vert  puisse  se  présenter  sur  la  tête 
du  penelope.  Le  spécimen  de  la  coll.  Handcock  paraît  doue  parce 
caractère  ressembler  aux  deux  hybrides  que  nous  venons  de  décrire. 

Nous  regrettons  vivement  de  n'avoir  pu  obtenir  en  communi- 
cation le  spécimen  indiqué  par  M.  J.  G.  Millais  dans  leField  (2).  Le 
lieutenant  s'est  contenté  de  nous  faire  savoir  que  cet  Oiseau,  du 
sexe  femelle,  ressemble  de  très  près  à  la  femelle  penelope,  excepté 
dans  la  forme  du  bec  qui  est  celui  de  Vacuta,  espèce  dont  il  a  aussi 
la  taille.  Sans  doute  est-il  décrit  et  figuré  dans  l'ouvrage  de 
M.  Millais. 

Nous  aurions  désiré  faire  connaître  notre  appréciation  sur  la 
pièce  nouvelle  faisant  partie  de  la  petite  collection  d'Oiseaux  de 
l'Académie  dei  Cimeordi  de  Rovigo  et  décrite  comme  mâle  uon 
adulte  par  M.  Camillo  Fiume,  de  Badia  Polesine   (3). 

Une  délibération  du  Couseil  académique  défend  de  laisser  sortir 
les  objets  d'histoire  naturelle.  Mais,  nous  dit  M.  Fiume,  ((  on  peut 
être  sûr  que  le  sujet  illustré  par  lui  est  réellement  un  hybride;  son 
collègue  et  ami,  le  comte  Arrigoui  degli  Oddi,  auquel  il  l'a  fait  voir, 
est  de  son  avis.  » 

Notons  en  terminant  que,  dans  le  Zoologist  de  1877(4),  M.  Tomes 
parle  de  deux  pièces  qui  lui  sont  indiquées  par  M.  Bartiett  et  qui  lui 
paraissent  provenir  du  Pintail  et  du  Widgeon;  toutefois  M.  Tomes 
ne  fait  poiut  connaître  leur  origine. 

ÂNAS    BOSCHAS    Cl    DaFILA    ACUTA. 
(Se  repoi'lei- p.  117  et  p    IIS  des  Méni.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

On  se  rappelle  que  trente  spécimens,  représentant  le  croisement 
de  ces  deux  espèces,  avaient  été  signalés;  l'origine  sauvage  de  dix- 

(1)  A  catatogne  oj  the  Birds  of  iVortIaimlierlanil  and  Durham,  p.  153.  N:il. 
hist.  transactions,  VI,  1874. 

(2)  N°  du  15  fL^'i-ier  1890  (ou  1891). 

(3)  Actes  de  la  Société  italienne  des  Se.  naturelles,  1893. 

(4)  Pp.  1698-1699.  Occurence  of  the  Bimaculated  Duck,  by  M'  Tomes. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMKNS    d'aPRÈS    NATURE  G3'J 

huit  SL'uleineut  av;iit  pu  être  alïïrmée.  Quinze  nouveaux  exemples 
nous  sont  connus. 

loM.le  DfKerhcrt.tlu  Koninklijk  zoologisch  Genootschapfnotxra 
artia  miiijistnii,  d'Ainstriihiin,  nous  l;iil  connaître  un  sujet  cTm"'''!  '' 
reçu  en  cliair  au  coinnicncL'UU'nlde  mars  18'J3et  qui  lut  tué  à  l'état 
sauvage  dans  la  province  de  Frlesland.  (Celte  capture  récente  porte 
à  cin(|,  comme  on  l'expli(iuera  plus  loin,  les  hybrides  conservés 
dans  le  Musée  delà  faune  néerlandaise,  (jualre  mâles  et  nue  femelle). 

2"  .M.  le  \)^  Jentinck,  du  Musée  national  des  Pays-Bas,  à 
Leyde,  nous  siiiuale  deux  aulres  Oiseaux,  tous  dinix  mâles,  l'un 
capturé  dans  la  canardière  de  Warmoud  eu  inai'S  1888  etollert? 
par  M.  V.  de  Spwayt;  l'autre,  pris  dans  les  environs  de  Rotterdam 
le  \i  avril  I8()9,  ayant  vécu  dans  les  étangs  du  Jardin  zoologiqne 
de  Rotterdam  jusqu'en  mars  1870,  épo(jue  où  on  le  trouva  mort(l). 

3"  Vers  la  fin  de  décembre  1892,  ledecoyman  de  M.  Frédéric  Pre- 
tyman,  d'Or\vellpark(Ips\vick), prenait  un  beau  mâle,  qui  vit  encore 
aujourd'hui  dans  nos  paniucts  d'-Vutiville;  ce  bel  échantillon  nous 
a  été  envoyé  et  ollert  gracieusement  par  M.  Prelyman,  auquel  nous 
témoignons  ici  de  nouveau  notre  reconnaissance.  Au  commen- 
cement de  la  même  année,  on  avait  i)ris  dans  le  même  piège  la 
femelle  qui  a  été  annoncée  dans  le  Zoologist  (2)  comme  hybride  de 
Qufrqufdula  crecca  et  d'.4H«.s  hoschas  et  que  nous  avons  déjà  décrite 
dans  noti'e  «  Histoire  du  Bim<iculated  Dnrk  »  (3). 

4"  M.  le  baron  Ed.  do  Selys-Longchanips  conserve  dans  sa  collec- 
tion un  sujet  tué  aux  environs  de  Liège  en  hiver  vers  180U  ('t). 

o"  M.  D.  Niccolo  Camusso,  deNovi  Ligure  (Italie),  a  préparé  pour 
une  colhu'lion  maintenant  dis|)ersée,  un  jeune  mâle  tué  à  Pavie  le 
25  novembre  lS7o.  Ce  sujet,  nous  dit  le  naturaliste,  avait  les  couleurs 
de  la  femelle  boschas  et  les  plumes  de  la  queue  longues  comme  chez 
acutn. 

ti°  .M.  G.Fream  Morcom,de  Chicago  (Illinois),  possède  dans  sa  col- 
lection deux  mâles  et  une  femelle  tués  à  l'état  sauvage  et  montrant, 
nous  dit-il,  un  mélange  évident  des  caractères  des  deux  parents. 

(1)  Ces  dprnières  indicaUons  nous  sont  logrnii-s  par  M.  van  BiMiirnclen,  ilirecliMir 
du  Jarillii. 

(2)  N»  ISJ,  p.  109,  vol.  XVI,  mars  18"J2. 

(3|  P.  21.  .Nous  pensons  inaintcnuiil  |coiiiiiie  nous  le  laissions  croire,  du  reste, 
voy.  p.  3't|,  cet  Oiseau  proiluil  par  le  croisemenl  de  D  acuta  avec  le  boschas. 
Nous  donnerons  bientôt  nos  explicii lions 

(4|  Il  ne  l.-iul  pjis  lonfoniire  ce  sujet  iivcc  celui  qui  est  cité  ilnns  ses  Additions  à 
la  liécapitulation  des  hybrides  observés  dans  la  Famille  des  Anatidés.  Bull. 
Acail.  des  Sciences  de  Bruxelles,  XXIll,  18ii(i,  .N'  21. 


640  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

7°  M.  le  comte  Oddi  nous  a  parlé  d'un  sujet  cT  tué  il  y  a  bien  des 
années,  dans  la  lagune  de  Venise,  croit-il,  et  conservé  maintenant 
dans  la  collection  du  feu  comte  Correr,  à  Venise,  pièce  très  authen- 
tique et  très  recounaissable,  paraît-il,  et  dont  la  physionomie  géné- 
rale est  plutôt  celle  du  dafila  que  celle  du  boschas. 

8°  Dans  le  «  Forest  and  Stream  »,  du  30  août  1883(1),  on  lit  qu'un 
Canard  hybride  de  sexe  mâle  fut  pris  dans  le  courant  de  l'année; 
cet  Oiseau,  ajoute-t-on,  «  évidemment  hybride,  montre  une  prépon- 
dérance des  traits  caractéristiques  de  Vacuta,  mais  est  en  partie  de 
la  couleurdu  Mallard  (VA.  boschas),  tandis  que  le  bec  et  les  plumes 
se  montrentintermédiaires  entre  les  deux  espèces  ». 

9»  Sont  encore  à  citer  :  un  hybride  du  même  sexe  conservé  au 
British  Muséum  et  que  nous  avions  omis  de  mentionner  (2)  ;  un 
autre  mâle  pris  (ou  tué)  en  Hollande  eu  1892,  dans  la  collection  de 
M.  Walter  Rothschild  à  Triug  (Angleterre)  ;  un  mâle  ayant  appartenu 
à  M.  J.-H.  Gurney  et  que  celui  ci  croit  avoir  été  obtenu  à  l'étal 
sauvage.  M.  Gurney  l'a  échangé  contre  d'autres  Oiseaux  à  M  J.  G. 
Millais.  M.  Millais  possède  en  outre  une  autre  pièce  de  sexe 
femelle,  également  échangée  par  M.  Gurney,  mais  dont  l'origine 
sauvage  est  douteuse,  cette  femelle  ayant  été  achetée  chez  un 
marchand  de  volailles  d'Hastings.  —  Enfin  nous  mentionnerons 
une  dernière  pièce  appartenant  à  M.  van  Kempen,  de  Saiut-Omer, 
et  dont  l'origine  sauvage  n'a  pu  être  établie  sulllsamment  (3). 

De  ces  Oiseaux  ,  nous  avons  reçu  le  Canard  vivant  envoyé 
d'Orwell  Park  par  M.  Frédéric  Pretyman,  les  deux  pièces  du  Musée 
de  Leyde,  quatre  échantillons  du  Musée  d'Amsterdam  (4),  l'exem- 
plaire de  M.  van  Kempen,  celui  de  M.  de  Selys-Longchamps  (3»,  et 
les  deux  hybrides  du  Museo  (Ici  verkbrati  de  Florence.  Nous  avons 
fait  exécuter  une  peinture  de  l'Oiseau  conservé  au  Musée  de 
Newcastle-on-Tyne  (6)  ;  le  rév.  Tristam  a  bien  voulu  nous  adresser 
une  aquarelle  du  spécimen  qu'il  a  rapporté  de  Palestine  (7). 

(1)  P.  84. 

(2)  Nous  supposons  qu'il  a  été  lue  A  l'étal  liliro  ;  nous  ne  nous  rappelons  point 
cependant  si  cette  affirmation  nous  a  été  donnée. 

(3)  Cet  hybride  a  été  cité  par  M.  van  Kempen  in  «  Oiseaux  hybrides  de  ma 
collection.  i>  Mém.  Soc.  Zool.  de  France,  IS'.IO,  p.  110. 

(4)  Trois  avaient  été  sijjnalés  dans  noire  première  publication. 

(5)  Cité  aussi  dans  notre  première  publication. 

(6)  Voy.  pp.   lis  et  1-20  ou  pp.  12C>  et  134  des  .Mém.  de  la  Soc.  Zool.    18'Jl. 

(7)  Se  reporter  p.  118  ou  p.  126  des  mêmes  .Mém.  En  Usant  nos  descriptions,  on 
verra  que  ce  dernier  spécimen  et  un  de  ceux  du  Musée  de  Florence  ne  nous  ont 
point  paru  authentiques. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  G41 

Descriptions 

Musée  des  Pays-Bas.  —  /"  Le  Canard  capturé  dans  la  canardière  de 
Wnrinond  en  ISSS  ressemble  éloDnnmmenl  ;uix  liyliriiles  conservés 
au  .Musée  d'Amsterdam,  à  l'individu  du  .Musée  de  Newcastle-on- 
Tyne  et  à  un  des  deux  écliantillons  du  Musée  de  Florence.  Sur 
les  scapulaires  la  tache  noire  est  i-cpeudani  moins  prononcée  et 
peu  eflilée.  Dessus  du  corps,  plutôt  du  bnschas  que  de  Vacnla; 
plumes  médianes  de  la  queue  un  peu  recourbées  comme  chez 
bosrhas,  mais  les  longues  plumes,  qui  se  relèvent,  ne  paraissent 
pas  être  des  plumes  de  couvertures  ;  tout  au  moins  elles  sont 
bien  plus  fortes  que  ne  le  sont  généralement  ces  plumes.  Miroir 
bronzé  horde  de  blanc  dans  le  bas,  de  noiselte'dans  le  haut,  comme 
chez  ncula.  Pieds  légèrement  pins  forts  (jne  clu'z  cette  dernière 
espèce  et  de  couleur  claire;  le  collier,  blanc,  se  prolonge  en  montant 
un  peu  derrière  le  cou.  où  il  se  trouve  divisé  par  du  noir  brun. 
Tète  d'un  brun  vert.  Bec  foncé  plomb,  moyen  par  sa  forme  entre 
celui  des  deux  espèces,  mais,  par  ses  dimensions,  se  rapprochant 
de  celui  du  hoschas. 

A  un  deuxième  examen,  nous  avons  pris  les  notes  suivantes  :  Il 
serait  dillicile  de  trouver  un  intermédiaire  mieux  accusé  entre  les 
deux  espèces  mères,  quoique  d'aspect  (non  de  (aille)  il  soit  plus  du 
côté  du  lioschits  que  du  côté  de  Vacuta.  Son  bec  est  fort,  Hiais  de 
couleur  plomb  foncé;  la  tète  est  bronzée  à  reflets  verts,  sur  la  nuque 
particulièrement;  il  existe  au  cou  un  collier  blanc;  le  poitrail  (jabot) 
est  roux  blanclu\tre,  cette  couleur  est  peu  étendue.  La  (|ueue  est 
longue;  la  forme  du  Canard  est  elle-même  allougée.  Le  miroir,  vert 
ou  bleu-de-mer,  est  très  large;  il  est  bordé  en  dessus  du  roux 
clair  propre  à  Vacuta,  et  inférienremenl  d'une  large  bande  de  blanc 
très  éclatant.  Le  ton  du  dos  et  la  disposition  des  plumes  sont  plutôt 
du  lioschds,  mais  sur  les  scapulaires  existent,  d'une  manière  très 
visible,  les  taches  noires  longitudinales,  propres  ;"i  ïucuta.  Les 
pieds  sont  de  couleur  gris  jaune  bleuté,  indiquant  bien  encore  le 
mélange  des  deux  espèces.  Les  zigzags  sont  très  forts  sur  les  lianes  ; 
près  du  noir,  qui  teinte  la  queue  en  dessous,  apparaît  du  blanc 
jaunâtre  comme  chez  acula. 

i"  Exemiildirc  «i/inif  reçu  au  Jardin  de  Holtevdain.  —  Cet  Oiseau, 
monté,  est  sans  queue;  il  rappelle  les  hybrides  du  Muséum  d'Ams- 
terdam et  l'une  des  pièces  du  Musée  de  Florence.  11  est  ce|)endant 
de  taille  un  peu  plus  faible  que  ces  dernièies  ;  c'est  à  peu  prés  le 
seul  caractère  qui  le  différencie  de  ceux  ci,  mais  il  est  presque  de 


642  OISEAUX    HYBRIDES    RE^'CONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

la  grosseur  de  celui  qui  vient  d'èlre  décrit.  Sur  les  scapulaires,  on 
voit  la  marque  noire  de  ïncitla;  celle  marque  est  bien  prononcée  et 
allongée.  Les  pattes  sont  jaunes  dans  le  genre  de  celles  du  hoschas, 
le  bec  est  noir  bleuté.  Les  plumes  de  l'aile  droite  ayant  été  coupées, 
on  aperçoit  dillicilement  la  bande  blanche  qui,  dans  la  partie 
intérieure,  encadre  le  miroir.  Le  jjlumagedu  dos,  comme  disposition 
et  couleur,  est  plutôt  du  lid.srhas  que  de  Vacuta.  L'Oiseau  porte  un 
collier  blanc  bien  pi'ononcé,  mais  le  blanc  ne  monte  point  sur  la 
nuque.  Le  poitrail  est  d'un  brun  roux  clair  peu  étendu  ;  la  tête  est 
d'un  vert  bronzé  :  les  flancs  sont  d'un  gris  plus  foncé  que  ceux  du 
Canard  qui  vient  d'être  décrit;  il  existe  aussi  plus  de  zigzags 
foncés  en-dessous. 

Ces  deux  pièces  n'avaient  point  encore  été  décrites.  Nous  con- 
servons la  peinture  sur  toile  du  premier  exemplaire  représenté  de 
grandeur  naturelle. 

Masfodei  Vi'rlehrati  dr  Florence.  —  Mâle  tué  à  Commachio.  Nous 
avious  donné  une  très  courte  description  de  cet  Oiseau,  d'après  les 
notes  envoyées  par  M.  Giglioli.  On  se  rappelle  qu'il  avait  été  tué  à 
St  .\lberlo  le  22  janvier  1S82:  il  a  été  ofïert  au  Musée  par  le  comte 
Luigi  Rasponi:  son  n"  d'ordre  est  le  n°  1600.  L'Oiseau  a  été  cité  dans 
l'enciuéte  ornithologique  du  f)rofesseur  Giglioli  (1). 

Il  est  d'une  tonalité  plus  claire  que  les  mâles  reçus  d'.\msterdam. 
doul  la  description  va  suivre.  Le  miroir  est  de  Vacuta,  mais  plus 
vert.  Sur  les  scapulaires,' on  voit  les  deux  taches  noires  longitudi- 
nales de  celte  espèce.  Le  dos  est  cendré,  intermédiaire  entre  celui 
des  deux  types;  sur  le  bas  de  cette  partie  les  petits  dessins  du  plu- 
mage sont  ceux  dc.Vanitaen  costume  de  jeune  (ou  de  mue).  Très 
large  collier  blanc  ;  le  blanc  monte  un  peu  de  chaque  côlé  du  cou. 
La  couleur  de  la  tête  est  un  véritable  mélange  des  teintes  des  deux 
espèces.  Le  bec  est  intermédiaire  par  ses  dimensions,  le  poitrail 
est  roux  clair.  Quelques  pelites  taches  sur  le  haut  du  ventre  rap- 
pellent le  plumage  d'été  du  hoschas.  Les.  flancs,  d'un  bleuté  gris, 
sont  remplis  de  zigzags  ;  le  ventre  est  aussi  gris  bleuté.  Le  plumage 
du  dessus  de  la  queue  paraît  être  le  plumage  de  mue;  les  rectrices 
exiérieures  sont  blanches;  les  médianes  d'un  noir  gris  mélangé;  les 
pâlies  jaune  ocre,  plus  petites  que  celles  de  boschas.  Par  son  plu- 
mage, comme  aussi  par  sa  forme,  cet  Oiseau  est  donc  un  bon 
intermédiaire  entre  les  deux  espèces  (2). 

(1)  Primo  resoconto  dei  resnllati,  etc.,  1.S90. 

(2)  Nous  avons  noté  la  couleur  du  bec  comme  étant  noire,  mais  c'est  sans  doute 
par  erreur;  sur  l'aquarelle  que  nous  avons  conservée,  il  est  de  teinte  plomb  bleuté. 


ADDITIONS,    CORRIXTIONS    KT    KXAMENS    D'aPUKS    NATURE  (543 

Second  cxemiildirc  ohlniii  ù  Xnpics.  —  Une  tn's  courte  descriplioQ 
nous  avait  été  aussi  adressée  |)ar  M.  Giglioli  (1).  —  Nous  iguoi'ons 
absolument  ce  que  peut  être  cet  Oiseau,  dont  le  plumage  est  d'un 
lou  brun  violacé  pres<[ue  uniforme.  F^a  tête,  le  cou,  dont  le  fond 
de  la  couleur  est  l'oert^  pi'i^,  *>ont  llaminéchés  de  inuii.  Le  poilrail, 
par  sa  teinte  sombre  et  violacée,  rappelle  r.4.  hoschns.  Il  n'existe 
pas  de  collier  l)laiic  au  cou.  Le  dessus  du  dos  est  un  mélange  de 
bruu  et  de  gris;  les  scapulaires  sont  d'un  ton  [)lus  rou.x  et  par- 
semées de  zigzags.  Les  couvertures  des  ailes  sont  gris  plomb  jau- 
nâtre presque  uni:  les  bords  e.xtérieurs  de  l'aile  sont  blanchâtres 
dans  la  jiartie  sn|)érieure;  ils  s'élargissent  près  du  miroir,  (jui  est 
d'un  vert  noir  sali,  bordé  en  haut  et  en  bas  de  blanc.  Devant  les 
deux  bordures  extérieures,  qui  sont  blanches,  il  n'existe  pas  de 
raie  noire  bien  délinie,  comme  cela  se  produit  chez  lioschas.  Le  bec 
est  en  dimensions  moindre  (fue  celui  de  ce  type;  sa  couleur  est  le 
noirâtre,  tirant  quelquefois  sur  le  verdàtre  et  le  brunâtre.  La  man- 
dibule supérieure,  très  large,  recouvre  et  dépasse  la  mandibule 
inférieure  (les  lamelles  sont  très  déveIop|)éesi.  Les  flancs  d'uu  brun 
clair  grisâtre  sont  couverts  de  zigzags  bien  accusés.  Sous  queue 
blanc  gris,  tacheté  de  quelques  plaques  brunes.  En  dessus,  les 
couvertures  de  la  queue  sout  noires,  les  pennes  sont  de  couleur 
grise;  le  dessus  du  ciou|jion  brun  violacé. 

La  petite  taille  de  cet  Oiseau  est  peut-être  un  indice  de  jeunesse? 
Que  i)eul  être  une  telle  pièce'.'  Un  iiybride  ou  une  simple  variété 
de  quelque  Canard  exotique  (|ue  nous  ne  connaissons  peut  être  pas? 
Involontairement,  on  pense  à  un  croisement  de  VAnas  ohscura  et  de 
r.4.  boschds;  mais  Vohscura  ne  fréquente  pas  la  Méditerranée.  Nous 
avons  envoyé  à  iM.  J.  H.  Gurney  l'aquarelle  que  nous  avons  faite  de 
ce  curieux  Oiseau  ;  il  nous  l'a  retournée  avec  cette  note  :  «  /  lim-e 
seen  some  partial  mi'lanisines  of.  .1.  boschas  nerij  like  tjour  pirture, 
irich  liad  nat  hijhrid  origin  ». 

Le  Prof.  Giglioli,  qui  nous  avait  adressé  celte  pièce  eu  1892 
comme  hybride  iVacuta  et  de  bosrhns  (dénomination  sous  laquelle 
ligure  l'Oiseau  dans  Vlnrbiesta  nrnitholu(jir(t  {:>),  nous  informe, 
à  la  date  du  17  avril  i8!(4.  qu'après  examen  minutieux  fait  de 
nouveau  en  compagnie  de  M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi,  il  le 
croit  hybride  d'À.  boschas  et  d'^.  strcpiTus,  la  partie  supérieure  du 
dos  étant  noire  comme  dans  cette  dernière  espèce  et  les  caractères 

(1)  Se  reporler  p.  I;M  cm  p.  129  des  Mém.  de  la  Soi.  Zool ,.  IS'.H  . 

(2)  Klorencp,  1891,  p.  7U. 


644  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

du  bec  et  des  couvertures  supérieures  et  inférieures  de  la  queue 
élaut  encore  de  ce  ty[)e. 

Nous  ne  pouvons  partager  aucunement  cette  manière  de  voir. 

Musée  (V Amsterdam .  —  Nous  avions  publié  (1)  la  description  de 
deux  mâles  et  d'une  femi-Ue  existant  dans  ce  Musée.  Ces  descrijUions 
nous  avaient  été  gracieusement  envoyées  par  M.  Weltermann,  l'an- 
cien directeur  de  cette  collection. 

D'après  des  renseignements  qui  nous  ont  été  adressés  par  le 
regretté  M.  van  Wickevoort  Crommelin,  ces  descriptions  sont 
celles  qui  furent  faites  par  feu  M.  Koller.  Mais  en  debors  de  ces  trois 
exemplaires  et  de  la  pièce  reçue  en  chair  par  M.  le  D'  Kerbert 
au  mois  de  mars  1893,  il  existe  certainement  tlans  la  même  collec- 
tion un  cinquième  sujet,  car,  pendant  l'été  de  1892,  M.  le  D''  Kerbert, 
le  directeur  actuel,  a  eu  la  bienveillance  de  nous  adresser  eu  com- 
munication, à  notre  propriété  d'Antiville,  trois  exemplaires  mâles 
montés,  accompagnés  d'une  femelle.  Nous  avons  omis  d'indiquer 
la  date  de  la  capture  des  échantillons  reçus,  en  sorte  qu'il  nous  est 
dinicile  de  savoir  quelle  est  la  pièce  qui  ne  figure  point  dans  notre 
premier  mémoire.  Mais  c'est  probablement  celle  qui  porte  la  date 
de  janvier  1891,  les  autres  étant  de  date  antérieure,  soit,  pour  la 
femelle,  la  date  du  31  janvier  1888,  et,  pour  les  mâles,  la  date  du 
23  janvier  1889  et  9  décembre  de  la  même  année. 

Les  trois  mâles,  tous  trois  en  costume  d'hiver  (quoique  l'un  d'eux 
porte  encore  quelques  traces  de  jeunesse  ou  de  mue)  (2).  sont, 
dans  leur  coloration  générale,  à  peu  près  semblables;  néanmoins, 
il  est  utile  de  remarquer  que  l'individu  qui  est  daté  de  décembre 
1889  ne  porte  pas  de  taches  noires  sur  les  scapulaires,  tandis  que 
cette  tache  est  très  accusée  sur  l'exemplaire  de  janvier  1891.  Le 
collier  blanc,  très  étroit  chez  le  Canard  obtenu  le  23  janvier  1889, 
monte  peu  sur  le  derrière  du  cou,  tandis  que  ce  même  collier 
monte  davantage  sur  la  pièce  qui  ne  porte  pas  de  tache  noire,  et 
il  se  divise  complètement  derrière  le  cou  de  l'exemplaire 
janvier  1891. 

Comme  forme,  on  constate  aussi  des  différences  (nous  sup- 
posons qu'elles  ne  se  sont  point  produites  au  montage).  Le  dernier 
Canard  nommé  se  rapproche  beaucoup  plus  A'acuta  que  l'individu 
en  mue,  dont  la  forme  est  plus  ramassée,  le  cou  bien  moins 
allongé  et  la  tète  assez  épaisse.  Notons  aussi  que  la  queue  ne  porte 
pas  de  plumes  relevées  sur  l'individu  du  mois  de  décembre. 

(1)  Viiy    pp.  121  et  122  ou  pp.  129  et  130  des  Mém.  1891. 

(2)  C'est  le  sujet  obtenu  le  23  janvier  1889. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    D'APRÈS    NATURE  645 

A  part  cela,  le  niii'oir  est  identique  ciiez   les  trois  et  le  bec  est 
chez  eux  foncé  comme  chez  acula. 

Quoique  les  dilléreuces  signnUk^s  ne  soient  pas  considérahles, 
elles  ont  néanmoins  leur  signilication  :  elles  ne  peuvent  être  attri- 
buées ni  à  ['iiixe  ni  à  la  saison  ;  ce  sont  donc  des  différences  causées 
par  hyliridation. 

Nous  avons  pu  étudier  à  loisir  ces  diverses  pièces,  car  M.  le  U' 
Kerbert  a  eu  la  complaisance  de  les  mettre  à  notre  disposition  en 
deux  fois  dillérenles  :  voici  les  descriptions  de  chacune  ; 

l'rcmière  pièce,  cT,  i-'J  jdncier  ISS9.  —  Comme  tournure,  ce  Canard 
rappelle  le  boschas,  le  cou  est  peu  long  et  la  tôte  est  forte  ;  comme 
dimensions,  le  corps  est  intermédiaire  entre  les  deux  espèces,  ainsi 
que  le  bec,  lequel  est  foncé  et  couleui'  noir  plomb.  Les  plumes  de 
la  tête  et  du  cou  qui  sont  bronzées  indiquent  très  bien  le  mélange 
du  vert  de  l'.l.  hnsclias  et  du  l)run  roux  de  Vacutn.  Le  collier  blanc 
s'eflace  vers  le  bas  en  se  mélangeant  avec  le  roux  vineux  de  la 
poitrine.  Le  dessus  du  dos  est  à  peu  près  intermédiaire  entre  celui 
des  deux  espèces,  il  est  peut-être  plus  du  côté  du  hoscbas;  le  miroir 
est  vert,  un  peu   bronzé,  on   aperçoit  de  temjis  à  autre  et  suivant 
les  jours  des  reflets  vert  marine  ;  il  est  bordé  dans  sa  partie  basse 
par  une  raie  noire  suivie  d'une  bande  blanche  ;  au-dessus  par  une 
raie  de  couleur  crème  propre  à  Vncuta.  Les  lianes  ont   beaucoup 
plus  de  zigzags  que  chez  acutd  et  que  chez  bouchas.  Les  zigzags 
sont  aussi  plus  prononcés.    Le   dessous  du  corps,  la    partie   du 
ventre  au  moins,  est  marquetée  de  petites  taches  longitudinales 
qui  indiquent  les  plumes  de  l'été  ou  de  mue.  La  couleur  roux  brun 
du  poitrail  n'est  point  aussi  prononcée  que  chez  bosc hua.  L'ensemble 
de  l'aile  est  presque  entièrement  acutd,  sauf  que  le  miroir  est  vert. 
Sur  les  scapulaires   existent  les  taches  noires  (Vaciild,   mais  très 
afiaiblies  ;  les  plumes  du  dessus  de  la  queue  se  relèvent  légèrement, 
Deuxinne  pièce,  cT,  U  décembre  ^SS'J.  —  Intermédiaire  par  sa  taille 
entre  les  deux  espèces,  plutiH  du  côté  <\'/ir>itii  ;  point  de  longues 
plumes  à  la  queue,  aucunes  plumes  recourbées.  Ailes  tout  à  fait 
d'acufu,  mais  miroir  vert.  Pas  de  taches  noires  aux  scapulaires. 
Derrière  le  cou,  <leux  raies  blanches  ne  se  prolongeant  point  aussi 
haut  que  chez  aciit».  Large  collier  blanc  se  fondant  avec  le  roux 
vineux  martelé  de  la  poitrine  qui  est  moins  foncée  que  chez  bosckas 
ad.  Télé  plutôt  de  couleur  verte,  quoiciue  bronzée.  Bec  bien  inter- 
médiaire, noir  mat.  Flancs  avec    zigzags  très  prononcés,  plus  que 
cela  n'arrive  chez  les  deux  espèces.  Sous  le  ventre,  quelques  petites 
plumes  indiquent  le  plumage  de  l'été,  mais  bien  légèrement. 


646  OISEAUX  HYBninES  Rencontrés  a  l'état  sauvage 

Tivisiàne  piècr  c^,  juuontr  ISill.  —  Le  bec  de  cet  Oiseau  est  plus 
étroit  et  plus  allongé  que  le  bec  des  deux  précédents  hybrides  et  la 
courbure  de  la  plume  de  la  queue,  qui  se  relève,  est  davantage 
prononcée.  Le  collier  blanc^  très  large,  se  divise  complètement 
derrière  le  cou.  La  tache  noire  des  scapulaires  est  très  prononcée. 
La  foruic  de  cet  Oiseau  est  élancée  et  rappelle  celle  de  l'anita. 
Le  miroir  de  l'aile  est  vert,  bordé  en  dessus  par  de  la  couleur 
châtaigne,  intérieurement  par  une  bande  noire,  puis  par  une 
bande  blanche  ;  bandes  superposées  l'une  à  l'autre  ;  les  flancs  ont 
, des  zigzags  ;  le  poitrail  est  roux.  Les  pattes  ont  dû  être  orange? 
Près  de  la  partie  noire  qui,  à  l'extrémité  du  bas  ventre,  encadre  la 
queue,  se  voit  un  espace  vraiment  blanc  (i). 

(Judtrihnc  piîre  $,  janvier  ■i8S8.  —  Cet  Oiseau,  qui  paraît  bien 
de  sexe  femelle,  a  cependant  le  miroir  vert  très  éclatant.  Ce  miroir 
est  bordé  en  dessus  de  châtaigne  clair,  en  dessous  d'une  raie 
noire,  puis  d'une  raie  blanche,  absolument  comme  chez  acuta.  La 
couleur  générale  du  plumage  parait  bien  intermédiaire  entre  celle 
des  deux  femelles  d'espè'.-e  pure.  Le  cou  n'est  point  long  comme 
chez  acutn.  Les  pieds  sont  forts  comme  chez  boscbas  ;  ils  doivent 
avoir  été  de  ton  de  cuir  de  botte,  ainsi  ([ue  le  bec,  avec  mélange 
du  bleu  de  ïacuia. 

Nous  nous  expliquons  difïïcilement  (si  l'Oiseau  est  réellement 
une  femelle)  cette  teinte  verte  très  prononcée  que  nous  venons  de 
signaler.  Un  mélange  du  brun  de  Vacula  et  du  bleu  violacé  du 
lioschas  sembleraient  devoir  produire  un  autre  effet. 

Nous  supposons  cependant  que  le  produit  n'est  pas  un  croisement 
de  Vanitii  avec  le  Canard  sombre  de  r.\mérique  que  le  dessin  en 
raies  fines  de  la  tète,  des  joues  et  du  cou  semble  rappeler,  ainsi 
et  surtout  que  les  larges  divisions  des  |)lumes  des  côtés  et  du  dos. 
Le  ton  gris,  surtout  sous  le  ventre,  indique  bien  le  mélange  de 
ïacuta  avec  le  boschas  ordinaire. 

M.  Gurney,  qui  a  vu  l'aquarelle  que  nous  conservons  de  ce  sujet, 
nous  informe  que  la  femelle  qu'il  a  échangée  et  à  laquelle  il 
attribue  l'origine  hosrhns  X  acuta  est  très  semblable  à  cet  exem- 
plaire qu'il  considère  donc  comme  ayant  la  même  origine. 

Cmjuième  pièce,  cf,  mars  IS<J3.  —  M.  le  D''  Kerbert  veut  bien 
nous  faire  savoir  que  cet  Oiseau  est  tout  à  fait  semblable  à  ceux 
que  nous  avons  examinés  ;  les  organes  de  la  génération  n'ont 
malheureusement  point  été  étudiés,  ils   n'ont  point  été  non  plus 

(1)  Au  moins,  sur  la  peinture  que  nous  avons  conservée  de  cet  Oiseau,  car  une 
partie  de  nos  notes  s'est  trouvée  égarée. 


ADDITIONS,    COnOECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  047 

conservi's.  Le  prepniatoiir  du  Musée  a  empaillé  ce  Canard  eu  pleiu 
vol  (]ui  mesure  soixante  ceuliuièlres. 

K.ictiifilnire  ^  virant  pris  ihnisrupiii'iiu  dr  M.  Firdnic  l'relijmaii. — 
Pendant  sa  première  année  de  captivité,  l'Oiseau  était  d'une  sauva- 
gerie excessive  ;  il  n'a  du  reste  jamais  voulu  se  familiariser,  ((^est  à 
la  lin  de  décembre  lbU2  que  nous  l'avons  reçu  à  Rouen). 

Il  est  très  beau  de  plumaj,^eet  déforme;  il  ressemble  du  reste 
à  tous  ceux  qui  sont  passés  entre  nos  mains,  l-i's  |)hmies  de  la 
queue  sont  visiblement  recourbées  et  tout  à  fait  dans  le  genre 
de  celles  correspondanles  du  hosrhas.  Le  collier  blauc  est  assez 
prononcé,  quoique  se  mélaugeaut  avec  le  roux  terne  de  la  poitrine 
et  du  jabot.  Le  bec  est  de  couleur  i;iis  plomb  bleuâtre;  sur  la 
mandibule  se  voit  une  raie  forle  et  large.  La  tête  est  vert  bronzé. 

L'iris  est  noir.  Le  ilessus  du  dos  plutôt  du  hoxrhus.  La  tache 
noire  des  scapulaires  LVanita  existe  largement,  mais  se  trouve 
entremêlée  de  gris.  Le  uiiidir  est  vert,  bordé  supérieui-ement  de 
roux  clairet  iuférieuremeul  de  deux  barres:  la  première  barre  est 
noire,  la  seconde  blanche,  comuie  cela  se  pioduit  d'habitude; 
l'Oiseau  est  fort:  les  flancs  sont  remplis  de  zigzags  foncés  et 
rapprochés  comme  chez  <icula:  les  jambes  sont  jaunes. 

Cette  description  a  été  prise  pendant  l'hiver;  mais  la  couleur  de 
l'Oiseau  se  modifie  selon  les  saisons.  Il  est  donc  fort  intéressant 
de  l'étudier  à  une  autre  époque.  Voici  son  plumage  de  mue  com- 
plète (description  au  commencement  d'octobre)  : 

Tête,  joues,  cou,  dos,  scapulaires,  dessus  la  queue,  gris  mélangé 
de  brunâtre  et  de  jaune,  les  joues  ])lus  claires.  Le  collier  blanc  a 
complètement  disparu.  Jabcit  gris  rougeàtre  parsemé  de  taches  ou 
barres  brisées  d'un  noir  brun  ;  poitrine  et  ventre  d'un  blanchâtre 
grisâtre  rempli  de  points  ou  petites  taches  bruues,  plus  foncé  vers 
l'anus.  Couvertures  inférieures  de  même  ton.  mais  elles  sont  plus 
accentuées  et  plus  noires.  Dessous  des  plumes  de  la  queue  blanc 
grisâtre  luisant.  Sur  les  côtés  et  sur  les  flancs,  couleur  brunâtre 
avec  taches  de  mue  brunes  et  blanches.  Dessous  des  ailes  gris 
blauchàlre.  Couvertures  des  ailes  gris  mal;  pennes  de  l'aile  gris  de 
fer.  Miroir  vert  de  mer  avec  quelques  reflets  bleus,  bordé  en 
dessus  et  transversalement  de  noisette,  puis  de  gris  perle:  dans 
la  partie  inférieure,  de  noir,  puis  de  blauc  très  appaicut,  mais 
un  peu  châtaigne  vers  la  partie  extérieure  ;  enlin  il  est  ter- 
miné eu  longueur  d'une  giaude  partie  uoire.  Dessus  des  rectrices 
brun  avec  traits  blanc  jaunâtre,  vers  les  bordures,  gris  blanc 
jaunâtre.  Les  scapulaires  sont  bordées  de  jaunâtre  roux;  l'iris  est 


(')48  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    V    L'ÉTAT   SAUVAGE 

brun,  le  bec  verdàtre  grisâtre  très  foncé,  sur  le  culmen,  foncé. 
L'onglet  est  foncé  aussi.  Pattes  et  pieds  orange. 

La  première  penne  de  l'aile  est  légèrement  plus  courte  que  la 
deuxième;  la  deuxième  est  la  plus  longue.  Longueur  totale  (l'oiseau 
mis  à  plat)  :0™37°;  mandibule  inférieure,  0,053;  mandibule  supé- 
rieure, 0,063;  sur  le  culmen,  0,0o3;  largeur  près  de  l'onglet,  0,032. 
Longueur  de  l'aile,  0,28. 

La  l'ciiielle  prise  dans  le  méiiic  uppi'au.  —  Nous  avons  dit  que  cette 
femelle  avait  été  décrite  dans  notre  «  Histoire  du  Bimaculated 
Duck  (1),  »  et  qu'elle  avait  été  annoncée  comme  hybride  de 
cri'cca  X  boschas(2).  Longtemps  nous  l'avons  considérée  comme 
telle,  mais  nous  la  rangeons  définitivement  avec  les  exemplaires 
du  croisement  acnla  X  boschas.  Elle  diffère  cependant,  par  sa  taille 
très  line,  de  l'individu  de  ce  sexe  conservé  au  Musée  d'Amsterdam, 
individu  beaucoup  plus  lourd  (3);  mais  son  miroir  est  une  si  exacte 
reproduction  de  celui  du  mâle  qui  vient  d'être  décrit,  qu'il  nous 
est  difficile  de  ne  point  la  considérer  comme  ayant  l'origine  que 
nous  attribuons  à  ce  dernier:  soit  .4.  boschas  x  D.at-ufa.  Aussi,  regret- 
tons-nous un  peu  de  l'avoir  fait  ligurer  avec  les  Bimaculated  Ducks, 
([uoique  cette  mention  ait  été  faite  avec  beaucoup  de  réserves  (4). 

Voici  la  description  que  nous  avions  publiée,  description  qui 
avait  été  faite  en  partie  au  moment  où  nous  la  supposions  issue  de 
la  Sarcelle  et  du  Canard  sauvage. 

((  L'œil  est  petit,  l'iris  est  brun  sombre,  le  bec  est  jaune  verdàtre, 
l)lus  foncé  à  son  extrémité  (mandibule  supérieure);  en  dessous 
il  est  plus  jaune  vif,  quoique  tirant  toujours  sur  le  verdàtre  gri- 
sâtre. Les  pattes,  les  doigts  et  les  palmures  sont  aussi  d'un 
verdàtre  grisâtre,  mais  de  teinte  plus  claire,  ou  plus  jaune  clair, 
c'est  à-dire  moins  gris  verdàtre,  sauf  les  membranes,  qui  sont 
|)lus  foncées.  Il  y  a,  de  chaque  côté  de  la  mandibule  supérieure 
(partie  des  joues),  de  petites  taches  foncées  çà  et  là.  Le  miroir 
est  d'un  beau  vert  :  il  est  composé  par  les  rémiges  secondaires 
dont  la  bai'be  extérieure  est  grise;  le  vert  est  bordé  par  une 
raie  noire,  puis  par  une  raie  blanche  qui  tourne  et  borde  le  gris 
<le  la  barbe  intérieure,  en  sorte  que  la  plume  se  termine  en 
blanc;  (le  vert  de  la  barbe  extérieure  ne  se  prolonge  pas  jusqu'au 

(1)  p.  21. 

(2)  Zooloyist,  mais  1S92,  p.   I(t7. 
{'.i)  Tel  qu'il  est  eii)|millé. 

"0  Voy .  p.  20  et  21  et  pp.  315  et  34;  Bistoire  du  Bimaculated  Duek.  1804,  diez 
Le  Bigol  frères,  imprimeurs  à  Lille. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   ET    EXAMENS     D'aPRÈS    NATURE  649 

bout  (le  1m  tige,  il  ne  dépasse  guère  les  couvertures  de  l'ailo 
puis  la  bari)t'  devient  grise  comme  la  barbe  inférieure).  On  doit 
cependant  noter  que  les  deux  premières  pennes  secondaires 
ne  sont  pas  vertes,  elles  sont  grises  ;  mais  leur  barbe  extérieure  est 
d'un  gris  un  i)eu  taclieté,  et  pas  uniforme  comme  la  bari)e  inté- 
rieure. Ces  deux  premières  pennes  secondaires  sont  aussi  bordées 
de  blanc,  mais  d'un  blanc  moins  pur  que  le  reste;  la  bordure 
blanche  est  du  reste  teintée  d'un  peu  de  roux  noisette  le  long  de 
la  raie  noire.  Enfin,  les  dernières  pennes  de  l'aile  (les  plus  rappro- 
chées du  corps)  ne  sont  point  vertes  non  plus;  le  miroir  se  trouve 
brusquement  coupé  par  une  penne  dont  la  barbe  extérieure  est 
noire;  les  autres  pennes  sont  gris  brun,  comme  les  barbes  inté- 
rieures de  toutes  les  autres  secondaires.  Sept  plumes  portent 
seulement  du  vert. 

»  En  outre,  le  miroir  se  trouve  bordé  en  dessus  par  une  raie 
châtain  noisette  qui  est  la  fin  des  couvertures,  celles-ci  sont  gris 
plomb  un  peu  |)erle.  La  couleur  noisette  se  trouve  elle-même, 
dans  la  partie  supérieure  bordée  de  noir  peu  apparent. 

»  Les  plus  grandes  pennes  de  l'aile  sont  du  gris  brun  uniforme 
dont  on  a  parlé:  celles  qui  se  rapprochent  des  secondaires  sont 
bordées  de  gris  blanchâtre.  Sauf  chez  la  première  et  les  deux 
dernières,  ce  sont  les  barbes  intérieures  qui  sont  les  plus  foncées. 
La  lige  est  plus  claire  que  la  barbe.  On  compte  dix  rémiges 
primaires. 

H  II  semblerait  que  la  teinte  plomb  des  couvertures  de  l'aile  se 
rapporte  mieux  à  acuta  qu'à  crecca,  quoique  crecca  ait  aussi  des 
couvertures  gris  de  plomb. 

»  La  couleur  générale  de  l'Oiseau,  surtout  en  dessous,  n'est  point 
jaune  comme  boschas,  elle  est  blanc  gris;  le  bas  du  ventre  très 
tacheté  rappelle  encore  acuta. 

»  C'est  par  le  dessin  des  plumes  du  bas  du  cou,  du  dos  antérieur 
et  même  du  dos  inférieur,  que  l'Oiseau  s'annonce  réellement  crecca  ; 
ses  scapulaires  l'éloignent  aussi  tout  à  fait  d'acuta,  et  semblent 
indiquer  un  mélange  de  bosrhas  et  de  crrccn  1  Le  dessin  des  joues, 
de  la  tête  et  du  cou  près  de  la  nuque,  et  la  nuque  couverte  de  raies 
foncées,  indiqueraient  le  même  mélange. 

»  Quant  au  dessin  du  plumage  de  la  queue,  il  est  plus  hoschas 
que  crecca  ;  néanmoins  crecca  semble  y  montrer  son  influence. 
Les  flancs  sont  un  bon  mélange  des  deux  espèces. 

»  Dans  son  ensemble  cet  Oiseau  n'est  pas  tout  à  fait  aussi  fort 
que  hoschas:  quand  il  marchait  il  portait  toujours  le  cou  allongé,  et 


650  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE     ' 

le  cou  paraissait  étroit.  Sa  longueur  totale  est  0™56O  ;  de  l'épaule  à  la 
plus  longue  rémige,  0.260.  Le  bec  est  presque  aussi  fort  que  celui 
de  hoschas  dont  il  a  la  forme.  Cette  partie,  comme  le  corps,  ayant 
été  mesurée  sur  le  frais,  nous  avons  trouvé  les  dimensions  sui- 
vantes :  mandibule  supérieure  (côté),  du  milieu  de  l'onglet  à  la 
joue  0,065  ;  en  dessus  du  milieu  de  l'onglet  à  la  chaii-  0.052  :  de  la 
narine  à  la  pointe  de  la  mandibule  0,033  ;  du  point  le  plus  avancé  du 
bec  dans  la  chair  à  l'œil  0,018  ;  mandibule  inférieure,  milieu  de  la 
pointe  à  la  chair  0,048,  également  de  la  pointe  à  la  chair,  mais  de 
côté,  0,059. 

»  La  première  rémige  parait  avoir  été  la  plus  longue,  les  rémiges 
suivantes  sont  un  peu  usées,  ce  qui  ne  nous  permet  pas  de  donner 
pour  elles  un  renseignement  précis  ». 

Collection  de  M.  de  Selys-Longchamps.  —La  pièce  cf  ad.,  prise, 
nous  l'avons  dit,  vers  1860,  et  pendant  l'hiver,  est  considérable.  Nous 
nous  sommes  demandé,  vu  ses  proportions,  si  sa  provenance  ne 
devait  point  être  attribuée  à  un  Canard  domestique  ;  mais  comme 
le  montage  est  très  défectueux,  comme  l'Oiseau  est  mal  empaillé, 
cette  taille,   vraiment  gigantesque,  et  ce  corps  énorme,  ne  sont 
peut-être    pas    naturels.    Le    cou    allongé    indique  des    ressem- 
blances avec  Vacuta:  les  plumes  des  couvertures  de  la  queue,  qui 
sont  fortement  redressées,  sont  aussi  très  longues,  l-es  pieds  sont 
étroits,   très  petits,  de    couleur    jaune,   comme   les   jambes.    Le 
collier  blanc  est  très  apparent,  il  monte  sur  la  nuque.  La  tète, 
les  joues  et  le  commencement  du  cou  vert  bronzé.-  bec  long,  étroit 
au  début,  de  couleur  foncée  bleu  de  plomb.  Poitrail  brun  rou.K  clair, 
martelé  de  blanc  près  du  ventre;  flancs  avec  zigzags  prononcés. 
Miroir  vert  bordé   de  roux  en-dessus,  de  noir  et  de   blanc  en- 
dessous.  Sur  lesscapulaires  se  voient  des  traces  noires  rappelant  la 
marque  caractéristique  d'acula;  ces  traces  sont  longues   et  bien 
définies,  mais  peu  larges.  Le  dessus  du  dos  paraît  plutôt  du  boschas. 
Le  poitrail  roux  est  beaucoup  plus  clair  que  chez  le  dernier  hybride. 
M.  de  Selys-Longchamps  veut  bien  nous  faire  savoir  que  l'exem- 
plaire acheté  à  Paris  et  qui  a  été  signalé  dans  ses  «  Additions  à  la 
liérapiliilalion  des  hi/hrides  ohscrcé^  dans  la  famille  des  Analidés  »  est 
en  tout  semblable  à  celui  qui  vient  d'être  décrit.  Nous  avons  con- 
servé une  aquarelle  du  sujet  qui  nous  été  communiqué.  Cette  aqua- 
relle a  été  peinte  par  M.  .Jules  Adeline. 

Collection  de  M.  \Hiti  heiiipen,  à  Saint-Omer.  —  Nous  donnons  la 
description  de  l'hybride  cT  adulte  acuta  X  boschas,  qui  nous  a  été 
envoyé  avec  tant  d'obligeance  de  cette  collection,  mais  nous  rappe- 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    DAPKÈS    NATURE  651 

Ions  que  l'origine  sauv;ige  de  l'Oiseau  n'est  uullenienl  assurée.  Cette 
pièce  resseiiil)le  du  reste  à  toutes  celles  que  nous  avons  vues.  Comme 
l'exemplaire  de  M.  de  Selys-Longchamps,  elle  a  le  corps  très  gros, 
ce  qui  (ait  croire  à  un  croisement  avec  le  Iwsrhaa  domestique.  Les 
pieds  sont  (onces  et  de  couleur  corne,  ils  sont  petits.  Le  collier, 
blanc,  est  très  développé;  le  bec  est  de  Vaeuta;  le  miroir  est  celui 
de  tous  les  échantillons  examinés.  11  est  à  noter  que  le  dessous  du 
ventre  (parties  tout  à  (ait  intérieures)  sont  roussàtres  par  places  ; 
(nous  ignorons  si  cette  couleur  est  naturelle  ou  plutôt  si  ce  ne  sont 
point  des  taches  de  sang).  Sur  les  scapulaires,  on  apei'çoit  les 
marques  (raies)  de  Vacula  en  plumage  d'été.  Le  cou  n'est  pas  très 
long,  il  est  assez  épais.  Le  collier  blanc  se  sépare  nettement  sur 
la  nuque. 

M.  van  Kempen  avait  eu  l'obligeance  de  nous  adresser  avec  cette 
pièce  un  Canard  lue  le  14  décembre  1890  sur  le  gave  de  Pau  à 
Arros  (Basses  Pyrénées),  étiqueté  comme  ((  acuta  cT  et  boschas  $.  » 
M.  van  Kempen  le  croyait  un  jeune;  peut-être  n'y  a-t-il  point 
entre  lui  et  nous  désaccord  sur  l'âge  de  l'Oiseau,  mais  nous  con- 
testons tout  à  (ail  la  double  origine  qu'il  lui  suppose.  Pour  nous, 
il  n'est  autre  qu'un  acutad'encostumedemue.sinsï  que  nous  avons 
pu  nous  en  assurer.  Ayant  conservé  vivants  des  aruin  cf  pendant  la 
saison  chaude,  ceux-ci  se  sont  montrés  complètement  sembla- 
bles à  l'hybride  supposé.  C'est  nu  individu  dont  la  mue  est  en 
retard,  ou  bien  plutôt  un  jeune  qui  n'a  point  encore  pris  la  livrée 
des  noces. 

Exemplaire  de  la  Collection  Handeok.  —  Les  autorités  du  Musée 
de  Newcastle-on-Tyne  n'ont  point  consenti  i\  nous  adresser  en  com- 
munication le  spécimen  que  nous  avions  déjà  cité  dans  notre  pre- 
mière publication.  .Mais  on  nous  a  autorisé  k  le  faire  peindre,  et 
sur  l'aquarelle,  très  fine  et  d'une  exécution  remarquable  qu'a  (ait 
pour  uous  .M.  John  Duncau,  nous  avons  remarqué  que  l'Oiseau  est 
encore  du  type  ordinaire  ;  mais  a-t-il  le  cou  aussi  allongé  que  le 
représente  la  peinture?  Le  bec  est  de  couleur  cuir  clair;  les  pattes, 
les  pieds  et  les  palmures  sont  du  même  ton.  Les  plumes  de  la  queue, 
qui  sont  relevées,  sont  très  allongées  ;  les  taches  (oncées  des  scapu- 
laires paraissent  très  larges,  plus  ellîlées.  Le  collier,  blanc,  monte 
très  haut  sur  la  nuque.  La  partie  blanche  qui  précède  le  noir  des 
parties  intérieures  (près  de  la  queue)  ne  parait  pas  teintée  de  jaune. 

E.ri'in plaire  rapporté  de  Palestine  par  le  I{ép.  Trixtani.  —  Nous 
avons  appris  du  Révérend  que  cette  pièce,  obtenue  à  Moab,  était 
aujourd'hui  conservée  par  M.  Trotter  de  Si  Mury  de  Crypt  Rectory 


6o2  OlSEAt'X    HYBRIDES    RENCONTKÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

;i  Gloucesler.  Mallieureiisemeiit  pour  nous,  elle  est  montée  et 
agencée  dans  une  montre  avec  beaucoup  d'autres  Oiseaux,  en  sorte 
qu'elle  n'a  pu  nous  être  adressée  en  communication. 

Un  ami  du  Rév.  Tristam  a  été  assez  complaisant  pour  en  faire 
une  aquarelle  qui  nous  été  envoyée.  Si  l'Oiseau  est  fidèlement  repré- 
senté, certes  il  n'est  point  l'hybride  d'acuta  et  de  boschas,  comme 
l'a  remarqué  avec  justesse  M.  J.  H.  Gurney,  auquel  nous  avons 
communiqué  cette  peinture  très  sommaire  du  reste;  on  ne  voit 
dans  le  plumage  aucun  rappel  de  Vaculu.  Le  Rév.  Tristam  n'a  point 
revu  son  Oiseau  depuis  vingt  ans.  11  nous  fait  savoir  que  cette  pièce 
a  été  exposée  à  l'air,  par  conséquent  que  ses  teintes  sont  fanées. 
Cette  observation  ne  modifie  aucunement  notre  manière  de  voir. 

Nous  rappelons  (1)  que  cet  Oiseau  avait  été  tué  par  le  compagnon 
de  M.  Tristam,  le  Rév.  Mowbray  Trotter,  à  proximité  de  leurs 
tentes,  lorsqu'ils  se  trouvaient  campés  dans  les  plaines  de  Moab. 
C'était  pendant  une  matinée  du  mois  de  mars  1872. 

Exemplaire  de  M.  Zarowdnoi,  d'Oremhourg.  —  Nous  ne  pensons 
point  que  cet  exemplaire  ait  encore  été  décrit.  Au  moment  où  nous 
en  avons  demandé  communication  à  M.  Zarowdnoï,  le  savant 
naturaliste  se  trouvait  à  Pskow,  au  camp  des  Cadets  et  sur  son 
départ  pour  la  Perse  ;  il  n'a  pu  satisfaire  notre  curiosité,  mais 
il  a  bien  voulu  écrire  le  signalement  que  voici  :  «  Rec,  bleu  foncé 
sur  les  côtés,  au  milieu  gris  roussàtre,  de  forme  intermédiaire 
entre  les  deu.x  espèces,  pieds  gris  jaunâtre;  pahnures  gris  bleu 
roussàtre.  Tète  brun  noirâtre  avec  reflets  métalliques  d'un  beau 
vert  pourpré.  Cou  gris  verdàtre,  avec  bandes  latérales  blanches  et 
larges,  montant  aux  deux  côtés  de  la  nuque  (2)  ;  bande  transversale, 
au  bas  du  cou,  de  couleur  blanche  et  large  de  37  millimètres.  Jabot 
gris  brunâtre,  moins  étendu  que  celui  de  VA.  bouchas;  les  plumes 
avec  marges  blanchâtres.  Les  parties  inférieures  comme  celles  de 
D.  acnta,  mais  les  flancs  et  le  ventre  plus  étendus  (."î),  rayés  de 
zigzags  gris  noir,  sous-couvertures  de  la  queue  noires  avec  des 
marges  blanches  à  l'extérieur.  Sous-couvertures  des  ailes  blanches 
avec  marges  gris  clair  des  plumes.  Le  haut  du  dos  gris  brunâtre  ; 
les  scapulaires  gris  cendré  clair,  ici  et  là,  avec  les  raies  en  zigzags 
noires,  larges  et  très  prononcées;  quelques-unes  des  scapulaires 

(1)  D'après  11.  B.  Tristam.  The  survey  of  Western  Palestine.  The  faiina  and 
flora  oj  Palestine,  London,  1884,  N°  40,  p.  11(3. 

(2)  Nous  ue  comprenons  pas  bioii,  ou  ces  marques  proviendraient  li'uii  albinisme 
mdiquant  quelque  peu  la  captivité. 

(3)  Le  dessin  sans  doute. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    KX  \.MKNS    d'aPRKS    NATURE  G5.'{ 

sont  noir  marron  velouté  ;  les  plus  longues  sont  plus  allongées  et 
plus  étroites  ijue  celles  de  l'.l.  hoschas,  et  moins  longues  et  moins 
étroites  ([ue  celles  de  L).  itruta.  Les  plus  longues  sont  noir  marron 
avec  des  marges  gris  clair  ou  blanches,  rayées  de  zigzags  noirs. 
Le  bas  du  dos  gris  brunâtre  avec  reflets  verts  très  prononcés; 
le  croujiion  brunâtre  avec  les  crttés  noirs.  Les  rémiges  primaires 
correspondent  complètement,  en  couleur  et  en  forme,  à  celles  de 
Dafila  (loita.  Les  petites  couvertures  des  ailes  sont  gris  cendré;  le 
miroir  est  d'un  beau  vert  violet  métallique;  il  est.  en  avant,  bordé 
d'une  raie  brun  foncé,  puis  d'une  raie  blanche;  en  arrière  il  est 
bordé  d'une  bande  noire  suivie  d'une  large  raie  d'un  blanc  très 
pur.  En  ce  qui  concerne  la  forme  de  la  queue,  elle  est  intermédiaire 
entre  celle  de  I).  anilu  el  d'.t.  busclias  ;  les  rectrices  sont  grises, 
avec  des  marges  blanches  et  étroites  ;  deux  rectrices  médianes 
noires  à  rellets  sombre  pourpre,  ellilées,  mais  moins  que  chez 
/).  acuta.  Ces  rectrices  sont  longues,  quoique  ne  dépassant  les  laté 
raies  que  de  (iO  millimètres.  Elles  sont  légèrement  recourbées  sur 
les  e.\trémilés  (un  quart  de  cercle)  ». 

Par  là,  on  voit  (jne  ce  spécimen  doit  être  à  peu  près  semblable 
à  ceu.x  que  nous  avons  déjà  décrits. 

lùemplnires  (^ et  9  (ippiirirnaiit  à  M.  (i.  Freain  Muiain,  di'  Chiratjo. 
—  Comme  les  deu.x  précédents,  ces  exemplaires  n'ont  pu  nous 
être  envoyés,  M.  Morcon  ayant  quitté  Chicago,  et  sa  collection  ayant 
été  mise  provisoirement  dans  des  caisses.  L'ornithologiste  améri- 
cain nous  a  seulement  fait  savoir  que  ces  Oiseaux  présentaient 
«  a  stroiiij  ailmi.rlurr  0/  lh<-  chantcteristic  markings  »  des  deux 
parents.  11  nous  a  tracé  ainsi  la  courte  description  d'un  mAle  :  «  tète 
verte  du  Mallard  {A.  boschan),  longues  plumes  de  la  queue  û'acula, 
mais  ces  plumes,  au  lieu  d'élre  droites,  sont  recourbées  au  bout 
comme  chez  le  Canard  ordinaire.  Les  pieds  sont  de  la  couleur  des 
pieds  du  hoschas.  L'oiseau  porte  au  cou  un  collier  blanc,  mais  ce 
collier  a  un  bord  blanc  comme  chez  aciitn.  » 

Ces  indications  ne  sont  pas  assez  complètes  pour  nous  rendre 
compte  des  ressemblances  ou  des  dilîérences  que  peut  présenter 
cet  échantillon  avec  les  jjièces  déjà  décrites.  Nous  [jcnsons  ([ue 
M.  Fream  .Morcon  avait  offert  le  second  mâle  à  John  Gatcomb  esq. 
Depuis  la  mort  de  celui-ci ,  cet  exemplaire  a  dû  passer  dans  la 
collection  de  M.  Baird.  M.  Morcon  croit  se  rappeler  avoir  examiné 
dix  hybrides  cT  du  croisement  de  l'iH-nta  et  du  hnsclms.  Spencer 
F.  Baird  (i)  dit,  du  reste,  ces  produits  très  communs. 

(Il  Cit.  in  Forest  and  Slream,  vol.  i,  p.  ii.  D^ins  le  mdine  journal  (vol.  .">.  p  ,388). 
M.  Tho».  S.  Eslv,  (le  Niasiio  (Olifornie),  illl  avoir  vu,  entre  IHtil  et  18.6,  trois 
hybrides,  dont  deux  lui  parais^saient  être  le  croisement  du  Mallard  et  du  Pinlail, 


654  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LKTAT   SAUVAGE 

Exemplaire  de  la  coll.  Turati  au  Musée  de  Milan.  —  M.  le  prof. 
Sordelli  veut  bien  nous  faire  savoir  qu'ayaut  comparé  cet  Oiseau, 
déjà  décrit,  avec  les  liyljrides  figurés  pi.  1(18  des  Proceedings  de  la 
Société  zoologique  de  Londres,  année  1860,  il  l'a  trouvé  exactement 
semblable  à  ces  Oiseaux,  quoiqu'il  n'ait  pas  le  cou  aussi  frêle  (1). 

L'hybride  qui  se  trouve  dans  la  collection  Rothschild  au  Musée  de 
Tring,  confronté  avec  les  aquarelles  de  plusieurs  des  Canards 
décrits,  n'a  point  paru  en  différer  sensiblement.  La  même  remarque 
est  à  faire  au  sujet  :  1°  de  l'exemplaire  du  British  Muséum  que 
M.  Grant  a  reconnu  être  pareil  aux  mêmes  spécimens  ligures  sur 
ces  aquarelles,  et  2°  au  sujet  de  l'exemplaire  de  M.  Ed.  Hart,  de 
Chritschurch,  que  celui-ci  nous  dit  être  k  exactly  like  the  water 
colours  drawings,  witli  exception  of  colours  of  legs,  feet  and  bill  »; 
son  sujet  ayant  les  jambes  orange  et  le  bec  noirâtre. 

Il  résulte  des  descriptions  qui  viennent  d'être  faites  que  l'hybride 
de  l'A.  boschas  X  A.  acuta  est  toujours  d'un  même  type,  qu'il  ne 
varie  que  peu  par  sa  forme  et  sa  coloration.  Les  différences  mor- 
phologiques ne  peuvent  être  attribuées  ni  à  l'âge  ni  à  la  saison  (2). 
Il  en  est  de  même  des  différences  de  coloration,  au  moins  de  celles 
qui  concernent  le  bec  qui  est  ou  jaune  ou  plomb.  —  Ces  différences 
indiqueraient  bien  une  hybridation? 

Du  reste,  si  besoin  était,  on  pourrait  facilement  obtenir  une 
preuve  de  la  double  origine  de  ces  Oiseaux  en  les  comparant  avec 
des  produits  nés  en  captivité.  Les  deux  spécimens  cf.  obtenus  en 
cet  état  et  peints  dans  les  Proceedings  de  la  Société  Zoologique  de 
Londres,  sont  encore  conservés  au  Musée  de  l'Université  de 
Cambridge.  Ils  nous  ont  été  très  obligeamment  communiqués  par 
M.  le  Prof.  Newton,  et  quoiqu'ils  paraissent  de  deuxième  généra- 
tion (3),  leurs  caractères  sont  encore  tels  qu'ils  représentent  très 
exactement  ceux  des  produits  obtenus  à  l'état  sauvage. 

L'hybridation  de  r.4.  boschas  et  du  D.  acuta,  bien  affirmée,  est 
en  outre  fréquente,  si  l'on  en  juge  par  les  exemplaires  rencontrés. 
Mais  plusieurs  exemplaires  tués  à  l'état  sauvage  doivent  peut-être 
leur  origine  à  des  croisements  obtenus  en  captivité.  Il  ne  peut  en 

(1)  On  verra  plus  loin  que  ces  hybrides  son!  nés  en  captivité  et  sont  peut-être  de 
deuxième  génération. 

(2)  Nous  supposons  tous  les  Oiseaux  empaillés  convenablement  et  demeurés 
dans  leur  forme  naturelle? 

(3)  L'appariage  des  parents  aurait  été  mal  surveillé  et  peut-être  a-t-il  eu  lieu 
entre  hybrides  et  espèces  pures?  (Voy.  p.  174  ou  p.  182  des  Mém.). 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    D'APRKS    NATURK  ()o5 

être  autrement  du  Canard  de  M.  Lacroix,  de  Toulouse,  lequel  a 
«  les  grandes  plumes  des  ailes  d'un  blanc  pur  »  (1). 

Nous  ne  voudrions  pas  cependant  prétendre  qu'il  eu  est  ainsi 
des  autres,  car  aucun  ne  présente  des  marques  d'une  domesticité 
antérieure ,  par  exemple,  des  plumes  entachées  d'albinisme. 

("es  hybrides  se  reproduisent-ils?  ils  le  peuvent  sans  doute  (2). 
Mais  trouvent-ils  des  femelles,  hybrides  comme  eux  et  en  nombre 
sutTisant,  pour  s'apparier? Très  rarement  on  l'a  vu.  Ce  sont  presque 
toujours  des  mules  qui  sont  observés.  —  Leur  union  avec  des 
femelles  d'espèce  pure  a-t-ellc  même  lieu  ?  Ou  a  constaté  que  tous 
les  hybrides  ont  les  mômes  caractères  et  les  possèdent  au  môme 
degré.  Us  paraissent  donc  être  des  demi-sang,  et  non  des  trois- 
quarts,  c'est-à-dire  des  individus  provenant  d'espèces  pures. 

Nous  aurions  pu  facilement  nous  rendre  compte  de  la  fertilité 
ou  de  l'infécoiulité  de  ces  hybrides,  puisque,  on  l'a  vu,  nous  avons 
possédé  simultanément  un  mâle  et  une  femelle  vivants.  C'est  là  une 
circonst'ince  qui  ne  se  retrouvera  sans  doute  jamais. 

Nous  en  avons  perdu  l'occasion.  On  se  rappelle  que,  pensant  avoir 
allaire  à  un  hybride  rreica  X  boschas.  hybride  fort  rare,  nous 
avions  fait  tuer  la  femelle  après  huit  mois  de  captivité,  afin  d'en 
conserver  précieusement  la  dépouille  (3).  Pendant  ces  mois,  qui 
comprenaient  la  lin  de  l'hiver,  le  printemps  et  le  commencement 
de  l'été,  c'est  à  dire  la  vraie  saison  de  reproduction  pour  des  Oiseaux 
captifs,  cette  Cane  n'avait  point  cependant  pondu.  Peut-être  en 
aurait-il  été  de  même  dans  la  suite,  vu  le  trop  petit  espace  dans 
le(iuel  elle  était  renfermée  (4). 

En  terminant  notre  article  sur  les  croisements  de  l'A.  acuta  X 
.4.  boschas,  on  nous  permettra  une  réflexion.  Nous  avions  trouvé  la 
femelle  prise  dans  l'appeau  du  capitaine  Pretymaii,  semblable,  par 
son  plumage  et  son  miroir,  à  l'individu  de  ce  sexe  décrit  par  Vigors. 
Cependant  nous  sommes  enclin  maintenant  à  faire  intervenir  dans 
sou  parcntage  VA.  acuta  et  non  VA.  crecca;  cette  opinion  est  celle- 
d'ornithologistes  distingués  (li).  Il  résulte  de  ce  changement  que 
l'origine  supposée  par  Vigors  au  sujet  du  British  Muséum  perd 

(1)  Voy.  p.  125  ou  p.  133  des  Mena,  de  la  Soc-  Zool.,  1H9I .  (Iléserves  faites 
pour  l'excmplaiie  de  M.  Ziiroudnoî). 

(2)  Voir  ce  qui  a  été  dit  p.  174  ou  p.  182  des  Méin.  de  la  Soc.   Zool.,  1891. 

(3)  Ceci  a  été  dit  dans  :  Histoire  du  Bimacnlated  Duck,  p.  33. 

(4)  Désirant  garder  à  vue  ce  sujet  remarquable,  (pie  nous  croyons  presque 
unique,  nous  l'avions  renfermé  dans  un  pan|uel  île  si.\  mètres  inviroii  de  long  sur 
quatre  de  large,  où  croissaient  seulement  quelques  arbrisseaux. 

(3)  Voyez  p.  34  de  VHiatoire  du  Biniaçulaled  Duck. 


656  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

réellement  de  sa  valeur.  Comment  supposer  qu'un  mélange  des 
caractères  du  bnsclias  avec  le  crecca  puisse  produire  un  eiïet  sem- 
blable à  celui  qui  s'opère  dans  l'hybridation  de  Vacuta  avec  le  pre- 
mier de  ces  Oiseaux  ? 

Cependant,  reconnaissons-le,  la  femelle  dont  nous  nous  occupons 
présentement  paraît  avoir  été  prise  avec  un  vrai  Bimaculated  cf  au 
même  moment  et  dans  le  même  piège  (1)  ;  elle  paraît  aussi,  par  sa 
taille,  différer  de  celle  que  nous  possédons  aujourd'hui  et  qui  fut 
capturée  au  contraire  dans  un  appeau  où  on  prit  un  peu  plus  tard 
le  mâle  acuta  X  boscims  dont  nous  avons  parlé  (2). 

Anas  boschas  et  Querquedula  crecca 

(Voy.  p.  125  des  Mém.  et  p.   127  du  Tirage  à  part). 

Ayant  parlé  très  sommairement,  dans  notre  première  publication, 
du  croisement  de  l'Anas  bosclias  avec  le  Querquedula  créera,  nous 
avons  cru  devoir  revenir  sur  ce  sujet  dans  un  article  spécial  (3). 
Tout  d'abord,  nous  nous  sommes  appliqué  à  réfuter  une  erreur 
qui  s'est  glissée  dans  presque  tous  les  livres  d'ornithologie,  où  le 
Bimaculated  Duck,  hybride  supposé  de  ces  deux  espèces,  est 
identifié  à  un  Oiseau  bien  différent  :  «  VAiias  glocitans  »  de  Pallas, 
décrit  dans  les  «  Acta  Stockoliniensia  ».  Cette  confusion,  qui  n'a  été 
que  rarement  relevée,  semble  d'autant  plus  étrange  que  la  descrip- 
tion et  la  figure  que  Pallas  donne  de  son  Oiseau  (4)  ne  correspondent 
aucunement  avec  la  description  et  la  gravure  du  Bimaculated  de 
Pennant  (5). 

Nous  ne  trouvons  point  utile  de  revenir  sur  les  explications  que 
nous  avons  données  et  nous  renvoyons  à  notre  brochure  (6).  Mais 

(1)  Voy.  Vigors,  Transactions  of  the  y  Linn.  Soc.  of  London,  XIV,  1829. 

(2)  Seconde  quinzaine  de  Janvier  1892,  d'après  le  Zoologist,  pour  la  femelle,  et  fia 
Décembre,  même  année,  pour  le  mâle. 

(3)  Histoire  du  tSimacnlated  Duck  confondu  longtemps  ai^ec  l'A.  glocitans 
de  Pallas  et  Notes  sur  plusieurs  autres  Oiseaux  de  ce  genre.  Le  Bigot 
frères,  imprimeurs,  Lille,  1894. 

(4)  Kongl.  Vetenskaps  Academiens  Handlingar  for  ar  1779,  vol.  XL,  Stockolm. 
Den  Skrockandc  Anden  {Anas  glocitans  ,  en  rar  Fogel.  som  endast  blisvit 

sunnen  i  Ostra  Sibérien;  beskrifven  och  afritad  af  Peter  Simon  Pallas. 

(5)  British  zoology,  pp.  602-003,  pi.  C,  n»  287.  Vol.  11,  éd.  de  1770.  On  trouve  les 
mêmes  documents  dans  l'é.lit.  de  1812  du  même  ouvrage,  pp.  274-28.Ï,  vol.  II. 

(6)  PP.  1-14.  Nous  tenons  seulement  à  faire  savoir  que  c'est  par  erreur  que  nous 
avions  écrit  (p.  14  ;  21%  22°  et  23"  ligne)  qu'aucun  des  auteurs  cités  par  nous  n'avait 
fait  connaître  l'ornilhologisle  qui,  le  pi eniier,  a  confondu  le  Bimaculated  Duck  avec 
l'A.  glocitans  de  Pallas.  M.  van  Wickevoort  Crommelln  avait  fait  remarquer 
(Arcli.  Néerlandaises, T. Vil,  p.  130),  que  c'était  Pennant  comme  nous  l'avons  indiqué. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    ICXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  Gj7 

il  uous  faut  iiécessairenieiit  faire  connaître  ici  les  rares  iiybrides 
qui  paraissent  avoir  pour  parents  l'-l.  busrhas  et  VA.  cn-cca. 

Le  premier  exemplaire  counu  est  celui  qui  fut  décrit  en  ,1776  par 
Thomas  Penuaut.  Le  vieux  naluraliste  fait  savoir  que  l'Oiseau 
pris  dans  un  jjiéj^e  pendant  l'année  1771,  lui  avait  été  conimtiuiqué 
par  Edwards  Poore  esq.  On  ignore  ce  qu'est  devenue  cette  pièce 
intéressante  ;  heureusement  Ponnant  en  a  laissé  une  petite  figure 
avec  sa  description  qu'il  a  faite  ainsi  :  »  Tiie  lengtli  is  twenty 
»  inches  ;  the  extent  twenty  five  and  a  half.  Bill  a  deep  lead  color  ; 
)i  uail  black.  Crown  brown  changeable  with  green,  endiug  in  a 
»  streak  of  brown  at  the  hind  part  of  the  head,  with  a  smail  cresl. 
»  Between  liie  bill  ant  the  eye.  and  behind  each  ear  a  ferruginous 
»  spot  ;  the  lirst  round  ;  the  last  oblong  and  large  ;  fhroat  of  a  fine 
»  deep  pur[)le  ;  the  rest  of  the  head  of  a  bright  green  continned 
»  in  streaks  down  thi;  ueck.  Breast  a  liglit  ferruginous  brown, 
»  spotted  wilii  black  ;  hind  part  of  the  neck,  and  back,  dark  brown 
»  waved  with  black.  The  coverts  of  the  wings  ash  colored  ;  lower 
»  coverts  streaked  with  rusl  color  :  scapulars  cinereous  ;  quil 
»  feathers  brownish  cinereous.  Secondaries  of  a  fine  green,  ending 
»  in  a  shade  of  black,  and  edged  with  white.  Coverts  of  the  tail  a 
»  deep  changeable  green  ;  twelve  feathers  in  the  tail,  two  middie- 
»  most  black  ;  the  others  brown  edged  with  wliitc  ;  belley  is 
»  dusky,  finely  granulated.Legs  small,  and  yellow,  webs  dusky  ». 

Pennant  a  prétendu  quelques  années  plus  tard,  en  1785,  dans 
VuArtic  zookxjy  »  (1),  que  sou  Bimaculated  Duck  avait  aussi  été 
découvert  par  le  naturaliste  Pallas  le  long  de  la  Lena  ef  dans  les 
environs  du  lac  Baïkal,  mais  c'était  là  une  erreur,  comme  nous 
avons  eu  soin  de  l'indiquer  {2). 

Au  Bimaculated  Duck  de  Pennant,  Vigors  a  cru  pouvoir  rapporter 
deux  Oiseaux,  l'un  mâle,  l'autre  femelle,  pris  également  dans  un 
piège  {drcoy)  près  de  Maldeu,  en  Ecosse,  et  envoyés  au  Leadenhall 
Market  pendant  l'hiver  de  1812- H.  Us  furent  observés,  raconte 
Vigors  (3),  par  un  naturaliste  éminent,  M.  Georges  Weighton,  qui 
les  acheta  aussitôt  pour  les  classer  dans  sa  collection.  Ils  passèrent 
ensuite  de  cette  collection  dans  celle  de  Vigors  ;  aujourd'hui  on  nous 
apprend  qu'ils  sont  conservés  au  Brilish  .Muséum. 

(1)  Vol.  Il,  p.  575.  La  même  assertion  est  reproduite  dans  une  édition  de  1'  lArtic 
toologx  »  qui  date  de  \~i'Ji.  (voir  vol.  II,  p.  30i,  à  Tait.  Wigeoni. 

(2)  Voy.  le  Chap.  I  de  noire  travail  :  (i  Histoire  du  Bimaculated  Duck,  elc.  a 
(a)  Transactions  of  the  Linn.  Soc.  of  London,   vol.   XIV,  1823.  •  Vigors  :   With 

Observations  on  the  Anas  glocitans  of  F  allas. 


1)38  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Pour  leur  description,  nous  renvoyons  aux  nombreux  ouvrages 
qui  l'ont  publiée,  entre  autres  aux  ouvrages  de  Vigors,  de  Selby  (1) 
et  de  Bevvick  (2). 

Entre  1812  et  1840,  il  semble  qu'on  n'ait  point  rencontré  de  nou- 
veaux hybrides  crecca  X  lioscluis.  Les  livres  d'ornithologie  n'en 
mentionnent  point. 

La  première  citation,  après  celle  de  Vigors,  est  celle  que  fit  Tem- 
minck  d'un  jeune  mâle,  ou  d'un  mâle  en  mue,  que  cet  ornitholo- 
giste dit  avoir  vu,  mais  qui,  paraît-il,  différait  assez  du  type. 
Cet  Oiseau  était,  d'après  Temminck  k  couvert  en  partie  du  plu- 
mage bigarré  du  sexe  mâle,  tandis  que  tout  le  reste  était  comme 
chez  la  femelle,  quoique  tapissé  çà  et  là  de  quelques  plumes  du  mâle. 
Le  sommet  de  la  tête  ne  portait  du  roux  qu'à  la  line  pointe  des 
plumes,  le  reste  était  noir  et  le  vert  métallique  se  trouvait  nuancé 
de  la  même  teinte,  etc.  » 

Si  l'appréciation  de  Temminck  est  juste,  cet  Oiseau  serait  le 
quatrième  exemplaire  connu.  Le  célèbre  ornithologiste  a  oublié  de 
dire  si  cette  pièce  fut  conservée. 

Bientôt  après,  Degland  observa  un  cinquième  hybride,  tué  près 
de  Douai,  dans  l'hiver  de  1841. 

Quelques  années  plus  tard,  en  1847,  R.  F.  Tomes  décrivit  une 
femelle  obtenue  le  9  décembre  au  Leadeiihall  Market,  où  elle  avait 
été  envoyée  de  Yarmouth  (3).  Elle  fut  montrée  par  cet  auteur  à 
M.  Yarrell  qui  exprima  l'idée  que  c'était  un  hybride.  D'après  une 
comparaison  avec  le  Canard  bimaculé  de  la  collection  Vigors, 
l'Oiseau  se  trouva  être  identique  avec  cette  espèce,  en  différant 
seulement  par  ((  a  somewhat  darker  mark  througb  the  eye.  the 
»  top  of  the  head  having  the  markings  darker.  and  tlie  plumage 
»  generally  uot  quite  so  much  tinter  with  rufous.  » 

La  couleur  chamois  du  menton  et  de  la  gorge  était  aussi  plus 
pure  et  un  peu  plus  étendue,  ainsi  que  mieux  définie.  Enfin,  «  le 
))  spéculum  ne  reflétait  pas  absolument  une  teinte  aussi  pourprée, 
n  étant  d'un  vert  très  brillant.  »  Mais  tout  cela,  dit  M.  Tomes,  ne 
constituait  que  de  légères  différences,  comme  on  en  constate  sur 
les  femelles  du  Canard  sauvage  commun,  lesquelles,  ajoute-il, 
ressemblent  de  très  près  à  la  femelle  du  Canard  bimaculé,  excepté 

(1)  lUastrations  oj  •British  Zoology.  vol.  11.  Edimbourg,  1833. 

(2)  History  of  British  Birds,  vol.  II,  7»  édit.  London,  1832.  Dans  notre 
(i  Histoire  du  Birnaculated  Duck  »  nous  avons  reproduit  les  descriptions  de  ces 
auteurs  en  les  mettant  en  regard  les  unes  des  autres. 

(3)  The  Zoologist,  pp.  1698-1699,  1847. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    l'.T    EXAMKNS    DAPRICS    NATURE  (i59 

par  la  taille.  Le  spérirnen  en  queslion  mesurait,  quand  il  fut  pris, 
17  pouces  1/4  de  la  poinle  du  hec  au  l)()ut  de  la  ([ueue,  el  dans 
l'étendue  du  vol  il  pouces.  L'iris  était  lirun  rougeûtre;  l'estomac 
à  moitié  rempli  de  sable  fin. 

Aux  renseignements  donnés  par  M.  Tomes  (1),  M.  R.  Fischer,  qui 
adressa  au  Zoologisl  une  esquisse  de  cet  Oiseau  (:i),  ajoute  que  le 
bec  et  les  pieds  étaient  de  la  couleur  de  ceux  de  la  Sarcellti,  c'est- 
à-dire  (I  liliiisli  iircij  »,  bleu  grisâlie,  landis  que  les  pattes  du  Bima- 
culated  Duck  décrit  par  Selby  étaient  présentées  comme  orange. 
L'Oiseau  fut  jeté.  M.  Tomes  ne  se  doutant  pas  de  sa  rareté. 

Dans  l'article  que  celui-ci  écrivit,  il  est  dit  que  M.  Bartlett  avait 
déjà  obtenu,  eu  1843,  un  autre  spécinitMi  rie  ce  genre  aciieté,  comme 
ceux  de  Vigors,  au  Leadenhall  Market.  Nous  n'avons  trouvé  aucun 
renseignement  sur  ce  sujet  ni  dans  le  Zoologist  ni  dans  les  Procee- 
dings  de  la  Société  zoologique  de  Londres  que  nous  avons  feuil- 
letés inutilement.  M.  Bartlett  lui-même  n'a  pu  répondre  à  notre 
demande  de  renseignements;  il  ne  se  rappelle  plus  ce  qu'est  devenu 
cet  Oiseau.  En  sorte  qu'A  notre  grand  regret  nous  ne  pouvons 
rien  dire  sur  cette  pièce  dont  .M.  Tomes  a  même  laissé  ignorer  le 
sexe.  Si  le  fait  cité  est  exact,  comme  le  pense  du  reste  M.  Bartlett, 
il  y  avait  donc,  en  1847,  sept  Bimaculated  Ducks  connus,  dont  six 
provenant  de  l'Angleterre. 

Trois  ans  après,  M.  E.  Newmann  annonçait  un  huitième 
exemplaire  de  sexe  mâle,  ni  ]nn\v.  ni  adulte,  dans  un  état  de  crois- 
sauce  moyen  entre  les  deux  livrées,  avec  pieds  orange  et  non 
((  bluish  grei)  »,  comme  le  précédent,  mais  dont  le  bec  était 
«  hlarlcUh  hine  »,  bleu  noirâtre. 

L'Oiseau  avait  été  capturé  clans  un  piège,  il  était  en  chair  et  chez 
M.  Gardener,  le  naturaliste  bien  connu  de  la  rue  d'Oxford,  lorsque 
M.  Newmann  l'examina  (3). 

(Ju'est  devenue  cette  pièce?  On  l'ignore.  M.  le  professeur  Newton 
croit  se  rappeler  l'avoir  vue,  mais  il  serait  maintenant  incapable 
de  la  décrire.  M.  James  Gardener,  que  nous  avons  interrogé,  ne 
nous  a  |)oint  adressé  de  réponse  satisfaisante. 

En  janvi(;r  18(J0.  M.  Philip.  L.  Sclater  montrait  à  l'une  des  réu- 
nions de  la  Société  zoologique  de  Londres  le  neuvième  exemplaire, 

(1)  In  Zoologist,  1847,  pp.  I698-Ie9;t. 

(2)  P.  2oa;,  i«4«. 

(3)  Voy.  pour  ces  indications  un  nouvfl  article  sur  i'Occurence  of  tlie  Bima- 
culated Duck  (Anas  glocitans!)  in  llie  Fens  of  Linconshire.  Tiie  Zoologisl, 
p.  2632,  1851. 


660  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

un  mâle  tué  sur  le  Beauly  Firtli  (Invernessliire).  en  compagnie 
d'autres  Canards  appartenant  à  l'espèce  du  hosrhas.  Mais  l'éminent 
secrétaire  de  cette  société  ne  donne  aucune  indication  sur  les  carac- 
tères de  la  nouvelle  pièce.  Il  n'a  pu  nous  renseigner  sur  la  demeure 
de  M.  Lantour,  qui  abattit  l'Oiseau  ;  M.  Sclater  n'a  point  revu 
celui-ci  depuis  trente-trois  ans. 

Si  l'on  fait  exception  des  deux  Canards  qui  ont  été  décrits  à 
tort  comme  crecca  X  lioschas  par  M.  van  Wickevoort  Crommelin  (1), 
parce  qu'ils  ne  paraissent  pas  rentrer  dans  la  catégorie  des  pièces 
que  nous  citons,  plus  de  quarante  ans  se  sont  passés  avant  qu'une 
nouvelle  rencontre  du  Bimaculaled  Duck  n'ait  été  signalée.  C'est 
tout  dernièrement,  en  1892,  que  le  Zoologist  (2)  annonçait,  pour 
la  première  fois  depuis  1830,  une  capture  qui  porterait  à  dix  le 
nombre  des  exemplaires  connus  du  Bimaculaled. 

Cet  échantillon,  un  mâle,  avait  été  tué  à  Anglesa  par  le  capi- 
taine Brooke,  du  19^^  Highlanders,  qui  l'adres.sa  à  M.  R.  Small, 
d'Edimbourg.  Le  capitaine  a  bien  voulu  faire  peindre  pour  nous 
ce  sujet  qu'il  conserve. 

Voici  sa  description  :  «  Taille  d'un  Wigeon  {A.  penelope),  tête  de 
la  Sarcelle  et  du  Canard;  huppe  brun  rouge;  sur  la  joue,  derrière 
l'oeil  et  son  niveau,  plaque  brun  jaune  plus  claire.  Les  côtés  de 
la  tête  sont  d'un  vert  brillant.  Le  côté  inférieur  de  la  queue  et  la 
moitié  du  corps  sont  du  Canard  sauvage;  la  queue  aussi  de  cette 
espèce,  mais  les  plumes  centrales  recourbées  très  légèrement.  La 
poitrine  tachetée  comme  la  Sarcelle.  Le  bec  plus  semblable  à  celui 
du  Wigeon  (.4.  penelope)  comme  forme  et  comme  dimensions. 
Pattes  jaunes  (3).  » 

M.  Harwie  Browu,  auquel  nous  empruntons  cette  description, 
ne  dit  pas  de  quelle  couleur  est  le  miroir  et  la  manière  dont 
il  est  encadré,  chose  importante.  D'après  la  peinture  qui  nous  est 
envoyée  par  le  capitaine  Brooke,  le  miroir  serait  d'un  bleu  violacé, 
de  la  teinte  du  miroir  de  VA.  boschas.  Il  est  bordé  au  dessus 
par  une  bande  noisette  ou  chamois  tachetée  de  blanc;  un  peu  de 
blanc  apparaît  dans  sa  l)or(lure  inférieure.  Sur  les  côtés  extérieurs, 
c'est-à  dire  longiludinalement,  il  est  entouré  de  noir.  Tout  à  fait 

(1)  Archives  Néerlandaises,  1872,  p.  131  et  siiiv.  (Canards  observés  en  Hollande) 
et  Tijdschrift  voor  de  Dierliunde  II  ;  et  cités  par  nous  pp.  12!)  et  l.'W  ou  pp.  137  et  138 
des  Mém.  de  la  Soc    Zool.  1891. 

(2)  N»  183,  p.  1U9,  vol.  XVI,  Mars  1892. 

(:i|  Cette  dernière  indication  est  ilonnée  dans  le  iN"  40  suivant  du  Zoolonist. 
N"  183,  p.  109,  vol.  .\V1,  Avril  1892, 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    KT   EXAMENS   d'aPHÈS   NATURK  ()(!I 

au-dessus,  à  la  fin  des  scapulaires,  on  voit  une  tache  foncée  rappe- 
lant la  tache  caractéristique  de  r.4.  crecca. 

Les  rens('in;ii(Mnents,  ([ui  onl  été  (loiiiiés  sur  plusieurs  Canards  ([ui 
viennent  d'ôlrc  cités,  ne  pernu'llenl  pas  d'eu  apprécier  les  caractères. 
Ces  Oiseaux,  aujourd'hui  disparus,  sont  :  le  jeune  mâle  (ou  le  mâle 
en  mue)  vu  par  Tcmniinck  ;  l'exemplaire  de  M.  narllctl,  cité  |)ar 
Tomes  ;  le  mâle  iudic|ué  par  Newmann  et  l'inilividu  montré  par 
.M.  Sclater  à  la  Société  Zoo]ogi(iue  de  Londres. 

Mais  ne  rentrent  pas  dans  cette  catégorie  :  les  deux  Canards  cT 
et  $,  décrits  successivement  par  Vigors,  Bewick,  Selhy  et  un  grand 
nombre  d'auteurs,  peints  par  Selby  et  par  Gould  et  qui  sont  encore 
au  Brilisli  Muscum  où  on  peut  les  voir;  de  même  V Aitns  f/loriliuïs 
de  Deglaud  conservé  au  Musée  de  Douai  et  les  exemplaires  du  capi- 
taine Brooke  et  du  capitaine  Pretyman,  exemplaires  qui  onl  été 
soigneusement  préparés.  On  peut  môme  à  la  rigueur,  jugeant  par 
analogie,  ranger  avec  ces  derniers  la  femelle  dont  a  parlé  M.  Tomes 
dans  le  Zoologist,  puis(iue.  dit  celui-ci,  «  cette  Cane  est  presque  en 
tout  semblable  à  la  femelle  de  Bimaculalod  Dùck  de  Vigors, 
conservée  au  Britisli  .Muséum.  » 

Quant  au  Bimaculaled  typns  dont  a  parlé  Pennant,  nous  ne  sau- 
rions être  aussi  allirmatif,  car  ce  n  est  pas  sur  une  gravure  très 
rudimentaire  et  une  courte  ilescri|)tiou  que  l'ou  peut  juger 
sûrement  des  caractères  d'un  hybride,  dont  la  détermination  est 
aussi  difTicile.  Néanmoins  nous  le  supposons  bien  déterminé, 
la  discussion  est  {iossible  sur  certains  points. 

Pendant  longtemps,  le  Bimaculated  Duck  de  Pennaul  et  les  deux 
exemplaires  de  Vigors  ont  été  considérés  comme  appartenant  à  une 
bonne  espèce.  On  les  appréciait  encore  ainsi  en  1848,  si  nous 
nous  eu  rap|)ortons  à  la  note  de  Newmann  (I);  cependant  depuis 
quelque  temps  déjà  les  opinions  semblaient  se  modifier  et,  autant 
que  nous  avons  pu  être  renseigné  par  le  professeur  Newton,  ami  de 
Yarrell,  ce  dernier  s'était  montré  partisan  de  l'hybridité  bien  avant 
1847,  c'est  à-dire  avant  la  publication  de  l'article  de  M.  Tomes;  à 
ce  moment,  -M.  Bartletl  l'avait  aussi  soupçonnée  (2). 

-Mais  était-on  d'accord  sur  l'origine  à  attribuer  à  ces  hybrides '.-' 
Nod;  tour  à  tour,  leur  naissance  a  été  attribuée  à  cinq  croisements 
diflérents  :  !<>  le  croisement  de  VA.penelope  et  de  r.4.  aciUa(Bree); 

(1)  Cité  in  Zoologist  l.S.")(),  p.  %Vi. 

(2)  Voir  les  premières  lignes  de  l'urt.  de  M.  Tomes  dans  le  Zoologist,  1847. 


662  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

2°  de  l'A.  penelope  et  de  1'^.  crecca  (Haïuicock):  3"  de  l'A.  penelope  et 
de  l'A.  boschas  (Berkeley  et  de  Selys-Loagcliamps);  4»  de  1*4.  crecca 
etd6r/l.ttcu<a(Sclater);5ode  r.4.  boschas  et  de  r.4.  crecca  (Bartlett). 

Nous  avons  reproduit  les  arguments  (jue  chaque  auteur  a  fait 
valoir  en  faveur  de  son  opinion  (1)  ;  nous  ne  les  rappellerons  pas. 

Le  croisement  de  l'A.  crecca  X  .4.  boschas  que  M.  Bartlett  a  sup- 
posé, qui  a  été  accepté  ensuite  par  M.  Tomes,  par  M.  le  professeur 
Newton,  par  M.  Vian,  et  par  M.  Wickevoort  Crommelin,  par  l'édi- 
teur du  Zoologist,  etc.,  nous  paraît  bien  préférable  à  tous  les 
mélanges  qui  ont  été  proposés.  Nous  avons  donné  nos  raisons. 

Le  Canard  de  Degland,  qui  nous  a  été  communiqué  très  gracieu- 
sement par  M.  Gosselin,  nous  paraît  de  corps  plus  allongé  et  plus 
fin  que  le  Bimaculated  Duck  de  Vigors,  mais  plus  fort  que  l'exem- 
plaire du  capitaine  Brooke,  que  l'on  examinera  bientôt.  La  pre- 
mière tache  des  joues  près  du  bec  est  presque  blanche,  piquetée  de 
noir,  la  seconde,  plus  grande,  est  chamois,  avec  un  peu  de  blanc 
dans  sa  partie  supérieure  ;  le  front  est  brun  gris,  le  vertex  est  brun 
violacé  bleuâtre,  la  nuque  roux  foncé.  De  chaque  côté,  en  dessous 
à  partir  de  l'œil,  existe  une  large  bande  verte  disposée  comme 
celle  de  la  crecca.  Chaque  bande  se  rejoint  derrière  le  cou,  au- 
dessous  de  la  nuque,  prenant  des  reflets  l)leu  de  mer;  le  bas  du 
cou  est  tour  à  tour  noir,  brun,  vert. 

Le  bec  (actuellement)  est  de  couleur  cuir  de  botte  presque  uni- 
forme, un  peu  plus  foncé  cependant  vers  la  tète;  les  pattes  sont  du 
même  ton,  les  palmures  ne  sont  pas  plus  foncées  que  les  doigts. 

Le  poitrail,  par  sa  tonalité  et  ses  taches,  représente  absolument 
celui  du  Bimaculated  Duck  de  Vigors.  On  retrouve  dans  ces  taches 
le  système  du  dessin  qui  se  voit  chez  les  hybrides  «  .4.  penelope 
X  A.  crecca^).  Le  dessous  du  ventre  est  clair;  le  dessin  des  plumes 
des  flancs,  notamment  en  avançant  vers  la  queue,  est  composé  de 
zigzags  ;  les  plumes  situées  plus  haut  et  qui  servent  à  recouvrir  l'aile 
au  repos  sont  de  môme  avec  de  nombreux  zigzags.  C'est  donc  le 
dessous  du  corps  qui  seul  est  assez  uniforme. 

Les  couvertures  de  l'aile  sont  gris  brunâtre,  un  peu  lilas;  la 
première  bande  supérieure  du  miroir  est  de  couleur  chamois  clair.la 
plaque  du  miroir  proprement  dite  vert  de  mer,  avec  reflets  d'un  bleu 
violacé,  bordée  par  une  bande  noire  liserée  de  blanc,  légèrement 
lavée  de  chamois  vers  l'extérieur.  La  disposition  de  ce  miroir  et  des 
bandes  qui  l'entourent  est  celle  du  miroir  de  boschas.  Les  grandes 
pennes  de  l'aile  sont  d'un  gris  brun  uni.  Le  dessin  du  dos  rappelle  la 

(1)  l'P.  m  cl  su'wsinles.  (Le  Bimaculated  Dnck). 


ADDITIONS,    CORRFXTIONS    KT    KXAMENS    d'aPHÈS    NATURE  ()63 

loualili'  cl  la  ilisposiliciu  du  dessin  du  Cauard  sauva;;e,  Ijicu  plus  (\ur. 
la  couleur  et  le  dessin  de  la  Sarcelle.  Au  dessus  du  miroir  existe  un 
rappel  de  la  longue  tache  uoire  de  la  Sarcelle,  mais  poiiil  de  partie 
blanche  au  dessus. 

Les  couvertures  du  dessus  de  la  queue,  noires  eu  grande  partie  et 
avec  rcllets  veris  cl  lijïues  brunes  bordant  les  plumes,  son!  un  bon 
mélange  des  parties  correspondantes  des  deux  espèces;  il  n'existe 
point  de  plumes  recourbées.  On  aperçoit  (l'Oiseau  étant  vu  de  profil) 
les  petites  hachures  blanches  verticales  qui  précèdent  chez  cifcca 
la  teinte  foncée  des  couvertures  supérieures  de  la  queue,  mais  les 
sous-caudales  sont  eutièrement  foncées.  Le  mélange  des  deux 
espèces  se  voit  encore  dans  la  couleur  des  rectrices. 

Cet  Oiseau  est  donc  bien  le  Bimaculaled  Duck,  un  très  bel  exem- 
plaire et  sans  doute  l'hybride  de  crecca  et  de  boschas  dont  il  rappelle 
bon  nombre  de  traits.  C'est  un  excellent  intermédiaire  entre  ces 
deux  espèces  par  sa  taille  et  parles  dimensions  des  diverses  parties 
de  son  corps. 

Nous  ne  connaissons  l'hybride  du  capitaine  Brooke  que  par  une 
peinture  que  celui-ci  a  bien  voulu  nous  envoyer. 

Si  cette  toile  nest  point  fantaisiste,  l'Oiseau,  quoique  de  petites 
dimensions,  représente  bien  le  produit  que  l'on  peut  s'imaginer 
d'un  croisement  entre  ÏAnas  crecca  et  VAnns  boschas,  peut-être 
même  mieux  caractérisé  que  le  type  du  Bimaculated  de  Vigors. 

Le  capitaine  Brooke  y  voit  cependant  un  hybridisnie  entre  le 
penelope  et  la  crecca  et  cela,  malgré  les  remarques  faites  par  le 
Zoologist  à  l'occasion  de  cette  capture;  mais  les  Sifïleurs  et  les 
Sarcelles  sont  si  nombreux  sur  les  côtes  environnantes  (1),  qu'un 
croisement  entre  ces  deux  espèces  lui  semble  plus  probable.  Nous 
avons  cru  devoir  faire  observer  au  capitaine  que  la  couleur  verte 
qui  existe  sur  les  joues  et  le  cou,  le  jaune  du  bec  et  des  pieds,  la 
teinte  violette  du  miroir,  s'opposent  complètement  à  sa  manière  de 
voir,  les  deux  espèces  penelope  e\.  crecca  étant  à  ces  endroits  d'une 
couleur  toute  dilléreute.  11  est,  en  effet,  impossible  que  le  brun 
châtaigne  des  joues  et  du  cou  de  crecca  et  le  roux  des  mêmes  parties 
de  penelope  puissent,  dans  leur  mélange,  aboutir  à  une  teinte  verte  ; 
de  même  les  pattes  qui  sont  cendrées  chez  crecca  [i]  et  brun  de 
plomb  (.'3)  chez  penelope,  ne  peuvent  former  une  teinte  jaune.  Inutile 
de  rappeler  que  chez  les  deux  espèces  le  miroir  est  vert. 

(1)  D'après  les  renseignements  qu'il  nous  a  communiqués  dans  une  lettre. 

(2)  Voy.  Degland. 

(3)  Voy.  le  même. 


664  OlSEAUJC    HYÈRlbES    hENCONTRES   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

Il  faut  donc  absnlumeul  exclure  la  provenance  de  l'A.  penelope. 
Celle  du  hoschos  nous  paraît  s'imposer,  précisément  à  cause  des 
quatre  traits  que  nous  venons  d'indiquer,  car  le  bec  du  Canard  sau- 
vage est  verdàtre  et  les  pattes  sont  rouges,  le  miroir  violet  et  la 
tête  verte.  Or,  comme  l'Oiseau  possède  en  outre  des  traits  évidents 
de  crerca  :  la  petitesse  du  corps,  la  tache  noire  des  scapulaires,  la 
bande  blanche  lavée  de  châtaigne  au-dessus  du  miroir  et  la  bordure 
noire  bordant  en  long  la  partie  extérieure  du  miroir,  on  doit  le 
supposer  issu  aussi  de  cette  espèce. 

Remarquons  cependant  que  le  poitrail  n'est  pas  tacheté  comme 
celui  de  la  Sarcelle,  ce  qui  le  tait  différer  du  Bimaculated  Duck  et 
ce  qui  nous  surprend  si  l'Oiseau  n'est  pas  un  jeune.  Mais  eu  cet 
endroit  le  peintre  peut  avoir  commis  une  faute. 

Tels  sont  seulement  les  exemplaires  qui  nous  paraissent  provenir 
de  l'union  du  boscluts  avec  la  crccca  ;  encore  est-il  que  nous  faisons 
des  réserves  au  sujet  des  Canards  dont  la  description  n'est  point 
suffisante.  On  a  cité,  et  nous  avions  cité  nous-même,  bien  d'autres 
pièces  sauvages  comme  provenant  du  croisement  dont  nous  nous 
occupons  ici  ;  mais,  après  étude  sérieuse,  nous  croyons  devoir  les 
reporter  pour  la  plupart  au  croisement  suivant,  c'est-à-dire  au 
croisement  de  l'.l/irtô-  hoschas  avec  VAmis  strepcrus  (1). 


Anas  boschas  et  Chaulelasmus  streperus 

(Se  reporter  p.  134  ou  p.  142  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  1891). 

Les  pièces  qui  ont  été  attribuées  au  croisement  du  boschas  et  de 
la  crecca,  et  qui  vont  cependant  prendre  rang  dans  cet  article, 
diffèrent  de  celles  qui  ont  été  citées  à  l'article  précédent  par  la  dis- 
position du  miroir  qui  n'est  plus  la  même  chez  elles,  ainsi  que  par 
leur  taille  élevée  qui  atteint,  si  elle  ne  dépasse,  celle  du  boschas. 

Nous  croyons  pouvoir  coasidérer  comme  issus  du  boschas  et  du 
streix^rus   les  Oiseaux  suivants  : 

(I)  iNous  n"avons  point  inenlionné  l'individu  signale  par  M.  de  Selys-Long- 
ctianrps  (Additions  à  la  Hécapitulation  des  hybrides  observés  chez  les  Antidés, 
Bull,  de  l'Acad.  des  Se.  de  Bru.xelles  t8.ï6),  car  nous  ignorons  tout  à  fait  si  cet 
individu  a  une  origine  sauvage;  on  n'a  pu  du  reste  le  retrouver  au  Muséum  d'Histoire 
naturelle  de  Paris  où  le  savant  académicien  belge  l'avait  examiné,  (Nous  avons 
donné  déjà  cette  indication  in  Oiseaux  hybrides  rencontrés  d  l'état  sauvage, 
pp.  134 et  lo5  ou  pp    141  et  142  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  de  France,  1891). 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS   d'aPRÈS   NATURE  668 

Le  Canard  signalé  en  18i3  par  Auduboa  (1)  sous  le  nom  de  Bre- 
wers'  Duck  ou  Anas  breiceri,  tiré  sur  le  lac  Barataria,  dans  la  Loui- 
siane, en  février  1822. 

Le  spécimen  pris  par  M.  Anthony  Savage,  en  1861,  dans  la  canar- 
dière  d'Hornby  (et  non  dans  le  voisinage  de  Pool,  Dorset,  comme 
nous  l'avions  indiqué  par  erreur  (2),  aujourd'hui  conservé  dans  le 
Musée  de  i\L  Ed.  Hart,  à  Chrislciiurch,  Hants. 

La  pièce  décrite  comme  ((  crecca  et  hnscluis  »  par  M.  van  Wiclcevoort 
Crommelin.  capturée  en  Hollande  en  1868  (3),  remise  actuellement 
au  Musée  national  des  Pays-Bas,  écartée  par  nous  de  la  liste  des 
exemplaires  du  Bimaculated  Duck. 

L'hybride  tué  en  1883  dans  le  gouvernement  de  Bjasan  (Russie), 
décrit  par  le  feu  professeur  Severtzow  comme  produit  de  l'.-l.  crecca 
et  du  lioxcha^  (4). 

Le  sujet  abattu  par  M.  Picq,  en  Hollande,  pendant  l'année  1885, 
maintenant  au  Musée  de  M.  Ed.  Hart,  considéré,  paraît-il,  comme 
hybride  de  slreperus  et  de  hoschas  par  le  révérend  Macpherson  et 
d'autres  éniinents  ornithologistes  (3). 

Deux  Canards  pris  en  189U,  le  premier  le  26  février,  le  second  en 
décembre,  conservés  dans  le  Koniuklijk  Zoologisch  Genootshap, 
d'Amsterdam,  et  indiqués  encore  comme  hybrides  de  «  streperus  et 
de  boschas  (6)  ». 

L'Oiseau  paraissant  obtenu  dans  les  environs  de  Calcutta  en  1891 
et  décrit  par  .M.  W.  L.  Sclaler  comme  produit  du  même  croisement, 
conservé  dans   «  l'indian  Muséum  (7)  ». 

Une  pièce  achetée  au  Devonport  Market  par  M.  Hore,  faisant 
partie  de  la  collection  de  J.  H.  Guruey  et  étiquetée  comme  a  Mallard 
and  Teal  )>  (.4.  ho-ichas  et  .4.  crecca),  sans  date  (8). 

Un  individu  acheté  par  le  professeur  Newton  lors  de  la  vente  de 

(1)  The  Birds  of  America.  [>.  232,  vol.  VI,  représenté  pi.  367  du  même  volume, 

(2|  l>.  128  ou  p.   i:«î  (les  Méni.  de  la  Soc.  Zool.  1891. 

(3)  Canarils  observés  en  Hollande  (Archiv.  Néerlandaises,  pp.  131  et  132,  1872. 

|4)  Bull,  des  Naturalistes  de  Moscou,  p.  .'1.^2  elsuiv.  (mentionné  aussi  par  nous  à 
ce  tllre). 

(5)  Cet  oiseau  est  cité  p.  128  et  p.  130  des  Mémoires.  C'est  M.  Hart  qui  nous  a  IhU 
connaître  l'opinion  du  Këvérend  ;  nous  nous  demandons  si  M.  Hart  ne  lait  point 
erreur,  car  M.  Macplierson  a,  nous  seml)le-t-il,  émis  l'avis  (Fielil,  31  mai  1890) 
qu'il   provient  de  l'union  de  la  Teal  tSarcelle)  et  du  Mallard  {A.  boschas). 

{())  Ces  deux  pièces  ne  paraissent  p.is  avoir  encore  été  citées  ni  décrites  ;  elles 
nous  ont  été  indiquées  par  M.  le  docteur  Kerbert. 

(7)  Proceedings.  Zool.  Soci.  ol.  London,  p.  213,  18!>1. 

(8)  Nous  avions  mentionne  cette  pièce  p.  128  et  p.  136  des  Mém.  Le  Révérend 
Macpherson  en  parle  comme  ayant  cette  origine.  CVoy.  le  Field  cit.). 


fi(5G  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES   A  l'ÉTAT   SAUVAGE 

la  collectioQ  de  M.  Yarrell,  désigné,  à  notre  grande  surprise, 
comme»  Aiias  muta  et  .4.  bnschas  »,  actuellemenl  au  Musée  de  l'Uni- 
versité de  Cambridge,  ne  portant  non  plus  aucune  date  (1). 

Enfin  deux  Canards  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Rouen, 
étiquetés  Anas  glocitans,  Pall.,  provenant  de  la  collection  du  comte 
de  Sladen.  encore  sans  indication  de  date  (2). 

Tous  ces  exemplaires,  à  l'exception  d'un  des  deux  sujets  du  Musée 
de  Rouen,  sont  du  sexe  mâle;  ilssont  montés,  sauf  celui  deu  l'Iudian 
Muséum  »  qui  est  en  peau. 

Afin  de  rendre  la  discussion  possible,  nous  décrirons  très  minu- 
tieusement les  pièces  dont  le  signalement  n'a  pas  encore  été  fait  dans 
nos  précédentes  publications  sur  les  «  Oiseaux  hybrides  rencontrés  à 
Vétat  sauvage  »;  il  sullira  pour  cela  de  reproduire  nos  descriptions 
publiées  dans  les  notes  jointes  à  «  l'Histoire  du  Bimaculated  Duck,  (3)». 

Nous  avons  vu  et  examiné  les  sept  dernières  pièces;  elles  nous 
ont  été  envoyées  très  gracieusement  par  ceux  qui  les  possèdent. 
Les  deux  Canards  du  Musée  de  M.  Hart  nous  sont  seulement  connus 
par  deux  grandes  aquarelles  exécutées  par  M.  Prévôt  ;  mais  l'exac- 
titude de  ces  peintures  est  telle  qu'elle  permet  d'apprécier  la  valeur 
des  caractères  des  Oiseaux  qu'elles  représentent  presqu'aussi  faci- 
lement que  si  on  tenait  ces  Oiseaux  en  main. 

M.  le  professeur  Jeiitiuck  a  bien  voulu  faire  peindre  à  notre 
intention,  par  ua  de  ses  amis,  le  Canard  décrit  par  M.  van  Wicke- 
voort  Crommelin  el  conservé  depuis  la  mort  de  ce  savant  au  Musée 
national  des  Pays-Pays,  à  Leyde. 

Quant  à  l'exemplaire  cT  du  prof.  Severtzow,  il  a  été,  on  le  sait, 
lithographie  en  couleur  et  décrit  très  minutieusement  par  le  pro- 
fesseur (4). 

DESCRIPTIONS 

Exemplaires  cT  du  Musée  de  Rouen.  —  1°  Le  mâle.  Cette  pièce, 
comme  le  sujet  femelle,  est  étiquetée:  «  .\nas  glocitans,  Pall.  ou 
Canard  glousseur  ».  C'est  là  évidemment  une  erreur,  car  ce  Canard 
n'a  rien  de  la  Sarcelle  formose;  c'est  encore  un  de  ces  hybrides  qui 
doivent  sans  doute  leur  nom  à  cette  confusion  que  nous  avons 
signalée. 

(1)  Nous  ignorons  si  celte  pièce  a  été  citée  dans  quelque  ouvrapte. 

(2)  Nous  ne  pensons  point  que  ces  deux  Canards  aient  été  mentionnés  quelque  part. 
(I!)  Cbap.  IV.    «  De  plusieurs  hybrides   qui  différent   du  Himaculated  Duck 

{'lypws)  »,  pp.  36-40.  Nous  décrirons  en  outre  deux  pièces  nouvelles. 
(4)  Bulletin  des  Naturalistes  de  Moscou. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    i;T    KXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  66^ 

Nous  supposons  l'Oiseau  tué  à  l'état  sauvage  ;  s'il  avait  été 
produit  eu  captivité  son  origine  hybride  aurait  été  connue  et 
indiquée;  toutefois  cette  certitude  uous  manque.  Nous  savons  seu- 
lement qu'il  est  antérieur  ù  1844,  d'après  une  note  que  notre  savant 
collègue  et  ami,  M.  le  D''  Peniietier,  a  bien  voulu  nous  adresser. 

Il  est  envirou  de  la  grosseur  du  Canard  ordinaire,  mais  le  bec, 
les  pattes  peut-être  aussi,  sont  plus  faibles  que  chez  cette  espèce. 
La  couleur  de  la  tète  est  particulièrement  intéressante;  c'est  un 
mélange  des  teintes  de  crecca  et  de  bouchas,  mélange  réellement 
remarquable  :  joues  châtaigne  clair,  dessus  de  la  tète  roux  mélangé, 
puis  vert  à  la  nuciue  et  sur  le  devant  du  cou  ;  on  croirait  presque 
apercevoir  la  division  qui  s'opère  chez  la  cret-caentie la  couleur  cliil- 
taigne  et  la  bande  verte  que  porte  cette  espèce.  Il  faut  noter  que  les 
joues  sont  piquetées  de  vert  noir,  les  points  s'élargissaut  sur 
le  bas  du  cou  et  formant  presque  collier  de  même  couleur  ;  un  peu 
de  blanc,  qui  borde  cette  partie  vert  noir,  rappelle  le  collier  de 
boschas.  C'est,  on  le  dirait,  le  vert  du  hoschas  (|ui  passe  à  travers  la 
couleur  châtaigne  de  crecca.  Ainsi  est  la  partie  haute. 

Le  miroir  de  l'aile  est  vert  bordé  de  noir  à  son  bord  inférieur; 
une  plume  en  partie  blanche  bien  visible  le  borde  dans  sa  longueur 
et  contre  les  scapulaires.  La  disposition  de  ce  miroir  peut  rappeler 
celle  du  miroir  de  crecca,  mais  elle  jieut  tout  aussi  bien  rappeler 
celle  du  miroir  de  s/»Tpe?-a.  Au-dessous  on  aperçoit  des  demi-cercles 
cendrés  quelque  peu  roussàtres  cpii  semblent  être  de  celle  dernière 
espèce.  Une  quantité  de  zigzags,  beaucoup  plus  accentués  que  chez 
boschas,  moins  forts  cependant  que  chez  crecca,  s'entassent  sur  les 
lianes  et  vers  la  ([ueue.  Près  du  noir  du  croupion  on  voit  du  jaune; 
point  de  plumes  recourbées  à  la  queue,  pas  de  blanc  au-dessous 
comme  en  possède  crecca. 

Le  poitrail  est  brun  roux,  mais  tacheté.  Les  taches  de  la  partie 
basse  rappellent  celles  de  ce  dernier  type:  dans  la  partie  haute 
elles  ditlèretit  de  celles  du  même  Oiseau  et  annoncent  strepenis.  Le 
bec  est  jaune  ocre  foncé  avec  plaque  brune  sur  le  dessus.  Sous  l'œil 
un  peu  de  blanc  gris  semble  rappeler  la  raie  blaucbe  de  crecca'? 

Si  cet  Oiseau  était  de  taille  int(^rmédiaire  entre  crecca  et  boschas 
on  serait  tout  à  fait  tenté  de  lui  donner  ceux-ci  comme  parents. 
M.  de  Selys-Longchamps  se  rappelle  avoir  remarqué  ce  curieux 
échantillon  lors  d'un  voyage  qu'il  lit  à  Rouen  pendant  l'année  1809. 

2»  La  femelle.  Comme  le  précédent,  et  pour  les  raisons  que  nous 
avons  données,  nous  supposons  celte  pièce  tuée  à  l'état  sauvage  ; 
mais  c'est  une  simple  conjecture. 


668  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

La  disposition  de  la  teinte  du  miroir,  les  petites  dimensions  du 
bec  et  des  pattes  dévoilent  nettement  l'origine  streperus  ;  mais  la 
teinte  générale  du  plumage  d'un  jaune  chaud,  quelque  peu  rous- 
sâtre,  comme  le  système  du  dessin  des  plumes  du  corps,  indiquent 
le  boscbas.  Le  streperus  est  encore  indiqué  par  le  pointillé  lin  et 
les  petites  raies  du  cou  et  de  la  tête.  La  taille  est  plutôt  du  bosrhas{l). 

Exemplaires  du  Musée  d'Amsterdam.  —  L'un  des  deux  porte  cette 
mention  :  «  Von  An.  boschas  on  An.  strepera.  Anas  hybrida  cf  ; 
26.  Feb.  1890.  Warya,  Friesland  ?  » 

Cet  Oiseau  fut  pris  à  l'état  sauvage,  nous  informe  M.  le  docteur 
Kerbert.  Il  est  monté  ;  le  corps  est  presque  droit.  L'Oiseau  étend  ses 
ailes.  Il  n'est  pas,  pour  les  dimensions  du  corps  ,  tout  à  fait  aussi 
fort  que  boschas  ;  sa  tète  notamment  est  plus  fine  que  chez  ce  type. 
Les  pieds,  presque  aussi  forts  que  ceux  du  Canard  sauvage,  sont 
de  couleur  corne;  sans  doute  ils  ne  sont  plus  dans  leur  couleur  primi- 
tive, n'ayant  point  été  peints  au  montage.  Le  bec  est  d'un  jaunâtre 
sale  ;  sur  la  mandibule  supérieure  se  voit  une  grande  raie  large 
foncée,  les  côtés  sont  bordés  de  couleur  noire,  l'onglet  en  est 
teint.  La  mandibule  inférieure  est  jaune,  bordée  largement  de  noir, 
portant  aussi  une  raie  foncée  dans  son  milieu. 

Dessus  de  la  tête,  nuque,  bas  et  devant  du  cou  verts  sans  mélange, 
(pas  de  traces  sur  la  tète  et  le  cou  de  la  bande  châtaigne  de  crecca). 
On  aperçoit  autour  du  cou  un  petit  collier  blanc  étroit  rappelant 
celui  de  boschas.  Il  faut  remarquer  que  la  couleur  châtaigne  des 
joues  n'est  pas  piquetée  de  vert  ;  elle  est  très  nette.  Peut-être 
pourrait-on  apercevoir  un  peu  de  blanc  entre  la  couleur  châtaigne 
de  la  joue  et  le  vert  de  la  tête,  séparant  ces  deux  teintes  très 
faiblement,  et  rappelant  ainsi  la  disposition  du  dessin  de  crecca  ; 
mais  cela  est  à  peine  visible. 

Le  miroir  est  vert,  bordé  de  noir  eu  haut  (et  en  bas?)  (2);  pas 
de  blanc  comme  chez  la  Sarcelle.  Quelques  petites  plumes  des 
couvertures  de  l'aile  terminées  de  châtaigne  se  montrent  près  du 
miroir.  Ni  crecca  ni  boschas  ne  possèdent  ce  caractère  qui  appar- 
tiendrait plutôt  à  streperus. 

Le  dessus  du  dos  est  un  mélange  assez  difficile  à  décrire.  Le 
poitrail  est  brun  rouge,  parsemé  de  taches  noires,  rappelant  un 
peu  celui  de  crecca,  quoique  ces  taches  se  présentent  d'une. façon 
différente.  Pas  de  division  blanche  sous  la  queue,  comme  chez 
cette  espèce  ;  tout  est  noir. 

(t)  Nousavons  fait  celte  description  d'après  uue  aquarelle  exécutée  de  grandeur 
naturelle  par  M.  Prévôt,  et  non  d'après  la  pièce  même. 
(2)  Il  est  dilBcile  à  cet  endroit  de  lire  la  note  que  nous  avions  prise. 


ADDITIONS,   CORRKCTIONS    ET     KXAMENS     D  APRÈS    NATURE  669 

L'autre  exemplnire,  égaleinoiit  pris  à  l'état  sauvage,  d'après 
iM.  le  D'  Kerbert,  est  encore,  d'après  une  étiquette  qu'il  porte, 
indiqué  comme  Iwiiclias  et  streperus  et  de  sexe  mâle.  En  des- 
sous de  cette  mention,  après  les  mots:  «  Anas  hybrida  cT  »,  on  lit 
«  .4.  hoschas  et.sfre/jcm  )>,  maison  avait  écrit  auparavant  k  penelope  »; 
ce  mot  est  maintenant  etiacé.  Ensuite  est  écrit  «  Engurierum, 
XII.  90.  Gehent  J.  Ilermann  Albarda  ». 

Corps  de  la  grosseur  de  celui  de  hoschas  ;  tète  plus  petite  ;  le  bec 
aussi  plus  petit  que  dans  cette  espèce  et  les  pattes  moins  fortes. 

La  coloration  de  la  tète  de  ce  Canard  rappelle  celle  du  Canard 
du  Musée  de  Rouen.  Les  joues  châtaigne  sont  piquetées,  le  vert  de 
la  tête  et  du  dessus  du  cou  tourne  par  devant  et  encadre  le  cou 
dans  la  partie  basse,  néanmoins  il  y  a  apparence  d'un  reste  de 
collier  blanc.  Le  vert  du  dessus  de  la  tête  est  bronzé,  c'est  un 
mélange  de  châtaigne  et  de  vert. 

Le  poitrail  brun  roux  vineux  est  tacheté  ;  ces  taches  rappellent 
évidemment  crcccn  ;  elles  ne  sont  pas  cependant  disposées  de 
la  même  façon,  ceci  est  à  noter. 

Le  miroir  est  vert,  bien  vert  comme  celui  de  crecca,  mais  il  est 
entouré  de  deux  bandes  noires.  Au-dessus  quelques  plumes  des 
couvertures  de  l'aile  sont  terminées  de  châtaigne.  Cette  particula- 
rité rappelle  tout  à  fait  le  brun  de  streperus.  Une  plume  blanche  se 
montre  entre  le  miroir  vert  et  les  grandes  plumes  de  l'aile  comme 
chez  r.l.  penelope  (détail  qui  a  probablement  engagé  à  considérer 
cet  Oiseau  comme  le  deuxième  progéniteur  de  l'hybride).  Les  flancs 
ont  des  zigzags  très  prononcés.  Il  n'existe  pas  de  blanc  sous  la 
queue  comme  chez  crecca. 

Exemplaire  de  M.  Gurney.  —  L'Oiseau  porte  sur  une  étiquette 
diverses  indications  au  crayon,  à  moitié  effacées,  on  lit  ditlicilement 
ces  mots:  «  .Mallard  and  Teal  ».  Une  autre  inscriplion  à  l'encre, 
déjà  ancienuu,  dit  :  u  supposed  Half-bred  Drake  »,  mais  le  mot 
«  supposed  »  a  ensuite  été  barré.  Enfin  «  Devonporl  Market,  Ply- 
mouth.  M.  Hore  ». 

Cet  hybride  supposé  inas  hosrlms  X  .1.  crecca  rappelle  beaucoup 
les  Canards  qui  viennent  d'être  décrits;  c'est  bien  le  même  Oiseau.  La 
disposition  du  vert  de  la  tête  est  complètement  celle  que  nous  avons 
observée  déjà  chez  les  autres  pièces,  mais  la  couleur  châtaigne  des 
joues  est  beaucoup  plus  claire.  Le  vert  et  le  roux  se  mélangent  par 
places  et  sont  piquetés  çà  et  là;  les  points  sont  en  grand  nombre. 

Bec  jaune  cuir  de  botte  roussàtre  en  dessus  et  bordé  de  vert  noir. 
Au  cou  une  apparence  de  collier  blanc,  mais  légère.  Poitrail  et 


670  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT  SAUVAGE 

gorge  roux  brun  violacé,  martelé  de  petits  traits  formant  taches  ; 
ces  petits  traits  sont  clairs  dans  leur  partie  supérieure.  Beaucoup 
de  zigzags  existent  sur  les  llaucs,  sur  le  dos,  sur  lesscapulaires  et 
sur  les  côtés. 

Les  lunules  rousses  sont  très  apparentes  et  bien  dessinées  sur 
les  couvertures  de  l'aile  au-dessus  du  miroir. 

Le  miroir  est  tout  à  fait  disposé  comme  celui  de  l'exemplaire  du 
Musée  de  Rouen,  il  est  du  même  ton.  On  en  voit  un  pareil  sur 
l'exemplaire  de  M.  Severtzow. 

La  grandeur  de  cet  Oiseau  est  celle  du  Canard  sauvage  ;  pattes 
rouges,  queue  de  ce  Canard  ainsi  que  les  couvertures  et  les  sous- 
caudales. 

Exemplaire  du  Muséum  de  l'Université  de  Cambridge.  On  se  rappelle 
que  cette  pièce  avait  été  achetée  à  la  vente  des  Oiseaux  de  M.  Yarrell, 
bientôt  après  la  mort  de  celui  ci  eu  1836.  Ce  fut  le  professeur 
Newton,  le  vieil  ami  du  défunt,  qui  l'acquit  et  en  fît  don  ensuite 
au  Musée  de  l'Université  de  Cambridge.  L'Oiseau,  nous  dit  le  très 
aimable  et  très  obligeant  professeur,  avait  été  signalé  comme 
hybride  mâle  d'Anas  boschas  et  de  Dafila  acuta.  L'étiquette  fixée 
au  socle  sur  lequel  est  monté  l'Oiseau  porte  en  elïet  cette 
indication:  «  Hybride  Drake,  .4.  fcoscfeas  X  .4.  acuta,  from  Yarrell. 
(Collection,  A.  N.)»  Une  autre  étiquette  attachée  à  l'une  des  pattes 
indique  le  n°  du  lot  ;  c'était  le  n"  338. 

Evidemment  l'indication  que  l'on  vient  de  lire  a  été  placée  par 
erreur,  car  de  Vncuta  l'Oiseau  ne  possède  aucun  caractère.  Il 
rappelle  l'échantillon  cT  .4.  glocitans  Pall.  du  Musée  de  Rouen,  les 
deux  exemplaires  du  Musée  d'Amsterdam  et  l'hybride  de  M.  Guruey, 
quoique  plus  foncé  que  cette  dernière  pièce,  (si  nos  souvenirs  sont 
exacts)  (1). 

Son  cou,  long  et  très  étroit,  l'aura  sans  doute  fait  désigner 
comme  provenant  de  Vacuta,  mais  cette  particularité  paraît 
due  au  montage.  Ou  retrouve,  placées  directement  au-dessus  du 
miroir,  les  mêmes  petites  taches  brunes  observées  chez  les  derniers 
exemplaires  et  que  montre  aussi  l'exemplaire  de  M.  Severtzow. 

Le  devant  de  la  gorge  et  de  la  poitrine  est  de  couleur  rousse 
et  piquetée;  toutefois,  tout  à  fait  en  devant,  la  couleur  s'éclaircil 
excessivement  et  les  points  forment  comme  des  barres  transversales 
formées  elles  mêmes  de  petits  points  d'un  aspect  tout  particulier. 

Le  bec,  de  couleur  jaune,  est  long,  assez  étroit  et  fin  ;  sur 
la  mandibule  supérieure  existe  une  large  tache  foncée,  l'onglet  est 

(1)  Nous  n'avons  point  possédé  simultanément  ces  divers  Oiseau.x. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS     ET     EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  671 

lui-même  foncé.  Mandibule  inférieure  jaune  ;  une  large  tache 
brune  la  recouvre  presque  entièrerneu'.. 

La  tète  est  d'un  vert  bronzé,  lus  joues  sont  noisette,  le  cou  est  vert 
jusqu'au  collier  qu'on  voit  peu.  Les  flancs  au-dessus  des  pattes 
sont  disposées  en  zigzags  tout  à  fait  comme  chez  crecca.  Pattes 
jaunes,  pieds  de  même  couleur,  très  petits. 

Le  Canard  appelé  «  Rreiver'x  Dnclc  )i  tué  dans  la  Louisiane  en  fS2'2. 
—  Nous  ne  connaissons  cette  pièce  que  par  le  dessin  colorié 
d'Audubon.  Voici  la  description  que  le  célèbre  ornithologiste  en  a 
faite  : 

((  Par  sa  forme  et  ses  proportions,  l'Oiseau  est  très  |)roche  parent 
du  .Mallard  {\'A.  boschas)  ;  il  en  dillère  par  son  bec  beaucoup  plus 
droit,  par  l'absence  de  plumes  recourbées  sur  la  queue,  par  ses 
pieds  jaunes  et  non  orangé  rouge,  par  son  miroir  plus  chargé  de 
vert  et  sans  barres  blanches,  enfin  par  une  large  tache  rouge  bril- 
lante placée  de  chaque  côté  de  la  lête. 

«  Le  bec  est  presque  aussi  long  que  la  tète,  plus  haut  que  large  à 
la  base,  déprimé  (1)  et  élargi  vers  l'extrémité,  arrondi  à  la  pointe  ; 
les  lamelles  sont  courtes  et  nombreuses  ;  la  rainure  (2)  nasale  est 
elliptique  ;  les  narines  sont  allongées. 

L'auteur  continue  ainsi  : 

«  Head  of  moderato  size,  oblong,  compressai  ;  neck  ralher  long 
and  slender  ;  body  full,  depressed.  Feet  short,  stout,  placed  behind 
the  centre  of  Ihe  body;  legs  bare  a  little  above  the  joint;  tarsus 
short,  a  little  compressed  ;  neck  ratherlong  and  slender;  body  full 
depressed.  Feet  short,  stout,  phiced  beliiml  the  centre  of  the  body, 
legs  bare  a  little  above  the  joint,  tarsus  short,  a  little  compressed, 
anteriorly  with  small  scutella,  laterally,  and  behind  with  reticula- 
ted  angular  scales.  Hind  toe  very  sinall,  \vi(h  a  nai-ro\v  free  mem- 
brane ;  third  the  longest,  fourth  a  little  shorter,  claws  small, 
arched,  compressed,  acute. 

«  Plumage  dense,  soft,  and  elastic  ;  of  the  hind  hearl  aud  neck 
short  aud  blended  ;  of  tiie  other  parts  in  gênerai  broad  and  roun- 
ded.  Wings  of  moderate  length.  acute;  tail  short,  graduated. 

((  Bill  dull  yellow,  slighthy  tinged  with  green,  dusky  along  the 
ridge.  Iris  brown.  Feet  dull  yellow,  claws  dusky  webs  dull  grey. 
Head  and  upper  part  of  the  ueck  deep  glossy  green  ;  but  there  is 
an  elongated  patch  of  pale  reddisch-yellow,  extending  from  the 
base  of  the  bill  over  the  cheek  to  two  inches  and  a  quarter  behind 

(1)  Ou   abaissé  (depressed). 
(i)  Groove. 


672  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   I.'ÉTAT   SAUVAGE 

the  eye,  aud  meeting  that  of  the  other  side  on  the  chin;  the  space 
immediately  over  and  behind  the  eye  light  dull  purple.  A  narrow 
ring  of  pale  yellowish-red  on  the  niiddle  of  the  neck  ;  the  lower 
part  of  the  neck  dull  browinsh-red,  the  feathers  with  a  transverse 
band  of  transversely  undulated  with  dusky  ;  the  smaller  wing 
coverts  without  ondulations  but  earh  feather  Mith  a  dusky  bar 
behind  another  of  light  dull  yellow;  tirst  row  of  smaller  coverts 
tipped  with  black;  primaries  and  their  coverts,  light  brovvnish- 
grey  ;  some  of  the  other  secondaries  similar,  the  next  five  or  six 
duck-green,  the  next  light  grey,  with  a  dusky  pasth  toward  the 
end.  The  rump  aud  upper  tail-coverts  black,  as  are  the  parts  under 
thetail,  excepting  two  longitudinal  white  bands;  tail  feathers  light 
brownish-grey,  edged  whit  whitish.  Ail  the  rest  of  the  lower  parts 
are  greyish-white,  tinged  with  yellow,  beautifully  undulated  with 
dusky  lines,  on  the  middie  of  the  breast  thèse  Unes  less  numerous, 
aud  cach  feather  with  a  reddish-grey  central  streak. 

((  Length  to  end  of  tail  23  inches,  to  end  of  claws  24  ;  extent  of 
wings39;  bill  along  the  ridge,  2  1/2,  along  the  of  lower  mandible 
2  1/8  ;  tarsus  1  1/8,  middie  toe  2,  its  claw  5/12;  hind  toe  3/8;  its 
claw  1/8.  Weight  2  Ibs.  9  oz.  » 

Audubon  fait  savoir  que  ce  superbe  (1)  exemplaire  se  trouvait 
dans  une  bande  de  sept  ou  huit  Gauvassback  Ducks.  Aucun  autre 
individu  de  ce  genre  ne  fut  vu  et  toutes  les  recherches  qu'il  fit  pour 
en  trouver  un  semblable  furent  inutiles.  Il  ne  pense  point  qu'il  ait 
acquis  son  plumage  d'adulte  et  il  le  considère  comme  un  Oiseau 
«  of  the  preceeding  season  (2). 

A  ces  descriptions,  nous  joignons  la  description  de  l'hybride 
obtenu  dans  les  environs  de  Calcutta,  description  faite  par  M-  W. 
L.  Sclater.  (Pour  les  descriptions  des  hybrides  de  MM.  Crommelin 
et  Severtzow  on  voudra  bien  se  reporter  à  notre  premier  mémoire 
ou  aux  mémoires  originaux  qui  les  ont  publiées). 

Hybride  de  Caleutta.  —  C'est  M.  Fraser,  de  l'indian  Muséum,  qui 
a  supposé  que  cet  Oiseau   pouvait  provenir  du  croisement  du 

(1)  Beautiful. 

(2)  Il  ne  l'avait  point  déterminé  absolument  comme  hybride  du  Canard  sauvage 
et  du  Gadwall  (A.  streperus)  ;  il  l'avait  seulement  supposé  ainsi,  ou  même  peut- 
être  une  simple  variété  ?  Audubon  était  cependant  apte  à  le  juger  car  il  connaissait 
les  produits  des  deux  espèces,  puisqu'il  parle  dans  son  u  Ornithological  biogra- 
phy  ))  (Edimbourg,  1835),  de  éoscftas  apprivoisés  qui  se  croisent  avec  le  Gadwall; 
il  les  décrit  même  sommairement  ainsi  :  «  a  very  bandsome  hybrid,  retaining 
the  yelloiv  feet  aud  barred  plumage  oj  the  one,  and  the  green  head  of  the 
other  parent.  » 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    D'APRÈS    NATURE  673 

streperus  et  du  boschas.  M.  Sclater  a  accepté  celte  manière  de  voir; 
il  pense  que  l'hybride  a  été  olitemi  à  l'étal  sauvage  ;  il  croit 
même  se  rappeler  que  l'homme,  un  indigène,  auquel  il  l'achela, 
lui  avait  dit  que  l'Oiseau  avait  été  pris  aoa  loin  de  Calcutta.  On  le 
lui  avait  apporté  d'un  marché  où  on  ne  vend  que  des  Oiseaux 
destinés  à  la  table.  La  dissection  montra  que  ce  Canard  curieux 
était  de  sexe  mâle,  comme  son  plumage  l'indiquait  du  reste. 

i(  Front  et  sommet  de  la  télé  d'un  brun  rougcà Ire  foncé  ;  côtés  de  la 
tète  et  la  nuque  vert  brillant,  le  vert  s'éteiidant  autour  du  cou  et 
formant  comme  un  cercle  bordé  à  sa  partie  inférieure  d'une  bande 
blanche  très  étroite  ;  joues  et  menton  brun  clair  ;  le  dos  antérieur 
et  les  scapulaires  gris  barré  de  brun  s'obscurcissant  ensuite 
jusque  sur  le  croupion,  lequel  est  vert  noirûtre.  La  queue  cendrée, 
légèrement  bordée  de  gris,  ne  porte  aucune  plume  recourbée.  Les 
pennes  primaires  des  ailes  gris  cendré,  les  secondaires  presque 
noires,  avec  le  spéculum  typique  vert  bouteille.  Les  couvertures 
des  plus  grandes  secondaires  grises  largement  bordées  de  noir 
au  bout,  tandis  que  les  couvertures  du  milieu  sont  d'un  rouge  brun. 
En  dessous,  le  devant  de  la  poitrine  rouge  avec  taches  noires  ;  celte 
teinte  et  ces  taches  s'ellaçant  graduellement  (gradually  fading 
posterioly]  là  où  la  plume  est  blanche  et  étroitement  barrée  de  noir. 
Les  couvertures  inférieures  de  la  queue  noires,  les  axillaires 
blanches.  Le  bec  noir  sur  le  culmen  dans  toute  sa  longueur;  de 
chaque  côté  une  large  bande  jaune  des  bords  à  l'extrémité.  Les 
pattes  rouge  vif,  les  ongles  noirs.  » 

Nous  n'aurions  sans  doute  rien  à  ajouter  à  cette  description, 
mais  puisque  nous-mêine  avons  pris  quelques  notes  sur  les  carac- 
tères de  cet  Oiseau,  on  nous  permettra  de  faire  connaître  noire 
impression.  La  disposition  du  miroir  fait  immédiatement  supposer 
l'origine  streperus;  comme  aux  précédents  spécimens  de  petites 
taches  brun  roux  ou  châtaigne  se  montrent  en  forme  de  crois- 
sants sur  les  couvertures  de  l'aile  à  jiarlir  du  miroir.  Une  telle 
disposition  s'explique  bien  par  un  croisement  de  streperus  et  de 
boschas.  Mais  la  tête  rappelle  toul-à-fail  celle  de  crecca  :  joues 
châtaigne,  bande  verte  parlant  de  l'œil  et  se  prolongeant  jusque 
sur  le  cou,  sommet  de  la  tète  brun  rougeûlre  mélangé;  toutefois 
la  séparation  de  ces  teintes  n'est  pas  aussi  accusée  que  chez 
crecca,  le  vert  est  aussi  foncé.  L'influence  du  boschas  est  visible 
par  le  collier  blanc  (1). 

(1)  La  prau  de  cet  Oiseau  étant  très  raccourcie  au  cou,  il  nous  a  été  difUcile  de 
|uger  l'étendue  et  rimportancc  du  collier  blanc. 


674  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Le  dessin  du  dos  semble  un  mélange  de  la  couleur  de  streperus 
avec  celle  du  hoscl)as{l),  mais  le  dos  antérieur  montre  des  zigzags.  Le 
devant  de  la  poitrine  (jabot)  est  roux  brique,  de  la  couleur  de  celle 
de  boschas,   martelé  de   taches   foncées. 

Les  tlancs  sont  rayés  de  tins  zigzags,  l'abdomen  est  quelque  peu 
cendré  gris  ainsi  que  l'anus.  Le  dessous  de  la  queue  est  noir,  les 
rectrices  blanc  gris  sale  jaunâtre  en  dessus  et  en  dessous.  Les  cou- 
vertures de  la  queue  noires.  Il  est  à  remarquer  que  si  le  dessin  des 
ailes  rappelle  bien  le  boschas,  les  scapulaires  portent  de  fins  zigzags. 
Le  miroir  est  vert  brillant,  commençant  en  pointe  et  s'éJargissant 
plus  il  s'allonge.  Il  est  entouré  de  noir,  une  raie  blanche  et  large  le 
domine.  La  mandibule  supérieure  du  bec  est  jaune  gris  violacé, 
de  teinte  terne  ;  sur  le  milieu  on  aperçoit  du  noir  qui  tourne 
et  encadre  la  mandibule.  Les  pieds  jaune  vit  orange  sont  assez 
forts. 

Collection  de  M.  Ed.  Hart.  —  Exemplaire  pris  dans  le  piège 
d'Hornby  le  4  janvier  18G1. 

(C'est  d'après  une  peinture  que  nous  décrivons  celte  pièce, 
comme  la  suivante,  et  non  d'après  nature). 

L'Oiseau  est  de  la  taille  d'un  beau  boschas  quoique  plus  fin  ;  son 
becest  jaune  verdàtre,  la  partie  du  dessus  est  la  plus  foncée;  ses  pieds 
sont  jaune  orangé  foncé;  les  joues  et  les  côtés  du  cou  sont  chamois 
roussàtre  ;  une  bande  vert  clair  part  de  l'œil  pour  s'étendre  vers  la 
nuque  sur  le  dessus  du  cou.  On  voit  ditTicilement  une  très  légère 
apparence  du  collier  blanc,  mais  au  dessus  de  la  place  que  le 
collier  devrait  occuper,  s'étend,  notamment  devant  le  cou,  une 
couleur  foncée.  Poitrail  roux  rouge  foncé  ;  beaucoup  de  crois- 
sants, rangés  presque  aussi  régulièrement  que  les  dessins  de 
streperus.  Dos  gris  brunâtre;  près  du  miroir,  et  le  précédant  dans 
la  partie  haute,  les  lunules  avec  couleur  roussàtre  déjà  signalées  , 
puis  la  disposition  du  .itrefierus;  on  aperçoit  la  plume  blanche  qui 
tranche  nettement  sur  le  vert.  Le  dessus  de  la  queue  parait  noir 
sans   mélange  et  les  rectrices  sont  de   ton  clair. 

Même  collection.  Ili/bride  obtenu  le  31  novembre  ISS'i  :  paraît  plus 
boschas  que  le  précédent;  le  bec  est  tout  à  fait  orange,  quoique  la 
mandibule  supérieure  soit,  sur  le  dessus,  brun  foncé  ou  noir.  La 
joue  seule  est  chamois  très  clair  ;  toute  la  tête  et  le  cou  sont 
verdàtres  ;  vers  la  nuque  le  ton  devient  rougeâtre  foncé,  la  bande 
verte  est  très  confuse.   Le  devant  du  cou  est  très  foncé.  L'appa- 

(1)  D'après  l'aquarelle  que  nous  avons  conservée,  car  nous  avons  omis  de  noter  ce 
détail  lors  de  l'examen  fait  d'après  nature. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    I.T    KXAMENS    d'APRÈS    NATURE  675 

rencedu  collier  blanc  est  1res  visible  et  semble  entourer  lo  bas  du 
cou.  Poitrail  roux  rouge  foncé  ;  tacheté  par  des  croissants  bruns 
surniontésde  blanc,  un  peu  comme  chez  la  créera  par  ce  dernier 
caractère.  Le  dessus  de  l'œil  est  gris  brunâtre  mais  très  clair; 
au  haut  de  l'aile  les  petits  dessins  sont  très  peu  sensibles,  le  vert 
du  miroir  est  brus(|uement  interrompu  par  la  plume  blanche  de 
streponia.  f-esgraudtîS  pennes  de  l'aile  sont  brun  clair.  Lo  ventre  est 
blanc  grisâtre  ;  le  dessus  de  la  queue  paraît  noir,  les  rectrices 
sont  claires,  les  pattes  jaune  orangé  et  épaisses.  L'Oiseau  est  fort 
de  taille. 

C'est  cet  exemplaire  qui,  d'après  .\L  Hart,  avait  été  considéré  par 
le  Révérend  Macpherson  et  d'autres  ornithologistes  comme  hybride 
de  siicpcriis  et  de  lioschiis.  M.  Hart  le  croit  rnrra  X  hoschas; 
cette  dernière  opinion  est  celle  de  M.  H.  Gurney, auquel  nous  avons 
montré  l'aquarelle  que  nous  possédons.  M.  Vian  et  M.  le  Baron 
d'Hanionville  ([ui  ont  vu  aussi  cette  peinture  ont  au  contraire  déter- 
miné l'Oiseau  comme  husclias  X  streperits. 

Les  exemplaires  qui  viennent  d'être  décrits  et  qui.  à  l'exception 
d'un  seul,  sont  tous  du  sexe  mâle,  présentent  de  grandes  ressem- 
blances entre  eux. 

Si  leur  taille  était  intermédiaire  entre  crecca  et  hnsclias,  volontiers 
on  croirait  qu'ils  ])roviennenl  de  ces  deux  espèces  que,  plusieurs 
fois,  on  l'a  vu,  on  leur  a  donné  pour  parents.  Mais  il  paraît  bien 
dilTicile  de  supposer  qu'un  Oiseau  aussi  petit  que  cmni  puisse 
donner  des  produits  de  taille  aussi  forte,  souvent  dépa.ssant  celle 
de  hoschas  ;  cela,  nous  semble-t-il,  est  contraire  àcequi  a  été  observé 
jusqu'alors.  Eu  outre  il  existe  sur  les  couvertures  des  ailesde  petites 
taches  rousses  en  forme  de  croissants  ou  demi-cercles  dont  la  teinte 
rappelle  tout  à  fait  celle  que  présente  streperus  à  cette  même  place, 
tandis  que  ce  roux  est  étranger  à  boschas  et  à  crecca.  Le  noir  qui 
entoure  le  miroir  en  dessus  transversalement  et  en  dessous  longi- 
ludinalement  rap])elle  très  bien  la  disposition  du  miroir  de 
strepenis.  Les  ciuivertures  inférieures  de  la  queue  sont  toujours 
uniformément  foncées  (1)  ;  si  crecca  était  pris  comme  second  progé- 
niteur, le  blanc  que  cette  espèce  porte  de  chaque  côté  des  sous- 
caudales  n'apparaîtrait-il  pas  quelquefois,  au  moins  ne  se  mélan- 
gerait-il avec  la  teinte  noire  du  boschaal  Enfin  le  système  des 
taches  en  ligne  de  la  poitrine  peut  tout  aussi  bien,  et  même  mieux 

(t)  Nous  supposons  nos  noies  i.xiicles  ;  nous  n'avons  plus  présents  au  moment  où 
nous  écrivons  i-es  lignes  les  Canards  qui  sont  passés  entre  nos  mains. 


676  OISEAUX    HYBRIDES     RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

chez  certains  exemplaires,  indiquer  le  mélange  des  demi-cercles 
réguliers  de  streperus  avec  la  teinte  unie  de  boschas  que  le  mélange 
des  petites  taches  séparées  de  créera  avec  la  même  teinte. 

On  se  voit  donc  forcé  d'abandonner  créera  et  de  faire  inter- 
venir streperus. 

Cependant  si  cette  dernière  espèce  et  le  hoschas  doivent  être  seuls 
considérés  comme  les  parents  de  ces  hybrides,  on  ne  conçoit  pas 
que  le  miroir  puisse  devenir  vert,  que  les  joues  se  trouvent  de 
couleur  châtaigne  prononcée,  que  près  des  couvertures  inférieures 
de  la  queue  apparaisse  la  teinte  rousse  propre  à  crecca,  enlin  que 
le  vert  de  la  tète  prenne  la  forme  de  la  bande  de  ce  type. 

Nous  pensons  donc  que  l'origine  des  hybrides  dont  on  s'occupe 
restera  discutable  tant  qu'on  n'aura  point  croisé  en  captivité  les 
espèces  supposées   mères. 

Après  avoir  longtemps  pensé  qu'ils  provenaient  du  mélange  de 
1'^.  crecca  et  de  VA.  boschas,  nous  sommes  arrivé  aujourd'hui  à 
une  conclusion  bien  opposée,  puisque  nous  les  pensons  produits 
parr.4.  streperus  et  le  Canard  ordinaire. 

Nous  souhaitons  que  des  expériences  soient  entreprises  pour 
éclairer  ce  sujet  ;  les  croisements  que  nous  avons  tentés  n'ont  pas 
donné  de  résultat.  S'il  venait  à  être  établi  par  des  croisements 
obtenus  en  domesticité  que  de  tels  hybrides  sont,  comme  nous 
le  pensons,  issus  du  streperus  et  du  boschas,  cela  prouverait  que 
le  mélange  de  deux  espèces  peut,  non  seulement  augmenter  le  ton 
des  couleurs  des  espèces  mères  et  leur  donner  une  intensité  beau- 
coup plus  vive,  mais  même  modifier  complètement  ces  couleurs  et 
les  changer  du  noir  ou  du  bleu  violet  en  vert  cru  :  ce  que  l'on 
observe  sur  le  miroir  de  tous  les  hybrides  qui  ont  fait  l'objet  des 
descriptions  précédentes. 

Dans  le  cas,  au  contraire,  où  la  naissance  de  tels  Oiseaux  serait 
imputable  à  l'union  du  boschas  avec  la  crecca,  la  possibilité  d'un 
autre  phénomène  serait  reconnue  :  à  savoir  que  l'hybride  prend 
toujours,  dans  certaines  circonstances,  la  taille  du  plus  grand  des 
parents  et  ne  se  montre  pas,  par  ce  caractère,  intermédiaire  entre 
les  deux  espèces  qui  le  produisent.  Enfin,  on  saurait  peut-être, 
en  renversant  les  termes  père  et  mère,  quel  a  été  le  rôle  des  sexes 
daus  la  production  des  douze  pièces  (^ui  viennent  d'être  signalées. 
Il  y  a  là  tout  un  champ  d'investigations  offert  à  la  curiosité  du 
naturaliste. 

On  a  pu  remarquer  que  la  pièce  citée  par  M.  Crommelin  (1).  et 

(1)  Archives  Déerlaadaises,  1872. 


ADDITIONS,    CORHECTIONS    KT    KXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  077 

qui  avait  été  décrite  par  M.  vau  Bemmelen  (1)  comme  hybride  de 
crecca  et  hoschas.  ne  fij^urc  dans  aucune  des  deux  catégories  de 
Ganardsqui  vienueat  d'être  cités.  L'Oiseau  al^attu,  ou  se  le  rappelle, 
près  deLeyde  (etdontla  description  avait  été  reproduite  (2) j  diffère 
en  effet  complètement  de  tous  les  exemplaires  qui  ont  été  men- 
tionnés dans  ce  travail.  Nous  ne  pensons  pas  du  reste  que  ce  soit 
un  hybride;  nous  le  croyons  plutôt  une  variété  de  r.4.  hoschas. 
C'est  l'opinion  de  deux  éminenls  ornithologistes  auxquels  nous 
avons  montré  la  peinture  de  cet  Oiseau. 

Nous  nous  abstenons  donc  de  le  présenter  de  nouveau,  quoiqu'il 
soit  fort  curieux,  parce  qu'il  ne  parait  pas  rentrer  dans  le  cadre 
des  hybrides  qui  sont  seuls  étudiés  ici. 

On  n'a  pas  parlé  non  plus  d'un  individu  de  sexe  femelle  tué  sur 
le  Pô  en  1893,  et  que  le  professeur  Pietro  Pavesi,  de  Pavic,  a  cepen- 
dant décrit  comme  hybride  de  Chaulfilasmiis  streperus  et  à'Anas 
boschas  (3).  Cet  Oiseau  nous  été  envoyé  avec  beaucoup  d'obligeance 
par  l'éminent  professeur  et  nous  n'avons  pu  le  distinguer  du  Chau- 
lelasmus  streprriis  9  pure  espèce  à  laquelle  nous  le  référons. 

Avant  de  faire  connaître  nos  raisons,  nous  rapporterons  ce  qui  a 
été  écrit  par  M.  Pavesi  au  sujet  de  cette  pièce  nouvelle. 

«  Le  20  mars  dernier,  dit-il  (4),  fut  tué  sur  le  Pô  au  Mezzanine, 
non  loin  de  Pavie.  un  Canard  que  le  chasseur  remartjua' aussitôt 
en  raison  de  son  peu  de  ressemblance  avec  les  autres  Canards  de 
son  espèce.  Le  chasseur  l'acheta  pour  l'offrir  au  Musée.  C'était, 
d'après  l'examen  anatomique  (|ui  fut  fait,  une  femelle  présentant 
les  caractères  suivants  .  dimensions  légèrement  plus  petites  que 
celles  du  Canard  ordinaire,  se  rapprochant  du  Canard  sauvage.  Le 
bec,  long  de  0,U40  et  large  de  0,011,  était  jaunâtre  sur  les  côtés, 
noir  au  milieu.  Les  plumes  de  la  tète  et  de  la  nuque  très  peu  (5) 
claires  avec  des  taches  longitudinales  noirâtres,  à  l'extrémité  presque 
noires;  celles  de  la  gorge  blanc  pois,  immaculées;  celles  du  cou 
et  du  poitrail  très  peu  claires  (6),  avec  une  tache  longitudinale  d'un 

(1)  Tijdsiirifl  voor  de  Dieikumle  11. 

(2)  Pp.  129  et  130  el  pp.  I;î7  et  138  îles    Mémoires  de  la  .Soc.  Zool.  1891. 

(3)  Un  ibrido  naturate  di  Anas  boschase  Chaalelasnius  streperus  ucciso  nel 
Pavese,  Bollelllno  délia  Sociela  Venelo-Trenlina  di  Siieiize  Nalui  ali,  n»  3,  T.  V,  WSi. 
(Mention  de  cet  hybride  est  faite  en  outre  dans  Ornilliotoylsle  Monatsbericlite  du 
D'  Keiclienow  (p.  liti,  n"  de  Juin  IS'.HJ)  el  sans  doute  dans  d'autres  revues  d'orni- 
thologie). 

(4)  Op.  cit. 
(o)  Miainie. 
(6)  Minime. 


678  OISKAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

brun  ûoiiàtre  moucheté;  les  plumes  du  dos,  les  longues  plumes 
des  flancs  (et  celles  du  dessus  de  la  queue  ?)  brunes,  bordées  très 
légèrement  de  clair,  plus  abondantes  sur  les  scapulaires  ;  les  abdo- 
minales blanches  avec;  quelques  petites  taches  brunes  éparses.  Les 
plumes  des  couvertures  inférieures  de  la  queue  (l)  blanchâtres, 
couleur  pois,  foncées  au  milieu.  Les  rectrices  également  couleur 
pois  avec  une  large  tache  brune  sur  le  bord.  Les  petites  couvertures 
supérieures  des  ailes  brun  cendré,  bordées  de  blanchâtre,  celles  du 
milieu,  noirâtres  ou  noires,  quelques-unes  avec  une  ou  deux  bandes 
étroites  en  forme  de  demi  lune,  concentriques,  et  de  couleur  cho- 
colat ;  les  grandes  extérieures  noires,  les  médianes  noirâtres  avec 
taches  et  le  bord  extérieur  très  peu  clair.  Les  rémiges  principales 
couleur  de  cendre;  les  secondaires  form;uit  un  miroir  blanc.  Les 
pieds  petits,  les  tarses  et  les  doigts  jaune  pâle,  la  membrane 
noirâtre. 

((  Ce  sujet,  continue  le  professeur,  diffère  de  la  femelle  de  l'.l. 
boschas  par  le  bec  qui  est  plus  étroit,  les  tarses  et  les  pieds  jaunes, 
le  sommet  de  la  tète  noirâtre,  la  partie  immaculée  de  la  gorge  plus 
courte,  les  taches  mouchetées  de  la  poitrine  plus  sombres,  le  ventre 
plus  blanc  et  avec  des  taches  brunes  moins  nombreuses.  Il  en 
difïère  surtout  par  cette  raison  que  la  violet  changeant  fait  défaut 
dans  le  miroir,  ainsi  que  les  bandes  blanches  et  noires  qui  bordent 
antérieurement  et  postérieurement  cette  partie. . .  On  aperçoit  des 
raies  couleur  chocolat  sur  les  couvertures  médianes  ». 

Ce  même  sujet  «  diffère  de  la  femelle  slreperus  par  la  gorge  dont 
une  partie,  de  cinq  centimètres  environ  de  longueur  et  de  trois  de 
large,  est  presque  blanche  et  sans  aucune  tache;  |)ar  les  plumes  de 
la  poitrine  qui  portent  une  tache  brun  moucheté  sans  bandes 
transversales  ondulées  et  blanches;  par  l'abdomen  tirant  sur  le 
blanc;  par  les  plumes  des  flancs,  du  dos  et  du  croupion,  principa- 
lement les  scapulaires  et  les  rectrices  qui  sont  presque  semblables 
à  celles  de  VA.  boschas;  par  les  plumes  du  dessous  de  la  queue 
dont  le  dessin  n'est  point  en  forme  de  vers  noirâtres, 'etc.  » 

Il  est  inutile,  dit  le  professeur,  d'établir  des  rapprochements 
avec  d'autres  espèces  de  Canards  italiens,  étant  donné  la  particula- 
rité de  la  couleur  des  couvertures  alaires  médianes.  De  la  descrip- 
tion qui  vient  d'être  faite,  il  résulte  pour  lui  que  l'Oiseau  est  stre- 
ptrus  par  ses  dimensions,  son  bec,  ses  tarses  et  ses  pieds,  le  som- 
met de  la  tête,  les  ailes;  tandis  qu'il  est  boschas  «  par  sa  gorge,  sa 

(1)  Sotto  code. 


ADDITIONS,   CORRECTIONS   KT   KXAMENS   d'aPRÈS   NATURE  679 

poitrine,  sou  dos  el  ses  rectrices  ».  Aussi  conclut-il  que  c'est  son 
hybride  eutre  les  deux  espèces  (1). 

Pour  nous,  il  nous  a  été  tout  i'i  fait  irnpossililc  df  trouver  chez  cette 
Caue  (qui,  parait-il,  avait  l'ovaire  très  développé  el  se  trouvait  avec 
un  mâle  lioschas  qui  fut  tué  avec  elle),  aucun  caractère  imputable 
à  cette  dernière  espèce.  Les  pieds  et  le  bec  sont  très  petits,  le  miroir 
est  eu  tout  semblable  à  celui  de  la  femelle  de  streperus  ;  elle  est 
blanche  en  dessous  comme  cette  dernière. 

Serait-ce  par  sou  dos  et  sa  poitrine  qu'elle  eu  diffère?  Nous  n'ose- 
rions le  préteudre.  Peut  élre  les  scapulaires  sont-elles  plus  large- 
ment bordées  de  couleur  claire  que  chez  streperus  dont  la  poitrine 
paraît  difïérer  quelque  peu;  peut  être  aussi,  retrouve  t-on  dans  le 
dessin  des  plumes  de  la  queue,  des  traits  |)ro|)res  à  hoschas;  enfin 
la  gorge  est  très  immaculée.  Mais,  tout  cela  est  d'une  appréciation 
bien  dillieile,  et  de  tels  caractères  sont  trop  minimes  pour  servir  de 
critérium  certain  de  dillérenciation.  La  preuve  en  est  dans  les  spéci- 
mens d'espèce  pure  que  nous  avons  rasseml)lés  et([ui.  eux-mêmes, 
diffèrent  entre  eux  sous  ces  différents  rapports.  L'un  de  ces  spéci- 
mens, une  femelle  vivante,  achetée  au  Jardin  d'Acclimatation  de 
Paris,  el  que  la  Direction  nous  a  déclarée  pure  de  tout  mélange, 
est  tellement  semblable  à  l'hybride  supposé,  qu'on  serait  tenté  de 
confondre  les  deux  Oiseaux.  Et  du  reste,  M.  J.-B.  Nichols,  d'IIolm- 
wood,  a  eu  la  complaisance  de  nous  communiciuer  un  sujet  de  sa 
colleclion  qui  montre  de  grandes  analogies  avec  l'Oiseau  de  Pavie. 

Nous  avons  fait  part  de  nos  remarques  au  savant  professeur;  nous 
ne  l'avons   point  convaincu  (2). 

Qu'on  nous  laisse  donc  ajouter  que  l'aquarelle,  qui  représente  ce 
sujet,  et  qui  est  d'une  exécution  parfaite,  a  été  montrée  à  un  émi- 
nentoruithologiste  d'Angleterre;  elle  nous  a  été  retournée  avec  cette 
mention  significative  :  «  This  is  nol  a  hybrid,  but  a  2  Gadwall  {C. 
streperus)  »,  opinion  qui  a  élé  entièrement  acceptée  par  un  autre 
ornithologiste.  —  Nous  tenons  ce  di^ssin  à  la  disposition  de  tous  ceux 
qui  voudraient  étudier  l'Oiseau  qui  fait  l'objet  de  ce  long  entretien. 

Le  professeur  Pavesi,  en  examinant  d'une  manière  très  attentive 
la  riche  colleclion  du  .Musée  de  Pavie,  a  cru,  en  outre,  rencontrer 
un  nouvel  échaulillon  empaillé  de  streperus,  qui  lui  a  paru  être  un 

(1)  Il  donne  m£nie  le  bosclias  pour  (mtc  cl  au  streperus  le  lùle  de  mère,  «  parce 
que  l'iiybridc  supposé  présente  principalenient  l'aspccl  de  première  espèce.  • 

(2)  Voy.  dans  le  Calendario  ornilhologico,  (Pavese,  I890'.)3,  N"  2.  Anno  XV, 
18U:i,  Pavia)  son  Bullelino  scientUicn,  p.  17.  A  ce  moment  nous  n'avions  point  encore 
revu  le  sujet  de  M.  J.-H.  Nichols  pour  le  lui  opposer. 


680  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRES    A    l'ÉTAT    SAOVAGË 

hybride  avec  le  hoschas.  Ce  Canard  a  été  recueilli  par  le  D""  Maestri, 
et,  selon  toute  probabilité,  dans  la  province  de  Pavie,  mais  on  ignore 
à  quelle  époque  (1).  Il  ressemble  à  celui  qui  vient  d'être  décrit, 
<(  quoique  le  sommet  de  la  tète  soit  moins  noirâtre,  les  plumes  de 
la  gorge  non  immaculées,  mais  piquetées  de  brun,  les  scapulaires 
avec  les  bords  très  légèrement  clairs,  le  croupion  plus  foncé  et  la 
couleur  chocolat  (2)  des  couvertures  médianes  des  ailes  qui  est 
plus  étendue.  »  M.  Pavesi  croit  même  pouvoir  lui  donner  (contrai- 
rement à  ce  qui  arrive  chez  le  premier  spécimen)  le  streperus  pour 
père  et  le  boschas  pour  mère.  Il  a  soin  d'ajouter  toutefois  que  l'on 
pourrait  avoir  affaire  à  un  mâle  streperus  dans  un  plumage  inusité 
ou  muant. 

L'éminent  professeur,  avec  une  très  grande  courtoisie  que  nous 
nous  plaisons  à  reconnaître  et  dont  nous  le  remercions  vivement, 
a  bien  voulu  nous  communiquer  ce  sujet  cf.  Nous  avons  reconnu 
un  Oiseau  en  train  de  muer;  nous  l'avons  confronté  avec  un  individu 
de  son  sexe  que,  tout  exprès,  nous  avions  tué  au  mois  d'août  afiu 
de  le  conserver  dans  sa  livrée  de  mue,  et  nous  avons  trouvé  les 
deux  Oiseaux  fort  ressemblants  l'un  à  l'autre. 

Cette  fois,  M.  Pavesi  n'a  point  contesté  notre  dire. 

Dafila  acuta  et  Querquedula  crecca 
(Se  reporter  p.  134  ou  p.  142  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  IS9I). 

M.  le  prof.  E.  Newton  a  bien  voulu  nous  envoyer  du  Musée  de 
l'Université  de  Cambridge  un  hybride  qu'il  a  offert  à  ce  Musée. 
L'Oiseau  nous  paraît  être  évidemment  le  produit  de  l'acuta  et  de  la 
crecca.  Malheureusement,  nous  n'avons  pu  savoir  si  cette  pièce,  fort 
intéressante  parles  caractères  d'authenticité  qu'elle  pi'ésente,  a  été 
réellement  obtenue  à  l'état  sauvage.  Nous  avons  lu  seulement  sur 
l'étiquette  qu'elle  porte  :  «  Found  in  Leadenhall  Market  by  Johnson, 
april  1862,  and  bought  of  him,  stuffed  by  Leadbeater.  » 

Ce  Canard  avait  été  cité  dans  les  Proceedings  de  la  Société 
Zoologique  de  Londres  en  1852  (3)  et  montré  par  M.  Leadbeater  à 
l'une  des  réunions  de  cette  Société,  mais  aucune  discussion  ne 
s'était  produite. 

Voici  la. description  que  nous  en  avons  faite  -.Quoique plus  crecca 

(1)  Voy.  Un  ibrido  naturaU,  etc.,  déjà  cité. 

(2)  Ou,  pour  mieux  dire,  ctiâtaln. 

(3)  P.  84. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  681 

indiscutable.  On  ne  saurait  nuhne  imaginer  un  intermédiaire  plus 
complet  entre  les  deux  types.  Vuici  la  description  que  nous  avons 
faite  de  ce  joli  échanlillon  :  le  miroir  est  vert,  bordé  au-dessus  de 
roux;  le  vert  et  le  noir  que  l'on  voit  ainsi  sont  l'exacte  copie  du 
dessin  de  crecca.  La  marqui;  noire  des  scapulaires  d'acuta  est  visi- 
ble; les  scapulaires  se  prolonijcut  comme  chez  cette  espèce.  Sur  le 
devant  du  corps,  les  petites  taclics  noires  de  crecca  sont  très  elîacées. 
Le  bec,  assez  long,  mais  étroit,  rappelle  celui  de  Vacuta.  L'iris  (arti- 
ficiel) est  brun.  La  ttMe  et  les  joues  sont  presque  entièrement  de 
crecca.  Les  pattes  sont  d'un  lirun  clair.  Le  dos  est  parsemé  de  zigzags 
innombrables.  Enfin,  la  taille  tient  à  peu  près  le  milieu  entre  celle 
des  deux  espèces;  elle  rappelle  cependanl  mieux  celle  de  crecca. 

Nous  conservons  une  aijuarelle  de  ce  sujet  qui  a  été  peint  par 
M.  Jules  Adeline. 

Un  hybride,  non  encore  décrit, de  sexe  mâle,  et  qui,  d'après  M.  Oddi 
qui  nous  le  signale,  aurait  été  tué  récemment  dans  la  lagune  de 
Venise,  est  conservé  au  Musée  Correr.  Cet  Oiseau  serait,  d'après 
notre  très  aimable  correspoiidaut,  très  authentique  par  les  carac- 
tères mixtes  qu'il  présente.  Son  plumage  néanmoins  est  plus  crecca 
qu'acula,  particulièrement  à  la  poitrine;  mais  sa  forme  est  du 
dernier  type. 

Un  hybride,  du  même  genre,  tué  en  Hollande  il  y  a  environ  trois 
ans  et  envoyé  à  M.  Philipp  Castang  du  Leadeuhall  Market  par  le 
chasseur  qui  l'abattit,  se  voit  aujourd'hui  au  Musée  de  M.  Walter 
Rothschild.  Cel  hybride  n'aurait  étécilé  dans  aucun  ouvrage.  N'ayant 
pu  l'obtenir  eu  communication,  nous  en  avons  fait  exécuter  une 
aquarelle  de  grandeur  naturelle.  11  ne  nous  paraît  pus  aussi  bien 
caractérisé  que  celui  du  prof.  Newton.  11  montre  cependant  des 
teintes  propres  aux  deux  espèces;  mais  de  forme  et  de  taille,  il 
est  beaucoup  plus  Dafila  que  Querquedidu.  Le  bec,  par  sa  coloration 
bleu  de  plomb  et  ses  petites  dimensions,  rappelle  un  peu  celui  du 
peiœldjie;  les  joues  et  uue  partie  du  cou  sonlchàtaigne  clair,  le  dessus 
de  la  tête  roux  foncé.  La  bande  verte  de  crecca  est  rappelée  confu- 
sément; elle  n'est  pas  entourée  d'une  raie  fine  et  blanche  comme 
cela  se  produit  chez  cette  espèce  et  ('liez  l'hybride  de  Cambridge. 
Tout  le  dessus  du  dos  est  rempli  de  zigzags  fort  nombreux,  larges 
et  tassés;  ces  zigzags  se  montrent  de  même  sur  les  flancs  vers  le 
bas  du  ventre.  Sur  les  scapulaires  une  large  tache  noire  allongée 
rappelle  bien  l'acul(t  ;  le  miroir  vert  veronèse  est  bordé  supérieure- 
ment de  chamois  roux,  puis  intérieurement  sur  le  côté  extérieur 
de  noir;  cela  d'une  manière  1res  line.   Les  couvertures  de  l'aile 


682  OISKAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

paraisssent  d'un  gris  brunâtro.  Les  pattes  et  les  pieds  très  petits 
sont  d'un  jaune  rougeàtre  orangé;  les  palmures  sont  plus  foncées 
et  verdàtres.  Le  ventre,  le  devant  de  la  poitrine  et  le  jabot, 
sont  blanc  grisâtre.  —  Faisons  savoir  que  M.  Vian  et  M.  le  baron 
d'Hamonville,  qui  ont  vu  notre  aquarelle,  considèrent  l'Oiseau 
ainsi  décrit  comme  provenant  de  Vaciita  et  de  la  crecca. 

Le  croisement  «  Dafila  acuta  X  Querquedula  crecca  »  se  trouverait 
ainsi  représenté  par  six  échantillons.  Mais,  si  nous  en  croyons  le 
journal  «  Forest  and  Streani  »,  de  New  York  (1),  un  Canard  ayant 
l'apparence  d'une  Teal  (Sarcelle)  et  d'une  Spring  Tail  (2)  aurait  été 
tué  près  de  Sacramento.  On  ne  nomme  pas  toutefois  l'espèce  de 
Teal  qui  aurait  contracté  le  croisement  (3);  on  ne  donne  pas  non 
plus  de  renseignements  complets  sur  les  caractères  de  l'hybride. 
On  se  borne  à  dire  «  qu'il  est  à  peu  près  de  la  grandeur  de  la  Spring 
Tail  dont  il  a  le  bec,  le  dos,  la  tête  et  la  queue  ;  tandis  que  sa  poi- 
trine et  ses  ailes  tiennent  de  la  Sarcelle  ». 


Anas  boschas  et  Anas  obscura 

(Se  reporlei'  p.  137  ou  p.  14îi  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891), 

Les  deux  hybrides  entre  les  mains  de  M.  Manly  Hardy,  de  Brewer, 
Maine  (Etats-Unis),  ne  sont  point  des  individus  nés  en  captivité 
comme  nous  le  supposions  (4);  tout  au  moins  ont  ils  été  tués  dans 
une  bande  d'.l.  bosrhas  sur  le  Mississipi  (Etat  de  l'Illinois).  L'un 
des  deux,  nous  dit  M.  Manly  Hardy,  «  partakes  more  strongly  of 
the  characteristics  of  the  Mallard  »  ;  l'autre  au  contraire  «  shows 
more  ressemblance  lo  the  Duskey  »  (5). 

M.  Manly  Hardy  a  été  assez  complaisant  pour  faire  photogra- 
phier ces  deux  Oiseaux;  malheureusement  une  photographie  n'in- 
dique pas  la  couleur  du  plumage. 

M.  R.  Ridgway,  en  nous  adressant  en  communication  un  des 
exemplaires  conservés  au  Musée  national  de  Washington,  nous  a 
fait  savoir  que  parmi  les  hybrides  de  cette  collection  se  trouvent 
plusieurs  pièces  obtenues  en  captivité.  On  ne  doit  point,  par  con- 

(1)  Vol.  IV.  p.  133. 

(2|  Que  nous  supposons  être  Vacuta. 

(3)  Il  existe  en  Amérinue  trois  sortes  de  Sarcelles  :  l'European  Teal  [A.  crecca), 
la  Bleue  winged  Teal  {A.  discors),  la  Cinnamon  Teal  {A.  cjranoptera). 

(4)  Voy.  la  note  des  pages  indiquées. 

(.'ij  Ils  ont  été  signales,   depuis  la   communication  qui  nous   a  été  faite,   dans 
u  Shootiug  and  Fisbing.  » 


ADDITIONS,    COnRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  (583 

î'équent,  considérer  comme  sauvages  toutes  celles  que  le  Musée 
renferme  (1). 

Le  s|ié(imeu  que  uous  avons  re<;u  est  monté;  il  provient  ilu 
Masii  Miirket  et  a  été  donné  par  S.  H.  Baird.  il  porte  le  N"  6l!)5G. 
Il  se  montre  un  si  bon  intermédiaire  enire  les  deux  types  qu'il 
serait  dillicile  de  récuser  son  Lyliridilé.  La  tête  notamment,  et  le 
poitrail,  ont  de  vrais  caractères  mixtes.  Tandis  que  dans  la  partie 
haute  d(!  la  tète,  à  partir  de  l'œil  (descendant  sur  le  dessus  du 
.cou)  se  prolonge  une  bande  assez  large  du  vert  émeraude  de 
boschos,  la  |(lus  grande  partie  des  joues  et  du  cou  reste  du  jaune 
noisette  blanchâtre  propre  à  Voliscui-a.  Sur  le  violacé  brunâtre  de 
la  poitrine,  qui  rappelle  tout  à  fait  boschns,  se  montre  le  dessin 
tacheté  i\'ohs(iirti.  Le  reste  du  corps  est  plutrtt  de  cette  dernière 
espèce,  quoique  le  miroir  soit  encore  un  bon  intermédiaire.  Le 
bec  est  verdàtre,  les  pattes  jaunâtres;  il  n'existe  point  de  collier  au 
cou;  les  bandes  de  vert  énieraude  ne  se  joignent  pas  sur  le  derrière 
de  la  tête;  elles  se  rejoignent  seulement  sur  le  dessus  du  cou,  à 
partir  du  bas  de  la  nuque. 

Toutefois,  et  malgré  des  traits  si  évidents  de  mélange,  nous  nous 
sommes  demandé  si  cet  hybride  supposé  ne  pourrait  pas  repré- 
senter le  boschas  en  mue.  Le  bouchas  en  mue  revêt,  en  effet,  un 
plumage  à  i)Ou  jirès  semblable  à  celui  qui  vient  d'être  décrit.  Nous 
avons  étudié  la  mue  sur  des  individus  de  cette  espèce  retenus  en 
captivité.  La  différence  la  plus  appréciable  est  que,  chez  ces  indivi- 
dus, les  plumes  du  dessus  du  corps  ne  sont  point  bordées  ou  liserées 
de  jaune,  comme  se  présentent  les  plumes  de  l'Oiseau  du  .Nfusée  de 
Washington  ;  celui-ci,  en  outre,  offre,  par  sa  coloration  générale,  un 
Ion  plus  jaunâtre. 

Quant  à  afTirmer  que  cet  hybride  n'a  point  une  origine  domes- 
tique, nous  n'oserions  nous  prononcer,  car  sa  taille  élevée  semble 
rappeler  celle  du  boschas  tlomesticus. 

Outre  lexemplaire  rc(;u  de  Washington  par  1^  bienveillance  de 
de  M.  Itidgway,  M.  le  D^  Jentinck,  du  Musée  de  Leyde,  nous  a 
adressé  une  pièce  qui  figure  sur  les  Catalogues  de  .M.  Schlegel  (2) 
comme  métis  du  Canard  commun  avec  l'^Jias  obscura  (auc.  Tem- 
minck).  Ce  Canard  porte  le  n"  3f  ;  mais  aucune  mention  ne  dit 
qu'il  ait  été  tué  à  l'état  sauvage,  et  ce  renseignement  n'a  pu  uous 
être  fourni  par  M.  le  D'  Jentinck. 

(1)  Nous  nous  empressons  de  fournir  ce  renseignement,  car  on  aurait  pu  les 
supposer  toutes  sauvages  par  la  lecture  de  notre  premier  mémoire. 

(2)  Cal.  Anseres,  p.  41. 


084  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

A  cause  de  la  dénomination  donnée  par  le  célèbre  ornithologiste, 
nous  avons  peint  cet  Oiseau  et  nous  l'avons  décrit;  mais  nous 
n'avons  reconnu  aucun  caractère  décisif  de  l'hybridité  qu'on  lui 
suppose.  Voici   nos  notes  :  miroir  bleu  de  mer  à  reflets  violacés, 
bordé  en  dessus  et  inférieurement  de  blanc  après  la  barre  noire, 
tout  comme  chez  boschas.  Le  bec  est  mince  et  long.  Les  scapulaires 
des   ailes  sont,  en   partie,   d'un  ton  mat  gris  brun  quelque  peu 
uniforme,  c'est-à-dire  que  les  plumes  ne  sont  ni  traversées,  ni 
bordées  par  des  raies  jaunes. 
Le  bec  est  jaune,  la  gorge  est  aussi  d'un  ton  uniforme. 
Cette  courte  description  ne  dira  rien  sans  doute.  Notre  embarras 
est  augmenté  par  le  sexe  de  l'Oiseau  qui  est  femelle.  On  sait  qu'il 
est  bien  diflicile  de  distinguer  une  femelle  boschas  d'une  femelle 
obscura;  celle-ci  semble  ne  diflérer  de  la  première  que  par  la  bor- 
dure blanche  du  miroir.  Ajoutons  en  outre  qu'au  moment  où  nous 
avons  reçu  de  Leyde  l'Oiseau  supposé  hybride  nous  n'avions  pour 
procéder  à  notre  examen  qu'un  très  petit  nombre  d'individus  des 
espèces  pures. 

Nous  pensons  que  l'on  conserve  au  Musée  d'Ottawa  l'hybride  de 
VAnas  obscura  et  de  VAnas  boschas  (1).  Le  même  croisement  existe 
dans  la  collection  de  M.  Jno.  H.  Sage,  de  Portland  (Conn.),  ainsi  que 
dans  la  collection  de  M.  J.  Fream  Morcom,  de  Chicago  (Illinois). 
Mais,  si  nous  savons  que  l'exemplaire  de  M.  Morcom,  qui  est  mâle, 
a  été  obtenu  à  l'état  sauvage  et  montre  a  a  strong  admixture  of 
both  parents  »,  nous  ne  pouvons  fournir  aucun  renseignement  sur 
le  ou  les  exemplaires  du  Musée  Canadien  et  de  la  collection  de 
M.  Jno.  H.  Sage. 

Nous  avons  vu  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  un 
Canard  obscura  qui  nous  a  paru  être  le  métis  de  cette  espèce  avec 
le  boschas. 

Dans  le  journal  de  sport  de  New- York,  le«  Forest  and  Stream  »  (2) 
que  nous  citons  souveut,  on  donne  ainsi  le  signalement  d'un  Canard 
hybride  tué  dans  une  tournée  de  chasse  par  un  ami,  de  M.  J.  G. 
Morris,  d'Easton,  Oiseau  singulier,  paraît-il,  que  celui-ci  n'avait 
jamais  vu,  malgré  la  longue  expérience  qu'il  a  acquise  du  gibier 
de  marais  :  «  Ventre  du  Mallard  cT  (.1.  boschas);  partie  supérieure 
de  la  tète,  jusqu'aux  yeux,  verte  (3);  de  l'oeil  jusqu'au  bas  du  cou, 
couleur  grise  parsemée  de  brun,  comme  chez  l'oèscura;  partie  supé- 

(1)  D'après  une  communication  de  M.  Wliileanes. 

(2)  Vol.  XII,  p.  im. 

(3)  Llttéralemeot  aussi  bas  que  les  yeux. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS   d'aPRÉS    NATURE  685 

Heure  de  la  poitrine  semblable  à  celle  de  celle  dernière  espèce, 
quoique  la  couleur  se  montre  un  peu  plus  claire;  partie  inférieure 
et  abdomen  presque  comme  chez  le  boschas;  ailes  noires!  (1)  et 
pieds  ressemblant  à  ceux  de  cette  dernière  espèce.  » 

Il  y  a  trois  ans,  M.  Morris  tua  un  autre  exemplaire;  mais  cet 
échantillon  n'aurait  pu  être  conservé.  Celui  qu'il  possède  actuelle- 
ment est  tro|)  mal  monté  cl  trop  détérioré  pour  qu'il  puisse  nous 
le  faire  parvenir  d'aussi  loin.  M.  Morris  l'a  fail  piu)lo;,n-apliier  sous 
deux  faces  difïérentes  et  a  accompagné  ses  photographies  de  la 
description  suivante  : 

«  Bec  jaune;  poitrine  d'uu  châtain  sombre  tirant  sur  le  brun 
cendré;  (cette  couleur  à  l'anus  et  sous  le  dessous  de  la  queue  tend 
vers  le  gris  léger  el  est  traversée  par  de  belles  lignes  sombres).  Lns 
plumes  qui  recouvrent  le  croupion  et  la  queue  sont  d'un  brun 
sombre;  elles  éliucellent  de  vert.  Les  plumes  de  la  queue  sont  d'un 
brun  sombre,  bordées  de  cendré;  aucune  ne  se  recourbe  à  la  ma- 
nière de  Va.  hit^flias.  Les  couvertures  des  ailes  sont  d'un  cendré 
brunâtre  el  les  rémiges  sont  brunes  avec  de  belles  lignes  couleur 
chamois  (bu(ï).  Le  spéculum  est  de  pourpre  avec  retlets  verts  et 
violets,  bordé  de  chaque  côté  de  bandes  blanches;  il  est  exactement 
semblable  à  celui  du  Mallard.  Les  grandes  plumes  sont  d'un  cendré 
brunâtre;  les  jambes  et  les  pattes  sont  de  couleur  orangé  ». 

On  se  rappelle  que  l'exemplaire  du  Musée  de  Washington  a  le 
bec  bleu  gris  verdàtre;  l'hybride  de  M.  Morris  en  diffère  donc  par 
ce  caractère. 

M.Geo.  A.  Boardman  fait  savoir,  dans  la  revue  sportique  qui  vient 
d'être  nommée  (2),  qu'il  a  trouvé  souvent  le  «  Dusky  »  croisé  (?) 
(cross)  au  ((  .Mallard  »  et  qu'il  possède  de  ce  croisement  trois  ou 
quatre  hybrides  empaillés.  M.  Geo.  A.  Boardman  parle-t-il  d'Oiseaux 
sauvages? 

Enfin  ou  écrit,  dans  la  même  revue,  que  de  tels  Canards  hybrides 
ne  sont  point  rares,  et  on  prie  les  lecteurs  de  se  reporter  à  bon 
nombre  d'articles  publiés  sur  ce  sujet  {'i). 

Suivant  les  indications  données,  nous  avons  consulté  quelques- 
uns  de  ces  articles  ;  mais  nous  avons  trouvé  qu'il  y  est  le  plus 
souvent  question  d'hybrides  du  Canard  musqué  (C.  moschata)  avec 

(1)  Que  veut  dire  par  là  le  descripteur? 

(2)  Vol.  V,  p.  -ATU. 

(3)  Vol.  I,  pp.  342  el  374:  vol.  III,  pp.  :;  el  54  ;  vol.  IV,  p.  13!.  vol.  V,  pp.  266, 
276.  337  et  338. 


68G  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LÉTAT   SAUVAGE 

le  boschas,  croisement  bien  diflérent;  ou  bien  encore  de  Canards 
«  obucura  X  lioschas  »  nés  en  domesticité. 

En  terminant,  nous  mentionnerons  l'envoi  d'un  Canard  9  que 
nous  a  fait,  il  y  a  plusieurs  années,  M.  le  D''  Paul  Leverkiihn,  et 
dont  les  caractères,  peu  ordinaires,  qui  semblent  rappeler  Vohscura 
et  le  ioxc/ittA-,  ont  été  analysés  dans  le  «Zeitsclir.fur  Ornithologie  (2).  » 
N'ayant  point  en  notre  possession,  au  moment  oii  l'Oiseau  nous  était 
parvenu,  un  matériel  de  comparaison  suffisant  pour  nous  rendre 
compte  de  ses  traits,  nous  avons  négligé  de  l'examiner.  Autant  que 
nous  pouvons  nous  les  rappeler,  les  marques  blanches  qu'il  portait 
indiquaient  un  albinisme.  C'est  ainsi,  pensons-nous,  que  M.  le 
D''  Paul  Leverkiihn  l'a  considéré,  en  écartant  l'idée  d'un  hybridisme 
entre  les  espèces  hoschas  et  obscura. 

Disons  en  terminant  que  l'étude  que  nous  avons  faite  de  ces  deux 
espèces  pures,  fort  ressemblantes  entre  elles,  nous  confirme  dans 
notre  manière  de  voir  :  à  savoir  qu'elles  paraissent  proches 
parentes  (1). 

Anas  boschas  et  Anas  penelope 

(Se  reporter  p.   138  ou  p.  146  des  Méra.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Une  nouvelle  pièce,  vivant  encore  en  1892  chez  M.  le  comte  Arri- 
goni  degli  Oddi,  de  Padoiie,  est  à  signaler.  Cet  Oiseau  fut  pris  (3) 
dans  la  vallée  Morosina,  district  de  Piove  de  Sacco  ([)rovince  de 
Padoue).  Après  avoir  été  blessé  à  l'aile  il  se  guérit  complètement 
et  fut  donné  au  savant  comte.  C'est,  paraît-il,  un  très  bel  Oiseau  $, 
qui  ressemble  au  penelope  $  par  la  disposition  tlu  plumage  et  par 
sa  couleur.  «  La  tète,  nous  dit  notre  collègue,  est  grisâtre  avec 
beaucoup  de  petites  plumes  teintées  en  vert  brillant  avec  des 
retlets  métalliques  comme  le  boschas  c^.  Le  fond  de  la  teiote  de  la 
poitrine  est  d'un  rouge  cuir  à  peine  tacheté  ;  la  poitrine  inférieure 
et  l'abdomen  sont  blancs  comme  chez  le  penelope  9  ;  seul  le  bas-ventre 
n'est  pas  unicolore.  Le  bec  ressemble  à  celui  du  boschas  ;  il  est  de 
couleur  jaune  olivtàtre  très  pâle.  Les  pieds  dillèrentdu  penelope.  les 
doigts  étant  d'un  jaune  pâle  légèrement  orangé  et  les  membranes 
foncées.  Comme  dimensions,  l'Oiseau  est  petit;  il  est  un  peu  haut 
sur  pattes  et  a  le  port  élégant  du  penelope  ;  mais  il  est  plus  grand 

(1)  EUiot  {On  hybridism,  Auk,  1892,  N»  d'april)  rappelle  que  le  Mallard  et  le 
Black  Duck  «  cross  in  the  wild  slate.  » 

(2)  XVl,  Jahrg.,  S.  102. 

(3)  Vraisemblablement  pendant  l'hiver  de  ISltl. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  687 

que  la  femelle  de  cette  espèce.  Parfois  les  petites  plumes  de  la  tête 
se  hérissent  légèrement.  Le  bec  est  beaucoup  plus  court  et  moins 
gros  que  celui  du  bosclias;  les  pattes  .sont  plu.s  petites  que  chez  celte 
espèce.  En  somme,  dans  son  ensemble,  si  l'on  fait  quelque  e.xceplion 
pour  le  système  de  coloration,  ce  Canard  ressemble  l)caucoup  à  un 
penelope  9  ».  Le  cri  est  un  cona-coiia  plusieurs  fois  répété,  avec  un 
son  très  nasal,  peu  fort,  comme  si  l'Oiseau  était  pris  d'un  refroidis- 
sement. 

Telles  sont  les  indications  qui  nous  sont  adressées  de  Padoue  sur 
cet  intéressant  Oiseau.  M.  Oddi  a  bien  voulu  accompagner  sa  des- 
cription d'une  aquarelle  que  nous  avons  fait  copier  par  .M.  John 
Duncan,  de  Newcastle. 

Une  note  ornithologique,  parue  depuis  cette  communication  daus 
la  ((Revista  italiana  di  scienze  naturali»  (1),  fait  savoir  que  le  Canard 
dont  on  vient  de  s'occuper,  après  avoir  vécu  eu  volière  pendant 
environ  deux  ans,  est  mort  maintenant;  il  figure  sous  le  N"  959  du 
Catalogue  de  la  collection  de  M.  Oddi. 

Un  hybride  de  même  genre,  mais  de  sexe  mâle  et  déjà  vieux,  tué 
par  ce  naturaliste  dans  la  vallée  Zappa  (lagune  de  Venise),  orne  la 
même  collection,  où  il  porte  le  N"  1037.  Voici  sou  signalement  : 
((  Bec  du  hoschas,  front  et  milieu  du  vertex  d'un  châtain  très  vif; 
tète  et  cou  d'un  vert  foncé  à  reflets;  sur  les  côtés  de  la  tète  et  sur 
les  joues  deux  grandes  taches  de  couleur  jaunâtre  vif.  Gorge  d'un 
vert  noir;  collier  très  peu  visible.  Dos  rayé;  sous-caudales  noires 
avec  des  reflets  verts.  Plumes  des  deux  tiers  inférieurs  des  faces 
antérieures  et  latérales  du  cou,  d'uue  partie  de  la  face  postérieure, 
et  dessous  de  la  poitrine,  roux  marron  clair  traversé  sur  chaqu^e 
plume  par  une  ou  deux  bandes  noires  étroites.  Sous-caudales 
comme  chez  le  hoschas;  petites  et  moyennes  couvertures  supé- 
rieures des  ailes  d'un  brun  cendré  moins  foncé  que  boschas,  les 
moyeimes  terminées  de  châtain.  Les  grandes  couvertures  supé- 
rieures secondaires  noires  dans  la  dernière  moitié  et  vers  le  bout, 
ce  qui  ne  forme  pas  pour  l'aile  la  double  bande  transversale  blan- 
che de  hoschas.  Rémiges  secondaires  d'un  gris  brun  pour  les  barbes 
internes,  d'un  vert  doré  pour  la  moitié  liasale  des  barbes  externes, 
noir  velouté  pour  l'autre  moitié.  Queue  de  boschas  avec  les  deux 
recirices  médianes  allongées  et  non  recourbées;  pieds  de  ce  type; 
taille  pres(|ue  égale  à  celle  du  boschas  ». 

De  tels  caractères  engagent  M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi  à 
croire  cet  Oiseau  issu  du  croisement  dont  on  s'occupe.  Ce  spé- 

(1)  1893. 


688  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

cimen  «  magnifique  »  a  été  empaillé  par  M.  Minotto,  de  Venise  ; 
c'est  dans  le  lac  de  la  Passama  (vallée  de  Zappa)  qu'il  fut  abattu  par 
le  comte  lui-même  le  2  février  1893;  il  se  trouvait  dans  une  bande 
composée  de  neuf  boschas  dont  sept  mâles  et  deux  femelles  (Ij. 

A  ces  deux  pièces,  que  nous  n'avions  pu  mentionner  dans  notre 
premier  mémoire,  puisqu'elles  n'ont  été  obtenues  que  depuis, 
vient  se  joindre  un  jeune  mâle,  ou  peut-être  un  mâle  en  mue, 
qui  nous  a  été  communiqué  par  M.  le  D^  Kerbert,  directeur  du 
((  Koninklijk  zooloijish  Genooluchap  »  d'Amsterdam).  C'est  une  pièce 
intéressante  que  nous  avons  examinée  à  deux  reprises  difiérentes, 
grâce  à  la  bonne  volonté  de  l'éminent  Directeur  qui  a  bien  voulu  nous 
la  retourner  lorsqu'il  nous  a  été  possible  d'augmenter  notre  collec- 
tion de  jeunes  mâles,  de  femelles  et  d'adultes  en  mue  des  deux 
types,  collection  que  nous  n'avions  pas  jugée,  lors  du  premier  envoi, 
assez  complète  pour  faire  un  sérieux  examen.  L'hybride  du  Musée 
de  la  faune  Néerlandaise  nous  est  donc  bien  connu.  Notre  première 
description  se  résume  ainsi  :  «  plus  fort  que  pmclo}»'  qu'il  rappelle 
entrés  grande  partie  par  son  plumage.  Miroir  vert  marine,  à  reflets 
violacés  lorsqu'on  place  l'Oiseau  dans  une  certaine  lumière,  mais 
le  plus  souvent  bleu  vert  marine.  Pattes  plus  grandes  que  celles  du 
penelope;  le  bec  plus  fort  aussi,  notamment  plus  long;  cette  partie 
paraît  avoir  été  couleur  plomb.  Sur  le  dos  on  aperçoit  comme  un 
mélange  du  hoschas  et  du  penelope;  ce  dernier  type  est  rappelé  pres- 
que partout  quoique  la  coloration  de  la  tête  et  le  système  du  dessin 
semblent  être  du  boschas.  La  couleur  du  miroir  indique  qu'on  a 
afïaire  à  un  mâle  ». 

Deuxième  examen  :  «  Par  sa  grosseur,  par  son  miroir  surtout,  par 
son  bec  grand  et  allongé,  par  ses  larges  pieds  couleur  cuir  de  botte, 
par  la  coloration  des  couvertures  des  ailes,  par  la  disposition  des 
rémiges,  par  les  petites  plumes  foncées  du  jeune  âge  du  boschas  qui 
se  montrent  fréquemment,  par  les  petites  raies  enfin  du  dessus 
de  la  tête,  des  joues  et  du  cou,  la  double  origine  que  l'on  suppose 
à  cet  Oiseau  semble  s'accuser.  En  outre,  par  sa  taille  et  ses  propor- 
tions, ce  spécimen  peut  être  aussi  considéré  comme  un  intermédiaire 
entre  les  deux  espèces.  Nous  en  conservons  plusieurs  dessins. 

Faisons  savoir  qu'un  de  ses  portraits,  montré  à  M.  J.  H.  Guruey, 
nous  a  été  retourné  avec  cette  mention  :  k  is  only  an  Anas  boschas.  » 
Au  contraire,  M.  Ed.  Hart,  de  Christcliurch,  ((ui  a  reçu  lui-même 
un  autre  croquis,  l'a  jugé  un  penelope  «  in  change  of  plumage.  » 

(I)  Mention  (le  cet  hybritle  est  [aile  flriiis  le  «  Bollelino  rlel  Nalui'iilisla,  Collelore_ 
etc.  15  febraio  1894,  p.  22  n. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   ET   EXAMENS   d'aPRBS  NATURE  689 

Mais  cette  manière  de  voir  ni  la  première,  du  reste,  ne  sauraient 
<^tre  admises.  Le  bec,  (luoique  de  couleur  plomb,  est  bien  plus  fort 
que  celui  du  pcndopc;  les  pattes  sont  aussi  de  dimensious  beaucoup 
plus  considérables  que  cbez  cette  espèce  et  elles  ont  quelque  peu 
la  couleur  du  cuir.  Sur  le  miroir,  très  foncé,  on  peut  apercevoir 
quelquefois,  lassez  vaguement,  il  est  vrai),  des  rellets  violacés» 
Enfin,  le  dos,  si  ce  n'est  un  effet  du  montage,  est  plus  large  que  celui 
du  pptictope  et,  dans  la  couleur  du  poitrail,  on  semble  pouvoir  distin- 
guer le  dessin  du  boschax.  —  Cet  Oiseau  reste  néanmoins  presque 
enViQveititiul  penrlape;  il  aurait  été  pris  à  l'état  sauvage  (1). 

Nous  ne  connaissons  point  d'autres  nouveau.K  exemplaires  à  signa- 
ler. Mais,  grâce  à  l'extrême  obligeance  du  même  directeur,  nous 
avons  pu  examiner  \'À.  pcnelope  X  boschas  dont  nous  avions  donné 
la  description  d'après  .M.  KoUer  (2).  Pour  cet  Oiseau,  cf  adulte,  le 
doute  n'est  point  possible;  les  caractères  mixtes  qu'il  présente 
l'accusent  nettement  bybride.  Sa  taille  est  en  elîet  intermédiaire 
entre  celle  du  Imschas  et  celle  du  penelope.  Le  bec  et  les  pattes  sont 
aussi  intermédiaires;  les  doigts  et  les  palmures  sont  cependant  pres- 
que de  la  grandeur  du  hoschas.  C'est  dans  la  coloration  de  la  tête  que 
s'aperçoivent  principalement  les  caractères  mélangés  :  les  joues  et 
les  côtés  du  cou  sont  noisette,  au-dessus  on  aperçoit  le  vert  de  VA. 
hoachax.  Il  existe  bien  sur  la  nuque  de  petites  plumes  rousses  qui 
rappellent  en  ([uelque  sorte  les  divisions  de  crecca  ;  mais  si  le  second 
parent  appartenait  réellement  à  cette  espèce,  les  plumes  vertes  de 
la  tète  ne  descendraient  point  .sous  l'œil  et  sur  la  joue,  comme  cela 
a  lieu.  L'iris  (arlilîciel)  est  brun  clair.  La  couleur  du  bec  est  plomb  ; 
les  pattes  sont  de  couleur  cuir  brun.  Le  cou  est  très  court;  la  tête 
relativement  petite  et  très  brillante  (3).  Le  miroir  a  des  reflets  bleu 
marine;  il  est  bordé  de  noir  en  baut,  en  bas,  et  sur  les  côtés  exté- 
rieurs. Il  n'existe  pas  au  cou  d'apparence  du  collier  blanc  de 
r.4 .  Iioschas.  Le  poitrail  est  mélangé  de  roussàtre,  de  violacé  terne  et 
de  jaunâtre;  les  flancs  montrent  des  zigzags  prononcés  comme  chez 
le  penelope.  Tout  le  reste  du  corps  est  penclupe.  C'est  à  cette  dernière 
espèce  qu'il  ressemble  le  plus  par  son  plumage  et  sa  coloratiou  ; 
mais  son  origine  boschaa  est  suflisammenl  établie  (4). 

Notons  en  terminant  qu'au  Musée  de  Newcastle-on-Tyae  (collec- 

(1)  D'après  un  renseignement  qui  nous  est  envoyé  par  le  D'  Kerbert. 

(2)  Voy.  pp.  Wi-\?a  ou.pi».  IW  et  149  des  Méni. 

(3)  Nous  conservons  une  (winture  à  l'huile  représentant  ce  bel  exemplaire  de 
grandeur  naturelle,  pins  un''  aquarelle  le  montrant  dans  de  plus  petites  proportions- 

(4)  Nous  ne  pensons  point  que  le  vert  de  la  lèle  soit  imputable  à  \'A.  clypeata, 
dont  il  ne  rappelle  aucunement  le  bec  en  spatule. 


690  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

tien  Handcock),  on  voit  un  hybride  A.  boschas  X  i.  penelope  vrai- 
semblablement produit  en  captivité.  C'est,  pensons-nous,  un  de  ceux 
que  M.  Handcock  reçut  d'Hornby  par  M.  A.  Savage  (1).  Nous  l'avons 
fait  peindre  afin  de  nous  rendre  compte  si  les  caractères  qu'il  pré- 
sente sont  ceux  des  individus  tués  ou  pris  à  l'état  sauvage.  L'Oiseau 
'dilïère  un  peu  de  l'exemplaire  cf  ad.  du  Muséum  d'Amsterdam;  il 
en  diffère  même  par  un  caractère  essentiel  :  le  bec  est  jaune  ver- 
dâtre  comme  le  boschas,  tandis  que  le  bec  du  précédent  est  gris 
plomb;  en  outre,  le  vert  couvre  davantage  la  face  et  le  cou;  le 
poitrail  paraît  aussi  beaucoup  plus  rouge  brique  vineux.  Néan- 
moins les  deux  Oiseaux  présentent  assez  d'analogies  pour  qu'on 
puisse  les  reporter  au  même  croisement. 

M.  Richard  House,  le  directeur  actuel  du  Musée,  nous  fait  remar- 
quer que,  pendant  l'hiver,  le  Wigeon  d"  (ou  .4.  penelope)  visite  très 
fréquemment  les  grands  lacs  des  parcs  et  les  étangs  des  environs  de 
Newcastle  où  il  séjourne  même.  Quelquefois  ces  Oiseaux  sont  cap- 
turés et  enfermés,  mais  le  plus  souvent  ils  émigrent  au  Nord  en 
avril.  Comme  beaucoup  d'espèces  de  Canards  sont  ainsi  conservées 
dans  un  état  de  semi-domestication,  on  est  en  droit  de  se  demander, 
ajoute  M.  House,  si  quelques-uns  des  hybrides  que  l'on  rencontre 
à  l'état  libre  ne  sont  point  les  descendants  de  ces  espèces.  Cette 
réflexion  est  très  juste  ;  nous  nous  la  sommes  faite  plusieurs  fois. 

Une  autre  remarque  de  M.  Vian  (2)  est  à  noter  :  à  l'instar  de  la 
Perdrix  grise,  le  Canard  sauvage  accueille,  paraît-il,  dans  sa  nom- 
breuse famille,  les  jeunes  des  espèces  voisines  privés  de  leur 
mère,  ou  du  moins,  d'après  un  fait  à  sa  connaissance,  les  jeunes 
du  Siiïleur  (A.  penelope).  Ce  fait  pourrait  donner  encore  une  explica- 
tion de  la  naissance  des  nombreux  hybrides  parents  à  l'.-l.  boschas 
et  à  VA .  penelope. 

Anas  boschas  et  Anas  americana 

L'A.  americana  n'étant  sans  doute  qu'une  variété  de  notre  .4.  pejie- 
lope,  on  pourrait  à  la  rigueur  ne  point  distinguer  les  hybrides  qui 
proviennent  de  l'un  ou  l'autre  type.  Un  seul  exemple  de  croisement 
entre  la  variété  américaine  du  penelope  et  le  Cauard  sauvage  paraît 
avoir  été  cité.  C'est  M.  D.  G.  Elliot  qui  l'a  signalé  récemment  dans 

(1)  Voy.  Natural  hislory  Trans  ictions  of  Norlliumberlanil  and  tlurham,  vol  VI, 
p.  153.  A.  Catalogue  o/the  Birds  oj  NorlJaimberland,  etc.,  par  Johu  Handcock. 

(2)  In  Bev.  et  .Mag.  de  Zoologie,  p.  40t. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   ET   EXAMENS   D'XPRÈS  NATURE  691 

l'Aiik  (1).  L'Oiseau  fut  tué  dans  une  petite  bande  de  Mallards 
{A.  hoxchas}  sur  les  terres  de  l'ile  de  Narrow,  dans  le  Cnrriluck 
Sound  (Caroline  du  Nord),  eu  janvier  1892.  Cet  Oiseau,  dit  M.  Elliot, 
est  environ  de  la  taille  d'un  Canard  ordinaire  (Mallard)  ;  il  est  du 
sexe  mâle.  Le  caractère  qui  tout  d'abord  attire  l'attention  est  le  l)ec 
qui  est  semblable,  par  sa  forme  (sliape),  à  celui  du  VVidgeon 
{penelopi').  mais  un  quart  plus  grand  et  de  couleur  bleu  clair  avec 
la  pointe  noire.  Voici  du  reste  comment  cet  auteur  décrit  ses  diffé- 
rents cai-aetères  • 

«  The  liead  and  neck  are  brilliant  emerald  ^reen  like  the  Mallard, 
»  with  dots  on  tlie  lores  and  fore  part  of  tlie  cheeks,  and  a  conspi- 
»  cuous  bulîywiiile  Une,  the  fealhers  lipped  with  black.broadesl  in 
.»  ils  upper  portion,  and  running  from  the  ears  down  the  neck. 
»  Front,  and  a  line  on  top  of  the  head,  blackish,  with  rusty  tips 
I)  to  the  fealhers  on  toj)  of  the  head.  Mantle  and  wings  crossed  with 
»  Une  irregular  lines  of  black  and  bulï,  this  last  hue  becoming 
»  pale  but!  on  the  apical  half  of  the  tertiaries.  Greater,  médian, 
»  and  lessercoverls,  pale  brownish  gray,  with  a  narrow  while  bar, 
»  succeeded  by  a  narrow  black  one  the  tips  of  the  last  row  of  the 
»  greater  coverts.  Secondaries  pale  gray,  with  half  of  the  outer 
»  web  black  edged  with  whitc.  A  brilliant,  metallic,  emerald  green 
»  spéculum  two  innermost  secondaries  silvery  gray  without  any 
»  black.  Primaries  blackish  brown  like  the  webs.  The  inuer  webs 
»  alongthe  shaftsare  silvery  gray.  Back  and  rump  brownish  black, 
»  fiuely  vei-miciilàted  with  bulî.  on  the  rump  a  few  black  blotches, 
))  and  feathers  of  lower  part,  extending  over  the  tail,  irregularly 
»  crossed  with  black  and  white. 

»  Breast  dark  cheslnut  with  nuinerous  black  spots  in  the  centre 
»  forming  a  narrow  line  from  base  of  the  neck,  and  widening  out. 
»  in  a  fan  shape  towards  the  lower  part  of  breast,  where  the  chesl- 
»  nul  color  changes  to  a  pnrplish  shade  and  graduâtes  inio  the 
»  buify  wiiite  of  the  lower  parts.  Featiiers  of  llanks  crossed  irre- 
»  gulary  with  narrow  black  and  wbite  lines.  Abdomeu  ami  vent 
»  whitish,  indislinctly  barred  wilh  fine  blakish  brown  lines.  and 
»  fainlly  blotched  witii  bulI.  On  each  side  of  rump  a  conspicuous, 
M  large,  white  patch,  some  of  the  feathers  faintly  barred  with  black. 
»  Tail  :  médian  feathers  velvety  black,  sharply  graduate  and 
»  e-xtending  beyond  tlie  other  feathers  about  an  inch.  Latéral 
»  fealhers  grayish  brown  edged  wilh  white  on  outer  webs  and  tips. 

(I)  N»    (l'avril   1892.   p.     165.    flrbridism,  and  a  Description  of  a  lirbrid 
beUveen  Anas  boachas  ami  Anas  americana. 


692  OtSEACX   HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

»  Upper  tail-coverts  velvety  black,  edged  or  inner  webs  with  bufl. 
»  Under  tail-coverts  velvely  black.  Legs  aaJ  feet  dark  yellow.  » 

En  comparant  l'Oiseau  ainsi  décrit  avec  les  espèces  parentes, 
M.  Elliot  fait  ensuite  les  rapprochements  suivants  : 

«  Il  rappelle  le  Widgeou  par  la  forme  et  la  couleur  de  son  bec, 
»  par  les  marques  de  couleur  buffle  sur  le  côté  de  la  tête,  par  la 
»  «  verraiculation  »  des  parties  supérieures  et  la  couleur  du  dos  et 
»  de  la  croupe  ;  aussi  par  le  coloris  des  secondaires,  par  la  teinte 
))  pourprée  de  la  poitrine  (lovver  breast),  par  les  couvertures  supé- 
»  rieures  de  la  queue  dont  la  barbe  intérieure  a  des  taches  couleur 
))  buffle,  enfin  la  forme  pointue  el  allongée  de  la  queue.  Au  contraire, 
»  il  ressemble  au  Mallard  (.4.  boschas)  par  la  teinte  verte  de  la  tète 
»  et  du  cou,  par  la  couleur  châtaigne  de  la  poitrine,  par  les  pro- 
»  portions  de  son  corps  (large  size)  et  par  la  tendance  qu'ont  les 
»  plumes  de  la  queue  à  se  relever.  Mais  il  ne  ressemble  à  aucune 
»  des  deux  espèces  dans  la  coloration  des  couvertures  de  l'aile,  du 
»  miroir,  des  plumes  des  flancs,  de  la  partie  supérieure  du  corps, 
»  non  plus  par  les  jambes  ni  par  les  pieds.  » 

Ce  spécimen  est  conservé  dans  l'Americau  Muséum  of  Natural 
History,  de  New-York. 

Spatula  clypeata  et  Dafila  acuta  ? 

(Se  reporter  p.  139  ou  p.  147  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Nous  avions  signalé  seulement  deux  produits  de  ce  croisement, 
l'un  dans  la  collection  de  M.  de  Selys-Longcbamps,  l'autre  dans  la 
collection  de  M.  van  Wickewoort-Crommelin.  Nous  n'avons  point 
d'autres  captures  à  enregistrer  et  si,  comme  on  le  dit,  l'Oiseau  de 
M.  Cronimelin  (que  nous  n'avons  pu  voir)  ressemble  à  celui  que 
possède  M.  de  Selys  Longchamps,  nous  doutons  fort  de  son  authen- 
ticité. 

En  efïet,  M.  de  Selys-Longchamps  ayant  bien  voulu  nous  adresser 
en  communication  le  Canard  qu'il  possède,  il  nous  a  été  tout  à  fait 
impossible  de  le  référer  au  croisement  des  deux  espèces  ci-dessus 
nommées.  Mais  cet  Oiseau  est  vraiment  étrange;  nous  n'avons  pu, 
après  avoir  montré  à  différents  ornithologistes  l'aquarelle  que  nous 
conservons,  obtenir  aucun  éclaircissement  à  son  sujet. 

M.  J.  H.  Gurney  nous  a  retourné  le  dessin  avec  cette  mention  : 
((  The  wing  certainy  looks  like  Dafila  acuta,  and  the  breast  like 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  fiO.T 

Anas  boschas.  If  it  was  killed  in  Asia,  one  of  ils  parents  may  possi- 
bily  hâve  been  Qiierqiiedida  foriiiosa  Georg.  which  however  has  a 
sinall  lieak  ».  M.  J.  B.  Nichuls,  après  avoir  considéré  allenlivenient 
le  même  dessin,  dit  que  l'Oiseau  «  looks  to  him  like  boschas  and 
acuta  »!  M.  Vian  le  considère  comme  Anas  boschas  et  . .  (?)  »;  M.  le 
b""  d'Hamonville  comme  «  A.  crecca  et  A.  acuta  ».  —  Rappelons 
qu'il  y  a  une  quarantaine  d'années,  le  prince  Carlo  Bonaparte, 
étant  venu  visiter  la  collection  de  M.  de  Selys-F^ongcliamps,  avait 
cru  reconnaître  une  espèce  e.xotique,  sans  se  souvenir  du  nom  de 
cette  espèce.  A  la  suite  de  ce  doute,  émis  par  un  ornithologiste  si 
compétent,  M.  de  Selys-Longchamps  avait  redoublé  tl'atteution 
dans  ses  visites  au.\  Musées  étrangers  et  consulté  les  ouvrages 
ayant  publié  des  Canards  en  planches;  nulle  part  il  ne  rencontra 
un  Oiseau  semblable.  Dernièrement  encore,  ayant  été  à  Bruxelles, 
il 'revit  soigneusement  tous  les  Canards  du  Musée;  mais  il  n'en 
trouva  aucuu  pour  aider  à  mieux  résoudre  la  (luestion.  Maintes 
fois  nous-mème  avons  fait  de  semblables  recherches,  et  toujours 
inutilement.  Nous  nous  sommes  cependant  demandé  si  ce  curieux 
produit  ne  devail  pas  sa  naissance  à  \aSpatula  clypcata  croisée  de 
Querquediila  formosa. 

M.  de  Selys-Longchamps,  auquel  nous  avons  soumis  notre 
manière  de  penser,  la  trouve  très  juste;  les  ailes  de  son  Oiseau  rap- 
pellent tout  à  fait  formosa,  bien  mieux  qu'elles  ne  rappellent  les 
ailes  de  Yacuta. 

Mais  la  Qucrqucdula  forinosa  ne  se  trouve  que  très  accidentelle- 
ment en  Europe,  quoique  l'on  conserve  de  nombreux  représentants 
de  cette  espèce  dans  les  Jardins  d'acclimatation  où  elle  a  déjà 
produit  des  hybrides.  Puis  le  blanc  de  la  gorge  rappelle  aussi  l'.-l  nas 
falcata,  mais  non  les  ailes  ni  le  reste  du  corps.  Ce  dernier  type 
s'éloigne,  du  reste,  beaucoup  de  l'hybride. 

On  voit  qu'il  est  bien  difficile  de  préciser  au  juste  l'origine  d'un 
tel  Oiseau.  Ajoutons  encore  que  le  dessin  du  poitrail  rappelle  éton- 
namment celui  de  la  Querquedula  circki. 

Nous  en  avons  fait  la  description  suivante  :  «  Taille  entre  rlypeata 
et  Querquedula  fnriiiosa.  Les  scapulaires  ont  de  fortes  ressemblances 
avec  ce  dernier  Oiseau,  quoiqu'elles  soient  d'un  ton  plus  clair  et 
tachetées  (.-à  et  là  de  petits  points  foncés.  Le  verlex  et  les  deux 
bandes  vertes,  qui  parlent  de  l'œil  et  se  prolongent  jusqu'au  bas  du 
cou,  rappellent  aussi  la  Q.  l'oriiiosa.  Les  joues,  à  partir  de  la  nais- 
sande  des  mandibules,  sont  blanc  jaune,  exactement  de  la  couleur 
de  formosa,  quoique  un  peu  plus  clair.  Mais  on  n'aperçoit,  ni  sous 


694  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

la  gorge,  ni  sous  l'œil,  la  raie  de  fonnosa  (1).  Le  poitrail,  brun  roux 
violacé,  est  ([uelque  peu  strié,  comme  circia  ;  le  ventre  est  blanc  ; 
les  flancs,  bleutés  et  bordés  de  roux,  sont  remplis  de  lins  zigzags. 
Les  couvertures  inférieures  de  la  queue  sont  d'un  noir  bruu;  les 
supérieures  d'un  noir  vert.  Les  rectrices  gris  brun  sont  bordées  de 
blanc,  surtout  les  plus  extérieures.  Un  triple  miroir  se  montre  sur 
l'aile;  la  bande  supérieure  et  transversale  de  ce  miroir  est  noire 
bordée  de  blanc  roux.  Le  foud  du  miroir  est  étroit  et  vert  bronzé, 
bordé  de  noir  longitudinalemeiit  près  des  flancs  et  largement  de 
lilas  pâle  à  la  partie  supérieure  ;  cela  en  long.  Les  couvertures  de 
l'aile  sont  d'un  gris  de  plomb;  chaque  plume  est  bordée  de  couleur 
plus  claire  d'uu  brun  gris  souris.  L'iris  (artificiel)  est  noir.  Le  bec 
affecte  la  forme  de  la  spatule,  mais  d'une  manière  très  affaiblie  ; 
sa  couleur  est  noire  (ou  d'un  bleu  de  plomb  foncé).  Les  pattes  et 
les  pieds  sont  de  couleur  orange. 

Il  ne  sera  point  inutile  de  faire  savoir  que  la  collection  d'Ems, 
d'où  cette  pièce  étrange  provient,  ne  contenait  que  des  Oiseaux 
d'Allemagne;  tout  au  plus  y  comptait-ou  trois  ou  quatre  Oiseaux 
étrangers  à  cette  contrée.  Elle  faisait  l'ornement  du  Curhaus,  l'éta- 
blissement des  bains.  C'est  sur  la  prière  de  M.  de  Selys-Longchamps 
qu'on  avait  consenti  à  lui  céder,  avec  quelques  autres  pièces,  le 
curieux  échantillon  que  nous  venons  de  décrire.  M.  de  Selys-Long- 
champs n'a  pu  savoir  d'une  manière  positive  s'il  avait  été  obtenu  à 
l'état  sauvage,  quoiqu'on  lui  ait  laissé  penser  qu'il  avait  été  tué  en 
Allemagne. 

L'exemplaire  c?  de  M.  van  Wickevoort  Crommelin,  pris  dans  la 
Hollande  méridionale,  le  10  Juillet  1877,  puis  retenu  dans  le  Jar- 
din zoologique  de  Rotterdam ,  a  été  décrit  par  M.  le  D"'  Paul 
Leverkûhn  (2). 

Voici  la  description  que  celui-ci  en  a  faite  :  «  Bec  dans  le  genre 
de  celui  de  VA .  clypeata,  mais  moins  fort  (clypeat-i  mesure  2.7  larg., 
l'hybride  2.1).  Tète  comme  celle  de  l'A.  dypeata,  avec  des  reflets 
verts;  le  dessus  de  la  tête  d'un  brun  plus  clair  que  chez  cette  dernière 
espèce.  Le  dessous  du  bec,  de  la  gorge  et  des  côtés  du  cou  brun  ;  région 
des  oreilles  et  nuque  foncées.  Poitrine  marron  vermiculé  de  noir.  Le 
miroir  qui,  chez  acuta,  est  vert  changeant  au  roux  vineux,  se  trouve 
ici  d'un  vert  très  décidé:  même,  quand  sous  une  certaine  lumière 
il  paraît  rouge,  on  y  remarque  toujours  un  reflet  vert  très  apparent. 

(1)  Au  moins  adulte  (nous  ignorons  si  le  jeune  _/brmosa  en  est  privé). 

(2)  Voy.  Journal  fur  Ornithologie,  1890,  N»  68,  p.  212.  «  Uber/arblenvariëtaten 
bei  V'ùgel.  »    " 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    D'aPRÈS   NATURE  f)95 

La  lijj;ne  qui  monte  vers  la  tôle(l)  est  blanche,  ni(M(^c  de  jaune  pAle, 
surtout  en  s'apiirocliant  de  la  tôte.  I-c  bleu  cendré  de  l'aile  (propre 
à  Va.  clypcatii]  ne  se  montre  qu'au  bord  des  plumes.  F^es  parties 
supérieures,  le  dos,  la  queue  et  le  croupion,  sont  comme  chez 
l'hybride  de  M.  de  Selys-Longchanips,  c'est-à-dire  comme  chez  la 
femelle  ou  le  jeune  de  l'A.  clypeaîa.  Les  pieds  sont  jaunâtres  à 
membranes  noires  »  (2). 

.M.  le  D""  l'aul  Leverkiihn  a  omis  de  faire  connaître  la  couleur  des 
joues.  Ce  caractère  est  essentiel  ;  il  est  une  des  causes  de  notre 
embarras  dans  la  délerniinalion  de  l'exemplaire  ap[)artenanl  à 
M.  de  SelysLougcham[)s.  Le  docteur  dit  le  dessous  du  bec,  de  la 
gorge  et  des  côtés  du  cou  bruns  ;  l'hybride  de  M.  de  Selys-Long- 
champs  est  bien  dilTérent  sous  ce  rapport,  i)uisque  chez  lui  ces 
mêmes  parties  sont  blanches.  Il  nous  paraît  donc  difTicile  d'établir 
un  parallèle  entre  les  deux  Oiseaux. 

Dafila  acuta  et  Anas  streperea 
(Se  reporter  p.  140  ou  p.  148  des  Méni.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Nous  n'avons  pu  retrouver  la  pièce  qui  était,  d'après  M.  Croin- 
melin,  conservée,  eu  1867,  dans  la  collection  oruithologique  du 
pasteur  Brown,  à  Rotterdam.  Depuis  la  mort  du  pasteur,  sa  collec- 
tion a  été  vendue  aux  enchères,  par  lots  séparés,  entre  amateurs  et 
curieux.  Le  vendeur  est  mort  lui-même  depuis  longtemps  ;  les 
Oiseaux  sont  dispersés,  démolis;  il  ne  reste  plus  de  cette  collection 
(ju'un  vague  souvenir  chez  des  vieillards  (3).  Le  pasteur  Brown, 
de  l'Eglise  écossaise,  qui  vit  aujourd'hui  à  Rotterdam,  possède 
seulement  une  collection  de  conchyliologie. 

On  nous  permettra  d'émettre  quelques  doutes  sur  l'origine  que  l'on 
a  attribuée  à  l'Oiseau  que  nous  avons  fait  chercher  eu  vain.  C'est  le 
seul  de  ce  genre  dont  nous  ayons  entendu  parler  et  le  croifement 
à  l'état  libre  des  deux  espèces  nous  surprend.  Cependant  .M.  Nichols, 
d'Holmood  (Dorking),  nous  a  écrit,  à  une  date  récente,  qu'il  avait 
entendu  parler  lui  même  d'un  hybride  de  Gadwall  et  de  Pintail, 
A.  strcpenax  A.  acuta,  tué  à  l'état  sauvage.  Mais  il  ajoute  qu'il 

(1)  Qui  est  blanche  riiez  le  clypeaîa  et  d'un  hnin  jaunâtre  chez  Yacula. 

(2)  La  traduction  en  langue  française  de  la  description  écrite  en  allemand  par 
M.  Paul  Leverkùhn  nous  a  été  adressée  par  le  regretté  M.  van  Wickewoort 
Croinmelin. 

(3)  Nous  devons  ces  renseignements  à  M.  A.  A.  van  Beramelen. 


696  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

iguore   si  cet  hybride  supposé,  et  qu'il  n'a  pas  vu  d'ailleurs,  est 
bien  identifié. 

Cairina  moschata  et  Anas  clypeata 
(Se  reporter  p.  141  ou  p.  149  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

M.  Oustalet  nous  a  laissé  examiner  dans  son  laboratoire  du 
Muséum  le  soi-disant  hybride  woscbata  et  clypeata  abattu  dans  le 
parc  de  Grigon  par  sou  feu  ami,  M.  Dybowski.  Certes,  si  cet  Oiseau 
est  un  hybride,  c'est  bien  un  échappé  de  captivité  ;  sa  provenance 
d'un  Canard  domestique  n'est  pas  douteuse.  Mais  sa  parenté  avec 
le  clypeata  nous  paraît  fort  suspecte;  nous  avouons  ne  point  l'avoir 
reconnue. 

Anas  streperea  et  Anas  clypeata 
(Se  reporter  p.  141  et  p.  149  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

M.  Wiepken  avait  bien  voulu  accompagner  la  description  de 
son  hybride  d'une  aquarelle  que  nous  avons  fait  copier.  Conservant 
des  doutes  sur  la  double  origine  de  cet  Oiseau,  qui  avait  été  du 
reste  jugé  par  M.  J.  G.  Gurney  comme  un  simple  «  Drake  skoweller 
in  au  unusual  state  of  change  about  the  neck  »,  nous  avons  demandé 
à  M.  Wiepken  de  bien  vouloir  nous  adresser  l'original  en  commu- 
nication. 

Cette  faveur  nous  a  été  refusée  par  cette  raison  <(  que  les  pièces 
d'histoire  naturelle  du  Musée  du  Grand-Duc  sont  montées  excep- 
tionnellement, avec  un  art  exquis,  et  conservées  avec  tant  de  pré- 
cautions qu'on  craint  de  les  exposer  à  quelque  avarie  pendant  uu 
voyage  ».  Mais,  afin  de  nous  convaincre  de  l'hybridité  du  Canard 
qu'il  nous  avait  signalé,  M.  Wiepken  a  fait  dessiner  le  bec  en  regard 
d'un  bec  de  clypeata  pure  race,  et  cela  dans  différentes  positions; 
d'où  il  ressort  certainement  que  le  bec  de  l'hybride  supposé  diflère 
très  notablement  du  vrai  clypeata.  Cependant  nous  ne  sommes  point 
encore  convaincu. 

Nous  reconnaissons  toutefois  que  ce  n'est  point  sur  une  simple 
aquarelle,  faite  assez  sommairement  (point  exacte  en  tous  poinis, 
paraît-il),  que  l'on  peut  formuler  une  opinion.  M.  Wiepken  est 
convaincu  de  l'hybridité  de  sa  pièce,  cela  nous  suffit,  et  nous  le 
remercions  vivement  d'avoir  pris  tant  de  soin  pour  nous  faire 
valoir  ses  arguments,  comme  aussi  de  toute  la  peine  qu'il  s'est 
donnée  en  faisant  dessiner  à  part,  avec  une  rare  perfection,  le  bec 
de  son  Oiseau. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    d'aPRÈS    NATIKK  ()!)7 

Anas  boschas  et  Anas  clypeata 

(Se  reporter  p.   142  et  p.   ISll  des  Mi'in.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

D'après  le  Zoologisl  (1),  uous  avions  meiitionué  uu  hybride  eutre 
le  Mallard  (.1.  boschas)  et  le  Shoveller  (.-1.  clypeata),  pièce  tuée, 
disions-nous,  pendant  l'année  I.S7.">,  dans  le  Hauts.  M.  G.  B.  Corhin, 
de  Riwgood,  citait  cet  liybride  sous  l'auloritc  de  M.  .Mills. 

Ce  dernier  nous  informe  que  le  spécinnii  fut  lue  par  lui-niùmc. 
Toutefois,  si  nous  en  croyons  M.  Ilart,  ce  serait  au  mois  de  janvier 
186:i  (jue  la  pièce  fut  abattue;  celle  pièce  est,  du  reste,  celle  qu'il 
conserve  dans  son  Musée.  Le  deuxième  hybride,  que  nous  avions 
annoncé  (2).  est  à  confondre  avec  la  pièce  de  .M.  Harl. 

M.  Prévôt  a  fait  une  aquarelle  (grandeur  naturelle)  du  sujet  dont 
nous  nous  occupons;  ce  sujet  est  intéressant,  car  la  double  origine 
qu'on  lui  suppose  paraît  assez  bien  établie  Nous  nous  demandons, 
toutefois,  si  cet  Oiseau  n'est  i)as  un  échappé  de  (|uel(|U(^  basse- 
cour;  ses  dimensions  sont  telles  sur  l'aquarelle  qu'elles  dépassent 
les  dimensions  ordinaires  de  l'.-l.  clypeata  et  même  celle  de  l'.l. 
boscttas. 

En  faveur  de  son  parentage  avec  l'.l .  clypeata,  on  peut  faire  valoir: 
la  mandibule  supérieure  du  bec  qui  est  très  longue  et  très  large; 
(elle  déborde  visiblement  sur  la  mandibule  inférieure)  ;  l'absence  du 
collier  blanc  (M),  le  ventre  qui  si;  colore  de  roussàtie,  sauf  vers 
l'anus;  le  miroir  qui  est  d'un  beau  veil,  bordé  au-dessus  de  blanc  (4); 
l'absence  de  plumes  relevées  sur  la  queue. 

Il  paraît  que  l'Oiseau  en  chair  était  moins  long  qu'il  ne  l'est 
acluellemeul;  il  mesurait  25  centimètres;  le  montage  lui  en  donne 
26.  M.  Hart  ajoute  que  la  peinture  que  nous  possédons  donne  trop 
de  longueur  entre  la  pointe  du  bec  et  lesépaules.  La  tète  elle-même 
et  le  cou  seraient  dans  l'original  du  «  bluish-green  »  de  \'A.  clypeata 
et  les  couvertures  supérieures  et  inférieures  de  la  queue  lustrées 
avec  du  vert. 

Un  grand  nombre  de  naturalistes  qui  ont  vu  ce  spécimen  le 
considèrent  tous  comme  un  hybride  entre  le  hosehax  et  la  eb/peata; 
pour  M.  Hart.  sa  provenance  est  bien  indiquée. 

(1)  XIV,  .No  i;i7.  p.  a.  Janvier  1890. 

(2)  P.  143  ou  p.  151  des  Méiii.  (.y  ligne). 

i'i)  Au  inoins  le  collier  n'est-il  que  faiblcinent  indique. 

(4)  La  barre  noire  est  au-dessus  du   blanc  et  non   en  dessous,   comme  chez  le 
boschas. 


698  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

Le  croisement  du  hoschaset  de  la  Spatuta  à  l'état  libre  nous  laisse 
néanmoins  quelques  doutes.  Les  échantillons  que  nous  avons  cités 
portent  des  marques  évidentes  de  leur  captivité.  En  outre,  M.  von 
Madaraz  ayant  eu  la  bonté  de  nous  faire  l'envoi  (1)  du  soi-disant 
hybride  tué  à  Frit  en  janvier  1885  (2),  nous  n'avons  vu  dans  ce 
spécimen  qu'une  variété  d'.l.  boschas.  Quoique  tué  au  mois  de  jan- 
vier, il  n'est  point  en  couleur  ;  sa  robe  est  d'un  brun  sale  mélangé 
de  jaune  gris  ;  ce  mélange  forme,  sur  la  poitrine,  sur  le  cou  et 
la  tête  notamment,  de  longues  taches  brunes  d'aspect  singulier. 
Une  grande  partie  du  cou  (partie  inférieure)  est  entièrement  blan- 
che, ainsi  que  les  plus  grandes  pennes  des  ailes.  Les  jambes  sont 
très  fortes,  plus  épaisses  que  celles  d'un  boschas  domestique,  de 
couleur  jaune  brun  ;  (toutefois  les  pieds  sont  relativement  petits). 
Ce  qui  peut  faire  songer  à  un  croisement  avec  la  chjpniia,  c'est 
la  couleur  vert  sombre  du  miroir  et  la  largeur  du  bec.  Mais  il  faut 
remarquer  :  1°  que  le  miroir  montre  une  tendance  à  un  bord  blanc, 
quoique  peu  visible,  comme  chez  hosclias  (ceci  n'arrive  pas  chez 
chjpeata);  2°  que  le  bec,  quoique  large,  n'accuse  point  la  forme  de 
la  spatule  ;  puis,  surtout,  qu'il  est  beaucoup  plus  court  que  chez 
dypeala  et  même  que  chez  boschas,  ce  qui  n'est  point  admissible 
si  l'Oiseau  provient  d'un  croisement  entre  les  deux  espèces.  —  Dans 
le  cas,  peu  probable,  d'un  hybridisme,  nous  préférerions  lui  donner 
comme  second  parent  Vohscura  et  non  la  clyprata,  non  point  seule- 
ment à  cause  de  la  couleur  foncée,  mais  aussi  à  cause  du  dessin 
des  marques  brunes  de  la  tête  et  du  cou,  lesquelles  marques  sont 
elïilées  et  longues. 

Mais  il  paraît  bien  préférable  de  supjjoser  une  anomalie  mêlée 
d'albinisme  :  anomalie  par  le  peu  de  longueur  du  bec,  l'absence  de 
livrée  des  noces  et  la  coloration  du  miroir;  albinisme  par  le  blanc 
du  cou  et  des  rémiges,  car  celles-ci  sont  blanches  aussi,  ce  qui 
indique  encore  des  marques  de  domeslicité.  M.  Ed.  Hart,  auquel 
nous  avons  adressé  la  peinture  à  l'huile  que  nous  avons  faite  de  cet 
échantillon  y  voil  comme  nous  une  variété  et  non  un  hybride. 
Ajoutons  que  le  montage  de  cette  pièce,  qui  est  en  mauvais  état, 
est  très  défectueux. 

Nous  regrettons  que  M.  le  comte  Otto  Seringi  n'ait  pu  nous  pro- 
curer la  pièce  qu'il  tua  pendant  le  mois  de  septembre  1884  sur  le  lac 
de  Pomagy.  Après  avoir  tiré  le  Canard  en  question,  il  l'avait  remis 
à  son  cousin,  M.  le  baron  d'' Fischer  qui,  allant  justement  à  Vienne, 

(1)  Sur  la  tliMiiantle  do  M.  le  cbevaliei'  von  Tschusi. 

(2)  Conservé  aujourd'hui  au  Musée  national  hongrois. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    DAI'UÈS    NATURE  699 

l'avait  porté  chez  le  conservateur  Nodch  daus  l'intculion  de  l'offrir 
à  rarciiiduc  Rodolphe,  le  prince  liéiéditaire  de  la  luaisou  d'Autri- 
che (1).  Le  b""  Fischer  est  décédé  le  2  juillet  1892,  au  lac  Victoria 
Nyauza  eu  Afrique,  où  il  faisait  partie  d'uue  expédition  ;  en  sorte 
que  M.  Otto  Serin;,^!  n'a  pu  s'adresser  à  celui-ci  pour  obteuir  des 
indicatious.  M.  Nodcb,  chez  lequel  l'Oiseau  a  été  empaillé,  ne  sait 
s'il  serait  possible  de  le  retrouver  dans  la  collection  du  feu  prince 
héréditaire,  collection  faisant  maintenant  partie  des  collections  de 
Sa  Majesté  l'empereur  d'Autriche. 
Aucune  nouvelle  pièce  n'est  à  enregistrer. 

Gairina  moschata  X  Anas  boschas 

(Se  reporter  p.  14t;  ou  p.  154  des  Mémoires  de  la  Soe.  Zool.,  année  1891). 

L'examen  des  nombreux  exemplaires  de  ce  croisement  qui  nous 
ont  été  gracieusement  envoyés  de  différentes  parties  de  l'Europe, 
comme  l'étude  des  gravures  coloriées  qui  rappellent  les  autres 
échantillons  connus,  nous  ont  prouvé  que  l'on  avait  affaire  à  des 
Oiseaux  échappés  de  captivité,  mais  tués  réellement  à  l'état  sau- 
vage en  des  contrées  très  diverses,  puisque  les  uns  ont  été  obtenus 
sur  les  lacs  de  la  Suisse  et  la  Lombardie,  les  autres  sur  des  fleuves 
de  Silésie,  de  Russie  et  de  France,  un  autre  enfin  sur  un  étang  de 
Belgique. 

Un  seul  spécimen  a  vraiment  l'allure,  la  forme  et  les  caractères 
d'une  espèce  sauvage  :  c'est  l'exemplaire  qui  est  conservé  au  Musée 
de  l'Ecole  cantonale  d'Aarau  (Suisse).  Par  son  plumage  il  ressemble 
à  uu  de  ceux  qui  sont  conservés  dans  le  Musée  de  Breslau  dont  les 
formes  sont  beaucoup  plus  lourdes. 

Les  envois  que  nous  avons  reçus  se  décomposent  ainsi  : 

Musée  Zoologique  de  Lausanne  (Suisse),  trois  exemplaires.  (Ce 
sont  les  individus  tués  sur  le  lac  Léman,  pièces  déjà  anciennes, 
datant  du  commencement  de  ce  siècle)  (2). 

Musée  Zoologique  de  Breslau,  deux  pièces  :  l'une  tuée  sur  l'Oder, 

(1)  Mort  depuis,  on  le  sait. 

(2)  L'un  à  Hermance,  en  avril  ISlIi,  un  autre  sur  un  autre  point  du  Lac  eu  1824. 
Ces  deux  Oiseaux  volaient  en  compagnie  de  Canards  sauvages  ordinaires.  M.  le 
Dr  Lar(|uier  des  Bancels,  qui  nous  a  fait  ces  envois,  ne  possède  point  de  données 
exactes  sur  l'époque  et  le  lieu  de  la  capture  du  troisième  individu  ;  mais  il  est  plus 
que  probaljle,  nous  écrit-il,  qu'il  provient  du  lac  Léman.  Le  docteur  ignore  mal- 
heureusement auquel  des  trois  sujets  s'appliquent  les  renseigoemeats  qu'il  nous 
transmet. 


700  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

en  novembre  1836  (et  non  pas  en  1863,  comme  nous  l'avions  indi- 
qué par  erreur);  la  seconde,  tirée  en  1878  par  M.  von  Salisch  à 
Kratzkaw,  petite  localité  de  la  Silésie. 

Collection  de  M.  de  Selys-Longchamps,    une  femelle  tuée  sur 
l'étang  de  Longchamps-sur-Geer. 

Musée  de  l'Ecole  cantonale  d'Aarau,  l'exemplaire  c?  du  colonel 
Frey,  cité  par  Schnitz. 

Les  descriptions  que  nous  avons  faites  de  ces  divers  Oiseaux  sont 
les  suivantes  : 

Musée  de  Lausanne.   Un  premier  échantillon,  étiqueté  :  Canard 
pourpré,  .4nas  purpureus  Schnïtz.  —  De  petite  taille,  c'est-à-dire  iuler- 
médiaire  entre  les  deux  espèces  supposées  mères.  La  partie  du  cou 
descendant  vers  la  poitrine  et  la  poitrine  d'un  beau  brun  roux  de 
brique  s'éclaircissant  vers  le  ventre.  Les  pattes  et  les  pieds  de  fortes 
dimensions  et  de  couleur  orange.  Le  miroir  vert  brillant  et  très  large, 
bordé  en  dessous  de  noir,  lequel  noir  est  liséré  de  blanc.  Grandes 
rémiges  brunes.  Les  plumes  des  flancs  sont  d'un  brun  gris  roux 
cendré  et  bordées  finement  de  blanc.  Tout  le  ventre  blanc  est  mar- 
queté de  traits  gris  brun  formant  le  fer  à  cheval.  Les  taches  du 
poitrail  (au  moins  de  la  partie  basse  du  poitrail)  sont  un  peu  comme 
les  taches  de  l'hermine.  Le  dessus  des  ailes  est  foncé  à  reflets  verts; 
le  dos  inférieur  brun.  Le  dessus  de  la  queue,  et  sans  doute  quelques 
rectrices  médianes,  foncés  avec  reflets  verts,  comme  le  dessus  des 
ailes  ;  à  l'anus  quelques  plumes  roux  rouge  s'étendant  et  se  mélan- 
geant sous  le  dessous  de  la  queue.  Bec  jaune,  légèrement  bordé  de 
noir  à  sou  commencement.  Iris  (artificiel)  jaune.  Tète,  joues  et  haut 
du  cou  violacé  foncé  ;  pas  de  collier  blanc.  —  Cet  Oiseau  est  un  bel 
intermédiaire  entre  les  deux  espèces,  mais  il  est  plutôt  du  côté  de 
boschas  que  du  côté  de  inoschata.  Il  a  été  peint  sur  toile  et  de  gran- 
deur naturelle. 

Un  deuxième  échantillon  portant  la  même  mention  que  le  précé- 
dent. —  De  forte  taille,  et  d'un  aspect  assez  lourd.  Tète,  joues,  et  le 
cou  en  grande  partie  d'un  brun  violacé.  Pieds  assez  forts  et  de  cou- 
leur jaune.  Flancs  d'un  brun  gris  foncé  avec  des  zigzags  grisâtres. 
Traces  du  collier  blanc,  interrompues  de  place  en  place  sur  le 
devant,  très  larges  derrière  le  cou  ;  en  sorte  que  ce  collier,  s'il 
était  complet,  ne  pourrait  former  le  collier  régulier  du  boschas. 
Poitrail  roux  brique  foncé  non  martelé,  tacheté  seulement  dans  la 
partie  basse  vers  le  ventre.  Dessous  de  la  queue  brun  gris,  fluement 
tacheté  au  début.  Miroir  vert  brillant.  Dessus  du  dos,  de  la  queue 
et  des  ailes  :  brun  à  reflets  vert  brillant.  Bec  jaune  corne,  foncé 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS   d'aPRÈS   NATURE  701 

sur  la  mandibule.  Iris  (artificiel)  jaune.  Couvertures  des  ailes 
brun  clair. 

L'Oiseau  parait  être  un  |)roduit  domestique.  Il  a  été  peint  à 
l'huile  comme  le  précédent. 

Un  troisihni-  érhanlilloii  est  marqué  d'albinisme  en  plusieurs 
endroits  :  au-dessus  et  en  dessous  du  collier  blanc,  sur  les  nan(;s 
et  sur  les  grandes  rémiges  extérieures  ;  en  plus,  une  tache  blanche 
se  voit  à  l'épaule.  Ces  mar(iues  sont  des  indices  certains  de  captivité. 
Le  bec  est  jaune,  couvert  A  son  milieu  d'une  large  tache  brun  foncé 
de  (orme  irrégulière.  Iris  (artificiel)  jaune;  pattes  jaune  orangé 
avec  un  peu  de  chrome  clair;  pieds  forts.  Tout  le  devant  du  ventre 
avec  taches  brun  gris  imi  liinulles  ou  demi-cercles  allongés  (pii  se 
confondent  peu  à  peu  avec  le  fond  de  la  couleur  qui  est  blanch(\ 
Le  poitrail,  rou.x  brique,  se  mêle  avec  les  nuances  desquelles  il  se 
rap()roche.  Dessus  du  dos,  des  ailes  et  de  la  croupe  brun  avec  reflets 
verts;  miroir  vert  ;  petites  rémiges  brunes  ;  dessus  de  la  queue 
brun  avec  reflets  verts  ;  dessous  de  la  queue  gris  cendré,  tout  blanc 
vers  l'anus.  Tête  et  cou  violacé  pourpré  ;  couvertures  des  ailes 
brunes.  — Cet  individu  est  fort  ;  néanmoins  il  peut  comme  le  précé- 
(Itiii  passer  pour  intermédiaire  par  ses  dimensions  entre  les  deu.x 
espèces.  Nous  avons  peint  cette  pièce. 

Musée  de  Breslau.  exemplaire  de  IS(i3.  —  Tient  plus  de  la  moschala 
que  de  VA.  bouchas,  tant  par  la  coloration  générale  que  par  la  taille 
(lui  n'atteint  pas  toutefois  celle  de  la  Vnirina.  La  nuance  de  la  tôle 
et  du  cou  produit  IVlIct  ([ue  produit  cidle  du  Rackelhane,  c'est-à- 
dire  du  vert  noir  violacé  bronzé.  Le  bec  est  e.xcessivement  petit 
pour  la  longueur  très  considérable  du  corps;  pas  de  huppe,  ni  de 
])la(pies  verruqueuscs  sur  les  joues  et  autour  de  l'œil.  Dessus  du 
dos  et  scapulaires  noir  verdàtre  (vert  de  Paon),  très  métallique, 
comme  chez  Cairiua;  miroir  foncé.  Couvertures  des  ailes  brun  avec 
reflets  noirâtres,  quelque  peu  bleuâtres;  par  là,  l'Oiseau  s'éloigne 
du  /;o.s-c/irj.s  et  de  la  Cairina.  Flancs  avec  zigzags  blancs  sur  fond 
noir  grisâtre,  avauyanl  et  montant  vers  le  poitrail.  Cette  partie  et 
la  gorge,  brun  de  brique  martelé,  s'éclaircissent  dans  le  milieu. 
Ventre  et  haut  du  ventre  gris  blanc  mélangé  avec  du  brun  gris  et  se 
confondant  avec  les  petites  taches  du  poitrail,  ce  qui  rappelle  beau- 
coup le6o.se/ias  en  mue  (été).  Collier  blanc  ;  bec  foncé  ;  iris  (artificiel) 
châtain.  Sur  le  bord  et  vers  le  milieu  de  l'aile,  un  peu  de  gris 
blancliàtre  se  fondant  dans  le  brun.  Dessus  de  la  télé  comme  le 
vert  noir  métallique  du  Paon,  surtout  lorsque  l'on  place  l'Oiseau 
dans  un  certain  jour.  Pattes  fortes  de  couleur  jaune  verdàtre. 


702  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

Ce  spécimen  est  uu  excellent  iutermédiaire  entre  les  deux  espèces. 
Nous  n'oserions  dire  qu'il  a  une  origine  domestique,  car  il  ne  porte 
aucune  trace  d'albinisme  ou  des  couleurs  faisant  songer  à  un  Oiseau 
dégénéré  ;  toutefois,  sa  forme,  (si  elle  est  bien  conservée),  est  un 
peu  lourde. 

Même  Musée.  Exemplaire  obtenu  en  JS7S.  —  Diffère  tout  à  fait  du 
précédent  ;  il  est  beaucoup  plus  hosc.has  que  moschuta.  Les  grandes 
rémiges  blanches  indiquent  qu'on  a  sans  doute  affaire  à  uu  Oiseau 
échappé  de  captivité.  Sa  taille  est  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces.  Point  de  plaque  nue  et  verruqueuse  sur  les  joues  ni  autour 
de  l'œil  ;  point  de  huppe.  Tête  à  reflets  noirs  violacés,  quoique  d'une 
tonalité  générale  vert  foncé.  Bec  couleur  chair,  bordé  de  noir  tout 
autour.  Collier  blanc  très  visible  et  très  accentué.  Jabot  (poitrail) 
martelé,  du  brun  roux  du  hoschas;  mais  cette  couleur  descend  plus 
ici  qu'elle  ne  descend  chez  cette  espèce,  tout  au  moins  elle  peut 
servir  de  recouvrement  à  l'aile.  Sous  le  ventre  :  quantité  de  petites 
marques  noires,  grisâtres,  et  poinlillées.  Flancs  d'un  noir  gris, 
pointillés  daus  le  haut;  zigzags  plus  bas.  Grandes  peunes  exté- 
rieures blanches  ;  celles  qui  sont  rapprochées  du  corps  sont  brunes. 
Miroir  large  et  vert  foncé,  bordé  d'un  liséré  blanc  ;  couvertures 
de  l'aile  noir  bruu  et  bordées  d'un  liseré  blanc  ;  cette  couleur 
n'existe  pas  aux  rectrices  externes  de  la  queue,  laquelle  peut  passer 
pour  intermédiaire.  Pattes  orange  rouge;  queue  uoir  verdàtre  :  dos 
brun  et  vert  brillant;  mais  sur  le  devant,  plus  de  brun  que  chez 
l'exemplaire  tué  sur  l'Oder.  Iris  (artiliciel)  olive.  Ongles  jaune 
clair.  —  Cette  bête  élégante,  moins  forte  que  la  précédente,  est 
sans  doute  un  hybride  du  Canard  ordinaire  et  du  Canard  musqué  ; 
elle  peut  à  la  rigueur  même  passer  pour  intermédiaire  entre  les 
deux  types,  tant  par  la  disposition  de  son  plumage,  que  par  sa 
couleur  et  sa  taille  ;  mais  elles  est  à  peu  près  semblable  à  un 
hybride  obtenu  chez  nous  eu  captivité.  Cette  dernière  pièce  montée 
se  trouve  aujourd'hui  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Rouen, 
dans  la  section  agricole  (1).  Cependant,  reconnaissons  le,  notre 
Canard  avait  les  pattes,  les  doigts  et  les  palmes  rosées  avec  du 
gris  noir  çà  et  là,  tandis  que  l'individu  du  Musée  de  Breslau  a  les 
mêmes  parties  jaune  foncé.  Les  deux  becs,  de  couleur  claire  rosée, 
sont  presque  identiques. 

Muaée  d'Aaraii.  —  L'étiquette  est  ainsi  libellée  :  «  Anus  purpureo- 
viridis,  boschas  L.  X  moschata,  L.  en  92  ».  C'est  très  probablement  le 

(1)  La  section  agricole  est  récente  ;  elle  a  été  organisée  avec  beaucoup  de  science 
par  le  directeur  du  Musée,  M.  le  D'  Pennelier. 


ADniTIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'a['RÈS    NATURE  703 

spécimen  du  colouel  Kray  (1),  quoiiju'ou  n'ait  pu  nous  l'assurur, 
l'étiquette  d'origine  ayant  disparu.  C'est  un  très  étrauj^e  spécimen, 
produisant  un  clTet  sinj;ulii'i- ;  il  semble  être  de  la  catégorie  de  ces 
Oiseaux  imaginairi's  que  les  peintres  ou  les  poètes,  amis  du  mer- 
veilleux, se  permettent  parfois  d'inventer.  Il  est  très  élancé  dans  sa 
forme  ;  le  cou  est  très  long  ;  le  corps,  |)eu  épais,  se  prolonge  en 
alTectaiit  la  forme  tl'un  canot. 

Par  ses  proportions,  ce  Canard  rappelle  celles  de  la  Cairina  ; 
néanmoins  il  n'atteint  pas  la  taille  de  cet  Oiseau.  La  partie  du 
devant  est  d'un  ton  rou.v  brique  vineux,  se  blanchissant  vers  le 
milieu  ;  ce  ton  brique  roux  est  martelé  régulièremeut  de  taches 
foncées  en  forme  de  croissants.  Toute  la  tête,  d'un  ton  violet  foncé, 
est  couveite  d'une  crête  bien  prononcée  (laquelle  créle  se  prolonge 
sur  le  cou).  L'iris  (artificiel)  est  jaune  ;  le  bec  jaune  orange.  La 
mandibule  supérieure  est,  à  sa  naissance,  bordée  de  noir  ;  l'onglet 
est  noir.  Le  dessus  du  dos  reflète,  en  chatoyant,  les  tous  verts 
(jnelque  peu  vicdacés  du  miroir;  mais  sa  teinte  générale,  comme 
celle  des  couvertures  des  ailes,  est  le  brun  terne.  Les  rémiges  sont 
brunes  avec  des  reflets  violacés,  au  moins  à  leur  partie  terminale, 
notamment  les  rémiges  les  plus  rapprochées  du  dos.  Les  couver- 
tures de  la  queue,  ainsi  que  les  rectrices  médianes,  sont  de  même 
teinte,  (luoique  plus  foncées  et  avec  des  reflets  verdàtres.  Rectrices 
extérieures  brunes  et  bordées  de  teinte  plus  claire.  Klancs  et  côtés 
avec  zigzags  d'un  beau  brun  gris,  tachetés  tiuementde  petits  points 
plus  clairs.  Ventre  gris  violacé  brunâtre,  très  clair  et  martelé, 
piqueté  de  gris.  Pattes  jaune  orangi;  cuir.  Pas  de  trace  de  peau 
verruqueuse  à  la  région  de  l'œil.  .\  la  place  du  collier  (du  côté 
gauche?)  (2)  se  voient  deux  petites  plumes  blanches. 

Cet  Oiseau,  peiut  à  l'huile  par  M.  Charpentier,  a  bien  l'aspect 
d'une  pièce  sauvage;  sans  doute,  le  montage  a  rendu  ses  formes 
trop  élancées.  .Malgré  l'absence  de  peau  verruqueuse  à  la  tète,  ce 
spécimen  se  moutic  comnin  un  intermédiaire  entre  les  dcnix  es|)èces. 

Colh'ctùm  (If  M.  le  linnin  F.il.  dr  Sebja-I.oiiiicluuiiiis  Exem|)lairc  9 
tué  par  M.  de  Selys-Longchamps  sur  les  étangs  de  Longchamps. 
—  L'Oiseau  n'est  guère  plus  gros  qu'un  Canard  ordinaire  de 
basse-cour;  le  bec  est  profomlémenl  orangé,  ainsi  que  les  pattes. 
11  existe  une  tonalité  générale  et  certains  reflets  pourprés  et  verts 
sur  les  parties  supérieures;  i-es  reflets  paraissent  bieu  indiquer 

(1|  Autant  que  nous  pouvons  nous  le  rappeler. 
(2)  Déjà  cité  p.  147  ot  p.  I.So  ries  Mém. 


704  OISEAUX    HYBRIDES    RENCOiNTRÉS    A    LÉTAT    SAUVAGE 

l'origine  j«osr/iafa;  l'Oiseau  présente  en  oulre  un  miroir  gris  vert 
foncé  (1). 

En  dehors  de  ces  pièces  montées,  qui  nous  ont  été  gracieusement 
adressées,  nous  avons  examiné  au 

Musée  de  M.  Noury,  à  Elbeuf,  un  hybride  que  ce  naturaliste  a  tué 
lui-même  surla  Seine,  il  y  a  quinze  ans  environ,  en  face  de  Preneuse, 
(autant  qu'il  peut  se  rappeler).  L'Oiseau,  nous  dit  le  sympathique 
directeur  (i),  volait  à  la  manière  des  Canards  sauvages  et  se  trouvait 
avec  des  boschas.  Bec  jaune  orange,  pattes  du  même  ton  ;  poitrail 
roux  brique;  tète  violacée;  taille  intermédiaire  entre  les  deux 
espèces,  plutôt  du  côté  de  la  moschata. 

Il  est  remarquable  qu'aucun  de  ces  sept  exemplaires  mâles  n'ait 
de  peau  nue  et  verruqueuse  sur  les  joues,  à  la  manière  de  la 
('(iirina;  notre  hybride  c?,  né  en  domesticité,  n'en  montre  pas 
davantage  et  nous  n'en  apercevons  aucune  trace  sur  l'Oiseau  du 
D''  G.  Radde,  représenté  dans  son  ((  Omis  caucasica.  »  Empressons- 
nous  de  constate]-  que  ce  dernier  Oiseau,  dont  nous  ne  parlerons 
pas,  indi(]ue  encore,  par  ses  rectrices  blanches  et  le  grand  espace 
blanc  autour  du  cou,  un  Canard  né  en  domesticité. 

Nous  avions  demandé  à  M.  van  Beneden  le  sujet  qu'il  fit  exami- 
nera Louvain  par  M.  de  Selys  Longchamps;  M.  van  Beneden  espé- 
rait le  trouver  dans  l'Uuiversité  de  cette  ville.  Ses  espérances  ont 
été  trompées;  après  avoir  parcouru,  nous  écrit-il,  les  collections, 
l'hybride  ne  s'y  est  point  rencontré  (3). 

Cairina  MOSCHATA  et  Anas  boschas  (ou  Anas  obscuraV) 

Le  «  Forest  and  Stream  ))  de  New-York  (4)  paraît  avoir  mentionné 
des  captures  du  genre  de  celles  dont  on  vient  de  parler.  Cependant 
nous  ne  sommes  point  assuré  qu'il  soit  réellement  question  ici  d'hy- 
brides de  la  nioschtifa  avec  le  liosrhus:  il  s'agit  peut-être  de  produits 

(1)  Nous  ne  pouvons  le  décrire  plus  longuement,  car  nous  n'avons  point  de 
femelle  moschata  pure  espèce  pour  l'e.xaniiner. 

(2)  Nous  apprenons,  au  moment  où  ce  livre  s'imprime,  la  mort  de  ce  naturaliste 
éminent,  notre  ami. 

(3)  D'après  une  communication  que  veut  bien  nous  faire  très  obligeamment  M.  le 
chevalier  Victor  von  Tschuzi  zu  Schmidolîen,  il  e.xisterait  au  Musée  de  Laibach 
un  hybride  d'Anas  moschata  et  d'/lnas  bosclias  ('?).  Le  chevalier  ne  nous  dit 
point  si  cet  Oiseau  (sur  l'origine  duquel  on  ne  parait  point  absolument  (i.\é,  comme 
en  témoigne  le  point  d'interrogation  placé  après  le  nom  de  la  deuxième  espèce),  a 
été  sûrement  recueilli  à  l'état  sauvage. 

(4)  Vol.  1,  pp.  342,  374;  vol.  III,  pp.  338  et  339. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   Kl    EXAMKNS    D'aPRÈS    NATURE  70ij 

de  la  md.fchatit  avec  Voliscura  qui  furent  nithne  tout  d'abord,  on  va 
le  voir,  détemilués  comme  hybrides  de  Canards  et  d'Oies. 

Pendant  les  années  1870,  1871  et  1872  plusieurs  Canards  «  étran- 
jiçes  »  furent  aperçus  sur  les  bords  de  l'Atlantique  à  la  suite  d'une 
longue  teini)ôte  nord-est  qui  fui  désastreuse  |)ourees  côtes.  Deux 
d'entre  eux  furent  tués  près  du  Black-bird  sur  le  Delaware,  un 
autre  près  de  Syracuse  (New-York);  on  parlait  à  la  même  époque 
d'un  quatrième  qui  se  trouvait  dans  celte  ville. 

M.  J.  H.  Balty,  ayant  comparé  leurs  descriptions  avec  celles 
d'autres  hybrides,  les  supposa  provenir  de  \'A.  lioxchaK  c?  et  de  la 
femelle  de  la  White  frouted  ou  de  la  Siiow  Geese.  »  f^e  plumage  de  ces 
Canards  est  lourd  et  compact,  disait-il,  ressemblant  à  celui  de  ces 
Oies.  L'un  d'eux  a  des  marques  blanches  à  la  base  du  bec,  marques 
qui  sont  particulières  à  VAiiscr  gambeli ;  l'autre  a  les  primaires 
blanches,  ce  qui  est  une  marque  de  ÏAiiser  liijpcrbureus  (I).  Mais 
M.  Perdix  contredit  bientôt  l'opinion  de  M.  Batty  (2)  et  cita,  en 
faveur  de  sa  manière  de  voir,  cinq  spécimens  hybrides  du  môme 
genre  conservés  dans  la  collection  de  l'.Académie  des  Sciences 
naturelles  lie  Philadelphie  (Cat.  N  398],  dont  deux  ressemblent  beau- 
coup à  ceux  tués  au  Black-bird  et  les  trois  autres,  plus  petits,  ont 
les  primaires  blanches  ainsi  que  beaucoup  d'autres  plumes  de  ce 
ton.  Ces  Cauards,  remarquait-on,  sont  bien  connus  des  chasseurs 
des  Nevv-iMadrid  Swamps  (Mo.)  et  du  Réel  Foot  Lake(Tenn.),  qui 
les  appellent  (i  Black  Mallards  ;  ))  mais  on  n'aurait  jamais  tué  de 
femelles  (3). 

Qu'il  soit  ici  question  des  produits  de  la  C.  moschata  avec 
Va.  hoxchas,  ou  plutôt  de  la  C.  wosrluild  avec  r.4.  olisnini  (ce  que 
nous  croyons  plus  probable,  car,  d'après  une  communication  de 
M.  Witner  Stones,  conservateur  de  l'Oruithological  section  du 
Musée  de  Philadelphie,  on  conserve  dans  ce  .Musée  des  hybrides 
de  ce  dernier  croisement,  sans  doute  ceux  auxquels  M.  Balty  a 
fait  allusion),  on  ne  peut  voir  dans  ces  produits  (jue  des  échappés 
de  captivité.  La  preuve  en  est  dans  leur  description.  Ou  s'est,  eu 
effet,  vite  aperçu  que  M.  Batly  décrit  l'un  d'eux  avec  les  primaires 
d'un  blanc  pur,  un  autre  avec  ces  mêmes  plumes  de  couleur  ardoise 
foncé,  que  deux  individus  du  .Musée  de  Philadelphie  ressemblent 
beaucoup  à  ces  derniers,  tandis  que  trois  plus  petits  ont  non- 
seulement  les  primaires  blanches,  mais  encore  beaucoup  de  blanc 
sur  tout  le  plumage. 

(1)  Forest  and  Siream,  vol.   I,  p.  342,  1873? 

(2)  Mi-me  journal,  p.  374. 

(3)  Le  Musée  de  Wasbingtoa  recevrait  aussi  de  ces  produits. 


706  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

Et  du  reste  rafTirmation  de  l'origine  domestique  des  hybrides  de 
la  moKcluita  avec  le  boschas  se  trouve  en  quelque  sorte  dans  un  passage 
des  livres  d'Audubon.  Le  célèbre  ornithologiste  tait  savoir  (1)  que 
les  habitants  du  Mississipi  attrapent  des  Mallards  encore  jeunes,  les 
apprivoisent,  les  croisent  avec  le  Canard  musqué,  puis  que  leurs 
hybrides,  d'une  forte  taille,  s'échappent  quelquefois  et  deviennent 
tout-à-fait  sauvages,  ce  qui  les  a  fait  considérer  comme  espèces  dis- 
tinctes par  plusieurs  personnes  (2).  Un  correspondant  du  «  Forest 
and  Stream  »  (;i)  dit  aussi  qu'on  l'a  informé  que  de  tels  hybrides 
sont  bien  connus  dans  les  cours  des  fermes,  et  que- /es  nouvellrs  cou- 
vées sont  très  aptes  à  prendre  leur  ml  et  à  partir  avec  le  parent  sau- 
vage (4). 

Nous  ne  croyons  point  ces  Oiseaux  fertiles,  comme  on  l'a  dit  une 
seule  fois  (5)  ;  nos  spécimens,  nés  et  conservés  eu  domesticité,  nous 
ont  démontré  le  contraire,  ainsi  que  maints  autres  exemplaires 
recueillis  un  peu  partout. 

ANAS  PENELOPE  et  ÀNAS  STREPERA 

M.  Thom  S.  Esty,  de  Nicasio  (Californie),  a  fait  connaître  un 
fait  fort  intéressant.  Pendant  douze  années  de  chasses  fréquentes 
danscette  vaste  contrée  où  il  n'obtint  aucun  hybride,  il  aperçut  une 
fois  une  femelle  VVidgeon  accompagnée  de  sept  jeunes  qui  parais- 
saient être  croisés  de  »  Gadwall  »  (.-1.  strepera).  Détail  piquant, 
cette  femelle  avait  été  estropiée  à  l'aile  et  n'avait  pu  se  rendre  vers 
le  Nord  avec  les  Canards  de  son  espèce. 

Voilà  un  fait  qui  coullrme  l'opinion  émise  au  commencement  de 
notre  travail  :  à  savoir  que  des  hybrides  chez  les  Anatidœ  doivent 

(1)  Ornithological  biography,  Edimbourg,  1835,5  vol.  griind  in-8",  p.  104,  ou 
Birds  ofNorth  American.  Ottava.  Ce  dernier  ouvrage  est  cilé  in  «  Korest  and 
Stream,  ii  (I,  p.,  374)  -,  nous  ne  l'avons  point  consulté. 

(2)  M.  John  G.  Bell  les  a  appelés  u  Fiilignla  violacea  «  et  M.  Gi-oos  a  nommé 
celui  qui  tut  pris  dans  la  Jamaïque  u  Anas  maxiina.  n  Audubon  dit  à  ce  sujet  que 
la  moschala  et  le  blacli  Duclc  «  produce  ollspring  ol  enormous  size,  which  liave 
beeacaledAnasniaxima.ii  (Voy.inAuk,  1S',)2,  April,  Elliol  :  On  hybridisni,  p.  II5)_ 
Unhybride  similaire  est  décrit  dans  u  Auital  urnitliological  Club,  ISW.  Oiseaux 
d'eau,  p.  883.  Ces  croisements  sont  ainsi  rappelés  par  M.  D.  G.  Elliot  dans  tbe  Auk 
(N"  d'avril  1894,  p.  165.  Voy.  :  Hybridism  and  a  Description  of  u  hjrbrid  between 
Anaa  boschas  and  Anas  america). 

(3)  F.,a  communication  est  datée  de  Washington,  janvier,  28,  1874. 

(4)  Qui  parait  être  tantôt  le  boschas,  tantôt  la  cairina. 

(5)  Forest  and  Stream,  vol.  V. 


ADDITIONS,    CORRIXTIONS    l'.T    EXAMENS    d'aPRÉS    NATURK  707 

leur  naissance  à  des  individus  qui  ne  jouissent  pas  complètement 
de  leur  liberté  (1). 

MaRECA    PENELOPE   X    QUERQUEDULA    CIRCIA 

Si  des  revues  ornithologiques  u'avaient  point  mculiouiié  l'hybride 
de  ces  deux  espèces,  nous  l'aurions  passé  sous  silence,  car,  depuis 
les  citations  ([ui  ont  été  faites  à  sou  sujet,  on  a  reconnu  qu'il  n'était 
autre  qu'une  siiniile  femelle  pencloiie. 

L'Oiseau  9  avait  été  tiré  dans  un  fossé  des  salines  de  M.  Paolo 
Damiani,  le  29 octobre  1892,  à  PortoFerrari  (2).  T^'auteurde  l'article 
de  la  «  Revista  italiana  »,  dans  hu|uelle  l'Oiseau  est  cité  pour  la 
première  fois  (3),  n'ayant  pu  l'identifiera  une  espèce  connue,  l'avait 
adressé  au  ((  Muspo  dei  tertehatri  de  Florence,  où  on  l'avait  inscrit 
comme  Mareca  pcnelope  x  y "''"'/ '"'''"'"  l'ii'cia  ». 

M.  le  commandeur  Gisliogli  a  eu  l'obligeance  de  nous  adresser 
cette  pièce  en  communication.  La  dénomination  qu'elle  porte  ne 
nous  a  point  paru  justifiée.  Sa  très  petite  taille  fait,  il  est  vrai, 
songer  immédiatement  à  un  croisement  de  circia  avec  peuclope; 
mais  si  ou  étudie  avec  attention  le  dessin  et  la  coloration  du  plu- 
mage, on  n'aperçoit  nulle  part  un  rappel  du  dessin  du  plumage  de 
la  Sarcelle  d'été.  La  forme  et  la  couleur  foncée  du  bec,  la  coloration 
des  pieds,  le  miroir  sont  aussi  du  pfiirlope. 

La  finesse  du  contour  du  corjis,  la  petite  taille  de  l'Oiseau  sont 
les  seuls  caractères  que  l'on  peut  alléguer  en  faveur  d'une  double 
origine.  Il  serait  vraiment  extraordinaire,  (si  ou  avait  allaire  à  un 
véritable  métis),  qu'aucune  trace  de  mélange  d'une  des  deux 
espèces,  la  vircia,  ne  s'aperçut  sur  son  plumage.  Du  reste.  M.  Giglioli, 
ayant  examiné  tout  dernièrement  cette  pièce,  veut  bien  iu)us  faire 
savoir  qu'il  ne  la  considère  plus  que  comme  une  jeune  femelle  de 
la  Miireca  penelopc. 

(1)  Anas  penelopc  X  Anas  formosa.  M.  vaa  Kempen  a  eu  l'obligeance  de  nous 
adresser  en  coninuinicatioii  un  liel  écliantillon  paraissant  provenir  du  croisement 
de  ces  deu.x  espèces.  Mallieureusenient  le  savant  collectionneur  n'a  pu  nous  dire 
si  l'Oiseau  avait  été  obtenu  à  l'étal  sauva^çe.  Celte  pièce  provient  plus  vraisembla- 
blement d'un  croisement  obtenu  en  captivité.  Nous  n'avons  point  à  la  décrire  ici, 
puisque  son  oriuiue  esl  inconnue.  Ce  Canard  a  du  reste  été  cité  par  M.  van  K'Mupen 
(Mém.  Soc.  Zool.  de  Krance,  I8'J0)  t  Uiseaax  liybrides  de  ma  collection.  11  Nous 
en  conservons  une  bonne  peinture  sur  toile. 

(i)  lie  d'Elbe. 

(3)  u  Hevista  italiana  di  sciemi  natarali,  n  Sienna,  15  marzo  18'J4,  N°  3,  p.  37. 


708  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

QUERQUEDULA    CIRCIA    X    QuERQUEDULA   CRECCA 

M.  Walter  Rothschild  conserve  dans  sou  Musée  de  Tring  une 
Sarcelle  tuée  à  l'état  sauvage,  en  Hollande,  vers  1881.  Cet  Oiseau 
fut  envoyé  directement  par  le  chasseur  à  M.  Philippe  Castang,  du 
Leadenhall  Market.  Elle  ne  paraît  avoir  été  mentionnée  dans  aucun 
livre  et  serait,  d'après  M.  Ernest  Hartert,  un  croisement  de  la 
Querqncdula  circin  et  de  la  Qui'rqucdula  crcccn. 

Nous  n'avons  point  vu  cet  Oiseau,  mais  nous  l'avons  fait  peindre 
de  grandeur  naturelle.  Si  c'est  réellement  un  hybride  des  deux 
espèces,  comme  le  croit  M.  Hartert,  il  faut  reconnaître  que  la  cinia 
est  à  peine  rappelée.  M.  .1.  H.  Gurney  ne  voit  même  aucun  signe 
qui  puisse  la  faire  soupçonner  ;  cependant,  MM.  Vian  et  le  Baron 
d'Hamonville  semblent  être  de  l'avis  de  M.  Hartert. 

La  seule  marque  à  mes  yeux  qui  distingue  cet  Oiseau  de  la 
Q.  crecca  ordinaire,  c'est  la  pâleur  des  joues,  d'un  grisâtre  à  peine 
chamois,  tandis  que  les  mêmes  parties  sont  foncées  chez  la  Sarcelle 
d'hiver.  Mais  on  peut  se  trouver  en  présence  d'une  décoloration 
partielle,  affectant  une  vieille  femelle  revêtant  la  livrée  du  mâle, 
ou  bien  encore  un  jeune  en  relard  sur  les  individus  de  son  âge. 

Nous  regrettons  vivement  que  cette  pièce  n'ait  pu  nous  être 
communiquée;  nous  remercions  néanmoins  M.  Rothschild  d'avoir 
bien  voulu  nous  autoriser  à  la  faire  peindre. 

Anas  discors  (1)  et  Spatuta  clvpeata 

Cet  hybride,  dont  aucune  mention  n'aurait  encore  été  faite,  nous 
a  été  indiqué  par  M.  Manly  Hardy,  de  Brewer,  Maine  (Etats-Unis). 
Celui-ci  a  vu  l'Oiseau  chez  un  gentleman  de  Dewer  (Colorado) , 
M.  C.  A.  Cooper.  La  pièce  en  question  fut  prise  et  montée  par 
M.  W™  H.  Smith,  de  Leveland;  elle  ressemble  par  sa  couleur  aux 
deux  espèces  qui  sont  bien  différentes,  mais  elle  a  le  bec  de  la 
Spatuta.  M.  Manly  Hardy  espère  pouvoir  acquérir  ce  nouvel  hybride. 

Anas  discors  etJ.V.NAS  cyanoptera  (2) 
Grâce  encore  à  l'obligeance  de  M.   Hardy,  nous  pouvons  enre- 

(1)  C'est  la  Blue-\Viii(.'eii  Teal  qui  porte  les  autres  noms  scientiliqiie>  suivants  : 
Querquedula  americana  et  virigiana,  Cyanopteras  discors,  J'terocjranea 
discors. 

(2)  C'est  la  Cinnamon  Teal. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  709 

jïisirer  ce  croisement  qui  ne  paraît  point  avoir  été  décrit  et 
que  M.  Hardy  a  obtenu  du  niènu-  M.  Smith.  La  descrijjtion  nous 
est  adressée  ainsi  :  ((  Poitrine  à  peu  près  semblable  à  celle  de  la 
cyanoptn'a  ;  queue  d'un  brun  très  blanchâtre  aux  bouts  ;  haut  de 
la  tète  brun  foncé  ;  une  raie  devant  chacjue  œil  et  une  autre  sur  le 
côté  du  bec  ;  celte  raie  est,  à  sa  base,  blanche,  tandis  qu'elle  est 
de  couleur  cannelle  lorsqu'elle  rejoint  la  raie  de  la  ^nrge.  Une 
tache  brun  foncé  se  voit  à  la  base  de  la  mandibule  inférieure.  Une 
raie  ([ui  part  de  l'œil,  presque  à  côté  du  cou,  et  atteint  une  longueur 
de  trois  ponces,  est  de  couleur  gris  bleuâtre  ;  entre  cette  raie  et  la 
raie  cannelle  de  la  gorge,  le  bruu  est  dominant. 

Le  plumage  des  deux  types  jiurs  est  tellement  mélangé,  nous  dit 
i\L  Mauly  Hardy,  qu'il  est  bien  ditlicile  de  décrire  leur  produit 
qui  possède  du  vert  sur  les  secondaires,  comme  dans  1'^ .  cj/anoplcrd. 

Nous  ne  connai.ssons  point  les  deux  espèces  ;  chez  les  deux 
i'épaulement  est  bleu.  Nous  les  supposons  très  rapprochées,  quoique 
distinctes,  d'après  les  renseignements  que  nous  communique 
M.  Oustalet(l). 

Anas  strepëra  et  Anas  americana 

Voici  encore  un  nouveau  croisement  à  enregistrer.  M.  Marily 
Hardy  nous  en  a  adressé  la  photographie  avec  la  description  sui- 
vante :  ((  Sexe  mâle;  plaque  rousse  ou  brun  rougeâtresur  le  sommet 
delà  lète  ;  le  front  et  toute  la  gorge  linemeut  bigarrés  de  taches 
sombres  d'un  beau  brun  rougeàtre.  Les  côtés  de  la  tète  foncés  avec 
des  points  blancs  ;  le  derrière  du  cou  vert.  Le  dos  finement  bigarré, 
vermiculé  légèrement  de  brun  sombre.  La  poitrine  brun  rougeàtre 
avec  des  taches  noires  en  forme  de  croissant.  Les  parties  infé- 
rieures, blanches  avec  lavis  jaune.  Le  dessous  de  l'anus  noir  ;  la 
queue  presque  carrée  au  bout  et  d'une  couleur  cendré  clair  en 
dessous,  plus  foncée  au  dessus.  L'aile  est  un  mélange  eutre  l'aile 
de  A.  sircpera  et  celle  de  A.  americann. 

Ce  curieux  spécimen  se  trouvait  comme  les  deux  précédents  chez 
M.W.  H.  Smith,  de  Leveland  (Colorado), 

M.  Manly  Hardy  aurait  entendu  parler,  croyons-nous,  d'une 
autre  pièce  semblable  à  ce  spécimen,  pièce  prise  à  l'état  sauvage 
par  M.  Smith  'f 

|1)  Depuis  les  renseigneineiils  que  nous  a  envoyés  faite  M .  Ilnrily,  le  Sliooling 
and  Pisliing  rappelle  très  sommairement  cet  hybride  et  le  précédent.  M.  Manly 
llardy  les  a  fait  pUotograpliier  pour  nous. 


710  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

L'Anas  americana  (American  Wigeon)  est  une  Marèque  très  voi- 
sine, on  lésait,  delà  Mareca  penelope,  sans  doute  une  simple  variété. 
Le  croisement  que  nous  citons  pourrait  donc  être,  à  la  rigueur, 
rapporté  à  celui  de  VAnas  penelope  et  de  l'Anus  strepera,  cité  plus 
haut. 

Hymeolaemus  malacorhyncbus  et  Anas  superciliosa? 
(ou  ce  dernier  avec  I'Anas  boschas  dont.) 

C'est  sous  réserves  que  nous  faisons  mention  de  ce  croisement. 
M.  R.  I.  Kingsly  le  signale  dans  une  publication  (2)  que  nous 
n'avons  point  entre  les  mains.  M.  le  D"' Reichenow,  qui  a  reproduit 
la  note  de  M.  Kingsly  (3),  nous  fait  savoir  que  celui-ci  hésite  entre 
un  croisement  d' Hymeolde mus  malacorhynchus  X  J.  superciliosa  ou 
entre  un  croisement  du  Canard  domestique  avec  le  dernier.  ((  This 
bird,  dit,  en  effet,  l'ornithologiste,  is  either  a  cross  between  the 
Grey  duck  (Anas  superciliosa)  and  the  Blue  moutain  duck  (Hym. 
malacorhynchus],  or  between  our  domestic  Duck  and  the  former.  » 
Voici  la  description  qu'il  en  fait  :  «  The  head  is  that  of  the  Green 
duck  {Anas  superciliosa.)  atlhough  the  markings  are  somewhat  inde- 
terminate.  The  gênerai  plumage  of  the  body  is  a  pale  slaty-grey, 
the  feathers  of  the  upper  parts,  however,  having  pale-brown  mar- 
gins.  The  wing-feathers  and  scapulars  are  of.lighter  colour,being  a 
uniform  Frenchgrey  with  dark  shaft-lines,  but  without  the  dark 
margins.  The  médian  wing-covertsaredull  velvety-black,  changing 
to  grey,  and  broadly  tippedwifh  white.  Thereisa  narrow  spéculum 
down  the  centre,  one  of  the  coverts  having  an  exterior  border  of 
metallic  green.  The  smaller  wing-coverts  display  a  conspicuous 
band  of  white,  formiug  an  upper  alar  bar.  The  upper  tail  coverts  are 
margined  with  dusky-brown,  and  the  tail-feathers,  but  very  narroly, 
with  a  clearer  brown.  The  whole  of  the  lower  fore  neck  and  the 
crop  hâve  a  chestnut-brown  hul,  each  feather,  however,  being 
warmly  edged  with  light-grey,  which  character  is  more  pronounced 
on  the  sides  of  the  body  and  tlanks,  where  the  feathers  hâve  their 
webs  freekled  aud  vermiculated  with  grey.  The  under  tail-coverts 
are  darker,  and  hâve  dull  chestnut-brown  margins.   The  bill  is 

(1)  Tians.  New  Zealand  Inst.,  1892,  XXV,  Wellins^ton,  1893,  pp.  1-3. 

(2)  In  Ornilhologiscbe  Monatsberichl,  N"  li,  juin  1894,  p.  101  :  «  Beschreibung 
einer  Ente,  welche  vermutlich  ein  Bestard  Zwischen  A.  superciliosa  und  Hym. 
malacorhynchus  oder  Zwischen  der  Hausente  und  der  ersteren  ist.  » 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    DAPHÈS   NATURE  711 

bliickisli-brown,   tlie  iippcr  maiidililc   witli  a  black   lunl  aiid  tlie 
lower  ;ar;;i'ly  niarkeil  on  ils  ceiilral  |i(iiliiMis  with  yellow.  » 
L'Oiseau  aiusi  décrit  a  été  lue  à  l'Happy  Valley,  près  de  NelsoQ. 

AnAS    l'UiCILORHY.XCHA    L'I    A.NAS    BOSCHAS 

Le  peintre  Keuiemaiis  uousdit  avoir  découvert  dans  la  eollection 
du  Brilisli  Muséum  un  l)eau  métis  ((  \iias  pœciluvlujncus  et  Anasbos- 
rlnis  »,  qui  lui  paraît  très  parfait,  et  qu'il  pense  avoir  été  tué  à  l'état 
sauvage.  Il  n'y  a  toutefois  aucune  indication  faisant  connaître  son 
origine  ;  tout  au  moins  l'écriture  au  crayon  qui  est  placée  sur  le 
socle  ne  peut  être  lue  facilement. 

Nous  avons  demandé  au  docteur  Hadde,  de  Tillis,  si  de  tels  liybri- 
des  lui  étaient  connus  (Ij  ;  il  nous  a  répondu  par  la  négative.  F^e 
spécimen  que  .M.  Keulemans  veut  Ijien  nous  signaler  nous  laisse 
ioiic  (juelques  doutes  sur  la  parenté  qu'on  lui  suppose. 

Genre  Fuligula 

FULIGULA    FERINA    et   FUUGOLA    NYROCA 

(Se  i-epoihT  |i.  11)2  ou  p.   I611  ili's  Mcrii.  de  la  Soc.  Zool.  1891). 

C'est  d'abord  par  des  corrections  que  nous  commencerons  cet 
article.  Dans  la  récapitulation  plus  ou  moins  complète  des  hybrides 
fiTiiui  X  lujriH-n  observés  jusqu'à  ce  jour,  nous  nommions  :  1°  dans 
la  collection  de  M.  J.  H.  Gurney  un  exemplaire  capturé  en  Angle- 
terre; 2°  dans  celle  de  feu  M.  Doubleday  un  deuxième,  également  tué 
ou  pris  en  Angleterre  ;  3"  dans  le  Musée  du  feu  comte  Derby  à 
Liverpool  un  troisième  exemplaire,  même  provenance;  nous  ajou- 
tons que  ces  trois  Oiseaux  avaient  fait  le  sujet  de  la  communication 
adressée  par  M.  Bartlell  à  la  Soc.  zool.  de  Londres  [2.).  M.  J.  H. 
Gurney  nous  fait  savoir  qu'il  possède  réellement  deux  pièces,  les- 
quelles furent  tuées  à  Norfolk,  l'une  à  Rollesby,  en  février  1845, 
l'autre  à  Waxham  dans  le  même  mois  de  l'année  18u9.  Ces  deux 
Oiseaux  ont  leur  mention  dans  Varrell(3)  et  l'un  d'eux  a  été  repré- 
senté par  Stevenson  dans  les  Hirds  af  Norfolk  (4j.  M.  Gurney,  qui  a 

(1)  Lp  >I'  riadde  a  éliidié  les  Oiseaux  du  Cauciise  auxquels  appartient  l'espèce 
pwcilorhyncliH . 

(2)  Eli  1847.  Voy.  les  Procecdings  de  celle  année,  p.  48. 

(3)  Brilish  Birds,  vol.  IV,  188^. 

(4)  Vol.  III,  p.  208. 


712  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

assisté  à  la  vente  de  la  collection  de  feu  M.  Doubleday  ne  se  rappelle 
aucunement  y  avoir  vu  un  hybride  de  ce  genre  ;  M.  Richard  Paden, 
le  nouveau  curator  du  Derby  .Muséum,  n'a  point  lui-même  connais- 
sance d'un  semblable  hybride  dans  son  Musée.  Nous  supposons  donc 
que  le  troisième  spécimen  qui  a  fait  l'objet  de  la  communication  de 
M.  Bartlelt  est  celui  qui  «st  cité  par  Yarrell  (1)  et  qui  appartenait 
autrefois  à  M.  Bond.  C'est  peut-être  le  même  Oiseau  qui  fut  vendu 
au  Covent  Garden  en  1890  (Coll.  Withaker)  et  qui  figurait  sur  le 
catalogue  de  cette  collection  sous  le  ii°  i'^2  (2). 

Ensuite  nous  indiquions  au  British  Muséum  un  ou  plusieurs 
exemplaires.  M.  le  D""  Giinther,  en  nous  adressant  avec  beaucoup 
d'obligeance  la  liste  des  hybrides  conservés  dans  ce  Musée,  a  passé 
de  tels  Oiseaux  sous  silence  ;  en  sorte  que  nous  nous  doutons  fort  de 
leur  présence  dans  le  Musée  britannique  (3). 

M.  de  SelysLongchamps  nous  a  appris  que  le  jeune  mâle  obtenu 
près  de  Liège  au  mois  d'avril  1832  (4),  et  dont  nous  ignorions  la 
destination  (5),  est  conservé  dans  sa  collection. 

En  ce  qui  concerne  le  jeune  mâle  pris  vivant  en  1870  dans  une 
canardière  de  la  Hollande  (6),  c'est  le  môme,  nous  dit  M.  van  Wicke- 
voort  Crommelin,  que  celui  que  nous  avons  annoncé  à  la  même 
page  (7)  comme  figurant  dans  sa  collection. 

Il  y  a  donc  lieu  de  distraire  une  pièce  du  nombre  de  celles  qui 
avaient  été  signalées.  On  peut  toutefois  supposer  que  l'individu 
vendu  par  M.  Whitaker  n'est  pas  le  même  que  celui  de  la  collection 
Bond,  (cité  par  Yarrell). 

Quant  aux  quatre  exemplaires  dont  a  parlé  le  Di'Jambert,  toutes 
indications  nous  manquent  à  leur  sujet;  sont-ils  autres  que  ceux 
dont  on  vient  de  parler,  nous  l'ignorons. 

Mais  nous  avons  à  faire  mention  de  plusieurs  nouvelles  captures. 

Le  1"  février  1892,vers  midi, par  une  journée  froide  d'hiver,  quoi- 
que bien  ensoleillée,  M.  le  comte  degli  Oddi,  le  père  du  docteur 
de  ce  nom,  tirait  sur  le  lac  de  la  Comtesse,  dans  la  vallée  Zappa, 

(1)  British  Birds,  4"  édil.,  p.  4lo. 

(2)  Voy.  p.  136  ou  p.  164  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  1891    l'r  ligne). 

(3)  M.  Keulmans  a  cependant  dessiné  pour  nous  une  Fuligula  intermedia  dont 
la  mention  sera  laite  plus  loin,  (à  l'article  F.  cristata  et  F.  ferina),  parce  que 
l'Oiseau  a  été  étiqueté  comme  tel  (à  tort  ou  à  raison). 

(4)  Voy.  Bull.  acad.  des  Se.  de  Bruxelles,  18o6.  Additions  à  la  Récapitulation 
des  hybrides  observés  dans  la  famille  des  Anatidœ,  N"  42. 

(5)  Voy.  p.  156  ou  p.  164  des  Mém.  (10'  ligne). 

(6)  Cité  p.  156  ou  p.  164  des  Mémoires  (9"  ligne). 

(7)  Quelques  lignes  plus  haut. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS   d'APRÈS    NATURE  713 

district  de  Dolo  (|)rovince  de  Venise),  une  de  ces  Fuligules  inter- 
médiaires (1). 

M.  van  Kenipcn  nous  a  comnHiiii(iué  un  autre  sujet  ciiipailli' (ni'jl 
possède  et  qu'il  pense  (sans  cependant  en  avoir  la  certitude)  avoir 
été  oIjIcuu  à  l'état  sauvage. 

Nous  avons  encore  à  nommer  un  cxeniphiire  conservé  au  c  l'uhlic 
Muséum  and  Picture  (îallery  »  de  Rrighlon  et  qui,  d'après  le  (Cata- 
logue du  Musée  (2),  a  été  tué  sur  le  HicklingBroad  eastof  Nofolk  » 
en  novembre  1871  (3). 

Beaucoup  des  spécimens  que  nous  avions  cités  dans  notre  pre- 
mière publication  nous  ont  été  envoyés.  L'envoi  le  plus  intéressant 
est  certes  celui  que  nous  a  fait  M.  van  Bemnielen  de  onze  hybrides 
conservés  dans  les  collections  du  Jardin  zoologique  de  Rotterdam 
dont  huit  ont  été  obtenus  en  réclusion.  Ce  matériel  nous  a  permis 
d'établir  des  coni|)araisons  entre  les  espèces  tuées  à  l'état  sauvage 
et  les  Oiseaux  nés  en  captivité,  comparaisons  toujours  fort  utiles. 

Le  Musée  de  Genève  a  consenti  à  nous  adresser  l'exemplaire 
acheté  sur  le  marché  de  Montpellier.  M.  le  comte  Arrigoni  degli 
Oddi  s'est  montré  aussi  gracieux  à  notre  égard  en  nous  faisant 
parvenir  l'exemplaire  tué  dans  la  vallée  Zappa. 

Nous  avons  encore  reçu  les  deux  Paget's  Pochards  appartenant 
à  .M.  Gurney  et  le  sujet  de  la  collection  de  M.  de  Selys-Longcliamps. 

En  outre,  afin  de  bien  connaître  les  divers  sujets  qui  représentent 
le  croisement  des  deux  espèces  fcrina  et  n)jcorn,  nous  avons  fait 
peindre  au  Musée  de  .M.  Ed.  Hart  l'une  des  deux  Fuligules  que 
celui  ci  possède,  et  au  Public  Muséum  (Royal  Pavillon)  de  Brighton, 
l'échantillon  que  l'on  conserve  dans  cette  collection.  Enfin,  M.  Olphe 
Gaillard  avait  bien  voulu  photographier  pour  nous,  quelque  temps 
avant  sa  mort,  le  spécimen  qui  lui  appartenait,  c'est-à-dire  l'Oiseau 
célèbre  qui  fut  montré  à  la  réunion  des  ornithologistes  allemands 
réunis  à  Halbersladt  (4). 

C'est  ainsi  que  nous  avons  pu  étudier,  avec  un  nombreux  matériel, 
les  Oiseaux  qui  ont  reçu  le  nom  de  «  Paget's  Pochard  »,  de  Fuliijula 
homeyeri  et  de  F.  intermedia. 

(I)  Voy.  iVote  ornitkologique  du  D'  Kttore  Arrigoni  degli  Oddi.  Alli  della  Società 
italiaoa  di  Scienzc  naturalc,  1892. 
(t)  P.  102  (20  ligne  notice). 

(3)  Gel  Oiseau  est  lifi;uré  dans  «  Rougle  Notes  »,  in-('.  (Ce  renseignement   nous 
est  communiqué  par  M.  ,1.  H.  Gurney). 

(4)  M.  le  D'  Raphaël  Blanchard  en  a  lui-même   pris   une  pliotograpliie  à  notre 
inlention  depuis  que  cet  Oiseau  a  élé  transporté  au  Musée  de  Gap. 


714  '      OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SACVAGE 

Les  observations  que  nous  avons  faites  à  leur  sujet  sont  les  sui- 
vantes : 

Musée  de  Genève.  —  cT  adulte,  paraît  réellement  hybride:  1° parce 
que  sa  tète  et  sa  poitrine  sont  roux  vif  comme  chez  nyroia,  tandis 
que  le  collier  noir  propre  à  cette  espèce  est  absent;  2'  parce  que 
l'iris  est  orangé  ;  3"  parce  que  la  couleur  du  dos  et  des  ailes  (sur 
lesquelles  apparaît  le  miroir  blanc  de  iii/roca}  est  un  exact  mélange 
des  teintes  des  deux  espèces,  ainsi  sont  les  flancs  sur  toute  leur 
longueur  ;  4"  parce  que  le  dessus  de  la  queue  n'est  pas  blanc 
comme  chez  riyroca,  mais  gris  roux;  5"  parce  que  le  ventre  (partie 
de  l'anusj  est  comme  chez  jrrina;  6"  parce  que  les  pattes  sont 
grandes  comme  chez  cette  dernière  espèce  ;  7"  parce  que  le  bec  est 
intermédiaire  entre  les  deux  types,  etc.,  etc.  On  pourrait  faire  valoir 
d'autres  raisons. 

11  parait  donc  ressortir  des  traits  que  nous  indiquons  que  l'Oiseau 
porte  des  marques  propres  aux  deux  espèces  et  que  souvent  les 
caractères  distincts  des  parents  se  mélangent  chez  lui  dans  un 
harmonieux  ensemble.  Plus  on  examine  celle  pièce,  plus  on  y 
trouve  des  indices  de  sa  double  origine.  —  Nous  croyons  donc  que 
c'est  avec  raison  qu'elle  a  été  étiquetée  :  «  Hybride  de  Canard  miiouin 
et  de  nyroca.  » 

CoUectioii  de  M.  J.  //.  (iunwij.  —  Les  deux  Oiseaux  sont  renfermés 
dans  une  boîte  vitrée.  On  lit  sur  le  derrière  de  cette  boîte  :  «  Young 
(f  Paget's  Pochard  shot  on  Rollesby  Broad,  felj,  27,  1845,  and  OUI  ^f 
do  shot  at  Lillle  Wageliam  fev.  24,  1859.  Figured  Zoologist  ;  siuce 
supposed  lo  be  hybrids  between  the  Pochard  and  nyrura  ducks  »  (1). 
Ces  deux  Oiseaux  ressemblent  étonnamment  à  l'exemplaire  du 
Musée  de  Geuève;  la  couleur  du  dessus  et  du  dessous  des  ailes  qui 
est  d'un  gris  cendré  brunâtre  chez  ce  dernier  est  la  même  chez 
eux  ;  ils  sont  cependant  un  peu  plus  minces  de  corps,  plus  élancés, 
moins  loui'ds;  puis  leur  l)ec  est  plus  fort  et  l'iris  est  jaune  serin  clair 
au  lieu  d'être  orangé  foncé  comme  chez  le  précédent.  Mais  cette 
coloration  est  tout  artificielle  et  peut  ne  point  être  exacte. 

L'un  et  l'autre  ont  la  bande  blanche  de  l'aile  qui  forme  le  miroir 
chez  nijvoca,  cependant  celte  bande  est  plus  étendue  que  chez 
l'exemplaire  de  Genève.  Les  flancs  sont  grisâtres  avec  des  zigzags 
comme  chez  jerina.  Point  de  blanc  sous  la  queue  comme  chez 
nyroca,  sauf  chez  le  jeune  chez  lequel  on  trouve  un  peu  de  cette 

(I)  Le  jeune  porte  sous  le  ventre  des  marques  de  son  âge  ;  ou  bien  les  taches,  qui 
sont  rousses,  sei aient  un  signe  de  mue,  (liypothèse  peu  supposable.  puisqu'il  a 
été  tué  en  février). 


ADDITIONS,    COBRECTIONS    ET    EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  715 

couleur  mélangée  de  gris  sale.  Poitrail,  tète  el  cou  roux  brique 
foQcé.  Le  roux  de  plumage  est  presque  aussi  vif  que  chez  ityroca. 
Sur  le  vieil  individu  on  seul  facilemeut  l'iuflueace  de  (crina  ;  la 
région  de  la  poitrine  est  maculée  çà  et  là  de  noir,  indiquant  un 
mélange.  Le  jeune  individu  a  autour  du  cou  quelques  taciies  mar- 
telées semblant  rappeler  le  collier  noir  de  nyroca  (1).  En  somme 
ces  deux  Oiseaux,  qui  sont  plus  forts  que  nijroca,  paraissent  bien 
être  le  résultat  d'un  croisement. 

Collection  du  Jardin  Zooloçjique  de  Rotterdam.  —  1°  cT  adulte,  tué 
en  avril  1850,  àKralingen,  prés  de  Rotterdam.  Tète  rousse  aussi 
foncée  que  chez  nyroca  ;  absence  de  collier  noir  ;  dos  cendré  en 
zigzags.  Les  dimensions  sont  entre  ntjroca  et  /cn«a  ;  elles  rappel- 
lent cependant  mieux  celles  de  la  dernière  espèce.  Le  roux  de  la 
poitrine  est  légèrement  plus  foncé  (|ue  chez  ni/roca;  ceci  commence 
à  se  produire  à  l'emplacement  habituel  du  collier,  lequel  fait  défaut. 
Les  [ilumes  des  couvertures  inférieures  (région  de  l'anus)  sont  d'un 
gris  brunâtre  mélangé  et  avec  des  zigzags.  La  maindibule supérieure 
du  bec  est  plus  forte  que  chez  un  cT  ferma  de  notre  collection.  Le 
blanc  du  ventre  se  trouve  mélangé  avec  un  peu  de  brun  roux.  Les 
plumes  de  la  queue  sont  foncées?  en  dessus  et  en  dessous.  Elles 
sont  brunes  chez  les  exemplaires  cT  élevés  en  captivité  qui  vont 
être  bientôt  examinés.  Elles  paraissent  plus  claires  chez  l'exem- 
plaire du  Musée  de  Genève,  (il  est  difïicile  de  juger  de  leur  colo- 
ration, car  elles  sont  très  comtes).  Les  mômes  plumes  paraissent 
foncées  chez  les  exemplaires  appartenant  à  M.  Gurney,  notamment 
sur  le  plus  jeune  sujet. 

•2'  2  (id.  tuée  en  avril  IS'iO,  (marais  de  Kraliugen).  La  taille  de  cet 
Oiseau  est  intermédiaire  entre  celle  des  deux  types  ;  la  tête  est 
rousse,  se  rapprochant  de  la  teinte  de  nyroca,  quoique  plus  claire. 
Le  bec  n'est  point  tout  à  fait  aussi  long  que  celui  de  j'erina,  mais 
la  mandibule  supérieure  paraît  plus  large.  (Cette  remarque  a  déjà 
été  faite  chez  d'autres  exemplaires).  Le  miroir  de  l'aile  peut  passer 
pour  un  mélange  de  deux  espèces.  Les  plumes  des  couvertures  infé- 
rieures de  la  (|ueue  sont  d'un  gris  bi-un  clair  et  cendré  comme  l'abdo- 
men lequel  se  termine  en  blanc.  Les  plumes  de  la  queue  sont  comme 
chez  nyroca.  Flancs  bruns;  dos  brun  gris  foncé  cendré  avec  zigzags; 
ventre  blanc  grisâtre,  parsemé  çà  et  là  de  brun  ;  la  dimension  des 
pieds  est  entre  les  deux  espèces. 

(1)  L'exemplaire  de  fienève  montre  ces  taches  d'un  noir  hriin  trfts  foncé  entre  le 
cou  et  le  dos  :  il  les  laisse  voir  aussi  à  la  région  de  la  poitrine.  Remarquons  encore 
que  le  ruux  de  la  tête  est  plus  clair  que  chez  ces  derniers  et  se  rapproche  du  ton 
de/erina. 


716  OISKAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

3°  9  jeurie  tuée  la  mrnie  année  et  svr  les  mêmes  marais.  Tète  d'un 
roux  assez  foncé,  bec  très  fort,  plus  large  que  celui  de  ferina  (si  le 
sujet  qui  nous  sert  de  comparaison  représente  la  largeur  moyenne). 
Plumage  très  foncé,  à  partir  de  l'endroit  où  se  place  ordinairement 
le  collier  qui  manque  ici;  du  brun  s'étend  faiblement  sur  la  poitrine, 
laquelle  est  d'un  jaune  brun  clair  presque  uniforme.  Miroir  de 
l'aile  intermédiaire;  flancs  d'un  brun  terue  assez  uniforme  ;  ventre 
gris  jaune  sale;  dessus  du  dos  brun  gris  terne,  quelques  plumes 
légèrement  cendrées  ;  taille  environ  de  mjroca,  la  largeur  des 
pieds  de  ferina  ;  grandes  pennes  de  la  queue  brun  très  clair. 

Nous  ferons  maintenant  connaître  les  produits  obtenus  en 
captivité,  puis  nous  les  comparerons  avec  les  pièces  qui  viennent 
d'être  décrites.  —  Tous  les  sujets,  veut-on  bien  nous  faire  savoir, 
sont  nés  d'un  même  père,  qui  était  la  Fuligula  jerina.  On  est, 
ajoute  M.  van  Bemmelen,  absolument  sûr  de  l'origine  de  ces 
Oiseaux,  les  espèces  mères  qui  leur  ont  donné  naissance  ayant 
été  surveillées.  La  couleur  des  iris  (artificiels)  peut  ne  pas  être 
exacte  ;  on  ne  doit  donc  point  en  tenir  compte.  Mais  on  sait 
que  l'intermédiaire  mâle  sauvage  qui  vient  d'être  décrit  avait 
l'iris  blanc,  tandis  que  la  femelle  qui  a  été  envoyée  avec  lui  l'avait 
brun. 

1°  Un  cf  adulte,  né  au  jardin  de  Rotterdam  dans  l'été  de  1889, 
mort  le  1"  avril  1892,  que  nous  désignons  sous  la  lettre  A,  diffère 
d'un  autre  cT  adulte  né  dans  le  même  jardin  le  10  juin  1889,  mort 
le  8  mai  1891,  que  nous  désignns  par  la  lettre  B.  Il  en  difïère  :  par 
sa  couleur  plus  foncée,  par  sa  taille  plus  petite,  par  son  ventre 
qui  est  moins  blanc  et  par  ses  flancs  jaune  grisâtre.  (Les  flancs 
de  l'exemplaire  B  sont  gris).  A  part  cela,  les  becs,  les  couver- 
tures de  la  queue  qui  sont  d'un  blanc  grisâtre,  la  bande  de  l'aile, 
le  poitrail  foncé,  la  tête  plus  claire  que  cette  partie,  le  dos  et  les 
ailes  gris  cendré  sont  les  mêmes  chez  les  deux  pièces.  L  iris  (arti- 
ficiel) est  jaune  chez  le  mâle  mort  en  1891  ;  la  même  partie  de 
l'exemplaire  A  est  blanche. 

Ces  deux  Fuligules  s'écartent  notoirement  de  la  Fuligule  du 
Musée  de  Genève  ;  celle-ci  a  le  poitrail  presque  de  la  couleur  de  la 
tête,  l'iris  rouge,  le  blanc  du  miroir  bien  moins  étendu,  le  ventre 
blanc,  la  taille  et  les  pieds  plus  forts. 

Les  deux  mêmes  pièces  s'éloignent  aussi  des  deux  sujets  de 
M.  Gurney,  car  ces  sujets  ont  le  ventre  blanc,  le  poitrail  roux  vif 
beaucoup  plus  clair,  le  bec  plus  allongé,  au  moins  plus  fort  ;  ils 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS     D'aPRÈS   NATURE  717 

sont  dépourvus  de  blanc  à  la  partie  de  l'anus  ;  enfin  leur  taille 
n'est  |)oint  tout  à  fait  la  même. 

Les  exemplaires  A  et  B  s'éloignent  encore  du  Canard  pris 
en  18.'J0  sur  les  marais  de  Kralingen  (Rotterdam).  Ce  Canard  est  plus 
clair  dans  son  ton  général,  son  i)ec  est  plus  étroit  et  paraît  plus 
allongé,  son  i)()itrail  est  moins  l'once  et  se  rapproche  des  Fuligules 
de  M.  Gurney. 

Cepeudaul  lorsqu'on  compare  le  mâle  sauvage  avec  l'exemplaire 
mort  le  8  mai  1891,  toute  la  partie  inférieure,  le  dos,  les  ailes,  sont 
semblables  chez  les  deux  Oiseaux,  mais  un  peu  plus  foncés  cliez 
l'exemplaire  domestique  (1).  On  y  reconnaît  le  même  cendré,  la 
même  disposition  du  miroir,  la  même  bordure  blanche  de  l'aile. 
Seul  le  poitrail  est  un  peu  plus  clair;  il  ne  forme  pas  une  véritable 
démarcation  avec  le  roux  de  la  tête,  ainsi  que  cela  se  produit 
chez  l'exemplaire  domestique.  Ces  deux  Oiseaux  ont  l'apparence  de 
deux  frères  et  on  ne  doute  pas  qu'ils  n'aient  la  même  provenance.  Il 
esta  noter  que  les  deux  mâles  domestiques  diflèreut  peut-être  plus 
entre  eux  que  ne  diffèrent  le  mâle  sauvage  et  le  mâle  mort  le 
4  mai  1891. 

Une  femelle  adulte  née  au  Jardin  de  Rotterdam,  le  10  juin  1889, 
morte  le  11  mai  1891,  que  nous  indiquons  sous  la  lettre  C  est  beau- 
coup plus  claire  qu'une  femelle  adulte,  née  dans  le  même  jardin 
pendant  l'été  de  1889,  morte  le  7  mars  I8'.'2,  que  nous  désignons  par 
la  lettre  D.  Sans  cette  différence  dans  le  ton,  elle  lui  serait  à  peu 
près  semblable,  quoique  la  femelle  D  soit  un  peu  plus  forte.  L'iris 
artiliciel  est  jaune  chez  la  femelle  C,  blanc  chez  la  femelle  D.  Ces 
deux  exemplaires  9  ont,  sur  le  sommet  de  la  tête  et  descendant 
sur  le  cou,  une  bande  foncée;  ceci  s'observe  spécialement  sur  le 
dernier  exemplaire.  Chez  eux,  les  plumes  de  l'anus  ont  une  |)artie 
blanche  très  accusée  vers  l'extrémité  ;  le  miroir  est  de  couleur 
terne  ;  les  deux  becs  sont  à  peu  près  semblables,  (chez  la  femelle  D 
le  bec  est  un  peu  plus  fort). 

Ainsi,  le  plumage  de  la  femelle  née  le  10  juin  1889  est  plus  clair 
que  celui  de  la  femelle  née  dans  l'été  de  la  même  année;  la  même 
chose  S(!  produit  chez  les  mâles  :  le  mâle  né  le  10  juin  1889  est 
plus  clair  que  le  inàle  né  dans  l'été  de  la  même  année.  .Mais  dans 
la  croissance  de  la  taille  un  phénomène  tout  opposé  s'observe  :  le 
inàle  le  plus  foucé  est,  en  eflet,  le  plus  petit  ;  tandis  que  la  femelle 
la  plus  foncée  est  la  plus  forte,  quoique  dans  des  proportions 
moindres. 

(1)  Ce  qui  lient  iieul-êlre  à  une  nourrilure  plus  ëcliaufldnlc. 


718  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

Il  faut  en  outre  remarquer  que  les  deux  femelles  s'éloignent  d'une 
manière  très  prouoncée  de  l'exemplaire  $  sauvage  tuée  en  avril 
1850  (marais  de  Kralingen);  cette  dernière  est  plus  grande  par  sa 
taille  et  dans  sa  teinte  générale  plus  claire.  Elle  n'a  point  sur  la 
tête  de  barre  brune,  ou  cette  barre  est  très  peu  apparente;  son  bec 
est  plus  fort  ;  l'iris  (artificiel)  est  blanc.  xMais  son  miroir  est 
exactement  le  même  que  celui  des  Canes  nées  au  Jardin  de 
Rotterdam. 

Une  jeune  femelle  née  dans  le  jardin  en  juin  1891,  morte  dès 
le  6  janvier  suivant,  est,  par  sa  taille  et  sa  coloration,  plus 
du  côté  de  nijroca  que  du  côté  de  (erina  :  son  miroir  est  cependant 
très  terne. 

La  jeune  femelle,  tuée  en  avril  1850  (marais  de  Kralingen),  se 
montre  encore  cette  fois  plus  claire  et  plus  forte  que  cette  dernière. 
11  faut,  du  reste,  remarquer  qu'elle  est  plus  âgée  ;  la  comparai- 
son que  l'on  peut  faire  entre  les  deux  Oiseaux  ne  peut  donc  être 
très  profitable.  Son  bec  atteint  les  dimensions  de  celui  de  f'eiinn, 
si  même  il  ne  les  dépasse;  les  pieds  sont  très  larges,  le  devant  du  cou 
(commencement  du  poitrail)  est  foncé,  caractère  qui  ne  nous  paraît 
exister  ni  cbez  [erina,  ni  chez  iiyroca;  l'iris  (artificiel)  est  châtain. 

Que  conclure  de  ces  comparaisons?  La  plupart  des  individus  pris 
à  l'état  sauvage,  (aussi  bien  ceux  de  sexe  mâle  que  ceux  de  sexe 
femelle  et  le  jeune),  ne  ressemblent  point  tibstiliniinit  aux  spéci- 
mens du  même  âge  et  du  même  sexe  nés  en  captivité.  Les  deux 
exemplaires  de  M.  Gurney,  l'exemplaire  du  Musée  de  Genève,  le 
mâle  tué  en  1850  près  de  Rotterdam  offrent  en  outre  entre  eux 
des  ressemblances  frappantes  dans  la  coloration  et  leuis  dimen- 
sions. 

On  pourrait  donc  prétendre  :  1°  que  l'origine  de  ces  spécimens 
est  différente  de  celles  des  hybrides  authentiques  obtenus  en 
captivité  puisqu'il  ne  leur  ressemblent  pas  absolument  ;  [)uis 
2°  qu'ils  appartiennent  à  une  espèce  bien  définie,  puisqu'ils  se 
ressemblent  assez  entre  eux. 

Mais  les  différences  que  nous  avons  constatées  ne  paraissent  point 
dues  aux  causes  qui  déterminent  la  variabilité  des  espèces  pures, 
c'est-à-dire  à  l'âge,  au  climat,  à  l'habitat. 

Lorsqu'en  elîet  on  compare  l'exemplaire  de  Genève  avec  celui  de 
Rotterdam,  on  voit  celui  là  plus  fort,  plus  clair  surtout  sur  le  roux 
de  la  tête  ;  le  blanc  fait  défaut  sur  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue,  taudis  que  cette  couleur  se  montre  sur  l'exemplaire  de 


ADDITIONS,    COniXECTIONS    KT    KXAMENS    d'aPRÈS    NATUHK  719 

Rottenlniii  :  ('nliii  le  l)ec  esl  plus  court  et  plus  liiige.  Les  dillérences 
qui  existeut  entre  cet  oxeuiphiire  et  celui  de  .M.  Guriiey  ont  été  signa- 
lées. Si  niniuteniinl  ou  compare  le  uiéuie  sujet  avec  celui  de  Rolter 
dam,  on  constate  qu'il  n'existe  pas  sur  lui  de  itlanc  aux  couvertures 
de  la  queue,  point  non  plus  de  taches  noires  martelées  sur  la  couleur 
rousse  comme  chez  nyroca.  —  Si  donc  ces  quatre  individus  appar- 
tenaient à  une  seule  et  mè-me  espèce,  de  telles  dilTéreuces  n'exis- 
teraient point  sans  doute.  —  Mais  on  peut  se  demander,  pour 
quelles  causes  ils  didèrent  des  produits  nés  en  domesticité?  A  cette 
question  nous  ne  saurions  répondre  avec  précision.  La  captivité 
peut  modilier  la  coloration  et  la  taille  des  Oiseaux,  la  nourri 
tare,  les  habitudes  n'étant  plus  les  mêmes.  Du  reste,  tout  en 
présum;inl  une;  double  origine  chez  les  individus  rencontrés  à 
l'état  sauvage,  nous  ne  venons  point  non  plus  la  donner  comme 
certaine. 

Les  exemplaires  qui  viennent  d'être  décrits  n'étaient  plus  sous  nos 
yeux  (ils  avaient  tous  été  retournés  à  leurs  propriétaires)  lorscjne 
nous  avons  rec"  le  bel  Oiseau  tué  dans  la  vallée  Zappa  par  M.  le 
comte  .\rrigoni  degli  Oddi  père.  Les  comparaisons  que  nous  pou- 
vions désormais  établir  avec  eux  ne  pouvaient  donc  se  (aire  que  de 
souvenir  ;  mais,  alin  de  nous  les  rappeler  très  facilement,  nous 
avions  eu  soin  de  peindre  le  mâle  et  la  femelle  tués  sur  les  marais 
Kralingen  ;  nous  conservions  aussi  les  peintures  d'un  mâle  et  d'une 
femelle  nés  en  domesticité. 

Nous  avons  remarqué  surréliquetfe  que  porte  cette  pièce  montée 
les  indications  suivantes  :  «  Lungb  lot.  0™420,  peso  gr.  730,  mas. 
»  adulto  in  inverno.  Fullgiila  ferina.  X  F.  ntiroca,  ibrido  selvatico; 
»  occiso  addi  1er  febbrajo  1892  dal  sig  Conte  Coinm.  Oddo  Arrigoni 
I)  degli  Oddi  di  Padova  in  valle  Lappa  (Dolo Vcnezia)  nel  dago  dclle 
»  Contessa.  Preparato  dal  Bouoini  di  Alilano.  Hybrido  del  tipo 
»  F.  Homeyeri,  Bad.  » 

Les  ailes  sont  déployées,  mais  la  tète  regarde  en  bas  ;  c'est  une 
fort  jolie  pièce  très  bien  montée.  Le  plumage  est  très  foncé  ;  le 
ton  roux  brique  de  la  tète  est  vif.  ce  ton  est  de  l'intensité  de  celui 
de  nyivra.  Le  dos,  cendré  avec  zigzags,  quoique  très  foncé,  ressemble 
à  celui  des  hybrides  obtenus  en  captivité.  Le  miroir  est  très  blanc, 
cependant,  vers  la  bordure  foncée,  il  se  termine  en  blanc  sale. 
Dessus?  de  la  queue  presipie  noir  ;  quelques  plumes  blanchâtres 
près  des  reclrices  ;  lianes  blancs,  tachetés  çà  et  là  de  gris  violacé  ; 
poitrine  très  violacée;  pieds  très  forts  ;  bec  très  mince. 


720  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

Les  comparaisons  que  l'on  peut  établir  à  l'aide  de  nos  peintures 
entre  cet  Oiseau  et  les  spécimens  sauvages  sont  les  suivants  :  le 
roux  de  la  tête  est  plus  foncé,  le  dos  aussi,  et  sans  doute  (si  les 
plumes  du  miroir  n'étaient  point  déployées)  le  miroir  serait  plus 
vif  ;  en  cela  cette  Fuligule  se  rapproche  des  individus  nés  en  domes- 
ticité. Elle  diffère  des  exemplaires  sauvages  par  son  bec  plus  mince, 
plus  étroit,  cependant  plus  long  que  chez  mjroca.  L'iris  (artificiel) 
est  jaune  vif  brillant  (ce  ton  est- il  exact  ?).  L'Oiseau  est  de  taille 
assez  grande;  il  est  donc  plus  du  côté  de  feriiia  que  du  côté  de 
nyroca.  Ou  peut  dire  qu'il  forme  le  passage  entre  les  mâles  sauvages 
et  les  mâles  obtenus  en  captivité. 

M.  le  Dott.  Ettore  Arrigoni  degli  Oddi,  qui  lui  a  consacré  un 
mémoire  (1),  constate  avec  raison  que  c'est  la  première  Fuligula 
homeyeri  trouvée  en  Italie.  A  première  vue,  elle  avait  été  prise  pour 
une  petite  Moriglione  (2)  et  baptisée  immédiatement  par  les  hommes 
de  service  du  nom  de  «  Magasson  bastardo  o  foresto,  »  dénomination 
que  ces  hommes  appliquent  à  tous  les  Oiseaux  qui  leur  sont 
inconnus. 

Mais  l'Oiseau  curieux  n'avait  point  échappé  aux  regards  exercés 
de  M.  Oddi,  et  celui-ci,  afin  de  pouvoir  l'étudier  à  loisir,  l'avait  fait 
mettre  à  part  dès  le  soir  de  sa  chasse  en  l'écartant  des  douzaines 
d'autres  Canards  tués  ce  jour  même.  Notre  collègue  ne  tarda  pas 
à  voir  qu'il  se  trouvait  en  présence  d'un  cas  de  croisement  entre  la 
Fuligula  ferina  et  la  F.  nyroca  ».  M.  Oustalet,  auquel  l'image  colo- 
riée fut  envoyée  par  M.  Oddi,  se  trouva  de  cet  avis. 

L'Oiseau  figure  dans  la  coUectiou  du  comte  sous  le  n°  843.  Nous 
en  conservons  une  peinture  sur  toile  de  grandeur  naturelle. 

Description  du  jeune  mâle  appartenant  à  M.  de  Selys-Longchamps 
(c'est  le  n°  42 des  Additions  à  la  Récapilulation  des  hybrides  observés 
chez  les  Anatidœ  (3).  —  En  nous  l'adres-sant,  l'éminent  académicien 
reconnaissait  la /crena  (dont  l'Oiseau  se  rapproche  beaucoup  et  dont 
il  a  le  bec)  comme  un  des  deux  facteurs  ;  mais,  pour  nommer  le 
second,  il  hésitait  entre  nyroca  et  cristata  (4). 

(1)  «  La  Fuligula  homeyeri,  Baëdeker,  ibrido  mtovo  per  Vltalia.  »  Nota  orni- 
thologica  del  Dott.  Ettore  Arrigoni  degli  Oddi,  in  Atti  délia  Società  Italiana 
di  Scienzi  natuiale,  Milano,  1892. 

(2)  F.  fernia,  vulgairement  appelée  Magasson. 

(3)  Bull.  Acad.  des  Sciences  de  Bruxelles,  1:^56. 

(4)  Tout  d'abord,  M.  de  Selys-Longchamps  n'avait  point  considéré  cet  Oiseau 
comme  hybride;  il  y  voyait  un  jeune  nyroca;  son  attention  s'était  dans  la  suite 
trouvée  attirée  sur  ce  spécimen  par  l'ouvrage  de  M.  Jaubert. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  721 

L'examen  du  miroir  nous  a  laissé  nous-môme  dans  l'enibarras  ; 
on  croirait  vraiment  à  un  niélan?;e  avec  cristatd,  car  le  miroir  est 
celui  de  cet  Oiseau.  Nous  dirons  iniMne  que,  malgré  le  mauvais 
état  du  montage,  l'aspect  général  de  cette  pièce  est  celui  de  rnstulit  : 
long  cou,  corps  petit,  disproportionné  si  on  considère  le  poitrail 
et  le  cou. 

Ce  u'est  donc  point  une  de  ces  «  (erina  X  nyroca  »  que  nous 
avons  déjà  vues. 

Mais  comme  le  miroir  de  nyroca  jun.  est  en  quelque  sorte  sem- 
blable à  celui  de  crislata,  on  ni'  peut  savoir  (juelle  est  la  valeur  de 
la  ressemblance  que  nous  constatons.  Le  dos,  foncé  et  parsemé  de 
petits  points,  rappelle  bien  les  exemplaires  qu'on  attribue  au  croi- 
sement ((  (erina  X  ni/rora.  » 

Décidément,  on  le  voit,  cette  pièce  est  très  embarrassante,  car  un 
mélange  de  cristata  et  de  ferina  produirait  sans  doute  le  môme  elîet. 
Remarquons  en  outre  la  forme  bizarre  du  bec  dont  la  mandibule 
supérieure  est  un  peu  relevée  et  aplatie  ;  le  ton  bleu  des  pattes  et 
de  la  partie  supérieure  du  bec  est  aussi  à  envisager. 

De  cet  Oiseau  (qui  figurait  dans  notre  première  étude  à  l'article 
«  F.  ni/roca  x  F.  crixtota  »)  nous  ne  pouvons  dire  qu'une  chose  : 
c'est  qu'il  parait  un  jeune  individu.  Nous  en  conservons  une  pein- 
ture à  l'huile  que  nous  avons  faite  d'après  l'original,  lui  laissant 
la  pose  et  l'allure  que  lui  donne  le  montage.  Nous  rappellerons, 
d'après  M.  de  Selys-Longchamps,  qu'il  avait  été  tué  à  l'époque  du 
carême,  en  mars  ou  en  avril. 

L'hybritic  de  M.  van  Kcinpen,  acheté  chez  M.  Frank  à  Londres,  en 
1878-1879  (1>,  est  bien  (quoiqu'il  soit  indiqué  sur  l'étiquette  qu'il 
porte  Kous  le  nom  de  A.  ferina  X  Oidcniia  ni(jra!)  la  Fuiigula 
honieycri  de  Baedeker  ou  le  Paget's  Pochard  des  .\nglais.  Malheu- 
reusement ou  ignore  si  cet  hybride  a  été  réellement  obtenu  à  l'état 
sauvage. 

Le  miroir  et  le  dos  sont  très  exactement  ceux  des  exemplaires 
déjà  vus;  on  aperçoit  plus  facilement  au  bas  du  cou  la  trace  du 
collier  noir  de  nyroca.  Le  roux  de  la  tête  est  très  vif  comme  chez 
cette  espèce,  ainsi  que  les  côtés  du  poitrail  ;  le  devant  de  cette  partie 
est  martelé  de  brun,  mélangé  comme  chez /(?*■/«((. Par  sa  taille,  l'Oiseau 
est  plutôt  de  cette  espèce  ;  le  bec  est  aussi  long  et  presque  aussi  fort 
que  chez  celle-ci,  les  pieds  sont  peut  être  un  peu  moins  larges  (2). 

(1)  Voy.  p.  Ifil  ou  p.  Ifi!)  des  Mém. 

(2)  Mention  de  cet  hybride  a  été  faite  dans  ii  Oiseaux  hybrides  de  ma  collec- 
tion, 1  par  M.  van  Kempen,  Mém.  Soc.  Zool.  de  France,  189U. 


722  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

Nous  avons  mentionné  les  peintures  que  nous  avons  fait  exécuter. 
1°  de  l'exemplaire  conservé  au  Public  Muséum  de  Brighton,  2°  du 
spécimen  qui  fut  tué  sur  la  rivière  Stour,  le  12  février  1870 
(Coll.  de  M.  Ed.  H<irt,  à  Ciiristcluirch).  Ces  Oiseaux  nous  paraissent 
ressembler  complèteinent  aux  exemplaires  sauvages  que  nous  avons 
décrits. 

FULIGULA   NYROCA    et    FULIGULA   CRIST.\TA 

(Se  lepoiter  p.  Ifil  ou  p.  169  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Peu  de  renseignements  avaient  été  donnés  sur  le  Canard  que 
M.  Radde  a  nommé  «  Awis  baeri  ». 

Le  naturaliste  de  Tiflis,  en  le  faisant  connaître  pour  la  première 
fois  (1),  exprimait  cette  pensée  que  ce  pouvait  êlre  un  produit  du 
Weissaugigen  Ente (.4.  nyroca)  et  du  Schopf  ou  Reiherente  (.-1.  fuii- 
gti/rt);  il  observait  toutefois  que  la  circonstance  dans  laquelle  il  avait 
été  rencontré  laissait  peu  de  vraisemblance  à  cette  supposition  :  ce 
Canard  n'était  point  en  elTet  isolé,  mais  accompagné  d'individus  de 
son  espèce  (2).  Cependant  le  docteur,  après  l'avoir  décrit  longue- 
ment, doutant  sans  doute  quelque  peu  de  la  validité  de  l'espèce,  a 
voulu  le  comparer  avec  l'.l/irjs  faliijuUi  et  l'^l.  ru/roca  ;  il  a  écrit  un 
tableau  où  les  mesures  des  trois  types  sont  indiquées  parallèle- 
ment. Le  précieux  échantillon  se  trouve  aujourd'hui  au  Musée  de 
Saint-Pétersbourg  (3). 

En  1871,  le  voyageur  Swinhoë.  se  trouvant  en  excursion  sur  la 
rivière  Yangt-sze  et  s'étant  arrêté  à  Kin-Kiang,  fut  assez  heureux 
pour  se  procurer  un  second  exemplaire  que  des  marchands  prome- 
naient dans  les  rues.  Il  constata  qu'il  représentait  assez  bien  un 
croisement  entre  l'i.  boschastl)  et  la  Fulix  cristata,  mais  il  était  trop 
semblable  à  celui  du  D""  Radde  pour  en  faire  un  hybride  (4).  Quatre 
mâles  et  deux  femelles  trouvés  ensuite  sur  le  marché  confirmè- 
rent M.  Swinhoë  dans  cette  opinion  (5),  partagée  plus  tard  par 

(1)  Reisen  im  Suden  von  Ost  Sibérien,  in  den  Jahren  1853-18b9.  II,  p.  376, 
ta  XV.  Saint-Pétersbourg,  1863. 

(2)  Le  voyageur  dit  avoir  rencontré  des  bandes  de  quatre  à  six  individus,  aussi 
bien  sur  le  petit  fleuve d'UdIr  que  sur  une  eau  sta^'nante,dans  la  plaine  deSalbatsch, 
sur  la  rive  droite  de  l'Amiin.  où,  le  lU  avril,  il  Ina  un  niAle. 

(3)  Voy.  Rambles  of  a  Naturalist.  par  .M.  J.  G.  Giirney,  p.  7.  (Le  renseisine- 
ment  donné  dans  l'ouvrage  de  M.  Gurney  nous  est  confirmé  par  .M.  Hadd''). 

(4)  Voy    On  tlie  Birdsof  China,  Proceedintis  Soc.  ol  London.  1871,  pp.  419-420. 
(9)  Voy.  Onchinese  ornitholoqy   Ihe   Ibis.  1873.  pp.  366-367.  —  H.  Swinhoë  : 

«  On  birds  froin  Hakodadi  »,  lln'  Il)is,  .t.  1^73,  p.  4,ï7.  signale  un  nouveau  «  lled- 
breasled  iliving  Huck  ii  qui  pourrait  être  la  F.  Baeri  de  liadde,  mais  »  the  bill 
is  more  coen  in  widUi  ail  along  than  Fulix.  ii 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    KXAMENS    DAPItKS    NATURK  723 

l'abbé  Dnvicl  (\)  (]iii  dil  dp  l'Oisfnii  :  »  espèce  constante  et  l)ien 
caractérisée  ».  Le  savant  missionnaire  fait  du  reste  savoir  que  \'A. 
baeri  visite  régulièrement  la  Chine  chaque  hiver  et  est  particuliè- 
rement abondant  pendant  les  mois  de  février  et  mars.  11  trouva  ces 
Oiseaux  sur  les  marchés  de  Kion  Kiang  et  de  Chang-hai.  Dybowski 
avait  lui-môme  rencontré  la  même  h'nligula,  en  1873,  sur  l'Argun  en 
Daouerie  méridionale  et  ensuite  aux  environs  de  l'embouchure  de 
l'Assuri  (2). 

L'examen  critique  de  la  nouvelle  espèce  ne  parait  point  s'être 
poursuivi.  Au  moment  où  elle  avait  été  découverte,  quelques  obser- 
vations avaient  été  senlenient  présentées.  Le  prof.  Newton  s'ex- 
primait ainsi  à  son  sujet  dans  l'Ibis  :  «  Anas  {Fitlinuld)  baeri,  which 
seems  to  be  a  hybrid,  a  possibility  suggested  indeed,  though  con- 
troverted  by  tlie  author.  The  plate  rcpresents  this  last  sup|)osed 
speciesasa  bird  very  simiiar  in  color  to  the  hybrid  which  iiasbeen 
variouiy  denominated  Fulujulfi  homei/rri  ou  F.  fcrhioiih'x,  C'\ce\il  that 
it  lias  the  head  of  a  ciark  brownish  black  colour,  glossed  with  green, 
a  ciiaracter  would  lead  us  to  snsf)ect  tiiat  /■'.  niiiriln  and  F.  cristata 
are  which  accountable  for  its  origin  ». 

Dans  le  Journal  fïir  Ornithologie  (3),  M.  Eugen  von  Homeyerdisait 
du  même  Canard  qu'il  «  paraissait  tenir  le  milieu  entre  I'.-Iho.s 
fiiliguUi  et  l'A.  nyroca  et  que.  si  ou  appliquait  pour  lui  la  mé- 
thode employée  pour  la  détermination  de  VA.  hoincyeri,  il  devait 
être,  d'après  les  mêmes  principes,  considéré  comme  un  iiybride  ; 
mais  qu'ayant  été  trouvé  en  compagnie  d'individus  semblables 
à  lui,  cette  supposition  n'était  plus  à  faire.  MM.  Gray  (4),  Heu 
glin  (ij),  Dybowski  ((5)  se  sont  contentés  de  citer  l'Oiseau  sans 
critique. 

Nous  avons  examiné  au  Muséum  de  Paris  deux  .1.  bdcri  qui  ont 
été  rapportés  de  Chine  par  .M.  l'abbé  David.  Ils  sont  absolument 
semblalilfs  l'un  et  l'autre  el  présentent  l'aspucl  d'une  bonne  espèce 
ayant  beaucoup  du  type  ni/roca.  Ce  sont,  on  peut  le  dire,  des  nyroca 
très  fortes,  au  bec  plus  large  et  verdàtre,  à  tête  de  môme  couleur  et 
à  iris  jaune.  Le  dos  n'est  point  piqueté. 

(1)  Oiseaux  de  la  Chine,  p.  .'JOT. 

(2)  Voy.  Taczanowski,  Hevue  asiatique  de   la   Faune   ornithologique  de    la 
Sibérie  {'à'  arliclp).  Bull.  Soc.  Zool.  de  Franco.  II.  1877,  pp.  40-.'i2. 

(.*))  Oihanls  Journal  fiir  Ornillioloiiie.  p.  4^)3,  1870. 
(4)  fJand  List  of  Birds.  vol.  111.  p   86. 

(;))  Ornithologie   ?\oidost    Af'rikas.    Zweisler  Band  Cissi  1,    1878     .\  la  syno- 
nymie de  la  Fulix  cristata  on  trouve  :  A.  baeri,  Hadde  (liyhriil) 
(ti)  Journal  fur  Urnitbologie,  1874,  3:i7. 


724  OISKAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

Dans  le  cas  d'un  hybridisme,  peu  probable,  VA.  baeri  est,  on  vient 
de  le  voir,  référé  le  plus  ordinairement  au  croisement  de  VA.  nyroca 
avec  IM.  cristata.  On  a  aussi  émis  l'opinion  qu'il  représentait  le 
croisement  de  l'^l.  cristata  et  de  VA.  hoschas,  sans  doute  à  cause  de 
la  couleur  verte  de  la  tête;  on  a  dit  encore  qu'il  paraissait  être  un 
mélange  entre  la  inarila  et  la  cristata.  Nous  nous  sommes  demandé 
pourquoi  on  ne  l'avait  pas  fait  descendre  plutôt  du  mélange  de 
VA.  nyroca  avec  r.4.  marila'? 

Nous  devons  faire  remarquer,  que  dans  la  collection  Marmottan 
il  existe  un  sujet  nyroca  9  provenant  de  la  Camargue  (10  X,  83), 
que  ce  sujet  a  sur  les  joues  une  plaque  ronde  blanche  bien  nette, 
comme  chez  marila,  et  que  son  bec  paraît  être  un  réel  mélange 
entre  cette  dernière  espèce  et  nyroca  ;  en  plus,  l'iris  (artificiel) 
est  jaune  (1). 

Aythia  valisneria  et  Aythia  collaris 

(Se  reporter    p.    161    ou    p.  169  des  Mém.    de    la   Soc.   Zool.,    1891). 

Nous  avions  dit  que  M.  Daniel  G.  Elliot  avait  exposé  en  1859  à  la 
Société  Zoologique  de  Londres  uu  Canard  considéré  par  lui  comme 
hybride  de  F.  a/fnus  X  F.  valisneria  (ou  americana),  mais  que 
l'origine,  qu'il  supposait  à  cet  Oiseau,  avait  été  contestée  par 
M.  Newton.  M.  Elliot  est  depuis  revenu  sur  ce  sujet  (2).  11  dit  que 
son  spécimen  est  appelé  par  erreur  «  a  cross  between  americanax 
collaris  »  ;  la  grande  longueur  du  bec  et  la  hauteur  (deplh)  du  cou 
indiquent,  selon  lui,  ((  the  Canvasback,  and  not  the  Red  head.  » 

FULIGULA   FERINA    et    FULIGULA   CRISTATA 
(Se  reporter  p.  162  ou  p.  170  des  Mém.  de  la  Soc  Zool,,  1891). 

M.  J.  Brown  a  eu  la  complaisance  de  nous  envoyer  l'hybride  que 
l'on  conserve  sous  cette  dénomination  au  Musée  d'Histoire  naturelle 

(1]  .\l.  van  Kcmpcn  nousaadressé  tMie  cristata  de  s.i  collection,  point  tout  à  fait 
adulte,  reconnue  femelle  à  la  dissection  Cette  pièce  dillère  tie  cristata  par  les 
côlés  de  son  corps,  qui  sont  très  foncés  el  piquetés  finement  de  jiris,  rappelant  un 
peu  marila.  —  Comme  marila  cf  ne  montre  plus  ces  côtés  foncés  quand  elle  devient 
adulte,  on  pourrait  songer  à  un  croiseinenl  de  cristata  avec  marila.  Néanmoins 
nous  reconnaissons  le  motif  que  nous  exposons  peu  sérieux.  Si  nous  consacrons  à 
cette  pièce  celle  courte  mention,  c'est  seulement  parce  quelle  a  été  envoyée  à 
notre  e.xamen.  car  nous  la  croyons  d'espèce  pure. 

(i)  Voy.  Auk,  Hpril  1892.  lilliot  :  On  hybridism,  etc.,  p.  162. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    DAPRÈS   NATURE  725 

de  Belfast  (Irlande)  ;  la  pièce  est  montée.  Nous  avons  lu  sur  son 
socle  la  nieiilion  suivante  :  «  Hi/hrid  lietiieen  tiiftcd  Huck  and 
Packard,  shot  in  rompagnij  nUh  othera  diviv(/ diirics  ncnr  Don-npalrick, 
presenU'dbij  M.  II'.  Darragh.  »  Cela  nous  montre  que  nous  avons 
bien  alTaire  à  un  Oiseau  sauvage  :  nous  pensons,  eu  principe,  son 
parenlage  Men  déterminé.  Cependant  nous  avons  aussi  supposé  un 
mélange  entre  crislata  et  ninrilti,  ou  même  entre  marila  et  jhina  : 
mais  le  bec  allongé  et  la  couleur  cendrée  du  dos  rendent  invrai- 
semblable la  première  hy|iothèse  ;  la  petite  huiipe  (|ue  l'on  aperçoit, 
quoique  dillicilcment,  sur  la  nuque,  et  d'autres  marques,  éloignent 
l'idée  du  second  mélange. 

Au  premier  abord  la  détermination  de  l'Oiseau  est  donc  dillicile. 
Elle  est  même  1res  embarrassante,  on  va  le  voir.  La  mandibule  supé- 
rieure du  bec,  quoique  plus  large  que  celle  de/emif/,  la  rappelle 
bien  néanmoins  par  ses  dimensions  et  sa  longueur,  tandis  que  par  sa 
largeur  elle  fait  songer  au  bec  de  tv/s/afa.  Le  môme  efîet  résulterait 
sans  doute  d'un  croisement  entre  marila  et  ferina.  Le  dos  représente 
aussi  bien  le  mélange  de  ferina  et  de  cristata  que  celui  des  deu.x 
dernières  espèces.  La  teinte  brun  chocolat  violacé  de  la  tète  et  du 
cou  laisse  l'esprit  dans  la  même  indécision,  car  les  deux  croise- 
ments aboutiraient  au  même  résultat.  Même  observation  au  sujet 
de  la  taille  et  de  la  couleur  de  l'iris  (si  la  teinte  orangée  est  vraie 
puisqu'elle  peut  être  aussi  bien  de  cnstala  axec  ferina,  que  de  cette 
dernière  avec  marila)  (1).  Eu  outre,  la  manière  dont  le  blanc  du 
miroir  de  l'aile  est  entouré  fait  penser  à  une  marila  jeune  ;  la 
manière  dont  les  plumes  des  lianes  recouvrent  les  côtés  du  ventre 
près  de  l'anus  fait  encore  songer  au  même  Oiseau. 

Mais  le  corps  ne  laisse  pas  autant  d'hésitations.  Si  marila  était 
l'un  des  facteurs,  l'Oiseau  serait  plus  fort;  puis,  ce  (jui  nous  fait 
délinitivemeut  exclure  cette  espèce,  c'est  que  marila  en  hiver  a  le 
dos  gris  blanc,  tandis  que  ferina  l'a  cendré.  D'un  tel  mélange  on  ne 
pourrait  supposer  qu'il  sorte  le  dos  brun  foncé  que  possède  l'hy- 
bride. Est-il  permis  de  supposer  qu'il  provient  de  trois  espèces: 
ferina,  cristata  et  marila  ? 

Après  (|uelqu<!s  recherches,  nous  avons  trouvé  dans  la  collection 
des  Oiseaux  de  la  Seine-Inférieure  (2)  une  marila  dont  le  dos  brun 
gris  cendré  rappelle  tout-à-fait  celui  de  l'Oiseau  du  Musée  de  Belfast; 

(I)  Il  faut  noter  que  marila  avec  cristata,  ou  encore  nyroca  avec  cristata,  ne 
pourraient  diinner  ce  résultat, 
(â)  Au  Musée  de  Rouen. 


726  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

en  été,  du  reste,  le  brun  est  la  couleur  du  dos  de  marila,  et  on  ne 
dit  point  à  quelle  époque  de  l'année  ce  singulier  hybride  a  été  tué. 
La  pièce  liu  British  Muséum  étiquetée  «  Hybrid  between  cf 
A.  (erina  and  $  A.  cristata»  est  sans  doute  aussi  embarrassante, 
car  elle  paraît  nous  avoir  été  signalée  comme  hybride  de  nyroca  et 
de  jerina  (1).  M.  Keulemans,  qui  l'a  peinte  pour  nous,  n'a  point 
trouvé  les  hybrides  nyroca  et  ferina  (2)  que  nous  avions  cités, 
mais  seulement  cette  pièce  qui,  on  se  le  rappelle,  avait  été  cherchée 
en  vain  en  1891  par  M.  Boulanger  et  plusieurs  de  ses  collègues  (3). 
Pour  M.  Keulemans,  si  cristata  avait  été  l'un  des  parents,  la 
huppe  serait  plus  prononcée  et  la  couleur  de  la  tête  plus  rousse  ; 
il  la  reporte  donc  au  croisement  de  nyroca  et  de  ferina,  la  consi- 
dérant en  outre  comme  un  pi  oduit  femelle.  Nous  croyons  volontiers, 
si  nous  en  jugeons  par  l'aquarelle,  que  l'artiste  dit  vrai  ;  le  nom  de 
<(  Fuligida  intermedia  »  qu'elle  porte  se  trouverait  aiusi  justilié. 
Du  reste,  cet  Oiseau  est-il  réellement  un  hybride  sauvage  ?  Sur 
la  même  étiquette,  on  lit  encore  :  «  Hatched  (couvé)  in  VVoodford 
Park  (Blackburm),  shot  19.8.86,  preseuted  by.  R.  J.  Howard  Esq  ». 

FULIGULA   CRISTATA    et    FULIGULA    MARILA? 
(Se  reporter  p.  163  ou  p.  171  (les  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891j. 

C'est  SOUS  réserves  que  l'hybride  de  ces  deux  espèces  avait  été 
indiqué  comme  se  trouvant  dans  la  collection  Marmottan  (4). 
M.  Oustalet,  auquel  nous  avons  demandé  des  indications,  nous  a 
répondu  que  l'on  trouvait  bien  sous  le  a"  1  du  catalogue  Marmottan 
l'indication  suivante,  écrite  de  la  main  de  celui  ci  :  «  Peut-être 
métis  de  marila  et  de  Milouinan  ».  Mais,  dans  une  révision  qu'il 
a  faite  pour  nous  au  Muséum,  il  lui  a  été  impossible  de  trouver 
ce  n"  1.  Nous  l'avons  nous-mème  cherché  inutilement. 

FuLIGULA   CLANGULA   et   FULIGULA    MARILA 

(Se  reporter  p.  163  ou  p.  171  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Nous  croyons  devoir  supprimer  définitivement  ce  produit  de 
notre  liste  ;  M.  de  Selys-Longchamps,  à  un  nouvel  examen,  conclut 

(1)  Voy.  :  p.  lo6  ou  p.  164  des  Méui.  (à  l'article /erina  X  nyroca). 

(2)  Même  page. 

(3)  Voy.  p.  162  ou  p.  170  des  Mém. 

(4)  Collection  réunie  au  Musée  de  Paris. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    D'AI'RÈS    NATURK  727 

à  un  albinisme  qui  s'anuoncc  dans  les  grandes  rémiges  en  partie 
blanches;  les  pieds,  entièrement  orangé  jaune,  ne  seraient  (lu'uue 
couséqueuce  de  cet  albinisme. 

Anas  fkhina  et  Anas  marila 

Yarrell  (Du  son  quatrième  éditeiin.  terminant  l'article  sur  la 
t'itliyula  iiKirila  (Ihe  Scaup  Duck)  (1).  l'appelait  que  dans  l'Amérique 
du  Nord,  occupant  à  peu  près  la  même  étendue  (fl/va)  que  notre 
mnrihi,  on  liouvait  une  forme  |)lns  petite, d'unedistinction  spécilique 
douteuse,  connue  sous  le  nom  de  ((  tlie  American  or  Lesser  Scaup 
Duck,  Fulignla  alfinis,  »  Eylon  (/•'.  iniiriln'iilefi,  Vigors).  L'auteur  con- 
tinuait ainsi  :  «  Under  tlie  impression  tliat  a  Duck  obtained  in  the 
»  Londoii  murket,  by  tlie  late  M.  Henry  Douhleday,  belonged  lo  the 
»  species  or  race,  the  identical  spécimen  was  ligured  io  former 
»  éditions  of  Ihis  wnrk  under  the  American  Scaup.  «  This  example, 
»  wliicli  is  now  in  the  collection  of  .M.  F.  Boud,  is  believed  by  tliat 
»  vétéran  ornithologist,  and  by  other  compétent  naturalists,  to  be 
»  a  hybrid  belween  the  Scaup  and  the  Pochaid  ;  but  whatever  it 
»  may  be,  it  iscertaiuly  nol  the  American  Scaup  ». 

.M.  Keulemans,qui  a  examiné  cet  Oiseau  au  British  Muséum,  nous 
fait  remarquer,  en  nous  adressant  un  croquis,  que  l'une  des  ailes 
est  coupée  et  qu'ainsi  le  spécimen  lui  paraît  être  un  «  Oiseau  de 
volière  ».  Ou  dit  cependant  dans  Yarrell  qu'il  avait  été  obtenu  au 
((  London  market».  Il  arrive,  et  nous  en  avons  vu  des  exemples,  (|ne 
des  Oiseaux  sauvages  pris  dans  des  pièges  sont  conservés  longtemps 
en  cai)tivité.  .Mais  tel  ne  paraît  pas  être  le  cas  pour  cet  individu 
dont  nous  ne  sauiious  du  reste  juger  les  caractères  par  le  simple 
croquis  qui  eu  a  été  fait. 

M.  J.  G.  .Morris,  des  Wheatlands  (Easton  .Maryland,  Etats-Unis), 
nous  a  fait  savoir  que,  dans  une  journée  de  chasse,  sou  lils  tua  un 
hybride  entre  la  Red  head  [Anus  ferina)  et  la  Black  head  (Anas 
marila).  Malheureusement  ce  précieux  échantillon  n'a  pu  être  con- 
servé. 

Le  Pasteur  Lindner,  d'Osterwieur-a-Harz,  mentionne(2)  avec  quel- 
ques réserves  un  exemplaire  de  sa  collection  tué  par  lui  te 
6  octobre  1888. 

(1)  Voy.  p  427(16  la  4*  édil  (4*  vol.  revised  ami  elarged  by  M.  Howard  Saunders. 
London,  11*)). 

(2)  Zur  Urnis  der  Kurischer  ÎVehrung  von  l'aslor  Lin  Iner  und  d'  Curt  Flœricke 
(Schluni)  in  MiUlieil.  der  Oruilh.  Vereins  in  Wien  1843,  pp.  181-185. 


728  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Cet  exemplaire,  d'après  ce  que  nous  fait  savoir  le  pasteur,  avait 
été  rencontré  seul  ;  il  ne  paraissait  aucunement  farouche;  il  était 
sur  l'eau  et  il  fallut  le  tirer  trois  fois  avant  de  l'abattre,  le  vent  sou- 
levant les  vagues  très  fortement  (le  temps  était  orageux). 

Depuis  la  mention  qui  en  a  été  faite  dans  «  le  Sittheilungen  des 
Ornithologishsen  »,  celte  pièce  a  été  montrée  au  comte  Berlepsch.  Le 
savant  ornithologiste  n'a  trouvé  aucune  raison  de  faire  intervenir  la 
F.  ferina  dans  sa  production.  Le  même  spécimen  nous  ayant  été 
envoyé,  nous  sommes  du  même  avis;  rien  n'indique  un  croisement 
avec  le  Milouin.  Dans  notre  collection  se  trouve  même  une  marila, 
sans  doute  de  même  sexe  et  de  même  âge,  qui  ne  peut  par  aucun 
caractère  être  distinguée  de  l'exemplaire  supposé  hybride,  à  ce  point 
que  si  les  deux  Oiseaux  avaient  été  empaillés  de  la  même  façon,  on 
n'aurait  su  les  reconnaître.  Notre  pièce  a  cependant  la  tache  blanche 
qui  est  près  du  bec  moins  développée. 

On  ne  peut  donc  enregistrer  la  Fitlignla  du  pasteur  Lidner  à 
titre  d'hybride. 

Genres  Anas  et  Fuligula 

FULIGULA  FERINA    et    AlX     SPOXSA. 

Nous  lisons  dans  le  «  Forest  and  Stream  (1)  que  M.  C.  Tiller,  de 
Moroë,  Michigan,  a  envoyé  à  ce  journal  un  hybride  présentant 
les  apparences  du  <(  Wood  duck  »  {A.  sponsa)  et  de  la  Red  head 
(F.  ferina).  Ce  spécimen  avait  été  tué  dans  les  marais  de  Moroë. 

Nous  avons  écrit  à  M.  Tiller  pour  avoir  des  renseignements  précis 
sur  un  tel  hybride  qui  nous  surprend  vivement  ;  nous  n'avons 
reçu  aucune  réponse.  On  nous  permettra  de  mettre  en  doute  l'origine 
que  l'on  donne  à  ce  métis.  Dans  le  cas  où  sa  détermination  serait 
exacte,  on  doit  supposer  que  c'est  un  Canard  échappé  de  quelque 
parc.  Les  renseignements  qui  ont  été  donnés  par  le  «  Forest  and 
stream  »  sur  les  caractères  qu'il  présente  sont  assez  sommaires.  On 
dit  seulement  qu'il  a  l'ongle  recourbé  et  le  plumage  bigarré  du 
Wood  duck  avec  la  tête,  la  poitrine  et  d'autres  traits  de  la  Red 
head  ».  Sa  dépouille  ne  paraît  pas  avoir  été  conservée. 

FuLIGULA   FERINA    et    DaFILA   ACUTA 

M.  Geo.  B.  Boardman  dit,  dans  la  même  revue,  qu'une  seule  fois 
(1)  XII,  p.  226. 


ADDITIONS,   COBRKCTIONS    ET     r:XAMKNS     d'aPRÈS    NATURE  729 

il  lui  fut  donné,  dans  ses  chasses,  de  rencontrer  un  croisement  : 
c'était,  lui  semble  l-il,  uu  produit  de  la  ((  Read  head  »  et  du 
«  Piutail.  » 

Nous  soupçonnons  fort  cet  Oiseau  de  n'être  qu'un  mâle  eu  plu- 
mage d'été.  .M.  Geo.  A.  Boarman  est  peu  précis  dans  son  récit  et 
laisse  lui-même  place  à  ce  doute. 

Genres  Clangula   et  Mergus 
Clangula  glaucion  et  Mergus  albellus 

(Se  reporter  p.  ICii  ou  p.  I7.'J  des  Mém.  delà  Soc.  Zool.,  1891). 

Nous  avons  réussi  à  obtenir  les  quatre  seuls  exemplaires  cT  qui 
représentent  le  croisement  de  ces  espèces.  Ce  n'est  point  sans  peine 
que  leurs  propriétaires  se  sont  décidés  à  nous  les  conimuuiquer. 
Plusieurs  de  ces  échantillons  sont  en  effet  très  précieux  ;  ils  sont 
devenus  célèbres  par  les  longues  et  savantes  discussions  aux(iuenes 
ils  ont  donné  lieu.  On  se  rappelle  les  noms  des  ornithologistes 
éminents  ([ui  oui  pris  soin  di;  les  examiner  et  de  décrire  leurs 
caractères. 

Trois  de  ces  mâles  étant  adultes, des  comparaisons  faciles  peuvent 
être  établies  entre  eux.  Pour  nous,  il  ressort  de  ces  comparaisons 
que  ce  sont  de  vrais  hybrides  et  non  des  individus  appartenant  à 
une  espèce,  car  ils  [iré.senteut  si  liien  les  traits  combinés  île  leurs 
ancêtres  supposés  qu'une  forte  présomption  s'établit  en  faveur 
de  leur  double  origine. 

Voici  leurs  descriptions  et  les  indications  que  nous  pouvons 
donner  à  leur  sujet  : 

K.Tcmplaivc du  Muser  ilc  llrunsuicli  (décrit  par  Einibeck)  (1).  Nous 
avons  d'abord  comparé  l'original  avec  le  dessin  en  noir  qui  a  été 
publié  par  l'isis.  Nous  avons  remarqué  que,  dausce  dessin,  les  pattes 
et  les  doigts  sont  trop  forts,  que  la  crête  ou  huppe  de  la  tète  n'est 
pas  dans  la  position  qu'elle  occupe  actuellement.  Dans  l'Oiseau 
enqiaillé  la  crête  se  redresse  et  domine  le  sommet  de  la  tête;  sur 
la  lithographie  elle  se  prolonge  au  contraire  sur  la  nuque  (2).  Le 
bec,  sur  le  même  dessin,  est  trop  développé  comparativement  aux 
dimensions  du  cnr[)s  ;  il  est  très  faible  dans  l'original.  La  dispo- 
sition de  la  graud(;  ligne  longitudinale  qui  sépare  en  deux  parties 

(l|  In  Isis. 

(2)  Nous  supposons  le  montage  conforme  ù  la  natu-^e. 


730  OISEAUX    HYBRIDES    HENCONTRRS    A    l'kTAT    SAUVAGE 

le  blanc  de  l'aile  esl  assez  bien  dessinée  ;  il  n'en  est  point  de  même 
de  la  jiartie  la  plus  rapprochée  du  corps,  car  les  trois  divisions 
du  blaiic  sont  mieux  indiquées  dans  la  pièce  empaillée.  Toutefois 
ces  divisions  sont  de  leur  nature  très  variables,  la  position  des 
plumes  pouvant  les  modifier  très  sérieusement. 

Nous  avons  ensuite  comparé  le  môme  Oiseau  avec  la  ligure  colo- 
riée qui  se  trouve  dans  l'ouvrage  de  Naumann  (1).  Celte  figure  ne 
nous  paraît  pas  exacte  parce  que  :  1"  la  couleur  du  bec  est  trop 
rosée  (2);  2°  la  partie  blanche  près  du  bec  n'est  pas  assez  accusée; 
3"  la  partie  foncée  à  la  naissance  de  la  mandibule  supérieure  semble 
indiquée  tiop  bas  ;  4"  ou  n'aperçoit  point  la  couleur  blanche  qui 
est  directement  sous  le  bec  ;  5°  les  trois  petites  raies  de  l'épaule  qui 
s'avancent  vers  la  poili'ine  sont  trop  accentuées;  (i»  la  disposition 
du  dessin  de  l'aile  (notamment  de  la  partie  (jui  a  voisine  les  flancs  i 
n'est  plus  celle  que  l'on  voit  aujourd'hui  sur  l'Oiseau  empaillé; 
7"  enfin  les  flancs  paraissent  beaucoup  trop  remplis  de  points  fins 
et  bleus  (3). 

Nous  avons  enfin  comparé  le  Canard  d'Eimbeck  avec  une  chro- 
molithographie qui  en  a  été  faite.  Cette  peinture  indique  d'une 
manière  plus  exacte  le  ton  du  bec  et  des  pieds,  telle  que  la  cou- 
leur de  ces  extrémités  est  maintenant  conservée.  Cependant  le  bec 
est  encore  trop  tort,  trop  long;  les  parties  foncées  de  l'aile  (division 
qui  avoisine  les  flancs)  sont  aussi  trop  prononcées.  Disons  encore 
que  la  huppe  n'est  pas  assez  développée  et  cjue  les  tous  du  vert  de 
la  tète  ne  sont  point  assez  crus.  La  tache  foncée  près  de  la  mandi 
bule  inférieure  est  exacte. 

Le  dessin  de  l'Isis  et  celui  tle  Naumann  se  ressemblent  donc  plus 
entre  eux  qu'ils  ne  ressemblent  à  cette  chromo-lithographie.  Cette 
dernière  figure  diflère  surtout  des  précédeutes  par  la  disjjosition 
des  dessins  foncés  ih^  l'aile;  mais  ces  dessins  peuvent  acquérir,  on 
l'a  remarqué,  plus  ou  moins  de  développement  suivant  la  dispo- 
sition donnée  aux  i)luuies  de  l'aile,  soit  par  le  i)eintie,  soit  par 
le  taxitermisle. 

Actuellement  la  huppe  et  la  partie  foncée  de  la  tête  sont  d'un 

(1)  Ilist.  des  Uiseanx  de  l'Allemagne.  Celle  ligure  esl  reproduite  dans  VOrni- 
tliologica  dunica  de  Kjarbôlliiif;. 

(2)  A  moins  (ionc  que  l'Oiseau  ne  Teùt  de  celte  couleur  lorsqu'il  était  en  chair, 
ce  que  nous  ne  pouvons  vérilier  ;  aujourd'hui  le  bec  esl  de  couleur  cuir  violacé. 

(3)  Nous  devons  cependant  faire  rejiiarquer  que,  pour  établir  ces  comparaisons, 
nous  ne  possédons  que  la  copie  de  l'aquarelle  de  l'ouvrage  de  Naumaon,  copie  faite 
un  peu  sommaireuieul. 


ADDITIONS,    COHRliCTlONS    i;T    ICXAMKNS    UAl'HKS    NATUItK  731 

gris  vert  t'iiu'raude  foucû  el  Iram-;  lorsiiuu  l'on  i»lace  l'Oiseau  dans 
un  cerlain  jour,  des  loiis  violacés,  Ideus  ou  prune,  apparaissent  sur 
cette  partie,  eu  sorte  que  l'on  croirait  volontiers  avoir  devant  les 
yeux  une  teinte  1res difTé rente  de  la  première  (I).  La  (jueue  est  plus 
foncée  ([u'elle  ne  l'est  chez  le  Mergus  nthcllus.  Il  existe  comme  une 
moustache  près  de  la  mandibule  inférieure;  en  dessous  une  partie 
blanche  avoisine  le  bec.  La  joue  est  très  faiblement  tachetée  de  raies 
foncées  peu  visibles.  L'iris  (artificiel)  est  de  la  sienne  naturelle. 
Les  pieds  sont  larges  et  de  ton  cuir  de  botte.  La  disposition  de  l'aile 
(partie  la  plus  rapprochée  des  lianes)  tient  plus  du  Mergus 
albelliis  que  du  C.  lilducioii  ;  il  eu  est  de  môme  de  la  forme  du  bec, 
qui  est  plus  de  la  première  que  de  la  seconde  espèce,  quoiqu'on  la 
puisse  dire  en  ([uelque  sorte  intermédiaire  entre  les  deux  types. 
Les  llaucs  sont  presque  blancs;  en  cela  l'Oiseau  se  rapproche 
du  (jUnuinn  cf  adulte.  Au  dessus  des  tarses,  la  partie  foncée,  quoi- 
que |>iquetée,  rappelle  mieux  aussi  cette  espèce  qu'elle  ne  rappelle 
l'iilhriliis:  on  peut  en  dire  autant  du  haut  des  pieds  el  des  tarses. 
Maigre  ses  ressemblances  avec  le  Clangula  glaacion,  cet  hybride, 
dans  son  aspect  général,  est  plus  du  type  Mergus  que  du  type 
Clangula  ;  il  n'est  pas  aussi  gros  que  ce  dernier  et  est  élancé  comme 
le  premier.  Notons  que  le  ton  du  bec  est  maintenant  cuir  de  botte, 
ce  qui  n'existe  chez  aucune  des  deux  espèces. 

Exemplaire  tué  à  lu  fin  ilc  frvrier  IS65  dans  le  voisinage  de  Pol, 
appartenant  aujourd'hui  à  M.  Heinrich  Adolf  Weissflog,  d'Annaberg 
(Saxe)  (2).  De  la  taille  du  Mergus  alhellus  ;  les  parties  supérieures 
(disposition  du  blanc  et  du  foncé)  le  rapprochent  également  de  cette 
espèce.  Toute  la  tète  est  verte,  à  l'exception  de  la  partie  basse  des 
joues  qui  est  blanche;  une  raie  blanche  la  traverse  verticalement. 
Le  bec  est  un  vrai  intermédiaire  entre  les  becs  des  deux  types. 
L'iris  (arti(iciel)  est  l)ruu.  Les  pieds  sont  grands.  Sur  les  lianes 
se  montrent  quelques  petits  poiutillés  rappelant  ceux  du  Mergus. 
L'Oiseau  est  pins  Marie  (|ue  (iaiiot  par  ses  dimensions,  sa  taille 
et  la  colmalion  gént^iale;  il  s'accuse  néanmoins  très  nettement 
comme  un  iiitei'niédiaire  eulre  les  tieux  espèces.  Nous  ne  voyons  pas 
pourquoi  sur  la  chromolithographie  des  "  .\naaberg  Buciihob.ei' 
Vereins  fiii'  Nainrkunde  »  qui  le  représente,  le  bec  qui  nous  paraît 

(I)  Clu'z  iiii  exemplaire  o"  Clangula  glaacion  de  race  pure  de  noue  eoUecli.m 
on  ne  découvre  |Hiinl  des  leinles  aussi  %iolac(5es. 

{ij  .Vinès  avilir  élé  dans  les  mains  de  .M.  l'ranlz  Seliniidl,  puis  dans  celles  de 
M.  OM-ar  Widsclike  (ecinnie  il  a  «'■lé  explique  p.  16!)  ou  p.  177  dc8  M<ïin.). 


732  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

trop  fort  et  trop  allongé,  est  de  couleur  ocre  foncé.  Nous  avons 
omis  d'après  nos  notes  de  décrire  la  couleur  actuelle;  elle  est  plomb 
violacé  dans  la  peinture  sur  toile  que  notre  artiste,  M.  Lemaitre,  a 
fait  ad  naturam.  A  part  cela  notre  peinture  est  bien  semblable  à  la 
chromo-lithographie  à  laquelle  nous  faisons  allusion  ;  la  disposi- 
tion de  l'aile,  le  pointillé  des  flancs  inférieurs  sont  exactement  les 
mêmes  sur  Tune  et  sur  l'autre.  Une  différence  est  cependant  sen- 
sible dans  la  deuxième  tache  blanche;  il  est  vrai  que  le  tableau  de 
M.  Lemaitre  représente  VAnas  merqdides  vu  du  côté  gauche,  tandis 
que  la  chromo-lithographie  des  Annaberg-Buchholzer  le  représente 
du  côté  droit. 

Exemplaire  du  Musée  d'Upsala  (Suède) ,  tué  le  20  novembre  par 
M.  Themstrdm.  —  Cet  Oiseau  est  encore  plus  Menjus  albellus  que 
Clouijiila  (jlaacion,  mais  il  porte  certaines  marques  de  ce  dernier: 
ainsi  son  cou  n'est  pas  aussi  allongé  que  celni  du  Mergus;  on  n'aper- 
çoit point,  traversant  de  chaque  côté  l'espace  qui  se  trouve  entre  le 
bas  du  cou  et  le  commencement  des  ailes,  la  ligne  noire  de  Valhel- 
lus  (1);  la  disposition  des  taches  blanches  de  l'aile  n'est  point  non 
plus  la  même  que  chez  ce  type. 

Le  mélange  avec  le  Clamjuln  glaucion  est  indiqué  par  la  teinte 
foncée  qui  domine  sur  la  tète  et  les  joues,  qui  descend  même  sur 
le  cou;  puis  par  l'ampleur  de  la  mandibule  supérieure  du  bec. 
Celte  mandibule  est  beaucoup  plus  épaisse  que  celle  de  Valbellus, 
quoique  l'onglet  qui  clol  son  extrémité  soit  aussi  recourbé  et  aussi 
descendant  que  celui  de  Valbellus.  Les  pieds  et  les  pattes  sont  de 
cette  dernière  espèce  comme  coloration.  Le  dessiii  des  couvertures 
foncé  de  la  queue  et  des  rectrices  rappelle  le  f/laucion.  L'Oiseau 
paraît  légèrement  plus  fort  que  Valbellus.  En  somme,  il  donne  bien 
l'aspect  d'un  hybride. 

Les  compai'aisons  entre  ces  trois  màles  adultes  peuvent  s'établir 
comme  suit  : 

Si  le  montage  a  conservé  les  proportions  naturelles,  l'exemplaire 
du  Musée  de  Brunswick,  c'est-à-dire  l'exemplaire  le  plus  ancienne- 
ment connu,  est  le  plus  faible  des  trois;  il  parait  étroit.  11  possède 
plus  de  ressemblance  avec  l'exemplaire  de  M.  Wolshke  (2)  qu'il 
n'en  présente  avec  le  mâle  que  l'on  conserve  au  Musée  d'Upsala. 
Néanmoins,  la   partie  foncée  de  la  tête  n'est  point,  vers  le  front, 

(1)  Cette  absence  de  lij;ne  noire  pourrait,  il  est  yrai,  être  un  signe  de  jeunesse, 
si  la  partie  où  elle  manque  était  salie  ;  mais  elle  est  ici  profondément  blanche, 
comme  chez  les  adultes. 

(2)  Appartenant  aujourd'hui  à  M.  lleinrich  AdoK  Weissflog,  d'Annaberg. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    KXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  733 

traversée  verticalement  comme  chez  l'exemplaire  de  M.  WeissQog. 
La  dispositiiia  de  l'aile  est  piutiM  celle  de  ce  dernier,  mais  les 
barres  au-dessus  de  l'épaule  ue  péiièlrent  point  dans  le  blanc  de  la 
poitrine  ;  en  cela  il  se  rapproche  bien  plus  de  l'exemplaire  d'Upsala. 
Celui-ci  a  les  lianes  plus  iii(pieti''s  qu'ils  ne  le  sont  chez  les  deux 
autres  :  il  annonce  par  là  un  âge  moins  avancé  que  chez  ces  derniers. 
Le  bec  du  Canard  de  Brunswick  est  plus  petit  que  celui  des  autres. 

L'exemplaire  de  .\I.  Weissflog  est  pour  la  grosseur  un  pou  dilTérent 
de  celui  d'Upsala.  Il  paraît  plus  faible  ;  on  ne  peut  guère  tcnitcfois 
s'arrêter  à  des  caractères  qui  souvent  dépendent  du  montage.  Les 
becs  de  ces  deux  Oiseaux  seraient  bien  seniblabhis  par  la  forme  et 
les  dimensions  ;  la  couleur  est  aujourd'hui  très  foncée.  Le  système 
des  barres  blanches  de  l'aile  nous  paraît  être  encore,  à  peu  de  chose 
près,  le  même  chez  les  deux.  Egalement  sur  le  dos,  môme  système 
de  la  coloration  noire;  mais  sur  le  Canard  de  .\L  Wcissllog  la  raie 
line  propre  à  ra/Z^c/Zi/s  s'accuse  davantage  vers  la  poilrine(l  i  ;  l'autre 
barre  |)rès  de  l'épaule  (qui  descend  sur  les  côtés  de  ['utlwUns)  existe 
aussi  chez  lui.  Sur  les  plumes  des  lianes  on  retrouve  les  petits 
points  foncés  que  l'on  connaît,  mais  ils  sont  moins  prononcés,  moins 
larges  et  moins  répandus  (jue  sur  le  sujet  du  Musée  d'Upsala.  Les 
pattes  et  les  pieds  de  ces  deux  pièces  paraissent  être  de  même  dimen- 
sions; ils  ont  dil  être  plus  jaunes  chez  le  spécimen  qui  a  appartenu 
à  M.  Wolschke.  Ce  qui  distingue  piincipalenicnl  les  deux  Oiseaux, 
c'est  la  huppe  de  la  tête  qui  est,  ou  l'a  dit,  traversée  verticalement 
par  une  raie  blanche  chez  le  dernier;  c'est  encore,  chez  celui-ci, 
une  tache  blanche  (jui  apparaît  un  peu  plus  bas  sur  la  même 
toulle  de  plumes.  A  part  ces  dillérences  dans  les  parties  supérieures, 
on  trouve  chez  les  deux  Oiseaux  le  même  genre  de  coloration, 
([uoique  l'on  ne  puisse  passer  sous  silence  les  petits  traits  ou  taches 
de  couleur  blanche  qui  bigarrent  les  joues  du  sujet  d'Upsala,  Il  faut 
remarquer  que  celui-ci  a  les  pattes  foncées  tirant  sur  le  bleu  comme 
le  Mi'iijiis,  ([uf  le  bec  otïre  la  môme  particularité  ;  or,  ces  mômes  extré- 
mités ne  sont  pas  de  ce  ton  chez  les  deux  autres  sujets.  —  Les 
distinctions  présentes  font  voir  t|ue  le  Mcn/us  anatariim  d'Eimbeck 
le  sujet  d'Upsala  et  celui  de  .\L  Weisstlog,  n'a])])arlieuUL'nl  point  à 
une  espèce  fixe,  et  qu'ils  sont,  sans  doute,  à  cause  de  leur  irrégu- 
larité dans  leurs  caractères,  des  hybrides. 

On   ne  sauiait,  nous   l'avons  dit,   comparer   le  jeune  mule  de 
Kjœrbolling  (2;  avec  les  trois  mâles  qui  viennent  d'être  examinés. 

(1)  Sur  le  Canai'il  li'L'psalii  plli'  fiiit  pri'si|ue  ili'faul,  (iii  l'a  i-ciii:ir(|ué. 

(2)  Décrit  el  rcpresenlé  dans  VOrnilItologia  duiiica  do  cel  aiUcur,  pi.  LV,  liy.  7 
(Supplémeul). 


734  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

La  description  que  nous  avons  faite  de  ce  jeune  isolé,  et  les  notes 
que  nous  avons  prises  sur  les  espèces  pures  sont  les  suivantes  : 

On  remarque  que  Mergns  albeUus  cf  jeune  ou  9  a,  à  partir  de  la 
mandibule  inférieure  et  commençant  sous  le  menton,  un  grand 
espace  blanc  se  répandant  sur  les  joues,  sur  les  côtés  et  le  devant 
du  cou.  Le  brun  roux  commençant  à  la  mandibule  supérieure 
couvre  tout  le  front,  le  dessus  de  la  tète,  la  nuque,  la  crête  du 
cou  et  entoure  l'tcil  de  la  largeur  d'un  grand  centimètre. 

Chez  ClaîKjula  glaiicion  (^  \euDe  et  $,  la  couleur  brune  est  répan- 
due non  seulement  sur  toute  la  tète,  mais  aussi  sur  les  joues  et 
descend  même  sur  le  cou,  jusque  sous  la  gorge.  Les  dilïérences  que 
nous  indiquons  sont  les  principales  dans  la  coloration. 

L'Avis  Iiyb7ida  de  Kjœrboling,  qui  est  de  très  petite  taille,  doit 
cependant  être  un  jeune  déjà  en  mue  d'adulte,  car  on  aperçoit  faci 
lenient  sur  le  brun  de  la  tête  des  plUlues  foncées;  sur  les  joues, 
blanches  çà  et  là,  de  petites  taches  foncées  se  montrent  aussi,  et  près 
de  la  mandibule  supérieure,  la  touchant,  apparaît  comme  un  indice 
de  la  plaque  blanche  de  glaucion  (^  adulte.  Nous  disons  la  plaque 
blanche  de  glaucion  cf  adulte,  car  chez  nos  exemplaires  cT  jeunes 
ou  9  cette  partie,  près  de  la  mandibule  supérieure,  reste  encore 
foncée,  de  la  teinte  brune  de  la  tète  et  des  joues.  Il  y  a  donc,  dans 
cette  partie  blanchâtre,  ces  plaques  foncées  du  dessus  de  la  tête  et 
ces  petites  taches  éparpillées  sur  les  joues,  des  traces  de  clangiila  cT- 
Mais,  dans  la  couleur  et  le  dessin  du  fond,  l'Oiseau  est  albcllus,  car 
ses  joues,  quoique  piquetées,  et  le  dessous  de  sa  gorge  sont  de  cou- 
leur blanche  (1);  puis  la  ligue  de  démarcation  qui,  chez  alhellus, 
sépare  le  brun  d'avec  le  blanc,  est  parfaitement  dessinée  chez  lui. 

Ce  caractère  intermédiaire  dans  la  coloration  est  à  retenir  :  c'est 
le  dessin  d'albi'llus  modifié  par  l'influence  de  glaucion. 

Une  autre  partie  du  plumage,  située  plus  bas  que  la  précédente 
(mais  qu'on  ne  saurait  rapporter  plus  à  mcrgus  qu'à  glaucion,  car 
tous  deux  l'ont  semblable),  nous  montre  encore  que  l'Oiseau  n'est 
plus  un  tout  jeune  mâle.  En  effet,  sur  le  gris  brun  blanchâtre  du 
bas  du  cou  et  du  devant,  les  taches  blanchâtres  de  l'adulte  sont 
bien  caractérisées. 

Peut-être  serait-il  possible  de  découvrir  dans  le  dessin  de  l'aile, 
qui  nous  paraît  plus  alhellus  que  glaucion.  des  caractères  propres 
à  cette  dernière  espèce.  Chez  les  Clangula  (cf  jeune  ou  $)  que  nous 
possédons,  la  partie  haute  de  l'aile  est  foncée,  mélangée  seulement 

(1)  A  l'exception  toutefois  de  la  petite  pailie  blanche  qui  touche  la  mandibule 
supérieure. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS     ET     F.XAMKN^    d'aPRÈS    NATURK  TBii 

de  blanc,  tandis  que  chez  les  exemplaires  alhellun  du  même  Age  et 
(lu  même  sexe,  cette  parlic  est  plus  blanche  el  laisse  apercevoir 
une  lar{,'e  plaque  bien  mieux  déhiiie.  Chez  l'iudividu  iiybride  de 
Copenhague  cette  grande  plaque  blanche  est  très  accentuée.  Il  est 
vrai  que  celte  particularité  pourrait  ce|iendaul  proveuir  de  ce  que 
nos  jeunes  cT  uliturion  ne  sont  pas  assez  avancés  eu  âge.  Néanmoins 
chez  l'hybride  cette  plaque  blanche  alTecle  davantage  la  forme  de 
la  plaipie  de  mergus,  car  elle  va  presque  rejoindre  la  deuxième 
tache  blanche  longitudinale  de  l'aile,  la(iiiellc  tache  est  placée  plus 
haut.  (Nous  ignorons  si  ce  caractère  se  profFuit  de  la  même  manière 
chez  le  Clanfiula  en  mue  et  aussi  avancé  en  âge  qiu'  notre  hybride). 

Nous  observons  encore  une  autre  dillérence  avec  nos  Clampda: 
chez  ceux-ci  la  partie  basse  de  l'aile  montre  beaucoup  plus  de  blanc 
que  la  partie  correspondaute  û'alhi'Uiis  {|ui  ne  laisse  voir  à  cette 
place  que  deux  barres  fort  étroites  de  blanc.  Or,  chez  le  sujet  de 
Kjœrbolling,  les  deux  raies  transversales  propres  à  l/c/v/us  existent 
très  nettement,  mais  elles  sont  beaucoup  plus  larges  el  montrent, 
par  conséquent,  beaucoup  plus  de  blanc.  Est-ce  là  un  rappel  de 
glawion  ? 

Une  remarque  qui  ne  se  rattache  point  à  la  (|uestion  de  l'hybri- 
dité  ne  sera  point  ici  hors  d'apropos.  Dans  les  cT  adultes  alhcllns  et 
(/laucinn,  la  grande  tache  supérieure  de  l'aile  est  à  peu  près  la  même 
et  traversée  de  raies  obliques  ;  mais  dans  la  disposition  de  la  large 
barre  blanche  inférieure,  les  deux  espères  ditièrent  d'une  manière 
bien  accusée.  Celte  large  barre,  chez  filnurion,  se  répand  eu  long, 
presque  sur  toute  la  surface  de  la  partie  basse  de  l'aile  et  se  trouve 
complètement  séparée  de  la  supérieure.  Chez  albellus,  cette  môme 
barre  inférieure  va  en  montant  vers  sa  moitié  rejoiiuli-e  la  supé- 
rieure se  trouvant,  à  cette  même  place,  comme  coupée  [laidu  foncé. 
Sur  ce  foncé,  il  n'apparaît  plus  (à  titre  de  rappel  du  blanc)  (i), 
que  les  deux  petites  bai-ies  blanches  très  Unes  dont  on  a  [jarlé.  Or, 
chez  le  jeune  ijlmicioti  celte  partie  blanche  se  trouve  coupée  par  «ne 
raie  foncée  à  peine  visible,  rappelant  ainsi  les  séparations  du  blanc 
de  l'aile  de  ytenjua.  Ceci  tient  il  à  une  ancienne  parenté  de  deux 
types  qui  se  seraient  ensuite  diversiliés?  La  llièsi!  évolutiouuiste 
dirait  oui.  —  Nous  sommes  loin  de  le  prétendre.  Nous  nous  bor- 
nons à  une  simple  remar(|ue.  Nous  reconnaissons,  du  reste,  qu'il 
faudrait,  pour  (|iie  de  telles  observations  aient  une  valeur,  un 
mobilier  de  comparaison  plus  complet  que  celui  dont  nous  dispo- 
sons :  nous  ne  possédons  que  dix  sujets,  (|nati-e  ullifllus  et  six  nlau- 

(I)  Laquelle  couleur  a  pris  une  aulre  direction. 


l'M  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

cion,  dont  trois  de  ces  Oiseaux  sont  des  cT  adultes.  Le  double,  sinon 
le  triple  des  exemplaires  cT  jeunes,  nous  seraient  nécessaires  pour 
tenter  une  jjonne  démonstration,  les  caractères  de  l'aile  étant  très 
embarrassants  et  subissant  des  modifications  progressives  suivant 
l'âge  et  le  degré  de  la  mue.  Ainsi,  dans  nos  sept  sujets  (cT  jeunes  ou 
9  albeUns  elglaucion),  aucun  d'eux  ne  porte  encore  des  traces  de  la 
grande  tache  blanche  longitudinale  de  la  partie  supérieure  de  l'aile, 
tache  que  l'on  observe  chez  le  sujet  de  Copenhague  :  cette  absence 
de  tache  chez  nos  exemplaires  purs  ne  nous  permet  pas  de  dire  si 
celle  que  porte  l'hybride  en  question  se  présente  à  la  manière  de 
glaucion  ou  à  la  manière  d'alhellus.  La  mue,  chez  les  deux  espèces, 
pourrait  ne  pas  se  présenter  de  la  même  manière. 

Nous  remarquerons  qu'on  a  peint  les  tarses  et  les  doigts  de  l'hy- 
bride d'une  couleur  très  rouge,  les  palmures  restant  brun  foncé.  Si 
ce  ton  est  exact,  ou  aurait  là  un  bon  signe  d'hybridité,  car  les  patles 
d'aibellus,  auquel  ressemble  davantage  cet  Oiseau,  sont  bleutées. 

Quant  au  bec,  qui  est  la  partie  la  plus  intéressante  à  étudier, 
quoique  le  caractère  de  la  teinte  de  la  tête  et  des  joues  le  soit 
aussi  beaucoup,  il  est  de  couleur  brun  foncé,  et  de  forme  bien  plus 
mergus  que  clangula,  car  il  est  long  et  l'ongle  très  rabattu  forme 
une  pointe  basse.  Mais  il  est  aussi  seusiblemeut  plus  fort  que  celui 
de  mergus  cT  jeune  ou  $  ou  même  d"  adulte.  Si  on  le  regarde  en 
dessus,  il  est  à  sa  naissance  plus  large  que  celui  ;1u  Mergus;  les 
narines  sont  éloignées  de  la  tête  comme  cela  arrive  chez  la  Clangula  ; 
puis  la  largeur  diminue  peu  vers  l'extrémité.  (On  sait  que  le  bec  du 
Mergus  se  rétrécit  tellement  en  s'allougeant  qu'il  forme  une  pointe). 

C'est  donc  le  bec  qui  est  en  quelque  sorte  le  caractère  indiscutable 
d'hybridité,  car,  quoique  les  larges  dessins  des  joues  et  les  deux  raies 
transversales  des  ailes  montrent  assez  bien  rinfluence  de  glaucion, 
on  ne  voit  pas,  (au  moins  si  nous  nous  en  rapportons  à  nos  sujets  de 
comparaison),  par  quels  autres  traits  essentiels  et  bien  distincts 
VAvis  hi/hriiki  de  Kjœrboliug  alTirmerait  sa  parenté  avec  celte 
espèce,  à  moins  que  ce  ne  soit  par  ses  pieds  qui  sont  larges  et  très 
grands.  (On  sait  que  Ghiucion  les  a  plus  grands  qii'albellus). 

La  petitesse  du  corps  nous  surprend,  vu  l'état  avancé  de  mue. 
Nous  voulons  croire  que  la  pièce  a  été  mal  empaillée,  ou  que  la 
peau,  s'étant  très  rétrécie,  n'a  point  permis  de  développer  les  vraies 
proportions  du  corps  qui  paraît  actuellement  étiolé. 

Nous  concluons  que  cette  pièce  est  probablement  un  hybride  des 
deux  espèces  qu'on  lui  donne  pour  parentes;  mais  son  origine 
mélangée  ne  se  démontre  pas  aussi  facilement  que  chez  les  trois 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ICT   EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  737 

sujets  cT  adultes,  c'est-à-dire  l'exemplaire  du  Musée  de  Brunswick, 
l'exemplaire  de  la  colleclion  de  M.  Weissllog,  d'Annaberg,  et  l'exem- 
plaire du  Musée  d'Upsala. 

Ce  nesit  point  sans  une  alleution  très  soutenue  que  nous  sommes 
arrivé  à  (aire  ces  dernières  remarques  ;  sans  doute  elles  aui-aleul 
été  plus  justes  et  plus  complètes  si  notre  matériel  de  comparaison 
avait  été  plus  étendu  et  peut-être  alors  aurions  nous  pu  signaler, 
sur  ce  sujet  fort  intéressant,  de  nouvelles  marques  de  sa  double 
parenté. 

Nous  ne  pensons  point  (pi'on  ait  obtenu,  en  captivité,  la  reproduc- 
tion des  deux  espèces  parentes,  au  moins  la  rejjroductiondu  :)/(7'(/».s. 
Le  croisement  de  ce  type  avec  le  Clanyula  tjlaaciun  à  l'état  sauvage 
peut  surprendre  à  première  vue,  si  l'on  considère  qu'elles  sont 
classées  dans  deux  genres  ditïérents  et  bieu  distincts.  Néanmoins, 
il  faut  reconnaître  que  Tespèce  glaitriun  et  l'espèce  alhflhis  ollreut 
dans  la  tonalité  et  la  disposition  de  leur  plumage  de  vraies  analo- 
gies. Chez  les  jeunes,  la  teinte  et  le  dessin  du  i)lumage  se  ressemblent 
à  ce  point  qu'étant  vus  un  peu  de  loin,  on  pouirait  confondre  les 
deux  espèces. 

Il  n'est  donc  point  absolument  impossible  que  le  croisement 
soupçonné  se  soit  réellement  produit.  Bien  rai-ement,  à  l'état  libre, 
sinon  jamais,  on  a  été  témoin  de  l'appariage  des  espèces  dont 
paraissent  Issus  les  liyliridcs  (|iii  ont  été  signalés  dans  ces  éludes. 
Cette  observation  aurait  précisément  été  faite  pour  les  deux  parents 
que  l'on  donne  aux  hybrides  qui  viennent  d'être  décrits.  En  efïet, 
M.  Wiepken,  directeur  du  Musée  du'-al  d'Oldenbourg  (rectitiaut 
une  erreur  que  uous  avions  cotnmise  à  l'article  «  Claïujula  (jUtuctun 
et  Menjus  wi'rnansci))  où  nous  disions  que  ces  deux  espèces  avaient 
été  vues  appariées)  (I),  nous  informe  que  les  deux  Oiseaux,  que 
l'on  vit  in  ropulà,  étaient  le  .)/.  alhcllus  cj'et  le  Clangnla  iilaucion. 
Cette  observation,  faite  par  M.  l'inspecteur  des  forêts  de  Negelin, 
fut  communiquée  à  .M.  Wiepken  le  jour  même  où  elle  avait  été  faite 
par  celui-ci  (2). 

Nous  rappelons  que  d:ins  la  collection  du  [lasteur  Brehm  existe  une 
femelle  que  le  savant  ornithologiste  a  déterminée  comme  hybride 
du  .1/.  nlhclliix  et  du  G.  (jlinivittn.  Nous  aurions  bien  désiré  ol)lenir 
pour  (jnelque  temps  ce  sujet,  sans  doute  unique,  alin  de  l'examiner 

(1)  Voy.  p.  170  ou  p.  178  des  .Méiii. 

(2)  Du  reste  consullp/,  à  ce  sujet  le  Journal  (ùr  Ornitliolo);ie,  p.  4I().1885.  L'inspec- 
teur général  des  forets  de  Xcgelin,  dont  il  est  question,  est  aujourd'hui  décédé. 


738  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

à  loisir,  de  le  peindre  et  d'en  faire  la  description  complète.  Made- 
moiselle Leïla  Brehm,  la  petite-fille  du  pasteur,  a  bien  voulu  nous 
faire  connaître  la  destination  de  cette  collection  qui  ne  permet  pas 
de  la  diviser.  Elle  n'a  pu,  en  conséquence,  nous  adi-esser  l'Oiseau 
qui  n'a  point,  croyons-nous,  été  discuté,  mais  qui  sans  doute  méri- 
terait d'être  mieux  connu,  vu  la  grande  autorité  de  celui  qui  l'a 
déterminé  comme  hybride. 

Mergus  merganser  et  Clanoula  glaucion. 

(Se  reporter  p.  170  ou  p.  178  desMém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Cette  appariage  est  à  supprimer  pour  les  raisons  qui  viennent 
d'être  données  (p.  737,  24'^  ligue). 

Genre   Anser. 

Aucun  hybride  sauvage  du  genre  Anser  n'avait  été  mentionné 
dans  nos  premières  publications.  Existe  t-il  à  l'état  libre  quelques 
croisements  parmi  ce  genre  d'Auatidés?  Nous  n'oserions  l'allirmer; 
nous  citerons  cependant  les  faits  suivants  pour  ce  qu'ils  valent. 

Anser  albifrons  gambeli  et  Branta  canadensis. 

M.  R.  Ridgway.que  nous  avons  iuterrogésur  la  mention  faite  par 
Spencer  F.  Baird  (1)  d'un  hybride  entre  la  White  fronled  Goose 
et  la  Canada  Goose  existant  au  Musée  national  de  Washington, 
nous  a  répondu  que  l'Oiseau  était  un  «  andoubted  uild  Binl  ».  Cet 
hybride  a  été  décrit  par  MM.  Baird,  Brewer  etRidgway  (2). 

Anser  cinereus  (3)  et  Anser  segetum  (4) 

Le  Rév.  Macpherson  a  bien  voulu  nous  signaler  un  hybride  entre 
la  Bean  Goose  et  la  Grey  Lag.  Cette  Oie  a  été  tuée  le  6  février  1893 
dans  le  comté  de  Cumberland  par  M.  Thomas  Mann  d'AigeeGill 

(1)  In  Koresl  and  Slream,  vol.  II,  p.  5. 

(2)  In  Water  Birds  oj  North  america.  vol.  I,  p.  4?0.  Nous  n'avons  pu  nous 
procurer  cet  ouvrage. 

(3)  Synonymie:  Anas  anser.  Anas  anser /eriis,  Anser  paliistris  Flem..  Anser 
vulgaris  PuW..  Anser  sj-li'estris  Brehm. 

(4)  Anser  sjlvestris  Briss.,  Anser  férus  Flem .,  Anser  arvensis  Brehm. 


ADDITIONS,    CORUKCTIONS    KT    KXAMRNS    d'aPRÈS    NATURE  739 

(Allougy).  M.  Thomas  Mann  en  fit  cadeau  au  Révérend  qui  l'a 
olleiie  au  Musée  public  de  Carlisle.  Dans  le  Zoologist  qui  raen- 
lionne  cette  capture  (I),  on  fait  savoir  que  M.  Thomas  Mann  avait 
pris  le  s|)écimeu  pour  uiieGrey  La^,  mais  que  le  mélange  des  carac- 
tères des  deux  espèces  est  liiru  tnaïqué  et  intéressant.  L'Oiseau  est 
ainsi  décrit  : 

((  The  Ijill  mosl  uearly  reseinl)les  that  of  the  Grey  Lag,  thougli 
there  is  a  liltle  black  on  the  uu.<(uis  ami  altlic  hase  of  the  bill.  The 
feet,  ou  olhei-  haud,  resemble  llio.se  of  Ihe  Beau  Goose.  but  the  Iwo 
outer  claw  s  of  botli  feet  are  white  »  (2). 

Anser  albifrons  (.3)  et  Berxicla  brknta  (4) 

.\u  conimencemeut  de  l'année  1890,  M.  Hartert  lit  voir  au  Club 
oruitholoi^Kpie  loi  la  peau  d'une  Ôie  qu'il  supposait  provenir  d'un 
croisement  entre  la  lienticla  hrcnla  et  VA  user  alhl fions  (6).  M.  Har- 
tert a  bien  voulu,  dans  une  lettre  qu'il  uous  a  adressée,  décrire  ainsi 
cet  Oiseau  :  «  .Sides  and  llanks  the  sauie,  the  lowest  abdomen  and 
under  tail-coverts  are  pure  white.  The  rump  in  pure  blaek.  Other- 
wise  it  rcsembles  enlirely  Anxrr  iilliifrinis  n.  \\.  Hartert  a  toutefois 
soin  d'ajouter  :  u  je  doute  beaucoup  qu'il  soit  un  hybride  ». 

Anser  cinereus  et  Anser  brachvruynchus  (7). 

M.  Selater  uousa  fait  savoir  (|u'il  lui  fut  envoyé,  le  16  février  1892, 
par  M.  Blaauw.  de  S'Graveland  (.Milversum).  un  hybride  vivant  entre 
V Anser  cincn-tis  et  VAnsi'r  linirhi/rliipiclius.  Le  Hévéreud  Macpherson 
alla  voir  l'Oiseau  curieux  quehiue  temps  après  son  arrivée  aux 
Zoolo!,ncal  Gardens;  il  nous  a  adressé  les  notes  suivantes  sur  les 
caractères  qu'il  présente  : 

«  It  resembles  tliti  Grey  lag  Goose  (I.  cinerrns)  in  shape,  but 
the  feet  arc  of  exaelly  the  same  colonr  as  those  of  .1 .  hriicliyrliijnrhns  ; 

(1)  I89:t,  p|)  l'joiui. 

ci)  Cet  hyliride  est  cité  dans  Ornilliologislio  Moiiatslii-iiililc  du  D'  Iteiclienow, 
N"  7,  juli  I8'.t.t,  |).  Il'.t. 

l'J)  Autres  noinn  :  Anser  seplenlrionalis  sylvestris.  Anser  erythropus  Kleni., 
Anser  médius  Ti-iniii.,  Anser  intermedia  Naiim.,  Anser  hriichi  B|>.  px  Brrliiu. 

(41  Synoiivinip  :  Anas  bvrnicla,  lirenla,  Anser  torqiittttis,  Anser  branla, 
Bernicla  melanupsis. 

(o)  Dans  un  incelinj;  de  la  Société  Zoulogique  de  Londres. 

(Cil  Voy.liiill.  of  Uie  Biil.  Oiiiilli.  Cluli,  VI,  I  manli.  ISil.t.  Tlie  Ibis,  I8'.0,  p.*(i!i. 

(7)  Ou  :  Anser  brevirostris,  Anser  phœnicopus,  Anser  segetuin  Naum. 


740  OISEAUX    HYBRIDKS    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

the  bill  is  pink,  b;it  the  uuguis  is  wiiite  iustead  ot  being  black  like 
that  of  1.  hrachyrhynchus  ».  Le  Révéreud  ajoute  que  l'Oiseau  a 
été  pris  en  Hollande  (1). 

A  propos  de  cette  capture,  M.  E.  Blaauw  a  bien  voulu  nous 
envoyer  d'intéressants  détails  que  nous  croyons  devoir  reproduire. 
Le  naturaliste  hollandais  n'est  point  d'avis  que  cet  Oiseau  soit, 
comme  l'a  pensé  M.  Sclater  (2),  un  croisement  d'A.  cinereus  et 
d'A.  brachyrhjjnchus.  D'abord  il  l'avait  pris  pour  une  race  anormale 
de  V Anser  albi Irons  var'iélé  rozeipes  Schlegel;  mais  depuis  il  a  été 
informé  par  un  atlrapeur  d'Oies  (|ue  le  sujet  en  question,  et  d'autres 
Oies  qu'il  a  reçues  à  diverses  reprises,  sont  nées  en  serai  captivité 
de  l'Oie  à  front  blanc  et  de  l'Oie  grise  (.4 /iser  cinereus}  ou  de  l'Oie 
à  bec  court  (Anser  brachyrhynclm's). 

Il  n'a  pas  été  possible  à  M.  Blaauw  de  savoir  à  laquelle  des  deux 
dernières  Oies  appaitenait  le  progéuiteur,  mais  il  est  certain  que 
l'Oie  à  front  blanc  est  l'un  des  deux  parents.  Les  attrapeurs  d'Oies 
ont  toujours  plusieurs  Oies  tie  différentes  espèces  dont  ils  se  servent 
comme  appelants.  Ces  Oiseaux  sont  d'une  familiarité  excessive; 
mais  pendant  l'été  ils  prennent  leur  liberté  et  s'éloignent  dans  les 
prés.  11  arrive  parfois  qu'ils  s'y  reproduisent  ;  chose  étrange,  c'est 
généralement  un  croisement  qui  a  lieu  et  presque  toujours  l'Oie  à 
front  blanc  est  un  des  reproducteurs.  Si  M.  Blaauw  a  bien  jugé  par 
la  teinte  du  plumage,  VAnser  hrarhyrbyiichus  do'\l  être  l'un  des  deux 
parents  de  l'hybride  envoyé  à  M.  Sclater.  Quant  au  second  parent, 
M.  Blaauw  ne  peut  rien  aflirincr,  car,  remnrque-t-il,  par  l'hybrida- 
tion se  forment  souvent  des  teintes  étrangères  aux  espèces  mères  (3), 
et  certes  le  bec  de  l'hybride  n'a  pas  la  moindre  trace  au  bec  du  noir 
propre  à  l'Oie  au  bec  court;  son  bec,  qui  est  gros,  est  en  effet  de 
couleur  rose. 

Il  peut  se  faire  que  les  hybrides  précédemment  nommés  aient  été, 
comme  ce  dernier,  produits  en  setni-liberté  par  des  Oies  servant 
d'appelants  (4). 

(1)  Cet  Oiseau  a,  paraîl-il,  été  mentionné  dans  les  Pi'oceedingsof  tlie  Zool.  Society; 
mais  nous  ijinoi'ons  à  quelle  date. 

(2)  Olui  01  parait  né^inmoins  hésitant,  ou  senilile  être  revenu  à  sa  première 
opinion. 

(3)  Cette  observation  esl  à  retenir, 

(4)  Le  li'i  Hon.  lord  Ldford  (in  Notes  on  the  Ornithology  of  Norlhamptonshire 
and  neigUbourlioud.  Zoologist  févr.  189!),  signale  une  femelle  «  wliite  îronted 
Goose  »  qui,  appariée  avec  une  Bean  Gander,  pondit  quatre  œufsà  l'n.Xviary-pond  ». 
Nous  supposons  qu'il  esl  question  ici  d'un  appariage  obtenu  en  captivité  ou  en 
semi  liberté.  Du  reste,  le  lord  ne  fait  point  connaître  le  résullat  de  cette  ponte. 


ADDITIONS,    COHRECTIONS    KT   EXA.MKNS    d'aCIIKS    NATURE  741 

PALMIPÈDES    TOTIPALMES 

Famille  ties  Pelecanulm 

Genre  Pbalacrorax 

Phalacrohax   africanus  et  Phai.acrorax  pygmaeus 

Le  Catalogue  des  Oiseaux  du  Musée  de  Francfort  fait  mention 
d'un  Oiseau  qui  a  la  queue  du  Phnlarrornx  africanus,  mais  qui 
ressemble  plutôt,  par  ses  taches,  au  l'h.  pm/iiiaeiis  (I).  M.  Hartert, 
auteur  du  catalogue,  a  envoyé  le  spécimen  qu'il  y  a  signalé  à 
M.  le  D'  Reiclieiiow,  de  Berlin,  pour  le  c()mi)arer  avec  des  individus 
d'espèce  pure,  que  le  .Musée  de  Fiancforl  (2j  ne  possède  pas  en  assez 
grand  nombre.  M.  Reichenow  a  fait  savoir  à  M.  Hartert  que  cet 
Oiseau  était  à  reporter  à  l'espèce  tili-'cdiius;  que,  (■e|)en(lant,  il  pour- 
rait bleu  être  un  «  lidstnril.  »  M.  Hartert  l'a  inscrit  sous  le  N"  3481 
du  Musée  de  Francfort  avec  cette  mention  :  «  Bastard  von  Ph. 
pytinianisXdIririnnt'i  9  .Zaïia-See,  Abyssiiiieu.G.V.  D'' Rippell,  I8.'{2.)) 

En  admettant  (pie  cet  individu,  tué  à  l'élat  sauvage,  soit  bien  un 
hybride,  ce  qui  n'est  pas  prouvé,  il  nefaut  voir  dans  le  Phalacrorax 
pyfjmafiia  et  le  /'/(.  africiinus  que  deux  types  voisins,  sans  doute 
deux  races  dune  même  espèce. 


(1)  Knlalofj  lier  Vligel  in  Muséum  Kianrfuil-:iiii-\k'iii,  p.  2:Ui,  IH'JI. 

(2)  A  ce  moment  M.  Ilarlert  étail  appelé  dans  celle  ville  pour  dresser  le  eataloyue 
des  Oiseaux  du  Musée. 


742  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRliS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

ORDRE   DES    ÉCHASSIERS 

ÉCHASSIERS    HÉRODIONS 

Famille  des:  G  mules. 

Genre  Ardea 

Ardea  cinerea  et  Ardea  purpurea. 
(Se  reporter  p.  171  ou  p.  179  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  18',)1). 

Nous  avions  écrit  qu'uii  iiybride  provenant  du  croisement  de  ces 
deux  Hérons  se  trouve  chez  M.  van  Kenipen,  à  StOnier.  Ce  sujet 
provient  de  la  collection  du  colonel  allemand  Zitwitz,  qui  le  consi- 
dérait comme  une  grande  rareté.  Tous  les  oruithologistes  qui  ont 
visité  la  collection  de  M.  van  Kempen  ont,  parait  il,  déterminé 
l'Oiseau  comme  produit  hybride.  Nous  avons  néanmoins  demandé 
an  très  allable  propriétaire  de  cette  riche  collection  la  pei-p.iission 
de  faire  examiner  le  rare  spécimen  [)ar  M.  Oiistalet.  Celte  faveur 
nous  a  été  accordée  et  l'Oiseau  a  été  envoyé  au  laboratoire  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle  de   Paris. 

M.  Oustalet  ne  s'est  point  trouvé  d'accord  avec  ceux  qui  l'avaient 
déterminé  comme  hybride,  car  il  l'a  reconnu  pour  appartenir  à 
l'espèce  hcrodias  de  Linné  dont  on  possède  au  Muséum  plusieurs 
exemplaires.  Le  Muséum  vient  en  outre  de  recevoir  idusieurs  nou 
veaux  échantillons  provenant  du  Mexi(iue.  Il  ne  faut  pas  confondre, 
nous  dit  M.  Oustalet,  VAnlea  heroitias  Liiin.  (ou  Anlnt  Icssoni  de 
Wagler)  avec  VHerodion  alha.  L'A .  herodias  est  intermédiaire  entre 
VA.  cineme[  VA.  purpurea;  mais  c'est  une  es[ièce  bien  caractérisée, 
propre  aux  Etats-Unis,  au  Mexi(|ue  et  aux  Antilles. 

Deux  spécimens  américains  se  trouvant  identiques  à  l'Oiseau  du 
colonel  Zitwitz,  aucune  erreur  n'est  possible.  Si  donc  ce  dernier 
spécimen,  ajoute  M.  Oustalet,  a  été  tué  en  Allemagne,  (ce  dont  il 
doute  un  peu),  c'est  un  individu  égaré. 

L'hybride,  soi-disant  Ardea  cirenea  X  Ardea  purpurea  de  la  collec- 
tion Lacroix,  de  Toulouse  (1),  n'appartiendrait-il  point  lui-même  à 
l'espèce  herodias'?  Il  serait  très  désirable  que  son  propriétaire  con- 
sentît à  l'adresser  au  Muséum  de  Paris  où  on  pourrait  le  confronter 
avec  les  individus  de  cette  espèce  (si  toutefois  de  tels  échantillons 
manquent  dans  la  collection  de  M.  Lacroix). 

(i)  Cit.  p.  131  ou  p.  103  des  Méin.  de  la  Soc.  Zool.  de  Fr. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  743 

ÉCHASSIERS   COUREURS 

Famille  des  Chnradridh 
Genre  Hœmatopus 

HœMATOPUS    UNICOLOK   (1)    HlIF.MATOPUS    L0NGIR08TRIS 

D'après  une  cominunicalion  de  M.  VValler  Buller,  le  Musée  de 
Cantorhury  (Nouvelle  Zélande)  posséderait  des  Hybrides  d'Ha'uia- 
topiis  lonijirostris  X  H.  unirolor;  repeudant,  M.  Buller  n'a  pu  les 
retrouver  lors  de  sa  dernière  visite  à  Cantorbury  .  ces  Oiseaux 
paraissent  avoir  disparu. 

M.  Ed.  Kamsay,  de  l'Auslralian  Muséum  à  Siduey,  auquel  nous 
avons  demandé  des  renseignements  sur  ces  croisements,  nous  répond 
qu'il  pense  que  très  souvent  des  variations  de  plumage  sont  prises 
pour  des  hybrides  ;  il  n'a  jamais  entendu  parler  de  mélanges  entre 
les  deux  espèces  qui  font  l'objet  de  cet  article  et  ne  suppose  point 
que  celles  ci  se  croisent  en  liberté. 

Famille  des  Scolopacida: 
Genre  Numenius 

NUMENIUS    TENUIROSTRIS    et    NUMENIUS    ARQUATUS    (2). 

M.  Zaroudnoï  nous  ccril  d'Orcnbourg  (Russie)  qu'il  u  mentionné, 
dans  son  ouvrage  sur  la  Faune  oruitliologique  d((  ce  pays,  un 
couple  de  Numenius  trouvé  par  lui  sur  les  rives  de  Savé-Holda; 
le  mâle  appartenait  à  l'espèce  tenuirostris  tandis  que  la  femelle 
était  de  l'espèce  nrquatus.  M.  Zaroudnoï  est  certain  (jne  ces  deu.x 
Oiseau.x  étaient  accouplés  ;  il  pense  qu'ils  s'éloignaient  de  leur  nid 
afin  de  ne  point  attirer  l'attention.  Depuis,  il  a  obtenu  dans  diverses 
parties  de  la  contrée  d'Orembourg  plusieurs  exemplaires  de  Nuine- 
niiis  qui  montrent  les  caractères  des  deux  espèces  et  qu'il  suppose 
être  des  hybrides.  L'éminent  naturaliste  se  propose  de  les  étudier 
attentivement  et  les  compar^^r  aux  formes  typiques  ;  il  nous  fera 
connaître  le  résultat  de  cet  examen,  car  peut-être  ces  échantillons 
ne  sont-ils.  au  moins  lun  de  ceux  qu'il  possède  depuis  déjà  quelque 
temps,  qu'une  variété  du  tenuirostris. 

(i)  .\ppelé  aussi  :  Uoemalopus  fuUginoaa. 

(2)  Synonymie  :  Scolopax  arquata,  Numenias,  Numenius  major,  Numeniut 
médius. 


744  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

Degland  (1)  dit  que  le  Courlis  à  bec  grêle  (timuirostris)  paraît 
s'accoupler  quelquefois  avec  le  Courlis  cendré  (iV.  arquata);  il  ajoute 
même  que  de  ces  alliances  accidentelles  naissent  des  métis  qui  ont 
été  décrits  comme  espèce  par  Contarini  sous  le  nom  Numenius 
hastalus  (2). 

M.  Degland  confirmerait  donc  l'observation  de  M.  Zaroudnoï. 

NUMENIUS   TENUmOSTRlS    X    NuMENlUS   PHOEOPUS  (3) 

Egalement,  d'après  Degland  (4),  le  Courlis  à  bec  grêle  s'accou- 
plerait avec  le  Courlis  corbien,  A',  pliœopus,  d'où  il  résulterait  des 
métis  décrits  comme  espèce  sous  le  nom  de  iVumenius  ayngenicos 
par  von  der  Miihle  (3). 

M.  Oustalel,  que  nous  avons  consulté,  nous  dit  que  A^  fsyngenicos 
von  der  Miihle  n'est  point  un  hybride,  mais  la  même  espèce  que 
N.  tcnuirostris. 

Genre  Gallinago 

Gallinago  ma.tor  (6)  et  Gallinago  scolopacinus  (7) 

M.  J.H.  Gurney  signale (8)  chez  M.  Lown,  l'empailleur  d'Oiseaux 
de  Yarmoulh,  une  très  grande  femelle  Snipe  [G.  scolopacinus)  colorée 
de  roussàtre,  mais  dont  le  blanc  des  parties  de  dessous  est  moins 
étendu  qu'à  l'ordinaire.  Cet  Oiseau,  ajoute  M.  Gurney,  pourrait 
bien  être  un  hybride  de  la  Commou  Snipe  et  du  Gnilinuyo  major. 
Il  avait  été  acheté  à  Norwich,  où  M.  Soulwell  l'examina  et  le  com- 
para de, souvenir  à  une  Bécassine  très  curieuse  qui  fut  tuée  en  1886 
et  décrite  brièvement  dans  le  Zoologist  (9),  celle,  pensons-nous, 
que  possède  le  Rév.  A.  J.  Richards,  de  Farlington  (Anipshire).  M. 
Gurney  croit   que  cette  dernière  est  un  vrai  hybride.  Nous  n'avons 

(1)  Ornithologie  européenne,  par  Degland  et  Geibe,  11.  p.  Hit,  I.S66. 

(2)  In  «  Venezia  e  le  tree  lagune.  » 

(3)  Autres  noms  scicntifKines  :  Numenius  rninor,  Scolopax  plidopus.Scolopax 
liizoniensis,  Numenius  atricapillus,  Phœopus  arquatus. 

(4)  Mi'me  ouvrajje,  même  pagi'. 

(5)  Beil.  zur.  Ornith.  Griecli  en  lands. 

(6)  Autres  noms  scientiliques  :  Scolopax  média,    Scolopax  major,   Scolopax 
paludosa,  Scolopa.v  pnhistris,  Telmatias  gallinago,  Ascolopax  major,  etc. 

(7)  Ou    :    Scolopa,x  gallinago,  Gallinago,  Scolopa.x  gallinaria,   Telmatias. 
gallinago  et  breehmii,  Pclorynchus  breehmi,  Ascolopax  gallinago  et  sabiris. 

(8)  Zoologist,  N»  de  mars  18".)4,  p.  iX).  «  Ornithological  Notes  from  Norfolk.  » 

(9)  1886,  p.  392. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    D'APRÈS   NATURE  745 

reçu  eu  coinuiuuicatiou  aucun  de  ces  écliautillons.  Le  Rév.  A.  J. 
Ricliards  nous  a  donné  seulement,  par  lettre,  quelques  indications 
sur  la  dcrnièi-i'  Hécassiiie.  Il  nous  fait  savoir  que  cet  Oiseau  fut 
inoulré  à  un  meeting  de  la  Société  uruitliologique  de  Norfolk  et  que 
les  membres  présents  émirent  l'opinion  que  c'était  un  spécimen 
unique  de  la  Coniinon  Snipe.  Le  Révérend  n'était  point  présent  ci 
la  réunion  de  ses  collègues,  mais  il  ne  put  |)arlat;'er  leur  manière 
de  voir  parce  que  la  petite  hôte  n'avait  point  fait  entendre  de  cri 
lorsqu'elle  s'était  élevée  en  l'air,  comme  en  fait  entendre  liabi- 
tuellenicnt  la  Conimou  Snipe,  et  iju'aussi  elle  s'était  montrée  très 
paresseuse  dans  son  vol. 

M.  Richards  pense  encore  que  c'est  un  petit  spécimen  de  la 
«  Solitary  or  i;real  Snipe  ».  Toutefois  il  reconnail  (jue  l'époque  où 
elle  fut  tuée,  le  mois  de  Janvier,  vient  à  l'eucontre  de  son  dire, 
car,  à  partir  de  Septembre,  on  ne  trouve  plus  la  grande  Bécassine 
dans  les  lies  britanniques.  L'Oiseau  lit  baisser,  pai-aîtil,  les  balan- 
ces de  cinq  onces. 

Genre  Limosa 

LlMOSA   LAPPONICA    et    Ll.MOSA    UROPYGIALIS 

M.  le  prof.  dotl.  .Martorelli  a  bien  voulu  nous  adresser  une  note 
qu'il  a  écrite  sur  a  Akiini  c.reinplari  del  yen.  Limusa  »  (1),  note  qui 
renferme  une  planche  coloriée  représentant  un  individu  inter- 
médiaire entre  la  Limnsta  hipponica  et  la  Limosn  uropiifjlalis,  — 
peut-être  un  hybride  entre  les  deux  formes? M.  Marlorelli  ne  s'est 
point  prononcé. 

l..e  produit  en  question  n'intéresse  que  médiocrement  nos  études, 
caries  deux  formes  qui  lui  auraient  donné  naissance  ne  peuvent 
être  présentées  comme  de  bonnes  espèces.  La  l.inwsa  uropi/ifinlis  n'est 
qu'une  race  locale,  une  forme  orientale  de  la  /„  œyoci'phak's.  .\L  Ous- 
talet  nous  fait  remai-quer  que  M.  Seehohm,  (|ui  a  eu  sous  les  yeux 
beaucoup  de  spécimens  des  deux  races,  /..  rufa  de  l'Ouest  et  /..  uiopy- 
(jiulis  de  l'Est,  dit  qu'elles  se  fondent  l'une  dans  l'autre  par  des 
gradations  insensibles.  «  The  eastern  and  in-steni  forms  oftlif  Bar- 
lailed  Godicit  completely  interyrade  (2)  ».  M.  Seebohm  ajoute  (3)  que 

(1)  appartencnti  aile  specic  Limosa  lopponica,  Linn.,c  Limosa  uropygialis, 
Guul(l.(AUi  deila  Socielà  italiana  di  Scieiize  naturali,  vnl    .\XXIII,  .Milaiio,  I8'J0). 

(2)  The  geographical  dislribution  ofthe  Vliaradriidœ,  [>.  '.iSl. 

(3)  P.    488. 


746  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

leur  point  de  contact  se  trouve  probablement  dans  la  péninsule  ;  un 
spécimen  qu'il  a  obtenu  dans  la  vallée  du  Jénisseï  appartient  certai- 
nement à  la  forme  de  l'ouest  {L.  rufa). 

M.  Oustalet  nous  fait  remarquer  en  outre  que  chez  la  I.imosa 
uropygialis,  les  dimensions  du  bec  et  des  pattes  varient  excessive- 
ment :  le  bec  de  7  1/2  à  11  centimètres  et  les  pattes  dans  les  mêmes 
proportions.  Le  plumage  est  lui-même  sujet  à  des  variations  et  sans 
doute  on  pourrait  constater  des  différences  analogues  chez  des 
exemplaires  de  localités  diverses  de  L.  rufa.  Aussi,  la  prudence 
s'impose  dans  le  cas  présent.  Si,  malgré  ces  remarques,  on  doit 
considérer  la  Limosa  de  M.  Martorelli  comme  produite  par  le 
mélange  de  I.  rufn  el  de  L.  uropiif/ialis,  on  ne  saurait  lui  donner  le 
nom  d'hybride  puisque  les  races  mères  ne  sont  que  des  variations 
d'un  même  type  el  même  des  variations  non  constantes. 

ÉCHASsiERS   Macrodactyles 

Famille  des  Rallidœ 

Genres  Gallinula  el  Fulica 

Gallinula  chloropus   (1)  et  Fdlica  atra  (2) 

Un  hybride  fort  intéressant  a  été  signalé  et  décrit  par  M.  Kreyge(3). 
L'Oiseau  fut  tué  par  le  comte  de  Dierkheim  juu.  dans  le  Hanovre 
au  mois  de  septembre  1889:  il  se  trouve  aujourd'liui  dans  le  Musée 
provincial.  11  est  de  sexe  femelle,  mais  l'ovaire  paraissait  peu  déve- 
loppé. La  mesure  pi-ise  sur  le  frais  était:  «  long.  loi.  38'=™.  larg.  02*'™. 
doigt  du  milieu  13.5  )). 

Celte  pièce,  vraiment  remarquable  par  ses  caractères  mixtes 
entre  les  deux  espèces,  a  été  envoyée  très  gracieusement  à 
notre  examen  par  la  Direction  du  Musée.  11  nous  a  semblé  que 
l'Oiseau  se  rapproche  parla  taille  de  Fulica  atra:  son  bec  coloré 
comme  chez  Gallinula  chloropus  est  plus  fort  que  chez  cette  espèce 
et  moindre  que  celui  de  F.  atra.  Le  dos,  le  dessus  des  ailes  de  la 
queue,  c'est  à-dire  les  parties  supérieures,  sont  du  brun  verdàtre 

(1)  Synonymie  :  Porphyrio  olivarins,  Fulica  chloropus,  Gallinula,  Fulica 
fresca,  maculata.  flanipes  eljîstulans,  liallus  chloropus,  etc. 

(2)  Appelé  encore  :  Fulica  lencoryx  et  œthiops,  Fulica  atra  et  aterrima, 
Fulia  platyaros,  etc. 

(3)  Bastard  von  Gallinula  chloropus  und  Fulica  atra  in  Ornitliologisclies 
Jaln-huili,  IVe  livraison,  p.   172. 


ADDITIONS,    CORHECTIONS    ET    EXAMICNS    D  APRES    NATUllE  t 't  i 

de  chloroptis.  Les  doijj;ts  soQt  bordés,  mais  beaucoup  i)lus  étroite- 
meal  que  cliez  alra.  Le  dessous  du  corps  est  de  ce  type  (1).  Il 
n'existe  point  de  blanc  sous  le  ventre  ;  les  couvertures  inférieures 
delà  queue  eu  laissent  voirconiiiiu  chez  rhioropus,  ijuoique  dans 
des  proportions  plus  faibles.  L'iris  lartiliciel)  est  brun.  En  somme 
cette  pièce  parait  être  un  excellent  intermédiaire. 

Au  moment  de  notre  examen,  nous  n'avions  entre  les  mains  que 
quatre  (jallhiula  cliloropun  et  trois  l'ulica  alra,  mais  nous  avons 
étudié  depuis  de  nombreux  spécimens  d'espèce  pure  dont  quelques- 
uns  en  chair.  Notre  opinion  ne  s'est  point  moaillée  (2j. 


(1)  Du  reslc,  la  couleur  île  ceUe  partie  est  la  mènie  chez  les  deux  types. 

(2)  Au  sujet  de  la  coloration  du  bec,  que  nous  avons  dile  semblable  à  celle 
de  G.  chtoropus,  nous  devons  taire  remarquer  qu'au  Musée  de  Rouen  on  voit  nne 
Foulque  tuée  dans  la  Seine-tnférieure,  et  dont  le  commencement  du  bec  est  très 
rosé  foncé;  prés  de  cet  Oiseau  lij^urenl  quatre  autres  Foulques  mâles  qui  n'ont 
point  le  bec  rosé  ;  (le  sexe  n'est  point  indiqué).  Nous  ne  serions  point  surpris 
d'apprendre  que  les  deux  espèces  ont  le  bec  à  peu  près  du  même  ton. 

Rallus  AQUATicus.  —  Nous  avons  lu  dans  le  Bulletin  des  Naturalistes  de  Sienne, 
du  mois  de  décembre  I8SS,  que  M.  le  comte  K.  Meltica  de  Gambara  avait  pris  à 
la  chasse  un  liatUiii  aquaticiis  de  sexe  temelle.  Le  bec  était  un  peu  aplati,  légè- 
rement relevé,  et  la  manlibule  inférieure  dépassait  un  peu  la  supérieure.  Le  bec 
ainsi  conformé  ne  portait  la  trace  d'aucune  blessure.  Le  comte  se  demandait  si  un 
tel  Oiseau  n'était  point  un  hybride  {incrocioj.  Informations  prises,  il  nous  a  été 
répondu  qu'une  telle  conformation  ne  pouvait  venir  que  d'une  blessure  anté- 
rieure; l'occiput,  (le  couleur    blanche,  annonçait   encore  une  anomalie. 

F.\MiLLR  DES  Chahauriu.e  et  des  Scoi.oi'Aoïc.E.  (iciiivs  Vaiit'lliis  «'t  Scolopax. 
Vanellus  cristata  et  Scolopax  ruslicula.  —  Le  Journ.l  de  Ch  isse  allemand 
|A.  llugos  Jagd  Zeitung,  pp.  34;)  et  :Vi4,  n"  du  1"'  Juin  LS.S7)  rapporte  le  fait  suivant 
qu'il  a  emprunté  à  luie  autre  revue  (1):«  Dans  l'endroit  nommé  liohraner,  prés 
llundsfeld,  canton  d'Oels.il  fut  tué  au  crépuscule  un  lj:Uard  de  Kiebitz  (le  Vanneau) 
et  de  Waldschepfe  (la  Bécasse)  l^'Oiscau  étrange,  ajoute- t-on,  avait  la  forme  et  le 
s<ec/ier(trident  ?)  de  la  Bécasse,  tandis  que  les  stander  {aotis  ignorons  la  signilica- 
tion  de  ce  mot)  ressemblaient  aux  pieds  du  Vanneau  La  couleur  blanc  noir  du 
corps  et  des  tectrices  était  celle  du  Vanneau,  etc.  i  Le  Journal  de  chasse  ne  parait 
pas  prendre  ce  récit  au  séiieux  ;si  nous  le  citons  c'est  pour  lui  retirer  toute  créance; 
un  tel  fait  n'est  pas  admissible;  il  est  très  regr^'ltable  que  l'on  soit  obligé  de  perdre 
quelques  instants  pour  le  réfuter. 


(1)  Ob.  Schl.  Anzieg. 


748  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

ORDRE  DES  PASSEREAUX 

Famille  des  Fringillidés 
Genre  Fringilla 

LlGURINUS   CHLORIS    X    CaNNABINA   UNOTA 

(Se  reporter  p.  198  ou  p.  172  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  1892). 

Le  Musée  de  Dublin  a  acquis  de  M.  Edwards  Williams  uu 
hybride  entre  un  màleGreen(inch(6'oco</iausft'A- f/(/o?'«s),suppose-t-on, 
et  une  femelle  Liuuet  {Linola  caanabina). 

Cet  Oiseau  avait  été  pris  dans  les  champs  près  de  Dublin,  eu  mars 
18yi  ;  il  se  trouvait  dans  une  bande  composée  de  Linottes  sauvages. 
M.  Williams  l'avait  acheté  lui-même  à  un  »  bird  catcher  »  nommé 
Monaghan,  oiseleur  expérimenté,  qui  l'avait  pris  la  veille  du  jour 
de  l'achat  dans  les  circonstances  que  l'on  fait  connaître.  M.  Wil- 
liams n'a  aucun  raison  de  douter  de  l'assertion  de  cet  homme. 
Les  ailes  et  la  queue  de  l'Oiseau,  ainsi  que  l'extrémité  des  plumes 
extérieures,  étaient,  en  effet,  en  parfait  état  ;  ce  qui  ne  se  serait 
point  produit  sans  doute  si  cet  Oiseau  avait  vécu  en  cage. 

La  dissection  lit  voir  qu'il  appartenait  au  sexe  mâle,  comme  le 
jaune  prédominant  des  ailes  l'indiquait  déjà. 

M.  J.  Bail,  le  directeur  du  a.  Science  and  Art  Muséum  »  d'Edim- 
bourg, a,  sur  la  demande  de  MM.  G.  H.  Carpeuter  et  D'  Schall, 
consenti  à  nous  adresser  en  communication  le  précieux  échan- 
tillon ;  nous  en  avons  fait  la  description  suivante  :  Joli  spécimen 
bien  empaillé;  beaucoup  plus  chloris  que  linota  par  sa  grosseur 
et  son  aspect.  C'est  surtout  par  ses  teintes  rousses,  (et  uou  gris 
souris  et  verdàtre,  comme  sont  les  teintes  du  chloris),  qu'il  montre 
son  hybridilé  avec  la  linola.  Sa  tète  et  sou  bec  sont  un  agréable 
mélange  des  deux  espèces,  tant  par  la  forme  que  par  le  coloris. 
Sur  le  sommet  de  la  tète  il  n'existe  aucune  trace  du  rose  cramoisi 
propre  à  Cannabina  linota,  mais  sur  la  poitrin  on  aperçoit  une 
leiute  jauue  citron  avec  quelques  retlels  brique  ou  roux  qui 
indiquent  sullisamment  le  mélange  des  deux  espèces  (1).  Le 
dessous  du  dos  et  des  ailes  est  brun  chaud  avec  de  larges  llam- 
mèches  rappelant  la  linola  ;  les  lianes  sont  aussi  de  ce  ton  chaud. 
Le  croupion  est  verdàtre  très  pi'ononcé;  les  rectrices  sont  bordées 

(1)  La  poilriue  est  même,  en.quelque  sorte,  martelée  de  roussàlre. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT   EXAMENS    d'aPRÈS   NATURE  749 

de  jaune  clair;  sur  la  barbe  existent  de  larges  taches  blanches 
dues  à  l'inducnce  de  la  Cannabinn.  C'est  ii  peine  si  l'on  aperçoit  du 
jaune  clair  sur  les  bords  supérieurs  des  ailes;  cette  couleur  y  est 
complètement  atténuée.  —  En  somme,  cette  pièce,  plus  chloris  que 
Cannahiiia,  indique  bien  un  hybridisme  des  deux  espèces. 

Nous  avions  émis  quelques  doutes  au  sujet  du  spécimen  qui  nous 
avait  été  envoyé  du  .Musée  d'Amsterdam  par  M.  le  d''  Kerbert. 
C'était  le  premier  hybride  que  nous  recevions.  Le  docteur  1res 
comphiisaot,  (nous  avon.seu  l'occasion  de  lui  adresser  bien  des  fois 
nos  vifs  remerciements),  a  bien  voulu  nous  permettre  d'examiner 
ce  sujet  une  deuxième  fois.  Voici  les  nouvelles  remarques  que  nous 
avons  faites  : 

Par  sa  forme  l'Oiseau  est  un  véritable  Verdier,  mais  il  est  d'un 
ton  plus  rous.sûtre,  notamment  sur  la  poitrine  qui,  en  outre,  est 
marquée  comme  de  roux  grisâtre.  Cette  teinte,  quoique  anormale, 
ne  serait  pas  sufTisante  pour  prouver  une  hybridation  ;  mais  la 
barbe  des  rectrices  extérieures  de  la  queue  est  tachetée  de  blanc 
comme  chez  Cannnhina.  Ce  détail,  très  essentiel  et  très  probant, 
(car  chlitris  ne  moutre  point  cette  particularité),  nous  avait  échappé 
lors  de  notre  premier  examen.  La  croupe  est  également  beaucoup 
plus  claire  que  celle  du  chloris  (l).  Les  rectrices  du  côté  gauche 
paraissent  manquer  en  partie;  la  barbe  des  trois  rectrices  du  côté 
droit,  nolammeut  de  la  première  plume,  esl  marquée  d'une  large 
tache  blanche.  Le  filet  de  la  barbe  extérieure  est  jaune  comme 
chez  rhloiix.  Notons  encore  que  le  bec  n'est  pas  tout  à  fait  aussi 
fort  que  celui  de  ce  dernier  type. 

Ainsi,  quoique  l'Oiseau  soit  presque  chlorin,  il  peut  néanmoins 
être  considéré  comme  hybride  à  cause  du  blanc  qui  se  trouve  sur 
les  rectrices. 

M.  J.  B.  Nichols,  d'Holmood,  a  bien  voulu  aussi  nous  envoyer 
une  seconde  fois  les  deux  hybrides  de  sa  collection  afin  que  nous 
puissions  les  faire  peindre.  Une  petite  erreur  s'était  glissée  à  leur 
sujet  ;  nous  disions  (ju'il  ne  nous  était  point  possible  de  donner  des 
renseignements  positifs  sur  l'un  d'eux,  le  jeune  portant  le  n°  16  (2). 

Nous  l'avions  cependant  examiné  nous-même,  mais  nous  n'avions 
point  pris  le  soin  de  le  décrire.  Ce  spécimen  intéressant  porte  des 
marques  évidentes  de  jeunesse  sous  la  gorge,  sur  le  devant  de  la 
poitrine  et  sur  les  côtés  du  ventre.  On  voit  sur  ses  flancs  des  taches 
longitudinales  qui  semblent  mieux  rappeler  l'état  jeune  du  chloris 

(1)  Ceci,  loiilofois,  ne  saurait  i^tre  attribué  à  l'influence  de  la  linola. 

(2)  Voy.  p.  208  ou  p.  282  des  Mém. 


750  OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

que  les  taches  (également  longitudinales)  de  la  linota.  Il  est  d'une 
teinte  grisâtre  terne,  presque  uniforme  ;  un  peu  de  jaune  sur  les 
régions  primaires  et  les  rectrices  extérieures  rappelle  le  chloris 
auquel  il  ressemble  beaucoup,  sauf  par  le  bec  qui  est  trop  faible 
pour  se  montrer  de  celte  espèce.  Les  rectrices  ne  sont  point  jau- 
nâtres et  le  bord  supérieur  de  l'aile,  près  de  l'épaule,  est  blanchâtre 
comme  chez  la  linota.  Ces  caractères  montreraient  au  besoin  qu'on 
n'a  point  affaire  à  une  femelle  LiijuriuH  chloris.  Nous  supposons  donc 
cet  Oiseau  hybride,  quoique  ses  caractères  mixtes  soient  peu  accen- 
tués (1). 

Nous  avons  pris  quelques  nouvelles  notes  sur  l'hybride  obtenu 
en  1882,  à  Denes  (Great  Yarmouth).  On  avait  eu  soin  de  faire  remar- 
quer (2j  que  la  couleur  du  cou,  du  dos  et  des  ailes,  vus  en  dessus, 
sont  de  la  linota,  jusqu'à  la  moitié  de  la  longueur  du  corps  ;  tandis 
que  la  couleur  du  chloris  se  montre  sur  le  croupion,  la  queue  et  la 
partie  inverse  des  ailes;  que,  par  conséquent,  une  démarcation  entre 
la  couleur  respective  de  chaque  espèce  s'établit  d'une  manière  très 
sensible  et  très  accusée.  Si  cette  observation  est  juste,  elle  est  abso- 
lument remarquable.  Or,  à  un  deuxième  examen,  nous  avons 
reconnu  sou  exactitude.  Mais  nous  aurions  dû  noter  que  les  rémiges 
les  plus  rapprochées  du  corps  rappellent,  par  leur  teinte  brune, 
la  couleur  de  la  linota. 

Nous  avions  encore  observé  que  le  bec,  assez  fort,  ressemble 
par  ce  caractère  à  celui  du  Verdier  ;  il  est  bien  loin  cependant 
d'atteindre  les  dimensions  de  celui  de  cette  espèce;  on  peut  le  dire 
intermédiaire  entre  le  bec  de  la  linota  et  celui  du  chloris.  Notons 
enfin  un  détail  qui  nous  avait  échappé  :  à  savoir  que  les  rectrices 
sont  blanches  en  dessous,  montrant  par  là  l'influence  de  Canna- 
bina.  Nous  pouvons  donc  répéter  que  cet  Oiseau  est  un  excellent 
intermédiaire,  quoique  d'aspect  plus  chloris  que  linota. 

LiGURINUS    CHLORIS    et    CaNNABINA    LINOTA 
(Se  reporter  p.  210  ou  p.  28'*  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  1892). 

Plusieurs  nouveaux  faits  sont  à  signaler  : 

1°  M.  le  veneur  A.  von  Klein,  membre  de  la  direction  du  Jardin 
Zoologique  de  Copenhague,  a  bien  voulu  nous  faire  savoir  qu'un 

(1)  Nous  n'avions  point  pour  cet  examen  de  très  jeunes  femelles  des  deux  espèces 
en  nombre  suflisant;  des  peaux  appartenant  à  ce  sexe  nous  auraient  été  utiles. 

(2)  P.  205  ou  p.  279  des  Mém. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'APRÊS    NATURE  7ol 

croisement  (le  [.igurinus  chloris  X  Carduelis  clegnm  avait  été  capturé 
deraièrcinenl  dans  les  euvirons  de  la  capitale. 

2°  Un  exemplaire  semblable  fut  pris  au  même  endroit  et  vendu 
à  un  ornithologiste. 

3°  M.  Robert  Fontaine,  propriétaire  à  Marcq-enBarœul,  près 
Lille  (Nord),  a  été  assez  sracieux  pour  nous  envoyer  en  communi- 
cation une  pièce  achetée  autrefois  vivante  chez  un  marchand  de 
Lille. 

4"  M.  le  Df  G.  .M.  Bertoldo,  de  Turin,  se  rappelle  avoir  vu  chez 
un  de  ses  amis  de  collège,  M.  F.  Ferraro,  d'Alexandrie,  un  hybride 
de  Chardonneret  et  de  Verdier. 

o"  Enfin,  M.  Blackhouse,  a  bien  voulu  nous  adresser  d'Angleterre 
un  Oiseau  qui  paraît  évidemment  l'hybride  de  ces  deux  espèces, 
mais  dont  malheureusement  il  ignore  la  provenance. 

Voici  les  renseignements  que  nous  pouvons  fournir  sur  ces 
divers  spécimens  : 

1.  M.  A.  von  Klein  conserve  vivant  dans  les  volières  du  Jardin 
de  Copenhague  l'Oiseau  pris  dans  un  champ  aux  environs  de  cette 
ville;  on  ignore  si  c'est  un  mâle  ou  une  femelle  ;  il  parait  être 
cependant  du  premier  sexe.  C'est  un  Oiseau  qui  est  intéressant  et 
que  M.  von  Klein  a  Iden  voulu  faire  peindre  à  notre  intention. 

1.  L'ornithologiste  qui  a  acheté  le  second  exemplaire,  pris  au 
même  endroit,  l'aurait  envoyé  au  Brilish  Muséum.  (M.  A.  von  Klein 
pense  que  les  deux  Oiseaux  ont  bien  une  origine  sauvage  et  ne  sont 
point  des  échap[)és  de  captivité). 

3.  Le  marchand  de  Lille  qui  a  vendu  le  troisième  spécimen  à 
M.  Robert  Fontaine  paraît  avoir  reçu  cet  hydride  dans  un  envoi 
d'autres  Oiseaux  vivants  se  composant  de /..  c/i/om,  C.  elegans,  C. 
linotn,  Chn/x.  spinus,  Acan.  linarin,  S.  hortulanus :  tout  au  moins 
quand  M.  Fontaine  l'aperçut,  était-il  renfermé  avec  ces  diverses 
espèces:  aussi  le  suppose-t-il  prisa  l'état  sauvage  avec  ces  derniers. 

4.  .M.  le  D'  Bertoldo,  ayant  perdu  de  vue  son  ami  de  collège, 
ignore  si  l'Oiseau  qu'il  nous  a  signalé  se  trouve  encore  dans  la 
même  collection;  M.  Ferraro, qui  s'occupait  autrefois  d'ornithologie, 
a  quitté  Alexandrie. 

5.  L'exemidaire  qui  nous  a  été  envoyé  par  M.  Blackhouse  a  été 
trouvé  chez  un  marchand  de  modes,  à  Harrogate.  11  est  monté  et 
disposé  pour  servir  d'ornement  ou  de  parure  à  des  chapeaux.  Peut- 
être  s'agit-il  seulenumt  d'un  individu  né  en  domesticité?  Nous 
n'avons  point  cherché  à  l'acquérir,  ce  à  quoi  on  se  serait  prêté 
facilement. 


732  oiseaux  hybrides  rencontrés  a  l'état  sauvage 

Description  de  plusieurs  de  ces  hybrides 

N"  1.  Plus  petil  tietailleque  le  Verdier.  Hec  voluniiueux,  rappelle 
celui  de  f/»/om,  mais  ressemble  à  la  fois  à  celui  du  Chardonueret 
et  à  celui  du  Verdier,  (renseignements  de  M.  A.  von  Klein).  Masque 
orange  bien  prononcé  (d'après  la  peinture  que  nous  possédons).  La 
queue  paraît  très  courte  et  le  devant  de  la  poitrine  un  peu  jaune 
verdàtre  (d'après  la  même  peinture). 

N°  3.  Bec  très  court,  épais  ;  moins  fort  que  celui  du  chioris 
en  ce  sens  qu'il  est  moins  allongé;  il  est  très  clair  et  ne  montre 
aucune  pointe  noire  à  son  extrémité  (il  a  quelque  chose  de  celui 
du  serin).  La  poitrine  et  le  ventre  sont  gris  brun  roux  mélangé  de 
jaune.  Sous-caudales  et  croupion  jaune  vif.  Les  rémiges  de  la  queue 
sont  jaunes  dans  la  partie  haute  ;  en  dessus  et  en  dessous  elles  sont 
dépourvues  de  blanc  (1).  Le  dos  est  gris  ;  puis,  plus  bas,  près  du 
croupion,  de  ton  roux  brun  roux  jaunâtre;  le  croupion  est  jaune 
verdàtre.  La  tête  est  d'un  gris  verdàtre,  elle  rappelle  sur  les  joues 
le  chioris;  le  cou  gris  jaune  rai)pelle  encore  celte  espèce.  Les 
pattes  paraissent  avoir  été  de  ton  clair;  la  queue  est  de  faibles 
dimensions.  Comme  taille  l'Oiseau  est  entre  le  Verdier  et  le  Char- 
donneret, mais  plutôt  de   la   taille   du   premier. 

Le  caractère  principal  de  cette  pièce  consiste  dans  l'absence  sur 
le  front  du  masque  rouge  du  chardonneret  que  tous  les  hybrides 
CardueUs  X  Lifiuri.nus,  que  nous  avons  vus,  rappellent  très  visible- 
ment à  celte  place.  Aurions-nous  affaire  à  un  jeune  Oiseau?  (2). 

N"  4.  Tête  rouge  orangé;  corps  brun  verdàtre  en  dessus.  Poitrine 

(1)  Tous  les  hybrides  Cardaelis  et  Ligurinus  de  notre  collection  possèdent 
cepenilant  cette  couleur. 

{t)  M.  Kontaine  conteste  vivement  la  provenance  Ligurinus  chioris  X  Car- 
dueUs elegans  que  nous  attribuons  à  son  hybride;  il  le  croit  hybride  de  Linota 
et  de  Chioris.  La  tète,  à  son  avis,  se  rapproche  de  celle  de  la  C.  linota;  elle  n'a 
rien  de  celle  du  C.  elegans  ;  les  ailes  el  la  queue  sont  celles  de  L.  chioris.  enfin  le 
hec  court  rappellerait  celui  de  la  linota.  Deux  nulles  Ligurinus  chioris  X  C.  ele- 
gans, (qu'il  possède),  n'ont  rien,  nous  dil-il,  de  ce  métis.  L'un  (qui  provient  de 
chez  M.  RhuI,  de  Verviers),  est  plus  jaune,  l'autre  est  },'ris,  avec  une  petite  nuance 
de  jaune.  Nous  pensons  que  M.  Foniaine  oublie  que  son  Oiseau  doit  être  de  sexe 
lemelle  (d'après  les  renseignements  qu'il  nous  a  communiqués).  Pour  nous,  quniqu'il 
dillère  évidemment  de  tous  ceux  que  nous  avons  vus,  el  nous  en  avons  vu  un  grand 
nombre,  nous  persistons  dans  notre  manière  de  voir,  car  l'Oiseau  montre  sur  les 
ailes  les  marques  noires  brisées  du  Chardonneret  et  non  colles  du  chioris.  11  faut 
aussi  noter  que  le  miroir  jaune  est  très  apparent,  tandis  que  la  teinte  noire  s'affaiblit 
sur  le  milieu  des  rémiges.  Toutefois,  au  moment  où  il  nous  l'a  envoyé,  M  Fontaine 
ne  nous  ayant  point  fait  savoir  qu'il  le  croyait  pris  à  l'état  sauvage,  nous  ne  l'avons 
pas  examiné  avec  cette  attention  ([ue  nous  donnons  aux  hybrides  obtenus  dans  cet 
état. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    D'aPRÈS    NATURE  l'VA 

vnriani  entre  le  cliât;nn  clair,  le  blanc  et  le  verdàlre  :  rémiges  avec 
des  laehes  jaunes  très  vives.  La  queue  est  (léi)()urvue  de  taches 
blanches;  les  rectrices  présentent  une  teinte  moitié  jaune  et  moitié 
vert  brunâtre.  L'ensemble  rappelle  plus  le  Ugurinus  que  le  Car- 
duelis  (L)"'  Bertholdo). 

Le  N"  5  ressemble  beaucoup  aux  hybrides  que  nous  avons  décrits 
dans  notre  premier  Mémoire. 

Nous  avions  à  peine  parlé  d'un  hybride  exposé  au  Cristal  Palace 
dés  188!l  par  M.  Arthur  Waterman  et  sur  lequel,  cependant,  M.  A. 
Holte  Macphersou  avait  déjà  donné  de  nombreux  renseigne- 
ments (1).  Nous  avons  voulu  nous  assurer  si  cet  Oiseau  avait  été 
réellement  pris  à  l'état  sauvaj:;e,  comme  l'indiquait  le  Zoologist,  et 
surtout  savoir  si  l'Oiseleur  le  considérait  comme  né  dans  cet  état. 
M.  Waterman  a  bien  voulu  interroger  ce  dernier  et  nous  a  commu- 
niqué sa  réponse  atTirmative.  Voici  cette  réponse  (2)  : 

((  L'hybride  ((îoldlinch  et  Greentinch)  fut  jiris  par  moi-même  à 
))  Hack  bridge  jjendant  le  mois  de  novembre  18S6.  Deux  autres 
»  Oiseaux  du  même  genre  furent  capturés  au  môme  endroit  : 
»  c'étaient  deux  femelles.  Je  n'ai  aucun  doute  sur  leur  origine 
))  sauvage,  car  je  connais  tout  particulièrement  les  Oiseaux  sau- 
»  vages  que  j'ai  pris  par  centaines  jjendant  mon  existence.  L'in- 
»  dividu  en  question  se  trouvait  dans  un  endroit  où  ou  n'a  point 
»  coutume,  d'ailleurs,  d'élever  de  Mulets.  Il  se  nourrissait  sur  des 
»  Chardons,  ce  que  n'aurait  point  fait  un  Oiseau  né  en  cage.  Son 
»  plumage  était  parfait,  (aucune  plume  n'était  usée)  et  sa  sauvagerie 
»   excessive  (3)  ». 

M.  John  Browne,  de  Fox  Warreu  Lodge,  Bylleet  (Surrey),  auteur 
de  cette  lettre,  dit  en  outre  qu'étant  venu  chasser  différentes  fois 
à  la  place  où  l'Oiseau  fut  pris,  il  remar(|ua  que  les  mâles  étaient 
en  plus  grand  nombre  ijuc  les  femelles.  11  suppose  qu'un  mâle 
Chardonneret  se  trouvant  .sans  femelle  s'apparia  avec  une  femelle 
de  Verdier,  attendu  qu'il  n'existait  point  de  Chardonnerets  à  [du 
sieurs  milles  de  distances,  La  femelle  Gretm  bird  s'accouplerait 
facilement,  d'après  lui,  avec  n'importe  quel  Oiseau  lorsque  la  saison 
delarei)roduction  est  venue;  (en  captivité,  veut-il  dire  sans  doute?) 

(1)  Zoolo^isl,  p.  I(l(i  et  pp,  i:{.S  el  i:i(i. 

(2)  Traduite  de  l'anglais. 

(3)  Ces  dernières  remarques  ne  nous  paraissent  point  avoir  une  grande  valeur; 
tout  Oiseau  recouvrant  sa  liberté,  doit  reprendre  vite  les  liahitudes  de  sa  race  dont 
il  a  conservé  l'instinct. 


754  OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRÉS    A   LÉTAT    SAUVAGE 

La  première  impression  (juMl  nvait  éprouvée  eu  apercevant 
l'Oiseau  dans  ses  filets  fut  que  c'était  un  Greenfinch  (Verdier);  il 
se  disposait  même  à  le  laisser  s'envoler  lorsqu'il  remarqua,  l'ayant 
mieux  considéré,  qu'une  couleur  d'ambre  entourait  la  base  du  bec; 
celte  couleur  donnait  l'aspect  de  ce  {[ue  l'on  voit  chez  les  «  Gold- 
finch  and  Canary  Mules  »  (1). 

L'Oiseau,  mis  en  cage,  y  resta  très  longtemps  sauvage.  M.  Water- 
man  croit  se  rappeler  qu'il  avait  le  chant  du  Verdier  lorsqu'il  fut 
capturé  (2).  Voici  le  portrait  que  celui-ci  nous  en  trace  à  son  tour  : 

»  Body,  rather  less  in  size  than  Greenfinch  notsoplum  a  ligure. 

—  Head,  similar  in  shape  to  Greenfinch  less  in  size  not  so  broad. 

—  Beak,  stout  and  white,  equal  in  lenglh  to  Greenfinch,  notquite 
too  thick.  —  Colour,  breast  a  yellowish  greeu  toning  down  to  greyish 
white  extending  to  uoder  side  of  tail.  —  Back,  conimencing  froni 
back  of  neck  with  brownish  grey  and  finishing  with  bright  yellow 
at  end  of  back.  —  Wings,  similar  to  Goldfinch,  bris  the  colours 
not  uearly  so  distinct  nor  brillant.  — Tail,  similar  to  Goldfinch, 
longer,  but  colours  not  so  distinct.  Eyes,  black  and  full.  —  Legs, 
at  présent  time  a  fleshy  white  with  médium  size  claws.  —  Habits, 
active  and  cheerful  when  clean  moulted.  —  Food,  Canary,  tlax, 
hempseed,  rapeseed,  if  kept  hungry.  —  Notes,  hen  in  song,  usually 
iiow,  Greenfinch,  but  will  always  reply  to  Goldfinch  in  the  Gold- 
finch notes.  The  song  is  loud  to  a  fault.  Constitution,  good  and 
robust.  » 

Nous  traduisons  maintenant  la  description  qui  a  été  faite  par 
M.  Holte  Macpherson,  dans   le  Zoologist  : 

«  Dans  son  apparence  générale,  il  ressembleau  Verdier  en  forme, 
mais  il  est  trop  fin  pour  un  Oiseau  de  cette  espèce  et  sa  queue  est 
aussi  moins  fourchue.  Eu  outre,  il  parait  avoir  un  crâne  un  peu 
plus  étroit  que  le  Verdier,  tandis  qu'en  couleur  il  donne  l'impres- 
sion d'un  Chardonneret  avec  un  lavis  vert  jaunâtre  au-dessus.  Les 
plumes  à  la  base  du  bec  sont  noires.  La  face  de  l'Oiseau  est  bronzée 
là  où  cette  partie  est  cramoisie  chez  le  Chardonneret.  Les  autres 
marques  sur  la  tète  correspondent  à  celles  du  Chardonneret,  le 
gris  verdàlre  pâle  remplaçant  le  blanc,  et  le  gris  verdàtre  foncé  le 
noir.  Le  derrière  du  cou  et  le  dos  sont  Ijrun  verdàtre  inclinant  vers 
le  jaune  sur   les  couvertures  supérieui-es  de  la  queue.    La  queue 

(1)  C'cst-à-dice  les  hylirides  de  Chaidonneret  et  de  Serin. 

(2)  En  cela,  M.  Wateriiian  ne  se  Irouve  pas  d'accord  avec  M.  Browne  qui  dit  au 
contraire,  dans  sa  lettre  que  nous  avons  lue,  que  son  hybride  donnait  la  note 
du  Chardonneret. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  7;).") 

a  les  deux  plumes  extérieures  avec  des  bords  noirs  ;  le  reste  est 
noir  avec  une  légère  frange  do  jaune.  Les  couvertures  inférieures 
delà  queue  hlanolies.  i.,e  ventre  vert  jaunâtre,  la  gorge  grisâtre. 
].,es  ailes  sont  semblables  à  celles  du  Chardonneret,  les  couleurs 
cependant  ne  sont  pas  aussi  brillantes,  mais  les  trois  tons  se 
montrent  dans  le  même  ordre.  Les  pattes  sont  pâles.  Le  bec  est 
de  couleur  chair  pâle  parsemé  de  noir  )).  L'Oiseau  montre  donc  de 
telles  similitudes  tout  à  la  fois  avec  le  Chardonneret  et  avec  le 
Verdier  qu'il  ne  peut  y  avoir  de  doute  sur  sa  parenté. 

On  se  rap|)elle  que  nous  avions  reçu  de  Pontrefact  trois  autres 
hybrides.  Ils  sont  tous  morts  successivement  dans  les  vastes  volières 
où  ils  avaient  été  lâchés.  Quoi(|ue  nous  ayons  toujours  conservé 
quelques  doutes  sur  leur  origine  sauvage,  (le  croisement  des  deux 
espèces  à  l'état  libre  nous  paraissant  suspect  malgré  les  nombreux 
exemples  que  l'on  cite),  nous  les  considérions  néanmoins  comme 
ayant  un  réel  intérêt  scientifique.  Deux  d'entre  eux  n'ont  pu  être 
conservés  ;  leurs  dépouilles  n'ont  point  été  retrouvées.  Nous  suppo- 
sons qu'ils  ont  été  dévorés  ()ar  les  rats.  Celui  qui  est  aujourd'hui 
monté  n'a  été  retrouvé  que  longtemps  après  sa  mort,  presiiue  en 
état  de  décomposition.  Il  sera  intéressant  de  faire  savoir  (jue  des 
femelles  d'espèce  pure  avaient  été  données  à  ces  hybrides;  mais 
aucune  reproduction  n'avait  eu  lieu;  les  femelles  n'avaient  point 
du  reste  niché. 

Chryso.mitris  spinus  X  AcANTHis   (espèce  non  déterminée). 

(Se  reporter  p.  218  nu  p.  2*.ll  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool). 

Nous  avons  de  môme  perdu  l'hybride  prisa  Worthing.  Cet  Oiseau 
n'a  point  vécu  longtemps  en  captivité;  il  est  mort  Ie9  avril  1892,  trois 
mois  environ  après  sou  arrivée  à  .\ntiville.  Le  18  février,  l'ayant 
examiné  à  l'aide  de  jumelles  dans  le  petit  jardin  couvert  où  il  avait 
été  lâché,  nous  avons  pris  les  notes  suivantes  :  «  dans  le  plumage  on 
découvre  un  véritable  mélange  de  la  couleur  des  deux  esjjèces  ; 
les  grandes  pennes  des  ailes  sont  réellement  bordées  de  jaunâtre. 
Sur  le  croupion  apparaît  visiblement  le  vert  jaune  du  Tarin  ainsi 
que  sur  les  rectrices.  La  tête  parait  légèrement  rouge;  c'est  au 
moins  le  dessus  de  la  tète  du  Sizerin.  Le  bec  est  de  forme  j)eut- 
ètre  intermédiaire,  mais  sa  couleur  est  celle  du  bec  du  Tarin.  Les 
barres  longitudinales  des  flancs  tendent  aussi  vers  cette  espèce, 
quoique  le  devant  soit  du  Sizerin,  à  l'exception  de  la  tache  qui 
manque  sous  le  bec.  La  barre  transversale  de  l'aile  est  de  ce  der- 


756  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

nier  type  ».  —  Le  7  mars,  ayant  examiné  de  nouveau  l'Oiseau  encore 
vivant,  les  couleurs  jaunes  verdàtres  des  parties  inférieures  nous 
ont  paru  bien  moins  apparentes.  Le  9  avril,  après  sa  mort,  nous 
avons  noté  :  <(  couleur  réellement  intermédiaire  entre  les  deux  espè 
ces;  des  reflets  verdàtres  existent  sur  bon  nombre  des  parties  supé- 
rieures et  même  sur  les  parties  inférieures.  Pas  de  tache  sous  la 
gorge,  pas  d'apparence  de  rouge  sur  le  vertex.  Le  bec  n'a  rien  de  la 
couleur  jaune  du  Sizerin.  Le  ventre  est  blanc  comme  celui  du  Tarin. 
Dans  certaines  parties  l'Oiseau  semble  être  un  Tarin  $,  quoique 
ses  couleurs  rousses  indiquent  le  Sizerin  ». 

Cette  pièce  est  donc  fort  curieuse,  mais  aussi  bien  difficile  à 
définir.  Nos  notes  s'achèvent,  du  reste,  par  ces  mots  :  «Tout  bien 
considéré,  elle  pourrait  n'être  qu'une  simple  variété  de  Tarin  roux 
brun'.^'».  On  voit  par  là  que  l'iiybridilé,  qui  cependant  semble  s'être 
affirmée  bien  des  fois,  n'est  point  à  l'abri  de  toute  critique. 

Après  avoir  disséqué  plusieurs  individus  des  deux  espèces  pures 
pour  rendre  notre  examen  prolitable .  nous  avons  ouvert  cette 
pièce  remarquable.  Les  organes  génitaux  ont  été  examinés.  Après 
bien  des  recherches  nous  avons  trouvé  un  amas  peu  considérable 
de  petits  grains  qui  n'avaient  aucunement  l'aspect  d'œufs;  tous 
étaient  de  mêmes  dimensions.  Une  femelle  Sizerin, ?ayant  le  même 
régime  et  vivant  dans  les  mêmes  volières,  ouverte  le  20  avril, 
présentait  l'ovaire  fort  bien  développé.  Par  contre,  une  femelle 
Tarin,  ouverte  nu  peu  avant,  n'avait  que  fort  peu  d'œufs  ;  il  a  même 
été  impossible  de  constater  chez  celte  dernière  l'existence  d'une 
grappe  bien  formée  ;  elle  avait  été  tuée  le  13  avril.  —  Notons  que  le 
corps  de  la  femelle  Sizerin  paraît  bien  inférieur  en  taille  à  celui 
de  l'hybride. 

Dès  le  mois  de  février,  l'Oiseau  de  Worthing  paraissait  souffrir  ; 
une  de  ses  pattes  avait  reçu  une  blessure  et  nous  nous  rappelons, 
quoique  l'ayant  examiné  d'assez  loin  avec  des  lunettes  d'approche, 
que  les  mouvements  du  cœur  étaient  très  vifs;  sans  doute  l'Oiseau 
soullrait.  Cependant,  après  sa  mort,  son  corps  n'était  point  amaigri, 
il  était  plutôt  très  graisseux,  (si  nos  souvenirs  sont  exacts). 

Rappelons  au  sujet  de  l'hybridisme  Chrys.  spinus  X  Acanîhis,  que 
les  Sizerins  nous  arrivent  en  compagnie  des  Tarins  avec  lesquels 
ils  ont  beaucoup  d'analogies;  il  paraît  que  l'on  peut  attirer  les 
premiers  avec  un  Tariu  si  on  ne  possède  pas  un  appeau  de  leur 
espèce  (1) 

(1)  Alberl  Oranger.  Th.  Lorenz  (in  Bull.  Nat.    de  Moscou,  1894,  p.  336)  dit  que 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   ET   EXAMENS   d'aPRÈS   NATURE  757 

Carduelis  major  et  Carduelis  caniceps 
(Se  reporter  p.  215  ou  p.  299  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.}. 

Dans  l'ouvrage  de  M.  Eug.  Oates  (1)  nous  avons  lu  le  passage 
suivant  se  rapportaut  aux  deux  espèces:  ((  Tliis  species  (C.  caniceps) 
dillers  froni  tlie  Englisli  Goldliuch,  (C  eleyans),  chietly  in  having  no 
back  on  the  head.  Wlien  the  two  species  ineet  tliey  appear  to  inter- 
breed,  and  a  very  iiUennediate  forin  between  tbe  two  may  be  found 
as  is  wvll  sliown  in  the  fuie  mounleii  séries  of  tkcse  birds  in  llic  Central 
Hall  of  the  british  Muséum  », 

Celte  A  série  »  se  composerait  uniquement  de  deux  exemplaires, 
d'après  les  renseignements  qui  nous  ont  été  fournis  par  le  Musée 
même  (2).  Nous  avons  fait  peindre  les  deux  Oiseaux. 

A  titre  de  renseignemenl.  voici  la  dislributiun  que  M.  Oates 
doniicau  C.  caniceps  :  u  tbe  Himalaya  from  tbe  Hazara  couiitry  aud 
Gilgit  loKumann,  from  Jj.OOO  lo 'J.UOO  or  10.000  feet  according  to 
season.  Tbies  species  exteuds  to  Afghanistan  on  the  West  and 
tbrougb Central  Asia  to  Siberiaou  tbe  norlh.»] — .Nous  nous  sommes 
procuré  plusieurs  exemplaires  de  ce  type;  nous  les  avons  comparés 
au  C.  elegans:  ou  est  saisi  des  analogies  que  ces  Oiseaux  présentent 
entre  eux. 

Carduelis  elegans  et  Cannabina  linota. 

(Se  reporter  p.  228  ou  p.  a02  des  iMém.  de  la  Soc.  Zool.,  18U2). 

Nous  avions  signalé  trois  hybrides  comme  ayant  été  pris  dans 
les  environs  de  Carlisle  vers  1885.  11  paraît  que  deux  pièces  sont 
seulement  à  mentionner  (3).  Mais,  depuis,  une  nouvelle  capture 
a  été  faite,  près  de  la  même  ville,  pendant  l'automne  de  1891. 
L'Oiseau  est  encore  aujourd'hui  conservé  vivant  chez  M.  D.  L.  Thorpe, 

des  t  Bastarilen  •  vivants  de  spinus  X  linaria  lui  sont  vendus  quelquefois.  Nous 
supposons  que  M.  Lorenz  fait  allusion  aux  laits  déjà  signales.  Tous  les  Uiseau.x  ache- 
tés sont  des  mûlcs. 

(1)  u  ï'/ie  fauna  of  Uritisli  India  incliuiing  Geylon  and  Burma  n,  Birds, 
vol.  II.  Lunilou,  Calcutta,  bunibay,  lierliii     18UU. 

(2)  Nous  signalons  celle  parliciilarilé  à   M.  Oalcs. 

(3)  Observation  du  Hév.  Macpberson  qui,  dans  o  The  vertébrale  Fauna  oj 
Lakeland,  pp.  XXIX  et  XXX  (Prolegomena),  parle  seulement  de  deux  mâles,  et 
non  de  trois. 


758  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

de  Carlisle.  M.  Thorpe  l'a  acheté  à  un  a  local  bird  catcher»  (1)  peu 
de  temps  après  que  celui-ci  s'eu  était  emparé.  Le  rare  Oiseau  était, 
paraît-il,  très  sauvage  lorsqu'il  lut  mis  en  cage  ;  il  n'a  point  encore 
reproduit  depuis  trois  ans  qu'il  vil  en  captivité.  Sa  note  est  celle  du 
Greenfinch  (Verdier);  sa  tète  est  moins  forte  que  cliez  cette  espèce  (2j; 
sur  la  face  existe  comme  une  flamme  de  jaune  brillant  (3);  le  bord 
extérieur  des  primaires  est  jaune;  l'extrémité  de  ces  plumes  est 
de  la  couleur  du  buflle.  En  somme,  les  marques  jaunes  du  Char- 
donneret sont  indiquées  (4). 

On  se  rappelle  que  dans  une  vitrine  renfermant  cinq  Fringillœ 
hybrides  que  M.  Philipp.  B.  Mason,  de  Burton-on-Trent,  avait  eu 
la  complaisance  de  nous  envoyer  en  communication,  se  trouvaient 
deux  hybrides  étiquetés  Cannabina  linota  X  Carduelis  elegaiis,  l'un 
d'eux  tué  à  Brigton  Racecourse  eu  1862,  l'autre  obtenu  au  Phénix 
Park  (Dublin).  Cette  dernière  pièce  était  suivie  de  l'indication 
((  Williams  ».  Nous  disions  qu'on  ne  spécifiait  point  si  elle  avait  été 
prise  ou  tuée  à  l'état  sauvage.  Nous  croyons  maintenant  être  en 
possession  d'une  explication  suffisante  au  sujet  de  son  origine.  Les 
Oiseaux  vendus  par  M.  Whitaker  provenaient,  croyons-nous,  de  la 
vieille  collection  de  M.  Bond  ;  or,  M  Edw.  Williams,  habitant 
Dublin,  nous  fait  savoir  qu'il  avait  cédé  autrefois  à  M.  Bond  un 
hybride  entre  le  ((  Goldrinch  et  le  Linnet  »  acheté  par  lui  au  «  bird 
catcher  »  qui  l'avait  pris  ;  c'est  vraisemblablement  le  spécimen 
qui  porte  sou  nom.  Cet  Oiseau  était  si  sauvage,  après  sa  capture, 
nous  dit  M.  Williams,  qu'il  refusait  de  prendre  aucune  nourriture; 
aussi  on  ne  doute  aucunement  de  son  origine  sauvage. 

Reste  à  savoir  si  sou  parentage  est  bien  déterminé.  Nous  remar- 
quions en  effet  qu'un  des  deux  Oiseaux  étiquetés  «  Cannabina  linota 
X  Carduelis  elerjans  »  était  un  vrai  produit  du  Canari  dom.  avec  le 
Carduelis  elegans;  mais,  les  mentions  placées  derrière  la  vitrine  ne 
faisant  point  connaître  les  individus  auxquels  elles  s'appliquaient, 
nous  ne  pouvions  désigner  le  sujet.  Nous  ignorons  donc  si  l'hybride 

(1)  Oiseleur  du  pays. 

(2)  0  Not  so  coarser  n,  nous  dit  M.  Thorpe. 

(3)  0  A  brisrht  yellowish  blaze.  » 

(4)  iNous  ne  saurions  dire  e.\acternenl  comment  est  le  bec;  dans  une  lettre  datée 
du  16  octobre  1892,  M.  Thorpe  voulait  bien  nous  écrire  que  celle  partie  était  plus 
fine  cl  pas  tout  à  fait  aussi  longue  que  chez  le  Greenfinch.  Mais  tout  récemment 
M.  Thorpe,  voulant  compléter  ses  indications,  nous  parle  d'un  bec  «  course  » 
(épais),  de  la  grosseur  de  celui  du  Greenfinch. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  7o9 

de  M.  Williams  est  celui  que  nous  considérions  comme  l'hybride 
authenliijue  de  la  C.  linola  X  ('.  cardiielis,  ou  au  contraire  si  c'est 
l'individu  qui  nous  paraissait  être  le  produit  de  la  FrinyiUa  canaria 
(loin.  X  C.  elegan.f. 

Chrysomitris  spinus  X  Cardueus  ELEGANS 
(Se  reporter  p   2;t:j  on  307  dos  Méni.  de  la  Soc.  Zool.,  1892). 

M.  le  D''  J.  M.  Bertholdo,  de  Milan,  nous  fait  savoir  que  son 
ancien  ami  de  collège,  M.  Ferrari,  d'Alexandrie,  (dont  nous 
avons  déjà  parlé),  possédait  un  hybride  de  Chrtiwiinlils  spinus 
X  C.  clegans.  pris  dans  les  environs  d'Alexandrie,  que  lui-même 
conservait  un  autre  exemplaire  empaillé  dans  sa  villa  de  Gerhole 
Rivalta.  Nous  lui  avous  demandé  à  voir  ces  deux  pièces.  Le  docteur 
n'a  pu  nous  envoyer  que  celle  qu'il  possède.  Cette  pièce  fut  prise 
dans  les  filets  près  de  Cunéo,  par  M.  Ross!  ;  demeurée  très  sauvage, 
elle  n'avait  vécu  que  quelques  mois  en  captivité. 

Elle  est  très  exactement  semblable  à  celles  que  nous  avons  reçues 
maintes  fois  sous  la  même  dénomination  (1),  ou  encore  sous  la  déno- 
mination de  C.  l'iegans  x  C.  linota  (2),  c'est-à-dire  à  ces  exemplaires 
que  nous  avons  toujours  considérés  comme  produits  par  le  croise- 
ment «  Fringilla  canaria  X  C.  elegans  ». 

Il  est  remarquable  que  des  captures  de  ce  genre  soient  faites 
aussi  souvent,  si,  (comme  nous  le  supposons),  les  hydrides  sont 
produits  en  captivité. 

Nous  sommes  certain  cependant  que  ce  ne  sont  point  des  hybrides 
«  spinus  X  cnrduelis  »  desquels  ils  dillèrent  notoirement.  Reste 
l'hypothèse  du  parentage  C.  elegaiis  x  Fi'ingilla  citrinella  (le  Ven- 
turon).  Le  Venturon  se  rapproche  en  elîet  beaucoup  de  la  Frin- 
gilld  ranaria  (sauvage).  M.  Anatole  Cabrera  J.  Diaz,  de  Séville,  <|ui 
a  visité  souvent  les  Iles  Canaries,  a  bien  voulu  nous  ofirir  |>lu- 
sieurs  spécimens  sauvages  de  l'Oiseau  aujourd'hui  si  modifié.  Tout 
en  difïérant  du  Venturon,  il  ne  s'en  éloigne  pas  cependant  à 
ce  point  que  ses  produits  avec  le  C.  elrgans  ne  puissent  sans 
doute  être  confondus  avec  ceux  de  cette  espèce  croisée  par  le 
même  C.  elegans.  Ou  pourrait  donc  admettre  que  les  Oiseaux  qui 
nous  embarrassent  sont  nés  d'un  mélange  entre  F.  citi'inidla  X  C. 
elegans  ;  mais  cette  hypothèse  reste  peu  vraisemblable.  Nous  persis- 

(1)  Voy.  p.  aa  ou  p.  307  des  Mém. 

(2)  Voy.  p.  230  ou  p.  304  dus  Mém. 


760  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

tons  donc  dans  notre  manière  de  voir  et  nous  croyons  avoir  aflaire 
à  de  vrais  mulets  de  Cliardonueret  et  de  Serin  desquels,  répétons-le, 
ils  ne  (liffèi'cut  aucunement  {i). 

Le  Rév.  Macpherson  a  eu  l'obligeance  de  nous  envoyer  en  com- 
munication un  hybride  jeune  Cliry.  spinus  X  C.  elegans,  né  en 
captivité.  Nous  remercions  vivement  le  Révérend  de  son  envoi  ; 
mais  l'Oiseau  n'a  pu  nous  être  utile  puisque  nous  n'avons  jamais  eu 
l'occasion  de  voir  des  jeunes  hybrides  sauvages  du  croisement  si 
controversé. 

Carduelis  elegans  X  Fringilla  canari  a. 

(Se  reporter  p.  238  ou  p.  312  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool  ,  1892). 

Afin  de  montrer  que  la  rencontre  à  l'état  sauvage  d'hybrides  pro- 
duits en  domesticité,  ou  par  des  parents  échappés  de  captivité,  est 
chose  possible  et  même  peu  rare,  nous  avions  signalé  quelques 
exemples  pour  justifier  cette  opinion  (2).  Nous  n'avons  pas  à  citer 
de  nouveaux  faits.  Cependant  dans  un  mémoire  sur  des  hybrides 
que  M.  Walter  Cox,  des  Firs  (3),  a  bien  voulu  nous  adresser,  nous 
avons  lu  qu'une  F.  canaria  échappée  se  croisa  en  liberté  avec  un 
C.  elegans;  mais  les  circonstances  de  cet  appariage,  racontées  par 
M.  Cox,  nous  laissent  penser  qu'il  fait  allusion  à  un  des  exemples  que 
nous  avions  mentionnés  en  débutant.  Nous  rappellerons  seulement 
que  quatre  Perruches  ondulées,  échappées  récemment  de  cage,  se  son  t 
établies  près  de  Berlin,  dans  un  domaine  des  environs  de  la  capitale 
et  que,  remarquées  au  mois  de  juin,  on  constata  encore  leur  présence 

(J)  On  se  rappelle  que  le  prof.  riij,'lioli  avait  proposé  pour  les  mêmes  le  croise- 
ment du  Serinas  hortulaniis  x  Carduelis  eleg^ans(Voy.  p  i'Mou  p. 310 des  Mém.j. 
Nous  n'avons  point  cru  devoir  partager  cette  manière  de  voir,  parce  que  le 
6'.  hortalanus,  quoique  ayant  de  ijrandes  analogies  avec  la  Fringilla  canaria. 
nous  parait  de  trop  petites  dimensions  pour  être  l'un  îles  parents.  Nous  avons 
demandé  à  M.  le  0'  Bertliuldo  si  cette  espèce  est  fréquente  dans  les  endroits  où 
les  deux  hybrides  qu'il  nous  a  signalés  ont  été  obtenus.  Le  docteur  nous  a  répondu 
que  le  i'.  Iwrtulanus  est  répandu  dans  l'Italie  du  Nord  et  l'Italie  centrale  pendant 
la  saison  de  la  reproduction  ;  il  se  montre  rare  dans  la  mauvaise  saison.  A  ce 
moment,  au  contraire,  il  est  nombreux  en  Sardaigne  et  en  Sicile.  Le  docteur 
ajoute  que  dans  le  Piémont  on  le  rencontre  souvent  en  été.  On  le  trouve  peu  dans 
les  plaines  de  Turin,  tandis  que  sur  les  collines  il  est  assez  fréquent,  S'Manio, 
S'-Marglierita,  Monalieri  (au  mois  d'octobre,  pensons-nous).  Enfin,  il  est  rare  dans 
le  Vercellese  et  le  iNovarese. 

(2)  Pp.  83,  86,  238,  239,  2i0  et  241  ou  pp.  338,  339  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  1890 
et  pp.  312,  313,  314  et  31o  des  mêmes  Mémoires  (année  1892). 

(3)  Fiverton  (Devou). 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    KXAMENS   d'aHRÈS   NATURK  701 

au  priuteinps  suivaiit(l).   Ainsi  la  préaCiice  à  l'i'lat  liLic  d'Oiseaux 
t!cliai)|ii's  lie  ca|tlivil('',  pouvant,    daiis  la  suite,   lorsqu'ils  seront 
dépourvus  d'individus  de  la  race,  se  croiser  avec  des  espèces  étran 
{,'ères,  est  réelle;   e'esl  un  fail  qu'où  ue  saurai!  négliger  dans  nue 
élude  sur  les  hybrides  observés  à  l'état  sauvage. 

Serinus  hortilanus  X  Cauduelis  kleoans. 
(So  repolit"!'  p.  241  on  p.  'M'j  du  liraye  à  piiil). 

M.  Keulemans  aurai!  renian|né  aux  expositions  ornilliologiques 
des  hybrides  de  ce  croisemeul.  Il  vil.il  y  a  une  quinzaine  d'anaées, 
à  (I  l'Alexaudra  Palace  Bird  Show  i>  un  individu  de  eegiîure  qui  y 
élai!  exposé;  il  élail  désigne  comme  mulf!  de  «  wild  Canary  and 
(ioldliucli  II.  Au  premier  coup  d'o'!!,  M.  Kculeinans  le  recouiiul 
pour  être  un  mélis  du  Goldiiiicli  cT  e!  du  Scriniis  horlithntus  9. 
Il  l'aeliela;  l'Oiscuiu  vécut  chez  lui  pendant  plusieurs  années;  mais 
il  fut  enlin,  comme  cela  ariive  souvent  chez  les  Oiseaux  retenus 
en  cage,  mangé  |)ar  uu  Clia!  du  voisinage.  Le  peintre  anglais  nous 
a  adressé  uu  cro(|uis  (|ui  moulri'  ce  liel  Oiseau  ;  il  est  assez  dillérenl 
des  individus  (|ui  nous  ou!  é!é  envoyés  comme  u  splniis  X  carduclis  » 
e(  ([ue  nous  altribuous  au  croisemen!  plus  probable  de  F.catuiria 
(lotii.  X  C.  eleyaus.  On  a  loulefois  de  la  peine  à  It;  juger,  le  croiiuis 
élan!  1res  sommaire,  presque  à  l'('!a!  (rébaucbi!.  Ces!  après  de 
longues  recherches  ipie  .\l.  Keulenians  a  reirouvé  ilans  ses  cartons 
ce  dessin,  fait  autrefois  ;  il  porte  l'inscripliou  suivante,  écrile  de  la 
main  de  l'atlisle  :  <i  Mule  (îoldlinch  X  Serin  Kiucli  ('?)...  said 
lu  hâve  been  found  in  the  neighbourond  of  Mayence  ((îermany) 
Sep.  23,  1873  », 

Cette  mention  nous  a  rappelé  (et  semble  corroboi-er)  ce  que  nous 
avait  iléjà  dit  M.  Kmile  lluhl,  tie  N'erviers,  à  savoir  que  dans  cer- 
taines régions  de  l'Alleniagne,  où  le  (iliardonnerel  et  les  petits 
Serins  sont  très  communs,  on  rencontre  des  hybrides  des  deux 
espèces.  Nous  avions  nommé  le  Wurtemberg  (région  de  Slutlgaid) 
et  Francfort-sur-le-Mein. 

FniNGILLA   COELEBS    X    FrINGILLA    MONTIFRINOILLA 
(Se  reporter  p.  248  uu  p.  322  des  Méiii.  de  la  Soc.  Zool.,  1892). 

Plusieurs  nouvelles  captures  sont  ù  inscrire  : 

1"  M.  le  comm.  Giglioli  nous  a  communiqué  une  pièce  de  sexe 

(1)  Bull,  lie  la  Soc.  d'aoclini.  de  Paris,  N»  o.")9,  20  dcoembre  1893  (E.\trait  du 
Uulbuiii^nclius  Munalscluil). 


7G2  OISEAUX    HVBRIDES    RENCONTHÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

femelle  obtenue  le  25  septembre  1892,  à  Canera  tll  Salice  (Udiue). 
Cette  pièce  lui  a  été  oiïerte  par  le  comm.  E.  Chiaradia  ;  elle  figure 
au  Musée  de  Florence,  sous  le  n»  3404.  Elle  est  un  excellent  inter 
médiaire  entre  les  deux  types,  quoique  plus  nionlifringllln  que 
calebs;  rarement  nous  avons  rencontré  chez  les  femelles  hybrides 
les  caractères  du  type  montifringilla  aussi  prononcés. 

Pour  tracer  le  portrait  de  ce  rare  échantillon,  il  faut  se  figurer 
avoir  devant  les  yeux  une  miebs  $;  on  remarquera  alors  que  les 
caractères  qui  dilîérencient  l'Oiseau  de  Canera  de  la  femelle  de  ce 
type,  sont:  1"  le  jaune  citron  qui  se  montre  en  vraie  quantité  sur 
les  côtés  près  de  l'épaule,  en  même  temps  que  sous  l'aile  ;  2»  le 
grand  trait  noisette  ou  châtaigne  barrant  l'aile  ;  3»  la  même  cou- 
leur bordant  extérieurement  toutes  les  plumes  de  recouvrement 
des  ailes  (ou  des  scapulaires  car  il  est  dillicile  de  bien  distinguer 
la  démarcation  de  ces  deux  parties,  les  ailes  étant  au  repos);  4°  la 
ligne  verdàtre  bordant  les  rémiges,  paraissant  plus  jaunâtre  que 
chez  cœlehs  ;  a"  le  croupion  blanc  verdàtre  ;  G°  la  teinte  foncée  des 
recirices,  assez  pointues,  bordées,  et  formant  à  la  fin  de  la  queue 
une  échancrure  prononcée  ;  7°  enfin  le  blanc  des  rectrices  exté- 
rieures, au  moins  de  la  première  penne,  moins  net,  moins  visible 
que  chez  cœlehs.  On  pourrait  encore  remai-quer,  de  chaque  côté  de 
la  poitrine,  la  teinte  rousse  qui  domine,  et  sur  la  tête  une  couronne 
composée  de  ti'aits  horizontaux,  parallèles  et  très  accusés.  Disons 
aussi  que  le  dessus  du  dos  bien  marqueté  rappelle  celui  de  monti- 
jriHijilla. 

2°  Le  15  février  1894,  notre  savant  confrère  de  la  Société  zoologique, 
M.  le  D''  comte  Arrigoni  degli  Oddi,  signalait,  dans  le  «  Bollettino 
del  Naluralisla  »  de  Sienne  (1).  un  cf  h'rinjiUa  cœlehs  X  /'.  monti- 
fringilla adulte  |iris  à  l'état  sauvage  le  28  octobre  de  l'année 
précédente,  près  de  Bei'game.  Cette  pièce  est  aujourd'hui  conservée 
dans  sa  collection,  sous  le  n"  10(10  ;  elle  lui  a  été  oiïerte  par  le  comte 
D''  Alessandro  Roncalli. 

Le  professeur  A  Carruccio,  liirecleur  de  l'Institut  zoologique  de 
l'Université  tie  Rome,  a  publié  une  note  sur  deux  cas  d'hybri- 
disme  naturel  entre  les  deux  mômes  espèces  (2);  ces  exemplaires 
ont  été  observés  au  mois  d'octobre  1890  dans  le  vignoble  du  marquis 

(1)  1'.  23,  Odili,  Note  Urniltiologiche,  Revisla  ital.  di  Scienze  naluiali.  Siena, 
lii  ivv.  IS',14.  (I  F.  cœlebs  X  !'■  montifringilla.  7nas.  ad.,  ibrido  scU'atico, 
■jH  ottohre.  CItignolo  d'/sola  ;Hergamo)  jieso  relia  bresiruna  dal  sig.  Conte 
D'  .illessandro  Honcalli  che  genlilinenle  me  lodonofNum.  lotiO  Cat.J  «. 

(2)  <(  Caso  d'ibridismo  natnrale  J'ra  individui  délie  due  specie  Fringilta  monti- 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  763 

Sacchelli,  a  ignoble  [danlé  sur  le  muni  Parioli,  \\n'S  de  Uome  ;  les 
deux  Oiseaux  soûl  aujourd'hui  la  propriété  du  priuce  (iiuseppe 
AIdroliaudi.  I^e  prince  les  a  mis  à  la  ilisposilioii  du  professeur 
A.  Carruccio,  aliu  que  celui  ci  les  examine,  (^et  exauieii  a  élé  (ail 
en  compagnie  du  comle  tïuido  Kalconieri  ili  l^arpegna,  uu  grand 
amateur  d'oruilliologie.  Tous  deux  furtsnl  convaincus  (ju'ils  étaient 
en  i)réseuce  d'hybrides  remarquables,  hybrides  ipii  n'avaient  point 
emore  été  signalés  dans  la  province  de  Rome. 

Le  prof.  Carruccio  s'est  étendu  louguemeut  sur  leurs  caractères. 
Voici  ce  (|u'il  en  dit  :  ((  Le  cf  présente  les  petites  plumes  A  la  base  de 
la  mandibule  supérieure  d'une  couleur  chàlaiii  olivâtre,  couleur  qui 
s'élend  sur  toutes  les  parties  delà  tôle  pour  devenir  plus  claire  sur 
les  parties  latérales  du  cou,  autour  de  I'omI  et  sur  les  joues.  Sur  les 
cùlés  de  la  région  cervicale  et  plutùt  derrière,  on  aperçoit  deux 
bandes  sombres  distantes  l'une  de  l'autre  d'un  centimètre  el  demi, 
à  concavité  extérieure,  de  couleur  noirâtre;  ces  bandes  ariiveut 
presque  jus(iu"à  l'angle  îles  aile.-.  La  gorge,  le  gosier  et  la  poitrine  ont 
les  plumes  colorées  eu  rouge  bri(iue,  couleur  qui  va  graduellement 
eu  diminuant  jus(iu'à  devenir  couleur  chair;  ceci  se  produit  encore 
sur  l'abdomen  et  le  dessous  de  la  queue.  Les  lianes  ont  celte  der- 
nière Cdloration,  qui  est  propre  à  l'ruKjUla  civlchs  au  moment  du 
passage;  néanmoins,  chez  cette  espèce,  le  dessous  de  la  queue  est 
d'un  blanc  ])lus  ou  inoins  pur.  En  résumé,  toute  la  partie  inférieure 
du  cor[)s  de  l'Oiseau  présente  les  couleurs  (|ui,  d'iiabitude,  se 
trouvent  chez  i'ringilla  vivlfba  adulte  el  de  sexe  mâle  uu  moment 
de  la  saison  d'hiver;  mais  la  partie  supérieure,  (tergum,  uropygium, 
spéculum.)  est  vraiment  la  même,  ou  à  |ieu  de  dilTérence  près,  que 
chez  /■'.  iiioiilifringilla.  Les  petites  couveitures  sont  en  partie 
blanches,  en  partie  tirant  sur  le  fauve;  les  couvertures  médianes 
sont  noires  dans  la  jjartie  du  milieu,  blanches  dans  la  partie  supé- 
rieure, fauve  à  la  partie  inférieure;  les  rémiges  primaires  sont  de 
couleur  noire  avec  un  tout  petit  bord  jaune  canari  qui  devient  blanc 
sale  à  la  partie  inférieure  et  au  sommet;  les  rémiges  secondaires, 
au  lieu  d'avoir  les  bords  lisses»  léonin  »,  plutôt  larges,  sont  presque 
toutes  couleur  fauve  clair  d'une  largeur  égale,  sans  toutefois  que 
l'extrémité  entière  soit  occupée,  comme  un  l'observe  chez  wo)i(i- 
friuijiHu. 


/riwjilla  c  h'rin/jUla  cœlebs  prcsi  nci  diiilnnii  ili  Roma   \w\\'  ollobre    isyo.    La 
Spallauzaiiia,  aiiiio  .\XI.\.  I.  Fasiiculr  VUl,  I.X  el  .\X,  IWI. 


7C4  OISEAUX    HYIiRIDrs    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

))  Les  recllices  s<inl  milices,  (du  cMv  i;nuchi>  elles  inan(|in'nt);  elles 
ont  uu  petit  bord  Lhiiic  el  à  l'iuléileur  une  jurande  tache  blauclie 
qui  s'avauce  jusqu'à  la  partie  (bord)  ultérieure  et  au  sommet;  du 
même  côté  externe  la  deuxième  reclrice  est  presque  semblable  à  la 
première,  seulemeul  la  tache  blauche  s'étend  moins  sur  le  haut. 
La  troisième  présente  une  tache  ovoïde  blanchâtre  de  petite  dimen- 
sion, ])lacée  à  ])roximilé  du  sommet.  Les  auli-es  recirices,  y  coin- 
pris  celles  du  cùlé  droil,  sont  tout  à  fait  noires.  11  faut  de  plus 
ajouter  que  les  deux  rectrices  médianes  ont  le  bord  verdàtre,  ce 
qui  s'observe  chez  FringiUa  cœlchs.  Le  croupion  enfin  est  d'une 
couleur  verdàtre,  c'est-à-dire  qu'il  n'est  pas  vert  comme  chez 
cœlebs  et  pas  blanc  comme  chez  montifringilla  » 

Au  sujet  de  la  femelle,  le  même  di^scripteur  s'exprime  ainsi  : 
«  Celle-ci  a  presque  tous  les  caractères  de  la  femelle  Iringilla 
cœlebs,  en  ce  qui  concerne  la  partie  supérieure  du  corps;  la  gorge, 
le  gosier  et  la  poitrine  ont  les  couleurs  plus  claires  que  celles  de  la 
femelle  de  cette  espèce  ;  l'abdomen  est  blanc  sale;  (il  est  blanc  de 
neige  chez  iiiontifrinçiUbt  adulte).  La  poitrine  du  même  sujet  est 
de  couleur  cannelle  claire;  sur  la  tète  deux  bandes  noires,  parfois 
interrompues,  partent  derrière  l'œil  et  descendent  sur  les  côtés  du 
cou,  séparant  un  endroit  de  couleur  gris  céleste  qui  se  voit  seule- 
ment dans  la  même  région  chez  inoiilllriiiijilla.  Le  bec  est  jauue, 
mais  noir  sur  les  côtés  et  à  son  extrémité,  aussi  bien  à  la  mandibule 
supérieure  qu'à  l'intérieure,  d 

Le  docteur  ajoute  que  sur  les  ailes,  (petites  et  grandes  couver- 
tures), la  couleur  jaune  est  mêlée  avec  le  blanc  ;  les  rémiges  médianes 
ont  l'exlréniité  largement  teintée  de  fauve  très  clair.  Le  croupion 
est  d'uue  teinte  blanchâtre,  cendrée  et  verdàtre,  indiquant  un 
mélange  des  deux  espèces;  enfin  la  queue  ressemble  plus  à  celle 
de  Friiigilla  cœlebs. 

Son  Altessi!  le  prince  Aldobramlini,  après  avoir  remis  entre  les 
mains  du  jirof.  (larucci,  les  deux  pièces  qui  viennent  d'être  ainsi 
décrites,  a  eu  la  complaisauce,  sur  notre  demande,  de  nous  faire 
adresser  à  notre  propriété  d'Anliville  les  deux  précieux  Oiseaux. 
Nous  avons  procédé  à  leur  examen  eu  présence  de  trente-quatre 
échantillons  des  deux  espèces  pures  (17  vionlijrhujilla  el  il  cœlebs) 
de  dillérents  âges  et  des  deux  sexes,  pris  ou  tués  dans  dilîérents 
pays  et  à  diverses  époques  de  l'année. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  nous  montrer  aussi  allirmatit  (]ue 
s'est  montré  le  savant  professeur. 


ADDITIONS,    CORnECTlONS    ET    EXAMENS    d'aI'RÈS    NATURE  76o 

Li'  iik'iIc  f:iil  l'clIiM  (l'un  jciinr  iilàli'  ralcbs.  ses  coiilcurs  ctaiil 
ternes  vers  la  trie  et  )o  lileii  maii(|ii;uit  à  <'('lli'  parlic;  ce  serait 
presfiiie  un  cT  lie  cette  ('spèce  sans  les  deux  hari'es  chamois  vif  et 
très  prononcées  qui  traversent  les  couvertures  des  ailes.  Le  hec,  par 
sa  tonalité,  ne  rappelle  aucnneinent  le  jaune  si  caractérislifiue  île 
iiioutijvinijiUxt  ;  il  est  i;ris  brunâtre  et  allongé.  Tout  1<^  dessus  du  dos 
est  roussàtre  uni,  sans  aucune  tache  foncée.  Les  rectrices  exté- 
rieures sont  très  larjjeuient  et  très  distinctenieni  marquées  de 
blanc,  à  la  manière  de  cirlchs  :  loul  le  diissous  du  corps  (;sl  liMnti'  de 
bri(|ue  violacé,  très  exactement  comme  chez  cwlrlis  ;  enfin  les  lianes 
ne  portent  aucun  des  points  caractéristiques  de  montifi'inuilia. 
La  croupe  est,  il  est  vrai,  moins  venlàtre  que  chez  cette  espèce; 
mais  son  mélange  n'est  point  obtenu  avec  le  blanc  de  la  croupe  de 
iiionfifriniiilla;  il  est  obtenu  avec  de  la  couleur  brun  rouge  qui 
n'existe  ni  chez  monlilriiKjilln,  ni  chez  cmlchx;  en  sorte  que  cette 
teinte  nouvelle  ne  peut  prouver  le  mélange  des  deux  espèces.  Puis, 
de  cha(|ue  cAlé  de  la  nuque,  on  voit  une  apparence  des  deux  barres 
qui  .sont  l'attribut  des  femelles  chez  les  Pinsons.  C'est  ainsi  que, 
sans  les  tleux  raies  rousses  des  couvertures  des  ailes,  on  pourrait 
voir  aussi  dans  le  présent  Oiseau  une  vieille  femelle  stérile  se  rêvé 
tant  de  l'habit  du  mâle.  —  Cependant,  nous  l'avouons,  la  coupe 
terminale  des  rectrices  nous  paraîtrait  plutôt  nKinlifriniiIlhi  ([ue 
cifirlis;  puis,  près  de  l'épaule,  (quoi((ue  ceci  arrive  aussi  chez  cn'lch.t), 
apparaît  une  petite  touffe  de  plumes  blanches  de  teinte  jaunâtre. 
Le  dessous  de  la  queue  semble  aussi  plus  fonci;  que  chez  rwlchs, 
lequel  est  généralement  plus  blanchâtre  à  cette  place.  Ces  points 
donc,  s'ajoulant  aux  deux  barres  chamois  des  couvertures  des  ailes, 
peuvent  à  la  rigin'ur  laisser  croire  que  cet  Oiseau  est  un  hybride. 

La  femelle  nonsavait  paru  tout  iraiiord  mieux  dévoilersa  ilouble 
origine  ;  mais,  en  l'examinant  de  piès.  on  pourrait  prétendre 
que  c'est  une  5  monlifrimiilhi  blanchissant,  aux  couleurs  par  con- 
séquent très  atténuées,  'l'oulefois.  à  la  croupe,  où  pri'eisément 
montifritii/illa  est  de  couleur  assez  claire,  elle  est  d'un  ton  plus 
obscur  et  même  mélangé  d(!  verdàlre,  ce  que  nous  n'avons  observé 
qu'une  seule  fois  chez  niniitlfriiKjilla  pure  es[)èce.  ^'oiei  du  reste 
sa  description  :  sur  la  télé,  on  voit  d'une  manière  très  accentuée 
deux  barres  qui,  interrompues  cà  et  là,  bordent  la  nuque  et  se 
lejoigneiil  en  carré  sur  le  haut  de  la  tôte.  La  gorge,  la  poitrine,  les 
lianes  srmtd'un  gris  jaune  roussàtre  pâle,  bien  moins  accentué  que 
chez  iiionlifriiiiiillii.  Il  semble  que  près  des  ailes  (éi)aules)  on  aper- 
çoive la  couleur  chrome,  propre  à  iiiontilriniiHht.  Leconimeucenient 


766  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LÉTAT   SAUVAGE 

de  la  mandibule  supérieure  est  très  clair  près  du  front,  à  l'exlré- 
mité  la  nit'me  mandibule  devient  foncée  ;  ceci  rappelle  parfaitement 
iiiontifrinfjilla.  La  queue  est  découpée  à  sa  terminaison  comme  chez 
cette  espèce  et  les  rectrices  sont  linemeul  liserées  de  teinte  claire. 
Des  points  ou  petites  taches  apparaissent  très  visiblement  sur  le 
dos,  quoique  bien  plus  faiblement  que  chez  le  Pinson  des  Ardenues; 
les  raies  des  couvertures  des  ailes  sont  assez  chàtaisne.  Ajoutons 
encore  que  l'abdouien  est  blaiicliàtre  comme  chez  inouli/riniiilin. 
—  On  voit  donc  que  cet  Oiseau  rappelle  beaucoup  montifringilla. 

Mais,  nous  l'avons  dit,  le  blanc  de  la  croupe  est  obscur  el 
quelque  peu  verdàtre;  il  n'existe  sur  les  (Inncs  aucun  des  points 
si  caractéristiques  de  niontifrini/illa,  tout  au  mnius  c'est  à  peine  si 
on  peut  saisir  quelques  indices  ou  un  rappel  de  ces  points;  la 
partie  du  cou  près  des  joues  n'est  aucunemeul  bleuâtre  blan- 
châtre, mais  grisâtre  comme  cliez  la  femelle  du  Pinson  commun; 
la  couleur  de  la  gorge,  de  la  poitrine  surtout,  n'est  pas  du  jaune 
roussàtre  clair  de  montifrinçiilla;  enfin  le  bec,  quoique  rappelant 
des  caractères  propres  à  celui  de  luinilifringillu ,  est  grisâtre  dans  sa 
tonalité  générale.  La  première  baude  des  couvertures  des  ailes  est 
elleménie  assez  blancliâtre  et  la  rectrice  la  plus  extérieure  porte 
beaucoup  de  Idanc,  plus  que  l'on  en  voit  généralement  chez  monti- 
/'rmf/(7/fl;  la  deuxième  est  légèrement  lavée  delà  même  teinte,  ce  qu'on 
ne  trouve  jamais,  pensons-nous,  chez  montifrinfiilla  pure  espèce. 

A  cause  de  ces  particularités,  et  de  celles  que  nous  avons  remar- 
quées sur  le  mâle,  nous  avons  fait  peindre  ces  deux  Oiseaux  qui 
nous  laissent  cependant,  surtout  le  mâle,  beaucoup  de  doutes  sur 
leur  origine  hybride.  Nous  nous  sommes  décidé  à  faire  exécuter 
ce  travail  encore  par  cette  circonstance  (|ue  les  deux  pièces  d'aspect, 
l'une  cœlcbs  (le  mâle),  l'autre  iiiontifiingillu  (la  femelle),  paraissent 
avoir  été  rencontrées  au  même  endroit.  Si  elles  étaient  une  variété 
du  Pinson  ordinaire  ou  du  Pinson  des  .Vrdennes,  il  serait  naturel 
que  toutes  deux  se  présentent  comme  des  variétés  du  même  type. 
L'opposition  qui  se  produit  dans  la  diversité  des  types  favorise 
donc  l'idée  d'une  hybridation. 

L'examen  auquel  nous  nous  sommes  livré  n'a  point  été  fait  à  la 
légère;  tleux  jours  durant  nous  avons  examiné  nos  échantillons  de 
race  pure,  les  comparant  aux  iiybrides  qui  nous  avaient  été  si 
gracieusement  confies.  Nous  seiions  heureux  d'apiirendre  que 
depuis  le  retour  de  ceux-ci  au  château  de  Frascali,  où  le  prince  les 
conseive,  d'autres  ornithologistes  les  ont  étudiés,  car  ce  sont  là  des 
Oiseaux  curieux  et  fort  embarrassants. 


ADDITIONS,  cnnrtEcrioNs  et  kxamkns  DAi'ur.s  nati'hk        7fl7 

Cello  ri'iiuir(|iie  (|iio  nous  avons  faite  :  à  savoir  que  lo  i)laiii'  du 
croupion  de  montiliingilln  pur  se  lave  (iueli|ue(ois  de  veidàlie, 
(particularité  qui  existe  au  moins  chez  l'un  de  nos  exemplaires  de 
rate  pure),  montre  la  Iros  jurande  afFiniti^  qui  existe  entre  les  deux 
espèces.  Nous  avons  constaté  que  cette  atliuité  se  dévoile  aussi 
dans  le  blanc  de  la  rectrice  la  plus  extérieure  qui  est  plus  ou  moins 
blanchii?  chez  inoiilifrinijilhi. 

3°  M.  Keuleinaus  nous  informe  (|n'il  a  possédé  au  moins  cinq  fois 
des  métis  du  Pinson  commun  el  du  l'inson  des  Ardennes;  ces 
Oi-eaux  uni  toujours  l'té  Irouvi-s  au  commeni'cmeut  de  l'iiivei-  en 
iiollandc.  M.  Keuh'uians  les  a  aclieli's  sur  le  maiché,  parmi  des 
Pinsiuis  et  autres  Oiseaux  émigrant.  (Vest,  nous  dil-il,  par  les  cou- 
vertures qu'il  les  reconnaissait,  les  plumes  d(^  «es  jiarties  étant 
C(uistamiueut  jaunes.  Depuis  uii  certain  liunps,  il  n'eu  a  plus  revu. 
D'une  conversaliou  qu'il  a  eue  avec  M.  l)res,ser,  il  résulterait  (pie 
de  tels  métis  ne  sont  point  rares  en  Suède,  dans  les  endroits  où 
s'établit  la  limite  des  deux  espèces  ;  ces  hybrides  ont  presqm;  tou 
jours  le  Pinson  conimuu  pour  père.  Mais  M.  Dresser,  que  nous 
avons  interrogé,  proteste  contre  cette  assertion.  M.  Iveulemans, 
nous  dit-il,  a  certainement  fait  erreur  dans  la  communication  qu'il 
nous  a  adressée. 

4»  M.  Marion  a  eu  l'obligeance  de  nous  faire  parvenir,  par 
l'entremise  de  M.  A.  Pénot,  les  deux  exemplaires  du  Musée  de 
.Marseille.  Nous  avons  reman|ué  que  la  rectrice  la  plus  extérieure 
de  la  queue  du  spécimen  pres(|ue  moitUlrituiiHa  que  nous  pn-sen- 
tions  comme  douteux  (1)  est  réellemeul  marquée  de  blanc,  quoique 
d'une  manière  terne  ;  nous  avons  aussi  remar(|U(''  (|ue  le  noir  de  la 
b.irbe  non  tachetée  lire  sur  le  grisâtre.  Un  cf  iimiitifriuiiilUt,  faisant 
partie  de  notre  matériel  de  comparaison,  montre,  il  est  vrai,  la  môme 
particularité;  mais,  il  existe  ri-ellemenl  de  la  couleur  xerdàlre  sur 
la  nuque  de  l'individu  du  Musée  de  Marseille.  .Nous  n'oserions  dire 
que  cette  seule  marque  (de  mélange)  est  sudisanle  pour  afTiriiK'r 
riiybridiléchez  ce  sitécimen;  aussi,  pour  lunis,  son  origine  mélangée 
reste  encore  douteuse   à  un  deuxième  examen  (2). 

Nous  avons  remarqué  que  la  rectrice  la  plus  extérieure  du  dcu 
xième  ('chanlillon  (3)  est  marquée  ucttemcnt  de  blanc  comme  chez 
firlvlix  ;  la  séparatiim  du  noirct  du  blauc  est,  eu  outre,  bien  limitée  ; 
cependant  les  couleurs  sont  plus  eltacées  que  chez  ciclehs. 

(1)  Voy    p.  2C>1  ou  p.  Sa'i  (les  Méiii. 

(2)  Cette  tendance  chez  F.  inonti/ringitla  a  picmlio  ilii  bliim-  >iir  les  icdijri's 
n'inilii|iie-t-i'lle  pas  oncore  une  parenté  avec  cirtcfis? 

(3)  Décrit  page  suivante. 


76S  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

Genre  Pyrrhula 

PiNICOLA    ENUCLEATOR    Cl    CaRPODACUS    PURPUREUS 
(Se  reporter]).  267  ou  p.  341  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

M.  Ernest  E.  Tlioinpson.  de  Toreuto  (Ciuiada),  a  Ijien  voulu  nous 
adresser  ea  communication  le  très  rare  s|jécimen  hybride  qu'il 
conserve;  ce  spécimen  reste  unique  jusqu'à  ce  jour. 

Vu  de  dos,  il  ressemble  presque  euliérement  à  Cariioihicus 
purpureus;  comme  taille  il  est  tout  à  fait  inleiniédiaire  entre  les 
deux  espèces  supposées  p:irenles.  F^es  barres  (le  l'aile  de  Pinicola 
enticleator  sont  en  quelque  sorte  rappelées,  mais  très  amoindries,  et 
plus  rougies,  comme  serait  la  barre  très  faible  de  l'aile  de  Carpada- 
cm.  Le  bec  est  fort,  il  est  sans  doute  de  dimensions  intermédiaires; 
mais,  vu  la  taille  de  l'hybride,  il  se  rapproche  davantage  des 
dimensions  de  celui  de  P.  ciiurlcalar.  Le  rose  de  la  tèle,  des  joues 
et  du  cou  est  aussi  plulùt  du  rose  de  cette  dernière  espèce.  La  partie 
abdominale  est  légèrement  marquée  de  petites  taches  longues  qui 
rappellent  le  plumage  de  la  femelle  de  Curiindacus  ou  du  jeune  niàle, 
(ce  qui  indiquerait  que  l'hyl^ride  n'a  pas  atteint  toute  sa  croissance). 

Il  est  à  remarquer  que  les  taches  brunes  du  dos,  dont  la  teinte 
est  celle  de  Carpodncus,  alTectent  plutôt  la  forme  des  taches  de 
Pinicola  que  celles  de  la  première  espèce.  Elles  ne  sont  donc  pas 
longitudinales,  mais  courtes  et  donnent  un  peu  l'aspect  du  dessin 
martelé  de  Pinicola.  Les  rectrices  du  côté  gauche  manquent.  Les 
pattes  et  les  doigts  sont  fonrés  comme  dans  Piniroht;  ils  ne  sont  pas 
bruns  comme  ceux  île  Carpodarus -,  pour  les  dimensions  ils  sont 
intermédiaires  entre  ceux  des  deux  espèces.  —  Cet  exemplaire  est 
réellement  remarquable  et  excite  un  vif  intérêt.  Nous  l'avons  fait 
peindre  sur  deux  faces  dillérentes.  I.e  mélange  de;  ses  caractères  a 
tellement  attiré  noire  allenlinn  (jue  nous  avons  voulu,  après  avoir 
pris  les  notes  que  l'on  vient  de  lire,  le  di'crire  une  deuxième  fois. 
Voici  nos  nouvelles  impressions  :  La  coloration  du  dos  est  bien  plus 
Carpodacus  que  Pinicola,  mais  la  manière  dont  les  taches  sont  par- 
semées indiijue  tout  à  fait  Pinicola.  Les  rémiges  les  plus  rapprochées 

(1)  Une  espèce  a  les  rémiges  liruri  cliiUain,  l'aulre  esprce  les  a  noir  châtain. 

(2)  Oans  notre  premier  examen,  nous  avions  cru  trouver  que  le  rose  de  la  tèle, 
des  joues  et  du  cou  était  plutôt  d'cimclcator.  Mais  chez  les  deux  exemplaires  c"" 
adultes  enucleator  (pie  mus  possédons,  la  couleur  rose  ne  nous  parait  point  être 
exactement  la  nu'me;  sur  l'un  ilcs  deux  elle  se  rapproche  niènio  tout  à  fait  du  rose 
piirpurens. 


ADDITIONS,    CORHECTIONS    ET   EXAMENS    D'APnÈS   NATURE  7li9 

du  rorps  se  termiiienl  \y.\r  une  bordiito  plus  claire  que  la  tciiilo 
générale  de  la  barbe,  laquelle  est  d'un  brun  foncé  assez  noir  parais- 
sant être  un  mélange  de  Cnrpodacus  et  de  Pinicola  (1).  Les  parties 
les  plus  claires  des  ailes(b(ir(iures  dos  rémiges  et  raies  transvi^rsales), 
(luoiijue  rappelant  le  dernier  type,  présentent  la  teinte  rousse  du  i>re- 
mier.  Plus  on  regarde  cet  Oiseau,  plus  ou  le  trouve  un  véritable 
intermédiaire  entre  les  deux  espèces;  à  reinar(|uer  encore  que  sous 
l'aile  la  partie  foncée  (brune)  de  ('dipodanis  est  rappelée  viveuieiit  (2). 

Nous  avons  voulu  savoir  ce  que  M.  ErnestE.  Thompson  pense  de 
l'orijiine  sauvai^e  que  l'on  atliiliiieà  son  bvluide.  ^'oici  sa  n'-ponsc  : 
«  The  deep  red  linls  Ihat  are  fouud  ou  tlie  l'iue  grosbeak,  the  Purjjle 
finch,  the  Cross  bills  and  the  European  i-innet,  are  invariably  lost  in 
cage  birds,  and  are  pcrmanonlly  succeeded  by  a  dull  yellow  or 
bronze  liiit.  The  specimeu  iu  question  bas  ail  the  deep  and  ricli  red 
tinis  of  Ihe  briglitest  plumaged  Pine  Grosbeak.  In  addition  to  this, 
the  great  difTiculty  of  gelting  Ihcse  binls  to  breed  in  confinement 
must  bc  rememi)ered,  while  the  (excellent  condition  of  this  spécimen 
shows  lliat  il  was  accustomed  to  liberty.  The  absence  of  traces  of 
cage-life  and  the  fact  Huit  it  was  witb  the  wild  birds,  that  came 
down  froni  the  north,  seem  to  indicale,  with  almost  certainly,  that 
it  was  a  wild  boru  bird  d. 

L'Oiseau  de  M.  Ernest  E.  Thouipson  vient  d'être  décrit  et  repré- 
senté dans  l'Auk  (i). 

Genre  Emberiza 

.h'NCO    HIEMALIS    et    ZONOTRICHIA    ALBICOLLIS. 

(Sf  io|i,>i  I.M-  |).  27i  Pl  p   :i'.e.  (les  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1802). 

On  se  rappelle  i|ue  cet  hybride  avait  ét(''  décrit  en  1S(>3  par 
^L  Ch.  H.  Townsend  dans  le  ((  Bulletin  of  the  Nuttal  Ornitho 
logical  Club»  (2).  M.  Wilner  Stone  en  parle  de  nouveau  dans 
l'Auk  (3).  Il  fait  savoir  que  M.  Baily,  ([ui  l'avait  obi enu,' l'a  offert 
à  l'Acaili'm'e  des  Sciences  naturelles  de  Philadelphie,  où  ou  i)eut 
le  voir  maintenant  dans  la  colleclion  des  «  local  Birds  ».  M.  Wilner 
Stoiic,  en  rernar(|uanl  que  les  caractères  des  deux  espèces  mères  sont 
mélangés  en  d'égales  i)roporlions,  le  décrit  de  la  manière  suivante  : 

(1|  Aiik.  .hiniiarv.  ISO'i.  N"  t.  Niius  ilrvons  ci  Ile  indicaliiiri  à  M.  le  rhevalirr  von 
Tscliuili  zii  Scliimiloircii. 

(2)  Vlll.  N^dAvriJ,   |.|>.  7S.I  711 

(3)  N»  3,  vol.  \,  p.  214,  llybrid  Zonolrichia. 


770  OISEAUX    HYBRIDES    HENCONTRÉS   A   L'ÉîAT    SAUVAGE 

((  The  upper  surface  aud  vvings  hâve  the  général  aspect  of  tlie  /nnn- 
trichia,  but  Ihe  black  shaft  stripes  are  narrower  and  the  rufous  is 
more  or  less  suftused  wilh  staty,  this  shade  predominating  on  tlie 
heard,  wliere  the  central  white  stripe  is  entirely  ohliterated  and 
tlie  hack  stripes  considerably  broken.  Beneath  the  pattern  of  colora- 
tion is  that  of  the  Zonolrichia,  but  the  breast  and  sides  are  of  a  darker 
slaty  hue.  The  superciliary  stripe  is  reduced  to  a  white  si)ot  i)ehind 
the  nostril  and  there  is  a  faint  dusky  maxillary  stripe.  The  outer 
most  tail  feathers  bave  the  terminal  two  thirds  white,  and  Ihere  is 
a  white  terminal  spot  on  the  iuner  web  uf  Ihe  next  pair.  » 
Une  cbromo-lilhographie  (1)  est  jointe  à  celte  description. 

Genre   Passer 

Passer  do.mesticus  X  Passer    montanus 
(Se  reporter  p.  175  ou  p.  349  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1802). 

Deux  nouveaux  hybrides  sont  à  mentionner.  Le  premier  a  été 
signalé  par  le  Rév.  Macpherson,  de  Carlisle  (2).  «  Pendant  l'été  de 
1891,  dit  le  Révérend,  un  Coq  House-sparrow  (P.  domi'stiois)  s'ap- 
paria avec  une  femelle  Tree-sparrow  (/*.  montnnus)  à  Aiglegill  où 
les  deux  espèces  se  rencontrent  fréquemment  dans  la  cour  de  la 
ferme.  Us  bâtirent  un  nid,  mais  ils  furent  bientôt  dérangés  et 
partirent.  Probablement  ils  nichèrent  quelque  part  dans  le  voisi- 
nage, car  on  aperçut,  au  commencement  du  printemps  1S02.  à 
Aiglegill  même,  un  hybride  mâle  des  deux  espèces.  Cette  obser- 
vation fut  faite  par  M.  R.  Manu.  » 

Le  Révérend  Macpherson  vit  d'abord  l'Oiseau  lorsqu'il  voltigeait 
dans  la  volière  où  on  l'avait  renfermé;  dans  ses  mouvements  il 
paraissait  être  un  Tree-sparrow  (/'.  niontinuix).  Quebiues  jours 
après,  l'Oiseau  ayant  été  tue  intentionnellement,  M.  .Macpiiersou  le 
reconnut  pour  un  véritable  hybride,  opinion  qui  était  celle  de 
M.  Richard  Mann,  et  qui  fut  partagée  ensuite  par  M.M.  Johnson, 
Thorpe,  J.  E.  Harting  et  0.  V.  .\pliu.  auxquels  le  précieux  échan- 
tillon fut  communiqué  tour  à   tour. 

Ce  dernier  ornithologiste,  l'ayant  comparé  avec  une  série  de 
peaux  des  deux  espèces,  nous  a  proposé,  à  son  sujet,  les  remarques 
suivantes:  «  Le  bec  est  celui  du  /'.  doniesticus.  mai.>  un  peu  plus 

(1)  Plate  VI. 

(2)  A.  vertebrnted  Fauna  of  Lakeland,  liy  the  Rev.  H.  A.  Maciihcrsoii.  iluz 
David  Douglas,  Edimbourg,  18!li.  Prolegomena,  pp.  iXXX  el  i.WXi. 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    ET    EXAMENS    D  APRÈS    NATUBE  771 

petil.  I,;i  tiHe  est  iiiliMmr'di.iiii'  |inr  su  forme  entre  celle  des  deux 
espèces;  les  proportions  soiil  relies  du  /'.  tiionlduiis;  la  taille  est 
partout  un  peu  plus  petite  que  celle  de  ce  dernier.  La  marque 
ipntli'fn)  delà  IfHe  est  dans  le  genre  de  eelle  de  la  niènie  espèce,  mais 
Irèsdislinete  par  sa  coloration  el  |irésenlanl  un  cachet  tout  parti 
culier.  La  nuque  est  grise,  mélangée  de  couleur  pâle  sur  la  partie 
étroite;  toutes  les  parties  supérieures,  higarr(''es  de  teinte  terne, 
dilTèrent  des  antres  espèces  sous  ce  rapport;  le  manlean  ressemble 
presfiue  à  celui  du  P.  monUtniix;  le  bas  du  dos  et  les  couvertures 
supérieures  de  la  queue  sont  plus  gris  que  les  mêmes  parties  du 
/*.  (lonirsficiis  (lequel  est  lui-même  |(lns  gris  que  /'.  moiilanux).  [,e 
bord  brun  des  ailes  est  plus  ])àle  et  plus  terne  quedans  l'une  ou  dans 
l'autre  espèce.  I^es  petites  couvertures  ont  la  grande  quantité  de 
blanc  que  l'on  voit  chez  le  P.  domi'uticiis  ;  elles  manquent  du  noir 
découvert  qui  existe  chez  le  /'.  inoiitaniiK.  Les  plus  grandes  couver 
turesuese  terminent  point  en  blanc  comme  chez  le  /'.  inontanus.  Le 
noir  sous  le  menton  et  la  gorge  excède  à  peine  en  quantité  le  noir 
de  cette  espèce,  c'eslà-dirc  que  cette  petite  |)artie.  iilutiM  brunâtre 
sombre  (juc  véritablement  noire,  est  considérablement  moins  éten- 
due que  dans  P.  (lomestiats,  car  elle  n'avance  point  jusqu'au  iiaut 
de  la  poitrine,  comme  cela  existe  chez  ce  dernier.  )> 

C'est  au  Uévércnd  .1.  G.  Tuck,  de  l'ostock  Rectory,  qu'on  doit  la 
connaissance  du  second  hybride  qui  fut  tué  le  3  janvier  18t)'t  parmi 
d'autres  ((  Sparrows  )i(l)  dans  une  cour  de  ferme,  près  de  Rury 
Saint  lùimunds. 

Le  Révérend  a  eu  la  complaisance  de  nous  envoyer  ce  rare  spé- 
cimen. Nous  l'avons  examiné  ayant  entre  les  mains  neuf  /'.  )iioi)laiiHS 
et  onze  /'.  thniii'sliriis  tués  à  diverses  é|)oques  de  l'année  et  dans  des 
contrées  différentes.  (Ces  derniers  étaient  tous  de  sexe  mâle,  sexe 
de  l'hybride;  c'est  dire  que  notre  mab'riel  de  comparaison  était  très 
sullisant  pour  faire  un  examen  profitable).  Voici  h^s  caractères  de 
l'Oiseau  soumis  à  notre  inspection  :  Vu  sur  le  dos,  il  représente,  à 
l'exception  de  la  tète,  le  P.  nio>il(i7}iii!:  la  queue  est  fort  courte,  plus 
courte,  peut-être,  (pie  chez  |)lusieurs  iiKDildtiiis  de  noti-e  collection; 
Non-seulement  le  plumage  montre  le  dessin  propre  à  celte  espèce, 
mais  il  est  aussi  du  même  ton.  L'ailt;  est  encore  de  ce  type;  car, 
en  dessous  de  la  première  barre  supérieure,  se  montre  un  liseré 
noir  ipii  suit  le  dessin  du  blanc,  tmil  comme  chez  le  P.  Mnntniiitx. 
toutefois  le  blanc  ne  paraît  pas  tout  à  fait  aussi  large  que  chez  le 
Fri(|uet,  ce  qui  rappelle  la  barre  de  l'autre  espèce.  La  tache  noire  de 

(l)  On  ninJniue  point  l'i'spt'ce  tic  Spanow. 


772  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

la  ^orge  est  presque  uniforme  de  teinte,  rappelant  encore  celle  du 
P.  montanus;  mais  elle  se  prolonge  davantage  vers  la  poitrine;  elle 
se  trouve  alors  parsemée  de  petits  traits  blancs  très  fins,  comme 
chez  le  P.  ilonirslirns.  Le  liée  n'est  gut're  plus  fort  (lue  ci'hii  du 
P.  montanus,  mais  il  est  clair  au  commencement  des  mandibules; 
cette  couleur  jaune  clair  se  répand  très  avant  sur  la  mandibule 
inférieure.  (Nous  ne  trouvons  point  cette  particularité  chez  aucun 
des  P.  montaniix  entre  nos  mains).  La  tache  foncée  de  la  joue  n'est 
point  aussi  nette  et  aussi  foncée  que  chez  le  /'.  montanus  :  c'est  un 
mélange  avec  la  tache,  bien  moins  app'irente,  du  P.  donirslinis.  Le 
blanc,  en  se  rétrécissant,  entoure  par  derrière  presque  tout  le  cou, 
formant  comme  un  collier;  (nous  ne  voyons  point  cette  particularité 
chez  l'une  ou  l'autre  espèce).  Les  parties  inférieures,  poitrine  et 
ventre,  sont  assez  foncées  (1).  Les  doigts  paraissent  très  tins;  peut- 
être  se  sont-ils  desséchés  depuis  la  préparation'.' 

Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  fait  donc  voir  que  cet  Oiseau  ressemble 
plus  au  IK  montanus  qu'au  /'.  domcsticus;  mais  si  ses  proportions 
sont  bien  conservées,  ce  que  nous  ignorons,  il  présente  parla  une 
forte  apparence  du  P.  domesticus,  quoique  la  queue  et  le  corps 
soient  courts.  Du  reste,  nous  n'avons  point  parlé  de  sa  tête;  là  se 
voit  encore  son  liybridité.  En  elïet,  le  dessus  de  celte  partie  n'est 
point  roux  violacé  à  la  manière  du  P.  montanus,  mais  il  est  gris 
mélangé  de  brun  roux,  et  le  brun  roux,  qui  reste  plus  uni,  est  du  ton 
chocolat  du  P.  rloinrsticus  formant  bande  autour  de  la  nuque.  Ajou- 
tons que  sur  la  peinture  rpii  le  représente  de  prolil,  ce  curieux 
échantillon  donne  l'impression  d'un  P.  ilomeslicns. 

Si  nous  le  comparons  de  souvenir  avec  celui  du  regretté 
M.  Lemeitteil,  dont  nous  allons  bientôt  donner  une  descri|)liou 
complète  (2),  on  voit  que  la  queue  est  beaucoup  plus  courte  ;  puis 
le  dessus  de  la  tête  (quoique  grisâtre,  on  vient  de  le  dire),  est  tacheté 
de  brun,  ce  qui  ne  se  trouve  pas  dans  l'exemplaire  de  M.  Lemeitteil. 
Mais  le  ton  du  bec  et  la  forme  de  la  tache  de  la  gorge  doivent  être 
semblables  chez  les  deux.  Eulin  tous  deux  ont  les  ailes  et  le  dos 
du  P.  montanus,  principalement  celui  de  la  collection  de  Bolliec. 

M.  J.  E.  Harting,  auquel  le  Rév.  Tuck  a  communiqué  l'Oiseau 
que  nous  venons  de  faire  connaître,  prétend  qu'il  ressort  d'une 
comparaison  entre  cet  exemplaire  et  celui  de  la  collection  Gurr.ey, 
(lequel  fut  obtenu  en  captivité)  que  l'Oiseau  sauvage  est  plus  gris  sur 
la  tète,  a  moins  de  noir  sur  le  devant  du  gosier  et  n'a  pas  la  k  black 

(1)  Ce  caractère  est  néylijieable,  lesileiix  espèces  étant  du  iiiéiiie  Ion  à  ces  enilioil.s. 

(2)  Ce  qui  n'avait  point  élo  fait  dans  notre  premier  mémoire. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    D'aPRÈS   NATURE  773 

(•liofk  patch  )i  si  bii'ii  délluie.  M.  (iurney  s'est  livré  aux  nuMnes 
(■iiin|jaiaisous  :  ((  My  bird  siiew  tlu;  ciicck  patch  of  hhick  more  Uiaii 
Hev.  Tiicks.  This  hisl  lias  no  so  inucji  Lhick  ou  the  throat  as 
iiiioe.  »  Aiusi  l'Oiseau  de  M.  Tucks  est  i)ieii  connu  ;  il  a  été  eu 
outre  montré  à  Lord  LilTord  lorsqu'il  était  en  chair  ;  puis  à  dillé 
rentes  sociétés:  l"àla  Norfolk  and  Norwich  .Naluralisl's  Society  (1)  ; 
2."  à  un  nieeliui;  de  la  Société  Linnéeune  de  Londres,  où  il  a, 
liaraît  il.  attiré  l'alloulioQ  des  membres  présents  (2). 

Ayant  été  autorisé  à  faire  peindre  réchantillon  de  la  collection 
de  feu  .M.  Lemeitteil,  nous  avons  prolité  de  la  perniissiou  qui 
nous  était  donnée  pour  examiner  de  nouveau  cet  exemplaire, 
(|ue  nous  avons,  (nous  devons  l'avouer),  découvert  encore  cette 
fois  avec  assez  île  peine  parmi  les  l'asarrrs  de  celle  collection, 
où  aucun  des  Oiseaux  n'est  étiquelé.  Nous  nous  sommes  môme 
trouvé  quelque  peu  hésitant  à  son  sujet.  Les  caractères  mé- 
langés n'éclatent  donc  point  au  premier  (^ou|)  d'ieil.  Néanmoins, 
lorsque  nous  l'avons  eu  en  notre  possession,  l'ayant  comparé  aux 
peaux  nombreuses  des  deux  espèces  que  nous  conservons,  nous 
avons  cru  reconnaître  ses  signes  d'hybridité.  Vu  de  dos,  en  ellet, 
il  donne  parfaitement  l'aspect  du  monUmus  par  sa  teinte  brun  ver- 
dàlre  (le  ilomesticiis  est  roux  sur  les  mêmes  parties);  tandis  que  vu 
de  face,  le  contraire  se  produit:  l'Oiseau  [larait  tout  à  fait  iloiiics- 
ttcns.  Il  a  presque  la  taille  de  cette  espèce  à  la(]uelle  il  ressemble 
le  plus.  Sur  les  joues,  les  deux  taches  noires  du  ntoittniiis  sont  un 
peu  ellacées.  Le  roux  de  la  tète  (qui  couvre  la  tète  du  inuiitanus) 
n'a|q)araît  plus  que  sur  le  côté;  sur  la  nuque  toute  la  partie  plate, 
encadrée  par  ce  roux,  est  lavée  complètement  de  giis,  comme  chez 
le  (loini'Slicus.  Le  roux  existant  plus  bas  n'est  pas  le  roux  violacé 
propre  au  iiionlaniis,  c'est  le  roux  rouge  du  (lonicslinis.  La  tache 
noire  de  la  gorge  s'avance  eu  descendant  vers  la  poitrine  et  se 
mélange  avec  le  blanc  ;  le  noir  se  trouve  ainsi  comme  piqueté  de 
blanc,  l'appelant  liicn  ilonirslirus.  Il  nous  a  été  ililhcile  de  délinir  la 
petite  ou  première  barre  de  l'aile;  elle  nous  a  paru  plutôt  nuinlanus, 
car,  dans  sa  i}artie  supérieure,  elle  est  bordée  ou  frangée  de  noir. 

Nous  avions  dit,  lors  de  notre  premiei'  examen,  que  le  bec  pré 
sentait  un  petit  espace  jaune  au  début  de  la  mandibule  inférieure, 
et  qu'il  était  de  couleur  corne  Chez  tous  les  niontaniis,  que  nous 

(1)  Voy.  le  Zoologist,  |>.  III,  N°  de  Mais  l«'.H. 

{i)  Tlie  Naluialist's  .lournul,  vol.  II,  N»  ii,  .Apiil  IS'.li,  p.  likl.  (Communication 
(lu  Hévérend). 


774  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

possédons,  le  bec  est  profondémeut  noir  dans  tontes  ses  parties. 
Nous  croyons  donc  que  le  bec  de  l'hybride  de  .M.  Leineilteil 
représenterait  plutôt  le  bec  du  P.  (Idineslictis,  lequel  bec  est  assez 
variable  de  ton. 

Nonobstant  les  réflexions  que  nous  venons  de  faire,  la  pièce  eu 
question  est  un  excellent  intermédiaire  entre  les  deux  types  et, 
bien  examinée,  elle  accuse  des  caractères  qui  font  fortement  soup- 
çonner chez  elle  une  double  origine. 

M.  Keulemans  nous  a  fait  savoir  que,  dans  sa  jeunesse,  il  avait 
possédé  vivants  plusieurs  hybrides  du  même  genre.  D"après  lui  les 
hybrides  du  Passer  cnlfidris  cT  et  /'.  nionlintns  9  étaient  autrefois 
très  communs  dans  les  environs  de  Rotterdam  et  de  Gonda,  en 
Hollande.  Maintenant,  les  lacs  étant  desséchés,  les  deux  espèces  an 
s'y  rencontrent  plus.  Les  Moineaux  de  l'espèce  vulgaris  s'attachent 
de  préférence  à  la  ville,  tandis  (|ue  les  Friquels  {monlaniis)  se  sont 
retirés  dans  d'autres  localités  marécageuses.  S'il  ne  se  trompe,  ou 
conserve  deux  ou  trois  exem|)Uiires  au  Musée  des  Pays-Bas  à  Leyde. 
Mais  c'est  en  vain  que  le  1)''  Jentinck  a  fait  chercher  pour  nous  ces 
Oiseaux.  Sou  conservateur,  M.  BuLlikofer  a  parcouru  avec  alteutiou 
toute  la  collection  des  Passeres  et  n'a  rien  trouvé  de  semblable. 
Pour  le  docteur  de  tels  hybrides  n'existent  pas  dans  la  collection 
qu'il  dirige. 

Nous  avions  dit  (1)  (|ue  uous  avions  obtenu  en  captivité  des 
hybrides  du  P.  ))ioitta)ius  cf  et  du  P.  duinestu-iis  $;  tout  au  moins 
qu'ayant  abandonné  dans  uue  vaste  volière  ces  deux  parents,  nous 
nous  étions  aperçu  un  jour  de  la  présence  de  quatre  jeunes.  Nous 
ignorions  alors  que  le  /'.  ntotilnnus  était  un  habitant  de  notre  contrée; 
nous  ne  pouvions  donc  soupçonner  l'eutrée  de  jeunes  de  cette  espèce 
dans  la  volière  où  étaient  retenus  les  deux  vieux  spécimens.  Mais, 
depuis,  nous  avons  rencontré  fréquemment  le  P.  montanus,  non- 
seulement  sur  les  routes  et  dans  les  champs,  mais  même  dans  la 
cour  près  de  laquelle  sont  édiliées  nos  volières.  Comme  aucune 
dilïérence  appréciable  n'existe  entre  les  caractères  des  deux  jeunes 
hybrides  supposés  et  les  caractères  de  P.  ntotitanus  pure  espèce, 
nous  pensons  aujourd'hui  (ju'il  n'y  a  eu  aucun  mélauge  chez  les 
deux  individus  retenus  eu  captivité.  Ainsi  très  probablement 
n'avions  nous  alîaire  qu'à  de  jeunes  P.  montanus  s'étant  introduits 
(à  cause  de  leur  petitesse)  à  travers  les  mailles  des  grillages  dans 
le  parquet  où  ils  furent  vus. 

(1)  p.  277  ou  p.  3a!  des  Méni. 


ADDITIONS,     COBRKCTIONS    ET    EXAMENS   D'APHÈS   NATURE  773 

Entre    deux    Genres 

EUSPIZA    LlITEOL.\(l)    et     PASSER    INDICIIS  (2) 

.M.  Zaroiulmpï,  (lu  corps  des  Cadets,  nous  écrit  do  Pskow  (Russie) 
que  pendant  l'annéf  de  i892  il  eut  la  bonne  fortune  de  trouver  un 
nid  avec  des  œufs  d'Euspizu  luleola  9  X  l'assi'r  indicus  cT-  Nous 
croyons  que   les  parents  furent  aperçus  près  du  nid  par  réini 
nent  naturaliste. 

Famille  des  Tanagridœ 
Genre   Pyranga 

l'inANGA    nUBHA    et    PiRANGA    ERYTHROMELAS 

M.  il.  liidgway  a  iiieo  voulu  nous  informer,  à  la  date  du 
20  décembre  lM!l:i,  qu'il  avait  reçu  deruièremeul,  pour  l'examiner, 
un  nouveau  produit  fort  intéressant,  et  le  premier  du  genre  :  un 
hybride  entre  l'ivaiKja  nihra  et  /'.  crj/tliromelas,  un  mâle,  ((  in  nearly 
full  plumage  »,  combinant  dans  d'égales  proportions  les  caractères 
des  deux   espèces  parentes. 

M.  R.  Ridgway  l'a  fait  peindre  pour  nous.  En  nous  adressant 
la  peinture  il  a  cru  dtîvoir  nous  faire  remarquer  (|u'elle  est  de  la 
taille  exacte  de  l'original  (les  mesures  ayant  été  prises  1res  scrujju- 
leusemenl),  mais  que  sans  doute  elle  nous  paraîtrait  trop  grande 
par  suite  d'une  confusion  facile  à  établir  entre  l'un  des  parents  de 
cet  hybride  et  une  autre  espèce  qui  jiorle  le  même  nom.  Le  /'.  ery- 
tliroiuclas,  nous  fait-il  observer,  n'est  pas  la  petite  espèce  de  l'Ainé- 
ri(iue  centrale  appelée;  /'.  erulhroim'lœim  par  Sclater  el  par  d'autres 
ornithologistes,  mais  l'espèce  de  l'Ainériiiue  du  Nord  nommée 
autrefois  /'.  ruhra,  Tanafira  rubia  Liun.  17(jG,  (nec  FrimjUla  rulira 
Linn.  IToX),  puis,  jjIus  tard  ])ai'  N'ieillol,  Vinmija  rnjlln-oini-lax,  soit 
en  ISIi),  c'esl-i'i-dire  douze  années  avant  que  Liclileiisiciu  appliiiuàt 
le  iiDiii  de  Tanaijra   rnitliromclas  à  l'espèce  de  l'.\m(''ri(|ue  i-cnliale. 

Les  trois  espèces,  en\el()ppées  dans  celle  confiisinn  de  noms,  sont 
les  sui\anlt's  ;  les  réfi'-reuces  (|ue  M.  Hidway  a  la  complaisance  de 
de  nous  indiquer  aideront  à  les  bien  distinguer: 

I.    l'iraïujii  riilir(t{C,niv\).  =  Fri)iijilla  nilini  Linn.  i».  .'V.   éd.   10, 

(I)  Ou  Loxia  Jlavicans  ou  Emberiza  luleola. 

ii)  Ou  cuioie  Loxia  Jlavicans,  (2).  ou  /'.  domesUcus,  Blylli.,  l'yrgita  domes- 
tica.  Ur. 


77G  OISEAUX   HYBRIDES    nENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

i.  1758.  181.  Viraïuja  n</r/a  Vleill.  Ois.  Am.  Sept.  i.  1807,  p.  IV. 
Tanayra  aestiva  (!mel.  S.  A'',  i.  1788,  889.  l'ipaiiya  uestha  Vieill. 
N.  L).  XXVIII,  291.  —  Sel.  et  Auclorum  plurimoruin. 

2,°  Piranga  leucuptera  Trudeau  =  Tanai/ra  eyylhroinelax  Liclil. 
PreisVerz.  1831.  ii»  (19  (iiec  PIranga  eiiitln-oiiielas  Vieill.,  1819!) 
Pyramju  erythromelaena.  Sel.  et  Auctoruiii.  Pijrunga  leucopteia  Tru- 
deau, Jouru.  Acad.  nat.  sei.  l'hil.  Vlll  1837.  KiU. 

3"  Piranga  crytliromelas\ie\\\.=  Tanagra  rubra  Linn.  S.  A',  ed  12, 
i.  1766,  314  (nec  Fringilla  rubra  Linn.  1758  !  )  Pi/ranga  rubra  Swains, 
North  zoul.  ii  p.  273,  Sel.  et  Auctoruni  plurimoruin.  Piranga  erythro- 
melas  Vieill.  Nouv.  Dict.  XXViii,  1819,  293  (nec  Sel.  et  Aueloruni  !) 

Nous  reproduisons  ces  explications  à  cause  de  futilité  quelles 
peuvent  avoir.  Ayant  demandé  en  Amérique  les  deux  espèces  pures, 
afin  de  pouvoir  nous  livrer  à  un  examen  profitable  de  l'hybride, 
nous  avons  reçu  plusieurs  écliantillons  P.  eruthronwlas  de  taille 
considérablement  plus  petite  que  celle  de  l'hybride,  tel  qu'il  est 
représenté  sur  l'aquarelle.  Nous  craignons  vraiment  que  la  taille 
de  ce  dernier  ne  soit  exagérée  sur  la  peinture.  Nous  piélérons 
lionc  nous  abstenir  de  le  décrire  nousméme;  nous  nous  conten- 
terons de  reproduire  la  description  qui  a  été  faite  dans  r.\uk, 
en  1893,  par  M.  L.  M.  Me.  Cornick  (1).  Cette  description  est  la 
suivante  :  «  The  bill  is  rather  thicker  than  in  /*.  i-rylliromelas, 
but  uot  so  long  as  in  P.  rubra,  with  the  médian  notch  ot  the  upper 
niaudible  well  developped.  The  wiugs  are  rusly  black.  the  primaires 
are  edged  with  red  on  the  ouler  web,  while  the  seeondaries  and 
coverts  are  vvashed  with  brick  red,  giving  the  whole  wing  the 
appearanee  uf  having  been  brusheil  over  with  a  water  eolor  of 
reddish  yelluvv.  The  lail  is  marked  iu  the  same  nianner,  but  with 
more  of  the  appeaianee  uf  having  been  ilipped  in  the  red  slain,  as 
the  wbole  web  of  eaeh  (eather  is  tinged  more  deeply  on  the  outer 
than  on  the  inner  web  and  at  the  base  than  at  the  tip.  The  body  has 
the  scuv]e[  c()\or  ol  P.  ergtliroinclas  witii  no  trace  of  the  vermillon 
of  /'.  rubra,  thougb  Ihere  is  a  little  of  the  bi'on/.e  of  inimaturily  on 
the  nape  of  the  neek  and  ot  the  belly.  lu  a  séries  of  about  tliirty 
spécimens  of  P.  l'rythroniclas  Ihere  is  no  trace  of  the  reddish  wasli 
on  the  black,  though  seveval  show  red  feathers  among  the  black 
coverts.  The  characters  of  P.  erytbromelas  are  the  stronger  on  the 
whole,  as  might  be  expected,  as  it  seems  the  hardier  bird  of  the 
two. 

«  Measurements  show  that  it  is  intermediate  in  size  between  the 

(1)  Voy.  leN"  de  Juillet  p.  302. 


ADDITIONS,    COIUŒCTIONS    ET    EXAMKNS    D  APRES   NATUnE 


777 


two  si)t'(i('s  )i.  M.  C.ornick  doiiiu'  les  mesurés  suivantes  en  se  ser- 
vant (lu  Manuel  île  M.  Ridgway  comme  eomparaison. 


1 

Aile 

Queue 

Citlmen 

llyliiid       .      .      . 
1'.  nihiM  .     .     . 
F.  erjiliioiiielas. 

3.90 

3.5i;-:J.95-(3.69) 

3.55.-3.90 

2.85 

2.F0-3.15  (2.99) 

a.IrO.  3. '25 

(ÎO 

82.90  (80). 

;i;)-GO. 

Nous  avons  (Iciiiandé  à  M.  Ridgway  si  cette  ]iièce,  aujourd'hui 
au  Musc'e  de  W'ashinglun,  avait  été  prise  à  l'état  sauvage;  il  nous 
a  répondu  par  l'alliruiative.  Nous  supposons  que  c'est  à  Oinaka, 
Nehraska,  ([u'elle  a  été  ohtenue,  le  20  mai  1892,  par  M.  Léonard 
Skow.  Cette  indiciilion  parait  être  donnée  sur  l'aquarelle  que 
M.  Ridgway  nous  a  adressée.  —  M.  Worthea,  naturaliste  à  VVarsau, 
(celui  (|ui  nous  a  fourni  nos  pièces  de  comparaison),  nous  écrit 
(|u'il  n'a  jamais  entendu  parler  de  Tanagers  vivants  ou  nés  en 
cai)tivité;  il  ne  pense  point  qu'un  tel  élevage  puisse  être  tenté 
avec  succès.  Les  deux  es[)èces  parentes  sont,  ajoute  t-il,  délicates 
et  iucapaldcs  de  demeurer  dans  ces  parages  [)endant  la  froide 
saison.  —  On  peut  donc  supposer  qu'il  s'agit  bien  ici  d'un  Oiseau 
ayant  une  origine  sauvage.  Un  croisement  entre  les  deux  types 
en  question  ne  pai'ait  pas  du  reste  invraisendilable,  car  ils  sont 
très  proches  iiarents  :  c'est  l'excès  de  tonalité  chez  l'un,  /'.  eiythro- 
melas,  cjui  le  différencie  de  son  congénère. 

Camille  des  Muscicapidce 
Genre  Rhipidura 

RhIPIDURA    FLABELLIFERA    X    RhIPIDURA    FULIGINOSA 

(Se  icpoilcr  p.  280  ou  p.  302  des  M(^in.  de  la  Soc.  Zool.,  1892). 

M.  Me.  Léan,  de  la  Waikaliustation  (1),  a  fourni  de  nouveaux  et 
d'intéressants  détails  sur  le  croisement  de  la  liliiijidura  fiiUyinosa 
et  de  la  H.  llubeUifera  (2). 

Dans  la  matinée  du  17  avril  1892,  se  trouvant  au  bas  d'une 
colline  escarpée  du  district  de  la  Poverty  Bay,  où  il  conduisait  son 
cheval,  il  aperçut  une  «  Dark  Fantail  »  {Khipidura)  qui  passait 
devant  lui  et  se  dirigeait  vers  un  petit   fourré  d'arbustes.  Il  la 

(!)  Tekarak  a  Gisl)orne,  New  Zeland. 
(2)  Voy.  Ujis,  1894,  p.  100. 


778  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

suivit  avec  attention,  et  lorsqu'elle  fut  arrivée  dans  le  buisson  il 
l'aperçut  voltigeant  dans  le  lias  des  ljrancliaij:es.  L'Oiseau  s'étant 
posé  à  trois  pieds  en  face  de  lui,  il  crut  le  reconnaître  pour  appar- 
tenir à  l'espèce  fuliijinosa ,  les  marques  blanches  (the  white  car 
spots)  semblaient  exister  sans  cependant  se  montrer  très  distincte' 
ment.  M.  Me.  Lean  préféra  ne  point  le  considérer  longtemps  et 
courut  aussitôt  chercher  son  fusil  dans  l'espoir  de  l'obtenir  et  de 
l'examiner  tout  à  son  aise.  Malheureusement,  i)endant  les  vingt 
minutes  que  son  absence  forcée  avait  duré,  1  Oiseau  était  parti  ou 
s'était  caché;  il  ne  put  être  reti(juv(''  dans  cet  endroit  tout  couvert 
de  Fougères  et  de  Manukos. 

Après  dix-sept  mois,  M.  Me.  Lean  cru  le  revoir  dans  un  buis- 
son de  rangiera,  sur  le  sommet  d'une  colline  distante  environ  d'un 
mille  de  l'endroit  où  il  l'avait  observé  pour  la  première  fois  en 
1892.  Ce  buisson  était  en  fleurs  et  sans  doute  rempli  par  une 
grande  quantité  d'insectes. 

Lorsque  M.  Me.  Lean  se  fût  approché,  la  petite  bête  s'envola  vers 
le  bas  de  la  colline,  où  elle  disparut  dans  un  autre  buisson.  Elle  y 
fui  rejointe  bientôt  par  le  chasseur  qui  l'aperçut  cette  fois  accom- 
pagnée d'une  ((  Pied  Fantail  »  avec  laquelle  elle  prenait  ses  ébats. 

Tout  à  coup,  poursuivie  par  cette  dernière,  elle  s'éleva  au-dessus 
des  buissons.  M.  Me.  Lean,  après  (|uelques  instants  de  recherches, 
trouva  la  k  Pied  Fantail  »  dans  un  arbre  où  un  nid  de  Fantail  avait 
été  construit  ;  mais  il  n'aperçut  nulle  part  à  l'entour  l'Oiseau  noir. 

Après  cependant  avoir  bien  cherché,  il  crut  apercevoir  au-dessus 
du  nid  la  queue  d'un  tiobe-Mouches  qui  n'était  point  de  l'espèce 
flabellifera.  Il  secoua  alors  l'arbi-e  pour  déterminer  un  mouvement 
chez  celui-ci;  mais  la  bête  ne  bougea  pas.  M.  Lean  prit  donc  le  parti  de 
monter  à  l'arbre  et  vit  que  c'était  une  fuliginosal. . .  Deux  œufs 
avaient  été  pondus  dans  le  nid.  M.  Me.  Lean  ne  sait  comment 
rendre  le  sentiment  de  surprise  qu'il  éprouva  alors. 

Il  était  en  eflet  en  présence  d'un  appariage  de  deux  espèces  :  les 
parents,  le  nid,  les  œufs  étaient  là.  Ce  fut  avec  beaucoup  de  regret 
qu'il  tua  la  paire  d'Oiseaux  et  qu'il  emporta  le  nid  et  les  œufs  qui 
paraissent  être  couvés  depuis  cinq  à  six  jours  environ.  Par  la  dissec. 
lion  il  reconnut  que  la  Fantail  bariolée  était  une  femelle  R.  fttligi- 
nosa  en  plumage  parfait;  hi  ftabclli fera  avait  le  plumage  un  peu  usé. 

Complétant  son  observation,  M.  Me.  Lean  ajoute  qu'il  a  visité 
beaucoup  de  nids  de  Fantails,  mais  qu'il  n'a  pu  trouver  de  dilïérence 
entre  les  nids  des  /{.  Ilabellifera  et  ceux  des  li.  juUginosa.  11  n'a 
jamais  vu  les  œufs  de  la  Hhipidura  fuliginosa  du  sud  de  l'ile  ;  il  croit 


ADDITIONS.    CORRECTIONS    KT    EXAMKNS    d'aPRÈS   NATURE  77!) 

que  ceux  (lu'il  ;i  tiouvés  sont  li'une  couleur  plus  riche  que  ceux  de 
la  /{.  ftuhcllifcra,  les  taches  étant  d'une  teinte  plus  ixiurprc,  tandis 
que  sur  les  œufs  de  l'Oiseau  liariolé  les  taches  sont  hiunàtrcs. 

Les  croisements  dont  avait  |)aii(''  M.  Potls  s'étaient  produits  dans 
les  îles  du  sud.  La  l(.  fuliçjmma.  oliservée  cette  fois,  parait  s'être 
écartée  de  sa  demeure  haliitwolle  en  venant  dans  le  nord  de  l'Ile  de 
la  colonie.  Si,  comme  le  croit  M.  Me.  Lean,  elle  y  a  demeuré  pendant 
plus  de  douze  mois,  elle  a  dû  déjà  s'y  croiser  ;  cependant  aucun 
Oiseau  présentant  un  mélange  des  caractères  des  deux  espèces  n'a 
encore  été  oliservc". 

L'intérêt  de  l'appariage  eu  (jucstion,  constaté  de  vifu,  n'échap- 
pera à  personne. 

l'a  m  il  II'  des  Hii'undinidœ. 
Genre  Hirundo 

HiRUNDO    RUSTICA    et    HiRUNDO    URBICA 
(Se  reporter  p.  2',I2  ou  p.  ;<07  des  Mi'iii.  de  lu  Soc.  Zool.,  1892). 

((  iM.  le  prof,  ("ligliogli  nous  a  adressé  un  nouvel  échantillon  que 
M.  S.  Boidi  vient  de  doimer  au  Museo  dei  Vcrlchrati  de  Florence, 
(let  échanlilloii  a  t'Mé  tué  au  fusil  dans  les  environs  de  Senigaliia 
(près  Ancone),  le  l*'  mai  1884.  11  avait  été  pris  pour  un  exemplaire 
li'lliruiido  nifnlu  et  c'est  à  ce  titre  (]u'il  a  été  envoyé  à  M.  (liglioli. 

Cet  Oiseau,  ((ui  tigure  sous  le  n°  3278  de  la  collection,  a  le  bec 
long  et  de  la  forme  de  1'//.  rustica;  le  devant  du  front  est  un  peu 
détérioré,  mais  on  croit  i(ouv<tir  reconnaître  ([u'il  était  teinté  de 
roux  hrun  comme  chez  rusticd,  on  voit  la  trace  de  cette  couleur. 
La  gorge  est  roux  très  clair,  l'indication  du  collier  noir  de  rustica 
est  très  visilde;  ce  collier  est  rajipelé  par  une  teinte  grise  un  peu 
roussûlre,  tachetée  cà  et  là  de  marques  noires.  Le  hlanc  du  ilessous 
du  corps  est  légèrement  sali,  lavé  de  roux,  notamment  lors([u'on 
approche  de  la  (|ueue  dont  les  ctmverlures  inférieures  montrent 
le  mélange  encore  plus  accentué.  Ce  gris  hlanc  devient  comme 
violacé  sous  les  ailes  (à  la  i)lace  (|u'()ccupe  le  roux  de  rustica);  c'est 
un  mélange  évident  tlu  gris  hlanc  ilurhica  et  du  roux  de  rustica.  Le 
bleu  des  parties  supérieures,  tête,  dos  et  couvertures  des  ailes,  est 
d'un  Ion  ardoise  très  hrillant  se  ri'pandant  jusijue  et  même  au- 
delà  du  croupion,  lequel  .se  trouve  blanchâtre,  mélangé  de  roux 
et  tacheté  de  hrun  sale  p.ir  places.  La  longueur  des  ailes  est  celle 


780  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

des  ailes  du  rustica;  les  rectrices  les  plus  extérieures  ne  se  pro- 
longent pas  en  filets,  elles  dépassent  seulement  les  autres  pennes. 
La  queue  néanmoins  se  trouve  écliancrée  et  plus  longue  que  chez 
urbica;  mais  il  n'existe  aucune  trace,  sur  les  barbes  intérieures, 
de  taches  blanches  à  la  manière  de  rustica.  Les  trois  rectrices  les 
plus  extérieures  (1)  sont  seulement  lavées  quelque  peu  de  blan- 
châtre rappelant  les  taches  blanches.  11  est  facile  de  voir  que 
celte  Hirondelle  est  adulte  ;  aucun  doute  ne  peut  exister  à  ce  sujet  : 
on  n'aperçoit  en  ellet  aucune  trace  des  bordures  ou  liserés  blancs 
le  long  des  pennes,  ce  qui  caractérise  le  jeune  âge. 

Cette  pièce,  fort  intéressante,  plus  ntstica  ({u'iirbica,  doit  à  l'in- 
fluence de  cette  dernière  espèce  :  1°  l'afiaiblissemeut  du  roux  du 
collier  noir,  2»  la  suppression  des  taches  blanches  sur  les  barbes 
intérieures  des  jiennes  de  la  (jucue,  3»  la  teinte  blanchâtre  sale  du 
croupion  et,  4"  dans  sa  forme,  le  raccourcissement  des  deux  rectrices 
les  plus  extérieures.  Les  caractères  mélangés  se  trouvent  doue  chez 
elle  très  visiiiles  et  indiquent  une  hyitridation.  En  outre,  il  nous  a 
semblé  apercevoir  sur  les  tarses  quelques  restes  des  petites  plumes 
blanches  A'urbica. 

M.  le  prof,  (iiglioli  ne  s'est  jias  tenu  à  ce  gracieux  envoi;  avec 
une  extrême  bienveillance  il  nous  a  letourné  sur  notre  demande, 
pour  un  deuxième  examen,  l'Hirondelle  capturée  à  Bari.  Nous 
avons  trouvé  utile  de  i-evoir  les  hybrides  dont  nous  nous  étions 
occu[)é  à  un  moment  où,  comme  nous  le  faisions  savoir,  notre 
matériel  de  comparaison  n'était  pas  très  complet  et  où,  aussi, 
nos  connaissances  ornithologiques  n'étaient  point  aussi  étendues 
qu'elles  le  sont  maintenant.  L'exemplaire  du  Musée  de  Florence  ne 
nous  avait  point  paru,  du  reste,  atFirmer  son  origine  mélangée 
aussi  clairement  que  nous  trouvions  l'hybridité  atlirmée  chez  les 
autres  spécimens  reçus.  Nous  nous  sommes  donc  livré  à  un  nouvel 
examen  et,  en  présence  de  vingt-neuf  échantillons  des  types  purs, 
rassemblés  depuis  nos  premières  éludes,  (quinze  du  type  urbica 
et  quatorze  du  type  ruslica),  nous  avons  fait  les  comparaisons  et 
pris  les  notes  suivantes  (2)  : 

Chez  tous  les  exemplaires  rustica  entre  nos  mains,  jeunes  ou 
vieux,  le  roux  de  la  gorge  est  très  largement  encadré  de  noir;  chez 
deux  seuls,  dont  l'un  cependant  paraît  pleinement  adulte,  cette 
large  bande  noire  est  moindre,!plus  pâle  ou  mélangée  de  roux.  Or, 

(1)  Notamment  les  iieu.\  premières. 

(2)  Ces  vingt-cinq  oelianlillons  sont  des  deux  sexes,  ont  été  obtenus  dans  des 
contrées  diverses  et  sont  euliu  de  diUérents  âges. 


ADDITIONS,    COURECTIONS    RT    EXAMENS   D'APnÈS   NATUHE  781 

l'Hirondelle  de  Biiri  ne  porto  que  de  très  faibles  traees  de  ce  eollior 
on  liaiide  noire;  c'est  à  peine  si  on  aperçoit  sur  son  devant  deux  on 
trois  petites  plumes  noires;  sur  les  côtés  ces  plumes  sont  un 
peu  plus  nomhreuses.  L'Oiseau  ayant  été  tué  ou  capturé  au  mois 
d'avril  doit  être  adulte;  il  est  cependant  assez  petit  de  tailii'.  Sur 
les  tarses,  on  n'aperçoit  nulle  trace  du  fin  duvet  dont  nous  avait 
entretenu  M.  Oiglioli,  traces  visibles,  paraît  il,  au  moment  du  mon- 
tage. L'aile  est  tout  à  fait  de  la  longueur  de  celle  de  rusiira,  par 
conséquent  plus  courte  que  celle  iViirbica. 

Ce  qui  nous  a  frappé  particnlièremenl  chez  cette  Hiiondelle,  c'est 
la  manicre  vague,  indécise,  dont  les  taches  blanches  des  rectrices 
sont  iniliqnécs  sur  la  barbe.  Que  l'on  examine  r»sf/crt  adulte  on  à 
la  sortie  du  nid,  les  taches  i)lanches  sont  toujours  bien  nettement 
délimitées.  Chez  les  adultes  ces  taches  se  trouvent  très  développées 
et  forment,  sous  la  queue,  comme  une  barre  ti'ès  large,  légèrement 
en  forme  d'arc  ou  de  croissant.  Chez  l'individu  soumis  à  notre 
examen,  les  deux  rectrices  les  plus  extérieures  portent  seules  ces 
taches  et  môme,  chez  les  deux  rectrices  suivantes,  ces  taches  ne 
sont  indiquées  que  par  un  point.  Puis  les  rectrices  les  plus  exté- 
rieures, tout  en  étant  i)lus  longues  que  chez  url>ira,ne  .se  prolongent 
point  autant  et  aussi  linoment  que  chez  nisiira;  l'échancrure  de 
la  queue  reste  néanmoins  très  prononct'e. 

Dans  notre  matériel  de  comparaison  se  trouvent  jjréci.sément 
trois  échantillons  ((/7;/(Y/  qui  ne  sont  point  coMq)l(''lcment  adultes; 
ils  montrent  les  rectrices  les  plus  exti-rieures  dans  un  état  d(! 
développement  inconii)let,  par  là,  par  conséquent,  ressemblant 
beaucoup  à  l'Hirondelle  su|)posée  hybride.  Mais  chez  eux  les 
médianes  seraient  plus  longues  que  celles  de  celte  dernière. 
On  trouverait  donc  là  un  point  de  différenciation  dans  le  système 
d'accroissement  de  ces  plumes,  lequel  point  pourrait  j)eut-élre  être 
imputé  au  mélange  que  l'on  présume?  Voici  ce  cpie  nous  avons 
cru  observer  :  à  mesure  que  les  rectrices  les  plus  extérieures 
(Viirhira  se  prolongent,  les  intérieures  semblent  se  raccourcir;  tout 
au  moins  lorsque  l'on  com|)are  des  individus  tout  à  fait  adultes 
à  des  individus  moins  avancés,  on  croit  voir  chez  les  premiers 
les  rectrices  intérieures  plus  longues.  Reste  à  savoir  si  le  caractère 
que  nousdécrivons  existe  en  réalité  ;  il  peut  se  faire  f(ue  les  couver- 
tures de  la  queue  chez  les  jeunes  urbica  ne  s'avancent  point  sur  les 
rectrices  de  la  queue  autant  que  chez  les  vieux  exemplaires.  De  là 
viendrait  l'apiiarence  (jue  nous  signalons. 

Mais,  ce  qui  nous  indique  que  nous  ne  devons  point  avoir  affaire 


782  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

à  un  jeune  inrllvitlu  rustica  n'iiyant  pas  encore  atleint  le  complet 
développement  de  ses  recirices  les  plus  extérieures,  c'est  qu'on 
remarque  chez  les  spécimens  rnstica  adultes  de  notre  collection 
une  légère  frange  de  grisâtre  sur  les  rectrices  et  les  rémiges.  Or, 
ceci  n'existe  ni  sur  les  adultes,  ni  sur  l'hybride.  Une  seule  de  nos 
urhica  montre  aux  rectrices  une  frange  légère,  mais  le  plumage  de 
cet  Oiseau,  qui  n'est  point  vivement  bleuté,  se  présente  comme 
anormal. 

L'Hirondelle  de  Bari  est  donc  certainement  adulte,  et  si  ses  rec- 
trices les  plus  extérieures  n'ont  point  atteint  un  dével()|i]H'ment 
aussi  grand  que  celui  des  plumes  correspondantes  (Vnrhicn,  il  paraît 
impossible  d'imputer  à  l'âge  cette  dissemblance  qui  est  ]iliit(H  le 
résultat  d'un  croisement.  En  outre,  on  a  signalé  du  blanc  s  de  sur 
le  croupion;  le  bec  lui-même  n'est  point  complèfenient  de  l'usdcn. 
(On  sait  qu'urbica  a  le  bec  plus  court  que  celui  de  <'elte  dernière 
espèce  et,  chez  elle,  la  mandibule  supérieure  esl  plus  élcvt'e  qu'elle 
ne  l'est  chez  l'autre  espèce,  à  sa  naissance).  Enfin,  nous  jicnsons 
nrbica  plus  petite,  plus  courte  de  corps  que  rustica,  et  l'exemplaire 
du  Musée  de  Florence  est  plus  court  de  corps  que  ce  dernier  type. 

En  somme,  si  cet  Oiseau  n'indique  point  d'une  façon  absolue 
son  hybridité,  il  la  laisse  sou|)çonner  dans  une  large  mesure. 

L'exemplaire,  appartenant  à  M.  Tancré  d'Ancklam,  a  été  aussi 
revu  et  peint,  comme  l'ont  été  les  deux  dernièies  Hirondelles 
hybrides.  Nous  avions  dit  que  cet  Oiseau  était  un  interméiliaire 
très  bien  carartérisé.  Sans  nier  aucunement  la  double  origine  que 
nous  lui  supposons  et  qui  paraît  assez  probable,  nous  ne  voudrions 
point  cette  fois  être  aussi  affirmatif  que  nous  nous  étions  montré 
dans  notre  première  publication.  Nous  ignorions,  en  etTet,  au 
moment  de  notre  premier  examen,  qu'il  existait  des  nrbica  dont 
les  parties  blanches  de  dessous  sont  fortement  teintées  du  roux 
propre  à  rustica.  M.  Odoardo  Ferragni,  de  Crémone,  nous  a  envoyé, 
à  notre  grande  surprise,  un  sujet  telot  de  la  sorte;  ce  sujet  ne  pou- 
vant être  par  aucun  autre  caractère  différencié  d'une  vraie  iirliira 
normale,  ne  saurait  être  déclaré  hybride.  Ce  n'est  point  pour 
M.  Odoardo  Ferragni  la  première  fois  qu'une  telle  coloration  se 
présente  chez  urbica.  Celui-ci  se  rappelle  avoir  vu  autrefois  des 
jeunes  de  cette  esjièce  avec  le  ventre  el    le  croupion  roussàtres. 

On  ne  sera  donc  pas  étonné  si  nous  redoublons  d'attention  dans 
l'examen  des  pièces  tenues  pour  hybrides  et  si  nous  les  décrivons 
si  minutieusement  nous  entourant,  lorsque  nous  le  pouvons,  d'un 
nombreux  matériel  de  comparaison. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    D'APRÈS   NATURE  783 

Voici  les  notes  prises  à  notre  deuxième  examen  sur  l'Hirondelle 
(l'Anklam.  L'Oiseau  est  plus  long  de  corps  qn'iirhica  ;  les  ailes 
sont  aussi  longues  que  celles  de  niKlica  ;  la  forme  de  la  queue  très 
échancréf  peut  servir  d'intermédiaire  entre  les  deux  espèces  ;  (nous 
n'avons  point  trouvé,  parmi  les  échantillons  urhica  de  notre  collec- 
tion, un  seul  spi'-cimen  avec  des  rectrices  aussi  prolongées).  Les 
couvertures  supérieures  les  plus  rapprochées  des  rectrices  sont 
d'une  teinte  bleue,  point  aussi  prononcée  que  chez  rnstica,  mais 
plus  accentuée  que  chez  iirliini.  Le  hlaiic  du  croupion  est  très  sale, 
mélangé  de  pâles  raies  hrunes.  Les  tarses,  de  couleur  claire,  ne 
sont  que  fort  peu  emplumés  en  dessous  et  jusqu'à  moitié  ;  aucun 
duvet  n'existe  sur  les  doigts  qui  sont  assez  clairs  de  ton.  Le  bec 
est  i)lus  long  que  chez  io7;/(7/.  mais  moins  fort  f|ue  chez  ruxtica; 
il   peut    donc  passer  pour  iiilcrmédiaire. 

Etant  en  ti-aii\  de  faii-c  cette  i-évision  des  Hirondi>lies  déterminées 
comme  hybrides,  nous  avou'^  jet('  un  coup  d'(eil  sur  les  deux 
aquarelles  que  M.  li'  D''  de  Romita  avait  eu  l'obligeance  de  nous 
adresser  il  y  a  di'-jà  plusieurs  années.  Ces  deux  af[uarell(>s,  on  se 
le  rappelle,  représentent,  sous  deux  aspects  différents,  l'individu 
pris  à  Bari  (pie  conserve  M.  de  Romita,  mais  non  celui  pris  au 
ménu'  cmlroil  el  (pii  a  l'ti'  envoyé  du  Musée  de  Florence.  M.  le 
D''  (le  Romita  ne  nous  a  pas  fait  c(jnnaître  la  forme,  la  disposition, 
les  dimensions  exactes  de  toutes  les  grandes  pennes  (rectrices  et 
rémiges).  Les  deux  petites  aquarelles  étant  à  l'état  de  croquis  ou 
d'ébauche,  nous  croyons  nous  ètn;  montré  trop  facile  dans  notre 
ai)|)réciation  sur  les  caractères  de  l'individu  qu'elles  représentent. 
Cependant  cet  Oiseau  ne  nous  est  réellement  pas  assez  connu  pour 
nous  prononcer  à  son  égard;  si  les  moyens  de  le  juger  nous 
manquent,  nous  ne  nions  point  pourtant  l'origine  mélangée  ([ue 
M.  dt^  Romita  lui  a  reconnue.  Nous  sommes  même  pei-suadé  qu(!  le 
savant  docteiu-  de  Bari  a  vu  très  juste;  nous  le  remercions  encore 
une  fois  de  la  ])eine  qu'il  a  prise  pour  nous  en  exécutant  ou  en 
faisant  exécuter  ces  dessins. 

Un  neuvième  exemplaire  serait  encore  à  faire  connaître.  M.  le 
D'  Cl.. M.  Bcrilioldo.  de  Tiiiin,  se  rappelle  avoir  observé  ;\  Orbassano 
une  Hirondelle  cT  jeune  (pii  laissait  apercevoir  des  traits  évidents 
de  mélange  entre  //.  iirhirn  et  H.  rustica.  La  tête  était  bleu  noir 
luisant  ;  la  gorge  roux  châtain  clair;  les  ailes,  sur  les  grandes  cou- 
vertures, noirâtres;  les  couvertures  inférieures,  gris  blanchâtre; 
les  rémiges  (les  rectrices,  sans  doute,)  sans  taches  blanches;  le  dos 
noir  bleuâtre,  comme  dans  l'Hirondelle  commune;  la  partie  infé- 


784  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   l"ÉTAT   SAUVAGE 

rieure  et  le  croupion  bleuâtres.  Ces  notes  avaient  été  prises  lorsque 
l'Oiseau  était  tombé  sous  le  coup  de  fusil.  Mallieut-eusement  la 
pièce  était  tellement  abîmée  que  sa  dépouille  n'a  pu  être  con- 
servée. (Nous  supposons  que  cette  Hirondelle  n'est  point  la  même 
que  celle  dont  nous  a  entretenu  M.  Niccolo  Cauiusso  (1),  laquelle 
est  du  mènie  sexe  et  du  même  âge,  et  qui  fut  détruite  dans  les 
mêmes  circonstances). 

La  très  courte  description  que  le  D'  Berlholdo  a  la  l)onté  de  nous 
envoyer  n'est  point  sullisaute  [lour  juger  île  ses  caractères;  mais 
M.  Bertholdo  est  certain,  nous  dit  il,  d'avoir  eu  entre  les  mains 
un  produit  de  l'Hirondelle  de  cheminée  et  de  l'Hirondelle  à 
croupion  blanc. 

Famille  des  Troglodytidai 
Genre  Cistothorus 

CiSTOTHORUS    STELLARIS    Var.  GRISEUS  (2)  et  ClSTOTHORUS  PALUSTRIS 
Var.    MARIANNE    (3) 

Ces  deux  races  se  mélangent-elles?  Voici  ce  que  l'on  dit  dans 
l'Auk  (4)  à  leur  sujet  : 

((  Whether  or  no  C.  p.  iiinridiKC  auA  (\p.  ijrisrKs  intergrade,  and 
what  are  their  respective  haijitats  during  the  breeding  season,  are 
points  on  whicli  my  material  throws  no  liglit.  Intergradalion  is  cer- 
tainly  probable,  but  by  no  means  certain,  for  if,  as  seems  not 
unreasonable  we  way  assume  that  mariance  is  résident  on,  and  con 
fined  to  the  (îulf  Coast,  and  griseiis  a^qualy  restricted,  at  ail  season. 
to  the  South  Atlantic  seelioard,  tlieir  respective  habitats  inay  be, 
for  birds  of  such  sedentary  habits,  pratically  isolated  ». 

L'auteur,  comne  on  le  voit,  ne  parle  pas  de  «  croisement  )),  mais 
seulement  de  «  gradation  )). 

Famillr  des  Pari  dit 

Genres  Parus 

Parus  major  et  Parus  cieruleus 

A  la  fin  de  l'année  1892,  M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi  nous 

(1)  Voy.  p.  .300  ou  p.  374  lics  Mém. 

(2)  Synonymie  :  Troglodytes  stellaris. 

(3)  AuU-es  noms:  Cerlhia  paluslris,  Cistothorus  {Telmatodyles)  palustris. 

(4)  P.  219,  1890. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS   I.T    EXAMENS    D'aPRÈS   NATURE  78.") 

iiljprenait  qu'il  possédait  un  croisement  de  PonntmnjorXP.  cœntlrus. 
Quelilue  temps  après,  il  avait  la  bienveillance  de  nous  adresser 
une  jolie  ai|uarelle  de  son  sujet,  le  laissant  voir  sur  deux  faces, 
c'est  à  dire  de  côté  et  par  devant. 

Nous  avons  pris  les  notes  suivantes  :  La  lailU;  serait  celle  de  la 
Mésange  fliarl)onnière  ;  le  l)ec,  le  jilastron  seraient  aussi  de  cette 
espèce.  Mais  l'Oiseau  s'en  éloigne  par  les  ])arties  sujiérieures,  car  la 
tête  paraît  être  celle  de  la  Mésange  hleue;  chose  bizarre,  le  pro- 
longement du  collier  foncé,  qui  existe  chez  les  deux  parents 
derrière  le  cou,  manque  précisément  chez  ce  spécimen.  C'est  par 
les  caractères  de  sa  tête  qu'il  se  montre  vraiment  intermédiaire 
entre  /'.  major  X  P.  cœruleiis. 

Notre  savant  collègue  de  la  Société  Zoologi(iue  de  Franco  nous 
a  fourni,  au  sujet  de  cette  importante  caiilure,  les  iudicatlons 
suivantes  :  Ce  Parus  a  été  pris  à  l'état  sauvage,  à  l'aide  de  filets, 
au  mois  de  novembre  1892.  Il  a  été  acheté  vivant  le  IG  du  même 
mois  à  M.  D.  .Moratello,  de  Padoue.  M.  Odili  l'a  conservé  en  cage 
pendant  quelque  temps  ;  mais  craignant  de  le  voir  s'échapper, 
il  l'a  bient(^t  tué. 

Le  précieux  échantillon,  unique  jus(|u'à  ce  jour,  a  été  empaillé 
par  M.  Bononi,  de  Milan  (1).  » 

Nous  remar(|uous  ipie  les  deux  types  (|u'iin  su])pose  lui  avoii' 
donné  naissance  sont  des  types  ((ue  r(Mi  peut  certainement  ([ualitier 
de  bonnes  espèces,  (dans  le  sens  où  l'dn  ciitcuil  ce  mol  en  zoologie). 
Aussi  ce  croisement  nous  surprend. 

ACREDULA    CAUDATA    X    .\CREDULA    IRBYI 

ACREDULA    ROSEA    X    AcREDULA   IRBYI 

(Se  reporter  pp.  ai4  et  315  ou  pp.  388  et  389  des  Mém.  de  la  Soc.  Zo.il  ,  1892) 

M.  Odoardo  Ferragni,  île  Crénuine,  nous  a  procuré  des  inter- 
médiaii'es,  (nous  ne  disons  pas  des  métis),  entre  ces  divers  lyjies. 
Nous  avons  examiné  leurs  parents  supposés  ;  cet  examen  a  été 
assez  superficiel,  nous  l'avouons.  Nous  persistons  né;inmoins  à 
croire  que  ces  derniers  ne  sont  que  des  races  ou  des  variétés  d'une 
même  espèce,  opinion  que  nous  avions  déjà  émise. 

(1)  Il  a  été  cité,  depuis  la  communication  île  M.  Oitdl,  dans  l:i  Rivisla  ilali^iiia  di 
scienze  naturali,  18',I3.  Note  ornilhologiqtie  du  D'  Kltore  Arrigoni  drgU  Oddl. 


786  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

Famille  ttes   Tnrdidés 

Genre  Helminthophila 

Helminthophila  pinus  et  Helminthophila  chrysoptera. 

(Se  reporter  p.  319  ou  p.  393  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  1892). 

La  formule  «  Hrlniinthophila  piniis  X  H-  rlinjsoptern  =  H.  leuco- 
hiviichialis  »  est-elle  encore  soutenable?  VH.  Iciicohronchialis  se 
rencontre  toujours  (1);  souvent  il  est  accompagné  de  17/.  piinis  ; 
quelquefois  il  n'est  pas  normal.  Voici  des  exemples  : 

1"  M.  Frank  M.  Chappiiian  menlioniie  l'appariage  d'un  niàle 
typique  H.  phnis  avec  une  femelle  H.  kucobronchialis  non 
typique.  Le  nid  de  ces  deux  Oiseaux  fut  trouvé  sur  le  ((  west 
slope  of  tlie  palisades  »  à  Englewood  (New-Jersey)  le  12  juin  1892. 
11  était  placé  sur  la  terre,  dans  un  petit  buisson,  et  contenait 
trois  œufs,  dont  un  ((  of  the  right  full  owners,  ))  un  autre  de 
Cowbird  (2),  le  ti'oisième  fut  iii'isé.  Comme  construction,  ce  nid  se 
rapportait  au  nid  typique  de  pinus.  Les  œufs  ressemblaient  aussi 
à  ceux  de  cette  espèce,  quoiqu'ils  fussent  un  peu  plus  tachetés.  La 
femelle  fut  examinée  attentivement  pendant  qu'elle  se  trouvait 
sur  le  nid  ou  dans  les  buissons  environnants.  Par  sa  coloration, 
elle  paraissait  intermédiaire  entre  H.  pinus  et  //.  leucobninchialis; 
les  parties  de  dessous  étaient  lavées  de  jaune  pâle,  l'arrière-dos 
bleuté,  la  croupe  grisâtre.  Elle  s'envola  trois  fois  du  nid  ]>endant 
que  dura  l'observation  de  M.  Chappman  et  chaque  fois  elle  fut 
rejointe  par  le  mâle  pinvs.  F'réquemment,  les  deux  Oiseaux  étaient 
tellement  rai)i)rochés  l'un  de  l'autre,  (|u'il  était  possilde  de  les 
voir  dans  le  champ  des  verras  de  la  lorgnette.  L'œuf  brisé  et 
l'œuf  du  Cowbird  furent  enlevés.  —  Le  19  juin,  M.  Chappman,  étant 
retourné  au  même  endroit,  trouva  le  nid  désert. 

.M.  Chappman  ne  veut  tirer  aucune  conclusion  de  ce  fait,  (juoi- 
qu'il  soit,  OH  le  voit,  fort  intéressant  et  très  important  (3). 

2»  D'après  M.  Jno.  H.  Sage,  de  Portiand,  le  VVarbler  de  Brewster 

(1)  Voy.  rAuU,  p.  302  el  p  304,  1S92;  p.  89,  p.  208.  p.  305,  1893;  p  79,  1894  ; 
lesProceed.  of  llie  Linn.  Soc.  of  N.  V.,  2  mars  1892. 

(2)  Sans  doute  l'Oriolus  ater  (ou  Mololhrus  aler)  de  la  famille  des  Scteridœ 
(Blackbirds,  Orioles). 

(3)  Il  est  raconté,  dans  le  numéro  de  juillet  1892,  de  l'Auk,  p.  302,  sous  ce  titre  : 
«  On  the  breedins;  of  Helminthophila  pinus  willi  H.  leucobronchialis  ai 
Englewood  [New-Jersej.)  » 


ADDITIONS,    COURECTIONS    ET   EXAMENS    D'APRÈS   NATURE  787 

(//.  Inicohi'otirhialis)  ppiil  être  considéré  roinnip  visilanl,  réfïiilière- 
meiit  k'  ConiR'clicut  ])eii(liinl  Voie;  il  se  montre  vers  le  10  niiii  cf. 
est,  en  plein  ehiint  jusqu'au  milieu  de  juin.  M.  Sage  ayant  continué 
les  observations  qu'il  avait  commencées  sur  le  chant  de  cet  Oiseau, 
croit  (|u'aucun  caractère  spécial  ne  le  distinfrue  du  chant  de  l'autre 
espèce,  comme  on  l'a  dit  à  tort;  1'//.  Ii'iicobroiirhialis  chante  (|uel- 
quefois  exactement  comme  rhnjsopicrn,  dans  d'autres  occasions, 
comme  piiiux,  et  souvent  ce  Warhlcr  a  les  notes  partii'ulières  d(>s 
deux  espèces.  Une  oreille  exercée  peut  le  découvrir  par  son  chant  ; 
néanmoins,  il  est  nécessaire  que  l'œil  le  reconnaisse  (I). 

Ce  chant,  tantôt  d'une  espèce,  tantôt  de  l'autre,  stunhlerait  indi- 
([uer  un  mélanfje  dans  la  nature  du  sujet  qui  le  fait  ciilcndre; 
cependant  M.  Sajje  ne  ])ense  point  que  le  Wai-hlei'  de  lirewster 
puisse  être  considéré  comme  un  hyhride. 

3"  M.  E.  H.  Eames  parle  (2)  d'un  II.  Iriirahroiirhidlis  qu'il  observa 
aussi  dans  le  Connecticut  et  f|ui  paraissait  appai'ié  avec  une  femelle 
H.  pinns\  un  nid,  plact'  sur  le  iiord  (j'iiii  |i;'ilurai;c  à  la  lisière  d'un 
<-hemin  et  d'iui  hosipiet,  était  en  consti'uction.  H  t'Iail  pauvrement 
construit,  en  herhes  sèches  et  situé  à  la  hase  d'un  ])etit  arbrisseau 
au  milieu  de  ronces;  il  se  laissait  voir  de  tous  points  si  on  se  plaçait 
à  qm'hpics  pas  de  distance.  Quand  M.  Eames  h^  visita  une  deuxième 
fois,  le  14  juin,  (|uati'e  œufs  y  avaient  élt'-  d(''pos('s  ;  deux  ap|iarle- 
nantau  Cowhird  furent  soustraits.  Les  deux  ipii  restèrent  donnèrent 
naissance  à  une  paire  d'Oiseaux  qui  ne  ]inrenl  être  distiniriK's, 
jusqu'à  leur  soitie  du  nid,  des  jeunes  oi-dinaircs  du  parent  femelle 
malgré  la  coloralion  du  pai-enl  nuHe,  ainsi  (|ii('  l'on  ))(mvait  s'y 
attendre,  ajoute  M.  Eames. 

4"  Le  I"  juillet  1893,  .\1.  Louis  li.  lîisho|i  Irouva  à  Xoilli  Ilavi'U 
(Conn.),  dans  une  petite  ])artie  d(^  terrain  marécageux  ciMncrt 
d'aunes,  un  11.  Iriirohronrbidlix  adulte  accompagné  de  deux  jeunes. 
Les  Oiseaux  furent  un  peu  ellrayés  à  l'arrivi'c  de  .M.  l!isho|)  cpii  les 
observa  quelque  temps  avec  soin.  L'individu  adulte  a|)portail  à  de 
roiu-ts  intervalles  de  la  nourritui-e  aux  jeunes,  ne  laissant  ainsi 
aucun  doute  sur  sa  parent('  avec  ceux  ci.  Le  4  juillet,  les  Warblers 
étaient  encore  dans  la  même  localité  et  ils  purent  être  capturés 
tous  trois.  Probablement,  le  i)arent  manquant  avait  il  été  tué,  car, 
malgré  une  reclierche  attentive  qui  dui-a  deux  jours,  .\[.  lîisliop  ne 
put  le  rencontrer  dans  le  pays  environnant,  où  il  n'existait,  du 
reste,  aucune  espèce  iVflrhniulhophihi. 

(1)  Aiil(.  p.  20S.  1893  :  n  Not^s  on  Helminthophila  chrysoptera,  pinus,  Icuco- 
broncliiati.t  and  lawrencei  in  Connecticut.  n 

(2)  Même  revue,  p.  89,  1893.  u  iVotes  Jroni  Connecticut.  ■ 


788  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Le  sexe  de  l'adulte  n'a  point,  été  déterminé  ;  sa  décomposition 
était  très  grande  lorsqu'on  le  prépara.  Cette  circonstanfe  qu'il  ne 
fit  entendre  aucun  cliant  pendant  qu'il  fut  observé  engajïe  M.  BisJiop 
à  croire  qu'il  était  de  sexe  femelle,  comme  la  coloration  foncée 
(dull)  de  son  plumage  semblait  l'indiquer.  Malheureusement,  les 
deux  jeunes  portaient  encore  le  duvet  du  nid,  la  couleur  ofive;  il 
était  donc  difTicile  de  'dire  ce  qu'ils  auraient  été.  Cependant  les 
plumes  de  la  gorge,  de  la  poitrine  et  des  parties  supérieures 
étaient  assez  avancées  pour  laisser  deviner  leurs  relations  avec  les 
plumes  de  VU.  pinux  typiijue.  A  ce  sujet,  M.  Bishop  remarque  que 
l(!s  barres  de  l'aile  ne  sont  ])oint  les  mêmes  chez  le  jeune  et  chez 
l'adulte  de  cette  espèce;  elles  diffèrent  par  leur  coloration  et  leurs 
dimensions.  Elles  sont,  en  effet,  très  étroites  et  extrêmement 
blanches  chez  les  vieux  spécimens  ;  larges,  au  contraire,  et  jaune 
clair  chez  les  jeunes.  M.  Bishop  conclut  que  le  fait  qu'il  raconte 
tend  à  confirmer  la  théorie  de  M.  Ridgway,  à  savoir  que:  VH.  Iruco- 
hroiichiaII><  n'est  point  une  bonne  espèce,  mais  une  phase  leuco- 
chroïque  de  VH.  pimis  (1). 

Les  autres  captures  H.  leucohronchialh  qui  ont  été  signalées 
n'apprennent  rien  sur  ce<'urieux  Oiseau.  Elles  concernent  un  mâle 
pris  le  22  mai  1893,  dans  le  Connecticul,  ])ar  M.  A.  H.  Verrill  (2), 
un  autre  à  Pocantico,  par  M.  W.  E.  D.  Scott,  pendant  le  printemps 
de  1892(3),  et  un  troisième  obtenu  le  ifi  mai  à  Parkeville  (Queen's 
County)  par  M.  Arthur  H.  Howell  (4). 

Quelques  remarques  nous  seront  permises  après  les  citatioris 
que  nous  avons  faites. 

Le  fait  que  VH.  leticobronchialis  est  toujours  rencontré  en  compa- 
gnie de  VH.piniis,  et  non  en  compagnie  de  VH.  rhnj.^opti'ra,  semble 
dire  qu'il  est  de  l'espèce  du  i)remier  :  soit  une  variété  leucochroïque 
de  VH.  pinus,  comme  il  a  été  déjà  dit.  Mais  que  doit  on  penser 
de  VH.  lawrencei?  De  nouvelles  captures  ont  été  signalées. 

l»  M.  E.  H.  Eames  (déjà  nommé)  parle  de  quatre  Lawrence's 
Warblers  vus  par  lui  et  par  M.  C.  K.  Averill  ;  trois  de  ces  Oiseaux 
étaient  typiques,  chez  le  quatrième  la  couleur  noire  était  obscur- 

(1)  Voy.  PAuk,  pp.  79  et  80.  N°  1,  vol.  XI,  I89i.  M.  Ridgway  atil  cliansé  d'opi- 
nion, car  il  croyait  //.  leucobronchialis  espèce  distincte  (\'oy.  p.  372  ou  p.  486 
des   Mém.). 

(2)  Auk,  p.  305,  X,  1893,  Connecticul  Notes. 

(3|  Proceedings  of  the  Linn.  Soc.  of  N.  Y.,  2  mars  1892. 
(4)  Auk,  p.  304,  1892:  »  Brief  Notes  from  Long  Island.  » 


ADDITIONS,    COHHECTIONS    ET    EXAMENS   D'aPRÈS   NATURE  789 

cie  et  le  dessus  de  la  UHe  eharsé  de  jaune  olive.  Tous  cjiantaient 
comme  le  lUue  wiiif^ed  Warijler  (//.  pinus)  (1). 

2»  M.  A.  H.  Verrill  dit  (2)  s'èlre  procuré,  le  22  mai  18'J3,  un  inàle 
adulte  ((  Lawrence's  Warliler  »  et  le  31  du  même  mois  en  avoir 
remarqué  un  aulie  (|u'ii  crut  en  train  de  nicher.  Ce  dernier  Oiseau 
revu  le  5  juin  lut  aliattu.  (Juel(iue  temps  après  M.  Verrill  lil  lr\cr 
la  femelle  du  nid  dans  le(|uel  se  trouvaient  six  jeunes.  M.  Scoll 
put  examiner  celle  femelle,  car  elle  se  tenait  constamment  à  six  ou 
liuit  pas  de  lui.  Le  nid,  sous  tous  les  rapports,  était  semhialde  à 
celui  de  la  Blue  winj^ed  Warbler  et  les  jeunes  qu'il  contenait 
emplumés.  Plusieurs  d"entre  eux  montraient  des  traces  de  noii-  sur 
la  poitrine  (3). 

3»  Notons  encore  (|ue  M.  E.  1).  Scott  obtint  à  Poncantico  un  ll-piiinx 
avec  la  poitrine  somhre,  se  rai)|)rocliant  de  celle  île  //.  lauimcvi  (4). 

Ce  dernier  faitsemlile  indiiiuer  des  relations  entre  les  deux  types. 
Ces  relations  sont  elles  imputables  à  l'iiybridité? 

Nous  avons  interroi^é  plusieurs  éminents  ornitholojïisles  afin  de 
savoir  ce  ([u'ils  pensent  sur  ce  sujet.  .M.  Hobcrt  Kidijway,  curateur 
du  «  Department  of  Birds  »  (Smithsouian  iustitution),  a  bien  voulu 
nous  répondre  (lu'il  n'a  aucune  raison  de  modifier  l'opinion  émise 
dans  son  MuniKtl  af  North  Anicrican  Birds  (^j).  Sa  manièi'e  de  voir, 
est  ainsi  exprimée  en  ce  (jui  concerne  //.  lawrencvi  :  «  Doubtless 
eitlier  a  liybrid  of  U.vhrusuplera  and,  H.  pinus,  or  else  a  yellow 
tlicliromalic  piiase  of  tlie  former.  Tlie  latter  supposition  seems,  in 
Ihe  liybt  of  récent  sludied  malerial,  to  be  tlie  more  probable  solu- 
tion of  the  case.  » 

En  ce  ([ui  concerne  //.  Iciicobraiichialis,  M.  Ridgway  dit  :  i(  Tliis 
puzzliny  Uird  appears  to  be  as  the  same  relation  to  //.  pinus  Ihat 
H.  laicrencei  does  to  H.  chrysoptcm.  In  a  large  séries  of  spécimens 
every  pos  Jble  intermediate  condition  of  plumaffc  between  tyiiical 
H.  pinus  anti  IJ.  Ivucobronchiulis  is  scen,  just  as  in  the  case  willi 
H.  chrysoptera  and  //.  lawrencei.  If  we  assume,  therefore,  Ihat  thèse 
four  forms  represent  merely  two  dichroic  species,  in  one  of  whicli 

(1)  Auk,  p.  89,  1893.  iNoiis  supposons  louU-fois  que  M.  Eaiiies  ne  rappelle  point 
dans  son  arlicle  (A'o/es  from  Connecticul)  des  Oiseaux  déjà  cités.  Nous  ne  possé- 
dons qu'un  extrait  de  son  travail. 

(2)  Auk,  p.  305,  X,  IS93  (Connecticul  Xoles). 

(3)  lU.  Verrill  ne  (ail  pas  connuilre  le  plumage  de  la  femelle,  ce  qui  aurait  une 
grande  importance.  Etait-ce  une  femelle  lawrencei  typique  ?  Oui,  sans  doule, 
puisqu'il  se  tait  à  son  sujet. 

(4)  Voy.  Proceedings  ol  the  Llnn.  Soc.  N.  Y.,  2  mars  1892. 
(o)  P.  WO  (Koot  Noie). 


790  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   LÉTAT    SAUVAGE 

(II.  piniis)  tlie  xanlliochroic  (yellow)  phase,  and,  in  the  otlier 
(H.  chnjsoptera  llie  leucochroic  (wliite)  phase  represents  tlie  normal 
plumage,  — )  and  admitting  that  then  two  species,  in  their  varions 
conditions,  hyln-idize  (whicii  seems  to  be  an  incontmvertible  fact), 
we  liave  an  easy  and  altogetlier  plausible  explanation  of  the 
origin  of  tbe  almost  interminably  variable  séries  of  spécimens 
whicli  bave  found  tlieir  covey  willi  llie  «  wastebasked  »  labelled 
((  //.  leucobiviicliidlix.  » 

L'auteur  ajoute,  dans  la  communication  qu'il  nous  fait,  que  «  ail 
the  considérable  number  of  spécimens  which  bave  been  taken 
since  the  foregoiag  was  publisiied  tend  to  confirm  tlie  theory  of 
dicbromatisra  as  accountiug,  more  than  bybridisni,  for  the  origin 
of  the  two  forms  in  question  ». 

Ainsi  pour  le  savant  ornithologiste  la  chromatique  explique 
mieux  que  l'hybridisine  l'origine  des  deux  formes  nourrices. 

A  sou  tour,  M.  Franck  M.  Chapman  nous  a  fait  connaître  son 
opinion.  11  considère  lawrciicei  comme  un  hybride  entre  pinus  et 
chrysoptera;  le  cas  de  leucobronchialis  est  plus  embarrassant.  Ses 
vues  ne  sont  pas  très  nettes  sur  ce  sujet;  du  reste,  il  n'a  pas  étudié 
la  question  récemment.  Il  se  trouve  cependant  quelque  peu  enclin 
à  adopter  les  théories  professées  par  M.  Ridgway,  à  savoir  que 
l'hybridation  et  le  «  dicbromatism  »  sont  là  tous  deux  à  l'œuvre. 
Son  objection  principale  à  la  théorie  d'une  phase  «  leuchroic  »  est 
que  leucobroiichialif:  a  les  barres  des  ailes  bordées  de  jaune, 
tandis  que  chez  pinus  elles  sont  étroitement  blanches.  Un  fait  qui 
acquiert  une  grande  importance  à  ses  yeux  est  que  »  différents 
individus  parfaitement  typiques  de  /c»co6r(i;((7)/r(//.s"  ont  été  enten- 
dus chantant  quelque  peu  comme  pnnrs-;  d'autres,  au  contraire, 
chantent  comme  chrysopicru.  Or,  (juoique  le  clianl  des  deux 
espèces  ait  un  même  caractère,  ils  sont  cependant  assez  diffé- 
rents pour  qu'on  puisse  les  distinguer  facilement.  (Pour  lui.  il  n'a 
entendu  aucun  de  ces  chants). 

M.  Frank  M.  Cliapman  est  assez  complaisant  pour  joindre  à  celte 
communication  une  épreuve  de  sa  brochure  eu  cours  de  pujjlica- 
tion  et  dans  laquelle  il  cite  les  divers  endroits  oii  les  types  que  l'on 
suppose  mélangés  ont  été  découverts;  ces  indications  sont  suivies 
de  la  phrase  suivante  :  «  Tlie  status  of  both  Brewster's  and  Law 
rence's  Warbler  is  still  musetlled.  They  are  generally  considered 
to  be  hybrids  between  //.  pinns  and  //.  chrysoptera.  and  il  bas  also 
been  suggested  that  dicbromatism  may  play  a  part  in  producing 
tlieir  coloration.  »  Puis  il  reinoie  aux  travaux  (lui  ont  traité  le 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    KXAMKNS    d'aI'RÈS    NATURE  791 

sujet  el  iiuli.|uc  .M.  BitwsUt,  liiill.  N.  0.  C,  VI,  1881.  p.  218; 
Hiiigway,  Auk,  II,  I88j,  p.  3o9  ;  Maimal  A'.  .1.  limls,  1887,  p.  486. 

.M..In().  lI.S;\^e,i|ui  poss('ile  ilou/.o  exemplaires  de /'''/(•((/y;()/(r///((//'.s-, 
pris  par  lui  iiièine,  croyons  nous,  n'est  point  préparé  pour  répondre 
à  la  question  que  nous  lui  avions  posée;  il  ne  peut  dire  si  l'espèce 
que  l'on  vient  tie  nommer  et  hiinrncci,  son  conf^énère,  sont  des 
hybrides  de  chrijwyti'ra  et  de  piiiits.  11  espère  (.'cpeiulant,  dans  un 
temps  donné,  être  eu  mesure  de  résoudre((  tlie  perplexing  problem  », 
car  tous  ces  Oiseaux  sont  trouvés  dans  son  voisinaii;e.  M.  Jno.  II. 
Sage  a  eu  la  bonté  d'accompagner  sa  lettre  d'une  jolie  aquarelh; 
montrant  un  mâle  Uelminthophila  leucolinuicliiiilif;  de  sa  collection. 
Il  nous  a  (ait  savoir,  en  outre,  (|U('  ])('ndant  celle  saison  de  1894  il 
a  collectionné  une  femelle  de  ce  tj[)e  dcnit  le  comiiagnon  était  un 
chrysoptera.  Les  deu.x  Oiseaux,  leur  nid  el  les  quatre  œufs  que  l'on 
trouva,  sont  conservés  chez  lui.  (]e  fait  esl  imporlaiil. 

Quant  à  .M.  A.  II.  Verrill,  il  ne  pense  [joint  (|ue  //.  lawreitcei 
soit  autre  chose  qu'uue  «  dark  phase  »  de  rhrysoplera;  tandis  que 
brewsteri  serait  une  a  bright  phase»  de  piiius.  Cependant  il  croit 
que  les  deux  espaces  (chnjsapicra  et  piniis)  se  croisent  indubita- 
blement, mais  leurs  hybrides  ressembleraient  tantôt  à  un  parent, 
tantôt  à  l'autre. 

M.  A.  H.  Verrill  a  bien  voulu  joindre  à  sa  communication  les 
aquarelles  de  trois  lawreucei  représentant  :  1°  l'Oiseau  dont  la 
capture  a  été  racontée  dans  cet  article  ;  2°  une  femelle  prise 
il  va  quelques  années,  (une  des  premières  de  ce  genre  qui  furent 
obtenues)  ;  3"  un  Oiseau  tué  par  lui  pendant  le  printemps  de 
1894  et  qui  paraît  approcher  de  très  près  de  chrtjaoptera,  quoique 
montrant  décidément  une  tendance  vers  laicrencei.  —  Nous  remer- 
cions vivement  .M.  Verrill  de  son  gracieux  envoi. 

Ce  n'est  pas  à  nous  qu'il  appartient  tle  faire  connaître  notre 
opinion  sur  le  sujet  délicat  que  nous  cluilions,  car  nous  ne  con- 
naissons hncrciicri  et  Icurahmiichinlis  que  par  des  a(|uarelles;  puis 
notre  matériel  de  comparaison,  c'est  à  dire  noti'e  collection  des 
deu.\  espèces  pures,  est  peu  nombreuse.  Néanmoins,  nous  serions 
tenté  de  dire  que  leturibroiichidlis  n'est  (|u'une  |)hase  leucochroï(|ue 
de  chrysoptera,  quoique  le  faible  lavage  de  jaune  qu'il  montre  sur 
la  poitrine  rappelle  les  traits  de  pinus.  Lawrencei  parait  bien  plutôt 
intermédiaire  entre  les  deux  es|ièces,  parce  (|u'il  a  les  platiues 
noires  de  chrysoptera  et  le  jaune  île  piitus.  Mais  il  nous  semble 
iiu'un  véritable  hybride  combinerait  tout  dilléremment  les  carac- 
tères des  deux  espèces. 


792  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A  L  ETAT    SAUVAGE 

Sylvania  mitrata  et  Sylvania  canadensis 

Le  même  ornithologiste  a  bien  voulu  nous  adresser  aussi  l'aqua- 
relle (l'un  Oiseau  pris  pendant  le  même  printemps  et  qui  lui  parait 
être  riij'ljride  de  Sylcuiiia  iiiitnila  et  de  S.caiiadviisis,  deux  espèces 
qu'il  a  trouvées  couvant  (1)  non  loin  du  lieu  où  l'Oiseau  en  question 
fut  pris.  Toutefois,  ajoutait  M.  Yerrill,  quoique  ce  spécimen  ait  de 
fortes  marques  de  S.  caiiadciisis,  «ce  n'est  peut  être  qu'une  phase 
de  plumage  inusité  de  mitrata». 

Nous  avons  prié  M.  Ridgway  (auquel  nous  avons  adressé  l'aqua- 
relle de  ce  soi  disant  hybride)  de  bien  vouloir  nous  faire  savoir 
ce  qu'il  en  pensait.  Le  curateur  du  «  Department  of  Birds  »  du  Musée 
de  Washington  nous  a  répondu  que  cette  aquarelle  représentait 
une  femelle  de  Syloania  mitrata,  laquelle  «  in  high  plumage  »  a 
le  noir  de  la  tète  «  as  represented  in  the  sketch  ».  Elle  n'a  pas 
cependant  de  raies  comme  on  en  voit  sur  la  peinture;  aussi,  craint-il 
que  ces  raies  ne  soient  point  naturelles.  De  plus,  ajoute  M.  Rid- 
gway, ((  the  lireeding  ranges  ))  des  deux  espèces  ne  se  rencontrent 
nulle  part  ensemble,  S.  mitrata,  autant  qu'il  le  sait,  habitant  le  sud 
et  S.  canadensis  le  Nord  ;  en  outre  les  deux  habitants  sont  séparés 
par  un  certain  espace.  —  Ceci  ne  concorde  pas  avec  l'assertion  de 
M.  Verrill  qui  aurait  rencontré  les  deux  espèces  couvant  (breeding) 
dans  le  voisinage  du  lieu  où  l'Oiseau  qui  fait  le  sujet  de  cette 
discussion  a  été  obtenu. 

Genre  Turdus 

TURDUS    RUFICOLLIS    et    TuRDUS     ATRIGULARIS 

TuRDus  FuscATUs  et  Turdus  naumanni 

(Se  reporter  pp.  3o4  et  363  ou  pp.  428-437  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1891). 

Turdus  fuscatus  et  Turdus  ruficollis 

Nous  n'avons  vu  aucun  des  T.  ruficollis  X  T.  atrigularis  que 
nous  avions  cités. 

M.  le  D'  Reichenow  a  bien  voulu  nous  envoyer  en  communica- 
tion le  Turdus  fuscatus  X  naumauui  (?)  collectionné  en  1871  par 
M.  Dybowsky,  sur  le  lac  Baïkal.  Dans  l'ouvrage  duD''Radde(2),  nous 

(1)  Breediag. 

(2)  Reisen  inm  Siiden.  von  Ost  Sibérien,  fig.  2,  p.  238. 


ADDITIONS,    COHRECTIONS    KT    EXAMENS    D'aPHÈS    NATURE  793 

iivoiis  ('xinniiit'  hi  |il;inclii'  (•()l()ii('M'  iciirt-scnlMiil  un  iiiili'c  Oiscjiii 
(Idiit  roriLiiiie  t'sl.  an  (•(lulriiiii'.  iiltriliin'cà  T.  fiiscunis  x  T.  ritjicoUix. 
(le  S((iil  1rs  deux  seuls  i'xein|)lairi's  (|ue.  nous  ((iiiiiaissoiis, 

nu()ii|ut'  nous  ayons  fait,  à  diverses  ['éprises,  une  élude  allen- 
tive  des  divers  types  ntficoUis,  airii/iiliiris,  fnsailits  et  iiinniiniiiti. 
nous  serions  ineapalde  de  juger  ces  deux  pièces  (i)..\()n  seulement 
les  espaces  |)ures  |)r(''sentent  entre  elles  plus  d"un  puinl  de  l'i'ssern- 
l)laiice.  mais  elles  sont  si  variables,  suivant  leurs  àn'es,  (|u'il  l'au 
(Irait  disposer  d'un  matériel  de  comparaison  très  iMemlii  |iour 
pouvoir  se  rendre  uu  compt<'  exact  des  modilications  iprelles 
subissent  el  des  rapprochemenls  (|ui;  l'on  peut  ('-talilir  entre  elles. 

.Uissi  les  (|uel(|uos  observations  que  nous  avons  faites  sont  elles 
de  peu  (le  valeur.  Dans  un  iîroui»o  composé  des  représentants  des 
(jualre  espèces,  nous  remaiMpions  un  T.  iKiiiiiKuiiti  c^  adulte  tacbelé 
lie  roux  sur  les  lianes,  en  c[uel(|ues  sorte  martelé  de  celte  teinte  ;  les 
pointillés  noirs  de  la  goi'ije  sont  chez  lui  bien  luononcés  et  i)ré- 
sentent  beaucoup  de  l'essemblance  avec  ceux  du  '/'.  nijicollix.  (lelui  ci 
a  le  roux  du  ijosier  li'ès  accentui'  et  uniforme;  il  n"a  jxiinl  de 
taches  aux  lianes.  Un  autre  {ç?  adulle|  nujutre  le  liosier  i)lus 
noirâtre  et  tachet(';on  le  croiiait  volontiers  hybride  de  T.  airi- 
(/iildris  X  '/'.  nificiillis  si  les  pennes  de  la  (|ueue  n'étaient  rousses,  dette 
dernière  espèce  a  la  (jucue  lousse  ;  même  chez  le  jeune,  le  roux 
se  voit  aussi  sous  la  queue.  Chez  un  7'.  (ilriijnldrla,  du  même  groupe, 
la  disposition  de  la  j;orij;e  est  la  nuMue  (|ue  chez  rulirollix,  mais  la 
teinte  j^énéiale  est  noirâtre;  les  pennes  de  la  (|ueue  m;  sont  |)as 
rousses,  il  n'existe  de  roux  nulle  ])art  chez  un  (f  adulle.  La  ji,orf;:e 
de  T.  fiisniliis  est  bien  iielle,  sans  tache;  celte  espèce  est  |)i'ivé(!  de 
roux  à  la  (|ueue.  Sa  femelle  est  ifris  souris  en  dessous  et  n'a  pas  tie 
roux  aux  ailes.  Un  individu  jeune  montre  un  peu  de  roussàlre  sur 
les  taches  des  lianes  et  sur  les  ailes.  En  dessous,  (/nvV/if/a/'/.v  est  très 
gi'is  mauve  velouté;  /■»/(n(///.s-est  (■i.^dement  i;ris  mauve.  —  N'ussui' 
le  dos,  les  quatre  types  paraissent  tous   les  mènn-s. 

Chez  deux  fitscalns,  l'un  cT,  l'autre  Ç  (d'un  autre  groupe),  nous 
n'avons  point  rcmar(|Ut''  de  loux  sur  le  dessus  des  ailes.  Uu  //</((- 
iiiaitiii  cf  du  .Mus(-e  de  Houeii  a  le  dessus  des  ailes  d'un  roussàlre 
rougeàlre.  mais  non  le  dessus  ni  le  dessous  de  la  (|ueue.  Les  lianes 
soid  bien  tacheti's  de  brun  foncé  comme  le  devanl  du  cou  et  de  la 
poitrine;seulemenl.  de  cliai|ue  côlédecelte  dernière  partie,  l'xistenl 

(I)  A  mainles  reprises,  nousavons  visité  la  calleclion,  assez coniplètc,  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle  de  Paris.  Nous  avons  aussi  fait  venir  pour  noire  compte  plu- 
sieurs exemplaires  de  elia(|uc  espt'-ce. 


794  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTHÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

(|ui'lques  taches  rouges  mélangées.  La  gorge  est  d'un  lilanc  net; 
une  raie  de  même  couleur,  partant  de  l'œil,  traverse  les  côtés  de  la 
tète  ;  les  joues  sont  couvertes  d'une  plaque  foncée.  Enfin,  un  fuxculus 
du  j)remier  groupe  n'a  point  les  lianes  rou.x,  mais  cette  partie  est 
d'un  brun  foncé  ;  les  couvei  Unes  des  ailes,  le  dessus  de  la  (|ueue  et 
les  rectrices,  ne  sont  point  rousses  non  plus. 

Ces  remarques  étant  faites,  nous  avons  trouvé  (|ue  le  soi-disant 
hybride  d"  <ln  ^lusée  de  Berlin,  (|)rovenant  du  lac  Baïkal),  est 
liresipie  ideuliciue  à  un  des  trois  s|)écimens  inu(iiiiiiiui  de  la  collec- 
tion du  Muséum  de  Paris,  si)écimen  provenant  de  la  .Mongolie  et 
ra|i|iorté  pai-  le  savant  Père  David.  Cependant  l'cxeinplaire  de  Berlin 
a  les  couvertures  ties  ailes  d'une  teinte  plus  claire  ou  jilus  roux 
clair  ;  le  dessus  de  la  (|ueue  est  également  un  peu  plus  clair. 
Quelque  chose  lappelaiit  do-loin  les  points  de  la  collerette  de  fiiscdliis 
se  tait  bien  sentir  chez  lui,  mais  il  faut  noter  que  l'exemplaire 
rapporté  par  le  Père  David  a  un  commencement  de  collerette. 

Ce  nauiiiaiiiii,  sujtposé  hybride,  ililïère  donc  du  iiuiiiiHuini  i)ure 
espèce  que  nous  éludions  par  sa  couleur  plus  claire  sur  le  dos 
(partie  de  la  croupe)  et  sur  les  couvertures  des  ailes;  mais  ceci  ne 
peut  être  imputé  à  un  croisement  avec  fiiscatus.  Ce  qui  le  rappro- 
cherait lie  cette  dernière  espèce,  ce  serait  son  plastron  brun  plus 
accusé  que  chez  le  iiuiuiiaiini  du  père  David  ;  mais  nous  avons 
remarqué  que  ce  dernier  Oiseau  avait  lui  même  un  commencement 
de  taches  brunes  sur  le  haut  de  la  poitrine.  \'oudrait  on  faire  aussi 
de  cederniei-  un  hybride?  —  M.  Ouslalel,  auquel  nous  avons  montré 
le  métis  de  Berlin,  pense  que  ce  n'est  ([u'un  nduiiiaïuii.  Sur  l'éti- 
(|uette  qu'il  porte,  nous  n'avons  point  lu  du  reste  la  mention 
hybride,  mais  variété,  mention  sans  doute  plus  exacte. 

Huant  au  ((  Tiirdiis  fiiscattis,  busdtrd  mil  T.  nilicollis»  (|ue  nous 
ne  connaissions  (juc  pai-  une  lithographie  coloriée,  nous  laisserons 
])arler  le  docteur  Radde  (|ui  l'a  signalé  (1). 

Celte  pièce,  dit-il,  fui  luée,  le  G  mai  1S3G,  sur  le  Taveinor;  elle 
montreainsi  ([u'elle  était  de  [lassage.  La  [lailie  antérieure  du  corps, 
c'est  à-dire  la  tèle  et  le  cou,  jus(|u'au  coinmeiicenient  île  la  poitrine, 
sont  conq>lètement  semljlables  aux  vieux  du  Iiirdiis  j'uscatux.  Mais 
la  partie  antérieure  du  dos  et  le  croupion,  en  même  temps  que  les 
plumes  directrices,  se  rattachent  au  nificollis  jeune.  L'image,  que 
donne  Nauniann  d'un  vieux  '/'.  iiaitiiKunii,  ajoute  le  docteur,  montre 
le  corps,  jusqu'à  l'anneau  de  la  poitrine,  semblable  à  cet  hybride 
supposé.  11  suffît,  ajoute  t-il,  de  lui  adapter  unetêtede  vieux  Turdus 

(!)  Up.cit. 


ADDITIONS,    COnnECTTONS    ET   EXAMENS    D'aPRÈS   NATURE  79") 

fuscalus  pour  Jiviiii'  une  re|)ft''S('nl:ili()ii  coiiiiilète  de  l'OiscMu  que 
l'un  t'ssiiic  (le  (h'Ii'i  iiiiut'i'.  I.i-  liiiui  de  riiuillc  des  pennes  cHudîdi's 
el  (les  couvertures  supt'rieures  piiraîl  aussi  une  uianpie  faile  poui' 
reconnaître  l'espèce,  car  celte  couleur  se  niainlii'nl  dans  sa  dislri- 
lintiou,  aussi  iiien  chez  cet  Uiseau  (|ue  chez  celui  de  .Nauinanu. 
La  <'ouinuinanté  de  race  des  deux  espèces,  suitout  au  passai^e  du 
prinlein])s.  dit  enfin  le  docteur,  semhie  favoriser  l'opinion  d'une 
hyi)ridation. 

.M.    Uadde  parlait    à    une  ('■poque  où   les  caractères  des  espèces 
mères  t'iaienl  mal  connus;    nous  if^iiorons  si  sa    manière  de   \(iir 
s'est  maintenue  dans  la  suite.  Le  croisement  entre  formes  si  rappro 
cliées  n'est  point  invraisemhlahle,  mais  nous  craignons  qu'aucun 
fait    hieu   axi'ii''  ne    le  piDUNC 

• 

TunOU.S    MERULLA    et      TuRDUS   MUSICUS 
(Se  iT|)Oiter  p.  IKil)  ou  p.  439  îles  Métn.  de  laSoe.  Zool.,  1S'J2). 

Nous  n'a\ions  pu,  au  moment  oi'i  nous  puhliioiis  noti'c  premier 
article  sur  ce  croisement,  prendre  connaissance  du  mémoiic  de 
M.  Uidiert  .Miller  Christy  iidiluh'  :  "  Dit  Ihc  lllack  liinl  and  thc  Tlinmli 
eccr  inti'ilircrd  »  II). 

.Nous  crainnions  de  nous  montrer  incomplet,  l'aideur  de  ce 
nH'moire,  disions  nous,  ayant  cité  di.\  huit  cas  d'appaiiaiif  entre 
(iri\('s  el  .Merles. 

M.  Koherl  .Millei-  Chii^ty  a  eu.  depuis,  la  honte  de  nous  adresser 
les  Transactions  of  .Norfolk  and  .Norwich  .Natnralist's  Society,  où 
son  travail  a  étt'  puhlic'.  .Nous  avons  constate'',  à  notre  l'egret,  (|ue 
nous  avions  passé  sous  silence  divers  faits  empruntés  notamment 
à  «Science  (îossip».  .Néanmoins,  la  pln|iait  des  cas  mentionnés  ne 
concernent  point.  c(nnme  nous  le  pensicms,  de  vérilahles  croise- 
ments; le  ])lus  souvent  il  est  ([uestion  de  nids  consti'uits  d'une 
manière  anormale  ou  contenant  des  œufs  des  deu,\  t'spèces.  \oici 
du  reste  les  faits  (|ue  ra|)porle  .M,  .Miller  (Ihrisly  : 

1"  En  avril  1877,  à  Cireat  Salinj;  (Esse.\),  on  trouva  dans  un  nid, 
construit  dans  un  Ituisson  de  Lauriers,  ,si.\  o-ufs  dont  deu.\  étaient 
iucontestahlement  de  (irive,  deu.v  autres  de  .Merle;  les  deu.v  der 
niers  étaient  intermédiaii'cs  pai'  leui'  coloi'ation.  Les  parents  ne 
furent  [loint  re<onnus.  .M.  .Miller  (Christy  ne  vit  point  du  icste  ces 
œufs;  ou  lui  remit  seulement  le  nid  (|ui  les  avaient  contenus. 

(1)  Publié  dans  Transactions  of  Norfolk  and  Norwich  Naltiralisls  Society, 
(1SX3-84).  vol.  III,  pari,  I,  p.  ;i8«  el  suiv. 


7%  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTItÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

2°  Eh  mai  1877,  un  de  ses  amis  trouva  un  nid  dans  des  terres 
situées  près  d'York,  (le  nid  était  conslruit  iii('S(|ue  sans  houe;  on 
sujtposa  donc  (|ue  «''était  celui  d'un  Merle;  mais  des  quatre  œufs 
(|u'il  contenait  deux  étaient  certainement  de  Grive,  tandis  que  les 
deux  autres  étaient  des  œufs  de  .Merle,  dette  fois  M.  .Millei-  Cliristy 
Ail  les  œnifs,  mais  non  le  nid. 

3°  Quelques  semaines  plus  tard,  dans  les  nièmes  terres,  M.CIiristy 
observa  liu  nid  normal  de  Merle  contenant  ijuatre  jeunes  Gi'ives 
bien   einplumées.   Les  pai-enls  étaient  tous  tieux  de  cette  espèce. 

4"  (i.  T.  li.  (l)dita\oir  li'ouvé,  au  commencement  d'avi'il  1877,  un 
nid  de  .Merle  i)res(|ue  terminé.  Quel([ues  jours  après,  il  vit  dans  ce 
nid  «|uatre  (eufs  (|ui  étaient,  sous  tous  ra]iports,  semblables  à  ceux 
(lu  Merle,  à  l'exception  d'un  seul,  qui  montrait,  en  outre  des  taches 
ordinaiies,  les  taches  noires  de  l'œuf  de  la  (îrive.  On  ajoute  que. 
l'on  eut  l'occasion  d'observer  une  Grive  couvant  pen<lant  (|u'un 
Merle  «diantait  près  d'elle.  Un  seul  jeune  éclos  survécut  et  devint 
un  vi'ai  Merle  ;  la  Grive  eu  avait  pris  grand  soin. 

5°  G.  T.  B.  fait  en  outre  savoir  (2)  qu'il  a  plusieurs  fois  trouvé, 
au  haut  de  sapins,  des  nids  faits  de  blanches  et  tapissés  de 
mousses  et  de  loin,  comme  sont  les  nids  de  .Merles;  mais  ces  nids 
contenaient  des  œufs  de  Grives  avec  des  marques  d'un  rougeàtre 
pâle.  Dans  aucun  cas,  le  narrateur,  G.  T.  B.,  ne  vit  les  parents. 

C>°  M.  Gumersall,  de  Sainte  Ayton,  Yorkshire,  rapporte  (8)  que 
se  trouvant  en  promenade,  vers  la  lia  de  mars  1878,  il  aperçut  deux 
Meiles  et  une('iri\-e  (|ui  s'envolaient  enseml)le  d'un  i)uisson  d'au 
hépine.  Fouillant  le  buisson,  il  trou\a  un  vrai  nid  de  .Merle  cons- 
truit avec  de  vieux  foins,  fii'i'ui  de  boue,  puis  de  nouveau  foin.  Ce 
nid  contenait  trois  œufs  de  Gri\e  sans  aucune  trace  de  croisement. 

7°  M.  .\.  F.  (iritlilh,  de  (Jamhridiie,  dit  avoir  découvert  un  nid 
de  Merle  contenant  trois  unifs  de  cette  espèce  et  un  de  (iri\e.  l'ne 
femelle  Merle  cou\ait  sur  le  nid  ;  le  résultat  n'est  point  connu. 

S"  La  tille  de  .M.  S.  .\.  iireman,  d'.VIlan  Bock,  se  trouvant  dans 
l'Ile  de  Howlh.  \il  un  ('.0(|  .Merle  posé  sur  un  nid  t)ii  préalable- 
ment une  femelle  (irive  avait  couvé.  Des  jeunes  existaient  dans  ce 
nid  «|ui  était  sans  jiai-nilure  de  boue.  Ceci  fut  encore  remarqué  i)ar 
tl'autres  personnes  (4). 

(1)  ln«  Science  Gossip,  »  N"  de  Novembre  1877,  p    263.  Le  même  tait  est  réim- 
primé ilans  les  mômes  termes  dans  le  N"  de  février  1878,  p.  4H  (d'aprt>s  M.  Cliristy). 
(■>)  Méiiu'  (ievue,  iN»  de  l'évrier  1S78,  p.  4:i  (cit.  par  .M.  Cliristy). 
(3)  Science  Ciossip,  Scplenitjre  1878,  p.  209  (cit.  par  M.  Ctiristy). 
{'i)  Mémo  lloviie,  N»  de  Noveiiil)rc  1872,  p.  2U2  (cit.  par  le  même). 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    KT    EXAMENS    D'AI-RKS    NATHni'  7i)7 

9"  M.  J.  !•'.  (irocii   fiiil  savuii-   (l|   (|ii'il  troina  un  iiiil  (DMlciiant 
quatre  œufs  (le  Merle  el  ciini  nMifs  ilc  (lii\es. 

10°  Le  Uév.  .1.  (i.  \V()()(I  jHil  une  fuis  nu  iiiil  de  Merles  lians 
lequel  les  ceufs  ('(aicuit  si  lii/arreineiil  inai'(|ii(''s  que  |pcrs(iiiue  u'au 
rail  pu  (lire  s'ils  apparteuaienl  à  un  Merle  on  à  une  (Irive  (2). 
[['  M.  11.  IJicliarilson.  de  Newcastle,  montra  à  M.  Miller  Clirisly 
un  œuf  (le  (Irive  (|u'il  avait  pi-js  avec  deux  autres  (Piifs  dans  nu 
nid  (jui  était  sans  piruilure.  a|)|)areninient  celui  d'nu  Merle. 
12'  Enliu.  M.  Clirisly  se  ra|)p(dle  avoir  vu,  dans  la  (ialerie  des 
Oiseaux  de  l'ancien  Musée  l(ritaiini(|ue.  un  nid  (3)  sans  aucune 
garniture  de  lioue.  par  eonsé(|uenl  le  nid  d'un  Merle,  mais  dans 
lequel  se  voyait  un  vrai  iriil'  de    (Irive  (|ui  y   avait  été  ti-ouv('. 

I,ies  autres  cas  dont   parti'    l'auteur  avaient    ('l('  citi's   dans  notre 
jirenii(''re  pnldiealioii  ;  il   n'y  a  point   lieu  d'y   revcnii-. 

Les  faits  ijne  nous  avions  oulili(''s  sont  ils  plus  proliants  (pie 
ceux  dont  nous  nous  ('lions  oceui)é  ?  Son  assurément,  puis(|ue 
la  phqiarl.  on  vient  de  le  voir,  coiicerueiit  des  nids  liàlis  d'une 
maiii('re  anormale,  ou  loul  au  moins  des  nids  dans  les(piels  on 
a  trouvé  des  (ciifs  (pii  semiileni  ne  pas  leurapparlenir.  M.  Miller 
Clirisly  a  lui  même  crili(pi(''  ces  exemples,  il  n'y  a  aucun  doute 
|K)ur  lui  (pie  le  n°  9  (4)  soit  siiii|ilemeut  dû  à  celle  circonstaïuc, 
lUilleiiu'iil  extraordinaire,  dans  la(pudle  deux  espi'ces  dillï'ieiiles 
ont  pondu  dans  le  mèiiie  nid;  il  su])pose  avec  raison  (pie  celle 
remai-(pie  est  eiw(U-e  applicalde  aux  \r^  2  et  7  (3).  Il  lui  semlile  (pie 
dans  les  cas  (les  ii  *  S.  (jet  4  (O)  (ui  peut  avoir  pris  une  feimdle 
.Merle  pour  une  teiiielle  (irive.  On  sait,  la  reiiiar(pie  a  ('•t(''  d(''jà  faite, 
(pie  le  pluniai^n-  de  la  femelle  du  .Merle  n'est  point  noir  comme 
celui  du  iiiàie.  mais  hriin  somiiri"  el  la(di('t(''  sous  la  i;()ri;(';ce 
(pii  est  i^nor(''  de  hieii  des  y;ens.  En  outre,  le  .Merle  et  la  (irive 
emploient  tous  deux  de  la  lioiie  dans  la  coiistrucl  ion  de  leurs  nids  ; 
mais  l'iin  eu  emploie  lieaiicou|i  plus  (pie  l'antre.  Or,  il  peut  arriver, 
«(•casionnellemenl,  (puM'elui  (pii  d'ordinaire  en  emploie  une  petite 
(|uantil(''  en  use  davanta-îc  el  (pie  le  contraire  se  présente  dans  la 
consli-iKiion  du  nid  de  l'autre  espi''ce.  .\insi  des  c(uifusions  pour 
raient  élre  commises  sur  les  parents  (pii  ont  coiistriiil  le  nid.  (l'est 

(1)  Science  Gnssip,  Mars  tS79.  p.  07  (cit.  par  M.  Mitloi-  Cliilsty). 

(2)  K/itural  hisinry  of  lUrds,  p.  |/.0  (>il.  p.ir  .M.  Miller  r.liiisly). 
(:t)  Pris  dans  le  Ilof-cnTs  Parti  en  1872. 

(4)  ^»  XII  (le  son  mi!'iiioire. 

(.ï)  Ses  N»"  Il  el  l.\. 

(B)  .Numéros  correspoiidanls  aux  i\<"  X,  VIII  et  V  de  son  classeinoiit. 


798  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

peut-être  le  cas  des  n"'  3,  11  et  12  (1).  Quant  aux  œufs  de  cou- 
leur niélaiip:ée.  le  Rév.  A.  S.  Sniitii,  de  Cal  nie.  oliserve  (2)  que  le 
Merle  i)on(l  quelquefois  des  œufs  resseniltlaul  heaucoup  à  ceux  de 
la  Grive.  M.  H.  Kerr  de  Bacup  avait  du  reste  conclu,  de  la  des- 
cription donnée  par  G.T.B.,  que  les  nids  et  les  œufs  désignés  étaient 
ceux  de  la  Grosse  Grive  (Missel  Tlirush  ou  Turdiis  viscironin]  (3). 

Enfin,  Maiiiilivray  ayant  parlé  (4)  d'un  Oiseau  (5)  qui  lui  parais- 
sait être  un  hybride  de  Grosse  Grive  et  de  Merle,  M.  Christy  rapporte 
un  exemple  qui  en  serait  la  réfutation. 

Qu'on  nous  permette,  à  notre  tour,  quelques  courtes  réflexions 
à  propos  du  N»  8  (le  N»  X  de  M.  Miller  Ghristy),  où  l'on  dit  qu'un 
Coq  Merle  lut  vu  sur  un  nid  dans  lequel,  préalablement,  une 
femelle  Grive  avait  cou\é.  Nous  demanderons  comment  le  sexe 
de  la  Grive  a  pu  être  reconnu.  Chez  le  T.  )iii(siciis,  le  mâle  et  la 
femelle  ne  diflèrent  guère  enire  eux.  Nous  pensons  donc  que  dans 
ce  cas,  comme  le  dit  du  reste  M.  Christy,  une  femelle  Merle  peut 
avoir  été  prise  pour  une  tirive.  Si  on  s'était  contenté  de  dire  que 
l'Oiseau  était  une  Grive,  sans  indi(|uer  son  sexe,  l'assertion  eût 
été  moins  criliquable.  L'indication  donnée  semble  montrer  le  peu 
de  fondement  du  récit  qui  a  élé  (ail. 

Le  N°  4  est  plus  embarrassaul,  mais  là  encore  une  femelle  Merle 
peut  avoir  élé  ]irise  \nniv  une  Giive.  Le  N"  3  ne  ju'ésenle  que  peu 
d'intérêt,  i)uisque  les  parents  des  jeunes  Grives  furent  reconnus 
pour  être  de  cette  espèce. 

A  ces  divers  exemples,  qui  ne  iirouvenl  l'ien  ])(iur  la  plupart  (6|, 
on  peu!  joindre  un  fait  de  même  nature  ((ue  M.  Henry  Beuxon,  du 
Farncomte  Reclory  ((îodalining),  a.  depuis  la  juihlicalion  du 
mémoire  de  M.  Chrisly,  raconté  sous  ce  titre  :  «  lllaclilnnl  nnd 
Thrush  layiiig  in  samc  iicst  (7).  »  Là  encore,  il  est  seulement  question 
d'un  nid  de  Grive  contenant  deux  o'ufs  de  celle  es])èce  et  trois  de 
Merle,  ("e  nid  avait  élé  trouvé  à  Westbrok  ;  une  Grive  y  couvait 

Cependant,  dans  ces  dernières  années   1891,  1892  et  1893,  trois 

(1)  LesN"-  m,  VII  et  XVIII  des  Mém.  de  M.  Chiisly. 

(2)  Zoologist,  laSO,  p.  59. 

(3)  Il  est  vrai  quî  G.  V.  B.  a  protesté  contre  cette  manière  de  voir  (Science  Ciossip, 
janviir  1879,  cit.  in  Miller  Clirislj). 

(4)  HUlory  of  Brilisli  Birds  II,  p.  117,  cil.  par  le  même. 
(3)  Au  Musée  de  l'Université  d'Edimluuirf;. 

(())  M.  Christy  en  a  cité  d'autres  plus  probants;  ce  sont  ceu.\  que  nous  avons 
même  mentionnés,  soit  d'après  son  o  Sviiplemenlary  artirle,  «  soit  d'après  d'auires 
observations. 

(7)  Zoologist,  1889,  p.  265. 


ADDITIONS,    COIIIIKCTIOVS    ICT    KXAMKNS    d'aPUICS    NATi:iU-;  7lJ!) 

fails  plus  précis,  itiiraissiiiil  en  (|ii('li|iic  sorte  iîi(li(|iii'i'  li'  croisi' 
ment  ilii  /'.  nuisiciis  cl  du  7'.  iiicniln .  oui  cic  siij:n;ili''s  ihins  le  Zodiduisl. 

I  M.  0.  \.  Aiiliii.  lie  l'iliixliMiii .  Oxdii.  y  cile  lli  un  Oi^iMii 
(ilileiiu  i'(''cemiiieiil  coiniiie  ét;int  un  v('v\  liyliride.  On  le  lui  ii|i|i(Ula 
le  'l''\  octolii'c  IS'.lj.  l/Oise;iu  venail  de  uu)urir  en  cai,^'.  On  l'avait 
]iris  dans  nu  nid  avec  d'auli'es  jeunes,  au  nutis  de  juillet  de  celte 
année  [l].  (les  autres  jeunes  (■taient  des  (îr-ives  normales.  L'Iiyluide 
supposé,  d'api'ès  l'atlii  inalion  de  son  dernier  pidpriélaire  {■\),  a\ail 
imié  «  «;/(.">■  chainjcr  île  colomlinn  ». 

detlL'  i)ièce  intérossaiile  fut  d'ahoi-d  prise  pour  une  (irive  'icurieu- 
SPMieiil  coloriée  I)  dont  elle  avait,  du  reste,  le  clianl.  L(us(|ue 
.M.  (I.  \'.  .\|)lin  suf^'jîi'ra  une  parcnti'  avec  le  .Merle  .  il  amena  le 
scMirire  >ui"  les  Icvri's  de  la  personne  (pii  l'avait  possi'dt'e  en  pic- 
inii'r.  Cependant  (piand.  à  son  toui'.  l'empailleur  l'eût  entre  les 
mains,  il  In  considi'ra  comme  (■tanl  un  .\lei-le.  (ielle  contradiction 
n'était  i)oint  sans  si};nilicalion,  elle  nionliail  (pi'il  y  avait  (juelijue 
chose  d'insolite  chez  celle  ])ièce.  .M.  (>.  \'.  A]din  en  a  traci'  le  por 
Irait  suivant  :  "  L'aspect  i^t'm'ral  et  la  coupe  de  la  tète  sont  eeu.K 
d'un  .Merle,  (juiuijue  la  dernière  partie  soit  ]ilus  petite  (jue  (liez 
celte  espèce.  Le  hec  esl  lép;èrenieHt  plus  loui;  et  plus  lari;c  ipic 
cidui  de  la  Cirive  et  lieaucoup  plus  fonc(''  en  c(uileur,  se  rappro 
chant,  sous  ce  rapport,  de  celui  du  jeune  .Merle  Les  larses  sont  un 
peu  plus  forts  (pu'  ceux  du  T.  iinisinix  ;  ils  scmt  de  couleur'  très 
claii'e  ('0.  L'iris  esl  hrun  foncé;  la  mandiluile  sup('rieure.  avec  les 
côtt's.d'un  rose  pâle  interne,  le  reste  corne  foncT'.  L'ouvertui'e  du  lii'c 
jaune  li'è>  pâle;  l'intiuicur  du  liée  couli'ur  chair  avec  une  fiu'le, 
teinte  de  jaune  pâle.  Les  pidtes  chair  p;'ile  terne.  Le  haut  de  la  li'lo 
et  les  parties  supé'rieures  hi'un  lei're  d'omhre;  une  teinte  iirisàlre 
surquehpies  unes  des  plumes  du  sommet  de  la  ti'de.  Les  couNcrliires 
de  l'oreille  hi'un  fonce''.  Tache  ovale  sui'  le  nn-iilon  cl  le  haut  de  la 
j;(M'fie  d'un  lirun  pâle.  La  ^^lu'iie.  le  devant  ilu  cou  et  le  haut  de  la 
]ioitriMe  presi  pie  noirs.  Les  ci'iti's  ilii  cou  liiiins  ;  celte  couleur  arrive 
au  noir  par  places.  Les  |diiiiies  ilii  lias  de  la  poitrine  et  du  M'iilre 
presipic  noires,  avec  liordure  idroite  de  couleur  chamois  hlane 
clair.  Le  lias  du  venirc  luun  pâle  et  Idanc  s;de.  Les  couvertures 
infi'rieui'es  ih'  la  queue    liniiics.  L;i   (pirue   Iniine  (fj).  I,es  .trrosses 

(1)  NiMiK^ro  ifaviil  IS'.li,  p.  I  ifj. 

(2)  Pris  (le  lioillcdle  Graiigr. 

(3)  Car,  (Ippiiis  >a  ciiiiliirr,  il  avail  changé  de  main?. 

(4)  Toiitelois  il  laiil  uuler  (|iie  les  (liseaii.\  de  caye  sont  aptes  à  montrer  celle 
particularité. 

(3)  Celte  queue  ayant  été  arrachée  n'est  qu'à  peine  formée. 


800  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

plumes  des  ailes  brun  cliâtiiin  sui'  la  harbc  cxléricure,  le  reste 
hi'un  foncé.  Les  couvertures  liruii  claii',  marquées  irréi;uliçrenient 
(le  jaune  cluuuois  et  jn-esijue  noires  ».  M.  0.  \'.  Aplin  ilissé(|ua  le 
corps  qui  lui  parut  sain. 

2°  Dans  l'année  c[ui  suivi  I  celle  caplure.  M.  .1.  K.  Dorliier  a  raconté 
les  fait  suivants!  i):  Dans  un  jardiu  situé  à  l'extréuiité  nonl  d'Edim- 
bourg, un  couple  de  Merles  s'occupait  d'une  seconde  uicliée  quand 
un  chat  attrapa  la  femelle,  qui  venait  de  terminer  sa  ponte.  Le 
l)auvre  veuf  ne  fut  point  loiiiileuijjs  sans  trouver  une  compagne; 
mais,  au  grand  élonnemeul  du  ]iropriétaire  du  jardiu,  on  s'aperçut 
que  la  mère  nourricière  n'était  |)oiiit  uu  .Merle  :  c'élait  une  Grive! 

S'intéressant  viveuient  au  nouveau  uiéuage.  le  propriétaire  en 
question,  ami  de  M.  Dorbier,  surveilla  atlentivemeTit  les  deux 
Oiseaux  et  reconnut  ([ue  le  Merle  élail  très  assidu  auprès  de  celle 
qui  voulait  Ijieu  piendi-e  soin  de  l'incubation;  il  lui  aiqxirtait  de  la 
nourriture  lorsqu'elle  était  sur  le  nid.  Les  doux  Oiseaux  devinrent 
très  familiers  et  laissèrent  les  eufanis  de  la  uiaison  s'a[)pi-ocber  de 
leur  nid.  uH'une  quand  ils  nourrissaient  leurs  pelits  enfin  éclos. 

Cependaul,  uu  très  reMiar(pialile  (diangeinenl  se  [iroduisit  dans 
la  conduite  du  Merle;  il  parut  jaloux  de  l'allecdon  (jue  sa  coinjjagne 
montrail  aux  jeunes  de  la  cou\ée  el  la  chassa  définitivement.  H 
couliuua  seul,  avec  beaucoup  de  soin,  l'élevage  de  sa  famille. 

M.  J.  K.  Dorbier  u'eul  |ioiul  l'occasiou  de  voir  lui-même  la 
femelle  Grive,  les  Oiseaux  ayant  (piillé  le  nid  avaut  sou  arrivée  chez 
son  ami.  Maiscelui  ci  est,  paraît-il,  uu  oljservaleur  très  i)ersi)icace; 
il  n'a  point,  du  reste,  été  le  seul  à  voir  la  Grive  en  (juestion  :  ses 
enfants,  son  propre  frère,  une  domestique,  l'ont  eux  mêmes 
observée  sur  le  nid. 

Voici  le  troisième  fait  :  En  ISlKi,  on  exposait  à  Cristal  Palace  un 
Oiseau  catalogué  comme  hybride  de  «  Blacki)ird  et  de  Tbrusii.  » 
Il  fut  remarqué  par  \\.  A.  Holte  Macpherson,  de  Londres,  qui  le 
décrivit  dans  le  Zoologist  {2)  en  faisant  remarc|uer  (|u'il  monlrait 
très  visiblement  les  marques  des  deux  espèces,  taudis  que  dans 
son  altitude  et  sa  forme  (shape)  générale  il  i-essemblail  à  la  Grive. 
((  l'p|)er  parts  and  fail  darker  than  the  Trush  ;  no  liglit  edges  lu 
wing  covei-ts;  breast  and  bclly  covered  with  dark  blotches.  giving 
the  bird,  al  a  Utile  tlislanco,  cpiilc  a  black  aiqiearance;  bill  seems 
lo  lie  longer  and   lliickcr  llian   in    Ihc  Thrusli;  upper   mandibule 

(1)  The  Zoologist,  XVl,  18y2,  r-  270  el  271. 

(2)  Numéro  tle  mais  1893,  p.  103. 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    ET    EX4MENS    d'aPHÈS    NATURE  801 

l)ro\vii  ;  lower  iDiindiliiile  yellow,  except  just  llie  lip;  cyolids  yellow 
ils  iii  liliickliiril  ;  lej^s  iind  l'ect  piilc  lirowii;  cIjiws,  soine  (hiik  mihI 
some  colouiiess.  » 

l^a  l'iipture  de  cet  Oispiui  iivail  eu  lieu  en  juin  IS!)2,  à  (|iicli|iies 
milles  de  Nordiaiiiplon.  Le  nid  dans  le(|iiel  on  l'avail  Irouvi'  conte- 
nait trois  jeunes,  dont  deux  imiunircnl  (|Ufl(iues  jours  après  leur 
captivilé.  Oi\  su|)posa  (|u'une  (irixc  (|ui  \olail  aulour  du  nid  était 
la  mère  de  cette  couvi'C  1 1  ). 

-M.  A.  llolte  Afacpherson  a  bien  voulu  nous  faire  connaiire  lui- 
inènie  s(ui  inipi-ession  :  il  nous  conliiane  par  sa  lettre  ce  ([u'il  a  l'crit 
dans  leZooloi,'ist.  l*our  lui  l'Oiseau  est  ((  a  tnir  hylirld  »  pai'ce  (|u'il 
montre  les  niar(|ues  bien  accusées  des  deux  espèces,  n  J'ai  tache, 
nous  dit  il.  une  importance  toute  spéciale  ((  to  tlie  yellow  eyelides 
and  tlie  thick  l)ill  wliich  ai-e  features  o(  tlie  lîlack  l)ird  and  f;enei'al 
sliape  anri    «  contour  »    wiiicli  was  lliat  of  tlie  Thrusii  )). 

Nous  av(Uis  à  examiner  ces  trois  faits  et  à  voir  ce  (|u'ils  |)euvent 
prouver. 

.M.  ().  V.  .Vplin  a  eu  la  très  firamle  ohlii^eance  de  nous  adresser 
en  communication  le  spécimen  ([u'il  possède.  Cet  Oiseau,  nous  dit 
il.   mourut   l'année   môme  dans   laf|uelle  il  avait   ('lé  pris,  soit  le 
23  novembre  IS!1I.   Son  sexe  n'a  pu  être  distinj^ué'.  L(\s  ornitliolo 
f;isles(|ui  l'ont  vu  sont  d'accord  avec  lui  pour  le  reconnaître  comme 
un  véritable  liybride. 

l/elïet  (|ue  cette  pièce  produit  à  pi-emière  vue  es!  celui  d'un  jeune 
.Merle  avec  des  caractères  propres  aux  espèces  asiaticpies  telles 
que  alrigularix,  nificollis  et  futicnUix.  ou  même  torqnatns,  l'espèce 
europi''eniie  (|u'il  rappelle  par  des  traits  martelés  nombreux,  dissé- 
miiii's  sur  les  parties  inf(''iieiires.  Tout  son  ventre  est,  en  elTet, 
iiit'laiit;!'  (le  lu  un,  de  j:i-is,  de  jaune  et   de  roussàtre. 

I,a  manpie.  qui  tout  d'abord  nous  avait  frappi',  est  le  jaune  cha- 
mois en  forme  de  barres  ipii  apparaît  sur  les  coinertiires  des  ailes. 
Si  lui  considèi-e  ce  spécimen  ((umiie  un  jeune  de  l'espèce  mernla, 
son  hybridation  avec  la  (irive  semble  ainsi  bien  évidente.  .Mais 
l'ayant  ensuite  mis  en  |ui'sciice  de  '/'.  iiicnild  V  et  de  (iiives.  nous 
avons  reconnu  que  notre  première  impression  n'i'lait  point  bonne. 
Le  Tiiriliis  de  de  M.  .\|din  est  bien  pliili'it  une  (il  i\('  en  livr(''e  anor- 
male, enlaclu'e  de  mélaiiisme  ipi'iin  hybride.  Le  jeune  .Merle  et  la 
femelle  de  cette  espèce  sont  en  ellet,  sur  la  fjorsïe  et  sur  la  jioilrine, 
d'un  ton  roux  clair  pi(|neté,  là  iirivisi-nuMit  où  le  ]dumafie  de 
l'hybride   supposé  est  le  plus   fonci'. 

(I)  Ces  renseignements  sont  donnes  dans  le  N"  d'avrit  suivant,  p.  II)'». 


802  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

H  ne  sera  pas  sans  inlërAt  de  faire  reniarriner  (lu'aii  moment  où 
nous  avons  reçu  le  Ttuilus  de  M.  Aplin.  un  jeune  cliasseur,  tri's 
habitué  aux  Merles  et  aux  Grives.  (|u'il  aliat  lré(|uemiiient  à  tous 
âges,  était  présent.  Or.  quoique  son  emiiai'ras  et  scjii  éloiniement 
fussent  Ijien  visii)les,  a|irès  quelque  temps  de  réllexion,  il  prit  l'Oi- 
seau pour  une  Grive  ((  curieuse  ».  C'est  ainsi  que  l'avait  jugé  celui 
qui  l'avait  possédée  en  premier  lieu.  Plus  on  l'examine,  plus  on  le 
regarde,  plus  on  acquiert  la  certitude  que  c'est  une  Grive,  mais  avec 
un  aspect  anormal  qui  pourrait  être  le  résultat  d'un  mélanisme 
partiel.  Il  est  en  effet  impossible  de  le  reporter  à  l'espèce  iiienthi, 
puisque,  nous  venons  de  le  dire,  là  où  le  jeune  Merle  (et  la  femelle 
de  cette  espèce)  sont  de  couleur  claire,  il  est  [)récisément  foncé. 

Dans  sa  description,  que  nous  n'avons  point  reproduite  en  entier, 
M.  0.  V.  Aplin  reconnaît  lui-uièuie  ([ue  la  coloration  anormale  que 
présente  sou  sujet  ne  i)rouve  point  positivenu'nt  un  mélange.  Aussi, 
pour  soutenir  l'hybridation,  s'appuie-t-il  sur  les  caractères  suivants, 
à  savoir:  1"  que  le  bec  est  légèrement  plus  large  et  les  tarses  légère- 
ment plus  forts  que  ceux  de  la  Grive:  *'  que  l'aspect  de  la  tête  est 
celui  du  Merle. 

N'ayant  point  vu  l'Oiseau  en  chair,  la  critique  de  ce  dernier 
caractère  nous  échappe;  la  préparati(m,  (jue  la  peau  a  subie, 
peut  avoir  modifié  sa  conformation  naturelle.  Mais  nous  pou- 
vons faire  savoii-,  quant  au  premier  point  (la  largeur  du  bec  et  la 
longueur  des  tarses),  qu'un  jeune  Merle  et  une  femelle  T.  muxicm, 
que  nous  possédons  n'ont  point  le  bec  plus  forl  i|ue  celui  d'une 
Grive  entre  nos  mains,  puis  que  cette  Grive  parait  elle  nu'iue  avoir 
le  bec  plus  fort  (|ue  celui  de  l'hybride  su|)posé.  Nous  ajouterons, 
en  ce  qui  concerne  la  couleur  noire  r(''pandue  sur  la  mandibule 
supérieure,  que  le  bec  du  jeune  Merle  dont  ou  \  ienl  de  pailer  se 
montre  d'une  teinte  plus  claire.  Quant  aux  tarses,  nous  reconnais- 
sons qu'ils  paraissent  réellement  plus  foits  que  ceux  de  la  Grive, 
tout  au  moins  plus  forts  que  ceux  des  deux  T.  iinisirus  de  notre 
collection  (1)  ;  mais  l'Oiseau  ayant  vécu  assez  longtem|)s  en 
captivité,  on  ne  peut  allacher  une  grande  importance  à  ce  détail. 
(M.  0.  \.  Aplin  a,  croyons  nous,  omis  d'indiquer  la  couleui-  du 
bord   libre  des  paupières,  caractère  qui  cependant  a  son  intérêt). 

Trois  points  nous  laissent  supposer  que  le  Merle  n'est  point  l'un 
de  ses  parents  :  1"  la  circonstance  qu'il  était  accompagné  dans  son 

(I)  Notre  matériel  de  comparaison  était  très  peu  nonilircii.x  au  momenl  où  nous 
écrivions  tes  lignes.  Nous  tenons  à  le  faire  savoir. 


ADDITIONS,    COnnECTlONS    ET    EXAMENS    DAPnÈS    NATURE  803 

nitl  (\c  joiines  Grives  normales,  lesquelles,  jtariiîl  il.  restèrent  telles 
en  vieillissant  (1);  2"  cet  autie  fait  (|ue  la  partie  noire,  iniinilahie 
à  un  croisement  avec  le  Merle,  se  trouve  là  précisément  où  le  jeune 
ou  la  femelle  <le  cette  espèce  en  sont  privés;  entin  3"  à  savoir  (|iie 
celte  i)articulaiité  existait  avant  la  mue. 

Nous  ajouterons,  du  reste,  que  .M.  \.  Holte  .Macpherson,  amiuel 
nous  avons  soumis  l'aciuarelle  fort  exacte  que  nous  conservons  de, 
ce  i)rétendu  hybride,  le  considère  comme  une  variété  de  (îrive 
(7'.  mmicus).  Il  se  distinj^ue  de  celui  (pi'il  avait  vu  et  (|u'il  a  décrit 
dans  le  Zoolofjist  (  1S!)3)  |)ar  [)lusieurs  traits  :  I"  Partout  la  coloration 
n'ot  pas  aussi  fonci-e;  i"  les  parties  inférieures  du  coi-ps  sont 
beaucmip  plus  claires;  3"  le  bec  semiile  être  plus  court;  4"  les 
bordures  antérieures  des  rémiges  sont  claires  (2)  ;  '6°  au  lieu  d'avoir 
l'abdomen  couvert  de  grandes  taches  larges,  on  voit  sur  cette 
partie  les  taches  propres  au  T.  mu.sirus  (3);  it"  ni  la  description 
faite  par  M.  .\plin,  ni  l'aquarelle  ne  laissent  croire  que  les  pau- 
pières soient  jaunes  (4);  7"  enfin  le  contour  de  l'Oiseau  resseinble- 
l'ail  plus  à  T.  wiixicus  qu'à  T.  mcrula.  n 

-M.  Ilolte  .Macpherson,  ayant  été  ilei-nièreinent  à  U.xford,  y  a  ren- 
contré son  ami,  .M.O.V.  Aplin;  celui  ci  lui  a  montré  la  peau  même. 
M.  Mac|iIierson  persiste  dans  son  opinion;  »  celle  jieau.  qu'il  a 
examinée  avec  soin,  nous  dit-il,  n'est  (pTune  varié'tt'  de  la  (îrive, 
T.  musiciis.  variété  mélanic[ue.  » 

En  ce  qui  concerne  le  second  exemple,  nous  ré'pondrons  qu'une 
femelle  .Merle  (avec  sa  gorge  et  sa  poitrine  relativement  claires  et 
poinlillées)  a  pu  être  prise  pour  une  Grive.  —  .Mais  que  ce  cas  ne  se 
soit  point  produit,  qu'une  vraie  Grive  (et  de  sexe  femelle?)  soit 
venue  rcmidacer  le  7'.  niusirus  9.<'t'la  ni'  dit  j)oint  encore  (|u'un 
accouplement  s'en  soil  suivi.  Loin  de  là,  le  fait  (|Me  l'un  raconte  se 
passait  à  un  monn-nt  on  la  ponte  iMait  lermini-e.  Les  oMifs  qui 
('clorent  ne  purent  donc  être  (|ue  des  .Merles.  Le  fait  d'ado|)tion 
par  des  espèces  étrangères  de  jeunes  privi-s  de  leurs  i)arents  n'est 
point,  croyons  nous,  un  fait  absolument  rare;  on  en  a  des  exemiiles, 
parait  il. 

OuanI  au  troisième  exemple,  nous  ne  |)ouvons  le  juger.  Aussitôt 
que  nous  l'avons  connu,  nous  aurions  dû  demander  à  ac(|uérir 
l'Oiseau  qui  avait   été  mis  en  vente;   la  piopiiétaire,  M^''  Hoi)bs, 

(I)  Au  moins  Tune  (l'tllrs  (|iie  l'on  put  suivre. 

li)  I.e  dos  el  II'-  ailes  do  l'Oiseau  i|u'il  a  drciil  soûl  d'un  liiiin  unifoiuie. 
(;t)  L'autre  Oiscdti,  vu  de  loiu,  paniil  d'un  Ion  uoinUrL-  |U'esi|u'uni(()iuic. 
(4)  Ce  e|ui  e.xisle  chez  l'individu  vu  p:ii-  .\l.  Macpherson. 


804  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAOE 

dont  M.  Holte  Macplierson  nous  nvait  (ait  ronnaîtro  Je  nom  cl 
l'adresse  (I),  était  toute  disposée  à  nous  céder  la  ])ièce  rurieuse. 
Quanti  nous  nous  souiines  tlécidé  à  en  demander  ren\oi  l'Oiseau 
venait  de  mourir  ;  on  n'avait  point  pris  soin  de  faire  préparer  sa 
dépouille.  Néanmoins,  M''^  Hohhs  nous  a  conrirmé  en  tous  points  la 
relation  (|u'ellt^  avait  laite  à  M.  Marplierson,coni'ernant  les  cireons 
tances  de  la  capture,  et  pour  elle,  cet  Oiseau  était  bien  un  liyliride. 
Nous  regrettons  donc  notre  négligence;  cette  pièce  aurait  peut  être 
décidé  du  croisement  si  peu  assuré  de  la  Crive  et  du  Merle.  On 
nous  permettra  cependant  de  conservci-  notre  scepticisme  à  l'égard 
de  ces  mélanges,  non,  certes,  impossibles,  uiais  qu'aucun  fait 
décisif  n'a  encore  prouvés. 

Nous  avions  dit  (2)  qu'il  existait  au  liritisli  Muséum  un  Oiseau 
(lue  l'on  supposait  être  un  hybride;  que  cette  pièce,  offerte  par 
M.  Bartlelt,  avait  été  e.xaniinée,  non-seulement  par  le  superinten 
dant  des  Zoological  Ganlens,  mais  aussi  par  M.  Edwarl  lîlyt, 
M.  J.  H.  Gurney  et  d'autres  ornithologistes,  lesquels  avaient  trouvé 
dans  le  i)lumage  des  traces  proliahles  de  croisement.  Depuis, 
désirant  faire  [jcindre  cet  Oiseau,  nous  avons  demandé  à  la  direc- 
tion de  bien  vouloir  nous  indlipier  siui  numéi-o  d'ordre  ou  la  place 
qu'il  occupe  dans  les  galeries  du  musée  anglais.  Mais  il  nous  a  été 
répondu  ((u'il  n'y  existe  pas;  le  peintre  Keulemans  l'a  aussi  cherché 
en  vain.  M.  Bartlett  qui  l'avait  olîert,  lors({ue  .M.  Georges  Gi'ay  était 
chargé  de  la  section  ornithologique,  c'est  à  dire  bien  avant  «lue 
M.  le  D''Gûnther  ne  fût  nonuné  directeur  du  .Muséum,  craint  beau 
coup  qu'il  n'ait  été  perdu  lors  du  transfert  ties  Oiseaux  de  lîlooms- 
bury  à  South  Keusington. 

En  parcourant  le  méinoii'e  de  M.  Miller  Christy  (3),  nous  avons 
trouvé  ('i)  certains  détails  fm-t  curieux  au  sujet  de  cette  pièce,  détails 
qui  prouvent  qu'elle  a  été  réellement  conservée  au  British  Muséum. 
Non  seulement  M,  Dresser  l'auraitcitée  (lî),  mais  M.  Bowdler.Sharpe 
serait  parvenu  à  la  découvrir.  CeiiendanI  Téminent  oi'uitliologiste 
s'accordeavec  M.  Miller  (Ihristypour  pensei'(|ue  ce  n'est  pas  un  réel 
hybride.  Suivant  la  détermination  de  .M.   Seebohm   (6),   c'est   une 

(1)  25,  Queens  lload,  à  Nortliamptoii. 

(2)  Voy    p.  30'.)  et  p.  4;i'J  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  18'J2. 
(■.i)  D."jà  cit. 

(4)  A  la  p.  M2, 

(5)  In  Birdis  of  Europe,  art  Black  Bled,  vol.  Il,  p.  lii  (Nous  n'avons  cependant 
pu  trouver  le  passage  visé). 

(6)  Cit.  par  M.   Miller  Christy. 


ADDITIONS,    COKRKCTIONS    ET    KXAMENS    DAPBÈS    NATURK  805 

vari('t(5  (I  m('l;mislicii  do  la  fjrosse  Grive  (Missel  Thrush).  Voici  coin- 
inenl  .M.  Miller  Clirisly  l'a  décrile  : 

«  Le  bee  est  ])lus  court,  plus  fort  cl  plus  (•(nii(|uc  que  daus  le 
Merle  ou  la  Grosse  (!rive.  La  partie  sui)érieiire  de  la  tcle,  le  cou, 
le  dos,  les  ailes  el  la  (|iieiie  s(uit  d'un  liruii  rouge,  i)res(|ue  uni 
forme,  de  nuance  plii>  Imicée  (luc  dans  la  même  espèce,  mais  plus 
clair  sur  la  (|ueue  el  les  iiords  exiérieurs  des  secondaires.  Les 
parties  iiift'rieures  soni  d'un  noir  i)runùlre  foncé;  les  |)lumes  du 
ment(M)  sont  parsemées  de  idanc  sale.  Quei(|ues  plumes  sui'  la 
|toi(riiie.  et  les  |ilumes.  jus(|u'au  milieu  de  l'esloniac,  sont  lioidi'cs  un 
peu  plus  larfj;enienl  delilanc  jaunàlre  sale  (|ue  ne  le  soiil  les  aulre.s. 
Les  rectrices  el  les  couvertures  inférieures  de  la  ijueue  sonI  toutes 
delà  même  couleur:  les  pattes  son!  1res  claires  (proiiahly  l'atled, 
ajoute  t  il |.  » 

La  pièce  était  étiquetée  ainsi:  (i  Hrilisli.  Received  tiDui  .M''  Jtarllclt 
in  exclianire,  Nov.  ISi't.  Tol.il  leni;lil  10  in.  ;  wiiit;'  from  carpal 
joint  ÎJ  .'{/'i  ;  tail  'i  iiis.  ;  ;î '•'  piimaiy  iongesl  ;  i'"' and  i  "'.  e(|ual. 
A.  D.  H.  n 

Ce  (|ui  vient  d'èlredil  à  son  sujel  n'eniiage  poini  encore  à  croire 
qu'il  y  ail  eu  croisement  de  Grive  el  de  Merle. 

La  chasse,  que  les  enfants  ou  les  amateurs  d'Oiseau.v  chanteurs 
font  avec  acharnement  au.x  Merles  et  aux  Grives  dans  les  hosquets 
de  nos  jardins,  favoiise  ccpendanl  le  mt'laiifie  des  deux  espèces,  car 
l'équilibre  dans  les  sexes  <loit  s'en  trouver  souvent  (■branlé.  Si  un 
croisemeni  devait  se  réaliser,  c'est  bien  certes  celui  dont  nous 
l)arlons. 

Tntnrs  mercla  el  T(  unis  touoiati.s 
(Se  re|)orler  p.  liTUon  |).  447  des  .Méiii    do  la  Soc.  Zool.,  IS92). 

Le  Hév.  Macpherson  a  bien  voulu  nous  envoyer  en  communica- 
tion le  Tiinliis  sujjposé  hybride  (jue  NL  .1.  11.  (iurney  lui  a  remis 
pour  le  Musée  de  Carlisle. 

.\vant  (le  faire  connaître  noti'c  imi)ression  sur  cet  Oiseau,  nous 
avons  à  examiner  les  ileux  espèces  pures  que  r(m  croit  lui  avoir 
donné  naissance. 

.\u  point  de  vue  moi'plio'oi,'-i(pic.  rcsp(''c('  torijualii^  et  l'espèce 
iiienila  ne  peuvent  être  guère  dillérenciées  (jue  parla  disposition 
terminale  des  quatre  ou  cinq  premières  pennes  de  l'aile.  Chez 
T.  tonjualus.  la  premi(''re  penne  est  plus  longue  que  chez  T.  meriila, 
la   (luali'ièiue   est   ]dus    couile;   en    sorte   que   ces   deux   pennes, 


806  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LETAT   SAUVAGE 

qui  sont  à  peu  près  de  mêmes  dimensions,  se  laissent  dépasser  par 
la  deuxième  et  la  troisième  qui  sont  é;;ales.  Au  contraire,  eliez 
T.mcrula,  les  deuxième,  troisième  et  quatrième  sont  presque  de  la 
même  longueur,  dépassant  davantage  la  penne  la  plus  extérieure. 

L'examen  d'un  bon  nombre  d'échantillons  nous  a  prouvé  ((ue 
cette  remarque  est  juste. 

Tout  d'abord,  en  examinant  quelques  spécimens  des  deux  t\  |ies, 
nous  avions  cru  remarcjuer  ijue  chez  T.  nieriila  les  rectrices  sont 
plus  allongées  que  chez  7'.  torqitatu.s  ;  mais  une  étude,  faite  depuis 
sur  un  plus  grand  nombre  d'exenqjlaires,  ne  nous  a  point  permis 
d'établir  positivement  cette  règle.  Nous  avions  cru  encore  nous 
apercevoir  que,  chez  le  Merle  à  plastron,  les  couvertures  de  la 
queue  sont  plus  longues  que  chez  l'autre  espèce  et  font  ainsi 
paraître  les  rectrices  plus  courtes  ;  mais  chez  divers  T.  iiicrula.  nous 
avons  trouvé  les  couvertures  aussi  tombantes. 

En  ce  qui  concerne  les  dimensions  du  bec  nous  les  croyons  plus 
faibles  chez  T.  torquatus. 

Telles  sont  les  différences,  peu  sérieuses,  on  le  voit,  sauf  celles  des 
pennes  rémiges,  que  nous  avons  trouvées  dans  la  forme  extérieure 
des  deux  espèces;  nous  disons  extérieures,  car  nous  ne  nous 
sommes  point  livré  à  un  examen  ostéologique  et  anatomique. 

Pour  la  couleur,  les  différences  sont  peut  être  plus  sensibles  à 
l'œil,  puisque  T.inerula  cT  adulte  est  complètement  noir,  tandis  que 
T.  torquatus  du  même  sexe  et  du  même  âge  montre  un  plastron  blanc 
brunâtre  sur  son  devant,  des  taches  martelées  claires  espacées  çà 
et  là  sur  les  parties  inférieures  et  sous  le  dessus  du  corps,  enfin  une 
teinte  générale  bien  moins  foncée  que  celle  du  premier.  Disons 
encore  que  la  couleur  jaune  du  bec  est  beaucoup  plus  blanchâtre, 
bien  moins  vive  chez  torquulus.  (Tous  nos  exemplaires  étant  con- 
servés, nous  ne  pouvons  distinguer  la  couleur  des  paupières  ; 
probablement  7'.  inerula  les  a  1-il  i)lus  jaunâtres). 

Néanmoins,  nous  avons  été  frapjié  des  traits  nombreux  de  res- 
semblance dans  la  coloration  que  les  deux  espèces  présentent  à 
un  certain  âge.  Ainsi,  lorsque  le  noir  de  T.  iiierula  envahit  les 
parties  inférieures,  souvent  la  partie  correspondant  au  plastron  de 
T.  <orç!ia(Ms  reste  avec  les  marques  de  jeunesse,  c'est-à-dire  dans 
sa  teinte  claire;  si  bien  que  T.  menila  se  trouve  lui-nxhne  avoir,  à  un 
moment  de  son  existence,  un  plastron  comme  son  congénère! 

Ce  phénomène  est  excessivement  curieux;  nous  l'avons  constaté 
positivement  sur  deux  et  môme  trois  exemplaires  de  notre  collec- 
tion ou  des  collections  qui  nous  avaient  été  prêtées;  car,  afin  de 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMI.NS    d'aPRÈS    NATURE  807 

nous  livrera  un  examen  profilalile  de  l'Iiylnide  qui  nous  avait  été 
confié  si  fïracieusemcnt,  nous  avions  réuni  de  nombreux  s])écimens 
de  différenls  àf;es,  tués  dans  diverses  conlrées  (1). 

Or,  nous  estimons  (|ue  le  earaclère  qui  a  fait  supposer  que  le 
Tu rdus  ihi  Musée  de  C.arlisle  est  un  liyliride.  consiste  iirécisément 
dans  le  ti'ait  curieux  (jue  nous  sii^naions.  Cet  Oiseau,  en  i^rande 
]iaili('  noiiàtre  coiume  le  Merle,  laisse  voir,  en  ellet,  un  ])lastron 
gris  lirunàtre  exactement  comme  celui  du  taniuutus.  Mais,  pour 
nous,  celle  particularité  est  due  à  l'àfjfe  de  l'individu,  (|ui  n'est 
point  tout  à  fait  adulte.  S'il  était  un  vrai  T.  tur(j\ialus  mélanf;(!  de 
T.  mentla,  sans  doute  la  forme  terminale  des  pennes  de  l'aile 
aurait  conservé  quelque  rappel  de  cette  espèce.  Cela  n'est  point: 
les  ])ennes  rémii,'es  t'Ont  entihriiirnl  de  la  funnc  de  celles  du 
T.  nirritla.  Quant  au  hec,  nous  ne  saurions  rien  en  dire. 

Reconnaissons  toutefois  que  si  T.  torquatns  et  T.  nfc/ «/a  venaient 
à  se  croiser,  ils  doiiiieraient  sans  doute  un  iinuluit  ayant  Ix^aucou]) 
d'analof^ie,  par  son  plumafje,  avec  celui  dont  nous  nous  occupons 
el,  par  conséquent,  très  dillicile  j'idinérencier.  Nous  pensons  ce|)en- 
dant  (juc  la  fiirme  lerminale  des  [X'unes  de  l'aile  se  montrcr'ait 
alleclée  par-  le  iiu''lan;;'c.  caiactèrc  qui  ne  se  iiréscnlc  piiiiil  dans  le 
cas  présent  ;  ce  (|ui  nous  ()l)lifj;e  à  n'fiTer  l'Oiseau  à  l'espèce 
T.  merula.  dmil  il  pii'seute,  du  reste,  tous  les  caiactères. 

Genre  Calamoherpina 

IIVl'OI.AIS  HAMA  (2)  et  AcnOCKl'HAI.US    STIIKCKIUS  (3) 

l'eu  d'auteurs  ont  paih'  <lr  Vlliiiiolnis  rama;  nous  ignorons  si 
cette  es|)éce  est  dilïérenle  de  l'Acrncriihalus  si  repéras;  (|uoiqu'il 
en  soit,  M.  le  pnif.  IMeske,  de  Saint  l'élershourg,  a  découvert 
dans  la  collection  de  l'Académie  de  cette  capitale  un  Oiseau  qui 
laisserait  voir  des  caractères  ju'opres  au  genre  Idana  (llypalais)  et 
au  genre  Acrocciilialus.   Le  savant  consci'Vatfur    de   ce  Must'c  ne 

(1)  Nous  possédions  vingt-trois  spécimens;  depuis,  noire  mobilier  s'est  an);uienlé. 

(2)  Synonymie  :  Sylvin  rama,  l'hyllapneusle  rama. 

(.i)  Synonymie  :  Motacilla  urundinuecu,  Syhia  uruiuliiidcea,  Acrocephulus 
arumiinuceiis,  MiiscipiUi  aniiulhiacea,  Sylria  slrcpeu,  t'alumohirpe  nrundi- 
nacca,  Curma  arumlinacea,  Calamolierpe  alnorum,  (Àilamulierpe  arhuslorum, 
Carruca  fasca,  Salicaria  arundmacea,  Sylria  aHiiiis.Calamoherpe  pincliirum, 
Saltcaria  slrepera,  etc.,  etc. 


808  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

croit  point  se  tromper  en  le  déclarant  hylîride.  Il  fut  tué  le  4  juin 
1838,  près  du  Uischarny,  sur  le  Ssyr  Dapja,  par  le  D'  Sewertzow. 
D'après  son  habitus,  cet  Oiseau  rappellerait  Ylduna  rama  ou  l'iduna 
palliila,  mais  il  en  diffère  pai-  la  Idriiic  des  plumes  des  ailes  cDiiinie 
par  la  teinte  rouge  de  rouille  du  croupion  et  des  couvertures  supé- 
rieures de  la  queue.  M.  l^leske  ne  saurait  dire  positivement  s'il 
descend  de  V[(Iuna  rama  ou  tie  1'/.  palliila  parce  que  ces  deux 
formes  sont  très  rap|)rochées  Tune  de  l'autre;  il  présume  seule- 
ment que  l'un  des  parents  doit  appartenir  à  la  incinière  espèce 
parce  ([ue,  d'une  part,  l'ensemlile  de  Vlialilliis  ra]q)elh'  davantage 
1'/.  rama,  et  d'autre  part,  parce  que  le  D''  Seweilzow  ne  rapporte 
aucun  exemple  de  1'/.  palliila  sur  le  cours  inférieur  du  Ssyr-Darja, 
tandis  ijue  Vf.  rama  est  l'cprésenté  nombre  de  fois  dans  la  collection 
du  feu  docteur.  Quand  à  la  descendance  Arrorrplialus.  il  ne  peut 
être  question  d'une  autre  espèce  que  du  type  sîri'perus;  VAcrocc- 
phalus  paluslris  ne  se  rencontrant  pas  non  plus  sui-  le  Ssyr  Darja 
et  VA.  dumctorum  n'ayant  pu  transmettre  à  cet  liybride  supposé 
ni  les  pioportions  des  plumes  des  ailes,  ni  la  teinte  couleur 
rouge  de  rouille  du  croupion. 

M.  Pleske  a  représenté,  par  des  dessins  qui  servent  d'en-téte  à 
une  étude  sur  cet  hybride  (1),  les  marques  caractéristiques  de  la 
forme  de  l'Oiseau  qu'il  a  ainsi  décrit  :  «  Tout  le  des.sous  du  corps 
est,  y  compris  les  plumes  des  oreilles,  de  couleur  Isabelle  se  fondant 
sur  la  tête  en  un  ton  plus  gris.  Sur  le  croupion  et  sur  les  couver- 
tures supérieures  de  la  ([ueue,  il  existe  une  teinte  de  rouge  de 
rouille,  ce  qui  communique  aux  parties  désignées  un  ton  de  cou- 
leur Isabelle  et  brunâtre.  Les  jilus  grandes  pluuies  des  couvertures 
supérieures  des  ailes  (?),  les  ailes  et  les  plumes  du  gouvernail  sont 
plus  sombres,  d'un  brun  gris,  avec  des  bordures  plus  claires  aux 
plumes  extérieures;  ces  bordures  sont  jilus  larges  sur  les  plumes 
tectrices  supérieures  des  ailes  et  sur  les  plumes  secondaires  les 
plus  intérieures,  plus  étroites  enfin  sur  les  autres  plumes  des  ailes 
et  sur  les  plumes  i[ui  servent  de  gouvernail.  Une  raie  su|iraciliaire 
peu  distincte,  formée  d'un  ])lanc  jaunâtre,  s'étend  depuis  la  base 
du  bec  jusqu'un  peu  derrière  l'œil;  la  bordure  est  à  peine  visible. 
Le  dessous  est  blanchâtre  ;  c'est  la  couleur  de  la  gorge  qui  est 
la  plus  pure,  ainsi  que  celle  du  milieu  du  ventre,  tandis  que  sur 
la  ])oitrine  et  sur  les  autres  parties,  notamment  sur  les  côtés,  se 
montre  une  teinte  d'un  fauve  intense;  les  plumes  des  épaules  et 
les  couvertures  inférieures  des  ailes  sont  blanchâtres,  les  dernières 

(I)  OrnUhiigrupliiu  rossicu,  II,  pp.  5GI-563. 


ADDITIONS,    COnnF.CTIONS    l'.T    KXAMENS    d'aPUKS    NATURE  .SOO 

ont  une  leiiite  dc!  couleur  croine  et  ili'  couleur  fauve.  I.c  dessous  des 
Ijarhes  intérieures  des  pennes  îles  ailes  est  blanc  d'arj^enl  avec 
un  lavage  de  couleur  crème. 

«  Le  liée  en  dessus,  à  rexceplion  des  hoi-dures,  est  d'un  hrun  de 
corne;  les  bordures,  comme  la  mandibule  inférieure,  sont  jaunâtres. 
Les  poils  à  la  base  du  bec  sont  assez  bien  développés  ;  (culmen, 
17  millim.l.  L'aile  aboitive  est  plus  courte  qutî  les  couvertures  des 
pennes  primaires  de  l'aile;  elle  est  pointue.  I^a  deu.\iéme  et  la 
(luatiième  penne  forment  la  pointe  de  l'aile;  la  troisième  est  un  peu 
plus  Ionique  (|ue  la  (inatriéme,  tandis  (]ue  la  deuxiènii^  est  plus 
courte  que  la  ciuatricme  et  plus  longue  ([ue  la  ciii(|uième.  Mais  la 
barbe  extérieure  de  la  troisième  penne  se  rétréci!  diine  manière 
insii^Miifiante.  Longueur  (56,. "i  millim. 

»  La  (|ueue  esl  à  |)eine  arrondie,  les  )iiumes  les  |ilus  extérieures 
sont  eu  elïet  de  -i  millim.  |)lus  courtes  (|ue  celles  (|ui  sont  les  |)ius 
longues,  ([^ongueur  lu  millim.).  Les  jambes,  les  doigts  et  les  ongles 
sont  biunàtres.  Le  larse  mesure  i4  millim.  » 


CiNCLUS   CASHMIRIENSIS    et   ClXCLES    LEUCOGASTER  Cl    C.    SOHDIDUS 
(Se  reporter  pp.  370-377  cl  pp.  4uO-4jl  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.) 

En  parlant  de  la  iiremièie  espèce,  M.  Oales  (I)  dit  qu'elle  s'étend 
à  l'ouesl  de  l'.Vsii'  mineure,  et  qu'elle  esl  très  voisine  des  trois 
races  de  Dijjpers  que  l'on  trouve  en  Europe.  Au  nord,  ajoute  t  il, 
celte  forme  se  rajq)rocbe  du  C.  Inironaslcr  dans  des  exem|)les 
typi(iues  dont  le  dessous  du  corps  esl  blanc.  Puis,  cbez  quebiues 
spécimens,  on  constate  une  tendance  à  se  rapprocher  du  C.sordidus, 
parce  que  le  blanc  de  la  gorge  et  de  la  poitrine  est  noirci  et  que 
ces  parties  sont  occasionnellement  tout  à  fait  brunes. 

Os  remarques  nous  piouveiit,  une  fois  de  jjIus,  que  les  dilïé- 
rences  que  présentent  les  trois  formes  en  ([uestion  ne  sont  que 
des  dillérences  de  race  et  vraisemblablement  ne  sont  point  impu- 
tables à  des  croisements. 


(I)  TUe  fauna  nf  hrilish  Iiulia,  Dirds,  vol.  Il,  p.  Ii;3,  IS'.nJ. 


810  OISEAUX    H I BRIDES    RENCONTRÉS   A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

Famille  des  Laniidœ. 

Genre  Lanius 

LaiMus  rufus  et  Lanius  collurio 

(Se  reporter  p.  378  ou  p.  432  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1892). 

Par  renlrciiiise  de  M.  le  D' Larquier  des  Baneels,  conservateur 
du  -Musée  de  Lausanne,  nous  avons  pu  examiner  le  spécimen 
unique  que  l'on  attribue  au  croisement  de  ces  deux  espèces.  Ce 
spécimen  ap|iarlienl  aujourd'hui  aux  héritiers  de  M.  Bastiau, 
l'ancien  préparateur  du  Muséum. 

On  sait  que  les  deux  parents  supposés  de  ce  produit  bizarre  ne 
diffèrent  entre  eux  ([ue  par  la  coloration  du  dessin,  car  la  dispo- 
sition de  leur  plumage  est  à  peu  près  identique;  quant  à  la  forme 
du  corps  elle  ne  varie  chez  aucun  des  deux  ;  rufus  est  seulement  un 
peu  jilus  gros.  Cette  différence  de  coloration  peut  être  délinie  ainsi 
ciiez  les  mâles  adultes  :  front  noir  chez  rufus,  cendré  perle  chez 
eoUuvio  ;  tout  le  dessus  de  la  tète  et  du  cou  et  la  partie  continuant 
sur  le  dos,  roux  vif  chez  le  premier,  cendré  perle  chez  le  second  ; 
(chez  celui  ci  le  cendré  perle  est  le  prolongement  de  la  teinte  du 
front).  Sur  le  dos  de  rufus  existe  une  grande  plaque  noire  qui  se 
prolonge  eu  travers  sur  le  haut  des  scapulaires  et  s'étend  en  s'at- 
ténuant  eu  gris  cendié  vers  le  crou[)ion  ;  la  même  partie  est 
rousse  chez  colluriu. 

Les  scapulaires  sont  blanches  chez  rufus;  elles  sont  rousses 
comme  le  dos  chez  collurio.  Chez  ce  dernier,  le  croupion  est  cendré 
I)erle,  tandis  qu'il  est  blanc  chez  rufus.  Les  rémiges  de  collurio  ne 
sont  pas  traversées  par  un  miroir;  toutes  les  premières  le  sont 
chez  rufus  et  forment  un  miroir,  lequel  est  blanc  jaune.  L'aile, 
chez  ce  dernier,  est  presque  de  couleur  noire;  elle  est  beaucoup 
plus  claire,  d'un  gris  brun,  chez  collurio.  En  dessous,  depuis  et  y 
compris  la  gorge  jusqu'au  croupiou,  et  même  aux  couvertures  iufé- 
lieuies  de  la  queue, /«/ms  est  d'un  blanc  lavé  plus  ou  moins  de  jaune, 
(juelquefois  de  jaune  légèrement  roux;  collurio  se  colore,  au  con- 
traire, notamment  sur  la  poitrine,  de  rose  violacé  bleuté  assez  clair. 

La  manière  dont  le  blanc  s'étend  sur  les  rectrices  chez  rufus  est 
assez  variable;  ayant  un  grand  nombre  d'exemplaires  (^  adultes  en 
notre  présence,  nous  avons  pu  remarquer  de  notables  différences 
sous  ce  rapport.  Néanmoins,  on  peut  dire  que,  chez  collurio,  la 
partie  blanche,  près  de  la  racine  de  la  plume,  est  plus  étendue. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  X\\ 

La  rectrice  la  |)liis  extérieure  est  (ré(|iieiiiiiienl  [iliis  hlaiiclie 
chez  rufus;  (luelcjnefois  on  trouve  eette  reetrice  tout  aussi  lilaiiche 
dans  certains  exemplaires  de  fo//»n'o.  1!  nous  a  paru  que  la  même 
])enne  était  proportionnellement  plus  eouite  chez  rufus.  Sur  la 
joue  de  nifus,  de])uis  le  bec  jusciu'à  l'épaule,  se  monti'e  une  large 
bande  ou  plaque  noire  passant  au  dessus  de  l'œil  :  c'est  le  noir 
du  froni  (|ui  se  prolonge  de  cette  manière,  (liiez  cnlluriu  le  noir 
s'arrête  plus  vile;  il  ne  di-passe  pas  les  joues  et  ne  s'élend  ((ue 
jusqu'au  bec,    (le  iiunl   étant  cendré,   comme  on    l'a    reniarqné). 

Kn  somme,  si  les  scapwlaires  de  rufun  ne  formaient  ]ias  une 
large  taclu;  lilanclie  li-ès  a|>parente,  les  teintes  du  plumage  se  hou- 
veraient  disposées  de  la  iiièiin'  façon  chez  les  tieux  lyiies  cf.  qui 
varient    donc   seulement    par   leur  coloration  (1). 

11  suit  lie  là  que  les  mâles  présentent  entre  eii\  une  giaiide 
analogie,  on  peut  les  dire  très  rapprochés  l'un  de  l'autn'. 

Quant  aux  femelles  elles  dillèient  jjlus  entre  elles  que  ces  iler- 
niers.  en  ce  sens  que  la  femelle  de  rufus  est  à  peu  de  chose  |)rès 
semblable  au  mâle  de  son  espèce,  (ses  teintes  générales  sont  seule- 
ment allaihlies),  tandis  que  la  femelle  de  collurio  diffère,  non  seule- 
ment du  mâle  de  son  espèce  de  cette  même  manière,  mais  encore 
et  surtout  par  le  dessin  des  parties  inférieures.  En  effet,  elle  se 
trouve,  à  ces  parties,  marquée  ou  tachetée  de  demi-croissants  formés 
de  zigzags  (2).  Elle  ne  p(»ssèile  i)oinl  non  plus  les  grandes  taches 
blanches   des  rectrices  ;  jiuis  la  poitrine   n'est  point  violacée. 

Les  jeunes  des  deux  espèces  pi'ésentent  entre  eux  de  grandes 
analogies;  on  pourrait  facilement  les  confondre.  Mais,  chose 
bizari'e.  collurio  d"  jennt!  nous  a  |)aru,  dans  sa  teinte  générale,  plus 
roux,  plus  foncé  au  moins,  notamment  sur  la  tète,  que  n'est  rufus! 
Ajoutons  que  les  |)etites  raies  ou  croissants  en  zigzags  de  rtifus  se 
trouvent  divisées  davantage  par  une  leinle  claiic. 

Ces  observations  étant  faites,  nous  i-emarquerons  tout  d'abord 
que  le  Lunius  duliius  de  Lausanm-  est  plus  fort  (|ue  ne  le  son!  en 
général  les  individus  des  deux  espèces  ;  il  dépasse  par  sa  taille,  et  sa 


(1)  Les  Uirscs  el  les  doigts  de  rufus  sont-ils  cependant  un  peu  plus  forts  ([ue  ceux 
de  collurio'!  Nous  ne  saurions  le  dire  avec  précision.  I,cs  deux  mandibules  du  bec 
du  premier  semblent  plus  épaisses  que  celles  du  second.  Nous  avons  (ait  s-avoir  que 
les  deux  espèces  sont  de  même  taille;  collurio  serait  iiéanmoiEis  un  peu  plus  faible. 

(2)  Ce  qu"on  n'aperçoit  plus  chez  le  mille  adulte. 


812  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

grosseur  môme  (1),  les  dimensions  de  rnfus;  il  est  un  peu  plus  long 
et,  dans  ses  [tarties  antérieures,  un  peu  plus  lar^e.  Il  est,  en  somme, 
d'aspeet  plus  tort;  cela  nous  parait  indisrulalile.  Est-ee  le  montage 
qui  est  la  cause  de  ce  volume  inusité?  nous  ne  le  pensons  pas. 

Par  sa  tonalité  foncée,  noirâtre,  l'Oiseau  produit  l'effet  d'un  indi- 
vidu qu'on  aurait  nourri  avec  des  graines  écliaullanles.  On  sait 
qu'en  captivité,  on  arrive  à  foncer,  à  noircir  même,  le  plumage  de 
certains  Oiseaux  par  un  genre  de  nourriture  spéciale:  le  Bouvreuil 
noir  en  est  un  exemple,  (l'est  l'impression  que  nous  avons  ressentie 
en  voyant  l'Oiseau;  aussi,  au  premier  aspect,  il  ne  nous  a  point  paru 
être  un  hybride.  Eu  entrant  dans  le  détail  de  ses  caractères,  c'est 
encore  l'effet  qu'il  nous  a  produit.  Et,  du  reste,  puisque  ses  carac- 
tères normaux  consistent  spécialement  dans  une  teinte  foncée  des 
parties  inférieures,  cela  n'annonce  aucunement  une  double  origine. 
Le  roux  vif  du  dessus  de  la  tête,  de  la  nuque  et  du  commencement 
du  dos  de  rnfus.  dans  un  mélange  réel  avec  le  gris  bleuté  assez  clair 
de  collurio,  n'aboutirait  point  à  celte  teinte  presque  ardoisée  des 
parties  correspondantes  ?  Loin  de  foncer  le  roux  vif  de  rufus,  la 
teinte  gris  bleuté  clair  ne  pourrait  que  l'atténuer  et  mèmel'éclaircir. 
Le  mélange  du  violacé  tendre  de  la  poitrine  et  des  tlancs  de  rollurio 
avec  le  jaune  roux  très  clair  des  mêmes  parties  de  rufus,  (qui  sont 
même  le  plus  souvent  blanc  pur,  ombré  seulement,  rà  et  là,  de 
jaune),  pourraient  encore  moinstléterminer  la  teinte  roux  foncé  que 
présente  l'hybride  supposé.  Ln  anire  caractère  s'oppose  encore 
à  l'idée  d'un  mélange  des  deux  espèces:  c'est  la  teinte  ardoisée 
des  scapulaires.  Chez  rujus,  nous  avons  vu  que  c'était  le  blanc 
presque  pur  ou  lavé  de  roux  qui  domine  à  cette  place,  formant 
une  large  barre  transversale.  Or,  au  même  endroit,  collurio  est 
foi-tement  roux,  éloignant  ainsi  toute  idée  de  mélange;  car  le  blanc 
et  le  roux  mélangés  ne  peuvent  assurément  donner  naissance  à 
une  teinte  blanc  ardoise. 

11  faut  cependant  reconnaître  qu'il  existe  chez  le  spécimen  de 
Lausanne,  (beaucoup  plus  rufus  que  collurio),  d'autres  caractères 
que  l'on  pourrait  attriliuer  à  une  hybridation.  Ainsi,  le  dessous  de 
la  queue  paraît  plus  collurio  que  rufus,  en  ce  sens  que  la  tache 
noire  de  la  barbe  intérieure  de  la  rectrice  la  plus  extérieure  est 
très  étendue;  (il  ne  faut  pas  oublier,  toutefois,  que  rufus  est  très 
variable  sous  ce  rapport  et  souvent  est  aussi  noir  que  collurio).  Le 
très  petit  espace  blanc  qui,  chez  rufus,  termine  le  front  vers  et 
contre  la  mandibule  supérieure  du  bec,  n'existe  plus  dans  l'exeni 

(1)  Tel  qu'il  est  empaillé. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    d'aI'RÈS    NATURE  SIIJ 

plaire  de  M.  liastinn  :  il  est  remplacé  ])ar  du  noir.  En  sorte  que  cet 
individu  se  rapproche  encore  par  là  de  rollitrio.  Si  ce  caractère 
était  capaiile  d'accuser  neltement  l'hyliridité.  on  le  trouverait  dans 
la  teinte  du  dos  sup(''ri('nr.  qui  n'osl  pas  noir  t'onci''  coninic  chez 
riifiis,  mais,  au  contrairi'.  ardoise  mélangé  de  roux.  Cette  teinte 
répond  très  bien  à  un  ni('dange  du  noir  de  rufus  avec  le  roux  de 
collurio.  Mais,  pour  (]ue  cotte  supposition  filt  vraie,  il  faudrait 
présumer  i|ue  l'on  a  allaire  à  un  individu  mâle  adulte,  car  la 
femelle  adulte  reproduit  assez  hien  cette  teinte.  Remarquons  encore 
que  la  coioration  grise  du  croupion  peut  passer  pour  un  m(''lange 
de  la  teinte  lilanchede  n//ks  et  du  gris  bleuté  de  collurio.  Eniin,  les 
rémiges  qui,  dans  leurs  marques,  ne  sont  ni  rolhirio,  ni  rufus,  pour- 
raient égaliMuent  être  considérées  comme  inlermiMliaires,  quoique  le 
miroir  Ida  ne  de  ru  jus  se  laisse  voir,  mais  dans  de  petites  pro|)oilioas. 

\dici  donc  un  Oiseau  cniliari assaut,  très  embarrassant,  on  peut 
le  dire,  et  nous  ne  nous  cliaigeiMons  certes  point  de  définir  son 
(U'igine.  Nous  ne  nous  opposons  point  absoluuHMd  à  l'c  (pi'on  le 
croie  hybride,  s'il  est  toutefois  de  sexe  mâle  et  adulte.  Sans 
doute.  M.  le  !)■■  Depieri'e.  qui  l'a  décrit  pour  la  première  fois, 
l'a  très  bien  nommé  en  l'appelant  «  dultius  »;  on  ne  pouvait  choisir 
une  meilleure  expression  qui  caractérise  pailailcnieni  l'inccrli- 
tude  où  l'on  se  trouve  en  sa  ])résence. 

.\ujour<rhui  l'Oiseau  de  Lausanne  se  pri'scnle  avec  les  baibes 
des  rectrices  assez  usées,  même  eu  mauvais  étal,  comme  s'il  avait 
vécu  en  captivité.  Serait-ce  un  éciiappé  de  volière  repris  à  l'état 
sauvage,  ou  doit  on  accuser  le  temps  de  cette  usure  ? 

l'aisoiis  saV(Mr(pie  notre  mati'iiel  de  comparaison,  lors  de  notre 
examen,  se  composait  de  |)iès  de  trente  individus  cf.  2  et  jeunes, 
appartenant  aux  deux  espèces  supposées  mères  et  provenant  sans 
doute  de  contr(''es  diverses,  car  nous  nous  les  t-lions  prociut's  en 
Allemagne,  en  Italie  et  en  France. 

LaNIUS  COLLURIO    et    OnTo.MiU.A     KOMANOVid) 

A  la   date  du  2\  juin  |S'.)3.  M.  Zaroudnoï  nous  (•crivait  de  l'skow 

(I)  Soiiscspi'Cfi  d'Ontnmrln  p/Kr/iiciiroii/p.s- Scwcrizow  (d'apros  lîo;;(l.moH ,  inii 
l'a  décrit  dans  une  ninno^'iapliic  iiilitiilro  :  l.cs  /*!«.<  grirr.hfx  et  la  lùiitne  riissr. 
l.e  professeur  Bojidanow  a,  du  reste,  riislingué  deux  suhspecies  il'Onloiiirla  phirni- 
curnidc$  soU  pour  l'autre  ().  knrelini  :  dislinelion  adopl(''e,  p.irail-il,  par  tous  les 
oriiiltiolo;;isl"S  russes.  (Omimunie^iUon  de  M.  Karoinliioï). 

La  synonymie  d"0»i(omo(a  romannvi  eai  :  l.iinius  phrpnicurus.  I.uniiis  isabel- 
tinus,  /.antif.s'  cristalus,  tnniH.s  phd'nicuroides,  Onlomelu  pliœnicuroides,  $ul)sp. 
romanori. 


814  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

que  l'année  passée  il  avait  trouvé  un  nid  avec  des  œufs  (VEtmeoc- 
tonus  rollurin  Ç  x  Ontoiiiela  ramanori  c?  (1).  Les  deux  Oiseaux 
furent  tués  par  lui-même  près  de  leur  nid. 

Des  renseignements  complémentaires  et  très  précis  sur  cet 
a]ii)ariage  sont  à  désirer. 

Nous  a|)prenons  avec  plaisir  qu'on  imprime  actuellement  dans  le 
Bulletin  des  Naturalistes  de  Moscou  une  narration  que  M.  Zaroudnoï 
vient  d'écrire  avec  détails  sur  le  nid  et  les  œufs  qu'il  a  trouvés. 

Lanius  DiCHROunus  (2)  et  Otomela  karelini 

M.  le  Df  Menzbier  fait  mention  (3)  d'une  Slirike  (Pie  (irièche) 
qui  lui  parait  être  l'hybride  du  Lanius  ilichrourus  et  de  VOntomela 
karelini  (4).  L'Oiseau  fut  o])teiiu  au  mois  de  juillet  sur  la  rivière 
Keuderlick. 

La  description  que  le  savant  professeur  de  Moscou  a  faite  de  ce 
curieux  échantillon  est  la  suivante.  Nous  la  reproduisons  textuelle- 
ment sans  la  traduire  en  français  (.'i): 

«  Adult  malc.  Crown  of  head  and  nape  grey,  which  colour  passes 
into  whitisli  on  Ihe  forehead  ;  a  luoad  Une  over  the  eye  and  ear- 
coverts  wiiite;  a  narrow  frontal  baod,  lores  and  ear-coverts  black; 
back.scapulars,  and  lesser  ving-covertsgrey,  tinged  wilh  brownish 
rufous;  médian  greater,  and  primary-i'ovei'ts,  as  well  as  the  quills, 
luown,  priiuaries  dark  hrown  towards  the  tips,  with  alar  spéculum 
more  developed  than  on  the  wing  of  L.  dichrourus;  secondaries 
narrowly  edged  with  whitish;  upjier  tail-coverts  rufous:  tail- 
fealhers  rufous,  with  liie  Jiasal  portion  of  (lie  iuuer  web  whitish 
and  dark  bi'own  towards  the  ti|)S  edged  with  ociiraceous;  central 
pair  of  lail  feathers  dark  jjiown,  but  whitish  at  the  l)ase:  under 

(1)  On  trouve  en  grand  nombre  celle  espèce  en  Kurope.  nmis  plus  spéciiilenient 
dans  les  montagnes  du  Kliorassan  el  dans  les  basses  légions  des  montai,'nes  du 
Turliestan.  Suivant  le  cours  des  rivières,  elle  descend  dans  les  plaines  de  la  dépres- 
sion Aralo  CaspiCDne  (Communicalinn  de  M.  Zaroudnoï). 

(2)  Nous  ignorons  lout  à  fait  la  validité  de  l'espèce  dichrourus,  que  nous  ne 
connaissons  point.  Le  croisement  que  nous  signalons  d'après  M.  Menzl)ier,  doit-il 
prendre  place  parmi  les  croisemenls  entre  espèces  distinctes  ou  dans  les  croise- 
ments de  variétés  '?  Nous  ne  saurions  le  dire. 

(3)  Dans  l'Ibis,  1804,  vol.  VI,  pp.  318-38'». 

(4)  O.  karelini  est  la  même  sous-espèce  qu'O.  romanovi  ;  (on  l'a  vu  dans  la 
synonymie  que  nous  venons  de  donner). 

(.4)  Le  travail  du  piof.  Menzbier  est  intitulé  :  «  On  soine  new  ur  little-kiwun 
Shrikes  froni  central  Asia  n. 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    ET    EXAMENS    D'aPUÈS   NATURE  Slij 

pnrts  nf  l)0(ly  wliitc,  sli|,'lilly  tini^'ed  witli  |i;iln  liufï  pink.  Tlic  spcci- 
riieii  dcscrihed  is  in  the  begiiiuiiiy  of  llie  moult;  soiue  iicw  iippor 
ta ilco verts  are  viiiaceous  rufous,  and  probably  llie  wbole  o(  thc 
liody  aliovo  imisl  lie.  in  llic  frcsli  pluiiKii;o,  as  daik  as  iu  O.kari'linl. 
Owiii^f  to  llic  comliinatioii  (if  Cdloiiis  jusl  iiiciitioiiiicd,  llic  l)ii-(l  is 
perfectly  iiitenuediate  betweea  A.  rfjc/ij'ou/'Hs  aud  ().  karclini.  Tail 
3  4  inches,  \vin^^.'{  T.'i,  Mil  O.T.'i.  Taisus  0.!).  » 

Il  ne  sera  point  sans  intéivl  de  faire  reinaniuer  que  M.  Menzbier 
suppose  que  beaucoup  de  Sbrikes,  qu'il  [lossède  dans  sa  propre 
eollection  ou  qui  font  partie  de  la  collection  du  feu  Doeliuir 
Severlzow,  sont  le  résultat  d'un  hybridisnie  entre  d'aulnes  es|)éc(^s 
bien  déliuies.  Ces  Shrikes  seront  décrites  et  étudiées  dans  son 
((  Ornitholoijir  du  Turkestan.  d 

Le  Lanins  laddei  (Dress.)  est,  dans  son  opinion,  un  de  ces  bybrides 
((  dans  un  pluniane  très  usé.  h 

Nous  craignons  fort  qu'un  grand  nombre  de  ces  bybrides  n'ap 
parlienneut  à  celte  catégorie  de  formes  mixtes  qu'on  ne  saurait 
en  aucune  manière,  (qu'elles  proviennent  de  réels  croisements  ou 
qu'elles  doivent  plutôt  leur  plumage  variée  leur  babitat),  désigner 
sous  le  nom  de  vrais  bybrides,  parce  que  les  individus  descjucls 
elles  proviennent  api)aitieunent  tous  à  la  môme  espèce. 


Famille  des  Corvidés 
Genre  Corvus 

CORVUS  CORONE    et    COKVUS    CORNIX 
(Voy.  p.  iVa  des  Mém.  i-t  p.  398  du  tirage  à  part). 

Le  croisement  de  res  deux  (iorneilles  n'est  [)Oint  à  uieiil  ioniiri-, 
nous  l'iivons  ilit,  puis(|ue  Ton  ne  |ienl  plus  jiujourd'bui  consi 
dérer  les  deux  facteurs  (|ui  y  prennent  part  comme  des  es|ièces 
distinctes.  Néanmoins,  puisque  nous  avoas  déjà  enregistré  des  faits 
de  ce  genre,  nous  continuerons,  à  titre  de  renseignement,  àsignabir 
les  faits  nouvellemeul  observés  et  les  ouvrages  (|ui  en  parlent. 
Nous  pouvons  citer  dès  à  présent  le  «  Waidmannsheil  »  (I), 
Il  VAuk  »  (2),  la  Faune  des  Vertébrés  de  Lakeland  (3),  le  «  Heimat  »  (4). 

(t)  Illusl.  zpilshrift  (ûr  ,liii;il,  Klajji-nlurl  Léon  n"  l't.  IS  scplenil)ro  1890,  p.  191. 
(i)  Numéro  de  juillel  ISCi,  p.  282. 

(3)  Par  le  Uév.  Macplicrson.  P.  .\.\Xi,  l'rolirgoiiiena. 

(4)  Kiel,  1892,  p.  Ou. 


816  OISEAUX    HYBRIDES    REN'CONTUÉS   A   L'ÉTAT   SAUVAGE 

M.  Odoardo  Ferragni  nous  a  procuré  un  de  ces  hybrides;  il  en 
possède  un  second  ;  les  deux  exemplaires  ont  été  tués  près  de 
Crémone  (Italie).  Le  pasteur  Lidiier  vient  d'en  abattre  un  tout 
dernièrement  dans  son  propre  jardin  à  Oslervvick.  M.  II.  Tancré, 
d'Anklan  (l'oméranie),  nous  dit  en  avoir  tué  plusieurs  fois.  M.  J.  II. 
B.  Krohn,  d'Hambourg,  nous  en  a  lui-même  proposé.  Enfin  M.  le 
D''  H.  Friedrich,  deDesnan(district  de  l'Elbe)  nousentretient  encore 
de  tels  croisements.  Ces  Oiseaux  intermédiaires  entre  les  deux 
parents  ne  sont  donc  pas  rares  (1). 

Nous  avons  été  surpris  en  re.niarquant,  pendant  la  semaine  de 
Pâques  18!'3,  deux  exemplaires  de  rornix,  qui  se  trouvaient  encore 
errant  à  cette  époque  de  l'année  dans  les  plaines  du  pays  de  Caux, 
entre  St-Valéry  et  Veulettes-snr-Mer  (Seine-Inférieure).  Peut-on 
supposer  que  ces  Oiseaux  aient  niché  dans  le  pays  ?  Dans  ce  cas,  ils 
auraient  pu  s'apparier  avec  des  cnrone.  —  Etant  depuis  passé  plu- 
sieurs fois  dans  ces  mêmes  endroits,  nous  n'avons  plus  rien  revu. 

Famille  des  Melliphagidœ 

Genre    Creadion 

Creadio.n'  cauunculatus  (2)  X  Creadion  cinereus 

M.  Walter  Buller,  de  Wellington  (Nouvelle  Zélande),  nous  écrit 
que  des  hybrides  sont  produits  à  l'état  sauvage  entre  le  Creadion 
caruncalatus  et  le  Creadion  cinereus.  Nous  ignorons  si  C.  cinereus  est 
espèce  distincte;  du  reste  M.  Walter  Buller  ne  cite  aucun  exemple. 

(1)  Oiielques  noiiveiles  imlicatioiis  sur  leurs  caracU'res  ne  seront  point  ici  hors 
d'à  propos.  Dans  «  Tlie  verli'hnile  Fauna  nf  Lakeland,  »  on  dit  que  l'un  des  deu.x 
exemplaires  que  l'on  cite  «  nionhe  une  prépondérance  du  sani;  de  la  Corneille  man- 
lelée  »,  Cet  Oiseau  (ut  tué  à  Waslwater.  (Voy.  :  liirds  nf  Cumherland  du  même 
auteur).—  M.  le  D'  H.  Friedriih,  de  Dresnau,  s'exprime  ainsi  au  sujet  de  la  coloration 
des  jeunes  :  «  La  couleur  des  jeunes  est  en  partie  un  mélange  des  deux  espèces 
ou  ressemble  passablement  plus  à  une  espèce  qu'à  l'autre.  »  —  M.  le  D'  Krlcdrich^ 
qui  demeure  sur  la  ligne  de  démarcation  des  deux  espèces  (l'Elbe)  est  à  même 
d'observer  chaque  année  leurs  croisements.  A  cause  des  mélanges  qu'elles  con- 
tractent, nous  dil-il,  rarement  les  Corneilles  que  l'on  rencontre  sont  de  la  couleur 
pure  de  l'un  des  parents;  ceci  peut  se  voir  notamment  à  1  époque  de  l'émigration 
où  le  Corbeau  gris  du  Nord  passe  en  grande  quantité  dans  ses  environs.  On  remarque 
alors  aussitôt  le  gris,  qui  chez  lui  est  très  clair  et  bien  pur.  —  Enfin  le  "  lleimat  » 
elle  un  individu  «  qui  est  noir  sur  ses  parties  supérieures  el  gris  en  dessous.  Le 
même  Oiseau  porte  une  tache  noire  sur  le  devant  de  la  poilrine,  comme  c'est  le 
cas  pour  la  Nebelkràlte  (C.  Corni.r);  mais  celte  tache  n'est  pas  aussi  bien  accusée 
(|ue  chez  ce  type  :  «  elh^  se  fond  dans  la  couleur  grise  (|ui  l'entoure.  ■■ 

(2)  Synonymie  :  Gracula  virescens,  Creadion  psuroides,  Ictcrvs  nnvw-zelan- 
diœ,  Icterus  rufilorques. 


ADDITIONS,    COnnECTIONS    ET    EXAMENS    D'APRÈS    NATURi:  ,Sl7 

Famille  des  Icteridm 
Genre  Quiscala 

Ql  ISCALA  OENEUS    et   (JlISr.ALA  (JUISCALA  , 

Ces  deux  formes  ne  pouvant  aucunement  être  considérées  comme 
de  l)onnes  et  valides  espc'cos,  mais  devant  (Hre  rangées  au  nomliro 
des  races  ou  variétés  d'une  même  souclie,  nous  n'avons  point 
entrepris  la  lecture  du  mémoire  (jue  M.  Frank.  M.  Chapman  a  écrit 
sur  IiMirs  inicriiiédiaires  (ij;  uous  avons  seulement  consulté  une 
analyse  de  ce  travail  qui  a  été  faite  dans  l'Auk  (2)  par  M.  C.  V. 
Batchelder,  letiuel  a  (-té  assez  gracieux  pour  nous  envoyer  son 
travail. 

Il  eu  ressort  (|ue  plus  de  huit  cents  peaux  de  Cailles  des  types 
œnem,  œglœus  et  quiscala  ont  été  examinées  par  M.  Chapman.  Le 
parcours  du  type  œneus  s'étend  du  Texas  et  de  la  Louisiane  au  grand 
lac  Slave,  et  des  pentes  orientales  des  Montagnes  Rocheuses  aux 
pentes  occidentales  des  AUeghanies  ;  tandis  que  du  Massachusetts 
à  la  .NovaScotia  ce  parcours  atteint  le  bord  de  l'.Vllantique. 

(Jitiscahis  quisraladfilœus  est  lypi((uement  représenté  de  la  Nou 
velle-Orléans  à  Charleston,  et,  vers  le  sud,  au  point  extrême  de  la 
péninsule  de  la  Kloride. 

Quiscalus  quiscala  se  rencontre  de  la  limite  septentrionale  du 
parcours  d'aglœus,  au  nord,  à  la  limite  méridionale  du  parcours 
dVnci/.<;,  dans  le  basConnecticut  et  la  vallée  de  la  rivière  d'Hudson. 

Des  [jhases  dillérentes  semblent  allecter  tour  à  tour  un  ou  plu- 
sieurs de  ces  types.  Dans  une  série  de  trois  à  quatre  cents  spéci- 
mens, M.  Chapman  a  pu  remarquer  une  gradation  parfaitement 
régulière  i.Va(jliPus  (première  pliase)  vers  œneus.  Ses  conclusions 
sont  les  suivantes  :  Quiscalus  œneus,  dans  un  parcours  qui  s'étend 
de  la  vallée  de  Uio-Grande  à  l'Amérique  britannique  et  au  New- 
Brunswick,  varie  en  coloris;  il  «  intergrades  »  avec  Quiscalus  quiscala, 
au  moins  de  la  Peusylvauie  au  .Massachusetts.  Quant  à  (Juiscalus 
quiscala,  il  prend  trois  formes  de  coloris. 

Les  alliances  de  quiscala  et  d'œneus  ne  sont  pas  exactement  con- 
nues dans  la  vallée  du  Bas  Mississipi,  et  au  nord,  le  long  des  Alle- 

(l|  ICIiide  préliminaire  ilcs  drnckldi  du  Sdiis-griiri'  OHi'xrn/Hs  (Riill.  du  Miispe 
américain  (rilisluire  nal  .  pp.  1-20,  ii"  I.  IV,  frvricr  \>i'.)i. 
(2)  I'.  tW.  IX,  apiil  l.sili. 


818  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT  SAUVAGE 

ghanies  à  la  Pensylvanie.  Dans  les  Alleghanies  de  Pensylvanie, 
dans  la  vallée  d'Hudsou,  de  Sing  Sing  à  Trog,  dans  la  Long  Island 
orieutale,  dans  le  Connecticut  et  dans  le  Massacliusells  jusqu'au 
nord  de  Cambridge,  quiscala  et  œneus  «  iutergrade  »  complètement. 
Cette  gradation  est,  dans  chaque  cas,  accomplie  dans  la  première 
phase  de  quiscala. 

Les  diflérences  de  taille  qui  existent  entre  les  trois  formes  sont 
trop  légères  pour  être  de  valeur  diagnostatique.  Qnisculus  œneus 
montre  une  légère  augmeiitation  de  taille  vers  le  nord;  mais  celte 
augmentation  n'est  pas  régulière.  Il  par;:îl  être  un  Oiseau  plus  petit 
que  quiscala,  quoiqu'avec  le  tarse  légèrement  plus  long.  Dans 
aglœus  et  quiscala,  ou  trouve  environ,  en  passant  du  sud  au  nord, 
la  môme  augmentation  de  taille  que  chez  le  précédent;  l'aile  et  la 
queue  deviennent  plus  longues,  le  bec  plus  fort,  etc. 

M.  Chapman  admettrait  que  l'hybridité  est  la  vraie  cause  de  la 
gradation  qui  existe  entre  œneus  et  quiscala;  il  considérerait  comme 
impossible  le  cas  de  variations  géographiques,  car  il  pense  qu'il 
est  contraire  aux  lois  connues  de  variation  géographique  qu'une 
forme  comme  œneus,  aussi  constante  sur  une  grande  surface, 
puisse  se  changer  brusquement  dans  une  forme  différente  comme 
est  celle  de  quiscala. 

M.  Batchelder  remarque  que  la  théorie  de  l'hybridité  est  difïïcile 
à  admettre.  Selon  cette  théorie,  le  sang  d'œneus  se  serait  mélangé 
avec  le  sang  de  quiscala  dans  un  degré  plus  ou  moins  grand.  Mais 
pourquoi  ce  sang  de  quiscala  aurait-il  pénétré  dans  presque  tout 
l'habitat  de  l'Oiseau,  alors  que  le  territoire  d'tt'/icKS  n'a  point  été 
envahi  par  l'autre  sang?  Si  l'hybridation  s'était  avancée  sur  une 
telle  échelle,  on  pourrait  s'attendre  à  voir,  au  moins  de  temps  à 
autre,  quelques  traces  du  sang  de  quiscala  se  montrant  dans  la 
grande  étendue  du  pays  qu'œneus  habite  ;  or.  de  tels  mélanges 
n'apparaissent  pas. 

Nous  ne  faisons  bien  entendu  que  donner  ici  quelques  extraits 
de  l'analyse  de  M.  iBalchelder  sans  prendre  part  à  la  discussion 
qu'il  a  engagée,  car  nous  ne  possédons  aucun  des  éléments  néces- 
saires au  débat. 

PaRADISEA    APODA  el     PaRADISEA  RAtiCIAXA 
(.Se  reporter  p.  413  ou  p.  487  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  18'.)2|. 

Ou  se  rappelle  que  dix-neuf  échantillons  à  caractères  mélangés 
avaient  été  rapportés  du  fleuve  Fly  par  M.  Louis  d'AIbertis. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMKNS    d'aI'UÈS    NATURE  819 

Douze  (le  ces  spécimeus,  conservés  au  Museo  cicico  di  Storia  natu- 
rn/p  de  GOnes,  nous  ont  été  si'i'cieusemeiit  communiqués  par  le 
!)■■  Gestro  (1|.  Deux  autres,  qui  se  trouvent  au  Musée  municipal  de 
Milan,  ont  été  peints  pour  nous  par  M.  le  prof.  Giacinto  Martorelli  (2). 

Nous  avons  été  au  Muséum  de  Paris  examiner  un  quinzième 
échantillon  :  ainsi  presque  tous  les  sujets  rapportés  du  fleuve  Kly 
par  l'intrépide  explorateur  nous  sont  maintenant  bien  connus. 

Voici,  avec  quelques  détails,  la  description  des  douze  premiers: 

MAi.ES  ADi'LTEs  EN  NOCES.  —  N"  383,  60  pcuu.  L'Oiscau  porte  la 
mention  suivante  :  ((  Hab.  Fly  river,  N.  G.  centrale,  27.  7.  77  ; 
bccco,  grigio  perlo  (gris  perle)  :  occhi  giallo  vcrdoijrigi  (jaune  d'un 
vert  grisi  ;  piedi,  plumbeo  rossicio  (tirant  sur  le  rouge  |)lomli).  »  — 
Sa  longueiu-  totale  est  actucllonuMit  de  0,430. 

Nous  avons  compté  à  la  queue  douze  rectrices,  (les  deux  médianes 
du  dessus  sont  en  filets);  à  l'aile  gauche  et  à  l'aile  droite  vingt  (?) 
rémiges  ,  la  sixième  primaire  est  la  plus  longue. 

Le  plastron  est  1res  mal  délini;  il  se  confond  avec  la  teinte  qui 
le  suit  en  dessous;  les  parties  inférieures  du  corps  .sont  assez  fon- 
cées. On  n'aperçoit  pas  sur  le  dos  antérieur  de  rellels  dorés.  Les 
parements  sont  longs  et  l'une  belle  couleur  jaune  doré,  blancliis- 
sant  près  des  flancs,  se  viola(.ant  aux  deux  tiers  de  la  plume  jusqu'à 
son  extrémité  ;  les  barbes  s'espacent  très  largement  vers  la  fin  de  la 
tige  ([u'elles  laissent  complètement  nue  ;  celle-ci  est  jaune  pâle  ou 
violacé.  En  dessus,  les  parements  sont  d'un  violacé  vineux  blan- 
châtre. Aucune  apparence  de  barre  jaune  n'existe  sur  les  couver- 
tures de  l'aile;  à  peine  si  l'on  voit  une  trace  de  collier  de  chaque 
côté  du  cou  vers  le  jaune,  laquelle  c<mleur  s'arrête  presque  brus- 
quement court  à  la  naissance  du  dos. 

.\"  GUO,  en  peau.  Sur  réliquette  on  lit  :  «  Hab.  Fly  river,  .N.  G. 
centrale,  8.9.77  .  occhi  (jinllo  verdr  (jaune  vert)  ;  piedi  plumheo 
rossicio  (tirant  sur  le  rouge  plombé).  »  Longueur  totale  (actuelle), 
0.398. 

La  pièce  ne  doit  plus  avoir  sa  longueur  naturelle;  le  montage 
du  cou  ne  semble  pas  normal  ;  on  ne  C(mipte,  en  effet,  de  la  pointe 
du  bec  à  l'extrémité  des  rémiges  que  (),2i8.  La  queue  elle-même 
pai-aît  rai-courcie;  il  man(|ue  i)lusieurs  rectrices.  On  compte  à  l'aile 
dix-huit  rémiges  (du  cùlé  gauche);  les  primaires  grandissent  jus- 
qu'à la  sixième  ;  la  première  est  très  courte  comme  chez  le  n°  383. 

(1)  Cf  sont  les  N"383,  roO,  WS,  7f>3.  479.  «0  (  -•  jmI.  en  noces);  bW,  75  (c*  ad. 
sans  pairmcnls):  i.aJ,  .WJ  (:•»  ],:n.);  388,  oo4  (J). 

(2)  Ils  |>orli'nl  les  N-  IH.OS'J,  18,lii7. 


820  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    LÉTAT   SAUVAGE 

A  la  queue  on  compte  douze  rectrices  ;  les  deux  médianes  sont 
en  filets  très  minces.  Peut  être  existe  t  il  sur  les  ailes  un  indice 
de  la  barre  jaune  propre  à  raggiann,  mais  il  est  nécessaire  de 
la  deviner.  Le  plastron  foncé  est  mal  défini,  quoique  mieux  déli- 
mité que  chez  le  précédent.  Le  dessus  du  dos  est  comme  lavé 
de  doré,  cela  d'une  manière  presque  imperceptible.  Le  jaune  du 
dessus  du  cou  s'arrête  très  nettement  à  la  naissance  du  dos,  plus 
nettement  que  chez  le  N"  .'iS.'J.  Les  parements  sont,  en  dessous, 
d'un  beau  jauue  doré  semblable  à  ceux  de  ce  dernier  numéro;  ils 
sont  clairs  au  début,  notamment  près  dos  flancs  ;  ils  se  violacent 
aux  deux  tiers  de  leur  longueur  vers  l'extrémité,  mais  d'une  ma- 
nière plus  claire,  plus  blanchâtre  que  chez  le  préci'dent.  Eu  dessus, 
les  plumes  sont  violacé  blanchâtre  ;  les  barbes  sont  bien  déliées 
vers  l'extrémité  et  laissant  les  tiges  nues.  11  existe  une  apparence 
de  collier  de  chaque  côté  du  cou  (le  milieu  du  cou  en  est  dépourvu); 
cela  d'une  manière  légèrement  plus  accentuée  que  chez  le  N"  383. 
Les  parures  des  flancs  sont  plus  courtes  que  chez  ce  numéro.  Le 
dessus  du  dos  est  d'un  brun  chocolat  violacé  vineux,  moins  vif 
que  chez  la  pièce  383. 

N"  466,  en  peau.  Etiquette  :  «  Hab.  Fly  river,  \.  G.  15.8.77. 
Becco  grigio  perlo  ;  occhi  gialli  (jaunes)  ;  piedi  plumbeo  rossicio  (tirant 
sur  le  rouge  |)lomb).  »  —  Longueur  totale  (actuelle),  0,433. 

A  l'aile,  de  chaque  côté,  on  compte  vingt  (?)  rémiges,  la  sixième 
est  la  plus  longue,  la  première  est  très  courte.  Les  longues  plumes 
des  flancs  sont  jaune  orangé  vers  le  milieu,  plus  claires  au  début, 
se  violavant  aux  deux  tiers  de  leur  longueur  vers  l'extrémité;  (ce 
violacé  est  mélangé  plutôt  de  jaunâtre  que  de  blanchâtre,  comme 
cela  se  produit  chez  les  nuuK'ros  383  et  600).  Le  jaune  du  dessus  du 
cou  ne  se  termine  pas  franchement  ;  il  s'atténue  et  se  perd  sur  le 
brun  du  dos,  sans  toutefois  former  aucune  apparence  de  camail. 
Le  collier  se  voit  davantage  que  dans  le  N"  600  ;  il  borde  presque 
entièrement  le  vert  de  la  gorge,  mais  très  peu,  vers  le  milieu;  on 
voit  sur  les  couvertures  de  l'aile  une  raie  jaune  assez  mal  définie; 
le  plastron  lui  luéme  n'est  point  bien  défini,  quoiqu'il  soit  assez 
foncé. 

N"  763,  en  peau.  Etiquette  :  «  Hab.  Fly  river  N.  G.  centrale, 
25.10.77.  Becco  perlo,  ocrlii  gialli  (jaunes)  ;  pi  cil  i  plumbeo  rossicio.  » 
Longueur  totale  (actuelle),  0,420. 

Dix-neuf  rémiges  (?).  la  première  est  la  plus  courte,  la  sixième 
est  la  plus  longue.  Poitrail  mieux  défini  que  chez  le  N"  466  ;  la 
couleur  orangé  foncé  des  parements  se  brunit  et  se  violacé  comme 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    EXAMENS    d'APRÈS    NATURE  821 

de  l'OuUiiiie,  r'esl-à-dire  que  cela  arrive  aux  ileux  tiers  de  la  lon- 
gueur des  itluiues  et  vers  leur  exlréuiité  ;  mais  le  violacé  du  dessus 
paraît  se  prononcer  davantafje  et  les  parements  sont  relativement 
courts.  Les  barbes  sont  déliées,  moins  toutefois  (|ueche/.  les  X"^  383, 
G(K)  et  4()G;  la  tige  est  nue  à  la  fin.  Il  existe  une  barre  sur  les  cou 
vertures  d((  l'aile:  celte  barre  est  peu  vive;  elle  est  légèrement 
plus  large  vers  l'épaule  que  cbez  le  \"  466.  Le  brun  chocolat  du 
dessus  du  dos  est  vif;  sur  le  dos  antérieur  on  voit  comme  un  reflet 
doré.  Le  jaune  du  dessus  du  cou  s'arrête  à  la  naissance  du  dos.  Le 
collier  jaune  atteint  tout  le  devant  de  la  gorge  ;  le  jaune  est  blau 
châtre. 

N"  M\).  en  peau.  Etiquette  :  «  Ilab.  Fly  river,  .\.  (1.  centrale 
18.8.77.  Ilecro  (jrùjio  jierlo  (gris  pei'le)  ;  occliujiallo  verdofjnolo  (jaune 
verdûtre)  ;  piedi  pluinbeo  (o(jg.?]  rossicio.  »  —  Longueur  totale 
(actuelle)  0.410. 

Douze  rectrices,  vingt  rémiges  (?)  s'étageant,  comme  à  l'ordi- 
naire, du  côté  droit;  il  en  existe  dix-huit  seulement  du  côté  gauche. 
Les  parements  sont  en  dessous  orangé  foncé,  violacé  blanchâtre 
vers  l'extrémité,  eu  dessus  violacé  fade,  mais  foncé  relativement 
au  N"  763.  Us  sont  très  fournis  et  longs  ;  ils  paraissent  moins 
déliés  que  chez  les  précédents  exemplaires.  Le  plastron  s'annonce 
franchcmeiil,  c'est  à  dire  qu'il  est  assez  bien  limité.  .Vu  cou  existe 
un  véritable  collier,  mais  moins  fort  que  chez  raygiana.  On  voit 
seulement  une  a|)parence  de  la  raie  jaune  sur  les  couvertures  des 
ailes.  Le  jaune  du  dessus  du  cou  est  assez  bien  limité.  Le  dessus 
du  dos  montre  des  reflets  dorés  très  légers;  la  couleur  brune  du 
dessus  est  celle  du  précédent,  un  peu  plus  claire  sur  les  pennes 
des  ailes. 

N"  tôO,  eu  peau.  Etiquette:  «  cT  Hab.  Fly  river,  \.  G.  centrale 
4.8.77  Bccco  griijio  peiio  ;  occhi  gialli  Ivaenlial  verdognula  (jauni; 
tirant  sur  le  verdàtre)  ;  p/er//,  p/f/niftfo  rossicio  (tirant  sur  le  rouge 
plomb).  >i  —  Longueur  totale  (actuelle),  O..T.)0. 

Vingt  (?)  pennes  à  l'aile;  la  sixième,  la  plus  longue;  neuf  rectrices 
seulement  à  la  queue.  L'Oiseau  est  de  plus  petites  dimensions  que 
tous  les  précédents.  Le  poitrail  assez  biendélini;  les  parements  sont 
très  rouges,  ils  approchent  du  ton  de  raggiana;  ces  parements  sont 
courts  et  les  plus  courts  de  tous;  les  barbes  sont  très  déliées.  Le 
collier  est  d'un  jaunâtre  prononcé;  une  belle  bande  jaune  se  voit 
sur  les  couvertures  de  l'aile.  Le  jaune  du  dessus  du  cou  s'arrête 
court  à  la  naissance  du  dOs.  La  couleur  brune  des  parties  supé- 
rieures est  plus  vive  que  chez  les  numéros  précédents. 


822  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

Dans  tous  ces  exemplaires,  la  tige  des  longues  plumes  des  flancs 
est  plus  claire  que  la  barbe,  notamment  au  début;  elle  se  fonce 
en  orangé  à  mesure  que  la  barbe  se  fonce  elle-même.  La  couleur 
du  dessus  est  assez  violacée,  vive  et  peu  claire,  comme  chez  les 
exemplaires  cT  sans  parements  qui  vont  suivre. 

MALES  ADULTES  SANS  PAREMENTS.  —  N»  545,  en  pcau.  L'Oiseau  porte 
celte  mention  :  «  Viaggo  d'Albortis,  1877,  N°  54."),  cT-  Becco  perlo  : 
occhi  giallo  verdognolo  (j:iuiie  verdàtre)  ;  picdi,  phniibeo  rossicio  (tirant 
sur  le  rouge  plomb)  :  si  nuire  di  frutti.  Hab.  Fly  river.  N.  G.  cent. 
28.8.77.  »  —  Longueur  totale  (actuelle)  0.426. 

Aile,  0.11)7  ;  douze  lectrices,  dont  deux  en  tilets;  dix-huit  (?) 
rémiges  du  côté  droit  :  la  première  très  courte,  les  autres  s'allongent 
jusqu'à  la  cinquième  et  diminuent  à  la  septième;  dix-huit  ('.')  du 
côté  gauche  :  la  première  très  courte,  s'étageant  au  moins  jusqu'à 
la  cinquième.  Pas  de  parements,  le  bleu  du  bec  est  assez  foncé; 
gorge  bien  verte.  On  n'aperçoit  aucune  trace  de  la  bande  jaune 
sur  les  couvertures  des  ailes.  Le  dessus  de  la  tête  et  du  cou  sont 
jaune  vif;  le  jaune  parait  s'arrêter  assez  court  à  la  naissance  du 
dos,  (à  celte  place  l'Oiseau  est  détérioré).  Cependant,  autant  qu'on 
en  peut  juger,  le  commencement  du  brun  du  dos  a  pu  être  lavé  de 
jaune.  Il  existe  une  apparence  très  faible  de  collier  naissant;  le 
plastron  de  velours  est  bien  visible,  mais  mal  limité;  le  dessous  de 
l'Oiseau  est  assez  clair.  Sur  le  dos  il  est  brun  chocolat  violacé 
(comme  le  sont  les  rémiges  et  les  rectrices),  mais  sur  cette  partie 
on  aperçoit  comme  un  lavage  de  jaune  roux  fort  peu  sensible 
s'avançant  jusque  sur  les  couvertures. 

N"  7o,  en  peau.  L'Oiseau  porte  cette  mention  :  «  Viaggo  d'Albertis, 
1876,  N°  75,  ff.  Bcrco  cjrigio  ftcrUf.occhi  gialli  (jaunes)  ;  piedi  plumhfo 
romccio  ;  si  autre  di  frutti.  Ilaii.  Alice  R.  N.  G.  Hoplio?  (illisible).  » 
—  Longueur  totale  (actuelle),  0.414. 

Vingt  (?)  rémiges  du  côté  droit,  vingt  (?)  rémiges  du  côté  gauche  : 
lapremière,  la  plus  courte, se  prolongeant  en  grandissant  jusqu'àla 
sixième  du  côté  droit,  jusqu'à  la  cinquième  du  côté  gauche,  dimi- 
nuant à  la  septième.  Douze  rectrices  ;  les  deux  médianes  de  dessous 
se  prolongent  en  filets.  Le  jaune  du  dessus  du  cou  paraît  s'arrêter 
court  à  la  naissance  du  dos.  Le  dessus  du  dos  est  très  jaunâtre  doré  ; 
ce  jaunâtre  se  prolonge  même  jusque  sur  la  croupe,  mais  à  l'état 
de  reflets  dorés.  Le  plastron  est  mal  limité,  quoiqu'assez  foncé.  11 
n'existe  pas  de  trace  bien  nette  du  collier,  mais  le  brun  s'êclaircit 
par  places  vers  le  vert  de  la  gorge,  bordant  cette  couleur  régulière- 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    D'APRÈS   NATURE  S23 

meut.  Aucune  trace  de  la  bantle  jaune  de  l'aile  u'appiimit;  mais  les 
rellels  du  jauuedoré  du  dos  s'étendent  sur  les  couvertures  des  ailes. 

M.\LES  JEUNES.  —  N"  55.'5,  BU  |)eau.  Sur  l'éliquelteon  lit  :  a  Viaggo 
d'Aliterlis,  1877,  N"  ."i.'iS.  liixru  perla:  occhi  giallo  vrrdaslru  (jaune 
verdàtre)  ;  piedi  plumbeo  rossiccio  :  si  nutri  di  frulli.  Hab.  Fly 
livcr.  )i  —  Longueur  larlucllc),  ().;{97;  aile,  0.200. 

Onze  (?)  rectrices  seulement  ;  les  deu.x  médianes  de  dessus  ne  se 
prolongent  pas  en  filets,  mais  sont  garnies  de  barbes  étroites  dépas- 
sant les  autres  plumes  et  se  terminent  en  pointes.  Di.x-liuit  (?) 
rémiges  du  ciHé  droit,  la  première  beaucoup  plus  courte  que  les 
autres,  semblant  grandir  jusqu'à  la  sixième,  (la  cinquième  est  peut- 
être  cassée),  diminuant  à  la  septième;  dix  huit  (?)  du  cùtégauciie, 
grandissant  île  la  première  à  la  .sixième.  Toutes  les  plumes  du 
dessus  de  la  tète  et  du  cou  manquent;  elles  paraissent  avoir  été  de 
couleur  brune  comme  le  reste  du  corps;  mais,  vers  le  front  et  les 
yeux,  on  aperi;oil  liu  jaune.  Le  vert  tlo  la  gorge  est  mal  limité  ;  à  la 
place  du  collier  se  montrent  seulement  trois  petites  plumes  courtes 
un  peu  claires,  et  indiquant  saus  doute  la  naissance  du  collier  (]ui 
nianiiue.  Le  plastron  est  mal  déllui;  le  dessous  du  ventre  est  comme 
chez  le  N"  ë'iii  et  comme  chez  le  N"  .'iOl»,  dont  la  description  va 
suivre.  Le  dessus  du  dos  est  teinté  d'un  peu  de  doié.  Le  bec  est 
moins  foncé  que  chez  les  N»'  oV6,  '.iOi)  et  7o. 

.N"  3U9,  très  avancé,  presque  adulte.  Sur  l'étiquette  ou  lit:  «  Viaggo 
d'.Albertis,  1877,  K" 'dO\).  Beccu  ijrigio  }jerla  ;  occhi  giallu  ccrdogiiulu 
(laviae  widîïlre);  piedi  plumbeo  rossoslro  (couleur  de  [domb  lou- 
geàtre)  :  si  nutre  di  [rutti.  Hab.  Fly  river,  N.  G.  centrale,  17.7.77.  » 
Longueur  totale,  0,420;  aile,  0,1118. 

Le  sexe  n'est  pas  indiqué,  mais  c'est  un  mâle,  évidemment. 

Dix-huit  (?)  rémiges  du  cùté  droit,  la  première  beaucoup  plus 
courte  que  les  pennes  suivantes  qui  s'allongent  peu  à  peu  jusqu'à 
la  sixième,  et  diminuent  à  la  septième;  dix-huit  rémiges  du  cùté 
gauche,  grandissant  jusqu'à  la  sixième.  Douze  rectrices;  les  deux 
médianes  de  dessus  se  prolongent  presque  eu  filets  au-delà  des 
autres;  mais  à  l'extrémité  la  barbe  devient  plus  large  et  forme  plume. 
A  leur  naissance,  presqu'à  la  lin  des  autres  rectrices,  les  tiges 
sont  encore  pourvues  de  leurs  barbes,  et  même  la  partie  nue,  assez 
courte,  est  eu  (luchiue  sorte  garnie  de  barbes  fines,  mais  très  courtes. 
Le  dessus  du  cou  est  un  peu  détérioré;  les  plumes  qui  restent  sont 
fortement  mélangées  de  brun  et  de  jaune,  (elles  montrent  que  le 
dessus  du  cou  n'était  plus  entièrement  jaune  vers  le  front);  la  tête 
du  reste  est  seule  entièrement  jaune,  et  jaune  foncé  doré  ainsi  que 


824  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

le  côté  supérieur  des  joues.  Sur  le  devant  du  cou,  il  existe  une  appa- 
rence de  collier  peu  réguliei';  le  plastron  est  très  foncé;  mais, 
quoique  mal  limité,  il  est  entouré  d'une  espèce  d'auréole  qui  rappelle 
raggiana;  le  ventre  est  d'un  rougeàtre  vineux  et  assez  foncé.  Sur  le 
dessus  du  dos,  notamment  vers  le  milieu,  on  aperçoit  facilement  des 
reflets  dorés.  Pas  de  trace  de  bande  sur  les  couvertures  des  ailes, 
maisil  existe  comme  des  reflets  dorés  rougeâtres  sur  ces  couvertures. 

FEMELLES.  —  N°  388,  cu  pcau.  Sur  l'étiquette  on  lit  :  «  Brrco perla: 
occhi  verdognolo  (verdàtre)  ;  piedi  plumheo  chiaro ;  si  nuire  di  friitti. 
Hab.  —  Fly  river,  N.G.  centrale,  28.8.77.»  Longueur  totale  (actuelle) 
0.350;  aile  0.188. 

L'Oiseau  a  douze  rectrices,  les  deux  supérieures  du  milieu  sont 
étroites;  elles  ne  dépassent  pas  les  autres.  Ou  compte  dix- 
neuf  (?)  rémiges  du  côté  gauche.  Le  milieu  du  front,  vers  la  nuque, 
commence  à  jaunir,  ainsi  que  tout  le  dessus  du  cou.  Ce  jaune  paraît 
avoir  été  très  mélangé  et  de  couleur  sombre,  si  l'on  en  juge  par  les 
plumes  encore  existantes,  car  le  dessus  de  la  tète  et  du  cou  sont 
dépourvus  de  plumes.  Le  jaune  du  cou  semble  s'arrêter  court; 
néanmoins,  tout  le  dessus  du  dos  est  comme  doré.  Le  plastron  est 
mal  défini,  quoique  le  ventre  soit  assez  clair.  La  teinte  des  parties 
inférieures  et  la  teinte  de  la  queue  sont  assez  claires,  plus  que 
chez  un  raggiana  Ç  de  notre  collection.  La  gorge  est  moins  foncée 
que  chez  deux  femelles  raggiana  actuellement  entre  nos  mains. 

No  534, 9,  en  peau,  (plus  grande  que  la  précédente).  Sur  l'étiquette 
on  lit  :  «  Bccco  perla  ;  occhi  giallo  cerdognolo  (jaune  grisâtre)  ;  piedi 
plambeo;  si  nuire  di  frutti.  Hab.  Fly  river,  N.  G.  centrale,  29.8.77.» 
—  Longueur  totale,  0.391  ;  aile  (actuellement)  0.187. 

Tout  le  dessus  du  cou  et  de  la  nuque  sont  déplumés:  on  ne  peut 
plus  apercevoir  que  quelques  plumes  jaunâtre  verdàtre  sur  cette 
dernière  partie.  Il  existe  une  trace  de  collier  assez  large,  bien  indi. 
quée  par  des  points  blanc  jaune  gris.  Le  plastron  est  mieux  délimité 
que  chez  la  pièce  précédente,  mais  il  est  très  court  et  fort  peu 
développé,  par  consétiuent.  Le  violacé  clair  du  dessous  du  corps 
reproduit  la  teinte  de  raggiana.  Le  dessus  du  dos  montre  quelques 
reflets  dorés. 

Distribution  géographique 

L'indication  des  distances  où  M.  d'Albertis  observa  les  Paradisiers 
à  caractères  mélangés  est  donnée  dans  le  mémoire  de  M.  le  comte 
Salvador!  (1).  Ces  Oiseaux  furent  tués  à  200,  350,  400,  420  et  430  m. 

(1)  Annali  del  Museo  civico  di  Sloria  naturale  di  Genova . 


ADDITIONS,    CORUKCTIONS     KT     KXA.MKNS    d'aI'UKS    NATIMIK  Hf.\ 

du  Pnrl  Morfsliy  ou  de  remlioiicliuii'  du  llcuve  Kly  li),  llcuve  sur 
les  hords  duquel  ils  ont  lous  l'tc  recueillis,  à  rexceptiou  tl'uiie 
pièce  qui  est  indiquée  comme  pioveiMiit  de  la  rivière  Alice  (petit 
allluent  situé  à  \n  hauteur  extri^ine  du  lleuve):  c'est  le;  mâle  adulte 
sans  parements  (|ui  a  été  décrit. 

Nous  avons  relevé  soigueusemeal  dans  rouvra},'e  de  M.  d'AI- 
bertis(2i   li!S  passages  où  il  parle  de  ces  précieux  spécimens. 

C'est  d'abord  entre  le  11  et  le  18  aoiU  IS77  (ju'il  en  est  question. 
M.  d'Allierlis  était  à  ce  moment  redescendu  le  lleuve  (environ  i.okil. 
a|>rès  le  point  Smake  ou  plus)  {',^].  La  capture  la  plus  importante  que 
lit  le  voyageur  est  un  mâle  de  Paradisier,  »  le(]uel,  dil  il,  semhie 
être  le  /'.  nn/i/Kinii.  avec  (|uel(|ues  dilTérences  dans  la  couleur  jau- 
nâtre des  (iirures  des  11  mes  et  dont  les  yeux  sont  verdàtres.  »  Dans 
les  foii'ls  où   il   tdl  tué  habitent  le  /'.  «/(t»(/«  et  le /'.  raniiKiiKi.  {i). 

Le,  '^2.  du  même  mois,  les  eaux  baissant  l'ayant  forcé  à   rélrogra 
(1er,  il  obtint,  après  avoir  ancré  sa  chaloupe  à  l'emboucliure  d'un 
ruisseau,  quelques  spécimens  de  l'.irailineti  raijiiianii  et  de  /'.  (tjiodn, 
et  plusieurs  Oiseaux  sembl.iiilèlre  des  liybriiles  des  deux  espèces(.'i|. 

Pendant  la  même  semaine,  il  découvrit  un  exemplaire  (jui  lui 
parut  concluant  et  ne  douta  plus  du  croisement  des  deux  types  (6). 

Le  31,  ayant  encore  descendu  le  lleuve,  et  les  eaux  baissant  tou- 
jours, il  obtint  (|ueli(ues  nouveaux  exem[ilaires  pouvant,  dit-il, 
représenter  l'hybride  d'apo'la  et  de  ragi/iditti;  d'où  il  conclut  déci- 
ib'inent,  vu  la  [réi|uence  de  ces  reuconires  et  les  milieux  occupi's 
parcesdiseaux.quelefait  de  l'hybridation  (■'taitréelleiiientétabli(7l. 

Le  13  octobre,  ayant  pu  remonter  le  Kly  et  étant  arrive  au  [)oint 
louché  en  1877,  il  trouva  encore  le  l'aradisier  »  doiibtful  »,  Iteiine 
dont  il  se  sert  pour  désigner  les  pièces  (|u'il  croit  hybrides)  (8). 
Tom,  l'un  des  hommes  de  ré(|uipage,  lui  apporta  dans  l'après- 
diuée  de  ce  jour  de  ces  Oiseaux  à  caractères  mélangi-s  (!)). 


(1)  Nous  ne  saurions  mieux  préciser. 

|2)  La  ^Ollvelle  (^uince. 

(!i)  Nous  n'iivons  |ui  nous  nndre  un  compte  exact  du  lieu  où  éUiil  raclée  la 
Neva,  petite  l>ari|ue  i\  vapeur  sur  lai|uelle  l'e.\ploraleur  navi);uail.  (Voy.  à  ce  sujet 
p.  2S<i  el  p.  Kl  4  lie  la  liailuclion  française). 

(4)  P.   2λ).  t.   Il  (et  p.   :tl7  de  la  liad.). 

(5)  I'.   2".t1.  l.   11. 
(G)  P.    -m.  t.   II. 

(7)  P.   29().   t.    II. 

(8)  P.  :J22,  I.   II. 

(9)  P.  :)*4,  I.  Il  (el  p.  SItide  la  Irad.  IraBv). 


826  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

Il  ressort  très  claireinenl  des  i'ens('i;;nements  donnés  par 
M.  d'Alberlis  sur  l'habitat  du  P.  apoila  var.  nowijuinœ  et  du 
P.  raf/ytana,  que  les  hybrides,  ou  tout  au  moins  les  Oiseaux  que  ce 
voyageur  et  M.  Salvadori  ont  considérés  comme  tels,  se  trouvent 
dans  des  endroits  fié([uentés  par  les  deux  espèces;  on  jjourrait  même 
presque  dire  là  seulement  et  non  ailleurs  (  1),  ce  qui  ajoute  une  vrai- 
semblance de  plus  en  faveur  de  l'origine  mélangée  qu'on  leur  suppose. 

Nous  avouons  cependant  notre  i;rand  embarras  pour  déterminer 
ces  Oiseaux  à  caractères  mixtes  (pii  ne  |)araisseut  point  avoir 
été  rencontrés  de  nouveau  (i).  Ils  offrent  une  gradation  si  régu- 
lière de  passage  entre  les  divers  caractères  tVapoda  et  ceux  de 
mijifiaiia,  une  tusion  telle, on  peut  le  dire,  qu'ils  apparaissentcomme 
de  véritables  phases  de  développement  d'un  type  à  l'autre,  et  non 
comme  de  vrais  hybrides,  dont  les  caractères  ne  se  présentent  point 
ordinairement  ainsi,  pensons-nous. 

Nous  avons  procédé  à  un  examen  très  attentif  de  ces  Oiseaux 
vraiment  curieux  et,  afin  de  bien  les  déterminer,  nous  avons  étudié 
avec  soin  les  difïéreutes  formes  qui  rom|)Oseut  le  genre  P(i/rt(/ùefl. 

Déjà,  dans  notre  précédent  article,  nous  avions  envisagé  les 
relations  qui  existent  entre  les  types  aiioiln,  minor,  raiji/iana  et 
ruhin;  nous  avions  aussi  noté  les  ditlérences  que  ces  espèces  pré- 
sentent entre  elles,  notamment  dans  la  distribution  du  jaune  et  la 
coloration  desicnguesplumesdestlancs;  ces  deux  caractères  servent. 
en  effet,  à  les  distinguer,  la  <'0uleur  du  fond,  le  brun  violacé, 
étant  à  peu  près  la  même  chez  tous,  ainsi  que  le  vert  émeraude  de 
la  gorge,  (quoique  ce  vert  soit  plus  étendu  chez  la  dernière  espèce). 

Nous  avons  repris  cette  étude  à  l'aide  d'un  matériel  nombreux  de 
piècesde  comparaison;  (la  |)luparl  de  ces  pièces  nous  ont  été  prêtées 
avec  beaucoup  de  bienveillance  par  les  Musées  de  Rouen,  de  Caen, 
du  Havre,  de  Gênes  (Italie),  le  laboratoire  du  Muséum  de  Paris  et 
divers  naturalistes  français  et  étrangers).  Nous  avons  aussi  fait 

(1)  Ainsi  que  nous  nous  en  sonimes  rendu  coniple  en  dressant  une  carte  scogra- 
pliique  ;  nous  nous  proposons  de  publier  celle  carie  ultérieurement  dans  une 
élude  plus  complète  sur  les  Parasidiers  du  fleuve  Fly. 

(2)  Le  llcuve  Fly  a  cependant  élé  remonté  par  M.  Mac  (iregor;  un  autre  lleiive, 
le  Palnier,  a  été  découvert  par  celui-ci  au  dessus  de  la  rivière  Alice,  près  des  Monis 
Victor-Emmanuel.  Plus  bas,  le  Strickland,  vaste  rivière,  allluent  du  Fly,  a  élé 
visité  par  le  cap  EveriU.  Le  cap.  Slracban  a  lui-même  exploré  une  contrée  étendue 
avoisinant  lemboucliure  du  fleuve  Fly.  Mais  aucun  nouvel  exemplaire  hybride  n'a 
élé  rapporté  de  ces  explorations;  nous  pensons  que  la  variété  iioi'(r-giiinir  n'a  point 
élé  non  plus  obtenue.  Nous  nous  sommes  livré  à  de  très  longues  recherches  pour 
ubtenir  ces  quelques  indications. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    KXAMKNS    D  APRES    NATURE  82/ 

port(>r  nos  obsiirvations  sur  It^  lypp  nuiiustir-rirtnrid'  (\u\  n'iMait 
point  cncoïc  connu  lorsqui' li'S  l'aradisicis  à  caraclèrcs  mélangés 
furent  découverts  par  M.  d'Albcrlis.  Il  est  fort  remarquable  que 
ce  type  montre  dans  la  nuance  orani;é  foncé  de  ses  [)arements  un 
caractère  vraiment  intermédiaire  entre  lesesjjèces  apoilm-l  riiiii/iana. 
On  peut  remarquer  aussi  que  parmi  les  soi-disant  hybrides  en 
costume  de  noces,  il  se  trouve  quelques  individus  présentant  dans 
leurs  parures  une  teinte  identiqui'  à  celle  lïnugjtxlif-cictoria'.  On 
ne  saurait  cependant  admettre  (|ue  la  nouvelle  forine  tire  son 
origine  des  deux  espèces  dont  il  présente  les  teintes  mélangées, 
car  il  ollre  dans  le  jaune  des  parties  du  dessus  (dos  et  couvertures 
des  ailes  et  méinc^  sur  la  cioupe),  une  disposition  particulière  qui 
lui  appartient  en  propre.  Un  ne  saurait  davantage  admettre  la 
descendance  des  hybrides  de  ce  type,  car  la  disposition  du  vête- 
ment jaune  n'est  jamais  rappelée  chez  eux,  même  de  loin. 

Le  genre  l'aratliscii  est  encore  composé,  on  le  sait,  de  trois  autres 
espèces  ;  celles  ci,  que  l'on  nomme  P.  (juilielmi,  P. décora  et  P.  rudol- 
phi,  ditîèreni  d'une  manière  notable  de  celles  (]iie  nous  avons  nom 
mées  juscjualors  ;  le  peu  de  longueur  des  parures  des  lianes,  la 
manière  très  espacée  dont  la  barbe  s'attache  aux  tiges,  donnent  à 
/'.  guilii'lini  et  à  /».  ilc-orn  un  faciès  à  iiai'l.  sans  parler  de  la 
disposition  du  vert  sous  la  gorge  qui  s'avance  très  avant  vers  la 
poitrine  de  celui  là.  /'.  nulolphi  est  d'une  couleur  très  différente  de 
ses  congénères;  nous  ne  saurions  du  reste  en  parler  (1). 

Nous  avons  donc  écarté  ces  trois  dernièies  espèces  de  notre  exa- 
men, tout  au  moins  ne  les  avons  nous  étudiées  que  très  sommai- 
rement. .N'oublions  point  de  dire  que  deux  espèces  qui  ont  été 
nommées,  le  /'.  iiiltiar  et  le  /'.  apoila.  ont  l(^urs  races  ou  variétés, 
c'est-à-dire  :  /'.  jinxchi  et  P.  mariœ  se  rattachant  à  l'espèce  minor,  et 
/'.  nova;  ijuinit  A  l'espèce  apnda.  C'est  de  cette  dernière  variété, 
rencontrée  sur  le  Fly  |iar  le  voyageur  d'.VIbertis,  que  descendraient 
les  dix  neuf  individus  mélangés  que  nous  étudions  (2). 

Nous  ne  i-endrons  point  compte  des  comparaisons  que  nous 
avons  établies  entre  les  diverses  espèces  du  genre  Paraf/!S<''(;  cela 
nous  entraînerait  beau<'oup  Ii0|i  loin.  .Nous  publierons  séparément 

(1)  Cello  espèce  ne  paraît  èlre  connue  que  par  «luelques  rares  exemplaires,  dunl 
un  m:\le  et  une  (enialle  ont  ëlé  décrits  pour  la  première  lois  dans  u  Zeitschi'ift  fur 
die  gesamnente  ornithologie  n,  (II,  188i>,  p.  3H-39),  par  MM.  Kinsch  et  Meyer  i. 
Une  planche  coloriée  accompagne  leur  description. 

(2i  Au  moment  où  on  imprime  ces  lipnes,  nous  recevons  le  «  report  »  de  M.  de 
Vis  sur  des  Oiseaux  obtenus  dans  la  Nouvelle-fniinée  anglaise.  Dans  ce  «  re|>ort  » 
tiijure  une  nouvelle  os|i^>ce,  le  l'arasideu  interiiiedid,  dont  nous  parlerons  bientôt. 


828  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

ce  triivail,  d'où  il  lessoil  qvw  ce  soûl  leS"lypes «po'/i/  el  raijijiaiKi qui 
se  liipiiroclieiU  le  plus  des  si)(''(,'imens  considérés  comme  liybrides 
par  iMiM.  d'Albeilis  et  Salvadoii  ;  que,  par  conséquent,  ce  sont  ces 
deux  espèces,  comme  nous  le  disions,  qui,  dans  l'hypotlièse  d'un 
croisement,  doivent  être  considérées  comme  les  projiéni leurs  des 
hybrides,  (pioique  aiti/Hstœ-iictoria' .  on  l'a  remart|ué,  présente 
presque  complètement,  i)ar  la  coloration  de  ses  parements,  la  teinte 
orangée   de  plusieurs   des   pièces  considérées  comme  mélangées. 

Il  résulte  aussi  des  premières  descriptions  cpie  la  séparation  du 
type  apudd  d'avec  le  type  rani/ldua  consiste,  chez  les  mâles  en  noces, 
dans  les  caractères  suivants  dont  les  trois  premiers  peuvent  être 
considérés  comme  principaux  à  cause  de  leur  netteté  et  de  la 
facilité  qui  existe  à  les  appréciei':  ce  sont  :  1"  la  teinte  des  pare- 
ments, jaune  chez  (ijtoda,  rouge  île  brique  vif,  même  sanguin  chez 
rofigiana;  2»  la  suppression  complète  du  collier  jaune  chez  apoiia 
([ui  existe  d'une  manière  très  prononcée  chez  ra/z^/u/w;  3"  l'absence 
de  la  barre  jaune  qui  traverse  les  couvertures  du  premier,  barre  ou 
bande  qui  apparaît  constamment,  chez  le  second. 

En  dehors  de  ces  trois  caractères  de  dilTérenciation  très  faciles 
à  reconnaître,  il  en  existe  également  ([uatre  autres,  mais  d'une 
appréciation  plus  dilTicile  et  probablement  aussi  d'une  régularité 
moins  absolue.  Ils  consistent  dans  :  1"  la  délimitation  du  plastion 
beaucoup  plus  nette  chez  /•«(/(//«»«  que  chez  apoda  ;  2"  dans  l'allai- 
blissement  du  brun  violacé  des  parties  inférieures  chez  mrii/idna  ; 
3°  dans  la  taille  plus  grande  cVapoita  (1);  4"  enfin  dans  la  longueur 
plus  considérable  des  parements  de  celui  ci. 

Chez  les  mâles  raiigiami.,  non  adultes,  leur  distinction  s'établit 
par  l'existence  plus  ou  moins  prononcée  du  collier  dont  sera  tou- 
jours privé  apodn,  même  en  vieillissant;  la  délimitation  et  l'obscu- 
rité du  plastron  plus  accentuées  que  chez  apoda  servent  encore  à 
les  reconnaître,  ainsi  que  la  teinte  claire  des  parties  de  dessous. 
Leur  taille  est  moindre,  on  l'a  dit. 

Chez  les  femelles,  la  distinction  du  type  raggiana  du  type  apoda 
se  fait  par  l'absence  de  tout  jaune  sur  celle-ci  ;  l'existence,  au  con- 
traire, d'un  jaune  verdâtre  sur  la  nuque  de  celle-là  qui,  en  outre, 
est  de  faille  plus  petite  et  porte  devant  la  gorge  une  trace  de  collier 
formé  de  petits  pointillés  extrêmement  tins  el  de  couleur  blanc 
jaunâtre. 

Il  est  remarcjuable  que  les  apoda  purs  du  fleuve  Fly  tendent  vers 

(1)  Nous  ne  parlons  ici  que  de  l'ajwda  des  îles  Arou,oar  la  variélé  du  fleuve  Fly, 
(la  var.  novœ  gtiinœ],  ne  serait  point  beaucoup  plus  grande  que  l'espèce  raggiana. 


ADDITIONS,    COBRECTIONS    ET    KXAMENS    d'aPHÈS   NATURE  829 

raiiiiitina  par  la  (liiiiinutioii  de  leur  taille,  sans  doute  aussi  par 
celle  de  leurs  pnreiiieuts  (I),  de  même  par  les  reflets  dorés  que  l'on 
aperçoit  surledoset  sur  les  couveiUires des  ailes  (:J).  MM.  d'Alherlis 
et  Salvadori  se  sont  môme  demandé  si,  à  cause  de  ces  earactères, 
les  iipoihi  du  tleuve  Fly  peuvent  ètie  identilh-s  à  leurs  couijénères 
des  îles  Arou  (3l  ? 

Celte  tendance'qu'onl  les  uiioila  à  se  ra-jprochei-  du  type  raijijiuiui 
dans  les  contrées  liai)itées  i)iir  ce  dernier  sembleraient  montrer  que 
les  ditlérences  qui  séparent  les  deux  Oiseaux  sont  dues  à  des 
iniluences  clinialéri(|ues,  au  régime  ou  à  l'habitat;  l'existence 
d'individus  intermédiaires  ajoute  une  vraisemblance  de  plus  à 
celte  hypothèse.  Cependant,  il  existe  un  caractère  tellement  Iran- 
clié,  le  collier,  que  cette  hypothèse  ne  paraît  pas  admissible. 

Mais  nous  avons  à  nous  occuper  ici  des  Oiseaux  à  caractères 
mélangés.  Si  ceux-ci.  disions  nous  en  commençaul.  proviennent 
d'un  croisement,  présenteraient  ils  tous  ou  |n-esque  tous,  comme 
nous  l'avons  fail  remarquer,  une  fusion  ou  gradation  absolument 
résidicre  dans  l'accroissement  ou  la  diminution  de  leurs  caractères 
ditlérentiels  principaux  et  même  souvent  de  leurs  carai-lères 
secondaires  ? 

Ne  prenant  en  considération  pour  le  moment  (jue  les  mâles  en 
noces  (craifiuant  (|ue  les  comparaisons  que  nous  d('^sirons  établir  ne 
devienneiil  trop  dillitiles  chez  les  mâles  non  <'omplètement  habillés, 
ceux  ci  ne  j)ouvant  pn-senter  qu'un  mélange  de  caractères  encore 
mal  définis),  nous  lemarqm'rons  facilenu'iit  cette  gradation  régu- 
lière dans  la  croissance  ou  la  décroissance  des  caractères'qui  dillé- 
rencienl  les  deux  espèces  pures. 

(Jue  l'dM  examine  attentiven)enl  les  six  spécimens  en  noces  qui 
nous  ont  été  si  obligeamment  prêtés  par  M.  le  D'  Cestro,  ou  verra 
que,  soil  qu'ils  se  rapprochent  du  type  apoda,  S(jit  (ju'ils  s'en 
éloignent  en  tendant  vers  nigi/hina,  tous  les  caractères  principaux, 
et  même  ceux  que  nous  aiipelons  secondaires,  à  cause  de  leur 
nioindrt^  importance,  simf  parfailemeut  fusionnés  et  suivent  une 
marche  progressive  ou  dépressive  ;  aucune  dispropoition  n'existe 

(i)  M.  le  \y  <ipslrii  ii'ii  point  vu  ili-  dilli'ienci's  apprécialjles  piilre  les  pareiiienis 
de  ces  iipixld  el  les  |iarcmiTils  de  ragaiiinn. 

(2i  Si  ri^t-lli'tni'nl  rmjgiiinn  ciionlri"  ccUi'  piiiliriilniilo,  rcMiime  mius  le  priisons, 
et  si  les  apiiila  ilrs  îles  Aïoii  en  sunt  privés  ;  dernirr  point  (|iie  nous  ne  pouvons 
préciser  ri;.'Oiireiisenienl. 

['.i]  ,V()(e  inlnrni),  etc.,  iriiiluziiinc  iti  Stilrailmi.  Annali  ilel  Museo  di  Sloria. 
N^l   riiCenova,  X.  pp.  ."i-ao,  H77,  el  mêmes  annales,  pp.    H  147.  XIV,  1S79. 


830  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

dans  cet  achemiDeineul  des  caractères  d'un  type  vers  les  caractères 
de  l'autre  type. 

Prenons  par  exemple  le  N"  383,  très  rapproché  d'apoda  par  la 
couleur  jaune  clair  de  ses  parements  ;  chez  lui.  le  collier  est  sup 
primé,  la  l)arre  des  ailes  fait  également  défaut,  sa  taille  est  fort 
grande,  son  plastron  est  mal  défini,  ses  parements  s'allongent 
excessivement,  la  teinte  des  parties  inférieures  est  foncée.  Prenons, 
au  contraire,  le  N"  450,  à  parements  presque  rouges  et  par  consé 
queut  du  type  /'«(/(/îa/K*  ;  nous  le  trouvons  de  petite  taille  comme 
est  cette  espèce,  ses  parements  sont  également  moins  longs  que 
ceux  du  précédent  ;  son  poitrail  est  bien  iléfini,  comme  chez 
raijyiana;  il  porte  en  outre  un  collier  jaune  et  large  et  montre  enlin, 
sur  les  couvertures  des  ailes,  la  barre  caractéi'istique  de  ra(j<jiann. 

Reconnaissons  cependant  que  l'exemplaire  N'^  479,  (qui  se  rap 
proche  aussi  de  ruggiana  par  la  couleur  de  ses  parements,  quoique 
bien  moins  rouges  ciue  dans  l'exemiilaire  précédent),  fait  exception 
à  cette  règle,  à  cause  du  grand  développement  des  longues  plumes 
des  flancs  et  aussi  par  la  faible  apparence  de  la  barre  jaune  des 
couvertures,  barre  qui  devrait  être  plus  vive.  Néanmoins,  il  est 
encore  plus  petit  de  taille  que  les  exemplaires  qui  se  rapprochent 
d'apoila;  le  collier,  chez  lui,  est  bien  développé,  le  plastron  égale- 
ment bien  limité  et  la  teinte  du  ventre  moins  vive  qu'elle  ne  l'est 
chez  les  spécimens  hybrides  qui  se  rapprochent  d'upoilu. 

Il  nous  a  paru  intéressant  de  comparer  entre  eux  ces  dilïérents 
spécimens  en  les  rangeant  les  uns  à  cAté  des  autres  ;  nous  avons 
pu  ainsi  observer  du  premier  au  dernier,  dans  les  caractères  dits 
essentiels,  un  véritable  acheminement  d'un  type  à  l'autre,  que  l'on 
commence  par  apoila  pour  tendre  vers  mgr/iann  ou  cice  versa.  (Nous 
avons  écarté  le  N"  600  paice  qu'il  fait  double  emploi,  il  est  en  effet 
identique  par  son  plumage  au  N"  383.  Cet  Oiseau  ne  doit  plus  être, 
du  reste,  dans  sa  longueur  primitive;  sa  queue  incomplète  paraît 
mal  rajustée). 

Les  trois  numéros  383,  763et  4o0  montrent  tout  pailiculiérement, 
et  d'une  manière  absolument  nette,  cet  acheminement  progressif  et 
régulier  d'un  type  à  l'autre  dans  tous  les  caractères  de  difïérencia- 
tion;ou  le  voit  au  premier  coup  d'o'il.  Prenant  le  type  c/xk/';  comme 
point  de  départ,  les  Oiseaux  tendent  régulièrement  vers  raggiana 
par  :  1»  la  teinte  des  parements  ;  2"  le  collier  jaune;  .3°  la  barre  des 
ccmvertures;  4»  la  délimitation  et  l'obscurité  du  plastron;  ">•>  la 
diminution  de  la  taille;  6"  l'amoindrissement  de  la  largeur  des 
parements  ;  7"  enfin  et  aussi,  peut-être,  par  l'allaiblissement  du  ton 


AnniTIONS,    CORRKCTIONS    ET    EXAMKNS    d'aPHICS    NATURE  S31 

des  pnriins  inférieures,  quoique  qu'ils  paraisseûl  sous  ce  lapporl 
bien  plus  apoda  que  rdyi/iaita. 

A  peu  de  chose  près  nous  sommes  arrivé  au  même  résullal  en 
comparant  ensemlile  les  cinq  autres  mâles  en  noces. 

Il  est  eu  effet  facile  de  voir  : 

i»  Que  la  teinte  jaune  doré  du  premier  devient  plus  intense  chez 
le  deuxième,  se  rouj,nt  chez  le  troisiciiie.  auf^menle  chez  le  ((ua- 
Irième  et  .se  trouve  être  chez  le  cinijuième  prestjue  aussi  rouge  san- 
guin que  chez  rafigiana,  tout  en  lais.sant  encore  apparaître  la  teinte 
jaune  doré  qui  caractérise  les  premiers  ; 

2"  (Jue  le  ciillier  n'existe  plus  ou  à  peine  chez  le  N"  .'ÎS.'J,  qu'il 
apparaît  quelque  peu  chez  le  N»  260.  qu'il  augmente  visiblement 
chez  le  N"  70;{.  qu'il  devient  bien  ap|)arent  chez  le  .\"  479  et  qu'il 
atteint  presque  chez  le  N»4;>(l  la  dimension  el  la  teinte  du  collier 
que  porte  rayyiana  pure  espèce; 

;<»  (Jue  la  barre  de  l'aile,  d'abord  invisible  chez  le  premier,  suit, 
à  i)artir  du  deuxième,  à  peu  près  la  même  gradation  qui  s'observe 
dans  le  collier,  sauf  pour  l'avant-dernier,  chez  lequel  celte  barre  est 
peu  apparente,  il  faut  le  reconnaître. 

Quant  aux  caractères  de  second  ordre,  la  délimitation  et  l'obs- 
curité du  plastron  s'accentuent  encore  d'une  manière  bien  nette,  si 
l'on  conq)are  le  premier  avec  le  dernier.  La  taille  elle-même,  sauf 
chez  le  second,  suit  une  dépression.  Les  parements  sont  aussi  plus 
forts  chez  les  deux  premiers  et  chez  le  troisième  que  chez  le  der- 
nier; mais  le  quatrième  lésa  très  fournis. 

Quant  au  caractère,  peut  être  l'un  des  plus  dilTiciles  d'apprécia- 
tion, et  par  conséqnenl  l'un  des  moins  iniportanis,  c'esl-à-dire 
l'éclaircissemeul  de  la  teinte  des  parties  inférieures,  nous  n'oserions 
dire  que  ce  caractère  suit  la  même  progression,  quoi([ue  le  premier 
numéro  semble  plus  foncé  en  dessous  que  le  dernier. 

Nous  rappellerons  pour  mémoire  stiulement  la  couleur  de  l'iris 
de  ces  pièces,  car  celle  indication  n'est  pas  indispensable;  nous 
avons  remarqué,  en  effet,  d'après  les  renseignemenis  donnés  par 
M.  d'.\lbeitis.  (jue  celte  couleur  varie  du  verdâlre  au  jaune  vert,  el 
môme  au  jaune  chez  apnda,  et  qu'ainsi  les  yeux  de  celui  ci  peuvent, 
par  ce  caractère,  se  trouver  semblables  à  ceux  de  riiijfiinnd.  lui 
même  variable  sous  ce  rapport. 

M.  d'.Mbertis  a  indi(|ué  ainsi  la  coloration  des  yeux  dans  les  six 
échantillons  en  noces  «lue  nous  avons  examinés  : 

N".'i8.'$,  jaune  d'un  vert  gris.  N"(;0<).  jaune  vert.  N"46(i,  jaune,  NoTW, 
juuue,  N"  769,  jaune  verdâlre,  N"  4o(t.  jaune  tirant  sur  leverdàtre. 


832  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Si  soQ  appréciation  esl  juste,  si  aussi  le  jaune  verdàlre  est  la 
coliM'atioii  coustaulc  de  Yiipiidn,  la  j;r'adnliou  i|ue  nous  redierclions 
ne  serait  pas  ici  suivie,  (le  sont,  en  etiet.  les  derniers  échautilloiis 
à  parements  rougeâtres  qui  devraient  avoif  les  yeux  jaunes  et  non 
pas  les  numéros  4()6  et  7(J3,  plus  rapprochés  d'niioiln. 

Mais,  si  la  couleur  jauue  n'est  pas  l'atlril^ut  exclusif  du  type 
raiifiiana,  cela  ne  vient  pas  à  l'enconlre  de  notre  théorie. 

Il  résulte  donc  des  observations  faites,  notamment  sur  les  trois 
caractères  essentiels,  et  des  ohservatious  failes;aussi  bien  souvent 
sur  les  quatre  autres  caractères  secondaires,  que  chaque  fois  qu'un 
spécimen  tend  à  se  rapprocher  de  l'un  ou  de  l'autre  des  deux  ty|)es 
purs,  il  y  tend  par  une  prof^ression  é(|uivalente  dans  chacun  de 
de  ses  caractères;  on  ne  trouve  point  chez  ces  hybrides  supposés 
de  disproportions  dans  la  croissance  des  caractères  différentiels 
de  l'espèce.  Ceci  est  très  remarquable. 

Revenons  maiutenant  aux  Paradisiild'  cT  sans  parements  que 
nous  avons  mis  provisoirement  hors  de  la  discussion,  craignant 
que  les  rapprochements  qui  ont  été  tentés  pour  les  mâles  complè- 
tement habillés  ne  devinssent  trop  difTiciles  pour  ces  exemplaires 
non  revêtus  totalement  de  leur  livrée.  Peut-être,  en  les  étudiant  de 
très  près,  trouverons-nous  encore  cet  examen  favorable  à  la  théorie 
que  nous  expliquons. 

Ce  sont  les  No^  oiS,  7."i,  ."501)  et  .S33.  Au  sujet  du  premier,  nous 
dirons  qu'il  paraît  plus  aiioda  que  ragiilarid;  que  cependant  la  cou- 
leur du  jilastron  foncé  et  la  coloration  claire  des  parties  inféi-jcures 
rappellent  davantage  le  type  rugiintiui  dont  il  porte  encore  des 
traces  par  l'indice  du  collier,  quoique  d'une  manière  bien  faible. 

Chez  le  deuxième,  le  plastron,  moins  foncé,  moins  l)ien  délimité, 
est  au  conti-aire  plus  du  côté  d'"/«"//;  ;  c'est  à  peine,  nous  l'avons 
dit,  si  on  aperçoit  une  trace  de  collier. 

Chez  le  troisième  le  collier  est  plus  visible,  mais  comme  l'Oiseau 
est  plus  jeune  (|Me  le  précédent,  son  plastron  est  plus  clair  ;  néan- 
moins, par  le  peu  d'étendue  de  celte  partie  (|ui  est  en  outre  assez 
bien  délimitée,  il  rappelle  raijijinna.  En  sorte  que  la  gradation 
fusionnée  des  caractères  d'un  type  à  l'autre  peut,  à  la  rigueur, 
être  encore  suivie  dans  ces  trois  échantillons.  Nous  avons  donné 
leuis  mesuies.  .\joutous  qu'ils  son!  roux  doré  sur  le  dos,  notam- 
ment le  N"  75.  Les  couvertures  ont  elles  mêmes  quelques  reliefs 
dorés,  au  moins  chez  les  deux  premieis  numéros.  Le  N"  30!),  chez 
lequel  cette  nuance  dorée  devrait  davantage  s'apercevoir  (puisqu'il 


ADDITIONS,    COItRECTIONS    l-.T    KXAMKNS    D'AI'HKS    NATIHIK  H3;i 

porte  lia  collii'r  plus  tléveloiipt'  t\Ui>   les  ;iiilres),  est  ;iii   coutriiirc 
moius  iloii'. 

Oiuiiit  iiu  N"  333.  très  déléiioré  sur  le  con  el  la  lAlf ,  nous  avous 
remarqué  qu'il  iw  poi  tiiit,  eu  jj;uise  tic  collier,  que  trois  petites 
pluiues  jaunes  ilevaiil  la  gori^e  |indi(|iianl  sans  doute  le  collier)  et 
que  sou  plastron  étiiit  mal  délliii.  N'ayaut  plus  entre  nos  mains 
celte  pièce,  retournée  au  Musée  de  (iônes,  nous  n'établirons  aucun 
rapproeheiiient  avec  les  trois  derniers  Oiseaux  décrits,  mais  le 
plastron  mal  déliui  semble  encore  bien  concorder  avec  l'absence 
presque  totale  ilu  collier. 

Ainsi,  les  h\  itrides  sans  parements  semblent  aussi,  en  quehpie 
sorte.  |)iésentcr  dans  leurs  caractères  de  dillérenciatiou  la  grada- 
tion régulière  constatée  rhc/.  prcs{jiu'  tous  les  exemplaires  en 
livrée  parfaite. 

Pour  les  deux  femelles  qui  nous  ont  été  communiquées,  nous 
n'entreprendrons  point  d'examiner  si  la  fusion  de  leurs  caractères 
mixtes  est  en  rapport  avec  i-elle  i|ue  l'on  trouve  chez 'presque  toiisr 
les  mâles  en  noces:  nous  les;ivons  j;ai-dées  peu  de  temps  et  nous  les 
avons  aussi  renvoyées  au  Musée  de  Gènes,  ne  voulant  point  abuser 
de  la  trop  grande  complaisance  de  l'homme  bieuveillant  qui  nous 
les  communiquait.  Du  reste,  nous  avions  reconnu  que  leurs  carac 
tères  mixtes  étaient  bien  peu  appréciables.  Nous  nous  étions  même 
demandé  par  quels  caractères  ces  |)ièces  peuvent  être  déclarées 
hybrides.  Le  N»  388  est  plutôt  plus  petit  de  taille  que  la  femelle 
r«.vf/m/ia  de  notre  collection;  il  n'est  donc  pas  intermédiaire  par 
sa  faille  entre  apoda  et  rngiiinna.  Le  N"  oo't  paraît,  dans  ses  dimen- 
sions, un  meilleur  intermédiaire;  il  l'est  au  moins  entre  une  femelle 
tilioild  (lu  Musée  de  Caeii  et  des  femelles  nttjijidnn  que  nous  avons 
examinées;  son  plastron  est  aussi  moins  délimité  (|ne  celui  de  la 
femelle  ;v;(/j//«»/(/,  ce  qui  peut  l'avoir  fait  considérer  comme  hybride. 

Du  reste.  M.Salvadori  reconnaît  ([ue  ces  femelles  sont  tout  à  fait 
semblables  aux  femelles  rafii/idiia  et  qu'il  n'y  a  <|ue  la  couleur  des 
yeux  qui  peut  les  faire  considérer  comme  hybrides.  M.  d'.Albertis  les 
a  en  ellet  indi(|uées  comme  ayant  les  yeux  n-rtldijuaU)  et  (jinllo  ver 
iloijiuiln,  c'est-à-dire  verdàtres;  si  elles  étaient  de  puit^s  raijqiana 
elles  devraient  sans  doute  avoir  la  couleur  de  l'iris  jaune,  quoique 
ce  caractère  ne  soit  pas  absolu.  (.M.  d'.Mberlis  cit(,'  des  apoiln  avec  les 
yeux  jaunes  el  des  rngi/idxanwc  les  yeux  calé  au  laiton  jaune  foncé). 

Celui  ci  avait  rapporté,  parmi  les  hybrides  supposés,  onze  mAles 
en  noces,  nous  lavons  dit  ;  les  six  échantillons  conservés  au  Musée 


834  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

de  Gênes  vieuueuld'èlie  examinés.  Un  seplièineau  Musée  d'Histoire 
naturelle  de  l'aris  se  conforme,  dans  les  trois  caractères  principaux 
de  dilîérenciation,  à  la  règle  que  nous  avons  étaljlie. 

Chez  cet  Oiseau,  en  effet,  dont  la  couleur  des  parements  rappelle 
celle  (VajiOiht.  (qu()i([ue  ces  parements  soient  fortement  violacés  par 
](laces),()n  ne  doit  plus,  s'il  suit  la  rci;ie  commune,  reuco:itrer  ni  de 
collier,  ni  de  bandes  sur  les  couvertures  des  ailes;  le  plastron  ne  doit 
être  ni  foncé  ni  limité;  le  ventre,  en  dessous,  ne  peut  être  <'lair;  la 
taille  comme  la  longueur  des  parements  doivent  enfin  le  rapprocher 
d'afioild.  Or,  après  avoir  étudié  à  loisir  cette  pièce,  nous  avons  trouvé 
que  le  collier  était  pres(|ue  nul  ;  il  n'est  rappelé  faiblenient  que 
sur  les  deux  côtés;  la  l)arie  sur  l'aile  ne  se  voit  pas,  ou  aperçoit 
seulement,  comme  bordant  les  couvertures,  une  frange  dorée  pres- 
que imperceptible;  le  plastron  peu  foncé  s'étend  en  avant  vers  le 
ventre,  laquelle  partie  est  sombre.  La  taille  enfin  est  bien  moindre 
que  celle  d'a;)o</tt(cren  noces)  des  îles  Arou  et  les  parements  ne  sont 
jias  allongés,  ni  très  fournis.  Mais  il  faut  nous  rappeler  :  i»que  les 
apoda  du  fleuve  Fly  sout  i)lus  petits  que  ceux  des  îles  Arou;  puis 
que  les  plumes  des  flancs  peuvent  ne  point  avoir  atteint  encore  leur 
longueur  définitive.  En  sorte,  on  le  voit,  que  cette  pièce  suit  encore 
la  lègle  qui  a  été  observée  chez  les  autres  échantillons.  On  ne 
voit  pas  apparaître  chez  cet  Oiseau,  soit  le  collier  de  raifgiana, 
soit  la  barre  de  l'aile  propre  à  ce  type,  ou  tout  autre  caractère  qui 
ne  soit  en  proportion  graduée  avec  les  caractères  déjà  présentés. 

Nous  n'avons  point  vu  en  nature  les  deux  mâles  en  noces  qui 
sont  conservés  au  Musée  municipal  de  Milan;  nous  pensons  néan- 
moins, par  la  description  qui  nous  en  est  faite  par  M.  le  professeur 
Sordelli,  c[u'ils  suivent  la  même  règle.  Le  professeur,  qui  a  eu 
l'obligeance  d'examiner  de  très  jjrès  ces  deux  échantillons,  nous 
a  fait  savoir  :  l"  iiue  l'un  des  deux,  dont  les  parements  jaunes 
rappellent  Vaptida,  est  dépourvu  de  collier  et  de  barres  tiansver- 
sales  sur  les  couvertures  des  ailes  ;  qu'en  outre  il  n'existe  point 
chez  lui  de  plastron  bien  délimité,  la  poitrine  est  seulement  un  peu 
plus  foncée  que  les  parties  environnantes  ;  2°  que  le  deuxième 
siiécimen,  qui  i-essembh^  davantage  à  ragiiiaita,  a  les  parements  de 
couleur  orange  nuancés  de  rouge  vineux  et  possède  une  barre  jaune 
sur  les  couvertures  des  ailes,  un  collier  et  un  plastron;  mais  ces 
caractères  sont  moins  prononcés  que  chez  le  ragniana  pur;  la  barre 
jaune  est  aussi  bien  moins  ap|)arente.  peu  marquée,  et  le  collier 
est  plus  étroit.  Le  [)lastron  serait  cependant  prest|ue  aussi  bien 
délimité. 


ADDITIONS,    COlUthXTIONS    KT    ICXAMENS    DAPRÈS    NATURi:  8:{.') 

(les  iiiiliiiitions  uous  sont  ((iiiliiiin't's  |);ir  lu  jolie  iicjuincllu  que 
M.  Mjirloii'lli  il  eu  hi  ((imiihiisaiice  d'exéculei' i'i  notre  iiilenlion. 

Or,  nous  ne  nous  souvenons  point  avoir  ol)servé  de  pliénoniènes 
semltlaliles  dans  les  hybrides  qui  sont  passés  par  nos  mains, 
quoi(|ue  nous  en  ayons  oliserv<'  un  grand  iioinlire;  à  moins  donc 
que  cela  nesoit  passé  inaperçu  par  suite  des  dinicnll('s  1res  grandes 
dans  l'appréciation  de  la  valeur  des  caractères spéciliquesmélaufïés, 
les(]uels  se  conlondent  tellenieid  parfois  que,  pour  dt-lerininfr  la 
part  exacte  cpii  l'-evient  à  cliacuiie  des  espèces  parentes,  il  faudrait 
entreprendre  sur  cellesci  une  étude  aussi  minutieuse  et  aussi 
suivie  que  celle  qui  a  été  faite  jxuir  les  l'arailisidip.  travail  liop 
l)énil)le  et  trcqi  Ion;;  pour  élre  entrepris  sur  chaque  iiybride  l'onuu. 

Heureusement  il  existe  une  série  d'hybrides,  tant  produits  en 
doniesticilé  (prolilenus  à  l'état  sanvaire,  dont  l'élude  ne  |)rés(>nte 
pas  beaucoup  de  ditUculîés,  les  caraclères  élanl  uellenienl  accusés, 
(;'est  à  cette  série  que  nous  aurons  recours  pour  reconnaître  ipie  les 
hybrides  ne  montrent  point,  dans  la  com|iosition  de  leurs  carac- 
tères mélan^'és,  la  fusicm  intime  el  loujouis  très  régulière,  observée 
chez  les  Parmlisidœ  qui  viennent  d'être  décrits. 

Examinons  tout  d'abord  l'hybride  si  commun  de  la  Thaiiinrla 
picta  el  de  la  Tlmumfla  aiiiherstio'.  (îénéralement,  an  moins  chez  les 
mâles  demi-sang,  c'est  le  sang  /);>/(/ qui  domine;  l'Oiseau  provenant 
du  Faisan  doré  et  du  Faisan  d',\mherst  est  donc  presque  toujours 
du  ciMé  du  Faisan  doré.  Mais  il  conserve  un  caractère  spécial  à 
l'Amherst  :  la  collerette  blanche  qui  rappelle  sa  double  origine. 
Nous  avons  observé  un  cf  amhentiœ  X  pirla  de  l^^'  génération  res 
semblant  presque  cnm|)lèlemenl  au  Doré,  sauf  par  la  taille  et 
l'allure;  par  exceptiou  la  collerette  était  chez  cet  individu  jaune 
crème  rousstdre  rappelant  celle  du  Doré. 

Si  les  hybrides  que  nous  venons  de  citer  suivaient  la  règle  que 
suivent  les  Paradisiers  hybrides  de  .M.  d'Albertis,  ils  devraient, 
dès  qu'ils  se  rapprochent  de  pirta,  tendre  vers  ce  type  par  une 
égale  répartition  de  leurs  caractères.  Mais  c'est  l'opposé  qui  se 
|irodnil  :  la  c(dlerelle  blanche  des  premiers  est  de  l'Ainhersl;  la 
taille  et  l'allure  du  secoud  est  aussi  de  cette  espèce;  il  y  a  chez  eux 
juxtaposition  et  non  fusion. 

On  se  rappelle  que  ninis  avons  reçu  du  Muséum  d'Histoire  nalu 
relie  de  (îrenoble  nue  de  ces    Perdrix  i|ui  doivent    leur  origine, 
pciisc  I  on  avec  assez  de  raison,  au  croisenn-nl  de  la  Perdis  ruhra 
et  de  la  l'rnli.r  xii.iululis.  dette  Perdrix  hybride,  nous  l'avons  remar- 
qué, est  presque  ruhra,  quoifjue  les  pointillés  de  la  gorge  soient  un 


830  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    I.F.TAT   SAUVAGE 

peu  moins  nombreux  que  chez  celle  espèce:  mais  les  plumes  îles 
flancs  sont,  entièrement  <'elles  de  la  P.  m.rntalis.  L'autre  spécimen 
(lu  même  Musée  est  sans  pointillés  du  côté  droit  de  la  gor^e,  rappe- 
lant ainsi  S'i.inldiis;  du  côté  gauche  la  présence  en  grand 
nomlire  de  ces  pointillés  le  rapproche  de  rnhni.  Nous  savons  aussi 
que  riiyltridede  la  collection  J^emei'teil  porte,  d'uncôté,  aux  plumes 
des  flancs,  les  deux  barres  transversales  de  xa.ratdlis :  (\e  l'autre 
côté  existe  seulement  la  seule  barre  propre  à  rubni.  Donc  encore 
juxtaposition  et  non  fusion,  comme  pour  le  Fnincolinus  pictusX  F. 
riilii'iris,  tué  par  le  lieutenant -colonel  Butler  à  Deesa,  dout  la  tète 
est  vidi/ans  et  le  coips  semblable  au  pictUK.  De  même  encore 
|ii)ur  l'Iiyliride  du  même  croisement  qui  existe  au  British  Muséum 
puisqu'il  montre  dans  tout  le  pinmase  de  son  corps  le  coloris 
et  le  dessin  du  rnhjaris,  tandis  (|ue  la  tète  dilTère  sensil)lement  de 
ce  type  et  rapproche  l'Oiseau  du  piclns. 

Le  Rackelhane  ou  Tetrao  niediiis.  produit  du  Tetnio  vrofjaliux  et 
du  l'i'trdo  tftri.r,  présente  les  caractères  mélanfiésdes  deux  espèces 
dans  des  ]nv>portions  que  nous  ne  saurions  analyser.  Mais  tou- 
jours, chez  lui,  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  sont  tache 
tées  de  noir  à  la  manière  de  ITroi^alle  ;  jamais  elles  ne  sont  enliè 
reinenl  blanches  comme  chez  le  tetri.r.  Tous  les  exemplaires  que 
nous  avons  examinés,  nous  l'avons  remarqué,  étaient  invariablement 
tachetés  ainsi,  quelle  (pie  soit  ia  prèpoTuh'rance  des  caractères  de 
l'une  ou  de  l'autre  espèce. 

M.  B.  A.  Hoopes  parle  d'un  hybride  de  (;()(|  et  de  Pintade  dont 
la  fornu'  arrondie  est  celle  de  la  IMnl  nie,  sauf  la  tèle,  qui  est  de  la 
forme  de  la  Poule  domestique  (  1). 

In  hybride  non  moins  étonnant  est  celui  du  Canard  i)enelope  et 
du  (lanard  sitHenr.  (let  Oiseau,  obtenu  par  M.  Alberdan,  en  Hol- 
lande, est  i)res(|ue  nciita  dans  tout  son  corps;  mais  la  teinte  de  la 
tète  n'est  plus  aucunement  tie  cet  Oiseau.  Elle  est  en  i^rande  partie 
jaune  orangé,  rappelaut  plutôt  itciu-lnpr;  en  outre,  elle  montre  un 
caractère  étraiiiicr  à  ces  deux  espc-ces  :  le  vert  (pii  couvre  le  dessus 
du  cou.  L'orifiine  de  cet  Oiseau  ne  parait  pas  discutable,  le  croise- 
ment (pi'on  sup|)ose  lui  avdir  donné  naissance  ayant,  mms  l'avons 
dit,  ('■II'.  r(''p('t(''  en  captivité  dans  la  Méuaiici'ie  du  feu  lord  Derby  et 
ayant  donné  un  |trodnit  (]ui  lui  est  en  tout  semblable  {±). 

(I)  /()'/•(/!>■  ()/  NiirlU  iiiiierica.  oitavo  (vul.  (i,  |i.  :;'iii  ?)  oil  |i.  B.  A  Hoopes  in  Korest 
cind  Sh-eam,  vol.  I.  p   :t74. 

(i)  On  se  lappJle  que  le  premier  éeliaïUilkm  oljtenu  en  llullanile  nous  a  él('  roni- 
niuniqiié  par  le  .Musée  de  l,ey(te  et  le  second  par  le  Musée  île  l.iverpool,  qui 
possède  aujourd'hui,  pensons-nous,  les  animaux  de  la  ménagerie  du  feu  l.ord. 


ADDITIONS,    COIIRECTIO.NS    i;T    KXAMENS    d'aPHÈS    NATUnE  837 

.Nous  itvdus  jiiirlt''  (le  rii\  liiidi-  de  la  Sarcelle  el  du  Sillleur  ((,>'"'/'■ 
qiieilula  circca  *•{  Anas  pciuiopc)  ;  m»us  possédiiiis  deux  laldeanx, 
peints  d'après  nalure,  représeiilanlcel  liyliride  ;  or,  sur  un  ({trps 
(|iii  (dire  le  |)lumaj;e  des  deux  esp('ces,  dans  des  proportions  plus 
ou  moins  faciles  à  détenuiiier,  apparaît  la  tiîle  rousse  de  la 
Qucniucdulii  avec  sa  large  bande  verte  caracléristi(|ue. 

Nous  poss('dous  aussi  la  i)eiiiture  d'un  Canard  pnirlopr  X  hosclias, 
lui'  eu  Hollande,  et  conservé  au  Musée  d'Anisteidaui.  Le  corps  de  cet 
Oiseau  est  pres(iue  pendopc,  tant  par  la  teinte  argentée,  le  dessin 
de  ses  zig/.ags  et  le  miroir;  le  jioilrail  pouirait  |)asser  |)our  un 
mélange  du  coloris  de  cette  partie  des  deux  espèces.  Mais  voici 
qu'à  la  tète,  les  teintes  propres  aux  deux  types  s(^  heurtent  sans  se 
confondre  ;  le  vert  du  li(isrhiis,  rendu  encore  plus  ardent,  est  nette 
nient  si-paré  d'iiiie  teinte  jaune  rouge  rappelant  la  teinte  (^ue  le 
pcHvlojic  montre  à  cette  partie,  Jaipielle  teinte  lave  les  joues  el 
le  cou.  Ajoutons  (|ue  la  couleur.  Ideulé  plonili,  du  liée  est  tout 
à  fait  pciuiopc. 

On  a  observé  que  tous  les  spécimens  ((  A  mis  hoschas  AnnsXaruta  » 
présentent  à  peu  près  le  même  dessin  et  la  même  c(doration  de 
plumage  ;  peut-être,  en  les  examinant  attentivement,  Irouveiail  ou 
chez  eux  un  mélange  à  peu  près  égal  des  caractères  propres  aux 
deux  espèces,  quoiqu'il  existe  des  sujets  dont  la  tête  est  presque 
verte,  comme  celle  du  haschas,  dont  le  cou  porte  un  collier  blanc, 
comme  le  montre  cet  Oiseau,  et  dont  le  poitrail  est  encore  aussi 
roux  foncé  que  chez  cette  espèce.  Mais  ces  hybrides,  dont  le  plu- 
mage dilTère  peu,  sont  tantôt  de  la  forme  du  hu.sclias,  tantôt  de 
la  forme  de  l'aniid.  au  moins  ont-ils  une  tendance  marquée  à  se 
rapprocher  de  l'un  ou  de  l'autre  type. 

Rappelons  encore,  d'après  Audubon,  que  les  métis  du  (;anard 
sauvage  apprivoisé  et  du  Gadwall  {Anns  stirpera)  conservent  les 
pattes  jaunes  et  le  plumage  barré  de  l'un  des  parents  et  la  tète 
verte  de  l'autre  (1|. 

Nous  avons,  dans  notre  travail  sur  les  Passereaux  hybrides, 
donné  la  description  d'un  bon  nombre  de  pièces  (j:ii  y  sont  citées; 
certes,  s'il  fallait  analyser  dans  toutes  ces  pièces  la  part  qui  revient 
à  chaque  parent,  le  travail  serait  long.  .Mais  sans  nous  livrer  à  une 
telle  besogne,  il  semble  (|ue  l'on  puisse  relever  dans  plusieurs  de 
ces  descriptions  quelques  traits  saillants  peu  en  iiarmonie  avec 
ceux  que  présentent  les  hybrides  du  fleuve  Kly.  C'est  ainsi  que 

(l(  llird.i  i>f  Morlh  America,  oclavo  (vol.  T.,  p.  240  Vi  cit.  \i.  A.  B.  Huppes,  in 
Korcst  anil  Slreaiii,  vol.  1,  p.  374. 


838  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l/ÉTAT    SAUVAGE 

nous  avons  cité  (1)   un  Verdier-IJnot  (l.igurius  chloris  x  Canna 
bina  linota),  dont  la  couleur  du  cou,   du  dos,  des  ailes,  jusqu'à 
moitié  de  leur  longueur,  est  celle  de  la  ilnuta,  taudis  que  la  couleur 
du  chloris  se  monlre  sur  le  croupion,  la  queue  et  l'autre  partie  des 
ailes. 

Nousavonsnientioanéaussi(2)unSizerinCabaret  presque  comme 
cette  dernière  espèce,  mais  dont  le  bec  est  du  premier  type;  puis  un 
hybride  du  Pinson  des  Ardennes  et  du  Pinson  ordinaire,  presque 
montifringilla,  à  l'exception  des  taches  blanches  des  deux  rectrices 
externes  (;3);  un  autre  spécimen  de  même  origine  dont  le  roux 
de  la  poitrine  est  un  exact  mélange  des  teintes  propres  à  chaque 
espèce  parente,  mais  dont  le  dos  est  plus  cœlehs  que  montifringilla; 
dont  encore  les  rectrices,  considérées  dans  leur  ensemble,  semblent 
elles  mêmes  intermédiaires,  tandis  que  les  deux  externes  sont 
cœlebs. 

Enfin,  nous  verrons  Inentôt  que  lorscjue  le  mélange  des  carac. 
tères  du  Calaples  aiiralns  et  du  C.  caffr  se  montrent  dans  l'Oiseau 
que  l'on  nomme  Colapteshybridus,  (Oiseau  que  M.  Alleu  croit  réelle- 
ment hybride)  (4),  les  combinaisons  sans  symétrie  sont  la  règle.  En 
effet,  les  plumes  des  ailes  ou  de  la  queue  sont,  les  unes  rouges,  les 
autres  jaunes.  Un  individu  peut  avoir  la  coloration  générale  du 
vrai  cafer  combinée  avec  un  croissant  de  la  nuque  bien  développé  ; 
un  autre,  au  contraire,  est  pur  nuratiis  avec  les  raies  rouges  du 
cafer.  Quelquefois  encore,  le  plumage  du  corps  est  d'une  espèce, 
tandis  que  le  plumage  de  la  tèle  est  de  l'autre  espèce,  etc. 

Tout  cela,  on  le  voit,  ne  se  concilie  guère  avec  la  règle  de  grada- 
tion qui  existe  chez  les  soi-disant  hybrides  rapportés  de  la  Nouvelle- 
Guinée  par  M.  d'Albertis. 

Aussi,  en  présence  de  cette  diversité  dans  le  mélange  des  carac 
tères   des  hybrides,  avons-nous  été  surpris  de  la   régularité  qui 
existe  dans  les  caractères  des  Oiseaux  en  question  ;  des  doutes  sur 
leur  double  origine  se  sont  présentés  à  notre  esprit,  et  nous  avons 
tenu  à  expliquer  le  pourquoi  de  ces  doutes. 

D'un  autre  côté,  comme  ces  Oiseaux  vivent  côte  à  côte  avec  les 
deux  espèces  supposées  mères,  il  est  bien  dilTicile,  sinon  impos- 
sible, d'attribuer  le  changement  qui  se  produit  chez  eux  à  des 

(1)  P.  205. 

(2)  P.  220. 

(3)  P.  262. 

(4)  Tlie  Norlh  amencnn  species  of  the  geniis  Cola/ue:!,  etc.,  in  Bull.  amer. 
Muséum.  Mais  1842.  Ce  curieu.\  Oiseau  sera  èludii'  dans  un  procliaiu  chapitre. 


ADDITIONS,   CORRECTIONS    ET     KXAMKNS     d'aPRÈS    NATURE  831) 

inlliiences  clim;iléri(iues,  ;i  l'iinbllal.  piir  cxoniplc,  on  à  d'aiilres 
coiuiilious  d'f.xisleuce,  eellcs-ci  étant  les  uii^ines  pour  les  uns  el 
pour  les  autres. 

Voici  notre  couclusiou  : 

On  ne  saurait  contester  l'existence  d'Oiseaux  interméliaires 
entre  le  type  upoila  et  le  type  mipiùina;  on  ne  saurait  dire  non 
plus  que  les  caractères,  qui  rapprochent  ces  iuternicdiaires 
tant(M  d'une  espèce,  tantt^t  de  l'autre,  sont  dus  à  des  influences 
cliniatériiiui's,  au  milieu,  à  l'lial)il;il.  puisque  les  Oiseaux  à  carac 
tères  inclauj'és  vivent  préciscuienl  dans  les  ciidroils  habités  par  les 
deux  types  auxquels  on  attribue  leur  naissance. 

Tout  semble  donc  faire  croire  à  leur  hybridilé  véritable,  d'autant 
plus  qu'ils  ne  paraissent  se  trouver  que  là  môme  où  les  deux  espèces 
pures  se  rencontrent. 

Mais,  nous  rappelant  les  observations  présentées  aux  i)aij;es  qui 
précèdent  sur  la  manière  taule  (li/lcirnle  dont  le  mélange  s'opère 
chez  les  autres  hybrides,  quoique  pris,  çà  el  là,  et  dans  plusieurs 
ordres,  on  doit  se  poser  cette  question  :  «  l'our  quelles  causes, 
si  les  Oiseaux  rapportés  par  M.  d'Alberlis  sont  de  vrais  hybrides, 
dillèrentils  dans  le  mélange  de  leurs  caractères  des  hybrides 
des  autres  espèces  d'Oiseaux'.'  n 

Eulin,  une  autre  considération  n'est  point  à  négliger.  Les 
hybrides  supposés  sont,  non-seulement  plus  grands  que  l'espèce 
raijijiinia,  mais  plus  grands  que  la  variété  a/)orfa  xoru;  ijiiimr,  type 
qu'on  lui  donne  pour  deuxième  paient. 

Voici,  en  efïet,  les  mesures  que  nous  avons  relevées  sur  divers 
exemplaires  en  peau  : 


Rdijgianit 

Novw-Guinœ 

Les  hybrides 

Long,  lot 

Aile 

Long.  loi. 

Aile 

Long.  toi. 

Aile 

0.;t82 
0.:<72 
0.370 
0.37.-? 

O.liW 
0.190 
0.185 
0.183 

0.418 
0.387 
0.415 
0.41U 

0.200 
0.205 
0.205 
o.2o:t 

(i.Ot 
0.433 
0.420 
O./.IO 

0.200 
O.l'JS 
0.200 
0.200 

Si  l'on  admet  l'iiybridité,  il  faut  donc  prétendre  que  les  hybrides 
sont  plus  grands  que  leurs  parents;  sinon,  que  l'on  est  en  présence 
d'un  cas  d'atavisme  par  hybridation,  c'est-à dire  un  retour  vers 


840  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

apofla  des  iles  Aroii  (plus  grand  ^\ue  la  variété  du  lleuve  Fly).  Mais 
celte  dernière  supposition  en  amène  une  autre  :  c'est  que  la  var. 
novm  ffuinœ  est  nécessairement  descendue  de  l'espèce  nymla.  Rien 
ne  le  prouve.  L'nimda  des  îles  Aroii  peut,  tout  aussi  bien,  avoir  eu 
pour  ancêtres  le  P.novœijumœ  de  l'intérieur  de  la  Nouvelle-Guinée. 
Le  cas,  on  le  voit,  est  embarrassant  ;  il  mérite  au  plus  haut  degré 
de  fixer  l'attention  du  naturaliste. 

PaRADISEA   IIAGUIANA  et   Paradisëa  intehmedia 

M.  C  W.  de  Vis,  curateur  du  ((  Queensland  Muséum  »  vient  de 
décrire  (I)  trois  l'niaiiixra  inlermedut  qui  pourraient  être  des 
hybrides  entre  le  /'.  r(i(jginnii  et  le  /'.  (iiti/usdv  pirioriic.  O'est  une 
espèce  nouvelle  obtenue  sur  la  côte  est  de  la  rivière  Kumusi  (Nou- 
velIe-Ciuinéc  anglaise).  —  «  Mais,  dit  M.  de  Vis,  la  constance  de  la 
couleur  montrée  par  tous  vient  à  l'encontre  de  cette  supposition  ». 

A  titre  de  renseignement,  voici  la  descii[)tion  de  ce  nouveau  type  : 

(I  Forehead,  ail  tlie  lower  surface  and  llie  (lank  plumes  as  in  /'. 
raggiaiKi  :  head,  nape,  back,  and  middie  of  rump  and  upper  tail 
coverts  pale  straw  yellow;  up|ier  wing-coveris  broadly  margined 
wilh  same,  the  alar  slripe  so  ïormed  tapering  olï  posleriorly,  and 
separated  from  the  back  by  the  outer  feathers  of  the  mantle,  which, 
like  the  greater  coverts,  are  chestuut  washed  with  yellow;  wing. 
tail,  and  sides  of  ruuip  and  upper  tailcoverls  rather  pale  chestnut. 
Total  length,;{OUmm.;  wing,  180;  tail,  162;culmen,  33;  tarsus,  36.5. 
Distinguished  from  /'.  angnstiv  rlrioriiv  by  the  blood-red  colour  of 
the  llank  plumes,  pure  chestnut  of  the  sides  of  the  rump  and  uppei' 
tail-coveris,  and  by  the  présence  of  the  alar  stripe  ». 

Les  trois  exemplaires  sont  mâles. 

CoLAPTES    auratus    et   Colaptes    CAFER 
(Se  reporter  p.  i29  ou  p.  503  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool.,  1892). 

Lorsque  l'on  imprimait  la  troisième  partie  de  notre  travail,  dans 
laquelle  l'hybridation  possible  de  C.  auratus  X  C.  cafer  est  envi- 
sagée, M.  J.  A.  Allen,  l'éminent  directeur  de  l'Auk,  publiait  préci- 

(1)  In  «  Report  on  ornithalogicul  spécimens  collected  in  hrilish  Neir  Guinea  » 
Brisbane,  :«)»'  Jiine,  1894. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMKNS    DAPRÈS    NATURE  S'il 

sèment  (1)  iiiic  iHutie  considérable  sui-  cos  dt^ux  formes  et  leurs 
croisements  j)i-t''suniés.  Il  coinbhiit  ainsi  une  lacnne  existant  dans 
la  science  oruitholo;:;ique,  lacune  (jue  nous  déplorions  (2).  Nous 
devons  donc  analyser  ou  plutôt  traduire  presque  complètement  cet 
important  travail,  déjà  résume  dans  l'Ank  par  M.C.T.  Batchelder  (3) 
et  que  nous  avons  été  très  satisfait  de  lire. 

M.  J.  A.  Allen  commence  par  rappeler  que  l'on  savait  déjà,  il 
y  a  plus  de  trente  ans,  (|ii'on  rencontre,  sur  certains  points  on  le 
C.  aurntns  et  le  ('.  rdfcr  habitent,  des  individus  à  caractères  niélan- 
gés,c'est-à  dire  présentant  une  combinaison  plus  ou  moins  régulière 
des  deux  espèces.  C'est  Baird  qui,  en  18o8,  appela  pour  la  première 
fois  l'attention  sur  les  cas  curieux  de  C.  auratas  et  C.  edfer  (4) 
représentés  par  de  nombreux  spécimens  de  la  région  du  Missouri 
supérieur  et  du  Yellowstone,  chez  lesquels  les  caractères  des  deux 
esjjèces  étaient  combinés  d'une  manière  constamment  variable 
et  souvent  asymétrique.  Le  savant  professeur  concluait  alors  à 
une  hybridation,  sur  une  grande  échelle,  entre  les  deux  espèces: 
((  nolwitlistanding  tlie  starling  nature  of  sucli  an  assomption.  » 
Aussi  nommait  il  les  Oiseaux  variés  «  Colaptes  hybridus,  »  faisant 
observer  que  ce  nom  n'était  point  donné  dans  le  sens  spécifique, 
mais  seulement  afin  de  désigner  conveuablcinenl  les  Oiseaux  inter- 
médiaires. Ces  Oiseaux  furent  connus  sous  cette  dénomination  pen- 
dant un  quart  de  siècle,  l'explication  de  Baird  étant  généralement 
cousidc-rée  comme  sullisante.  De  nouvelles  théories  furent  cependant 
proposées.  En  IS7i,  alors  i[ue  l'on  croyait  la  distribution  géogra 
phique  de  ces  soi-disant  hybrides  beaucoup  moins  étendue  qu'elle 
ne  l'est  en  réalité,  on  avait  avancé  que  la  gradation  entre  les  deux 
formes  était  due  à  l'action  des  milieux  environnants  (3)  ;  cette 
manière  de  voir  avait  été  acceptée  (6).  Ensuite,  eu  1877,  on  suggéra 
que  les  Oiseaux  à  caractères  intermédiaires  pouvaient  être  des 
individus  restant  d'une  forme  d'où  deux  tyi)cs  difléients  ('taieiil 
sortis  en  se  différenciant  (7).   Eiilin.   en  188i,  on  émit  une  autre 

(1)  In  Bull.  o(  thP  American  Muséum  ot  Nat.  Ilist.,  pp.  21-44,  N"  1,  vol.  IV, 
article  II,  New-York,  8  mars  1892.  «  The  North  american  species  of  Ihe  genus 
Colaptes,  considered  icilh  spécial  référence  to  the  relalioiiships  oj  C.  auratus 
and  C.  cafer.  » 

(2)  Voy.  :  p.  W2  ou  p.  .'iOB  des  Mém.  de  la  Soc.  Zool. 

(3)  Pp.  177-179,  IX,  avril  1892. 

(4)  Ou  C.  mexiC'inus.  coinine  on  appelait  aiitrelois  cette  dernière  (orme, 
(o)  Allen,  Bull.  Mus.  Comp.  Zool..  111,  N°  ti,  1872,  pp.  118-119. 

(6)  Coiies,  Birds  of  yorthuest,  1874,  p.  293. 

(7)  Ricigway,  Urn.  40ti'  l'arallel,  1877,  p.  5b6. 


842  OISF.AUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

opinion,  à  savoir  que  le  Colaptes  nuratus  pouvait  «  ou  constituer 
une  forme  transitoire  ou  être  un  hybride  (1).  »  L'écrivain  le  pkis 
récent  sur  ce  sujet  traite  les  Oiseaux  mélangés  de  «  race»  hybride, 
sous  le  nom  de  C.  ayresi  {"!),  avec  cette  particularité  :  que  leur  plu- 
mage est  un  signe  de  retour  à  un  ancêtre  (3)». 

Afin  de  pouvoir  aboutir  à  une  solution  satisfaisante,  M.  Allen  a 
demandé  à  ses  coufrères  en  ornithologie  de  bien  vouloir  lui  prêter 
le  matériel  dont  ils  pouvaient  disposer,  ce  qui  fut  fait  sans  doute 
de  la  manière  la  plus  gracieuse,  car  sept  cent  quatre-vingt  cinq 
spécimens  du  genre  Voluptés,  représentant  toutes  les  formes  de 
l'Amérique  du  Nord,  lui  furent  envoyés. 

M.  Allen,  en  remerciant  les  expéditeurs,  douue  la  nomenclature 
de  ces  envois  nombreux  qui,  pour  la  solution  du  problème,  ont 
une  si  grande  utilité  (4). 

Il  fait  aussi  connaître  les  caractères  distinctifs  et  la  distriiiuti(m 
géographique  de  chacune  de  ces  formes  (5).  • 

«  Commençant  au  sud.  on  trouve  tout  d'abord  le  C.  mextcanoides, 
restreint,  autant  on  le  sait, au  Guatemala,  quoique  pouvant  s'étendre 
du  nord  au  bord  sud  de  Mexique.  Cette  forme  est  essentiellement 
le  C.  cafer  avec  la  coloration  plus  intense,  les  barres  noires  transver- 
sales du  dos  tout  entier  élargies,  la  croupe  blanche  plus  ou  moins 
teintée  de  noir,  tout  le  sommet  de  la  tête  et  la  nuque  tl'un  rougeàtre 
cinnamon,  les  grosses  plumes  et  la  raie  d'un  rouge  plus  profond  et 
plus  sombre  (6).  C.  viexicanoïdes  rejoint  vraisemblablement  l'habi 
tat  de  C.  cafer,  que  l'on  rencontre  au  bord  méridional  du  Mexique, 
vers  le  Nord  dans  tout  le  Mexi(iae,  excepté  la  Sonora  occiden- 
tale et  la  basse  Californie,  et  de  la  base  orientale  des  Montagnes 
Rocheuses  au  nord  du  Pacifique  à  la  Colombie  britannique.  C.  rufi- 
fileus,  de  l'île  de  la  Guadeloupe  à  la  hauteur  de  la  basse  Californie, 
est  une  forme  insulaire  de  C.  cafer-;  il  en  diffère  principalement  par 
sa  taille  plus  petite,  sou  bec  beaucoup  plus  long  et  sa  couleur  un 
peu  plus  foncée  ;  par  ce  dernier  trait,  il  ressemble  plus  à  C.  cafer 

(1)  Coues,  Key  to  Nurtli  American  Itirds,  revised  ed . ,  1884,  p.  492. 

(2)  M.  Allen  fait  remarquer  que  ce  nom  avait  été  donné  en  1843  par  Auduion 
aux  individus  mélangés  du  Missouri  supérieur. 

(3)  Hargitt,  Cal.  Ilirds  lirit.  Muséum,  XVIII,  IS'JO,  p.  8.  (.V.  li  Tous  ces  auteurs 
sonl  cités  d'après  M.  J.  A.  Alleu). 

(4)  Voy.  p.  22. 

(5)  P.  2o. 

(6)  Ce  qui  va  suivre  niiiinleuaut  esl  la  Iriiduction  du  résumé  de  M.  Balchelder. 


ADDITION^;.  c()niu:GrtoNs  i:r  i:xA>ric.Ns  d'après  natuke        843 

i^iiturtilior  de  la  ciHc  iionl-diiesl,  UimiiicI  dillère  du  vi-iii  cafrr  par  sa 
taille  légèrement  plus  forte  et  ses  couleurs  Ijcaucoup  plus  foncées). 

«  ('.  chrynoïitt's  parcourt  la  plus  grande  partie  de  la  basse  Cali- 
fornie et  les  parties  de  la  Sonora,  le  Sud  de  l'Arizona  et  le  Sud-Est  de 
la  Californie.  Vers  le  nord  et  l'est,  sou  hahitat  rejoint  ainsi,  et 
couvre  quelquefois,  au  moins  en  hiver,  à  certains  points,  le  pays 
haliilé  par  ('.  enfer,  avec  lequel,  cepeuilant,  il  ne  paraît  jamais  se 
mtMer.  C'est  une  forme  petite,  pâle,  présentant  l'apparence  générale 
de  mexicanoides,  mais  ayant  les  plumes  dorées  comme  dans  auratiis, 
tout  en  ne  présentant  aucun  autre  caractère  distiuctif  de  la  forme 
orientale. 

«  C.  auratus  s'étend  sur  les  trois  quarts  du  nord  et  de  l'est  de 
rAmériqu(^  du  Noi-d;  il  possède  deux  foruK^s  insulaires  éloignées  : 
r.  ehriisoeauliisHS  de  Cuba,  (it  C.  i/it inltachi  ila  Crand  Cayaian,  toutes- 
deux  modiliées,  mais  évidemment  rejetons  du  stock  auratus.  (Klles 
dilTèrent  d'auratus  un  peu  comme  ine.ricano'ides  dillère  de  enfer  »  (  1). 

«  Les  espèces  de  Culaples  que  l'on  trouve  au  nord  de  l'isllmn^  de 
Panama  se  divisent  en  trois  groupes:  deux  de  ces  groupes  se  res- 
semblent plus  l'un  et  l'autre  ([ue  le  troisième  ne  leur  ressemble.  Ces 
espèces  sont  :  le  Cafer  me.riednoules,  le  (\  ehn/suides  et  le  ('.  duratas. 
Le  premier  et  le  dernier,  si  l'on  envisage  le  mode  de  coloration, 
sont  les  plus  dissemblables,  n'ayant  aucun  caractère  en  commun. 
Les  deux  formes  {ea fer  et  auratus)  sont  celles,  cependant,  comme 
le  montre  le  matériel  maintenant  en  main,  qui  »  intergrade  »  com- 
plètement là  où  elles  se  rencontrent,  c'est-à-dire  sur  une  lîone  de 
300  à  400  milles  d'étendue  et  de  1200  a  loOO  milles  de  longueur.  On 
trouve  aussi  ces  deux  formes  plus  ou  moins  mélangées  de  la  fron- 
tière orientale  des  grandes  plaines  de  l'Ouest  à  la  côte  du  Pacifique, 
38"  à  55°  latitude  nord  »  (2). 

»  Les  individus  intermédiaires  varient  considérablement  ;  ils 
présentent  tantôt  de  très  légères  traces  de  C.  cafer  ou  de  C. 
auratus,  tantôt  ils  montrent  à  peu  près  également  les  caractères 
des  deux  espèces.  C'est  ainsi  que  l'on  trouve:  1"  C.  (iuratn.s,iie  pos- 
sédant que  (juelques  plumes  rouges  dans  la  raie  »  nialar  n  noire  (3), 
ou  bien  ne  montrant  qu'une  légère  coloration  orangée  surlesgrossses 
plumes  ;  2"  (.'.  eafer,  avec  ipielques  plumes  noires  dans  la  raie 
«  malar  »  rouge  ou  quelipies  piuiiics  rouges  sur  le  côté  de  la  nuque, 
ou  bien  encore  avec  un  croissant  rouge  à  peine  tracé.  Lorsque  le 

(I)  Nous  laissons  ici,  pour  quelques  lignes,  le  résumé  de  M.  Batebelder. 

{■>)  P.   27  du  Méinnire  de  M.  .\llen. 

(3)  Par  ce  nom  M.  Alleu  indi(|ue  vraiseiiiblablemenl  la  moustaclie. 


844  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTHÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

mélange  des  caractères  est  bien  complet,  les  combinaisons  sans 
symétrie  sont  la  règle.  En  eflet,  les  plumes  des  ailes  ou  de  la  queue 
sont,  les  unes  rouges,  les  autres  jaunes  ;  tandis  qu'un  Oiseau  peut 
avoir  la  coloration  générale  du  vrai  cafer  combiné  avec  un  croissant 
de  la  nuque  bien  développé,  un  autre  est  pur  auratus  avec  les  raies 
((  malar  »  rouges  de  cafer.  Quelquefois  encore  le  plumage  du  corps 
est  d'une  espèce,  tandis  que  le  plumage  de  la  tête  est  de  l'autre 
espèce.  Il  y  a  du  reste  des  variations  infinies,  et  il  est  rare  de  trou- 
ver, même  chez  les  Oiseaux  d'un  même  nid,  deux  individus  sera 
blables  dans  tous  leurs  caractères  de  coloration.  )) 

M.  Allen  indique  ensuite  Taire  de  dispersion  des  Colaptes 
mélangés  (1)  : 

((  En  1838,  dit-il,  lorsque  Baird  décrivait  son  Colaptes  hybridus, 
les  Oiseaux  mélangés  étaient  seulement  connus  dans  le  Missouri 
supérieur  et  dans  la  région  du  Yellowstone.  Longtemps  après,  ils 
furent  indiqués  dans  la  Californie  et  récemment  sur  des  points 
différents  du  bord  ouest  des  grandes  plaines,  depuis  le  nord  du 
Texas  jusqu'à  la  limite  britannique. 

»  Occasionnellement,  des  spécimens  C.auratus  montrant  quelques 
plumes  rouges  derrière  la  nuque  ont  aussi  été  observés  dans  les 
États  atlantiques,  mais  la  rencontre  nombreuse  d'exemplaires 
mélangés  a  été  rarement  constatée  en  Californie.  »  Le  matériel 
d'observation,  remis  entre  ses  mains,  prouve  que  les  hybrides  sont 
beaucoup  plus  répandus  qu'on  ne  le  pense  généralement.  On  lés 
rencontre  fréquemment  depuis  la  bordure  orientale  des  grandes 
plaines  qui  s'étendent  vers  l'Ouest  jusqu'à  l'Océan  Pacifique,  et 
près  de  la  limite  mexicaine,  vers  le  Nord,  à  (juelque  distance  nord 
des  Etats-Unis  (2).  Aucun  Oiseau  mélangé  (3)  n'a  cependant  été  vu 
dans  les  régions  du  Mexique  où  le  C.  cafer  pur  se  rencontre;  aucun, 
non  plus,  dans  l'Amérique  arcti(|ue,  où  vit  le  vrai  auratus. 

«  A  l'est  du  Mississipi,  du  nord  et  de  l'ouest  de  la  Floride  à 
l'Alaska,  sauf  de  rares  exceptions,  C.  auratus,  ne  fait  pas  d'emprunts 
à  cafer.  A  peine  si  un  mâle  sur  mille  montre  quelques  traces  de 
rouge  dans  la  raie  ((  malar  »  (4).  Un  seul  Oiseau  de  la  Louisiane  (coll. 
Gustave  Kohn)  a  la  bande  «  malar  ))  rouge  pur  et  toute  la  tête  se 
rapprochant  de  très  près  de  cafer,  et  un  autre  spécimen  de  Toronto, 

(1)  p.  29  de  son  mémoire,  c'est-à-dire  que  nous  laissons  ici  l'analyse  de  M.  Bat- 
chelder  pour  traduire  le  texte  même  de  M.  Allen. 

(2)  «  With,  liowever,  the  area  of  greatest  abundance  much  more  localized.  « 

(3)  Nous  passons  ici  à  la  page  30  du  même  texte. 

(4)  La  moustache. 


ADDITIONS,    CORRF.CTIONS    KT    KXAMKNS    d'aPKÈS    NATURE  S'i.') 

Canada.  (Coll.  E.  E.  Thompson,  N"  20(i(l),  a  la  queue  à  moitié 
orange  rouge,  avec  les  autres  traces  des  caractères  de  cafer.  » 

Les  spéciineas,sur  lesquels  M.Allen  a  rencontré  du  rouge  brillant 
dans  la  raie  «  malar  o,  proviennent  du  Massachusetts,  de  Loiig- 
Island,  de  New-Jersey,  de  la  Pensylvanie,  de  la  N'irgiuie,  de  la 
Floride,  de  la  Louisiane,  du  Tennessee,  de  l'Ohio,  de  l'Indiana, 
de  l'Ulinois,  du  Michigan  et  du  Minnesota. 

Ils  semblent  être  fréquents  le  long  de  l'Atlantique,  comme  dans 
tous  les  points  est  du  Mississipi.  Le  matériel  des  états  ouest  de 
celte  ligne,  d'iova  au  sud,  entre  les  mains  de  M.  .\llen,  est  peu 
nombreux  ;  mais  les  quehiues  spécimens  qu'il  possède  semblent  ne 
point  indiquer  une  grande  proportion  d'Oiseaux  avec  le  rouge  de 
la  raie  «  malar  )),  comme  il  en  existe  dans  la  Floride  ou  le  New- 
Jersey.  Il  est  de  là  probable  que  Vaunitus  presque  pur  se  trouve 
surtout  vers  l'ouest  jusqu'au  bord  est  du  Texas,  dans  l'Iiidian 
Territory,  le  Kansas  et  le  Nébraska,  ainsi  que  dans  la  grande  partie 
des  deux  Dakota  et  de  Manitoba. 

«  Les  Oiseaux  de  lest  du  Texas,  du  Kansas  et  de  la  .Montana,  pris 
pendant  la  saison  de  reproduction,  montrent  généralement  des 
traces  des  caractères  de  cafer,  la  raie  a  malar  »  étant  souvent  plus 
ou  nmins  mélangée  de  rouge.  Dans  le  sud-est  du  Texas  et,  par 
conséquent,  dans  tout  le  milieu  nord  compris  dans  les  plaines, 
et  sans  doute  bien  au-delà,  jusqu'à  la  limite  nord  de  .Montana, 
les  Oiseaux  mélangés  sont  la  règle:  les  caractères  des  deux  espèces 
sont  confondus  dans  toutes  les  combinaisons  imaginables  ;  le  cafer, 
Vauratus  pnr(2)sont  rarement  rencontrés  avec  eux, excepté  pendant 
l'hivt-r,  ijuaiid,  à  cause  de  la  migration,  (iiiraDis  pur  est  plus  ou 
moins  fréquent  dans  le  Kansas,  l'Indian  Territory  et  le  Texas, 
considérablement  à  l'ouest  de  sa  limite  normale  dans  la  saison  de 
reproduction.  A  la  même  épo(|ue  et  dans  la  même  région  se  montre 
de  l'ouest  une  invasion  de  caf'r  |)resque  pur-s,  résultant  du  croise 
ment  commingling  d'Oiseaux  présentant  des  caractères  mélangés 
avec  le  caractère  normal. 

»  Dans  la  partie  occidentale  du  Texas,  du  Nouveau-Mexique,  de 
l'Ari/.ona  et  dans  la  partie  sud  de  la  Californie,  la  forme  prédominante 
dans  la  saison  de  reproduction  est  probablement  le  r^/cr  presque  pur; 
mais  en  hiver,  la  proportion  des  Oiseaux  tout  à  fait  purs  est  moins 
grande,  ce  qui  est  dû  à  la  migration  sud  d(;s  Oiseaux  visiblement 
mélangés  du  nord  éloigné.  Dans  une  série  de  plus  de  trente  mâles 

(1)  Voy.rAuk,  vol.  Il,  1884,  p.  335. 

(2)  Nous  sommes  ici  arrivés  à  la  p.  31  (même  texte). 


846  OISKAUX    HYBIUDKS    RENCONTRÉS    A    l'kTAT   SAUVAGE 

(le  l'Arizoïia,  pris  entre  le  1"''  octobre  et  le  30  mars,  plus  d'un  tiers 
montre  des  traces  de  noir  daus  la  raie  ((  nialar  d.  ou  des  traces 
rouges  d'un  croissant  écarlate,  ou  les  deux  choses  ensemble.  Une 
femelle  a  toutes  les  pennes  jaune  orange;  mais,  généralement, 
la  plus  grande  série  d'individus  de  ce  sexe  ne  montre  aucun  carac 
tère  reconnaissable  t\'iiiiraliifi. 

»  Au  centre  et  à  l'ouest  du  Colorado,  de  l'Utah  et  de  îa  Nevada, 
les  caractères  de  enfer  |)révaleut  évidemment,  au  moins  pendant 
la  saison  de  reproiluction.  Dans  le  Colorado  oriental,  au  moment 
des  migrations  et  durant  l'iiiver,  les  Oiseaux  mélangés  sont  les  plus 
répandus:  ils  ont  été  pris,  au  moment  delà  saison  de  reproduction, 
au  Fort  Garland  (même  Etat).  Des  spécimens  semblables  ont  été 
obtenus  dans  l'IUali  et  la  Nevada  ».  —  (Chacune  des  séries  de  sept 
mâles  de  la  Nevada  tpie  M.  .Mleu  possède  montrent  des  traces  de 
croissant  rouge  sui'  la  nmjue  et,  chez  plusieurs,  on  voit  d'autres 
caractères  d'auratus.) 

M.  Allen  ne  sait  rien  sur  les  Colaptes  de  l'Idaho.  d  Le  seul  spéci- 
men qu'il  a  vu  est  un  Oiseau  croisé.  Dans  le  Wyoming  les  Oiseaux 
mélangés  paraissent  être  la  règle;  les  caractères  d'uuratiis  prévalent 
surtout  dans  la  partie  orientale  de  cet  État,  tandis  ijue  les  caractères 
de  ra/ér  dominent  daus  la  partie  occidentale.  La  même  chose  paraît 
être  vraie  pour  les  Oiseaux  de  .Montana. 

»  Les  Oiseaux  de  l'Orégon  oriental,  du  Washington  oriental,  de  la 
Colombie  britannique  orientale,  ou  de  l'est  de  la  région  des  Cas- 
cades, présentent  aussi  un  bon  mélange  des  caractères  d'auralm; 
quelques  spécimens  sont  de  deux  tiers  à  trois  quarts  aurutus  ; 
d'autres  sont  des  cafer  presque  purs  ;  il  y  a  rarement  un  seul  Oiseau 
normal,  soit  de  l'une,  soit  de  l'autre  espèce.  L'Oiseau  des  côtes  de 
la  mer,  depuis  l'emltouchure  de  la  Colombie  vers  le  nord  (1),  est  le 
C.  cafer  saturatior  ;  mais  une  grande  proportion  des  spécimens, 
même  depuis  le  détroit  de  Puget  et  l'île  de  Vancouver,  laissent 
voir  des  traces  des  caractères  d'aiinitiis  et,  dans  quelques  cas,  il  y 
a  des  traces  saillantes,  niôme  jusi|u'aux  grandes  plumes  jaunes 
(des  ailes)  qui  sont  mélangées  de  i^lumes  rouges.  Aussi.  .M.Fannin 
dit  que  le  vrai  C.  aurat^ts  est  un  visiteur  lare  dans  l'île  de  Van- 
couver et  sur  la  terre  ferme  avoisinante. 

»  Dans  la  Californie  centrale  et  septentrionale  les  deux  formes 
sont  complètement  mélangées,  comme  elles  le  sont  sur  n'im- 
porte quel  point  à  l'est  des  Montagnes  Rocheuses,  Vmtratus  et  le 
cafer  se  trouvant  dans  un  état  presque  pur,  avec  des  Oiseaux  qui 

(I)  P.  M. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    I.T    EXAMENS    d'aPRÈS    NATURE  HM 

présentent  toute  combinaison  possible  des  caractères  des  deux 
espèces.  De  quarante  spécimens  de  la  Californie  centrale,  et  sur- 
tout du  Marin  et  des  comtés  avoisinanls,  trois  sont  presque  aunitus 
purs;  le  seul  trait  tenant  du  cafcr  est  un  très  léger  mélange  de 
rouge  dans  la  raie  de  la  joue.  Ce  trait  ne  se  rencontre  que  de  temps  en 
temps  cbez  les  Oiseaux  originaires  des  États  atlantiques  ;  six,  parmi 
lesquels  quatre  sont  des  fenudles,  (ce  qui  a  son  importance),  sont 
apiiaremmeut  de  purs  rafer.  Chez  trente-un  autres  la  division 
s'opère  ainsi  :  les  caractères  d'aurattis  dominent  chez  huit;  les 
caractères  cafer  dominent  chez  vingt  :  chez  les  trois  qui  restent  les 
caractères  cafer  et  auratus  sont  à  peu  près  également  partagés. 
Les  traces  des  caractères  d'atiratus  sont  rares  à  San  Bernardiuo, 
à  San  Diego  et  dans  les  comtés  de  la  Californie  méridionale.  (M.Allen 
a  un  seul  spécimen '/(/;•« ^(.s  pur  originaire  des  Sources  Chaudes); 
tandis  que  dans  l'Orégon,  autant  que  son  matériel  le  montre,  les 
mêmes  conditions  de  mélange  n'ont  à  peu  près  lieu  que  dans  la 
Californie  centrale.  Eu  réalité,  comme  la  plupart  des  spécimens 
de  la  Californie  ont  été  pris,  soit  en  automne,  soit  en  hiver,  on  doit 
conclure  que  beaucoup  d'entre  eux  sont  des  émigrants  venant  du 
Nord,  probablement  de  l'Orégon  ou  du  Washington  oriental,  puis- 
qu'il y  a  des  Oiseaux  plus  ou  moins  mélangés  qui  se  rencontrent 
jusiiu'au  nord  de  Sitka  et  même  jusqu'à  Chilkal.  Au-delà  de  ce 
point,  vers  le  nord  et  l'est,  le  nifcr  paraît  être  remplacé  par 
Vauratus  pur  sang.  C'est  de  cette  région  qu'est  venue,  probablement 
à  l'aide  des  Oiseaux  émigrants,  la  forte  «infusion  »  des  caractères 
d'auratiis  chez  les  Oiseaux  de  la  Californie.  » 

Comme  résumé  de  ce  qui  précède,  M.  Allen  dit  que  u  l'on  doit 
considérer  que  le  rafer  non  croisé  avec  Vauratux  habite  le  Mexique, 
mais  que,  bientôt,  après  avoir  franchi  la  limite  des  Etats-Unis,  on 
commence  à  renconlriïr  des  spécimens  otirant  (lueliiues  traces 
légères  des  caractères  d'auratus;  à  mesure  qu'on  avance  vers  le 
nord,  ces  maniues  deviennent  plus  fréquentes  et  plus  accentuées  (1), 
tlaiis  toute  l'étendue  de  la  di^neure  du  aifer,  jusqu'à  ce  ([ue.  au 
nord  des  Etats-Unis,  on  passe  dans  le  pays  du  pur  auratus.  Le  même 
mélange  existe  <[uand  on  va  vers  l'est  à  partir  de  la  base  orien- 
tale de  la  chaîne  principale  des  .Montagnes  Rocheuses,  .\insi.  le 
mélange  est  complet  le  long  de  la  ligne  de  jonction  du  pays  habité 
par  les  deux  espèces,  ou  à  partir  du  sud-est  du  Texas  vers  le  nord, 
le  long  de  la  frontière  occidentale  des  plaines  jusqu'à  rAméri(pie 
anglaise  et,  de  là,  vers  l'est,  dans  l'Amérique  anglaise  juscju'à  la 
côte  du  Pacifique,  dans  le  sud  d'Alaska. 

U)  P.  33. 


848  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

((  A  partir  de  cette  ligne,  on  peut  suivre  la  trace  des  Oiseaux 
mélangés  vers  l'ouest  et  le  sud,  sur  presque  toute  la  ligne  (ou  toute 
retendue)  du  cafer,  au  nord  du  Mexique;  cela  est  dû,  apparem- 
ment, non  seulement  au  mélange  des  deux  espèces,  partout  où 
leurs  demeures  se  joignent,  mais  à  l'intrusioa  de  Vauratus,  intru- 
sion {[ui  vient  principalement  de  la  direction  du  nord,  dans  la 
demeure  du  cafer.  Cette  intrusion  a  lieu  pendant  l'émigration 
de  Vauratus  vers  le  sud  en  hiver  ;  quelques  uns  de  ceux-ci  (des 
auratus),  restant  probablement,  produisent  des  petits  :  ce  sont  les 
traînards  de  l'été.  » 

Disons  que  M.  Allen  a  dressé  une  carte  qu'il  a  jointe  à  son 
mémoire  et  sur  laquelle  il  montre  graphiquement  ce  qu'il  vient 
d'écrire.  Il  a  établi  cette  carte,  non  seulement  à  l'aide  des  Oiseaux 
qui  lui  ont  été  confiés,  mais  aussi  en  s'entourant  de  toutes  les 
indications  complémentaires  qu'il  a  pu  se  procurer  dans  la  littéra- 
ture ornithologique.  Les  lignes  de  démarcation,  fait-il  remarquer, 
sont  cependant  hypothétiques  jusqu'à  un  certain  point.  » 

Voici  les  conclusions  du  savant  directeur  de  l'Auk  (1)  : 

Les  faits  qu'il  a  cités  a  tendent  fortement  à  confirmer  la  surpre- 
nante hypothèse,  émise  par  M.  Baird,  de  l'hybridation  sur  une 
vaste  échelle  du  Colaptes  auratus  avec  le  C.  cafer.  Cette  hypothèse 
est  nécessaire  pour  expliquer  le  fait  des  combinaisons  essentielles 
et  variées  des  deux  espèces  sur  le  plateau  et  les  régions  du  grand 
bassin  du  continent.  Aucune  des  autres  hypothèses,  avancées 
jusqu'ici,  dit-il,  n'explique  aussi  bien  et  aussi  complètement  le  fait 
en  question.  Dans  aucune  circonstance,  en  effet,  on  ne  rencontre 
des  étapes  ou  des  métliodesde  variation  géographique  qui  puissent 
être  comparées  à  ce  que  l'on  voit  dans  le  cas  du  C.  auratus  et  du 
C.  cafer.  La  transition  entre  les  formes  géographiques,  quoique 
différentes,  est  graduelle  et  symétrique,  affectant  toutes  les  parties 
du  plumage  de  la  même  manière  et  simultanément;  et  cette 
transition  est  évidemment  en  rapport  ou  en  proportion  directe 
avec  les  changements  des  milieux  ou  des  environs  physiques  ; 
de  plus,  les  différences  entre  les  formes  les  plus  extrêmes  sont 
purement  des  différences  de  degrés.  Pour  ce  qui  regarde  le  Colnptes, 
les  différences  essentielles  entre  Vauratus  et  le  cafer  sont  radicales; 
ce  sont,  en  effet,  des  caractères  formant  contraste;  et  la  gradation 
est  irrégulière,  avec  toutes  sortes  de  combinaisons  asymétriques 
des  caractères  des  deux  formes  et  n'ayant  aucune  corrélation  entre 
leur  gradation  et  les  conditions  de  l'entourage. 

(1)  Se  reporter  p.  33  de  son  mémoire. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    KT    KXAMKNS    d'aPRKS    NATIltK  S't!) 

((  Dans  la  Californie,  la  Colombie  britannique,  le  Montana,  le 
Wyoming,  le  Kansas  et  le  Texas  méridional,  les  mêmes  conibi- 
uaisons  irré^uliéres  et  variées  des  caractères  des  deux  espèces  se 
renconlreut.  D'autre  part,  les  phi^noriièiiesde  i;iadalion,  par  rapport 
à  la  nature  des  «  inlergrades  »  et  à  leur  distribution  géographiciue, 
sont  juste  ce  qu'il  faut  pour  qu'on  puisse  les  supposer  produits  par 
des  croisements.  De  plus,  c'est  une  affaire  d'observation  ([ue  des 
Oiseaux  très  dissemblables  s'appariiiiit  et  que  des  individus  de  la 
même  couvée  sont  souvent  d'une  apparence  fort  diverse. 

((  Bien  qu'on  n'ait  pas  enregistré,  (du  moins  ;i  la  connaissance  de 
M.  .Mleu),  l'appariage  de  purs  cafcr  avec  de  pui's«i*ra?i(s,  cependant 
il  semble  hors  de  doute  que  celte  union  se  soit  présentée  plusieurs 
fois, puisqu'elle  pourrait  se  rencontrer  à  n'importe  quel  point  d'une 
ligne  longue  de  plus  de  mille  milles  d'élendue,  où  se  rejoignent 
les  demeures  des  deux  espèces.  De  chaque  côté  de  cette  frontière, 
l'influence  d'une  espèce  sur  l'autre  s'éteint  graduellement  à  mesure 
qu'on  s'éloigne  de  cette  ligne,  jusqu'au  moment  où,  au  Mexique, 
aux  États-Unis,  à  l'est  du  Mississipi,  et  dans  l'Alaska  et  l'Amérique 
anglaise  orientale,  elle  devient  en  fait  absolument  nulle.  L'appa- 
rition, dans  la  Colombie  anglaise  et  les  Etals-Unis,  à  l'ouest  des 
Montagnes  Rocheuses,  des  caractères  de  l'auratus  dans  le  cafiT,  et 
l'aflaiblissement  graduel  de  celle  «  infusion  »  vers  le  sud,  peut  facile- 
ment être  mise  sur  le  compte  de  l'émigration  de  Vitio-atiis  du  nord  à 
la  limite  septentrionale  de  l'habitation  du  ra/'prcommesur  le  compte 
de  l'immense  et  graduelle  dispersion,  vers  le  sud,  des  intermé 
diaires  résultant  du  croisement  des  deux  espèces.  On  peut  sup- 
poser facilement  que  les  traces  très  légères  des  caractères  du  cafer, 
se  rencontrant  à  l'est  dans  quelques  rares  spécimens  de  Vaunilus, 
sont  (lues  à  la  dispersion  »  sporadic  »,  vers  l'est,  des  épaves  venues 
de  la  demeure  du  ctifer,  puisqu'on  sait  (1)  que  presque  tous  les 
Oiseaux  de  l'ouest  dévient  de  temps  en  temps  vers  l'est,  môme 
jusqu'aux  bords  de  l'Atlantique.  La  capture  qu'on  a  faite,  près  de 
la  Nouvelle-Orléans  et  de  Toronio,  d'hybrides  fortement  accutiés, 
montre  au  moins  que  îles  types  intermédiaires,  sinon  purs,  de  cafer, 
vont  à  l'est,  loin  de  leur  propre  habitat. 

((  Il  n'est  donc  pas  besoin  de  supposer  que  la  présence  de 
quelques  plumes  rouges  dans  la  raie  de  la  joue  des  spécimens  de 
Vauralus.  pris  dans  les  États  de  l'Atlantique,  indique  une  tendance 
à  un  retour  vers  le  type  de  quelque  ancêtre  hypothétique  qui  aurait 

(1)  Ici  nous  commençons  la  traduction  de  la  pa;;e  3;>. 


830  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

eu  la  raie  de  la  joue  rouge.  II  n'est  pas  besoin  de  supposer  davan- 
tage que  la  présence  de  plumes  noires  dans  la  luêuie  raie  de  la 
joue,  ou  liien  encore  que  le  (•oiiniieuceuieut  d'un  croissanl  écarlate 
à  la  nuque  (chez  les  Oiseaux  qui  viennent  de  l'Arizona,  de  la 
Nevada  et  de  la  Californie  méridionale),  indique  une  tendance  sem- 
blable à  se  rapproclier  d'un  ancêtre  également  hypolliétique  ayant 
des  raies  noires  à  la  joue  et  un  croissant  rouge  à  la  nuque.  Cela 
n'est  pas  nécessaire,  dit  M.  Allen,  puisque  la  légère  «  infusion  )) 
du  saug  de  cafer,  dans  un  cas,  et  du  sang  de  l'aitratus.  dans  l'autre, 
dont  on  a  la  preuve  presque  indubitable,  apporte  une  explication 
adéquate  et  suflisante  de  ces  étranges  phénonièues. 

«  La  grande  infusion  du  sang  de  Vauratus  qui  se  montre  dans  le 
stock  des  Colaptes  de  l'Orégon  et  de  la  Californie  septentrionale 
s'explique  aisément  par  ce  fait  que  C.  uuratus,  comme  beaucoup 
d'autres  Oiseaux  de  l'Est,  peut  trouver  un  accès  facile  vers  la  côte 
nord  ouest,  ou,  en  se  séparant,  dans  le  bas  du  Wyoming,  ou  bien  à 
partir  du  nord,  car  la  demeure  de  Vauratus  atteint  la  côte  du  Paci- 
fique dans  la  Colombie  anglaise  du  nord  et  dans  l'Alaska.  » 

M.  Allen  trouve  en  outre  important  de  noter  que  u  dans  les  pre- 
mières collections  de  la  Californie,  les  Flickers  hybrides  étaient  en 
fait  inconnus,  puisqu'il  ne  s'en  trouve  pas  dans  le  matériel  manié 
par  Baird  en  I8S8.  En  1870,  le  D'  J.  G.  Cooper  estima  que  la  capture 
de  deux  spécimens  de  Colaptes,  pris  à  Sakland  et  présentant  des 
caractères  de  Vauratus,  méritait  une  mention  spéciale.  Mais  M.|W.  E. 
Bryant  (1),  dit  que  des  spécimens  qu'on  jieut  ra])porter  au  type 
((  hyhridus  »  sont  pris  maintenant  presque  aussi  souvent  que  les 
C.  cafer;  il  est  même  extraordinaire  d'obtenir  de  bons  exemplaires 
de  C.  cafer  dans  certaines  localités.  »  Les  séries,  que  M.  Allen  a 
obtenues  de  la  Californie  centrale  et  de  la  Californie  septentrionale, 
confirment  complètement  cette  assertion.  Dans  les  ouvrages  clas- 
siques sur  les  Oiseaux  de  l'Amérique  du  Nord,  même  dans  les  plus 
récents,  la  région  du  Missouri  supérieur,  du  Yellowstone  et  des 
Blacks-Hills,  est  indi(iuée  comme  l'habitat  du  Colajites  hyhridus. 
Aujourd'hui,  cependant,  on  a  la  preuve  évidente  de  la  rencontre  ou 
de  l'existence  d'Oiseaux  métis  en  grand  nombre  sur  des  centaines 
de  milles  d'étendue,  depuis  le  Rio  Grande,  dans  le  Texas,  vers  le 
nord  et  l'ouest,  jusqu'à  l'Alaska  méridional.  Par  suite,  on  peut 
presque  se  demander  si  C.  auratus  n'étend  point  graduellement 
son  domaine  dans  l'habitai  du  C.  enfer,  iiarticulièrement  eu  Cali- 
fornie et  le  long  de  toute  la  frontière  de  l'habitat  du  cafer.  Malheu- 

(1)  In  (I  Land  Birds  of  the  pacifie  district  »  de  Belding,  1890. 


ADDITIDNS,    COiUlliCTlONS    KT    KXAMKNS    d'aI'UKS    NATUUI;  S.il 

reuscrneni,  on  ne  p<Mil  le  prouvei-,  à  ciiiisc  du  iiKiiique  de  iiiiili'riel 
provenant  îU;  l'habitiit  du  (v;/(v  recueilli  avant  une  époiiue  relali- 
veraeul  récente. 

M.  Allen  termine  ainsi  ses  cunclusions  : 

«  Kinally,  it  uiay  lie  added,  llie  inleigradaticui  belweeii  Colaplfn 
aurahts  and  C.  cafcr  \»  nul  only  unique  as  ret;ards  tlie  eliaracter 
and  iieoyraphiral  dislr-ii)uli()n  of  llie  iuleri^rades,  but  is  sonielliins 
superimposed  upon  oïdiuary  i;ei)i;iapliic  variation  due  lo  eiu  iron- 
ment,  since  the  ordinal  y  jiliases  of  içeofjraphic  variation,  as  seen 
in  oliiei-  binis  liavini;  tlie  same  disiribulion,  is  well  illustraled  in 
llie  varions  Norlli  Anierieiin  lorms  oj  Cnlaiilfs.  as  lias  already  been 
iiiclicated,  ami  as  will  be  presenlly  sbow  n  more  in  délai!  (  1 1.  n 

Les  savantes  explications  (|ue  vient  de  (binner  M.   Allen   nous 

(1)  M.  Allen  ne  >"csl  |ioinl  borné  à  éUidici-  les  croisonients  possililes  entre 
aaratus  el  ca/er.  il  a  vonlu  aussi  se  rendre  comple  des  viirialions  g(>(ij,Maiiliiques 
el  de  saison  chez  les  Klickers. 

Nous  reviendrons  ici  au  résumé,  on  ;inalyse  de  M.  Halihelder  ;  mais  les  rensei- 
gnements qui  sont  donnes,  ne  renliant  pas  diieetenient  dans  le  sujet  <|up  nous 
traitons,  nous  les  puldions  en  note  : 

Il  paiait  que  «  la  variation  due  à  la  gcograpliie  alteinl  eliez  le  C.  aurtttus 
jusqu'à  10  "A  de  la  longueur  de  Paile  enire  r.\mérique  et  le  Sud  de  la  KIoridc, 
tandis  (|ue  les  formes,  à  l'Ouest  de  l'Inde,  sont  plus  petites.  La  dillérence  entre  le 
C.  c.  saluratior  et  le  C.  niftpHeus  est  presque  parallèle  à  celle-ci;  mais  chez 
le  ca/er,  lu  variation  tsl  moins  uniforme  avec  la  latitude,  el  elle  se  coniplicpie 
peut-être,  par  des  elTets  d'altitude. 

«  Le  C.  chrjsoïdes  ne  montre  pres(|ue  aucune  dillerence  duc  à  la  géo;;ra|)hie  du 
pays.  Chez  X'auralus  de  la  Floride,  bien  (lu'il  soit  plus  petit  et  plus  (oiicn  que 
l'Oiseau  du  Nord,  la  dillerence  moyenne  esl  trop  légère  et  trop  iiiconstanle  en  taille 
et  en  couleur  pour  pouvoir  établir  une  séparation. 

<  La  variation  des  individus  est  considérable,  quant  à  la  grandeur  et  à  la  couleur. 
Le  bec  varie  en  biiigucur  de  l.'i  à  21)  »  „,  l'aile  de  K  à  12,  la  ipieue  de  12  à  IH. 

«  Kn  couleur,  la  variation  allecle  :  1°  les  dimensions  el  la  [orme  ries  taches  noires 
circulaiies  sur  le  |ilumage  ii.térieur:  2"  la  laigeur  et  le  nombre  des  raies  transver- 
sales du  pluma;;e  supérieur;  >  la  dimension  et  les  tonnes  de  la  raie  «  inalar  »; 
4"  le  lou  de  la  couleur  répandue  sur  le  plumage;  o»  les  taches  noires  du  crou- 
pion qui  sont  visibles  ou  absentes. 

0  Ces  variations  sont  discutées  en  détail,  ainsi  que  la  tendance  (|u'ont  les  femelles 
à  développer  la  raie  «  mnlar  ».  Les  changements  de  couleur  de  saison  sont  seule- 
ment dus  à  l'usure  et  au  frottement.  Dans  tout  le  groupe,  le  pliiiiiage  des  jeunes 
dilfère  de  celui  de  l'adulte  en  montrant,  |irincipalement,  plus  ou  moins  de  rouge 
sur  le  soMiiiiet  de  la  lèle  el  eu  ayant,  en  général,  des  iiianjues  plus  grossières  et 
plus  lourdes,  l'ne  varialion  intéressante  se  montre  dans  la  moustache;  chez  les 
adultes,  elle  est  1res  prononcée,  et  cepemlanl  d'un  caraclère  très  peu  stable.  Le  jeune 
C.  anratus  laisse  voir  dans  les  deux  sexes  cette  raie  qui  à  l'ilgc  adulte,  est  seule- 
ment l'atlribul  du  mule.  Dans  C.  clirysoïdes,  C.  cafer  el  C.  saturior,  la  même 
marque  est  rouge  chez  le  mâle  et  rousse  chez  la  femelle.  » 


832  OTSEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

contraignent,  en  quelque  sorte,  de  revenir  sur  notre  première 
manière  de  voir.  Nous  avions,  en  effet,  pensé  que  les  marques 
mélangées  du  Colaptes  hybriilus  étaient  dues  à  des  inlluences  de 
i'iiabitat.  Elles  proviendraient  d'une  hybridation  accomplie  sur  une 
très  vaste  échelle,  le  système  adopté  par  Baird!  Le  sujet  est  d'un 
très  vif  intérêt,  on  le  voit. 

Les  vues  de  l'éminent  ornithologiste,  M.  Allen,  dont  on  vient  de 
traduire  le  travail  en  grande  partie,  paraissent  au  premier  abord 
très  rationnelles. 

Si  les  Oiseaux  à  caractères  mélangés  présentaient  des  gradations 
régulières  de  passage  d'un  type  à  l'autre  type,  comme  en  présen- 
tent par  exemple  les  Paradisiers  du  fleuve  Fly,  nous  aurions  à 
préseûtei'  les  mêmes  réserves  que  celles  faites  au  sujet  de  l'hybri- 
dation de  ces  derniers.  Cependant  le  Colaptcs  hyhridns  rentre-t-il 
réellement  dans  cette  classe  de  vrais  hybrides  dont  nous  nous 
sommes  efîorcé  d'analyser  les  tiaits  en  fournissant  des  exemples? 
En  lisant  attentivement  ce  que  iM.  Allen  dit  des  caractères  qu'ils 
présentent,  on  remarque  que  le  mélange  asymétrique  est  la  règle  (1), 
c'est  àdire  f[ue  le  plus  souvent  un  côté  du  corps  de  l'Oiseau  n'est 
pas  pareil  à  l'autre  côté  !  Jamais  chose  semblable  n'a  encore  été 
constatée  dans  aucun  des  exemplaires  hybrides  que  nous  avons 
signalés;  jamais,  nous  n'avons  remarqué  chez  eux  un  manque  de 
symétrie.  L'hybride  peut,  on  l'a  dit  maintes  fois,  représenter  une 
juxtajjosition  des  caractères  de  ses  auteurs,  en  sorte  qu'une  partie 
de  son  corps  est  d'une  espèce,  et  une  autre  partie  d'une  autre 
espèce.  Mais  lorsque  les  caractères  sont  marqués  d'un  côté,  ils  sont 
reproduits  de  l'autre. 

Nous  ne  savons  donc  quelle  origine  assigner  au  Colaptes  hybridus; 
et  nous  préférons,  en  présence  des  divergences  d'opinions  qui  se 
sont  produites,  nous  abstenir  de  porter  aucun  jugement  à  ce  sujet; 
on  a  encore  remarqué  que  M.  Allen  dit  qu'on  n'a  jamais  trouvé  les 
deux  espèces  pures  appariées. 

Une  explication,  croyons  nous,  est  devenue  nécessaire  sur  la 
nature  des  deux  types  C.  cafer  et  C.  auratus,  ((ui  (d'après  le  savant 
directeur  de  l'Auk),  contracteraient  de  très  fréquents  mélanges. 

Avons-nous  alïaire  à  de  bonnes  espèces?  Nous  ne  voudrions  pas 
le  prétendre.  Au  moment  où  nous  avions  écrit  notre  premièi'e  étude, 
nous  ne  possédions  pas  de  peaux  de  ces  deux  types.  Nous  les  avons 

(1)  Lisez  p.  28,  ligne  28"  de  son  mémoire  dont  l'analyse  de  M.  Batehelder  a  seule 
été  traduite. 


OISEAUX    MYHHIDKS    HENCONTRÉS    A    1,'ÉTAÏ    SArVAGK  8.')3 

étudiés  (Ippiiis.  Or,  nous  avions  reconnu  qu'ils  ne  ditlèrent  fjuére 
l'un  de  l'autre  que  par  deux  caractères  principaux;  ces  deux  carac- 
tères sont  :  [o  les  moustaches  noires  chez  auratus,  rouges  cliez  enfer; 
2°  l'existence  derrière  la  nuque  d'un  croissant  rouge  chez  auratus; 
l'absence  île  cette  raie  (;hez  cafer.  On  peut  néanmoins  noter  encore 
que  chez  ce  dernier  les  tiges  et  le  dessous  des  barbes  des  rémiges 
et  des  rectrices  sont  d'un  ton  plus  vif;  ces  parties  sont  rougeàtrcs 
alors  qu'elles  sont  jaune  paille  chez  auratus  (i).  On  doit  aussi  remar- 
quer que  la  gorge  et  le  dessous  du  cou  sont  plus  lie  de  vin  rous- 
sàtre  chez  auratus  que  chez  cafcr(2],  lequel  a  au  contraire  le  front 
plus  roussàtre.  Nous  avious  cru  nous  apercevoir  que  les  rectrices  de 
cafer  sont  un  peu  plus  larges  et  un  peu  plus  longues  que  celles 
d'auratus,  lequel  sei-ail  légèrement  plus  faillie  de  taille.  Mais  nous 
lisons  dans  M.  Allen,  (lui  a  disposé  d'un  matériel  considérable, 
que  les  dimensions  soûl  les  mêmes  chez  les  deux  Oiseaux.  M.  Allen 
ajoute  celte  phrase  siguilicative  :  «  In  the  gênerai  patlcrri  of  tlie 
coloration,  in  habits  and  notes,  the  two  species  are  indis- 
tinguishable.  n  M.  Klliot  (loues  (3)  avait  dit  aussi,  en  parlant  du 
me.Ticanus  (cafer)  :  «  lu  habits,  a  perfect  counterpart  of  the  corn- 
mon  Flicker  (C.  auratus).  » 

Ainsi,  quelques  différences  dans  la  coloration  séparent  seule- 
ment les  deux  pi-étendues  espèces  «  dont  les  dimensions,  les 
habitudes  et  le  cri  sont  exactement  les  mêmes  !  » 

Nous  aurions  pu  dire,  il  est  vrai,  que  cafer  laisse  apercevoir 
quelques  petits  points  ou  taches  (très-rares)  sur  le  blanc  de  la 
croupe,  ce  que  ne  montre  pas  auratus;  mais  sont  ce  là  des  diffé- 
rences spécifiques? 

Nous  ne  nous  [irononcerous  pas  sur  la  valeur  des  deux  types. 

(1)  Ce  ne  sont  pas  dos  caractères  vraiment  spcrifiques. 

(i)  Mùme  ol)SPrvation  que  ci-dessus. 

(3)  Key  to  norlli  aiiierinm  Itirds,  p.  493,  I.ondon,  Boston,  18.84. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    KXAMENS    d'apRÈS    NATURE  8oiJ 


CONCLUSION  DE  LA  CINQUIÈME  PARTIE 


Il  résulte  des  Additions  que  nous  venons  de  faire  et  de  la  Ukvision 
GÉNÉRALE  à  lai|uelle  nous  nous  sommes  livré,  que  le  nomi)i-e  des 
hybrides  n'esl  lîuère  plus  élevé  que  celui  qui  avait  été  déclaré  dans 
nos  précédentes  publications;  quelques  ci-oiseinents  nouveaux  ont 
cependant  été  signalés,  mais  plusieurs  autres,  déjà  inentiounés, 
ont  dû  être  rayés  parce  qu'ils  ne  présentent  pas  de  j^aranlies  suffi- 
santes d'aullieulicilé. 

Les  conclusions,  aux(iiielles  notre  premier  travail  aboutissait,  ne 
se  trouvent  donc  point  modifiées.  L'hybridité  à  l'état  sauvage  reste 
une  chose  fort  rare,  tout  à  fait  exceptionnelle.  Si  h^s  hybrides 
étaient  fréquents,  on  les  trouverait  conservés  dans  les  Musées 
publics  ou  dans  les  collections  privées,  et  les  ouvrages  et  les  revues 
ornitlioloiriques  s'en  seraient  certaiiiemeut  occupés. 

Nous  avons  en  outi'c  remarqué, —  ceci  est  très  important, —  que 
beaucoup  d'hybriiles  authentiques  peuvent  ne  pas  avoir  pris  nais- 
sauce  à  l'étal  sauvage  (juoiqu'y  ayant  été  réellement  rencontrés  :  ce 
sont  dt^s  individus  nés  en  semi-liberté,  en  captivité  même  quelque- 
fois, ou  dans  des  conditions  telles  que  leurs  parents  ne  jouissaient 
pas,  au  moment  de  leur   |)roduction,   de  leur  complète  liberté. 

Quelques  faits  d'hylnidité,  paraissant  naturels,  restent  ce|)entlant 
bien  constatés.  Alin  (ju'on  puisse  se  rendre  compte  facilement,  sans 
faire  de  grandes  recherches  dans  le  texte,  du  nombre  el  de  la  valeur 
des  exemples  (|ui  y  soni  examinés  avec  beaucoup  de  détails,  nous 
avons  indi(|ué  ces  exemples  par  ordre  très  sommairement  dans  un 
tableau  récapitulai  if.  Ce  ne  peut  toutefois  être  qu'une  approximation, 
car  il  est  iuqjossiiile  de  connaître  toutes  les  observations  qui  ont 
été  faites  dans  le  monde,  comme  il  est  tout  aussi  dillicile  de  préciser 
rigoureusement  la  valeur  de  ces  observations.  Néanmoins,  à  cause 
des  recherches  auxquelles  nous  nous  sommes  livré,  des  demandes 
que  nous  avons  adressées  df  tous  côtés,  que  nous  avons  renouvelées 
pendant  huit  années  aux  naturalistes  répandus  sur  le  globe,  peu 
d'oublis,  croyons-nous,  ont  été  commis.  La  plupart  des  hybrides 
ronsc/Bi'setleplusgrantl  nombi-e  des  observa  tionso)nsj(/»^es  figurent 
probablement  sur  ce  tableau,  qui  est  le  suivant  : 


856 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


TABLEA 


INDIQUANT      LES     HYBRIDATIONS,      REELLES 

avec  les  appréciations  de  l'aul 


(D 

h 
U 

o 


TYPES  QUE  L'ON  SUPPOSE  S'ÊTRE  CROISES 


Friincoliniis  vulgnris  X  Fr.  piclus  .  .  . 
Callipepl'i  gamheli  X  Catinits  virgiantix  . 
Callipepla  squamala  X  Colinus  virijianiis 
Perdix  cinereay,  Perdix  stixalilis  .  .  . 
Perdix  cnierea  X  Perdix  rubra  .  . 
Perdix  saxatilU  X  Perdix  rubra  ..... 
Colurnix  cnturnix  X  Colurnix  japonica.  . 

Tetraa  tetrix  X  Telrao  urogallus 

Tetrao  albus  X  Telrao  urogallus 

Lagopus  scoticus  X  Lagopus  mulus.  . 
I.agopiis  albus  X  Lagopus  wiitus  (à  suiiprinier 

Tetrao  leirix  y,  Lagopus  muius 

Tetrao  tetrix  X  Bonasa  beluHna  .... 
Lagopus  inul^is  X  Bonasa  betulina.  .  . 
Lagopus  albus  X  Bonasa  betulitta  .  .  . 
Tetrao  tetrix  X  Lagopus  scoticus  .  .  .  . 
Tetrao  tetrix  X  Lagopus  albus 


Tijnipanuclius  americanus  y,  Pediocœtes  pha 
sianellus 


Gallus  sonnerati  X  f'-  bankiva  .... 
Euplocamus  lineatus  X  E.  horsfieldi  . 
Euplocamus  melanotus  X  L.  albocristatus 
Phasianus  vulgaris  X  Ph.  reevesi.  .   .   . 
Phasianus  versicolor  X  '''»•  sœmmeringi 
Phasianus  torquatus  X  '"'*•  versicolor. 
Phasianus  mongoliens  X  ''''■  semilorquatus 
Phasianus  torquatus  X  Ph.  colchicus . 
Phasianus  decollatus  X  Pfi-  collaris  . 
Phasianus  mongolicus  X  P/>-  chrysouielas 
Phasianus  versicolor  X  Ph.  colchicus.   . 
Phasianus  torquatus  X  ''/»■  mongolicus. 
Phasianus  scintillans  X  P/i-  sœmmeringi 
Ci-ossoptilon  thibetanum  X  C-  auritum   . 
I  Pénélope  jucuaca  X  ^-  pileata 


Paraissent 
devoir  être  considérés 

COMME 


rappio-        plus 
hées      t'loif.'nées 


Oui 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 

Id 

Id. 

9 

Oui 
Id. 


Oui 


Oui 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
7 


i2  U3 

<  an 

S  < 

§  2 


Oui 
Id. 
Id. 


Id. 
Oui 

9 


Oui 

Oui 
Id. 
Id. 

Id. 


Oui 

Id. 

■? 

Oui 
Id. 
Id. 
Id. 


ADDITIONS,    CoaitlXTIONS    ICT    EXAMENS    I)  APlii.S    NATL'IiE 

KC  AIMTUL  A  TIF 

JSSKS,     I)O.NT      ON     s'est      OCCUPÉ     UANS      CET     OUVRAGE 

chaque  croisement 


887 


ce 

< 

z 

s 

P.EPRÉSEiNTÉS 

PAR 

INOIVIDL'S 

< 

22 

z 

a 
-: 

ORIGIt 

ai 
«: 

rt 

S'E  PROBABL 

t  ja         o  •- 

'SI    ■-              Q     - 

ONT 
EX  A  M 
PAR  ^ 

d'après 
DuUire 

ÉTÉ 
INÈS 

'ODS 

d  après 

des 
)eintiires 

PAC.  ES 

o  ou  (> 

o 

Oui        .    , 

1 

5 

478 

258 

2 

Oui 

Oui 

.     . 

2 

6 

■181 

259 

1 

Id. 

6 

484 

259 

Quelques" 

Id. 

» 

lil. 

6 

485 

259 

1(1. 

Oui 

Id. 

7 

487 

260 

Une  vinglalue 

Id. 

Id. 

Oui 

8 

491 

261 

12 

? 

Id. 

Id. 

499 

ui 

lr.f;r.nomb.(plu>ilc200) 

Oui 

Id. 

(iO 

1  diiaine 

Kl 

5011 

263 

a 

1 

Id. 

Id. 

1 

545 

a 

2 

Id. 

Id. 

54 

549 

307 

a 

1 

■) 

Id. 

55 

549 

308 

0 

Quelques? 

Oui 

Id. 



56 

552 

309 

0 

5 

Id 

Id. 

56 

554 

309 

0 

1 

■> 

Id. 

» 

59 

555 

312 

0 

1 

Id. 

Id. 

59 

557 

312 

0 

7  ou  8  ou  plus? 

Id. 

Id. 

62 

560 

315 

iqai 

grand  Dorabrc  (CU  tni.) 

Id. 

Id. 

. 

1  ditaint 

67 

571 

320 

0 

ti 

Id. 

Id. 

589 

0 

1 

•» 

•> 

81) 

333 

o 

Plusieurs 

7 

Oui 

Oui 

» 

81 

595 

334 

D 

Plusieurs 

•> 

.      .      . 

Id. 

Id. 

» 

82 

335 

0 

Quelques 

Oui 

Id. 

83 

600 

336 

0 

1 

7 

84 

604 

337 

0 

Plusieurs 

Oui 

Id. 

Id.         .    . 

85 

605 

338 

0 

1 

7 

Id. 

Oui 

606 

0 

Plusieurs 

Oui 

Id. 

.    .    . 

85 

GOC. 

338 

0 

Plusieurs 

Oui 

Id. 



7 

60' 

0 

1 

Oui 

Id. 

Id. 

7 

607 

.  •  • 

0 

Plusieurs 

Oui 

Id.         .    . 

85 

608 

338 

0 

o 

? 

Id. 

•» 

609 

0 

Plusieurs? 

? 

» 

Id. 

Oui 

610 

0 

1 

Id. 

Id. 

Id. 

• . . 

611 

0 

1 

9 

■ 

7 

1 

612 

838 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES   A    L  ETAT    SAUVAGE 


TVI'ES  (HE  L'ON  SUF^POSE  S'ETRE  CHOISES 


■a  3'_ 
O  c3  — I 


(U 


Eupliicamus  nyclheinerus  X  '*'*■  viilgaris . 
Thaumalea  picla  X  Phasianus  vulgaiis.  . 
Piiasianus  vulgaris  X  Telrao  telrix.  .  .  . 
Phasiinius  vulgaris  X  Telrao  vrogallus.  . 
Lagopua  saliceti  X  Perclix  cinerea  (à  supprimtr 
Phasianus  vulgaris  X  Lagopus  (sp.  ?)'.   .  . 


Colomba  œnas  X  Coluiiiha  nilinif  .   . 
Columba  iivia  X  Cnimnba  pulumbus 


^  o  /  Ttirtur  risoria  X  Ttirtur  auritiis   .  . 

^  u   j  Columba  Iivia  X  Turtur  risorius  .   . 

S  1  Columba  Iivia  X  Palumbœna  fusca  . 


Trelron  phœnicoplera  X  ï".  chlorigasler 


•<D 


CD 

a. 


u 

o 


Anas  penelope  X  Querquedula  crecca  . 

Dafila  acula  X  'l««s  penelope 

Anus  bosclias  X  Dafila  acula 

Anas  boschas  X  Querquedula  crecca.  . 
Anas  boschas  X  Chanlelasmus  streperur 
Dafila  acula  X  Querquedula  crecca  .  . 

Anas  boschas  X  Anas  obscura 

Anas  boschas  X  Anas  penelope   .... 
Anas  boschas  X  Anas  americana  .   .   . 
Spalula  clypeata  X  Dafila  acula   .   .   . 
Dafila  acula  X  Anas  strepera  .... 
Cairina  moschala  X  Anas  clypeata  .  . 
Anas  strepera  X  Anas  clypeata   .... 
/Inas  boschas  X  ^Inos  clypeata    .... 
Cairina  moschala  X  ^«as  boschas.  .   . 
Cairina  moschala  X  >tnas  obscura    .   . 
Jnas  penelope  X  ^Inas  strepera  .... 
Mareca  penelope  X  0-  cimca  (à  supprimer) 
Tadorna  casarka  X  Querquedula  {falcala 
Tadorna  vulpanser  X  ^l'ias  bo'schas.   .   . 
Querquedula  circia  X  Querquedula  crecca 
Anas  discors  X  Spalula  clypeata  .   . 
Anas  discors  X  ^wtts  cyanoptera  .  . 
Anas  streperus  X  -1-  americana  .   .  . 


P.4BAISSENT 

DEVOIH   1-TRE  CONSIDÈRES 

COM.ME 

de  bonnes 
espèces 

.ipiiro- 


Oui 
Id. 


Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


Oui 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id, 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


Oui 
Id. 
Id. 
Id. 


Oui 


te 


<    « 

a  < 


Oui 
Id. 
Id. 


Oui 

Oui 
Id. 


Oui 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 

■7 


Oui 
7 

9 


■? 

Oui 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET    EXAMENS   D  APRES   NATURK 


859 


REPRESENTES 

PAU 

I.MilVIDUS 


•Xi 

il 

sa  o 


I 
2 

Une  quarantaine 
1 
I 

a 
I 

! 
I 
1 
I 
Quelques 

4  ou  i> 

4 

40  (environ) 

lu 

Une  douzaine 

."> 

15  à  20 

6 

1 

I 
1 
1 

:j  ou  4 

Une  vingtaine 

Plusieurs 

7-.' 

1 

I 


Oui 


Oui  pour 
qq.-uo» 

Oui  pour 
1.1U4 

Oui 


Oui 

■jurlq.-om 

Oui 
Pluiirori 


Oui 


Oui 


Oui 


ORIGINE  PRdHABl.E 


in  ■_- 


Oui 


Oui 


Oui 


(lui 
Id. 


Id. 
Id. 


ONT  ETIO 
EXAMINÉS 
PAR  NOUS 


il  ft|IITS 

ntiture 


Oui 
Id. 


Oui 


Oui 


Id. 
Id. 
Id. 


Id. 


(l.> 
peintures 


PAGES 


î;l    i-'^ 


»5 
86 
87 


9'.t 


106 
106 

112 
11.") 
117 
l:J7 
134 
134 
137 
138 


139 
110 
Ml 
141 

11:2 


151 
li;" 


012 
621 
622 


625 
626 
621 
627 
628 
628 

630 
633 
638 
6r>6 
660 
680 
082 
686 
«90 
692 
695 
096 
696 
697 
699 
704 
706 
707 


708 

70S 
708 
709 


S(iO 


OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRES    A    L  ETAT    SAUVAGE 


P 

\RAISSENT 

!/!     .x^ 

r. 

IIEVOIIl 

THE  CONSIDÉHÉS 
COMME 

si 

^1 

tn  5 

TYPES  QUE  L-OiS  SUPPOSE  &-ÈTRE  CROISÉS 

de  hnnnes 
espèces 

t          =    î 

II 

03  : 

"tÎÎÎ^ 

plus 

M      -i  ^ 

%^ 

1.  Q 
< 

éliiipriêps 

Hi/iiieolœmua  melacorhyncus  x  Ànas  superei- 

lujsa  (ou  Aruis  hoschas?) 

Oui 
Id. 

? 

Anus  pœcilorhynchn  X  A.  bnxchn^  (li  iu|ipriiiii-i- V) 

(lu 

^ 

Fuliiiula  leriiui  X  F.  nuroca. 

II. 

1.1. 

7 

Fuliijula  nyroca  x  F.  crislala  (à  suppi-imcri . 

Ou 

s 

Aylhia  valismeriaX  A.  collaris  C!) 

Ici. 

•* 

C/^ 

Fuligula  ferinaX  Fuligula  cristala 

III. 

Oui 

m 

Fuiigula  crislala  X  Fuligula  marila?  .    .   .   . 

M. 

CD 

Fuligula  clangula  X  Fuligula  marila  (à  sii|i|ir  nm  ) 

M. 

M 

-© 

Fuligula  ferma  X  Fuligula  marila ^ 

Id. 

■' 

a 

Somate'-iamnllissimaX'Soiuateriaspectabilis? 

Id. 

Oui 

:? 

Fuligula  ferina  X  Anas  crecca  (ou  A.boschas). 

Oui 

Id. 

'.    \ 

<D 
T3 

<D 

(4 

T3 

Fuiigttla  ferinaX  ^ix  sponsa 

M. 
Id. 

Id. 

Fuligula  frrina  X  Dafila  acula 

Id. 

Clangula  glauciim  X  3leryus  albeUus  .... 

Id. 

Uni 

Clangula  aniericana  X  Mergus  cucullalus  .   . 

Id. 

V 

t4 

o 

Sterna  paradisea  X  S.  hirundo 

•> 

'    •>    ' 

Anser  albifrons  gambeii X Uranta  canadeusis . 

Oui 

(lui  ; 

Anser  cinereusX  J^nsef  segelum  .   ...... 

Id. 

•» 

,       . 

Anser  albifrons  X  Bernicla  brenta 

Id. 

. 

Id. 

1 

Anser  cinercus  X  A.  brachyrhinchus 

M. 

Oui     1 

Plialacrorax  africanus  X  Ph.  pygmœus  .   .   . 

Oui 

■1 

Ardea  einerea  X  ^-  P^'i'parea  (à  supprimof).   . 

Id. 

Oui  p. 

(2 
•S 

Hœmaloiius  unicolur  X  H.  longiroslris.  .   .   . 

•• 

jOui 

Numenius  lenuiroslris  X  N.  arquatus  .... 

.   . 

J2    rt 

--s 

Nunienius  tenuirostris  X  ^-  phœopus  (à  siipprinini 

Ou 

Gallinago  major  X  Gallinago  scolopacinuf .   . 

Oui 

•) 

.  .  . 

CA      i 

Liuiosa  lappnnica  X  Liiiiosa  uropygialis .   .   . 

Oui 

.    .    . 

Oui 

.   . 

Gallinula  chlnropus  X  Fulica  atra 

Id. 

Oui 

•  • 

•   • 

Ligurinus  clitoris  X  Cannabina  linola.  .   .    . 

Id. 

Id. 

/ 
09 

Ligurinus  chtoris  X  Carduelis  elegans.  .   .   . 

Id. 

Id. 

O 

h 

Chrysomilns  spimis  X  Acanihis  {?}..... 

Id. 

o 

Carduelis  elegans  var.  major  X  '"•  caniceps.   . 

-1 

"21' 

Carduelis  elegans  X  Cannabina  linota.   .   .   . 

Id. 

Oui 

°«i 

Clirysomitris  spinusX  C.  elegans  (ii  tuppriinti )  . 

M. 

Ou 

©   f 

•a 

Carduelis  elegans  X  Fringilla  canaria  .... 

Id. 

Id. 

Fringilla  canaria  X  Cannabina  linota     .  . 

Id. 

■  •  • 

ADDITIONS,    CORRFXTIONS    ET    EXA.MKNS    I)  Al'ItKS    .NATLIiE 


801 


n 
< 

r. 

D 

REPRÉSENTKS 

PAIÎ 

INDIVIDUS 

•Si 

g| 

< 

■r. 

-A 

IlltlIil.N 

K  l'IiOl 

ABI.I' 

s  — 

UNI 
EXA.N 
PAU 

(laiirès 
ii.iUire 

i:i  1-; 

INKS 
MIUS 

tl'aiirè 

lies 
lifititiir 

■s       1.- 

PAliF.ï 

■/i    ^ 

< 

> 

ri 

1 

7 

Oui 

710 

1 

7 

7 

Id. 

711 

Une  vinglaine 

Oui 

■) 

(i 

2 

15-' 

711 

Plusieurs 
1 

Oui 

(lui 
W. 

•    • 

2 

1 

ir.i 
101 

722 
724 

109 
169 

:t 
1 

1 

Oui  p.  t 

(lui 

Iil. 

M 

M. 

7 

162 
lf.3 
163 

724 
726 
72ii 

170 
171 
171 

•) 

.    .    . 

727 

:!  ou  4 

1 

1 

I.l. 
I<1. 

Oui 

7 

Oui 
Id. 
Id. 

164 
16". 

728 
728 

172 
173 

>is 

4  ou  D 

Oui 

.    .   . 

(lui 

165 

729 

173 

1 

M 

1(1. 

169 

175 

Quelques 

•) 

1(1. 

170 

178 

1 

Oui 

•> 

Oui 

738 

1 

1 

•7 

(lui 
M. 

lil. 
il. 
Id. 

... 

738 
739 
739 

1 

•     •     . 

Iri. 

Oui 

Oui 

741 

2 

Ul. 

1(1. 

l<l. 

171 

742 

179 

Plusieurs 

•7 

Id. 

1(1. 

743 

,      , 

<lrt 

Plusieurs 

o 

Id. 

> 

. 

743 

744 

■l 

.     .     . 

M. 

M. 

■^ 

744 

) 

1 

1(1 

Id. 

(lui 

745 

) 

1 

Oui 

Id. 

1 

746 

1 

21 

1(1. 

7 

i; 

2 

198 

748 

272 

hii? 
) 

16 
11 

1(1 
<> 

o 
Oui 

ii 
1 

210 
21S 

755 

284 
292 

> 

Uuelques 

Oui 

Id. 

.      , 

Id. 

22.i 

7.=i7 

299 

oit? 

7 

Id. 

•       .       . 

7 

1 

22.S 

757 

302 

) 

Oui 

, 

:j 

2  3 

759 

307 

? 

Quelques 

M. 

Id. 

238 

312 

(') 

Quelques 

I<l. 

239 

313 

OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L  ÉTAT   SAUVAGE 


TYPES  QUE  L-ON  SUPPOSE  S'ÊTRE  CROISÉS 

Paraissent 

DEVOIR  ÊTRE  CO.NSipÉRÉS 
COMME 

Il 

< 

(le  bc 
esp( 

r;.|.pro- 
l'hées 

nnes 
ices 

éloignées 

Loxia  oryzn-ora  X  Pringilla  (espèce'!).   .   .   . 

Oui 

9 

Einheriza  hrasiliensis  X  Passeï'  domeslicus.  . 

Id. 

Oui 

ScTinus  hortulamis  X  (^- ''l-egans.   ...... 

•> 

7 

Serinus  horluUmus  X  Cannabina  linnla.  .   . 

Ici. 

Chrysomilris  spinus  X  l'ig-  chloris 

M. 

7 

Àcanlhis  linaria  X  ^pinus  spinus 

Id. 

Oui 

Acanthis  linarin  x  Acanlhis  exilipes 

Id. 

Oui 

.      .     . 

'■} 

FringiUa  cœli>b$  X  P-  inontifringilla 

Id. 

Oui 

Fringilla  cœlebs  X  f-  .fpodwgena 

Id 

Pinicnla  enucleator  X  Carpodacvs  purpureus. 

Id. 

Id. 

Emberisa  citrinella X  Cynchramus  schœniclus 

Id. 

? 

.   .   . 

Emberiza  citrinella  X  Emberiza  pithyornus . 

Id. 

Oui 

7 

Einberiza  cilrinellaX  Emberiza  cirltis.  .   .  . 

7 

^ 

Junco  hyemaUsX^oncilrichia  albicollis  .   .   . 

Oui 

Id. 

•  .  . 

1 

Zonotrichia  leucophrys  X  ^-  gambeli  et  Z.  G. 
intermedia 

Id. 
Id. 

Id. 

Oui 

Spizella  pallida  X  Spizella  p.  var.  breweri. 

Passer  domesticus  X  Passer  wontanus.  .  . 

Id. 

Id. 

Passer  montanus  X  Passer  itatiw 

Id. 

Id. 

EA         / 

Passer  ilaliœ  X  Passer  domeslicus 

.      . 

Id. 

Id. 

Passer  italice  X  Passer  saUcicola 

Id. 

9 

9 

Loxia  curvirostra  X  loxia  bifasciata  .... 

Oui 

tJ 

Loxia  curvirostra  X  t.  pityopsittacus  .... 

Id. 

7 

Emberiza  brasiliensis  X  Passer  domeslicus  . 

Oui 

Id. 

U 

Liguriniis  chloris  X  Passer  ilaliœ 

Id. 

? 

O 

Fringilla  civlebs  X  Passer  domesttcus  .... 
Chrysomilns  spinus  x  Pyrrhula  vulgaris  .   . 

Id. 

Id. 

Oui 

Id. 

Eu.tpiza  luteola  X  Passer  indicus 

t 

Piranga  rubra  X  Piranga  erythromelas .  .  . 

•? 

Oui 

.   . 

lihipidura  pabelliferaX  Rl>-  l'uliginnsa.   .    .   . 

Oui 

Id. 

Hirundn    eryllirogasler   var.    horreorum     X 
Pelrochelidon  lunifrons 

Id. 

Id. 

Uiritndo  erythrogaster  X  Petro.  m'ainsoni  . 

Id. 

Uirundo  urbica  X  Hirundo  ruslica 

Id. 

Id. 

Cistothonts  slellaris  X  Cistolhorus  iiiarianœ. 

Oui 

Id. 

Parus  atricapillus  X  Parus  gambeli 

Id. 

Id. 

Parus  bicolnr  X  Parus  atricapillus 

Id. 

.   .   . 

Id. 

Parus  cwruleus  X  P<''<'i^e  corn  munis 

Id. 

Id. 

Parus  cyanus  X  Poscile  borealis  .   ...... 

Id. 

Id. 

Parus  cristalus  X  Parus  borealis 

Id. 

Id. 

ADDITIONS,    COnRECTIONS    KT    EXAMENS    D  APRES   NATURE 


803 


< 

REFnÉSENTÉS 

l'AH 

INDIVIDUS 

'Si 

•a 

si 

OUUilNE  PROUAULE 

5 ,  .•=  i 

—  i  —  -' 

I.        ■—    - 

ONT  ÉTÉ 
EXAMINÉ 

l'Ali  N(ti; 

S               PAGES 

8 

o 

ho 

X 

1    -a) 
P  1 

il 
5  - 

ilapi'i's 
ii.diiii- 

(i  ap 
(le 

1res        r^— 

t-  ."5 

Itl 

3  ou  4 
Plusieurs 
Quelques 

1 
2 

1 
Plusieurs 

•> 

9 

Oui 
■,» 

•> 
Uni 

Oui 
Id. 

Oui 
Id. 

1 

.      239 
2|il 

.      211 

.       242 
243 

.       246 
247 

7G1 

:)13 
314 
315 
316 
317 
320 
:!2l 

roii 

25  (environ) 

pour  la 
pliiparl 

M. 

Iil. 

II 

24S 

761 

322 

dit? 

0 

.       266 

340 

1 

Oui 

o 

.       267 

768 

341 

2 
1 
1 
1 

•» 
■» 
•) 

Oui 

Oui 

Oui 

26$ 

2ii9 

.       270 

272 

769 

342 
3-'.  3 
345 
:)4i; 

Plusieurs 

'> 

Iil. 

Id- 

.       273 

347 

1 

Oui 

1(1. 

274 

348 

loii 

3 
1 

1 
Plusieurs 

? 
Quelques 

1 

Iil. 

1(1. 

1(1. 

') 

o 

Oui 

1(1. 
1(1. 
Id. 
Id. 
Id 

Id. 

Id. 

Id. 

0 

2 

1 
1 

.  .  . 

.       27Ô 
.       27S 
.       279 
.      280 
.      282 
.      283 
.      284 
.       285 

770 

349 
352 
353 

35-1 
356 
357 
358 
359 

1 

•> 

.      2^6 

360 

9 

1 

Oui 

Oui 

287 

361 

Ji? 

.   .   . 

Id. 

775 

... 

a 

1 

Oui 

M. 

775 

hii 

Quelques 

1(1. 

Id. 

.      288 

777 

362 

I) 

1 

■> 

Id. 

•> 

.      291 

3(i5 

0 

1 

? 

Id. 

292 

366 

a 

;i 

Oui 

Id. 

Oui 

29.'? 

779 

367 

0 

Id. 

Id. 

Id. 

784 

0 

1 

? 

Id. 

300 

374 

0 

1 

M. 

Id. 

.       301 

375 

0 

1 

Oui 

Id. 

301 

375 

0 

1 

7 

Id. 

< 

.   .       303 

377 

0 

2 

Oui 

•   -   ■ 

Id. 

.   .       303 

377 

OISEAUX    HYBRIDES   niiNCONTRÉS    A    L'kTAT    SAUVAGE 


<D 
U 
O 

la 
en 

ta 
o 
13 

<D 

u 

U 

O 


TYPES  QUE  L'ON  SUPPOSE  S'ÊTRE  CHOISÉS 


Parus  major  X  Parus  cœruleus 

Parus  cyanus  X  Cyanistes  cœndeus  .... 

Cyanistes  cyanus  X  Cyanistes  pleskei  .  .  . 
Cyanistes  cœruleus  X  Cyanistes  pleskei  .  . 
Cyanistes  flavipictus  X  C.  c.  var.  Tian  Schan 


Cyanistes  cyanus  X  Peecile  tongicaudus .   . 

Acredula  caudata  X  Acreduta  irhyi  .... 

Acredula  rosea  X  Acredula  irbyi 

Motacilla  alba  X  ^'-  iî'SJtftri.s 

Motiicilla  flava  X  Budytes  melanocephala  . 

Bndytes  flava  X  5-  cainpestris 

Budytes  flava  X  B.  borealis .   . 

Helminthophila pinus  y^  B.  chrysnptera  .   . 

Helminlliophila  pinus  X  Oporornis  forwosn 

Dendrœca  striata  X  Perissoglossa  tigrina  . 

Cyanecula  wolfi  X  Cy-  leucocyanea 

Cyanecula  suecina  X  Cy-  leucocyanea  .   . 

Cyanecula  uiolp,  X  Cyanecula  suecica  .  .   . 

Philomela  luscinia  X  Ph.  major 

Pelrocincla  saxatilis  X  P-  cyanea 

Sylvania   mitrata    X    Sylvania   canadensis 
(à  supprimer) 

Turdus  ruficollis  X  T-  atrigularis 

Turdus  fuscatus  X  T.   naumanni 

Turdus  fuscatus  X  T.  ruficollis 

Turdus  merula  X  ï".  musicus 

Turdus  merula  X  T,  torquatus  (à  supprimer) 

Turdus  merula  X  T.  viscivorus     

Hypolais  rama  X  Acrocephalus  slreperus    . 

Regulus  satrapa  X  R.  calendula.   ..... 

Cinchis  cashmiriensis  X  C.  leucogaster 

Cinclus  cashmiriensis  X  C.  sordidus  . 

Copsychus  musicusX  Cnpsychus  anurnus  . 

La7iius  rufus  X  Lanius  collurio  ...... 

Lanius  collurio  X  Ontomela  romanovi  .   .   . 

Lanius  dichrourus  X  Ontomela  karelini  .   . 

Lanius  excubilor  X  Lanius  major 

Lanius  Ci  eu bitorX  I-.  leucopterus 

Lanius  excubilor  X  i-  borealis 


Paraissent 
DEVOIR  i'tre  considérés 

COM.ME 

de  bonnes 
espèces 

rappro-        plus 
chées      éloignées 


<Uli 

Id. 

9 


Oui 


Oui 
Id. 
Id. 


Oui 

Id. 

? 

? 

? 
Oui 
Id. 
Id. 

9 

Oui 


Id. 

Id. 
? 


Oui 

Oui 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


Id. 
Id. 
Id. 


Oui 
Id. 
Id. 


Id. 
Id. 
Id. 


Oui 


? 
? 
? 

Oui 


Oui 

? 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    F.T    KXAMKNS    D'aPRÈS   NATIIRK 


>  -y) 

:  < 

.  H 

:  (Tj 
•  z 

o 

:  " 

REPRÉSENTÉS 

PAR 

INDIVIDUS 

BIEN 
CARACTÉRISÉS 

< 

ORIGIN 

V 

E  PROHA 

■     3           !r 

ILE    €     Vl 

2.     ^  ~l  = 
-     >.     "  = 

ONT 
EXAM 
PAR  N 

il  a|>ri's 
tiatnrt- 

>TK 

NÉS 

OUS 

ipiiitiirt's 

1 

'  Eu 

•ACKS 

0 

1 

Id. 

Oui 

1 

784 

0 

1 

Ul. 

Id. 

.   .       Oui 

304 

378 

0 

o 

Ul. 

o 

3115 

•  • 

379 

0 

1 

'1 

Id. 

.    .         Oui 

311 

385 

0 

Plusii'uis 

Id. 

.    .         Id. 

11 

385 

0 

1 

Id. 

?13 

... 

387 

0 

Plusieurs 

Id. 

.    .         Id. 

- 

314 

785 

388 

0 

Plusieurs 

lil. 

Id. 

2 

315 

78.'. 

:is'j 

3iii 

Quelques 

Oui 

.     .    • 

I<1. 

7 

316 

:i'JO 

0 

1 

Id. 

•> 

317 

•  .  . 

391 

Id 

Plusieurs 

Id. 

.    .           7 

318 

392 

0 

2 

Id. 



318 

3'.t2 

o 



.    .   . 

Oui 

Id 

.  .       Oui 

3 

319 

786 

393 

0 

1 

Id. 

34j 

419 

0 

2 

M. 

•'!■ 

347 

421 

0 

Plusieurs 

Id. 

l'I 

349 

4^3 

0 

Plusieurs 

Id. 

.    .         M- 

319 

423  : 

0 

! 

Id 

Id. 

349 

423  ! 

0 

Plusieurs 

Id. 

Id. 

351 

425 

0 

1 

Id. 

Id 

Id. 

352 

426 

0 

1 

Id. 

Id. 

1 

792 

0 

Plusieurs 

Id. 

.   .         Id. 

354 

792 

428 

0 

1 

Id. 

Id. 

Id, 

363 

792 

437 

0 

t 

Id. 

.   .         hl. 

1 

792 

? 

Plusieurs 

.    .   . 

Id. 

Id. 

365 

79i 

439 

0 

1 

M. 

Id. 

373 

805 

417 

6 

1 

Id. 

373 

447 

0 

1 

Id 

M. 

807 

.• . 

0 

1 

Id. 

M. 

.    .         Id. 

375 

44'J  : 

0 

Plusieurs 

M. 

Id. 

376 

809 

450 

,    . 

Plusieurs 

•> 

M. 

.   .         Id. 

377 

8)9 

451 

0 

Fréquents 

lil. 

Id. 

377 

451 

0 

1 

Id. 

M. 

378 

810 

452 

le  loi) 

lil. 

813 

0 

1 
Fréquents  ? 

V 

? 

M. 
Id. 

■   •       ' 

Id. 

381 

814 

455 

0 

l'n  grand  nombre 

? 

Id. 

i 
■   ■       ' 

Id. 

389 

4(;3 

0 

Btautoop  lans  duulr 

? 

1   .    .   . 

Ul. 

.   .        Id. 

389 

163 

OISEAUX    HYBRIDES    nKNCONTRES    A    L  ÉTAT  SAUVAGE 


a 

a> 

<D 
U 
(D 

ai 
en 

01 

a< 

a> 

<0 
T3 


O 

rt 
Oi 
oS 

<D 

■a 

•X3 

o 


TYPES  QUE  L'ON  SUPPOSE  SÈTRE  CROISÉS 


Cyanocorax  cijanomeias 
(ou  C.  cayanus)  .   .   .   . 


X   C.    cyanopogon 


Garrulus  glandarius  X  H  krynickiCa  supiirimer). 

Corvus  coraxX  Corcus  corone 

Corvus  corone  X  Corvus  coruixlà  siipiirinier). 

Corvus  frugileus  X  Corvus  cornix 

Corvus  corone  X  Corvus  frugileus  (ii  snpprimei)  . 

Corvus  neglectus  X  C.  dauricus  ....... 

Corvus  cornix  X  C .  orientalis 

Silta  enropea  X  Sitla  caesia 

Jora  lypkia  X  Jora  zeylanica 

Creadion  carunculatus  X  C.  cinereus  .   .  .   . 

Quiscala  œneus  X  Quiscala  quiscala 

Paradisea  apoda  X  P.  raggianu 

Paradisen  auguslœ  victorior  X  P.  raggiana  . 

Sericulus    chrysocephaius   X    Ptilorhynchus 
hotoserireus 

Coracias  indica  X  C.  afjlnis 

Coracius  garrula  X  C.  indica 

Colaptes  auratus  X  C.  mexicanus 

Colaptes  chrysoïdes  X  C.  mexicanus 

nryobaies    mttlali    X    Dryobal.es    puhescens 
gairdneri. 


Aquila  fulva  X  *  ■  cn/saë/os  (à  su ppi-imer; .   . 

Aquila  nnbilis  X  '^  ■  daphnea 

Aquila  pennata  X  A.  minuta  (à  siippiimer)  . 

h'alro  linnunculus  X  Falco  lilhofalco. 

Falco  eleonorœ  X  F-  arc/dtcus  (à  supprimer! . 

Falco  feldeggi  X  Falco  ianyptereus 

Falco  holbœlli  (ou  F.  islandicus)  et  //    can- 
dicans 


Paraissent 
DEVOIR  i';tre  considéré 

CO.MME 


Oui 


Buleo  vulgaris  X  Buleo  vulpinus 

nuleni-ulgarisX  *rcliibuteolagi)pus?('!isiiffr\mtr) 

Circachis  gallicus  X  C.  hypoleucos  (à  supprimer). 

Accipilcr  nisus  X  A.  brevipes 

Aslur  atricapillus  X  Falco  cooperi 

Platycercus  exiweus  X  Platycercus pennantii. 

Apro-wiiclus    scapulatus  X  Platycercus  pen- 
nantii  . 


Oui 

M. 

Oui 


Oui 


Id. 
Id. 
Id. 


Oui 


Oui 


Id. 


Iil 


Oui 


Id. 


C/3 

<  i 

«  c-" 

^  S 


m  5 

<zj  - 


Oui 
Id. 


Id. 


Oui 
Id. 

Id. 


Id. 
Id. 


ADDITIONS.    CORRECTIONS    ET    EXAMENS    DAPRÈS    NATURE 


< 

o 
u 

REPRÉSENTKS 

PAH 

INDIVIDUS 

ce 
■tù 

s. 
< 

y: 

ouir.i.N 

= 
ffl 

E  PlidU 

£  i 

a.    Si 
4.      -^ 

ABU-: 

i    2 

ONT 
i;XAM 

PAU  r 

(i'ai»C(*s 
((iddic 

Éïi': 

I.NÉS 

■«ous 

d'après 

des 
j.cinUd-cs 

P 

îll 

a(;es 

■À 

i  =1 

0 

1 

'> 

M. 

391 

4CÔ 

0 

0 

Oui 

1(1. 

392 

4fti 

0 

1 

? 

M. 

393 

467 

)ui 

l'n  \i'n  grand  nowhrr 

Oui 

1(1 

394 

81.T 

4t;8 

7 

1 

Oui 

la. 

1 

407 

481 

0 

1 

407 

181 

o 

1 

Oui 

40S 

482 

0 

PlusiPiirs 

O 

iii. 

410 

484 

0 

Quelques 

•* 

1.1. 

M. 

411 

485 

o 

i<i. 

412 

4Sfi 

0 

1 

■> 

iii. 

I.l. 

su; 

0 

Beauroiip 

? 

hi. 

1(1. 

817 

0 

19 

Oui 

Ici. 

1(1. 

1 

n 

-> 

113 

818 

487 

0 

3 

•> 

•  . 

1(1. 

1(1. 

S'iO 

0 

1 

■> 

iii. 

421 

4',I5 

0 

Beaucoup 

Oui 

1(1. 

1(1. 

421) 

iOO 

0 

•> 

9 

Id. 

1(1. 

428 

502 

0 

Trfi  granii  nornlirf 

Oui 

1(1. 

1(1. 

4^di( 

840 

503 

0 

1 

■> 

1(1. 

1(1. 

4r^5 

509 

0 

1 

Oui 

M 

437 

511 

4'(5 

28 

o 

Quelques 

'> 

Oui  pour 

4.J8 

4<;o 

31 

33 

ir  (oil 

Quelques 

M. 
M. 
M. 

4r,i 

463 
461 

461 

34 
36 
37 

37 

uUlre 

4 

9 

o 

7 

o 

1(1. 

4CG 

39 

0 

1 

(lui 

M 

46: 

40 

0 

46S 

41 

0 

1 

7 

M 

1(1. 

4C.',I 

42 

0 

1 

■» 

M 

470 

43 

0 

•y 

0 

'.' 

471 

44 

0 

1 

? 

■  •  • 

•» 

7 

471 

44 

86s  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTBits    A    L'ÉTAT    SAIIVAGE 


Ce  tableau  récapitiil  itif,  (qui  n'est,  cnniriie  on  vient  de  le 
(lire,  qu'une  approxini.ition,  puisqu'il  n'est  point  possii)le  d'enre- 
gistrer tous  les  i;i\ls  observas,  ni  de  conniiilre  leur  valeur  réelle), 
montre  que  l'on  s'est  occupé  du  croisement  possible  de  deux  cent 
cent  soixante  et  onze  formes  zoologiques,  dont  cent  quatre  vingt- 
neuf  (environ)  appartiennent  à  des  espèces  et  quatre  vingt-deux 
à  des  races  ou  à  des  variétés. 

Ces  divers  types  croisés  les  uns  avec  les  autres,  auraient  donné 
lieu  à  deux  cent  quinze  croisements,  dont  cent  soixante  six  d'es- 
pèces et  quarante  neuf  de  variétés. 

Nous  ne  nous  occuperons  point  de  ces  derniers  ;  ils  sont,  nous 
l'avons  remarqué,  à  écailer,  parce  qu'ils  manquent  tout  à  fait 
d'intérêt.  —  Et  du  reste,  dans  la  plupart  des  cas,  les  individus  inter- 
médiaires (auxquels  ils  auraient  donné  naissance)  paraissent  bien 
plutôt,  à  cause  des  caractères  de  gi'adation  qui  les  distinguent,  être 
le  résultat  d'influences  de  l'habitat  que  de  réels  mélanges.  Leur 
origine  est  donc  à  suspecter.  Proviendraient  ils  de  croisements, 
que  la  nature  de  leurs  parents  leur  retirerait,  répétons-le,  toute 
espèce  d'intérêt. 

Parmi  les  cent  soixante  six  croisements  de  types  que  nous  consi- 
dérons comme  appartenant  à  des  espèces  (et  presque  toujours  à 
des  espèces  rapprochées)  (1),  dix-neuf  ne  méritent  aucune  créance  ; 
quatorze  même  doivent  être  supprimés  détlnitivementcar,  certaine- 
ment, ils  ne  se  sont  jamais  produits.  Puis  trente  trois  autres  sont 
douteux;  enfin,  quelques-uns,  huit  (?)  pourraient  bien  n'être  eux- 
mêmes  que  des  intermédiaires  et  non  des  hybrides. 

Restent  donc  (environ)  cent  six  croisements  d'espèces. 

Sur  ce  nombre,  combien  peut-on  prétendre  qu'il  s'en  soit  réalisé 
à  l'état  sauvage?  Nous  ne  saurions  préciser  auiun  chitïre,  parce 
qu'aucun  contrôle  n'a  pu  être  exercé  sur  les  appariages. 

Mais,  il  est  probable,  (nous  insistons  sur  ce  point,  car  il  est  très 
important),  que  bien  souvent  on  a  affaire  à  les  individus  échappés 
de  captivité,  ou  nés  en  semi-liberté,  ou  dans  des  conditions  telles 
que  leurs  parents  n'étaient  pas  libres  au  moment  de  l'appariage. 

En  ce  qui  concerne  les  Gallinacés,  la  plupart  des  croisements 
ont  eu  lieu,  sans  doute,  à  l'état  sauvage  ;  mais,  vraisemblablement 

(1)  l'IusieiMs  sans  doute  devraient  même  être  classés  comme  sous-espèces. 


ADDITIONS.    CdlIlil.CTIliNS    Kl'    KX.V.MENS    U  AI'RKS    NATURK  NCi'J 

ils  oui  ('tf  cdiitiiulrs  |);ir  des  csiii'i'i's  dont  les  sexes  n'étaient  plus 
fil  ('<|iiililii('  miniéii(iue  piir  suite  des  cliasses  dont  les  (ialliiiacés 
sont  l'olijet. 

j'^u  ce  (lui  r«ucei'iie  les  I'almip^des,  nous  ne  voyons,  la  plupart 
du  temps,  qui'  des  produits  d'iin  ididus  Idessés.  n'ayaut  pu  regai^iier 
leurs  lialiitats  respectifs  ;  ou  plus  spécialement  encore  des  produits 
d'individus  ayani  été  retenus  dans  une  seini-domesticalion.  comme 
il  a  élé  explii|ué  plusieurs  fois  (Ij. 

En  ce  qui  concerue  les  Passekeaux.  beaucoup  de  leurs  hybrides 
sont,  pour  nous,  des  échappés  de  captivité  ;  nous  ne  pouvons  les 
considérer  autrement  dans  la  famille  des  i'ringiUidw,  et  nous 
sommes  jiersuadé  que,  plus  d'une  fois  même,  leur  capture  à  l'état 
sauvage  est  mal  établie. 

Ces  trois  Ordres  sont  à  peu  près  les  seuls  dans  lesquels  l'hybridité 
ail  été  constatée,  car  elle  est  |)resi|ue  nulle  chez  les  Columbœ,  les 
(jralliV,  les  .lœipities  et  les  Scanaores. 

DésiranI  montrer  ce  (pi'il  y  a  de  fondé  dans  nos  dimtes  émis  sur 
l'origine  des  pièces  obtenues  à  l'étal  libre,  nous  nous  arrêterons  à 
un  fait  des  plus  intéressants;  il  nous  est  raconté  au  moment  même 
oii  nous  lerininoiis  cet  ouvrage. 

Ou  se  raiipelle  (|u'aux  pay;es  MH,  47!)  et  480,  nous  nous  sommes 
étendu  sur  l'hybridisme  i<  Francolinus  pictm  X  Francolinus  eut 
(lariK  il.  Nous  avons  sij,Mnlé,  en  entrant  dans  beaucoup  de  détails, 
la  reucoutre  faite  par  le  lieutenant  (-oloiiel  Butler  à  Déésa  (Indes- 
Orientales)  de  six  ou  sept  hybrides  présentant  des  caractères  de 
niélaiif^e  réel  ;  nous  avons  iemar(]ué  qu'ils  avaient  été  observés  là 
|)récisément  où  les  deux  espèces  parentes  se  séparent  ou,  pour 
mieux  dire,  se  rencontrent,  l'une  venant  des  contrées  Nord,  l'autre 
des  contrées  Sud  ;  qu'il  y  avait  donc  lieu  de  croire  qu'au  point  de 
jonction  lou  lii;ne  séparative)  les  deux  types  se  mêlaient  les  uns 
aux  autres  CJ). 

Si,  comme  le  disent  des  auteurs,  on  a  alïairechez  les  exemplaires 
de  Mf  Butler  à  de  vrais  hybrides,  l'existence  d'un  croisement 
wilitirl,  se  renouvelant  réiAulièremeut  (et  nullement  par  l'action 
de  riiomme).  est  fortement  à  soup(;onuer  ! 

La  chose  en  valant  la  peine,  nous  avons  élé  aux  informations, 
c'esl-à-dire  que  nous  avons  écrit  à  ceux  ([ni,  habitant  Déésa  et  la 

(1)  Nutnniineiit  aux  p;i^'es  474  el  475. 

(2)  Nous  iivinns  déjà  (ail  inentinn  de  ce  croisemenl,  p.  5  (ou  p.  258  des  Mêra.  de 
laSoo.  Zool..l890). 


870  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

présidence  de  Bombay,  (où  cette  localité  est  située),  pouvaient  nous 
renseigner.  La  plupart  des  réponses  reçues  ne  nous  ont  rien 
appris  ;  au  moins,  aucun  autre  hybride,  nous  écrit  on,  n'a  encore  été 
depuis  observé.  Cependant  une  de  ces  correspondances  dit  beau- 
coup à  ce  sujet  ;  elle  nous  est  transmise  parle  major.  M'' A.  W. 
Bell,  assistant  adjudant-général ,  qui  l'a  reçue  de  M.  Barnes, 
d'Almednasan,  Deccan,  lequel  était  présent  lorsque  le  capitaine 
Butler  tua  les  hybrides  en  question  ;  M.  Barnes  s'occupait  à  ce 
moment  de  questions  d'Histoire  naturelle. 

L'explication  est  des  plus  simples  :  Le  cauounier  Heodrick,  de 
l'armée  royale,  avait  acheté  un  coq  m  Black  Fraiiroliints  »  à  des 
Brinjavanais  qui  avaient  apporté  cet  Oiseau  du  Sud.  —  Pendant  un 
séjour  que  le  canonnier  dut  faire  à  l'hôpital,  le  Francolin 
s'échappa  et  s'apparia  avec  une  femelle  sauvage  ((  Painted  ».  Les  hy- 
brides que  le  colonel  Butler  fua  étaient  nés  de  cette  paire  d'Oiseaux. 

Voilà  un  fait  ramené  à  de  bien  minimes  proportions;  sans  la 
cominuuication  de  M.  Barnes,  il  aurait  pu  être  envisagé  d'une 
manière  très  diflérenle.  —  Nous  possédons  la  lettre  de  celui-ci, 
laquelle  avait  été  adressée  en  premier  lieu  h  M.  Bell  qui  nous  l'a 
remise.  Celte  lettre  est  toute  une  révélation. 

Une  autre  observation,  qui  a  aussi  son  importance,  est  consignée 
dans  la  même  lettre  :  Une  série  d'oiseaux,  commençant  aux  limites 
nord  du  «  Black  Francolinns  »  et  aboutissant  aux  limites  sud  du 
((  Painted  Franco/ùiM.v  )i  passent  graduellement  d'un  type  à  l'autre 
type  et,  dans  la  partie  centrale  du  district,  il  est  impossible  de 
dire  où  l'un  finit  et  où  l'autre  commence.  Il  ne  serait  point  question 
ici  de  croisements,  mais  de  «  gradations  »  insensibles  Iparfaitement 
régulières  sans  doute),  qui,  pour  M.  Barnes,  prouvent  que  les  deux 
types,  très  rapprochés  du  reste,  ne  sont  que  deux  races  locales  ;  les 
différences  qu'elles  présentent  proviendraient  des  influences  de 
leurs  habitants  respectifs. 

Nous  n'avons  nulle  part,  nous  devons  le  dire,  entendu  parler  de 
ces  gradations  entre  le  F.  idetns  et  le  F.  oulgaris:  aucun  ornitholo- 
giste, à  notre  connaissance,  ne  les  a  mentionnées.  Nous  ignorons  si 
elles  se  produisent  réellement  ;  nous  ne  pouvons  cependant  mettre 
en  doute  l'assertion  de  M.  Barnes.  Si  cette  assertion  est  exacte, 
elle  est  fort  remarquable,  car:  1"  elle  montre  de  nouveau  que  des 
caractères  mélangés  ne  prouvent  point  toujours  des  croisements; 
2°  elle  fait  sentir  parfaitement  la  difïérence  que  l'on  doit  établir 
entre  les  vrais  hybrides  et  les  Oiseaux  à  caractères  fusionnés  par 
influences  climatériques. 


ADDITIONS,    CORHECTIONS    ET    EXAMENS    DAPRÈS    NATURE  871 

(les  deux  observations  out  leui'  place  marquée  dans  notre  conclu 
siou.  Nous  sommes  particulièrement  heureux  que  l'explication 
fournie  par  M.  liâmes  sur  la  |)ro(lu('lion  des  hybrides  du  colonel 
Butler,  (lesquels  ne  peuvent  tHrc  classes  avec  les  individus  à  carac 
lères  gradués  dont  ils  dillèreut  sensiblement),  nous  soit  parvenue 
avant  la  fin  de  l'impression  de  noire  travail,  car  cette  explication 
inattendue  nous  conlirme  dans  nos  doutes  expi-imés  maintes  fois 
sur  la  réelle  origine  sauvage  des  autres  hybrides  que  nous  avons 
déjà  signalés. 

C'est  pour(]U()i  nous  nous  sommes  montré  très  hésitant  lorsipi'il  a 
fallu,  dans  notre  tableau,  nous  prononcer  sur  l'originedes  hyjjrides 
qui  y  figurent;  très  souvent  nous  avons  répondu  évasivement. 

Néanmoins,  nous  admettrons  pour  un  moment  que  toules  les 
hybridations  (]ui  ont  été  citées  sont  aiisolument  naturelles,  que 
l'action  de  l'iKunmey  a  été  complètement  étrangère  (et  certes,  pour 
quel([ues-unes  au  moins,  la  clio.se  est  assez  vraisemblable).  On 
remarquera  aussitôt  qu'elles  sont  en  général  accidentelles,  c'est  à- 
dire  qu'elles  ne  se  sont  jias  renouvelées;  qu'elles  sont  donc  sans 
portée.  —  Dans  les  cas,  beaucoup  plus  rares,  où  le  même  hybride  se 
montre  de  temps  à  autre,  le  résultat  final  n'est  point  différent. 
En  général,  le  produit  né  de  deux  espèces  distinctes  est  stérile,  ou 
s'il  se  montre  fécond,  sa  rareté  l'oblige  à  s'unir  aux  espèces 
pures;  ainsi  sa  descendance  fait  forcément  retour  à  l'un  des  types 
ancestraux.  Dans  l'hybridisme  »  Ti-trao  moyalius  X  Tetrao  tetrix  », 
le  plus  remaniuable  parmi  les  rares  hybridismes  qui  se  renouvel- 
lent de  temps  à  autre,  le  produit,  le  Rackelhaue,  n'a  jamais  formé 
lignée;  il  vit  et  demeure  isolé,  taudis  que  le  tyi)c  pur  de  ses  deux 
parents  revient  sans  cesse  et  ne  s'altère  jamais. 

En  sorte  que  de  toutes  les  hybridations  (|ue  nous  avons  étudiées, 
(si  or.  excepte  les  cas  de  II.  pinits  x  II-  li.ncvbronch'uilis.  de  /'.  rar/niana 
X  P.  apoda  et  du  VoUiplcs  hybridiis,  que  l'on  doit  tenir  à  l'écart  provi- 
soirement parce  qu'ils  ne  sont  pas  sulTisarament  connus),  ou  est 
autorisé  à  conclure  qu'AucuNE  espèce  nouvelle  n'en  est  résultée. 

Nous  nous  proposons,  si  Dieu  nous  prête  vie,  de  publier  chaque 
année  des  suppléments  pour  faire  connaître  les  faits  nouvellement 
observés;  nou.s  osons  espérer  que  les  naturalistes  voudront  bien 
nous  aider  dans  ce  travail  en  nous  coiiimuniiiuant  leurs  propres 
observations  et  celles  qui  pourront  venir  à  leur  connaissance,  car  il 
est  bien  dillicile  à  un  seul  auteur  de  rassembler  les  in;itériaux 
nécessaires  à  l'œuvre  entreprise.  Beaucoup  d'articles  publiés  dans 


872  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRES    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

des  ouvrages  ou  des  jouruaux  non  spéciaux  passeroat  inaperçus 
pour  nous  s'ils  ne  uous  sont  signalés. 

Le  deuxième  volume  de  notre  ouvrage  traitera  de  l'hybridité  dans 
la  classe  des  Insectes  et  daus  celle  des  Poissons;  nous  demandons 
dès  à  préseul  que  l'on  veuille  bien  nous  communiquer  tout  ce  que 
l'on  sait  sur  ce  sujet.  Les  documents  que  nous  avons  déjà  rassemblés 
nous  laissent  croire  que  l'hybridité  est  encore  moins  étendue  dans 
ces  deux  classes  qu'elle  ne  l'est  chez  les  Oiseaux.  Chez  les  Mammi- 
fères nous  savons  déjà  qu'elle  est  à  peu  près  nulle  ;  c'est  seulement 
entre  types  très  rapprochés  qu'on  aurait  constaté  quelques  mé- 
langes, assez  douteux  du  reste  et  sans  aucune  importance  (1). 

Cependant,  dans  les  faits  qui  nous  seront  signalés  ultérieurement, 
(et  que  nous  serons  toujours  heureux  d'enregistrer),  peut-être  en 
produira  t  on  quelques-uns  qui  se  trouveront,  dans  leurs  consé 
quences,  en  désaccord  avec  ceux  que  nous  avons  étudiés.  —  La 
chose  est  possible,  nous  ne  disons  pas  probable. 

Ou  a  souvent,  remarquons-le,  édifié  des  systèmes  sur  les  opinions 
scientifiques  reçues.  La  science  change  ;  elle  se  modifie  suivant  les 
découvertes.  Dans  la  modeste  sphère  où  uous  nous  mouvons,  déjà 
que  de  fluctuations  ! 

L'hybridité  à  l'état  sauvage  a  été  dite  absolument  nulle;  il  semble 
aujourd'hui  qu'on  doive  l'admettre  (sur  une  très  petite  échelle,  il 
est  vrai).  —  Dans  le  détail  des  faits,  les  changements  d'opinions 
qui  se  sont  opérés  ne  sont  pas  moins  grands  :  Nous  avons  vu  que 
l'important  hybridisme  «  //.  pinus  X  H.  cihnsopiera  )>,  auquel  on 
aurait  pu  croire  facilement,  est  expliqué  actuellement  par  l'exis- 
tence de  phases  leucochroïques  afiectant  certains  individus  de  l'es- 
pèce. La  contradiction  qui  existe  entre  notre  manière  de  voir  et 
celle  de  MM.  d'Albertis  et  Salvadori  au  sujet  des  Paradisidœ  inter- 
médiaires du  fleuve  Fly  est  flagrante;  nous  fondant  sur  des  raisons 
sérieuses,  au  moins  eu  apparence,  nous  refusons  à  ces  Oiseaux  le 
nom  d'hybrides.  L'obscurité  la  plus  grande  règne  sur  la  formation 
du  Colaples  hijhridus  aux  caractères  étranges,  sans  précédent, 
e.xpliqué  tantôt  à  l'aide  des  variations  géographiques,  tantôt  par 
des  croisements.  —  Il  est  très  probable,  sinon  certain,  que  les 
caractères  fusionnés  de  diverses  variétés,  qui  relient  entre  eux  des 
types  rapprochés,  ne  sont  que  le  résultat  d'influences  climalé 
riqueset  non  d'hybridations.  —  En  1867,  M.  de  Quatrefages,  réunis- 

(1)  Voyez  notre  Rapport  sur  le.i  Hybriiles  des  Oiseaux  et  des  Mammifères. 
Congrès  scientilique  international  des  Catlioliques,  Bruxelles,  1894. 


ADDITIONS,    CORRECTIONS    ET   EXAMENS    d'APRÈS   NATURE  873 

s;ml  dans  un  liililciin  Ions  les  faits  d'hybridation  qu'il  avait  pu 
recueillir,  ne  paiveuailqu'à  citer  onze  exemples  parmi  les  Oiseaux 
sauva^'es,  dont  deux  ou  liois  s'étaient  passés  entre  variétés  et  dont 
un  autre  reste  douteux  à  nos  yeux;  soit  huit  croisements  en  tout! 
Avec  quelques  elïorts  persévérants  nous  avons,  on  l'a  vu,  dépassé 
très  notablement  ce  chilire  dans  les  citations  que  nous  avons  faites. 
—  Pour  les  hybridations  artificielles,  dans  la  même  classe,  le  célèbre 
authropologiste  n'arrivait  qu'à  mentionner  vingt  huit  croisements 
suivis  de  fécondité  :  nous  eu  avons  signalé  deux  cent  soixante-deux 
au  moins  (1).  —  Il  y  a  cin(|uante  ans  seulement,  si  on  avait  voulu 
se  livrer  au  travail  que  nous  présentons  aujourd'hui,  on  aurait  dit 
peu  de  chose;  car,  (on  l'a  remarqué,  si  on  a  consulté  les  notes  qui 
accompagnent  nos  citations),  la  ])lupart  des  faits  que  nous  avons 
rassemblés  ne  sont  connus  que  depuis  une  époque  très  récente  ; 
c'est  spécialemeut  dans  ces  dernières  années  que  les  observations 
se  sont  étendues. 

En  présence  de  ce  brusque  changement  qui  s'accomplit  dans  la 
science,  des  réserves  s'imposent  donc  pour  l'avenir. 

Nous  ne  prétendons  point  dire  par  là  que  les  connaissances  que 
nous  possédons  sur  l'hybridité  à  l'état  sauvage  soient  trop  super- 
ficielles pour  servir  de  base  à  des  déductions  sérieuses.  Nous  recon- 
naissons au  contraire  que,  malgré  le  nombre  beaucoup  plus  élevé 
des  hybridations  que  l'on  connaît  maintenant,  les  résultats  de  ces 
hybridations  sont  exactement  les  mêmes  que  ceux  qu'on  enseignait 
autrefois.  Ou  peutparfaitement  en  déduire,  (si  tant  est  que  ces  hybri- 
dations se  soient  toutes  produites  librement,  ce  dont  nous  doutons 
pour  beaucoup),  qu'aucun  type  nouveau,  constant,  ayant  formé 
souche,  ne  s'est  réalisé.  Nous  sommes  encore  incapable  de  citer 
une  seule  espèce  dont  la  formation  soit  due  à  ces  hybridations. 

Cette  constatation  terminera  notre  premier  volume. 


|1)  Diins  un   nu'iiioire  présenté  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  réuni  à  la  Sor- 
bonne  en  ISM. 


LISTE    ALPHABÉTIQUE 

DES 

^^  TJ  ^J"  E  U  I«  f«i 

cités  dans  ce  volume  avec  indication  de  leurs  ouvrages,  de  leurs  mémoires, 
de  leurs  articles  ;  ainsi  que  des  Revues,  Journaux,  Périodiques  dans 
lesquels  ces  travaux  ont  été  publiés. 


^LiEN.  —  De  .\'ntura  aniniaUiiin,  lih.  Ml,  cup.  Ki xxvjii 

Agassiz.  —  [.es  principes  rationnels  île  la  classiftcalion  zoologique.  Ilevuu  des 
cours  scieiilifiques,  18(18-69 ix,  xv 

II),     yatitre  et  (^finition  des  e.'ipîves.  Mimv  revue xv,  i.wi 

Ai.iiKRTis  (d').  —  l.a  Souvelle  (iuim'e,  T.  11 H£j 

lu.     Un    Uirds   collecled   during    the   Exploration    of  the  ili/    riDer.  IMs, 

1877 -ii;; 

Alhkrtis  (d')  et  Salvadoui.  —  Oiteaux  proretiant  de  l'exploration  de  d'Alhertis 
sur  le  fleuve   Flij,  traduction   et  notes  de    T.    Salvadori.  Aniiali  del   Musco 

civico  di  stoi-ia  iiiiluiale  ili  (Jcnova,  X,  XI,  XIV,  1877-7'.t 411!,  ■'il'i, 

419,  824,  826,  8211,  yS4 

Ai.oRiDGi:.  —  Bird.i  of  Sorwnnd 19o 

Allen  (D',l.-A  ,.  — The  Auk,  VIII.  jinvier  1801.  4:i2 

Id.     liiillelin  oI  the  NuU    ornitholosicil  Club,  VIII.  n°  2,  avril  188:!  .     272,  :i'iG 

Id.     I!uII.  Mus.  Comp.  zool.,  III,  ii»  11,  1872 8it 

Id.     Ttie  norlh  anierican  species  of  the  genus  Colaples.  liull.  amer.  Muséum, 

mars   1892 SUS,  840  à  Sii'J,  9S,H 

Id.     The    Irausactiuns    of   the   Canailian  Inslilul.    Second    inectinp,  28    janvier 

1890,  I 2(17 

Altum  (D'  Bernard).  —  Naumannia,  iHoli -iM 

Id.     Forslzoologie,  Vijgel.  {.  I  cl  11      aSO,  40:t.  406 

ANdiJS  (.N.  Craihf).  —  Notes  on  a  hylniil  belween  a  lllaek  Cock  atid  a  l'heasnnt. 
Trans.  of  .Nal.  llist.  Soc  of  (ilascow,  1888-8:i,  188tl,  vol.  I.     910,  9:!8,  939 

iD.     Zooloyisl,  pp.  261  et  262,  1871 943 

AsTiNoni.  —  Biill.  Soc.  Accl.  de  Paris,  18i)6 lui 

Aplin.  —  Zoolofjist.,  1890 390,  391 

Id.     Mi^me  revue,  u»  d'avril  1892 799,  8(111 

Id.     (sans  indication  d'ouvrai;e) l9o,  476,  803 

Aristotk.  —  De  gencralione,  lib.  II,  cap.  VI  et  Vil xlvi 

II).     Bisl.  des  Animaux  (trad.  de  Camus).  Paris,  1783 xxxix 


876  LISTK   ALPUAUÉTIQUH    DES    Al'IKL'RS 

Ahrigoni  degli  Ooui  (le  \)'  cora(p).  —   La  Fiiligulu   hnitieyeri,  Baëdeker,  ibrido 
tuwvti  fier  l'Hulia,  Nota  ornit'tolngica  (Alti  dclla  Soiietà   Uali.ma   ili 

Scienzc  natur;ili.  Miliino,  18'JÏ 7li,  713,  720 

Id.     NiiUi  snprii  un  ibrido  arlificiale  di  Tiirtur  iiiiniits  con  un  ï'.  risurius. 

Ruvigo,   188o 106,   107.  134 

Ib.     A'ota  foiira  nn  ihridii  non  encor:i  (iPScri((o.(Aleneo  venetn,  ISS7!.  i.xxv.  1(J2 
In.     Notize  sopra  vn  ibrido  di  l.agopns  mrilvs  e  Bonasa  betnlina  (con  una 

tavdla,  1892).   . .no.-;,  356,  558 

In.     Noies  oniilliol(iL;ifiues:  1"  (in  liivisila  iUiliana  di  scienze  naluiali,  18;t3,  1894), 
2°  in  Atli  dclla  société  veneto  lienlina   di   scienze   natiirali,   1892,    1895, 
xxxv,  T.  XI,  (as.  Il,  1892,  3'  in  liollrtlino  del  Naturalista,  collettore,  etc., 
18  lévrier  1891.    ......        li?,  OiiS,  (187,  CjSS,  707,  712,  713,  702,  785 

Id.    Sopra  cinqtie  ibridi  selvuiU-i  (Alli  dt-l.  Soc.  ilal.  di  se.  Nat.  Vol.  XXXV, 

Milano  1895 9',9,  970 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 2'i2,  213,  030,  6'i3 

AsiiDOWN,  W.  C.  —  Field.  N»2137,  Odôcimhre  1893 620 

Id.     Ornithology  in  f/n-e/'ords/iîre  (Ut'ret..rd  Times,  n»  du  l'i  j mv,  1890.     563,  620 

Athénée.  —  (sans  indic.ilion  d'onvraiJ^e cv 

Atkiso.n  (Hév    J.-C).  —  The  zoi.lnpist  XVII :j68 

AuDUBON.  —  Ilirds  of  America,  VII.  Vol.  VI 434,065,  706 

Id.     Biol.  ornitho   Pliiladelpliia 3i7,  375 

Id.     Auk.  IV.  M»  4,  1887 348 

Id.     Ornithological  biography.  Edimboui'^,  \i'S>,l)  vol.  nT.-in  8".    .   .     672,706 

Id.     Synopsis  nf  the  Birds  of  Norili  America,  ia'.id,  n»  \:i\ 376,438 

AuERSPEUG  (Comte  Alphonse).  —  Das  llirkuild,  1885,  p.  12  .......   .        56 

AusTiN.  —  Nalural  lltstory  of  Irelaad.  111.  (Appendix) 367 

Id.     Naumannia  (la).  Arcliiv.  fur  Ornilliul.  von  lialdainus,  pp.  12  cl  13.  1852.       152 

Baëdeker.  —  Journal  (ur  Oruitliolonie.  (Suppl.) 15.5,  159 

Bailly. —  Ornithologie  de  la  Savoie.  T.  111 S 

BAUiD  (Spencer  K.).  —  Ilirds  of  tiorlh  America 427 

Id.     Fiirest  and  Slreaiu,   Vul.  2.    .        . 7.38 

Baird,  Ubewer  et  BincwAv.—  Ilirtlsol  (lie  .Voî7/i »f.s-(,\Vashini;ton,  1874.     275,  292 

Id.     Norlh  American  liirds,  1874,  1876  . 246, 

292,  347,  348,  436,  483,  485,  590 

Id.     Waler  Diras  of  i\orlli  America 683,  738 

Balam,  g.  —  Proceedjnj;s  of  the  Bervvlckshire  N'aturalist's  Club 394 

Barhouh,  Edwiu.—  Bird  falality  along  i\ebr(iska  liaib-oads.  (The  Auk).        xviii 

Baron.  —  La  Raca  Nala    (Bull.  Soc.  cent,  vétérinaire,  l.  V,  de  la  nouvelle  série. 

XLI,  p.  70 xciv 

Id.     Méthodes  de  reproduction  en  zoolcclmie xxiv 

Bartholoni,  TlKimas    —  Acia  medica  et  philosophica.  Hafnicusia  (Copenhague). 

Vol.  II,  1673 XXXVI,  xxxvii 

Bartlett  ^  Proceedingsof  thezooIogiralSociety  oILondon,  1847.   152,  155,158,711 

In.     The  zoolugist 127 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 154,  059,  661,  662 

Batchelder.  —  Auk.  April  1892 817,  818,  841,  985 

Bath.  —  A'orges  Fuglewild 548 

Battey.  —  Korest  and  Streain.  Vol.  I       lxxxh,  805 

Baumhauer.  —  Archives  néerlandaises  des  sciences  exactes  et  naturelles.  La  Haye, 
1867,  t.  Il 119,  12o 


LISTK   ALPHABÉTIQUK   DKS    AUTEURS  877 

Beciistein.  —  Gemein  Natur-Deulfcli.  Leipzig,  179:j 18 

II).     Ncilurgcfctiiclile  'ter  SliihenHiiere.  1807 'J.ii 

lu      Xalurg.  l)eiit.<cUl:iniis.  Vol.  IV,  17'J.> i.xxviii 

Id.     (sans  lilre  il'onvian').  t.  I lxim 

Bki.mchoix,  Eriiesl.     -  La  Chasse  ilUistiré,  0  décemlirc  18S4 (ittl! 

Bei.i.,  John  li.  —  On  liybridism  (Ihe  Aiik,  april  I8'J2) 7m) 

Bemmelen  (van)   —  Archives  néerlamlaises 129 

iD.     Jaarb.  Rolt.  Dierg  1,  p.  /loO;  11,97 134 

Id.     Tijdschritt  voor  do  DierKun.le,  II 130,  400,  677 

Bem,  Carlo.  —  (Voy.  son  observation  in  l'rimo  resnconlo,  etc.,  p.  69  .    .   .      300 
Beiuer,  L.  —  Bulletin  of  Uie  Niittall  oinilholo);ical  club,  n»  I  et  VI,  1881.  .    .      434 

Bebnahdin  DE  Saint-Pieiihe. —  Œuvres  comiitètes,  t.  XII 176 

Bernis.  —  Rapport  sur  /e.<  Clihres  d'Angora,  etc.  (Bull.  Soc.  Aecl.,  1858  .      cxv 
Bbrhy,  m.  Henry.  —  Majîasin  o(  Natural  History,  1834,  VII,  n"  44  à  37,  et  18:S(), 

n"  !)7  à  (il 'M\ 

Bescherellk.  —  Dictionnaire  national <:iv 

Bkseke.  Jehan.  —  lleilrage   zu  lyaturijesichite   iler   Vdgel   Kurlanils.   .Mitau   uiui 

Leipzig,  1792 18 

Beuxon,  II,  nry,  —  lllackbirû  and  Thruith  Uiylug  xn  sanie  ne.<l.  Zooloyist,    1889, 

p.  265 798 

Bewick. —  llislory  ol'  Ilrilish  Ilirds.  \'i<\    11,  7'  édit   London  1832 (i.'iS 

Biddulph  (le  major).-  On  Ihe  liirds  of  Cilgii.  Ihis,  1881,  1882.  Slray  feathers,  l.V, 

n»'  5  et  6,  septcinlire  1881 226,  :S:.8,  .319 

Id,     On  the  Birds  of  liilgit.  Furlhur  notes.  Stray  feathers,  X,  1882.   .    .      31)9 

BiRCH.  —  (sans  indication  d'ouvrage,  t.  I) xxxvii 

BisHOP,  Louis.  B.  The  Auk.  VI,  n»  2,  avril  1889 340,341 

Blackston.  -   Cape  Htrds 232 

Blakiston  et  Prveh.  —  Transactions  asiatic  Society  of  Japan.  VU!,  1880.      604,  605 

Blanchard.  —  Bullelin  Société  d'Acclimatation,  1881 450 

Blasius  (le  l)').  —  Journal  fur  Ornilholl)^;ie,  janvier  1882 358,  389 

In.     Monatsschiifl  des  deulsehen  Vcreins  zum  Schûtze  der  Vôgehvelt,  n"  14,  1887, 

octobre  1884 169,  297 

Id.     Reise  in  eiiropaischen  Russland,  in  den  Jahren  1810  und  ISII.  lirauns- 

chweii,',  1844.  1  Tlicil 11,  19,  68 

Id.     /ii.stoùv  (ic.<  0/.<;caH.c  (ic  C/l^/cHuiync.  de  Nauniann,  XIII,  IN60.         t,)3,  160 

Blith.  —  On  tlte  plujsological  distinction  belueen  man  and  ait  olUers  animais, 

e(c. The  maf;a/.ineof.  Nal.  hist.,  I.ondon,  1837, 1. 1.  Vol.  l.V  1836.   xxxii  ,Lxviii 

Block.  —  (sans  indication  d'ouvrages) cxii 

Blimendacii  —  De  generis  huntani  varietate,  natura.  Gœllingux  (1716?).  xxxvi 
Id.     Manuel  d'Histoire  naturelle.  (Trad.  de  r.\llemand  par  Soulangc  Artaud, 

t.  I,  1803 civ 

Id.     (sans  titre  d'ouvrage) xxxv,  xxxvi,  xxxvii,  i.xix 

Bl\tu,  E.  —  Addenda  lo  Ihe  Avifauna  of  India.  (\bis,  ISTJ) 429 

Id.     Conuneiitary  on  D'  Jerdnn  «  Ilirds  of  Itidin  ».  Ibis,  vol.  111,   1867,  Ibis, 

ISliS,  p   3  5. 3';3,  596 

Id.     Ao(ice.<  and  Descriptions  of  varions  neir  or  lille  knoicu  species  of  Birds. 
Journal  ol  Ihe  asiatic  Society  of  Bengal,  .XIV,  1845  et  aussi  XIX,  p.  228 

412,  427,  428,  629 

BoARDMAN,  Geo,  .\.  —  Foresland  Stream.  Vol.  V ()85 

BociiAHT.  —  Commentaires  sur  la  Genèse.  MOCLXXXII.    .     xxvii,  xxvii,  xxxviii 
BoDiNUS.  —  Journal  lûr  Ornitb.  p.  78,  1872 LVii 


878  LISTE    ALPHABÉTigUK   DES    AUTEUKS 

BoGDANOw.  —  l'oiispeclus  arium  iiiijjerii  llossici.  fasciculus  I,  Saint-Pétersbourg, 

1884,  f.isc.  11.  1884 Il,  20,  !i2,  S7,  69,  926 

BoiTARU  el  CoHiiiË.  —  Les  Pigeons,  1822 i,xx,  lxc 

Bonaparte,  prince  Cliniles.  ^  Tut.  l'arziidaki 283,  333 

Id.     Conspectus  tjencrum  aviuin,  Lyon,  I8.)U 22'),  283,  3o3,  364 

BoNNATERHE,  l'.iljbé.  —   iableiiii,  enryiiopédique  des  Iruis  règnes  de  ta  nature. 

OrHif/io^igiV,  1"  partie,  l'aris,  1823 xxix,  xxxiii,  18,  42 

Bonnet.  —  Considérations  sur  tes  corps  organisés,  in  Œuvres  il'IIist.  naturelle, 

iNeufcbâtel,  1779. xxvui,  xxx,  cxii,  cxiii 

BoNo,  Eugène.  —  Uullitlino   ciel    Naluialisla  colleltore,   allevatorc,    etc.,  Siena, 

n»  6,   1891    . 283 

BoNOMl  (prot.  AgostiiiO).—  ^'otize  di  (.accia  c  note  zoologiche.  Bollettino  del  Natu- 

ralista,  Sienne,  13  mars  1S'J2 232,  2J7 

Bordeaux,  Lient.,  VV.  WiUrid.^  ^o((•s  on  llte  birils  o]  Cashmere  and  llie  Dras 

District.  Tiie  ibis  VI,  1888 330 

BouRGEuiL.  —  Bull.  Soc.  Accliniutatiun,  1884 176 

Bouteille.  —  Ornithologie  du  Daupkiné ' 8 

Brand.  —  Dicl.  of  science  ...       lxxiii 

Brehm,  Christian,  Lu  Iwig.  -  Beitrage  z.  Viigelltunde 284 

lu.     Handbuch,  der  ,\ulurgeschichie  der   V'ugel  Deulschlands.  Ilmenau,  1831. 

Oiseaux  (Irail.  par  Gerbe,  1.  Il)  .'.  12,  16,  20,  21,  31,  32,  08,  167,  m< 
Id.     Lehrhuch  der  Saturgeschichle  aller  europaïschen,   Vuget.  Erster  Theil, 

1823 283 

Bhewster.  —  Bulletin  o(  llie  ^ult   ornithtilogiciil  rliih.  111,  VI.  octolire  1881,  n»  4, 

ocloljie  IS'IS,  Vil,  1882,  juillet  1877     .     246,  320,  322,  323,  329,  330,  331. 

332,  334,  34(;,  348,  376,  594 
lu.     The  Auli.  I,  n"  I,  janv.   1884,  juil.  l,S!-3,  n"  3,  188(;,  X  july   I8H).       3.30.  331, 

341,  392 
Brezol,  11.  —  Le  procès  des  Moineaux  aux  Elals-inis.  (l\e\.  des  so.  naturelles 

appliciuées,  20  si'plembre  1890) xix 

Brie.  —  Birds  of  liuropa.  Georges  Bell,  ami.  Sons.  London,  t.  IV,  p.  24.   .    .       246 

Briggs,  Jobn,  J.  —  Zoolugist,  1834 89 

Brisson.  —  Ornithologia,  l'aris,  1760 21 

Broca  (D').  —  Mémoire  sur  t'Iiybridité.  Journal  de  physiologie  du  D'  Brown- 
Séquard.    .       xxi,  xl,  xlix,  l,  lxiii,  lxvui,  lxix,  lxxiv,  lxxvi, 

LXXXI,    LXXXUl,    LXXXIX,    CVII,    CXll,    CXIII 

lu.     Mém.  de  la  Soc.  d'Anthropologie,  p.  329  et  336 xxi 

Bronn.  —  Hand.  der  Saliirgeschichte,  1843 iv,  cix,  clxxii,  68,  86 

Brooks.  —  Ibis  m,  octobre  1883 248 

Brown.  —  (sans  indication  d'ouvrage). i.xxm 

Bryant,  W.-E.  —  Lands  Birds  o(  Ihe  pacifie  district,  de  Belding,  1890.  .  .  850 
BucKLEY,  T.-E.  —  Annals  of  Scoll.  Nat.  Hisl.,  n»  du  14  april  1893 932 

lu.     Inverness  Courier  (6  novembre  1889) 6",  933 

BiicHNEH,  Eugène.  —  Journal  tûr  Ornithologie,  188.3 309 

BûcHNERn.  Pleske.  —  Beilr.  z.  Ormtli.  de  St-Hetersb.  Gouc.  Beitr.  z.  Kcrnitn. 
A.  Russ.  II.   Folge.  Bd.  IV 303-  04 

lu.    liuxHepiï,  llTiinbi.  C-IleTep6.  ryû.Tp.    Cnô.  06m  Ecr.  .\IV. 

cxp. .     .3L3,  304 

BuFFON.  —  Œuvres  complètes,  édit.  de  1844,  t.  II,  V  et  VI.   ,    9,  21,  103,  176,  177 

Id.     tlistoire  des  Anuna%ix,l.  Il,  édit.  de  1749 xlvii 

Id.     Mammifères  (du  Mulet,  t.  Il),  el  Oiseaux.  Du  Serin) cxii,  cxiii 


LISTE   ALPHABÉTIQUE    DES    AUTEURS  87!) 

BiFFON.  —  Mitmiinlh'es.  (Talile  des  matières  :  Races  provenues  de  races  mélisses, 

HlUUlcIs,    I.    V.     .    . LXXXIX 

II).     Su]ipli'iiinHs  (I  l'Ilisl.  nnt..  I.  III  ... xlvii,  lxvii,  cxvni 

II.     (sans  i  ml  ira  lion  {l'onviage). xvi,  xxi,  xxiv,  cxxii,  cxvii 

UuiXEH.  -   .1  llisliiry  of  the  Dirds  of  Sca-  Zeliind,  1873 2'JO,  i'M 

In.     ilimuiil  „f  Ilirds  ni  yrif-Zeluivi,  \H^-> 21)1 

BuRDAii.  —  Traité  il'analoiiiie  IK28 Lxiii 

In.     Traité  de  jihysioliioii'.  18:iS,  I.  Il,  in-S" cxm 

BuiiKAU.  —  {.'Aigle  boité,  d'ajirh  des  observations  recueillies  dans  l'Ouest  de  la 
Irance.  Assoc.  franc,  pour  l'avanc.  des  Se.  Congrès  de  Nantes,  187b,  et 

Bull.  ?oc    z'.ol.  de  Krance,  187(;  t[  1877 4fiO,  461 

l!(  iKîKn   (A.  iik),  —  l>u  di boisement  des  campagnes  dans  ses  rapports  avec  la 
disparition  des  Oiseaux  utiles  <i  l'agriculture  (librairie  agricole  de  la 

maison  rusiiqne,  Paris) xvm 

BiTi.ni,  Arthur,  G   —  Zoologisl.  15  Juin  189i),  p.  2b3,  n»  222 979,  980 

C,\BAms  {D').  —  Journal  fiir  Ornitli.  [i    213,  avril. 30S 

Cabot  (D).—  Procpeilings  o(  llie  l!o>ton  Society  ol  nalural  liistory,  V,  18î)4.     169,   170 
CARnKBRA  V  DiAz,  Anatole.  —  Catalogo  de  las  Aves  del  Archipielago  Canario, 

Madiil,  1893 495 

Cai.met  (noM|.  —  Commentaire  littéral  sur  les  Livres  île  l'ancien  et  dunouveau 

Testamenl.  l'aiis,  MDCCXV xu 

CAMBitiuiiE,  l'Iiilipps.  —  .4  supposed  Hybrid  Grouse 562 

lu.     Zoolonisl.  VII,  n"  71,  juillet,  1883 209,371,621 

Cabdan.  —  De  sublililale.  1.  X xxvii,  XLVi 

Id.     De  rerum  varietale.  t.  VII.  {Decontrad.  medi). xxxv 

Id.     (sans  indic.ition  d'ouvrage) xxxvii 

Cardim.  —  Dict.  d'Hippatii/ue,  1848 xxxviu,  cxix 

Cabpenter.  —  Principes  uj  llunian  physiology,  London,  1776.   .   .    .    lxxiv,  cvi, 

cxii,  cxni 

Carbuccio,  prof  A.  —  (uso  d'iUridismo  nrituntle  fra  individui  délie  due  specie 

montifringriUa  e  cietehs.  La  Spallanzaiiia,  anno  .\.\l.\,  I.  Kasci- 

luli- VII,  I89I 762,  763,  764 

Carteron,  a    —  Causeries  sur  l  histoiri'  naturelle.  Oiseaux  et  Papillons,  Paris, 

1868    ....       438,  439,  466 

Chambon.  —  Traité  de  l'Éducation  des  Moulons,  l.  Il cxv 

CiiAPMAN,  Frank.  -  The  Aiik  |avriM882,  juillel  1890)  ...........       340 

Id.     Captures  additionnelles  de  leucobroncliialis,  (the  Auk,  IV.  n"  4,  octobre 

I8S7 333,  338,  339,  343 

In.     litude  préliminiiire  des  (irackles  du  sous-genre  Quiscalus.  Bull,  dn  .Musée 

aniéiic.iiii  dlli-l.  liât..  Il"  ).  IV,  lévrier  1892 817,818 

Id.     On  the  breeding  of  H.  piiuis   irilli  II   teucobronchialis  al  Englewood 

(Neir.-Jcrsey)    AiiU.  juillet  1892 786 

CiURLETONTninBK».  K.  —  The  Aiik.  VII,  n"  3,  juillel  tSSIO. 338,  3:J9 

Cll\BniN.  —  Iteviic  (le  lîiolii^jie Lxii 

CiiKVnni..  —  .loiirnal  des  Suants.  1816 xxiv,  XLViii,  i.viii,  cv 

Ci.ARKK,  J.  —  Helmintliopliila  leucobroncliiahs.  (llandim  notes  ol  .Naluial  liistory. 
Record  publiched   liy  Soiith-Wirk  and   .lencks  ol  Providence.  P.  I, 

188'.  85 .       331 

Ci.AiMiKRii's. —  Epli.  Matur.  Car.  Dec.  Il,  »nn.  IX ....     xxxvi 

Ct.Aiis  —  Triiilé  de  zoologie,  1878,  p.  u lxxvii.  i.xxviii 


880  LISTE   ALPHABÉTIQUE   DES    AUTEURS 

Clell-Mac.  —  Calculla  journal,  n"  11,  18^2 60() 

CoLBUBN.  —  Zodloaist.   1890 488 

Colin.  —  Traité  de  Physiologie  comparée  des  aninuiur,  l.  II.  Paris,  1868.    xuv, 

I.XIII.    LXXXII,    LXXXV,    LXXXVII,    LXXXIX 

CoLLETT,  prof.  —  Arclliv.  f.  MaHiemaiiek.  oj;  Natiirvidonbkab,  1879  .    .      384,  li8o 
lu.     lieniarks  on  Ihe  Ormlhology  of  norlhercn  i\'oriffiii.  (Vidcnskaps  Selskabet 

(orhandlingar,  1872,  t.  1.  |i|).  141  el  23:i 11.  18,  GS,   101 

Id.     Même  revue  pour  1S77,  [)    l.'Ja 20 

1d.     Nyl  Magazin  for  NalurvRlenskahcriie,  1877,  p    H)2 20,  (18 

lu.     Ilyorid  Grouse.  (Proceeii.  of  the  z  )olog.  Society  ol  London,  1886,  pp.  224. 

et  236  ...    , 00,  64,  101,  564,  o8'J 

Id      Ibis.  IV,  n"  13,  ian\ier.  1886 386,  387,  388 

lu.     (sans  indication  de  l'ouvrage)   .    .   .     i;;,  17,  .';u,  70,  71,  72,  73,  79,  387.  .n60 
Coi.QiiiouN.  —  The  ilonr  and  Ihe  Loch.  .New  édil.  Ediiuboorg,  I88S  .   .      561,  569 

CoNTAHiNi.  —  Venezia  e  le  Iree  lagune 744 

CooKSON.  —  Annalsol  Nalural  llistoiy  and  Magazine  ol  Zoology,  Botany  and  lîeology, 
conducled  by  sir  VV.  Jardine,  P.  Selby,  es(|.  etc.  V,  ISiO  .   .   .      238 

CoBBiN,  G.-B.  -  Zoologist,  p.  323,  18U0 'ill 

CoRNicK,  L.  M    Me.  —  Auk.  1873.  juillet .   .    .•     776 

CosTK.  —  Introduction  a  la  Piscicullure lxxi 

CouES,  Elliot.  —  A  liistury  of  Norlh  american  Ilirds,  1874,  I.  Il 27j 

Id.     Hirds  of  Ihe  Northwest,  A  Band-llook  of  OrnilIvdDgy  of  Ihe  région  drai- 
■ned  by  the  Missouri  river  and  tributaires.  \\'ashington,  1874.  .       292 

376,  4!0,  431,  432.  436,  438,  841,  842 

Id.     Bulletin  of  llieiNuttall  ornilhologieal  club  VI,  n«  3,  1881 434 

Id.     Ilybrtdisni,  and  a  Description  of  a  liybrid  betiteen  .4.   boschas  and  A. 

americuna,  (Auk,  n»  d'avril  18;i2 68(i,  (iOI,  706,  724 

Id.     Key  to  Niirth  anierican  «n(/s,  édit.  de  1884.   341,  343,  346,  430,  431,  4S2, 

436,  438,  842,  853 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 192,  592 

Cox,  Walter.  —  Mémoire  s^ir  des  hybrides  (int'^dit?)  Flverton  Devon.    .   .    .       760 
Crahag.  —  Le  Parc  de  Longchanips-sur-Geer  (Bull.  Soc.  cent,  forestière  de  Bel- 
gique, avril  1894) xvm 

Crespon.  —  Faune  méridionale,  1844,  t.  I 246,  352,  353 

Id.     L'Ornithologie  du  G'«C(/,  Niines,  1840 216 

Cross.  —  Trajisactions  of  the  Canadian  Institute,  1890,  !.. 267 

Ctésias.  —  (sans  indication  d'ouvrage) x.wii 

CuviER,  Frédéric.  —  Antiales  du  .\lusi'iim.  t.  XII xxi 

Id      Dict.  des  Sciences  naturelles  1821,  (art.  Mulel,  Hybride),  xxxi.  xxxiu,  cxvi 

Id.     Histoire  des  Mammifères,  l.  \'l\,  ma xx.xui 

lu.     (sans  indication  d'ouvrage) i.xxvi 

CuviEB,  (ieorgcs.  —  Le  règne  animal.  1829. .xvi 

Id.     Hecherches  sur  les  ossements  fossiles xxxn 

Dareste  (D'  Camille).  —  .S'h»-  l'hybridilr  chez   les  ()iseau.r.  Bévue   de  Biologie. 

(Note  présentée  par  M.  Cliarrinl i.xn 

Dabwin,  Ch.  '-  Origine  des  Espèces  . Lvn,  i,xii,  ex 

Id.     Variations  des  animaux  et  des  Plantes,  t.  Il i.xx 

LXXl,    LXXV,    LXXVIII,    LXXX,    LXXXIV,    LXXXV,    LXXXVUI,    XC,    XCI,    CXIV.    CVI, 

CXI,  CXIV,  100,  104,  148,  249 
Id.     (sans  indication  d'ouvrage) xxiv,  i.xxxii 


LISTK    ALPHABÉTIQUK    DES    AUTEURS  881 

IVwiii  (l'ablii'  Armniiil)  et  Oi'stai.kt.  —  Oisrini.t  de   la   Chine.  Paris,  C.  Massnn, 

IS77 .  .    s5,  ;i-i',t,  :)('2,  :m,  iw,  410,  111,  507,  628,  629,  72:1,  7i)'i 

Daxford  1 1  llAiiwiK-BnowN.  —  Ibis,  IST.") S09 

Day.  Kianrois.  —  Proceedinys  of  llie  Colleswold  Natiirallsls'  l'ield  Club.  IX,  part   IV, 

I8HS-8'.» •;;;) 

DRci.ANixt  (iKRiiK.  —  Oriii tlinlogie  Euro]iéfnne,  t.  1  ot  11,  l^aris:,  ISluclSupp.  8 

10.   17.    19,  US,   10(i,  117,  127,   l.iO,   1(54,   KW,  170,  237,  2'.9, 
2C>4,  267,  271,  272,  279,  282.  ;i02.  liOr.,  31(i,  :JI7.  :tl8,  ;}:i9, 

:<.-iO.  ï;3,  :i;;t,  :ts8,  392,  439,  4:i;i,  4(;o,  4f>i,  462,  469,  495, 

6:35,  603,  744 

ItELAiTO.  {Voir  sa  tiimiiuinicalioii  iii /'ni/io  re.soconfo,  Ole,  p.  G8 511 

Dkmocritk.  —  (sans  indication  d'ouvrage) xxviii,  xlvh 

Depirhhk  (D'|.  —  Bulletin  de  la  Société  ornitliolo-ique  Suisse,  1886, 1. 1.  2'  part.  378 
DF.sLoxiiciuMPs.  —  AiiHiKiire  du  .Vu:<i'p  d'Ilisloire  naturelle  de  Caen,  1888.  413,  414 
Desmarets.  —  Dictiimnaire  des  Sciences  nalurelles,  I.  XX\  II,  Paris,  1832.    xxxi 

II).     Annales  des  Scienros  n.iturelles,  t   XXVII,  1H72 xxi 

DiCQL'EMAiu;  d'alilii')-  —  .lounial  de  physique  et  d'Ilisloire  naturelle,  I.  XII,  Paris, 

1788  .    .    .    .• XXXVI.  xxxvii 

DiGGLES.  —  Ornilli.  Aust.,  p.  52 423 

Dixio  (A.).  —  Maison  rustique,  p.  491. lxxxviu 

DixioN.  K.  —  The  Deiecote Lxxvm 

DoGLE.  II.  —  Triitado  sohre  ta  cria  y  prnpagacion  de  ganadus,   Madrid,  niK), 

iii-8»,  2  vol Lxxxvii 

DoRBiFR,  .l.-K. —  Zoolo-ist,  XVI,  1892 800 

OoiiLCET,  .1.  —  Mémnire  sur  lu  destruction  des  Forêts  et  des  effets  qui  en  résultent, 

1821.  liliralrie  V»  Bertrand  Huzard xviii 

Dresser.  K.  —  Ilirds  uf  liuro/ie.  vol   II. 804 

Id.     a  llistory  o/  llie  liirds  o/  F.urope,  t.  VIII.  Loudon,  1871.      20,  i^,  600,  804 

h),     yotes  on  Secertzow.  etc.  Ibis,  1875-7(i 226,  389 

Id.     Prociedings  o(  tlie  zooI.  Society,  p.  345 2i,  o6,  .'>7,  68 

In.     (sans  indication  d'ouvra^'e|  ....     18,  6'»,  83.  8'.,  362,  382.  390,  ;i60,  571 
Dhesskh  et  .SiiAHPE.  —  Proccediii;;s  ol  zoological  Society  of  London,  1876  .    .       392 

Dubois,  A.  —  Fiiune  de.-:  Veyt''hn\i  de  la  llelginue,  t.  Il xci, 

20,  29,  42,  83,  85 

II).     Journal  dir  (Irnilholo^'ic,  1877-78 308 

In.     Ileniiiniues  sur  les   \li'sangex   du    genre   Arredula    (Bull.   Soc.  zool.  de 

France,  1883 313 

Id.     (sans  litre  d'ouvrane) 606 

Di'REAU  DE  LA  Mai.i.e.   -  Coiii  ptcs- rend  US  Acad.  des  Se.,  t.  41.  p.  688  .    .     i-xxxvi, 

6,  48;; 

DuTCllEB,  William.  —  Tlic  A uli.  VI,  ii"  2.  avril  18S2 138 

Id.     (sans  indic.ilion  d'ouvia^'ej OOO 

DiVAi.  Malhias.  —  De  l'hyhnditi'  (Ucviie  scienlilique,  1884)  .   .    .      viii,  xxx,  xli. 

IXVIl,    I.XXVII,    I.XXVlll,    i.xxx.    CVIII 
DiVEUxov    —   Diclioniiaire   universel  il  Histoire  naturelle  de  d'Drbi^'ny.  (.\rt.  l'ro- 

pagalion) xxxii.  xxxviii.  xl,  lxiii 

DiwAiiSET.  —  Hullid    de  la  Soc.  d'Acclimlation  de  Pans,  1874  7 

UvHO\\sKi{D'Henoisl).—  Bulletin  de  l.i  Sociéli^  zoologiquede  Krancc,  1883.      3SI^  409 

II).     Jonrnal  (lir  Ornithologie,  1874 723 


882  LISTE   ALPHABIÎTIQUIÎ    DES   AUTEURS 

Eames-Edwin,  H.  —  Noies  on    H.   leiicohronrhinlis.   The   aiik,  18)S8,    pp.    115    et 

427 ;53(i,  3:i'.),  -MA 

Id.     Notes  from  Coimelicul,  Auk.  1893.  p.  2li8 787,  781» 

1d.     Noies  sur  la  Fauoelle  à  aUes  bleues  el  ses  aUit'es  dans  le  Connelicut. 

Auk  1889,  18'J3 :!:i8,  340.  .■«2,  ■M\,  :i'i4,  787 

Edwards. —  /;««?•«  rt  J/   Ainhlée  Thierry.   .       cvii 

In.     Mém.  de  la  Soc.  ilTUinolo^iio  de  Paris,  1841,1.  1 cxiv 

In.     /?f(ce.9  /iumaiHes  (Des  rai"iclères,  182(1) cvii,  cxiv 

Edwards, Georges. —  PhilosnpliicalTransaïUf  ns.  Ll,  jiai  III.  Londoii,  1761.     101.  102 

EiMBECK   —  Isis,  XII.  Hell,  1.  Leipzig.  1831 IfiO,  107,  1G9,  729 

Elliot.  —  Ann.  mag.  nat.  iiisl.  VI,  1870 609 

Id.     Monographie  des  PhasUinides,  oclohfn,  1871.     xcii.  82,  420,  ffilO,  597,  <i09 
Elliot  (Daniel). —  Proceedings  of  llie  znol.  Society,  l-omlon,  18.n0   ,     118,  140,  161 

Empeugcle.  —  (sans  indicalion  d'ouvrage) xlvii 

EsTY,  Thos.  S.  —  Forest  and  Slream.  Vol.  V 474,  653 

Eyton.  —  Proceedings  of  llie  zonl.  .Socirty  of  London,  183,') i.viir.  88 

Faivre,  Ernest.  —  De  la  rariuhililé  îles  espi'ces  el  ses  liiiiiles^  Pans.  1808.     xxxiv, 

xi.vm,  21,  404 
Falkemdekg,  —  Die  belrtichlung  nnd  ilrr  ijenernUint   uechsel  vun  cullrria  (in 

Mitl.  Aus  der  zool.  zii  .\iape!).  18"9 xi.ii 

Fatio  (D'  Victor).  —  Quelques  ohserinlioits  sur  deux  Telrus  des  Musres  de  Nciif- 
châlel  el  de  Lausanne.  (Bull.  Soc.  Vaudoise  des  Se.  natu- 
relles   1808,  t    IX,  u»Ij8 cv,  19 

Id.     Faune  des  Verlébre's  de  la  Suisse.  18'^2 lxxiu 

lu.     Journal  la  0  Diana  11  (n"  des  1",  15  juillet,  l.'i  août,  1"  octobre  1890  .    .      4St), 

487,  553,  908 

Feller.  —  Biographie  universelle,  t.  III xxvii 

Ferragni,  Odoarilo.  —  Aeifauna  cremonese.  Cnmonc,  \SS'6 315 

Ferrière,  Emile.  —  Le  Ikiruinisme Lxiii,  339 

FiNSH,  0.  —  On  sonie  new  Paradise  Birds.  l\ti^.  ji\y,  188  i 419 

Id.     Reise  nach,  West-Siherien  in  jakre  iHKi 38(> 

Id.     Verk.  k.  zool.  liât.  Ges.  Vienne,  1879 387 

FiNSH  el  Meyeh.  —  Zeilsctirift  fijr  die  gesamnienle  Ornilhol.  II.  1885  ....  827 
Fischer,  A.-K.  —  Evidence  concerning  interbreeding  of  II.  chrysoptera  and  H. 

firittj;.  The  Auk.  II,  n«4,  iicloLire  1885 335 

In.     r«io  more  spécimens  of  H.  lencobroncliialis  from  Sing  Sing,  n"9.  (Bulle- 
tin ol  the  Nutl.  ornilh    Cluh,  octobre  1881 .334.324 

Fischer  (Jean  de).  —  (sans  indication  d'ouvrage)  .........       civ,  cv,  cvi 

Fischer  (le  baron).  —  Miltli   des  Oriiith.  Vei.  Wien.  IX,  1885  .....      142.  145 

Fischer,  li.  —  Zoologist.  1848. 1:59 

Fischer  Sigwart  (D').  —  Ornilh.  lieoba.  von  Jahre  IS93.  Sch.  ornith.  Bl.  189?.      915 

Fitzgerald,  F.  K.  -  Zoologist,  1887. .371,  372 

FiTziNGEB.  —  Comples-rcndus  de  l'Académi- de  Vienne,  décembre  1853.  .  .  173 
FiUME,  Camillo.  —  Actes  de  la  Société  italienne  des  Se.  naturelles  1893.  638,  633 
Flourens.  —  De  l'inslincl  el  de  CInlelligence.   .     xxi,  xxiii.  xxxviii,  lui,  lxxxiv 

Id.     Examen  du  livre  de  il.  Darwin  sur  l'origine  des  espèces xxi 

Id.     Hist.  des  Iravaux  de  Cuvier.  , xvi,  xxi.  xlix 

lu.     Journal  des  Savants,  mal  ISO:! lxvui,  ixix 

Id.     Ontologie  naturelle  ou  Etude  philosophique  îles  êtres.  ......      xxi 


I 


LISTE   ALPHABÉTIQUE    DES    AUTEUHS  883 

Fi-ouBENS.  —  Obserrntions  sur  les  caruclfres  cmsUtulifs  de  l'espèce.  (Annales 

clos  Se.  nalurolles,  l.  IX,  1838 vni,  xvi,  r.xiv 

Frédai'lt  ([)').  —  Traili<  titndhropologie  physiologique  et  philosophique.  Paris. 

J.H.  UalliiTi",  IStki X,  XI.  XLViii 

Kries.  -  Tidsiuifl  for  Jàyaie.  Slorkolin.  1S32 18.  45,  52 

Knisu.  —  De  avibus  et  in  universuiii xlvi 

lu.     Katurforscher,  VII xxxiii 

Kbitsch  (le  U'  .\nl.l.  —  Mill.  ornilli.  Wieii  (p.  98  et  suiv.) 92 

FiiiVALuszKY,  J.  —  .ives  Hioigarise,  Budapest,  1891 909,  916 

Fhobawk,  K.  W.  —  KieUI 368 

Gadow  (D').  —  CaliiUigne  iif  Ihc  l'iissifurmes  or  perching  Uirds  in  Ihe  Collection 
((/  Ihe  llrUish  Muséum,  VII 1,  1883  .   .   .    31b,  381,  383,  389,  mi 

II).     Ibis,  IV,  II"  13,  IS'^O 384 

GAFKt:.  Victor.  —  .lagd  zeitung.  Vienne,  1884  (p.  237,  238).   .    .        13,  14,  20,  28,  42 

Galien.  —  De  Se  mi  ne,  Mv.  VII lvi,  cv 

Gambgl.  —  l'iocceilings  ol  the  Academy  of  National  sciences,  Philadelphia,  avril 

1883 438 

Gatcomhe.  —  Znolojiisl.  )87'.l  (|i.  GO) 90 

Gautiiieh.  —  Oh^ereatioiin  sur  Ut  jiliysiiiue.  (Journal  des  Se.  et  des  Aits  par  Tous- 
saint. Piiiis,  H  vol.  in-4°,  I7.)6 xxix,  cxm 

Gazette  médicale  (le  Paris,  37' année,  3*  série,  p    21.  1866 Lxiii 

Gayot.  —  ICludes  Injpfxtloguiues Lxxxix 

Gknty.  —  Pioreeilin^;s  île  l'Académie  île  Phllailelphic,  1890 392 

Gkoffroy-Saint-Hilaire,  Albert.  —  Bull.  Soc.  Accl.,  pp.   179,  392,  1887,  p.  470,  478. 

1888 as,  596 

In.     (sans  indication  d'ouvrage) xix,  Lxv 

Id.     Description  d'un  ilulel  venant  du  Canard  j/i{outn,  et  Annales  du  Muséum, 

VII,  p  226 xLvii 

Geoffroy-Saint  IliLMHE.  Isidnre.  —  Bull.  Sog  Acclimatation  de  France,  1887,  n°  de 

nrars  1888  (pp.  470-478);  188',i  (p.  5.W) lxiu.  83.  .'i9(), 

lu.     Ess'ii  de  zoologie  (jéni'rale cxi 

In.     Ilisl.  niilurelle  générale  des  Règnes  organiques.  Paris    .     ix,  x,  xi,  xni, 

xxvnr,  XXXIV,  xxxvi,  xxxviii,  xl,  xi.vi,  xi.ix,  lu,  i.v,  i.xvi,  cv,  cvi.  cvm. 

7.  10,   19.  68,   131.   i;i6,  160,   H/t,   lO."),   169,  181,  182.  211,  217,  296,  3(i6 

lu.     l/islnire  générale  et  particulière  des  nntimalies cvii.  cxv 

(ÎKHARO.  —  Dictionnaire  d'Ilisloire  naturelle  de  d'Orbigny,  au  mot  Espèce.      xv. 

XVI,  ex,  393 

GfROON.  —  liirds  of  India,  t    I 628 

Gervais.  Paul.  —  Traité  de  zoologie ix,  xv,  xxxix 

Gesner,  Conrad.  —  Historia  aninialium.  (De  quadrupedis  viviparis   De  Uulo). 

Lib.  I,  p.  795 xxxvi.  xlvi,  xlvii 

lu.     TMerbueh.  Heidelberg,  1606 463 

(iiniis  (D'I.  —  r.rand  Itapids  Daily  liemopiMt.  1"  juin  1879 323 

GiEiiEL.  —  Thésaurus  rirnithntogis-,  Litp/.i;;.  1772 xxviii 

(iiuLioLi,  prof.,  comm.,  Ilcnrico-I  ^An/auna  italien.  Fircnze.1886.  279,  281,  28!>,  3;">l 

lu.     Primo  resoconto  dei  resuttati  dell  inchiesta  ornitiilogica  in  Ilalia,  parte 

terza  ed  uUima.  Florence  1891.    .    .      212,  225.  2;j;},  2:«i,  242,  251,  262, 

264,  2('>6.  279,  297,  3(10,  314,  318,  349,  400,  511.  627.  W2,  643 

liioRNA.  —  Observations  sur  un  Zèbre  métis.  {Mém.  \chû.  de  Turin,  XII  i.  xxiv,  xxxi 

OiRou  DE  Bdzakeingues. —  De  la  généralion,  1828        lxxiv,  xli,  xcvii,  cxii,  cxv 


884  LISTE   ALPHABÉTIQUE    DES    AUTEURS 

Gleicben  (baron  rie).  —  Dissertation  sur  la  génération,  les  animalcules  sperma- 

liques  el  ceux  d'infusnires,  Paris,  an  VII  ....      xxxvi,  xLvii,  cv 

Jd.     Les  découverles  les  plus  récentes  dans  le  monde  végétal  .   .     xxiv,  xxv, 

XXX,  18 

Id.     (sans  désignation  d'ouvrage) lxiii 

Gloger  (leD'Constantin-Lambfil).—  Dollstàndiges  Handbuch  der  Nalurgeschichte 

der  Vijgel  EaropaS.  Breslau.  1S34 cv,  19,  24,  46,  68,  294 

Id.     Journal  fiir  Ornithologie.  Hefl.  VI,  1850.  n"  de  nov  ,  1853,  n°de  nov.,  1854, 
n"  de  mars  (même  année),  n"de  septembre.  Ileft  V.     cm,  cv,  19,  21,  23, 

100,  168,  170 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 16 

Gmelin.  —  (sans  indication  d'ouvrage) cxiii 

GoDBON,  D.-A.  —  De  l'espèce  et  des  races  dans  les  êtres  organisés.  2'  édil,  Paris, 
1872.   .     xxxiv,  xxxvjii,  xxxix,  xlix,  lui,  lxx,  lxxm,  lxxxv, 

LXXVII,     LXXVIII,     LXXXVni.    LXXXIX,    XCV,    XCVll,    CIV,    CVI,    CVII, 

cxii,  cxiii,  cxv,  cxvi,  404 
GooDwiN,  A.  p.  —  Noies  on  tlie  Paradise  Birils  of  British  yew  Quinea.  lois.  II. 

1860 420 

GoTTiNGNiEz.  —  Commentarii  de  rébus  in  Uistoria  naturali  et  mediana  gestes. 

T.  XXIIl,  l.eipsiEP,  1779 .      xxxvi,  xxxvii 

GoLBAix,  Armand    —  Des  Jiimarts.  (Nouvelles  arcliives  d'Obstétrique  et  de  Gyné- 
cologie, 1S89 XXXVI 

GouLD,  John.  —  Bir(/.<  o/'£'H?'opa,  IV.  London,  1837 19 

Id.     British  liirds,  vol.  IV 42 

Id.     Oiseaux  d'Asie,  part.  IV 364 

Id.     Proceedings  ol  the  zoological  Soc.  of  London,  1851,  1860 89,  153 

Id.     Supplément  to  the  birds  of  Australia 423,  425 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 16 

Granger,  Albert.   —  (sans  indication  d'ouvrage) 756 

Grant,  Ogilvie.  —  Anniils  iind  Magazin  uf  Nalural  flistory,  1892 499 

Id.     Catalogue  of  the  Game  birds  of  the  Ilrilish  Muséum.  Londres,  1893. 
479,  480,  499.  589,  590,  596,  600,  601,  607,  lUO,  612 

Id.     Proceedings  of  zoological  Society,  1871 597 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 654,  9-41 

Grantley,  F.  lierkely.  -  Fidd,  n"  16,  mars  1S61 127 

Grashey,  Otto.  —  Deutsche  Jâger-Zeitung,  n»  13,  et  n»  15,  1894  ....     513,   538 

GRki,  G.-R.—  HandList  of  birds  . .     161,  723 

Gray,  G.-R.  —  Oiseaux  de  l'Ouest  de  l'Ecosse 382 

Id.     Proceedings  of  the  zool.  Society.  Londres,  1849 80,  81 

Grieg,  James  A.  —  Cetologiske  notiser.   En   zoologisk  exhursion  lil  llusoen. 
Bergen  's  Muséum  Aarsberelung  fur  1889.   .    .    .      545,  546, 

547,  548,  549 
Grognier.   —  Cours  de  multiplication   et  de  perfectionnement    des  animaux 

domestiques .      cxu,  82,  234 

Id.     Maison  rustique lxxmi,  lxxxiv,  ex,  450 

Groos.  —  On  hybridism.  Auk,  april  18'.i2 70o 

Guillemin.  —  Dictionnaire  classique  d'Hist.  nat.,  de  Itory  de  Saint-Vincent,  1825, 

l.  VIII .XXX 

Guillemin  et  Dumas.  —  Observations  sur  l'hijbridité  des  plantes  en  général,  etc. 
Mém.  Soc.  HisI,  nat.  de  Paris,  t.  1.  1823.   .     xxxviit,  89,  90 


LISTE   ALPHABÉTIQUE    DES    AUTEURS  885 

Chirney,  J.-H  —  Zooloijisl,  1883,  p.  256;  1885.  p.  309  ;  1883.  pp.  156,  256,  379  ;  1887, 
pp.  2(;6,  267,  390;    1889,  p.  :i(W  ;   1890.  p.   57;  1891,  pp.  190  et 

301 152,  200,  201.  202,  2(1:!.  207,  209, 

2«),  277,  300,  371,  623,  714,  961 

ID.     Auk,  n»  1,  octobre  1894 s f.89 

lo.     Oi7ii//i.  iVo(' S  o/'A'or/'f)/^.  Zoolojiist,  n«  de  mars,  1894,  p.  91)  .    .   .  744 

Id.     Rambles  ofa  naliiralist  in  ligi/pl  nndin ulliers  cnunlries,  Lomlon.  545,  722 

GiRNF.Y,  père.  —  Notes  on    M.  R.   II.    Sharpe's    Catalogue  of  Accipitres.   llils 

1882 464 

HiECKEL.  —  La  créuli'in  naturelle  (trad.  Letourneau)  1877  .   .   .       lxxvii,  lxxvmi 

Haguenon,  g.  V.  —  Deiilsche  .lâuer  Zeitung.  Neudiinim,  n°  8,  1890 511 

Hall,  T.  0.  —  FieM.  10  juin  1876 372 

Hallkr.  —  Eleiiienln  physiologiœ  corporis  htiinani,  1766  .     xxviii,  xxx,  xxxvi, 

XXXVII,  XLVI,  civ,  cxxii 

Hamaki)  (abbé).  —  Deu.v  Objections  contre  le  monogenisme.  La  permanence  Ues 

caractères,  tes  phénomènes  île  la  ginérulion  (Compte-rendu 

ilii  Congrès  inteinalional  des  catholiques  de  1888,  t.  Il,  se. 

anthropologiques,  p.  017,  Paris  1889.     lxxi,  lxxxvi,  lxxxvii 

IIammond.  —  Zoolnuist,  1883.  p   83 2u6 

Hamonvillk  (le  baron  d").  —  Compte  rendu  du  Congrès  internat.  d'Ornith.  tenu 
a  Hudapest.  Mém.  de  la   Soc.  zool.  de  France,  V, 

1892  , 17;>,  479 

Handcock,  John   —  A  Catalogue  of  the  Birils  of  Northumberland  and  Diirhani. 

(.Nalural  llislory  transactions,  Northumberland, and  Uurhani, 

etc.,  VI.  p.   1874  et  vol.  X,  part.   I,  1888    ....      116,  127, 

173,  175,  208,  550,  638,  690,  974 

Hahdpiklu,  Philippe,  11.  —  Field,  1"  mai  1886 371 

Hardy,  Manly   —  Shooling  and  Fisiiing 682 

Harcitt,  Edward  —  Catalogne  oftlie  l'icafise  in  Collection  of  the  british  Huseum, 
XVIll.  Lonilres,  18;i0  ....     429,  430,  432,  433,  438,  842 

Hartaub.  —  On  e.rlinct  llirds,  lliis,  ocl.  189,ï xviii 

Hartert.  -  Bull,  of  the  Rrit.  Ornith.  Club.  VI,  march  1893 739 

Id.     Kalalog  der  Voyelsammlung  in  Uluseum.  Franckfurt  1891.    233,  242,  741 

In.     The  Ibis,  1893,  265 739 

Id.     Meetings  de  la  Société  zoolog'que  de  Londres,  1890 739 

Hartino,  J.E. —  Zoologist,  n»  7,  1878,  septembre  1892 490,  5U9,  512 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 770,  772 

Hartmann.  —  Thèse  sur  les  plantes  hybrides.  Caroli  Linnsei  amœnitates  Aca- 

demiar.  llolmiœ,  1756 xxx 

Hads.ma.nn.  —  rfeprdcH  Mumgel  der  staamenthierchen  hei  ilaulthiercn,  1844.     lxri 

Hebenstreint.  —  Journal  encyclopédique,  mars  1702 xxix,  lxiii 

Heorowski,  C.  -  Millli.  Ornilh.  Vienne,  nM,  p.  V.lôO,  189'. 912 

Hellerer  —  (sans  indication  d'ouvrage) 305 

Henke.  —    lucA   Einiges  iiber  Racket.  Hanhen  fed.    Journ.   fur   Ornith.,  avril 

1»92  .    .       c,  919,  920,  922,  926,  927 

Id.     Proceed.of  the  znol.  Soc.  of  London,  1886 588,  92i,  925 

Id.     Schnehuhn  baslard  oder  parlietler  albinismus  der  Hirkhenne, Zeilschr. 

I.  d.  gesammenle  Ornithologie.  III  Jahg.  1886,  pp.  267-69 588 

Id.     Vber  sellen  vorkommende   ViJgel.  Zeitschrift  (ùr  Ornithologie.  Taf.  III, 
1885 587 


886  WSTE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS 

Henshaw.  —  Auk.  juillet  1885,  11.  n»3 481 

Id.     Proceedini(s  of  Ihe  Academy  of  sciences  of  Philadelphie,  1843  ....      483 
Herbert,  Brown.  —  Oiseau  mulel.  Forest  and  slream,   15  juillet   et  31  janvier 

1884 436 

Hérodote.  —  Choix  des  IJisluriens  grecs.  J.  A.  C.  Bercbnn,  1837  Liv.  IV,  chap. 

XXVIII cx\ 

Il  En  RICK.  —  Proceedingsde  l'Académie  des  sciences  naturelles  de  Philadelphie.      325 

lluRTvviG,  Oscar.  —  La  cellule  et  les  (î'ssk.s-.  Eléments  d'aiiatnmie  et  Physiologie 

générale    (traduit   de   l'allemand   pur   Th.   Julien),    Paris, 

1804.  XL,    XLI.    .\L1I 

Hfsychion.  —  (sans  indication  d'ouvrage) x.wil 

Heude,  R.  p.  —  Elude  sur  les  SiiilUens  et  Catalogue  rérisé  des  Cerfs  tachetés  de 
la  Chine  centrale.  (Mémoires  concernant  l'Histoire  naturelle  de 
l'Empire  chinois,  imprimerie  de  la  mission  calholique,  orphe- 
linat de  Tou-si-wé,  dépùt  à  Paris,  rue   Barbet-de-Jouy,  17,  chez 

M.  Viguier) xxiii,  li,  lu,  lxvi  lxvii 

aEvaLiti,'\\\.-\.  —  Oiseaux  de  l'Afrique.  \],\9,10 161 

lo.     Ornithologie  Nordost  A  frikas.  Zweister  Band.  Cassel,  187S  ....      723 

Hfeelton,  W.-F.  —  Tiansactions  ol  Ihe  New-Zeland  Inslilute 85 

HoFACKER.  —  Ueber  die  Eigerschaften,  etc.,  p.  90 cxii 

IloMBRON.  —  De  l  Homme  et  des  races  humaines lviii 

lloMEïER  (le  baron  Eugène  de).  —  Die  Europaischeii  grossen  WUrger  (Journal  fur 

ornithologie,  pp.  148-151 384 

Id.     Einige  wiirlr  ither  art,  berlnud  and  klimalische  ausarthung  Fuligula 

//OKiei/O'i  (Journal  ftir  ornithologie,  supplément  LXVI,  1854     .    .   .       I,î3 

lu      Journal  fiir  Ornith..  1870,  p.  433.  Même  Journal,  1876,  pp  2U3et  204  .     161, 

297,  723 

HooPES,  B  -A. —  Korest  and  Stream,  vol.  1,  p.  374) 836,  837 

HoRE.  —  Zoologist.  1861,  p.  7545 8'.l,  90 

Howard,  Ch.  —  (lardener  's  chronicle,  1860 lxxxv 

HowE  jun  ,  Rcginald  Heher.  —  Auk,  n'  3.  avril  1895 %9 

HowELL,  Arthur  H.  —  Brief  Noies  from  Long  Island.  Auk,  1892,  p.  304  .   .      788 

HiME,  L.  —  JJislory  of  Birds  of  Ceylan 427 

Hume  et  Marshall.  —  Game  Birds  of  India,  II 5,  427,  476,  479,  596 

Id.     Stray  fealhers.  V,  |i.  211 479 

Hyrtl.  —  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences  de  Vienne xxviii, 

XXXVI,    XXXVIll,    XXXIX,    LXXII,    LXXIII 

Jackel. —  La  Nainnannia,  1855 16,  19 

lu.     Zoologische  Garten,  1881,  Francfurt 20 

Id.     Mulériaux  pour  l'Ornilhnlogie  de  la  Bavière  et  Catalogue  des  collections 

de  l'Lcule  polytechnique 396 

Jardine,  W.  —  (sans  indication  d'ouvrage) 164 

Jaubert,  J.B.  le  D'.  —  Revue  et  magaziu  de  zoologie,  de  Guérin-Menneville  (année 

1853  et  1856,  1873 xxxiii,  xlviii.  21,  117. 

153.  156,  249.  '256,  261 
Jaubert  et  Barthélémy  Lapommeraie.  —  Ornithologie  (Magazin  de  zoologie,  1873, 

p.  117 9,  249 

11).     Richesses  ornithologiques  du  Midi  de  la  France,  ilarseMelSbS.   .  .     497, 

498,  720 
Id.    (sans  indication  d'ouvrage) 720 


I.ISTK    AI.PHAUlCTinCK    DES    AUTKUHS  887 

Jean.  Jacques.  —  l.'Elcveur  (aoiit  1890|.   . lxxxi 

Jentinck.  —  BulUtin  dis  NiluiMlistes  ilo  Moscou 6(!6 

Jeiioon    —  The  Birtls  •>(  liuiia,  beiiig  n   ndlurnl   liiglory.   hy   llie  liite  Joiiloii. 

leprintod  by  Major  (joil\viii-.\iislen,  CaU'utIa 80.  ij2,  lui, 

IW),  428,  429,  595 

Kalm   —   Wasigiillia  ftexa,  elc xxviii 

lu.     (sans  iii'!i<Mtlon  il'oiivi'iigp) <:vi 

Kariniemi.  Camilli'.  —  Kol.ivi  (Kinl  indc).  N  )nil)rpiisps  coininuiiications  iiiiiiiusciites 

à  M.  lloKO.  U.  Sljcinviill !'II,'JI2. 

it-'9,  930,  9:;G,  9i'>,  '.6fi,  9ii7,  9(i8 
KK.Mi'eN,  Ch.  V4N. —   Oi.<eaux  hybride-:   ilf  uni   collection.  (Méni.   Soc.  zool.   de 

Fi-aïuc,  18'.!0 569,  601,  fi33,  610,  7u7.  721 

KiNSGSi.Y,  H,-l. —  TiMiis.  .Ni'wZmIioI.  l-<92,  .XXV.  Welliiigtop,  18113    ....       710 
KmcHEKi'S,  .\tlianasiiis. — (sans  in  licalioii  d'ouviagc)   ......        .\xv;ii,  xxxiv 

Kjariiullino.  —  Saumiinnin.  Slullgart,  1853 168 

lu.     Unutlwldijia  fluinc'/,  1S51 169,  730 

lu.     Ib.  Supplément 733 

Klein.  —  Oea  anuni  pliinmariuiit,  Leipyiji,  176G. 51 

In.     Siemmaln  avium,  Lipsiii',  1759   De  aiibux xi.vi,  42 

Kneli.anu  (D').  —  .4  paper  on  llie  sleriUly  nf  ivnny  of  variétés  of  Ihe  tloiiieslic 
roic/.N.  (ProL-eed.  Boston.  iNat   hisl..  1851-5  j,  p.  222.    .     i.xxxii 

KNinrii.   —  (sans  indicalion  d'ouvrage) k .      cxu 

Kcemler.  —  Les  phihwmènei  intimes  de  la  (icondalion.  (Uev.  (;én.  des  se.  pures 

et  api>li(iufees.  Directeur  :  l,ouis  Olivier,  V>'  es-sciences.    .    .    .       xli 

Id.     i\aainlijst  van  In  Srderland  in  den  vrijeu  tiatuurst<iat  iraar  genomen 

lw;/e(s  (Journal  df  zoologie,  ISi'O 114,139,201,207 

KoLTHoKF,  (_i.  —  liikan^'  Till  kon«l    .Svenska  Vetenskabs  Akademiens   liahdlingar. 

.\lll,All.IV.Stockliolm.  18>8.  Band.17  AU.  lV.n"2, 18'dl  Ofver- 

sig  al  Konijl.  Vetenskabs  Aknd.,  etc.,  18-<4,  p.  18."i.     59,  169,  554 

KoNiG  (D')  et  Hartert.  —  Atlgenieine  deulsclie  Orniihologische  Gesettschall  in 

llerlin.  Journal  tiir  ornithologie,  .Wll,  1887.  p.  200.       350 

KnEvr.E.  —  Baslard  von  GalUmiU  chloropus  und  FiUica  alla.  Oruitliologischi  s 

Jalnbucli,  IV'   livraison 746 

Kroepelin  (l)').       Zoulogiselie  (iarlen,  18SI cxv 

KRuUNERlIebanin  V.A    .  — Jagd  Zcilung,  ls81,  p.  2%;  1885,  p.  501,  592,  520  .        13, 

15,  20,  26,  50 

I.ACÉPÈUE.  —  Discours  sur  la  nature  des  Poissons,  {//ist.  nat.  des  Poissons,  1798- 

1803,  Paris,  M  DCCC.X1,IV xxxi 

LAcoRDtiRE.  —  Catalogue  des  Oiseaux  du   Doubs  et  de  la  flauleSafine,  1877. 

publié  par  M.  Marchant 400 

Lacroix.  Adrien.  —  Catalogue  raisonné  des  Oiseaux  observés  dans  les  Pyrénées 

frattruises 9,  119,  l2o,  I2r,,  12.j,  655 

La.v'uti.  —  De.icription  of  Faroë  Island lxxvhi 

l.ANGOON,  Irank.W.— Journal  o(  Ihe  Ci  nciniiaU  Society  oINa  tu  rai  II  i>  tory,  li'SO.       347 

lu.     Desrriptioii  ni  a  .Sew    W'arhier  of  the  Genus  llelminthopliaga,  Joorn.  of 

Ihe  Cincinnati  Soc.  ol  .Nat.  Ilislory,  juillet  1880,  et  Bull,  on  Nuit,  ornilhol. 

Club.  V,  n«  4,  octobre  1-80 315 

Langsdorff,  U.  h.  —  Comptes-rendus  de  l'Acadéaiie  des  ScieDces  de  Saint-Péters- 
bourg, t.  III,  1811 11,  14,  21 


888  LISTE   ALPHABÉTIQUE    DKS    AUTEUllS 

La  Pefire  de  Roo.  —  (iuide  illustré  de  l'éleveur,  lxxev  lxxv,  lxxix,  xci,  xcv.  cxii 

Lataste,  Kernanil.  —  A  pr^pus  dure  noie  de  M.   Hiviy  Sainl-Lovp  inlilulée  la 

iiiodi/icnliun  de  l'espèce.  (Acies.  de  la  Soc.  du  Chili,  t.  111, 

1890 XVI  LXXV  Lxxvm 

Latuam.  —  Supplément  lo  the  gênerai  synojisis  of  lltrds.  LonUoii,  1787.  Index 

ornilhologirux.  l   II,  Londini,  1700 18.  41 

Law,  David.  —  Hist.  nat.  agricole  des  aniinnux  dDiiiestiqnes  de  l'Europe  (trad. 

nnnolée  par  Ho^er),  l'iris,  1816 lu 

Lavaiii  .  —  fioles  on  Uic  onnthology  of  Ceylon  (Annals  an<l  Mag  of  iial.  history, 

(-'),  XIV,  l.ondon,  1854 100 

Lean,  Mac.  —  Ibis,  1894,  p    100   .... 777 

Lecocq.  —  Géographie  hotaiii(jne viii 

Leadbeater.  —  Ma;,',  of  nat.  hislory,  mais  1881 Lx 

Lefebvre,  Elisée.  —  Maison  rustii|u*,  p.  520 ....     xciv 

LÉGER,  Jean  (le  pasleiir)    —   J/isl.   g('n    des  Eglisrs  évanyéliijiies  du    Piémont, 

Leide,  16G9 xxxvi 

Legge.  —  Htslory  ol  Birds  of  Ceylan,  London,  1880 427,  429 

Leislf.r.  —  Beil.  zu  Beclistein's  i\alurg.  Heft,  2. ;i2,  42 

Lemetteil.  —  Catalogue  raisonné  des  Oiseaux  de  la  Seinc-lnfcrieure.  11.      276 

Lesch.\iann.  — N.  D.  Jasd.  XI  1,1892,  p.  244-24.". 511,515 

Lesson. —  llanuel  d'OrnUhologie,  Paris,  1828,  t.  Il,  p.  194 xv,  21 

Lethone,  Paul  —  ilonogrnph.  des  Gallinaci's.  (Bull.  Soc.  accl.,  1859    ...        xc 
Leverkûhn,  Paul  (le  l)').  —  Uber  farben  varielalen  bel    \'i)gel  iJournal  fur  Orni- 

tliologie.  IS9U,  n»    8. 694,  695,  958 

li>.     Freiinde  eierin  Nesl,  Ein  Beilrag.  ziir  Biologie  der  Vogel.  lîerlin,  Londres, 

Paris,  elc,  1891 370 

Lewin.  —  Utversigt  af  kongl.  Venlenskaps  .Vkaileniieiis  Fôiliandlingar,  1847        68, 

70,  71 
LiLFOUD,  le  K'  lion,  lord  —  Notes  on  the  Ormthology  of  ÏSorlhniuplonshire,  elc. 

Zoologist.,  fév.,  H95 740,  949 

LiNDBLA.ND. —  Svenska  Jàgarfôrbundets  nya  Tidskrift,  etc  ,  1873,  l.  XI  .   ...     68, 
Lindner.  —  Ziir  Omis  der  kurischer  Nehruny,  (.\liltlieil,  der  Ornith.  Vereins  in 

Wien,  1843 727 

Linné.  —  Syst.  nat.,  l.  XII lxxii 

Id.     De    Generalwne   ambigua   [Anuenitales   acadenncx),    vol.  6j,    Holmiic, 

1760 LXXIl,    LXXIII,    LXXXllI,   CXII 

Id.     (sans  titre  d'ouvrage) xxx,  xlvi,  cxii 

Lloyd,  L.  —  The  ganie  birds  and  ivild  fuitl  of  Siveikn  and  t\orway.  London, 

1807 17,  19,  2-',  24    41,  49,  53,  68 

Locke.  —  On  Essay  concerning  hunian  underslanding  .       xxxvi    xxxvii,  lxix 

LoRE.vz,  Th.  —  Bull,   naturalistes  de  Moscou,   1894 756 

lu.     Ouvrage  sur  les  Tétras  el  leurs  hybrides  (publication  non  terminée).        20 
Id.     Wierderung  Einigts  uber  Racketicitd  und  Ualnenfedrigkeit  iJourn   fur 

Ornith.  1894,  p.  416. x,  cm,  521.  921 

Id.     Einiges  Uber  den  v.  Herrn   Y.  v.  Tschusi  besch.  setl.  Rackel.  (Journal  lûr 

Ornithologie,  1891 .     917.  918, 

919,  920,  923,  924,  025,  926,  927,  937,  938,  959 
Id.     Wiederm  Einiges  liberRarkel.  «nd //«;;iPH.(Ji)urii.  fur  Ornith.  Ib94.  921,  918 
Id.     Journal  lûr  Ornith..  n"  1S9,  pp.  98  et  suiv.,  janvier  1890  ......       223 

LowocK.  —  Neue  Notizen  aus  dem.  Geb.  der  Nalur,  .MU 86 


LISTK.   AI.PHAUKTIQl  !•:   Ui;s   Al  IKUltS  889 

Lucas.  —  Traité  phihsnpltique  el  physiutngiiiue  île  l'hérédité  nalurelle.  Piiris, 

l!^50,  in-h",  I.  Il xci,  cxii,  rxiji.  203,  217 

Lu.MSUKN,  Jaiiifs.  —  l'roii'fdiniis  tW  la  Soi'iété  nalun-lle  de  Gl.isiow.  1876,  vol.  Il, 

(lail   11,  1S77,  m,  part.  Il 510 

Lyell.  —  l'rincipes  de  Géologie,  Y  pail xi.viii,  cv 

Mxci.iLUVRW.  —  //islurij  «f  Brilisli  Binh.  London,  1837 62,  211,  1178 

Maci'HKusun.  a.  Molle.   —  Tlic   zoolo^'isl,  mus   IS'.tt.    avril   18J3  pt  auhes   iiiiiiié- 

los 763,  751,  8()0.  801 

M.vopiiKRsii.N  (Uiv.  Il    A.).  —  'Ihe  liirds  ul  i  uiiilicrlmid.  Carllslr.  I!:8  .  .    .         -^iti, 

561).  816 

In.     Kieid  naluralist  .Magazine 39!i 

lu.     llyliridUy  in  Birds.  Kii-ld.  ;{!  mai  IS'.'O.     13'.i,  171,  228,  277,  316,  373,  394, 

399,  5(19,  6(35 

lu.     Louiçinans  Fur  ami  Keallicr  Séries 959 

lu.     Ihe  .ipdrroïc  in  Ihe  lake  dialril.  {Tlle^aUll■alist.  Londres,  189U.      2"6,  i'M 

11).     Ilybrid  l-'iiiches.  (Traiis.  of  Nof(<ik  Soc,  p.irl.  .V,  1886-87 204, 

224,  2.i0,  231,  237,  245 

lu.     .1  Vertebraled  h'auita  of  Laketaiul.  Kdimljourjj,  1892 50O, 

757,  770.  815,  816 
lu.     Zoolo^'isl,  1HS3,  n»8,   p.  338;  1887,  p.  99;  1SH8,  p    18;>;  18ti9,  p.  339;    1890, 

ri°  de  mars.  p.  106;  m°  du  15  fév.  1896 201,  208. 

211,  2.il,  24.5,  252,  37-',  983 

lu.     (sans  indication  d'onvra^je)  p.  12n 316.   190,  623 

Mauahas/..  —  Deutsche  oniithologische  Oexellschalt,  (Journal  lùr  Ornithologie), 

1884 303 

lu.     Erlàul  zu  der  aus  nnla.<s  des  II  inlern.  Ornilh.  C-ing.  zu  Biid  .   .      910 
Magaou  d'Auuusson    —  Bull.  Soc.  d'Acclimat.,  18t58,   p.  274;  1886,  p.  418;   1887, 

p.  478;  1886,  p.  418     . 81,  85 

lu.     Monographie  des  Corvidés 400 

Magillivhav.  —  Hislory  of  llritixh  liirds,  l.  \l 211,  798 

M.^Li.NGnii.  —  Considération  sur   les   bétes  n  laine  au   iitilieu   du   XIX'  siècle, 

1851,  in-8».   ...    

Malm.  —  dlversiiit  af  kongl.  Vet.  Akad.  Kôrhandiingar,  Slockholm,  1876,  n»  5; 

1880.  n»  7 64.  68 

Marchant,  Louis.  —  Catalogue  des  Oiseaux  de  la  l'ote-d'Or,  1869,  p.  231   .      400 

Marshali..  —  0(1  (Zip  «nv/s  «/■  t/iamfcn.  Ibis,  1884,  p.  420 226 

lu.     Rural  econoniy  of  Sorjolk,  vol.  II i.xxviii 

Mahtohelli,  prof.  —  Alruni  eseiiiplari  del  gen.  I.imosa.  (.\tti  délia  Societa  iialiana 
diScienze  naturali,  vol.  X.XXllI.  Mdano,  1890|   ...      745 

1d.     Oiseaux  de  proie  d'Italie 985 

Masch.  —  Der  nnturforsclier,  l.  XV,  p.  27 <:xv 

Masson,  Narcisse.  —  Les  Secrets  de  la  Basse-Cour  (La  Volière,  l"  février  1887, 

p.  271  . xcvi 

Matsciiie,  Paul. —  .laliresbericht,  18S5,des  Auscliusses  (ûrBeobaclitungstalionen  der 

Vôgeldeulschland,(Journal(nr()rnilliologie,  1887).     395.401,405 

Matth*!.  —  llrevis  hisloria  anuiinliuin  {gra'ar),  .Moscou,  1811   ....       xxviii 

Maunskll.  —  Kicld,  1890.  p.  587 370 

Maupertuis.  —  Œuvres,  1753,  in-12,  t.  Il cvii,  cxv 

Meahns,  a.  —  Hull.  ol  tlie  Ornitb.  Club  VI,  n"  4,  1879,  p,  195 434 

Meckel. —  Traité  d'anatoniie,  1S2S xxxi,  xxxiii,  cxii 


890  LISTE    ALPHADKTIQl  li    DKS    AUTKUUS 

MÉGNiN,  Paul.  —  Le  Cheral  et  ses  races lxxxix 

Id.     L'éleveur,  n"  du  20  féviier  18^7 lxxxvi 

Mêla.  —  Verlehrala  feuniat,  Helsingfors.  p    lti4 72 

MEnzbieh.  —  Mémoires  sur  les  l'aridiv.  I.  le  groupe  des  Mésanges  bleues.  (Bulle- 
lin  de  lîi  Soc.  zoolo^ii|ue  de  France,  1.X,  18S4   .      30j,  SOS,  311,  313 
Id.     "  On  some  îiein  or  litUe  knoicii  Shnkes  Iroiii  central  Àsia  ».  Uns,  vol.  VI, 

18!»4,  |ip.  318-38'. 814,  815 

lu.     Hevue  comparaiive  de  la  faune  urniUiiilogique  du    (Uiuiernemenl   de 

iVost-KK.  (Bullel.  de  la  Soc.  des  Nat.  de  Moscou,  1881) 308 

lu.     Du  rôle  du  croisement  dans  l'extinction  des  espèces.  (Kevue  scientifique, 

1881,  26  avril  cl  Mém.  de  la  Soc.  zool.  de  [''rance  .     .\xxiv,  1^0.  305,  307, 

312,  313,  349,  350,  398,  411,  -112,  417,  4til,  466,  468 

lu.     (s  lus  indication  d'o'ivr;it;e) 309,  :il0,  403 

Mérat.  —  Dict.  des  Sciences  médicules,  I.  X.\II,  18s8 cv 

Mever,  a  -B  ,  U'.  —  h'eidinandenms  Zeilscliiill,  111,  fol-c,  33  lied,  IsS'J  .      919,  922 

Id.     ZHgd-Zeitunj;,  1884 52 

Id.     Mllllieilungen  des  Ornilhologischen  Vereins   iu    Wien,    1880,    1881,    1883, 

18S4 12,  16,  20,  45,  589 

lu.     On  souie  l'aradise  [Itrds.  Ibis,  .luly  1886 419 

lu.     Muij.  (ilr  Thiergescliichte.  Ersleu  bandes.  Gœtlingen,  1790 civ 

lu.     Vnser  auer  Rakel  und  Birkwild  und  seine  Abarten.  Wieu,  1886.     12,  20, 

26,  42,  43,  5U,  56,  58,  69,  70,  71,  92,  533,  534,  565,  613,  919.  921.  937 

Meyer.  —  (sans  indkalion  d'ouvrage)  .    .......      .\x.\vi,  92,  165,925.926 

Meyer,  d'OITenbacli.  —  Der  liesellscbaft  naluitiirscbcuiler  Freunde  zu  Berlin  Waga- 

zin,  1811.  aUuartal 11,   12,  21.  25,  27,  42,  52 

MiUDENDORFF.  —  (saus  ludicalioEi  d'ouvrage) 403 

MiiXAis.  —  Kield,  15  février  lï<90  ou  91 638 

MiLLARD,  (i.  —  Fied,  uMlu  26  ocl.  et  u°  du  26  nov.  189.'i .      925,  926 

lu.     Ga/»e /(in/iu/id  i'/ioo(ift(/  v'/ie((;/u's.(Zoiilogist, sept.  1894,  n"  313.      551,  9i0 

Miller  Christv,  Bobert.  -    liirds  of  Essex 488 

Id.     Essex  County  (Jironicle  du  25  mai  1888 372 

Id.     On  the  inlerbreeding  uf  Blackhird  and  7"/i;'m.s/i.  (Transactions  of  Norlolk 

aul  Norwicli.  .Naturalistes  Society,  III,  1884) 365, 

366,  371,  372,  795,  79o,  797,  798,  804,  805 
Id.     On  the  inlerbreeding  of  Blackbird  and  Trusli.,  suiiiUenienlary  orticle. 

(Même  revue),  IV.  18.-8  . 367,  370,  798 

lu.     Prociedings  of  the  Kssex  Field  Club,  III,  1S83. 372 

lu.     Trans.  de  la  Soc.  Linnéenne 488 

Id.     TbeZuologist,  1859,  XVI  II;  1885  (n«  de  février;  1889.  p.  265.   .   .      372,798 
Milne-Edwards.  —  (;omptes-rendus  de  l'Acad.  des  Se.  de  Paris,  t.  XL  .    .    xxxvui 

MoLL.  —  Maison  rustique Lxx.wi,  xcvi 

MoNTAGU  (colonel  (i.).  —  Orniltioloqical  Dictiouary   of  British   Birds.  (secouile 

édition)  Londou,  1831 lOô,  173,  174 

MoNTAGU,  Brown   —  Zoologisl,  1885. 90 

MoRTO.N,  G. -S.  —  Ilibrulity  in  animais.  (The  american  Journal  of  Sciences  and 

Art.,  1847,  t.  111 xxxvin,  19,  105,  120 

Id.     (sans  litre  d'ouvrage) xxxviii 

MoscHEN,  Lamberto,  b'.  —  Sopra   un  ibrido  di  F.  cœUbs  e   F.  monlifringilla. 

(Bull,  délia  Soc.   venelo  trentina  di  Scienze  nat.  in 
Padova,  1880 249.  258,  259 


LISTE   ALPHABÉTIQUE    UES   AUTEURS  891 

Ml  ELLE».  —  Manuel  de  physiologie  (liwil.  iW  ^onl■^\nn) xxm,  xxiv, 

LXI,   LXV,   I.XVI,   LXXXV,  916 

MûiiLE.  —  llcil.  ziir.  Ornilli.  driechen  lands 741 

MÛI.1.ER,  Aciolf  Knil.  —  Z(>olosisclie(;arlen,,1867.  Franktiii-l 19,68 

MÙLi.KH.  (il-.NTiiEii,  Saint  lliiherliis.  —  .\' 50,  15  dèc.  189:$ 9ia 

MùNTER.  —  Journal  (iir  Ornilliologic,  IV,  1853 nii 

Nadaîi-lac  (marquis  de). —  Rcv. des Qucst.sciL'nliruiucs,  Bruxelles,  juillet  1896.     xxvi 

Nathusiis,  II.  von.  —  yachicets  den  species  i'ntcr.tchiedes  von  C.  cnrnne  «/id  C. 

c<irni.r,  iindihrcr  hniiftden  Verlmslardirung  an  den  Eischalen. 

(Journ.  (ûr  Ornitlioliiaie.  janvier  1876) 401 

1d.     (sans  indiration  d'ouvrage) lu,  lxxxvmi 

Naudin.  —  (sans  titre  d'ouvriige) lxviii 

Nau.mann.  —  Journal  fur  Ornithologie    Exlra-Ilelt,  1853,  p.  7 153 

li>.     NalurgfKcliile  lier  1  ijgel  Deulscliland!:,  ISiS 19,25, 

27,  41,  42,  49,  (18,  69,  71,  168,  294,  396,  403,  730 

Naum.»nma  (la).  —  .\rcliiv.  fiir  (Irnitliologie  von  Ednard  Baldamiis.  Stuttgart,  1852. 

p|).    12  et   13;  1S5H,  p.  3-'8;  1855,   pp.   402,  40i;  Vil,   pp.   60 

à  7(» )  52,  153 

ISÉnniNG.  —  Recherches  de  zootechnie .      lxxix 

Nelson,  F.-H.— Field,  7  déceinhre  1895,  11»  221 937 

Newmann,  —  Occtirence  of  Ihe  lliiiiuculated  Duck  {À  glocilnns)  in  Ihe  Fens  of 

Lincolnshiri'.  ZoologisI,  1851 059 

ID.     ZoologisI,  1850,  p.  262  ;  et  ISS'.',  p.  (n2-2 3t)7,  6(jl 

Nksvton,  sir.  Ail.  —  Tlii'  ll>is,  Hs6,  p.  118 161 

1d.    Noliccs  on  récent  Ornilhnlogicnl pnliticdlions.  \bis,  ISùS 426 

11).     On  Some  hybrid  Uacla  :  l'roeeedings  ol  the  Zool.  Soc.  1860,  p.  336.      120, 

153,  173,  174 
II).     On  a  hybrid  Duck.  (Mêmes  l'roceedings,  l8ol,  p.  392  .      127,  173,  662,  955 

lu.     Proceedings,  o{  llie  Zool.  Soc.  ol  London,  1S59,  p.  437 120,  lOl 

II).     (.Même  revue) 54,  551 

In.     (sans  indication  d"ouvrage) 724 

NiKBEMiiKHfi.  —  llist.  nul.  Miix.  Auvcrs.  1635 xxvii,  xxxvi,  xxxvii,  cv 

NiEssiNO,  C.  —  Journal  fiir  Diintliologic,  1870 .    .      407 

NiLSsoN,  S.  V  —  Ornithologia  succica,  llaiinia',  1S17.  Fars  prior 18.  67 

Id.     Sknnd,  fauna.  1858.     11,  13,   14.  l."i,  17,  18^  42,  49,  50,  52,  51,  53,  G9,  71 

lu.     (sans  Indication  de  l'ouvrage) 13,  16 

NoTTs  et  (iLiDDON.  —  Typex  o/  Munking,  1S51 xxxviii,  lxxvii 

Oates,  Eng.  —  <(   The  faiina  of  llriti.iU  India  including   Ceylun  and  Burma  » 

Biri/.--,vol.  11.  London,  Calcutta,  lioinb^y,  Berlin.  1892.   .  757,  809 

Oherholser,  Ilarry,  C.  —  Uescrip.  c/  Iwo  niw  siibspecies  of  Wood  Pecker,  D.  puhes- 

cens.  Proceed. ollIieU. S. Nat. Muséum. Vol.. \ VIII.      987 

OEdmann.  —  Acl.  Lpsal,  Y 41 

Olivier,  Louis,  docteur  ès-sciences.  —  Analyse  de  l'ouvrage  de  ilil.  Nichols  et 
Snow,  sur  la  couleur  des  Pigments.  (Rev.  génér.  des  Sciences  pures  et 

appliquées 450 

Olpiie  Gaillard.  —  Contributions  'i  la  Faune  ornithologique  de  l'Europe  occi- 

dentalejasc.  111,  IV  et  XX.XIX 10,  120,  150,  161 

h).     Naumannia,  V  et  VII,  pp.  102,400,1855 153,  159 

lu.     (sans  iodicatioD  d'ouvrage) 151,  155,  635,  697 


892  LISTE    ALPHAEKTIOdlC    DKS    AL'TEtliS 

Olsson,  Af.-C.  —  liiilrag  lill  Kanne  d.  mu  JcmL  0''/i,  Uerj.  fituna.  Of.  aï  Kon;<l. 

VcliMis.  Akaii.  Tuih.,  l.S9'l.  Slockolm 916 

Omalius  (i)')  D'IIalIoy.  —  Hull.  il>'  l'Acad.  de  BelKii|iie.  I.  XIII,  1"  p:irlif,  ISIU.     XLVIl 

OppiEN.  —  (sans  inilicali m  U'ouvranp) xxvii 

Orton.  —  On  llic  physioldijij  o(  BreediiKj cxii 

OnBï,,L.-H.  —  On  Ihf  Hirds  obserced  in  Oiidh.  and  Kiiniax.  Ihis  juillet  1861.      427 

OsBocK.  —  Oslendick  resa,  p.  9:) .      xxxvi 

OusTALET.  —  Le  Naturaliste,  l'i-  uoveiiihre  1891,  Pai-is,  pp.  201,  oSO 421 

In.     Les  Oiseaux  de  tu  Chine ....        359.  628,  SiiO 

In.     Nature  (la),  IG  juillet  1892 611 

lu.     llevue  des  Travaux  scientifiques,  I.  XI,  n"  8, 1894 xlim 

lu.     {sans  indicalion  d'ouvrage) 961 

In.    (sans  indication  d'ouvrage) 396 

Pagensticher. —  Allijemeine  zoologie,  1874 .    .     i.xiii 

Paget,  E -,l.  —  Skelchsof  Ihe  natural  jji^lury  of  CreaL  Yarmouth 152 

Pallas.  —  /)<■?!  Skrockande  Anden  (glocilans),  en  rar  Foget,  sont  endast  hli.tvit 
siinnen  i  Oslra  Sibérien;  etc.,  (Kongl  Vetenskaps  Academiens  Hand- 

lingar  for  ar  1779,  vol.  XL),  Stoikolni 656 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage) 150 

Palmkr.  — ïhu  Auk,  II,  n»  3,  juillet  1885 331 

Parrot  (D').  —  Monasissclirift  des  Deutsclien  Vereinsl  uni  Schuke  der   Vo^'clwelt 

(iera,  1890.  n^  3 2u,  SU 

Parvilel  (Henri  dt).  —  Revue  des  Sciences  in  Journal  des  Débats  ....     cxiii 
Pavesi,  Prof.,  I  ietro    —   Calendario  ornithoLogico  Pavese  (1890-93,    ii°  à,  anno 

XV,  189:!,  l'avie) 679 

lu.     Un  ibrido  naltirale  diAnas  boschas  e  Cli. streperas  iicciso  nel  Pavese  (Bol- 

leltinc)  délia  Soc.  veneto  Trentina  di  Se.  Nat.,  n»  3,  t.  V.  1883.      677,  680,  952 

Payne-Gallvvav  (sir  Ual|)h.).  —  The  fowler  in  Ireland.  London,  lS9i  .    .    .     118. 

120,  919 

iD.     Book  0/  Diick  Decoys,  1886 949 

PoGGE,  C. —  (sans  indication  d'ouvrage.) 948 

Peepfeh.  —  (saus  titre  d'ouvrage) LX 

PcGLER.  —  The  Niibian  goat{ia  Th  !  Bazar,  Exchange,  and   .Markel,  numéro  du 

5  février  1887 lxxxviii 

I'ei.zeln  (von). —  On  Birds  from  Thibet  and  Himalaya.  Ibis,  1868  .    .    .       226 

Id.    (sans  indication  d'ouvrage) 146 

Pennant.  —  A rft'c.  Zooto.?-^.  London,  t.  II.  1785  et  1792 21,657 

Id.     British  zoology    1776,  vol.  II.  et  1812,  même  vol. 656 

Perdrix. —  l-'orest  and  Stream,  vol.  1,1874 475 

Pehrieh,  Edmond.  —  Analoniie  et  Physiologie,  Paris,  1884.  .    .   .      lxxx,  lxxxi 
Id.     Essai  sur  les  croisements  ethniques.  \M\,  Soc.  awlhvop.   .    .    .      xcii,  cvi 

Pehrini.  —  Ornithologie  veronéze 258 

Petit,  Louis.  —  Bull,  de  la  Soc.  zoolog.de  Pranc,  t    .\1V,  1888 10 

Pfaij.nenscrmid.  —  Deulscli  Jâger  Zeit.  Neudaui,  XVI,  n'il  décembre  1890  .       173 
Pnii.ii'Pi,  D'  (de  Santiago).  — Zoologische  Garten  de  l'rankfurt.  1896  ....       lvi 

Id.     Actes  de  la  Soc  se.  du  Chili,  t.  III,  p.  109,  1693 lvi 

Picbler.  —  Mitllieil.  des  Ornith.  Wien,  1887,  p  84 150 

Pistone.  —  (voir  son  observation  in  Primo  resoconto,  etc.,  p.  69 

Pleske,  Théodore,  prof. —  Beschreibung  einiger  Vogelbastarde.  (Mém  .  de  l'Aciid. 
imp.  des  Se.  de  Saint-Pétersbourg,  1'=  série,  t.  XXXV  n*'  3  et  5  1887.       57, 

58,  269,  270,  303,  304,  317,  554 


LISTE   ALPHABÉTIQUE    DES    AUTEURS  •  893 

Pi.KSKK.  Tliéoilorc,  prol.  —  Urnithogrnphia  rossica SOT,  808 

II).      U'ifsenschnflUche  liesiiltate  tler  von  N.  M.  Przewalsld  nach  Central 
A  sien     Siimiiie   lier  iiisj;(';;el)in  ,    voii    ilor   K:ii,seiliclioii  Akaleiiiie    dci- 

Wisseiisclialtcn  II,  18^9, 354.  356,  35"!.  359,  377 

lu.     (sans  iiiilicMlion  d'oiivrafjp)  . 69,  72,  224 

Pli.ne.  —  Histoire  naturelle,  L.  VIU,  ili,i|i.  .\.  XLV,  LX.MX,  LXI.\,  XLIV.       xlvi, 

.\xvii.  civ,  i.xxiM,  lOG 
Pli'chet.  —  Hist.  de    la   eréation  des  Dishley mérinos  (Journal  d'aiiricullure 

|)rallqiie.  Banal,  187.j lxxxvii 

Porta,  Jeaii-Ba|ilisle.  — La  Magie  naturelle xxxvi 

PoTTS,  Tliomas-ll.   — .1   case  of  cross  breeding  betwcen  tivo  s;,ecies  of  Flj-- 
calchers  oj  tlie  genus  liliipidura    (Proceciliiigs  of    llie 

zool.  Soc.  <il  London,  1S84 204 

lu.     On   tlie  Birds   of  New-Zeland     (  rraiisactions    and   Proceedings   of    tlie 
New-Zel.  Inst.  186'.i,  vol.  Il,  p.  63  ;  1870,  vol.  III,  p.  80;  vol.  V,  p.  182; 

1873,  vol.  VI,  p.  145 28ii,  289,  2'JO,  249 

li>      .New-Zeland  Journal  ol  Science,  juillet  ]8!^4 2'JO 

PHAS.4K,  J.-P.  —  iVo<£fe  orn(</iO.  Ornillio.  Mon  its.,  macs  1S9G 960 

PnicHAKi).  —  yaturgescldchle  des  Menscliengeschleclite,  ilc i.xiii 

l'KlciiAHD.    —  Hesearrhcs xv,  lx.mi,  r.xxxiv,  19 

PutiiEREAU.  —  (s.ins  indication  douvrai^e) i.ii 

PuRDiË.  —  .Nulliil  ornitholotiical  Club,  (IV,  n"  3,  juillet  1879 322,  323,  324 

1d.     (sans  indication  d'ouvrage) 323 

QuATREK.vGEs  (de).  —  Réponse  à  M.  A.  Geoffroy- Sainl-Uilaire.  (Bull.  Soc.  accl. 

l:i  janvier  1882 Lxv 

QUATHEFAGES  (dk).  —  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  Sciences  se  XLIII,  1856.  7 

lu.     Darwin  et  ses  Précurseurs .        xv 

In.     lUv.  des  Ueux-.Mondcs,  p.  'i,  t.  VII.  p.  161.    ..........      i-xxxviii 

lu.     L'Espèce  humaine xur,  xxii  i.xxxvr,  xcvi,  xcvui 

In.     Bull.  Soc.  accl.  ISs'2 i.xv 

Id.     Même  Bull.,  1885,  p.  382  (Procès-verbaux) i.xni 

lu.     Hevue  des  Cours  scientifiques  (années  1868-68,  1867-69)  ....     iv,  x,  xxii 

XXXIV,  XXXIX,  L,  un,  lix,  i.xiii,  i.xx,  i.xviii, 
i.xxxvi,  cv.  cvi,  cvii,  cviii,  ex,  CXI,  cxix,  19 

Rauue,  (l)').  —  Oiseaux  de  la  Sibérie,  p.  376 101 

Id.     Heisen  in  Siiden  von  Ost  Sibérien  in  den  Jaren,  IS55,  1859,  Saint-Péters- 
bourg, i8i;3 3()2,  410,  455.  722,  792,  794,  79o 

lu.     On  t/ie  ôiVds  o/ C/tt/ia.  (Proceedings  Suc.  of  London,  1871 722 

lu.     Omis  caucasico,  Casscl,  1881,  pp.  45J,  454,  87.  Tab.  XXV 112 

146,  147,   148,  461 

In.     lléponse  à  M.  le  prof.  liogdannw.  Drnis  1889 llii,  150 

IlAFi.NKStiUE,  C  -S.  —  Considérations  sur  quelques  animaux  hybrides.  (Journal 
des  Sciences  niéilicalis.  1.  .\XI1,  Paris,  1821   .    .    .      xxxvil 

Raine,  Robert.  —  Kiebl,  n"  du  5  scplcmbre  lS'.i5 935 

Ramsay,  E.  p.  —  Moles  sur  le  spécimen  original.  Plitonorhy-nchus  Kawmslayi. 

ll'rocecdiii.;3  ol  tlie  scienlific  meetings  ol  tlieznol.  Soc.     424,  425 

In.     Proceedings  ol  Ihe  l.innean  Suclety  of  New  Soiilb  Wales,  l.-V,  las.  I.      471 

llAsi.N,  A.  —  Journal   fur  Jadd.  und  l'ferdeziiclit,  186'J.  Journal   Ochotiji   Konno- 

sawodslwa,  1889 68,  72 


894         ■  LtSTK  alphabétiquk  dks  autei;i(S 

Ray.  —  Wisdom  ofGod  in  the  création,  Lnmlon i.xx 

RÉAU.MU».  —  Art  de  faire  éclore  les  Oiseaux.  I';iri?,in-12,  174'J,I.II.  xxxvi,  xxxvji 

Reigiîl.  —  (sans  imlicalion  (rotivra^;e) 395 

Reimbaiidt,  J.  —  Om  Lanins  major,  l'ail  Kog  deiis  Fore  komsl.  Iierilandet  of 
J.  Reinhardt.  (Vidensk.  fra  Natiir.  rorcim^  i  kyolenliavoii,  111, 

lS7'.l-18-0 3SS 

Rriser,  0.  —  Die  Vogelsanimlung  d('S  liosnisch  Hercegovinischen  Landesmu- 

setims  in  Serajevo,  Biidapcst,  1891 455,  944 

Rkzthis,  .\.  —  Faume  sueciai  a  Carolo  a  Linné,  Lipsiœ,  1780,  \i   20S  .   .        18 

Ricii.\nu  DU  Cantat..  —  Bull.  soc.  acd.,  1857 xcvi 

rticHARiiso.N —  Pigeons,  ISO?,  eiil  Sidney  de  Vouait,  1860,  on  the  Pi:;.    .    .         \c 
RmcwAY,  Robert.  —  1  lie  Auk.  II,  n»  1,  octobre  1885,  p.  359,  361,  111,  n"  3,  juillet 

188G,  p.  441,  ISnO,  p.  m);  1894,  XI,  n»  1,  p.  79,  80 326, 

330,  332,  334.  788 
1d.     Bulletin   ol  Ihe  nutlall  oi-nitholn^iical  Cluli   .  IV,  u"  1,  0(  tobre  187. i,  i-t  aoùi, 

p.  102;  1S8I,  VI.  n'2  ..... 273,  323,  332,333.  434 

Id.     Catalogue  of  the  Hirds  of  ISorth  amcrica.  (Pcociedings  of  Uuiled  States 
national  Muséum,  1^80,  p.  78,  163,  161,  172,  177  ..   .       19,  247,  273,  275, 

323,  3.'5,  317,  376,  432,  436 
II).     On  the  Generic  name  Helminthophila.  (Même  revue,  VU,  n»  1,1882,  p. 

53).  (.Mt^nies  l'iMiceed.,  V,  n»  4,  18S;i,  pp.  237  (1238 330,345 

Id.     Ona probable  liyhrid  belween  Dryobales  Nullali  (Gamb|  et  D.  /mbjscens 

Gairrffierji  (.Vud).,  nièines  Fioceed.,  Iô8ti,  pp.  521  et  5:;2 437 

Id.     Ibis.,  VI,  :!«  série,  1876,  pp.  169,  3i)l,  321,  325.  (sans  indicalion  d'i  uvrage  , 

p.  ly") 301,  325,  344 

Id.    Manual  of  Aortli  american  birds 777,    789 

Id.     ^orlh  american  Uirds,  1-74 292,  375,  413,  433,165,590 

In.     Orn.  40ili  l'anillel,  1877 841 

RoBiNF.T.  —  Manuel  de  l'éducation  du  Ver  à  soie,  p.  ;il2  . xci" 

RoGERO.N.  —   Bulletin    de   la  Soc.   nationale  d'Acclimatation,  1883,  p.  509;   l!^84, 

p.  867  ;  1886,  p.  310;  1888,  p.  919  :  1896,  p.  59 173,  174, 

175,  950,  9;  2,  957 
RoMiTA  (L)'' Vincenzo  de). —  Avifauna   puglicse ,    Catalogo    sistematico  degli 

Uccelli  ossevati  in  Puglia,  Bail,  18^4  .    .   .      296 
Rondelet  et  Guy  de  i.a  Bhosk.  —  L'Histoire  entière  des  Poissons   De  la  nature 

des  Plantes xii 

Hongle  Notes 713 

Rousseau.  —  Des  Châtaignes.  (Revue  de  zoologie) xl 

Rudolf  (Kronprinz).  —  Mittlieilungen  des  ornilliologiscben  Vereines,  1883,  pp.  105 

et  suiv 20,  ^6,  42,  45,  534,  537 

Id.     Jagd-Zeitung,  1883,  p.  225;  1887,  p.  342 12,  14,  20,  4,5,  532,  534 

RuDOLPni. —  Beitrage  z.  Anlropologie .\xix,  454 

RuDON  (Ferd.  D').  —  Monatsschi-ift,  etc  ,  des  deutschen  Vereins   zum  .Schiizte  dei 
Vogehvelt,  1887,  pp.  175  et  176;  1888,  p.  175.     395,  401,  405 

RuEF.  —  De  conceptu  et  generatione xxxvi,  x.xxvii 

RuTENSKioLD.  —  KoDg.  svenska  Vetenskaps  Aeademiens  1744,  t.  V,  pp.  181,  182, 
183  et  Der  Kœnigliclien  Scliwedisclien  Acad.  des  Wis.  aband. 
BUS  der  Natur.,  elc.  Ilauibourg  et  Leipzig,  liv.  V,  1751.       11, 

18,  41 
Sabine.  —  Proceedings  t>f  the  zool.  Society,  pari.  Il,  l.ondon.  l^'M.  ...        87 


LISTE    ALPHABÉTIQUE    DES    AUTEURS  895 

Sagk,  Joliii.ll.— The  Aiik,  lS,s4,p.'.il;  ls8r),  p.Miti;  làS'.i,  p.:!79 330, 

■J31,  334,  336,  337,  787 
Id.     Notes  on  [lelminthophila  chrysoptera,  /luiiis,  leuco.,  etc.,  in  Connec- 

ticut,  1893,  p.  208 " 787 

Salis  (H.  m;).  —  Jal.resliericht  dcr.  N.  li.  (iiaiib,  VDI.  Clair.  1883,  1880.    .      13,  21 

Salvauoki  (C  'ÏHOM\>^f'0).  —  Catalogue  des  Oiseaux  (le  la  Sardaifrne.    .    .       3(j4 

lu.     Elenco  degli  Uccelli  italiaiii.  Annali  des  Miis  civ.  <li  storia  nal.  di  Genova, 

piihl.  piT  ciiiii  r..  Doria  et  H.  liestro,  1886,  III,  p.  87  .    .   .      281.  315,  351 

lu.     l-'auna  d'italia,  187:2  et  Parle  seconda,  Uccelli.  1874,   Mllano  .    .   .        10, 

10(3,  281,  315,  321,  355,  360,  364,  412 

1».     I.etlers,  lixtracts.  ele.  Ibis.  Notes,  1803 368 

II).     Oiseaux  /iroicnanl  de   l'ex/iloration    de    M.  d'Alhertis  au  fleuve  Fly. 
Aiiiiali  Miiseocivico  dl  SloVia  naliir.ile  (ieiiova  XU,  1877,  417,  418,  419, 

■i:.0 824,  826.  833,  872 

h)      On  various  Birds.  ete.  (Ihis)  p.  272 406 

S.M.VIN.  Cap.  —  Ibis,  p.  35(),  1888 292,  293 

Sanson.  a  —  De  l'hérédité  normale  et  pathologique .  i.xxxii,  xcix,  i.xxxv,  xcix 
11).  Deuxième  note  sur  la  variabilité  des  métis.  (C  -li  d'Ac.  des  Se.  xciii 
lu.     l'ro/'Osition  sur  la  constitution  de  l'espèce  et  de  la  race.  Comptes  rendus 

de  l'..\eailéniic>  des  Seicnecs,  t.  6i,  186ij xciii 

lii      Zoutechnie.  I.  H,  pp.  56  el  suiv xcii,  xciii,  xciv 

II).     (  oiiiples  ren<liis  (le  l'Afadéniie  des  Se.  de  l'aris,  t.  64 i.xiil 

II).     l,'/()/)r((/(7é  (Bull.  Soc.  anthropol.  de  Pans,  18US,  t.  III   .....     xxi,  xi.ix 

11).      Traité  de  Zootechnie.  ISGH xcii,  xcii,  xciv 

lu.     Zoologie  el  l'aléontologie  (Annales  des  Se.  naturelles,  t.  XV,  1872  .      xvi. 

XXI,    LUI,    LXII,    LXIX 

Saunuehs.  Howard.  — /?M'/(s/i  Birrfs  o/' Varre^.  'i' étiit 488,489,727 

lu.     Manual  of  llritish  Hirds 369 

lu.     Vroeeed.  ..f  thezool.  Soe.,  21  mai  1K95  .        953.  961 

lu.     (sans  iiidieation  d'ouvrage) 480 

SciiALOW,  Ileriiian.  —  Aeue  Ueitrage  zur  Vogel  fauna  von  limndeburg.  Nau- 

bpi}; 396 

SciiEiDWKLi.Eii.   —    Considérations  sur   les  principes  des  croisements.  Journal 

des  Haras,  t.  XLV cxii,  cxili,  cxiv 

SciiiNZ.  —  Kuropaitche  /•Vjuna,  Sliilt^art,  1840.   ...      16,  21,  52,  146,  147,  151 
ScHLAGi.N  rwKiT.  —  liapport  sur  certains  animaux  du  Thibet.  (Ilagen  cntomolo- 

tlisclie  zeilunf;).  IS.")» III 

ScHLEtiH..    -  Aperçu  critique  des  Oiseaux  européens,  1884 168 

lu.     Monographie  des  Lo.xiens 283 

II).     Catalogue  etc  ,  Anseres 583 

Id.     (sans  indiiation  d'ouvrage) 150 

Scii.MiiJT.  I'hantz.  —  Areliiv    des  Vérins  der  Kreundc  der  Natureescliiclite  Id  Mec- 

kl.iiiburi.',  18)5 169 

SoiiRLNCK.  —  .4mii;'  reise.  p,  553 364 

.SciinôDKH  —  Millli.  Uni    \er.  Wien,  \»<') 929 

SciiUFELUT  H.  \\  .  —  Noie  on  the  Irunk  skeleton  of  a  llybrid  (irouse,  the  Auk., 

1890,  p  281-8r> 592,      594 

lu.     lleport   of  U.  S.  Geological  und   Ccographiial  Hurvey,  Wi-shington, 

octobre  1882  . ^92 

Si;iii:l.\iam.   —  Ornitolo.  t  ahttag.  und.  en  vesa  i  Ostra   Karelen  acm.   1880. 
Medd.  Soe.  pro  Kauna  et  l'Ioia  fcuiiica 912 


896  LISTE   ALPHABÉTIQUE    DES   AUTEURS 

ScHWARZEMBERG  (1p  Tiince).  —  Jagd  Zeilung,  1882. 14,  20,  44,  101 

Id      (sans  indicalimi  d'ouvrage) 20 

RcLATER,  Henri,  H.  —  Notes  on  Graiise,  ZooUigisI,  janvier,  1895,  n»  287  .    .      933 

Id.     Zoologist.,  jaii,icr  1895 563 

ScLATEB,  PhilippLullc-y.  —  Ilds,  1874,  p.  173;  Ilils,  1861,  p.  278:  18S8,  p.  356.      292. 

31  fi,  364 
Id.     Proceeding?  of  tlie  Zoological  Soeiily  of  Li.ndon,  .lanv.,  I8''0  ;  p.  120,  1803; 

14  fév.  18tni 151,165,  427 

Id.     List  o/  the  certainly  known  species  of  Aniitid;e.   ('ncine   Proceedings, 

1884. 16.T 

Id.     List  of  Birds  collecleit  by  M.   A  .  Boucard  in  the  State  of  Paxaca  in 

Soiith-Western  .Mexico,  elc,  (iniMnes  l'roc.fe.lings,  2^iU,  1858  ...       292 

lu.     On  soine  new  or  Utile  known  s/iecies  of  Tana^ers  from  the  collection 

o)  M.    Ver/'caiix  o/i'ori.v,  (mêmes  Proceiliiigs,  1859)  .    .    .      2V'2,  21'5 

Id.     On  some  hybrid  Ducks .  (Même  Proceedings  1Ï59 175 

Id.     (sans  indicalion  d'ouvrage) 176 

Id.     Priicecdings  Zool.  Soc.  of  l.ondnn,  1891 G(55,  670 

Scott,  (W.  D).  —  Proceedings  Bo- ton  Academy,  1872 430 

Id.     Prnceed.  of  the  Linn.  Soc.  of  New-York,  mars  18>'i 788,  789 

ScvhLV,  3.  —  On  the  Ornitholog-y  of  GilKit  Iliis,  l8sl 22fi 

Seais,  J  -H.  —  Peahody  Aiadimy  of  Science,  Salem.  U.  S.  A 137 

Seeuohm.  —  Catalogue  of  the  Uirds  in  Ihe  Hritish  Muséum  .    .   .     359,  36.',  389 

lu.      The  geographical  distribution  of  tlie  Charadridie 172,  745 

lu.     A  History  of  british  Birds,  III  vil.,  l.ondon,  18n:;  .      180,  22r,,  248,  237, 

S61,  :;il'5,  376,  377,  382,  383,  387,  389,  399,  401,  40i,  408,  410,  428,  439^  <;06 

Id.     Ibis.  1879,  p.  114;  1880,  pp.  185  et  18b  :  1882,  pp.  l'i'i  r,4rt.  547  ..   .      .nxxiv 

364,  382.  387,  389 
In.  On  interbreeding  of  Birds.  Même  revue,  1882.  p.  21.  180,  226,  376,  377 
In.  On  the  ornithology  of  Siberia.  Même  revue,  1S80,  pp.  iro  195.  .  .  376 
Id.  Proceedings  of  the  zoological  Society  uf  London,  188^.  .  .  .  225,226,227 
Id.     Siberia  in  Europa.  .    .    .     180,  226,  218.  364,  STu,  377.  382,  387,  389,  399 

iD.     Ornithologie  du  Japon.  Même  vevuc,  1884,  p  180 408 

Id.  (sans  indication  d'ouvrage).  .  .  202,  240,  242,  391,  393,  399,  403,  409,  448 
Selby.  —  Illustrations  of  british  ornithologj.  Edimbourg.  1833,  II.  .  174,  658 
Selts-Longchamps  (Baron  di).  —  Considérations  sur  le.  genre  Mésange,  in  Bull. 

Soc.  zooI.de  France,  1884 180,  301.  393 

Id.     Bull.  Acad.  de  Bruxelles,  1"  part.  1846,  pp.  585-586 vui 

Id.     (Même  Bulletin,  1859,  n»  4) 167 

Id.     Les  Corbeaux  an  point  de   vue  de  l'agriculture  et  de  la  sylviculture 

(Bull.  Soc    cent,  forestière  de  Belgique,  Bruxelles.  1895 984 

Id.     Faune  Belge,  Liège,  1842.    . 146,  147,  148 

lu.     Notice  sur  les  Becs  croisés  leucoptère  et  bifacié  (Bidl.  île  l'Acad.  royale 

de  Belgique,  XIII,  n»  5 284 

Id.     On  varions  Birds  observed  in  italian  Muséums.  Ihis,  1880  .         272,  406 
Id.     Remarques  sur  les  mésanges  du  genre  Acredula.  (Bull.  soc.  zool.   de 

France,  1880 315 

Id.     Sur  le  genre  Parus.  (Bull.  So  Zool.  de  Fr.,  1877,  1884|.     305,  307,  308.  312 

Id.     Récapitulation  des  hybrides  observés  dans  la  famille   des  Anatidés. 

Bull.  Acad    des  Se.  de  Bruxelles,  XII,  1845  .      m,  cvii,  149,  150,  151,  956 


LISTE    ALPHABÉTIQUE    DES   AUTEURS  897 

ShLYS-LoM;i:ii\Mi'S  iliaion   de).  —   Adilitioiis  d   ta  récapitulation  des  hybrides 
obsertés  dans  la  famitte  des   Analidés.  Ilull.    Acail.  des  Sciences  de 

Uiuxell."s,  .WIII.  2-();iitie.  18&'i 111,  119,   125,  133, 

ny,  146,  14'.',  15;i,  151,  153,  164.  I(i5.  KiS.   174.  639,  6C,;.',  GO'.,  694,  72) 

Id.     (sansiiKliciilion  d'ouvrii(;e)  .    .    .      127.  154.  ISC,  176,  3i'9,  311,  467.  695,  70i 

.Sfnsktt,  <ieo,   H.  —   Pi'ocrediiiHs    ot    llie   Liniui-an   Society.  7   mais  IS'.'O:    mais 

1892 6,  485 

Skrres.  (.Marcel  de).  —  Revue  du  Midi,  l   IX,  Toulouse,  1836.       .\x.\ii,  .xxwni,  cv 

Sevkbtzow.  —  I3ull.de  la  Soc.  îles  .Nal  ,  .Moscou,  pp.  3.")2  et  suiv.  .        cm.  128,  130 

lo.     Uiillelin  lie  la  Soc  Zool  ,  de  France.  Procès-verhaux,  séance  de  20  juillet  1877 

30i,  320.  321 
Id.     Correspondance,  lettre  adressée  à  M.  le  Vice -président    Bull.  Soc.  Impr. 

des  .Nal    de  Moscou,  1871.  2    panie 607,  605 

lo.     Etude  sur  les  variations  des  Atjuilinés  paléarctiques  et  de  leur  valeur 
taxonimique.  (.N'ouv.  Méiii.  des  naliir.  de  .Moscou,  pp.  101  et  suiv..  XV, 

18.S8 11,  20,  2.'.    2o,  52,  58,  71,  130,  403,  410,  455,  455,  f,:n 

Id.     Extrait  des  Notes  de  Dresser  sur  la  Faune  du  Ttirkestan.  Ibis,  n»  1,40 

187.'):  ll)is.  1876;  18î'4 362,  383,  606,  608 

Id.     Faune  des    S'ertébrés  du  Twkeslan.   Les  Oiseaux   (Irad.  de  M.   Olplie 

(iaillaid),  Budapest,  1888,  p.  30 401 

Shadow.  —  Auk.  I,  n»:),  1884 • 393 

Sharpf..  —  Catatoiiue  oj  Ike  Birds  of  liritish  Muséum,  1874,  t    I;  laSI,  t.  VI; 

188.')  ;  1S8.S,  t.  VII.  t.  X,  t.  XII 2:i6,  227,  iil.  2'i],  243,  275,  291, 

31(1,  318,  319,  37X,  409,  410,  426,  427,  4ii6,  468,  469 

Id.     Monograp/i.  Hiru«rf/(ii</«',  part.  XIII,  XIV.    ...    ; 2'.t2,  293 

Id.     (sans  indicilioii  douvra^ie 226,  227,  941 

II).     On  the  (oraciadidce  of  Ethiopan  liegion    Ihis,  1871 427 

Sharpb  et  D11KSSI.R.  -  Ihis,  IV,  \8m 390 

Id.       PiDceeilinKs  o[  Zool.  Soc,  1870 392 

SiM,  (i.  —  llybrid  between  Capereaillie  and  Pheasanl.   Annals  ol  Scott.  Nat. 

"llisl 944 

SiNCLAii,    (.lolin).    —  L'agriculture    pratique   raisonnée,    (Irad.    de    Dumbasie, 

t.  I i.xxxix 

Slade,    Elisa.  —  Proceed.  ot  the  United  Slales  national  Muséum  ....     173,  175 
Smith    (llaiiiillon  l     -      Tlie    naturalist'  iiftrar),  Edimbourg,    1841.    vol.    XXI. 

(Ilorses) xxxiv,  xxxvui 

Id.     ZiKilo(,'is'.    lî-811  . 798 

So.\iMEBKEi.T.  — T"po;;rapliik  jiilunal  lôr  Norge 67 

SoiiTWELL.  —  Zoolojiisl..  1896. 744 

Sparm»nn.    -  Muséum  Carlsoniiinuin,  lloliiiia-  1786.   .    .       11.18,  42,  67.  70.  73 
Spencer  Trottkr.  —  Unllelin  ol  llie   Notlall   ornitliologic.il.  Club.   III.    1878,  n°  1, 

janvier,  p. 'i4  ;  IV.  l.'!)79,  11°  1,  janvier,  p.  59 322 

lu.     Description  0/  a    liybrid  Ilirundo  Iwrreori-iunifrons,  two  north 

americanan  Swalloivs  (.Mime  revue),   1^7^i,  T    111  291 

Id.     The  signification  of  the  certain  phases  in  the  genus  Helmin- 

thopliila  by  Spencer  Iroller.  Tlie  Auk  IV,  n»4,  octobre  1887.    .   334,  344 

SpfcnLiNG  (J.)   —  Zootogia  l'hys.  Poslli,  Lipsiœ,  1601 xxviu 

SeicER  .(John  W.  (;.).  —  Proceedln^s  of  Ihe  Zool.  Smiely.   1851 .         80 

Si'OONER  (\V.  C.).  —    Sur   les   croisements   (Jo'iriial    Koy.    agr.   Soc.   vol.    XX, 
part  II  ....    .  Lxxxv 


898  LISTE   ALPHABÉTIQUE    DES    AUTEURS 

SpRENGER    (Balthasai).   —    Upuscula    l'Iiyaico-Mathematici.    Hanoveric,     1753, 

iU-8°.     .........       XXIX,    XLVl.    X.\1X,    XLVII 

Starck  James.  —  Société  Zoologique  de  Lonclrts.  Proceedings,  1845,  pari.  XIII      21 

STE.iNEtiER  (Leonliard).  --  The  Auk,  1884,  n»  ilavril 247 

II).    Remarks  on  japancsc  Quails  (Proceed.  tlnited-Slales  Muséum,  18!14.      493 

Sterger.  —  Jad^'-Zeilunr;,   I88i 20,  51 

Stevenson  N.  —  liirds  of  Norfolk,   London,  1666  ....     2uU.  ii03,  Wl,  488,  4811, 

614,  623,  711 

In.     Zoologist.  1878,  p.  6241  ;  1853,  p.  6243 19,  509,  512 

Stïan.  —  Ibis,  juillet  1891 409 

Suchetet,  André.  —  A  propos  d'un  Uiseaii  hybride,  elc,  le  iNiiluraliste.  oclohie 

1888 232 

11).     Bull.  Soc    zool.  de  l''i;ince ■    .    .      935 

II).     La  Fable  des  Jumarts,i>\ém.  ^m-   Zool.  île  Kr.mce.  Is9lj xxxvii 

II).     L'hybride  du  Faisnn  ordinaire  et   de  la  Poule  domestique.  L'Eleviur. 

Viucennes,  n«s  236,235,238,  1889 lxiii 

lu  [lisloire  du  Biniacutated  Duck  confondu  !oni,'terniiS  ai'cr  l'A  glocitas, 
de  Pallas  et  Notes  sur  plusieurs  autres  Oiseaux  de  ce  genre  (avec 
planches  coloriées).  Le  liigol  frères,  iiupriiiieuis.  Lille.  1891.  632,  656, 

6.Ô7.  658,  662,  666,  929,  931.  950 

11).     Mémoire  présenté  au  Congrès  des  Soc.  savantes,  Soibonne,  1894.       873 

I».     Note  sur  les  Hybrides  des  Analidés.  Iloneii.   Paul  l.eprêtre.  1888,  p.  12: 

et  Revue  des  Sciences  naturelles  ap|)liquées,  n"  21,  nov.  1889.   .    .       163 

In.    Phénomènes   de  reproduction  dans    les  croisements  de    races    et    de 

variétés  d'animaux,  (Compte-rendu    des    Assises  de  Caumont,   Houen 

1896] XIV.  I.XIV 

Id.     Rapport  sur  les  hybrides  des  Oiseaux  et  îles  Mammifères  (Congrès 

scientifique  international  des  calludhiucs,  liiuxellcs.  1894 872 

11).     La  question    du  Léporide,  (Revue   des  Questions  scientifi(|ues.  Bruxelles. 

1887 I.1V 

SuNOEVALi,.  —  Conspectus  avium  Pieinurum 433 

In.     Olvcrsigt  Kon^l.  V'eten^kaps  Aeadcmiens,  18S4.  Stoiiilio'ni    I84.'i-18'i6.         69 

In.     Svenska  foglarna,   1866 19,  42,  45.  50,  68,  70,  1502 

SuNDSTiiÔM. —  Fauna 9.'7 

SwiNHOË. —  Catalogue  of  thc  liirds   of  ('liina.  Procecdings  ol  llie  zoological 

Society,  1871 .    383.  408,  722 

iD.     Onthe  liirds  of  Southern  Afghanistan.  Ibis.  1882 226 

In.     Notes  ■'<ur  l'Ornithologie  entre  Takoo  et  Pékin  au   nord  de   la   Chine. 

Ibis,  1867 408 

lu.     Ibis,   1873.    pp.   366-367.    On  chinese  ornithologj-     Ibis    1873    On    birds 

Jrom  Hakodadi     ll)is,  1875. 722 

SziELAfKO,  .A.  —  Oruitli.  iMon.isbericlite  du  D'.\.  Hiicln'now,  p   52 916 

Taczanowski  (T.|.  —  Bericht    iiher  die    ornithologischen   Untersuch.    in   Ust 
Sibérien  des  D'  Dybowski.  .lourn.  fiir  Ornithologie  III 
Heit  Vil,  novembre  1S72.   ......     360.  361,  362,  365 

ID.     Bulletin  de  la  Société  Zoologiqiie  de  France.   .............       412 

lu.     Contributions  à  la  faune  ornithologiquc  du  Caucase  i\i»\\    Soc.  Zool.  de 

France    1880 412 

ID.    Omis,  1  88  ... 309 


LISTE  ali'iiauktique  des  auteurs  899 

Taczanowski  (T.). —  Revue  asiatique  de  la  Faune  ornitliologique  de  la  Sibérie. 

5' ailiclf(M<^iii<'  liiilUliii,  11,  1877) 723 

iD.     (sans  iiidiralion    (l'i)uvi0(;e) '>i\ 

Taudk  (Jean).  —  lieitra/^e  zur  Naturkunde,  etc.,  1769 xxxvi 

Tki;ktmeieh. —  l'roceeciinyszoïilnyical  Socicly  of  London  :187r),  317;  1893.  'iti:!.      560 
Tkmminck.  —  Histoire  nat.  générale  des  Pigeons  et  des  Gallinacés,  t.  III,  1815, 

Paris,  AnisliTilaiii ...      11,  42,  44,  103,  488 

ID.    Manuel  d'Ornithologie  ou    Tableau  systématique  des  Oiseaux  qui  se 

trouvent  en  Europe,  18,'U  1840,  1.1." 19,  68,  316,  3(14,  4K9 

Id.     (sans  indicalion  d  ciuvraye) 168 

Tho.mes,  —  Occurrence  oj'  the  Bimaculated  Duck  (The  Zoologist,  1874.     127,  638 
Thompson  (Ei-nesl  K.)  —  l'roceedinf,'s  o(  llie  ornilliulot;k'al  subseclion  ol  tlie  Cana- 

ilian  Inslitule,  22  janvifi-  WM i61 

lu.     Aiik.  .lanuan,  vol.  Il,  1884;  1894,  n°  I 769,845 

lu.     Magazln  ol  Zoology,  I,  p.  453,  1837 88,  89 

Thompson  (Williaiu). —  Tiatural  history.  Notes  from  Upper  Coquet  date.  Cini\\>les 
rendus  du  Bcrwicksliire  Nalurilisl's  Club,  XII,  18N7      462 

TuoRNE-l'i..\TrK,  M.—  .\uk,  juillet  1895,  p.  215.    . 986 

THUMBKRfi,  C.  P.  —  Kon;,'!    Vetenskaps-.Akademiens  nya  Ihindlingar,  XXIX    67,  70 

TiK.«ANN.  —  Journal  tiir  (Irnilliologie,  IS65 ...       148 

Id.    (sans  indioaliiiu  d'ouNniK*") 150 

Tissi.  —  (Voir  son  Observation  in  l'rimo  resoconto,  etc.,  p.  68)  .    .   .      225,  236 

Tomes  H.  F.   -  Zoi.loj;isL,  1847 638,  658.  659.  661 

ToMKiNSos,  Edward,  P.  —  Field,  n"  du  29  février  1896  (?) 941 

"ÏORHic.  {in.\.).  —  (\o\r  son  Observation'in  Primo  resoconto,  eic.) 284 

Toi.XHARU  .Mfred.  —  Guide  pour  élever  les Jaisans 82.  177 

TowNSF.NU  Charles  11.  —  Description  ofa  hybrid  s/jarrow. (Bulletin  of  Ihc  Nutlal 
orni.  Club.  VIII.  n''2,  188;!.    .    .    .      272,  273,  330,  769 

Tbaffohd,  Sigisinond  (C.  ue).  -  Field,  1896 939 

TnisTBAM  (le  rC'V.  II.  H  ).  —  On  a  small  Collection  oJ  Birds  from  the  Lousiade 

and  d'Entrecasleaux  Islands.  Uni^.  l^S-^-  ■    ■       i~0 

lu.     The  survey  ol  Western  Palestine.  London,  1884 652 

Tsciiusi  ZL' ScuMiiiuui'KiN  (le  elievalier  von). — Les /Ifpes,  Strasbourg.   ...        13, 

15,  16,  19,  52 
lu.     Bastard  von  .\ .  boschas,  ele.  Zeils.  Iiir  die  gesain.  Ornitli.  von  Madarasz,  II, 

P|.,  r.23.  ô.'4,  1885 143,  145 

II).     Hibliothek  ftir  Jager  und  Jagd  Freunde,  1878,  t.  1 69 

In.     Journal  fiir  Ornithologie,  1869,  p,  240;  1878,  p|).  96  et  3«).   .     382,383,397 

lu.     LMrnis.   1888 510,  515,  538,  919,  947 

lu.     Ornilh.   Monath.,  n»  1,  1895 511,  911 

lu.     (sans  indication  douvrage  .   .     16,  28,  31,  33,  34,  3ï.,  36.  37,  39,  142,  143, 

145,  400,  401,  405,  5U6,  9i5 

TuRtHETTi   —  (Voir  son  Observation  in  Primo  resoconto,  etc.).    .     251,  252,  279 

TwiSELTON  KiENXES.  —  Proeeed.  of   the  comm.  of  science  and  correspondunce  ol 

zool.  Sociely,  part.  1830-1831 173 

IJsGER.  —  Hamburg  Magazin xxxvi,  xxxvii 

Valisnkri.  —  Caleria  di  Minerva xxxvi,  xlvi 

Vallon.  —  Moiialsschrilt,  188.'),  p.  211 373,  374  375 


900  LISTE    ALPHABÉTIQUE   DES    AUTEURS 

Vallon.  —  (sans  indication  d'ouvrage) 279 

Val.mont  de  Bomahe.  —  Dictionnaire  d'IJist.  nal xxvm,  lxiii,  cxiii 

Verrill,  a.  \\.  —  <:onnertival  Noies  And.  X,  1893 788,  789 

Verraul  J.  H.  —  Feuiftered  Hori,/,  (lOau  53  octobre  1891.   .    .    .       218,219,222 

Id.     (s  ins  indication  d'ouviat;e) 232 

Vian.  —  Revue  et  Mat;asin  de  zoologie,  p.  401 694 

In.     (sans  indication  d'ouvrage). 662 

Vieillot  —  Nom>eau  dictionnaire  d'Histoire  naturelle  appliquée  aux  arts.  Deler- 

ville,  l'aiis,  1817,  Xll lxxvii,  210 

ViGORS.  —  Transactions  of  tlie  Linn.  Soc.  of  London,   XIV,  1823  {With  Observa- 
tions on  the  Anns  glocitans  oj  PaUas  ......        127,  65fî,  657 

ViREY.  —  In  IS'oiiv.  Dict.  d'ili'it.  natiir.  (art  Hybrides),  t  XX.  Paris.  1818.  XLViii 
Vis  (C.  \\.  de).  —    Report   on   ornithological  spécimens  collected  in   brilish 

NewGuinea.  Brisbane  oÛ"' june  1894 840.  981 

VoGT.    —  Leçons  sur  CHomrne,   ls78 xxxiv,  xliv,  xlvii.  lxxvii,  civ 

Wagner  (R.).  — Lehrbuch  der  Physiologie,  Leipzig,  83S-39  .  xxiv,  xxxii, 

xxxvni,  lxi,  12.  19,  6S,  296 

lu.     Der  Zoologisctie  C.arlen,  FranklurI,  1863      19 

Wagram  (Princcde).— Bull,  des  Se.  naturelles  appliquées,  n»  du  20  mai  1874.       601 

Id.     (sans   indication  d'ouvrage) 603 

Wallace.  —  (sans  indication  d'ouvrage) 415 

Wahulaw-Ramsay.  —  Ornithology-,  Kotex  from  Afghanistan.  Ibis  1880        229 

Waren   (J.).  —  Jahltagelser  ôjver  dùggd.  och.fog.  i  Snonenjoki  och  Viitas. 

Samt  n  alk.  Sochnar.  Middelanden  (de  Finlande).   .      912,  932 

Warthausen,   Baron  Richard  Kœning.    —   Die  Kreuzschnabel  und  ihre  Fortp- 

Jlanzung    in    Jabreshelten  des   Vereins  fiir   vaterl.  Naturkunde  in 

Slutlgard,  1889 283 

Westood.  —  Trans    ol  tbe  enlomological  Sociely,  1841^  1843 xlviii,  civ 

\Vh BELER  J.  c.  —  Kield,  9mai  1891 370 

Whitaker.  —  Catalogue  de  la  vente  des  Oiseaux  faite  à  Londres,  le  22  mai 

1890 62    112.  114,  118,  15(;,  229.  499,  510.  630,  803 

lu.     llybrid  between  Turtur  Peristerii,Turtur  vulgaris,  Turtur  lenera.     200, 

526 

Id.     Zoologist,  1883  et  1885 200 

In.     (sans  indication  d'ouvrage) 50,  120,  625.  666 

Wbite.  —  Nat.  hist.  of  Melbourne,  (édit.  Bennett  et  dernières  éditions),     lxxvim 

Id.     Histoire  de  Selbourne.  A  naturalist  Calendar  extracled  from  the  papers 

of  Ihe  late  Rev.  Gilbert  White.  London,  1795  ...        87,  104.  105,  943 

Wickewoort  Chommelin.  —  Note  sur  quelques  Canards  observés  en  Hollande. 

Arch.  néerl.  dessc.exactes  et  natur.,  t.  VII.     116,  134,952 

Id.     Archives  néerlandaises  des  sciences  exactes.  H,  lf'67  ;  III,  1872,  p.  131,  138 

119,  V29,  135,  140,  143,  154,  155,  157,  161.  656,  660,  665,  676 

lu.     Bull.  Soc.  Accl.  deParis,  p.  784. .    .      119,  125,141 

ID.     Nederlandsche  Tijdscliritt  voor  de  Dierkunde.  t.  I,  U,  III,  .     115.  1)6,11*9, 

123.  124,  125,  127,  130,  134,  135,  142,  154,  660 

Id.     (sans  indication  d'ouvrage)  p.  150 '252,  625,  634,  ()ti2,  666,  692,  694 

WiEBKE.        Journal  fiir  Ornithologie  1885,  1886,  p.  394.   .     20,  45,  69,  70,   71,   78 

WiEBER.  —  (sans  indication  d'ouvrage) xxxvi 

WiEKE.  —(sans  indication  d'ouvrage).   . 66,  73,  77 

WiLDUNGKN.  —  Neujarhsgeschenk  fur  1795,  p.  50 18 


LISTE   ALPHAUÉTIQL'E    DES    AUTEURS  !)0I 

WlLLOOGHiiY.  —  Ornilhologia  cl  Ornithotogy.  London    Ifi^S civ,  453 

Wii.soN,  James.  —  Notice  of  the  occurencc  in  Scolland  of  tlic   Tetrno  médius 
elc.  iProL-ecdingMif  llio  royal  Sm'icly  iif  Ediiiiboui'};),  1SI2-18i^, 

t.  1,  ... 13,  18.  19,  25 

Witneh-Stonk.  —  llybrid Zonotrichia  Aiik   n»  :!,  vol.  X .      769,  770 

II).     Proceediogsof  thc.Acailemy  of  N.it.  Se.  l'Iiila.lelphia.  1892 392 

VVoi.sKE  (Oscir)     —  Siehenlcr   Jaliicshcriclit  des  AnnaherK-Biichliolzerl   Vereins 

fur  Naliiikuiidc,   1SS3-18S:>  ...  168,  16!) 

Wright  (G.  A.).  —  List  oj  liirds  ohservcd  in  t/ie  islands  of  Malta  and  Gozo. 

Ibis  1-64,  ISC.!);  Third  Appendix 280 

WuRM  (W.  le  D').  —  Das  AuerwiUl.  dessen  ?iatiirgeschichtc  Jagd.  iind  llege, 
Wien,  1885.  —  Der  Auei'hahnjâger.  Wien,  1888.   .    .        20 

iD.     Der  .\uerhahitj('iger,\\\ea.l^^ 20 

1d.     Die  deuls.  Wald.  Hiihner  (Zool.  Garlen,  Krankfurt,  1880,  pp.  152,  17.').       13, 

13,  15,  20,  42,  50 

II).     Même  revue,  1884,  p.  115 20 

Id.     Journal  fiir  Ornilliolo^'ic,  n' 43,  1860 19 

In.     Zool   Garlen,  l'rancklnrl,  p.  176,  1880 15 

Id.     (sans  indication  d'ouvra^'e) 930 

Varbel  (William).  —  A  llistory  of  British  Rirds.  I.  II.  III  et  IV.  .    .     19,  56, 

6:î,  68,  88,  89,  ',10,  174,  177,  4SS.  613,  622,  711,  712,  727,  827 

II).     Proceedings  cl  Uie  Zool.  Soc.  of  London,  p.  135,  1837 88 

Zacchias.  —  Questions  médico-légales.  Avenion.  1657 cv 

Zahn  (il.  P.).  -   Evolution  'ind  Uognia,  C.liicigo.  1896 xxvi 

Zaroddnoi.  —  Recherches  zoologiijues  dans  la  contrée  transcaspienne,  1899. 
Exlr.   du   Unlleliii   de  la    Société    Impér.  des   Natnr.  de  Moscou, 

l,Sï<9-I890 106,  628 

Id.     liemarQUes  complémentaires  pour  connaître  la  Faune  ornithologique 
rfu  pays  d'Orembourg  (Bull,  de  la  Soc.  impériale  des  Naturalistes  de 

Moscou,  n»  1.  18S8. 306    311 

In.    ()jiiiiiT(i.iorm:Mi:(_K\H   <l>ayii,'i    9aKacniHCKaro    KPaji.    MocicBa, 

1896 .   .    .' 976,  977,  978,  9S1,  989 

In.     (sans   indication   d'uuvra^e) 6;)5 


REVUES  et  OUVRAGES  cités  sans  nom  d'auteur. 


Acclimalalion  illustrée  (L'),  avril  1886,  p.  317 xviii 

Allgemeine  deutsche.   Ornilhologische    Gesellschajl   in  Berlin,   (Journal   (iir 

ornithol.  XIII,  188'.») 350 

Allgemeine  Uebersichl  der  Vogel   \\mn\)<tv^,\..\\ ,  p.Gù^ 18 

American  Sportnian,  n»  2,  12  décembre  1874 301 

Annales  rie  Philosophie  chrétienne,  mai,  1888 \x\i\ 

Au^'sburger  Ahenilzeitung, 'i4  décembre  1889,  n°  3,So.  (.article  Sport)  .   ...       104 

Auk  (TheJ.  II.  Qualerly  Journal  ot  Ornithology.  publiched  for  the  American  Ornithn- 

gisls'  Union,  New-York.  L.  S.  Koster,   1883,  juillet,  |).  307;  188(1,  p.  331;  1890, 

pp.  196,  et  219;  1892,   pp.  80,  208,  302,  304,   305,  382;   1893,  pp.  89,  208,  305; 

1894,  p.  79;  1895,  p.  ICO  ....    .     192,  247,  270,  273,  086,  694.  784,  786,  815 

Auch  einiges Jiir  Beobachtungs  stationen  der  Vijgel  Deutsclilands.  Jnurnal 

lûr  Ornithologie    (Janv.  1881,  p    iilîil 351 

Bcitiâge  zur  rheiniscben  Naturgeschichlc,  Kriburg,  18'i9 118 

Bible  anglaise,  Iîaiiklcii,  1008 xii 

Bibliog.  universelle  des  se,  belles  lettres  et  arts,  Genève,  1832, 1. 1,  p.  13.       l.xxii 

Bolborlignchus  Monatsschrilt 761 

BoUettino  del  Nalaralista.  Sieoa,  15  mars,  1892 252,  252 

Bulletin  de  la  Société  zoologique  de  France,  1877  (pp.  25,  .53,  320;  1893  (n"  i,  p.  xix); 

1895  (n"  de  lév.).   .    . xvm,  461,  908 

Bulletin  de  la  Société  d'acclimatation  de  France  (Rev.  des  se.  naturelles  appliquéesj^ 
185.^-18.18,  pp.  171,  o2(),  ;:69,  t523  ;  1859,  p.  305;  1800,  p.  422;  1861,  pp.  257,  288, 
356;  1862,  pp.  87,  41.2,  465;  1863,  pp.  288,  :«)7  ;  1864,  pp.  06,  175,  237.  639, 
715;  1805,  p.  xxvii.  263,  288,  307;  1866,  p.  Lxxiv,  44;  1.-'67,  pp.  24,  178,  746; 
1868,  pp.  66,  274,  350,  784;  1869,  p.  19;  1875,  pp.  264,  78.5,  789;  1881,  p.  314, 
463,  654;  1882,  p.  078;  1885,  pp.  73.  383;  188(i.  p.  395;  1887,  pp.  XLi,  333,  392, 
425,  609,  653;  1888,  p.  478;  1889,  pp.  610,  696,  7U7,  820,  870;  20  juillet  1890, 
p.  89;  1891,  p.  4411;  18J2,  pp.  87,  205,  237,  288,  574:  1893,  (n"  du  20  mirs,  20 
juillel,  5  et  20  décembre),  pp.  383,  173,  523;  1894.  pp.  187,  42ô;  189.5,  p.  286: 
se  reporter  aux  pp.   .   .     x,  xvii,  xix,  xx,  xxiv,  xxix.  xli,  ui.  liv,  lvm,  lvui, 

LXX,  LXXII,    I.XXIII,    LXXIV,  LXXV,    1.XX1X,    LXXX,  LXXXUl, 

Lxxxviii,   xc,  cvii,  8,  81,  82,  84,   119,  141,  217,  26'i 

Bulletin  de  la  Société  centrale  d'Aquiculture .        xx 

Bulletin  Soc.  Amis  des  Se.  nat.  de  liouen,  2  juillet  1891 265 

Bulletin  o(  the  Essex  Institut.  V,  décembre  1873 274 

Bulletin  of  the  Ornilho.  Club.  1878,  p  67;  1881,  p.  128;  1885,  pp.  8,  143.   .   .      434 
Catalogue   and    Award    of  Prizes,    Uie   Crystal-Palace    company,  Sydenham, 

1887 201 

Catalogue  ot  the  Public  Muséum  anil  Piilure  Giilleiy,  Bcighton 714 

Catalogue  of  Birds  Brit.  Muséum,  1888 226.  369 


REVUKS  i:t  ouvragms  citks  sans  nom  d'auteuk  îlO.'t 

Chcck-LisI,  vie.  t\'oy.  Code  of  Nomenclature) 

Chronique  de  la  Soc.  il'Ai'Olitnatiitioii,  20  Ii'v.  1887 i.xxv 

Code  of  Nomenclature  and  Checlt- List  {The)  of  Norlh  American   llirds,  Nrw- 

Voïk.  l^Sii  i-l  Supplément  18it» 192,  246,  247.  274,  275,  ;Uii. 

317,  348,  37(),  433,  43-),  438,  r>'.)u 

Coinpli-s-i-pndus  de  l'Aïailomic  de  Turin,  :m  .\1I.   .   .    , .ni,i 

Conseils  pour   la  connaissance  des  Oiseaux  du  Jemtland  et  de   llerjenda- 

lens 916,  936 

Crania  brilannica t:\iii 

Deulsclie  .lii^'or  Zcilniif;,  .Ni'iid;iniin,  1849.  |i.  ïSJ;  b85  (n°  iln  i5  oclohre)  ;  18t6. 
|>|>.  Vil,  103;  1887(0"  du  9  mai);  IsSS.  |),  in'.l;  1889.  p.  170;  1890,  p.  13i;  1896.      143, 

5112,  503,  510,  511,  512,  513,  538 

Dictionnaire  classique  d'Histoire  naturelle  île  liory  de  SaiiilViinciil,  in-S".  l'iiris, 

t.  IV.  I>i23  lar-l.  Cliii-ri);  I..X,  182'i,  (arl.  .M.iiiiniiféres).     i.xiii,  i:iv,  cviii,  121,  217 

Dictionnaire  d'IIippatiqne,  1811 x.xxviii 

Dictionnaire  de  Levrault  (art.  Ilylji-idc) XLViii 

Kleveiir  (L").  1887  pp.  277,  3'.'i.  387;  1889,  p.  53;  1890,  p.  369 i.xxxix,  xc 

Encyclopédie  pratique  d'Agriculture,  VAn'^,\.  V ,  1861 xcvi 

lo.     T.  .\,  186) i.xiii,  xcvi,  cxii,  CHU,  lxxxv,  lxxxix 

Fcathcrod  Woiid  (.The|.  1891,  30  oclobre,  13  novemlire 218.220 

Kiidd,  Tlie  couiiliy  (îenllcman's  Newspaprr,  29  iioi'il  1838;  i2  iiiais.  19  avril,  31   mai 

18;i0;  26  oit.  1891  ;  2ii  ocl.,  9  nov.,  7  déc.  1895;  lévrier,  sept.  1896    .    ,    .      114, 

120,  2il.ï,  276,  277.  366   3.0,  551,  552,  561,  908,  936.  941 

Korest  and  Sircam,  Hoil  and  Ijiin,  New  York,  39,  Park  low,  vol.  I,  pp.  342,  374,  836, 

vol.  m,  pp.  5,  51,  338,339;  vol.  IV,  p.  133  ;  vol.  V,  pp.  266,276,  337,  338;  vol.XIl, 

pp.  146,  2JG;  1883,  p.  81;  1881.  pp.  /i55,  484 Lxxv,  273, 

374,  436,  573,  640,  682,  684,  685,  701,  705,  706,  728 

Gazelle  médicale  de  Paris,  37' année,  pp.  1,  21,  1886 i.xipi 

Genèse  [La) xii 

llcimat  {le).  Kiel,  1892,  p.  95 815 

Ihis  (The).  .\  Ijiialerly  .loiirnal  ol.  Ornilhology,  édil.  by  1'.  L  Sclarer  and  H.  Saiin- 
ders,  London,  p.  300;  1862.  p.  289:  1870.  p.  119:  1871,  p.  186,  1876,  p.  186;  1882, 

p.  .343;  oclobre  1895 xviii,  415,  42'),  427,  509,  596 

Institut  {L'),  .XI.  p.  298  .   . 13 

Isis  (L'),  1828.  p.  25 105,  393 

Jagd-Zeilunn  i  A.  Ilu^o'si.  Wien.  1872,  p.  601  ;  1881,  pp.  304,  500;  1882.  p.  657;  1881, 
pp.  226,  325  :  1883,  p.  225;  1884,  237,  238,  296.  327,  366,  'Mi  ;  1885,  pp.  406,  ÔOI, 

502;  1886;  1887,  p.  312;  1888,  pp.  2U,  344,  500 12,  13. 

14,  20,  29,  41,  43,  r>l,  69,  78,  99,  531,  747 

Journal  rAciliinatalion,  n»  du  20  février  1887 Lxxv 

.lournal  d'Agriculture  pratique  de  Barrai.  187.i,  t.  I xcix 

Journal  Ency(iopédii|ue,  (2*  partie,  mars  1762) xxxvi,  xxxvni 

Journal  des  Haras,  1818.  t.  XLV xxxviii  Lxxiri 

Journal  liir  Ornilliolouie  du  D'  Cabanis,  Herlin,  Leipzig,  1853  (Extra  llelt,  p.  7)  ;  1854 
(V);  1856,  p.  354;  1863;  1865,  p.  219;  1870,  p.  131;  1872,  p.  (8;  l.'^77,  avril, 
p.  213;  1880,  p.  267;  1882,  pp.  73,  270;  ISSI,  pp.  217,  251;    1885,   pp.  97,  98, 

1916,  16,  515;  1887,  p.  647;  1890.  p.  98;  1894.  p.  289 146, 

148,  153,  223,  308.  ^09,  351,  392,  395,  735,  986 

Journal  de  Physique  et  dllist.  nal.,  3»  vol.,  in-l»,  1756,  p.  86 xxxvn 

Koniglick  Schwedische  Akademie  Wissenschalten  (lier).  1740,  p.  214  .    .   .       Lxxii 


904  KEVUES    ET   OUVRAGES    CITÉS    SANS    NOM    u'aLTEI  B 

List  ofthe  vertebrated  Animais,  now  or  lately  living  in  the  Gardens  of  the 

zool.  Society-  Iii;;lil,  KdiUon,  18S3,  Lonilon  , i-xxni,  82.  16J,  176 

LongriiHii's  Fur  aiul  l'"ealhi'r  séries  pp.  62   63 933 

Magazine  of  Naliiral  liislory  aiid   Joiirniil,  vol.  Vlll,  Lonilon,  ISS.î,    p.  509  ;   1836. 

pp.  65,  1U7;   1837,  p.  81 87.   118.  120,  398,  40-i 

Maniial  of  the  Birds  of  Neiv-Zeland,    pulilié    on   1882  par   ordre  du   Colonial 

Muséum  and  «eolog'y  Snrwey  llepartnieni 290 

Meddelanden  Soc.  pro  fanna  et  flora  (eunica,  p|).  xviJi,  217  et  219,  1881    .    .    .      908, 

92SI,  933 

Méni.  de  la  Soc.  dWgric.  du  départ,  de  la  Seine,  t.  11,  p.  264 xcv 

Mentor  agriiole  (le)  Bruxelles 411 

Mittheilungen  des  ornitliolgisclien  Vereines  in  Wien,  '833,  p   105;  1884,  pp.  9,  19  ; 
Monatsschriden  des  Deutsch.  Vereins,  etc.,  |i.  S",  1890 511 

1887,  p.  342;   81;   18U4,  n«  4 12,  Iri,   17,  42,  150,  534 

Nai.  Hiftory  of  Paraguay,  \i.  151 lxxvu 

A'aiiiraiisk' ('t'),  l'aris,  15  octobre  1886  et  15  macs  1396 xviii,  232 

liai   liislory  of  Birds 797 

N.itLiralisfs  Journal,  vol.  M,  n"  22    avril  1894 77:3 

Nederlatidsche  Tijdschiilt  voor  de  Dierkundi%  t.  1  el  t.  III 119 

Norsk  Idretsljlad  Normes  eneste  Sporisorgan,  7.  II,   .Aarg  .\IV,  n"  5,  p.  37,  Chris- 

tiana 931,  932 

Nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle  de  Deterville,  l'aiis,  1818,  t.   XV, 

et  t.  XX xLviii,  Lxxviii,  civ,  cxii,  cxiii,  cxix 

Nouveau  Cours  d'agriculture,  t.  IV,  VI^  IX,  XI,  moccciXj  1837 vin, 

IX,  LXXVl.  Lxxxvni,  cvii 

Nuttalornilhological  Club,  IS31.  {Oiseaux  d'eau],  p.  SS'i 706 

01).  Schl    Anzieg 747 

Ornithologische  Monalsberichle  licrausgegeben  von  D'  Ant.  Reichenow,  1890,  p.  126; 

1893,  p.  119;  1894,  pp   101,  109,  132,  141  el  n»  8;  1895  (n"  1  et  nov.,  déc).       511, 

515,  677,  710,  739,  908 
Philosophical  Transactions  of  the  Roy.  Soc.  of  London,  1813,  part.  I,  vol.  31,  1813 

et  1853,  p.  90. xxxvii.  lxxviii 

Poultry  Book    .  - xc 

Poultry  Chronicle xc 

Proceed.  and  Trans  of  the  Nat.  hist.  of  Glasgow,  vol.  1  (New-Serres,  part.  II,  1884- 

1885,  1886.  .   

Proceedings  of  the  Linna;an  Soc.  New-York,  2  march  1892 iSô,  786 

Proceedings  of  the  asialic  Society  of  Bengal,  1871 428 

Proceedings  de  la  Soc.  d'Hist.  nat.  de  Glaseow,  1876,  vol.  II,  partie  II,  p.  263.      570 

Proceedings  of  United  States  National  Muséum,  p.  163 347 

Proceedings  of  the  zoological  Soc.  of  London,  1830-1831,  p.  158;  1849,  p.  62;  1884, 

1890,  1852,  84 lv,  80,  151,  174,  680,  740 

Public  Muséum  and  Piclure  Gallery  of  Bricjhton.  (Catalogue  du  Musée).      713 

Ruing  Calandar lxxxiv 

Revisita  italiana  di  Se.  nat 767 

Rougle  Notes,  in-1» 713 

Revue  britannique,  1896 lvi 

Revue  des  Sciences  naturelles  ap|ilii|uées  (Voy.  Bull.  Soc.  Acclimatation)  .    . 

Hevne  italienne  des  Sciences  naturelle,  1"  octobre  1891. xiv,  982 

Sl-Hubertus.  Gôthen,  1893  .' 511 

Sammlnng  von  Natur.  und  Médecin  (Sommer  quartal^  1723,  Leipzig,  1725.    xxxvu 


REVt'ES    KT   OUVHAGES    CITKS    SAN»    NOM    d'aUTKIII  DOo 

Sclence-Gossip.   novembre  1872,   p.  202;    1877.  p.  2fi:3;    187S,   pp.   43,   209;   1S79. 

p.  t!7. 7%,  7'.'7 

Synopsis  of  tlie  ,\ewcastlc  Muséum 

Trans.  de  la  Soc.  i  ntornolojîicpii^  île  l.oinli'cs,  vol.   III i.viii 

Turf  licffister lxxxix 

Volière  (la),  n"  du  t"  sept.  188G- i.x.xxvi 

18,10 815 

Waidiiiaiin  (der),  1881,  ii*  3.'),  p.  UU 20,  .')2,  .510 

Waslgolha  resa. xi.vi 

\\>n//(er  le</'s  rfenernl  Stud  book i.xxxix 

VVcidniannslieil.  lllust   zeilschiifl  fur  Ja^'l,  Klagenfurt  l.eon  n»  11,  l."i  sepleiiihie 
Zeilsrliiid  lûr  die  KC-amiiile  OrnillMlonie  von  .Mad^ii'.jsz,  Budapest,  II.    .      14:).   I'i5 

Zeilsrhrifl  fiii- Oinilh' lo-ie,  .^hlliii.  lS8t.   Xlli,  n*  12 lll/i 

Zoolojjiselie  Caiien  (Den  Kraiikliirl,  18.">i.  p.  '.2'.l.')  ;  181»,  p.  119;  ISfJS.  p.  4;!0  ; 
187ij;  1877,  1.S80,  p.  :>I8;  1882  1890,  j.iiiviei-  .  vr,  i.v,  i.vi,  l.x.mv,  12,  ><t>,  IW 
Zooloyisl  (Tlie).  .\  monlliy  .loiiriial  of  .Naliiral  llislory,  editcd  liy  .l.-K.  llarliii^', 
Lonilon,  18r)2,  p  :W88;  185'r,  p  2i>.'>  ;  ISG'.i,  20  jiiillel;  1870,  p.  1770;  1882  nrl., 
p.  36'.»;  1S8J,  pp.  83,  3.2.  n»  81,  p.  379;  VII,  p  :J791  ;  1887,  pp.  128,  2t;G,  207, 
303;  XI,  p.  b9t>;  1S8.S,  lévrier;  1889.  n»  'i.  p.  111  ;  1890,  ir  de  mars;  1892,  pp. 
107,  109;  189:î,  pp.  32,    190,   191  ;  189i,   n"  de  ter   el  du    l."i  (èvrier;  sepletuhre 

189.'),  p  253;  n"-  du  16  mars  el  octobre  1890 xvii,  200,  201,  202, 

203,  204,  208,  237,  252,  560,  551,  007.  013,  tijO,  648,  65ô,  660,  097,  739,  773,  970 


SIXIKMK  PAItTIE 


KTOtrVELXjES    ADDITIO ISTS 


Pendant  qu'on  rt'li;iU  les  cinq  (larlies  de  cet  oiivi'ajj;e,  que  l'on 
établissait  la  table  des  matières  et  celle  des  auteurs  cités,  et  que 
nous-même  étions  occupe  à  écrire  une  Préfack,  quelques  nouveaux 
exeini)les  d'iiybrldatiou  se  trouvaient  publiés. 

Ces  faits,  et  des  éclaircissements  sur  ceu.x  qui  ont  été  déjà 
signalés,  donnent  matière  à  de  Nouvelles  Additions  (1). 


(I)  Ces  additions  seront  continuées,  nous  l'avons  expliqué,  au  fur 
et  à  mesure  que  les  naturalistes  voudront  bien  nous  communiquer 
leurs  observations  Nous  les  prions  instamment  de  nous  signaler 
les  revues,  les  périodiques,  les  ouvrages  dans  lesquels  se  trouvent 
racontés  des  faits  d'hybridité.  --  Beaucoup  de  ces  faits  nous 
échapperont  si  nous  sommes  livré  à  nos  propres  recherches  Nous 
avons  publié  une  table  des  auteurs,  des  ouvrages,  des  articles  de 
journaux  ou  de  revues  que  nous  avons  consultés.  Il  sera  donc  bien 
facile  de  se  rendre  compte  de  nos  omissions;  nous  nous  montrerons 
Crès  reconnaissant  envers  ceux  qui  nous  les  feront  apercevoir. 


908  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

UllDRI-:  DKS  C.ALLINACKS 
fdiiiillc  (les  Pcrdicinés 

Perdix    sAXATiLis    et    Perdix    cinerea 

(Se  reporlcr  pp.  G  et  485| 

Le  Bullelin  de  la  Société  Zoologiqiie  de  France  (1)  reproduit 
l'aiticle  de  la  Diana  (2)  dans  lequel  M.  Falio  a  fourni  des 
ex[)licati(ins  sur  ce  croisement  qui  lui  p.irail  devoir  être  rejeté, 
comme  nous  l'avons  expliqué. 

Mention  du  même  article  a  été  faite  dans  «  Ornitlioiogisclie 
Mouatsberichte  »  (3). 

Perdix  rubra  et  I'erdix  cinerea 

(Se  reportci-  |i|i.  7  et  S7) 

En  réponse  à  une  remarque  faite  dans  le  Field  (4),  au  sujet  de 
la  non  existence  d'hybrides  de  ce  genre,  M.  Ci.  Millard,  de  Wyman- 
gham,  fait  savoir  (5)  que  feu  son  frère,  qui  vécut  à  la  ferme  du 
château  de  Ditchirsgham  (6),  en  posséda  un  spécimen.  Le  pro- 
priétaire de  la  ferme,  feu  J.  S.  Leedningfeld,  eu  conserva  lui  même 
un  autre  ;  les  deux  Oiseaux  avaient  été  tués  la  même  année. 
Probablement,  dit  l'éiTivain,  le  spécimen  de  son  frère  n'était  point 
en  plumage  complet  :  les  plumes  étaient  celles  de  la  Perdrix 
française,  quolcjne  peu  marquées.  Mais  les  jambes  étaient  très 
singulières  :  elles  étaient  tachetées  de  rouge,  absolument  comme 
si  on  les  avait  enduites  de  cire  de  cette  couleur,  tandis  que  le  reste 
de  la  jambe  était  du  ton  de  celui  de  la  Perdrix  grise. 

M.  Millard  ne  se  souvient  plus  de  ce  que  sont  devenus  ces  deux 
Oiseaux  ;  il  ne  se  rappelle  pas  davantage  si  d'autres  spécimens  de 
même  genre  avaient  été  rencontrés  à  la  même  époque.  M.  Robert 

(1)  N»  '..  MX,  |i  1',-  i^rn. 

(2|  iN"  il  II   11  oi-lnlji-e   If*'.  U. 

(li)  IlerHUs^e^'clu'ii  M)I1  pri)(.  I)'^  Hiielieni  vv,  i.°  S.  p.  \'M.  j    il  >  I    !.-r4 

(i)  i\»  (In  2()  oeloliie  tS'.'.S. 

1^)  Dans  le  iiu'mc  joui-ih  I.  ii»  ilii  '?  nivcni'"e  s  iiv;iiil  iir2-:'.7|,  p. 7  li    I.SC. 

(('O  Vii'^  U11111.MZ 


NOUVF.LLES   ADDITIONS  909 

iMiiitiii  |iiiiiir;iit  [ii'ut-ctrc,  s'il  est  eucoi'e  vivMiit,  donner  des  indi- 
L'iitioiis  ;i   ce  sujel   (  Ij. 

Nous  supposons  (]U(',  dans  cet  (^xeiniile,  ou  n'a\;iit  encore  adaire 
{|u'à  de  jeunes  Perdreaux  rouîmes  (jui  portent  sur  l'aile,  dans  la 
partie  haute  (connue  nous  eu  avons  fait  la  reuiarqut^  p.  4'Jl)).  de 
petites  plumes  nioiitrani  les  plus  grandes  analogies  avec  celles 
de  la  l'erdrix  grise. 

M.  Millard  {2)  veut  bien  nous  donner  quelques  i)arlicularités  sur 
les  nids  de  l'erdrix  dans  sa  contrée.  H  lui  fut  donné  une  fois 
d'observer  un  de  ces  nids  dans  lequel  avaient  été  déposés  des 
(l'ufs  des  deux  espèces.  La  l'erdrix  rouge  couva  tous  les  œufs  de 
la  l'erdrix  grise,  au  nombre  de  huit  euvirou  ;  mais  elle  abandonna 
quelques-uns  des  siens  qui,  ceiiendanl,  étaient  fécondés.  L'obser- 
vateur vit  souvent  la  Perdrix  rouge  sur  le  nid  ;  il  ignore  ce  qu'il 
advint  de  la  couvée.  Il  sn|)pose  (jue  les  jeunes,  après  avoir  traversé 
un  champ  et  un  chetnin,  allèrent  s'établir  dans  une  pièce  de  navels 
apparlenaut  à  l'un  de  ses  voisins.  Cette  année  (1896),  il  y  rencoutra 
une  bande  de  l'erdrix  très  nombreuses  :  une  vingtaine  environ. 
11  ne  saurait  dire  s'il  y  recouuut  des  individus  ap|)artenant  à 
l'espèce  louge  :  tous  ceux  (ju'il  abattit  appartenaient  à  la  grise. 
M.  Millard  ajoule  que  les  Perdreaux  rouges,  qui  sont  plus  sauvages 
que  les  autres,  ne  peuvent  être  distingués  au  vol  tant  qu'ils  ne 
soûl  pas  revêtus  de  leur  plumage  complet. 

I'i;ni)l\    CIMCRA    ET    (iOTURNIX    COTURNIX 

M.  le  chevalier  von  Tschuzi  a  bien  voulu  nous  signaler  un 
ouvi-age  de  M.  J.  Fi'ivaldszky  (^i)  dans  lequel  (4)  celui  ci  lait 
mention  d'un  hybride  ■Coturnix,   tué  à  Eperjes,  Saros  (Hongrie). 

M.  von  Tschuzi  a  en  outre,  pris  pour  nous,  auprès  de  M.  Osso 
Hernian,  de  Butlapest,  des  iudicalious  sur  cet  Oiseau.  H  résulte 
de  la  correspondance,  échangée  avec  ce  deruier,  que  la  pièce 
est  conservée  dans  de  mauvaises  conditions  et  qu'il  est  impossible 
de  nous  l'adresser.  .M.  Herman  a  promis  à  M.  Tschuzi  de  la  faire 
représenter  en  planche  coloriée  et  d'en  donner  une  description 
dans  ]'.\/ivilii,  le  nouveau  joui-ital   ornilhologiqiie.  Ou    ne  connaît 

(1)  Son  ailit'sse  n  e>l  irallieuri'useinenl  |i<iijit  ciiiimii' ik'  .M.  Millard. 

(2)  IJ:ms  uni' Icllio  (lali'u  (rilrlliil  Ujinoiulliaip. 

(3)  Avi-.'i  Ihiugurin'.  HhiI:i|icsI,  IS'.H. 

(4)  1'.  IKi. 


910  OISEAOX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

])()iiU  l'origine  de  cet  hybride  ;    mais   on  suppose  qu'il   provient 
(le  la  Perdrix  commune  et  tie  la  Caille. 

Nous  avons  beaucoup  de  peine  à  croire  que  l'appariuge  de  ces 
deux  espèces  se  soit  produit  à  l'état  sauvage. 

P.  S.  —  Au  moment  de  mettre  sous  presse,  nous  recevons  une 
lettre  de  M.  0.  Herman,  député,  dans  laquelle  il  nous  fait  savoir, 
comme  nous  le  pensions,  que  l'Oiseau  en  question  n'est  point 
un  hybride.  C'est  par  erreur  que  M.  le  D''  vou  Madaraz  l'a  décrit 
sous  celte  rubrique  (1).  C'est  un  Oiseau  de  la  forme  de  ceux  dont 
on  parle  dans  le  Catalogua  des  Oiseaux  du  Rritish  Muséum  (2),  sous 
le  nom  de  Synoicus  lodoisiw  Verreaux  et  Des  Murs,  et  qui  sont  une 
forme  sombre  de  la  Caille  commune. 

Tetrao  tetrix  et  Tetrao  crogallus 

(Se  repoitei-  |i|i.  10  cl  .'KliD 

Nous  avons  pu  nous  ))rocurer  deux  Rackels  o"  en  chair,  grâce 
à  l'obligeance  excessive  de  M.  F.  A.  Smidt,  le  savant  directeur  du 
Musée  de  l'Académie  de  Stockholm. —  Depuis  longtemps,  -M.  Smidt 
faisait  chercher  pour  nous  ces  Oiseaux  sur  le  marché  au  gibier  de 
sa  villt!.  Ils  ont  été  trouvés  au  commencement  de  décembre  1895, 
et  nous  ont  été  envoyés  immédiatement.  Malheureusement,  par 
suite  du  long  trajet  qu'ils  avaient  à  parcourir  et  d'une  absence  que 
nous  avons  faite  de  notre  domicile  de  Rouen  où  elles  avaient  été 
envoyées,  les  deux  pièces  très  précieuses  n'ont  pu  être  ouvertes 
qu'à  notre  retour,  au  commencement  de  janvier  1896.  Elles  étaient 
encore  fraîches  et  bien  conservées,  l'emballage  ayant  été  soigné 
d'une  manière  exceptionnelle. 

Notre  attention  s'est  portée  sur  les  organes  de  la  reproduction  : 
nous  y  avons  rencontré  des  testicules  excessivement  petits,  pour 
ainsi  dire  minuscules,  sans  doute  très  atrophiés  :  ils  atteignaient  à 
peine  les  dimensions  d'un  grain  de  blé.  Us  étaient  remplis,  non  de 
liqueur  séminale  de  belle  couleur  jaune,  mais  d'une  substance 
noire  et  visqueuse.  Il  nous  a  donc  paru  tout  à  fait  inutile  d'exami- 
ner au  microscope  ce  qu'ils  contenaient,  étant  bien  convaincu  que 
l'on  n'y  pourrait  rencontrer  aucun  animalcule  spermatique. 

(1)  ((  In  Erlanterungen  zu  tier  ans  nnlass  des  II.  internulionalen  nnUthotogen 
contjreases  zu  liuiiupest  »,  p.  99,  n"  o9(),  ouviafje  que  .M.  Ilerman  a  la  boulé  de 
nous  adresser  avec,  <eliii  (le  M.  Krivaldsky  et  d'autres  brocliures. 

(2)  Vol.  .\XII. 


NOl'VELLKS    ADDITIONS  !)11 

Cet  examen  ne  dit  rien;  à  cette  époque  de  l'année  les  ori;anes 
n'ont  pas  encore  piis,  pensons- nous,  leur  déveioppeinenl  noiinal. 
Nous  souhaitons  vivement  ((ue  pareil  envoi  puisse  nous  ^tre  fait 
au  moment  de  la  reproduction.  A  celle  époque,  seulement,  on  |)eut 
établir  des  présomptions  en  faveur  de  la  fécondité  ou  de  la  stérilité 
des  Racklelianes. 

Aussi,  est  ce  avec  beaucoup  de  satisfaction  que  nous  avons 
appris  par  M.  Sinidt  que  l'Académie  des  Sciences  a,  sur  sa  propo- 
sition, sollicité  le  ^■()iiv(MiU'nH!Ut  suédois  d'autoriser  au  printemps 
la  chasse  de  (|uelques  Hackelhanes,  Iclrix  et  uroijdlltis,  dans  le 
but  de  nous  procurer  les  matériaux  qui  nous  sont  indispensables 
pour  nos  examens. 

La  licence  ayant  été  bienveilhimmenl  accordée,  ces  Oiseau.v  nous 
seront  envoyés  aussitôt  qu'ils  auront  pu  être  abattus.  Nous  espérons 
donc  pouvoir,  au  printemi)S  de    18!I7,  compléter  nos  oi)servati()iis. 

Nous  avons  remarqué,  dans  I  estomac  des  deux  Uackelhanes  que 
nous  avons  reçus,  une  grande  quantité  de  bourgeons  de  sapin  non 
dépouillés  des  ai;iuilles  qui  les  eiiloui-ent  et  d'autres  essences 
pourvus  d'une  tige  assez  longue.  l]n  outre,  de  petites  pierres 
presque  opaques  et  de  dimensions  assez  fortes  se  trouvaient  mélan- 
gées en  grande  ([uantité  à  la  nourriture.  Les  Oiseaux  avaient  été 
tués  sans  doute  après  un  copieux  re[)as. 

Comme  ils  sont  du  type  ordinaire,  nous  nous  dispenserons  de 
les  décrire;  leurs  squelettes,  fpie  nous  conservons,  feront  ultérieu- 
rement l'objet  d'une  description  comparative  avec  celle  des  sque- 
lettes des  deux  espèces  parentes. 

Un  Lapon,  M.  Camille  Karinienii,  né  à  Kittila,  inainlenani 
agronome  à  Kolavi  (Kinlande),  a  donné  à  notre  bienveillant  corres- 
[londant,  M.  Hugo  J.  Sljernvall,  d'ilirvensalmi,  les  renseignements 
suivants  sur  les  Rackelhanes  de  la  l'inlande.  La  communication 
1res  intéressante  tie  M.  Kariniemi  nous  a  été  traduite  |)ar  son  ami. 

Le  Korpimelso,  c'est  ainsi  (ju'un  nomme  l(!  Hackclhane  dans  ces 
pays  septentrionaux,  est  depuis  longtemps  connu  des  chasseurs. 
Pendant  ces  dernières  années,  il  a  encore  été  rencontr('  çà  et  là  ; 
ce|ie[idanl  ses  aiqjarili<Mis  ont  été  rares. 

.M.  Kariniemi  est  porté  à  croire  que  Vurogallns  d"  recherche  la 
Poule  U'triT  et  s'accouple  avec  elle,  tout  comme  le  mâle  de  cette 
dernière  espèce  agit  à  l'égard  de  la  femelle  de  la  [)remière.  Les 
Oiseaux,  jjrovenant  du  premier  mélange,  auraient  :  les  mâles,  le 
plumage  cendré  gris  et  la  queue  tronquée  ;  les  femelles  possé- 
deraient sur  leurs  plumes  des  taches  blanches  plus  gr.indes  et  plus 


91:2  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    f5AUVAGE 

blanclios  que  ue  le  sont  les  taclies  correspondantes  des  Poules 
communes  (l);  ces  femelles  hyljrides  seraient  en  outre  de  la 
grosseur  du  telri.r.  —  Les  Oiseaux  .y"  sortis  du  second  mélange, 
ont  la  |)ointt'  de  la  queue  fendue;  cliez  les  femi^Ues  les  taches  sont 
plus  foncées  que  chez  la  Poule  iiTofinllus,  leur  grosseur  moindre 
que  la  normale  (?j. 

C'est  dans  les  iiandes  de  Vitvoqnllus  que  le  gibier  Rackel  se  ren- 
contrerait toujours.  Kn  allant,  à  l'époque  du  spiel,  visiter  les  bois, 
M.  Kariniemi  a  lui-même  ohservé  la  Poule  tetrix  au  milieu  des 
Urogalles  et  vicc-verxà  :  néanmoins  il  ne  lui  fut  jamais  donné  de 
surprendre  des  accouplemeuts  entre  ces  deux  types.  Quelques 
chasseurs  disent  avoir  été  témoins  de  telles  unions. 

Encore  d'après  M.  Kariniemi,  les  espèces  pures  ne  toléreraient  pas 
dans  leurs  bandes  les  mâles  hybrides;  ces  derniers,  d'ailleurs,  plus 
petits  et  plus  faihles  que  les  Coqs  d'espèce  pure,  se  trouvant  obligés 
de  s'écarter,  chercheraient  en  vain  à  attirer  des  Poules  à  eux.  \ 
peine  si  celles-ci  les  remaniuent,  leur  spiel  étant  interrompu. 

11  est  intéressant  tie  faire  part  d'une  remarque  que  M.  Kariniemi 
présente  à  son  ami,  quoi(iue  cette  remarque  ne  s'applique  point  à 
l'hybridité.  Quelques  chasseurs  du  pays  estiment  que  les  Oiseaux 
des  bois  (le  gibier)  ne  s'accouplent  pas,  mais  que  les  femelles 
boivent  laii(]ueui'  jaunâtre  (|ue  les  mâles  font  jaillir  sui- le  spiel  ; 
les  femelles  se  trouveraient  ainsi  fécondées  (su-)!  M.  Kariniemi  a 
vu  lui  même  les  Poules  se  nourrissant  de  cette  liqueur. 

Que  les  Poules,  échaulïées  dans  l'ardeur  du  spiel,  béqiiètent  la 
liqueur  échappée  des  organes  mâles,  la  chose  est  jjossible  ;  mais 
qu'elles  s'en  trouvent  fécondées,  ce  n'est  pas  admissible. 

M.  Hugo  J.  Stjernvall,  d'une  complaisance  excessive  à  notre 
égard,  a  été  assez  gracieux  pour  se  livrer  à  des  recherches  biblio- 
gra|)liiques  dans  les  Revues  (inlandaises  afin  de  découvrir  des 
articles  ayant  parlé  d'hybrides.  11  appert  d'un  travail  de  M.  J. 
Wareu  (2),  publié  dans  les  .Meddelanden  de  la  «  SociHax  pro  Fauna 
et  Flora  fciinka  »  (3),  que  quebpies  Rackelhanes  sont  tous  les  ans 
tués  dans  les  bandes  de  tftri.r.  M.  Hj.  Scliulmun  dit  aussi  (4)  qu'on 

(1)  Piobanlenient  les  Poules  H7'og(U/H.s,  nous  dit,  entre  parentlièse.M.Stjeinvall. 
Nous  pensons,  au  conliMii-e.que  son  ami  parle  îles  (euielles  du  U'trix. 

(2)  Intilulé  «  Jaltlttigcher  ôfeiT  dihjgdjur  nch  fnglar  i  Snonenjuki  och  Viila- 
saanvi saiint  Valkeala  sochnar  fObxerviUions  sur  des  M<iiiiinifhes  et  des  Oiseaux 
dans  les  paroisses  de  Snonenjoki  et  de  ViitasaaviJ. 

(.'!)  nùft  7,  IS81. 

14)  f)ans  une  brochure  intitulée  :  «  Ornithologiska  i  ahltagelser  iimlereii  vesa 
i  ôstra  Kurelen  seiiiinarren,  1880  ».  Ubservatio)%s  Druithnlogiijiies  peiKlanl  un 
voyage  dans  I"Ost  Carclin,  pendant  l'été  de  ISSO. 


NOUVEI.LK'i    AUDITIONS  !I13 

lui  a  raconté  que  les  Hackelhaiies  n'étaient  pas  al)S(.liiment  rares 
il  y  a  dix  ans(?);  mais  on  n'en  a  plus  \u  jjendant  les  dernières 
aimées  qui  viennent  de  s'écouler. 

M.  Sljernvall  a  ajjjiris  que.  le  C)  féviier  187"»,  un  Hackelliane  fut 
donné  aux  collections  linhindaiscs  par  .M.  A.  F..  Ilollnierus.  de  la 
parcisse  Solkamo  ;  le  7  février  1877,  un  anire  individu  fut  ollcrt 
aux  mêmes  collections  par  M.  llook  (I). 

D'aiircs  M.  le  IJ''  F>evander  {2),  on  trouverait  souvent  de  ces 
liyluidcs  au  marché  d'Helsingfors.  Ces  pièf'es  proviennent  de  la 
partie  nord  de  la  Finlande. 

Ajoutons  ([ue  M.  .Stjenivall,  toujours  dans  le  hul  de  nous  être 
agiéahle,  a  bien  voulu  tenter  réleva;j;e  du  Hackelliane  en  capti 
vile.  Il  a  donc  essayé  tout  d'abord  de  se  |)rocurer  des  œufs  des  deux 
espèces  pures  qui  sont  réputées  donner  naissance  à  ce  curieux 
GalliDacé.  Pendant  le  printemps  de  189ii,  il  a  pu  en  obtenir  quatre 
du  Grand  Coq  de  Bruyère;  deux  de  ces  oMif  s  furent  malheureusement 
cassés.  Au  bout  de  quatre  semaines  d'incubation  sous  une  Poule, 
ceux  qui  reslaientayantété  brisés,  .M.  Stjernvally  trouva  des  traces 
d'embryon.  L'essai  est  donc  man(]ué  (3). 

.M.  K.  ^^'a,^;^^  de  Londres  (4),  nous  informe  (o)  qu'il  tua.  pendant 
l'année  18S)5,  un  hybride  enfl'e  le  lihickcock  et  li'  Capercaillie  {li'lri.r 
et  urogalliis).  L'Oiseau  fut  aliallu  par  lui  à  Killui  (Pertshire).  La 
pièce  est  maintenant  empailb-e  et  conservée  à  (ilentochay  (Lcosse). 
(;  est,  |)arait-il,  un  tiès  bel  Oiseau  sauvage,  an  plumage  noir  pour- 
pré, et  aussi  gros  qu'une  Poule  Capercaillie.  M.  E.  Wagg  regrette 
de  ne  pouvoir  nous  faire  parvenir  celte  piè(;e  intéressante. 

jM.  James  J.  F.  Kuiz,  de  l'Eiole  d'art  de  Clascow,  nous  a  adressé 
deux  lithographies,  provenant  des  Tran.sactions  of  Ihe  Natural 
History  Society  de  cette  ville  (6),  et  représentant,  la  première  (7): 

(I)  S  iigitil  <le  quelqui's-iiiis  dos  llackoUianes  qui,  (l'a|in's  uni'  cruiimiinkalion 
(|iic  lui  a  [aiU'  M.  le  li'  KM.  Levaudfr,  >e  tiuuvenl  au  iiuiiiljrf  lic  quatre,  donl  une 
li'uulle.  dans  la  collection  des  Ois 'aux  de  lUniversilù  d'Helsingfors  "  Nous  le 
supposons. 

(î)  (Jui  vioiil  d'elle  iioniiMé  dans  la  noie  ci-dessous. 

(II)  M.  Sljernvall  u'avail  pu  d'ailleurs  se  procurer  d'ieuls  de  titrix  ;  il  n'a  |ioinl 
obtenu  daxanla^e  des  œufs  de  Lagiipun,  Cette  dernière  espèce  parait  cacher  très 
hien  son  nid  ;  on  le  Iroiive  si  dillicilement  que  lorsque  des  chasseurs  y  rencontrent 
des  œi:(s.  ils  croient  ipie  c'est  uu  signe  de  quelque  calamité  ! 

(4)  Grosvenor  Sliect,  n«  77. 
(H)  A  la  date  du  12  mars  iH'JC,. 

(6)  Vol     1  (New  Série)  l'arl    111,  )S.S,",  WJ.ST,  pp   :f81  et  riSJ. 

(7)  FI.  IV. 


914  OISEAUX    HYBlilDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

un  liybride,  produit  soi-disaut  du  Capercaillie  r"  et  la  (ireyhen  (9), 
pris  (trapped),  au  Blacliuiouot  eu  1885  ;  la  deuxième  (1)  :  un  autre 
hybride  auquel  (pour  quelle  raison  ?)  M  Kniz  attribue  l'origine 
opposée  à  l'Oiseau  tué  la  même  année  sur  les  bancs  de  John 
Loniond.  —  La  queue  du  premier  hybride  paraît  afïecter  la  forme 
de  l'éventail.  Est-ce  bien  un  hybride?  Nous  le  soupçonnons  d'être 
un  jeune  urogallux.  On  ne  peut  d'ailleurs  le  juger  aisément  sur 
la  lithographie  qui  le  représente. 

Nous  nous  sommes  reporté  au  texte  qui  accompagne  les  planches. 
M.  W.  Craibe  Angus,  l'auteur,  fait  savoir  que  ces  deux  Oiseaux 
lui  ont  été  gracieusement  communiqués  :  le  plus  petit  (2)  par 
MM.  CuUoch  et  fils,  de  la  Sauchichall  street,  et  le  plus  grand  (3) 
par  M.  Henri  Martin,  de  la  Wat  George  street.  Les  dessins  ont  été 
exécutés  par  M.  Duncan  Mackinlay,  C.  M.,  un  des  membres  de  la 
Société. 

M.  Craibe  Angus  a,  dans  son  article,  signalé  la  disparition  gra- 
duelle en  Angleterre  de  Vurogallus.  11  remarque  que  le  croisement 
de  ce  gibier  avec  le  trtrix  est  partout  fré(]uent,  là  toutefois  où  son 
introduction  est  récente.  Il  en  donne  deux  raisons,  la  première  : 
«  that  when  migrating  the  sexes  generelly  separate,  the  females 
moving  in  advance  of  the  maies  —  a  habit  not  conlined  to  this 
species  ».  La  seconde  :  ((  that  strange*birds  —  such  as  the  maie 
Blackcock  {tetrix)  and  female  CapercaUlie  {urogallus)  and  rice- 
versà  —  are  more  likely  to  cohabit  on  their  first  meeting  than 
on  their  better  acquaintance  ».  11  tient  d'un  game-keeper  autorisé 
cette  assertion  :  qu'aussitôt  que  l'Urogalle  apparaît  la  Poule  tf.trùc 
abandonne  généralement  son  mâle,  et  que  des  combats  entre  les 
deux  Coqs  s'en  suivent  parfois.  Il  ajoute  que  les  hybrides  varient 
considérablement  par  leur  taille  et  leur  plumage  et  que  le  plu- 
mage en  progressant  du  jeune  à  l'adulte  subit  la  transition 
commune  aux  deux  espèces.  Les  plus  grands  Oiseaux  ressemblent 
aux  mâles  urogallus  et,  dans  les  deux  cas,  la  conliguration  et  la 
coloration  spéciale  suivent  celles  du  parent  mâle,  la  ressemblance 
étant  plus  grande  lorsque  les  Oiseaux  sont  parés  de  leur  plumage 
parfait.  Une  différence  marquée,  qui  est  capable  d'induire  à  erreur, 
existe  dans  la  forme  des  queues  :  le  plus  grand  produit  ayant 
la  queue  arrondie  caractéristique  du  mâle  urugalliis,  et  le  plus 
petit  la  taille  échancrée  du  Coq  noir  ! 

(1)  H.  V. 
(2i  PI.  V. 
(3)  PI.  IV. 


NOUVEIJ.KS    ADDITIONS  915 

Nous  n'avons  jaFiiîiis  (à  part  deux  exceptious)  vu  de  UacUellianes 
avec  la  queue  arrondie  ;  les  noniiu-enses  descriptions  de  Rai-Kcl- 
iianes,  que  nous  avons  publiées,  s'appliijuaient  toujours  à  des 
individus  à  queue  échaucrée  dans  des  proportions  qui  varient 
cependant.  Aussi  soniuies-nous  de  plus  en  plus  convaincu  que 
l'Oiseau  à  queue  arrondii'  n'est  qu'un  jeune  urounlbis.  méprise  faite 
dans  de  nondjreux  inus('es,  ainsi  (|U(!  nous  l'avons  constaté. 

L'un  des  trois  Rackol lianes,  qui  nous  avaient  été  signalés  (p.  509) 
par  M.  Zollikofer  coninie  ;iyant  été  tués  en  Suisse,  est  mentionné 
dans  les  Observations  ornitliologiqucs  de  .M.  Fisclier-Sigwarl  pour 

l'anuée  189'M1)  ». 

On  y  dit  que  l'Oiseau,  qui  n'a  jxiinl  encoi-e  complèlenient  mué  et 
(|ui  se  trouve  dans  une  partie  de  son  liaiiillement  de  jeunesse,  a  été 
obtenu  le  2:2  septembre  dans  le  canton  des  (îi-isons,  à  Henizeuberg. 
M.  Fisclier-Sigwait  possède  ce  spécimen  dans  sa  collection  privée. 
Il  l'a  inoniré  à  l'exposition  de  (;eiu''ve  et  vient  de  nous  l'envoyer  en 
coniniunication.  Comme  il  est  monté  dans  une  boîte,  d'où  nous 
n'avons  pas  voulu  le  retirer,  nous  lu'  l'avons  vu  ([ue  d'un  côté,  le 
côté  gauclie,  et  un  peu  sur  h;  devant.  Les  traces  de  jeuness*  sont 
évidentes.  On  les  observe  à  diverses  places  sur  le  corps  :  notamment 
sur  le  plumage  de  l'aile,  au  bas  du  cou,  autour  de  l'œil  (quoique 
cet  organe  soit  entouré  d'une  crête  rougej  et  sur  le  poitrail.  Ces 
plumes,  disséminées  cà  et  là,  sont  jaunâtres,  brunâtres,  comme 
celles  que  portent  les  femelles.  Il  y  en  existe  de  petites  blancbàtres, 
presque  blancbes  sur  les  joues;  celles  ci  indiqueraient  plutôt, 
nous  semble-t-il,  le  plumage  d'été  ou  de  mue.  Nous  avons  été  très 
satisfait  d'examiner  ce  jeune  échantillon,  car  jusqu'alors  nous 
n'en  avions  vu  aucun  de  semblable.  Les  jeunes  sujets  sont  fort 
rares.  —  .\  |);irt  les  niarifues  que  nous  venons  di'  décrire,  l'Oiseau 
est  un  vr.ii  li/i'its  de  petite  taille.  La  queue  est  cependant  beaucoup 
plus  carrée  à  son  extrémité  qu'elle  ne  l'est  d'habitude  :  elle  forme 
pi'esque  une  ligue  droite.  Les  rectrices  extérieures  s'allongent  seules 
quelque  peu  au  delà  des  autres  et,  vers  !e  milieu,  les  médianes  se 
retirent  légèrement  formant  une  échancrure  à  |)eine  sensible.  A 
l'épaule  on  voit  une  large  taclie  d'un  beau  blanc. 

D'après  M.  le  chevalier  von  Tschusi  de  Schmidhollen  (2),  nous 
avions  mentionné   (j).   .'illl   un   liarkelliaiu'    abattu  sur  le  review 

(1)  Ornithdlngishe-Hi'iibachiHngen  von  JaUre  IS;i3  iScInveitz  ornilh.  Bl.  zuR 
189.Ï.  cit.    in  Urnithologischis  Jalirbucli  ilc    von  Tschusi,  nov.  <Iit.  I8"J5,  p.  278). 

(2)  Ornilti.  Menais. ,  1895,  n»  I,  \:  i . 


1)10  OISEAUX    HYBRIDES    liENCONTRKS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

Posiiek,  à  la  (in  de  novembre  1808.  Nous  nous  sommes  reporté  au 
journal  de  chasse,  le  Saiiit-lhibcrtns  (1),  dans  lerjuel  M.  (innther 
Millier  avait  fait  comiaîtie  le  fait  ;  mais  l'auteur  ne  donne  aucune 
indicalion  intéressante  sur  ce  Rarlielliane. 

Dans  un  des  numéros  du  Journal  du  Df  Heicheuow  (2),  M.  A. 
Szielasko  constate  que  l'exportation  du  gibier  ailé,  que  l'on  fait 
d'Eydknbuen  et  parmi  lequel  se  trouvent  surtout  des  Tétras, 
ne  lui  a  jamais  permis  de  constater  la  présence  de  «  Tetrao 
tctrix  X  urogalliis  » 

Nous  pensons  que  dans  les  Miltli.  Ornitli.  de  Vienne  (3),  M.  C. 
Hegrowslii  parle  de  Rackelhanes  en  Bohême  :  nous  ne  nous 
sommes  point  piocuré  ce  journal  qui  nous  a  seulement  été  cité. 

Dans  un  article  intitulé  «  Bidrag  lill  Icànnedomen  om  Jemtlands 
urh  HerjeiidaU'HS  fanna  »  (4),  M.  Af.  P.  Olssou  constate  qu'un 
Riickelhane  a  été  porté  au  marché  d'Ostersund  en  18l)o,  le  2."l  mai  ; 
puis  un  autre  au  mois  d'octobre  suivant.  Ce  dernier  provenait 
de  Hallen.  Ces  deux  Oiseaux  sont  conservés  dans  la  colleition  de 
.M.  A.  Wikander,  pharmacien. 

LaToIlectiou  d'Oiseaux  anormaux  et  liybrides  de  M.  Th.  Lorenz, 
de  Moscou,  exposée  à  Riga,  contenait  des  bâtards  du  petit  et  du 
Srand  Coq  de  Bruyèi-e  (3). 

M.  Jean  Fridaldszky  catalogue  dans  ses  Aves  Hungari;e  (tî)  cinq 
Tcirao  hybridus  L.  (médius  Mey.),  dont  deux  mâles,  deux  femelles 
et  un  jeune,  dans  Tordre  systématique  suivant  (7)  : 

Uj-Leszna,  Coin.  Szepes,  1847,  18.  Maj.  (ieorg.  Rainer.  M.  H.  9. 

Fàtrafured,  Com.  Szepes,  1847.  Maj.  Georg.  Rainer.  M.  H.  Ç. 

Zâkôcz,  Com.  Szepes,  1842.  22  .\ug.  Ceorg.  Rainer.  M.  11.  jiiu. 

Lovazeny,  Com.  Hunyad,  1870,  2  Nov.  Adam-Ruda  9. 

Nous  ne  peusous  point  avoir  mentionne  aucun  île  ces  hybrides 
dans  nos  publications  précédentes. 

Faisons  encore  connaître  un  Tetrao  médius  cTBosn.  Dnbica,  1888, 
cité  par  M.  le  custos  0.  Reiser  (8). 

(I)  N»  ;;0,  .M.  Jalirgaiig,  l.j  décemlire  lS'.):i.  Vcrlag  voii  Paul  Sclicl1iei-'s  Erliens 
(iôllieii  (Unhalt). 

(i)  Monalslierichle.  etc.,  p.  ■')2. 

(\i)  N"  4,  p.  4!lo0,  IS'Ji. 

(4)   Publié  in  dfversi!,'!  af  Konjjl.  Vrleus-Akad  fiirhauil.  tSUCi.  Stoclioliii.  p.  7:i. 

(3)  Conseils  pour  la   coni'.aisïance  des  Oiseau.x  du  .leuillaml  et  de  IKTJiadalens. 

|G)  Enunieralii)  .ly.ticiiiattru  ai'inin  Hungaruv  cuiii  notis  h  evibiis  litotoijicis, 
tocis  invenlianix  ciroruiiiiiue  11  (lUibus  nnuntur.  Hudnpesl,  IS9I. 

(7)  P.  117. 

(8)  In  Vie  yngetsdiiiiiiiung  (tfs  Ilosiiisclt-Rerceyocinisclwn  T.an(lpsmuseiiiii< 
in  Sarajevo.  Budapest.  1K91. 


NOUVELLKS    ADDITIONS  !II7 

Dnns  le  .Iouni;il  fiir  (li'iiillialo^ic,  il  a  lUé  |)iil»li(i  pendant  les 
années  18!tl,  181)2  et  18!t'i  (rois  éludes  cnvisa^'eant  spéfialeinent 
(les  Hackellianes  ilonl  nons  avons  déjà  parlé.  Ces  articles  critiques, 
que  MOUS  n'avons  |»oint  sif^nalés  dans  nos  précédentes  publica- 
tions, nicrilent  d'être  connus.  Ils  sont  sif^nés  par  .M.  Tli.  Lorenz, 
et  pai-  M.  llcnki'.  Nous  en  ferons  le  résumé  suivant  : 

Premier  article:  t'iiiii/rs  uber  iten  r.  Ih'irii  r.  r.  Tschusi  hc^clii'ic- 
lieiieit  scllciirit  Uarki'ilian  (  I).—  Une  l'oule  (ctri.r,  au  pluinap;e  de  Coq, 
liu'e  dans  l'iultMicur  du  Wilehsk,  le  4  se|)tenil)re  1871,  a  d'aliord 
fourni  à  M.  Th.  Lorenz  l'occasion  de  considérer  le  Irtnia  nicdiiix 
décrit  efrcpiésenlé  par  .M.  vo:i  Tsclinsi  (2i,  soil  cumiue  uu  tetrix  9 
eu  plumage  de  ni;Ue:  soit  (si  on  considère  sa  taille),  (domine  uu 
telriT  cT  en  plumage  de  Poule.  .M.  vo.i  Tschusi  l'avait  considéré 
couiine  |)roiluit  par  le  AfVv/.r  cf  (Toisé  di'  /'.  niedtus  9  l^es  raisons 
(|ue  donne  .M.  Loreuz,  en  faveur  de  l'opinion  (|u'il  soutient,  sont  les 
suivantes  :  Si  on  observe  avec  attention,  dit  il,  les  proportions  de 
l'Oiseau  tyrolien,  et  si  on  les  compare  à  celles  du  vieux  tetrii-  c-'  de 
lloiigiie,  dont  .M.  Tscliusi  parle  dans  le  même  article,  on  voit  que 
ces  proportions  concordent  ensemble,  à  peu  de  chose  près.  La 
jioule  du  W'itebsk  se  rajqiorte  tout  à  fait  à  l'Oiseau  du  Tyrol, 
e.vcepté  i|u'ell(!  est  de  la  grandeur  normale  si  ou  ne  considère  la 
queue  plus  longue.  Or,  la  grandeur  du  Coq  tyrolien  surpassant 
mémo  la  taille  d'un  Coq  Iciri.r  »(].,  ce  Coq  ne  peut  être  une  fenielle 
revêtue  de  la  livrée  du  mâle.  Ou  doit  le  considérer  comme  mâle 
avec  l'habit  de  la  Poule  et  môme  dans  sou  premier  habit  d'hiver. 
La  couleur  claire  du  bec  n'est  pas  une  mar(|ue  caractéristique 
sullisante  pour  le  faire  descendre  de  l'Urogalle,  puisque,  chez 
le  jeune  Ictrir,  cette  pirtie  est  plus  claire  que  chez  le  vieu.x  (3). 
Puis,  l'éclat  vert  bleu  du  cou  et  des  bordures  des  plumes  du 
dos  inférieur,  ainsi  que  celles  du  jabot  léclat  que  l'on  voit  chez 
l'e.xemplaire  dont  on  s'occupe),  n'indique  |)oint  d'une  façon  absolue 
la  descendance  du    7'.  médius  (4). 

Bref,  pour  prouver  qu'il  descend  du  /'.  tncdius  9.  lu  sujet  décrit 

(1)  .N»  il'oi-lolire  I.SUI,    pp.  W,  ',\-2. 

(2)  II)  Omis  1888  (ou  188ti),  t.  III  ;  nous  .ivoiis  fail  inciilion  de  cot  Olsea  i  iriiiii; 
iiiiiiii^ro  trè.s  lirève,  d'alioiil  dans  iiiic  note  de  la  p.  iil.'i,  puis  p.  SiS. 

(^i)  D'après  M.  Lorenz.  la  Innyiiieur  du  beo  est  variable,  et  elle/,  les  Oiseaux  «  u- 
padiès,  cet  oriiane  parait  plus  InnK  que  chez  les  Oiseau.\  en  chair. 

4)  La  poule  de  Witebsk  laisse  voir  le  niiime  bleu  vert  sur  les  côtés  de  la  lète, 
au  cou  et  sur  d'autres  parties. 


!(I8  OISEAL'X    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'kTAT    SAUVAGE 

]iiir  M.  Tscliiisi  deviiiit  montrer  quelque  rnriictùre  du  RacUel  ;  ce 
rappel  quelconque  lui  manque. 

Pour  corroborer  sou  dire,  M.  Lorenz  emprunte  un  exemple  chez 
les  Faisans  qui  se  cioisent  facilement.  Il  cite  le  produit  du  l'h. 
colchicus  X  Ph.  torquaUm  ijui  porte,  réunies  chez  lui,  les  marques 
des  deux  races.  Si  un  métis  de  ce  genre  s'accouple  de  nouveau  avec 
un  Ph.  colchicus,  ou  trouvera  chez  les  descendants  de  cette  union 
(les  marques  du  l'h.  torquatus,  en  quantité  sullisante  pour 
reconnaître   son  origine. 

A  part  (|uelques  ['éserves  que  nous  sommes  obligé  de  faire, 
nous  pensons  bien  fondée  la  rem;ir(^ue  de  M.  Lorenz.  Nous  avons, 
dans  nos  parquets,  un  certain  nombre  d'hybrides  de  Turtur  riso- 
rius  X  T.  uuritus,  croisés  de  la  première  espèce,  c'eslà-dire  ayant 
trois  quarts  de  sang  de  risoiius  et  un  quart  seulement  d'aurilus.  Or, 
ces  Oiseaux,  (]uoique  très  variables  dans  leur  coloration,  n'ont  j)as 
fait  encoie  un  retour  complet  à  l'espèce  dont  ils  empruntent  le 
plus  de  sang. 

Il  suit  de  là  que  si  uni'  Poule  Uackel  avait  produit  rOiseau  dont 
on  discute  la  provenance,  ce  descendant  porterait  (iueli[ues  signes 
rappelant  sa  mère.  Aucun  caractère  chez  lui  ne  la  rappelle,  à  part 
cependant  les  plumes  du  milieu  de  la  queue  qui  sont  un  peu  plus 
longues  (([u'à  l'ordinaire?)  et  les  plumes  tectrices  qui  sont  plus 
courtes.  Mais  ces  marques  sont,  pour  M.  Loi-enz,  de  peu  d'impor- 
tance ;  il  donne  ses  raisons. 

M.  Lorenz  a  eu  à  sa  disposition  des  milliers  de  Poules  telii.r  en 
babil  de  mâle,  comme  il  a  eu  aussi  plusieurs  tetrixd'  en  plumage 
de  Poule.  Ces  échantillons  lui  ont  pi-ouvé  que  la  longueur  des 
plumes  de  la  queue  et  des  couvertures  inférieures  dépendent  de 
l'individu  ([ui  les  porte  (1).  La  faible  courbure  à  l'intérieur  des 
jdunips  les  plus  extérieures  tie  la  queue  n'a  point  une  grande 
importance,  parce  que  l'Oisi^au  dont  on  s'occupe  est,  d'après  ce 
qu'il  pense,  recouvei-t  de  l'habit  du  màle  et  se  trouve,  par  consé- 
quent, dans  un  état  anormal.  En  outre,  ajoute-til,  on  sait  que  la 
courbure  des  plumes  les  plus  extrêmes  de  la  queue  n'est  môme  pas 
constante  chez  les  Coijs  tyjjiipies. 

.Après  cette  critique,  le  naturaliste  de  Moscou  s'est  attaqué  au 
Rackelhane   du  Liveland,  décrit  et  figuré   (2)  dans    l'ouvrage  du 


(1)  Il  oljspi-ve  aussi  une  le  niccnurcissenient  lies  couveitnies  intérieurps  pourrait 
èlre  (lu  il  un  accident  :  à  la  balle,  par  exemple,  ou  au  ploml)  ipii  ont  aUeinl  1  Oiseau, 
ce  qui  est  très  ilillicile  à  vcrilier  après  la  prèpaiallon  de  la  peau. 

(2)  l'I.  .\J 


NOUVELLKS    AUDITIONS  il  11» 

I)''  A.  li.  Meycr,  de  Dresde  (t).  Le  Docleiii'  avilit  émis  celte  (ipiiiiini, 
on  se  le  rapiu'lk',  (in'il  proveniiil  d'iiu  Uaclvelliane  rroisé  (l'un 
lrli:i.r  $.  M.  Loruii/.  csl  porté  à  le  considérer  (•oniiiie  Poule  uroi/dllc 
dans  sou  premier  haliit  passé,  car  le  sexe  n'a  j)as  été  déterminé. 
Maintes  fois  M.  Lorenz  a  eu  l'occasion  d'examiner  de  [)etits  sujets 
colorés  de  cette  manière,  et  il  a  constaté,  à  la  iiisseclion,  que  ces 
Oiseaux  étaient  des  l'ouïes  dont  l'ovaire  présentait  unecoufoinuition 
anormale.  Chez  ces  sujets,  la  forme  de  la  queue  variai!  aussi  :  les 
rectrices  les  plus  extérieures  élaient  ou  bieu  raccourcies,  ou  liien 
allongées;  alors  la  queue  rappelait  de  loin  celle  du  Rackelhane. 
.■\|)rés  avoir  montré'  (jue  la  supposition  faite  de  la  descendance 
du  liackel  ne  peut  d'ailleurs  être  exacte,  ce  gihier  étant  infécond 
d'après  lui  (2),  M.  Lorenz  repousse  aussi  l'opinion  émise,  par  M.  le 
I)''  .Meyer  (3),  sur  plusieurs  (^oqs  liaclvcl  scndiJaMcs  à  des  (loqs 
de  bruyère  et  qui  ne  lui  |paraissent  être  (jue  de  sim|)les  l'ouïes 
urofiallus  en  costume  de  mâle.  «Je  n'ai,  dit-il,  jamais  vu  en  Russie, 
où  le  grand  Coq  de  bruyère  (iirogiillus)  est  très  répandu,  de  Cixjs 
Uaclu'l  semblables  à  uu  iiro(j(tlluf:  :  tous  les  spécimens,  i[ui  avaient 
les  dimensions  de  la  Poule  de  cette  espèce  on  (|iii  n'étaient  que 
légèrement  plus  grands  et  qui  se  tiouvaienl  colorés  comme  des 
mâles  à  iilumagc  termiiui,  élaient  des  Poules  urofiullus,  possédant 
un  ovaire  anormal,  ainsi  i|u'iim  examen  attentif  des  organes 
sexuels  l'a  démontré  ". 

Deuxième  article  i)ar  M.  Henke  :  «  Aurli  F.inir/rs  iiber  Hnckehcild 
lldlntcii  l'i'ilnl.-fil  (4).  Dans  cet  article,  .\L  Henke  passe  en  revue 
divers  Uackelliaiies.  Il  reconnaît  que  le  Coq  tyiolien.  décrit  par 
M.  Tscliusi  et  don!  il  vient  il'ètre  parlé  {li),  est  une  pièce  reniar- 
(juable,  mais  laissant  l'impi-ession  d'un  jeune  Coq  de  bouleau, 
<pioi(|u'il  ait  la  queue  du  liackelhane.  La  raison  (pii,  d'après  lui, 
empêche  de  |)ortei'  un  jugement  assuré  sur  son  origine,  est  sou 
état  de  mue  peu  avancé.  Il  paraît  que  la  peinture  qui  a  été  donnée 
(Jans  rornis  ((>)  n'est  point  exacte.  La  poitrine  devrait  être  plus 
bleutée.  La  teinte  du  cnniiiiim  est  trop  verli- :  dans  l'original  elh; 

(1)  Nous  avons  noiis-inènie  ilécril  ret  Oisi'iiu  aux  |i|i..'>:i()-.'>2l. 

(2)  Nous  ferons  t-oiinililrc  plus  loin  la  niarii('i-e  de  voir  île  .M.  I.orenz  sur  ce  sujel. 

(3)  Dans  son  (,'r:inii  ouvrafie  ..  Lnser  auer  Hdckel  umt  Hirkicild  ». 

(4)  N'  (l'avril  lSi)2,  pp.  17u  et  suiv. 

(5)  M.  le  D'  A.  M.  Meyer  l'a  décrit  aussi,  parait  il,  dans  a  Fcrdinandenm 
Zeilsclirilt  ».  lil,  folj.;e  'Xi  liell,  p.  ii'i,  188!),  revue  (jue  nous  n'avons  |)oinl  consultée 
et  que  nous  n'avons  point  encore  citée. 

(6)  Tal).   11. 


'J2II  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LÉïAT    SAUVAGE 

est  noire  et  entourée  de  l)ûitlures  bleu  vertlàtre.  La  colornliou  brun 
clair  des  plumes  tectrices  des  ailes  n'est  point  dans  sou  vrai  ton  ; 
chez  l'Oiseau  empaillé  elle  se  trouve  beaucoup  plus  foncée. 
M.  Henke  ndève  encore  d'autres  inexactitudes. 

Il  remarque  que  ce  n'est  pas  seulement  à  cause  de  sa  taille  qu'on 
ne  peut  identifier  cette  pièce  à  uue  Foule  tetrir  ayant  revêtu  l'habit 
du  Coq  (1).  car  certaines  marques  caractéristiques  de  la  Poule  : 
«  la  base  blanche  des  plumes  de  la  gorye  et  les  arhdfstricheliuuj  (2) 
de  la  poitrine  »  font  défaut  chez  elle.  On  ne  saurait  davantage  la 
considérer  comme  un  Birkhahn  (Coq  Mrir)  anormal  et  en  habit  de 
Poule  (ri),  parce  (|ue  c'est  à  peine  si  on  connaît  encore  quehiues 
exemples  d'une  telle  anomalie.  M.  Henke  soumet  du  reste  la  pièce 
à  un  examen  critique  très  détaillé.  II  ressort  de  cet  examen  : 
1"  qu'elle  n'est  pas  complètement  en  couleui-,  vu  les  plumes  de 
jeunesse  qui  se  laissent  voir  sur  le  cou  ;  t»  qu'elle  n'est  pas  un 
Coq  letrix  parce  que  sa  taille  est  plus  grande  que  celle  de  celui-ci 
et  dépasse  notablement  la  taille  des  plus  griiuds  Coqs  de  cette 
espèce  ;  Ji»  la  forme  de  la  queue,  qui  est  celle  du  Rackel,  iudiciue 
un  mélange,  etc. 

Passant  au  Coq  livelandais  du  baron  de  Krùdner,  il  ne  le  trouve 
pas  moins  remarquable  en  son  genre  que  le  précédent.  M.  Loi-enz 
l'a  liieu  considéré  comme  uue  Auerhenue  (4)  en  habit  de  m.-^le  ; 
mais  si  l'on  examine  plus  altenlivemeut  ()U(!  ne  l'a  fait  iM.  Loienz, 
si  on  considère  les  dimensions  des  plumes  du  milieu  de  la  queue 
et  des  plumes  extérieures  de  la  même  partie,  ou  reconnaîtra  facile- 
ment, dit  M.  Henke,  la  forme  échaucrée  propre  au  Rackel.  On  ne 
saurait  confondre  uue  telle  queue  avec  la  queue  d'une  Poule  de 
Bruyère  en  livrée  de  mâle. 

Comment  encore  s'imaginerait  on,  dit  celui-ci,  un  rétrécissement 
ou  un  raccourcissement  des  plumes  de  la  queue  dès  lors  que  le 
Coq  les  a  plus  longues  que  celles  de  la  Poule  et  (jue  l'ou  sait  que 
la  livrée  mâle  se  manifeste  par  uue  tendance  à  ressembler  à  la 
forme  même  du  plumage'.''  M.  Henke  regarderait  donc  comme 
très  anormal  le  cas  dans  lequel  les  plumes  de  la  queue  d'une 
Poule  en  costume  de  mâle  se  trouvciaienl  échanciées;  ces  plunies 
devraient,  au  contraire,  tendre  à  prendre  la  forme  de  celles  de  la 
queue  de  l'Auer. 

(1)  Comme  l'a  ixconnij  M.  Loiin/.  (p.  40<i  du  mi-iiie  journal). 

(2)  Nous  ne  connui-sons  pas  la  signWu-.ilion  de  ce  mut  qui  n'a  pu  n"us  èlie 
traduil.  Il  s'ayit  sans  doulc  de  rates  blancliùUes  ('?;. 

(3)  Comme  l'aurait  fait  M.  I.oronz  (p.  'i07). 
('r)  La  femelle  de  \'l  rogtUlus. 


NOUVELLICS    ADDITIONS  !)2I 

M.  Henke  crilKiiie  encore  M.  Loicnz  qui.  |i(Uir  lui,  à  la  p.  Ul. 
s'avaiicp  iiicousidért'inent  l()rs([tril  ilil  (}ue  les  Coqs  Aiier  Kackel 
ue  sont  que  des  Poules  u;w/'(//i/s  en  lial)it  de  Coq.  Il  se  periin'l  de 
lui  |)iésenter  ses  objections.  Sou  étonnement  est  d  aulaiit  plus 
gi-and  que  .M.  Lorouz  fousidère  comme  impossible  le  croi.scmi'iil 
du  Coq  iiruyalli'  avec  la  Poule  tetrix,  croisement  aulrefois  défendu 
très  fortement  par  le  D'  Gloger. —  Nous  ne  pouvons  suivre  M.  Henke 
dans  toutes  les  considérations  qu'il  développe. 

3'  article.  —  W'ieiirnn  EiniiiCH  ithvr  linckelivild  inul  lldhinifc- 
(Iriijh'it  (I).  —  En  allendanl  la  [luldication  de  son  ouvra^^t',  où  il 
discutera  très  au  loni;  les  difîéreules  questions  qui  viennent  d'élre 
soulevées,  M.  Th.  Lorcnz  a  tenu  néanmoins  à  répondre  dès  à 
présent  au.x  objections  de  M.  Henke.  Il  lui  leproche  d'avoir  passé 
sous  silence  la  critique  qu'il  a  faite  du  Coq  du  Tyi'ol.  Toutes  les 
observations  de  celui-ci,  ainsi  que  celles  du  D'  Meyer,  tendant  à 
démontrer  un  liybridisme.  ont  du  reste  pour  lui  peu  de  valeur. 
Aussi  maintient  il  son  opinion,  à  savoir  (|ue  l'Oiseau  est  un  sim[ilc 
tetrix  sans  sauj;  mélangé.  Ce  Tétras  n'a  été  examiné  par  des  spécia- 
listes qu'après  sa  préjjaration.  Lorsqu'il  était  en  chair,  il  était 
tombé  dans  des  mains  inex[)érimtmtécs  ;  le  se.xe  n'a  donc  pu  élre 
reconnu. 

.Mais,  en  ce  (jui  concerne  le  Vahi  lui;  dans  le  Liveland, 
examiné  trop  superliciellement  et  pris  |)our  une  Poule  moi/dllits 
en  pluitiage  de  Coq,  .M.  Loreuz  revient  sur  son  opinion,  il  l'a 
étudié  de  i)rès  dans  l'ouvrage  ilu  \)'  .VIeyer  (2),  où  il  est  représenté. 
Il  estime  toutefois  (pie  c"est  un  Tctrao  médius  en  iniie  et  s'étonne 
(jue  le  docteur,  auquel  la  pière  a  été  coinmuniipiée.  ne  se  soit 
point  a[)erçu  de  celle  parlicularili'.  Il  n'accepte  point  l'origine 
Tclnio  mcdius  croisé  de  tetrix.  .M.  l'Irskc  lui  a,  en  ellet,  montré 
à  Sainl-Péterslioiirg  un  Hackelliane  des  collections  de  l'.\c.idi'mi(!, 
ayant  de  griiides  analogies  avec  c(!  i;iii|.  La  télé  et  le  cou  portent, 
on  se  le  rappelle,  des  taches  blanches  très  caractéristiiiues  de 
cet  état. 

Quant  au  Tétras  de  Lausanne  à  poitrine  \  iolelle,  .M.   Loicn/.  est 
décidé,  pour  deux  ru-sons,  à  le  qualifier  de  Poule  urogalle  à  livrée 
masculine  :  premièrement  iiarcc  (jue  .M.  Collett,  un   connaisseur 
éinérite,  l'a  jugé  ainsi;  deuxièmement,  parce  (|u'il  se  trouve  auto 
risé  à  le  regarder  comme  coloré  d'une  manière  défectueuse  :  il  a  en 

(I)  AnnAe  1894,  |ip.  446  et  suiv. 

Cl  (M    iivi-;i','i!  i-.ii-'i.'nl  '  rOi<i'«ii  presque  de  grandeor  naturelle. 


922  OISEAUX    HYBRIDF.S    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

effet,  été  peÎEit  par  le  même  artiste  qui  a  représenté  avec  inexac- 
titude le  ïélras  du  Tyrol.  M.  Loreuz  peuse  (|ue  le  ton  violet  est 
trop  accentué.  Il  est  jjersuadé  aussi  que  si  on  eût  liisséqué  l'Oiseau 
lorsqu'il  était  en  chair,  on  l'eût  ditlicilement  classé  comme  Coq. 
D'ailleurs,  les  dimensions  concordent  parfaitement  avec  celles  des 
Poules  urofiallus  en  livrée  de  mâle.  11  n'admet  donc  pas.  pour  sa 
formation,  la  combinaison,  d'un  Co(i  urogalie  accouplé  à  une  Poule 
tetrix,  combinaison  qui  n'est  pas  rendue  vraisemblable  par  ce 
fait  que  dés  qu'un  nroydllits  cf  apparaît  sur  les  baltz  des  tetrix. 
tous  les  Co(js  et  toutes  les  Poules  de  celte  espèce  j)renn»ml  la  fuite, 
cas  qui  se  produit  aussi  dans  le  cas  opposé. 

Après  avoir  présenté  ces  remarques,  M.  Lorenz  continue  à 
discuter  contre  M.  Henke,  reprend  ses  objections,  lui  pose  de 
nouvelles  (]uestions.  Puis  il  observe  que  l'éclat  bleu  dont  le  D'  A. 
B.  Me\'er  se  sert  pour  démontrer  la  présence  du  sanfj;  tetrix  dans 
ses  Auer-Rackelhahnen  n'est  pas  une  raison  à  faire  valoir,  attendu 
que  le  Co(i  arogalliis  (qu'il  soit  adulte  ou  ipi'il  soit  jeune),  de  même 
que  sa  propre  Poule  en  plumage  de  Coq,  possèdent  cet  éclat  bleu 
lorsqu'on  les  regarde  de  côté  et  dans  un  certain  jour, 

M.  Lorenz  fut  très  surpris  lorsqu'il  connut  la  description  et  les 
dimensions  qui  avaient  été  données  du  Coc|  examiné  par  le  prof, 
de  Kollicker.  C'est  seulement,  dit-il,  l'ignorance  des  âges  du  gibier 
Auer  (I)  qui  a  conduit  à  considérer  ce  Coq  comme  iiroriallus- 
Rarkclhalin.  Les  caractères  que  l'on  a  fait  valoir  en  faveur  de  cette 
origine  ne  peuvent  convenir  qu'au  jeune  Coq  urogalle.  à  savoir: 
la  queue  courte,  l'allongement  du  bec  et  la  couche  allongée  des 
longues  plumes  lectrices  des  ailes.  C'est  à  tort,  selon  lui,  que 
M.  Meyer  dit  que  les  Coqs  Auer  ont  la  queue  complètemeut 
développée  lorsqu'ils  possèdent  encons  des  plumes  du  jeune  âge. 
Dans  sa  preniière  livrée,  le  jeune  Coq  Auer  a  la  queue  plus  courte 
que  celle  des  adultes;  ce  n'est  qu'après  la  deuxième  mue  que  la 
queue  atteint  sa  longueur  définitive  (2). 

Dans  ses  Auer-Rackelhiihnen,  le  D''  Meyer  parle  de  la  queue  des 
Uackel  comme  étant  arrondie.  M.  Lorenz  comprend,  par  cette 
expression  «  liackelstoss  »  (queue  du  Rackel),  une  queue  qui  est 
plus  ou  moins  échancrée,  mais  non  pas  arroiiilie.  Si  la  queue  est 
réellement  arrondie  et  plus  courte  que  chez  le  vieux  Coq  Auer, 
ce   caractère    annonce    un  jeune   ou    une    Poule   recouverte   du 

(1)  Urugallus. 

(2)  La  longueur  lie  la  iiueiic  fsl,  chez  U'j- aiiuUcs  (ilaprès  M.  Lorenz),  de  :î2-:J4  r.: 
celle  des  jeunes  22-27  e. 


NOUVELLES    ADDITIONS  923 

plumage  du  Coq.  Eulin,  le  petit  miroir  de  l'aile,  observé  par  le 
docteur  sur  quelques  uns  de  ces  supposées  Auer-RackeliKtluieii 
serait  saus  siguitication,  parce  que  tous  les  jeunes  mâles  nroijalias 
en  possèdent  un  semblable. 

M.  I.oreuzcriti([ut'  maiulcMiant  le  Cni|  représenté  sur  h;  tableau  X, 
qu'il  considère  counnc  femelle  en  livrée  de  mâle.  Les  mesures  de 
cet  Oiseau  conviennent  d'ailleurs  fort  bien  à  ce  genre  de  Poule 
dont  il  possède  un  certain  nombre  de  sujets.  Bref,  tout  ce  que 
l'auteur  cite,  en  faveur  de  la  présence  du  sanj;  de  Hackel,  est 
uniquement  la  caractéristique  des  Poules  en  question.  M.  Lorenz 
ne  met  pas  en  doute  que  si  les  parties  sexuelles  avaient  été 
examinées  en  temps  0|)portuu,  on  n'eût  pu  présenter  cet  Oiseau 
comme  mâle. 

En  outre,  il  est  convaincu  que  si  M.  Henke  a  obtenu  à  Arcbangel 
une  quautiti-  de  beaux  Coqs  Kackel  et  de  belles  Poules,  comme 
c'est  possible,  ce  n'étaient  que  de  jeunes  spécimens.  Dans  l'espace 
de  vingt  ans,  il  s'est  procuré  successivement  plus  de  cent  Rackel- 
lianes  Ô  ;  parmi  eux  se  trouvaient  seulement  quatre  ou  cinq 
sujets  de  deux  ans  environ  :  tous  les  autres  étaient  des  jeunes. 
Quant  aux  femelles,  il  u'en  trouva  qu'une  seule  adulte  sur  vingt 
Poules  qu'il  obtint.  D'après  lui,  il  ne  se  trouverait  que  deux 
adultes  parmi  les  Hackels  décrits  par  le  D''  Meyer  :  c'est  celui  ([ui 
porte  le  n"  12  et  celui  du  Musée  de  Laibach.  Ce  dernier  Oiseau  ne 
posséderait  aucun  caractère,  à  part  l'éclat  superbe  de  son  plumage, 
permettant  diï  le  classer  comme  forme  nouvelle.  Si  l'on  considère, 
observe  encore  .M.  Lorenz,  les  variantes  dans  l'éclat  des  Ictvix 
adultes,  il  n'est  pas  surprenant  d'apercevoir  sur  un  vieux  Rackel- 
hane,  ayant  pour  père  le  Tétrix,  un  éclat  plus  brillant  que  chez 
les  exemplaires  oriliuaires.  Son  (]oq  adulte  du  gouvernement 
d'Arcbangel  montre  aussi  un  superbe  reflet  de  i)ourpre;  mais  il 
est  un  j)eu  bleuâtre  et  moins  brillant  que  chez  un  vieux  spécimen 
mâle  de  .Nisclini-Nowgorod.  Chez  ce  dernier,  le  violet  a  un  éclat 
de  bronze  tout  à  fait  couime  chez  le  Coq  de  Laibach. 

Stérilité  ou  Fécondité  des  Rackels    —  Leur  ossification 

Dans  les  articles  (|ue  l'on  vient  de  résumer,  .M.M.  Lorenz  et  llcnke 
ont  aussi  abordé  la  question  de  la  stérilité  ou  de  la  fécondité  du 
gibier  Rackel  et  ont  parlé  de  leur  ossilicatioa.  M.  Lorenz,  qui 
n'admet  pas,   nous  l'avons  vu  (I),  que  les  soi-disant  Rackels  à 

(1)  Dansl';irt.  du  Journal  rûr  OrnlUi.  de  1891. 


024  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

type  siQgulier  soient  issus  d'hybrides,  fait  valoir  les  recherches 
microscopiques  faites  par  le  prof.  A.  Ticliomirow,  de  l'Université 
de  Moscou,  lesquelles  recherches  ont,  suivant  lui,  prouvé  l'infé- 
condité des  Rackels.  11  rappelle  que  le  professeur,  ayant  examiné 
les  parties  sexuelles  de  deux  Rackels  cT,  reconnut  qu'ils  étaient 
d'une  conformation  anormale,  ayant  une  tendance  à  l'hermaphro- 
disme. —  Mais  M.  Lorenz  pense  que  là  ne  se  trouve  pas  la  seule 
cause  de  leur  infécondité;  la  constitution  osseuse  joue  aussi  son 
rôle.  Celle-ci  est  tellement  faible  et  les  os  sont  si  tendres  qu'il  n'est 
pas  croyable  qu'une  créature  (|ui  la  possède  puisse  vivre  longtemps. 
Tous  les  Rackels  cf  et  $  qu'il  a  préparés,  notamment  les  jeunes 
Oiseaux  revêtus  de  leur  premier  habit  d'hiver,  avaient  les  os  bien 
plus  mous  que  les  ti'lrix  du  môme  âge.  Chez  les  femelles,  les  jeunes 
pensons-nous,  le  crâne  l'tait  parfois  si  mou  que  l'on  pouvait  facile- 
ment l'écraser  avec  la  pression  du  doigt.  Ce  n'est  que  chez  les  très 
jeunes  Poules  uiogallus,  portant  loul  au  plus  leur  seconde  livrée, 
qu'il  a  rencontré  une  ossature  aussi  tendre.  —  Chez  le  Coq  Rackel, 
ayant  changé  au  moins  deux  fois  de  plumage,  le  crâne,  comme 
aussi  les  autres  os,  sont  évidemment  plus  durs,  moins  cependant 
chez  les  Coqs  tetrix  du  même  âge. 

M.  Lorenz  met  encore  en  avant  un  fait  qui,  selon  lui,  favorise 
beaucoup  l'opinion  de  ceux  qui  considèrent  le  2'.  iiiedius  comme 
infécond. 

La  plupart  des  femelles  ne  survivraient  pas  à  leur  deuxième 
mue  ;  elles  périraient  vers  ce  moment.  En  Russie,  dit-il,  où  le 
Rackel  cT  n'est  nulicuient  une  rareté  et  où  on  ol)tient  tous  les  ans  un 
grand  nombre  d'exemplaires,  soit  au  fusil,  soit  au  moyen  de  lacets, 
presque  tous  sont  des  jeunes  dans  leur  première  livrée  d'hiver  ; 
les  adultes  ayant  mué  |)lusieurs  fois  sont  excessivement  rares. 
—  Voici,  d'après  le  naturaliste  de  Moscou,  comment  on  reconnaîtrait 
les  jeunes:  «Par  leur  taille  plus  petite;  par  leur  queue  qui  est 
plus  droite  ;  par  les  plumes  de  cette  dernière  partie  qui  sont 
plus  étroites.  On  les  reconnaît  surtout  aux  longues  plumes 
qui  recouvrent  le  dessus  des  ailes,  lesquelles  appartiennent  au 
|ilumage  du  jeune  âge.  Le  vieux  Coq  est  au  contraire  plus  grand  ; 
l'éclat  pourpre  du  jabot  et  du  cou  est  plus  prononcé  et  plus  beau  ; 
cet  éclat  s'étend  jusque  sur  le  dos  inférieur.  Chez  les  jeunes, 
il  n'est  que  faiblement  visible  en  cet  endroit.  Puis  la  ([ueue  est  plus 
longue,  et  les  plumes  les  plus  (extrêmes'.')  se  recourbent  légèrement 
à  l'intérieur;  chaque  plume  eu  outre  est  plus  large  et  sans 
bordure  blanche  ».  —  Si  nous  en  croyons  M.  Lorenz,  parmi  cent 


NOUVELLES   ADDITIONS  92o 

sujets,  h  peine  en  trouverait  on  (iii;itre  ou  cinq  adultes.  Ces  chiffres 
sont  pour  lui  d'iinc  jurande  olo(iiience;  ils  corroliorent  son  opinion: 
à  savoir  i|iJt'  la  iilupart  des  Poules  di;  Ilackel  périssent  dès  la 
deuxième  mue.  Si  ce  fait  ne  se  produisait  pas,  les  adultes  se 
rencontreraient  forcément  en  i)lns  srand  nombre.  — Il  prévoit  tout 
de  suite  l'otijeclion  (in'on  peut  lui  faire  en  disant  que  le  jeune 
Oiseau,  peu  méfiant,  se  laisse  approcher  plus  facilement  que  les 
individus  d'un  certain  ;\ge  et  ayant  acquis  de  re.xpérience.  Cette 
objection  serait  pour  lui  fondée  si  le  RackcMhane  n'était  chassé 
qu'au  fusil  ;  mais  le  plus  communément  on  prend  ce  gibier  avec 
des  lacets  :  la  prévoyance  ne  lui  sert  donc  plus,  car  ces  lacets  sont 
posés  de  telle  façon  que  les  vieux  Oiseaux  ne  peuvent  même  les 
apercevoir. 

Voici  une  remarque  très  intéressante,  faite  par  M.  Lorenz,  sur 
la  mue  d'une  Poule  prise  au  commencement  de  l'hiver  dans  le 
gouveinement  d'.Vi'diangcl.  Celle  Poule  était  |)rolialilement  dans 
sa  deuxième  année  de  mue  ;  mais,  malgré  la  saison  avancée,  elle 
conservait  le  vêtement  dénudé  et  usé  de  l'année  précédente,  à 
l'exception  de  quelques  nouvelles  plumes  de  la  poitrine  et  du  cou 
qui  formaient  un  contraste  avec  les  autres.  Presque  la  moitié  des 
plumes  de  la  queue  étaient  décolorées  ;  les  plumes  ((ui  restaient 
sur  les  autres  parties  du  corps  étaient  si  rares  ([u'elles  ne  pou- 
vaient abriter  l'Oiseau  contre  les  rigueurs  de  la  saison.  Ainsi,  la 
pauvre  bète  se  trouvait-elle  condamnée  fatalement  à  périr,  la  mue 
ne  devant  pas  se  continuer  j>en<lant  l'hiver;  car,  dit  M.  Lorenz,  la 
nourriture  animale  est  indispensaliie  au  moment  du  renouvelle 
ment  du  |ilumage  et  l'Oiseau  n'en  eùl  pu  alors  trouver.  M.  Lorenz 
parait  même  sur(u-is  d(;  voir  que  cette  Poule  ait  pu  ju-oionger  son 
existence  jusiiu'à  celte  éitorjue;  il  pense  que  ses  congénères,  mAles 
et  femelles,  périssent  beaucoup  plus  tôt,  attendu  ([ue,  dans  l'espace 
de  vingt  ans,  le  cas  de  la  Poule  d'.Vrchangel  ne  s'est  jamais  produit 
qu'une  seule  fois.  Knliu,  et  incideniment,  il  remarque  que  les 
Poules  Rackel  sont  beaucoup  plus  rares  que  les  Coqs  ;  ou  n'en 
rencontre  qu'une  seule  contre  dix  à  (]uinze  C()i|s  ;  cette  particu- 
larité, étant  la  lègie  chez  les  hyiuides,  ne  le  sui'i)rend  pas. 

De  tout  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  conclut  t|n'il  faut  accueillir 
avec  beaucoup  de  réserves  l'Iiypotiièse  de  la  fécondité  du  Rackel, 
émise  par  .M.M.  von  Tscluisi  et  .Meyer  ;  à  son  avis,  ce  giiiier  est 
tout  à  fait  incapable  de  se  reproduire.  Du  reste,  dans  un  Posl- 
sciiplum  ajouté  à  son  article.  .M. Th.  Lorenz  faitsavoir  qu'une  Poule 
■/'.  iiicilws,  tuée  le  5  octobre  18'JI,  et  qu'il  venait  de  recevoir,  le  con- 


926  OISEAUX    HYBRIPES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

firme  dans  son  opinion,  à  savoir  que  le  T.  médius  ne  survit  pas  à  sa 
deuxième  mue.  Il  reçut  cette  Poule,  en  même  temps  qu'un  Rackel- 
lialui  dans  sa  première  livrée  passée.  Le  niàle  avait  déjà  complète- 
ment terminé  sa  mue,  tandis  que  la  Poule  portait  encore  les 
plumes  de  l'année  écoulée.  Ces  plumes  étaient  sans  vie  ;  un  tiers 
était  écorné  et  la  couleur  en  était  passée  ;  les  plumes  de  la  queue 
étaient  aussi  écornées  à  leur  extrémité.  Quel(jues  plumes  nouvelles 
se  laissaient  bien  apercevoir  sur  les  côtés  de  la  tête  et  du  cou; 
mais  ces  plumes  se  trouvaient  complètement  recouvertes  par  les 
anciennes.  Cette  feuielle  ressemhlait  donc  d'une  manière  frappante 
à  la  Poule  d'Archaugel  ;  chez  elle,  les  plumes  fraîches  étaient 
encore  moins  nombreuses  que  chez  cette  dernière.  Elle  allait  au 
devant  de  la  mort  ;  on  ne  peut  admettre  qu'elle  était  capable  de 
survivre  à  la  saison  froide.  Lorsqu'elle  fut  dépouillée,  on  aperçut 
à  la  partie  postérieure  du  corps  un  dépôt  de  graisse  comme  il  en 
existait  un  dans  la  cavité  du  ventre  (1). 

Contrairement  à  la  manière  de  voir  de  M.  Loreuz,  M.  Heuke 
rappelle  (2)  que  le  prof,  de  Kôilicker,  de  Wurtzbourg,  examina  au 
microscope  les  organes  générateurs  d'un  Rackel  c?"  et  qu'il  y  ren- 
contra des  filaments  de  semence  bien  déi'eloppés  et  en  grande 
quantité.  Il  rappelle  aussi  que  M.  Modeste  Bogdauow  (3)  regarde 
également  ce  gibier  comme  doué  de  fécondité.  M.  Schroder  (4)  a 
élevé  des  bâtards  mâles  et  femelles,  issus  d'un  Coq  domestique 
et  d'une  Poa\e  uiof/allus  ;  ces  bâtards  ont  eux-mêmes  produit  des 
jeunes  avec  la  volaille  (a). 

Quant  à  savoir  si  le  Rackel  est  capable  de  vivre  longtemps, 
M.  Henke  fait  savoir  que  pendant  son  séjour  à  Archangel  il 
reçut  nombre  de  Coqs  et  de  Poules  beaux  et  robustes  ;  une  seule 
fois  on  lui  apporta  un  Coq  d'un  an.  En  outre,  la  Rackelhenne 
(la  poule  Rackel)  mentionnée  plus  haut  et  qui  fut  tirée  à  la 
lin   de  l'hiver,  près  de  la  ville  d'Archangel,   était  abondamment 

(1)  Cette  pai'ticulaiilé,  qui  paraît  ne  se  présenter  que  cliez  les  Poules  au  plumage 
de  Coq,  et  non  chez  les  Poules  normales,  est  cause,  suppose  M.  (^oreuz,  que  celle 
femelle  n'a  ni  couvé,  ni  mué. 

Le  ventre  recouvert  de  vieilles  plumes  et  non  des  plumes  de  la  mue  indiquait 
d'ailleurs  qu'elle  n'avait  pas  couvé.  Si  elle  eût  tenu  des  œufs  en  incubation,  le 
ventre  se  serait  montré  dégarni  ou  fraîchement  recouvert  de  plumes  ;  &n  sait 
que  pendant  la  période  d'incubation  des  œufs,  le  ventre  des  letri.r  ou  des  iiro- 
galius   Ç   est  entièrement  dépourvu  de  plumes. 

(2)  Dans  le  Journal  fur  ornitii.,  n°  d'avril  1892. 
(;î)  Coiis.  ac.  imp.  ross.,  ISSi^  p.  30. 

(4)  MiUl).  Orn.  Ver  Wien,  18S0,  p.  70. 
(o)  11  renvoie  à  Meyer.  p.  9o. 


NOUVELLES    ADDITIONS  927 

recouverte  île  plumes;  on  ne  pouvait  la  prenflce  |)our  un  jeune 
sujet.  L'ovaire  se  présentait  eoiunieou  le  trouve  d'ordinaire  avant 
la  ponte.  .M.  Henke  n'a  point  nOu  plus  constaté  de  faiblesse  dans 
l'ossature  de  six  Raekels  d"  c^  une  Rackel  9  rpii  ont  été  à  sa 
disposition.  Les  os  de  cette  dernière  étaient  tout  aussi  durs  et 
aussi  épais  que  ceux  île  l'.Viier  ou  de  Birk  {urogallus  et  tetrix). 

Mais  M.  Lorenz,  ilans  son  dcM.\iéme  article  (1),  a  cru  devoir  faire 
observer  à. M.  Ileidvc  (|ue  la  caiiture,  à  la  lin  de  l'biver,  d'un  Mackel 
richement  garni  de  plumes,  ne  peut  servir  d'argument  pour 
soutenir  que  ce  gibier  soit  aussi  vigoui-eiix  que  ses  deux  parents. 
Il  fait  aussi  rcnianiuer,  en  ce  (jui  concerne  la  faiblesse  des  os 
des  hybrides,  (|u'il  n'a  fait  allusion  qu'aux  os  des  Oiseaux  frais; 
M.  Henke  a  parlé  des  os  d'Oiseaux  desséchés. 

Quoique  nous  ayons  eu,  nous-méme,  entre  les  mains  deux 
Rackelhaues  en  chair  que  nous  avons  disséqués  (les  deux  Oiseaux 
envoyés  de  Stockolm  à  la  fin  de  l'hiver  1893  par  M.  Smidt),  nous  ne 
sommes  pas  à  môme  de  faire  connaître  notre  appréciation  sur  le 
difïérend  qui  existe  entre  M.  Lorenz  et  M.  Henke.  —  Au  moment 
où  ces  deux  Oiseaux  ont  été  ouverts,  nous  n'avions  à  notre  dispo- 
sition ui  uro(jiillus  ni  Ictri.r  pour  établir  des  points  de  compa- 
raison. Néanmoins,  ayant  demandé  au  préparateur  qui  a  monté 
leurs  squelettes  ce  qu'il  pensait  des  os,  il  nous  a  répondu  qu'il  les 
avait  trouvés  bien  consistants. 

P.  S. —  Au  moment  de  mettre  sous  presse,  M.  Sniidl  nous  annonce 
une  excellente  nouvelle.  Il  vient  d'acheter  uu  Rackelhanecf  vivant, 
né  en  capliritr  au  commencement  du  mois  de  mai  :  c'est  le  produit 
d'un  tetrix  cT  et  d'un  urogallus  9,  «  si  bien  apprivoisé  ([u'il  prend 
la  nourriture  des  mains  du  gardien  ».  .M.  Smidt  a  la  bonté  de  le 
mettre  à  notre  dis[)osition.  — N'oici  l'histoire  de  ce  précieux  Oiseau  : 
M.  Anders-Jonsson  a,  le  |)rintemps  dernier,  réuni  un  tetrix  c"  et  un 
urofjdllux  9  qu'il  retenait  en  cage;  le  résultat  de  cet  appariage  fut 
une  ponte  (M.  Sniidt  ignore  le  nombre  d'u;ufs)d'où  sortirent  quatre 
Rackelhaues,  trois  mâles  et  une  femelle.  Il  y  a  quelques  semaines 
doux  de  ces  mâles  avec  la  femelle  furent  vendus  à  la  ménagerie 
du  Musée  Scandinave  (Nerdische  Musées).  La  femelle  est  morte  ces 
jours  derniers  (2).  Quant  au  mâle  restant,  M.  Smidt,  ayant  obtenu 
l'adresse  de  M.  Jonsson,  le  lui  acheta  aussitiM.  Il  a  fait  aussi  l'acqui 
sition  de  la  femelle  morte  dont  les  plumes,  malheureusement,  sont 

(1)  Journal  lùrornilh..  1893. 

(2)  La  roiiimuniiation  do  M.  Smidl  est  du  23  nov.  1896. 


928  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

très  usées  ]i;ir  suite  du  frottemeut  ;iu  sriHfio't'  de  la  cage.  Mais  le 
cori)s  est  bieu  conservé  et  M.  Sniiilt  le  fera  niOQter.  Celte  Poule  a 
fait  sa  mue  ordinaire  de  première  année  ;  c'est  du  reste  ce  qu'ont 
fait  les  mâles  adultes.  L'exemplaire  vivant  chez  M.  Smidt  égale,  par 
sa  taille,  celle  du  gi-and  Coq  de  bruyère  d'un  an.  La  femelle  est  un 
peu  plus  grande  qu'une  femelle  adulte  de  petit  Coq.  Son  bec  prouve 
principalement  son  liybridité.  —  Ces  faits  que  nous  racontons, 
il'après  M.  Smidt,  sont  d'un  très  grand  intérêt.  Ils  prouvent  de 
nouveau  la  réalité  du  croisement  à  l'état  sauvage  des  deux  espèces 
de  Tétras.  Nous  espérons  que  l'on  api.arieia  le  mâle  vivant  avec 
des  femelles  d'espèce  pure  pour  savoir  s'il  les  fécondera. 

Tetrao  urogallus  et  Lagopus  albus 

(Se  j'epoi'ler  p.  ;i45) 

N'ayant  eu  l'occasion  de  citer  encore  qu'un  seul  produit  de  ces 
deux  espèces  et  le  croisement  de  celles-ci  nous  paraissant  peu 
vraisemblable,  vu  la  disproportion  dans  la  taille  des  parents,  nous 
avions  suspecté  Taullienticité  de  ce  mélange.  Mais  de  nouveaux 
sujets  conservés,  paraît-il,  dans  le  Musée  d'Helsingfors  (1)  comme 
dans  le  Musée  d'Upsala  (2),  nous  font  revenir  sur  notre  première 
opinion.  M.  Emile  Kariniemi,  l'agronome  de  Kolavi,  a  d'ailleurs 
communiqué,  à  sou  ami  M.  Hugo  J.  Stjernvall,  des  indications  d'où 
il  ressort  que  le  Lagopus  albus  s'accouplerait,  mais  très  rarement, 
avec  \'uro(jallns.  Des  produits  rencontrés  à  Inavi  et  à  Utsjok, 
paroisses  de  la  Lapouie  septentrionale,  aurarent  été  observés 
dans  les  bandes  de  l'urogallus  ;  d'où  on  a  supposé  que  cette  espèce 
fournit  leur  mère.  M.  Kariniemi  se  sert  du  mot  Kirjava  metzo 
pour  les  désigner.  —  Pendant  l'aulouine  de  1890,  les  habitants 
de  la  ferme  Vesmajàrvi  (à  Kittilà)  prenaient  sur  l'isthme  Porno- 
kaira,  à  l'aide  de  pièges  et  de  trappes,  un  très  grand  nombre 
d'urogallus  cf  et  $  ;  parmi  eux  se  trouvaieut  trois  des  hybrides 
en  question.  Us  avaient  la  grandeur  de  la  Poule  urogalle  ou 
étaient  de  taille  un  peu  moins  forte  (selon  celui  qui  a  rapporté 
ces  faits)  ;  leur  plumage  était  bariolé  de  plusieurs  pennes 
blanches.  On  dit  que  le  kronofodge  (3)  de  la  Laponie,  .M.  Ahnger, 
les  acheta. 

(1)  D'après  une  corumiinicalion  de  M.  le  D'  .M.  Levaniler  à  M.  J.  Stjernvall. 

(2)  D'apiès  ce  que  nous  fait  savoir  M.  !..  A.  de  Jagerskiold,  docent  à  l'Université 
d'Upsala.  L'exemplaire  n'est  pas  cependant  encore  devenu  la  propriété  du  Musée; 
il  y  a  seulement  été  remis  pour  èlre  empaillé.  On  pense  en  (aire  l'acquisitioa. 

(3)  Kronofogde  est  le  titre  du  receveur  des  conlribulions  d'un  district. 


NOUVELLES    Ar)niTUINS  9'2tl 

Nous  (lomions  ces  retiseiiiiieineiils  sous  toutes  réserves,  plusieurs 
erreurs  ;iyunt  déjà  été  coiiiinises  au  sujet  de  ces  hybrides  qui  ont 
été  coufoudus  avec  des  albus-tetrix.  Nous  avons  écrit  au  krono- 
fodtje  qui  serait  possesseur  de  ces  trois  pièces  ;  nous  n'avons 
obtenu  aucune  réponse.  Ce  sont  peut-être  les  trois  pièces  qui 
fig:urent  aujounrhui  au  Musée  de  l'Université  d'Helsingfors,  et 
qui  iiiovieiiiiciil  de  la  Laponie  (I).  Nous  le  saurons  sans  doute 
lorsque  le  baron  J.-A.  Pahnei',  prof,  de  zooloi;ie  à  l'IIniversité 
d'Helsingfors  et  directeur  de  ce  Musée,  en  aura  fait  paraître  la 
description,  comme  il  se  propose,  nous  écrit-il,  de  la  faire 
prochainement  (2). 

Ayant  manifesté  à  M.  Hugo  J.  Sljernvall  notre  surprise  au  sujet 
du  mélange  à  l'état  libre  du  Lniiopus  (très  petite  espèce)  avec  le 
Triniu  uriKjdllus  (très  grande  espèce),  celui  ci  a  cru  devoir  trans- 
mettre nos  observations  à  son  ami  M.  Kariniemi,  lequel  lui  a  fait 
l'essortir  le  fait  suivant.  Rarement  le  trlrix  est  rencontré  à  Inavi, 
Utsjok  et  Coutekio,  où  ou  a  obtenu  ces  Oiseaux.  A  cause  de  cette 
circonstance,  il  y  a  des  probabilités  pour  penser  que  l'origine  des 
hybrides  est  bien  déterminée.  D'ailleurs,  ce  croisement  ne  peut 
paraître  étrange  pour  les  naturalistes  observateurs.  Quand  on  a 
vu  ces  Oiseaux  en  liberté  dans  les  bois,  au  moment  de  l'accouple- 
nieiit,  comme  l'a  fait  M.  Kariniemi,  on  s'aperçoit  vite  que  la  ciiose 
est  possible.  Il  est  allé,  par  plaisir,  dans  les  forêts  au  moment 
du  spiel  ;  il  a  imité  le  son  attrayant  de  la  femelle  Lagopus.  Parfois, 
le  mâle  de  cette  espèce,  très  lascif,  excité  à  un  haut  point, 
est  venu  se  percher  sur  la  tête  de  l'appelant  et,  tout  en.  remar- 
i|uant  son  erreur,  n'en  continuait  pas  moins  à  porter  sa  queue 
debout  et  à  étendre  ses  ailes.  L'amoureux  ne  craint  plus  alors  les 
coups  de  fusil  ;  il  oublie  le  danger  dans  sa  passion.  On  voit  jusqu'à 
trois  mâles  ensemble  courant  à  l'apiieati,  eu  si;  querellant,  et  quoi 
que  dupés  ne  pouvant  calmer  l'ardeur  qui  les  consume.  —  Aussi, 
d'après  M.  Kariniemi,  le  Lagopus  cf  se  trouvera-t-il  exposé  à  se 
jeter  suc  la  Poule  urogallux,  d'autant  plus  que  le  cri  de  celle  ci 
ressemble  beaucoup  à  celui  de  la  femelle  l.dgnpiis.  M.  Kariniemi  a 
lui-même  été  une  fois  témoin  de  la  manière  dont  le  mâle  Lagopus 
répondait  au  ton  séduisant  di'  la  l'oule  de  ITrogalle  et  comment 
ils  s'approchait  de   celle-ci.  —  Quelques  autres  chasseurs  disent 

(1)  D'après  une  correspondance  adressée  par  .M.  le  D'  K.  M.  Levander  à  M.  Hugo 
J.  Sljernvall. 

(2)  D'après  ce  que  nous  écrit  M.  le  D'  L.  A.  de  Jaf;erskiold,  d'Upsala,  on 
Irouveriiil  déjà  une  nolice  sur  ces  Oiseaux  dans  les  «  Meddelanden  alSocietas  pro 
Huna   et  llora  feunica,  XVllI,  p.  217  cl  2b'J. 


930  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

avoir  observé  le  même  f;iit.  (On  sait  que  le  temps  du  spiel  et  de 
l'appariage  est  le  même  pour  les  deux  espèces  qui  sont  poly- 
games). On  trouve,  en  outre,  plus  de  femelles  que  de  mâles  chez 
les  urogalles  (1)  et  c'est  pendant  la  nuit  que.  mêlés  sur  les  mêmes 
places  du  spiel,  ces  Oiseaux  s'accouplent.  11  peut  donc  arriver,  dit 
toujours  M.  Kariniemi,  que  fortement  excités,  ils  satisfassent  leur 
passion  dans  l'ombre  de  la  nuit  sans  se  soucier  de  l'espèce  à 
laquelle  appartient  la  femelle  qu'ils  sont  parvenus  à  atteindre  (2). 
Comme  les  autres  animaux,  ajoute  le  narrateur,  les  Oiseaux  déga- 
gent, pendant  le  temps  de  l'amour,  une  odeur  particulière  {ludor 
spermœ),  et  cette  odeur,  étant  presque  la  même  chez  tous  les  Galli- 
nacés, elle  peut  attirer  les  différentes  espèces  les  unes  vers  les 
autres,  les  mâles  étant  toujours  disposés  à  s'accoupler  avec  les 
femelles  passionnées. 

M.  Emile  Kariniemi  veut  bien  encore  faire  part  à  son  ami  du  fait 
suivant  :  «  Quand  j'étais  à  Mustiala,  pendant  les  années  1888-90, 
dit-il,  on  élevait  là  dans  la  captivité  un  Strix  huho  cf.  C'était  fort 
intéressant  de  l'observer  au  moment  de  l'amour.  L'Oiseau  était 
vraiment  aveuglé  par  la  passion;  ne  gardant  plus  son  naturel,  il 
marchait  sur  les  cadavres  des  Poules  et  des  Chats  qu'on  lui 
donnait  pour  nourriture  et  criait  pendant  les  nuits  comme  un 
furieux  ».  Ce  cas  lui  semble  prouver  que  «  les  Oiseaux  sont 
complètement  aveuglés  par  la  passion  qui  les  tourmente  extra- 
ordinairement  au  moment  de  la  reproduction  ».  Pour  nous,  il 
n'acquiert  pas  une  telle  importance.  Le  D''  Wurms  (;i)  cite  bien, 
lui  aussi,  un  Coq  urognllus  apprivoisé  qui,  en  ardeur  d'accouple- 
ment, se  rua  sur  des  bottes  que  l'on  était  en  train  de  décrotter. — 
Mais  ce  que  la  captivité  prolongée  et  la  domesticité  peuvent 
produire,  l'état  libre  le  repousse,  et  l'animal,  à  l'état  sauvage, 
libre  de  ses  mouvements,  rendu  à  ses  instincts,  ne  paraît  contracter 

(1)  Cette  assertion  est  cependant  complétée  de  la  note  suivante,  écrite  par 
M.  Stjeinvall  :  n  Ce  fait  peut  te  produire  dans  des  contrées  où  on  lire  Icsjiàles  sur 
n  le  spiel.  .l'ai  observé,  dans  la  partie  septentrionale  inliabitée  de  la  paroisse 
1)  Knolajavoi,  que  les  mâlos  étaient  très  nombreux,  les  femelles  complètement 
))  rares.  J'ai,  par  exemple,  vu  une  (ois  en  me  promenant,  à  un  kilom.  des  bords 
))  de  la  rivière  Tuntsajoki.  sept  mâles  urogatlus  seuls  sans  èlre  accompagnés 
))  d'aucune  femelle.  On  peut  supposer  que  ces  femelles  se  cachent  avec  leurs 
»  petits  ;  il  me  semble  néanmoins  que  les  femelles  sont  plus  nombreuses,  quoiqu'en 
Il  disent  les   ornithologistes  ii. 

(2)  Il  parait  qu'en  dehors  du  spiel  ou  de  la  saison  des  amours,  les  Lagopus 
(mâle  et  femelle)  se  montrent  moins  rares.  Ils  demeurent  ensemble  pendant 
l'incuhation  et  l'élevage  de  leurs  petits. 

(3)  Cit.  par  Henke.  in  .lourn.  liir  ornilh.,  april  1892. 


I 


NOUVELLES    ADDITIONS  931 

que  toiil  à  f:iil  exccpfionnpllcmerit  des  nlliniirt-s  qui  pnrnissi'nl 
illégitimes. 

Cela  dit,  nous  adineltons  néanmoins  que  le  croisement  du 
Laijopns  albits  et  du  Tetri.r  urogallus  puisse  se  produire  dans  la 
nature,  comme  se  produit  celui  de  celte  dernière  espèce  avec  le 
tetrix.  Si  les  deux  types  sont  de  taille  vraiment  très  difTérente,  ils 
sont  bien  de  la  même  famille,  du  même  genre  et  ont  les  mêmes 
habitudes  ;  à  part  leur  taille,  très  distincte  l'une  de  l'autre,  ils 
olïreut  même,  dans  leur  couformatiou,  de  très  grandes  analogies. 

M,  Stjcrnvall,  laissant  aux  observations  de  son  ami  la  valeur 
qu'elles  ont,  ne  doute  point  que  le  petit  iagopus  ne  puisse  s'appa- 
rier avec  la  femelle  de  Viirogallus,  se  fondant  sur  l'exemple  de 
la  Queniueiiiila  irccca  qui  s'allie,  pense-t  ou,  avec  ^.•^««^s■  hoscluis 
pour  produire  le  Bimaculated  Duck  (1).  La  longueur  du  Lagopus  cT, 
reniiirquet  il,  est  (2)  de  39H'"™  ;  celle  de  la  Poule  urogalle  de 
608™™  ;  la  [iroportion  est  donc  de  30G  :  (JGS  —  0,51)2  =  0,fi.  Or, 
la  môme  proportion  existe  à  peu  près  entre  les  dimensions  de 
r.4.  crecca  et  celles  de  IM.  //o.sr/irîs. 

TctRAO   TETRIX    ET    LaGOIMS    MUTUS 
(Se  reporliM'  jip.  iiO  et  ;il>2) 

Nous  avions  mentionné  au  .Musée  de  Varsovie,  d  après  le  prof. 
Taczanowski,  aujouni'lnii  décédé,  un  liylniile  île  '/'.  tetrix  et  /-. 
mutits,  tué  à  l'état  sauvage.  —  De  nouveaux  renseignements 
obtenus  sur  celltî  piére  il  résulte  que  l'on  aurait  allaire  au  pro- 
duit bien  connu  du  Tetrao  tetrix  X  Lagopus  albus. 

.\ucun  fait  ne  confirme  donc  le  mélangi!  du  tetrix  et  du  mntux, 
mi'laiige  qui  ne  paiait  pas  cependant  irréalisable,  vu  la  parenté 
des  deux  espèces. 

Tetrao  tetrix  X   Bonasa  Betulina 

(Se  repoiUr  pp.  .';.")  et  054) 

Le  Norsk  Idretsblad  (3)  signale  l'Iiybridc  proliidilc  de  ces  deux 
espèces,  abattu  ri'cemmeiit  |)ar  un  chasseur  à  Mykiand,  Vedenaès 
(Norwège).  Séjournai  donne  quelques  courts  détails  sur  celte  pièce 

(1)  Consult.  sur  ce  sujet  noire  hroiliure  illustrée  :  llisloirv  du  lliinnculalcil  Ducii 
ou  A.  Gli.cilunii. 

(2)  D'iiprès  C.  R.  Sundstrôm  Faun». 

Ci)  .\arg  XIV,  n"  ;),  paye  :î7.  Ce  journal  est  publié  à  Christian:!. 


i)32  OISEAUX    HYBRIDES    FUÎNCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

obtenue.  Cette  informatidri  nous  ;irii\e  très  lurdiveincnt  et  nous 
est  i;-racieiisenieiU  envoyée  |iar  M.  0.  Haase  (1). 

Lagopus  albus  X  BoMASA  Betulina 

(Se  ronoi-ler  p;'.  ,';',)  et  ii.So) 

Un  sujet,  assez  douteux  d'ailleuis,  avait  pu  seul  être  cité 
jusqu'alors.  Si  nous  en  croyons  l'ami  de  M.  Sljernvall,  M.  Emile 
Karinienii,  déjà  bien  des  l'ois  nommé,  les  anciens  chasseurs  du 
pays  de  celui-ci  racontent  que  l'on  a  vu  et  tiré  des  hybridel  de  la 
Bonnm  et  du  Lagopus.  M.  Kariniemi  n'indique  pas,  toutefois, 
l'espèce  du  l.agoptis.  Semblant  conbrmer  ce  fait,  M.  Sljernvall  a 
trouvé,  en  consultant  des  revues  finlandaises,  dans  l'article  de 
M.  Waren  (2),  le  fait  suivant  :  Nikulainen,  de  Rantalampi,  a 
raconté  à  celui-ci  que  ((  pendant  le  mois  de  décembre  de  l'année 
l85o,  il  lua  dans  une  couvée  de  Gelinottes,  d'abord  sept  Gelinottes, 
puis  un  huitième  intiividu  lequel,  si  l'on  considère  sa  taille  et  son 
extérieur,  l'essemblail  à  une  Gelinotte  ;  mais  ses  pattes  et  ses 
ailes  étaient  sem])lables  à  celles  du  Lagopus.  L'Oiseau  était  perché 
dans  un  arbre  (-i). 

Tethao  tetrix   et  Lagopus   scoticus 

(Se  repoi-toi"  pp.  (12  et  5(iO) 

M.  T.  S.  Buckley,  de  Rossai  (Inverness),  a  donné  (4)  la  description 
d'un  nouvel  hybride  tetrix  X  scoticus,  tué  en  décembre  189i,  près 
d'Ardgay  (Ross-chire),  par  un  garde-chasse  du  nom  de  Ross. 
«  L'Oiseau,  dit  le  narrateur,  est  uu  mâle,  un  très  beau  spécimen, 
sombre  de  ton  et  montrant  çà  et  là  sur  son  poitrail  noir  brillant 
les  plumes  du  scolic^is.  La  tète  et  la  queue  sont  celles  de  la  Poule 
tetrix;  le  plumage  est  davantage  tacheté  de  blanc  que  chez  cette 
espèce.  Peut-être  la  partie  la  plus  curieuse  de  l'Oiseau  est  le  pied 
dont  les  doigts  sont  eiii[)lumés  jusqu'à  moitié  des  ongles,  le  reste 
demeure  tout  à  fait  nu.  Eu  outre,  le  pied  laisse  voir  distinctement 
les  ((  pectinalions»  du  tetrix,  quoique  pas  aussi  étendues  que  chez 
cet  Oiseau.  Les  jambes  sont  bieu  emplumées  ». 

(1)  M.  0.  Huiise  ;i  f;iit  mention  île  cet  liyljride  dans  Ornitli.  Monat.,  Nov.  1S9(J, 
d'après  le  S'IluberIns  i|ui  reproduit  l'art  du  Norsk  Idrelsblad. 

(2)  Cet  auteur  a  déjà  été  cite,  et  le  litre  de  sa  brochure  est  connu.  Nous 
rappellerons  seulement  qu'elle  se  trouve  dans  les  Meddelandeii,  1881. 

(^)  Dans  ce  cas  encore  l'espèce  Lagnpus  n'est  pas  indiquée. 

(4)  In  Annals  of  Scollish  Natural  lUslory,  n"  du  14  april  189,ï,  p.  12b. 


NOUVELLIiS    ADDITIONS  U'A'.i 

C'est  p;ir  erreur  que  nous  nvious  uorniui^,  (1)  M.  Burton  comme 
nous  nyiiul  communiqué  l'lu\tMuess  Courrier  du  S)  luivemijre  IS.S'.I, 
dans  lequel  on  fait  uienlion  il'uu  autre  hybride  tué  àGlen-Mayerau. 
C'est  l'auteur  de  l'article,  M.  T.  E.  Huckley,  qui  avait  eu  lui- 
nième  la  complaisance  de  nous  faire  cet  envoi.  .Malheureusement 
M.  Ifuckley  ignore  l'adresse  de  M.  Hardy  et  du  garde  Ross  qui 
tuèrent  l'Oiseau  ;  de  sorte  (|u'il  nous  est  im|)ossihle  de  drnnnder  ;\ 
ceu.\-ci  la  i)ermission  de  l'examiner  {'!). 

Sous  ce  titre  :  Xulcs  un  Grouse  (3),  .M.  Henri  H.  Sclater  a  critiqué 
l'origine  d'un  Oiseau,  présenté  par  M.  Macpherson  (4)  comme 
descendaut  du  scoticus  et  du  Iciri.r.  Ce  soi  disant  hybride  est  très 
bien  connu  de  M.  Sclater,  car  il  appartient  à  l'un  de  ses  oncles  ;  il 
l'a  toujours  considéré  comme  une  Poule  telrix  revêtant  la  livrée 
du  mâle.  De  nouveau  il  vient  de  l'e.vaminer,  et,  en  présence  du 
sujet,  il  ne  trouve  aucune  raison  de  revenir  sur  sa  première 
opinion.  «  La  taille,  dit-il,  l'aspect  de  la  lète  et  des  pieds,  corres- 
pondent tout  à  fait  à  ces  mêmes  parties  dune  Poule  ordinaire  de 
telrix.  ((  The  claws,  and  the  serralions  on  tbe  side  of  Ihe  toes, 
ajoute-t-il,  do  not  show  the  least  tendency  to  resemble  the  same 
parts  in  a  Red  grouse;  ncilher  is  there  a  trace  of  rirouse-like 
feathering  on  the  toes  thiMuselevcs.  Nor  eau  I  detect  any  distinc- 
tive  character  of  Red  grousr  ])himag('  mi  llic  hody  ». 

Href,  M.  Sclater  (|ui  a  vu  en  Xoiwègi^  un  nombre  assez  élevé  de 
femelles  «/•o;/al/i/<,  ti'irix  et  l'hmitinux  à  plumage  anormal,  consi- 
dère délinitivemeul  (|uc  l'Oiseau  ([u'il  critique  doit  être  classé 
dans  la  catégorie  de  ces  derniers.  Le  se.\e,  que  Ion  envisage,  n'a 
du  reste  jamais  été  reconnu. 

M.  Macpherson  a  répondu  à  M.  Sclater  qu'il  ne  maintenait  pas 
son  dire  outre  mesure  et  qu'il  était  tout  prêt  i"!  revenir  sur  l'opinion 
qu'il  avait  émise,  l'Oiseau  ne  lui  étant  i)as  snllisamment  connu.  Il 
n'a  fait,  dans  l'article  qu'il  lui  consacre,  que  répéter  le  dire  du 
propriétaire  de  l'Oiseau,  .\L  Horrocks. 

Désirant  nous  mettre  en  mesure  de  reconnaître  les  vrais  carac- 
tères de  la  pièce  en  question,  nous  avons  écrit  à  M.  Sclater  pour 

(t)  In  1"  partie,  te.s'  Gallinacés,  p   r>6(ou  p.  119  des  .Mém.  de  la  Soc.  zool.,  1800). 

(2)  l'ar  erreur  encore,  nous  avion.-;  indiqué  un  M.  Maelony  coinnic  ayant  demandé 
à  M.  Buciiley  d'examiner  la  pièce.  C'est  un  i\l.  Macleay,  lequel  nionla  l'Oiseau. 
M.  Macleay  est  aujourd'hui  décédé. 

i'ô)  Tlic  Zuoliigisl..  janvier  'Xi,  n°  iS7,  pp.  20  ot  il. 

(4)  Dans  un  volninc  juihlii'  léciuiiiii  iil  iii  •<  LoïKjman'n  Fur  and  Featlier  Séries», 
pp.  r>2  ut  OU. 


934  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

le  prier  de  nous  la  communiquer  ;  mais  celui-ci  n'a  pu  accéder  à 
notre  désir,  l'Oiseau  monté  ilguranl,  parait-il,  dans  un  groupe 
d'autres  Oiseaux. 

P.  S.  —  Au  moment  où  nous  mettons  sous  presse,  le  rév. 
Macpiierson  nousfail  l'honneur  de  nous  adresser  la  lettre  suivante; 
nous  la  rtïproduisou.s  textuellement  :  «  Carlisie,  England,  Sept. 
30"'  1S9G.  —  Dear  Sir,  Il  niay  interest  you  to  know  tliat  my  friend 
M.  Hulliart  lately  siiot  two  mâle  hyhrids  lietween  Lyrurus  tetrix 
and  Ijiijoptis  scollcvs  upon  a  shootiug  in  Kirkcudhright.  I  liope  to 
Write  a  paper  on  liiein.  Ile  also  sliot  a  female  hybrid  of  the  same 
kind.  Tliis  has  llie  tail,  the  under  tailcoverls  and  secondaries  of 
the  Black  Game,  Jnit  olherwise  resembles  the  Red  (irouse.  The 
two  maie  birds  were  shot  earlier  than  the  hen,  and  are  not  so 
perl'ect  in  plumage.  They  hâve  the  tail  of  the  Black  Grouse,  but 
hâve  much  resemblance  to  the  Red  Grouse.  Tliere  can  be  no  doubt 
tliat  ail  three  birds  belonged  to  the  same  brood  ».  Par  le  Field  (1), 
nous  apprenons  que  c'est  le  26  août  que  ces  Oiseau.x  furent  tués  ; 
ils  suivaient  une  femelle  tctrix. 

Nous  nous  sommes  empressé  de  remercier  le  Révérend  de  son 
aimable  communication,  mais  nous  lui  avons  fait  savoir  aussi  que 
nous  doutions  un  peu  de  l'origine  attribuée  à  ces  trois  Oiseaux. 
Un  grand  nombre  de  Tétras  considérés  comme  hybrides  de  Lg. 
tetiix  X  f--  scoticus  ne  sont  autres  que  des  femelles  stériles  revêtant 
l'habit  du  mâle.  —  Le  Révérend  persiste  néanmoins  dans  son  dire  ; 
dans  une  deuxième  lettre  (où  il  nous  informe  incidemment  que 
son  ami  vient  de  tirer  un  quatrième  sujet  du  même  genre,  une 
femelle),  il  nous  écrit  «que  tous  les  caractères  annoncent  une 
double  origine  ».  M.  Macpiierson  étant,  comme  il  le  dit  fort  bien, 
((  un  membre  vieux  de  la  Brilish  Oruitiiologist's  Union  et  ayant 
vu  beaucoup  des  deux  espèces  pures  »,  nous  ne  nous  permettrons 
pas  de  criti([uer  sa  manière  de  voir,  puisque  d'ailleurs  nous  ne 
connaissons  aucunement  les  Oiseaux.  —  S'il  nous  était  seulement 
permis  d'adresser  un  reproche  d'ami  à  un  aussi  aimable  corres- 
pondant, assez  gracieux  pour  nous  signaler  les  faits  d'hybridité  qu'il 
rencontre,  nous  regictlerions  que  tant  de  courtoisie  n'aille  pas 
aussi  loin  cependant  que  celle  de  beaucoup  de  ses  confrères  en 
ornithologie,  lesquels  s'en) pressent,  lorsque  nous  les  leur  deman- 
dons, de  nous  communiquer  les  pièces  hybrides  qui  sont  à  leur 
disposition.  Le  rév.  iMacplierson  s'est,  en  ellet,  toujours  refusé  à 
nous  adresser  en  communication  les  hybrides  dont  il  dispose  ;  la 

(1)  N°  du  12  septembre  1890,  n-  2.281,  p.  464. 


NOUVELLES    ADDITIONS  l)3o 

seule  pi^ce  qu'il  nous  ail  envoyée,  et  qui  avait  ét(^  désignée  couiine 
hyiiridt"  de  Titnius  iiierulu  X  '/'.  tonjuatus  !  n'est  à  nos  yeux  qu'un 
iuilividn  très  pur  de  celte  dernière  espèce,  mais  dans  une  piiase 
de  plumage  jieu  connue  (1).  —  Nous  reconnaissons  toutefois  (|ne 
cette  circonstance,  à  savoir  (|ue  les  Tétras  obtenus  par  M.  Hulliarl 
sont  au  nombre  de  (|uatre,  sont  jeunes  et  des  deux  sexes,  milite 
en  faveur  de  leur  liyhridité.  On  ne  peut  les  sujjposer  de  vieilles 
Poules  stériles  révélant  riiabil  du  Coq,  si  souvent,  on  l'a  vu  (2), 
confondues  avec  des  hybrides  (etrix  X  scolicus.  Mais  ils  pourraient 
aussi  être  une  variété.  Nous  i-emarquerons  (|ue  ces  Tétras  ont  été 
annoncés  daus  le  Kield  (.'J)  par  .M.  Robert  Haine,  un  taxidermiste, 
sous  le  nom  de  «  Hybrid  Grouse  and  Blackcock  »,  ce  taxidermiste 
les  désiicnant  ainsi  :  «  undoiibli'd  liybrids  wliicli  show  as  much  of 
Ihe  Red  (Irouse  as  lh(îy  do  of  tiie  lilackcock  )).  En  attendant  la 
description  (juc  M.  Macpherson  se  proposi;  d'en  faire,  nous  repro- 
duisons celle  que  M.  Robi'rt  Raine  a  écrite  dans  le  Field  : 
«  Theyare  botli  malc'S  (il  ne  connaissait  pas  encoi-c  l'exislence  des 
deux  femelles  au  moment  où  il  écrivait),  and  birds  of  the  year, 
beini;  only  half  moultcd  ;  tlieir  breasts,  which  are  nearly  full 
fealhcred,  very  miicli  resemble  that  of  a  very  old  Cock  grouse, 
being  much  moUled  with  white,  and  their  tlighl  fealhersare  edged 
willi  white  ;  Ibeir  wings  on  the  shoulders  are  also  very  curiously 
marked  with  white,  but  the  while  spéculum  so  conspicuous  in  Ihc 
Blackcock  is  (juile  absent,  and  the  secondaries  are  each  lipped 
wilh  white  ;  their  tails  are  qnile  black,  but  do  not  show  the  least 
inclination  to  curve  ;  their  tarsis  and  half  of  their  tocs  are  thickly 
feathcred,  the  rest  f[uite  clean  and  wilhout  any  spines,  as  in  the 
true  Rlackcock,  which  are  only  feathered  to  the  junclion  of  the 
loes  ». 

Après  cette  description,  M.  Raine  fait  savoir  (|u'il  se  rappelle 
un  autre  cas  d'hybridisme  stnnblable,  lequel  fut  observé  à  Scone 
Palace,  Dunkled,  et  nusntionné  daus  la  Badmington  Library. 

Tetrao  tetrix  et  Lagopus  albus 

(Se  reporter  pp.  (J7  ut  ii'l) 

Nous  avons  à  signaler  deux  nouveaux  exemplaires  chez  MM.  Hugo 

(1)  Voy.  la  rélutalion  que  nous  eu  avons  faite  pp.  803,  80G  et  807,  et  aussi  dans 
le  Bull,  (le  la  Soc.  Zool.  de  France  (année  ls;i;;i. 

(2)  Nous  avons  cité  plusieurs  exemples. 

(3)  N»  du  o  sepl^nibre  189o,  n»  2,280,  p.  iii. 


9.%  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

etOskar  Utterstrôm,  de  Pajola  (Suède).  Ces  Oiseaux  ont  été  empaillés 
par  M.  KollhotT,  conservateur  à  rAcailémie  d'Upsala.  Ils  sont  des 
deux  sexes.  Le  Coq  a  él('' pris  au  piège  à  Kangos,  près  de  la  paroisse 
de  Pajala,  district  du  Norbotten  ;  la  femelle  a  été  capturée  de  la 
même  manière  à  Kengis,  même  paroisse  et  même  district.  Ils  sont, 
paraît-il,  fort  bien  conservés  (1). 

L'auteur  de  l'article  déjà  cité  :  ((  Bidrag  Kànuedomenom  Jemtlands 
ocli  Herjeailalcns  fainid  »  (2)  fait  savoir  que  deux  autres  liybrides 
de  ce  genre  ont  été  attrapés  dans  un  piège,  à  Sunne,  et  portés 
au  marché  d'Ostersund  le  18  novembre  1895;  mais  que  le  cou 
ayant  été  abîmé  par  le  piège,  ils  n"ont  pu  être  conservés.  Nous 
pensons  qu'ils  n'ont  point  été  décrits.  Nous  apprenons  par  l'article 
en  question  que  «  le  livre  d'esquisses  d'animaux  de  Sturber,  ayant 
été  montré  à  l'horloger  K.  Freman  de  cette  ville,  (qui  avaitexaminé 
les  hybrides  en  question),  déclara  que  l'esquisse  de  la  Perdrix  de 
neige  {Lwioputotri.r  Idijofoides ,  pensoiis-nous),  leur  ressemblait,  non 
point  seulement  parce  qu'ils  avaient  le  dos  tout  blanc,  mais 
surtout  parce  qu'ils  avaient  la  tête  et  les  pattes  comme  sur 
l'esquisse,  ainsi  que  la  queue  foncée  et  en  forme  de  pointe  ». 

Dans  l'automne  de  la  môme  année,  la  police  de  santé  de  la  ville 
aurait  vu  un  métis  semblable  porté  au  marché  (3). 

De  telles  indications  sont  certainement  intéressantes;  malheu- 
reusement elles  ne  sont  pas  assez  complètes  pour  nous  permettre 
d'aflirmer  l'authenticité  de  ces  hybrides  très  dilTiciles  à  diagnos- 
tiquer. 

D'après  M.  Emile  Kariniemi,  le  Riekkoteiri  (c'est  à  dire  le 
Riporre)  serait  très  rare,  |u-esque  inconnu  dans  son  pays  ;  on  n'en 
possède  pas  au  Musée  d'Helsingfors.  M.  Stjernvall  nous  avait 
signalé  en  Liponie  l'existence  d'un  Lagopus  X  tctrir  que  nous  avions 
mentionné  p.  .'j72.  Cet  Oiseau  se  trouvait  alors  chez  deux  de  ses 
amis  à  Mnoninfaù.  Mais  ceux-ci  ont  changé  de  localité.  M.  Stjernvall 
se  propose  d'écrire  à  M.  P.  Fersstrôm,  à  Kareserando  (200  kil.  de 
Muonia)  espérant  que  l'on  pourra  nous  procurer  cet  exemplaire. — 
Un  autre  de  ses  amis,   M.   le  curé  de    Neovinus,  lui  fait  savoir 

(l)Ces  roiisfii;iieiiients  nous  sont  fournis  (lii-ecloinenl  [inr  MM.  l'Ueistrôm  ;  mais 
c"esl  M.  lliiiT"  .).  Stjernv.ill  qui  a  bien  voulu  nous  si;,'naler  ces  iu(éi'essiints  liybriiles- 
Ils  sont  à  vendre  ;  le  prix  très  élevé  que  l'on  en  demande  ne  nous  a  pas  permis 
d'en  faire  rncquibilion.  On  nous  les  av.iit  indiqués  comme  liylirides  de  LugOjius 
albux  X  Telrao  vrogullu.t.  M.  !..  A.  de  Jagersliiold,  ami  de  M.  KoltliolT,  qui  les 
a  préparés,  nous  assure  i|u'il  ne  peut  être  question  que  d'hylirides  lelri.r  x  Lugoiius. 

(2)  Conseils  pour  la  connaissance  des  Oiseau.x  du  Jemlland  et  do  Herjeadalens. 

(3)  Renseignement  fourni  dans  le  même  article. 


NOLVELLKS    ADDITIONS  0.'{7 

incideinineul    qu'il   se    rappelle  avoir  vu,    en    quelque  lieu,    un 
I.ag.-dlbusx  Tetrao  Ifiri.r.  "SoU-c  dévoué  correspoiiiliiiil  veut  hini 
encore  se  charger  de  nous  olitenir  îles  renseignenienls  supplénieii 
taires  sur  celte  nouvelle  pièce;  nous  le  remercions  à  l'avance  de 
son  ol)liseance. 

M.  Th.  Lorenz,  dans  l'article  du  Journal  fiir  Ornithologie  (I), 
que  nous  avons  en  partie  analysé,  s'est  occupé  de  quatre  Poules 
Birk  {(elri.r)  représentées  sur  l'un  des  tableaux  de  l'ouvrage  du 
])'■  A.  .M.  .Meyer  et  qui,  a  t-oii  dit,  doivent  être  des  hybrides  de 
Lagopus  albus  X  Tetrao  Ictrix.  M.  Th.  Lorenz  ne  voit  chez  ces 
quatie  Oiseau.x  aucune  marque  rappelant  la  Poule  de  neige  ;  ce 
sont  pour  lui  siniplcincnt  des  liirkhoincn,  c'est-à-dire  des  Poules 
de  tetii.T  afïectées  d'alliinisnie.  .M.  Lorenz  ne  peut  comprendre  pour 
quelle  raison  ces  l)àlards  supposés  ont  la  queue  blanche,  alors  que 
la  Poule  Tetrao  tetri.r  et  la  Poule  l.agoims  alhu.s  n'en  possèdeni, 
ni  l'une  ni  l'autre,  de  semblable;  d'autant  moins  que,  chez  celle 
dernière  espèce,  le  mâle  et  la  femelle  ont  à  chaque  saison  la  queue 
noire.  M.  Lorenz  a  possédé  de  telles  varii'lés  et  n'a  jamais  pu  s'aper- 
cevoir chez  elles  d'aucune  marque  indiquant  le  [.agopits  albus. 

Il  constate,  en  passant,  que  le  Tetrao  lagopoides  (Nils)  se  présente 
sous  deu.x  (ormes  :  l  !..  alhiis  cT  X  T.  letrijc  Q  ;  2'  T.  tetri.r  (f  x  /.. 
albus  $.  La  première  forme  se  rencontre  plus  souvent  que  la 
seconde;  cette  dernière  est  extrêmement  rare.  Les  mâles  et  les 
femelles  sont  de  grande  taille  et  ont  iiien  plus  de  noir  que  de 
blanc.  La  premièic  forme  laisse  voir,  au  coiilraire,  plus  de  blanc 
que  de  noir,  (liiez  la  plus  forte,  ajoutr  i-il,  les  plumes  brunes 
rapiiellent  d'une  manière  très  accentuée  la  Poule  Ictrix,  avec 
une  moindre  f|u;inlité  de  couleui-  blanche  ;  par  contre,  la  plus 
petite  forme  laisse  presipie  voir,  sur  les  itiumes  sombres,  la 
marque  disliiiclive  du  Lagopus  albus  dans  le  vêlement  d'automne, 
à  part  ceci  :  (|ue  le  fond  du  ton  de  plumage  n'est  pas  brun  rouge, 
mais  biiiii  jaune.  11  estime  en  conséquence  que  le  cT  Tetrao- 
Lagopoidi-s,  iei)iéseiité  au  |iremier  ])lan  sur  la  planche  de  l'ouvrage 
du  D'  .Meyer,  ap|iaitient  à  la  plus  petite  forme  et  est  irorigine 
Lagopus  albus  cf  X  Tetrao  Ictrix  $.  Au  contraire,  la  femelle  ipii 
se  tient  près  de  cet  Oiseau  appartient  à  la  plus  grande  (orme  et 
provient  donc  du  T.  tctnx  cT  X  Lagopus  albus  $.  Il  a,  d'ailleurs, 
minutieusement  examiné  l'original  femelle  dans  le  .Musée  de 
l'Université    de    Saint-Pétersbourg.  —  Deux    mâles    de    la    plus 

(I;  N"  li'octuhif  is;)|,  p.  'i0.>^il2. 


t)38  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   L'ÉTAT    SAUVAGE 

grande  forme,  fait-il  savoir,  se  rencontrent  dans  le  Musée  de 
l'Université  de  Moscou  ;  l'un  de  ces  Coqs  a  quelques  ])lunie.s  du 
cou  appartenant  à  la  livrée  d'automne.  Il  en  a  vu  un  troisième 
chez  un  amateur  de  Saint  Pétersbourg  ;  ce  mâle  avait  aussi  des 
plumes  brunes  de  la  livrée  d'hiver.  La  plupart  des  Oiseaux  qu'il 
a  examinés,  et  qu'il  a  obtenus  dans  le  courant  de  vingt  années, 
appartenaient  à  la  petite  forme,  soit  à  la  combinaison  Lagopus 
albus  cf  X  T.  tetrix  $ . 

Les  différences  que  signale  M.  Th.  Loreuz  méritent  d'être  consi- 
dérées ;  elles  sont  réelles,  pensons  nous.  Nous  avons  eu  l'occasion 
de  les  constater,  au  moins  en  partie,  sur  les  échantillons  qui  nous 
ont  été  communiqués.  Nous  en  avons  re^u  de  grands,  mais  ceux-ci, 
autant  que  nous  pouvons  nous  le  rappeler,  étaient  en  majorité. 
Nous  ne  soupçonnons  pas  cependant  deux  origines  chez  le  Lagopus 
albus  X  Tctrao  tetrix  ;  nous  pensons  que  cette  dernière  espèce  est 
toujours  appelée  à  jouer  le  rôle  du  mâle.  Nous  ne  nous  expliquons 
donc  pas  les  diflérences  de  taille  que  nous  constatons  chez  les 
divers  individus  ([ui  nous  ont  été  présentés.  Nous  avons  aussi 
remarqué  des  diflérences  dans  la  coloration  que  nous  ne  nous 
expliquons  pas  davantage  ;  nous  les  attribuons  aux  degrés  divers 
de  mue  que  travei-sent  les  Oiseaux.  —  Les  explications  fournies 
par  M.  Lorenz,  qui  donneraient  la  clef  de  ces  différences,  doivent- 
elles  être  acceptées  ? 

M.  Henke  a  bien  raison  de  dire  (1)  que  si  M.  Lorenz  faisait 
construire  une  volière  d'élevage  dans  le  Nord,  pays  où  on  peut  se 
procurer  sans  difficulté  les  espèces  composantes,  on  pourrait 
alors  apporter  des  faits  positifs  à  l'appui  de  sa  manière  de  voir,  ou 
contre  son  opinion. 

M.  Henke  a  lui-même  fait  connaître  sou  appréciation  sur  les 
quatre  Oiseaux  du  tableau  XV  ;  il  ne  pense  pas  qu'il  soit  si 
facile  de  les  déclarer  albinos,  comme  le  fait  M.  Lorenz  :  pour  bien 
les  comprendre,  il  faut  se  pénétrer  du  texte  de  l'ouvrage.  Si  ces 
Poules  sont  seulement  frappées  d'albinisme,  comment  explique- 
t-ou,  se  demande  M.  Henke,  qu'elles  soient  en  même  temps 
sujettes  au  mélanisine,  car  elles  portent  des  marques  noires  aux 
places  mêmes  où  la  femelle  du  tetrix  n'en  possède  pas!  La  dilTicultè 
d'expliquer  la  couleur  blanche  de  la  queue  se  résout:  si  l'on  songe 
que,  dans  son  vêtement  noir,  le  Lagopus  a  encore  le  bas  de  la 
queue  de  cette  couleur  et   que,   de   plus,   il   a  de  fortes  pennes 

(1)  A  la  lin  de  son  article  publié  dans  le  Juiiriuil  fur  Ortiith.,  april  1892,  p.  170 
e(  siiiv. 


NOUVELLES   ADDITIONS  939 

bhinches  médianes.  Mais  l'alhiiiisme  est  incapable  de  changer  les 
(ormes  des  ailes.  Or,  chez  ces  Oiseaux,  la  septième  penne  de  l'aile 
est  plus  courte  (|ue  la  première,  tandis  que  celte  penne  se  trouve 
plus  longue  chez  le  tetrir,  etc. 

Quant  à  la  (|ueslion  de  savoir  si  le  renvei'senienl  des  termes 
père  et  mère  est  un  fait  dans  le  mélange  d'où  i)roviennent  ces 
hybrides,  .M.  Ib'uke  reconnaît  que  l'opinion  ]iour  et  l'opinion 
contre  sont  d'égale  valeur. 

Nous  avons  cru  devoir  mettre  nos  lecteurs  au  couiant  des 
discussions  qui  se  .sont  produites  entre  .M.  Lorenz  et  M.  Ilenke; 
elles  nous  ont  paru  intéressantes. 

Genre  Euplocamus 
(Se  reporter  pp.  81  et  5'.i;>) 

Nous  sommes  toujours  sans  indications  précises  sur  les  croise- 
ments que  contracteraient  entre  eux  [)lusieurs  des  espèces  (ou 
variétés)  de  ce  genre.  Beaucoup  de  lettres,  (jue  nous  avons  écrites 
dans  rilindouslan  et  l'indo  t^liine,  sont  restées  sans  réponse  et  les 
correspondances  qui  nous  sont  parvenues  sont  sans  intérêt.  Nous 
voulons  cependant  remercier  M.M.  R.  G.  Woodthrope  du  i<  Iknrjalorc 
uiiilril  sercicc  rluli  »  à  Bombay;  .V.  R.  BirUs,  olbj.  commissioiiner 
of  the  Arakan  division  à  .\kyab  ;  Th.  Heensheet.  à  Paletu,  pour 
tout  l'empressement  qu'ils  ont  mis  à  nous  répondre,  la  bonne 
voloidé  de  nous  obliger  qu'ils  nous  ont  témoigné'e,  et  les  infor- 
mations qu'eux-mêmes  ont  essayé  de  prendre  pour  nous.  —  Des 
peaux  nous  sont  promises;  parmi  celles  qui  nous  parviendront, 
peut-être  découvrirons-nous  quelques  croisements  ? 

Phasianus  vulgaris  et  Phasianl's  reevksi 

(Se  repoiler  pp.  SJ  el  GiXJ) 

M.  Sigismond  C.  de  Trallord  (Croston  hall,  Preston),  (ait  savoir  (1) 
qu'il  eut,  dans  ses  coverts,  il  y  a  tiuelques  années,  un  C;o(i  Faisan 
croisé  du  Faisan  commun  et  du  Faisan  de  Ueeves.  Il  pense  que 
cet  Oiseau  provient  d'un  œuf  importé  d'Elve<lon,  où  il  s'était 
procuré  des  œufs.  L'Oiseau  atteint  une  très  forte  taille.  A  la 
deuxième  saison  de  reproduction,  son  garde-chasse  le  prit  pour 
le  faire  reproduire  et  lui  donna  six  Poules  ordinaires.  On  l'enferma 

(1)  Dans  le  Kield  18%  (ii»  de  fin  (ovi-ier  ?). 


1)40  OISEAUX   HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    LÉTAT   SAUVAGE 

pendant  quelques  semaines  ;  mais  on  fut  oijlij,'è  de  le  séparer  de 
ces  Poules.  11  était  très  emporté,  et  ne  les  fécondait  pas;  aucun 
doute  qu'il  ne  tût  nii  mulet. 

Cet  exemple  montre,  comme  nous  l'avons  déjà  remarqué  (1), 
que  dans  les  réserves  anglaises,  et  sans  doute  dans  beaucoup 
d'autres  chasses  réservées,  la  présence  d'un  hybride  ne  prouve  pas 
que  cet  hyliride  soit  né  à  l'état  sauvage. 

Le  duc  de  Bradford  veut  bien  nous  faire  savoir  d'ailleurs,  par 
l'entremise  de  M.  John  Thornhill,  qu'il  possède  l'hybride  de  ces 
deu.K  espèces  obtenu  dans  ses  chasses,  où  il  a  introduil  le  reevesi. 

PhASIANUS    VULGARIS    ET    Ph.    WALLICHII 

Ce  nouveau  croisement  a  aussi  été  obtenu  dans  les  chasses  du 
duc;  il  n'est  dû  encore  qu'à  l'importation  des  deux  espèces  mises 
en  présence  l'une  de  l'autre  dans  un  habitat  où  elles  n'existaient 
pas  naturellement. 

11  en  est  de  même  du  croisement  du  : 

PhASIANUS    VULGARIS    X    EUI'LOCAMUS, 

ainsi  que  des  mélanges  du  : 

PHASIANUS    WALLICHII    X    EUPLOCAMUS 

et  du  : 

PhASL\NUS    VULGARIS    X    TlIAUMALEA    AMHERSTLE, 

observés  dans  les  mêmes  bois. 

Tout  (l'al)ord  nous  avions  été  très  surpris  d'apprendre  que  ces 
diverses  espèces  s'étaient  mélangées  en  liberté,  car  M.  Thornhill, 
qui  voulait  bien  nous  signaler  leurs  croisements  de  la  part  du 
duc  de  Bradford,  nous  atlirmait  qu'ils  avaient  eu  lieu  à  l'état 
sauvage.  Mais  notre  étonnement  a  cessé  lorsque  nous  avons 
appris  que  ces  diverses  espèces  avaient  été  lâchées  dans  les 
bois  du  duc  en  Angleterre,  et  en  nombre  considérable  (2). 
Ce  ne  sont  pas  à  proprement  parler,  répétons  le,  des  hybrides 
sauvages  ;  ils  n'ont  été  produits  que  par  suite  du  rapprochement 
d'espèces  distinctes,  importées  dans  un  habitat  dillérent  de  leur 
lieu  d'origine.   —  Nous   n'avons  pas   vu  ces   dilîérents  produits 

(1|  Voy.  à  ce  sujet  un  article  publié  dans  le  Zoologist  (vol. -XX,  n"  238,  ocl.  1890) 
dans  lequel  on  parle  de  l;i  ménagerie  du  duc  et  des  Faisans  de  toutes  sortes,  et 
de  loules  espèces,  lâches  à  profusion  dans  ses  réserves  où  itiSe  mélangent  parfois. 

(i)  V.  93  et  603. 


M 


NOUVELLES    ADDITIONS  941 

et  nous  ne  possédons  aucune  imlicalion  sm-  h.'urs  caraclères 
mélanines.  (,e  duc  n'a  |)ii  nous  les  c()iiiinuni((iicr,  [)arce  (juMls  sont 
sous  verre.  Ils  présentent  d  ailleurs  peu  (i'JMléiAl  (idur  nos  éludes. 

Genres  Phasianus  et  Tetrao 
Tethao  tetrix  X  Phasianus  vulgaris 

(Se  reporter  p|).  87  et  G12) 

Nous  avons  fait  l'acquisition  de  l'hybride  lue  (1)  pendant  une 
«  liroiise  drive  »  à  Loftus  Moor,  (^leveland  (2),  et  annoncé  dans  le 
Field  (3),  par  M.  F.  H.  Nelson,  de  Kedcar,  dans  les  mains  duquel 
il  était  tombé,  (let  Oiseau  présente  beaucoup  d'analogies,  avec 
celui  de  .M.  Turuer  (4),  quoiqu'il  soit  un  peu  jdus  foncé.  Tel  qu'il 
est  empaillé,  il  est  cependant  plus  fort  et  beaucoup  jilus  épais. 
Sa  queue,  au  moins  les  premières  plumes,  sont  aussi  plus  claires 
que  celles  de  l'Oiseau  auquel  non.«  le  comparons.  Sous  une  partie 
du  poitrail,  il  existe  des  plumes  lancéolées  ;  le  poitrail  est  recou- 
vert d'une  teinte  noire  violacée  brillante,  indiiiuant  que  l'Oiseau 
est  jtlus  avancé  en  couleur  (]ue  celui  de  .M.  Turner.  A  pari 
cela,  nous  le  répétons,  c'est  le  même  Oiseau,  avec  la  couleur 
du  dos  grisâtre,  la  tète  de  môme  ton,  le  même  genre  de 
plumes.  Tout  autour  de  l'teil  la  peau  devait  être  nue  ;  actuel- 
lement elle  est  d'un  gris  blanchâtre.  Le  D'  Bovvdler  Sharpe 
et  M.  Vv'.  B.  Ogilvie  Granl,  (jui  l'ont  vu,  l'ont  déclaré  hybride 
de  fcf/-(.r  Ô.  et  de /Virt.s73Hi/.s  $.  Il  n'existe  point,  parait  il,  de  ?c/ri.r 
indigènes  dans  le  Clevdand  ;  le  fj;ibier  noir  <i  nearest  native  » 
se  trouve  dans  la  Wear  \alli!y,  à  plus  de  cin(iuant(;  milles  de 
Loftus. 

Les  éditeurs  du  Field  (oi,  à  la  suite  de  l'article  de  M.  Nelson 
faisant  connaître  l'hybride  que  nous  venons  de  décrire,  annonçaient 
qu'un  produit  semblable  avait  été  tué  à  Mull,  et  envoyé  à  Londres 
chez  .M.  Uoland  NVard,  pour  y  être  préparé. 

Cet  Oiseau  se  trouve  maintenant  chez  le  capitaine  .Micliael 
Murpliy.  Le  capitaine  n'a  osé  nous  le  communiquer  parce  (ju'il 
n'en  est  pas  le  propriétaire,  et  que  d'ailleurs  l'Oiseau  est  monté 
sous  un  grand  verre. 

(1)  Vers  la  lin  d'octobre  IH'.lt. 
(*)  District  N.  E.  <lu  Voiksliire. 

(3)  Uu  7  décembre  I.S'.Ci.  n»  iH,  vol.  8f,,  p.  %(i. 

(4)  Cit.  |i.  G13. 

(5)  .N»  2,241,  7  déc.  18Uo,  p.  'J40,  vol.  8C. 


942  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS   A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Daus  la  liste  (1)  des  noiiihreiix  hybrides  des  deux  espèces  dont 
nous  nous  occupons  (espèces  qui  apparlienueut,  suivant  les  zoolo- 
gistes, à  deux  genres  distincts,  ou  plutôt  à  deux  familles),  nous 
avons  omis  de  mentionner  une  piiire  d'Oiseaux  tués  en  1883  au 
château  de  Loudun  (Ayrshire),  et  signalés  ihins  les  Proceedings 
and  Transactions  of  the  Natural  liistory  of  (îlasgow  (2).  On  dit  de 
l'Oiseau,  représenté  sur  la  planche  111,  que  c'est  un  spécimen 
remar(]uablemeut  beau  conservé  au  Paisley  Muséum,  qu'il  fut  tué 
au  mois  de  décembre  et  que  son  compagnon,  un  mâle  comme 
lui,  avait  été  abattu  dès  le  mois  de  novembre.  Ce  dernier  appar 
tient  à  M.  Mathew  Hodgart.  La  chair  de  ces  Oiseaux  avait  plutôt 
le  goût  du  telrlx  que  le  goût  du  Faisan.  L'estomac  de  l'Oiseau 
tué  le  dernier  contenait  des  feuilles,  des  graines  d'Àtriplex 
(arroche)  et  du  fjuartz. 

Voici  leur  description  d'après  M.  Craibe  Angus  : 

«  In  contour,  or  gênerai  appearence,  botli  Birds  partake  more 
of  the  character  of  the  Blackcock  thau  of  the  Pheasant  ;  but  in 
size  they  are  superior  to  eitlier,  although  the  Bird  last  killed 
hardly  turned  more  than  3  1/2  pounds. 

»  The  head,  back  of  the  neck,  rump.  and  lower  surface  of  the 
body,  are  of  a  lustrons  bluish-brown  ;  back,  wing-coverts,  and 
outer  webs  of  the  primaries,  (of  wich  the  third  and  the  fourth  are 
the  longest),  barred  or  variegated  with  brownish-white.  suggesting 
the  markings  of  the  Pheasant;  tibial  joints  and  tail,  which  is  broad 
and  fan-shaped,  hâve  the  feathers  mottled,  shading  into  blackat  the 
extremitics  ;  red  skinny  spaces  at  the  eyes  as  in  the  Blackcock  ; 
feet  and  claws  as  in  the  Pheasant. 

»  The  two  Birds,  although  strongly  ressembling  each  other, 
difïer  more  particulary  in  the  eolouring  of  the  feathers  on  the 
lower  surface  of  the  body.  Thèse,  in  the  Bird  fîrst  kiiled,  are 
barred  with  whitc  and  brown,  suggesting  the  normal  markings  of 
the  Pheasant;  wliile,  on  the  Bird  that  longest  escaped  the  gun,  the 
variegated  feathers  bave  been  replaced  by  others  wholly  bluisli 
brown,  doubtless  having  their  origin  in  the  maie  parent  indeed, 
the  variation  of  the  plumage  in  ils  change  towards  the  adult  state 
shows  a  tendency  towards  the  sable  eolouring  of  the  Blackcock 
and  tlie  oblitération  of  the  reddish  hung  of  the  Pheasant  ». 

Le  descripteur  ajoute  que  les  habitudes  de  ces  Oiseaux  ditfè- 

(i)P.  9-2. 

(2)  Vol.  i,  p.  260  (New  Séries,  part.  II,  1884-^,  with  3  plates),  Glasgow,  1886. 
L'article  est  inliliilé  :  u  Nutes  on  a  hyhriii  belween  a  llliickcock  ami  a  Plwasanl  ». 


I 


NOI'VELLIS    ADDITIONS  U'i'i 

raient  ;"i  peine  de  celles  îles  Oise:mx  avec  lesquels  ils  furent  élevés, 
excepté  (ju'ils  étaient  plus  timides  et  (pi'ils  s'éloignaient  ilavantage 
du  lieu  où  le  garde  leur  portait  la  nourriture.  Plus  haut  il  avait 
dit  ([n'ils  étaient  éclos  pendant  la  saison  de  1883,  dons  les  pou- 
laillers (1),  sur  les  terres  du  château  1 

Peut-on  classer  de  tels  Oiseaux  parmi  les  Oiseaux  sauvages? 
Ces  métis  décidément  ne  peuvent  être  considérés  que  coinnu'  des 
produits  de  seinililjerté  (2). 

Phasianus  vulgaris  et  Tetrao  urogallus 

(Sp  roporler  pp.  (iil) 

Kn  sii,'nalant  un  produit  de  l'e  mélange  dans  la  collection  de 
M.  Walter  Rotschild  à  Tring,  nous  disions  que  c'était  un  exem- 
plaire uui(|ue.  Nous  écrivions  au  cominencemeut  de  l'année  1895. 
Cependant,  un  autre  hyhride  était  abattu  vers  la  (in  de  la  même 
année  (IJ),  à  Monymusk,  propriété  de  sir  Arthur  Grant  (4).  Celui-ci 
a  bien  voulu  nous  adresser  deux  photographies  représentant  le 
curieux  échantillon  ;  l'une  le  montre  presque  de  face,  l'antre  de 
cùté. 

En  nous  ollrant  gracieusement  ces  dessins,  sir  Arthur  Grant 
nous  fait  cimiiaîlre  les  particularités  et  les  circonstances  dans 
lesquelles  il  a  été  obtenu. 

Cette  pièce  intéressante  avait  été  aperçue  bien  des  fois  par  ses 
garde-chasse  :  elle  suivait  une  compagnie  "de  Faisans  sauvages 
et  venait  régulièrement  manger  le  mais  que  les  gardes  jettent 
dans  les  bois  pour  le  gibier.  Le  jour  oii  elle  fut  tuée,  elle  courait 
devant  les  rabatteurs.  —  Tout  à  coup  un  gaidt^  s'écria  :  «  Sir  Arthur  ! 
un  Caperc:iillie  (n)  court  en  avant  ».  N'ayant  jamais  vu  de  Coq  de 
Bruyère  courant,  le  baronnet  lui  répondit  que  la  chose  n'était  pas 
possible  :    que   c'était    un    Dindon    égaré.    Mais   l'Oisenu   tourna 

(1)  Coops. 

(2)  M.  \V.  Crdibe  An^iis  (ail  savdirrians  son  ailiilr  ([ue  la  peinture  ([iii  a  servi 
à  ri'prés(MUer  «  dans  les  dernières  éditions  de  VllislDire  (le  Selborne  »  le  premier 
spécimen  «Teirix  X  K.iisan  eoninuin  «,  (menliunné  par  nous  p.  87,  ou  p.  'MO  des 
Mémoires  de  la  Soc.  Zoolog.  de  Franco,  l^iJi)),  se  trouve  encore  actuellement  à 
la  maison  de  l'auteur  estimé,  maison,  ajoute  M.  An^us.  qui  est  devenue  «  sacred  to 
ail  Enj^lisli-speaking  pil^rims  ». 

(3)  Au  mois  de  novembre. 

(4)  V.  p.  12},  n°  d'april  1896.  des  Annals  of  Scollish  Nal.  llisl.,  (a  Qualerly 
Mugazin  edited  by  J.  A.  Ilarvie  Brown  el  autres  à  F.dinburi;,  chez  David  Doublas). 

(5)  Le  grand  Coi|  de  Bruyère 


944  OISEAUX    IIVBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

aussilôt  s;i  (|iieu(j  |joiiit ne  déchirée,  et  sir  Artiiur  reconnut  qu'il 
avait  alTaire  à  un  liyliride  île  Kaisan  et  de  Coq  de  Bruyère.  La 
bête  s'était  élevée  dans  l'air,  un  coup  de  fusil  l'abattit.  Elle  pesait 
cinq  livres. 

Sirdrant  croit  ([u'elle  provient  d'un  Coq  de  bruyère  et  d'unePoule 
Faisane.  On  sait  que  M.  J.  (i.  Millais,  qui  a  figuré  dans  son  ouvrage 
l'individu  appartenant  à  W.  Rotschild,  pense  que  cette  répartition 
dans  les  sexes  n'est  pas  possible  et  opine  pour  le  croisement 
inverse.  On  ne  peut  discuter  cet  avis  actuellement  ;  néanmoins 
nous  croyons  que  c'est  le  dire  de  sir  Grant  qui  est  le  mieux  fondé. 
C'est  toujours,  en  elïet,  le  tetrii:  cT  qui  contracte  des  mélanges  avec 
des  Poules  en  dehors  de  son  espèce  ;  toutefois  son  congénère 
Vurofiallux,  privé  des  siennes,  peut  se  comporte!-  de  la  même  façon. 

Mais  revenons  à  notre  sujet.  L'Oiseau  qui  nous  occupe  est  un 
jeune  mâle  ;  il  est  de  couleur  sombre  ;  le  type  Faisan  apparaît 
spécialement  dans  le  plumage  de  la  tète  et  du  cou,  ainsi  que  dans 
la  forme  de  la  télé  et  des  pieds,  quoique  ces  parties  aient 
quelques  caractères  du  Co(j  de  bruyère.  La  queue  est  celle  d'un 
Faisan,  mais  plus  courte  et  plus  large  ;  elle  est  lamée  comme 
chez  cette  espèce.  La  poitrine  ressemble  davantage  à  celle  du  Coq 
de  bruyère,  tout  en  montrant  les  traces  du  cuivré  du  Faisan. 
Une  peau  rouge  se  développe  sur  et  sous  l'œil  ;  chez  le  Coq  de 
bruyère  cette  partie  nue  existe  seulement  au  dessus  de  l'œil. 
L'Oiseau  aui-ait  eu  le  cou  du  Faisan  s'il  eCit  été  tu(''  un  mois  plus 
tard  ;  dans  l'étal  actuel,  le  plumage  de  cette  partie  et  de  la  tête 
est  très  peu  poussi'-.  Telle  qu'elle  est  maintenant  empaillée,  la 
pièce  mesure  17  pouces  en  hauteur,  et  29  pouces  en  longueur 
depuis  le  bec  jusqu'à  la  queue.  Un  Coq  de  bruyère  qui  est  placé 
près  d'elle  a  19  pouces  en  hauteur. 

Ces  indications  sont  extraites  de  la  correspondance  que  nous 
avons  échangée  avec  le  possesseur  de  ce  rare  objet.  Nous  pourrions 
peut-être  les  compléter  en  nous  reportant  à  l'article  écrit  (1)  par 
M.  G.  Sim,d'Aberden.  taxidermiste  qui  a  monté  l'Oiseau.  —  Il  dit 
que  cet  hybride  «  est  plus  élevé  en  taille  que  ne  l'est  le  Faisan. 
La  forme  de  la  tète,  du  bec  et  des  pieds  sont  de  ce  type.  La  queue, 
comme  forme  et  comme  dessin,  eu  est  aussi,  quoique  point  aussi 
allongée.  Les  plumes  du  dos  sont  marquées  comme  celles  du 
Capei-caillie,  mais  teintées  du  brun  doré  du  Faisan.  Le  cou.  la 
poitrine  et  l'abilomen  sont  tout  à  fait  colorés  comme  chez  le  Coq 

(1)  P.  123  des  Annals  of  .Scott.  Nat.  Ilisl.,  sous  oe  titre  :  «  Hijbrid  helwecn 
Capercaillie  and  Pheasant  ». 


NOUVKI.LKS    ADnniONS  UV.'t 

de  bruyère  et  lo  Uirsc  (!sl  einpIiiiiK-  (l;ms  la  moitic'de  sa  longueur». 

Ces  renseiguenients  coiicordent  bien  avec  ceux  (\\n  uous  sont 
donni'S  par  sir  Arthur  (Irant.  —  L'Oiseau  paraît  donc  beaucoup  plus 
Faisan  qu'uroijdllus,  coiiune  c'est  le  cas  dans  l'Iiybridc!  du  Mus('e 
de  ïring  (autant  (jue  nous  pouvons  en  juger  par  l'aquai-elle  et  les 
pliolographies  que  uous  possédons).  Le  bec,  cependant,  tel  ((u'il  est 
pliotoj;rapliit',  paraît  beaucoup  plus  fort  et  plus  large,  et  peut- 
être  plus  arqué  que  celui  du  Faisan  ;  il  a,  nous  senible-t-il,  quelque 
peu  rasi)ecl  de  celui  du  granil  Coq  de  i)ruyère  ;  coi)endant,  ni  sir 
Graut,  ni  M.  Siui  ne  le  diseut. 

Cet  hybride  est  encore  le  résultat  d'une  importation  :  celle  de 
Vitroijiilhi!!  à  Stratiulon.  Ce  gibier  (■tait  (■teint  en  Kcosse  ;  sir 
Arthur  (irant  pense  que  le  duc  .\tliol('  l'introduisit  daus  le 
Perthshire.  Le  premier  urugalliis,  nous  dit  il,  se  montra  dans  ces 
terresen  IS8S.  Maintenant  il  est  devenu  commun.  Dans  une  partie 
de  (basse,  donm^e  la  semaine  dernitire  (1),  on  en  tua  cinq  ;  le 
baioiiuet  en  abatlil  m("^me  jus(]u'à  liait  dans  une  in('^me  journée. 

Ce  ne  serait  donc  |)iiint  sou  absolue  rareti'  (|ui  l'aui-ait  déterminé 
à  contracter  une  alliance  étrangère;  il  p(^ul  se  faire,  toutefois,  (|ue 
dans  ces  chasses  réservées,  le  nombre  des  mâles  excède  celui  des 
femelles,  ou  que  l'Oiseau  n'ait  point  liouv('  à  s'accoui^ler  parmi 
les  siens  (2). 

PUASIANUS     VULGARIS     ET    CaNACE    OBSCURA    ('■]} 

M.  Edward  P.  Tomkinson,  retired  Lieutenant  R.  N.  (Pasadura, 
(;alifornie),  fait  savoir  daus  le  Field  (4),  (luc  pendant  l'été  de  18114 
qu'il  passa  à  l'île  Vancouver,  il  remarqua  dans  un  hiitel, 
appelé  le  Goye  et  situé  sur  les  Jardins  Victoria,  un  Oiseau 
empaillé  combinant  les  caractères  du  Faisan  et  de  la  »  Blue 
grouse  ».  Il  en  donne  la  description  sommaire  suivante  :  «  breast 
of  the  Cock  pheasant,  albeil  th(^  featbers  are  not  so  brigbt  in 
colours;  the  tail  of  the  grouse  ». 

Afin  d'obtenir  (b^s  renseignements  |dus  comi)lets  sur  cette  pièce 
qui  peut  présenter  un  réel  intérêt,  nous  avons  écrit  au  Lieutenant 
et  au  directeur  de  l'IuMel.    F>a   lettre  du   premier  ne  uous  donne 

(I)  La  lettre  de  sir  ArlIiHi-  (iriiiil  est  (l;ilcc  <lii  2  novembre  IS'.lli. 

(î)  L'Ornilh.  Moniilsheriilile  dd  d'  lieichenow  inrli(|iie  somniaireiiu'iit  (p.  147, 
n»  y,  septembre  IS'.Hi,  liaprès  les  Aiinal.  Scott),  le  tait  (|ue  nods  venons  de  raconter. 

{\i)  .Autres  noms  scientilii|ues  du  mt^me Oiseau  :  «  Telruu  nhucurus,  Dendrngopus 
obscuru$i>.[C'csl  la  Hlue  «rouse, ou  Gray  grouse,  ou  encore  Pinc  et  Duskey  grouse). 
Ci)  iNo  du  29  février  î)6  (?). 


i(46  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAL'VAGE 

iiucun  détail  nouveau  ;  mais  M.  F.  C.  Davice,  le  maître  de  l'hAtel 
des  «  Victoria  Gardeus  »,  nous  renseigne  assez  bien,  quoiqu'il 
ignore  absolument  ce  que  peut  être  une  telle  pièce.  L'Oiseau  fut 
abattu  par  lui-même  il  y  a  sept  ans  environ  :  c'est  un  bel  échan- 
tillon, nous  dit-il,  aux  caractères  combinés  des  deux  espèces. 
M.  Davice  a  tué  un  si  grand  uombre  de  spécimens  des  deux 
types,  qu'il  connaît  jusqu'à  chacune  de  leurs  plumes  ;  il  ne  doit 
donc  pas  faire  erreur. 

Les  jambes  de  l'hybride  supposé  sont  plus  courtes  que  celles  du 
Faisan,  mais  il  a  les  doigts  plus  longs  que  ne  les  a  cette  espèce. 
11  serait  plus  grand  (|ue  l'un  ou  l'auti'e  de  ses  progéniteurs.  Le 
cou  est  court  et  les  plumes  sont  de  couleur  sombre.  On  aperçoit 
un  signe  autour  du  collier. —  M.  Davice  tua  deux  Poules  appartenant 
au  même  sang;  comme  l'Oiseau  décrit,  elles  avaient  les  plumes 
semblables  à  celles  de  la  Poule  faisane,  mais  de  ton  beaucoup  plus 
foncé. 

Remarquons  que  le  Faisan  en  Améri(iue  ne  peut  provenir 
que  d'importations  (1). 

Gallus  domesticus  et  Phasianus  vulgaris 

(Se  reporter  pp.  1U4  et  622) 

M.   Craibe  Angus  rappelle  (2)   qu'il   a   fait  connaître  dans  le 

(1)  Phasianus  vulgaris  tt  Perdri.n  cinerka.  —  Nous  ne  pouvons  nous  déckler 
à  taire  figurer  ee  croisement  dans  nus  listes.  Cependant,  une  personne  respectable 
grand  amateur  et  éliveur  de  gibier,  nous  assure  qu'un  de  ses  voisins  tua  à  la 
chasse  il  y  a  peu  de  temps  un  Perdreau  né  d'une  Perdrix  grise  et  d'un  Faisan  des 
bois.  On  lui  a  apporté  cet  hybride  supposé  et  elle  nous  dit  que  le  doute  n'est  point 
possible.  «  L'Oiseau  avait  toutes  les  performances  {sic)  de  la  Perdri.x  grise;  les 
pattes  et  le  bec  étaient  aussi  de  cette  espèce  ;  mais  les  plumes  de  la  gorge  et  du 
cou,  ainsi  que  celles  du  dos,  étaient  celles  du  Faisan  des  buis.  On  dit  qu'il  y  a 
toute  une  compagnie  de  ces  Oiseaux  dans  les  environs  ».  Nous  croirons  lorsque 
nous  aurons  vu  ;  en  attendant,  nous  soupçonnons  fort  l'Oiseau  de  n'être  qu'une 
variété  de  plumage  comme  est  celle  qui  nous  a  été  communiquée  par  le  prof. 
Doderlin  (cil.  p.  624  en  note),  c|uoiqu'elle  nous  ait  été  envoyée  comme  hybride 
de  Coq  de  basse-cour  et  de  Perdrix.  —  P.  S.  Une  nouvelle  lettre  confirme  ce  qui 
nous  a  été  dit  sur  l'hybride  de  Faisan  des  bois  et  Perdrix  grise.  L'Oiseau  n'est 
pas  isolé,  plusieurs  personnes  ont  vu  d'autres  Oiseaux  semblables.  Il  y  en  avait 
une  bande  composée  de  dix  sujets  dont  un  seul,  celui  dont  nous  parlons,  a  pu 
être  abattu.  Le  propriétaire  de  la  chasse,  un  docteur  en  renom,  a  donné  ordre  à  ces 
gardes  de  les  surveiller  et  d'apporter  à  notre  correspondant  ceux  qu'ils  auront  pu 
abattre.  Nous  souhaitons  vivement  que  l'un  de  ces  Perdrix  puisse  être  atteinte  afin 
qu'elle  fasse  l'objet  d'un  examen  attentif.  Mais  nous  pensons  toujours  que  ces 
Oiseaux  ne  sont  qu'une  variété  delà  Perdrix  grise. 

(2)  In  the  Proceedings  and  Transacl ions  of  theNat.  History  Soc.  of  Glasgow,  vol.  I. 
(New.  Séries),  part.  H,  188.4-85,  Glasgow,  1886. 


NOrVEI.LKS    ADDITIONS  !)47 

Z(tolot;ist  (1)  un  liyljriile  de  Fiiisan  cT  el  di;  l'oule  ((  IJarn-door  », 
reiicoiitié  en  Aberdeenshire.  «  Ce  sujet,  dit-il,  lient  plus  par  son 
caractère  du  parent  niàle  f[iii'  du  [)arent  femelle:  dans  ses 
lialiitudes  il  était  très  pillard.  11  s'clolj^nait  aussi  plus  loin  des 
terres  (2)  où  il  avait  l'iiahitude  de  percher,  que  ne  le  faisaient  les 
Faisans  aver  lesquels  il  avait  été  élevé.  (Juehiucfois  il  demeurait 
absent  tout  une  journée,  et  cela  se  renouvelait  pendant  une 
.semaine  entière.  Toutefois,  pour  se  coucher,  il  retournait  vers  la 
nuit  à  S(!U  lieu  hahilucd,  se  ])ercliaut  sur  les  arbres  les  plus  élevés 
de  la  jolie  maison  de  Tillers,  où  il  était  éclos. 

L'auteur  du  récit  donne  les  renseignements  complémentaires 
suivants  : 

((  At  an  early  âge  it  evinced  an  uusociable  and  eruel  disposition 
towards  the  Birds-fowls  and  Pheasauts  amoug  which  it  was 
reared,  aiid  would  suffcr  noue  of  tiiem  to  conie  near  it.  In  the 
spring  following  ils  iurubatiou,  the  bird  wrought  mucli  havoek 
among  the  Pheasauts  ;  and  the  keeper,  w  ho  in  Ihis  instance  was 
long-sulTering  and  took  great  delight  in  watching  ils  habits,  had 
reluctauly  to  shoot  it  to  save  his  brood  ». 

EUPLOCAMUS    NVCTHKMKRUS   ET    GaLLUS    DOMESTICUS 

.M.  E.  Wagg,  de  Londres,  que  nous  avons  di-jà  nommé,  veut 
bien  nous  faire  savoir  qu'il  abattit  l'année  passée,  c'est-à-dire 
en  ISSK),  un  Oiseau  qui  était  le  produit  d'un  croisement  entre  le 
((  Silvcr  pheasant  )i  (E.  iiyclhciiierus)  et  la  »  Barn door  fowl  » 
(Variété  de  Poule).  Evid<!mment  un  tel  Oiseau  ne  peut  être  qu'un 
échappé  de  captivité,  de  quelque  volière  ou  fai.sanderie  des 
environs. 

Ce  fait,  et  le  j^récédcnt,  ne  peuvent  être  mis  au  noiuiire  des 
croisements  à  l'état  sauvage. 


(1)  P.  201  et  26:',  année  1871. 

(2)  Ils  l'oosting-ground. 


948  OISKAIIX    HYBRIDES    RENCONTHKS   A    LÉTAT    SAUVAGE 


ORDKE  DES  PALMIPEDES 

Foiiiillc  lies  Anatidés 

Avant  de  faire  connaître  les  hybrides  de  celte  famille,  obtenus  à 
l'état  sauvage,  nous  avons  eu  soin  de  remarquer  (i)  que  beaucoup 
de  ces  individus  ont  pris  naissance  en  captivité  :  ce  sont  des 
échappés  de  la  domesticité,  dans  laquelle  ils  ont  tout  d'abord  vécu. 
—  Voici  encore,  parmi  tant  d'autres,  un  fait  qui  corrobore  notre 
dire.  Il  est  raconté  par  M.  C.  Pogge,  lequel  a,  dans  le  voisinage 
de  Donaneschingen,  c'est-à-dire  à  plusieurs  lieues  du  parc  qui 
porte  ce  nom,  observé  des  produits  de  l'.l.  hoschas  x  .4.  doniestints. 
Or,  ces  métis  ne  sont  autres  que  des  échappés  d'un  groupe  des 
mêmes  Oiseaux  qu'on  retient  en  grand  nombre  sur  l'étang  ou 
réservoir  du  parc. 

M.  Rogeron,  du  château  de  l'Arceau,  près  Angers,  nous  fait  aussi 
savoir  que  les  deux  Canes  métisses,  Ch.  strei)crus  x  -l  •  boschas,  qu'il 
avait  obtenues  à  grande  peine  (2),  ont  dis|)aru  peu  à  peu  de 
l'endroit  où  ou  les  gardait.  A  quelque  jour,  dans  une  contrée 
éloignée,  elles  pourront  être  abattues  par  le  fusil  de  chasseurs  et 
regardées  comme  hybrides  sauvages,  alors  qu'elles  ne  sont  que 
des  produits  domestiques.  —  Que  de  cas  semblables  nous  sont 
rapportés  depuis  que  nous  nous  occupons  d'hybri(ies  !  M.  Ed. 
Hart,  qui  possède  le  beau  .Mus(''e  ornitliologique  de  Christcliurch, 
nous  fait  savoir  qu'il  partage  absolument  uoire  manière  de  voir 
(exprimée  notamment  pp.  474,  475  et  706)  au  sujet  des  Anatidés 
blessés.  Pour  lui,  beaucoup  de  Canards  tiré'S  et  touchés,  incapables, 
à  cause  de  leurs  blessures,  d'accompagner  les  leurs  dans  les 
migrations  du  |>rintemps,  se  trouvent  contraints  de  fréquenter  des 
eaux  où  souvent  ils  se  rencontrent  avec  des  Oiseaux  vivant  en 
semi-liberté  et  auxquels  bientôt  ils  s'apparient. 

Aussi,  tant  qu'on  n'aura  pas  pu  surprendre,  en  accouplement, 
les  parents  des  hybrides  rencontrés  à  l'état  libre,  tant  au  moins 
qu'on  n'aura  pu  voir  ceux-ci  appariés  ou  couvant  ensemble,  on  devra 

(1)  F.  494. 

(2)  Il   en    a   été    question   à  l'arliclc  A.  bosclwi!    x    Ch.  streperus,  et  nous  en 
reparlerons  hientiM. 


NOUVELLES    A[)I)IT10NS  949 

iippiuler  uni,' j;iaii(le  circoiisiiectioii  iiu  sujcl  dos  produits  hybrides 
observés  à  l'état  sauvage.  —  Nous  disons  intenlionueileinent  à  de 
rares  intervalles,  pour  nous  i)eriiii'ttre  de  rappeler  leur  très  grande 
raret('  :  des  decoynien  (1),  (]ui  ont  passé  leur  existence  dans  des 
canardières,  n'en  ont  jamais  rencontré.  C'est  ainsi  (|ue  le  decoyman 
du  ca]).  l'relyinan  ne  se  souvient  avoir  vu  dans  l'appeau  (où  furent 
prises  les  deux  pièces  (|ui  nous  ont  ctc  si  jiracieusenient  olIertes)(2), 
aucun  autre  hybride,  quoiqu'il  ait  capturé  une  grande  quan- 
tit('d'Anatid{'s  de  toutes  sortes.  l{a|)pelons  encore  (|ue  c'est  en  1885 
que  le  rej^reltc  lord  Lili'oid  coninicnça  la  construction  de  sa  canar- 
dièred'Aldwincle.  Or,  si  depuis  il  a  obtenu  à  peu  près  cliaque  sorte  de 
Canards,  qui  |)ar  milliers  fK-ipientent  les  terres  basses  avoisinautes, 
il  n'a  jamais  à  notre  connaissance  signalé  ([u'une  seule'  pièce 
hybride  prise  dans  cet  appeau  ('.i)  !  Nous  ne  connaissons  également 
(|u'une  pièce  hybride  sifjnah'e  par  sii-  R.  Payne  fîallway  (4). 

Il  ne  faut  point  oublier  non  |)lus  que  beaucoup  d'Oiseaux 
anormaux  sont  pris  pour  des  hybrides  ;  à  tel  point  qu'en  Italie 
ce  nom  s'api)li(iu(',  dans  le  lanj,(aj;e  commun,  h  tout  Oiseiu  un 
peu  extraordinaire.  On  ne  mau(]ue  |)as  eu  Italie,  dit  M.  Oddi 
dans  sa  brochure  intilub'e,  «  Sopra  cinquc  ibridi  salvatici  (5}  », 
d'individus  j)r('scntant  des  caractères  anormaux  et  qu'on  qualifie 
d'Iiyliridcs.  il  se  souvient  qu'en  féviier  isy.'j,  un  de  ses  amis,  le 
chasseur  Valle,  lui  apporta  un  Canard  soi-disant  hybride  de 
lUarecd  prnelnpi'  et  de  l'ulKjula  feriiui,  tué  dans  les  marais  de  la 
province  de  Ronzo.  «  Le  fait  paraissait  assez  inti'ressant,  le  sujet 
était  niafinilique  :  ce  n'était,  cependant,  ni  plus  ni  moins  qu'une 
FitHijnla  fiTina  mâle  ».  Le  cas  n'est  pas  isolé,  ajoute  le  savant 
comte  :  «  les  noms  1"  de  Magasseto  bastardo,  donné  dans  certains 
endroilsde  l'i'lat  V('nitien  ;\  VfJcri'Ida  iildriiilisji  la  Fitliijnla  nuroid,^ 
l'Erisiiiatura  leucoa'ph(tl.a:  2'  de  (>rocalina  basiarda  à  VUj/ilrochelidon 
hybrida  ;  3"  de  Disefïhin  bastardo  à  certains  Fringae,  etc.,  indiquent 
que  le  peuple  di'signe  en  partie,  sous  le  nom  d'hybride,  ce  ([ui  est 
peu  connu  et  qui   n'est  pas  commun.  «  Si  mon  ami  et  collègue 

(t)  CVsl  ainsi  qu'on  a|>|i(llf  en  AusIoIimto  les  (jcns  qui  sont  employés  au  seivioe 
des  eaniiniières. 

(2)  Il  en  p.st  parlé  |ip.  (i'iO,  "il!)  el  (135  elilans  nolrv Histoire  du  iiiiiiiiciiUtled  Durk. 

(3)  On  Ui  il-eiira  bienlùl. 

(4)  Dans  son  ciuvrafjc  «The  Kowllerin  Ircland  .■.  Depuis  le  haroiinel  a  éciil  un 
livre  sur  les  cananiicres  :  liniik  of  l)ui:k  decoijs,  IS8''i.  (Mais  nous  n'avims  poinl 
consullé  ee  dernier  ouvrage). 

("i|  tslralto  degli  .Vtli  délia  sncieta  ilaiiana  di  seienzi  naturale,  vol.  XXXV. 
Milano,  1»a'>. 


950  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    LETAT    SAUVAGE 

Suchetet,  ajoute-t-il  h  notre  adresse,  avait  pu  exaniiuer  tous  les 
cas  d'hybrides  cités  dans  sa  Monograpiiie,  il  en  aurait  écarté 
encore  bien  plus  qu'il  ne  l'a  fait  avec  juste  raison  ».  —  Nous  ne 
donnerons  point  tort  à  celui  qui  parle  aussi  sagement. 

Genre   Anas 

Dafila    acuta    et    Anas    boschas 
(Se  reporler  pp.  1 17  et  6:58) 

A  cet  article,  nous  avons  manifesté  notre  surprise  au  sujet  de  la 
couleui;  très  anormale  du  miroir  des  femelles  hybrides  acuta  X 
hoschas.  Ce  miroir  est  d'un  très  beau  vert  ;  ni  le  miroir  du  hosrhas 
ni  le  miroir  de  Varuta  ne  sont  de  celte  couleur.  Cette  particularité 
nous  avait  obligé  de  n'accepter  qu'avec  réserves  l'hybridité  chez 
les  sujets  femelles  signalés.  Mais,  dans  un  article  publié  par  le 
Bull,  de  la  Soc.  d'acclimatation  (1),  M.  Gabriel  Rogeion  constate 
que  des  femelles  métisses,  nées  chez  lui,  d'un  honrhas  et  d'une 
femelle  Chipeau,  possèdent  un  beau  miroii'  vert  alors  que  la  Cane 
sauvage  l'a  bleu  et  la  femelle  streperus  l'a  gris  terne  (2). 

Cette  observation,  très  intéressante,  nous  confirme  dans  l'opinion 
exprimée  plusieurs  fois  dans  le  cours  de  cet  ouvrage,  à  savoir  que 
certaines  parties  du  plumage  d'un  hybride  peuvent  être  d'une 
couleur  qui  n'appartient  ni  à  l'un  ni  à  l'autre  des  deux  espèces 
pures. 

Cela  dit,  faisons  savoir  que  nous  avons  acheté  à  M.  Philipp. 
Castang,  liceused  dealer  in  Came,  au  Leadenhall  niarket,  de 
Londres,  un  Canard  femelle  que  celui-ci  croit  et  que  nous  croyons 
nous  même  le  produit  de  l'.l.  acuta  et  de  VA.  boschas.  Or,  cet 
Oiseau,  pris  vivant  au  printemps  de  1896,  et  qui  vit  encore 
ajourd'hui  dans  nos  parquets  d'Autiville,  montre  le  beau  vert  du 
miroir  des  autres  hybrides  femelles.  Nous  le  ferons  connaître 
avec  quelques  détails.  Mis  d'abord  en  présence  de  la  Cane,  (|ui 
nous  a  été  ofïerte  par  iM.  Pretyman,  et  que  par  erreur  nous  avions 
signalée,  quoiqu'avec  beaucoup  de  réserves,  comme  hybride  de 
1.  hoschas  X  Qnerqui'diila  crecca  (3);  mis  ensuite  vis-à-vis  d'une 
femelle  boschas  pure  espèce  et  d'une  femelle  crecca  aussi  pure  race, 
il  nous  a  causé  l'impression  que  voici  : 

(1)  N"  de  février  1896,  p.  59  et  suivantes. 

(i)  Voyez  p.  54. 

(3)  Dans  noire  Hisluire  du  Bimaculaled  Duck  de  Pentmiit. 


NOUVELLES    ADDITIONS  951 

Presque  semblable  à  la  Cane  de  M.  Prelyinan  ;  celte  resseinblauce 

est  ti'lle  ([ii'il  est  assez  clillicilc  de  (lisliiifjjiu'r  un  Oiseau  de  l'aiitit;. 
Cepeudaut,  auta.-.t  que  l"oii  iieut  élal)lir  des  couiparaisoiis  ciilre 
une  pièce  empaillée  (!)  el  uu  Oiseau  en  chair  et  en  vie,  la  femelle 
achel(''e  à  M.  C.iislan^-  [jarail  avoir  le  cou  plus  étroit  el  plus  allouée; 
la  maudiliule  du  bec  esl  aussi  plus  larjje;  les  premières  couvertures 
des  ailes  sont  d'un  Ion  plus  uni  ;  les  pattes  sont  d'un  Ion  plus 
clair.  Mais  les  deux  miroirs  sont  identiques.  Ce|)cndant,  on  doit 
observer  que  la  raie  rousse,  (pii  borde  le  miroir  dans  sa  partie 
haute,  esl  plus  claire  chez  l'hybride  vivant. 

Ces  indications  nous  dispenseraient  de  faiie  une  description 
détaillée  de  celui-ci  ;  nous  préférons  cependant  le  comparer  encore 
aux  deux  types  |)ures  que  nous  supposons  lui  avoir  donné 
naissance  (2).  —  Tout  le  ton  du  [ilumage  est  grisâtre,  rappelant 
presque  entièrement  Vacuta.  Le  dos  est  un  mélange  du  dessin  des 
deux  espèces,  surtout  les  scapulaires  qui  rapi)ellenl  bien,  par 
leui^  franges  jaunâtres,  le  hoscitas.  Sur  le  devant,  le  mélange  du 
dessin  des  deux  types  produit  l'elTel  (|ue  produit  le  dessin  de  la 
creccit.  Le  bec  de  ton  foiii'é,  quoique  pirsentant  des  parties  claires 
sur  le  bord  de  la  mandibule,  est  notamment  plus  large  que  celui 
d  aciUii.  Les  pattes  sont  beaucoup  plus  du  ton  de  ce  type  que  du 
ton  du  Ixisrhas.  Par  sa  taille,  l'Oiseau  serait  intermédiaire  entre  ses 
deux  parents.  .Mais  on  est  lenlé  de  se  demander  (nous  répétons 
notre  interrogation),  comment  il  peut  se  faire  (|ue  le  mélange  de 
ceux-ci  alxMitil  à  produire  un  miroir  veit  très  lar^ie  bordi'  à  sa  partie 
inféi'ieure  de  noir,  à  sa  partie  supériimre  de  noisette,  ainsi  que 
le  montie  cet  hybride?  Ce  miroir  n'est  aucunemenl  cehii  des 
espèces  pur(!s  de  sexe  femelle.  11  faut  supposer  que  c'est  le  mâle 
acula  qui  communi(iue  ses  couleurs.  Notre  examen  a  été  fait  le 
18  mai  1896,  c'est-à-dire  à  un  moment  où  l'Oiseau  était  encore  en 
plumage  de  mue.  -  .Nous  pensons  (|ue  cette  Cane  a  pondu  de|)uis 
dans  le  verger  où  nous  l'avons  lâchée.  Nous  l'avons  vue  suivie,  assez 
longtemps,  par  une  Sarcelle  cT  qui  paraissait  la  préférer  à  d'autres 
Canes  sauvages  or-dinaires,  que  nous  lui  avions  données  pour  com- 
pagnes et  avec  lesiiuelles  nous  auriims  préfc'ré  qu'elle  s'appariât. 

nuoi(|ue  nous  ayons  déjà  confronté  les  hybrides  aacuta  et  fcosf/i'/.s» 
sauvages,   précédemment    décrits,    avec    des    individus   produits 

(t)  l^a  Cane  de  M.  Prolyman  est,  en  cdet,  aujouriiliui  cnipuillée. 
|2)  Pour   cet  e.\anien  comparatif  nous  n'avons  entre  les  mains  que  des  sujets 
conservés. 


'Jo2  OISEAUX    HYBlilDES    RENCONTRÉS    A   l'éTAT    SAUVAGE 

en  réclusion,  nous  avons  tenu  à  renouveler  cet  examen  comparatif. 
Ayant  appris  par  le  Bull,  tie  la  Soc.  d'Acclimalation,  comme  nous 
r.'ivons  expliqué,  que  .M.  Gabriel  Rogeron  avait  obtenu  plusieurs 
hybrides  mâles  et  femelles,  qu'il  en  possédait  encore  un  couple 
vivant  chez  lui,  nous  lui  avons  adressé  les  aquarelles  d'uu  mâle 
et  d'une  femelle  sauvages.  —  Ces  aquarelles  sont,  nous  dit 
M.  Rogeion,  la  reproduction  très  exacte  de  ses  métis  ;  les  minimes 
difîérences  qu'il  constate  proviennent,  pense-t  il,  de  ce  que  nos 
aquarelles  représentent  des  sujets  empaillés.  La  couleur  verte  du 
miroir  du  sujet  femelle  se  reproduit  chez  les  hybrides  de  ce  sexe 
nés  chez  lui.  Ce  sujet  femelle  est  précisément  celui  du  caj).  Prety- 
mau.  Il  n'est  doue  autre  bien  certainement  que  le  [)roduit  de 
Va.  nciita  et  de  l'.l.  boschas  puisqu'il  resseuible  entièrement  par  ce 
caractère  très  typique  aux  Cîines  de  M.  Rogeron.  La  femelle  décrite 
par  Vigors,  peinte  par  Selby,  comme  Biuiaculated  Duck  et  dont  le 
miroir  présente  de  très  grandes  analogies  avec  le  miroir  des  Canes 
dont  nous  parlons,  devrait-elle,  elle-mèine,  être  reportée  au  croise- 
ment de  Pilet  et  du  Canard  sauvage,  comme  nous  avons  fait  pour 
celle  du  cap.  Pretyman  ?  Nous  n'oserions  nous  prononcer,  n'ayant 
point  examiné   l'Oiseau  en  nature. 

Les  petites  dilïérences  constatées  par  M.  Rogeron  entre  les 
Canards  dont  nous  lui  avons  adressé  la  peinture  et  les  siens  vivants 
consistent  en  ce  que  l'aquarelle  du  mâle  (qui  représente  le  sujet 
du  Musée  de  Newcasl)  laisse  croire  que  son  bec  était  jaunâtre  ; 
la  même  particularité  se  présente  sur  l'aquarelle  du  sujet  femelle. 
Or,  nous  dit  notre  aiuiable  correspondant,  le  mâle  qui  lui  reste 
entre  les  mains  a  le  bec  bleu  ou  plutôt  couleur  de  plomb  couvert 
d'une  bande  noire,  comme  c'est  le  cas  dans  le  bec  de  Pilet  ;  il  en  a 
aussi  la  longueur,  mais  il  est  plus  large  et  plus  épais.  La  femelle, 
aussi  entre  ses  mains,  aurait  de  même  le  bec  bleu,  si  une  large 
tache  noire  ne  le  recouvrait  presque  tout  entier,  ne  laissant  ajjer- 
cevoir  qu'une  bande  bleue  à  la  naissance  du  bec. 

En  ce  qui  concerne  la  couleur  des  pieds,  les  deux  mâles  se  res- 
semblent assez  bien  ;  mais  la  Cane  de  .M.  Rogeron  a  les  pieds  beau- 
coup plus  plombés  que  ceux  de  la  femelle  dont  l'aquarelle  est  mise 
à  sa  disposition.  Enfin  la  queue  du  mâle  peint  ne  donne  point  l'as- 
pect de  celle  du  Canaid  vivant  :  ((  C'est,  nous  écrit  M.  Rogeron,  le 
crochet  ou  l'anneau  de  la  queue  du  boschas  qui  s'est  développé 
outre  mesure  et  qui  se  redresse  obliquement  avec  une  légère 
courbe  chez  ceux  qu'il  a  obtenus,  tandis  que  les  plumes  du  centre 
de   la  queue,  qui  représentent  celles  ellilées  du  Pilet,  ne  dépassent 


NouvKi.i.KS  AnniTioNS  U'.yS 

la  qiictie  i|iie  d'un  on  deux  cealnnètres;  mais  ces  deux  sortes  de 
pluiiu's,  de  très  dilTi-reule  nature,  et  d'un  intérêt  très  important, 
|iuis({u'elles  renferment  à  elles  seules  les  cai'aclères  des  deux 
espèces,  se  sont  ra|)pr()cliées  clioz  l'Oiseau  empaillé.   » 

Nous  avons  négligé  de  nous  arrêter  à  ces  détails  dans  les  des- 
criptions que  nous  avons  faites  des  A.  boschas  X  A.  aruta.  quoique 
nous  ayons  constaté  des  dillérences  dans  les  plumes  de  la  queue 
chez  un  individu. 

Quant  au  bec  et  aux  pieds,  nous  en  avons  décrit  la  couleur.  Or,  nous 
rapijellcrons  cefiue  nous  disions,  1"  d'après  des  sujets  empaillés  : 
liée,  ploml)  foncé,  noir  bleu,  cuir  de  bottes  ou  mélange  du  bleu  de 
Vacuta  ;  pieds,  gris  jaune  bleuté,  couleur  clair,  et  cuir  de  botte 
jaune  ;  2"  d'après  des  sujets  vivants  :  bec,  gris  plomb  bleuâtre  (gri- 
sâtre, vcrdàlrc,  foncé  au  moment  de  la  mue),  jaune  verdàtre  chez 
le  $  ;  pieds  orange  ou  verdàtre  grisâtre  9. 

Anas  boschas  et  Querquedula  ckecca 

(Se  repDiliT  pp.  127  ol  (Bli) 

Lord  Lilford,  le  distingué  et  très  honorable  président  de  la 
Société  des  ornithologistes  anglais,  qui  vient  de  mourir,  avait  eu 
la  grande  bieuveillance  de  nous  adresser,  pour  l'examiner,  un 
Canard,  ((ue  nous  reféi-erons  au  Bimaculated  Duck,  un  fort  joli 
spécimen  cajjlurè  dans  sa  caiiardière  le  21  décembre  1894,  avec 
six  Sarcelles  communes  (.4.  crecca)  et  huit  .1.  lioschas,  ses  parents 
supposés. 

Dans  un  article  sur  l'ornitliologie  de  Norlliamsplonshire  (_l), 
lord  Lilford  a  fait  connaître  certaines  parti(;ulaiités  relatives  à 
cet  Oiseau,  annoncé  et  présenté  à  la  Société  zoologique  de 
Londres  par  M.  Howard  Saunders  (2). 

N'oici  la  description  que  nous  avons  faite  de  ce  nouveau 
Bimaculated,  (jui  a  été  peint  de  grandeur  naturelle  par  M.  Prévôt, 
de  Bonen. 

Spécimen  très  bien  caractérisé,  excellent  intermédiaire  entre 
les  deux  espèces  qu'on  lui  donne  pour  parents,  notaninient  par  sa 
taille,  son  bec,  la  couleur  du  miroir.  Le  bec  est  petit,  de  couleur 

(Il  Notes  on  Ihe  Oniitholog;/  o/  ,\i)rlluiiii.iijt.tiiisliire  hy   llie  liglil  llun.  Lord 
Lilford,  F.  L.  S.  (Tlic  zoologist.  lebruary  Ij,  IX'Jli,  p.  'i<i|. 
(2)  Voy.  les  ploceeUings  du  H  mai  !8'Jo. 


Ooi  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

verdàtre  très  foncée,  les  pattes  et  les  pieds  sont  très  faibles (I)  ;  les 
palmures  sont  d'un  brun  foncé  ;  les  jambes  et  les  doigts,  orange  vif. 
Dessus  de  la  tète  brunâtre,  piqueté  de  couleur  rougeâtre  ;  tout 
le  reste  de  la  tète  et  du  cou,  vert  bouteille,  à  l'exception  des 
deux  taches  caractéristiques  du  Bimaculated,  lesquelles  taches 
sont  de  couleur  noisette,  parsemée  de  points  de  couleur  foncée 
et  d'un  peu  de  couleur  claire.  Sur  les  scapulaires  se  voient 
deux  taches  noires  effilées. 

Les  couvertures  de  l'aile  sont  gris  souris  ;  le  miroir  est  vert  de 
mer  à  reflets  bleus,  bordé  au-dessus  ]iar  une  raie  noisette, 
interrompue,  à  sa  ])artie  inférieure,  par  une  barre  noire,  puis  par 
un  peu  de  blanc  sur  lequel  on  aperçoit  du  noisette  clair  en  petite 
quantité.  Sur  les  côtés  de  la  queue,  et  en  dessous,  existe  un  peu 
de  blanc  avant  le  noir;  ce  blanc,  qui  tranche  avec  le  noir  qui  le 
suit,  ne  se  trouve  plus  ensuite  rappelé:  en  sorte  que  le  dessous  de 
la  queue,  étant  beaucoup  plus  noir  que  blanc,  rappelle  davantage 
le  boschas.  Les  flancs  sont  remplis  de  zigzags  semblables  à  ceux  de 
la  Sarcelle  (2).  Le  dos  est  cendré  et  tacheté  de  brunâtre  :  c'est  pour 
ainsi  dire  un  mélange  du  dessin  des  deux  types.  On  ne  voit  pas 
au  cou  la  trace  du  collier  de  r.4.  boschas.  Le  poitrail  est  couleur 
marron,  plus  claire  que  chez  le  hoschas  ;  il  est  tacheté  finement  de 
petits  pointillés  foncés  et  espacés.  Les  petites  pointes  ne  sont  pas 
aussi  larges  (jue  les  taches  correspondantes  de  la  Sarcelle  cf.  —  H 
nous  a  semblé  que  l'Oiseau  portait  quelques  marques  de  jeunesse 
sur  le  dos. 

Si  on  analyse  ses  caractères  extérieurs,  on  trouve  que  sa  taille, 
quoique  intermédiaire,  tiendrait  plutôt  de  la  Sarcelle  (3).  Le  bec 
est,  par  ses  dimensions,  intermédiaire  entre  celui  des  deux  espèces; 
mais  les  pattes  et  les  pieds  paraissent  plutôt  apjiartenir  à  l'espèce 
Sarcelle.  Le  sommet  de  la  tête  (front,  occiput  et  nuque),  rappellent 
tout  à  fait  la  crccca  ;  sur  le  reste  de  la  tète,  le  vert  domine,  quoique 
interrompu  par  les  deux  taches  propres  au  Canard  biniaculè. 

Analyse.  —  Le  dessin  et  les  couleurs  des  deux  espèces  ne  sont 
donc  pas  fusionnés  intimement.  On  ne  saurait  dire  davantage  qu'il 
y  ait  fusion  dans  le  dessin  des  zigzags,  puisque,  on  l'a  remarqué, 
ce  dessin  rappelle  beaucoup  plus  crccca  que  boschas  ;  ajoutons 
même  que  les  zigzags  s'avancent  ou  progressent  vers  les  côtés,  se 

(1)  Tel  i|iip  notre  artiste  les  a  peints. 

(2)  Tous  les  zigzags  du  dessous  du  corps  rappellent  du  reste  presque  e.\clusive- 
ment  ceux  de  la  Sarcelle,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  1res  accentués. 

(3)  Ainsi  (|u'il  a  été  peint  ;  nous  ne  le  conservons  plus  actuellement. 


NOUVELLES    ADDITIONS  955 

poitaiil  PII  ;iv;ml  coiiime  cela  se  produit  chez  l;i  [iicmière  espèce. 
Aiiciiiic  plume  ue  se  relève  à  la  queue.  Pour  que  le  [lailage  (''i,'al  se 
produise,  il  faudrait  que  les  pluuies,  correspondant  à  celles  du 
fcosc/ias, soient  recourbées, tout  au  moins  qu'elles  se  relèvent  quelque 
peu.  —  La  fusion  se  produirait  elle  dans  la  coloration  et  le  dessio 
du  poitrail?  Peut-être,  car  les  pointillés  ou  petites  laclies,  [)ropres 
à  la  Sarcelle,  s'y  lencoalrent.  Ils  se  trouvent  cependant  hieu 
atténués,  et  le  ton  roux  du  hoscliafi  n'est  jias  lui  même  sulTisaminent 
éclairci,  pour  (ju'on  puisse  dire  que  son  intensité  est  moitié 
moindre  qu'à  l'habitude.  C'est  principalement  dans  la  teinte  du 
miroir  (|ne  se  produirait  la  fusion,  car,  si  l'on  considère  encore  la 
(lueue,  la  couleur  noire  est  répandue  en  trop  grande  (luantité  pour 
se  partager  en  égales  proportions  avec  le  blanc  de  crecca.  Enfin,  il 
n'existe  aucune  trace  de  collier  blanc  sur  le  cou.  I>a  juxtaposition, 
mais  non  la  fusion,  se  manifeste  donc  dans  beaucoup  des  traits  de 
l'Oiseau. 

A  propos  du  Biniaculated  Duck,  dont  l'origine,  nous  l'avons 
vu  (1),  a  élt'  attribuée  à  divers  croisements,  M.  de  Selys  Longchamps 
veut  bien  nous  faire  remarquer  qu'il  ne  se  souvient  pas  avoir 
émis  ro|)inion  (]ue  nous  lui  prétons  (2)  :  à  savoir  qu'il  ait  admis 
pour  cet  Oiseau  l'origine  «  penrlopi'  X  boschas  »  ;  ou  bien  ce 
serait  in  littcris,  ou  simplement  dans  la  conversation  avec  des 
ornithologistes. 

N'(ms  avons  puisé  nos  documents  dans  un  travail  de  M.  le  prof. 
Newton,  intitulé  :  «  On  a  Ityhrid  Dmk  (3)».  11  nous  paraît  ressortir 
de  ce  travail  que  c'est  dans  une  communication,  faite  au  professeur 
de  Cambridge,  «lue  M.  de  Selys  [..ongchamps  lui  a  exprimé  sa 
manière  de  voir. 

11  ue  faut  point  du  reste,  nous  écrit  le  savant  académicien, 
attacher  beaucoup  d'importance  à  ce  qu'il  a  pu  dire  à  son  savant 
ami,  .M.  Newton.  .\u  moment  où  sa  communication  aura  été  faite, 
il  n'avait  encore  vu  la  ligure  du  Biniaculaled  (de  Vigors)  que  dans 
l'ouvrage  de  (Jould,  chez  le  prince  Ch.  Bonaparte.  Son  opinion 
n'était  donc  (ju'une  impression  ;  si  ce  n'est  qu'il  était  persuadé, 
avec  raison,  (|u'il  avait  alTaire  à  un  hybride,  et  non  à  une  espèce. 

Pour  être  complet,  .NJ.  de  Sel^s  Longchamps  veut  bien  nous 
faire  remarquer  qu'en  185G,  lorsqu'il  publiait  des  ((  Additions  à  la 

(1)  p.p.  fi6l  et  Wii,  el  plus  spécialement  ilans  noire  Histoire  du  Bimaculated 
Ouck.  confondu  avec  l'A.  gliicilan.i  île  Pallas. 

(2)  P.p.  2t)  el27de  l'opuscule  qui  vient  d'ùlre  cilé,ou  même  127  du  présent  ouvrage. 

(3)  Publié  dans  les  Proceedings  o(  Ihe  zool.  Soc.  of  London,  1861,  p.  392. 


95(i  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT   SAUVAGE 

Récapitulation  des  hybrides  observés  dans  la  famille  des  Anatidés  (1)  », 
il  i\  éuurnéré  sous  le  n"  'M  un  Anas  boschas  X  .4.  créera,  d'après  un 
sujet  cT  qu'il  avait  vu,  assez  rapidement  d'ailleurs,  au  .Muséum  de 
Paris.  Il  le  décrivait  ainsi  ;  «  La  tète  verte;  le  verte.K,  l'occiput 
roux  ;  la  poitrine  marron  ;  les  lianes  et  le  dos  vermiculés  de  noir  ; 
le  miroir  des  ailes  grand  ;  la  queue  comme  le  bosclias.  mais  sans 
rectrices  médianes  recoiirljées  )). 

Lorsque  nous  avons  fait  mention  de  cette  pièce  (2),  nous  n'avons 
pas  reproduit  cette  description  ;  nous  n'avons  même  point 
catalogué  l'Oiseau  dans  nos  u  Additions  et  Corrections»,  parce  que 
M.  Oustalet  nous  a  fait  savoir  qu'il  n'existait  plus  au  Muséum  et 
que  le  registre  n'en  faisait  pas  mention.  — Ce  serait  néanmoins  une 
erreur  de  ne  point  faire  connaître  ses  caractères,  cai"  il  peut  figurer 
dans  certains  ouvrages  (3).  \ï.  de  Selys  Longcliamps  ne  se  doutait 
pas  au  moment  où  il  le  décrivait,  que  ce  fut  l'Iiybride  bimaculated 
de  Pennant.  —  11  est  très  regrettable  qu'il  n'existe  plus  trace  d'une 
pièce  aussi  curieuse  et  aussi  rare. 

Anas  boschas  X  Anas  streperus 
(Se  reporter  pp.  134  et  (iti'») 

Le  Journal  liir  OrnitholDgle  (4)  et  la  Revue  italienne  des  Sciences 
naturelles  (5)  signalent  la  brochure  de  M.  le  prof.  Pavesi,  intitulée  : 
«  (In  ibrido  naUuulc  di  A.  boschas  X  A.  streperus  (6)  »  et  dans 
laquelle,  on  se  le  rappelle,  l'auieur  fait  connaître  deux  Canards 
auxquels  il  attribue  cette  origine.  —  Nous  ne  retirons  pas  le 
jugement  que  nous  avons  porté  sur  ces  Oiseaux  qui  ne  nous 
paraissent  point  des  liyhrides. 

M.  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi  a  revu,  avec  M.  le  comte 
Salvador!,  l'exemplaire  n"  1,037  de  son  catalogue,  mentionné  par 
nous  (|).  GS7)  suivant  les  indications  que  nous  avions  reçues,  sous 
le  nom  de  boschas  x  penelope.  Il  j^ense  maintenant  que  c'est   un 

(1)  lîull.  de  TAcad.  niy.ile  de  Bruxelles. 

(2)  P.  13:i  ou  p.  141  des  Mém.  de  la  Soc.  zool.  de  France.  1891. 

(3)  M.  van  Wickovoort  Ci-ommelin  rappelle  la  mention  qui  en  a  é  é  faite  par 
M.  de  Selys  dans  ses  «  Notes  sur  quelques  (jtnards  obsercéit  en  Hollande  ». 
(Arcliiv   nècrianihiises  des  se.  e.xactes  et  naturelles,  I.  Vil,  p.  13i). 

(4)  1IS94,  Heft.  III,  p.  289. 

(5)  1"  octobre  189i,  anno  XIV 

(C)  Publiée  dans  le  liollelino  délia  Socicta  Vencio  tienlina  di  Scienzr  naturali, 
n"  3,  t.  V,  1893. 


I 


NDUVKLLIOS    AUDITIONS  !)."i7 

liylirifle  boschiix  x  strciii'nts.  Le  sMVaiit  naluriilisle  nous  a  envoyé 
UUL'  ai|uai('ll('  (lu  sujet,  aliii  que  nous  puissions  en  jufjjer.  L'appré- 
ciation (le  \\.  (Iddi  nous  |)araît  juste  ;  nous  croyons,  comme  lui, 
pouvoir  classer  cet  individu  dans  la  catësorie  des  iiylirides  hosclids 
X  slri'in'rus.  Ce  classement  est  nn''nie  le  stHil  rationnel.  I, 'Oiseau 
dilîére  cependant  de  ceux  que  nous  avons  déeiils.  parce  (pi'il  e--t 
représenté  avec  le  bec  hieuàire.  Mais  son  aile,  très  caractérisée, 
l'indique  tout  à  fait  comme  le  produit  des  deux  espèces  (jui 
viennent  (r(''tre  nommées.  —  Nous  regrettons  que  M.  Oddi  ne  nous 
ait  point  communiqué  |)lus  tôt  le  portrait  de  cel  Oiseau  ;  l'erreur, 
commise  p.  (iST,  ne  se  serait  point  produite.  Nous  ajouterons,  sans 
blesser  aucunement  l'amour-propre  de  notre  savant  collègue, 
que  le  produit  du  hoacluis  x  pendojic  (au(|U('l  il  identifiait  son 
Oiseau)  est  très  dilTérenl  jiar  ses  caractères  de  son  sujet. 

Bien  des  fois,  nous  avons  fait  remarquer  l'utilité  qu'il  y  aurait 
à  répéter  en  captivité  le  croisement  des  espèces  qui,  à  l'état 
sauvage,  paraissent  s'être  appariées  ;  de  fa(;ou  à  pouvoir,  en 
comparant  les  produits  (!omesti(|ues  avec  les  produits  sauvages, 
se  rendre  compte  de  la  valeur  de  leurs  caractères. 

M.  Uogeron,  du  château  de  l'Arceau  (près  Angers),  nous  a  déjà, 
sous  ce  rapport,  rendu  de  vrais  services.  Nous  lui  avons  demandé 
la  permission  de  soumettre  à  sou  exaiuen  la  Cane  du  Musée 
de  Flouen,  étif[uetée  Anaa  glocitans  et  à  laquelle  nous  attribuons 
rorigin(!  .1.  Iit)srli(is  X  1.  sireperns.  M.  Rogeron  a,  en  ellet,  on  se  le 
rapi)elle,  obtenu  en  captivité,  de  l'accouplement  de  ces  espèces, 
deux  produits  femelles,  malheureusement  disparues,  comme  nous 
l'avons  expliqué. 

Après  avoir  examiné  le  sujet  eu  ((uestion  (qui  lui  est  parvenu 
grâce  à  l'excessive  obligeance  de  .M.  le  D^  l'ennetier,  directeur  du 
Musi'um  d'Iiistoiri!  naturelle  de  lioueii).  M.  Tlogei-jn  veut  bien  nous 
écrire  :  «  qu'il  ne  peut  subsister  le  [)lus  léger  doute  sur-  l'origine 
hybride  de  ce  sujet»,  ("est  bien,  nous  écrit-il,  une  métisse  Cbipeau- 
6o.s(;/(«.s'.  En  ouvrant  la  boile,  à  la  pr'emièr'C  inspection,  air  premier 
coup  d'œil,  il  a  cru  reconnaître  empaillée  sa  vieille  femelb;  rrrétisse 
qu'il  a  possédée  pendant  cinq  ans  et  qui  a  élevé  un  grand  nombre 
de  tr'iples  métis  CIripeau  lioscIias-.Milouiu  (1).  La  Cane  du  .Musée 
de  Houen  possède  également,  comme  les  Canes  de  M.  Hogeroii,  les 
empreintes  caractéristiques  du  Chi[)eau  :  c'est-à dire  le  miroir  de 
l'aile  noir,  surmonté  de  deux  plumes  blanches.  Seulement  la  Cane 
du  château  de  l'.Viceau  avait,  à  la  i)ase  des  (ilirrrres  noires  du  mir-oir, 

(1)  L'iiisloire  (11- ces  liybiiilps  a  élr  lailo  tiaiis  lelidll.de  la  Soc.  U'acclimatadon. 


9y8  OISEAUX    HYBIUDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

un  peu  de  vert  me^tiiUique  ;  mais  il  parait,  fait  remarquer 
M.  Ro;j;ei-ou,  que  ce  vert  est  variajjle,  car  chez  sa  seconde  femelle, 
le  vert  empiétait  sur  le  miroir  noir  d'environ  un  tiers.  A  cause 
de  cçtte  particularité  de  plumage,  la  Cane  soumise  à  son  exa- 
men se  rapi)roclie  plus  du  type  que  celle  qui  sert  de  point  de 
comparaison.  Cependant,  eu  y  regardant  de  près  et  au  soleil,  son 
miioir  laisse  apercevoir  également  quelques  refletsde  vert  métalli- 
que. —  Quant  au  l'Cste  du  plumage,  comme  à  la  tête,  à  la  grosseur 
du  bec  (1),  à  la  grosseur  du  corps,  enlîn  à  la  physionomie  géné- 
rale, c'est  absolument  le  même  Oiseau  que  les  deux  métisses 
obtenues  i)ar  M.  Rogeion. 

Ce  nouvel  exemple,  ajoute  celui-ci,  prouve  combien  les  métis 
de  même  espèce,  bien  qu'élevés  dans  des  milieux  divers,  sont 
identiciues  et  ne  prennent  pas,  dans  les  différents  individus,  plus 
d'un  côté  que  de  l'autre  de  leurs  parents.  Tous  les  mâles  et  toutes 
les  femelles  Fi\et,- boschas,  qu'il  a  obtenus,  sont  exactement  sem- 
blables entre  eux  et  entre  elles. 

Spatula  clypeata  et  Dafila  acuta 

(Se  reporter  pp.  1H9  et  (i'.)2) 

M.  le  baron  Ed.  de  Selys  Longchamps,  revenant  sur  l'étrange 
Oiseau  désigné  sous  ce  nom,  nous  écrit  (2)  qu'il  l'a  examiné  de 
nouveau,  ayant  en  main  les  explications  que  nous  avons  données. 
Il  reste  convaincu  que  cet  individu  de  sexe  mâle  provient  de 
la  cliipcata  ;  tnais  reste  toujours  la  question  du  second  facteur. 

L'idée  de  M.  Guruey,  à  laquelle  nous  nous  sommes  rallié, 
c'est-à-dire  :  «  clijpeata  x  [ormosa  »  lui  [laraît  sérieuse  ;  il 
l'adopterait  sans  cette  circonstance  que  les  fnrinosa  n'ont  apparu 
en  Europe  que  récemment  eu  petit  nombre.  Une  autre  objection, 
que  l'on  peut  opposer  à  ce  croisement,  est  celle  de  la  vermiculalion 
de  la  poitrine,  laquelle  rappelle  tout  à  fait  celle  de  la  Sarcelle 
d'été  (y.  circia).  En  sorte  que  si  l'on  faisait  entrer  cette  espèce 
dans  le  parentage,  là,  peut-être,  serait  la  vraie  solution.  Quant 
au  caractère  de  la  gorge,  qui  est  blanche,  M.  de  Selys  Longchamps 
ne  retrouve  cette  particularité  que  dans  la  falcata;  mais  les  autres 
traits  que  le  sujet  présente  s'opposent  à  cette  filiation. 

D'après  ce  que  M.  Paul  Leverkiihn  dit  de  la  coloration  de  la  tète 
et  du  col  de  l'hybride  de  M.  van  Wickevoort-Crommelin,  M.  de 

(1)  Plus  mince  que  celui  de  la  femelle  boschas. 

(2)  A  la  date  du  14  octobre  ISÏIo. 


NOUVFXLKS    ADDITIONS  9i)9 

Selys  Longchiiiiips  pense,  comme  nous,  ([ue  ce  sujet  dillère  du 
sien.  Le  savant  académicien  l'a  vu  autrefois  ciiez  son  propriétaire 
à  Harlem  ;  mais  il  ne  se  le  rappelle  pas  assez  pour  tenter  d'eu  faire 
une  cdiiiparaison  sérieuse  avec  celui  qui  nous  occupe. 

Anas  hoschas  et  (Iairina  moschata 

(Se  repoi'UM'  pp.  liC  et  (iU'.li 

Le  comte  Arrigoni  nous  fait  savoir  qu'il  a  possédé  un  hyiiiide 
femelle  de  ce  croisement.  Quoi(]ue  tuée  à  l'état  sauvage,  elle  est 
sans  doute  un  Oiseau  échappé  de  captiviti',  comme  tous  les  Canards 
de  ce  genre  (|ue  nous  a\(i!is  décrits,  (icito  pièce  aurait  été  obtenue 
vers  1868  (?) 

Chaulelasmus  streperus  et  Mareca  penelope 

(Se  reporter  p.  70S) 

M.  Kd.  Hart,  de  (^hristcliurcli,  a  eu  la  bonté  de  nous  envoyer,  en 
couimunicalioii,  un  Oiseau  «[u'il  a  déterminé  comme  produit  du 
C. ^streperus  X  M.  penelupc  et  que  ALM.  le  D'  Giintlier  et  Harting 
trouvent  bien  classé.—  Cet  Oiseau,  monté  et  sous  verre. fait  partie 
de  la  collection  de  M.  Ed.  Hart.  Il  fut  tué  |)ar  M.  Wilsoii,  au  mois 
de  décembre  1879,  auprès  des  eaux  de  Siiulliamiitoii,  sur  une 
rivière  nommée  le  Mean. 

Si  cette  pièce  est  eu  mue,  comme  plusieuis  plumes  des  côtés  du 
devant  semblent  au  premier  abord  l'indiquer,  elle  est  très  dillicile 
à  déterminer  :  son  liybridité,  dans  ce  cas,  deviendrait  même 
douteuse,  vu  l'époiiue  où  elle  a  été  tirée,  le  mois  de  décembre. 
Mais  on  doit  la  sup|)i)ser  eu  livrée  complète  :  à  ce  moment  les 
Canards  ont,  i)ensons-nous,  teiiiiiné  leur  mue.  D'ailleurs,  le  dos 
est  entièrement  mué  et  le  croupion,  comme  le  dessus  de  la  queue, 
sont  d'un  noir  profond ,  signes  qui  indiqueraient  un  plumage 
parfait. 

Si  celte  dernière  hypothèse  est  vraie,  c'est  à-dire  si  l'Oiseau 
n'est  plus  en  mue,  il  est  indubitalilement  un  hybride.  Ouoi(|ue  plus 
penelope  que  xtreperus,  il  iiioiitre  sa  descendance  de  la  dernière 
espèce  par  sa  tète  dont  le  plumage,  presque  en  entier,  est  de 
slreperux.  — Mais,  sujjposons  pour  un  moment  (|u'i!  n'a  pu.  vu  son 
origine  complexe,  prendre  sa  couleur  (I),  on  |)ourrait  encore,  dans 

(I)  Celle  supposiliuii  esl  permise,  puisque  M.  Th.  Lorenz  (de  Moscou),  prétend 
(|ue  les  liyhriiles  n'arrivent    (|ue  dinicileiiient  à  leur   deuxième   année    et  assure 

avoir  rencontré,  du  z  lis  Oalliiwicés.  drs  individus  dont  la  mue  était  1res  en  relard. 


960  OlSEAl'X    HVBlilDES    RENCONTfiKS   A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

cette  seconde  hypothèse,  indiquer  en  faveur  d'un  liyjjiidisme 
((  streperus  X  penelope  »  les  marques  suivaules  :  la  couleur  jaune 
du  côté  du  bec,  qui  paraît  plus  forte  que  chez  penelope;  les  pattes 
jaune  cuir;  la  disposition  du  miroir  de  l'aile,  dont  les  traits 
sont  indécis  entre  ceux  du  penelope  el  ceux  du  streperus  (1);  le 
dessus  du  croupion  ;  les  couvertures  de  la  queue  presque  noires 
comme  celles  du  streperus,  très  adulte  ;  les  lamelles  du  bec  plus 
prononcées  que  chez  penelope  ;  le  creux  de  la  narine  accentué 
comme  chez  streperus. 

Voici  la  description  que  nous  avons  écrite  de  ce  curieux  spécimen  : 
Paraît  plus  fort  que  penelope  ;  bec  plus  fort  aussi  que  dans  cette 
espèce  ;  lamelles  accusées  ;  front,  joues  d'un  grisàlre  parsemé  de 
petits  points  allongés  à  la  manière  de  streperus;  vertex,  nuque, 
dessous  du  cou  supérieur,  d'un  brun  foncé,  mélangé  de  jaunâtre 
roux.  Sous  les  joues,  et  à  la  naissance  du  cou,  une  partie  jaune 
roux  indique  le  ton  de  penelope.  La  paitie  inférieure  du  cou  est 
grisâtre  mélangé  de  points  noirs  allongés,  puis  du  blanc  ;  une 
tache  blanche  assez  large,  garnit,  eu  effet,  [)ar  devant,  le  bas  du 
cou  !  Après  cette  teinte,  du  roux  rosé  s'étend  eu  grande  quantité 
devant  la  poitrine  et  descend  très  bas  sur  les  cùtés  (2).  Cette 
teinte  rousse  semble  alors  marquée  des  taches  de  la  mue,  tout  au 
moins  y  aperçoit  on  beaucoup  de  petits  zigzags.  Tout  le  dos,  de 
couleur  grise,  est  aussi  rempli  de  zigzags  noirs  et  blancs.  Le  dessus 
de  l'aile,  qui  est  grisâtre  et  encore  finement  marqué  de  zigzags, 
rappelle  à  s'y  méprendre  la  même  partie  ciiez  l'hybride  streperus  X 
lioschas;  nous  voulons  parler  de  ces  lunules  caractéristiques  sur 
lesquelles  nous  nous  sommes  étendu  dans  les  chapitres  consacrés 
à  ce  dernier  hybride  (3).  —  Nous  avons  remarqué  que  la  dispo- 
sition du  miroir  est  vague,  indécise,  entre  celle  des  deux  espèces  ; 
il  ne  porte  pas  de  vert  (4).  Les  côtés  du  ventre  sont-gris  avec  zigzags. 
Le  dessus  de  la  queue  et  du  croupion  paraissent  noirs  et  même 
noir  vert  sur  les  côtés.  Le  dessus  des  couvertures  de  la  queue  sont 
également  d'un  noir  profond  ;  ainsi  se  montre  streperus.  pensons- 
nous. 

A7iali)se.  —  Si  nous  analysons  les  caractèies  mélangés  de  cet 
Oiseau,  nous  trouvons  qu'il  ne  partage  pas  les  traits  des  deux 
parents  dans  des  proportions  égales,  l'ar  places,  il  peut  y  avoir 

(1)  Quoique  iMppelaMl  mieux  celte  dernière  espèce. 

(2)  IMus  que  chez  peneloiie,  nous  semlile-t-il. 

(3)  Comme  aussi  dans  VHixtntre  du  Itimaculated  Duck. 

(4)  Penelope  en  mue  n'en  possède  pas  à  celte  place 


NOUVELLES    ADDITIONS  '.((Il 

fusion  lies  ciiraclL'ri's  ;  mais  c'est  l;i  juxtaposition  qui  y  domine  : 
ainsi  la  couleur  du  bec  et  des  iiattes  ra|ji)i'lle  Ixmucouij  plus 
sliriirni.i  (|ue  j,fnclii]ir  ;  il  eu  est  de  UH^me  de  la  teinle  du  devant  de 
la  tôte,  (lu  dessous  du  croupion  cl  d'aulres  parties.  —  La  tache 
blanche  du  cou  (albinisnie  i)artiel)  nous  paraît  être  un  indice 
assuit'  (le  la  provenance  domestique  de  cet  échaiilill(Ui,  qui 
serait  un  échappé  de  quehiue  basse-cour  ou  d'un  parc  d'agrément 
quelconque. 

Nous  |)résenterons  maintenanl  une  autre  pièce  à  latiuelle  on 
attribue  la  même  origine,  (pjoiqu'elle  dillère  essentiellement  de 
la  précédente.  Montée  et  sous  verre,  elle  nous  a  été  adressée 
très  gracieusement  par  M.  Richard  M.  lîairington,  de  Passarœ- 
Bray,  (X).  Wicklow  (.\nglelerrc).  Sur  le  socle  on  lit  cette  mention: 
«  7'('«  Wigeoufi  and  Ihis  lujhriil  Diick  une  killeil  in  onr  shot  in  tlie 
Moij  Ksliiiir;/,  Co.  Maijit  (I).  J/rt/r/i  4, IS9;),  b>j  mac  Kirkivnnd  (■>]. 

Avant  d'en  donnei'  la  descriplion,  nous  ferons  savoir  ce  (|u'en 
dit  iM.  Saunders  :  k  l'our  lui  c'est  évidemment  un  croisement  de  la 
Marcca  pcuclapf  avec  quelque  autre  espèce  de  Canard. —  Pour  quel- 
ques autoriti's,  le  deuxième  parent  est  su|)posé  être  \c  l'haulelasmus 
streperus;  tandisqued'autres inclinent  pour  le  Dafilaacuta;  d'aulres 
encore  [)our  la  (Jucrqurilula  creccn  ». 

.M  Saunders  croit  maintenant  devoir  éloigner  la  |)arenlé  T).  acuta, 
à  la([uelle  il  substitue  celle  de  Ch.  strepenia.  tout  en  restant  indécis. 
—  C'est  la  manière  de  voir  de  M.  Robert  \Varren(3),  ainsi  (|ue  celle 
du  taxidermiste  qui  a  empailh-  le  rare  échantillon. 

Notre  impression  est  que  ces  derniers  naturalistes  l'ont  bien 
déterminé  ;  ou  doit,  d'après  nous,  exclure  absolument  de  son 
origine  la  Queripieduln  creçca,  tout  aussi  bien  que  V.inas  acuta. 

\ou-\.  d'ailleuis,  la  compai-aison  que  nous  en  avons  établie 
avec  les  espèces  puie^  :  Tel  qu'il  est  empaille,  il  est  très  fort, 
d'un  volume  plus  considérable  que  celui  des  deux  types  auxquels 
nous  imputons  sa  naissamu'.  Le  bec  est  de  <liinensioiis  intermé 
diaires,  cependant  se  rapprochant  plus  de  celui  du  Chipeau  qu'il 
ne  se  rapproche  de  celui  du  pcnelope  ;  les  lamelles  sont  très 
apparentes,  c'esl-à-dire  très  ressorties.  Nous  le  croyons  en  costume 

(1)  Siliié  à  roiiO!it  (te  l'Idandc. 

(2)  C"esl  (.'l'Ace  à  M.  Ilowaid  S^umilcrs  (|ii('  nous  avons  oonnii  ccl.  Oiseiiii  fort 
curieux.  M.  Howard  Saunders  en  ayant  parle-  dans  les  l'roceedin^js  de  la  Société 
zoolo(;i<|ue  de  Londres  (v.  p.  101,  If',).')),  nous  nous  sommes  adressé  à  lui  pour 
connaître  l'adresse  de  M.  Harrinuton  qui,  sans  en  iHre  le  propriétaire,  parait-il. 
se  trouvait  néanmoins  à  miMiie  de  nous  le  procurer. 

(3)  D'après  une  lettre  de  M.  Barringlon. 


9(i2  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT   SAUVAGE 

(le  noces,  par  conséquent  très  aisé  à  iliagnostiquer.  Le  plus  grand 
nombre  des  parties  de  son  plumage  paraissent  tenir  exactement  le 
milieu  entre  les  deux  espèces  :  on  pourrait  dire  qu'il  y  a  fusion  intime 
et  en  des  proportions  égales  des  teintes  comme  du  dessin  des  parents. 
Ainsi  se  trouve  être  le  plumage  de  la  tète,  de  la  poitrine,  des  ailes. 
Cependant  le  dos,  par  ses  zigzags,  est  beaucoup  plus  du  côté  du 
peni'lopc  ;  tandis  que  le  croupion  se  trouve  être  noir  comme  chez  le 
Chdulelamus  (autant  que  nous  pouvons  en  juger  sous  le  verre)  (1). 

Au-dessous  de  la  gorge  et  sur  le  devant  du  cou,  on  remarque 
une  couleu>'  nouvelle,  qui  n'existe  ni  chez  l'une  ni  chez  l'autre 
espèce  :  ces  deux  parties  du  corps  sont,  en  elîet,  teintées  de  couleur 
foncée,  laquelle  couleur  s'étend  tout  autour  du  cou  pour  former 
collier.  En  outre,  la  nuque  et  le  dessus  du  cou  sont  indiqués  par 
une  ligne  large  foncée. 

Près  du  noir  de  la  queue  on  aperçoit  du  blanc,  ce  qui  rappelle 
l'espèce  penclope.  La  partie  extérieure  du  corps,  qui  montre  osten- 
siblement le  mélange  et  en  est  comme  la  marque  la  plus  apparente, 
est  le  poitrail  :  il  est  du  rosé  de  penelope  ;  mais  il  est  tacheté  régu- 
lièrement des  demi  lunes  (amoindries)  du  Chaulelasmits  strepcrus. 

Constatons  que,  sur  le  haut  de  l'aile,  on  n'aperçoit  aucun  rappel 
du  brun  roussàtre  du  tlhipeau  ;  seulement  une  teinte  gris  de  fer, 
assez  semblable  à  celle  que  porte  le  penelope  en  mue. 

On  le  voit,  celte  pièce  est  un  excellent  intermédiaire  entre  le 
Chaulelasmus  utreperas  et  l'Anas  penelopr  ;  aussi  son  origine  ((  C. 
streperus  X  .4.  penelope  ))  ne  nous  semble  pas  devoir  être  mise  en 
doute.  Notons  qu'il  n'existe  aucune  partie  du  plumage  frappée 
d'albinisme  ou  de  teinte  anormale.  Si  on  nous  demandait  d'indi- 
quer le  rôle  des  sexes  chez  les  parents  (admeltant  que  le  produit 
rappelle  la  mère  par  ses  extrémités  et  constatant  que  les  pieds 
sont  foncés  chez  notre  individu),  nous  dirions  que  le  penelope  est 
sa  mère. 

Nous  le  décrirons  ainsi  :  Front  roux  blanc  pointillé  ;  sommet 
de  la  tète  plus  roux  ;  devant  de  cette  partie  noirâtre,  roussàtre, 
pointillé.  Cette  couleur,  qui  est  mélangée  très  légèrement  d'un 
peu  de  vert  blanchâtre,  s'étend  derrière  la  nuque  en  se  rétrécissant 
vers  le  bas  du  cou.  Le  dessous  de  la  gorge  est  noir.  Joues  et  cou  de 
couleur  noisette  et  pointillée.  Sur  le  devant  du  corps  (commence- 
ment du  cou,  jabot,  poitrine)  :  ton  violacé  clair,  régulièrement 
marqué  de  lunules  tronquées,  rappelant  les  demi-cercles  du  Clwu- 

(1)  M.  Banington  nous  a  oonrunié  d.iiis  ct-Ui'  opinion. 


NOUVKLLKS    ADDITIONS  t1G3 

lelaxiinis!.  Tout,  le  dos  est  reiiipli  de  zigzags  noirs  qui  s'éteudeut 
jus(|u'iui  i)()ut  des  ailes  el  garnissenl  complètement  les  scapulaires. 
Les  dernières  petites  pennes  des  ailes,  telles  qu'on  les  apcreoit  (les 
ailes  étant  fermées)  sont,  par  le  dessin  de  leur  coloration,  internii'- 
diaires  entre  celles  des  deux  espèces.  Beaucoup  de  noir  avoisine  la 
queue.  L(!S  couvertures  de  l'aile  sont,  à  leur  délnit,  d'un  gris  de 
fer  hlanchàtre  ;  ensuite  apparaît  du  blanc  terminé  de  noir.  Au 
miroir,  dont  la  disposition  est  dillicile  à  définir,  existe  beaucoup 
de  noir.  .\  iieine  si  l'on  y  aperçoit  un  peu  de  vert  ;  i)uis  vient  du 
blanc  étendu  longiludinalenient.  Les  lianes  sont  couverts  de 
zigzags.  Le  bec  et  les  pieds  sont  noir  très  foncé  ;  le  commencement 
des  jambes  est  d'un  ton  légèrement  cuir  de  botte. 

11  est  bien  remarquable  que  la  couleur  (oncee  que  nous  avons 
constatée  sous  la  gorge,  n'existe  ni  cliez  jh-nrlupc  ni  chez  Chuule- 
laxniHS  :  cette  couleur  ne  se  trouve  point  davantage  chez  le 
penrliiiif  américain. 

Anas  bosciias  et  Anas  ('.•') 

Ai)rès  nous  avoir  fait  savoir  qu'il  possède  un  inagniri(|ue 
hybride  d"  de  .1.  hoacbas,  croisé  d'espèce  non  encore  déterminée, 
le  comte  Arrigoni  degli  Oddi  nous  a  envoyé  l'aquarelle  de  ce 
Canard,  tué  le  'i  iévrier  18!).'i,  par  le  chevalier  Eugenio  de  Blaas, 
dans  le  lac  Labia  (vallée  Figheri),  Venise.  Ce  Canard  était  accom- 
pagiK-  d'un  autre  individu  ipie  le  chasseur  jugea  tout  à  fait 
semblable  à  lui. 

Quoique  notre  savant  collègue  pense  que  cet  Oiseau  est  un 
hyltride  de  A.hoschns  el  d'une  espèce  (|u'il  n'a  |m  (létei'ininer,  nous 
le  considérerons  coiuine  un  sujtil  anormal.  Si  le  blanc  qu'il  montre 
pur  devant  descendait  plus  bas,  à  la  rigueur,  on  aurait  pu  faire  la 
sui)i)ositioii  que  c'est  un  croisé  de  S.  clypeala;  mais  le  bec  •n'indique 
aucunement  cette  espèce. 

Anas  tadouna  et  .\nas  (?) 

Voici  encoi-e  un  sujet  ([ui  n'est  autre,  sans  doute,  qu'une  variété 
de  Tadorne. — Au  mois  <le  janvier  18%,  M.  van  Kempen,  de  Saint- 
Omer,  avait  la  coniplaisauce  de  nous  informer  (|u'il  avait  acheté 
(un  an  auparavant)  un  Canard  Tadorne  assez  curieux  et  (ju'il  croyait 
être  un  hybride  :  «  Pattes  brunes,  poitrine  piquetée  de  petites 
plumes  noires,  miroir  de  l'aile  gris  cendré  n.  Cet  Oiseau,  ajoutait 
M.  van  Kem|)en,  avait  été  examiné  avec  un  grand  intérêt  par 
M.  de  Pousargues,  attaché  au  Muséum,  lequel  le  pensait,  comme 


9Ct  OISEAUX    HYBRIDES    liENCONTnÉS    A    L'ÉTAT    SALVAGE 

lui,  provenir  d'un  LMoisenieiit.  Mais  dernièrement  un  Anglais, 
habitant  la  Hollande,  où  il  possède  un  Jardin  zoologique,  étant 
venu  visiter  la  collection  de  M.  van  Kempen,  a  atlirnié  à  celui-ci 
que  son  Tadorne  curieux  n'était  fiu'une  variété.  Les  arguments, 
qu'il  a  fait  valoir,  eu  faveur  de  sou  dire,  sont  si  convaincants, 
nous  dit  le  propriétaire  de  l'Oiseau,  qu'il  a  dû  se  ranger  à  son  avis. 
—  Ce  serait  peut-être,  néanmoins,  le  cas  de  consulter  M.  Oustalet 
qui  pourrait,  avec  la  compétence  qu'on  lui  connaît,  donner  son 
apjiréciation  que  nous  considérerions  coninie  définitive. 

Genre   Anser 

Comme  toujours,  presque  rien  à  dire  à  cet  arlicde.  —  M.  de  Selys 
Longchamps  nous  fait  seulement  savoir  qu'il  a  appris  de  M.  Blaaw 
([u'un  hybride  Ajiscr  pnUipes  (roseipes)  qu'il  possède,  n'est  pas  un 
produit  sauvage,  mais  un  produit  doiiiestiqnt;  de  ['Anser  cinerus 
X  A.  albilmm.  —  Cet  hybride  n'est  pas  demeuré  stérile,  l'éminent 
académicien  en  a  eu  la  preuve  ;  mais  il  est  peu  productif. 

Ansek  ciNERicus  et  Anser  albifrons 

Nous  n'avions  jioinl  fait  mention  d'une  Oie,  supposée  hybride 
par  M.J.  H.  Gurney,  et  dont  celui-ci  avait  parlé  dans  leZoologist(l). 
11  pensait  (lu'elle  provenait  d'un  croisement  entre  la  Beau  (Anser 
cinereus)  et  la  Wliile-fronled  Goose  (4.  allnjrons).  Elle  avait  été 
achelée  à  iM.  Castang  au  Leadenhall  Market  de  Londres. 

L'Oiseau,  ayant  mué,  s'est  recouvert  du  plumage  ordinaire  de 
la  deinière  espèce,  tout  en  conservant  quelques  traces  de  jeunesse 
aux  parties  inférieures.  Il  paraît  donc  évident  à  M.  Gurney  que  sa 
supposition  n'était  pas  fondée  (2). 


(1)  Annûe  l(-83,  p.  £X. 

{i}  Celle  recliriciilioii  a  élé  faile  ilaiis  la  même  revue,  année  1S8.Ï,  n''d"aoiil  (li*4), 
vol.  IX,  p.  309. 


NOUVELLES    ADDITIONS  965 


ORIJRK    DKS    HCIIASSIKRS    (COUREURS) 

Fainillr  des  Scolopacidés 

Genre  Totanus 

Pensant  à  nous,  M.  Kariniemi  a  fourni  à  son  ami,  M.  Stjernvall, 
de  très  iuléressaiils  détails  sur  les  eroiseinents  riiie  des  espèces  de 
ce  ^'enre  contracteraient  entre  elles. 

M.  Kariniemi  est  aile,  pendant  plusieurs  i)rinlemps,  ceux  de  1891, 
18y:i.  18'.);5  et  18!)4,  à  Kittila  (Laponie),  lieu  de  sa  naissance.  Il  a 
chassé  là  la  sauvao;iue  sur  les  bonis  de  la  rivière  Ounasjok.  Dans 
de  petites  huiles  construites  pour  la  circonstance,  il  a  passé  des 
nuits  à  guetter  et  à  observer  les  Oiseaux  de  rivage  (I).  Ou  sait  que 
le  soleil  éclaire  encore  à  minuit  dans  ces  belles  nuits  calmes  et 
sereines  de  la  Laponie.  Là,  pendant  i\u'  \rlilis  hi/iiolrucos  marche 
à  petits  pas,  i)endant  que  Tulanus  glaicola  fait  ('ulendre  son  ramage 
ou  que  Totatim  glottus  prend  ses  ébats,  '/'.  fusciis  répète  son  air 
sonoi'e.  Rieutrtt  tous  ces  Oiseaux  se  rencontrent  sur  le  sahle  déposé 
en  couches  liiies  et  unies  ou  bien  sur  les  la[)is  de  gazon  qn' 
commencent  à  verdir  :  leurs  gestes,  leurs  bruits,  leurs  poses 
traduisent  la  p:issi()u  de  l'aniour  de  la(|uelle  ils  sont  posst'di'-s  ;  la 
joie,  la  gaieté  {]ui  les  anime  et  les  dirige.  Tandis  que  chez  ces 
espèces  voisines  les  mâles  s'élèvent  sur  leurs  doigts,  tendent  leurs 
ailes  dans  l'air,  chantent  et  semblent  danser,  les  femelles  séduites 
et  soumises  ploient  avec  grâce  leurs  corps  et  se  laissent  docilement 
embrasser.  Aussitôt  que  la  passion  est  satisfaite,  les  cris  cessent, 
et  tout  rentre  dans  le  calme.  Cependant,  peu  de  temps  après  cette 
première  scène,  l'air  n'-sonne  de  chants  nouveaux.  D'autres 
espèces  s'avancent  dans  l'arène  et  y  font  entendre  des  cris 
bruyants  :  c'est,  dit  le  narrateur,  les  amours  libres  dans  la  nature 
sans  entraves.  Rien  de  beau  comme  le  spectacle  ijui  s'offre  aux 
yeux,  à   l'ouïe,  à  l'intelligence  pendant  ces   nuits    admirables  du 

(I)  M.  Stjfrnvall  (InKliicteur  très  complaisant  de  la  lellre  de  .M.  Kariniemi)  nous 
observe  qu'il  csl  permis  de  lirer  des  Fullgiiles  pendant  le  printemps.  Ui  chasse  des 
Analidie,  Cygnidx  et  des  Anseridx  est  au  cootraire  interdite  du  15  mars  au 
1."i  juillet. 


960  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

printemps;  ou  ne  saurait  les  oiijjlier  quand  on  en  a  été  témoin. 
Mais  ces  belles  nuits  ne  se  contemplent  qu'en  Laponie  (1). 

Or,  au  dernier  printemps,  pendant  qu'il  était  en  embuscade  au 
bord  de  la  rivière  Ousnajok,  M.  Kariniemi  aperçut  Totnnus  glottis 
s'appariant  avec  T.  (itnreoln  ;  T:  glareola  avec  Aciis  hypolmros  et  le 
mâle  de  cette  dernière  espèce  avec  la  femelle  du  T.  glareola.  Il  vit 
aussi,  mais  une  seule  fois,  T.  glareola  s'approcher  de  Machetes 
pugnax  et  le  mâle  T.  f'uscus  chercher  à  s'unir  à  une  femelle 
M.  pugnax.  Il  croit  rvoir  acquis  la  certitude  que  les  deux  espèces 
de  Tolanuit,  T.  glottis  et  T.  fusais,  se  marient  entre  elles.  Il  se 
rappelle  avoir  tiré  un  Totantis  qui  montrait  des  caractères 
propres  à  l'espèce  glottis,  à  l'exception  des  jambes  qui  étaient  de 
couleur  rougeâtre  comme  sont  celles  des  individus  appartenant  à  . 
l'espèce  fnscns  (2). 

C'est  dans  l'ordre  des  Echassiers,  observe  M.  Kariniemi,  qu'on 
trouve  le  plus  grand  nombre  de  variétés,  tout  spécialement  dans 
les  genres  Totanus  et  Machetes  (3).  Les  œufs  de  ces  Oiseaux  varient 
aussi  beaucoup  par  leur  forme  et  leur  grandeur  et  leur  couleur  ; 
de  telle  sorte  qu'on  ne  peut  trouver,  dans  le  même  nid,  des  œufs 
qui  se  ressemblent.  La  couleur  du  fond  est  variable  elle-même.  Si 
nous  comprenons  bien  la  traduction  de  la  lettre  faite,  nous  l'avons 
dit,  par  M.  Stjernvall,  l'auteur  attribuerait  aux  croisements  des 
parents  ces  variantes.  La  chose  n'est  pas  admissible,  et  cette 
manière  de  voir,  qui  n'est  pas  exacte,  diminue  la  valeur  des 
observations  précéilentes. 

Nous  citerons,  néanmoins,  en  détail  les  faits  qui  viennent  de 
nous  être  signalés  avec  tant  d'obligeance  ;  car  s'ils  ont  été  bien 
observés,  ils  présentent  un  très  vif  intérêt.  Nous  les  ferons  suivre 
d'observations  sur  les  espèces  qui  sont  en  jeu  ;  malheureusement, 
nous  ne  connaissons  pas  suffisamment  les   caractères  plastiques 


(1)  Ici  le  traducteur  s'arrête  sur  l'observation  très  juste  de  sou  ami  pour  corroborer 
son  dire.  Tous  ceux,  met-il  eu  note,  qui  ont  été  dans  ce  pays  ne  peuvent  laisser 
sortir  de  leurs  souvenirs  les  nuits  de  l'cté  et  du  printeui|)s.  alors  que  le  soleil  ne 
se  couche  pas  et  que  les  aurores  boréales  jettent  au  (iruiauient  des  feux  élince- 
lants.  Pour  lui,  qui  a  eu  la  bonne  fortune  de  passer  cinq  étés  dans  cette  terre 
aduiirable,   il    n'a  d'autre  désir  que  d'y  remonter  et  de  la  revoir. 

(i)  M.  Sljeruvall  nous  fait  remarquer  uu'il  a  tiré  pendant  son  premier  voyage 
en  Laponie,  en  1884,  plusieurs  exemplaires  du  7'.  fusrus  et  qu'il  a  remarqué  de 
glandes  variations  cbez  eux. 

{'A)  Dans  cette  espèce,  on  ne  rencontre  pas  deux  sujets  semblables  ;  tous  les 
sujets  sont  dillérents  les  uns  dos  autres  par  la  coloration  de  leur  plumage.  Sous  ce 
rapport  le  Musée  de  liouen  en  renferme  une  très  riche  collection. 


NOUVELLES    ADDITIONS  1IC)7 

et  de  coloration  de  ces  espèces.  En  sorte  (|iic  nos  uliserviitions  se 
trouveront  très  inconinlèles.  • 


TOTANUS    GLOTTIS    (l)    et    ToTANUS    GLAUKOLA    (2) 

A  en  juiier  p;ir  ([uelques  exemplaires  conservés  au  Musée  de 
Ronen,  mis  à  notre  disposition  p;ir  l'obligeant  directeur,  M.  le  D"" 
l'ennetier,  une  dillérence,  li'és  ;;riinde  par  la  tailli;,  existe  entre  ces 
deux  types  :  nlottis  est  exactement  un  tiers  plus  fort  que  l'espèce 
voisine.  Le  plumage  cependant  ne  dillère  que  peu,  quoique  iilottis 
soit  beaucoup  plus  blanchâtre  ;  mais,  détail  caractérisli([ue,  chez 
celui-ci  le  bec  se  relève,  tandis  qu'il  s'abaisse  chez  glmrola.  Même 
de  loin,  sans  doute,  pendant  les  nuits  claires,  ces  Oiseaux  peuvent 
être  distingués  par  le  chasseur. 

TOTANUS   GLAREOLA    et    ACTITIS    HYPOLEUCOS    (3) 

Croisement  (lui,  d'après  M.  Kariniemi,  s'ellectue  dans  les  deux 
sens.  Illareolti  est  plus  petit  qu'liypokucos  par  ses  jambes  et  son  cou. 
Hypoleucos  est  plus  blanc  par  devant  ;  l'un  est  moins  tacheté  que 
l'autre  sur  le  dos  et  sur  la  queue  ;  néanmoins  les  dtmx  espèces 
présentent  beaucoup  d'analogies.  Degland  les  classe  dans  deux 
genres  dilléreuts  ! 

TOTANUS   GLAREOLA    et    MaCHETES    PUGNAX    (4) 

Si  on  compare  entre  eux  les  mâles  de  ces  deux  espèces,  ces 
Oiseaux  sont  bien  dillérents  par  leur  taille.  Le  sexe  femelle  est 
moins  disparate  ;  mais  pugnax  9  est  eni'ore  bien  plus  grande  que 
sa  congénère.  Comme  pour  les  précédentes,  Deglanl  en  fait  deux 
genres.  Les  becs  seraient  à  peu  près  de  même  grandeur. 

(I|  Synonymie  :  [.iiiin.<a  grisen,  Totunus  griseiis,  lifliiliins  et  glutlis,  T.  chlo- 
ropxis,  l.iiiiD.id  gtotli.-<,  (Uijlli.'i  luUans.  0.  ranescens,  <»'.  griseii.  clo. 

(i)  Aulres  noms  sclentilKiiies  :  Triiigu  ginreola,  Totanus  glareola,  Tolanus 
grallatorius,  Tolanus  sylveslris  cl  palitslris,  etc. 

(3)  Appi-lé  encore  :  Tringa  hypoleucos,  Guinella,  Tnlanus  guinella,  Tringa 
leucoptera,  elr. 

(4)  Autres  noms  scientiliques  :  Tringa  pugnax,  T.  cinereus,  T.  variegala.  T. 
lilUireii.  Philoniticus  inigtiit.c,  etc. 


968  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    \    L'ÉTAT   SAUVAGE 


ToTANUs  Fuscus  (1)  et  Machetes  pugnax 

(]es  Oiseïiux  appartiennent  encore  à  deux  genres,  d'après  le 
même  ornithologiste.  Nous  nous  demanderons,  (juoique  le  bec  de 
pwjnax  pai'aisse  moins  long'  que  celui  de  fuscus,  comment  dans  la 
nuit  il  est  possible  de  reconnaître  une  $  pu(jna.T  d'une  femelle 
fuscus  ? 

M.  Stjernvall,  qui  lui-même,  a  tué  en  Laiionie  de  nombreux 
exemplaires  d'Echassiers  appartenant  aux  espèces  Totanus  fuscus, 
T.  glottis,  Machetes  puguax,  observe  que  les  types  T.  fuscus  et  M. 
pugnax  sont  très  variables  ;  il  lui  semble,  au  contraire,  que  le  type 
T.  (jlottis  ne  varie  pas. 

De  nouvelles  observations  seraient  bien  intéi  essautes  à  consigner 
au  sujet  des  mélanges  indiqués  par  M.  Kariuiemi.  Nous  espérons 
(jue  celui-ci,  et  M.  Stjernvall,  voudront  bien  amasser  des  maté- 
riaux pour  les  compléter. 


(5)  Synonymie  :  Scotoiiu.r  fiiscci,  Liinosa  fiisca,  Triitga  ulru,  Talamis  loiigipes, 
etc. 


NOL'VICI.LKS    ADDITIONS  '"i'' 


UUDltK    DKS    l'ASSKIUvMX 


N.  B.  —  Xous  craignons  vivement  d'avoir  commis  des  erreurs  en 
(lotcrminani  comme  métis  îles  individus  |»i-t''S('iitant  les  traits 
fusionnés  de  deux  races.  Nous  soniuies  aujourd'hui  porlé  à  voir, 
dans  ces  formes  intermédiaires,  le  résultat  d'influences  climaté- 
riques  (|ui  tcndenl,  au  fur  et  à  mesui-e  ipie  les  deux  races  se 
rapprochent  l'une  de  l'autre,  à  les  confondre  insensiblement  :  ce 
sont,  iiDur  nous  servir  de  l'expression  en  usage  chez  les  ornilliolo- 
gisles  aiiiilais  et  auu'ricains,  des  ijnKlations  d'un  type  à  un  autre, 
(tn  en  trouverait  probalile:nent  un  nouvel  exemple  dans  l'K.  Iraillii 
et  l'A'.  jiitsilln:<,  (huit  on  vient  de  s'occuper  dans  l'Auk  (1). 

l-'nniiUe.    '/es-    l'rmiHles 

Genre    Pringilla 

Carduëlis  CAUDrKi.is  et  Spinus  tiustis  {'!) 

M.  Keginald  Heber  Howe,  jun.,  a  remarqué  à  Brockline  (Massa- 
chusetts) un  Cardnclia  cdrdueli.t  se  nourrissant  dans  un  «  Fine 
tree  »  en  compagnie  de  quehiues  ((American  Goldlinclies  »  (S. 
tristis).  L'()is5eau  paraissait,  dit  le  narrateur,  très  à  son  aise  et 
n'avait  point  les  manières  embarrassées  d'un  Oiseau  sorti  de  onge. 
M.  lleber  Ilowe,  suppose  donc  que  c'est  un  descendant  des  Char- 
donnerets importés  depuis  peu  de  temps  en  Amérique  (3). 

nu()ii|u'il  ne  soit  aucunement  question,  dans  cette  observation, 
d'un  appariage  entre  deux  espèces  distinctes,  le  fait  que  l'on 
raconte  laisse  supposer  la  possibilité  d'un  de  ces  croisements  dont 
la  prodiM'tion  deviendrait  imiiutable  à  l'action  de  l'homme,  et  non 
point  à  des  causes  naturelles   [luisque  les  deux  esi)éces,  dont  il 

(1)  Voy.  le  n»  (l'avril  189:;,  p.  IfiO. 

(2)  Synonymie  :  Fringilla  (r/sds-. 

(;{)  Voy.   ses  observations  dans  l'.\iil<.,  n»  i.  a|iill  iK'.Ki,  p.  lOï. 


970  OISEAUX    HÎBHIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

s'agit,  ne  se  seraient  jamais  rencontrées  si  elles  avaient  été  livrées 
à  leur  propre  ressources. 

Nous  citons  ce  fait  pour  corroborer  noire  dire,  maintes  fois 
exprimé  i  à  savoir  que  bien  des  mélauj^es,  qui  se  produisent  à  l'état 
libre,  sont  cependant  déterminés  par  des  causes  auxquelles 
l'homme  n'est  pas  étranger  (1). 

Carduelis  major  et  Carduelis  caniceps 

(Se  reporter  pp.  223  et  787) 

11  est  question,  dans  uue  iXotire  ornithologique  de  M.  J.  P. 
Prasak  (2),  d'un  spécimen  de  Chardounerel  de  la  Sibérie  orientale 
(le  C.  major,  supposons  nous),  un  d"  obtenu  le  24,  IV,  1893,  qui 
pourrait  très  facilement  être  pris  pour  un  canicei>n.  M.  Prasak  fait 
cependant  observer  que  pour  établir  cette  ressemblance,  il  ne 
possède  pour  le  moment  d'autre  image  que  celle  de  Gould.  — 
L'Oiseau  en  question  serait-il  le  i)roduit  d'un  croisement  entre  les 
deux  types,  ou  uue  gradation  cliinatérique  d'un  type  à  l'autre  ? 

Fringilla  cmcLEBs  et  Fringilla  montifringilla 

(Se  reporter  pp.  2i8  et  7til) 

Notre  collègue  et  ami,  le  comte  Arrigoni  degli  Oddi,  de  Padoue, 
bien  souvent  nommé  dans  le  courant  de  cet  ouvrage,  a  publié  (3) 
la  description  :  !<>  des  trois  hybrides  (2  cT  et  1  Ç)  conservés  au 
Musée  de  Bergauu,  que  nous  avions  signalés  (4)  ;  2°  des  deux 
spécimens  (cT  et  $)  qui  existent  dans  sa  collection.  —  Nous  avons 
donné,  d'après  la  bienveillante  communication  de  notre  collègue, 
la  description  des  deux  sujets  femelles  (5)  ;  les  deux  sujets  mâles 
du  Musée  de  Bergame  avaient  été  indiqués  très  brièvement,  .\ussi 
ferons-nous  une  traduction  de  la  description  détaillée  de  ces  deux 
échantillons,  ainsi  que  de  la  description  du  sujet  d"  appartenant  à 

(1)  Voy.  ce  que  nous  avons  dit  sur  ce  sujet  pp.  85,  8<J,  240,  241 ,  7riO,  7(îl,etc. 

(2)  Pul)Iié  in  Ornithologische  Monatsberichte  du  D'  An.  Reiclienovv  (n"  de 
mars  1896,  p.  39. 

(3)  In  Atti  délia  Sociela  ilaliana  di  Scienze  nalurnli,  vol.  XXXV,  Milano,  1893. 

(4)  P.  231  et  p.  323  des  Mém.  de  la  Soc.  zool.  de  France,  1892. 

(.S)  Voy.  p.  234  (ou  p  328  des  Mém  ),  pour  l'Iiyljride  ^  appartenant  à  M.  OJdi  ;  et 
pp.  2.33  et  256  (ou  pp.  329  et  3.30  des  Mém.)  pour  le  sujet  ^  du  Musée  de  Bergame. 
La  provenance  de  ce  dernier  sujet  n'est  pas  connue.  (Voy.  le  travail  de  M.  Oddi, 
p.  4  du  tirage  à  part)  ;  il  porte  le  n»  318  du  catalogue  de  l'Institut  de  Bergame. 


NOUVELLES   ADDITIONS  971 

M.  ()(l(li  (indiqué  p.  7'i2),  sur  Iim|U('1   nous  n'avious  reçu  aucun 
renseignenieni,  lors  de  notre  |)ul)lication. 

h  Mille  (((/.,  en  livrée  de  printemps  ;  provenance  inconnue,  n"  5/2 
du  Calnloijue  de  la  collert.  ornith.  de  l'Inutitut  de  Herr/anie.  — 
«  Hoc  ri'ssenil)lant  davantage  à  celui  de  Fr.  inonlifriuijillu,  c'est-à- 
dire  couleur  de  corne.  Iris  noir.  Tète  et  nuque  noires  ;  l'extrémité 
ornée  d'une  zone  d'un  rouge  vineux,  ce  (jui  fait  paraître  la  tèlc  de 
celte  couleur.  Plumes  du  dos  vineuses;  vers  la  moitié  de  leur 
longueur,  on  voit  une  tache  avec  une  bande  noire,  nuancée  de 
jaune  soufre.  La  croupe  et  les  sous-caudales  noires  à  la  base,  jauae 
soufre  très  vif  à  l'extrémité  des  plumes.  Là,  comme  sur  le  dos,  la 
coloration  noire  est  peu  visible,  si  on  ne  soulève  les  plumes  pour 
rapercevoir.  Les  plus  grandes  couvertures  de  la  queue  de  Fr.  cœlebs. 
Estomac  couleur  vin  comme  chez  cette  espèce,  toutefois  moins 
foncée  ;  mais  cela  lient  à  ce  que  l'exemplaire  est  empaillé  depuis 
longtemps.  Les  ailes  dans  le  dessin  de  Fr.  eœlehs.  les  bords  et  les 
baniles  de  séparation ,  au  lieu  d'être  blancs,  sont  cependant 
teintés  de  couleur  de  vin.  principaleiiicnt  à  l'angle  de  l'aile  et  sur 
le  bord  extérieur,  aiusi  qu'à  l'extréniilé  des  couvertures  et  des 
rémiges  voisines  du  dos.  Hord  externe  des  rémiges,  les  secon- 
daires, jaune  soufre.  (Jueue  de  Fr.  cndebs.  Pattes  et  ongles  de 
couleur  corne  )). 

2°  Mdle  ad.  en  livrée  d'automne,  provenance  ignorée;  n"  3 H  du 
Cat.  de  la  coll.  ornith.  de  l'Institut  de  Bergame.  —  «  Bec  tenant  le 
milieu  entre  le  Fr.  cœlebs  et  le  montifringilla,  couleur  de  corne. 
Iris  noir.  Tête  et  nuque  semblables  à  celles  de  Fr.  runnlifrintjiUn 
c'est-à-dire  d'un  noir  bleu  avec  l'extrémité  des  plumes  jaunâtre 
grisâtre.  Les  plumes  auriculaires  sont  d'un  rouge  blanchâtre,  elles 
sont  presque  unicolores  ;  an-dessous  d(!  celles-ci  se  voit  une  petite 
toufîe  de  i)lumes,  noir-bleuâlre,  bordées  de  gris  et  de  jaune  éteint. 
Le  dos  du  Fr.  eielebs  ;  mais  le  coloris  en  est  plus  clair  et  lire  sur  le 
rouge.  Une  teinte  d'ensemble,  fondue  de  gris  olivâtre,  mêlée  de 
Jaune  soufre,  divise  la  nuque  du  dos.  La  croujjc  est  noire  à  la 
naissance  des  plumes  ;  vers  l'extrémité  elle  porte  une  bande  mince, 
couleur  jauue  soufre  assez  vif  ;  les  couvertures  de  la  queue  ont  la 
môme  coloration.  Parmi  celles-ci  les  plus  giandes  sont  olivâtres, 
bordées  de  jauue  olivâtre.  Les  couvertures  tiendraient  de  Fr.  mon- 
tifringilla, tandis  que  la  coupe  tient  plus  de  cœlebs  pour  ce  qui  est 
des  bords  aux  extrémités  bien  li'gèrement  teintées  de  soude  ;  mais 
il  y  manque  l'espace  blanc  propre  au  )nontijrinijilla.  L'estomac 
est  comme  celui  de  cœlebs  ;  peut-être  un  peu  moins  couleur  vin  et 


972  OISEAUX    HYBRIDES   RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

le  c(uitre  du  ventre  plus  blancliàtre  ;  cependant  semljkilile  à 
beiiueoup  d'individus  mâles  avec  le  plumage  d'aulomue.  Les  ailes 
sont,  coniuie  dessin,  loul  à  fait  de  cœlebs  ;  mais  les  bords  et  les 
raies  de  séparation,  au  lieu  d'être  blanches,  sont  fondues  de 
couleur  soufre  ;  cette  particularité  est  moins  apparente  sur  la 
baudede  l'angle  de  l'aile.  Aucune  des  couvertures,  les  plus  près  du 
corps,  n'est  noire  avec  une  large  bordure  noisette-clair,  comme 
cela  se  voit  sur  le  dos  de  montifrinijilla  $.  Queue  de  cœlebs.  Pattes 
et  ongles  brunâtres.  Dans  leur  ensemble,  ces  deux  individus (no^Sll 
et  312)  se  rapprochent  [dus  de  cœlebs  (cf  ),  que  de  ninnlifringilla, 
tant  pour  la  coloration  que  pour  leur  allure,  ;  toutefois,  l'hybridité 
se  manifeste  dans  nombre  de  détails  dont  il  a  été  parlé  dans 
la  diagnose  ». 

Nous  avions  ilit  (1)  que  M.  le  prof.  D''  A.  Varisco,  directeur  du 
Musée,  n'avait  pu  nous  fournir  aucune  indication  sur  la  prove- 
nance des  trois  pièces  qui  s'y  trouvent;  M.  Oddi  les  pensait  tuées  à 
l'état  sauvage  comme  il  y  a  lieu  de  le  croire.  Le  savant  naturaliste 
revient  sur  celte  question  et  écrit  qu'il  était  fondé  dans  son  dire, 
aussi  bien  par  l'état  de  conservation  des  dits  sujets,  i|ue  par 
l'assertion  du  prépaialeur  défunt,  M.  Stel'ani,  qui  avait  empaillé 
le  n»  318. 

3°  Mille  (1(1.  (le  la  coll.  Oddi  (2),  provenant  de  Chignolo  d' Isola, 
Bergamo). —  «  Taille  de  Fr.  cœlebs,  physionomie  interuiédiaire  entre 
le  cœlebs  et  le  montifringilla.  Bec  noir,  à  la  base  de  la  mandibule 
inférieure  jaunâtre.  Un  trait  fauve  rougeâtre,  qui  va  du  bec  à  l'œil, 
se  continue  et  se  termine  sur  la  uuque.  Les  plumes  des  côtés  de  la 
tète  et  de  la  uuque  noir  luisant,  avec  l'extrémité  fauve  rougeâtre;  tie 
sorte  que  cette  dernière  coloration  devient  plus  visible.  Les  plumes 
du  dos  et  de  l'échiné  noisette  avec  des  traits  noirs,  principalement 
à  la  base  des  [tluines.  La  croupe,  dans  la  partie  supérieure  noire, 
avec  l'extrémité  des  pluuies  jaune  soufre  ;  le  reste  d'un  jaune 
soufre  très  \if,  s'éteudant  sur  quelques-unes  des  couvertures  de  la 
queue,  qui  sont,  cependant,  mi-partie  noires,  mi-partie  olivâtres 
ou  mélangées.  La  croui^e.  sur  les  côtés,  noir  luisant  avec  quelques 
plumes  jauiie  soufre  à  l'extrémilé.  Les  parties  inférieures  fauve 
tirant  sur  le  vineux,  plus  intense  sur  la  gorge  ;  le  centre  de  l'abdo- 
men, le  long  de  la  ligne  médiane,  blanchâtre.  Sousqueue  blanchâtre, 
teintée  de  fauve.  L'angle  de  l'aile,  fauve  oliscur  ;  les  petites  couver- 

(1)  P.  252. 

(2)  Déjà  sigiiiili!'  p.  7(il'  (d'iiiuOs  le  liolleliiii)  dul  Naliiralisla),  mais  un  décrit. 


NOUVEI.LKS    ADDITIONS  !I73 

turos  et  les  couvertures  médianes  teintées  de  fauve  pâle  ;  les 
grandes,  noires  à  la  liase,  fauve  vif  à  l'extrémité.  Les  rémiges  brun 
noir  avec;  un  hord  jaune  olivâtre  sur  l'étendard  externe  ;  celles 
près  du  corps  ont  cette  partie  fauve  vif.  Les  rémiges  de  la  qua- 
trièuje,  et  celles  qui  suivent,  ont  un  petit  trait  blanc  sur  l'étendard 
externe  disposé  en  forme  de  tache.  Les  troisièmes  noires  avec  un 
bord  externe  jaune  olivâtre  ;  la  première  rémige  avec  la  base 
blanche  dans  l'étendard  externe  ;  l'interne  avec  un  léger  trait 
blanc,  qui  occupe  parlieilement  la  ])lume  de  la  base  à  l'extrémité. 
Les  couvertnies  inférieures  des  ailes  jaune  soufre.  Pattes  olivâtres, 
ongles  foncés. 

(I  Dans  son  ensemble,  cet  exemplaire  tient  donc  le  milieu  entre 
le  cT  iiionlifr.  et  cT  cœtebs.  Si  par  son  aspect  il  paraît  ressembler 
davantage  au  premier,  en  l'examinant  un  peu  minutieusement,  on 
trouve  beaucouj)  de  points  ([ui  le  ra|)prochenl  du  second.  L'aile 
aussi  par  son  dessin  est  prescjue  celle  de  inontif'ringiUa,  tandis 
que  la  queue  est  celle  de  cmlebs  ;  la  croupe  lient  le  milieu  entre 
le  bhinc  restreint  idu  voilé)  et  réduit  an  jaune  soufre.  Les  cùtés 
noirs,  h^s  plumes  dorsales  les  plus  proches,  noires  avec  un  bord, 
ramèuenl  à  inoiitifringiUa  ;  les  autres  parties  :  tète,  dos,  estomac, 
laissent  à  iiruni  deviner  une  i)rii;ine  double  ». 

Nous  ne  pouvons  compléter  les  quelques  imlications  que  nous 
avions  donuèes  (I)  sur  un  hybride  capturé  à  lileggio  (Venise)  et 
que  nous  croyions  conservé  au  .Musce  de  Rovereto. 

M.  le  prof.  Giovanni  de  Cobelle,  directeur  du  Musée,  veut  bien 
nous  faire  savoir  que  cet  Oiseau  a  été  perdu  (2)  et  qu'il  ne  peut  par 
conséquent  nous  le  communiquer. 

Au  moineuL  de  melli-e  sous  presse,  .M.  Ch.  van  Kempen,  de  Saint- 
Orner,  nous  envoie  une  pièce  montée,  achetée  en  Allemagne. 
Elle  |iar.iîl  être  l'iiyliride  de  Fringilla  rœlehs  X  F.  inoiilifrifujiUa. 
Malheureusement,  on  ne  sait  à  quelle  époque  de  l'année  l'Oiseau  a 
été  obtenu;  ou  ignore  aussi  dans  quelle  contrée  il  a  été  tué.  11  est 
d'as|)ecl  mâle.  .\u  premier  abord,  à  l'excepliou  du  dessus  du 
croupion  dont  la  teinte  est  blanc  verdàtre,  on  b;  prendrait  pour  un 
inonlijringiUa.  Cependant,  si  on  l'examine  alleutivement,  on 
s'aperçoit  bientôt  que  le  dos  et  les  scapulaires  sont  presque  d'un 

(1)  P.  252  et  257. 

(2)  Nous  pensons  (luc  re.\|ircssion  ilonl  If  piod-ssi'ur  se  serl  si^-iiilie  aussi  hien 
■■  détériore  que  hors  d'usage   ■. 


974  OISEAUX    HYBRIDES    RKNCONTRÉS    A    I.'kTAT    SAUVAGE 

tou  brun  lougeàtre  uniforme,  à  peine  tacheté  de  noirâtre.  Or,  on 
sait  que  chez  viontifriiujilla  cette  partie  est  parsemée  de  taches 
noires.  La  teinte  du  bec  n'est  point  non  plus  de  la  teinte  jaunâtre 
propre  à  cette  espèce;  puis,  à  son  extrémité,  il  ne  devient  point 
noirâtre.  Par  ses  dimensions  il  est  aussi  plus  faible  :  il  se 
rappioche  donc  un  peu  de  celui  de  cœlcbs  ;  mais  il  n'est  ])as  bleuté. 
La  première  barre  blanche  de  l'aile  est  encore  beaucoup  plus 
prononcée  que  chez  le  Pinson  d'Ardennes  ;  elle  est  peu  teintée 
d'oranger  brique.  —  La  teinte  rousse  de  la  poitrine  et  de  la  gorge 
nous  paraît  plus  étendue  que  chez  inonlifmi!/iU,a;e\\e  descend  plus 
bas;  puis,  dans  la  partie  haute  qu'elle  recouvre,  c'est-à-dire  en 
avançant  vers  le  dessous  du  bec,  on  sent  légèrement  le  mélange 
avec  le  rosé  de  cwlehs. 

Enfin  et  surtout,  signe  cette  fois  très  caractéristique  de  mélange, 
les  deux  reclrices  les  plus  exlérieuri^s  de  la  queue  sont  nettement 
et  grandement  tachetées  de  blanc  pur,  ce  qui  rappelle  tout  à  fait 
cwlebs,  quoique  montifrinyiUa  parfois  (si  nous  nous  en  rapportons 
à  un  de  nos  échantillons),  montre  très  nettement  du  blanc  à  la 
rectrice  la  plus  extérieure.  Nous  devons  remarquer  en  terminant 
cette  courte  description,  que  la  partie  basse  des  flancs  est  dépourvue 
de  petites  taches  noirâtres  qui  se  montrent,  on  le  sait,  toujours 
bien  accusés  chez  moiitifringilla.  —  Notre  examen  a  été  fait  en 
présence  de  nombreux  échantillons  tles  deux  types. 

Prèteudrait-on,  refusant  une  origine  hybride  à  l'Oiseau  que  nous 
décrivons  ainsi,  qu'originairement  cœlebs  et  mont ifringi lia  (types 
très  rapprochés)  n'étaient  point  différenciés  et  que  ce  rappel 
évident  de  cœlebs  est  un  retour  vers  l'aucèlre  ?  La  chose  se  peut. 
Dans  ce  cas,  nous  n'aurions  pas  allaire  à  un  sujet  hybride. 

Emberiza   citrinella  et    Emberiza   sch(eniclus 
(Se  reporter  p.  208) 

Nous  avions  mentionné  ce  cioisement  d'après  une  communication 
particulière  du  regretté  M.  Handcock.  M.  le  chevalier  von  ïschusi 
nous  fait  remarquer  très  aimablement  qu'une  mention  en  a  été 
faite  par  ce  distingué  naturaliste  dans  «  Natural  History  Transac- 
tions Northuinberlaud,  Durliam  and  Newcastle  (ij  )>. 

(I)  Vol.  .\,  part.  I,  1888,  p.  210. 


NOUVELLKS    ADDITIONS  975 

Entre  deux  Genres 

LiGURINUS     CHI.OIUS     et     PAS<Krt     DOMESTICUS 

Un  homme  distingué,  ;iy;iut  îles  connaissances  ornitliologiques 
développées,  ancien  naturaliste,  aujouid'luii  dans  le  ministère 
sacerdotal,  nous  a  fait  i)art  dune  observation  faite  i)ar  lui  plusieurs 
fois  dans  le  jardin  de  sa  résidence.  Il  a  apenu,  volti^^eant  d'a[-hre 
en  arbre,  un  Moineau  tacheté  de  jaune  sur  le  front  ;  il  a  attribué  la 
naissance  de  ce  Passereau  à  un  croisement  de  Lirptrinus  chlorin  X 
Passer  doniesticus.  Un  couple  de  l.igurinns  chloiis  avait,  en  effet, 
niché  la  même  année  dans  le  jardin  où  l'observation  fut  faite,  ("e 
jardin  est  situé  en  ville,  à  proximité  des  habitations  ;  la  repro- 
duction de  l'espèce  l.ùjurimis  chloris  nous  a  donc  vivement  surpris. 
Mais  rattirmalion  de  l'observateur  est  tellement  précise,  ses 
connaissances  de  naturaliste  lui  donnant  une  réelle  valeur,  nous 
n'hésitons  pas  à  citer  le  fait  qu'il  veut  bien  nous  signaler. 
Néanmoins,  nous  |)ensons  que  le  Moineau  supposé  hybride  n'est 
autre  qu'un  individu  frappé  partiellement  d'albinisme  (1). 

Le  mélange  du  Ugurinus  chloris  avec  le  genre  Passer  a  déjà  eu  sa 
mention  (2)  ;  nous  l'avons  cité  pour  ce  qu'il  vaut,  d'après  M.  Eugène 
Bono. 

EUSPIZA     LUTEOLA     et    PaSSEH    INDICUS 
(Se  reporter  p.  Tn,'}) 

Depuis  longtemps  nous  attendions  avec  impatience  le  récit  que 
M.  Zaroudnoï  devait  faire  île  l'appariage  constaté  par  lui,  de  risu, 
de  ces  deu.x  espèces  ap|)aitenant  à  des  genres  ditlérents.  La  consta- 
tation d'accouplements  libres  entre  Oiseaux  d'espèces  distinctes 
est  si  rare,  si  exceptionuelle,  que  nous  désirions  très  vivement 
connaître  les  détails  de  l'observation. 

Le  sagace  observateur  vient  de  nous  offrir  l'ouvrage  dans  lequel 
il  raconte  le  fait  dont  il  a  été  le  témoin.  Malheureusement,  cet 
ouvrage  est  écrit  en  langue  russe,  comme  son  titre  l'indique  (3),  et 
nous  sommes  obligé  de  nous  en  rapporter  à  la  traduction,  qui 

(1)  La  coloration  des  pigments  pariiîldêpenilre  il'inlliienecs  diverses.  Surl'influence 
de  la  tempériilure  ou  sur  riiillnenee  de  la  cliiileur,  vny.  He\'.  des  se.  pures  et  appli- 
quées, n»  du  :iO  avril  1892,  p.  iss,  fi  )c  PhilDSophiiiil  iikik.isIii  de  novembre  ISiM. 

(2)  Voyez  p.  Mi. 

(■i)    OPHHTOflOrH'l     KCKAlI*AyilA    :)Ai;ACniiiKATO    KPASI. 


976  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A   l'ÉTAT    SAUVAGE 

d'ailleurs  nous  parait  avoir  élé  faite  d'uue  maaière  très  conscien- 
cieuse. 

Nous  laissons  coinplèleuieiil  la  [)arole  à  M.  Zaroudnoï  :  ((  Près  de 
la  limite  Gadouan,  le  15  mai  18;»2,  j'aperçus,  dit-il,  un  mâle  /'. 
inilicus  tenant  dans  son  bec  des  brins  de  paille  qu'il  portait  dans 
un  arbuste,  un  rosier  sauvage  isolé  sur  le  bord  d'une  ravine. 
M'approchant  de  l'arbuste,  d'où  une  femelle  E.  luteola  s'échappa, 
je  trouvai  un  nid  avec  un  œuf  qui  venait  d'y  être  pondu.  Ainsi,  il 
m"a  été  donné  de  constater  ce  fait  :  que  deux  types  d'Oiseaux,  tout 
à  fait  différents,  se  sont  croisés  ;  mais  j'ai  voulu  le  vérifier  en 
prolongeant  mon  observation.  Après  avoir  examiné  l'arbuste  de 
tous  les  cùtés,  et  envisagé  la  place  d'où  le  nid  pouvait  être  aperçu 
le  mieux,  je  me  cachai  parmi  les  pierres  à  une  centaine  de  pas  de 
là,  ayant  soin  de  me  munir  de  mes  lunettes.  Tout  d'abord,  un 
Bruant  arriva  et  s'introduisit  dans  le  nid  ;  dix  minutes  après, 
un  Moineau  lu  rejoignit,  lui  remettant  une  chenille  verte  ;  juiis 
cet  Oiseau  monta  sur  une  branche,  gazouilla  un  peu  et  s'envola. 
Quelques  minutes  étaient  passées,  qu'il  revint  en  a|)portant  un 
long  brin  de  paille  ([u'il  introduisit  entre  les  petites  brindilles  qui 
pendaient  au-dessus  du  nid  ;  après  quoi  il  disparut.  Mais  le 
Bruant,  sorti  de  la  place  qu'il  oci'upait,  jeta  le  brin  de  paille  à 
terre  ;  cela  se  répéta  plusieurs  fois.  Evidemment  le  Moineau 
voulait  construire  un  toît,  comme  cette  espèce  a  l'habitude  de  le 
faire  dans  ses  nids  ;  cette  particularité  n'était  pas  à  la  convenance 
de  l'espèce  du  Bruant,  habitué  à  voir  au  ilessus  de  lui  le  ciel  bleu  ; 
aussi,  celui  ci  démolissait  il  la  toiture.  —  Environ  une  heure  après, 
je  trouvai  dans  le  nid  deux  (eufs,  dont  je  pris  un  à  toute  éven- 
tualité. Quatre  jours  après  je  visitai  de  nouveau  ma  trouvaille  ; 
il  y  avait  dans  le  nid  trois  œufs  ;  au-dessus  du  nid,  malgré  la 
résistance  de  sa  conjointe,  le  Moineau  avait  construit  un  toit 
convexe.  N'ayant  pas  le  temps  d'attendre  l'éclosion  des  œufs  et 
me  contentant  de  ce  que  j'avais  devant  mes  yeux,  j'enlevai  le  nid 
et  le  contenu.  Le  nid,  construit  au  bas  de  l'arbuste,  est  plus 
grossier  et  plus  sale  qu'il  l'est  généralement  chez  E.  hiteola  ; 
probablement  le  Moineau  avait  dérangé  une  bonne  construction. 
Les  parties  extérieures  sont  formées  par  des  brins  de  paille, 
d'herbe,  et  par  des  feuilles  d'herbes  ;  les  parties  intérieures  ont  été 
faites  des  mêmes  matériaux,  mais  plus  délicatement.  La  surface 
intérieure  se  compose  de  feuilles  d'herbes  très  finement  tressées 
et  d'une  très  petite  quantité  de  poils  de  Bœuf.  Près  du  nid,  ])ar 
terre  et  sur  l'herbe,  ou  voyait  beaucoup  de  brins  de  paille,  beaucoup 


NOUVELLES    ADDITIONS  977 

de  plumes  cl  ilu  duvet;  tout  cola  avait  été  apporté  proljablenient 
par  le  Moineau,  mais  rejeté  par  sou  é[)ouse,  la  femelle  Bruant. 
Les  ilimeusions  du  nid  sont  : 

Hauteur a7'"" 

Profondeur 37™" 

Largeur 120'"'° 

Diamètre  ilii  plat 62'»n> 

Les  œufs  (surtout  tiois)  ont  eu  général  plus  de  ressemblance 
avec  ceux  du  Moineau  qu'avec  ceux  du  Bruant.  Leur  éclat  est 
comme  celui  de  l'œuf  des  premiers  et  la  couleur  du  fond  principal 
comme  chez  l'œuf  des  derniers,  c'est  à-dire  hlanc-verdàtre  ;  cette 
couleur,  est  sur  nu  œuf  mélaii!j;ée  de  l)leu  clair.  Les  caractères  de 
la  forme  sont  ceux  de  l'œuf  du  .Moineau  ;  la  plupart  ont  une  forme 
oblontîue.  Us  sont  marqués  de  petites  taches,  parfois  très  étroites, 
et  par  des  points.  Sur  trois  o'ufs  ces  taches  sont  très  nombreuses, 
surtout  sur  les  bouts  obtus  où  elles  sont  plus  grandes  et  parfois 
se  confondent  les  unes  avec  les  autres;  souvent  aussi  une  tache 
touche  l'autre  dans  de  dilférentes  comliinaisons  ;  si  on  ne  compte 
pas  les  points,  ou  uc  trouve  guère  de  signes  isolés.  Sur  un  œuf 
il  y  eu  a  fort  iicu.  (pioique  les  oblongs  y  prédominent.  Il  y  a 
aussi  beaucoup  de  ronds  et  de  traverses  (1).  .\utour  du  bout 
obtus  les  taches  sont  plus  grandes  et,  se  confondant  les  unes 
avec  les  autres,  elles  forment  une  espèce  d'auréole.  Quant  à  la 
couleur,  les  taches  (2)  ressemblent  beaucoup  à  celles  qu'on  trouve 
parfois  sur  les  o'ufsde  VE.  litteobi;  elles  sont  de  couleur  cauuelle, 
claire,  canelle  foncée,  cannelle  grise;  un  petit  nombre  se  trouve  de 
couleur  gris-clair  ou  gris-foncé.  I^a  forme  des  œufs  est  plutôt  celle 
des  œufs  de  1'/:.  luteola.  Leur  diuiension  est  : 

Longueur  Largeur 

22ni™  IS^'^O 

21mm4  Ib'^'^U 

21  mm  15""''6 

L'observation  de  M.  Zaroudnoï  est  une  des  plus  intéressantes, 
sinon  la  plus  intéressante  de  toutes  celles  que  nous  ayons  signa- 
lées. Les  détails  en  sont  très  [trécis  et  portent  sur  les  faits  mêmes 
qui  sont  à  considérer  dans  un  croisement.  Souvent  nous  nous  étions 
demandé  comment  agissaient  dans  la  construction  du  nid  deux 

(1)  La  Irariiu'tion  cJevieiil  ici  assez  ol)SCure. 
(i)  Il  y  a  i(  signes  »  dans  la  traduction. 


978  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

individus  appariés,  appartenant  à  des  espèces  dont  la  nidification 
est  didérente  :  par  exemple  le  IJgurinus  chloris  avec  la  Linota  can- 
nabina,  dont  on  rencontrerait  souvent  les  produits,  ou  mieux 
encoi'e  le  Ligurinufi  cliloris  avec  le  Cardiulis  eleqans  vus  ensemble, 
(au  dire  de  quelques  auteurs).  Les  explications  de  .M.  Zaroudnoï 
nous  permettent  de  conjecturer  le  mode  d'appariage  daus  ces 
alliances  auxquelles  elles  donnent,  pour  ainsi  dire,  une  confirma- 
tion de  la  possibilité  de  leur  existence,  demeurée  cependant  assez 
douteuse  à  nos  yeux. 

HeLMINTHOPHILA    CHRYSOPTERA    et    HeLMINTHOPHILA    PINUS 

(Se  reporter  pp.  319  et  780) 

Nous  avions  passé  sous  silence,  à  l'article  lleliiiitttlwphiln  leuco- 
lironchiaiis,  deux  articles  sur  cet  Oiseau  parus  dans  l'Auk,  n"  de 
juillet  1883  (1)  ;  ce  numéro  nous  manquant  encore  actuellement, 
nous  ne  sommes  point  à  même  d'en  faire  une  analyse. 

TuRDus  merula  X  Turdus  musicus 
(Se  reporter  pp.  36a  et  793) 

On  a  parlé  de  nouveau  de  l'hybride  du  Merle  et  de  la  Grive.  Une 

pas'e  entière  du  Zoologist  (2)  est  consacrée  à  ce  croisement.  Il  s'agit 
d'un  Oiseau  pris  pendant  l'hiver  de  1894  1895  dans  le  jardiu  de 
M.  Arthur  G.  Buller,  de  Beckpchan,  le  surintendant  assistant- 
keeper  de  zoologie  du  British  Muséum.  M.  Butler  est  assez 
complaisant  pour  nous  communiquer  les  indications  suivantes  sur 
cet  hybride  supposé.  Après  l'avoir  gardé,  nous  dit-il,  pendant 
quelques  mois  en  cage,  puis  trouvant  que  le  ])risonnier  n'était 
point  heureux  daus  cet  état,  il  lui  redonna  la  libeite.  Cette  manière 
d'agir  fut  aussi  déterminée  par  cette  circonstance  que  les  visiteurs 
de  sa  collection  d'Oiseaux  vivants  prenaient  constamment  cet 
hybride  pour  une  très  vieille  femelle  de  Merle  dont  le  bec  s'était 
recouvert  de  la  couleur  du  bec  du  mâle. 

Nous  regrettons  le  bon  sentiment,  vraiment  trop  libéral,  auquel 
céda  M.  Butler,  car,  nous  dit  encore  celui-ci,  après  que  l'Oiseau 
eut  été  rendu  à  la  liberté,  il  l'entendit  chanter  dans  le  jardin  voisin 
et  son  chant  était  tout  à  fait  intermédiaire  entre  celui  de  la  Grive 
et  celui  du  Merle  :  c'était  le  chant  du  Merle  avec  les  notes  inter- 

(1)  N»3,  p,307  et  :iO!S,  vol.  .\I1. 

(2)  N"  du  1,'5  juin  189.">,  vol.  XIX,  n»  222,  p.  253. 


NOUVliLLES    ADDITIONS  979 

posées  (le  lu  (irive,  re  (|ui  ii)ii\;iiiii|iiil  M.  liiiller  (|ue  l'Oiseau  qu'il 
îivail  làclié  était  nu  vrai  liybride  naturel.  Il  le  croit  provenir  d'un 
Merlr  inàle  et  d'une  (irive  femelle  et  esjiére  pouvoir  donner,  dans 
un  (iuvrage  (|u'il  se  l)ropo^e  de  puhliei'  |irocliaincment  sur  les 
(tiseaux  irAiiglcterre,  uni'  rciiroductioii  lidéle  de  la  télé  et  des 
épaules. 

On  fait  savoir,  dans  le  Zoologisl,  que  M.  Frokawk,  ami  de 
.M.  Butler,  vil  l'Oiseau  le  27  mars  lorsqu'il  était  encore  en  cage.  Il 
le  crut  très  âgé  ;  néanuu)ins,  l'ayant  e.xaminé  de  très  près  avec  le 
préparateur,  on  reconnut  (jue  sous  tous  rapports  (in  ail  respects) 
il  était  intermédiaire  entre  le  Tunlun  menila  et  le  Titrdus  inusicns.. 

\'oici  la  description  que  M.  Butler  a  bien  voulu  nous  adresser  : 
((  Tlie  liill  was  wholly  orange  exeepling  tlie  culnien  which  was 
black  ;  llie  clieek  markijigs  were  tbose  ot  a  Soug-Tbrusb,  as  also 
those  of  tlie  breasl;  tlie  chiu  and  front  of  tbroat  wbite  streaked 
witli  smoky  black  Tbe  soles  of  llie  feet  were  not  quite  so  brig- 
lilly  colorored  as  in  a  maie  Blackbird  aud  tbe  legs  generally  were 
intermediale  in  colour  between  that  of  tbe  two  species  ». 

Nous  coMiplèleions  ces  indications,  en  re|ir()duisaut  la  descrip- 
tion plus  longue  et  plus  détaillée  faite  dans  leZoologist  (1)  :  ((Upper 
])arts,  including  wings,  lail,  cheeks,  ear-coverts,  and  neck,  deep 
smoky-brown  ;  a  narrow  [lale  brown  su])erciliary  streak  from  tbe 
base  of  tiie  ujiper  mandible  to  bebind  tbe  orbit,  and  a  sliort 
moustacbial  slre;ik  fi'oni  tbe  lower  mandible  ;  ciicle  round  eye 
yellow  ;  diin  and  lliroal  asby-wliite,  forniiiig  a  large  triangle  willi 
ils  apex  on  llie  rliin  ;  sides  of  Ibis  triangle  wasbed  witli  brownish 
buff,  anti  llie  wliole  surface  Iraversed  longiludinally  by  parallel 
irreifular  iiiotlled  duU  black  slreaks,  wliicli  pass  into  indistinct 
spots  on  tbe  fore-cliesl  ;  cbest  aud  breasl  rufous-brown,  more 
smoky  al  tlie  sides  ;  abdomen  and  veut  sligblly  greyisli  in  tbe 
centre,  sbading  into  smoky  brown  at  llie  sides  and  gradually 
passing  into  tbe  more  rutous  tint  of  Ibe  breasl.  Bill  orange, 
somewbal  paler  towards  Ibe  lip  ;  culinen  blackish  ;  feet  yellowish 
born-brown  ;  iris  liazel.  Size  aboul  tbat  a  Blackbird  ». 

M.  Butler  néglige  d'indiquer  la  terminaison  des  pennes  de  l'aile  ; 
ce  détail  très  important  a  toujours  été  passé  sous  sileni'e  dans  les 
descriptions  que  l'on  a  faites  de  ces  soi-disant  bybrides.  Les 
premières  pennes  de  l'aile  de  la  Grive  et  celles  du  Merle  dilTèrent 
cependant  nolablemenl  à  leur  terminaison  et,  dans  le  cas  d'un 
Jiybridisme  intermédiaire,  il  y  aurait  là  un  argument  excellent  à 

(I)  X»  ci  Le. 


980  OISEAUX    HYBRIDES    nENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

faire  valoir.  Non  seulement  les  pennes  de  l'aile  du  Merle  sont  bien 
plus  larges  et  plus  longues  que  celles  de  la  Grive  ;  mais  lorsque  son 
aile  est  déployée  ou  s'aperçoit  aussitôt  que  la  première  penne  est 
beaucoup  plus  courte  relativement  que  celle  de  la  Grive  ;  puis 
aussi  que  les  trois  penaes  qui  suivent  la  première  sont  à  peu  près 
égales,  tandis  que  chez  la  Grive  deux  seules  sont  de  mêmes 
dimensions.  Eufiu,  la  quatrième  chez  celte  espèce  se  raccourcit 
et  forme  l'éventail  ;  chez  le  Merle  c'est  seulement  la  cinquième 
qui  indique  celle  décroissance. 

Nous  rappelons  ratlention  des  descripteurs  sur  ce  point  impor- 
tant, si  de  nouvelles  pièces,  semblant  être  des  hybrides,  viennent 
à  être  observées. 

M.  Butler  ajoute  à  sa  description  qu'il  trouva  une  ou  deux  fois 
des  œufs  de  Grive  déposés  dans  le  nid  d'un  Merle  et  fait  savoir  que 
son  ami  M.  Frohawk  eut  l'occasion  de  découvrir  un  nid  de  ce 
genre,  visité  certainement  par  un  Merle  et  par  une  Grive. 

Nous  ne  pensons  pas  néanmoins  ([ue  le  croisement  des  deux 
espèces  soit  encore  établi. 

Iduma  rama  et  Calamohkrpe  arrundinacea 

(Se  reporter  p.  e07) 

Nous  avons  parlé  d'un  Oiseau,  tenant  le  milieu  entre  ces  deux 
espèces,  que  M.  Th.  Pleske  a  déterminé  comme  hybride. 

Nous  n'avions  point  exauiiné  les  espèces  pures  au  moment  où 
nous  faisions  cette  citation.  Depuis  nous  nous  sommes  procuré 
cinq  échantillons'dcs  parents  supposés:  une  Ç.deux  cT  du  premier 
type  ;  un  cf  et  un  sujet  (sexe  inconnu)  du  second.  Un  des  deux 
mâles  rama  est  beaucoup  plus  long  que  son  congénère.  En 
admettant  que  la  peau  ait  été  plus  tendue  chez  l'un  que  l'autre,  les 
pennes  de  la  queue,  chez  le  sujette  plus  grand,  sont  notoirement 
plus  longues  que  chez  l'autre  ;  les  pennes  de  l'aile  offrent  la  même 
particularité.  Sommes-nous  eu  droit  de  conclure  que  le  plus  petit 
sujet  est  un  jeune  ?  La  femelle,  par  sa  taille,  tient  le  milieu  entre 
CCS  deux  échantillons. 

Les  deux  Calamohcrpc  sont  d'aspect  plus  grand  que  tous  ceux-ci. 
Cependant  si  nous  rapprochons  le  Calamohcrpe  (sans  indication  de 
sexe)  du  plus  grand  cT  rama,  ces  Oiseaux  paraissent  à  peu  prèi  de 
la  même  taille.  Nous  supposons,  néanmoins,  rama  dans  ses  propor- 
tions plus  petit  que  le  type  arrundinacea .  Si  cette  particularité 
n'est    point  réelle,   nous   nous   demanderons  quel    est    le    signe 


NOUVELLES   ADDITIONS  981 

disliiirtif  dos  deux  espèces  ?  Sans  tioiito  la  coloration  plus  foncée 
d'arruudiiuici'd,  car  le  pluniajje  de  celle  forme  est  inconlestablenient 
plus  roux  r|ue  celui  de  l'autre  foi-nie  ;  mais  c'est  le  seul  caractère 
qui  puisse  les  distinfîiier.  Dans  leur  terminaison,  les  plumes  de  la 
queue  sont  identiques  dans  les  deux  espèces,  tout  au  |)Ius  si  rama 
aurait  pioportionnellement  la  première  penne  léj^èrement  plus 
courte  qiie  celle  d'arruniliiKiirn.  Nous  remar([uons  d'ailleurs  que 
le  cT  '•')//*(/,  le  plus  fort,  est  d'une  teinte  plus  assombrie,  plus 
roiissàlre  que  celle  de  l'autre  cT  jdiis  petit,  dont  le  bec  ])araît  aussi 
un  peu  plus  fort.  Ce  dernier  serait-il  un  hybride  entre  le  rama  et 
Varrundinacea?  C'est  presqu'un  intermédiaire  entre  les  deux  races. 
Ou  bien  est-il  un  jeune'.-'  Nous  [losons  cette  i|ueslion  aux  ornillio- 
lo^istes,  car  cin(|  sujets  ne  nous  peiinelteut  pas  de  taire  une  élude 
approfondie  des  deux  types  que  nous  envisageons.  Ces  sujets  se 
montrent  si  ressemblants,  leur  faciès  est  tellement  semblable,  rpie 
l'on  serait  tenté  de  ne  dillérencier  les  deux  types  auxquels  ils 
appartiennent  cpie  comme  races,  d'autant  [iltis  que  leurs  becs, 
presque  droits,  se  ressemblent  encore.  Aussi,  ne  voyons-nous  dans 
les  deux  formes  aucun  caractère  distiuclif  de  l'espèce.  Certains 
ornithologistes  les  ont  cependant  classés  dans  deux  genres  ! 

EnNEOCTONUS    COLLL'RIO    et    OnTOMICLA    IIO.MANOVI 
(Se  i-cpoi-ltT  p.  8i:i) 

Le    niènii^    nriiilliolo,u;iste,   M.    Zaroudnoï,  qui   a    raconté   d'iin(!. 
manière  si  intéressante  l'ajipariage  de  l'/v".  luteold  et  du  /'.  imiicus, 
a  fait  le  récit  d'une  observation  d'un  intéi-ét  presque  non  moins 
grand.  H  s'agit  du  croisement,  contracté  <i  l'iliil  libre,  d'un  linncoc- 
tonits  (■(illuiln  cf  et  d'un  Oiitoiiicla  lOiiKinori  $. 

Nous  laisserons  encore  la  parole  au  savant  naturaliste  :  ce  Le 
30  juin  1892,  j'ai  trouvé,  dit  il,  dans  la  mauvaise  herbe  d'un  rosier 
sauvage  poussé  prés  de  la  source  qui  abi'cuve  un  |ioste  de  cosaciues 
(îooudausky,  un  nid  dans  lequel  couvait  une  femelle  Onloincta.  A 
mon  approche,  l'Oiseau  s'envola.  —  Je  pris  donc  place  près  de  là 
et  j'attendis  le  retour  des  Oiseaux  pour  les  joindre  avec  le  nid  à 
ma  collection,  .l'étais  à  peine  à  mon  poste  d'observation  que  je  vis, 
à  mon  grand  élonnemenl,  un  Enni'octonus  coHurio  mâle,  tenant 
dans  le  bec  une  sauterelle,  s'approcher  de  l'arbuste  et  disparaître 
dans  l'épaisseur  des  branches.  Ne  trouvacl  pas  sa  compagne  dans 
le  nid,  il  monta  sur  le  sommet  de  l'arbuste  et,  sans  laisser  tomber 
l'insecte  de  son  bec,  il  se  mit  à  crier  avec  inquiétude;  bientôt  la 
femelle,   qui  se  tenait  sur  un  arbrisseau  voisin,  répondit  à  son 


982  OISEAUX   HYBRIDES   RENCONTRKS    A    l'ÉTAT    SALVAGK 

appel.  Alors  le  mâle  s'approcha  d'elle  et  les  deux  conjoints  se 
mirent  à  décrire  dans  l'air,  tout  autour  de  moi,  de  larges  cercles. 
Ce  que  voyant,  je  m'éloignai  pour  calmer  leur  inquiétude  visible. 
Une  heure  après,  ni'étant  approclié  de  l'arbrisseau,  je  tuai  la 
femelle  qui  était  une  vraie  0.  romanovi  ;  quelques  minutes  après, 
le  mâle,  ayant  eu  l'imprudence  de  s'approcher,  périt  sous  mon 
coup  de  fusil.  Il  n'y  avait  plus  de  doute  à  conserver  sur  son 
identité  :  c'était  un  E.  callurio  I  —  Le  nid  et  les  oeufs,  que  je 
ramassai,  ressemblent  tout  à  fait  à  ceux  de  l'O.  romanori.  Le  uid 
était  construit  à  la  hauteur  de  2  m.  1/2,  et  bien  caché  dans  les 
branches.  On  y  remarque  de  nombreuses  racines  longues,  souples 
et  tortueuses,  dont  il  se  compose  principalement.  Les  parois  sont 
formées  de  deux  couches.  La  couche  extérieure,  outre  les  racines 
mentionnées,  contient  encore  beaucoup  de  petites  branches,  de 
)ietiles  herbes  mêlées  çà  et  là.  de  morceaux  d'ouate  et  de  laine 
de  Chameau  ;  la  base  contient  beaucoup  de  feuilles  sèches  et 
piquantes.  La  couche  intérieure  est  de  laine  de  Chameau,  de 
Clièvi-e  ou  de  Moutou  ;  partout  elle  est  percée  par  de  petites 
racines  excessivement  fines,  et  à  la  surface  elle  est  couverte  d'une 
petite  quantité  de  crin  de  Cheval  avec  quelques  pistils  plumeux 
de  stipe. 

((  Les   dimensions  du  nid,   au    boid   duquel   on  remarque   un 
jjetil  torchon  entortillé  dans  ses  parois  (l),  sont  les  suivantes  : 

Hauteur. y2"'>i 

Profondeur iS"»™ 

Largeur LïO"™ 

Diamètre  de  l'ouverture li)'^'^ 

»  Il  y  avait  quatre  œufs  à  peine  couvés.  Le  fond  principal  de 
la  couleur  de  ces  œufs  est  blanc  rouge  vif.  Les  taches  (2)  sont 
condensées  près  des  lignes  médianes  ou  sont  rassemblées  sur  ces 
lignes  et  forment  ainsi  de  très  épaisses  et  larges  ceintures:  ces 
ceintures  sont  surtout  remarquables  sur  trois  œufs.  Comme  forme, 
les  taches  sont  de  petits  points  ronds  ou  de  simples  taches.  Leur 
couleur  est  rouge-foncé  (pour  la  plupart),  rouge-gris  et  vio!et-gris. 
>i  Voici  les  dimensions  des  œufs  : 

Longlu'lir  Liii-geur 

22i"ii3  ]7min4 

2'2mm2  J  ~  m  m 

(I)  Le  le.xle  dit  «dans  ses  murs  ». 
(â)  Ou  signes? 


NOUVELLKS    ADDITIONS  983 

«  Je  ne  iioiiriais  [uis.  pinirsuit  noire  ii;ur;iteur,  indiquer  des 
caractères  d'après  lesquels  od  distinguerait  ces  œufs  des  œufs  de 
l'A',  rolliirio  et  de  l'o.  romanoti  ;  ils  ressemblent  tout  à  fait  aux 
types  préiloniinauts  de  la  couleur  de  l'œuf  de  \'0.  romanom 
et  en  même  temps  ils  ne  ditïèrent  pas  de  quelques-uns  de  ceux 
qu'on  trouve  parfois  chez  les  représenlanls  de  l'A".  coUnrio  d'Oren- 
bourg,  de  l'ultara  et  de  Pscoll  ». 

Convus  coRONK  et  Cor vus  cornix 

(Se  rcpoiier  pp.  3Ui  et  815) 

Quoique  nous  ne  puissions  considérer  d'aucune  manière  les 
intermédiaires  entre  ces  deux  types  comme  des  hybrides  ou  même 
comme  des  métis  (car  rorone  n'est  à  nos  yeux  qu'un  mélauismc  de 
cornix  de  cette  dernière,  ou  si  l'on  aime  mieux  un  albinisme  incom- 
plet de  la  pr(Miiière),  nous  ferons  néanmoins  connaître,  pour  l'intérêt 
qu'il  peut  exciter,  un  nouvel  exemplaire  du  mélange  des  deux 
types:  Cet  intermédiaire  a  été  annoncé  daus  le  Zoologisl  (1)  par  le 
révérend  H.  A.  Macpherson,  de  la  manière  suivante  :  «  11  y  a 
quelques  années,  dit  le  ri'vérend,  j'ai  mentionné  dans  mes  Oiseaux 
de  Cuniherinnd  deux  spécimens  empaillés  qui  combinaient  les 
caractères  des  deux  types.  Hécemmenl  j'ai  eu  l'occasion  d'acheter 
un  Oiseau  di-  ce  genre,  tué  à  Wastwater,  par  un  homme  appelé 
Barnes.  Cet  Oiseau  a  la  [)oilriMi'  cendrée  et  le'  collier  de  la 
Corneille  mantelée;  mais  le  ventre  et  le  dos  tout  entiers  sont  d'un 
noir  pur  i>. 

M.  Macphei'son  cite  celle  ("orneiile  mélangée  parce  qu'il  ne  croit 
pas  qu'il  en  existe  de  semblable  dans  aucun  musée  public  de  sa 
contrée  Le  a  Natural  Hislory  Muséum  at  South  Kensingtou  » 
contient  cependant  une  série  de  formes  de  l'Est  variées  diversement; 
cette  série  est  due,  on  le  sait,  à  .\1.  Seebohn. 

Au  sujet  de  ces  Corneilles  à  caractères  mixtes,  M.  le  pasteur 
F  R.  Liuduer,  d'Osterwick.  veut  bien  nous  écrire  qu'il  vient  de 
tuer,  daus  son  jardin,  un  beau  Corcus  corone  x  roriu.T.  11  met 
gracieusement  cet  exemplaiie  à  notre  disposition,  dans  le  cas  où 
nous  désirerions  l'étudiei-. 

Nous  avons  rei;u  de  la  part  de  M.  de  Selys  Lougchamps  la  savante 
brochure  que  celui-ci   a,    dans   uu    but    |)ratique,    écrite   sur   les 

(1)  N»  dii  i;i  U-\.  l.silli,  pp.  7(i  H  77. 


084  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    L'ÉTAT    SAUVAGE 

((  Corbeaux  au  point  de  mie  de  l'ai/ricultiire  et  de  lu  si/kiriilture  (1)». 
Nous  y  lisons  le  passage  suivant  :  ((  Sur  les  limites  géographiques 
des  deux  formes  où  par  exception  la  Corneille  grise  et  la  Corbine  (2) 
existent  en  même  temps,  surtout  en  Russie,  dans  iiuelijues  parties 
de  l'Italie  et  des  îles  de  la  Méditeri-unée,  elles  s'accouplent  souvent 
ensemble  et  produisent  des  hybrides  ou  métis,  paiticipant  du 
plumage  des  deux  espèces,  la  coloration  noire  envahissant  plus  ou 
moins  le  gris  cendré  ».  —  M.  de  Selys  Longchamps  fait  savoir  qu'il 
a  sous  les  yeux  un  sujet  chez  lequel  le  gris  n'existe  que  sur  le 
milieu  du  ventre,  où  il  est  même  flammé  de  noirâtre.  Chez  un 
autre,  il  y  a  aussi  du  gris  à  flammèches  noires  entre  la  nuque  et  le 
haut  du  dos.  Chez  tous  deux  le  reste  du  dos  et  les  couvertures  de 
la  queue  tant  en  dessus  qu'en  dessous  sont  noires.  Ces  exemplaires 
sont  de  la  Ligurie.  —  L'éminent  académicien  remarque  inci- 
demment que  le  Musée  de  l'Etat  à  Bruxelles  possède  un  exemplaire 
mélangé  indiqué  comme  provenant  des  environs  de  Bruxelles. 
H  observe  aussi  (ju'il  n'a  jamais,  en  Belgique,  aperçu  aucun  de 
ces  métis.  Enfin,  il  ct)nstate.  avec  beaucou|)  de  raison,  que  les 
anatomistes  ne  sont  pas  parvenus  à  trouver  ciiez  les  deux  types 
purs  un  caractère  spécifique  distinct. 

Paradisea  apoda  X  Paradisea  raggianna 
(Se  i-eportei'  pp.  41.3  el  818) 

On  se  rappelle  que  nous  avons  mis  en  suspicion  les  formes 
fusionnées  décrites  comme  hybiides  par  .M.M.  d'.\lbertis  et  Salvador]. 
Nous  sommes  de  plus  en  plus  enclin  à  penser,  vu  cette  fusion 
inliine  qui  s'accomplit  chez  eux,  que  ce  ne  sont  point  des  hybrides. 
Un  fait  nous  confirme  dans  cette  manière  de  voir;  le  cap.  Butler 
tua,  parait  il,  deux  hybrides  venant  d'un  couple  domestique,  par 
conséquent  authentique,  dont  les  caractères  n'étaient  poiut  la 
fusion,  mais  tout  au  contraire  la  juxtaposition.  Ainsi,  l'un  avait 
la  tête  d'une  espèce,  l'autre  le  corps  de  cette  es|)èce  (;}). 

D'où  nous  concluons,  comme  nous  en  avons  fait  la  remarque 
en  débutant,  que  chaque  fois  qu'une  forme  reparaît  insensiblement 
dans  nue  antre,  c'est  une  gradation  climalérique,  nullement  une 
hybridation.  Les  conséquences  de  cette  théorie,  si  elle  se  confirme 
varie,  n'échapperont  à  aucun  ornithologiste. 

(1)  In  Bulletin  de  la  Snciélé  centrale  loreatière  de  Belgique.    Bruxelles,  18^. 

(2)  Le  C.  corone. 

Ç.i)  Nos  notes  ne  disent  pas  tontefois  de  quelles  espères  provenaient  les  deux 
hybrides  obtenus  p;ir  .M.  Butler.  Nous  serions  très  surpris  d'apprendre  que  le  couple 
iippirteniiH  au  j^enre  Paradisea. 


NOUVELLES    ADDITIONS  985 

Paradisea  baggiana  et  I'aradisea  august.e  victori.e 

(Se  i-e|ioi-ler  p    810)  (1) 

Nous  avons  eu  l'occusioii  tie  ciler,  d'après  le  «  Hcporl  on.  ornilho- 
loijical  spécimens, collected  in  brilish  Neic-Gninea  »,  trois  exemplaires 
décrits  comme  lionnes  espèces  par  M.  de  \'is,  ipioi(|iie  présentant 
des  caractères  intermédiaires  entre  le  /'.  nir/uiana  cl  le  /'.  augnslu' 
victorin'.  L'Ibis  (2)  (ait  iiiainlenanl  mention  de  ces  Oiseaux. 

COLAI'TES   AURATUS    X    CoLAl'ÏES   CAFER 
(Se  reporter  pp.  ii'J  cl  S'ill; 

.Nous  croyons  utile  de  traduire  liltéralement  un  passade  du 
mémoire  de  M.  Allen  (3),  dont  nous  avions  seulement  présenté 
(pp.  8'i3-8V4)  l'analyse  d'après  M.  Batclielder  (4).  .M.  Allen  y  établit 
de  quelle  manière  les  caractères  des  deux  types  se  combinent  dans 
le  produit  hybride.  «Les  intermédiaires, on  les  liybridiis,  présentent 
des  combinaisons  (pii  tiennent  des  deux  Oiseaux,  mais  varient  sans 
cesse  :  cela  dejjiiis  les  individus  de  ('.  anratiis  jirésentant  seulement 
des  traces  très  allaiblies  du  ('.  enfer,  ou  inversement,  jusqu'à  des 
Oiseaux  chez  lesquels  les  caractères  des  deux  types  sont  mélangés 
dans  des  proportions  à  peu  près  égales.  C'est  ainsi  ([ue  l'on  voit 
des  r.  auratiis  ne  possédant  que  qnehpies  plumes  rouges  sur  la 
joue,  ou  avec  les  grosses  plumes  légcreinent  orangées  ;  ou  bien  des 
C.  cafer  avec  quel(|ues  plumes  noires  sur  les  joues,  ou  avec 
quelques  plumes  ronges  à  la  uuque.  ou  avec  un  croissant  écarlate  à 
peine  visible.  —  Lorsque  le  mélange  des  caractères  est  le  plus 
fortement  accusé,  les  grosses  plumes  peuvent  être  d'un  jaune 
orange  ou  d'un  rouge  orange,  ou  d'une  nuance  (pielconque  entre 
le  jaune  et  le  rouge,  avec  les  autres  traits  des  deux  Oiseaux 
également  mélangés.  Mais  de  tels  spécimens  forment  l'exception  ; 
le  mélange  non  symétri(|ue  (.*))  est  la  règle  gém-rale.  Les  grosses 
plumes  de  1 1  (|ueue,  par  exemple,  peuvent  étre-en  pirtie  rouges 
chez  dilléreiits  individus,  et  très  souvent  aux  côtés  opposés  de  la 

(Il  l'ai'  erreur  lypo^'raphiq)ic.  noire  tilre  est  mal  iiiilii|U(J  ;'i  celle  page;  il  est 
iiiiisi  libellé  :  /'.  raggidnil  ol  /'  iiiertinclia.  Il  faut  lire  :  P.  itiijgiana  et  P. 
auijuslie  Victoria'. 

(2)  N»  d'avril  18  'o,  p.  2*1. 

(Pi)  The  nnrlh  ainetican  fprrifs  iif  tlic  geiius  Cvlaples.  considered  witli  spécial 
re  l'ère  lice.  qU-    (Huit.  auur.  Mus.,  IV,  S  iiiirs  18J2). 

(4)  Analyse  laite  ilans  l'Auk,  ii    IX,  année  I8!)2.  p.   177-179. 

(li)  C'està-Jire  les  diux  cAlés  dissemblables. 


986  OISEAUX    HYBRIDES    HENCONTKÉS    A    l'ÉTAT    SAUVAGE 

queue  chez  le  même  Oiseau.  La  même  irrégularité  se  présente 
aussi,  mais  apparemment  avec  moins  de  fréciuence,  flans  les 
plumes  fies  ailes.  Dans  ce  cas,  les  plumes  peuvent  la  plupart  être 
jaunes,  mélangées  de  quelques  plumes  rouges  ou  orange,  ou  encore 
rouges  avec  un  mélange  semhlalde  de  jaune.  Un  Oiseau  peut  enfin 
avoir  la  coloration  générale  du  véritable  cafer,  combinée  avec  un 
croissant  de  la  nuque  bien  développé,  ou  la  coloraiion  presque  pure 
auratus.  avec  les  raies  rouges  du  cafer.  Quelquefois,  le  plumage  du 
corps  est  celui  du  C.  auratus  avec  la  tête  presque  semblable  au  pur 
cafer  ;  l'inverse  se  présente.  On  peut  rencontrer  le  plumage  général 
comme  chez  le  cafer,  avec  la  gorge  et  la  couronne  comme  chez 
Vauratus,  et  la  raie  de  la  joue  peut  être  ou  rouge  ou  noite,  ou 
encore  mélangée  de  rouge  et  de  noir,  et  ainsi  de  suite  dans  des 
variations  presque  sans  lin.  Il  est  rare  de  trouver,  même  chez  des 
Oiseaux  d'un  même  nid,  deux  individus  qui  se  ressemblent  entiè- 
rement dans  leurs  caractères  de  coloration.  D'ordinaire,  la  première 
trace  du  cafer.  qu'on  remarque  chez  Vauratus.  se  manifeste  par  un 
mélange  de  rouge  dans  la  moustache  noire,  en  laissant  paraître 
quelques  plumes  rouges,  ou  quelques  plumes  mélangées  déplumes 
noires  et  de  rouges,  ou  bien  la  portion  de  la  base  des  plumes  est 
seulement  rouge.  En  d'autres  occasions,  il  y  a  mélange  de  plumes 
oranges  ou  rougeàtres,  pendant  que  la  moustache  reste  normale. 
Chez  le  C.  cafer.  les  traces  de  Vauratus  se  manifestent  d'ordinaire 
par  une  tendance  vers  un  commencement  du  croissant  de  la  nuque, 
souvent  représenté  par  quelques  plumes  teintes  de  rouge  à  l'extré- 
mité des  côtés  de  la  nuque  ;  quelquefois  aussi  il  est  représenté  par 
un  léger  mélange  de  noir  dans  la  raie  rouge  des  joues  ». 

Le  capitaine  Platte  M.  Thorne,  qui  a  remis  vingt-cinq  peaux  à 
M.  .\llen,  a  été  informé  par  celui  ci  (1)  que  cette  série  est  d'un 
grand  intérêt,  ses  Oiseaux  provenant  tous  de  localités  dans 
lesquelles  le  C.  auratus  et  le  C.  cafer  se  rencontrent  et  se  croisent 
(probablement). 

«Il  n'existe  pas  parmi  tous  ceux-ci  un  spécimen  qui  soit  complète- 
ment cafer,  quoique  quelques  individus  se  rapprochent  de  très 
près  de  cette  forme.  La  plupart  des  individus  sont  plus  cafer 
qu'auratus.  Chez  quelques-uns,  les  caractères  des  deux  espèces 
sont  représentés  dans  des  proportions  égales.  Chez  un  ou  deux 
spécimens  les  caractères  à'anratun  prévalent.  On  ne  voit  donc  point 
deux  individus  entièrement  semblables.  Ces  combinaisons  de 
caractères  sont  très  intéressantes  ». 

(I)  Voy.  l'Auli     Jiily   18'.6,  p.  213. 


NOUVELLES   ADDITIONS  ,  987 

DrYOBATES    POBESCENS    MERIDIONALIS    et    DrYOBATES    I'UBESCENS 

M.  Harry  C.  Oberliolser,  après  avoir  constaté  (I)  «  que  la  compa- 
raison (l'une  série  de  Dri/oliates  piihcsrens  d'Aliisi<a,  avec  une  série 
de  spérinieiis  provenant  de  la  Floride,  révèle  entre  eux  une 
difïéreuce  marquée  h  ;  après  s'être  encore  étendu  sur  d'autres 
considérations,  reinan|ue  (2j  (|ue  les  Oiseaux  de  la  Caroline  du 
Nord,  du  Tennessee,  du  territoii-e  indien,  de  l'Illinois  méridional  et 
de  la  N'irj^inie  méridionale  extrême,  semblent  être  des  intermé- 
diaires entre  le  I).  iniliescens  meridiunalis  et  le  vrai  /).  pnhescens. 

Ces  Oiseaux  sont  ils  de  simples  intermédiaires  ou  des  métis? 
Nous  ne  saurions  le  dire. —  M.  Harry  C.  Oberliolser  fait  aussi  des 
remarques  sur  les  ressemblances  entre  le  I).  puhesceiis  et  le  [). 
pubescens  np/so/u.  deuxième  variété  qu'il  place,  comme  la  première, 
au  rang  de  subspecies. 


(I)  ProceelliiiKS  of  thc  United  SUtes  National  Muséum,  vol.  XVill,  n°  1080,  p.  u47. 
nestripliun  uf  iwu  iieir  subspecies  of  llie  doiciiy  WoodpecUer,  Dryoliales 
jiubcscens  (Liiinœus). 

(*)  P.  iitS. 


988  *  OISliAUX    HYBRIDIiS    UliNCONTRÉS    A   LETAT   SAUVAGE 


ORDRE   DES    ACCIPITRES 

Faniillc  des  Falconidés 

CiRCUS   CVANEUS    (1)    et    CiRCUS    ,ERL'GINOSUS    (2) 

A  titre  île  curiosité,  nous  ferons  remarquer  qu"un  jeuue  G.  ieruiji- 
nosns,  déterminé  par  un  bon  ornithologiste  comme  un  hybride  de 
cette  espèce  avec  le  C.  ci/ancus,  a  été  reconnu  par  M.  le  prof. 
Giacento  Martorelli,  de  Milan  (auquel  nous  avons  adressé  la  pièce), 
comme  un  vieux  mâle  Circus  fervijinosus  chez  lequel  apparaît  la 
couleur  grise  dominante  des  CircDuv.  Cette  phase  de  plumage 
n'était  point  sans  doute  connue  de  l'ornithologiste  auquel  nous 
faisons  allusion.  —  Nous  mentionnons  cette  erreur  pour  prémunir 
certains  naturalistes  contre  la  séduction  de  faire  intervenir 
l'hybridité  là  où  il  n'y  a  souvent  qu'anomalie,  variation,  ou  encore 
phase  peu  connue  de  |iluniage. 

L'hybridité  chez  les  Oiseau.x  de  proie,  comme  nous  le  fait  remar- 
quer avec  beaucoup  de  raison  M.  Martorelli,  est  beaucoup  plus 
ditficile  à  constater  que  dans  les  autres  ordres  d'Oiseaux.  ((  soit  à 
cause  des  conditions  spéciales  dans  lesquelles  Tappariage  a  lieu, 
soit  surtout,  et  plus  encore,  à  cause  de  la  mue  qui  se  prolonge 
longtemps,  et  enfin  des  très  grandes  variations  d'âge  et  indivi- 
duelles ». 

Nous  ne  pouvons  nous  associer  à  une  pensée  de  l'éminent  orniliio- 
logiste,  dout  celui-ci  veut  bien  nous  faire  part  dans  sa  communica- 
tion :  à  savoir  que  si  l'hybridation  est  une  rare  exception  entre 
espèces  éloignées,  «elle  est  un  fait  constant  chez  les  espèces  voisines, 
et  même  la  seule  forme  d'hybridation  qui  ait  trait  à  la  formation 
graduelle  des  espèces  ». 

(1)  Synonymie  :  l'iilcu  cijuneiis  el  l'ui/argus,  talco  bolieiiiicii.i,  albicuns, 
griseits  cl  inunlaniis,  Circus  galljn<irius,  Accipiter  variabitis,  t'alco  strigiceps, 
cit. 

(2)  Autres  noms  scienUliques  :  Falco  xruginosus,  Circus  paluflruis  el  rufus, 
Idicd  ruius,  I alcii  (iruiuliiiftceus,  cW. 


nouvkli.es  additions  !t8'.) 

Mais  peut-t'lre  le  s;iv:ml  professeur  u'enteiid-il  parler  que  du 
mélange  probable  et  [r.Miiiciil  des  races  et  des  variétés  quand 
celles  ci  se  reiicoiitri'iit. 

Constatons  cpie  .M.  Marlori'lli,  (|ui  a  (■iril  un  ouvraj^e  bien  étudié 
sur  les  Oiseau.r  de  proie  d'Italie,  ne  se  lappelle  point,  y  avoir  cité 
aucun  cas  d'hybridite  ! 


Les  Additions  (|ue  nous  venons  d'écrire,  ([uoique  remplies 
d'observations  sur  les  bybridcs,  en  fout  coiiuaitre  peu  de  nouveaux. 
Parmi  ceux  (|ni  a|>parli('nueut  à  fies  croisements  déjà  énumérés 
dans  nos  précédentes  publications,  nous  relevons  tout  au  plus 
trente  à  trente-cinq  iiybrides  sauvai;cs  plus  ou  moins  autbentiques. 

Mais  ces  Ailditions  nous  donnent,  grâce  à  un  écrivain, 
M.  Zaroudnoï,  des  indications  très  iutéressuiites  sur  deux  appa- 
riages  constatés  de  visu  entre  espèces  distinctes  de  l'ordre  des 
Passereaux.  Quelques  croiseunnits,  non  iMicore  indiqués  dans 
l'ordre  ties  (ialliuacés  et  dans  l'ordre  des  Ecliassiers,  y  sont  aussi 
mentionnés. 

Voici,  d'ailleurs,  le  résumé  des  croisements  et  des  hybrides  que 
nous  y  citons  : 

Tetrao  TKTHix  X  Tethao  iJROiiALMs,  plus  tle  liuit  exemplaires. 

Tkthao  ukogallus  X  Lagopus  Ai.Hiis,  quatre  exemplaires. 

'Pktkao  tktiux  X  BoNASA  BETUi.iiNA,  uu  exemplaire. 

l.AGoi'Us  ALUus  X  Lagopus  scoticus,  cinq  exemplaires. 

ÏKTiiAO  TETiiix  X  Lagopus  ALBUS,  ciuq  exemi)laires  (  I ). 

Phasia.nus  vilgahis  X  l'u.  itEKVEsi,  deux  exemplaires  (semi- 
liberté). 

I'hasia.nls  vulgauis  X  I'h.  Wallichu,  un  ou  plusieurs  exem 
plaires  (semi-liberté).  Celle  hybridalioii  et  les  deux  suicantes  n'ont 
pus  encore  été  citées. 

l'HASiANus  vuLGARis  X  liuPLOCAMUs,  uu  OU  plusieufs  exemplaires 
(semi-liberté). 

Phasianus  VULGARIS  X  Th.  amheiisti  k,  un  ou  plusieurs  exem- 
plaires (semi-liberté). 

(1)  L'aullieiiliuilé  de  trois  de  ces  liyhndes  n'usl  pas  i-tahlic. 


!>90  OISEAUX    HYBRIDES    RENCONTRÉS    A    l'ÉTAT   SAUVAGE 

Tetrao  tetrix  X  Ph.  vulgaris,  quatre  exemplaires. 

Ph.  vulgaris  X  Canace  obscura,  trois  exemplaires.  {Cette  hybri- 
dation ri  a  pas  encore  été  décrite). 

Anas  boschasx  Querquedula  crecca,  un  exemplaire. 

Anas  boschasx  a.  moschata,  un  exemplaire  (semi-liberté). 

Challelasmus  streperus  x  Mareca  PENELOPE,  dcux  exemplaires. 

ToTANUs  (iLOTTis  X  T.  GLAREOLA.  (Cet  (ififidriage Cl  les  trois  suivants 
n'avaient  pas  encore  été  cités). 

ToTANUS  GLAREOLA  X  ACTITIS  HYPOLEUCOS. 
TOTANUS  GLAREOLA  X  iMaCHETES  PUGNAX. 
TOTANUS  FUSCUS   X  MaCHETES   PUGNAX. 

Fringilla  cœlebs  X  F.MONTiFRi.NGiLLA,  uu  exemplaire. 
EuspizA  LUTEOLA  X  Passér  iNDicus.  (Cet  appuriage  et  le  suivant 
n'ont  pas  encore  été  décrits). 
Enneoctonos  collurio  x  0.  romanovi. 

Il  y  a  lieu  de  faire  figurer  ces  nouveaux  hybrides  et  les  croise- 
ments, non  encore  cités,  au  tableau  récapitulatif,  dressé  pp.  856 
et  suivantes. 

Ce  qui  est  essentiel  à  constater,  dans  ces  Nouvelles  additions  : 
c'est  qu'elles  n'apportent  pas  de  inodiflcalions  aux  conclusions 
prises  précédemment. 


TABLE 


DES 


M  ATI  ÈRES 


Pngos 

INTKODUCÏlON m 

Ex|ilicatioiis  prèliininaires;  fiLMiéralités m 

Pourquoi  le  litre  donné  à  l'ouvrage?  Haisons  alléguées  par  lauleur  ...  vi 

Importance  (le  l'éliule  (le  riiybriJité;  cette  élude  délaissée xxi 

L'hybridation  naturelle.  Ilisl()rl(|ue  de  la  (|UPstion  ;  vues  des  naturalistes: 

anti(|nilé  et  temps  niodernos .xxvii 

De  quelle  nature  doivent  être  les  espèces  pour  se  croiser  avec  fruit?  Opi- 
nions diverses;  lois  physiologiques xxxvi 

Pails  d  liyhridilé  provoquée;  résultais  obtenus.  Kerlililé  ou  stérilité  des 

hybrides xi.nr 

Critérium  de  l'Espèce  basé  sur  les  pliénoniènes  de  reproduction;  examen 
critique.  Didérence  entre  l'Espèce  et  la  Hace  établie  sur  la  génération  ; 

races  créées  par  croisement i.xiv 

Caractères  des  hybrides  et  des  métis;  comparaison  cnlre  les  uns  et  les 

autres.  Autres  phénomènes  propres  aux  hybrides cm 

Lislo  (les  Miisc-es  publics  et  des  CoIltM^tioiis  particulières  dont 
les  (liretîleui's  ou  les   proprictiiii-es  ont  envoyé  A  l'auteur 

des  hybrides  en  coniniunicution cxxi 

Liste  des  Personnes  avec   ]es(|uellos  l'auteur  a  correspondu 

cl  qui  sont  citt-es  dans  cet  Ouvraiie cxxxv 

Avertissement ci.ii 

PREMIERE  PARTIE 

Les  Gallinacés 3 

Pr.RDiaxÉs  .   .   .- ;» 

Francolinus  vulgaris  et  Fr.  pleins 5 

Callipepla  gambell  et  Colinus  californicus 6 

Perdix  cinera  et  Perdix  saxatilis. 6 

Perdix  cinerca  et  Perdix  rubra 7 

Perdix  saxatilis  et  Perdix  rubra 8 

Perdix  montana 9 


992  TAnLE    DES    MATIÈRES 

TÉTRAONIDÉS 10 

Teliao  teliix  et  Tetrao  urogallus 10 

Lagoiuis  scolicus  et  Lagopus  imilus ii-i 

Lagopiis  alhus  et  Lagopus  iiiutus.  .    .   ^  .   .   ., 35 

Tetrao  tetrix  et  Lagopus  inulus .56 

Tetrao  tetrix  et  Bonasa  betuliiia  . 56 

Lagopus  iiiulus  et  Bonasa  Lietnlina 59 

Lagopus  alhus  et  Bonasa  retulina 59 

Tetrao  tetrix  et  Lagopus  scoticus 62 

Tetrao  tetrix  et  Lagopus  albus 67 

PHASfANIDÉS 80 

Gallus  Sonnerati  el  Gallus  bankiva. 80 

Gallus  Temminclii 80 

Euplooamus  lineatus  et  Euplocanius  melanotus. 81 

Pliasianns  vulgaris  et  Phasinnus  Reevesi 83 

Piiasiamis  versicolor  et  Pliasianus  SœmmeriDgi 84 

VARIÉTlis 84 

E^TRB  DEUX  Genres 8S 

Euplocanius  nycthemerus  et  Pliasianus  vulgaris 8b 

Thaumalca  picta  et  Phasianus  vulgaris.   . 86 

Pliasianus  vulgaris  et  Tetrao  tetrix   .....       87 

Pliasianus  vulgaris  et  Lagopus 99 

Entre  EspfxF.s  sauvages  et  EspilCes  domestiquks 99 

Gallus  Sonnerati  et  Gallus  doniesticus 100 

Gallus  Lafayettei  et  Gallus  domesticus 100 

Hybride  de  T.  tetrix  X  T.  urogallus  et  Gallus  domeslicus  .       ...  101 

Lagopus  albus  et  Gallus  domeslicus lUl 

Gallus  domeslicus  et  Perdrix  ciucrea 101 

Pliasianus  (vulgaris?)  et  Gallo-Pavo  (var.  f/owes!ici(S) 102 

Phasianus  vulgaris  et  Gallus  doniesticus 104 

Remarque  sur  les  Colombes 103 

DEUXIÈME  PARTIE 

Les  Palmipèdes  ...                                   109 

Anatidés 112 

Anas  penclope  et  (Juerquedula  crecca ilî! 

Dafila  acuta  et  Anas  penelope 113 

Anas  boschas  et  Anas  acuta 117 

Anas  boschas  et  Querquedula  crecca 1-7 

Anas  boschas  et  Chaulelasmus  sircperus ^4 

Dafila  acuta  et  Querquedula  crecca l'-ii 

Anas  boschas  et  Anas  obscura 137 

Anas  boschas  et  Anas  penelope 138 

Spatula  clypeata  et  Dafia  (acuta?)  . liiO 


TABLE   DES    MATIÈRES  993 

Diifila  acutii  et  Anas  streperoa 140 

Ciiii'ina  mosfliala  el  Anas  dypcala 141 

.Anas  sticporpa  et  Anas  clypeata 141 

.\nas  hosihas  cl  .\nas  clypeata I'i2 

Cairina  moschala  et  .Vnas  boschas UG 

ïadorna  vDlpanspr  el  Anas  lioschas 152 

Kullftula  [erina  el  K»li};ula  nyroca. 1,')2 

Kuli^'ula  nyroca  el  Kiiligiila  crislata Kil 

Kuligula  aflinis  ou  (Kiili|.'ula  collaris?)  el  Fiiligula  valismeria  (ou 

Fuligula  americana  ?) 161 

Fulisula  ciislala  et  Kuligula  ferina. 162 

Fuligula  crislata  el  Kuligula  marila 163 

Fuligula  clangula  el  Fuligula  marila. 163 

Somaleria  mollissiuia  et  SoMialeria  speclabilis  (?) 164 

Entre  deu.k  Gknuks.  . 16b 

Kuligula  ferina  el  Anas  crccca  (ou  Anas  boschas?) 165 

Clangula  glaurion  et  Mergus  albellus 165 

Clangula  americana  et  Mergus  cu(  ullatus 169 

Clangula  glaucidn  et  iMergus  uiorganser 170 

Laridks 170 

Sterna  paradisea  el  slerna  liirundo 170 

Les  Écliassiers 171 

Ghuiuks 171 

Ardea  cinera  et  Ardea  purpurea 171 

Cdaradridés 172 

llaematopus  unicolor  cliheniatopus  longirostris ...  172 

RE.MARgui: 172 

TROISIÈME  P.VUÏIE 

Les  Passereaux  .   .  179 

Fringillidks  . 198 

Ligurinus  chloris  et  Cannablna  linola 198 

l.igurinus  chloris  el  Carduelis  elegans 210 

Chrysoniilris  splnus  el  Acanlhis  (espèce  non  diîteriniaée) 218 

Carduelis  major  el  Carduelis  caniceps 223 

Carduelis  elegans  et  Cannabina  limita 228 

Chrysoniilris  spiuus  el  Cirduelis  elegans 233 

Carduelis  ilcgans  el  Fringilla  canaria 2:38 

Kriugilla  canaria  el  Cannaliiua  linola 239 

Lo.xia  oryzivora  el  Fringilla  (espèce  non  déterminée) 239 

Kmberiza  brasiliensis  el  Passer  domesllcus 240 

Scrinus  hortulanus  el  Cirduelis  elegans .    .  241 

Serinus  hnriulanus  el  Linola  cannabina. 242 


994  TABLE   DES    MATIÈRES 

Chrysoniitris  spinus  et  Liguiinus  chloris 243 

Acanthis  linaria  et  Spinus  pinus 246 

Acanthis  linaria  et  Acanthis  exilipes 247 

Fringilla  eœlebs  et  Fringilla  niontitiingilla 248 

Fiingilla  cœlebs  et  Fringllla  spodiogena 266 

Pinicola  enucleator  et  Carpodacus  purpureus  . 267 

Emberiza  citrinella  et  Cynchramus  sehœniclus 268 

F.mberiza  citrinella  et  Emlteriza  pithyornus  . 269 

Emberiza  citrinella  et  Embeiiza  ciilus 271 

Junco  biemalis  et  Zonoiriebia  albicollis 272 

Zonoti-ichia  leiicophrys,  Zonoirichia  (iambeli  el  Zonoiriebia  Gambeli 

intermedia 273 

Spizella  pallida  et  Spizella  pallida  var.  Breweri 274 

Passer  domeslicus  et  Passer  monlanus 275 

Passer  montanns  et  Passer  Italiœ 278 

Passer  domeslicus  et  Passer  !tali;e 279 

Passer  Italiie  et  Passer  salicicola 280 

Lo.xia  eurvirostra  et  [.o.\ia  bilasciata 282 

Loxia  eurvirostra  et  Loxia  pityopsiltacus. 283 

Emberisa  brasiliensis  et  Passer  doniesticus.    .       284 

Entre  deux  Genres 284 

Ligurinus  chloris  et  Passer  Italbe 283 

Friagilla  cœlebs  et  Passer  doiuesticus 286 

Cbrysomitris  spinus  et  Pyrrhula  vulgaris 287 

MosacAPiDÉs .  .  288 

Rbipuduia  llabellilera  et  Rhipudura  fuliginosa  . 288 

HiRUNDINIDÉS 291 

Hirundo  erytbrogaster  var.  liorreorum  et  pelrochelidon  lunifrons  .  291 

Hirundo  erytbrogaster  et  Petrocbelidon  Swainsoni ,    .  292 

Hirundo  urbica  et  Hirundo  rustica 293 

Paridés. 300 

Parus  atricapillus  et  Parus  Gambelli 300 

Parus  ricolor  et  Parus  atricapillus.   . 301 

Parus  cœruleus  et  Pu'cile  conimunis 301 

Parus  cyanus  et  Piecile  borealis 303 

Parus  cristatus  et  Parus  borealis 303 

Cyanistes  cyanus  et  Cyanisles  cœruleus ;W4 

Cyanistes  cyanus  et  Cyanistes  Plesliei 30b 

Cyanistes  cœruleus  et  Cyanisles  Pleskei 311 

Cyanus  llavipeeteus  et  Cyanisles  cyanus  var.  Tian-Sclianicus  .    .   .  311 

Cyanistes  cyanus  et  Pœcile  longicaudus 313 

Acredula  caudata  el  Acrednla  Irbyi 314 

Acredula  rosea  et  Acredula  Irbyi 31o 

MOTACILLIDÉS 316 

Molacilla  alba  el  Molacilla  lugubris 316 

Budytes  flava  et  Budytes  melanocephala 317 


TABI.K    DKS    MATIÈRES  995 

Hudytes  llava  et  liudyli's  campestris 1)18 

Budytcs  flava  cl  liuclylos  borealis 318 

TuiioiDi:s 319 

ilelinintliopliila  piiius  et  Helmintlioplilla  clirysoptera .  319 

ilelininthopliila  piiiiis  et  Opiirornis  [oriiiosa 34o 

Dendrœca  striata  et  l'erisso^lossa  tif^rinu 347 

Cyanecula  Wolfi  el  Cyanocula  leiioocyaiica 349 

Cyanecula  suecica  et  Cyaiiecula  lencocyanca 349 

Cyanecula  Wollii  et  C.yanecula  Siiecica.       349 

Philomela  luscinia  et  Pliilomeiia  major :J51 

Petrocinola  saxatilis  et  l'etiocincla  cyanoa 3^)2 

Tordus  rulicollis  et  Turdus  atrij^ularis 354 

Turdus  (useatus  et  Turdus  Nauiuauni !J63 

Turdus  mcrula  <;t  Turdus  inusicus 363 

Turdus  nierula  et  Turdus  loniualus 373 

Turdus  merula  et  Turdus  viscivorus 373 

Ke^ulus  satrapa  et  Ue^-ulus  calendula 373 

Ciuclus  cashniiriensis  et  Cinclus  Uucogasler 376 

Cinclus  cashmiriensis  et  (^inclus  sonlidus 377 

Copsycbus  saularis,  var.  uiusicus  el  Copsycluis  saularis,  var.  amienus.  377 

Lamioés 378 

l.anius  rutus  el  Lanius  collurio 378 

Lanius  excubitor  et  Lanius  major 381 

Lanius  excubitor  et  Lanius  leucoptcrus 389 

Lanius  excubitor  et  Lanius  borealis 389 

<IARULLMIÉS 391 

Cyanocorax  cyanomelas  et  Cyaiiocorax  cyanopogon  (ou  Cyauocorax 

cayanus) 391 

Garrulus  glandarius  et  (iarrulus  Uryiiiiki 392 

CoHviuKs 393 

Corvus  corax  et  Corvus  corone 393 

(lorvus  corrone  et  Corvus  coruix 394 

Corvus  frugilecus  et  Corvus  coruix 407 

Corvus  corone  et  Corvus  [ru^ilegus   .....        407 

Corvus  neglectus  el  Corvus  dauruns 408 

('orvus  cornix  el  Corvus  onentalis 410 

Cf.bthiuks 411 

Sitla  europea  et  Silta  caesia 411 

Melliphagiés 412 

Jora  typliia  et  Jora  zeylaiiica 412 

Paraiiisks 'il3 

Paradisea  apoda  el  Paradisea  raggiana 413 

SCËNOPIIOLS 421 

Sericulus  rbrysocepbalus  et  Pldurliyncus  holosericeus 421 


996  TABLE   DES    MATIÈRES 

CORACIADIDÉS •  426 

Coracias  indiia  et  Coracias  aflinis 426 

Coracias  garrula  et  Coracias  indica 428 

PiciDÉs .    .  ■ 429 

Colaptes  auratus  et  Colaples  mexicanus 429 

Colaples  chrysoïdes  et  Colaples  mexicanus 43& 

Dryobates  Nuttalli  et  Drjobales  pubescens  Gaii'dncri 437 

Entre  deux  Familles •   .  438 

Saxicola  riibricola  et  Cardiielis  elegans 438 

Conclusion  de  la  troisième  partie 441 

QUATRIÈME  PARTIE 

Les  Oiseaux  de  Proie. 453 

Falconidés ,   ■  435 

Aqiiila  fulva  et  Aquila  chrysaëtos 455 

A(|uila  nobilis  et  Aquila  daphnea 438 

Aquila  pennata  et  Aquila  uiinula .  460 

Falco  tinnunculus  et  Falco  lithofalco 461 

Falco  Eleononc  et  Falcu  arcndicus .  463 

Falco  Feldeggi  et  Falco  lanyplerus. 464 

Falco  Holbielli  (ou  F.  islandicus)  et  H.  candicaus .  464 

Buleo  vuli^aris  et  Buteo  vulpinus 466 

Buteo  aviporus  et  Buteo  vulgaris .  466 

Buteo  vulgaris  et  Archibuteo  logopus  ? 467 

Cii'caëtus  gallicus  et  Cireat'tus  hypoleucos .  468 

Astur  nisus  et  Astui-  brevipe^ 469 

Astur  asiicapillus  et  Falco  Coopeii 470 

Les  Perroquets 471 

Plalycercus  eximeus  et  Platycercus  Pennantii 471 

Aprosuiidus  scapulatus  et  Platycercus  Pennantii 471 

CINQUIÈME  PARTIE 
ADDITIONS,  CORRECTIONS  ET  EXAMENS  D'APRÈS  NATURE 

Avant-propos 473- 

Ordre  des  gallinacés 478 

Francolinus  vulgaris  et  Francolinus  piclus 478 

Callipepla  Gambeli  et  Colinus  Californicus 481 

Callipepla  squamata  et  Colinus  virgianus.   .    .' 484 

Perdrix  cinerea  et  Perdrix  saxalilis 485 

Perdix  cinerea  et  Perdix  rubra 487 

Perdix  rubra  et  Perdix  saxalilis 491 

Tetrao  letrix  et  Telrao  urogallus 500 

Tetrao  albus  et  Tetrao  urogallus 545. 


TAULF.   DKS    MATIÈRES  997 

Lagopus  scoticus  el  I.af,'i>piis  iiiuliis,  Lagopus  albiis  et  Lagopus  mutus.  VA9 

La^opus  scolifus  et  Lagopiis  mutus Ijol 

La};opus  albiis  el  l.iigopus  mnlus lii>2 

Tetrao  tetrix  et  Uigopus  mutus 352 

Teirao  tetrix  el  Bnnasii  belulina .')o4 

Lagopus  niulus  et  Bonasa  betulinu 'Mm 

Lagopus  albus  et  Boiiasa  lietulina 537 

Teirao  tetrix  et  Lagopus  scolicus 560 

l.agopus  albus  el  Teiran  lelrix 571 

Kuplocauuis  liorsfielili  et  !•;.  liueatus,  cl  Euplocamus  albocrUtatus 

et  E.  inelanolus. o9o 

Phasianus  vulgarus  el  l'Iiasianus  reevesi 600 

l'hasianus  vei'sicoli>r  et  Phnsianus  ScL'iumeringi   .........  (i04 

Phasianus  toiqualus  el  Phasianus  versicolor tiOo 

Phasianus  mongolicus  et  Phasianus  semilonpiatus (506 

Phasianus  colehicus  et  Phasianus  torquatus tiOô 

Phasianus  (iccoUatus  el  Phasi.inus  collaris ()07 

Phasianus  mongolicus  et  Phasianus  dirysomelas t)07 

Phasianus  versicolor  el  Phasianus  colehicus 608 

Pliasianus  torquatus  et  Pli.  mongolicus 609 

PliasiHuus  scintillans,  Pli;isianus  Siemmeringi .  610 

Crossoplilon  thibclhamim  it  Crossoplilon  aiirilum 611  . 

Pihielope  jacucaca  el  Pt^tieliippe  pileata 612 

Phasianus  vulgaris,  Tehao  lelrix 612 

Phasianus  coUliicus,  Teirao  urogalliis 621 

Lagopus  saliceli  et  Penlix  cinerea 622 

Gallus  (lomesticus  el  Pnasi.inus  viilgari-^ 622 

OitDRK  DES  Colombes (125 

Columba  œnas,  Columlia  alliuis 625 

Coluniba  livia,  Coluiiiha  piiluuibus. r>26 

Turlur  risorius,  Turlur  auriliis 626 

Columba  livia,  Turlur  risorius 627 

Columba  livia,  Poliimbiina  (iisca 628 

Trerou  plnenicoplera.  Treruu  clilorigasier Ii28 

Columba  interniedia.  Columba  livia  dom 629 

Ordhe  des  Palmu'kuks luU) 

Anas  penelope  et  Anas  erecca (ViO 

Dafîla  acuta,  Anas  penelope 6;i'} 

Anas  boschas  et  Dalila  acuta 6:i8 

Anas  boschas  et  Quen|uedula  erecca 6.';6 

Anas  boschas  et  Cliaulelasmus  sireperus 664 

Dalila  acuta  et  Querqueilula  erecca 680 

Anas  boschas  el  Anas  obseura. r>82 

Anas  boschas  et  Anas  peneloppe 686 

Anas  boschas  et  Anas  americana.   .   ' 6'JO 

Spatula  cljpeata  et  Uafila  acuta? 692 

DaGla  acuta  et  Anas  streperea 6!!.') 

Cairina  moschata  et  Anas  clypeata 696 


998  TABLE    DES   MATIÈRES 

Anas  streperea  et  Anas  clypcata 696 

Anas  boschas  et  Anas  clypeata 697 

Cairina  mostliata  et  Anas  bosclias 699 

Cairina  moschala  et  Anas  hoschas  (on  Anas  ohscura?) 704 

Anas  penelope  et  Anas  stiepera 706 

Mareca  penelope  et  Querqiiedula  ciicia 707 

Quer(|uedula  ciicia  et  Querquedula  crecca 708 

Anas  discors  et  Sfiatuta  clypeata 708 

Anas  discors  et  Anas  cyanopteia 708 

Anas  strepera  et  Anas  ameiicana 70y 

Hynieolaemus  malacorliynclius  et  Anas  superciliosa?  (ou  ce  dernier 

avec  l'Anas  bosclias  do»i) 710 

Anas  pœciloi'bynclia  et  Anas  boschas 711 

Fuligiila  terina  et  Fuligula  nyroca 711 

Fuligula  nyroca  et  Fuligida  cristata 722 

Aythia  valisneria  et  Aylliia  cullaris lii 

Fuligula  (eriaa  et  Fuligula  cristata 724 

Fuligula  crislala  et  Fuligula  niarila? 726 

Fuligula  clangula  et  Fuligula  mania. 726 

Anas  terina  et  ,\nas  inarila 727 

Fuligula  terina  el  .\i.\  sponsa 728 

Fuligula  ferina  et  Uafila  acuta 728 

Clangula  glaucion  et  Mergus  albellus.   . 729 

Mergus  merganser  et  Clangula  glaucion 738 

Anser  albilrons  gambeli  et  Branla  canadensis 738 

Anser  cinereus  et  Anser  segetum 738 

Anser  albifrons  et  Bernicla  brenta 739 

Anser  cinereus  et  Anser  brancliyrhinchus 739 

Pbalacrorax  africanus  et  l'halacrorax  pygmaeus 741 

Ordre  dks  Échassiers    ...       742 

Ardea  cinerea  et  .\rdea  purpurea 742 

Hœmatopus  unicolor  et  llœmalopus  longirostris 743 

Numenius  tenuiroslris  et  Numenius  arquatus .  743 

Numeuius  tenuiroslris  et  Numenius  phoeopus 744 

Gallinago  major  et  Gallinago  scopolopacinus 744 

Limosa  lapponica  et  Liinosa  uropygialis 74.T 

Gallinula  chloropus  et  Fulica  atra 746 

Ordre  des  Passereaux 748 

Ligurinus  chloris  et  Cannabina  linota 748 

Ligurinus  chloris  et  Carduelis  elegans. 750 

Clirysomitris  spinus  et  Acanthis  (espèce  non  déterminée) 755 

Carduelis  major  et  Carduelis  caniceps 757 

Carduelis  elegans  et  Cannabina  luiola 757 

Chrysomitris  spinus  et  Carduelis  elegans 759 

Carduelis  ilegins  et  Fringilla  canaria 760 

Serinus  hortulanus  et  Carduelis  elegans 761 

Fringilla  cœlebs  et  Fringilla  montifringilla 761 

Finicola  enucleator  el  Carpodacus  purpureus. 768 

Junco  hieiualjs  et  Zonotricina  albicollis 769 


TABLli   DES   M.VriKnES  999 

Passef  (lomeslicus  el  Passer'  moiiliniis 770 

Euspi/;)  lulcola  pI  l'iisscr  indipus 775 

Piriin;,'a  riibra  el  Piranha  erythromelas 775 

Rliipiihira  llalirllileia  el  Hliipidura  fuliginosa 777 

Ilirundn  rustiea  el  iliiunilo  uiliica 779 

Cislothorus   stellaris    var.   yriseus   et    Cislolliorus   palustris    var. 

mariaiiip 784 

Parus  major  et  Parus  ca'ruleus 784 

Acredula  caudala  et  Acrcdula  iibyi 783 

Acredula  losea  et  Aercdula  irhyi 785 

llelmintliopliila  pinns  el  llelniiiilhophila  chrysoptera 786 

Sylvaiiia  niiliata  el  Sylvaiiia  caiiadcnsis 792 

Turdus  rulieollis  et  Tuidus  alrieiil.iris 792 

'l'iii-dus  fuscatiis  et  ïurdiis  naumanni 792 

Turdiis  (usc-atiis  et  Tunliis  riilicollis 792 

Turdiis  niei-iila  el  Tiirdus  nuisions 795 

Turilns  niernla  et  Tnrdus  lonjualiis 805 

Hypolais  lania  el  Acroeeplialns  strepei-us 807 

Ciiiilns  casliniinensis  el  Cinelus  leucofjasler  el  C.  .sorilidns  ....  809 

Laiiius  rufus  et  Lanius  collniii) 810 

Lanius  colUirio  et  Olonieia  romanovi 813 

Lanius  dichrourns  el  Oloniela  karelini 814 

Corviis  corone  et  Corvus  cornix 815 

Creadioii  carnnculalus  et  Crea<lioii  cineivns 816 

Quiscala  lenens  el  Quiscala  qniscala 817 

Paradisea  apoda  et  Païadisea  r-igsiaÈia. 818 

P.iradisea  ragi^iana  et  Paradisea  interniedii 840 

Colaples  auratus  et  Colaptes  caler 840 

Conclusion  de  la  cinquième  partie  ou  Conclusion  générale .  885 

T.\DI.I;.\U      nÉC.M'lTl'I.ATIF     INDIQUANT     I.KS     HYRRMJATinNS     IlONT     ON      SEST 

OCCll'i;   DANS   CET    OUVRAGE 856 

Suite  de  la  Conclusion  de  i, \  i.iNyLiÈME  caiitie 868 

ÏAsW  alplialtélicuie  dos  AiiIcuin  cités  tlans  ce  voliiine,  avec  indi- 
cation (II-  leurs  nuvrai.ies,  de  leurs  mémoires,  de  leurs 
articles;  ainsi  «luc  des  llevues.  Journaux,  Périodiques,  dais 

lesquels  ces  travaux  ont  été  piililié.s 875 

Revues  et  Ouvrages  cités  sans  nom  d'auteur 90:! 


1000  TABLE    DES    MATIÈRES 


SIXIEME  PARTIE 


NOUVELLES   ADDITIONS .  007 

Gallinacés 908 

Perdix  saxatilis  et  Perdix  cincrea 908 

Perdis  rubra  et  Perdix  cinerea 908 

Perdix  cinera  et  Cotiirnix  colurnix 909 

Tetrao  tetrix  et  Tetrao  urogallus.       910 

Tetrao  urogallus  el  Lagopus  albus 928 

Tetrao  tetrix  et  Laf!;a|)u.s  miilus 931 

Tetrao  tetrix  et  Bonasa  Beliilina 931 

Lagopus  albiis  et  Bonasa  Betuliiia 932 

Telrao  tetrix  et  Lagopus  scoticus 932 

Tetrao  tetrix  el  Lago|)US  albus 935 

Pliasianus  viilgaris  et  Phasiaiius  reevesi ■    .    .  939 

Pliasianus  vulgaris  et  Pli.  wallirhii 940 

Pbasiaiiiis  vulgaris  et  Euplocamus 94i) 

Pliasianus  wallicliii  et  Euplocamus.    . 940 

Pbasianus  vulgaris  et  Thaumalea  amherslla' .  940 

Tetrao  tetrix  et  Pbasianus  vulgaris 941 

Pliasianus  vulgaris  et  Tetrao  urogallus 943 

Pliasianus  vulgaris  et  Canace  obscura 94a 

Gallus  domesticus  et  Pliasianus  vulgaris 940 

Euplocamus  nyclhemerus  et  (îallus  domesticus 947 

Palmipèdes 963 

Dalila  acuta  et  Anas  bosclias 9y0 

Anas  boschas  et  Querquodula  créera  . 953 

Anas  boschas  et  .\nas  streperus 956 

Spatula  clypeata  et  Dalila  acuta 958 

Anas  boschas  et  Cairina  inoschala 959 

Chaulelasmus  streperus  et  Maroca  penelop(> 959 

Anas  boschas  et  Anas i)C3 

.\nas  tadorna  et  .\nas  (?) 9lj3 

4nser  cinereus  et  Anser  albifrons 904 

ÉCHASSIERS 965 

Totanus  gloUis  et  Tolanus  glareola. 9li7 

Totanus  glareola  et  Actitis  hypoleucos 967 

Totanus  glareola  et  Machetes  pugnax. ....  917 

Totanus  luscus  et  Macbetes  pugnax .  968 

Passereaux 969 

Carduelis  carduelis  et  Spinus  tristis 969 

Carduelis  major  et  Carduelis  caniceps. 970 

FringiUa  cœlebs  et  Kringilla  niontifringilla 970 

Emberiza  citi'inella  et  Emberiza  schœniclus 974 


TAIII.IC    DES    MATIÈRES  1001 

Ligurinus  clitoris  et  Passer  domesticus.          97o 

Euspi/.a  lulcola  cl  Passer  indiens 97u 

Ilelminlliopliila  cliTysoiitora  et  llclnilnlliopliila  pinus 978 

Tunlus  nu-nila  cl  Tiinlus  iiuisicus.   . 778 

Iiluina  rama  el  Calamolicrpe  arriindiuacea 980 

Eiinooclomis  collnrio  el  OUiiiii'la  roinaiiovi 981 

Corvus  corolle  et  Corvus  cdrnix 983 

Paradisca  apoila  cl  Païadisca  raggianna 98i 

Paradisea  raggiana  et  Paradisea  aui;usl;c  Victoria' 985 

Colaples  auratus  el  Colaptes  cater 985 

Dryohales  pubesrens  ineridioiialis  cl  Dryaoliales  puliescens  ....  987 

Oiseaux  de  Phoik 988 

Circus  cyaneus  et  Ciicus  aTuginosus 988 

Conclusion  des  Nouvelles  auditions 989 


TABLE  ABREGEE  DES  MATIERES 


Introduction.  Soniiiiaire m 

Liste  des  Musées  publics  et  des  Collections  particulières  ayant  remis 

des  Hybrides  à  l'auteur cxxi 

Liste  des  personnes  ayant  adressé  des  communications  au  même.   .    .   .    cxxxv 

Avertissement clii 

Premièrr  Partie  :  Les  (jallinacés 3 

Les  Colombes 105 

Deuxième  Partie  :  Les  Palmipèdes .  109 

Les  Écliassiers 171 

Troisième  Partie  :  Les  Passereaux 179 

Conclusion  de  la  troisième  partie 441 

Quatrième  Partie  :  Les  Oiseaux  de  Pioie 453 

Les  Perroquets 471 

Cinquième  Partie  :  Additions,  Corrections  f  t  Examens  d'après  nalure  . 

Avant-Propos 473 

Conclusion  de  la  cinquième  partie  ou  Conclusion  générale 855 

Tableau  indiquant  les  hybridations  citées S56 

Suite  de  la  Conclusion  générale 868 

Liste  dos  Auteurs  cités,  avec  indication  de  leurs  ouvrage? 875 

Sixième  Partie  :  Nouvelles  Additions •  903 

Table  des  matières 991 


Lille.  —  Imprimerie  Le  Bigot  frères,  me  Nicolas-Leblanc,  2j.