1i
FOR THE PEOPLE
FOR EDVCATION
FOR SCIENCE
LIBRARY
OF
THE AMERICAN MUSEUM
OF
NATURAL HISTORY
DBS
HYBRIDES
L'ETAT SAUVAGE
FlEG-lNrE -A. ISr I IVt A. L
premier volume
(Classe des Oiseauxj
PAU
André SUCHETET
K.is^cmliloiis (it'S fnit> puiii'
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1 896
LILLt — IMPRIMtlIlE LE UICOT FRERKS
"o-i-.iôéy 7-Qj j.
INTRODUCTION
SOMMAIRE :
Ex pi ioa lions iiriliininaircs ; f:;énéialités, pp lll-V. — Pourquoi le titre donné à
rouvia(;e? liaisons alléguées par l'auteur, pp. VI-XX — Imporlance de l'élude
del'liybridité; cette élude délaissée, pp XXl-XXVI. — L'hybridation naturelle;
lilslorii]ue de la question : vues des naturalistes, antiquité et temps modernes,
pp. XXVIl-XXXV. — Pe quelle nature doivent être les espèces pour se
croiser avec fruit'.' Opinions diverses ; lois pliysiologiciues, pp. XXXVI-XLII. —
Faits d'tiybridité provoquée; résullals obtenus. Fertilité ou stérilité des hybri-
des, pp. XLIII-I-XIII. — Critérium de l'Espèce basé sur les phénomènes de
reproduction; examen critique. Diflérence entre l'Espèce et la Kace établie
sur la génération ; races créées par croisement, pp. LXIV-CII. — Caractères des
hybrides et des métis; com|1arais5n* eiîtfe lés uns et les autres. — Autres
phénomènes propres aux hybrides, pp. CIII-CXX.
I.
Nous réunissons dans cet oiivrap^e six études qui ont été publiées
successivement : les quatre premières dans les Mémoires de la
Société zoolojîique de France, pendant les années 1890, 1891, 189:2
et 1893; la cinquième et la sixième étude, en librairie, pendant
les années IS'.l.'i et 1S96. — Ces Iravau.x qui envisagent l'iiybridité
dans la nature, et d'une manière plus iiarticulière " les Oiseaux
hi/hridcs ohservcs à l'état sauidijc », (dénomination sous laquelle ils
ont paru), forment un ensenii)le dont la lecture sera plus aisée
dans un volume qui les contiendra tous (I). Nous désirons, du
reste, les faire précéder d'un .Vvantpropos, ou Préface gé.vérale,
qui fera connaître le but que nous y poursuivons.
(1) Très fréquemment dans nos premières Additions (îi» partie), et nos nouvelles
Àddiliuim ((!' partie), nous renvoyons le ledeur à nos mémoires; les recherches se
trouveront ainsi simplifiées.
IV DUS HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Si riiybridilé, c'est à dire le croisement des formes animales,
spéciruiiiemeDt distinctes, ou pour mieux dire, celles ([ue nous
sommes convenus d'appeler « Espèces », se produit à l'état libre, ce
pliénomène mérite d'attirer l'attention du naturaliste ; il acquiére-
rait même une imporlauce considérable dans le cas où ces croise-
ments seraient fréquents et suivis de postérité.
Cette question, qui touche à la philosophie zoologique, est d'un
intérêt très grand.
Jusqu'ici, cependant, nous le verrons bientôt, l'étude des hybrides
naturels a été négligée; on s'est ijorné à émettre à leur sujet des
notions générales sans connaître exactement le rôle qu'ils jouent
dans la nature; de là, les appréciations les plus diverses. — Cela
vient peut-être de ce que les ob.servations laites sur eux ne sont
pas encore assez nombreuses ou sont tellement disséminées dans
les périodi(jues et les livres les plus divers que leur reciierche pré-
sente de sérieuses dillicultés et demande une somme de temps
considérable, un travail de longue haleine, pénible à entreprendre.
Ces observations n'ont, en effet, jamais été ni groupées ni considé-
rées dans leur ensemble.
Quoiqu'au témoignage d'Isidore Geoffroy Saint-Ililaire, plus de
quatre cents physiologistes, botanistes, naturalistes, aient jiarlé
de la question de J'hybridité, (et ce nombre s'est notablement
accru depuis la mort du grand savant),- aucun auteur ne s'est
occupé exclusivement de l'hybridité à l'état sauvage chez les ani-
maux ; par conséquent aucun livre ne traite ex professa de cette
matière dans laquelle les faits seuls sont à envisager. — Ce sont eux,
on peut le dire, qui sont la base de toute déduction scientifique
sérieuse ; raisonner sans eux, c'est se condamner à une stérilité
absolue. Malheureusement, comme l'a dit avant nous M. deQuatre-
fages lorsqu'il a écrit quelques considérations (1) sur le sujet que
nous abordons : « trop souvent ils manquent. »
C'est pourquoi, dans notre désir de prendre connaissance de
l'importante question des hybrides, nous nous sommes mis à la
recherche des faits ; mais il nous a fallu des années pour eu rassem-
bler un certain nomln-e. Quoique nous ayons été en correspondance
avecla plupart des zoologistes répandus dans le inonde; quoique
nous ayons fait fouiller les musées publics, les collections privées,
les cabinets d'histoire naturelle ; quoique nous ayons interrogé les
chasseurs, les préparateurs, les taxidermistes, les marchands de
gibier, les oiseleurs, etc., tous ceux, en un mot, qui pouvaient nous
(1) In Rev. des Cours scieiililiques, 18G7-68, j). Cil.
INTRODUCTION
être utilos en cette circonstance, nous n'avons découvert qu'un
nombre d'hylirides naturels très restreint, par rapport au nomiire
immense des espèces qui sont aujourd'iiui connues (1).
La rareté de l'hybridation à l'état sauvage est sans doute le vrai
motif du silence qui s'est fait autour de ce grave sujet, plus encore
que ne l'est la raison donnée tout à l'heure ; sans quoi, on ne
s'expli(iuerait point une telle lacune dans la science zoologique,
maintenant que la plupart des espèces existantes (au moins dans la
classe des Oiseaux et dans celle des Mammifères) sont bien étudiées
et que de nombreux ouvrages les ont classées avec méthode dans
le rang, l'ordre, la famille, la tribu, le genre, auxquels elles
appartiennent (2).
L'ouvrage que nous présentons n'est en quelque sorte qu'un
catalogue de faits ; mais ces faits sont groupés, coordonnés,
présentés dans leur ensemble comme dans toutes les circonstances
où ils méritent d'être envisagés ; ils ont, en outre, été analysés,
raisonnes et critiqués chaque fois que l'utilité s'en est montrée.
Notre catalogue est aussi descriptif, car il fait connaître les
caractères de foutes les pièces^ dont on parle ; il est surtout synthé-
tique. — Dans la mesure où l'analyse détaillée des faits le
permettait, nous avons tenu à descendre des principes aux consé-
quences, c'est-à-dire à tirer des déductions sans lesquelles notre
curiosité eût été vaine. Ce dernier point, le plus intéressant, a
toujours été notre principal objectif ; à (juoi bon tant de matériaux
rassemblés si leur synthèse fût restée à faire ?
(I) On verra, si on jette un coup tlVi'il sur notre tableau (pp. 8;i6-867) récapitulant
les hybrides naturels obtenus à l'état sauvasse, qu'un très petit cabinet d'Histoire
naturelle serait utlisant pour les renfermer tous, alors (|uc les Musées les plus
vastes contiendraient dilTicilenient les lypcs purs répandus à profusion sur le
globe terrestre. — Une remarfjue bien importante est à faire ici : depuis un nombre
d'années assez restreint, le chilire des hybrides naturels observés s'est notable-
ment accru. Si cette progression est confliinle, dans un siècle les observations se
seront multipliées ; néanmoins, nous en sommes convaincu, elles demeureront
toujours fort rares, comparativement au nombre des observations que l'on pourra
faire sur les espèces.
|2) Nous devons reconnaître avec justice que plusieurs auteurs ont essayé de
grouper, dans des mémoires spéciaux ou des articles de revue, les hydrides dont ils
onl pu obtenir des exemples; parmi ces exemples se trouvent des hybrides naturels,
c'esl à-(lire des hybrides observés à l'élat sauvage. Mais ces derniers se trouvent
confondus avec les produits de l'hybridité provoquée; ils n'en sont point géncrale-
nient distingués F.ncore est-il que les mémoires les plus complets se bornent à
citer un très petit nombre de faits. Nous nous proposons de publier ultérieurement
un Index bibliograplnque de ces divers travaux.
VI DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
II
Notre intention première avait été de donner à notre travail le
titre suivant :
(( Du croisement à l'état libre d'espèces animales ».
Par là, nous précisions trois choses : 1 ■ Que l'hybridation se
produit dans la nature chez des espèces sauvages; 2° que non
seulement nous connaissions la signification ilu mot espèce, mais
aussi que nous savions quelles sont les formes qui méritent cette
dénomination ; 3" qu'il existe encore sur le globe des habitats où
l'animal s'est soustrait totalement à l'influence de l'homme. Ces
assertions sont graves ; les faits que nous avons à citer ne nous ont
pas permis one telle précision. Nous avons donc modifié les termes
dont nous pensions pouvoir nous servir et nous avons pris un
titre, on l'a vu, qui ne renferme aucune de ces artumations, mais
qui laisse seulement soupçonner la possibilité des faits que nous
eussions énoncés d'une manière peut-être trop rigoureuse.
Cependant, sans la crainte d'être trop long, nous aurions préféré
intituler notre ouvrage de cette manière :
DE LA RENCONTRE
A l'État sauvage
DE
paraissant ktre
DES
ÏI'S'B RIID E S
Car c'est là le vrai titre, le titre seul, qui convienne à notre
travail. Malheureusement il est beaucoup trop étendu pour que
nous puissions nous en servir couramment. — Nous ne le ferons
donc pas figurer sur la couverture de notre livre ; mais nous le
maintiendrons en principe. — Voici nos raisons; nous eu pro-
posons trois :
I. Nous disons: « De In rencontreti et non « du croisement ». En effet,
quoique l'hybridation naturelle soit bien prouvée pour certaines
espèces d'Oiseau.x, le plus généralement l'appariage des espèces.
INTKODIICTION VU
supposées mères, n'a point été (Oiistaté de visu. Serait-on sih- tl'une
(l(iul)le origine ciiez les liybrides (jue l'on rencontre, ce qui reste
douteux dans nonilire de cas, qu'il serait encore nécessaire, pour
les déclarer sauvages de naissance, de savoir si les parents n'étaient
point, au moment du croisement, retenus en captivité ou dans des
conditions telles qu'ils ne jouissaient point complètement de leur
liberté. On sait qu'un grand nombre d'espèces animales sont
aujourd'hui transportées d'un lieu à un autre, déplacées du milieu
qui leur convenait essentiellement, et qu'ainsi elles ont pu être
amenées à contiacter des mélanges qui ne se seraient point pro-
duits ilans un état de comi)lèle liberté. — Que dirions-nous de ces
espèces retenues dans les parcs, les volières, les jardins d'accli-
matation, d'où parfois elles, et leurs hybrides, parviennent à
s'éclia|)pcr? Nous citerons de ces genres d'hybridations; les e.>:em-
ples foisonnent et donnent lieu à de nombreuses méprises (1).
Rien donc d'absolument ('eitain,debien authentique dans les faits
que nous avons h grande peine rassemblés. Nous avons dû nous
livrera de minutieuses enquêtes sur leur compte, et bien souvent
l'incertituile à leur sujet demeure encore dans notre esprit.
Cependant il est une catégorie d'espèces, chez les Oiseaux, qui
n'ont point encore propagé leur race en captivité. On peut dire
des hybrides de ces espèces, quand on les rencontre à l'état sauvage,
qu'ils sont bien niis dans cet état, l'our eux, le doute n'est plus
permis. Encore est-il que leurs caractères mélangés, si bons
indices qu'ils puissent être de leur double origine, n'en sont [)oint
des garants infaillibles. Des anomalies se présentent de telle façtni
(lu'elles sont souvent capables d'induire à erreur l'œil le plus
exercé. — Une très grande piudence est donc de règle dans le sujet
que nous traitons.
On voit pourquoi, au lieu de nous servir d'un terme absolu
commençant notre titre, nous préférons u.ser d'expressions plus
vagues, moins concises, et ne renfermant aucune allirmation tiu
genre de celles que nous redoutons.
II. .Nous avons substitué les mots (( formes animales » aux mots
(( espèces animales >i, parce que notre embarras a été grand lorsqu'il
s'est agi de distinguer (;ntre l'espèce et la race (ou pour mieux dire
(I) l.cs ()rnilliol()j;is(es (|ui ont éprit des ouvrages spéciaux sur la faune de cer-
taines conliées ont parfois iudiciué, dans leur classement, des Oiseaux al)Solunient
étrangers à la loralité, et dont la présence fortuite n'était point due à des causes
naturelles. Ces animaux s'étaient échappés de quelque navire qui les transportait
en d'autres lieux ou avaient fui les lieux mêmes où ils avaient été importés.
VIII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
entre l'espèce et la xoiis-espèce comme on fait emploi de ce mot
en zoologie). Cette dislinction serait cependant importante à établir
dans l'état de nos connaissances, car le croisement entre individus
de race ditlérente, mais appartenant à une même souche, ne
présente pas, quant à présent, l'intérêt que nous attachons à
l'appariage libre d'espèces bien distinctes. Il n'est point surprenant
que deux individus appartenant à une même lignée se recherchent,
s'apparient et produisent des métis lorsqu'ils se trouvent en pré-
sence l'un de l'autre.
La question du croisement nous paraît prendre une tout autre
importance lorsque ce sont des espèces qui contractent des alliances
étrangères; on le conçoit aisément. Il faut donc s'efïorcer d'établir
la distinction dont on parle. Mais là gît la dilTiculté. — La même
forme zoologique, qui est classée par tel naturaliste au rang
d'espèce, est considérée comme sous-espèce ou variété par tel
autre (1). Nous ne parlerons point des divergences d'opinions (jui
se produisent lorsque l'on cherche à découvrir le genre, et méuie
la famille et l'ordre auxquels l'espèce appartient. La confusion
devient alors inextricable. Notre méthode de classement n'est
peut-être que conventionnelle ; on ne saurait dire si elle existe
réellement dans la nature (2).
(1) « Si nous ouvrons un traité de zoologie, dit le baron VA. de Selys-Longchamps
(in Bull, de l'Acad. de Bruxelles, T. XIII, l" partie, ISiC, pp. o85-3S6), nous y
verrons que des êtres vivants actuellement, dont certains auteurs font plusieurs
espèces, sont considérés par d'autres con)me de simples variétés n. — « Autrefois,
dit le Dict, de Déterville (.4?'/. variété), on rangeait beaucoup de variétés parmi les
espèces; puis on a rangé beaucoup d'espèces parmi les variétés ». — « il arrive,
en pratique, écrit M. Malliias Duval (in lîev. Se, pp. S et fi), que faute delà possi-
bilité d'établir sur les caractères anatomiques une règle absolue pour caractériser
les bonnes espèces, et dans l'impossibilité d'employer comme pierre de louche les
caractères physiologiques de la reproduction, les naturalistes demeurent hésitants
sur la valeur de certains types classés comme espèces ». — L'importance des caractè-
res, remarque encore Lecoq (Géographie botaniijue, p. 200). est presque impossi-
ble à apprécier dans la sé|)aration des espèces. On éprouve déjà de la dillicullé à
reconnaître la valeur des caractères génésiques... Pour être rigoureu.x, il faudrait
seulement décrire et adopter des formes sans leur donner de valeur n.
(2) Voici ce que pense Flonrens à ce sujet : <■ Tous ces rapprochements, tous ces
groupes, combinaisons variées des espèces, peuvent n'être et ne sont peut-être,
jusqu'à un certain point, que des créations de notre esprit ». Toutefois, en ce qui
touche l'espèce, Klourens devient formel et dit sans hésitation : « L'espèce est de la
nature ; l'espèce est un fait réel, constant, et de la réalité de ce fait dérive la force
de toutes nos considêrali()[is abstraites et générales dont l'enchainement forme nos
méthodes ». {Obserralions sur les caructères conslttulifs de l'espèce, in Annal, des
se. naturelles, 2* série, T. IV, p. 30(i). Autre part, après avoir rappelé ces paroles de
Linné, Nalurœ npus semper est species et genus: cultura; sxpius varietas artis
INTRODUCTION IX
Qu'est Cl' (|iie l'espèce? Quel sens .-ittychons-nous à ce mot- en
Histoire iiiitureile ?
Nous ferons remarquer, avant de donner quelques explications
à. ce sujet, «lue l'homme reste en dehors de nos éludes; nous n'y
envisageons que les animaux. L'espèce humaine, seule raisonnahle
parmi tous les êtres qui peuplent la Création, est mise hors de nos
discussions.
Demandons-nous d'abord si le mot espèce a toujours eu l'acception
qu'on lui prête aujourd'hui en zoologie. Cette recherche ne sera
pas vaine ; ce mot, dit justement Isidore GeotTroy Saint llilaire, est
« le premier et le dernier mot de l'histoire naturelle » ; le jour où
nous en serions comidèlcment maîtres, ajoute ce savant, nous
serions Lieu près de le devenir de la science entière (11.
Or, les anciens ont-ils, comme cela a été dit, appelé rÈvo; ou
Gcnns ce que nous appelons maintenant espèt'e ? CeolTroy Saint-
Hilaire, ([ui s'est livré à de grandes re'cherches sur le^i sens divers
de cette expression et sur ses synonymes (2), répond qu'Aristote
et natiirn' claxxis or nnla, le rui-nie pliysiologistc s'exprime ainsi : « Kn cllel,
l'espi'CO el le genre sont toujours l'ieuvre de \t naUire : li variole est souvent
l'œuvre de la culliirc : el la cliifsc et l'ordre sont i\ la fois I eeuvre de l'art et di' la
nature: de la nature (|ui donne aux espèces les resscniblanees et les dillérences, el
de l'art qui les juge el les apprécie». Agassiz constate qu'il n'y a pas, à vrai dire,
en Histoire naturelle, de sujet (la classification zoologique) à l'égard duquel l'incer-
titude soit plus grande et le défaut de preuves plus absolu. " Je n'ai pu, dit-il,
trouver nulle part une définilion netle ihi caractère mèiue des divisions les plus
compréhensiljles i>. I,e savant professi ur de l'Université de Cambridge croit cepen-
dant, après <les investigations les plus prolondes, avoir trouvé le fil qui doit le
guider dans ce labyrinthe. (Les prijicipes nitionnels ae lu cUtsxificnlion zoolo-
gique, in Hevue des (iours se, 8(>S(i!), p. l'ili et suiv.). — Faisons connaître
incidemment comment les caractères du genre sont appréciés dans le Nouveau
cours il'tigricutluri' (T. VI, p. 3,S3) : ils doivent, d'après l'auteur de ce cours, être
exclusivement pris des parlies qui décident le plus poissauiuunt de l'organisalion
et par suite des mœurs des animaux. Les dents et le bec, qui servent a manger,
sont les organes qui influent le plus sur les i|uadrupèdes el les oiseaux ; aussi,
dit-il, sont-ce ces parties qui servent de premier caractère pour l'élablisseinent
des genres (|ui les concernent. I,'extrémilé des pieds, qui décident si souvent
de la manière d'être, est employée en second. — IJe son côté, Paul (iervais (dans son
Traite de Zuolngie, pp. 23 et 24) dit que:." la réunion des espèces qui se ressemblent
le plus forment les genres, et l'assoclalion de ces genres, qui ont également des
caractères communs el d'une valeur supérieure !i ceux qui les constituent comme
genres, forme des tribus, des familles, des ordres, suivant l'importance des particu-
larités communes ;'i ces nouvelles associations. Les genres de cerlaines familles,
ajoiile-l-il, se ressemblent habituellement | ar certaines de leurs propriétés ou de
leurs aptitudes, et ces analogies servent pliilôl à les définir ».
(1) Pages '.W.t et IlJKt du T. Il de son Hixtuirr ijdni'rale des rèjiies oiv/ (1/117 »('.<.
(2) Voy. le cliap. V de l'ouvrage que nous indiiiiions, chapitre très instructif.
X DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
s'est, en efïet, servi de fk-joi; dans le sens d'espèce. Mais le môme
mot prend parfois dans ses écrits un autre sens, « tantôt plus
particulier, tantôt plus général». Le grand naturaliste de l'antiquité
l'applique à des collections d'individus de mèine espèce ; ailleurs
il retend à des genres, à des familles, à des ordres même. Vbio^ ne
serait donc (( ni l'espèce, ni le genre ; mais une réunion quelconque
d'individus naturellement unis » ; ce serait, d'après le savant que
nous suivons, le mot Groupe, qui, dans notre langue, répondrait à
cette expression (i).
Lorsqu"Aristote désire opposer à l'idée du genre une notion plus
particulière, « il laisse le mot yIvoç pour un autre, elBoç, qu'on a
traduit par espèce, comme ykvo; par gcnns:. Néanmoins doo; ne
serait l'espèce que dans le sens métaphysique et logique de ce
terme (2). Pline le prend toujours dans son acception ordinaire,
forme, iifiparence, beauté ; il n'en fait point un ternie d'histoire
naturelle ^3).
Pour (leotïroy, l'espèce zoologique et botanique n'a donc pas eu
de nom propre dans l'antiquité, et l'introduction du mot xpecies,
dans ce sens particulier, ne date, d'après lui, que de la renaissance
scientifique (4). M. de Quntrefages est de cet avis ; pour le célèbre
anthropologiste, Aristote n'avait et ne pouvait avoir l'idée de
l'espèce, telle que nous cherchons à la définir ; les Romains ne
sont point allés plus loin. Le moyen-âge et la renaissance n'ont
rien ajouté (5).
Le D'Frédault qui, suivant la lègle de Pascal « de n'admettre
aucun des termes un peu obscurs ou équivoques sans définition »
a voulu, lui aussi, entendre le mot espèce (G), admet qu'Aristote
« ne formula peut-être pas assez nettement ce qu'on doit entendre
par genre et par espèce » (7). Un passage du Liv. x (ch. 9) de la
Métaphysique serait cependant d philosophiquement décisif sur
la notion de l'espèce d (8). Le docteur considère que ysvoç, genus,
(du verbe yivcixïi). exprimait chez les Grecs et chez les Latins « un
ensemble d'être parents, et pouvant engendrer ensemble, ou étant
(1) Vny. pp. 3ol, 3o2 et 353, où Geoffroy cite des exemples.
{i) « lilooç, subdivision de yÉvo; est, dans le groupe principal, un ^-roupc cir-
conscrit », p. 353.
(3) Voy. p. :«o.
(4) Se reporter à la p. 354, puis à la p. 35o.
(n) Voy. ses Cours professés au Muséum de 1867 à 68, publiés in Rev. des C. S..
T. V, p. 454 et suiv.
(6) Traite, d'anthropologie physiologique et philosoiiliique. Paris, J.-B. Bail-
lièreet fils, 1863 (Voy. le l'"' chapitre du Livre premier, pp. 17 et suiv.).
(7) Dernières lignes de la page 23.
(8) Ce passage est rapporté tout au long dans le Traité il anthropologie.
INTRODUCTION XI
nilics ])ar la génération. I.o mot i/oirc av;iit alors la signilicalioii
que nous donnons aujourd'hui au mol espèce » (1). Mais, solon lui.
c'est Porphyre (jui, ilans Vlsdijoije, a attaché délinitivement au mot
(jenre la signidcation scienlifi(|ue qu'il a gardée dey)uis, et employa
le mot ;î5o;, eu latin sjnxies, pour désigner ce qu'on appelait autre-
fois (icnns {'l). — Voyant ensuite ce que devint l'enseignement de
Porphyre (3), héritier de la philosophie grecque, il remarque que
c'est i\ tort qu'on « s'imagine heaucoup trop de noire temps que
tout est moderne... et que la question iW l'espèce ne commence
qu'au xviii" siècle ». A l'appui de son dire, il cite Boëce, (dans
lequel il faut lire Porphyre pour le bien comprendre), lequel consi-
dère « l'homnu^ comme nue eftpèci' n.
Nous veuous de dire ijue Geoffroy ne date l'introduction du mot
speries en histoire naturelle que de la renaissance scientifique.
Y aurait il donc contradiction entre les deux éciivains '.'' Nous ne
le pensons pas absolument, car Geoffroy a reconnu que l'introduc-
tion en histoire naturelle du mot speries s'est faite sous l'inlluence
si longtemps prédominante en philosophie d'Aiistote et des scolas-
tiques, et que c'est leur doctrine sur les unim-rsunx qui les a
conduits à discerner partout, après le genre révo;, l'espèce Eïooç (4).
Or, c'est précisément le livre tle Porphyre qui posa la question des
cinq universaux. La conciliation serait encore sans doute plus
facile en disant que Porphyre ne parle qu'au sens métaphysique ;
ce n'est point ce sens qui a été recherché par Geoffroy, naturaliste.
Néanmoins, nous ne voulons point cacher tout ce que ces
passages renferment d'obscur à nos yeux. Ce qui parait bien
évident, c'est que le mot «espèce », en passant de la ])hilosophie
en Histoire naturelle, n'eut point immédiatement, co>nme le
remanjue Isidore GeotTroy Saint Hilaire (.">), le sens qu'on lui donne
aujourd'hui. Souvent, dans les anciens livres zoologiques, il est
l'équivalent de ylvo; et de geuus ; « on rem[»loie pour traduire
ces ex|)ressions dont on lui donne arbitrairement et confusément
tous les sens ; c'est l'espèce, mais c'est aussi le genre ; c'est encore
ave<' une signilication plus indéfinie, la sorti'... On ne se fait j^oint
scrupub; d'appliijuer tour à tour et au môme groupe, d'un passage
à l'autre, les noms de genre, de sorte, d'espèce ». Sans citer les
(1) Voy. p. 2-2.
(2) Voy. p. 25.
(3) Voy. p. 27.
(4) Bisl. des règne.i urgani.ii's', p. .'It,î.
(ii) Voy. p. '£)('), même chapitre.
XII DES HYBRIDES A L'ÉTAT SAUVAGE
ouvrages auxquels l'auteur, dont nous mettons les travaux à profit,
a recours pour dénionlrer ce qu'il avance (I), nous n'en voulons
pour preuve ([ue le Coiiniieiitairr iHtrral de la (levrsc du savant
bénédictin doni Calmet (2); celui-ci, suivant l'usage établi, emploie
dans la même phrase et dans le même verset, tantôt species, tantôt
genns, qu'il traduit coustamment par espèce (3). ti-aduction
employée, du reste, fré(|uemmenl dans les Bibles latines ou fran-
çaises (4). — Tandis que dans le texte hébreu, l'écrivain sacré ne
se sert que d'une seule expression, min, la Vulgate emploie tantôt
genus, tantôt species, comme si ces deux mots étaient synonymes
]»our elle. Notons que le texte grec ne porte jamais que yévoç ;
la bible auglaise (5) ne se sert aussi que de kincl (genre).
En employant cette seule expression, min. Moïse a-t il voulu
signilier le genre ou plutôt l'espèce ? Le Pentateuque est la seule
partie de la Bible où soit employé le mot min ; à part, paraît-il,
un passage d'Ezéchiel (xlvii, 10) dans lequel le ])rophète parle
des espèces de poissons.
Assurément, les connaissances scientifiques n'étaient pas assez
développées au temps où Saint Jérôme traduisait l'Hébreu en
Latin, jiour qu'il put distinguer entre l'espèce et le genre : d'où
les deux expressions gcnus et species qu'il emploie indilïéremment.
Il sera bon, cependant, de remarquer qu'en cela il ne paraît pas
se trouver d'accord avec le texte hébreu et le texte grec qui, l'un
et l'autre, on vient de le dire, n'ont toujours employé qu'un seul et
même mot. Pourrait on prétendre que mi)i renfermait un double
sens, ou plutôt que les Hébreux n'avaient qu'un seul mot pour
signilier ces deux choses, genre et espèce; que par conséquent
Saint Jérôme était en droit de se servir pour le rendre eu latin
tantôt de ijeniis, tantôt de speciesl — Cette question, à laquelle nous
ne saurions répondre, mérite d'être examinée (H).
(1) L'Histoire entière des Poissons, pai' lioiuielet tt Guy île hi Brosse, et De la
Nature des Plantes.
(2) Coiiniienlaire littéral sur les Livres de l'ancien et du nouveau testament.
Paris, MDCcxv.
(3) Voy. les premières lignes de I.t p. i'i. A la page 26 la mt'nie manière de s'e.\-
primer est reproduite. On nous oliji'clera sans doute (et pent-élre avee raison)
i|ue le Coinnienlaire de doni Oalinet n'est pas un traité d'Ilistnire naturelle.
(4) Ceni'se, cliap. I, vers. ?1, 24, 'i5.
(,')) Imprimée à Londres en KiOS, par Barker.
(Cl) Nous avons oonstdté à ce sujet des hébraïsants ; mais leurs réponses ne nous
ont pas sati^fait pleinejuent. il résulterait eependant de la correspondance échan-
gée avec l'un deux, i|ue min est employé là où ilous mettriuns « espèce ». Suivant
un autre, que nous croirions volontiers, il serait plus rationnel de traduire « cum
INTRODUCTION XIII
11 faut donc, comme le dit l'auteur de Vllisloire des Règnes urtja-
ui(jiu'!i (1), venir jiis([ii'iiux dernières iinnées du xvn° siècle pour
trouver des uaturjdisles qui rompent délinitivemeQt avec les
vieilles habitudes de classification et langage.
Ne peut-on conclure, avec .M. de Quatrefai;es, (|ue « la science
n'a fait que préciser ce dont le vulgaire a le pi'essentiment vague,
et ce n'est mOuie qu'assez tard et après une oscillation assez
curieuse, qu'elle y est parvenue » (2) ?
Nous uous trouverions ainsi amenés à l(!8ti, oii .(ean Ray regarde
(I comme étant de même espèce les végétaux qui ont une origine
commune et qui se reproduisent jiar semis » ; ou, uu jieu plus
tard, en 1700, époque dans laquelle Touinefort, posant nettement
la question, «appelle espèce la collection des plantes qui se
distinguent |iar quel(|ue caractère particulier ».
Nous voici passés insensiblement à la définition de l'espèce,
définition placée, suivaul la parole d'Isidore Geofiroy Saint Hilaire,
« au nombre des plus grauds problèmes dont l'esprit humain ait
à se préoccuper ». — Plus bas, en note, nous reproduisons plu-
sieurs de ces définitions (3).
simili suo ». On ne s:nirail d'ailleuis en tirer iictuellement iiucun argiinienl. Cilons
ici une plirase de M. Sanson, dans la<|uelle il dit que « le terme espi^ce, s'il est
ramené à son sens vérilable, au ftiif i/u'U a dans la (lenfse, pur exemple, ne cor-
respond qu'à la noliim de dislinilion entre les types, dislincUon qui est un tait mis
en évidence par celui de la race même {C. H. de l'Acad. des Sciences, T. 64. p. 824).
(1) Voy. p. :j;i8.
(2) L'Espèce humaine, cliap. Il, pp. il et 2ii de la \>' édit. l'aris, 187U. Mous
avons ouvert plusieiiis dictionnaires des XVI«, .WII" siècle, et, nous reportant aux
mots Espèce et Genre, nous avons trouvé dilléreutes définitions qui montrent
que l'on n'atlacliait pas vers cette époque à ces mots le sens actuel.
(3) Suivant Bnllon, l'espèce est une succession constante d'individus semblables,
xapables de se reproduire. Jussieu s'est exprimé à peu près de la même manière,
ainsi qu'Adanson. lUiger dit seulement ipie « l'espèce est l'ensemble des êtres qui
donnent entre eux des produits féconds n. Elle est, d'après Cuvier, « la collection
ou la réunion de tous les corps organisés, nés les uns des autres ou de parents
communs, et de ceux (jui leur ressemblent autant qu'ils se resscud)lent enire
eux ». t L'espèce, dit Duméril, est pour nous un nom collectif d'individus qui
peuvent se reproduire avec des (pialités, une structure et des propriétés abso-
lument semblables ». D'après Haulieiilon. elle n'est qu'un yronpe dé classilication
artillciellc comprenaol cdous les individus qui se ressemblent plus qu'aux autres».
Henri .Martin la délinit ainsi : « L'ensemtde des individus qui. ayant liérité d'une
orïjanisalion semblable dans tous ses principaux détails, peuvent remonter par
propagation à des êtres propagateurs semblables à eux, postérieurement à la
dernière révolution du globe, cl dont les didércnces d'organisation, s'il y en a,
peuvent par conséquent s'expliquer par l'action prolongée des causes actuelles,
XIV DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
11 ressort de la plupart d'entre elles que l'espèce a pour caractères
essentiels (( la ressemblance et principalement la succession cous
tante par voie de reproduction )). Le plus grand nombre des natura-
listes ont adopté cette manière de voir. Il en est, cependant, même
parmi les savants de l'école classique, qui pensent ditïérenimenl.
lanl nalmelles (|u'aililicitlles ». D'après Mgi' Maupied, « l'espèce zoologique est
l'animal muni d'organes réunis ou séparés à l'aide desquels il peut se perpétuer
dans le temps et dans l'espace avec les mêmes propriétés ou qualités plus ou
moins développées dans un certain laxum, ayant ses minima et ses maxima
déterminés par les circonstances et les milieux, mais qui ne peuvent être dépassés
sans que l'animal périsse ». Les espèces, dit Pritchard, sont des ensembles de
plantes ou d'animaux que l'on sait de science certaine, ou que l'on peut croire
d'après de justes niolils, être des rejetons d'un même tronc, ou descendre de
familles entièrement semblables et impossibles à distinguer les unes des autres ».
l'our Flourens, « le caractère de l'espèce est la fécondité continue ; pour Marcel
de Serres l'espèi-e est une sorte de type qui se perpétue par la génération et autour
duquel oscillent certaines variations d'autant plus nombreuses que l'être cbez leciuel
elles ont lieu est plus capable de supporter, sans en être sensiblement incom-
modé, des changements extrêmes dans les circonstances extérieures n. Pour M. Cari
Vogt « elle est la réunion des individus qui tirent leur origine des mêmes parenis
et qui redeviennent par eux-mêmes ou par leurs descendants semblables à leurs
premiers ancêtres ». Suivant Wagner, « Pensemble de tous les individus qui
peuvent pjoduire entre eux une descendance féconde, indélinlc, continue, constitue
l'espèce ». C'est là le signe essentiel. De Candolle dit que l'espèce est «la collection
de tous les individus qui se ressemblent entre eux plus qu'ils ne ressemblent à
d'autres ; qui peuvent, pir une fécondité réciproque, |)roduiro des individus
fertiles; et qui se reproduisent par la génération de telle sorte qu'on peut, par
analogie, les supposer tous sortis originairement d'un seul individu ou d'un seul
couple ». Millier dit que « l'espèce est une forme de vie, représentée par des
individus, qui reparait dans les produits de la génération, avec certains caractères
inaliénables, et qui se reproduit constamment par la procréation d'individus
similaires. Cette dernière circonstance, ajoule-t-il, dislingue l'espèce des formes
hybrides ou bâtardes ». En somme, « la reiiroduction constante du même type, ou
de la même forme de vie, par l'union avec son semblable, est le caractère
essentiel et inaliénale de l'espèce ». Pour M. de Quatrefages, l'espèce est « l'ensem-
ble des individus plus ou moins semblables cuire eux qui sont descendus ou «pii
peuvent être consulêrés comme descendus d'une paire primitive ». Lamark avait
(lit « quelle est la collection d'individus semblables que la génération per|>êtue
dans le même état » ; mais il ajoutait : « tant que les circonstances de leui
situation ne changent pas assez pour faire varier leurs habitudes, leurs caractères
et leur forme i). Citons encore Isidore deoUroy Saint-llilaire qui dêhnit ainsi
l'espèce : u Une collection ou une société d'individus plus ou moins semblables
entre eux et qui sont descendus, ou qui peuvent être considérés comme descendus,
d'une paire primitive par succession ininterrompue de famille ». On trouve encore
dans le Nouveau cows d'agriculture An définition suivante : « On appelle espèce
dans les animaux et les végétaux la série des individus qui se ressemblent par
le plus grand nombre de caractères essentiels et qui se propagent avec les mêmes
caractères par la généralion ».
INTRODUCTION XV
Afin.ssiz tisl de. ce uoiiil)re : pour lui, l'espèce est foiuléc k sur
l'oxacle détenniiiation des rapports entre les individus et le
monde ainliiaut, de leur parenté, de leurs proportions et des
rapports des parties aussi bien que de rorneineul spécial des
animaux ( I) ».
Avouons i|ue, dans la prati(iue, il est dillicile d'élalilir sur des
caractères morphologiques une règle capable de caractériser
l'espèce. N'arrive-t-il pas fréquemment que deux individus de
même esjjècc difïèrenl plus entre eux, au moins i^n apparence, que
ne dillèienl d'autres individus spéciliquenient distincts (2).
Quelcjuefois ces dissemblances, tant extérieures qu'anatomiques,
se présentent à un si haut dei;ré entre animaux de même espèce,
(ju'on est tenté de classer ceux-ci dans des gtïiires dilïérents. k Les
dernières observations auxijuelles certaines espèces ont donné
lieu ont montri'. dit un savant zooloiiisle (."(), que des individus
dans plusieurs circonstances présentent des dillérences tdies (]u'on
a souvent rajjporlé les diverses formes à des genres ou même à
des ordres 1res distincts. Tant(M, au contraire, c'est l'opposé ;
l'importance des caractères étant presqui; impossible à apprécier.
Lorsque surtout on arrive dans le inonde inférieur, le classement
devient de plus en plus difficile. Aussi, peut-on dire en quelque
sorte avec Lessoii (4), sans être taxé d'exagération : « que les
nuances qui peuvent servir à distinguer les espèces, dans quelques
familles, sont si peu précises et si évasives qu'il est presque
impossible de les rendre sensibles par une description (;>) ». Que
de fois, en présence des nombreux échantillons des collections
(1) Nature el défmUinn des espèces. Hev. des cours scientifiques, t. VI, pp. lOCi,
167 et 169, 1868-09. Il est vrai que M. Agassiz n'est pas un nionot;pniste.
(2) « Il arrive souvent, dit Prilcliard (p. 12. np. cit.), (|ue deu.x imlivldus. ipii
appartiennent rcplleinrnt à la même espi'ce, dillérenl plus entre eux en apparence
(|ue des espèces distinctes i. « Il est inipossilde de niéconn;iître, dit M. de yualre-
fages (in Itaraiii et ses l'réctirspurs, p. 2:iii, eil. par Sieard, p. 128). que les
dissend)lances laiit extérieures qu'anatomiques, existant parfois entre animaux de
même espèce, même de races di/Jërcutes, sont telles (jue, rencontrées chez des
individus sauvages, elles moliveraienl l'étahlissenient de genres distincts el
parfaitement caractérisés Tout le monde sait, dit Agassiz (Les principes
rationnels de la Class. /.itol W. de l'A, S., p. 150, T, (>) •., que les métis el les
lemcllesde queUpies espÉces diflërent entre eux beaucoup plus que certaines espèces
ne ilillèrent l'une de l'autre.
(:t) Paul Gervais.
(■4| Cit. p. tiérard. {Dicl. d'Orbignij, p. 4;J6).
(b) On doit, il nous semble, appliipier ce raisonnement, surtout à la description
des indiviilus de sexe femelle dont les caractères sont bien moins Iraocliés (|ue
chez les mâles.
XVI DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
oriiitlidlogiques, nous soiiimes-nous deuiaiidé : Où commence
res|)èce? où finil elle? — 11 est vraiment curieux de comparer entre
elles les diiïérenles appréciations des naturalistes dans la classifi-
cation des êtres or{,^anisés ; sauf pour les grands embranchements
et les classes, peu sont tombés d'accord, môme pour la constitution
des ordres ! Cela provient peut-être de notre ignorance sur la
constitution des espèces (1).
Les phénomènes de reproduction resteraient donc la base essen-
tielle de la distinction des espèces. C'est du moins ainsi que les
ont compris Budon, Cuvier, Flourens et beaucoup d'autres
émiuents naturalistes. L'idée de ressemblance n'est qu'accessoire ;
ce qui, à leurs yeux, constitue réellement l'espèce : a c'est la
succession des individus qui se reproduisent et se perpétuent »,
c'est-à-dire la succession par la génération (2).
En admettant que l'appréciation de ces savants soit juste,
(1) Déjà nous avons tait cette remarque. Nous ne nions pas \^av là t'identité de
l'espèce; nous reconnaissons seulement que, dans l'état actuel de nos connaissances,
les moyens nous manquent pour la reconnaître et la définir. Cependant, M.Kernand
Lataste est pleinement convaincu que les limites morpholoi;iques de l'espèce
existent et qu'elles sont nellemenl déterminées dans la majorité des cas. (Voy.
Actes de la Soc. se. du Chili, t. III, p. 10S, 1893). M. Sanson va plus loin ; il
croit avoir trouvé expérimentalement les bases ostéographiques de la caracté-
i'islique anatomique de l'espèce chez les Mammifères. Cette caractéiisliquc
dépendrait essentiellement des formes du squelette dont les fondamentales sont
tout à fait spécifiques. Ce sont celles-là, dit-il, qui se reproduisent invincible-
ment, (|uel(|ues etïorts qu'on leur oppose par des artifices de sélection ou de
génération croisée. Les variations obtenues ne touclient, parait-il, que des
attributs accessoires de l'individu, dépendants d'activités physiolo,:;iques suscep-
tililes de plus et de moins et ne varient que dans les limites d'amplitude de leurs
oscillations naturelles. (Voy. son article. Zoologie et Paléontologie in Ann. des
sciences nalurelles, t. XV, p. 3, 1872) — Nous avons demandé à M. Sanson si ses
remarques sapplii|ueut aux Oiseaux et aux Poissons. (11 est bien cerlain qu'elles
ne peuvent s'apidiquer aux invertébrés, c'est-à-dire, par exemple, aux insectes ou
aux mollusques). II nous a répondu (lu'il n'a point fait d études cràniologiques
particulières sur les Oiseaux, si ce n'est celles qui ont été sommairement indiquées
dans l'examen critique des expériences de Darwin sur les Pigeons, publiées dans
le temps par la revue de M. Littré. Il n'en a pas moins la certitude que les
caractères spécifiques, tirés des formes crâniennes, s étendent à tous les vertébrés.
Gérard (in Dictionnaire d'Orhigny, p. 43t>) prétend cependant « qu'on trouve peu
d'Oiseaux qui présentent des dilTérences fondées sur d'autres caractères que le
système de coloration ». Les vues de M. Sanson sont, d'ailleurs, vivement critiquées
par M. Baron (in Bull, de la Soc. centrale de médecine vétérinaire, t. ;i, de la
nouvelle série, XLl, volume, p. 77).
(2) Voy. Butlon, Histoire naturelle : Georges Cuvier, Le règne animal, 1829 ;
Flourens, Ilisl. des travaux de Cuvier, 1841, p. 215 et Annales des sciences
naturelles, t. IX, 2, série, ISJS.
INTRODUCTION XVII
leur théorie, (qui nous parait rationiielle), ne peut guère néanuioiiis
tUre vérifiée expérinientalenieiil (|ue pour uu iKJUilire très restreint
d'espèces.
La (lilliciilté de reconnaître i'i^spèce, (iitlicullé que? nous sij^ualons,
justillc noire volonté d'ecarler le mot ((espèce» de notre titre et
la sulistitution (jue nous avons faite de (( fonnc animale )>.
III. 11 nous reste à donner noire troisième raison, (lour laquelle
nous avons préféré employer cette expression (( dlal libre » à c(;tte
autre (( état sautiup' ».
Partout sur le glolte l'influence de l'JKininie s'est depuis long-
temps étendue : il n'en est point aujourd'hui une seule partie où
son action, soit de loin, soit de prés, ne soit ressentie. Tous les règnes
en ont été profondément modifiés, et les corps organisés n'ont pas
été moins remués que la malière ([ui a servi, comme eux, à toutes
sortes d'usages.
Si les sources, les toirents, les rivières se sont desséchés par
suite du di'hoisement du sol, si l'almosp]i(;ri! elle-même a suhi
de graves |)erturi)ations( I), les faunes et les llores se sont trouvées
déplacées du milieu qui leur convenait, transportées sous d'autres
climats, mises eu contact avec d'autres formes, d'auli'es genres (2).
(1) " Ciiinliien île réfjioiis, jadis (ruiuî cicliessc iiUM'^eilIciisp, dont le sol nouri'issait
une |>o|iulaUnn lloiissanlc. cl iini. adjoiiid'luii, siihissciit tatiUH les ravages des
lorreiils, lanliM les ardeurs du soleil 1 D'oii vieiil ((ue la dosolnUmi a reiii|ilacé
l'opiiieiKi' " Aiilrelnis. les arlires aux raeincs puissantes et au feuillage toulhi
abritaient le sol de ees régions, et les (or(!'ts en eiiuvraient les montagnes ; ces
arbres et ces (ori^ls ntcnaicnl à leur pied riiiiniidilé bienfaisante et la laissaient
écouler goutle à goutte, pendaiil tmil le courant de l'anné'e, vers les arbustes
des coteaux et les iicrbes des cliamps. Ou a eoup(!> les arbres, incendié les forijts ; à
la chaleur ft'conde et à l'humiditi'' constante, oui succède les ardeurs clu soleil et les
caprices des torrents. » Ce passage est extrait d'un numéro de journal (lui nous
est tombé sous la main ; nous ignorons le nom de l'auteur. Il nous a paru (jue
ce passage avait sa place ici).
(2) (tn cite de nombreu.v exemples, particnlièremeiit dans le lîiilb tin de la
Société d'acclimatation (liull. des se. nal. appli(iiiées). Signalons enire autres :
l'introduction des Colins (F. cdjD'iisis) au Cap de Honne-Kspéiance (n" du ij, 7, 92,
p. 20;)); des .Alloiielles provenant d'.Xngleteire dans la Ilépnlilii|iie .\rgentine
(n"dii 20 mars ISltli) ; des Moineaux aux Etals-lnis et en .\iisliilie (année l<S89,
p. 8lili et n° du i" juillet ISS'.t, p. (i'.H'i) ; des grands (.:o(|s de liruyi-re dans le même
étal (11° du 20fév. INI'i, p. 1S7) ; de gibier exoliipie eu Itidième in'ilu 10 avril 1S'.'3,
p. :i8:i) ; des Corbeaux à Zanzibar {n° du i'O décembre IS92, p. 1)74) ; des Dindons
sauvages dans la (oièt de Marly (année 1S'.)2, p. 217); des l'aons eu Hongrie (n" du
5 mars IS'.V'i, p. 42(i) ; des i\I<iiillons dans le même pays à Talral-oiiinit/. (n" du
20, novembre, '.14, p. M'.i): des Cicouses en Daiieiiiark (n' du 20 juillet 1S9:!) ; des
mêmes Oiseaux en .\llemagne (d'après le Zoologisl, n» do février IS'.lt, p. .'i;)) ;
des Cerfs, des Gallinacés, des Passereaux, des Lapins, des Lièvres etd'aulres espèces
carnivores en Australie (Nouvelle-Zélande), (n° du 2U juillet 89, p. (HKi). Ce n'est
poinl, toiilefois, sans dommage (|ue ces cbangemeiits se sont accomplis dans la faune.
Tout le monde sait i|ue rinlroductnm du Lapin a élè néfaste en .\u>tralie et a
ruiné plusieurs dislricls agricoles, Le Lièvre a dévasté aussi nombre de pUinlalions
et le Moineau par endroits constitue un véritable Iléau (p. (i'.H!, n" du 20 juillet
1889). Sur la Uabbit pUtijue (|ilaie ou Iléau des Lapins en .-Vuslraliei, voir parlicu-
llèreiuent le Zoologisl, n" du l(i mars ISIIH, p. '.Ki.
Suclietet. — 2
XVIII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Que d'espèces même pourchassées, traquées de tous côtés se sont
éteintes sans laisser de représentants (1)? Où est-ii maintenant
le lieu naturel où la plante peut croître, où l'animal peut exister,
en dehors de circonstances arlilicielles ?
Le cours d'eau où nage le poisson est empoisonne par les di'jec-
tions de l'usine (2) ; la rive marécageuse où le Palmipède et
l'Echassier trouvaient une retraite pour pondre leurs œufs a été
canalisée ; les chemins de fer sillonnent l'espace, ébranlent le sol ;
les Gallinacés, comme les Passereaux, brisent leurs ailes sur les
fils télégraphiques tendus en tous sens; l'habitation de l'homme
est partout répandue, éloignant le gibier qui ne sait plus où fuir
et qui disparaît. Les Heui-s, les arbres, qui sont plantés en mille
endroits, sont dus à l'acclimatation (3). La propriété qui se divise,
le sol qui se cultive de plus en plus, la forêt surtout cpie l'on
défriche, la navigation à vapeur qui parcourt les fleuves, les mers,
et mille autres causes destructives, ou seulement modificatrices (4),
ont contribué : les premières à l'extinction des espèces (o), les
secondes à leur éloignement. Le déboisement, entre autres causes,
a été on ne peut plus préjudiciable à la gent emplumée; voyons
ses pernicieux résultats (6).
(1) Voy. à ce sujet : Bull, de la Soc. zoologiquo, n^dc féviiei- ISiKj, p. •'il ; aussi
le Naturaliste, n» du 15 mars 18%, p 68, où l'on dit ([ue VHoiibara unduUila va se
trouvei- à l'état de souvenir en Algérie. Voir encore u On Exlincl binis, par
llartaub, Ibis, octobre Do, p. 493.
(2) Voy. un e.xeuiple à ce sujet dans : Le l'arc île LongcIminpx-siir-Geer, par
M. Craha};, in Bull, de la Soc. cent, (orestière de Belgii|ue. aoùl 18'J4. p. 7'i4.
(p. it du tirat^e à part. Bru.xellcs, iniprinierie van Bngj,'onlioudt).
(:{) ie fiirc de Longcliaiiips, qui renterme de nombreuses essences exotiques,
est dans ce cas. (Voyez la brochure ci-dessus citée). Sur le uiènie sujet : Etude sur
l'acclimalalion des plantes et des animaux. (L'Acclimatation illustrée, n° du S
avril 1886, p. 317).
(4) Consultez entre autres : Bird fatnlity along .\ehniska Railroads, par
Edwin Barbour, (The Auk, p. 187).
(5) Voy. par exemple le Bull. Soc. zoologiijue de France, p. 41, n' de ter 9';,
où l'on dit qu'un comité de naturalistes et de sportmeii anglais a fait des remon-
trances à la compagnie anglaise du Sud africain en vue de protéger diverses
espèces de grands animaux qm sont en dangoi- d'exUnclion totale par suite de
leur abalage. Parmi ces animaux, on doit lucutiunner spéi-ialement la Girafe, le
Zèbre, l'Elan, le '"mou, le Koudon, r.\ulruclie et diverses petites Antilopes. On ne
peut qu'approuver, ajoule-t-on, cette initiative et souhaiter ardemment qu'elle
porte des fruits, quand on considère que nombre d'espèces animales se sont éteintes
dans les temps modernes par suite de 1 action de l'homme ». C'est un exemple
entre mille que nous citons.
(6) On pourra consulter très nlilemcnl : « Du déboisement des campagnes dans
ses rapports arec la disparilion des Oise.a}i.r utiles à l'agriculture, par M. A.
Burger (brochure de 63 pages éditée à la librairie agricole de la Maison rustique).
Nous avons mis ce travail à prolit et nous lui avons fait des emprunts. Sans doute
un .Mémoire sur la destruclion des Forêts et sur les ep'etsgui en résultent, par
M. J. Ooulcet (1821), fournirait d'utiles renseignements. Nous n'avons pu nous le
procurer à la Librairie d'agriculture (V'" Bertrand lluzard), où il avait été public.
INTUODUCTION XIX
Dans la llorc arborescente se trouvent des essences propres à tel
genre d'Oiseaux ; tel autre genre ne saurait y vivre. Aux Oiseaux
voraces, les arbres tle haute futaie, Icscbr'nes séculaires, les sa|)ins
plantés sur les monts; aux Oisciux de vol moindre, le taillis et
l'arbre brauchu ; aux petits Passereaux, le buisson et le fourré;
dans la forêt même un certain mode de boisement est nécessaire à
une esi)6ce déterminée. Faites disjiaraîlre ces abris, et leurs hôtes
fuiront ou contracteront d'autres habitudes. N'a-t-on pas vu les
Veuves (Ploceinœ) qui habitaient les forêts toulTues de l'Afrique
australe aller, devant le déboisement (]ui s'acc()mi)lit, suspendre
leurs nids aux poteaux télégrai)hi(iues ; ou bien, eu Californie, le
Pic Vert (Mchineipes lornncivorns) iiislaller sa demeure et ses innom-
brables ma;;asius d'ai)provisionnemeut à l'intérieur de ces mêmes
|)oteaux jiercéspar lui i)our la i'ircouslance(l)? Citons encore les Moi-
neaux, ces bètes intelligentes, qui transportées aux Etats-Unis, ont
mis à profit les wagons circulant sur les lignes de chemin de fer (2).
L'enlèvement dans les plaines, la destrucliou dans les campa-
gnes des derniers lestes de la végétation arbustive, n'ont pas été
moins préjudiciables à la reproduction des Oiseaux (3). Le socle de
la charrue parccmrt les champs où d'utiles retraites étaient autiefois
ménagées de place en place ; les céréales qui poussent abondam-
ment ne sauraient les remplacer. Et du reste, là encore où des
retraites subsistent, c'est-à-dire là encore où l'arbre et le buisson
sont debout, l'enfaul du village, le paysan lui-même ne sont-ils jias
aux aguets pour tendre leurs pièges, enlever les nids, écraser les
œufs, taudis ([ue le chasseur ou le braconnier jiromèneut la deslruc
tion d'une manière non moins meurtrière. Oue d'éi|uilibres ainsi
rompus 1 (Juand l'Oiseau migrateur passe à tire-d'aile dans une
contrée où il se posera à peine, le tra(|iieur est embustiué pour le
détruire : et, lorsque le volatile regagneia l'habitat qui lui est pro-
pre, les conditions naturelles s'y seront modiliées : il trouvera peut
être de ces nids artiliciels, nouveau genre d'habitation où des
espèces se sont, parait-il, adaptées (4).
(1) Voy. » Nids et végiHiiux sur les /i;;/ic.< léU'graiilUques n. in Rcv. des se.
naturelles appliquées, n" du 20 juillet 1890, p. 718.
(2) Nous laissons la responsaliilité de ci'lle indicalmn à relui i|ui la (ail i-unnaitrc
ilans la Revue des se naturelles appliquOes, n° du M septejiilire I8110, p. 889:
« Le prnrh rte.i Hloineaux aux I^luts-Liiis n. par M. 11. Brezol.
(3) Voy.surce sujet, (in Bull. se. nat. appliquées, 18H7. p. 3i)i), une communication
de M. (J. Saint-iniaire
(4) Voyez un article tort intéressant publié dans la llev. des se. naturelles appli-
quées (ir du J(l juillet IS'.K), pp. 89-90). (In y constate que l'exploitation forestière.
Iclle ipi elle ••»! piat'qucc aciuellenieni, diminue de plus en plus le nombre des
.XX UES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Desceiiduus plus bas, les marais ont été desséchés, les hautes
herbes qui y poussaient brûlées, les petits arbrisseaux arrachés ;
partout des pays cultivés. Où ira pour se rej>roduire l'Oiseau
nageur ? Les glaïeuls et les roseaux qui ont été coupés lui étaient
indispensaliles pour abriter sa nichée et la protéger contre la bète
de proie. L'eau, souvent reserrée eutre deu.v ([uais, a été elleraènie
visitée ; le repeuplenieut des lacs, des gi'audes rivières, des étangs,
des cours d'eau, des fleuves se fait aujourd'hui sur une très grande
éclielle. On y jette à profusion d'immenses quantités d'alevins d'où
naîtront des poissons, espèces nouvelles qui se trouveront en contact
avec les anciennes (1). On cherche môme à empoissonner les cours
d'eau avec des alevins hybrides, productions artificielles, instables,
sans avenir, élevées sous des i-égimes variés et dont les habitudes
se trouveront niodiliées comme ont dû se modifier celles de ces
espèces obligées de vivre dans les milieu.\ habités et cultivés
|iar l'homme (2). Que de changements sont certainement survenus
dans l'animalité, liée intimement à la flore comme celle-ci lui
est liée ; de telle sorte que ces deux choses ne sont jamais
indépendantes l'une de l'autre! Mais aussi, que de modifications
sans doute dont ou ne peut se rendre un compte exact ou i]ue l'on
ne peut apprécier à leur juste valeur, la création primitive recelant
des harmonies diverses, maintenant brisées et dont les effets bien-
faisants ne se produiront plus désormais.
L'état libre, indépendant de toute circonstance artificielle,
n'existe donc plus aujourd'hui pour l'animal sur le globe terrestre,
et celui-ci, pourchassé de ses demeures, transporté dans d'autres
milieux, se ressent à chaque instant de l'inllueuce que l'homme
exerce sur son habitat.
Ces explications étant données, revenons d'une manière plus
directe au sujet que nous traitons, et voyons tout d'abord ([u'elle
est l'importance de l'étude des hybrides.
retrailes île beaucoup d'Oiseaux de dillérents ordres. La plupart des Oiseaii.x ipii
élablissent leurs nids dans les Irons d'arbres ne songent plus à recreuser leurs
retraites disparues. On a donc essayé de remédier à cet élat de cboses en ofTranl
à ces Oiseaux des nids arliliciels. An siècle dernier, peut être à une époque anté-
rieure, on faisait déjà usage de nichoirs artificiels dans la Tburinge orientale, etc.
(1) Les lUilletins de la Société d'acclimatation comme ceux de la Société centrale
d'a(iuiculture, abondent en exemples de ce genre.
(2) Consultez à ce sujet le Bull, de la Soc. d'accl., 29 Jiovembre 'J4. p. 574 : «Métis
(le Salmonidés ».
iNTnoniJCTio.N XXI
III
L'étude tic l'hybriditi', nous l'iivons déjà dit, présente un Ins vif
intérêt : la plupart dfs zoologistes la regardent comme très impor-
tante (1). On Ta liée intimement avec la question de l'espèce, à ce
[>()int, fait remarquer un zootecliniste distingué (2), que cette der-
nière ([uestiou, « fondamentale en zoologie générale », a été |)lus
d'une fois ahoi'dée parcelle de l'Iiyhridité.
L'iiybridité se rattache, en eflet, aux phénomènes de reproduc
tien, phénomènes (jui, aux yeux de Cuvier (.1), méritent au plus
haut degré les observations du naturaliste, car ils sont poui- ce
grand homme, indépendamment de ce qu'il y a de mystérieux et
d'admirable dans la génération, des plus importants pour l'histoire
naturelle.
Des maîtres incomparables en ont fait le critérium de l'espèce.
C'est ainsi qu'on a établi les caractères de l'espèce parla féromlilé
continue cl lescaiactères du genre parla j'cœndité bornée [i]. — Bu lion
pensait qu'un des mystères profonds de la nature, la parenté
d'espèce, ne pouvait être sondé (ju'à force d'expériences de croise-
ments et connue seulement par le résultat de l'union d'animaux
d'es|iècc ditïérente (5).
S'il en est ainsi, il se cache vi'aiment derrière la i[iiestion de
l'hybridilé (( un problème en présence duquel aucun esprit sérieux
ne peut rester indiilérent ». Est-il besoin de rappeler l'importance
exceptionnelle, mais probablement exagéi'ée que les anthro|)olo-
gistes ont attachée aux résultais fournis i)ar le croisement des
espèces animales ((>)'.' Tout le monde sait que M. Quatrefages s'est
(1) Voy. Broca, op. cit., pp. 329-3:10.
(2) M. Sanson, in Bull. Soc. aniluopol. (Soanci' d» 17 fléconibrc 18tS), t. III,
p. TM. •• l.'hijiiriilili' ... Voy aussi Znologie.el l'uléontologie, In .\iinal. se. nal.,
l XV, p./.. IS72.
(;t) Annales ilu Miisér.ni. I. ,\ll, p. lil cl autres pages.
(4) KIouiens : de VInsluict et de l'Intelligence, p. l'i'J de la 5' édil., 1870. Voy.
.niissi llxuiiien ilu liire de M. I)(truin sur l'origine îles espaces, p. lOS el p. 1 K),
18HI. Voy. encore Onloliigie naturelle ou lilude phitosophique des êtres, p. 10,
ISCil, et llisl. des Travaux de Cuvier, 3' édil., IKiS, p. 246, ouviages où la même
idée esl exprimée
(">) Bnllon, l. IV, p. 210. esl Ici cilé p:ir Tlourens. in <le Vlnslincl et de l'Intelli-
gence, p. \")8. «Comment disait Bnllon, pourrail-on connaître aiilrement que par
les résultais de l'union mille et milli' (ois leDlée des animaux d'espèce ditïérente
leur degré de parenlé '.' »
(ij) Voy. Broca, Mém. d' Vnllii()p()l(if,'ie. pp. 329 el 330.
XXII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
appuyé sur les phénomènes de reproduction pour fonder sa
démonstration de l'unité de l'espèce humaine (1).
En faisant cette remarque, notre intention n'est point cependant,
de nous occuper des phénomènes de reproduction par rapport à
l'homme, puisque nous les cotifidérons uniquement par rapport aux
animaux. Nous nous sommes déjà expliqué à cet égard dans les
pages qui précédent (2) mais nous appelons toute l'allenlion du lec
teur sur cette observation que nous lui avons présentée intention-
nellement au début de l'exposé de nos recherches (3).
Sans rabaisser aucunement la question de l'hybridilé, même
envisagée, seulement comme nous le faisons, c'est à-dire au point de
vue de l'animalité, nous nous permettrons aussi ([uelques réserves
sur les théories classiques et déjà rappelées. L'indifférence, ou
pour mieux dire la répugnance Instinctive que les espèces difïé-
rentes éprouvent les unes pour les autres, à ce point, comme on
l'a justement écrit, (( qu'il faille souvent la ruse et la puissance de
l'homme pour leur faire contracter les unions hybrides », est bien
suffisante sans doute pour les caractériser, et nous permettre de
les séparer les unes des autres puisijue cette aversion est un obs-
tacle à leur confusion.
C'est pourquoi nous nous demandons s'il est absolument néces-
saire, comme on le fait, de refuser en outre aux protluits qui résul-
tent de leur union «m(/m/('//e ou torcée la fécondité continue, carac-
tère naturel et essentiel de l'espèce, surtout lorsque l'on sait que la
fusion des caractères des deux espèces mères, ne pouvant s'accom-
plir, l'hybride fait inévitablement retour à l'un des types ances-
iraux (4) ?
Les essais de croisement, tentés jusqu'alors, n'ont pas été suivis
pendant assez de temps et ne se sont point assez généralisés pour
être proclamés définitifs et pour permettre d'aborder franchement
le sujet perplexe en posant des règles invariables.
Il est des savants pour lesquels il est même faux « que la fécon-
dité de deux sujets prouve qu'ils appartiennent à la même espèce >i.
Et pour eux « soutenir la thèse delà fécondité des hybrides n'est
noiut donner un appui au système de la descendance transfor-
(t) D'aljoid dans ses Cours professés au Muséum d'Histoire nalurolle pendant les
années 1867-18(38 ; puis dans son ouvrage connu de tous, i'l^<pl'ce humaine, éililé
pour la première fois en 1877.
{2] Vage ix, '.i' ligne.
(3) Disons en passant (s"il en était iiesoin) que nous considérons comme Irop
variables les systèmes scientifiques pour soiimetlre le doj^me à leur critique. Nous
attachons donc peu d'iuiporlanco aux démoustralions scientifiques lorsqu'elles ont
pour but de prouver des vérités révélées.
(4) Nous nous expliquerons de nouveau sur ce sujet.
INTRODUCTION XXIH
miste ». Us peiiseut quo le rontr;iire est la vérité ; « la raison en
est, disent-ils qu'il y a nne distinclion possible entre /w/vH^ephylo-
Sénique ou de dcscendauce, et alliiiilé physiologique concordant
avec la ressemhlance. dette distinction, qui est, selon eux, inatta
(|ual)le, sullit |)our écarter la thèse traustorniiste ; car il faudrait
|)rouver, pour maintenir celte thèse, que Vd/linili; plnisiolonici ne est
due à la descendance ou à l'origine commune : or cette preuve n'a
jamais été faite (1) ». Nous avons vu tout à l'heure (pie d'autres
savants aussi, pour qui « l'espèce, est fondée sur l'exacte détermi-
nation des rapports entre les individus et le monde aml)iant, etc.,»
n'acceptent pas pour ses caractères essentiels la succession
constante par voie de reproduction.
Ces réserves ne sont points formulées dans le but de nier la fixité
de l'espèce, ce fait dont Flourens a dit : (( pour qui sait en avoir la
beauté, l'histoire naturelle n'a rien de plus beau. » .Nous sommes
bien loin aussi de prétendre que la fécondité illimitée soit l'attri-
liut (le l'hybride, comme elle l'est du produit de l'espèce : des
réserves n'impliquent pas l'obligation, pour qui les fait prudem-
ment d'admettre que le cas que l'on considère comme possible se
soit jamais réalisé. — Tout au coutraire, on l'a vu, nous considérons
la (|uestioii de l'hyhridité comme Irt's importante et méritant, à plus
(l'un titre, une étude spéciale.
11 est à remanpier cependant que, ni en physiologie, ni en ana-
tomie, ni en zoologie, les hyltrides, même artiliciels (2), n'ont été
étudiés d'une manière suivie; cette négligence est telle que l'on
pourrait encore redire aujourd'hui ce qu'on lit dans une note
de l'ouvrage du physiologiste Mueller, ouvrage écrit il y a déjà
plusieurs années : (( L'acquisition des faits d'hybridation a presque
toujours été abandonnée au hasard et rarement elle a été le sujet
d'expérimimlalions directes, ni moins encore suivies i;{) ».
Ce n'est point que des regrets ou des desiderata n'aient été expri-
més au sujet du délaissement d'une (piestiou aussi intéressante. On
en rencontre l'expression chez les anciens naturalistes comme chez
les modernes. .\u siècle dernier Bullon regrettait que l'union d'es-
(1) Le li. P. Ili'udo, in Méiiioires concfrnanl l'Histoire nulurelle de l'Empire
chinais, pac des |ii>r<>s de \;\ Compagnie de Jésus ; Cliaii|{-IIaï, imprimerie de la
Mission (•aUioli(|iic, ;i roiphelinal de Tou-si-Wé ; dépôt à Paris, rue Barbet-de-
Jouz, 17, cliez M. 11. Viyuiei-.
(2) C'esl-à dire ceii.\ qui proviennent d'unions provoquées.
{'•i) Noie du traducteur, le D' .lourdan, p. 2ViH. Nous n'ijinorons point les expé-
riences de l"r. Duvier et imrliculiirenient celles de KIourens, faites au Musénni.
Mais Hourons reconnaissait lui-nu''me (|ue les faits, (ju'il avait pu rassenililer. se
réduisaient à peu de chose. Voy. de l'inslincl, 5* édit., 187U, et l'édition 1840.
XXIV DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
pèces ilifiérentes n'eût pns été assez tentée (1) ; le baron de Glei-
clien montrait combien il était rej^rettable « que tant d'obs-
curité régnât encore dans cette importante partie de Thistoire
naturelle (2). Giorna s'élonnait <( que l'iiomme toujours inventif,
toujours curieux, instruit el encouragé surtout par les avantages
qu'il lir^ du Mulet, du Bardeau, n'ait pas tenté d'obtenir de nou-
veaux métis en unissant d'autres espèces voisines d'animaux
utiles (3). — Après ces auteurs, et plus récemment, Rudolpli
Wagner, indiquait l'utilité qu'il y aurait à réunir « une collection
complète de tous les faits d'histoire naturelle se rapportant aux
animaux dont on a obtenu jusqu'alors des hybrides i), collection
qui aurait un grand intérêt physiologique si elle était accompagnée
de réflexions et de discussions (4).
Encore au milieu de ce siècle, Chevreul espérait que le Muséum
obiendrait des Chambres un terrain « dont la portion serait réser-
vée à l'étude des hybrides (5) ». Vers la même époque, la Société
d'acclimation, nouvellement instituée, considérant que les croise-
ments des races et des espèces seraient extrêmement importants à
étudier dans toutes leurs circonstances, faisait savoir qu'elle enre-
gistrerait avec le plus vif intérêt toutes les expériences faites dans
ce but et recevrait avec grande reconnaissance tous les documents
relatifs aux hybrides que les voyageurs pouraient se procurer (tî).
Plusieurs fois, elle a renouvelé son désir ainsi manifesté (7) et a
même proposé des prix pour récompenser les recherches que l'on
entreprendrait dans cette voie (8).
De nos jours V Encyclopédie britai^nique s'éloone » que l'on ait fait
jusqu'ici si peu d'essais sur l'bybridité des animaux ». Dans un
autre ouvrage (9) on regretta « que l'on n'ait pas tenté plus souvent
des expériences scientifiques pures et que (dans les croisements)
la zoologie expérimentale se réduise presque toujours à la zoote-
chnie elle-même ». Eulin, suivant l'opinion du traducteur de
Millier (10), « l'importante question des hybrides, surtout dans le
règne animal, a été beaucoup trop négligée jusqu'ici par les phy-
siologistes el les anatomistes ».
(1) T. IV, p. 211.
(2| Leadeciiiiverles Ifs plii:i récentea dans le inonilc végétal, p. 49 el 50.
(3) Observaliiinn sur un /.èbre métis, ch. XI et XII. Méin :icad. de Turin.
(4) Lehrbuch tier l'Itysiologic. Leipzig', 1839, p. 24-2G ; ersle aliUieilun;;
(5) Journal des savants, p. 338. année 1846 (i' article).
(Cl) Bull, de la Soc, année l8i>o, p. 2ôii et sulv.
(7) Vov. le Bull, de 18l'i3. p. 730, et aussi les pages précédentes.
(8) Bull, de 1887. n- de juillet, p. 17.
(9) M. Baron, Méthodes de reproduction en zoolecUnie.
(10) Manuel de physiologie, p. 628, t. II.
INTRODUCTION XXV
Hi'coiuiiiissoiis que dans le luoiule vc^'Hiil, les hiuaues sont peut-
^tre iiioius grandes, car depuis les savants travaux de Godron, et
lilus pailiculirreinent ceux de Nandin, les |ihénoniènes physiolo-
giques de riiyliiidité chez les végétaux sont assez liieu connus.
Mais, son titre l'iudiiiue, le but du présent ouvrage est moins d'étu-
dier les particularités plujsiulo(ji(jues auxquelles Thybridité provo-
quée peut dooner lieu, que de rechercher si les hybrides naturels
naissent et se propagent dans la création, si non complètement à
l'étal libre — aujourd'hui presiiue introuvable, — du moins à l'état
sauvage parmi les animaux qui ne sont point encore asservis au joug
de la domesticité. Nous ne pourrons cependant nous dispenser, dans
ce discours |uélimiuaire qui envisage les hyl)rides en général, d'en-
trer dans (pielques considérations à leur sujet. Si quelque lumière
était projetée sur un tel sujet, encore très obscur, peut être aper-
cevrions-nous mieux, comprendrions-nous davantage la perpétuité
des formes zoologiques actuellement existantes, et quelque coin du
rideau épais (jui voile à nos yeux le redoutable problème de leur
lixité, quani â leur génération, se trouverait il légèrement soulevé.
Nous ne nouirissons point le fol espoir d'obtenir uue solution sur
le mode ijui a présidé à leur formation ; il est encore et restera
peut-être toujours caché aux investigations de la science expéri-
mentale. .Notre curiosité sur ce point serait vaine sans doute et,
quant à préseul, nous ne pouvons que nous poser ce problème : le
Créateur les a-til formées de toutes pièces dans l'état où nous les
admiions aujourd'hui ; ou bien.a|)rés avoir tiré du limon de la terre
(pielques types initiaux, très rudimentaires, auxquels sou Esprit,
répandu sur le monde, a communiqué le souffle de vie, a t-il, par
l'elTet des causes secondes, laissé aux siècles à venir le soin de les
amener lentement au degré de perfection dans lequel ils s'épanouis-
sent aujourd'hui? Question presqu'aussi mystérieuse que la création
encore beaucoup itlus étonnante de la matièi'c sortie du néant I
Nous craindrions, eu faisant intervenir le Créateur, par un acte
séparé, Tlans chaque création de variétés, et môme d'espèces,
(comme les zoologistes enlendenl ce mot maintenant), de res-
treindre sa i)uissance illimitée et de rabaisser en quelque sorte
son œuvre majestueuse. Eh! quoi," faudrait-il donc que pour une
simple variation de plumage, de coloration, de forme ou de dessin,
de dilTéreneialioii quelconque, Dieu, dans son éternité infinie, soit
obligé de de.scendre lui-même jusque-là et doive, de ses propres
mains, former jusqu'au moindre détail? N'a-t il pu. Lui ipii peut
XXVI DES HYBRIDKS A L ETAT SAUVAC.E
tout, disposer, jiour arriver à ce résultat, de mille moyens, ceux
par exemple que nous appelons les causes secoudes dont il a su,
dans sa prescience, diriger très sûrement à l'avance tous les effets,
eiïets dont pas un seul ne se produira sans son ordre ou sa permis-
sion souverains ? La nature, une lois créée, ne peut-elle, sous le regard
de l'Eternel, auquel elle obéira toujours, évoluer par les propres
forces qui lui ont été communiquées ah iiiitio. En un mot, limite-
rons-nous la ])uissance de Celui à ([ui tout appartient, à qui tout
obéit. ]uiissance qui paraît beaucoup plus étendue, beaucoup plus
prodigieuse et beaucoup plus majestueuse quand elle prescrit,
ordonne, dispose à l'avance que lorsque nous la bornons à une
intervention directe, continuelle, indispensable et sans cesse renou-
velée. Dans le premier cas, elle. est sans bornes, sans limites; elle
convient essentiellement à la nature infinie de Dieu; car, avoir su
dans le cbaos, combiner toutes les causes dont les effets se produi-
ront dans la suite des siècles avec une régularité parfaite de
manière à aboutir, dans une harmonie exellente, aux formes gra-
cieuses de la vie, à leur entretien f|uoditien, à leur conservation, à
sufTire à tous leurs besoins, à contenter leurs désirs, nous semble,
répétons le, l'acte convenant le mieux à Celui qui est tout par lui-
même et qui n'emprunte à aucune force, hors de lui, la puissance
avec laquelle il se meut dans son éternité.
Ainsi l'évolution, mais non le transformisme aveugle, incons-
cient, sans causes finales, devient-elle, en quelque sorte, plus accep
table que le système des créations indépendantes. Elle semble, du
reste, plus en rapport avec l'esprit des Livres saints qui ne parlent
point de plusieurs créations animales successives, mais d'une -s'CM/t'
création unique.
Or, ne l'oublions pas, les formes animales actuelles ne sont
point celles des premiers jours. D'autres formes zoologiques, ftt'f'M
di/l'érentes, les ont certainement précédées. Si l'on veut donc qu'elles
aient été toutes crées par des actes séparés, la création s'est renou-
velée incessamment et à des intervalles très éloignés (I).
Les considérations, dans lesquelles nous sommes entré presque
involontairement, nous ont éloigné de notre sujet. Examinons |du-
tôt comment les auteurs, qui ont déjà parlé des liybrides naturels,
ont envisagé cette question.
(I) l.e 11. F. Zaliiii, luofosseiir à l'Université de Notre-Dame (Indiana), vient de
|iiil)licr un volume « résumantailiiMialilenient, dit M. le Mar(inis de Nadaillao(in Ucv.
des Questions scientiliques. juillel 1891)), toul ce qui a été écrit de|iuis rantiquilé la
plus reculée jusqu'à nos jours sur une queslion qui ayile singulièrement les esprils n.
Le volume du P. Zaliin est intitulé : .. Eroliilioli ami Doijina », Chicago, 1S90.
INTRODUCTION XXVII
IV
De quelques citations que nous ont laissées les savants fie
ranli(]iiil('', il senilile que l'on soit aulorisé à iXMiser que l'hyliii
dation iialunilr était appelée à jouer un rôle dans la produetioii
de certaines espèces. Tout au moins Aristote dit qu'en Lybie, où
il ne pleut point, les animaux se renconiriml dans le petit iiorniu-e
d'endroits où il se trouve de l'eau. Là, les mâles s'accouplent aveu
(les femelles d'espèce ditlérente. Il ajoute que si ces animaux ne
sont pas de taille tro|i dispropoitionnée et si le temps de la gestation
est à peu piés le même dans les deux es])èces, ils produisent (1).
Le grand naturaliste a en vue les Carnivores (2).
Pline précise les espèces qui contractent des mélanges, car il
cite la Lionne d'Ethiopie comme capalde de s'accoupler avec
l'Hyène, d'où naît la Crocute (3). Solinus paraît avoir accepté celle
manière de voir (4). Cependant, d'après Ctésias, auteur beaiicou|)
|)lus ancien (o). la (^rocotlc (sans doute le même animal) provien-
drait du Loup el du Chien (0). Oppien prétendait que le Thous
(Chacal) est le produit du Loup et de la Panthère (7). IlesVchion (M),
un m'o-latin, faisait descendre le même animal du Loup et de
l'Hyène.
Les xvir et xviii"' siècle ont propagé ces erreurs; aucune limite
n'esl même assignée aux accouplements féconds entre hètes sau-
vages, car, si l'on écrit que les Lions el les Léopards engendrent
r.Mphiel (9), (pie les Léopards viennent eux-mêmes de la Pan-
(1) llisluire des uniniau.r d'Arî^lule, avec li liailiiclion [lanvaise, pai- M. Camus.
Paris, 178:!, I.iv. Vlll, Clia|«. -XXVlll.
(2) Pensiiiis-nous.
(:i| l'Iini-, VIII. XLV.
CO Sollmis est cilé par MercmlieiK. Hist. nul. iiuix., Anvers, l(j.'J.'i, rliap. XXIV.
Solinus a élé appelé le sinpe lU^ l'Iiiie i|u'll copiait souvent.
(5) Clésias, de Gnhle, élail du nouihre de ceux <iui suivirent le jeune Cyrus dans
son expédition contre son père Artaxerccs Miiéiion (l-'eller).
(G) Ctésias esl précisément cilé par Pline ! Vlll, .\.X.\. Cardan {de sublilil. Liber
decimus, p. 315) appelle, au contraire, Lyciscas, les produits issus du Chien el du
Loup.
(7) Oppien csl cilé par Niereniliern, op. ci7., oh. XXIX. '
(8) Cil. par liocharl, Coiiiiiienliiires sur la Cenhe, 1, p. Kii.
(9) Hisl. luit. ma.r., XXIV.
XXVIII DES HYBRIDES A L ETAT S MIVAGE
tlière (1) eide la Lioniip, on dit aussi que la >[Mriiiotte descend du
IJlaireau et du Singe (2) el (juc le Talou est produit par l'union
de ce dernier avec la Tortue (3). On parle même de croisements
enti'e Renards et Lièvres (4), entre CJiameaux et Sangliers (3). La
Girafe devi-ait encore sa naissance à un croisement (6) !
Qu'aurons-uous à dire lorsque nous signalerons les croisements
soi-disant obtenus entre espèces domestiques ou captives? Les
exemples les jilus bizarres, les plus absurdes sont cités sans
réserve.
Nonobstant ce, les hybrides étaient considérés comme des
monstres, et par conséquent comme des raietés. Dansson Tlicsaunis
ornitlioloijiiv (7), Giebel ne fait qu'un seul article pour « les monstres,
les anormaux et les hybrides (8) ». Le Dictionnaire de Valmoat
de Bomare indique le Mulet comme une espèce de « monstre
quadrupède ». Charles Bonnet se sert de cette expression (9)
pour qualifier le même animal que M. J. Sperling considère
comme un prodige (10). — Rappelons ici que Démocrite avait écrit
(jue le Mulet est un protluit « non de la nature, mais de l'audace
et de l'industrie humaine et, pour ainsi dire, un mensouge et un
vol commis par l'adultère (11) ».
Il y a, en quelque sorte, contradiction entre ces appellations et
ce qui vient d'être dit Comment, admettant que les espèces les
l)lus disproportionnées puissent se croiser, donner même naissance
à d'autres espèces connues, peut-on appeler leurs produits des
(') Nous traduisons le mol Pardus par PantliPie. La phrase île Bocliarl (Hiero-
znicon sire In pertitum opus de aniiiialibus .<. cripliir;i\ M. D. C. L.X.XXII) est
ainsi connue : « Leopurdi vox cniiiposila significul animal ex Pardo et l.eœna
natuin. »
{'!) Atlianasius Kirclierus, cit. pir llyill (In Comptes rendus de l'Académie des
sciences de Vienne), p. Ib'.l. ^
(:i) Môme source.
(4) Kalm, WiiKlgotlin resa etc., p. 23t; (D'après Haller, FAementa physiologix,
I, p. 101), 17(i(i). Nous n'avons pas viîrllié l'exactilude de ce dire.
[ï) Dyclimus (cit. par Niéremberff, o;). cit., diap. XXIX).
(6) Voy. Bi'evis historia anniinaliuiii {grwae), manuscrit publié à Moscou
en 1811, par Mattluni, cit. par I. G Saint-Hilaire, in flist. ital. gén. des rrgncs
organisas, t. III, p. 141.
(7; Leîpzif;, 1772. Erster Halband, p. 212.
(5) Art. X.WII. .1res monslrosa', alïniorni.r, hybridie.
(9) Considération sur les corps organisés, p. 10:t. X.XXII, Des Mulets. Œuvres
d'Hist. nat. et de Philosophie, t. V. Neufrhàlel, M. D. CC. LXXIX.
(10) Zoologia. Phys. Posth. Lipsiœ, 16(il, p. IJGIÎ.
(11) Democrile est ici cité par Elien in Nat. animât (t. lib. .XII, cap. 10).
INTRODUCTION XXIX
monstres ou des prodiges ? Ceci se comprend (raulanl moins (|iie
rinfécdndilc des liybrides, on li' verra l)ientùt, était à Ixin (Iniit
reconnue et professée.
\'oici encort' (|iit'Iiiues passages (i'antciirs du siècle dernier se
rapportant à l'iiyiiridalion naturelle ; ils i)Oiirront seivir à éclaiier
le sujet que nous étudions.
i( Ew général, dit f'iaulliier, c'est tout à fait gratuitiMuent rpion
altril)ue à lieaucoup de monstres d'Alri(]ui' la faculté d'engCLidrer.
Il peut arriver, et il arrive sans doute que des espèces différentes
irnniiitdUT féiocfs se mrldnr/rnt ; mais les nouveaux êtres qui en
résultent ne sauraient procréer sans un écart de nature d'autres
animaux qui leur ressemblent, ni môme en procréer aucun (I) ».
« Quand la nature agit seule sous l'ieil de Dieu, dit au contraire
Ballhasar Spr-enger, de nouvelles espèces naissent île l'union d'êtres
et d'espèces diilérentes ; c'est ainsi que l'on voit apiiaraître de
nouvelles plantes quand le vent dirigé par la divine Providence
transporte le pollen prolifique d'une plante dans le pistil d'une
autre plante (2) n.
(< Oui sait, écrivait BufTon (3), tout ce qui se passe en amour au
fond des bois ? Oui peut uombrer les jouissances illégitimes cmtre
espèces diilérentes'.' Qui pourra jamais séparer toutes les branches
bâtardes des tiges illégitimes, assigner le temps de leur première
origine, déterminer, en un mot, tous les efTets des puissances de
la nature pour la multiplication, toutes ses ressources dans le
besoin, tous les suppléments (jui en résultent et qu'elle s.iit
employer pour augmenter le nombre des espèces, en multipliant
les inl(Mvalles qui les séparent '! »
Hebenstreint dit bien que « parmi les animaux de nos contrées,
il se fait divers mélanges avec les Chardonnerets qui produisent
des créatures d'une espèce incertaine et dont aucune ne se
multiplie (4) » ; mais il ne dit point positivement que ces croise-
ments se trouvent produits à l'étal sauvage.
Pour Rudolphi « beaucouj) de variétés que l'on remarque chez
les Oiseaux dérivent ceitainement de mélanges (5) ».
(\) Ohservadons <«r la physique, ou Journal des sciences el des arts, par
Toussainl. l'aris, 3 vol. iii-'r, p. Si;, \TM.
(2) Oiiusculft PhyMcn-mathcinalici. llanoverie, 17a3, in-8 (p. i'i à 48) : « De
iiviitni hybridartim virlule generandi usque ad lerliam generationem
observa tii) ...
(3) Cit. |iar l'ahhé lîonalerre. Talileitu enciicl()}i<'iliqiie. Oiseaux, 1823, p. X el Xj.
(^) Journal encyclopédique, mars 17()2 i2' pailie de mars).
(5) Heylrage :« Anthropologie, p. \W1.
XXX DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAdE
« On ue peul douter, écrit Boimel 1 1 1, que les espèces, qui exis-
taient au commencement du monde, ne fussent moins nombreuses
que celles qui rxislent aujourd'hui. La diversité et la multituiie
des conjonctions, peut-être même encore la diversité des climats et
des nourritures, ont ils donné naissance à de nouvelles espèces,
ou à des individus intermédiaires? — Ces individus s'étant unis à
leur tour, ajoute t-il, les nuances se sont multipliées et, en se
multipliant, elles sout devenues moins sensibles ». Bonnet
entend-il par l'expiessiou <( conjonctions » des croisements ?
nous le supposons. 11 paraît du reste envisager plutôt les races.
Linné (2) avait pensé qu'à l'origine il pouvait n'avoir existé
qu'une espèce dans chaque famille naturelle et que ces espèces,
en se croisani, avaient produit les genres, lesquels, parleurs fécon-
dations réciproques, avaient donné naissance aux espèces et. aux
variétés. Il avait cru, dit (iuillemiu (3), à la formation d'espèces
nouvelles par hybridation entre espèces de familles différentes,
lien était même venu à rattacher toutes les espèces actuelles à un
petit nombre de types primitifs ». — Une manière de penser, qui
|)arait très différente, est cependant exprimée par Hartmann, dans
une thèse où celui-ci développe les itlées de son maître (4). Hart-
mann enseigne « que les Animaux s'unissent très rarement en
dehors de leur race ». De Haller (5) s'appuie aussi sur Linné pour
dii'e que les hybrides sont le plus souvent stériles (6).
Le baron de Gleichen (7), en manifestant l'espoir qu'on oblien-
drait des éclaircissements sur l'existence de beaucoup d'animaux
qui se trouvent dans les climats chauds, si on instituait dans les
ménageries des expériences de croisement, semble indiquer par
là que des animaux des climats chauds doivent leur naissance
à des croisements.
(1) Considérdlions sur les corps organisés, l. V de ses œuvres complètes, p. 230.
(2) D'après GiiHleinin. {Diclionnairc clas''iquc d'Ilist. nal., de Bory de Sainl-
Vinccnt, cdit. de 1825, t. VIII, p. 403).
(3) Op. cil.
(i) Thèse sur les Plantes hybrides, Caroli Linnœi amœnilales Àcademira;
Holmiœ, 173G. Nous pensons que Linné a développé sa théorie sur les hybrides
dans sa dissertation sur le Petoria {Amoen. Acad , vol. I, p. 71), ouvrage que
nous n'avons pu consulte.'.
(H) Llementa physiologiœ, t. VIII, p. 104.
(ti) Nous ne comprenons donc pas comment M. Matliias Duval a pu dire (Rev. Se.
L'hybridité, IS84, |i. 98) « qu'à l'époque de Linné on ne pensait guère à |iroclamer
la stérilité dos croisements entre espèces dillérentes. " Kt cependant, cette asserlion
jiarait conforme aux vues de Linné.
(7) Déconcertes les plus récentes dans te monde végétal, p. 4'J et bO.
INTRODUCTION X.WI
Cildiis ciicorc Lnc(5|)('(ie. dont les écrits sciontiliqucs dalcnl plus
pjirliculii'rt'moiit de lii tin du siècle dcriiier: « La force productrice,
HOU seulenieul réunit dans ses ah^rralious des formes que l'on ne
trouve pas communément ensemble, mais encore peut, souvent
dans sa marche réj;iilière, et surtout lorsciu'elle est aidée par l'art,
rap|)roclier des espèces dillérenles, les combiner, et de leur
mélange faire naître des iu<lividus dilTèrents de l'un et il«
l'autre (1| n.
(I Les métis, ces aberrations des espèces, disait le citoyen (îiorua
qui écrit en l'an xii (2), sont très fréquents dans les petits animaux;
elles le sont moins parmi les grands. Leur somme est en raison
directe du nombre que les animaux pioduisent; aussi, voit-on
plusieurs variétés dans les Insectes, moins dans les Oiseaux et
beaucoup moins dans h^s Mammifères (3) ».
(les citations disent peu de chose ; on remar(]ue, cependant, dans
certaines une tendance à accepter l'hybridilé naturelle comme
probable, quoicjue rare.
Des opinions, plus nettes et plus précises, se forment au commen-
cement de ce siècle. — Non seulement, comme nous le verrons
bientôt, on restreint considérablement la possibilité des féconda-
lions hybrides, mais ou vent aussi, (à part quehpies auteurs (|ui
font exception), que les croisements ne se produisent point à l'état
sauvage, tout au moins qu'ils ne s'opèrent que lorsiju'une des
espèces qui contractent les mélanu'es est k privée ou captivé ».
C'est ce qu'écrit en I82'i Frédéric Cuvier dans le Dictiontidire
des sciences nnturellcs (4) et ce que, la même année, Desmarets
répète presipie mot à mot dans le même dictionnaire (5), en
ajoutant (0) ((ue « les animaux sauvages d'espèces différentes ne
s'accouplent pas entre eux ».
(1) Discnurs sur lu nature lie-t Poixsons (llisli)irc naturelle des Poissons.
17;)8-IS03). Voy. p. 483 Ue \;i nouvelle édition, t. 1. l'aris MDCCC XLIV.
(2) Ici (ilorna ne piirle phis d'après lui, mais d'api-ès un naluraliste qu'il ne
nomme pas. .Nous luius doiiiandous (|ui'l peut (''li'e ccl autour, car mus retrouvons
la nn'mi: idée, exprimée à peu près daiis les mêmes termes, dins le Traité d'Ana-
loniiijite «le Meckel. paru louf^temps après le travail de(îiurn). (Voir p. 'tO.'i, ï. I de
la Irad. (ranç. de Hister. l'aris, iSiH).
(3) Mém. acad. des se. lill. el b.-arls de Turin, années .\ et XI an -XU n Obser-
vations sur un Zèbre métis ■>.
(4) A l'article Métis, t. XXX, p. 489.
(3) A l'article Mulet, t. XXXIII, p. 293.
(0) Dans les Ann. des se nat., I. XXVII. p I.W. l'aris, 1S32.
XXXII DKS HYBRIDES \ L KTAT SAUVAC.E
Au même moment (1), Georges Cuvier dictait cette phrase que
maints auteurs ont depuis reproduite : « La nature a soin d'empê-
ciier l'altération des espèces qui pourrait résulter de leur mélange,
par l'aversion naturelle qu'elle leur a donnée; il faut toutes les
ruses, toute la puissance de l'homme pour faire contracter ces
unions, même aux espèces qui se ressemblent le plus ».
• L'hybridation dans la nature serait donc nulle aux yeux du grand
naturaliste. 11 a soin du reste de préciser sa pensée dans la phrase
suivante : ce Aussi ne voyons-nous pas dans nos bois d'individus
intermédiaires entre le Lièvre et le Lapin, entre le Cerf et le
Daim, entre la Marte et la Fouine (2) ».
En 1833, acceptant ces théories, Marcel de Serres s'exprime
ainsi dans la Revue du Midi (3) : « Nous sommes parvenus, par
suite de notre action sur les animaux, à faire accoupler plusieurs
espèces différentes. Ces accouplements n'ont jamais eu lieu dans
les espèces livrées à elles-Luêmes. Il faut qu'un des sexes au
moins soit dans l'état de domesticité. Si la domesticité, conlinue-
til, n'est pas une condition absolue sans laquelle deux espèces
diflérentes ne peuvent s'accoupler, il faut au moins qu'elles soient
toutes les deux privées de leur liberté ».
(( C'est un fait prouvé dans l'histoire de la nature, écrit quatre
ans plus tard Rudol|)h Wagner (4), que les animaux d'une même
espèce s'accouplent librement et produisent des petits féconds. Ce
n'est que sous une influence artificielle, sous l'action de l'homme,
très rarement dans l'état de nature libre, que des animaux d'une
espèce ditïérente s'accouplent entre eux » ; ^\"agner ne laisse place
que pour quelques exemples.
Duvernoy (o) est beaucoup plus restrictif. Aucune observation
bien positive et incontestable parmi les animaux na démontré
jusqu'à présent, dit cet auteur, que des espèces dilTérentes, libres
et aijandonnées à leur instinct, se mêlassent dans la nature ; et
qu'il naquît de ces mélanges des espèces hybrides, pouvant se
propager avec leurs caractères distinctifs, et produire une succession
de générations fécondes, comme les espèces dont elles sont origi-
naires ». Pour lui, on peut conclure légitimement â priori, (comme
(1) Ou plutôt quelques années ;ui|iiuavaiit : Reclirrckes des ossements fossiles,
1X21, p. ;)9. Discotirs jiréliminaire.
(2) Même ouvrage.
(3) T. IX, p ;i47. Toulouse.
(4) Lebrbuck dei Physiologie, Leipzig, 1839. Ersie abtlieilung (examen du
sperme des Oiseaux, p. 24-20, § 12).
(5) Diclionnaire d'Orbigny (art. rropagalion), p. 'Mo, 1847.
INTRObUCTION XXXllI
il [)eiise l'avoir cuoucù à iiusteriuri (Ij.tjue les es|)éces ue se iiiûleul
pas dans leur état de complète liberté ».
Blitli corrohorc cette manière de voir lorsqu'il uous apprend (2i
« qu'il n'a pu se trouver en piésence d'un seul exemple satisfaisant
où le mélauge des espèces ne soit dû à l'intervention de l'homme ».
On peut {'iiL'ore mentionner le D' .1. B. Jauliert (■'$) «[ui regarde
le ra|)pro(liement de tieux espèces distinctes eoninu! un lait à peu
près impossible en pleine liberté ; puis Frisch (4) qui ne parait pas
croire à la possibilité des i'ap|)ro(bem en I s chez les animaux sauvages
et les considère comme esseuliellemeul artiliciels et contre nature;
eulin Frédéric Guvier, qui, vingt ans plus tard, revenant dans son
Ilistiiire des Mammifères (5) sur le sujet déjà traité dans le
« Dielioiinairc des sciences naturelles », écrit que « les Mulets ne
sont ])oint, à proprement parler, des êtres naturels ; mais qu'ils
sont esseiUiellement le produit de l'art », et que (( sans artilices ou
sans désordres dans les voies de la Providence, jamais leur
existence u'aui-ail été connue ((i) ».
Ces nouvelles citations nous ont amené jus(in'à la moitié de ce
siècle et même au delà.
Des théories analogues se retrouvent chez des auteurs plus
récents, comme Godron, de Quatrefages, lù'nest Faivre qui disent,
(1) Lisez son article.
(2) The inagiiziiie o( naluial liistory, coiiilucleil by Edward t;iiarles worthen,
l.ondoii. 18;{7, t. 1, p. 80. a Oit Ihe psysliological disiincUnn helwcn mon and
ait (tlliers uniiiiuls ; and llie conséquent dirersity nf liunian influence ovcr
Ihe inferiors ranks of création ».
(3) Rev. cl mat;, 'le zooloj^ie, mars 18o3, p. 114.
(4) Nalurforsclwr, Vil, p. jG.
(.=)) T. vu, IS42.
(ti) Il paraît cependant reconnaître que les insectes se mélangent. Voy. le mut
Hybride dans le Dicl. des se. aat., t. XXII, 1821. Nous avons dit que quelques
auteurs du commencement de ce siècle ne partageaient pas la même manière de
voir. Kn ellet, l'ahbé Bonalerre {Tabteaux encyclnpédiiiue^, 182li), s"e.\prime ainsi
au sujet des alliances entre espèces voisines : « Ce que nous taisons par art peut
se taire mille lois par la nature. I.cs métis qui résultent de ces alliances fortuites
peuvent, en s'unissant, produire d'autres individus senililaldes à eux et former de
nouvelles espèces. {Oiseaus. p. 41). Meckel (in TruUc d'Anutuinie, 1828, p. W^ et
4lX>, Irad. de l'Allemand) écrit ce passage : « Les métis sont plus fré(iuenls et | lus
féconds dans les espèces inférieures que dans les espèces élevées; sans doute pour
la raison que la (orce orgaMi(|ue est plus rigoureusement bornée aux phénomènes
de formation, et est, pour cela même, plus énergique. C'est à cette cause (ju'il faut
attrlliuer la fréipience plus habituelle de la biUardise parmi les Oiseaux que parmi
les Mamniilères. Tous ces phénomènes lendent fort vraisendilable l'opinion émise
ci-dessus, qu'un grand nombre d'Insectes peuvent aussi naître de celte manière ».
Suchelel. — 3
XXXIV DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
le premier « que l'hybridilé esl un phénomèue très rare parmi les
animaux sauvages (1) » ; le second « que l'homme a une peine
infinie à découvrir quelques hybrides naturels (2) ; le troisième
(( que l'on ne connaît aucun exemple probant d'hybridilé natu-
relle (3j ». On vient tlu reste d'écrire tout deruièrument que les
croisements d'espèces « n"ont jamais lieu dans la nature sau-
vage f4) ».
Cependant des naturalistes, dont les vues se trouvent en oppo-
sition avec celles des auteurs que nous mentionnons, semblent
vouloir accorder maintenant à l'hyliridation un rôle plus cousi-
déralile. « Il n'est pas douteux, écrit .M. Car! Vogt (5), que, même
à l'état sauvage, les animaux appartenant à des espèces voisines
s'accouplent ou cherchent i!i s'accoupler entre eux. » M. Michel
Menzbier (0) prétend que l'étude des Oiseaux de la région paléarc-
tique lui a prouvé « que certaines espèces se croisent avec des
espèces voisines et forment un grand nombre d'hybrides, lesquels,
de leur côté, se croisent entre eux et avec les formes typiques qui
leur donnent naissance. Ce croisement, ajoute le professeur,
peut contribuer à ce que deux formes fixées se confondent en
une seule aux caractères combinés; parfois il arrive qu'une espèce
est absorbée par une autre. )) (( Les cas où les individus de chaque
vallée s'unissent avec leurs voisins immédiats ne sont pas une
exception, » écrit de son côté M. Henri Seebohm (7).
Isidore Geoffroy Saintllilaire dit lui-même (8) : que l'on peut
aûirmer que les croisements hybrides ne sont pas très rares entre
espèces sauvages du même genre, mais que les métis qui en
résultent échappent le plus souvent à notre observation. Avant lui,
Hamilton Smith avait fait savoir que l'on connaissait des Mammi-
fères sauvages ayant produit des hybrides en liberté (7).
(1) De fe^iiice, 1872, p. 180.
(2) Uev. des cours scirnlUiques, t. V, p. 738 (années I8(;7-I)8). A la p. 122. M. de
Qualiefages dit mciiie ([u'entiu espèces sauvages de Maininitéres « on ne cite pas
un seul cas d'Iiybridation féconde ».
(3) La variabililc des espèces, p. 129, 1868. Il est vrai que M. Faivre dit que
quelques exemples sont exceptionnels, mais il a soin d'ajouter « que ces exemples
mériteraient conlirmation ».
(4) .\nnales de Pbilosopliie dirétienne, mai 1888, p. luO. {L'évolution dans les
espèces).
(.^) Leçons sur l'homme, p. 3oo et 336, 1878.
(6) Revue scienlifltiue, p. 520, n» du 26 avril 1884.
(7) The Ibis, 1882.
(8) Hist. nat. générale des régnes organiques, p. 180, t. III, 1862.
(0) The nalt^ralisl's librnri/, par Jardine, Edinburg, 1841, vol. X.\l, p, ;s3!i
(Hurses).
INTRODUCTION XXXV
Eli parcilli' matière, les faits seuls, nous l'avons nniiarqué, sont
de quehpu' Nalcur; la eonclusion de noire cin(iuiénie partie (I)
l'épond aux iiuestionsque l'on |)t'ut se poser sur celte matière. On
y verra que l'Iiybridité naturelle, sans i>tre ahsoluinent nulle h
l'état sauvage, couslilue néanmoins un fait c.ici'iitionm'l, excessi-
vement rare et, disons-le, presque toujours provoqué par l'aclion
de riiomnie.
Ces vues diverses ayant été exposées, nous rctilierclieidus m;iin
tenant de quelle nature doivent être les espèces pour pouvoir
donner naissance à des produits hybrides.
(I) Voy. p. 800-873.
XXXVI DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
On se rappoille que divers écrivains, postérieurs à la renaissance,
ne mettaient aucune limite à la fécondité des accouplements (1);
ils croyaient que plusieurs espèces sauvages très éloifïnées pou-
vaient se croiser utilement; a fortiori la même faculté, le même
pouvoir, étaient-ils accordés à des espèces domestiquées ou retenues
captives.
Qu'on se reporte aux vieux écrits de l'ablié iJicquemare (2), de
Réaumur (3), de Haller (4), d'Athanase Kircher (5), de Valisneri (6),
de Bircli. de Loke (7), de deGleichen (8), de ,lean-Baptiste Porta (9).
de Jean Léger (10), île Clauderius, de nottigniez(ll), de Cardan {{ij,
de Nieremberg (13), d'Osbock (14), de Ruef (lî)), de Thomas Bar-
tholoui (16), d'Unger (17), de Blumenbacli (18), de Wieber (19), de
Jean Taube (20), de Gesner (21), de Clauderius (22), etc., ou y
trouvera des mentions de croisements bien peu croyables, même
burlesques; quelquefois, il est vrai, sim])lenu'ut cités [)Ouice qu'ils
(1) Ceux qui les oui précédés piotessaieiU sans doute les mêmes opinions.
(2) Journal de Physique et d'Histoire naturelle, t. .\11. l'aris, 1788.
(.'!) Arl de faire eclorc les Oiseaux. Paris, in-12, 1749, t. Il, p. XM.
(4) EU'Dienla phisiologix.
(."i) Cit. p. Hyrll, iu (Comptes rendus de l'Arad. des se. de Vienne.
(0) (laleria di Minerva.
(7) An Essay concerning huinan understnndiny.
(8) Uisserlation sur la génération, les animalcules s/)eriiialiiiues et ceux
d'infuSDires.- Paris, an VII.
(9) La Magie naturelle, cit. d'après Blumemhacli.
(■10) Hist gén. des Eglises évanijéligues du l'iéiiiniit. Lcide, IIUU).
(11) Commentarii de rébus in Hisluria iiaturali et medicuia gestes, t XXIII,
Lipsiœ, 1779.
(12) De rerum varietate, h. VII. {De contradicl iiiedi.).
(13) Hist. nul. max. Anvers, l(>:i'j, iliap. X.XIX.
(14) Ostendisk Resa, p. 'J'.l (rit. par BlunienhacK, par do llaller et pm- HyrIII).
(15) De cunceplu el generulione.
(IR) .icla iiiedica el pkilosophica, llalnicusia (Copenhague), 1(173, vol. !1, p. 46.
(17) Haniburg Magazin.
(18) De generis huniani varietate, natura. Gœttingivc (1116'), p. 11.
(19) Cit. in Journal encyclopédique, mars 1S92 (2' partie de mars).
(20) Ueilràge zur fialurkunde des Herzag Uiuinus Luxembourg, Zueites sluck.
Zellœ, 1709.
(21) Uistoria animalium . Lib. 1, « De quadrupedi ».
(22) Epli. Nalur. cur. Dec. 11, ann. IX (^cit. p llyrlll, p. li)7, op. cit.).
INTRODUCTION XXX VII
Viileiil et même critiqués très vivement (I), mais souvent aussi
acceptés. Ou'il nous suffise de iioiuniei- les mélanges du Crrviis
l'iaphiis et de 17vV/(/».s- cdhiillits (2). du /'"■-'' tnnriis et du Canis fuini-
Hnris (.'5), du i'clix rnlm et du Lcpun cuniculus (4), de VEiiuus
calnillii.s (ou de VKquun asiniis) avec le lias laurui: (o), du Canix
familiarix et de la Sii>ilii{{)), du /V/w ratiis et du A/wx rattus (7), du
Sus xcrofa el du Cad/s (8), du Gnllus domesticus et du Lcpws cum-
cit/i(A- (9), de la Coloniha lii-ia avec ce dernier (10), enfin du Galliif!
domesticus avec l'Auas bnschas (il).
Encore, dans ce siècle, au moins au commencement de ce siècle,
quelques auteurs crédules ont foi en des croisements aussi peu
vraisemliiaiiles. Ualiuesque mentionne dans le Konluchy la jioitée
d'une Chatte unie à un Opossum (le /). !;H-(7w»M.sdcsnaturalistes)(r2).
Le croisement de la Loutre et de la Brebis semble accepté comme
possible (13). Des observations « sur une profïéniture produite par
raccoii|)Iement d'un Chien et d'une Brebis)» sont présentées en
182!) à l'.Vcadémie des Sciences, et le Bulletin des Sciences de
(l( Nous n'avons (loiiit consnllé tons les anleiirs (|ue nous indiquons, en sorle
qui> i|ncl(|U('s erreurs ont |ui ^trc commises. Pans le Journal île l'hysitiuc on
roeonniiil même que les aecouplemenls entre espèces éloignées ne peuvent avoir
lieu. (Voy. :i' vol. in-4'', IToO, p. 8(',).
(2) Dont une première mention a clé fiiile par HnelT (op cit.). Voir aussi Ilist.
uat. nia.f. de Nierenber^', l(i:!.">. oii au eli.ip. .\.\t.\, avec quelques variantes, on
trouve la nu^iiie asserlion. Le texte est précédé de la description d'un monstre
tel (|ue la Kahle n'en saurait inventer. Sur un bAlard i\ peu prés du même i;enre,
voy. : Sniiiiiilug. von Nainr. un Mcilecin. Sommer quartal, 1723. Leipzig. I72i>.
(11 s'agissait pro.ialleuienl d'un Klan, le Ccnii.< atces de Linné ou Ci'rviis
/;i((/('/ii.s' de quelques ailleurs, espèce (pi'on ne reni'oiitre plus aujourd'hui que dans
les pays lout à fail seplenlrionaiix.
i:{) riioinas Baiihiilini, o;; cit., p. 'il, vol. 11.
(4) liircli. I. I. p. ;)'.i:i (cil. par llaller, in Elenienlit phijfiolo(ji:i\ p. 101).
(5) Cil. par un grand munlire d'auteurs. \oy. (in Nouvelles archives d'Ohstélri(|ue
et de (iyiiéco ogie. 11°' d oclubre et de novembre 1S8'.)|, l'article de M. Armand
Goiibaiix, 4" pari.. Des Jitinarls. Voir aussi, Im Fable des Jiimarts, par André
Suihetel, in Mem. Soc. zool. de Prance, 1890.
(Cl) Produit assez rare d'après Cardan (nous le croyons sans peine). Cit. aussi
par Meyer. Illumenbach et (iottigiiiez. Ce dernier n'est pas porté à radinelhe.
(7) Lt.cli., op. cil.
(8) Unzer, op. cit.
(9) De lléaumnr, op. cil.
(10) L'alibè llicquemare, op. cil.
(11) liieii souvent répété et encore de nos jours !
(12) Considérations sur queti/ue.i anin>au.i- hi/brides, par C. S. RaOnesque.
(in .tournai des sciences médicales, (1 années, t. X.\U, p. III et suiv. Pans. 1821).
Ralinesque trouve néanmoins la chose singulière. Ilyrtll (op. cil.) a réfuté ce lait.
Les annales des sciences ralurelles, l.:{7, Paris, i8.'t2, classent le même (ait «au
nombre de= assertions souvent répétées, jamais constatées ii.
(i:i| Voy. Pliilo>.ophical Transactions o( Ihe Royal Society et Loiidnn, 1813, part. I.
vol. :tl, p. :J8 et suiv.
XXXVIII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Ferrussac publie au m("'me moment l'extrait d'une lettre datée de
Berlin, 27 février 1827, où de nouveau on parle d'un Mulet de Cerf
et de Jument (1). Hamilton Smith (2), (]ui a si bien réfuté l'exis-
tence des Jumarts, accepte et propose cette idée que le Cerf axis
produit, avec une espèce de Porc, leccHog-deer» (3). MaisGuillemain
et Dumas, Frédéric Cuvier. Marcel de Serres, Rudolph ^^■aiîl)er, et
bien d'autres naturalistes de renom, réagissent contre ces exagéra-
tions. Pour eux, la fécondité des croisements ne peut même être
obtenue qu'entre espèces d'un même genre (4) : Pour que la femelle
d'une espèce soit fécondée par le mâle d'une autre espèce, disent
plusieurs d'entre eux, il faut que les deux espèces appartiennent
au même genre, à un même genre naturel (5). C'est la doc-
tiiue qui a prévalu dans notre siècle. Elle a été professée par
Flourens (6), acceptée par Duvernoy (7), par Godron (8), et même
par Morton (9).
(1) Fail dont on avait déjà parlé au siècle dernier et accepté encore dans (]uel-
ques ouvra^jes m ulernes, tels que : {Dict. d'flipputtijue, 1,S4I, p 149): Journal
des [laras, 184S (I. XI^V. p. liifi). — Ilyrtll ne l'a pas admis (voy. Ciiinples rendus
de l'.\cad. des se. de Vienne, p. l7o, 18.'i4. I. (i. Siiinl-llilaire (op. cit., t. III) parlage
la même manière de voir. Du resie, déjà au siècle derniei' on niait l'existence de
cet liybride, (voy. .lournal encyclopédique de 1762, mars, 2' part.).
(2) INaturalist's Library. p. 340.
(3) Le Cerf importé en l'Vance appartient à une bonne espèce qui se reproduit
naturellement.
(4) Voici ce que l'on lit dans leurs ouvrages : « Dans le règne animal, il n'y a
que les espèces voisines d'un même genre, ou d une famille si naturelle qu'elle ne
forme qu'un véritable genre, qui puissent se croiser. . . Nous ne sachions pas qu'on
ait d'exemple de métis de genres essentiellement divers, ni mêmes d'espèi'es un
peu éloignées. » (Obsercalions: sur l'hi/hridité des plantes en gênerai et parti-
culièrement sur celles de quehiues Gentianes alpines, par Guillemin et Dumas,
in Mém de la Soc. d'Hist. nat. de Paris, t I. p. 8!l-90, 1823, séance du 3 août 1.82t.
Ce n'est que chez les animaux du même genre que l'accouplemenl produit des
résultats, dit Wagner, in Lehrinich der rhi/siclogie, p. 24, 2r> et 20; Leipzig, 1839
(1" partie); ou bien : « On ne connaît de faits certains que parmi les animaux qui
apparliennent au même genre ». Il cite des exemples ».
(;i) Fr. Cuvier, Dict. des se. naiiirelles. édité par Levraull, 1824, t. XXX,
p. 468 et 469(Jî"J. métis). — « Pour que l'accouplement de deux espèces dilTérenles
puisse avoir lieu et produire d'autres individus, il faut qu'elles appartiennent à un
même genre naturel », dit aussi Marcel de Serres, in Rev. du Midi, t. IX, p. 3'i9.
(ti) Les espèces seules du même genre produisent, m Flourens, De l'Instinct et de
i Intelligence, o' édit., 1870, p, 149). La I" édit. de son ouvrage date de 1841.
(7) Qui cite les paroles de Fr. Cuvier (in Dictionnaire universel d'Histoire naturelle
de Dorbigny). Voy. ail. Propagatian, t. X, 1847, p. o46.
(8) De l'espèce, etc., p. 212, t. I, 2' édit., 1872. — Que pensait MilneEdwards "
Godron (même vol., même page) le cite comme partisan de celte manière de voir
et renvoie au l. XL, p. 754 des Comptes rendus de l'Acad. des se. de Paris. — Nous
sommes loin de contredire l'appréciation de dolron. Néanmoins, dans le tome en
question, MilneEdwards ne fait point précisément connailre son opinion: (peut-
être l'a-lil fait ailleurs) '.' Il dit seulement ceci, en rapportant le fait cité par (iray
sur raccou|)lement du Mouton et de la Chèvre : « Ce lait conduira peut-être les
zoologistes à ne voir, dans les Chèvres et les Moutons, que des espèces dilTérentes
d'un seul et même genre naturel, conformément aux vues sur la délimitation des
groupes génériques présentés il y a quelques années par M. Flourens ».
(9) Types of Manking . Notl et Gliddon, 18,'j4, p. 81-375. Cependant Morton n'aurait
INTRODUCTION XXXIX
Isidore Geofiroy Saint-Hilaire s'est cru cepeinlnnl en droit fie
reruler les limites assii^iiées par S(^s préilécesseurs à la fécondation
des unions iiylirides. La possiliililé de l'hyljridaliou ue lui a pas
paru devoir (Hre renfermée dans les étroites limites qu'on lui avait
assignées, d Si une femelle ne peiil être fécondée par un mâle
d'une autre ('lasse ; s'il est au moins douteux ((u'elle puisse l'être
par un individu d'un ordre différent ; si l'on n'a pas un exemple
irrécusalile de fécondation par un animal d'ulie autre famille,
l'existence d'hybrides bigénères est pour lui aussi certaine, quoique
plus rare, que celle des métis congénères (l).
Disons que llirt! et Paul Gervais ont admis (|ne l'hyliridation
peut réussir entre espèces de deux genres diiïiirents, mais très
rapprochés (2). M. de Qu'atrefages a lui-même reconnu l'hybri
ilati(m hiifénère possible, quoique très rarement.
l'armi les auteurs qui onl tcnlé d'étaidir des règles permettant
de connaître les espèces qui, physiologiquement, sont aptes à se
"croiser, nous citerons le D^ Broca. Pour lui, comme pour beaucoup
d'autres sa\anls, parmi les conditions qui favoriseraient l'hylnidili',
l'une d'elles qui permettrait de préciser avec plus de probabilité le
résultat d'une tentative de croisement serait « l'analogie ou la
dissemblance des deux espèces considérées sous le rapport de la
gestation pour les Mammifères, de l'incubation pour les Oiseaux. »
Le docteur ignore même s'il existe un seul exemple d'iiybridité
entre deux espèces très différentes sous ce rai)port. Toutefois, à
ses yeux, « il n'est point nécessaire que la similitude soit parfaite
pour que la fécondation soit possible » (3). Il pense aussi qu'il y a
une certaine relation entre la facilité avec laquelle le croisement
s'effectue et l'état de perfection ou d'imperfection de l'hybride qui
en résulte. » Mais ce n'est point une régie absolue (i parce que la
iécondilé du premier croisement ne dépend pas seulement de
point kiujours pensé Jiinsi. Voy. : 1. (i. Sainl-llilairo, [. III, p. l'i'.l et l.'iO, Ilist. (j .
nalurelle dea rt^gncs organiques). — Arislole aurail été déjà de ct-l avis. Oodron
rappelle (in De l'espèce, t. II, p. 209) la phrase suivante du célèbre philosophe :
(I Coeunt aninialia {jcneris (dans le sens d'espèec) ejusdein secunduni natiiram, sed
ea eliaiii quorum i^enus divcrsum (luidem, sed natura non mtiltuin distat ». (iodron
renvoie à \'Histori;n uni m a liu m, lib. II, cap. 5. Nous nous sommes reporté an livre
et au chapitre inilii|ués par liodron; mais nous n'avons rien trouvé de semblable.
Sans aucun doute l'indication est mal donnée.
(1) Op. cit., p. KiS et 1(19.
(2) Voir pour le premier Ucricli des IJerm Professors Ifyrll an die Kaisertielie
.Akademie (Vienne, ISiW, p. 143). Pour le second, son J/ist. liai, des Maiiiniifires,
p. i:;:î.
(3) Op. cit., p. 42.-;.
XL DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
l'iiomœogénésie : elle dépend aussi en partie de la fécondité absolue
de chacune des deux espèces mères (1).
Pour lui encore (c ni le de?;ré de proximité des espèces, ni la
nature de leurs instincts, ou de leur genre de vie, ni la comparai-
son de leur fécondité, ni môme la durée de leur gestation, ne
permettent de prévoir avec certitude le résultat de leurs alliances.
La méthode n priori doit donc céder le pas à la méthode a poste-
riori Aan^ l'élude de l'hybridité. L'homo'ogénésie ne se devine pas,
elle ne se découvre que par l'expérience. » L'expérience seule,
dit de même M. Oscar Hertwig, peut nous fournir une certitude à
cet égard et nous apprend que les diverses espèces animales et
végétales ne se comportent pas toujours de la même façon vis-à-
vis de la fécondation hybride; que certains individus qui se res-
semblent par les moindres détails dans leur forme ne peuvent se
croiser, tandis que le croisement est possible entre d'autres
individus moins semblables. » (2).
Il ne faudrait pas conclure de là que la fécondation s'opère entre
animaux appartenant à des espèces éloignées; c'est tout l'opposé
qui se produit, nous le verrons bientôt.
Le grand obstacle physique ou organique au mélange fécond
des espèces semble, pour d'Orbigny (3), exister dans les sperma-
tozoïdes et dans les difléi'cnces, appréciables ou non, dans la forme,
les dimensions et la composition intime de ces machines qui
portent à l'ovule la part du mâle ])Our la formation du germe.
Selon Rousseau, la fécondation ne se produit que parmi les
espèces chez lesquelles « les spermatozoïdes ont une sympathie
réelle et réciproque pour se greffer utilement sur les ovules pro-
venant de la vésicule de Graaf » (4). C'est, il nous semble, ce qu'on
désigne aujourd'hui sous le nom « d'affinité sexuelle » (5). Quelque
(1) Même page.
(2) l.a cellule et les tissus. EU'ments d'nnatnnne et de phi/siologie générales
(traduit de l'allemand par Charles Julien), p. 291 et 292. Paris. IS'J4.
(3) IHcl. d'Hist. nat., p. .Vifi.
(4) Rev. de zoologie, « Des châlaignes ».
(5) Voy. Ilertwig déjà cité, p. 292, à l'article a AHinité sexiielle ». « Sous le nom
d'atflnité sexuelle, je désigne, dit l'auteur, les actions réciproques qui exercent
les unes sur les autres les cellules fécondables apparentées, de telle sorte que,
placées à une distance déterminée les unes des autres, ces cellules s"atlirenl.
.s'unissent et se fusionnent, comme le font deux substances chiniiques entre
lesquelles existent des allinités chimiques non saturées n. (Selon PeelTer, les anthé-
rozoïdes sont attirés vers la cellule d'uf par ries solutions chimiques, sécrétées par
cette dernière). — Nous ne voyons donc pas pour quelle raison Isidore (leolTroy
Saint-llilaire a critiqué d'une manière très acerbe la conception de Kousseau (dans
sa note de la p. 130 du t. 111 de VHist. générale des régnes organiques).
INTRODUCTION XLI
chose d'analofjue avait étc- expriiiic ilans les Comptes rendus de
rAi'aih'iiiic de Turin d). « l'oiir qui^ l'union de deux animaux de
dillérentes espèces, y disail-on, soit féconde, il faut qu'il y ail
un certain defjré d'afTinité entre la liqueur séminale du mâle et le
f^erme de la femelle (2) ».
On prétend f;énéralemenl ([ue le croisement peut s'opérer dans
les deux sens, c'est-à-dire dans le renversement des termes père et
mère; c'est ce qu'on appelle « huhriililr hilah'ralr. » Mais, dans |ilu
sieurs exemples, la fécondation ne se produit que dans un sens;
elle manquerait dans l'autre. L'hybridilé devient ainsi yninilaléraU')).
\'raisemhlablement, lors(|ue les organes générateurs des deux
espèces que l'on mélange sont bien conformés et susceptibles
d'adaptation, le principal obstacle physique au mélange ne saurait
résilier ipie dans l'incompatibilité de l'élément niAIe et de l'élément
femelle. On sait aujourd'hui |)ar des expériences (entreprises sur
des œufs d'animaux inférieurs dont le développement s'o])ère
extérieurement) que la fécondation n'a lieu que lorsque le sper-
matozoïde a pu traverser la couche muqueuse (|ni enveloppe l'ceuf.
Il faut, en outre, que celui-ci, rencontrant hî pronucleus femelle,
puisse se fusionner pour former le noyau de l'œuf (3).
Or, tous les spermatozoïdes ont ils celte faculté? A leur arrivée
près de l'enveloppe ou mend)rane vitelline, ils peuvent se heurter
à un obstacle qu'ils ne sauraient franchir et se trouver ainsi dans
l'impossibilité de se mettre en contact avec l'élément femelle.
Seraient ils Ciipables de franchir cet obstacle, que leur union avec
cet élément jjourrait encore, sous des iulluences diverses, ne point
s'accomplir, surtout si le facteur décisif réside dans l'organisation
(i| An XII.
(2) ,M. Mallii:is Diival (in ftevue sciontifiiiiie, n" du i fovricr 1884, p l/iCi, ml. De
Vhyhriitité) parle du mrnif sujet.
(:!| Voy. à ce sujel l'iiiléressant arlii'le de M. Kd'ldei' sui- ■< l.ea pMndinhtes
inliiiies (le la fi'cnnddlion n, dans la lievue fj^'nérale des se. pures et appliiiiiées,
(n" du l.ïaoùl |S'.)2, p li:!'.)) nolaïunient la p. \'A\ où M. Kielder rapporte ce (|ue lit
Fol en IST.'i. et montre |)ar des (iuures la <(>[>ul;illon di' l'ii'iif et du spermatozoïde.
" Qu'on ni(Man(;e dans l'eau de mer !es leuls et les sperinato.roules d'un lùdiiriodornie
ou d un Oursin, pour oliserver, sous le microscope, les phases principales de la
(écondalion, on verra alors, dit M. Kielder. le spcruialozoïde pénétrer dans la
couche muqueuse (|ui enveloppe l'ii'uf. dont le vilellus se soulève en une petite
saillie diri;;ée vers le sperniaiozoïde. Celui-ci vient s'y appliquer cl, dés que le
contact est opéré, la couche périphérique de l'ieuf se ^onHe et s'éiaissit de manière
à s'opposer à l'entrée d'un deuxième zoosperme Le corps du sperina ozoîde
pénètre alors dans l'œuf oii il prendra l'apparence d'un petit noyau clair entouré
de stries radiaires : c'est le pronucleus mAle qui marche vers le proniirlnis
femelle aiiipiel il ne lardera pas à s'unir pour former un noyau unii|ue. le noyau
de l'ieiil. ipiienlrera immédiatement en division » Mais voy. snrloiil .M. 0. Ilertwi|»,
sur le iiiéme sujet.
XLII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
(le l'œuf (1). (l'est une hypothèse; citons cependant quelques faits
cl'expéi'imentation.
Falkemberg- (2) ayant mêlé des œufs de Cultcria aspersa (31,
ca|)ables d'être fécondés avec des anthérozoïdes en mouvement
actif d'une espèce très voisine, CidUria multifida, remarqua sous
le microscope que les anthérozoïdes tournoyaient sans cesse et
finalement mouraient sans avoir fécondé les œufs de l'espèce
parente. Lorsque des anthérozoïdes venaient à toucher par hasard
un œuf, ils s'appliquaient momentanément contre lui, mais s'en
séparaient immédiatement. Le spectacle était bien différent si,
dans une préparation semblable contenant des anthérozoïdes, on
ajoutait des o'ufs de leur espèce. En quelques instants, les anthé-
rozoïdes se rassemlilaient autour de l'œuf (4).
Lors (les croisements entrepris par les frères Herlwig entre
Strongylocentrutus lividns et Sphivrcchmiis granularis, il y avait
toujours, parmi des centaines d'œufs, un nombre plus ou moins
considérable qui étaient fécondés par le sperme étranger, tandis
que la grande majorité d'entre eux ne réagissaient pas. 0_. Hertwig
en conclut que les œufs étaient dilïéreuts les uns des autres (5).
Ainsi les œufs d'un même animal montreraient un degré différent
d'affinité sexuelle, lequel, comme il s'en est aperçu, peut être
inlluencé et modilié par les circonstances exlérieuies.
(I) Consultez sur ce sujet 0. Herwilg ^op. cit.), dernière li};ne de la paije 29'i .
i'i) « Die bejrHckluiig und der génération swclisel vun culleria ». in Milt. aus
derzool. station zu Neapel, I87'J.
(:i) Genre d'Alffues inférieures.
(4) Fallienberg est cité par llerluip.
(5) P. 29o.
INTRODUCTION
\LIII
M.
Afin de iimis rendre rdiiipte des résultats olilciiiis dans les croi-
sements d'espèces animales, nous avons essayé, dans un mémoire
présenté au Congrès des Sociétés savantes (1), de grouper les faits
d'h\ bridilé provoquée, c'est-à-dire les divers exemples de croise-
ments réalisés sous les yeux de l'Iiomme.
Nous ferons connaître très sommairement cette étude et les
conclusions que nous avons tirées des faits qui y ont été cités;
(nous ne nous sommes encore occupé (h^ la recherche des hyhrides
que dans deux classes, la classe des Mammifères et la classe des
Oiseaux, dans lesquelles, du reste, le plus grand nombre d'expé-
riences de croisement a été entrepris). Quoique le travail ait ('té
rédigé assez rapidement,;'! l'aide de matériaux rassemblés pendant
les années précédentes, trois cent cinquante-cinq croisements
environ, suivis de fécondité, ont pu ètr-e éuuméri'S dans ces deux
classes, soit, pour la première classe : quatre-vingt-treize croise-
ments et, pour la seconde : deux cent soixante-deux, dont voici le
détail :
Classe des Mammifères
Olllllli; DKS UUMINANTS
l'Hiuille des Cervidés. .
l'iiiiiillc dis Hoi'idrs . . .
l'ninilk- di's Antilopidés .
l'':imille des Uvidés. . .
K;imille dos (laniélidés.
(liinitK iiK.s I'ac.hviikkmks \ l'iunille des Equidéx. .
(cl S.-Ordhk lil'.s PijHCiNs) ( l'iiiuille des Porcidés .
OliliiiK liKS Mausupiai'X — l'aïuille des Macropidês .
!l"';iniille des Léporidés .
l'ainillc des Cavidés . . .
Iviinilk- a.^s Muridés. .
l"'aiiiille des Hysiriadés
I''aiiiille des Simiadrs . .
l'aïuille des Lérnuridés. .
I-'aiiiilIe des Viverridés.
l'aïuille des Ursidés . . .
Kaiiiille des Mustélidés.
l'aïuille des Canidés . . ,
Famille des Félidés . .
OllIiliK lli:S (jCAIlliUMA.NKS )
OltriRB DKS (".AIINIVOUKS
18
7
:s
4
3
'ij
6 I
I j
1 (
1 )
12 ,
1 I
16
6
13
18
(I) Réuni à la Sorboiine en I8'.t4 Ce Mémoire n'a point encore été publié; une
1res courte analyse a seulement été laite par M. Oustalet, dans la Revue des Travaux
scientifiques, t. XI, n' 8, I8'.)4, p. rl'.H.
XLIV
DliS HYBRIDES A L'ÉTAT SAUVAGE
Classe des
Oiseaux
Fiiinillc des Fringillidés
118
OnilUE DKS PASSEniCAUX
Famille des Sliirnidcs . .
Famille des Turdidés. . .
I
2
.
1
Famille di's MotaciUidés
1
Ordre des Perroquets —
Famille des Psittacidés. .
6
6
Ordre des I'ai.mipkdes |
Famille des Anatidés . .
Famille des Lanidés . . .
Fiimille des Tantalidés.
74
0
7.;
Ordre des Echassiers <
Famille des liallidi's . . .
Famille des Scolopacidés.
1
1
4
Ordre des Strutiiions —
Fam des Struthiodicidé.t .
1
1
OlUIRE DES COI.D.MRES 1
Famille des Gouridés. . .
Famille des Colombidés .
I
20
■>l
Ordre des Gallinacés -
Appartenant à 8 familles.
Total <;KMînAL. . . .
82
82
262
355
Si nous uous étions Itorné à la simple énumération de ces
croisements, le travail que nous croyons devoir rappeler dans
cette préface n'aurait qu'un intérêt médiocre; mais, en précisant
avec soin les espèces qui ont contracté des mélanges, nous les
avons classées par catégories, considérant : 1» les espèces d'uu
même genre; 2" les espèces appaitenant à deux genres; S» celles qui
appartiennent à deux familles ou au moins à des genres éloignés.
Or, le résultat de ce classemeut dans la classe des Mammifères,
(animaux très supérieurs, qu'il faut séparer des Oiseaux), montre,
PREMIÈREMENT : qu'ou ne rencontre aucun croisement réellement authen-
tique dans la troisième catégorie, c'est-à-dire entre des esiièces appar-
tenant à des familles dijjërentes, encore moins à des ordres ilifférents;
DEUXIÈMEMENT : quc Ics croiscments féconds entre espèces de genre distinct
sont, non- seule m eut très peu nombreux, mais aussi fort suspects: troi-
sièmement : que le plus grand nomlire des croisements cités appar-
tiennent donc aux espèces « d'un même genre, » assez souvent même à
des espèces si voisines qu'on pourrait les ranger au nombre des variétés.
Ces chifires sont du reste les suivants :
Première catégorie, 82 croisements.
Deuxième catégorie, 11 croisements (douteux) (1).
Troisième catégorie, 0.
(1) Colin irroiW lie Physiologie comparée dru iiinmnii.r. t. II. p. 9't2. Paris, 1858),
a eu l)ien raison de dire cpi' « aucun fait ne prouve (ehez les Mammifères) que
l'hybriilité soit possible entre espèces de genres différents ».
INTKODUCTION XLV
Dans la classe des Oiseaux, nous ne sommes point arrivé tout à
fail au mi^iue résultat; quoique ce soient les croiscuieûls d'espèces
appartenant au mf^ik genhe qui soient incomparablement les plus
nombreux, nous avous trouvé uu certain nombre de croisements
fécomis (quelques-uns bien autlienti([nes) entre vsiièce.s de genres
1res distincts, ceux auxijuels les zoologistes donnent même quel-
(juefois le nom de jamille. ('es mélanges se décomposent comme
suit :
Première catégorie, ITiS.
Deuxième catégorie, 68.
Troisième catégorie, 16, dont plusieurs sont douteux.
On voit que ce sont les espèces qui se ressemblent le plus qui
sont davantage aptes aux mélanges. On voit aussi que les croise-
ments d'espèces éloignées ne réussissent guère, même chez les
Oiseaux, animaux d'une organisation inférieure à celle des Mam-
mifères. Nous avons dit (ju'ils sont sans résultat chez ces derniers.
Ce n'est point, ajoutons-le, que des expériences n'aient été entre-
prises dans le but de croiser des espèces bien distinctes; des
rapprochements physiques ont même été constatés, mais ils n'ont
donné suite à aucune [Ji'ogéniture. Nous pourrions citer de
nomiireux exemples. Quelques fécondations artilicielles, tentées
par de savants physiologistes, n'ont pas davantage donné de
résultats.
Dans notre travail, nous avons aussi voulu connaître le pouvoir
générateur des hybrides obtenus, c'est-à-dire savoir s'ils se montrent
|)roliliquos entre eux, ou seulement avec l'une des espèces mères,
et jusi[u'à (iuoll(! limite s'étend ce pouvoir.
.Malheureusement les croisements qui ont été suivis d'effet
n'ont point été, |)our la plupart, surveillés. Le plus souvent, entre-
pris [lar des amateurs, on ne les a point poursuivis jusqu'à leurs
dernières limites; ils étaient sans but scientifique. En outre, beau-
coup de mélanges se sont faits accidentellement et leurs i)roduits
n'ont été l'objet d'aucune étude.
On peut mettre toutefois à profit ce que l'on connaît; or, parmi
le grand nombre d'e.teniiiles qui ont été rassemblés, quek|ues faits
sont très instructifs.
-Vvant d'exposer le résultat de nos recherches, nous examiniirous
rapidement lesoi)inions qui ont été professées soit sur la stérilité,
soit sur la fécondité des hybrides.
XLVI DKS HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Remontons d'abord dans l'antiquité. Démocrite, disant que les
méats des Mulets sont altérés, « parce que le priucipe qui leur a
donné le jour ne vient pas d'espèces senii^laiiles, » semble affirmer
par là la stérilité des produits qui résultent des croisements.
Empédocle, donnant, pour raison de la stérilité des Mulets « le
mélange des semences, » professait peut-être la même opinion (i).
Nous ne saurions en dire autant d'Aristote. Le grand philosophe
a contesté la valeur des arguments développés par ses devanciers.
Qu'on lise un long passage du vr chapitre du second livre qu'il a
écrit sur la génération des animaux, on se convaincra qu'il admet-
tait comme possible la fécondité cliez des hybrides autres que les
Mulets (2).
Mais Pline, plu.i précis, dit que ; « tout hybride est impropre à
la génération (3) ».
Cette opinion a certainement prévalu aux xvi", xvii« et xviii"
siècle. Cela ressort d'un passage de la Nova Atlantis, que cite
Isidore GeolTroy Saint-Hilaire (4) et où Bacon imagine des hybrides
non stériles, (( malgré l'opinion commune » (prout communis fert
opinio). On en a encore une preuve dans ce vieil argument cité
par Sprenger : « Deuin .subjccissc animalia hyhrula ersecrationi, ut
nequeant se propagare (3). Le célèbre médecin suisse Cardan (quoi-
qu'il admette la fécondité chez certains hybrides nés de parents
rapprochés), parle des causes générales de la stérilité des produits
nés de deux espèces distinctes (6i.
De Haller, s'appuyant sur Frish (7), Aristote (8), Valisneri (9),
Linné (10), Klein (11), dit aussi que les hybrides sont le plus
souvent stériles.
(1) Ce ne sont toutefois que des suppositions que nous émettons, car nous n'avons
point lu les fragments des écrits d'Empedocle (réunis par Sturz), où le passage que
nous citons ne se trouve du reste peut-être pas rajiporté ; encore moins avons-
nous pris connaissance des ouvrages de Démocrite dont aucun ne subsiste. C'est
dans Aristote (De generntione, lib 11, cap. VI) que nous avons trouvé les passages
que nous citons. Ces passages sont aussi reproduits par Conrad Gesuer, in ii De
quadriipedis civipans, de Mulo». Lib. 1, p. 79b.
(2) Cependant de llaller (Elenienla phijsiologiie, t. VIII, p. 104) s'appuie, nous
le verrons bientôt, sur Aristote pour dire les bybrides inféconds le plus géné-
ralement.
(3) Liv. VIII, chap. LXI.X (XLIV).
(4) Hist. générale des règnes organiques.
(5) Opuscula phi/sico nitillieniatica. Hanovre, 1753.
(6) De suhtililate, Lib. .\.
(7) De avibus et in unicersnni.
(8) Gêner, uninia, L. 11. C. 7.
(9) Wustgolha resa.
(10) C. 20. N. 17.
(llj De avibus.
INTRODUCTION XLVII
Cr|ieiiil;iiit ili's auteurs, assez uuiiilii-eux dés le milieu du siècle
dfiiiier, ipcul ètie iiuhiie antérieurement à ce siècle, car Conrad
(iesncr, le Fliue de rAllciuaiiiic, traitait en l.'i."13 « de Imlivernes n
les raisons douni't's par Enipt-docle et Uénioerite (1), ne partagent
plus complètement l'avis des anciens. Sprenger (2), entre autres,
pri^tend que ces paroles de la Cienèsc « cmcite et niHilipliramini n
s'adressent à tous les animaux. liutlon, lui-mi\me, qui avait écrit
que « des espèces dilïérentes ne peuvent, au moyen de la copula-
tion, rien produire ensemble (3) », revient dans ses n Supplénicntu))
sur ce qu'il avait écrit pré<-édeniment et trouve qu'on a eu tort
d'avancer que c tous les animaux d'espèces mélangées sont hors
d'état de produire (4). » Cette manière de voir a dû être celle de
Pallas. Nous i)eusons que lîonuet n'était point non plus convaincu
de la stérilité absolue des Mulets, au moins île ceux de certains
Oiseaux (5). Le baron de Gleichen est très vif sur ce sujet : « Le
préjugé de la stérilité des Mulets ([ui a régné parmi les savants
et les ignorants n'est, pour lui, établi sur aucune expérience (6) ».
Plus avant dans notre siècle, Etienne Geollroy Saiut-llilaire croit
avoir remarqué « qu'il n'y ait que les Mulets nés de père et de
mère bien dillérents ([ui soient hors d'état d'engendrer (7) ».
Citons encore d'Omalius d'ilalloy qui dit que ceux qui parlent de
la stérilité des hybrides « ressemblent assez à des cornacs indiens
qui dii'aieut que les Elépliauls sont stériles |iarce qu'on ne les a
point encore vus se reproduire en domesticité (8) ». Nommons
(1) Nous disons « peut-élren, piree (]ue il est loisible do traiter de « l)aliveriies »
les explicnUons dos deux pliilosoplies (|uo nous nommons, sans pour eela adiueltre
la fécondité dos hybrides. ICmpedoele et Democritc ont pu, aux yeux de (jesner,
donner une m.invaise explication sur la cause de la stérilité du Malet, mais la
stoiililo do cet animal n'en est pas moins bien établie. Nous avouons, du reste, bien
peu connaître le {;ros in-folio du grand naturaliste nui a été surnommé le Pline de
l'Allemagne. Cet in-folio est : ci HislorUc animatiuiii », et le livre auquel nous
faisons allusion est le premier, dans leciuel l'auteur traite : « de (Juadriipedibus
viviparis », voy. la p. 79!).
(2) Op. cit.
(3) Bist. nal. dw Animaux, l. Il, cbap. 1 (édil. de 1749).
(4. Supp. h ifUH. nal., t. 111. p. l'J.
(.S) Voy. : Œuvres d'Uisl. nul. et de Philosophie, t. VI, MDCCLXXIX 'Consi-
dérations sur les corps organisés, p. 184;.
(6) Voy. : Dissertation sur la génération et les animalcules sperinatiques et
ceux (Vinfnsion. Paris, an VII, p. 47.
|7) .-Vnnales du Muséum, VlI, p. ii(\ {Dcscriplion d'un Mulet venant du Canard
milouin, etc.).
(8) Bull, de l'Acad. de Belgique, t. Xlll, I" partie, 184l>, p. 587.
XLVIU DES HYBRIDES A l'ÉTAT SAUVAGE
eufin Clievreul qui admet qu'il peut y avoir des iiy))rides féconds
indéfiniment (1).
Malgré ces vues, on peut dire rpie la croyance générale à la
stérilité des hybrides, (mais non dans ce qu'elle avait de trop
excessif et de trop rigoureux), s'est maintenue jusqu'à nos jours.
Que l'on jette un coup d'œil sur les auteurs récents qui parlent de
la question, ou verra qu'ils limitent la reproduction des hybrides;
les uns vont même très loin et leur refusent toute faculté de se
rejiroduire. Voici quelques phrases détachées, empruntées à divers
ouvrages :
« La plupart des hybrides ne sont pas féconds (2) ;
» On peut considérer comme une règle générale la stérilité de
leur progéniture (3) ;
» Les hybrides sont généralement des êtres complètement
stériles ;
» La plupart des bâtards d'espèces sont tout à faits impuissants,
au moins ils ne peuvent se reproduire entre eux (4) ;
» La fécondité des hybrides existe; mais, bien différente de la
propagation normale, elle ni complète, ni régulière, ni uaturclle(o);
» Les métis peuvent engendrer, mais leur postérité devient
stérile (6) ;
» Quelques rares exemples de fécondité ont démontré d'une
manière péremptoire que ce n'était là qu'une exception qui ne
dépassait pas une première génération (7) ;
» Des espèces voisines peuvent donner des métis d'une fécondité
plus ou moins bornée, mais qui jamais ne constituent des races
subsistant par elles-mêmes (S) ».
Autre part, nous l'avons dit, on ne paraît même pas croire à la
fécondité des hyln-ides et on doute qu'il puisse s'en présenter de
féconds (9). Ajoutons que certains auteurs leur accordent le
pouvoir de se reproduire pendant (juatre ou cinq générations tout
(1) Journal lies Savants, I84tî, p. 357.
(2) Dict. de LevrauU (art. Hyl)ri<le).
(3) Lyell, Principes de géologie, 4' part., p. 'J'J.
|4) Op. cit., 1888, pp. 52(i-527.
(5) Faivre, op. cit., p. :i6.
(6) Nouv. Dict. d'ilist. nat., t. XX. Paris, 1818, p. -491. Hybrides, par Virey
(Celui-ci envisage les Oiseau.x).
(7) J.-B. Jaubert, Rev. et Magasin de zoologie, p. 16*. mai 1833, Description de
deux Oiseau.v hybrides.
(8) Traité d'anthropologie physiologique et philosophique, par le L>' Freilaiill,
p. 42. Paris, 18(i3.
(9) Westood, in Trans. of tlie entoniological Society, p. 29o (1841-1843).
INTRODUCTION XLIX
au plus; d'autres ilisoiil u'avoir pu eu oliteuir que quatre (I). Eu
somme, ou le voit, la production des êtres, nés d'un croiseinenL
d'espèces, est considérée comme très limitée (2).
Nous n'avons point cependant voulu, dans nos citations, dépasser
les diMix premiers tiers de ce siècle, parce que, depuis un certain
nomlire d'années, il se proiluit uue nouvelle tendance à étendre les
limites de la fécondité des produits hybrides.
Si nous eu croyons isitiore Geoflroy Saint llilaire, (jui publia en
18()2, son (( Ilistdirc naturelle (jcnéraU' des èlres arfiiniisés » i'i), le
démcnli est venu et u aucun argument véritablement scieutilique
ne s'élcve plus, d'une manière gi'uérale, contre l'aptitude des
iiybrides à la i-eprodiiclion ». Il demeurerait établi, d'après ce
savant, « que riiybridité (la vraie liybridilé, suivant les termes (ju'il
emploie), n'exclut pas la fécondité (4) ».
lîref, il va jns([u'a dire (|ue (( l'existence de races hybrides
indéfiniment fécondes a pris place dans la scieuce(5)». M. Sansoii,
qui écrit dix ans plus tard ((i). est de ce sentiment : c I.e nombre
est grand à [)résenl, dil il, des observations qui prouvent que
l'union sexuelle de sujets ap[)artenaiit à un même genre naturel
peut avoir des suites indéfiniment fècimdes, iiien que ces sujets ne
soient point de la même espèce (7) ». Ces cas sont même très fré-
quents, pour.M. Cari Vogt: « Les cas où les métis sont féconds entre
eux et produisent une espèce mixte constante sont fréquents»,
écrit-il dans ses Le{Vini sur l'homme (S) et, « aussi loin, ajoute t il,
que les observations ont pu être suivies, il ne parait pas qu'on ail
remarqué chez les descendants aucune diminution de la faculté
reproductive ». Citons encore cette phrase du D' liroca (U) :
(1) Klourpiis. Hist. (les Travaux ite Cnvicr, p. 2o2.
(2) Il nous eût été possible de citer encore Oodron qui fait savciir i|ue « les produits
d'un mélanno de deux espaces légitimes sont toujours stériles enti'e eux ou le
deviennent après un petit nombre de }.'énérations ; et ([n'on ne peut les faire procréer
d'une manière eontiniie qu'en alliant leurs femelles à l'un des deux types primitifs i>.
{De i'eaiière, p. 2I7|.
(3) T. m, p. 230 de cet ouvrage.
(4) Même vol., p. 2.'i3.
(b) Id., p. 229.
(G) Annales des se. nal . t. XV, p. I. 1872.
(7) M. Sanson exprimait la même jiensée dès I8I>S, à la Société d'anlliropolof^ie de
Paris (séance du 17 décembre 181)8). Voy. t. 111, p. 730, 2* série.
(8) P. IVàS de la Trad. française de .l.-J. Mouliné (2' édit. revue par l'A. Barbier).
Paris, 1878.
(il) Mémoire sur l' hy britlité {3oarii»\ du D' llrowa-Sëquart, p. 42(')-427).
Suclietet. — 4
L DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
(( L'Iiybrifle le plus [larfiiit possède une organisation aussi couiplète
que celle des animaux d'espèce pure ; il est capable, comme eux,
de prendre racine dans le présent et dans l'avenir, de subsister,
sans secours étrangers et de perpétuer sa race. Aucun caractère
anatomique ou dynamique ne permet de le considérer comme
inférieur aux créations primitives de la nature; il peut môme, à
certains égards, être supérieur aux deux individus qui l'ont
engendré (1) ».
M. de Quatrefages, quoique beaucoup plus réservé, admet que
l'on connaît « deux espèces, mais deux espèces seulement, dont le
croisement soit à peu près toujours et partout régulier et fécond (2) ».
— Cela ne veut point dire, toutefois, qu'une nouvelle espèce
durable ait jamais été créée par le croisement de deux autres
espèces, remarquons-le.
Voici les observations que nous sommes à môme de présenter :
Chez les Mammifères, parmi les quatre-vingt-deux croisements
énumérés dans notre mémoire entre deux espèces appartenant au
même genre, (espèces si rapprochées qu'on pourrait quelquefois
les considérer comme variétés d'une même souche), nous avons
remarqué que, dans la plupart des cas, (soit dans soixante-deux
mélanges), les produits nont point laisse de descendance; ils se sont
éteints saiis postérité (3).
Nous avons remarqué aussi que dans douze croisements environ
les produits se sont nionlrés fertiles avec l'un de leurs parents d'espèce
pure ou avec une troisième espèce étrangère ; et que dans sept ou huit
autres croisements ils se sont reproduits inter se, tantôt donnant
naissance à trois ou quatre générations, mais tantôt, a-t on dit, à
une suite plus nombreuse.
Notre attention se portera sur ces derniers faits. Nous nous trou-
vons ainsi obligé d'entrer dans quelques considérations, et de
désigner même avec précision lés espèces qui, en se croisant, ont
donné naissance aux produits fertiles.
(1) Broca a toutefois soin d'ajouter ceci : « Pouvant se reproduire sans limites en
se mariant avec ses pareils, il constituerait bientôt une espèce nouvelle, aussi
durable et aussi fixe que les autres, si la propriété qu'il possède de se mêler en toutes
proportions avec les deux espèces d"où il est issu, ne donnait naissance à une
multitude de nuiinces intermédiaires ».
{2) Rev. des C. scienlif, l. V, 1S07, p. 742.
(.'$) Leur infécondilé n'a été constatée expériiHvnlaleiiwnl qun dans «luelques cas,
celte remarque est à taire.
INTRODUCTION Ll
Premier exemple : Cerfs du ifroupe Silca, de Fonnose, de la Chiite
centrale, et des îles japonaises. — Le Père Heude, missionnaire à
(;iiaug-liaï, directeur du Jaiclin d'acclimalatioii des 11. P. Jésuites,
prétend, (dans une communication iju'il a la l)ienveillance de nous
adresser), ([ue les hyhrides de ces diverses espèces sont fécouds
entre eux ; une seule Biche se serait montrée stérile. Néanmoins,
le savant zoologiste observe que, (( si la succession est directe, une
esi)èce absorlie rapidement l'autre, à plus forte raison si un sang
pur s'unit à un hybride ».
Nous ne pensons point que le Père ait poussé très loin ses expé-
riences. Dans le second tome de ses « Mémoires concernant l'histoire
naturelle de VEinjiire Chinois » (1), quel([ues-uns de ses essais sont
racontés (2j. Un voit qu'un Cerf, S. grilloanm, a laissé deux descen-
dants (3) ; que de l'union de ces deux descendants est née une
lîiche, puis un faon mâle ; mais on ne dit pas que ces derniers
aient reproduit et que d'autres expériences aient été tentées.
On nous permettra donc de faire cette remarque : il ne s'agit
point dans cet exemple, on l'a vu par la note qui accompagne
notrt! texte (4), d'hybrides demi-sang, c'est-à dire d'individus
provenant de descendants d'un croisement entre deux espèces
pures, mais d'individus empruntant moins de sang à une espèce
qu'aux deux autres (.'»).
Le Père tient absolument à considérer ces divers Cerfs comme
appartenant à des espèces ifistinctes. Nous ne sommes point h
même de contredire ses appréciations, les documents nous
manquent.
Dans une étude sur les Suilliens (G), le même écrivain, se basant
sur le système dentaire, la défense et la queue, reconnaît encore
chez ceux-ci un grand nombre d'espèces et constate que les espèces
de Nesosus ont donné des races domestiques, lesquelles races
spécifiques, trans[)orti''("s hors de leurs pays, sont fécondes entre
elles, filles forment, en outre, des sous-races fécondes sans le
(1) Chany-llaï, 1894 (troisième cahier), impriiiu'i-ie de la Mission catholique
(orphelinat de Tou-sé-wé).
(2) Voy. p. li)4.
(3) 1° Un produit mâle par une Biclie déjà Ijyhride d'une mère des iles de Golo
(le C. Silia, supposons-nous), et d'un Cert de Kormose (S. lawanus ?} ; S" un
proiluit femelle par une Bielie de Forraose.
('i) Précédunte note.
(5) II parail que le premier hybride rV" avait fait retour au type gritloanus.
Cela est 1res oalurel car il possédait deux quarts de sang de cette espèce, tandis
qu'il ne possédait ciu'un quart de sang Sikd et un quart de sang taivamis.
(fi) Mêmes Mémoires, I. II (deuxième cahier), 18'J2.
LU DES UYBHlliES A L ETAT SAUVAGE
concours de purs sangs de leur espèce (1). Néanmoins, un peu plus
loin, il dit « qu'on les conservera en niainlenant ri'quilihre des
sangs par un choix judicieux des reproducteurs plm ou iitoins
hybrides ». Il ne peut donc être question ici de reproducteurs de
demi-sang, entre eux, mais de reproducteurs ayant déjà plus ou
moins de sang de l'une des deux espèces, ou pour mieux dire,
sans doute de reproducteurs provenant d'ancêtres ayant été croisés
avec les espèces pures. Comment suivrait on des générations
d'individus disséminés çà et là ? Peut on savoir si on a toujours eu
soin de tenir ceux-ci séparés et de les croiser inter se ? (2).
Deuxième exemple : Cervus axis X Cenms pseudaxis. — D'après
Isidore GeotTfroy Saint-Hilaire, une troisième génération d'individus,
provenant de ce croisement, a certainement été ol)tenue en I8u0 (3).
Mais la reproduction a-t-elle eu lieu constamment entre les hybrides
demi-sang ; n'est-ce pas en croisant l'hybride femelle avec le
parent c? d'espèce pure (le pseudaxis] que la fécondation s'est
opérée ? Puchereau semble le dire. Du reste, au témoignage de
l'auteur de YHistoire îles règnes orgaiiiqiies, il était difficile de
connaître toujours les unions qui se faisaient libiement entre les
Cerfs qui habitaient le parc de la Ménagerie (4).
Remarquons, en outre, que les deux espèces mères sont tellement
rapprochées que l'espèce Faux Axis a été niée par quelques
auteurs (fi).
Troisiiîme exemple : Bos indicKS X Bas (jruniens. — R. Schla-
gintwit aurait eu l'occasion de voir des rejetons hybrides jusqu'à
la septième génération. On ne dit point si ces hjbrides étaient
de demi-sang ou des individus croisés d'espèce pure, tl est
très présuinable qu'il s'agit d'individus croisés de dilîérentes
manières (6).
Quatrième exemple : Bos taurns X Bos indiens. — David Luw, qui
mentionne les produits de ces deux types obtenus eu Angleterre,
les dit féconds (7) ; la reproduction des mêmes produits a aussi
(1) Voy. |). 108.
(2) Nous ignorons, du reste, si l'auteur parle d'après ses observations person-
nelles; il renvoie aux ouvrages de H. von Nathusius.
(3) Voy. : Hisl. gMérale des règnes organiques, t. III, p. 221 et 222.
(4) Op. cit. (même page).
(5) Voy, : Bulletin de la Soc. d'acclimatation de Paris, p. 338, 1889.
(6) Voy. sur ce croisement, « Rapport sur certains animaux du Thibet », cit.
in Hagen entoniologisclie zeitung, 1858, p. 48-49.
(7) nist. nal. agricole des animaux diii)iesli<]iies de l'Uurupc (trad. annotée
par Hoger. l'aris, 1846, p. SA).
INTRODUCTION' LUI
été obleniu! dans les fermes du roi de Wiirleniberg (1). Nous
ignorons quel est le uomlire des genératious olitenues inter se.
Aucun auteur, que nous sachions, n'a précisé ce nombre.
CiNQUiÈMK EXEMPLi: : Auchcnta pnco X Anchmia vtguqna. — (^'est
sur ce ci'oisemeiit |et plusieurs aulres) qu'Isidore (ïeoiïroy Saint-
Hilaire s'est appuyé pour démontrer la fécondité des hybrides.
(i Des croisements faits au point de vue industriel, et qui n'inté-
ressent pas moins la science que l'industrie, ont mis récemment,
a t-il dit. M. l'abbi- Cabrera, curé au Péiou, en possession de tout
un troupeau d'.Vlpa-vigognes (2) ». Le fait peut être exact, il l'est
sans doute; mais, suivant les propres expressions même de Saint-
ililairi' : d nue partie de ces animaux était issue de Vigognes
saillies par un Alpa\'igogne, et d"Alpa-\'igognes fécondées par des
Alpas ». Du reste, d'après les renseignements mêmes fournis par
M. Weddell, l'abbé Cabrera n'avait réussi à o])tenir la re[)roduction
de ses hybrides (]u'en noisaul le produit demi-sang avec l'une des
espèces composantes (3). — Hemarquons qu'il n'existe plus de
représentants de ces bybriibïs, ils se sont éteints.
Ou a aussi paiié de la fécondité des produits du Dromadaii'e et
du Chameau. Bntïon, Knversamm les ont dit féconds; nous n en
aurions pas été surpris, vu les ressemblances des deux parents.
Mais l'"lourens (4) et Godron (.'i) prétendent le contraire. Autinori,
qui paraît bien connaître le sujet, partage l'avis de ces derniers et
indique que pour obtenir un produit, il est nécessaire de croiser la
femelle hybride avec l'espèce /;»rc((i).
Nous rappellerons ici, l'observation n'est pas sans utilité, que
les l'aco-Vicenas, c'est-à-dire les produits de l'.Vlpa et du Lama,
sont frappés de dégcnèration ; nous n'avons donc pas à mentionner
ce croisement.
SixiÈMK KXK.Mi'LK : /.('/HAS limiilus X l.cpus funicHlas. — Maintes
fois on a parlé du croisement de ces deux espèces ennemies et des
r
(1) SatHson, /.oolngii' et l'itléoiltologie (Annal di's sr. naturelles, XX. p. 2.'>).
(2) llist. nat. gi'itérate def règnes urganiquex. t. III, p. 220.
(S) Voy. : .M. Uc (luiilrefaRes. Hov. di's c. sclentif . p. 125, 18fi8l8fi9. Sur la fécon-
dité « non ronlinue » de ces hylirides on pourra encore consulter : Gazette médicale
de Paris, p. :î8(). 37' année, t. 21.
(4) De l Inslincl et de V Intelligence, 1851, p. 1GG.
(5| De l'Espèce, p. 207.
(B) Bull. Soc. Acclimatation. 18.ïfi, p. 5.ï5. — M. Klaniknf, qui a voyagé pendant
vinRt ans dans la partie N.-O. de r.\sie, a alllnné à M . de (Jnatrefages qu'il n'avait
jamais élé témoin d Un seul cas de croisement accnlentel entre les deux types, hien
(|u'on ne prenne aucune précaution pour prévenir un pareil (ail. (Voy.: in Itev. des
Cours scienliliques, ISWJ-ISC.'J, t. VI, le .Méiii. de M. de (Jualrefa^es.
LIV DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
hybrides qui résulteraient de leur union ; nous ;ivons écrit un
articled) dans lequel l'existence de produits, indéfiuiuieat féconds
entre eux, au dire de quelques-uns, n'avait point été mise en
doute. Si nous traitions aujourd'hui le même sujet, nous ferions
de nombreuses réserves ; car, sans nier que le mélauge fécond
des deux types ait pu se produire exceptionnellement, les nom-
breux faits de croisement que l'on nous a cités sont, pour la
plupart, très douteux ; nous sommes convaincu que bien des fois
nous avons été induit à erreur dans les renseignements qui nous
ont été adressés (2).
Nous croyons donc devoir mettre en garde contre les récits qui se
sont multipliés et les annonces qui ont été publiées au sujet de
Léporides. Sous ce nom, ou n'offre généralement, dans le commerce
et chez les éleveurs, que des variétés rousses de Lapin. Nous sommes
à même d'alîirmer qu'aucune race hybride demi-sang, intermédiaire
entre le Lièvre et le Lapin, n'existe actuellement sur les marchés.
Septième exemple : Cavia cobaya X Cavia cuUeri. — La race
appelée Cochon d'Inde Angora, répandue dans toute l'Europe,
proviendrait d'un Cobaye mâle du l'érou à longs poils, croisé de
femelles du Cobaye ordinaire (3). — Le C. aperera sauvage se repro-
duirait facilement aussi avec la femelle du Cobaye domestique et
les métis, résultant de ces unions, seraient doués d'une certaine
fécondité (4).
Quelle valeur spécifique doit-on attribuer aux types purs ? Le
Cavia cobaya X le C. culteri à longs poils n'appartiennent-ils pas à
deux simples races ? Puis, a-t on toujours eu soin de ne croiser
entre eux que des hybrides demi-sang? Il serait bien osé de
répondre atririnalivement à cette question. Si on consulte un
des Bulletins les plus récents de la Société d'acclimatation (5),
on voit qu'aucune précaution n'est prise dans les mélanges pour
n'allier entre eux que les demi-sang.
Huitième exemple : Canis hipun X Canis familiaris. — Tout le
monde sait que Buffon avait obtenu trois générations successives
d'hybrides de Chien et de Loup, et que Flourens obtint jusqu'à
quatre générations du Chien et du Chacal.
(1) La question du Leporide, in Revue des Questions scientifiques de Bruxelles,
janvier 1887. (Des tirages à part de cet article sont vendus cliez Baillière, à Paris).
(2) Le rut du Lièvre en captivité nous paraît très douteux ; nous parlons par
expérience.
(3) Rev. des se. nat. et appliquées, n» du 5 décembre 1893, p. oî3.
(4) Même Bulletin, même numéro, p. 473.
(5) N" du 20 mars 1895, p. 286.
INTRODUCTION LV
Daus ces cxp^ricuces, ou poursuiviiit un liiil scientili(jue ; oti
peut donc croire raisonnablement que les animaux, gardés à vue,
ne se sont n'cllcineiit ii|)parit's qu'entre eux. Mais le Loup, le
Cliacal et le Ciiieu sont-ils trois espèces distinctes? Nous avons
toujours supposé le contraire. <)i', ces deux exemples de métis
féconds /;(//•/• se dans la classe des Mammifères sont les deux seuls
bien authentiques que nous ayons à citer. On a vu, par les
exemples précédents, que, le plus souvent, l'espèce pure intervient
dans la reproduction des hyluides. De ce genre de mélanges nous
aurions d'autres faits à citer, .\insi, le Zoologisclie Garten a
rapporté (1) qu'au château de Callemherg, près Cobourg, un
hybride de u Cerciis a.iis X C. claplius » s'est reproduit de cette
manière ; il en a été de même pour quelques hybrides de Cercus
viniùtnits x Tagulus memumica (2) ; de Bon indiens X H. frac-
talis (3) ; de i'Ursus arctos x Ursus maritimus (4). Plusieurs
hybrides se sont aussi trouvés fécondés par une troisième espèce.
Nous avons déjà mentionné, on se le rappelle, l'hybride $ du Cerf
de Formose et du Cerf de Goto, fécondée par un (^ S. grilloanus
nous pourrions parler d'un hybride Ccrvus yumnotiis X C. virgianus,
de même sexe, ayant rapporté avec un (^C.dania (o) ; puis d'un
jtroduit femelle Dos frontalis X B. indiens, ayant donné un rejeton
avec un cT W- (ujiericanus (ti), etc. Ces exemples sont moins inté-
ressants.
Parmi les onze croisements (plus ou moins assurés) d'espèces de
Mammifères appartenant à des genres différents, c'està dire parmi
les croisements (|ue nous avons classés dans une deuxième caté-
gorie, nous n'avons rencontré qu'un seul exemple de fécondité
suivie : celui de VOvis aries X Capra hircus (7). Mais dans ce cas
encore, pour conservei' le type de la race créée, doit-on revenir an
Bouc dès la ti-oisiènie ou (luatrième génération.
Il semblerait sans doute étrange, aux yeux de beaucoup de natu-
ll| Voy. p. irjct 120. Franlifuit, ISCi".!.
r>) .Mrme revue, p. 318, 1880.
(3) .\ux Jardins de la Soc. zool. de Londres.
(4| Voy. Zoolo^'isdie (iarlen, 1877 et 1882.
(5) 1. (i. Sainl-Hllaire (op. cit.). t. III. 18(i2. p. 173 et 221. Le llnllet. de la Soc.
d'.\cc!imalation faiiiice 1882, p. G78) sifjiiale une Biche, née d'une Itjclie hybride de
Cerf de .Mantchoiirie et de Hiclie de l'"rance. couverte par un Cerf Maral.
(()) Aux Jardins de la Soc. zool. de Londres, 1881 (Voy, les Proceedings de <etle
Société, 1884).
(7) C'est ainsi (|u on nomme au Chili les soi-disant produits du Bouc et de la
Chèvre.
LVI Di;S HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
ralistes, de mettre en doiile l'existence, dans lesCordillières. d'une
race intermédiaire entre le Bouc et la Brebis, race hybride que
l'abbé Molina et Claude Gay, les historiens du Chili, ont fait eux-
mêmes connaître. Le incmier doute ne viendra pas cependant
de nous, mais tl'un habitant môme de ces contrées, M. le \)'^
Philippi, de Santiago (1). Le docteur n'a pu connaître d'une façon
précise l'origine des Moutons (2) qui composent ces troupeaux.
. Tandis que les uns alTirment qu'ils sont issus du Mouton et do
la Chèvre, les autres prétendent qu'ils sont une espèce pure,
aussi bien que les autres races. Après recherches, M. Philippi est
(le plus en plus convaincu ((ue le Chabin n'a jamais été (ju'une
simple race de la Brebis dans l'origine de la(|uell(' l'hybridité n'a
joué aucun rôle (3).
On se trouverait sans doute encore plus surpris si on apprenait
que nous doutons de la fécondité même des croisements entre les
deux espèces pures, les êtres, qui en proviennent soi-disant, ayant
déjà reçu un nom dans l'antiquité (4). En effet, depuis Galien, qui
les avait fait connaître i5), un nombre considérable d'exemples ont
été cités et sont encore cités de nos jours. Mais les 'faits qui tendent
à les contredire ne sont pas en moins grand nombre et sérieusement
établis; nos propres expériences n'ont point elles-mêmes réussi.
Cette constatation vaut la peine d'être faite.
On a dit qu'aucun mélange fécond n'était authentique parmi
les espèces appartenant à des familles distinctes ; « fortiori ne
peut-il être question de la fécondité des hybrides douteux qui en
résulteraient. — Que se passe-t-il dans la classe des Oiseaux ?
Parmi les cent soixante-dix-huit croisements obtenus entre
espèces d'un môme genre, les produits de vingt-deux croisements
se sont seuls, à notre grande surprise, montrés féconds. Cette
fécondité ne s'est manifestée intcr se que dans huit cas plus ou
moins avérés ; dans les autres, les hybrides étaient accouplés avec
(1) Voy. le Zoologjisfhe Garten, de FiMnkfui'!, 1876.
(2) Appelés Linas ou Cliabins.
(3) Voy. les Actes de la Soi-, du Cliili, t. 111. p. 109. 18'.)3. La même manière de
voir nous était e.\primée, il y a quelques années, |)ar un ualuraliste compétent, à
même de voir et d'étudier de près les Cliabins envoyés au Muséum par Tempereur
du Brésil. — P. -S. La Revue britannique (septembre 189ti| vient de se prononcer
dans ce sens.
(4) On appelait rt7icH,s l'animal qui nail du Bouc et de la Chèvre; Musinn, celui
qui naîl du croisement inverse.
(,'j) De Seiinne, livre VII.
INTRODUCTION I.VII
riiiic (le leurs espèces parentes (1) ou avec une troisième espèce (2),
ou bien encore avec d'autres hybrides (:{).
Il sera intéressant de faire savoir que ViiifiU-ondité a été reronniie
expcriincntalcment dans vinijl-dtMix croisciiicuts; non seulcinont
lorsque les hybrides étaient appariés intcr se, mais quelquefois
lorsqu'on leur procurait des esjièces parents d'esiiècc pure.
.Nous étudiercins de près les mélanges dont, au dire de quelques-
uns, les produits auraient donné naissance à une lignée.
Le PiîKMiKR CAS est celui de VAnait hoxrhns x .iniix zonorhynrhn.
C'est encore le Père Heude, de Cliaug Haï, qui veut bien nous le
signaler. Il parait que les Chinois de l'ancienne vallée du fleuve
Jaune recueillent les œufs du Canard :onorhyncka,\es font éclore
dans leurs basses-cours et im-laiigent les produits avec l'espèce
commune, IM. boschns. Ainsi formeraient-ils une vraie race domes-
tique. Totitofois, le Père oublie de nous dire (détail très impor-
tant) si on n'a jamais recours à l'une des espèces pures pour
maintenir la fécondité et la lixilé de la nouvelle race. Il est pro-
bable qu'on use de ce moyen, car il parait que cette race est
u variable ». Le savant niissionnairr n'a point du reste employé,
dans les termes dont il s'est servi, les deu.\ nmts importants :
(( inler se )'.
Le sK.coND icxEMi'LE est celui de l'I. /«(.st/kj.s- x I>- liahmnensis.
Hodinus a, dans une des séances de la Société oriiilliologi([U(' de
Berlin, rapporté (i) que, sur l'ile des Faisans, à Posldam, on avait
élevé des hybrides de ces deux espèces et que ces hybrides avaient
reproduit pendant vingt ans sons le nom de « Perlenteu ». l'n tel
fait mérilerait bien quelques di'lails. Les hybrides étaient-ils demi-
sang ? N'y a-t-il eu jamais de rapprochements avec les autres
(lanards d'espèce pure ? Avait-on soin d'éliminer chaque année les
rejjroducleurs? Bodinus ne le précise pas. On tiil seulement que
la forme (( mitoyenne » de ces hybrides s'était conservée (5).
Troisucme exemple: Anxer cii(inoiiles X Anxer cinereus. Beaucoup
de croisements fructueux et des produits féconds seraient à
signaler. Bornons-nous à rap|)eler ((ue d'ajirès Blyth et le cap.
lluttou (()), on rencontre des troui)eaux entiers d'Oies hybrides
(i| Cola sopl fois,
(2) Cela <|iialre (ois (trois fois l'pspèce appartenait ii un j;enre riistinrt du leur).
(:t) yuiitre (ois.
(4| Tenue le ÎS janvier 1871. à 7 heures ilu soir. d;ins le restaurant .Schloiu-
hraner, sous le Tilleul n° 8. (Voy. .Iiiurnal fur Ornitholojjie, 1872, p. 78).
(5) .lourual fur Ornithnlogie, p. 78, 1872.
(6) Cit. par Darwin, Origine des Espèces. Trad. franc,'., p. 292.
LVIIl DES HYimiDES A L ETAT SAUVAGE
(laus f-ertaines parties de l'iDcle où ne viveul point les deux espèces
pures. De là, peut-on conclure, nécessité pour les hybrides de se
reproduire inter se. Aussi Darwin, parlant de ces hybrides, a-t il
écrit que leur fécondité est illimitée. On doit cependant remar-
quer ([ue Blyth ut Hutton ne disent j)oint que ces troupeaux soient
exclusivement composés d'individus demi-saug. Ou ignore abso
lument dans quelles conditions ont été réalisés les premiers croise-
ments.
Il nous faut rappeler qu'Eyton, qui avait obtenu trois généra-
tions successives et avait fait des examens anatomiques des deux
espèces pures, considérait i'Oie de Chine comme une race de l'Oie
cendrée, malgré les différences que ces deux types présentent (I).
Quatrième exemple : Anser cygnoïdes x Bernicla canadensis.
M. Chevreul a f;iil savoir en 1840. dans le .lournal des Savants (2),
que M. de Lafresnais avait donné au Muséum une paire de métis
d'une Oie de Guinée mâle et d'une Oie à cravate femelle, et que
de tels hybrides s'étaient reproduits jusqu'à sept fois ; il n'ajoute
pas inter se.
Cinquième exrmi'Le : Euplocamus niicthemerus X Kuplocamits
swinhœi. Nous avons obtenu, dans nos parquets d'Antiville, une
deuxième génération d'hybrides de Faisan argenté et d'Euplocome
de Swinhoé; mais nous n'avons pu aller au delà. Depuis plusieurs
années, les œufs que pondent deux iemelles, demeurent constam-
ment stériles, au moins aucun jeune n'est né viable (3).
Sixième exemple : Euplocaiinis nijcthemenis X Euplocamus wla-
noliis. Ce croisement est beaucoup plus intéressant, car on aurait
obtenu à la ménagerie du Muséum de Paris cinq ou six générations
(l'hylirides. Toutefois, il règne dans le récit qui a été fait de ces
expériences (4) une certaine obscurité. Nous avons relevé des
erreurs à l'aide de renseignements particuliers qui nous ont été
communiqués au Muséum même.
Septième exe.mple : Thaumalea picla X Thaumalea ainherstiie.
Nous possédons actuellement une cinquième génération d'hybrides
demi-sang et croisés entre eux. Plusieurs de ces générations ont
été obtenues chez nous; mais les premiers parents hybrides,
(1) D'après une note insérée dans les Transactions île la Soc. entomologique de
Londres (vol. III).
(2) P. 357.
(3) Ce n'est point dans nos parquets que le croisement des deux espèces pures
s'est opéré. Nous avions acheté les liybrides de première génération, c'est-à-dire
les Oiseaux provenant du croisement des deux parents.
(4) Dans le Bulletin de la Soc. d'.\ccli.
INTRODUCTION MX
|ii<)Vi'ii;ml (lu croisomi'iit (lir(^ct. axaient étii ohleiiiis clicz (l<!S
tiers. (Jii('li|ucs individus de diMixiènie f,M''nerati()n ne sunt |)itinl nés
non |)lus dans nos volières; enliu, souvent nous avons remis à
des éleveurs le soin di' faire éclore les œufs. Nous pensons
néanmoins, vu la grande altention que nous avons donnée à ces
Oiseaux, ([ue le résultat (|ue nous anrionrous est réel.
Dans les soixante huit croisements entre espères de genres
distincts, (mais appartenant à des mômes familles), nous n'avons
rencontré qu'un seul produit s'étant montré fécond avec l'une des
deux espèces (pii lui avait donné naissance : c'est l'hybride cf
Coliiitiha iiciii x Tartur risorius avec la femelle rixorius, car
riiyliride 5 du même croisement demeure stérile, ainsi que nous
nous eu sommes assuré.
Dans deux autres cas, l'hybride a fécondé une troisième espèce (1)
et, dans un troisième exemple, il a été fécondé par celte troisième
espèce (2j.
Ainsi, dans soixante-cinq cas sur soixante iiuit, l'hi/hridi' île deux
ijenirs e.s7 dniiciiré sans postévité. Tous les jjroduits étaient-ils ]iour
cela radicalement inféconds ? Nous l'ignorons. .Nous savons que
l'infécondité a été constatée expérimentaiement dans huit croise-
nu'nts.
11 est presque inutile de tlire que dans les croisements de la
troisième catégorie ancien produit hi^biidi- n'a pris naissance (3).
-V (|nelles causes peut-on attribuei- l'infécondité des hybrides
stériles ? — Chez l'individu fc^melle hybride, l'ovaire se trouve
parfois atrophié; nous l'a\dns constaté deux fois chez des Cairina
nmschata X Anus boscbas 9. ouvertes vers l'époque de la reproduc-
tion. Chez elles, l'ovaire paraissait manquer, au moins ne présen-
tait-il aucune trace d'œufs : la grappe, d'ordinaire si facile à
reconnaître, ne pouvait être aperçue. Ces Oiseaux, conservés
vivants pendant plusieuis années, n'avaient jamais pondu.
Leabeater constata chez une femelle hybride, provenant d'un
(1| Ce sont : I» iiii liyhriilo , '' l'hasianu.i reeoesi o" X f^^- piela Q ayant
lécoiiclé une PU. ellioli <^^ ilie/, M. Ihnr^lnlebant : les petits sont morts en naissant;
2" In liybrirle : r"" Vlmsianus cotcliicus X i:upluciimu:< tiijrlheiiirnis ayant
téconcli- une E. inetanotus o_
(2) C'est une (eniellc Th. amhersliw X ''''• versicolor, dont les œufs ont été
téronilés par une Th. pirta cf.
(:<) Kappelons à ce propos l'intéressante observation consignée par M. de Quatre-
lages sur les grclles animales, os et autres, sans résultat de famille à famille.
Kev. des C. scient., I8(i7-(1S, p. 743.
LX DES HYBRIDES A L KTAT SAUVAGK
l'iiisan ol d'une l'oule de Bantaiii, qui' IUviducte était sans commu-
nication avec le cloaque (I).
Coinnie l'ovaire, les lestimiles peuvent se trouver atropliiés ; puis
les spermatozoïdes nuuKjuer dans la liqueur séminale. Chez un
Coquart cT, que nous avons disséqué après l'avoir observé longtemps
en captivité, les testicules étaient à l'état rudimentaire et les
canaux déférents extrêmement minces. Nous avons examiné au
microscope (olijectif 7 et oculaire 3) la matière contenue dans les
uns et dans les autres; nous n'y avons aperçu aucun spermatozoïde.
Cette matière, au lieu de se montrer à l'état presque liquide,
comme dans les testicules normaux, était compacte et ne pouvait
se liquéfier au contact de l'eau (2). Chez un hybride cf C. mosckato
cf X .4 . boschas 9 , lequel Oiseau s'était montré incapable de féconder
une Cane domestique, nous avons liien rencontré deux testicules
(dont un de dimensions très exagérées), mais la liqueur, qui y était
contenue, ainsi que dans les canaux déférents, était dépourvue de
spermatozoïdes, ou ceux-ci étaient tellement faibles qu'on ne pou-
vait les y distinguer. Cette liqueur ou matière gluante se montrait,
par places, épaisse et presque dure. Le nvême phénomène a été
constaté dans les testicules d'un hybride de Cardnlh elrgnns X
Fringllla canariit; mais chez celui-ci les parties sexuelles étaieMit
beaucoup moins volumineuses que dans l'espèce pure ; elles étaient
très petites. En outre, près d'elles, se trouvaient deux petits corps
ronds ressemblant à des (l'ufs. Nous n'avons pu faire égoutter le
sperme qui s'y trouvait à l'état de matière gluante, et nous n'y
avons découvert aucun spermatozoïde. 11 sera intéressant de faire
remarquer que l'Oiseau, qui vécut en captivité pendant plusieurs
années, n'avait point fécondé deux femelles C. canaria de race
pure qui lui avaient été données. Celles ei pondirent et couvèrent
assidûment. .Ajoutons qu'une femelle hybride, sa sœur, avec
laquelle nous avions tenté de l'apparier auparavant, n'avait pondu
aucun œuf.
Ainsi les hybrides peuvent être dé[iourvus d'organes génitaux
normaux. Le physiologiste Wagner s'était rendu compte de cette
défectuosité sur de nombreux hybrides F. canaria x C. ranluelis.
Après avoir constaté qu'au printemps, chez le Canari niàle, les
(\) Magazine o[ nal. Iiistory, mai-s \S^i, p. VXi (cil. par Gérard. Dict. d'Orljifiny,
au mot Espi'cp, p. Hli).
(2) Le Coquart, dont il saf,'il, n'avait jamais essayé de s'approcher des Pontes
avec lesi|uelles il se trouvait. L'e.xamen de ses organes reproducteurs eut lieu le
18 avril.
INTnOI)I!i:Tl(IN lAl
parties sexuelles se gonflent et prenuent une forme ovale arrondie
(l'iiin; gr.iudeurà peu près égale: (pie les canaux déférents furnu'iit,
à côté du cloaque, des rouleaux particuliers de la forme d'un
peloton ; (pie les animalcules y sont, connue chez tous les Frin-
gilles, très grands el 1res forts (1) ; après avoir aussi constaté que,
chez le mâle (Itiardonneret, tout se comporte de la même façon,
quoique les animalcules les mieux formas soient plus maigres et
|)lus courts 2), il remarqua, au contraire, une grande diversité
chez les hyhr-ides provenant de ces deux espèces. Chez quelques-
uns, les testicules étaient très |)elits ; chez tous, ne dépassant
jamais plus de la moitié de ceux des parents et étant d'une forme
|)lus arrondie. Les lils à houts goidlés, contenus dans les anneaux,
n'étaient point reliés en paquets réguliers, mais jetés en désor
dre entre les molécules elles-mêmes plus opaques et plus gran(l(!S
((ue dans la matière cornée des kystes ordinaires; ce ([ui parais-
sait être dil à une production imparfaite des spermatozoïdes, dont
la forme et les dimensions n'étaient pas normales. Hn outre, les
canaux déférents étaient toujours vides, même chez les individus
dont les testicules étaient les mieux déveloitpés; souvent il deve-
nait impossible de les reconnaître. .Mais chez les hybrides de
sexe femelle, Wagner trouva les organes de la génération dans
des conditions anatomiques favorables à la leproduction, c'est à
dire avec l'oviducte renfermant de petits corps jaunes pourvus
d'une huile germinative (3i.
Nous pouvons corroborer le dire du s;\\ant physiologiste, en
faisant savoir que pendant de longues années nous avons con.servé
vivantes beaucoup de ces femelles hybrides et que toutes, à quelques
exceptions pi'ès, pondaient des œufs normaux ; mais ces ii'ufs ne
vinrent jamais à maturité, quoique les femelles qui les pondaient
fussent en compagnie de mâles hybrides et môme, si nos souvenirs
sont exacts, de mâles de leur espèce. Disons (pie les mâles hybrides
se sont montrés, en tout temps, impuissants à féconder (1(!S femelles
d'espèce pure. Cent fois, et beaucoup il'amateurs avec nous, avons
recommencé les mêmes exi)ériences.
Dans la liqueur séminale d'un hybride cT «le Coliiiiilia i)aluinbus
X Columba livia (soumis ù l'examen de M. Camille Daresle), le
docteur crut reconnaître une déformation des spermatozoïdes ;
(1) Ils ;ittolf!nenl jiisqnVi un 10' de litim; (le Pinson oïdiniiiri) ; leur poinlP tor-
niinée en spirale esl très lorleniont accentuée, etc.
(2) Ils iiiesurenl un l.'V ili- ligne.
(3) Mueller, {Manuel de l'hysiologie) rapporte briévenienl les expériences de
Wagner, voy. p. (>28 du T. II. Trail. di' .lourdan, 1851.
LXII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
ces corps auraient été à l'état de bâtonnets. Toutefois, nous
n'oserions allinner que la préparation microscopique fût dans de
bonnes conditions. En ellet, chez plusieurs autres hybrides Columha
livia X Turtnr risorius qui n'avaient jamais pu, comme le dernier
Oiseau, féconder de femelles, M. Dareste rencontra des sperma-
tozoïdes bien conformés (ou bien dans les testicules ou dans les
canaux déférents) (1). Nous avons fait nous-même une consta-
tation semblable chez un produit des mêmes espèces, lequel
s'était montré infécond. Nous avons observé chez lui de nombreux
spermatozoïdes, plusieurs se remuant et ne différant en rien de
ceux que l'on renconti'e chez ('oiumbn ou chez Turtur. Nous ne
sommes point certain, cependant, que les deux canaux déférents
existassent; nous n'avons pu nous rendre compte que de l'existence
d'un seul, le droit, qui a pu être examiné sufTisamment (2).
Depuis ces ol)servations, nous avons constaté la fécondité chez
un de ces hybrides 7". risorius X C. livia déjà âgé ; deux fois, il
féconda un des œufs de la femelle T. risorius avec laquelle il était
accouplé. Le seul jeune qui parvint à l'âge adulte, (le premier œuf
fécondé avait été brisé), vit encore aujourd'hui ; mais il se montre
constamment infécond avec les T. risoria que nous lui avons
données, quoique, remarque curieuse , celles-ci soient de pure
espèce; il possède lui-même trois quarts de sang pur 1
Les examens d'Hebenstreit, de Ch. Bonnet, du baron de (jlleichen,
de Prévost et Dumas, de Gerber et Winkler, et d'autres physiolo-
gistes, entrepris sur les organes générateurs des Mulets, ont été
souvent cités. Nous nous bornerons à rappeler que ces expérimen
tateurs ne trouvèrent point d'animalcules spermatiques (sperma-
tozoïdes) dans la liqueur séminale des Mulets mâles, ou bien les
spermatozoïdes qu'ils y découvrirent étaient ou réduits ou défor-
més, c'est-à-dire imparfaits, remplacés même par de petits corps
arrondis et brillants.
Mais Brugnone et Gerber trouvèrent des corps jaunes dans les
ovaires de la Mule, indiquant l'existence d'œufs plus ou moins
bien conformés ; M. Colin a vu dans la collection de M. Coste un
ovaire de Mule portant un corps jaune bien caractérisé. — D'autres
anatomistes ont cru reconnaître que le conduit de l'urine était
(1) Ces e.xamens soiil mentionnés dans la Revue de Biologie « Sur Vhyhridilé
chez les Oiseaux, par M. Dai-esle » (Note présentée par M. Cliarrin). Par erreur,
M Dareste dit, dans cette note, que nous lui avons alïirmé que les hybrides niAles,
qu'il a examinés, étaient féconds avec les femelles d'espèces parentes; c'est le
contraire que nous avons observé.
(2) Notre préparation laissait peut-être à désirer.
INTRODUCTION LXIH
placé chez les Milles d'une manifre différente de celle qui a lieu
dans les autres animaux, conformation vicieuse sullisaiite pour les
rendre stériles ; au reste, llei)enslreil n'aurait point découvert de
vésicules transparentes (d'reufs) dans l'ovaire (1).
La stérilité du Mulet ne le prive i)as de désirs ; il en est particu-
lièrement lourmenlé au printemps, à ce point ([u"on est obligé de
le soumettre à la castration (2).
Cette ardeur génésique est très visilde ciiez les hyiirides de
Colombe l't de Pigeon; mais nous la croyons nulle chez les produits
tic la l'oule et du Faisan (3).
On a prétendu que la stérilité des hybrides provient de c(^ que
ceux ci sont généralement retenus dans d'étroits réduits (4) ou
appariés entre proches parents (^). Nous l'avions cru aussi; nous
avons voulu nous rendre compte de cette assertion. Nous avons
fait construire de très vastes volières représentant de petits jardins
couverts de grillages, où nous avons lâché maintes fois de nom-
breux hybrides d'Oiseaux de diverses provenances. (Juoique les
femelles nichassent dans les arbustes, comme en pleine nature,
leurs onifs n'ont jamais donné de jeunes. Le résultat a été abso-
lument celui que l'on obtient en cage, c'est-à-dire négatif.
La stérilité chez l'hybride est donc produite par des causes qui
tiennent à l'organisation môme de son être.
Il) Colin, dont nous allons oilpr l'onvnifîP, dll cp|>cnflanl i|ne les Mules n'ont rien
(l'anormal dans la disposition el la struclnie de l'appaieil génital. — .\u sujet des
examens qui viennent d'ètie cités, voyez : G. (^olin, Trai(^(/<' l'Iiysialnijie comparée,
p. tl'il. T. Il, ;i' edit., lS88i M. de (Juatrelaj^cs, Uev. des Cours scienliliques (ISliS-
ISi;;»,), p. 124 et Bull, de la Soe. d'Accl. de Paris, 188,ï, p. 382 (Pioeès-verbau.x); le
l)' llebeuslent (cit. par Valmonl de lioniare, Oicl. p. 189); Pagenslecher, Algemeiiii'.
zoologie, 1875, p. 214; Gazette médicale de Paris, 37' année, 3' série, I. 21, ISCiti;
Bory de St-Vincent. IHcl. d'/Iisl. nat.,T. X, p. 120; Valmont de Bomare. (Oi'ct.
p. 189); Burdali, Trailé d'analomie, p. 257. 1828 (leciuel cite Beclistoin, T. I.
p. 2".I3 el (ilciclien, p. 25); d'Orbij^ny. Dicl. unir. d'/Jisl. nal. I84('), art. ['ropaj;a-
lion far Duvernoy; llausniann, ('lier den Slaugel der sluamentliiercheii bei Maui-
lliieren 18'i4 ; Prichard's, XalurgesclUt des Menschciigeschleclite, etc.
(2) ISncyiioiiédie iiralinuc de l'ugricuUiire, p. 655. T. X, Paris, IWS.
(3) Voy. les faits (|ue nons citons dans notre article : Hybride de la l'nule dômes-
tique el du Faisdii. L'Éleveur, n" 23t;, 237 et 238, de juillet ISsO. Il e,\isle un
tirage à part de cet article.
(4) GeolTroy-Saint-llilaire. Bull. Soc. accl., n° 3, mars 18S7, p. 179. Voy. aussi Itroca
et autres.
(il) Darwin, Origine des espèces, p. 271, el aussi Emile Ferriére, le Uaricinisme,
p. se.
LXIV DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
VU.
Nous Dous sommes étendu sur la question de la fécondité ou de
l;i stérilité des liybrides parce que, nous l'avons déjà dit, on a
voulu faire des pliéuoniènes de reproduction le critérium de l'es-
pèce (1) auquel ou a attaché une importante excessive. Si les hybri-
des sont féconds, a-t on dit, c'est que leurs parents appartiennent
à la même espèce ; s'ils sont inféconds, c'est que leurs parents
sont d'espèce distincte. Ainsi, sont de la même espèce : tous les
individus qui, en s'unissant, donnent des produits féconds, et
rice-versd. Buffon avait établi cette règle ; il a été suivi par Cuvier,
par Flourens et par un nombre considérable d'illustres naturalistes.
Sans doute, a-l-on raison ; mais alors, pour être logique, il faut
supposer que les individus d'une même espèce seront toujours
aptes à donner entre eux des produits féconds et que ce pouvoir ne
sei'a jamais interrompu par aucune cause.
Nous avons créé dans nos races domestiques, (à force de sélection
et de volonté réfléchie, il est vrai), des formes tellement disparates
les unes des autres que leur union est devenue physiquement impos-
sible. — Conservent-elles virtuellement le pouvoir de se repro-
duire entre elles? Il faut le supposer (et nous le croyons sans
peine) (2j, sans quoi le critérium que l'on a donné pour base de la
définition de l'espèce serait à rejeter.
(1) El même du Heure et de VUrdre. F.coiitons Flourens : « Que deux individus
mâle et femelle, semblables entre eux, se mêlent, produisent et ([ue leur produit
soit susceptible à sou tour de se reproduire, et voilà l'espèce, la succession îles
inilividus qui se reproduisent et se perpétuent. .\ côté de ce premier tait, cjue deu.x
individus mâle et femelle, moius semblables entre eux que n'étaient les précédents,
se mêlent, produisent, et que leur produit soit infécond, ou immédiatement, ou
après quelques générations, et voilà le genre. Le caractère de l'espèce est la
fécondité, se perpétuant avec les générations ; le caractère du genre est la fécon-
dité boi-née à quelques générations. Enfin que deu.x individus mâle et femelle,
moins semblables encore entre eux que n'étaient les derniers, se mêlent et ne
produisent plus, et voilà les genres divers, les oriires. La génération donne donc
ainsi les espèces par la fécondité perpétuée, les genres par la fécondité bornée et
les genres divers, les ordres, par la non fécondité. (.\nn. des se. nat.. i' série,
t. L\, p. 3Ub et 3U6).
(2) Voir notre communication aux Assises de Caumont. Congrès de ISSlIi. Houen,
imprimerie Lapierre. D'ailleurs ce mémoire est reproduit en substance aux pages
suivuutcs, notamment L.\1X à X(J1.\.
INTRODUCTION LXV
Miiis, pour sauvegarder l'identité de l'espèce, est-il alisoluiiieiit
iiidispeiisiil)le que deux individus a[)parteiuiut à des espèces dis-
tinctes ne puissent donner naissance i)ar leur union à des individus
doués à leur tour du pouvoir de se reproduii'e? Est-il nécessaire
de liorucr ainsi les facultés du pouvoir générateur et de lui assi-
)^ner des limites ?
L'aversion que les animaux d'espèce différente éprouvent les
uns pour les autres n'est elle point 1res suflisaute pour ol)vier à
leur mélange si, comme il y a lieu de le croire, par ce que nous
voyons, les mélanges ne rentrent point dans le plan de la
création (1)? La vt'^rilaiile cause de la fixité de l'espèce ne réside
telle pas ailleurs ([uc dans l'infécoudité plus ou moins absolue des
hybrides ".' N'est-elle pas plutôt dans cette répugnance instinctive,
naturelle, qui, à l'état libre, constitue un obstacle continu lîtinfran-
cliissal)le à l'union des formes spéciliiiuement distinctes ?
Admettant, la chose arrive parfois, que deux espèces peu
éloignées (deux formes du moins que nous considérons comme
telles) se rapprochent pur suite d'un défaut d'équilibre passager
dans les sexes, et que de ce rapprochement naissent des produits
capables de se perpétuer à leur tour, la fixité de l'espèct! ne serait
point pour cela atteinte. Les individus, nés de croisements, ne
tarderont point à faire retour à l'un des ancêtres en se mêlant
promptemeut avec les types purs, beaucoup plus nombreux et
beaucouj) [dus répandus qu'ils ne le sont eux-mêmes. Ainsi, se
trouveront ils absorbés sans laisser subsister aucune trace de leurs
caractères mélangés.
Si les phénomènes de reproduction sont seuls capables de servir
de critcnuiii certain pour la distinction des espèces, si, par exemple,
comme le dit iMiieller (2), « la reproduction constante du même
type, par l'accouple ment acec son scmblahle, est le caractère essentiel
de l'espèce », comment distinguera t-on celle-ci chez les êtres où
(1) « La non confusion possible entre deux espèces données est une nécessité pour
maintenir l'ordre dans l'univers, dans la création vivante ii. (De Qlualrefages,
RéiJonse il il. A. lienffmij Suml-Uilaire. Séance générale de la Soc. d'acclimatation
du i:< janvier 1882 ; voir p. liUdii lUilletiii. prores-verbaux). — « La nécessité d'une
telle loi (la non conlusiun des espèces) est presque évidente d'elle-niéine, ou le
devient dès ipie l'on prisse en revue, niènie d'une inanière très générale, même
d'une manière très superficielle, les phénomènes du monde vivant ; car si ce
principe ne présidait pas à loute reprodiirtion, comment serail-il possible que
l'ordre el la variété se conservassent à la lois dans la création animale cl végétale'? i)
(l'ricliard, op. cil., t. I, p. 17).
(2) Manuel de Physiologie, t. 11, Irad. de Jcnirdan.
Siiclietet. — 5
LXVI DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
le concours des sexes n'est pas nécessaire pour la reproduction ?
Comment môme la distinguerait-on chez des individus pourvus à la
fois des deux sexes et qui se fécondent eux-mêmes : chez beaucoup
d'hermaphrodites, par exemple? — Il faut au moins qu'on ait soin
d'ajouter que le critérium, dont il s'agit, n'est établi que pour les
animaux f[ui se reproduisent par le concours des sexes séparés. Car
la multiplicité, par fait de l'accroissement de la forme existante
dans le germe, n'est pas seulement, comme le remarque lui-même
le physiologiste que nous venons de citer, une propriété exclusive
des végétaux : (( elle appartient aussi aux animaux, qui paraissent
même en jouir tous. Il y a la multiplication par division ou scission:
il y a aussi la propagation par germination, c'est-à-dire la formation
d'un nouvel être par bourgeons (1) ».
Remarquons, incidemment, que M. Agassiz admet le rapproche-
ment sexuel comme le résultat ou plutôt l'expression la plus frap-
pante de lalliance étroite établie à l'origine entre les individus de
la même espèce; mais ce rapprochement n'est pour lui, en aucune
façon, la cause de leur identité dans la suite des générations qui
se succèdent. « L'espèce existait pleinement avant que le premier
individu, provenant de leur union, ne fût venu au monde » (2).
On a craint peut-être de favoriser la thèse transformiste, si l'on
admet la fécondité illimitée des hybrides. « La limitation des
phénomènes de l'hybridité à un très petit nombre de cas a paru,
dit Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, une conséquence presque
nécessaire de la fixité, de l'immutabilité de l'espèce (3) ».
Cependant, tant que les individus d'espèce distincte ne se
rechercheront point naturellement et tant que leurs produits
retourneront aux types ancestraux, la fécondité des hybrides ne
pourra être invoquée en faveur de l'évolution.
La fécondité des hybrides appuierait si peu le système de la
descendance transformiste que certains partisans de la fixité de
l'espèce disent même, nous l'avons déjà vu (4), que le contraire est
(1) F. 376.
(2) Il est vrai, nous l'avons iléjà dit, que M. .\gassi/. n'est |)as un nionogéniste. —
D'ailleurs, s'il venait à ùlre prouvé que nos variétés domestiques telles querelles de
moutons, ou de porcs, ou de loups, descendent d'une souclie unitiue, M. Agassiz
accepterait les phénomènes de reproduction comme le crilerium physiologique de
respéce. (Cela nous parait ressortir d'un passage de la p. Uid, de Vop. cii.\.
(3) 1. GeolTroy Saint-Hilaire. Hisloire (/l'iu-rale des règnes organiques, t. III, p. 147.
(4) In liludesiir les Sitilliens, critérium de la fécumiité. (Mémoires concernant
l'Bist. nul. de l'empire Chinois, par des pères de la Compagnie de Jésus, t. Il ;
second cahier, p. 109. Chang-Haï, 1892; imprimerie de la Mission catholique, à l'or-
phelinat de Tou-se-\vé. Dépôt à Paris, rue Barbetde-Jouy, 17, chez M. H. Viguier).
INTRODUCTION LXVII
la vérité. — M. Matliias Duval, un transformiste, pense connue le
savant auquel nous faisons allusion : (1) « 4 pn'on, dit-il, dégafïée de
ses rapjjorls liistoriiiues, cette (|ueslion de la possiliilité et de la
lécondilé ou infécondité des croisements, paraît tout à fait étran-
gère à la discussion entre les partisans de la fixité et les partisans
de la variabilit(' des espèces. Que des individus de types très dillé-
renls ne puissent se re[)roduire entre eux, cela doit résulter préci-
sément de leurs difTérences d'organisation (2) ».
Ou sera peut être satisfait de savoir comment l'autcmr des
Mémoires sur l' h tstoirt; iialurelie de la Chine prévoit l'objection qu'on
peut lui faire, à savoir que (suivant sa théorie) les espèces ne
sont jdus lixe.s, indépendantes les unes des autres. Voici comment
il y répond : » (^est une erreur, car il ne faut pas oublier ]ilusieurs
faits très probants, l'remièrenient, les hybrides naturels sont très
rares ; secondement, l'Iiybridation n'atïecte pas profondément les
notes s]iéciliques ; troisièmement, le retour est inévitable dans les
milieux libres ; il est à la disposition de l'éleveur dans la domes-
ticité. Les naturalistes conviennent du premier fait. Le secoud est
vrai aussi, puistiu'il est toujours possible de leconnaître les (sspèces
hybridantes. Le troisième, étant démontré pour les races, est vrai
à plus forte raison pour les espèces (3) ».
Quoiqu'il soit de ces diverses appréciations, que d'ailleurs nous
ne faisons pas nôtres, et que nous ne soutenons point sans réser-
ves (4), un fait considérable semble se dégager des études sur
l'hybridité, et, lorsqu'un fait est bien avéré, il est difficile de n'en
point accepter les conséquences : c'est (|ue l'inféconilite est la règle
générale à laquelle obéissent presque tous les produits provenant de
croisements contractés entre individus appartenant à des espèces
bien distinctes. Nous avons vu que les individus hybrides, doués
d'une fécondité relative, ne prennent, en général, naissance que
dans les croisements de types rapprochés appartenant à un même
genre. Après les lechcrchcs très étendues, les travaux, les examens
auxquels nous nous sommes livré depuis des années, (puisque
nous avons fait de l'hybridité l'objet constant de nos études), nous
ne trouvons nulle part des hybrides ayant perpétué leur race.
Qu'on cherche, parmi tous les croisements (pie l'on a cités, cette
espèce hybride se perpétuant avec des caractères constants et fixes,
(1) Le (>. Meuilf.
(2) Kevue scienUUiiue. 1S84, p. 160.
(3) iteiiioires déjà cUé?.
(4) l>;ins lout ce que nous venons de dire, nous ne nous sommes posé que des
questions ; nous n'avons voulu les résoudre par aucune allirniation.
LXVIII DES HYBHIUES A L ETAT SAUVAGE
dilTéraut lie ceux des espèces pures d'où elle provient, nulle part
on ne la découvrira. On rencontrera bien cà et là des générations
d'hybrides; mais nous avons vu que l'une des espèces mères a été,
à un moment donné, redemandée pour régénérer le saug et les
caractères mixtes prêts à disparaître. Il est encore absolument
vrai, comme le proclamait naguère un grand savant (1), que « les
hybrides, mélange imparfait de deux natures diverses, tendent
sans cesse à se démêler et à revenir, par un retour forcé, à une
nature propre et exclusive (2) ».
En présence de ce fait, on ne peut méconnaître le rôle important
que les phénomènes de reproduction ont à jouer dans la question
de l'espèce. — Jusqu'où néanmoins ce rôle peut-il s'étendre? Nous
ne saurions le dire. Il est des questions d'un grand intérêt dont
la solution n'est malheureusement pas possible.
Ce qui constitue la distinction spécifique, c'est assurément la
dillérence d'origine entre les individus. Cela a déjà été dit (3) :
mais cette assertion ne nous donne aucun moyen de contrôler la
validité de l'espèce dans certains cas douteux où les formes et les
nuances sont très rapprochées. Peut-on dire que « toutes les fois
que deux êtres ne diffèrent l'un de l'autre que par des traits qu'il
sera possible de rapporter à l'action d'une cause moilificatrice,
ces deux êtres seront de la même espèce, et réciproquement ces
êtres, que séparent des différences si essentielles qu'elles ne
sauraient s'expliquer par les causes que nous voyons agir, sont
d'espèce différente (4) ». Ce raisonnement paraît juste et l'expli-
(1) Flourens, in Journal des Savants, p. 27'i, mai 1863 (cit. par Naiidin).
(2) Mais on doit constater que les métis, dans leurs premières générations se com-
portent de la iiiême manière. — Broca lui-même a écrit ces lignes : fc La nature
conservatrice, jalouse de maintenir dans les espèces qu'elle a créées, sinon la
pureté du sang, du moins l'inviolabilité des formes, i>l)lige promptemcnt la race
liybride à revêtir tous les caractères de l'espèce primitive la plus voisine el à se
confondre entièrement avec elle. » A ce propos, rappelons quelques paroles de
M. de Quatrelages : « On dira peut-être qu'on parviendra, dans un temps plus ou
moins éloigné, à fixer quelques-unes de ces suites épliéinères, de manière à cons-
tituer une race hybride; cela n'est pas impossible, et je suis de ceux qui n'assi-
gnent aucune limite aux progrès de l'industrie humaine. J'ajoute cependant que
ce n'est pas probable, .\ussi loin que remontent les souvenirs de l'humanité sur
toutes les espèces, le fait ne s'est jamais produit ! La loi du retour, en eflet, est
là qui parait s'opposer dune manière absolue à la fixation d'un type hybride
quelconque ». R. d. C. S., 18GS-1SG0, p. IS6.
(3) Magazin of Natural llistory, vol. IX, 1836.
(4) llombron (d'a|)rès lilumcnbarh). Or l'Iioiiiiiie l't îles races hiuii'iiiit'.i, p. 'Sii.
INTRODUCTION LXIX
ciitiou iiifïéuieuse; mais son application serait très difficile (t).
Celte question, la distinction des espèces, n'est pas neuve ; Jean
Locke prétendait déjà de son temps qu'elle ne pouvait se faire
au moyen de la ijénération (2). C'est ce que disent aujourd'hui tous
les naturalistes qui n'appartiennent point à l'école classique, c'est-
à-dire ceux qui n'admettent point la fixité de l'espèce. Pour nous,
celle fixité, (lu'elle existe ou non, ne sera jamais compromise par les
croisements naturels. Hroca a bien dit qu'il sullirait « qu'un seul
croisement d'espèces donnât lieu à un type nouveau et durable,
pour que la permanence des espèces cessât d'être une loi, pour
qu'elle ne fût plus qu'une régie (3) » ; mais ce croisement ne s'est
point encore réalisé, même par l'industrie humaine ; c'est en
vain (pie nous l'avons cherché parmi le grand nombre de croise-
ments (lue nous avons siij;nalés. (( Le jilus grand fait de l'histoire
naturelle, a dit Flourens, est celui de la fixité de respè(2e (4) ». Le
dire de l'éminent physiologiste n'a pas encore été contredit. Le
sera-t-il dans la suite ?
Ou vient d'étudier qu(ds sont les phénomènes de la génération
(fécoudaliouet reproduction) dans les croisements d'espèce et dans
les produits qui résultent de ces croisements. Il sera bon d'envi-
sager les mêmes phénomènes dans les mélanges de races et de
variétés comme dans les produits de ces alliances. Ils sont très
diflérents : les croisements de races sont toujours féconds ainsi que
les produits (|ui en résultent ; les races les plus disparates au
l)oint de vue de la forme et des couleurs, s'allient entre elles avec
fruit, lorsque toutefois le rapprochement n'est point devenu
physi(iuement impossii)le. On ne cotinait point de descendants de
races croisées, (ce que nous apijcllerons les jl/cV/.s), se faisant
(1) Revenant sur le sujet (lij;i lrait(> dans la noie de la page xvi, nous rappelons
que M. Sanson prétend ijue riiez les Mainmil(''res les os de la tète ont des proportions
et des formes Imil à fait spé<ili(|nes. « Oliaiiue espèce naturelle. dit-il, a un lyperéri!'-
bral et un type (arial i|ui liii sont propies et c|u°au( une inlliience de milieu ne peut
faire varier d'une fai.<>u durable. L'éluile approfondie des animaux doinestiques,
soumis depuis si lon^;temps à des tentatives de modilii-ation si souvent renouvelées,
nous l'a expériiuentalenu'ut ilémoniré d'une manière suialiondante. Tels étaient à
cet égard ceux dont nous possédons des restes fossiles, tels nous les retrouvons
encore aujourd'hui. Le type oraniologicpie, eonelue-lil, est donc absolument lixe
ou permanent dans l'étendue de temps que nos observations peuvent embrasser ».
Il en serait de même, d'après le même auteur, pour les autres parties fondamentales
du squelette, nous l'avons vu.
(2) P. 330. De ienlendcmenl (Irad. hauç.).
(3) 0/). Cil. Pages «S et 130.
(4) Journal des Savants, mai iSSi.
LXX DES HYRRIDES A L ETAT SAlIVA(iE
remarquer par leur stérilité ; au contraire, souvent le croisement
entre races accroît la fécondité, a Le métissage, a dil avec beaucoup
de raison M. de Qualrel'ages (1), est partout et toujours facile. Il
entraîne une fécondité régulière, indélluie, égale et ]iarfois supé-
rieure à celle des individus de même race, quelque différentes
que soient les races ; souvent il est accompagné de superfétation ».
Des éleveurs nous ont fait connaître des exemples où les métis
sont plus prolifiques que les espèces dont ils dérivent (2). Aucun
cas bien constaté de stérilité dans les croisements de races domes-
tiques animales n'est venu à la connaissance de Darwin, « ce qui
contraste, a remarqué le naturaliste anglais (3), avec la stérilité
si fréquente chez les espèces, mêmes voisines, lorsqu'on les
croise ». Il cite MM. Boitard et Corbie (4) qui, après quarante-cinq
ans d'expériences, recommandent aux éleveurs de croiser les
races : « attendu que les métis sont toujours plus féconds que les
individus de race pure (o) ». Godrou a aussi reconnu (6) que la
fécondité est augmentée par le croisement des races.
Mais, si nous croyons certains auteurs, de même que chez les
hybrides, les métis ne conserveraient que dinicilement leurs
caractères mélangés; ils feraient retour au type de l'un des ancêtres.
C'est là une importante question à envisager, .\vant de l'aborder,
il sera bon d'établir un point : que les races s'allient sans répul-
sion.
Il serait presque superflu de rappeler ce qui se passe dans nos
rues où les Chiens, de quelque variété qu'ils proviennent, se
recherchent et se marient entre eux. (( Tous les Chiens, a dit Ray,
se mêlent dans la génération, et la race qui jirovient de ce mélange
est prolifique (7) ». De même pour les Chevaux dans nos écuries,
les Bestiaux dans nos étables, les Poules dans les basses-cours, les
Lapins dans leurs clapiers, les Pigeons dans les colombiers. Tout
le monde sait que dans les lieux où l'on tient eu parquets séparés
(1) Rev. des Cours scient., I. 5, 1867-1868.
(2) M. X., de Fragiiioreaii (Vendée) qui, ayant croisé le Serin liollandais avec la
race de Saxe, a obtenu trois et (|uatre générations de métis, croit s'être aperçu
que les œufs clairs sont pins rares que lorsque les espèces pures reproduisent entre
elles. — On remarque (dans le Bull, de la Soc. d'accl., p. 715, I8(ii) qu'une Brebis
d'Astrakan, croisée avec un Bélier Ti-yang, donna deux jeunes, alors qu'ordinai-
rement celte race ne produit qu'un seul jeune, etc.
(3) Variations, etc., t. II. p. IM.
(4) in Variations, etc., t. II, p. 134.
(5) les Pigeons. 1S22, p. ;io.
(6) De l'Espèce, t. II, p. 217.
(7) Wisdum of (Sod in the irealion, London, p. 31.
INTRODUCTION LXXI
les diverses races de Volailles, les Coqs ardents passent au-dessus
des giillages et se rapprochent des Poules voisines ; celles-ci
recherchent de la niùnie manière les luàles étrangers à leur race.
Ainsi se conduisent dans les colombiers les grands Boulants qui,
tout en étant accouiilcs. s'approchent de toutes les femelles à
(inclque race qu'elles appartiennent (1). Le môme fait s'observe
dans les cages où l'on renferme diverses variétés de Serins (2).
Darwin (3) constate que les Moutons, qui ne sont point gardés
dans certaines parties de l'Angleterre, sont loin d'être uniformes
par suite du mélange que leurs tliverses races contractent entre
elles. Les Chinois varient leurs Carpes dorées de mille manières
en séquestrant leurs variétés dans les rivières où celles-ci se
croisent i«ir la [tropagatiou naturelle (4). Les Lapins qui iialiitent
la Sicile et les îles voisines ont une race à demi sauvage qui
s'accouple volontiers avec la race domestique (5). Les Lapins
indigènes des montagnes de Quito se mélangent aussi avec les
Lapins importés d'Europe (6). Les croisements des Abeilles
italieunes et de nos Abeilles se produisent si naturellement qu'ils
(h'viimnent bi';iurou|) trop fré(iuenls pour les a])iculteurs (7).
S'il failiiit cataldguer les croisements qui ont été ojjtenus sans
l'intervention de l'homme parmi les races animales qui vivent
côte à côte, nous n'en (inirions pas. Ils sont si faciles que, suivant
la juste remarque d'un éminent anthropologiste (8), « l'art de
l'éleveur consiste moins à les obtenir qu'à les empêcher ». Si, de
même ou devait dresser la liste de Ions les produits issus de races
par sélection, c'est-à dire tous les mélanges provoqués, la nomen-
clalure u'en serait pas moins longue. Les races sont cependant,
parmi nos animaux domestiques, infiniment moins nombreuses
que les espèces répandues sur la surface du globe au nombre, dit-
on, de trois cent iniHc.
(1) Ces reoseigoements nous sont fournis par M. La Perrc cli; Uoo, l'auteui' du
Guide illttslré île l'Eleveur.
(2) M. Villermct, de Cliainbéry, nous cite des exemples de ce genre.
(3) Varialiiiu ile.t Animaux et îles l'Uniles, trad. franc.'., t. Il, p. 92.
(4) Cosie, Inlroiluction il lu l'isciculture, p. :il.
(.1) Conimuiiiralion <|iii nous a été adressée par M. le prof. Doderlin, de Palerme.
(f)| M. G. Ganljolana, de ceUe ville, veut bien nous écrire que, tout au moins,
on a obtenu des croise[nenls entre ces deu.x races.
(7) CoHimunicaiion de M. I,. de Marcé, de la Vendée.
(8) M . l'abho llauiaril, l)eu.r ohjectinn.t contre le mnnngénisme. — La permiinence
des caractères, les jihi'nomi'nes de la génération. Mémoires présentés au Congrès
scientifique international des catholi(|ues de 1888. (Voy. le compte rendu, t. Il,
Paris ISSy, p. GIT). Sixième section; sciences anthropologiques.
LXXII DES HVBHIDES A L KTAT SAUVAGE
Voici, en passant, les noms de quelques-unes de ces variétés dont
le croisement s'accomplit sous nos yeux, et donne le plus souvent
d'iienreux résultats. (Nous n'en parlons, personne ne l'oublie, qu'au
point de \'ue de la génération) :
Race ovine. — Tzigaye X Mériuos (1) ; Ovis steatopygos X douze
races difïérentes ; la $ X Ocis arirs hisp/micus (2) ; Moutons de
Tarlarie à grosse queue X Moutons d'Espagne (3) ; Ti-yang cf X
Brebis ord. (4) ; Ong-Ti X Romanow (3) ; Bélier anglais sans
cornes X Brebis suédoise (G) ; Bélier du Sénégal X Brebis Bomar-
sand(7); Brebis mérinos mauchamp X Béliers South-down ; Brebis
écossaise X ce dernier (8) ; Ti-yang X Brebis d'Astrakan (9) ;
Ti-yang X Brebis Romanow (10) ; Ong-Ti X Brebis du Naz (11);
Brebis chinoise demi-sang X Bélier Cotswald (12) ; Moutons chinois
X Brebis mérinos Moutons; Romanowski avec races françaises (13);
Brebis mérinos X New-Leicester (14), etc.
Race caprine. — Chèvre anglaise X Chèvre de Nubie (13) ; Chèvre
du Tliibet X Race ordinaire (IG) ; i'.apra deprc^xii x Capra reversa (17);
Chèvre de Nubie X Bouc ordinaire (18); Chèvre Angora x Chèvre
du Mont-Dore (19); Capra hircus v^ilgaîisx rerersus (20); Chèvre
Angora X Chèvre ord. (21) et de Cachemire (22); Chèvre des
(1) Bull. Soc. acclimatation, 181)8. p. 66.
(2) Hyrtl., in C. R. Acad. de Vienne, p. 147.
(3) Pi-icliard, op. cit., t. I, p. 6l) et p. 57.
(4) Bull. Soc. accl., 1867, t. IV, p. 29, p. 746. 1868, p. 3b0.
(5) Bull. Soc. accl., 1864, p. 237. Iter zoologische (iarlen, Fraiikfuit. 1864, p. 77,
p. 258.
(6) Caroli a Linné (Amwnilali^ academicsc, etc. 1873).
(7) Bull. Soc. accl. 1865, p. 133.
(8) Bull. Soc. accl. 1858. p. 623.
(9) Bull. Soc. accl. 1864, p. 715.
(10) Bull. Soc. accl., 1864, p. 71o.
(11) Bull. Soc accl., p. 74. (Rappelé in Zoolische G.irten, 1864, p. 198).
(12) Bull. Soc. accl., 1860, p. 44.
(13) Bull. Soc. accl. 1S6.H, p. XXVII. Voy. aussi t. IV, 1887, p. XLl.
(14) Bull. Soc. accl., 1862, p. 465.
(15) Chez M. John Wiggines de Market-Harbon (communication de celui-ci).
(16) Bibliothèque universelle des Se, Belles lettres et Arts. Genève, 1832, I. I.
p. 43.
(17) Linné, in Siijsl. nat., t. XII, p. 95; et Blumenbach, p. 10.
(18) Godron. De l'Espèce, t. I, pp. 213 et 214.
(19) Bull Soc. ac.-l.. 1881. p. 654.
(20) Jardin de s'Oravenhague.
(21) Bull. Soc. accl., 1867, p. 178,
(22) Bull. Soc. accl., 1862, t, 9, p. 87, et 1864, p. 66
INTROni'CTlON LXXIM
Pyrt'iu'-esx Bouc (rKgyi)le (I); Chèvre de NalolieX ('hèvrc Itlaiiclie
de Suéde (2) ; Capra n'i/itros x <'■ mcijacerox (lî) ; Cl)è\Te de race
africaine X Hace indigène de Païenne (4); CniirahiiTUHXC. Hier {"y);
Bouc d'Angora X Chèvres indijj;ènes, maltaises et exotiques (6) ;
enfin, croisements divers de Chèvres à la Uritish Goal Society de
New .Malden (Surrcy) (7).
Kack bovine ; hace porcine. — lAace écossaise sans cornes X Vaches
à cornes (8) ; Binh-Thiiau X Vaches de Londres (')) ; Races
liovincs indigènes de la i)rovince d'Utline X Uaces suisses de
Simineuthal et de Fribourg (10) ; Race hollandaise X Race
suisse (11); Bo'ufs de Berne X Bœufs de Hongrie; de Hongrie x
Diirliam; de Berne X Zillertlial (12). — Porcs indigènes X Races
anglaises (13) ; Verrat VorUsiiire X Truie craonnaise ( 14); Cochon
dom. X Sanglier ri")); Race porcine d'Essex X Race de la
Chine (16), etc.
RoNC.KURS. — [^apin argenté X Lapin des Fiandriis (17);Laiiin
.\ngora x ord. (18); Angora X Cachemire (19) ; Lapin russe X Lapin
de garenne (20); Lapin domestique importé d'Europe X Lapin
Indigène des montagnes de (Juito (21) ; Souris grise x Souris
(1) Bull. Sur. accl., ISA |). 3i3.
(2) Der KoniHlick Scliweiiischc Akademie VVissenscli:i(leii, 17'il), |), 22t.
(3) Xoologiral Giirilfiia, lSr,8, p. I.ï2.
(4) Coinm.. rtu prof. Dodci-lin.
(:)) Faune des yertrbres île la Suisse. I8S2, p. 273; voir aussi Ilyrll {op. cit.,
p. 141)) qui eilo Biown, p. I(il>, voir encore Branrt. Dicl. of scien
(fi) Bull. Soc. aed. 18ij8, p. 171. et 1809, p. 19, voy. aussi Caioli m Linné, Miiœ-
mitdlis, etc., et Bose, De generalione hyhrida.
(7) Communication île M. l'aul Thomas. Voy aussi Bull. Soc. accl., 5 août
1889, p. 707.
(8) Grogniei-, Maison rustique, p. 430.
(9) Bull. Soc. accl. 188(). p. :i95.
(10) Communicaiion de M. Domenico Pœcile, d'Udine.
(11) Bull. Soc. accl., 1862, p. 4fi2.
(12) Comm. du D' Wilkens de Vienne.
(13) A Udine(Soc. (l"Aj;ricull. ) communie. itloii de M Dominico INecile.
(14) Chez .\l. Tislei-, à Salloii (l.oii-ctCherK
(lli) Très connu et tri'S commun. Voy. Pline Vlll, LX.XIX; .loui-nal des Haras,
184.S, l. XLV; Bull. Soc. accl. tSSi, p. :J83. etc.
(IH) Chez M. Ch. de BcUeyme.
(17) Chez M. Gipoulon aîné, de Sauveture.
(I8| Bull. Soc. accl., 18(i4, p. (56.
(19) Bull. Soc. accl., 18<)2, t. IX, p. 87.
(20) Chez M. Courant, à Créteil (Seine).
(21) Comm. de M. G. Gangotana.
LXXIV DES HYUniDES A L ETAT SAl'VAGE
blnnclie ; Hat uoir X Rat blanc ; Ecureuil roux X blanc, etc. (1).
CARNASSiiiKS. — Chioii danois X le Uluier dogue (2) ; ce dernier
X (Milieu danois (;i); (Chienne setter (couchant) X Chien d'arrêt (4);
Canis africnnus X Chienne couchante (3) ; Dingo X Chien ord. (6);
Barbet X Lévrier (7i ; Chien inàtin X Levrette; Epagneul X
Barbet (S) ; Braque X Epagneul (9) ; toutes les races de Chiens
en général, comme toutesles races de Chats; et même Chat sauvage
X Chat domestique (10).
. Race galline; race colombine. — Poules indigènes X races
françaises, de Houdan et de Crèvecœur ; aussi races anglaises de
Dorking X l'aces asiatiques de Langshara et autres (11); (;oq phénix
X Poules de Houdan (12); Crèvecœur X Race commune (13); Padoue
cT X Issoudum 9 ; Poules Bantam X Cochinchinois cf (14) ; Poule
de race commune X Barbezieux noir (15) ; Poule négresse X Nanga-
saki noir cT (16); Coq de Cochinchine X Poule de la campagne;
Coq d'Italie X Poule cochinchinoise (et vicevrrsâ) ; Co(] d'Italie X
Poule Livo Chalo(17); Coq Brahmapootra X petite Poule anglaise(18);
Plymouk rock(common) 9 XLangsham croadcf; Coq sans queue X
Poule ord. (19); Coq frisé X Poule ord. (20): Langsham X Poule
cochinchinoise (21); Padoue (var. hoU. bleue) à huppe blanche cT X
Cayenne 9 (22); Langsham xPlyniouth; Banlain rosster X grande
(t) Voy. Coladoii; Darwin. Jean de Fischer, etc.
(2) Au zoologisli Ilave île Copenliague.
(3) Au même jardin.
(4) Principes of. Human, phynology. I.ondun, ITTiî.
(o) Derzool. Garten, p. «0. ISfin.
(fi) .lardin d'acelimataUon et ailleurs.
(7i Broca, op. rit., p. 421, 422.
(8) Chez le coinle Glierards Krajelin de Ramysillo (d'L'dine).
(9) De la géiioralinn, 1828, p. 123.
(10) De la généralion, pp. 121, 122, 1878.
(11) Soc. d'Agricnl. d'Udine; communication de M Domenico Pœclle, de celte
ville.
(12) Chez M. Bourguel, de Tournai.
(13) La Perre de Roo, op. cil., p. 17.
(14) Id., pp. 32 et 33.
(15) Chez M. Salle, de Barbezieux.
(16) Chez M. Salle de Barbezieux,
(17) Elevage de Klawieter, d'Anklam.
(18) Bull. Soc. aecl., 1867, 1803.
(19) De la geiiéTalion, 1826, pp. 120 et 121.
(20) Même ouvrage, mêmes pages.
(21) Chez M. Gipombon, de Sauveterre.
(22) A Autiville.
INTRODUCTION LXXV
v;iriL'lc (le la Poule ( I) ; Pigeons bagailais X Glands boulants (2) ;
le Long faced Buld-head X le Triiinbler i3) ; et quantité d'autres.
Anatidks. — (lanard labrador X Pingouin (4) ; Canard ord. X
(;auai(l (lu Labrador (ii) ; re dernier X Canard de Pékin (0); ce
dernier X Canard ord. (7) ; Canard ord. du Hliin X Canard cendré
de Hurliani (8); Canard d'Aylesbury X Canard du Labrador (D) ;
Canard de Buenos-.\yres et Canard d'Aylesbury (10); Canard de
Rouen X Canard du Labrador (II).
Il nous paraît inutile de pi-oloiiger ces citations ; ne serait il pas
tout à fait fasiidieux de citer, par cxeni|)le, parmi les petits
Oiseaux de cage, les croisements du Serin de Saxe et du Serin
bollandais, du Serin ord. jaune et du Serin panaché, du Serin
hujipé et du Seiiu ord., ou de ce dernier avec le StM-iu de Saxe.
C'est aussi pour mémoire que nous rapjjelons, parmi les Insectes,
les croisements de diverses races de Vers à soie, ou de diflércntes
variétés d'Abeilles.
Que l'on ne croie pas que ces croisements soient dus à l'influence
qu'exercent sur les animaux la captivité et surtout la domesticité,
laquelle, suivant la chaude expression de Buflon, (( rend l'animal
lascif 1). A l'état sauvage, à l'état de nature, loisque deux races
distinctes se rencontrent, on constate aussitôt des rapproche-
ments. — En veut-on des exemples'.' Un en trouvera de nombreux
cités dans le cours de cet ouvrage; rappelons-les sommairement :
Coturnij cotuinix X Cotumij- japnnica; l'Iiasianus turquatits X Ph-
versicolor: Ph. mongoliens X Ph- xemi-torquatus ; Ph. decollatus x Ph.
vultiaris ; Ph. nionijoliru.'; x Ph- c/i/v/.sowc/a.s ; /'/). versicolor X Ph.
colchieus ; Ph. loniuatiis X l'h. moiigolicus ; Phalacrorax nfricanus X
Ph. pyt/mœus; l.iinosa lapponicax /-• uiopygialis ; Spizella pallidax
Spizella 011 r. hreireri; l'a.^ser ilaliu' X l'a.ssrr ilowcstiemi: Passer ilaliw
X /'■ salicicolcn ; Cyiinestes llavipectus X C. c. var. Tian-'ichimicns ;
Acredula caudala x -4. irbyi ; Acredula rosea x .4. irbyi ; MotacHln
(1) Foreslamt Slreani. New- York, vol. I, p. 342.
(2) Hull. Soc. acel., 1K87, p. 6o3.
(;tl La l'cirr de Hoo, op. cit.
(4) Darwin, lariulion.t. I. Il, p. 10t.
(;)| Coitile Arrluoni dt'uli Oildi de Padoiie (Aleneo \'cneto, tS87) el .lournal r.Aeili-
matalion, n» du 2(1 fév. 1887.
((■)) Hdll. Soc. dVcl., 1887, p. :«(.
(7)Cliron. de la Soc. daccl, 2U fév. 1887.
(8) lîiill. Soc. d'accl.. 1873, p. GO.
(9) Variation des Aiiinianx et des Plantes, I. Il, p. 42.
(10) Hiill. Soc. accl., 18<i7, p. 174.
(11) Bull. Soc, accl., 10 août 18fiO, p. 422.
LXXVI DES HYBRIDES A l'AtaT SAUVAHE
nihii X -'/■ Itii/uliris ; lïiiiJijtPs jinra X H. ciniijieslris ; Budytes flnnt
X B. bori'alis; Ci/aufcula wolft X t'//- leucocfianen : ('ijuncrnJn xuecini
X Cy. leucocyanea ; Cynnecula trolfiXCy. suecica ; l'hiloinda luscinia
X /'/). major; Cinclus cashmiricnsis X C. leucogaster; Cinclux cashmi-
riensis X C. sordidus : Lanius major X L. excubitor ; L. lem-opterns
X L. excubitor; Curmis coroneX C. cornix; Sitta europea X N. ciifuia;
Quiscala œncus ; X Q. quiscaia; Coracias indica X C. a/finis; A<juila
nobilis X .4. daphnea; Falco [eldegai X F. tanypterus, etc. (1).
La liste de croisements, qui vient d'être donnée, montrant nom-
lire de races for! divei'ses s'alliant entre elles, laisserait supposer
qu'il n'existe, entre variétés d'une même espèce, aucune répulsion
pour les mélanjïes. — Cependant, si nous en croyons Agassiz, les
éleveurs sauraient depuis loni^lemps » que les races diverses d'une
même es|)èce ont moins de dis]iosition à s'unir ([ue les imlividus
de la môme race ». Si aussi nous nous en rapportons au (( i\ouveau
Cours d'agriculture » de Déterville, les races domestiques, très oppo-
sées, répugneraient à s'accoupler ensemble; les mères ('.*) refuse-
raient même de reconnaître leur progénitui'e (2).
A cela, Isidore Geofïroy Saint Hilaire a déjà répondu qu'il n'a
jamais rien observé de semblable (3). Lorsque des individus de
races très opposées ont été rapprocbés en temps opportun, il
les vit s'unir et se féconder sans dillicullé. C'est surtout sur les
races ovines que le savant zoologiste a constaté ces faits ; mais
il possède, en outre, des observations relatives aux races canines,
caprines, porcines et i;allines. — Un éleveur de la Somme nous a
affirmé qu'il a vu chez lui des Pigeons grands Boulants s'accoupler
avec de petites espèces et d(niner des produits. — A l'appui de son
dire, Déterville avait cité le Baibet et la Levrette comme répugnant
à s'accoupler (4 (.Quoique Cuvier ait reconnu leurs métis féconds (5),
se rencontre-t-il, cependant, quelques cas dans lesquels la race
(1) Tous ops croisements fijiiiienl (iiins notre ïdhieaii n'ca/iitulatif. iVoy. pp. '.'^~
et suiv.j; on iniliipie ilaiis ce t:ililean les paires on ils sont cites, tieccils et ci'ili-
(|ués. Il peut toutefois arriver souvent que les Oiseaux que nous con-
sidérons comme métis soient de simples intermédiaires dus à des
influences climatériques ou de milieu, comme nous avons soin de le
faire remarquer, p. 872 (dernières lignes).
(i) Voy. p. 29, art. Chien. Voy. aussi t. IV, p. ,'!74 (même article), t. I,\, p. 14.
(3) Voy. son « Hisl. nat. générale des règnes organiques », 1. III.
(4) Voy. t. XI, p. 14 (op. cii.].
(5) Cuvier est cité par Broca (op. cil.\, pp. 421, 422 et 423.
i.mh<iijiii:tio.\ lxxvu
Hirit commt' le f;iil respf'co ? Ex;iiiiiiioiis li's fails(|iii fitvoris(M;iinnt
cellt' iiKuiiéie de voir :
I. Vieillot a poss(.'(l(' pendaiil longtemps des Oiseaux des
Canaries, non donicstiiini's. Icscinels oui toujours refusé do s'allier
aux Serins de eaf^e (1).
■2. Dans un district où se trouvaient ensemble du gros Moutons
du Lineolnsliire et de légers Norfolks, ces deux variétés, liieu
qu'élevées ensemble, se séparaient promptement aussitùt (|u'on
les mettait en liberté.
3. Le Cliien Alco du Mexique a, dit-on. de l'anlipathic pour les
Cliiens d'autres races.
4. Le (liiien sans poils, appelé (lar Desmaresl k Caribou », ne
se croise pas volontiers avec les (^biens européens (2).
5. Dans le Paraguay, on a observé que les Chevaux indigènes, de
même manteau et île même taille, s'unissent enlie eux de préfé-
rence, et qu'il en est de même des Ciievaux importés de l'Eutre-
Rios et du Kanda oriental dans cette contrée.
6. On jtrétend f|ue, dans le même pays, le Ciial domestique,
importé d'Euro|)e, aujourd'hui sensiblement modilié, montre une
aversion très décidée contre la forme européenne (3).
7. Dans les lies de Feroi', les ^foutons indigènes noirs à demi-
sauvages ne se sont pas mélangés volontiers avec les .Moutons
blancs importés.
8. Les Moutons .Vncons (race monstrueuse moderne qui a vite
disparu), réunis avec d'autres .Moutons dans un même enclos, se
rassemblaient entre eux, dit Daiwiu, en se séparant du reste du
troupeau.
'.I. En Cii-cassie, où se rencontrent six races de Chevaux, on
assure que les Chevaux de trois de ces races refusent, lorsqu'ils
sont mis en liberté, de se mêler les uns aux autres ; ils s'alta(|uent
même avec fureur.
10. Les troupeaux de Daims foncés et clairs, tenus ensemble
dans la forêt de Deau (!t dans la New-Forcst, ne se sont jamais
mêlés.
II. On a essayé inutilement d'apparier, au .lardin 20oIogi([ue de
(1) Voy. l'art. Fringîllég du ^'nuvcau Dicl. d'Utsi. nal . de Oflcrvillc l. XII,
p. 188. MDCC.WII ■
(2| Types" 0/ Vanking, p. :(8y, où on renvoie à Nal. history of l'aragunij . p. lui.
(3| Cet exemple esl cité d après Renni^cr par nombre d'ailleurs : Cari. VogI,
Itérons sur l'Homme, p. uGol; Mathias liuval (Ri-v. se, 2 lov, 1884, p. 14u|;
Ilicckul {Hisl. crralion naturelle, Irad. Lplourncau, 1877, p. i:JO): Claus (Traité
de zoologie, p. Ij, 1878).
LXXVni DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Londres, avec des Lapins ajiprivoisés, deux Lapines cf que Darwin
avait importées de l'île de Porto-Santo, et ([ui différaient sensible-
ment (les Lapins coannuius.
12. Lorsque pour ses expériences sur les croisements de races
de Pigeons, le naturaliste anglais crut devoii' apparier des formes
très distinctes, il lui sembla souvent que les sujets conservaient
quelque préférence pour leur propre race.
13. M. Wicking, le plus grand éleveur de races variées en
Angleterre, est convaincu que les Pigeons préfèrent s'apparier
avec leurs semblables (1).
14. Le Pigeon de colombier aurait de l'aversion poui' les races
de fantaisie.
15. Le rév. W. 1). Fox possédait des troupeaux d'Oies chinoises
blanches et d'Oies communes se maintenant séparées (2).
1(5. Enfin, on dit que le Cochon d'Inde ne s'accouple plus avec
son ancêtre du Brésil (3).
La plupart de ces exemples sont empruntés à Darwin (4); plu-
sieurs ne prouvent rien, nous allons le voir. — C'est en vain que
nous nous sommes mis à la recherche de nouveaux faits.
Au sujet du premier, il ne sera pas oiseux de faire remarquer
que les Canaries sauvages, qui ne voulurent point accepter les
races domestiques, avaient tout aussi bien refusé de s'allier entre
eux (3). Leur captivité u'avait point sans doute été d'une assez
longue durée pour les familiariser avec le nouveau genre de vie
qui leur était ofTert et pour leur permettre d'en accepter les condi-
tions.
Au sujet du ileuxième exemple, Darwin tient à faire remarquer
que si les Moutons du Lincolnshire et les Moutons du Norfolk se
séparaient après leur mise en liberté, cela tenait probablement à
ce que les Lincolnshire recherchent les sols riches, tandis que
les autres préfèrent les sols légers et secs.
(1) Comnmnicalion de, M. WicKing à Darwin.
(2) (;omniuiiicalion faite à Darwin pai' le révérend.
(3) Nous trouvons cet exemple cité par MM. Hackel, Matliias Duval et Clans.
Nous ignorons à quelle source ils l'ont puisé.
(4) Ce sont les exemples désignés sous les n"~ 2, li, .ï, 7, 8, 9, Il et 12 (forint.
des Aniiiitiux, t. M, p. i09). Darwin cite l'exemple n" 5, d'après liengger (p. 33(>);
rexcmple n» 2, d'après Marschall ^Rurul. econonnj of Norfolk, vol. II, p. lltti;
l'exemple n° 7. d'après le rév. Landli [Description of faroë, p. 66); l'exemple 8,
d'après les Pliilosopliical transactions, 185:!, p. '.10; l'exemple 10. d'après White's
Nal. hist. of ilelbourne, p. 39 (édit. Bennetl): enlin l'exemple n» 14, d'après
E. Dixon I The Devecole, p. 155) et Bechstein, Naturg Deutschatuls, vol. IV, 179o, p. 17.
(o) Nouv. Dict. d'Hisl. milurelle (déjà cité), même tome, même page.
inthoduction lxxix
Au sujet du quatrième exemple, on ne piirait pas absolument
fixé sur la nature du Cliion (larihou. A'oici, en efTet, ce (ju'fju lit
dans les Types of Manking, où cet exemple est cité : k Desmaresl a
donné le nom de Caribou au Chien sans poils «lui, d'après
Humlidldt, fui trouvé par Colomb aux Antilles, i)ar Corlès au
Mexique et par Pizarre au Pérou. Desmarest, si nous ne nous
trompons pas, su])pose que ce Chien descend du G. cancrivorus,
espèce qui, suivant Hlainville, appartient à la classe des vrais
Loups. Mais rtenij;g(M', qui a pu trancher la question, le rcfianle
comme un Chien sauvage arborigène (lue les Indiens ont réduit à
l'état domestique n. — Il paraît cependant être plutôt une race
qu'une espèce.
Au sujet du seizième exemple que nous iouniil l'.Vperera du
Brésil, il n'est ])oint sûr que cet animal soit l'aucétre de notre
CocIkui d'Inde (1) ; du reste, M. le prof. A. Nehring vient d'oblciiii-
un certain nomitre d'hybrides deces deux types (2), qui s'ac(M)upl('nt
dans les deux sens, dit le Bulletin de la Société d'acclimatation (M).
Ces expéi-iences. iiistiluées dans un but scienlifique, (h'menlcnt
tout à fait l'assertion de .M. Ilickel (4).
Au sujet du onzième exemple, le Lapin de Porto Santo, (e\('iiiple
devenu classique et cité par tous les évolulionnislcs), Darwin a
lui-même fait observer ([ue le refus, fait par ses deux Lapins mâles,
de se rapprocher des Lapines ordinaires dans les jardins de la
Société zoologique de Londres, pouvait être dil à leur excessive
sauvageri(', ou, comme cela arrive quelquefois, à leur stérilité
déterminée par la captivité subite (5).
Mais. (|uoi(]u'iI ait été dil et répété avec assurance, que ces deux
Lapins |)r()vicniient de la souclie européenne, ou n'est nullement
certain du fait. — Darwin avait cru, tout d'abord, qu'ils provenaient
d'une Lapine ordinaii'e ([ui, embarquée en 1418 ou 1419 à bord
du vaisseau de (ionzalès Zarco, avait été làchiie dans l'ile avec uni;
portée obtenue pendant le voyage. — M. Fernand Lalasle vient de
(1) D'après M. Fei-niinit l-alastc : .1 propos d'une note ilc il. Itemy Sl-Loup, lin
Ai'lns do la Soc. scientiliciiie ihi Chili, I. III, p. lOoel suiv. IHOii). — M. Nélirin^ aurait
<li'moiilré ((ue le Cobaye est originaire du l'croii et a pour souclie une autre espèce
que le Cavia aperera (voy. Ue.cherclie.s de zoiitechnie, p. 491 1.
(2) Rev. des Se. nat. applii|uées, IS9U, p. 523 (n" du .'> décembre).
(3) V. i~'.i (mèmeannéei.
(4) Disons tout de suite que la race appelée Cocllou d'Inde angora provient d'un
Cobaye inàle à long poil du Pérou Ile ('. eu ««ri), croisé avec des reniellesdu Cobaye
ordinaire (C. cobaya). Voy. Hev. des Se. nat. appliquées. 1891, p. 440.
(o) Ces cas sont très fréquents ; nous pourrions en citer plusieurs.
LXXX DES HYBRIDES A L KTAT SAUVAGE
traiter ce récit de légende (1) ; le Lepus kuxleyi (nom donné à la
prétendue nouvelle race) a, d'après le savant de Santiago, toutes
les apparences d'une espèce insulaire, autochtone des archipels
qu'il habite. On ne l'a jamais connu sous d'autres traits que ceux
qu'il présente actuellement. Or, dit M. Lataste, pour être autorisé
à le rattacher génétiquement à la fameuse Lapine de Gonzalès
Zarco, il faudrait des documents plus circonstanciés, plus précis,
plus décisifs que ceux qui ont été produits (2).
En ce qui concerne les autres exemples, nous n'avons aucune
réponse à fournir; nous ignorons s'il est i)0ssible de les contredire;
nous avons répondu aux plus sérieux. Du reste, il ne faut point
être surpris d'apprendre que les animaux d'une même race
marquent des préférences pour s'unir avec les individus qui leur
ressemblent le plus, quoiqu'une masse de faits vienne contredire
cette manière de voir. On ne saurait conclure de ces préférences,
si elles existent, qu'ils ne descendent point tous d'une même
souche.
Un fait plus grave, beaucoup |ilus intéressant, serait la stérilité
de l'union entre individus appartenant à deux races distinctes. —
On cite quelques exemples dans lesquels la fécondité se trouve
diminuée par de telles alliances, deviendrait même nulle quel-
quefois; ces faits sont à examiner.
M. Edmond Perrier dit (3) que « les grands éleveurs de volailles
ont observé que le croisement des races difiérentes donne souvent
des œufs clairs, comme si ces races étaieni vraiment des
espèces (4) ».
Semblant conlirmer ce dire, Darwin a écrit que les Bantams de
Sebright, (\m proviennent de croisements, sont moins féconds
qu'aucune race galliue (5).
On lit dans le Bulletin de la Société d'acclimatation ((i) qu'un
jeune Coq Bautam fut tenu pendant huit mois dans un parquet
(1) Voy. .\ctes de la Soci(Ué scientifique du Chili, t. III, 1893 (dernière livraison,
pp. lus et 10'J (i propos d une note de M. Remy Sl-Loup intilulée la modilicu-
lion de l'espèce, par t'emanii Latasle], noie qui vient d'èu-e citée.
(2) On se rapiielle que l'exemple des Lapins de Porto Smlo avoil élc cité avec
beaucoup d'enipliase comme un fait décisif en faveur de la formation récente d'une
espèce nouvelle.
(:!) Aiialiimie et Physiologie, Paris, 1884, p. 8.
(4) Cela a été répété presque textuellement par M. Matliias Duvai, in Rev scient.,
n" du 2 fév. 1884, p. 7.
(;i) Variations des Animaux et des l'iantes, I. i, p. IU8.
((i) 18(i4, p. ti3'.).
INTUOnUCTION LXXXI
avec des Poules (l(^ Houdnii. de Padoiu; et de Cocliiiieliine ; trente-
six ii'ufs recueillis fiireiil Iroinés clnirs. Ou lit encore d;ins la
munie levue qu'un i'.nq cochinchinois, retenu dans un i)arquel
avec des Poules Rautani et de .lava, les écrasait de sou poids sans
les faire poudre. La correspondance d'un éleveur nous fait savoir
que, dans le croisement du Serin ordinaire avec le Serin hollan-
dais, il peut se trouver plus d'œufs clairs (|ue dans les pontes
ordinaires, surtout lorsque le uuile est de la dernière variété.
Nous avons nous-mônie croisé deux Coqs de Padoue (variété bleue
à luippe hlancliel (I) avec des Poules de Cochincliine de 1res forte
taille (pure race); une grande partie des œufs ne se trouva point
fécondée.
Parmi les Mainuiil'ères on a recueilli les exem|)les suivants :
M. Quoy lit accoupler un Dingo de l'.Vustralie occidentale avec
un Chien français dont la race n'est pas indiquée. Celte union fut
stérile (2).
M. le chevalier Louis Pétri, de l'Ecole pratique d'agriculture de
l'ozzulo del Friuli (L'iliue). obtint d'un Tiouc angora et d'une
Chèvre commune (C. lurcus) un produit femelle qui ne donna
point de rejetons, après avoir été accouplée à sou père pendant
deux ans (3).
Vouait assure que les croisements opérés autrefois dans le
Laucashire entre le bétail à longues cornes et le bétail à courtes
coi'ues douuèreut des pioduils excellents ; mais que chez ceux-ci,
la conception était devenue fort incertaine dès la troisième ou
(|uatrième génération.
M. .John Wiggius, de la Hritish (joal Soriclii. nous écrit qu'il
possède une Chèvre femelle descendant du mélange de la Chèvre
de Nubie et de la Chèvre anglaise ; que celte Chèvre est restée
stérile i|U()i(iu'elle soit âgée de (juatre ans. Elle entre partiellement
en folie, mais n'accepte point le mâle avec lequel elle habite.
Examinons quelle est la valeur de ces faits.
Premier cas (4) : les œufs non fécondés provenant du croisement
de races distin<'tes. — On ne donne point le nom des races croisées;
on ne précise aucun fait. Nous le regrettons, car la discussion
|l| VariélC- Iri'S rare el peu stable, parail-il.
(2) Voy. Broca (op. cit.), p. /i87, en noie. Broca cite cet exemple d'après le Dict.
cliifsiquf U'Hisl. liât, de liory de Saisit- Vincent, Paris l«23, In-S". I. IV, p. 1j
(art. Chiens
(3) Coniniunicalinn ctn elievalicr IVlri.
(4) Cil. par M. Kd. IVrrier.
Suchetel. — (j
LXXXII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
devient difficile. Tout le monde sait qu'il existe des races de Poules
très dilTéientes piir leurs dimensions; or, on l'a dit, là où le rappro-
cliement physiijue est devenu presqu'inipossible, on ne saurait
s'attendre à un accouplement fécond. — Mais peut-être M. Ed. Perrier
(et M. Malliias Duval qui répète son assertion) eutendent-ils par
« croisement de races » le produit métis? Le D' Knelland fait savoir,
en ellet, que les fermiers de sa contrée ont à se plaindre des ((/»r//(///-
hrcil vniit'tii's of foirk » au point de vue de la ponte (1). — J'our
tliscuter convenahlement ces faits, nous aurions besoin d'élre
renseigné sui' la formation de ces « highhibred varielica » se repro-
duisant (( in and in ».
Deuxième fait : la stérilité des Bantams. Darwin observe qu'il
serait très téméraire de conclure que la fécondité moindre de
cette race soit en connexion avec son origine croisée, car on peut,
d'après lui, avec plus de probaliilité, l'attribuer à une reproduction
(( en dedans » trop longtemps prolongée, ou à une tendance innée
à la stérilité en corrélation avec l'absence des plumes séliforraes
et des pennes eu forme de faucille de la queue (2).
Troisième fait. Cet exemple est un de ceux oii les races mises en
présence sont de dimensions trop disproportionnées pour que le
rapprocbenient, très insullisanl, puisse produire un résultat (3).
En ce qui conceine le quatrième: le croisement du Serin hoUan-
(1) Voy. D' Knelliind «A paper on tlie sierilily of viany of varieties of Ihe
domeslic Fowls, elc. ». Proceed. Bosloii Nat. hist., 1834-1856, p. tii.
(2) Voy. p. 1U8 de Vop. cil. A. la page 132 du même ouvrage, Darwin rappelleque
le Banlam a été obtenu par des unions consanguines ci un degré très rapproclié. Il
pense que la reproduction consanguine prolongée pendant un très grand nombre
de générations peut avoir les conséquences les plus nuisibles. Il fait savoir (d'après
Wrighl) que les Coqs de combat, si célèbres, de M. Clarli, ont lini, à force de ne se
reproduire qu'entre eux, par perdre leurs dispositions bellii|ueuses; ils se laissent
liAclier sur |)lace sans taire de résistance — Les effets de la consanguinité sont
cependant très débattus; certains disent, comme c'est l'exemple ici, qu'ils sont
funestes; d'autres prétendent le contraire. Nous n'avons pas à discuter, d'ailleurs,
cette question cpii ne rentre pas dans le sujet que .nous traitons. On pourra con-
sulter C. Colin {Traité de Physiologie compnrce, t. Il, pp. !I37 et 938 de la i' édil.,
l'aris. 18S8) le(|uel donne de lionnes explications pour concilier les opinions con-
traires. On pourra consulter encore Sanson {de l'Ilcréditt', op. cil.).
(3) Il ne faut pas toutefois croire que toute fécondation devient impossible, même
dans ce cas. Nous avons obtenu des œufs fécilndés et des jeunes normaux d'une
petite Poule cayenne cochée par un très jeune Coq cocliincliinois; l'un de ces
Poulets, que nous avons élevé, était un superbe sujet. La disproportion de taille
entre les deux parents était telle, que nous n'aurions pu supposer la fécondation
possiljle. Du reste, M. IJaltey fait savoir (in Forest and Stream, vol. I,p. ;i42) que
le petit Banlam rosster ((|ui per<'lie) s'est croisé avec la grande variété de la Poule,
comme avec la variété de la Cocidnclilne.
INTRODUCTION LXXXIII
(l;(is avec le Serin ordinaire, dans lequel les (l'ufs se montreraient
clairs en plus piaud nombre que dans les unions de deux Serins
de nii^ine variété, le fait mérite cunlirnuition ; d'autant plus que
la personne qui nous le cite ajoute que ce croisement est d'ailleurs
très facile (1).
Cinquième fait oltservé par uous-méme. Nous répondrons que l(>s
métis, provenant du croisement ([ue nous indiquons, se montrent
très pi-oliliqucs. Ils sont arrivés à sept générations actuellement.
L'infécondité de beaucoup d'teufs des parents pouvait provenii'
de rapproclienieuts incomplets entre les deux races bien différentes
par leur taille (2).
Faits se rapporl;int aux Mammifères. Qu'on nous laisse, tout
d'abord, rapi)eler qu'Isidore Geolïroy Saint-Hilaire a écrit que
(1 rien ne justifiait la croyance des agriculteurs ([ui attribuent une
féc(mdité bornée aux produits de deux races très éloignées ». Cela
dit, on peut allirmer que le croisement du Diugo et du Chien, tenté
par M. Quoy, et qui demeura stérile, est une exception, un fait
isolé, dmiuel on ne peut tirer de conséquences. Broca, qui le cite,
dit lui-même que cette expérience ne prouve rien (3).
Quant à la Chèvre, métisse de Bouc angora et de ('. hiirus,
demeurée stérile avec son père, c'est là encore un cas isolé, car
LiniK' parle déjà d'une race créée par ces deux types de Chèvres (4),
et le Bulli;tiii de la Société d'acclimatation indique plusieurs autres
générations de ces métis (5). Du reste, le chevalier Pétri, ayant
ensuite donné sa Chèvre, soi-disant stérile, à un liouc commun,
il en obtint deux Chevreaux.
En ce qui concerne la conception devenue incertaine chez les
Vaches croisées du Lancashire, se reportant à l'explication donnée
(1) Nous avons vu p. LXIX (en note), (|ue M. .\.,tle Frajinioipau (Vendée), ayant
obtenu 3 ou 4 Ké"Praliuns île uiLais île Seiin Ijiillanilais et la race de .'^axe, croit
s'èlie appri.u i|ue les leufs elaiis sont plus rares que lorsiiue les espères puies se
reproduisent e:ilre elles.
(2| Nous avons conservé le scpielelle du Coi] eocliineliinois, père des Poules qui
nous ont servi pour nos expériences, et aussi le s(|Melclte d'un des Coqs de Padouc.
On "Toiridt volontiers que ces squelettes ont appartenu à des Oiseaux d'espèces dis-
tinctes ; toutefois la dillérence de taille entre l'oule de Cochincliine cl de Padoue
est bien moins considérable qu'entre Coqs des deux races,
(:j) La fécondité illimitée des inélis qui en proviennent parait cependant avoir été
. mise en doule par le savant anlhropoloj^'isle. (Voy. pp. 487 et 'iSS en note).
(i) Caroli a Linné Aiiuinilate.i acculeiiiiac, vol. VI. lloliiiia^ MW.'iGeneralio
ambiguii, pp. 12 et 13).
(5) Année lSli2, t IX. p. S7. Voy. aussi année lîiiS, p. uC.y, on on parle de si.\
générations.
LXXXIV DIÎS HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
par Darwin sur la fécondité moindre des Poules Banlaiii, on peut
répoudre que cela provient peut-être d'une reproduction en dedans.
Enfin, la stérilité supposée de la Chèvre, mi-nubienne, rai-anglaise,
obtenue par M. Wiggins, est encore exceptionnelle, car, dans la
nomenclature des croisements de Chèvres que nous citons, se trou
vent nombre de métis féconds, quoique provenant de races
très opposées.
Ce n'est pas sans raisou que Darwiu a pu écrire, a|)rès les
recherches auxquelles il s'est livré, qu'il ne connaissait « aucun
cas bien constaté de stérilité dans les croisements de races dômes
tiques animales », fait, a-t-il ajouté, d'un contraste extraordinaire,
avec la stérilité qui est si frécfuente chez les espèces nalurelies,
même voisines, lorsqu'on les croise (1).
Nous avons maintenant à examiner si des races métisses ont pu
être constituées, c'est-à-dire si, dans la suite des temps, le type,
nouvellement créé, se conserve par la génération.
Cette question est très débattue ; M. Sauson considère que, tôt
ou tard, la race la plus ancieune prévaut, si on n'a soin de recourii'
à de nouveaux croisements avec la race mère la plus faible dont
les traits s'altèrent peu à peu daiis la génération croisée. Générale-
ment, on reconnaît qu'il est loisible à l'éleveur de constituer un
nouveau type durable à l'aide du métissage.
Nous passerons en revue les auteurs qui ont adopté cette manière
de voir. — Grognier (2) est de ce nombre; il dit qu'un croisement
poussé assez loin produit une race intermédiaire (3). l'rilchai'd
partage cette opinion (4); c'était celle de Klourens qui a écrit que
le croisement des races donne toujours des races nouvelles (.j).
L'Encyclopédie pratique de l'agriculture a accepté aussi ((la méti-
(1) Varialions des Aniinaux el des Planles. t. II, p. 111. Nous avons déjà fait
celte citation. L'auteur de {'Origine des Espèces a encore reconnu dans son ouvrage
que « les diverses races de dos dilTéienIs animaux domestiqués sont très fertiles
lorsqu'on les croise ». Voy. p. 272 de la traduction fran(.'aise que nous suivons.
(2) in Maison rnsli<iue, i, p. 463.
(3) La même opinion est encore exprimée à la p. 410 du uiènic ouvrage.
(4) Il n'est pas rare dans nos pays, dit-il, de voir former de nouvelles races de
Moutons, (lela se fait de deux manières : d'une part, en croisant des races déjà
établies et liieii connues; de l'autre, et c'est plus fréquemnienl le cas, en choisissant
les reproducteurs 11, pp. CiO et (il.
(3) De l'hisUiicl^el de ilnlellujence des aHimaii.r. 3' cdit., p. 127. nt. |iar
Godron. 11, 45.
INTRODUCTION LXXXV
sation )i l'oiiiiiie formation possible de races à caractères nou-
veaux (I). (iodion oljscrve (( (juc toutes nos races de (chevaux, de
Chiens, de Moulons, etc., peuvent, parleur union. donner naissance
à des races nouvelles ». Presque toutes les contrées de l'Europe,
ajoute-t-il, possèdent des races particulières qui sont dues à celte
cause (2).
(J. Colin i'.i], se demandant si le croisement peut former des
races nouvelles, repond par l'alTirmative et ajoute : « Le croise-
luenl ou l'alliance de deux variétés, de deux races, dès l'instiinl
qu'il donne un produit mixte, une variété individuelle, donne à
celle ci la faculté de s'étendre à un plus k™"J nombre d'indi-
vidus I).
D'après Millier, « uue race uée du mélange de deux races » est
capable de se propager « par son union avec son semblable (4) »; il
croit à une race « persistante par croisement (S) ».
« Il ne peut y avoir de doute, a dit Darwin, que le croisement,
joint à uue sélection rigoureusement continuée pendant plusieurs
générations, n'ait été un moyen puissant de modifier d'anciennes
races et d'en ciéer de nouvelles ((î) ». Darwin s'élève même contre
ceux qui ciiiieul iju'il n'est pas possible de créer une race nouvelle
par croisement à cause des dilTicultës du commencement (7). 11
cite M. Spooner (!S) qui, après avoir éluiiié tous les cas qui on
été enregistrés avec sulfisamment de soin, est arrivé à cette
conclusion : <( (|u'on ])eut établir une nouvelle race par un
ap|)ariage judicieux d'animaux croisés (9) ».
(1) Voy. (. X, p 28:}, 284 et 288. PMi-is. 18G.H.
(2) De riC^pèce. l. II. p. 40. Les produits d'un ci-oiseiiient do deux races
.Tncionncs, fait-il ohscrvcr, d'abord un pcU variahli'S, finissent par se fi.xer après
(|u(>l(|nes générations, si on n'allie entre eux qut' les niélis du même dejjré.
(Il) Traili' (le l'IiyaUilm^ie coiiiptiree, t. II. p. OMX, :i" Mil.
(4i Op. cil. V. ir,>.
(5| Op. cit. P. 764.
(r>) Varialioiis (/«.< .4/iù/iriu.r el des l'iaiiles!. t. Il, p. Iii2 (trad, franc).
17) P. lot du même ouvrage où on lit : •■ I.'élevi'ur se désespère et conclut à
l'impossibilité de faire une nnuvelle race. .Mais, d'après les cas que nous avons
cités, et un graml nombre il'autres connus, il parail ([ue ce n'est cpTune allaire
de patience ».
(8) VV. C. Spooner, Sur les croisenieiUn. Journal Roy. agr. soc, vol. .\.\,
part. II. Ch. Howard Cardener's Cbronicle, iSGO, p. 320.
('.() Cependant, dans l'Origine des Espèces, on trouve ces deux phrases: « J'ai
peine à croire qu'on puisse obtenir une race presque intermédiaire entre deux
autres »; puis : » je ne saurais tiouver un seul cas reconnu où une race perma.
nente se soit formée de celte manière ». Voy. 2' édit.. p. 28 (trad. de (Méuient
Uoyer), cil. par Sanson. l.'Héri'Uiti' normale ut pathnlDgique, p. 17:i.
LXXXVI DES HYBKIDES A L ETAT SAUVAOE
M. (le Quatrefages est de cet avis : « Lorsque l'industrie de
l'Iiomme iutervient, dit-il (1), elle peut, avec des soins, régulariser
le croisement entre deux races et obtenir ainsi une race métisse.
Après quelques oscillations du côté des types paternel et maternel,
celle-ci se consolide et s'asseoit ».
M. Hamard trouve (( qu'il est inutile de rappeler les nombreux
cas de métissage obtenus par nos éleveurs », parce qu'on ne compte
plus aujourd'hui les races ou variétés obtenues de la sorte. « Sou-
mises au ilébut, dit-il, à certaiues llucluations qui les rappiochent
momeutanénienl de l'un ou de l'autre type ancestral, elles finissent
par acquérir assez de fixité pour se conserver avec leurs caractères
particuliers. Cette fixité est telle que, rendues à la liberté, croisées
même avec des individus d'un type dilïérent, elles conservent
toujours quelque chose de leurs traits artificiellement acquis (2) ».
M. Paul Mégnin, le directeur de r/^?co^M;\ que nous avons consulté,
pense aussi « qu'il y a moyen de former des races nouvelles par
le métissage ». Dans une courte réponse qu'il a bien voulu nous
faire par l'intermédiaire de son journal (3), il dit ceci : « Le croise
ment de deux races distinctes donne, en règle générale, des indi-
vidus d'un type intermédiaire se reproduisant avec tous leurs
caractères sans retour à un des types procréateurs. C'est même
par ces croisements que les races améliorées d'animaux domes-
tiques, qu'il s'agisse du Cheval, du Bœuf ou du Mouton, ont été
créées ».
Citons encore, s'il en était besoin, MoU, de la Maison rustique,
qui écrit, tout en faisant des réserves, « qu'au moyen des croise-
ments on peut, non seulement fondre une race dans une autre,
mais encore en créer une nouvelle qui participe en même temps
des deux races dont elle provient (4) ».
On met toutefois pour condition, ne l'oublions pas, « que les
métis aient le même habitat que celui de leurs parents et soient
soumis au môme régime alimentaire », chose fort naturelle (5) ;
(1) L'Espèce /iMmotTie, cliap. VIII. « Croisement des races et des espèces, e le»,
p. 32 de la 3' édit., Paris, 1879.
(2) Op. cit., pp. 618 et 619.
(3) N» du 20 fév. 1887.
(4) P. 376.
(.i) On sait que les races les plus pures, changées de climat, subissent les
inlluences du milieu, se Iranstorment en d'autres types; mises en liberté elles se
revêtent de caractères uniformes. Voy. des exemples dans : Dureau de la Malle,
Compte rendus Acad. des Se, t. 41, p. 688; la Volière, n" du 1" septembre 1886,
p. 114; et autres auteurs. Citons, d'après M. de Q^uatrefages (K. des C. Se. 1867-68,
INTROnUCTIOX LXX.Wll
011 doit iiussi (h ilor les croisomeuts avec; d'aiili'es raees (1). — Peul-
011 citer des exemples ? Oui, saus doute, et d'abord parmi les nices
orine, boi'iiic et iioninc, nous nommerons :
1» Le Mouton Disliley-MériuosdesTrappes, obtenu i)ar M. Pluchet
eu quelques années avec des caractères eulièremeul dillérenlsde
ceux de leurs tlescendants (2) ;
La sous race de M. Yvart, créée par le métissage combiné des
Mérinos Mauchamp, de ceux de Hainlinuillct et de la race
any:laise (3) ;
La race des Moutons de la ("haimoise, obtenue pai' M. Maliny:ré (4),
« race sullisamnient assise, dit Godron (iJ), pour exercer à sou
tour une influence modilicalrice très beureuse » ;
La lace des Mérinos provenant, pense-t on, du croisement des
races de Moulons imiisicènes des environs de Cadix avec les Béliers
à laine Une de Maurilaule ((1) :
La l'ace liàlai-de provenant de Béliers de l'Inde et de Brebis du
pays, existant dans les environs de Lille vers I79'J (7) ;
Une autre race entre Brebis françaises et Béliers anglais vivant
à la môme épo(iuc (8) ;
Les Moutons Oxfordsbire Downs, comptant aujourd'bui comme
race fixée (9) ;
p. 709), le Bœuf suisse, qui, Iransporlé en Lomljardie. se tr.iiisfoiiiii' en ilrnx f-éiié-
rations; les .\l)eîlles lioiir^'iiinnonnes, petites et brunes, qui rleviennent en Bresse,
après lieux iiénéralions aussi, des Abeilles grosses et jaunes comme la race du
pays. Oe qui a (ait diri^ à l'éniinent anlhropologislf qu' i à moins de soins 1res
spéciaux et tout à fait incessants, les races les mieux assises subissent à la lonyue
l'action d'un milieu nouveau.. — Tout tentative échouera, a dit emore Colin {Traili'
ilr fhys. riiiiip. <ie$ (tiiiiii'iux (loin., t. 11, p. IVili. cil. par Itarwin. I, 11, p. 104
(op. cit.). u si les ciinditions exiérieures se trouvent iHi'C décidément défavorables
aux caiaotéres de l'une el de l'autre des races parentes ».
(1) Voy. M. l'abbé llamard (op. cil.) p. 618.
(2) llint. de ta création dea Dishleymi'rtnns. (.lournal d'af;riculture pratique,
Barrai. 187'i, l. I, p. iV,i). — De temps ù autre cependant l'éb'viur a introduit du
sanv! pur Disbley.
t:{) Bullct. Soc. accl. IS;;;, p. ir>2 et p. 132.
(t) Con<idi'rulions aur les hétes à laines au mitieu du XIX' siècle, 18;>l, lu-8,
par Malingre.
(il) De li;spece, I. U, pp. /.O'il.
(Cl) feller, Ifiugraphie universelle, 1. III, p. .'il'kl. C'est l'oncle de Coliimelle qui
aurait introduit cette race en Espagne.
(7) Vov. Tralado sobre la cria y propagacion de ganados, par 11. Dogle,
Madrid i7'.l9, in-8, 2 vol., p. Ilii.
(S) Même ouvrage, p. l'i.'i.
CJ) D'après Darwin : l'driHl. t U, p. 102. Ils ont été prodiiils, en I8:t0, dit cet
auteur, par des croisemenls de Brebis de Ilampsbire et, ilans quelques cas, de
Brebis Soulbdowns, avec îles Béliers de (^olswold Le Bélier llampsliire était lui-
même le produit de croisements répélés entre les Ilampsbire et les Southdowiis.
LXXXVin liliS HVIiHlDKS A L KTAT SAUVAGE
Les Moulons de L('i(^estei', paiaissjiut provenir de croisements
entre plusieurs Moutons à longue laine (Ij ;
Le croisement de Béliers Chinois avec des Brebis mérinos qui
valut, en 1866, une médaille à MM. fiaruot et Tyssier (2).
Le nouveau type de Chèvre, formé il y a vingt ans, par le mélange
de la Chèvre commune et le Bouc de Nubie ou d'Abyssinie (3) ;
La nouvelle race de Bétail provenant du croisement d'une race
suisse avec une race hollandaise, créée par le roi de ^^'urtenl-
berg (4) ;
Le croisement du Cochon du Cap, du Porc chinois et du Porc de
Siam avec notre Porc, ayant produit on Angleterre plusieurs
variétés importantes (5) ;
Les Porcs de Boulogne et de Montreuil, d'une création
moderne (6), et peut-être aussi la race napolitaine (7).
2° Nous nommerons ensuite, parmi les races chemline et canine :
les Chevaux de course anglais, produits par le mélange d'anciens
Chevaux du pays avec des Chevaux bardes, persans, turcs et
arabes (8) ;
(1) Variations (mr'nie page).
(2) .^u moins, cette médHille était-elle otierte pour la création d'une race prolifi-
quede Moulons par le croisenicnl de ces deux types. (Voy. Bull. Soc. .acclima-
tation IhOfi, p. LXXIV).
(3) Conimunicalion de M. Pe;;ler, auteur de l'article « The niilna>i Goût ». pulilié
in <i [lie Bazar, E.xchange, and Markel», n" du i février 1881. Ces animaux se repro-
duiraient inler se.
(4) Darwin. Vurialinns. Ouelques autres races encore rentrent dans celte
combinaison.
(5) A. Dixio, in Maison ritsiique, p. 491.
(6) Ils proviennent d'une race locale profondément abâtardie qu'on a relevée par
le croisement avec les Yorlv shires. Les Métis ainsi obtenus ont été mariés ensem-
ble et il s'est ainsi formé une race supérieure. Godron, t. 11, p. 41 (op. cit) d'après
de Quairefages, (lievue des Deux-Mondes, renseignements de M. Lavergne, p. 2,
t. VII, p. U\\).
(7) Nathusius a démoniré que par le croisement du Sassrnfa et du i'iis indiens
on obtient cette race (voy. Rev. des Cours scient., p. 5li(i, 1S(')7-I815S, de Quatre-
fages) .
(8) D'après Codron, « On y a aidé, ajoute cet auteur, en dirigeant vers le même
but son traitemeni, sa nourriture, son éducation, et c'est par la continuation des
mêmes soins qu'on est parvenu îi conserver et fixer cette race ». — D'après le Xnu-
veau Cours d'aijricullttre, « le Clieval anglais est 1' résultat du croisement du
Cheval arabe avec des Clievaux d'une race existant depuis longtemps en Angle-
terre et fort peu dillérenle de celle de Normandie, si ce n'est li uiènie » (voy. t. IV,
Miicccix, p. 332). — N'ius citons ces opinions pour ce qu'elles valent, car
M. de (Juatrefages dit positivement que c'est une erreur généi'alement répandue qui
fait du pur sang anglais un métis du Cheval arabe croisé avec les races locales.
INTllODUCTlIlN LXWIX
Le Clieval iinglo-ndrmaiid, iié du m(-laiij,'c du C.licval pur saiiy;
anglais avec la race devenue indi^^ènc i'i la .Manche, au Clalvados
et à l'Orne (1) ;
Les races canines anglaises obtenues (2) par des croisements
judicieux et réfléchis ;
Le Chien de Saint-Gennaiii. [)roduil du l'oinler et du Braque
français (3) ;
Les Bassets de Caux qui auraient été créés avec un Basset
allemand et une Chienne hassette d'Artois (4) ;
Puis diverses autres races du Chien bien caractérisées, formées
par John Sebright (5).
3° P(ti-mi les l'dces ijaUine et cobinhixe (qui offrent de nombreux
exemples» : la race de la Bresse provenant ((î) de très anciens
croisements entre la l'ouïe noire commune et la race espagnole (7);
La race des Poules Wyandotte, résultat (S) du croisement du
Co(i l'.aiitaii) argenté avec la Poule cochinchinoise blanche (9) ;
Ciiiyol laiir.iil i-i-fuli'e vicloriiMiscmciil llan^ iiii liavail intitulé : « Etudes liippoUt-
jt'gup.'î ». Nous n"iivons [lOiiit consulté ccl nuvi-a;,'e. Il parait i)ui' M. Ijayot elle
fomlf Willielin, après avoir étudié des lefçislics généalo^i(|ues oUiciels, le Raing
caiandar. le Turf Regisler, le Wealher leg's genernl Stiid hook, ai rivent à celle
conclusion: que le pue sang anglais descend diiecleiiienl de Clievaux et de Juiiienis
aralies (Uev. des Cours scient. 18(57-fi8, p. TO'.I) —Nous trouvons cependant dans
l'Encyclopédie de l'Agriculture (p. 201, t. X. 1865) celte assertion que ce Clieval,
Il la cié.ilicii chevaline la plus importante de notre temps, » est né du mélange
bien entendu des deux races pures arabe et anglaise. — (i. Col n est d'avis que la
race angliise de course a été créée par croisement, quoiiiu'on ail prétendu (|uelle
résultait de la substitution du Cheval oriental à une race britannique indéteriiiinée
[op. cil. p. !t:iS, t. Il, :)• édit, Paris, 18S8|.— .\ ais n'avons point consulté l'ouvraiie de
, M. Mégnin : l.e Ckecal et ses races. Très piobablemeni nous y aurions trouvé des
inilicalions utiles sur les croisements et des éclaircissements sur ceux que nous
avons signalés avec plus ou moins de raison.
(1) EncyclopMie priUiiiue d'agriculture, t. X, ISti;), p. 29: > : «Comme toute
création solide et lixe, dit l'Encyclopédie, ce Cheval a iiciiuis le pjuvoic liéiédi-
tairc i).
(2) Au dire de « l'Eleveur n, n» du 7 août 1887, p. 382.
(3) Cit. par l'Eleveur, mais avec peu d'assurance.
(4) L'Eleveur, 1887, p. 344.
(5) IVaprès (iodron, I. Il, op. cit., p. 37, (Jodron ne précise pas toutefois si
c'est p.ir croisenipiit ; il renvoie à .lolin Sinclar : L'Agriculture pratique rai-
sniinée (Irad. de licwnhasie). t. I. p. l'.IS. — <ln pourra i ncorc consulter liullon :
ilammifî're.ii, (Talile des matières : Haces proceiiues de races /(ic'd.^.vfs. Hoquets,
p. 3. t. V)
(6) Pour M. E. nouvel, de Saint-Servan.
(7) Cette race est 1res rare aujouid'liui à l'étal pur.
(8) Dil-on.
(".Il L'I-.leveur, n" d'aoùl IS'.tO, .lean .l.icipies, p. 3li'J.
XC DES HYBHIDES A L ICTAT SAUVAGE
Les PlynioiiLli rocks, fruit d'un cioisement (1) ;
La race de Polvei'ava (Pailoue), obtenue par le croisement d'un
(;of[ de (loclnnciiine avec des Poules de Padoue (2) ;
La race française de Caux ]»rovenant, sans doute, du mélange
de Crèvccu'uis avec des Fléchoises (3) ;
La race de Houdan, métisse de Crèvecœurs et de Dorkings (4);
La race de Bréda qui paraît être (•")) le résultat d'un métissage
entre deux races, l'une indigène et l'autre exotique ;
La Poule de Biot (ou de Belliot) (6) qui doit son existence au
mélange de la Poule de Crèvecœur et de la Poule de Caumont (7) ;
Le Baiitam Sebriglit, formé il y a environ soixante ans, par un
croisement complexe (S) ;
LesBrahmas foncés, nés récemment aux Etats-Unis, d'un croise-
ment entre les Chittagourgs et les Cocliincliinois (9);
Les produits de la race de la Bresse avec celle de Crèvecœur (10) ;
La race Essex améliorée, qui doit sa valeur à des croisements
répétés avec la race napolitaine et probablement à quelque infusion
de sang chinois (il) ;
Le cavalier qui semble èlre le résultat à la Grosse-Gorge et du
Runt (12);
L'élégant Pigeon dragon, provenant de divers croisements entre
(1) Suppose-ton. in Rev. des Se. nat. Jippliquées, 18X9, p. 820.
(2) Même Revue, ISSit, p. GIO. —Celte race a élé créée par le D' Mazzonv, un
agriculteur expi^rimenlé.
(3) M. Paul Lelrone ne craint pas de l'allirnur, in Bull. Soc .Acelim. 18o9, p. 316.
Voir aussi la p. 30j.
(4) Tous les caractères extérieurs sont trop signillcalifs, dit M. Paul Letronc. in
Bull. Soc. "Accl. 18o9, p. 311. (voy . aussi p. 305), pour que l'on puis'^e conserver
le moindre doulc à cet égard.
(5) Puur M. Paul Letrone. (.Même Rullelin, p. 184. Maiiogrdplt. des daUinacés).
(6) Ancien marché placé à la limite des deu.\ coiumuiucs de Saiut-Maitiu et de
Saint-Julien de Fresnay. dansl'arrond. de Lisieu.x.
(7) Bull. Soc. Accl., p. 305, 1839.
(8) Race, aussi lixc, dit Darwin {Varinlions, t. Il, p. 102| (|u'aucuru' autre.
(9) l'imUrij Bdok, p. ;i8 (cit. par Darwin. (|ui dit (jue (pielques éleveurs consi-
dèrent à tort cette race comme espèce distincte).
(10) Qui paraissent de nature à se |)erpétucr indéfiniment. (L'Klcveur, p. 277.
1887). — L'éditeur du Poultry Choniclea obtenu du croisement d'un Coq espagnol et
d'une Poule malaise queli|ues Oiseaux bleuAtres qui demeurèrent de génération en
généralion constants pour la couleur. Voy. vol. 1, p. 10, 1854 (cit. par Darwin,
VariiUions,l. Il, p. 104).
(11) Darwin {Varialions, t If, p. 102), lequel cite Richardsoii, Pigeons. 1847,
pp. 37, 42. Eid. Sidney de Goualt. on Ihe Pig., 1860. p. 30.
(12) Si nous en croyons MM. Boitard et Corbie (cit. par Darwin. IV/r., I. Il,
p. 104). Lorsque l'on croise ces deux races, on obtient, en eltet, un cavalier.
INTHODl'CTION Xni
le l'iiiooii caiTier, le l'i.ni'dii viiyaf;(Mir el lu l'i^i'uii rulhiilaiil ou
Moute-iiu-Cicl (1) ;
Le Bald llead ;i courte face, amélioré à l'aide de cioiseuienls
avec le Tuuihler alleuiand (2) ;
Le Pouler anj^lais à bavette, le Pij^eou (iazzi de Modène, le
Domino, paraissant encore être le résultat de croisements (.'}) ;
Les Tumber et les Barbes, ([ui ont aussi reçu du sang
étranger (4) ;
4" Kulin parmi diver-ws races : la race lliuialayenne. formée par
le croisement de deux variétés du La|)in };ris argenté (u) ; el
la race Cora (Vers à soie), desceniiani du iiK'tissage des races de
Turin et de Loudun fd).
Ajoutons que Darwin, après avoii- croisé des (lanards Labrador
et l'ingouius et croisé leurs produits avec des Pingouins, pensait
qu'en choisissant les reproducteurs on aurait ]ju facilement former
une nouvtille race des produits métis, car C(!ux (lu'il obtint pendant
trois générations demeurèrent pres(|ue uniformes (7).
(1) li'après M. I>a I'itii- île lt(PO, (i;i. ci/., |i|). 17, IS.
(2) Mùine ouvnige.
(S) Mt-iiie ouvrage.
(4) Même ouvrage.
(5) Darwin : Variations, I. Il, p. lO'i. Le docteur Dannecy a, du reste, formé un
grand nombre de variétés et de races dans l'espèce du Lapin, (d'après Godron, cité
par Lucas, Traité philoaophique et iiluj^iologii/ne île VMrédilé naturelle, etc.
Pans 1K47, m-S", t. I, p. iif-^). On ne spécilie pas toutefois si c'est par croisement.
Nous n'avons point consiiUé l'ouvra^'c de M. Lucas.
(G) (ioiron («/). cil.) d'après Holiinet, Manuel de iliJucaliun du Ver h soie,
p. ai2.
(7) yarialiDU.i, t. Il, p. lO'i.
Oserions-nous noniuier des races, créées naliircllement par métissage'.' Le Musée
de liruxelli'S pusséde un Faisan (n" 1781 du calaloguc', (p'i ressemble en tous points
au l'Ii. foniiosdnus ligure dans la Monographie des l'Iiasianidés d'KlIiot. Or cet
Oiseau n'est cepemlant (|uun simple hybride, né au Jardin zoologicpie de Bruxelles,
ayant eu pour père un l'U. torijualus ut pour mère un Pli. versicolor. V a-l-il
donc lieu de croire, comme le dit M. Dubois. (|u'à l'Ile de Formose, située non loin
de la Chine el du Japon, on ait introiluil priniiliveinenl des l'Ii. Inrquatus et des
Ph. versicolor, propres à ces deux pays'.' Les inélis nés dans celle île auraient fini
par remplacer les types dont ils dérivent el à produire la race nouvelle connue
aujourd'litii sous le nom de l'h. lorimisanus. Pour vérilier celte assertion (disons-
nous, p. Hii, dans lai|uelle nous parlons de ce (ait), il faudrait étudier les métis pro-
duits en si grand nond)re à l'état sauvage en Angleterre et voir s'ils ont le type du
fnrniosanus. Kncoie, celte ciinstalation serait-elle de (|ueli|ue valeur'? Du criii-
senuMil de l'iAtplociinius nyclliemerus X '-■ nielanotus. on obtient des Faisans
ayant de fortes analogies a^ec I ';". raynaudii. Aucun naturaliste n'a eu cependant
la pensée de faire do cille espèce, ou de celle race, un produit hybride ou métis.
XCII DKS HYBRinns A L KTAT s.\i!v\nn;
Malgré ces exemples nombreux de races fixées, provenant de
croisements, des auteui's s'accordent à dire que les caractèi-es
nouveaux, que ces races présentent, ne sont que transitoires; il
faudrait, selon eux, avoir recours, pour les maintenir, soit à l'infu-
sion du sang primitif, soit à de nouveaux croisements avec celle
des deux espèces pures dont les caractères s'effacent. Pour certains
même, nous l'avons dit, les races n'ont point en elles-mêmes le
pouvoir de se perpétuer ; l'homme ne crée pas de races propre
meut dites, à quelques procédés qu'il ait recours. Il ne façonne
donc que des collections qui doivent retourner au type primitif,
œuvre seule de la création (1).
On connaît les théories de .M. Sanson sur ce sujet ; il ne croit
pas que les races nouvelles, mixtes ou intermédiaires entre celles
qui ont servi à les former, soient désormais fixées. Pour lui, la
loi du métissage est la même dans tous les cas : « les groupes
d'individus que l'on prend pour races nouvelles n'arrivent à
l'homogénéité qu'à la condition de faire retour complet à l'un des
types qui ont contribué à les former et à ce type seulement ».
L'erreur des éleveurs et des zootechnistes, qui considèreut ces
groupes de métis comme étant constitués en race, tient, dit toujours
M. Sanson, à ce qu'ils ne les envisagent qu'au point de vue de
l'aptitude, laquelle est, en effet, commune à tous et forme le seul
objet (le l'exploitation. Mais il est cà peine besoin de faire remarquer,
ajoule-t il, que cetle aptitude, se rencontrant au même degré dans
deux races notoirement distinctes, ne peut, en aucune façon, servir
pour la caractéristique de la race.
Pour montrer d'une manière bien évidente l'inanité des préten-
dues races nouvelles, .M. Sanson a pris comme exemple la race
Dishley-mérinos, laquelle, au dire do savants, se reproduisait
depuis trente ans (2) par elle-même avec les caractères mixtes qui
lui ont été communiqués. Il a fait dessiner, dans un concours où
Et;alemenl, Elliot a rernai-qué (en parlant île deux exemplaires o^ de Pft. elegitns
envoyi's de Secluien en .Angleterre) (|ue cette espèce semble être dans sa distri-
Inilion géo.^'rapliiqiie intermédiaire entre le /'. decollatus et le Faisan de Jiinan.
On pourrait, ilit-il, supposer un hybride entre Ph. colchicu^ et Ph. mr^icolor,
si ces deux Oiseaux avaient le même habitat, ce qui n'est pas. — Celle remar<|ue
montre donc (comme nous le faisons observer, p. 609) qu'un Oiseau peut pré-
senter des caraclères intermédiaii'es entre deux types sans pour cela être leur
hybride.
(1) Perrier, in Bull, de la Soc. d'.Anthropolosie, 18(!3. p. 2.^0 : Essai sur les croi-
someiUs ethniques.
(i) .Au momejil «ii M. Sanson faisait conuailresa inaniéie de voir.
INTRODUCTION XCIII
étiiitMit cxpdsi's un fiiaiid iioiiihre iriiidividiis de la priHeiiduc
race, d'aliord la liHe de (|iialrt! individus ciioisis par le jury comme
élaut les plus remar(|uables représentants de la caté^^oric ; puis
celle de quatre autres appartenant aux races pures. Or, deux de
ces tcHes ressemblaient aux Disliley, deux autres aux .Mùrinos,
trois étaient retournées aux types primitifs.
Ce qui est ici mis en évidence pour la prétendue race Disldey-
mérinos le serait, allirme-t-il, pour toutes les autres races ayant
une origine analogue, attendu que pourdui les formes typiques
de la tête sont indélébiles, u ce qui assure, à travers les siècles,
leur conservation (I) ».
M. Sanson croit du reste donner une nouvelle preuve de ce
qu'il avance dans un autre examen, fait par lui, des métis de la
Charmoise, ra(!e également reconnue comme mixte et fixée. Les
types crtinieus dilîèrtiul à ce point qu'il est im[iossilile de les
confondre ; ils se rattacbenl à deux types distincts nettement
tranchés. — .Vinsi ce groupe manque til encore du caractère indis-
pensable pour constituer une race : l'Iiomogénéité (2).
Nous devons rappeler ici que M. Sanson se prononce pour la
permanence de la race. Les naturalistes ont considéré la race
comme une variété accidentelle, produite par linlluence du milieu,
par la domestication ou la culture, par l'industrie de riiomme.
Il n'en est rien, d'après lui; on ne connaît pas plus l'origine d'une
race que celle d'aucune espèce (']).
Ainsi, d'a[)rès le [irofesseur de l'Ecole de Giignon, il ne serait
au pouvoir d'aucune méthode zootechnique de créer des races
nouvelles. L'habileté des expérimentateurs s'exercera seulement
sur lies ajilitudes physiologiques n'ayant rien de commun avec
la caractéristique de la race, n On peut faire osciller, pour ainsi
dire, les formes typiques de races par le croisement ; elles
reviennent toujours infailliblement à leur type primitif, lorsque
les métis se reproduisent entre eux. On peut agir sur leur étendue
absolue, l'augmenter ou la diminuer par la gymnastique, et fixer
ces formes dans les nouvelles diuiensious |iar la sélection : les
lignes et les rapports n'en demeurent pas moins les mêmes; le
(1) Voy. pour ce niit' nous rapporloiis : les ComplPs rendus .\v. des Se. de Paris,
t. Gl, p. 7'i. el '/.nolechnie, I. II, pp ."iCi et suiv.
(2) Voy. Deuxième nute .tur la vuridbilitc des me/ is. Comptes rendus de l'.Vead.
des Se, I. (il, p. KMi.
{'.\) Mêmes con)|)tcs reiulus:« Proposition sur la coiistilulion de l'espèce el de
la race », par A. Sanson, t. 62, p. 1070, année isr*.
XCIV 1)KS HYBRIDKS A L ETAT SAUVAGE
plan n'a point changé, et c'est ce pl.in précisément qui constitue
le lype (1) ».
Nous ne pensons point que les théories de M. Sanson soient
généralement acceptées ; tout au contraire, elles semblent n'avoir
converti personne (2).
L'espèce est susceplil)le de modifications morpholoi^iques ; il
sullit que certains individus se détachent du tronc, habitent
d'autres milieux, pour subir les influences de leur nouvel habitat.
Ils sont parfois alteinls, très sensiblement, cela est connu de tout
le monde.
Mais nous ne voudrions pas par là aliirmer l'existence actuelle
de races absolument fixes et invariables dues à de.s croisements,
quoique nous croyons l'existence de ces races possible.
Le plus souvent, en ellet, les éleveurs sont obligés de redemander
à l'un des parents du sang pur pour régénérer le métis; ]iuis,
souvent, dans la confection des i-aces croisées, la sélection joue
un rôle aussi graml, sinon plus grand, que celui du croisement.
Le retour à un des ancêtres par atavisme, auquel les races croisées
sont sujettes, est encore un olistacle à leur fixité. « Le cultivateur,
dit M. Elisée Lefebvre (3), qui se laisserait séduire par la facilité
du métissage et par ses prompts résultats et qui conserverait
l'espoir de pouvoir, par ce moyen, entretenir un troupeau de prix
sans être obligé de renouveler sans cesse l'achat de reproducteurs,
courrait le ris(]ue de voir tout d'un coup ses espérances déçues
par la tendance que conservent les animaux à redescendre sans
cesse vers le lype paternel Ce n'est point, ajoute l'écrivain, i[ue
nous regardions comme une chose impossible de parvenir à fixer
dans une race quelconque le caractère d'une autre race au moyen
du croisement; mais nous voulons seulement dire que l'opération
est douteuse, en ce sens qu'on ne peut calculer le temps nécessaire
pour arriver au but, et que l'on ne sait jamais si on y est arrivé )).
Ces paroles nous paraissent très justes.
(I) II), id. Toutes le.s objections qui ont pu se produire conlre la théorie de la race
telle que M. Sanson l'a définie s(uil mentionnées et réfutées dans la 3' édit. de SDn
Trailé de zootechnie, ;iul)lié en tstjlj On trouve dans cet ouvrage la dernière expres-
sion des idées de l'auteur sur les sujets dout il s'est occupé ainsi que toutes les
eoiisidéralions bililiograpliiques dont on pourrait avoir besoin (comui. de M. Sanson).
(i) Si nous en croyons un vétérinaire 1res distingué, membre de l'Académie de
Médecine. — M. Baron a, du reste, nous l'avons déjà dit, pris M. Sanson à partie el 1 a
réJuté à la Société centrale vétérinaire de Paris. (Voy. Bullcl. de la Soc. cenirale
vétérinaire, t. V, de la nouvelle série, XLl, p. 70). La Racn N((ta.
[',i) In .1/((Ks()/( rufliijue, p. o20.
INTRODUCTION XCV
« L'expt'rience a diiiioiitié, <lil tie son côlé M. la Perre de Roo (1),
(|iu! l(irs(]iri)ii liK'lc deux races distinctes, ruiic imligène ou
d'di'iiîirie aiiiienue. l'autre \i> jikis souvent exotique ou d'origine
nouvelle, cette dernière s'ellace j;raduellenient au fureta mesure
que les générations s'accumulent ; tandis que la première, c'est à-
(lii-e celle qui était en possession de l'indigénal, jjersiste [jresijue
exclusivement dans ses produits. Si les niélis qu'on veut (aire
reproduire entre eux, en vue de fixer et de maintenir la race, sont
jilacés dans les mêmes conditions liysiéuiques et climatériques
au\(iuelles la ra('e inimitive i)u indigène doit son sang, ses fornnîs
et ses aptitudes, la progression vers la prépondérance incontestée
et définitive de la vieille race indigène est certaine et s'établit d'une
manière ri'gulière, malliématiiiui^ et progressive, de génération
eu généralion ». Eu outre, dans une lettre que l'auteur du (iuide
ilhisire de l'Eleveur nous écrit, nous trouvons cette phrase : k Les
animaux issus de deux racts distinctes transmettent accidealelle-
meut, mais jamais avec constance, leurs caractères propres à leur
descendance (2) ».
Dans le Dictionnaire de Chimie et d'Iljifiiène de Bouley et Reynal,
on lit encore ceci : « Ceux qui ont la prétention d'être les plus
intelligents et les plus éclairés, se rangent parmi ceux qui ne
croient et ceux qui ne se confient qu'au pur sang ; ils repoussent
obstinément, et d'une manière al)solue, l"em|iloi des métis comme
reproducteurs )). Et le motif que l'on invoque est le suivant : c'est
que « les métis n'ont point d'hérédité stable (3) ».
Godroii, (jui soutient (|u'il est loisible de ciéiîr de nouvelles rares
|)ai' croisement, reconnaît lui-même que ('i) « si l'on veut maintenir
une race, .soit ancienne, soit hybride, il est nécessaire d'éloigner
les individus (|ui n'ont pas les(}ualités requises pour la monte ». Il
rai)pell(' (ju'eu Espagne » ou ne conserve les bonnes races de
Mérinos que par le choix intelligent des Béliers (5) ».
(1) Op. cil. p|). Il el 15.
(2) l.a môme iilée est exprimée pp. 11) et 20 de son Triiilé.
(H) Le (ail suivant, ijne nous trouvons dans le (iuide illiistri', appuie ce dire :
u M. le comte X. possède cinquante-sept couples de PiL'eons Ga/.gi ou de .Modène,
les plus beaux d'Italie. Pendant toute l'année nui vient de s'écouler, il n'a réussi
à élever que trois jeunes à pt'u près irrc'(iroclial)les comme disposition correcte des
couleurs liu plumage ». (x'tte ci)inmuiii<'atiun est (aile à M. la l'erre de lioo par
le cliexalier J.-U. de Sella, de Bioi.'lio.
{/il De r/i'.s/jccp, l. Il, p. M.
(ij) Mém. de la Soc. d'Agr. du dépailement de la Seine, t. Il, p. îd'i (cit. par
(ioUron).
XCVI DES HYBRIDES A L ETAT SALVAGE
« Si l'ou abandonnait une race croisée, dit V Ivncyriopcdic d'Agri-
culture (que nous avons cependant citée coniriie favoraljle à la
création de races par croisements), si l'on négligeait de la retremper
par intervalles dans le sang de la race de perfecliunnement, ou la
verrait déchoir peu à peu el retomber à la tin en l'état d'infériorité
relative (1) o. « L'expérience a démontré ce fait, dit le même
ouvrage (2), que le croisement interromi)u dans ses ellets ne donne
rien de complet, rien de stable i,.
W. de (Juatrefages écrit lui-même que, « quelque constance
qu'une race métisse ait acquise dans son ensemble, il arrive presque
toujours que certains individus reproduisent à des degrés divers
les caractères de l'un des types primitivement croisés ». C'est
l'atavisme qui apparaît sans cesse, cet atavisme qui empêche la
fixité complète de la race créée par croisement et vient, suivant
la pensée heureuse du maître, « attester le lien physiologique qui
unit tous les métis (3) ».
Citons aussi M. Richard, du Cantal, lequel fait savoir, dans
un rapport adressé à la Société d'acclimatation de Paris \i), qu'il
n'a pas conliance dans le croisement, la nature ne perdant jamais
ses droits d'une manière absolue. On peut encore rappeler cette
phrase d'un article de la Volirre : « Dans aucune espèce les métis
issus de deux races dillérentes ne sauiaient transmettre avec
constance à leur progéniture les caractères qui les font diOérer de
leurs parents; sous les inlluences de la loi de la rétrogradation,
il se manifestera toujours chez leurs produits une tendance de
retour à l'un des types primitifs, à l'un des types des deux races,
qui ont contribué à créer la race métisse, et cette tendance s'accen-
tuera de plus en plus énergiquemeut au fur et à mesure que les
générations s'accumuleront ou se succéderont (5) ». Enfin, il faut
mentionner MoU, de la Maixon rustique, qui, tout en ayant écrit qu'au
(1) 1\ 894 du t. V. Paris, 18(J1.
(2) P. 287 du t. X. Paris, 18l«.
(3) h'Esprre hniiiaine, p. ali. — M. de Quairetages (p. bO) cite un exemple bien
frappaut de ce retour à l'aneélre. 11 l'emprunte à (jiruu de Buzareingues. il s'agit
d'une généalogie de Chiens qui étaient des métis de bratjue et d'épagneul. utlr, un
mâle, braque par tous ses caractères, uni à une femelle de race braque pure
engendra des épagneuls. Ce dernier sang n'avait donc nullement été éliminé ». —
C'est le cas de répéter avec M. de la Perre de lîoo que celui qui ne connaît pas la
provenance des reproducteurs, dont il dispose, se ménage bien des déceptions et
des mécomptes (p. 13(i de \'op. cil.) ».
(4) Voy. p. 38G, année 1857.
(5) Les Secrets de la liasse-Cour, par Narcisse Masson. p. 271, 1" février 18b»7,
(L'auteur parle de Poules).
INTRODUCTION XCVll
(( moyen de croisciiii'iits on pciil (tl'oi- une nouvelle race», observe
uéannioins » que les produits des métis tendent en général à se
lappioclier tic celle des deux races composautes qui a le plus de
coiistauce et qui est le plus en harmonie avec les circouslances
naturelles etartilicielles de la localité (1) ».
Nous nous sommes permis toutes ces citations, quelque longues
(|u'eiles fussent, afin de montrer les dillicultés réelles et l'incer-
tituile que présentent les croisements. S'il était nécessaire de
recourir à un argument encore plus décisif, nous ne saurions mieux
faire que de rai)i)eler le passage suivant que nous trouvons dans
un ouvrage destiné aux éleveurs; il fera voir ce (lue ceux-ci
pensent des métis. Un amateur dé Pigeons envoyant deux couples
de ces volatiles à un de ses amis, lui écrit : « il ne faut pas vous
attendre à ce qu'ils reproduisent pareils à euT-mcmes » ; et la
raison qu'il donne est » que ce sont des individus provenant de
croisements ».
Nous avons nous même essayé de former une race galline à l'aide
de croisements ; nous avons en 18S9 atfouplé la race Padoue
(variété bleue à huppe blanche) avec la race de Cochinchine,
donnant à la prcmiéi-e le rôle du mâle. Depuis, cha<iue année, nous
obtenons une nouvelle génération ; les métis se montrent très pro-
lifiques. Ou est donc en présence de sept générations successives
provenant de métis rrainu'nt demi-sang et se reproduisant inter se.
Or, cluKjue année, apparaissent les formes et les plumages les plus
divers. Quelques types montrent une certaine uniformité ; leur
attitiule, leur forme, leur plumage tiennent, pour ainsi dire, des
deux races mères ; mais aucun type nouveau, constant, n"est encore
sorti du mélange que nous indiquons. — Il y a beaucoup de jeunes
se rapprochant, soit d'une espèce, soit de l'autre; l'année du
mélange, il y avait aussi des Coqs dont le plumage rapi»elait celui
du Coq bankiva, souche probable de nos Poules domestiques (2); il
y avait surtout, (si nos souvenirs sont bien exacts), des jeunes
montrant beaucoup d'analogie avec le Cochiuchinois. Les mêmes
plnhioniènes se rejjroduisent du reste chaque anm-e; i)eut-étre le
type Cochiuchinois tend-il à s'eflacer? Nous remarquions en \8\)'6,
comme jiendant les années précédentes, un grand nombre de
Poules représciilaut l;i race Padoue, unais non la variété récente,
(I) Voy. p. 377.
(1) Cet pUct >lu croisemenl qui consiste à ramener ileux nues au type primitif
est très cnrieu^j et liien établi.
Suclielet — 7
XCVHI DKS HVBRIDliS A L ETAT 8.VUVAGE
Pailouft lileue à liuppe hlaiiclie, qui avait servi daus le mélange (1).
— 11 sei-ait bien dillicilo de préciser rigoureusement à quelle race
les jeunes ressemblent le plus, car à chaque ponte, ou constate
cette « variation désordonnée » dont parle M. Naudin et dont M. de
Quatrefages seH)ble, en quelque sorte, faire l'attribut des croise-
meats d'espèce (2).
Il est vrai que nous n'avons point pris soin de réunir, dans un
même parquet, les individus qui se ressemblaient le plus ; inten-
tionnellement nous avons laissé les jeunes se reproduire en toute
liberté, quoique les mâles, se trouvant toujours trop nombreux,
nous ayons de jjrélérence éliminé les Coqs les plus disparates.
Nous sommes persuadé que, si une sélection attentive ne
survient, jamais ces gallinacés, demi-sang et croisés entre eux,
ne formeront une variété ou race à caractères constants et bien
définis. 11 faudrait, pour obtenir une reproduction de formes inter-
médiaires, n'allier entre eux que les rares Coqs et Poules qui
présentent une forme et des caractères mixtes, ou bien encore
croiser de nouveau les métis, qui se rapprochent trop d'un seul
type, avec celle des races pures qu'ils ne rappellent que peu. —
Si on faisait chaque année un choix judicieux des reproducteurs,
pourrait on peut-être ari'iver, à la longue, à fixer une forme
nouvelle que l'atavisme cependant frapperait fréquemment d'un
retour vers l'un ou l'autre type ancestral (3).
Une remarque très importante s'impose ici. Dans la plupart des
races, soi-disant lixées, et dont il vient d'être fait mention, nous
sommes porté à croire qu'où ne compte qu'un fort petit nombre
provenant directement d'un seul et premier croisement opéré entre
deux races pures. Généralement, la première génération de métis,
et les générations suivantes, otTrant une grande variation ou plutôt
une prédominance marquée vers un type, on a eu soin, afin de
donner aux métis des caractères intermédiaires, de les croiser,
non entre eux, mais avec le type pur dont les traits étaient le
(1) Cette variété est trop récente pour persister dans les croisements. Dans cet
exemple on penl reconnaitre toute la justesse d'une observation de M. de Quatrefages
c|ui est la suivante: u Des caractères récents, ol)serve-t-il (in Rev. des C. Se, t. V,
1867-1868, p. 7.'i4) s'elTacent aisément lorsque deu.x èti-es mettent en présence, au
moment de leur union, des traits el des qualités nouvellement acquis et qui n'ont
pas eu le temps de se stabiliser et de s'équilibrer. »
(2) Voy. p. 'SA de VEspèce humaine, H' édit., le cliap. VUI : Croisement des races
et des espèces.
(3) Citons ici l'exemple de cet éleveur qui,ayanl croisé des Poules avec les races
malaises, n'était pas encore parvenu à les débarrasser de ce sang après quarante ans
d'eiïorts, (exemple emprunté à Darwin).
INTRODUCTION XCIX
moins apimrents (1). En sorle que lii itluiKirl des races métisses
ne sont pas à proprement parler des races demi-sang ; ce sont des
races qui possèdent plus de sanij d'uni; race que d'uni; autre, si
nous adnii'ltiins toutefois iconinie il est convenu en pratiijue) que
le produit représente « la demi-somme des puissances héréditaires
de chacun de ses procréateurs (2)». On S(> trouverait ainsi avoir des
races 3/i sang. 5/8, 7/8, etc. ; cela à l'intiui. Nous lu- parlons point
des métis qui ont, tout à la fois, du sang de trois, (piatrc et môme
cinq races ; ce sont peut-être les plus couimuns.
Ainsi, même avec des mélanges variés, des combinaisons dues à
une sélection très attentive, on n'arrive que très difiicilenient à
créer un nouveau type durable, lecpicl est sans cesse, si une sélection
attentive ne survient, sujet à retourner au type paternel ou au type
maternel.
.Nous aurions désiré rencontrer une race authentique née d'un
liremier et unique croisement entre deux races pures. Sans nier
assurément (|u"il en e.xiste dans les exemples cités, nous n'oserions
non plus allirmer qu'elle s'y trouve.
Quoiqu'il en soit, les croisements de race à race sont bien
ilillérents de ceux d'espèce à espèce. Si l'on peut facilement citer
d(;s races métisses (plus ou moins constantes, nous l'admettons),
il est impossible de nommer des races hybrides; on n'en connaît
aucune. Serait-il possible d'en créer? Nous ne voudrions cepen-
dant i)as répondre par la négative car, puisque l'on rencontre
des hybrides proliliques (3), pourquoi n'arriverait on pas, par un
choix judicieux des reproducteurs ou avec des infusions nouvelles
du sang des espèces mères, à former un type nouveau dont la
durée, cela va sans dire, serait limitée au temps pendant lequel la
sélection durerait".' — En principe, nous ne voyons aucune impos.si-
bilité à cela: mais nous ne disons pas non plus que la chose soit.
.Nous avons fait des essais nombreux pour résoudre la question;
nous devons avouer que nous ne l'avons pas résolue pratiquement,
pas plus parmi les Oiseaux (|ue parmi les .Mammifères.
Il nous serait impossible de raconter ici. même très brièvement,
les croisements que nous avons tentés. Leur nombre est très étendu,
(I) Un piiiirra se renseigner sur celle inuiiiirc de procéder, clans la notice sur
les Iruupeaux Uisliley-mérinos de Trappes. (Journal d'Agriculture pratique Barrai,
1875, 1. I. p. -M'A).
[i) C'est là toutefois une hypothèse toute gratuite, comme le fait remarquer,
avec beaucoup de raison, M. Sanson, in L'hèrcditc normale et patholaijiiiue, ]>. ItiO.
(3) Il en existe, nous le savons par expérience.
C DES HYBlilDES A L KTAT SAUVAGE
puisque nous avons pu expérimenter sur des centaines, nous
dirions presque, des milliers .de sujets.
C'est en 1883 que nous bâtissions, dans notre parc d'Aiiliville, le
premier parquet où devaient fommencer nos expériences. Les
débuts de la première année avaient été très modestes; mais, dès la
deuxième et la troisième année, nous donnions une grande exten-
sion à nos essais, nous associant en France, et même à l'étranger,
beaucoup d'éleveurs et d'amateurs qui acceptaient d'expérimenter
pour notre compte et sous leurs yeux.
Nous éprouverions une grande satisfaction à raconter en détail
ces croisements, entrepris dans un but purement scientifique; mais
un gros volume y suffirait à peine. Si nous n'eu étions point
l'auteur, nous dirions qu'ils présentent tous un intérêt très grand.
Bornous-nous à faire savoir que, [lai'mi tant de mélanges, un
seul, bien connu des éloveui's, le croisement de la Thaumalea
picta X T. amherstiœ (1) a réussi à nous donner cinq générations
d'hybrides provenant d'un croisement direct, c'est-à-dire que les
hybrides se sont reproduits quatre fois entre eux. Certaines
circonstances malheureuses, dans l'incubation des œufs ou dans
l'élevage des jeunes, nous ont privé d'amener tous les ans une
nouvelle génération dans les autres croisements entrepris: quel-
quefois, souvent même, la cause de l'insuccès a été la stérilité des
produits ou l'infécondité des parents croisés; mais non le mélange
des espèces.
Nous supposons donc que les Oiseaux qui proviennent du croi-
sement qu'on vient de citer sont indéfiniment féconds, puisque
chaque fois la ponte est uormale et leurs œufs fécondés en quan-
tité suffisante. Mais ce que nous n'avons point dit, c'est que les
individus de cimiuième génération sont exactement les mêmes que
les individus provenant du croisement direct: les mâles sont pres-
que entièrement du type picta, les femelles se rapprochent gêné
ralement de Vamheisliœ. En sorte que, quoique certains sujets
soient quelque peu intermédiaires, nous n'avons obtenu aucun
type réellement nouveau ou race hybride.
Afin d'éviter ce retour aux ancêtres, nous avions pensé qu'il
serait bon d'apparier entre eux des produits nés de croisements où
le rôle des facteurs se trouverait interverti. Cela, fait sur iinp très
large échelle, a été peine inutile. Evidemment, pour oiilenir uue
forme intermédiaire, il faudrait infuser aux hybrides du sang de
l'espèce pure dont les caractères ne sont pas assez apparents.
(I) p. 87.
INTRODUCTION CI
Mnis alors un arriverait, comme dans la formation de beaucoup
de races du reste, à ne posséder que des sujets ayant plus d'infu-
sion de sang d'une espèce (|ue l'autre, Cl' qu'il aurait fallu éviter (1).
l'armi les exemples de croisements que nous avons énumércs,
dans le mémoire présenté à la Sorhonne, il a encore été rappelé
qu'à la Ménagerie du Muséum de Paris on croit être parvenu à
ol)lL'nir six ;;énératioiis d'I'^uplocomes du Nepaul (ou Leucomèles)
croisés d'Euplocomes iijiclhcmeriis. Plusieurs de ces produits nous
ont été envoyés en échange; ils ap|)artenaient à une deuxième et
à une troisième génération. Nous avons cru constater que leur
plumage était sujet à des variations. En outre nous répétons que
nous ne sommes aucunement sur cjue six générations de métis
demi-sang aient éUS obtenues; il y a môme lieu d'en doutei- d'après
les renseignemenls dont nous nous sommes entouré.
Nous ne mentiounons |)as ici les antres exemples d'hybrides, non
stériles, signalés dans le même travail; car ces hybrides, quoique
jouissant de la fécondité, n'ont point encore formé une race se per-
pétuant sans le secours d'infusion de sang des espèces pures.
Les phénomènes de reproduction chez les hylirides et chez les
métis vii'iinenl d'être étudiés; on peut se demander si ces phéno-
mènes, qui s'établissent très différemment dans la génération des
uns et des autres permettent d'en faire le rriterinm physiologirjue
de l'espèce ?
Beaucoup sont tentés de répondre par l'allirmative; nous pen-
cherions aussi de ce C(Mé. On doit, cependant, compter avec les
exceptions. Or, dans notre communication faite à la Sori)onne, nous
avons remarqué que certains hybrides sont doués de fécondité,
même entre eux. S'ils sont capables tie se reproduire normalement
pendant un certain nombre de générations, on ne voit pas pour
quelle cause cette fécondité réelle cesserait tout à coup {•!]. — Nous
serions-nous trompé sur la nature des parents qui les ont engen-
drés; ceux-ci ne méritent-ils point d'être classés parmi les bonnes
espèces zoologiqui's? I-a chose est ti'ès possible.
Aussi, dans l'ignorance où nous sommes de ce sujet, (tout aussi
obscur qu'il est profondément mystérieux), nous nous bornerons
aux constatations faites sans tirer de conclusions.
(1) Si oïl |iiiil jiif;or par un ou diiix exemples isolés, nous avons rem.irqiic!' avec
inlrirl (|iii' les Coqs à (•aiaclries mixtes (fort rares) se monlraienl inféconds ;
l'un d'eux cependant devint inolinijne au liout d'un certain nombre d'années.
(2) On le dit cependant dans lieaucoiip d'ouvrages.
cil DliS HVimiDES A L HIAT SAUVAGE
Un esprit qui voudniil alliM- au delà, voir plus luiu que uous
essayons de le faire, ne manquerait pas de remarquer que les faits,
tels que nous les avons exposés, mènent cependant à une conclu-
sion. S'il existe, en ijénéral, une ditïéreuce très importante entre
l'hybride et le métis, au point de vue des phénomènes de reproduc-
tion, (puisque le premier est presque toujours stérile, le second
toujours fécond), il est néanmoins possible de rencontrer des cas
où l'un et l'autre sont prolifiques. En outre, tandis que l'existence
de races métisses, absolument et invariablement fixes, n'est peut-
être pas sutlisamment établie, l'impossibilité de créer une race
hybride n'est point non plus démontrée scientifiquement. Il y a
donc des cas où la distinction tiénésique de l'hybride et du métis
n'est guère possible; ces cas sont très rares certainement, tout à-
fait exceptionnels dans l'état actuel de nos connaissances, mais
se manifestent parfois.
Nous ne voudrions point nous soustraire à celte critique; nous
l'acceptons avec ses conséquences et nous en reconnaissons toute
la valeur. C'est pourquoi, dans certains cas, au lieu de uous servir
des phénomènes de reproduction comme critérium de l'espèce,
serions-nous presque tenté de proposer comme signe tout spéciale-
ment distinctif, l'indifférence ou aversion qui se manifeste entre
sexes d'espèces différentes au moment même de la reproduction,
lorsque l'animal jouit de sa liberté : cette aversion étant si vive
qu'elle met obstacle à tout rapprochement. — Cette proposition n'est
faite que pour le cas où le classement de parents d'hybrides féconds,
au rang d'espèces ou de variétés, serait bien établi ; car il peut
arriver, nous le répétons, que de tels parents soient mal classés.
Mais d'autres phénomènes accompagnent la naissance des
hybrides et des métis. Les uns et les autres revêtent des caractères
nouveaux propres à leur nature mixte. — L'étude de ces caractères
n'est peut-être pas d'une moindre importance que celle de leur
fécondité ou de leur stérilité. La manière dont le mélange s'opère
dans le produit peut jeter, en effet, quelque jour sur la fécon-
dation croisée. Nous étudierons donc maintenant ce sujet.
i.NïiidDi'criON cm
VLII.
Y ii-t-il fusion réelle (Icscaractèros des parents constituant dansée
cas des traits Irh fiidijcns'! ou pliiti'il le in(daiiy,e n'aboulitil qu'à une
juxtaposition donnant à certaines parties du corps l'aspect d'une
espèce, à certaines autres l'aspect de l'autre espèce ? Quelle est la
part revenaul à chaque fact(!ur? Le nièlanjj;e s'opère-t-il de la niôine
manière chez les hybrides et chez les métis ? — Telles sont les
questions (lu'il est nécessaire de résoudre. Leur solution peut être
d'un grand avantai;e dans les cas douteux d'hyhridisme ou de
métissage observés à l'état sauvage, c'est-à-dire dans les cas où
l'on ignore si les caractères mélangés que présentent des individus
S(mt (lus à un croisement ou à des iuduences cliniatériques (I).
Nous verrous, dans le cours de cet ouvrage, que des Oiseaux,
observés à l'état sauvage, sont intermédiaires entre deux types
purs dont, à première vue, ils paraissent provenir ; que les carac-
tères de ces deux types se fondent chez eux dans une harinonle
parfaite ; qu'une progression constante s'établit lorsqu'ils tendent
à se rapprocher vers l'un ou vers l'autre de ces types. D'autres
Oiseaux représentent aussi sur eux les caractères des deux espèces,
mais ces caractères ne sont pas fusionnés: des parties du plumage
ou du corps appartiennent presque complètement à une espèce;
les autres parties à la seconde es[)èce. — Dans le premier cas, il
s'agit très probablement d'intermédiaires imn métis entre deux
laces ou deux variétés, dans le second cas on a presque toujours
alîaire à des [)ro(luits de croisements.
tA'sont encore les faits, les faits seuls qui peuvent nous instruire;
il est utile d'en grouper un giand nombi-e fiour établir des règles
de quelque valeur. Ayaut rassemblé une foule d'observations,
nous suri(ms en mesure de procéder à ce travail ; malheureu
sèment nous ne pouvons y songer dans cette courte préface ; il
(I) D'après la disposition des caractères rjne revôtenl les produits, des ailleurs
onl cm pouvoir dérouvrir leur provenance. Voy. enire .autres : Ijloger, dans le
Journal liir Urnilli., ISii'i là propos de la l'utifjula homeyeri): Severtzow, in Bull,
des Naturalistes de Moscou, p. :i;i2 el suiv., i") propos d'un Canard qu'il croyait issu
(le la Sarcelle et du Canard sauva^-e ; Tli. Loren/.,' in Journal fiir Ornilliolojrie, ISflt,
(pp. 410 et suiv.), I:inigeg iiber Rackelwild und Halmenfedrigkeit.
CIV DES HYBllIDES A L ETAT SAUVAGE
y a ici matière à un volume. Nous ne ferons donc, tout en laissant
eonnaîti'e noti'c sentiment, (|ue passer en revue les auteurs qui
ont parlé du sujet. — Ils sont nombreux, plus nombreux peut-être
que les observations sur lesquelles ils s'appuient pour exposer
leur manière de voir.
Et d'abord quel est leur enseignement sur les caractères des
hybrides?
Pline prétendait que le produit de deux espèces n'e.st semblable
ni à l'une ni à l'autre, mais forme une troisième espèce (I). Il est
à peu près le seul naturaliste qui se soit exprimé ainsi.
Les auteurs sont unajiimes à dire que riijbride tient de l'un et
de l'autre de ses auteurs. On pourra consulter Willughbei 12),
de Haller (3), Meyer (4), Blumenbacii (5), Bronn (6), Westood (7),
et une quantité d'autres qui sont très explicites sur cette matière.
Mais si les hybrides sont mixtes, sont-ils pour cela moyenu (8)?
Godron, qui a étudié la question, semide pencher pour celte opi-
nion (9), partagée en quelque sorte par les auteurs du A'owrraH
Dict. d'Hist. naturelle (10) et par M. Cari Vogt (11).
Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, qui n'est point étranger à ce
genre d'études, est moins alFirmatif. Pour lui les hybrides ne
sont pas toujours moyens; toutefois ils sont toujours mixtes et
(1) Lib. VIII, LXIX. Willughlipii, Lomlon.
(2) Ornilhologiic, p. 10.
(3) Elementa physiologie' corpnris hiiniani. Berne 176G. t. 8. p. 99.
(4) Mag. jiir Thiergeschichle, Ersten liandes. erstes Stûck, (irellingen. 1790.
(5) Manuel d'IJisl. naturelle, p. 27. (Ti-a.!. de rallemand par Soulango .\rtiiud),
t. I, pp. 118119. 1803.
(G) Natur/jeiichiclite, etc., 1843, p. 172.
(7) ITie transactions of Ihe Enlomogical Society of London. vol. III, ISU 43,
p. 195; Voir encore le Dict. de Bory de St-Vincent. t. X, p. 120.
(81 Besciierelle (Dict. national) donne ainsi l;i jiistilication de ces deux mots :
(( Mixte, qui est mélangé, qui est composé de plusieurs choses, qui participe de
la nature des uns et des autres >i; « Moyen, qui tient le milieu entre deux extré-
mités, entre deux choses. «
(9) Voici ce qu'il éei'it : « Le mélange îles formes est-il réparti dans une pro-
portion égale, et les hybrides de même origine oUrent-ils toujours des caractères
constants"? Il est d'observation que les hybrides (il p:irle de certains genres déter-
minés) sont réellement des êtres intermédiaires entre leurs parents, et tiennent
à peu près autant de l'un que de l'autre. Ils ont généralement une ressemblance
assez grande, mais qui n'est pas cependant aussi complète que celle que présen-
tent les espèces appartenant à une même espèce légitime, etc. ii (pp. 197 et 198
de ['op. cit.). Plus loin (p. 2IX)) il dit : « Les hybrides, nés de deux espèces dis-
tinctes, participent presque également des caractères de chacun de leurs parents ».
(10) T, XX, Paris 1818. p. 489.
(11) Leçons sur l'homme, 1878, p. iioo.
INTRODUCTION CV
forment iiii'iiip de vériliihles iiileniii'iliaire.s (1). D'après Marcel de
Serres, (2) c'est seuleineiil quelquefois qu'ils tiennent le milieu
entre les deux espèces mères. Si nous eu croyons Gloger (3),
Lyell (4), Clievreul (o), ils ne sont point rigoureusement intermé-
diaires
L'iulluence des parents ne se répartirait donc pas chez eux d'une
manière égale — Tiendraient-ils plus d'une espèce que de l'autre?
Oui, répondent les uns. D'après .athénée ((i), ils tiennent plus de
la mère que du père ; cette opinion est partagée par Nieremherg (7),
Zacchias (8), Mérat (9), Cardini (10). Tel n'est pas l'avis du
D'- (lloger(ll), du baron de Gleirlien (12) et de M. Victor Fatio (i:?);
d'après ces derniers, les liyliridtis ressemblent [iresque toujours
davantage à leur père.
Les produits hybrides ])euvent ils aussi se rapprocher complète-
ment de l'un des parents, c'eslàdire |iosséder tous les (caractères
d'une espèce à l'e-xclusion de i'autii'.^ Isidore Geoffroy Saint lïilaire
ré|)nnd catégori(iuemenl à celle (juestion par la négative; il résulte
pour lui, de tous les faits oi)servés, (|ue jamais ils ne ressemblent
à un seul type comiilètement. M. de Qualrefages approuve cette
opinion (14). La nii'me manière de voir est exprimée dans le
Diclwnndirc de Bory de Saint-Vincent.
Quant à savoir s'il y a fusion ou juxtaposition dans le mélange
des lyjies, l'auteur de Vllistoire des règnes organiques admet que
les deux cas peuvent se présenter. « Il peut y avoir fusion plus ou
moins intime des deux types originels; ou, au contraire, simple
(1) nist. générale el par Uculière des Anomalies de l organisation chez l'homme
et les animaux, etc., ou Traité de léralolngie, 1. 1, l'aris 48.32. Pari. II, liv. III.
chap I, p. .'lOr) (en note). Voy. aussi: Hisl. générale des Règnes organiques,
t. III, p, l'on.
(2) Hevue du .Miili. Tuulouse, ISIJo, t. IX, |i. .Vil.
(3) Journal lui Oriiilhologie, n" de septembre ISlii. '3' lictl., Sur l'hybridalion,
etc., p. 'lOt.
(4) frincipeii de Céolo'/ie. 4" part , p. 102, IR.'iO,
(.o) .lournal des Savants, pp, ;(;>;> et Slili. 18'i().
(ti) Cit. p:ir Ijalien. De semine, lib. sei-undus, f» :i3l'>, verso 30" ligne.
(7) Hisl. nul. ma.r. Anvers ni;},'), cli.ip, XXIX,
(8) Questions médico-U'gates, Avenlon ir>,'i7, p. 533.
(!)) Dicl. des Se. mùticates. t. XXII p 138, 18IH,
(tU) Uict. d'Hippalique. 184.S, p. U'.l.
(11) Houstanding, etc., p, ,tI3.
(12) Op. cit., an Vll, p. %.
(13) (Juelijues oh.ierralions sur deux Tétras des Musées de yeufchàlel et de
l.au.<nnne. (liul. Soc, Vaudoise des Se, nal. IX, n° ;i8, 1868).
(14) Voy, Uev, des C, scientifiiiucs. I8f)7-I8rs, p, 7:i2.
CVI DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
wélaiii/c de ces typos, p;ir juxtaposition des cariictères empruntés
à chacun d'eux. Daus le premier cas, les deux types, partout
altérés l'un par l'autre, ne se montrent plus nulle part. .Ailleurs,
au contraire, chaque type est séparément empreint sur l'hybride :
telle région ou tel ordre de caractères est comme chez le père, tel
autre comme chez la mère (1).
Darwin était porté à croire (|ue la fusion des caractères ne
s'accomplit que très rarement, daus des cas tout à fait excep-
tionnels [î). Au contraire, William B. Carpenter (3) parle de cette
fusion comme d'une chose ordinaire. M. de Qualrefages admet
qu'il peut y avoir fusion et juxtaposition (4).
Voici ce que nous sommes enclin à croire :
Rarement l'hybride appartient à une seule espèce ; ses caractères
sont, non moyens, mais intermédiaires ou mixtes, c'est-à-dire
qu'il possède sur lui les caractères des deux facteurs mélangés en
diverses proportions ; le plus souvent les parties qui sont atteintes
par le mélange laissent voir facilement l'influence prépondérante
d'une des espèces mères, en sorte qu'il y a juxtaposition et fusion.
La fusion intime, dans des proportions égales, nous paraît rare
ou plutôt ne point exister. — La plupart des hybrides, nés de deux
espèces bien pures, non altérées par la captivité ou la domesticité,
doivent se ressembler entre eux, non pas autant cependant, comme
l'observe Godron avec raison (5), que se ressemblent les animaux
nés d'espèces sauvages et libres.
Il en est tout autrement lorsque les espèces que l'on marie sont
domestiquées et altérées : la variabilité de leurs produits est alors
la grande règle ; on peut leur appliquer l'expression caractéris-
tique employée par M. de Quatrefages : » variation désordonnée >).
Mais n'y a t-il aucune règle constante et fixe permettant de pré-
voir de quelle manière s'établissent les caractères des hybddes?
M. Edmond Perrier (6) et le D'' Broca pensent qu'il n'en existe
point : « Aucune loi générale, dit Broca, ne préside à la réparti-
tion des caractères du père et de la mère chez les animaux hybrides.
11 y aurait même, suivant les cas, des différences considérables
qu'aucune donnée théorique ne permet de prévoir avant l'expé-
(1) T. m, p. 203.
(2) Variatinns des animaux el des l'ianles, l. 2, p. loi.
(3) Principles oj Buman physiology, p. 'J8G. Loudon, 187C.
('i) Voy. R. de.'! C. soient., I8H7-68, \i. 757.
(5) Op. cit., p. 200.
(0) Essai sur les croisemenls ethniques. (Bull. Soc. anllirop. ISG-i, p. 244).
INTRODUCTION CVII
riciice (1) ». C(: que cuiiliiiiu; (leut iHre M. di: Sclys-Longchamps
lorsqu'il dit (luedans une m(''ine couvée, k il est rare que les hybri-
des soient Inul à fait soinlilaliles les uns aux autres (2) ». Mauper-
tuis (3) pensait que l'incertitude des caraetères s'accroît à mesure
que les espèces hybrides croisées sont plus éloignées. — Ces diverses
théories seraient à examiner de pins près.
Les choses se pa.ssent-elles de même chez les uiétis, nous voulons
dire oliez les individus |inivenaiil du nudange de deux races ou de
variétés (4)?
On reconnaît qu'ils partiijpent, comme les hybrides, de l'un et
de l'autre de leurs auteurs (ri). Dil-(iii qu'ils sont moyens? D'après
(lirou de Buzareingnes (6), on obtient souvent un médium. Mau-
pertuis (7) aurait aussi admis que le produit est mi-partie. Kant (8)
le considère comme toujours et nécessairement moyen. M. de Qua-
trefages ('J) pense qu'il est ainsi (juelquefois, mais non le plus
souvent. D'après Godron (10), il n'est pas réellement intermédiaire.
Beaucoup d'éleveurs attribueraient cependant des qualités moyennes
aux métis (11).
Ceux ci tiennent-ils plus de leur père que de leur mère, ou est-ce
l'inverse'.' Peu d'auteurs, à notre ci)nnaissance, ont fait connaître
leur sentiment sur ce point. .Mais d'après Liodron (12), tous les
(1) Op. cil., p. 574.
(2) Bull. .Vcad. des Se. de Hi-iixcllcs, IS'ili, I. 2.
(S) Cit. par de (jualrefaî,'es. K. C. S. ISC,7-lS(;s, p. Tàî.
(4) Il nous est iiMpossll)le, à noire regret, de ili>tinij;u(^r ici entre les produits
de variétés el les produits de races croisées. Ce sont là (-(^pendant des êtres dillé-
renls. l.a variété étant nue création très récente, de faillie importance ; la race étant
établie plus anciennement, avec îles caractères plus tranchés, plus marquants, il
peut se faire ifue les mêmes phénomènes ne se produisent pas dans les caractères
des produits des unes et dans les caractères des produits des autres. — Mais une
telle distinction, très subtile d'ailleurs, nous entraînerait beaucoup trop loin, e',
nous ne disposons point d'assez noml)reu.\ exemples à citer.
(:>) Voy. Hi-'»''- gi'n. den atuiinnlies, p. .JIOC), 18:i2; liaces humaines (Des carac-
tères), par Edwards, 1829. p. 23: le Dict. de Deterville, 1838. t. XXIII: les Mém.
de la Soc. d'Kthnologie de Paris, 1841, in 8", t. I, p. 21 (ietln- à M. .Xraédée
Thierry, p. M. Kdwards), l. Il, p. 21, etc.
(6) Cité par de Oualrefa^'es. R. C. S., p. 7;i2.
(7) Cit. par le même auteur.
(8) Cil. aussi par M. de Qoatrefages (même ouvrage).
(9) Même ouvrajje.
(10) De \i:sptce, p. 212 el iV.i.
(11) Si nous en croyons le Bull, de la Suc. d'Acclim., t. VIII, année 18CI, p. '£'<>.
(I2l De VEsphe, pp. 212-21:».
CVIII DES ItYBRIDES A l/ÉTAT SAUVAGE
observateurs seraient iinaiiiines à n'ooiiiiaiire (jue ce sont les
caractères du père qui doniiiieut le plus géuéralement.
Les métis peuvent-ils être entièrement semblai)les à une seule
des espèces qui ont contribué à leur formation? Broca dit que
« dans les alliances qui s'effectuent entre les variétés d'une
même espèce le produit est quelquefois entièrement semblable à
l'un des pareuls ». Toutefois cette observation ne lui étant point
personnelle, il cède la parole à Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire ([ui,
dit-il, a découvert ce fait(l). — Geoffroy a écrit, eu efiet (2), que sou
vent les métis ressemblent à l'un des individus qui leur ont donné
naissance, (iodron reconnaît l'exactilude de cette observation ;
« il arrive, écrit-il, f|ue la variété revient d'emblée, soit à l'une
des deux origines, soit à un ascendant plus ou moins éloigné ».
M. de Qualrefages (3) n'admet ce cas qu'exceptionnellenieut ; il
i-emarque, à l'appui de son dire, que pour qu'il y ait ressem-
blance unilatérale, lorsque deux races se croisent, il faudrait que
chez l'une tous les caractères aient une ténacité supérieure ; ce
concours de conditions ne se produira que bien raiement (4).
Arrivons aux questions de /m.sww et de juxtaposition, quoique
peu d'auteurs paraissent avoir abortié ce sujet. — (( En général, dit
M. Malhias Duval (5), lorsqu'on croise deux races, leurs caractères
tendent à se fusionner d'une manière intime ; mais il eu est qui
semblent se refuser à se concilier ainsi et se transmettent de l'un
des parents ou de tous deux sans modilication au produit du
croisement (0) ».
M. de Quatrefages admet que le croisement des races de la
même espèce est suivi, tour à tour, des phénomènes de fusion et
de juxtaposition (7). Dans le Bulletin de la Société d'acclimata-
tion (S), on parle aussi du mélange égal (-omme possible, non
comme continuel. — Mais contrairement à ce qui se passe chez
l'hybride, la variabilité serait l'attribut essentiel des métis et
principalement des métis provenant de variétés. Geoffroy a accepté
(1) Il renvoie au Dicl. classi(]ue. d'Hist. nal., I. X. p. 1-21 (art. Mammifères),
Paris, 18"2;i, in-8°.
(2) In Hisl. gén. des Règnes organiqiics, p. 300, 1832.
(3) R. C. S., 18fi7-68, p. 7ri2.
(4) R. des Cours scienUfiques, 1867-68, p. 755.
(.5) Revue scientifique 1884. n» de fév.
(6) I^'auteur fait ici .illusion aux expériences de Darwin sur le croisement des
Souris grises et des Souris l)lanclics dont les produits, on le sait, ne sont ni pie ni
d'une nuance intermédiaire. Mais c'est là un cas spécial.
(7) H. des ('.. Se., 1807-1868, p. 7,'i7.
(8) .-Vnnée 1861, I, VII!, p. 257.
INTRODUCTION ClX
en quelque sorte celte manière de voir; Goilnm a recomui nue les
. métis sont plus v:ni;ihles (|U(^ les hybrides.
Il y iiiirait ijoni- lieu île (Jistiiigiicr. li'iipi'r.s w (|nr nous \i'nons
de voii-, le métis de l'hybride par plusieurs poinis qui sont princi-
palement : 1" la resseniblancp iinilalérale ; 2» leur variabilité. Ku
outre, le métis peut eniprunicr ses caractères à l'un de ses ancêtres,
différent des races dont 11 provient. Il est à peine besoin de faire
remarquer que si la distinction par les deux premiers poinis n'est
pas absolue, elle l'est par ce dernier caractèie. 11 est de fait impos-
sible que le croisement de deux espèces pures, c'est-à-dire origi-
nellement constituées, telles qu'elles se piésentent aujourd'hui à
nos yeux, puissent donner naissance à un atavisme (luelcoiuiuc.
La distinction absolue entre l'hybridation et le métissaj^e, par
les caractères que levèt le produit, réside donc dans rini[)0ssibililé,
chez la première, de ce retour vers un autre ancêtre; la possibilité,
chez la seconde, de cette ressemblance ancestrale, très fréquente en
effet, sinon totalement, au moins partiellement.
Nous parlons du métissage de races doiiiesliquées et de l'hyjjrida-
tion d'espèces sauvages, car les mêmes phénomènes ne se re|irodui-
raientplus dans le cas opposé. — Si deux races, naturellement cons-
tituées, s'alliaient entre elles, nous sommes persuadé que les pro-
duits (|ui en naîtraient offriraient une grande régularité dans leurs
caractères. Au contraire, nous l'avons remarqué, dans l'alliance de
deux espèces domestiquées ou obtient des produits dépareillés,
parce qu(! ces espèces domestiquées n'offrent point i)ar elles-mêmes
d(! caractères stables.
Vraisemblablement les contradictions, (|u'on observe dans les
appréi'iations (|ui ont été rappelées, viennent de ce que la distinction
que nous signalons n'a point été observée. Oue l'on marie un de
nos Chiens domestiques avec un Loup ou un Chacal, il ne faudra
pas être surpris de rencontrer dans la môme portée des jeunes de
types dilîérents, le Chien ayant subi de nombi'euses ti'ansfoi ma-
tions. De môme si l'on accou|)le des Anes et des Chevaux, on devra
s'attendre à obtenir des Mulets disparates, l'espèce Cheval et
l'espèce Ane ayant subi de grandes modifications dans leur forme
et leur couleur primitive. Dira-l-on pour cela que les produits
d'espèces sont variables'? Non certainement, car il en serait tout
autremest si on alliait deux espèces dont les caractères n'ont
point été altérés par la captivité ou la domesticité.
.Vous sommes donc enclin à penser, on le voit tout de suite, qu'à
ex DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
l'exct^ptiou des phénomènes d'atavisme el de uraiide variabilité,
propres au croisement des races, les auti-es pliùiiomènes sont à
peu i)rès les mêmes dans les caractères des hybrides comme dans
ceux des métis.
On sera peut-être satisfait de savoir ce qu'ont pensé à cet égard
les auteurs qui se sont occupés de la question. — Voici comment
s'exprime M. de Quatrefages : « 11 est impossible, dit-il (Ij, de
formuler une conclusion générale qui permette de regarder
l'hybridation et le métissage comme caraclérisés par l'un ou l'autre
de ces modes de transmission » (il parle des phénomènes de fusion
et de juxtaposition). (( On avait dit, ajoute-t il, que la ressemblance
unilatérale était propre au croisement des variétés ou de races
entre elles, tandis que l'on caractérisait les unions hybrides par
la ressemblance bilatérale des produits. Nous avons vu qu'il
importait d'écarter ces conclusions absolues. On avait voulu
rattacher exclusivement, dit-il encore, les faits de fusion aux
produits hybrides et les faits de juxtaposition aux métis. Nous
avons vu qu'en y regardant de près, il n'y avait rien d'exact dans
ces assertions et que l'observation des pliénomènes de cette nature
ne nous conduirait nullement à poser une règle générale ».
Darwin a écrit ceci (2) : « Quelques auteurs ont beaucoup insisté
sur le fait supposé qu'il n'y a que les métis qui ne soient pas
intermédiaires par leurs caractères entre leurs parents, mais res-
semblent beaucoup plus à l'un d'eux. Le fait arrive aussi aux
hybrides, mais je dois reconnaître qu'il est moins fréciuent chez
eux que chez les métis». On se rappelle que Geolïroy Saint-llilaire
avait au contraire écrit que les hybrides sont toujours mixtes. Il
n'admettait donc pas pour eux la ressemljlance unilatérale comme
possible et trouvait là, sans doute, une distinction entre l'hybride
et le métis.
On doit sagement remarquer ici avec Grogiiier (3) que l'état cons-
titutionnel ou accidentel des reproducteurs contribue puissamment
à leur influence réciproc|ue. La prépondérance naturelle du mâle
est augmentée quand il appartient à une race plus ancienne que
celle de la femelle, quand il est jikis fort, d'un âge plus nourri,
mieux soigné. M. de Quatrefages dit aussi avec beaucoup de
raison que « dans la lutte des actions héréditaires portant souvent
sur des caractères opposés, la moindre dillérence d'énergie de part
(1) Ue\ . des Cours scientilii|ues, 1867-68, p. 757
(2) Origine des Espèces, Trad. française, p. 301.
(3) Maison rusUij^ie, p. 4,'i:i.
INTRODUCTION CXI
et (l'autre siillil i)our doiuier mie victoire complète à l'un des deux
termes et pour exclure le plus faillie d'une manière plus ou moins
absolue (1) ».
De là certainement ces différences dans les caractères des jji'o-
duils que nous ne pouvons piévoir à l'avance, « l'inégalité
d'action », suivant l'expression de Darwin (2). modiliant « le résul-
tat (lu croisement ».
Rapprochons maintenant les phénomènes (|ui ont lieu dans les
croisements de races et d'espèces de ceux qui; l'on ohsiM've dans
les unions ordinaires. Ce rapprochement ou parallèle pourra cire
de quelque intérêt. — Nous indiquerons ensuite, d'après les auteurs,
quelles sont les parties des iiioduils (hybrides, métis, ou ordinaires)
que \\m suppose soumises à linllucnce particulière de clia(]ue
parent.
De même que dans les unions croisées, hybrides ou métisses,
ou reconnaît, dans les unions ordinaires, (c'est-à-dire celles qui
ont lieu entre individus appartenant à une même race ou à une
même variétéi, ipie le produit lient de ses deux auteurs. Souvent
cependant, si nous en croyons .1. (ieofIroy-St-Ililaire, il se trouve
être, dans ce dernier cas, exclusivement semblable soit au père,
soit à la mère. Cela arrive, dit il, lorsque les parents sont de
couleur dillérente (3).
Réservant ce derniei cas ('i), nous croyons cjue l'on peut
enseigner que les produits sent très variables et qu'il est
impossible de [iréjuger de leurs caractères avant l'expérience.
l'euvent-ils éti'c moyens ? N'raisemblablcmcut (mi ; mais ce sera
l'exception.
On constaterait donc chez eux la ressemblance unilatérale et la
ressemblance hilnléralr, la varialiilih! ei aussi le rrhtur à l'anrclrr ;
en quoi ces phénomènes se rapprochent sans doute beaucoup de
ceux que l'im observe dans le croisement des races.
\'oici maintenant comment, dans les cas de jnxlaposilion, on
répartit les parts revenant à chaque parent. — On dit généralement
que la forme et les dimensions de la tète, des oreilles, des membres,
de la ([ueue, des exlrémitiss en un mot, sont fournies par le père ;
tandis que le volume et les dimensions du corijs, la forme du
(1) Hcv. des C. scient. I8t)7-(yj. l. .ï, p. 754.
(2) Vuiiations. l. Il, p. '.lil.
1^) Il paile d'Oiseaux, de liiilliiiiicés. {[Cssais de zoologie, p. 51G).
(4| ^lue nous traiterons plus loin, p cxiii.
CXII DES HYBUIDES A L ETAT SAl VACE
Ironc, la taille, la grandeur, la forme du liassin, etc., tiennent
de la mère. Nous avons con.sulté Bonnel (I), Blouk (:!), Scheid-
weller (3), Carpenter (4), Lucas (5), La Perre de Roo (6), Godron (7),
Broca (8), Meckel (9), qui enseignent en tout ou partie cette règle
que Bulïon (10) parait avoir le premier établie ; Linné (M). Giron
de Buzaraigncs (i2),Valinont de Bomare (13), Hofacker (14), Kuiglit,
Grognier (15), Burdach (16), Frisch (17), émettent la même manière
de voir sur plusieurs points.
L'apparence ou la partie extérieure, la peau, la couleur, le poil,
les cornes, les nerfs, les ligaments, les tendons, la voix, les organes
sensoriels, le cerveau, toutes les parties destinées à la vie de rela-
tion, le teuipéramenl aussi, ainsi que la durée et la sobriété, tien-
draient du père. L'organisme, les fonctions, la structure et la
disposition clés organes intérieurs, les fonctions de nutrition,
d'accroissement et de sécrétion, tous les viscères et les parties de
l'être se rattachant à la vie organique, même l'énergie, la vivacité,
le caractère, tiendraient de la mère. On pourra consulter sur ce
sujet: Linné (18), de Haller (19), Bufîon (2U), Orton (21), Carpen-
(1) Considérations sur les corps orgiiniscs, p. lOo, XXXll. Des Mulels. in
(Euores d'Hist. naturelle, 1779.
(2) Op. cit., p. 12G.
i'S) .lournal des Haras, t. XLV.
(4) i'rinciples of Hnman physiulogij, p. 'J8().
(à) Traité phtjlosophique et physiologique de l hérédité naturelle. Paris, ISliO,
11, 5.
(6) Op. cit., pp. ;!2 et 33.
(7) De l'Espèce, p. 19'.)
(8) Op. cit., pp. o73 el 57'!.
(9) Traité général d'.inatoinie comparée pp. 407 el 408, 1828.
(10) Mammijères, des Mulets, t. Il, p. OiiB, el Oiseau.i\ Du Serin, l. , p. 405.
(H) Cil. par Meckel. Mickel le cite d'après Knijjlh.
(12) De la génération, eliap. Vlll, pp. 122-123 (cit. par Lucas, p. li).
(13) Dict. d'Histoire naturelle, p. 93, cit. p. Lucas, p. ;i.
(14) Ueber die Eigerschaften, etc., p. 90 (cit. p. Godron, p. 199).
(15) Cours de multiplication et de perfectionnement des animaux domesti-
ques, p. 82 et p. 234 (cit. (mr Gjdron, p. 199).
(10) Traité de l'hysiologie, etc., 1838, t. Il, p. 185, in-8», cit. p. Godron, p. 199,
et par Lucas, p. 5.
(17) Cit. in Nouv. Dicl. d'Ilisl. naturelle, t. XX. Paris, ISI8.
(18) Gêner, umbig., p. 15; alinéa 7. Voy. aussi le youveau Dict. itllist. nat.
(t. XV, Pans. 1818), où on fait coiinaitre les vues de Linné.
(19| Oit. in Amœni. academi. Vol, G. lienerat. ambig.
(20) Du Serin.
(21) On the physidlogy of breeding (cit. par Broca, op. cit., pp. .■>70, 574).
INTRODUCTION CXIII
1er (1), Hroca (2), V Encyclopédie priitUnw û'iujrkHUure (3) et les
auteurs des Crania hrilannicn (4).
Quiiiil à la peau, à la couleur et aux poils, on ne parait pas
tl'aci'onl. — Nous lisons dans Hulîon (ii) que le poil et les couleurs
(([M on doit ref^arder comme faisant partie extérieure du corps)
tiennent plus du côtt'' i)aternel que du cAlé maternel ; Lucas (6) et
lîodron (7) font à peu près les niéines remarques. Mais lîonnet (8)
écrit au contraire que le Mulet lient sa couleur et son poil du
Clieval (qui est sa mère); Gauthier (!)) dit de môme (|ue la peau, la
plume ou le poil (et môme la voix), sont de la mère ; ces diverses
remar(|ues étant applicables aux Oiseaux comme aux Quadru-
pèdes. 11 y a donc là contradiction. Peut-ôtre pourrait-on, en ce
qui concerue le poil seulement, concilier les deux opinions
opposées en disant, avec Sclieidwellcr (10), (jue la farmc des poils
est du mâle, tandis que leur longueur est île la fiMuelle. luicore
(lit on positivement que le père inllue sur la longueur de la
toison (11); .Moll pn-lend du reste que hss deux parents innucnl
également sur la robe.
Knfin chez les Mammifères on a écrit i|ue les femelles tiennent
en général plus de leur père que de leur mère (12); le (-(Udraire se
produii'ailchez les Oiseaux (13). — Nous ne saurions nous prcmoncer.
Il sei-a bon de faire remarquer ([ue ceux (|ui adoptent les diverses
règles (|ui viennent d'être énoncées ont soin d'ajouter, avec
raison, (pi'elles sont sujettes « à de nombreuses et à de fré(]uenles
exceptions ».
(1) Op. cil.
(2) Op. cit., p|>. o7:{, 574).
{■.i) T. X. l'aris, mili, p. 0«.
(4) Cil. p. Uioca {op. cil., pp. .'iTIt, ,')7'i).
(5) Ou Serin, p. '.O.i, t. I.
(Cl) Trailé philosophique de l'héréiiile, vol. Il, p. ii.
(7) De l'Espèce, p. 21.'}, t. II.
(8) Op. cit., p. io:t.
l'.t) Ubiervation sur lu ///i/y.^n/i/c, Juuiiial ik's Sciences et des .Vrls, par Tous-
saint. Paris, :i vol., in-i", 171)6, p. H(i.
(III) Journal des Haras, p. 137.
(tt| Ue VEupi^ce, t. 1, p. ti.i.
(12) Pour la race chevaline, voy, Henri ilo l'arville, In Journal des Déhats, à l'arl.
Hcv des Sciences.
(i;j) Voy. (iinelin. — ("esl cepe[idanl lout foppiise que nous conslalons dans noire
élevage de Poules Cochincliinoises ^, et l'adiuie, var. à huppe lilene (J' : pres<|ue
Ions les produils leiiielles ont une tendance uiar(|u(ïe à rappeler le lype de l'aucOlre
paternel, 1,'asserlion de Innelin se Irouve répelée dans li' Af/iir. Dicl. (illixl. nal.
l. XX, p. V.U. Pans, Isis.
Suchelel. — 8
CXlV DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Nous n'avons rien dit des croisements entre animaux albino:s (^t
animaux de couleur; il serait de règle que le produit, auquel ces
croisements donnent naissance, soit ou all)inos ou de cnuleur. Il ne
serait point mi-partie, du moins lorsqu'il s'agit de races. Ou cite
principalement, en faveur de cette manière de voir, les expé-
riences de M. Coladon, pharmacien à Genève. « Celui-ci éleva, dit
Etivvards (1), un grand nomlire de Souris Ijlanches et de Souris
grises ; il commeur;i alors une longue suite d'expériences en
accouplant toujours une Souris grise à un^ Souris blanche. Or,
chaque iiidi\i(lu provenant de ces unions était, ou entièrement
gris ou entièrement blanc; point de métis, point de bigarrures,
rien d'inleimédiaire ».
Ces expériences ont été coalirmées en tous points par celles de
M. Jean de Fischer qui obtint, nous dit-il, jusqu'à 18,717 ])roduits.
Jamais, d'après lui, on n'obtient de sujets panachés. Même résultat
pour les Rats noirs et les Rats blancs, dont il aurait obtenu 27..'il(l
jeunes.
Ce fait n'est pas i)articulicr aux liaison aux Souris: il s'étend
à tous les animaux albinos. « Sir R. Héron, dit Darwin (2), ayant
pendant plusieuis années crtùsé des Lapins angoras blancs, noirs,
bruns et fauves, n'a jamais trouvé, une seule fois, ces diverses
nuances mélangées sur un môme individu, bien que souvent les
quatre couleurs se trou\assent dans une même portée».
Scheiilweiller cite (3) aussi les bètes à laine, rappelani (pn' les
noires et les blanches, accouplées ensemble, ne donnent que des
blanches ou des noires, lareinent des bètes laclietées.
On pourrait multiplier ces exemples et parler, entre autres, des
Tourterelles blauciies et des Tourterelles blondes qui ne ]n-oduiseut
généralement que des blanches ou des blondes.
Il se rencontre cependant des exceiitions. .\insi, d'après le Jour-
nal des Haras (4), « une Vache iilauche accouplée avec un Taureau
brun foncé du Tyrol donne toujours des Veaux rouge clair ». Isidore
Geullroy SaiutHilaire a obtenu de l'union du Daim noir et du Daim
(1) Itaceg huiiuiiiief, des caractères. \t. 25, ISiU. Un trouvera encore le rocit de
M. Kdwards dans les Méiii. de la Soc. d'Ktliiiologle de Paris, IS'il, I. I, part. I,
pp. 21-22.
(2) VarUilions det Aiuiiiiii.r et des l'iaiites. I. 2, p. '.lit.
(3) In .tournai des Haras, IS-IS, t. XLV. Considrratiuns sur les principes des
croisciiienls.
(4) Même page.
INTRODUCTION CXV
l)l;iiic des petits variés (I;. Chainbon (2), Giiou de i]ii/.arciuj;ues (3),
dit Godroii (4), rappellent des faits identiques dans les espèces Ovine
et Ciievalliie ; Masii (ii) dans celle du Pni-i'; M;uiporluis ((!), dans
celle (li's C.liieiis ».
M. \:iii Keinpeii, le distingué uaturaliste-collectioiiueur di' Saint-
Oiiier, possède une (lane blanche avec (pielqnes |)himes imir
l)leuàtre : cette (-ane est issue d'un (laiiard I.ahrador cf et d'un
Canard nii;;non lilaiii- Ç. M. Eugène Hulïel, de Villers-Brelonneux
(Somme), a (dUcnu d'un couple de (lalfals, le màhuHant blanc, la
femelle iHant grise, ([uatre jeunes dont deux blanc |)ui' (■(unine
le père, un gris coin nu; la nièie, mais un dernier tacheté de gris
cl de blanc. M. Fontaine, propriétaii-e à Maicq en-Baneul, ]»rôs
Lille, conserve empaillés trois inc'tis de Tourterelles dont le dos
est jaune tandis que le reste du plumage est blanc avec le collier
noir bien marqué ; ils proviennent d'une Tourterelle blanche et
d'une Tourterelle blonde.
Dans le croisement du Bouc blanc d'Angora et de la Chèvre
noire, observé [)ar M. Bourlier, en ,\sie, la toison produite est
niarbiée de couleur fauve, ou ardoisée sur un fond blanc non pur (7).
Mst il besoin de rappeler que le Furet et le Putois dounetil des
produits de couleur mélangée.
M. le D'' KnEi)eliu, (|ui expérimenta sur les Souris blanches et
sut les Souris giises, ne paraît avoir obtenu dtr jeunes entièrement
blancs ou entièrement gris ([u'à la cinquième génération ; au
didiiit de ses expériences, il avait des petits tachetés de gris et de
blanc (S).
Quoi(|u il en soit, au dire du nahiraliste, M. Jean de Fischei-,
que nous venons de citer, on n'obtiendrait jamais, dans les croi-
scmcnis d'espèces, de jjroduits entièrement blancs ou entièrement
d'une ;iulr(i couleur, comme cela se passe dans le croisement des
races. Mais M. ,lean de Fischer, à l'appui de son dire, ne cit(!
(1) Hisl. jt'ii et iiurticul. (/es «noiiia/ifw île l'organisation , I. 1. |i. M'i. (Cit.
par (iodron, De i'/;s/)i''ic, t I, pp. H'o ut 216).
(2) Traité de l'Uducation des Moulons, l 11, p. 207 et 275.
(S) De la gén&ralion, Paris, 1>^28, ln-8», pp. 120, 12C, 307 et 308.
{^) De l'Espèce, t. I, p. 2I(>
(o) lier naturforscher. I. .\S'. p. 27.
(0) Œuvres, 175;t, in 12. I. Il, p. 3H8.
(7) Bull Soc. Actl. 1S,'>S, \t 171. Itiippoil sur les Chèvres d'.lngora, etc., par
.M. Uri'iiis.
(S) Zoologisclie fiarten, Iss',, |ip. ;;8 ,•{ 5;).
CXVI UES IIYBUIDICS A L ETAT SAUVAGE
d'auln; exoiiiple, cruyons-iious, (jiie celui du Fui'el ut du Putois
qu'il rapporte à des espèces distinctes, opinion peu acceptée (1).
Un |»oiut est encore à envisager dans les caractères des produits
croisés. Le renversement des termes père et mère les modifie-t-il ?
— Oui, s'il est vrai ([ue le mâle influe sur certaines parties et la
[emelle sur d'autres parties, comme on vient de l'expliquer. Tout
le monde sait que le Bardeau, issu du (llieval et de l'Anesse,
dillère sensildement du Mulet, issu de \\\ne et de la Jument.
De ce fait on a conclu que l'interversion dans le rôle des facteurs
amenait des modifications dans la descendance. Aussi, beaucoup
d'auteurs ont ils cru pouvoir déterminer le sexe des facteurs.
Godron dit positivement (2) « (ju'il est possible de déterminer a
priori, par l'examen du bâtard, quelle est l'espèce à laquelle
appartient son père, quelle est celle à hujuelle se rattache sa
mère ».
Nous nous demandons si on peut étendre cette remarque à tous
les liyl)rides? — Frédéric Cuvier (.3), tout en reconnaissant que, si
les phénomènes d'hyliridation étaient plus noml)reux, on pourrait
peut être apprécier l'influence de clia(|ue sexe dans la fécondation,
dit néanmoins « qu'il ne pai'aît pas que ce qu'on a cru pouvoir
déduire eu général à cet égard, ait rien de rigoureux ; et si, dans
(|uelques cas, certains métis lessemhlent plus à leur père qu'à
leur mère, c'est le contraire dans d'autres: de sorte, ajoute t-il,
que la seule chose vraisemblable aujourd hui eu ce point est que
l'influence des sexes est accidentelle et relative à l'état des indi-
vidus ».
Il nous a i)aru que lorsiiuè les espèces sont bien pures chez les
Oiseaux, (cette condition étaut considérée comme indispensable),
(I) Nous sommes enlré dans ces qiieUiucs délails parce ([He M. Jean île l'isclier
se sert de ces phénomènes pour prétendre que l'Iioiiime tlaiic el l'IioJiime noir sont
deux espèces distinctes, aUendu que de leur union sort un métis. — Nous nous
demandons quel nipport il peut y avoir entre un liomnie Ijlanc, de la race cauca-
sienne, et un albinos? Comment donc M. de Fischer peut-il établir un parallèle el
des rapproclienienls entre l'union de la race nèyre el de la race caucasienne et
Tunion d'un animal albinos avec un antre qui ne l'est pas? Pour donner quelque
vraisemblance à sa théorie, il faudrait au moins qu'il |irouve que. de l'uniim d'un
blanc albinos et d'un nègre, il nait un individu mi-partie albinos et mi-parlie
nègre. Mais un tel exemple n'est pas à citer. Nous n'entrons pas du reste eu
discussion à ce sujet, puisque, nous l'avons dit, nous ne nous occupons point de
rbomuie dans nos éludes.
{2) Op. cil., p. 200.
(3) hicl. de 1,1-vrault, art. Hli'li.-i.
INTRODUCTION CXVII
le riMiversemeiil des termes père el mère ii'iiilhieiice |)oiiU le
l)i()(iiiit (luniil à son plum.i^e. A r;i|ipiii de notre dire, uons citons
Ip. ;il() de ee livi-e) les f;iits suivants: 1» Deux wudea lùiploraiims
inrliiiKitiis cT X l.iiifalu!^ nujnarulii 9, semblables entre eux et
sembiMbles iiiissi à un antre niàle provenant d'un iin'lanotns 9 et
(l'un rininnuilii cf. Si (pielques léj,à'res dillérenees existent, elles
sont plus sensibles entre les deux exemplaires du premier croise-
ment qu'entre ceux-ci el l'exemplaire du second mélange ; 2° Un
mule demi-sang- ïhaiii\ndca ainhcrsliif cf X Th. jiieln 9 ayant le
plumage semblable à un (^oq provenant, au coniraire, d'une
iimhcrxtid' 9 et d'une pirtd cf.
.Mais d'autres cas, nous nous emiiressons de le reconnaili'e,
peuvent venir à rencontre de cette manière de voir, que nous ne
soutenons point d'ailleurs. Nous pensons, néanmoins, que des
ornitliologisles se sont tro[) bâtés lors([u'ils ont voulu, à la simple
inspection d'un hybride, renconti'é à l'état sauvage, déterminer le
sens des deux facteui's (1).
Beaucoup de faits pourraient seuls nous renseigner sur cette
intéressante question pour laifuelle la lumière n'est pas encore
faite ; nous ne sommes point à même de les produire à l'heure
|)résente.
Nous avons parlé des phénomènes de reproduction chez les
hylirides et ehez les métis ; nous avons étudié brièvement les
caractèi'cs des uns et des autres ; dirons-nous queli|ues mots de
leur sexualité '.'
On aurait remarqué que le sexe mâle domine chez les [)remiers ;
nous croyons celle remarque juste, l^irmi les hybrides d'Oiseaux
observés à l'état sauvage, on rencontre beaucoup plus de mâles que
de femelles ; le fait est certain. Mais peut-être les femelles hybrides,
dont le plumage, uniforme et sans éclat, ii'atlire point l'attention,
passent elles inaperçues '.'
La chose est possible. Gependanl des observations recueillii^s
par Bullon, il résulte que le nombre des mâles Mulets est plus
grand (]ue celui d(!s femelh^s. Dans les Oiseaux, dit-il, le nombre
des mâles excède de beaucoup celui des femelles (2). V^oici fiuelques
ehifîres cités par le grand naturaliste : « Le nombre des mâles dans
ceux qu'il a obtenus du Bouc et de la Brebis, est comme 7 sont
(1) Nous avons elle quelques exemples, p. 182, en mile.
(2) Voy. p. 457, t. I (de nviit. citée).
CXVIII DES llVliUlDES A L ETAT .SAUVACE
à 2 (1) ; dans ceux du Chien et de la Louve, ce nombre est
encore comme 3 sont à 1 ; et dans ceux du Chardonneret et de la
Serine, comme Ki sont à 3 (2) ».
Quant à savoir si les Mulets mâles provenant de l'Ane et île la
Jument excèdent le nomi)re des Mules, P>Lilïon prit bien quelques
informations; mais aucune des ré[)onses qu'il reçut, ne déterminait
cette proportion. Toutes ces réponses, cependant, s'accordaient
à faire le nombre des mâles Mulets ]j1us grand que celui des
femelles (3).
Nous avons demandé à une poisonne, qui a élevé des hybrides de
Kaisans, ce qu'elle pensait à ce sujet; elle nous a répondu, assez
vaguement d'ailleurs, que cela dépendait du couple et des espèces.
Le même couple, qui donne une année plus de mâles, donnera
peut-être plus de femelles une autre année (4).
Ayant été en correspondance jiendant longtemps avec un grand
nombre d'éleveurs, qui expérimentaient pour noli-e compte ; ayant
nous même obtenu de nombreux hybrides, nous aurions pu
facilement nous mettre au courant de cette question, qui n'est
point dépourvue d'intérêt. Mais, parmi les nombreux matériaux
que nous avons rassemblés sur les hybrides, nous ne trouvons
point de notes sulTisantes pour nous permettre de traiter le sujet
avec compétence. Nous le regrettons, car si l'on réunissait, sui-
vant l'idée de Bulïon (5), un grand nombre de faits sur cette
question, « on pourrait expliquer ce qui reste de mystérieux dans
la génération par le concours de deux individus d'espèce différenle
et déterminer les proportions elfectives du mâle et de la femelle
dans toute reproduction ».
Nous nous rappelons cependant les faits suivants ; ils appuient
presque tous les remarques qui viennent d'être faites :
Dans le croisement de Turtur risoria $ X Colnmha Ikia cT.
dont nous avons eu cinq jiroduils, tous étaieul mâles.
M. Colcombet, de Saint-Etienne, ayant obtenu deux hybrides du
même croisement, eut mâle et femelle. Donc 6 mâles sur 7 individus.
Deux Pigeons hybrides de Ramier et de Pigeon ordinaire, que
nous nous sommes procurés, étaient mâles. Dans le croisement
(1) Bulloii a-t-il jamais obtenu ces hybrides?
(2) Voy. p. 460 (même ouvrage).
(3) T. III, p. 3. Svpp. à l'ilist. des (Juadruiihles.
(4) Nous ignorons loulefois, nous nous empressons de le diie, si la personne ipii
nous a envoyé le renseignement est à même de donner des indieations séiieuses
sur ce sujet.
(5) Exprimée à la p. V.i~ du t. I.
INTUDDr-CTION CXIX
(le Tiirtiir risoriti X Tiirliir aiuitas on ii, croyons nous, hicn
|j1us de nij'iles que de femelles. I);iiis les journaux qui anuoncenl
(les Mulets de Clianlouuerets el de Serin, il est presque toujours
(]Mestiou de mâles ; ou trouve cependant assez de femelles dans le
commei'ce.
D'une LoMvr et d'iiii (^hien (chez M. ïardy), n(His avons obtenu
{rois pelils doni le sexe de deux ji'uiies a éU' reconnu : ils étaient
mâle el feuu'lle. Mais d'un Loup et d'uni' (lliienne (remis chez
M. Mailler, à l'arisl, vinreid neuf petits, dont (i mâles et seulement
3 femelles.
Si nos souvenirs sont exacts, d'une (Colombe nu([ue perlée el
d'une Tourterelle oïdiuiiire, c(iu[>le en clu-plel chez M. Bullel, ne
sont sortis que des mâles.
l)'un mâle lliiiildriuniis iiicliniiittts et d'une femelle K. i(Ujn<iiidii
(chez .\J. de la linuueïoudl, on a (ddenu il mâles et (i femelles, ou
l'inverse.
Au sujet des croisements de races, nous ne sauiioiis rien
préciser ; nous savons seulement que dans nos croisements de
(loqs padoue (var. hollandaise à hup[)e blanche) avec Poules de
(Jochiuchine sont nés un ^rand nombre de mâles.
La couslilutiou physi(iue des hybrides est e. le mieux établie,
ollre-l-elle plus de résistance que celle des espèces pures? En un
mo'. la force vitale des jiioduils croisés est-elle supérieure à celle
d(;s individus normaux ? Celle (|uestiou peut eucoi-e retenir notre
altenliou pendant (]uelques instants.
(lardiiii l'épond ciue les hybrides vivent 1res longtemps pour la
plupart. " L'âi;e du Cheval et de l'.Vne, dilil, ne va que li'ès rarement
au delà de quarante ans, et ces animaux produisent des Mulets dont
(piehiuesuns sont parvenus à plus de quatre-vinj^ts ans (1) ».
Cardini fait ici allusion à un fait cité pai- Arislote el rappelle
d'ailleurs en tous points ce (|ue dit le Nouveau Dictionnaire
d'Histoire iKilurcllc (2).
.M. de (Jualrffajies paraît être de celle opinion : « On sait, dit il,
que liiez les .Mulets une plus grande vigueur musculaire et une
résistame plus longue à la fatigue coïncident avec la destruction
des fonctions génératrices. Comme chez certaines plantes hybrides
infécondes, aj[oule-t-il, mais à un degré plus marqué, il y a eu
pour le Mulet rupture dans l'équilibre vital en faveur des organes
(Il Dictionnaire tl' JJeppatique, 184ti, p. 14il.
(2) Paris, 181S, t. XX.
CXX DES IIYBUIDES A L ETAT SAUVAGE
et des fonctions de lu vie individuelle, mais au détriment des
fonctions de reproduction, qui sont les fonctions de la vie de
l'espèce ».
Nous lisons, au contraire, dans Hérodote (1), que dans le pays
des Scythes, les Chevaux soutiennent le froid, tandis que les
Mules et les Anes ne le peuvent absolument. Il est vrai qu'Hérodote
dit ([u'ailleurs les Chevaux, exposés à la gelée, dépérissent, taudis
que les Anes et les Mulets y résistent sans peine.
Chez les hybrides tl'Oiseaux, que nous avons possédés, nous
avons toujours remarqué une très grande résistance et une très
grande vigueur.
Des auteurs ont prétendu que les produits hybrides sont faibles
et délicats ; celte manière de voir ne peut s'appliquer (ju'à des
exceptions.
Ces dernières remarques terminent ce que nous avions à dire
sur les hybrides, ne voulant entrer au début de ce livre que dans
des considérations générales. — Nous allons maintenant passer à
la nomenclature des faits que nous avons pu rassembler sur les
croisements naturels. Mais nous n'oublierons pas de remercier en
premier lieu, les personnes qui, en si grand nombre, nous ont
fourni des indications et des documents à l'aide desquels nous
avons pu poursuivre nos études sur l'hybridité. Nous renu'rcions
particulièrement les naturalistes qui ont bien voulu remettre
entre nos mains, pour les examiner, les pièces hybrides dont ils
pouvaient disposer.
Nous publierons la liste îles uns et des autres, en témoignage
de reconnaissance pour ceux qui, facilitant considérablement nos
moyens d'étude, ont permis de mettre en bonne voie, nous
l'espérons, un travail il'un genre nouveau et depuis longtemps
commencé.
(1) Hérodote. {Choix des Histuriens grecs:. J. A. C. Uerclinii, ISST). Liv. IV,
cliai>. XXVJII.
LISTE
DES MUSÉES PUBLICS ET DES COLLECTIONS PARTiCULIÈBES
dont les Directeurs mi les Pni|iri(''l;iii'i's ont élc assez iriMcieiix
|i(inr nous eu\(ner l'u riiiiiiiiiiuieatiuii
DES HYBRIDES SAUVAGES
OTJ r)n;g oisKAUx liÉPurÉy comme th;i.s (1i
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^^
I. Collection de M. le lieut. -colonel Butler,
llciiiiii; IIitI lliill, Ldwi'sIiiII. Sulïolk (Aili;!.'):
1 II l'riiiii(}linus rulijdris X Franc, picius t^ .
i'IN'tf cl cou Mioiid's)
1
t. Collection de M. le comte Luca Cajoli
Boidi, (Ic! Moluii! (Ilalio) {tw
Deux l'cnli.i- rubrii XJ'cr. sii.nitih (^ 2 (iii«iii'"|.
0
;!. Muséum d'Hist. nat. de Marseille (lilioiu;).
|iar M. Marioii, (lirmleiir :
Iji (lilIiTt-iils envois : une l'e.rdri.r ndini X
1'. sa-valitis (;j)
1
Kt deux Fr'nujHla iiiuntifriiu/iliii X F Cd'lebu (f
(|iièces nioutées)
2
4. Musée d'Hist. nat. de Grenoble (Isère) :
IJi deux ruvois : ileiix l'cidir viibrn X l'ev.
saxatilU (pièces montées)
•}
.">. Musée de St-Gallen (.Suisse), par M. Zooli-
Uo(ei-, |iré|iaialrur, avec raiilorisallou de
.M. le Le liicdenuami, directeur:
Une Perdis scuatLi X !'■ rulmt cT (montée) (4).
1
A reporter
7
2
(1) Quelques liyhiiiles, ohlonus en doiiieslliMié, mais en très petit nombre,
figurent au«si sur relte liste.
(2) M. le lonitc I^uca (iajoli Boidi a eu la lioiiti' de nous oITrir l'un de ces deux
spécimens.
(3) Nous ne croyons pas cet Oiseeu hybride, mais seulement anormal.
(4) Née en domesticité, mais mentionnée à cause de son importance.
ex XII
DI£S HVBKIDES A L ETAT SAUVAGE
8.
9
10.
12
fi. Musée d'Hist. nat. de Lille (Nord), par
MM. Gosselet, dirtcleur, rt A. do Norguet :
l']n deux envois : un Telnio leirij: X Teirao uro-
(jallus cf (monté)
Et deux FvingiUa cœlebs X h\ montiffinqiUa
(monléos) (1 )
1. Musée d'Hist. nat. d'Arras (Pas-de-Calais)
•ar M. le conscrvaleur :
Un Tetrno tetri.r X Tt'fnw tiro<iiiUus (f (iiionli')
Musée zoologique de Stockholm (Suède),
par .M. Siiiidl, directeur :
Un Tetrao tetii.v X T. iiroçiallus cf (en peau) ;
deux autres sujets de même origine (en
chair); (2) et deux Tetrao tefrir X Uuiopux
a Unis (f 9 (montés)
Musée zoologique de Christiania (Dane-
uiark), par .M. le professeur C.olli'tt :
En plusieurs envois : un Tetrao IctrI.rX T. iini-
galhiS(f (en peau)el deux femelles (uionlées),
deux Tetrao tetrix X Lagopus aibns ....
Musée zoologique de Francfort-s-leMein
(Prusse), par .M. .\daiu Koch :
I)ou\ Trtrdotrtri.rX Trt rao urniid lliis ,^ {luuiMs)
Musée d'Hist. nat. de Genève (Suisse), par
M. le D' Bedol, ditecteur :
En deux envois : un Tetrao tctri.r X '/'. uro-
galliis cf (uionté)
El une fuliiiiilii feriiiu X /•'. iiijroea (ujonlée)
Musée zoologique de Dresde (Saxe), par
M. le D'A. B. Meyer, directeur :
En deux en\i)is : trois Tetrao tetrix X T. uro-
gallus, deux cf et une Ç (montés); (|ua(re
Teirao teIri.rX LagoiiiisalliusJriViii^el une $
Liste précédente . .
A reporter . . . .
(1) L'origine que l on attribue à l'un de ces échantillons nous parait douteuse.
(2) Ces trois pièces nous ont été très gracieusement olleiles.
Lisri-; DKs HviiHiDKs iii;i:is i:n communication
ex XIII
91
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3
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Cl.
i:!. Musée d'York (Aiii^lclPrrc), par M. l'IanaiiiT :
,
lui iIl'iis l'iiviiis : <lcii\ Telntn tcirix X '/'. iira-
Udlliis ç^ (montés) (\) cl un Trlnut h'Iri.r X
I.iifioinis srntinix (^ {uiimlr)
\\
14. Collection de M. van Kempen à SI Oincr
(l*.Ts-ile-('.alais :
Kii (lilIiTculs eiiviiis ; ,sc|il Trlnni triri.r X '/'.
iir'onatlus, diiiil ciiKi cf et deux Ç (2), trois
Ti'tnni Irtri.r X l.niii}i)ux .■iciitiriis, demi deux
cf et uni' 9 ' '^l ; 'li'ux TetriKi Irlri.f X Ijif/opiis
alhii.s jj" ; un Phiisiinnis cdlcliirlnis X Plia-
blantis leecesi (f
\\\
Un Anax crecca X Maieca penetnpe cT; deux
Ahiix boschns X Dolila aciitn cf (4); uiw Fitli-
fliiln fcriiiii X /■'. niiiriin; une Martin jieiu'tojif
X Oiicriiunlula fnriitosa (3). (Tnus ces discaux
Siinl nioud's)
."»
i;j. Musée zoologique de Breslau (l'iusset,
|iar M. le Dircclcur :
l'.n lieux envois : Un Tetnin Iclri.r X /'. uriiiinlliix
cf ( rnuiiir')
1
Deux Àiiiix busiiias X Cairiiiii inoscliiiln cT
(nionl<''s)
2
ICp. Musée de l'Université de Pavie l llalir),
par M. I(! piofesscur l'avesi :
lu Tetrao tetiixX T. uro(iallu.i (f (immtô) . .
1
hi'ux inijx bosclias X l'hiiiib'lnsiiius streiifiiis ç^
$ (monti's) (())
2
Liste précédcnle . .
29
1
4
A irpiirti'r
47
10
...
4
(1) l'ii lie ci's iliMix Haekfllianes ne ildiliHrr qu'un \iro']i\llxiSi jiui.. ((ont au plus
une vieille poule sU'nle iiio^allc se levrlant île la livrée iiu niùle) .
(2) Ij'unu do ci-s itt'ux (eniclles nous a paru (51re un jiMinc prenniil eoulriir.
et) Ces lieux nulles seiiil>U'nl l'-lre des femelles stériles prenant lu livrée du initie.
La lenietle n'est autre elte-inéme (pensons-iions) qu'un Telrix anormal.
(1) L'un de ces deux Canards n'est qu'un I). acutu en nine.
(o) L'origine de ns An.itidés n'est point connue; le dernier Oiseau parait certai-
nement un produit né en eaptivitù.
(G) Nous ne pensons point (|uc ces Oiseaux soient des hybrides.
CXXIV
DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
-S
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2
X
X
X
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X
X
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|7. Musée zoologique de Lausanne (Siiisso),
par M. Il' D' l,nri|iiirr iIcs lîaiiiils, rniiiicrvat.:
En deux envois : Irois Ti-lrnn tftn.rX T. iirn-
ildlhis r? (moiUcs)
:i
Trois Alias bnxchas X Calrina mnschiiln (^
(montés)
3
Un Lanius rufiis X Lanlus collurio. (Cetti' der-
nière pièce nous a été communiquée grâce à
la complaisance des iH'iitiers de M. Raslian
qui la poss''(lail)
1
18. Le Kelvinfjrove Muséum de Glascow
(Ixosse), par M. Talon ;
Un Tetrao telrix X el T. uvounllii^ (f, et un
Teiriio tetri.r X Lniioinis scatirus cf (tous deux
mont(''S)
2
lu. Musée royal d'Histoire naturelle de
Bruxelles, par M. huhois :
Un Tetrao Trtri.r X T. vninalliis (J' (monté) . .
1
20. Musée royal de Munich (liaviére), par M. le
pro(. H. lluriwig :
En deux envois : eiuq Teirao ti'Irix X T. uro-
(jalius cf (1), et un Phasiunus culgaris
X Tetrao telri.r (2) (montés)
G
21. Musée zoologique d'Upsala (Suède), |iar
M. Tyeho Tulberg, directeur ;
Eu dilTéi'cnts envols : sept Tetrao tetri.r X T.
uroijullvs, dont cimi cf et deux $; uu Tetrao
tetri.r X Uoiia.ta tyrtuliiia ^; un Ijujopus
allms X lionnm betulinn; quatre Tetrao tetrix
X I.aiiopus allias, dont un <^ el trois 9 (lous
moulés)
13
1
l'ii ClaïKiitla (ilaurion X Merijus albellu.'< (^ (m.)
Liste précédente . .
47
10
4
A reporter. . . .
72
14
5
(1) L'un (les (liseaii-x est un jeune urogallus pren.uit couleur.
(2) L'oripine sauvaf,'e de cette pièce n'est nullement certaine.
i.lsTE in:s innnir>Ks rkchs i:n commcnicatiov
ex XV
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7.
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X
22.
Cabinet particulier de Son Altesse royale
le Grand Duc de Hesse-Darmstadt (.MIc
rii;i:;il('). |i;i|- .\I. liDiilhcld :
1 II Trlnin Irtri.r X T. iinnialhis ^ (iiiiinl('). .
1
2:).
Musée impérial de Vienne ( .\iiliiclii'), |i;ir
.\1. Il' II' viiu l.dii'iiz. riisl(i> ailjiiiicl :
In Tf'Irno tetri.r X T. iiniiinlhis cf (m |ii'aii) .
1
t\.
Collection de M. Otto Bock, laxidciniislc
il licrliii ( l'ni.sse) :
L'n Tctraii Iflri.r X T. itidiiallus (f ^lllOlll|■■) . .
1
•)■;
Musée de Douvres (.\n?,'lclerri'). par .\l. !■'..
.\slli\ . ruraliir ;
hi'UN. Telnin lelri.rX T. iirdiidllusçj' {\) (inonic).
2
2(1.
Musée de l'Ecole cantonale de Fribourg
(.^iiissi'), a :
Lu Tetran Irlii.rX T. urogolliix (^{2.] (inonlr).
1
27.
Collection de M. Robert "W. Chase, i\v
Siiiilliliclil, in'i's ltiriiiiii;,'hani (.Aii^'Icd'iTr) :
Kii lieux l'iivnis : un Ti-lrau trtrirX T. inuiiiil-
/i/.v (/ iH); un Tcinin tetrix X l'Iidsutnus
nilrhirus (f (nionti')
■7.
Un Clirisomitris spinus X Cnidinih rlcfiiins J'
2S.
(rniinli') ('t)
1
Collection de Son Altesse royale le prince
Philippe de Saxe-Cobourg-Gotha. à
\ icnnr (Aulrirlii') pac M. dr linssinskv :
In l'rtnio tetrir X T. uinii<iUus cf (1 iliM . .
1
Lislo précOdenlu . .
72
14
.")
A l'iMioi'Irr
SI
W\~
1;
■■
(1) L'un lie ces Oiseaux est un jeune iiiille.
(2) Celte |ii(>ce n'est encore i|u'un jeune nii^le prenant couleur (on une vieille,
femelle iiinynUuti se reviManl de l'Iiabil ilii inùle).
(3) MOnie réllexion i|iie pour la priréilenle.
(4) Ne paiall èlre ipie le priHliiil île Frimjilld niniiriii X l'unluflix elegain,
sans ilonte érliappé île raplivilé.
CXXVI
DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
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- 1
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<
29.
Collection de l'Institut zoologique de
Strasbourg, par M. le prol'. Doderlin (avec
1 iuildiisaliiin de M. le prof. Cockc) :
Un Tetrao Iciri.r X T. urniialliis cf , un Tclnni
Jrtf'/ù(.v (1) el une vieille femelle urO(/((/(«.<
avec la livri'e du inàlc
3
:50.
Collection de M. le H"" Ed. de Selys-
Longchamps, à f.imgelinriips s. (ieer (Hol-
gii|ue) :
En dilfrrenl.s envois : un Ti'lraa l('trix X '/'.
nrondllus 9: un Tiiran Irtri.v X Lagopus
itlhif^ f-^ fiïinuipi ...
■>
Un Allas hoschax y, Cairinn moschnln $; ime
Spalnld djiiirata X Dalila nruhi (2); une
i'uliuula l'crina X F. nuroni
3
31.
Musée royal de Prague (lioliènie), |)ar .\l. le
D'Fiileh :
Un Tetrao tcliir X '/'. iiniiiniluf 9 (uioiilé) '^).
1
32.
Collection de M. le Comte J.-B. Camozzi,
sénateur à liergaine (Italie) ;
Un Ijirjnpus malus X lionaxi bctiilimi ....
1
33.
Musée de M. Dresser, à Uondres :
i:n deux envois ; un t'etran teirix X Lagopm
srolicus (f et un Tetrao teiri.i- X Lai/opus
itlbus r^ (eu neau)
■>
34.
Musée national des Pays-Bas à Leyde,
par .\l. le pidf. Jeuliurk ;
Un Teirao tetrixX l.afiopus seotieiis ç^ (4) el un
Tetrao letriv X Laijopus albus cT
Liste préiédente . .
2
81
14
(>
.\ leporler
92
n
6
-
(I) Parait èli'e une vieille femelle se revêtant de l'iialjit itu iiiàle, ou un jeune
mâle.
(2) Origine douteuse.
(31 Cet indiviiln est n
Il raison de son iniport
(4) r.el Oiseau paiailiHre une vieille l'unie stérile levètue de la livrée du niàle.
(31 Cet indiviiln est né en caplivité, mais nous le faisons lignrer sur cette liste
en raison de son importance.
LISTE DES HYBRIDES REÇUS EN COMMUNICATION
CXXVll
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1
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m 1 X
T. 1 S
< 1 ^
■i 1 t
1 Ile Milri'KI iiciivinpc X Ihtjild ilcilhl (f. deux
Ihilild (inilii X .\iiiis Ixixilias (^ ; un ,1. hn.t-
liiiis X (Jurniiifiliilii rrerra (1); un .l/irts
()(i.s77i((.< X .W/'(.v (;/).s((//v( (Idiis iiiiiiili's). . . .
.">
s;
De M. Alexandre Doughty, (11- Uvcrpodl
(Aiiyli'li'iTc) :
In Telian teiri.r X Lugopus scolicut (pièce
liC.
liiniil('i')
1
Le Muséum of Science and Art d'Edim-
bourg (Kcossc), par M. le D' li. II. Trai|iiuT,
Ki'c|irr o( Niit. Hislory (IcparkMiicul :
Ln Tflnio tctri.r X l.ituopm scntku.i ^ (2)
;t7.
(ninnli'i
1
Musée Zoologique- de Tromso (Xorwi'gc),
par M. .1. Sparn- Schneider, ilirecleiir :
Trois Trlnin teiri.r X Ijuinimx allnis , dnnl
38.
deux c^ el une $ (tous trois montés). . . .
:i
Collection de M. J H. Gurney,(lii Keswick
Hall, .Norwieb (.\nglelene) :
\a\ plusieurs envois : un Tijininniiirltus iiiiieri-
niiiiis X l'erlincœtcs phnsianellus (en peau). .
1
Ln iiins boM-lia-'! X Querquetluln rrerra (f (3)
(monté et sous verre): deux FuUijula feriiia
X F. nijrrirn (f (monlées et sous verre) . . .
w
1
In H'iurninx rliluris X Cdrnndbhin liiiota q"
i •'■' •
(inonli- et sous irlobe)
1
Collection de feu M. Maingonuat, nalura-
lisle à l'arls :
Un l'Iuixidiius rokliirux X l'Iidsiditds S(rnimp-
riidii r? Icn iieau)
1
92
17
(i
A i'r|i()rlcr
il'J
2")
...
7
(I) Noilj croyons cet Oise:iii iiiid ilélcrminé.
(2| Ni assurément en ea|>llvili;.
(A) (lue nous (ivnsons l'tre |ilulc')l un Anas boschns X Chaulela^mus streperus.
ex X VIII
Dl;s iivbuidës a l'état sauvagp.
'tU
41
42.
43.
Collection de M.Turner,(li'Siitl<iii (Inliliirlil,
pirs liiiniiiighiiin (Aiiiilelcrre) ;
L'n Ti'tran li'tri.r X l'hasiamis rnichuus çj"
(monté, fai.saiil parlie tl'un groiipc)
Collection de M. Hamon l'Estrange,
(le riliinslaiildii Hall (.Anglelcrre) :
l'n Telrno tetii.i X l'Iiasianus rnlrhiiusç^ (iminté
sous vcri'o)
De M. J. H. Nelson, de Redcar, Clovcland
( ViirKshiri'), Angletorrr :
L'n Teirao lelri.v X l'Iiasitnius ruiunrix (piéro
. montée) (I)
Collection de M. D. Losh Torpe, do
(laiiisli' (Ani;lclcrre) :
L'n Pliaxianux rnirhiciis X (•(itlns (loiiirsticux
(en peau)
Collection part, de M. le prof Doderlin:
l'ne l'crdri.r rinrni (rnrielas)
Museo dei'Vertebrati de Florence (Italie).
par M. lecniii. pruf. Ilcnrico Giglioli, direct.:
En iilnsicurs cnvoLs : une Colomba œnas X Tur-
lur tcneni (2)
Deux Àtias boM^has X Lkilita aciita (^ (3); une
Mareca ptmebpe'X. Qucrqueduta circia $ (4).
Un Ligurinus cMoris X Carduetis cleganscf ; un
ChriisomUris «/jiww.v X Caidueli.i clefians cf (n);
trois rriiKjilla moiilifriixjilUt X /■'. cœkbs,
dont deux cf et une 9; <leux Hiniudo urhim
X H. rustk(t, un. Pn^scr domesticus X /'.
italUv cf (toutes ces [licces montées) ....
Liste précédente . .
A reporter.
iiy
104
28
(1) Nous avons fait l'acquisilion de cet Uiseau, très bien earaclérisé.
(2) yue nous croyons être pliilùl fliybride (lumestique, mais ecliappe. lie la
Coiuiiilui liviK et de l.i Turliir risonus.
(3) L'un de ces Oiseaux paiall un inétanisuie de honcha.i.
(4) Ce Canard a été reconnu depuis pour ètie unepenclope y.
(ii) Ouo nous pensons liyliride de l'i iiigiUii ciUKtriii x ('(ifiluelis rieyiiiis.
I.ISTK DES HVBRIDKS REC.CS EN COMMUNICATION
CXXIX
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Collection de M. Robert Fontaine, de
M;iii<| ('ii-li;ir(ful. pri's Lilli- (Nordl :
Kn |iliisieuis onvois: uih' Cnliimhid livinX Tiir-
lus Inirni ( 1 )
1
1
In l.ifiiiriiius ililarisX Cdiiliiells cliyavs, deux
Cliiiixoinitiis .1111 iiun X Cdnluclis l'Iciians "' (2)
'.-.
(liiMs rimiili's)
3
KoninklijkZoologish Genootshap (Niilura
Milis iM;iL;iNli:i I. Amsterdam. |i:ir M. le
h' Ki^ihf'il. (liieclctir :
V.n |ilM>iiiirs euvois : un Anas ijeiieloix' x C'"*"''-
ijiiednlii rirrra cf; quatre .1. boxihnx X Diifila
(tiula, don! trois c" cl une 9 : deux Cliaule-
1
Itismits strepeias X Atws boscliax a'; un Anas
1
1
boschas X Mareca petielope d"; un I.ijiuriiui.i
i
cliliiiisX CaïuiiiliiiKi tinnln ' ' (lnus umnlés).
8
1
! 'tx.
Musée d'Hist. nat. do Darmstadt (.\lle-
iiiagne :
Un Canard di; i;cn]e Anas (en |peauj ['M . . .
1
V.i.
Collection de M Ch Royer. |irésj,|,iii des
l!i-au\ .\its, a [.angles :
1 ne Marna pmeloyie X Dnjihi luiita ^ (4)
:;{i .
(UIOMiCr)
...
1
Mnseum and Gallery of Liverpool. par
M. Uichai'd l'aden. direcleiir :
L'ne Marein iienebijin X /'(;///(( (ini/n ç-f (.'i)
(llinnlée)
1
28
15
I,isle précédente . .
in;
1
^—
_
—^
L
.\ reporter
104
2
3«t
19
(1) Né en domesticité.
(2| Mi^me observation.
(U) Origine incdiintie
(4) Celte pii'ce ri'es'l pi'une pp/ie/ope en mue.
(n) Cet oiseau a éli^ ol)teiui en domesticité.
buclietel.
c\xx
DES HYBUIDKS A L ETAT SAUVAGE
51. De M.Frédéric Pretyman, ilOrwcll l'aik,
Ipswick (Angletrne) :
Un AnanbonclMsXDdjUa ncuta cf ivi\ aiit) ( I ), un
.4 w(sbo«c/i«s X Çwe/gMeriw/accecca Ç (vivante) (2).
32. Musée de Douai iXord", pMr .VI. (ln.ssplin,
(•on.sL'i'vatcui- :
[hiAnasboschasXQui'niiii'fhild rrcicii ^(umnlv).
.'Kî. Collection du Rév. hon. Lord Lilford,
Lillonl Hall, Oundlo (.\ugleleriT) :
Un Ànns boscha.': X QuerquediUa (remi (pièce
iiiontoe)
34. ludian Muséum, Calcutta (Indes Orientales),
pai- .\l. Sclater, avec l'aulorisaliDn de .M le
siipéiinlendant :
Un .iMfw bouchas X Cluitiliinsinus sln'in'iiis cf
(eu peau)
33. Musée de l'Université de Cambridge
(Angleten-e), par M. le prof. Alfred New ion ;
Un Ànas boschas X Ikillla aculn cf (3) (monté),
deux Anus bosvhas X Dalila acuta cT (4) (en
peau); un Anas acuta X Marecri peneinpe r"
(monté)
:>(). Muséum d'Histoire naturelle de Rouen
(Seine-lnférieiire), |iar .M. le D' l'eouetier,
directeur :
Meux Anas bosrhas X Chiinlelasmus slri'jifirus
5 $ ; un fanant /iiibriik'C?) (dont la prove
nance n'a pu être élalilie)
Lisie piécédenle .
,\ reporter. . .
104
104
19
.119
(1) Nous croyons cet liybi-ide produit iilutot par le croisement de l'A. boschas X
Dajila acula.
(2) Les deux Oiseaux nous ont été très graeieusomeni offerts.
(.3) Ce croisement ne peut être nccepté. Ce canard est un .4. boschas X Ch
iireperus, ou, moins probablement, un .4. buscitas X Q. crecca.
Cl) Ces deu.x Canards sont nés en domesticité.
LISTIC DES HVBHIDKS KKÇUS KN COMMUNICATION
CXXXI
;)7.
.S8.
jO
Le Musée national des États-Unis, à
Washington, |i;ir M. J. Mi(lf,'\va\. iiiradir
ilep. ni liinls :
l II .l/id.v biisclids X Anim obscuni ^'' (inoiitO) .
Collection particulière de M. le D' Paul
Lieverkilhn, ilircrlcur des liililiiiilir(|iic el
Instilutions s(iriitiii(|n('s ilii iirincf do liul-
garic, à Solia :
Un Anas boschas X À. nlisciira 2 Tl) (en peau).
Muséum national de Hongrie, à Budapest,
par.M.VdU Madaraz (sur la (Jiiiiandi' d(^ M. Ii'
chevalier Victor von Tslui/.i :
l'n Annx bnschfts X Simlnln chipeata c" (2)
(iiionlé)
60 .
61.
02
63.
Musée de l'École cantonale d'Aarsiu
(Suisse), par M. le Directeur :
In AïKis bn.irliasX C'iiriwi mnschaUt c' (monté) .
Musée de M. Ed. Hart. de Cliiiscliurcli,
Hauts (Au^leterre) :
In CliitulelasiHus slreperu.'i X Ana.i pcnelope
(pièce iiionlée et sous verre)
De M. Richard M. Barrington de Fassaroë,
l!ni\, Co Wicklow (Angleterre) :
lii (hiiulelnsmus .itrepcrus X Anas peneUnie
(pièce montée et sous verre)
Collection de la Société Zoologique de
Rotterdam ( llnllaiidi;, par M. vaii Heiuine-
leu, directeur :
Trois FuU(pd(i luimui X F. ferinit (dont deux
inàles et une feiiiello (luiil autres nés en
captivité)
Liste précédente . .
A reporter
Vi
X
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s
<
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S
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104
104
lll
2 m
19
I'.)
Il) Suis (loiile un albinisme il 'oftscH ra J 7
(2) Pai-ail êlre un tiDScIta.t domestique.
CXXXll
DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
1.S
T.
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8
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a
<
D.
64. Collection de M. le comte Arrigoni degli
>
1
Oddi, lie Padouo (Italie) :
i
Une FuUijula nifroca X F. ferinn (montra). . .
i
63. Musée d'Hist. nat. de Belfast (Irlande), par
M. J. lirown, (liierleiii- :
Une Fuligula ferma X F. cristatn (montée) . .
.
1
(î6. Collection de M. Heinricli Adolf 'Weiss-
flog, il Annaliers (Saxe), par- rinlrrinéiliaire
(In Musée zoologique royal de Dresde.
In Menjus nlhelliis X Claiifinl'i <ilanrinii i/"
!
(niontt't. ...
1
!
1
V 1 ■ ■ *^ »4 iv^aa • • • ■• • •> - • ■ • ■ •
67. Herzogl. naturhistor. Muséums. Bruns-
wick (.Alleiiiagnei, par M. le prof. D' Wilh.
hlasins :
Un MeriiHs albeUus X Clinigula ijlaacimi c"
I
(monté)
I
1
68. Musée de l'Université de Copenhague
(Danemark), par le Prof. \r Cli. Lutken :
.Un Meniii.s albellus X Chuiiiuln gJmicion cf
(iiicintc)
1
69. Musée royal du Hanovre (Alleniagm), par
la Direction :
Une (îtilliniilti chlornpus X Fulicti fitt'n (iiioutée).
1
i
70. Muséum of Science and Art, Dublin
(Irlande), |iar M. J. Kall, directeur (sur la
demande de .\1. Carpenter et de .M. le IV SchafI,
curateur) :
Un lAiiuriiius clilurU y Cannnb'inn linota . . .
i
71 . Collection de M. J.-B. Nichols, d'Holmwood
Dorking (Survey) (.Angleterre) :
Deux Ligurinus rhlnris X Cannabina linota c"
(montés)
2
19
Liste précédente . .
104
2
68
.\ reporter
104
2
7a
1
22
LISÏi: DES HYBUIDES REÇUS EN COMMI NICATION
CXXXIII
T^
Collection de M. Pbilipp. B. Mason, de
liiirlmi on Trciil (Aii^li-li'nc) ;
Deux I Afin ri II IIS cil II irisX (il 11)1(1 h i 11(1 liiinta cf, un
Cardiiilis l'IefiaiisX l'hriisninitrix siiiiiiisj'' (l)
et un Ciinluvlii eleiiaiis X Liiinriinis rhloris c*
(tous uiontés et sous verre)
De M. J. Blackhouse, of llie Nurseries
(\o\-k) :
\'n Lifiuriniii chlorixX Ciirduelis eleçinns (2). .
Du Rév. Macpberson, de Carlisle :
Ln jeuui' Ciinliirlis i-lfi/iiiix X ( Il rusomitris
sjiiniis (iH), un l'iinlus meruln X Turdus
tnniiintiix Cl.)
Muséum d'Histoire naturelle de Trieste
(Autri(he), par M. Antoine Valle, directeur
adjoint :
ln FiiiiijiHd iwlehs X /■'. iiiniitifriiiiiilln $
(monté)
Collection de M. le D' Ricardo Ferrari,
(le Trente (Autric-lie) :
Uu Friiiyilln cœlebs X /•'. muiilij'rinqilla o'
(monté)
Collection de M. Ad. Poggi , de Cn^nes
(Italie) :
Un FrinijUki cœlebs X /■'. iiiiiiilifriiuiilla c'
(umnlé')
78.
Collection de M. Ernest E Thompson,
à Torenio (Canada) :
Un Piiiicoln eiiticlentnr X Carpadocus puriia-
reus c"
Liste iiri'eéclente .
104
.\ reporter 104
33
(Il Que nous soupçonnons èlre une FriiigiUn canaria X (Airdiiclis elegniis
écliappéc de quelciue cage.
(2) Son origine esl ignorée.
(3| iNé en caplivllé.
(4) Nous croyons que cet Oiseau est un niéliinisnie île inerula.
CXXXIV
DES HYBRIDES A L F.TAT SAUVAGE
79. Musée royal de Turin (Italie), par M. le
Comte T. Salvadoii :
Un Pnxxer montnnus X /'. itnVuv o"" (niontf"). .
80. Collection de feu M. Lemetteil, à Bolbec
(Sciiie-Inférieiire) :
l'n Passer nioiilciiiHs x P.doniesticas r-" (monté).
81. Collection de M. R. Tancré , à Anklam
(Poinéraiiie) :
Une Hiiiuido urbica X H. rustira (inonléc) . .
82. Collection de M. le prof. André Fiori,
(le lîologne (llalie) :
Une Hirutxln urbica X H. rustira (montée)
83. Konigliches Muséum filr Naturkunde.
Berlin; par M. Paul Malscliie (avec l'auloii-
salion de MM. les D" Mohius et Heichenow) :
Une Hirundo urbica X H. rustica (montée) . .
Un Turdiis fusnitusX T. iiaiinianai (I) (monté');
un Gallus doiiteslicus X Numida iiuiea(jris (2)
(monté)
84 . Museo civico di Storia uaturale di Genova
(Italie) :
Douze Paradiseaapoda X P- ragijlana (en pean),
dont neuf o" et trois 9
85. Collection de M. le D' Fischer-Sigwart,
do Zolingen (Suisse) :
Un Tetrao uroçiallus X tetri.r, •:^ jeune, monté.
Liste précédente . .
Total . . .
1
104
106
12
En tout donc : 236 pièces (3).
(1) Origine douleiise.
(2) Né en doraesllcité.
(3) D'autres Musées nous ont bienveillammenl envoyé des échani liions d'espèce
pure; ce sont les Musées de Houen, du Havre, de Caen de Gènes. Nous aurions
aussi à nommer des cullecLions particulières qui 'iniis ont fad des envois très impor-
tants ; mais celte nomenclature nous entraînerait trop loin.
LISTE ALPHABÉTIQUE
DES
PERSONNES AVEC LESQUELLES NOUS AVONS CORRESPONDU
au sujet des Hybrides et dont les noms se trouvent cités dans ce volume (I)
MM. Ai-.ASsiz, professeur ;i rriiivcrsili' île C-aiiibrid^'c
iKtals-rnisI (Voy. Li^le ilr< Ailleurs) (2).
AiiNKvv, Andrew, N., chAteau de l.dclinaw , Wigtlioiishire
(Angleterre) Gi:), «14, 619
Ai.DiiiDiiK, \V., de Londres 19j, 202
Aliiohiiandi (Prince G.), l'orrella, |ir()\. de Hoioguc . . . 764
AixKN. .I.-A., curalor n\ llie Aimiican Muséum of Naturaj
llistory, New-Viirk (Voy. l.lsli- des Ailleurs).
Altim, lt^ dlrocleiir du Musée de l'AcadiTiiio furestirie
d'Kberswalde, à Ncusiaal (Allemagne). vVoy. Lisie des .Ailleurs).
Ar.viN, T., DepKord (Angleteire) 150,216
Ai'i.is, {). V., l!lo\haiii, Oxim (Angleterre . . . 62;;, '70. 801 (V. LIsI Aiil.).
AiiMii;oM DKc.i.i Oiiiii, D'eiimle. |ir(ifesseiir à l'iniveisilé de
Padoue (Italie) . . . . III, 113, 114, 194. 2:ifi, 249, 2,11, 2:i2.
2j4, 2.'i6, 260, 294, :)l)o, 477, 6;{2, 033, 640, 6.S6, 6S7, 719 7iS'i,
9j7, 9:)9,963, 906 (Vny. en outre Liste des Auteurs).
.AsuiinwN. naturalisie à llereford (.Angleterre). 620 (Voy. Liste des .Aul.).
.AsTiiv. !■■., ciiialeiir du Musée de Douvres (.Anglelerie). . cxxv
1 1) Les six parlius île cel ouvrage, ayant (Hé, nous Tavoiis ilil, |nililiéps ù île ^'raiiils
iiilervalles, nous avons iléjà lemorrié, (.'à et là, plusieurs dos personnes i|ue nous
noiiiiiiuns dans celle Liste générale. Parfois ilone celle lisIe fera doiiljle einpliii;
nous la iioyohs néanmoins iililo pour trois raisons : l- elle est alpliat)étii|ue: i' elle
iniliipie les numéros îles pages où nos conespondanls sont cités; ^i" elle les fait con-
nailres tous. — Ainsi i|ue l'enléle le clil, n'y figurent cepemlanl que les pecsonnes
citées dans ce premier volume. Nous ne pouvons, à notre regrel, donner les noms de
Inules les personnes avec lesquelles nous avons correspomlu. depuis au moins dix
ans, au sujet des liyluides el qui nous ont adressé des coiuniunicaliiins diverses sur
cette intéressante question; leur liste e^t beaucoup trop longue, hca'icoup trop
étendue pour que nous soiiKions à la reproduire ici. Nos correspondants seront
d'ailleurs remerciés dans nos piihlicalions iillérieures où nous ferons part de leurs
communication-.
(2| Lorsqu'une personne est auteur et que ses travaux sont ineiitionnés dans le
cours de cel ouviane, on doit se reporter à la Liste (len Auteurs (dressée à la
lin du vol.), pour obtenir le numéro de la page ou son nom el son travail son cilés.
Iians la présente liste nous n'Indiquons, en général, que des communications
[larliculières.
CXXXVI DES HYBRIDES A L ETAT SAL'VAGE
Baily, William, L., arciiirecle, 138, Soulli 'l'i'e siri'ft, Phi
ladelphip (Ktals-Unis) 197,272,273,7(59
Hall, .1., liin'ttciir du « Scienn- aiul ail Miisemn », IMiiii-
hoiirg (Kcossfl cxxxii, 748
Hahnks, d'Alineiliiasan, Deccnn (Indes) S70, 871
Barrinc.ton, FassaroK, Bray, Co., Wicklnw (Aiiglel ). . . cxxxi, 961, 9^2
Rartlett, A.-D., directeur des « Zoologiral (iardens n de
Londres 195, BM, 804. (Voy. Liste des Auteurs).
Batchklder, C. F., Nultal Ornilliiiloiîiial Club. Cambridge.
Mass. (Elats-l'iiis) (Voy. Liste des Auteurs).
Bkaurefons or;, château de Cerisay 19."), 239
Beiiot,D'' directeur du .M usi-e d'Histoire naturelle de (ienève cxxii
Beimrr, naturaliste i\ Paris 9, 509
Beldins, Sldckliin, Nevada (^.ounty (Californie) 197, 246
Bell, A. \V., le .Major, assistant adjudant gem'ral, Indes
Orientales 870
Bell, Ceorge el lils, l'iliteurs, Londres 196
Bell, Robert, deologittal Survey, OItava, (Canada.
Bellecroix, Ernest, directeur de la Chasse Illustrée, .ofi.
rue Jacol), à Paris 603
Bemmelen van, directeur du Jardin /oologique de Roller-
dam. c.xxxi, III. 197, 402, 69;;, 7lf; (Voy. eu outre Liste des Aut.).
Beneden VAN, château de Romelol-Modave iBelgiquel. . . 704
Béni. Carlo, Stia (Italie) 196,300
Henneh, Franklin, Minneapolis (Etats-Unis (l'Améri(|iie) . 197
Berlepsch von, Muenden (Hanovre) 197
Bertoloo, g. -M., IV, Turin 7."il, 759, 760, 783, 784
BiEBER, Cari., conservator, Cotha 305, 401, 405
Biedermann de Sonne.mberi., W à VVinlerlhein (Suisse) . cxxi, 495, 496
BiRKS, A.-R., oIT. commissionner of the .\rakan divjsi(ui
Akyab (Indes Orientales) 939
Blaaw, F.-E., s' Graveland (Noord-Holland) . . . 197, 201, 739, 7'iO, 964
Blackoose, .L, des Nuiseries (York) (Angleterre) .... cxxxiii, 477
Blaine, h 43
Blanc, H., n', Lausanne, (Suisse) i3
Blanchard. Ra|)haël, D', Secrétaire général de la Soc. zool.
de France, rue du Luxembourg, 32, Paris. . . 713
Rlasius, Henri, I)', Directi'ur du Musée royal d'Histoire
naturelle de Biunswick (.Allemagne), cxxxii. (Voy. List. .Aut.).
Blu.m, L)', Conseiller de justice (.Allemagne; 518
Bock, Otto, naturaliste, Berlin cxxv, 13, 477, 508. 529
BoiDl, Luca Gajoli, comte, de Molare, Province d'Alexan-
drie (Italie) cxxi, 477, 491, 492, 493, 494
Bo.NJouR, Samuel, 13, boulevard Di'lorme, .Nantes .... 195. 302
BoNNEEOM) (de la), château d'.Aulhon. par Brizanibourg
(Charenti -Inférieurei cxix
LISTE DES PERSONNES QUI ONT CORRESPONDU AVEC NOUS CXXXVII
HoNi), lùiijcnr, l'()i-t(ii;nian> (llnlif) 19(5, (Voy. Lisl. Aiil.).
H()NviN('iiAi>i'i is, Siou (Suisse) 7, 4'j(), 487
liooni, W.-ll., l|.swicli (Aiiirlfli-rrc) lO.'J. l'.i'.l, 2H;, 232, ^37
UoRCioLi, Uraiicaleone, prép. au Mus. zoiil. de l'iiiiv. do
(ii'ni'S (Italie) I9G, 2,i0, 4'.)1
BossiNSKY, l'iani.'ois de, Secrélairp di' Sou Altesse i-Dyale
le Prince Philippe de .Saxe-Cobourg-tîdllin,
Seilerslale, 3, Vienne ( Auliiclie). . . cxxv, 477, 530, 532, 533
BouLENfiK», A., lii'ilisli Museutu, Londres 43,62,195,726
BouiicuKT, Tournai Jielirique) i.xxiv
Boi'VKT (K.). <l>' Sainl-Servan lxxxix
Bhadkoud (duc di'), W'ohMrn Alibey, Angleterre . ... 941), 911
l'.EiKUM, Leïla i.M""), Allrniagnr 390
BmoiiTO.N, James, 7, (Constance Street, Sallaire, Yorksliire. 2I()
lîitiMi.EY, 11. -H., Kalegh, New-York (Klals-Unis) 197, 341
liiioia S., Directeur de la Revisia ilaliana di scicnze natu-
rali. Sienne (Italie) 190
BiiooKS, H. .M., ICssex Inslitute, .Saleui. .Mass. (Etats-lnisi. 247, G6U, Iiti3
liiiou.N. (ioode, actiiig sccrelary ut .Nalural .Musiuiii.
Washington (Ktats-L'nis) 198
ItiiowN .1 , .N'atural llistory and Philosophical Society, Bel-
fast (.Angleterre) cxxxu, 162, 724
liiiowNK, .lohn, dr Fox Warren Lodge, Bydeet (Surrey)
(.Angleterre) 753
linùi;i;Kii, Ch.-ti., proies., Landesniuseuuis, CImr (Suisse). 43, 196, 400
Bkhiexxe, 0 abbéj, vie. à Sie Véronique, Liège (Belgi(|ue). 197, 369
BiicH.NKit Kug., conservateur du Musée /.ool. de l'Acad.
impériale des sciences, St-Pétershourg (iUissie). (Voy. List. .\ut.).
BucKLEV, T.-L., de Bossai, Inverness (Angiclerre). 66, 933 (\'oy. List. Aut.).
Buffet, Kugéne, N illers-lirelonneux (Somme) cxv
BuLLEuWalter, Wellington (Nouvelle Zélande). 290, 743,816 (V. List. Aut.).
Buheai: (I ouis\ Nantes (Loire-ln((tieure) (Voy. List. Aut.).
Bi'RNS, Franck, L. Benoyn, Penn. (Llals-L'nis) 197
Bi-iiTo.N, Waller. Wardoiir SI, ()\ford St. (Londres) . . . 90, 613
BuTLEii, .\rlliur, (i.,de Beckechan (Angleterre) 974, 975 (Soy. List. Aut.).
BuTLEU, Lieutenant colonel, Herringlleet Hall, Lowestoft
(SullTolk) Angleterre . . cxxi, 5, 477, 479, 480, 836. 869, 871
BiiTTlKOEEii, .L, conserv. du Musée de Leide (Hollande). . 43, (Hî, 70, 77't
C.AiiiiER.v V. hiAz, 7, Plaza Nueva, S('ville (Kspaijne). 759( Voy. List. Aut.).
Callo.m, Silvio, D', aide naturaliste au Musée zoologiiiue,
Pavia (Italie) 43, 196
Cai.pim, lx)uis, capitaine, Slon (Suisse) 7, 43
Ca.miiiiidce. K. Philipps, Thiî Eluis, Brecon S Wales
(Angleterre) 560, :i()3, 620, (Voy. Lisl. des Aut.)-
Camekano, L., Directeur du .Vluseo zoologico, Turin (Italie). 196, 417
CXXXVIII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Camozi Vertova, coiiile J.-B., senatore del regno, Borgaine
(Italie) :i9, 62, 477, 55;i. 556, 557
Campbkli,, J. Machauglt, Kelvingrove Muséum, Glascow
(Kcosse) \ 13, 43, 66
Camusso, iNicfold 1)., Novi-Ligure (Italie) 196, 251, 257,
26C, 300, 639, 784
Caniot, Gustave, l,ill(MN<)id)5 214,222
Caupenter, g. Herlierl, Dublin (Irlande) cxxxii, 748
Carrucio, a , professeur, directeur de l'Institut zoolog.
de l'Université de Rome, à Rome. . . . (Voy. List, dis Aut.).
Castano, Philipp, du Leadenhall Market, Londres. 4'p, 509. 681 , 708, 9.50, 951
CuAPMAN, Franck M., assislant curateur du Musée d'Hist-
nat. de New-York (Etats-Unis) . . . 197 (Voy. Lisl. des Aut.).
Chase, Robert, W., es(|. Southlield, Birmingham (.Angle-
terre) cxxv, 194, 233, 234, 241, 477, 613,
CuATviN, Douvres (.Angleterre) 196, 202, 207,
Chireî',, Lille (.\ord) •
Clarté, .1., Raccarat (Meurlhe-et-Moselle)
Cleaver, Leicester (Angleterre)
CoBELLE, prof. Giovani, Directeur du Musée de Rovereto.
Cooke, professeur, directeur de riiislihit zoologiquc de
Strasbourg
CoLco.MBET, indusirlel. Sainl-Kllenne (Loire)
CoLE, W., Pembroke Gardons, Kensington, Londres . . .
CoLLETT, professeur, directeur du Musée /.oologiquc de
l'Université de Cliristiana (Norvège) . . . cxxii, 515, 53*<, 340,
352, 574, 375 (Voy. Liste des Auteurs).
CoLLOT, L., professeur de géologie, directeur du .Musée de
Dijon (Côte-d'Or) 195, 400, 401
Couper, A., de Penze (London) 196,231,252
Conservateur (le) du Musée d'.Arras cxxii
CouES, Elliot^Smillisonian Institution, Washington. (Voy. Liste des Aut.).
Courant, à Créteil (Souune) lxxiu
Coutelleau, abbé à Cha/.é Henry (Maine-et-Loire). . . . 193, 245
Cox, Walter, des Firs, Fiverton (Devon). . 760 (Voy. Liste des Auteurs).
Crossly, T., Kendal (Angleterre) . ,199,217,232,237
CuRZON, L., Londres 199
Dablv, Saint-Germain-les-Corbeil 83
Dale, Frédéric, D' de Scarliorough (Angleterre) 195, 251, 252
Dalvero, V., Vérone (Italie) 5H
Dareste, Camille D', Directeur du laboratoire de térato-
logie à l'Ecole des Hautes Etudes, Paris, lxii, 132 (V. Liste .Aut.).
Davice, P.-C, hôtel « Victoria Gardens », île Vancouver
(.Amérique) 946
David, Armand, abbé, correspondant de l'Institut, 95, rue
de Sèvres, Paris 195, (Voy. Liste des .Auteurs).
;i3.
616, 618
i07,
212, 215
214
230, 233
196,
, 234, 237
973
CXXVI
CXXVIII
96,
201, 207
LISTE DES PERSONNES QUI ONT CORRESPONDU AVEC NOUS CXXXIX
Dvvis, Tiporge, Sl-Aldule slreel, l(î, (iloucpslpr (Anglo-
(ene) 1%, 214,265,287
Helaito, N'i'ii d'il liiKi, sol lo ispolti)rc fnicstalc, Fol trc (Italie). l'Jlî, Hl 1
Desciia.mi's, Daniel, (luilly du Jlouji'v, prrs Lisicux (Cal-
vados) 195, 229, 233
DEUTSiiiNriE», I,.. \y, SocriMaire de M. 1»^ prinre Alain de
Rolian, Sichriiw, ISdIu'iiie (Aiitriclic) 477,5(18, jl((,53S
Dewar, naluialisli'. Kdiinboiiig (Im'ossc) 21C. 217
Ueyroi.le l'jTiile, '»(i, rue du liar, Paris 27,29,31,40,44
Directeur (le) du M usée do l'Kcolecantonaled'Aarau (Suisse). (;.\.\xi
Directeur (le) du Musée d'Ilistoiic naliirelle de Dariiistadt
(Alleiiiagne) cxxix
Dirccleur (le) du Musée royal du Hanovre cxxxii, 746
Direcleur (le) du Musée /.oologi(|ue de lîreslau (l'russe) . cxxxiii
Doderlin, professeur, Païenne (Sicile) Lxxiii
DoDKnLiN, Direrleur du .Musi'e d'Hisloire nalurelle.Stras-
liourg cxxvi, r.xxviii, ()24
Divers, Kdward, professeur, vice-président de la Société
asiatique du Japon, à llongo-ïokyo 604,605
DuniA, M", Directeur du Museo civico di storia naturale
di Genova. (Italie) 13. 43, 196
DouGHTV, Alexandre, Reiiagur, AbeiKoyle (Perihsire)
et Liverpool (Angleterre) cxxvii, 361, 567, 568, 569
Dresser, E., 310, Canuon streel, Londres. . cxxvi, 195, 246, 476. 565,
572. 574 580, 767 (Voy. Liste des Auteurs).
Dubois .■\., conservateur du Musée d'Histoire naturelle de
liruxelles. xci. cxxiv, 27, 43, 197, 388, 606 (Voy. Liste des Aut).
DuKii, Ciérard, ancien résident au Ja|)on el en Chine. . . 604, OO.'i, 606
DiiNc.vN, J., peintre à .Neweastle-on-Tyne (Angleterre) . . 615, 619
Dupuis A., Genève (Suisse) 196
DuTCHER. William, New-York (Etats Inis). . . 138, 194 (Voy. Liste Aul.)
Eduardovitcii, ErederieU, Falz-Eein (Tauride) (Russie). . 14, 15, 45
Ec.s.Ai iiEMi, Joliann, «hàteau de Jelteeli (.Mhwuagnc). . . 91
EiTERS, F., inspecl. des Forèls du district de Hrunswick
(Allemagne) 197, .394
E.MBLETON, D', vice-présideni de la Soc. d'Ilist. nalur. île
N'ewcasIe-on-Tyne (Angleterre). . III, 116, 126, 194, 199, 207
E.MËRv, I)', prof, de zoologie au Lycée el à l'Université de
liologne (Malle) 196
Fatio, Victor, D', Genève (Suisse) (Voy. Liste des .Vulenrs).
Faidel, D', Direcleur du .Musée et secrétaire de la Société
d'Histoire naturelle de Colniar (Alsace) .... 43, 545
Ferrag.m, Odoardo, ornilliologiste. Crémone l'Italie) . . . 196,278,351.
782, 7!S5, ,SI6 (Voy. Liste des Auteurs).
Ferrari, Gustave. Calceramica (Autriche) 197, 231
CXL DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Ferrari, Ricaido. D', Trente (Autriche) . cxxxiii, 194, 230, 2:i9, 262, 263
FiNSCH, Otto, D', Villa Tanne, Delinenhorsl 386,387,419,827
FioRi, Andréa, professeur au Lycée de Bologne (Italie) . . cxxxiv, 194,281,
293, 298.
FiscHER-SiGWART, D' H., ZoMugen (Suisse). . 196, 941 (Voy. Liste Aut.).
Fischer (Jean de), Montpellier (Hérault). c:xv, cxvi (Voy. Liste des Aut.).
FiuME DAL, Camillo, Badia, Polesine (llalie), 633 (Voy. Liste des Auteurs).
Fletcher, lioberl, Hanover (Ktats-Unisi 219, 222
Fontaine, Ch., propriétaire à Marii-en-liaraul, près Lille
(Nord) cxv, 195, 222 23.S. 238
Fontaine, Robert, .Marrq en-Barœul, près Lille (.Nord). . cxxix, 193,223,
231, 232, 627, 751, 732
FoREST, Alphonse, nainralisto à Paris 193, 420, 421
Fowleu, W. \V., f'onlefracl (Angleterre) 213.214,216,218
Frajelin, comte Gherards dr Raniigsilln, l'dine fllalic) . i.xxiv
Fream Morcom, g., 870, Norlh ParU avenue, Chicago
(Illinois) 639, 653, 681
Frecke Percy E., Dublin (Irlande) 196
Freeman, R., Hull (Angleterre) 217
Frey-Gessner, colonel, Aarau el Genève (Suisse) . . . (Voy. Lisie ,\ut.).
Friedrich, H., D'. Dresnau, district de l'iilbe (.Allemagne). 816
Fritsch, Anl.D'.directeurdu MuséedePrague(Allemagao). cxxvi, 92, 307
Funston, .1 -F., Liverpool (Angleterre) 196,217,234
(lADOw, D', directeur dir Musée zoologique et d'anatoniie
comparée de l'Université de Cambridge (.Angle-
terre) 309 (Voy. Liste des Auteurs).
Gantjotana, G., Quito, Amérique du Sud lxxi, lxxiii
Gargiolli, Desiderio, Montifauna (Fiesole) (Italie) . . . . 196,231,233
Geoffrov-Saint-Hilaire, directeur du Jardin d'accliina-
talion de Paris . . . 177, 193, 217 (Voy. Liste des Auteurs).
Gestro, R., D% Directeur-adjoint du Museo civico di sloria
naturale, Gènes (Italie) 196, 417, 420, 819, 829
Giglioli, Enrico, llillyer, D'. professeur à ITstiluto di
sludi superiori et directeur du Museo zoologico
dei Vertebrati de Florence (Italie). . cxxviii, 13, 43, 112, 117.
121, 194,210, 213, 2.34, 241, 243, 239. 293, 402. 421, 510. 516
761, 779, 780, 7S1 (Voy. Liste des Auteurs).
GiPOULON, aîné, Sauveture lxxiii. lxxiv
Giovanni de Cobklle, directeur du .Musée de Roverlo.
Godefroy-Lunel, direct, du Musée /.oologi(|ue de Genève. 43, 112, 136, 137
Gosselet, Directeur du Musée d'Hist. nat de Lille (Nord), oxxii, 194 264
GossELiN, Conservateur du Musée de Douai cxxx. 662
Graaf (de), W., La Haye (Hollande 230 234
Grant, sir Arthur, Moiiyiiuisk (.\uglelerre) 943, 944, 943
Grant, Ogilvie.British Muséum (Xatural history ), Londres. 43 (V List. .\ul.).
Gregory, Mac, InspecteurgcnéraldcQueensland(Océanie). 423, 424, 826
C40,
(i43,
71(5,
722,
932
LXXIX
LISTE DES PERSONNES QUI ONT CORRESPONDU AVEC NOUS CXLI
Griko, James A., (^onservaliiir du Musée de HtTgcn (Nor-
\vùf,'e) 43 (Voy. Lisli> des Aiilcuis).
CiHûNWALn. junior, Walfialshausen (liavièrc lill .'ii;i,:il4 S38
GuiCHAnn, .larques régisseur du domaine de Sivry-courly
(Seine et-Marne) 49G, 407
GûNTHEH I)', nirerl. du Firitisli Muséum (Nalural llislory)
Londres ' . 607,r)|2,7l2,K04
GuRNEY, père, Norwich ( An^'li'lerre) 201,207
GuR.NEY, J.-ll., jun, Keswirii-llall, Xorwicli (Angle-
terre) . . cxxvii. III, 128 152, 133, 194, 199, 200, 201, 202,
203, 204, 208, 209. 240, 243, 277, 310, 367, 3G9, 371, 372, 373,
4fi4, 463. 466, 476, 341, 343. 389, 390, .392, 619, 623,
632, 663, 673, 688, 692, 696, 708, 711, 7i:t, 714, 71,3,
744, 773, Sl)4, 803, 964.
Haase, 0., .Millelslr., 31, lîcrlin
H.BCKEL. prof, à riniversilé d'l('na (Autriche)
Hamard, abbé, géologue, andiropologislc, Rennes (llle-el-
\ilaine) (Voy. Lisie des Auteurs).
OxENDKN Ha.m.mo.m), \\'., St-.\ll)an Court, près Wingham,
Kenl (Angleterre). ; 194. 199. 200, 205, 206, .329
Ha.mon i.'r^sTiiANGE, Hunstanton Hall (Norfolk) (Angle-
terre) cxxviii, 8. 90. 99. 476. 614, 618
Hamonvillk (d'), liaron. Conseiller-gi'uéral, ebàteau de
Mauouville. par .Noviant-aux-l'rés (Meurthe-el-
.\loselle) 541, 619, 675, 682, 708
Handcock, .lolin, Nortliunilieriand, Uurhamand .Xewcastle
Muséum, à Xewrastle upon-ïyne 43, 88, 111,
lis, 120, 126. 193, 201, 207, 268, 465, .343, 613, 637. 651, 613,
637. 631, 680 (Voy. Liste des Auteurs).
Hardy, James, secrétaire-honoraire du Herwikstiire Nalu-
ralisl's Club, Oldcaiidms, par Cockburnspath
(Angleterre) 193, .394 462 (Voy. Liste des Auteurs).
Hardy Manly, dealer in and sliipper of raw furs and skins
lirewcr (.Maine) (Ktals-lnis) 6, 112, 137,
197. 470, 682. 708, 709 (Voy. Liste des Auteurs).
Uakt, Ld-, Uow .Muséum, Christchurch, Hants (Angle-
terre), cxxxi, 99, 111,113, 118, 126, 128, 139, 143, 146, 133, 136,
613. 619, 631, 634, 634, 6.')3, 6ti6, 674, 686. 697. 6'.)8, 713, 722, 9.39
Hartert, KrnsI, au zoological muséum de .M. Hoischild,
Tring ( Angleterre). 196, 600. 610 621, 622, 708 (V. Liste Au!.).
Hahti.so, J.-K., directeur du zoologist, Londres 489, 490, 309,
512, 770, 772 (Voy. Liste des Auteurs).
IIartson, Joseph, Huddon-Hudiey (York) (Angleterre) . . 196, 201, 208
IIaiptvogt, .AnI.. Instituteur, .\ussig (Hohème) 407
Hautebive (d'), Paul, Irance 190
CXLII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Hayward, S., Camdbridge (Angleterre) 196,202,208
Ha/ard, R -g., Peaic Dale F{. I. (Etals l'nis) 197, 273
IIeensheet, Th., à Paletu (Indes-Orientales) 939
Hehhe, a., Brieg lAllcinagne; 197, 352
Hepe, inspecteur des forêts à l'iitl (Alleniagne) 510, 511
Heuman, député, Musé-e de liudapesl (Hongrie) 919, 920
Hermann, succès, de M. Maingonnat, naturaliste, Paris. . 604
Hertwic, R., Professeur, directeur du .Musée zoologique
de Munich (liaviére) cxxiv, 617
IIeuch, près Kiel (Allemagne) 239
Heude, R. P. missionnaire à Chang-Haï (Chine) li, lvii,
f)07 (Voy. en outre la Liste des Auteurs).
H/CKS, Edmond, LisUeard, r.(u-nwall (Angleterre) .... 195
HiLL, G.-W., Londres 196
HiLLYER, J.-H., Leicesler (Angleterre) 212, 215, 229
HoBBS, (M'''), 25, Queen's Road, Norfhiunpton i Angleterre). 803. 804
HouLTON, Chas., de St-Helens, Lancashire (Angleterre) . . 195. 218, 224
lIouLTON, D., Edimbourg (Ecosse) 195, 237
HousE, Richard. Directeur du .Muséum. .Xorthumberland,
Uurham, .\e\vcaste-on-ïyne (Angleterre) . . 637, 638
HuNT. S.-Deny, King's Linn (Angleterre). . . . 196, 217, 232, 237, 251
HvciNs, ,1 , Pontefract (.Angleterre! 214
Jagerskioli), L.-A., D', de l'Université d'Upsala (Suède) . 928, 929, 936
Janson, Ew., Nat. hist., agent and Bookseller, H. Great
Russell St (London) 200
Jentinck, D', profess. s' Riyks Muséum van Naturlijke his-
torié, Leiden (Hollande) cxxvi, 574,
(;3'i, 6o9, 683. 774 (Voy. Liste des Auteurs).
JiFFiN. Thomas, Rédacteur du Carliste .Journal. Carlisle
(Angleterre) 195. 228
Jupp. S., VVorlhing (Angleterre) 219
Kempen (van), Sl-(JMier (Pas-de-Calais) cxv, cxxni,
84, 85, 112, 171, 195, 394. 476, 507, 508, 522, 537, 541, 542,
562, 572, 573, 574, 602, 632, 650, 651, 713, 724, 742, 963, 964,
969 (Voy. en outre Liste des Auteurs).
Herbert, C, It', directeur du Koninlilijii zoologish. Genoots-
chap. Amsterdam (Hollande). . cxxix. 194. 199, 206, 207, 630,
631, 631, 639, 644, 6'i5, 046, 665. 669, 688, 689, 749
Keulmans, Artiste peintre, 13, York Terrace, Soulhend
on soe, Essex (Angleterre). . . . 562, 726, 727, 761, 767, 774
Kirklanu, .1., l!urton-on Trent (Angleterre) . . . 195, 231. 233, 234, 237
Klavvieter. Anklam (PomiManie)
LISTE DES PKllSONNES QUI ONT COI'.BESPONDU AVKC NOUS CXLIM
Klkin (von), a., grand veueur, dirucloiir du Jardin zoolo-
gique de C.openliague (Danemark) 197, 441. Wl,
505, :i09, ";iO. TM, lai
Kniz, James, J f. de l'Kcole d'Art dr (iinsgow (Kcosse). 943, 944
Knop, a., ir, Kalsriilic (Allt'iiiaiiiiej 'i:î, 44, 112. IIS, 'l'il
Kocii, Adam. ('.iistosaii).Seii(ki'ul)erj,'isclieiNaturfurscliende
Oesellsc'hafl. l"rankurt-a-.M. (Allemagne) . . . cxxii. :t4, '»;!
KoLDE, (;., haupllelirer (maître principal), l,ani;enliiilen-
in-ScId. (Allfma;;iuM 19(1, 2i()
Kortchauliim;, .•\lc.\andre,aid(' ronserv.dela sect.iiniilhid.
du .Musi'e do Moscou (Russie) .'il.'i
Kralik, Rilter, Von C, Mi'gerswaldeii. Adidf ( liiilirrne). . 44, 45, 54,
:i(l5, 306, 5:i8, 543
Kramah, Josef. Pilzi-n (Holième) 197, ,3:;2
Kreygk. Hanovre (.MIemagne) 74(1
Kroh.n, J. H.-H., HamljouriT (Allemagne) 81G
Krûgër Vetthusen. F5randeliourg (Allemai;ne) 197
KUSIKEL 91
Lacroi.x. A., I. rue Clémence Isaure, Toulouse 9, 112, 118,
119, 171 (Voy. Liste des Auteurs).
Lamb. John, 2, .Muscovy Court. Londres 99, (122
Langlev, s. -P., Secret. Musée nat. des E.-U., Washington. 197
La Ferre de Roo (France) . lxxxiv, xcv. xcvi, (Voy, Liste des Auteurs)
Larquier des Hancels, D". C.onserv. Musée zool. de Lau-
sanne (Suisse) cxxiv. 190. 379, 380, 52G, 699, 810
Lawrence, (ieorge, N., New-York (Etats-Unis) 197. 325
Lemettkil, Holbec (Seine-Inférieure) cxxxiv. 9, 27,
28, 29. 30, 32, 33. 34, 35, 36, 38, 39, 43. 44, 195, 232, 275,
277. 282, 476, 492, 772. 773, 774 (Voy Lisie des Auteurs).
Levanue», docteur K. M , de l'Université d'Helsingfors
(Finlande) 943, 938, 959
Leverkùiin, Paul, D^ directeur des Institutions scienti-
liques et de la liililiothéque du prince de Rul-
garie, â Solia. cxxxi, 29. III. 196, 477, 544, 680 (Voy. Liste A ut.)
Lewis, W. K., oologisie, Lo\ Rox 333, Kast l.iverpool (Ohio). . 197
LiLKoni), Lord. Lillord hall. Oundie (Ani;leterrc) cxxx, 563,
601, 975, 979 (Voy. en outre la Liste des Auteurs).
LiNDNER, pasteur à Usterweich, à Harz (Allemagne) . . . 477,816,
979 (Voy. en outre la Liste des Auteurs).
LoRENz. Liidwii; von. I)'. custos adjunci du .Musée d'His-
toire uatundle de la Cour, Vieiiiu; (Autriche) . cxxv, 43, 197.
309. .515. .'il 6. 521.
LoRENZ. Th., naturaliste, .Moscou (Russie) 11,43,197,223.
224, 223, 309, 312, 736 (Voy. Liste des Auteurs)
LosH Thorpk. D., de Carlisie (Angleterre) cxxvm. 476, 623, 758
CXLIV DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Loiic.AL, marchand d'Oiseaux, 33. rue Cliarlol, l'aris . . . 229,232,230,252
LùTKEN, (;h., 1)', directeur du Musée de l'inlversiti' de
Copenhague . . cxxxii, 43, 112, oO.j (Voy. Liste des Auteurs).
Mackeley frères, Norvvich (.\n;;leterrc). • . 199, 201. 208, 217, 232, 243
Macones, Joh., Ottawa (Canada) 197
Macphehson, Rev-, Carlisle (Angleterre) cxxxiii, 111,
126, 128, 193, 201, 202, 409, 463, 7:58, 739, 740, 760, 964 (Voy.
en outre Liste des Auteurs).
MAcpHKnsoN, A. Holte, Londres . . . 801, 803 (Voy. Liste des Autours).
Mauarasz, Julius von, l'csth (Hongrie), cxxxi, 698 (Voy. Liste des Aut.).
Mauler, artiste peintre, Paris ^ cxix
Magnelli, préparateur au Museo dei Vertehrati, Florence
(Italie) 230, 2oo, 401
Maingo.nnat, naturaliste, 37, rue Richer. Paris cxxvii, 84, 604
Malm, a. -H., direct, du Musée de Uulheinlxmrg (Suède) . 30, 66 (Voy. en
outre Liste des .\u leurs).
Marchant, Louis, 31, rue Rerbisey, Dijon . 400 (\oy. Liste des Auteurs).
Mari;é (L. de), Vendée lxxi
Marco.m, g. Freaiii, Chicago (Illinois) 389
Marion, correspondant de l'Institut, directeur du Musée
d'Histoire naturelle de .Marseille. . r.xxi, 9, 194, 249, 497, 767
Mar.viottan, D', député, Passy (Seine) 9, 44, 271, 497, 316, 724
Martin, R-, avocat. Le Blanc (Indre) 193
Maktorelli, Ciiacinto, professeur, directeui' du Museo
civico di storia nalurale de .Milan (Italie) . . . 403, 819, 833,
984, 983 Voy. Liste des Auteurs).
Mason, Philipp. B , esp., Burton-on-Trent (Angleterre). . r.xxxiii, 194,
199, 200, 202, 204, 210, 213, 229, 230, 231, 232, 233, 237, 241,
242, 243, 738
Mason, superinlendant du Musée indien (Calculta). . . . cxxx
Matschie, Paul, du .Muséum fiir Naturkunde de Berlin
(Prusse), .cxxxiv, 194, 293, 293, 361, 421 (Voy. Liste des Aut.).
Maugh.vn, Andrew, Dumbarlon (Ecosse) 193, 202, 213, 216, 218
Maunsbll, Mark, late captain to the Royal Dragons,
(takiey Park,Celbridge,Co Kildare (Angleterre). 193, 369, 370
MÉGNIN, Paul, directeur de l'Eleveur, membre de l'Acadé-
nue de Médecine à Vincennes . . lxxxvi (Voy. Liste des .Aut.).
Menzbier, professeur à l'Université, secrétaire de la Société
des naturalistes de Moscou (Russie) 197, 303, 410,
433, 438, 463 (Voy. Liste des Auteurs),
.Mever, A.-B., D', directeur du Kbnigliches zoologisches
und anlhropologisch-Elhnographisches Muséum
de Dresde (Saxe) cxxii, cxxxii,
27, 520, 340, 374, 577, 386, 587, (Voy. Liste des Auteurs).
LISTE Dli? PERSONNES QUI ONT COIIHKSI'ONDU AVEC NOUS CXLV
MiLi.Ais, .l.-G., Ilii,'lilaii(lrrs Seadirlli (Fciit-(ifori;e) (Aiiijlr-
tono) . lltl, 117, .'i;)!. (122. iVSA. 04(1 (Vov. Li-^le ili's Auli'uis).
MiM-AHii. (i..(lo Wyinjm^'hain (Aniilcleiic) 908,11011
Mil. I. Kit C.iimsTY, Hobort. l'ridrs liroinlicld. ncai- Chelinsford
(Anj,'lcterr(). . . 19"), 47(1, 489. 490 (Voy. IJsli' dis Auteurs).
Mil i.KHSH, G. ('.Iiilli'iiliain f Anslelerrc) 217
Moiiii:s, D", dirocli'iir du Kiini;.di(;hos Miiseiiin fiir Nalur-
kuud. liciliii cxxxiv, 194, 293, 29b
.MoKSCH, ('.., I)', dirpctciir dt- la /.i)i)liii,'isclR' Saiiiiiilunge,
Miist^e di' l'raijue 45
MoMA'iu Hniwn, parleur à lidllcrdaiii (lldllaiidc) .... 90, ll't, 140
.MoHiiis. ()( Wlicallaiid--, ('.licasprakclia) Vatcli rhib,
Kaslim, .Marvlaiid (Klals-Unis) G8i, 68;), 727
.MijsciiKN, Lamlieiiii, piofcssi'iir, Rome . . 190 (\ci.\. Liste des Auteurs).
MOll.ncr, pro(.,riireclcur du Mu.séedo Laihach (.\utriche). 539
Naiiaii.i.ac. (dk). marquis, cuiri'spDndant de l'Institut, au
rlii'ilraii de HiaigciiMiiit. p. Oliiyes (Kiiré-et-l.oir). (V. Liste Aul.).
.Mriii'iiv, (lapitaiiie Michael), .Angleterre 941
.Naui'a, U\ Lin/. (Aulrielie) 197, 397
Nazzonow, N., Musée zooloifique île rt'iiiversiti', N'arsuvie
(Pologne) 571, 572
Nblson, .I.-IL, Kedeai'. <'.levelaiid, Vorkshire (Angleterre". 941
Nkwhkhv, K.-H., de la (ilascuw .Sclimil ut .Art (ila-;co\v
(Kcosse) 370
Nkwto.n, sir Alfred, prcif.à l'Iniversiti's.Magdalene collège,
Cambridge .Angleterre) cxxx, 112, 193,
Gai, Ik)9, 080, 724 (\'oy en oulie Liste des Auteurs).
NlCHOLS, .I.-Ii., llolniwDiid, Diirking, Surrey (Angleterre), cxxxil, I9't, 199,
201, 202, 407. 'f7f;, .",40, (179, (193, 69:i, 741)
.\icouD, Louis, laliricaiit dhorlogi'iii-, Cliaux-de-l'unds
(Suisse* 196
.NoRGUET (de), a., Lille (.Nord) cxxii, 194, 264
-NouKV, directeur et loudateur du .Musée d'Histoire natu-
relle, LILeuf (.'>eiiie lii(érieuri') 9, 27, 28, 31,
3S, :i9, 40, 43, 44, 19,"). 232, 2.S2, 283, 317, 334, 404, 439
Oui., II. I. , président de la Soc. ornitli. de llanau-sur-le-
.Meiii (Allemagne^ 197, 286
Oi.eHKdaillard, (u iiilhn|iii;isli, lleudaye (liasses-1'y rénées) . 1 12,
713 iVoy. Liste des .Ailleurs).
Olsso.v, P, I>'. directeur du .Musi'e d'dshersiind (Suéde) . .'ilo
OuiiE.MANS, A.-C, direct, du Koiiinklijk zool. Iiot. Genoots-
cbap, à La Haye 197, 254
Oi'STALKT, Docteiirés-scieiices. aide naturaliste au Muséum,
ancien pri'sident de la Soc. zcol. de France.
5"), rue HulToM. Paris. . \ii, 43, 112. 117, 134. 141, 176, 195,
CXLVI DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
221, 222, 226, 240, 288, 290, 407, 411, 417, 44i, 447. litM), 610,
696, 720, 726, 742, 744, 745, 746, 704 (Voy. Liste di-s Auteurs).
Padkn, liicliiutl, tlireileur du Museuiu and (ialleiy ot Arts,
Liverponl (Angleterre) e.xxix, 6:)6, 712
Palmer (le baron), directeur du Musée de l'Universiti'
Helsingtors (Finlande) 929
Parrot, C, D', Munirh (lîavière). . . 104, 196 (Vny. Liste des Auteurs).
Paton, directeur du Musée de Glascow (Ecosse) c.xxiv, .')7il, 571
Palier, Guiseppe, Via Romana. n° 41, Florence (Italie) . . 196, 212
Paulstich, D'', realschullelirer, Hanau-sur-le-Mein . . . 197.242.286.374
Paulucci, (Madame la niar(|uise), château de Ceslaldo.
Val dElsa iltalie) 196, 2;)0. 234, 40:), 401
Pavesi, Pietro, professeur à riuivcrsilc de Pavie, direc-
teur du Cabinetlo zodldgirn, Pavie (Italie). . . c.xxiii,
525 (\oy. Liste des Auteursi.
Pfck, R., directeur du Muséum Nalurforschenden. Gesells-
chaft, Goerlitz (Alleuiagne) 43
Peuler, ils, Holmes. K ing's Langley, Hert. ( a niLrl.).( Voy. Liste des .\u leurs).
Pel/.eln (von), a., Musée impérial d'Histolr(^ naturelle.
Vienne (Autriche) 43, (Voy. aussi Liste des Auteurs),
Pennetieh, II', directeur du Muséum d'Histoire naturelle
Kouen (Seine-Inférieure). . cxxx. 19.'), .590. 667, 702, 9:17 967
Penot, Ch., aide naturaliste. Musée de Marseille. . . - 497
Peske, Schlawe (.Allemaane) 197
Petit. Louis, naturaliste, 21. iiie du Caire, Paiis .... 6111,
60S (\(iy. Liste des Auteurs).
Pétri (le chevalier), Louis, Vxnlc pratique d'a^ricidlure
de Pozzulo del Friuli, Udine (Italie) i.xxxi
PuiLipp (le 1)'), Santiago '.("hijil (Voy Liste des Auteurs).
PisroNE, Païenne (Sicile) 196. 242
PiTOT, Louis, naturaliste à Neuville, piès Vire (Orne) . . 195, 2'tO. 285
Pi.A.NAUER, H. -M., custos du Musée d'Vijrk (.\ngleterre). cxxm,43 66 522
Pleske, Th., conservateur flu Musée de l'Académie, Saint-
Pi'tersbourg, 43, 197, 515, 527, 544 (Voy. Liste des Auteurs).
PcHXiLE, DouMuico, Idiiie (Italii') Lxxiii
Por.oî, Ad., de Gènes (Italie) c.xxxiii, 194, 250, 2.59, 263
pHETV,MAN.N,Cap., Car! toi) Soulh, l-iucolushire (.\ngleterre). cxxx, 949,952
Pretv.man, Fri'dé'ric, Orwell Parti, Ipswick (Angleterre) . cxxx, 476, 639,
640, 647 950
Phvoh. Moderick 79, Grâce cleurcle street, Londres. . . 613, 6IS, 619
Habauii, Klienne, Moulaiibau (Tarn et (laroniie) 195
Uadiie. (iusiave, !>'. directeui' île la liibliolhèque et du
MuséeilHist. naturelle di>Tillis(Russte d'Asie). 112,
711 (Voy. Liste des .-auteurs).
Hagsuale. g. -H., Gigiiesville ('.o<ike, Texas (.■Xmérique). . 197
Kaine, Hobert, ."Vngleterre 933
LISTE DES PERSONNES QUI ONT CORRESPONDU AVEC NOUS CXI. Vil
Ramsay, I-"(1., curali'iir de l'AiisIralian Miisi-um, Sydney
Ni. uvellps Calles (Noiivclli; Hollande) ..... " 198.422,
472 (Voy. Lisli' des .Aiili'iirs).
IIavmomi, lils. .^ntroiilt^iiii' ((lliari'nli'i 2:i3
MiMioN .\k> iiKNKUK, l.iiiiis. soiii'Iairo ;;i''Uc'i"il de la Soc.
I.iiiiu'i'iine de Lyon, place Sallioiiay 498
Rkicmesiuch. Scnckenlicriiisclu'Nalnr.CiPselIscliaft, Kraiik-
fuil, A. .M 4:!
Reichenau (von), W. cusIos des .\alnrli. Mns. in Main/.,
(.Maycncc) 43
Reichknow, 1)', direi'k'ur de la i-ullect oniilli. du Mii-^eiiiii
fiir .\alnrknnile dr lieriin i;\xxiv, 194,
293. 29!'.. 361, 363, 392, 421, SU. :ii;5, 677, 710. 741
Hkn.nk» .1., Ornilhol. Veioins, Slai'ijard (F'oini'ranic) . . . 197,39a
Rkvoi.i.k, I.., din'cleiir du Miisi'uni. rirmohle (Isère) . . . cxxi
Kev, I-:.. I)', II. Klois|ilal/., I.ri|)/.iy (Allrnia^ine) 'i3, 92, 197, i.'il
HiDc.WAV, Hoheit, «uialor dcparleininl of liirds Musée
.\alional des Ktals-l'nis, Washington cxxxi,
112, IIS, 137, 197, 247, 292, 300, 320, 392, 421, 682, 683,
7711 (Voy. IJstc des Auteurs).
Rouan (princi' Alain he), Selnrow ( liolièiin' du Nord) . . . 'i77. ;)08. iilll
RocERON. iiieud)re de la Sociili' nationali' d 'a<iliiiialaliou
de France, château de l'Arceau, près Angers. 94S
9W, 9,Ti (Voy. Liste des .Auteurs).
HoMA.NF.SE, S.. I)', I,"vico Jlalie) I9î'..249 2.iS,2:)9
RoNiiiEi.o, .secridaiir de S. A. H. le iji'îi'id duc de Hcssc-
Darrnsladt i:xxv, 477, o07, ;)29
lioMiTA (i.e), I)'. prof, à rinsliliilo Lniicu, llai-i (Ilalic). lO'i-, 293. 296,
297, 783
Rothschild, VValler, prof, du Musée Trinj? ^Angleterre) . 62 69. .'ill,
:il2, 600. 613. 618, 619. (i22, 640, 708, 9'.0, 969
RovEB, Charles, [)ri'sidcnt dis Hiaux-.\rls, I.anitrcs . . . i:x\i\,II2. II.'),
476, 633, 634
Ri'DON. iM'i-d., I)', Pcrlebcri: (Alleniayiie) . 197, 394, 39:'>(Vi>y. Liste (h's
.Auteurs).
RiJOGEni, A., Messine (Italie) 196,212
RuHL, Lniile, négociani, iVerviers lielgiipie) 197,213 216.
229. 232. 233 237. 241, 242
.S.u;e. IL. l'ortland (Ktats-lnis) 341,684.791
Salle, liarbezieu.x i.xxiv
Splteh, Stephen, jun., archilecl l'I siirveyor. à l'ondwell,
prés Ryde (Anulelcrre) P.Ki, 200, 213. 21;) 2G8
Salvaduhi, Thoniasso, eouile directeur adjolul ilu Museo
zool. de Turin (Italie) cxxxiv, 272.278
(Voy. Liste des Auteurs).
CXLVIII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Salvin, Osbert, Havvks fokl, Hosleiiiere. (Ansli'ti'ii'f). . . l'.IS (N'oy.
Liste des Auteurs).
Sanson, prof, fie zooteclinie à Tlxiiie (h; ("iriiiiKin xvi (\'i).v. Liste
fies Auteurs) .
Sarc.knt, Lisliearfl (AnisJelerre) 217
Saundeiis, Howard, editor, of Ihe Ibis, Angleterre. . . . 961 (Voy.
Liste des Auteurs).
Savatikr. abbé, curé-doyen de la Villedieu du Cliiin (Vienne). 491
Schafk. D', Angleterre 748
St'.HAWRZENBEHG (S. A. le priuce Adolphe-Joseph DE), châ-
teau Frauenberg, par Libijie . . 343 (Voy. Liste des Auteurs).
ScHLUTER, naturaliste, Hall, a. Saaie (Allemagne) .... 608
Schneider, Gustave, Bàle (Suisse) 196
ScHULT, A., Friliourg 43, 396
ScHUTT, Karisruhe (Allemagne) 112, 117, 118
Sclater, Henri, II., Angleterre 961
Sclater, W.-L., Indiau .Muséum, Calcutta (Indes Orien-
tales) cxxx, 669, 677
Sclater, P. L., secrétaire de la Société zoologique de Lon-
dres, Hanover Square 112, 169, 290,
389, 660, 739, 740 (Voy. en outre Liste des Auteurs).
Skais, ,1. H., assistant au Muséum de l'Acad. des Se. de
Salem (Ftats-Unis) .... 112, 137 (Voy. Liste des Auteurs).
Seebohm, Londres (Voy. Liste des .\uteurs).
Sei.ys Longcha.mps (baron Ed. de) membre de l'Académie
des .Sciences de Bruxelles, ancien président du
Sénat belge, boulevard de la Sauvinière, Liège
(Belgique) cxxvi. 111, 117, 133, 139 161,
194. 209, 226, 243, 244, 248, 249, 252, 253, 265, 271, 388, 409,
468, 477, 541, 543, 530, 572, 374, 579, 630, 651, 662 664, 667,
692, 693, 694, 700, 703, 713, 720, 721, 72(), 955, 938, 959, 964,
9.S0 (Voy. en outre les Listes des Auteurs).
Sennett, Geo. B., Fvis, Pa. (Etats-Unis). . 484 (Voy. Liste des Auteurs).
Seringi, Otto, comte. Autriche 698
Sharpe, B.-B., D', Wilminglon, Dartford Kent (Angle-
terre) (Voy. Liste des Auteurs).
SuiiR, Karisruhe (Allemagne) 118
Slater, Henry, H., Carlisle (.Angleterre) . . . (Voy. Liste des Auteurs).
Sleep, .lackbroock street. London 200, 204
Smart, G., naturaliste, Durham (Angleterre) 196, 199
Smith, G , Denes naturaliste Larus bouse, Great Varmoulb
(Angleterre) 195. 200, 204, 205, 233
S.midt F -A. .direct du .Musée zoolog. de StocUolm (Suède), cxxii, 43. 501,
.502, 505, 309. 315, 517, 544, 373, 910, 911, 927, 928
Sordelli, professeur, directeur adjoint du .Museo civico di
stoiia naturale, .Milan (Italie) . 43. 112, 113, 117, 120, 147, 970
LISTE DES PERSONNES Qfl ONT CORRESPONDf AVKC NOUS CXLIX
Sparbe-Sch.nkidk», .1.. directeur du Muséo zoologique,
Tt-Dinsii (Norwègej cxxvii, V-i, M^
Sprecheh, Jacol), Coire (Suisse) 196,239,284,2.s8
SpnENGKi 43
Stai>loiikkt, lUcliard, laxideraiisle à iMariaknlî, Post Neu-
marks. Sti'iiTiiiark (licihôiiie) 509, 513
Stkphkns, !•' , Santa Vsalifl, Californie (Etats-Unis) . . . 481, 4S2
Stevexs, conitnissaire-priseur, Londres 196, 399
Stewaht, Willani, clerk ni sénat, t'nivers. nf (Ijascow
(Kcosse) ;;i)U, 570
Stjehnvai.i., llu^o, .1.. dDctcur en pbiiosopliie, llirven-
saliiii (l'inlandi-) in. ÔOi, 008, ÔK). 535, !i36, 572,
011, 912, 913. 928, 929, 930, 931, 936, 965, 966, 968
Stonk, Wilniei-, cnnscrvaleur de la section ornithologiqiie
de l'liiladil|)bie Germautown, Pa, (Ktats-Lnis).339,392.705,769
Sube, .1 -\\'., Aciiii,:.' (viirator in cliarse o( rnilcd States
national Muséum, Wasliinslon (Klals-lnis). . '07
SwAYSLAM), W., BriKhton (Angleterre) 106 20l,207,~'17
Taczanowski, prof, directrui' du Musée, Varsovie (Pologne). U', 43 56,
572 (Voy. Liste des Auteurs).
Tanche, H., .Anclam (l'citnéranie) (Pi lisse) cxxxiv, 194,
293 L'97, 213, 30(>, 446, 477 782, 816
Takdv, Chenil de la ('.liarrnoye, par Cerdon (Loiret) . . . cxix
Thiele, Socii'té allemande protectrice des Oiseaux, Leipzig;, 43
Tho.mas, Paul, Devonport Imuse, New .Maldou, Siirrey
• (.Vugleterre) Lxxn
Thompson, Krnest, K., naturaliste, 86. Homard St, Toronto
(Canada) c.xxxiv, 197, 267, 268, 477, 768, 769, 845
Thompson, Williajn. secrétaire du lierwicksliire Natura-
list's Club, .Northund)erlan(l (.-Vn^lelerre) . . . 402, 463
TouNiiiLL, ,loliu (pour le duc de liradford) 940
Tie.man, Fr., conservateur du .Musée de Brcsiau, Silésie
(Prusse) 43, !il, ^Voy. Lisle des .Auteurs).
Tissi, Kniico, Sotto-ispetlore forestale, lielluno (Italie) . . 196, 225, 236,
245. 288
TixiEH, a Sallon (Loir-i;l-Cher) Lxxiii
To.MKiNSON, Edw. p., ancien lieutenant H. N., Pasaduia
(Californie) 94
Toppan, Ceorfres L., 138, .lackson strei't, Ciiicago (Etats-
Luis). . ■ 197, 2;4
Tohhe (hel), Francesco. Ciudale tiel Krioli (llalie) .... 191, 26i
Traquair, K.-.M., Keeper of Nat. hist. dép., Muséum,
Edimbourg (Ecosse) cxxvii, 66
Thistam (rév.), Durbam (Angleterre) 118, 126, 420, 651, 6.52
Tpotteh (rév), St Mury de Crypt (leclory, à Gloucesler . 651, 652
CL DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Tsciiusi zu ScHMfDOFKKN, le chevalier V'iciDr (vo.n), llallein
(Autriche) . 112, 197, 698, 70i, 7(19, 909 (V.i\ . Liste des Aut.).
Tlick, .Iiilian (rcv.), Postock Kectory liiiry S' Ediiiunrl
SiiBolk (Angletnie) 476, 771, 772
TuLBEKii, Tycho, directeur du Musi'e zoologique, l'psala
(Suède) cxxiv, 543, bhi, 557, 574, 576
TiiRCHETTi, Isole Fuecchio ( I lalie) 196,251,252.279
TuRiNKR, aux Hirches Sulton Coldlieid, près HiruuDgharii
(Angleterre). i;xxviii.~91. 99, 476, 613, 615, 616, 617, 618, 941
Ti'iiNER, HaïuuKiudviile. New-York (Etals-lnis) 197
Uttehstriim lliu;o et Oskar, de Pajula (Suéde) 936
Vau.k, Anloine, directeur-adjoint du Musée d'Histoire
naturelle, de Trieste (Autriche) cxxxiii, 194, 250, 259
Vallon, Roverto (Trentino) (Autriche) . . 250 (Voy. Liste des Auteurs).
Varisco, a., prof D', dire<'lcur du Museo zoologico, Ber-
gaiiie (llalic) 196 2.52, 972
Veale W., Scarborough (Angleterre) 217
Veg.mulleh, pharmacien, Moral (Suisse) 196
Verrall, J. -H., Lewes (Angleterre) 195, 199,202,
207, 224, 225, 231, 265 (Voy. Liste des Auteurs).
\errii-l, a. -H., Conneclicut (Etats Inis) . 791 (\oy. Liste des .\uleurs).
Vian, président honoraire de la Société zoologique de
France, 4, rue des Capucins, Paris, ou à liellevuc
(Seinc-et-Oise^ 312. 469,
541, 675, CH2, 6'i3, 708 (Voy. Liste des Auteurs).
\ ii.LERMET, Chambéry (Somme) . lxxi
Vis (de) C.-W., curateur du « Hueensland .Vluseura »
(Autralie) 840
Wagg, E., Gros new Street, n* 77, Londres 911,947
Wagram (de), prince, avenue de l'Aima, 7, Paris . 83, (Voy. Liste Aut.).
Waldung Zeil Tranchburv, le comte von, .Moravie. . . . 92
Wallac.e, .\lfrcd. H., Parksione, Dorsetshire (Angleterre). (Voy. Liste des
.Auteurs).
VVard, Holand. naturaliste, Londres 941
Warthausen, R., \y, baron Kœning, château de Warthau-
sen, Wurtemberg. . . . 196, 350 (Voy. Liste des Auteurs).
Waterman, Arthur, Londres 212,215,753,754
Weissklog. Heinrich-.Adolf. Annaberg (Sa.xc) cxxvii, 731,732,
733, 737
Westermann, direct, du Kouinklijk zoologisch Genool-
shamps, Amsterdam (Hollande). . 112, 114, 122, 173, 630, 644
Whitaker, J.,deRain\vorth Logde, Mansfleldi\'otts(.Angle-
terre. . . . 194, 199. 204, 205, 228 (Voy. Liste des Auteurs).
Whiteaves, J.-E.,actingdireclor Geological Survey depart-
ment, Ottawa (Canada) 137, 197, 684
LISTE DES PERSONNES QUI ONT CORRESPONDU AVEC NOUS Cl.I
Wickevooiit-Crommki.in (van), directeur de la Socii'lé d'His-
toire iialiirelie, iliirlrm (HoIImikIc). . 111. 117, 133, 131, 14l,
143, lli, i:i(i, i;i7. 197, 21)1,^49, ib.i, 6i4, 7K^ (Voy. Liste Aul.).
WlEBKK, Antoiiin VVillieni, Ihiiiihoiirir (Alleiiiaf;niO. 43. (V. Liste des .\iil.).
WiEi'KEN, T.-.I., directeur du Musée duciii il"()l(li'Uiliipiir?j
(Alleuiagne) 112,142,096,737
WiGiiiNS, Joliu lie la (I lirili-i|i (ioal Sdcielv i> Aui.'lelerre. lxxxi, i.xxxiv
Wll.KENS, 11'. Vieuue (Autriche)
WiNTKLKii .( , I)', président de la Sociéli^ (inillli()l(ii;ii|ur
dArijovie, Aarau (Suisse) 1%, 243. 440,463
Wkiiiituhopk, H.-t;., du lieuf;;diire uniled >erviii' cluli,
Mniiiha.N (ludis Orii'Ulales) 9;i9
WdiiTMKN, A., ualuralisl-ilealir, Warsaw, Illinois (Klats-
I uisi 573, ,590,091, 777
WuHM, \V., Il', liad Teniacb. (Alli'uiaf.'ne). . . (Voy. Liste des Auteurs).
VoL'XG, professeur, directem- du Musée de l'Université
llunlcrian Musriiiii, lilascow (Ecosse) b69, .')71
/.Aiioi iiNoï N , ualuralisle d'Oreuihour;;, au cani|) des
Cadets, l'skow (Mussie) 112, 118, 119,
197, 318, 652, 743, 775, 813, 814, 971
/oi.i.iKiuKu, préparateur au Musée de St-Gallen (Suisse) . r..\xi,495, 496,
509, 513, 945
Parmi ces noms, que de vides la iiiorl u'a-l-eile point faits !
Chaque mois, chaque semaine, les revues, les recueils périodiques,
les journaux, nous apprennent dans leurs articles nécrologiques
{[ue beaucoup de ceux avec qui nous nous trouvions en correspon-
dance, depuis di.x ans à peine, ont tout à coup cessé de vivre. Nous
eussions désiré indiquer par une croix les noms de nos aimables
corres|ion(lants qui ne sont |)lus. Mais notre liste eiU ressemblé à
un vaste ciuu'liôre; puis il ne nous est point possible de connaître
tous ceux que la mort a fauchés. .Nous nous sommes donc abstenu
de sijinaler à nos lecteurs les pertes que la science a faites; nous
tenons, néanmoins, à nous .souvenir de ceux que Dieu a déjà et si
|iromptemeut retirés de ce monde.
CLII DES HYBRIDES A L ETAT SAUVAGE
Avertissement
Nous avons fait déjà remarquer que cet ouvrage n'a pas été
rédigé d'un seul jet; il se compose de six piirties, écrites à des
iutervalles éloignés. Aucune modification n'a été apportée à leur
rédaction; aussi trouvera-t-on nécessairement quelques redites;
les idées générales, dont nous faisons i)récéder le livre, avaient
déjà été indiquées rk et là lors de la publication séparée de chaque
partie. Nous avons cru devoir, cependant, les rassembler et en
donner un résumé complet en tête de tout l'ouvrage, dont elles
sont destinées à éclairer le texte.
Nous réclamons l'indulgence du lecteur. (In travail aussi consi-
dérable et, à certains égards, aussi neuf que celui que nous lui
ollrons, présentera certainement des imperfections et des lacunes.
Ajoutons que la nécessité de recourir sans cesse à des sources
étrangères, imprimées ou manuscrites, — puisqu'il existe très peu
de livres français traitant des hybrides (I), — a dil, malgré nos
soins les plus attentifs, amener quelques fautes de traduction.
Le lecteur éclairé comprendra les dillicultés que nous avons dû
vaincre, et voudra bien nous tenir compte de nos elTorts.
(1) D'enviruii HOU oiiviayes ou ailicles de Revues, dans lesquels nous avons
puisé des renseignements el que nous citons, (voy. la l.igle des Auteurs, pp. 87.T et
suiv.), 2o0 à peine sont écrits en français — plus de Sjil sont écrits en langues mortes
et plus particulièrement eu langues étrangères diverses. — Nos correspomlances
avec les Naluralisles, (lettres que nous n'entreprendrons pas de compter vu leur
grand nombre), ne sont point davanlage écrites dans notre langue.
PREMIÈRE PARTIE.
Les Gallinacés.
Dans rOrdre des Gallinacés, la faniilk' des l'haKianidés et celle
des Perdicinés nous ollienl queliiiies exemples de croisements, mais
ces croisements sont extrêmement rares. L'hybridation ne se
manifeste d'une faron particulière (jne parmi les Tclraonidés ; chez
ceux-ci, les six espèces européennes contractent entre elles des
alliances suivies de fécondité, le Tclnio tclri.r et le 7". uroijallus se
mélangent même très fréquemment. L'accouplement de ces deux
Oiseaux a seul été constaté de visu. La double origine de tous
les hybrides provenant des autres croisements n'a donc pu être
établie que par des conjectures, tirées généralement de l'examen
des caractères extérieurs. Mais les dilTérences inorf)Iiologiques que
présentent certaines espèces étant très peu sensibles, il s'ensuit
que la reconnaissance du produit est dillicile à faire, d'autant plus
que la coloration du plumage varie suivant les saisons. Aussi,
plusieurs des faits que l'on cite restent très liypothéti((ues.
Les diverses espèces de Tetraonidés ne se marient pas seulement
entre elles; un type très caractérisé par sa ([ueue en forme de lyre
et sa grande agilité, le petit T. lelrir s'allie au genre l'iKisinnus.
De nombreux faits de ce croisement ont été observés en Angleterre
depuis une cinquantaine d'années, et tout dernièrement sur le
continent européen. Cette particularité, digue d'être rcmar([uée,
trouve, pensons-nous, son explication dans l'importation d'une de
ces deux csiièces dans les cantons habités par la première.
Ces cas d'iiyhridatiou entre deux espèces de genre très distinct
sont uniques; tous les autres croisements féconds que nous allons
examiuerse sont, en ellel, produits entre espèces rapprochées. Nous
nommerons:
i" Frdncdliniis (uli/iirifi X /•"/•. piclii,
2" Callipcpld (jnnilicli X ('(dinus r(t'ifor]iini>!,
3° l'erdij- ciiwrea X /'. ruina,
4" Verdir rinerea X P. Htir.ililis,
Ij" Pcrdi.r sd.Tiililis X P- ralmi,
4 A. SUCHETET
6° Tetrao tetrix X T. urotjallus,
7° Laf/opiis sciil.icus X t.. iniitiis,
8° Luijopus (lUius X L. mulus,
9» GaUus Sonnerali X G. bankiva,
IQo Eiiplocamus lineatus X E. melanotus,
11» rliasianus llcevcsi X Ph. colchicus,
12" Pli. versicolor x Ph- Sœunnerinf/i,
13° Tetrao tetrix X Lagopus mntus,
14» Tetrao tetrix X Bonasa beluUna,
15" Lagopus aibus x B. Iirtulina,
16o f.. albiis X B. betulina,
17» L. scoticus X T. tetrix,
18» L. aUms X T. tetrix,
19" Thaumalea picta X Plinsiainis vnl.garis,
20" Euplocainus nyethemerus X /'/*. eolehicus,
21» Ph. colchicus X T. tetrix,
il" l'h. ruli/aris X Laiiopns alhus.
Disons tout de suite que les croisements compris sous les
numéros 3, M, 13, 14 et 22 ne sont pas suHisamnient attestés; les
croisements indiqués par les numéros 4, 5, 7, 12, 10 sont assez
]irobables; sont autlicnliques les numéros)!, 18 et 21; paraissent
également bien assurés les numéros 1, 10, 14, 17, 19 et 20 (mais le
croisement qui porte le n° 10 a lieu })lutùt entre variétés qu'entre
espèces), enllu le n ' 9 n'est pas prouvé et le n" 8 est assez problé-
matique.
Si l'on considère le grand nondîre d'espèces dont se compose
l'ordre des Gallinacés, le chilïre des croisements que nous indiquons
l)araîtra peu élevé; c'est cependant après avoir fait des recherches
bibliographiques très étendues, après avoir interrogé beaucoup de
naturalisles et (ouilh' les divers rabinels zoologiqnes, les musées
ou les collections parliculières, que nous avons pu l'établir.
Mais il proliable ([ue le nombre de ces croisements s'augmentera
à mesure que l'action de l'homme se fera sentir davantage, c'est-à-
dire à mesure que les forêts se défricheront, que les champs se cul-
tiveront, que l'aire des grandes ciiasses se rétrécira et que l'impor-
tation de nouveaux gibiers deviendia [ilus fréquente. Il ue faut
pas oublier, en effet, une remarque fort importante: c'est que les
espèces que nous venons de nommer sont toutes comestibles et
chassées par l'homme. L'inégalité dans les sexes, suite inévitable
de la destruction qui s'opère, le trouble apporté daus les mœurs de
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L ETAT SAUVAGE O
ces Oiseaux ])îii' les clianiîenienls (|Mt' nous avons ra|)iich's, peuvent
certainement amener les mâles on lt> femelles surnuméraires à
contracter (les alliances avec les nouveaux venus ou avec des espèces
étrangères déjà existantes. On a même constaté des croisemeuts
entre des Gallinacés vivant à l'état sauvage et des (îallinacés vivant
en domesticité, nous eu dirons quel([ues mots à la lin de cette étude.
Les hjl)rides, provenant des divers croisements que nous venons
d'indiquei', se sont-ils propagés, onl-iis reprodiiil leur race?
Nous pouvons atllrmer (jue non. Sonl-ils ])our cela stériles?
D'après les expéiiences qui ont été faites, ils le sont pour la plupart
lors(pi'ils se croisent entre eux, l'infécondité des mâles pouvant être
établie comme régie générale. .Mais les individus de sexe femelle,
(|ue l'on rencontie eu très jielit nombre, sont sans doute; capal)les,
en s'accouplant avec les espèces pures, de donner des jeunes.
Seulement ces produits, empruntant ainsi les trois quarts de leur
sang à l'une des espèces mères, ne taideut point à faire retour au
type prédominant et par là leurs caractères mixtes s'efïacent peu à
l)eu. Le feu professeur Severtzow aurait eu l'occassion de constater
chez certains exemplaires a|ipartcnant au genre Tetrao de légères
traces d'hybridation qu'il attribuait au mélange plusieurs fois
renonvidi' des espèces pures avec les hybrides. La chose est vrai-
semblalile. Il ne faut cependant pas oublier que, du croisement
direct de deux espèces, naissent parfois (les |)roduits dont les
caractères sont presque exclusivement ceux de l'uu des deux
liarents.
Perdicinés
Genre Fninrolinus
Francolinus vl'lgaris et Fr. iuctus.
Li' croisement de ces deux Oiseaux est mentioniu' jiar .M.M.
Hume et Marshall (1). Ils racontent que le capitaine Butler tua six
ou sept hybrides près de Deesa où ou a rencontré les deux espèces.
Ces Oiseaux sont plus forts que les Painted Partridges (P. pictus) ;
les lianes s(uit d'un brun très sombre, le bec est noir, les jambes
et les pieds sont de couleur saumon.
(1) Game Uirds of India, II, p. 25.
b A. SUCHETET
Genre Ortyx
Callipepla gambeli (1) et Colinus californicus (2).
D'après une coiiiiiuiuication qui nous est faite par M. .Manly
Hardy de Brewer (Ktals-Unis d'Amérique), la Ganibello Quail et la
Califoruica valley Quail s'entrecroiseraient. Le récent Hand-Book
d'Elliot Coues sur les Oiseaux des régions arrosées par le Missouri
ne parle cependant pas de ces croisements, ((uoique l'auteur
décrive longuement les diverses espèces appartenant au genre Orty.r.
M. Geo. B. Sennett a annoncé à la réunion du 21 février de la
Liitnœan Society oj New York (3) qu'il venait d'obtenir un hybride
bien marqué entre la Callipepla squamata et le Colinus virgiiiianus,
mais il n'indique pas si l'oiseau a été tué à l'état sauvage. Nous
n'avons donc point fait ligurer cet hybride sur notre liste; l'hajjitat
es deux espèces n'est pas le même.
Genre Perdix
Perdix cinerea (4) et Perdix saxatilis (5).
Bureau delà Malle a, le premier, parlé du croisement de ces deux
espèces (6), le fait qu'il raconte est néanmoius resté assez probléma-
tique comme on va le voir.
Dans la partie du Perche où se trouvait sou domaine, la Perdrix
rouge, surtout la grosse Bartavelle ou Perdrix grecque, se trouvait
en grande majorité, mais, en 1834, la Bartavelle rouge avait presque
complètement disparu.
Depuis plus de dix ans, le garde rapportait qu'on avait aperçu des
Perdrix rouges avec des ailes de Perdrix grises. Il parvint un jour,
sur les indications que lui donna Dureau de la Malle, à découvrir,
dans le territoire de Calonard, situé entre deux grands taillis, des
Perdrix qui parurent être le ju-oduit de la Bartavelle grecque femelle,
avec un mâle de Perdrix grise, nommée la Roquette (7), étrangère
aussi et originaire des Pyrénées-Orientales.
(1) Ou Lophortyx gambeli.
(2) Ou Tetrao ciilifornicus.
(3) AbsU-act of tlie Proceetlings of tho Linna?an Socitl\ , 7 mars 1890.
(4) Ou P. cineracea ou Tetrao perdix ou encore Starna cinerea.
(,')) Ou P. grceca.
(6) Comptes-rendus de IWcadémie des Sciences, p. 784, 18Co.
(7) La Roquette est probablement la variété damascena.
OISEAUX HYBRIDES IIENCONTIIKS A L ETAT SAUVAGE 7
Le célèbre ;iiik'iir de Vlù-diidiiiic pidHi(jitr des Itoiiiains pensa que
lii Biiitavclle, pressée par la violence de ses désirs, et ne trouvant
|)lusdans le canton qu'elle habitait de mule de sa race, avait con-
traiîté cette union avec le niàle de la Roquette.
Dans son récit il s'est montré très sobre de détails et n'a point
décrit les produits, aussi Isidore Geollroy Saint-Hilaire a-t-il remar-
qué que Dureau de la Malle n'avait point jusiilié complètement son
ojiinion (!). M. de Quatrefag-es trouve é;;alenient les quelques ren-
seijfnenients qu'il a donnés tout à fait insullisants (2).
Par quelles circonstances, en elTet, Bureau de la Malle a-t-il pu
savoir que c'était précisément la Bartavelle qui avait joué dans ce
croisement le rùledela femelle et non celui du mâle? Qui sait encore
si ces produits ne tiraient point leur origine de la Perdrix rouge?
C'est à ]ieu près le seul exeni[ile ([ue l'on ait cité; cependant
M. Louis Calpini nous écrit de la Suisse qu'il a vu un spécimen
provenant du croisement de 7'. cinerea et de P. saxatilis; s'il ne fait
point erreur, ce sujet est consei'vé à Sion. Nous avons interrojré
M. Bouoin-Ciuippuis, de celte ville. Celui-ci nous a répondu que
deux spécimens avait été remarqués dans son canton.
Peudix CINEREA et Perdix rubra (3)
.\ux yeux de tous les chasseurs ces deux Perdrix ont toujours
passé pour des ennemis irréconciliables. Aussi Bullon avait-il cru
pouvoir s'exprimer ainsi à leur sujet : « Si l'on a vu quelquefois
» un mâle vac;int de l'une des deux espèces s'attacher à une paire
» de l'autre espèce, la suivre et donner des marques d'empresse-
» ment et même de jalousie, jamais on ue l'a vu s'accoupler avec la
» femelle, (pioiqu'il éprouvât tout ce (pi'une jirivation forcée et le
» spectacle ])erpétuel d'un couple heureux pouvaient ajouter au
» penchant de la nature et aux influences du printemps. »
(]ette règle soulTrirait-elie (pichpies exce])tions ? — Un jour, en
passant devant la boutique d'un marchand de gibier, un membre
de la Société nationale d'acclimatation, M. Duwarnet, aperçut un
sujet (|ui, dit-il (i), montrait des maniues évidentes de son hybri-
dation : " ."^on bec et ses tarses étaient rouges. Les plumes des
(1) Hisl. gén. des Règnes orgnniiiue.i. III, p. \M.
(2) Rfviu' dos Omis scifiililiciiics, p. liS, ISliS t;".l. Voy. encore Comptes-rendus de
l'Aciid. lies Si-., XI. III. p. 7S'i. ISlit). <iù les inènu-s reserves sont exprimées.
Ci) Ou /'. nil'u ou Tetrao rufiis ou encore Caccabis rubra,'
(4) BulUlin de la Société d'Acclimalalion, p. 545, 1874,
8 A. SUCHETKT
flancs, bien qu'un peu moins vives, étaient celles de l'espèce rouge.
Les ailes, le dessus du corps étaient ceux de la race grise avec des
tous un [teu plus chiiuds. »
Déjà un autre membre de la Société avait signalé ce fait, observé
par lui dans le département de Maine-et-Loire, d'une couvée simul-
tanée, dans le même nid, de trente à trente-cinq œufs par deux
Perdrix, l'une grise, l'autre rouge (1).
Cei)eudantces renseignements ne sont pas sullisants pour attester
que le croisement de la I'. ruhra et delà P. cinercan eu lieu réelle-
ment et qu'il a été suivi de fécondité. M. Hamon le Stranger nous
fait savoir que ces deux espèces haljitent les mêmes champs à
Ilunstanton Hall (Angleterre) ; jamais aucun liybride n'a été ren-
contré ni par lui, ni par les garde-chasse, quoique ses recherches
aient duré plus de vingt ans.
PeRDIX SAXàTIUS et PERniX RUBRA (2)
D'après Bailly(3), la Bartavelle s'accouple parfois dans les monta-
gnes avec la Perdrix rouge. « Il résulte de cette alliance, dit cet
auteur, des sujets qui, par la taille, les couleurs et les dispositions,
tiennent le milieu entre les deux espèces, etc. »
MM. Degland et Gerl)e (4). après avoir examiné plusieurs de ces
produits, ont consinté des (iillércnces très notables sous le rapport
du nombre et de l'étendue des taches du cou ; « chez un niàle que
M. Devron a reçu de Grenoble, disent ces auteurs, le bord externe
de la bande noire qui encadre la gorge est à peine festonné par de
rares taches qui s'en détachent; sur deux autres mâles, l'un pro-
venant aussi de Grenoble et enAoyé par M. Bouteille, l'autre d'origine
inconnue, les taches un peu plus nombreuses se dispersent assez
loin sur les cotés et le devant du cou ; enfin deux femelles, dont
l'une appartient au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, diffèrent
si peu par le nombre et l'étendue des taches du cou des femelles de
la Perdrix rouge, qu'on les rapporterait volontiers à cette espèce, si
la double bande noire des plumes des lianes ne les en distinguait. »
M. Bouteille a décrit (5) ces divers hybrides sous le nom de
P. Labatiei. Après les avoir regardés comme une espèce distincte,
(1) Voyez le Bullelin île I8C1I. 11. 288.
(i) Les noies que nous avions rassemblées sur ce croisement ayant été égarées en
partie, nous ne pourrons èlre aussi complet que nous l'aurions désiré.
(3) Ornilliiilogie de In Savoie, lit, p. 187.
(4) Ornilhdlogie eiwopéeni^e, II, p. 04. Paris, 1867.
(5) Ornithologie du Dauphiné, p. 337.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L ETAT SAUVAGE M
à rox('m|)l(' di' (oiis les chasseurs (\n DiiuiiliiiM', puis après avoii-
changé d'avis, cet oruilliologiste est rovrau à si pieraière opinion,
parce «iiic, dit-il ([). '.\M et 338), « si dans le voisiriai;e des lieux
(lu'IiMliile la Hociiassière, ou trouve (jnelquefois la Perdrix rouge,
ou n'y voit jamais la Bartavelle. » Le professeur Blasius amis aussi
eu doute la valeur d(> ei'lte prétendue espèce, « ou se fondant sur ce
(juMl n'a jamais pu l'ohlenir dans son jjays natal, et alléi;uaut ce
fait, que sou auteur lui-même ne s'en es! procuré (ju'uu seul
exemplaire (1) ».
La majoriti' des ornithologistes se prononce cependant en faveur
de l'hybridilé.
A ce sujet, ^L Lacroix, de Toulouse, nous écrit qu'il possôdedans
sa collection nu hyliride de la Perdrix rouge avec la Perdrix barta-
velle ; il connaît un deuxième spécimen chez un do ses amis. Ces
oiseaux ont l'té capturés à l'état sauvage, le premier dans les
environs de Muray, 20 kilomètres sud de Toulouse, et le second
près de Mirenu)nt (Haute-Garonne^, sur la ligue du chemin de fer
de Toulouse à Foix (Ariôge), à 3o kilomètres sud-est de Toulouse. Ces
captures ont été faites pendant les années ISiii) et 1872 (2).
Nous pouvons signaler deux auti'es exemplaires dans la collection
de M. Lemetteil, à Bolbec (Seine-Iufôrieure). La collection du
D' Marmottan doit aussi renfermer un hybride de Bartavelle et de
Perdrix rouge, autrefois préparé par M. Bémer, naturaliste à Paris.
Cet Oiseau avait été tué dans la Sartlie. Enliu un spécimen auquel
on attribue une semblable origine se voit dans les galeries du
Muséum d'Ilisldire naturelle de Marseille; il a été signalé, nous
écrit -M. Marion, directeur de ce .Musée, dans l'Ornithologie de
Jaubert et Barthélémy Lapommeraie; il avait été acheté mort sur le
marché de .Marseille.
PeRDIX MONTANA.
Buflon (3) fait une race distincte de cette Perdrix « parce que, dit-il,
elle ne ressemble ni à l'espèce grise, ni à l'espèce rouge, et (pi'il
est dillicile d'assigner celle de ces deux espèces à laquelle elle doit
(1) Voypz M. Olplip-fiaillard, Cnnlril)utinn.< !i la Faune nrnithologiqne de
l'Kurope ncriileiitale, fasc. xxxix, p. S, mai ISW;.
(2) Dans son rutiilorjue raisiiiitu' (les Oiseaux obsenu's dans les Pi/renres fran-
çaises, p. 17, M. .\(liieii Lacriiix parle d'iin aiilro hybride conservé dans le Musée
d'Iiisloire nrilnrelle de Toulouse. .Nous nous demandons s"il n'y a pas lieu ici à
douille emploi.
(3) Œuvres complètes, V, p. iiO.
10 A. SUCHETET
se rapporter ». Il dit qu'on assure qu'elle se inèle quelquefois avec
les Perdrix grises et il la soupçoune fort, mais saus pouvoir citer
aucun exemple, de se mêler aussi avec les Perdrix rouges. Par ces
raisons il est porté à la regarder comme une race intermédiaire.
Nous pensons que la P. montana n'est qu'une variété de la Perdrix
grise, comme l'indique M. 01phe-(îaillard (1), comme l'ont pensé
aussi MM. Degland et Gerbe (i). M. Thomasso Salvador! (3) l'a
décrite ainsi : « tout entière couleur de châtaigne, excepté le
cou et les jambes qui sont de la couleur du Lion, ([uoique un peu
moins clairs. »
En parlant decet Oiseau, I.-G. Saint-Hilaire(4) s'est expriméainsi:
« il y aurait, selon plusieurs ornithologistes, des métis de Perdrix
grises et Perdrix rouges; la P. montana de quelques auteurs serait
établie sur ces derniers métis, mais cette opinion est contredite par
plusieurs faits. »
Une récente notice de M. Louis Petit (o), considère de nouveau la
P. montana comme une simple variété de la P. cinerea. Nous signa-
lerons un exemplaire au Musée de Rouen et un autre au Musée de
Marseille.
Tetraonidés
Genre Tetvao
Tetrao tetrix (6) et Tetrao urogallus (7)
Presque tous les ornithologistes s'accordent à dire que le Tetrao
urogallus Ç, pour des raisons dont nous chercherons une explica-
tion à la fin de ce chapitre, se croise en liberté avec le Tetrao tetrix ^
et donne naissance à l'Oiseau appelé Rackelhane (8). Celui-ci,
presque toujours du sexe mâle, comme sou nom semble l'indiquer,
est très répandu.
(1) Contrihiition.f à lu faune uniilhologique de l'Europe occidentale, fascicule
XXXIX, p. 2(>, mai 1886.
(2) Ornilh. europ.
(3) Fauna d'Italia. Parte seconda, i'ccelli, p. 101. Milano.
(4) Eixt. des règnes organiiines. III, p. 181 .
(5) Bullelin de la Société Zoolo-lipie de l'rance, XIV, p. 216, 1888.
(6) Autres noms : Lijrurus teirix ou Urogallus niinor.
(7) OuUrogalluf: myor .
(8) Ses noms scientiliques sont les suivants : l'rogallus minor pnnclatus
Brisson; Telrao hyhridus Linné; Tetrao médius Fritscli; Tetrao tetrix interme-
dius Langsdorll: Tetrao urogatlides .Njlsson: T. Iiiibriilus ex nrogallo et telrice
Uloger; Tetrao nrogallo-telricides Sundevall; Lijrurus médius Brelim; Tetrao
urogallus liybridus Dresser; Tetrao urogalto-tetrix Bogàanow.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 11
Il a été d'abord rencontré en Suède, dans le Smâlaiid (ancienne
province au sud de la Gotliie orientale) et le Vestergotland, où
Ruteuskiold tua deux exemplaires pendant le printemps de l'année
174i (1). Nilsson(i) l'a signalé ensuite dans le dislrid do Kalmar,
(Gotliie), dans le Roslagen, (partie de la province dTplandi'), et le
etleSiklermanland (ancienne province de la Suède, entre la naltique,
les lacs Malar et lljelmar, la province d'Uplande et la Gotliie orien-
tale), ainsi que dans le nord du Wermlaïul, près <le IJulvcipings,
dans un endroit montagneux et sauvage.
En Norvège, d'après le môme auteur, il n'est pas rare aux
alentours de Kungslierg; ([m'iipiefois il apparail dans la partie nord
de Shane. Le prol'esseur C()llett(;jj dit même qu'un nombre considé-
rable de ces Oiseaux sont tués cbaque année dans les dilîérentes
parties de ce royaume; ceux qu'on ap|iorte à Clirisliana viennent de
Gudbrandsdal.d'Osterdal, des parties sud deTrouiljeu slit't (diocèse),
et de Thelemarken, dans Ghristiansand stift. Le point nord le plus
éloigné où ils ont été trouvés, et où ils peuvent être vus, dit cet
auteur (4), est le Balsfjord, près Tromso ((19° 20'), cette localité étant
l'extrême limite d'un des parents : le Tetrao l(iri.r.
Blasius rapporte (a) que le Rackelhanc se voit assez souvent dans
les forcis du nord de la Russie. Sparmann ((•) l'avait déjà signalé
dans la Finlande et dans la Courlande (7), le prof. Germann dans la
Livonie (8). On le tue aux environs de Saint-Pétersbourg (9), on l'ap-
\MvU' sur les marcht's de celle capitale en grand nombre (10) ainsi
qu'à Moscou. M. Lorenz, naturaliste de cette ville, aurait eu l'occa-
sion d'examiner ainsi un grand nombre d'exemplaires pendant
l'espace de ([uiiize années (11). Un sujet du sexe féminin, conservé
(1) Voyez sciii ivcil envoyé à r.Vcadùaiic des Sciences de Slockliolm : Kon;;.
svenska Vetcnskaps Academiens, V, p. 181, 182 et 183.
(2) .S'A-fl«rf. faiina. 1S.t8.
{'.i] Reiiiarks on the Ornithology nf iinrthpren \orwitij. Videnskaps selskabet
forliandlinger, I. p. 235 et suiv., 1872.
Cl) « Tlie iiiosi noi'Mieily point at wliicli il lias heen (onnd or indeed can occur. »
(;>) Rei.'ie in europaischeiit Rus.^hinil, in den Jahrcu isio Uïiti /\!/. Biauns-
cliweijj;, IKM.
(f)) Muxeiiw Carhoniuniun. llohniip, I7H(;.
(7) Pour celle dernière conli-ée, voy. aussi Lan^sdoi'IT In i:oni|itrs rendus de l'Acad.
des Sciences de Sainl-I'élersl)oui^'. 1811.
(8) Voy. le docleur Meyer d'oilenhacli. Magazin der GeselIschaU naturfors-
chender l'ieundi' in lierlin, p. ii;t7 el suiv., 1811.
CI) Voy. Bo|.'(lano\v, op. cil., p. '.H>.
(10) Voy. LanjjsdolT. Meyer. ipn' nous venons de ciler, el 'l'eniminck {lli.<l. df.<
GallinacJs, III, l'aris, ISI5).
(11) Voy. Prof. Severizow, in Mémoires des Naluralisles de Moscou, 1888.
12 A. SUCHETET
au Musée de Dresde, provient du goiiveriienieiit île Whidiinir (i),
deux autres, de sexe mâle, d'Arcliaûgel (2).
De temps à autre, nous écrit M. le professeur Tae/anowski, le
Rackelhane se montre eu Pologne; deux exiunplaires, qui sont
conservés au Musée de Varsovie, vienneut de la Litliuanie (gouver-
nement de Minck).
En Allemagne, il se renccmtre plus rarement, aussi son origine
hybride a-t-elle été longtemps contestée dans ce pays. On ne connais-
sait guère encore, au commencement de ce siècle, qu'un exemplaire
pris i)ar Klein en 175(1, dans le duché de Kaussuben, en basse Pomé-
ranie (3), mais, depuis, cet Oiseau a été rencontré dans plusieurs
contrées (4). Le ])hysiologiste Wagner eut en sa possession uu
exemplaire provenant de la Bavière méridionale (5).
M. A. B. Meyer a signalé, en 1881 et 1883 (6), deux autres sujets
tués sur la frontière de la Saxe, dont l'un à Kost, près Sobotka
(Bohème du Nord); il le mentionne encore aux environs de Dresde,
(district de Rohrdorf) (7).
Dans la principauté du prince Camille de Uohan, dit le Journal
de chasse de Vienne (8), on tua non loin de Schrow, pendant lecou-
raut des années 1880 à 1887, huit Rackelhanes, trois furent tués en
1880, 1881 et 1884 par le b;iron Eluing, un autre en 1882, par le
Kronprinz Rudolph (9), un cinquième eu 1883 par le duc de
Cohourg Gotha, et les trois derniers par le prince Alain Rohan,
pendant les années 188j et 1886; on trouva aussi, eu 1887, un
Rackelhane mort. Ajoutons qu'un dixième exemplaire fut abattu
par le prince Rudoljjh dans la Bavière du Sud, aux environs de
Gundeus, en 1883. Mais c'est dans le Nord de la Prusse que le
Rackelhane se rencontrerait le plus souvent ; d'après le D^Wurm (10),
(1) D'' A. B. Meyer, de Dresde, Unser Àuer Rakel und Birkwild und seine
Àbarten. VVien, 1886.
(2) Di- A. B. Meyer, op. cit.
(3) Voyez le D' Meyer, d'OlIenbacli, loc. cit.. 1811 .
(4) Pasteur lirehm, Handbuch der Natiirgeschichlc dcr Yijgcl Deulschlandx.
p. 507elo08. llmenuu, 18:tl .
(5) Voyvv. Lehrbucli der Physiologie, p. 21). Leipzig, I83i>.
(6) Dans MiUlieil. (irnltliol. Ver. in Wien.
(7) Mittheil. ornilhol. Ver., p. '.I. 18S4.
(8)Pa8e3'i2, n» 11.1887.
(9) Cependant, dans .Millli. Ornilli., 1?S3, et Jagd-Zeilnng, même année, il est
rapporté que le lû'onprinz liudolpli tua deux exeinplaii'es reniarqualiles dans une
forêt qui avoisine la ruute qui ooiiduil de Soijan l'odol à Soliolka et qui, pensons-
nous, fait partie de la principauté du prince Camille de Hohan.
(10) Zool. Garten, p. 152, 1880.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 18
on en voit beaiicoui) dans le Li\ laiid; le baron vou Kruduer a
parlé (1) de quatre exemplaires tués dans celte contrée eu 1883 et
en 1884 (2); deux autres ont été nouvellement tirés au cliàleau de
Trikaten ('■]).
Si^iialous encore, tians l'est de la Prusse, un ma^nilique llackel-
haue tué à Ralzeburj^, sur la place des Tetrix, par M. l'Inspecteur
des forêts Nitclie, et un deuxième tiré dans les montai^nes de
Brangis/.ku, par le fils d'un i;arde forestier (4).
LeTyrol, la Carniole en Autriciie, l'Italie, la Suisse, nourrissent
cet étonnant liyi)ride. L'individu couservé au Musée de Bcrii'ame
provient des Alpes (pii avoisiiieiit cette ville (.'»). Le spécimen décrit
par M. Victor GalTé (G) fut tué près de Lengendfeld, dans l'Ober-
krain. Les deux exemplaires du Musée de Gènes vieiuieut du Tyrol
italien (7). l'n autre, couservéau Museo dei Vertebrali, de Florence,
fut abattu sur le mont ïuttoga en Avril 1862 (8). Ou a signalé de
nouveaux sujets daus le canton dTri, dans l'Oberland Saint-Gallois
et dans le Valais (9). Dernièrement, le colonel II. de Salis faisait
savoir (10) que deux magnifiques exemplaires, tués dans la vallée de
Pratignan, avaient été envoyés dans la collection de M. Cliallaudes.
Knlin, le Uackclliane s'est uu)utréeu Ecosse, de))uis l'inlroduction
récente d'une dos espèces mères, l'iiroijalliix, (|ui avait presque
complètement disparu (11). M. Campbell, de Glasi'ow, nous signale
entre autres un individu tué eu 1869 à Suilzallam (Clackmannan
Shire). Le premier liybride parait avoir été tué vers 1842 dans les
terres de Duuira (12).
Encore peu d'observations ont été faites surles mœurs du Rackel-
liMiic. Il se trouve, dit le pasteur Breb m, dans les lieux déserts, il
(1) .lag.l-Zcilun?, p. 'i06, 188a.
(2) Voyez p. ;10l el .iO*.
(.')) Voyez .lagd-Zcitiing. p. ;i(JO, 1888.
(4) LVxi'inpliiirc de Hatzeluirg a été envoyé à iM. HocK, de IJerliii, pour être
empaillé. .layd-Zeitiing, p. ^'i-'i, 1888.
(ii) Coiiinuiiiication qui nous a été (aile p.ir .\1. Cannozzi.
(r>) Japd-Zeilung, p. 217. 18«.
(7) Couiinuiiiealion de M. le Marquis Doria, conservateur de ce Musée.
(5) Nous devons ce renseignement à l'ubligeanee de M. (iiglioli.
(!») Voy. Tschusi, Les Mpeg. Slrasbourj;. IS.'W.
(10) Jahresbcricht der N. G. (iraub, Vlll, Cliur, ias:3.
(11) VoyezMlson, Skiiitil. l'aunti, I8,)8 De nombreuses indications ont été données,
d'après cet auteur, dans ['Institut, .\l, p 2Î>8. Voy. aussi le D' Wurui, Die
dctits. \('(it(t-lli(linci:/,oo\. Uarlen, Frankliirt, 1880.
(12) .lames Wilsou, .\olice of Ihe occiirence in ScolUuul of llie Tetrito nieilius,
etc. l'riuciMlirigs of tbe royal Society ol Kdimburg, I, p. I)'.>.'j. I8'i2-18il(. C'est Lord
Breadalbane qui a introduit l'Urogalle en Ecosse,
14 A. SUCHETET
aime les bruyères, et recherche, pendant l'hiver, les collines cou-
vertes de genévriers. LangsdorlT, de Saint-Pétersbourg, dit que
les gens qui le vendent au marché le désignent sous le nom de
nojieBaa uiemepKa ou Tétras des champs, ce qui fait supposer, ajoute
l'auteur, qu'il a une manière particulière de vivre et qu'il préfère
les champs aux forêts (1). Sa nourriture paraît être semblable à
celle de l'Urogalle et à celle du petit Coq de bruyère.
Ruteuski()ld, qui l'observa le premier, l'aperçut sur le baltz de
rUrogallus, au milieu des Poules; il le vit aussi, mais plus rare-
ment, sur les places où le Tétrix fait ses jeux d'accouplement.
Nilsson, auteur très complet en cette matière, dit que c'est surtout
pendant le printemps qu'on le rencontre. .\ ce nmmeut il iiéuètre
sur les jeux des deux Coqs, quelquefois on en aperçoit plusieurs
sur le même balz; d'après le célèbre ornithologiste, c'est dans les
jeux du Tétrix qu'on le voit le plus souvent. 11 se bat avec ce dernier,
le chasse même; cependant il ne cherche pas à profiter de sa victoire
et à s'emparer des Poules. Parfois, faisant irruption dans le jeu du
grand Coq, il le poursuit aussi, car il a presque autant de force que
lui et possède l'agilité du Tétrix. Lorsiju'il s'est rendu maître de la
place, il saute sur les Poules urogallus. Pour lui il ne possède aucuu
balz, ou ne le voit jamais avec ses semblables ou avec ses propres
Poules ; il vit seul, dispersé çà et là (2).
M. Frederick Eduardovitch, de Falz-Fein (Tauride), qui eut
souvent l'occasion, pendant le séjour qu'il fit à Dorpat, de parler de
cet Oiseau avec des personnes qui s'y intéressaient et qui avaient
pu observer les Tétras eu liberté, 1res abondants dans ce pays, nous
écrit « que partout où l'on a vu le Rackelhane, on a rencontré que
des individus détachés, mêlés avec les deux autres espèces, Inva-
riablement un à un; nulle part ces personnes ne l'ont observé
comme espèce distincte peuplant une certaine localité.
Quoiqu'il soit le point de mire de tous les chasseurs, parce qu'il
est un véritable perturbateur, empêchant les accouplements régu-
liers de se produire, on ne l'approche que très difficilement. Non
seulement il est très sauvage, mais il est toujours en mouvement,
sautant d'arbre eu arbre à la poursuite des Coqs en jeu (3).
(1) Op. cit., p. 507 et o08.
(2) Depuis, cependant, dans une chasse que fit le prince Rudolpli, celui-ci aperçut
deux Poules hybrides qui vinrent se placer auprès d'un Rackelhane.
(3) Voy. Sliundinavisk Faiina. Fo^darna. .\ndra bandet. Lund lS;i8. Cette
observation de Nilsson est continué par nos modernes. Voy. in Jagd Zeilung.
p. 22o, ISSJ, le prince Rodolphe qui écrit que le Rackelhane « change constamment
de place» et dans le même journal (p. 237, 18^4). M. Victor Gatfé. qui dit avoir vu
et tué, près de Lengenfeld, un Uackeliiane qui « était très remuant. » Voy. aussi
une observation du prince Schwarumberg in Jagd-Zeitung, p. tj.'j7, 1S82.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 15
(iloger a écrit que le Rackelliaiie ne fréquentait pas les jeux de
['uroijallas parce que ses forces ne lui permettaient pas de combattre
ce dernier. Le prof. Collelt dit aussi ([ue cet hybride semble recher-
cher la compagnie des Tétrix, le plus grand nombre des individus
qu'il a observés ont été tués au milieu d'Oiseaux de cette espèce.
Tschusi (1) raconte que des chasseuis aperçurent un Rackelhaue
s'abattre au milieu de Tétrix, et le baron A. V. Krudner rappelle
dans le Jagd-Zeitung (2) que son père vit, il y a environ quarante
ans, un Rackelhaue se promener dans les champs avec un grand
nombre de Tétrix. 11 est encore fait mention dansce journal (3), de
Rackelhanes qui ajjparaissent de temps à autre sur les places
d'amour du petit Coq Tétrix, où ils mettent le trouble. Enfin, d'après
les personnes que M. l'rederick Edi'iardovitrli a consultées, au
moment de la reproduction les Rackelhanes se réunissent toujours
aux Tétrix.
Cependant, dans It' district de Stainz, pendant l'année 1802, le
comte Lichnowsky tua, le 2(1 avril, un Rackelhaue (lui, par ses que-
relles, avait, durant six années, bouleversé les balz des urogallns
et était même resté vainqueur de la lutte contre trois Cocjs de ces
derniers. L'année précédente le prince Emile de Furstemberg avait
tué, pendant la saison des amours, un Rackelhaue à cùté de
quarante et une Poules «rof/aZ/M.s- et de quarante Poules tétrix [i].
M. Victor Galîé parle également (a) d'un spécimen qu'il tua le
29 mars de celte année et qui chantait le plus souvent sur les
l)alz de Vurogalliis. Il ajoute môme qu'observé dei)uis 1883, cet
Oiseau combattait tous les urojallus cf, et qu'il fut vu fréiiuem-
nient dans la société des Poules de ces derniers.
Le Rackelhaue fréquente donc les balz des deux Coqs comme
l'avaient dit Rusleuskiold et Nilsson (G). Du reste tous les auteurs,
(1) Histoire des Atpes.
(2) 188-i, p. 29C.
(3) Année 1883, p. 226.
(4) Voy. un article de M. le d' W. Wunn dans Zool. garten, Francfurl, p. 17G,
1880.
(ii) Journal de chasse de Vienne, p. 237 et 238, 1884.
((■)) TscUusi fait remarquer que les Tétrix, auprès desquels s'aballil le Hackelhane
mentionné plus haut, étaient en train de chanter, que celui-ci les chassa par sa pré-
sence, après (luoi il se mit à chanter lui-même, tout en restant indillérent pour les
Poules, car on sait, ajoute l'auteur, que les hybrides sont en général inféconds.
Cette infécondité ne les empêche point cependant de les cocher: nous avons vu
des Oiseau.N hybrides se montrer très ardents près de femelles et s'accoupler avec
elles. Il est fait mention dans l'article de Collet d'un individu « that il uns shol
in ils s/nt on lircciliiig liauiil of Caprrcaillir. » Nilsson. on se le rappelle, avait dit
que le Uackelliiini' sautait sur les l'diilesde \'iir(i'jitllus lorscpi'il parvenait à chasser
ce dernier de son ballz.
iO A. SUCHETET
s'accordent généralemeut à dire que le Rackelhane ne se rencontre
que dans les endroits où vivent les deux espèces de Tétras (1).
Il n'y a que quelques exceptions à citer :
Un exemplaire femelle conservé au Musée de Dresde, tué en
décembre 1884, à cinq lieues de cette ville, se trouvait dans un
endroit où Vurunallus paraissait manquer et où les Tétrix sont
pareillement rares. Déjà, deux ans auparavant, un Rackelhane
mâle avait été tué dans le même endroit (2).
M. le contrôleur Steinbreuuer a encore remarqué que trois
Rackelhanes avaient été rencontrés dans le Thaunus où, depuis très
longtemps, on ne remarquait plus d'urogallm. Mais, comme le fait
très bien observer Jtickel (3) une femelle Urogalle, manquant
de mâles dans son canton, a pu se diriger vers Thaunus, puis
s'accoupler avec un Tétrix. Ce naturaliste a souvent remarqué,
dans la forêt de Nuremberg, que les Poules uivijallus, au moment
des amours, sen vont au loin.
Les diverses circonstances que nous venons de rapporter nous font
donc penser que le Rackelliaue a une double origine. On ne l'aper-
çoit, en effet, ([ue dans les endroits fréquentés par les Urogalles en
môme temps (jne par les Tétrix, il n'a pas de baltz propres, il se mêle
à des Poules étrangères, on ne le voit pas en compagnie de ses
propres Poules, enfin les exemplaires tués sont généralement mâles.
Cette double origine nous est du reste indiquée par d'autres circons-
tances encore plus décisives. C'est ainsi que M. le premier lieutenant
C. V. Krœner fit savoir à Nilsson que, pendant une matinée de
l'année 1828, alors que l'enseigne Kerkëpa assistait, dans le canton
de Lampis, à un jeu du petit Coq, et que déjà deux Tétrix cT avaient
été tués par lui, une Poule du Grand Coq s'abattit subitement à
quatre-vingts pas de l'affût de l'enseigne. Celui-ci la vit, à son grand
étonnement, cochée par des Tétrix, tandis que d'autres Coqs, aban-
donnant leurs Poules, l'entouraient et se disputaient entre eux. Il
faisait à ce moment presque jour et aucune méprise n'était possible.
Deux jours après on tuait sur le même baltz un Coq Tétrix et une
Poule Urogalle en accouplement, la môme Poule, probablement, qui
avait été vue l'avant-veille ; ces deux Oiseaux étaient abattus du
même coup et on put s'assurer que la Poule apiiartenait bien à
(1) Nilsson, Gloger, Tschudi, Schinz, Brelim, Gould, etc.
(2) Voyez Meyer iu MiUheilungen des ornilhologischen Vereins in Wien,
p. 19, 1884.
(3) La Naumannia, p. 108-109, 1855.
OISEAUX IIVBninKS RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 17
l'espèce iiro(iullus; elle |icsiiit six livres et demie et le Tétrix trois
livres seulement (1).
Eu outre, Nilssou raconte (ju'entre Kiosa et Skersta, dans
le sud de Wisockeu, existe uu petit villaj^e près de la route nommée
Orsava, où tous les paysans sont chasseurs. l>e Tétrix est très uom-
brenx daus ces parages, ITrogalle beaucoup plus rare; presque
tous les ans ou y tue le Uackelliaue et la croyauce des paysans est
que cet Oiseau provient réellenu'ut du petit Coq et de la Poule de
l'in-iiiinllas. Ceux-ci ont vu, du reste, et tué les Poules du graud Cof]
sur les jeux du Tétrix ; l'itu d'eux, Xil Hauserd'Orsava, aperçut, lui-
même un Tétrix sauter sur une Poule du grand Coq. Nilssou ajoute
enfin (pTon peut être certain de traîner nue Poule urdijallus dans
l'endroit où on a tué uu Uackelliane, tantlis qu'on ne trouve pas de
Poules li'irir sur les baltz de Vnroijidlua (2).
Nous lisons cliez d'autres auteurs des assertions semblables.
Gloger, par exemple, rapporte qu'un chasseur de Kalmariaen lui a
assuré avoir vu un Tétrix cf cocher uue l'oule uro(jaUas\ tous les
chasseurs, dit (iloger, sont unanimes à reconnaître que les poules
de cette dernière espèce airiveul fréquemment sur les baltz des
Tétrix. Ce n'est donc pas, disons-le en passant, '( le mâle Tétras lyre
(lui, à défaut de femelle de son es])èce, s'accouple avec celle de son
congénère w comme l'ont écrit .MM. Degland et Gerbe (3), mais la
femelle Urogalle qui, faute de niàle, recherche les i.etii.i- et vient
dans ce but sur leurs baltz.
Nous trouvons uu nouvel exemple de ce fait dans les Mitthei-
lungeu des ornithologischeu Vereins (4). Il est raconté que, sur la
route qui conduit de Svijan Podol à Saliotka s'étend sur les deux
côté uue forêt dont les broussailles sont richemeut peuplées par les
Tétrix; les Tétras urogalles .se trouvent, au contraire, à une dis-
lance (le (pirlipies lieues de la forêt dans une giaude ])laine cultivée.
Or depuis l'époque où, dit-on, uue l'oule L'rogalle s'égara daus la
forêt habitée par les Tétrix, on rencontre chaque année des Rackel-
hanes.
Déjà nous avons eu l'occasion de faire remarquer que, depuis
l'introduction récente en Ecosse de Vurorjallus dans les endroits
où existait le Irtrir, ou aperçoit maintenant l'hybride de ces deux
(I) Ce récit se trouve dans Sckand. l'auna, étiil. de 1858, p. 84 et 8o. On le trouve
aussi tout au long dans Lloyd, Came biril.i, p. lOfi et lOfi, en note, I8()7.
{ijSkaïul. fauna, 18.'«.
(3)0nullt. Kutop.
(4) Wien, 1S83, p. lOo.
18 A. SUCHETET
espèces, « ce qui n'avait point lieu autrefois, » fait observer
M. Wilson (1). Mais le fait lo plus prohant, peut-être, est celui que
le prof. CoUelt a raconté (2). Des œufs pris dans le nid d'une Poule
urogallus mis sous une Poule domestique, donnèrent une couvée de
petits Rackelhaues; cette Poule avait donc été cochée par un Coq
tétrix.
Aussi le jdus grand nouibie des ornitholoiiistes se sont montrés
partisans de l'hybridilé chez le Rackelluiuc ; ceux qui considèrent
cet Oiseau couime une espèce véritable sont bien rares. Voici du
reste la liste plus ou moins com])lète des auteurs (|ui ont admis
l'origine mixte de cet Oiseau. En premier lien, C.A. Rutenski()ld{3),
qui parle d'après les chasseurs du Smâland et du Vestergôtland (4);
puis Linné (jui s'exprime ainsi : Species hybrida a pr;ecedenti
{uroijallo) et sequenti specie (telricc). « Ipse banc vidi (3) ». Ensuite,
le Baron de Gleichen (0); Si)arrmann (7), chez lequel on trouve:
« Tctrao In/hriilus, maguitudo femin;e majoris T. uroi/nlU. Oi'iginem
ex T. tctrice ac T. uroyallo maire trahere creditur ». Le D'' Lalliam,
(jui parle d'après ce dernier (8). Cependant, dans Allgemeine
Uebersiclit (1er yôr/d(9), un avis contraire paraît être donné, mais
peut-être par l'éditeur ? Johan Beseke(lO), Bechstein (11), Wildun-
gen (12); A. Reztius (13), Nilsson (14). Celui-ci apporte un grand
nombre de faits très probants. L'abbé Bonnaterre (15), Fries (16),
(1) Proceedin-s of llie royal Society of Ediiiburgli, I. p. 395, 1842-43.
(2) Forhaiullingcr Videnskaps selsUabet. Cliristiana, 1872.
(3) Kongl. swenska Vetenskaps Academiens, V, p. 181, 182 et 18.3, 1744.
(4) On trouve encore son récit dans Der Kœniglichen Schwedischen .\cadeniie
des Wissenscliaflen ajjandlungen ans der Natur.,elc. Hambourg et Leipzig, liv. V. 1751.
(u) Fauna suecicu, n» 201, 1701.
(G) Découvei-tes les plus récentes dans le Règne végétal, CI, d'après Abband. der
kônigl. schvved. Acad. der Wissensch., VI, p. 113.
(7) Muséum Carlsonianum. Holmia', n" 15, 1786.
(8) Supplément to the gênerai synopsis of Birds, p. 214, London, 1787, et Index
ornitkologicus II, Londini, 1790.
(9) Voir IV, p. 6G9. Rurnberg.
(10) Ucijtrage zur Naturgeschite der Vugel Kurlands, p. G9, Mitau und Leipzig,
1792?
(11) Gemein Natur. Deutsch. p. 497 et suiv. Leipzig, 1793.
(12) Neujarhsgeschenk fur 179.'), p. ;K), cité par Br.rdach et Bronn : nous n'avons
jiu nous procurer cet ouvrage.
(13) Faunœ suecicœ a Carulo a Linné, p. 208. Lipsiir, 1800.
(14) Ornithologia snecica , Pars prior, p. 302 et 303, 1817 et Skandinavisk
Fauna (diverses éditions).
(15) Tableau encyclopédique des trois ri'gnes de la nature. Urnithutogie,
l'c partie, p. 195 et 196, Paris, 1823.
(16) Tidskritt for Jâgare, p. 54 et suiv. Stockholm, 1832, cité par A.B. Mcyer, p. 58.
OISEAUX IIVUniDES RENCONTHÉS A L'ÉTAT SAUVAGE l'J
Naiimanii ([iii s'csl coiivaiiicu i>ar ses propri'S olistM'vations et ses
louf^uus roclicrclies (Ij. Li' d' Ooiislanliii (iloi;i'r(la:)s uue remarque
que l'on trouve dans l'ouvrage de Naumann, puis dans Volhliindiijes
llnnilliiirh <lrr .XfilKn/csrlticlile (1er Xoijcl Euiojius {!) et dans le Jour-
nal Kir Ui iiitJiolonie (3j où le docteur s'étend encor(^ assez longue-
ment sur le même sujet. John ("Knild Ci): U. Wagner (5) qui fait
savoir que son o|iinion s'est formée d'après les écrits de Naumann
et de (j loger (lij. Varrell (7j; Temminck, seulement dans la (luatrièine
partie de son Manuel iVOrnilholoijie paru en 1840, car dans l'édition
de 1820 il déclarait, dans l'erreur les ornithologistes iiartisans de
riiybridité; les ohservations étendues de, Nilsson l'ont ensuite (ait
changer d'opinion (8). J. H. Blasius (9); Pritchard (10) et G. S.
Morton (11) (|ni citent tons deux Rcchstein. Jaëckel proba-
blement (12); James Wilsou (i;j); Tschusi(14); H. Stevenson (lo) ; le
D"" W'urni (Kl); Isidore Geofiroy-Saint-Hilaire (jni parle d'après
Naumann et Gloger (17); le jirofesseur Uudolph Wagner (18);
Sundevall (19); L. Lloyd (20); G. D. Degland et Z. Gerbe (21);
Adolf Karl Millier (ii)\ Victor Fatio (23); de Quatrefages (24);
(1) Naturgesihiclile der Vugcl Deutscitlands, (>. Theil. p. 304 et siiiv. Leipzig,
1833.
(2) 1. Theil, p. 312 et siiiv. Breslau, ISW.
(3) Mars 18,y.. p. 12!» el siiiv.
(4) Uirds of Uuropil. IV. Loiidon, 1837.
(5) Traité de Pliysiotogie. p. iS3. 18:i8.
(G) Lehrbuch der Physiolufjie, I. Alilli., p. 12 et 2(;, Leipzig, 1830.
(7) llritisli birds. II. p. 3(;i.
(8) Voyez p. 318, édil. .le ISW.
(!•) Reise in eiiroïKii.frlieni Russlniid iii den Juhren ISiO uiid ISil. 1. Tlieil,
p. 2(i0. lirannscliwci;,', 184'i.
(10) Reseanites. n° 42, p. 40.
(11) The aineiican .loiirnal nf sciences, III, p. 2(Kt, 1847.
(12) La Naurnaiiriia, voy. pp. 108-IOG. Francfoi'l-siir-le-.Meiii.
(13) Proceedings ol the royal Society of Edirdmrgh, I, p. 3'.».'), 1842-43.
(14) Les Alpes, p. :J74 et siiiv. Strasbourj,', 181)7.
(Ki) Zoologisl. p. (i2W, 18:i8.
(ICi) Journal fiir Ornithologie, n» 43, p. 21, 1800.
(17) Histoire des Règnes organigites, III, p. IGii. Paris, 18G2. •
(18) Der Zoologischi- (larlen, Francklorl, lî<C,:i. p. S2.
(lit) Srenskii fnghirna, IH'iCi.
(20) The gaine hirds aud irild fowl ufSueden iiud Xoruay, p. 104et siiiv. London
1807.
(21) Ornithologie eumpeenne. 11, p. 48 el siiiv. 1807.
(22) Zool. Garlen, p. KHl, 1807.
(2.3) Bidielin Soc. yaudoisc des se. natinell.'s, IX, n" ;i8, p. 5 à 9, 18C8.
(24) Hcviic des Cours scicnlitiques, 1808-I80'J, p. 122.
20 A. SUCHETET
Collelt (1); Brehm (2); Dresser (3); le D^ W. Wurin (4); le
prince Scliwuizenberi;' (5); Pf. Jackel (C) ; le prince Rudolph, qui
a tu6 lui-même plusieurs exemplaires (7); le D^ A. B. Meyer,
de Dresde (8); Victor Gafïé (9); le baron V. A. Krudnur (10);
Bogdanow (11); der Weidmaun n" 33, 1881, et le Journal de Chasse
de Vienne, p. 340, où l'on fait mention d'un individu tué par le
prince Clary : le même journal, année 1884, p. 296, 327, 366, 434,
etc., où, à divers endroits, on trouve des articles de M. Sterger, de
M. B. et de M. GalIé; M. Wiebke (\2); A. Dubois (13), le feu pro-
fesseur Severtzow (14) de Moscou; C. Parot (13). Enfin, M. Lorenz,
de cette ville, qui publie en ce moment un ouvrage sur les Tétras
et leurs hybrides (16).
La plupart de ces auteurs et presque tous les ornithologistes que
nous avons consultés, donnent au Rackelhane le Tétrix pour père,
rUrogalle pour mère; quehiues-uns, cependant, tout en reconnais-
sant la double origine de cet Oiseau, pensent qu'il peut tout aussi bien
provenir du croisement inverse ou même des deux croisements(17).
Les naturalistes qui voient, au contraire, dans le Rackelhane, une
(1) Fôrhanclliilger ViOensUabs Selskabet, Cbi-isliania, p. loij, 1877 et aussi dans
Nyl Magazin for Natuividenslsaberne, p. Voo, 1877.
(2) Oiseaux, Irad. par Gerbe.
(3) Hislory of the Birds of Europa, London, 1871-22.
(4) Zool. Garlen, p. 175, 1880 et 113, 1884, ainsi que dans Das Auericihl, dessen
Naturgescliiclite, Jagd und Pflege, Wien, 1885, p. 184 à 195 et Der Àiierhahnjàger,
p. 27à29, Wien, 1888.
(5) Jagd-Zeitung, p. 637 et 658, 1882.
(6) Zool. Garten, p. 103, 1881.
(7) Milth.orn. Ver. Wien, 1883, p. 105 et lOG et dans plusieurs autres numéros,
ainsi que dans Jagd Zeilung 1883. p. 123 et IS87, p. 342.
(8) Mitl. ornilb. Ver. Wien, 1880. 1881 et 1884, et notamment dans son bel ouvrage
Vnser Auer Racket iind seine Àbarlen, Wien, 1888, où il donne les descriptions et
les figures d'un grand nombre d'exemplaires.
(it) ,lagd-Zeitung, p. 237, 1884.
(10) Même journal, même année, p. 2%, et 1885, p. 502.
(11) Conspectus aviuin imperii Rossici,iascic\i\\is I, p. 35 et36, Saint-Pétersbourg,
1884.
(12) .Tournai fiir Ornilliologie, p. 394 et suiv., ISSii.
(13) Faune des Vertt'hrh de la Belgique, II, p. 36 à 30.
(l'i) Nouv. Mém. de la Société Impériale des ^faturalisles de Moscou, XV, p. 161 et
162, 1888.
(15) Monatsschrift des deuts. Vereins, n» 3, p. 87, 1890.
(16) Cette publication ne sera achevée, nous écrit-il, que l'hiver prochain.
(17) Nous ne pensons point nous tromper en nommant les docteurs (iloger,\Vurm et
Me\er, ainsi que M. Wielke, le prof. Bogdanow, le docteur Fatio, et le prince
Schwarzemberg, Varrel, Stevenson. Plusieurs auteurs n'ont point fait connaître leur
opinion.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 21
espèce vérital)Ie ou uni' variété sont, nous l'avons dit, peu nonihreux :
il eu est (le nu^rni^ de ceux qui n'ont pas viiiilu se inoniuiccr. Ce sont
priucipalcuieiil Hiisson, (lui (ait uieuliou du HacKclliane sous li-
nom dr (;o(i-de-Hruyéres piqueté, l'rdiiaUiis miiior junuidlits (\),
et |U'ol)al)leini'ut RuIToii, qui à l'aftiéle l'clil teints à iiueiii' pleine
seinlile eu parler iiicideninu'ul, mais d'une manière confuse et qui
ne permet pas de saisir si c'est bien l'hybride qu'il veut désigner (ij.
Pennant (."{), (jui se contente de dire (|ue le laiii^afie de Linné est
obscur 1 Dans notre siècle, G. II. Lanii'sdorlï (i) s'exiirime d'une façon
très nette; après s'être procuré plusi(Hirs exemplaires il s'est
convaincu, dit-il, que le Rackelhane n'est ni une variété ni une
production de deux espèces dillérentes, iiuiis une espèce partieulière
qu'il noinnie Tétras intermédiaire ou Tetrao (tetrir) intennedius.Le
ly Meyer d'OITiMibach est moins aHirmatif, néanmoins il ])ense que
leUackeliianecoustitiK' une véritable espèce (o). Le pasteur Breh m (6)
est de cet avis. Lesson ne donne aucune explication (7).
Viennent ensuite : Schiuz (8) qui laisse la chose indécise; le
D'" J.-B. Jaubert, (jui critique les raisons données j)ar Gloger (9),
puis met eu doute l'existence de l'hybridité, sans toutefois se pro-
noncer d'une façon délinitive (10); Ernest Faivre, (jui écrit, sans
paraître bien au courant de la question, que les exemples que l'on
rite méritent coulirmalion (11). (îodron, ([ui pense que le RacUel-
hane n'est qu'une variété du Tétrix parce ((ne, dit-il, il ne s'en
distingue que par une taille un peu plus forte, et son plumage est
le même. James Starck, leipiel, dans une comninnication lue à la
Société Zoologi(iue de Londres (12j, établit la curieuse hypothèse
suivante : « le Tetrao médius n'est point un hybride, il n'est point
non plus une espèce distincte, mais plulc^l un mâle jnécoce
(iiiiiiKilurej. » Enlin, récemment, le colonel H. de Salis (13), qui
(1) OrnilhnliMjia, I. p. l'.ll, Paris, ITCO.
(2) Voy. Œuvres eomplHfs. V, p. l'.ll (ît l'.l:!, cilil. de IS'r'i.
(3) Arclic Xiidlinj!/. II, p. :U'i. London, 178.'>.
(4) Méiii. (If r.\(:i(l. Iiiip. <les Sciences de Sl-I'élersbdiir;.'. III. p. 28(1 el suiv., 1811.
(."») Mii^a/in der tîesollsilwill naturlorsclieiider l'ieinidi' zii llerlin. '.). (Jiiarlal,
p. ;t:!7el siiiv.. 1811.
(ti) lldiiilhiirh (1er \:tliir(jesrhickte der i'uijel Deulschlaiuls. Ilinonaii, IS:!I.
(7) iliinuel dUrnitkologie, II, p. 194. Paris, 1828.
(8) Eiiropaische Fauna. I, p. 277, 1840.
(9) Journal fiir OrniUiologie, I85i.
(10) Hevuc cl Mai;a/.in de zoologie, de ruiéi'iii-Menneville, (2), VIII, p, 97, 1856.
(11) De la viubiUl ' lies espèces et ses liiniles, p. 119. Paris, 1868.
(12) Proceedings, p. 13, Part XIII, l8'io.
(I:J) Jahresberiihl der N. Graiib.. VIII, Clinr. ISSO.
Ti A. SUCHETET
pense que le Rackelhane est une véritable espèce, avouant cepen-
dant qu'il ne peut le démontrer.
Les raisons données par ces auteurs sont prescjue toutes sans
valeur, nous allons le voir, car la plus grande partie des Rackel-
hanes qui ont été observés sont des mâles adultes qui diffè-
rent notablement de VuroydUus et du tcfrix. Dans cette liste
d'opposition nous n'avons point nommé Leisler, parce que nous
n'avons pu nous procurer son ouvrage (1), mais nous pensons
qu'il doit être com[ité parmi les adversaires de l'hyljridité chez le
Rackelhane. Faisons ici remarquer ([ue ces derniers donnent, eu
général, peu de raisons pour soutenir leur opinion, tandis que des
naturalistes de grande valeur et partisans d'une double origine,
ont multiplié les leurs.
Nous avons parlé longuement des circonstances qui laissent à
penser que leTétrix est le père du Hackelhaue ; nous n'avons rien dit
de celles qui peuvent, au contraire, faire croire qu'il en est la mère.
Les ornithologistes qui admettent l'origine T. iiroijallus (J' et T.
tetrix 9 se sont surtout fondés sur les caractères qui différencient
les individus. Si presque tous les Rackelhanes mâles (2) ont un
type uniforme, quelques-unes, cependant, offrent des différences dans
la forme et le plumage; aussi a-t-ou cru pouvoir dire que ces diffé-
rences étaient dues au renversement des termes père et mère. Nous
ne répéterons pas ici ce que nous avons dit ailleurs, le leu versement
des deux facteurs ne change poiut toujours le produit. Chez les
hybrides, Àniltcrstiœ picta, par exemple, une différence, même
notable, dans la forme et dans le plumage de l'hybride, n'indique
poiut le rôle des deux parents.
Mais des observations du genre de celles (jue nous avons citées
ont une toute autre valeur et nousdevonsreconnaitreque plusieurs
indications de cette nature ont été données en faveur de la paternité
de rUrogalle.
Nous les avons priucipalementtrouvées dans l'ouvrage de Lloyd(3).
Ainsi, d'après M. Falk, les Rackelhanes suivent les Tétrix aussi
bien pendant le Lck (jue pendant les autres époques de l'année, on
ne les trouve que très rarement parmi les l'rogalles, pour cette
raison probable, ajoute M. Falk, qu'ils préfèrent la compagnie des
Oiseaux avec lesquels ils ont été élevés. Pendant l'année 1830,
(1) TIcil. zii Beclixlein s lynturg., Hett 2, p. 190.
(2) Ou niieiix Rackelliunar (en suédois), mais nous pensons que le nom de
Uaciielliane, liés usité, peut être francisé et emprunter la nianpie du pluriel.
(3) The Game Birds and IVihl, Foui of Swetlen and yoraay, p. lOjetsuiv.
Lonclon, 1807.
OISEAUX HYBRIDES nEXCONTIIKS A l'kTAT SAUVAGE 23
M. IIoliii apen.-ut une couvée de ïéliix parmi k'S(|uels selrouvaieut
deux hybrides. L'un, i]ue l'on crut femelle, fut lue pendant la saison
de la chasse; le second, un mâle, qui fut de nouveau aperçu pen-
dant rautonine dans la mùuie couvée, fut tiré le printemps suivanl.
Ces jeunes oiseaux vivaient dans les chasses réservées de M. Ilolni,
où ou avait laissé uu faraud nombre d'(//w/a//«s cf.
Quand à Lloyd, il avoue que « c'est un sujet qu'il ne saurait
éclaircir. « l'our notre pari, nous sommes porté à voir le plus
souvent, dans le Hackelhane, le produit du T. Iriri.r J' avec T.
uroijalliis 9.
Les causes qui déterminent des croisements aussi fréquents sont-
elles connues? Plusieurs auleurs ont cherché à les expliquer,
Nilsson, |iar exemple.
En Suède, dit-il, où la chasse est libre dans certains endroits,
tout |iaysan, i;rand ou i)elit, est chasseur et chasse quand bon lui
scnible. Chacun tue autant qu'il peut sans se soucier de l'avenir; il
ne pense à retirer quelque profit (jue pour le présent. Or, le Coq
uroiiiilltis se laisse tirer facilement |)eiidant le temps de l'accou-
plement; lors(iu'il est en amour les paysans sont à peu prés sûrs de
le tuer. Le petit Coq teiri.r, plus agile, est, au contraire, difficile à
approcher, aussi devient-il très abondant dans certains endroits où
disparaît le j,'rand Coq. Les Poules urogalles surnuméraires se
trouveraient ainsi portées à rechercher le Coq tétrix faute de inàles
de leur espèce. Une preuve en faveur de celte opinion, poursuit
Nilsson, c'est que, dans le Herjedalm et dans beaucoup d'endroits
du Nord de la Suède, le Rackelhane augmente en proportion du
nombre des chasseurs; ceux-ci sont devenus plus nombreux
qu'autrefois et le Rackelhane est devenu de moins en moins rare.
Pour l'.Vllemagne, où le Rackelhane se voit moins fré(|ue'nment
qu'en Suède où en Norvège, Nilsson cherche une autre explication.
La chasse est soumise à certaines lois, elle est confiée à des
personnes iiabiles i|ui la font avec mi'thode, celles-ci se gardent de
trop détruire, et les Poules surnuméraires de\ iennent l'exception.
Gloger (1) a voulu aussi étudier cette question, il est même entré
dans de nombi'eux détails.
Pour lui, ce sont priui'ipalemenl les jeunes Co(is uroi/iillus qui,
chassés par leurs aines de la place du bail/., deviennent les pères
des hybrides eu s'aecouplant avec des Poules du Tétrix. D'après le
savant ornithologiste on s'est convaincu de ce fait en Suède et en
(1) Journal fûi- Ornitliologie, 1854.
24 A. SUCHETET
Norvège par des observations très exactes et poursuivies longtemps.
Les jeunes Coqs uroçjallus, continue-t-il, sont en effet plus forts que
les Coqs ti-lri.r, et, excités i)ar une longue privation, ils ne tardent pas
à devenir les seigneurs du haltz de ces derniers. Telle est, d'après
lui, la règle générale qui donne lieu à l'hybridation des deux espèces;
ce n'est ([ue par excei)tion qu'elle se produit dans le sens inverse.
Si, par exemple, dans un endroit quelcouipietropde Cocjs nro<inllii.s
sont tués (ce qui arrive plus facilement que les Coqs Ulri.r, bien
plus rusés), les Poules urogalles, privées alors de leurs Co({s se
rendent aux a[)pels des Tétrix qui chantent dans le voisinage. Elles
sont naturellement les bien venues. Cette opinion avait déjà été
émise par Gloger dans :Fo//s<(/*irf/i'yp.s' Handhuch (li'rXaturgeschicliUfi).
On cioit, disait-il ([ue le Rackelhane ne se rencontre que dans les
endroits où les Coqs urogalles ont été tués en grand nombre ou
dans les petits districts, où ils ont été complètement détruits, etc.
Gloger s'étendait très longuement sur ce chapitre. Une note du
directeur du /oi(/'(iM/(iui suit le récit de Gloger (p. 1.13) fait rciuaiiiuer
que chez les Tétras, comme chez plusieurs autres Gallinacés (]ui vivent
en polygamie, les mâles ne recherchent pas d'ordinaire les Poules,
mais ils leur indiquent la place où elles doivent se rendre pour les
parades d'amour. Ce sont donc les Poules ijui, en quelque sorte, vien-
nent s'offrir elles-mêmes. Rien donc d'impossible, ajouterons-nous,
à ce qu'une Poule urogalle s'abatte dans le jeu d'un Coq tétrix et ne
recherche ses avances puisque les mâles Urogalles se laissent tuer
plus facilement que les Coqs tétrix.
Nous croyons cette explication bien préférable à la première;
cependant la remarque que les jeunes Coqs sont chassés par les
vieux aurait été faite, d'après Falke, par tous les chasseurs d'Uro-
galles (2). Ces jeunes mâles n'osent s'approcher des Poules et
regardent à distance un spectacle qui les excite. Ils seraient ainsi
poussés à contracter des alliances étrangères? Enfin, M. E. Dresser
écrit (3) que le Rackelhane se voit surtout aux endroits où les mâles
de Vuroijalliis ont été tués. La question n'est donc ]ias résolue.
Mais arrivons à la description de ce curieux hybride. Certains
ornithologistes, bien peu nombreux du reste, ont prétendu que les
caractères du mâle, dont nous parlerons seulement pour commencer,
sont très variables. A en croire M. Falke (cité par Lloyd), sur
vingt Rackel-Hanar, il n'y en aurait pas deux semblables.
(1) 1834.
(2) Cité par Lloyil.
(3) Proceedings of tlie Zool. Society, 1876, p. 34.').
OISEAUX HYBniDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 25
MM. Degland et Gerbe ont également dit (iii'il était dilTicile de
rencontrer deux individus semblables à cause de la grande variabilité
des couleurs.
Nous pensons qu'il y a là erriMir, à moins donc que ces auteurs
n'aient voulu simplement parler de ces difléreuces qui existent
quelquefois entre les exemplaires d'une même espèce. Le Rackel-
hane cf adulte, sauf de rares exceptions, forme un type bien carac-
térisé, auquel il est facile de ramener la ])lupartdes individus ([ue
l'on rencontre. Ainsi Naumann (1) fait savoir qu'un des mâles qu'il
décrit ressemble parfaitement aux quatre exemplaires vus par
Leisler, ainsi qu'aux siqjt exemplaires dont le D'' Meyera donné une
descrii»tion (2). Sept autres individus conservés à cette époque dans
diverses collections, soit en Allemagne, soit ailleurs, présentaient
les mêmes caractères. John dould dit i(u'il a eu l'occasion de cons-
tater le peu de diversité ([ui existe entre les divers Rackel-IIauar;
il ne croit point que ceux examinés par M. Yarell différaient les uns
des autres ])ar leur structure interne. Le spécimen tué dans les
terres de Demira, eu Ecosse, se rapporte en tous points aux spéci-
mens que l'on trouve en Norvège (3). Tous les caraclères du T.
nii'iliiix, dit le [irof. Seveiv.low (i) sont extrêmement constants, sans
variations individuelles; ils sont tous identicpies. Ce ([ui est sin-
gulier, renia r([ue encore Brebm, c'est que le plumage du Rackelhane
est régulier, c'est-à-dire (|u'il ne varie pas d'un individu à l'autre.
Enfin le prince lUidolph, ((ui a eu entre les mains, soit eu chair,
soit empaillés, une assez grande quantité de Rackel-Hanar, dit
qu'il n'a jamais constaté des dilTérences plus (essentielles que chez
les espèces pures.
Nous-méme, qui avons jiu examiner quinze Rackelhanes dans
diverses collections et (pii eu possédons un exemplaire, nous n'avons
trouvé que des Rackel-llanar tijinis, et les renseignements qui nous
sont parvenus de différents Musées d'Europe nous ont confirmé
dans cette opinion. Nous pouvons citer l'individu conservé au musée
de Gorlitz, (jui est conforme, i)ar sa grandeur et sa couleur, au.x
descriptions qui ont été données sur les Tetrao médius parles auteurs
anciens, tels que Rrelini, Naumann, etc. ; les deux exemplaires du
Musée de Francfort, qui coirespondeut parfaitement avec la des-
(1) Natiir rier Vogel Deiilschlands, r>. Tlipil.
(2) Maijasin ilor (iosellsrliad naliirf. Fnnimlo zu Berlin, 1811.
(3) Voy. la coiiiiuunii'alion île .lames Wilsoii A la Société royale d'Edimbourg-
l'roccedings, I, p. TOi;, ltM2-«.
(i) Méni. des Nat. de Moscou.
26 A. SUCHETET
criplioQ donnée par Naumauu ; h; sujet ((ui orne la collection de la
Société d'Histoire natundle de Colmar et ([ui se rapporte à ladiagnose
de Schinz ; le Rackelhane de VU/licio ornillwUir/ico de Florence
(Museo dei Vertebrati), appartenant à la forme typique, ainsi qu'un
individu semblable du Miiseo cirico tle Trente ; puis, pensons-nous,
les exemplaires des Musées de Giesseu,Darmstadt,Tubingue, Bergen,
Leide, etc.
Toutefois, nous l'avons dit il se rencontre plusieurs exceptions;
déjà le prince Rudolph avait signalé (1) deux exemplaires qui s'éloi-
gnaient du Rackelhane typus (2) ; M. Paul Leverkiihn nous écrit de
Strasbourg qu'il existe dans le musée de cette ville un spécimen
provenant de la Forèt-Noire, qui olîre des analogies avec ce type;
le Baron von Krudner a parlé (3) d'un sujet assez petit tué à Ranzen
(Livland), et (jui, d'après la description qu'il en donne paraît
s'éloigner du type ordinaire du 7". mcdius. Dans sou bel ouvrage (4),
le D'' A. B. Meyer a rassemblé plusieurs exemples de ces excep-
tions. Le feu professeur Severtzow (o) a également mentionné des
types de Tctrao tetri.r, présentaul seulement quelques légères traces
d'hybridation, il a supposé, comme nous l'avons dit en commen-
çant, que ces individus provenaient du croisement d'espèces pures
avec des hybrides en traiu de faire retour à l'une des deux espèces
mères ?
A part ces exceptions, lesRackelhanes cf adultes que l'on tue fré-
quemment, tout enoiïrant de légères différences entre eux, peuvent
être ramenés le plus souvent à un type dont les caractères princi-
paux varient peu.
Nous avons réuni ici un grand nombre de descriptions du Rackel-
hane cf qui ont été données depuis un siècle et demi, nous avons
ajouté à ces divers reuseignemenls les diagnoses plus ou moins
(1) Milt. Oi-n. Ver. Wien. p. lOo, IS&Î.
(2) Voici en grande partie leur description: Bec fort gi'is jaune, cou bleu foncé,
poitrine ù reflets violets, le dessous foncé avec peu de plumes brillantes. Sur les ailes
un miroir blanc. — Au croupion des taches blanches. Les couvertures supérieures
du croupion sont longues et marbrées de blanc. — Croupion forme de l'Urogalle, les
dernières plumes échancrées. Le dos à la façon de l'Urogalle, coloré brun. Les yeux
bruns. — 2' exemplaire: Bec jaune de l'Urogalle, cou gris de ce dernier, poitrine
verte, le dessous brillant, grisâtre avec beaucoup de plumes brillantes, pas de miroir
blanc sur les ailes. Croupion tout noir, très court: comme chez les poules, les
dernières plumes sont écliancrées. Dos à la manière de l'Urogalle, coloré brun, yeux
bruns (cet exemplaire dilTère coTuplètenienl du Rackelhane lijpus).
(3) Jagd-Zeilung. j). oOl et .">02. année lS8o.
(4) Unser Àw'r-Rackel iind Birkwild und seine Abarlen. Wien, 1888.
(o) Nouv. Mém. des Nat. de Moscou, 1888.
OISKAtîX HYBRIDES RENCONTnÉS A L'kTAT SAUVAGE 27
compiles d'individus non encore décrits. Aliu de faciliter les rappro-
chements, nous iivDns mis en rcfjard, à la suite les unes des autres,
les parties dons nous donnons la (lescri|ilion. La comparaison à
établir entre les divers spécimens deviendra donc très facile, et on
pourra examiner si lesRaekel-IIan;ir |)résentent des dilTérencestrès
sensibles ou si, |)lutùt connue nous le |)ensous, il est [lossible de
les ramener le plus souvent à une forme typique.
I,a |»lupartde ces descriptions ont été faites d'ajjrés nature, nous
donnerons des extraits de celles (jui ont été publiées successive-
niiiil par Rutenskiold, Klein, Brisson, Linné, Peunant, Joliann
Besekc, Rechstein, Lanp:sdorlT, le!)' Meyer, d'Offenbach (1), Nilsson,
Temminck, le jiastenr Rn-hni, Xaumann (:i), Gloj^er, Scliinz, Gould,
Tschusi,lc prof. Collett, Malm, Deglaiid et Gerbe, Brebm, le prince
Rudol])!), Victor Galfé, li; D' A.-B. Meyer, de Dresde (3), le feu
professeur Sovertzow, auxquels nous ajouterons les descriptions
plus ou moins complètes : 1" d'un iiulividu que nous possédons
en peau ; 2' de trois autres individus ipie l'on voit dans les galeries
du .Muséum d'Histoire Naturelle de lîouen ; 3° d'un exemplaire
conservé dans la riche collection ornithologique européenne de
M. Noury, à Elbeuf-sur-Seine; 4"^ d'un autie tué à Arkangel et
dont M. .\. Dubois, conservateur du Musée Royal de Bruxelles, a
bien voulu nous envoyer la description; 3" d'un septième conservé
au Musée de Lausanne; 6» d'un huitième faisant partie de VUlficio
oniilholn()iro ilid Miiscn znolorjico (Ici Verichrati, de Florence; 7" d'un
neuvième appartenant à M. Lemetleil, de Bolbec (S.-Inf.) ; 8" d'un
dixième conservé au Musée de Genève ; 1) ' de trois individus du
Muséum d'Histoire naturelle de Paris ; 10» d'un quatorzième ofïert
cet hiver au Mu.sée de Bergen, par M. Lardai ; 11" d'un (|uinzième
que nous avons vu chez M. DeyroUe, à Paris ; 12» de trois autres
individus ap])artenant au Musée de Leyde ; 13° d'un dix-huitième
spécimen (|ue l'on voit au Mus('e de York ; 14° d'un dix-neuvième,
tué eu Ecosse, à Sullzallaii, eu ISG'.t, et envoyé au Kekingrove
Muséum de Glascow en 1871 ; de deux autres de la Collection
Maruiottan ; lo» enfin, de deux derniers conservés au Musée de
(I) Nous ignorons si la (Icsoriptinn du W Meyer, d'Olîenbach, a été laite d'après un
grand nombre d'exemplaires ; on pourrait le supposer, toutefois il parait ressortir
d'un passage (|u'il n'a vu (|ue deux exemplaires.
i2) Nilsson et Nanuianii ont décrit plusieurs exemplaires. Nous ne nous occupe-
rons point de tous.
CA) Le D' .\.-H. Meyer. de Dresde, déirit un grand nombre de sujets, nous ne
parlerons que de sa description générale du T. médius typus.
28 A. SUCHETET
Strasbourg, et sur les(|iiels M. Paul Leverkûhn a l)ieu voulu nous
envoyer quelques indications.
Aspect général : Le plumage du corps, qui est presque d'une seule
couleur lustrée et très peu variée, le rapproche du Télri\( Fjimjsdorff);
par sa couleur uoire brillaute il ressemble tout-à-fait au letrix
{Johann Beseice); il ressemble au Tétrix (Linné); par sa forme et sa
couleur il ressemble aux deux espèces, néanmoins plus au Tétrix
qu'à l'Urogalle, un observateur peu exercé le prendrait par consé-
quent, pour un grand Coq tétrix d'une couleur un peu sombre et à
la queue coupée (IVniunann) ; coXore varie variât in variis (Sparmann);
il ressemble à un Tétrix dont la télé serait plus grande et la queue
plus carrément coupée (Tachusi); sou plumage est noir à reflets
bleus (id.); sa couleur métallique est le violet-pourpre (exempl. du
Musée de Hercjen) (1) •. type du T. tétrix [un exemplaive du Musée de
Strashounj) ; il tient le milieu eutre les deux espèces dont il provient
{B7-ehm}; cou\eur du lélrix (Musée de Lcide); à \n^u près strictement
entre les deux pour les caractères plasti([ues et pour la coloration,
seulement la couleur des reflets métalliques sur le noir de son
plumage, qui sont violets, diflère des reflets verts de Vuroijallus et
des reflets bleus du tétrix [Severtzou-]; (tous les exemplaires que
nous avons vus tant empaillés (pie dessinés présentent ces carac-
tères); par sa couleur il ressemble plus au Iririx qu'k Vuroyallus
{CoUett)(2) ; il ressemble plus au Tétrix qu'à l'Urogalle (exemplaire
de M. Lemelteil); comme couleur ils ressemblent plus au Tétrix
{les 3 exemplaires du Musée de Rouen) intermédiaire entre les deux
espèces, mais l'aspect est plutôt celui de l'Urogalle {exemplaire de
la colleetion ^■(lurj|); alternativement il se rapproche plus de l'un
que de l'autre suivaut le père qui lui a donné naissance {Gloser);
néanmoins Gloger constate que pendant longtemps on a trouvé la
plupart des Rackelhanes semblables les uns aux autres.
Taille, dlmensions et forme: Corps à peu près comme celui d'une
vieille Poule urogalle {liutenskiiild}; maguitudo femluie urix/alll
{Linné, Fauna suecica); Pennant répète Linné. Pour la grosseur il res-
semble au Coq de bruyère (Bechstein): il n'atteint pas la grandeur de
\'uro(jallus,\\\i\\s il est plus grand que le Tétrix cf, il tientjustement
le milieu entre ces deux Oiseaux {Naumann)\ il est plus grand que
le ^ct/VJ et plus petit que l'urogallus 5 {Tschusi); la taille est au
(1) D'après la pliotograpliie ciiii lums est adressée, sa forme le rapproche de
l'Urogalle.
(2) Cité par M. James Alpreig, ciirator. liergen Muséum (.Norvège).
OISEAl'X HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAt'VAGE 29
moins celle (rune vieille Poule uiogalle {r.rriiiiilairi^ du Musée de
llenècc); il lient le milieu entre le Tétrix et l'Urogalle par sa forme
et sa i;rancleur {Joliuiin Besckc); taille plus forte (|ue celle de Vnro-
ijalius $ {cirniplaire de M. Lemctti'ilj; intermédiaire comme forme
et comme couleur entre les deux espèces {ej'empl. de M. DeyroUe);
par sa grandeur il tient le milieu entre le i;rand Coq et le Tétrix
[Lanysdorjl): à peu près strictement intermédiaire entre les deux
pour la taille [Severtzow); à peu près aussi grand que VUrogallus
femelle {1rs Iruis exemiiliurcs du Mnaée de l.ei.lr); taille d'une helle
belle Poule urogalle {tes trois exeinplaires du Musée de lioueu); taille
d'une belle Poule urogalle (collection de M. Noury) (4).
Sa longueni' ordinaire est d'environ 2 pieds .'înit'lies (Lloijd); taille
55 cent, {e.reuijiltiire dWrkanijelj: (i!) à 77 centimètres de long [Ilrehin);
sa longueur depuis le bout du Lee jusqu'à celui de la ([ueue est de
2 pieds 2 pouces (/.fni'/.sv/i/;//); longuenr2 pieds () ponces, mesure de
Paris, largeur 3 pieds 5 pouces {iPMeijer, d'djj'euliarh); longueur
28 pouces, largeur 44 à 45 pouces {Naumann); longueur 2 pieds
3 pouces, largeur entre les ailes 3 i)ieds 3 pouces (Mlsson); longueur
totale OOS""™ {Malin.); ab exlremo nostri ad cauda; et digiti medii
exitum2"4", Paris, {Klein, Stem. Avi); longueur totale lOG'^"^ {exempt,
du Muser de lierijcn); depuis le bec jusqu'à l'extrémité de la plus
longue |ilume rectrice 75,5, juscju'à la plus courte 72 (A'jc//)/;/. rft'cr«<
par A. (iaifé).
TihE, DIMENSIONS : Un peu plus grande que celle du Tétrix
(beclisteinj; plus grosse que cliez le Coq tétrix (Naumann); plus
grande que celle du Tétrix cT {Tschusi) ; intermédiaire entre les
deux {les trois exemp. ilu Musée de Itouen); inlermédiaire entre les
deux {collection de M. Noury) ; longueur de la tèle, 100™™ {exempt.
Musée de Ber(jrn).
Tète, coloration : Comme celle du Tétrix {lleclistein'?) ; d'un
brun foncé lustré {Langsdorjf) ; d'un noir à reflets brouzés et
pourprés (Temminckj; noire avec un rellet bleu d'acier tirant sur le
violet (Naumann); noire avec des reflets métalliques et pourj)rés
(lur/('//j ; d'un pourpre sombre, les plumes tachetées de blauc
(Gould); d'un rellet pourpre et bronzé selon la lumière (Nilsson);
tête bigarrée gris et noir (lOf autre exemjilaire); à'aw noir brillant
(Tschusi); d'un noir bleuâtre à reliefs (Deijtand et Gerbe); un autre
(i) I! est encore dit ilans le Jagd-ZeitiiiiR de 1888, p. 244, en parlant du Rackelhane
tné à Raizebni};. (pie sa conduite sur les places d"ainour était tout-à-fait celle d'un
Tétrix. On ajoute qu'il ressemble plus par son plumage à cet Oiseau qu'il ne res-
semble à l'urogaltus.
30 A. SUCHETET
exemplaire adulte : d'un noir à reflets orangés et pourprés [Deçiland
et Gerbe); à reflets pourprés {Breltm}; habituellement noire avec un
beau reflet violet ou pourpré (Glocjer); noire à reflets pourprés
violacés {notre e.reinitinire); le dessus est pointillé de gris et couvert
de fines ondulations en zigzags {pasteur Brelim); tète brune à reflets
pourprés (m/1 exemplaire d'Archançjel (Russie); d'un noir profond à
reflets métallicpies {e.remplaire de M. Leiuelteil); comme coloration
ressemblent beaucoup plus au Tétrix qu'à l'Urogalle, tête brune,
presque noire {les 3 exemplaires du Musée de Rouen) ; la tète et les
joues brun-uoir avec un brillant de violet métallique (/)''.l . B. Meijer) ;
les plumes des joues ont plus ou moins les pointes blanches ('</.);
tète noire avec bel éclat violet ou pourpré {(iloger) ; d'autres, au
contraire, (chez lesquels la ressemblance avec le ïélrix est plus
accentuée), ont la tète plus noire, brillant d'un bleu d'acier {GUnjer).
Signe caractéristique : Au-dessus des yeux, la peau est dénuée
de plumes et pourvue de petits mamelons charnus d'un rouge très
vif, ce qui forme un demi-cercle rouge; au moment de l'accouple-
ment, ces petites verrues, qui sont fines, allongées et plates, devien-
nent plus apparentes et se colorent davantage ; la bande a
relativement une étendue moindre que celle du vieux Coq Tétrix
{Nauntann); deux taches rouges {Rnteiiskiôld); au-dessus de chaque
œil une tache d'un pouce de long sans plumes (?); plaque rouge au
dessus de l'œil {Musée d'York); la tache au-dessus de l'œil comme
chez le Tétrix, grande et d'un rouge très vif, remplie de petites
verrues {Nilssnn); au-dessus des yeux une petite bande nue papil-
leuse rouge {Deijland); notre exemplaire parait être privé de cette
petite tache rouge au-dessus des yeux que beaucoup d'ornitholo-
gistes ont constatée, peut-être une détérioration en est-elle la cause,
l'Oiseau n'ayant point été monté. On sait, du reste, d'après les
observations de Nilsson qui a possédé des Rackelhanes en captivité,
que cette plaque verruqueuse diminue dès le mois de mai. Au Musée
de Rouen, sur trois exemplaires, deux seulement ont cette plaque,
le troisième en est dépourvu ; elle est moins grande que chez le
tétrix ; plaq ue papilleuse au-dessus des yeux, rouge vif [coll. Nourij).
L'œil : L'iris est brun de noix {l.amjsdorff); brun clair, le bord
des paupières gris foncé {D^ Mcyer, d'O/jenbach); sourcils rouges
(Temminck); l'iris est d'un brun foncé, la paupière est sans cils,
très rouge (Naumann) ; iris brun {Nilsson) ; l'o'il brun foncé {Brelim).
Bec, forme : Semblable à celui du Tétrix, sans courbure (Rulens-
kiuld) ; le bec étendu et un peu moins courbé que chez le Coq ou le
OISEAUX HYBRIDES nENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 31
petit Cof( de bruyère? {Mi'ijer, d'Offi'uliach); beaucoup plus petit, plus
faible, mais plus redressé (jue chez Varoi/dlliis et beaucoup plus
graud, plus fort cl plus élevé que chez le tclrir {Xauntann); la
luandibule supérieure bombée, la pointe un ])eu courbée, pas autant
(|ue chez le yrand Co(i de bruyère, mais It; bec plus fort et plus
long que celui du Tétrix (Nilsson); intermédiaire entre celui des
deux Coqs (les trois (•.irinplaiirs du Musée tic lUiui'ii) ; bec plus fort
que chez le Tétrix (Tsclmsi); le bec, depuis la pointe juscpi'aux
coins de la bouche, un pouce et demi {Lan(jsdorfl') ; le bec, un pouce
et demi de loniî {Meijcr d'Olfmhach) ; rostrum ex augula 1" 1"
(A/f/'ii) ; bec fortement développé 4, Z (ficinpl. décrit par V. Gajjé).
Bec, couleur : Nigerrimum (Klein); noir (Lamjsdorlf); noir
(Teniminek) ; couleur de corne, noir à bi i)artie antérieure (pasteur
Brchiii); couleur de corne {Gottld); noir (Scliin:) ; noir, mais le
dessous plus ou moins pâle (Nilsson); noir (prince Rudolplt, d'après
deux exemplaires tués en 1880 et 1881) ; noir (lirehin); bec noir
bleuâtre (Dei/ldiul et (ierbe) ; bec noir de corne foncée (c.mnpl. de
h). DeyroUe) ; couleur de corne foncée sur toute la mandibule supé-
rieure, les bords beaucoup ])lus clairs (notre e.reinplaire) ; bec gris
noir, plus clair à la poiule de la mandibule supérieure et à la
naissance de l'inférieure, la coloration claire s'étend plus ou moins
(.1. U. Meyer): chez deux exemplaires du Musée de Rouen, la couleur
de corne est très foncée, chez le troisième elle est plus claire ; tout
le bec noir, en dessous jiius ou moins de jaunâtre ((./oi/cr) ; bec
noir (coll. Xounj).
Gorge : Plumes longues, en forme de barbe, beaucoup plus
prononcées que chez le vieux letrix, mais moins que chezVuroyallas,
(.Xauniann); plumes un peu allongées (Teniminek); la gorge a un
épi {Schinzj ; l'avaut-gorge noir avec un rellet bleu d'acier tirant
sur le violet ; sous la gorge toutes les i)lunies entourées et
tachetées de gris blanchâtre (Xauniann) ; plumes de la gorge plus
longues que celle du tétrix, plus courtes que celles de l'Urogalle
[Deyland et (ierbe) ; sous la gorge, quelques plumes comme chez
ITrogalle, mais moins longues (e.renipl. de M. DeyroUe) ; gorge
noire avec rellets violacés ou pourprés suivant le jour, peu de
plumes longues (notre exemplaire) ; un des exemplaires de Rouen
a des plumes sous la gorge.
Cou, DIMENSIONS : La longueur et l'épaisseur du cou de Vuroyallus
{Itustenskiold) ; plus gros que chez le Coq Tétrix (Xaumann) ; inter-
médiaire entre les deux Co<is (les trois exemplaires du Musée de
Rouen) ; intermédiaire entre les deux (collection \oury).
32 A. SUCHETET
Le cou, coloration : De la couleur du Tétrix {Uustenskiëld) ;
coUuni iridis coloruni ex nigvo {Klein, Stem. Ac); seiné de petits
points rougeâtres (Brisson): colli color est in urogallo (Linné, Fauna
suecica); de la couleur du Tétrix {liirlisleiii); à reflets pourprés et
bronzés (Teinininck) ; d'un pourpre sombre {(iotild) ; d'un retlet
pourpre et bronzé selon la lumière (M/sAO(t); Qoir brillant {Tschiisi),
cou pourpre, (Musée d'York); habituellement noir avec un beau
reflet violet ou pourpré (Gloger) ; d'un noir bleuâtre à reflets
(Pegland) ; un autre mâle adulte, cou d'un noir à reflets orangés et
pourprés (id.); noir brillant à reflets pourprés violacés (notre exem-
plaire) ; les côtés saupoudrés de gris et {larfois tachetés de blanc
(Brehm) ; cou d'un violet magnilique reflétant la pourpre, laissant
voir du vert lors([u'on s'approche de la lumière (e.rempl. décrit par
M. Victor Gaffé) ; violet, d'un superlje éclat au soleil (exempl. tué par
le prince Clary) ; cou brun à reflets pourpres (exemplaire d'A rkangel) ;
cou d'un noir profond à reflets métalli([ues(('.r('m/)/a/rc(/e,1/./.('/»e/fei7);
noir avec un bel éclat violet ou pourpré (Gloger); chez d'autres, cou
plus noir, brillant d'un bleu d'acier (/(/.) ; les côtés du cou plus ou
moins verdàtres, suivant la lumière (Z)'' A.-B. Meyer).
Cou, PARTIE SUPÉRIEURE : D'uu bruu foncé lustré (Langsdorff);
profondément noir avec un éclat d'acier (Naumann); tacheté de
blanc (Gould) ; à reflets pourpres et bronzés très accentués (Nilsson) ;
brun noir, tacheté de gris (D. A.-B. Meijer); noir avec des reflets
bronzés violacés, parsemé de petites taches grises très fines {notre
exemplaire).
Cou, DEVANT : La couleur chatoie entre le violet et le pourpre,
et est fortement brillante; cet éclat particulier, bleu, rouge ou pour-
pre foncé, dit Naumann, est aussi vif que l'éclat du vert de
Vurogiillus et contribue à orner vivement l'Oiseau; il chatoie néan-
moins dans une couleur de bronze cuivré. La partie inférieure
du col est d'une couleur lustrée changeant en violet (Langsdorjj) ; le
devant du cou violet pourpre (Scliinz) ; à reflets pourpres (Brehm);
brun noir avec un brillant de violet métallique (W A.-B. Meger);
noir avec des reflets violacés (les trois exemplaires du Musée de
Rouen); noir avec des reflets violacés (notre exemplaire).
Poitrine et flancs : Pectore nigro, paru m ex albo maculato
(Klein) ; semée de petits points rougeâtres (Brisson) ; la poitrine et
la partie supérieure du ventre sont variées de taches blanches, les
côtés sont d'uu brun noirâtre, variés de points très fins roussàtres
[Langsdorfl) ; les côtés tachetés de brun avec quelques grandes
OISEAUX IIVDIUDES UENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGK 33
laclR'S Ijlaiiclii's aux i'xlr(''niilés, la paitit^ poshM'iciire di' la poitrine
noire avec ln'aucoiip do lâches lilaiiches (Mi'i/cr, il'(tjfrnhach)\ d'uu
uoir à rellels bronzés et pourprés, Jlancs variés de grandes taches
blanches ('/■('/((//(/«(•t); la partie inférieure et supérieure de la poitrine
et les lianes noirs d'uu éclat faiJjlL'uienl lileiiàli'e, parsemés de nom-
breux petits points bruuAtres au bout des plumes et aux barbules,
surtout sur le milieu de la jioitriue, par-ci par-là parsemée de blanc
on tachetée de blanc {Sainnunn); poitrine habituellement noire
avec un beau rellel violi't ou pourpré {(iloijcr) ; (|uel(iues taches
blanches sur la poitrine ("/.); poitrine d'un jionrpre sombre ou
violet pourpré {(iould) ; poilrine violette (c.ri'nij}. de M. Di'yrolle);
d'uu reflet pourpré et bronzé selon le loin (Xilssun); les cùtés bigar-
rés gris et noir {Xilssitn); poitrine violette (prince liailulph, deux
exemplairi's luéx en ISSO et iSSt) ; brune à r(ïllets pourpres (exempl.
d'Arkdiiiji'l) : avec des reflets violacés (('.reinplalrrdc l'Ujfirio ornltho-
luijico de Florence); poitrine et partie antérieure du sternum d'un
noir profond à reflets métalliques (exemplaire île M. Lemetteil) ;
flancs d'un noir de suie (id.) ; la poitrine violette avec un brillant
de métal (A. -H. Meijer, d'OjjodHiclij ; noire, avec un bel éclat violet
ou pourpre (Gloger) ; reflets métalliques violacés (coUeclion IVoury) ;
le plumaiçe de la jinitrine d'un violet niagiiilique relli^'lant le pour-
pre et laissant voir le vert lorsqu'on l'approche tle la lumière,
(exeiiip. décrit par M. Victor Hnjfé); poitrine violette brillant au
soleil d'un superbe éclat (exempl. tué pur le prince Clarij). Ces
dillérences s'expliquent en ce que la limite du d(,'vantdu cou et de
la pallie supérieure de la poilrine qui le suit imniédiatemeul ne
sont pas assez limités. N'oii-e avec un bel éclat violet ou pourpre
(C.loijei).
Ventre : Ouel([ues taches blanches sur le dessous du cori)s
(Brisson) ; les plumes du bas-ventre noires ; la partie supérieure du
ventre variée de taches blanches, les cùtés d'un brun noirâtre,
variés de points très lins et ioniScd\-es(Lani/silurll) ; tachetés de brun
avec quelques grandes taches blanches aux extrémités (Meyer,
d'Offenliaeli); le ventre d'un noir mal, l'abdomen vaiié de grandes
taches blanches {Temminci,-} ; noir tl'un l'dat d'acier faiblement
bleuâtre, parsemé de nomlireux petits points brunâtres au bout des
pUnues (Xiniminuij : noir mal (Sciiinz) ; les côlés noirs tachetés de
lilanc ainsi que le ventre (/'/.); le ventre d'un reflet iionrpre et
bronzé selon le jour (iMlsson) ; sur le milieu du ventre on trouve
(juatrc ou eimj petites taches blanches (/'/.); ventre noir brillant
barré de blanc (ïscliusi) ; uoir (Brelim) ; abdomen uoir, nuancé çà et
34 A. SUCHETET
là de blanc [Degland); autre cremplaire, abdomen d'un noir mal, has-
ventre d'un blanc sale (/M//rt/»/); bas du ventre blanc sale (cirmfy^toT
de M. LoiictU'ilj; un peu de blanc au milieu de l'abdomen ijui est
brun pointillé de blanciiàtre sur les flancs {c.rcmplairc d'ÂrkaïKji'lj;
ventre très noir, d'un brillant plus ou moins violet, le milieu du
ventre parfois blanc, la partie postérieure avec du blanc (A.-li.
Mcyer); flancs finement pourprés d'un gris cendré (id).
Dos : Front tetraouis {Klein) ; tout le dessus du corps est tacheté
de blanc {liechslein) ; les plumes qui couvrent la jiarlie supérieure
du dos sont noires et variées de très j)Ctits points blancs et roussàtres
(jui sont à peine perceptibles, le dos est noir varié de brun
{Lnni/sdarlf) ; le dos gris noir entouré et tacheté couleur de rouille,
et la partie postérieure noire avec (|uelques taches blanches {Mi-ijer,
d'OJl'mhdch) ; chez un second sujet on voit seulement une longue
ligne blauciie à la tige des plumes (id.) ; le sommet du dos est d'un
noir brun parsemé de petits points noirs innomJjrables d'un brun
clair comme du sable, qui se rangent quelquefois en zigzags
(Naumann) ; dos d'un noir lustré parsemé de très petits points et de
zigzags cendrés et bruns [Teiiiminck] ; dos tiuement tacheté*(oii
poudré) de gris cendré (Gloger) ; noir brillant tacheté de gris
(Srhin:) ; noir lustré bleu (Nilsson) ; le bas du dos noir violet poin-
tillé de blanc et chatoyant (Tselmsl) ; dos noir, semé de points et de
ligues grises très fines, en zigzags (Brekin) ; noir varié de roussàtre
{Deijlaiid et Gerbe) ; noir à reflets orangés et pourprés autre exem-
plaire [id.) ; d'un noir de suie, sablé de très fines stries gris perle au
manteau {exeiindaire de M. Leinetteil) ; brun presque noir, pointillé
de roux et de blanchâtre {exemplaire d'Arkanyel) ; finement pourpré
d'un gris cendré {Gloger).
Epaules : Les plumes du dessous des épaules sont blanches
{Lnui/silorlJ); même signalement chez notre exemplaire; épaules
d'un noir brun parsemé de petits points innombrables d'un brun
clair comme du sable qui se rangent en zigzags (iVawHiann); la région
des épaules est blanclie, mais ceci ne se montre qu'à l'état de repos
des ailes, et rarement, comme une petite tache triangulaire {i\au-
nian7i); une petite tache blanclie à l'épaule {Gould); les épaules
noires {Nilsson) ; absence de tache blanche aux épaules {Langsilorfj);
une tache blanche sur l'épaule (Z)'' A. B. Meijer) ; de même sur notre
exemplaire; absence de tache à l'épaule [les trois exemplaires de
Jtouen).
Ailes, conformation et dimensions : A l'état de repos, elles
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 33
n'atteignent avec leur pointe qu'un inni au-delà de la racine de la
(|ueue, elles sont concaves, en forme de jatte : étendues elles sont
arrondies par devant et, à cause des régimes primaires, étroites,
fendues comme les doigts; vers l'extrémité les tiges sont très
lecourljées à l'intérieur (XiittiiKinii) ; la troisième ou la quatrième
lémige est la plus longue, la première de deux pouces et demi plus
courte que la quatrième (((/.); d'une pointe de l'aile à l'autre 73«™
(<',n';/i///. lue ftiir Ir prince Clarjl) ; largeur du vol, 103 {cirinpl. décrit
pur M. y. Gdll'c); la première penne un peu plus courte que la
septième, la deuxième comme la sixième et la troisième comme la
(•iu(|uièuie, la quatrième est la plus longue (Aïkson) ; 312""" {Malm);
ailes :2'J,o '^/™ (un e.ccinplairc du Muser de Slrashourij); 30"^/™ {un
autre exe w pin ire); l'étendue des ailes d'un bout à l'autre est de
3 pieds o ponces (l.mKjsdorjf) ; longueur des ailes de leur naissance
jusqu'à leur extrémité, l't pouces 1/i {\auiiiann); les ailes 33 centi-
mètres {exemplaire d'ArIcanyelj; l'aile 327™™ {exempl. du Musée de
lieryen).
Ailes, coloration : Semées de petits points rougeâtres (/Jr/.s-.s-o?i) ;
noires avec des points gris et des lignes en zigzags (Scliinz) ;
noires, quoi(|u'un peu moirées de brun, le lustre comme le dos,
le dos, plus bleu {Nilsson] ; moirées d'un brun noir et gris (Drehm);
d'un brun noirâtre, parsemées de ])elites tacbes roussàtres peu
apparentes, rassemblées en zigzags {Deijland et Gerbe) ; ailes brunes
(Musée d'York); d'un brun foncé (Tschusii; noir brun, gris blanc et
brun châtain avec des zigzags (Meijer, d'OlJenbach) ; il existe une
tache blanche plus ou moins visible dans le creux de l'aile et une
autre à moitié ronde à la naissance de l'aile (A(7.s.so»i) ; il y a sur
l'aile une tache blanche (Tseliusi); on voit une plaque blanche au
pli de l'aile (Deyland i;\orsqiiG l'aile est ployée,ilse forme une tache
blanche (Lawjsdorjf) ; une tache blanche au poignet de l'aile
(exemplaire de M. Lemetteil) ; un large miroir blanc sur l'aile, sou-
vent caché ipiand l'aile est fermée (/>' .1. II. Mitjer); les ailes oui la
couleur de celles de l'L'rogalle, quoique dans le haut elles soient un
peu plus foncées (exemp. décrit par M. V. Gaffé).
Les plumes scapulaires sont rayées transversalement et en zig
zags de brun et de roussàtre de la même manière que le Coq
uroijnllas : les deux premières grandes |)lumes de l'aile sont brunes,
les antres sont de la même couleur; mais leur cùlé extérieur est
bordé irrégulièrement de points blancs ; leur tige est brunâtre. Les
plumes moyennes sont jusqu'à la moitié blanches à leur racine, ce
qui, lorsque l'aile est pliée, forme une tache blanche de celte couleur.
36 A. SUCHETET
leur bout est brun et terminé par un petit bord blanc, une partie
de leur côté extérieur est varié de ])run et roussàlre, de la même
manière que les plumes scapulaires ; les longues plumes de l'aile du
dessous sont gris cendré et lustré {Lanijsdor/I) ; les pennes alaires
sont brunes et ont le bord de la barbe blanc ( Tscliusi) ; les scapulaires
et les secondaires blanches à leur extrémité, les rémiges brunes,
sur les bords d'un blanc grisâtre (Gould); les rémiges secondaires
marquées vers le milieu d'une légère bande d'un Idauc sale et à la
pointe d'une même couleur [liichm); les scajnilaires noires, variées
de roussàtre et bordées de blanc à l'exti-émité {Dcijhnul et Gerbe) ;
rémiges brunes, à baguette blanchâtre, les primaires variées de
blanc et de roux de rouille sur les barbes externes, les secondaires
blanches et nniculées de brun do la base au milieu, ensuite tachées
de roux et bordées de blanc à l'extrémité (Degland et Gerbe, autre
e.rcmplairc); les rémiges primaires d'un brun pâle, la barbe l)lan-
che eu dehors ; les rémiges secondaires sont bordées de blanc à la
pointe {D'- A.-B.Meyer).
Les couvertures des ailes : Sont rayées transversalement et en
zig-zags de brun et deroussàtrede la même manière (jue l'Urogallus
{Langsilorif); plumae sub alis albae (Klein); les couvertures d'un
noir brun, parsemé de petits points innombrables d"uu brun clair
comme du sable qui se rangent quelquefois en zigzags (Naumaïut);
antre exemplaire bigarrées d'un brun noir et de blane (id.); noires
et parsemées de points roux et blancs (rsc/ius/); les couvertures
supérieures des ailes sont noires, variées de roussàtre [Degland et
Gerbe) ; autre exemplaire, grandes couvertures supérieures terminées
de blanc (/(/.); couvertures alaires d'un uoir de soie, sablées de très
fines stries gris perle (exemplaire de M. Lemiileil) ; couvertures des
ailes brunes avec des points et des zigzags roux, rougeàtre, et
plus ou moins bordes de blanchâtre (exemplaire d'Arkangel); les cou-
vertures inférieures blanches et grises, parsemées de marques
noires (/)■• .1. B. Meijer).
Queue, conformation et dimensions : Longueur, à peu près celle
de Vuragollus. Cauda non furcata aut divisa (&'/t'/». Stem. Ax;i.);
cauda bifurca, structura est in urogallo (Linné) ; queue fourchue
(PennanI) ; fourchue, mais plus faiblement que chez le Coq de
bruyère (Bechstein) ; queue eu éventail à la manière de l'Urogalle
(Johann Beseke) ; dix-huit plumes, lesquelles étant déployées
forment un éventail ; les deux extérieures de chaque côté sont les
plus longues, elles out huit pouces et demi de lougueur, le bout un
peu tourné en dehors, ce qui rend la queue en quelque façon four-
OISEAUX iiYnniDKS RRXCONTnics A l'état sauvage 37
cluic : les iiutri's vers le milieu eu (liminiiiiut jiis([ii'à l;i septième et
liuilirme (le eli;ique ciUé ; les dernières sont les jikis eoiirtes et
iTont i|ue 7 pouces 1/2 delonf^ueur; les deux du milieu augmentent
un peu (Ijiniisilnr/f): f|ueue liifuripiée composée de dix-huit plumes
(Mi'ijer (roijrnliiichj ; presque fourchue et découpée (pdsli'itr lln'liin) ;
plus courte que chez les deux espèces (Xaumnnn) ; elle est un peu
fourchue, cir In découpui-e ;ittf>iiit à peine un ])(uice ; les reclrices
sout de longueur égale, leur bout es! comme coupé avec le bout de
la tige s'avauçant un peu et les coins un peu émoussés, semblables
à ceci ^ .(.\nii)nnnn). Nous avons remaiMiué cette ])articu-
larité sur plusieurs rectrices de l'exemplaire qui est entre nos
mains. Oueur bifurquée, les rectrices les plus extérieures sont
aussi conlournees imi dehors, mais |)as autant que chez le Tétrix d"
(r.ri'iniilniri' du Mit-tri' ih' Ci'nh-c) ; (jueue un i)eu bifnr(iuée (Schinz) ;
bifide (/J/v'/i»i); i|ueue bifurquée avec les rectrices les [jUis extérieures,
quelquefois contournées en dehors {Di'ijlnnd eX Ccrbc); (jueue bifur-
quée, toutes les rechicesdu côtédioit contournées en dehors, deux
ou trois seulement du côté gauche (notre exemplaire); la forme de la
queue comme celle du Tétrix d' consistant en dix-huit plu mesgrnndes
et bien formées, les plumes de côté sont 1 pouce 3/4 plus longues
que les huit du milieu qui sout à i)eu près pareilles (Nilssnn) ; queue
plus carrément coupée que chez le Tétrix cf (7'»'/(((.v/); queue faible-
ment fourchue (e.reinpl. dit Kehinfjrove Muséum, Glascow) ; légère-
ment fourchue (T^rhusi); queue fourchue {l>'s trois exemplaires de
l.eiile); dix-huit rectrices (YarreJl); les deux plumes extérieures de
cliaciue côlé ont 8 pouces 1/2 de longueur, les autres, vers le milieu,
diminuent jns([u'à la 7« et S'-' de chatpie côté, ces dernières sont les
plus courtes et n'ont que 7 pouces 1/2 de Xow^iLatujsdurjf); plumes
de la queue au nombre de dix-huit, les plus extérieures un peu
courbées en dehors (en'»*/;/, derril par M. Victor ('•(ijjé): les rectrices
extérieures do la (jneue mesurent jusipi'à la |)ointe 8 ponces 1/2,
celles du milieu 7 1/2 (Meijer d'OjfenhnrJi) : la ipieiie mesure 15"
(pasteur llrelnn) : longueur de la (pieue 8 à !) pouces, les [ilumes du
milieu sont plus courtes d'un pouce {Xinniinnii); la 1'" rémige 2
pouces 3/4 plus courte que la 4" (id.): la (pieue 9 ])Ouces 1/2
(A'/ksox); cauda 9", caud;e ])ennai 18 (Kteiu) ; iiiiene 18 à 20 plumes;
les rectrices du dehors sont plus longues de fi*''" et plus ou moins
recourbées en dehors (A.-li. Mei/er); (|neue un peu fourchue {Mus('e
d'Yorlx) ; les rectrices latérales beaucoup plus longues (|ue les
médiaues, ce qui donne à la (pieue une forme très fourchue diffé-
rant de celle du Tétrix en ce que les rectrices externes ne sont pas
38 A. SUCHETET
contournées, bien qu'elles paraissent avoir une propension à se
retourner. Les sous-caudales sont moins frangées de blanc, et une
blanche comme chez le tétrix, et ne dépassent pas les rectrices
(exemplaire de M. Lemetteil) ; queue biturquée, les rectrices les plus
extérieures sont assez contournées en dehors, mais pas autant que
chez le mâle tétrix (Musée de Genève) ; la queue étant ouverte
ressemble à un éventail [les trois exemplaires du Musée de Roueu) ;
dix-sept plumes, eu éventail (Coll. Noury) ; longueur des rectrices
extérieures 24,3, rectrices intérieures 20 {e.mupl. décrit par A . Gaffé).
Queue, coloration : Comme couleur ressemble à Vuroiialbis,
les plumes sont linement tachetées en dessous comme les plumes
de cet Oiseau (Rutenskiold) ; caudœ pennEe 18 nigrœ sub cauda
penn;e ex nigro et albo varia* (Klein) ; queue noire, le croupion et
les petites couvertures du dessus de la queue sont noirs, variées de
brun, les grandes couvertures brunes.... les couvertures du dessous
noires tachetées de blanc (LaïKjsdorff) ; la queue est noire, avec
bordure blanche à l'extrémité (Z^M/c^/tT, d'Offenbaeh); la queue noire
avec les rectrices intermédiaires frangées de blanc à l'extrémité
[Gldijer); les couvertures du dessous blanches et noires, avec le bout
blanc (pasteur RreiiDi): les couvertures de dessous Ijlauches et
noires, au Itout blanches (Ho^nw.rpm/)/a/n'); couvertures supérieures
brun noir très accentué, parsemé de petits points brun noir
(Xaumann); couvertures supérieures brun noir parsemé de petits
points bruu gris (notre exemplaire); les couvertures inférieures de
la queue, noires vers l'endroit où les plumes commencent, blanches
au bout, beaucoup ont à leur lige une raie noire presqu'à la pointe;
ces parties sont donc blanches dans l'ensemble, avec des taches
noires, néanmoins le blanc domine (Naumann) ; les rectrices sont
profondément noires, d'un éclat bleu très faible, et couvertes toutes,
presqu'au trois les plus extérieures, à la moitié de la racine, de
taches blanches irrégulières comme chez Varofjallus (J' (Naumann);
la partie inférieure de la queue a un aspect gris noir, etc. (id.) ;
croupion noir brillant, tacheté de gris, la queue noire (Schin:); la
queue noire (AV/mo)»).- le croupion noir (id.); couvertures inférieures
noires avec des larges taches ])lanches aux extrémités, la queue
noire, quelques plumes au centre légèrement blanches à l'extrémité
(Gould) ; queue noire, les plumes les plus centrales et celles qui
sont le plus en arrière bordées de blanc à la pointe. Toutes deux à
leur racine, et surtout les dernières, quel([uefois jusque vers le
milieu, avec quelque peu de blanc couvert. Les pennes, en général,
brun obscur et tachetées à l'extérieur d'une couleur blanchâtre et
OISEAIX HYBRIDES RENCONTRES A l'kTAT SAIVAGE 39
(l'un jiiuiie (11' niuilk' ; les jjliiiiit'S de la iiiieiio lilaiiclics , iiilrrieu-
remeiit noires (Gloi/rr); les plumes du dessus de la ([ueue et celles
du milieu ont un tout jielil bord blanc {Mlsson); croui)ion noir
viok'l iioiutillé di' blanc et chatoyant, ([ueue noire (Tsrluisi); deux
pennes médianes bordées de blanc (/(/.); les piMiiies alaires sont
brunes etont le bord de la ])arlie blanc (iil.) ; (jneue noire, quelque-
fois bordée de blanc à l'extrémité des rectrices {Brchiii); rcctrices
noires, terminées de blanc, à l'exception des deux nu'diancs
(l)nilaii(l); uulre cxvmijliiirc, rcctrices noires, les deux médianes
bordées de blauc à l'extrémité (id.); six plumes médianes bordées
de blanc à leur extrémité iiuitrr r.iiiupldin'); rectrices noires
linemcnt liserées de blanc au l)out {l'.iriiijilairc de M. Lcincttàl) ;
queue uoire, sous-caudales noires, mais largement terminées de
blanc; rémii;es brunes marbrées de blaiicliàtrc sur la barbe externe
{e.iTiiipldire ir,\ri,-(ni(i('l); 18 à 20 plumes, une iiartie tachetée faible-
ment de bniii à la base, marquetée plus ou nu)ins de blanc {A. B.
Mcflfi]-, les plumes sous le cron|)icui sont noires à leur base et
blanches à leur extrémité ; lorsqu'elles sont pliées les unes sur les
autres, le noir devient plus ou moins visible, les plus grandes sont
d'un brun i)lus accentué et marqiu'-es plus fortement, parfois elles
sont bordées cle blanc (/'/.J ; queue noir brun (/es- Iroia r.ccmplnircs
de Houen); les rectrices de la couleur de celle de l'Urogalle {coll.
\onnj) ; couvertures supérieures, couleur de l'Urogalle {id.}.
Tarses et pieds, forme, dimensions : la proportion du corps
conservée, les pattes comme celles de l'Urogallus {Hustenskiuld) ;
(ligitus médius 3" {Klein); les pattes et les pieds pour la grosseur
el la forme comme ceux de Vuroijalltts{lkrihsteiii); le doigt médian
à peine recourbé, le pouce fortement recourbé (D' Meijer, d'O/j'en-
Ixieh); aspérités des doigts très longues {Tennninelc); les ongles
longs ei\)ld[s {pasteur lirekin); relativement à la grandeur du corps,
les tarses sont plus grandes que chez Vurojiallm {Xaniiianit); les
ongles longs et très bien courbés (/\7/.s.so;() ; les doigts larges et plus
longuement frangés sur les côtés i|ue chez les deux autres espèces
(Tschiisi); la distance depuis 1>; genou jusiin'au bout de l'ongle du
grand doigt du milieu est de fi pouces {Lnnijsdiirjfy. le doigt médian,
l'ongle compris, mesure 1 pouces 3/4 (?); la patte 2 jiouces 2/8, le
doigt médian 3 pouces (.Y(7.«o(i) ; tarses épais qui le rapprochent
de l'Urogalle {e.reinplaire de M. I.einelleil); largeur du tarse 0,3, doigt
médian, 7,2 {e.re)ii]d. dc:-ril ii<ir A. ('>('lfe).
Tarses et pieds, diffékiînts caracticres et coloration : Pedes
villosi ad primum usque articulum digitorum [Klein) ; les jambes
40 A. SUCHETET
sont semées de petits points rougeâtres (Brisson) ; elles sont cou-
vertes de plumes fines, brunes ou grisâtres, jusqu'à l'origine des
doigts {Laur/silurlJ) ; les tarses sojit couverts de ]iluni('s fines jusque
sur les doigts, ces plumes gris-noir sont à leur origine parsemées
de petites taches longues gris sale {natrc (:ri'tiijilinrc) ; les doigts sont
bruns et garnis de cluHiue côté d'appendices écailloux pectines
{Langsdorfl); mêmes caractères chez notre exemplaire; les ongles
sont noirâtres {Lan(jsilorfl) ; les ongles sont d'un noir brun très
loncé (noire exemplaire) ; les tarses sont recouverts de plumes d'un
gris brun clair (/)■' Meyer, (roffenhach); les tarses sont fortement
eniplumés jusqu'aux doigts et ce revêtement est si long dans le bas
qu'il cache le pouce jusqu'à l'ongle {Xnuinanii) ; la couleur des
doigts gris brun, les ongles brun noir [id.) ; les pattes sont recou-
vertes d'un duvet long et épais, surtout dans le bas ; ces plumes
légèrement blanches au-dessus du talon (id.) ; plumes des jambes
blanc grisâtre et brun mélangés (doulil) ; pieds noirs (/(/) ; pattes
fortement empluinées(rsf/iws7'); ongles noirs («.roH/*/. deM.Dexjrolle);
les jambes sont noires avec de petits points blancs moins nombreux
à la cuisse (Teliusi); les plumes (]ui recouvrent les pattes sont
blanches (id.); les plumes des tarses d'un gris noir (Brehm); les
jambes d'un brun pâle tacheté de blanc sale, les doigts des pieds
frangés (D'' A.-B. Meyer) ; les plumes des tarses d'un gris brun,
strié de blanc (Degland et Cerhe) ; l)as des jamlies blanciiàtre,
plumes des tarses d'un cendré brunâtre, pointillé de blanchâtre
((weniplaire d'Arkanijel) : tarses eniplumés, les jdumes sont brunes,
beaucoup plus claires et même ])lanches dans le haut de la jamjje
(les trois exempliires du Musée de Houen, ainsi que l'exemplaire de
M. Dei/rolle) ; tarses fortement eniplumés, de la couleur de
rUrogalle (exemp. de la coll. Xouru).
Nilsson, l'ornithologiste suédois ([ui, nous l'avons dit, a le plus
contribué à faire reconnaitie l'hybridilé chez le Rackellnne, a
possédé vivants chez lui plusieurs de ces Oiseaux. Il a donc pu
observer les changements qui s'opéraient dans leur plumage. Il nous
a laissé des renseignements intéressants (jue nous reproduisons
en partie (1) :
Du 5 au 8 mai commençait à disparaître le plumage luisant de
l'hiver; à la moitié de ce mois, le changement était en pleine
activité, l'écaillé des pattes était tombée et il existait une tache
(1) La traduction française qui nous a été faite de ce passage ne précise point si
Nilsson a voulu parler d'un seul exemplaire ou de plusieurs ; elle ne dit pas non plus
si les observations de Nilsson ont été répétées pendant plusieurs années.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SACVAGE 41
nue près des yeux; les plaques des sourcils étaient diminuées
sensiblement. IVndaul tout rété, du reste, l'Oiseau changeait de
plumes; d'abord lomh lient les plumes du corps, puis celles de la
queue; le 17 juillet, il se trouvait sans ([ueue. Mais, dès le .'i août,
la uouvelle (pieue atteiij;aait déjà quelques pouces de longueur.
Pendant le mois de septembre, la livrée d'hiver se terminait et
s'embellissait de jour en jour. Le 6 mars, le lustre du cou et de la
poitrine était splendide à cause de ses reflets violacés et pourprés ;
la plaque verru((ueuse au-dessus des sourcils élail rouge et gonflée;
au mois d'avril, l'Oiseau, dans toute sa beauté, commençait son jeu
d'accouplement.
Voix DU Rackelhane : Le Rackelhane chante sur les arbres ou
par terre (1); sa voix n'a jamais été vantée. Le D"" Latham (2) trouve
son chant plus grave, plus rude que celui du Wood Cfonsc, dont il
se rapproche, mais souverainement désagréable; M. OKdinann (3)
ne l'apprécie pas davantage : son cri désagréable, dit-il, est sem-
blable à celui de la Grenouille. D'après feu M. (îrill, un homme
d'une grande compétence en histoire naturelle, dit Lloyd (4), la
troisième note de son chant d'amour ressemble au grognement du
Cochon. Rulenskiold (5), tout en conslataut que .son chant n'a
aucune ressemblance avec celui des deux espèces mères et qu'il est
diflicile à décrire, le compare néanmoins (qu'on nous pardonne
l'expression), au bruit que fait une personne ([ui rote continuelle-
ment. De temps à autre, écrit le D>" Meyer, d'Olîenbach, le Tétras
médius fait entendre un cri pleureur, très fort, il n'a ])as d'autre
cri. Bechstein reconnaît aussi ce son pleureur et constate que le
Rackelhane n'a ni le cri du Coq de bruyère, ni celui du petit Coq.
Nilsson, qui a conservé en volière, pendant près de six ans, un
Rackelhane vivant, parle de son cri comme d'un grognement ;
il ajoute : « absolument comme s'il voulait le vomii'. » Il s'étend
longuement sur ce sujet lorsqu'il parle des Rackelhanes vivant en
liberté et dont le cri, en dehors de l'époque des amours, est farr
fnrr farr — [(irr fuir farr. Feu M. Grill ((>), en parlant du chant
d'amour des Rackelhanes qui restent dans les forêts, dit ([u'il
ressemble beaucoup à celui de Vuroijallus. Ses deux premières
(1) Voy. Jagd-Zeilun'^'. page 22.S, l.S8:t. ot p. 237, 1881.
(2) Supplément to ttie gênerai synnpsi'; (il paraît parler d'après Sparrmann).
(3) .\et. L'psal, V, p. T.'i, cilé p:ir Niiiiiiiann, op. rit. p. 317, en note.
(/i) Came hirdu. p. KW
(.")) Kongl. swe. Vet. Aoad.
((j) Voy. Lloyd, op. cil.
42 A. SUCHETET
notes « Knitppinijer et Khiiilcrn » renfermeut néanmoins plus de
modulations, mais, au lieu de « Sisniiujeii ii, la troisième ou
dernière note produit un son appelé Rackla, de là probablement,
ajoute-t-il, son nom de Rackel. Le jjrince Rudolfili, <[ui a eu l'occa-
sion d'entendre le chant d'amour du Rackelhane, en parle comme
d'un chant étrange, mais étant toujours le môme, très caractéristique,
ne variant ])oint. Les notes se suivent avec exactitude, plus vite que
chez ViiroijdlliLs et sans interruption, le ton est aussi beaucoup plus
clair que chez les deux autres espèces (1). Enlin, M. Victor Gafïé dit
que le cri d'amour des Rackelhanes consiste en un grognement
dillicile à décrire, mais dont le rythme fait jdutôt penser au
Schildhalm qu'à rihogalle.
Peu de naturalistes ont disséqué des Rackel-Hanar, l'anatomie
de cet Oiseau est à étudier. Le Di'Meyer, d'Ofïenbach (2),acependant
fait remarquer que la trachée artère du mâle n'est pas courbée
comme chez r)/?'o;/«i//(.<, mais elle est droite. Wildungen (3), avait
déjà fait cette observation. L'estomac du Rackelhane tué parM. Victor
Galïé (4) contenait une quantité de cailloux.
Plusieurs auteurs ont donné des figures du Rackelhane. Klein (o)
a représenté les doigts de cet Oiseau, pi. XXXVIII ; Temminck (0) a
figuré le bec, pi. IX, n" 3. On trouve des dessins ou îles figures
coloriés représentant tout l'Oiseau dans les ouvrages de Sparr-
mann (7) ; l'abbé Ronnaterre (8) ; Leisler (9) ; Naumann (10) ;
Nilsson(ll);Gould(li);Sundevall(i3); Dresser(14); A. R..Meyer(13);
enfin on verra encore, dans Si/nopis of the Newcaslte Muscuiii une
(1) Voy. Milt. orn. Ver. Wien.
(2) Op. cil.
(:î) Cité par le D' \V. Wiirin. Zool. garlen, p. 152, 1880.
(4) Décrit in Jagd-Zcitiin^', 1884, p. 237-2:i8.
(.")) Sleiniiiata arhmt, Lipsia-, IT.'K).
(G) Hist. nal. génér. de.t Pigeons el des Gallinacés, 1. III.
(7) Muséum Carlsonianum. IIolmi.T, 17SG.
(8) Tableau encyclopédique des trois règnes de la nature. Ornithologie. Paris,
1823 (très mauvaise figure, probablement d'après Sparrmann), pi. 188, lig. 10.
(9) Deilriige zu Declistein's Natnrgeschic/ite. Taf.2, cité par Naumann {op. cit.).
p 30o.
(10) Nalurgesrhiclite der ]ogel DeutscUlands, (i. ïlieil. pi. l.'iO, ligure coloriée.
(11) Dans |ilusipurs éditions lie Skandiavisk. Fauna.
(12) Drilish birds, vol. IV ; la ligure en couleur est de taille naliirelle.
(11!) Svenska Flogarna. pi. XX.MV, lig. 1, la figure est coloriée.
(14) Birds of Europa, pi. 489, t. 1.
(lo) i user .iuer Rackel und lUrku'ibl, un grand nombre de figures, notamment
des exemplaires dillérents du Rackelliane typus.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 43
fi^iirt' gravée par Robert Beewlck, d'après un dessin fait par son
frère, Thomas Beewick.
Des (lépoiiillos du llakelliani! sont conservées dans l)eaiicoup de
Musées et de collections [)arlicnlières ; nous nommerons d'a[)rès
les corniiiuuications bienveillantes qui nous ont été adressées par
MM. les docteurs ou iirofcsseurs Adam Kock, R. Peck, A. Dubois,
James A. (îrie;;-, H. Giiilioli, Faudcl, Calloni, .1. Sparre Schneider,
von Lorcnz, Roulenger, Sordelli, E. Rey, Fr. Tiemau, Briii^îçer,
Noury, M'' G. Doria, J. Riisikofen, A. von Pclzeln, H. Blaine,
Leinolteil, Recheubach, H. M. Plattaiier, Taczanowski, Campbell,
Liitkeu, Calpini, F. Smidt, Grant, Reicheuau, Théel, Godefroy-
Lunel, Handcoke, Oustalet, Sprengel, Th. Pleske, A. Knop, et aussi
d'après les renseignements puisés dans les ouvrages ou mémoires
de Sundvall, A.-B. Meyer, von Tschusi, Fr. v. Hauer, G. Niorh,
Eimer, D"- Attum, Ch. Keller, Collett, de Salis, Lloyd, Malin,
Bogdanow, Wiebke, V. GalTé, W. Wurm, etc. :
En Suède, ie A[usée Zoologique de Stockolni qui posséderait
soi.vanlc-deux exemplaires, le musée de Gothenibourg, et h' Musée
d'Upsala; en Norvège, la collection de l'Université de Christiana,
le .Muséum de Bergen ; en Riissie, le Musée zoologii|ue où, d'api'ès
M. Pleske, on conserve sept exemplaires ressemblant tantôt
à Vuroijalins, tantôt au tetrix (1), le Musée de Moscou(2) ; en
Pologne, le Musée de A'arsovie, trois individus, dont deux pro-
veuant de la Lithuanie; eu .Vlleniagne, les Musées de Giesseu, de
Francfort, de Breslau, de Mayence, de Gorlitz, de Darmstadt, de
Braunschweig, la collection de r.Vcadémie forestière d'Eberswalde,
qui contient trois vieux mâles et un jeune coq; l'Institut zoologique
de Tubingue, le Caliinel d'Histoire naturelle de Garlsruhe, le Musée
de Dresde, où il existe nu gi-and nombre d'indiviiliis, décrits par le
Df.\.-B..Meyer, lacollectionde.M. \V.\Viei)ke,(iui renfermeégalement
plusieurs exemplaires ; celles du D^ E. Rey, à Leipzig, de M. Schutt,
à Fribourg ; en .\lsace-Lorraine le Musée de Strasbourg, et la
collection de la Société d'Histoire naturelle de Colmar ; en
.\ulriche, les .Musées de Vienne, de Prague, de Laibachet de Trente ;
la collection de S. A. le prince Clary, et le Musée de chasse de
Frauenberg, où l'on voit un exemplaire tué i)ar le prince Adolphe
(1) Cité par A-IÎ Meyer, op. rit., p. .")8.
(i) Vers I7".(J, il exisUiit iin pxciiipliiirc dans la colleclloii di' .luhn-Deseke. Voy. son
oii\ iM!;<" sur les Oiseaux île la Coiirlandc. Mitaii el Leipzig, p. Gi). On voit aujourd'hui
dans uni- aulre collection <le la Courlando, celle du D' ined. II. M., un Coq empaillé
donl la description a été faite dans Jagd-Zeilung. p. iJOO. Vienne, 1881 .
44 A. SUCHETET
Joseph de Schwarzenberg et un autre provenant, croyons-nous, de
l'élevage de M. Kialik; en Italie, les Musées de Florence, de Pavie,
de Milan, de Gènes, de ïuiin (1); en Suisse, ceux de Lausanne, de
Zurich, de Genève, de Coire, et les collections de Slon, du capitaine
Vouga de Castaillard, de M. Challandes, à Berne; en Danemark, le
Musée zoologique de l'Université de Copenhague; en Hollande, le
Muséum van natuurUj/cc Hiatorie de Loiden ; en Belgi([ue, le Musée
royal de Bruxelles (trois exemplaires); en Angleterre, le British
Muséum de Londres, le Musée de Northumberland-Durham and
Newcastle on-Tyne, celui d'York, celui de Glascow, la collection de
lord Wodehouse de Kimberly (2) et celle de M. Wbitaker; en
France, enfin, le Muséum d'iiistoire naturelle de Paris, celui de
Rouen, le Musée Noury, d'Elbeuf, le Muséum d'Arras, les collec-
tions de M. Lemetteil, à Bolbec, de M. Degland, à Lille, du
Dr Marmottan, à Passy (3), de M. Deyrolle à Paris, ([ui possèdent
un ou plusieurs exemplaires.
La Rackel-Hona
La description de la femelle présente certaines difficultés ; peu
d'exemplaires ont été rencontrés, soit ([u'on les confonde avec les
deux femelles d'espèce pure qui présentent entre elles de grandes
analogies, soit plutôt que le sexe mâle domine chez le Rackelhane
comme chez tous les autres hybrides.
Brissou, qui considérait le Rackelhane comme appartenant à
une véritable espèce, avait donné une description de la femelle,
mais une description troj) courte et trop vague pour qu'on
puisse la reconnaître. Laugsdorfl a indiqué ses caractères d'une
façon plus précise et beaucoup plus détaillée. Toutefois est-il qu'il
se serait absolument mépris. D'après Temminck (4), sa description se
rapporterait plutôt au jeune mâle (jui ressemble plus ou moins
dans sa première année à la femelle, comme c'est le cas dans toutes
les espèces de ce genre; le D'' Meyer, d'Offenbach, avait déjà fait
la nième remarque.
Le pasteur Brehm, et même Naumann, le grand ornithologiste
(1) M. le D' A. Knop, de Carlsriihe, nous faitsavoii- iiii'il connaît nn exemplaire
chez M. Wllting. à Innsbruk (Tyrol).
(2) En onire, M. Philip Cartaug nons éeril de Londres qu'il vient de recevoir trois
spécimens, dont un Un est envoyé de Russie.
(3) La collection du D' IMannottan est aujourd'hui réunie au Muséum d'hist.
naturelle de Paris.
(4) Hist.des Gallinacés, p. 136.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGE 43
alleniaud, n'aiirau'iit pas ctr plus Iioiiroux. D'ajirùs le docteur A. 13.
Meyer, de Dresde, le premier décrit comme Uackel-lloua uu(?l'otile
de Télrix, et Naumanii a commis la môme erreur eu reitroduisaut,
sur uu dessin (|ui orne son ouvrage, la soi-disaul femelle du
pasteur Brehm.
La description donnée par Fries(l) serait plus satisfaisante. Nous
avons vu dans l'auvra^e de Sundevall (2j une lii^ure coloriée de
la Hackel-Hona. Un exemplaire femelle se trouve au musée de
Prai^ue, celte Poule fut élevée par .M"»^ Kralik, d'Adolf en Bohême (.S),
un autre exemidaire est conservé au musée de Zurich. Pendant une
chasse (jue le prince Rudolpli lit en 18S3, il vit à une distance de
vin^l pas tout au plus, près d'un Ilackelhane, s'ahattre deux Poules
dont la couleur ronijeàlre lui lit connaître aussitôt qu'il n'avait
devant lui, ni des Poules Urogalles, ni des Poules Tétrix. Le cri
d'ajipel de ces Poules était si dillérent de celui des deux parents
qu'il en fut frappé et il ne douta plus qu'il se trouvait en présence
de Poules liyhrides ('i). Le I)'' A. B. Meyer (ii), parle d'une femelle
de Backelhaue tuée dans les environs de Dresde, dans le district de
Rohrdorf, eu décembre 1884. Le docteur a pu comparer trois
femelles ; celles-ci ne se ressemblaient pas sur tous les points et ne
teuaient pas juslemeut le milieu entre les deux esjjèces. M. Anto-
uiu Wiebke, dans une réunion de la Société ornitirologique tenue à
A'ienne en I88'i, fit savoir (|u'il avait reçu dans ces dernières
années, de la part de dillérents ornilholoj^isles, des Poules de télrix
annoncées comme des Poules de Rackelhane ((j). On nous a oITert
à nous-méme une femelle dont la descrii)liou nous a laissé des
doutes sur son hybridité.
Nous croyons donc pouvoir dire (jue, sauf quelques exem-
plaires, la plupart des individus qui> l'on conserve dans les collec-
tione sont fort douteux, ainsi que ceux dont on a donné la descrip-
tion. L'hybride femelle de deux espèces dont les Poules ont de
grandes ressemblances sera toujours difficile à déterminer. Comme
nous l'écrit avec ijcaucoup de raison ^L Frédéric Eduardovitch,
les femelles du Rackelhane que l'on rencontre se perdent dans la
(1) Tidskrifl for jâgarc, Slocklioliii, cilo par A. B. Meyer, <le Dresde, \>. iii-oT.
(2) SiensliU Flogitrna.
(:t) Coiiimunicaliim de M. le dni-leiirC. Moesi.'li.
(4) Voy. Mitllied. (iriiilliol. Ver. Wieii. 1883, |). 108. Voy. aussi Jagd.-Zcilung,
mèiiie année, p. i£j.
(.)) MOiiie revue, année 1884, p. 10.
(G) Voy. Journal lur Ornilliologie, 188j.
46 A. SUCHETET
masse, ou les prend tantôt pour des femelles du petit Coq, tautôt
pour des femelles du grand Coq.
Quoiqu'il en soit, nous reproduirons plusieurs diagnoses qui
nous ont été envoyées ou qui ont été faites dans divers ouvrages,
tout eu reconnaissant que la plupart sout sans valeur.
Aspect général : Gris, varié de taches noires, ressemble assez
à la femelle du Tétrix (B/mon); tout le corps est d'un brun noirâtre,
tacheté et varié de plusieurs couleurs [Lanjisdor/j) ; un oliservateur
peu exercé la prendrait pour une forte Poule tétrix ordinaire
[iVaummm) ; le plumage doit être varié de petites raies noires
transversales sur un fond roussàtre {sirioant des données plus ou
moins certaines reeues pur Teniminek); d'un jaune de rouille avec des
bandes noires transversales, d'un éclat plus clair à la gorge {pasteur
Brelim); elle se distingue assez facilement de la Poule urogalle par
sa queue fendue, et de la Poule du tetrix par sa grandeur et sa
couleur (1); la femelle du Rackelhane ressemble tellement au Tétrix
femelle qu'on pourrait facilement la confondre avec elle (Xauniann);
ressemble à la femelle du T. vraejollus, mais elle est plus petite
{e.rciiiplaire du Musée d'York); elle ne diffère pas considérablement
de la Poule tétrix, quand elle est jeune ou doit surtout la prendre
pour cette dernière (Lioyd); elle ressemble tantôt à la femelle de
rUrogalle, tantôt à celle ilela Lyruredes houh^aux (Hrelnn): couleur
rougeàtre (/jr/dcc liudolpli); partie inférieure du corps brun-jaune
plus ou moins intense, les plumes ont des bordures blanches larges
et brunes plus ou moins régulièrement formées (D'' A.-B. Meijer).
Taille : A peu près de la grandeur de la Poule du petit Tétras
{LangsdorfJ');f:\\e tient le milieu pour la grandeur entre les femelles
du Tétrix et de l'Urogalle (2); beaucoup plus grande que la Poule
tétrix {i\aumann); bien plus petite que le mâle (f.loijd); tantôt
ressemblant à la Poule tétrix <à s'y méprendre, tantôt à la Poule
urogalle {(',lo(jer)\ les femelles en général sont prises pour des
Poules tétrix [id.]; longueur 21 " seulement sur 34" de Iav^q [pasteur
Brelnii): un autre exemplaire, longueur 22 pouces (î'rf.); sa longueur
n'excède pas de beaucoup 1 pied 9 pouces [Lloiid); un quart plus
petite que le mâle (exemplaire du Musée de Zurich).
TÊTE, COLORATION : Raics transversales rousses et noires, sur le
côté de la tète et au menton existent des plumes rayées de noir
et de blanc, formant des taches irrégulières de cette couleur
(1) Remarque du D' Gloger, in Nauniann.
(2) D'après les données plus ou moins certaines adressées ù Teuiminck.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L ETAT SAUVAGE M
(Lanystlorjf); IvIq jauue de rouille avec des raies noires eu travers
(Nilsson); brun jaune avec des bandes noires larges et des taches
blanchâtres jaunes sous les yeux, un piui |>lusfoucées sur les joues
et eu-dessous les pointes des taches noirâtres {Dr. A. H. Mrjji'r).
Uec, conformation et dimensions : Un pouce, et à partir des
narines, 6/8 (.Mlsson); le bec gros et droit, mais le dessus plus
bombé que celui de la Poule du ^rand Coq de bruyère; (id.) le bec
brun noir (.1. IS. Mener); nioilié ])lus court que celui du mâle
(e.remjil. M user de /iirieh).
(ioRGE : 11 existe à la i;orge des plumes rayées de noir et de blanc,
formant des taches irrégulières de cette dernière couleur {Langs-
dorlf) ; les plumes de la gorge plus longues que celle de la Poule
urogalle (Silsson).
Cou : Ondulé comme la femelle tetrix [exe m plaire du musée de
/uricli); raies transversales rousses et uo'ires [LanijsdorU) ; beau-
coup de plumes sur les côtés, brunes variées et bordées d'un noir
violet tiès éclatant et lustré, de la ménu' couleur ([ne celle du Coq
(le i)ruyère à (]ueue fourchue ("/.); le cou jaune de rouille avec des
raies noires eu travers {.\ilsson) ; brun jaune avec des bandes noires
larges et des taches blanchàti'es jaunes (.1. li. Meijer] ; les côtés du
dessus noir brun avec des bandes en travers, et des bordures gris
iilanc, la bande en travers subtermiiialc est jaune brun, rompue
par des petites raies foncées (/(/.).
Dos : Beaucoup de plumes sont brunes variées et bordées d'un
noir violet très éclatant et lustré, de la même couleur (jne celles
du Co(| de bruyère à (jueiu! fourchue {l.antjsdorjf) ; sur le dos beau
noir bleu avec des taches de rouille (pasteur Brelim).
Aile, dimensions: A partir de sa naissance, 11 pouces 2/8 (iV(7Asojt);
un autre exemplaire, 10 pouces 6 lignes (id.).
Aile, coloration : Les couvertures des ailes sont noires, variées
de petites raies transversales grisâtres et rousses, quelques-unes
sont le long de leur milieu blanches, ce qui forme des raies longi-
tudinales blanches, les grandes plumes de l'aile sont brunes, le
bord extérieur est varié de blanc, leur tige est de cette même
couleur, les plumes moyennes de l'aile ressemblent assez à celles
du mâle, elles sont blanches à leur origine, leur bout est brun,
rayé transversalement de noir et t(n-iniiié d'un boni Idanc (f.anijs-
durlj) ; les pennes ? brun foncé en ilehors, à leur extrémité bigarrées
de brun rouge (Nilsson) ; sur les ailes on voit deux bandes blanches
48 A. SUCHETET
{pasteur Brclitii); les épaules sout tachetées de blanc (A. B. Mener);
les petites couvertures des ailes eu partie marquées de petits points
lins et noirs, la partie inférieure des ailes d'un jaune gris d'argent
i(l.)\ les rémiges des ailes sont colorées comme chez la femelle
(Tétrix ?)avec des liordures Idanchàtres (rxenipl. du mugce de /urieh);
miroir blanc sur l'aile (kl.).
Poitrine : Colorée comme la $ Tétrix (exempt, du musà' de
Zurich); plumes noires rayées transversalement de petits points
blancs : la tige de la plupart des plumes sont le long de leur milieu
blauches, ce qui forme des raies longitudinales blanches
(Lanijsdurlf).
Ventre : Le bas-ventre est ijrun l'once (Lanijsdorjf); on aperçoit
sur le fond blanc du ventre des bandes brunes (Brehnt); le dessous
du corps tacheté de noir et de blanc et de jaune rouille, le bout des
plumes orné d'un large bord lilanc (Ailsson), les cotés gris d'argent
devenant noirs vers la queue (exempl. Musée de Znrieh).
QuELE, DIMENSION ET conformation: cUc csl coiuposéede 18 plumes,
dont 10 du milieu sont beaucoup plus courtes et ne surpassent
guère trois pouces et demi de longueur, tandis que les trois inté-
rieures de chaque côté augnienteut Tune après l'autre jusqu'à
5 pouces 1/2, étant à leur bout tournées en dehors, ce qui rend la
queue très fourcbue et si ressemblante à celle d'un mâle de Coq de
bruyère, qu'il est très difficile etpardonnalile de croire au premier
coup d'œil que cet Oiseau est une variété du mâle du petit tétras
(Langsdorif) ; queue moins fourchue que le mà\e(suirant des donnés
plus ou mohis certaines envoijccs à Temminck); ouverte dans le haut,
les rectrices du milieu 1/2 pouce plus courtes que les extérieures,
toutes très larges et bien garnies, le bout pointu (Mlsson) ; un autre
exemplaire, les plumes de la queue, les 10 les plus courtes, longueur
6 pouces, les plumes extérieures les plus longues, 7 pouces (Mlsson) ;
la Rackel-Honapeut être distinguée des Poules urogalles et tétrix par
la forme de sa queue, qui, étendue un peu, est presque carrée, au
lieu de présenter la forme ronde tle la Poule urogalle, et la faible
fourchette de la Poule tétrix (Lloijd) ; le croupion forme une faible
saillie, presque droite en dedans (A.-B. Meycr) ; la queue est tantôt
à peine découpée, tantôt au contraire elle l'est très profondément
(Gloger).
Queue, coloration : Les couvertures du dessus de la queue et les
côtés sont noirs, variés de petites raies transversales, grisâtres et
rousses, les couvertures du dessous sont blanches, les plumes de la
OISKM X MVHItlDES HKNCOXTIiKS A I.'kIAT SAUVAr.l-; V.)
(liiiMii' soiil viii'iiM's à leur raciiii' de (-(nili'iir rousse (^l Irrmiuées à
leur lioiil (II' iiuii- l'I (l'un 1)1)1x1 hiaiic (Mioil {LanysilorU) ; la (|U('M(;
est iioiii' nwc des lollcts jauucs (.le rouille ; sur les cc)lés de la queue
exlsleal des bandes bruues [paslt'iir lireliin); (jueue moitié plus
courte (iue>:elle du lui'de (/-.'.(■('//(y;/. (/« iniifsce di' /uridi); les i)luiiies
du crouijiou noires et liiyarrées en travers d'un jaune de rouille et
gris bluue, les couvertures du dessous de la (|ueue jaune rouille,
avec des raies eu travers jaune rouille et de larges poiids blancs, les
reclriees sont brun rouge, à la naissance rouge iiàle et rayées (?);
sur le croupion et la queue des bordures larges se chaugeant eu
gris-clair, avec, uu mouehelagenoir, ainsi ces parties prennent une
teinte grise (A. -II. Mcijcrj ; croupion brun-noir tacheté d'un brun
clair rougeàtre avec uue lisière, de liserés blaucs aux rectrices ; le
dessous du croupiou plus pâle; les endroits de l'anus noirâtres avec
des bordurt.'s blanc sale et des bandes en travers, petites couvertures
sur le croupiou blanc, grandes brun-clair, bordées de noir et
avec des i)oiutes blanches larges {A.-B. Mi-ijer); les plumes du
dessous de la queue sont plus blanches (juc chez le mâle, celles du
dessus sont noires avec des bordures brunes (cje/»;j/. du Musée de
Zurich).
Jambes et pieds : Ressemblent, ainsi que les doigts et les ongles,
à ceux du mâle, excepté qu'ils sont beaucoup plus petits (Lanys-
dorlj) ; les ongles plus courts que ceux de la Poule urogalle et
pointus (AiUsoit); le duvet des pattes bigarré gris sombre [id.]; le
plumage des pieds brun pâle avec marque claire, les pieds bruu
noir ('.'); la ])aMe deux pouces, le doigt du milieu 3 pouces :J/8 ;
plumage des pieds plus clair que chez le mâle (e.venipl. du Musée de
Zurich); les ougles moitié plus courts que ceux du mâle (id.).
Ciu d'appel DELA Rackel-Hona : M. le comte Cerlitz lieckfries
aurait entendu ce cri. 11 le dit moins lorl (jui' celui de la fenu'Ue de
IL rogalle et plus fort que celui de la l'oule du tetrix, mais il ne
saurait dire au(iuel des deux cris il ressemble le plus (1).
Des dessins ou ligures coloriées représentant des femelles de
Rackelhane se ti'ouveut dans Nauniaun (2) et dans Nilsson (3);
Lloyd (i) a donné la disposition de la queue comparée aux queues
de la l'oule urogalle et de la l'oule tétrix, d'après uu dessin qui
(1) Lloyd, op. cil., p. III.
{i) Up. cit.. pL CLVl.
(3) Skand. fauna, pi. iV, dessin de .M. V. WiigliL,
(4) Up. cil.
bO A. SCCHETET
lui fut envoyé par M. Malm, alors directeur du Musée de Gothem-
bourj:;; Suudevall (1) a donné un portrait en couleur représentant
tout l'Oiseau ; le D"" A.-B. Meyer, de Dresde, une très belle planche
coloriée.
On voit des exemplaires empaillés, mais plus ou moins authen-
tiques, dans les Musées de Colmar, de St-Pétersbourg, de Lausanne,
de Neufchâtel, de Stockholm, de Christiania, de Gothembourg, de
Dorpat, de Vienne, de Munich, de Dresde et de Zurich, dans les
collections de M. Henke, à Soupsdorf, de M. Walsckke à Anna-
berg (2), du comte de Meugden, au château de Mozahn (Livland) (3),
etc. (4).
Jeunes mâles.
Nous n'avons que fort peu de renseignements à donner sur les
jeunes du Rackelhane. 11 en existe un dans la collection de l'Acadé-
mie forestière à Neustadt d'Eberswalde (o). D'après lé D^ Wurm (6),
cet individu se trouve dans son habit de transition, il porte des
plumes de couleur de rouille claire, lammelées de noir, tout le
plumage est déjà très mélangé de noir (7). Nilsson a décrit
un autre spécimen, dont le cou, le dos, le croupion sont de cou-
leur gris-cendré fortement ombrée, les épaules et les ailes aussi
fortement ombrées, mais d'un brun de rouille. Tels sont, dit Nilsson,
les jeunes sujets. Citons encore un jeune mâle qui fut trouvé par
M. CoUett sur le marché à gibier de Christiana, le 3 octobre 1870.
Rackelhanes en captivité.
Nilsson posséda en captivité trois Rackelhanes. Le dernier, né
pendant le printemps de 1834, mourut âgé de près de six ans. Ainsi
Nilsson put faire des remarques sur les mœurs de cet Oiseau.
Presque toute la journée, raconte l'ornithologiste suédois, ce Rackel-
hane restait sur son perchoir, ayant les yeux fermés, quelques
plumes hérissées, et laissant tomber sa queue. Malgré sa longue
captivité il était demeuré sauvage; il devenait méchant lorsque de
(1) Op. cit., pi. XXXIV, fig. 2.
(2) Pour ces deux collections, voy. A-B. Meyer, op. cit.
(3) Cilo p. le baron A. v. Krudener, in Jagd-Zeilung,p. 29G.
(4) Deux femelles viennent d'être vendues à Londres par M. J.A\ Lilakcr, esq.
(o) Comniunicalion de M. le D' Attum.
(6) Voy. Zool. Garten, 1S80, p. 176. C'est d'après Alsun que parle iM. Wurni.
(7) Skand. fauna.
OISKAI X lIVIirilDES IIKNCONTRÉS A l'kTAT SAlIVAr.l'; '11
|ii'lils Oiseaux s'ii|i|)rocliaieiil de sa ciige iioiir inauger sa uouni-
turc.
Au iiriutoinps, (•'('st-à-dire au nioiiieiit où il preuait sou pluuiago
de uoces, il se iiionlrait pins lier el jetait sou grogueuieut. Il fai-
sait son jeu sur sou perchoir ou au foud de la volière ; sa queue se
levait alors et se déjjloyait eu éveutail, les ailes se haissaieut, les
jduuies de sou cou se hérissaieut. Ou l'enleudait chauler tout le
mois d'avril jusqu'aux preuiiers jours de mai; il ue corameuçait
jamais sou chaut de graud maliu, uiais il le continuait dans la
journée lorsque le temps ùtait beau ou après une petite pluie. Du
5 au 8 mai, il cessait ses chants; parfois peudant l'automne on
entendait sa voix, mais rarement.
Sa nouriiture consistait en de petites baies, il mangeait aussi
diverses graines telles que celles du genièvre cl du blé (1).
Le Jardin Zoologique de Hambourg reçut en 188^ une Lyrure
iiiterniédiaire prise en Suède. Ses allures étaient bien plutôt celles
du Tétras iirogalle (|iie celles de la T.yrure des bouleaux, elle avait la
tenue majestueuse du premier. Cet hybride ne si' montrait point que-
relleur. L'u Coq tetrix qui partageait sa cage lui fit bientôt sentir
sa supériorilé; dans ses accès de jalousie, il le maltraitait lellemeiit
(juc le malheureux Oiseau, dès (|u'il a|)ercevail son rival, se sauvait
aussitôt et se cachait dans un buisson, restant ainsi tapi sans oser
bouger (2). On a encore parlé (•3), d'un Rackelhaue vivant en
captivité chez .M. Sterger, à Krainburg (i). Mais d'après M. Victor
Gaffé et autres (3), cet Oiseau ue serait qu'un telri.r. Le Jagd-
Zeitung a publié plusieurs articles à ce sujet.
Lk Kackeliiank i;st-ii, fkcond V
Klein ((>) i)arle des œufs de la Rackel-hona dans ces termes :
(1) Skand. Faiina. Edil. di- 18!». I.iin.l.
(ij Ces reiiseigneiiients sont donnés par lîrelim ,Hi.<<. des Animaux. Oiseaux,
II, p. 3 et i). Nous nous pernielli'ons de faire remiiripier qne relie limidilé du
Kai'ki'lliane en caplivilé ne se rapporte pas au dire des ualuralisles, (pii pré-
tendent au conir.iire ipie le llackelliane est non-seuleiiieiit victorieux dans- les bullz
des Tétrix. mais (|u'il allronte même l'Urogalle dans ses jeux d'amour.
{•i) Numéros (i et 7 du .tournai de Chasse de Vienne, I88/1.
(4) Voy. Jasid-Zeituni,'. p. SU. l.sSi.
(o) Voy. Jajjd-Zeilun^', n° II, p. 2:i7, et n" l.i, p. 43i, IS8'), entre aulies la ri'ponse
faite par .M. Steiger, qui prétend (|H'ut-Olre avec raison) que son Coq est bien un
Rackeltiane.
(6) Ova aviuin plwimariuin, Leipzig, 17(30.
;J2 A. sUCHEtEt
« Uro(jalliis lii/bridits: ovliiu diliilis niasculis miijoribiis. » D';ij)|-ès
le i)astcur Bit^liin (Ij, (iincliii ulLiuaé auraient dil ([ue la Raikel-
liaue pondait des œufs jaune-clair, tachetés de brun. Déjà le D^Meyer
d'OlIeubacli {2) avait donné la même assertion d'après Klein, mais le
texte latin de ce dernier, (jue nous avons entre les mains, ne dit pas
cela. D'après Langsdoriï, Klein aurait écrit que ces œufs ont des
taches plus grandes que celles des œufs de la femelle du grand
Tétras. S'agit-il de passages dillérents? Schinz (3) prétend que les
œufs sont plus petits et plus courts que ceux du Coq de bruyère,
il n'indique pas la source où il a puisé ce renseignement.
Ces témoignages nous paraissent de peu de valeur. Nous croyons
pouvoir diie que les œufs de la Rackel-hona n'ont i)oint été décrits
avec assez de précision. L'auraieut-ils été, qu'il aurait encore fallu
les mettre en incubation pour s'assurer de leur fécondité. Nilsson,
Fries et Iletzius paraissent avoir parlé d'un ovaire atrophié (4).
Cependant M. Heucke a trouvé dans l'ovaire d'une Poule qu'il tua
lui-même à Kohrsdorf un œuf graud comme un pois (o), et d'après
Severtzow, on aurait tué des feuielles du T. iiifdius avec des petits
qu'elles conduisaient ((5); malheureusement le feu professeur ne
donne aucune autre indication et ne fait point savoir où il a pui.sé
ces renseignements.
Aussi les divers naturalistes qui se sont occupés du Rackelhaue
donnent-ils des avis très opposés sur la fécondité de cet Oiseau. Le
D'' A.-B. Meyer, en parlant de la Rackel-Hona, décrite par Fries (7)
dit que cet auteur l'a donné sans fondement pour stérile. Bechstein
prétend que, comme beaucoup de bastarden, leRackelhane ne doit pas
se reproduire. M.Bogdanow (8J, tout en reconnaissant que la fécondité
de cet hybride n'a point encore été constatée, pense néanmoins
qu'elle est possible. ïschusi (9), a dit, au contraire, que son infé-
condité est probable.
Comme les deux espèces de Tétras qui engendrent le Rackelhaue
ne sont pas éloignées, mais au contraire très rapprochées, surtout
(1) Op. cit., p. o07 et u08.
(2) Op. cit., 181i.
(3) Op. cil., p. 130.
(4) Weidmann. p. 3!) et 36, 1880, cité par A.-B. Meyer, Jagd.-Zeitung, p. 110, 1884.
(0) Voy. A.-B. Meyer, Jagd.-Zeilung, p. 110, 1884.
(0) Voy. Nouv. méiii. des nal. de Moscou, XV, p. ICI, 1888, Étude ■<ur les viiria-
tions (les .i<juiliiiés.
(7) Tidski'ill for Jagar, 18.32.
(8) Conspectus avium,elc., p. 30.
' (9) Les Alpes, 1857.
oisKvrx }niiitii)i;s iiic.ncontkks a l'ktat sauvagi; .'13
par les feln(!ll(^s, ti)iit rii)ii>; porte à croire que ces dprnièros sont
fertiles avec rime des espèces pures, l'ourle niàle, cepoiidaiit, nous
ne pensons point qu'il en soit ainsi, quoi(|ue M. Bo^danow, ayant
disséqué nu individu de ce sexe (1), ait trouvé les organes sexuels
dans un état lotit à fait normal. Nous avons vu, en ellet, en parlant
des Coqnards cT {|iroduits du Phasianiis rolchiciis et du Galiiis
ilowentints). que les organes sexuels d'un de ces Hybrides, reconnus
inféconds, paraissaient bien conformés (2). Nous avons constaté le
même fait chez une hybride stérilede Ph. Reew.sii X Tli. moufioliciis.
La présence de Rackhelhanes cT ddus les jeux d'amour n'est
pas plus significative. Que d'hybrides cherchent à s'accoupler,
s'accou|)lfnt même et ne fécondent jamais les femelles rpi'ils
cochent. Depuis longtemps nous possédons des màics hybrides
T. auritus et 7". riaorius. Ils ne cessent de roncouler près de leurs
femelles, tout le jour ils leur font la cour. Les œufs n'écloseut
jamais. Vn Pigeon demi-ramier demi-ordinaire, accouplé tour à
tour depuis trois ans avec diverses femelles d'espèce pure, reconnues
fécondes avec leurs mâles, n'a jamais donné de produits. Il est
cependant d'une ardeur extrême et, comme les Tourterelles cT
hybrides, ne cesse de roucouler. Nous avons encore des hybrides
de T. risariiis et de C. lirin accouplés avec des femelles Colninha
liviii. Souvent nous les voyons cocher ces femelles qui pondent
invariablement des o'ufs clairs. Ces mâles hybrides n'obtiennent
pas jibis de succès avec des femelles T. nsori)is (3). Les Tétrix,
rencontrés ])ar le feu professeur Severtzow avec de légères traces
d'hybridation, proviendraient donc d'un mélange d'une femelle
hybride avec un Coq d'espèce pure et non de l'union d'une fiMiielle
d espèce pure avec un Ilackelhane cf.
Disons en terminant que Nilsson, afin de s'assurer de l'hybridité
du Rackelhane, avait prié ses compatriotes du Nord de tenter des
croisements entre le Ti'tnio urotinlhis et le Tctrao li'trix{i). On peut
se demander jiouripioi il n'a pas tenté hii-méme ces croisements,
car d'après Lloyd (5) .le Tétrix s'apprivoise facilement. Dans
les cantons ruraux de la Suède on voit souvent, dit cet auteur,
des lilack-cocks en cage aux maisons de la petite noblesse ;
Brehm dit aussi qu'en Scandinavie on a fait reproduire plusieurs fois
(1) ïilr pMi- le pi'ini-c fialilziiiP pn'-s dr Siiiiil-Prlf-slioiirt;.
(2) Voyez IKlcvi'ui-, n» 2:tS, 18S'.).
(3) ('.liiiso l't'imiinlr. nous .ivoiis pu conskilcr Ui pivsciicp de spermatozoïdes bie
ilcv('lo|ipi'S dans les IcsIiruIi'S ilr i-es liybiides.
Cl) Voy. Skiuiil. Fdunit, p. 17.
ifl) Ou me birds, p. 84.
Oï A. SUCHETET
en captivité des Urogalles, on les aurait même croisés avec des
Lyrures des lîouleaiix, mais lo résultai paraît inronnu. Heureusement
ces essais ont été tentés tout dernièrement par un industriel de
Mégerswalden, M. Cari Kralik. Celui-ci a bien youlu nous faire savoir
qu'il avait ainsi acquis la certitude que « \(i Kackcl-halin ai ]i\ llar-
kel-henne, étaient bien le résultat d'un croisement entre Tctrao teirix
c? et Tetrao uroijalliis $. » M. Kralik ajoute dans sa communication
que ses Rackelhanes s'étaient accouplés très fréquemment pendant
le printemps qui suivit leur naissance, mais il ne fait mention
d'aucun produit; du reste, ces Oiseaux moururent les uùs après les
autres.
Tous les faits que nous venons de rassembler nous autorisent donc
à reconnaître une double origine cliez le Rackelhane, qui peut être
déclaré, croyons-nous, comme hybride authentique de T. tetrixel
T. urogallus.
Genre Lagopus.
Lagopus scoticus (1) et Lagopus mutus (2).
En 1878, à l'une des réunions de la Société Zoologique de Londres,
M. le prof. Newton exposa la peau d'un Oiseau qu'il supposait être
le produit du croisement de ces deux espèces. Ce curieux spécimen
lui avait été donné pour le Muséum de l'Université de Camliridge
par le capitaine Houston, de Kintradwell, en Sutherlaud ; c'est dans
cette contrée ([u'il avait été tué le i«'' septembre 1878.
Sou plumage d'été, dit le professeur Newton, ressemble à celui
de la poule Ptarmigau [Lagopus mutus), quoiqu'il paraisse plus
sombre extérieurement. Les régines primaires tiennent beaucoup
de celles du Lagopède d'Ecosse, la bordure blanche s'allonge davan-
tage. Le professeur fit voir la peau de cet Oiseau à plusieurs
ornithologistes de ses amis, qui confirmèrent son dire. Cette
conjecture est d'autant plus fondée, ajoute-t-il, que la partie du
terrain où cet Oiseau a été tué est voisine d'une localité fréquentée
par le Ptarmigan. En outre, M. Newton est porté à croire, d'après
certaines informations, qu'on a découvert, avec ce spécimen,
d'autres exemplaires d'un croisement semblable.
(1) On Bonuxa îtcolica ou Telruo sculiciis.
(2) Ou Telruo mutus ou T. Iaijnpu.'< (var nipina, miin>r!, ou Lagopus vulgaris
nu hion piicoi-e t.. alpinus et !.. moniiinus.
OISE.VCX HYBRIDES RENCONTHliS A L KTAT SAUVAGE
Lagopus ALBiis et, Lagopus MUTUS (I).
Dans les l'roceedings ol tlie Zoological Society {2), M. Colletl f;iil
savoir qu'il a examiaé un hybride entre le Lagopus mutus et le L.
alliiis. oxcmplaire tiio à Riiros, oa septembre 1883, aujourd'hui
conservé dans le Musée de riiniversité de Christiana.
Ce spécimen, dit .M. Collett, est un mùledaus son plumage d'au-
louHie, éiiorjue où la livrée des deux parents est la plus recounais-
sable. Le plumage dn Laijupits mutus prend alors une teiute
particulière, gris-bleuâtre, où chaque plume, sur un fond cendré, est
finiment tachetée de noir sans former des lignes bien tranchées;
11! fjKjiipus iilbii.s, tout au contraire, porte sur (iliaque plume des
taches brun-rougeàtre où on aperçoit distinctement des ligues
croisées sur un fond noir. Or, cliez le spécimen hybride, la couleur
et la disposition {',ij des plumes indiquent une fusion des caractères
des deux espèces.
Sur le dtïssus du corps le ])lumage ressemble davantage au L.
mutus, les plumes, ainsi que celles des (lancs, sont finement tache-
tées de noir sur un fond un peu rougeàtre, ([uoique la couleur ne
soit point aussi accentuée que chez L. albus. La disposition du plu-
mage (4) est celle du L. mutus, et les longues plumes des flancs,
ainsi que les couverlui'es supérieures de la queue, où il n'existe
poiutde plumes croisées, dillèrent tout particulièrement de L. albus;
une ou deux plumes cependant ressemblent à ce dernier. Les
bandes croisées de la tète ont également beaucoup de ressemblance
avec celles du L. mutus, elles sont aussi plus fournies que chez L.
albus, quoique plus confuses et irrégulières. Le plumage de dessous
se ra])proclie de celui du L. albus, surtout comme coloration, les
plumes soni rayées transversalement comme celles de L. miilus,
mais leur couleur est rouge et ressemble beaucoup plus à celle de
L. albus. Kn somme, la disposition (.")) des plumes de cet Oiseau est
celle du I . muliis, tandis (jue la (iiloration, notaininent en-dessous,
est celle de L'albus. Le bec est de grandeur intermédiaire.
d) Oii Tetraii suliceli, ou T. sultaljiiiiiis, mi T. I.ngnpus, ou T. allnis cl laji/io-
uinis, ou oncore l.ngnpim saliceli,
(i) l'agps -JIM) et -SU, 188G.
(3) Markings.
H) The puiterii on llie fealhers.
(5) The jiuttern.
;)6 A. SIJCHETET
Tetrao tetrix et Lagopus mutus
Yarrell parle de ce croisement (1 ) et donne la figure d'un spécimen
qu'il remarqua dans la collection dé M. Eskmark. Le comte Alphonse
Auersperg de Laiback (Krain) (2) a donné également (3) d'inté-
ressants détails sur les T. tetrix cT qui fréquentent les lialt:-
plnt:eii du Lago]iède des Alpes. Il aperçut à Debela, dans les
derniers jours de mai 1882, et cela pendant trois matinées, un Coq
tetrix qui venait régulièrement sur les baltz du Lagopède. Quelques
jours après, se trouvant encore dans la forêt, il vit tout à coup le
même Oiseau s'envoler avec des Poules de Lajiopns alpiniis. Le soir
étant venu, il se porta dans les environs et vit bientôt le Coq revenir.
Alors, imitant le cri de la Poule alpinus, il entendit le Coq lui
répondre par son chant ordinaire ; il était à peine à cinquante pas
de lui. Ayant pu s'en rapprocher davantage, il fut assez heureux
pour le tuer ; ce Coq pouvait a^oir deux ans.
■ Le D"' A.-B. Meyer pense que plusieurs exemplaires albinos du
Tetrix cT doivent être des hybrides provenant des croisements de
ces deux espèces ? M. Pleske aurait admis pour la Russie de pareils
croisements, chose possible, car M. le professeur Taczauowski, de
Varsovie, nous fait savoir que le Musée de cette ville possède un
hybride de ce genre tué à l'état sauvage.
Tetrao tetrix et Bonasa betulina (i).
En 1876, M. Dresser présenta à la Société Zoologique de
Londres (.5), un hybride né d'un croisemeut entre le Tetrao tetrix
et la Bonasia betulinn. Cet individu appartenait alors à M. John
Flower.Esq., qui l'avait acheté à M. Smithers, marchand d'Oiseaux,
près de Cannon-Street, le 16 mai 1876, mais cet Oiseau avait déjà
passé dans plusieurs mains. M. Dresser apprit cependant qu'il
venait de la Norvège.
En le disséquant il reconnut que c'était un mâle. Les intestins
étaient presque semblables à ceux de la Poule Tetrix, mais ils
étaient plus courts de trois pouces, mesurés depuis le gésier jusqu'à
la partie la plus basse du caecum, la longueur eutre ces points étant
(^] Oiseaux (le l'Angleterre, II, p. 3IG el :>J2.
(i) Cité p. A.-B. Meyer, op. cit.
(H) nus Ilirlitrild, p. 12, iss;;.
('i) Ou Tetrao l)o>iasia ou Bona.^a sijlceslris.
(5) Voy. Proceedings, p. 34!) et suiv.
OISEAIX llVDltlDKSi IIENCONTKÉS A l'kTAT SAUVAOE 'M
pour l;i l'iMilc tririx ili' ciin|u;iiili'-iiu;itre pouces. Le jabot (■bi il, vide,
le gi'sipi- coiilcaîiit une (|iiaiilitt' di' itolilcs pierres, pour la plujiarl
de quartz 1)1. luc, et un grand nombre de liges de matière vi'gctale.
M. Dresser versa le contenu du gésier dans uu bassin rempli d'eau
eliaudc, et ecs matières exbalèrcMit une odeur assez doui'e. Pensant
qu'il pourrait apiu'cndre quel((ue chose sur la couleur des muscles
pectoraux après la cuisson, il fit cuire les muscles de l'hybride et
ceux de la l'onic 7/77/ (1). « Ceux de la l'on le ;/ m/ présentèrent
alors le contrasli' ordinaire caractéristique du Blnrk (iivusc, mais
ceux de l'hybride étaient pres(|ue bhiiies. le niuscle inférieur a vaut
à peine la couleur plus claire ([ue le muscle supérieur. La chair
de l'hybride était très inférieure comme saveur à celle du ti'hi.r,
elle était plutôt sèche et sans goût, comme celle du Tctrao riifus. »
M. Dresser remarqua, autant ipie son expérience pouvait le lui
di'niontrer, et suivant ce (ju'il avait iMitendu dire par les chasseurs
suédois et russes, qui ont l'occasiou d'étudier les habitudes de
VHazel (irousr, ((ue ce dernier est mom)game et que, lors(pi'il
s'accouple, il demeure fidèle à sa compai;in'. Il n'a donc jamais
entendu dire qu'un Coq Ilazi-l ait été supplanté par un Blark (irnnuc.
11 pi'iit seulement sou]içonner que le présent hybride provient d'uu
Co(| lldzid (|ui se sera accouplé avec (iiiel(|ue Poule (//c// durant ses
promenades solitaires'.'
D'ajirès .>L Bogdanow (2), les ])reiniers hybrides de T. trlii.r et
T. honnsia auraient été découverts par M. Andreiewsky au mois de
se])tembre 18(10 ; deux exemplaires cT avaient été tués près du
village Toxowo, non loin de St-Pétersbourg ; leur bec ressemblait
à celui du letri.r et leurs tarses étaient emidumés comme chez cet
Oiseau (.'{). \'oici, du reste, leur descrijition :
« Queue beaucoup plus longue que chez la Gélinolle et très four-
chue. La forme des rectrices extérieures tient beaucoup de celle du
tetrir. Les deux rectrices médianes colorées comme chez la Ciéli-
iiotle; les autres noires, parsemées de ])oints cendrés sur les parties
toutes bordées à leur extrémité de blanc étroit. La partie supé-
rieure du corps entièrement d'un gris foncé avec des nomltreux
zigzags noir. Uectrices des ailes même couleur, mais nuancées de
(D r. letrU.
(2) Conspectni ai'iuiii iiiijierii rosnici. lasciculus 11, p. 136 et 'M. Sainl-PétiTs-
boui!;. 188.'..
(^i) In de CCS liyl)i'i'lcs H|i|>ai'licnl an Mii-.cc /iHilcp;;ii|ipc ilc IWcadcinic Iiiipcii ilc
lies sciences de Saiiil l'éleislimiin. el raiilic csl ciinservé dans le (lahinet zocilci-
;.'iqne de 1 liiivorsilé. Voy. Tli. PlesUe. .Méni. Ac;i(l des se. de Sl-IVIersl)., .\.\.\V,
n» o.
08 A. SCCHETET
l)run, et des hauts blancs sur les tiges des plumes qui s'élargissent
vers le bout en taches blanches. Plumes du vertex allongées comme
chez la Gelinotte. Base du bec et gorge noir, mat, encadrées par
une bande l)lanche. Derrière l'œil une tache blanche. Tout le dessous
du corps coloré comme chez la Gelinotte, mais la couleur brune est
remplacée par un noir brunâtre. Sous-caudales blanches avec des
taches noires vers la base des plumes. Flancs colorés comme le dos
et n'étant pas de la coloration de la Gelinotte. » En général, continue
M. Bogdanow, la coloration des plumes conserve le type de la Geli-
notte, mais les couleurs sont plus foncées, le brun remplacé par le
noir, le cendré plus foncé; presque pas de rou.x. Les caractères
plasti((ues, au contraire, ont conservé le type du tetrix. M. Bog-
danow a ajjpelé ces liybrides Trtrno bnnasia tclrir.
On trouvera, dans les Mémoires de l'Académie des sciences de
Saint-Pétersbourg (1), la description et une figure coloriée d'un
mâle et d'une femelle hytirides. La femelle fut achetée au marché
sans que l'on sache sa provenance; le mâle est un de ceux ren-
contrés par M. Andreiewsky en septembre 1860. M. Th. Pleske
ne croit pas se tromper en désignant pour père des deux exem-
plaires qu'il représente la Bonasa hetulinii et pour mère le T.
tetrix, parce qu'on ne peut guère, dit-il, admettre qu'une Geli-
notte femelle se soit rencontrée sur les places des Coqs de
bruyère lorsque ceux-ci sont en amour ; il lui paraît plus vraisem-
blable qu'un Tétrix cf, très porté à. l'amour, ait recherché une
Gelinotte ?
M. le D'' Meyer, de Dresde, a également donné une description et
une figure coloriée de l'exemplaire de M. Dresser (2). Il croit aussi
(sans pouvoir le prouver, comme il le dit avec beaucoup de
raison), que le Tétrix est le père et la Gelinotte la mère. Il a appris
en ISSfi, par M. Lindner, de Salzbourg, qu'un spécimen de ce genre
avait été tué dans les environs de cette ville, mais l'exemplaire
ayant été vendu, on n'a pu le retrouver.
Dans les Nouveaux Mémoires dos Naturalistes de Moscou (3),
le feu prof. Severtzow parle du produit de T. tclri.r avec T. bonasia
comme présentant une prédominance décidée du type bonasia. Il
dit qu'il a l'air d'une grosse Gelinotte, avec la coloration à peu
près normale de T. bonasia, seulement les teintes sont plus foncées,
la queue est plus longue et fourchue, les rectrices sont légèrement
(1) (7), XXXV. n» a.
(2) Tableau XVI. Les iiiesui'es smil à la pa^c '.Ht dv son ouvrage déjà cilé.
Gi) XV, p. 1(12, 1888.
OISEAUX IIYBniDKS nKNCONTRKS A l/iCTAT SAlVAfiE "lO
fléchies en deliors. D'iiprès M. Kolllioll (i), le dessiu des couleurs
de la (iclinollc Ictrix varie beaucoup.
Lagoi'hs mijtus et Bonasa betulina.
M. le Comte J.-B. Cauuozzi \'ertova veut bien nous écrire de
Berfianie qu'il possède dans sa collection un hybride de L. mulnH et
T. bonasia; cet individu fut pris dans les Alpes de Bergaine.
M. le Comte \'ertova crut d'abord qu'il avait allaire à un cas
d'albinisme, niais le S|)écimen ayant été examiné avec soin par le
feu prof, de Kilippi, il fut jugé un vrai byiirido de ces deux espèces,
surtout pai- les pieds ipii sont couverts de |)lnmes laineuses parfai-
tement blanches à peu près jusqu'à l'extrémité des doigts, ayant
cependant près des ongles un |)etit bout des doigts découvert comme
dans les autres Télraonidés; daus le lionasia beluUna, la partie
inférieure du tarse et des doigts continue. D'autres caractères
marquent encore ce croisement, mais ils sont moins saillants que
ceux des pieds. Le comte ajoute daus sa communication ([u; la
lionasia est maintenant très rare dans les montagnes de Berganie,
tandis qu'on trouve encore facilement le Lmjopus mutusel le Lagopus
nlliiis.
Lagopus albus et Bonasa betulina.
M. Ci. KoltholT a donné dernièrement (i) des rouseiguements
sur un Oiseau ([u'il nomme f.ngopus bonasioides, et qu'il croit
provenir du Iju/npiis alhas et la liomisa bctnliiia.
Le spécimen qu'il déciil est un mâle, aujourd'iiui conservé dans
le .Musée d'Upsala. 11 fut acheté en 1885, au marché de Disting de
cette ville, à une personne qui vendait des Oiseaux du Nord et qui
déclara (|ue cet Ois('au ])rovenail du .lemtlaud s(q)teutrional.
M. Koltholl pense qu'il avait été tué au mois de décembre 1884, puis
mis dans la glace.
Dans le .Musée on le classa, tout d'abord, comme provenant de la
Gelinotte et du Tétras, avec un autre spécimen qui avait été acheté
en même ti-mps et qui lui était ù peu près semblable.
Ce n'est qu'un an plus tard que M. le |irof. Collet s'aperçut, après
l'avoir comparé avec plusieurs hybrides Gelinotte-Tétras, qu'il ne
pouvait leur être assimilé et émit l'opinion (pi'il était plutôt produit
<\) Dont nous citerons bienlùl l'ouvrage.
(i) Bihang UU kongl. svpnska Vcicnskabs Akaileniicns Handiin^ar. XIII. Afd. IV.
SlocklioliM, l!S8,s.
()0 A. SUCHETET
par l'alliance du I.af/opm avec la Bonam. M. Kolthoff l'otudia alors
de très près, le soumit à un examen détaillé, et reconnut par son
squelette que l'assertion du i)rofesseur de Christiania devait être
exacte. Les parties du squelette qui purent être examinées s'écar-
taient en eiïet de la conformation de la Gelinotte-Tétras et indi-
quaient une forme intermédiaire entre le Lai/opus et la Hnnasa.
La difficulté consistait à déterminer à quelle espèce dr Iju/opits il
deviiit sa naissance, car, portant s;i livrée d'hiver, il était diUlcile de
préciser s'il provenait du [jujopus iinitns ou iilutiM du La(jopus
albux ?
Comme certaines partiels de son squelette sont j)lus fortes (jue
chez le L. mutun et que le mode de vie de la Bonasa se rapproche
bien plus de celui du L. albus que du L. mntns, qu'aussi le L. miitns
se rencontre rarement dans les endroits habités par la Gelinotte,
M. Kolthoiï est amené à penser que cet Oiseau est hybride du
L. albus. Voici en grande jjartie sa description :
« Les troisième, quatrième et cinquième plumes des ailes sont de
la même long;ueur, la queue n'est pas entaillée, mais arrondie et se
composant de seize plumes .... A première vue, cet Oiseau ressemble
beaucoup au produit de la Gelinotte avec le Tétras; la couleur domi-
nante est le blanc. La tête est blanche en dessus, les plumes se pro-
longent jusqu'à la houppe et sont de couleur gris clair, mélangées de
noir, ou avec une bande noire. Les côtés de la tête sont blancs; la
naissance du bec, ainsi que les coins, sont marqués de ({uelques
taches noires. . . . Les plumes du cou rappellent beaucoup celles de la
Gelinotte et sont gris clair avec trois rayures noires. Sous le menton
existe une tache noire, la gorge est toute blanche par devant et sur
les côtés, comme aussi toutes les parties inférieures du corps. Le dos
est tacheté de gris clair, blanc, brun et presque noir. Les plumes
de la partie antérieure du dos sont gris clair avec de larges raies
brunes et noires et de gros points de la couleur primitive des plumes,
lesquels points sont parsemés, à grands intervalles, de petits points
bruns ou noirs. Sur la partie inférieure du dos les plumes sont brun
foncé avec mélange de noir et de gros points blancs confus. Les
plumes de l'épaule sont noirâtres à la naissance et blanches dans le
reste. Les tiges des plumes des ailes sont noires, les troisième, qua-
trième et cinquième ont en outre des barbes blanches ; pour le reste,
elles sont gris foncé avec de petits bords gris blanc sur la barbe des
pointes. La première plume des ailes est aussi longue que la
septième; la seconde un peu plus longue que la sixième; les troi-
sième, quatrième et cin([uième de la même longueur. La cinquième
plume manque à l'aile droite.
OISICAIX UVItlUDKS liKN'CONTlIKS A l'kTAT SAUVAdK lil
» La queue est un pou arrondie; les jiluines, qui soutau nonilin;
de seize, soiil moirées de grisa la naissance el au centre et rappel-
lent beaucoup celles de la Gelinotte. Les plumes de la queue sont
noires dans la moitié exlérieure, avec des |)ointes lilauches, et le
blanc des pointes est [ilus grand dans les plumes centrales.
» Le bec est noir; les doigts, qui ressemblent beaucoup à ceux
de la Gelinotte-Tétras, sont tout blancs comme les tarses. Le revê-
teuM'ul des )ilumes des oiteils occui)e les deux tiers de leur lon-
gueur. Les ongles sont plus petits que ceux de la Gelinotte-Tétras.
L'ongle du doigt médian a -i millimètres de largeur au milieu.
Tons les ongles sont noirs àleur naissance; vers l'extrémité, ils sont
d'une teinte claire cornée comme les parties nues des doigts. Les
lamelles des doigts sont phisgrandi's (|ue cbez les Gelinottes-Tétras
et d'uue teinte gris-blanc.
» Le squelette a aussi une (orme intermédiaire entre le Lagopède
el la Gelinotte, mais il se rapporte, (domine l'extérieur de l'Oiseau,
plus au Lagopède (in'à la Gelinotte. Ainsi, tout le squelette est
seulement un peu plus petit que celui du Lagopède blanc (ou sub-
alpin) et, dans certaines parties, plus grand que le Lagopède muet
(ou alpin).
» La crisla-sterni, qui a 70 millimètres de longueur est, par
devant et à la partie inféricui'e, moins prolongée ((ue cbez le
Lagopède blanc ; par suite, son bord antérieur est moins concave,
et comme la crista-sterni chez la Gelinotte est encore plus en travers
à l'avant, la Gelinotte-Lagopède est, à ce point de vue, entre les
deux. La hauteur de la ciista est contenue trois fois en longueur
chez le Lagopède, deux fois et demie chez la Gelinotte, et deux fois
trois ([uarts chez la Gelinotte-Lagopède.
» La partie de los de la poitrine le plus rapproché de la cristn
est, chez les deux, large de 12 millimètres à l'endroit le plus mince;
chez la Gélinolte elle n'a que 5 millimètres et 8 millimètres chez
la Gelinotte-Lagopède. Le bord postérieur de l'os de la poitrine
qui, chez le Lagopède, est faiblement arrondi, avec une insignifiante
incision an milieu de l'avant de la crit^ta, et (jui, chez la Gelinotte,
est fort arrondi ou presque en pointe, est ici plus arrondi que chez
le Lagopède. La partie inférieure, impaire et plate, est triangulaire
chez le Lagopède et presque aussi large que longue; chez la Géli-
nolte, elle est deux fois plus longue ([iie laige et atteint sa lai'geur
extrême au centre. Chez la Gelinotte-Lagopède, la largeur est
comprise une (ois et demie dans la longueur et le bord antérieur
est arrondi, de sorte que la plus grande largeur est au centre.
(32 A. SUCHETET
» Le scapuliiire, qui est long de 8 millimètres de jikis que chez
la Gelinotte et de 2 millimètres de moins que chez le Lagopède
blanc, est, comme chez la Gelinotte, un peu plus courbé que chez
le Lagopède, quoique insensiblement, et son élévation au milieu
du i)ord supérieur est un \)eu plus forte et moins étendue que chez
ce dernier, mais pas aussi forte que chez la Gelinotte. »
Comme le bassin était très défoncé, M. Kolthofï n'a pu en donner
la largeur extrême, mais il est évidemment, dit-il, plus étendu
que celui du Lagopède et se rapproche ainsi de celui de la
Gelinotte.
A l'examen du sexe, on trouva que les organes génitaux étaient
forts et bien prononcés, ce qui fit penser qu'on avait affaire à
un vieil Oiseau, le développement des lamelles des doigts du pied
semblait également l'indiquer.
Il serait intéressant de comparer cet Oiseau avec l'exemplaire
que possède M. le comte Cannozzi et dont l'origine est, au con-
traire, attribuée au croisement de la Gelinotte avec le /,. mutuf:.
M. Walter Rothschild, de Londres, a acheté dernièrement à la
vente faite par M. J. \\hitaker, un Tétras indiqué sur le catalogue
comme provenant de la \Mllow Grouse {L. alliKs) et de la Hazel hen
{Bonasa betuUna). Cet Oiseau viendrait de la Russie.
Tf.tr AO TETRIX et LaGOPUS SCOTICUS(l).
La femelle du T. tetrix a la queue à peine fourchue et se rapproche,
comme forme et comme couleur, de la femelle du Lagopède d'Ecosse;
pour cette raison, dit iMacgillivray(2), on croit que ces deux espèces
produisent ensemble, du moins trois spécimens qu'il a vus présen-
taient des caractères intermédiaires. Il put examiner l'un d'eux qui
était du sexe mâle. L'imperfection de ses organes génitaux lui laissa
à penser que c'était un hybride.
Cet Oiseau, d'al)ord en la possession de M. Feuton, empailleur
d'animaux à Edimbourg, passa dans les mains de M. W. Smellie
Watson, de cette ville. Comme forme et comme proportions, il
resseml)lait à la femelle du Coq noir, et son bec était pareil à celui de
cet Oiseau. Voici, en partie, la description que donne Macgillivray :
« La membrane, au-dessus de l'œil, comme celle du Coq noir, ayant
cependant une mince bordure frangée, ce qui n'existe pas chez ce
dernier. Les plumes, en général, oblougues, largement arrondies. . . .
(I) Ou Telrao scotictis, oii encore Bonasa scoUca.
{t) Hislory of British Birils, p. iGi, London, 1837.
OISICAUX HVliltlDKS RKNCONTHICS A i/kTAT SAUVAGK M
La (iiicue à peiuc fourchue, comme celle de la femelle du Coq uoir,
mais cumijosée srulcmi'iil de si'ize plumes cummc celle du Co(|
rouge... Les tarses recouverts de plumes sans espace dégarni par
derrière. Les doigts couverts aussi de duvet, comme les memluanes
(|ui les sépareut, le plumage de ces parties aussi épais (jue chez le Coq
rouge. Les ongles 1res longs, arqués, comme ceu.v du Coq rouge et
du l'hirmigan ijmj. Le bec d'un uoir brun, la memhrane au-dessus
(le l'œil écarlale ; les doigts bruns. La partie supérieure de la télé
marquée de taches bruu rougeàtre, noir brun et gris, le cou à la
partie postérieure gris; le reste du ('ou noir avec une légère teinte
rouge jiourpre à la gorge, les plumes out le bord blanc et sur les
côtés du cou elles sont barrées d'uu rouge bruu. En géuéral, les
plumes dans les parties iuférieures sont noires, marquées de blanc ;
celles des côtés ont une bande rouge; celles de la partie inférieure
delà (jucue noires avec un grand espace blanc. . . Les parties supé-
rieures sont très ondulées; elles sont uoir bruu et rouge bruu avec
des bandes blanches très étroites. . . On voit une tache blanche à
l'aisselle, mais il n'y a pas de bande blanche sur l'aile, comme chez
le Coq noir. La (jneueesl uoire, les deux pennes du milieu marquées
de points rougeàtres, la huitième plume a une bande étroite
blanche. Les plumes des tarses d'uu blanc grisàtie, celles sur
le côté extérieur poiutilléesde rouge. La longueur, comptée jusqu'à
l'extrémité de la queue, 20 pouces 1/2; celle des ailes 31 pouces.
» En somme, cet Oiseau ressemblait par sa forme à une femelle
ou à un jeune mâle de l'espèce du Coq noir; il leur ressemblait aussi
par son organisation interne, mais il avait le canal intestinal beau-
coup plus court et à peu près de la môme dimension que celui du
Coq rouge; comme plumage et couleur, il tenait des deux espèces. »
» En examinant le corps on put facilement se rendre compte
de la cause de sa maigreur. Les bronches étaient très enflées, le
poumon gauche paifaitemeut sain, mais le droit engorgé de sang.
Le rectum s'était dilaté à sa partie inférieure de façon à atteindre
1 pouce 1/2 de diamètre et contenait une substance ressem-
blant à du mastic el composée principalement d'acide uritiue.
Les rognons étaient dans leur état naturel, mais l'urèthrc s'était
empli d'urne subslauce semblable à celle contenue dans le rectum,
cependant [ilus molle. »
-M. Yarrell (I), en septembre 18.").'), eut l'occasion de voir un bel
exemplaire, dont le plumage ne laissait pas de doute sur son
(1) Urilish Bii-ds, II, p. 360.
64
A. SOCHETET
origine. CelOiseau avait été envoyé par lord Mosteyn de Galles à M.
William, rempailleur d'Oiseaux de la rue d'Oxford, qui perniil à
M. Varrell d'eu preudre un croquis.
« La tôte, le cou, la poitrine cl toute la partie inférieure du corps
étaient recouverts d'un ])iumage semblable à celui d'un jeune Coq
rouge; le dos, les ailes, les couvertures supérieures de la queue et
les plumes de la queue étaieu', aussi uuires que le sont ces parties
chez le Coq noir ; les plumes de la queue étaient allongées et four-
chues, mais comme c'était un jeune Oiseau de l'année tué au com-
mencement de la chasse, la plus grande partie des plumes latérales
de la queue n'étaient pas encore recourbées à l'extérieur; les
jambes étaient couvertes de plumes jusqu'aux doigts, les doigts
étaient nus et pectines comme ceux du Co(i noir. »
En outre, M. Collell (Ijexaiuinaau Musée de M. Dresser, à Londres,
un individu dont la forme lui indiqua un croisement entre le
T. Tetrix et le L. Scolicus. Ce spécimen avait été tué en Ecosse, le
12 septembre 187(5.
11 est, dit-il, de couleur noire brunâtre, « le dos a de belles taches
brunes sur un fond presque noir ; la poitrine est noire, la tète et le cou
noirs, avec des taches brunes. Le ventre a des bandes transversales
d'un brun rouge ; les couvertures inférieures de la queue ont des
arêtes blanches, ainsi que plusieurs des plumes sur les côtés du
dessous du croupion. La queue est noire. La garniture des pieds
tout à lait comme chez le liipc hybride. »
Deux autres individus, examinés par M. Dresser, dilïèrent peude
cet Oiseau, qui est actuellement en la possession de M. le D'^ Meyer,
de Dresde.
Un nouveau spécimen cT acheté la même année, le 15 décembre,
au marché de Gothembourg, en Suède, a été décrit par le feu
professeur Malm {2), qui l'avait reçu de M. E. Lignell, employé de
la salle de vente (3). Les parties du squelette que l'on put recueillir
en le préparant sont exposées au Musée d'Histoire naturelle de
cette ville,. On ignore dans quelle contrée il fut tué.
Cet Oiseau, dit Malm, a des ressemblances avec le petit Coq
de bruyère, mais il dilîère de ce dernier sous d'autres rapports qui
(1) Voy. Magazin for Kalur., Christiania, p. 162, 1S77.
[ij ijiveisigt af kongl. Vil. Alaiil. Fôrhandlingar, 18«0, ii° 7, p. 17-^1, Stockholm.
(■i) On aurait rencontré jadis en Urande-Brelagne, dit Malm, des hybrides sem-
blables, mais ils n'ont point été l'objet d'un examen complet. Malm iait sans doute
allusion aux trois spécimens décrits par Macgillivray et peut-être aussi à celui dont
a parlé Varrell.
(iisKMX ini;iiii)i;s iti;M:i)NTiii:< a i.'KfAT s\i\ aci': (i.')
soiil |ii'i(|Me» au l,;ii^iiii 'ilr l'iiilge: sa i;i-aii(l(Mir est |i)(_'Si|ii(' rcllr
(le la fi'iiiellc de ïétrix.
i( I.e bec et li'songlPs sont courts, ceux-ci onttles bordures inté-
rieures blancliàlres. La graniieurdu i)ec se rapprocbe de la femelle
du Coq des bois ; la forme, remar([uable par la grosseur relative de
la uaissance du bec, ressemble, par contre, davantage à celle du Coq
des bois mâle. Sous tous points de vue le bec s'écarte beaucoup du
iiec court et épate du Lago|)ôde rouge, et est pies([ue deux fois plus
grand en volume que ce dernier. La longueur des ongles dépassr,
par contre, celle du Cof| des bois; ceux-ci ressemblent aux ongles du
Lagopède rouge, ils sont plus droits, ou moins recouri)és (|ue cliez
le Coij des bois.
» Il existe une plaque nue de couleur riuige au-dessus de l'ieil. et
reuiiilie de [papilles... Les plumes du vertex sont petites comme cliez
le Co(| lagopède rouge, mais plus longues (jue cliez celui ci et cliez
le mâle du Coq des bois. Les ailes ont la même structure et la même
forme (pie celles du (;o(| lies bois et du Lagop'dc rouge.
» La longiiriir totale île l'Oiseau est environ celle du Tétrix cf,
attendu ipieles plumes centralesde la queue sont jilus longues que
chez ce dernier... La ipieiie, ipii comprend 18 plumes, est très peu
arrondie ; toutes les plumes ont une petite pointe, et sont droites
nu bord extérieur, mais les 2-3 extérieures sont iiiDius arrondies.
Les plus longues lectrices inférieures de la (|iiciie sont un ogoii-
diameter plus courtes que les plumes centrales de la queue. Chez
le Coq des bois cf et 9. bi (pieneest fourchue, et les [)1 uni es, r iiir
celles deTliybride, initia ]ioiiit;' |)lusém()ussée, mais les extérieures,
surtout chi'zle Coq, soûl très relevées et i);ir suite très arrondies au
bord extérieur, les tectrices inférieures les plus longues attei-
gnent l-l ogondiametrar en [dus des iiliimes centrales de la ipieuc.
Chez le Lagopède rouge, la ipieue est loi temenl arrondie, ce qui est
aussi le cas pourclia((ue|)luine qui est relevée un peu à chaque bord
extérieur. Les autres lectrices inférii^ures de la (pieue sont 1 1/2.
ogondiam plus courtes i|ue les centrales et sont aussi lesplus longues
delà (lueue, de môme qu'elles ont l/4ogondiameter de plus long que
les extérieures.
» Les plumes des doigts du pied, par exemple, entre les doigts,
s'avancent jusqu'au commencement de ravant-dernière partie du
doigt de ])ied. Chvz le Coq des bois, elles n'alleigneiit que la moitié
du premier; chez le Lagoi)ède rouge, elles ne vont que jusqu'à
l'ongle. La longueur du i)ouce, comparée au doigt médian sans
compter les ongles = 1:4 i/2; chez le (ioq des bois cette propor-
tion est de 1 : 3 i/'l ; chez le Lagopède rouge de 1 : 5 1/2.
(i(> \. SUCIIIOÏE'I'
Après iivoir donné des détails sur la disposilioii et le iioiiii)re des
fraiiiies des écailles, le |irofesseiir Malin décrit lon^uenii'nt la cou-
leur de l'Oiseau (ju'il compare avec celle du jeune Coq des hois tué
à la nièuio é|iO([ue et à celle de Lagopède rouge.
De ce qui jirécède, ajoute-t-il, il semble ([ue l'hybride (|ui
vient d'être décrit est un intermédiaire entre les deux espèces.
Il ressemble au Coq des bois par :
1" La forme longue et grossière du bec ; 2° la tache sur l'œil ; 3°
les franges des écailles à la partie extérieure des doigts; 4" la
couleur noire dominante, surtout dans les parties inférieures du
corps; 3" les plumes blanches de la partie inférieure du croupion,
qui sout noires à la base.
11 tient surtout du Lagopède rouge par :
1° Le pouce du pied relativement petit; 2" la (jneue relativement
pliLs longue; 3° les plumes de la partie inférieure du croupion
relativement courtes, en conqiaraison de la longueur moyenne de
la ([uene ; 4° les plumes uniformément foncées de la partie infé-
rieure du bras, à l'exception des pointes ; 5° la marque châtaigne
sur le dos, sur le jabot ; 0" les pUnnes du vertex plus longues.
Le prof. Mal ni a donné à cet hybride le nom de Lafjopoti'lrix
Dickson i.
Les diversindividusdout nous venons de parler ne sont pasles seuls
qui aient été rencontrés. M. Bussikofen, conservateur du Musée de
Leide, nous fait savoir que la collection de cette ville possède, sans indi-
cation desexe, nu iudividuempaillé auquel il attribue une semblable
origine. M. Bussikofen est porté à croire qu'il provient du croise-
ment du k-liix 9 t->t du acoticus cf '' M. R.-M. Traquair nous
informe aussi qu'il existe an Muséum ofScicnceand .4rïd'Edimbourg
un autre spécimen: llerr Wiebbke, dellamliourg, auquel cet Oiseau
a été envoyé pour être examiné, a émis l'opinion (ju'il devait
provenir du mâle Red Grouse et de la femelle Black Grouse. D'après
nue communication qui nous est faite par M. J..Macliauglt Cami)bell,
le h'elcingroce Muséum de Clascow possède un hybride de ce genre,
mais on ignore à quelle époque cet Oiseau a été reçu. Enfin, dans le
Musée d'York ou conserve deux autres exemplaires cf et $ ; la
femelle seule est bien conservée, nous écrit M. Platnaner, elle a
l)resquela grandeur du Iriri.r, le plumage est plus foncé, les jambes
sout nues, le cou est long. Ajoulonsqu'uu nouvel exenqilaire a ététiuÀ
eu Ecosse tout récemment, au mois d'août dernier, à un endroit
appelé Glen-.Mayeran, dans le comté d'Inverness. Nous tenons ce
fait (l« M. J.-B. Burton, de Rossai, (jui nous envoie une copie de
i)1si;ai\ iiviiiiiiPKs iu:m:iintiu:< a i.'ktat saixack ()7
rivcruess (".oiiricr, du G iioveiiihre 18811, où l'on trouve de pri'cieuses
indications sur cet Oiseau. Le journal s'exprime en ces ternies :
(i Vendredi dernier, M. Macleny demanda à M. ,1. E. Burkley
d'examiiiiT un oisrau i{iii avait été envoyé de Glen-Mayerau iioiir
être empaillé et (|ui avait été tué par M. Laurence Hardy Ksq'''^.
F>'()iseau est un liyl)ride niàle entre T. scoticiis et ï'. trlri.r.
Le cou et le dos sont de la couleur de la Grousse ordinaire,
cependant li; dos est peut-être un ]ieu plus foncé. La [loitriiie, à
l'exceiilion de (jue^pies plumes Manches, est d'un noir Inillanl. Le
croisement se fait voir tiuil piiiliculièrement dans la téte,laqueue,les
ailes et les pieds. Le dos est lari;e, la crête est extrêmement rouj^e
pour la saison. La (pieue est exactement celle d'un jeune Tetrix,
mais les plumes ne sont pas recourbées en forme de lyre comme chez
ce dernier. Les ailes sont marquées d'une manière curieuse et mon-
trent plusieurs ressemblances avec le Coq capcrcaiiic, notamment
sur les couvertures (mais M. Marling observe qu'il a aperçu cette
cette couleur sur les ailes de poules (/;r;/ i|ui semblaient être de
très vieilles poules). Les jambes et les pieds sont forts comme chez
le Tetrix, et disposés pour que l'Oiseau ])uisse se percher. Enlin ce
spécimen est un peu plus petit «[u'une poule i/ri'n et pèse 2 1. 1/2.
C'est au milieu de buissons qu'il a été tué. »
Tkthao ïktrix et Laoopi s ai,bi.;s.
,\l)rès le Rackeliiane, l'byhride le plus rêj)audu parmi les Tétrao-
nidés est le Uipe-Orre, i)roduit par le croisement du T. tctri.r et du
/.. (tlbiis.
Le premier auteur qui en parle, mais à titre de variété, est
Sparmann, en 17S8 (1). Bientôt après, en 17!).^, Sommerfelt (2),
décrit deux exemplaires niàles(iu'il considère comme hybrides. Ces
deux auteurs paraissent être les seuls {}ui, an siècle dernier, aient
fait mention de cet hybride.
C. P. Thumberg, en 1808 (.'}), en parle de nouveau; Nilsson ensuite
en 1817 (4), et dans les diverses éditions de Skandiniiris/c Faunn.
(1) Muséum Cnrlxonianum, partie III".
(2) Tofiographil\ Journal fôr .Norge.
(:t) Kongl. Vi'tonslvaps-AI<a(lciniens\ nya llandliiii^ar, .\\I.\, p. I'.i:i, l'.Ki cl I'j7.
l'i) Ornilliologia sueeica.
(■.8 A. SICIICTKT
l/t'ditioii (1(; Liiiid. 1838, coiitiL'iil de longues desci'i|itu)iis de ci'l
Oiseau (I).
Nauuiaun eu 1833 {'2), éerit qu'où ue peut douter de l'hybridité
du Ripe-Orre et que cette double origine apparaît même au pre-
mier coup-d'd'il ; le célèhreoruitliologiste allemand avait été assez
heureux i)our recevoir d'un ami un spécimen qu'il put comparer
aux deux espèces pures.
LeD'' Constantin Lambert rrloser pense de même (3), R. Wagner (4),
rapi)elle ce croisement, ainsi que Yarrell (.'i) et Broun (0), ces deux
derniers d'après Naumanu. ,1. H. Blasius, dans un voyage qu'il (It
eu Russie (7), en 1840, le mentionne également ; puis Lewin (8),
Sundevall(y),Lloyd(lU), Lindhland (11), A.Muller(12). ARasin(13),
Degland et Gerbe(14), Isidore Geotïroy-Saint-Hilaire(lo), Brehm (16),
A.-W. Malm (17).
M. Collett en a donné nue longue histoire et a fait connaître beau-
coup de spécimens nouveaux (18). Citons encore Dresser (19) i]ui
II) Quoique Ti'uimincU (Manuel d'ornithologU', 2' éJit., 2" partie, Paris, octobre
1840} n'en ait pas parlé d'une façon directe de cet hybride, nous ne pouvons cependiuil
passer sous silence ce qu'il dit, à l'article Tétras birkan, de l'Oiseau figuré par Spaj--
niann op. cit., fasc. 3. H reuiarque en eltet que cet Oiseau « porte des plumes sur les
doij.;ls» et que ses pieds sont ceux « duLagO[ièdeptaruiigan.» Aussi, no lui supposant
pas une double origine, émet-il l'avis que l'individu qui a servi de modèle((/i/n»( c't'
probahkment inutile) on lui aura substitué des pieds de Lagopède ptarmigan
« doiit ces parties, ajoute-t-il, portent les caractères. » Cette reuiarque est assu-
rément en faveur de l'origine hybride de l'Oiseau.
(2) Natimj. des Vurjrl Dentscli, VI, p. :i:!3.
(:i) Handbiich der Natiirgeschiclite dcr yoijrl l'uri>pii'.<. I. 'l'heil, p. .">:^2 el oiîli.
IJreslau, 183'i.
(4) LeltrliHch der l'hijsioln{jie. p. 12 cl 2<i. l.ci|izii.'. is:!',i.
(5) llrilsh liirds. 11, i> Util .
{('<) Iland. der Ntilnrijescliichte, p. liili.
(7) Reise in europàixchen Rnxxland in der .lalircn ts'iO lunl l.S'rl. lii'auns-
vvlieig. 1S44.
(8) Otversigt af kongl. Ventenskaps-Akademicns l'uiliaiidlingar. IS'rT.
(S)) Srenska Fogkirna, p. '235, ISfiCi.
(10) Otime birds, 1867.
(11) Svenska .lâgareforbundets nya, ■rid>kiill. \1, p. 2'i;i à 2(;o, IS7:i.
(12) Der zoologiscbe Garten, tS(j7.
(13) Journal fur ,lagd und Pferdezuclit, l.S(>;).
(14) Ornithologie européenne. Il, p. 4S et 4'.).
(l.'i) Ilisl. des règnes organiques. 111.
(16) Oiseau.v, II, p. '.m.
(17) (ifversigl al kongl. Vetens, AUad. Fiirhandlingar, IS7(;, u" .'i. et arg 37,
n» 7, p. 17 à 31, 18SI).
(18) Das Forhaudiiugar Videnskaps-selskabet, Christiania. 1872, el .Nyl .Magazin
for Naturwidenskaberne, p. li)5, Christiania, 1877.
(19) Proceed. of Ihe zool. Society, p. 3'i5, 1870.
(IlSKAl X IIMll!ll)i;s UKXCONTUKS A l.'ÉTAT SAlVAdE (10
Il vti (iliisiciirs liyhiides; Tscluisi(l), l!oi;iliiiio\v (2;, A. IIii^o (;t),
Wiehko (4), le I)'' A.-B. Meyer (ii), <li' Drcsilc, cl le l'eu prolï'ssnii-
Scverlzow. de Moscou (6).
Le produit du Tftras lelrirnvcc le Iakjoiius nllms ^\yw l'oii dcsi^in',
iKHis l'avons dit, sous le nom de liiiie-Orre (ou simplement Hiporre),a
reçu Jesnniiisscii'idiliqucssuivauls: ïVOv/o-/*'///,/' i /nvV/r/.sSpariiKiiin,
Tcinio-liijliriiliis Idtjniinlis Nilsson, Tclra-ldiinpiili-lflrlridcs Suiidi--
vall (7), Trtrao-uruijiillo-li'lniiilfs Collctl, l.diiujiitlclri.r Idijuiiiililrs
Mal m, Ti'Inio-lnijopodo-li'tri.c Kogdanow.
On trouve des spécimens empaillés dans diveis musées: la cul-
leetioii de l'Université de Christiania en possède un grand nombre,
onze d'après Collett, dcint deux femelles; vient l'iisuilc le Miisi'r de
l'Université (ou de l'Académie) de Sainl-l'élcrsljourg(|ui eu conserve
huit environ (8), presque tous des mâles ; puis le Musée zoolof^ique
de Stdckolm, ([ualre, dont une femelle, presque tous achetés au
marché à i^ihier (9) ; le Musée (rUi)sala (Suède), un mâle et trois
femelles, égalementaequis en grande partie au marché à i^ibier (10) ;
le Musée deP)erliu(ll), celui de Lund (1^); la collection de M. Wiehke
à lland)onr^, plusieurs ex(MupIaires( l.'{); le Beri;eu's Muséum {l'i)et
celui du Tromso, en Norvège; les Musées de Darmstadt, de Halle,
de Berlin en Allemai;ne (un ou plusieurs exemi)laires)(I.")), le Musée
de Dresde (H)), le Muséi' de Mdsi-ou (17), la collection de M. le Baron
Walter Rothschild, de Londres, le Musée zoologiiiue de Milan
(1) llibliiilhek f. Juger uiul Jui/^l-Frcuniic. 1, \>. liiS, 1878.
(2) Coiispeclux aviuiii imperii rossici, fasciciilus I, Saint-Pétersbourg, ISM.
(:t) Jiijîd Zcitiinp;, Wien, p. :m, i88i.
l'i) Journal tiir (iniillinlogU', p. 3',I4 et suiv., lISHo.
(1)) l'nsrr Aller lldcliel aiul Hirkuilil innl seine Abarlen, 1887.
(r>) iNoiivi";uix Mi'riioii'es de laSucirli' Inipéi'iali'des Naliiralislcs, XV. p. I(i2. 1888.
|7| Siinili'vall avait iléjà p irlé du Itipe-Ono dans (ifvd'siL.'! Uoni,'!. Vi'lcn-ikaps-
AcadoniiiMis. IS'i'i. Slockliolin. IS'io-'ili, p. 80 (l'H l^.'i).
(8) CoMiinuniialKiii de M. l'ieske à M. Culletl.
(•J) CoiniiiMidialii)n dr M. Kullluill à i\l. Culktl.
(10) .Même Sun lie.
(11) Viiy. iNHiiiiianii.
(12) Vuy. Nilsson.
(i;i| Voy. le, Vf i. \. li. Me>er, op. rit.
(14) Coiniminicallon qui nous est faite par M. le curateur de ce Musée; d'après
M. Culletl il y aurai! deux exemplaires.
(15) Daprés les coininuniealions qui nmis sont ailressées.
(16) Voy. A. B. Meyer, op. cil.
(17) Voy. Collett.
70 A. SUCHETET
(coUocliou Tiirati ilj, ciiliii \i' Musée de Leide (:i). Tous ces spé-
cimens dans leur livrre d'Iiivcr, sont plus ou moins authentiques,
car il arrive ['ré([uemuient que Ton jirend des Tetrix alljinos pour
des hybrides.
On trouvera des dessins ou des figures coloriées dans les ouvrages
cités de Sparmanu (3), Thumberg (i), Nilsson (5), \aumann,
Yarrell (d'après ce dernier), Lindblad {(>), Suudevall (7), A. B.
Meyer (8).
Le Ri|ie-Orre se rencontre en Suède, eu Norvège el eu Uiissie,
où habitent les deux espèces qui lui donnent naissance, s'accorde-
t-on géïK'ralementà dire, M. Le\viu(9) |)arle d'un jeune exemplaire
(|iii fut tui; lors(iu'il était perché sur uu aibre ; rendruil où il se
trouvait, ainsi qu'un autre individu, était couvert de jeunes arbres
dont la [ilupai't se composaient de sapins, mais sans bruyères, au
milieu tl'étangs.
Le plus grand nombre de Ripe-Urre qui ont été pris en Suède l'ont
été, d'après M. Collett, dans les contrées du uord (Helsinglaud-Jemt-
land-Horr et Wester-Botteu) ; quel((ues-uus ont aussi été tués dans
le sud (Delarre W'ermelaud). Horr Berljom, inspecteur des forêts, eu
tua uu, le 30 novembre 1871, à Saltdalem, sur une petite colline
couverte de bois de bouleaux et entourée de marais; l'Oiseau parais-
sait isolé, ne se mêlant ni aux Tétrix, ni aux Lagopèdes qui
fré(|uentput la même contrée. Eu novemlire 1881, uu autre spécimen
fut tué non loin de Chrisliana Fjord (10). Thumberg indique le
Wcrmeland comme habitat de ces Oiseaux (11). M.\Viebke(l:i) jiarle
d'un mâle tué à Heisiugfors, d'un autre à Petrosavodsk, et d'une
(1) Coiiiimink-aliim qui nous est faile par M. le |M'iiIisseui- Siinlelli. directeur,
adjoint de ce musée.
(2) M. liullikofer, conservateur, nous a fait savoir qu'il e.xistait dans celte col-
lection un Oiseau (sans indication aucune) paraissant provenir du Lagopède (^ el du
Tétri.\ :j., à l'e.xception de quelipies parties du plumage blanc et gris du Lagopède
et la grandeur de la femelle Télrix.
(:î) l'I. l.XV.
Cl) Tab. II.
(;i) PI. V.
(G) Svenska Jagar forbundets.
(7) PI. XXXIV.
(8) Tabl. XIV et XV.
(il) Op. cil.
(10) Voy. Collett. op. cit.
(11) Op. cil., p. l'.Ki.
(12) Jour, fia- Ornillt.. \^<<n.
OISKAIX IIMIIIIDKS IIK.NCONTUÉS A l'kTAÏ SAlVAdl-: 71
Iriiii'llc ;i liiisiiii. Os liylii'idcs lie seraii'iil |i(iiiil ilii rr-lr cxlrù-
iiii'iiieul raies eu Russie.
Origixk de Kipe-Ohrk
l,(' Uipe-One est-il le iinuluilde l^uiiimi du /'. l'clri.r c? i'vec le
Linjapus tillius $, ou de l'union cuuliaire, ou iiièiiii' \ieiit-il des
deux accoupleinenls? Cette (|uestioii u'a pu encore trouver de
solution.
Nilssou, Nauiiiaim, Gloger. Hasin, indiquent le premier croise-
ineiit, mais M. Wiebke (1) et le D' Meyer pensent ([uc le Ripe-Orre
peut l'être produil |iar les deux accouplements (2). M. Collett, tout
en pensant (praucunc certitude n'est encore établie, penche néau-
nioins pour l'opiuion ([ue Sonimerfeet avait émise en 1823, à savoir
que le L/KjoiiHs albiisc^ doit être regardé comme le pèrede l'hybride.
Il lui i)arait assuré qu'on ne peut allribuer l'origine du Ripe-Orn^
(lu'à une seule des deux uuioiis j)arce que, dit-il, (|uaud on tue cet
oiseau à uuo môme époque de l'année, les divers spécimens obtenus
ne dilléicnt ni en taille ni en couleur. (Nous verrons tout à l'heure
(|ue le |irof. Se\ertzo\v dit au contraire i[ue les diveissiiécimens de
Ripe-Urre dillèrent considérablement par leur coloration) (3).
Les individus dont a parlé I.ewin (4), suivaient une Poule (jiii fut
prise pour la femelle du petit (^o(| de bruyère; Nauinaiiii dit cepen-
dant avoir appris du grand veneur royal de Greifl (|ue, priulanl la
guerre de Finlande (l78S-l7!)l)j, on avait vu des Lagopèdes femelles
sur les ballz des (^oqs tétrix (."J). Le même auteur écrit eucore (6j,
(jue des chasseurs norvégiens lui out assuré que souvent les Lago-
pèdes fré([ueiitent les lialtz du Coq Tetrix. Nilssou (7) écrit aussi
que plusieurs chasseurs expérimentés de la Norvège et de la Fin-
it) Journal fur Onulliolo.'ii'. IsKl, oi'i trois ('xt'iiiiilaircs, donl di-ux inàlcs i'\ une
fi'uu'llc. soiil l'iinsiilcié-; coiuine ayant [umv [«•iv li' Liif/opiix (illim:. l't un i|ualrirnii'
iiuiiuie provenant du croisement en sens inverse.
(i) Le D'Meyer (op. cit.) considère le Itipe-Orrc desontalileau (|ualo]zièiiieconinie
produits par l'accuiipleinenl du T. telri.v cf avec le Lagointx nllnis ^. Ces exem-
plaires peints sont au nonilire de quatre: deux Coqs de la collection Wiebke, un Coq
du musée de Dresde, donné par M. Colletl, le quatrième une l'oulo, décrite par
M. Itii};dano\v.
(:t) Il n'y a pas deux individu-^ idenli(|ues, ilil-il. Nouv. Méiii. Soi-, .N.il. .Moscou,
XV, p. U\', IHSS.
(4) Ofversigl a( kongl. Velenskaps-Akademiens Fortiandlingar. IS(7.
i.'l) Voy. iip. cit., p. :t.'!Ci.
ic,) I'. ":t:ic,.
(1) Skiiiid. fiiiiiiii, I8j8.
/:: A. SICFIKTKT
landt'fl) SMVontqu'il n'est. |):is rare de voir la Foule de neige dans le
jeu du pelit Coîjde biuyère. Enfin, M. Pleske a adressé à M. Collett
l'analysi^ d'un ra[)porl de !M. I{asin(2), d'où il ressortirait, d'après
le savant Russa (|ue le TrI.rao trliix doit être réellement considéré
comme Ir» père dans la production hybride dont nous parlons.
Cette auidyse écrite en langue allemande est la suivante: « Dans
le district de Nowgorod, dans les lieux marécageux appelés Kone-
vosclii'n,()ii rencontra une compagnie de Poules qui étaient conduites
par une femelle de Lrt//û/;»(.va/6i(s, laquelle fut tuée dans la suite. Les
deux petits qui furent pris avaient l'extérieur complet de jeunes
Tetiix; iisétaientaussigraudsque la mère, ils ne dilïéraieut des vrais
Telrix que par quatre plumes caudales blanches ainsi que par deux
rémiges de l'aile droite; l'un des deux avait l'aile gancbeentièrement
marquée comme le Ijvjoiihs alhita (3).
DESCniPTION o'KXK.MPL.VUtKS cf
Caractères gicnkraux : l'as deux individus identiques {Si'ccrtzuir);
le type de la coloration des deux espèces pures s'équilii)re parfois,
mais plus souvent c'est le blanc du Laijopus ([ui prédomine, quel-
(|uefois aussi le noir ilu T. trtri.c {/'/.); intermédiaire pour la taille
et les caractères plastiques entre les deux espèces (/'/.) ; ce (jui le
'distingue des variétés accidentelles de l'espèce, c'est qu'il n'a pas
comme celle-ci la (|ueuo profondément échancréc. et ([ue les rectrices
latérales sont très peu contournées en dehors [lic<jlanil et GcrI e);
noir sur le dos et cliiné gris ou bordéde blanc dessous, le dessus du
cou et le dessus des ailes est blanc avec des taches noires et une
grande tache noire sous la gorge {Nihson); ou s'accorde à dire qu'ils
sont plus ou moins blancs, et plus ou moins marqués de taches
noires (Tluniihcnj): de couleur blanche dans les parties inférieures,
tachetés de gris dans les supérieures avec des taches jilus foncées
(/'/.); le troisième exemplaire décrit parM.Wiebke ressemble, par sa
couleur, à la Poule de ueige; une grande partie du plumage d'un
blauc luisant, chaque plume marquée au milieu d'une tache noire;
cette tache [ireud la forme d'une poire sur le dos (/'/.); une grande
{'.)) IViiiis dt'viiiis iri fiiii'c l'i'iiiiu'iiuci' i|m', (i'iipii's Mêla {Yrrlelmila frniticd,
llelsiiigfoi-K. p. I(>i. eilr par Collell, iip. ((( i. un n'a point cepemlanl signal(> le Ripe-
Oire en Finlamle
(Cl) Joiiriitil*Ocli<)liji Kaniiosniroilstiiii, ji. ;iiO et ;i4l, tSS9.
(7) Dans le l'IIS on le rapiinrl rie M. Bazin se bornerait à ces qiiel(|iies détails, le
prof. Collell isl pnilr à criiirr ipu' ees ilen.\ jeunes sont îles alhinos et non |ioint des
liybrides .
(IISI.MX IIMlHIliKS llK.NCONÏItKS A I.'KTAT SArVAOK 7.1
1;ii;Im' noire sur \r devaiil (!>'' tiliHjri-]; il esl li'llciiiciil int.i'riiii'Mli;iin'
iMiIre lu ïetrix el lo Lagopède (livK'C d'hiver cl de mue'.') iiu'dii
poiivail le prendre à première vue i)Ouriiii vrai asseiiiblaj^earliliciel
dfs deux [(Hixjer); toute la ])arUe supérieure noire, pointes des
plumes liiiemeiil lai-lielccs de vert, et dessous hlaaelies (Si'//'/''ii//0-
ÏAii.i.i;, coNidiiMATioN" : à peu [)rès di' la j^randeur d'uni' poule
ti'trix, également la forme de cet oiseau {\(niiii(iini): le Iroisièiiie
exemplaire dont parle M. Wiebke a également la forme d'une l'oule
tétrix.
TiVn:. coLOKATmN : ))lumes noires dans le haut avei' bouts bruns
ou blanes {Mhsoii); un autre exemplairiv. an dessus des yeux une
Jurande phupie rougeverru(|ueuse, etc. (MUsau); autre exemplaire :
dessus de la tcM.e noir semé de taches blanches, avec une raie blanche
en travers et derrière les yeux, les tempes noires avec des points
blancs (/(/.); an-dessns des yeux une bande nue et rouge (Sininiiaiin);
sourcils couverts d'une grande ([uantité de petites verrues rouges.
La hauteur des sourcils est environ 1/2 du diamètre de I'omI: la
crèle n'est pas très haute (VnUi'tt) ; |dnmes de la tète d'un rmir fort
luisani, bordure blanche à leur pointe, peu de plumes sont brunes
( Widike): un autre exemplaire : plumes très luisantes et très noires
[i(l.): un troisièuH' exemi)laire, (considéré par .M. Wiebke comme
proveiuinl du croisement inverse Tétrix c? et Lagopède 9), plumes
de la tète brun jaune pâle, à la i)ointe noires, bordées d'une bande
blanche ("'.): une tache ronge veriui|neuse au-dessus de l'ii'il
(fi'/w/cr) ; le menton noir ou tacheté de m\v (Sundi-ndl); comme b^
U'Irir, |)la(pie verruqneuse [Siindetall).
Bec, coN'FOitMATio.N KT coLOR.VTio.N : mnv {Spaniiaïui) ; noir, pareil
à celui du Lof/apiis albux, mais un peu ])lns grand (Xilsson) ; un
autre exemplaire : noir, semblable à celui du l.mjniitis, mais beau-
coup plus grand (('(/.); large et également haut WiniiiKitun : bec
plutôt semblable à celui du Tétrix, l)ien consliuil. mais le cnlinen
n'est pas si élevé que dans cette espèce ; sa longueur est à jien près
double de celle du l.iujopufi aihus, les branches de la mandibule
fortement développées (ColU'Il); bec noir, un peu i)lus grand ijuc
chez le Lagopède [(, loger).
Coi; : sur le cou, comme chez le Tétras lyre, mais le plus souvent
les plumes sont variées de taches blanches conlluenles(S/;()rm'/n»)(l);
plumes très luisantes et très noires ( IV/c/y/.c); 2'^ c.n'iiiiilniir: plumes
lll Cih' |i;n' Ucglaiiil l'I (ici l)c, l't iiin>i |Mim' les ;iiilir> inriiliim^ cihk riiiiiiil l,i
ilfsciipliim.
7'l A. SlICHETET
Uùs luisaiilus et très uuiies ; 3" cjTiiiplaire : iiluiin's du cou d'uu
lirun jauue |iàle,à la pointe noires, Imrdéesd'uue bande lilanche.
Dessus du cou : noir linement ombré gris cendré (Nikson); sur le
derrière du cou, il y a une grande tache noir l)leu luisant et haute
de deux pouces, qui s'allonge des deux côtés jusqu'au joint de l'aile
{id); sur le cou les plumes sont blanches, tachetées de noir (id.); les
plumes du dessus du cou d'un noir fort luisant, bordure blanche
à leur i)oinle, jjeu di' pliiuies sont brunes {iVirbkc).
Gorge : grande tache noire sous la gorge (Nihuon): entre la
poitrine et la gorge, un anneau de taches noires et blanches,
montant jusqu'au cou (r/iM/»/'C/v/); la partie inférieure delà gorge
noire ou tachetée de noir (Sundctall).
Dos, COLORATION : Moir, finement ombré gris cendré (Nilsson);
autre exemplaire : le haut du dos noir avec les bords blancs
{Nilsson); le reste du dos brun noir avec des taches noires et d'étroits
bords blanchâtres (/(/.); quelques plumes foncées d'un brun châtain
avec des liandes en travers et des zigzags, toutes ces plumes sont
hnement bordées de blanc ; outre cela, le dos est mélangé de
[Aamesuoives {Wieblic); un autre e.reniplairc: partie supérieure du
dos, plumes fort luisantes et très noires, sur la partie inférieure
beaucouj) de plumes sont colorées de châtain brun foncé (iil).
Poitrine, coloration; poitrine hiancln' tachécde mnv iSiKinuanuj;
sur la première iiarlie de la poitrine il y a une grande tache noir
bleu luisant et liante de deux pouces, qui s'allonge des deux côtés
jusqu'au point de l'aile (Nilsson) ; les flancs noirs ou tachetés de
noir (Sundevall).
Epaule, coloration : clunpio plume se termine par une tache
blanche qui, au milieu, est petite et étroite et qui, sur les côtés, est
])lusgrande et plus large (Nilsson); les plumesdesé]iaules d'un noir
très luisant, bordées de blanc à leur ]iointe, peu déplumes lirunes
I Wicbkc); un autre exemplaire : plumes très noires et fort luisantes
(id).
AiLK, CONFORMATION : plumcs poiiilucs, la piemière jilus longue
que la septième, la deuxième que la sixième, et un plus courte que
la cinquième, la troisième est plus longue, la quatrième un peu plus
courte (A'//ASo;ii; les plunn>s des ailes ressemblent comme forme
à peu près à celles de l'Oiseau décrit par Naumann ( iViehke).
Aile coloration : lilauchc, (achée de noir {spanntinn); les petites
plumes de l'aile l»laiiches avec des taches noires (A'îVa'soh); sur les
OISEAIX lIVIIlilDKS HKNCO.NTHKS A L ETAT SAUVAGE /.)
îiiles coloralioli lilauclie avec des laclies noires {Xauniann): les
|iliiiiifs dos ailes resscmlileiit (•(iinrno couleur à peu près à celles de
l'oiseau dccril par Nauiiiaiiii ; ce (|ui est à reiiiarquer c'est (pie hcau-
c(Mi|) (le ces plumes sont sur un ('(Hé de la tige hlanches, de
l'autre c('*t(j noires. Les rémiges hriin gris noir, ()ui sont l)laiiclies à
leur pointe, ne sont lilandies (pi'au milieu de la barlie, ailleurs elles
sont tachetées de blanc (Wiehke); le Iroisièiiie l'.rnnphiirr : les
plumes lilaucliesdes ailes, (pii sont tn's courtes, ont des deux côtés
de la tige une liande lai'ge lirun gris (/(/.); aile tacbebM! de noir
{ThiiiiilK'ni); ailes Manches avec des taches noires {!)' (ilonrr); ailes
noires avec de grandes taches blanches cl de petites raies blanches
aux liges (Sini'/crof/).
\'kntri: : le dessons du .coi |i> biaiie avec des hu'lies noires en
travers (.Mlssou); les lianes cl le ventre sont sans tache (Wicbkr);
(lcu.rihne crcmplaire : ventre blanc niarfjué de raies noires tians-
versales (/r/.); abdomen blanc, tachi'' de noir {Sparmann).
(JUEUE, coNFon.MATioN : elle consiste eu dix huit plumes, les rec-
trices les plus exii'rieures sont les plus longues et courbées, celles
i|ui viennent ensuite se raccourcissent de plus en jjUis et sont plus
droites jiisipi'à celles du milieu, qui sont à peu près()/8 pins courtes
ipie celles de e(Hé ( .Mlfsaii); (pieiie uii peu ïi'udut' {.\iuniifni ii): i|nene
moins fourchue que celle du Teiras télrix (Spannaint); queue h'gé-
reinenl fourchue; dix-huit rectrices {('olklt); les plumes les plus
extérieures, lr('S légèrement recourbées vers le bout, de 12 à 14 mil-
limètres plus longues i|iie les plumes du centre. La longnenr de la
(pieue est en proportion plus longiu^ (|ue celle du ïétrix et se rap-
]>roclie plus de celles du Ijujuptis (CdJIcU): couverliires inférieures
delà (|ueiie légèrement plus courtes (|iie les rectrices ceutrales(/'/.);
cpieue légèrement fourchue {Xunileridl) : (|ueue fendue ( Wiehkr); bien
fourchue, mais moins recourbée (pie celle du Ti'\i';\s (Tli uni lie ri/);
ipiehpie peu fendue, composée de dix-hnil plumes, dont les liiiil ou
dix centrales soiiliri'gaie longueur ."J/i de 2" dedegrés plus coiirles
(pie les huit exb'rieures (pii sont (|uel(|uefois même légèrement
recourbées vers rextérieiir (f./o'/c/ i.
Queue, colohation : noire, rectrices médianes avec la poiiile
bordée de blanc; croupion noir, finement ombré gris cendré;
couvertures supérieures noires bordées de blanc, le dessous tout
blanc (A//.V.SÔ»): aulri' r.rfinptairc : queue dix-hnil pennes noires,
les plus extérieures sont les plus longues, les (|uatre suivantes un
lieu pluscourles, toutes un peu courbées ou pres(pie tiroitcs, les huit
70 A. SCClIliTET
niédianos |)rpsi|ue de la mêiin' longueur, etc. ("/.); le croupion brun
noir avec- des taches noires et d'étroits bords blaïudiàtres {Mlsson);
sus-caudales noires, avec l'extrémité blanche, sous-caudales d'un
blanc pur. excepté la pointe, ((ui est noire, rectrices noires, les deux
nK'dianes l)lanches an bout {SpaniKinn): la (juene, ainsi que les
couvertures supérieures d'un noir pur, plumes bordées de blanc à
leur extrémité, surtout celles du milieu, les couvertures inférieures
bhinches (Glo(j('r): queliiues plumes du croupion foncées, d'un bruu
châtain avec des bandes en travers et des zigzags; toutes ces plumes
ont de fines bordures blanches ( U'iclikr) ; f|ueue noire, à l'exception
de la rectrice extérieure qui est brun noir et une des rectrices ilu
milieu ()ui est pointillée de brun à sa pointe. Quelques |ilumes de la
(|ueue en-dessous, très lirillantes, sont bordées de blanc ; ces bor-
dures s'élargissent sur les plumes du milieu ( Wielikt']; un deuxième
exemplaire: parmi les dix-huit rectrices tout à fait noires, celles du
milieu ont des bordures blanches et très larg(!S. Les tectrices en
dessous, comme toute la partie inférieure, d'une blancheur éblouis-
sante (iii.); S*" exei)if)lnire: qnehpies ]dumesde la queue, blanches,
sont, au milieu et sur tonte la longueur, rayées de noir, ce qui
forme à la pointe nue grande tache, etc. (iiL); queue noire avec les
bords blancs aux extrémités.
Pattes : jjattes couvertes de petites plumes blanches. Le bout des
pattes couvert d'écaillés avec les bords dentelés (XiLsson) un autre
exemplaire: les pattes comme le précédent, etc. (id.); les plumes
sont d'un blanc sale un peu ombrées (id.): les jambes ont un
plumage semblable à celui du Lagopède ('H7c/;/.-('i; doigts à moitié
couverts de plumes, les ongles sont comme ceux du Lagopède
(Swndevall).
Pied, conformation et coloration : Les ongles sont longs et
brunâtres avec les bouts plus tranchants et plus larges que ceux du
petit Coq de bruyère, mais plus étroits que ceux de la Poule de
neige ( Mlsson l; an autre exemplaire : les doigts sont intermé-
diaires entre ceux du petit Co<| de bruyère et ceux du Lagopède;
])ieds fortement cm]ilumés, doigts couverts justjn'à la moitié
(Xaiim(ninl:<U)\ii\sh moitié couverts de plumes épaisses, ressemblant
à des poils, l'articulation la plus intérieure entièrement recou-
verte de plumes, celle du milieu nm* au dessus, mais couverte sur
les côtés, la plus extrême tout à fait nue (Collell): les ongles, comme
ceux du Lagopus. longs et larges et légèrement obliques, le bord
intérieur étant légèrement ]ilus large que le bord extérieur. Ils sont
moins courbés que chez le Tétrix et leur couleur est moins sombre
(IISKAI \ inilllll)l> IIKNC.ONIIIKS A r, KTAÏ SAIVAdK /l
iliif iliiiis ri'LIc (,'spècL' (iil.); le pouce court coiiinie clit'/. c l.aijtijiux,
proportioniiellenu'iit beaucoup plus long que cliez le Tclrao (hl.l;
un tiers des ddij^ts est l'ocouvoit d'un phnii;i!,^t' seuililaliif à celui du
Lajiopède; pouce couverl eulièreuieiil; les ongles, larges, resseui-
hleul ])lulol à ceux du Télrix ( WieliL'c) ; le troisihm' i:iciiijihiiri' -.^
pieds eouverlsde |)luMies Idauclies seinlilaldes à des poils eUpii ne
s'élèvent que peu au dessus des doigts, (les derniers mit de longues
franges et les ongles ont la forme et la couleur deceux du l/igopède
(/(/.); ongles très longs peu reenuiliés, plus larges (pie cinix du
trlri.r, mais plus minces queeeux du Lagopède, d'un luim de corne
(Déclouer).'
Dimensions : Longueur totale 18 p. queue comprise, hupu-Ue a
presque Cl p.; le bec de]iuis l'ouvertureà 1 ]). 1/8, depuis les narines
"J/Ki; pattes 1 p. (i/8 de long; de la naissance de l'aile jusqu'au liout
9 p. 6/8; la patte 1 p. 6/8; le doigt du milieu, sans l'ongle, 1 p. 3/8;
l'ongle 6/8; le pouce caché dans les plumes 11 p. 10 (Mhmni); lon-
gueur einiron 18 pouces {Nauiitanii): un exem|)laire du Musée de
Berlin, longueur 16 à 17 pouces, largeur 2S à 29 pouces; longueur
(les ailes 8 pouces; longueur de la queue pres([ue 5 pouces 3/4, le
bec 0/8, à la racine 1/2 [Xainiiaiin); le doigt nu-dian (y compris
l'ongle, qui a presque 8 lignes), un pouce 3/i{Nai(i)iiinn).
M. (iollett a donné les dimensions de dix individus iirovenant de
diverses contrées et tués pendant l'espace de douze années, depuis
1870 jusqu'en 1882, elles sont les suivantes: longueur totale du
premier spi'cimen tué à Gandrandsdalen 470 »'«>, du deuxième 480,
du troisième (7), du ([uatrième .'108, du cimpiième 481», du sixième
499, du septième JJO.ï, du huitième 480, du neuvième 486, du dixième
:i30. L'aile 242 >""', 238, 2.37, 2o.';, 2:i2, 24.';, 232, ^V",, 23."), 23.';;
rectrice extérieure. I42'"™, 147, 1.38, 142, 140 (7), 146, 1.33, 140, 130.
Itectrice centrale 122, 117, lOC, 12.'i (7), 130, 124, 113, 118, 123.
On voit qu'il règne des difféiem'cs quehpu'fois assez sensibles
entre les divers (exemplaires décrits. M. le professeurdoUett a (hmué
aussi les dimensions des différentes parties du s(|uelette d'un
Oiseau cf venant de Saltdalen (Nordiandj. « Çouiitk» les s(pieleltes des
deux parents, fait remarquer l'auteur, se ressemblent tellenujnt,
(|u'à part la dilTérence de taille, il serait diflicile de les distinguer,
cet hybride n'a i)as de Irait dislinctif dans la slruclure de son
s(pieletle en dehors de la dillérence de taille ».
Le deuxième exemplaire décrit par .M. \\ iebke a 32 centimètres
78 A. SrcilKI'KT
(le longueur totale, le troisième a 46''™, o (1). Longueur iGO"!™
(S)inilfvall); aile 250™'", piiiinesdu milieu de la queue 140""», plumes
extérieui-es 35 """ plus lougiu's el un peu courljt-es.
Voix : Les deux jeunes mâles dont M. Lewin a parlé avaient un
"loussement dur, tout à fait comme le graud Coq de bruyère (2).
Dkscru'tion de l.\ femf.lle
M. Wiebkc (.'{) a décrit une femelle hybride tuée à Ka/.au le
2 mars IS8i. P;utie inférieure du corps blanche, la poitrine tachetée
(le noir, sui' le uiilicii du ventre des phnues blanches sont bordées
de noir. La tête, le cou, la nu(iue sont d'un rouge brun jaune vif,
le reste du corps d'un rouge plus foncé, bordé et tacheté de noir,
larges l)or(lures blanches sur les tectrices'* les plumes bruu gris
des ailes sont bordées et tachetées de blanc sur la barbe extérieure;
deux larges bandes blanches traversent les ailes. Le noir de la partie
inférieure du dos brun luisant bleu d'acier, toutes les plumes sont
bordées de blanc. Les plumes de la queue rouge brun bordées de
uoir avec des bordures très blanches et larges, de même sont les
tectrices qui, en dessous, sont blanches. . . A la gorge, une plaque
blanche; bec allongé; jambes blanches, partie inférieure tachetée
de bruu gris: doigts faiblement enipluniés à leur racine, frange
courte et ongles plus tendus. La longueur de cet Oiseau est de 48 c.
D'après Nilssou, la femelle, dans son ])lumage d'hiver, est bigaréc
et tachetée de blanc, uoir, jaune rouille et gris cendré; la tète a
des taches blanches, noires et jaune rouille; sur le cou ces taches
sont transversales. Le dos, et surtout le croniiion, plus gris et semés
de [)()inls noirs. Les épaules avec des taches blanches plusgrandes et
|ilus rondes. Le dessous du corps blanc, avec les côtés tachetés
transversalement de noir et de jaune rouille, aucune grande tache
noire sur le devant du cou. La (jueue un jieu ouverte, toutes les
plumes avec de largespoints blancs; les plumes extrêmes de la
(1) M. Wiebke cousidèce cel exemplaire connue provenant du ccoisenieiil du
Telri.r cf et d(( Lngopiis J el non du croisenienl inverse, pourtpioi?
(2) Le Journal de Chasse de Vienne, 18^14. p. ."i(12, a donné une courte de.scription
du Ripe-orre. 11 lésulte des ol)servations qui ont été faites que la tète el le cou sont
d'un brun de rouille avec des laclies noires, que le reste du pluniage est gris et
Idanc et tacheté dune couleur de l'ouille, que le croupion est (orlenient arroiiili. ipie
les plumes exlérieures sont noires.
(:il .lourual liir Ornithologie, p. I5!1l!el suiv.. ISS.'i.
OISK.M X IIVIllîlliKS IIKNCO.NTIIKS A r.'iCTAT SAI VA(1K "'.1
(|ih;iic sont iioiros, bigarrées de jaune et quel([iH'fois aussi avec des
poiiils blancs, etc. {l'.n-iiiiilitiri' du Miisrr ilr SlnrUiDliii).
Autre (iesciiption de la femelle en hiver, d'après Sundevall :
lilancliàtre, lii,;::arrée de noir, de brun-jaiyie et de blauc. Les plumes
de tonte la partie supérieure, ainsi que celles de la gorge, des côtés
du corjis, sont rayées de noir et de brun jaune avec la pointe large
et blanche. Sur le dos et sur la partie inférieure du dos ces jioiiites
sont plus longues, gris blanc tacheté de noir. Le ventre blanc, les
plumes (le la (jueue noires avec des pointes blanches plus larges cl
en dehors tachetées de brun jaune surtout, au centre. Longueur
:{80™|"; ailes 1^0: plumes du centre 11b, les plumes extérieures
IlOmni plus longues.
.V en juger par les plumes d'été ((ui lestent encore à l'aulomne
on pendant la mue, Sundevall ajoute qu'elle doit être pendant l'été
jaune biMin et tàchelée de noir. .Vf. Collell a l'gMleineiil (lininé nue
description du Kipe-Orre $.
l)i;S .IKl .NKS
Il existe au musée de (Ihristiana quatre exemplaires jeunes, chan-
geant de livrée, celle d'hiver prédominant (1). Nilsson a décrit un
jeune Co(| ]>endant l'automne : Sur le cou, ta ])arlie (antérieure)''
du dos et les épaules, les plumes du jeune âge se voient encore,
elles sont jaune rouille avec des raies noires en travers sur le cou ;
mais sur le dos ci'S raies sont |)lus larges, noires et jiiunes de rouille.
Le dessus des épaules est bigarré noir et jaum' rouille, une gi-ande
tache noire au milieu, et une en longueur, étroite et blanchâtre
jus(|u'à l'extrémité du corps: une grande tache noirt! sur le devant
du cou et une par devant à la hauteur des cuisses. Les plumes de
l'aile sont d'un brun sombre avec de larges bords blancs. La queue
esl noii'e avec une |)oinle blanche aux grandes (!t aux |)etites i)Iumes.
Cet Oiseau est conseivi' au musée dt> Stockholm.
I.,e Ripe-Orre peut-il se reproduire avec l'une des deux espèces
mères? Le prof. Severtzow a pensé que, par suite de la grande
diversité des exemplaires (|ue l'on a rencontrés, cet Oiseau se nuMe
avec le Tflrao Ictrir et le l.(i(jti})ns tilhiis.
-M. Collett, qui a disséqué des individus de sexe niAle et de sexe
femelle, s'exi)rinu' ainsi : « Dans tous les mâles dissétpiés en hiver,
les b'sticules ont paru petits, bien que foiinés d'une façon normale.
Leur couleur était d'un blanc gi'isàtic : le lenticule gauche était, en
(1) Voy. Collell, op. fit.
80 A. SICIIKTKT
général, plus «iraiid que le droit et mesurait, ilaus un spécimen,
5 millim. de long et environ ."i de large. Dans un autre, examiné
le Î8 février, ils étaient petits et n'avaient que '2 millimètres
de long. Les Poules tuées en hiver avaient les ovaires visibles sur
le côté gauche comme un'petit i)oiut blanchâtre; on voyait dilli-
cilement les œufs.
Si lesRipe-Orre 9 ou cf se reproduisent en se mêlant avec l'un des
deux types purs, les jeunes ainsi obtenus doivent reprendre, après
quel([ues autres croisements, les caractères propres aux ancètres(l).
Phasianidés
Genre Gai lus
Gallus Sonnerati (2) et Gallus Baniîiva (3).
D'après M. L. Magaud, d'Aubusson, on rencontrerait à l'état
sauvage des hybrides du G. Sonnerati et du G. bankixa : Jerdon
aurait fait cette remarque (4); dans ses Birdx of India, à larticle
Gallus liTru<iineus, p. o36, il est dit que la variété de Sykes se ren-
contre dans les Western Ghals, qu'elle a beaucoup plus de rouge
dans son plumage, mais qu'elle doit être considérée comme étant
de l'espèce du [rmifiineus; Jerdon ajoute, p. 337, qu'un jour il tua
un Oiseau (]ui était un hybride certain (M/tf/o/z/^^v/j entre les deux
races.
Gallus Temmincki
lui 18i!), M. G. R. Gray attira rattcnlion des membres de la Société
Zoologi([ue de Londres sur deux spécimens de Gallinacés que l'on
ne trouve décrits dans aucun ouvrage; on prétend ([ue l'un d'eux
avait été rapporté de Batavia, cependant on ne savait rien de bien
précis sur son origine. Le deuxième se voyait dans les Jardins de la
Société ; il offrait une certaine ressemblance avec le premier, quoi-
que se raiiprochaut du Coij Œnit.'i. Des planches repicscntant ces
deux Oiseaux furent alors exécutées (3). On désirait en elîet attirer
II) Cel iii'licle était tci-niint' lorsque M. Gi-af von Waliliiij,', il'All^'au (Suisse), a eu
la L'oinplaisance de nous faire savoir qu'il avait vu en Sibérie llivliriile vivant ilu
Coq des bois et de la Gélinale blanehe.
(i) Appelé encore (iatlus indicus ou P/k/.-'iïouk ijnllitn.
(3) G. ferrugineiis ou G. gallorumiiu.
(4) Voy. Bull. Soc. dWcclinialation. p. (ll'.l, 18(17.
(li) PI. VII el VlU.p. Ci.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 81
l'attention des niiluralistcs à même d'étudier ces Oiseaux sur leur
lieu d'origine et savoir ainsi si ou se trouvait eu présence d'uue
espèce |)artieulière, ou si ces Oiseaux devaient élre considérés
comme liybrides.
M. Blitii (I), et quelques autres savants se seraient montrés fa\i>-
rables à celte dernière o[)ini()n.
Nous reproiluisons ici eu partie la description (|ui a été faite |>ar
M. C. R. Gray (2), parce que, dernièrement, on a émis l'opinion que
le lialliix Triiniuncki jiouvait élre un hybride (3).
Les plumes du dos allont;ées et étroites, noires, Ijurdées d'une
nuance fauve, les plumes de la queue d'un noir bronzé avec les
couvertures alloniiées, noires, largement bordées de viobît, les plus
larges, violettes, étroites, bordées dt; noir et, dans (|uelques cas, d'une
nuance fauve ; les moins larges, tout à fait fauves, les plumes de
derrière étroitement bordées de blanc brunâtre et les plumes secon-
daires noires, bordées de châtain. Lesi)lumes de la poitrine noires,
plus ou moins bordées d'une nuance fauve. La crête large,
s'étendant très en arrière est irrégulièrement dentelée sur le bord
supérieur, la gorge est nue, les barbes larges et pendantes de
chaque côté près de la base de la mandibule inférieure.
Dans le cas où le (iallus Tmiinincl;! serait un véritable hybride, il
faudrait encore s'assurer s'il a été produit en liberté'?
Genre Euplocamns
EUPLOCAMUS L1NEATUS(4) ET EUPLOCAMUS MELANOTUS
.M. Magaud, d'Aubusson (i>), dit que le Faisan de Reynaud, ijui
habite les forêts et les jungles de Ternasserim, du Pégou et de
Siam, ainsi que r.\rakan et les contrées montagneuses de la Bir-
manie, rejoint l'Kuplocome de Horsiield et s'unit à ce dernier: les
deux types se fondent l'un dans l'autre à travers une suite de
variétés (jui existent à l'état sauvage dans la région qui relie leurs
habitats respectifs.
Remarquons ici que l'origine des Euplocomes appelés melanotus.
(1) Cité par Darwin. Variation (tex animaux et des ptantes, I, p. 240.
(2) Proceedings of llie zool. Society, p. 02, Londres, ]8W>.
t'i) Voyez le Bulletin de la SociiHo d'.Xccliniatation, p. (ïllt. IS.S7.
(4) Ou iinealii.t Reyninulii.
(ii) Bulletin île la Société dWcclini.iladnn. p. 'i£>, ISST ; voyez, aussi le Bullelin de
18(W, p. 274, et celui de I8S8, p. 'i7s.
82, A. SUCHETET
Cucieri, alliocrixiiitiis, IciicfDncInnus et llurxfn'lili , variétés d'un
même type, reste très eoufiise.
L'£. Cuneri doit, selon nous, se conl'oudre avec VE. mclanulux,
cependani les llhislraliuiis :uoloijiii>irs de DeyroUe, pul)liées en 187 't
et faites d'après les Faisans iniiioités au Jardin (rAecliniatation,
identifient le Curicri avec Vulbocn'slaltis, donnaid pour patrie à cet
Oiseau le nord-ouest de l'Hymalaya.
Dans la List (ifllw ccrtchrated Anintah{[), lesdeuxnoins Cuvieri et
llorsficldi désignent deux ty[)es provenant le premier de l'Arakan,
et le tieuxiènie du nord-ouest de l'Hymalaya; tout au contraire,
dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation (2), M. Touchard
laisse à penser que VE. Cnrieri et \'E. Ilorxfirldi ne sont qu'un
seul et même type ; la même manière de \ oir est exprimée dans une
note de la Rédaction (3). Dans le même Bulletin (4), M. Rufz de
Lavison fait du Curifriei de\'(illi(irrisl(iliis deux variétés originaires
de l'Asie cenirale, principalement de l'Himalaya et du Népaul.
Ajoutons (|u'au Muséum d'Histoire naturelle deParis, nous avons
trouvé, sous les noms de Leucomèle et ^Vnlllllcristnlu■^<, deux types
(pii dilTèrent légèrement entre eux; nous sommes disposé à regar-
der le Leucomèle comme le produit de ce dernier avec le inelanotn-^.
Du reste Elliot (.")) nousai)prerul que, dans la provincedu Xépaul,
où le iiiclaïuilus et ïalbom'.slalm se rencontrent sur la ligne qui
sépare leurs territoires respectifs, ceux-ci produisent un métis qui
se distingue facilement de ses parents par la crête noire et le crou-
pion. Or, si nos souvenirs sont exacts, la pièce indicjuée au Muséum
comme Leucomèle a précisément les teintes du croupion intermé-
diaires entre les deux variétés. Elliot ajoute que c'est à tort qu'on
fait de ces métis nue espèce particulière sous le nom de leucomc-
Uuius. Jerdou (6) avait déjà signalé ce fait dans ces termes : le
^Vhite Crested Kalij|)heasant {albocristattis) se trouve dans le nord-
ouest de l'Himalaya, là il se croise avec l'espèce rapprochée, et des
liybrides entre les deux ne sont pas rares; ceux-ci ont causé
quelque confusion d'espèces, P. kucoinelanus de Latham étant
considéré comme un de ces hybrides, et P. Hamilloni un autre.
Le Faisan Reynaud serait-il lui-même une variété de VE. mehi-
(1) Of tlie GarUen nf (lie Znol Society, Eiglil lîclitinn, p 'iSG, 188:3.
(2) P. 307, 186o.
(3) P. 274, 1868.
(4) P. 175. i8(i4.
(0) Monographie des Pliasianidé.i, octobre 187t.
(0) TIte Birds of India, being a luitunil liislory, jjy llip liile Jerilon. reprinled
l)y Major Cio(l\vin-.\uxlen. VIII, p. 3o2, part II. Calcutta.
OISEAUX HYBRIDES RE.N'CONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE S.'i
jiiitiis, foiiiiiH' I'h dit M. A. (îeofïroy St-Hilairo (t) ; il est naturel de
II' suiiposer. Lo croisenieut que nous indiijuous ici sous le titre
lùililiicdiims lî lirai us et E. inelanotus devrait donr iHre reporté aux
croiseiiieuts outre variétés.
Genre Pliasianiis
Phasianus VI lgaris ET Phasianus Keevesi
D'après M. Dresser (2), les l'Ii. Ihricsi, introduits daus les chasses
eu Ecosse, se sout cioisés avec le Faisau ordinaire et le Faisau
vemicolor (variété de ce dernier). N'ayant pu consulter directeuieut
l'ouvrage de M. Dresser, nous ignorons dans (juelles circonstances ces
croisenieuts se sont produits. Nous uous soniines iuiornié eu France,
aupi'ès <le grands propriétaires qui avaient lâché des /'//. Hci'msi
dans leurs cliasses, si les mêmes faits s'étaient |)roduits ; les
réponses ([ue nous avons reçues sont toutes négatives. .\I. le prince
de Wagram nous écrit que, depuis vingt ans, il possède dans ses
bois des Faisans vénérés à l'état sauvage ; ces Faisans se sont très
multipliés. Jusqu'à ce jour, le prince a tué ([uatre-vingt-dix Coqs,
il en a repris et vendu cinquante-cinq paires, sans compter tous
ceux qui, s'éloignant des réserves, se trouvent tiu!'S par les live-
rains ipii aliattent Coqs et Poules. Or, jamais un croisenieut n'a été
constaté avec les Faisans communs qui vivent en grand nombre
dans les mêmes lieux. Loin de se mêler avec ces deiuiers, ils les
chassent; souvent les deux espèces se livrent de furieux comltals,
jusqu'à ce qu'une mort s'en suive.
Dans le parc de Ferrières, où ou avait égalenuMit introduit des
Faisans vénérés, aucun croisement n'a encore été signalé (3); deux
exemplaires, tués dans ces bois, ([ui uous ont été présentés par un
amateur comme ayant quelques marques de croisement, n'étaient
autres (jue <ies Faisans ordinaires. M. Dahly, de Saint-tjermain-les-
Corheil, nous allirme également n'avoir jamais rencontré un
seul hybride dans son parc où, depuis six ans, il a lâché des
Faisans vénérés qui se sout rencontrés avec les Faisans ordinaires.
Toutefois, contrairement à ce ([ui s'est passé dans les bois de
M. le prince de Wagram, Faisans ordiuaires et Faisans véuérés font
bon ménage ; on a même trouvé un nid où une Faisane vénérée et
une Poule faisane commune pondaient ensemble. — Nous ignorons
(1) Bulletin SociéU» dAccliiiialalion, ji. 470, l«8«.
(2) Cité par M. Dubois, ia Faune de la Belgique.
(ii) Communication qui nous est faite par le faisandier.
84 A. SLCHKTET
ce que s(jut devenus les Itccccsi qui avaient été inlroduils dans la
forêt de Saiiil-(jerMiaiu, tians celle dlvry et dans la chasse du duc de
Williuglun. Mais, quoique l'assertion de M. Dresser nous vienne de
seconde main, nous ne voulons |)oinl la mettre en doute; il est
très croyable riue deux espèces de Faisans, telles que le Vénéré et
le Faisan ordinaire de taille à peu près semblable, une fois mises
en contact, se recherchent lorsijue les sexes ne sont plus en équi-
libre, ce qui doit arriver fréquemment dans des chasses réservées.
Du reste, ungrandcollectionneur, M. van Kempen, deSaint-Omer,
nous apprend qu'il possède un hybride de l'h. colchicns et de
Ph. Ret'Deiîi, trouvé à Lille, en décembre 187!». au milieu d'autres
Faisans envoyés d'Ani;leterre pour la consommation. Cet Oiseau
porte les marques du Vénéré ; le dessus du corps est maillé roux
clair et noir avec reflets violets, et la tète a le type du Reepcsi.
Peut-on supposer que ce Faisan aitété produit en volière? le gi1)i('r
([ue l'on destine à la consommation provient s'éûéralement de
battues faites dans les chasses. Du reste, en captivité, le croisement
des deux espèces s'obtient rarement.
Phasianus versicolor et Phasianus Soemmeringi
M. Maingonuat, naturaliste à Paris, nous a fait savoir qu'il avait
i-eçu du Japon, parmi des Faisans cersiculor et des Faisans Sœmine-
ringi, un individu présentant les caractères bien mélangés de ces
deux espèces; l'Oiseau aurait été tué à l'état sauvage.
Variétés
Notre intention n'est point de |)arler dans cette étude des croise-
ments entre variétés d'un même type. Nous rap|)ellerous seulement
que les variétés xiongoUcus, colchictts, loiquatus et l'ersicolor, se
sont mélangées depuis leur importation en Europe et ont produit des
métis féconds qui se sont propagés à leur tour.
Voici quelques exemples de ces croisements : il y a environ dix
ans, dans une localité dépourvue de Faisans, .M. le Baron Henri de
Bussières introduisait quaire-vingts Poules de Bohème importées
d'Autriche et sept Coqs de Mongolie importés de Chine; quelques
années après ou tuait un grand nombre de métis dans les chasses ( 1).
(1) Bulletin Société d' Acclimatation. Procès-verbaux, p. 73, 18S5. L'empereur
Napoléon 111 aurait remarqué que ces deux variétés, qui se croisent avec la plus
grande facilité, ne peuvent cependant vivre ensemble. Bull. Soc. Aecl., II, p. 288,
1865.
oiSKACx iivni)ini:« rkncontrks a l'état saivaok 80
I);iiis les réserves iiiifiliiiscs le l'"iiisMii vcrsicolor et le l'';iis;iii ;i
collier se sont mélangés à un tel point qu'il est très ditlicilc, si
l'on n'a soin do les tenir soigneusement séparés, de trouver des
e.\empl;iircs ]inrs(l). Ces croisements se produiraient-ils aussi au
Ja[ion, patrie du rrrsiroli)r.' M. van Kempen nous fait savoir qu'il
possède daus sa collection un métis mâle adulte du Faisan commun
cT et du Faisan versicolore Ç, indicjué comme lue au Japon.
!.(> caiiilaine W. F. Ilfeellon dit(i)que, dans lile de Sainte-Hélène
et dans la Nouvelle-Zélande, où on transiiorta, vers 18ÎJ0, le
rolcliinis et le /orry//f(/(f.s-, ces deux Oiseaux se sont très multi|)liés.
L'al)hé David rap|)orle ég:,le!nonl ['A}, ipie dans la chaîne des Tsin-
linz, le Faisan commun se mêle fréciuemmetil au Faisan à collier.
Enliu -M. I)ul)ois fait la remar(|ue suivante ('() : « Le musée de
Bruxelles possède nu Faisan, (n" 1781 du catalogue), (luiresscmbleeii
tous points au /'/(. fnrmusnnus figuré dans la Mono/iraphie des Pha-
«/rt/i/V/c'.'.deM.Klliol.CotOispaun'estcejiendantqu'nn simple hybride,
né au .Jardin Zoologi(|ue de Firuxelles, ayant eu pour iiére, nu l'Ii.
IdifiiKilus et poui' nn''n! un l'h. n-rsicolnr. Il y a donc lieu de croire,
ajoute M. Dubois, (|u'à l'île de Foi-mose, située non loin de la Chine
et du .Ia[)on, ou a introduit |)rimilivement des l'h. lorqualus el des
Ph. rersinilar, propres à ces deux pays. Les métis nés dans cette
île auraient fini (lar remjirlacer les types dont ils dérivent et à pro-
duire la race nouvelle connue aujourd'hui sous le nom de Ph. for-
iiio^aïui.i .' >i l'our vérifier cette assertion, il faudrait étudier les
métis jjroduits en si grand nombre à l'état sauvage eu .\ugletorre
et voir s'ils ont le type du foiDKixinui.'i ; nous en doutons un pou.
Nous rappelons ici (|u'il s'agit de variétés d'un même type, et non
de véritables es|ièces ; c'est à ce litre (|ue nous faisons meutiou de
ces derniers croisements.
(icnifs Eiiploriiinus al Pliusiuiiiis
EUPLOCAMUS NVCTHEMERi;S ET PhASIANUS VULGARIS
En 1875, M. W. B. Tegetineier exposa, à la Société Zoologique de
Londres, deux s|>écimens de Faisans hybrides nés dans le Surrey à
l'état sauvage. Ces deu.x hybrides provenaient d'une Poule
(1) M. .MagduJ, il'Auhusson. in Biillftih Soriéli- (l'Acclimalatioii, p. 41S, 1R86.
(2) Transactions of (lie Ne\v-7,i>lancl Insliluto.
(3) Oiseaii.r de la Chine.
l'O Faune de Belijiqur.
86 A. SUCHETET
nycthemrnis (|ui s'était échappée et qui, suppose-t-on, s'était unie
à un Faisan commun; ces Oiseaux paraissaient être mâle et femelle,
cependant leur sexe n'avait point été bien déterminé par l'empail-
leur. L'exemplaire ressemblant à un mâle, dit M. Tegetmeier (1),
était très distinctement éperonné.la couleur générale de son plumage
gris brun avec des rcllets métalliques, mais pas de trace des irradia-
tions du Faisan argenté sur la tète. La Poule sans éperons, sa
couleur générale d'un brun clair tacheté; queue longue et pointue,
avec des bandes transversales, ressemblant à celles du Faisan
de Sœmmering.
Genres Tliaiiinalen et i'Jiasianiis
Thaumalea picta 9 Pt Phasianus VULGARIS i^
M. John W. G. Spicer a cité (2) deux hybrides nés dans un bois
faisant partie de la propriété de .M. llalsey, à Henly-Park, comté
de Surrey. — Vers 1838, une Poule Th. picta, s'élant échappée dans
les couverts, on remarqua, dans certaines parties des bois, que les
Faisans ordinaires étaient toujours troublés; après avoir surveillé
attentivement les endroits où ces Oiseaux prenaient leur nour-
riture, ondécouvrit la Poule faisane eldeux autres Faisans à l'appa-
rence singulière. Ils furent tués tous les trois et on acquit la preuve,
dit le rapport, que les deux derniers étaient des hybrides. Leur
plumage dévoilait leur origine mixte. Ils étaient petits et sans
beauté, tenant des deux espèces.
L'auteur qui raconte ce fait dit qu'il mérite de fixer l'attention,
car en Chine, où ces deux sortes d'Oiseaux sont sauvages, on ne les
a jamais vus produire des hybrides. Mais ce fait perd de son impor-
tances! l'on considère que la femelle T/i./j/c^o qui s'était échappée se
trouvait sans mâle de son espèce et dans un jiays où il n'en existait
aucun (3).
(1) Voy. Proceedings, p. 317, London.
(2) Proceedings of the Zool. Society.
(3) La lettre de M. Spicer, qui était adressée à M. Leadbeater, a été lue à la Zool.
Society par M. Gould (p. Cl, des Proceedings de 1851). M. Lowock avait déjà
signalé ce (ait, en 18(30. dans les Neue Notizen ausdem (jeb. der Nalur. XIII, p. 2,')0.
Voyez aussi Bioiiii, yaliiri] .. p. 172. 184:!, et le Zoologisl. p. i£)'6, May 1S54.
DISKAl \ HUIIUUKS IIKXCO.NTKÉS \ L'KTAT SALVAr.K 87
Phasianidés et Tetraonidés
Genre Plhisiiiiiiis et Telr;io Ivtrix
Phasianis vi'lc.aius v.i Tktrao tetiiix
Nous rivons (lit en coiiimciicaiit, un nomlirft assez considérable
d'Oiseaux, (jue l'on sup|)ose produits par le croisement de ces deux
espèces, a élé observé en Aufileterre. Le premier spécimea est
mentionné par Wiiite (I); la pièce avait été abattue dans un taillis
à Holt et envoyée par Lord Stawell à W'iiite, qui ne put détermiuer
cxactemeul sou origine. Ce ïiil le Hev. William Herbert (|ui se
]U'()nouça d'une façon (l(''cisi\c ajM'és l'avoir examinée dans la
colleclion du couite (riv4remont, à l'etworth. Lue lij^ure coloriée est
douiiée dans quelques éditions de l'ouvrage de While.
Le deuxième exemplaire fui tué au mois de janvier de l'année
1829, à W'idey, près de l'h iniiutli, par le Rev. Morshead. Lézarde
des bois où il fut aliatlii avait remarcpu' (]u'un Faisan mâle et une
Poule létrix étaient souvent ensemble. On tua d'abord le Coq
Faisan, puis, (pielques jours après, le jeune liybride, mais la Poule
/c/r/.r échappa. Cet Oiseau fui envoyé à M. Drew pour être préparé;
on croit qu'il passa ensuite dans les mains du capitaine Morshead (2).
Va\ 183'», .M. Sabine appida ratteution des nn-mbrcs de la Société
Zooloi;i(iue de Londres sur un troisième spécimen w dans le
(larnwald, et ([ui était en la jiossession de M. William Va\\\ (3).
L'année suivante, on lut devant la nn^un^ société un rapport de
S\. Thfunas C. Eyton esq. sur un Oiseau ayant une origine sem-
blable, k la suite de celte lecture, on montra la peau de cet hybride
ainsi ([u'un dessin le représentant. « Il y a ([uelques années, disait
II' rapport, ou avait observe dans h; voisinage de Merrington, appar-
tenant à l{ol)erl llaiicy, esii-, uwv femelle de Tétras, mais on ue
l'avait jamais vue avec aucun autre Oiseau de son espèce. Au mois
de novembre 183'i, un Oiseau tenant du (loq de Bruyère et du
Faisan était tué sur les terres du manoir avoisiuaul Merringtou et
appartenant à M. Llyod, esq. ». Un autre spécimen qui dirait avec
lui lies ressemblances, (|iHHi(iir plu-^ pi'tit. fut abattu de nouveau au
(1) Histoire de Selbourne.
(2) Tlie Magasin of naliiral liistory. 1, London, 1S37.
li!) Tliu Pioifediiiy> of lln' Zool. S<pciil\ , part 11, fi. 'Si. LoiiUon, l^:^l. '
»» A. SUCHETET
mois de décembre; il est couservé dans la collection de M. Eytou (1)
(]ui en adonné un dessin (2|. D'après M. Yarrell, qui l'a également
ligure dans sou ouvrage sur les Oiseaux de l'Angleterre (3), il serait
du sexe femelle. M. Eytou nous apprend que la couvée dontfaisaient
partie ces hybrides se composaient de cinq Oiseaux. Les trois
derniers furent tués en mêmq temps (|ue la vieille Poule Tetrix(4).
D'api'ès Yarrell, ils auraient été servis sur la table d'un fermier qui
les avait abattus. C'est avec raison que M. Eytou considère ces
cinq Oiseaux comme issus du T. tetrix $ et du Phasianus (f puis-
qu'ils furent tués en compagnie d'une Poule du Coq de Bruyère.
— Cet auteur aurait vu un autre spécimen tué près de Croweey
et conservé dans la collection de M. Rowland Hill, Bart (5).
En décembre 1836, un dixième exemplaire fut présenté à la
Société naturelle de Belfast, par M. William Thompson, vice-
président de la Société. Cet Oiseau, qui lui avait été envoyé par
M. Andrew Agnew du château de Lochnam, paraissait être du sexe
mâle ; il avait été tué dans le Wigtoushire, à Lochnam, en 1835, où
les Coqs de bruyère et les Faisans étaient nombreux dans les plan-
tations environnantes. Il avait été vu plusieurs fois et pris pour un
Dindon sauvage. M. Thompson pense qu'il provient de l'union de
Coq tétrix et de la Poule /j/rnsm/ut*'. M. Yarrell (6), en a donné un des-
sin. Celui-ci exposa, le i2décembre 1837, devant les membres de la
Société Zoologique de Londres, un onzième liybride paraissant
provenir des mêmes espèces (7). Cet Oiseau, tué près d'Aluwick et
envoyé à M. Leadbeater par ordre du duc de Northumberland, est
actuellement au Musée Britannique (8). Le duc fit don au Muséum
of the Nalural luslory Society of Northumberland, Durham and
Newcastle-on-Tyne , d'un pareil spécimen tué à Aluwick martlur-
drich Castle, en novembre 1837(9).
D'autres hybrides rencontrés dans le Devonshire sont mentionnés
dans Yarrell(lO). C'est le Rev. W. S. ilore, de Stoke, près de Devon-
port, qui les lui fit connaître. L'un, mâle, fait partie de la collection
(1) Voyez l'i'oceedings ot the Zool. Society of I.ondon, |). ()2. ISiïi.
(2) Hislorij of brUishbirds. p. 1. London. ISIiti (petile gravure).
{'A) Brilish birds, p. '.Kil.
('() Voyez William Thompson, in llie .Magasinof Zoolcigy and liolany, 1, p. 't'M, 1S37.
(o) Voyez BriLish Birds de Yarrell, p 'XM'i.
(6) Brilish Birds, p. 331 .
(7) Voyez Proceedings of the Zool. Society, p. 133. 18.37.
(y) Voy. Yarrell, op. cil., p. 338.
(0) D'après une lettre qui nous a été adressée par M. Ilandcock.
(10) Op. cit., p. 338.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAOR 80
t)t' iM. Hore ; l'autre est ligure à la pafjo .'tô'.t des Hrilish Hirds; on
croit qu'il se trouve clans la rolleclion du D'' Roabdc ïrcbariha eu
Corn\vall(lj. Yarrell nieutiouue.à la uii^uic page, un exemplaire, tué
au eotnuienceinent de déeeuibre 1839, par Lord Howick, dans un
grand bois ap|)arlenanl au comte Grey, à quelques milles à l'est de
Felton (Nortliuiiilicrland). l'U dessin cnlorir de cet Oiseau se trouve
dans l'ouvrage de Varrcll.
M. Handcock nous iiiforiiie i|u'eu \H'i2., un auln^ s|iécimeu l'ut
tué à Relsay, |iar M. (1. II. (ladosan esq., de Hrienkimrn: on li'
conserve dans le Musée de la Société d'Histoire Naturelle de
Norlhumberlaud. Cet exemplaire, ainsi que celui qui fut tué à
Aluwick en novembre 1837. n'ont jamais été décrits (2).
1mi ISol, M. Gould appela de nouveau l'attention di^s membres
delà Société Zoologiquede Londres sur un Oiseau hybride qui avait
été tué le 2fi octobre à Ilenley Park, dans le comté de Surrey, par
le garde de M. Ilasley es([., dans une jiartie de sa pro[)riélé appelée
« The Peal Moor ». .\u rrioui- de la chasse, cet Oiseau avait été
pendu dans l'oincc avei- les autres Faisans, et ou se préparait à le
plumer, lors(iue M. .lolui W. G. Spicer l'aperçut. 11 demanda aussitôt
à M. Hasley la permission de l'enlever et de le faire empailler, ce
qui lui fut accordé. « Il n'y a pas de doute, écrivit-il à M. Leadbater,
que cet Oiseau ne soit un hybride entre le Tétrix cT et la Poule
faisane; depuis deux ans un Tétrix fréquentait le couvert où cet
Oiseau a été tué, il y prenait même sa nourriture avec des Faisans (3).
Trois ans plus lard, eu 185i, .M. .lolin J. Briggs de King's Derby
faisait savoir (4), qu'un Oiseau venait d'être tué dans un grand bois
appelé « Slniinlon SpriiKj.i, » prés de Melbourne, par le garde au
service du comte Ferrers. Depuis quelque temps ou avait remar(|uc
que cet Oiseau se nourrissait avec plusieurs Faisans i\in fré((uen-
taient les bois. M. Briggs crut reconnaître un hybride entre le
Tétrix et le Faisan, quoique ce dernier filt tout à fait inconnu
(1) Oans le Zoolo^isl do ISTil. p. 7.'>'i.'i, M. \V. S lloïc s'i'xpriine iiinsi : « A la vt'iilo
do la l'oUpftion niiiitlioliif;ii|iif ilo feu M. Coriirliiis Tiipe. de Di'vonporl, j'achelai un
hybride eiilie le Co(| noir et le Faisan, ijni iivail rir a(;(niis sur le inanlio de lelle
ville il y a dix ou douze ans. O'esl un niAle en beau iilunuige, i|uoi(|ue roniniemanl
à muer prés du bee. En I8:{'.1. j'obtins un de ees bybrides (|ui avait ili' tué dans le
<;orn\vall, et qui se lron\e dans les Hrili.th Ilirds de Varrell. •
(2) Nous en donnerons pins loin les deseriplions qui nous ont été adressées par
M. Handcock.
(:t| Voy. les l'roceedings de IKjl, p. fil.
(4) The Zoologisi, p. 4i'i3.
90 A. SUCHETET
dans ces régions. Le comte Feirers en conserve la dépouille. On
signale encore piirnii le i;ibier tué le 19 décembre 18.j3, dans les
couverts du comte de Stamford, à Enviile, un très curieux et très l)el
Oiseau tenant du Coq de bruyère et du Faisan (1).
M.Hore,dansunecommunication adresséeauZoolosist en 1861 (2),
fait savoir qu'il avait vu, il y a plusieurs années, une femelle de
cette sorte dans une collection d'Oiseaux appartenant au Rev.
T. Jobnes, de lirandstone Rectory, près Tavistock ; cette femelle était
beaucoup plus petite que son exemplaire.
En octobre 1878, M. John Gatcombe renianjua, parmi le gibier
exposé sur le marché de Plymoutb, un byljride entre le Faisan et
le Coq noir, tué depuis quehjues jours sur les limites de Dartmoor,
pense-t-il. C'était un jeune mâle, mais inférieur eu grandeur au
Coq Faisan et en pleine mue, notamment sur la tète et le cou. S'il
avait vécu un mois de plus, dit M. Gatcombe (3), il aurait revêtu uu
magnillcpie plumage. Cet oiseau, qui faisait partie de la collection
mise eu vente par M. Whitaker, esq., le 22 mai dernier, a été acquis,
nous écrit M. Stevens, par M. Lamb, de Londres.
En 1883, M. Burton exposait à la Société zoologique de
Londres un hybride supposé issu du mâle Tétrix et de la Poule
faisane. Cet Oiseau avait été acheté récemment au marché de Leaden ;
un an plus tard, le Ifi janvier, M. Edwards Haris, de Christchurch,
Hauts, rencontrait, dans une grande |ilaiue remplie de Itroussailles,
un autre individu qu'il conserve dans son Muséum, à Christchurch,
Hauts.
La même année, sur la propriété de M. Joliu Jones de Tlic (irares,
près de Craven Arms (Shropshire), le u)ajor Gregory Knight, tuait
lui-même un très beau croisement entre un Black Grouse et un
Faisan. M. Montagu Brown, qui raconte ce fait (4), est enclin à
penser que le père de cet oiseau était un Faisan, peut être un lim/-
necked, parce qu'on aperçoit quatre ou cinq plumes blanches sur le
cou.
M. Hamon le Stranger à la bouté de nous écrire de Hunstaulon
Hall (Norfolk), qu'un exemplaire entre le l'haainnus colrhicus et le
Tetrao tciri.r fut tué, il y a une vingtaine d'années, dans un de ses
bois; sou père y avait introduit ([uelques Tétrix, venant d'Ecosse.
(1) Vriypz Yarroll, np . cit. p. :ifi.
(2) 1*. 7o4b.
(3) Thp Zoologist, p. (30, 1879
(5) The Zoologist, 'Pp. 2fi el 27, 1883.
OISKAI X HYBRIDES nENCONTRÉS A 1,'ÉTAT SAUVAGE !M
M. le SlrangtT ])0ssèile encore cet Oisyaii ; ;'i iireiiuère vue, nous dil-
il, on reconnaît sa double parenté.
M. J. Turner, rie Sutton (loUlelfi, prés Hiiininf;liani, nous fait éga-
lement savoir (ju'il tua, en 1888, un hybritle lenielle, dans le grand
parc qui avoisine cette petite ville manufacturière. Les faisans cou-
vent rarement dans ces bois, où [)cndanl IVIé viennent un grand
nombre de pronu;neurs; ceux ([ue l'on rencontre vieuneat de la
jtartie réservée qui appartient à un riche propriétaire. Pendant l'été
de 1888, on avait ai)erçn un ou deux Tétrix. I/Oisean tué par
.M. Turner ne laisse pas de doute sur son origine liybiide. Aucune
poule Tétrix n'ayant été vue, mais seulement un on deux mâles
Tétrix, M. Turner en conclut i|uc ce jenin' hybride avait eu iKiur
mère nue Poule faisane. 11 n'était point isolé, et appartenait proba-
blement à une couvée, car un deuxième exemplaire fut tué le môme
jour. Après avoir été empaillé, on le Rt voir à nue des réunions de
la Société d'Histoire naturelle de Birmingham, il y excita un grand
intérêt. Comme il sérail dilVi<ile de décrire minutieusement les
caraclères ([u'il présente, .M. Turner se propose de le faire j)hoto-
grapliier dans deux on trois positions dilïérentes; il veut bien nous
jtroniettrc ces photographies.
C'est en 1884 que, pour la première fois, l'hybride du /'/). rdlrhlrnx
et du 7". Ii'tri.r parait avoir été tué sur le continent. \'ers les (h'iniers
jours de novembre, on aperçut un Oiseau étrange qui était égaré
dans le parc du château de .leltech (1); il y était venu probablement
]inur y chercher de la nourriture. Il fut tiré par le jardinier du
pays sur une grange bâtie près du parc. Depuis cependant vingt-
cinq ans, nous fait observer M. Johann Egsaurend, auteur de cette
communication, aucun Coq de bruyère n'avait été tué en cet endroit,
où existent seulement des Faisans. L'Oiseau, du sexe femelle, est
conservé au i-hàteau de Jeltech, chez M. le comte Saurma (2).
Kii 188(1, M. le conUe Johann Karrark envoyait au Musée royal de
lîohéme un second spécimen de ménie provenance tué à Zèle, dans
le district de Talnn'er; c'était un (^oq de forte taille. Dans les envi-
rons de Zèle, dans une partie du bois où les Tétrix sont en grand
nombre, on avait établi une faisanderie: les Faisans se trouvèreiil
ainsi en contact avec les (loqs de bruyère, et l'on suppose qu'un
Faisan se croisa avec un de ces derniers.
(1) Silésie.
(2) C'est M. Kusikel qui, le premier, nous a (ait connaître ce (iiil : M. Fieman, con-
servairuc du Musée de l'Université de Breslau, nous a également adressé des rensei-
nicnls •iur celle iui|iiirlaiilc capture.
92 A. SUCHETET
M. le prof. I)'' Aiit. P'ritscji, de Prague, qui iJicoute ce. fait (I),
croit m(''me que le père de cet hyltride est le Faisan, et le Tétras sa
mère, mais le croisement inverse a pu aussi bien se réaliser, et lé
Dr A.-B. Meyer penche pour cette opinion.
Ce sujet devait être envoyé à la prochaine e.xposition ornitholo-
gique d(> Meune ; un dessin en a été donné, dans les Mitlheilungeu
des Ornithologischen Vereins de Vienne ; il existe aussi une magni-
fique planche coloriée dans l'ouvrage du D' J.-A-B. Meyer (2).
Depuis soi.xante-dix ans environ, un grand nombre do spécimens
hybrides entre le Tetrixet le Faisan auraient donc été rencontrés. Le
premier que nous avons nommé fut tué dans un taillis à Holt;
le deuxième à Whidey, près de Plymouth, en 1829; le troisième
dans le Cornwall, en 183i: le ((uatrième, le cinquième, le
sixième, le septième et le huitième sur les terres de Merringtou ou
sur celles avoisinant le manoir, pendant l'année 1834; le neu-
vième près de Gorwey, dans le Merionelhshirc, le dixième à
Lochnam, dansleWigtoushire, en 183.^; le onzième près d'.Vhnvicli,
dans le Northumberland: le douzième au même endroit, en
novembre 183.'): le Ireizième et le quatorzit'me dans le Devonshire;
le quinzième à quelques milles à l'est de Felton (Northumberlaudj,
en décembre 1839 ; le seizième à Belsay, en 1842; le dix-septième à
KeulgPark, comté de Surrey, le iC^ octobre ISol: le dix-huitième
en 1834, dans un grand bois appelé Staunton Springs, près de Mel-
bourne; le dix-neuvième dans les couverts du comte de Stamford,
à Enville, le 19 décembre 185.'i; nous ignorons la provenance du
vingtième: le vingt et unième fut tué probablement sur les limites
de Dartmoor en 1878; le vingt-deuxième fut acheté au marché de
Leaden; le vingt-troisième rencontré dans les environs de Christ-
church, le 1(5 janvier 1884; le vingt-quatrième fut abattu en 1883,
près deCraven Arms, Shrosphire ; le vingt-ciuquièmedans le Norfolk
il y a une vingtaine d'années ; le vingt-sixième en 1888 près de Bir-
mingham ; le vingt-septième vers la lin de novembre 1884 au châ-
teau de Jeltsch, en Silésie; enfin levingt-huitièmeàZèle,eu Bohème,
en 1880. Si même nous en croyons M. le comte von Waldung Zeil
Tranchbury, de semblables hybrides auraient été rencontrés en
Moravie.
L'origine de ces Oiseaux a été attribuée, tantôt à l'accouplement
du Faisan c? et du Tétrix $, tantôt au croisement inverse. Quatre de
(I) Mitt. ornith. Ver. Wjen, p. 98 et suiv.
(2} Taf. XIII. Nous pensons, d'apiès les indications qui nous sont fournies par
!M. le D^Rey, de Leipzig', ipie le sujel a élê lue par .M. le loiiile Breiiner.
OlSEAlX HVHKIDKS HENCONTRKS A l'ÉTAT SAL'VAGIC 93
ci's assortions p.iraisseril fondées, elles ('oncernenl le deuxième
(•xeni|iliiiie. leiiiiatriùiiie avec ses frères ou sœurs, le dix-septiènie el
le viugl-sixiènic.
Un ne peut ^uèic supposer iiuf ces liyljrides soient des oiseaux
échappés de volière; l'individu tué sur une grange cliez M. le comte
Saurma pourrait seul, à cause de sa familiarité apparente et des
circonstances particulières que nous avons ra|)pelées, laisser quel-
(|ue doute sur son origine.
Les croisements entre espèces [)ures paraissent donc s'être
accomplis à l'état sauvage, ils donnent lieu à quelques remarques :
Quelle tendance, eu ellet, peuvent avoir deux espèces éloignées à
se rapi)rocher? Le petit 7V!/j"ao tetrir, avec les séductions qu'il
déploie et sa queue eu forme de lyie, oITre-l-il assez d'attraits
pour coniiuérii' les Foules faisanes?
Nous l'avons vu souvent jouer le rôle de mâle dans les croisements
des Tétras. Mais ici il n'en est plus de même, les Coqs faisans
|)araissent s'être accouplés avec ses femelles. Aussi l'inégalité dans
les sexes nous semble-t-elle plutôt ex|)liquer ces accouplements. A
l'époipiede la reprodiution, i|ui suit, eu général, la fermeture de la
chasse, les Faisans el les Jétrix surnuméraires chercheront en valu
des individus de leur propre espèce pour s'accoupler; les influences
du |irintemps aidant, ils .^e trouveront amenés à contracter ces
unions bizarres qui se sont produites, nous devons le remarquer,
dans les pays de chasse où l'introduction de nouveaux gibiers n'est
|)as une chose rare. Du reste, si le Tétrix est un Oiseau projire à
r.\ngleterre et à l'Europe, le Faisan est un Oiseau d'importation ; et
(|uoi(|ue cette! importation remonte à plusieurs siècles, le Faisan
n'en a pas nu)ins été mis par le fait de l'homme, et non par des
causes naturelles, en contact direct avec le Tétrix; puis les condi-
tions de son existence ont été et sont encore tous les jours modifiées.
Souvent lâché dans les chasses après sa reproduction en volière,
son cor|is a pris à ce régime un volume (|u'il n'avait pas originai-
rement, il est devenu plus gros, i)lus massif, il est aussi devenu
l)lus familier. Avec les soins ([u'ou lui |)rocure, la nourriture
échaullaute (pi'on lui donne, le Faisan s'est plutôt ahàtardi. Ne
voyons-nous pas tous les jours des Faisans blancs, isabellc, ou à
Ijlumagedépareillé, commele sont nos Poules domesti(iues? Buflon
a remar(iué, avec lieaucoup de raison, que l'Oiseau cajjtif devient
lascif. Dans plus d'un cas, l'union du Faisan avec le Tétrix peut
avoir été provoquée par ces changements divers, c'est au moins ce
qui est arrivé à Zèle.
i)4 A. SUCHETET
Mais si les causes qui amènent ces unions ne. peuvent être délei-
uiiuées d'une façou précise, on ne saurait nier l'existence des
liyljrides i[ui en résulleul; l'origine mixte des Oiseaux dont nous
venons de parler est acceptée par tous les naturalistes, quelques
cas seuls ne sont pas sulTisamment prouvés. — Dans les listes des
vingt-huit spécimens éuumcrés, il ne se rencontre que cinq ou six
femelles; il est vrai que le sexe n'a point été déterminé chez beau-
coup il'individus ; cependant, là où cet examen a été fait, ils ont
été presque tous déclarés mâles, ce qui est une forte présomption
en faveur de l'hybridité; on sait (]ue les hybrides de deux espèces
liien tranchées sont généralement mâles.
On pourra établir comme suit une comparaison entre plusieurs
des Oiseaux décrits :
Premier exemplaire : la description faite par W'iiile, à l'exception
des jambes dégarnies de plumes, s'applique admirablement, dit
Thompson, au spécimen ([u'il a décrit (celui que nous avons cata-
logué sous le n» 10.). Le cinquième exem|)laire ressemble au n" 4,
sauf qu'il e.st plus petit (Yarrell). Le dixième exemplaire offre égale-
ment des ressemblances avec l'Oiseau de M. Sabine (u° 3), mais il
dilîère beaucoup par les couleurs et par les dimensions du spé-
cimen de M. Eyton (le n" 5(1). Le onzième exemplaire, que décrit
Yarrell, avait plus de ressemblatu'e, dit cet auleur, avec l'hybride
représenté par White (le n ' 1), tju'avec l'un ou l'autre des spécimens
exposés à la Société Zoologique de Londres, c'est-à-dire avec les
n"^ 'i et 5; le vingt et unième est très semblable au spécimen de
Shropsbire ligure par Eyton et Yarrell, mais il laisse voir, à l'inser-
tion de l'aile, le blanc sale comme ou l'observe chez le Tétras; le
dix-huitième exemplaire, décrit par Briggs, ressemble presque
complèlement, comme forme générale, à l'Oiseau rejirésenté par
Yarrell, p. 311, c'est-à-dire à ce dernier (n» 11); le vingt quatrième,
dont parle M. Montagu Brown, ressemble aussi à l'oiseau de Yarrell,
p. 311 ; pour la ct)uieur, cependant, il faut se reporter au spécimen
figuré à la page 310, (1"'« édition); enliu le douzième et le seizième,
conservés au Musée de Northumberlaud, n'ont pas de rapport avec
l'individu du Biitish Muséum.
Description
Aspect général. Premier exemplaire : sa forme, sa tournure et
(1) Toiiipson. Celle rem;irt|iie a peu d'iuipoi'lanre, puisque on a présumé que cet
Oiseau est tlu sexe inàle, tandis que l'Oiseau de Jl. Eylon est une femelle, ainsi que
l'a prouvé l'e.xanien de ses organes génitaux.
OISKAI X llYBniDES RKXCO.N'TRÉS A LKTAT SAL'VAGE Dj)
ses liabitiiiles. If (•ciclf fclalaiit Miilmir ck's yi'ux, lui (Idiiiiciit r;i]i|ia-
icnce d'un (^oij faisan, mais la tiHc, h- cou, la gorge, li' m'uIic, sont
(I lin iKiir liistri'; pas de plunn's l()nj;ni's cl rcconrlH'cs, cninme les
a d'Iialiilndc le (!(i(| faisan, cli|iii snnl le caiaclciisli(|uc de son sexe
( M7i(7(', ritr jK!! rhiiiiijiaitn I.
Dcnxicnu! ('xcin|dairc : le jeune Oiseau porte des inan|ues de l'un
et de l'autre île ses auteurs, mais il tient suitout du (loi] de hiuyi'ie ;
la riiiilciir, en ijénéral , cxeeple piuir le cim, est celle du Faisan
( Montuijnj.
Tioisième exemplaire : tient plus en a|i|)aience du ('.i»| de iiniyère
i|ue du Faisan {Yaricll}.
Quatriéino exemplaire : tient idiis du (loq noir rpie du l^'aisan
( Kjitdu i.
Cinquième exeniidaire : Kessomlde à eo dernier, mais plus petit
{Kl/ton), il lient donc plus {\u (loi] de hruyère que du Faisan {rriixiv-
ijiit' fnitf par Yani'H).
Onzième exemplaire : inlermédiaire, nianifestanl des caracti'ies
liropres aux deux espèces {Ynrn'll).
Dix-neuvième exemplaire : tenant du (loq de bruyère et du
Faisan, ressemblant davaiilaL;i' an |neinier qu'an second {Ynrrcll).
\'ingl et unième exein|ilaire : pour la forme, TOisean ressemble
plus au Faisan qu'à la Grouse.
\'inf;l-tri)isiènie exeniplaii'e : |iliiniai:i' ]ioiirpre \iolaci'', sinnbre,
mais très lustré.
Vingt-c[uatiiènn' exemjilaire : par la tèle et la poitrine, il se rap-
proche (In Co(| noir ; il s'en l'Iiiii^iie par les ailes, la queue et les
jambes ijui ressemblent an Faisan.
V'iugt-cinquième exemplaire : de la i;iandenr d'un l'aisan 9 ordi-
naire: les parties supérieures ont la ciibu'ation de la femelle du
Faisan, mais le bec est plnlAl de la forme de celui du Tétras.
\'ingt-liuiliènie exemplaire : dans la couleur du [diinia^^e on ne
lemarqne f;uèrc ([lie deux teintes : un violet sombre foncé avec
brillant rou!:;eàtre doré et nn brun gris jaune d'olive. Tout le plu-
mage porte encore des traces du jeune âge (prof, l-'rilsrli).
Ti^Ti: : d'un noir lustré (!<"' c.rc»)/)/.) ; l'espace nu au-dessus de
l'œil, qui existe Chez le Coq de Itruyère, est entièrement couvert de
plumes comme chez le Faisan (^^ cxcmpl.)', forme des plumes de la
tète intermédiaire entre les deux espèces (lO" crempl.); tête
d'iuie I)elle couleur marron {[['' rrempL); la tète noire, le lourdes
yeux comme chez le Faisan (12'-' t'jrwpL); la tète et la plus grande
partie du cou ressemblent au Faisan dans son jeune âge, quoiiiue
;") A. SUCHETET
plus clairs (21« exempt.}; derrière les yeux, deux taches écarlates
(iij<^ exemiiL); tùte, cou el haut de la poitrine, violet sombre foncé,
avec un brillant rougeàtre doré, se changeant presque en uoir sur
le ventre; porte toutes les marques du Tétrix sur la ninitié du devant,
tandis que, parderrière, il montre la forme et le plumage de la Poule
faisane (1), la peau nue autour de l'œil comme celle du Faisan ()V/.).
Bec : ressemblant à celui du Faisan comme couleur et comme
forme (o'' exempt.) ; ttMianl de la couleur jaune verdàtre de celle du
Faisan et île la couleur noire de celle du tetrlx (10 exempt.); de la
forme du bec du Faisan (12" exempt.) ; hec comme celui du Faisan
{2'ii'^ exempt.).
Cou : D'un noir lustré (!«' exempt.) ; tout le cou couvert de plumes
noires, un peu bigarrées (ou tachetées) (2= exempt.}; d un noir lui-
sant, tirant sur le brun (o" e.rempl.); forme des plumes, intermé-
diaire entre les deux espèces flO'^ exempt.}; le cou d'une belle
couleur marron(ll«c7vwi;*/.); cou noir avec reliefs ])ourpres brillants
(12'' e.rempt.).
Poitrine : La forme des plumes, intermédiaire entre les deux
espèces (lO" e.eempl.); la poitrine d'une belle couleur marron (il'^'
exempt.); poitrine noire avec reflets pourpres brillants (12<= exempt.):
Ventre : De la couleur du Faisan, mais plus marbré de noir
(5« exempt.) ; la forme des plumes intermédiaire entre les deux
espèces.
Dos : La forme des plumes est intermédiaire entre les deux espèces
{iO<^ e.remp.); les plumes qui se trouvent à la partie inférieure du
dos laissent voir, à environ un demi-pouce de leur extrémité, uiie
sorte de bande en forme de demi-cercle d'une couleur crème... ;
la partie supérieure ressemble au Faisan, mais avec un mélange
de gris-jaune tirant sur le brun et de noir formant de belles ondu-
lations (»/.); dos tacheté de gris noirâtre, comme cela se voit chez
le Coq de bruyère après la première mue, mais avec un peu de brun
(11'^ exempt.); la partie inférieure du dos elle croupion ombrés
de noir violet (21« cxeinpl.); dos tacheté (23e exempt.) ; sur le dos un
brun gris jaune d'olive, mélangé de marques brunes (27« e.rempl.}.
Épaules : Une tache blanche sur les épaules comme chez le Coq
de bruyère (2" exempt.); une petite tache blanche (3« exempt.); tache
blanche sur les épaules (18'^ exempt.).
(1) Une pai'lie de ces reiiiai-ques nous sont envoyées par M. Joliann Gesaureni.1. du
cUùteau même de Jellsch, où l'Oiseau a été lue et où il est conservé.
OISEAUX HVBRIDiES nENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 97
Aii.K, co.Ni'OHMATioN : La (iiiMlririiic |iliiini' csl la |iliis longiii;
{10" c.irnipl.); la torme des plumes, des scapulaiics l'I des ailes se
rapproche de celle du Tétrix ; peuues seinblalilcs.
Aii.E, COLORATION : PluiiiBS d'uue couleur roussàtre, bigarrées
ilu'ne façon curieuse (1"^'' crcHi/)/.); les ailes lachclées de gris noi-
râtre, comme cela se voit chez le Coq noir après la première mue,
mais avec un peu de hrua (11" crciiipl.) ; ailes laciiet,ées(23'-('.ri"//(/)/.);
sur les ailes un hruu gris jaune d'olive, mélangé avec des marques
brunes (28" c.nw///.); ailes et parties supérieures du dos ])lus som-
bies que chez le Faisan (21« exeiiipL).
Queue, conformation : Beaucoup plus courte qui' celle de la l'oulc
faisane, carrée sans façon à l'extrémité (!«'' l'.mnpl.) ; non fourchue,
mais en éventail et à moitié aussi longue ([ue celle du Faisan
(2" e.n'nipl.); les plumes du milieu allongées (3» e.rcnipl.) ; la queue,
s'étendant à 5 p. 1/2 au delà de l'aile, s'arrondit en si; déployai) I;
elle se compose de dix-sept plumes, mais les ])lus longues, étant en
tout semblables il esta supposer que l'Oiseau a perdu la dix-hui-
tième {[0" e.ri'iiipl.); la forme des plumes des couvertures inférieures
de la queue intermédiaire entre les deux espèces (id.) ; les lectrices
sont dillérentes de celles de l'une et de l'autre espèce; plumes de la
queue jjlutùt courtes, mais droites, en pointes, ressemblant à celles
du Faisan (11" e.venijil.]; intermédiaire entre celle du Faisan et celle
du Tétrix (12« cj"«»/:>/.) ; la queue tient de celle des deux Oiseaux,
étant plus courte i\uo celle du Tétrix (l8"('./c//)/)/.); ([ueue très serrée
(weaijc), les plumes les plus longues huit niches (23" t'.irinpL); queue
singulière, cunéiforme, semblable à celle d'une femelle de Faisan
(|ui a atteint sa croissance (28" rrfiiipl.); la (lueue comme forme
très semblable à celle d'uue Poule faisane, mais pas aussi longue
(21« exempL); la ([ueue ne s'allonge pas comme celle du Faisan,
mais elle est large et plate (23<^ exempL).
HuEUE, COLORATION : D'uns couleur roussàtre, bigarrée d'une
façon curieuse (l" exempt.); de la môme couleur que celle du Tétrix
femelle (ii'' rxcinpL); les plumes de la queue mélangées de noir
et de jaune, tirant sur le brun et avec des bai-res transvei'sales
noires; les barres sur les plumes extérieures occuicint autant
d'es|)a('c que le plumage Ijigarré; leurs exii-émilés noires sur une
largeur d'un |jouee et demi; cette couleur v,i eu diiuinuanl vers
les plumes du centre; les cinf|uièmes, les plus lougues, étant
tachetées à leurs extrémités. Elles préseuteul un singuliei' couliaste
avec les longues plumes de la queue ilii Faisan dans les((uelles les
barres s'élargissent au bout, tandis ([ue, dans cet oiseau, elles
98 A. SrCHKTKT
dispaiaisseut à cet, eii(li'()il(lÙ''('.r''//i/)/.): les couvertures iuférieures
de la (jueue, noires, avec des Uk'Iics d'un hruii rougeàtre à leurs
cxlrémités (/(/.); couvertures de la queue, jirises, tachetées de
uiéine couleur plus foncée (12'- cJciiipL); queue bariée coiniiHî le
dos avec les poiutes des recli'ices uoiiàtres (23 exeinid.) ; sur la
queue, un brun gris jaune d'olive mélangé de marques brunes
(28" exempl.).
Jambks et pieds : Aucune trace d'éperons (!«'" c.rcmpl.) ; les tarses
nesontpas enipluniés.ilssoul uuscomniecliez le Faisan (2ec.rf »»/)/.);
jambes couvertes de plumes (3« exempl.) ; tarse à moitié garni de
plumes, sans éperons, couleur du Faisan (5" rur/y)/)/.); tarses et doigts
de la forme du Faisan ; tarses nus sur les côtés et derrière, mais gar-
nis de plumes par devant jusqu'à la moitié de leur longueur (10»
exempl.) ; partie supérieure du tarsecouverte de plumes(ll"=<'J('/Hp/.);
tarses nus à la manière du Faisan (12« exempl.); jambes en partie
couvertes de plumes (18^' exempl.): tarses à moitié einplumés (partie
supérieure); pas d'éperons (ÈS'^e.vempl.); aucune ressemblance dans
les doigts des pieds avec ceux du Télrix (id.); sont comme ceux du
Faisan (iil.) (1); tarses et iloigls nus, à l'exception de quelques
)ilumes qui ressemblent au duvet et se montient par devant, s'éteu-
dant un peu au dessous du genou (21« exempl.); les jambes et les
doigts ressemblent à ceux du Faisan par la couleur, la forme et la
grandeur (24« exempl.).
Thompson a donné un(î table permettant de comparer les dimen-
sions du 10« exemplaire avec celles du Coq faisan et du Coq Tétrix.
Goiild a fait remarquer que le 17'* evemplnire chantait eu s'élevant
lorsqu'il fut tiré, comme le fait habituellement le Faisan. M. Mon-
tagu Brovvn a donné les dimensions des principales parties de
l'exemplaire tué par le major Gregory Knight. Eyton a trouvé dans
le Hoxempldire des ovaires très petits, les œufs à peine visibles, et
en petit nombre. Il a donné quelques détails anatoniiques qui sont
les suivants ;
Le sternum se rapproche plus de celui du Coq noir que du Faisan,
mais l'os n'est pas si massif (ou dur), le bord antérieur du keel est
plus festonné et l'os entre les pétoncles postérieurs n'est pas si
large que chez le Tétras. L'os furcatorium est le mémo que celui du
Faisan, plus anpié que celui du Coq noir et ayant l'apophyse {pro-
iljSims n'avons ji iint pai-lé ilii Ifi'" exeinplaii-e, parce que, nous dit M. llandcocli,
il ressemble au 12' (|ui a élé ilécril, cepentlanl cet Oiseau laisse apercevoir quelques
plumes blanches à l'angle ilc l'aile, comme chez le Tétrix.
oiSEAi'x iiviiiiiiii> iii;N(:(intiii;< a i.'ktat sauvaTiKs 00
(V'v.v) pl.il ;'i rrxIiiMiiilù cl plus l;irj;c' |ii'rs du slciiuiui. \.f l);issin csl
fXiicleriR'iil iiili'imédiaire eulie les deux, plus feiuie, plus hirge
{'I plus lôiii; ipu^ chez le Fiiisiin eu ce ([u'il n deux npopliyses de
clia(|uecùti' di' la \('itéhie caudale ([ui serveul pour lesallaches des
muscles levalor el de la ([ueue.
Au sujet du 21'' r.ifiiijiliiiri-, M. le prnf. Kiilsrli dit ([ue : le lulie
iulesliiial est de la diiiieusiou de celui du Teliix, la icclierclie aua-
toinique lui prouva (|ue l'exeuiplaire était uiàle.
Tous ces caracti'-res anuouceni liiru une double oi'it;iue chez ces
Oiseaux.
Coiiinic ou l'a vu, de noinhreux dessins de l'Iiyhride du l'h.
folrhinis et du /'. Ii'tri.i- ontéle faits, ainsi que dos ligures coloriées.
l'res(|ue toutes les dépouilles des Oiseaux lues oui également été
conservées; voici les noms des personnes qui les possèdent ou (pii
les ont possédées : le comte d'Egrcmont, à Petworth; le ca]iilaiiie
.Morseliead, pruhablemeut ; William (^all ; Eyton ; Uowland llill; le
Rev. \V. S. Ilore, di; Stock ; le D'' R. Rod de Treeben en Cornwall ;
Leadbeater; Rev. T. ,Iones,de Rradstone; le comte Ferrers; Rustou ;
M. Kd. llarl : M. Stiammi le Sli'anger ; M. John (îalcombr,
iM. Tui-ner et M. Lamb.
Dans les collections publiiiucs nous avons à nounuer : le
Muséum of theNatural llislory Society of Northumberlaud, Durliam
and Ne\vcastle-on-Tyne, le .Musée de Leicester, le Rritisli .Muséum
et le .Musée royal do Robèmo.
Ocurvs Liii/iipiis ri l'li/isi:iiiii.s.
Phasianus vulgaris et Lagopus.
Lf .lournal cb; (Chasse de \'i(Miue (1) parle do trois hybrides de
Faisan et de Lagopède {Sclioi'i-liiiliii) tués à Wales, pendant le cours
de l'année 1872. .Malbeureusemenl, ce journal ne donne iiiH'uns
détails et cette sinqde mention ne nous parail point sullisanle pour
attester que ce croisenu'ut se soit réellenienl produit.
Tels sont les croisements entre espèces sauvages de Gallinacés
(|ui sont venus à notre connaissance.
Noire travail doit se terminer [lar une courte étude sur les
croisements qui se sont produits entre espèces libres et entre espèces
domestiques ou captives. Le nombre de ces croisements est très
lll I'. tiOl, IS7i.
100 A. SUCHETET
Hjiiilé: la plupart sont l'estés fort douli'ux ou n'ont ])ii être déclarés
féconds ; l'un d'eux est môme absolument fantaisiste, un seul est
bien authentique et deux autres probables. Les espèces qui ont
contracté des mélanges sont les suivantes : (iallut< Sonnerali,
(ialliis doini'blicus, (jallus Lafaiji^tti'i, Lagupus alltus, l'rrili.r vinerea,
l'Iiasianits ijulgoris, Mel('ar/ris{\m\ dnnu'sticus) et hybride de T. telii.v
X T. uiviidlliis, s'alliant ainsi :
a. Sunncrnli X (i. iloiiirstlnis.
a. La/ayctli'i X ''■ iloinesllciis.
(',. ilompsiicus X hybride T. Iclrl.r >: /'. iirn(j(iUus.
a. (Itniicsticus X L. albiits.
Perdix cinerea X 0. domesticus.
Ph. vulgan's X Mekagris.
Ph. vulfinris X CnUits domcstinis.
En tout sept croisements.
Il est à remar(iuer (lue le croisement fécond autlieutique est le
deuxième indiqué, ifue les croisements féconds probables sont le
premier et le septième, eu sorte que tous les trois ajqiartienuent à
des espèces rapprochées ou à un genre peu éloigné.
Gallcs Sonner.vti et Gallus domesticus
Le G. Sonneivli, dit Darwin (1), se croise aisément dans l'Inde
avec la Poule domestique. Aucune autre indication n'est donnée
sur ce croisement et Darwin ne parait pas avoir indicjué la source
011 il a puisé ce renseignement.
Gallus Lafayettei (2) et Gallus domesticus
Layard (3) dit que les (!. sVa/Wr/// cT se mêlent assez souvent aux
volailles des villages isolés et ([u'ils s(! croisent avec la race domes-
tique, étant supérieurs en courage aux Coqs de basse-cour et armés
d'éperons terribles. M. Milford, du service civil de Ceylau, lui
montra, a Katnaj)oova, une Poule hyliride ; sa tournure et sa forme
générale élaientcelles de l'Oiseau sauvaue;ses u'ufs étaient tachetés.
(1) y'arialion (les aniinaiix et des pldnlfi, p. 148. TracUicliou fr.invaisc.
(2) Ou G. Stanleyi ou G. lineahis.
■" "'■' " '" ' ■■ '■ - • '"■- iinj Magazine of natunil liislory,
pep-
lO. ont
donne le récil île I.ayard.
(2) Ou G. Stanleyi ou G. lineahis.
(■i) Xotes on Ihe ornithaloijy of Ceylon, Annals anj Magazine ofnatural liis
(2), XIV, p. al. Lonilon, IS.'ii; Gloi;ei', Journal fiir Ornithologie, ,j Heft.
tembre I8o4;el Darwin. ] inialiDits des iniiiniii.r et des l'Iiiiiles. 1, p. 2'i'.i.
OISKAIX" HVRIUniCS RKNCONTaÉS .V l'ÉTAT SAl'VAGF. 101
Mais M. Millurd essaya eu vain d'eu avciir des Poussins ; les ii'ufs
ne furent jamais féeuudés. L'Oiseau se uioulia liés l)ien a|i|iiivoisé
au milieu des volailles près des([uelles on le plaça, il fuyait eu
liiule hàle à l'a |)])roclie des étrangers. D'après les exemplaires ipii
sont exposi's dans les Nouvelles galeries du Mus(''nni, le(;()(i Ijifni/rlli
présente de grandes ri'sseinl)lauees avec le Coq hmikifd. .lerdon ( 1 1,
dit qu'il est i]ui'li|ucl(iis cuninir le Baukiva, niais rou^e en dessous.
IIVUIUUK cf UK T. TKTniX X T. L'ROGALLUS {Hnckflllil lie]
et Gallus domesticus $
Le i)riii( r Adiil|ili(' Joseph de Schwarzenherg rapporte (2j ([u'iiu
IJaekelhane, vivaat dans le district du Tasin, réussit à croiser une
l'ouL' domestique contrefaite, qui ne pouvait lui échapper, (^e
llackelhaiie. ipie le cri de Poules domesliipies ]iaraissail exciter,
fut tué par \r prince iieinlaiil le iimis d'octolire.
Genres Lugopiis el Gallus
Lagopus albus et Gallus do.mesticus
.M. Collett a fait savoir (3) que son ami, le prof. Krees renianjua,
an priuleinps de 18.^)7, daus l'uue des fermes les [iliis élevées du
.\tu-dmose (Uergen stifl), une Willow Grouse qui rôdait pendant
plusieurs jours de suite autour de l'iiahitali<in de la ferme, clier-
idiant à s'accoupler avec une Poule domestique tachetée de lilaiic.
.V ce sujet, le luofesseur de l'Université de Christiania fait i-emar-
(juer (|u'il peut y avoir, pendant l'été, excès de mâles chez la W'iUoir
(irome (et chez le l'Iiiniiii/du] et que ceux-ci, parcourant li-s inouta-
ffiies, coutracteut probablement des unions fortuites de ([uelque
nature (ju'elles soient? Néanmoins il ne cite aucun f.iil.
Gallus do.mesticus et Ferdix cinerka.
Sir (ieoiucs Ldwarils ('j) dit qu'on lui a assiirc (rt il est porté à
(1) Dans une noie de la |>. .'kî'.t ilc sis fl/rrf.s- of India.
li) Zngd-Zoilung, p. (UiT, 1882.
Cl) Proceedingsof llie Zoologii-al Society, I88G. Voyez aussi : Forliundlingar. Videns-
kMbs-Selskabel, Clirisliariia. p. l'il, 1872, où le même fait est raconté et oii on parle
jIii l'iiirmipan.
('») l'liilosi)plilc:il Transactions, LI, partie II. p. fillJ. London, ITtît.
11)2 A. SUCUETET
le croire), « qu'iiue espèce mixio ;i été pioiliiilr entre nos Poules
(loniesli(iues et les Perdrix qui séjourneul d;iiis le vuisinafïe des
lernies. » Quel est cet hybride, où a-t-il été élevé et par qui? Sir
Georges Edwards ne le dit poiut avec raison.
Phasianus (vuLGAïus?) et Gallo-i'avo (var. itonieslicus)
l'ii seuT exemple de ce croiseuienl jiaraît avoir été cité, encore
e>t-il (|u'il remonte au milieu du siècle dernier et qu'il n'est point
parfaitement établi. Eu 1700 (i), le même sir Georges Edwards lit
savoir au liev. D^ Birk, secrétaire de la Société Royale, (lu'il avait
revu du li'ès digne Henri vSeymour Esq., de Handford. dans le
Dorselshire, un Oiseau intéressant qui paraissait provenir d'un
croisement accidentel eulie un Faisan et uu Diutlon. Aussitôt après
la mort de cet Oiseau, on constata que la peau autour des yeux
était d'un rouge plomb iiàle et les yeux comme ceux d'un Dindon.
C'est en vain que l'on chercha à se procurer un autre exemplaire
dans le bois où il avait été tué et où on avait aperçu deux Oiseaux
semblables. La description que sir Georges Edwards a donné de
cet hybride est la suivante :
« Sa taille est moyenne' entre celle d'un Faisan et d'une Dinde, sa
forme est à peu près celle de ce dernier Oiseau. Le bec, les jambes
et les pieds sont noirs, formés comme ceux du Dindon : il a autour
des yeux une espèce de peau nue, couleur de minium pâle, les
yeux comme ceux du Dindou. La tète el la moitié du col sont recou-
verts de plumes très courtes, couleur d'argile blanchâtre avec des
barres sombres transversales, ([uoique la gorge et la partie anté-
rieure du col restent entièrement couleur d'argile claire. Ces courtes
plumes occupent la tète et cette partie du col qui, chez le Dindon,
est naturellement privée de plumes. Sur la partie inférieure du col,
sur la poitrine et sur le ventre, ces plumes sont bien plus longues
et de couleur noire avec un rellct pourpre et changeant. Les cuisses
et les jambes, sur la partie antérieure, et un peu au-desssus des
genoux, sont couvertes de plumes traversées de bandes noires et
coideur d'argile. Le dos, les couvertures des ailes et de la queue sont
de couleur mixte, avec des ligues lines transversales brunes et
noires, quoique quelques -nnes des plumes des couvertures des ailes
et de la <|ueue aient des bandes transversales plus larges de ces
mêmes couleurs... » Sir Georges Edwards a complé seize i)luraes
à la queue, les extérieures étant de deux pouces plus courtes
(I I V(i\oz Plnliiso]iliii-al transiicliuiis, LI. |iail II, fur Uic yrar l'i'U. I.onilon. ITr.l .
OISEALX inimibKS UIINCONTRICS a l'état SAUVAr.li Kl.'f
iliii' celles (lu milieu : « leur couleur se ciiiu[)()se de luiiu cl de
noir entreniiMée piir des raies trausversales, connue sur le dos,
mais leur couleur est plus sombre vers les bouts, ces liouls
même étant d'un brun clair. Les bords extérieurs des plumes laté-
rales caudales sont d'uu bai clair, les plumes des couvertures en-
dessous de l.i ((ueue sont de couleur orangée avec raies noires trans-
versales: autour de l'anus, les plumes sont blanclies avec destai'lies
sombres. Toute la partie ressemble à celle d'une l'oule faisane,
mais (k' coloration plus foncée. Toutes les pliunes du ciu-ps
sont doubles, c'est-à-dire qu'il y a doux plumes distinctes sur
une seule tij^e. la plunu- extérieure tarife et de tissu ferme, la plume
intérieure est plus petite et couverte de duvet. »
L'auteur de celte description est porté à croire i|ue ce spécimen
est plulùt le produit du l'hasiaiiKs cf et du Callo para 9 que le |)ro-
dnit inverso, parce (pie, dit-il, la disiiroportion de taille entre ces
deux Oiseaux est moins {grande ((u'elle ne l'est entre un (iallo piini $
et une Poule de Pliaxianiis ; il reconnaît cependant que cette suppo-
sition n'est pas sans donner prise à une didiculté; comment, enetlet,
un Oiseau (l(jmesti(pie se seiait-il réfuijié de lui-même dans les bois
et y aurait-il élevé son produit sauvage, chose contraire, parait-il,
aux babitiules des Dindes dans le Dorsotshire.
liullon, (pii a parlé assez loni;uenu'nt de ce fail(l), ne se sent pas
porté à admettre l'orif^ine qu'Edwaids suppose à cet Oiseau, paice
(pie ce ])rélendu bybrido avait des caractères ipii man(pionl absolu-
ment aux deux espèces |uimitives (les plumes doubles) et (pi'il lui
manquait, par contre, d'autres caractères qui se trouvent dans les
espiTCS mères (les IS plumes de la queue). Si l'on veut lui d(mner
une origine double, il y aurait plus de fondement, croit Bullon, à
supposer qu'il dérive du mélange du Coq de bruyère et du Dindon,
qui n'a (pie seize pennes à la (pieue et (pii a des plu mes doubles,
coinuK' l'hybride en (piestion.
Temminck (2) partage l'avis de Bullon. Nous n'avons point vu la
gravure (pii accomjiagiie dans les IMiilosophical lransacti(Uis la
description de (ieorges Ldwards, mais Yarrell, dansses lirilish llinis,
en a donné une reproduction, et nous avouons r[ue l'origine sup-
posée (le ce produit nous |iarait assez iirobable. L'Oiseau, du moins,
tel qu'il est représenté, parait liieu intermédiaire entre le Hindou
et le Faisan.
(Il V. pa^c l''i. EdiliiMi ilo IS'i.",
(2)7;(.v(. ilr< luilliiuins. II. p. :JM) <•! li'.lO.
lO'f A. SUCHETET
llesle encore à savoirs! le l'hasiamis, |)rri.' su|>i)Osi'', de l'Iiyliride
en question, était un Faisan vivant à l'état sauvage?
I'hasianus vulgaris et Gallus do.mesticus
A la dernière Exposition oini[liologi{iue de Stargard (Ponié-
rauie) (1), on voyait plusieurs liylnides ])rovenaut d'un F'aisau et
d'une Poule doinestii(ue (raceCocliincliiuoise). Ces Oiseaux avaient
été ex|)osés par M. Adolph Meyer. qui les avait reeus d'un culti-
vateur des environs (2). La Poule, mère de ces liyl)rides, s'étaut
écartée près de la forêt, avait été cochée par un Faisan de chasse.
Les hybrides exposés étaient au nombre de trois, un Coq et deux
Poules. Leur couleur est blanche, avec rellets jaunâtres, [)eu de
plumes sont tachetées. Le inàle a la poitrine légèrement brune.
La forme du corps est svelte, le cou est long et gracieux. Li ([ucne
courte, la pointe est légèrement arquée en ilessous, se rajqirochant
du genre Cm-liiït, mais moins fournie.
IjC 2^ décembre, Son Altesse Royale le Priuce Louis Ferdinand
tuait, dans une chasse de la faisanderie de Moosach, un bel Oiseau
ayant la grosseur et l'aspect du Coq de bruyère; le croupion est
celui du l'"aisan, le jdumage noir, semé de gris et de blanc. Cet
ex(;mplaire se trouvait au milieu d'autres l'aisans ('■V).
Comme on avait élevé, l'année précédente, dans une des volières
de Moosach, des hybrides du Ph. rolchirus et des (ialius tlamcslims,
on suppose avec raison que l'Oiseau tué par le Prince Ferdinand
avait été produit eu domesticité (4); aussi nous ne le décrirons pas.
A ce propos, rappelons que le Uev. Gilbert White (5) a raconté
((u'un Oiseau curieux fut trouvé dans un taillis par les éjtagneuls
d'un des gardes de Lord Stamwell. Cet. Oiseau, qui avait été tiré à
l'aile, lui fut envoyé par ce dernier, afin (ju'il l'examinât : « La
tournure, la forme extérieure et le cercle éclatant autour de l'œil
de cet Oiseau dénonçaient un Coq Faisan; mais la tète, le cou
et la poitrine étaient d'un noir lustré, et bien qu'il pesât le
poids d'un fort Coq Faisan, il n'avait i)as d'éperons aux jambes,
comme en ont les Co(|s Faisans. Les jambes et les pieds n'étaient
(1) Tenu.- les W cl 17 novembre ISSlt.
(2) Voyez Zeilsclirift tûi' Oniilliotoyie, Sleilin, .\III, n° 12, 188(1.
(;î) Voy. Aosslnii'jiei' Abeiulzeitiin.;, '2fi Décembre 18.s;).n<'3;io, p. G(arUcle SporI).
Cl) Commiiiiicalion qui nous es adressée de Munich jiar M. C. Parrot.
(;1) A Natunilist Calendar extri.ted froni Mie papers o( tlie late Rev. (iilbei't
White. Loiidun, I7'.i;i.
OISEAIX HYBRIDES IIENCONTRES A L ETAT SAUVAGE 111.)
pdiiit i'iii|iluiiit''s, il n'Mvail jKiiul iiini pliiN a la (|ii(MU' de loii^^iius
|iliiincs coiniiie celles des Faisans; sa queue élail iMaucoup ]ilus
(•ourle que celle d'une Poule Faisane, elle était carrée. Les piunies
(lu dos et des ailes, de même c|ue celles de la (lueue, étaient d'uu
roux pâle rayé d"iinc manière étrauj^e et ressenildaient un peu à
celle d'une Perdrix. »
Le Rev. Gilbert W'hile n'indi(|ue point exactenu'ut la provenance
de cet Oiseau étrange, il (ait remarquer qu'il ne peut venir du Co(i
de l)ruy6re parce ({ue ni ses jambes ni ses |)ieds n'étaientempluinés.
il pense (pn' c'est un liyinide probalilc entre le (lot] faisan et (|ucl(iur
Oseau domesti((ue. Il ajoute que le garde lui avait dit que jjendant
l'été on avait vu des Paonnes fré(|uenter le taillis et les couverts on
cet Oiseau avait été tué.
Montagu (I) a parlé du récit de White, mais il dit (|ne \\'liitr
considérait cet hybride comme venant du Faisan et de la Poule
doinestii|nc {dowfstir fool (2). Morlon dit également que White a
donné la description d'un hybride sauvage provenant du Faisan et
(le la Poule domestique (3).
N'ayant pu examiner la figure coloriée qui accompagne le récit
de White, nous n'osons point inuis prononcer.
I*eut-étre pourrions-nous ajouter à ces divers croisements celui
de la Honasn brtiiUnn et de la Poule domestique. L'Isis (4) dit en effet
(|ue ^L Badeker a cité un exemple de ce croisement, mais on ne
fait ])oiut savoir si cet accouplement a été suivi de fécondité, on
n'indi(|ue point non plus l'état dans lequel vivaient lesdeuxOiseaux,
c'est-à-dire si l'une des deux espèces était sauvage et l'autre
domestique.
Uemakque
Longtem])s on a confondu dans un .seul Oritri' les Gallinacés et
les PiciEONS. Cette classification est encore aujourd'hui maintenue
dans plusieurs ouvrages. Ceiiendant la manière ])aiticulière dont
les Pigeons nourrissent leurs iiclits, (|ui naissent dépourvus de
l)luines, aveugles et pres(]ue nus, fornn- un contraste avec les
Gallinacés dont les jeunes sont capables de (juilter le nid aussil(jt
leur sortie de l'u'uf et de chercher eux-mêmes leur nourriture.
(1) Oriulhological Dictiuiuuiry, secouUe CMJilion, p. ,T)9. Londoii, 1831
(2) Nous n'avons plus sous les yeux le texte anglais de White.
|3) The amerir:in .lonrnal of srienre and lillrralnre. (I), 111. May If-'iT. p. 203.
(4) P. m, IS2.S.
lui) A. SLCHETET
Les Pigeons sout. aussi tous uioiio^anies, taudis que le plus grand
nouibre des Gallinacés est polygame; chez ces derniers le mâle ne
partage point le soin de l'incubation. Autre parlicularilé remarquée
par Pline (1) : les Pigeons ne renversent ])as le cou en Ijuvant; ils
ont aussi la lacnlté de développer leur œsophage. Au point de vue
anatoniique, la manière dont leur pouce est placé sur le tarse est
encore un signe qui les distingue des Gallinacés; leur doigt infé-
rieur est articulé au niveau même des doigts de devant, ce (|ui
leur permet de se percher à la manière des Passereaux, ordre dans
lecfuel ils ont été également classés. Les Gallinacés ont, au contraire,
le pouce placé pi us hau t, ce doigt est court, quelquefois rudiiiien taire;
cependant plusieurs espèces de Colombes sout constamment à terre.
Mais il existe aussi des caractères zoologiques qui sout communs
aux deux; certains points d'organisation, certaines ressemblances
dans les mœurs et les habitudes tendent à les faire rentrer dans un
même ordre.
Or, riiybridation à l'état sauvage est presque nulle chez eux ;
tout au moins nous n'avons pu découvrir qu'un seul exemple de
croisement entre types distincts, c'est celui de la Culinnbd /à/« et
de la l'aliutibœnas f'usca, décrit par M. N. Zarouduoï dans ses
Recherches zoologiques dans la contrée Trans-Caspienne (2). Les quel-
([ues auties faits (|ue l'on cite ne se rapportent qu'à des variétés
bien jteu diiïérentes; nous faisons ici allusion aux croisements des
Bisets à croupion blanc et des Bisets à croupion bleu qui se repro-
duisent ensemble là où ils vivent de compagnie (3), ainsi qu'aux
(ireen l'Iijeons de l'Inde qui se mélangent aussi entre eux (4).
Nous avons cependant appris qu'il existait au .Musée de Turin un
individu tué au mois d'octobre 1870 dans le voisinage de cette ville
et que .M. le Comte Thomasso Salvadori n'avait pu iléterminer, ne
sachant s'il avait affaire à une variété de Colombe ou à une Colombe
hybride. Cet Oiseau « a le cou, la poitrine et une partie de l'ajjdo-
meii d'une belle couleur chair vineux comme cela se voit chez la
SlreptojU'lia albicentris; les deux taches noires sur les côtés du cou
s'unissent par derrière et la cou eur noisette du dos et des scapu-
laiics est beaucoup plus sombre (;j) )>. M. le Comte Arrigoni degli
(2) Bull, lie la Socit'U' iinpi'riate des Aiiliiyalistt:< de .l/o.?co»,iio i, p. SLI8. 1889
(3) Voy. Doglaïul et Gei-br, qui onl donné dis indications sur ces cioisenienls dans
leur Oniitlwlogie eurapcenne, II, p. Il, Paris l-8b7
(4) Jerdon, op. cit., p. 218.
(.')) Fanna d'Ilalia, Parte seconda. Icrelli. par Thomasso Salvadeiri. p. 180, Milano.
OISEAl X 1IMIIIU)1;> ltK.\i;()MliKS A r.'KTAT SAliVACK l(l7
Oilili l'sl |ini't(' ;'i l'idini (l)i|iii' ccl Oiscim csl un luodiiit du Tinlnr
minliis et, tlii T. lisiiiiiis, parcf ((ui', dil-il. les (|iit'l(|iii's dtl'Iails (|iii'
dimne M. Sidvadoii s'ada|itriil incivcilliMisciiiciil à iiu sujet aiillicii-
li(|iit' (ihk'iui fiilic l'es deux l'spt'Oi's et coiiservi' dans sa collfclion.
Mais, en adiiiellaiil iiiic rapinriiatioii de M. leCoiiik' degli Oddi sitil
juste, encore est-il que ce snjcl ne peut cire considéré comme nn
liyliride prodnil à l'état sanva^e, piiisiineic T. risarins n'iialiile pas
illalie. Tout au plus |HMil-il être considéré comme provenant d'un
croisement acci II II pli en srini-lilierlé, à moins donciiu'uii /'. rlsuz-ins,
écliai»pé de (|ueii[uc volière el ne trouvant aneuii individu de son
espèce ptuir s'accoupler, n'ait contracté une alliance avec un
/'. iiiirihis sauvufic, chose très douteuse. Il est plus naturel de
penser i|ue, si l'individu en question n'est point une simple variété
de Tiirliir, c'est un Oiseau éciiappé ; en captivité h? croisement des
(leu\ espèces est en etîet très fréquent.
Nous n'avons donc rencontré qu'un seul cas d'hybridation chez
les Pigeons vivant à l'état sauvage. Pouniuoi cette dilïérence avec
les (iallinacés dans l'ordre desi|uels ils ont été classés? Celle dillé-
lence provient-elle tle leurs hahiludes monogames, on sérail tenté de
le croire. On ne peut cepeiulanl alléguer ce molif, car chez les
Passereaux elles Palmipèdes, Oiseaux esseuliellemenl monogames,
on a rencontré plusieurs fois des individus portant des traces d'hy-
liridation. 11 faut croire plutôt, si nos recherches ne sont point
incouqdètes, (|ui; l'aire de dispersion des Pigeons et leur manière de
vivre ue leur donnent point l'occasion de se rencontrer, comme il
arrive chez les Gallinacés (|ui vivent à terre el dont la destruction,
au moins flans nos pa\s, s'opère sur nue grande échelle.
(I) Soie sur un lii/hnilr urti/u-ifl i.<sii tlu Tinlur iiiintiis fl ilii T. risoriK.i
Rovigo, l8So.
I()t>
DEl'XIKMK l'AKTli;.
Les Palmipèdes.
Dans l'onlie des (lallinurrs nous avous vu (|ii(' riiyl)iidation ([iii
se présente dans trois l'aniilles. les rcrdiciiirs, les l'iiasidiiiilrs et les
Télraonidës, ne se manifeste d'une façon particulière que chez ces
derniers. De nu''nie, dans l'ordre des Palnnphles, l'hybridation ne se
rencontre guère ijne dans une seule (aniille, celle des .1 luitides; c'est
à peine si l'on peut citer un ou deux croisements trè§ hypothétiques
chez les [.ariilcs. Par contre, les espèces des .Vnatidés qui se mélan-
gent sont très nombreuses, la plupart appnrti(Minenl au genre Aiias;
les croisements entre espèces de genres éloignés sont très rares,
nous aui'ons l'occasion de citer seulement deux croisements entre
les genres Mcn/ns et CldiKjabi, encore est-il que beaucoup d'ornitho-
logistes considèrent comme véritable espèce l'un des jiroduits
supposés de ces deux genres (1).
Voici le tableau des hybridations que nous avons pu rassembler:
l'ALMIPKUHS L.\ .M K LU ROSTRES
FaiiiUlt' ili's Anntidiit.
Genre Anas.
i» .1. peut'lopc X ^. crt'cai,
2o A. aruta x l- penelope,
3° A. boschas X A. acuta,
4» A. boschas X A. crecca,
5* A. boschas X A. stn'pi'ira,
G» .1. acula X A. crecca,
7" A. obscura x A. boschas,
8° .1. boschas X A. pcm'lDjic,
(I) l.'hyliride d'cg|ièces appartenant an.x genres FuUgula il l»».-; a. il est vrai
l'io lue sur une pièco d'eau d"a(;ri'-nicnt eu Aiii,'Ii'liMr('. mais ou iiciil -iuiiposer i|ue
ce croisi'uii'nl s'Olait opt'ré en caplivili'-.
MA A. SUCHETET
i)" I. rltjjtriild X A. ucHta,
10° .1. ucala X -l- slrepera,
'12» .1. slri'pera X A. dypeata,
14° .1. wuschata x -l- bouchas,
15° .1. casarka x -1. falcata?
IG" .). Kulpanser X A. hoschas.
Genre Fuligula
17" F. ferina x F. nyroca,
180 F. nyroca x F. cristata,
19" F. afpnis x F. valismeria? (nu F. iimciicinui).
20» F. ferina X F. cristata,
21° F. crislalii X F. marila.
Genres Anas et Fuligula.
22° A)tas bosclias X Fuligula ferina.
Genres Mergus et Clangula.
23" Mergus albellus X Clangula glaucion,
24° Clangula gtancinn X Mergus cucullatus.
PALMIPÈDES LONGIPENNES
Famille des Laridés.
Genre Sterna.
25" Sterna paradisea X Sterna iurumlo.
Nous devons recouiiaîtie que beaucoup de ces croisements ne
sont rien moins que prouvés; s'ils se présentent plus nombreux
i[ue chez les Gallinacés, ils sont moins autlienti([ues, plusieurs
sont même vivement contestés ; de savants ornithologistes ont
voulu faire de leurs proiiuits supposés des variétés d'âge ou de
climat; enfin, un certain nombre d'hybrides, ([uoique réellement
tués ou pris à l'état sauvage, doivent probablement leur origine
mixte à des croisements obtenus en domesticité : ce sont des
échappés de captivité.
On a remarqué que l'esjiècc bosehas est, parmi toutes, celle qui
contracte le plus facilement des mélanges, cela tient probablement
OISEAUX HYBRIDES IIENCO.NTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 1 I I
au grtind iioiiiljrc d'iiulividiis qui lu couiiioseiil ; vient t'iisuile
l'espèce ticutu, puis l'esiièco rljninilu. Les espèces créera, musrlnihi.
prnritipr, strriierea, ferinu, erislala se inélangoiit daus les nuMUfis
proportions, ainsi ([ue nyroca, marila, rlanijula, Cttsarka, rulpanser
et oljsruni n'ont 010 nommées i|u'une fois.
Mais si l'on considère séparément les individus de ces divers
espèces, leur mélange n'a plus lieu dans les mûmes proportions,
c'est ainsi (jue l'on verra daus la suite que les croiseinents cons-
tatés le plus de (ois sont ceux :
1° de l'A. bosrlids et de IM. (tenta,
2° de r.i. boseluis et de l'.l. enirina,
3" (probablement) ceux de l'.l. obscitnt et de l'.l. bouchas,
4» de r.l. hosrhas et de l'.-l. creeca,
o« de la F. ferina et de la F. nyroeu,
6° de r.l. hosehas et de l'.l. clypeata,
_ I de VA. peiielope et de l'.l. creeca, ) daus les mêmes i)ro-
i de l'I. penelopç et de l'.l. acuta, ) portions,
8° Enfin ceux de l'.l. aruta et l'.l. creeca; les autres hybrides que
nous meulionuerous n'ont été observés qu'une fois ou deux.
Ces divers Oiseaux ont été tués ou pris en Palestine, en France,
en Russie, en Suisse, en Belgi(iue, en .\lli.Miiagne, en Autriche, aux
Etals-Unis, en Italie, en .Viigleterre et en Hollande. Ce sont ces
deux derniers pays qui ont fourni le plus grand nombre d'hybrides;
la Hollande à elle seule entre en ligue de compte jiour un tiers au
moins. .\I. van Wickevoort Crommeliii, de Harlem, a fait connaitn^
beaucoup de ces Oiseaux ; nous re])ro(luirous fré([uemmenl ses
savantes descriptions. V.u Italie, .M. le comte .Vrrigoui degli Oddi,
de Padoue, en a décrit lui-même plusieurs. Nous tenons à remer-
cier ici ces messieurs qui se sont montrés d'une grande obligeance,
mais nous ne devons |)as oublier non idus .M. le B"" l-ldnioiid
de Selys-Loiigchamps ([ui, le premier, a donné une récapitulaliim
très complète des hybrides observés chez les Auatidés (1) ; M. Paul
Leverkuhu, de Munich, qui a droit tout i)articulièremeiit à nos
remerciemeuts;leHév..Ma(pherson,deCailisle(2), elM. J.H.Ciuerney,
juM., dont la connai.ssance des hybrides est justemeut appréciée en
.Vngleterre ; M. Jobnes Handcok et son ami, .M. le D'' Embleton,
de Newcastle-on-Tyue ; .M. vaii Bcmmelen, directeur du Jardin
Zoologlipie de Rotterdam, M. Edouard Hart, de Ciiristchurch ;
(I) Bulletin lie l'.Académie de.s Sciences de Bruxelles, 1843 el I8.t6.
(i) he r<-\. Marplic Tson a publié ses arlicles sur l'hyliricHIr nolamuienl dans le
Field, le Natitratisl et le /.ootogisl.
112 A. SUCHETET
M. Charles Royer, de Langres; M. Weltermaiin, directeur du
Koninklijk zoologiscli Genootshamps, d'Amsterdam ; M. Oustalel,
docteur és-scieuces, aide-naturaliste au Muséum ; M. Wiepkeu,
directeur du Musée ducal d'Oldembourg ; M. le professeur
H. Giglioli, de Florence (1); M. le professeur Sordelli, de Milan (2);
M. Lacroix, de Toulouse : M. le professeur Newton, de Magdalene
Collège de Cambridge; M.Ridway, curateur de la collection oruitho-
logique du Musée national des États Unis, à Washington ; M. Schutt
et M. le D'' A. Knop, de Kalsruhe ; M. Zarouduoï, ornithologiste
d'Orembourg (Russie); M. Olphe Galliard, d'Hendaye(Basses-Pyré-
uées); M. le D'' Ch. Liitken, de Copenhague; M. J. H. Seais,
assistant au Muséum de l'Académie des Sciences de Salem (États-
Unis); M. Manly Hardy, naturaliste de Brewer (Etats-Unis); M. le
B°" von Ritter vou Tshusi, de Schraidoflen, l'ornithologiste et
le savant bien connu ; M. le D^ Radde, de Tiflis (3) ; M. Sclater,
l'éminent secrétaire de la '/ooJoijiral Sncietji off.ondon ; M.Godefroy-
Lunel, directeur du Musée zoologique de Genève, M. Van Kempen,
de Saint-Omer, et bien d'autres assurément qui ont droit à notre
reconnaissance.
PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES
Famille des Anatides.
Genre Anas.
ANAS PENELOPE (4) et QUERQUEDULA CRECCA (5)
Nous citerons d'abord trois pièces hybrides auxquelles on attribue
cette origine. Elles se trouvent : la première dans le Musée de la
Faune néerlandaise, à Amsterdam, la deuxième dans la collection
de M. le comte Arrigoni degli Oddi, à Padoue, la troisième dans la
collection du feu Lord Malmesburg.
L'hybride du Musée delà Faune néerlandaise a été acquis récem-
menl, il est adulte, de sexe inàle, et a été capturé à l'état sauvage.
L'iiybride appartenant à M. le comte degli Oddi a été tué] au mois
de décembre 1882, par M. B. Dute dans la vallée de Salsa Morosiua,
(1) Directeui- du Musée des Vertébrés de cette ville.
(2) Dii-ecleiii'-adidint an Musée.
(.'i) A.uleuv lie ['OniU cdiicasica.
(4) Autns noms scicnliliiiiics : Mdrecii penelope, A. fi^lulitri:<, .1. kiujalko.
Çà) Ou QuerquedttUi crecca, ou (Juerquedula minor.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAl VAGE 113
IMiiviiicc (Ir l'.iddMf. CM Oiseau se trouvait dans une baudo de
<lanards Pénélo|if, il est de sexe mâle. Nous u'avous pu savoir à
(juelle ('[Kxiue a été tué le spéciuieii de Loid Malniesburg.
M. Ed. Hart, de Christchurch, qui l'a vu il y a dix-huit mois
eiivirou dans la eollecliou du feu I.ord, nous éi'iil (|ui> e'cst sur
la livière Slow qu'il a été abattu.
M. le coinle degli Oddi a bien voulu nous adresser une description
manuscrite de l'hybride qu'il possède. Il nous fait savoir (|ue celte
descripliou est sous [iresse et qu'elle sera acc()m|)agnée d'une liyure
coloriée représentant l'oiseau :
<( Longueur totale, 0™ilO; longueur du bec, 0">n'iO; aile fermée,
0'n230; queue, O'n04o; tarse, 0'»Û40; le doigt sans l'ougle, OniOiO; le
doigt avec l'ongle, 0"045.
« Bec et iris noirs; tête et cou d'un châtain ardent tirant sur
l'isabelle. Une large l)ande entoure l'œil, passe au-dessus et se
continue sur la tête et jusqu'à la uuque. Le Ijord de cette tache est
jaune fauve, plus marqué auprès des yeux. A la partie centrale de
la nuque il y a une raie noire d'un violet foncé. La gorge et le tour
du bec, noirâtres, sont entourés par uue couleur baie. A la naissance
du cou, qui est violet, on voit des raies transversales noires en
zigzags.
« La poitrine d'un rose violet avec beaucoup d(î taches noires
irrégulières, le ventre blanc clair. Les plumes de côté en zigzags,
blanches et noires. La partie inférieure du ventre blanche en
zigzags avec un peu de gris, mais très peu visible et ayant la forme
de petites stries transversales sur les plumes. Les plumes du
dessous de la queue noires, un très petit nombre de celles de côté
blanches, légèrement teintées de jaune, avec une bande noire à la
base ; chez (^uelques-unes la matière spongieuse de la tige est
noire.
« Dos, scapulaires, sur la queue et sur le crou[)ion, plumes blan-
ches ou gris perlé avec des stries eu travers et eu zigzags, noirs. Les
<'ouvertures grisâtres en zigzags noirs et blancs, quelques-unes des
grandes couvertures ont l'extrémité plus claire cl n'ont iires([ue pas
de zigzags; uue bande couleur noisette, qui devient plus foncée au
fur et à mesure qu'elle se rapproche du corps, termine les grandes
couvertures. Les rémiges sont grisâtres; le miroir est d'un vert
l'uu'raude entouré de toute part de noir velouté, excepté les anté-
rieures, où elle est limitée par une bande couleur noiselte, et près
du corps, où elle est bordée de brun ou gris i)erlé. Quelques-unes
des grandes ouveitures des ailes sont cendrées, d'autres cendrées à
l'intérieur, taudis que dans le vessillo extérieur des ailes elles sont
114 A. SUCHETET
cendrées à la racine, puis ensuite noires et bordées de blanc,
l'Isabelle entoure le tout, le cendré est sillonné de zigzags noirs.
Les couvertures supérieures de la queue blanches autour avec
zigzags noirs et blancs sur le reste, les latérales iioires, les rectrices
grisâtres bordées de blanchâtre, les médianes un peu plus longues
(jue les autres et terminées en pointe ; ])attes et ongles tiraut sur le
brun. »
« Eu observant attentivement ce spécimen, ajoute M. le comte
Oddi, nous y trouvons des ressemblances évidentes avec ses
l)arents. Plus élégant que le Fischionc (Pénélope) et moins léger que
VAlgavola (A.crccca), il a comme dimensions la moyenne entre les
deux ; son bec, de la longueur de la tète, s'élève à la base presque
droit à partir des narines, étroit, plus large vers l'extrémité qu'au
milieu, il ressemble beaucoup à celui de \'Al(iarola, la tète et le
cou avec la belle bande d'un vert brillant est commune aux deux
espèces ; il faut noter également les taches de la poitrine et la colo-
ration de la partie inférieure du ventre qui sont de VAlfjacola
comme disposition. »
Grâce à l'obligeance de M. Westerman, directeur du Kouinklijk
zoologisch Genootschap d'Amsterdam, nous pouvons donner aussi
la description de l'hybride sauvage. .1. penclope x A. crecca, acquis
dernièrement par le .Musée de la Faune néerlandaise : « Tète et
grande partie du cou roussàtres, aux deux côtés autour et derrière
les yeux et le long du cou une ligue de vert métallique, mêlée de
brun. Jabot brun pourpràtre, chaque plume possédant une petite
tache ronde de couleur noire; poitrine et ventre blancs. Parties
supérieures et lianes du corps avec des lignes transversales noires
et blanches. Couvertures des ailes grises, petites rémiges; celles au
milieu avec tache oblongue, noire; miroir vert, en avant avec bande
brune comme chez A. rrccca, en arrière avec bande noire, comme
chez .1. pciiclopc. Grandes rémiges d'un noir brunâtre; plumes de
la queue brun grisâtre à marges blanchâtres ; sous-couvertures
noires; croupion brun noirâtre, mêlé de blanc. Bec noir grisâtre,
yeux bruns; pattes couleur de plomb foncé (1).
Un spécimen, faisant partie de la collection réunie par M. Whi-
taker, esq., vient d'être vendu à M. Dicks, de Creeve (2). Un autre
(1) Nous pensons que la dosriiptiou faite par M. Kollec dans le Journal de
Zoologie de IS'.tO d'un hybride enlie VA. penelope et la Q. crecca se raiiporte au
spécimen dont M. AVcsternian a bien voulu nous envoyer la deseription.
(2) Vente du ii mai 1890, faite au Covent Garden de Londres. L'Oiseau au cata-
loj^ue portait le n» 100. Le Field du 31 may en parle comme d'un très beau spécimea,
intermédiaire en dimensions entre lesdeu.x espèces. Peut-être vient-il de la collection
du feu Lord Malmesburg ?
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 1 lf>
exemplaire se trouverait chez M. le comte Ninni, à Venise; malhen-
reusemeut nous n'avons pu obtenir aucune indication sur ce sujet.
Dafila aclta (Il et Anas peneloimc
M. Charles RoyiM", de Langres, nous écrit qu'il possède un sujet
màle qu'il considère comme produit par ces deux espèces; cet
Oiseau a été tué dans une bande de Canards.
Sur notre demande il nous a adressé la dcscriptiou suivante :
Tète rougcàtre, chaque plume mar(iiiée au centre d'une lUduchcture
plus sombre ; cou, comme la tète ; poitrine rousse au sommet, mais
s'éclaircissant raiùdement et passant au blanc ; al)domen blanc pur ;
dos griveié comme dans le Pénélope, entremêlé de plumes plus
rousses ; couvertures des ailes grises, rémiges comme dans le
Pénélope ; couvertures de la queue d'un brun grisâtre ; miroir vert
bronzé plus voisin de Vnoitd que du Pénélope, mais il est précédé
d'uue large bande blanche plus large même que dans le Pénélope ;
bec intermédiaire, plus long que chez le Pénélope, moins long que
chez l'ocidii. Enlin, comme aspect général, il resseml)le plus au
Pénélope qu'à Vaculu, aussi bien par sa forme que \niv sa couleur.
Déjà M. van Wickevoort Crommelin avait décrit (2) un Canard
qu'on supposait proveuir des mêmes espèces. Cet Oiseau, pris àFrise
le 20 janvier 18(12, est conservé dans la collection du MusécdeLcyde.
« Le dos, les ailes, y compris le miroir, la poitrine, le ventre et
les lianes, le croupion et la queue sont comme ceux de l'.l . acuta,
mais les rectrices allongées un peu plus courtes (jne dans l'adulte
de cette espèce et les taches noires sur les scapulaires plus étroites;
le bas du cou et le jabot pareils à ceux de r.4 . penelope màle, mais la
couleur roiigeàtre y descend davantage, aussi sur les côtés; la gorge
et le haut du cou d'un beau noirâtre plus somljre (]ue dans l'.l . iiruta,
se rapprochant davantage de la tache à la gorge de VA.penclojn'. La
coloration de la tête dilTère de celle de ces deux espèces, une large
bande d'un brun jaunâtre clair va, eu se rétrécissant, du bec par le
dessus de la tête jusqu'à l'occiput; des deux côtés de cette baude il
se trouve une autre bande plus large d'un vert clair à rellets qui va
de l'œil à la nu(iue eu dessous de cell(!-ci, on en voit encore une
autre également très large, d'un jaune bruuàtre clair, semblable
pour la couleur à celle du dessus de la tète de l' l . pnn'lope et s'éteu-
(1) .Viilrcs noms scienUO(|ues : .inun avula, 1. longicauda, A. cduilaciilu
Qucrtiuethila acuta.
(2) Tijibchiift vooiik' Dk-rluindc, M, p. 2'.H\.
lit» A. SUCHETET
(iaiit depuis le l)ec jusqu'à la uiniue; le bec esl noir et mesure
40 niill.; les pieds semblables à ceux de l'.l. acuta ».
Dans un article publié dans les Archives néerlandaises (1),
M. van Wickevoort Crommelin avait émis quelques doutes sur la
descendance supposée de cet hybride, qui pouvait liieii être aussi le
produit du Pilet avec la petite Sarcelle. Mais depuis le savant
hollandais est revenu à sa preuiière opinion ; dans une lettre qu'il
nous a écrite le 14 février dernier, il nous lait savoir qu'il consi-
dérera désormais ce spécimen comme descendant de l'.l. acuta et
de l'A. penelope, l'expérience lui ayant démontré que les mâles
(non hybrides) de cetle dernière espèce ont quelquefois une bande
verte plus ou moins apparente derrière l'œil.
Nous signalerons un troisième exemplaire hybride acheté au
Leaden hall market de Londres et conservé dans la collection de
M. Handcock, du Musée deNorthuniberland (2). Mais nous igno-
rons complètement si cet Oiseau, acheté sur le marché, avait été
tué à l'état sauvage ; M. Handcok n'a pu nous donner aucune indi-
cation sur son origine, il nous a seulement fait savoir par M. le D^
Emellton, de Newcastle, que l'Oiseau était vraiment un hybride. En
voici la description :
« Ce spécimen a à peu près des caractères moyens entre les deux
parents : la couleur châtaigne de la tête et du cou est mélangée
avec le vert brillant du Pintail et le derrière du cou est très
sombre comme chez le Wigeon. Les couvertures des ailes sont d'un
blanc sale ; les scapnlaires, les tertiaires et les plumes de la queue
ressemblent daus leur plus grande paitie à celles du Pintail, mais
les deux plus longues plumes du milieu de la queue ne se voient
pas autant que chez le Pintail. »
Un quatrième exemplaire est encore à signaler. M. J. G. Millais,
de Seaforth llighlanders (Fort George), écrit dans le Field du
15 février qu'il a reçu dernièrement un Canard très étrange, qui
fut tué par son oncle, M. George Gray, sur la rivière Isla, prés
Perth, en décembre 1889. M. J. G. Millais pense que c'est un
hybride entre un Wigeon (A. penelopr) et un Pintail (.1. acuta),
montrant les caractères des deux espèces. Le Pintail est assez rare,
dit-il, dans cette partie de l'Ecosse, mais il pense que cet oiseau,
comme le Gadiral (Anas slirpcrca}, s'y établit peu à peu. 11 y a
quelques années cette espèce était presque inconnue ; jamais un hiver
ne se passe maintenant sans que l'on ne voie une paire des deux
(1) vil, |). i:».
(i) Natuial hisloiy Tl•;nl^iacU()ns, VII, p. i;i;!.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 117
Oiseaux, particulièrement daus le Perthshire. NéauiuoiusM.Millais
croit ([u'ils ne se reproduisent pas dans cette contrée.
Anas uoscuas (1) et Anas acuta
D'après MM. Doiilnnd vl (ii'rlie(2), il n'y a point d'espèce qui, à
l'état sauvage, se croise |)lus facileuieut que l'.l. (irttla avec ii'
hosrhas. Pres(|ue toutes les collections, disent ces auteurs, possè-
dent des ]iyl)ridcs provenant dn croisement de ces doux espèces;
ils ajoutent que le Muséum d'Histoire naturelle de Paris en renferme
un bon nombre; ils en connaissent plusieurs autres qui, tous, ont
été rencontrés sur les marchés de Paris.
Il est vrai que les hybrides du Pilet acuticaude et du (lanaid
sauvage ne sont pas absolument rares; cependant le |)lus grand
nmnbre des Musées et des collections en sont dépourvus; le .Muséum
(II' Paris n'en possèdi; lui-même (jue deux exLMuplaires, encore est-
il que l'un des deux provient de la Ménagerie et que l'autre ne
porte aucune indication de localité, on ignore s'il a été tué à l'état
sauvage, on sait seulenuMit i[u'il a été acquis sur échange à M. Perrol,
le 15 mars 1854. C'est un exemplaire adulte, de sexe niàle. Ces ren-
seignements nous sont fournis par M. Oustalet, docteur ès-scieuces
et aide-naturaliste au Muséum.
Les exemplaires, tués à l'état sauvage, qui nous ont été indiqués,
sont les suivants : Musée royal de Florence, dans la collection
centrale des animaux vertébrés d'Italie, deux exemplaires (3).
Musée zoologTque de Milan, dans la collection du comte Turati,
pensons-nous, un exemplaire (i).
-Musée de la Faune Néerlandaise à Amsterdam, trois exem-
plaires (5).
Collection de M. van Wickevoort, à Harlem, trois exemi)laires ((i).
Collection de M. le- baron Ed. de Selys-Longchamps, à Long-
champs-sur-Ger (Belgique), un exemplaire (7).
(I| Antres noms scienliliqups : .iiuls fera, Ilosciis rlnmexticn.
(i) Ornitliiiliiijie européenne.
(iî) C.omniuniraliiin iV M. le professeuc U<Mii'i (li^linli, ilii-ccli'iir dn Miisrc.
(4) (;nninini\i(alion de M. le prnk'ssenr Sordelli, diicelenradjoinl dn Musée.
(li) 0)nimuni(aliini de M. G. 1". Weslernian, directeur du Koninklijk zoologiscli
l'ienoDlseliap .\(iluru arli.t magislra.
(Cl) Communication de M. van Wickevoort Crommelin. direeleurde la Société lies
sciences exactes et naturelles de Harlem.
(7) Communication de M. le liaron Ed. de Selys-Lonj,'(liam|is, sénateur, mi'fidni'
<le r.Vcadémie des sciences de Hruxelks.
118 A. SUCHETET
Collection de M. Adrien Lacroix, de Toulouse, un exemplaire (1).
Colleclion de M. N. Zaroudnoï, d'Orenbourg (Russie), un exem-
plaire (2).
Colleclion de M. Daniel U. Elliot, de New-York, un exemplaire (3).
Muséum of Northumberland, Durham and Newcastle-upon-Tyne,
dans la collection de M. John Handcock, nu exemplaire (4).
Collection de M. Reid, de Doncaster, un exemplaire (o).
Collection de M. Law, de Youghal, unexemplaire(6) ?
Nous signalerons encore deux exemplaires tués en janvier 1864
parM.Cirantly F. Rerkelysurla rivière AvonChristchurch (Hauts | (7),
et un autre spécimen rapporté de Palestine par M. Cauon Stristram,
de Durham (S).'
Musée national desEtats-Unis à Washington, trois exemplaires(9).
Collection réunie par M. Whitaker, esq., et vendue à Londres
le 22 mai 1890, plusieurs exemplaires (10).
Enfin, d'après M. de Rettner. il devrait se trouver dans le Cabinet
d'Histoire naturelle de Karlsruhe (Allemagne), un hybride de cette
sorte; d'après le même, un deuxième individu aurait été pris en 1857
à Kniebrigen (11). Mais M. le d^ A. Knop, directeur du .Musée, nous
écrit, que ces hybrides n'existent plus dans cette collection et
qu'on ignore ce qu'ils sont devenus; du reste, les hybrides dont il
est question dans les Beitnige :ur rhcinischen Nfitnrgesrluchti'[i2) ne
paraissent pas être de véritables hybrides sauvages (13).
Les deux exemplaires du Musée royal de Florence ont été tués :
le premier à Comacchio, le 22 janvier 1882, il porte le n° 1880 du
catalogue ornithologique, le second, (|ui parait plus jeune, n" 2251,
(1) Coinnmnication tic M. Lacroix.
(2) Communication de M. Zaroudnoï.
(3) Voy. Proceedings of tlie zool. sociely London, p. 437. 18n!).
(4) Communication de M. Jolm Handcock. Voy. aussi Magazine of Natural liistory
and Journal, vol. VIH, p. b09. London, 183o.
|5) Le mémo. Magazine, p. 107, I83G.
(G) Voy. The foivle.r iti Ireland, by sir Ualp. Payne-Gallway, p. 3o, Lond<ni. 188(î.
Sir Ralp, Payne-Gallway ne dit pas cependant que l'Oiseau ait été tué à l'état sauvage.
(7) Communication de M. Ed. Harl, de Cliristchurcli. Nous ignorons où sont con-
servés ces Oiseaux.
(8) D'après une communication de M. .Macpherson.
(9) Communication do M. R. Ridway. curateur du .Musée ornitlu>l(igii|nc de
Washington.
(10) Voy. le Catalogue de la rente. iNous les supposons tués à l'état sauvage.
(11) Communication de M. Scliutl, de Karlsruhe.
(12) Fribourg, p.ili, 1840.
(13) Voy. l'art, que nous n'avons pu consulter nous-nièmo et dont M. Slnii- a bien
voulu nous envoyer quelques extraits.
OISKAIX IIVIliilDKS IIKNCONTHÉS A l'kTAT SAUVAOK 119
a été liir à Niiples le 14 (iécenibre i884. Tous deux sont du sexe
ni;He.
I/exoin plaire du Musée zoologique de Milau ue porte poiut
d'iudication sur son état. Il paraît, nous écrit M. le professeur
Sordelli, avoir vécu eu liberté. Il a été tué à Biewe (Allemagne),
et provient de chez M. Otto Tunch. C'est un niàle; son père,
d'ai)rès l'étiiiuette originale, serait le honrhas. Ces renseignements
n'allirment pas d'une manière parfaite l'origine sauvage de cet
Oiseau.
Les exem]ilaires du Musée de la Faune Néerlandaise ont été tous
les trois ('a|)turés à l'état sauvage, ils sont adultes, deux sont du
sexe mâle, le troisième du sexe femelle.
l'n des exemplaires, apitartenaut à M. van Wickevoorl Crom-
meliii, de Harlem, fut pris le 18 janvier 1862 dans les environs de
lintterdani, un autre le 2() janvier ISOf), également en Hollande, et
le dernier en 1SG6 dans une des canardières de la Hollande se])ten-
trionale; ce sont trois mâles (1).
I/exemplaire faisant partie de la collection de M. le baron
l''d. de Selys-Longchamps a été pris, dit-on, à l'i'tat sauvage, c'est
MU iiiàli- adulte i2}.
I/exemplaire de M. Lacroix, de Toulouse, a été capturé sur les
marais de Orisolles (Tarn-et-Garo:ine), le 17 décembre 18(i8; il est
de sexe mâle (3).
L'exemplaire de .M. N. Zaroudnoï provient des environs d'Oren-
liourg (Russie), il est de sexe mâle.
L'exemplaire appartenant à M. Daniel G. Llliot, de New- York,
fut tué (ou prisi sur la cùle sud de Long Island (Etats-Unis d'Amé-
rique i. Cet Oiseau a été exposé à une réunion de la Société zoolo-
gique de Londres, le 22 novembre 1859. Sir Alfred Newton, qui
l'avait re(;n de M. Elliot. a contesté son origine supposée et ne
jjeiise point ([u'il descende de l'nnitn parce ([ue, dit-il, il n'a aucun
(1) V(iy. |ioiir les deux pivmiors : N'iMlerliincIscli Tijilsclirill vooi- do Dicikunde.
1. |(, 17.'), cl III. |). :iOl); pour le Iroisiouie, viiy. .Archives néerlandaises des sciences
c.xacles et iialurcUes de von Baumliuuer, II, I.a Haye, 1867, ouïe liulletia de la
Sociélé nalidnale d'Acclimatation, p. 784, 18(58.
(2) Voy. le Bulletin de l'Académie des science» de Belgique, .Wlll, i' |iiiilic,
n° 21, I83G.
(M) D'après snn Catalogue raisonné des Oiseaux observés dans les Pyrénées
franraises et les n'yions liiitilritpites, p. 244, Toulouse et Paris, 1873 et 187."), car
dans une lettre que M. Lacroix a bien voulu nous écrire le 9 mars 1888, l'Oiseau en
question aurait été capturé en ISoI! dans la banlieue de Toulouse, à lllagnac-sur-
liaronne, à i;t k. nord, sur le bord du llcuve. S'agitil de dcu.x individus '.'
120 A. SOCHETET
signe qui puisse le rapprocher de cette espèce. Néaumoins le
professeur de Cambridj^e ue paraît point avoir pu déterminer le
second progéniteur (1).
L'exemplaire de la collection de M. John Handcock, au Musée de
Northumberland, Durham and Newcastle-upsou-Tyne, tué près de
Newcastle-on-Tyue, lui fut oiïert par M. W. C. Trevelgan, c'est un
Oiseau adulte et du sexe raàle (2). D'après le Magazine of uatural
History (3), c'est en février 1835 que l'Oiseau fut abattu. Il fut alors
acheté et empaillé par M. Thomas Ellison, naturaliste, puis il passa
dans les mains de M. W. C. Trevelgan.
On pense, dit Samuel Morton (4), que l'exemplaire de la collection
de M. Reid, de Doncaster, a été produit à l'état sauvage; le Maga-
zine of natural History (5), qui a parlé le premier de ce fait, ne donne
cependant aucune indication. Il dit seulement (juil i)rovient du
Pintail (.1. acuta) et du connnon wild Duck (.1. bosrhas). Nous ne
savons ce(ju'est devenu cet Oiseau après la mort de M. Reid.
Nous n'avons pu savoir si lexemplaire qui se trouve dans la
collection de M. Law, de Yonghal, est un Oiseau sauvage. M. Payne-
Galhvay, qui le cite (6), se contente de dire que c'est le plus bel
hybride qu'il ait vu. Les trois exemplaires du Musée national des
Etats-Unis sont mâles et ont été tués à l'état sauvage, mais
M. R. Ridgway, curator department of birds, ne nous indique pas
la localité où ils ont été rencontrés.
Deux des hybrides de la collection Whitaker furent achetés sur
les marchés de Londres (7) ; l'origine des deux autres, catalogués
sous le u» 99, est contestée par le rév. Macpherson; il pense qu'ils
proviennent du Mallard (.1 . boschas) et du Wigeon (A . penelope). L'un
d'eux, dit-il, montre sur la partie inférieure du cou et sur la poitrine
les caractères propres au Wigeon.
Ainsi, sur trente hybrides de l'A . boschas et de VA . acuta que nous
venons d'énumérer, l'origine sauvage de dix-huit nous est seule-
ment l)ien attestée. On doit remarquer que sur un nombre aussi
étendu, il ne se rencontre que quelques sujets femelles.
(1) Voy. : 1» Tlie Proceedings o£ Ihe zoological sociely of Loiulon, page 437, 1839.
2» thc Proceedings, etc., p. 330, 1860, On soiiie hylirids ihicks, by Al. Newton.
(i) Comniunicalion de M. Jolin Handcock.
(3) P. bO'J, VIll, London, l.s3o.
(4) Hyhridity in animais. The anicrican journal of science and arls, .May 1S47.
(o) P. 107, IX, 183fi.
(0) The fowlerin Ireland, p. 36. London, 1886.
(7) Voy. : The Field, 31 mai 1890.
OISEAUX HVBUIDKS ItK.NCD.NTllKS A l.'iCTAr SALVAIlt \ 2\
Dksckii'tion
Uyliriilc tué ù Comncclun, du Mhîk'c de floirnce : « Boc cendré sur
les cùtùs l't noir au milieu; pictls jauuàlies, membranes noirâtres,
formes et teintes du plumage du (f D. acuta, mais la tôte a le vert
obscur tlu cT .1. Iinsrhds, la poitrine est teintée do châtain clair, li'
collier est l)lan(' et large de 1$ centimètres (1) ».
Ilijhildc titr à i\npli's, du Musée de Florence : plus jeune ([ue le
précédent et nntnlre davantagi^ les caractères de l'.l. hosclias, mais
il est de moindre taille. La tète est d'un lirun noirâtre sur un fond
[dus clair, il u'y a i»as de trace de collier Ijlauc ; la poitrine est
marron foncé ; le dos est comme la tête, le spéculum clair, bien
marqué dans le précédent, l'est peu dans celui-ci. Les sous-
caudales, qui sont noires dans le u" 188(1, sont blanches lavées de
marion. Le l)e(' et les pieds ont les proportions du l). acula (2). »
Hybride tué à Brème, Musée de Milan : « Le bec noir, un peu
allongé, rappelle assez celui de Vaeutu. Tète noiràti'e. à rellels verts.
lu collier blanc. Poitrine couleur de rouille en haut, d'un blanc
rougeàtre en bas. Cette dernière couleur est celle de l'abdomen et
des flancs, dont les plumes sont traversées par de très Unes lignes
brunes ondulées. Dos et couvertures supérieures (de la base) des
ailes blanc-cendré, traversés de même par de fines brunes. Rémiges
brun cendié, miroir vert métalli([ue, bordé en-dessus de brun
rougeàtre, l't dessous d'aile étant dans la position du repos) d'un
double bord, imir foncé cl blanc. Une partie des grandes couver-
tures des ailes est noire, de sorte (]ue, les ailes étant fermées, ou
voit deux longues taches noires, à reflets violacés; pennes exté-
rieures de la queue cendrées, bordées de blanc ; les deux moyennes
noir à reflets verts, plus longues, (;flilécs, et courbées en haut.
L'aspect général de l'oiseau paraît assez tenir le milieu entre les
deux espèces (3). »
Hybrides ^ du Musée d'Amsterdam, te premier : Tète brun-noirûtre
avec reflets métalliques, au cou une bande blanche, montant aux
deux côtés de la nuque; jabot brun-pourpré, poitrine et flancs du
corps avec des lignes transvi'rsales blanches et noir-brunàlre, les
parties supérieures de la nn^mc couleur, mais |)lus bi-uncs. Couver-
tures des ailes giis-luun, iiiiinir vert avec liaiidc brune coinnie
(1) Desrripliiiii (ailr sur naluii' [liii- M. lr|iicp(. Ilriii'i H. (iigliiili, l'I ciiii nous osl
adrcsséi- par ce dcriiit-r.
(i) Description (aile pour nous parle niènie.
(3) Descriplion taili' également pour nous pur M. prof. Sonlilli.
122 .V. Sl.CIlETliT
(•liez ïiinild, plmiiesdes épaules uoires et lilanches, celles en dehors
avec des taches noires. Couvertures de la queue roussàtres avec
marges hlauches et lignes transversales; celles du milieu noires et
recourbées, mais pas daus toute leur longueur. Sous-couvertures
de la queue brunes avec des marges blanches, croupion brun
noirâtre à marges plus claires. Bec noir au milieu, aux côtés bleu
grisâtre, yeux bruns, pattes roussàtres, palames plus foncées.
ieseconrf .' Tête brun noirâtre avec reflets métalliques, bande au
cou large et blanche, toutes les petites plumes avec des marges
bruu-})Ourpré montant aux deux côtés de la nuque dans une
jiointo, la nuque gris brunâtre. Jabot brun-pourpré, toutes les
plumes finissant en des marges brun-blanc. Partie antérieure de la
poitrine blanche, du milieu jusqu'au ventre, blanche, avec des
ligues transversales gris noir, ventre de la méuie couleur. Couver-
tures des ailes gris-brun avec des marges plus claires, miroir vert,
en avant avec bande brune comme chez .1. acutaet finissant en une
bande noire et blaiiclie; rémiges gris-noir; épaules grises. Plumes
de la queue, celles du milieu noir-grisâtre, un peu recourbées, les
autres gris-foncé avec marges blanchâtres. Sous-couvertures de la
queue noires à l'extérieur avec des marges lilanches ; celles de
dessus et le croupion sont gris noirâtre avec marges hrun-clair.
Bec, bleu foncé sur les côtés, le milieu noii-, yeux hruus, jiattes
roussàtres, iialaines plus foncées. »
Ufihridc Ç iJu Musée d' Amsterdam: « Bec gris bleu foncé, à la racine
deux taches irrégulières bleu-clair. Couvertures des ailes gris-bleu
foncé avec marges plus clairi's, miroir comme chez les précédents.
Dessus et couleur des plumes comme chez .1. Iiaschas, mais cette
dernière couleur plus claire, excepté aux flancs, dont le dessus
ressemble à celui de l'.l. aoita. Queue, forme coin de mire, les
plumes noir brunâtre avec marges brunes, claires et bandes trans-
versales. Pattes gris bleu roussâtre, palames plus foncées,yeux brun
foncé (1) ».
E.rfiiiiplaii'v (f pris dans les environs de Rotterdam, collection de
M. van Wickeroort Crommelin : « Il est presque aussi grand que le
Canard sauvage, et a le bec, les pieds et l'iris de cette espèce, la
tèfe et la partie supérieure du cou sont d'un vert foncé à reflets; au
bas du cou se trouve un collier blanc; dos et scapulaires comme
dans l'.4. boschas, plusieurs de ces derniers portent des zigzags
noirs très marqués, semblables à ceux du Canard Pilet ; croupion
(1) Ces trois ilernirros ili>sriiplioiis nous mit été gracieiisomonl envoyées par
iM. Wcsterman,
OISEAUX HYBniDICS ItENCOXTlîKS A I.KTAT SAUVACi; I2.'i
iKiir lu iiiiiUie à lellels veiis; coiivcrliires supérieures de la queue
liruu cfiidri' à l;iij;cs bordures |ilus claires, deux de ces dernières
sont alloufiées, ellilées et reeouriiées au Itoul et d'un noir à reûets ;
ailes pareilles à celles de l'.l. acuta, mais les rémiges brunes; les
parties inféiieures connue celles du Canard sauvage, mais le
niarrou du jabot nioius étendu et plus clair elles lianes rayés de
zigzags noirs et blancs, pareils à ceux du Canard Pilet, rectrices
semblables à celles de VA. huscluis, les deux du milieu son! briiues
et dépassent un peu les autres.
« Cet liybridi' ollre, quanta la construction de la trachée, les
mêmes signes caractéristiques que le mâle de l'I. aruld. Cet
(u-gane est dans iH)tre Oiseau de la même longueur ([ue dans le
Canard Filet. Les anneaux sont tous d'un égal diamètre et les
bronches sont disposées de la même manière^ la protubérance
osseuse présente la même fornu; que dans l'.l. acuta, mais olïre des
dimensions beaucoup plus grandes, et égale presque en grosseur
celle de l'.l. /;ow/*a.s'(l). »
E.rcinphiirc (f pris c« Hollande, collccUon île M. can Wickevoort-
Ciommelin : « Il se rapproche par la taille de r.lww hoschas, dont
il a aussi le bec et les pieds; ledessus de la tête.depuisle bec juscju'à
roccii)ut, est d'un brun |)lus foncé que chez le Canard Pilet; cette
eoiMeur ue descend pas au-dessous de l'teil, mais elle entoure le bec
et s'étend aussi sur la gorge, où cependant elle est [leu nuancée de
rellets verts. Les cCtlés de la tète et du cou sont d'un vert foncé à
rellels: ainsi {|ue chez le Canard sauvage; la nuque est noire, à
rellets verts, le collier blanc est très étroit et plus interrompu que
dans cette espèce, mais le blanc s'avance un peu vers le haut en
longeant la bande noire de la nu([ne; cependant cette ligne blanche
est loin d'être aussi prolongée que chez l'.l. acuta. Le haut du dos
et les scapulaires présentent en général la même coloration que
ceux de l'.l. boschas: ces parties sont cependant jilus nuancées
de gris cendré, et se rapprochent par ce caractère, ainsi que par les
raies en zigzag noir très prononcé, des niômesparties du Canard Pilet;
([uelcjucs-unes des scapidaires sont noires conunedans cettedernière
espèce, et l'on renuaipic comme <hez celle-ci une grande tache d'un
noir velouté formée par les plumes les plus rapprochées de l'aile; les
plus longues n'olTrent ]ioiid île noir ni de blanc, ainsi ((ue chez
l'.l. anila; elles ne sont non plus aussi réliécies et aussi allongées,
cependant elles sont plus étroites et plus longues (|ue celles du
(I) DescriplUiii liiitr par M. van W iikrvmnl Oniinimliii il |iiililiiT dans .Ni'iUt-
landsch Tijdsclirid vnoi' ilr Dit rknnili', I, |i IT.i.
■>A
A. SUCHKTKT
Ciinnrd sauvage, tlont elles diiïèreut par le manque rie brun marrou,
aiusi (lue par les raies en zigzag très prononcées, semblables à celles
que l'on observe aux parties supérieures du Pllet. Le bas du dos
est pareil à dclui du Canard ordinaire, ainsi que le croupion. Les
couvertures alaires ressemblent à celles de cette espèce; le miroir
égale en grandeur celui de l'.l . boschas, mais il est d'un beau vert
lustré sans nuance pourpre ni violette; il est surmonté d'une
liande rousse, et suivi d'une étroite raie noire et d'une bande
blanche; les rémiges primaires ne diffèrent point de celles du
Canard sauvage, le marron du jabot est [)lus foncé et plus étendu
que dans l'hybride de 1862, mais plus clair que chez le Canard
ordinaire type ; le reste des parties inférieures est nuancé comme
dans coltt^ espèce, cependant le milieu delà })oitrine est presque^
blanc, et les zigzags brun cendré sont moins distincts ; les flancs
présentent des raies en zigzag noires et cendrées semblables à
celles de VA. acutn, et plus foncées que chez la première
variété, dans laquelle elles ne se prolongent pas aussi loin en
arrière que chez notre présent individu. Les sous-caudales sont
noires comme ilaiis les deux espèces originelles, mais le triangle
qu'elles forment est plus étroit que dans le Canard sauvage, et
se rapproche ainsi tie celui du Pilet; les couvertures supé-
rieures de la f|ueue ne sont pas pointues comme dans cette
espèce ; elles sont noires, à bordures d'un cendré roussàtre. La
queue ressemble par la forme à celle de l'.l. dculu, et s'y rapproche
aussi par les couleiirs, cependant les bordures blanches sont plus
larges. Mais ce qui caractérise surtout cet oiseau et l'éloigné de
l'hybride décrit dans le premier volume, c'est que ce ne sont pas
les couvertures médianes du dessus de la queue qui sont recour-
bées ou bien allongées et eflilées comme dans ce dernier individu
ou chez l'.l. bosciwi type, mais ici les deux rectrices médianes se
rapprochent par la forme de celles du Pilet ; elles sont cependant
plus larges, moins eflilées et moins longues, et leur couleur est d'un
noir nuancé de cendré, enfin elles sont un peu relevées au bout. La
trachée de cet hybride ressemble par la plupart des caractères à
celle de VA. boschas; les anneaux ont le même diamètre que ceux
de celte espèce; la protubérance osseuse à la bifurcation de cet
organe présente la môme forme et la même dimension et les bron-
ches sont disposées de la même manière; mais cette trachée diffère
de celle du Canard sauvage par sou extrême longueur ; elle surpasse
même à cet égard celle du Canard Pilet et du jn-emier individu (1) ».
(I I l)csii'i|iliini fiiilc |i;ii- .\1. Viin \\ icki'VddilCroiiiini'liii ri |iiililii'i' il:ins .Ni'dei'-
laiiilsili TijilMlirifl Vf".r,lc liiriKiiiidc, 111. |i. :ill!l.
OISEAUX HYBHimcs HICNCONTHKS A I.'kTAT SAI VAiiK 15)
Hj/liridc cT liti' dans Ui Hollaivle sriilciilridiiiilc, rullrclinn ilc )/. nni
iViclicroorl-Crommflin : >■ lîessi'inble t'ii m'iu'ial, [lar les foniK's el.
les couleurs ilu |iUiiiiii;^e, nu second des iiidividusque nous veuous
de signaler ; il otire toutefois quelques niodilications dans les
teintes, d'ailleurs il porte encore des restes de la première livrée,
les i)lunies se voient surtout au cou, aux scapuhiires et aux lianes;
elli's sont pareilles à celles du jeune Pilet. Mais ce qui caractérise
surtout l'Oiseau, et le fait dilïérer des deux individus cités plus
haut, c'est (ju'il a le bec formé comme celui du Canard ordinaire,
coloré comme celui de IM. (irtita. et que les pieds (]ui, par la
structure, rappellent l'cux de I'.^. lidsrhas, out cepeudaut une teinlc
cciulrée uu peu mariée de jaunâtre. Ce Canard préseute, quant à la
confiiriiiali(Ui des diverses |iarlies i\('\;\ trachée, les mêmes sif^iies
(•aiaclérisliijues (|ue le Canard ordinaire ; les anneaux ont le même
diamètre, la protubérance osseuse ù la bifurcation decet organe, et
oITi-e la même forme et la même dimension, et les bronclies sont
disposées de la même manière (juc chez <'ette es|)ècc. Mais cette
liacliée n'égale même |)as en longueur celle de l'I. Ixixchas; c'est
donc encore par cette parliciilariti' ([ue l'Oiseau se distingue de
l'individu aui[uel on vient de le comparer, et ([ui se caractérise
surtout par la longueur excessive de cet organe (1) ».
Ililhnilc cf '/'' /'/ cdlhriiiiii (If M. Il' liariiii Ed. de Sidys-f.oni/rlKniips.
« Bec de forme intermi'diaire, ainsi cpuî la queu(% dont les deux
rectrices médianes sont un peu plus longues (|ue les autres et
recourliées eu haut. Plumage voisin de \'(inil(i par le dos, le ventre
elles ailes, mais le miroir |)!us grand, ]ilus brillant. Couleui' de la
tête comme le lioschas, mais moins verte, ayant au bas et en avant
du cou un (lemi-collier blanc ]ilus large, remontant eu s'amincis-
sant sui- les côtés vers la uu([ue, cou)me chez !'''((//(( ; haut de la
|)oitrine sous le cdllier lappelaut le huxrlnis pai' des ondes lniiii
roussàtre il). »
Ilyliride lue sur la (jaivinii', nillrrlion dr M. I.<n-riii.i-, de Toalausc.
« Tète et cou d'un gris de Souris, suivis d'un cullier blanc d'argent
étroit et eu forme de bague; haut de la poitrine (l'un roux marron
vif, grandes |>luun's des ailes d'un iilauc pur. ])etiles et moyennes
couvertures (l'un roux très-clair, miroir cdulcnr liias pâle, dessus
(I) Dcscriplion faite par M. vaii Wickevoort Crommelin ol publiée dans les
.\reliives «les sciences exaeU-s et iialuielles de vnii Haiinliaiier, II, p. 'i.'iO-'i.'il. 1S67.
puis dans le HiiUetin de la Société Nationale dWccliinalalioii, p. 781, ISCiS.
2) l)isci'i|ili(in faite |ai' .M. le liaion de Si'Iys-l.(inf,'elianips et pnlilié<' dans le
linlletin de l'Académie des sciences de Hcli;ii|iie. XXIll. ■>' |iai-lii-, ls;i(p.
12() A. SUCHETET
(lu dos presque eQacé, sous-cuudales violet gris-clair, qut'ue blauc
sale ; pieds rouge rose très pâle; bec gris, vineux. La forme géné-
rale est asez élancée, le cou est long et mince comme celui du
Canard Pilet (1). »
Hybride tué près de Neirnisllf-on-Tync, collection de M. John
Ilandculk : k La forme et la couleur sont plutôt celles de l'.l. ncula
([lie celles de IM. boschas. Par son bec et sa tèle il a plus de rapport
avec VA. acula qu'avec r.4. Iiosrhas.
» Tête et cou bruns, derrière du cou Ijrun et vert luisant, pres(iu('
tout à [ail comme le cou de VA. boschas. Il présente deux stries
blanches, une de chaque côté de la ligne médiane postérieure, qui
font voir le collier blanc s'éteudant presque jusque sur le derrière
delà tète. Dos comme celui de l'.i. hoschas, poitrine et abdomen,
couvertures et rémiges, sous-caudales noires, la partie blanche
autour de l'anus, sont comme chez l'.t. acutn. Les deux plumes de
la partie supérieure de la queue sont recourbées en haut, cependant
pas autant que chez l'A. bosclias (2). »
Nous ne pouvons donner la description de l'exemplaire ayant
appartenu i\ M. Reid, de Doncaster, le Magazine of natural History
n'ayant rien publié à ce sujet. Les renseignements donnés par Sir
Payne-Gallway sur l'exemplaire ajipartenant à AL Law, de Goughal,
sont très incomplets. Le rév. Macpherson, de Carlishe, ne nous a
non plus fourni d'indications sur l'hybride rajiporté de Palestine
par M. Carron Tristram, de Durham, hybrjde qui fut tué dans le
« Holy laud » par un habitant du pays (3). Quant aux deux sujets
dont a parlé M. de Rettner, nous avons vu qu'on ne savait ce qu'ils
étaient devenus. EnOn les deux exemplaires tués sur la rivière Avon,
Ghristchurch, par M. Grantly V. Berkeley, ayant été vendus,
M. Ed. Hart peut seulement se rappeler que le mâle avait la tèle
grise du bosrhas et le collier blanc, mais s'étendant derrière le cou
jusqu'à la tète; le reste du plumage ressemblait au boscluis, le cou
était plus long; certaines plumes de la queue ressemblaient comme
forme à Vacula. La femelle avait le cou plus loug que celui do la
femelle A. bosehas ainsi que les deux plumes centrales, elle ressem-
blait à cette dernière.
fl) Catalogue raisonné ile.t Oi.teau.v obsevfés dans les Pyre'nées françaises cl
les régions limitrophes. Toulouse et Paris, lS7:î-187;).
(2) Description faite pour nous par M. le D' Embleton, de Newcasllc
En parlant de cet Oiseau, le .Magazine o! natural history avait dit seulement ([ue
son plumage tenait du mâle de la première espèce (le Wild Duck) et de la femelle de
la seconde (le Pintal).
(3) Peut-être cet auteur diinuelil le signalement de cet Oiseau dans son ouvrage
de la faune de la Palestine.
OISEAUX IIVBRIDKS KENCONTRÉS A L'ÉTAT SAL'VACK I Ji"
A.NAS HOSCHAS el Ol'ERQLEUULA CUKUCA
Si l'on en cToit sir AHrt'd Newloii, l'AimsIiimanihild de Keysorling
et de Bkisius, l'.l/irt.v (jlocildus de Giiieliu (mais point celui de
Pallas), desceudeut du Canard sauvage (.1. bosclias Liuué) et de
la Sarcelle {Ijiifiqiii-dnlii nrrni, Stoph.i. Le professeur Newton est
arrivé à cette couclusiou, non seulenicnl à la suite (rohservalions
répétées sur des spécimens décrits par Vigors(l ). qui soni uiaiiite-
uant au Rritish Muséum, mais aussi parce ([u'il a vu |)lusieurs
oiseaux de celle sorte dans dilTéreutes collections (2). M. Tiiomes et
M. Bartlett (.'J) avaient déjà émis celte oi)iuion (i). L'avis du
professeur Newton est encore celui de M. van Wickevoort (Ironi-
nielin (3). Mais d'autres naturalistes ne partagent point cetle
manière de voir. M. de Selys-Longcliamps, entre antres, pense
que r.l. Iiliiiiicidald et l'.l. ijIhcHuks viennent du croisement de
IM. pcneliipr et l'.l. boschas. M. Cirantley F. Berkely i^st de cetle
opinion (6|, ainsi que le prince Bonaparte (7), Degland et Gerbe
disent f|ue la chose est probable (8), il n'y a même aucun doute
d'après M. .lolin llandcock ('.)).
Trois exemplaires décrits par MM. van Wickevoort Crommelin,
van Bemmclen et Scvertzow ne paraissent pas avoir été critiqués;
nous donnerons la description de ces Oiseaux, ainsi que celle de trois
autres que le Rev. .Macpberson, de Garlisle, nous aindiqués.
Ces six exemplaires, tués ou capturés récemment, sont tons du
sexe mâle.
Le premier capturé, en Hollande |)endant l'année 18(Ji, se trouve
dans la coliei'tion de M. van Wickevoort Crommelin, à Harlem ; le
deuxième, abattu près de Leyde, est conservé dans les galeries du
Muséum national des Pays-Bas; le troisième, tué en 1883 dans le
gouvernement de jîjiisan (llussie), a été entre les mains du feu pro-
(1) Linn. Traiis., XIV, p. 'X\'.).
iî) Voyez Oh (( hi/hriU Piick. l'roci'riJ. u(. \hr zpdI. Suricly of l.ciiuliiii, l.sCil.
Cl) C.ilé parNouliin. innp. oilc.
(4) The zoDlogisle.
|îi) .Vrcliives .XéerlanUaises des scieiicrs i'.\ailcs el iialiin'lle>;. nailein.
(6) Kield. n» du Ki mars 1861.
(1) Cilé par Olptic (îalliard, CoiUribiitioii.'! ii l<i l-'ituiie urinlhiilniiiiiue ilc l'Eu-
rope ocridenldlr, faseieulo IV. Anntiiine.
(8) Ontitliulogie européenne.
(9) « The Bimaculated Duck of lîewiek ami (iawell is a hyhrid Ix^lweeti the
Wigeoii and llie Teal n llistoiy transactions, Norlhuniberland, Dnrhani, elc. Vi,
p. 1*!.
128 A. StJCHETET
fesseur Severtzow, de Moscou; le ciuatrième, tu«j en Hollande deux
ans plus tard, appartient à M. .1. M. Plck de Nortli Haven (Angle-
terre), mais il est actuellement chez M. Hart, de Christcliurch. (|ui
l'a préparé. Celui-ci conserve dans son Mns('um le cinquième exem-
plaira qui fut tué dans les environs de Foole (Dorset) pendant le
mois de janvier 1861. Enfin le si.xième se trouve chez M. J. H. Guer-
uey de Keswick,Novwick, il a été acheté par M. Iloreau marché de
Devonport; cet Oiseau avait été tué dans le iJevonshire. Il a, nous
dit son propriétaire, la poitrine d'un Anas crccca. Les autres parties
de sou plumage ressemblent Ijcaucoup à VA. boschas ^.
Le Rév. Macpherson nous a bien indi(iué un autre exemplaire
trouvé par ses cousins, MM. Macpherson, dans une maison de ferme
du Sussex, mais ce Canard, qui était dans une caisse avec d'autres
Oiseaux, ne portait aucune indication de son lieu d'origine. L'aqua-
relle faite d'après nature par les cousins du Révérend, aquarelle
que celui-ci nous a obligeamment envoyée, ne nous a point paru
du reste prouver l'origine hybride de l'Oiseau.
L'exemplaire de M. Pike a été examiné lorsqu'il était encore en
chair, par MM. Macpherson et Hart; tous deux pensent qu'il
provient de VA. Boschas et de l'.l. orcca. Voici, du reste, les rensei-
gnements que M. Hart a bieu voulu nous envoyer sur ces deux
hybrides :
Exemplaire de M. Pirk : tète et cou vert somlire avec plumes de
couleur châtaigne sur chaque ciHé et au-dessus des yeux, avec des
plumes vertes, une bande sombre traverse la poitrine comme chez
VA. boschas, mais chaque plume a une tache sombre; les lianes
sont tachetés, le ventre brun; les spéculum de la couleur du crecca;
les jambes jaune ocre sombre.
Exemplaire de M. Hart : La couleur châtaigne des deux côtés de
la face est plus prononcée (jue chez l'exemplaire de M. Pick, le
spéculum est comme chez le crecca. En parlant de la couleur de la
poitrine et des plumes, M. Hart s'exprime ainsi : « It lias the che-
snunt band across the chest like boschas, and each feather spottcd
like crecca. »
Ces deux exemplaires paraissent donc se ressembler; ils ressem-
bleraient aussi à l'individu décrit par le professeur Severtzow.
Celui-ci, (|ui ne connaissait [loint les descriptions déjà faites de
l'hybride de- 1. crccca x bosch(Ci et même aucune citation de cet
hybride, est entré dans de nombreux détails sur la couleur et la
conformation de l'Oiseau, ([ui avait été tué dans legouvernement de
Rjiisan en avril 1883. Après avoir donné les descriptions de MM.
OISEAUX UYBIIIDKS UENCONinÉS A l/ÉTAT SAUVAGK 129
VMii Wickevooit Croinmelin et van Beninielen, nous reproduirons
eu jïraude |)artie la description du feu professeur.
fo Mâle adulte, caiitiiréle i.'i mars 1868 et adressé à M. Crominelin :
« Pour la taille, un peu inférieur au Canard ordinaire; bec; formé
comme celui-ci, mais un peu plus court, coloré de noir en dessus
et de vert foncé sur les ccMés, à lamelles plus apparentes ; les pieds
pareils à ceux de la môme espèce. Le dessus de la tête est d'un
roux de rouille pointillé d'une teinte plus foncée et un peu plus
claire autour de l'ceil ; au-dessous et derrière cet orjïanc existe
une hande d'un vert foncé à reflets, qui s'étend jusqu'à la nuque;
celle-ci est de môme couleur, ainsi qu'un large collier qui entoure
tout le bas du cou ; point de collier blanc. Les joues sont d'un roux
ferrugineux, plus foncé à la fiorfje ; cette couleur couvre toute l'éten-
due (j ni se trouve entre les deux bandes vertes; elle ne forme pas deux
faciles distinctes, comme c'est le cas dans les Canards célèbres, tués
en Angleterre ; il existe cependant une raie entrecoupée, formée de
ipielques plumes d'un vert foncé, et traversant la grande tache
rousse de haut en bas, réunissant ainsi la bande verte de l'œil au
collier du bas du cou. La poitrine est colorée comme chez VAnas
hoschils, mais d'une teinte plus claire et niari|uée de taches pareilles
à celles de l'Anas crcccd. mais moins distinctes. Les autres parties
inférieures semblables à celles du Canard ordinaire, mais les
raies en zigzags des tbmcs moins tines. Le dos, connue celui
de cette dernière espèce, mais marciué de zigzags comme chez
la petite Sarcelle, ((uoique plus fins. Le croupion et la queue
semblables aux mêmes ]iarties de VAniis hoi^rhiis ; cependant
aucune des couvertures supérieures n'est recourbée en haut et
les i\e\i\ i)ennes médianes sont pareilles à celles de VAnas crecca,
un peu allongées et pointues comme chez cette espèce. Les ailes et
les scapnlaires formées comme chez le Canard ordinaire; ces der-
nières ont cependant des raies en zigzags plus distinctes; couver-
tures supérieures d'un giis de plomb comme chez la petite Sarcelle ;
nue bande noire sui'montant le mii'oir, (pii est noir comme chez la
dernière espèce, le beau vert à reflets étant réduit à la partie supé-
rieure de (|uelques plumes, seulement un peu de roux, au-dessus
du miroir; une large bande blanche liorde le miroireu dessous ».(1)
2° Kxemplaire conservé au Musée national des Pays-Bas à Leyde;
description faite par .M. van Wickevoort Croinmelin et M. van Bem-
melen : « Les ailes, y compris le miroir, le dos et les autres parties
suiiérieui'es |iareils ù ceux du mâle de 1' I . Iio^chna ; le dessous de la
([ueue du niàle de la nn'me espèce, mais les couvertures mitoyennes
(1) Canards obsercés en lldlluniJr. .\rcliives néerlandaises, \>. XH el :ï!2.
130 A. SUCHETET
moins recourbées ;' le dessous île la queue comme chez la femelle de
l'A. crecca, cependant pas autant de taches; le jabot et le haut de
la poitrine d'un brun marron, ainsi que dans le Canard ordinaire,
mais varié de taches noires en croissants; le collier, le bas de la
poitrine, le ventre semblables à ceux du mâle de 1' 1. hoschas, ainsi
que les autres parties inférieures ; mais sur les flancs se trouvent
de grandes taches brunâtres, telles qu'on en remarque chez la
femelle de l'.l. crecca ; le dessus de la tète comme dans l'.l. hoschas
mâle, le vert à reflets plus pâles ; le reste de la tète et une
raie étroite aux deux côtés du front comme dans la femelle de l'.l.
crecca; la gorge et le devant du cou d'un brun rougeàtre clair;
le bec, mesurant 47°»™, est noir à la base ; les bords et une grande
tache sur le devant de la mandibule supérieure de couleur orange,
les pieds jaunâtres comme ceux de l'I. Iioschas; taille moyenne
entre celle des deux espèces citées, mais se rapprochant plus de
celle du Canard ordinaire (1).
3° Exemplaire du professeur Sevei'tzow. décrit ]iai' ce dernier (2):
« Mandibule supérieure gris bleuâtre ;.... mandibule inférieure,
presque noire ; la couleur jaunâtre du bec de l'.l. hoschas apparaît
cependant à travers le gris de la mandibule supérieure et se
montre autrement dans les lamelles des bordures... Les pieds sont
d'un jaune rougeàtre, comme chez .1. hoschas, les membranes
digitales sont cependant plus noirâtre foncé. Les plumes
du front sont brun noir, leurs extrémités sont en partie
jaune de rouille, en partie gris jaune blême. Les plumes du
sommet de la tête sont aussi brun noir, vers les sourcils, elles
chatoient en partie sur le vert, toutes larges à leur extrémité et
d'un rouge de rouille foncé ; pareillement la nu(jue, les tempes. La
moitié supérieure du cou, tout le collier (à la partie inférieure du
cou) sont d'un vert métallique foncé. La tête et les côtés du cou
sont rouge de rouille comme chez .1. crecca; la gorge noirâtre et
brun châtain, les plumes sont finement bordées de rouille blan-
châtre Dans leur ensemble les couleurs de la tête et du cou
sont exactement intermédiaires entre les deux races d'origine.
La partie antérieure du dos, près du cou, d'un brun noirâtre peu
accentué, avec des ondulations en travers d'un brun jaune pâle;
en avançant vers le milieu du dos, ces ondulations s'eflacent peu à
peu et la teinte des plumes devient uniforme tout en conservant
de faibles traces de ces ondulations qui deviennent alors plus
(1) Tijdschrifl vooi- de Dierkinide, II.
(2) Bulletin de la Société des Naturalistes de Moscou.
OISEAUX HYBniDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAfilC 131
ihiiit's et bordées de brun mate et de gris jaunâtre peu accentué.
Les plumes dès épaules sont en jjénéral marquées de fines raies
ondulant en travers qui forment îles zigzai;s variant du brun noirâtre
au jaune rouille, excepté les plus intérieures vers le dos (jui sont
brun mat, et les dernières et les |)lus longues (|ni sont fjris-brnn
<-lair ; toutes ces plumes de couleur unil'ormc son! forlemcnl lior-
dées de jrris jaunâtre. Le derrière du dos est assez foncé, cependant
de couleur niatto brun-noir, s'assombrissant pmi à peu sur le crou-
pion et [)réseiitant la teinte noir velouté des couvertures supé-
rieures de la (jueue Les couvertures des ailes sont gris-cendré,
assez clair, tirant un peu sur le brim; les petites couvertures de
derrién^ sont de couleur uniforme, celles du devant sont l)ordées
l)lus clair, mais couvertes aussi faiblement de rouge de rouille,
celles du milieu ont des bordures noir de velours, quelques-unes de
devant ont des bordures brun-cliâtain ; les grandes pareillement
bordées de noir de velours, mais iieaucoup plus larges, se rétrécissant
sur celles de devant et se cbangeaut en brun gris; on aperçoit en
avant de l'extrémité foncée, une bande transversale assez large, de
couleur gris blanchâtre, mais u\i peu masquée: cette bande manque
aux grandes couvertures de derrière. Les ([uatre pennes tertiaires
de l'aile sont allongées et pointues, la plus longue a quatre centi-
mètres, elle est à peine de trois centimèlres plus courte que
les plus longues pennes primaires; toutes les quatre sont gris brun
I)âlc, bordées de gris jaunâtre très clair ; les secondaires diminuent
dans leur longueur, les deux dernières sont encore elTilées, elles
sont d'un gris cendré tin avec larges bordures noir velouté; vers
l'intérieur cette couleur se change peu à peu en gris. Les six
pennes du milieu sont d'un magiiili(|ue vert d'émeraude, se termi-
nant au tiers jiar du noir de velours; toutes ont leurs barbes inté-
rieures gris foncé, tirant un pini sur le brunâtre. Cette couleur des
pennes secondaires, s'accordani avec les extrémités noires des
grandes couvertures, forme de tous côtés un niiroii' bordé de noir
de velours dont la couleur est entièrement vert métallique, bril-
lant aussi bien dans l'ombre que dans la lumière, comun' cela
arrive chez le créera: mais lors([u'on place l'Oiseau dans une
lumière passagère, cette couleur verte se change en un violet métal-
li(]ue comme chezl'.l. hoschas; sans lumière le miroir se montre
en partie vert, en partie violet. Quant aux pennes primaires, elles
sont, comme chez presque tous les Canards, gris d'oie bordées de
gris |ilus clair. En ce qui concerne les rectrices, les (]uatre
nu'dianes sont gris d'oie, avec bordures gris jaunâtre ; les autres
132 A. SUCHETKT
gris chtir, bordées laryeiiienl de Ijlanc jaiiuàtre. Près du corps, les
couvertures inférieures des ailes sont blanches, à leur base elles
sont gris brun clair Les plumes du jabot sont pour la plu-
part d'un rouge de rouille, toutes sont bordées assez largement en
travers de brun noir.... Sur la partie antérieure du lliorax, prèsdu
jabot, toutes les plumes portent des taches ovales ou demi-rondes
de couleur foncée et des bordures entières n'ayant d'interruption
iiu'à la naissance des plumes. La couleur du fond est ici pâle
rouille jaunâtre, le dessin est mat brun noirâtre, puis la couleur
du fond, aussi bien que le dessin, deviennent peu à peu coname
ceu.x de la partie postérieui'e de la poitrine, où la liorduie foncée
est remplacée ])ar des ondulations plus fortes vers le devant et plus
fines vers le ventre, et où la couleur claire se change en lilanr
Les plumes du ventre sont, à mi-partie de la racine, d'un blanc pur :
l'autre moitié, qui se dirige vers l'extrémité, est [dus grisâtre et
ondulée transversalement d'un gris foncé fin et bordée largement de
blanc. . .Les couvertures inférieures de la ijueue entièrement noires
de velours comme les su])érieures. Sur toutes les parties du corps
une couleur assez intermédiaire entre les deux espèces mères. Les
bandes transversales du jaliot, étrangères à ces dernières et changées
par l'influence de l'I . boacluts, se rapprochent aisément des marques
typiques du jabot de VA. crecca. Les nombreuses petites plumes
variées (brun blanchâtre avec taches noirâtres) du devant de la tète
qui entourent la racine du bec, et les quelques plumes des couver-
tures supérieures de la ([ueue qui sont bordées de couleur claire,
indiquent que cet hybride a revêtu l'habit de noces.
Le professeur Severtzow fait savoir que l'Oiseau, dont on vient de
donner la description en grande partie, fut acheté peu de temps
après sa mort, sur le marché à gibier de Moscou, le lo (27) avril,
par un habile préparateur qui prit soin d'examiner les testicules ;
il les trouva aussi bien conformés et aussi forts que le sont ceux de
r.t. boschiis à l'époque du printemps. Le professeur pense que ce
développement complet des parties génitales prouve i|ue cet hybride
était capable de se reproduire et (|ue déjà il avait dû s'accouider?
Nous croyons qu'il n'eu est rien. Nous avons examiné, avec M. le
B^ Camille Dareste, des testicules d'hybrides de Colombiilés. Ces
testicules étaient parfaitement normaux, les hybrides n'avaient
jamais pu cependant se reproduire, même avec les femelles des
deux espèces pures auxquelles ils devaient leur naissance. Ajoutons
que les testicules d'un des deux hybrides contenaient des sperma-
tozoïdes entiers et sdns liéjhvination.
OISEAUX IIVIllUI)i;S IIKNCONTRKS A LÉTAT SAUVAGE 133
M. Severtzow lit riicquisitiini de lliyliriili' .1. rrccnt x l- /'"•'>■''/'«■'''
sculcinciit au mois de iiiiii, alors (|uc l'Oiseau était di'jà mis en jieau;
lieureusenicut sa longueur et sa largeur avaient été mesurées lors-
(|u'il était encore en chair. Ces mesures cii i)ouces anglais sont les
suivantes ; « Longueur totale (pointe du hec jusqu'à l'extrémité de
la (|U('ue) 23' 2 = Ij'.h"^ ; ailes, mesurées de la courbure à la pointe
11" G = 29<^'n,;j, largeur 38" = Qô^^/t; queue 4' îi; tarse, 1" 8 ;
(ioiiit médian, i"; sommet du hec, 2." 1.
Le professeur pense que ces mesures peuvent indiquer le sens
de deux facteurs, soit .1. rmnt cT et .1. Iioschas Ç, parce que,
ajoute-t-il, l'ceuf de l'A. hdxchns $ est seul capable de jtroduire
nu hybride aussi grand, l'ieuf de l'.l. crccca, i)eaucoup plus petit.
ne saurait le faire.
Cette opinion ne nous paraît pas jnsti(ié(>. Ne voyons-nous pas
tous les jours des animaux $ de petite taille donner le jour à des
produits de grande taille ?
Sans antres indications ([ue celles dévelopj)ées par le feu profes-
seur, le sens des deux facteurs dans cette production hybride ne
nous paraît jioint pouvoir être déterminé.
.M. van Wickevoorl Ciominelin nous fait remar([uer f|ue si l'on
com|)are la description donnée par le professeur Severtzow avec
celle faite par lui de l'hybride qu'il possède et qui paraît provenir
des mêmes espèces, on s'aperçoit (|ue les deux spécimens difTérent
l'un de l'autre, tout en présentant des ressemblances entre eux.
Kn effet la coloration de la tète, du cou, du dos, de la queue, des
ailes et des parties inférieures se ressemblent beaucoup dans les
tieux individus ; cependant le miroir du sjiécimen de M. van
Wichevoort Grommidin est bordé en dessous d'une bande blanche
qui manque chez celui de M. Severtzow, et les raies blanches
jiropres au mâle de 1' I. necca, et ([ui se trouvent également aux
c(Més du cou de l'hybride de M. Severtzow, mantjuent totalement chez
celui lie M. Crommelin, cet exemplairi^ a le bec et les pieds jnesque
pareils à ceux de l'.l. boscluts, taudis que ces mêmes parties de
l'Oiseau de M. Severtzow ressemblent surtout à celles de l'.l. crccca.
Dans ses Addilions â la liccapilulalioir des Itijbiidca observés chez
les Anatidés (l), M. de Selys Longchamps avait mentionné au titre
Anus biischas x A nas crccca, un sujet également de sexe mâle,
conservé au Muséum de Paris. 11 en avait donné la description,
sans indiquer si cet individu avait été tué à l'état sauvage.
Il nous est impossible d'indiquer sa provenance, car, nous écrit
(\) lUillcliii ili' l'AiMiliiiiie des Sciences de nnixcllcs, XXIII. 2* partie. \><'Mt.
134 A. SUCHETET
M. Oiistalet, « cet liybiide a clù être réformé, il y a plus de viugt-
cinq ans, avant que M. Milue-Edwards ait fait dresser le catalogue
rnétjiodique de la galerie, ou bien il a été signalé par erreur par
M. de Selys-Longclianips, car il n'en existe aucune mention sur
les registres du Muséum ».
'^S'
Anas boschas et Chaulelasmus streperus (Il
Nous avons lu dans une brochure écrite jiar M. le comte Arrigoni
degli Oddi qu'il existait dans la collection du comte Niuni à Venise
un liybride d'An((s hoschas et de Chaulelasmus streperus. M. Oddi
remarque que c'est un très bel Oiseau qui fut tué dans l'estuaire de
Venise au mois de mai (2).
Dafila acuta et Querquedula crecca.
Deux individus cf et $ que l'on suppose provenir de ce croise-
ment sont conservés dans la collection de M. van Wickevoort Crom-
nielin à Harlem; un troisième du sexe Ç se voit dans la collection
de M. le comte degli Oddi à Padoue (â).
C'est M. A. A. van Bemmelen, directeur du Jardin zoologique de
Rotterdam, qui fit don à M. Crommelin du premier individu. Cet
Oiseau, ajjrès avoir été pris vivant dans une cauardière en Hollande,
le 25 février 1868, vécut pendant près de trois ans dans l'établisse-
ment zoologique de Rotterdam et mourut le 26 décembre 1870 (3).
M. A. A. van Bemmelen l'inscrivit tout d'abord dans son premier
Annuaire (4) comme hybride d'.l. acuta et de Querquedula eircia,
erreur, paraît-il, qui fut corrigée dans le second volume (5) où on
lui altriliue l'origine ,1. arut((XQuer(juedula crecca. Cette manière de
voir a jmru à M. van Wickevoort Crommelin la plus rationnelle
puisque ce sont, dit-il, les deux espèces auxquelles l'Oiseau semble
le plusse rapprocher; on ne saurait cependant, ajoute-il, l'iden-
tifier à aucune des deux, ni le rapporter à aucune autre espèce
connue.
(1) Autres noms : Cluiiilioilus sirepera, Querquedula slreperu, Klinorliynclius
slreiieru.
(2) Nota aopra uno ibrido artificialc, p. O. Rovigo, 1885.
(3) Voyez pour ces renseij^ncments et les suivants : J. P. van Wickevoort-Crom-
melin, Note sur quelques Canards oliservés en Bollande. .\rcbives néerlandaises,
p. 134 et 13:;, 1872.
(4) Jaarb. Uott. Dierg., I, p. l.'io,
(5) Jaarb. Roll. Dierg., 11, p. 97.
OISEAUX HYBRIDES HENCONTIlÉS A I.'kTAT SAUVAnE ^^")
« Ce (^aiiiird est pour la taille, les formes générales, le bec et les
])ie(ls, iiiterméiliaire entre le Pilel et la petite Sarcelle; cependant
il se ra])pr()clie plus de cette dernière. Le dessus de la tête est brun
foncé, varié de petites taches noires connue chez l'.l/u/.s- acutd ; les
côtés de la tête, les joues, la nuque et le cou sont colorés comme
chez r.l«((s créera; toutefois il n'existe pas de raies blanches lon-
geant la bande verte ; le rouj^e des joues est d'une teinte plus claire
et traversée ]iar une raie noirâtre. La poitrine est pareille à celle
de la petite Sarcelle, mais les taches sont moins nombreuses et
moins apparentes. Les lianes ressemblent à ceux du Pilet, cepen-
dant les zigzags sont moins lins. Les sous-caudales et les rectrices
sont pareilles à celles de cette dernière espèce, néanmoins les deux
pennes médianes seiisiblemcnl pins courtes; les couvertures du
dessus de la (pieue sont nuancées comme chez le Pilet, mais elles
<mt des bordures claires comme celles de la petite Sarcelle. Le dos
et le croiipiou sont pareils à ceux de 1' I/kî.s- (icida. les plus longues
scapulaires sont formées comme chez cette espèce, mais colorées de
gris-brun bordé d'une nuance plus claire. Les ailes, y compris le
miroir, ressenddent à celle de VAnas ererra, mais la bande blanche
en-dessous de cette dernière partie est aussi large que chez ri«(/.v
ucnlii II). »
La femelle (|ni a été tuée le 2 octobre 1888, et (pie M. van Wicke-
voort Crommelin considère également comme provenant de
r.t. acutn et de VA. crecca, a été décrite par lui dans une lettre
adressée à M. Paul Leverkùhn. M. Crommelin a bien voulu nous
envoyer une copie de cette description : « En ce (pii concerne le
plumage et les couleurs, la longueur du cou, ainsi que la forme de
la queue et du bec, elle ressemble presque entièrement à la femelle
de Va. (tenta, cependant elle est d'un tiers |)lus petite; les ailes sont
plus courtes que celles de l'hybride mâle provenant de l'.l. cicula
et de l'.l. ereeca décrit dans les Archives néerlandaises (2), mais
]dns longues que celles de l'.l. crecca ; on peut dire la même chose
de la longueur du bec, qui, pour la forme et la couleur, ressemble
à cidui de l'.l. «(■»(« ; tandis (jue le bec du mâle déjà décrit se
rapproche davantage de celui de l'.l. crecca. La coloration du
dessous de la tête se rapproche beaucoup de celle de la môme
partie de l'.l. crecca, tandis que le miroir est en tout semblable à
celui de l'.l. acala. Il est surtout intéressant de remarquer que les
pieds et les doigts qui, quant à la couleur, ressemblent à ceux de
(1) VII, p. 134.
(2) Archives néerlandaises, VII, p. 131 et VMi, 1872.
136 A. SUCHETET
r I. acutii, sont pareils, ([uant à la forme, à ceux de l' l. creccu el
((u'ils n'excèdent certainement pas en longueur ceux de cette der-
nière espèce. »
Voici maintenant la description de l'exemplaire appartenant à
M. le comte degli Oddi :
« Le sujet en question est une femelle de l'année ; dans les
scapulaires on y voit des traits couleur Isabelle, les parties infé-
rieures sont couvertes de taches. La couleur du fond tire sur le rouge,
(^lle est plus apparente sur la tète, sur la gorge, et elle s'efface sur le
ventre, les côtés et les autres endroits La physionomie, en
raison peut-être de la lougueur du bec, est plutôt celle du Dafila
«cd/rt que celle de la Qucrquedula rrrcca. Les plumes du dos sont
d'un brun noir, traversées par trois stries d'un Isabelle clair, il
en est de même des scapulaires, ici cependant l'isabelle s'accuse
plus nettement. Sur le dos et la croupe les stries transversales
vont en se rétrécissant. Les grandes plumes de la queue sont pres-
que de la même couleur que celles de la Querquedula crecca. Les
ailes sont brunes, les grandes couvertures largement bordées de
couleur noisette claire. Les rémiges secondaires d'un vert émeraude
comme celles de Q. creccu, celles qui touchent les premières sont de
couleur noisette claire à leur extrémité, et celles qui se trouvent le
plus près de. celles du corps sont blanches, plus ou moins teintées de
noisette. Cet Oiseau fut tué en janvier 1888, dans la vallée de Salsa
Morosina (Padoue), par M. Bernardo Date. L'Oiseau présente les
particularités suivantes : Bec brunâtre, iris marron, tête et cou d'un
blanc rougeâtre fou roussàtre), piqué de taches foncées plus larges et
plus rapprochées sur, la partie supérieure et le derrière de la tète,
moins accusées sur les côtés, et à peine apparentes sur la gorge ; le
dessus du corps brun, presque noir, avec deux ou trois stries trans-
versales de couleur Isabelle claire ou blanchâtre, plus dessinées sur le
dos que sur la croupe. Les couvertures supérieures de la queue noires,
blanches sur les bords, et au centre, où l'on remarque une petite
tache triangulaire. La poitrine d'un lilanc rougeâtre avec de grandes
taches d'un brun noir au centre des plumes, taches qui se rappe-
tisseut graduellement en se rapprochant du ventre, où elles sont
très épaisses sur un fond blanc sale. Le dessous de la queue légè-
rement rougeâtre avec de grandes taches presque noires. Les
couvertures des ailes brun-ceudré. Les grandes secondaires ont à
la base quelques petites taches blanches et le bout orné d'une large
bande fauve clair tiiant sur le noisette. Les rémiges secondaires
sont à l'extrémité d'un blanc fauve pour les plumes extérieures,
OISEAUX IIYBlUniCS RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAOK 137
d'iiu bliiiic li-yèrciiieiil teinté de fauve pour celles qui suul itrès
(lu corps, noires sur les barbes extérieures de la 1" 2«, 3«, 4% les
suivantes d'un vert doré ; le miroir, coinposé par le vert et le
ru)ir, forme île louj^ues bandes sn|)eri)Osées séparées sni- le devant,
auprès des rémiges primaires, par une couleur noisette claire, puis
(le ])lanc légèrenn'iit fanvc, etenlin par une bande fauve clair tirant
sur le uoisette. Les rémiges brunes, jilus claires sur le bord exté-
rieur, les grandes plumes de la queue brunes, blancbes sur les
bords. Les pattes bleuâtres, les ongles couleur de corne (I). »
Anas boschas et Anas obscura.
L'hybride de ces deux espèces est mentionné par Morton.
M. William Gamliel aurait vu un produit clicz M. J.-G. Bell, de New-
Vork ; ce spécimen, dont h' sexe n'est pas déclaré, a été tué dans
les environs de cette ville.
M. J. IL Seais, assistant an .Muséum de IWcadémie des sciences
(le Salem (2), nous fait connaître deux Oiseaux de plumage sem-
blable conservés dans cette coUection; ces Oiseaux furent capturés
dans une bande d' Idrti ohsrnra. On crut tout d'abord avoir alîaire
à des Oiseaux albinos; mais, de leur petite taille et de leur ressem-
blance générale à l'Anas boscims, M. J. H. Seais conclut (pi'ils vien-
nent de l'A. nlisciira et de l'.l . Iioschm.
Des renseignements c[ui nous sont parvenus d'autres c()tés, nous
font croire que le croisement de ces deux espèces n'est pas absolu-
nu'ut rare daus l'Amérique du Nord. Ainsi M. J. F. Whileaves, du
(ieologicdl Survey Departnieut, nous écrit d'Ottawa, qu'il eu a
enicudu parler; M. H. Hidway, curateur du Musée ornitliologiiinc
de Washington, nous fait aussi savoir que |)lusieurs exemplaires
sauvages sont conservés dans cette collection. En 1888, un habile
chasseur, .M. Andrew Chichester, envoyait d'Amityrille, Sulfolk
(^0., à M. William iJutcher, un très beau spécimeu tué dans une
bande de cinq canards. Enfin M. Meanly Hardy, de Brewer (Etats-
Unis), nous écrit qu'il a eu entre les mains deux hybrides prove-
nant du Black duck (3) cl du Mallard (4).
{\) Esli'iitlo (li'gli Alti délia Sociela venelo trenlina di Scienze .\alurali, XI,
fiiscU'iilo II.
(2) l'calioily AcailiMiiy of Scifia-c, Salem. M.iss., U. S. A.
(H) Ànas ohscurii.
(t) Aiiii.'i bdjchas Cc;u'nilaiil M. Hivwcr ne n (Us in,li(|iic pis la provcicinoi- ilc
ci'S oiseaux, cl coiiiinc il nous l.ilt coniiailiv li- sens des deux laili'urs, .1. iih.icitni
■"X-l- bin'tian ^. |)ii;ii' le |nv.n oi-, l'I .1. honcltis çj^ X .1. oltscui'it pour li; si-i'ond,
nous pouvons suppos(.Ti|ut' c(;sdfu.\ hybrides sont nés en capUviti;'.'
;j
l.'{8 A. SUCHETET
M. ^\"illiHm Ihitclier a douué daus le journal oruithologique
américain « The Auk » (1), quelques renseignements dus à M. F. M.
Cliampmaii sur l'Oiseau (|iii lui avait été envoyé par M. Andrew
Chichester (2).
« Cet hybride mâle, dit M. F. M. Chapman, présente dans tout
son ensemble les caractères mixtes des deux parents ; le dessus de
la tôte, le derrière du cou et la nuque (3) sont comme cliez le
boachan ; les côtés de la tète, la gorge et le cou ressemljlent davan-
tage à ceux de Vohscura, mais il existe comme un lavage de vert
sur la tète, le menton est noirâtre. Les couvertures les plus
petites, les médianes et les tertiaires sont semblables à celles du
boschas, taudis que le spéculum est comme chez Vohscum, avec le
bord terminal plus blanc ([ue dans le boschns. Les couvertures
supérieures el celles de dessous ressemblent à celles du hoschas,
la queue diflère très peu de celle de Vobscura. L'abdomen se
rapproche de Vobscura, mais la couleur châtaigne est répandue
sur toute la poitrine. »
On sait que l'hybride de l'J. boschas X .1. nbscura a été décrit
comme une espèce distincte sous le nom de Brewer'S duck (Anas
Breireri).
An.'VS boschas et Anas pexelope
A l'article 1. hoschas x -t- creccd nous avons eu l'occasion de
faire remarquer la divergence d'opinion qui existe au sujet de
plusieurs hybrides que divers ornithologistes supposent provenir
de ces deux espèces, taudis (lue d'autres les regardent comme
\n-oamispav A. penclope x A.crccca.
M. Westerman, dont nous avons eu l'occasion de parler déjà
plusieurs fois, nous signale un Oiseau (f conservé dans le Musée
d'Amsterdam, provenant du croisement de r.lH((.s boschas et de
l'Anas penelope. Cet individu, capturé à l'état sauvage, a le front et
le sommet de la tète bruns, avec des petites marges claires, les
joues et le cou jaune d'ocre avec des petites taches noires et reflets
métalliques ; les oreilles, l'occiput et le long du cou sont d'un vert
métallique, la gorge est noire; entre les yeux et le bec supérieur
aux deux côtés une petite tache jaune blanchâtre. Jabot brun pour-
pâtre. Poitrine blanche, ventre avec petites bandes transversales
grisâtres. Parties supérieures et lianes du corps avec bandes trans-
(1) The Auk, VI, n» â, p. 133 el 13i, avril IS82.
(2) Un cxli'ail ili; cet article nous a été gracieusement coninriniiiiié par M. Liuliiier.
(3) « Tlie troat liind-neck and nape »
OISEAUX HYBRIDES IlENCONTRÉS A l'kTAT SAUVACK 139
viTsales gris blaiicluUrc. (^ouveiiiires des iiilus gris blaiicliAlic,
pi'tiU's rémiges extérieures grises, miroir vert, grandes rémiges gris-
noir, l^lurnos di' la ([uciK^ brnn-grisàtre ù miirg(!s Idanclics, celiiis
(In milien pointues el un peu recourbées ; couvertures de la queue
noires à marges claires. Croupion gris noirâtre avec petites ligues
transversales blanches, l'atles roussàtres, palames gris noirâtre.
Yeux bruns, Ix.'c, l)leu grisâtre à pointe plus foncée (1).
M. Ed. Hart, de Christchurch, veut bien également nous faire
connaître un autre individu, de même origine, tué par Lord Chas
Lennot sur le marais Douglas Laniark (Kcosse), le 9 décembre 1870.
Ce spécimen lut envoyé à M. Ed. llart par Lord Home, alin d'en
faire l'examen. C'est indubilablemeul nue femelle, nous écrit
M. Hart, ressemblant |)lns à la femelle liosrliit.'< (ju'â la femelle
peneloite, mais le spéculum et la tête sont comme chez cette
deruiérc espèce el les pieds sont gris rougeâtre.
.V la vente d'Oiseaux (jui eut lieu le 2:2 mai 1890, au Covent
Garden de Londres, on exposa deux hybrides entre le penelope
et le boschds. Ils étaient inscrits sous les numéros 129 et 131 du
Catalogue. Le Rév. Macpherson a donné sur eux quelques
renseignements (2). Les Oiseaux étaient en mue lorsqu'ils furent
empaillés, aussi on ne peut préciser quelle aurait été la couleur
déllnitive de leuiplnmage.Leurdos elles couvertures des ailes révé-
laient le\\'igeond'une manière sensible, mais ils avaientla grandeur
et la tournure du Mallard (A. hoscluts).
Nous avons vu à l'article .1. boschns x 1- ocula que le Hév.
Macplierson croit f[u'nne semblable origiue doit être attribuée à un
autre coiq)le désigné sur le catalogue comme l'intails hybrides.
Nouspensons ([u'il s'agit bien ici d'oiseaux sauvages, M. Withaker,
esq., nous ayant fait savoir que tous les Oiseaux hybrides de la
collection qu'il mettait en vente avaient été obtenus à l'état sau-
vage. Nous n'oserions cependant rieu alïirmer sur ce point.
Spatula clypeata (3) et Dafïta aclta?
M. le baron Ed. de Selys-Longchamps a donné (4j la description
d'un Oiseau cf acheté par lui dans une collection à Enis, et pré-
sentant des caractères propres au clypealu et à Vaciita. Mais c'est
(I) Nous pensons (|ue la descripUon qui vk'iil clrlic cloiini-i' [y.ii- M. Kollrr, ihuis
le Joni-nnl ilo Zooln^io, si- iii|i|ii)i'li' A let liybiiilc.
(2l l'ii'ld, :tl mai IS'.M.
Cî) Anlirs noms : Anus dijpeala. Anus ruhcnf, HlnjnclKixpis ctypeala.
(i) Bullflin de r.Vcadéiiiii.' des sciences de Belgiipie, X.MIl, n" 7, IKliG.
140 A. SUCHETET
;ivec beaucoup de doute qu'il a présenté cet Oiseau comme uu
liybride. Il se foudo, dit-il, « sur la circonstance (jue, dans la
collcclion où il l'a acquis, il était indiqué comme tué en Alle-
magne ; sur la forme intermédiaire du bec, même poui' les lamelles,
et sur le système de coloration, oii la tète, la queue et les pieds
rappellent si bien le cii/peata, alors que les ailes, le ventre et les
lianes sont presque comme chez Vdcula. » Il se fonde encore « sur
le motif qu'il n'a vu cet Oiseau dans aucun Musée, bien qu'un
ornithologiste illustre pense que c'est une espèce connue sans
toutefois pouvoir se souvenir du nom. »
La description qu'il en a donnée est la suivante : « Bec dans le
genre du rhipcdld, mais moins large. Tète de même, mais le dessus
entre les yeux sans rellet vert; les joues, la gorge et les eûtes du
cou blancs, un peu pointillés de noir; région des oreilles et
nuque vert foncé ; bas du cou et poitrine marron vermiculé
de noir; ventre et lianes comme l'ucutd, ainsi que les ailes; les
scapulaires moins allongées en pointe, ne formant pas à leur base
la grande tache noire de Vdcuta; dos,, queue et croupion comme le
Clypcdld, ]iieds jaunâtres.
Depuis la savante communication de M. le baron Ed. de Selys-
Longchamps à l'Académie des Sciences de Bruxelles, nous avons
a|)pris que la riche collection ornithologi(iue de M. van Wiclcevoort
Crommelin, à Harlem, renfermait un spécimen cf, pi"is à l'état
sauvage et que M. Crommelin attribue au même croisement. Cet
oiseau ressemble sous Ijeaucoup de rapports à l'hybride décrit par
M. de Selys-Lougchamps. M. Paul Leverkuhn doit prochainement
donner le signalement de cet Oiseau.
Dafila acuta et Anas streperea
AI. van Wickevoort Crommelin a le premier décrit l'hybride de
ces deux espèces (1). Uu seul exemplaire mâle paraît du reste être
connu. Cet Oiseau tut pris dans les canardières de la Hollande et
fait aujourd'hui partie de la collection ornithologiquede M. Browu,
l)asteur à Rotterdam. Ce sujet olïre des particularités qui ont
autorisé M. van Wickevoort Crommelin à le considérer comme
provenant de l'union de r.4. acuta et de l'.l . streperea.
Voici la description de cet Oiseau : « Taille, formes générales,
ainsi que le bec et les pieds, comme chez 1' I /(((•; acnld; coloration
(1) Archives néerlandaises des Sciences e.xacles et uatui-elles, II, p. 431 et 4o2,
1807.
OISEAUX IIYnniDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE d4t
do la liHe et du cou seuiltlablc à celle du Canard Chipeau ; cepen-
dant la teinte foncée au-dessus de la UHe s'avance sur le front
jusqu'à la hasi' du bec, et le blanc, (|ui forme un deiui collier au
bas du cou, s'avance vers le liaut des deux cotés de la nuipie comme
chez le Pilel ; la poitrine est d'un blanc sale, mais elle est marquée
de ([uelqiics traits noirs (jui m; ra[)ii('llentque faiblement les écailles
noires propres à \'\nii^ slirpi'rcu. \entre blanc ; cùlés du cori)S et
abdomen rayés de noir sur fund blanchâtre ainsi que chez le
Canard Hidi'iine: les raies noires de la dernière de ces parties sont
disposées irrr'guliérement ou eu zigzai;s comme chez cette espèce,
mais elles sont beaucoup plus prononcées; les traits noirs des
(lancs se distinj^ueut de ceux du Chipeau, en ce qu'ils sont plus
ré^'uliers, et qu'ils forment de larges bandes alterualives noires et
blanches dont la série se prolonge depuis les côtés de la poitrine
jusqu'aux cuissi^s, ce qui donne ainsi à l'Oiseau un as|ie(t tout jiar-
ticulier.
« Le dos et les plus courtes des scapulaires sont colorés comme
chez r.lH((.s- si irpercii ; les plus longues de ces dernières sont plus
pointin>s(pie chez cette espèce, mais elles ne sont jias allongées et
aussi rétrécies (pie celles du Pilet ; elles sont cemlrées comme chez
le Chipeau, mais maniuées au centre d'une tai-he noire comme
chez r.l((r/.s (icnlu ; les ailes et la queue sont pareilles aux mêmes
parties de cette dernière espèce (1). »
M. van Wickevoort Crommelin, n'ayant pas eu l'occasion d'étu-
dier les caractères anatomi(iues de cet hybride, n'a pu donner
aucun détail sur la construction de la trachée.
Carina moschata (2) et Anas clypeata.
M. Oustalet nous fait savoir ipie le Muséum d'Histoire ualurelie
de Paris possède un Canard offrant certains caractères du Cauaid
de Barbarie et du Canard Souchet ; cet Oiseau a été tué par
M. Dybowski, à la fin de l'hiver 188G, dans le parc de Grignou.
M. Oustalet ajoute que c'est peut-être un Canard échappé de quel-
que basse-cour"?
Axas Streperea et Anas clypeata.
On conserve dans la collecliim du Musée du grand diu' d'Olden-
(1) 1.1' linllclin (le la Socirir (IWcclirnahition lie Paris ,i ir|iiiMliiil ii'llr ilrsiTip-
lion, p. TS.i, l8Ci8.
(2) Autre nom : Anas nwsclKila.
142 A. SUCHETET
bourg un liyln-ide mâle paraissant provenir de ces deux espèces (1).
La forme du corps est celle de IM. dypetiUi, au moius elle olîre avec
celle de ce dernier de grandes ressemblances. Le dessus de la tète
et le derrière du cou sont brun foncé avec du vert brillant, les
plumes du devant de la tète sont bordées de jaune clair brunâtre ;
la gorge blanche est eu partie tachetée de brun foncé; ces taches ~
deviennent si grandes devant le jabot qu'elles forment une large
bande transversale d'un verdàtre brillant. Le haut de la poitrine
brun clair, ainsi que le jabot, chaque plume est bordée largement
de brun noir; ventre blanc; les flancs rayés et tapissés de brun;
couvertures inférieures de la (jueue noire ; le haut du dos brun ;
chaque plume est bordée de brun plus clair; le bas du dos est noir;
couvertures supérieures de la queue noires, avec vert brillant;
plumes de la queue brun gris, bordées de gris clair; les ailes gris-
cendré bleuâtre, comme chez .1 . di/pcaUt ; le miroir gris cendré dans
sa partie supérieure, vert métallique en dessous, devant lequel
existe une liande transversale noire, bordée de blanc; le vol brun
noir, les pieds comme chez ,1. c-lypeata; forme du bec également
pareille à ce dernier, mais au bout encore plus étroite à la fin.
Cet hybride fut pris vivant dans le Mecklembourg ; il vécut en
captivité pendant plusieurs années, on lui donna des Canes domes-
tiques avec lesquelles il s'accoupla, néanmoins on ne put jamais
obtenir d'œufs fécondés, quoique l'expérience durât pendant trois
années.
M. F. Wiepkeu a eu la lionté de nous envoyer une aquarelle de
l'Oiseau que son jeune ami, le peintre Miiller-Kânifï, de Berlin, a
exécutée avec une rare habileté.
Anas boschas et Anas clypeata.
Nous avons reçu de M. van Wickevoort Crommelin la descrip-
tion d'un Canard hybride tué près de Rotterdam, le \± février 1801,
et dont les caractères se rapportent aux deux espèces i)lus haut
nommées (2). M. le 6"° Fischer.a fait connaître (3) un autre exem-
plaire tué par le comte Otto Sorewyi, pendant le mois de sep-
tembre 1884. sur le lacdePomagy. M. le B™ von Rittervon Tshnsi,
de Schmidhofîen (Dalmatie) a parlé d'un troisième individu, tué
(1) Communication qui nous esl adressée par M. WiepUon, dirpcteur do ce Musée.
(2) CeUe doscrlpliun a été puljliéedansNederlandscli Tijdsclii'ift voordi- Miei'l<unde,
1, p. 175.
(3) Mitih. des Ornith. Ver. Wein.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTHÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 1 i3
;\ Frif, cii j^iiivicr 18So, (]iic M. le professour Kolonibalovic,
de Sp;ilato, lui avait donné ;'i examiner (I). Un quatrième spécimen
avait été remarqué quelques années auparavant i)ar le professeur
Kol()ml)al()vi<'(:i). Il en existe un cinquième dans la colleclion de
M. Kd. Ilart à Christchurcli ; cet Oiseau fut tué en ISUji, parmi d'au-
tres espèces de Canards sauvages (3). Eidîn dans le Zoolo}j,ist de
celte année (4), M. G. B. Corhin de Ringwood, Hants, fait savoir
d'aïu-ès .M. Mills, de Bislerm^ Ilouse, Ringwood, qu'en 1873, un
hybride entre le Mallard (.1. bosclias (^) et le Slioveller (.1. chjpcata)
avait été tué dans cette contrée.
Mais il faut rcmanjuer que iilusleurs de ces exemplaires, ([U()i(juc
tués à l'état sauvage, |)araissenl iiroveuir, d'après les caractères
qu'il révèlent, de Canards domestiques. C'est au moins ce qui arrive
pour les exemplaires de M. le baron von Ritter von Tsluisi et de
M. le baron Fischer.
La description de ces différents Canards et quelques renseigne-
ments sur li'ur origine ne manqueront pas de présenter un certain
intérêt.
1° Exemplaire de M. von Wickevoort Cronimelin : « Presque de
la taille de l'.l. Iiosi-Ikis, il en a aussi les pieds; il a le bec de la
seconde espèce, mais un peu moins large et à lamelles plus courtes;
l'iris d'un jaune ronssûlre; la tête et le cou d'un vert foncé à
reflets; point de collier ni de blanc au jabot: plumes du dos et
scapulaires d'un brun cendré à bordures plus claires et quelques-
unes portent des raies en zigzags très indistinctes, mais d'une
teinte plus foncée (pie dans le Canard sauvage; les plus longues
des scapulaires marquées de blanc sale à la pointe ; croupion et
couvertures supérieures de la queue noirs à reliefs verts; les deux
plus longuiîs idumes de ces dernières atteignent le bout de la cpieue
et se relèvent un peu vers la pointe ; jjarties inférieures comme
dans l'.l. hoschiia , mais nuancées d'une teinte rousse, (jui
couvre aussi le jabot, cette teinle est plus claire au bas-ventre
et se change en blanc sur les ciHésde cette partie ; ailesà peu près
comme celles du Souchet, mais les petites couvertures nuan-
cées d'un peu de brun et le miroir bordé de deux étroites
bandes blanches dont l'inférieure est précédée par un liseré noir
(I) nnslaril roii Anas hnschag !.. (dowestica et A. cli/peata /,. Zeilscliiill fiir dk-
Ri'sammtc OrniHioloijie von Madiirasz, II. p. listel ;)2'i. HiKlaprsI.WI). Collo descrip-
linna Hé reproiliiilcdans Di-iilsrlic .Iâ};or Zcitun;;. VII, ii" :!. Niiidniann, I88(>.
(i) Ibidom.
(3) roMiiimnicaliiiii i|iii nous osl failr par ce dernier.
(4) .XIV, p. £i. n" i;i7, janvier IS'.Kl.
144 A. SUCHETET
qui se trouve entre elle cl le vert du miroir ; rectrices et sous-cau-
dales pareilles à celles de l'A. boschas. n
2" Hybride décrit par M. le baron von Fischer :
D'après la construction du bec et des ailes, l'Oiseau paraît
n'être plus un exemplaire jeune ; quekjues plumes vertes sur
la tète font également croire que c'est un mâle. S'il avait été
tué six semaines plus lard, on [lourrait élre plus sûr de sa prove-
nance, on ne peut donc faire que de simples conjectures sur son
origine.
Plumage brun gris cendré, les deux premières pennes rémiges de "
l'aile droite entièrement blanches ; le cou blanc montre très exacte-
ment les marques du ^ l.ôf[el-Ente{\e Souchet). Cette ressemblance
existe encore dans la forme du cou et dans le vert de la léle. Bec
de la couleur de celui du Stock-Ente ou de quelque Canard
de maison (race de Rouen, Ifaus-Entcn). Les membranes inler-
digitales tachetées comme le dos des Salamandres de feu.
Le baron Fischer, ayant eu cet Oiseau entre les mains pendant
quelques heures seulement, n'a pu examiner d'une façon sufli-
sanle la couleur jaune delà pupille. Il dit que les rémiges blanches
des ailes prouvent que le père était un Canard domestique, il pense
que la mère était sauvage; dans le cas contraire l'hybride aurait
été élevé dans quelque basse-cour. Malgré l'opinion de plusieurs
ornithologistes ([ui pensent (|ue le Stock-Ente n'est pas étranger
dans cette production, M. Fischer croit que l'Oiseau est bien
l'hybride du Canard douiestiqueet du Souchet, attendu que : 1° Il
est trop petit pour provenir du croisement du Stock-Ente et du
Ilaus-Ente, il a à peu près la grosseur du I.olfct-Ente ; 2° La forme
est celle de ce dernier ; 3" La couleur blanche et la marque du cou
sont aussi caraclérisli(|ues pour le Lôffcl-Ente que pour le Spitz-
Ente; 4° La couleur des membranes iuterdigilales, au nujius la
partie colorée en jaune, permet de distinguer les Canards Stock des
Canards Lo/[el; 5'^ La manière de vivre du Ldfj'cl-Entc se rapproche
considérablement de celle du Slock-Entc; 6" Enfin, si on objecte
que le signe dislinctif du Lii/Jel-Ente , c'est-à-dire son large bec,
fait défaut à l'hybride en question, d'un autre côté il possède la
marque du cou et la couleur des membranes interdigitales de ce
dernier.
A ce sujet M. van Wickevoort Crommelin nous adresse la
réllexion suivante : « Je viens de lire la desciiplion (jue le liaron
Fischer a donnée d'un hybride supposé provenir d'un Canard
domestique et d'une femelle sauvage du Souchet ; l'hybride de ces
OISEAUX HYnntDES RENCONTRÉS A i/kTAT SAl'VAGE 14b
diMix csiH'ces, que j'ai dans ma collectiou, nie paraît avoir des
caractères plus nianpiants eu faveur de son oriijine hybride : le
lilauc au jahot, aucpiel on reronnaît farileineut le niàie du Soucliet
et sur lc(iufl .\1. Fischer base surtout son raisounenieut, pourrait
bien, selon moi, provenir du père, vu que plusieurs Canards
domestiques, du moins en Hollande, qui ont comme lui (luelcpics
rémiy:es d'uu blauc pur, ont souvent un grand espace blanc au
jabot. Le caractère le plus saillant qui pourrait lUre allégué comme
preuve de l'origine hybride de cet Oiseau me paraît devoir iMre pris
desa taille et de son liabitus, (jui, selou M. FisclnM', [taraissaimt
correspondre entièrement avec ceux du Soucliet. »
Exemplaire déciit par M. le baron von Ritter von Tsiliusi.
L'Oiseau n'ollre. poTut le-; caractères d'une espèce pure, il
rappelle visiblement l' Ina.v hosrlms, cependant son large bec et ses
marques d'un vert brillant le rapprochent du rhipcnld. Ou y trouve
aussi des traces (l'albinisnie, (pii, d'après l'oidnion émise par le
barou Fischer (1) et par le baron Sleph. v. Washington, indi(|ueulla
]irovenancc d'un Canard domestique. Le front, le verlex, le deriière
de la tète el du cou, et une marque indécise (jui part de la cavité
buccale, sont d'un noir brun. La gorge, la tète, les côtés du cou
dans le tiers supérieur, couleur de glaise foucée, la première partie
jilus fine, les deux autres marquées de noir brun. Un large collier
blanc entoure la pai-tie inférieure du cou, qui est coupée par les
marques noir brun (|ui jiarteut de la tète. Jabot, poitriue, venirect
c(Més d'un noir brun, aviîc de larges bordures ou bandes d'un jaune
de glaise dans les parties supérieures. Les couvertures inférieures
de la queue noir brun, bordées couleur de glaise, semées de bandes
et de taches irrégulières. Le dos, les épaules, et le derrière d'un
noir brun, ipiekiues plumes seulement sont légèrement tachetées
de jauue glaise. Les ailes brun foncé, à l'exception des cint[ pre-
mières pennes primaires qui sont d'un blanc sale, avec la tige d'un
blanc ])nr. Le miroir vi'it brillant, bordé en dessus et en dessous
de blanc sale, les rémiges sont d'un noir bruu, bordées couleur de
glaise. Eulin, le bec en avant est large et de couleur noire; les
membranes interdigilales sont d'un biiin jaunâtre, ainsi que les
ongles bru us, à l'excepti<m de l'ongle du doigt majeur,(|ui est noir (2j.
.Vjoutons, d'après. M. Tschusi, (|ueMM. von Pelzelu et Homeyer, qui
(I) MiMirilunycn des Oinilli. Veicin in Witii, IX, p. 'li, ISSi.
(i) llu.ttard ro/i Aniix bosclias !.. ((loiiieslicaj et À. clypeala t.. Zeitsclirift cli'r
esiinunlen Oriiillioliitrio vnn Miidaiiisz, II, pp. Vt£^. 'M'i. Huihipesl, lS8o.
146 A. SUCHETET
out examiné cet hybride, pensent comme lui que ce Canard vient
de VA. boschas et l'.l. cli/pcnta.
Exemplaire appartenant à M. Ed. Hait, de Cliritscluirch : « Res-
senil)leaux deux, bec du cli/pcatn, cou, collier blanc, spéculum de
VAnas bouchas ; les couvertures les plus petites et les médianes du
dypeata, les flancs sont tachetés. »
En parlant de l'Oiseau tué à Rinjj^wood M. G. B. Corbiu dit seule-
ment .• « Il a le large bec du Shoveller (le Souchet), mais la colo-
ration de son plumage ressemble plutôt à IM. boschas.
CAmiNA MOSCHATA et AnAS BOSCHAS
Un certain nombre d'exemplaires auxquels on attribue cette
origine ont été tués à l'état sauvage, nuiis il est présumal)le que
plusieurs d'entre eux proviennent d'individus échappés de capti-
vité.
Les premiers exemplaires out été observés sur le lac de Genève
en avril 1815 et mars 1824, ils étaient en compagnie d'espèces
sauvages; on en vit deux autres sur le lac de Constance (1) ; un
cinquième avait été recueilli à Altbeville en 1818. Depuis M. le baron
de Selys-Longchamps en tua un sixième, de sexe femelle, sur un
étang à Longcbamps-sur-Geer, en décembre 1835 (2) ; M. von Beneden
lui en lit voir un autre provenant des environs de Louvain (3). Un
huitième, tué sur la côte sud de Long-Island (Etats-Unis d'.\mé-
rique), fut envoyé par M. Daniel G. Elliot à la Société Zoologique
de Londres et exposé dans un meeting de la Société tenu le
22 novembre 1859 (4). En 1863 on en tua un neuvième sur
l'Oder, à Rottennunden en Silésie (5), puis en 1873 un dixième sur
le fleuve Chram (neuf milles au-dessous de Tiflis) (6); enfin, deux
exemplaires c? sont conservés dans le Musée national des
Etats-Unis à Washington, plusieurs autres auraient été vus autrefois
sur les lacs de Lombardie (7). Tels sont au moins les exemplaires
qui nous sont bien connus (8).
(1) Schinz, Europàisehe Fauna, I, p. 421, StuU.ijarl,, 1840.
(2| Faune belge : i" Série, p. 140. Liège, 1842, et Bulletin de IWcadéiiiie des
Sciences de Bruxelles, 184!j.
(.3) Bulletin de IWcadéniie des Sciences de Bruxelles, 1845.
(4) Proceedings of tlic zoological Society, p. 437, 18u9.
(o) Journal fur Ornithologie.
(G) Omis cttucasictt. p. 433. Cassel, 1884 ; voyez aussi : Réponse à M. le prof.
Bogdnnow. Omis, pp. 3 et 61, 1881).
(7) Voyez Bull. Acad. des Sciences de Bruxelles, 18to.
(8) 11 existe cependant encore au Musée de Milan (collt-ction Tiirati) un hybride
de ce genre acheté à M. Shilling par le feu comte. Malheureusement M. le proies-
OISEAUX HYBRIDES HENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 147
Los deux iireiiiiiM's sont consei'vùs au Musée de Lausanne ; M. le
colonel Fieli, à Aaion, possède un de ceux ([ui furent tués sur le
lac (le (Constance (1). M. de Selys-Lon^cliauips a vu chez M. Raillon
l'individu d" recueilli à Abbeville, il a examiné au .Musée de F^au-
sanne ceux qui furent tués sur le lac de Genève. Ceux-ci sont
niAles et absolument semhlahles à l'exemplaire de M. Bâillon (2).
Le dernier a été décrit par M. le D'' Gustave Kadde dans son
Omis caucasim (3), où il donne un dessin colorié représentant l'Oi-
seau (4). Le Canard tué sur l'Oder, eu 1803, est conservé dans le
Musée de Breslauavec un autre individu (pii date de l'année 1878,
mais dont nous n'avons ]K)iul parlé, ignorant s'il a été tué à l'état
sauvage.
Descriptions
Exemplaire tué en janvier J873 : « Il surpasse eu grandeur aussi
l)ien le Canard ordinaire que le Canard musqué et resseiniile à une
petite Oie naine. Les caractères (le l'I. Imi>:cIi((s dominent dans toute
la partie de devant. Le plumage du dos de couleur uniforme et la
(jueue cunéiforme rappellent l'I. inosrhuta. Les plumes recour-
bées eu denu-cercle, projires à l'I. boschas, mani|ueut chez lui.
Les couvertures ainsi que le plumage du dos possèdent le vert bleu
d'acier brillant lel qu'on le voit chez le moschala à l'âge typique.
La tète et le bec sont comme chez l'I. bosclias, le bec est tepen-
daut plus long et plus mince: l'onglet a une bande mince dans le
haut, à sa naissance, il estconleurde corne, le reste est jaune, etc..
La tête et la partie supérieure du cou sont de couleur uniforme
seur Sor{|(>lli, directeur-adjoint au Mus(^e, n'a pu nous dire si I"l)iseau avail éié tué à
l'étal snuvaiic; cet exemplaire ne porte aucune indication sur son é-lat, on sait
seuleiiunt ipi'il vient du Chili. .\ titre de renseiitnemeut nous en donnons la
diafinose : Ti'h' d'un hriui fone('' sur le dessus; joues couleur de rouille avec de
iioinhrenses nionclieliuis noirâtres; de petites plumes blanches pifs de la racine
du liée; un pelil es lacc nu triangulaire, derrii're les yeux avec pliimule blanche aux
bords ; une étroite bande nue sur les yeux, encore bien distiucle inalf,'ré la disseclion.
("ou et dessous de la Ic^le blancs; poitrine d'un roui;eàtre marron à taches noires.
Abdomen blanc, avec (iiielques plumes latérales brunes derri(';re les jaudu's. Dos et
eouvcrinres des ailes bruns ; rémiges et pennes de la (|uciie lilanchcs, couvertures
de la queue blanches, mêlées avec d'autres noirâtres. Le dos a de légers rcllels
violacés, tandis que les rémiges secondaires, d'un brun foncé, ont des reflets vert
nu''lallii|ue.
(1) Schinz, np. cit., p. 4*8.
(2) Faune llelge, p. 140.
(:t) IV 4o;i-454.
(4) ïab. XXV.
148 A. SUCHETET
vert uoir, le coloris n'est pas aussi clair et vert brillant comme
chez IM. hoschas, mais plus mat et il brille tl'ua foncé métallique
comme chez moschata; ensuite ou aperçoit une large zone blanche*
au cou, à laquelle se rattache le plumage brun de IM. boscluis <J.
Cette couleur brune se change de plus en plus en gris à mesure
qu'elle s'avance vers le ventre et plus loin ; en dessous on voit une
place large de couleur blanche où se trouvent quelques plumes
qui ne sont pas tout à tait couvertes par des ])ordures brunes. Plusbas
suit de nouveau une zone blanche ; les couvertures de la queue
sont également blanches, au contraire les côtés des cuisses et les
plumes placées sur les côtés de la partie postérieure du ventre sont
largement tachetées de noir et de blanc, bien plus largement et
distinctement ([uti cela se |)roduit dans la couleur grise et noirâtre
des Canards mâles ordinaires. Les grandes pennes de l'aile sont
blanches; le miroir est d'un vert métallique très accentué. Les
pieds sont plus forts que chez l'.l. bosohas, mais conformés à la
manière de ce dernier et de couleur jaune-orange. »
Exemplaire tué en 1S63 sur l'Oder : « De la grosseur de l'.l.
moschntn. Le bec, la tète, la queue et les pattes sont en tout sem-
blables à ceux de l'A. bosrixis, mais ils sont plus grands. Pas de
pouce à la patte gauche, rieu cependant n'indique que ce pouce ait
été perdu pendant la vie de l'animal. Le plumage est un heureux
mélange des couleurs des dcu.x parents. La tète et le cou sont noirs
avec des marges d'un pourpre chatoyant. Le collier blanc de
r,l. boschas existe, mais il est uii peu interrompu sur les
côtés du cou. La poitrine est brune comme chez l'A. boscluts.
La couleur des plumes du croupion est un mélange de la
couleur de celte partie chez les deux mâles. Toute la partie supé-
rieure de l'Oiseau est comme chez le mâle du moscluita, les ailes
comprises, mais le miroir n'est pas blauc, il est d'un vert bleuâtre
brillant et la pointe des plumes est bordée de blanc. »
Ces deux descriptions ont été faites, la première par M. le D'
Radde, directeur du .Musée d'Histoire naturelle de Tillis (1), la
seconde par M. Tiemann, conseivateur du Musée zoologique de
Breslau (2).
Axttres fkscriplions données par M. de Selys-Lonijclunitps (3) :
« Mâle : tète et haut du cou vert foncé à reflets violet pourpré en
dessus. Un large demi-collier en dessous. Haut du <los marron
(1) Omis caucasica.
(2) Journal Jiir Ornitliologic, p. 219, 1805
(3) Faune Belge.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 149
foucé ; le iTsle ft les couverUiros des iiiles verl olisciir à relk-ls
pompri's; couvertures supérieures de la (pieuc iruii vert foncé
plus décidé ; la queue un [)eii cunéiforme, vert doré et [lourpré au
uiilien, les rectrices latérales brun noirâtre. Poitrine marron
rougeàtre, le centre des plumes noirâtre, la couleur marron sélend
sur les flancs avec des bordures blanchâtres aux plumes et de
lines stries noires veruiiculées. Le ccnire du ventre blanc, mêlé
de grisâtre; couvertures inférieures de la queue rousses. Ailes
brunes avec un large miroir vert doré bordé des deux côtés par une
Due raie dorsale et basale noirâtres, l'ieds jaune obscur, les ongles
noirâtres. Iris jaune.
« Femelle: Elle diffère du mâle en ce(|u'elle n'a pas de demi-
collier blanc, le cou est brun, linemcut moucheté de noir et de gris
en dessous, i)lus foncé eu dessus avec des reflets vert foncé et pour-
prés ; le dos est brun avec le centre des plumes noirâtre ; les couver-
tures de la queue et celle-ci sont noirâtres à reflets verts ; le miroir
des ailes est d'un vert moins vif ; les flancs n'ont prescjue pas de
roux et sont plus fortement vermiculés de noir et do blanc sale, le
d(!Ssous de la queue est blanc saupoudré de uoir. Le bec est d'un
jaune sale et plus bordé de noir sur les cùtés et près des narines. Les
pieds jaune orange obscur avec quel(|ues taches brunes.
(( Taille un peu plus forte que cellede l'.t. bosclins, nioinsgraude
que celles de ÏAnas moschala. »
.\ ces deux descriptions M. le baron Ed. de Selys-Longcliamps a
ajouté les caractères généraux suivants :
« Le mâle a eu quelque sorte le bel aspect de r.-l«ns lailoinoiilcs
de rOcéanie. Il tient du iiwscliata par la forme et la dimension dti la
queue, des ailes et un peu parcelles du bec et des pieds, mais il se
rapproche du hosclia.'; par le port, l'absence de nudité à la base du
bec, le miroir vert jjourpré des ailes souvent bordé de blanc,
l'absence de blanc à la base des ailes, la couleur de la tôte et du
cou. La femelle ressemble également â celle du hosrlifis par ces
mêmes caractères. Le marron domine chez le mâle, le fulugiueux
obscur chez la femelle (I).
Nous avons fait remarquer eu commençant i|ue plusieurs de ces
hybrides, cjuoitiue tués à l'état sauvage, pouvaient proveuir
d'espèces domestiques échappées de captivité. Le croisement des
deux es[)èces mères s'oiière, eu eflel, sur une grandi' échelle dans
bien des contrées et même en Amérique, patrie du num-htiln. Un
(I) Ri'capUulation des hybrides observes dans la famille des Ànulidés. liulle-
Uii de r.Vcadéiuio des Sciences. Bru.\cllcs, 1845.
150 A. SUCHETET
sait que cette dernière espèce n'a jamais été l)ieii domestiquée;
d'ai)rèsPallas(l) et Sclilegel (2) elle serait même redevonue sau-
vage sur les Ijords de la mer Caspienne. Ce seraient donc, des
mosoArtto échappés qui se mélangeraient avec des A. hoschas, car
comment supposer que les individus dont nous avons i)arlé soient
venus de l'Amérique du Sud V
11 est curieux de remarquer que l'exemplaire envoyé par
M. Daniel J. Elliot,à la Société zoologique de Londres.ne diffère pas,
suivant le professeur Newton (3), de la variété apprivoisée connue
sous le nom de Canard du Labrador et vivant précisément en Amé-
rique. M. le D'' Radde de Titlis a aussi émis l'opinion que le Canard
hybride qu'il a décrit provient d'un Amis boschas jerus et d'une
femelle moscliata échappée de captivité, fait, ajoute-t-il, qui arrive
dans le Caucase (4). Et du reste les hybrides mentionnés peuvent à
la rigueur avoir été eux-mêmes produits en captivité, puis s'être
échappés, ayant hérité du caractère sauvage du moachata. M. de
Selys-Lougchamps (5) suppose cependant que ces Oiseaux sont pro-
duits par des .1. moscliata cf qui, sur les grands marais, recherLdient
des I. Iioscliiis 9; peut-être même par des niosclutta veuus des
bords de la mer Caspienne, où, nous venons de le dire, ils seraient,
suivant Pallas et Schlegel, redevenus sauvages. M. Ridgway nous
fait remarquer lui-même que les deux Oiseaux conservés au Musée
National de Washington, quoique tués à l'état sauvage, sont proba-
blement d'origine domestique.
Quoi(iu'il en soit, la double origine de .1. iiiosrhdta X A boschas
parait proijable au moins pour plusieurs. M. Tiemaun, eu parlant
de l'exemplaire tué en 1863, sur l'Oder, dit même que sa forme et
son plumage ne laissent aucun doute sur son origine hybride. M. A.
Pichler, assistant à l'Iuslilnt zoologique de l'Université d'.Vgrain,
([ui a eu l'occasion d'examiner un semblable individu produit en
domesticité, dit aussi, que dans tout l'ensemble, l'Oiseau décrit
par le D'' Radde, annonce un produit de VA. boschas et de l'.l. mos-
chata. (6) D'après MM. Degland et Gerbe (7) les quatre exemplaires
décrits par Schinz sous le nom d'.l?i«,s purpureo-riridis sont certai-
(1) Cité par M. de Selys-Longchamps, Bull. .\cad. des Sciences de Bruxelles, 1845.
(2) Cilé par Olplie-Gaillard.Cofiti'j'ftifa'oMS (( la faune ornitholngique de V Europe.
Fascicule IV, p. 109.
(3) l'roceeJings of llu^ zoological Society, June 20, 1850. On some hylirid. Dueks.
(4) Voy. : R('i><insc a UI. le professeur Botjilanow. Omis, p. o, 1889.
(.")) Bulletin de r.Vcacléiiiie <les Sciences de Brn.\elles, 184o.
(()) Voy. MiUheilungen des Ornilhologisclien Vereins in Wien, p. 84 à 80, 1887.
(7) Ornithologie européenne, II, p. 471.
OISEAIX HYBRIDKS RENCONTRÉS A l'kTAT SAL'VAGë 151
netiieul des liylnidi's de ces deux espèces. Scliiii/, il est est vr;ii,
les ;i placés dans son EuropiUsche Fauna comnn' nicf riiii/tiuiliiiiic,
mais il reconnaît que heaiu'oup de ceux qui les oui vus les oui
considtTi's eotnuie |iro\euaut de TOiseau duuiesti(iue et du Bisa-
ineiitei I. mosclKitit) (1). Enliu M. de Selys-Longehauips, tout en
admettant provisoirement comme esiièce les six exemitlaires qu'il
a examinés, a laissé penser qu'ils pouvaient être des hybrides (i).
Tadorna casarka (3) et Querquedula falcata?
A la réunion du 14 janvier 1890 de la Société zoologique de Lon-
dres, M. Sclater fit voir un Canard sinfiulier(pii lui avait été envoyé
])arM.r.li. Liilken, de Copenhague. (>et Oiseau avait été tué en 1877,
dans une localité de l'Asie orientale, au nord ('i) par un tonc-
liounaire léh'giapliiste (u) et envoyé sans autre indication. Uegardé
à Cdpeidiagut' (■(uiune une espèce nouvelle ((i), il a été considéré
l)ar M. Sclater, après un examen minutieux, comme devant être
un hybride, produit probablement par le croisement de la Tmlorma
cttsarni et la (juvrijucihila fidratu. M. Sclater l'a décrit comme suit :
« Le front, la face, l'espace entre les yeux, tout le tour du cou,
blancs; le sommet et le derrière de la tête, les plumes relevées qui
s'étendent derrière le cou et la ligne sous les yeux, noires, le dos
gris-brunàtre, avec de nombreuses barres transversaliis blanches
et étroites : les couvertures de l'aile d'un blanc très pur; les pre-
mières noires ; les secondaires intérieures vert bronzé; les secon-
daires extérieures grises, avec une large tache de couleur châtaigne
brunâtre sur les werbs extérieurs, la queue noire, la poitrine et
le ventre gris sombre avec de nombreuses barres blanches trans-
versales; le crissum rougeâtre ; les couvertures sui)érieures de la
queue blanches; le bec brun; les pieds jaunâtres; dans toute sa
longueur l'Oiseau a 18 pouces; l'aile 11 '8, la (|ueue 4' 4, le tarse 2 (7).»
Uue ligure coloriée accompagne la description de M. Sclater.
(1) Voy. p. 421.
(2) ItiillcUn (le P.VeaiIéinie royalo dp nruxi-Iles, XII, IS'i;;.
(:ij Aiilii's noms scieiilillquos : .l)i«.< rutila, Àiuis ruhra, Antis ca.mrka,
Caiitrka rutila.
('il l'iés W'IadivostDk, N.-K., siiivaiil les l'iocepiling?.
(ii) M. le lii'ulcnant Kr. Iriningcr.
(Ci) CuiiiiiiuniL'ation qui nous a èlù (aile par M. Cli. Liilken.
(7) Proceedings ol Ihe zool. Society, 14 Janvier ISÏX).
Ib2 A. SUCHETET
ÏADORNA VULPANSEIl (1) et ANAS BOSCHAS
D'iiprès les notes de Hele sur Akleburgh (2), on tua, au mois de
janvier 1884, près de cette place, deux hylirides jirovenant d'un
Canard et d'un Drake {T. rulpampr), mais d'après une remariiue
faite dans le Field, ces Oiseaux avaient probablement été produits
en domesticité, le croisement de ces deux espèces avait en effet été
obtenu avec succès ta Saxmundliam.
Genre Fuligula
FULIGULA FERINA (3) et FuLIGULA NVROCA (4)
Beaucoup d'auieurs ont parlé de ce croisement; mais plusieurs
considèrent l'Oiseau que l'on su])pijse eu jn-ovenir comme une
véritable espèce; un savant ornithologiste a môme voulu eu faire
nue variété d'âge on de climat. Voici, du reste, les principrilcs
opinions qui ont été émises à ce sujet.
En 1847, M. Bartlelt (o) a présenté comme une nouvelle espèce
les trois exemplaires alors tués en Angleterre et les a désignés sous
le nom de F. ferinoides, ou Paget's Pochard (6), parce que, dit-il,
« ils semblent plus rapprochés du Pochard commun que de toute
autre espèce (7). En parlant d'un couple tué en avril 18.W dans les
environs de Rotterdam et conservé dans la collection du Jardin
zoologique de cette ville, M. Baedeker s'exprime ainsi : « Ces
Oiseaux tiennent le milieu entre la Fulifiula fcriud et la Fuligula
ni/roca. Leur ressemblance avec ces deux dernières pourrait faire
penser qu'ils en proviennent, mais l'apparition à l'état sauvage
d'hybrides naturels est tellement rare, qu'il est difliciie de
penser qu'il en soit ainsi, d'autant plus que ces Oiseaux, mâle
et femelle, étaient vraisemblablement accouplés (8). » iM. Baedeker
(1) Ou Tadorna Belonii, T. familiaris, Anas tudorna.
(2) Cité par M. J.-H. Gut-rney, juni, in Zoologist, p. Si(iO, n» de juillet I8S0
(3) Ou Anas fer ina, A. Pencltipe, À. rufiollis, Aijlhija ferina, Ayihijaerijlhro-
cephala.
(4) Ou Anas nyroca, A. glaucion, ifijroca leucophlhalmos, A. africana.
(:')) Voy. Proceedings of tlie zoological Society of London, p. 48, 1847.
(0) Fuligula.
(7) Fagi't à cause de feu E. .1. Paget, esq., de Oieat-Yai'moi:tli, geiUleniaii hien
connu comme un naturaliste Ominent et l'un des auteurs de « Skelch of Ihe.
nalural Hislonj uf Great Yarmonth. »
(8) Naumannia, Archiv (iir Oi-nitliologie von liduard Baldarnus, p. 12 et 13,
Stuttgart, 1852,
OISEAUX HYBUIDES IlENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 153
a (Iniuié à celte soi-disant espace lu uoin de Fuliipilu Ihtmi'ijcri, eu
riiciuiieur de iM. le i)arou de llonieyer.
Ces deux Oiseaux furent dans la suite assimilés par M. Gould (1)
au Pai;ets' Pochard.
Le D"" J.-B. JauJjeit, ([ni iiaraîl avoir connu quatre autres exem-
plaires, capturés en France, voit en eux des produits iiyl)ridesi
L'examen attentif des signes d'un (Canard mâle, dont il donne la
description, « (ait voir, dit le docteur, tous les caractères de
riiybride, et mai|j;ré les (pielijues captures que nous en comptons,
on ne saurait eu faire une espèce (2). » Le célèbre professeur
Naumann partage cette manière de voir. Après avoir parlé d'un
excmiilaire de la Fiilltjiila llomenfii « ce n'est pas une espèce,
dit-il, mais un produit hybride (3). » Cependant le D'' Gloger est
d'un avis tout opposé, parce ([ue F. Iloniei/eri « n'est pas
intermédiaire entre les deux espèces, qu'elle n'ollre pas de
ressemblances avec nijrom, et lient beaucoup plus de jcrina. »
C'est probablement, conclut-il, une variété d'âge ou de climat de
cette dernière espèce, et non une espèce indépendante, comme le
croit M. Baedeker {\). Mais M. le H""^ de llonieyer n'admet pas cette
manière de voir ; l'Oiseau forme une véritable espèce {'6).
L'ornithologiste bii'ii connu, M. Olpiie Gaillard, trouve également
inadmissible l'assertion du ])'• Gldger (0); une vive tliscussion s'est
engagée à ce sujet entre lui et le savant docteur.
M. le B°° Ed. de Selys-Longchamps, en parlant des quatre exem-
plaires du D'' .laid)erl, de la Fuligule de llonieyer et d'un jeune
mâle, pris à Liège, eu 1832, dit « qu'on ne peut anirmcr avec certi-
tude que ce Plongeur soit vraiment un hybride, mais que la chose
est probable )i(7). Le IJ"" Henri Blasius, après avoir examiné les diverses
opinions qui ont été émises au sujet delà F. lloiifijeri, et après
avoir comparé à cette dernière nu individu mâle qui fut présenté
à la réuuion des ornithologistes allemands, réunis à llalberstadt,
pense aussi qu'il convient de conclure à l'hybridilé (8).
(1) Ci(é par M. AU. Newton, ia Proceedings of lli« Zool. Society o( London, 18<>0.
(2) Revue et Magasin de Zoologie, p. 1 18, I8;>i.
(M) .loiiinal fûi- Oniilliologie, Exlia-llefl. p. 7, 1853.
(4) Cette opinion a été de nouveau expiiniée dans le joiiinal fin- Ornilliologie, V,
1854, et p. 3:;'i, \Kr,.
(5) Eiiiiyr Horti? iihi'r Art. berlauii uiid kliiiiatisclie tiuxiirlliunij Fiilifiiilii
Bomeyeri, in Journal (lir Ornilhologie, supplémenl l.XVI, 1854. Voy. aussi Journal
ûi Krnilli. p. 4:», IS70.
(ti) Naninannia, V, pp. 40i et 'lOli, Ik;;:;, et VII, p. (JG à 70.
(7) hullelin de IWeadéiuie des Selenees de Hru.xelles, .X.Xlll.
(8; L'Histoire des Uiseaux île l Allemagne, de .Xaumuiiii. XIII, [i. 305 à 3li, 1800.
154 A. SUCHETET
En 18()U, dans nno iviinion de la Société zoologique de Londres,
le ])rol'esseur Newlon lappelle l'exposition faite par M. Bartlett en
1847, des trois Canards tués en Angleterre, préseutés sous le nom
de F. ferinoides, et de l'assimilation de la F. Homeyeri à ce dernier
par M. Gonld. Le professeur fait aussi mention des quatre hybrides
mâles du D'' Jaubert, VAiuts intcrmeiHa, puis il fait connaître son
opinion et déclare que les F. ferinoides et les F. Homeycrt lui parais-
sent issus du croisement qu'a suggéré M. JauJjert, sa croyance est
confirmée, ajoute-t-il, par la parfaite analogie que l'on trouve avec
l'hybride du Nouveau-Monde. »
Telle est l'opinion du savant directeur de la Société des sciences
naturelles de Rotterdam, M. van Wickevoort Crommelin, d'une
grande compétence en cette matière. Si ces oiseaux formaieut
une espèce particulière, dit-il, avec beaucoup de raison (1),
celle-ci serait une espèce anormale car, les canards proprement
dits, comme les Canards plongeurs appartenant à la môme espèce,
ne présentent que très exceptionnellement des variétés indivi-
duelles dans les teintes et dans les formes des différentes parties
du corps, eu dehors de celles produites par l'âge ou les saisons. »
Or, les divers Milouins supposés hybrides, dons nous venons de
faire mention « quoique se ressemljlaut sous plusieurs rapports,
offrent néanmoins des différences très remarquables, .\insi, à eu
juger par les mesures données, le type du Fm/. llomeyeri, aussi bien
que le sujet cité par M. de Selys, avait le bec et les pieds de la
longueur de ceux du Milouin commun. Les mâles décrits par M.
Jaubert auraient le bec se rapprochant de celui de cette même
espèce, tandis que le torse et les doigts n'excéderaient guère
ceux du Fui. Nyrocu. » Enfin, l'individu de la collection de
M. Crommelin ne surpasse que de très peu ce dernier Oiseau
par la longueur du bec ; les pieds sont égaux. Il faut noter
aussi que (( la coloration de la poitrine et celle des sous-caudales
présentent des disparités uotaliles « Le mâle décrit par Yar-
rell et Bartlett, ainsi que ceux pris en Provence, et celui de
M. van ^Vickevoort Crommelin, « ont plus ou moins de noir
à la première de ces parties », tandis ([ue cette teinte « manque
complètement chez les sujets de MM. Baedeker et Olphe Gaillard. »
Cet exemplaire, comme ceux de M. Jaubert, semblent eu outre
avoir plus de blanc aux sous-caudales qu'il ue s'en trouve dans
l'exemplaire de M. van Wickevoort Crommelin, ainsi que chez le
(1) Notes sur quelques Canards observés en Hollande. Archives néerlandaises,
III, p. 138, 1872.
OISEAUX IIYBIUDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 153
niiïlc adiille tué eu Angleterre (le tyi)C de /■'. fcrinuidcs} ; celui-ci
.aurait le dessous de la queue d'uu noir bruuàlre. Même le miroir,
celte partie du plumage la moins sujette aux variations, observe
encore iM. Croinnielin, i)résente chez les Oiseaux en question des
dilléreuces toutes particulières. Chez les Canards tués eu Angleterre,
comme chez le mâle pris en Belgique et les sujets capturés eu
Provence, « le blanc, ainsi ijue les i)andes noirâtres, pr(jpres au
/•"«/. niirocn, seraient plus ou moins prononcés, tandis que chez
ceux iiris eu Hollande, comme cliez le niûle tué près de Lyon, le
miroir présente plus de gi-is-cendré. Il manque à l'exemplaire de
M. van Wickevoort Crommelin (1).
A ces judicieuses remarques nous ajouterons qu'il n'est jioint
exact (jue l'hyliridation soit nulle chez les Anatidés, comme le
supposait iM. Baedeker, les(aits(pie nous venons de citer lo prouvent
aboudamment; les raisons alléguées par l'éminent ornithologiste
ne peuvent donc servir à établir la thèse ([u'il soutient. Quant à
l'opinion émise par le D' Gloger, à savoir (jue cette Fuligule ne peut
être déclarée hybride parce qu'elle n'ollre pas des caractères mixtes,
déjà nous avons en l'occasion de remarquer ([ue les hybrides em-
pruntent (|uelquefois [)resqu(! exclusivement leurs caractères à une
seule des espèces mères.
Nous sommes donc porté ù croire que les Oiseaux dont nous
avons i)arlé doivent leur origine au croisement des types /•'. ferina
et F. niiroat: ainsi pensent un grand nombre de naturalistes que
nous n'avons pu nommer tous.
Voici la récapitulation plus ou moins complète des exemplaires
qui ont été pris ou tués pendant ce siècle :
Collection de M. J. 11. Guerncy, un exemplaire, capturé outué en
Angleterre; — collection de feu M. Donbleday d'Epping, un exem-
lilaire|)risoii tué en Angleterre; — .Musée du feu corn te Derby àLiver-
pi)ol, un exemplaire, même provenance. Ce sont ces trois Oiseaux (jui
ont fait le sujet de la communication adressée par M. Bartiett à la
Société zoologi(ine de Londres. — Collection du Jardin zoologique de
Rotterdam, un mâle et nue femelle adultes, tués en avril ISuO, et
décrits par M. Baedeker sous le nom de Fiiliuula llomcypri, plus une
jeune femelle(2). — ChezM.Olphe Giiillnrd, un exemplaire, celui ([ui
fut, pensous-nous, présenté à la Société ornithologique allemande.
— Musée de M. Ed. Hart, naturaliste à Christchurch (Hauts), deux
(1) Iliidrm. |>. i:t.s ri i:V.I, IS7J.
(2) l'ioliiihlimciil tiicp i]«alri> ans plus laiil. Nmis supposons en l'IIct i|U il s"agit ■
tlf l'nisi'aii minliiiimO p. XIV, du .lounial tiir Oinitliologie (siipplémeiit), l8oi.
136 A. SUCHETET
exemplaires mâles.doiituu tué par celui-ci le 12 février 1870; lesecond
avait été tué plusieurs années auparavant. Musée d'Histoire natu-
relle de Genève, uu sujet trouvé sur le marché de Montpellier. —
Collection vendue par M. Wliitaker, esq. à Londres (1) eu mai 1890,
un hybride, catalogué sous le n" 132 (sans indication d'origine). —
Collection de M. van Wickevoort, à Harlem, uu mâle. — LeBritish
Muséum, un ou plusieurs exemplaires. — Nous ignorons où sont
conservés les (juatre exemplaires décrits parle D^Jaubert, le Canard
pris vivant en février 1870 dans une canardière de la Hollande (2) ;
et le jeune mâle capturé à Liège au mois d'avril 1832 (3).
Nous serions donc en présence de vingt iudividus environ, mais
peut-être dans ce uombre plusieurs font-ils double emploi à cause
du déplacement probable de certaines pièces (4).
La description de ces divers Oiseaux est la suivante :
Hybride c^, lue le J2 [écrier 1S70 par M. Ilart. — Aussi grand que
ferina. Tête et poitrine riche châtaigne remplaçant la bande noire
de ferina. Le dos brun sombre, finement vermiculé, avecdes couleurs
plus foncées, ventre lavande sombre.
Le second hybride de M. Ilart. — Plus jeune que le précédent,
teintes de toutes les parties du corps moins accuentées, sans quoi il
lui serait semblable.
Mâlepris à Liège en 1832. — « Il se rapproche beaucoup du ferina par
lebec,la tête, les yeux, les pieds. Il eu diflère principalement par la
coloration des ailes et surtout par la coloration de leur m iroir, qui est
d'un blanc sale terminé de noir avec une bordure extrême blanche ;
l'intérieur du miroir est formé par ijuelques plumes d'un noir à reflet
métallique verdàtre, mais moius prononcé que chez le nyroca.
L'Oiseau se rapproche donc du nyroca par la couleur des ailes et
de leur miroir, ainsi que par le roux de la tête et du cou, (jui descend
plus bas et se mélange insensiblement avec le brun de la poitrine
(laquelle est noire chez le feiina). Le dos est presque comme
celui de la Naumannia, le dos est gris, vermiculé de noir comme le
ferina (.^).
Exemplaire trouré sur le marché de Montpellier, le iô janvier
'IS30{{)). — Tête, cou et poitrine d'un rougeàtre et brillant comme chez
(!) Au Covcnl garden.
{i} Ce Canard vécut au Jardin Zoologiquo do llotterdain depuis le a,*} février 1870,
jour de sa capture, jusqu'au 9 juin de la même année.
(3) Dont tait mention M. le baron Ed. de Selys-Longchamps.
(4) Le n" 132 de la vente Whitaker est peut-être dans ce cas.
(li) De Sclys.
(0) La description suivante a été faite sur notre demande par M. Godcfroy I.unel,
conservateur du Musée d'Histoire naturelle de Genève.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE lb7
F. nijroca, avec seulement quelques plumes noires éparses sur la
poitrine ; (M-dupion d'un noir mat; queue brune; ailes de cette
dernière couleur avec quelques reflets pourprés. Dos, couvertures
des ailes, flancs, cuisses et alidonien d'un brun roussâtre, un peu
plus clair sur ces deux dernières parties ; toutes ces parties sont
rayées de zijïzags fins, nonil)reux et très rapprochés d'un brun
noinltre. Milieu du ventr(> d'un blanc pur comme chez F. fcrinn,
miroir de l'aile blanc termine, de noir comme ctiez F. nyrora. \r\s
d'un jaune oran;<i' très clair. Bec d'un bleu noirâtre; ony;let noir.
Tarses et doigts d'un cendré bleuâtre, comme chez F. ferinn, niem-
liranes noires. Longueur 'iH centimètres. »
L'examen (jue M. Godefroy-Lunel a pu faire, sur le frais, des
parties internes de cet Oiseau comparées à celles de F. fn-ina, lui a
montré certaines léi^^ères modifications résultant sans doute du
croisement de ces deux espèces.
Uijbridp capturé dans une canardière de. la Hollande, le 23 févriei-
ISIC). — « Cet Oiseau a le bec conformé presque comme celui du
Fu. ferina, mais guère plus long ipic celui de Fui. ni/mra et mesu-
rant fil millimètres ; le tarse et les doigts se rapprochent également
le iilus (h> ceux de la seconde espèce, le doigt du milieu mesurant
60 millimètres: les ;iiles égalent aussi en longueur celles du même
oiseau. Le dessus de la tête comme chez le Milouin commun ;
les joues, la nmiue et le cou pareils à ceux du petit Milouin
(F. ni/rocn), mais avec moins de reflets au-dessus du i)etit
collier brun, qui est moins apparent que chez celui-ci j la poitrine
est colorée égaleini'iit comme celle de la dernière espèce, mais le
brun ne s'avance pas aussi loin que chez celle-ci et se termine
en noirâtre comme chez le F. ferina. Les flancs, le ventre et le
dessous de la queue, pareils à ceux do la dernière espèce; cependant
la teinte du ventre est un ])eu jibis claire, et le noir des sous-cau-
dales est varié de blanc. Le dos, le croupion et le dessus de la queue
sont colorés, à peu près comme chez le Milouin commun : Les raies
en zigzags semblables il celles d(! cette espèce, mais la teinte du fond,
ainsi que les couvertures supérieures des ailes, tirant plus au brun
que chez celle-ci. Le miroir est pour la largeur intermédiaire entre
les miroirs des deux espèces citées; il est d'un blanc sale, tirant
au grisâtre, mais dépourvu des deux Itandes noires propres â celui
du F. tijiroea. Les rémiges ne présentent que très peu de blanc et
uniquenientà la barbe in terne; le bord extérieur de l'aile est très clair,
mais non pas d'un blanc aussi pur que chez les petits Milouins (j ) «.
Un (/('.s Irais Oi.seau.r tui'a eu .\nijlelrrre avant ISIiJ. — Il diflère de la
(1) Description do M. van Wickovoort Crummclin.
158 A. SUCHETET
F. luUgula, espèce à laquelle il ressemble le plus cependant, par sa
taille plus petite, sa coloration plus sombre, la couleur des yeux,
par sou miroir blanc apparent sur l'aile. La trachée artère est aussi
plus longue et plus étroite que chez F. ferina (1).
Mâle en hiver décrit par Jaubert. — « Longueur totale : 43 centi-
mètres, longueur du bec, 54™™, le bec se rapproche de celui du
Milouin par sa torme générale, par sa colileur, par l'onglet et par la
disposition des narines. Iris orangé clair, tête et cou d'un roux
rougeàtre comme chez le Milouin ; poitrine d'un roux marron
comme chez le Nyroca. On remarque à la base du cou un petit
collier noir qui se fond en avant avec les teintes de la poitrine et
va former en arrière un espace noirâtre qui limite la partie supé-
rieure du dos.
Région dorsale grise, forte, striée de brun, flancs, cuisses et
abdomen d'un centre bleuâtre striés de brun, comme le dos, le
ventre de même blanc jusqu'à la hauteur des cuisses, région anale
noirâtre, couvertures inférieures de la queue blanches. Les ailes
sont brunes avec un large miroir blanc, les tarses et les doigts
bleuâtres, les memln-anes noires. »
Les deux Oiseaux appelésF .Homeyeri. — Le mfl/e."couleurdu becblanc
noirâtre à l'extrémité antérieure, bande transversale au sommet du
bec; prunelle de l'œil de deux couleurs, le tour de la ]»upille blanc,
le bord extérieur rouge-jaune. Au-dessous du bec, une ligne aiguë
large de 3™™ (2) avec une tache ronde, dont les petites plumes sont
rouge foncé. La tête et le cou, ainsi que le bord supérieur du dos,
le jabot et lé bord de la poitrine sont d'un rouge brun avec éclat.
On aperçoit à la lumière, sur les côtés et sur le jabot, une teinte
verte ou violette. Les plumes du jabot à la base, sont bordées
de gris noir (mais ceci ne peut se voir que de près). Le
dessus du dos, le croupion et la queue sont brun-noir, avec des
reflets verdâtres. La poitrine est blanche avec des plumes rouge
jaunâtre près du jabot. Les grajules pennes rémiges sont gris-brun
avec un bord brun-foncé et une bordure inférieure. Le croupion est
blanc, aussi mélangé de gris argenté jusqu'au gris noir et blanc aux
extrémités. Les grandes plumes des ailes sont d'un vert Ijrillant,
mêlées de noir, le reste gris pointillé de lilauc. La queue a ipiatorze
plumes, celles-ci sont noir gris plus foncées à la tige et à l'extré-
mité, etc.
Lu [enielle : Les pieds et le cou comme ceux du mâle, nuds la tach e
grise au-dessus du bec est plus petite et presque indistincte. Tète
et cou couleur de rouille avec reflets cuivrés sur lo haut. Le jabot,
(1) Bartlelt.
(2) Mesure de la Saxe.
OISEAUX HYBRIDES HEXCONTRÉS A I.'ÉTAT SAUVAGE
lo9
le dos à la parlio siiiiérieure et. les plumes de l'épiiule hruu fonc6,
clia(|iie pluim' bordée de rouille, les plunies des épaules en partie
])oiutillées avec des ondulations iulerronipues. La poitrine et le
ventre jusqu'à l'auus sont couleur de rouille foncé. Le ventre est
prcsipii' hruii. Les plumes des i-ùlés brunchs avec tle larges bords
rouille L't gris rouille. La partie inférieure de la queue est blauc
jaunâtre. Dessous des ailes blanc comme chez le mâle avec une
bordure de plumes grises pointillées de blanc et au nombre de
quatorze, etc. (1).
RESSEMBLANCE DE LA FULIGUU nOMEYERI Ci)
avec F. nyroca.
La tète, le cou, sans collier
noirâtre, et le bouclier rouge de
rouille foncé avec reflet de pour-
pre. Ce plastron descend moins
lirofond('ment que chez ni/roca.
Point (le |)lastron noir, le mi-
lieu du ventre blanc. Les cou-
vertures sui)érieures des ailes,
grises noirâtres, moins foncées
(pu' chez F. )itiro('(i, mais très
distinctes de la couleur de ces
parties liiez ffrino, où elles sont
giis clairsur un fond blanchâtre.
Klles ont outre cela des retlets
faibles de bronze, ijui rappellent
la couleur tle ces parties chez
nfiioai. Le miroir de l'aile pres-
que tout blanc, quoique cette
couleur soit moins pure que celle
dans les mêmes parties chez
niirdcn. Il se distingue ci'ih'u-
dant beaucoup du miroir (U' la
frritia i\m est gris de cendres.
Outre cela il est gris foncé d'ar-
doise avec un rellet jieu sensible
là où les mêmes parties sont vert
bronzé chez itjirora. La partie
extérieure et postérieure de der-
rière des rémigesdu second rang,
(pii est vert de bronze chez
yii/rocii , est ici gris d'ardoise,
avec un léger reflet de bronze
(gris chez ferina).
La longueur totale surpasse
très ]ieu celle de miroca et est
bien inférieure à celie de feriiid.
Les mêmes relations pour le bec.
(1) Bacdeljer.
(2) D'iiprès Olplie Gaillanl. Naumannia, Vll, \\ l',(; à 70.
avec F. ferina.
Pas de collier noirâtre sous le
cou ; le rouge de la tête et du
cou moins pourpré f[ue chez
F. nyroca , mais bien plus que
chez F. ferina.
I^es régions anales et le bas-
ventre gris et formé de lignes.
Les côtés sont eu lignes grises
(elles sont rouge l)ruu chez
njiroca). Le dos en forme de
lignes grises, mais ces lignes
sont moins lines (|ue celles de
fcrinael sur un foml plus foncé.
136
A. SUCHETET
RAPPORTS DE LA F. HOMEYERI AVEC LES DEUX ESPÈCES MÈRES (1)
La tète, le cou, les environs du jabot et la nuque (VA. llomciini
ressemblent à .1. nyroca, il ne maû([ue que la bande noire du cou.
Le dos et les flancs s'accordent essentiellement avec .1. ferina.
Le miroir {;ris pâle est essentiellement comme chez 1. ferina,
mais s'approche d'A. lu/nira, par la couleur l)lanchâtre aux
bordures des ailes et par le miroitant de la base. Egalement l'aile
supérieure fait penser à A. ferina.
Les couvertures inférieures de la queue ressemblent davantage à
celles d'.-l. nyroca.
CARACTÈRES DISTINCTIFS DES AAM.S FEHIXA F.T NYROCA
ET ANAS INTERMEDIA, d'après JAUBERT
Anas ferina
Long, totale, 45 cent.
Bec assez fort, mais à
sa base et à son extrémité,
bleuâtre dans son milieu.
Iris jaune orangé.
Tète et cou d'un roux
rougeâtre et brillant;
large bande ou ceinture
noire s'étendant sur toute
la poitrine et sur les par-
ties supérieures du dos.
Région dorsale d'un gris
clair fortement strié de
brun.
Flancs, cuisses et abdo-
men d'un cendré bleuâtre,
finement strié. Milieu du
ventre blanchâtre, varié
de zigzags cendrés, pres-
que imperceptibles. Ré-
gion anale et couvertures
inférieures de la queue
noires, queue cendrée.
Ailes d'un gris brun,
avec un large mii'oir cen-
dré.
Tarses et doigts bleuâ-
tres , avec membranes
noires.
Longueur du tarse,
33 niillini.
Longueur du doigt mé-
dian, 70 millim.
Anas intermedia
Long, totale, 43 cent.
Bec moins fort, de même
forme et de même couleur,
long. 54 millim.
Iris orangé clair.
Tête et cou d'un roux
rougeâtre plus terne : col
lier noirâtre se fondant
en avant avec la nuance
roux marron de la poi-
trineet formant en arrière
un espace noir qui limite
la partie supérieure du
dos. Régions dorsale d'un
gris plus fon<'c fortement
strié de brun.
Flancs, cuisses et abdo-
men d'un cendré bleuâtre
linenient strié. Milieu du
ventre blanc. Région anale
noirâtre, couvertures in-
férieures de la queue
blanches, queue brune.
Ailes brunes avec un
large miroir hianc, ter-
miné de brun.
Id.
'M millim.
51 millim.
A . nijroca
Long, totale, 40 à 41 cent.
Rec plus court, presque
noir, â narines relevées,
long. 4(j milim.
Iris blanc.
Tète et cou d'im roux
marron ainsi que la poi-
trine ; à la base du cou
est un petit collier noir
qui va se fondre en arrière
avec la couleur brune du
dos. Région dorsale d'un
brun noirâtre à reflets
pourprés sans aucun strie
chez l'adulte.
Flancs, cuisse et abdo-
men d'un roux plus on
moins foncé. Milieu du
ventre blanc. Région anale
et couverlures inférieures
(le la queue blanches,
queue noire.
Ailes d'un brun noi-
râtre avec miroir d'un
blanc pur. terminé de
noir.
Tarses et doigts d'un
gris foncé . avec mem-
branes noires.
Longueur du tarse, 28
millim,
Lon^'iieur du doigt mé-
dian. 01 Miillini.
(1) D'après Henri Blasius, Histoire des Oiscnux île l'Allemagne, de Xuumann,
p. 305 à 312, XIII'' partie.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE Ifil
Tels sont les renseignements que nous iwoiis pu liisscinltk'r sur
l'intéressant hybride qui a fait le sujet de tant de discussions.
FULIGULA NYROCA et FULIGULA CRISTATA (1)
M. le baron Ed. de Selys-Longchanips nous fait savoir qu'il
possède dans sa collection un hybride tué à l'état sauvage et parais-
sant (Hre le pi-oduit de ces deux espèces.
On sait (lue Winas liacri, décrit par Radde (2), a été considéré par
plusieurs comme étant un hybride. MM. Newton (3), G.-R. Gray (4)
et Th. V. Hcuglin (,T) seraient de cet avis. M. Eugèiu^ de Ilomeyer
a émis des doutes à ce sujet (0). Nous n'oserions nous prononcer,
n'ayant pu consulter les auteurs parti.sans d'uiu; double origine. Il
serait intéressant do comparer cet Oiseau avec l'exemplaire que
possède M. le baron Ed. de Selys-Lougchamps.
FuLIGULA AFFIXIS OU (FULIGULA COLLARIS)? (7)
et Fi'LiGULA Valismeria (ou Fuligula americana)?
En 1859, M. Daniel G. Elliot envoyait de New- York, à la Société
Zoologique de Londres, un Canard considéré par lui comme hybride
probable entre F. nffmis et F. Valismeria (ou F. americana (8).
M. Newton (9) a, l'année suivante, contesté l'origine supposée de
cet Oiseau ; il croit qu'elle est due à un croisement entre F. coUaris
et une des espèces indiquées par M. Elliot, mais probablement
F. americana. « On remarque, dit-il, une ressemblance avec la
F. coHaris à cause du miroir gris et de la tache blanche qui se
trouve sous le mouton, caractères que ne possèdent aii l'un ni
l'autre des Scauii-Ducks, trouvés dans le Nouveau-Monde. »
M. Newton accompagne son récitd'une belle planche coloriée repré-
sentant l'hybride dont l'origine n'est point assurée (10).
(I) Aiilrcs noms : Àna.i fuligula, À. Glaucion. À. arclira, A. scandiana, Nyroca
fuligulii. Ana/: Intirnslra.
(î) Oiieau.v de la Sihfy-ic. p. STC.
H) The Ibis, p. 118, 1886, cilé par M. van WifkevoDit CiDniniclin. Artliivcs n(?iT-
lanilaisps.
f'i) fland-Liat of Hird.i, III, p. 8(i. cilé par \c m<^mc.
(.'i) Oiseaux de lAfriiiue, II, p. i:V.\. 1S70, cilo par ÔlpIicGailIarii, Contributions
à la Faune nrnithologique de l'Europe occidentale, III, p. 100, 1888.
(<i) Cabanis, .lournal tfir Ornilli(iIof;ic p. 'i.'ït, 1S70.
(7) Antres noms : Fuligulalu rufitor<iues. Anax collaris. Anas fuligula.
(8) Vny. l'rncpeclinys ol llie Zool. Sorioly ni l.ondon, p. VM, \X\^.
(0) I.PS niènvs Proceedings, p. 336, 1880.
(10) 1>1. CLXVII.
162 ' A. SUCHETET
FULIGULA CRISTATA et FOLIGULA FERINA.
Nous ne connaissons que deux exemplaires provenant de ce croi-
sement, le premier se trouve au Musée de la Société d'Histoire
naturelle et pliilosophique de Belfast, le deuxième dans la collec-
tion particulière de M. le D'' Giovanni Piazza, de Padoue. L'exem-
plaire du Muséum de Belfast n'a jamais été décrit, il fut tué près de
Dowimpatrick.
M. le comte Arrigoni degli Oddi a douiié une description du
second (1); cet Oiseau est adulte, du sexe mâle, on pense qu'il a été
tué dans la vallée de Salsa dei Millecampi, province de Padoue.
On nous avait indiqué un troisième exemplaire au British
Muséum, mais M. Bouleuger et plusieurs de ses collègues l'ont
cherché en vain pour nous eu adresser la description. Nous nous
contenterons donc de décrire le premier exemplaire d'après les ren-
seignements (jui nous sont envoyés par M. J. Brown.puis nous don-
nerons la description du deuxième, d'a|)rès VAtciwo rrnclo.
Premier exemplaire. — Bec plus court que celui de la FuUgula
ferind, mais un peu plus large; ressemble beaucoup au bec de
eristala, quoique plus long. Tète pourpre brun, avec un lustré
métallique; huppe petite, mais bien caractérisée. Le cou de la
même couleur que la tète. Poitrine très foncée, coideur pourpre,
presiiue noire. Ventre blanc satiné, la partie postérieure faiblement
tachetée de gris. Dos pourpre foncé comme la poitrine. Les couver-
tures des ailes gris sombre et tachetées. Queue pourpre foncé ;
môme ton de couleur que chez F. cristnta.
L'Oiseau est intermédiaire entre les deux espèces, mais ressemble
plus à cristata.
Exemplaire de M. le D^ Giovanni Piazza, de Padoue (description
de M. le comte Arrigoni degli Oddi). — « Tète et cou d'un noir violet
à reflets pourprés ; rémiges secondaires grises , avec une bande
blanche terminale, le gris formant un large miroir oblique sur
l'aile fermée ; flancs faiblement cannelés, à la différence des parties
inférieures.
Bec d'un bleu foncé, avec la base et l'onglet noirs. Iris jaune doré.
Tète et cou d'un noir violet à reflets pourpres tachetés de bai. Les
plumes de l'occiput voûtées et formant un petit toupet. Les plumes
de l'échiné du dos, des scapulaires, sus-caudales et sous-caudales
noir violet. La gorge et le cou noirs avec un pointillé bai, la poi-
trine d'un noir changeant. Abdomen blanc. Flancs faiblement striés
(1) .Vofe soprn unihricln non encnra desrrillo. ,\t.cnoo vcneto, 1887.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 163
do brun, les coinx-rUires des ailes ccudrées et noires. Rémiges pri-
maires d'iiii brun grisâtre. Rémiges secondaires grises avec uu
liseré, le gris formant un large miroir ()lili(|ue quand l'aile est
fermée. Tarses, doigts et membranes iulerdigitalcs de couleur
brune.
Longueur totale, doo™"» ; longueur de l'aile, 220""" ; de la
queue, 70'"'" ; du bec, -io'""" ; du tarse, 30""™; du doigt du milieu
avec l'ouglet, 5d'^^ ; saus l'onglet, 54°"".
FULIGULA CRISTATA Ct FuUf.ULA MARILAfl)?
M. le docteur Marmottan. dont la maguiiique collection est
aujourd'bui au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, nous
a fait savoir qu'il possédait un Palmipède ([u'il a déterminé comme
devant être l'hybride du Canard Morillon et du Canard Milouinan,
toutefois le docteur ajoute dans sa communication que cet exem-
jdaire aurait besoin d'être examiné de nouveau.
FULIGULA CLANGULA (2) Ct FULIGULA MARILA ?
Nous avions fait connaître (3) un Oiseau tout à fait extraordinaire,
que M. de Selys-Longchamps conserve dans sa collection. Cet Oiseau
vient certainement du Garrot, disions-nous, mais eu désignant
comme second progéuileur le F. niorila. M. de Selys-Longcbamps
était loin d'être aussi alTirmatif.
Aujourd'hui, M. de Selys-Louchamps veut bien nous donner des
détails très précis sur ce spécimen, qu'il a examiné de nouveau et
qui probablement n'est pas uu hybride, mais une aberration de
couleur du inariln.
\o\c\ in r.vlenso la note c[ue le savant académicien a rédigée sur
cet Oiseau :
« Au milieu de l'iiiver de 1888, j'ai trouvé à l'un des marchés de
Bruxelles, un Canard du genre FuUntila, qui est si singulier par les
couleurs de son plumage et de ses pieds, que je ne jiuis le rap])orter
avec certitude à aucune des espèces connues. Il dillère de toutes
celles qui sont décrites par les pieds (tarses, doigts et membranes)
d'un beau jaune orangé, comparables sous ce rapport à ceux du
(I) Aulirs niims : Anus frenelu. Hyroca marila, Anas marila.
ii) .\iilirs noms : Clmigula nili/dris, Aiias glaticion, Cl<iiicit)n rliim/ulii, Aiui.<
cliinguhi.
(:t) Siitc .tur /e.< Hi/briilfs des Aitdlidc's.yt. I J.Hmii'n.impriniorii' nouvelle de l';uil
Lopiètre, 1S8S, et Revue des Seiciioes nalurelles iiiiplUpiéos, n" 21, novembre IfSSt).
164 A. SUCHETET
Mergns nicrgauser ou du Rhynchaspis clypeata, et pnr les six pre-
mières grandes rémiges, entièrement hlanches, caractères qui ne
se voient chez aucune espèce de Fuligidn, dont ses pieds ont cepen-
dant la conformation, y compris la membrane du doigt postérieur,
très développée, caractère du genre.
« Par la taille, la stature et le reste du plumage, il ressemble
assez à une femelleou au jeune âge du Milouinan { F uligula marina),
mais le bec est en grande partie couleur de chair avec l'arête
obscure et l'onglet noir. Ce liée est moins élargi au bout que chez le
Marila. La tête et le cou sout noirâtres avec un large collier blanc ;
le dos gris brun, comme saupoudré de petits points blanchâtres,
passant au noirâtre aux couvertures supérieures de la queue. La
poitrine grisâtre, ainsi que les plumes; le reste du dessous blan-
châtre ; l'épaule mélangée de blanc.
« II me paraîtrait être un demi-albinisme du Marila, si le bec
n'était moins élargi au bout, à moins que ce ne soit un hybride du
Marila et du Clangula ? (Le Clangulii a les tarses et les doigts jaunes,
mais non la membrane).
« Le pouce, additionné d'une membrane, exclut l'hypothèse que
ce serait un hybride d'une Fnligula avec un ,1 nas ou un lihuiichaspis,
genres chez lesquels il existe des espèces à pieds jaunes ou
orangés. »
L'origine de cet Oiseau restant incertaine, nous n'avons pu cru
devoir le faire figurer sur la liste des hybrides.
SOMATERIA MOLLISSIMA et SOMATERIA SPECTABILIS ?
A l'article Eider vulgaire, MM. Degland et Gerbe CI) font remar-
quer que « trois ou quatre individus reçus de Terre-Neuve, avaient
sous la gorge deux traits noirs comme enofire\n Somateria speclabilis,
mais d'une teinte moins foncée. » Ces auteurs se demandent si ces
Oiseaux sont des hybrides de ces dernières espèces, avec la femelle
de l 'Eider, ainsi que l'a supposé M. Hardy?
Le prince Bonaparte et sir W. Jardine (2) ont eu l'occasion d'exa-
miner d'autres exemplaires reçus de l'.Vmérique polaire, ils pensent
au contraire, dit M. de Selys-Longchamps, que c'est une espèce
distincte et l'ont décrite sous le nom de Somateria-V-nigrum (3).
(1) Ornithologie européenne, H, p. 555.
(2) Cités par M. de Selys-Longchamps, in Riill. .\cad. Sciences, Bruxelles. ISofi.
(3) On sait que la femelle de l'Eider n'olïre jifesciue pas de différence avec celle
de VA. spectahilis.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A l'ÉTAT SAUVAGE 163
C'est SOUS ce iiuiii (jue l'a insnile M. Schiler ilaiis sa LisI o/' llic
cerlainly kiioirn .s-p(r((\so/.l«a^(W(r'(i jet beaucoup d'autres auteurs (:J).
Genres : Anas et Fuligula
FULIGULA FERINA Cf AnaS CRECCA (OU ANAS BOSCHAS )?
En 1882, à l'une des réunions delà Société zoologique de Londres,
M. Sclater montra, de la part de M. Peter Jucliliald, F. Z. S., deux
Canards curieux qui avaient été tués sur une pièce d'eau d'agré-
ment, près Darlington, dans le pays de Durhain. L'un d'eux paraît
être le produit d'un croisement entre le Pocliard {liuUguhi j'i'riiin)
et un Canard d'eau douce, tel que la Teal (.1. creccd) ou le Mallard
(I. lioHclias) ; le deuxième présentait l'apparence d'une femelle
Scoter (Œdemia nir/ra) mais il était au-dessous de couleur i)lus
sombre (3). Ces deux Oiseaux doivent peut-être leur origine à un
croisement ayant eu lieu en captivité (4).
Genres : Clangula et Mergus.
Clangula glaucion et Mergus albellus (o)
Le McriiHS anatariu.'i d'Eimbcck, hyljride supposé de ces deux
espèces, n'a pas moins fait parler de lui que la l'ùHijula Umiiviicii
de Baedeker; sa double origine a môme été plus contestée que celle
de cette Fuligule. Les exemplaires sont aussi beaucoup plus rares,
on en compte quatre ou cinq seulement. Ils sont encore connus
sous les noms de Clangula anyustirostris Brelim, et C. mcrijoiiks
KjiJrbolliug.
(\) Proccciliiifjs llie Zoologii-al Soriety nf I.ondon, ISH'i.
(2) The list of the vcrtebrutnl (iiiimuls of llic /.oological Socicli/ porte aussi
qu'on in'liclji, le i(j niiirs ISGl, un hylirido, supposé entre Fultgulu marila (l>inn.)
et Xyroca leufuphtatina (Beclist.), mais on iic dit pas si col Oiseau avait été pris à
l'étal sauva^-e ou produit en domesticité. M. le professeur Sordelli. dircoleur adjoint
au Musée de Milan, nous a fait aussi savoir qu'il existait dans la eollection Turali.
réunie i'ue .Musée, un e.xemplaire d'OirfpiiiiK fusca\ C. glaucion; mallieuieusemenl
il ne nous indique pas si l'Oiseau a été tué à l'étal sauvage. Nous n'avons donc
point cru devoir faire figurer ces deux hybrides sur notre liste.
(U) l'roreedings of tlie Zool. Society, p. 134, 1882.
('«) M. de Selys mentionne, daprés Morton, l'hybride de l'.l. boschas et de la
F. rulltorqueg, observé aux Etats-Unis, mais il n'indique pas l'origine de l'Oiseau
(liull. Acad. dis Sciences de liruxelles, IKili).
(5) Autres noms: Slerijus nniiiilu.^, M. asiaticus, M. gluciali.i, M. crislatus
minor.
166 A. SUCHETET
Eimbeck a, le premier, failconuaître uu de ces Oiseaux qui fut
tiré au priutem|)S de 1825, sur l'Oker, dans le voisinage de Bruns-
wik, par rinspecteur des (orèls, M. Buscli, uu chasseur infatigable.
L'Oiseau fut tué dans une contrée où, pendant le passage des Canards,
il s'arrête plusieurs espèces différentes, même lors des froids rigou-
reux, le courant rapide empèciiant l'eau de se congeler entièrement.
L'Oiseau tomba par bonheur dans les mains d'un amateur qui
l'empailla pour sa petite collection ; puis il fut acheté, à la mort
de ce dernier, par Eimbeck, qui en donna la description suivante (1) :
« De la grosseur du mâle de r.4. clangula, il peut avoir 19 pouces de
long et 32 à 33 pouces en largeur, les ailes déployées; il res-
semble aussi au clamjula par la forme du corps et de la queue.
Cependant ses longues plumes en taillades à la partie posté-
rieure de la tête, sou bec et ses ailes pointues le caractérisent plutôt
comme un Mergus albellus, masc. Sa forme est intermédiaire entre
les deux espèces, elle montre, ainsi que sa couleur et la façon
dont les plumes sont marquées, des traces des deux espèces. Son
bec, depuis son extrémité jusqu'au coin de la bouche, mesure
Ipouce 10 ligues. Il est à la base plus haut que large; sur le devant,
il est tout plat, plus large que haut, et ((uaud il est vu de côté, il
ressemble à celui du Harle, mais le bord supérieur, les dentelures
sont moins visibles. Les narines ovales et transparentes sont placées
au milieu du bec, lequel est rouge foncé, tirant sur le brun et au-
dessous d'une couleur corne claire. La forme particulière du bec
frappe au premier coup d'œil lorsqu'on regarde la tète d'en liant.
« Le loud de la couleur de l'Oiseau est le blanc ; la tète et la nuque
vert foncé chatoyant à diverses places. Entre le bec et les yeux se
trouve une tache blanche dont les petites plumes blanches ne
touchent pas immédiatement le bec, mais sont entourées d'une
tache foncée large de deux lignes. Au-dessous se trouve une tache
semblable qui s'étend vers le bas et qui s'unit au cou d'un blanc
pur, sur les joues se trouvent de petites plumes dont le tuyau est
gris argenté jusqu'au milieu et la pointe seulement est vert et tout
cet endroit semble en être parsemé.
« Le dos est noir brillant et quelques plumes des épaules sont
blanches, mais la plupart à la poitrine sont bordées de noir
qui marque les deux traces des deux colliers comme chez
le Mergus albellus. Les grandes plumes des ailes sont d'un
blanc pur, sur les bords extérieurs deux lignes noires et larges
qui se réunissent sur le dos et forment nue longue tache. Sur la
(1) Isis. Xll,i). 2'J".», lU-ft 1, Leipzig, d8;îl.
OISEArX HYBRIDES nENCONTRKS A l'kTAT SAUVACE 1G7
IJiiiliL' iiifiTieiux' du ilos, au-ik'ssus des ailes, soiil quatre plumes
rectrices d'une beauté particulière, celle de l'intérieur bruu gris,
celles de l'extérieur blauehes, avec la couleur pure des jperles aux
extrémités et entourées, dans toute leur longueur, d'une l)ande noire,
de sorte que cet espace semble être divisé.
« Les plumes motrices du premier ordre, d'un brun noir avec des
tiges noires, celles de second ordre et les petites i)lumcs rectrices
des ailes, au bout, d'un blanc clair avec l'extrémité noire, de sorte
([ue les ailes forment une double niaïque brillante. La (jueue a
seize plumes, dont les extérieures sont 1 pouce 3/8 i)lus courtes que
les deux du milieu, toutes sont d'un noir grisâtre, plus brillantes à
l'extrémité, les plumes inférieures blanches, les su|)érieures bruu
noir. Les plumes des côtés et les plumes uujtrices des ailes blanelies
et tachetées de points gris.
« Les pieds n'ont pas tout à faitla grosseur de ceux de l'.l/(«.s clan-
(jula, mais ils sout ceiiendanl façonnés de même ; couleur foncée de
rouille, la iialme tirant sur le noir. Les ongles' de couleur cornée.
« D'après son plumage jjrillant.bien coloré, on pourrait le prendre
pour un mâle ilu plus beau plumage. »
Un second spécimen femelle, tué quatre aus plus tard sur un
marais, est nientiouné par Rrehm. Un troisième individu, un jeune
mâle, fut trouvé par .M. Ivjabolling, dans une collection d'Oiseaux
achetés par lui en 18o3 à Copenhague. L'Oiseau fut d'abord pris
pour un jeune Mcrgux (////('//i/s.niais bientôt .M. Kjarbolling s'aperçut
qu'il devait aiipartenir à la famille des Canards plongeurs appelés
Clampila. 11 ressemble dans sa première livrée au mâle décrit par
Kimbeck, maison voit que c'est un jeune Oiseau, surtout à la tète,
où la couleur rougeàtre et d'un brun olive n'est atténuée ([u'en
partie par un noir chatoyant dans le vert (1).
Ce sout ces trois premiers exemplaires qui ont donné lieu à de
nombreuses discussions. Doit-on, en effet, les considérer comme
provenant des deux espèces nommées ])ius haut, ou plutôt comme
appartenant à une espèce régulière et bien délinie? Plusieurs orni-
thologistes, auxquels Eimbeck montra le premier exemidaire, men-
tionné dans ribis ("2) le prirent pour une production hybride; le
pasteur Drehni l'a, au contraire, considéré comme une véritable
espèce, ainsi que la femelle qu'il décrit (3).
Naumauu, sans se prononcer d'une façon définitive, partage visi-
(1) Naumannia, p. 328, 1833.
(2) Voy. p. 300 ilo te jouriiiil, 1831.
(.3)0/). d(.,pii. !I30.
108 A. SUCHETET
blemeut l'opiuion de ceux qui voieut daus l'Oiseau d'Eimbecli un
mélange des deux espèces; IM. clamjula et le M. (tlbeUus (1). Pen-
dant riiiver et au même endroit on voit, paraît-il, ces Oiseaux
rassemblés, et les Mcryus côte à côte avec les clangula. On aurait
même vu une fois un de ces derniers conduire une troupe de Mer-
^MS?Scblegel (2) et Temminck partageraient l'avis du célèbre
ornithologiste allemand (3). Cependant KjiirboUing estplutôt porté à
croire à une véritable espèce; la proximité où vivent les Meigus
et les Clamjula ne prouve rien. Il observe avec raison que l'hybri-
dation ne se manifeste pas là où diverses espèces se rassemblent en
foule, vivant longtemps les unes près des autres. D'après lui, le
pasteur Brehm paraît avoir le mieux jugé la chose (4). Gloger (5),
en parlant de l'exemplaire de Copenhague et de celui de Brunswick,
dit qu'il croit reconnaître, aux caractères que présentent ces
Oiseaux, l'origine indiquée par Eimbeck et Naumann. Degland et
Gerbe sont de cet avis ((!).
A l'occasion d'un mémoire de M. Kjàrbolling (7), qui possède le
jeune mâle, il y eut, dit M. de Selys-Longchamps (8), lors de la
réunion des ornithologistes allemands, tenue à Halbertstadt en
1853, une discussion très intéressante; la majorité des membres
qui y prirent part se prononcèrent dans le sens de l'hybridité, ce
furent : MM. Hartlaub, Kircbkofi, Panier, Naumann, Heine,
Baldamus, von Homeyer, Blasius ; MM. Kjàrbolling, Cabanis,
Reichenbach, Henuecke se montrèrent d'un avis opposé; M. von
Homeyer, continue M. de Selys, croit que le Mergus anatarius,
vieux mâle, est certainement un hybride, et que le jeune mâle, Anas
danijula mcrgoules (9j de M. Kjàrbolling l'est probablement aussi.
M. Heine est du môme avis, mais trouve que l'autre individu est
différent. M. de Selys, n'ayant pas vu ces Oiseaux, ne peut se pronon-
cer sur l'identité entre les deux hyljrides ; pour expliquer leur
diversité, il se demande si Vanatarius ne serait pas le produit du
(1) Voy. NaturgexchiclUe der Vogel DeutscMands,p. 195. Leipzig, 1844. Voy.
aussi p. 33U, 011 la même opinion est e.xprimée.
(2) Aperrii. critique des Oiseaux européens, p. 100, 1S84, cité par Oscar
WolsihUe. Siebenter Jaliresbericht des Annaberg— Buchbolzezl Vereins fiir Natur-
liunde, 1883-1S85.
(3) Cilû par Oscar Wolschkc.
(4) Voyez iNaumaniiia, p. 328, StiiUgarl, 1833.
(5) .lournal tiir Ornilhologie, novembre 1SS3.
((')) Ornithologie Européenne, p. 471.
(7) Notice insérée dans la Naumannia de 1853, p. 137.
(8) Bulletin de l'Acad. des Sciences de Bruxelles, X.YIII, 1856.
(9) Ainsi appelé par .M. KjiirboUint;.
OISEAUX HYimIDKS RKNCONTRKS A l'kTAT SAUVAC.K IMI
Mi'rijii.s albclliis luàlcuttlii Fulniidit chinijiiii iViiielle, cA Aii iiuTijaulcs
(ou anriusliroslris Brehni), li' i)ro(liiit du rlnnijuln iiiàle cl (le
Valhcllna femelle ou bien l'inverse'.'
Kulin, M. Lieollroy Saiiit-HiUiire parUi^e l'oiiiiiion de la i^iaiule
majorité des ornithologistes allemands et il croit ((ue le Ilarlr-
Giirrot ue lardera |ias à être inscrit, d'un accord unauiuic, sur la
liste des hylirides aullienti(|ues (1).
Un nouvel exemplaire (ut lire à la tin de février 186.'i dans le
voisinage du Pol, et un autre eu 1881 à Kaluiarsund. Le premier
(ut d'abord dans la possession de M. Frantz Sclimidl, qui lit un
rapport sur cet Oiseau (2), puis il passa dans les mains de M. Oscar
Wolsclike. Le second se trouve dans le Musée de l'Université
d'l[)sala, en Suède. Il fut tué le iO novembre par .^L Tliemstrom,
.M. le Dr Blasius eut l'occasion de le voir au mois de juin 1883, an
retour d'un voyage en Scaiulinavie, il le mentionna dans ses notes
de voyage comme un hybride du Mcnjus (ilhellus et de V iiuts clan-
ijula (3). M. Gustave Koltholï en a donné la description (4).
On trouvera des dessins ou des figures coloriés représentant ces
divers Oiseaux dans les ouvrages ou ijubliiatious d'Eimijeck (ii).
Kjarbolling (G), de Naumann (7) de Kolthoft (8) et de Blasius (9).
Clangula A.MER1CANA et iMeugus cucullatus (10)
Eu 185i, à l'une des réunions de la Société d'Histoire naturelle
de Boston, le I)'" Cabot exposa un spécimen d'un hybride div Canard,
un croisement probable entre le Golden eye (('. (unericaiia) et le
Hooded merganser (M. cucullatus). Cet hybride, dit le rapport (11),
possède les caiactères distinctifs de chacun de ses progéniteurs.
(1) Histoire des Règnes organiques, pp. latiet IfiO, III. 1862.
(2) Arcliiv dos Vereiiis der Froiindi' dor .Naliu'soschichlo in MiM-Momliuri;,
pp. l'w el KiCi, I.S7j.
(3) .Monaischrifl ilrs dculschcn ViMTins ziiin Sclnilzc der Vof;ehvell, il" 14, ISS7.
(4) Ofvi'i-sial a( kongl. Vctoiiskaps-AkadiMMicns Kûiliaiidliiigei-, p. 18.'i. Slockholiii,
1884.
{'■)) Op. eil.
(ti) Ornilhologia Vania, 1831, cit. ^nr Wolsclikr.
(7) Op. oil.
(H) Op. cil.
(9) Op. cit.
(10) AiiU'Ps noms : Mergus fiisciis, ilerganser cucullatus.
(11) Procoedings ot llie Roston Sociely (if nainral liislorv, V, p. i>7, 18.>'i.
170 A. SUCHETET
L'Oiseau fui tiré dans le voisinage de Scarborough par M. Calel)
Loring, au mois de niai(l).
Le D"' Cabot en a fait une description; il conclut en disant que si
cet oiseau doit être considéré comme appartenant à une véritable
espèce, à cause de particularités et de dimensions des viscères, il
l'appellerait Clangida mergifonnis.
Les testicules de ce spécimen avaient été examinés au microscope
par le professeur Wymau, et quoiqu'ils fussent très gonflés (ils
avaient un demi-pouce de long), on n'avait pu cependant découvrir
aucune particule spermatique.
Clangula glaucion et Mergus merganser
Pendant un violent ouragan de neige, M. l'Inspecteur des forêts
de Negelin, d'OldenliOurg, aperçut pendant plusieurs heures deux
Anasclanijula, accompagnés d'un troisième Oiseau qui se comporta
près de ces derniers comme un mâle ; après l'avoir tué on reconnut
que c'était un Meryus mcnjaiiacr. On ignore si cet accouplement fut
suivi de fécondité, disons que l'observation de M. de Negelin avait été
faite de loin, d'une fenêtre de la maison d'un garde forestier (2).
PALMIPÈDES LONGIPENNES
l'tUHillc (ks Landvf:.
Genre Sterna.
stern.v paradisea C-i) et sterna HmuNDO (4)
La Sterne paradis, disent MM. Degland et Gerbe (3), a été con-
fondue jusqu'en 1819 avec la Sterna liirundo. Ces auteurs pensent
que ces deux types se croisent quelquefois et donnent des produits
ressemblant plus ou moins au père ou à la mère. M. Hardy (6) croit
en avoir acquis la certitude.
« Les individus (jui provieudraieiit de cette uuion, ont, les uns
(1) Voy. inùmc revue, p. IIS
(2) Rapport du D' Gloger, .Inurual fiir (Iruitliolosie, p. 417, Uefl VI, novem-
bre 18,^0.
(3) Autres noms : SteriM macroura, S. Mlzschi ou S. Iiinindo.
(i) Ou Sterna /luvialis, ou S. marina.
(o) Ornithologie européenne, II, p. 459
(fi) Cité par Degland et Gerbe.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTIIES A 1, ICTAT SAIVALK 171
avec k's piL'dsfoiirlsde UxSli'r. iinrailisci/, le Ijec assez luuj; dv la s/c;-.
hinindo: les autres, le bec grille de la SIrr. jiaradisi'd, et les tarses
de trois à ciuq iiiiliiinètres plus lonj;s (]ue ceux de cette espèce.
Toutes les fols que les pieds se rapproclieut ainsi [y,\v leur lougueui'
de ceux de la Sli-r. hirnndo, il s'y joint un autre poiut de ressem-
blance; les couvertures de la ([ueue ont uue teinte d'un gris bleu
dans celle-ci, taudis ([u'en automne les Sler. parailiscn jeunes et
vieilles ont toujours ces parties d'un blanc pur. .M. Hardy, i)rofond
observateur, reconnaît ces Oiseaux au vol, à ce dernier signe dillé-
rentiel, tant il est frappant. »
Notons ici que le l'év. Macphersou a émis roj)ini,r)n (1) que le
(ilaucous (l.arusijlnHcusj et le Iceland Gidl (l.anis U'iicopirnts) pou-
vaient s'entrecroiser parfois dans les régions lointaines du Nord,
mais il ne cite aucun exemple.
C'est à peine si ce dernier croisement, qu'aucun fait n'a encore
confirmé, peut être cité; aussi, comme nous l'avons dit en conimen-
(.ant. riiybridation chez les Palmipèdes ne se manifeste réellement
que dans uue seule famille, celle des Anatidés.
Il nous paraît probable qu'elle ne se produit que fort rarement
chez les Kcliassiers. Dans cet ordre, du moins, nous n'avons pu
rassembler que deux exemples.
ÉCII.\SSIERS HEHODIENS
Famille drs Gr aidés
Genre Ardea
Ardea cinerea et Ardea i-iirpi uea
M. Lacroix, de Toulouse, nous fait savoir (|u'il jiossède un
hybride de Héron cendré et de Ilénm pourpré, liié (ou pris) dans
les ramiers de Braqueville, 8 kil. sud de Toulouse, eu février KS.'i'i.
M. van Kempen nous écritr aussi qu'il a dans sa collection un
oi.çeau qui lui a été vendu comme un hybride de 1' \i(lr(i puriinrca
et de V \nl. cinered.
Ces croisements sont-ils bien authentiques'.' M. van Kempen
ajoute que chez sou Oiseau les jambes seules et les ailes sont musses,
tout le reste du plumage est de VAid, cincrcn. Son sujet proviimt de
l'Allemagne.
(I) Fielil,:!! mai ISOU.
172 A. SUCHETEÏ
ÉCHASSIERS COUREURS
l'aiiiillc (Ic.^ Chaiiitlridcs
Genre Haeinatopus
H.EMATOPUS U.MCOLOR et H.EMATOPOS LONGIROSTRIS
Plusieurs collections de la Nouvelle-Zélande posséderaient des
liy])ri(les entre ces deux types. Sir Walter Biiller, qui fait cette
conimunication à M. Henry Seeboliui, ajoute (jue ces Jiyltrides sont
probablement stériles (1).
REMARQUE
Un certain nombre des croisements (jue nous avons cités ont été
répétés en domesticité.
Plusieurs des produits obtenus ont été mariés entre eux. Nous
n'avons point besoin d'insister sur l'intérêt que présentent ces
expériences qui permettent de fonder de sérieuses présomptions
contre ou pour la fécondité des hybrides rencontrés à l'état
sauvage. Malheureusement ces expériences n'ont point toujours été
entreprises dans un but scientifique et bien souvent les auteurs
qui les ont racontées (tut négligé de faire connaître les diverses
circonstances dans lesquelles ces accouplements se sont produits.
Ces expériences pourraient présenter un autre avantage si elles
étaient faites avec des individus d'espèce bien pure, car elles per-
mettraient, par l'étude des caractères des hybrides ainsi obtenus
et leur comparaison avec les produits sauvages, de reconnaître
l'autiicnticitéde ces derniers, quoiqu'on ne puisse cependant obtenir
un critérium absolu à cause de la plasticité des hybrides et la
varial)ilité de leur coloration.
Dans les croisements que uous allons indiquer, l'.l. hoschiis
domestique parait avoir été le plus souvent enq^loyé; les produits,
ayant hérité des caractères des parents modifiés, ne pourront donc
servir de poiut de comparaison.
Les hybrides obtenus en captivité, se rapportant aux croisements
que nous avons indiqués, sont les suivants :
A. ACUTA et A. PENELOPE: Hybrides nés dans la ménagerie de
(1) « The rarily ol llic iiilfi-nicdhilo tdriiis is |ir'esiiiii|ilivc évidence lli;iy H'^y ïii'i'
baren. ii Voy. : The geograpliicnl flislriliutioit of tlif Charadridiv, p. 30S.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A I.KTAT SAIVAGE 173
Lonl Stiiiiley, d'iiue femelle ((t»/(( et d'uu lUiAv iinu'lui)c{l): hybride
égiileinent oliteiiu au Jardiu /.oologuiue d'Aiiistenlani (2).
A. BOSciiAS et A. ACUTA : Hybride ayant vécu à la ménagerie de
Schœiibrunn (3). Uu autre mâle montré dans une réunion de la
Société zoologiciue de Londres par M. Twiseltou Fienes (4), origine
(tciilu cf ; cet Oiseau appartenait à une couvée de six jeunes. Croise-
ment encore obtenu au Jardiu zoologi(iue d'Anislerdam, origine
acutaj' et twschas $ (5). M. Alf. Newton a parlé d'autres hybrides
qui lui furent offerts par un ami (0). Enfin M. l'fauncnschmid.à
Emdeu, aurait obtenu de nouveau le même croisement (7).
Anas boschas et Chaulelasmus strepera : Hybride vu par M. de
Selys-Longchamps au Zoological Garden (8). Tne femelle obtenue
par M. Hogerou entre un mâle Chipeau et une femelle de Canard
sauvage (9).
Anas obsccra et A. boschas : Hybride obtenu aux Ktats-Unis, par
M. Elisa Slade(iO).
A. PENELOPE et A. BOSCHAS : Hybride obtenu par M. Durham, de
Rremly Grange, près de Ripon (Angleterre), (origine .1. penriopi-
masc. I. hosrhas fein.)(ll).
A. BOSCHAS et Carina moschata : Hybride obtenu journellement ;
grand nombre d'auteurs l'ont mentionné dans leurs ouvrages.
FuLiGULA NYROCAetF. CRisTATA : Hybride né au Jardin Zoologique
de Londres (12).
.\nas clangula et Mergus merganser : Ce croisement aurait été
obtenu par M. Pfaunenschmid, d'Emden (Ostfriesland); celui-ci
aurait élevé un hybride de ces deux Oiseaux (13).
(I) Voy. Monlai,Mi, Urnilliologicdl dictionari/, 2'éilil., p. ."iW. LdiuIuii, I8:!I.
(i) Coiiiiminiiation de M. Wostermanii, tlirccleiir.
(3) C.-R. .\cail6iiiie de Vienne. Kit/inner, dércmlire l^Vii.
(i) Prooeed. of llie commiUe of science and correspondamc i>l llie zhmI. Sooiely.
Part. I, p. luC, 18:«)183l.
I,")) Coninuiiiication de M. WeKoriiiariii. dii-ciiiMir.
(0) Procciul. of llu' zool Society of London, p. :(2r). It^'CiO.
(7) Voy : Neiidam, XVI, n" 21. |i. :573. M décembre 4WUJ.
(S) liiiU. Acad. Se. de Bruxelles, 2' partie, XMII, l.s:if>. .M. de Selys ne illl pas
si lOisi'an a été produit en doniestiiité, mais la chose nous parait probable.
('.)) linllel. de la Soc. nationale irAeeliuialatjon, p. .'li;'.!. iHX\.
(Kl) Proeeed. of llie Lnited Slales national Muséum, p. (iCi.
(II) Alf. Newton, On a Uybrid diiek. Proeeed., p. :«)2, ISCd.
Voy. aussi pour le même croisement .lolin llanilcnk, .1 catalogue oj tlie liirds
of .Sorthumherlaiiiiund Durham. NaluralTransacl. .Nnrthumbcrland, p. 153, 187i.
(I2| Bull. delWcad. des Se. de Bruxelles, X.Mll. ISiiC.
(13, Voyez Neudam, XVI, n° 21, p. 373. décembre 18!)0.
174 a. suchetet
Essais de reproduction en captivité
Lord Stanley Ot savoir ati colonel Montai^u (|u'ant' femelle
Piutail (.1. actila) s'aj)|)aria daus sa iiiéuagerie avec uu mâle
Wigeoii (1. penelope), et produisit la première année neuf ou
dix jeunes. La seconde année, cette Cane donna six petits (1).
Les hybrides nés de cette union se montrèrent stériles (2). Il
est fait mention dans les Proceedings de la Société zoologique de
Londres (3) de plusieurs hybrides A. arntn cf et -1. boschas $ qui,
unis à Vaciita (f dont ils descendaient, ])roduisirent avec celle-ci.
M. Alf. Newton parle (4) d'une paire semblable qu'il mit, en 1836,
sur uu étang où il y avait des Canards des deux espèces. Le mâle
hybride régnait eu maître. A l'approche du printemps, il se montra
de plus en plus jaloux, aucun Canard n'avait le droit de s'approcher
de sa compagne. M. Newton ne fut jamais assez heureux pour
assister aux noces, mais il a de fortes présomptions pour croire
qu'aucun mâle ne trouva moyeu de s'accoupler. Au mois d'avril, la
femelle hybride lit sou nid et couva ses œufs, d'où il sortit quatre
jeunes , deux mâles et deux femelles. Pendant les années 1857
et 183j^, m. Newton ne fut pas chez lui; mais, en 1859, ayant pu
observer attentivement les nouveaux hybrides, il crut s'apercevoir
qu'ils étaient infertiles. Après leur mort, il les disséqua et constata
que ses présomptions étaient fondées. Cette stérilité, reconnue dès
la deuxième génération, indique, comme le pense M. Newton, des
hybrides demi-sang. Cependant la surveillance n'a pas été telle
qu'on puisse assurer ijue les mâles d'espèce pure aient toujours été
éloignés de la femelle hybride.
L'hybride .1 . strepera x .1 . boschas, vu par M. de Selys-Long-
chanips au Zoological Gardca en 1851, s'étant accouplé au Canard
siflleur, l'uuiou fut féconde. Il en est résulté, dit M. de Selys, uu
Oiseau dans la formation duquel 1' I. penelope entre pour la moitié,
et les .1. boschas et A. strepeni chacun pour un quart (5).
M. Rogeron raconte (G) qu'une femelle (Chipeau cf. Canard sau-
(1) OriiiUiological (lictionary of brilish Binls, p. .'143, London, 1831.
(2) Voy. Sclby, lUitstrations of hiilish oriritholof]y,U, p. 32G. F.diiihni'^'li, ls:t3.
Voy. aussi Yaiicll, Itritish Dirds, p. 2(il.
(3) P. IMS, 1830-lS3I.Ce fait est rapporté par Varrcll iii lil-itish Itinl.i.
(i) Proceediiigsot Uiezool. Society of Loiulon, p. ii.3(j, I8(i0.
(b) BiiUetin di' l'.Vcad. des sciences de Bruxelles, X.\V1, 1850.
(0) Bulletin do la Société d'Acclimatation, 1KS3.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTIlÉS A L'ÉTAT SAl'VAGE 175
Viige 9). après avoir coutracté une liaisou avec un Milouiii (1 1, fut
Irouvi'f (iiins une luzerne couvant neuf u-ufs tous fécondés et, donl
six éclorent. (".elle Cane donna encore d'autres o'ufs fécondés les
années suivantes, et, en 1884, M. Uogeron était en possession de
douze iiybrides (2). En 188(i, les tentatives de reproduction des
hyljrides étaient restées sans résultai; pas un seul (euf n'avait été
fécondé (3). II en était d(! même en 1888 (4).
Une femelle croisée de Canard soinijre el de Canard sauvaiçe
(Wild Ouciv), accouplée à unohsrara pur, a produit une couvée au
Jardin de la Société zoolo^ique de Londres {','>j. V.n 1S77, dans le
comté de bristol (Klals IJuis), raconte M. Elisa Slade ((i),des jeunes
Mallards sauvages {A. hoschas) furent capturés et appariés avec des
Canards sombres pris l'année précédente dans la même contrée.
M. Slade dil (lu'il possède aujourd'liui dans sa cour un de ces
Canards sombres et un mâle Mallard de 1877, le reste de ses Oiseaux
descemlent de cette paire. « Les hybrides sont fertiles /((/(•)• se les
Uiseaux s'apparient régulièrement sans se quereller.» Nous pensons
donc que M. Slade a pcjs soin de séparer les espèces pures.
Cei)endaiit il ajoute qu'il possède une « |)niredont le mâle est tiois
quarts sang Mallard et un quart Duskey Duck, la femelle trois
quarts Duskey Duck et un quart Mallard». La fécondité inter se de
ces Oiseaux n'aurait rien du reste de suriirenant, car ils [jaraissent
|ilutôt ap|)artenir à une variété (ju'à une b(mne espèce.
M. John Handcok (7) parle d'une femelle 1. yn/ic/o/jc cf cl I. has-
rhas $ qui couva pendant un mois onze œufs dont l'éclosion n'eut
pas lieu. .M. Handcok avait reçu de .M. Savage deux paires d'hybrides
de cette sorte, un des mâles vivait encore en 1874.
Nous avons dit que le croisement de 1' 1. hoschafi et de l'.l. mos-
chata se produisait journellement dans les basses-cours. Les
hybrides qui en naissent sont inféconds. Cette infécondité est telle-
nienl notoire que, dans les fermes où l'on élève les Mullards (8),
(1) Ce Canard avait eu, liuil ou lU'iif ans aii{iaravaiit, uiii' aik' hrisi'c par iiii
cliasseur, et depuis il ('lait resté sur les ilnuves île .\l. Ild^'erou sans feuu'lle île son
espèce.
(i) Bulletin, p. SOT, 18*4.
(3) Bulletin, p. :JI0, I88(;.
(i) Bulletin, p. 'Jl'.>, ISS,><.
(;1) Sriater, On nninr hybrid Diifics. l'ii>reeiliii;;s nf tlie /.iiol. Soiiely ut l.umlun,
p. 442, I8;;9.
(6) Proceedings o( United States national .Muséum, p. fiC),
(7) Natural Ilislory Ti-ansaclinns of .Nortliundjerland, p. I.'ij, I87i.
(8) On nomme ainsi les prodiiils de IM. hogriuis et de l'.l. mnxcliatd.
176 A. SUCHETET
ceux-ci ne sont jamais ronservés jusqu'au moment de la repro-
duelion.
M. (le Selys cite un liyljride l'uliijala lujroca et F. rristata (jui
s'apparia avec un vyroca pur d'où il résulta uu second croisement.
Ou se rappelle que l'hybride I . cljiprrnta et .1 . st reperça, pris vivant
dans lu Mecklenibourg, ne put féconder les Canes qu'on lui
donna.
En dehors de ces exemples, un grand nombre d'autres croise-
ments chez les Anatldés ont été produits en domesticité ; nous
en tenant seulement aux genres Anas, rtiUr/nlit et Menjus, les seuls
(pii, à l'état sauvage .aient contracté des mélanges, nous citerons :
A. casarka X Tadorna nilpanser (1)
.'I. hosclms X Tadorna nilpanser (2)
Aix spo7isa X -1. bosclias (3)
Querquedula hrasiliensis x Querquedula castanea (4)
Aix sponsa X Air gnlcrinilata (S)
Marecn chiloensis X Dn/ila spinicauda ((î)
Dafila spinicaiida X Dafila aeiita (7), etc.
Or, un hybride de Spa/((/af/î/p('a<rt x /l. q'werq'uprfM/a fut conservé
sans résultat pendant un été sur un petit étang des jardins de la
Société Zoologique de Londres avec une femelle de Garganey
(1) Né en 1859 dans le Jai'din de la Zoological Society of London, issu d'un
mâle du Common Sliieidrake {Tadorna rulpanser et d'une temelle du Shieldrake
Wliite fronled ou Monlain-Gonsc of Southern Ali-ica (Casarca Cana/. Celle temelle,
dit M. P. Lutley Sclaler, avait élé arquise par la Société à la vente de la collection
du leu Lord Derby en 1831 .
(2) Croisement s'élant produit dans la basse-cour de .\I. Haillon, fait cité
par BulTon {Oiseaux, 11, p. îilS), puis rapporte par Bernardin de SLiint-Pierre
(T. XII des ((Kuvres complètes, p. 54). Le même fait paraît s'être produit en
Alh'magne (Voy. le prof. 1)' Mimler in Journal liir Ornilliologie, IV, p. 'JOi, 18.';:!.
(:i) Examiné par M. de Selys-l.ongclianips au Muséum d'Histoire naturelle de
\'';\vis {Hrcaj). des Ili/lirides elle: les Analidés. Bull. Acad. sc.de Bruxelles, I8.')6i.
Depuis, l'Oiseau, nous écrit M. (histalet. a été réformé à cause de son mauvais état.
Il ne portait aucune indication, mais lout porte à croire (|uc' c'était un individu
domestltpie.
Cl) Crcisemenl s'élant pi'oduil au pai'C Beaujardin, à Tours, enire uu lirasiliensix
cf et un casianea '+'.
(5) Croisement obtenu dans les deux sens par divers amateurs.
(6) Hybride présenté en 1S78 par M. ,1. Charlton Parz, Esq. (Voy. List nf llie
vertébrale animais in Ihe gardeii of zool. Society of London, p. 437. 188:ii.
(7) Obtenu par M. Bourgeuil, de Nantes. Voy. Bull. Soc. Acclimatation, p. 57'(,
1884.
OiSKAI X IIVlilUUES nE.NCONTHÉS A I/kTAT SAUVAIiK 177
(.1. (juci(jni-iliila), et une Iciiielle de Sliovck'r (>■/'"'"/" clintrula] {{).
l'nu femelle ïadornu vnIpatmT x .1. /w.st/j(w, gardée peiKhiut trois
ans par M. Bâillon, n'a jamais vouln écouler ni les Canards ni les
Tadorues (2).
Les produits de l. siiininiudu x .{. aculirawla, ohtenus par
M. Bourj^euil et euvoyés jiar lui au Jardin d'Acclimataliou de Paris,
u'out pas reproduit (3).
Les hybrides .l/.r(/a/<'n'ci(/((7« x W'.rs/joji.srt, élevés notamment en
Hollande, sont inféconds {!i).
Va\ concluant par aualoj;ie, il y a lieu de croire ((ue les hybrides
sauvages que nous avons cités sont incapables de se reproduire
intcr se, mais accouplés avec desespèces pures, iilusienrs paraissent
jouir de la fécondité. Dans ce cas, les jeunes i-elourueut tôt ou lard
au type dont le sang domine, c'est ce qui fut constaté par Yarrell :
Les Pinlails .'î/'t saug anilu perdirent, dit cet auteur (5), « toute
apparence du (lauard commun. »
(I) Voy. Vanell, ttritish lUrds, p. XH.
(i) Billion, Oiseaux, \l, p. ooS.
(;t) Comiminicatiiiii de .M. h' Direcleur.
(4) Voy. Alfred ToiKdinrd. Giiidr pniir élever les l'aisans, p. !)1.
(:i) Op rit.
179
TliniSIK.MF PMirii:
Les Passereaux,
La |ilii|i lit ili's (Tuisciiiciils i|iii' iHHis iKiils proposons d'éiiumérer
(hiijs celte élude, ainsi (|ue ceux ipii ont été cités dans nos deux
l)i'écédonli's pui)iications, les (idllinarcs cl les hiliniiirdrs. n'ont
point été constatés de risii, ils ne sont, presque tous, (|ut' présumés ;
souvent même ils denieureul très hypothétiques.
De l'examen de certains types anormaux, présentant des carac-
tères propres à deux espèces ou à deux races distinctes, on a
conclu (|ue ces types empruntaient leur origine au mélange des
formes dont ils |)résentent l'apparence : mais Vappariaijc des parinits
supposés n'a point été ijéuéralemcnl obsfrcé.
Il peut donc se faire (|ue les exemplaires i-épntés pour hybrides,
c'esl-à-dire pour le produit de deux formes distinctes croisées,
soient simplement des individus aberrants ayant subi dans la colo-
ration de leur iiliimage des altérations ou des modifications les
ra|)prochaut de certaines formes, sans toutefois ipie leur origine
soit imputable au croisement de ces formes.
Chez les variétés climatériques, ces variations jjeuvenl sans
doute se manifester (l'une façon telle (jue le sujet (|ui les subit
passera pour intermédiaire entre deux races sans (|ue celles-ci se
soient aucunement croisées.
Les mêmes phénomènes pouiraient à la ligueur se produire chez
certaines espèces ou du moins chez certains types auxquels, ù
tort ou à raison, les zoologistes appliquent celle dénomination. La
chose, nous l'avouons, ne nous parait cependant pas probable el,
dans ce dernier cas, nous ne cacherons point nos préférences pour
l'hybridation comme mode de formation beaucouj) |)lus rationnel
de ces types égarés.
C'est donc sous les réserves les plus expres.ses ipje nous citons
tdiis les croisements i|ui fout l'objet de ces études (I): nous croyons
(1) Le^s Oalliitiicés ol lus l'atiiiipi'ite!! ont ctO publics iliiiis les ilemuires de la
Sociélù (auuùfs IS'JO ft 1891).
180 A. SUCHETET
qu'une très grande prudence s'impose à leur égard, car les obser-
vations faites jiist|u'alors ne sont pas encore assez étendues, et n'ont
pas été assez de fois renouvelées, pour conclure d'une manière pro-
lital)le à la science.
Une remarque d'un autre genre s'impose égalenieul : c'est que
beaucoup des types qu'on suppose avoir contracté les mélanges
qui vont être énumérés, le tiers environ, doivent être considérés,
non comme de véritables espèces liues, mais comme de simples
variétés ou races d'une même souche.
Nous insistons sur ce point, car si on n'établissait point de dis-
tinction formelle entre les espèces et les formes ou races locales, on
arriverait à grossir notablement le nombre des croisements. Et,
ici, on nous permettra de citer les savants travaux de M. Meuzbier,
et même ceux de M. Seebohm, qui, dans les étmles qu'ils ont
faites de certains croisements, ont bien plutôt énuméré des mélanges
de races que des mélanges d'espèces (1). Il est un fait à remarquer,
c'est que depuis Linné, les naturalistes ont montré une tendance à
diviser le Genre en un nombre considérable d'espèces dont les diffé-
rences sont parfois si minimes qu'il devient presque impossible de
les apprécier. Le nombre des espèces principales ou souches, suivant
la pensée d'un naturaliste éminent (2), devrait sans doute être réduit
et celui des groupes ou sous-genres augmenté; tandis qu'on devait
reléguer « au rang de races, ou mieux de formes locales, plusieurs
d'entre elles qui sont signalées comme espèces. »
Sons l'influence du climat, des conditions de l'iiabitat, de la
nourriture, de causes diverses, certains individus d'une même
souche se localisant, arrivent à contracter un faciès un peu
différent de leurs ancêtres, qui, peu à peu, devient constant;
ils ne se séparent point pour cela de l'espèce à laquelle ils se
relient insensiblement, quelquefois par des croisements. Cela
ne constitue donc eu aucune manière l'hybridation de formes
(1) Voir {( Du rôle dn croisement dans l'extinction des espèces. » Conférence
(aite à la Société Zoologique <le Tiance par M. Michel Meuzbier. Olle conférence a
été reproduite dans la lîevue scientifique, n» 4, p. olo et suiv., il) avril 1S84. Pour
M. Secbolini, voir dilférents ouvrages : A History of british Ilirds. Silieria in
Àsia, Siberia in Etiropa, et notanimimt On llie interbreeding of Birds. Ibis,
p. a46 et suiv., 1882.
Reconnaissons toutefois que M. Seebohm n'a point intitulé son travail « Inter-
breeding of species » mais o Interbreeding of Birds », ayant soin d'indiquer à
titre de sous-espèces la plupart des Oiseaux croisés : M. Menzbier s'est servi du mot
espèce, comme on vient de le voir.
(2) De Selys-Longchamps, Considérations sur le genre Mésange. Bull, de la
Soc. Zoûlog. de France, p. 3i et p. 25, 1884.
OISKALX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SALVAOE 181
spécil'i(]ueiiii'nl ilislincli's eliw jieul eulrei' en lij^iii' de cumiili' daus
les croisemeuts ([ue uous ;i!lous préseuter et aiigmerilcr leur
noinlirc. Si nous taisons nu-ntion de ces niélanjçes, c'est jiarce ([u'ils
ont été signalés ou ([u'ils jtonnaient donner lieu à (jneliine méprise
si uous les laissions dans l'ouhli.
Knlin. l'oliscrvation attentive des faits ([ui voni être cités mon-
trera que beaucoup de croisements ne sont pas sullisamment attes-
tés parce que leur étude a été incomplète ou que les récits qui
en ont été faits manquent de ])récision : jilusieurs sont certainement
faux, au moins restent très douteux; jiuis aussi la ca|)ture à l'état
libre ou l'origine sauvage de toutes les pièces considérées comme
hybrides n'est point certaim;, la rencontre à l'état sauvage d'Oi-
seaux échappés de captivité n'étant pas absolument rare.
Sous le bénéfice de ces circonstances, nous avons dressé hi liste
suivante, qui est un résumé des faits dans le détail descpieis nous
entrerons bientôt.
Famille îles l-'riiuiHliiliv.
Genre Fringilla.
LlGUHiNLS CHLOHis et Cannahina linota, paraît très autlientique
à cause des caractères réellement intermédiaires cjne |uéseu-
tenl les pièces observées.
LiGi:itiNiis CHLOHis et (LvRDUKMS Ki-KGANS, même obseivation.
Chryso.mitius spi.nus et AcA.NTHis(espèci' non délerminéej probable.
Carduelis elega.ns, var. major cl Carduelis caniceps, plusieurs
spécimens iutermédiaires entre ces deux lyiies ont été décrits.
Carduelis elegans et Cannahina linota, jiarait aussi bien assuré.
Chrysomitris spinus et Carduelis elegans, les exemplaires qui
nous ont été montrés ne peuvent établir ce croisement.
Fringilla canaria et Carduelis elegans, aurait été constaté.
Fringilla canaria et Cannabina linota, même observation.
LoxiA ORvzivORA et Fringilla (espèce non déterminée) vague.
F.Mi!ERi/.A BHASiLiENsis et Passer domesticus n'esl pas sullisamment
attesté.
iex cinq criiiseinenls ne sont pas ii proprement parler (Jes croisements
naturels, pnisiiu'ils iint été contractés arec des hybrides éleres en captiriie
ou des Oiseaux exotiques importés, quoique constates ii létal saurage.
Serinus hortulanus et Carduelis elegans, n'est pas suHisaniinent
attesté.
182 A. SUCHETET
Serinus HORTULANUS et Cannabina linota, même observation, peut
être à reportei- au croisement du F. ciinnria X Cannahin ; les
formes F. canaria et /■'. liortiildHns appartiendraieut du reste
à la même espèce.
Chrysomitrisspinls et Ligurisus chloris, nous laisse des doutes.
Acanthis linaria et Spinus pinus, hypolhéti([ue.
AcANTHis linaria ct AcANTHis ExiuPES, doutcux, en tous cas deux
variétés ou races d'une même espèce.
Fri.ngilla cœlebs et Fringilla montifringilla, paraît très authen-
tique.
Fringilla goklebs et Fringilla spodiogena, simple appariage hypo-
thétique.
Genre Pyrrhula.
PiNicoLA ENULEATOR et Carpodacus purpureus, Semble bien certain
à cause des caractères intermédiaires de la pièce capturée.
Genre Emberiza.
Emberiza ciTRiNELLA et Emberiza schoeniclus, probable.
Emberiza citblnella et Emberiza pithyornus (id.), mais l'origine
sauvage de l'Oiseau n'est pas absolument certaine.
Emberiza citrinella et Emberiza cirlus, vague, on ignore du
reste si l'Oiseau a été prisa l'état sauvage.
JuNco HIEMALIS et ZoNOTRiCHiA ALBIC0LLIS, paraît authentique par
ses caractères.
ZONOTRICHIA LEUCOPHRYS, ZONOTRICHIA GaMBELI et ZONOTRICHIA
Gambeli iNTERMEniA (ti'ois variétés d'une même forme), dou-
teux, peut-être dû à des variations climatéricjues'?
Spizella pallida et Spizella Breweri (n'a pas été contrôlé) ;
notons que Bretreri a été considéré comme race de pallida.
Genre Passer.
Passer domesticus et Passer montanus, semble assez probable.
Passer montanus et Passer Itali.ï:, nous n'oserions point nous
prononcer, fait du reste double emploi si [talùc est race
de tlnviesticus.
Passer domesticus et Passer Itali.e, probable, entre variétés si,
comme ou vient de le dire, P. Ualia' est race de P. damesticm?
Passer saucicola et Passer Itali.e, pourrait être reporté au
précédent i^i snlirola est race de '/o))!c.s?/c»s ; salicola paraît
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE iS3
lui-mùaie u'èlri; qu'uue race d'tldliiv; nous ignorons nirnic
si la production des pièces intermédiaires est réellement din'
à un croisement.
Genre Loxia.
LoxiA cuRviROSTRA ct LoxiA BiFASciATA, tri's vaguc, liypotliétique,
ne mérite ])as sans doute d'étri' mentionné.
Lo.\iA cLiiviROSTRA et LoxiA piTYOPsiTTACUs, uo uous piiraîl pas
suHisamment affirmé, sans doute deux variétés du môme type?
Entre deux genres.
Embehiza BRASiLiENSis et Passer do.mesticus (ce croisement a
été mentionné plus haut, rappelé ici [Kiur mémoire).
LiGURiNUs CHLORis et Fasser Itali.e, n'est p;is alllrmé suHisam-
ment, douteux.
Fringilla coelebs et Passer domesticus , faux certainement dans
un cas, très douteux dans le second.
Chrysosiitris spinus et Pyrruula vulgaris, fort douteux.
Famille des Muscaitidm.
Genre Rhipidura.
UmPIDLRA FLABELUI'ERA Ct IllIIPIDUR\ FULIGINOSA, parait bicU
attesté; reste à savoir si flabellifera et fulUjinosa doivent être
considérées comme deux espèces distinctes l'une de l'autre?
Finnille des lliiundinida'.
Genre Hirundo.
IlmUNDO EltYTlIROOASTER, Var. HORREORUM Ct PeTROCIIELIDON
LUNiFRONs, probable.
Hirundo erythrogaster et Petrociielidon Swainsoni, peut être
exact, mais n'est pas sullisammeut attesté; peut-être aussi
fait double emi)loi avec le précédent si Sunin^oui est le
môme ([ue luaifrons ou variété de celui-ci.
IlniuNDO URBiCA et Hirundo rustica, parait authenticpic d'ajirès
les caractères que présentent les hybrides supi)osés.
184 A. SUCHETET
Famille des Paridœ.
Genre Parus.
Parus atricapillus el Parus Gambeli, sans doute exact.
Parus atricapillus et Parus bicolou, nous manquons de ren-
seignements sur ce croisement qui peut n'être qu'un «sport.n
Parus coERULEus et Poecile communis, paraît bien établi.
Parus palustris et Parus cyanus, semble authentique, mais on
ne spécifie pas si l'Oiseau a été réellement pris à l'état
sauvage.
Parus palustris et Parus cristatus, paraît bien établi.
Cyanistes cyanus et Cyanistes C(eruleus a été contesté.
Cyanistes cyanus et Cyanistes Pleskei, si le dernier type est race
A&cœruh'un, ce croisement est à reporter au précédent.
Cyanistes coeruleus et Cyanistes Pleskei, n'est qu'une pré-
somption.
Cyanus flavipectus et Cy'anistes cyanus var. Tian-Schanicus, sans
doute deux variétés d'un même type, assez obscur du reste.
Cyanistes cyanus et Poecile longicaudus, peut être exact?
Acredula caudata et A. Irbyi, deux variétés d'une même espèce.
Acredula rosea et Acredula Irbyi (id.). Y a-t-il eu véritable
croisement dans ces deux cas; nous l'ignorons.
Famille des MotaciHidœ.
Genre Motacilla.
Motacilla ALEA et Motacilla lugubris, semble certain, mais les
deux types se rattachent plutôt à des variétés qu'à des espèces.
Budytes elava et Budytes melanocephala, probable, deux races
d'un même type.
Budytes flava et Budytes campestris, paraît bien attesté, tou-
jours variétés d'une même espèce.
Budytes flava et Budytes borealis, mêmes renseignements que
pour le précédent, est peut-être le même que l'avant dernier?
Des variations ou anomalies pourraient peut-être être invo-
qués pour expliquer les caractères intermédiaires des exem-
plaires attribués à plusieurs de ces derniers croisements.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 185
Famille des Turdiihr.
Genre Sylvicola.
Helmintiiophaga pinus et Helminthophaga chrysoptera, pillait
Itii'ii aflirmi'.
Helminthophaga pinus et Oporonis formosa, moins autlieiiti(iue.
Denur.eca striata et Perisiglossa tigrina toutàfail liypothctique.
Genre Cyanecula.
Cyanecula Wolfi et Cyanecula leucocyanea.
Cyanecula suecica et Cyanecula leucocyanea.
Cyanecula Wolfi et Cyanecula suecica, ces trois types sont pro-
baliicinenl des variétés d'une même espèce, et leurs croise-
ments ne sont pas assurés.
Genre Philomela.
Philo.mela luscinia et Philomela major, ne nous |iaiaît pas
sunisammeul attesté, deux variétés du reste.
Genre Petrocincla.
Petrocincla cyanea et Petrocincla saxatilis, a été bien étudié,
n'est cependant pas positivement cerlaiu.
Genre Turdus.
TuRDUs RUFicoLLis cl TuRDus ATRiGULARis, iioiis ne |ioiirrions nous
piououcer.
TuRDus FuscATUs et TuRDUs Naumanni, n'est pas sullisamment
attesté (plusieurs de ces quatre espèces sont facilement
eonfoiulues).
Turdus merula et Turdus musicus, sans doute quel(iues croise-
ments se sont réellement produits.
Turdus merula et Turdus viscivorus?
Turdus torquatus et Turdus merula douteux.
Genre Regulus.
Regulus SATRAPA cl Regulus CALENDULA liypotliétique.
18('> A. SUCHETKT
Genre Hydrobata.
CiNCLUS CASHMiniKNSIS et GiNCLUS LEUCOGASTER.
CixcLus cASHMiRiENsis et CiNCLus soRDiDus, ti'ois variétcs d'un
môme type.
Genre Copsychus.
CopsYCHus Musicus et Copsychus amoenus, à peine si ces deux
types peuvent être appelés des variétés.
FdiitUlc des Laniidd\
Genre Lanius.
Lanius rufus et Lanius collaris, paraît avoir été bien étudié.
Lanius excubitor et Lanius major, sous ces deux dénominations
ou doit peut-être entendre le même individu '! En tous cas
deux simples variétés d'une même espèce.
Lanius excubitor et L. leucopterus, deux variétés?
Lanius excubibor et L. borealis, n'a pas été suffisamment observé.
Fainille des Garrididœ.
Genre Cyanocorax.
CyANOCORAx CYANOMELAs et Cyanocorax cyanopogon (ou Cyano-
corax cayanus) liypothétique.
Genre Garrulus.
Garrulus gland arius et Garrulus Krynicki, vague, du reste
deux variétés d'un môme type.
Famille des Corvidœ.
Genre Corvus.
CoRVus CORAX et CoRvus corone, n'est point sans doute exact.
CoRvus corone et Corvus cornix, bien établi, mais deux variétés
d'une même espèce.
Corvus krugileus et Corvus cornix, très vague mention, et pro-
bablement indiqué par erreur.
OISEAUX lIMllimKS REiNCONTUKS A l.'lh'AT SAUVACK 1.S7
Convos couoN'i': et Couves Fuur.iLiiuus, invraisemblable, n'csl |)as
sérieux.
CoRVL's NECt.ECTLis et CoKvus DAunicus, pi'olialilciiieiit variétés,
certains croient inèine que iti'yli'clns est un |ir(;iuier âge !
CoRvus coRNix et GoRvus ORiENTALis, (leux variélés?
FiuiuUf (les Ccrlltiilii.
Genre Sitta.
SrrTA Kunoi'EA et Sitta caesia, les quelques reusei|;nenicnts fournis
ue nous permettent pas (rallirmer ce croisement.
Famille des MplUphagidœ
Genre Jora.
JoRA TviMiiA et Jora zevlomca, tout-à-fait bypothétique.
Famille des Puradisidœ
Genre Paradisea
I'aiiauisea ai'oda cl l'AitADisEA RAooiAN'A, paraît probable, à moins
donc que niiji/lnim ne soit sujet à des écarts de coloration le
rapprocbaiil de /'. npoda .'
Famille des ScenopiidfC
Genres Oriolus et Ptilorhynchus.
Ptilonorvncuus HOLosERicus ct Sericulus chrysocephalus, con-
testé, reste indécis.
Famille des Coraciudidœ
Genre Coracias
CoRiACiAs i.NniCA et Coracias akfinms, a été contesté, en tous cas
deux variétés d'un même type.
CoRiACiAS OARRii.A et (aiuacias indica , u'cst poiut entouré de
toutes les garanties désirables.
188 A. SUCIIETET
Failli Ile ili's Piiiilœ
Genre Colaptes.
CoLAi'TES Ai'UATUs et CoL.M'TES' MEXicANUS, ces deiix foriiips sont
peut-être une seule espèce ?
Colaptes chrysoïdes et Colaptes mexicanus, paraît avoir été bien
étudié, mais cJu-j/soiilrs est-il réellement espèce?
Dryobates Nuttallii et Dryobates pubescens, probable.
Entre deux familles.
Turdidœ et Fringillidœ.
Genres Ruticilla et Carduelis.
Saxicola rubricola et Carduelis elegans, description insufTi-
sante; très probablement, sinon assurément faux.
Si on déduit vingt-neuf ou trente croisements produits entre types
pouvant sans doute être considérés comme variétés ou races, et non
comme de véritables espèces zoologiques dans le sens pro[u'e du
mot, croisements qui sont même loin d'être prouvés tous, restent
soixante-deux croisements. Sur ce nombre, on l'a vu, trois sont
faux ou paraissent l'ctro ; huit sont hypothétiques ; sept sont dou-
teux, ou méi'itent à peine d'être mentionnés; dix ne sont pas
sufllsamment attestés ou ont été décrits trop vaguement; un n'est
qu'un simple appariage présumé, et non suivi de fécondité; (juatre
dont la capture à l'état sauvage n'est pas certaine ; quatre aussi dont
le croisement, s'il a eu lieu, s'est effectué avec des hybrides ou des
espèces exotiques échappées de captivité ; trois font peut-être
double emploi, c'est-à dire qu'ils sont à reportera des croisements
déjà cités. Enfin onze semblent probables; sept paraissent bien
assurés et cinq sont sans doute authentiques. En résumé, vingt à
vingt-cinq croisements d'espèces seulement doivent être
retenus, si toutefois (notons- le bien encore) les hybrides pris à l'état
sauvage ont été réellement produits dans cet état et ne sont point
des échappés de captivité, dont la capture présente certainement
beaucoup i)lus de facilités que celle de leurs congénères sauvages.
Comme nous le disions en commençant, dans la plupart des cas,
on n'a point, en elîet, constaté de t/.s» l'appariage des parents suppo-
OISEAUX HVniUDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 1S9
ses et suivi leur postérité (I). Les hybrides les plus aulhentiques,
c'est-à-dire ceux tloiit les caractères alFiruieul une double origiuo,
se trouveut doue eux uièuies sujets à cauliou !
F"aut-il dire uiainteuaut que pour rassembler ces vinj^t à vingt-
cinq croiseiueuts/(/o/<(//;/('.v, nous avons dû nous livrer à des reclier-
ches très étendues, à épuiser pour ainsi dire, comme nous l'avions
fait pour les Gallinacés et les Palmipèdes, toutes les ressources dont
nous pouvions disposer : ajjpel aux directeurs de Musées, aux pro-
priétaires de collections particulières, aux ornithologistes, natu-
ralistes, voyageurs, amateurs, éleveurs, marchands, etc., etc., sans
compter de uomi)reuses rerli(>relies liililiographiques. Sans doute,
si nous nous étions contenté des renseignements, plus ou moins
vagues, qui nous arrivaient, toutes les réserves que l'on vient de
lire n'auraient |)as été émises; mais nous avons voulu, daus l'in-
térêt de l'exactitude, éprouver tous les docunieuts reçus, les con-
trôler sérieusement, et bien nous en a pris, comme on le verra dans
la suite.
Nous ignorons quel peut être, dans la nature, le nombre des espèces
appartenant à l'Ordre des Pasfsereaur. Sous ce rapport le catalogue
des Oiseaux couservés au British Muséum fournit de précieuses
indications. Mallieureusement,cel ouvrage, en cours de publication,
n'est point achevé. Combien de volumessontencore à publier, nous
ne pouvons le dire. .Vctiiellemeut on en compte quatorze s'occu-
pant du groupe (|ui fait l'uljjet de celte étude (2). Or ces volumes
nomment déjà G86j espèces existantes dont 55 950 spécimens
(représentant OOOi de ces espèces) sont conservés dans les galeries
du .Musée. Tel est au moins le total auquel nous sommes arrivé
eu additionnant les ehilfres donnés dans chaque volume. On sera
peut-être surpris d'apprendre qu'après un examen attentif des
pièces cataloguées, trois ou (juatre seulement |)araissent avoir été
notées comme hybrides (3); celte pro|»ortiou intime n'est même
point celle qui existe dans les autres Musées d'Europe et d'Amé-
rique, où, le plus souvent, aucun Passereau hybride sauvage n'est
conservé. C'est cependant dans les colleelions ([ue l'on doit
s'attendre à trouver des pièces curieuses et anormales. Des natu-
ralistes qui ont passé leur existence à chasser ou à collectionner
nous disent n'avoir jamais rencontré aucun Oiseau hybride; une
(1) Ct'tic rt'sorvi' n'fsl cepeiKiant pas apiiliiMhlc aux espèces i|ui no peuvent sup-
porter la captivité, mais c'est le petit niiuibre.
(2) Car nous comptons clans les Passereaux les Picidn' (Scnnsores, auct. pUir.).
(3) Il y en a quelques autres, mais elles sont déclarées hybrides de variétés et
suivies même souvent d'un point d'interrogation.
190 A. SUCHETET
foule de mnrchauds do zoologie, oiseleurs ou autres, que nous
avons consultés, nous ont fait la même réponse. L'uuanimité de
leurs réponses négatives est réellement surprenante ; le dépouille-
ment de leur correspondance mériterait d'être cité pour montrer la
concordance qui y règne sur ce point (1).
Evidemment tout ceci prouve que l'hybridité à l'état sauvage est
rare, fort rare, si elle existe même, puisque des gens du métier
persistent à la nier, malgré les pièces que l'on a apportées en preuve.
Afin d'éclaircir un sujet si obscur nous faisons appel aux bonnes
volontés, à tous ceux qui, croyant avoir observé quelques faits de
cette nature, ne les ont point publiés ; à tous ceux particulièrement
qui, s'étant aperçus de lacunes dans notre travail, voudront bien les
combler eu nous montrant nos oublis ou les erreurs que nous avons
sans doute commises. Si beaucoup despèces, actuellement exis-
tantes, ne sont point encore tombées sous l'observation, à plus forte
raison les rares croisements ((u'elles peuvent contracter restent-ils
ignorés. Mais ce cliifire est restreint nécessairement, et l'on ne peut
espérer enrichir désormais nos catalogues ornithologiques d'un
aussi grand nombre d'espèces que déjà ils en contiennent ; ainsi
peut-on prévoir que les nouveaux faits d'hybridisme ne seront jamais
nombreux et que les croisements d'espèce pourront toujours être
réputés fort rares dans la nature.
Ce fait rare de l'hybridation mérite-t-il de fixer l'attention ?
est-il de nature à intéresser le naturaliste et le philosophe, à
apporter nue solution aux problèmes graves et non résolus, qui se
posent en face des œuvres de la Création? Oui, certes, si ce que
nous sommes convenus d'appeler Vesjièce en éprouve quelques
modifications assez importantes pour altérer son essence. Lorsque
nous aurons énuméré et étudié dans leurs détails et dans leur
(1) M. Paul (l'IIauterivp, un nalui'aliste sagace, qui, depuis cinquante ans qu'il
observe les Oiseaux, n'a jamais rencontré un seul croisement d'espèce parmi ceux
qui vivent en liberlé, nous cite le fait suivant qui peut, pensons-nous, être
rapporté : Ayant remarqué la jalousie des Pinsons dont les mâles, au moment des
amours, ne perdent jamais leurs femelles de vue, il eut l'Idée un jour, après s"ètre
approché d'un couple établi dans son jardin, de tuer le mâle pour voir comment se
comporterait la femelle resiée seule et savoir si, en recommençant plusieurs fois le
meurtre des époux légitimes qu'elle rechercherait sans doute, elle ne se lasserait pas
enfin et ne séduirait pas un étranger quelconque, notamment un Chardonneret dont
le nid est établi presque toujours dans le voisinage de celui du Pinson. Dix minutes
après la mort du premier Pinson mâle, la femelle revint avec un nouvel époux qui
uldenouvrau abattu, lîienlol, même conquête, mais aussi même déception. Enfin un
(luati'ième mariage fut contracté toujours avec un mâle de l'espèce, tandis (juc les
Chardonnerets avaient été laissés de coté.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 191
eiisemltle tous les fiiils (jiii (mil l'oliji-l de ces études, nous nous
permettrous d'aborder seulenienl celle question ; nous ne croyons
poinl devoir le faire avant d'avoir réuni el mis sous les yeux du
iecleui- toutes les oliservalions i-ecuoiliies jus(iu'ii ce jour.
Avant d'entrer eu nialière, nous pensons aussi devoir lui pré-
senter (|uel(iues reniar(|ues ([ui, si elles ne sont poinl à notre
avanta^M', sont cependant utiles à faire connaître. El d'ahord si nous
avons étudié de notre mieux les espèces ou types qui se sont
croisés, si de tous côtés nous avons pris des renseiiiuemeuts à leur
sujet afin de liien ctjnnailre leur nature, nous ne sommes |)oiut
cei)endanl un ornithologiste de profession; nous avons donc pu
commettre des erreurs de détail, peut-être même des fautes, surtout
lorsqu'il s'est a;;! d'examens comparatifs entre les diverses parties
du plumage ou de la forme des hybrides el de leurs parents
supposés, étude qui demande une allention très soutenue el un
matériel de comparaison ([ue nous n'avons pas toujouis possédé
en (luantilé suHisaute. Peut-être aussi, la {)lu|iarl des documents
i|ue nous avions à consulter étant écrits en langues étrangères,
s'est-il glissé (pielques erreurs dans leurs traductions, pour les
descrii)lions notamment (I). Puis nous devons reconnaître notre
embarras, nos hésitations, pour le classement des différentes formes,
à cause de la divergence d'opinions de ceux qui ont entrepris des
classilicalions. Grande est la dilTiculté de préciser si le type que l'on
envisage apparlieul à une espèce, à une race ou à une simple
variété. Sa forme, son plumage, ses habitudes permettent souvent
de le ranger indilTéremment dans tel ou tel genre, mèmequebfuefois
dans telle ou telle famille; il n'y a pas dans la nature de limites
précises qui s'imposent et i)ermeltenl de classer (suivant notre
système) telle espèce dans tel genre, dans telle famille et même
dans tel ordre; la preuve en est dans les désaccords si fré([uents
que l'on constate dans presque tous les livres d'ornithologie. Il n'est
pas besoin, croyons-nous, d'appeler l'altenlion sur ces divergences
d'opinions; elles sont mallieureu.'^emeul trop évidentes el trop
connues.
En dehors de cesdillicultés qui se présenteront tant (|ue les espèces
dureront, et tant ijue les naturalistes essaieront de les classer,
viennent se placer les nouvelles découvertes, les nouvelles obser-
vations i|ui changent, modilieut les opinions ([ne l'on s'était for-
(I) Celle leaiianiue sa|i|)li(|iip pliilol ù nos Jcii.v ili-niitTcs élmlps : les OiUlinact's
el les l'attiiipèdes, car, puur les l'as^ereaiix, nous avons eu soin de (au'e relire
tous lis passages dont la traduclion présentait certaines dillicullés uu nous laissait
quelques doutes sur son exactitude.
192 A. SUCHETET
mues. Eq voici un exemple entre mille : on s:iil quelle précision
les ornithologistes américains, constitués eu comité, ont mise dans
l'élude de la f\une de leur pays et avec (|uelle conscience, (pielle
persévérance ils l'ont étudiée. Or, pendant l'intervalle de vingt-
deux années i[ui se sont écoulées depuis la publication du dernier
catalogue Sniitlisonian, des cliangemeats nombreux ont été
nécessités à cause de leur importance et il a paru utile à l'un de ces
ornithologistes, M. Robert Ridgway, de substituer une nouvelle
liste à l'ancienne. Si les modifications apportées ne iiortaienl (|ue
sur l'addition d'espèces nouvelles, cela n'aurait rien d'étrange
puisque chaque jour de nouvelles découvertes sont faites; mais
elles portent aussi sur un i)oinl plus grave : l'élimination d'espèces
classées pour telles et qui ont dû être descendues au rang de sous-
espèces ou races. Si, six ans plus tard seulement, nous examinons
la liste ollicielle du comité, nous trouvons de nouveaux change-
ments; telle forme qui figure sur le catalogue de M. Hidgway est
rayée sur la nouvelle liste ou liguie à uu autre titre. Mais, sans
doute, on pourrait rencontrer entre cette liste et celle d'un
autre ornithologiste non moins émineut, M. Elliot Coues, des
divergences d'appréciations plus flagrantes. Chaque année du reste,
le Comité révise ses listes et y apporte des modilications (I).
Comme les croisements qui sont à éuumérer se rapportent, eu
Amérique principalement, à des types nouvellement connus et peu
étudiés, il ne sérail point élouuant d'apprendre que nous ayons
commis des erreurs en les portant comme croisements d'espèces;
nous verrous que les ornithologistes sont divises sur des points
d'une haute importance quant au sujet qui nous occupe, les uns
faisant de deux types de coloration bien tranchée une seule espèce
à forme modiliée par climat, les autres au contraire donnant à ces
deux types une origine distincte et les reliant insensiblement les
uns aux autres à l'aide des croisements. Ne sait-on point encore
que, de jeunes, ou de femelles, on a fait des espèces ! Dans ce dédale,
nous demandons donc toute l'iudulgeuce du lecteur.
Dans nos deux dernières études sur les Gallinacés et les Palmi-
pèdes nous n'avions point examiné les diverses pièces hybrides
qui ont été mentionnées, nous n'avions même point songé à les
voir, persuadé que le jugement que leurs possesseurs on leurs
détenteurs portaient sur elles était exact: du reste nous les citions
(1) Voir les deux supplémenls, American OriiiUiologist's Union, New- York 1889;
tlie Auk, Vil, 1. January, 1890.
OISEAUX IIVMIUDES RENCONTUÉS A l'ÉTAT SAUVAGE d93
pour rr ijurllct raliiifut, laissant à ceux ([tii les présentaient pour
hybrides la ri'spoiwibllitc enlière (le leurs npjircrinliims.
■ (À'tte fois noire curiosité s'est éveillée el nous avons désiré étu-
dier noiis-uiôtno en nature quelques-uns des hybrides ou des
sujets répuh's couinie tels. Une grande dilTicullé se présentait, ces
divers spéeiniens étant dispersés dans plusieurs collections euro-
péennes, américaines et même de l'Océanie. Un tel voyage autour
du monde était impossible; nous avons donc demandé aux direc-
teurs ou projiriétaires de collections les plus rapprochées de
nous la permission de faire sortir quelques instants de leurs vitri-
nes les pièces curieuses y renfermées et de nous les adresser. Nous
avons pu ainsi examiner de près un certain nombre d'exem-
plaires intéressants, dont (|uelques-uns cependant nous ont paru
suspects. Nous avons donc été oblii^é de constater des erreurs (qui
se sont sans doute produites déjà pour les 'Jallinacés et les Pal-
mipèdes) et nous serons obligé de les signaler.
Mais merci, et grand merci, à ces personnes généreuses qui se
sont montrées assez désintéressées et assez courtoises jiour nous
favoriser de leurs envois ; notre reconnaissance leur est acquise et
nous prions ceux (|ue la nature de nos rerherches intéressera de
partager avec nous à leur égard ces sentimeuts de gratitude
auxquels elles ont droit. .Maliieureusement ces envois ont été
bornés à l'Europe ; encore est-il que beaucoup de spécimens ne
nous sont point |)arveuus, les uns n'existant plus, les autres étant
dispersés çà et là, ou ne sait plus où. Ajoutons (juc quelques collec-
tionneurs n'ont point cru devoir se séparer de leurs ])ièces rares et
se sont contentés de nous adresser des a(iuarelies, les unes sulli-
sautes pour apprécier l'origine hybride du sujet iiu'elles repré-
sentent, les autres trop vagues et à l'état de croquis, ne nous
permettant pas (rac(piérir une opinion formelle sur la nature
de l'Oiseau dessiné. Disons enlin (]ue, sans doute à tort, nous
n'avons point osé adresser des demandes d'euvoi à des natu-
ralistes trop éloignés; aussi au moment de publier cette nou-
velle étude, éprouvons-nous (|iiclque rt^grel de n'avoir point tenté
davantage; si nous nous étions adressé à luus indistinctement,
sans doute aurions-nous été plus complet. Nous espérons que cet
appel indirect sera entendu et (|ue de nouveaux envois imus seront
j)ri)posés. Il nous sera facile, dans les Adililiojis que nous nous \no-
posons de faire à nos précédentes publications et à la présente
étude, de rendre com|)te en supplément des pièces i|ui nous seront
présentées et que nous serons toujours très heureux d'examiner.
En attendant, nous remercions ici pour leurs envois de pièces
194 A. SUCHETET
moulées ou mises eu peau : M. le D^ C. Kerbert, directeur du
Koninklijl; zooloijish (/('«oo/sc/iffj», d'Amsterdam (HoUaude) ; M. .MI.
Gurney, esq., de Keswick Hall, Norwich (Angleterre); Si. J. B.
Nicliols.esq., d'Holmwood, Dorking, Surrey(Angleterre) ; M.lecom-
mandeur, piof. Henrico Giglioli, directeur du Masco z.ooloijico ilri
Vertebrati, de Florence; M. Philipp B. Mason, esq., de Burton-on-
Trent (Angleterre); M. R. Tancré, d'Anclam (Poméranie); M. le
docteur Môbius, directeur du konigllches Miiscum fiir Nnlarlmide,
de Berlin; M. le DrReichenow, directeur de la collection ornitholo-
giqiie et M. Paul Matscliie, du môme Musée; M. Robert W. Chase,
esq., de Southfield, Birmingham (Angleterre); M. le prof. Andréa
Fiori, professeur au Lycée de Bologne (Italie) ; M. Antoine Valle,
directeur adjoint du Musée d'histoire naturelle de Trieste( Autriche);
M. Marioii, correspondant de l'Institut, directeur du Musée d'his-
toire naturelle de Marseille ; M. le D'^ Ricardo Ferrari, de Trente
(Autriche) ; M. le comte T. Salvadori, du Miisco zoologico de Turin ;
M. Ad. Poggi, de Gènes (Italie) et enfin M. A. de Norguet, de Lille
(Nord) et M. Gosselet, directeur du Musée d'histoire naturelle de
cette ville. Puis pour leurs aquarelles ou leurs photographies
exécutées à notre intention, M. le baron Edmond de Selys-
Longchamps, sénateur, ancien président du Sénat belge, mem-
bre de l'Académie des Sciences de Bruxelles (1), et M. de Selys-
Lougchamps, son fils; M. le D"" Embleton, un des vice-présidents de
la « Xntiiral Historii Soclctij of Ncircastle-upon-Tynr « et le Comité de
Direction du Muséum ; M. W. Oxenden Hammond, esq., de Saint-
Alban-Court, près Wingham, Kent (Angleterre) ; M. le D''de Romita,
professeur à Vlnstitnto Icrnicn de Bari (Italie) ; M. Whilaker, esq.,
de Raiuworth Lodge, Mansfieid, Notts (Angleterre) ; M. le comte
Arrigoni degli Oddi, de Padoue (Italie), et M. Francesco del Torre,
de Cindale del Frioli (Italie).
Nous devons également des remerciements aux naturalistes qui
nous ont fait des communications ou ont décrit les hybrides qui
vont être mentionnés, ainsi qu'aux personnes qui nous ont fourni
des indications bibliographiques ou d'autres renseignements ayant
facilité considérablement notre tâche. Nous voudrions citer les
noms de tous ceux qui ont répondu de la manière la plus gracieuse
aux questions que nous leur avions posées, mais c'est chose impos-
sible ; les personnes dont les noms ne sont point portés sur la liste
suivante voudront bien sans doute nous excuser.
(I) M. le Ijariin Ed. Je Sclys-Longohamps nous a adressé en ouU'c une foule d'in-
dications très précieuses pour nos éludes.
OISKAI'X HYBRIDES KENCONTKICS A l'kT.VT SAUVAOE 195
En Frnnce: MM. Oustalel, docteur ès-sciences, assistant au
Muséum d'Hisloire naturelle (1); D' Peunetier, directeur du
Musétî d'Histoire naturelle de Rouen (2); Olphc (ialliard, ornitho-
lo^'isle à Hendaj e (Basses-Pyrénées) ; Charles van Kenipen, de Saint-
Omer (Pas-de-Calais); Noury, directeur et fondateur du Musée
d'Hisloire naturelle d'Elbcuf-sur-Seine (Seine- Inférieure) (3);
A. Geoliroy-Saint-Hilaire, directeur du Jardiu Zoologique d'accli-
matation du Bois de Boulogne et président de la Société nationale
d'acclimatation de France ; L. CoUot, directeur du Musée de Dijon ;
Descliamps, du Ouilly du Ilouley, près Lisieux (Calvados); deBeau-
refons, château de Cerisay ; l'abbé David, correspondant de l'Institut ;
le regretté M. Lenietteil, de Bolbec (Seine-Inférieure); Samuel Bon-
jour, de Nantes; Etienne Hahaud, de Monlauban ; Martin , avocat au
Blanc; Alphonse Forest, naturaliste à Paris; le D^ Marchant, de
Dijon; Cli. l*"ontaine, [jropriétaire à Mareii-en-Barœul, près Lille
(Nord); Robert Fontaine, lils; Louis Pitot, naluralisle à Neuville,
près Vire (Orne); l'abbé Coutelleau,à Chazé Henry (Maine-et-Loire).
En Anyleterrc : MM. le rév. Maciiiierson de Carliste (4); James
Hardy, secrétaire honoraire du BerwiUshire Naturalist's Club;
Mark Maunsell, late captain la the Royal Dragons, Oakly Park,
Celbridge, Co. Kildare; P. L. Sclater, secirtari/ nf the zoolof/kal
Socii'ty of l.ondon ; Stepheu Salter, jun., arcliilect ri siirv.eyor, à
Pondwell, prèsRyde;0. V. Alpin, deBloxham(Oxon); OsbertSalvin,
d'Hawks fold (Hoslemere) ; Thomas Jilliu, rédacteur du Carliste
Journal; Sir Alfred Newton, professeur à l'Université d(^ Cambridge;
M. .Miller Christy, dePriors Broomfield, uear Chelmsford ; E. Dresser,
le savant ornithologiste de Londres ; A. Boulenger, du liritish
Muséum ; le regretté John Handcock, de Newcastle-upon-Tyne ;
A.-D. Bartlelt, directeur du /ooloijiral Ganicn; le D"" Frédéric Dale,
de Scarborough;\V. Aldridge. de Londres (o);J. IL Verrait, de Lewes;
Andrew Manghan, de Dumbarton (Ecosse) ; G. Smith, naturaliste,
Larus honse, Great Yarmouth ; Edmond Hicks, de Liskeard,
Coruwall ; D. Houllou, d'Edimbourg ; Chas. Iloulton, de Saint
Helens ; H. Boolh, d'ipsevich ; J. Kirkland, de Burlou-on-Trent ;
(1) .M. Ouslalel nous a obligé de mille iiiaDièrcs.
(2) M. le D' Peunetier a mis à notre disposition toutes les pièces dont nous avions
besoin et, avec une frnmde courtoisie, nous a ouvert son laboratoire pour les étudier.
(:S) M. Noury nous a donné accès dans sa rnaf,'nitique l'ollectiun qui renferme
lous les Oiseaux d'Europe depuis l'œuf jusqu'à l'Age adulte.
(4) Le rév. Macplierson, d'une complaisance excessive, nous a fourni une foule
d'indications 1res précieuses.
(.'!) Auteur de liirds of Norwood, etc.
196 A. SUCHETET
S. Hayvvard, de Cambridge ; Percy E. Frecke, de Dublin ; S. Deny
Hunt, de King's Linn ; G. Smart, de Durham ; Josepli Hartsou, de
Huddon-Rudiey (York) ; W. Swayslaud, de Brigbtoa ; Cleaver, de
Leicester ; Chatvin, de Douvres ; George Davis, de Glocester ;
J. Fuuston, de Liverpool; George Bell et lils, éditeurs ; Stevens,
commissaire-priseur ; G. W. Hill ; A. Cooper ; W. Cole, de
Londres, etc.
En Italii' : MM. le professeur Sordelli, directeur-adjoint du
Musée de Milan ; Enrico Tissi, solto-ispettore forestale de Belluno ;
Eugène Bono, de Portogruaro ; Guiseppe Pauer, de Florence ; le
docteur S. Brogi, directeur de la Htvisita italiana di scienze natu-
rall, Sienne; Isolo Turchetti, de Fuecchio ; Carlo Béni, de Stia ;
Venteutino Delailo, solio ispcttorr forr.^tale, à Feltre ; Madame la
marquise Paulucci, au cbàteau de Cestaldo(Val d'Eisa); A.Ruggeri,
de Messine; le docteur Emery, professeur au Lycée de Bologne ;
Desiderio Gargiolli, de Montifauna (Fiesole) ; professeur Lamberto
Moschen, de Rome ; le M'^ Doria, directeur du Museo civico di
storia naturale de Genova, et M. R. Gestro, sous-directeur du
même Musée ; le docteur Silvio Calloni, de Pavia ; Pistone, de
Palerme (Sicile); le professeur Camerano, directeur ànMu>>eo zoulo-
(jico de Turin ; le docteur S. Romanese, de Levico ; prof, docteur
A. Varisco, directeur du Miaco roo%(ro de Bergame ; Brancaleone
Borgioli, préparateur au Musée zoologique de l'Université royale de
Gênes ; Edoardo Ferragui, ornithologiste, de Crémone ; D. Niccolo
Camusso, de Novi Ligure, meinhro del Incliiesta ornithologica
internationale, etc.
Eu Suisse : MM. Cli. G. Briigger, professor der Natunjeschichte
(in der Kantonsschule und Verwalter des naturhistor. Landcsinuseums
in Cliiir; Gustave Schneider, de Bàle; le D' J. Winteler, professeur
à l'Ecole cantonale et président de la Société oruithologique d'Aarau;
le D"' L. Larguier des Bancels, conservateur du Musée de Zoologie
de Lausanne; Jacob Sprecher, de Coire ; Vegmiiller, pharmacien, à
Morat; Louis Nicoud, de Chaux-de-Fonds; A. Dupuis, de Genève;
H. Fisher Sigwart, de Zolingen, etc.
En Alleniaf/ne : MM. le D"- Paul Leverkùhn, de Munich (1) ; le baron
R. Kœnig-Warthausen, du Wurtemberg; Cari Parrot, cand. med.,
de Munich; Ernst Hartert, auteur du Katalog des Muséum der Sen-
ckenbergischen nalurforschenden Gesellschaft, de Francfort-sur-le-
Mein; C.Kolde,/!awp?/("/ic/' deLangenbielen, inSchl.; Friedliinder et
(1) M. le D' Paul Leverkùhn s'est montré d'une très grande obligeance pour nous;
qu'il reçoive donc ici en particulier tous nos vifs remerciements.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 197
fils, libraires-éditeurs à Berliu; Kriiger Velthuseu , de Brande-
bourg; vou Berlepsch, de Muendeu (Hanovre) ; D'^E. Rey, de Leipzig ;
W. Heuch, de Iviel ; H. L. Ohl, président de la Société ornithologique
de Hanau-sur-le-Mein; Peske, de Schlawe; J. Renuer, de Stuttgard;
K. Eiters, inspecteur des lorèts du district de Brunswig. ; A. Hehre,
de Brieg; D^ Ferd. Rudon, de Perleberg, Di^Paulstich, reaUchullehrer,
Hanau-sur-le-Mein, etc.
En Danemark : M. A. von Klein, veneur, chevalier de l'Ordre de
Dambourg, etc., membre de la Direction du Jardin Zoologique de
Copenhague, etc.
En Aulriclw : MM. Ritter von Tschusi zu Schmidolïen, d'Hallein;
le D' Naupa, de Linz; Gustavo Ferrari, de Calceramica, province de
Trente ; Josef Kramar, de Pilzen, Bohême ; D"' Lo. Lorenz, custos
udjunctdu Musée de Vienne, etc.
En Russie: MM. Th. Pleske, conservateur du Musée de l'Académie
de Saint-Pétersbourg ; M. Meuzbier, professeur à l'Université de Mos-
cou ; Zaroudnoï, d'Orenbourg; Th. Lorenz, naturaliste à Moscou, etc.
En Belgique : MM. Alfred Dubois, directeur du Musée royal
d'Histoire naturelle de Bruxelles ; Emile Rulil, de Verviers ; l'abbé
Bruieune, vicaire à Sainte-Véronique de Liège, etc.
En llollanile : MM. A. A. van Bemmelen, directeur du Jardin zoo-
logi(iue de Rotterdam, F. E. Blaauw de Graveland (Noord HoUaud);
le très regretté van Wickewoorl Crommeliu, de Harlem ; A. G. Oude-
mans, directeur du koninldijk zool. bot. (ienootsehaf), à la Haye, etc.
En Amérique : MM. Robert Ridgway, curateur du Depurtuienl
^of Birds du Musée national à Washington ; Manly Hardy, natura-
liste de Brewer (Maine) ; Georges L. Toppau, de Chicago; J. F.
Whiteaves, directeur du Muséum d'Ottawa (Canada) et M. John
Macones; J. A. Allen, curateur ï'American Muséum uf iXatural
Histonj, New-York; Franck iM. Cliapman, assistant curateur de
ce Musée ; George N. Lawrence, de New- York : H. H. Brimley, de
Ralegh, N. Y.; William L. Baily, architecte, de Philadelphie; W.
E. Lewis, oologiste, d'East Liverppol (Ohio) ; Franck L. Burns,
de Bewyn, Penn. ; R. G. Hazard, de Peace Dale, R. 1. ; J. W.
Sure, acting Curator in charge of United States national Muséum, à
Washington ; Ernest E. Thonqison, ancien éditeur des Procredings
ofthe ornilhological suhseetion ofthe Camidiun Institule, de Toronto
(Canada); Turner, d'IIammondeville ; S. P. Langley, secrétaire du
Musée national des Etats-Unis, à Washington ; William Dutcher,
de New-York; Franklin Benuer, de Minneapolis (Minn.); G. H.
Ragsdale, de Ganiesville (Te.xas) ; Belding, de Stockton (Cali-
1!J8 A. SUCIIKTKT
fornie) ; Browa Goode, acting secretary of National Muséum, de
Washiugtou, etc.
Enfin en Océanie : M. Ed. Ramsay, curateur de VAuslralian
Muséum de Sydney.
Famille des Fringillidœ
Nous citons en premier lieu les croisements des FrimjiUidœ, non-
seulement parce qu'ils sont les plus nombreux, mais surtout parce
que, grâce à l'obligeance des ornithologistes, des collectionneurs ou
des savants, dont la bienveillance pour nous vient d'être rappelée,
nous avons pu examiner un grand nombre des spécimens qui font
l'objet de celte étude.
Le Verdier {Liijurinus chloiis) semble eu quelrjue sorte pouvoir
être comparé chez les Passereaux au petit tetrix des Gallinacés ; du
moins son mélange avec deux autres espèces de son genre, le
Ciiniiiihina linota et le Carduelis eli'ijaiis, est-il fréquent.
Cet Oiseau, eu qualité de mâle, exerce-t-il autour de lui un charme
particulier, ou plutôt, comme femelle, se laisse-t-il captiver ? Son
rôle dans ses croisements avec les deux espèces nommées ne nous
est pas assez connu; cependant, dans les très rares circonstances
où l'appariage a été constaté, il représentait le sexe mâle.
Nous parlerons d'abord de son mélange avec le Cannabina linota.
Genre Fringilla.
LiGURiNus CHLORis (1) et Cannabina linota (2).
Ce mélange est certes un des moins rares, il est sans doute aussi
un des plus authentiques si l'on en juge par les caractères non équi-
voques que présentent les hybrides supposés. En Angleterre (mais
là presque exclusivemeut), ou a rencontré de nombreux exemples.
I^es deux formes mères sont distinctes, il ne peut exister aucun
doute à ce sujet; reste à savoir si les hybrides observés à l'état
sauvage doivent être tous considérés comme originaires de cet état?
C'est la seule question que l'on puisse se poser.
Le croisement en captivité du Ligurinus chloris et du Cannabina
linota, sans être un croisement recherché des éleveurs, comme l'est
(1) Autres noms scienUfiques : Loxid chloris, Fringilla clitoris, Chloris, SeriJius
chloris. Chlorospiza chloris, Chloris /lavigastcr.
(2) Autres iKjrns : Fringilla cannabina, Fringilla linoUt, Cannabina, Linota
cannabina, Cannabina pinelorum et arbuslorum.
OISEAUX IIYBUIDES RENCONTUICS \ L'kT.VÏ SACV.VCE-: 199
par exemple celui du Pijvrhidn ralijaris et du ('(irduelis clcijans,
s'opère cepeiidaut de temps à autre. MM. Mackeley frères, de
Norwicli, et L. Curzou, de Londres, nous ont assuré que les hybrides
exposi'S pai' eux au (a'istal Palact' pendant l'année 1888 étaient ués
en captivité. .MM. J. II. X'errall, de Lewes, W. II. Bootli, d'Ipowich,
etCrossIy, de Kendal, nous ont écritipi'ils avaient obtenu les mêmes
hybrides. Eu Franci', nous pourrions citer aussi (piclques croise-
ments. Il peut doue se faire que plusieurs des spécimens pris à l'état
sauvage soient des échappés de captivité, eu voici un exemple :
En 1887, à l'Exposition du Palais de Cristal, .M. G. Smart, de
Durham, montrait sous le n" 1274, un hybride entre le Greeulinch
(L. clilori>i) et le Brown Linuel [Vannaliiiui llnuln). Cet Oiseau avait
été réellement pris à l'étal sauvage ipiatrc ans au[iaravautà Durham,
mais ayant été réclamé, ou apprit ([u'il avait été élevé dans le
voisinage. L'Oiseau s'était échappé par une fenêtre do la maisou à
un mille de ln(|uclle il fut jtris (li.
Il serait uéaniiuiius <linicil(' d'adinetlie pour tous les exemplaires
rencontrés une semblable origine, et la production à l'état sauvage
de plusieurs d'entre eux, au moins, paraît s'imposer.
Grâce à l'obligeance de M.M. le D'' Keibert, J. H. Gurney, J.-B.
Nichols et l'hiliiip B. Mason, nous avons pu examiner en nature
cinq de ces intéressants spécimens, MM. Oxenden Ilammond,
J. Whitaker, et le .Musée de Newcastle-on-Tyue (par l'intermédiaire
de M. le D' Kml)lcton) nous ont envoyé des aquarelles des hybrides
conservés dans leurs collections. Ainsi neuf spécimens clUoris et
Cannaliina nous sont bien connus. Nous croyons devoir réitérer à
ces éminents naturalistes l'expression de notre gratitude, car, en
exposant leurs pièces précieuses aux aventures d'un assez long
voyage, ils ont fait preuve d'un véritable désintéressement; faut-il
dire que les hybrides de M.M. Gurney et Mason étaient sous verre
et par conséquent ne pouvaient voyager sans inconvénient. L'examen
de ces Oiseaux nous a permis de nous rendre compte de leur
nature plus facilement ijue nous n'aurions pu faire par de simples
descriptions.
Avant de décrire ces diverses pièces, nous éuumérerous, à peu
près dans l'ordre où ils se sont produits, les différents hybridismes
qui feront le sujet de cet article.
1. Un hybride pris à Eaton, près de Norwich, par M. Edouard
(1) CetU' communication nous a été adressée par M. G. Sniai'l qui nous a fait savoir
en outre que trois jeunes avaient été obtenus du mémo croisement ; on ignore ce
que ces Oiseaux sont devenus.
200 A. SUCHETET
Fontaine, pendant l'année 1831, aujourd'hui dans la collection de
M. J. H. Guruey (1).
2. Un spécimeu de sexe uiàle, pris à Hellesdon, en février 1865 (2)
par M. Carr, autrefois dans la collection de M. Stevenson, chez
lequel il vécut en captivité.
3. Uu exemplaire 5, capturé près de Brigthon (nous ignorons la
date), acheté àla vente de M. Wliitalser, esq., par M. Ew. Janson,
pour M. Philipp B. Mnson, esf[., qui le possède actuellement.
4. Un autre exemplaire cf de la même vente et chez ce dernier,
pris à Londres en 1868. Cet Oiseau et le précédent avaient été la
propriété de M. Frédéric Bond et durent être décrits dans le
« Zoologist ». L'individu de Brigthon porte en outre la mention
« Swayslaud » (3).
5. Un hybride acheté il y a environ treize ans, par M. Stepheu
Salter, jun., architecte de Poudwell, à M. G. Miller, de Reàdiug,
qui prit cet Oiseau dans ses lilets à f[uelqiies milles du Jown parmi
une bande de Linottes. Ce spécimen, après avoir été exposé, fut vendu
à M. Sleep, de Jackbroock street, London, l'un des juges aux expo-
sitions du Cristal Palace, lequel le revendit à son tour et ignore
maintenant ce qu'il est devenu (4).
6. Un hybride pris en 1882 à Denes, Greal Yarmouth, vendu en
1889 par M. G. Smith, de cette ville, à M. J. B. Nichols esq., qui le
conserve empaillé dans sa collection (3). (L'Oiseau n'avait pas été
gardé longtemps en cage, bientôt on l'avait tué pour rempailler).
7. Un autre hyln'ide de même origine, pris à l'état sauvage dans
le comté de Cambridge (nous ignorons la date), actuellement chez
M. J. Whitaker, esq. (6).
8. Un spécimen acheté en 1883 par M. Oxenden Hammond à un
oiseleur du district de Winghaui, qui l'avait obtenu depuis peu de
temps (7).
9. Un exemplaire, que M. H. KoUer a supposé provenir du
Verdier et de la Linotte, pris à l'état sauvage à Harderwijk, pro-
(1) Voy. The Zoologist, p. 33S8, janvier 18o2. Voy. aussi Birds of Norfolk, by Stev-
venson. I, p. 220. Ce croisement a encore été rappelé par M. Gurney dans The Zoolo-
gist, VII, p. 3791, 1883.
(2) liirds of Norfolk, I, p. 220; voir aussi The Zoologist, ii° 81. p. 379, 1883.
(3; Ces lieux Oiseaux étaient porlésau catalogue de la vente sous le n" 103.
(4) Communication lie MM. Sallcr et Sleep.
(5) i;et Oiseau a été cité par M. ,1. II. (lurney. jun., de Norwich, dans le Zoologist,
XI, n" 127, p. 390. 1887, et aussi dans le n" de Kévrier 1890, p. ;)7.
(Cl) Cet exemplaire a été également indiqué par M. Whitaker, dans le Zoologist.
VII, n" 79, p. 302, 1883.
(7) Zoologist, p. 83, 1883.
OISEAUX HYBRIDES nENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 201
vince de Gueldre (Hollande), le 24 jauvier 1885, couservé au Musée
d'Histoire luitiirolk' (rAinslfnlam (j ).
10. Lu liyliride $ (Vjciivoyc vivant le 15 noveuibrolSSGàM.Gurney
père, de Norvvich, par M. F. Dagget, de Cambridge (2), ciui dit avoir
possédé cinq ou six spéciiucus de ce goure pris à l'otat sauvage (3).
11. Un individu, montre à l'exposition du Cristal l'alace de 1887,
sous le uo 1289, par M.M. Harlsou et Sidgwick, de llullon Uudiey,
près Yarm (comté d'York), pris vers l'année 1887, à West Hartlopoo,
sur la cùte nord-est d'Angleterre, environ vingt milles de Yarm,
depuis vendu à MM. Mackley frères, de Norwick (4).
12. l'n liyliride, entrevu le 29 juin 1887, à Aberdeen, dans les
champs, parle revereud Maephersou et deux de ses amis (5).
13. Un exemplaire mâle pris à Kenton, près de Newcastle-on-
Tyne, par M. Wardle, apporté le samedi 24 décembre 1887, à
M.Handcock.auMuséede Norlhumberland, Durliamand Newcastle-
on-Tyne, où il vécut jusqu'au îi octobre suivant (G).
14. Un autre exemplaire, e.^posé en 1887 au Cristal-Palace, comme
« Dark l.imwt mule, iiilil cauglit » (7i, par M. Walter Swaysland, qui
le prit lui-même, nous écrit-il.
15. L'u individu, exposé aussi au Cristal-Palace, en 1890, par
M. W. Gole, de Pembroke Gardens, Kensiuglou, sous le a" 1812, et
indi(]ué comme i)ris à l'étal sauvage, afliimation ([ue nous a renou-
velée par lettre M. Cote, qui ajoute « pris daus les champs, pendant
l'année 1889. ii M. Cole, malheureusement, ue sait ce que cet Oiseau
est devenu.
16. Un jeune individu tué à Beerchurch. près de Colchester, Essex,
pendant le printemps de 1890, acheté à M. J. Pettitt, empailleur à
Colchester, jiar M. .1. Nichols esq. d'Uolmwood, qui le conserve
dans sa collection (8).
(1) Cet Oiseau nous avait été indiqué par M. F. C. Blaauw, (1« Gravelaml, Noord-
Uollaïul, ol par lo reiireUt- M. vaii Wicki'voorl-CroiiMnelin, de Harlem, il liyure sur
le yaaniUjsl van in ycdcrland in dcn vrijen luUuurslddt waarijenoinen Vogets,
dressé par M. II. Knllcr, conservateur adjoint el préparateur, p. 41, en note.
(2) The Zooloj,'isl.
(H) Communicalion réeente de .M. J.-II. (îurney dans le Zooloyist, XI, n» 127, pp. 2(JG
et i()7, 1SS7. .M. (jurney déilaraii M. l)aj;(;et ■> familier avec ce genre d"hybrides ».
(4) Communication de M. Joseph llarlson.
(b) Voyez le Zoologist, XI, n», I2H. p. il'J, août IS87.
(C) Communication du regretté M. llandcocK.
(7) Voy. p. 3Ci du Catalogue.
(8) Communication de ce dernier, M. NicUoIs pense que l'Oiseau n'a été mentionné
dans aucune revue.
202 A. SUCHETET
17. Une femelle, prise près de Carlisle, pendant l'hiver de 1890-91,
encore vivante chez M. Georges Davvson, de Carlisle (1).
18. Un cT exposé au Palace-Crystal en 1891 (2) par M. S.Hayward,
de Cainl)ridge.
19 et 20. Deux hybrides entre le « Green et le Grey Linnet »
capturés avec leur mère qui était un Grey Linnet, c'est-à-dire un
CUmvabina Unota, par M. Chatviu, à Douvres (3).
En outre, M. J. H. Verrall, de Lewes, nous assure que des
Oiseaux de ce genre sont souvent pris près de Brigliton et tués
pour être empaillés, étant peu prisésdes amateurs. M. Andrew Mau-
ghan, deDumbarton (Ecosse), nous écrit aussi qu'il a connu l'Iiybride
du Verdier et de la Linotte pris à l'état sauvage. Enfin, M. W.
Aldridge, de Londres, se rappelle que l'hybride, exposé par lui au
Palais de Cristal en 1883, était un Oiseau sauvage, et qu'il avait
été capturé par un birdcatchcr, M. A. Subvvit, de Londres.
M. W. Aldridge croit que le même Oiseau fut exposé une seconde
lois par son clerc, M. Lancaster, auquel il l'a donné. Ce spécimen,
encore vivant, montre, nous dit M. Aldridge, distinctement le plu-
mage des deux espèces.
Peut-être, si nos recherches avaient été plus étendues, aurions-
nous pu citer d'autres croisements. Ce n'est cependant pas sans
avoir pris de nomljreuses informations, notamment en Angleterre,
que nous nous sommes décidé à publier cette liste. Du reste, nous
pensons encore faire connaître quelques autres faits. .Vinsi, d'après
une communation de M. J. H. Gurney, toujours très obligeant pour
nous, il doit exister dans la collection de M. Seebohm, à Londres,
un ou deux hybrides du Liijurinus chloris et du Cannnhina Unota ;
M. Gurney en avait vu un autre chez M. Gould il y a une dizaine d'an-
nées (4), à moins donc que cet Oiseau ne soit celui que possède actuel-
lemeutM.Philipp. B. Mason, car peut-être, à notre insu, faisons-nous
quelques doubles emplois ; la chose est possible, les pièces changeant
très fréquemment de mains. Toutefois il existe un assez grand
nombre d'exemples pour uioutrer que le croisement du Linurinus
chloris et du Cannahina Unota doit se produire de temps à autre,
au moins en Angleterre.
(11 Communication du rév. Mac|iliei'son.
(2) Ou en 1S89.
(3) D'apiH's co que relui-ci nous a écrit.
(i) Voy. ZoologisI, p. 37'.), I8S;3.
OISEAUX IIVIJHIDKS fl KiNCONTR ES A l'kTAT SAIVACK 203
Renseignements et Desrriptions
1. — M. Giirncy ne met (las eu doute l'origiue de cet Oiseau,
mais, nous dit-il, ses ressemhlauces avec le Cannainno, tinola sont
plus accentuées i[ue chez l'exemplaire envoyé à sou père par
M. Dagget.
2. — M. Stevenson écrit de son hybride (1) qu'il montre de la
manière la ])lus décidée les principaux caractères du plumage du
Verdicr et de la Linotte, tandis ([ue le bec et la forme générale
sont intermédiaires entre les deux types. » Ces doubles traits sont
si bien mar([ués, dit-il, qu'à la première inspection (ju'il en fit, il
ne |)ut douter de l'origine mixte de cet Oiseau. M. Fontaine, qui
l'examina ensuite, y reconnut le fac-similé de son propre spécimen
(le n" 1 de M. Gurney). La voix même particii)ait des deux espèces,
la noie aigre du rliloris se combinant avec les douces roulades
de la linota. La description suivante fut faite au mois de mai,
lors(|ue l'Oiseau était retenu en cage près d'une volière où se
trouvaient, comme jjoiuts de comparaison, des Veriliers et des
Linottes en plein (liant. « Bec couleur chair bleuâtre sur la mandi-
bule supérieure, rose clair sur l'inférieure. La tête, le cou et le dos
bruns, avec une teinte grisâtre sur les côtés du cou et autour des
yeux. Iris brun clair. Couleur du dos châtain, moins riche que
celui de la Linotte en été, mais aussi moins mélangé que chez le
niôme Oiseau en hiver, la tige de cluKiue plume très foncée. Les
couvertures de l'aile châtain foncé. Les primaires presque noires ;
les bords extérieurs, qui sont blancs dans la Linotte, sont, dans cet
Oiseau, jaunes comme dans le Verdier. Les secondaires brun noi-
râtre, largement bordées de roux. Les couvertures supérieures de
la queue jaune soufre. Les plumes de la ([ueue brun très foncé ; les
deux du milieu, légèrement teintées de jaune, sur le bord extérieur
jaune vif et les lames extérieures largement bordées de blanc
comme dans la Linotte; le jaune occupant la môme proportion
<|ue (laus le Verdier. La gorge, le menton et la poitrine blanc
brunâtre, fortement teinté de jaune, devenant presque blanc pur
sur les parties inférieures du corps et à l'auus. Les pattes et les
doigts rose brunâtre, les grilles noires (2) ».
-M. 0. V. .'Mpiii, de Bloxham, veut bien mnis écrire qu'il a vu lui-
même l'Oiseau dans la collection de feu .\L Stevenson et qu'il n'a
(1) Op. cit.. p. 220 el 221.
(2) Binis ofNorfiilli, I, p. 220. Dans le Zoologisl, Vil, n» SI, p. 379, septembre
ISSl, M. Gurni'y a rappelé les priDdpau.\ traits de cet Oiseau.
204 A. SUCIIETET
nucun doute sur son ori£;iiie hybride. Nous n'avons pu savoir ce
que cette pi('ce était devenue.
3 et 4. — La vitrine dans laquelle étaient renfermés ces deux
spécimens ne portait aucune indication nous permettant de les
distinguer; nous avons supposé que l'individu placé le plus haut, à
gauche, était la femelle prise près de Brighton (Swaysland) et que
l'exemplaire placé plus bas était le mâle capturé près de Londres en
1868.
Ces deux Oiseaux nous onl paru avoir la taille du cliloris ; le plus
foncé (celui du fond delà vitrine) ressemble même très fortement à
ce dernier. Mais sa couleur peut passer pour un mélange de deux
espèces. Son bec est intermédiaire. Sur la poitrine on n'aperçoit
pas le jaune orangé roussàtre foncé et caillouté qui existe sur les
exemplaires du Musée d'Amsterdam et de la collection Handcock.
La femelle (du moins l'exemplaire que nous considérons ainsi),
montre davantage le plumage de la f^inotte, le bec est petit. Cet
Oiseau nous a paru ressembler complètement à l'exemplaire dont
M. Whitaker nous a envoyé l'aquarelle.
Ces deux spécimens, appartenant aujourd'hui à M. Mason,
semblent avoir incontestablement l'origine qu'on leur suppo.se.
Dans le Zoologist (1), M. Gurney avait déjà dit, en parlant d'eux,
qu'ils montraient « de la manière la plus décidée le plumage de la
Linotte et du Verdier. » M. J.-B. Nichols, d'Holmwood, les avait vus
à la vente de M. Frédéric Bond qui les avait possédés, comme nous
l'avons expliqué plus haut.
5. — .M. Sleep n'a jamais, nous dit-il, rencontré de plus bel
Oiseau de ce genre, « vol jaune, plumes jaunes à la queue, poitrine
et tête rouges; tenant comme forme de la Linotte. » Lorsque
M. Sleep s'en rendit possesseur, la capture du spécimen remontait
seulement à quelques jours ; il parut être à M. Sleep un croisement
indubitable entre la linota et le chloris. Il ne portait pas alors de
traces de captivité; ses plumes étaient bien conservées (2). Nous
avons dit que M. Sleep ignore ce que cet Oiseau est devenu.
6. — Eu nous adressant des renseignements sur cet emplaire,
I\L J.-B. Nichols nous écrivait qu'il le croyait tout à fait un hybride
entre le Verdier et la Linotte, dont il montrait clairement les carac-
tères. C'était également l'opinion exprimée par .M. J.-II. Gurney et
celle de M. G. Smith de Great Yarmouth (3). L'examen que nous
(1) Page 379, 1883.
(2) Dans Transactions of Xorfolk Sncu-ly, part IV. p. 3fi9, 1886-87, le rev. Mac-
pliei'son fait allusion à cet Oiseau et rappelle que « sa poitrine était peinte ».
(3) Voy. Zoologist, XI, n" 127, pp. 260 et 207, juillet 1887.
oisEAi'x iiviiuiDKS hknconïiiks a i.'ktat sauvage 2i)o
en avons f;ul sur nature nous [lonnel de partager complèlcnient
cette manière de voir. LorS(|u'on regarde l'Oiseau en dessus, la
couleur du cou, du dos, des ailes (jusqu'à la moitié de la lou^tueur),
est celle de la linulu, tandis (pie la couleur du chloris se montre
sur le crouiiion, la ([ueue et l'autre partie des ailes; il y a là une
démarcation très sensible et très curieuse de la coloration des deux
espt'ces ; en sorte que l'on peut dire ([ue l'Oiseau (vu en dessus)
présente 3/o de la coloration de la Linotte et 2/5 environ de celle
du chloiis. Ainsi, signe distinctif et très intéressant, les couleurs
sur ces parties se heurtent sans se confondre, particularité qui se
montre à d'autres iilaces. La tête est fine et rappelle celle de la
l.inota: sur le front la couleur est brun roux mélaufié de jaune; la
poitrine et le ventre roux jaune sont un mélange de la couleur des
deux types. Le bec assez fort se rapproche par ce caractère de celui
du Verdier; lorsque les ailes sont soulevées on aperçoit sur les
flancs (le larges pastiches brunâtres foncés, rappelant la coloration
de la Linotte, mais exagérant beaucoup, croyons-nous, cette teinte.
Kn somme, plumage et conformation réellement intermédiaires ;
il ue nous paraît pas possible de mettre eu doute la provenance
de cet Oiseau, elle éclate au premier coup-d'œil. Quant à sa capture
à l'état sauvage, M. G. Smith nous l'a allirmée.
7. — L'aquarelle de ce spécimen, que M. Whitaker a été
assez gracieux pour nous envoyer, étant de très petite dimension
et seulement esfiuissée, nous ne [lonvons faire une description
détaillée de la forme et du plumage de i'Oiseau qu'elle représente.
' L'impression que ce dessin colorié nous a causée est que l'Oiseau
est une Linotte avec la queue et les ailes rappelant par leur colo-
ration jaune vif les ailes et la queue du Verdier. Les taches longi-
tudinales du Cannabinu sont très accusées; l'Oiseau paraîtrait
femelle. Il nous a semblé liiea aulii(Mitic[ue et ressemblant encore
au spécimen de M. Oxeodeu liammonii, dont nous allons mainte-
nant parler.
8. — M. Oxenden Ilammond, (|ui n'est pas seulement nn natura-
liste, mais un peintre de talent, (ujuiuk; il nous l'a prouvé par la
jolie aquarelle de son spécimen qu'il a exécutée à notre intention,
nous a envoyé la description suivante de l'hybride acheté par lui à
un oiseleur des enviions de Wiiigham, et ([u'il croit à bon droit,
d'après ce que nous avons pu juger par son dessin, un produit réel
du I.iijurinua cltlnris avec le Cdnndbhw Unotn.
(( Bec brun rose, yeux bruns; front, menton, gorge et toutes les
parties inférieures d'un brun clair jaunâtre, strié d'un gris brun.
L'occiput, le cou et le derrière, le dos, les couvertures des ailes.
20(3 A. SUCUETET
les petites et les fraudes, d'un brun châtain foncé, strié jiarloulfjris
noirâtre. Les six premières plumes des ;iiles, aussi bien ([ue la
petite aile bâtarde, noires, avec bordure d'un jaune vit. Les plumes
tertiaires gris noir, bordées gris clair. La croupe, aussi bien que la
couverture de la queue, brun jaunâtre. La queue gris noir, les
([uatre plumes extérieures bordées de jaune vif. Les tarses et les
doigts bruns et les ongles noirs. Longueur de l'Oiseau empaillé du
sommet delà tète au bout de la queue cinq pouces. Eu somme,
l'Oiseau s'approche du Verdier par les plumes jirimaires de l'aile
et les plumes extérieures de la queue, aux points des plumes ter-
tiaires de l'aile ; tandis qu'il ressemble au Cannahinn dans toutes
les parties inférieuies, aussi bien par la tête, le cou et le dos. Le
croupion est intermédiaire, étant d'un brun jaunâtre. La forme est
plutôt celle de Is Linotte, quoique l'Oiseau soit légèrement fort, le
bec est aussi plus fort et plus épais que celui de la Unota. »
Lorsque M. Oxenden llammond acheta cet Oiseau, probablement
le lendemain même de sa capture, toutes les extrémités des plumes
et de la queue étaient parfaitement bien conservées, aussi
M. Hammond croit il (jue l'Oiseau avait été sûrement pris à l'état
sauvage (1).
9. — Nous avons ([uelques réserves à faire sur ce spécimen
dont l'origine, nous l'avouons, nous a paru au premier abord
suspecte. Longtemps même nous avons pensé que nous avions
affaire bien plutôt à une variété qu'à nu hybride. L'Oiseau, par
Sa forme et sa taille, n'a rien en effet du Cannahina, c'est un véri-
table chloris sous ces rapports; le plumage est plus roux grisâtre
(jue ne l'est habituellement la coloration du chlori:<; mais il n'existe
aunnie trace des taches longitudinales caractéristi(|ues de la Unota,
tant sous la gorge que sur le devant du cou et sur les autres parties
du corps.
L'envoi gracieux de M. le D'' Kerbert, directeur du Musée
d'Amsterdam, nous faisait voir pour la première fois le produit
présumé du chloris avec le Cannabintt. Au moment où nous l'avions
reçu, nous n'avions encore examiné aucun exemplaire authentique
de ce croisement, nous n'avions même pas, étant en déplacement,
la facilité d'examiner les deux espèces pures. Ces circonstances
sont-elles la cause d'une erreur? nous n'oserions le dire. L'examen
attentif, fait diïpuis sur d'autres pièces non douteuses, nous permet
aujourd'hui d'établir une comparaison entre cet exemplaire et ces
dernières, et d'y trouver réellement quelques ressemblances avec
(1) M. Hammonil avait cilé cet Oiseau dans le Zoologist, p. 83, 1883.
OISEAUX HVRIllDKS HENCO.NTnKS A LÉTAT SAUVAGE 207
elles dans la coloration roux brun oranijc murlelé de la poitrine,
sans toutefois pouvoir, du tro}) vague souvenir qui nous en reste,
aftirnier d'aucune façon son orij^ine liybride (1).
10. —L'Oiseau nous a paru tellement bien dévoiler sa double
origine (quoiqui' ressemblant beaucoup plus à chloris comme
conformation et pliima;ic), (|ue nous avons noté seulement les carac-
tères suivants : tète et bec intermédiaires, malgré la ressemblance
de cette dernière partie avec chloris ; couleur du dos, et partie anté-
rieure roux brun taché brun noir rappelant la linola ; sur les flancs,
lors([uc les ailes sont (léjiloyées, couleur de celte dernière (quoique
plus accentuée). Par cette mar([u;'et la couleur du dosel de la moitié
de dessus <les ailes, ce Verdier indi(iue son mélange avec la Linotte.
La poitrine, comme cbez |iiusieurs autres exemplaires, jaune brun.
En jiarlant de cet exemplaire dans le Zooloijist (2), M. J. II. Guruey
juu., le comparait à celui que M. Gurney père reçut de M. Dagget,
et le reconnaissait « légèrement plus foncé » ([ue l'exemplaire de
M. Stevenson, ainsi que « d'une taille un ])eu plus forte ».
13. — L'aquarelle de grandeur naturelle, très fine et très travail-
lée, que le Comité de direction du Musée de Newcastle-on-Tyne
(sur la demande de M. le D'' Emblelon, l'un de ses membres)
a bien voulu faire exécuter pour nous, nous a paru établir d'une
façon évidente la nature mixte de l'Oiseau qui faisait partie de la
collection du très regretté M. Ilandcok. D'après cette aquarelle, ce
(1) Ce<iiii nous fiiit lu'siler à déclarci' pui-emenl et simplenieni l'oiseau en question
i\nK viirielé, e'eU (|ui>, dune part, nuus lisons dans Stevenson {Op. Cit., p. 221) que
« les variétés sont rarement rencontrées ii et, de l'autre, dans Dcgland, que lors-
qu'elles se rencontrent elles sont « blanches ou jaunâtres ou maculées de blanc et
de jaune ». f/exeinplaire exceptionnel que elle Stevenson (exemplaire pris à IlcUes-
don, en février 1802), est u de couleur gris clair, se clianseant en brun sur les plumes
de la queue et des ailes. Le dos, les couvertures des ailes, les côtés de la tète et de
la poitrine, soni aussi pins ou moins teintés de jaune, enfin les bords extérieurs des
primaires et les plumes de la queue avec les couvertures supérieures de la queue
jaune vif ». Il n'y a donc lieu d'établir aucun parallélisme entre <'ette variété et
l'exenqilairc du .Musée d'.Amstcrdam <pii peut être réellement bybride? Il figure
ciimme tel, nous l'avons dit, dans « A'(/«/h//;',<( riin in yederland naturirscual
nanrgennmen Vogrh ». l/antenr de ce travail, M. Koller, décédé il y a quelques
mois, élail, nous dit M. le D' Herbert, « un des meilleurs connaisseurs en Oiseaux ».
Il est bon loulefoisde noter que le même spécimen nous avait été indùpié comme
croisemeni du « Cantuftif: eleganx et du l.ifjuriiiiig chloris - par M. K.-C. Blaainv.
Au moment de mettre sons presse, M. Verrall, de Lewes (Angleterre), nous
apprend «|u'il vient d'acbeler un ciniiiimon Greenfrinch, c'eslàdire un Verdier de
la couleur de 1 1 canelle ; cette coinniunicilion renouvelle nos hésitations à recon-
naître riiybriililé chez l'exemplaire ilu Musée d'.Vmsterdam.
(2) XI, n» 127, pp. 2(;n cl 207, juillet IS87.
208 A. SUCHETET
spécimen, pris au mois de décemljre 1887, on se le rapi)elle, est,
comme forme et comme taille, un véritable cliloiis au bec plus petit;
mais quelques plumes teintées de rouge cramoisi sur le devant de
la tôte, sa poitrine martelée jaune orangé rouge, sou dos et les cou-
vertures de ses ailes moulreut très suffisamment son mélange avec
le Cannainna dont il montre encore les marques sur diverses autres
parties du corjjs. (lliose à noter, pendant sa captivité, c'est à-dire
depuis le mois de décembre 1887 jusqu'au mois d'octoljre 1888,
époque à laquelle il mourut, il ne mua pas (1) ».
Les onze spécimens dont nous venons de donner la description,
sauf l'exemplaire du Musée d'Amsterdan, pour lequel nous avons
fait quelques réserves, paraissent donc tous devoir être classés comme
hybrides proliables. A noire regret, nous ne ijouvons donner les
mêmes affirmations sur les spécimens 11, 12, 14, 13, 16, 17, 18,- 19
et 20. Nous n'avons en effet reçu ([ue fort peu d'indications sur ces
divers Oiseaux.
L'Oiseau de M. Ilartson, d'après communication de ce dernier,
aurait été vendu à MM. Mackley frères, de Norwich, mais ceux-ci
ne nous ont point fait connaître la conformation et le plumage de ce
spécimen sur lequel ils paraissent du reste avoir peu de souvenirs.
Le spécimen aperçu par le rév. Macpherson n'a pu être tué ; il
fut vu dans un champ de navets, alors, il est vrai, que, mangeant
très avidement, il se laissait approcher (2); mais un examen aussi
superficiel ne peut établir son authenticité, au moins d'une façon
absolue. M. Swaysland ne nous a donné aucun détail sur l'Hybride
qu'il prit lui-même, il nous dit seulement qu'il n'était pas (autant
qu'on en pouvait juger) « un Oiseau écliappé de volière. » M. Colene
nous a point fait connaître non plus les caractères de l'Oiseau exposé
par lui au Cristal Palace en 1890 ; indications qui nous manquent
pour le jeune hybride acheté par M. Nichols à M. Pettitt, pour l'exem-
plaire femelle vivant possédé par M. Dawsou, pour lu mâle exposé au
Cristal Palace par M. S. Hayvvard en 1891 (ou en 1889), dont on ne
connaît même pas le nom de l'acheteur, et pour les deux hybrides
pris par M. Chatvin, de Douvres. Sans mettre aucunement en doute
l'authenticité de ces diverses pièces, qui nous ont été indiquées si
gracieusement par leurs propriétaires, nous nous abstiendrons de
porter un jugement sur elles, puisque, nous le répétons, elles ne
nous sont ni décrites, ni connues (3).
(1) (t /( dted before mouUing ». Hatidcok Collection in Ihe Muséum of the
■nalural history Society of Nortliumbrrland, Durhaiii and t\eu'castle-on-Tyiie-
(2) Voy. le Zoologist, XI, n" 128, p. 303. août 1887.
(3) Nous rappelons aussi que nous avons pu faire quelques doubles emplois.
OISKAIX IIVIIKIIIKS RKNCONTRKS A l'kTAT SAUVAGE 209
Nous soiniiu'S cepiuidaul porté à croire que la plupart au moins
(k- ces spéciruens out leur origine l)ieu établie. Nous eu dirons
autant de l'exemplaire de la collection Gould, vu autrefois par
M. Gurney (I) et qui, d'apiès ce dernier, « montrait de la manière
la plusdécidée leplumai::e de la Linotte et du Yerdier. » Nous tenons
cependant à faire remarquer que les hybrides de MM. Wliitakei- et
Hammond furent pris pendant l'année 1883, c'est-à-dire pendant
une époque où des hybrides de ce croisement avaient été obtenus en
domesticité et où l'un d'eux, précisément, s'était échappé (2).
Nous nous sommes étendu un peu lonjïuement sur les hybrides
du Ijif^uinux chlurix et du t'annubina Ihtola, ces pièces présentant
un véritable intérêt par leurs caractères mixtes et par leur nom-
bre (3).
(M Voy. llic ZoolOi,'isl, VU, ii" SI, p. :i7'.l, ISS.'!.
(2) M. .1.-11. (iiiini'y ;i cru devoir (aire rcman(iier (ZoologisI, VII, n» 81, p. 370,
1SS:!|, (pie licaiinmpdos hybrides chlorix el liiiotd portent des marques évidcnles de
raplivilé, ee qui, d'après les réllexions de M. l'hilipp (Zoolofjist, p. liOl, julllel 1S83)
piuirraieul amener un naluraliste sceptique i'i penser que ees hybrides furent élevés
en cape; avis ([ue ne partage pas M. (iurney i|ul pense, avec plus de raison peut-ôtrc
que ces marques de captivité proviennent d'un séjour plus ou moins prolongé en
cage après leur capture. En 18S3, M. Gurney n'avait pas encore observé, dans les
Oiseaux e.xposés à .Norwich. d'hybrides de ce genre. Mais nous avons vu, d'après les
afllrmations de plusieurs éleveurs, que le croisement du chloris et de la linota
s'obtenait aussi en captivité.
(Iti Nous n'avons point parlé intentionnellement des hybrides que l'on dit avoir été
pris à N'<jrfolk et (|ui sont mentionnés par .\I. IJurney dans le Zoologist (111, n» 81,
p. 379, l8S.'i) parce i|ue, comme le présumait .M. (juruey, ces Oiseaux (au moins
celui que nous avons re(;u). n'ont point les origines qu'on leur suppose. Dans l'exem-
plaire que M. (iurney a eu la complaisance de nous adresser, nous n'avons vu qu'une
F. raniiriil v.iriété verte, échappé sins doute de qnehpie volière, pas même
rhybri<le vulgaire di^ la Linotte et du Serin. Nous n'avons point parlé non plus d'un
hybride pi-éseuté vers IHSI) à la Société zoologi(pic de Londres par le rév. Macpher-
son, parce que nous n'avons pu savoir si cet Oiseau avait été pris à l'étal sauvage ou
proiliill en capllvilé.
LinURI.NUS CHLOKIS KT CaNNABINA I.INOTA ou KkINCII.I.A CITRINELLA
M. de Selys-I.ongehanips a vu autrefois <laus la collection de M. Hory, à I.ouvain,
collection qui n'existe plus, un hybride sur lequel il a pris la note suivante: "^hybride
du chloris avec Canitiiliina ou avec l'ringilla cilrinelta? (espèce qui n'est pas
belge). (Jiieue du Venturon (/'. citrincUit), épauletles de cet Oiseau, dos grivelé,
une nianpie p:Me comme F. peironia, les longues rectrices pâles en dehors (nulle-
ment jaunes ne dessous) ; bec moindre que le chloris. Nous ignorons tout à fait si
cet Oiseau a été pris à l'état sauvage; M. de Selys-Longchatnps espère pouvoir obte-
nir quelipies indications sur cette pièce intéressante.
210 A. SUCHETET
IjGdRlNUS CHLORIS et CaRDUELIS ELEGANS (1).
Ce croiseiiieut présente un grand intérêt parce que l'appariage
des deux espèces a été plusieurs fois constaté dr vim, observation
exceptionnelle et qui n'a pas été faite, nous l'avons dit, dans la
plupart des autres cas. Cependant, nous avouons l'avoir mis long-
temps en doute. Le premier hybride reçu, et qui nous avait été
envoyé gracieusement par M. le comm. prof. Giglioli, de Florence,
rappelait en ellel presque complètement, par sa couleur générale,
le produit commun du F. canaria et du Cardiiclis; sa taille, seule,
et son bec un peu plus forts le faisaient reconnaître. L'Oiseau cepen-
dant avait été pris à l'état sauvage, à Santa-Maria in Monte
(Florence) pendant le mois de Septembre 1878, et M. Giglioli
regardait comme digne de confiance la personne qui le lui avait
remis.
Le deuxième exemplaire qui nous fut envoyé d'Angleterre par
M. PhilippB. Mason, esq., de couleur plus fontée, de taille au moins
aussi forte, montrant très visiblement au bord extérieur de l'aile,
dans la partie haute, une teinte jaune vif, nous laissa un peu moins
incrédule.
Mais nous n'étions pas convaincu. Les envois successifs de quatre
spécimens vivants, que l'on nous a dit avoir été pris eu Angleterre
])endant ces dernières années, enlevèrent enfin nos doutes. Nous
pûmes en effet étudier à loisir les mouvements, la voix, les manières,
les gestes, le vol de ces Oiseaux, placés à côté de canaria X Carduelis
et, peu à peu, les distinguant facilement de ces derniers, nous recon-
nûmes que le chloris devait avoir concouru à leur production.
Le croisement du Ligurinus etda Cardnclis,deiix FriiKjilliiliP, de
forme et de couleur réellement bien distinctes, a été observé depuis
longtemps et peut-être môme est-il le premier, parmi ce genre
d'Oiseaux, dont on ait fait mention. C'est à Vieillot que revient
probablement l'honneur do l'avoir cité pour la première fois. Le
célèbre ornithologiste raconte en effet (2) qu'il posséda pendant
longtemps un Oiseau pris au filet et qui paraissait être, d'après sa
taille, ses couleurs et son chant, <( le résultat de l'union d'un
Verdier et d'une femelle Chardonneret ». Ce métis, pris au mois
d'octobre, resta toujours très sauvage et ne se familiarisa que peu
(1) Autres noms scienliliques : FringiUa carihielis. Pris'itpr cardiielis. Cdriluelis,
Spinus carduelis, Aciinlhis carduelis.
(2) Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle appliquée aux arts., XII, pp.
162 et 163. Déterville, Paris, 1817.
OISEAUX HYBRIDKS RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 211
avec lu cage. .Malgré SOU caractère farouclie, il céda cependaut aux
impulsions de l'amour et s'apparia avec une 9 canaria ; mais
cet accou|(lenient demeura stérile.
Vingt ans plus tard, un auteur anglais, Macgillivray (1), faisait
connaître un exemple remarquable d'une femelle de Goldfinch
(Chardonneret) se croisant à l'état sauvage avec uu mà\e Green
Linnet (^'erdier). Ces deux Oiseaux, dit l'émineut naturaliste,
bâtirent d'abord leur nid dans une haie d'épines d'un jardin qui
avoisinait Rathgate. où ils nourrirent quatre petits ; mais bientôt
les jeunes furent pris et élevés par uue personne de la ville. Les
parents construisirent alors un deuxième nid dans une vieille
haie de hêtres sur les pro|)riétés de MM. Marjoribauks, de
Balbardie, et réussirent à élever une autre couvée, ilout ils furent
encore privés. Ces nouveaux jeunes furent donnés à un tisserand
chez lequel ils vécurent plusieui's années.
.Macgillivray dit avoir connu un autre exeuiple du môme genre
qui fut constaté cette fois dans la partie nord du jardin du château
d'Edimbourg, propriété devenue la possession de M.M. Eagle et
Hendersou. l'ii niùle Verdier et sa femelle, un Chardouueret, furent
attrapés par un oiseleur, qui garda cette dernière pendant quel-
que temps pour s'en servir d'ai)peau. .Macgillivray vit les deux
parents (pendant l'année 1838?) et un jeune de leur couvée qu'un
ébéniste d'Edimbourg aclieta dans la suite.
Ni .Macgillivray, ni Vieillot n'ont donné de détails sur la couleur
du plumage et la forme de ces divers hybrides. Isidore Geoffroy
Saint-llilaire a rap])orté le fait cité par Vieillot dans sou //('.s7oî7'e
(icncridc </« Ilèi/ncs organiques (2), et le Rév. Mncpherson a fait
allusion aux exemples de Macgillivray dans le Zoologist (3). Le
révérend cite du reste, dans la même revue, un autre exemple de
cette sorte qu'il tient de M. Traviss, le gardien de la volière occi-
deutale du Zoological Garden. Celui-ci lui a assuré avoir pris
un nid de jeunes Chardonnerets ])laeé près d'un autre nid de
Verdiers. Dans la couvée de Chardonnerets, il se trouvait un
intermédiaire entre le « Carduelis elegans et le Ligurinus chloris »
que M. Traviss éleva et conserva un grand nombre d'années. L'Oiseau,
dit le Rév. Macpherson, devait ressembler à un hybride obtenu en
captivité possédé par lui au moment où il discutait surcesfaitsavec
le gardien de la volière de Regent's Park.
(1) Ilislory of Brilisk IHrds, 1, 18.37.
(2) III, p. UVt.
(•,!) VII, n» 8, p. :n8, août 1883
212 A. SUCHETET
Plusieurs autres hybrides sont mentionnés dans le récent ouvrage
de M. le professeur Giglioli, de Florence (1 ). D'abord un exemplaire
observé par M.Pauerdans le district de Florence, puis un deuxième
cité par M. Ruggeri, de Messine, enfin un individu cT venant de
S. Maria in Monte, celui que nous avons déjà indiqué et qui
aurait été donné au Musée royal par M. Scaramucci (2). L'Oiseau
dont parle M. Pauer avait été trouvé sur le marché de Florence et
envoyé à la collection italienne, mais il paraît n'avoir jamais été
remis à la Direction et sans doute a-til été perdu dans le labora-
toire de taxidermie, car on parait ignorer ce qu'il est devenu.
Il était, nous écrit M. Pauer, très semblable à celui que l'on conserve
aujourd'hui, tant i)ar le plumage, les couleurs et la forme. Sa
grosseur était celle du /,. chloiis, auquel il ressemblait par sa queue
et la forme de sa tête ; mais les ailes et la queue montraient dans
l(»ur couleur des marques non équivoques du Canhirlis. Cet Oiseau
avait été pris dans les filets.
L'hybride indiquéparM. A. Ruggieri, de Messine, n'existe peut-être
])Uis. Il avait été porté à un avocat de cette ville, M. Joseph Pagano, par
un prêtre des environs, il y a déjà (juatreoucinq ans.etM. Ruggieri
avait fait alors tout son possible pour l'obtenir, mais ses tentatives
avaient échoué. L'Oiseau présentait des marques évidentes des
deux espèces, il avait la forme grossière du cliloris, qu'il rappelait
encore par son bec gros et cylindrique. Son plumage était vert,
plutôt foncé; sur les rémiges il portail une tache jaune comme le
Carduelis elajiim; son masque rouge était saupoudré de cendré.
Nous ignorons tout à fait si M. Joseph Pagano a pris soin de
conserver cet intéressant exemplaire.
D'autres exemples nous sont encore connus, ils concernent :
1. — Un individu exposé au Cristal Palace pendant deux années
successives, '18S4et 1885, par M. J. H. Hillyer, de Leicester, qui nous
affirme l'origine sauvage de cet Oiseau capturé par un oiseleur à
quelques milles de Leicester.
2. — Un autre individu exposé également au Cristal Palace en
1887, par M. Arthur Waterman, de Londres.
3 et 4. — Deux hybrides du même croisement pris avec le précé-
dent dans les environs de Londres.
S. — Un individu capturé, avec des Chardonnerets, dans les filets
d'un oiseleur, M. J. Chatvin, de Douvres, pendant l'hiver de 1890-91,
(1) Giglioli, Primo resoconto dei résultait delV inchiesta ornitologica in
ilulia, parle terza ed ullinia, pp. GO et 70, Florence, 1891.
(2) D'après une communicaUon de M. Pauer.
OISEAUX lIVHlUltES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 213
et envoyé nii mois <Ie janvier par M. Saltor jiin., de Poiidweli, au
Hi'ilisli Miiseiini ;
(t. — Un autre exemplaire 9 pris au nid dans le comté de
Dumharlon. exposé an (Cristal Palace parM. Andrew Manchon, qui
a bien vonln nous ollrir cet Oiseau aujoiird'lini empaillé. Dans le
uid où le jeune fut pris existaient trois autres petits. Les parents
auraient été eux-mêmes capturés, c'étaient un CaidneVis 9 et un
chloris cf nourrissant leurs jeunes.
7, 8 et !). — Tiois hybrides du l.oiia chloris et du Carduclls, vus
au commencement de l'automne de tSOI, par des tendeurs des envi-
rons de Verviers(Belgi(iuc), paraissant tous, d'après M. Emile Ruhl,
qui luius cite ce fait, appartenir;! une même couvée et avoir voyagé
ensemble après la mue sans s'être jamais (|uiltés. M. Ruhl possède
vivant l'un de ces Oiseaux, les deux autres s'étant échappés (1).
Kl. — L'exemplaire pris près de Londres en ISfiR, appartenant
aujourd'hui à .M. l'hilii)pIL iMason, de Hurton, dont il a été parlé,
hybride provenant de la vente faite au Covent Garden en 1890 par
M. Whitaker.
11, \:i, !.'{ et 14. — Kiilin nos quatre exemplaires reçus vivants
et sur lesquels M. W. W. Fowler, de Pontefract, qui nous les a
vendus, nous a donné les indications suivantes. Le premier, arrivé
à notre [)ropriété d'Antiville le 10 octobie 1801, fut pris au sud
d'Elcusal, à huit milles sud de Pontefract, il y a quatre ans. L'oiseleur
qui l'attrapa avait vu ses parents le nourrir : c'étaient un Verdieret
un Chardoiineret. Le jeuue Oiseau ét;iit eu comijagnie d'autres
petits dont ou ne put s'emparer. Il a une aile brisée et pendante,
l'aile jrauche. Le deuxième, reçu le même jour, quoique pris plus
récemmeni, en 1889, avait les onj;les tombés. Il fut capturé à la
lin de l'année à Balue-Moor (7 milles de Pontefract) par M. G.
Gildersome.
Les deux autres, reçus seulement le 17 octobre, seraient encore,
(1) M. Riilil nous adresse les détails coinpl6menlaires suivants : ■ Les trois
liyhrides (Chardonneret el Verdier ontété vus ensemliie plusieurs (ois. Deux oiseleurs
du village, les deux (rères, ont tend» leurs lilels grands de i" wir 1". Les Oiseaux
ont été tous les trois pris sur une plante de chardon, iiiallieureusement le filet ne
s'est qu'iuiparf.'iitement fermé el au montent de le haisser avee la main, les trois
Oiseaux se sont envolés. Ils se sont dirigés en ligne droUe sur les buissons de
l'autre tendeur il cent métrés environ du premier endroit, mais celui-ci, en tirant
son lilel, ayant mis trop do lenteur, deux hybrides se sont échappés. On assure que
c'étaient trois mules ». Tout ceci, ajoute M. liuhl, dans la nouvelle communiiation
qu'il veut bien nous faire, s'est passé comme il nous l'explique. .\u début on lui
avait bien raronté ipie le tendeur ronservait les deux plus beaux sujets, mais ce ren-
seignement n'est pas exact, M. Ruhl et sou fils ayant interrogé les deux frères.
214 A. SUCHKTKT .
d'après M. Fowler, deux mâles. L'un des deux est mauchol, il ne
I)ossède que l'aile droite, la gauche ayant été enlevée par le (il télé-
graphique contre lequel l'Oiseau s'était frappé dans son vol. Il fut
pris en effet le lonj; de la ligne du chemin de fer d'Hensall, située
près de Balue-Moor. Depuis sa capture, il était devenu la possession
de M. J. Hygins, de Pontefract, qui, sur les sollicitations de M.
W. W. Fowlei-, consentit à nous le vendre. Malheureusement, il
mourut le lendemain de son arrivée à Antiville. L'Oiseau qui
l'accompagnait avait été pris aussi dans le district de Balue-Moor,
par un sieur Burton, avant re.\position du Cristal Palace de 1890
où il tut montré sous le n° 1801. Ces trois derniers avaient été aper-
çus avant leur capture volant ensemble à la fin de l'année 1889
accompagnés d'un quatrième hybride femelle que M. W.-W. Fowler
eut l'occasion de voir lors(ju'il était dans son premier plumage.
Cette femelle avait été prise également par M. S. Burton, de Knos-
tingley et au même endroit, c'est-à-dire à Balue-.Moor. Depuis elle
fut vendue au Leeds Market pour une livre sterling et six pence.
On ignore ce qu'elle est devenue; M. Fowler a bien voulu faire
pour nous des recherches qui, malheureusement, n'ont point abouti.
En outre M. Geo. Davis, de Glocester, veut bien nous faire savoir
([u'uu hybride Verdier-Chardouneret fut pris par M. Coxà Newent,
mais il y a de cela longtemps, et M. Gustave Caniot nous écrit de
Lille que le métis du Chardonneret et du Bruant (1) a été pris au
lilet dans les environs de cette ville. Gel Oiseau, acheté par M. Courbe,
son prédécesseur, a été revendu ensuite et on ignore qui le possède
maintenant. C'est peut-être à cet Oiseau que fait allusion M. Chirez,
de la même ville, qui nous infor.iie qu'il a vu des « Vermontants (2)
couver en plein air avec des Chardonnerets. »
Description de plusieurs pièces que l'on doit de citer. — Le plumage
et la forme des quatre individus présumés mâles, aujourd'hui en
notre possession, sont presque semldables, en sorte qu'une même
description peut s'appliquer aux quatre exemplaires : taille du
chloris, tout au moins bien plus forte que celle du Carduelis ; le
plumage rappelle davantage ce dernier. Le bec est très fort, mais il
est long ; il se trouve ainsi être un mélange des deux espèces. Le
rouge de la tête est terne, plutôt orangé foncé. Le dessus de la tête,
la nuque, le dessus du dos, brun gris assez uniforme, un peu de
la teinte du Verdier çà et là. Devant et poitrine : mélange bien
(1) C'est ainsi qu'on nomme clans le Nord et dans beaucoup d'autres départements
de la Tranee le Verdier, appelé encore Vermonlanl.
(i) Se reporter à la note ti-tlessus.
OISEAUX IIYBHIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 215
acceutué des deux espèces. Lu manière doiil la ([ueue est colorée
montre riiitliieiice exercée par les deux facteurs; la teinte jaune
des rectrices du clibiri.s y est bien visible.
Celle ([ueue est plus forte que celle du l'ariliu-lis, elle nous a même
paru assez longue. Le croupion est verdàtre, jaune doré. Le trait
qui nous a le plus ïrap|)é. et qui a servi surtout à (listiiii;;uor ces
Oiseaux des h)ln'n\cscuniuiiixl'(i>'iliiclis, est la tache jaune vif sur le
bord supérieur de l'aile près de l'épaule. Sous les rectrices de la
(|ueue uni' li'intc jaune, qui mau(|iie complètenieiit aux candria x
Cardurlis, s'aperçoit aussi facilement chez les hybrides chloris x
Carditelis. Le dessus du dos de ces derniers, ainsi que la poitrine,
sont d'une teinte jilus uniforme : ou y sent riulUieuce du cltloris.
M. Gigiioli ayant été assez gracieux pour nous envoyer de nou-
veau l'hybride du Musée de Floreuci', pris à Santa-Maria in Monte
en 1878, nous avons reconnu chez cet exemplaire, (dans un deuxième
examen), sur le bord supérieur de Ta Ile, la teinte jaune vif à huiuelle,
on le voit, nous attachons une assez grande importance; le bord
snpérieurdes rectrices est également teinté de jaune; enfin la barre
jaune des rémiges est très apparente. Cet Oiseau, quoiipie de cou-
leur générale pâle, nous a donc paru présenter des caractères
propres aux deux espèces.
Sur la poitrine de l'individu de la collection Mason, existent des
plumes jaunes assez nombreuses ornant cette partie, mais ressem-
blant aux plumes de nos hybrides canaria x Canludis. Sans vouloir
aucunement nier son origine rltlaris, nous ne voudrions point non
plus l'allirmer d'une façon absolue. 11 est regrettable (juc celte pièce
nous ait été envoyée sous verre ; placée dans une vitrine avec d'autres
Oiseaux, nous ne l'avons i)u examiner aussi complètement que nous
l'aurious désiré.
Nous n'avons point vu l'hybride (ou les hybrides, s'il s'agit de
deux exemplaires dilTérenls) exposés par MM. llillycr et \\'aterman
en 1884, 1880 et 18!)U.
.\u sujet de l'hybride envoyé par M. Saller au Brilish Muséum
et pris à l'élat sauvage par M. J. Chalvin, de Douvres, M. Sharpe
nous fait savoir que l'Oiseau porte des marques évidentes de
captivité « les ailes et la queue sont déjà sales ». M. Chatvin, près
duquel nous avons pris des informations, nous assure cependant
que cet hybride avait été capturé à l'état sauvage ; sauvagerie bien
facile du reste à reconnaître, nous dit .M. Salter qui posséda vivant
cet Oiseau, car on ne pouvait réussira le nourrir: il n'acceptait que
des graines de Chardon, et mourut au bout d'uni' semaine de cage.
21(1 A. SUCUETKï
Ces niar([iios de captivité doivent donc être rapportées, non à une
origine domestique, mais au court séjour que l'Oiseau lit dans sa
prison.
Comparaison de plmieurs spécimens saurages arec des hybrides
obtenus en captivité. — Les caractères mixtes des liybridesdu dernier
croisement nous avaient paru si nettement accusés chez presque
tous les exemplaires que nous avons examinés, que nous n'avions
point trouvé utile de les confronter avec des spécimens obtenus en
captivité, dilliciles du reste à se procurer à cause de leur rareté
et à cause aussi du prix excessif qu'en demandent ceux qui ont
réussi à les élever. Quoique l'origine des supposés Ligurius rhloris
X Carduelis elegans nous parût également bien établie, nous avons
néanmoins préféré nous confirmer dans notre opinion par l'examen
de pièces nées en cage, par conséquent authentiques. M. Andrew
Maugliau, de Dumbarton, Ecosse, a bien voulu nous offrir un
spécimen çf, spécimen (jui, exposé au Cristal Palace (soit par lui,
soit par miss Howison) oljtint, pensons-nous, le premier prix.
Nous avons acheté également un autre sujet (réputé 9) à
M. Uewar, d'Edimbourg, qui nous a dit connaître le hreeder
(éleveur). Or, après examen comparatif, si nous croyons devoir
faire quelques réserves, au sujet du spécimen du Musée de Florence
et de celui de la collection Mason, nous pensons pouvoir déclarer
bien authentiques les quatre spécimens qui nous ont été envoyés
vivants par M.W. W. Fouler, de Pontefract, ainsi que l'individu 9 ,
pris au nid, et que nous a encore ofiert M. Maughan.
M. Emile Ruhl, de Verviers, nous écrit qu'ayaut reçu lui-môme
de M. Dewar, d'Edimbourg, un niàle hybride, né en captivité
(le frère sans doute de la 9 achetée par nous), et l'ayant comparé
avec l'Oiseau pris par les tendeurs des environs de sa ville, il a
reconnu de très grandes ressemblances entre les deux Oiseaux,
à l'exception de la structure et de l'aspect plus robuste que pré-
sente l'exemplaire sauvage.
On est donc en droit de supposer une origine mixte chez ces six
derniers spécimens.
Reste à savoir si beaucoup des individus rencontrés à l'état libre
ne sont pas des échappés de captivité? Le croisement en cage du
chloris et du Carduelis est en ellet chose commune en Angleterre;
nous [lourrious citer un grand nombre d'exemples de ce genre. Il
suflit d'ouvrir les catalogues de l'exposition du Cristal Palace
pendantcesdix dernières années pours'en convaincre. aMM. T. .\Ivin,
de Deplford ; W. Booth, d'ipswich ; J. Brighton, du Yorkshire,
OISEAUX HYBIUDES HENCONTHÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 217
R. Freeinaii, de HuU; G. Millersli (1), de Cheltenhani ; S.-D. lluiil
de Kiiif^'s l.iiui ; Mackley brolhers, de Norwicli ; Sargeut el Hicks,
de Liskeard; W. Swaysland, de Hriiilitou; \V. Veale, de Scarbo-
rougli, nous assuieiil que les Oiseaux (juMls exiiosùient au (hislal
Palace pendant les années 188i, ISSo, IS8G, 1887, 1888, 1889 et 1890,
étaient nés eu ra])tivité. MM. Th. Fuuslon, de Liverpool, (IrossJey,
de Keudal, coniniu .MM. l)e\var d'ivliuibouig et .Mauciiaii de Duni-
barton, nous ont encore parlé d'Oiseaux obtenus en cage.
En France, nous connaissons plusieurs exemples de ce croise-
ment; des amateurs ou éleveurs ont chez eux croisé le Cliardonncret
avec le Verdier C2). En .\lloinagne, le D^ Ferd. Hudon, de Perleberg
(Prusse), nous dit avoir vu à Rostbock, eu 1873, dans le magasin
d'un marchand, un hybride Carduclis X Mnrix (3).
Du reste, le croisemeni du Verdier et du (Ibardonneret à l'état
captif a été mentionné depuis longtemps. Lucas en parle dans son
traité d'e physiologie (i) d'ajjrès le Dictionnaire des Sciences médi-
cales (5). M. \. Geotirciy Saint-llilaii-e a signalé aussi un (!xcm|)le
que lui a fait connaître .M. de Lamangainy (G).
Le croisemeul desdeux espèces est donc très fréquemmentobtenu;
il parait même, (|uoi(]ue de seeond ordre, assez recherehé des ama-
teurs; par conséquent il peut se faire que plusieurs (ou peut-être
même beaucoup) des hybrides rencontrés à l'état sauvage soient
des écliapiiés île captivité. Cependant cette hypothèse doit être
écartée pour les exemples dans Ies(iiiels l'aiipariagedeileux espèces
mères a été constaté de visu ou chez lesquels les circonstances qui
ont accompagné leur (•a|)ture ont été telles ([u'elles ne permettent
pas de supposer une telle origine.
Quant à savoir si les pièces qui soûl in(li(|uées comme prises à
l'état sauvage l'ont été réellement, nous ne ixmvons rien allirmer;
les renseignements (jue nousdonnons s appuientsur la bonne (oi de
ceux qui nous les ont envoyés. Mais quel intérêt auraient-ils donc
PU à nous tromper ?
(1) Pour miss Ilavison (dt'funte).
(2) Ce dernier (en t;i<;e) servant toujours, ou prescpie lonjuiirs, île femelle.
Ci) Cet Oiseau aurait été au cdutraire produit par un l'urdueliii ^ el un chloris cf-
(4) Traité phUosophique el pkijsioluijiiiue île l'Iti'ràliti' niilurellc. II, p. 5,
Paris, 1850.
(:>) Voy. : lliiUeUii île la SocicHé il'accliiiiaUiliiin, p. 7811, 187j, .X.WII, p. 264.
(tj| M. A. (ieolIroy-Sainl-Ililaire a bien voulu faire rechercher par nous la corros-
potidance qu'il avait éehangée avec M. ili; Lauian^aruy et nous l'a adressée. Celui-ci
parle il est vrai d'un Jannin ;^' croisé avec un Chardonneret, mais il faut entendre
par là le Verdier qu'on appelle aussi, mais improprement. Uruuiil d ins beaucoup de
départements de la France.
21cS A. Sl'CHETET
Lorsque nous iivous demandé à M. W. W. Fowler, de Poutefract,
des indications sur l'origine de l'hybride exposé par lui au Cristal
Palace en 18S9, il ignorait certainement alors nos préférences pour
les hybrides sauvages. Avant son dernier envoi (si toutefois nos sou-
venirs sont exacts), nous lui aurions même manifesté le désir de
posséder quelques spécimens nés en captivité pour examen compa-
ratif. Quant à M. Andrew Maughan il nous a offert à titre gracieux
le spécimen femelle pris à l'état sauvage dans le nid, ainsi que le
niàle élevé en captivité (1). Ce n'est que sur des instances réitérées
qu'il s'est décidé à accepter une faible somme d'argent. L'intérêt
n'avait rien à voir dans cette alTaire. Nous devons donc supposer
(jue parmi les exemples, assez nombreux, du reste, que nous avons
cités, il se trouve réellement des hybrides nés à l'état sauvage.
Chrysomitris spinus (2) et Acanthis (espèce non déterminée).
M. J.-H. Verrait, de Lewes, le « fancier « bien connu, annonçait
le 23 octobre 1891, dans le « Feathered World, » la capture, par un
oiseleur de Worihing (Sussex), d'un Oiseau qu'il croyait être cer-
tainement le iiroduit du Redpoll etilu Siskin, c'est-à-dire du Sizeiin
et du Tarin {Litutria X Chnjsuinilris Spinus). « Le Field » du len-
demain publiait en ces termes la description de cet Oiseau : « Trifle
larger than a Redpolo, greenish grey colour over ail the body,
faiut line of yellow on outside edges of wing feathers, faiut yellow
on sides of tail, greenish colour ou rump, and withe on the abdomen
and lowers parts, with the dark streaks on the sides like a Siskin,
bill jtointed and dark legs and feet also dark, but not so dark as a
Redpoll's. » M. Verrait ajoutait : « It has the attitude of a Siskin with
the Redpole call-note, and looks like a Redpole about the eyes (3). »
Quelques jouis après l'annonce de cette importante capture,
M. Chas. Houlton, de S. Helens (Laucashire), demandait par la
voie du journal, The feathered World (4), si M. Verrall connaissait un
{i) Cet Oiseau étant niorl.
(2) Autres noms : Fringillu spinus, Spinus ririilis, Liyuriuus, Linaria spi-
nus, Acanthis spinus. Carduelis spinus.
(3) C'est-à-dire : De la taille légèrement plus grande ijue celle du Sizerin, couleur
verdàtre-gris sur tout Je corps, faible ligne de jaune sur les bords extérieurs des
plumes de l'aile, jaune peu accentué sur les cotés de la queue, couleur verdàtre sur
le croupion, et blanche sur l'abdomen et les parties de dessous, avec des raies sombres
sur les cotés comme chez le Tarin ; le bec pointu et sombre ; les jambes et les pieds
foncés aussi, mais pa? autant i|ue chez le Sizerin. 11 a le geste du Tarin, la noie
d'appel du Sizerin; il ressemble à ce dernier autour des jeux.
(ij Page 208, 30 octobre IMM.
OISEAUX IIVBRIDKS RENCONTRÉS A 1,'ÉTAT SAUVAGE 21'J
hyl)ride de ce jicurc acheté par lui deraièremcnt ci coiicsporKlaiil
à fa description donnée. A quoi M. Verrall répondait (lu'il ne l'avait
pas vu, mais (ju'il ('l'iivail à un i^cnllciiiaii en Ecosse pour savoir
si l'Oiseau itu ([ucslion ne s'étail point échappe de ciiez lui.
M. Fletcher crut bientiU devoir mettre en doute l'origine de
l'hybride prisa Worthinjî et il écrivit (I) ([u'il le pensait être,
d'après la description donnée par J. H. N'errall, un Serin Finch
(Friui/illn serinus).
Après avoir pris des informations auprès de ce dernier, nous
apprîmes iiue l'Oiseleur, qui avait capturé cette pièce, était un
nommé C. IJacon, mais (|ue l'Oiseau avait été vendu depuis à M. S.
■luitp, de Wortliing. Celui-ci a bien voulu nous faire connaître son
opinion sur cet Oiseau (|u'il considèi'e comme un hybride réel du
Tarin et du Si/.erin, un Oiseau très rare et qu'il n'avait jamais
encore rencontré. Après bien des pourparlers, que nous ne croyons
point devoir aboutir, nous avons enlin obtenu ce spécimen qui
nous est ariivé vivant à Rouen le 12 janviiîr dernier.
Une étude très minutieuse que nous en avons faite, eu regard
des espèces supposées parentes, nous a permis de reconnaître chez
lui des caractères propres au Tarin et au Sizcrin. 11 possède, sur
la croupe et les reclices, la teinte jaune verdàtre quoique très
aflaiblie du premier ; il a la couleur brune du second sur toutes
les parties antérieures ; les ailes n'olïrent point de différence avec
celles du Sizerin cabaret.
Avant d'en donner une description détaillée, nous croyons utile
de faire ressortir les diilérences ((ue présentent les deu.v espèces
pures et de faire connailie aussi leurs ressemblances.
Ayant pris dans notre main un Sizerin cabaret cT (Linaria rufes-
ri'ns) et un Tai'iii cT {('Inij. sjiiunx}, tous deux vivants, nous avons
remarqué (|ue le bec du premier dilléie de celui du Tai'in en ceci :
il est moins long, plus ramas.sé, mais aussi pointu et surtout beau-
coup plus droit; la mandibule supérieure du hecdu Tarin est légè-
rement bus(|uéc. Celle iiarlie. chez tous les deux, se termine à sa
pointe en couleur foncée. Les deux becs peuvent surtout facile-
ment être distingués par la couleur générale qui est blanc terne
chez le Tarin, tandis ([u'elle est jaune ocre (un peu chrùine) chez le
Sizerin. Enlin le bec du Tarin est certainement |)lus épais à sa base.
Les pattes de ce dernier sont noir violacé très foncé, celles dn Tarin
sont brunes.
Il y a, l()rs([u'on regarde lesdeux Oiseaux de profil, une très grande
(1) The foalheretl World, p. :i'i:i, i:i iiovlmmIuc Is'.ll.
220 A. SUCHETET
ressemblance comme disposition du pliimnt!;p, notamment dans la
tète, le cou et les autres parties du corps, quoique la coloration soit
dilïérente.
Comme taille, les deux Oiseaux sont à peu près les mêmes, c'est-
à-dire petits: peut-être le Sizerin l'est-il eucore davantage; la
queue de l'exemplaire examiné est plus longue que celle du Tarin
(laquelle nô s'évase pas). Chez le Si/.eriu il n'existe aucune couleur
jaunâtre, verdàlre, propre auTarin; le liserédes plumes estbrunàtre,
tandis que le liseré des plumes du Tarin est jaunâtre verdàtre. Quant
aux flammèches des flancs, elles sont longitudinales et se ressem-
blent, mais beaucoup plus accentuées, beaucoup plus nettes chez le
Tarin.
En somme, la couleur générale du Sizerin est brun foncé, celle
du Tarin, jaune verdàtre. Chez le premier il existe sur la tète, le
front notamment, et sur la poitrine, une couleur rouge cramoisi
ou sanguin, qui diminue considérablement d'intensité en hiver;
cette couleur manque complètement chez le Tarin. Les rémiges de
ce deruier sont traversées par une large bande jaune vif clair
s'élargissaut graduellement en approchant près du corps; chez le
Sizerin rien de semblable. Cette barre manque complètement, les
pennes des ailes sont uniformément brunes, sauf les petites, dont
le bord de la barbe extérieure est brun clair. Les deux barres brun
gris clair, mais peu apparentes, qu'on aperçoit sur l'aile du Sizerin
sont la terminaison des couvertures ; elles se présentent de la
même manière, ou à peu près, chez le Tarin, en couleur jaune
verdàtre foncé. Enfin, sur le dos, le Tarin n'est pas moucheté de
taches longitudinales, sou dos est beaucoup plus uniforme que
celui du Sizerin cabaret dont les mouchetures longitudinales brun
foncé sont réellement accentuées. Les deux espèces ont sur la gorge,
directement sur le bec, une plaque noire.
Ce que nous venons de dire du mâle Sizerin peut s'appliquer
à sa femelle, chez celle-ci cependant le rouge n'existe que sur la
tête, mais elle conserve sous le bec la tache noire qui manque à la
femelle Tarin; son ventre nous a semblé plus blanc que celui du
mâle ainsi que la nuque et les joues.
Quant à la femelle Tarin elle diflère du mâle par ses couleurs
jaunes beaucoup moins vives, elle est d'un aspect plus grisâtre;
son ventre est blanc.
Notre exemplaire
a les ailes en tout semblables à celles du Sizerin (nulle trace de
barre transversale sur les rémiges); son dos est moucheté de la
IIISKAIX lIVRIilliKS nENCONTRKS \ l'CTAT SAUVAGE 221
nit"'ini' manière, ainsi (|iie sa IHe : mais son croupion est riH-llciiuMil
vi'rdàlix'. Les grandes réel rices (côté <;auche), man(|uent; sur les
droites existantes on constate, le long de leurs bords, un liseré
jaune verdàtre très bien caractérisé. Les couvertures inférieures de
la (lueuc sont iilauc verd;\tre paie, l'abdomen et les lianes stmt l)laucs,
mais, près des ailes, la teinte jaune verdàtre clair est visible. En
cela cet Oiseau est Tarin; du reste les marques longitudinales
brun foncé, se détachant sur le blanc des flancs, le rapprochent
peul-élre encore de celte dernière espèce. .Mais toute la couleur
des parties antérieures est Sizerin. Ses pattes ne sont pas aussi
foncées ([uo celles du mâle de ce dernier (I). En somme il ])orte les
caractères des deu.v espèces, il ne peut être classé comme Sizerin
cabaret à cause de la couleur jaune verdàtre que l'on a constatée
sur différentes parties de sou corps, la forme et la couleur de son
bec et probablement de ses pattes; il ne peut être classé comme
Tarin à cause de la couleur brune des parties antérieures du corps.
Ne voulant point cependant nous rapporter à notre propre
jugement, nous avons soumis cet Oiseau à l'examen de M. Oustalet,
l'ornithologiste éminent du Muséum d'Histoire uaturelle de Paris ;
nous désirions du reste savoir si ce type nouveau ne pouvait être
rapportéà quelque forme étrangère ou inconnue de nous. .M. Oustalet,
après l'avoir examiné, sous toutes ses faces, a bien voulu nous écrire
((u'il trouve comme nous : 1° qu'il a le bec du Tarin {)lutôt que
celui du Sizerin cabaret '1° que ses ])attes sont moins foncées que
celles de Sizerin cabaret cT ; 3° que sa croupe, ses rectrices et ses
rémiges offrent des teintes jaunes c[ui semblent empruntées auTarin;
4"t|ue la partie postérieure des flancs est tachée à peu près comme chez
le Tarin. En revanche, la poitrine rappelle plutùtle Sizerin cabaret,
et les teintes rembrunies semblent empruntées à celui-ci. M. Oustalet
nous fait remarquer que le sourcil est très marque, plus que chez
les diverses espèces de Sizerins, mais d'une couleur roussàtrc et
non pas jaune comme chez le Tarin. En résumé, nous dit-il, il y a
dans celOiseau des caractères du ChrynoniHris spinns etde V.Egiotlius
rufi'nci'n.t ou Cabaret (plutôt encore que du vrai Sizerin, ou /Ejr/of/iKs
linaria).
Toutefois le savant naturaliste se garde d'airirnier que c'est un
hybride; on ne pourrait le faire, d'après lui, qu'en ayant la preuve
de l'accouplement des parents su|)posés. « // // a des probahilités,
(I) Nous disons: les paUps ilii mile, ne siiclianl si les smilellps <le la fomellc sont
aussi foncées Deux cxoniplairos ^t i|ne nous possédons vivants dillérent sur i-e point ;
l'un nyani à celle parlio la lonleui' noire (Dniée ipic riiez le i-y-, le deuxième étant
au i-onlraire de la couleur du (J".
222 A. SUCHETET
c'est lout ce (ju'on peut dire. « Quanta savoir s'il doit vive reporté à
à une espèce elraugère quelconque, M. Oustalet n'en voit qu'une
seule qui en approche, c'est la femelle d'une espèce améiicaine
Chrysnmhris pinus Wils. ; mais celle-ci n'a de jaune qu'au bord des
rémiges, et point sur le croupion ni sur la queue ; en outre elle n'a
pas de sourcils roussàtres et sa poitrine est plus fortement rayée.
On remarque facilement que notre description ne concorde pas
entièrement avec celle qui a été donnée en premier lieu par M. Verrall
au nioisd'Octol)re 1891, puistiue M. Verrall disait que l'Oiseau « était
(Ir couli'ur rcnlâln' gris sur tout le corps ». .\ussi nous nous deman-
dons si son plumage ne s'est point modifié ? Aujourd'hui par sa cou-
leur il est bien plus Sizerin que Tarin et Userait impossible dele con-
fondre, comme l'avait fait M. Fletcher, avec un Cini {Fringilld seri-
nas), auquel il ne ressemble aucunement. CependantM.Jupp, auquel
nous avons signalé la contradiction qui existe entre la description
de MM. Verrall et la nôtre, nous assure que l'Oiseau u"a point changé
de coloration, excepté qu'il était plus brillant lorsqu'il fut pris.
M. Verrall nous informe lui-même que c'était en le comparant avec
un Sizerin que la couleur grise paraissait nuancée du verdàtre.
Quoiqu'il en soit, notre intention est de conserver cet Oiseau pour
voir s'il a acquis son dernier plumage, car il pourrait être à la
rigueur une femelle Sizerin dont la coloration aurait été niodiliée
par la nourriture ; on sait que certaines graines ont la propriété
de changer les teintes du plumage chez diverses espèces d'Oiseaux
l'etenus en cage.
M. Verrall, répondant à une de nos questions, a bien voulu nous
faire savoir que l'hybride sur lequel il avait pris des rensei-
gnements en Ecosse était toujours en cage et vendu à M. Houlton.
L'Oiseau pris à Worthiug est donc distinct de celui auquel il
faisait allusion et qui, du reste, ne correspond pas au nôtre par ses
caractères (1). Si l'Oiseau de VVorthing était un échappé de capti-
vité, la publication qui eu a été faite dans les journaux l'aurait sans
doute fait réclamer, ce qui ne s'est iioint produit.
Cet individu n'est pas le seul de son genre. M. Gustave Caniot,
de Lille, nous a appris (|u'un tel hybride avait été capturé au
(ilet dans les environs de cette ville et existait chez M. Fontaine,
propriétaire à Marcq-en-Barœul. Le renseignement était exact.
M. Robert Fontaine a bien voulu nous donner les indications
suivantes sur cet Oiseau : « Forme du Sizerin, un peu plus gros de
corps; bec du Sizerin, pattes de ce dernier; dessus du front jaune;
(1) Col Oiseau porte sur la li^te, les ailes et la queue une couleur typique verdàtre.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l/ÉTAT SAUVAGE 223
poitrine {iris jaimc ; le reste comme eliez la femelle du Tariu, un
peu plus gris toutefois. La queue est celle du Sizeriii; c'est un
mâle, il chante à peu piès comme le Tarin. » Toutes les i)ersonnes
qui le voient, ajoute M. Fontaine, le reconnaissent pour un méiauge
du Tarin cl du Bougueron (c'est ainsi qu'on nomme dans le Nord
le Sizerin cabaret). M. Fontaine ne mot donc point en doute son
origine.
En outre, M. Th. Lorenz, de Moscou, a donné (1) la description
générale du produit du Chrusonntrifi .spinu.t x Acunlhis linarid,
d'après trois individus cf qui furent tous pris pendant l'hiver dans
le gouvernement de Moscou, pendant l'espace de huit années et
dont un vivait chez lui en captivité en 1880 depuis trois ans.
\oiei cette description : « Front brillant orange verdàtre ; raies
supraciliaires d'un jaune sale ; le sommet de la tête, jusqu'à la
nuque, noirâtre; cha(pie plume bordée largement d'un vert jau-
nâtre; les joues veit gris. Le dos supérieur et les plumes du man-
teau d'un vert grisâtre avec des taches foncées et nettes. La gorge
et la poitrine supérieure brillant d'orange avec une très faible lueur
verdàtre. Poitrine et côtés du ventre vert jaune, avec des (taches'.')
foncées et minces. Flancs blancs, couvertures inférieures de la
queue d'un blanc jaunâtre avec ties taches foncées très fines. Les
couvertures des ailes d'un noirâtre sombre avec lueur verte; sur
celles-ci deu.x raies nettes d'un jaune sombre dont la deu.viéme
est plus large. Les plus longues ])lumes des rémiges secon-
daires sont bordées à la barbe extérieure d'un jaune verdàtre.
Les rémiges primaires gris brun, finement bordées aux barres
extérieures d'un jaune verdàtre. Croupion jaune avec une légère
couche d'orangé, chaiiue plume avec une raie foncée fine. Les
rectricesbrun noir, les barbes extérieures de celles-ci bordées d'un
verdàtre mince; les extérieures sont bordées plus largement. La
forme du bec incline davantage vers Chrysomitris spinus, cepen-
dant la couleur est cçlle d\Ac(tnlhis liiiuria, c'est-à-dire jaune, lo
sommet et la [)ointe du bec seuls sont foncés. »
Les trois individus de M. Lorenz étaient colorés à peu près d'une
couleur constante. Deux mâles avaient la gorge noire, mais le troi-
sième (celui possédé vivant pendant trois ans) ik^ jjortait pas de
tache noire à la gorge. Chez un de ces Oiseaux, le sommet de la tète
était beaucoup plus foncé, presque noir ; au contraire chez l'exem-
plaire vivant il était clair et ne reflétait (jue faiblement le noir à
travers la bordure jaune verdàtre des plumes. On constatait égale-
(1 j Cabanis' .Idiinial fin- (iiiiitliologie, .XXXVIII, n» 189,p. 98 et suiv., janvier 1890.
224 A. SUCHETET
ment une petite difl'éreuce clans les prrandes proportions. Les deux
premiers Oiseaux étaieut un peu plus petits que celui retenu en
captivité, tout en se montrant plus grands que ('lirysomitrisspimis ;
le spécimen vivant était au moins la grandeur d'Acanthis linaria cf.
Son haliitus [jenchait en général vers Acanthis linaria ; sou cri de
pipée était celui de ses parents d'origine. Son chant était tout-à-fait
particulier, quoique rappelant le chant des deux parents, mais il
était plus nourri, plus sonore. Il était encore remarquable en ce
qu'on entendait au milieu le cri de pipée du Tunhis pilaris.
M. Lorenz ne saurait dire si ce chanl caractéristique appartenait
seulement à ce seul spécimen ou si tous chantaient ainsi, les deux
premiers exemplaires ayant été disséqués aussitôt après leur
arrivée. L'hybride vivant était très bien apprivoisé et se nourrissait
facilement avec les grains qu'on donne aux Canaris (1). Malgré ses
trois années de captivité, l'Oiseau chantait très assidûment, il com-
mençait vers le milieu d'octobre et Unissait seulement au commen-
cement de juillet.
Les mesures d'un Oiseau qui fut tué le 23 décembre 1883 sont
les suivantes : longueur de la pointe du bec jusqu'au bout de la
queue 5-5" pouce, le vol 8' 3".
Ajoutons que les trois hybrides de M. Lorenz furent pris en com-
pagnie de LainzeisKjcn, avec lesquels ils s'arrêtaient toujours. Ils
sont actuellement répartis dans diverses collections. Le dernier,
celui qui vécut en captivité, a été ofiert à .M. Th. Pleske pour le
Musée de l'Académie de St-Pétersbourg (2).
Le croisement en captivité de Chnjsomitris spinus avec Linaria
nous paraît exceptionnel. Nous n'en connaissons qu'un seul cas
olitenu par une personne connue de M. Chas. Houlton, qui possède
le spécimen, comme nous l'avons expliqué plus haut. M. Yerrall
l'aurait cependant entrepris avec succès, si nos souvenirs sont
exacts (3).
Quoi qu'il en soit, le mélange de ces deux espèces paraît être
peu recherché des éleveurs ; si donc les cinq spécimens dont nous
avons parlé sont réellement hybrides, il existe des probabilités en
faveur de leur origine sauvage.
Nous les avons réunis sous un seul titre : Chrysoniilris apinus
(1) Cependant, dans la période de la mue, M Loi'enz avait soin de lui donner une
nourriture spéciale (des œufs frais de Fourmis), ceci alin d'éviter li' changement
qui s'opère après la mue.
(2) Les deux autres se trouvent : l'un dans la collection de M. Soverlzow (prof.
Menzbier), le second en Suède, chez M. H. Lilliorn.
(3) Le rév. Macplierson lait également allusion à ce croisement, U]i. cit., p. 3C9.
OISEAUX HYBRIDES RKNCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 225
(Linuriii X espèce non (iolermiuoe) car, (luoiijue M. Loreuzaitdésigné
l'espèce du l.iitarki, nous pensons qu'il doit être bien difficile de
reconnaître le produit (riin croisonient de Chrus. spiniix X I.innria
nijescens du produit d'un croisement de Vhrys. siiinus x I-innria
borealis ou même HnlboUi (1).
Un sixième exem]ile de ce ij;enre serait peut-tMre encore à enre-
gistrer. M. Tissi dit avoir noté dans Cadorc le croisement très rare
de VAigiothm rufescens et du ('hnjsomitris spinus (2). L'hybride de
ces deux espèros aurait ('le, d'après une communication que celui-ci
veut bien nous faire, cajjluri" dans le passage de la Mauria, com-
mune de Lorcnzago. Malheureusement les recherches que M. Tissi
a entrcjjrises |>oiir nous procurer cet Oiseau n'ont point encore
abouti, cl jus(pi 'alors, au moins, il n'a pu se iirocurer des rensei-
gnements précis sur cette capture. Nous attendrons donc de nou-
velles informations avant d'admettri' l'authenticité de ce croise-
ment, car les indications fournies par M. Tissi dans Vfnrhiesta
ornillioloyiii italienne ont un caractère très vague, ainsi (|ue celles
qu'il a bien voulu nous envoyer.
Carduelis major et Carduelis caniceps
A l'une des séances de la Sociét** zoologique de Londres, M. Henri
Seebohm, esq., montra une série de formes intermédiaires entre
Carduelis (•aniccps et CardueUx major, la forme orientale de notre
(Ihardonneret ('. einjans. Dans cette série obtenue à Krasnoyarsk,
Sibérie centrale, entre le 2o octobre et le 2 janvier, on voyait, dit le
rapport, toutes les formes inUîrmédiaires entre l'une et l'autre
espèce, le blanc sur les barbes extérieures des secondaires les plus
cachées, augmentant proportiDunellement avec la diminution du
noir sur la couronne et la nu(iuc. .M. Seeboliin suppose que les
deux formes se croisent dans ce district et produisent des jeunes
(1) M. Vri'iHll, i|iii osl un i'Oiin;iisscui' ciiiinenl, nous a drcliiié avec raiï^on iiii'il
lui l'tail ton! à lail iinpossiblp ilc délcriiiintr l'Iiez l'oxcmplaire de Worlliinf; l'espèce
>lii Sizrriii qui avait sans doute concouru à sa formation. On sait i|ue les trois ou
quatre types appartenant au genre Sizerin (([uoiciue considérés comme espèces par
plusieurs naturalistes) sont tellement rapprochés qu'il est dinTicile de leur assigner
des caractères biendélinis.
(2) Primo re.ioronto, etc., III. p. CkS. Klorenre, IS'.il.
226 A. SUCHETET
qui, à leur tour, sont, [erliles dans tous les degrés (I)'? Il existe
au Britisli Muséum uu hybride de cette provenance et ofïert par
M. Seebohm. Un jeune, venant de Shiraz, a paru à M. Sharpe être
le résultat d'un croisement à cause de la quantité de blanc sur les
secondaires intérieures. Une femelle obtenue par Sir 0. Sh. John
semble aussi intermédiaire (2).
Le CariliieUs caniceps, signalé dans l'Afghanistan par le lieute-
nant Wardlaw-Ramsay (3), à Chaniba par le major Marshall (4),
à Quetta et aussi à (ihamba par le lieutenant-colonel C. Swinhoë (o),
à Gilgit par le major Biddulph (6) et M. J. Scully (7); à Kotegurh
pendant l'hiver et à Kjeland pendant le mois de juin par M. von
Pelzeln i8) et qui est le même que le C oricntalis d'Eversani (9)
forme-t-il une espèce distincte de notre Chardonneret, le C.eleijans.'
Le prince Charles Bonaparte l'a bien indiqué comme espèce,
mais il a rangé également à ce titre C. oiientalis qui diffère fort
peu du caniceps dO). M. de Selys-Longchamps possède dans sa
collection de Longchamps un exemplaire indiqué comme prove-
nant du Caucase asiatique. C'est, nous dit-il, une forme ou espèce
différente de notre Caiiluclis, telle qu'on les admet maintenanL
La coloration (absence du rouge et aussi du noir en partie de la tête)
paraît constante, l'Oiseau ressemble ainsi beaucoup à un jeune
r. clcgdns. M. Oustaleta vu un certain nombre de Carduells caniceps
de l'Inde et de l'Asie centrale et les a toujours trouvés assez
distincts des nôtres pour mériter le titre d'espèce, mais il n'a jamais
vu de formes intermédiaires. M. Seebohm, qui les a observés, n'assi-
gne au contraire à caniceps que le rang de sous-espèce, subspecies,
à cause, sans doute, des mélanges qu'il contracterait (II). Nous
(1) Proceedingsof the zoological Sociely of Lonilon, p. 134, 1882. Voyez : aussi flii Ihe
vrnithology of Siberia. lliis, 124, I8S2.
(2) Pour ces derniers renseignemenls, voy. le Catalogne of Birds Ilril. Milieu m,
p. 1S9, 1888.
(.')) Ornilhology ^oleg froin Afghanistan. Ibis, j). 07, 188IJ.
(i) 0/1 the liirds ufChaniliu. Ibis, p. 420, 1884.
(o) On the Ilirds of Sontherii Afghanistan. Ibis, p. ll.'i, 1882.
(6) On the Birds of Gilgit. Ibis, p. 85, 1881.
(7) On the Ornithologij of (iilgit. Ibis, p. 577, 1881.
(8) On Birds from Thibetand Himalaya, p. 318. Ibis, 1868.
(9) Voy. : Dresser. Ibis, p. 387, 1875, et J. SciiUy, même revue, p. 579, 1881.
(10) Conspectus generum .ieiun), I, p. 518, 1851).
(11) i This sul)species, dit-il, ranges southwards the to .\Ilaï nioimtains and west-
wards AIghanistan, etc. ». A Hislory of britisli Birds, II, p. 87. Uriridique encore
plus nettement On Ihe interbreeding of Birds. Ibis, p. 547, 1882. Considérant que
le caniceps se croise avec le major, M. Seebohm admet a fortiori son mélange avec
le C. elegans?
227
avons vu au Muséum d'hisloire uaturelle de l'aris (|uatre ou ciui(
C. caniceps: nous avouons que nous n'avons point songé à examiner
le blanc des secondairesdont ne parle poiiil io juinroCli. Bonaparte,
mais qui est sans doute de ([uehjue iniporlauce puisque .M. Seebohni
et M. Sliarpe s'en occupent. Dans l'ensemble général nous ne trou-
vons [toint ciiez cdniccps de dillérencc essentielle avec le C i-lcfians.
Caniceps se distingue iVcIciidits par l'absence du noir profond du
dessus de la tête complètetncnt effacé et aussi par ses couleurs
grisonnantes reinplaeant les leintes brunâtres du C. deijnns. Mais
un manque décoloration servirait à ex]ilii[uer facilement ces chan-
gements. Il n'y a pas là transposition d'une couleur en une autre,
mais atlémiation du coloris par l'elTacement des teintes foncées
devenant plus claires, plus blanciies. Le mas(iue rouge reste iden-
tique et le jaune vif des ailes existe nettement accusé. Autant un
changement on une modification de cette sorte s'ex|)li(iue facilement
chez ces deux types, autant chez d'autres types dont nous avons
énuméré les croisements, par exemple chez chloris et C. eleijans,
est-il impossible de saisir un passage graduel d'une teinte d'une
espèce à l'autre: encore moins un passage de ce geure serait-il
explicable dans la disposition du plumage. Aussi reconnaissons-
nous volontiers ('(inlurlis clej/inis et l.i(j. rhioris (de structure et de
taille différentes), comme devant a|)parteuirà deux espèces: diffé-
rences que nous n'hésitons point à reconnaître, quoique dans de
moindres ])roportions, entre l.qiota ninnahina et A/'/, chluris, de
môme entre C. cdiduclis et C. linota, etc.
Mais ou nous permettra de fairedes réserves pour lesdeux formes
r. clegnm et C. ainireps qui nous paraissent une simj)le modification
de coloration et par conséquent ai)|)artenir bien [)lul(jl à deux
races d'une même espèce qu'à deux espèces distinctes.
Nous ne sommes donc point convaincu (pie les spécimens inter-
médiaires dont a parlé M. Seebobm soient de réels hybrides; le
noir profond du dessus de la tète ou le brun du poitrail et du dos
pouvant s'atténuer peu à peu et devenir grisonnant sous l'influence
d'agents naturels, sans (jn'nn croisement des deux types soit
nécessaire pour arriver à ce résultat. Nous ne nions point cepen-
dant l'hybridite d'une façon absolue, nous disons seulement qu'elle
demeure hypi)lhéti(|ue ; dans le cas où elle serait véritable, elle se
produirait alors entre types de conformation et de coloration très
rapin'ochés et, sans doute, parents.
228 A. SUCHETET
Carduelis elegans et Cannabina linota
Le croisement de ces deux espèces, assez rapprochées par les
mœurs et la taille, aurait été constaté plusieurs fois à l'état sau-
vage. Lu rév. Macpliersoû ijarle de tels croiseineuls (1 1 et cite même
un exemple dans son ouvrage sur les Oiseaux de Cumbeiiand (2).
L'Oiseau en question fut capturé à Cotehill, par M. Little, pendant
le mois de novembre de l'année 1885, puis vendu. Deux autres (de
la même couvée ?) avaient été pris au même endroit dans les haies
aux environs de Carlisle, d'après une communication qui nous est
adressée par M. Thomas JifTm de cette ville. L'un de ces Oiseaux
appartint à M. Addison avant de devenir la propriété de M. JiHiu,
qui le revendit à son tour à un marchand d'Edimbourg, lequel ne
le possède plus aujourdhui. M. Addison et M. Jiflin ont tous deux
considéré ce spécimen comme devant être né à l'état sauvage d'un
Chardonneret et d'uue Linotte parce qu'il montrait d'une manière
non équivoque, les caractères des deux espèces, .\vant la mue, il
ressemblait beaucou]) au Carduelis, mais ensuite par sa tète et son
cou il devint très semblable au Cannabi)ia linota. Cet exemplaire
fut montré à diverses expositions d'Oiseaux.
M. J. Whitaker, esq., de Manslield, dont nous avons déjà parlé
plusieurs fois, conserve un semblable hybride dans sa collection. Ce
gentleman a bien voulu nous envoyer une aquarelle de son Oiseau,
malheureusement à l'état de croquis, et de trop petite dimension,
l)()ur nous permettre de reconnaître l'origine attribuée à cet exem-
plaire qui, d'après lui (3), aurait été tué près de Mansfîeld. Les grandes
rémiges des ailes nous out bien paru avoir la teinte jaune or du Char-
donneret; sur le fronton aperçoit faiblement une teinte rouge; le
reste du corps est le brun roux de la Linotte, beaucoup plus foncé,
ce qui permet de supposer, à certaines places, un mélange du brun et
du noir Chardonneret. Mais les taches longitudinales du Cannabina
manquent complètement sur l'aquarelle. Ce qui nous semble tout
particulièrement remarquable c'est la couleur jaune citron du bas
du dos et du croupion qui rappelle les hybrides canaria X Carduelis.
Ni la Linotte, ni le Chardonneret ne possèdent à ces places une cou-
leur semblable; en plus le dessous du ventre paraît brun foncé? Nous
avons fait part de ces remarques à M. Whitaker qui est plus apte à
juger que nous puisqu'il possède l'original. Nous nous rappelons
(1) Field, :tl riiiii ISiK).
(2) The Iliids ufCuiiiberlaiifl, p. 46 (en note). Carlisle, 188G.
i:i) Voy. le ZoolO!j;isl, Vil, n" "'.), p. :m, ISK!.
OISEAUX HYBIUDF.S HENCONTRKS A I.'kTAT SAUVACiK 229
avoir on viviiut |)t'ndaiit plusieurs aunées un petit hybride brun très
foncé du F. atnaria dom. y CardueUs qui rap|)elail cet Oiseau.
Le (ait suivant, concernant I'ai)pariage à l'état libre d'un Chardon-
neret el d'iint' Linolte nous a été cité par M. Daniel Deschanips, de
Ouilly du Ilouley, près de Lisieux (Calvados); celui-ci en a été le
témoin. Il trouva dans un poirier de son jardin un nid de Chardon-
neret sur lequel une Linotte $ couvait, tandis<iu'iiii Chardonneret cT
voltigeait aux alentours. Les œufs des deux espèces étant semblables,
nous dit .\L Deschanips, aucune anomalie ne s'était produite. Quant
à la forme du nid, c'était exactement celle du nid de Chardonneret,
elle ne ra|)pelait en rien la forme du nid de la Linotte qui, formé de
brins de foin et garni à l'intérieur d'un peu de crin et de
laine, e^t toujours placé dans une toulïe d'ajoncs ou dans un buisson
de ronces.
M. Deschamps (ut assez heureux |)our trouver quelques jours
après les jeunes éclos. f.a femelle couvait toujours et le niàle
Chardonneret apportait des Insectes au nid. Le départ de M. Des-
champs de la campagne ne lui permit pas de suivre plus longtemps
celte intéressante nichée, il ne put voir les jeunes arriver à l'âge
adulte. Depuis, il a observé des couples semblables, mais jamais il
ne trouva leur nid; ^L Deschamps n'a donc pu compléter ses
observations sur ce point.
\dici (|uelques autres exemples : \f. Lougal, marchand d'Oiseaux,
à Paris, U3, rue Chariot, nous dit avoir vu, il y a une dizaine
d'années, « un Mulet de Chardonneret et de Linot » pris à l'état
sauvage surle(|uel il ne peut malheureusement nous donner aucun
détail. I>a personne (|ui le posséda est morte depuis (iiielque mois.
M. J. IL Hillyer, de Leicester (Angleterre), nous dit aussi avoir
connu des hybrides sauvages de Cardurlis et Cininabina. M. Emile
Uuhl, de \erviers (Belgique), nous informe (ju'un de ses amis,
grand connaisseur, habitant la campagne près de Paris, lui
aenvoyé un I.,inot-Cbar(iouneret pris au filet pendant l'année 1890;
M. Ruhl conserve cet Oiseau vivant. M. Pbillip B. Mason, <le
Burton-sur-Trent, nous a envoyé sous cette dénomination deux
pièces empaillées qui furent autrefois possédées par M. Bond, puis
vendues en 1890, au Covent-Garden par M. Whilaker, esq.
Ces deux Oiseaux, qui sont conservés dans une vitrine avec les
trois antres pièces dont nous avons déjà parlé, sont les seuls
exemplaires sauvages qua nous ayons vus en nature, malheu-
reusement ils ne portent aucune étiquette pouvant servir à les
distinguer. D'après une note manuscrite, placée derrière la vitrine.
230 A. SL'CHETET
l'un des deux aurait été tué à Biighton Racecource, en 1868, par
.M. Pratt; le second viendrait de Pliœnix Park, Dublin; en outre
on lit : William. On ne spécifie pas si ce dernier spécimen fut pris
ou tué à l'état sauvage.
L'individu placé au milieu de la vitrine dévoile nettement sa
double origine, car il présente des caractères communs avec quatre
spécimens linota X Carduelis nés en captivité que nous avons achetés
el dont trois sont encore vivants; donc pas de doute sur son hybri-
dité. Mais l'exemplaire placé au-dessus (à droite) montre au con-
traire d'une façon bien évidente son origine F. camiria X Carduelis
vlegans, du moins il est en tout semblable à une quantité d'hybrides
de cette origine que nous avons possédés, tandis qu'il ne ressemble
pas aux hybrides Linota x Carduelis dont on vient de parler (1).
Si le premier exemplaire de la vitrine de M. Masou présente
lui-même quelques ressemblances avec les hybrides sombres si
communs et si répandus du Chardonneret et du Canari, il indique
son origine Ca»i)ia6ma par le rouge cramoisi, et non orangé, du front,
puis aussi par le mélange du gris brun de la linota avec les teintes
du Carduelis, mélange qui existe sur le dos et tout particulièrement
sur la poitrine.
Quant au deuxième exemplaire de la même collection, il semble
montrer sa provenance canaria, dom X Carduelis par les marques
suivantes : le rouge du front, qui descend jusque sur la gorge, n'est
pas ce rouge cramoisi que possèdent sans doute, au moins à leur
l»remière mue, tous les hybrides linota X Carduelis (2) ; c'est le rouge
jaune quelque peu grisâtre, mélange inévitable du jaune vert du
(1) Ces quatre liybiides ont été achetés par nous à M. J. Clarté, de Baccarat
(Meurthe-et-Moselle), qui les avait obtenus chez lui. Deux d'entre eux, qu'il suppose
avec raison o^ el Q (celte dernière a ponilu dans nos volières en 1890, mais ses
crufs étaient inféconds), sont nés en 1889 d'un Chardonneret cf ^t d'une femelle
[.inolte, lesquels, nous dit M. Clarté, donnent chaque année, et ce depuis quatre
ans, une nichée de deux à quatre jeunes. En 1890, époque où nous achetions ces
deux exemplaires, M. Clarté possédait un troisième individu du sexe mâle, né en
1880, Depuis nous lui avons acheté les deux autres individus qui sont encore
a" '?t5; le mâle a été envoyé empaillé, la femelle vivante; ils proviennent du
même couple que les précédents et sont nés chez lui.
(2) Nous disons « à la première mue », car, en captivité, nous avons constaté que
cette teinte de beau rouge sang s'amoindrissait. Du moins, ayant examiné cet hiver
un hybride de cette provenance, nous avons reconnu que le rouge du vertex était
devenu en quelque sorte presque orangé, changement dû peut-être à la saison? nous
nous proposons du reste d'examiner pendant le printemps le même Oiseau. Nous
savons cpie le rév. Macpherson a décrit un hybride ;", exposé au Cristal Palace en
18S7. cumule ayani ^> Ihe fiirehi'iKl ijolclen yetloir as in muny GoUi/inclies-Canary
OISEAUX HYBniDKS nENCONTRÉS A l'iÏTAT SAUVAGE i3 1
Canari avec le rouge du Cliarclouueret. Uuh quaulilé d'hybrides
canaria X Carduelis, inoulreul tous celle couleur idenlique (1).
La provenance ciDiaiia de cel individu est encoie indiquée, et
d'une manière plus décisive, par les plumes jaune cition cjui se
monlreut sur la poitrine, qiioitjne faiblement, iiiusi (|ue cela se
produit dans les hybrides des ranaria x ('aniuclls. i.e poitrail du
(Ihardounerel brun foncé, et celui de la linola, brun rougi; llam-
niéché, pourraient-ils, dans leur mélange, aboutir au jaune citron?
Ce spécimen étant : 1° en tout semblable aux hybrides communs du
canaria et du Canluciis ; i" dillérent d'hybrides aiitiienti([ues
Cannahina x Carduelis, on doit logiquement conclure que son
origine est due au premier croisement dont il porte les caractères.
Cependant comme cet Oiseau est aussi très semblable à trois
spécimens pris à l'état sauvage ([ui nous ont été indi(|ués comme
Chrysumitris spinus X Carduelis eletjans, dont nous parlerons bientôt,
nous avons prié M. Pbilipp B. Mason, esq., de bien vouloir
permettre à une personui; de sa ville, M. Kirkland. qui avait
obtenu en captivité plusieurs fois le produit de ces deux der-
nières espèces, de l'examiner. Le résultai de cel examen con-
firme entièrement notie manière de voir. M. Ivirkland a trouvé
l'Oiseau beaucoup trop gros pour pouvoir être considéré comme
né d'un Siskin (Chnj. spinus), il lui manque aussi le jaune de la
queue. M. Kirkland l'a donc déterminé comme i)rovenant du
/''. ca)(a/((/ dom. et du (Chardonneret.
Une pièce que l'on conserve au Brilish Muséum (2) comme
hybride de L. rannaliind x C.i'li'i/aii.s ne serait encore autre, d'après
le rév. Macpherson, (ju'un k Culdfuich caaanj luulc », c'est-à-dire un
hybride du Canari et du Chardonneret.
mules .. (Voir Transactions of Norfolk .Naturalisl's Society, 111, p. 3G8, 1886-1887).
M. Verrait, que nous avons consulté, croit aussi nue la couleur de la lôte de
riiybiidc de la Linotte et du Cliardonnerct est plus rouge (|ue la couleur safran de
l'hybride du Canari avec le Chardonneret. Ouant à savoir si cette teinte rouye appa-
raît sous la gorge, nous pensons (|u'elle peut s'y rencontrer. .\ous l'avons constatée
chez l'exemplaire empaillé de M. Chiplé', et M. Funlaine, de Marci[-en-Harœul, nous
informe qu'un liybride l.inolle-Chardoniu'rel qu'il iiossède a « l'aurore au-dessous
de la gorge en trois endroits, un ronil à gauche, un rond à droite et une barre au
milieu ». Le rév. Macphersun a décrit dans le Zoologisl (p. iîol, septembre 1888) de
Jeunes hybrides du même croisement, nés en captivité dans une des volières de
M. Verrait.
(1) Tous les hybrides du Canari el du Chardonneret ne sont pas uniformément
semblables; il existe des individus presque jaunes, d'autres presque blancs; nous en
possédons un ainsi. Mais nous parlons des produits communs et tr>'>s répandus qui
naissent du croisement de ces deux espèces.
(2) Voy. p. 189, vol. Vil, 1888.
i32 A. SUCHETET
Il est à remarquer que le croisenieut de la linutii et du Cardiielis
a douué lieu à d'autres iuterprétations. Eu 1886, on auuouçait dans
le Naturaiisti' (1) qu'uu oiseleur des environs de Montauban
venait de prendre au filet un Linot-Chardonneret dont le plumage
et le chant dévoilaient la double origine. Cet Oiseau n'était autre
qu'un Sizerin (Linaria).
L'auteur de cette communication ayant bien voulu, avec une rare
courtoisie, nous procurer l'iiybride supposé, nous le fîmes voir à
deux ornithologistes compétents delà Seine-Inférieure, M. Noury,
directeur et fondateur du Musée d'Elbeuf, et le regretté M. Lemetteil,
de Bolbec ; tous deux le reconnurent immédiatement pour appar-
tenir au genre que nous venons d'indiquer (2).
Les erreurs qui se sont produites et que nous venons de signaler
ne viennent pas cependant, croyons-nous, infirmer le fait du croi-
sement réel du CardneUs i-lcuans et du Cannainna linottt. puisque
l'un des individus que nous avons vus dans la vitrine de M. Philipp.
B. iMason, présente les caractères de nos hybrides authentiques
Cannabina X Carduelis. Reste à savoir si cet hybride, et les quel-
ques autres dont nous avons parlé, c'est-à-dire les trois pris dans
les haies à Carlisle, ceux que nous ont indi([ués M. Lougal et M.
Hillyer, et le spécimen de M. Ruhl pris aux environs de Paris, ne
sont point des échappés de captivité?
Le cioisemeut en cage de la Linotn cannabina et du Carduelis est
fréquent; on nous a cité de nombreux exemples tant en France
qu'à l'étranger. Les Oiseaux exposés au Cristal Palace, eu 1884,
1885, 1880, 1887, 1888, 1890, 1891 par MM. Crossley, Parker, J. H.
^'errall, miss Howison, Hunt, Mackley brothers, étaient tous des
produits domestiques, plusieurs nés chez des personnes qui les
avaient exposés, celui de M. Verrall entre autres (3). M. W. H.
Booth, d'Ipswich, a également croisé les deux espèces. M. Fontaine,
(1) N° du lo octobre, p. 351.
(2) Il y eut cependant diver},'cnie d'opinion quant à l'espèce, l'un le prit pour un
Sizerin boréal {Linaria borealis): l'antre. avec plusde raison, pour un Sizerin cabaret
(Linaria rufescens). On ne peut èlre surpris de celle contradiction, car les deux
espèces (si espèce il y a) sont tellement voisines qu'en hiver on ne peut les distinguer
que par la coloralion du croupion, qui est de couleur blanche llaniniachée de brun
noir chez la première, tandis que chez la seconde, celle couleur est plus roussàtre
(voy. Degland). Nous avons eu l'occasion de parler de ce fait dans le Naturaliste de
1888, pp. o8 et uO.
(3) lîlackston, de Sumberland, cite dans le livre de Cassel « ("ap*" liirds • un
hybride de ce genre ayant appartenu à M. John Brown, de Penrik. Cette communi-
cation nous esl (aile par M. Andrew .X.Maughan. de Dumbarlon; nous n'avons
point consulté l'ouvrage en question.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGE 233
(le Marcq-en-Barœul, près fie Lille (Nord), possède un exemplaire
vivant et un autro empaillé. M. Raymond lils. d'AngonJt^me, un
métis de Chardonneret d^ et de Linotte $, provenance de ceux de
M. Clarté ; chez M. Emile l{uhl (Belgique) existent d'antres exem-
plaires du même croisement. An Musée de Francfort-sur-Ie-Meiu,
ou conserve un individu Canna'iina 9 Carduelis cT etc. (1).
On pourrait donc encore prétendre, à la rigueur, comme pour
quelques-uus des croisements ])récédenls, que les individus ren-
contrés à l'état libre sont des échappés de captivité? Il semhle
toutefois que l'on doive faire une exception pour la nichée observée
par M. Deschanips, de Ouilly, près Lisieux.
Chrvsomitris spiNus et Cardueus elegans
Sous cette dénomination, nous avons reçu deux pièces, l'une venant
d'Italie, l'autre d'Angleterre. La première nous a été envoyée par
M. le comm. prof. Henrico Giglioli, de Florence, la seconde par
M. Robert W. (lliase, es({., de Birmingham, qui l'avait reçue de
M. G. Smith, naturaliste à Great Yarmouth.
Ces deux Oiseaux ont en tout l'aspect de l'individu désigné
comme l.iiwld caniinlnna et Cdfdndis de la coUeclion Mason ; ils
ressL'mblent à cet exem|>laire par la forme du corps, par la colora-
tion générale et la disposition du plumage. Nous avons dit que
l'Oiseau de .M. Mason, présenti' à l'examen de M. J. Kirkland, avait
été reconnu par celui-ci comme étant un hyliiide de ainnria dom.
et t'ardiu'lis, ainsi (jue nous l'avions déjà déterminé. Nous jjensous
que les deux nouveaux spécimens reçus comme i'Iinjsuntilrisspinus
X Cardiielia ont la même origine.
Ces deux pièces, fort ressemblantes, ne dillérenl eu rien des
hybrides cannrin et Carduelia, déjà cités, à ce point que, placées près
de ces derniers, il est impossible de les en distinguer.
L'exemplaire du Musée de Florence tut obtenu à Salona,
Dalmalie, en mars 1879 (2); le second fut pris dans les filets eu
1889 dans les environs de Great Yarmouth. en compagnie de
I.iijuiiniis chloils. C'était, nous dit .M. Smith, « un des |)lus imlonip-
lahh's » Oiseaux qu'il ait reucontrés; très farouche, il se laissait
voir diiricileniont dans sa cage, cherchant par tous les moyens à se
(I) Kalalog (1er Vogehanimlting in .Muséum, p. VU, Franckfurt, IS-tl.
.M. Ernst Ilai'tct, auteur du catalogue, a trouvé cel Oiseau dans une collection;
il ne doute pas que cet Oiseau ne soit né en captivité.
{i) Primo resoronlo, etc., III, p. 70, 18'.)1.
:234 A, SUCHETET
soustraire aux regards. Cette sauvagerie dura longtemps. Aussi
M. Smith ne conserve aucun doute sur la. nature de cet Oiseau
véritablement intraitable ; il ne saurait être pour lui un échappé
de quelque volière. M. Oiglioli nous assure également que la per-
sonne qui lui a remis l'hybride de Salona est digne de confiance;
on peut être certain que l'Oiseau a été pris à l'état sauvage.
Ayant précisément à notredisposition plusieurs hyl)ridestY(n«?iV/et
Carduclis (en tout semblables àcesdeuxOiseau.x), nous avons voulu
faire examiner deux de nos spécimens par M.Kirkland qui, on le sait,
obtint en caiilivilé plusieurs fois le croisement du Chry. spinus et
du Curdut'iis. Sans lui l'aire connaître aucunement l'origine de nos
Oiseaux, nous lui avons demandé de bien vouloir en faire une com-
paraison avec les hybrides spinus et ('iirdiu'lis qu'il avait j)0ssédés.
M. Kirklaud nous a répondu qu'il ne les croyait point le produit du
spinus X Carduclis, mais plutôt des hybrides iecanaria X Carduelis,
opinion partagée par un de ses amis auxquels il lésa montrés. Le
jugement de M. Kirkland doit être juste, car il a su reconnaître le
sexe dans nos deux exemplaires empaillés. Nous avons poussé notre
curiosité plus loin. M. Kirkland ayant vendu un de ses hybrides à
M. Cleaver, de Leicester (1), nous avons prié ce dernier de bien vou-
loir examiner à son tour l'un de nos spécimens, puis de nous faire
connaître son appréciation. Or, M. Cleaver nous fait savoir que ce
spécimen ne ressemble aucunement à l'hybride spinus et Carduclis
qu'il a possédé (2). Même réponse de M. F. Funston, de Liverpool;
après l'examen d'une de ces pièces.
Du reste il nous fut permis de nous livrer à un examen plus sérieux.
Ayant pu, après de longues recherches, nous procurer deux exem-
plaires authentiques Carduelis etsjjinus, c'est-à-dire des Oiseaux nés
et élevés en captivité, nous avons demandé à MM. Giglioli et Chase
de bien vouloir nous envoyer une deuxième fois les deux spéci-
mens déjà examinés. Ce nouvel examen, fait en regard des hybri-
des authentiques, nous a confirmé dans notre manière de voir;
il nous a été impossible de reporter au croisement sjiinus X <'ar-
ditclis les Oiseaux pris à Salona et à Great Yarniouth. Ce sont,
répétons-le, par la forme, la coloration, la disposition du plumage,
de véritables F. canaria dom. X Carduelis.
Les deux hybrides spinus X Cardueiis qui ont servi à notre
examen nous ont été gracieusement envoyés par M. Ch. Fontaine,
(1) Pi'opriélaii'p de l'hôtei Victoria.
(2) Cet liybride a été vendu au Palais de Cristal. M. KirkiaDd ne possède plus lui-
môme aucun de ses hybrides.
OISKAUX llVIiniDK'i HKNCOXTKKS A l'kTAÏ SAIVAdi; 23j
iJroprii'laiiT ù M;irc([-eii-r>;ini'ul, prés Lilli' (Ni)i'(li. M. I'"()nl:iiiii;
nous il donné sur ces deux spéciniiMis (f ol 9 l''s renseiiçiUMuenls
suivants. Il les a reçus vivants et oiitenus d'un prêtre des environs
de Sejïi'é |. Maine-et-Loire), (pi i ]iossédail un ('hriisniiiHris spinns 9
familier lui servant d'appelant. Le passaf;,o des Tarins étant ter-
miné, l'Oiseau 9 fut 'H'^ dans une grande volière à air lilire
avec un ('nrihn'lis cln/dns (^ apprivoisé, (les deux Oisiviiix s'a|ipariè-
rent hienlcHel [londireiiliiiiatre (eufsdansun nid de (lanari en 111 de
fer et garni d'une peau à l'intérieur. Les quatre œufs étaient fécondés,
il en sorlil cpiatre jeunes an boni de treize jours; donc nul doute sur
leur origine. Deux seulement ont été conservés, ils sont em|)aillés(l).
Or, ces hybrides Apt/m.sX^'cn/wc/fs se distinguent des hy brides cadflîva
X Carduclis par leur taille plus petite ; leur corps est beaucoup plus
court. Leur bec est faible, très mince, s'allongeant en pointe. La
coloration générale est d'un noir brun in'rdûlre, très signilicatif et
sans rapport avec le brun du canaria X Carduelii^. En outre l'in-
tlueuce du Tarin est très apparente sur la tète, les joues, le derrière
et les côtés du cou de l'exemplaire cT- Les deux Oiseaux montrent
sur les pennes des ailes la barre jaune vif très accentuée du Carduclis,
barre bien moins apparente chez les hybrides canaria X Carduclis.
Enfin les rectrices en dessus et en dessous, même celles de la femelle,
ont les parties blanches couvertes d'une teinte jaune, et à l'anus
existent les taches noires longitudinales du Tarin, très apparentes
snr les couvertures inférieures de la ([ueue de l'exemplaire 9- Ce
caractère mérite d'être remarqué.
L'hybride de Salona, mis en présence de ces deu.x pièces, en dif-
fère par sou bec conformé comme celui de nos hybrides ranarin et
par sa taille. Sur les pennes des ailes on u'aiierçoit point cette
barre large très étendue jaune vif qui affecte chaque penne des
ailes lies hybrides de Segré. Nulle trace de celte teinte noir verdàtre,
mélange iiiévitai)le du vert du v//mh(.s avec le brun du ('nrdiudis ;
c'est bien le brun jiropre aux hybrides canaria. La seule dilfé-
rence (pi'on peut constater avec ces derniers consiste dans la colo-
ration des redrices et des rémiges (jui, chez lui, est noire.
Inutile de passer en revue les caractères du spécimen de M.
Chase, l'sq., ce sont encore (à un second examen, et en présence des
spécimens de .M. Fontaine) les traits et la coloration des hybrides
canaria; il s'éloigne lotalriiieut iIcss/h'/iks X Cardiu'Uf: et ne ]h'uI être
confondu avec eux.
(I) Nous avons possi-ilé noiis-mi'iiie un liyliriili' <le ceUo origine, le frère de ces
deux derniers ; il nous avait été cédé par le uiéinc ccclésiaslique de Segré.
236 A. SUCHËTET
Ces remarques s'appliquent à uu troisième exemplaire appar-
tenant à M. le comte Otldi de Padoue et dont nous avons reçu l'aqua-
relle. Cet Oiseau, pris à Crémone en 1887, a été décrit par le savant
naturaliste comme spinus X Ccwdnclls ; son aspect est celui des
hybrides camivia X Carduclis, il ne diilère point de ces derniers.
En voici du reste la description telle que nous l'avait faite
M. Oddi, avant l'envoi de son charmant dessin : « Bec jaunâtre,
iris noir, masque jaune orange, tète et nuque grises avec le milieu
des plumes brun noisette. Dos noisette avec le milieu des plumes
noirâtre. Croupion et couvertures supérieures de la queue de
couleur brune mélangée de (luehjues plumes jaunâtres ou d'un
blanc jaune. Poitrail noisette, mélangé de jaune. Flancs et côtés du
poitrail noisette avec une strie foncée au milieu des plumes et quel-
ques traces de jaune; les parties inférieures blanches mélangées de
jaune. Les ailes traversées de trois bandes jaune olivâtre, formées
par les couvertures. L'angle de l'aile jaune olivâtre. Les rémiges
noires bordées vers le centre à l'extérieur de jaune soufre clair
et à l'extrémité en blanc Isabelle qui couvre la plus grande partie
an fur et à mesure qu'elles s'approchent du corps; rectrices bor-
dées de blanc Isabelle, pattes et ongles foncés. ».
Cette description répond très exactement à celle que l'on pour-
rait tracer de nos hybrides ranaria, à ce point que si nous voulions
décrire ceux-ci nous n'aurions qu'à copier la description de
M. le comte Oddi.
Ces trois exemplaires sont les seuls qui nous ont été indiqués
comme provenant du spinuset du Carduelis, à moins donc de parler
d'un exemplaire que AL Tissi a mentionné (I). mais sur lequel
l'inspecteur des forêts de Belluno n'a pu nous donner des rensei-
gnements satisfaisants et dont l'origine nous paraît douteuse si,
comme celui-ci nous l'écrit, cet Oiseau (iiui aurait été capturé dans
le passage de la Mauria, commune de Lorenzo) présente une taille
pins grande que celle de ses auteurs présumés.
Devons- nous cependant considérer les trois premières pièces
comme produits réels du camtria dnm. et du Cnrduelisl M. Giglioli
accepte celte provenance pour l'hybride pris en Angleterre, mais il
fait une exception pour le sien (applicable sans doute à l'hybride
de M. le comte Oddi) : « En Italie, nous dit-il, \eSerinus horhdanus
et le Carduelis eleijans sont également communs, vivent côte à côte
et nichent dans les mêmes endroits ; qu'un de ces derniers s'unisse
à ^erinus liortulanus et l'hybride qui en résultera ne pourra différer
(I) Primo resoconto, ele. III. p. 68, Florence, 1891.
OISEAUX IIYHUinKS REN'CONTRICS A l'kTAT SAUVAGE 2'M
di> rhyl)ri(l(' rnmirin (loin, cl Cnnlitclis olitenii daus les volières.
La Serinus lioiiiilanus \ii'èseul& en ellet de grandes res.seniblances
avec le Canari vert, et son hybride ne peut, par celte raison, différer
sensil>I(Mnent de celui du niitariit, son très proche allié. »
Cette liyiiolhèse pourrait assurémeut être soulevée, (^ependaut un
Oiseau aussi petit que le Serinus hortulanus (I) donuerait-il des pro-
duits de hi taille decenxdi's Cinxiriii X cardurlis ? Si on floit sup|iri-
nier rélénientc'//!rn-/r/, ne serait-il pas préférable de supposer comme
deuxième facteur le Frimjilla cilrinclla (ou Venturon) de propor-
tions plus fortes (2); toutefois, est-il que le Venturon n'existe pas
ou .Angleterre C-i). Aussi, nous admettons ])lus voloutii'rs que ces
trois individus et l'exemplaire de M. Mason (celui qui est désigné
comme Cannaliind X Cariliiclis) ne sont autres que des échappés de
captivité. En maintes circonstances, des ca|itures de ce geure out
été faites; nous aurons bientôt l'occasion de signaler plusieurs
exemples, nous apprenons même qu'eu Suisse les éleveurs laissent
(luelquefois et inlentionnellemeul les Canaria X cardaclis $ ou
les Canaria X catmahinn $ s'envolei' parce qu'elles sont, on le
sait, impropres à la reproduction et ne chantent point (4). Il est
très probable (|ue cet exemple est imité par beaucoup d'amateurs
d'autres pays, [misi[u'on ne voit pas en cage de mulets femelles.
Quoiqu'il en soit, il nous est im|)Ossil)le, d'après les motifs cités,
de rapporter ces quatre pièces au croisement duspinus X Carduelin.
(]e mélange s'est-il niènie réellement jiroduit à l'état sauvage ? Le
rév. Macpherson, très versé dans la science ties hybrides, nous dit
n'avoir jamais vu d'hybrides naturels de ce croisement. Tous ceux eu
provenant, (ju'il a examinés, avaient été produits eu captivité; les
renseignements (|ui nous sont jiarveuus d'Angleterre sur les nom-
breux spécimens spinus x Canluelis, exposés au Cristal Palace
pendant ces dernières années, confirment cette mauièie de voir,
c'élaieultousdesindividusnéseu captivilé(u). Cependant, M. K. Uuhl,
(1) Il csl (le In iHilIc fin Tarin ll'hrys. .v'/iinii.s") : laille 0,11 centini. à 0,12 cenlini.;
grand (liain. O.OIIi, pclil iliam. O.OI, il'aprrs Dei-lnnil ipii assigne oxaolcmcnt ces
mrnjps pro|i(irlif>ns au Tarin, i|mo nous Irouviins (•••pcnilaul ilrriiléincnl plus Inrt.
(2) Taill.M),i:tci'nlini.; ^'rand diain. 0,01H. petit diaui. O.DlViraprès lle^iland.
(:t) Il a él«^, d'après M. Scebolim, Op. Cil., Il, p. '.K), • erroneuiisly includcd in
British lisl ».
(4) Ces indiratinns nnus sont fournies par .VI. \. Dupuis, de Genève.
(ii) Ces renseignements nnus ont él6 envoyés par .MM. 11. Uootli, dipswicli;
.1. Cleaver, de Leicester; T. Crossiey. de Kendal: Th. Kunslon. de I.iverpool , S.-D-
Hunl, de King's l.inn; I). Ilnidlon, d'Edimhourjj; ; .1. Kirland, de Hurton on Trent,
etc. Sur de senihlables hybrides voir : Transaelions of Ihe Norfolk and Xorwieli
naluralist's Soriely. Hijhriil Finclie.<, par le rév. Maepherson, p. :tri8, ISSC-ISS":
voir aussi Zoologisl, p. 1770, 1870.
238 A. SUCHETET
(leVerviors.nurnit vu des piiTes prises à l'étal sauvage, « mais louli's,
indlstiiictenieiil, s'éloujniml des produHs roiimuins du caiiaria (loin.
X Cardudis etresscnililant aux spinusX Curduelis de AI. Fontaine. »
Carduelis elegans et Fringilla canaria
Le croisement ([ue nous allons rappeler et les quatre suivants,
quoique s'étant produits à l'état libre, ne peuvent être mis au rang
des hyl)ridismes naturels; mais nous les citons pour confirmer ce
que nous venons de dire: à savoir qu'à l'état sauvage on rencontre
de temps à autre des échappés de captivité, hybrides ou non,
s'appariant quelquefois avec d'antres espèces. L'exemple, qui fait
l'objet de cet article, présente d'autant plus d'intérêt, qu'il a été
observé en- Angleterre, la terie par excellence des FringilUdœ
hybrides.
Dans le courant de l'automne de 1838, un Oiseau cf. issu d'un
Chardonneret et d'une lemelie de Canari, s'échappa de la volière de
de M. George Cookson. L'Oiseau ue fut revu qu'au printemps sui-
vant, mais alors il se trouvait en compagnie d'un Chardonneret
avec lequel on le vit bientôt rassembler les matériaux nécessaires à
la construction d'un nid. Le nid fut découvert, il était placé dans
un Cèdre, près de la volière où l'hybride avait vécu. Quatre œufs
furent pondus, ils furent recueillis avec soin par M. Cookson qui
les plaça sous un Canari, mais ces œufs ue purent éclore. Quelques
jours après leur désenchantement, les Oiseaux bâtirent un second
nid dans le même arbre. Cette fois, on ue les dérangea point et le
résultat fut plus favorable; cinq jeunes naquirent de leur union.
M. Cookson, qui s'intéressait toujours vivement à ce croisement,
retira les cinq petits du nid dix jours environ après leur naissance ;
sur ce nombre deux mâles et deux femelles vivaient encore lors-
qu'il publiait son récit en 1840 (I).
(1) .^iinals (>[ N'atiiral llistory or Maj.;aziiie (i( Zoology, Bol.iny anil Gcolony, con-
(lucted by sir \V. Jardine, 1'. li. Selhy, csii. elc. V, p. 424, 1840.
Il ne sera pas sans intérêt de suivre les expériences i|ue lit M. Cookson avec ces
jeunes. Au comniencomenl <lu printemps il accoupla un des nulles trois ([uarls sang
Chardonneret et un quart Canari avec une lemelle de Canari, mais le nid était mal
fait et 11 fallut faire Ijeaucoup d'ellorts pour sauver les O'ufs qui furent jilacés sous
un Canari. Un seul petit Oiseau vint au jour. .-Vprès cet insuccès, un second nid fut
construit et eut le sort du premier. M. Conlison enleva alors le uiàle et le mit dans
sa volière. Celui-ci lit choix presque ininiédialenient d"iin autre Oiseau des Canaries^
pour s'apparier avec elle. M Cookson mit alors le nouveau couple dans une cage et
un nid fut construit en moins d'une semaine ; quatre œufs lurent pondus. L'expé-
rimentateur avait eu soin d'entourer le nid de flanelle, de sorte que les œufs ne purent
OISEAUX IIVIIIUDES IIK.NCONTIIÉS A L ÉTAT SAUVAGE 239
Voici 1111 iuitro exemple :
M. .lacol) Spreclier, (le Coire (Suisse I, nous a raconté que l'on avait
vu il y a peu de temps dans sa contrée, pendant l'automne de 1891,
deux petits Oiseaux dont le eorps était complètement blanc jus([u'à
la tête, à l'exception de l'anneau rouge du Chardonneret. C'étaient
deux hybrides ([ui provenaient d'un Chardonneret et d'une femelle
de Canari. Cette dernière, retenue en cage, en compagnie de
Chardonnerets, s'était un beau jour éciia|)pée et, après avoir vécu
avec la nourriture que la Société ornithologique fait |)réparer pour
l'hiver, elle s'était, an mois de mai. appariée dans la forêt avec un
jeune Chardonneret. Elle avait couvé dans les bois et fait édore ses
œufs. Un des petits fut pris après la sortie du nid par un oiseleur
qui le vendit à Saint-Gall.
FrINGILLA CANARIA Ct CaNNABINA LINOTA
Dans un jardin situé près de la ville de Kiel (Allemagne),
M. Heucli observa, il y a f[uatre ans, un nid f|uc construisirent un
mâle Canari et une femelle Linotte, i^e nid était placé dans un
arbre. L'observation de M. Heuch dura jusqu'au moment où les
jeunes furent prêts à s'envoler, toutefois on ne les vit pas quitter
le nid (1).
LoxiA ORvzivoRA et Fringilla? (espèce non déterminée).
M. de Reaurefons, du château de Cerisay, nous écrit qu'un
couple de Calfats, s'étant échappé de ses volières, contracta un
mélange avec d'autres Oiseaux, car il aperçoit maintenant trois ou
quatre jeunes tenant surtout du Calfat, mais ayant le ventre rouge.
(■'Irc diHriiils (qiioiiitio ce niil fiU mis en pièces romiiie la première fois). Nous ne
savons s'ils èlaienl fécondés; au moment où M. Cooltson écrivait son récit, la femelle
pondait encore. Nous savons seulement ijue le mile écarté une deuxième (ois, «se
raccommoda » avec sa première compagne ijui pondit. On ne vit jamais aucun Oiseau
aussi poric à la reproduction fpic cet liyliride. Une deuxième expérience de repro-
duction fui lenléc en accouplani le deuxième hybride c" avec une femelle du mémo
niil ; il résulla de celle union Irois leufs dont un vint à éclosion après avoir été mis en
incubation sous un Canari. I.e jeune nouvellemeiil éclos présentait ilonc cini| parties
Oinnri el trois parties Chardonneret. f>s divers produits n'élaienl pas des hybrides à
proprement parler, c'est à-dire des Oiseaux nés du croisement de deux hybrides demi
sanjj, mais, dans le premier cas, nés d'un hybride avec une espèce pure, el liaris le
second cas de deux hybrides trois quarts sang Chardonneret si, cocnine nous le pen-
sons, M. Cookson entend par- femelle du même niil » la scrur de l'hybride.
(I) On croirait plus volontiers que le Caniri était la femelle el la l.inolte le
màlc.
240 A. SUCHETET
Malgré tous les pièges tendus, ces jeunes Oiseaux n'ont pu être
capturés.
Emberiza brasiliensis (1) et Passer domesticus
M. Louis Pitot, rie Vire (Calvados), nous fait connaître un fait du
même genre. Un Bouton d'or {Emheriza hrasiliensis) s'étant échappé
se croisa dans son jardin avec une femelle Moineau. Assez fréquem-
ment on aperçoit les jeunes, mais on n'a pu encore réussir à les
prendre ("2).
Autres Exemples :
Nous avons eu l'occasion de parler (en note), à l'article iJijurinus
chloris et Cannabina iinota, d'un soi-disant hybride de ces deux
espèces que l'on dit avoir été prisa Norfolk, et qui n'était auti'o,
d'après ce que nous avons pu constater, qu'un Canari vert échappé
de quelque cage (3). Nous avons également parlé, dans le même
article, d'un /,. chloris x C. Ihiota authentique, pris à l'état sauvage,
et qui n'était autre encore qu'un échappé de captivité ; nous venons
de rappeler qu'en Suisse on laisse quelquefois les Mulets 9 s'eu-
voler. Dans la collection do M. Seehohm, il se trouve, d'après
M. Gurney (4), une Linotte-Canari qui fut tuée à l'état sauvage
près d'Amsterdam. M. Gurney suppose avec raison que cet Oiseau
s'était échappé de quelque cage. Dernièrement, nous recevions
d'une collection importante du Pas-de Calais un Oiseau tué dans
les environs de Marseille et que son propriétaire pensait être,
d'après les renseignements qu'on lui avait adressés, un hybride du
Tarin {Cliry. spinm) et de Bruant melanocephale {Einlirri:a iiielarw-
n-phala). L'Oiseau montré par nous à M. Oustalet fut reconnu pour
être un Tarin de l'espèce Chri/somifris notatit, du Bus, c'est-à-dire
un Oiseau exotique, échappé de cage; car il n'est pas présumable
qu'une espèce ([ui habite le Mexique et le Guatemala soit venue
émigrer en Provence. M. Oustalet, par la même occasion,
nous cite le fait des Perruches ondulées d'.\ustralie tuées, dans
les mêmes conditions, près de Marseille. Enlîn, .M. C. Kolde,
haiipth'lirer (maître principal) à Langenbielen i. Sclil. (Allemagne),
(1) Autres noms : Frinigilla l»-asiliensis, Passeritm flava. LinarUi aurifrnnf:.
(2) Pour plus (le détails, voyez plus loia les croisements entre Oiseaux appar-
tenant à lieux genres.
i'J) M. J. 11. Gurney a eu la complaisance de nous envoyer cet Oiseau.
(4) Zoologist, VU, n" SO, p. 37'.1, 1883.
OISEAUX IIYBniDES REXCONTIIKS A l'ÉTAT SAUVAGE 241
se rappelle avoir rencoiilré sur sa route, en traversant uu village,
il y a de cela une trentaiuo d'années, un hybride de Canlitelis et
de canai'ia <|ui ne pouvait tHre autre qu'un Oisi^au parti de quelque
chambre. L'Oiseau u"avait pu ùtre attrapé.
Notre but, nous l'avons dit, eu citant ces exemples (1) est de
montrer qu'on rencontre de temps en temps des Oiseaux échappés
de captivité, vivant à l'étal sauvaj^e (et même quelquefois se repro-
duisant avec d'autres espèces) ; bien d'autres faits de ce genre
pourraient sans doute être rappelés. Ainsi les trois hybrides qui
nous ont été si gracieusement envoyés par MM. Masou, Chase et
Giglioli, et l'exemplaire de M. le comte d'Oddi, dont nous avons
reçu l'aquarelle, pourraient, à la rigueur, être considérés comme
des CdiKiriii ilmn. X Conhirlis clri/nns échap])és de captivité ou des
hybrides dont l'un des paiciits au moins aurait vécu eu domesticité.
Toutefois, comme le savant professeur de Florence admet par son
exemplaire l'origine Seriinis Iwituldiiiis, nous iiuliquons, mais à
litre d'hypothèse, le croisemeul du
Serinus hortulanus (2) et Carduelis elegans
Auquel nous référons, sous toute réserve, et nous l'avouons, avec
une certaine hésitation, le spécimen du Miisco di'i Verlrbrati, tué à
Saloiia, en mars 1878. Du reste le c.roi^cmc\]l ilu Serinus hortulu nus
et du Carduelis elegans peut, à la rigueur, ligurer sur notre liste,
car, nous apprend M. Emile Ruhl, de Vcrviers, on rencontrerait
des hybrides de ce genre dans le Wurtemberg (région de .Stuttgart),
et près de Francfort-snr-le-.Mein, endroits où les Chaidonnerets et
ces petits Serins sont très communs, paraît-il. Dans cette dernière
ville, un M. Gill, mort aujourd'hui, aurait pris vers 1865 de sem-
blables spécimens.
CeiJcndant, ayant écrit à divers marchands d'Oiseaux, amalcurs
ou oiseleurs de ces deux contrées, pour nous renseigner sur ces
croisements, nous n'avons obtenu aucune indication à ce sujet.
(t) Qui ne sont [as absoluincnl à leur place puisqu'ils n':i|ipai'liennoiil pas lous
au urnro Fringilla.
(2) Autres noms: Frinriillit srriiiu.i, l'dsser serinus. I.oxin serinus, Serinus
)iieridi(iiiulis, Serinus. l'i/rrhulii serinus, l'ringilln islnn/licn, Serinus pnves-
cens, Serinus lule'ilus. CrUngtt serinus, etc.
D'apri^s M. Sliarpe {Cul. hrilisli Muséum. .MI, p .17(1), le Serinus Canaria nesl
p:is uuc espère ilislincle du Serinus hortulanus, il n'en esl (|u'uue race, ou plulot
une sous-espèce.
242 A. SUCHETET
M. Ernst Hartet, uu ornithologiste émérite (1) qui a haltité deux
ans Francfort, n'a jamais entendu parler de croisements de ce
genre, il les met même fortement eu doute; pour lui, uu tel hybride
est un mythe. M. D. Paulstich, liealsc huile lircr, d'Hanau-sur le-
Mein, se montre aussi sceptique ([ue M. Hartet sur l'existence de
ces produits. Nous aurions été heureux de pouvoir examiner
quelques spécimens et de les rapprocher de ceux qui nous ont été
indiqués comme ^pijius X Canlurlia. M. Emile Ruhl, qui obtint en
captivité le croisement du FriiujIUa sfriniis et du ('(inhulis, prétend
qu'un œil exercé peut distinguer les produits qui en résultent de
ceux du Canaria dom. X Cardiieiis; malheureusement M. Ruhl n'a
point conservé ses Oiseaux empaillés ou quelque peinture permet-
tant de les juger. Si l'hypothèse soulevée par M. Giglioli au sujet
de l'hybride de Saloua est vraie, elle pourrait être proposée pour
les exemplaires de MM. Mason, Chase et Oddi, et tout particuliè-
rement pour la Linola X canaria de la collection Seebohm, car un
Serinus bortulanus, égaré en Hollande, pourrait de même s'être uni
à une Linola cannabinal
Pour mémoire, nous ferons donc figurer sur notre liste le croise-
ment toujours très hypothétique du
Serixus hortulanus et Linota cannabina
Bien peu probable, nous l'avouons, et auquel nous préférons de
beaucoup celui du Frinijilla canaria dom. x Linota cannabina dans
le cas où la Linotte hybride de M. Seebohm (([ue nous ne connais-
sons pas) ne serait point un Oiseau échappé de captivité? Du reste,
comme on l'a lait pour le croisement du Serinus hortulanus X Car-
(luelis, ou peut laisser subsister ce titre pour un autre cas, car
M. Pistone dit avoir eu à noter, mais alors en Italie, un hybridisme
naturel entre Cannabina linota et Scrinu-s hortulanus, pris en
mars 1882 (2).
Ce spécimen, nous dit-il, fut pris au filet au Faro (Messina). C'est
lui-même qui l'a acheté au marché et maintenant l'Oiseau fait partie
de sa collection sicilienne. En outi e, M. Pistone a pu constater sou
sexe qui est mâle (3).
Les indications que M. Pistone nous donne sur les caractères
(1) M. Ernest Hartet a écrit le Katalog iter VogeL^animliing in .Muséum,
Frank furt-uiH-)lein : il travaille en ce moment à Londres au Catalogue tics
Oiseaux du Musée Britannique.
(2) Primo resoconlo, etc. p. 69, Florence, 1891.
(;() Les organes génitau.v étaient très développés.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A I.'kTAT SAUVAGE 243
de cet Oiseau feraient volontiers croire que c'est un liyiiride de
Canorin X linotn érliaiipé, car (luoiijue la eroupe, les ailes et
quelques iilunies de la tète aient toutes les couleurs du Serinus
hortulanus, l'Oiseau ressemble à un Cannabina linota 9.
Nous possédons vivant un hybride de ce dernier croisement et
qui est également liituin dans son as])ect et même par la coloration.
M. le D' Winteler, président de la Société Oruith. d'Aarau, nous
décrit de la même façon trois hybrides randiiii X linotn qu'il a
élevés.
Nous avons remarqué que M. Sharpe réunit au S. hortiilitnus le
F. canaria, comme race ou sous-espèce (subspecies)(l). Dans le cas
où une différenciation spécifique ne pourrait être établie entre le
type insulaire et le type continental, le croisement de /•". canaria X
Cannabina serait à reporter à celui du .S. liDrtiilanus X Cannabina.
Chryso.mitris spinus et Ligurinus chloris
Si le croisement du Carduelia fhijanii i'I du Chnjsoiiiitris ftjiinu.'i,
basé sur les exemplaires de MM. Giglioli, .\bison, Chase et Oddi, ne
nous paraît pas supposable, le mélange du Chrysomitris spinus avec
le l.iijurinits chloris nous laisse aussi beaucoup de doutes. Nous ne
connaissons, du reste, ([ue deu.x exemplaires aux(|uels on attribue
cette origine.
f^e premier se trouve dans la collection de M. le baron Ed. de
Selys-I>on;j;champs, à Longchamps-sur-Ger ; le deuxième, pris avec
quelques Tarins, à Taverhaue, près de Norwich, le 12 décembre
188(j, n'existe plus; du moins il s'échapi)a et on ne le revit plus.
Pendant sa captivité il fut, nous dit M. Gurney, montré par sou
|)ossessenr. M. Mackley, à une réunion de la Société des Natura-
listes de Norwich ; M. .Mackley le considérait comme provenant du
Siskin (Tarin) et du Grecnfmch (Verdier).
Tout en ayant de fortes présomptions en faveur de l'origine
spinus X chloris de son spécimen pris aux lilets à Liège, M. de
Selys-Longchamps n'a pas toutefois voulu nous allirmer cette
origine d'une façon absolue, et reconnaît que la ressemblance de
son Oiseau avec chloris pourrait, à la rigueur, s'expliquer par un
croisement du spinus avec le canaria dom.
Le savant naturaliste belge a bien voulu nous faire connaître cet
intéressant spécimen par une aquarelle, peinte par lui-même, et
(1) Catalogue of Birds of Brititi Muséum, XII, p. 370.
244 A. SIICHETET
par une photographie exécutée par M. de Selys-Longchamps, son fils.
En outre, il nous a adressé plusieurs descriptions, écrites à diflé-
reutos reprises, en présence de l'original.
D'apiès l'aquarelle, l'Oiseau montre évidemment son origine
spiniis, mais il n'indique pas sullisamnieut le deuxième facteur
{)résunié, le Lignrinnti chloris. Le croisement du Spiiius avec le
Canari est si commun et si fréquent chez les éleveurs que nous
nous demandons s'il ne s'agit pas, dans le cas présent, d'un hybride
de ce génie, échappé de quelque cage? Il existe au .Muséum d'His-
toire naturelle de Paris une pièce indiquée comme s pinus d" X cana-
ria $ qui ressemble étonnamment à l'aquarelle que nous avons
reçue.
La première description que voulut bien nous adresser M. de
Selys-Longchamps est la suivante : « Ressemble surtout à spiniis
|iar le dessus de la tête noiràlre, les deux baudes noirâtres des
ailes, la nuance olivâtre du dos et celle jaunâtre du dessous du corps.
Diffère du spiniis par l'absence de la tache noire sous le bec, le
iiiamiue de llammèches noires au dos et aux flancs et le bord
clair des rémiges, qui est cendré foncé et noir jaunâtre. — Bec
de forme intermédiaire entre les deux parents, en cône droit
comme CdntKtlihia, nullement renllé. Taille également intermé-
diaire. »
On remaniue facilement qu'un hybride canaria et spinus pour-
rait reproduire les mêmes caractères. Nous avons présenté ces
observations à M. de Selys-Loiigchamps qui nous a répondu de la
manière suivante, après avoir longtemps examiné son exemplaire
en présence de ses parents présumés et d'espèces voisines :
« Tient de chiuris : A. bec /)/((.s gros que spinus; B. pas de noir
sous le bec; C. le milieu du ventre /a»/ic, de même que la gorge et
le haut de la poitrine (la partie entre ces deux couleurs, d'un jaune
verdâtre ; D. pas de flammèches noires ni an.r flancs ni aux couver-
tures inférieures de la queue; E. le dessus du croupion verdâtre,
sans aucune flamwt'clw noire (il est plus jaune à flammèches chez
spinus); F. la nuance cendrée de la barbe extrême des secondes
rémiges (légère indication dont on trouve les vestiges chez plusieurs
chloris). »
En terminant cette description, M. de Selys-Longchamps ajoutait :
" La provenance du spinus est évidente. Quant à celle qui serait
la part de chloris, elle est moins certaine, d'une façon absolue; mais
elle paraît réelle, à moins donc que l'Oiseau ne vienne d'un Canari
verddtre échappé, mais la queue est courte comme chez chloris
et spinus et bien colorée, sauf en dessous. »
OISKAIIX HYBRIDES IIICNCONTRKS A L'KTAT SAlIVA(iK 243
« Celte ((ueiie couric semble donc phiider coulic l'idée qii'uu
Canari échappé serait l'un des parents, la coloration de la lôte et
de la (|ueue sont eu faveur de s}ii)uts, comme la grosseur du l)ec et
la taille semblent justifier aussi la ])rovenance de (•///(/;•/>•. »
C'est ainsi que, sans allirmer d'une manière positive l'origine
Li(j. chloris, le savant académicien la préfère à l'origine canaria.
Les dimensions de cet intéressant exemplaire sont les suivantes:
Aile fermée, 7o à 76'"'"; ([ueue, plumes? et reclrices externes,
48™™; bec, depuis la base de l'arête supérieure au front, llmm;
mandibule inférieure, depuis la base non emplumée. 12""n ; tarse,
jusqu'au doigt postérieur, 13"""; doigt postérieur, sans l'ongle, T™™.
La capture de l'Oiseau, qui paraît de sexe mâle, remonte à
dix-liuil ans environ. Le ('liruxoiiiitris siiiniis, nous dit M. de Selys-
Lougeliamps, arrive en Belgitjue en octobre et part au printemps;
c'est un Oiseau d'hiver ; très accidentellement il reste des individus
égarés. M. de Selys a cependant i-eucontré un nid de celte espèce.
La production d'hybrides de ce tyjie avec le /./;/. cltlaiis serait due,
d'après lui, à ces exemplaires restés accideutellemeut pendant l'été
dans cette région.
Si le s|)écimen décrit est un croisement réel du chloi'is et du
sfjiniis, il ne peut, en effet, être cousidéré comme un Oiseau échappé
de cage, car un tel croisement en captivité est presque impossible
à trouver. Nous ne connaissons (ju'un seul exemple obtenu en cage
par M. l'abbé Coutelleau, de Chazé-llenry (Maine-et-Loire) (1), quoi-
que le rév. .Macpherson ait cité un autre exemplaire né à Carlisle,
en 1883 (2).
Au moment de mettre sous presse, M. Tissi, sous-inspec-
teur forestier à Belluno, nous signale un hybride spintisX chloris
pris récemment eu Italie; mais M. ïissi, ne peut nous fournir
aucun délai! sur cette capture, il attend lui-même de plus amples
informations (3).
(1) (Itl lioiii)ial)l(î ecclésiasticiuc aurait obtenu deux couvées, rtoni quatre jeunes.
Un seul lies petits survcciil, les trois autres ayant été dévorés par des rats alirons.
Le survivant (ul cédé à nn professeur de l'institution de Conibrée. Il était de se.xe 4.,
de la grosseur du Chardonneret, bec court et gros, léte du Tarin, ailes du Bruant
(Verdier), le venin' était jaune.
Nous sommes heureux d'apprendre que M. l'abbé Coutelleau se propose de tenter
de nouveau ce croisement fort intéressant, car il permettra de juger plus aisément
l'hybride de M. de Selys-Longchamps.
(2) Voy. Ilybrid finches. op. cit., p. :m. et aussi Zoolopist, p. .'$39, 1889.
(3) Sebinus hortulanus et Kringilla citrinella (a). — M. Brce cite (6), d'après
Crcspon, le croisement du Citril fincli l'Fringilta cilrinella) et du Serin Finch
246 A. SUCHETET
ACANTHIS LINARIA (1) et SPINUS PINUS (2)
M. Brewster (3) remarque que V.lùjiothus Birusteri (Brewster's
Lianel) est pres(iue intermédiaire entre .£. linaria et Chiysomitris
pinus, et que cet exemplaire, le seul que l'on connaisse de ce
genre, pourrait être considéi-é comme un hybride entre ces deux
espèces. Ce u'esl là qu'uue supposition.
Le Brewster's Liuuet est porté sur la liste hypothétique du « Code
uj Nomenclature » adopté par l'Union Américaine des Oruitholo-
gisles (4). Ce seul exemplaire fut tué dans une bande de .£. linaria,
dont cinq furent abattus par la même décharge. Il fut obtenu à
Waltham, Mass. par M. William Brewster, de Cambridge. Aucun
des quatre-vingt-dix spécimens préparés par celui-ci pendant
l'hiver ne ressemble, disent les auteurs des « Oiseaux de l'Amé-
rique du i\ord (5), à cet Oiseau, qui en diffère complètement.
Le type dont il s'approche le plus près est WE. flavirostris $
d'Europe (6).
{Fringilla serinus). M. Bree n'indique pas l'ouvrage de Crespou dans lequel il a pris
ce l'enseignement ; il ne dil pas non plus si le croisement a lieu en captivité ou à
l'état sauvage. On lit seulement .ces mots : « According lo M. Crespon il {Citril
Finch) uill bred icilli the Serin Finch. «
Dans VOrnithologie du Gard de cet auteur (c), nous n'avons pas trouvé l'asser-
tion que M. Bree lui prête ; Crespon dit seulement, en parlant du Venturon, que
cette espèce peut être appariée avec le Serin des Canaries. Nous n'avons point été
plus heureux en consultant la Faune nu'ridionale (d). Par Serin-Kinch, le feu
auteur des Zi»'(/.-i o/'i'wropn a-t il voulu désigner le FnH3i7((( canaria et non le
F. serinus f Ceci nous parait très sup|iosable. M. Dresser, que nous avons consulté,
est de cet avis.
(«) Autres noms : Citrinella aipina, Serinus ilalicus, Serinus cilrinella,
Fringilla aipina, Ciirinelta serinas, CannaOina citrinella.
{b) Birds of Europa, IV, p. 24. Georges Bell et Sous, London.
{(■) Nimes, 1840.
(d) Nimes, 1844.
(1) Autres noms : ^-Egiothus linaria, Passer linaria, Spinus linaria, Linota
linaria, Linaria minor, Fringilla borealis, Linaria americana, £giolhus
l'urcescens, Linaria rubra minor?
(2) Autres noms : Linaria pinus, Chrysomilris pinus, Chrysoinilris macroptera,
AstragaUnus pinus, Fringilla pinus.
(3) Nutt. ornithological club, VI, p. 223, ISSl.
(4) Page 354, édit. de 188G.
(o) II, p. 501.
(6) AsTRAGALiNus PINUS et ,\sTKAG.\Lixis PSALTRiA M. L. Beldiug, de Stockton
(Californie), nous a fait savoir que pendant l'hiver de 1878 à 1880, il tua dans cet
état un Chardonneret parmi une volée de Chrysomilris pinus (aujourd'hui connus
des ornithologistes sous le nom A'.istragalinus pinus). M. !.. Belding supposa que
OISEAUX HYBRIDES RENCONTKKS A l'ÉTAT SAUVAGE 247
ACANTHIS LINAUIA Cl ACANTHIS EXILIPES
M. Ridgway fait figurer, dans sou Catalogue des Oiseaux du Nord,
public en 1880 (1), l'.Eijiothus exilipcs comme race ou sous-espèce de
l'.hijiotlius aini'xcens (appelé aussi Ilonwniani). M. Leonliard Stej-
neger partage cette manière de voir (2). Dans la Chn-k-Lisl, adoptée
par rUuiou des Ornithologistes américains en 188G, VAcantliis
cxiUiJCs ligure aussi comme variété de l'Avanlliis llornciiutni ('.]).
Or, si M. Slejneger ne fait point erreur, l'hybride de ces deux
formes aurait été observé à Alarka par M. E. VV. Nelson. M. Brooks
a cité lui-même quatre exemplaires du genre Acdtilhis qui, avec
toutes les apparences d'i'.rilipes (sauf les plumes du croupion et celles
(le la queue de couleur un peu plus accentuée) paraissent être ou
hybrides d'ej-ilipcs X llnaria, ou d'une espèce distincte. Cependant
les caractères intermédiaires que ces quatre individus présentent
sont si faibles (|u'il serait peut-être plus rationnel de les considérer
comme des ci-ilijX's. Chez tons les adultes cf que M. Stejneger eut
l'occasion d'examiner, un seul présentait des caractères légèrement
intermédiaires, mais si faibles également, qu'il n'hésite pas à
le considérer comme un vrai petit Uiinrin. M. Slejneger fait remar-
quer à cette occasion (\\i'rj-iliiu's devient graduellement jikis petit
au fur et à mesure (|u'on va de l'est à Alarka et au nord-est de
l'Asie. La dillérence de taille est si graduelle que l'on ne peut
séparer les Oiseaux de l'orient de ceux de l'occident, ilest impos-
sible d'accuser chez eux la plus légère différence dans la colora-
tion (4).
La plupart des espèces du genre Sizerin (Linaria), peu nom-
breuses du reste, sont si peu distinctes les unes des autres qu'elles
ont souvent donné lieu à diverses interprétations. Les faibles gra-
dations qui existent entre rxilipvs et linaria ne sont donc pas une
preuve du croisenient de ces deux types ; ces gradations ne sont
ce Cliardonnciet venait du cioiscincnl di; À. junii:! X. ■■iP'>uUria. M. Uiihvay.qui le
reçut pour li' Musée national, nous a appris depuis que cet Oiseau n'était ni un
hybride, ni une variété. La couleur jaune (|ui avait pu le faire passer pour tel était
due à son frottement contre des lioulons de saule ; celle couleur ne tarda pas du
reste à disparaître. (M. Belding aurait informé lui-même M. Kidway de cette
particularité). Dans une lettre, reçue tout dernièrement, M. Beldmgnous conlirmait
rependant sa manière de voir !
(1) Proccedings ot l'nileil States national .Muséum, p. 177, INSO.
(2) The Auk, I. n» 2, p. l'iO, avril 1S84.
(3) Voy. The Coile olWnmenclature, p. 2;i".l et 200, New-Vork, 1880.
(4) Voy. Tlie .\uk pour ces renseignements.
248 A. SUCHKTET
peut-être dues qu'à des iullueuces cliniatériques ou à l'âge des
Oiseaux.
Dans l'ouvrage de M. Seebohm (1), V.Eçjioihus exilipes est du reste
synonyme de Fringilla Unaria. D'après les observations que put
faire le savant ornithologiste dans la vallée de la Petchora (2), il se
convainquit qu'e.rilipcs n'est que l'adulte de Unaria en plumage
complet d'hiver. Dans ce cas le croisement en question ne se serait
jamais produit (3) !
Après avoir éuuméré, en commençant le genre FrinqiUa, une
série de croisements authentiques, peu à peu nous sommes tombés
dans le domaine de l'hypothèse, nous avons cité tantôt des hybrides
douteu.\, tantôt des croisements entre de simples variétés, revenons
à des croisements mieux affirmés et entre espèces mieux définies,
quoique encore fort rapprochées.
Fringilla coelebs et Fringilla montifringilla
Si nous en croyons les nombreux exemples qui nous sont cités
de divers côtés, le Pinson ordinaire {Fringilla cœlebs) et le Pinson
des Ardennes (F. nwnlifrinfjilla) contracteraient fréquemment des
alliances entre eux.
Nous avons pu examiner un certain nombre des exemplaires
dont nous allons parler dans ce chapitre, plusieurs nous ont paru
authentiques.
Voici les renseignements qui nous ont été communiqués sur cet
hybridisme, nous donnons les faits dans l'ordre où ils se sont
produits :
M. le baron Edmond de Selys-Longchamjis a vu à Paris, il y a
environ quarante ans, dans la collection du Maréchal Vaillant, un
mâle hyliride dont la coloration était celle d"un exemplaire qu'il
possède actuellement et dont nous avons reçu la photographie.
M. Marion, directeur du Muséum de Marseille, nous a adressé
(l).'l Bistory ofbritish Birds, II, p. 116.
(2) Siberia in Eiiropa, p. 51. Cité par M. Biooks, Ibis, III, p. 382 et 383.
(3) Reconnaissons loulefois que M. Droolis conteste vivement l'assection de
M. Seebohm : In Slray ornithological Notes (Ibis, III, n» 12, p. 382, octobre 1885).
M. Broolis indique les points de distinction entre les deux types. Ces points
seraient : 1" diUérence de voix ; 2° croupion sans tache ; 3° couvertures sous les
ailes non rayées de blanc ; d" le peu de raies étroites sur les flancs ; 5° le rouge
pourpre très paie de la poitrine el du croupion faisant contraste avec le rouge vif
de L. Unaria ; G» les très larges bordures blanches aux tertiaires et aux plumes
de la queue ; 7" le Ion beaucoup plus blanc ou farineux du plumage supérieur ;
8" le bec formellement plus court et (ihis petit.
(tlSEAUX UVUniDliS UE.NCONTIIKS A I.'lh'AT SAUVAGK 241)
deux ext'iii|»liiires iiiAles provenant de la collection de M. Luinitin
et iiiii, nous dit M. Mariou, i)aiaisseut avoir été achetés sur le
marché de Marseille à une époque où l'on ne recevait sur ce
marché que le a'iïnev de la région (1).
Degland cite, dans sa collection, deux hybrides de Pinson ordi-
diuaire et de Pinson des Ardeunos, l'un nuUe, l'autre femelle, pris
tous deux aux environs d'Anvers, le premier durant l'hiver de
1852, le second pendant l'automne de la même année (2).
Dans la collectiou du regretté M. van Wickwort Crommeliu, se
trouve un spécimen mâle, pris le 13 octobre 18o!), dans des lilets
tendus aux Piusous sur le versant oriental et boisé des dunes
qui ktugeul la côte maritime de la Hollande. Ces dunes se trouvent
près du village d'Overvem, situé à un (juart de lieue à l'ouest de
Harlem.
Dans la collection de M. de Selys-Loncliaiiips on voit un
individu cT dont la capture, d'après l'éniineut uaturalisto, remon-
terait à plus de dix-huit ans. Cet Oiseau avait été pris au filet dans
les environs d'Anvers.
M. le comte Arrigoui degli Oddi, de Padoue, conserve un Pin-
son $ adulte, venant de Caoddo (Montfelice) 15 octobre 1875.
M. Oddi a bien voulu peindre pour nous ce spécimen.
Pendant l'automne de 1879, M. le I)'' Silvio Romanse, de Levico,
pritnnexemplairemàle ([ui fut examiné et décrit par le D^ Lamberlo
Moschen {'•)).
Eu 1881, à Borgo S. Sepolchro (Italie), le 15 octobre, fut capturé
un individu cf, aujourd'hui conservé au Musée de Florence.
Eu 188't, à Fiesole, le 4 novembre, on prenait un autre mâle,
également conservé au Musée de Florence.
Le 15 novembre 1885, à Palaia (Toscane), c'était une femelle qui
orne aujourd'hui la même collection (4). Ces trois Oiseaux nous ont
été envoyés i)ar .M. Giglioli.
Un mois plus tôt, en Hollande, on trouvait au milieu de milliers de
(1) Le U'.laiibiTt (Magasin de Zoologie, mars 187.'$, p. 117; parle il'im liyhride
pris en octobre IKil dans les environs de Marseille, il en donne la description.
C'est sans aucun <loL'le l'un de ces deux exemplaires, car, dit le docteur, cet Oiseau,
mort en IS.')2, ornait la collection de son ami, .M. Laurain. Dcgland et Gerbe
{Ornith. européenne, I, p. 272) font mention de ce spécimen.
(2) Ornith. européenne, I, p. 272.
(:i) Voy. D' I.amberto Moschen, Sopra un kybrido di Fringilla cœlebs e Frin-
gilla monti/ringilla. Bollettino délia Societa veneto trenlina di Scienze naturali
in l'adova, pp. 90-103, lasO.
(4) Couiniunicaliori de M. le coiiiui. prof. Ciiylioli.
:2S0 A. SUCHETKT
Plnsous pris daus les diiucs près de La Haye, deux hybrides cT?
dont iiu vécut au Janliu zoolog;ique de cette ville jusf[u'au çouiiiien-
cerneut de 1891; l'autre mourut bientôt en captivité il).
Également dans la même année de 1883, pendant l'automne,
M. Ah. Poggi, de Gènes, tuait dans les collines de Bolzaneto, éloi-
gnées de cette ville d'environ 10 kilom., un sujet inàle qu'il trouvait
dans un bois de Châtaigniers.
Cet Oiseau nous a été indiqué par M. Brancalione Borgioli, pré-
parateur au Musée zoologique de l'Université de Gènes; M. Poggi a
bien voulu nous donner les détails complémentaires que nous citons.
L'Oiseau est aujourd'hui conservé dans sa collection.
L'année suivante, le 26 octobre, Madame la Marquise Paulucci,
de Certaldo (Val d'Eisa) per Monte (Italie), prenait elle-même au
Paretaio (chasse aux filets) un exemplaire cT qui fut préparé le
même jour par M. Magnelli, de Florence, et que l'on voit aujouril'hui
daus la collection ornithologique italienne de la Marquise dans sa
propriété de Monte.
On conserve au Musée d'Histoire naturelle de Trieste (Autriche)
une femelle prise à l'état sauvage dans une campagne près de cette
ville, à Servola, le 6 octobre 1888. Cet Oiseau vécut jusqu'au
15 décembre de la même année (2). M. Antonio Valle, directeur-
adjoint du Musée, a bien voulu nous adresser cet intéressant
spécimen.
Pendant la première moitié du même mois d'octobre 1888, dans
un petit roc situé près d'une colline de la vallée de l'Addige, à envi-
ron 220 mètres au-dessus du niveau de la mer, M. le d'' Ricardo
Ferrari, de Trente, prenait lui-même avec deux autres Fritiguelli
co//î/;Hni( un hybride ]iaraissant mâle. L'endroit où l'Oiseau fut pris,
ajoute le docteurdaus la communication qu'il veut bien nous faire,
s'appelle Vadena, petite commune du district politi(iue de Balzauo
(Bozeu) éloigné de 58 kil. de Trente. Nous avons reçu à Rouen cet
intéressant spécimen.
Deux ans plus tard, en 1890, M. D. Lougal, marchand d'oiseaux à
Paris, 33, rue Chariot, achetait, moyennant une très faible somme
(0 fr. 75 c), au marché aux Oiseaux, « un iitulrl de Pinson ordinaire
et de Pinson des Ardennes » qu'il conserva jusqu'au printemps de
1891, èpoijuc où l'Oiseau mourut.
(1) Coiiiimmicalion de M. de (îiaaf, de la Haye, ot de M. A.-C. (ludcnians, de
la Haye.
(2) Coinimiiiic-alioii de M.ti. Vallun.de Uovcrlo (Tj-riitin, Auliiilic)et de M. Aiiloiiio
Valle, dirirlciir ailjoinl du Musée di' Trlesle.
OISEAl'X llVBniDKS HENCONTRES A L KTAT SArVA<il': lil
EgalfMneiit pendant raiiiiéo 1890, M. A. Coopor. de Peuzi-
(Londoii) ('.\])Osail au Cristal Palaco. sons lo n" 179!), un liybride
de Brauiblolinch (/*. cœIcIis) el de Cliallincli (/■'. MiintifriinjiUdj pris
à l'état sauvage, nous dit-il, par un oiseleur de sa contrée. Après
avoir passé par les mains de M. le 1)'' Dale de Scarborougli,
l'Oiseau fut vendu à. M. S. Deny Hunt, de Kiiigs' Liuu, qui l'exposa
de nouveau en 181)1 an niènie Palais. Cet individu avait été
montré à l'exposition de .Northampton (22 el 23 octobre 1890).
En outre, M. Gustavo Ferrari, frère du docteur de ce nom, et
habitant Calarauica (province de Trente), se rappelle avoir pris,
il y a un an, à Valsugana, un très joli mâle hybride ((u'il conserva
en cage, pendant ([uelipie temps et qu'il remit ensuite en liberté.
M. Gustavo Ferrari ajoute, dans la lettre qu'il veut bien nous
adresser, (|ue l'on pri'iid dans son pays, à jieu près tous les ans,
quelques sujets hybrides.
Notons aussi, d'après M. (^ainusso, (|ue le croisement de r(rU'hs
X moHlijrinijiUa ne serait pas absolument rare dans les montagnes
de Novi Ligure. Un de ses amis, chasseur, mais digne de confiance,
âgé aujourd'hui de quatre-vingts ans, observa deux fois ci^t liyl)ri-
disme, m;iis. comme le fait lui était tout à fait étranger, il négligea
de consigner ses observations.
.M. Desiderio Gargiolli, de Monlefauna (P'iesola), nous a cité lui-
même deux individus byl)rides ([ui furent eu sa possession il y a
longtemps et qui avaient été pris dans ses filets pendant le mois
d'octobre, en compagnie île quchpies F ri u;/ il la cœli'lis avec les(]uels
ils voyagt^aient. Ces deux Oiseaux, mis en cage, vécurent ainsi
pendant quelques mois (1).
M.Turchetti aurait obstu-vé un autre exemplaire dans le district
de Fucchiu i2), nous ignorons à quelle époipic.
Au Musée de Bergame, on conserve trois individus, deu.v cf
et une $ {'.]) et au .Musil'c <li' Milan un autre exemplaire venant de
la Ligurie (i).
Enfin M. D. .Niccolo (^aniusso, de Novi Ligure, veut bien nous
apprendre qu'un hybride /•'. arlebs X /•'. montifrinoilla a été pris le
27 seiitembre dernier à Bleggio (Venise). On lit en cllet dans le
(1) Vno monlion do ces Oiseaux a Ho (ailrdans l'rinu} resoconio dei resultali
dellii inchiesta nrnilhologica in llalia du prof, docteur Eiinco IliUyer Giglioli,
3" parUe, p. IKI, Kircnze, IK'.II.
(2) Voy. le in(>iiic oiivrafje, im'^nii' paf;e.
(3) Coininiinicalion de M. le comte Airigoiii degli nddi, de l'adoiie.
(i) Coiiimuiiicatiuii de M. le protesseiir Surdelli.
252 A. SUCHETET
Bollclliitii (Ici Ntiliiriilisli de Sienne (i), (]u'(iii tel Oiseau eypluré en
cet endroit par M. Giaconio Salvador! est conservé au Musée de
Rovereto.
La plupart de ces Oiseaux ont donc été obtenus à l'état sauvage.
Cette indication nous manque cependant pour l'exemplaire vu par
M. de Selys dans la collection du Maréclial Vaillant à Paris, l'indi-
vidu acheté par M. Lougal au marché de Paris, eu 1890, et les trois
exemplaires du Musée de Bergame. M. le comte degli Oddi, qui
nous a indiqué ces derniers spécimens, nous dit bien que, d'après
une communication qui lui a été faite, ils furent tous pris à
l'état sauvage, mais M. le professeur d' A. Varisco, directeur du
Musée zoologique, « regrette de ne fournir aucun renseignement sur
ces pièces qui furentorigiuairement possédées par un collectionneur
amateur, mort depuis près de trente ans. »
Comme rarement on a obtenu en captivité le croisement des
deux espèces et que ce croisement ne parait point être recherché des
éleveurs, il y a lieu de croire ([ue la plupart des Oiseaux cités ont
été produits à l'état sauvage. Reste maintenant à savoir si toutes
ces pièces sont bien authentiques, c'est-à-dire ont réellement l'ori-
gine qu'on leur attribue?
M. le D''Turchettine se rap]ielle([ue vaguement les caractères pré-
sentés par l'hybride dont il a fait mention dans Primo resoconto[2).
Il l'a tué, nous écrit-il, à une époque où il ne faisait guère attention
aux hybrides et où ceux-ci, jetés pêle-niéle avec les autres Oiseaux
tués à la chasse, étant tous mangés.
M. Lougal n'a point pris non plus le soin de décrire soigneuse-
ment son hybride; comme le docteur italien, il parle de souvenir.
L'exemplaire exposé primitivement par M. Cooper au Cristal
Palace en 1890 a, paraît-il, été critiqué dans une revue. On aurait
mis en doute sa provenance hybride, d'après un renseignement
que veut bien nous envoyer M. le D'' Dale qui posséda cet Oiseau
pendant quelque temps. Pour le docteur toutefois, il ue peut être ici
question de variété (3).
Sur les autres spécimens, nous possédons les descriptions et
renseignements suivants :
Le spécimen appn rtenant â M. ran Wickcvort (^rommelin : « Un peu
plus grand que le Pinson, se rapprochant par la taille de montifrin-
(i) N» du 15 mars 1892.
(2) Page C9.
(3) D'après le Zoolngist, p. 106, Mai-s 1890, le rév. Macpherson a parlé d'un inté-
ressant spécimen de Bramhling et Chcifpnch, sans doute le spécimen en question"?
oisRAix itvnnit)i;s RKNcnNTHKS A i/i'riAT sAUVAr.K i!i;{
ifilln (Iniil il a lt> l)i'c ]ilus fori, les jambes plus faibles (|ut' celli's du
Pinson, la iioitriue ilc la bi'Ile teinte prrti)ie au i'insou, mais plus
intense, le dessus de la iiMe d'une teinte bleue comme ce dernier, à
la(|upllp l'Sl ukMi'c, siii'tout vers le devant, une teinte rousse comme,
chez le /■'/■. iiionlifrinijillu ; les plumes du front sont noires, bordées
de roussàtre comme chez cette espèce ea automne; la nuque, le
derrière du cou, le dos et le croupion comme chez le Pinson, mais
le clTîUain du dos a une teinte roussàtre qui ra|)|)elle celle des
bordures des plumes do l'r. montifrintfilla, et le vert du croupion
est moins intense que (liez le Pinson ; la ipieue et les couvertures
sont, tant par la forme (jue par la coloration, pareilles à celles du
Fr. monlifriiiijUlo, toutefois la tache blanche sur les deux rémiges
externes (propre au Pinson) s'y retrouve, mais iirescpie nulle; les
ailes rappelliMil par la forme, ainsi que par la teinte des plumes
surtout, le Fr. montijringiUa, particulièrement aux scapulaires et
aux secondaires, mais on y retrouve les deux bandes caractéris-
tiques du Pinson, lesquelles, toutefois, sont d'une couleur rousse, ce
qui rappelle l'Oiseau des Ardennes; sur les rémiges, on remarque
une faible teinte verdAtre qui manque chez cette dernière espèce;
le ventre et l'abdomen sont d'un blanc pur comme chez le Fr. nton-
tifrinfjilln, mais on ne retrouve pas sur les flancs la teinte roussàtre
ni les taches noires qui distinguent cette espèce » (i).
Ifi/briilr (le M. le baron Fil. rir Selys-Lonr/champs (2) : « Tout le
dessus du corps et les ailes comme nionlifriiujiUii (le dessus de la
tète noirâtre, plumage d'élé), mais le croupion noirâtre sans blanc
eu dessus. Tout le dessous du corps jusiju'au cuisses rappelant
crrli'hs par sa nuance uniforme, mais d'un roux ferru;îineux plus
foncé, moins vineux, sans aucun vestige de llammèches obscures
des flancs du inontifrinijiUn. Chez nwiitifringilln le roux de la poi-
trine est clair, ])iiitùt jaune eliamois, et ne descend pas bas sur la
])oitrine, i[ni est bianciie. La |)remière bande des ailes est blanche
comme chez cœlebs, à peine salie sur son extrême base ; bec inter-
médiaire. I) La double (irovenance de cet Oiseau paraît évidente à
M. de Selys-Longcîhanips qui ajoute à celte description les rensei-
gnements suivants : « Le montifringilkt arrive ici en octobre et part
au prinlemi)s, c'est un Oiseau d'hiver. Très accidentellement il
reste des individus égarés; la production des hybridt;s de cette
espèce semble due à ces exemplaires restés accidentellement en
été. »
(1) Ottp (Icsriiptioii nous :i\Mil clé envoyée, il y il ipielinirs années, par M. van
Wickevoort Croinmelin.
(2) La description suivante a élé faite pour nous par le savant aradémicien.
254 A. SUOHETET
M. de Selys-Longcliamps fils a bien voulu exécuter pour nous
une photographie de cet Oiseau; malheureusement, comme on
nous le fait observer, dans la photographie le jaune et le ver-
dàtre sont transformés en noir et se confondent avec les parties qui
sont réellement noires. Nous ne pouvons donc aucunement nous
rendre compte de la coloration du plumage.
Hyliride 9 de M. le romtp Arrif/onidriili Oddi de Padoue (1) : (( Bec
jaune fort avec la pointe foncée ; iris noir ; plumes de la tête, nuque,
dos, gris olivâtre moins chargé que celui de la femelle du F. cœlebs;
croupion et couvertures de la queue vert jaunâtre assez terne.
Quelques couvertures gris l)run. Gorge, gosier et poitrine gris,
légèrement clair. Le reste blanc teinté de jaune. Les couvertures
des ailes clair vif. Les rémiges brunâtres bordées nettement de
jaune verdàtre. ].,es rectrices noires, les deux latérales blanches
portant un petit trait auprès de l'extrémité tle l'éventail externe et
une tache allongée à la base interne, les deux suivantes ont une
tache blanche à l'extrémité de l'éventail interne. Tarse, pied, ongles
brunâtres. »
Hybrides d\t Jardin zoologique de la Haye : « L'un de ces individus
avait la stature d'un FriiKjiUa montifrinijillu, mais le plumage d'un
Frinijilla cœlehs. avec cette exception que la tête entière avait la
couleur de la poitrine, et que les deux bandes transversales sur les
ailes étaient d'un roux orangé, comme chez le Frinijilla montifrin-
gilln.
Le second avait la grandeur, la stature, le bec et le cri d'appel du
Fringilla cœlebs, mais portait le plumage d'hiver du FringiUn monti-
frinijilla, avec cette exception que le croupion blanc était entremêlé
de plumes vertes et que la première bande transversale sur les ailes
était d'un blanc pur ». (2)
Hybride de Madame la Marquise Pauliicri : « C'est un Fringilla
cœlebs cf pour tout ce qui se rap]inrte à la coloration générale de la
poitrine, de la tèle et du dos, y compris le vert jaunâtre près de la
queue. Le dessus de la tête, les joues et. la partie supérieure et
latérale du cou présentent des taches ondulées noirâtres, propres
au Fringilla nwnlijringilla. Quant aux ailes, elles ont la coloration
fauve du F. monti fringilla, de sorte que, vu en dessous, cet Oiseau
représente un F. cœlebs, vu en dessus, il a tous les caractères d'un
F. montifringilla, la tache vert jaunâtre de dessus de la queue
exceptée ».
(1) Description faile pour nous par M. ilegli Oddi.
(2) Ces renseisnemenis nous sont envoyés par M. A.-C. Oudenians, mais la des-
cription du den.xitnie exenipUuie a été faile par M. de Graaf, de la Haye.
OISEAUX IIYHRIDKS HENCONTHES A L ETAT SAUVAGE 2.):)
Cette (Icscriptinii fuite |iar la iiiarqiiisi' l'IIc-riièiiic nous est con-
lirmée en tous points par .M. iMagnelli, préparateur au Musée de
Florence.
HiihridcK de ]t. Dfxidcrio Ciiir<i'm1li : Ces deux spécimens, confondus
d'abord avec /•". nitinllfrinijillu 9 <i cause de la [)arfaite resseniMauce
de leur couleur et de leur forme avec cet Oiseau, furent mis en caj^e
pour servir de pâture à des oiseaux de proie; mais leur chant, qui
ressemblait à /■'. r(i"//7w, les lit reconnaître ; M. Garjfiolli s'aperçut
bientôt de son erreur et se convainiiuit (|ue les deux exemplaires
étaient certainement des hybrides provenant des deux espèces ci-
dessus indi(iuées. C'est alors que, i)ar une curiosité bien naturelle,
il voulut conserver près de lui les deux prisonniers afin de faire
quehiucs observations sur leur nature. Pendant leur captivité qui
fut courte, car ils moururent après quel(|ues mois décade, M. Gar-
gioUi n'observa d'autre chanyiementiiuedans la couleur dt^s {)lumes
qui devinrent un peu plus sombres après la mue du printemps. Ils
ne changèrent pasieurchant pendantla saison des amours.
Ces Oiseaux ne purent malheureusement être envoyés apiès leur
mort au Musée royal d'Histoire naturelle de Florence, leur état ne
permettant pas de les em|)ailler.
Nous voyons, iiar ces quehiues renseignenients ([ue M. Gargiolli
a eu la complai.sance de nous envoyer, ({u'ils ne dilTéraient ])oint
par leur couleur et leur forme du Frinijilla Ç, leur chant seul les
faisait distinguer de cette espèce. Est-ce sullisant pour établir leur
origine hybride? M. Gargiolli, (jui les a étudiés en captivité, ue la
met pas en doule ce|)eudant.
lli/hiKlrs (In Mitsrr ilc lli'rijiiinc : Individu ■ ''adulte : « Tète, uu((ue
et coté du cou mélangés de noir, de grisâtre et de jaunâtre. Dos
chataiu olivâtre. Cioupion noir, à l'extrémité jaune verdàtre vif.
En dessous comme le FrinijiHa i-n'lrhs. .Viles et queue prestiue sem-
blables à Fr. ai'lchs ».
Autre individu c^ adulte : « Comme le précédent avec le crou-
pion beaucoup ])lus jaune soufre et jaune verdàtre. La tète plus
teintée avec rosace. Les ailes avec les bords et les séparations, au
lieu d'èlre blancs, sont d'une couleur plus claire vineuse. Les
rémiges plus petites avec le bord couleur soufre. »
Troisième individu: «Bec allongé ressemblant à celui de /■"/•. ///oh-
li frinijilla, corné foncée, iris noir. Front gris rosàtre. La tôle de
même couleur tachetée de noir à la base des plumes.
« Une bande noire passant au-dessus des yeux descend sur les
côtés du cou en se rapprochant vers les épaules. L'espace, compris
256 A. sucHetet
entre la nuque, verdAtre mélangé de gris rosàtre. Dos noir, teinté
de bai foncé sur les bonis et à l'extrémité.
(( Croupion jaune soufre mélangé de noir et de noir bordé et tacbeté
de gris rosàtre sur les couvertures supérieures de la queue. Côtés
de la tête gris rosàtre mélangé de vert jaunâtre. Côtés du con plus
verdàtres. Gorge et poitrine couleur de lion, mélangé de jaune légè-
rement soufre. Abdomen blanc et soufre mélangés. Flancs lion
soufre, sous-code blanc mélangé de soufre etd'isabelle lion. Sca])u-
laireset petites couvertures noires avec l'extrémité lion soufre, les
médianes noires, avec l'extrémité largement entourée de blanc
soufre, avec la lige de la coloration noire qui continue en noir sur
la coloration lilanc soufi'e ; les grandes noires, bordées de bai, plus
particulièrement et plus largement sur l'éventail externe. Les
rémiges et les rectrices bordées de jaune serin çà et là légèrement,
coloration plus vive sur les rémiges prés du coi'ps. La première
rectrice à la base jusqu'à la moitié de la longueur bordée à l'exté-
rieur de blanc avec pénombre serin brunâtre dans la partie
médiane vers l'extrémité, chose peu visible. La coloration de cet
individu est celle de Fr. montlfringilla $ excepté la couleur soufre
du poitrail et celle de la croupe. Il n'y a rien de remarquable, à
l'exception peut-être des deux timouières qui sont semblables à
celles de monlifringilla comme l'est généralement l'Oiseau (1). »
Hybride autrefois dans la collection Laarin (2) : « Demi-collier
bleuâtre, exactement comme chez le Pinson ordinaire; dos d'une
teinte rouillée à peu près unifornie; croupion vert jaunâtre; cou-
vertures supéiicures de la queue gris plomb. La tète ressemblerait
assez à celle d'une femelle, sauf quelques teintes verdàtres sur les
joues; le bec, unicolore comme chez le Pinson ordinaire, se rappro-
cherait, par sa forme, de celui du Pinson d'Ardenues. La coloration
de la poitrine est d'une nuance intermédiaire entre le rouge vineux
du cœlebs et le jaune du moniifrinijiUa: seulement, cette teinte ne
s'arrête pas au poitrail, comme chez celui-ci, elle euvaiiit une
partie de l'abdomen ainsi que les flancs qui tournent au gris. On
ne remarque pas sur les flancs ces luiuiles noires (|ui caractérisent
le mâle du Gros-Bec d'Ardennes; la queue et les ailes ressemblent
à celles de cet Oiseau, mais les taches blanches y occupent un
(1) La description de ces trois exemplaires, faite par M. le comte De},'li Oddi de
Padoue, nous a été envoyée jiracieusement par celui-ci.
(2) La description suivante, donnée par le \)' .l.-B. .laulierl dans le Magasin de
/.iiologie (mars ISliiî, p. I17>, se rapporte, sans aucun doute, à un des deux exem-
plaires aujourd'hui au Musée d'histoire naturelle de Marseille et venant de cette
collection.
OISEAL'X HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAfiK 2S7
espiice plus };rand. n Le cri de cet hybride, que le docteur Jaubert a
eu l'occasion (renteudrc à diviM'ses reprises, était identique au cri
bien couiiii du Piiisou ordinaire.
Exemplaire 9 ''" Munée de Milan: L'Oiseau est noté sur le cata-
lo^liic coninic FritKjilht média ii\uh. M. le prof. Sordelli a cru inutile
de nous adresser cette pièce cju'il a bien voulu examiner lui-niOinic
et comi)arcr avec F. montifrinijilla et avec les deux sexes de cœlebs.
Le résultat de cette étude, que le savant professeur a faite à notre
intention, a été (jue l'indication : « /■'/■. nuuilifriiKjiUa liybr. cnm
cwlelie », également inscrite sur l'étiquette, n'est pas exacte et que
l'Oiseau en question n'est ([u'une femelle de cwlehs dont les couleurs
(lilTèrenl en partie seulement de celles (|ui caractérisent cette espèce.
Eneflet» la coloration ([ui distingue monlifrinuUla n'apparaît nulle
part. Les dimensions de la forme du bec, ainsi fine celles de toutes
les autres |)arties du corps, sont les mêmes que chez les femelles de
cn-lelis. Le vertex a les deux raies brunes qui se rejoignent sur l'oc-
ciput; rémiges brunes, liserées de jaune et de blanc; bande blanche
étroite, scapulaires roussAtres là où cœlehs 9 les montre blanches,
pennes de la queue exactement les mômes que chez le Pinson ordi-
naire, y compris les deux plus externes avec leurs parties blanches.
Tout le reste est d'un roussàtre qui rappelle tout à fait celui de la
poitrine et des joues de cffWw ^f; cette couleur tourne un peu au
vert olivi\tre sur le dos; croupion roussàtre, ainsi que la poitrine,
ventre plus pâle avec quelques taches l)runes, ainsi ((uecela se voit
chez la 9 de eirlehs. »
11 s'agit donc, ajoute ^L Sonlelli, d'un sim|)le cas ii'allocitrnisine.
M. le comte Arrigoni degli Oddi, de Padoue, ([ui connaît ce sujet,
nous avait ])i'évenu également (|u'il ne devait pas éti'e un hybi'ide,
mais plutôt une anomalie de couleur. Celle nouvelle appr('cialion
conlirmeles renseignements que veut bien nous envoyer M. le prof.
Sordelli.
Exeinplaire du Miifféede Rixereto (Italie). Nous ne pouvons repro-
duire (]ue les quelques indications données sur la couleur et la
forme (le cet Oiseau par leRollettino del Naturalisti de Sienne, car
notre article sur le cioisement du /•'. iiionlifrinijHla et F. radehn est
SOUS presse au moment où M. D. Camusso, de Novi Ligure, nous
fait cimnaître ce nouvel hybride. « Les parties supérieures de cet
exemplaire, dit le Bollettino (li, ressemblent à celles du nnmlifrin-
flilla, les inférieures à Ja 9 àa cœlehs, mais plus jaunâtres. Le blanc
des ailes est remplacé par du jaune clair. »
(1) .N" 3, lo mars 18'.>2.
258 A. SUCHETET
Hybride de /)/. le W Sllcio Itonianese, de Leciro: « C'iHait, uousécril
le docteur, un très bel Oiseau, avec le bec, les côtés du corps, le cou,
la poitrine et le ventre d'une couleur caractéristique et semblable
au iiionli/'n'ii.i/illa; tandis que la partie supérieure de la tète, du
dos, la croupe et les plumes des ailes et de la queue étaient du
cœU'bs. M. le D^ Romanese conserva en cage pendant un an l'Oiseau
([u'il avait pris en automne; son chant était celui du cœlehs.-dii prin-
temps, au contraire, il chantait comme le montifrinijiUa et aussi un
peu comme le cœlelis. L'Oiseau, n'ayant pu être apprivoisé et ses
I)lumes se détériorant, fut tué; M. Romanese ne se rappelle plus ce
qu'il en fit. Voici sa description détaillée d'après le D' .Moschen (1).
(( Des trois caractères qui servent à la diagnosti(iue des deux
espèces, un appartient à la Pepola (F. mnntifrirujiUa) : croupe
blanche ; les deux autres du cœlcbs ; rémiges bordées de jaune ver-
dàtre ; les deux timouières externes tachées de blanc vers l'extré-
mité. Certaines parties de la tête ont. une couleur semblable à celle
de la partie correspondante de la Pepohi ; les côtés du cou et le dos
sont comme dans le Pinson ordinaire ; les reins, la gorge, le gosier
et la partie antérieure de la poitrine, les scapuiaires et les couver-
tui'es comme chez la Pepola, enfin les pattes comme celles du
Pinson. »
Afin de faire ressortir les caractères mixtes de cet Oiseau, M. le
D"" Moschen a cru devoir donner sa description en regard de celle
que M. G. Periui donne des deux espèces pures (2). Nous nous con-
tenterons de reproduire la diagnose de l'hybride : « Croupe
blanche, rémiges bordées de verdàtre jaunâtre, les deux rectrices
extérieures tachées de blanc vers l'extrémité. Bec jaunâtre (3) à la
base, couleur turquoise vers l'extrémité et- le long des bords. Iris
assez foncé; front noir; dessus de la tète, uu([ue, joues et région
auriculaire noires avec bords grisâtres et jaunâtres, sans reflets
métalli((ues. Les deux côtés du cou, couleur de cendre tuniuoise.
Dos châtain rougeâtre clair, tirant légèrement sur l'olivier, avec
quelques rares pointillés en noir sur les côtés. Croupe blanche
tirant un peu sur le jaune sur les côtés et avec quelques plumes de
couleur vert clair. Reins, gorge, gosier et partie antérieure de la
poitrine, jaune fauve strié; ventre et sous-queue blancs ; scapulai-
(i) Bolleltino. délia Sooiota Veni'to-Trenlina.
(2) Ornithologie veronèze.
(3) On fait observer ici que la couleur jaunàlre delà base du bec dépeud de ce
(ail ([ue l'Oiseau (lorsqu'il fut décrit) n'avait pas encore revêtu entièrement le plu-
mage du printemps et par suite on doit considérer ce caractère et quelques autres
encore comme un reste de la livrée d'automne.
OISE.UX IIVlilUDKS 1U;.N(X)NÏI1KS A l'CTAÏ SAUVAUIC JiSV»
reset faces transversales sur les ailes jaune fauve; autre face blan-
che en dessous de celle-ci; |)elites couvertures des ailes blanelies et
rémiges brunes légèrement tachées d'un jaune verdàtre, avec tache
lilauchc à la base de celles-ci entre les trois premières. Tiinonières
brunes ; la iireniière externe noire à bi base et aux extrémités avec
tache blanche le long de l'éventail, la secondeavec tache semblable
mais [lins petite, les suivantes noires. Pieds brun ijris couleur
chair. »
(( De ce qui précède, dit le ducleur, il résulte clairement ([ue,
dans cet (tiseau, il existe des caractères propres au l'riugillo
(/■'. ciidcbs) tandis que d'autres appailiennentà la l'epola ;un ue peut
expliquer ce fait, suivant les lois de l'iiérédilé, (|u'eu admeltaiit
que cet Oiseau soit uu hybride (b'sceudant des deux espèces. »
f^'Oiseau avait du reste été arraché au sort de ses nombreux com-
pagnons (/■>/((////// et ['■■piilf) grâce à son plumage ((ui différait de
celui de tous les autres. Ru automne, les deux espèces traversent
en graud nombre, eu effet, les vallées duTreiitinà la grande joie et
au divertissement des oiseleurs ([ui les attendent au passage avec
leurs filets. .\u moment où M. le (K Moschen donnait la description
de l'hybride de sou ami, M. S. Uomanese de l.evico, l'Oiseau vivait
en captivité chez ce deruier.
Venous maintenant aux exemplaires que nous avons pu examiner
eu nature : ce sont les trois exemplaires du Musée de t'"loreuce et
envoyés gracieusement pour nos études par M. le prof. Giglioli ;
celui du Musée de Trieste, que nous a communiqué très obligeam-
ment M. .Vntoine Valle, directeur-adjoint de cette collection; les
deux individus du Musée de Marseille reçus dernièrement grâce
à la bienveillance (le M. Marion, directeur; le s|)écimen supposé
c" de .M. le (K Ilicardo l'errari, de Trente; l'exemplaire apparte-
nant à M. .\h. l'oggi de Oènes et les deux iiièces de la collection
Degland aujourd'hui au Musée de Lille. En tout neuf pièces.
f.'iniiicidu cT 'II' Honjo S. Sepolcro, Arezzo [Toscane), 15 octobre
/S'S7, nous a paru être un véritable hybride ; nous avons uoté les
caractères suivants : Bec brun clair violacé, sans noir à l'extrémité
des mandibules. J.,e dessous du corps, la gorge et la poitrine sont un
mélange de roux violacé bien intermédiaire entre le roux vineux
du cœlrbs et le rou.x orangé du iiiuiitifrinijiUa. I>e dessus de la tète
et du cou est un mélange de brun gris, de noir et de bleuté; le dos
est marron gris, la ])remière bande transversale de l'aile (la plus
haute) blanc pur, la seconde blanc sale, gris jaunâtre; les bandes
extérieures des rémiges sont bordées de verdûtre pâle comme dans
i60 A. SllCHETEÏ
cœlebs, euliu les rectrices les plus extérieures sont eu ])artfe
Ijlanches. L'Oiseau uous a donc semblé inleriuédiaire eutre les deux
espèces.
Croyant posséder la description de Vcxeinplalir de l'Iesolc (4 noccm-
hre JSS4), nous ne l'a vous point faite, mais l'impression que cet
Oiseau nous a causée est bien celle d'un hybride. Les ailes le prouvent
d'une façon évideute, et la couleur du dessus de la lèle semble être
aussi un mélange de celui des deux espèces?
L'exemplaire 9, pi'i'f le JJ noceiiibre J883 àPalaia: ne parait point
montrer aussi clairement sa double oriij;ine. Il tient eu effet presque
exclusivement du rwlcbs $, s'il a le croupion blanc gris, et non
verdâtre comme ce dernier, cette couleur pourrait à la rigueur
provenir d'un albinisme partiel; si encore la deuxième barre de
l'aile est presque rousse comme chez DiontifrinijiUa, ou ne doit pas
oublier que l'Oiseau a été tué à l'automne, à cette époque de l'année
où la deuxième barre de l'aile du rœlebs 9 prend aussi cette teinte.
Toutefois le dessus de la tète et du cou, le dos (mélange des deux
espèces?) uous a paru montrer l'influence exercée quelque peu par
montifringiUa, influence qui se reconnaît encore sur les côtés des
flancs colorés en roux presque orangé.
J.a femelle du Musée de Trieste est aussi très semblable à une 9 c(debs.
Nous avions entre nos mains, pour la comparer à cette dernière, deux
femelles eœlehs, tuées pendant le mois d'octobre, époque de l'année où
elle fut capturée (1 ). Voici les notes que nous avons prises : Quoique
ressemblant presque entièrement à une 9 Pinson ordinaire, elle
montre sa provenance du montifringiUa par sa tonalité plus rousse
eu général ; sur le dos supérieur, sur le dessus du cou et sur la
couronne de la tète, on aperçoit un mélange des deux espèces; à
l'épaule une teinte franchement rousse, en dessous (couvertures iufé-
rieures)les plumes jaune citron indiquent mauifestemenl l'influence
du inontifrinyilki; le croupion est aussi un mélange des deux types.
Malgré ses faibles ressemblances à montijringiUa et ses très grandes
ressemblances avec ceelebs 9, nous supposons néanmoins qu'elle
provient d'un mélange des deux espèces, origine que l'on peut
aussi, sans doute, attribuer à l'exemplaire 9 du Musée de Florence?
Les femelles hybrides auraient-elles une propension à ressembler
presque exclusivement à une seule des deux espèces? par la des-
cription qui uous a été envoyée par M. degli Oddi de son exem-
plaire 9, nous voyous les mêmes particularités se reproduire;
(1) Elle ne vécut, nous l'avons dit, que jusqu'au 15 décembie tle la uiÎMiie année;
son plumage ne dul donc pas changer.
OISEAUX UVUIUUKS UE.NCOXTllÉS A LKTAT SALVAUE ilil
(•('|ieiKiaiil raqunicllo, ([lie II! savant naliiralisli' a bien voulu faire
[H)ur uous scmlile di-voiliT l'origiue mixte dt; l'Oiseau.
Les Ueur exemplaires du Musée de Marseille : La description dounée
plus haut (i) se rapporte évidemment, comme on a ou soin de
l'iruliquiT, à l'une de ces pièces, à celle, sans aucun doute, (|ui
présente d'uue manière assez tranchée les caractères du monlifrin-
yitla et du cœlehs, quoi([ue l'Oiseau ue rejjroduise que très faijjle-
meut les traits de ce dernier. Nous ferous néanmoins connaître
notre impression sur ce spécimen. Quant au second, provenant de
la même collection (collection Laurin), quoicfue étiqueté comme
hyliride, il nous a paru être un exemplaire doHleu.v parce que les
caractères projjres aux eirleh.K ue sont |ias assez aijpréciables. Sauf
quehiues i)articularilésde peu d'importance, c'est un monlifrinijilhi.
Le produit de deux types distincts a'olliant quelquefois que peu de
ressemblance avec l'une des espèces dont il tiri^ son origine, l'indi-
vidu en question, presque entièrement inontijrinijiila, pourrait, il
est vrai, provenir d'un croisement de ce dernier type avec le eœlebs ;
mais, n'ayant point la jjreuve de l'union des deux parents, nous
ne pouvons le déclarer hybride : c'est tout ce i(ue uous voulons dire.
Aiusi la couleur de sa poitrine roux orangé ne porte aucun mélange
du roux vineux du ro'lehs ; cependant, nous le reconnaissons, cette
teinte roux orangé descend plus bas (ju'à l'ordinaire, elle allecte
même les flancs en se fonçant presque en bleuté; si encore ((uel-
ques parties de la croupe sont verdàtres, elles sont très inélaugées
de gris, à la rigueur blanc sale. Les rectrices n(! sont point fran-
gées comme elles le sont chez tous les imintifrinyilla ([ue nous
avons examinés (quoique ce caractère ne nous paraisse pas abso-
lument fixe chez cet Oiseau, car il existe au .Musée de Rouen un
exemplaire nvmtifrincjilla c? dont les rectrices sont noires, presque
toutes sans bordures). Nous avons oublié de constater si une ou
deux des rectrices extérieures étaient tacliées tle blanc (2) ; la forme
des rectrices nous a paru se rapprocher de rœlebs ; sur les côtés du
cou la teinte bleutée semble aussi em|)runtée à ce dernier'? Le seul
caractère remarquable de cet indixidu, jucsque entièrenuîut niunti-
frinijilld, consiste dans l'absence de taches noires aux lianes. Est-ce
sulfisant pour déclarer sou hybridilé'.' Deux naturalistes prépara-
teurs de notre ville, aux(|uels nous avous fait voir le spécimen, ne
supposent point nue double origine chez cet Oiseau.
(I) D'après Ir Magasin de- Zoolo^'ie, p. 117, mars is;)3.
(i) I m sail (|ue deux reclrices lalt-rales de eœlebs porlenl une larj^e lâche blanche,
le hianc n'alTecterait qu'une seule desreclrices latérales du monlifringitla (d'après
Di'fjlandt.
262 A. SIICHKTET
Revenons au |)ieinier : dans son ensemble l'Oiseau est encore
plus monli[rin(jiUa que cœlebs, mais le roux de la poitrine est fran-
chement vineux, et la croupe est jaune verdàtre clair, très nette-
ment accusé. Vu en dessus, la partie supérieure, le dos au moins,
et le croupion peuvent passer pour un mélange des deux types, la
croupe seulement cependant est réellement intermédiaire entre le
blanc du tuonlifringilla et le vert jaunâtre du rœlehs. Les rectrices
sont encadrées d'un petit liseré blanchâtre ou jaunâtre que n'a pas
cu'lcbs; la forme parait se rapprocher davantage de celui-ci. Vu en
dessous, l'Oiseau est bien plus cwlebs par sa coloration, presque de
la couleur roux vineux (le celui-ci, quoique l'on seule faiblement
le roux orangé du monlifrintjilla, mais cette couleur rosé vineux ne
s'arrête point sur la poitrine comme le roux orangé du montifrin-
Uilta; à la manière du cœlclis, elle s'étend sur le ventre et jusque
sur les lianes qui deviennent gris bleuté foncé, ce que ne présente
d'aucune manière //(0(if//;//i^///«. Absence aussi sur cette dernière
partie des taches foncées longitudinales de ce dernier. Il n'existe
point sous les couvertures des ailes, près des épaules, c'est-à-dire
dans la partie haute, de couleur jaune chrome orangé propre au
montijr'nuiiUa. Enfin la couleur du bec paraît être plutôt celle de
cœkiis. La première barre lilanche des couvertures des ailes est plus
apparente que chez niontifringilla, du moins le brun orangé roux
du haut de l'aile ne la recouvre pas autant, cette couleur caracté-
ristique du nionlifriiKjilla est peu accentuée chez ce spécimen.
Nous pouvons encore noter que chez cet Oiseau on aperçoit sur
les côtés du cou un demi collier bleuté, mélangé de noir assez
large, qui pourrait aussi montrer l'inllueuce dacœlcbs'!
Exemplaire de M. le D^ Ricardo Ferrari, de Trente : presque monti-
frinijiUa pur; le seul caractère qui l'en distingue consiste dans les
taches blanches de deux rectrices externes. Le bec de couleur
giis bleuâtre l'éloigné aussi sans doute de inontifringilla, car c'est
au mois d'octobre qu'il fut tué et à cette époque le bec du monti-
fringilla a, pensons-nous, sa couleur jaune brillant à la base des
mandibules et brun foncé ou uoire à leur extrémité. Le roux foncé
de la poitrine descend plus bas ([u'à l'ordinaire, il se prolonge
jusque sur les flancs; peut-être aussi est-il quelque peu, quoique
très légèrement, viueux.
Ces caractères permettent-ils d'alUrmer l'hybridité de cet inté-
ressant Oiseau? Nous n'oserions le prétendre. Cependant les deux
rectrices externes, tachées à la manière de ccelebs, et la couleur gris
bleuâtre du bec, nous laissent dans l'indécision.
OISEAUX HVnhlDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 2Clli
Nous avons nii devoir faire part à M. le D'' Ferrari de l'impres-
sion que nous avait causée sou Oiseau ; ci'lui-ci iio jjartage pas nos
liésitations. ha (^duIcui- des plumes de la gorf^e cl du croupion,
nous dil-il, sont deux marques hien dislinclivi's, tiùs caracléris-
liques, non équivoques. Sans être un savant (ce que le docteur
nous permettra de contester), comme oiseleur et amateur, il con-
uait assez le caractère des Oiseaux de passage pour discerner les
anomalies et les variantes de l'une et de l'autre espèce. Sur ce point,
nous dit-il, la j>ratique vaut mieux quelquefois que la théorie
(nous sommes complètement de cet avis). Or, trois oiseleurs, parmi
les meilleuis connus du docteur, ont déclare que le sujet en
(luestiou était un hybride. Quant à lui, il le considère comme tel
sans (tiicun iloiili', « la couleur des |)lumes, le chant et le maintien
de l'Oiseau » lui en donnent la certitude.
Si, comme .M. Kiccardo Ferrari le pense, sou sujet est bien le
produit des deux espèces nommées, cette circonstance prouve qu'un
hybride peut (|uel(pii'fois emprunter la plupart de ses caractères
à une seule des espèces mères.
Krempliiiri' appurtnianl à M. M. l'aij'ji, dr Grues. .\ vaut de nous
envoyer son si)écimen, M. Poggi avait eu la complaisance d'écrire
pour nous une description que nous traduisons littéralement :
« mâle, de la taille de l\ cœlchs; télé lacliée de noir mélangé d(^
châtain foncé; ciHés du cou gris verdâtre; dos de couleur noisette
olivâtre; les grandes rémiges /•'. ewlchs, les rémiges secondaires et
les [tetites couvertures F. nwnlifrinijilki; le croupion vert taché de
noir; (|ueue et sojiracoda /•'. rwlchs; sotlocoda fauve clair; gorge
fauve; poitrine fauve clair; alMlomen blanc; ascellari à jieine tein-
tées de jaune clair. »
La double origine de ce spécimen s'inq)ose à première vue, nous
voulons dire par là (jue ses caractères sont tellement intermédiaires
entre les deux types purs qu'il semble tout naturel d'assigner à un
tel Oiseau une double parenté, l'une nricbs, l'autre iiiunlifrinijilla.
Mais ce qui nous a surpris, ça a été de constater sur le crou-
pion, de couleur verdàtre jaunâtre foncé, un mélange de noir !
Les|)lumes de celte partie sont, à leur base, de cette couleur. (Nous
croyons cependant, si nos souvenirs sont exacts, avoir constaté la
même particularité chez un des premiers exemplaires que nous
avions examinés].
Quoique l'exemplaire de M. Poggi soit plutôt ca'li-bs que iiionlifriii-
gillii, le mélange des deux types est visible sur presque toutes les
264 A. 'SUCHETET
parties fin corps. C'est iiii des meilleurs spécimens, sinon le meil-
leur, que nous ayons eus à examiner. (La maudijmle supérieure
manquait; l'inférieure nous a paru l'tt'/c^i' ainsi ([uc les deux rectrices
externes).
Les deux pièces du Musée de Lille de In collection Deyland.
M. Degiand n'avait point donné la description de ces deux Oiseaux
qu'il avait seulement signalés comme hybrides (1).
En demandant à M. Gosselet, directeur du Musée de Lille, l'auto-
risation de nous les faire parvenir, M. A. de Norguet, dont les
connaissances ornithologiques sont justement appréciées, nous pré-
venait qu'ils dilïéraient peu à première vue du cœlebs et que leur
origine hybride lui paraissait quelque peu suspecte. La femelle,
eu ellet, est un vérital)le cœlebs, sans aucune trace de montifrim/illu ;
c'est un Oiseau plus pâle que le cœlebs $ ordinaire, aux teintes
quelque peu décolorées, c'est tout. Nous ne pouvons donc nous
expliquer quelles sont les raisons qui ont pu déterminer un orni-
thologiste, aussi distingué que l'étaitM. Degiand, à déclarer hybride
un tel sujet. L'étiquette que porte cette pièce lui était-elle destinée ?
Nous ne ferons point toutefois la même critique de l'exemplaire
indi(iué comme cf. Quoique, dans son ensemble, il ressemble plus
à cœlelis qu'à iiiontifringilla, il est réellement intermédiaire entre
les deux espèces. Le roux de la poitrine est un exact mélange des
deux teintes propres à chaque type, le dos est plus cœlebs que
monlilrinijillii. Les rectrices, prises dans leur ensemble, semblent
être elles-mêmes intermédiaires, quoique les deux externes soient
cœlebs. Le croupion est verdàtre gris sale, quelque peu blanchâtre,
c'est bien encore un mélange des teintes propres à chacune des
deux espèces. La coloration du bec est sans doute également
empruntée aux deux parents. La large bande blanche des
couvertures des ailes est cœlebs, à peine si on aperçoit au-dessus
et la recouvraut unpeu des couvertures de inoutifrinijilla; la seconde
barre est réellement jaune brun roux, plus roux peut-être que chez
tnontifringUla et moins blanc que chez cadcbs. Pas de taches longi-
tudinales foncées sur les flancs, ceux-ci sont recouverts par la
couleur roux vineux propre à cœlebs ; en somme, si l'hybridité doit
se reconnaître à des caractères intermédiaires, elle ne fait pas de
doute chez ce sujet.
Il nous reste à parler d'une pièce dont M. del Torre a fait
mention dans l'ouvrage de M. Giglioli (2). M. del Torre a été assez
(1) Ornilli. européenne, I, p. 272, 1S67.
(2) rrimu resuconlu, etc., p. C8, Firenze, 1891.
OISEAUX llVUIilDliS HKNXONÏIUOS A l'kTAT SAUVAGK 2Gi)
aimal)k' i)Oiii' nous ciivoyi'r raquiiicllL' do cet Oiseau peinte par
lui-mùnic; mais, en nous l'adiessanl il nous i)révenait ijue cet exem-
plaire, pris dans les environs de Cindale il y a quelques années et
ayant vécu loniitcmits en caplivilé, pouvait bien n'être qu'une variété
de /•'/•. nrlfhs. D'après ce que nous avons jui voir, il s'agit eu elTel
d lin (ilhiiiisiiir iKirlirI, nous n'hésitons pas à le déclarer ; beaucoup
des parties du plumage sont blanches, toute la tête et le cou uotam-
nieiit, ce (|ui' n'oni ni nrlcli.'i ni nionlifriiujiUa. L'Oiseau du reste
chantait tout à (ail comme calelis, nous dit M. del Torre.
Nous avons vu, dans une collection particulière de Houeu, un
Oiseau semblable à (;e dernier spécimen ([ui avait été présenté par
erreur comme hybride à l'une des séances de la Société des Amis
des Sciences naturelles de notre ville, mais ([ui n'est encore autre
qu'un alliiiiisnie piirlicl (i).
Eulin, .M. Ed. de Selys-Longchamps a la bonté de nous envoyer la
description d'un exemplaire de Pinson ijue l'on pourrait croire, par
sa coloration, hybridedu l'iuson d'Ardennes avec une autre espèce;
ce ([ui est blanc chez l'espèce normale est ici d'un jaune citron
brillant. Nous ferons savoir à M. de SelysLougchanq)S que nous
avons reçu du Musée de ïrieste la même variété ; nous ignorons à
quelles causes ce changement de couleur est dil , toute pensée
d'hybridisme nous paraît devoir être éloignée.
.\insi si i|ueh|ues pièces sont certainement fausses, si la double
origine de (inehiiies autres reste douleuse, ou n'est point suHisam-
nieul apparente, pour la plupart des exemplaires (|ue nous avons
cités i'hybridisme s'impose et nous croyons pouvoir dire que le
croisemiMit du /•'. ni'lcljs et de /•'. iiionlifrimjilld à l'étal sauvage se
produit (|uelquefois, ne pouvant, à (-((use de lu nuelé de ce iiuhne
civifienienl en domesticité, supposer que ces divers exemplaires
hybrides soient des échappés de captivité. Il est, en ellet, croyons-
nous, extrêmement rare de trouver des hybrides cuelelis et iitunti-
fiimjilla nés en cage (2).
(1) Vuy. l'roci'svorlial di' l:i sraïu-c du i jiiillil (S'.M. I/Oiseuii avait été luO à
(iorvillc iSeiiK'-liitéi'iouiv). vers I8.S;; nu 18H(). I.i^ iilirr, (|ui le |iii'senlail, n'iiidi-
i|uait pas louli'fois ii' mnnlifrinijUla loinme dcuxiènio (aileur iiu'il s'abstenait du
reste de di'li'rininer.
(2) M. ViTiall, de l.ewes, nous assure ci'|)eiidaut avoir vu l'li}l)i-ide des deux
espèces né en caplivilé. Deux spécimens, niainlena it montés, ont llguré ù TExpo-
silion du Palais de Cristal en 1872; ils paraissaient iSlre conservés chez M. T. Monk,
de Lewes (Voir Tlif Ficld.ii mars 18'.)0). M. Georges lîavis, deS.AUlule Slreet 16,
(ilcjuiisler, nous lait aussi savoir «lu'il a mainlenaut en sa possession un Oiseau né
en caplivilé du croisement du munlilringilht el du cwlebs.
266 A. SUCHETET
M. 1). Niccolo (liiiiiusso, do Novi Ligure, iiifiiibro de l'fnchieslo
orniloloijim inlernaziunah', nous a fourni du reste des indications
très-précieuses sur l'appariage constaté de r/isu des deux parents
supposés. C'est la seule fois que nous ayons rencontré pour le croi-
sement du F. cwlclis et du F. montifrinijiHu une observation de ce
genre ; M. Niccolo Gamusso ne l'a point encore publiée (ce qu'il se
propose de faire dans un prochain ouvrage); nous pensons donc
qu'elle sera d'un grand intérêt pour nos lecteurs (1 ).
C'est au mois de juin 1870, à Rochetta Ligure, que M. D. Camusso
fit cette observation. Dans un arbre (un Ubiius), à la hauteur de cinq
mètres du sol, dans l'cnfourcliure d'un tronc, était placéunniddela
forme commune F. cwlcbs, de la même composition et de la même
configuration que ce nid tant à l'intérieur qu'à l'e.xlérieur. 11 ren-
fermait quatre jeunes âgés d'environ six jours, ])lus un u'ufqui
n'était pas éclos; cet (puf était de la couleur de celui tlu cu'^/w,
quoi(iu'avec beaucoup de taches obscures sur sa partie obtuse.
Seule la femelle couvait; elle fut reconnue pour un iiionlifrini/illd;
le mâle était un beau cceh'bs. Malheureusement des gamins avaieut
aperçu M. Camusso grimpaut à l'arbre et cette couvée intéressante
fut prise; l'œuf lui-même fut détruit. La femelle néanmoins resta
encore (iueli[ue temps près du nid désert, quatre jours environ,
puis disparut.
L'hybridisme cwlebs X montifringilla, comme on le voit, présente
un réel intérêt, l'examen des caractères des deux espèces mères
mérite donc de fixer l'attention. Ces caractères sont-ils assez
tranchés, assez distincts, pour permettre de déclarer cœlebs et
inoniifringiUa spécifiquement séparés, nous soumettons la question
aux ornithologistes.
Frtngilla coelebs et Fringilla spodiogena.
Un beau mâle F. spodiui/cna, en plumage de noces, que M. Degland
examina dans la collection de iM. Lauriu, au moment où l'Oiseau
venait d'être dépouillé et monté, avait été vu avec une femelle de
Pinson ordinaire (F. cœlebs) avec laquelle il jiaraissait accouplé.
11 arrivait toujours aux cris de cette dernière et la suivait constam-
(I) F.Ue n'a point élé publiée dans Primo irsoconlo liei resuUctlo délia incliiesta
oniitlioluijica iit llulki iparle lerza) Florence, 1891, parce (|u'elle fut faite hors du
district inie M. Oaniusso s'Otail assigné dans cette enquête ornilliologiiiue (Voir II,
part, du ItesocuHto du prof. Giglioli, p. '.iS et suiv.).
1
OISEAUX IiyBniDES nENCONTR^;S A 1,'ÉTAT SAUVAOE 2fi7
ment d). On ne dit pas cepciuiaiil que les Oiseaux construisirent.
un ui;i; du reste, le in;'ile fut tué ;ui mois d'avril I8*;i. C'est un
apparia^c présumé.
Genre Pyrrhula.
PiNICOLA ENUCLEATOR (2) et CaRPODACUS PURPUREUS (3)
M.Rid^waya vuchezM.KrnestE.ThompsoQ,deTorento(Canada),
un Oiseau inàle adulte paraissant |)i'ovenir, malgré la grande dis-
parité de taille (pii existe entre les deux espèces (4), du l'itiiroln
enudeator et du l'iiriKtiliirKSjiiirinircus. Le savant curateur du Musée
national de Washington ne met même point en doute sa ])rovenance.
Le I)' .1. A. Allen, le directeur de l'Aiik, a vu également ce spé-
cimen et l'a déclaré de même : « « clnirhi liybriil bclivcn comnion
f'uriilc rinrh and ihr l'iiu' Groshnik. U is ri'rlaiiihi, ajoute-t-il (5) «
Diost inti'rrslinii nipltivr, combiniwj ecpuMij thc churcrtiTs of thr
Pini' (iroshcak ami Ihc l'nrple Finrh. U is just Imlj iiinj lii'lircni llii'iii
in xizr miil, rerii iicarli/ no, in nll athrr featurcs. »
Cet hybride fut pris dans une bande de Piue Grosbeaks ( Pinicohi
l'inœleatorj le 22 janvier 1890. M. Ernest E. Thompson, qui le possède
dans sa collection pi'ivée à Toronto en a donné nue descrijjtion
dans les l'roceedings de la section ornithologique de l'Institut
canadien ((V), revue dont il fut le directeur. Celui-ci, en ce moment
à Paris, n'ayant pu nous communiquer un exemplaire de son
journal, nous nous bornons à rei)r()duire la descrijjtion de M. W.
Cross (7).
« Màie ad. l(),7.ï, ailes 3'7f), (|ueue l'^ti pouces ; couleur géné-
rale comme celle du Piniroln danssim iiius beau plumage, le rouge
sur la poitrine étant riche tout particulièrement. Le dos, les ailes,
les côtés delà iioitrineet le ventre se rapprochent de la couleur
(1) DKi-.f.ANr» (-1 (iKiiiii., DniilliotDfiie riiropi'enne. I, p. 27'i.
(2) Autres noms srieiililii|iips : l.o.iia enudeator, Cnrylltu-t enudeator,
Coccolhr<iu:<les cannden^is, Slrohilojihmjn enuclentiir. I.o.ria psitlacen, Loiia
flamengn, l'ijrrhuln entidentor, Frinz/illii enuclealor.
CM Aiili-es noms scipnlifiqiios : Fringilla purpureu. l'yrrlnila purpurea,
Erythrospiza purpurea.
Cl) Les lieux taeleurs ne pourraient <Mre considérés eomme races d'une même
espèce, ils appartiendraient plul(M » deux genres?
(.')) In Tlie Iransaclions o( Ihe Canadian Institut, Second meeting, I, p. i,
28 Janvier 1890.
(Cl) Proccedings n( Iho Oiiiithological sulisecliiin of lln' iliiiiadian liisllhile.
(7) In Transactions o( llic C:inadian Instihilc, I. |i. 1. IS'.Ki.
268 A. SUCHETET
chaude du Carpnihirus, saus les teintes schisteuses du Pinicoln, et
rayécoinine dans les espèces les plus petites; les couvertures infé-
rieures sont doulilées (li)ii"l) comme dans Cariioilunis Cassinii: le
bec avec ses plumes anirorsc est intermédiaire en dimensions et en
couleur, mais il est plus large que celui de quelques Pinicola
adultes, »
Il nous jjarait dinicilc, après l'avis de iMM. Uidgway et Allen, de
mettre en doute la dou]]h' origine de cet Oiseau. Reste à savoir s'il
n'est point un éciiap[iéde captivili'. M. Ernest E. Thompson veut bien
nous communi([uer les renseignements suivants : « \f Pinicohi. est
très rare daus les inuarcs (volières), le Cdpodnnis y est très commun,
on élève facilement cet Oiseau en cage. Le Pivlcoln visite Toronton
seulement itendant l'hiver ; ce n'est pas un visiteur régulier. Pendant
la saison de 1889-1890 l'espèce était très abondante. »
Genre Emberiza
Emberiza citrinella (1) et Gynchramus schoexiclus (2).
Dans la collection des Oiseau.x d'.\ngleterre de feu M. Handcock,
collection réunie aujourd'hui au Musée de la Société d'Histoire
naturelle de Northumberland, Duiiiam etNewcastle-upon Tyae.on
voit un liyi)ride entre le Yellow Bunting (Einhcrizu ritrinrlln] et le
Reed Bunting (Eutbeiiza schaniiclus). D'après les renseignements
qui nous ont été communiqués par M. Handcock, cet Oiseau fut
pris à Whitley Bents (Northumberland) le 30 janvier 18S(). 11
vécut en captivité au Musée jus{iu'an 11 juin 1.S87; il mua une
fois pendant ce temps. Après sa mort il fut envoyé à M. Handcock
à Oatlands et préparé par celui-ci. Sur la tète, le cou et le dos il
présente les caractères du Iteed Buntiiif/, le reste du plumage se
rapproche du Yellow fluntin;/.
Depuis nous avons appris par M. Salter, jun., architecte à Pond-
well (Angleterre), que M. .Miller, de la « Brewery «.à Reading, i>rit
])rès de cette ville un Oiseau qui lui parut être le croisenieut entre
VE. citrindin et le C. schœniclus. Cet Oiseau, qui fut envoyé à
M. Salter, jun., ressemblait aux deux espèces; il mourut, il y a
douze ans en\iron, chez M. Salter. .Malheureusement celui-ci
(1) Autres noms -.Emberiza sylveslri.':, Eiiihfriza xepteiUrioniilis. Cilriiielld.
Cilrinella, Emberiza Emberiza.
(2) Autres noms : Emberiza sclufuiclii.'!, Emberiza pa.^seriiui, Hnrhiliiniis
annulinaceiis, Chyncramiis slugiuili^ et .'<eplentri<>nnlis, Emberiza Diirazzi,
Biiscarla pilyornis, etc.
269
n'attnchant |)rtiiità('etliu''|)oiiiiiMiii('^rnnd(' iiiiportnncofiiix liylirides
ne (il point pri'parerla iiiallieureiisc biHc amaigrie par la dianliéo
et peu acce|ital)le pour le montage ; mais il ne conserve, nous
dit-il, aucun doute sur son authentieité.
Nous croyons qu'il serait inipossii)l(' de rerouuaîtic un
hybride E. citrinella X ^cha'nîclus d'un autre hybride de /■;. citri-
nc'lUi X iiiiliislris, cnv, sauf par la taille et par le cri ([ui les distingue,
ces deux espèces sont pareilles. Il existe dans le genre Eiiilirri:ii
certains types qui ofireui de grandes ressemblances de coloration,
de taille et de confiuMuation ; qu'ils viennent à se croiser entre eux,
ou avec A.'. cHriitclla, il sera sans donte impossible, en maintes cir-
constances, de déterminer leurs produits.
Emberiz.v citrinella et Emberiza pithvornus (1)
L'hybride de ces deux espèces a été signalé par .M. Th. Pleske (2) ;
il fut piis le 8 mars par le professeur Eversmann aux environs de
Kasan et est aujourd'hui conservé au Musée Zoologiqne de r,\ca-
démie de Saint-Pétersbourg. « D'après sou caractère varié, dit
.M. Pleske, cet Oiseau est incontestablement le produit d'l'jitli('ri:.(i
ciln'iicllii et d'Kiiil)i'ri:a Icitcocrphala. » Le savant naturaliste croit
même pouvoir alTirmer avec certitude (|ue son père fut VKiiihn i:ii
citrinella et la mère \e Icurocephiiln. Nous nesuivi'ons pas l'éminenl
académicien dans cette voie.
Eu outre M. Pleske remarque ipie le |)lumage assez usé de cet
Oiseau porte à croire qu'il a été retenu prisonnier pendant quelque
temps? (Ne serait-ce pas plutôt nu Oiseau échapiié de captivité, élat
dans lequel Userait né)? Le sexe n'a pas été constaté, m;iis il |)arait
inàle par les traits particuliers de sa couleur.
Voici les principaux caractères qu'il présente : « .Sommet de la
tête gris blanc, avec des traits noirs plus nombreux au front et aux
côtés de la tète, formant une espèce d'encadrement foncé qui
s'étend du C(Mé juscju'an derrière du cou el prend à cette place une
tonalité brunâtre.... liande superciliaire intense s'étendant jus-
(ju'aux côtés du cou. Les joues et la gorge blanches, les joues
encadrées de deux raies d'un gris foncé et toutes les |Kirties avec
de rares taches noires. On remarque nettement des traces de la
il) Auli'ps nom.s : Eiiiberizii leurncepluilu, FringiUa dalninlica, Eiiiberiza
liiinapnrtii. Jtuscnrla pitlujornua, Passer scldroniciis, etc.
(2) Desrhreihung einiger Vngelhaslarilf, von Tlicodor l'icski-, consei-valor ain
Zoologisclien Musruiii der kaisciliclien Akiidoiiiie dt'i- Wissenschiifloii (Mt-nioifes
de l'Académie impériale des Sciences de Siiinl-PélerslKmrg,(7), X.XXV, n» a, 1887).
270 A. SUCHETET
baude rouge de rouille de VEinhrri^ic cHr'uiolhi cf. Tout lecôlé iufé-
rieur est bhiuc, celle couleur ne se montre pure que sur le milieu
du ventre, taudis qu'elle est maïquéesur la [loitriiie supérieure par
des taches larges d'un gris de ceudre et sur la poitrine inférieure
par des taches pareilles rouge de rouille et par des raies d'un hrun
foucé. Les marques de la poitrine inférieure s'étendent sur le cùté
du ventre et sur les plumes tectrices du dessous de la queue, cepen-
dant les taches ainsi que les raies sont plus uunces.
« Le deriiéie du cou est d'un gris de ceudre avec quelques taches
d'un rouge de rouille. Les plumes du dos et des épaules sont rouille
brunâtre avec des raies d'un brun foncé; le croupion d'un rouge
de rouille, chaque plume bordée de blanc. Toutes les paities sans
Irace d'une teinte jaunâtre. Les tectrices supérieures des ailes d'un
brun foucé; les petites et les grandes bordées de brun pâle et munies
d'une teinte jaunâtre à la bordure extérieure. Celles du milieu avec
des bordures rouge de rouille. Les pi'imaires d'un brun foncé,
bordées d'un jaune mince. Les secondaires d'un brun foncé, bordées
largement d'un rouge de rouille. La courbure (le pli) des ailes d'un
jauue assez intense ; les tectrices inférieures des ailes d'un blanc
jaunâtre.
» Les plumes rectrices d'un hruii foncé, les extérieures avec
des bordures ])]anehâtres et avec la barbe intérieure presque
blanche, la deuxième avec une tache blanche sur la l)arl)e inté-
rieure (jui ne renferme qu'un (piarl de la longueur de la |)lume
de la queue, les autres sont jjordées paiement sans teinte
jaune des bordures. Le bec noir de corne sur le di'ssus, bleu de
corne en dessous (tl'après Eversmann). Culmen, I2""". Les pieds
couleur de chair bruu clair (d'aju^ès Eversmann). Longueur des
ailes, 88"™ » (1). M. l'Ieske douue une ligure coloriée de l'Oiseau (2).
Cette figure, quoique bien dessinée, ne nous parait pas assez
finie, assez précise, pour juger de la nature de lOiseau d'une façon
absolue, quoique sur le sommet di^ la tête ou aperçoive h; Idaue f[ui
caractérise le vertex du pilhnonnis ; le large collier roussâtre qui
orne le devant du cou et la gorge du iiillniarniis fait complètement
défaut chez l'hybride représenté, le reste du corps paraît se lajjporlei'
à K. cilrini'lld.
(1) C.e'to (]cscri|iliiin st> lioiivi' dans les .Mémoires cités.
(2) Fig. 4 de la plandic ecilorléo.
OISEAUX HYBRIDES RENCONmÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 271
EmBERIZA CITRINELLA t't EmBERIZA CIIILL'S (1).
M. le li"» lui. de Sclys-Loiij:;c'liiin)ps se rappelle avoir vu autrefois
dans la collection de M. Bovy, à Louvain (collection qui n'existe plus
aujoiird'liiii), un Oiseau liyliride (Mùiihcrizu cHrinelld eld'E. ciiius.
M. de Selys-Li)ii!,'(liani|is ne peut loutefuis prik'iser si l'Oiseau avait
été pris à l'état sauvage ou obtenu en captivité.
C'esl parla face (|ue les mâles de ces deux espi'ces se distinguent
jn-inciiialement, mais ils oITrenl sur les autres parties du corps de
très grandes ressemblances; quant aux femelles, un œil exercé peut
seul les dilléreneier. l'n produit " entre les deux types serait donc
assez diUieile à n'conuaîlre, à moins donc i|u'il ne soit franchement
intermédiaire dans ses parties supérieures ; quanta un hybride ?
nous nous demandons comment on pourrait allirmei- sùrenienl sa
double origine. Cei^'iidant si nous en jugeons par un individu $ du
Musée de Rouen indii|ué comme cirliia et un cilrimlUi 9 authen
tique que nous possédons, il existerait dans cette collection un
sujet (|uel(|ue i»eu intermédiaire entre les deux espèces. Cet indi-
vidu, étiijucté comme E. citi incllii, a les dimensions de cette espèce
ainsi ([ue la longueur des pennes de la (|ueue. Vu de dos, c'est un
ritiiiK'lbt 9 à cause de son croupion brun rougeàtre. Sur le front,
le jaune du rUriiicllii est également visil)le ; mais vu de face, par
la linesse du dessin et un i)eu par la coloration, il présente certaines
ressemblances avec l'individu du Musée de ftouen désigné comme
r>/7».s- $. Toutefois, ayant mis ce sujet en présence de nombreux
s])écimcns conservés au Musée d'Histoire naturelle de Paris et dans
la collection Marmottau, ses caractères intermédiaires ne nous ont
plus paru aussi sensibles et nous n'oserions le présenter comme
hybride.
(1) Appelc aussi : Embcviza sepiaria ou L'mberizu clivalhorax.
l'.MHKiii/.A iNTi-HMEtuA — I.es auU'iii's de X'OrnilliDloiiie euroiit'enne n'admot-
lonl point comme l'spéce Vl^iiiherizii iiili'niiedia de Miclialiolles. Ils n'ont vu
jusi|u'i('i, • dans un assez lion nouilire d'exeniplaires déleriiiinés l^iith. inti'r-
iiieiliii (|ue CyncUr. pi/rrltulaiiles au hec un peu moins foil c|ue eliez les vieu.x
individus, ou des (ijnrlir. ncltiiuiclux dont le liée, un peu plus arqué et un peu
plus oblus, sortait de la forme ordinaire. I.'liyhridilé a-t-elle produit quelques-unes
de ces formes intermédiaires ? Il n'y aurait rien là d'impossible, • disent-ils :
loulefois. ils remarquent. v\ peut-être aver plus de raison, que ii l'ûge est
certainement pour heaiieoup dans les niodilii-alions qu'éprouve le hee de ces
Oiseaux. » MM. De^land el (ierbe ont observé et tué très souvent, dans le Midi
de la l'"rance, les schirniclus et les pyrrhuloiden en compagnie de tous leurs
intermédiaires possibli's; aussi ils ne craignent pas d'allirnuu' qu'il n'y a eu entre
CCS Oiseaux aucime dillérencc de mœurs, d'habitudes. Quant aux œufs, ils sont
272 A. SUCHETET
JlJNXO HIEMALIS (i) ZONOÏRICHIA ALBICOLLIS (2).
Le 12 décembre 1882, M. William Baily tua près de Ilaverford
Collège, Montgomery Couuty, Pa., un Oiseau ({u'il soupçonna iHre le
fruild'un croisement entre le White-Tliroated Sparrow (Z. alhicollis)
et le Snow Bird (Z. hiemalis). Il le remit à M. Charles H. Townsend
pour en faire l'examen. Celui-ci, après l'avoir comparé avec des
spécimens des deux esi)èces pures, a pensé, comme M. ^^'illiam
Baily, que cet Oiseau est bien un hybride parce qu'il porte fortement
accentués les caractères de ces deux espèces. M. J. A. Allen, le direc-
teur de l'Auk, examina aussi ce spécimen « (jui joint, dit-il, à un
degré presque égal, les caractères deJnnco hucmalis et de /onotriachia
albicoUis. Les Ijandes noires de chaque côté du haut de la tête sont
plus étroites et moins distinctes que dans le dernier et la ligne
superciliaire est sim[ilement représentée par une tache blanche au-
dessus des lorcs. Il y a une faible tache blanche maxillaire. Les raies
noires de la région interscapulaire sont beaucoup plus étroites que
dans Z. alhicollis et les bordures frisées des plumes sont couvertes de
gris ardoisé ; il y a aussi moins de frisé sur les ailes et sur le crou-
pion et les couvertures supérieures de la queue sont plus olivâtres
et la queue plus foncée. »
Voici du reste la description qu'eu a donnée .M. Charles H. Town-
send : « Taille intermédiaire entre Z. alhicollis et /. hiemalis. Bec
presque de la grandeur de /. alhicollis. mais coloré comme celui de
Z.hicmnlis. La gorge comme dans alhicollis, la poitrine et le ventre
comme dans hiemalis. La queue de dix plumes, la paire intérieure
blanche, avec le tiers de la base foncé, la seconde paire avec une
petite tache blanche sur la vane intérieure ; autres plumes de la
queue foncées, bordées de clair au-dessus. Le plumage supérieur
principalement comme celui de Z. alhicollis, mais couvert d'une
nuance ardoisée de /. hiemalis ; tache blanche des narines aux
k'Uoment semblables que, si on les mélanije. on s'expose à les confondre, l'ne très
légère dillérenco de volume, dilîéi-ence i]iii n'est point générale, n'est jias toujours
propre à les faire ilistinsuer [Op. cit. I, p. 32ti et 327). M. Salvador! fit savoir à
M. de Selys-Longcbamps (On carions Birds obserred in Ilalian Museiiiiis. Ibis,
p. WO, 1870) que dans le l'iémont on ne rencontre ni VEmberiza piirrUiilotdrs ni
VEmberiza schœniclus, mais seulement Tf. intermedia « rcilh tlie bill siiollen,
rather variable, (ind oflen pasiing inlii Ihnl of E scliœniclus. »
(1) Autres noms : Fringilla liiulsniiica, l'ti,':ser uivalis, Emheriza hyenialis,
Fringilla hijeiiiali.';, Eiiiberiza liyeii>alit<, .Mpbœa hi/emalis. .Stnilhus hi/emalit:.
(2) Autres noms : Fringilla albicolli.'^, Fringilla fusca, Zonoirirhia pennsyl-
vanica, Fringilla pennsylvanica, Spiza pennsylvanica.
OISKAIX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGE 273
yeux. Les couvertures des ailes niarfiu(''OS h^giTiMuent do blanc
comme dans /. (illncollis. et lo bord des plumes légèrement jau-
nâtre. Lonjïueur l,nù ; aile et queue 3. »
L'Oiseau (ut tué on oompagnie des espèces mères qui étaient très
communes dans le Montgomery pendant l'hiver de 18S2-1883. Ce
spocimon est du sexe mâle (1).
M. R. L. Hazard, do Poaoo Dalo, U. L, qui nous a indiqué oc
croisemeut, nous dit qu'il n'a peut-être rien de surprenant, attendu
que les doux espèces vivent dans les mêmes endroits, et que souvent
on a trouvé loui-s nids tout prés los uns dos autres. Ces Oiseaux sont
à i)eu près do la mémo grosseur, mais d'un |)liimage bien dilléreut ;
l'un porte des taches noires, l'autre est tout à fait uni.
L'hybrido tué par M. Lloyd Baily a reçu, comme on le voit, la
sanction d'ornithologistes autorisés (2).
ZONOTRICHIA I.EUCOPHRYS (3) ZONOTRICHIA fiAMBELI (4) Ct ZoNOTRICHIA
Gambeu ixtkbmedia (a).
Le nombre des Oiseaux de ces trois types, reçus en 1889, au
Musée national des Ktats-Uuis à Washington, a montré une série de
formes passant d'un type à l'autre. Aussi, dit M. Hidvvay, curateur
du Musée, « devient-il nécessaire de les considérer comme de
simples races géographiques d'une espèce. En même temps, con-
tinue le savant naturaliste, on a vu quel([uos exemples vraiment
intermédiaires outre /. inU'iinedia et/. Irucoiiliri/ti, mais en considé-
rant le grand nombre de spécimens de ces deux formes qui ont été
réunis dans dilTérentos parties de l'Ouest, la projjortion relative-
ment faible de tels spécimens est étonnante. Il est possible que ces
Oiseaux soient hybrides, mais il est encore plus probable qu'ils
indiquent une vraie inlerfjrcidation entre les deux espèces sup-
posées (()). >i
Dans le Catalogue que M. Ridgway a dressé en 1880, /. Icu-
a>iilir!is ot /. (!(i)iilicli liguicut à lili'o d'espèce (7), toutefois ces
(1) l'ciiir Ions CCS rcnsci(;iiciiicnls, voy. Uijllcliii ni tlic Niilhil iinnlli<)loi,'i<al Cliil),
VIII, pp. 7« cl 7'.», avril XiiS'i.
(2) Ce croisement a 6té aussi mentionné dans Koresl and Sircam, on il est dit
(|uc roisean lut présente aux membres de l'.Vcadémic de l'iiiladelphie (N» du
:J0 avril 18«.3, p. 84).
(3) On ICmheriza lencophrys.
(4) Ou /:. leucopkrt/a, var. inlermedia.
(îi) Ou FringiU(t Oaiiiheli.
(6) Tho Ank, VII, n" 1, p. I9tj, 1890.
(7) Proceedings ut United State National Muséum, p. 177, I8S0.
274 A. SUCHETET
Oiseaux auraient été auparavant considérés comme variétés (1).
Dans le Catalogne des Oiseaux dn British Muséum. M. Sharpe,
après avoir indiqué Z. U'ucoph)-ys comme bonne espèce, y réfère
/. intermedia tout en reconnaissant que ce type diflère un peu du
précédent. Z. Gambeli iiitiTinnlin est aussi identifié à Z. Ii-ucophrya.
M. Sharpe ne voit pas de raison de séparer les deux races.
Spizella pallida (2) et Spizella pallida var. Breweri (3)
M. Gro. L. Tojipan, de Chicago (Illinois), nous écrit ([ue pendant
un voyage qu'il fit au Nouveau Mexique, il tua un Oiseau qui lui
parut être le croisement de la Spizella pallida avec la Spizella Bre-
weri. L'Oiseau fut abattu le 15 mai 1883 dans la contrée de San
Miguel et fait aujourd'hui partie de la collection de M. Toppan où
il porte le n" 580.
M. Gro. L. Toppan a eu la bonté de nous en faire une description
très détaillée que nous traduisons littéralement :
« Sommet de la tête gris cendré foncé ou nuancé argile avec des
raies noires rapprochées devenant d'un brun légèrement jaunâtre
sur le bord des plumes. Les raies sont clairement définies, beau-
coup plus que dans S. pallida. Les lignes au-dessus des sourcils pas
aussi distinctes que dans S. pallida, mais plus que dans S. Breireri.
Les marques et les couleurs sur toutes les parties supérieures
ressemblent de près à celles de S. pallida, mais elles sont plus sombres
et aussi jilus foncées. La gorge d'un blanc pur, ombrée sur la
poitrine, tandis qu'elle balance sur les parties inférieures dans un
l)lanc cendré, la poitrine sur les côtés est de couleur baie.
« La queue uniformément plus sombre que dans la plupart
des spécimens de S. pallida, les plumes remaniuablement bor-
dées de blanc. Le bec d'un brun noir et tout à fait resserré. Le
tarse brun. L'iris était brun clair et l'estomac contenait de petites
graines et un jteu de gravier. Les mesures en pouces et centimètres
sont : longueur 3.20, étendue des ailes 7.20, longueur de l'aile 2.50,
queue 2.35. tarse69, culmen 30. » Nous pensons que cette description
n'a point encore été publiée et nous ignorons complètement si
d'autres ornithologistes partagent les vues de M. Toppan sur l'inté-
ressant spécimen qui vient d'être décrit. Nous croyons devoir faire
(1) Voy. Hiilletin o( Ihe Essex Iiistilut, V, p. 198, décembre 187:5, oii tiii lit :
« Zonolrichia leucophriis. var. inlermcdiu. » (il'apivs the Chcck-iist de ISSfi,
p. 271.)
(2) Le rnènieque £m6pn;(r pnilidn, ou que Spizella Breueri.
(3) Appelé aussi : Zoiiotrichiit fSpizelln! Ilreweri.
OISKAUX HYBRIDES IIENCONTKKS A I.'ÉTAT SAUVAGK 273
remarquer que la Spizcllu /icffc/-/ (igiire dansElliot Coiies à titre de
variété tie [dSpizcUa pdllulu dont elle a les mêmes iinrurs, aiusi que
M. P'iliot Coues a pu l'observer dans le sud-est (1).
M.M. Hainl, lirewer et Ridgway (2) observent aussi que celle race
est très semblable à S. palUda et réclame une comparaison critique
et très serrée pour l'en séparer (3). Les diflérences, disent-ils, sont
peut-être celles d'une race plulùt(ine celles d'une espèce, quoique
elles soient lrès-apprécial>les. Us ajoutent cependant : « Thisspecies
hears a very close to the S. paliidit in exteraal appearance, but
tliere are certain constant dilTcrenccs \vlii(-li, wilh tlieir pecularities
of llieir distiuctive distribniions and babils, scein to elablisli tlieir
spécifie séparation ». Les œufs dilléreraient un peu de ceux de
S. jinlliild-.v llic gronnd is more o( a green tlian in tliose of S. paUida.y
Nous n'avons point vu en nature ces deux Oiseaux, mais les
deux létes dessinées (4) sont tellement seniblables iju'il est presque
imi)Ossiblç de les distinguer l'une de l'autre. Les marques dp, pallida
sont un peu plus foncées sur le front et sur la tète (|ue chez Dreaeri.
La SpizelUi lireueri figure à titre d'espèce dans la Chcrl,--I.ist (5) ainsi
que dans le Catalogue des Oiseaux de l'Amérique du Nord dressé
en 1880 par Robert Hidgway ((>), également aussi dans le Catalogue
des Oiseaux du Musée Britannique, ipioique M. Sharpe, en parlant
d'un mâle adulte, s'exprime ainsi : a fery slniiiar to S. palliiln » (7).
Genre Passer
Passer domesticls (8) et Passer montanus (9)
Le regretté M. Lemetteil, de Bolbec (Seine-Inférieure), abattit, le
10 décembre 18(18, un Moineau qui, « par la taille, les caractères
zoologiques et le mode de coloration, >i lui parut être un intermé-
diaire remarquable entre le Passer domesticus et le Passer inuiUaniis.
(1) À hislory of yortk nmerican Uir(l.<, II, p. 13, 1874.
(2) Oirdu of llie yortkicest, Washington, 1874.
(:i) (1 Rcqu ires close and critical comparaison tu separale it. »
(4) l'I. XXVII, n-' 3 el4.
(ii) Tke code of Nomenclature ofNorlli ainerican Birds adopled Inj llie U)ite-
rican Ornitlwlogisls' Union, p. 173, Ncw-Vork, 1880.
(G) Pruceedings ol United States national .Muséum, p. 78.
(7) l'âge (UVS, 1888.
(8) Apjielé aussi : l'ringilla domeslica ou Pyrgila domesUca.
(9) Autres noms scientifiques : Fringilla inonlunu. Passer montanus et cani-
pestris, l'yrgita montuna, Passer montannica.
276 A. SUCHETET
11 l'a considéré comme hybride (1) et eu a douné la descriptiou
suivante : «Taille 13 ceutiuiètres; bec moins gros (jue celui du
Moineau domesti(iue, plus fort que celui du Fri([uet, avec une teinte
jaune à la base comme chez ce dernier; rémiges tertiaires étagées
comme celle du premier; tête roux vineux sur les côtés, lavée
de cendré olive au vertex ; une petite raie blanche partant du front
et s'étendant sur l'œil ; gorge d'un noir pur, bordé de cendré sur
le haut de la poitrine; nue tache noire peu apparente et comme
effacée sur la joue ; point de demi-collier, seulement un peu de
blanc plus pur que chez le Moineau franc; manteau comme chez
le Friquet; bandes blanches de l'aile tenant plutôt du Moineau
commun; rectrices brun noir comme celles de ce dernier. »
Le cri particulier de cet Oiseau avait frappé M. Leuiclteil, c'est
pourquoi il l'avait tiré. Eu le ramassant il le prit tout d'abord pour
un Moineau commun, mais à un second examen il crut avoir afiaire
à un Fri([uet eu remarquant toutefois, à chaque inspection, qu'il
avait dans le faciès quelque chose d'insolite dont on se rendait
compte dilïicilement.
M. Lemelteil tua alors un Oiseau de chacune de ces deux espèces
afin de les com|iarer au premier dans la livrée de la même époque,
et, après avoir trouvé entre eux « les dillérences et les rapports »
qui viennent d'être signalés, il crut devoir mentionner dans son
ouvrage ce très-rare métis. C'est en elïet le seul que nous ayons à
citer. Nous n'en avons point trouvé d'autres exemples à l'état libre.
Une vague mention de ce croisement a cependant été faite par le
rév. Macphersou, de Carlisle, mais le révérend ne peut rieu aliir-
mer à ce sujet (2).
Lorsque M. Lemelteil nous avait fait voir sou exemplaire, nous
nous occupions alors des Gallinacés hybrides et nous n'avions
donné que peu d'attention à cet Oiseau, cepemlant fort intéressant.
Depuis nous avons demandé à la veuve de M. Lemelteil la permission
de l'examiner de nouveau, nous étant préparé à cet examen par
l'étude des cai'actères des deux espèces pures supposées parentes.
Malheureusement, l'habile collectionneur de Bolbec n'ayant point
étiqueté les pièces de sa collection qu'il préparait lui-même,
(1) Culalogue raisonné des Oiseaii.i de la Seine-Inférieure, II, \i. 83.
(£j Voy. Tlie spaiTow in the lake district, The Natviralist. pp. 92 et 93, Londres,
1890. Voici ce que dit le révérend : « Wbelher llie Iwo species inlerbreed in a wild
slale, I cannol positiveley say. I saw in Eigg oiie Bird Uial niight be a hylirid ; on
tl\e Rhine I once met with a Bird tliat I felt quite salislied was a hall lireed; but
the day being a Sunday, I had left my gunt at home.aud could only scrutiuisc him
llirougli a glass. » Voir aussi Field, 31 .Mai 1890.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L ÉTAT SAUVAGE 277
l'hybride ne poiie aucune nuMition. Nous avons cru cependant le
reconnaître |iarini iilusieuis si)éi'ini('iis cf du ^enri' Pas^rr et nous
ne pensons point avoir (ail fiicur.
Dans son aspect gùiiriai, il nous a paru bien [Aus P. domesticus
que P. niontanns: il est presque de la j^rossour du P. domesticus. Il
se distingue de ce type si)écialfnn'ut lorsqu'on icgarde le dos; vu
ainsi il présente le manteau du inontnnus (tant par la coloration
que par la disposition du plumage) (1); il est aussi plus court que le
/'. donii'slicus. Sur les joues ou remarque en ellet une tache noire
ellacée, et son bec (la mandibule intérieure au moins) rappelle par
sa coloration le P. mnntamis'! Nous le croirions doue volontiers
hybride à cause de ses caractères propres aux deux espèces.
Il existe que](iues exemples du croisement en domesticité du
Moineau domestique et du Frifjuet. Bechestein l'aurait déjà men-
tionné (2). En 1880, un F. Ilouse Sparrow, dit le révérend Macpher-
son, s'aj)pariait avec une $ Tree Sparrow dans une volière des
Jardins de la Zoological Society; les œufs furent reconnus inféconds.
Mais M. Otty, de Norwich, fut plus heureux et obtint un bel hybride
eutre ces deux esi)èces (3). Nous supposons que c'est ce spécimen
qui fut montré |)ar M. Gurney à un meeting de la Société Zoologique
de Londres(4). Nous mémeavonsobtenu, dans une volière d'Anti ville,
de sendilables jiroduits entre un cf !'■ moiiliiiius et une Ç /'. ddines-
ticit!-, du nmiiis ayant laissé ensemble dans un vaste compartiment
ces deux Oiseaux, nous nous aperçûmes un jour de la présence de
quatre jeunes déjà forts et volant facilement (.')).
Deux de ces jeunes ont disparu (jnehiues années après leur nais-
sance; nous ignorons ce qu'ils sont devenus. l'eut-ètre se sont-ils
éciiappés et depuis se sont-ils ajjpariés avec des Moineaux domes-
tiques? L'individu rencontré par M. Lemetteil pourrait à la rigueur
être un Oiseau échappé de cage comme se sont sans doute envolés
les deux exemplaires que nous ne retrouvons plus.
(1) Si nos souvenirs sont fxacis.
(2) Voy. Hybridily iii Ilirds. h\ rév. Macphcrson. l-'ielil. ,11 Miii 1S90.
(li) Voy. TUe Iree Sparrair in the Inke diflncl. by rév. Maiplierson, Naturalisl.
p. yy. Mars 1890.
(4) Op. cil., nièmp page.
(li) Quoique nous n'ayons point vu les parents les nourrir ni uiùme trouvé le
nid, et que d'aspect ils soient de véritibles pclils P. montanus, il nous parait
dilVicile de mettre en doute leur origine rar, en admettant à la rigueur qu'ils aient
pu, à cause de leur jeune âge et de leur petite taille, s'introduire dans le parquet,
d'où seraient-ils venus, l'espèce montanus ne nichant pas, pensons-nous, dans la
contrée.
278 A. SUCHETET
Passer montanus et Passer Itali.e (1)
M. Odoardo Ferragni, de Crémoue, nous écrit i|iril tua jieudant
l'hiver l'Iiytiride de ces deux espèces. Ce spéciiiien, ayant été cédé
à M. le comte Salvadori del Meyes, du Musée de Turin, nous avons
demandé à celui-ci de bien vouloir nous l'adresser, ce qui nous fut
accordé très gracieusement.
Mis en présence des deux espèces mères, rOiseau nous a paru
être presque entièrement P. ItaUœ. C'est dans sa face et à son bec
|ieul-étre qu'on pourrait reconnaître l'influcmco du P. nionlnniis,
ainsi (pie dans l;i tache noire de la gorge. Celte tache ne s'étend
point très en avant sur la poitrine et ne s'arrête pas brusquement
à son extrémité inférieure comme cliez /'. montanus, elle se mélange
eu quelque sorte, et par quelques degrés, avec le gris blanc sale de
la poitrine. La teinte marron du dessus de la léte est celle du /'.
[taliœ.en sorte que si l'Oiseau est réellement un produit deP. mon-
tanus e[ d'une autre espèce de Pas.scr, ce serait bien le/'. Italiœ
qui devrait être reconnu pour être le deuxième facteur et non
le P. (lo)iu'sticus. Mais peut-il être déclaré hybride, nous n'oserions,
pour notre part, le prétendre.
Cependant .M. T. Salvadori ne met pas eu doute sa provenance,
et le croit réellement hybride de P. /f«//ti; et de P. )nontanus. Ce
qui nous a surpris, c'est que M. Salvadori, et M. Ferragni du
reste, trouvent à cet exemplaire plus de ressemblance avec le
P. montanus qu'avec le P. Italiœ. Ce n'est point notre avis, autant
que nous avons pu en juger par les quelques spécimens ItaUœ,
conservés au Musée de Rouen. « La tache obscure sur les plumes
des oreilles et le manque de couleur châtain sur le dos. prétend le
savant comte, sont bien les caractères du Passer montanus; le
noir de la gorge, qui s'étend plus bas que dans cette dernière
espèce, mais qui n'arrive pas sur le haut de la poitrine comme
dans les P. Italiœ, et aussi la couleur de la tète et des couver-
tures des ailes plus vives que dans les P. /»0((/««i(5, mais, pas autant
que dans les P. ItaliO', sont encore des caractères iutermétiiaires
entre ceux des deux espèces nommées. Enfin l'Oiseau a les dimen-
sions plus grandes que celles du P. montanus, mais plus jjetites
que celles du P. Itaihv. »
On voit que notre manière de voir ne concorde pas en tous points
avec celles de l'éminent ornithologiste italien, puis(]ue nous trou-
Ci) Synonymie : Passer Italiœ. Passer iloiiiestictis var.. Passer tloiiieslicits
cisalpiiius, Fringilla cisalpina, Fritigilla Italiœ.
OISEAUX IIYBIIIDKS HENCONTRKS A L'ÉTAT SAUVAGE 27ît
VOUS i|ii(' l;i luiileur iiiairoii du dessus de hi liHc osl plutôt celli' du
/'. Ilaliii- et iioii celle du /'. nionlanus (qui nous paraît avoir celte
couleur plus violcltei ; puis aussi que l'Oiseau est plus P. iimntitniis
pai' la di.sp()sili(Ui de sou |(luuiai;e qiw /'. llaliif.
Nous avons probableuieul fait erreur dans uolre appiécialiou.
et nous eu déférons volontiers à l'autorité de M. Salvador!.
Le produitdu /'. (//(;/i^//M/.\el du /'. /7a//(/' aurai! été aussi observé
par M. leD' Turdietti de Kueccliio (Italie), tout au moins le docteur
cite un fait de ce j;eure dans l'ouvrage de M. Giglioli (1). Mais celte
mention, faite de souvenir, est très vague. M. Turchetti, auquel
nous avons écrit à ce sujet, nous a répondu qu'avant d'être a|ipi'lé
à travaillera la statistique de rornilliologie italienne il ne faisait
aucune atlenti(Mi aux hybrides, el que ceux-ci, s'il venait A cm icn-
contrer, ét.aient mangés avec les autres Oiseaux (pu; l'on prenait.
lie croiseuM'ul aurait-il eu lieu (pi'il pourrait se l'apporter au
(irécédeiit si le /'. Ilnliir n'est ipi'uue race du /'. ihniiesticiis'!
I'assek domesticuS el Passer Itali-e
M. le |irofesseur (iiglioli a eu la lonqilaisance de nous envoyer
un Oiseau olilenu à l'dine iNénétie) au mois d'avril 1887, actuelle-
ment en jieau et non encore catalogué dans le Musée de la Faune
italienne. Cet Oiseau, d'après l'éminenl professeur, proviendrai! du
/'. (Idiiiislicus cl t]\i /'. lldliii; il lui avait été donné par M. \'alloii.
N'ayant point, au moment où nous l'avons reçu, de sujets de
comparaison, c'est-à-dire des /'. (tunicstiniK et des /'. ItaliiV tués à la
même épo(pie, Udus n'avons |iu nous rendre compte de ses caractères
inleiinédiaires; on sait, en elle!, ([ue la coloration du plumagedeces
deux Oiseaux, très rapiirocbés, varie plusieurs fois dans l'année.
Le témoignage de M. Giglioli nous suffit du reste, et, pour le
savant naturaliste de Kloreuce, l'Iiybridisme n'es! d'aucun doute,
l'Oiseau étant mâle et dans son liabit d'été. .M. Giglioli a vu ensem-
ble dans les rues d'L'dine les deux espèces.
Reste à savoir si le Moineau cisalpin doit être détaché du Moi-
neau domestique'.'
.MM. Degland el Gerbe semblent l'inscrire comme race du
/'. ilii\>irslictis; Temminck, apiès l'avoir considéré ainsi, l'a admis
cependantcomme esiièee dans la deuxième édilicm de son MtiHiirl(l).
C'est aussi l'avis du prof. Giglioli (■'{)• l'inii- uolie pari, nous le croi-
(1) l'iiiiio n',<ori)H((), cil- . m. KIdii iici', is'.il.
(2) Voy. iH'glaiiil l'I (iiilie, op. cit., I, p. iii, JST'i.
(.i) Voir : Atifiiuiui Udlica, p. 2.1, Kirni/e. ISSIJ.
280 A. SUCHETET
rions bien plus volontiers race qu'espèce, car à certaines époques de
l'année, son plumage diffère peu du P. Homesticus, en sorte que, do
l'aveu même de M. Giglioli, on ne pouri-ait toujours reconnaître les
hybrides des deux formes.
Passer Itali.e et Passer salicicola (1)
M. C. A. Wright, après avoir rajipelé (2j que le principal carac-
tère qui, d'après les auteurs, sert à différencier les deux types,
consiste dans la présence chez P. salicicoln de barres noires trans-
versales qui manquent chez /'. Ituliœ, lait connaître, dans une col-
lection de l'île de Malle, où vivent les deux variétés, quatorze ou
quinze spécimens intermédiaires qui présentent plus ou moins ces
raies transversales et forment, pour ainsi dire, une série à grada-
tions tellement peu sensibles qu'il serait didicile de tracer bien
nettement une ligne de démarcation entre chaque spécimen.
Aussi, pour M. Wright, on ne saurait porter au rang d'espèce ces
deux formes dont les habitudes sont essentiellement les mêmes, qui
vivent associées dans les mêmes localités et dont les femelles ne
peuvent être distinguées.
Une collection nombreuse de peaux d'Oiseaux, obtenus par le
D' Leitli Adanis et M. Wright à diverses époques de l'année, dans
différentes parties de Malte et de Gozo, montrant ces gradations,
fut soumise à sir William Jardine.
Celui-ci, après les avoir conqiarées très soigneusement avec une
(imiiitilé de si)écimens venant des différentes parties du monde,
aurait émis une oiiinion conlirmant celle que M. \\'rigld s'était déjà
formée ('•}).
M. Wright observe eu oulre qu'après la s;iison des amours un
changement de couleur affecte le i)lumage du Maltesc Sparrow,
lequel, dit-il, « becomes sprinkled willi a greyish or sand colour,
the deep black of Ihe beak changes to born colour wilh a tinge of
yellow about the base, much of the Idack about the throat and
ffauks disappears and the whole plumage is duUer )>.
Quebiues anuées plus tard (4), M. Wright rappelait que le véri-
table Moineau de Malte était le /'. suliciroln avec peut-être une
« iidnii.rliirc of P. Ilaliiv ».
(1) AuUts nijiiis : Frinyillii liisiKitiioleiisis. l'i-inijHlii snlicicula, Puiser
liin/ianiolcnsis, l'dniier saticdi'iui.
(2) I.i.'it of Biid.i obgfrveil in thr islaitil.< of Milita and (jozo. Iliis, \>.'M. ISGi.
(A) Voy. IbU. p. :;2, ISCt.
(/i) 77nrf/ appcndix lo a iisl of Uinls olisfrreil iit Malla ami (iozu, Ibis,
p. 2:ki, isw).
OISEALX lIVltlUDKS ItKNCONTHÉS A L'KTAT SAUVAGK '2Sl
Les S]>i'ciinciis |iivsciil;iiit les ii;r;i(l;i lions, (|iie nous nvons citées
d'après M. \\ii;^iit, ne (loimoiit jioiut une |)ri'uvo foi iiii'llc du croi-
seinenl des deux types, ciir le /'. snllcicuhi peul èli'e sujet à ces
variations et se i'ap|)i'Oclier ainsi presiiuc coni|>l('lcnient dci /'. Itdliiv
dont sans doute il n'est ([u'um- simple vaiiété. Lorsque deux
formes sont aussi voisines et peuvent, dans une série de spécimens,
se rallier l'une à l'autre, il nous paraît dillicile d'établir eiilri^ elles
une distineliou spécilii|ui.'.
Du reste, si nous en croyons M. Tommasso Salvador! ( J), il n'exis-
terait à Malte d'autre espèce (luele /'. .s'r//(('("cr)?(/.s-, ainsi qu'en Sardai-
gae et Sicile. Aussi, d'après M. Salvador!, k les individus que
M. \Vriy;ht désigne comme présentant des caractères de transition
d'une espèce à l'autre ne seraient autres prohahlement que de
jeunes sujets du /'. snliriralus n.
Cependant dans un ouvrage plus récent (2), le même ornitholo-
giste parle de quelques individus passant le détroit de Messine et se
croisant eu Calabre avec le /'. Italiif qa'i\s rencontrent à cet eudroit.
M. Salvadori a uième vu des individus qui semblent hybrides entre
les deux espèces. Une allusion à cet liybridisme est faite ])ar
M. Giglioli d'après le prof. A. Fiori (3).
.M. Sordelli nous demande si P. (loiiifstini.i, P. Iliilid' et /'. oïlici-
ciiltis diflèrent autrement que par la coloration? Nous no saurions
lui répoudre. Nous avons vu que M. Wright assigne à P. [talia- et
/'. sdlirirolu.t les mêmes mieiirs et les mêmes habitudes; mais il
considère /'. fliniifsHrux 'comme forme dislincle, ainsi que sir
Jardine.
Si l'on en juge par les exenqilaires conservés au Musée d'Histoire
natui-elle de Rouen, le .Moineau ordinaire (Passer iloiiicslints) dillère
du Moineau espagnol (Passi'r hispnniolensis) par la couleur du
dessus de la tète qui est brun chocolat très accentué chez le dernier
et gris foncé bleuté chez le premier. Le noir du dessous de la gorge
chez /'. Iiisiiiiiuiih'nsix s'étend |)lus lias que chez /'. doinesticus, il
descend sur la iioitiine ipi'il couvre eu largeur; peut-être aussi les
marques uoires lougihnliuaii^s du dessus du dos sont-elles chez lui
plus accentuées (fue chez/', domcstirus. \ I'umI on rem;ir([ue chez
ce dernier une barre blanc jaune peu éleuduc, (pu)iqu'assez large ;
elle est plus mince et plus longue chez /'. Iiisiiiiiiioli'usis.
(1) Voy. l'auna dllaliii, p. l'iS, 187i.
(2) Klenco degti Uccelli ilaliani conipilala da Tommasso Salvadori, iiieiiiliro ilfl
Coinilalo ornitologico inlernazionale. .\nnali dt-l Musco civico di sloria naliiralc
di Ueiiova |iiiblicati per cura G. IJoria et K. GesU-o, (i), III, p. 87, IS,SO.
(3) Voy. Àrifauna ilalica, p. 25, Kirenzo, itHMi.
282 A. SUCHETET
Si iiiiiiiite.uaul ou coiii])ai'e avec ces deux types le /'. Italia', ou le
Iroiive (îri (jiiehitie sorte iult'riiu'cliairc; la couleur du dessus de la
lèle louvoie euLn' le hleulé giis du /'. (Ioiih'sIIcks et le luanou du
P. Iiispaniolensis. Chez un des trois exemplaires de ce deruier
type, le marron est même très répandu et alïecle presque
eiitièremeut le dessus de la tète, mais il est moins vif que chez
P. Impaniolensis et laisse voir quelque peu de la teinte bleutée du
P. doincsticiis. Chez tous les individus de cette dernière espère que
nous possédons, nous avons remarqué indistincteuient à celle
place celte teinte bleutée sans mélange aucun de marron.
Dans la collection Noury (Musée d'Histoire naturelle d'Elbeulj,
uons avons examiné deux sujets liispdniok'nsis l'un 5 et l'autre (f
exactement semblables ; ils nous ont paru très caractérisés et s'éloi-
gnant du type ilonicsliras par leurs joues franchement blanches, le
dessus de la tète chocolat; la teinte noire de la gorge s'évase sur la
poitriuede chaque côté et s'étend en taches jus(|ue sur les flancs. L'ii
Ô llaliœ de la môme colleclion, se montre intermédiaire entre les
types hispaniolrnsis et rlomesliciis, se rapprochant davantage de
/*. clonirstii-Hs ; le dessus de la tète est marron chocolat comme dans
kispdniulciisis, mais ses joues ne sont pas profondènieat blanches
comme chez celui-ci, et la plaque noire ne s'étend guère plus que
chez /'. (loiiiestlru.s ; en somme /'. Ilaliif différerait prut-Hrc moins
de P. (lomcsticHs que de l'. sallcicolus.
Chez les exemplaires P. S((/h"K'o/(/.s du Muséum d'Histoire natu-
relle de Paris, les taches noires longitudinales qui atTectenI les
flancs sont également très prononcées, se détachant sur le blanc
gris sale de la jjoitrine. Les taches brunes du dos se détachent
aussi assez nettement de la couleur du fonds. Nous avons
remarqué ces mêmes caractères chez plusieurs spécimens de la
colleclion de M. Lemetteil à Bolbec (Seine-Inférieure). Eu somme,
il nous semble dillicilede porter au rang d'espèce, les trois formes
P. diinirstirus, P. Italia' et P. bispinilnlrnsis. Ceux-ci paraissent bien
plulùt races ou variétés d'un même type.
Génie Loxia
LOXIA CURVIKOSTRA (1) et LoxiA BIFASCI.^TA (2)
En parlant de la Lo.ria rulirifasciata, MM. Deglaml et Gerbe
s'expriment ainsi (3) : « L'on ne saurait mieux se faire une idée de
(1) Ou Curviroslra pinelorum, ou f.oxin.ou Cruciroslra iiliictiiin.
(2) Ou Crucinistra hifasciald. ou loxia tn'nioplera.
(3) 0/1. cit.. 1, |i. mi
OISEAUX HVnniDRS nENCONTRÉS A l'étvt sacvage 2S3
la l.ii.rid nthrifasciata, diuit M. Sclilogel donne une excellente
ligure (I), (|iiVn siipposaiil une l.ti.rin liipisrlnln dont la double
bande et la pointe des rémiges scraieul roui^eàtres, ;m lieu d'être
Manches; en sorte que, si les deux Oiseaux ne dilléraient pas par
les proportions, on serait tenté de rapporter la nibrifasciata à la
hifiixcidln pluttH qu'à la nircirosira. Peiit-ùtre même, la f.n.ria
ruhrifiiscinta est-elle le i)roduit d'un accouplement fortuit du Bec-
croisé orilinaire et du Bec-croisé bifascié. » Néanmoins les auteurs
de VOriiitlioloiiie enropi'oinc, après avoir considéré que « le prince
('.11. Bonaparte, qui en avait d'abord fait une espèce (2), n'y a jihis
vu en dernier lieu (3), ((u'une race de la f.n.rid rurciroaira, n ter-
minent en disant qu' « elle ne constitue probablement qu'une
variété accidentelle, à bniuelle il n'y a par conséquent aucun rang
à assigner. »
Ce croisement reste donc tout à fait liypothétique. Les deux fac-
teurs supposés doi\eril-ils même être considérés comme ajipar-
tenant à deux espèces distinctes '.' Certains l'ont pensé à cause des
deux barres blanches de l'aile qui dilTérencient hifnsriata de
rnnirostni, clie/, laquelle ces bandes blanches fout di-fant (i).
Mais .M. le D'' Baron Uichaid Kicning Warthausen ne reconnaît
qu'une seule véritable espèce de Becs-croisés (5).
LOXIA CURVIROSTRA et LOXIA PITVOPSITTACUS (())
Christian LudwigBrelim dit que |iar(ois les deu.x espèces s'accou-
plent et produisent des hybrides fertiles, lesquels, par la grandeur
et la forme, tienuenl le milieu entre les deux espèces. Mais il n'in-
dique pas dans son ouvrage (7) si ces croisements se produisent à
l'état libre.
(1) iUinitgnipliie des I.o.iien.<, l'I. .'i.
(2) Confp. Cen. Ar., p. 'Ml.
(3) Cal. l'iirzHil.
(4) Trois excni pliures cunirontru adultes l'I en plumage de noces de la colleclion
Noury, d'Ellieiit. ont la routeur roufjc du corps dilléreiile de celle de hifngriatn, c|ul
est plus ro.«i-e crauiolsie clie/ ce dernier. Chose étonnaiile, nous n'avons point trouve
larnii les nomlu-eux exi-mplaires l.oxin du Muséum d'Ilisl. nil. de Paris, une
seule pièce rlii|uetéc hifiinriiilri : un individu portant deux liarres blanrhes sur
r.iile est iniliqui- coiniiie Irtiiiiplrra. .Même particularité au .Muséum de Ituuen.
(;i) 1-e savant baron a bien voulu nous envoyer son travail : Die Kreuzxchniibel
iind ihrr l'Drtjilhinziinj in Jalireslieflen des Vcreins fur vaterl. Naturkunde in
Stuttgart, n<Si, on. pafje 10, il indique les variétés ou races diverses des Uecs-croisés.
(()) Ou t.nxia currirnslra major, t'ruciroslrn i>iti/npsillacus, Crueirantrii pinr-
Inriim.
(7) Lehrhiich (1er Nulnrijeseltichlr iiUer eiiropiiiarhen VHgcl. Krsier Tlieil.
p. 16S, \xa.
284 A. SUCHETET
La chose est possible, car dans iiii autre livre (1) aiii|iicl il renvoie,
il écrit (2) qu'il a eu en sa ])ossession uu véritable Oiseau nain de
Cnrriroslra pityopsiltacus, uu cT âgé d'un an qu'il considère comme
un hybride de Lo.rid cunirostra, et (|ui fut tué au milieu d'une
bande de Becs-croisés (Curriro.itid pituopsillncns). Dans sa forme
l'Oiseau ressemblait à ce dernier dont il avait la téleet les pieds, mais
non entièrement le bec et la grandeur, car il ne pesait que 2 1/2 d'une
sonde (3) et avait seulement 7 pouces 1/2 de long, dont 3 1/8 pour la
queue et 12 1/2 de largeur ; la plus longue penne était de 3 1;G pouce.
M. Jacob Sprecher nous écrit aussi de Coire (Suisse) qu'on a cru
apercevoir dans la forêt de Fohreuwald des l.o.rid piti/opsiliarus appa-
riés avec des Lo,rl(t nu'firo.'iirfi, cependant comme les deux types se
ressemblent beaucoup, l'observation n'est pas absolument certaine.
Nous rappelons ici la remar([uc du |>récédent article : à savoir que,
d'après M. le baron Kœuing W'artliausen, il n'existe qu'une seule
véritable espèce de Becs-croisés ; du reste il nous paraît dlIFicile de
séparer spéciliquement pitiiopsittnrus de (•nrcirnstra. Si, eu eiïet, le
premier n'était de taille plus forte et ne présentait un bec plus
gros (4) que celui de curtiroiitrii, comment distinguerait-on ces deux
ty])es dont le plumage est à 'jieu près identique, tant ])ar sa dispo-
sition (jue par sa coloration. Dans la collection Mannoltan. aujour-
d'hui réunie au Muséum d'Histoire naturelle de j'aris, tous les l.o.rin
sont étiquetés sous im même nom : cKm'rnstni (3).
Entre deux genres.
EmBEUIZA BRASILIENSIS et PASSER DOMESTICUS
Nous rappelons ici pour mémoire cet hybridisme déjà cité (p. 240)
parce que les deux espèces croisées appartiennent à deux genres
différents, le genre Emhcriza et le genre Passer, il est vrai, très
l'approchés.
.M. Louis Pitot, de Neuville, qui nous a signalé cet exemple, n'a
(1) lieitriigc ziir Vinjclkiitiilc.
(i) Page r.l'i.
(3) La soiulo oUiil un (inids d'une deiui-oncc.
(4) La mandil)ulo infin-ieun^ nuliiinineiit est plus épai.ssc, et la supéiieuro ne la
dépasse pas autant (|ue eliez cunirostra.
(;i) M. de SelysLongclianips {yolice sjir les llvc.t-cruisrs leuuijiitre et liifascié.
Bulletin de l'Académie royale de Uelgiiiue, XIU, n' j), eonsiilèie pityopsitlacus
iiminie espèce (voir p. 12): toutefois il reeonnait la grande allinité des dillérentes
espèces de Lu.ria (p. 9).
OISEAIX IIVUniDES HKNCONTHKS A l'kTAT SAlVAIiK 28o
jaiiinis pu siivoir où les OiscMiix avaient fait Iimii- nid, ni attraper
les jeunes qui en pro\ieiulraient.
Cependant, il ne doute nullement di- la provenance do la iii(;liée
qu'il a (diservée. » Les Oiseaux scnit iires(pie tous hii^arrés,
nous dil-il, et ont les couleurs vives soit du pire, soil de la
mère. L'un d'eux a la tiHe et les ailes de la couleur du Moineau,
tout le reste du corps est jaune; en sorte (pi'on ne saurait se
tromper ». Depuis la neige dernière M. Pitot n'a i)lus revu (pie deux
ou trois do ces hybrides dans son jaidin. (Jiie sont d(^vonus les
autres, sont-ils nnirls, ont-ils été tués, on ont-ils ciiaiigé de (]war-
lier? il rif;iioro. Il se proiiose de les observer attentivement. On se
rappelle que l'un des deux parents était un Oiseau exoti(|ue
éclia|)pé de (■ajie, par conséquent un Oiseau iinjjorté- ne pouvant
rencontrer pour s'appariei' aucune femelle de son espèce. Néan-
moins, on nous permettra do faire des réserves sur la provenance
des jeunes Oiseaux observés tant(iu'ils n'en auront jm ètrecaptuiés,
l'albinisme (|ui alTecle souvent le plumaije du Moineau [louvaiit se
traduire par une couleur jaune et non blanche, comme cela arrive
chez les Perruches inséparables on les Pinsons d'.Xrdennes.
LiGuiuNus CHLORis et Passke< Itali.k.
■M. Kni;èue Itono. de Portoj;ruaro (\enezia) a fait connaître (1) nu
Oiseau rappelant le Verdoue (Ligurimis chloris) et le l^-dSAfivo (Passer
It(iliw): irrandeur d'un (Canari, couleur des plumes (pennes) ressem-
blant de loin à celles d'une femelle de Verdier; la partie supérieure
vert grisâtre, la tète et la gorge jaune olivâtre bordé de gris sombre,
ventre blanchâtre, (pu'ue et ailes gi'is très foncé; bec et pattes du
Moineau et la strui'ture générale du Vi-rdier. Les [ilumes jaunes du
Verdier adulte faisaient défaut. Cet Oiseau avait été pris au (ilet dans
les premiers jours du mois d'octobre 1800; niisencageil commença
à chanter aussitôt. Son chant ni varié, ni agréal)le rappelait celui
du Passera scoparola (2). Comme particularité, il avait l'habitude de
chanter la nuit.
Ce singulier spéciuH'u, qui servait d'appeau à l'oiseleur (|ui l'avait
pris, vécut iMi cage environ deux mois et ne fut envoyé (|u'aprés sa
(1) liolteUina del yalnralisla colleUore, aUemlorc, coUivalure, n" <;, p. 71,
a guigno, 1S9I, Sicnna.
(2) Nous ifinorons quoi peut i-lrp cet Oiseau, nous iw le Imuvoris pas dan? la
Synonymie ilu prof. Ciiiilioli (iiifituiia ilalirn); nous supposons i|u'il exisie urir
faule d'iuipresslon et ipiil faut lire Scopainla, qui rsl V.iccentor niothilurlf l.iiin.
286 A. SCCllETKT
mort à M. Eii^èue Hono; il Jiviiit iHo si mal empaillé qu'il ne tarda
pas à se détériorer et il fut impossible de le conserver.
Les quelques n'otes sur sa conformation et sa couleur que nous
venons de transcrire ont été prises par M. Bouo lorsque l'Oiseau
était encore vivant. Un professeur de sciences naturelles qui vil
ce spécimen empaillé chez M. Boao, à Portogruaro, le considère
comme hybride du Verdone et du Passero, c'est aussi l'avis de ce
dernier qui le suppose même provenir d'un Verdono "■ et d'un
Passero 9.
Il est regrettable que cet exemplaire ail été perdu, car, iiensons-
nous, c'est le seul spécimen dece genre (juc l'on connaisse. Le croise-
ment des deux espèces supposées mères nous parait cependant
difficile à admettre. Elles n'ont, en effet, -ni les mêmes mieurs, ni la
mêuie nidification. Une description beaucoup plus détaillée nous
paraît nécessaire pour allirmer l'origine que M. Bono a déclarée;
nous remercions néaumoins ce dernier des irenseigiiements qu'il
nous a très obligeamment envoyés. Si l'Oiseau était réellement un
hybride des deux genres nommés, ce dont nous doutons vivement,
son origine devrait, dans ce cas, être attribuée à un croisement
accompli sans doute eu caiitivilé, la femelle Verdone couvant assez
facilement en cage.
Fringilla cia:LEBS et P.\ssEn domesticus.
JNL H. L. Ohl, Président de la Société ornilhologi(]ued'ilauau-sui-
le-Mein, a bien voulu nous faire savoir qu'on avait tué dans la
localité, il y a (|uelques années, un « Bif^tnrd » d(^ Friiii/illn cœli-bs et
l'asurr iluiiirxlicns.
M.lelKPaulstich, maître à la Healschnle (Realschullehren.nousa
communiqué les renseignements suivants : «L'Oiseau euqueslion, fut
pris il y a environ vingt ans, il fut considéré comme provenant des
deux espèces nommées par un oruilhologiste très capable, mort
depuis déjà une dizaine d'années. Malheureusement le spécimen
n'a point été conservé dans le .Musée d'Hanau et M. Paulsticb ne
peut nous direciuels étaient ses caractères. Peutètie était-il simple-
ment une anomalie de coloration ?
Nous avons peu de conliance dans ce genre d hybrides, les deux
espèces 'ayant des niunirs différentes et leur mode de nidilication
n'étant point surtout le même. Un exemple, semblable à celui <jui
nous a été cité par M. L. Ohl, nous a été indiqué à Paris, et, l'allir-
mation était telle que l'on aurait pu su]iposer qu'elle fût vraie.
Cependant nu examen de ce sujet nous a permis de reconnaître
OISICAIX m IlItlIlKS lUC.NCtl.NrilKS A l'kïat salvaok 287
chez lui, mm le friiil (riiii croiseiiii'iit des deux es|)t'!ces nomini'es,
mais un aliiiiiisme partiel, alïeelaiil nolaiiiMieiit les grandes jiennes
des ailes. Cet Oiseau, qui vit eucme dans une maison du boulevard
A'olt.aire, avait élé lamassé, il y a ([ualie ans, dans nn jardin d('|ieii-
danlde l'InMel Sully, [nvs la place des Wis^^es; il était alors tout
jeune et on l'avait élevé à la bec(iuèe. Jusqu'à de nouvelles observa-
tions, nous iToyons done devoir mettre en doute le croisement à
l'état sauvage du /'. ((C/c/w et du /'. (Iinncsliciis.
(llIIlVSOMITIUS S1>INIJS et l'viiiuu I.A vri.GAiiis (1)
Sous la dénomination de Siskin-liiillfincli, M. Oo. Davis, de
Giowccster, exposait en 181)0 au Cristal Palace uu Oiseau capturé à
l'état sauvage. L'Oiseau avait été ju'is dans un grand filet près de
Newcastle ((îloweestersliire) par nn hinlralclici- (*) mimmé Cox. Ce
spécimen se trouvait on compagnie <raulres pelils Oiseaux avec
lesquels il incnail sa nouiiilure.
M. G. Davis pensi tout d'abord avoir alïaire à nn Sisliiii-Circiifinrli,
c'est à dire à un Tarin-N'erdier ; mais après l'avoir comi)aré qneKpu'
temps avec d'autres croisements, il arriva à cette conclusion ipie
c'était un |)roduit du l'Iiii/sdiuilri.s sjiinns et du l'urrhiilu nih/aris.
M. (îeo. Davis, après l'avoir ex[iosé, le vendit donc comme Oiseau
hybride à M. Cook, de Barlon Street, Glowcester, lequel le revendit
à son tour à M. Manuing, de Porlsmoutb. Nous ignorons si cet
Oiseau est encore entre les mains de ce dernier acheteur; quant
aux renscignemenis ([ue nous avons pu obtenir sur sa conforma-
tion et la couleur de son plumage, M. Davis s'est contenté de nous
dire ipi'il était de |ilus i)elite taille (pi'un hybride \'erdier-Iiou-
vreuil (ju'il avait élevé et ressemblait davantage au Tarin ; en outre
ce soi-disant hybride partait sur le dos des pla(|ues bleues comme
le Bouvreuil \
C'est la première fois <|ue nous voyons le l'i/rrhiild contracter à
l'état libre un mélange avec une autre espèce. Aussi comme le
i'hriis(})iiitris spiniis, (|u'il aurait choisi pour se croiser, dilîère nota-
blement (le son gcMire, il faudrait, il nous semble, pour établir la
réalih- de l'hybi'ide exposé au Cristal l'alace, des indications beau-
cou j) plus |uécises(|ue celles qui nousontétécommuni(|uées;àmoins
donc, chose foil iio>silile, cpu' l'Oiseau eaptuié ne soit un échappé de
captivité; onsaitqu'en Angleterre, les éleveurs (/y'Yw/c/sj emploient
(1) Appelle ïiiissl : l.iiriii pyniiitlii. Pyrrhiilii l'urn/Kr, Pi/rrlniln nihririllu.
(2) OisolPtir.
288 A. SltCHETET
tn's fréqiit'iimM'iil pour hnirs croisemculs la fenielle l'urrhiihi riil-
ijdris, colle-ci, coiiinie le Verdier 9. couvant assez lacilenient en
caKP (1).
Les croisements à l'état sauvage di; Passereaux aiipartenaul à
deux genres difiéreuts ne sont donc pas prouvés par ces quatre
exemples que nous venons de présenter, nous les mettons même
fortement en doute.
F(i)inlle (ks Mii^irirapiihv (2).
Genre Rhipidura.
Rhii'udura flabellifera et Rhipudura fuliginosa.
D'après M. Thomas II. Potls, les Gobe-mouches noirs et les Gobe-
mouches bigarrés de la Nouvelle-Zélande (Black and Ufd Flijcat-
chrrs] se croisent ensemble fréquemment (3).
Cet auteur dit qu'il trouva le l^r octobre 1870, sur un jeune Fagus,
un nid d'union (union ^icst) sur lequel était un mâle fi. flabellifera ;
(1) Emberiza iiiclandchepbiilii el Cliriisomitrif: ^piniix. — .\insi rjnp nous avons
en l'occasion de le dire (p. 2iQ), il nous a été envoyé, d'une colloclion imporlante du
Pas-de-CaUiis, un Oiseau considéré comme élan! l'hyliride de ces deux espèces.
1,'Oiseaii avait été lue à l'état sauvage dans les environs de Marseille : mais il fut
reconnu pac M. Oustalet, auquel nous l'avons montré, comme appartonani à l'espèce
Clirixoiiiilri.t nolala du Bus: c'est sans doute un Oiseau échappé de quelque
volière après son exportation du Guatemala ou du Mexique en France.
Frinqilla linota et loocia curvirosla . — M. Tissi, sous-inspecteur forestier de
Belluno, nous écrit de Zolto Alto, à la date du 31 Septembre 1891, que l'on a pris,
il y a peu de temps, un Fringilla linola dont le rouge est celui dé Loxia curri-
rosla. M. Tissi se demande arec héMlation si cet Oiseau peut être considéré comme
hybride de ces deux espèces? Cette hypolhèse n'est pas vraisemblable. Nous n'avons
point cru devoir taire figurer ces deux derniers exemplaires sur notre liste.
Peulètre pourrions-nous encore mentionner, au seul titre de curiosité, un Oiseau
assezextraordinaire de la grosseur d'un Pinson de hêtre {Frittgilla iiiontifringilla) '
qui fut apporté ;'i .M. .laUob Sprecher de Coire. Ce spécimen avait, parail-il, quelque
chose du Bouvreuil, les ailes étaient jaune doré, la létc noir de velours, la poitrine
louge. le dos el la queue brunâtres.
I.'Oiseau, mort bien vite on cage, n'a poitd été empaillé. M. .Iakob Sprecher
n'avait pu déterminer l'espèce à laquelle il appartenait el avait supposé (ju'il
avait peul-èlre une origine liybride. Ne serait ce point encore un Oiseau exotique
échappé'/
(2) Il est bon de noter que Lesson a classé les Muscicapidées dans les Denli-
rostres, tandis ipi'il place les Hirondinidées dans les Latirostres. Bonaparte nwl les
unes et les autres dans la même tribu, celle des Oscines.
(3) On the Birdx of New-7.elanii bij Th. Potls, Transactions and Proceedings
of the New-Zeland Institulc, Vol. 11, Part. II, p. 63, 1869.
oisKAix innmriKs hkncontuks a i.'ktaï sai vack 281)
le 2 ortobre on npnn.iit imo femelle ILfiili(iinos((. Ce uid, et les trois
œufs qu'il conleiiiiit, furent pris. La femelle étaitsi familière qu'elle
se laissa enlever avec le uid et ne se retira (|ue lors(|u'eIle fut
poussée avec le floigt; sou cornpaij;u(ui higarré voltij^eait aupi'ès
d'elle en gazouillant vivement, seml)lant ainsi protester contre
celle cruauté.
Le 7 janvier il fut trouvé un autre nid d'union dans le(|uel était
déjeunes Oiseau.x ; le ])ère était une IL jnlitjiiuisd.
Le 10, les petits avaient quitté le nid et volaient avec grande
vivacité autour de l'arbre dans lequel le nid avait été construit; ils
ressemblaient exactement au.\ petits de H. Ililifllifi'i-(t. Cette couvée
de Gobemoucbes fut la jtlus vigoureuse que M. Potts eut à noter
durant la saison ; ce grand dévelo])|)euii'nt d'énergie était-il dû au
croisement des parents'.' M. Potts remarqua (|ue le inàlc II. fiili'ji-
nosa était aussi assidu dans ses attentions envers la jeune lainillr
que la mère, (|uoi(|ue les Oiseaux fussent d'un plumage différent
du sien (1 1.
Vers le 20 octobre 1872? le même observateur paraît avoir vu un
Oiseau, (]u'il prit pour une K. fl<t' cUifrnt, donnani ses soins à trois
jeunes ([u'elle surveillait et qui semblaient cependant en élal de se
nourrir seuls. Ces jeunes, selon toute apparence, étaient des It.fuli-
(/ino.sd noirâtres ou d'uu brun olivâtre sombre ; la tète était d'uu
noir nuancé do gris, les poils à la base de la mandibule étaient
gris (2) ou d'uu noir argenté i."}).
Enfin le 28 et le 2!) aoiU, à Oliiiiitaki, pendant le |)rintem|)s de
l'année suivante, il put oliserver deux nids d'union, la ((nidation de
la construction étant établie. Dans le premier cas l'Oiseau noir allié,
II. fulif/inosa, se distinguait par sa tacbe blanche sur cliaque oreille,
dans le second exemple l'Oiseau foneé n'avait aucune laiiie blanche.
Comme les nids avaient été bâtis simultanément, la saison n'avait
rien à faire, ajoute .M. Potts, avec la sujqiosilion de la chute des
plumes blauches |4|.
Plus tard, en 1884, l'Ornithologiste australien envoyait à la Société
zoologi(|ue de Londres, aliu qu'on put l'examiner, un uid trouvé le
10 septembre au matin. Ce nid contenait trois n-ufs. Avant de l'em-
porter, M. Potts avait vu le mâle et la femelle s'occuper d<^ l'incu-
bation eu se remplaçant tour à tour à de rares intervalles. Le cT
(I) On Ihr Birda iif Seir-/.elnutl, im'inr jcniriiiil, III. p. su, |n7(|.
(21 Ou i;risonn.iiils.
(3) Mi-nies PiocroiJin-is, V. p. I,s2.
('() Viil. VI, p. t'i.'i. n" :n-S, (les iiii^ines transactions pour 1S7:S.
290 A. SUCHETET
ét;iil nue It. fitlifiliKisii. aux pliiuies de l'oreille très petites, mais très
distinctes, la femelle était uue /(. flabcllifera (1).
Des iiids-joints (joint-nests) se trouvent dans la collection dn
musée deCantorbery. Ils présentent, dit M. Potts (2), des caractères
d'un yrand intérêt pour tous ceux qui s'intéressent à l'arcliitecture
des Oiseaux. Dans le nid-joint dont la femelle était une flaheUifent,
la structure du uid montrait l'influence exercée par la femelle (3).
Les trois (eufs faisant partie du nid pris le 2 octobre 1870, seraient,
d'après .M. Buller (4), semblables à ceux de ]{h. fulUjinosn, ayant
une ceinture (zone) très distincte de taches brun pourpré près du
gros bout. Les leufs des deux espèces sont, d'après le même, pareils
en dimension et forme.
Diggles. daus son ouvrage illustré sur les Oiseaux de l'Australie,
ne parle pas de ces deux espèces; Gould nomme seulement fJnheUi-
fera. Fuliginom est-elle une bonne espèce? ce type n'est représenté
au British Muséum que par un seul individu g. M. Sclater, (]ue
nous avons consulté à ce sujet, ne voit aucune raison de mettre en
doute la distinction spécifique établie par Buller qui a rapporté leurs
croisements d'après AL Potts; M. Oustalet nous dit aussi que les
deux ty])ps sont très distincts par le mode de coloration ; fiilif/inom
porte une livrée beaucoup plus sombre et n'a pas comme jhdifJli-
fera les pennes caudales externes en majeure partie blanches, etc.
Le Muséum d'Histoire naturelle de Paris possède l'une et l'autre de
(1) Voy. : .1 case of rross-breeding betwcen twu specips of Fli/catchei-s of Ihr
geniis Rhipidiira hy Thoiins, H. Potts of Ohinilaki, in l'roceedings of llie Zoolo-
gical Society of London, p. 330, 1S84.
(2) Trans. of New-Zeland, V, p. 182.
(:?) M. Potts avait dit icpenrlanl (Vol. II, p. K!) ipie les dmx cspéoe.s couvaient
dans des conditions tellement senildaldes que la description d'un nid d'une des
deux èlait sullisantc : u Le nid de la pabellifern. très bien construit et très com-
pacl, varie légcrcnicnt on foi-me. Les matériaux sont feutrés ensemble, la mousse,
les lierbes, les racines fibreuses avec des toiles d'araignées, etc. La construction
est lixée sur quelque branche ou liranchage, la fondation commence très fréquem-
Mienl avec des l-opeaux de vieux bois... Les a^ufs, au nombie de quatre, sont
légèrement blancs avec des taches brunes vers le plus gros bout, ils ont 8 lignes de
longueur sur 6 de largo. »
Le lédacteur des Procecdings de la Société Zoologique de Londres, eu rappor-
tant la note de M. Poils, remar(|ue que les faits cités par ce dernier ne sont pas
aientionncs dans le Maiiiwl nf ihe lUrds nf Neu-Zeland, publié en 1882 par ordre
du Colnnial Muséum and gcological Sunrey Département.
M. Potts aurait encore parlé des croisements des Rhipidurii dans Neic-Zeland
Journal of Science, .luillet 18S4.
g (4) .1 llistoni ofthe Itirds of yca--/clands, \>. 147, 187:i.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAIVAGE 291
ces espèces, iiiiiis aucuai" (orme intermédiaire ou résullaut eu appa-
rence d'uu cioist'iiieiil.
La Pictl fuiildil ou l'iw ;ik.-i\\;ika {j}iibi'IU('rrii\ liiiliilc, (l';i|ir('s
BuUer (1), les deux iles; la Black-fanlail ou Tiwakawaka {jiiliiiinnsit)
haliite au contraire >< soutli island CUatliain islaud ». Nous nous
proposons d étudier, en terminant, ces deux types i(ui nous pa-
raissent plutôt appartenir à des variétés i|u'à de véritables espèces.
l'diiiilli' ili's Ilinihdinidir
Genre Hirundo
HlRUNDO ERYTHROCASTER Var. noRREORUM (2) cl PETROCHELIDON
LLNH'RONS (3j.
Le 22 mai 1878, M. (l.-l). Wood tuait à Liuwood, Dclaware
Counly, Pa., une Ilirondelle présentant, dit M. Spencer Trotter (4),
les traits bien distincts de ÏHiridulii huncuriDn et du l'elroclwiidon
lanifrons. Cet Oiseau, examiné par plusieuis oruilliologistcs com-
pétents, aurait été reconnu comme un liyljiide incontestable.
.Malheureusement son sexe n'a pas été déterminé par la dissection,
M. C.-D. Wood le prit cependant pour un mâle (4). M. Spencer
Trotter, qui Ta décrit pour la première fois, lui a donné le nom
d' Hirundo Iwrreoii-lintifrons.
Description : n Bec semblable à celui delà Lîarn S\vallo\v(////')(/i(/o
ciytliioijdsli'r, var. hoiirorum, mais un pi^u plus fort. Les uariues
s'ouvrant latéralement en i)artie avancée près de la membrane, quoi-
que pas autant que dans l'espèce citée ci-dessus. Le tarse environ
aussi long que le doigt du milieu sans l'ongle, couvert de plumes à
l'intérieur de l'extrémité supérieure. Les doigts divisés comme dans
horrvoniw. La queue fourchue jusqu'à environ un quart de sa Ion-
(1) Mnnual uf llie lUnl.-i iif Seu-Zclatids, l,siS2.
(2) .\vilri's iioiMs : lliiunilo rufii, llinimlu (tinencnna. Iliniiido ruitica, ex
.\iiier., Hirundo cijaiuipi/rrhu. U'apiùs Shai-pe [Cut. Ilril. Muséum, X, p. 137,
ISSo), 177. erylhroijasicr (l'Ainciiinie ne sérail qu'une race ou sous espèce de
noire rH.<<iC(i d'Europe. I,a var. horreorum est chez lui la nièuie (|ue //. erhijlro-
gaiiter. Ce dernier type nous a piiru dilîérer lr<>s peu de ru.iUai.
(3) Autres noms : Hirundo lunifrons, Hirundo respulilicana, Hirundo pacei-
loma, Hirundo opifcr, Hirundo fuira, Herse fuiva, Petrochelidon Swainsoni,
Hirundo cyanopijrrha, Hirundo pyrrlionota.
(4) Description of u hijbrid Hirundo horreori-lunifrons belween two norlli
americunan Sicaihu-s,in Bulletin of Un- Nullall oruillKdogieal Chili. III, |i. i;i5, 1878.
(3) Op. cil.
292 A. SUCHKTET
gueur avec des taches blanches sur les pennes rectrices, mais point
aussi fortement mar(|ués ([vfe dans horrcorum et les plumes exté-
rieures ne sont pas prolongées et linéaires comme dans cette espèce.
Les ailes, quand elles sont ployées, atteignent presque le bout de
la queue. La tète et le dos bleu acier avec un bandeau chàlain
foncé comme dans Iwrreoniin, l'étendue châtain plus en arrière sur
la tête que dans cette espèce. La croupe blanc rougeàtre, la nuance
plus pâle ([uc dans le Clift Swallow il'clrocliclidou lanifrons). Les
ailes semlilaldes à celles de horrcoriun.
« La gorge et la poitrine châtain foncé avec une légère iiartie cen-
trale noirr comme dans lunilrons et une bande pectorale comme
dans Inirrronnii. Les côtés sous les ailes et les ]jarties au-dessous
généralement d'une nuance v;u-iant entre celle de horreoium et
celle de liinifron.s. Crissum blanc rougeàtre avec une légère teinte
fumée. Lorca bruu sombre; rictus légèren)ent hérissé. Les joues
bleu acier comme dans horreorum, mais avec une légère tendance
de châtain, comme dans lanifrons. Dimensions (de la j)eau sèche) :
longueur .'1.88, aile 4.GM, ([ucue 2.09. »
HmU.NDO ERVTHROGASTKR ut PeTROCHELIDON SwaIXSO.M
M. EUiott Coues semble identifier au Pctrochelidon lunifrom,
nommé dans l'article précédent, le Petrochelidon Sicainsoni (1).
Le croisement que nous allons citer se rapporterait donc au pré-
cédent. Cependant MM. Baird, Brewer et Ridgway, dans leur
ouvrage sur les Oiseaux de l'Amérique du Nord (2), parlent de ce
dernier comme une esjièce alliée (allied spcrirs). M. Philipp Lutley
Sclater, qui l'a décrite pour la première fois, l'a considérée comme
une bonne espèce (3).
Au mois de mai 188.'1, M. Gaumer tuait, si,ir File Cozumel, un
Oiseau ollrant certaines ]iarlicularités avec llinnido rrylltroijaslrr
et Petrochelidon Su'ainsoni. Cet Oiseau c|ui réunit, paraît-il, les
caractères des deux tyi)es, pourrait bien être un hybride, <raprés
le capitaine Salviu (4).
(1) Voy. Ilirds of tlie \iirlliiiest, A Htiml-ltaok nf thr Ornithnloyi/ of llw région
draineci bij tlie Missouri rirer iiml trilnitarifs. p. .S'.l, Washington, I.S74.
(2) Korth Àmericuii Birds, p. 3.'H, IST'i.
Ci] List of Birds coUerlcd hy M. À. Boucard in the Slalr nf Pa.raca in Sonth-
Western Mexico, uitli description of new spécimens. l'riK-fediiigs nt tlic Zooloj;ii-al
Society of Loiulon, p.iOO, 1HS>S, et On ionie neu' or lillle Knowcn specics ofTauagers
/CCI/» the collection of M. Verrenu.r of l'aris, mémos I'i'ocoedinf;s, p. 376, lî^o'J.
(4) Iliis, p. 3oO, liSS8. Cit in }Ionograpli. Ilirundinidie, by Sliii-pf, [liirl. XIII,
XIV. Nous n'avons point nous-jnème consnllt' l'oiivras;e du savant ornithologiste,
ouvrage en cours de publication; un cxliail nous a élé oliligeamiuent envoyé par
le rév. Macpherson, de Cai'lisle.
OISEAUX HYBRIDES nKXCONTRÊS A L'ÉTAT SAUVAGE 293
Celui-ci en a (li)iiiir la description suivanlc : « les couvertures de
l'oreille et le collier sont hlcii acier coninie tlans //. iTijliiroijastiT,
la queue est aussi fourchue, quoiiiue moins étendue, et les ijluaies
latérales ont les taches blanches caractéristiques; les ailes sont
aussi longues que celles de 1'//. crjilhrondxli'r, et les couvertures du
dessous de la (lueue sont teintées de roux. Les caractères avec 1'.
Swainsoni sont : le coloris de la surface inférieure, comprenant la
pla(|ne noire, le erou]iion jj;ris roux. »
.M. Sliarpe a reproduit cette descriiition (1) en ajoutant «que la
couleur du pluinage participe des deux espèces caractéristiques, les
traits généraux du l'firochclidon étant conservés, pendant (pie la
(lueue, légère"uient fourchue, et [lar dessus tout les taches blanches
sur le dernier, sont les caractères d'une vraie Hirando.
Nousreniarfjuerons que la distinction entre l'hybride /'. Stcdinsoni
X I'. erutliniiiiislcr el h; produit de P. lunifrotis X !'■ cnjlliroiiaslvr,
doit sans doute présenter des dillicultés, puisque /'. lunifrom a été
identifié avec P. Sudinsoni ('!). M. Salvin est du reste loin de se
inonlrcr allirnialif : « d lilllr ilouht is a liybrid », dit-il eu parlant de
l'Oiseau tué par .M. Gannier sur l'île Cozuinel.
HmuNDO URBiCA (3) et Hirundo rustica CO
Sept exeni[)laires de ce croisement paraissent seuls observés
jusqu'alors. Grâce à l'obligeance de ceux (|ui les conservent, nous
avons |iu examiner en nature ([uatre d'entre eux ; le cinquième
nous est connu |iar deux aquarelles qui ont été exécutées à notre
intention, l'une nujulranl le sujet de face, l'autre permettant de
le voir sur le dos; le sixième nous est également connu par une
fort jolie peinture représentant l'Oiseau de profil ; le septième n'a
[lu être conservé ni décrit. Tous nos remerciements à M. le prof.
Giglioli, de Florence, à M. II. ïancré, d'Anclam (l'oméranie), à
M. le D" Fiori, de Bologne, à .M. Paul Matshie de Herlin (5), qui ont
bien voulu nous envoyer leurs spéciÊuens enq)aillés ; à M. le prof.
Romita, de Bari (Italie), qui a été assez conq)laisant pour faire
exécuter à ses frais les deux a(|uaielles dont nous venons de
il) ilonogrnpli. lliniiutiniiliv.
(2) Nous iir ronnaissons pas lello ilrriiière espèce.
(I{) Le inrinc cpic Clirlidoii urhii'u, lliruiuto iiiiiiar xeiinistica, Clielidon feues-
trulruiii l'I niiie.ilris.
(4) .\ulros noms : llirumlo diinifsHea, l'm-djiis nislica, Ci'criiinx paijiirum.
(il) Ce (leriiici' avec l'aiitorisalioii île .MM. les cl»c-tcurs Môhiiis el Heieheiiiiw.
294 A. SUCHETET
parler; enfin à M. le coinle Airigoni degli Oddi, de Piidoue qui a
agi d'une manière aussi gracieuse.
1° Exemplaire du Musée de Berlin, le plus anciennement connu.
C'est, pendant l'été de 1823, alors que Gloger se trouvait par hasard
dans son village natal, à Kasischka, près de Neisse (Haute Silésie),
que cet exemplaire l'ut pris. \'oici dans (juelles circonstances : le
1() septembre, pendant une courte absence de ce dernier, le frère
cadet du savant ornithologiste, désirant nourrir'son Épervier, relira
d'un nid d'Ilirundo rusiieii, construit dans l'étable aux brebis de
l'exploitation, deux jeunes Hirondelles prêtes à s'envoler et dont
les frères ou sœurs étaient déjà partis. Un seul œuf restait dans le
nid, c'était un œuf clair. Déjà l'un des Oiseaux capturés avait servi
de jiàture à l'Kpervier, lors(iue le jeune frère de Gloger s'a|)ercut, à
son grand étonnement, (jue le deuxième Oiseau qui restait était de
couleur blanche sur le croupion. Tout d'abord il pensa ipi'il avait
alTaire à une jeune urbiea, entrée par hasard dans le nid d'une
runticu. Cependant, ayant remarqué que la coloration de la partie
inférieure ressemblait entièrement à celle des autres Hirondelles
de cheminée, il crut devoir conserver cet Oiseau pour le faire voii'à
son frère aîué aussitiH le retour de celui-ci. Il enferma donc sa pré-
cieuse trouvaille dans une cage qu'il accrocha au mur de l'étable.
Mais les parents qui veillaient sur leur jeune prisonnier parvinrent
à le faire sortir et à l'emmener avec eux; heureusement le cri inac-
coutiuné de ce dernier le fit bientôt reconnaître parmi les autres
Hirondelles; on le suivit, et ayant été découvert sur les brandies
d'un aibre où ses parents le nourrissaient (à la manière des rus-
tieu) (1), ou le tira et il fut abattu. Sa voix, bien dilléreute de celle
du père et de la mère présumés, ressemblait presque complètement
à la voix d'appel du Chardonneret (2).
La description de cet intéressant spécimen, donnée par Gloger (3),
est la suivante : « Plumage du nid, forme et couleur intermédiaires
entre les jeunes du même âge des deux espèces pures. A la partie
inférieure, même aux ailes, il est, par la couleur, entièrement Hiron-
delle de cheminée, à peine un peu plus clair à la gorge. Par le
sommet et sa forme un peu plus élancée, il ressemble à l'Hirondelle
urbiea, cependant il lui man(|ue les bords blanchâtres des bouts
(!) L'itrbica ne se perclic que rarement.
(2) Pour ces détails, voy. Naumann (^'alurgencliite der Yiigel deuUchlunds,
Sdicster Iheil p. o2 et 73, Leipziu'. IS'Si), auquel (ut envoyé cet Oiseau avant de
devenir la possession du Musée de Ueilin.
(:i) llousinndiiies Handbruch der yalurgiisehichle der Yiigel l'.uropa i vo[i
d' Cons(anlin Lauiljeil (iloger, ester tlieil, p. 417, lireslau, IS3i.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTIlÉS A LÉTAT SAUVAGE 295
des peunes prinjres à Vlllruiulv iirhlrd. La piiilie blanche, où se
placent les ailes, est recouverte d'une légère teinte rouge, comme
chez lustirn. Les doi^Hs des pieds sont éj;alement intermédiaires
par leur forme; sur la partie supérieure ils sont nus et noirâtres,
mais sur les parties intérieure, extérieure et intérieure, ils sont
eniplumés de blanc comme chez urhica; la queue, sous tous les
rapports, est comme chez cette dernière. Par conséi[uent, pris dans
son ensemble, cet Oiseau hybride est [iresque plus ressemblant à
l'Hirondelle domesticiue cf "lu a l'Hirondelle de cheminée $. »
Ainsi i|U(' nous venons d<' le dire, le jn-écieux spécimen de Berlin
nous a été envoyé |iar M. Paul Malshie avec l'autorisation gracieuse
de MM. les docteurs Mobius et Heicheuow. La pièce estaujourd'hui
en très mauvais état, la barbe des plumes du dessous du corps est
tellement usée (ju'il est diflicilede reconnaître sa couleur primitive ;
toute la poitrine et le ventre sont gris sale jaune brun, paraissant
mélangé de blanc, c'est-à-dire d'une couleur que ne possèdent ni
Vurhiai ni la ntsticu (le blanc a ijrcsipie complètement disparu).
Cependant, sous la gorge, on aperçoit quelques restes d'une teinte
roussàtre devant avoir été encadrée de noir sur le devant de la
poitrini' à la manière de ntalicii, mais le roux descendait sans doute
beaucoup plus bas t[ue d'habitude, s'eutremèlant avec le noir'.' Sur
les couvertures inférieures de la queue, sur les|cùtés notamment, on
aperçoit aussi la même teinte roussàtre. Quehiues plumes du crou-
pion restent mélangées de blanc {une granile quantité de plumes
a sans doute disparu). Tout le dessous du corps, la tête, le dos, les
ailes, la r[neue, sont iiresque bruns, à [leine si sur le dos inférieur
et sur la tète on aperçoit cette teinte noire bleutée propre aux deux
espèces, surtout, pensons-nous, à rustica.
Ainsi, par cette teinte brune, l'Oiseau se rapprocherait davantage
d'urbica '! dont il nous paraît bien plutôt avoir la (orme (1) que
la forme de rustica. Les rectrices, par leur conformation, nous ont
paru plutôt celles de Vurhicn, et n'ont ni en dessous, ni en-dessus,
la tache blanche de rustica. Cependant les rémiges ne se terminent
pas en blanc comme sont celles des jeunes de celte dernière.
Les pattes de cet hybride semblent avoir été en dessous couvertes
de duvet et n'ont point été probablement de couleur uoii'c comme
celle de rustica ; elles sont actuellement jaune sale. La mandibule
inférieure du bec manque.
Le spécimen, par ces caractères, semble donc hybride et a bien
l'aspect d'un jeune Oiseau ; mais son très mauvais état ne nous a
(1) Régimes? rectricei) au inuins.
296 A. SUCHETET
pas permis de uous livrer à un examen sérieux, et certes, si nous
n'avions les allirmations de Gloger et Naunianu, nous u'aurious pu
reconnaître facilement sa double origine.
A quelles causes expliquer la naissance de ce produit? Les
parents qui le nourrissaient, et dans le nid desquels il tut trouvé,
étaient de purs //. ratiliat. Aussi Gloger suppose que sa production
est due à une circonstance fortuite ; la mère, une rtistiai, laissée
dehors par la fermeture inopinée des portes et de^ fenêtres de
rétable, se serait glissée dans un nid d'Hiiondelle iirhlni habité et
se serait trouvée cochée par le propriétaire du uid (l'accouplement
des urbica a lieu généralement dans le nid); aux murs extérieurs
de l'étable existaient en effet des nids d'Hirondelles urhira. On peut
supposer qu'il eu est ainsi, à moins donc qu'un cf urbica n'ait été
enfermé dans l'étable et, ne pouvant rentrer dans son propre nid, ne
se soit accouplé avec une rustica $?... La première hypothèse
nous semble la meilleure (1).
2 et3. Exemplaires de M. leiy Vincent de RoiniUi île Ikiri , et du Musée
zooldijique de Florence. — Le premier spécimen, uous écrit M. de
Romita, fut pris aux filets à la lin d'avril 1872, le second aux filets
également, au môme endroit, à la même époque, mais l'année sui-
vante (2). Le savant naturaliste de Bari les reconnut tous les deux
pour appartenir au sexe mâle; leurs organes étaient du reste bien
développés. M. de Romita a donné au Musée d'Histoire naturelle de
Florence l'un des deux exemplaires, il n'en possède donc plus
qu'un seul chez lui. La description de l'exemiilaire (ju'il a conservé
est la suivante : « Bec et iris noirs ; sur le front une ligne très étroite
brun marron, comme la gorge, jusqu'à la poitrine. Sur la poitrine,
quelques taches noirâtres; poitrine, abdouien et sous-caudales
blanches tiraut légèrement sur le roussàtre aux flaucs et aux sous-
caudales, parties supérieures du corps noires à reflets violets ;
croupion blanc avec petites taches noires, tarses couverts dans la
face interne de rares petites plumes blanches très étroites. Long.
0,147 ; rectrices externes dépassant les médianes de 0,035.
Les deux aquarelles que M. de Romita a eu la bonté de faire
exécuter |)our uous ne nous laissent aucun doute sur l'origine
hybride de cet Oiseau.
(1) B. Wagner (l.ehrburch der Physiologie, p. 26 (en note), Leipzig, 1839;
J. Geollroy Saint-Uilaire, Histoiee naturelle générale des Ri'gites organiques,
m, p. lï<:i, De (Jualrefages Hevue des cours seientiflques, p. T.iS, 1SC7-68, onl fait
mention de cet liyljiide.
(2) Ces Oiseaux sont mentionnés dans V.icifauna pugliese. Calalogo sisteniatico
degli Vccelli ossevati in Puglia, nel dott. Vincenzo de Romita, p. 18, Bari, 1884.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 297
Dans la lettre qu'il a bien voulu uous écrire, M. do Roinita nous
dit que le sujet de Florunce est très si'uililalile à l'exenjpjaire de
sa coUectiou. Cej)eudaul, d'aiirès les couleurs des dessins ijue
nous avons reçus, les caractères intermédiaires nous paraissent
s'alliruier davantage chez le sujet de Hari (}Uf citez celui de Florence
que nousiivous pu exaiuiui'r eu nature, M. le connu, prof, (iiglioli
ayant consenti à nous l'adresser. Ce dernier spécimen ressemble eu
ellet en beaucoup de points à une Hirondelle de cheminée, dont elle
difïère cependant : l" [lar l'iibseuce du collier noir qui encadre
ordinairement le brun roux du dessous de la gorge, (cette couleur
brun roux descend directement sur la poitrine, remplaçant le noir
qui manque totiilenient) ; '1" par le croupion (jui est blanc chez
lui, mais non point d'un blanc pur, comme chez rustira; ce blanc
est très mélangé de plumes noir bleuté. (Chez l'exemplaire de M. de
Romita, l'aquarelle montre nu croupion presque blanc!). Les rec-
trices peuvent passer aussi pour intermédiaires, quoic[ue se rap-
prochant beaucoup plus de celles de rustira dont elles ont la
couleur blanche sur leurs barbes, mais non aussi fortiMuent mar-
quée que cliez celte dernière, celle couleur est plus confuse.
L'Oiseau nous a paru adulte. Cette Ilirunilo rastiea, par ses carac-
tères, quoique faibles, qu'elle présente avec urhira, peut passer pour
hybride des deux types; toutefois, elle n'indique pas sa provenance
aussi nelteineul (jue l'exemplaire de M. ïancré et dont nous allons
maintenant parler. Disons toutefois auparavant que M. Giglioli
nous fait observer que lorsque l'exemplaire eu question lui avait
été envoyé par le professeur de Homita, on apercevait quel([ues
petites plumes sur les deux tarses que le préparateur a malheureu-
sement fait tomber en le montant. H. rustica étant dépourvue à
cette place des plumes qui existent chez urbka, ce caractère
dévoilerait encore l'origine mixte de l'Oiseau (1).
40 Exemplaire de M. Tancre irAiirlaiu (l'onicranie). — M. E. F.
Homeyer a mentionné et décrit cet Oiseau qui fut observé le
Ib mars 187G par un uataraliste d'Anclam dans les environs de
cette ville (2j. L'aspect particulier qu'il présentait engagea ce
dernier à s'en emparer et à l'ollrir à M. Tancré, possesseur d'une
(1) Le spi'cinu'n est indiqué dans Primo resiKonto, III, p. 190, Florence, 1891:
il porte la date du i'j avril l>«72, mais nous pensons que eï'St par erreur, puisque,
d"apros .M. de Romita, ce serait l'exoniphiirc pris l'année suivante <ful fut envoyé
au Musée.
(2) Journal fiir Ornilliolo;;ie, p. 20:i et 20i, ISTCi. Il est aussi cité par le D' R.
Blasius dans Muuatschrijl des deutschen Vereins :um Schulze der Vogeluelt,
p. m, numéro d'octobre 1884.
298 A. SLICHETET
collection importante d'Oiseaux. « A première vue, dit M. Homeyer,
on reconnaît un hybride (bastard), cequecoullnue un examen minu-
tieux. Cet Oiseau tient le milieu entre les deux parents. L'enseuible
le fait plutôt ressembler à nue Hirondelle declieminée, tant par les
marques des ailes que par la [orme de la queue. Cette queue est
cependant un peu plus courte et sans taches blanches sur les plumes
extérieures. Par contre, la partie inl'érieuie du dos, les taises et les
côtés postérieurs sont blancs, les côtés antérieurs et la moitié
supérieure blanc châtain. La partie supérieure de la tête et les
petites plumes des parties supérieures des côtés sont bleu d'acier,
sur les côtés vert d'acier. Les ailes et les grandes couvertures noir
brunâtre, la queue de même avec les couvertures bleu d'acier,
mais sans taches blanches. Le derrière blanc avec les bordures de
plumes noires. La gorge est blanchâtre et rouge de louille, comme
l'est à la première saison celle des Hirondelles de cheminée qu'une
bande d'un brun noirâtre de 5"°"^ traverse à cette place. Les parties
inférieures du côté sont blanchâtres. Les couvertures inférieures de
la queue couleur de rouille. Les plus longues plumes ont S'"™ ; en
avant de la pointe de la plume une tache de couleur passée. Sur
les côtés du ventre, près de la queue, une tache noire couverte en
partie par les pointes blanches des plumes. La partie inférieure
de l'aile est gris rouille. Longueur des ailes 118™'», queue 74'""',
tarse 12,'^'^, la forme de fourchette de la queue 30'^^ ».
Cet Oiseau nous ayant été envoyé très gracieusement par son
propriétaire, M. R. Tancré, nous avons noté, à notre tour, les carac-
tères suivants : ailes, longueur de celles de nislica, croupe avec du
blanc mélangé de brun, mais plus de blanc que d'autre couleur,
ainsi le croupion se i-approche à'urbica. La queue nous paraîtrait,
comme forme et longueur, un mélange des deux espèces, cependant
plus du côté d'urbica; il n'existe pas de petites taches blanches sur
les rémiges. Gorge rousse, mais de couleur moins vive que celle
de )-iistica ad. (ce roux est moins foncé et plus mélangé de blanc) ;
le collier noir mélangé du brun propre à ruxtica est également
moins apparent; néanmoins, par ces caractères, le sujet de M. Tancré
se rapproche de ruslica. Les couvertures inférieures de la queue
sont blanc rou.r très elair comme chez rtistica, ainsi que les couver-
tures du dessous des ailes, et les parties qui longent les côtés.
En somme, c'est un intermédiaire entre les deux espèces très bien
caractérisé.
5° Eri'wplaire de M. Andréa Fiuri, de Bologne. — Cette pièce fort
intéressante, et qui ne paraît avoir été décrite dans aucun ouvrage
d'ornithologie, fut tuée au printemps de 1884 par M. Fiori lui-
OISEAUX IlYliniDES RENCONTniîS A L'kTAT SAUVAGE 200
nit'^mc. F/émiiu-nt professeur du Lycée de Bolop;ne ét;iit nller
cliiisscr p;ir un lomps pluvieux au Itord de la nier lorsi[ii'il fui assez
heureux pour. faire cette rencontre; VHirundo iiyltride volait dans
une bande composée û'H. ruslira et de deux nu trois urhira seu-
lement.
Voici la description ([ne nous avons faite sur la pièce montée :
gor^e roux orange descendant jnsf|ue sur la poitrine, pas d'enca-
drement noir, i)arlicularilé déjà constatée chez d'autres s|)éciuiens,
couvertures inférieures des ailes et de la queue blanc gris, jioint
roux. Sur le croupion (juehpies plumes blanc sale. Coloration du
dos noir ardoise très accentué comme rmlim. Forme de la queue
plutôt celle de ntstica, mais l'intluence d'urbira est visible ; les
deux rectrices extérieures, et les autres pennes de la queue, du
reste, nous semblent affecter une forme intermédiaire. L'Oiseau
doit étie adulte.
6" Ejrnipldiif (Ir M. Arrii/uni di'i/U Oïlili, de Padoue. — Par une
belle journée d'octobre 188(5, dans la matinée, pendant que le
savant comte était posté ])onr tirer des Alouettes dans la plaine
de Caoddo, près de Monseliie, tout à couii apparut une petite
bande de six Balestrucci (Cheiiilon nrbim). (lomme ces Oiseaux
cimtinnainnt à tourner autour de ses Chouettes (Alhcnr nortiid). le
chasseur leur envoya un coup de fusil. Un seul tomba, et la sur-
prise de M. Oddi fut grande lorsqu'il se trouva en présence d'un
Oiseau d'une coloralion anoi'niale : « fîec et iris noirs, plumage
général noir |iàle, non dégrade sur la tète, encore moins sur le dos;
(•roui)e noire à la base des plumes, rouge blanchâtre à l'extrémité.
• imge ronge améthyste, plus bas un petit es])ace foncé. Parties
inférieuies d'un blanc sale. .Viles et fiuene du Cli. urliica. Pattes
foncées avec un peu de duvet blanc. La taille de celle de i'urblca.
La manière dont il volait et sa voix l'taienl celles de cette dernière;
c'était un jeune Oiseau. »
Telle est la descriiition que .M. le comte Arrigoni degli Oddi a
bien voulu faire pour nous du sujet qu'il conserve. L'aquarelle qu'il
nous a adressée montre l'Oiseau, dans sa coloiation générali^ plus
nislini qyi'iirbirn, quoique le croupion, brun rougeàlre vers le dos
et gris brun clair vers la queue, laisse voir sur le milieu une teinte
blanchâtre sale; mais la (pieue et les ailes sont davantage iirbira ;
ces dernières sont exactement de la longueur de celles d'une urbira
que nous possédons empaillée; le bec, par sa forme, nous parait de
cette dernière espèce. Les tarses et les doigts laissent apercevoir le
duvet blanc propre à urbica, (|uoiqu'eu moins grande jjorportion
Si la figure est exacte, le spécimen se présente comme intermédiaire
300 A. SUCHETET
entre les deux Hiroudelles ; uous le croirions volontiers hybride
dans ce cas.
Nous regrettons de ne pouvoir décrire d'une manière satisfai-
sante le septième exemplaire (jui nous a été indiqué avec beaucoup
de complaisance par M. D. Niccolo Camusso^ membre àt^Vlnchiestn
ornitholuijlcn internazionale. Cet hybride Ô, tué à Pozzolo (Novi) le
14 octobre 1869, était trop abîuié par le coup de fusil pour que l'on
pût le conserver. C'était un jeune individu de l'année, avec les
deux plumes de la queue longues, à peu près comme celles de
rustica, la gorge roux marron et les pieds couverts de petites
plumes comme chez les Clieb'ilon urbica.
Nous n'avons point fait mention, dans cet article, de l'exemplaire
cité par M. Carlo Béni, de Slia (1), et observé dans le Cosentin
(Arezzo) parce que M. le prof. Giglioli nous a fait savoir que cet
Oiseau n'était autre qu'une Cotile (Clivicola) riparia indiquée par
erreur comme hybride. Nous n'avons point non plus mentionné de
soi-disant croisements qui nous ont été indiqués par un naturaliste
de Bordeaux. Les sujets examinés par ce dernier étaient, paraît-il,
très aliîmés et difficiles à reconnaître, ils ne nous ont point du reste
été communiqués malgré la iiromesse qu'on avait bien voulu nous
faire ; il y avait probablement erreur sur leur origine.
Bestent donc sept exemplaii't^s ; cependant M. le comte degli
Oddi se rappelle avoir vu un liy])ride du même genre dansla collec-
tion de iM. Gallo; malheureusement il lui été a impossible, malgré
les recherches faites, de savoir ce que ce spécimen était devenu.
Famille des Paridœ
Genre Parus
Parus atricapillus (2) et Parus Gambelli (3)
Le Musée national des États-Unis à Washington possède un
hybride sauvage pai'aissant provenir du Parus (itricapillus et du
P. Giniihelll. « Cet Oiseau, nous écrit M. liidgway, est sous chaque
rapport exactement intermédiaire entre ces deux formes. »
Ne connaissant i)oint ces deux formes américaines, nous avons
jirié M. Hidgway de bien vouloir nous donner son opinion sur leur
valeur spécifique : « Le P. iitriedpillus et lei'. Gaiiilirlli, nous a-t-il
(1) In Primo resuconio, etc., III, y. (i'.l. Kloi-ence, 1891.
(2) .Vulri's noms : Pd'ciUi atricdiiilhi, Parus liudsniuciis. Punis palustris,
var.
(3) Parus uiontanus au P(Fcile montanus.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 301
répondu, nitparticnnciil ;\ doux types liicn d('fiuis, loprPuii(>r ayaut
des bordures l)lauches visil)l(!s sur les fiiaudes couvertures des
ailes, aux secondaires et aux rectrices, bordures tjui manquent
chez Giitiilirlli , leciuel se distinjjue en outre par une raie i)lanche
superciliaire qu'on ne trouve point dans les autres espèces de ce
genre.
Parus bicolor (1) et Parus atricapillis
M. Ridg\vay(2j a rappelé la capture, par M. Christophe Wood,
de Philadelphie, d'une .Mésan^ie à ^orjic et Iiuiqie noires, et suppo-
sée provenir de la crested Titniouse (l.uplwpltiini'a hicolor) et de la
black-cap Tilniouse {Purus atricapillus].
Aucuns détails n'étant donnés sur cet Oiseau, M. de Selys-
Loni^chauips (([ui a lappoi'té aussi cet exemple) (.3) se demande si
la réunion des deux caractères cités ne donne pas l'idée du
Wolirehfri, du Texas, qui aurait ])u s'égarer accidentellement jus-
qu'en Peusylvanie. M. de Selys-Lonchamps remar(iue que cette
capture ne serait pas plus étonnante que celle faite, en Belgique,
du Parux Plcshri de Sibérie.
Nous n'avons pu, à notre rt^gret, ncTiis procurer le numéro de
l'Anierican Sporlman (4) où cet exemple a été cité pour la première
fois, nous ignorons si .M. Christophe a donné des détails précis sur
la forme et la coloration de son exemplaire et si l'Oiseau i)eut
être réellement considéré comme hybride; nous pensons qu'il
existe quelqiu's doutes sur sa véritable origine, car M. Hidgway
en parle ou comme d'un croisement ou simplement comme d'un
« Sport. »
Parus cœRULEUs (ii) et P(»:cile communis (6).
Degland dit ([ue cette dernière espèce « s'allie quelquefois avec
la Mésange bleue et que de leur union résultent des métis très
reniar([uables. » Pendant deux années il a possédé vivant un
exemplaire ([ui avait été pris dans les environs de Paris, vers la fin
de septembre de l'année 1851. Cet Oiseau portait le cachet de sa
(1) Uii I.nplif>]ili(iiies Illisx(nirien.-ii.< ou I.npluipltaïu's bicolor,
(2) In lins, VI,. f sérir, p. IC,;», ISTCi (vn nole|.
(3) (onsUléralinms sur le genre Mésuitge, Bulletin de la Société Zoologi(iiic de
France, p. ol, Iss-S.
(4) 12 (lécciiibre 1S74, p. UT.
(.ï) .\nlrcs iiiiins : Ci/ancsles raruleiis, l'arus ciyrulcsccns.
(f>) Aiilre.s noms : l'erus patustris, Temn. nec Liane, Parus cinereus communis.
Parus fruticei, Parus salicarius.
302 A. SUCHETET
double origine, quoique la forme Nonnette dominât manifestement
chez lui ; ses cnuleiirs ne furent pas mortifiées par les deux mues
qu'il suliit pendant sa captivité (1). La description que M. Degland
en a donnée est la suivante :
« Tout le dessus du corps d'un gris lavé de brun; les rémiges et
les reclrices brunes, bordées de roussàtre ; une bande transversale
blanche à l'aile,, passant sur l'extrémité des grandes couvertures
secondaires ; une tache noire à la gorge; les joues blanches ; toutes
les parties inférieures lilanchàtres, uu peu lavées de roussàtre sur
les flancs ; le sommet de la tôle noir, circonscrit par une couronne
blanche couvrant le front, la région sourcilière, l'occiput ; une
large bande d'un noir ])leuàtre passant à travers l'o'il et s'élendant
du bec à la nuque, où elle formait, par sa réunion à celle du côté
opposé, un collier interrompu, dont les branches latérales s'avan-
çaient à quelques millimètres seulement sur les côtés du cou ; enfin
des pieds bleuâtres. »
Ainsi, fait encore observer M. Degland, « cet hy])ride ne rappe-
lait donc le Parus cœruleus que par la bande blanche de l'aile ; par
ses pieds bleuâtres ; par la bande noire à travers l'œil, se réunis-
sant, sur la nuque, à celle du côté opposé, et par la couronne
blanche encadrant le noir du sinciput. Par tout le reste de son
plumage, il ressemblait à la Nonnette vulgaire (2) ».
(1) Ornithologie européenne, par Degland et Gerije, I, p. jG7, Paris, 1S()7.
(2) Voy. pour ceUc ilescriplion pages 367 il o(i8, op. cit.
Parus major (rt) et Poecii.e palustris (6)
(a) Aiilros noms : Paru$ fringilliKjii. Parus robustris.
(I)) farits palustris Linn., Ptirii.t cinereiis }iiont(nius. Parus borerilis, Porile
borealis. Parus alpestris.
M. Samuel Bonjour, de iNantes, nous écril qu'il se rappelle avoir vu un croisement
deces deux espèces, niais il y a fort longtemps, et il ne saurait, à noire regret, en
faire une description exacte. Tout ce dont il peut se souvenir, c'est ijue le jaune
faisait complètement défaut chez le sujel el que sa taille était intermédiaire entre
celle des deux espèces. L'Oiseau était alors en peau, dans un état déplorable, et est
sans doute maintenant perdu.
Nous nous demandons si ce croisemevt ne doit point être rapporté au précédent.
M. Bonjour ajoute, en effet, dans sa li.'llre, que cet hybride n'est pas le seul connu,
et (pie MM. Degland et (ierbe (dans les suppléments de leur Ornilhologie euro-
péenne) donnent une description détaillée d'un hybride idenliijue observé en cage.
Or, nous venons de voir que M. Degland a rapporté son hybride, non au croisement
du Parus major avec la Ponte palustris, mais au Parus cœruleus X Pcecile
coinmunis. Du reste, M. Bonjour ne sait si l'Oiseau avait été pris ou tué à l'état
sauvage.
OISE.VLX HYBRIDES UENCONTRÉS A l/ÉTAT SAUVAGE 303
Parus cyaxus et P.ecile borealis (1).
M. Jiiliiis V. Madarasz dit avoir vu, chez M. Menzbier, nu iiylii'ide
très intéressant qui ne serait autre que le produit du Ciinnistcx
ry(inpus et de la Pivcih' hoiralis. « Toute la partie supérieure des
ciMés de cet exemplaire, écrit M. Madarasz (2). est gris ceudré avec
une légère teinte bleue. Les ailes sont couinie celles de ciianisles
q/nneux. Le dessus de la tête est blanc de neige avec une tache noire
ovale au milieu. La bande du bec qui va jus(|u'h la partie de l'oc-
ciput est noire, tout le dessous du corps est blanc. La (jueue est
comme chez /'. InifCdlis, mais de couleur un peu moins nette. La
longueur de cet Oiseau, de sexe mâle, est de 12,3''™; les ailes 6,8;
les pattes 1,8: le bec 1/2''». »
L'Oiseau a-t-il été pris à l'état sauvage ? .M. .Madarasz ne rindiijuc
pas, il dit seulement qu'il aététi'ouvéprès de Moscou le 5 septembre,
par le savant ])rofesseur lui-même. Nous pensons cependant qu'il
ne s'agit point ici d'un Oiseau né eu captivité.
Parus cristatus (3) et Parus borealis (4)
M. Plcske a fait connaître (o) un hybride cf de Parus borealis et de
f.iilili. crisidliis acheté le l.'i S('|)tembre 1880 sur le marché aux
Oiseaux de Saiut-Pétersbourg, cette pièce est aujourd'hui devenue la
possessiondu .Musée zoologique de l'Académie impérialedes .sciences.
Nous ne savons point exactement si le spécimen avait été pris ou
tué à l'état sauvage; l'éminent couservateur du Musée de l'.Vca-
démie n'a pu nous fournir d'indications précises sur ce sujet
qui, suppose-t-il, n'est point né en captivité. D'après une com-
niunication de .M. .Meiizbier, il aurait été ])ris dans les environs
de Saint-Pétersbourg ((il. .M. Pleske (mi ;i duniié une description
(1) La mémo que P. pnlustns. dont U's antres ikiiiis scioiilili(|iii'S viennent
(IVlre donnés.
(2) Deutsche omit kologisclie Gexellxrlidfl. ,lnnin:il fin' (iiiiilli(il.i{.'ie, p. i'.ic, ixs',.
(3) Antres noms : l'uni!: iiiilrnlint, l.djilKiiiliaiifs cri.<liilu!i.
(4) Le même qne l'ircilc p<ilu:<tris, Linn.
(.H) Brxchrpihinid einiger Yogelliitslnrdi' in Mémoires de i'.Veadéniie inipériule
des Sciences de Sainl-l'étei-sbonri;, Vil" série, XXXV, ii" .'i, ISH7. Tel Oisean anrail
été cité pliisienrs fois par M. l'ic'slie. Voy. Bniliner n. l'Ieske. Ucilr. z. Ornith.de
S' Pelcrsh. (iiiitr. Ileiti: :. koniiln. A Russ. II. Tol-e. Rd IV. p. !J8 et
'l'inxuc)!'!., IItiiiii.i. C-lIcTepi'). vyû. T|). (".nô. (Ii'iii Kcr. XIV, crp.
419. .Nous n'avons pu consulter ces deux ouvrajjes.
(()) Nous n'avons point eonsalté Bnchner el Pleske, lleitr. z. Oniithologie île
St-Pétershourg goiiv. p. i.'), oii, peut-être, celte indication a été donnée?
304 A. SUCHETET
détaillée en comparant ses rapports avec les deux types purs. Nous
nous contenterons de signaler ses caractères : Plumes recouvrant
le nez blanches tachetées de noir. Sommet de la tête et devant
noirs, chaque plume avec pointe blanche. L'occiput, la nuque et le
derrière du cou (cervix) d'un noir pur. La huppe manque complète-
ment. Bandes superciliaires d'un blanc pur, sur un côté, tacheté de
noir clairsemé. Joues blanc pur ; vers les côtés du cou, claires, colo-
rées de Ijrun. Gorge et devant du cou noirs, la gorge d'un noir'pur;
le cou plus bas avec pointes d'un gris blanc. Le champ noir de la
gorge est considérablement plus grand que chez P. borealis el plus
petit, notammentà la partie antérieuredu cou, que chez L.cristalus.
Dos (partie supérieure et parties inférieures), ainsi que le crou-
pion, brun de terre, cependant avec une teinte nette de gris, en
quoi la couleur devient un peu moins intense. Rectrices supé-
rieures des ailes gris de cendre, chaque pluiue est bordée de brun.
Poitrine et ventre blancs, les côtés sont fortement colorés de brun.
M. Th. Pleske fait suivre sa description d'une planche coloriée
représentant seulement la tète et le cou de cet hybride (1). C'est, eu
effet, par ces deux parties, que les deux espèces se distinguent à pre-
mière vue; sous ces rapports, on peut dire (lue le dessin colorié (2)
présente des caractères mixtes entre les deux tyi)es. Point de huppe,
quoique les plumes soient teintées comme chez cristntus, sur la
nuque et le dessous du cou la teinte noire propre à P. pabtstris,
l'iris est du brun roussàtre du cristalus. Nous aurions été heureux
de voir l'Oiseau dans son entier, quoique la distinction du reste
du corps entre les deux espèces soit bien moins tranchée que dans
les deux parties représentées.
P.-S. — M. Menzbier veut bien nous écrire qu'un autre hybride
de la même provenance, capturé aux environs de Moscou, fait
partie de sa collection.
CvANîSTEs cYANus (.3) et Cyanistes cceruleus (4).
En 1877, M. Severtzow adressait à la Société Zoologique de
France (5) la description d'un Oiseau qu'il disait être « uu hybride
inédit de Parus ryanus et de P. cceruleus, » acquis en chair à
Saint-Pétersbourg, mais mort en cage : « Sommet de la tète d'un
(i) Fig. 3.
(2) Mémoires de l'Académip.
(3) Aiilres noms : Pttrus an-uleus major, Cyanisles cyaneu.t.
(4) Appelé aussi Parus cœruleiif:. ou Parus r(i;rulescens.
(o) Voy. le Bulletin p. 320 el p. 3:il, procès-veiLaux, séance du K) juillet IS77.
OISEAUX HYBIUDES RENXONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 30o
bleu pâli" grisAti-e; une iiKirque bleuAtre sur la g:orge, romme chez
le /*. rd'rulcii.t, tuais iiàlc; uni' teinte jaiinàlrc, à peine sensible sur
la poitrine, tout le bas du corps blanc, connue chez le /'(ov/.s- cya-
»(>!(.<; dos gris bleu, coiunie celui de ce dernier; ailes et (|ueue
intermédiaires entre les deux espèces, ayant i)lus de marques blan-
ches que lecœnileus, mais beaucoup moins que le ciidunis, »
M. de Selys-Longcbamps a contesté l'origine de cet Oiseau (1).
Pour lui la diagnose donnée par M. Severtzow désigne sans le
moindre doute le P. Pleskei.
Cyanistes cyanus et Cvanistes Pleskei.
Dans uue conférence faite à lu Société Zooloyique de France
en l(S8i (2), M. le professeur Michel Menzbier fit savoir ([u'il avait
recueilli une série d'exemplaires (|ni, d'une part, présentaient
« les produits du croisement des ('. l'Icskri l'I et des ('. ii/anuf!, »
et, d'une autre, « ceux du croisement de ces hybrides et des C.
cfidniis». M. Menzbier trouvait inutile « de donner la description
de tous ces exemplaires », (quatre, pensons-nous), (3) il mention-
nait seulement qu'ils avaient été capturés « dans la contrée où les
C. njdtiiis et les C. l'Ic^hi'i nichent ensemble et disait qu'ils pré-
sentaient une série de formes intermédiaires entre les C. ri/dnus
et les C. Pleskei ». Ajjrès avoir fait connaître que, sur cinq cents
exemplaires à coloration normale, se trouvaient dix exemplaires
C. Pleskei et cinq de ceux (jne l'on peut envisager comme hybrides,
le savant conférencier continuait ainsi: ((Comme je possède des exem-
plaires intermédiaires entre les bybridesde C. Pleskei et de (\ eijdnus
et de i;es derniers, et (|ue je connais la relation numéri(iue entre les
C. cijdnus et les C. Pleskei, je me vois eu même temps obligé de con-
venir (jue les C. Pleskei s'accouplent avec les C. ci/anus, eu formant
des hybrides qui, à leur tour, se croisent avec les C. ci/itmis, et, après
plusieurs générations successives, se confondent complètement
avec les (\ eyanus. «
Disons tout de suite ([u'un naturaliste de Russie, qui reçoit dans
ses magasins un grand nombre d'Oiseaux, ne |)artage point cette
manière de voir et ne croit point aux hybrides de C. Pleskei
X C. Cynniis. Nous ne contesterons point cependant, jusqu'à de
nouvelles observations, l'assertion de M. Menzbier; ce qu'il indique
(t) Voy. Sur le genre Parus, Bull. Soc. ZooIok. de France, 1884.
(2) Voy. : Revue seienlifique, p. .11;) et .'Ht), ii" du H'i avril 1884.
(3) Voii- : Mémoires sur les l'aridtr. I. I.e groupe des Mésanges bleues. Bulletia
do la Sociélc zooloiiiiiui- de Kraiicc IX. 1884 (p. 28, 2',) el 30 <hi liiaf;c à pari.)
nO() A. SUCHETET
est peut-être très exact, uous isnoroas nbsoluiiieut ce qui se
passe dans la nature à ce sujet. Mais si l'éminent professeur base
son assertion sur les quatre exemi)laires uniques décrits dans son
Mémoire sur les Parulœ(i), ce chiffre est-il suffisant pour prouver
que les deux types purs se croisent d'une manière constante d'ahord
entre eux, puis dans la suite avec leurs produits'.' Il faudrait, il
nous semble, recueillirun très grand nombre d'exemplaires croisés
pour que cette opinion fût probable ; peut-être M. Menzbier les pos-
sède-t-il aujourd'hui? En 1884, M. Zaroudnoï, ornithologiste dis-
tingué d'Orenbourg, disait avoir dans sa collection un hybride
C. l'h'skei x C. eijanus (2), ce qui portait à cinq les exemplaires
hybrides décrits et sans doute alors seuls connus.
Eu effet, sur le tableau des formes décrites des Mésanges bleues,
tableau récapitulant, pensons-nous, toutes les Mésanges que
M. Menzbier a vues dans les divers Musées d'Europe, quatre formes
hylu-ides de Cyaniis Pli'sh-ei (celles qu'il possède) figurent seules.
M. Menzl)ier les a déterminées ainsi: une $ ilO avril Moscow),
croisement direct, soit Cijan. cyano X Pleskei : une autre femelle
(22 oct., Moscow) l'origine Cyun. qinno X Pleskei X C. cijnnus; un cT
(16 avril, Moscow) également C. cyano X Pleskei XC cnanus; enfin
un autre individu cf C cyanus Pleskei x C- cyanus X C. cyanus (3).
Si les caractères des hybrides suivaient des règles fixes, c'est-à-
dire si les demi-sang étaient de ])lumage et de forme mixtes, si les
trois-quarts sang n'étaient plus dans leur aspect extérieur qu'un
quart d'une espèce et trois quart de l'autre, et ainsi de suite, il serait
certainement possible de déterminer la part des facteurs qui les ont
produits. Mais les caractères des hybrides sont-ils invariables ? leur
coloration et leur forme peuvent-ils servir à indiquer sûrement
le rôle des deux parents ? nous ne voudrions le dire, car un individu
léellement demi-sang, ayant eu pour parents deux types d'espèce
pure, peut se rapprocher sensiblement d'un seul de ses auteurs; au
contraire un individu trois quarts sang pourra demeurer mixte, entre
(1) Le groupe des Mésanges bleues, in BuUoliii de la Sociélé zoologique île
France, IX, 1884.
(2) Voir Ren((irques comple'mentnires pour connaître la Faune ornilholng^gue
(lu pays d'Orenbourg. Bullolin lie la Sciciélé des Natiiralisles rie Moscou, n" 4, 1888.
C.oile communication nous a été faite directement par M. Zaroudnoï, cai' nous
n"avons pu consulter son mémoire écrit en langue russe, pensons-nous.
(3) Me'nioires sur les Parido-.
1. ie groupe i/p.s Mésanges bleues, où ces quatre exemplaires sont décrits avec
beaucoup de détails que nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici, à causerie
retendue de la description. (Voir p. 28. 29 et 30 du Bull, de la Soc. Zool. rie France).
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 307
les deux espèces pures ; nous ;ivons observé ces phéuomèues. On se
IronipeiHit (loue eu allriliuaiit la uaissauco du piouiiiT à un hybride
avec l'fsiifcf jiurc ; la [iioducliou du st'ioud à uu croiseuuMil de
deux espèces pures. Les caractères que préseuteul les liybriiles ne
peuvent iudi(|ui'r toujours la part des parents; uous revenons
souvent sur ce point parce que nous le croyons d'une certaine
importance.
.\insi les trois derniers exemplaires, sur h^squels se fonde
.M. .Menzbierpour indi(iuer « les rcsultals tlu croisement de plusieurs
générations de l'Iiybride avec l'espèce ])ure », ne sont p.'ut-étre (|ue
les frères et sueurs du premier et descendus directemeut d'un couple
composé d'un l'i/anas el d'un l'ieskei'!
Quaut à l'extinction des (.'. IHi'sIcci par leurs croisements avec les
('. ci/a/u/.s- et les hybrides qui résulleut de cette union, uous admet-
tons fort bien avec M. Menzbier que, si ces croisements se lépétaieut
constamment, ils élimineraient peu à |ieu le premier type pour
fairt! place euliu et dèliuitivemeul au second. 11 est certain que le
mélaufîe répété d'hybrides (féconds) avec des individus d'espèce
jjuie doit aboutir falalemeut à l'ellcacement complet des caractères
du type dont le saufi' u'eutie plus que daus d'iulimes proportions.
Toutefois, dans le cas présent, il faudrait encore, pour aboutir
à l'extinction des types purs C. l'ieskri, que ces derniers ue
s'alliasseut jamais entre eux (1).
Et, du reste, les C. Plnkei formeutils une véritable espèce?
Dans un mémoire très étendu sur le genre Mésange (l'anis) (2),
.M. Edm. de Selys-Longcham|)s, après de savantes considérations
et de très compétentes observations sur les races nombreuses des
espèces souches de ce genre, conclut que le Ciidnixli'x l'Ii'skci,
observé, ou le sait, pour la première fois, par M. Th. Pleske, sur le
marché de Saint-Pétersbourg au printemps de 187G, n'est qu'une
race de C. avntlcHs. 11 est persuadé ([ue c'est, eu effet, une race
constante, mais eu l'examinant de près, en considérant la similitude
absolue de la stature et des dessins avec ceux du cœiuleiis et de ses
races pemicus et Ti'nnifja-, il est d'avis que ce n'est qu'une race
cUnintériqite, remplaçant le avnileus, précisément dans ces contrées,
où habite le Parus cyanus, avec lequel elle aura toujours été
(Il M. Mcii/liicr a inUliilé sa confrienrc : u Huit' ilu criiiseiiieiil ilans l'exlinction
des espèces », ('("sl pniiniuoi nous nous peiimllons ces rùllexions.
[i) Bulletin tle la Sm-iolé zoologiquc de France, p. 'ii à p. St), ISM.
308 A. SUCHETET
confondue (1). M. Alf. Dubois veut bieu nous dire qu'il considère
également C. Pleskei comme simple race ou variété climatérique.
Nous pensons qu'il ne peut eu être nutreineut si nous en jugeons
par deux individus (jue nous posséilons et qui nous ont été adressés
de Moscou; à moins donc que C. Pleskei ne soit un hybride de
V. cyanus X C. cœruleus comme nous l'expliquerons plus loin.
Il ne sera pas sans intérêt de ra|>peler ici brièvement dans
quelles circonstances le type nouveau C. Pleskei fut érigé au rang
d'espèce.
L'Oiseau obtenu, comme ou vient de le dire, au marché de
Saint-Pétersbourg, n'avait vécu chez M. Pleske qu'un seul soir et,
comme il venait d'être pris, il était impossible d'imputer à un aussi
court séjour en cage un changement de couleur qui permettait de
le distinguer de P. cœruleus.
En 1877, le docteur Cabanis crut donc devoir attirer l'attention
de ses collègues sur ce spécimen, disant qu'il s'agissait probable-
ment d'une nouvelle espèce destinée à enrichir la fauue ornitho-
tique du Nord-Est de l'Europe et du Nord-Ouest de Sibérie {î).
Les captures du nouveau type depuis cette époque paraissent
toujours rares, plus rares mêmes nous dit M. iMenzbier ([ue les
hybrides Cyan. Pleskei X C. cyanus. Eu 1884, celui-ci ne men-
tionne encore sur son tableau des dimensions des Mésanges bleues,
que six exemplaires, un seul de la variété A se trouvant à Paris
au .Muséum d'Histoire naturelle; les cinq de la variété B répartis
ainsi : un au .Musée britannique, un autre à Vienne, et les trois
derniers dans sa collection. Nous avons appris par .M. Paul Matschie
(qui considère Pkskei comme une salspccies) que le Musée de Berlin
conservait deux seuls exemplaires (3). M. .\lfred Dubois nous dit
que le Musée de Bruxelles n'en possède point, mais que les deux
sujets ligures dans le dernier fascicule de son ouvrage appartiennent
(1) Sur le genre Parus. — On se rappelle qu'à propos d'un e.\emplaire acheté sur
le marché de St-Pélersbourg et signalé par M. Sewertzovv comme hybride de
cœruletis et de cyanus, M. de Selys avait dit que la diagoose très claire que celui-ci
en donne désignait sans le moindre doute le P. Pleski. In Bull, de la Soc. Zool. de
France, p. 330, IS77.
0 Voy. Journal fur Ornilhologie, p. 213, avril 1S77, rapport pour février, ou
une figure de l'Oiseau a été donnée pour la première lois.
En 1881, M. Menzbier, dans la Reçue comparalioe de la Faune ornithologique
du Gouvernement de Moscou , indique C. Pleskei, Cah. à titre d'espèce. Voy. Bulletin
de la Société des .Naturalistes de Moscou, n" 3, p. 212, 1881.
(3) Ces deu.x exemplaires sont sans doute ceu.\ dont M. Dubois a parlé dans le
Journal fiir Ornilhologie 1877, et dans le même journal, p. 109, 1878.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 30SI
à M. le baron de Selys-Loagchamps (1). Le Muséum de Paris ne
s'est point enrichi de nouveaux exemplaires, il n'eu conserve (ju'un
seul, rapporté il y a (pielques années du gouvernement de Moscou
par M. Ujfalvy. Le cataloguedes Oiseaux du Brilisli Muséum ne men-
tionne (pie le sujet $ déjà indi(iué par M. Men/.bi(!r. AL Taczauovvski
ue fait poiul liguierr. l'IrsLct dans la liste des Oiseaux observés
depuis cincpuinte ans en l'ologue (2). Dans la liste des Oiseaux des
gouvernements de Saint-l'élersbourg (Ji), M. Eug. Biichner dit que
ce type u a été observé qu'en petit nombie. C'est eu vain ([ue nous
avons cherché des mentions de nouvelles captures de ('. l'irslcn dans
les grands journaux ornithologiiiues européens, l'Omis, le Journal
fur Ornithologie, l'Ibis n'en parlent point ou fort peu (4). Nous peu-
sous ((ue la pkqiarl des collections ornilhologiques ne possèdeut
pas encore ce nouveau type. Le Musée de \'ienne (Autriche) eu
serait même dépourvu (5) ? M. Lorenz, naturaliste de Moscou,
nous a cependant signalé trois pièces eu sa possession ; nous lui
avons acheté deux de ces pièces. Dans une nouvelle communication
que M. le prof. Meuzbier a la bouté de nous adresser, nous appre-
nons (jue le Cyan. l'icskei, type toujours rare, se rencontre actuelle-
ment en Russie dans les trois localités suivantes : environs de
Saint-Pétersbourg, environs de Moscou et environs d'Orembourg ;
c'est à Moscou qu'on le voit le plus souvent, tandis que c'est à
Orembourg qu'il est le plus rare.
Dans celte communication M. Meuzbier nous dit qu'il est mainte-
nant d'avis que la variété B est le résultat d'im croisenieul d'un
iiybride ('ijai(. Plciikei x C. cyanus avec un ('. l'b'skei lypicjne ; dans
ce cas on aurait trois sortes de formes :
A) Cyiin. iHeskei typique.
B) Première génération des hybrides C. Pleskei X C. cyaiius et
génération résultant du croisemeul de ces hybrides avec les Cyan.
cyanus.
C) Première génération des Cyan l'ie^kei X C. cyanus et généra-
tion provenant du croisement de ces hybrides avec les Cyan. Pleskei.
Ceci pourrait expliquer, d'après .Meuzbier, pourquoi les carac-
(1) Le d* vient de Moscou, la :^ a élé prise en Belgique (Liège).
(2) Omis, p. 4Cu, 1888.
(3; Juui'oal fur Uiiiilbulogie, p. 19G, i88u.
(4) .Nous ne vuyons guine ligiirer (|u'un seul sujet, encore douteux, parmi les
supt Parus ugareus tués par M. Alexanilre Mchalovits. Qrnitlioloijische Cosells-
cluifl zu Berlin. Voir Cabanis-Journal fur Ornitliologle, p. US, 1885. Voir aussi le
uniuie journal, p. i07, 1880, où une vague mention de l'teskii a élé également laite.
Ci) D'après une coiumuQicalioa de .M. le D' L. Loreoz, Cutlos-adjunct.
310 A. SUCHETET
tères distinctil's de la variété B sont moins constants que ceux
de la forme typitiue et pourquoi aussi cette même variété est moins
fréquente que les hybrides Cjjan. Plfskei X ('yan. cyanns.
L'étude du type l'kskei est donc d'un grand intérêt pour les
zoologistes; mais M. Menzbier nous permettra de lui rappeler res-
pectueusement qu'il n'est pas prouvé, comme nous le disions tout
à l'heure, que les produits demi-sang revêtent nécessairement des
caractères intermédiaires entre les deux espèces mères des(]uels ils
tirent leur origine; pas plus qu'il n'est prouvé que dans un produit
trois quarts sang ces caractères intermédiaires s'alïaiblissent
aussitôt, il ne viendra à l'idée d'aucun ornithologiste, pensons-nous,
d'allribuer la naissance des hybrides Luj. clhuris X Ltnolacannabina
ou FringiUa cœlebs X F. muntifringilla, rencontrés à l'état sauvage,
les nus à nu croisement direct, les autres à un mélange de l'espèce
pure avec un hybride; l'origine de tous iudistiucleineni est imputée
à un croisement d'espèces pures. Or, si nos souvenirs sont exacts,
tous les hybrides que nous avons vus ne sont pas absolument sem-
blables; pour le dernier croiseau'ut, nous avons vu des individus
revêtant presque entièrement les caractères d'une seule des deux
espèces pures. Nous possédons un hybride trois (juarts sang
{C(dtiiiiba) qui ne présente pas de dillerenee avec d'autres proiluits
demi-sang de la même origine.
Les jeunes provenant du croisement des libii>iilurn ressemblent
tantôt à l'un des parents, tantôt à l'autre; si le mélange des espèces
mères n'avait été constaté de risu, il n'aurait donc point été pos-
sible de les déclarer demis;ing. Chez les Léporides (si toutefois ces
liybrides existent réellement'.') on constate toujouis une forte
ressemblance au type Lapin (L. cunkulm). M. Guruey a cité des
cas curieux parmi les Palmipèdes et les Oiseaux de cage où des
individus hybrides demi-sang ne tenaient, pour ainsi dire, que
d'une seule espèce.
Le renversement des termes père et mère est-il même capable
d'opérer un changement dans les caractères des produits. Nous
possédons deux Ô demi-sang Euplucainus melanotus Ô X Lineatus
limjnaudii $ semblables entre eux et semblables aussi à un autre
Ô provenant d'une nteldiwtus $ et d'uni'. Uaynaudii Ô. Si quel-
ques légères dillérences existent, elles sont plus sensibles çntre les
deux exemplaires du premier croisement qu'entre ceux-ci et l'exem-
plaire du second mélange. Au contraire, un Ô demi-sang E. Sicinhoi
Ô X E. nycllienterus $ dillère en une certaine manière d'uu Ô pro-
venant d'un E. Suinhut Ç X E. nyrlhemenis ô.
L'étude des caractères des hybrides demi-sang, trois quarts sang,
OISEAUX HVBniDKS hexconthés a l'état sauvage 311
cinq huitièmes, etc., obtenus en captivité, s'impose donc d'une
manière toute inniiculiiTe ; car lorsque deux espèces se mélangent
accidentellement dans la nature, leurs produits ue peuvent sans
doute emprunter exactement autant de parties à une espèce qu'ils
en empruntent à l'autre. IJu des types purs (|ui se croise aura,
dans certaines circonstances, une action plus grande que son
conjoint n'en aura une sur lui, d'où il s'en suivra que son influence
sera prépondérante.
Cyanistes cceruleus et Gyanistes Pleskei
Dans sa conférence faite à la Société zoologique de France,
M.Menzbier dit encore que les C. cœrulcns, d'après leurs stations et
leurs habitudes, « se rapprochent à un tel point des ('. iHcskci » que
l'on ne devra point s'étonner si des observations ultérieures
« prouvent que ces Mésanges se croisent entre elles et produisent
des hybrides. » .M. Menzi)ier remarque toutefois que ces deux
formes sont si voisines dans les traits typiques de leur coloration,
qu'il est souvent très dillicile d'indiquer les caractères d'après les-
quels ou pourrait distinguer les hybrides. « C'est la comparaison
seule de ces exemplaires avec ceux des C. cœruleus qui pourrait
faire remarquer peut-être que le dos est d'un bleu plus intense, les
parties inférieures plus pâles et le blanc de l'abdomen plus déve-
loppé. » M. Meuzbier possède dans sa collection un exemplaire $
de ce genre recueilli près de Moscou 2(3/14 janvier.
M. Menzbier ne dit pas par là que les (J. cœruleus se croisent
certainement avec les C. l'ieskci, c'est une hypothèse qu'il émet ;
elle est du reste possible (et même probable) si le C. PlesL-ei, comme
le croit M. de Selys-Lougchamps, n'est qu'une race de C. cœruleus.
Semblant contirmer cette opinion, M. Zarouduoï nous écrit qu'il
possède daus sa collecliou d'Uremliourg (Russie), un exemplaire
auquel il attribue l'origine C. vœruleusK t'. Pleskei XC.cœruleus([}.
Cyanus flavipecteus (2) et Cyanistes cyanus var. Tian-Schanicus.
D'après M. Menzbier (3), le prof. Severtzow possédait dans sa
collection des exemplaires de Cyanistes du district limithrophe de
la région des C. flaiiperlus et des C. cymius tidn-seliatiirus « avec dé-
(1) Nous pensons que la JeàL-iiplioii do cet Oiseau a élé ilonuée daus le Bull, de
la Société des Naturalistes de Moscou, n" 4, 1888.
(2) Ou Parus flavipectus, ou encore Cyanestes flavipectus.
(3) Les hlt'sanges bleues. Bull, de la Soc. zoolot,'. de France, I88i,
312 A. SICHETET
veloppeineiit plus ou moins l'aiLle de jauue sur la jjoilriue el avec
tous les autres caractères de la forme typique des C. flavipectus ».
M. Menzbier se deiiiaude si ou ne doit pas adineltre que ces exem-
plaires, de même que ceux des C. njatiati lian-irlianinis à couleur
jauue sur la poitrine, soient des hybrides des C. cyanus Imn-srltanicus
eldes C. flacipert II»'! «C'est une simjile conjecture à latiuelle se livre
léminent naturaliste; du reste s'il admet à titre d'espèce ('. jlaci-
pectus (considéré comme race de ci/diiiis [lar M. de Selys-Long-
cliamps), il reconnaît que C. tîan-srluinlciiti n'est qu'une variété ou
race de C. cyanus, il s'agirait donc ici du croisement hypothétique
de llacipectus avec cyanus, ainsi que cela résulte, du reste, de l'opi-
nion que M. Menzbier a émise dans sa conférence faite à la Société
Zoologique de France (1).
Or, pour M. de Selys-Lonchamps, le flmipeclus est encore au cyanus
ce que le cwruh'us est au i'lfsl;ei. 11 ne trouve chez flavipectus aucun
caractère assez inqjortant pour le séparer de cyanus. Il en donne
la raison et cite, à l'appui de son opinion, un exemplaire femelle de
cyanus du Nord de la Russie faisant partie de sa collection « chez
lequel les lianes, depuis la base delà poitrine jusqu'à la queue, sont
très légèrement, mais dislinclement, lavés de jaune pâle (2) ».
Un exemplaire obtenu à Ferghanah, provenant de la collection
Sewerztovv, actuellement eu notre possession, ne dillère que par le
jaune de cyanus dont il se rapproche [lar tous les autres points, ce qui
nous fait partager la manière de voir de M. de Selys-Longchamps.
Remarque,
Le présent croisement C. jlavipectus X C. cyanus, elle précédent
€. cœruleus X C. Pleskei,se produiraient donc entie variétés et non
entre espèces. Nous devons toutefois ici faire mention d'une
opinion émise par iM. Vian. Dans une communicition que celui ci
avait bien voulu nous adresser il y a quel((ues années, il disait
« qu'il était convaincu que les deux formes iHesla'i et jlavipectus sont
des métis de la Mésange bleue {cœruleus] et de la Mésange azurée
(cyanus). 11 possède quelques exemplaires qui tiennent plus ou
moins de ces deux types, variant dans leurs emprunts qui leur
font et soûl Pleskei ou llavipectus suivant qu'ils ont pris plus ou
moins à Parus cœruleus ou à Parus cyanus ; entin ils sont rares
partout ».
(1; Voy. Hevue scientifique, p. 516, 1884.
(2) P. 72.
OISEAUX iiviminKs iuîncontiiics a l'ktat sauvagk 313
Eu 1884, alors que ciu(i exeuiphiires Pleski'i ijaraissaient seuls
connus, M. Meuzbier (1) disait d'eux que le plus grand uonibre
élaient des mâles et préseulaieut deux variétés : l'uue à bec bleu,
à tache d'uu jaune très prononcé sur la poitrine, plus voisiue de
ca-ralt'tis; laulre, plus i)àle, a la tète duue coloratiou bien moins
prononcée se rapprochant de cyaiius. Si les observations faites
de|iuis conlirnu'ut ces reuseii^nements (ce ([ue nous ij;uorons), il y
aurait (juelqucs prohabilites à iidmellre les /'/cs/ri'/ à titre hybrides,
peul-élre même pourrait-on attribuer leurs deux variétés au ren-
versement de tenues père et mère dans le croisement des espèces
pures, si toutefois ce renversement est capable d'accomplir des
changements dans la coloratiou des [iroduits, chose, nous l'avons
vu, très discutable. Aussi, uoiis ue voudrions aucunement soutenir
cette thèse, et le C. iHc.skn, comme le dit M. Selys-Longchamps, qui
a étudié longuement ce sujet, n'est probablement autre qu'une race
locale de ca-nilcus, tandis (jue llacipeclus se rattache à l'espèce
souche, cyanas. C'est tout à fait notre avis.
Les derniers croisemeuts que nous venons d'énumérer restent
donc très obscurs, puisqu'on ignore la véritable origine de l'kskei
et de Ihniperlus, et qu'on ue sait s'ils sont de bonnes espèces, des
races ou des hybrides'? Qui sait encore si les pièces considérées
comme hybrides ne sont point des variétés de coloration?
11 serait très désirable qu'un amateur d'Oiseaux insectivores
voulût bien entreprendre dans ses volières le croisement du
Cyanistes cœruh'us et du Cyanistes cyanus, ou verrait ainsi si, du
croisement présumé, naissent les C. l'icskii et même les C. jlavipec-
tits ; aiusi serait tranché le débat. Eu cas de négative, il faudrait
voir dans ces deux derniers types des races ou variétés des espèces
souches.
Cyanistes cyanus et Puecile longicaudus (2)
M. le prof. .Meuzbicr dit (.'() qu'il possède dans sa collection un
exemplaire de .Mésange bleue recueilli près de .Moscou, lequel « ue
peut être qu'un hybride d^ C. cyanus el de Pœcile bnyicaudus. y>\oici
la description de cet Oiseau d'après le sa vaut professeur de Moscou:
(I) P. olijiie sa Conférence, iii Heviie SeieiiUfique.
(i) .\utres noms : Parus catiUulus, Parus longicaudus, Mecistura vagans,
.Egitliatus cauilutui, Acredula caudata, Mecistura caudata, l'aroides caudatus
et longicaudus.
(3) Mémoires sur les Paridœ. I. Le groupe des Mésanges bleues, Bullet. Soc.
Zoul. de France, IX, 1884.
314 A. SUCHETET
« La coloration de cet hybrifle est d'uu gris pâle, intermédiaire
entre la coloration du (.'. cijaniis et celle du l'œcUe lonyirauilus. Le
sommet de la tète est entouré d'une large bande blanchâtre; une
bande noire jirend son origine à la base du bec, traverse l'œil et se
prolonge jusqu'à la nuque, comme dans les C. cyanm, mais elle n'y
forme point les deux embranchements. Le dos et les scapulaires
d'un gris pâle, moins intense sur la partie supérieure du manteau,
à l'endroit où nous oljservons une tache blanche chez les C. ci/anus.
Les couvertures alaires d'un bleu grisâtre foncé. Les grandes cou-
vertures, un peu plus foncées que les autres, sont terminées par du
blanc pur, qui forme une bande transversale sur l'aile. Les rémiges
primaires noirâtres, blanches sur les pages externes; les rémiges
secondaires d'un gris noirâtre, avec bordures blanches plus larges
sur les pages externes et avec pointes ressemblant à celles des
C. ryanus. Les rectrices sont noires, à teinte d'un gris bleuâtre, la
plus latérale à page externe et à pointes blanches ; la seconde liserée
de blanc sur la page externe; la troisième un peu moins lisérée;
sur les quatrième, cinquième et sixième, le blanc disparait tout à
fait et c'est le gris pâle qui le remplace. Le dessous du corps, d'un
blanc pur, excepté la gorge, qui est marquée d'une tache noire
comme chez le Pivcilc lonyicatulus. » M. Menzbier note encore « que
le bleu propre au C. cyanus est très faible dans l'exemplaire cité et
qu'il est remplacé par le brun du PœciU' longicaudus. La teinte si
pâle de la couleur bleue du C. cyanus est pour ainsi dire eiîacée
parle brun plus prononcé du Pœcile longicaudus. »
ACREDULA CAUDATA et ACREDULA IrBYI
Ce croisement ayant été cité par M. H. Giglioli, à titre hypothé-
tique (1), dans la lite des cas d'hybridité de l'Avifauna italienne
représentés dans la collection centrale des Animaux vertébrés de
Florence (2), nous croyons devoir en faire mention; il ne peut
toutefois être question ici que d'uu croisement entre l'espèce souche
et une variété locale, le genre Acredula (ou Orite) n'étant représenté
en Europe que par une seule espèce : Y Acredula caudnta. Dans la
variété Irbii qui se trouve eu Espagne, dans l'Italie centrale et
(1) La citalion de M. Gijilioiu est précédée d'un ?
.2) Primo resoconto dei liesullati délia InchiesUi ornithologica in Italia,
Parle teiza ed ullinia, Notizie d'Initole générale, compilata dal dottore Henrico
Hillger Giglioli, p. 70, Florence, 1891.
OISEAIX HYBRIDKS RKXCONTHKS A l'kTAT SAUVAGE .'Jlo
méridionale, flaus la Sicile, la couleur violette des scapulaires est
remplacée i)ar le gris (1).
Le sujet du Musée de Florence provient de Turin el fut pris (ou
tué) le 19 octobre 188i. M. II. Giglioli se contente de dire que « la
tête est pres(pic hlanciie » et jilaco devant sa ritalion, comme nous
l'avons dit, un point il'iuterrogatiou.
ACREDULA ROSEA et ACREDULA IrBVI
D'après M. Seebohm.l'.l. Irhiji se mélangerait en Lombardie avec
r.l. rosea, la forme britaiini(iuo de VA. cnudatd (2).
Le D' Gadow (■i) parle de trois exemplaires du Piémont, conservés
dans la collection du Brilisli Muséum, intermédiaires entre À. Irbyi
et A. rosi'a (4).
M. Tommasso Salvadori dit également (4) qu'en Piémont, en
Lombardie et en Toscane on trouve des exemplaires intermé-
diaires entre .1. roscd et .4. Irhyi, lesquels ont le dos cendré en
grande partie, mais taché de noir. « Probablement, ajoute le savant
comte, ce sont des hybrides. »
Que sont les deux types? Jus([u'en ISSfi, dit M. Al|)hoi)se Dubois,
tous les ornithologistes oui considéré les dillérences de coloration
que présente l'espèce .1. caudata, soit comme un caractère sexuel,
soit comme une distiucliou d'âge ou de saison.... Plusieurs
auteurs anglais vienueul d'admettre trois espèces aux déi)eus du
Parus caudata. Pour eux, les individus à tète blanche appartiennent
seuls au type de Linné, tandis que ceux jjourvus d'une bande sour-
cilière forment deux espèces : .1. rosm et A. Irhyi (5).
L'éminent conservateur du Musée royal de Bruxelles ne partage
pas cette manière de voir; tout en reconnaissant l'existence de ces
trois formes de .Mésange à longue queue, il ne les admet qu'à titre
de races ou variétés climatériques (6). D'après cela, si les deux
(1) Voy. Seobohm. .1 hislory i>f hriLsh Binis, I, p. 'iS7. M. Odoardo l'erragni la
signale ilaiis son .ii'ifaiinit creiiionese, p. iK). Crcmoni' I8.s;>. Il dit laviiir Iroiivée en
compagnie de sa proche alliée .1. cauiinta. 11 en fait «ne espèce.
.M. Tonunano Salvadori ne la mentionne poinl dans sa Fliunn d'Hulia.
(2) yue l'on voit aussi dans le non! de la Krance et l'Allemagne occidentale,
(d'après le mème.)rt/). cit. I. p. 'iH7.
(H) Catalogue nf Uinls of llrilish Sluseum, VIII, 1883.
(4) Nous en trouvons seulement deux indiqués dans la liste.
(5) Elenco degli VccelU itatiani, p. DU. l88()-87.
(6) Remarques sur les Mésanges du genre Acredula, Bulletin de la Société
i[Oologii|ue de France, p. 437, 188.3.
31(î A, SUCHETET
croisements assez hypothétiques que nous mentionnons se sont
réalisés, ils seraient donc produits entre types appartenant à une
même souche.
Famille de MotacUlidiv.
Genre Motacilla.
MOTACILLA ABBA (1) et MoTACILLA LUGUBRIS (2).
Teniminck (3) dit avoir « acquis la certitude que, dans nos con-
trées occidentales, la Benioronnelte Jiufubre s'accouple av«c la Ber-
(jerannette (/rise et produit des individus tapirés de noir et de
cendré clair. » Serait-ce parce qu'elle ne trouve pas toujours à
s'unir avec des individus de son espèce, se demande le célèbre
ornithologiste? Quoiqu'il en soit, ajoute t-il, le fait est certain.
Le rév. Macpherson dit qu'il a vu lui-même les deux espèces
appariées (4). Un des Musées d'Histoire naturelle d'Angleterre ren-
ferme un individu qui proviendrait de ces deux types? (5)
Pour M. Degland, la Hochequeue grise (Motacilla liiyubris) n'est
qu'une race de la Motarilht alha, ainsi (jue pour beaucoup d'orni-
thologistes. M. Sharpe l'a portée cependant au rang d'espèce (6).
M. Sclater la distingue également de M.alba, mais il ne précise pas
à quel titre (7). Ces deux Bergeronnettes sont assurément deux types
bien rapprochés et leurs hybrides, (si hybrides il y a), doivent être
dilliciles à reconnaître. D'après ce ([ue nous avons pu juger par
l'examen de plusieurs exemplaires, M. laijiibiis ne se distingue
d'nlba que par son aile présentant moins de blanc, et par son dos
plus noir, .\ussi de si faibles dilïérences sont-elles suffisantes pour
ériger ces deux types au rang d'espèce ?
(1) Auli-ps noms : Motacilla cinera.
(2) On Motacilla Yarrclii, oa MolacilUi nlba. oa Motacilla iitha lugubris.
(3) Manucld'Ornithulogicou Tableau sysléinaliqiiedcs Oiseau.r<iui se trourent
en Europe, I. p. 2ai, 1820-1840.
(4) « Paired logelhcr ».
(5) « A oa^e of Pied Waglails at llie Natiiral Muséum, dit le Révérend, contains,
as one of (he parents, a Blid whicli conipelenl aulhorilies hâve decid, I belive,
to be a Whilc-Wagtail », Field, 3i mai 1890.
(6) Ornithologie européenne, I, p. 384.
(7) Catalogue dis Oiseau.t du Muse'e britannique, p- 'i*Xi, 1885.
(8) Voy. : Ibis, p. 173, 1874.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LETAT SAUVAGE 317
BODYTES FLAVA (1) Ct BUDYTES MELANOCEPHALA (2)
M. Tli. Pleskea figuré (3) une Lavandière jaune qu'il croit prove-
nir de la Molacilla flnva Lin. et do la Motacilla mchinoccpbaln I.iclitn.
Cet Oiseau fut pris le S avril 18îî4, près de Gur^ew. M. Pleske pré-
sume f|ue la Motarllln flunt est le père de cet exemplaire « parce
que ses régions molaires sont toutes blanches ». Le sexe n'a pu être
distin?;ué, M. Pleske croit rependant ret Oiseau mâle, ses couleurs
étant très vives.
Le savant académicien en a donné une description détaillée en
ayant soin d'étai)lir ses rapports avec les deux types purs; nous
nous contenterons de not(>r les caractères suivants: « dos, plumes
des épaules et croupion d'un vert foncé olive; petites tectrices des
ailes brunâtres, bordées largement d'un vert jaune d'olive, celles du
milieu et les grandes d'un brun foncé, bordées largement de jaune
verdàtre, les |)lnmes axillaires d'un jaune vif. Plumes roctrices les
plus extérieures, toujours deux ensemble, blanches avec taches
noires, la troisième plume rectrice noire, les autres plumes de la
queue sont noires. Bec et pieds noirs. La nuque, le derrière du
cou, la tache de l'oreille d'un gris noirâtre. Joues rougeàtres avec
quelques plumes noirâtres et jaunâtres. Gorge blanche, mélangée
de jaune vers le cou. Culmen 13™™, ailes 7G™™.
La limlijlf» incliinnrrpliiila n'est, d'après Degland, ipi'une race
de /{. flava (4). La menocepbala nous paraît différer de flaca par le
dessus de la tète ([ui est noir, par ses joues et le dessus du cou qui
sont de cette couleur, ce noir descend sur le'^ épaules en forme de
collier. Chez la femelle melnnoccphnln le bleu cendré est à ces par-
tics aussi plus foncé que chez la femelle Ihini. La flaira variant
beaucoup suivant l'âge et les saisons (o), comme sans doute la
menocpphalu, il doit éiro dillicile de reconnaître l'hybridation
lorsqu'elle se présente.
(1) Autres noms : Molarilla para. Moincilld pareiita, Molacilla veriui, Mola-
cilla neglecla.
(2) Antres noms : Motacilla metanocephala, Motacilla paca melanocephala,
Uotacilla pava \ar. horealis .
(.'») Mi'tiKiircs (If l'Académie des Scienres de Sl-PétersbourK. T. XXXV, a' 'S,
VII- série.
(4) Op. cit., 1, p. :iSI.
(3) D'après imc (•Dnitnimii'ation verbale de M. Noury el d'après de nombreux
exemplaires furmanl série exposés dans les vitrines du musée d'Elbeuf et que nous
avons examinés.
318 A. SL'CHETET
BUDYTES FLAVA et BUDYTES CAMPESTIS (1)
La Budyles fîava s'accouple encore avec son autre variété B. Rnyi.
« Il paraît hors de doute, dit Degland (2), que la Budytes flava et ses
variétés s'apparient entre elles. » On a tué près de Lille, ajoute
cet auteur, un niàle de nudylca flnra, des mieux caractérisés, accou-
plé avec une femelle de Budytes Rayi.
M. Zaroudnoï nous écrit d'Orembourg qu'il connaît lui-même des
hybrides entre ces deux types; il en connaît aussi entre B. //«i-its
et le changement de B. Rayi que M. Sewertzow a marqué comme
B. flavifrons. Il croit pouvoir attribuera certains individus l'origine
suivante : B. flavus X Rnijl typica X B. flacua, B. flacus X B. Rayi jhivi-
frons X B. (lavus. Ces divers Oiseaux, tués au milieu du cours de
l'Oural, ornent sa collection.
Nous regrettons de ne pouvoir donner une analyse du mémoire
de M. Zaroudnoï dans lequel ces divers croisements sont relatés et
où l'auteur parle aussi de Budytes flnrn, var. heema X Budytes C.flati-
frons. Le mémoire de M. Zaroudnoï est écrit en russe. Il s'agit du
reste tout au plus de croisements entre variétés: nous devons cepen-
dant reconnaître ((ue si campestris est cité à titre de race de flata
par Degland, M. Sharpe la porte au rang d'espèce. Ces caractères
intermédiaires pourraient peut-être également être attribués à des
variétés de coloration ; les traits qui distinguent ces deux types
n'étant pas considérables.
Budytes flava et Budytes borealis
M. Zaroudnoï nous a encore indiqué le croisement de B. flava X
B. borealis, ([u'il se propose d'étudier ultérieurement. Il a tué un
exemplaire de ce genre au milieu du cours de l'Oural. Dans la
Collection centrale des Animaux vertébrés d'Italie, à Florence,
il existe un individu cT indiqué comme flarus X borealis obtenu à
Fana le 26 avril 1887 (3).
M. Sharpe (4) inscrit borealis comme bonne espèce, M. Degland(5)
en fait, au contraire, une simple variété de la race melanocephala
à laquelle même il semble l'identifier de sorte que, si son opinion
(1) Autres noms : Budyles Rayi, MotitcilUi flavn, Molacilla campestris, Unla-
cilla flara Rayi el Molacilhi flaveola.
(2) Op. cit., I, 379.
(3) Primo rcsoconto dei resultate, etc., KIorence 1S91.
(4) Calaloi;ue des Oiseaux ilu Brilisli Muséum. PI. VII, fis;. 1 efS, I880.
(.S) Op., cit., I, p. 380.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRKS A l'ÉTAT SAUVAGE IM!)
est juste, ce croisement devrait être rapporté à celui de fldvax mcla-
nocephala dont nous avons déj;\ parlé.
M. Shar|)(' constate liii-niénie ( I ) r[ue (|iiel(ines spécimens de la
Berfj;eron nette jaune de la Méditeranuée se distinguent peu de la
vraie M. bori'alis. Les appariages ou accouplements des deux races
auraient sans doute besoin d'être constatés pour déclarer hybrides
les individus à coloration mélangée.
Fainilti' ilrs Turdidie
Genre Helminthophila
Helmi.ntiiophila pinus (2) et Helminthophila chrysoptera (3)
Si le ('(ilai)ti's (tnrnto-iiic.rii-anus, (jue nous étudierons plus loin,
doit être considéré comme une variation climatéripne et non comme
un hybride, voici peut-être l'hybridisme le plus intéressant et le
plus curieux dont nous îiyons à pnvWv [)0ur l'Ainériiiue du Nord,
quoiqu'il n'existe encore, reconnaissons-le, que de siini)li's ronjrr-
tuirs sur la véritable nature des hybrides supposés et ([ue la double
origine de la plupart de ceux-ci soit même contestée.
Le 18 mai 1870, ^LWilliam Brewster tuait à Newtônville, Mass.,
un Oiseau du genre Helminthophafia, mais d'une espèce jusqu'alors
inconnue. L'Oiseau était en pIiMii chant lorscpi'il fut surpris et
voltigeait çà et là dans un fourre marécageux pliinlé de chênes et
d'érables. Autant M. Brewster peut se le rappeler, il ne différait pas
(1) Op. cit.. X, p. 2,17.
(2) Synonymie : Certliid pinit.i, Sijlrid pitiii.':, .'ii/lcia solilnrin Heliiiillicru.t
solilarius. Ilelinum sutilaria, Veniiicara solilnria, etc.
(3) .Vutres noms : MuUicilla clirijaiiplera, Sijlvicohi chrijsoplcvii, Molacilla
finvifrons, Sylvia pavifrons, Hehiinllu'ro.^ chrijsoplera, Vermiiord chryanptrrn,
Helinain rhrysoptern, etc.
Les deux espaces pinus et chrysopterii, quoiqne présentani un air de parenlé
indisrulahle, ollrenl cependant des earactères dltlérentiils asser traneliés. .\insi un
ne trouve point dans pinus la fioi'fJe noire de chrysopleru. Pinus est d'un heau
jaune chrome sur toutes les parties intérieures: clirysoplera est gris blanc sond)re
à ces parties; ce dernier n'a (loinl no;i plus l'u'il entouré de noir à la manière de
pinus, mais la conformation du corps et la laille est la même eh,./, les deux espèces.
Sur le dos il existe un rapprochement entre les teintes des deux types, car le dos
de chrysDplvni est lavé de jaune venUUre jjris dans le fjenre du dos de pinus. On
voit donc (pie certaines relations unissent les deux (oiines, mais aussi certains carac-
lèi-esdillérentiels seuihleiil les séparer.
320 A. SUCHETET
sensiblement, soit dans la voix ou dans ses mouvements de ff. chrij-
soplera (1).
Qu'était cet oiseau? M. Brewster n'osa rien décider sur son ori-
gine. Les ditlérences du coloris avec le type ordinaire étaient si
S'randes et de telle nature que toute théorie de variation acciden-
telle (ou de variation due à la saison) lui parut impossible à émettre:
l'hypothèse d'un hybridisme ne lui parut point non plus devoir
être prise en considération, vu la grande rareté des hybrides à
l'état sauvage. La nouvelle espèce, dépourvue de noir ou de cendré
sur les joues et sur là gorge, reçut donc un nom particulier, celui
de //. leucobrnnrhialitt, du gr. )iS'jxoç blanc et ppoY/o; bronches ou
poitrine.
Voici sa description, telle que l'a faite M. William Brewster :
« Mâle adulte, plumage d'été; sommet de la tête jaune vit légère-
ment teinté d'olive sur l'occiput. Les plus grandes et les moyennes
couver'ures de l'aile jaune, au sommet moins vif. La ligne sourci-
lière, les joues, la gorge et toutes les parties inférieures, blanc
soyeux, avec une légère teinte de jaune pâle sur la poitrine. Surface
dorsale, à l'exclusion de la nuque, qui est cendré clair lavé de
jaune, comme sont aussi les ])ords extérieurs des secondaires.
Une étroite ligne de noir clair passe de la base de la mandibule
supérieure à travers et à une pi'tite distance derrière l'o'il, inter-
rompue cependant par la paupière inférieure qui est distinctement
blanche. Aucune trace de noir sur les joues ou sur la poitrine,
même sur les plumes naissantes. Bec noii', les pieds brun foncé.
Dimensions : Longueur, il. 19; étendue, 7.88; aile. 2.4.') ; tarse, 71 ;
queue, d .86; culmen, 33. On verra, d'après la description ci-dessus,
continue M. Brewster, que cet Oiseau ressemble de plus près à la
Fauvette à aile dorée (Golden Winged Warbler ou Sli'Uiiinlhopluujn
clirysoptcra. L'absence entière de noir ou de cendré sur les joues et
la gorge, le caractère particulier de la ligne sourcilière, et le blanc
de la ])aupière intérieure présentent cependant des différences qui
ne s'accordent avec aucune variation connue accidentelle ou de
saison de cette espèce. La ligne restreinte du noir sur l'œil donne
à la tête une similitude remarquable à celle de Hi'lminllidfénya
pinns, mais la ressemblance ne va pas plus loin. »
M. Ridgway, le savant curateur de la collection ornithologique
(i) Voy : Description of a new species nf Belminthophaga, liy \V,„. Brewster,
in Bulletin of Uu- N'utlall ornilhological clul), I, n° 1, pp. 1 et i, avril 1876, et the
.\merican Sporlman, VI. p. 23 journal dans lequel celte capture a été mentionnée
|iour la première fois, mais que nous n'avons pu consulter.
OISEAIX HVHRIDKS nEiSCOKTRÉS \ l'kTAT SAUVAGE .'121
(lu Miisi'e do Wnshinston, eut bienlcU l'ofcasion de pîirlcr dn ce
iioiivi'iiii type I 1 1, mais, comme .M. Brewster, il ne voulut |»oiut se
prononcer sur sa nature, tout i>u (^loi^nant cependant la possibilité
d'une liybridntion, cet exemplaire ne pivsentant aucune cnmliinai-
son de la coloration des deux espèces les plus rapi)i'ocliées, clniisop-
tera et piniis, mais simplement un développement imparfait pour
ainsi dire de la coloration d'une seule des deux {"2).
Sept ans se passèrent sans i|u'on rencontrAt aucun spécimen du
même genre; dans l'après-dinée du 12 mai 1877, dans une localité
très éloitrnée de civile où le iiremier exemplaire avait été obtenu,
près de Clifton (Delaware County. Pa), M. r.liristoi)lie D. Wood
aperçut dans un pon)mier un deuxième Oiseau qu'il fut assez
beureux pour abattre. Comme le précédent il était mâle, et corres-
pondait A la description donnée par M. Brewster, ce (jui semblait
confirmer la validité de l'espèce. Ce fut du moins l'avis qu'exprima
à son sujet M. Spencer Trotter, de Philadelpliie (3). Bientôt, du
reste, celui-ci ne tarda pas à découvrir un troisième spécimen, tué
sans doute depuis louiçtenips, mais qui était demeuré inaperçu
pendant plus de (piinze ans dans la collection de l'Académie
des Sciences de Pliiladel|)liie. M. Trotter était occupé un jour
à examiner des Fauvettes (S7//u/cof/r/rp\ lorsque, par hasard, il
aperçut parmi elles un spécimen de l'Oiseau à gorjre blanche,
le Wiiite Throated Warbler ou Ifelminthopharia yucnhronchialh de
Brewsler. L'iuscriplion que cette pièce portait était la suivante :
Il J. C. 20 octobre /S'fi2, Xot. of Bill. » autant qu'on put lire, car les
trois derniers mots étaient très effacés. Les initiales ./. r. furent
reconnues pour être celles de John Cassin, moutrani ainsi qu'il
posséda autrefois ce spécimen, au moins qu'il s'en occupa (4).
Malheureusement cette étitpielte ne portait aucune indication de
la localité où l'Oiseau avait été obtenu, non plus aucune indication
ni de son sexe ni de son es|)èce ; toutefois, à cause des ressem-
blances qu'il montrait avec les deux premiers spécimens, on pouvait
le suj^poser mâle.
luformatioiis ayant été prises \)\r M. Lawrence au|ii'ès de M. Bell,
celui-ci déclara se rappeler avoir tué, vers 1832, pendant le prin-
(I) Ihis. VI, p. 1S,S, I87<).
(i) l-p noir (le la r(''^irin jiif,'tilaire et do la ri'gloii aiiiictilaire propre an inAlo
chrysoplerii est en edet supprimé el ces parties soni enlièreinenl blaiii- pnr anx
rarines îles plumes.
(3) Voy. Itulletin o( llie iNullal ornilliolof,'i(al cIuIj. Il, n" :!, pp. 79 et Si), jiiillel
1877.
(4) Celui-ci était en cllct alors chargé du soin de la collection.
322 A. SUCHETKT
temps, à Rocklaiul,N. Y., un spécimen à ailes dorées {Golden ivings)
qu'il avait fait remarquer à son jeune frère à cause de l'absence de
noir à la sorge et qu'il pensait être, vu cette particularité, un jeune
mâle. L'attention de M. Bell avait été attirée vers cet Oiseau par
son chant qu'il n'avait pas encore entendu (1). L'Oiseau en question
fut conservé longtemps à cause de sa rareté, puis il fut vendu à une
personne de Philadelphie. C'est ainsi, sans doute, qu'il parvint
dans les collections de l'Académie ; il y a tout lieu de le supposer.
Quant à l'inscription portant la date du 20 octobre 1862, elle peut
s'expliquer, d'après M. Trotter, par le dépôt, à cette époque, de
l'Oiseau entre les mains de M. John Cassin (2). Ce troisième Oiseau^
qui correspondait à la description faite par M. Brewster et par
conséquent à l'exemplaire de M. Wood, confirma décidément
M. Trotter dans sa manière d j voir. Celui-ci admit donc H. leuco-
bronchialis comme bonne et valide espèce(3).
Un quatrième exemplaire çf fut ensuite tué à Wauregan, Conn.,
le 25 mai 1873, par M. Charles M. Carpentier ; puis un cinquième,
que M. William Brewster décrivit, fut obtenu près de SufTield le
3 juillet suivant par M. E.-J. Shores, c'était encore un mâle adulte.
Dans chaque détail essentiel cet Oiseau, dit M. Brewster, s'accorde
avec son type de l'espèce, quoique montrant certaines particula-
rités de coloris qui ne se trouvent dans aucun des s|>écimens pri-
mitivement examinés, particularité que M. Brewster fait con-
naître (4).
Trois autres individus sont cités par MM. A. Purdie, de Newton,
Mass. (5). D'abord un exemplaire très typique tué par M. Samuel
Jillson à HudsoD, Mass., en mai ou juin 1838, étiqueté comme
//. pixtis f^ et placé dans la collection de M. Williams Collège,
Williamstown, Mass., puis envoyé à M. Ridgway par le professeur
P. A. Chadbourne ; deuxièmement un mâle, en la possession de
M. William W. Coc, de Portland. tlonn., capturé eu cet endroit le
22 mai 1873; enfin un beau mâle, pris le 30 mars 1879, et obtenu par
M. J. N. Clarck, de Sagbrook, Couu.
Dans le premier exemplaire la surface inférieure est nette, d'un
blanc soyeux, sans trace de jaune en aucun endroit, le dos
(1) M. bell avait l'outiime, dans ses jeunes aiinces, de reconnaître les diverses
espèces à leur cliant.
(2) Poui' tous ces détails, voir les Bulletins du Club ornitlioloRique. III. n» 1,
p, 44. janvier 1878 et IV, n» 1, p. ol), janvier 187',).
(3) Le même Bulletin, III, n» 1, p. 44, 1878.
(4) Bull. III, n° 4, p. 19Ï», octobre 1878.
(5) Bull. IV, n» 3, p. 184, juillet 1879.
OISEAUX IIVBniDES RENCONTRÉS A I.'kTAT SAUVAGE .'523
cendré iiiir. Le deuxième s'éloigne du type dans la marche du
jaune sur les parties supérieures et inférieures. Sur la poitrine
existe une larj^e handc on tache dt; cette couleur avee léj^ère siiffa-
sion sur le meutou. Tout le plumagi^ dorsal, depuis le soiiiuiet de la
tête, est faihlement recouvert de la môme teinte. Le troisième est
exceptionnel, il montre unu plaque jaune vif sur la poitrine, depuis
la eourluiie des ailes. M. (liark pensa avoir allaire à un iiinus,
lorsqu'il le tua, l'Oiseau avait les notes et les habitudes de cette
espèce.
Le neuvième exemplaire, //. leucobronchialis, tué par M. Gunn,à
Ottawa, Gonn., a été décrit par le D'' Gibbsdans les « Grand Rapids
Daily Democrat(l) » comme nouvelle espèce d'IIi'bnintliiiphiuja, sous
le nom dedunnii. Présenté ensuite comme appartenant à Icucohron-
ckidlis par M. J. IL Purdie (2), il fut envoyé à la Smithsonian Insti-
tution à M. Ridy;\vay ([ui l'examina et déclara (3) que la validité de
l'espèce //. U'Hcoliroiirhiaiis pouvait être considérée comme déliniti-
vement acquise à la science, cette nouvelle forme, dans tous ses
degrés, se distinguant réellement par l'absence totale de noir ou de
gris sombre sur la gorge (4), ainsi que par l'absence de la plaque
auriculaire gris sombre ou noire. L'année suivante, le savant
curateur du Musée dé Washington portait à ce titre H. leitcobron-
chialis sur son catalogue (5).
A ces neuf cajjtures viennent, pendant les années 1879 et 1881,
s'ajouter trois nouvelles, toutes trois obtenues par .AL A. K. Fisher,
de Sing-Sing, N. Y., dans les circonstances suivantes :
(1) l-juin 1879, cit. par M. 11. .V. Purtlie.
(2) Bull. IV, n' 3, juillet 1879, p. 185.
(3) Bull. IV, n" 4, octobre 1879.
(4) Les bases des plumes étaient quelquelois grisâtres.
(5) Cat. of the Uirds of Nnrth America. Proceedings of U. S. National Muséum,
p. 163. laSO. M. Uidsway (Bull. Nuit, ornitb. club, IV, n" 4, p. 233, octobre
1879), avait fait les remarques suivantes sur le spécimen décrit d'abord dans les
« Grand Hapids ». Le spécimen recueilli par M. (iunn est, dans tous ses riip|)orts
essentiels, comme type de H. leucubronchidlÎ!!. à l'exception de la poitrine sur
laquelle existe une grande plaque jaune gomme gutte vif bien délinie, tandis que les
parties supérieures sont moins vivement colorées, le jaune du sommet de la télé et
le gris bleuiMre de la nuque, le dos et les ailes étant ob'^ciircis par un recouvrement
de vert olive. La plaque jaune de la poitrine, qui est très fortement délinie antérieu-
rement contre le blanc pur du pirulum, ne s'étend pas en arrière aux lianes et à
l'abdomen, mais est strictement limitée au milieu de la poitrine, dont les côtés sont
d'un gris bleuâtre foncé, presque aussi sombre que le dos. La partie supérieure de
la gorge (pas le menton) est fortement teintée de jaune pâle. Les mesures sont
comme suit : ailes, 2,40; queue, 2,10; bec, de la narine, 35; tarse, 63; doigt du
milieu. 14i.
324 A. SOCHETET
Celui-ci èlait en tiaiu de collecliouiiet' daus un lieu bas et mare-'
cageux, uu fourré composé d'Auui's, de petits KialjJes et d'autres
essences, lorsqu'il remarqua paruii diverses Fauvettes ua II. ku-
coliniiichiaUs. L'Oiseau, uu niàle adulte, fut abattu. « 11 ressemblait
au spécimeo de Al. \V. \V. Coe (cité [)ar .M. l'ardie; ayaul la bande
jauue sur la poitriue et uue très légèie i^ujfusion à la gorge,
caractère dilïéreut des autres spécimens en ayaut les barres des
ailes blanchâtres, plus blanches même que dans //. [linus. Le dos
comme celui de Iciicobroiicliiali.s ly[)i(iue (1).
Les deux autres individus furent tués, le premier, paraissant
femelle, le 14 juillet 1881, au milieu de Pins, alors qu'il s'envolait à
la poursuite d'un Insecte (2,); le second, le 3 août de la même année
dans quelques petits buissons bordant uu cours d'eau, près de l'en-
droit où M. Fischer avait tué son premier exemplaire deux ans au-
paravant, le Èi août 1879. 11 ressemblait à ce spécimen ayant une
bande jauue pectorale, mais dillérant par les bandes des ailes qui
sont jauue normal, non blanches (3j.
C'est alors que M. Brewsler, ayaut reçu de M. le D"^ A. Mearns et
de M. Eugène P. Biknell plusieurs sqécimens douteux paraissant
être des iudividus égarés de 11. yiuus et de H. chry-suplcra, crut
devoir émettre des doutes sur la validité de l'espèce présumée
//. IfacohroHchialls, et considérer les spécimens sur lesquels elle
s'appuyait comme hybrides des deux espèces qu'où vient de
uommer.
Avant d'exposer les vues de M. Brewster sur ce sujet, nous
devons parler d'un autre type douteux d'ihinnnlltophaya, le II.
Lawrencii, dont l'histoire se trouve intimement liée à celle de son
congénère II. leiu-oliruncliiiUis.
Daus les Proceedings de l'Académie des Sciences naturelles de
Philadelphie, il est en effet question d'un Oiseau d'un type nouveau
qui fut trouvé par M. Herold Herrik dans la collection de son ami
M. U. H. Dickinson, deChatham, New-Jersey, et dont voici, d'après
M. Herrick, la description : « Parties supérieures et croupion d'un
vert olive, teinte plus foncée (jue dans pinus. Ailes d'un gris
bleuâtre avec deux bandes blanches, mais la supérieure pas aussi
nettement définie que daus pinus. Queue d'un gris bleuâtre, trois
plumes extérieures de cette queue ont la plus grande partie
de leur palmure blanche, il existe aussi uue petite place blanche
(1) Biillet. IV, 110 i_ 187'.), p. -m.
(2) Il uillèiv des airtres ayant une plaque noire auriculaire.
(3) Bull. .\uU. ornith. club, VI, n" i, p. 245, octobre IStil,
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L'ÉTAT SAUVAGE 3215
sur l'extrémité de la (luatriéinc iiliiiiic. ('.miiDnne et j)iirties iiifé-
lieiirt's (le la poitrine de cotileur orange, lue large niar<iue noire
s'étend du bec à travers l'œil et par derrière. Meulou, gorge et
partie située en avant de la poitrine noirs. Une raie jaune, com-
iiieiic.'aulsons le bec, s'ciciid eu arrière enli'e l'ieil noir et les taciies
de la iioilrine et angnieute eu largeur sur l'épaule. Longueur 4..'J0,
aile i.'àO, (|ueue -, mesures prises sur l'Oiseau monté. » Une
planciie, lialiile dessin de M. Uidgway, montre l'Oiseau (I).
« Ce spécimen, évideaimenl uu inàle adulte, disait .M. Ilerrick,
est uuirqué d'unr mauu're si uetlr cl si Iraueliée qu'il e.xclut la
possibilité de son classenieul parmi les (ormes rares de ///;ti(.v uu
cliri/soplira, ses alliés les plus i)rocbes, ou parmi les hybrides. Si
sou apparence générale est à première vue celle de pinus avec l'o'il
noir et les taches de la gorge de cltniwjitcra, eu l'examinant attenti-
vement ou aperçoit de petites particularités qui n'existent ni ilaus
l'uueni dans l'autre des deux espèces. »Aussi M. Herrick, qui le faisait
connaître pour la première fois, lui donna un nom particulier :
celui de II. Latcrenrii i2). Sa capture, autant il pouvait se le
rappeler, avait eu lieu en mai 1874, sur les rives du Fassaic, près de
Chatham, New-Jersey, section complètement explorée au point de
vue oruilhologique.
lin janvier 1877, M. llerrik mentionnait uu second spécimen,
obtenu d'un marchand pendant l'automue de 1876; ce marchand
l'avait reçu au printemps précédent île Hoboken, N. J., dans un lot
varié de Warblers (Fauvettes).
Si les partisans de l'hybridité avaient élevé quehiues doutes sur
la validité de la nouvelle espèce //. laureticii, ce second spécimen,
s'accordanl avec le premier, devait, d'après M. Herrick, faire cesser
toutes les hésitations.
Nous voyous, en 1880, M. Ridgway lui-même porter l.uinrnvii
à ce titre sur son Catalogue des Oiseaux de l'.Vmérique de Nord (3),
après toutefois, quelques années auparavant, l'avoir soupçonné
d'être uu hybride entre pinns et chrysopteni à cause de sa coloration
«exactement intermédiaire entre les deux (4). »
M. Herrick a décrit le second spécimen de la manière suivante :
« Parties supérieures et croupion vert olive, d'une couleur [)lus
(1) \'\. xv.
(2) Eu reconnaissance de plusieurs faveurs qui lui turent rendues par M. Georg.
W. Laurence, esq.
(3) Hroccedinys o( tlie U. S. National Muséum,
(4) Ibis VI, p. 108, HJ76, Un seul e.xemplalre, le premier, était alors connu,
326 A. SUCHETET
foncée que dans pinits. Les ailes gris Ijleuàlre, avec deux bandes
blanclies, la supérieure pas aussi clairement définie que dans pmws.
La queue gris bleuâtre, les trois plumes extérieures de la queue
avec plus de blauc sur les lames, une petite tache blauche aussi
sur le bout de la quatrième plume. Le sommet de la tête et les
parties inférieures de la poitriue à l'issue orange. Une large plaque
noire s'étend du bec sur l'œil et derrièie cet organe. Le menlou, la
gorge et la partie avant de la poitrine noirs. Une raie jaune, com-
mençant sous le bec, s'étend entre les plaques noires de l'œil et de
la poitrine et augmente en largeur sur l'épaule. Longueur 4.50 ;
aile 2.30 ; queue 2.00; mesures de l'Oiseau monté. »
Les choses en étaient là, c'est-à-dire douze spécimens H. Leuco-
bronchialis et deux spécimens //. Laicreiicii étaient connus et
considérés comme appartenant à deux espèces bien définies,
lorsque M. Brewster, nous venons de le dire, crut devoir, sur
la présentation de quelques types égarés, placer au rang d'hybrides
les deux espèces présumées. M. Brewster appuie ses raisons,
en ce qui concerne H. Icucobroncliialis, sur cinq spécimens dont
quatre de la collection Fischer, et un de sa collection ; en ce qui
concerne //. Lawrencii sur deux spécimens lui a|)parleuant.
Les quatre spécimens H. leucobi-onchialis de M. Fischer, N"'* 123.'),
603, 1210, 1208, se décomposent ainsi : deux mâles, une femelle et un
Oiseau, qu'on pense de ce sexe, obtenus le premier cf le 3 août 1881,
le deuxième cT le 24 août 1879, le troisième $ le 24 juillet 1881, et
le quatrième ( $ ?) également le 24 juillet 1881. Le spécimen ( $ ?)
de M. Brewster, daté de mai 1878, fut présenté par M. Eugène
E. Bicknell et obtenu à Nyack, New-Jersey; il est indiqué sous le
N° 2620. Les spécimens H. Lawrencii sont les suivants : une femelle
de Highland Falls, New- York, 7 juillet 1879, présentée par M. le D'
Mearns, N° 4667 ; un jeune Oiseau dont la capture et l'origine ne
sont pas indiqués, N° 4668 (1).
M. Brewster indique de la façon suivante les caractères de ces
divers Oiseaux :
N» 1208 « en tout genre semblable au type leiicobronchialis, à
l'exception des loirs plus noires dans leur largeur et de l'endroit
noir post-oculaire qui s'éteud en arrière et en bas entourant pres-
que toute la région auriculaire. » N» 1233 « diffère du type leuco-
(I) D'après un mémoiie publié en 1885 par M. Rkigway (tlio AuU, 11, u» 4, p. 301,
octobre 188o), ce jeune Oiseau aurait été capluré par M. le 1)' E. A. Mearns, égale-
ment à Highland Kalls. N. Y. le jour même où fut pris le précédent.
OISEAIX IlYniUDICS nKNCONTHKS A l'kTAT SAUVAGE 'Ml
tiroiicliidlis seuliMR'ut par uni' pliHiiii' jaiiiio jiàle sur la poiliinu.
(Beaucoui) tle spécimens uioiitroul cetto paiticulariti'.) » N» (lOo
(( montre une faible teinte jaune citron sur la gorge, taudis qu'un
large espace ti'aversant la ixtitrini! est d'un jaune doré foncé,
les bandes des ailes sont blanc pur. )) N" :2fi20, « menton d'un
jauue franc; la gorge, les joues et uu petit espace sur l'abdomen
blaiHs, le reste des |)arties inférieures jaune doré, les bandes des
ailes blaucbes, la nuque d'un cendré leintéde vert, rocci[)ut, le dos.
les ailes d'un vert olive aussi pur que dans iiiitus. » N° 1210 « tout
entier jaune venlàtrc |(àle en dessous; dos semblable à celui de
liiinis, mais la uu(|ue est très cendrée et les bandes des ailes sont
aussi jaunes que clicz rlinj-soptriii ; la raie brun sombre de l'n'il est
restreinte aux loirs et à l'endroit post-iu'bilaire )) (1).
M. Brewsler considère le n»t)0.jcomnn_' probableineul plus im|ior-
taut parce qu'avec ses barres blanches des ailes, son dos ceudré, sa
poitrine cl sa gorge blanches, il réunit les caractères respectifs de
lfiiriiliriinrltinli'< et de /.//n/s.
\'iennent ensuite les n^^ 2620 et 1210 qui se rapprochent même
de plus [irès de pians, mais le premier a « la gorge et le*join's
blanches de U'iinjhronrhitdis )>, le second a u la nu([ue cendrée, les
bandes jaunes aux ailes, et est, en général, d'une couleur plus pâle
en dessons > (2). Le n» 1208 montre une variation plus im[)orlante
dans uu autre ordre : « l'étendue de la raie de l'œil inditjuanl une
increased a/finity avec rhrysoptera. » Enfin le n» 1235 est « appa-
remment semblabli! au type de fiibbes, le If. Gunni. n .\insi, prise
dans son ensendjle, la série //. leiiculinincliinlls « joint parfaitement
li'ucohronchiulis à pinus, tout eu faisant voir une tendance du pre-
mier vers (•/(/•//.<()///('ra. »
Huant à [.iiirrriicei, le n°4667 (d' Mearns) a n le dessus de la tète
jaune; le dos et les ailes d'un cendré foncé teint de vert olive; les
bandes des ailes jaunes; les joues et la gorge cendrées; le menton
et les cùtés de la gorge ainsi que le reste des parties inférieures
inar(|uées fortement de jaune verdàtrc. Eu considérant ((ue le plu-
mage de cet Oiseau est considérablement passé et terni, il présente
l]res(|ue les caractères de relation (pie l'on cherchait dans l.air-
rriicii 9, les manjues de la gorge et des joues sont celles de
(1) Remarquons que le Oocicur Fischer n'a luenlionnè qu'une seule (f nielle luée
le i't jiiilltl 1881 (avec plaque auru'ulaire). M. Brewsler parle cepemlanl d'une
ileuxlèmc femelle tuée le même jour et au nièiue endroit, à Sing-Sing. Les deux
mâles (ureni lues aussi à celle place.
(2) « \n asky napi-, yellow wingl ands and ijenir.illy pale colorini; lienratli. n
328 A. SUCHETET
chrysoplfid 9, tandis ([uc le reste des plumes est coloré presque
comme cliez pi nus. Les haudes des ailes sont cependant jaunes au
liiHi d'elle blanches, et le dos n'est pas vert olive pur, mais les
variations sont de près parallèles à celles que l'on rencontre chez
Iriirohroncliiiilis.
D'après cette analyse, il semble tout à fait naturel à M. BreWster
lie rapporter le présent exemplaire qui a les bandes des ailes jaunes
au fjiwrcnrri, comme le spécimen n° 60o avec les bandes des
ailes blanches au leucobroncliialis. Cette supposition étant faite,
M. Brewster passe au jeune Oiseau (le n" 4608) de sa collection.
Son plumage est suinsamment développé pour montrer « que le
itris des parties inférieures est remplacé, au travers de la poi-
Irine et le long des côtes, par des plaques de plumes jaune vif,
tandis que la pousse du second plumage de la gorge est blanc pur,
les lofps sont noires, mais les quelques secondes plumes qui appa-
raissent sur les auriculaires sont, comme celles de la gorge,
blanches. Cette individu aurait certainement montré après la
mue des « lorrs noires, la gorge blanche, les côtés et la poitrine
jaune, c'est-à-dire uu état presque semblable au n° 603. »
Or,*i\I. Brewster explique la parenté du jeune Oiseau avec le
n° 4667 en supposant que la femelle, portant ce numéro, s'est'
api)ariée avec uu c" //. piniis ou avec un cf IL chnjsoptcrn car « si la
femelle avait été ou Lawri'ncel ou chrysoptcra. les plaques noires <le
la gorge et du cou auraient été inévitablement reproduites. »
En associant les uns aux antres ces différents cas, M. Brewster
trouve « 1° que les caractères dominants de Luwrencci et de li'uco-
bronchialis ne sont pas originaires, mais esseuliellement empruntés
à leurs alliés; 2" que les caractères de leucohninchialis sont incons-
tants, et que cette espèce se relie à piniis; 3" que les caractères
de Lawrcncei sont aussi inconstants, que celui-ci se croise avec
quelque allié inconnu, probablement H. pinua, produisant des des-
cendants qui ressemblent aux spécimens peu connus de Icucohron-
clu'ali.t. Les conséquences que l'on peut tirer de tout ceci, ajoute-t-il,
ne sont pas équivoques. Les allinitésdes races ne peuvent expliquer
les caractères particuliers de leucobronchialis ou de Laiirencei, car la
région où l'on rencontre tous les spécimens jus([u'alors connus est
occupée par l'une ou l'autre espèce, ou les deux espèces auxquelles
ils sont le plus intimement alliés. Ils ne peuvent être non plus con-
sidérés comme des exemples anormaux ou prématurés, ceci étant
rejeté par le fait ([ue tous les premiers plumages des deux alliés
sont connus pour être grandement diflérents; puis aussi parce que
OISEAIX lIVimiDKS Hh'NCONTHKS A I.'kTAT SAUVAGK '.ii\)
les spéciiiicus tn-s scinblables (lui suul vcuus à sa couaaissaQco sont
nombreux.
« En cousf(Hii'nce iiiio seule soliilion semble [tnssible à
M. Brewslor. » C'est (iii'il existe des liybrides eutre llflinlitlltoiiliila
pinas et llihninlliophila clirysopteia. »
M. Brcwsler cioit même pouvoir avancer ([ue Ji^ rôle joué
par les deux faeleurs n'a [las été le même pour ciiaque produc-
lion. Les combinaisons très difTérenles des marques et de la
coloration dans les deux formes supposées bybrides sont pour
lui une [ireuve incontestable du renversement des termes père et
mère dans chaque cas « a reversai of tlie parcnta in mch caxe (1) »,
c'est-à-dire (|ue l'une des formes a été produite par le croisement de
//. piniis cf avec //. rhnjaoptrra Ç ; l'autre, au contraire, par le
mélaujïe de //. clirnHopIcni cT avec //. piniis 9 . Toutefois M. Brewster
se^'arde d'indiquer lequel des deux croisements produit tel ou tel
type, (luoiipie //. li'iirohroncliiitU's lui semble être le descendant du
premier croisement, c'est à-dire de //. pinus avec //. clirjisopleni 9.
puis([ue dans le cas du n» 4008 la gorge noire et les plaques des
joues caractérisant Uiirremri, également avec clirysopterd. sont
éliminées par un croisement attribué avec le mâle pinus. Ailleurs
encore, ou plutôt dans le cours de son travail, M. Brewster laisse
à penser (pie la (.'oloration de certains spécimens est due, non à un
croisement direct des deux espèces pui'es, mais au croisement de
l'hybride avec tel ou tel type |)ur. M. Brewster a-t-il raison '.' les
caractères des hybrides 1/2 sang ou 3/4 sang étant très variables et
le cioisement de ler'uu' père et mère, croyons-nous, ne délermi-
naut i)as toujours des modilications appréciables, au moins régu-
lières, la coloration ou la forme du produit hybride ne sauraient
laisser deviner son uu)ile réel de création. Du reste, M. Brewster
s'enqiresse de dire ipie de nombreuses observations doi\ent être
rassemblées avant que l'on puisse considérer comme règle cette
partie de la (piestoiu.
Sous le bénéfice de cette remarcpie, nous reconnaîtrons avec
lui tiue le produit de deux espèces, aussi rapprochées que le sont
pinus et cbriisaptcra, peuvent se montrer ferliles, sinon enire elles,
an nnjins avec les individus de l'une ou l'autre des espèces puies,
et engendrer d'autres hybrides 3/4 sang (jui, eux-mêmes, se
croiseront de nouveau entre eux ou avec les espèces parentes et
donneront sans doute ainsi, par une ié[)artition inégale des deux
sangs, une descendance (pii, tôt ou lard, rc^viendra aux ty|ies [iri-
(IJ Voyez, p. iii.
330 A. SUCHETET
initifs? Nous igiioious ce qui se passe daus la nature sous ce
rapport.
Les vues émises par M. Brewster sur le rroiseineiit d'//. pinus et
chrij.soptcra produisant //. Lawrcncci et //. Iritcobruiicliialls ue tar-
dèrent pas à (Hre adoptées. Dès 1882, nous voyous M. Robert
lîidgway se rallier à la théorie de sou savant collègue (i). La
manière de voir de leminent oruilhologiste fut aussi acceptée par
M. Charles H. ïownseud en 1883 (2), et sans doute par bien d'autres.
Cependant M. Roliert Ridgway revint bientôt sur l'adhésion (ju'il
avait donnée, en passant, du reste, à la théorie tie M. IJrewster
et, en 1885, alors |que plusieurs spécimens //. leucobronchiali.s étaient
de nouveau observés, il fit paraître une étude (3) daus laipielle il
maintient //. Icitcdlironcliialis à titre d'espèce, tout eu laissant
//. Laicrencci au simple rang d'hybride.
Avaut d'ex|)Oser les vues de l'émineut curateur de la collection
ornilhologiciue du Musée de Washington, nous devons faire con-
nailre les nouveaux exemplaires observés depuis l'impression du
mémoire de M. Brewster jusqu'à la publication du travail de
M. Ridgway en 1885, M. Rigdway ayant parlé de [ilusieurs de ces
ilernières captures ; ce sont :
1° Un exemplaire //. leurobivncliialis du Conuectieut, tué par
M. Harry W. Fliut, de Deepriver, le 18 mai 1880, examiné d'abord
par M. John H. Sage, de Porllaud (4), puis par M. Brewster (5).
« Cet Oiseau, dit M. Sage, a une légère sHJfusioii de jaune sous
chaque œil et sur les cotes du menton, et la région pectorale est
recouverte de la même couleui-<iui s'étend sur l'abdomen [u-esipie
jusque sur la queue. Les bandes des ailes sont très restreintes, et le
blanc est teinté de jaune. » D'après M. Brewster, u il diffère du
type (aussi bien ([ue tous les autres exemples qu'il a vus), en
ayant le jaune du front partiellement obscurci par une marque
d'olive verdàtre, dans le peu d'étendue des bandes des ailes, et dans
l'ajiparencegénéralement jaune du plumage. » Eu outre M. Brewster
oliserve que les traits caractéristiques de ce spécimen sont tout-à-
fait ceux que l'on supposait dans la femelle de Icucobroncliialis;
aussi ne donte-t-il pas que la inarciue $ du collectionneur soit
exacte.
(1) On Ihe Generic name Heliiiinl/wphilci. Bulleliii o[ ihc iNiillal ornUliological
Club, VII, n" 1, p. n3, 1882,
(2) MiMiie Bullelin, VIII, n» 2, p, 78, avril 1883,
(3) In Ihe .\uk, II, n° 4, p, 3o"J et suiv,, octobre 1S83,
(4) Voy, The Auk, 1, n»!, p, SI, janvier 188'i,
(;)i Mènii' Ile\ue, mOiiie nnincro, même page.
OISEAUX HYBRIDES HENCONTRÉS A 1,'ÉTAT SAUVAGE 3.'M
2" V\\ S|i('fiiiR'ii //. Ii'iicoliniiicliinlis, vu à S;iybrook, Coiiii , pen-
dant le in-iiitomps de 1880, mais non capturé d).
.'t" l'n nuire, du mt^me i^enre. tué dans la Viii;iiiie le l."! niai 188.')
par M. William Palmer, près du Fort Meyer, Ariiuf^ton, Alexandrie,
(;o. Va. '2). L'Oiseau, raconte M. Palmer, s'af;:ilait vivement dans les
iiroussailles d'un bois lias et humide lorsqu'il le tira, il sautait de
haut en hasà la manière de //. chrusnplcra. M. l'aimer n'entendit pas
sou chant, l'ayant tiré aussitôt après l'avoir aperçu, car il pensait
(|ue c'était une Fauvelte à aile dorée (Goldrn \\'inj;ed Warhier) ti'ès
rare en ces lieux. Cet individu, (jui est un mâle, s'accorde de près
avec la description du type qui fut donnée poui' la première fois par
M. Ri-ewster (3). <à l'exceiilion de l'olive mélangé avec le jaune sur
le sommet de la tête lequel si' trouve eu plus grande quantité. Ce
spécimen est aujourd'hui la propriété du Musée national des Etats-
Fniset porte le n" 101,081.
4° l'n nouvel exemplaii-e H. lenrohrmu-hioUx. du (lonuecticul,
présenté encore à M. .Ino. H. Sage par M. llarry W. Kliiit ipii tna cet
Oiseau à New-Haven, le 10 mai ISSri. C'est un mâle, « il nioiitre nu
lé<;er recouvrement de jaune sous chaque ceil et sur le menton,
aussi bien qu'une léfïère barre de la même couleur sur la poitrine;
le reste des parties inférieures est blanc. Les barres des ailes sont
1res restreintes, et le blanc est teinté de jaune, sur le dos existe une
tache de la même couleur (4).
Telles sont les nouvelles captures qui eurent lieu depuis la publi-
cation du mi'Uioii'e de M. Rrewster justju'à l'impression du Iravail
de M. Hidiïway.
Orcclui ci, tout en constatant qu'aucune ex[ilication ne peut élre
lirésentée comme certaine, soulève une hypothèse (|ui, selon lui,
conlicnt une solution plus acce[)tal)le sous certains l'apports que
celle (pii reconnaît comme sullisant l'hybridisme de rhni.tnptcrn et
piniix pour expliquer la formation du tvpe //. Iruciilironrhiiilis.
Dans son mémoire sur « la pnrrnlf dll. Laiircnrpi et de //. Irnm-
lirnnrhiii!is(l\) n, M. lîrewsler, après avoir montré parallèlement les
caractèn^s b-s plus tranchés des (jualre types, pinux, rbripoptern,
liiirrciu-i'i et Iciicobronchialis, avait fait i'i'mar(|uer' que les rieiix
<1) llelminlhophila leucobronchiali.i hy .1. Clark, naiilnn notos of .Naliiral
llislory, Reeoiil puhliclied Iiy Soulh-Wid; and .lenrks cif rioviili'iicc. I'. I. ISS', IS.S.;.
Cil. in llic Auk. n" 2, p. 270. IS-Sfi.
(21 Cit.' in Ihe .\nk. par M. I>almcr, II, n» :!. p. :iO'.. jiiillol ISSii.
CM I. n<>l, p. I ("I 2 ilu mi'mc HiiUclin.
(4) Thp .\uk, II. n» :i, p. .m. juillet IsXi.
(;)) Voy. le IVilletin of Ihe Nnlt, Ornilli. CInl». VI. n" '., p, 2IS el sniv., oclob. |S,SI.
332 A. SUCHETET
derniers ne possèdent aucun caractère distinctif iinporlaut :
Lmprenrci n'ayant aucune marque ou coloris jiarticuliers, unissant
simplement le noir de la s:ovge et les raies principales de chni-sop-
tera avec les bandes blanches des ailes et la couleur générale de
pinus; leucobronchialis empruntant son dos cendré et les barres
jaunes des ailes à chnisoptcrn, sa raie restreinte de l'œil à /)/hm.ç,
tandis que la valeur différentielle de sa gorge blanche et les deux
parties inférieui'es est matériellement afîectée par la présence ordi-
naire de plus ou moins de jaune sur la poitrine ; en somme simple-
ment une combinaison spéciale de caractères d'emprunt dans l'un
et l'autre cas.
Or, M. Ridgway a fait observer que si on a cru devoir refuser
à H. leucobronchialis et à //. I.airrencei des caractères originaux im-
portants, ceci n'est exact que pour l.ninrnci') qui est d'une façon
très évidente un hybride entre irinuft et rbriixnpti'vn : mais la remar-
que n'est pas vraie pour II. leucobronchialis qui, « dans sa gorge
blanc pur, en opposition très frappante avec la goi-ge gris foncé ou
noir de l'un et la gorgt^ jaune vif de l'autre des parents supposés,
présente certainementun caractère original très iuipoitant qu'on ne
peut imputer au croisement des deux espèces eu i|uestion. )>
Quant à l'objection qui a été avancée conti-e la validité de H.
U'ucobroncbiolis eu tant qu'espèce distincte, et qui consiste à dire
« (|ue les spécimens types constituent une faible proportion parmi
cenx qui ont été obtenus, ceux restant se rap|irocbant dans un
rapport ou dans un autre de H. pitvis » (1), M. Ridgway répond
que « si an lieu de prendre deux cléments en considération,
c'est-à-dire /f. p»n(s et H. chrysoptera, on en ajoute un troisième,
H. Icinoln'onchidlis. la disproportion devient moins importante. «
En conséquence, M. Ridgway suppose que //. tcucobroncliiaiis est
lui-même une espèce distincte qui s'hybridise avec ses alliés. Ainsi
s'expliquerait l'origine de la série des spécimens embarrassants.
Aussi croit-il cpie M. Brewster avait raison lorsque, avant d'émettre
sa théorie nouvelle, il déclarait (2) que H. leucobronchialis consti-
tuait une espèce distincte bien caractérisée.
La classification suivante des s]iécimens rapportés à //. Luiirenrei
ou à 11. leucobronchialis exprime les vues de M. Ridgway quant à
leur nature et à leur origine. Cet arrangement, |)urement sup])0sé,
donne, d'ajirès lui, une solution lieaiu>oup |ilus satisfaisaiite du
(1) Si'pl (les vin^t-(l('\ix exemplaires i|iii onl élé ra|i|ir)i'lés (ycompris le fjnrrencei)
siml seulement (lu Y(Tital)le type H. Irurnbrnt^chialis.
(2) Hiill. III. p. ï)9.
oisKAix iiYniunics hkncontiiks a i.'ktat sauvage 'VXl
pi'olilt'ino i|iio 111' (loiiiic I;i tlit'orio (|iii adinol la sério enti(''rf des
S|it'ciiiiciis coiniiu' iini\oiiaiil jiar hyliridisiiie de //. iilniis et rlnij-
soptera seuls ou de leurproiîéniture inti'r se.
Spécimens l!ipi(iii(\i de H. Ii'itcnhrunrhialis : Le (^ adulte de Now-
towille, Mass., 18 mai 1870: le ^^ ad. obtenu pr^s de Clifton,
Deiware Conii. Penn., lii mai 1877 ; le cf de la collection de r.\ca-
démie des Seieiices de Pliiladel|)liie, (pie l'on suppose avoir été tué
|)ar -M. .1. fi. Bell à Hocklaiid : le ^ ad. tué à Wauiegau, Coiin.,
25 mai 187n, N.-Y, par M. Carpentier; le cT ad. obtenu à Sudiidd,
(lonn., 5 juillet 1873, par M. Shores ; le d" ad. (coll. W. Collège)
iiblcnii à lludson, mai ou juin 18."iS; le cT ad. tué près d'Orlingtoii,
Va. m mai 188."), [lar M. Paliner.
IJi/hiiiles suppo.iés entre II. leneobroncliialis et pinus, ou ce dernier
arec l'hi/hride pinxs et chr!isopler(i= l.awrencei, de trois genres :
A. Winfi-linntl iir paieh ip'lloir. Le d" ad. pris à Portiand., Conn., le
22 mai 188;i, par M. Coc ; le cT ad. pris à Saybrook, Conn., le 30 mai
d879. pariM. (;iark; le jeune Oiseau (sexe inconnu) pris à Higliland
Kalls, X. Y., le 7 juillet 1879, jiar >L Mearns: l'adulte (sexe non
reconnu) obtenu à Sing-Siug N. J., 3 août 1881, par M. Fischer;
h' (^"J ad., obtenu à Ottawa. Co., le 2î5 mai 1879, par M. Gunns;
le i-j" ad. |)ris à Siiig-Sing N. .1., 3 août 1881, par .M. Fisciici-;
la $ adulte, prise au même endroit et par le même, le 14 juillet
1881.
B. Winn-liiimh irbile. La $ adulte, recueillie à Sing-Sing le
24 aoiU 1879, par .M. .\. K. Fischer; la 9 ? adulte, recueillie à
Nyack, N. J., en mai 1878, par M. Bickuell.
C. Winii-hands tni.red while and i/elldie. Le (J"<u]. tué à N'ew-Haveii,
Conn., le 19 mai 188;;, par M. Flint.
Hybrides prèsnwés entre H. leucobronrhidlis et II. ehrii.wpteni.
La 0?a«lulle obtenue à Siug Sing. N. Y., le 24 juillet 1881, par
.M. Fischer; la 9 adulte obteiiuc au même endroit, le même jour et
par le môme.
Ili/brides siiftpases entre II. rtiriisuptera et II. pinus = l.aiereiieii,
llerrick, de deux genres :
.\. Wing Imnds nhile. Le ^^ adulte (le type) obtenu à Passaic,
N. .1., en mai 187'(. par .M. llerrick; le (f ad. de .M. Ilaboken,
.\. .1., pris au priiitemiis de 187(1.
B. W'inri-biinds ijellon-. La 9 adulte prise à Higland Falls, N. ,1.,
7 juillet 1879, par M. Mearns.
.\ ces quatre catégories, M. Ridgway a assigné les caractères sui-
vants, à la première : « Thront and checLs pure uhite; pnstcirnlar
blael; or dush/ slrenk revu nurrou-, not inrolrinij theauriculars; breast
•loi A. SUCHETET
uliili', or hul ccvii finiiAlfi lin;/ril iiilh i/rlhiir : n-iii;/ pnirli, ar Imiiih
HcUow ». A la deuxième : « Throul irliilo, siiiiicliiiii's jainllfi. tinijeti
irilli yclloïc ; hirasl ijcHow ; ijrinj of (ipprr parts tiiu/i'd irith olire
green )». A la troisième : « lùitirclcij (illh hninilh (r.ircpl on snirs)
(ts in 11. lenrahrunchialix, but ivith bhirk itirriculars aj II. rhrtjsop-
tem. » A la qiialriènie : « Black or i/rau lliroal ami auriciilars 0/
chrysoptera, with rcst uf hrad ami Ihr coirrr parts yrlloir, as in
piiiiis ; apper parts olire, i/rcen as in pirtiis, a-iiig-hantls or aliitr. » (I).
Nous remarquerons ici que d ans 1 es viugl-deux spécimens en 11 mérés
fic;urent trois femelles obtenues à Sing Sing, N. Y., le 24 juillet 1881.
par M. le Df A.-R. Fischer, et deux raàles tués le 3 août an même
endroit et par le môme, tandis (ju'une seule femelle et un seul
niàle sont mentionnés par ce dernier (2); deux femelles et un cf
avaient été cités par M. Brewster (3). Il n'est |)oint (juestion de
l'exemplaire 5 ? tué jiar M. Harry W. Flint, à Deep Hiver, le
18 mai 1880 (4). Nous ignorons si M. Ridgway a examiné en nature
tous les spécimens dont il parle, ou s'il les a classés d'après la
descrii)tion (|ni en a été faite.
La contradiction qui existe entre la manière de voir de
M. Ridgway et celle de M. Brewster au sujet de //. Icaculironchialis
ne nous permet pas de donner nue solution satisfaisante concernant
la nature de ce type, d'autant plus que M. Brewster a persisté dans sa
manière de voir, après la publication du mémoire de M. Ridgway(o),
manière de voir qui semble aussi partagée par M. Spencer Trotter (6 ).
Le comité de l'Union des Ornithologistes Américains n'a point voulu
trancher le débat et, portant sur la liste hypothétique de sou
« Code of Nomenclature » H. lencobronchialis, il l'a fait suivre de
cette remarque : « Siipjiosed to lie a hyhrid lielireu H. piniis and
H. chrysoptera, liut possiblh/ a dislinel species ». renvoyant aux deux
mémoires opposés de MM. Brewster et Ridgway.
Dans ces dernières années, c'est-à-dire depuis 1885 jusqu'en
■1891, un bon nombre de spécimeus //. leucolironchialis typiques ou
variétés, ainsi que quelques //. Laurencei, ont été de nouveau ren
contrés. Mais les observations les plus intéressantes sont assuré-
ment celles ([ui portent sur l'iqtpariage constaté de r.isa de //. pinus
(i) Tous rps rensei^nemenls sont donnés in Auk l8S:i, II, n" 1 pp. :{(jO ol -^niv.
(2) Bulletin of tlie Nuit, oi-nilh. club, VI, n» i, p. 21S, oi-lobie 1881.
(:!) In llie Bulletin of Nultal. ornith. club, VI, n» 4, p. 24o, octobre 1881.
(i) Mentionné par M. Jno H. Sage, in Ihe .Vuk. I, n" 1, p. 91, janvier 18,8'i.
(.')) Voy. The Auk, III, n» 3, p. 411, juillet 1880.
(0) Voy. Tlie signi/ication o/' certains phases in tlie gciius Relminlltopliiln,
by Spencer Trotter, The Auk, IV, n» 4, p. :W8, octobre 1887.
oisEAix iivniiinns hkncontuks a i.'ktat sauvage XV:')
avec H. Irticobrotirhialis el sur l'appariiij^e supposé de //. leucobron-
chinlin avec H. pi nus.
Voici les faits : i" Le 4 jiiilli'l l8S."i, [)('ii(i;int i|iil' M. A. K. I'"is-
cher, (le Siiiii-Sins. Ncw-Yoïk, était occupé à recueillir des Fau-
vettes daus un épais taillis, il surprit une femelle à ailes dorées à
la poursuite d'iusectes. Comme il la surveillait atlenlivemeul, il la
vit s'envoler vers un cèdre du'voisinaijc, où elle donna de la nourri-
ture à nu jeune Oiseau. Aussitôt M. Kisi'her lit feu cl ai)attit le
jeune tîindis que la mère s'enfuyait. Au liruit (|uc lit la décharge,
un aulrc petit s'envola des buissons i|iii étaient i)roclies et fut
rejoint par la fenuMIc. M. Fischer ne réussit pas à tnei- celle-ci du
premier coup, il la lilessa seulement, mais bientôt revue à i|iiel(|ue
distance, elle fut abaltin' d'uuf' seconde décliar^e. Kn revenant sur
ses pas, M. Fischer fut assez heureux pour aiiercmoii' le jeune ipii
ressemblait de très près à sa mère, il n'avait ixiinl de jaune sur la
poitrine, tandis ([ue le premier tué, avec sa |ioitiine jaune et ses
barres blanches sur les ailes était « l'crdclc copie d'un jeune ilc Fuu-
vette jaune à ailes bleues. » Selon toute probabilité, dit M. Fischer,
le père de cette iiitéi'cssante couvée était un pinus (i).
2" Le 20 juin 1887, M. Fi-anck .\L (^iia|)inann, du Miiseuui iW
New-York, venait à peine de capturer à Englewood une femelle
ie)ir(ibr(nirhiulis, (|uc son attention fut attirée par les cris de jeunes
Oiseaux tpii étaient an-dessus de sa tête et (|u'un mâle typi(|ue
pinus nourrissait.
M. Frank M. Chapmanii ayant oliservé attentivement cette
fauvette pendant une heure (entre quatre et cini) heures) crut
s'aper<;evoir que l'Oiseau qui manquait était sans doute le spé-
cimen qu'il venait de capturer. Il prit trois des jeunes, tous jiinus,
le quatrième lui échappa. En considérant (pie le plumage de la
femelle est usé par l'incubation fl'alKlomeu est dénué de plumes),
on peut dire qu'il s'accordi! avec le type Irurubrourhialis. Cet Oiseau
orne aujourd bui, sous le n" 003, la collection de M. Chapmann (2).
30 .\n mois de mai 1888, .M. Edwin H. Eames, de Seymoiir
(Coiinecticnt), futattiré vers un Pommier par léchant d'un //. leuni
bronehitilis qu'il trouva seul daus cet arbre. La localité où cet
arbre était planté était aride aux alentours, un maij;rc i)àturai;e
avec peu de leirain boisé. l,e 2',( mai, le chant de l'Oiseau s'étant
de nouveau fait entendre, M. Eames le découvrit dans les branches
(I) lîvidence concerning interhreeding of llehiiiiilliiipliilii ilirii^iijilrrn n/ul
H. pinun.The .\iili. II. 11» i, p. .■}70. <M-tol)re ISKi.
{i) Cniitiireg additionDelte.i ilr llelininlhopltita leueol>ronrhinli.<, Mio Ank.
IV, n» i, p. :MS, ortobiP 1S.S7.
3 ifi A. SUCIIKTET
d'un Noyer blaoc (ou Noyer d'Amérique) (1); il paraissait timide,
mais peu désireux de quitter sa position. Le 31 l'Oiseau fut eucore
aperçu alors qu'il se nourrissait et chaulait dans le mémo arbre.
Une patiente surveillance pendant trois heures ne révéla rien autre
chose que des vols courts et apparemment dirigés vers plusieurs
petits Hickorifs croissant autour d'un taillis de Coudriers. La cui'io-
sitéde l'observateur, étaut de jilus en plus attirée parles gestes de
cet Oiseau, qui paraissait bien plus occupé à quelque chose
d'insolite qu'au propre soin de sa nourriture, le 3 juin, après s'être
assuré de sa présence, il se cacha et attendit patiemment. Plusieui's
fois la petite bête vint dans son voisinage, mais sans intention que
l'on put préciser, toutefois elle faisait certainement des rondes
autour des jeunes Noyers. Enfin, avec plus de vivacité qu'à l'ordi-
naire, elle descendit et disparut dans les buissons où apparemment
elle remplaça sur son nid une H. pinus qui s'envola en toute hâte.
Ce piniis était le premier que M. Edwiu Eames rencontrait dans le
voisinage. Tout ceci se passait au coucher du soleil et l'obscurité
arriva sans que Jeurohronchialis se fît voir de nouveau.
Plusieurs jours s'étant écoulés, le sagace observateur visita le
taillis aussi consciencieusement ([u'il le pût; une fois il aperçut un
pinus, mais sans avoir l'heureuse chance de découvrir son nid. Il
vit aussi lencohmnchiaUs (en compagnie de ce dernier) s'apjiro-
cher avec précaution et le considérer un instant, puis les Oiseaux
s'envolèrent sans crainte apparente. Lorsque M. Eames faisait
quelque mouvement, leurobronchialis venait en reconnaissance,
puis, satisfait sans doute, il reprenait ses occupations comme
auparavant.
M. Edwin H. Eames ne put visiter de nouveau l'endroit que le
17 juin ; il n'y rencontra |)lus Iciirolironrhlalls, mais il trouva une
couvée de plusieurs petits qui étaient nourris par H. pinus, le
résultat possible, dit-il, entre les deux Oiseaux qui étaient, du
reste, les seuls de leur genre qu'il ait jamais vus dans la localité (2).
4° Jusqu'alors le croisement de H. pinus avec clirnsoplera d'une
part, de H. leur'obroncliidlis avec pniMS de l'autre, n'est encore que
présumé, mais, dans l'exemple qui va suivre, l'appariage de H. pinus
av(M' clniisiiptcra est constaté de risu.
-M. Jno. H. Sage, de Portland, Conu.. raconte en effet (3) que
M. Samuel Robinson. qui collectionna avec lui pendant plus de
il) nirkory.
(2) Pour Ions ces détails. .)iu' nous avons reproduits in extenso, voy. Kotrs on
ÏJelminthophila leucohroncluuii.'!. Tlie Auk. V. n" l, p. 'lîl. octolire ISS.'^.
(3) Tlie Aulv, VI, n» 3, p. 270, juillet iaS9.
oisKAUX iiviiluiiKS re:nt,()ntui'.s a i.'ktat saivack :!;(7
([uinzo ans, observa un jour un çf //. piinis (|ui disparut au
jiied d'uu jielit Aune en tenant de la nouniluie dans son bec.
Bientôt a|)rès il altèrent une o II. chryanpti'rn, égalemeut avec
de la |i;\tnie dans son bec, (|ui fut perdui' de vue au nn'^nie
endroit où le ineniier Oiseau était entré. En s"api)ii)chant de
l'arbuste, M. Robinsou vil cinq jeunes Oiseaux s'envoler du niil :
ces ein(| Oiseaux s'abattirent dans le voisinaije le plus proche, où
les deux pareiils continuèrent à les nourrir. M. Robinsou tua les
deux vieux et prit les jeunes Oiseaux avec le nid qui, tous, sont
aujourd'hui dans le cabinet de M. Jno. II. Sage, de Portland.
« L'endroit où ce fait se passait était un terrain s'abaissaut vers
un fourré marécageux, (juelques Erables croissaient dans le voisi-
nage. Le nid était sur la terre au pied du petit .\une dont on vient
de jiarler; et se trouvait caché en partie par des Fougères et d-e
mauvaises herbes qui le recouvraient ; il était entièrement com-
posé de feuilles de Chêne et entouré d'écorces de Vigne, aucune
autre matière n'avait été employée, n
Le mâle ///«K.s'.d'ajirès ce qu'écrit M. Sage dans Wiiik d), « est un
très Ijriilant spécimen avec les barres blanches des ailes bordées de
jaune. La femelle rhnjsoptera est fortement marquée de jaune en
dessous, les b:irres des ailes exceptionnellemi'ut riches de la même
couleur. Les jeunes, deux mâles et trois femelles, sont tous sem-
blables, et ont la léte. le cou, la poitriue, les côtés et le dos vert olive;
l'abdomen jaune olive, les rémiges comnu' jiiniis à l'âge adulte : deux
barres visibles de l'aile olive clair bordé de jaune. » M. Sage ayant
négligé de dire s'ils représentent le type //. Lairrawi, (ceci étant du
plus haut intérêt), nous lui avons écrit à ce sujet. M. Sage a bien voulu
nous lépondre que les jeunes ne sont pas assez avancés en âge pour
qu'il soit possible de déterminer leurs caractères. L'uu d'eux
cependant est lout-à-fait jaune en dessous et pourrait être référé à
Luiiiriirii.
5° Au commencement de juin 1889, .M. .1. K. Averville, jun.. de
Seymour. rencontra un Iciirolironrhidlif en train de chanter. L'ayant
cherché deux jours après, il ne put le trouver. Le 2'i juin, M. Edvin
H. Eames l'ayant accompagné, ils eurent bientôt le plaisir d'ob-
server l'Oiseau à une très courte distance de la jibice où ils se
trouvaient, trois à dix pieds: leur observation dura (oui le temps
qu'ils le désirèrent. L'Oiseau, du sexe mule, nourrissait des petits;
on ne ])ut voir combien, un seul probablement. Il fréipientait le
même massif par intervalles île une à cinq minutes, cha(|uc fois
(1) VI. no ;{, p. 17".t, juillet I8S9.
338 A. SL'CHETET
leuaiit un ou deux petits vers de trois quarts de pouce de loiiirueur,
;ill;int d'abord en reconnaissance, puis s'approchantavec précaution,
i|iiiltanl ensuite le fourré. Les observateurs ne purent découvrir quel
était l'objet de ses soins, mais M. Eames pense que c'était un jeune
Coifhird, le reste de la couvée devant être nourri par un piniis (une
femelle), le seul de ce ^enre qu'on trouva dans le voisinage. A cette
date, les Oiseau.K étaient assez forts pour voler et trouver facilement
oux-mémesleurnouri'iture. Ils mon traient, dit M. Eames, une ressem-
blance générale aux jeunes pinus. Le vieux mâle IpucobronrhiaUs
fut lue le 8 août et aussi un des jeunes ; les autres, observés atten-
tivement, ressemldaient à celui qui fut tué; celui-ci présentait des
ressemblances trop acceutuées avec l'Oiseau adulte pour qu'on pût
douter de la paternité de ce dernier (1).
(les cinq exemples étant les seuls, pensous-uous, i[ui aient été
rapportés sur l'appariage des types qui font le sujet de cet article,
il n'y a, comme on le voit, que des présomptions en ce (juicoacerue
le croisement de pinus avec leucobronrliidlls.
])e nouvelles captures de ce dernier type sont devenues assez
nombreuses; en dehors de celles que nous venons de citer, voici les
|iriucipales, sinon toutes : un spécimen tué à environ dix milles de
Morristown ? (New-Jersey), ])ar M. .Vuguste Blancliet, vers la lin de
mai 1859. « Tout le ]ihinuige dorsal de cet Oiseau, dit M. E.Charleton
ïhurber, qui rapporte le fait (2), est teinté de jaune verdâtre; la
gorge et les joues sont blanc pur, très légèrement teintées de jau-
nâtre, le haut de la poitrine grisâtre; la poitrine jaune s'éteudanl
vers le crissum, une petite ligne noire sur l'œil droit, uue grande
plaque grisâtre derrière le gauche; les barres des ailes jaunes. En
outreM.Thurliei-faitobserver que toutle])luuiage ressemblequelque
peu à celui de la femelle chrysoplmt, toutefois le grisàlre de la
poitrine n'est point aussi foncé.
Dans la collection du D' .\. K. Fischei-, M. Frank .M. Chapuiann
cite encore (3) une femelle, n" 2046, 15 mai 1886, ayaut le « crou-
pion et les interscapulaires comme chez pinus; les barres des
ailes intermédiaires entre //. rhrusopli-ra et pinm. Une bande pec-
(1) Notes sur lu l'anvrlle h (tilcn bleues (lilue ivinejpd Wurhler) et ses alliés
{Helminlhophfifjii pinus, H. leucohronrliialis, II. I.anrencii et H. chrysoplera),
dans le Conneclicut, par M. Kciwiii II. Eanii>s, llie Auk, VI, n" 4, p. 3l)o el siiiv.,
nctolire 1889.
(2) The Auk, Vil, n" 3, p. 291, juillet iS'JO.
(I{) Captures additiunnelles. The Auk, IV, n" 4, pp. H'kS |.| iî'i!!, ortohip ISS7.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'KTAT SAUVAGE 339
tonile jaune et uik' légère apparence df la nirnic couleur existe sur
les parties inférieures. »
Dans la collection de M. Chappniaun, sous le n» 932, figure
un niàle, cai)luré le 31 juillet IS87 : (( surface dorsale et les
])arres des ailes comme chez pinus, avec un collier cervical d'un
grisâtre extrêmement faible. La poitrine jaune, réapparition de la
même couleur sur le blanc de la gorge et de l'abdomen. » Cet Oiseau
fut pris dans le voisinage de celui qui figure dans la même collec-
tion sous le u" 903 et ((ui était né iucontestalilemenl dans cet v.n-
droit: il peut être considéré, dit M. Clia|)[)manii, comme le i|ua-
liièine Oiseau maniiuantdans la couvée mentionnée ci-dessus.
Dans la même revue et daus le même numéro d), M. E. Carleton
Tliurber, de Morristown, signale un beau spécimen mâle //. kii-
ruIiiDurhialis, tué près de cet endroit le 13 mai 1877?, dilTérant du
type par une laclie jaune citron sur la poitrine et par une légère
teinte de la même couleur sur l'abdomen et sur le dos.
Le 31 aoill 1887, dans la parlii' centrale de (Ihester. On. Peiin.,
sur le bord d'un marais rempli de broussailles, on prenait un autre
spécimen s'écartant du type If. Iciicobronchidlis « étant plus lavé de
jaune en dessous et d'olive en dessus i2i. » T.e 1)'' l-'isclier, au(|uel
M. Witnier Stone, de (iermantown, l'a., envoya l'Oiseau, lit savoir
à ce dernier qu'il ressemblait à son spécimen d'Englewoud. N. J. (3).
('.im| exemples sont rapportés par M. Edwin II. Eames. de
Seymour, Conneeticut ('i). Le 2() mai 1888, celui-ci prenait un mâle
IcHcolironchialis qui lui parut typique après l'avoir comparé avec
l'original ; long. 4.80, grandeur 7.(10. Les testicules avaient ■i.H! de
longueur, l'eslomac contenait seulement des insectes.
Pendant le temps que dura l'observation de M. Eaines sur la nichée
qui a été décrite plus haut, celui-ci vit quatre autres ^'U(•o/)/•o«c/(/«//A■.
D'abord le premier juin un individu entrevu un seul instant dans
un Noyer d'où il s'envola vers un Aune du marais voisin ; puis un
deuxième observé plus longtemps sur le bord d'un terrain boisé et
aride. Le 14 juin M. Eames et un de ses amis ai)er(;urent les deux
autres, le premier parmi les branches de hauls arbres plantés dans
un pâturage situé |>rès d'un bois de maigre apparence, revu le 19
juin et le 7 juillet; le secoud ù trois quarts de mille i)lus loin et qui
fut eucore aperçu le 22 juin, toujours en plein chant, ce (pii [(crmit
(1) P. 349.
(2) The Auk, V, ii» I, p. Il-i, JHiivicr 1888.
i'.i) Se reporler à llic Atik, IV, p. :ViX.
l'i) Noirs sur nelminthophUn lencahrunchinti^. Tlio Auk, V, n" 'i, p. '<27.
oflobic I88S.
'MO A. SUCHETET
de le découvrir. M. Eames a entendu i)arler d'un autre li'uailiron-
chialis pris en 1888 dans le Connccticul par M. Hayt.
Pendant le printemps de cette même année, d'après ce que rap-
porte M. Louis B. Bishap, de New-Haven, Counecticut (1), M. Flit
vit un exemplaire à New-Haven, le lo mai ; M. Clark un autre à
Saybrak, le 13 mai ; le 10 mai M. Sage avait capturé un mâle à
Portland.
Pendant la saison de 1889, M. Eaines eut à enregistrer de nou-
velles captures; préparé par les observations qu'il avait faites
l'année passée sur le chant de leucobroncliia.Us, il reconnut d'abord,
le 6 mai, un Oiseau typique qu'il aperçut dans un Pommier dont
les branches toucbaient presque à sa maison. L'Oiseau était si fa-
milier qu'il aurait presque jiu être saisi dans un lilet à main.
Quoicjue plusieurs fois dérangé, il ne manifestait aucuu désir de
prendre sa nourriture autre i)art que dans les Pommiers. Puis le
14 mai, dans la matinée, M. Eames tua un nuile li'urol/rnnchialis eu
|)lein chant. Le 17, il ne lit que lilesser un Iroisième individu (|ui
ne put être rapporté, ([uoiqu'on vit ilislinctement la place où il'
était tonil)é. Cet Oiseau était bien marqué de jaune sur le devant
de la poitrine et d'un lavis plus pâle partout ailleurs, à l'exception
du bas de la poitrine (jui était d'un blanc pur, sans quoi il aurait été
typique. Le 22, M. Eames vit un autre leurobronchlalis qui, malheu-
reusement, était hors de son atteinte, se trouvant dans un terrain
conservé par le gardien des machines hydrauliques de la ville.
Toutefois, ayant obtenu de ce dernier la permission de le tirer, le
lendemain l'Oiseau tombait en sa possession.
C'était un très beau spécimen du type. M. Eames n'eu prit
qu'un autre le 11 juiu, ce dernier se trouvait très ressemblant à
pinus (2).
Le 11 mai 1890, M. t'rauck Ciiappman crut voir à Euglewood un
individu typique A'Hclminlhophila leucobroiichialis. Se trouvant
heureusement sans fusil, la tentation de le tirer lui fut épargnée, et
pendant les dix ou quiuze minutes que l'Oiseau demeura sous sou
observation, il put l'entendre chanter, le voyant mènu', particu-
larité qui mérite d'être notée, ouvrir son bec lorsiju'il faisait
entendre son chant. Ce chant ressemblait exactement aux notes
élevées et aux notes basses de //. pinus. mais il était moins fort que
le chant moyen de cette espèce (3).
(1) Tlie Auk, VI, II» "2, p. 193, avril 1889.
(2)iVo/fS sur la Fauvette îi ailes lileues, elc, déjà cité. The Aiil;, VI, ii" I, p. 30;i
el siiiv., oclobi-e 1889.
(3) Tlie Auli, Vll.n" 3, p. «Jl, juillet 189J.
OISEAUX llVIIIlinKS HEiNCONTRKS A 1,'kTAT SAUVACE M'il
Au |)riuteuips de 1891, un Urbninlhopliila leucobivnchiaUs fut
encore ()l)seivé à .Maiideville, Lm. Ce spéi'iinen. dont le sexe n';i i)as
été déterminé, mais qui (nuait niàle, s'accorde connue niar(iues (1)
avec Hclminlbophila pinus. Par sa coloration, il est intermédiaire
enlri> ju'iius et Irurolinnicliinlis lupus, les parties inférieures sont
blanches avec une [daciue jaune sur la poitrine, il existe une; plus
ou moins grande quantité de cetli' couleur sur le menton et
raljdouKui; les partii's supérieures sont lileuàlres avec un lavis
verddtre. Les bouts di.'s couvertures de l'aile sont plus fortement
marqués de jaune que dans les spécimens normaux de pinus.
Enfin MM. II. II. Bimley, de Ralenti, nous ont fait savoir qu'ils
avaient pris un spécimen du W'Itilc tliradtcd Wdrlilt'i , qui fut vendu
depuis; mais ils ne nous indiquent ni le lieu ni la date de la capture;
|ieut-élre est-ce un des exem|)laires([ue nous avons nommés?
Les nouveaux spécimens //. l.airrrHci'i, observés depuis IS77,
sont beaucoup plus rares. C'est à peine si on en compte quel([ues
uns. -M. EUiot Coues, en 1884, se bornait à signaler (2) les deux
exemplaires iiue nous avons mentionnés. Cependant, si nous en
croyons M. Louis B. Bisliap, de N'ew-IIaven, Conu. (3), trois beaux
spécimens H. f.increncei auraient été pris dans le Conneclicul [len-
dant le printemps de 1889: une femelle, capturée à New-IIavcn le
21 mai par .M. Kliut, une autre femelle à Stamford, le 23 mai, par
M. Hogt, et uu mAle, le 2o mai, au même lieu et par le môme?
.M. Jno. Sage nous dit (|u'il prit Itii-méme à Portland, Conu., uu
niàle le 11 mai 1887. M. Bisliai) fait observer ([ue « le jaune des
parties inférieures de la femelle prise par .M. Ilogt s'approche du
jaune gomnie-gutte du //. pinus, et est beaucouj) plus vif que celui
des parties eorresi)ondautes du spécimen de .M. Flint. » Tu
septième exemplaire cf Ijiuienrei parait encore avoir été obtenu
le IG mai de l'année suivante dans b; (Conneclicul méridional, tout
au nu)ins M. Kd\\in II. I]ames mentionne dans sa collection cet
individuipi'il avait entendu chanter une heure du deux dans un petit
marais très boisé.
Sans dire préi'isémeiil à quel type il appartenait, M. William
Brewster avait parlé, dès 188(i ('n, d'un s|iécimen intéressant du
genre llelminlhophila t|iii lui avait été envoyé par M. !•;. Carlelon
Thurber, de Morristown, et (pi'il su[>posait être l'hybride de //.
I.auirnrci et du //. piiius lypi(pie. Cet Oiseau avait été tué, le 13
(l| • As iKiUcni ot inarking. n
(2) In llie Key, iVlilre en I8S4.
(:ti V<.y. Uu- .\uk, VI. 11» 1'. |.. I'J3, avril 18W).
(4) Tlie Aiik, III. ir:!, [<. '.H, I88C..
342 A. SUCHKTET
m;ii 1884, à deux milles de Morrislowii (New-Jersey), à quatre milles
et demi de l'endroit uù le type de I.Kurencei avait été olitenu. Le
sexe n'a pas été déterminé, mais l'Oiseau serait incontestablement
un mâle, d'après M. Brewster. En voici la description : « Presque
semblable au mâle piniis adulte, les marques des ailes et de la
queue et le coloris général au-dessus et au-dessous sont essentielle-
ment les mêmes. Mais à travers le jugulum il y a une larfie liande de
taches noires épaisses, et la raie noire île l'œil, courte et liieu déliuie
dans /jm((.s-, est dans cet Oiseau limitée antérieurement et postérieure-
ment à une simple ligne ([ui s'étend jusqu'aux auricuUirs formant
une plaque sombre ou uoiràtreplusou moins rompue ou recouverte
par un mélange abondant de jaune. L'espace tacheté de noir sur le
jugulum est plus large dans le milieu, se rétrécissant graduelle-
ment en approchant des côtés ; sa plus grande largeur est d'un peu
plus d'un (juart de pouce. Les taches sont sous-terminales, toutes
les plumes étant couvertes et beaucoup se trouvant bordées par le
jaune riche ordinaire des parties inférieures. Ici, dit M. Brewster,
le noir tend à se ca<',her naturellement, mais aucun arrangement
des plumes ne peut l'absorlier couiplèlemeul; aussitôt les |)lunies
dérangées on aperçoit un trait visible. L'effet n'est pas dillérent de
celui (|ui se produit chez les jiniues mâles d'automne de Demlroim
fircns, lescpiels ont le noirde la gOT'ge et du jugulum recouvert plus
ou moins de la même façon de jaune. En un mot, on i)eut dire ([ue cet
intéressant Oiseau est à peu près intermédiaire en marques et
couleur entre le typique pinus, avec sa barre courte et étroite de
r(eil et le jaune semblable des parties inférieures, et entre le //.
Ijiici'i'nci'i ([ui a nue large plaque noire s'étendaut du liée sur l'o'il
et derrière cet organe, et tlont le menton, la gorge et la partie anté-
rieure lie la poitrine sont liien noirs. »
.Vvant de clore cet article il ne sera pas sans intérêt de repro-
duire les remarques faites par M. Kdwin II. Eames sur le chant de
li'iirobruiiclildlis ( I).
M. Edwin 11. Eames a cru en elîet utile, pour ses observations, de
chercher à reconnaître les divers types {\'Helminth()]ihila |)ar leur
chaut; une graiule [lartie des succès qu'il a obtenus est due à celle
étude.
Sept Oiseaux typiques //. Icucobronchidlis ont exprimé leur
ipiarte parle chaut de H. chiijmplera, à l'exception d'un point peu
important. (Le chaut de chrysoplera consiste généralement en
(I) Noies sur Iti FaiiVflli' (i ailes bleues, olc, lit'JH rit. Tlie .Xuk, VI. ii" 4. pp. 30o
et siiiv., octobre 188'.l.
OISEAl'X IIYBIUDES RENCONTRÉS A I.'ÉT.VT SAUVAGE •Vi'-i
(lUiitre uotcs : Slure-e-e, zace, :iree, zwee, la première uole d'euviiou
deux tous plus haut que les trois suivantes, ceux-ci se prolou-
î;eaut légèivnieut. Queli|uefois il est iia peu varié, avec la seconde
uole seinblalile à la prcuiière; il se réduit encore, dans d'autres
circonstances, à trois, à deux, ou même à une seule note). Un autre
spécimen //. leurohnincliinlix faisait entendre, en plus du cliant
ordinaire, ([ueliiues variations originales.
Un autre individu, offrant de proches ressemblances avec //.
.pinus, répétait le chant de //. rliri/sniiln-a, mais d'une f;içon désa-
gréable et dure (1). Tu Oiseau eulin, parfaitement lypiiiue, ne répétait
qu'une seule note (ou ton); celte parlicularité surprit vivement
M. Eames, le chant se trouvant être précisément le même que celui
(le //. pinus. M. Eanies cite encore un individu (avec une faible cou-
leur jaune verdàtre sur le dos, une forte plaque jaune sur la poi-
trine et un lavis sur les parties inférieures). (|ui employait exclusi-
vement ce dernier chant.
Le seul //. I.aurenci'i ([ne M. Kames entendit avec certitude, pen-
dant près (h' deux heures, ne varia jamais son chant dans les
nudindres détails ; c'élait le chant caraclérislique du pi nus, consis-
tant en deux notes entraînantes see-e-e-e, zcce-e-f-c-e, avec un son ;
bien arrêté.
Ces détails, pensons-nous, ne sont pas sans utilité |i(iiir les
recherches de //. loucobroncbialis (même de //. I.innrucci), recher-
ches i|ui, sans doute, se poursuivront.
Remarquons en terminant que, nulle part, on n'a encore constaté
tic visn l'appariage de //. Icnroh'onchiaUs avec pinus ; lorsqu'on l'a
supjiosé, et qu'on a pu saisir les jeunes, ceux-ci étaient de vrais
pinus (i). Seul l'appariage de pinus avec chrysopleni semble mis
hors de doute.
Les uns ont considéré //. Icucoliroiirhinlis comme espèce; les
.autres, au contraire, les plus nombreux (.'{) l'ont considéré comme
i»ybride.
Il est constaté, à maintes reprises, que ce type ne |irési'nte pas de
caractères absolument lixes, et aussi (|ue sa gorge blaïu'he le diilé-
(1) Ccl Oiseau est celui dimt on parle dans lAuk, V, p|>. 4^7-428.
(2) Voir l"e.\eiiiple cité par CtiappnKinii (The .\uk, IV, ii" 4, p. 348, octobre 1S87)
el l'exemple cilé par M. F.amcs (Tlie Auk, VI, n» 4. p. 30o, octobre 1889).
(.'() D'après les docuinenls que nous avons consultés et aussi la correspondanee
que nous avons reçue.
Dans The Key lo Horlli amcrican Birds by Elliol Cônes, cdilidu de is-ni. nous
lisons encore à l'article II. Irucubronchiulis : « Duulilless lij lirid bilwieii Il.iiiiius
und //. clirysiipterii « (p. i'.Kt).
;Vl4 A. SUCHETEÏ
rencie totalement des deux types chrysoptera el pinus auxquels il
ne peut être rnpporté à cause précisément de ce caractère qui lui
est particulier.
Pourrait-on donc soutenir cette nouvelle hypothèse : à savoir que
leucohroncliiaiis, peu rare, quelquefois plus commun que chrijsop-
Icra (1), est une espèce dislincle, mais sujette à variations? Dans ce
cas l'hyhridisme supjiosé et si complexe ne reposerait (j ne sur quel-
ques rares types //. Lawrencei, ceux-ci précisément (à cause de leur
rareté) méritant d'être considérés seuls comme hyl)rides réels.
Celle solution esl-elle acceptable ? 11 est sans doute préférable de
se l'anger à l'avis de M. Ridgway, disant que leuculironchiulis tijpus
est bonne espèce, mais se mélange avec ses alliés. L'avenir sans
doute résoudra le proldéme {i).
(1) Voir h: rap]iorl ilf M. E<l\viM II. Kyiiies, Notes sur les l'aiirrlte!! à ailes
l)leues, elc. TIk- .\nU, \ 1, ii» 4, p. :i0.'j, ocloljre 1889.
(2) Sous ce titre : « Tlie significalion of certains plinses iii the r/cnH.s- lletiiiin-
llmpliHa )) (The .\iik. VI, n" 4, pp. 30.'> et suiv.). M. Spencer Trottei', pai-tisiiii de
riijiiiiilisnie chez les formes H. leucobroiichiatis et //. I.aurencei, a cru pouvoir^
présenter iiuelipies e.\plic;itiotis sur les circonstances qui ainènei'nient les deux types
ll.piiiiis cl H. clirijsnplerii à se croiser, .\pres des considérations générales basées
sur les données évolutionistes, et iiosé en principe ijue, par exemple, « la rareté
dans les espèces et les individus ijidique la dégénérescence, l'expression de l'im-
puissance du groupe à inainleuir ce qui lui est pro|)re, et que l'hybridismo dans
la nature est aussi une expression de décadence, le résultat d'une rareté arrivant
chez les individus qui composent une espèce, etc., » il recherche comment ces
principes peuvent s'appliquer au genre Heliiiinltiophila, groupe formé de huit
espèces, dont aucune de ces espèces n'est très abondante quand on les compare à
certains autres groupes, tel celui des Oendroicu:
Chacune des espèces Uelinintlwphila a comme habitat une surlace plus ou
moins bien définie, l'habitat des deu.x types chrysoplera et pimis et de leurs
allies est le plus restreint de tous. Or, c'est précisément dans cette dernière seclinu
que l'on trouve l'évidence de la décadence. « Strictement insectivores, dit l'émi-
nent naturaliste, les HeliiiinUioplutœ sont entrées en concurrence directe avec
les autres formes insectivores, et parmi elles, sont leurs proches alliés et le
genre dominant Oendroica, composé de plus de trente espèces bien définies, dont
les habitudes et la nature ressemblent de près aux Swaujp Warblers (Fauvettes
des marais). La pression exercée par Denitroicit serait beaucoup plus grande dans
l'Est que dans l'Ouest, il cause de la prépondérance de ces individus et des espèces
dans leur première surface, par conséquent les espèces orientales plus restreintes
de Uelminlhophita se ressentiraient fortement de celte rivalité. » Les Dendroicœ,
toujours d'après M. Trotter, sont plus habiles à capturer les mouches que le
Swamp VVarblers (elles le font avec plus de promptitude et de persistance') et
comme cela a lieu dans la même localité, les lieliiiintliopliagœ, moins bien
adaptées, doivent nécessairement leur céder le pas et diminuer en nombre, tandis
que les deux autres augmentent. L'espèce H. Bacitinani en serait un exemple
frappant; elle se montre excessivement rare dans la limitée d'extinction, quoiqu'elle
existe encore dans les localités favorables à sa propagation, par exemple, les
OlSKAl X IIVHKIDKS UENCONTRKS A l'kTAT SAUVAGK '.i'ùi
Helminthophila piNis vl OpononNis formosa (I).
M. Frank. W. Lanjj;(l(iii a ilccrit(2) connue espèce nouvelle, sous
11' iiiiin de lli'hiilnlliiiiihdiid rnirhntiiticnsis, un s|)éciin(Mi jusqu'alors
inconnu tlu jjjcnrc lit Ininilliopliiiiia ([u'W tua le 1<^'' mai 1880 à Madi-
sonville, Ilamilton County, Ohio. (Jet Oiseau, disail-il, dilTcre de
//. piiiii.s, si>u |ilus proche allié, par sa taille plus jurande, le noir
lâché du vei'tex. les iiailies auriculaires noires, l'aliseuce totale de
harres blanclies sur li's ailes bleu cendré au-dessus ainsi (jiu; hi
(jneue, par les taches blanches de celte dernièie partie, etc. Il
s'i'loinue d'O. faniHixn (avec la(|uelleil senii)le a iiriori nécessaire de
le comparer) par sa taille plus ])etite, ses proportions, son tarse
court, son front jaune, le bord blanc au.\ |)kimes extérieures de
la (|ueue.
Alusi.louten éloiguant la peuséed'hybridisme.M. Langdon avait
soin de comparer le nouveau type avec //. pinus et 0. foniitisn,
comme si sa pai'entéavec ces derniers se faisait soupçonner.
.M. Hidgway a signalé (3) chez cet Oiseau d'autres marques
qui le rapprochent de ces deux espèces. « A première vue, dit
le savant ornithologiste de Washington, le coloris |)aralt uni(iue,
mais en le regardant de plus [très on y trouve une combinaison du
plumage ik' llrlminthdiiliaijd piuns ald'Oporonils formomi. « Les ailes
et la queue sont de couleur unie, comme chez la deruière, mais les
ailes montrent un faible rapport avec les bandes de l'aile du pre-
mier daus l'olive [jIus pâle des bouts jusqu'au milieu et les plus
grandes couvertures. Le front est jaune, comme daus //. pinux,
vastes iiKiiais des Klals du Sud, l.i' ]ii\ llic carbunuhi tsl pciil-iHi'e le dernier
re|iiéseiit;iiit d'une auU'e (oriiicV M. Speiicei' TroUer est cependant oblijjé d'avouer
(jue elirijsopteni eXjnnus u lestcnt néanmoins Irrs iibunilaiits. » Nous ne voyons
donc quelle raison peut loiccr ces deux (ormes « à se croiser et idem ment
ciisemblr, u comme il le dit. De la Uiéoric que pose M. Trotter (si elle est vraie),
il doit ressortir tout le contraire. Ce serait chez les espèces restées peu nom-
breuses, telles que biichmani, que l'on devrait constater l'Iiyljridisme et non
chez pinus ou clirysopLera, très abondants au dire de M. Trotter.
(1) Autres noms : Sylvia formosa, Myiottioctes joriiiosus, Oporornis fonno-
.siLi', SiiUaniti jormosa.
(2) Description of a .Vcir WarhUr of tlie Geniis Ilelitiintlwiilinrjti, hy Kiank
\V. Langdon. .tournai of the Cincinnati Society o( Natural History, pp. ll'J et 120,
juillet IKN».
1,'artiele de M. Langdon a été reproduit tout au long, avec son aulorisalion, dans
le llulletin o( N'ultall oriiillioh^i;ical (.luli, \ 4. pp. 208. 21)1) et 210, octobre ISHI.
(Il) In the Uiiilelin o( Un- Nullall Ornilhc>loi,Mcal Club, \, n» i, pp. 237 et 2;jJ<,
iiiliihre ISSU.
346 A. SL'CHICTI.T
mais derrière et le loug du bord posléro-latéral de ce jaune on voit
une portion du courouiienieut qui caractérise 0. forniosa. Les
marques noires du cùto de la tète sont intermédiaires en étendue
entre la raie étroite du lorum et post-oculaire de Heiminthopliaga et la
pla(|ue [dus large du lorum avec coutiuuatiou sous-orhilaire, comme
ou le voit ciie/ Uporuniis. Eu forme, l'Oiseau est presque intermé-
diaire entre les deux types, le bec incline davantage vers Oj)i}ror)iis,
les pieds se rapprochent de ceux d'Uclniinthophaga.
Toutefois M. Ridgway ne le déclare pas sûrement un hybride; il
peut avoir une double origine, mais aussi il peut appartenir à
une véritable espèce? Ce qui engage à croire que la première
hypothèse est vraie, cest que dans beaucoup, sinon dans la
plupart des parties de la vallée du Mississipi, notamment dans
la latitude de Cincinnali, les deux espèces produisent aboudam-
meut dans les mêmes lieux, et toutes deux nichent sur le sol ayant
souvent leurs nids situés à quelques pieds de distance les uns des
autres.
L'hypothèse de l'hybridisme, soulevée par M. Ridgway, est
acceptée par M. William Brewster (1) et sans doute aussi par
M. J.-A.-A. Allen (2). M. EUiol Coues ne s'est pas prononcé, au
moins d'une manière significative (3). Le cinciiinalicnsis ligure dans
le Code oj NoiDcuclatiirc (4) sur la liste hypothétique.
Voici sa description d'après M. Frank \V. Laugdon : « Toutes les
parties supérieures, excepté le fro'nt, claires, les plumes et les
rectrices d'un brun [}lombé foncé, leurs lames extérieures frangées
de vert olive comme celle du dos. .\u-dessous, y compris le crissum
jaune cadmium brillant et presque la même nuance partout. Le
front jaune brillant, cette couleur reliée antérieurement par une
ligue trèsêtroite noire du lonnii.el derrière se fondant graduellement
dans le vert olive clair du haut de la tète ; les plumes du vertex
avec une surface au milieu, cachée de noir. Le lorum noir velouté,
uiiriciiliirs noirs, parsemés de vert jaunàtie, leur donnant une
apparence mélangée. Une surface jaune au-dessous de l'œil sépare
le noir du lorum de celui des auiiculars. Les plus grandes cou-
veiturcs des ailes ainsi que les plus petites garnies île jaune ver-
dàtre formant deux barres indistinctes aux ailes; les primaires
extérieures bordées de blanchâtre. Les lames extérieures des deux
plumes extérieures de la queue étroitement bordées de blanc près
(1) Voy. BiillpUii. VI, p. :!2.'i (i-n noie), 18S1.
(2) Mtinc Bulletin. \ II, n" 2, p. 78 (en note), avril 1883.
(3) Voy. The Key lo ^()rlh American Birds, p. 21)3, London et Boston, 1884.
(4) Edil. lie 18^(1.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE .Ti7
de rextréinité. Le bec noir, excepté rextrémité du bout et la base
de la niaiidibiile iniï'i-ioure qui sont couleur corne lileuàti-c: le
culnieii légèrcuuiut dcccrced, avec la trace d'une entaille au boni.
Le rictus avec les soies bien développées (I) s'étendant presque tout à
fait aux narines, dillérant ici des autres es|)èces. Les yeux hiiiri
foncé, tarses et doigis d'un pâle brunâtre; grilïes plus |)àles.
Dimensions: Longueur, 4.75; aile 2.30; queue 1.8;}; culinen44;
de la narine 31. tarse 70 » il].
On trouve une planche représeutant l'Oiseau (hms le liullcliu ol
(lie Nuttall ornithological Club (3).
DENDn(i:CA STiuATA (4) et Perissoglossa Tir.UI.NA (5)
Dans l'état du Iventueky. pendant le mois de mai 1811, le célèbre
ornithologiste américain .Audnlton tua. près du village d'ilenderson,
les deux Oiseaux dont nous allons donner la description, .\udubon
dit que lorsqu'il les tua, ils étaient, tous deux, très occupés à
chercher des insectes le long des branches et parmi les feuilles d'un
Cornouiller (Dog-wood); leurs niouvenients étaient ceux de toutes
les espèces du genre .S///r/«. Eu les examinant, on constata qu'ils
étaient du sexe mille. L'opinion d'.Vudubon est qu'ils n'avaient
vraisemblablement aucune partie de leur ])luuiage complet, sauf
la tète. Ce sont les seuls de ce genre qui furent tués (6).
Depuis aucun autre Oiseau de leur espèce n'a encore été observé.
Ils fui-ent dessinés ajirès leur mort et reçurent le nom de Si/lrin
carboniilit ou Carbonated \Varbler(7).
Dans le Catalogue des Oiseaux de l'Amérique du Nord, dressé en
ISSO par M. W. Ridgway, la Sfilrio cnrhnnatn d'.Vudubon ligure à
titre de bonne espèce sous le n" 91 (8) et est appelée l'erissuijlossa
carhonala.
(1) M. Lind^on obsoivf iri i|ijc l,\ présence de ce canicloie « woiilillie liy siime
aniliois lie ileemed sullicieni reiison foi- the iiistUiili<in n( ii ncw ;;pihis mc siili-
j,'eniis. » avis (|iie ne pait.i).'e pas M. I.andeon.
(2) Juurnal o( llie Cincinnati Snciely of iNaliual llisliny. p. Ii;i, ISSO.
(3) Plaie IV, vol. V, n" 4. oclobre I8.st;.
il) Appelée aussi : Si/tfiu striatd, MoHiotillu xliialii. Sijhinihi slriatu. IVtio-
ndiiiilnta sirialus, etc.
(.">) Ou Denilroicai tigrinii ou Mnldcilla ligrinn.
(IVi Voy. Iliol. ornilhn., p. 308, Pliiladclplii», Dessin LX, le mâle; Clieck-l.isl,
p. :i,')(l. I88(i, ol .Vor//i american liirds by Baird Brcwcr and Ridgway, p. 2U,
I. 1874.
(7) Proreedinf; of l'niled stales National Muséum, p. ICbl.
(S| Voy. p. \12; voy. aussi p. 1(14.
3i8 A. SUCHETET
Comme cet Oiseau réunit certains cai'actères iiropres à la /).
stritita et à la /'. tiijrina (trait de la tète noir, bandes doubles des
ailes et le dos rayé de /). slriata avec le coloris général de P. tigiina)
et qu'en plus « il ne possède aucun caractère individuel qui ne
puisse avoir été tiré d'une telle parenté », M. Brewster a cru pou-
voir émettre l'opinion (1) qu'il provenait peut-être de ces deux
espèces. M. Spencer Trotter s'est au contraire demandé si « le
mythe Carbonata » ne pourrait être considéré comme « le dernier
représentant d'une forme inconnue. »
On voit ([uo rien n'est certain sur l'origine de cet Oiseau, c'est
sur la « IJsti' hypothétique » qu'il a été inscrit dans le « CheckListy
adoptée par l'Union des Ornithologistes américains (2).
Description d'après Auduljon: « Bec delongueur ordinaire, presque
droit, suhulato conique, aigu, presque aussi protond (3)([ue largeà
la base, les boids aigus, la ligne d'interstice légèrement déclinée à la
base. Les narines basâtes, latérales, elliptiques, à demi fermées par
une membrane, tête un peu petite, cou court. Corps mince, pieds
de longueur ordinaire, grêles; tarse plus long que le doigt du milieu
couvert antérieurement par quehiues scutelles aiguës en pointe
derrière; doigts scutellate au-dessus, l'intérieur libre ; le doigt de
derrière do taille modérée ; les ongles minces, comprimés, aigus,
recourbés. Plumage mélangé et touffu. Ailes de longueur ordi-
naire, aiguës ; les secondes plumes plus longues, queue courte.
Bec brunâtre, noir au-dessus, bleu clair au-dessous, iris brun clair.
Pieds couleur de chair claire. Les parties supérieures de la tète
noires. Le dos supérieur, les plus petites couvertures de l'aile et les
côtés, foncés, tachetés de noir. Le bas du dos gris jaunâtre, sombre
comme la queue. Bouts du second rang des couvertures blancs,
de la première rangée jaunes; plumes foncées, leurs lames exté-
rieures teintées de jaune, les côtés du cou et de la goige, jaune vif.
Lue ligne sombre derrière l'iril. Le reste des parties inférieures
jaune sombre, excepté les côtés. Longueur 4 pouces 3/4 ; bec le long
du sommet .5/12 ; le long de l'interstice 7/12 ; tarse 3/4. »
(1) In Bulletin of Ihe Niittal Ornitliological Club. p. 221. Camlirirlfjc (Mass.). ISSI.
(2) Tlie code ofNomenclalure, p. 3n6, New-York, 18S6.
Xi(']i\, mais sans soulever l'hypollièse d'un liybridisme, les autours des Oiseaux
de l'Àiiu'riiiue du Nord avaient dit, en parlant de cette prétendue espèce, connue
.seulement par la description el le dessin dWudnbon n ils ilainif tn lie regnrded
IIS a gnod and distinct species nre involve<l in rinubt » Nortli American Birds,
I, p. 218, 1876.
(.3) Auk, IV, n" 4, p. :508, 1887.
OISEAUX HYBRIDKS RENCONTRÉS A l'ëTAT SAUVAGE ."J'jD
Genre Cyanecula (1)
Cyanecula Wom-i et Cyankci;la leucocyanea
D'après M. le professeur Menzbier (2) on trouve des individus
aux caractères inlerinédiains entre les C. Wolji et les (\ l.ruro-
cjldHea : ces individus iulerniédiaircs ue se rencontrent (jue dans
les réfiions où les deux types séjournent ensemble. « En France,
de niéine que dans rKiinipi' ocridentale, en lîénéral, dit le pi'o-
fesseur, ou trouve les (ormes lyi)iques des C. H'olfi et des C. Icucd-
rynnni de même (|u'un faraud nombre de formes intermédiaires;
mais ces dernières ne se rencontrent |)oint tlans les endroits qui ne
sont habités que de l'une des es|)è('es typiques. »
(IVANKCn.A SUECICA (.'1) et (h'ANECUr.A LEICOCVANEA
D'après le même (4) on trouve également des individus
intermédiaires entre les C. leucocyanea et les C suecica et là
encore seulement où les deux formes séjournent. » Dans la
Russie centrale, par exemide, existent les représentants typiques
des C. Iriiroryaiiea et des C. xKerira , et ceux-ci exceptés,
ou y trouve un grand nombre d'individus intermédiaires, à com-
mencer par ceux clie/. lesquels la tache l)lanch(' sur le fond ocreux
roux est à peine à i-emar(pier el à linir par ceux chez lesquels la
bande rousse au bas de la tache blanche disparaît tout à fait. »
(IyAXECL'LA WoLlll cl (".YANKCl'LA SllKCICA.
M. le prof. Ciiglioli, de Florence, indique dans la liste des
Oiseaux hybrides du Musée (4), (en ayant soin de le faire
précéder d'un point d'interrogation), un cT adulte Cyanecula Wolfi
X C .vi«('c/(7/ de Prato.'î mai I88S, avec les plumes de la tache de
la gorge blanche rouges à leur extrémité, et un autre mâle adulte
du 10 avril I.SS'i, .Montepulciauo, semblable au premier.
M. .Menzbier envisageait autrefois les C. Wolfi, les C. cyane-
cula el les C. suecica comme des vaiùétés d'une seule et mônn'
(1) Appela aussi : Mnlucillti. Si/lria. Cijanecutn, Sylviii, elr.
(2) Conléi'ciico faite » la Société Zoolo};i(]iu; de France, Uemc .SciVdd/i'/HC.
p. ;il7, iC, avril lS8i.
(3) Ou Sylria cyanecula, ou Saxicola stiecia, on encore Ficedula nuecira.
(^) Même Revue, mi^nie page.
(a) Primo resoconln tiei re.vuWuM', etc., p. 70, Florence, 1891.
350 A. SUCHETliT
forme, mais aujourd'hui il croit qu'elles ne peuvent 6lre réu-
nies en une seule espèce, attendu que « ces trois variétés occupent,
dit-il, pendant la période de leur nidilicatiou, chacune une région
tout à fait distincte. »
Tel n'est l'avis de MM. Degland et Gerbe qui les considèrent
« non pas même ('omme des races locales, mais comme de simples
variétés dépendant de l'âge et du sexe » (I ). M. le baron R. Kœning-
Wathaiiser nous écrit qu'il ne reconnaît aussi qu'une seule espèce
de Gorge-bleue {Cyanecula) thème qu'il se propose de développer
plus tard. Nous croyons que ^Vnl/i et lc}troct/aiii'a sont encore
regardées généralement comme des variétés.
Nous ne pouvons nous expliquer comment les types Wolfi,
kuroniancn et siiccica trouvent moyen de se croiser, puisque, d'après
M. Menzbier, on vient de le dire, ces trois formes occupent
chacune, pendant la période de nidification, « une région tout à
fait distincte. »
Les croisements indiqués par le savant professeur (et que toutefois
nous ne voulons point nier) ne paraissent point avoir été constatés,
ce sont plutôt des mélanges présumés. Se sont-ils réellement pro-
duits ? Des variations de coloration ne pourraient-elles pas pro-
duire chez certains individus ces colorations mixtes?
Sur une Illankcichcn (Gorgebleue)tirée près de Munsterel indiquée
comme appartenant au type Ci/aneculti Wolfi,\i\ tache blanche ou
la tache couleur canelle manque sur l'étendue bleue de la gorge ;
seule la moite des racines des plumes (jui ne sont pas visibles est
blanche. Or, les D^s Konig et Hartert croient que ce n'est pas la
Wolfi avec la coloration bleu profond de la gorge, mais au con-
traire une variété de Cjianci'ula Irncocyanea (2).
Dansl'Ibison semlile encore faire allusion à une autre variante(4).
M. Tommasso Salvadori dit (3) qu'il a vu des individus pris en
Italie et d'autres exemplaires sur lesquels on peut observer le
passage d'une forme à l'autre, c'est-à-dire avec la tache blanche
argentée plus ou moins grande et plus ou moins apparente, avec le
bord blanc autour de la tache centrale fauve plus ou moins étendue,
avec la tache fauve plus ou moins vivement colorée, si vivement
affectée qu'elle devient presque blanche.
(1) Op. cil. I, p. 434, 1807.
(2) Voy. m Journal fiir Ornillio/oijif, .Wll, p. 20), 1,S89. l'arlicle : Àllgoneine
deiiUche. Oniilholngische Gesellschafl in Ilrrlni.
Ci) XotPS onthe Birds of Cashmere and Ihc Dras District. liy Lieiil, W. \\ ilfrid
lîoi-deaux (Queens Bays). The Ihis, VI, pp. 220-221. l8S8.
(4) In Fiuina ri'Italia. p. 94, 1874 (Al'ai-licle Ci/anicuki Wolfii .
OISEACX lIVltKIDKS REXCONTnÉS A L'kïAT SAUVAGE M.'ll
Reconuaissons toutefois quo si ces observations avaient tout
d'abord amené M. Salvador! à conclure que les C. leucoq/anea aussi
bien que les C. Icucori/ancti ne sont que des états divers de C. surcira.
plus tard celui-ci est revenu sur son opiniDU (1 1. Ayant reconnu que
la forme Wolfi domine dans l'Europe orientale et se trouve |)ent-
élre seule en Asie, tandis que la forme à tache blanche <lominc
dans rr.urope centrale et orientale, on doit maintenant, d'après lui,
« considérer les deux formes comme dislinctes. » M. Giglioli, après
une visite au musée de Florence, aurait lui-même reconnu la néces-
sité d'admettre la distinction des doux formes. Nous voyons cejieu-
dant encore en 1887 (2l Wolfi figurer comme variété de Iniroriidiini,
c'est à ce titre (|u'elle figure souvent dans l'Omis (3).
Genre Philomela.
Philomela luscinia (4) et Philomela majou (3).
Degland a fait de ces deux types deux espèces, tout en remar-
quant ([ue des ornithologistes ont considéré le l'h. imiJDr comme
simple race du Ph. luscinia, sans doute avec raison, car il ne se
di-itingiie de ce dernier que par sa taille un peu plus forte, sa colo-
ration ujodiliée légèrement par le climat, et l'une de ses rémiges
différant en longueur de celle du Rossignol proprement dit (6).
(1) Ulencn ileiili l'ccelli italiani, elr.. p. 121, I8S(Î-S7.
(2) In Joiiiiiiil fûi' OrniMiolnsisclio. p. .'illi. .laliroslierichl, 18S.'), des Aiinchunes
fiir Hedhafliliinfinsldliiinen (1er Viigt'l Deuhclilitnils.
i'.ï) Nmis rPi.'iH'Ui)ns l)p;iiicoiip (io ne point ronniiîlri' le rapport de M. A. Millier,
(jui avait ('traiinonié dans le Jour liai fur Ornithologie (p. III, janvier ISSI), mais
(|ue nons avons cherché en vain dans ce journal. M. .\. Millier devait discuter sur
la coloration des formes C. sitecica, Wolfi. Icueneyaiiea et urientali.i.
On sait que M. Bernard .\ltun (cilé par De^Iand.op. ci'/., I, p. 43(i), avait récust'- les
six variétés qu'on avait voulu élaljlir parmi l'espèce souche C. suecica Ka\i-
iiianin. p. K'iCi. ISSti). Il avait obtenu des individus, pris en mars et avril, chez
lesquels le b'eu de la î,'orf;e et du cou encadraient une jurande liiclie blanche ou roiis-
s.'itre: d'aiilres chez lesquels la tache h'anclie était plus élioile nu [iresque ellacée;
d'autres chez lesquels la !;orf;c et le devant du cou étaient enlirreinent biens;
d'autres, enfin, dont le hausse col bleu oITrail, au centre, une lâche rousse qui,
ellernèuie, est ciiconscrile par un cercle blanc. Toutes ces variétés correspondent
à des espèces ou sous-espèces admises par (|ueli|ues auteurs.
(4) Synonymie : Moturilla liisciiiia. Siilinn lu.iriiiia, CurrKea lusriuid, l.itscini:!
philoiiirld. I.U!iri<il<t lit.ieiiiia. Erijlhiiciis /i/.ifiHii;.
Ci) l.iisrinid major, flotarilla limcina iiinjnr. .Sylcia philomela, Motiicillii
neilon. I.usciola philomela. liri/thaciis philomela.
ilii M. T. Salvadori Fautia it'ltalia,\t. 9() et !»7) (ail cependant deux espèces du
Philomela luseinia et du Philomela aetton. M. Giglioli fAvifauna italica,
pp. loi et 10.5), semble également les dislioguer spéciliqueinent.
.'îbS A. SUCHETEÏ
Nous ignorons si le croisement de ces deux types se trouve men-
tionné dans (luelques ouvrages d'ornithologie (1). Il nous a été
indiqué plusieurs fois. M.A.Hehre.de Brieg, entre autres, nous a fait
savoir qu'on prit, il y a trois ans, un « hastard » provenant d'un
Sprosser [Ph. wajor) et d'un Rossignol ordinaire (Naclitiriall), lequel
fut vendu à Neisse à un M. Bahnbcamter. M. Josef Kramar, de
Plzen, en Bohème, nous dit également qu'il a tiré souvent des
Rossignols hybrides de la Hongrie, et un marchand d'Oiseaux de
Neustadt nous a cité des faits de ce genre. Il faut croire qu'il y a
quelque chose d'exact dans ces dires; des renseignements plus
précis nous semblent cependant utiles pour afTirmer le croisement,
d'autant plus que, si nous en croyons M. Kramer, ces hybrides
sont très difficiles à distinguer car ils ressemblent beaucoup au
Sprosser (le gros Rossignol). La couleur serait un peu plus claire
et le corps plus elTilé. Ces hybrides supposés ne sont peut-être
que des variétés du Sprosser ?
Genre Petrocincla
PeTROCINCLA SAXATILIS 12) et PEinOClNCLA CVANEA (3).
Le 28 décembre 1840 fut tué, sur le Mont-Saint-Loup (près de
Montpellier), un Merle qui était toujours en société d'un autre
Oiseau lui ressemblant en beaucoup de traits. Le berger i[ui
le tua cherchait depuis plus de quinze jours le moyen de l'appro-
cher, car il se montrait très méfiant. Au milieu du jour, il faisait
entendre, lorsque le soleil brillait, un petit ramage cadencé comme
celui des Fauvette-^ (4).
M. Crespon eu a donné la description suivante : « Le front, le
dessus de la tête et toutes les parties supérieures d'un bleu mêlé de
brun; mais les plumes du haut du dos jusqu'au croupion et les
couvertures des ailes sont presque toutes terminées de blanc;
les côtés de la tète et les joues blanchâtres, teintés d'azur; gorge,
(1) Bechsiein (.\fiUirqesclurliti' dcr Stuhpnihieye, p. SOT, IS07), parle crpi'iidaiil
i\a Ikistrird-Xarhliriall (If Hossisnol hybride). Nous ismiron-s de i|iirl Oiseau il
vpui parler.
(2) Autres noms : Tiirdvx .■fa.ratilis. Saxicola mnntann. I.anius infiiu:<t.us\
Petrocoasuphus sa.ralilis, Merula sa.ratilis, ilonticoln saxatilis.
(,3) Nommé encore ; Merula cœrnlea, Turdtis solitariux,Turduf cijaiuis.Peiro-
cossijphus cyanrus ou cynniis. etc.
(4) Ce récit a été fait à M. Crespon par M. Lebrun, de Monipellier. Voy. Faune
méridionale, par Crespon, I, p. 179, 1844.
OISEAl'X IIVBIUDES RKNCONTnÉS A l'ÉTAT SAIVAGrC .'l.').'(
ili'vnnl otcùtésdu cou lihiiics, avec tiiielétj;(''ro niumcc de bleu d'a/.ui',
une liiifre plaque suc la poitrine d'un cendré hleuAtre; mais sur le
milieu de celte partie celte couleur est nu'lmjïée de iilanc ; parties
inférieures blanches avec de petites taclies de la couleur de la
plaque qui recouvre la poitrine, les flancs portent -ésalenient de
grandesel de petites taches d'un cendré bleuâtre ainsi que (juchiues
teintes couleur de rouille; les couvertures supérieures (;t infériinires
de la queue sont de cette même couleur avec une tache noire vers
le bout de toutes les plumes (]ui sont terminées de blancliAti-e ;
rémiges noires; les pennes delà fiueuesont d'une couleur de loiiille
vive, surtout jirés de leur base, mais entourées et terminées de
noir ; bec et pieds bruns ; iris brun clair.'Lon^ueur 2i) centimètres ;
mâle, n
M. Crespon pense, comme M. I.ciiiuii. ijiii lui envoya l'Oiseau,
que c'est un hybride. « Plus on l'examine, dit-il, |)lus on est
convaincu ([u'il est le i)ro(luit de deux Oiseaux difTércnts ; il a
d'ailleurs toutes les formes du Merle bleu et son plumage supérieur
se rapproche de celui du jeune m;\le do cette espèce, tandis que sa
queue et les couvertures de celles-ci, de même que la teinte couleur
de rouille des lianes, lui donnent les plus grands rapports avec la
femelle du Merle de roche. Il a encore, ajoute M. Crespon, beau-
coup de ressemblance avec ces deux Saxicoles par sa manière de
vivre. »
M. Crespon lui a doniu^ le imm d(? Merle azuré, Tiinhix n:inrit^.
La femelle est inconnue, il ne su[)pose pas du moins que l'Oiseau
avec lequel il vivait de compagnie \)(\{ être sa femelle (1).
.MM. Degland et Gerbe (2), qui ont vu dans l'intéressant .Musée de
M. Doumel, à Celte, h- Tnrdiis (izitmis, disent qu'il est bien certai-
nement un hybride du Merle bleu (Pctrorinrld cyancfi)e[de la Petro-
ciocla de roche {P. scuatiliK).
Le prince Charles Rnnai)arte ne partage pas celle manière de
voir (3), car il s'exprime ainsi (4) « iiiiiiiiiii' liiiliriiliisl cum sii.ralili !
sed juu. » (du Tiinhis ri/nncm). Cependant le prince serait entré
dans tme véritable coniradiclion avec lui-même, il aui-ait dit ("il
(Il Oj). cit.. p. 170.
(i) Ornilhologie Eunipixiiiir. 1. p. 'liS, l'.nis, isi'û,
(3) Conspectus generum aviuiii.
(4) P. 297.
(."il In Catalogue Parzudaki, p. .'1, niu' mms n'avons pu t-onsuller.
3b4 A. SUCHETET
(d'après MM. Deglaud et GeiiM' : « Hijhridus nim inantirola sa.ra-
tili y> (I).
Genre Turdus.
TuRDUs RUFicoLLis (2) et Turdus atrigularis (3i.
Dans UQ réceut travail (4) M. Th. Pleski; a fait connaître plu-
sieurs hybrides du Turdus nifimllis et du T. atrigularis qui se
trouvent dans les collections de M. N. M. Przewalski. « L'hybridité
doit arriver très fréquemment, dit M. Pleske, chez ces deux espèces
dont les descendants ressemblent tantôt jdus à Mcrula nificullis,
tantôt plus à M. atrigularis. Les hyl)rides eu question sont cepen-
dantdedeux types, soit qu'ils s'approchent davantage de l'une ou de
l'autre espèce. Dans la collection Przewalski il se trouve des exem-
plaires de ces deux types. «
Les individus qui, d'après le savant académicien, peuvent être
considérés comme ayant une double origine, sont les suivants :
Tgpe (le Mernla ruficollis, unique exeniplaire. « Ne se distingue de
Merula ruficollis typique que par la couleur de sa poitrine qui n'est
point rouge de rouille mais de couleur beaucoup plus foncée,
pi'esque cliàlain. Si le dessin ressemble davantage à celui de Merula
atrigularis, il s'en éloigne par la couleur. Ce sont les seuls signes
qui le distinguentdu Merula ru f\e(illis\.\'\y\e\nç. Dimensions: Culmen
24™"", ailes 13.j'"™, queue 103'"™, tarsus 34°>™. Cet Oiseau, de sexe
mâle, fut acquis parM. Przewalski dans le premier voyage qu'il fit
en 1872 au Muni-ula. Il porte le n" 10,749.
(1) Le Merle bleu 9 et le Meiie de roche c"" jeune oITrent île notables ressem-
blances; ce sont p-incipalenient, d'après deux échantillons conservés au Musée de
Rouen, les pennes de la queue brun rou.v du mâle jeune saxalilis (différant
de celles de la '^ cyanea, qui les a de couleur noir bleuté) qui peuvent servir
principalement à diUérencicr les deux types, ainsi que les lianes plus roux du
premier, lesquels sont gris clair bleuté chez la femelle. Il serait donc sans doute
dilTicile, si Ton venait à rencontrer soit un jeune mâle hybride, soit une femelle
hybride, de reconnaître positivement leur double origine. Devant plusieurs cxem-
(ilaiies exposés au Musée de M. Noury, à Kllieuf, nous avions également note
qu'un « liybriile jeune de ces deux espèces paraîtrait dillicile à décider. »
(2) Ou Tiirdus enjthriinis. ou Meriild riificolli.'', ou PUmeslicus ruiicollis.
(:{) Autres noms : Merula atriijvluri^, PInnesticus alrigiil<iri<, Sylria
(itrigiilnris.
('() Wissetischaftliche Hesiilldie (1er van .V. .)/. Przeunlski micli Crnlral Asien
((ufkaiserlielien Huhrit dem Crijssfiirsten Tlironfnlger Mkolai ÀlcranUrouitsch
gespendciitciit Summe herau^gegrlien von der Ivaiscrlichcn Akadomie der
VVissenschaften, II. p. 0, 10, II, 12, 13. U et 15.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 1.")")
Ereiiipluiies lijin's de Menda atrigulaiis. « Le n" 11,271 est un
jeune Oiseau qui ressemble dans tout son hithiliis à Menda alriiju-
laris, il possùdc cependant deux marques qui font reconnaître
cliez lui l'orijiine rnjirullis. Les plumes dtî la poitrine et celles des
parties latérales du cou ont à l'extrémité des taches noires, ciiez
les exemplaires de Menda alrùjidaris du même âge ces plumes sont
largemeul bordées de noir. Par la détérioration de cette bordure
grise, le noir du thorax s'aperçoit davanlajic de jour en jour. Le
môme rapport existe également chez .I^t. nifieolU^, avec la didé-
rence que les taches chez celui-ci sont rouge de rouille. Chez les
exenq)laires présents, les taches en forme arrondie comme nue
goutte manquent sur beaucoup de plumes des côtés du cou et sont
rein[)lacées par dt; plus petites taches roiigeâtres, (iui,cependant,ne
sont i)as si intenses ([ue chez les jeunes Mernla nij'iroUis ». M.Pleske
n'a pu remarcpier un tel phénomène chez les Meniia tilrii/nlaris
typiques. « La seconde marque distinctive est visible, ajoute-t-il,
aux plumes de la ipieue, dout les deux extièmes de chaque côté
laissent voir un tim de couleur de rouille rouge et ont au h;iut
des tiges? plus claires que chez les autres plumes «.
« Ex. n" 11272, plus âgé que rexenq)laire ])récé(lent, i):ir coiisé-
(|uent II! bouclier pectoral est plus visible. Les plumes tectrices
sont de nouveau caractéristiques, les trois extrêmes de chaque côté
sont assez fortement rouge di' rouille vers les pointes. Les tiges de
ces mêmes jilumes sont plus claires que celles des autres et à la
barbe extérieure des parties (6a.sa/t/)e(7c) des rectrices se fait voir un
coloris rouge de rouille foncé. »
Ex. no 11273, du même âge que le précédent ; se montrerait,
d'après .M. IMeske, comme descendant direct d'un cou|)le mélangé!
Cl Les côtés des bordures sur tout le boucJier pectoral {llnts(child)
l)Ossèdent un coloris brun rouge qui ap|)araitde là sur tout le thorax.
Les plumes rectrices sont, pour la plus grande partie, rouge de
rouille ; celles du milieu possèdent cette couleur à la base, les
antres dans la i)artie moyeune mélangées itius ou moins d'une
couleur foncée; les rectrices extérieures sont presi|ue uniformément
rouge de rouille, l'ius les rectrices sont couchées vers l'extérieur,
|ilus le haut du tuyau est clair.
« Ex. n" 11.27'i, vieux mâle de couleur pres([ue monochrome
à la gorge, mais dont le coloris ne paraît pas de couleur aussi
mate que chez les exemplaires typiques. On y remarque aussi,
bien davantage, une teinte brunâtre légère sur le thorax. Les barbes
extéiieures des parties voisines du tuyau des |)lumes rectrices
sont ou bien monochromes (couleur brun-rouge), ou bordées du
;{o(i A. SUCHETKT
même coloris. Les rectrices les plus extérieures, plus brunes par
rapport aux autres, sont légèrement ef(lenréesd"un rouge de rouille
et leurs tuyaux sout plus clairs x.
« Ex. n" 11.275, très ressemblant au précédent, priucipalement
en ce qui concerne la couleur définitive de la queue ; mais il diflère
de celui-ci en ce que le tliorax n'est pas aussi uniforme, et les
Ijordures blanchâtres de son habit de jeuuesse sont encore bien
conservées. Les bordures latérales des plumes du thorax ont ici
pareillement une couleur foncée brun de rouille, mais assez passées
cependant et s'aperçoivent par là moins bien. »
Ex. N° 1127G. Oiseau très intéressant, dit M. Pleske, et ayant
déjà attiré l'attention de M. N.-M. Przewalski. « Cet exemplaire est
tlans sa livrée de couleur passée de printemps, de là la couleur noire
du bouclier pectoral peu vive. Par contre s'étale partout, parmi les
plumes noirâtres de la gorge et de la poitrine, sur les paupières et
des deux côtés du lorum, un coloris clair rouge Isabelle. Les plumes
caudales sont colorées d'un rouge de rouille moins vif que chez les
exemplaires précédents, elles montrent cependant encore des
traces de cette couleur, (jui s'annonce surtout comme bordure rouge
de rouille vif aux barbes extérieures des rectrices. Outre cela, on
remarque aux barbes internes de toutes les plumes rectrices, à
l'exceiitiou des deux du milieu, un ton de couleur de rouille rouge
plus ou moins intense. »
« Ex. N» 11277 est de nouveau presque revenu au type Meruln
(itrifinliiris, tandis ({u'il n'y a cjue sur les barbes extérieures de la
partie basaltique de quelques plumes rectrices de petites bordures
de couleur de rouille rouge, et les tiges des deux plumes rectrices
extrêmes de chaque côté paraissent plus claires que chez les autres,
une faible trace de couleur de rouille se l'econnait facilement à
leurs barbes intérieures. »
« Ex. N° 11278 est un jeune Oiseau qui possède seulement dans
la partie interne des barbes des rectrices une couleur rouge de
rouille assez intense. Hors cela, les tiges de ([uelques-unes des rec-
trices sont entièrement claires ou en partie. »
Le sexe de tous ces Oiseaux est le sexe mâle, sauf le n" 1 1278, qui
est femelle; M. Pleske a dressé un tableau comparatif de leurs
dimensions (1).
(1) Voirpoiii' ces descriptions et renseignemenis le mémoire île M, Pleske, p. Il
il p. 14. La traduction qui nous a été laite iiVst cerlainemenl poini parfaite, et
peut-être s'y est-il glissé quelques erreurs. Celle réilexion peiU. sans doule, s'ap-
liUipier à plusieurs autres haduclioiis.
OISEAUX HVHHIDES RK.NCONTRKS A LKTAT SAUVAOK 'M'Û
(■luoutix', Al. l'ioskt'a l'ait couiiaîlre lescudioils où M. l'rzuwalski
a découvert les liiiit deruiers numéros, cVst-àdire les hybrides se
ra|)|M-oclr,iut du type Mmila (ilrli/ularis. « Trois de ces exenipiitires
(ureut observés probablement eu uiùuie temjjs que cette (orme i)eu-
daiit le voyage de Lob-nor dans le Tjan-Schau, auprès du Lobiior
el dans h' Altyu-Taf;h. Une [)iéi-e fut tirée eu mars 188't, près <lu
village de lJauil)a, dans la proviuce de Gaussu, et dans le couimeu-
cement d'octobre de la même année ou rencontra dans le Zaidan
mi-ridional (pielques exem|)lair('s,soit isolés, soit [>ar paires «. Quatre
(le ce nomlu-e, et qui se trouvent dans la collecliou, ont été recon-
nus hybrides; par conséquent, dit-il, il I aul admettre que M. l'rzc-
walski a i-cucoulré toute une couvée il'liybrides. »
l/émiuent conservateur du Musée de l'Académie de St-Péters-
liourg (ail, eu outre, au sujet de ces cioisements présumés, les
r('llexions suivantes :
Si l'on admet qu'un byjjride 1/2 sang se croise avec un
rxeniplaiie lypii|Mi', cl (|ue ses descendants s'accoui)leul de nou-
veau avec des exemplaires ty|ii(|ues de la même esjjèce, il ne
restera plus à la lin que de faibles traces de la descendance des
deux espèces; à la quatrième génération, par exemple, il ne reste
liius que 1/1(> de sang de l'une des espèces mères. De là vient,
ajoutet-il, <|ue beaucoup d'exenq)laires de la même origine se res-
sembleut extrêmement, taudis (ju'ils portent à peine quelques
traces de la coubuir de l'autre espèce (1).
Ici nous prions le lecteur de bien vouloir se reporter aux remar-
ques que nous avons déjà préseutées à l'article des Mésanges ('.
l'icslti'i X ('. ci/dnits (p. 310). Nous ue pensons point (|ue l'on puisse
toujours détermiuer (par les caractères de coloration et de la
liMiiu;) l'origine des hybrides. Le croisemeut de deux espèces
|)ures donne (luelquefois, nous l'avons dit, des produits presque
en tout ressemblant à nue seule des deux espèces, en sorte que
l'on pourrait supposer que ces lu-oduils proviennent d'un mélange
d'hybrides déjà eu train de (aire retour à l'un des ancêtres, ce ([ui
n'est pas. Nous pouvons rappeler l'exemple déjà cité de deux
hybrides demi-sang l'rinij. cnnavio dom. X ('(ird. i-lriianx dont la
coloration et la (orme ne rappellent i)resque en rien celles de cette
dernière espèce.
Dans son imi)ortant mémoire, M. Th. PlcsUe <lisail (2j (jne le U''
Dybowski avait déjà (probablement pour la première foisi appelé
(1) Op. cil., p. 9.
(2) Voy. p. lOet H.
338 A. SUCHKTET
l'utlentiou sur le chaDgemeot de (orme entre Meruln nificolUs et
M. atriyidaris et que celui-ci considérait une partie de ces exem-
plaires comme étant des hybrides (à cause de leurs marques mélan-
gées reconnaissables), taudis qu'il prenait les autres pour une
espèce qu'il anoniuiée Tuiiln.'i hycinalis.
Le savant académicien ajoutait que de pareils exemplaires furent
trouvés ])lus tard en Chine par l'ablié David, et à Gilgit par le
major Biddulph.
Dans les « Stray Feathers » (1) le major Biddulph constate, chez
plus de trente spécimens l'ulicullis chinois qu'il possède (2), une
coloration qui ne lui parait point régulière (3).
(1) IX, n»'oet6, pp. 318 et 319, septembre ISiSl (Heprinled froin the IhisJ.
(2) Origine : Anam, Miinipar, Sikline, le liluitan, Duars, etc.
(3) u Je ne puis coniprendie comment il se fait, dit l'ollicier anglais, que dans
aucun lie ces trente spécimens, ni la gorge ni la poitrine ne soient brun van DyeU
foncé avec une couleur ferrugineuse et les étroites bordures ferrugineuses aux
bouts des plumes; pas un seul ne possède une gorge foncée uniforme. Dans les
vieux mâles adultes, le menton, la gorge et la poitrine sont tout à fait d'un rou.x
uuitorme rouille, plus vif dans quelques spéciuiens et d'une teinte brune plus
claire chez les autres. Chez quelques jeunes màlcs, il existe de chaque côté de la
gorge une seule raie étroite mal délinie de petites taches sombres. Cependant chez
ceux qui sont moins âgés ces raies sont plus larges et plus visibles. Les plus jeunes
(lise.iu.\ sont semblables aux femelles (le Major doute toutefois que les jeunes
miles aient toujours des taches sombres sur la poitrine). Les femelles adultes ont le
centre de la gorge nuance crème ou blanc roux, tacheté de roux de rouille, et les
lignes maxillaires sont bien marquées, presque noires, dans beaucoup de spécimens,
et se continuent derrière les couvertures de l'oreille qu'elles enloureni . La poitrine est
d'un roux de rouille plus sombre que dans les mâles ; les plumes sont plus ou
moins frangées de nuance crème ou blanc chamois, et la poitrine est plus ou moins
fortement pointilléc de taches brun noirâtre en forme de llèche. Daus les plus
jeunes femelles, encore, le roux de la poitrine est très faible et mélangé avec le brun
cendré de la surface supérieure. Les taches rousses sur la gorge manquent presque
complètement, et les taches plus sombres sur la poitrine sont plus ou moins fanées.
Huant à la queue, on ne peut supposer qu'elle soit tout entière d'un roux pur,
même dans les mules les plus âgés les deux laines des plumes du centre sur la
longueur d'un pouce sont brun cendré aux bouts, et sur les trois ou quatre paires
de plumes voisines, il existe une plus ou moins grande iiuantilé de cette couleur, au
moins sur les lames extérieures vers les bouts. Quelques mâles tout à fait adultes
ont les deux plumes du centre entièrement brun cendré. Dans beaucoup de jeunes
Oiseaux toutes les lames extérieures de toutes les plumes de la queue, excepté les
deux ou trois extérieures tout à fait à leur base, sont de ce même brun; mais à
tous les âges les lames intérieures des plumes extérieures de la queue sont d'un
roux généralement pur, quelquefois un peu ombrées de brun cendré et, quand les
Oiseaux sont un peu plus vieux, la totalité des lames intérieures des plumes laté-
rales de la ((ueue dans les mâles deviennent d'un beau roux rouillé pur. Dans les
femelles une certaine quantité de brun cendré semble toujours rester, même sur
les lames intérieures des plumes latérales de la queue vers les bonis. »
OISKAl X IIVBIUDKS HKXCO.NTRKS A I.'kïAT SAtJVAGK '41}'J
L'aiiiKH' suivMiile dans la rm^iiie revue iiidieuiie (li et dans le
journal ornilln)l()gii[uo anglais <( l'Ibis » (:J), le major, ai)ii;s
avoir coiu|iaié avec uu j^rand nombre do s|)écimeus du Musée
l)iitauni(|ue et d'autres eoUeclions, le spécimen, elassé comme
ruiinillis dans sa [)réeédenle publication (3), pense que celle
|iiéce ne [leut conserver cette dénomination, les marques étant
essenliellemeut les mêmes (|ue celles do T. ruIicoUis et de 7". nlru-
iinlaris, à l'i.'xeeptii)U de la couleur de la poitrine et de la queue.
Cette dernière partie est rousse, à peine aussi Ijrillante que dans
les spécimens du type T. nilicullis, mais beaucoup plus brillante
que chez les exemplaires ï'. (U/w/«/«*7.s ; la poitrine est d'un beau
brun van Dyck foncé, Ijeaucoup plus sombre (|ue chez ï'. rulhvllis,
ipie l'on distingue aisément de celle de T. ulroijularis. Ce serait en
(lélinitive un spécimen /'. Iiiicnialis iDybowski) que le major aban-
donne toutefois à l'appréciation de M. Seeliolim, alin ([ue celui-ci le
range à son idioix ou dans la classe des hybrides ou bien dans celle
des espèces pures (4).
lîst-cc parmi les Ircnte spécimens à coloration ditlicile à exidicpier
que .M. l'ieske a vu des hybrides, ou plutôt a-t-il constaté l'hybri-
disme seulement dans le dernier exemplaire ((ue na pu classer
le major, nous l'ignorons.
De même dans les Oiseaux de la Chine (o) nous ue voyons aucune
mention concernant les croisements de T. nilicdllis et de T. atriffu.
I(tri>i, dernière espèce que les auteurs ne mentionnent même pas.
Nous lisons seulement (f!) ([ue M. l'abbé David possède uu mâle
adulte de /'. ;»/)Vo//(.s dans lequel, « par un phénomène de mélanis-
me analogue à ceux ([ue l'on observe également dans le T. Xiiii-
iiKinni, les teintes rousses du cou et de la ]ioitrine sont remplacées
|iar du noir, la queue ei le dessus des ailes conservant la même
couleur i-ousse rpie dans l'Oiseau normal. C'est peut-être dans cet
exi'uiplaire qu(! .M. l'ieske croit reconnaître l'hybridisme'.'
Cependant, le savant missionnaire, que nous avons consulté,
n'ayant jamais rencontré le T. (tlnujulnris en Chine ne pense point
(Ij -X, II" 4, pp. 202 el 2G:!, jiiillel I8.S2. Fiirlvr noies un llic liiiils ufCiUjil.
(2) Ibis. p. 271, 1882.
(:i) Ibis, p. ."i;!. 1881.
(4) La l'olleclion di; M. Sccboliiii eonlItMl nii spécimen sembl.ibli' piovonanl du
liic Baikiil il un iiulri- ayinil encuie vlv lue par !<• niajoi- dans le ^n^kand, Mais
M. SecboliiM ne (ait allusion à auiun hybride dans son Catuloijiie nj Ilinh nf
llrilish Muséum.
(il) Les Oiseaux delà Chine, par l'abbé Armand Uavul, rorrespondani de llns-
lilul, el K. Ouslalel. docteur èssciences, avec allas, p. i;>7, Paris, C. Mas.sou, IS77.
((i) l'. lo7.
360 A. SUCHETET
avec raison que le cas de mélanisme du nificolUs qu'il cite puisse
être pris pour une marque certaine de croisenieut ■à\w\niiitjuUiris.
Néanmoins, il avoue qu'il conserve quek|ues doutes à cetésiird;
et il admet que les ornitliologistes qui ont en main d'abondants
éléments de comparaison puissent trouver les deux formes typiiiues
passant lacilement de l'une à l'autre « ces formes, eu délinitive,
n'étant peut être que des niauièi'es d'être de races géograjibiques
d'une seule et même espèce. »
M. Taczanowski, eu rendant compte des recherches ornilholo-
giques du D'' Dybowski dans l'Est de la Sibérie (1), dit « que le
T. nilicolUsmonlrede nombreuses variétésde couleur; ces couleurs
ne sauraient être attribuées ni à l'âge ni aux saisons, car à toute
époque on trouve les variétés les plus distinctes. Ces distinctions
ne se remarquent en général et pour la plus grande partie que sur
l'écussou de la poitrine. Celle-ci est chez quebjues Oiseaux mâles
d'un brillant jaune de rouille dans tout son contour, sans une seule
trace de taches ou d'autres changements; d'autres individus, au
contraire, ont sur chaque côté de la gorge de petits traits formés
par un assemblage de petites taches noires. D'antres sont plus ou
moins distinctement tachetés au cou; les uns possèdent celle
jiarure seulement sur la poitrine supérieure, d'autres l'ont sur
l'écussou entier de la poitrine et d'une manière plus ou moins
visible. Les plumes jaunes de rouille sont encadrées chez qnel-
(jues individus par une bandelette blanche, ce <|ui fait ])araître
toute la partie sujiétieui'e plus ou moins écaillée; chez quelques
individus cet encadrement est tellement grand que le fond rouge
de louille disparaît presque devant la couleur claire avec ses dilîé-
renles taches. La couleur du fond rouille rougeàtre de l'écussou
de la poitrine est plus blême chez (juelques individus, chez d'autres
plus ou moins foncée, la couleur du trait de l'œil y est analogue
aussi, chez quelques-uns elle (>st partout couleur de chocolat. 11 y
a des exeinplaiies (pii. sur un fond clair ou foncé, possèdent des
taches brunes en forme de nuages, assombrissant le fond plus ou
nmins foitement. Chez (juelques mâles, le devant du corjis est
également plus ou moins ressemblant à celui des femelles, c'est-à-
dire clair tacheté de cette teinte foncé qui se présente de différentes
façons. De tels mâles sont probablement de jeunes Oiseaux. . . «
« i'aiiui les nombreuses variétés, la plus intéressante de toutes
(I) .louinal fui' Urnilliologio, 111, Uelll. VU, p. W" It p. 440. noveiiibi-f 1872.
l.'arliclc est inlilulé : Hericlil iiber (lie ornilhologischeii rnderfiicliiingen in
O.-it Siheriei^ den il' Dylioicski von T. Tacznnnwslu.
oi8i:au.\ iivitmnKS iiknco.ntiiks a l'ktat sauvagk Util
est uu exemplaire mâle avec le devant du corps coniine chez
l'Oiseau typi([ue du 7'. Insniiu.-i. 11 a une jiorgc d'un clair jauuàlre,
nue large haude eu finine d'arc : le manteau entier, les côtés et la
i|iitMie sont au contraire comme à l'ordinaire. Les femelles ne
montrent pas moins de variétés, soit par la couleur du fond, soit
jiar celle des taches ; cependant ces variétés ne sont pas j^roupées
comme chez les mAh^s... l'n jeune Oiseau, m'ouveil de sou
dernier? haiiit, tué dans les monts de (ihamardabau, le l;j juillet
1870, ressemble au petit du T. pildrix, seulement la queue est
jaune de rouille, à part les deux rectrices médianes qui sont olivâ-
tres. Quant aux autres, la partie externe de la iiordure est couleur
olive et l'extrémité hrune. La couleur principale du dos est gris
olivâtre, mais sans taches de rouille, seulement tachetée de blanc
comme chez T. plUiris. Les taches toutefois sont plus courtes, plus
larges et comme faites au pinceau. Des taches analogues se retrou-
vent sur les couvertures des ajles. La partie inférieure des côtés
du corps est comme chez la jc'une Grive. »
Hnliu, dit tonjonis .M. Taczanowski (1), « le tl'' Dybovvski cousti-
dére la variété avec l'écusson foncé en forme de nuage comme nue
espèce ou race distincte sous le nom de T. Iiijcmalin en faisant remar-
quer ce qui suit : cett(! espèce vient ici en hiver et séjourne durant
cette saison sur les bords des ruisseaux et des sources, où elle se
nourrit en abondance de larves de Diptères et de Névroptères; au
milieu d'aviil elle s'envole, l'ai- contre, le 1)' Dybowski et le 1)''
(labanis considèrent comme hybriiles les variétés qui se distinguent
des Oiseaux typiques, et cela par la queue, qui est à sa partie supé-
rieure brun foncé, même |)res(iue noire, par le dessous de la gorge,
le devant du cou et la raie des yeux {(im/t'uslrcil) presiiue noirs,
comme le spécimen cité plus haut cl (jui a une bande (ou raie) analo-
gue à celle de T. fiisraltia.
Des renseignements qui nous ont été fournis, il parait ressortir
que les exemplaires obtenus par M. Dybowski près du lac Baïkal se
trouvent au .Musée de Berlin. Or, plusieurs d'entre eux se rappor-
teraient : les uns au croisement du Tttrdits fusnitus avec le T. Xaii-
iimnnii, les autres, au contraire, au croisement du Tuidun ruficoUis
et du T. alronuliiris. C'est du moins la communication ([ue nous a
faite M. le 1)"" Heicheuow et M. Paul .Matschie. Ou trouve une
indication de ce genre dans l'ouvrage de .M. Seebohm (2). « Le
[ilus proihe allié du Black tiiroated Ouzel (7'. (ilriijnluns), dit cet
(I) 1'. iat».
(i) A lli^tuiii iif «n(i.s/( Ilinis, I, p. :i:A.
362 A. SUCHETKT
auteur, est iiuluhitahlt'uieut le Red throated Onzel(r. nificollis); les
espèces sont si prorhrs jhi mites qu'il y a des raisons de croire
qu'elles se cioiseul; dans le Muséum de Berlin, il existe une série
complète de formes intermédiaires, de l'une à l'autre forme, mon-
trant les deux extrêmes, toutes coUectiouuées par M. Dybowski
sur les rivages méridionaux du lac Baïkal, en avril et mai. »
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que T. rufirollis se rapproche
aussi de très près de T. Naumanni; jes deux espèces n'ont même
pas toujours été distinguées l'une de l'autre; M. Radde (1), si l'on
en croit M. Severlzow (2), les aurait confondues.
Les produits du T. ruficoUis X Naumanni seraient donc sans
doute faciles à confondre avec les hybrides T. atriijularis X i\na-
iiianni si de tels hybrides venaient à se produire.
Les explications données par le major Biddulph nous ont paru
assez confuses; celles de M. Taczauovvski ne nous ont pas paru
absolument précises; cela vient sang doute de ce que nous nous ne
connaissons point d'une façon suffisante les types purs. Du reste,
lors([ue deux espèces sont aussi voisines que le sont T. atriynlarls
et 7'. iii/icollis et que ces espèces sont sujettes à des variations,
il sérail peut-être utile, pour déclarer sûrement hybrides les indi-
vidus à coloration mélangée, de constater de clsii les croisements
des espèces pures? Nousavons vu dans le laboratoire de M. Oustalet
un jeune nijicollis rapporté des voyages du [irince Henri d'Orléans
(Ij Ucis in Sud von Osl. Sib., VIII.
(2) lî.rli-itit des Notes de Dresser sur la Faune du TurUeslan, par Severlzow,
Ibis, n» 104, p. 334, IS7.S.
Le seul caniclère qui apijarail eoiislaiit à tous les âges, d'après Seeboliiii_
Catalogue of Ihe Birds on Ihe Hritish Muséum, v. p. 270, 1888. cslla couleur • o/'
llie underparts beloœ Ihe lireasl.^ Les T. Naumanni sonl toujours ■ more or less
marked wilh chesnut wliitst lliey are nerer so in il. ruficollis. » Pour M. labljé
Uaviil, Oiseaux de la Chine, p. LiO, le T. ruficollis, e'eslàdire la Gi-ive à col
roux, se distingue de la (irive de iNauiiiaiin par la teinte cendrée de ses parties
iiilérieures ; elle n'a pas, comme celle dernière, les flancs lavés d'une teinte rousse.
Daprès Severlzow (cité i)ar Dresser), T. rulicollis a toujours les lianes gris,
T. Nuuniannii les a marques de brunâtre ou de roux, et dans les vieux mâles les
lianes sont roux comme la ^'orge qui, « ronnecting irith Ihe enlire flanks », [orme
une surface continue colorée de roux sur la goriçe, la poitrine et les cotes, tandis
que chez T. rulicollis, la gorge, et nne plaipie circulaire couvrant la poilrine au-
dessus, sont rousses. M. Dresser ajoute à ces remarques que dans T. Nauniannii
les lames intérieures des loyaux des plumes sont mux pâle, jusqu'à pres(|ue les
deux tiers de leur longueur de la base, tandis que, même dans de très vieux exem-
plaires de r. rufirotlis, les lames intérieures sont seiUemenl 1res faiblemeni teintées
de chamois ro\ix pâle vers la base des plumes.
Le jeune ruficollis a la gorge tachetée comme le jeune airigularis ; à l'âge
adulte ils sont cependant bien distincts (Oustalet).
OISKAl'X HYBRIDES RKNCOXTRKS A l'kTAT SAUVAGE 3()3
ol (le M. Bonvalot. (le jeuiK? riificDllis, p;ir sa coloration noir lii'iin
sous la tïor;ie, présente des caractères réellenienl intermédiairt^s
entre les deux types. C'est probablement une phase pendant
laipielle le jeune T. nifiralllu. en train de se transformer, revêt
inonientanémenl des caractères propres aux deux espèces. I.orscjue
la sor^e prend le ton rouge de rouille qui caractérise l'adulte, il
l'esté nécessairement ipieliines plumes noires du jeune âge, mélange
ipii laisse croire à un croisement du /'. ruficollis avec le T. alrii/it-
/'/?•/.<! dont la gorge est noire. Dans un croisemeut réel, le pioduit
serait de ras|ieet de ce jeune individu d;ins la phase ((u'on vient de
décrire. On se rappelle (|u'K. Mlyth sus|)cclait fortement '/'. nlrii/it-
laris et T. nificollis de u'ôtre i\»e deux phases parallèles ttiro pnralli'l
///m.v('.<), i( plusieurs exemplaii'es du premier ty[)e ayant, notam-
ment, la (|ueue plus ini moins rousse comme cela se produit rhcz
le dernier (I). » Nous avons vu aussi que .M. l'abbé David aduul (|ue
ces deux fiMMiies soient des manières d'élie de races géogra[)lii(pii's
d'uni' seule et même espèce.
TunTus Fi'scATus (2) et Turdcs Naumanni (3i
Nous avons reinarqui' qu'entre T. nificollis et ï'. XdiiiiKinni il
existe des marques profondes de ))arenté; il en existe aussi entre
le 7'. .Xanmiinni et li' T. fiisnitiis. Cependant on aurait pu distin-
guer, i)armi les exemplaires (jue le I)'' Dybowski rapporta de sou
voyage au lac Baïkal, un hybride entre les deux types. M. le
\)' Reichenow, du Musée de Berlin (où paraissent se trouver les
oiseaux du l)'' Dyliowski) nous a, en elîet, fait savoir ipi'il existe
dans cette collection un indivividu auquel on peut attribuer cette
origine. « Cet hybride .luppiisr, nous écrit-il, ressemble en général
par la couleur an T. iXiinmnuni, seulement il a la poitrine mélangée
de taches noires (une partie des plumes sont à la base d'un brun
rouge, vers le bout elles sont noires et sur le bord blanchûtres). Le
savant docteur nous prie du reste de nous reporter au texte de
ïaczanowski, « n'ayant point d'autres renseignements à nous
communiquer sur ce spécimen. »
Des erreurs sans doute assez nombreuses se sont [iroduites au
sujet du Tiinliis fuxcatiis et du Inrihis .Xinuinnnii. D'a|)rès le D'
(1) Iliis. p. 353. 1868.
(2) Aniros nnms scientifiques ; Turdiis ohsninin. Tiirtliis Xiiuiiiiiniiii, l'iirhli)-
sv/i/s fiisiiilus, Turdiig eiiiiomiix.
(3) Ou Tiirdiis dubius, oii eiicoiv Turditt ruiicollis.
3G4 A. SUCHKTET
Sclater (1), .M. Sdireuck qui, paiail il, se luouUe tics réservé lors-
qu'il s'ayit d'admettre de nouvelles espèces, nieutioiine (2) la ren-
contre à Anioorland du vrai T. Siiumanni de Temininck (T. iluhiiis,
Naum. uec Bechst) et établit sa distinction du T. fuscatus de Fallas.
Mais M. Sclater fait aussi observer que le T. fascatuit a été l'epré-
senté par M. Gould : comme T. iXmimanni dans ses « Oisciiiu- (l'Eu-
rope » (3), comme T. fu.vahis dans ses Oiseaux d'Asie (4), et
comme T. eunoiivis par Temininck (3). Or, M. Sclater est porté à
croire que Gould a eu tort d unir ces deux espèces. M. Tommasso
Salvailori reconnaît aussi avoir indiqué par erreur dans son cata-
logue des Oiseaux de Sardaigne un 7". fiisratiis sous le nom de
T. AaniiKinni ; le prof. Filippi aurait, au congrès des savants
italiens à Naples, désigné sous la même dénomination le même
individu ; mais le prince Bonaparte a montré (|u'il ne s'agissait que
du T. fusrains (6).
M. Seebohm remarc[ue (7) (ju'il existe une variation de couleur
très considérable dans la couleur des peaux du T. fusralus qu'il
rap])orta de Jen-e-say, spécialement dans la couleur montante noire
de la poitrine et la couleur rouge du plumage supérieur. Plusieurs
spécimens ont plus ou moins sur les plumes de la queue du rou-
geàtre les rapprochant de T. yduinanni. Celui-ci varie lui-même
beaucoup dans les couleurs de son plumage (8).
Taczanowski (Dybowski) en [)arlant des deux espèces (9) dit (|ue,
d'après beaucoup d'ornithologistes, elles sont ditïéi'cntes d'aspect,
mais que cette dilïérence réside dans la couleur qui est si chan-
geante et si variable qu'il n'est pas possible de se servir de ce
diagnostic pour poser des règles de dilïérenciation certaines. Dans
lieaucou|) d'exemplaires, ajoute-t-il, c'est avec beaucoup de peine
qu'on a pu déterminer l'espèce à laquelle ils appartiennent. Aussi
doute-t-il de la dilïérence spécifii|ue appuyée seulement sur ces
simples bases.
M. Tabbé David (10) dit lui-même (ju'en coiii|iaraMt de nomlircux
(1) Ibis, p. 278, 1801.
(2) Amurreise, p. 2o3.
(3) II, p. 79.
(4) Part. IV.
(ii) PI. col ol4.
(G) Voy. : Fmina d'Ualiii, par T. Salviuloii, p. s;i, LsTi.
(7) Ibis, 187',).
(8) l/ubbè David, Op. cil., p. l.'i'i.
(0) liericht iiher ornilhologische UiHer.-mcIniiirirn.
(10) Op. cit., pp. 153 ol 150.
niSKAIX IIVIIIUDCS llKN'CONTnKS A L'kTAT SAUVAGE 30")
spécimens de 7". fiinraiHii et de T. .\aumnnni, il a pu remarquer
« des trausitioiis presijiic insensibles entre ees deux espôees ou ers
deu.T raecu (|ui vivent ecHe à ciUe, dans les niAmes conditions, (|ui
ont les mûmes nueurs et le mi'^me cri d'api)el. » Il croit pouvoir
cependant élalilir ((ue « dans la plnpait des cas, le T. Iiisnilas dillèrc
de T. Xiitiniiiniil : 1" pai- une taille un peu plus faible; apparia
couleur de la i|ueue (]ui est noirâtre dans la plus grande jiartie d(!
son étendue; 3^ par les taches de ses i)arties inférieures (pii sont
brunes et non |)as rousses. » Il ajoute que les deux Oiseaux doivent
se croiser avec une grande facilité.
J^e Musée d'Histoire naturelle de Paris conserve un assez grand
nombre d'exemplaiies T. nificoUix, T. (ilriunlaris, T. fit.tntlns {\);
on peut constater de h'ès grandes variations de coloralion che/ les
individus d'un même type.
Si l'hybridité à l'étiit sauvagr n'iMait atliiiiici' iiuc p:ii- les dciix
derniers eroiseinents ipie nous vivions de citer, elbï resterait,
pensons-nous, très probliMnaliciuc. Kt du reste les (juatre formes
(|ue nous venons de ud ni- i)euvent-elles être considérées comme
des espèces; ne sont-Cilles [loinl pliilôt de simples races d'une
niéine souche?
Ti'nnus merula (2i et Tcriocs musicus (3)
Depuis cinipianle ans, on a cili'diins les livres d'histoire ualurelle
un certain nombre de fails concernanl l'apiiariage de la Grive et du
Merle et la naissance de leurs produits. (;e|)endant, la plupart <li'
ces exemples ont été critiqués, et l'existence des hybrides n'est
point sullisamment attestée.
M. Miller Christy, es(|., dePriors Broomfield, a. parait-il, dans un
mémoire très étendu, parlé duu granil nombre de faits de ce genre.
Nous regrettons vivement de n'avoir pu lire son travail qui a été
publié dans les Tiansaclions of Norfolk and Norwicii Naturalist's
Society (4); malgré les demaudes que nous avons faites successive-
nuMit au j)résideut de cette Société, au secrétairt? de la même
Société, à l'auteur lui-même, nous n'avons pu nous le procurer;
notre libraire n'a pas élé plus heureux. F-es Tiansactions ne sont
point reçues à la Bibliothèque du Muséum d'Misloire naturelle, elles
nt' soni point davantage envoyées à la Bibliothèque nationale, à la
(1) T. Sntiminitiii n'esl représenté que par trois exemplaires.
(2) Synonymie : Syhiii merul't, Merula merula.
(3) .\ntres noms : Tunlus pilarin. Si/lvia niusicti. Turilu.'< phitoiuphn!
ii) l>n Ihi' iulerbreeding of lllackhinl iiiid Tlirnsh. III. \>. ."SS, l.ssi.
•■!()(') A. SUCHETET
Sorbouue ou à la Société zoolosii|ue de Frauce. Nous ainious cepeii-
(lautàcroirequ'ellesnesoutpoiutla propriété exclusive des membres
qui la rédigent et que quelques Sociétés correspondantes élranaères
peuvent les consulter, satisfaction qui ne nous a point été accordée.
Nous craignons donc d'être très incomplet, car M. Miller Christy
aurait cité dix-huit cas (plus ou moins satisfaisants) de croisements
entre le Merle et la Grive. Nous sommes loin d'arriver à ce chillre,
tout en ayant mis à contribution le i Siipplementavy article » (1) de
l'auteur, que celui-ci a eu la gracieuseti' de nous adresser.
Nous pensons que c'est Henry Berry, de Bootle, près Liverpool,
qui a parlé, pour la première fois, du croisement de la Grive et du
Merle; le fait (|u'ilciledansle Magasin ofNatural History (2) de 1834
et qui, deux ;ins plus tard, a été rappelé dans la même revue (3), est
devenu en quelque sorte classique. On le trouve rapporté dans une
quantité d'ouvrages (4). M. H. Berry raconte i[ue dans le jardin de
James Hankin (5), jardin situé à Oruiskisk, dans le Lancasliire,
une Grive et un Merle s'accouplèrent et que pendant deux années
successives, ces Oiseaux élevèrent des jeunes qui avaient bien
les caractères d'hybrides ; ce fait, dit Henry Berry, était connu de
bon nombre de personnes. »
Macgillivray, quelques années jilus tard, ra|)|iorte un exem])le du
même genre, d'après une communication ([ui lui lut faite par
M. Weir.
M. Russel de Moss-Nide, voisin de campagne de ce dernier,
et son frère, tirent savoir à M. Weir que, vers la lin de l'hiver
de 1836, un Merle mâle et une Grive femelle, après avoir pris par
hnsard leur nourriture ensemble, s'attachèient l'un à l'autre au
commencement du printemps et finirent par s'unir. Après une assez
longue délibération, le couple se résolut à construire un nid.
M. Russel ne vit pas leurs œufs, car lorsque le nid fut découvert,
il contenait déjà quatre petits. Ces jeunes Oiseaux étaient alors
presque en état de voler, lorsque un dimanche, dans l'aijrès-niidi
du 3 juillet, durant les heures du service divin, ils furenl enlevés
(1) Mêmes Transactions, IV, pp. .■i28 et siiiv., I8S8.
(2) VII, II"' 37 à 44, pp 308 et o!»9, London. IS:!4.
(3) N°s 37-01, p. (;i(), 1831).
(4) Histoire tiaiurelle générale des Règnes rirganifuus, 111, p. 182. par
.1. CioolTroy-Saint-llilaire ; prof. Newton, in garreli Ilrilish Hird.i, i, p. iSi, 4" édit..
liiirncy, in Zoolosist VII, n" 78, p. ÎK. 1883: tlie KieUl. p. .S80, n" du lil avril I8t«;
. M. Cliristy in Norfolli ad Norwiili Natnralisl Socioty. III. p. 88. 1884, cit in tlie
Zoolofîist., VIII. n" 88, p. 140, avril ISS'i, pi'ul-t^lre aussi in Tlio .Xmericaii .lonrnal
o( Science and arts, I''' série, viil. III, p. 203, mai 1884?
(3) A ntirsery-mans (un pépiniériste).
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE ^CÛ
par (le jeunes dénicheurs de nids, malgré toutes les précautions que
l'on avail prisr^s pdiir les conserver.
Kn avril i.SiiO.M. UoiierlM. Auslin faisait coiuiailre à M. Tlioiiip-
son le fait suivantdont il lui le propre témoin: « A Waterloo (",ot-
tai;e, un mille d'Ayr, nue femelle 7". niusicit'i e\. un mâle 7'. mcniln
s'apparicn'iit pcmlant l'clé de 1849, bâtirent un nid dans un
petit arbrisseau, et donnèrent trois jeunes en juin, lesquels étaient
parti-cfildiirrd, lnirinn somr hlnck xpots, Ihc si:r of ii si.r jn-nrc, an
Iheir Inrasla ». Les cris (notes) de ces jeunes Oiseaux étaient souvent
entendus et différaient de ceux du Merle et de ceux de la (irive eu
élanl plus délachés. On couslate que les pnreuls avaieni nourri et
acc()mpai,qi(' leurs jeunes. » L'attention de .M. Aiisliu fut a|ipeli'e
sur ce fait par le rév. W. M. Ilwaine, de Belfast. (|ui était venu
rendre une visite à un ami eu cet endi'oit (t).
'( Pendant le printemps de 18o.3, on trouva dans un laurier un
nid de Grive sur lequel une Grive (supposée femelle) couvait assi-
dûment. Elle était nourrie par un Merle mâle, on ne vit aucun
Merle de l'autre sexe. Les ])etits furent élevés. Lorsqu'ils eurent
(juilté le nid, la Grive se mit à chanter et attira un autre compa-
gnon, mais de sa projire espèce; elle éleva encore deux couvées
dans le même jardin pendant ce même printemps. Le Merle § et sa
compagne perdirent tant de temps par ces i)rocédés de la part du
l)remier (2), ([u'ils furent très troublés durant toute la saison. Four
(■'lever leur ])remiére couvée ils|)rirent possession d'un vieux nid de
(^irive de l'an passé.
Leur second nid était également très pauvrement consiruil et le,
troisième encore ])lus mal. Le dernier ue contenait que deux œufs
dont un seulement vint ;\ éclosion (3).
(l) Xalural nixlory n( Ireland. III (.Appentllx), p. 'l'.K. Nous n'av(Jii> pu luiiis
pidnircr ci'l oiivra^f. il rsl cilo pur M. Rolioil Miller Clirisly. in Zniilo^'ist, IX. ii" '.IS.
p (>!(. l-V'viiiT IS83. M. fllirisly iloil ■■plie indication à M. .). 11. (iiinipy, jiin. de
Krswich lliill. Norwifli. Il avail omis, parail-il. ilc parler île ce fait dans son
i'i- ier niénioiie snr ii Tlie inlerlireding of IHackbinl miil Tniali n ipie nons
nous n'avons pu, nous l'avons dit, l'onsnlter
(î) .Nous avouons que nous ne roinprenons poinl bien oe que cela veut dire, vclci
le texte :« The lucl; Hlnckliiril (inrl liis mate tosi so miiclt lime by thèse prnreedtng.i
OH Ihe pari of Ihe former. . . d
(:t) .Nous li-ouvons re ix-cit dans On Ihe inlerbreeding nf lUackbird and
Truxh. Supptenienlary article by Miller Cliristy esq., que celni-ei a eu la couiplai-
-anee de nous envoyer. Il a été donné par M. Edwards Ne» nian in Zoologisl, X\ II.
p. G722. ISa!), revue (pie nous n'avons poinl (-(uisultoe. M. Miller (Uirisly reuianpie
à ce sujet (pn' le rtcll de ces faits, doruii' |iar M. Edward .N'ewinan, n'est poiid à
propreineni parler un cas de croisement, (|uoiquc s'y rappnrlanl.
368 A. SUCHETET
Le Rév. J.-r.. Alkisou rajjporte (|u'eu ISS!) il vit uu Merle s'euvo-
1er d'une haie où un nid typique de Merle garni d'herbes (ut observé
par le révérend. Ce nid contenait quatre œufs également typiques
mais incontestablement de Grive (1).
En novembre 1861. M. le D'Thomasso Salvador! acheta à Florence
un Oiseau vivant ayant l'apparence d'une Grive (Thrmtlt) et dont la
taille, la couleur du bec, les pattes, les pieds et les parties supé-
rieurs étaient tout à fait semblables à la SongThrus(r»/Y/usmwsîCMs).
Les paities inférieures étaient pi'es(ine noires, excepté le bord de
cha(iue plume, qui était d'une couleur claire; cette Grive avait
autour du cou un collier étroit de plumes d'un blanc jaunâtre, sur
le ventre étaient deux ou trois plumes blanches tachetées de noir
comme celles delà Song Tiush; les plumes sous la queue étaient tout
à fait blanches. Peu de temps après l'avoir acheté, M. Salvador!
constata que le cercle jaunâtre avait disparu. En juillet 1863,
l'Oiseau commença à changer de plumes dans les parties infé-
rieures ; et en septembre il ressemblait déjà de très prés à la Soug.
Thrusli, gardant seulement quelques plumes noires sur la poi-
trine cpii, l)ientùt,dis|iarurent. M. Salvador! attendait d'autres chau-
changements, quand, au commencement d'octobre, l'Oiseau s'é-
chappa. Au printemps il ne chantait pas, son :it était semblable à
celui de la Song Thrush M. Salvador! a supposé f[ue c'était un croise-
ment entre la Song Thrush et le Black-bird (Tiinlns menila (2).
Le Rév. J.-C. Atkison trouva, en avril 1875, dans son jardin, uu nid
typique de Merle garni d'herbes. Ce nid était bâti dans un lierre
garnissant un mur. L'attention du révérend avait été attirée vers
ce nid par les gestes d'un Oiseau de l'espèce Merle. Trois œufs de
Grive y avaient cependant été pondus et étaient en elïet couvés
l)ar une Grive. Ce fait est rapporté par M. Christy dans son Xtipplc-
vientarii article.
En 1885, M. J.-H. Mayes, de Streatham, exposait sous le u° 1214
« un hybride de Blackbird et de Thrush. »I1 nous a été impossible
d'avoir des renseignements sur ce spécimen.
Le 22 mai 1888, M. F. W. Frohawk dit (3) avoir trouvé sur le
bout d'une branche basse d'un If uu nid d'où un Merle se
leva faisant entendre son cri d'alarme. En regardant dans le
nid, M. F. W. Frohawk fut surpris de voir qu'il contenait deux
œufs en toute apparence d'une Grive, car ils ne différaient aucune-
(I) Tlie ZoologisI, XVIf, p. OlilH, cité riialoiiieiil piii- M. Miller Clirisly dans son
« Sitppleinentary article n.
Ci] Ce récit a été fait par le cointe Iiii-nièiiie dans le journal ornilliologi(|ue
anglais, l'Ibis, de \Sû'i ^Lelters, E.rlrncls from Correspondance, Notes, etc., p. 2:î7).
(3) In the Field, cité encore par M. Miller Cliristy (supplementary article).
OISEAl'X nYBIlIDKS nENCOXTRKS A l'kTAT SAUVACE 3llt)
iit'iiieiit (le ceux de cette espùce. Le nid était entièrement composé
d'herbes Unes et communes, racines, petites branches et mousse,
avec un essai de j^^ainiUirc l)Oueuse d'un seul côté.
M. F. W. Froiiawk pense qu'on ne peut supposer (jue les (nufs
avaient été dé[)osés à dessein dans ce nid (|ui était jjlacé loin de tout
passa jre fréiini'ulé.Ledjuin, le même observateur avait trouvé un nid
de Merle avec un œuf sans marque et de couleur léj^èrement bleu
clair. Celte variété d'o'uf, reniarque-til, déjà mentionnée par M.
Sauuders (1), pourrait être le résultai d'un croisement entrr un
Merle et une Grive.
11 existe au Brilish Muséum uu Uiscau (jue l'on suppose être le
])roduit des deux espèces. Celle pièce obtenue à l'état sauvage,
dans les environs de Londres, («'nsous-nous, avait été présentée
par M. Bartielt. (]elui-ci veut bien nous faire savoir qu'elle avait été
examinée non seulement par lui, mais aussi par M. Edward Blyt
et d'autres ornitlinliii;istt's ipii l'avaient déterminée comme un
hybride entre lus ileux espèces désignées (2i. .M. (iurney, eu ])arlant
de celte pièce (3), dit aussi que les parties claires de son ])lnmage
sont bien d(''linies.
Eu 1800, à l'exposition duCiislal Palace, M. G.-W . Ilill, île Londres,
moutrait un hybride du môme genre qui, nous dit-il, fut pris avec
iiualre autres jeunes dans un tiid trouvi' dans les New Forests à
Ilams|iliire. Ol Oiseau fut le seul (ju'ou réussit à élever. M. G.-\V.
Ilill n'a pu savoir ce qu'il était devenu. Le Zoologist de mars 1S'.I2
mentionne un nouveau spécimen (|u'on croit hybride.
M. l'abbé liruienne, de Liège (Belgique, nous a parlé d'un eroise-
menl de Grive et de Merle qui se serait jjroduit en pleine liberté
dans uu petit bois de Tilleuls. On aurait vu les parents nourrir la
nichée, mais cet ecelésiasti(|ue n'a pu nous donner de renseigue-
ments précis sur les jeunes.
Pendant l'année 1889, il y eut dans le jardin de M. Mark Mauusell,
esq., situé à Oakley Park (Celbi'idge, co. Kildare), un véritable Iléau
de Merles. Le propriétaire, devant s'abseuler, détruisit avec sou
jardinier tous les nids ([u'il pul trouver. En rentrant chez lui il eut
l'occasion de voir un Oiseau ([u'il prit pour une Grive, et qui cou-
vait assidiïmenl dans un buisson. .M. Mauusell appiit alors par sou
jardinier qu'un Merle lujuriissail (;et Ois(!au et (|uati'e jeunes, ce
qui dura jus(|u'à ce que ceux-ci s'envolassent du nid.
(1) Maniiiil nf liritisk Hirds.
(2) Nous no nous rappelons pss lavoir vue li^'nrrr dans le l'iiliilogiie i>lHird.< i>f
llrilish Muséum.
Ç.i) In UiP Zoologisl. VII, n- "S. p. I.Mi, juin IKSIt.
370 A. SUCUETET
Le jeudi (17 avril '.') I8!)0, le jardiûier appela l'alteiitioii de son
maître sur iiu Merle et tippiirciiuuntt une Grive qui occupaient le
miMne buisson, situé à vingt mètres environ du (umoir du gentle-
man, et (II"!, l'année précédente, les deux Oiseaux avaient déjà
construit leur nid. Leurs mouvements dénotaient (ju'ils étaient
appariés. Au moment où ces lignes paraissaient (1), M. Mauusell se
proposait (le surveiller très attentivement le résultat de cet appa-
riage.
M. Maunsell a bien voulu nous écrire depuis que le uid avait été
dérobé, comme il l'avait été déjà l'année précédente, en sorte (ju'on
ne sait si les nids avaient été construits à la manière du Merle ou
comme le fait la Grive. M. Maunsell n'a jamais vu les jeunes Oiseaux
lui-même, il ignore même sien 1890 les parents ont reproduit; ce
qu'il a fait connaître dans le Field a été écrit d'après le dire de son
jardinier, qu'il croit du reste digue de confiance, l'ayant à son ser-
vice depuis plusieurs années.
Enfin, tout dernièrement, M. J. G. Wheeler faisait savoir
(2) que dans les pépinières de Kingsholm tKiiigsliohn nurseries)
dans un buisson, baut de quatre pieds environ, ou avait trouvé uu
nid sur lequel se tenait généralement un Merle, mais où une Grive
venait aussi couver à sou tour lors(|ue celui-ci ([uittait le nid, sans
doute intentionnellement. Geci dura quebiues jours, mais la Grive
finit par abandonner le nid, et laissa le Merle seul couver à son
aise. Le nid contenait six œufs, dont quatre œufs de Merle et seule-
ment deux de Grive.
Il ne peut être évidemment question ici d'un appariage d'uu
Merle cf et d'une Grive 9, ou vire-crrsa, il s'agit d'uu Merle 9 et
d'une Grive du même sexe ([ui, tontes deux, avaient jiondu dans
un même nid, particularité ((ui u'est pas absolument rare chez
certains Oiseaux (3).
En est-il de même pour les autres faits i|ui ont été cités?
Cela parait assurément possible ])our plusieurs, sinon pour beau-
coup d'entre eux.
Parmi les exemples dont parle M. Miller Christy, dans son
« Supplementiiry artiele », certains faits nous paraissent rentrer dans
cette catégorie. Ainsi, en avril 188lt, d'après M. Philippe H.
Hardlield, de Moraston House, près de Rune (Uerefordshire), un
(1) KieUI. |i. o87, 19 avril 18!X).
(2) In Kield, yi. CTo, 9 mai ISUI,
(3) M. le D' Paul Leverkiilin a <lii nienlioniu'r iIps ('x(>ni|i|es de ce irenre dans
nii OMvrai;e important : Freunde eier in i\est, Ein Ueilrag ziir liiologie lier Vik/ei
oji Paul Levei'lciilin, Berlin, Londres, Paris, etc., 1891.
OISKAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'kTAT SAIJVAGK .'57 1
Merle el une Giivo |)i-ireal possessiou d'un iiiùiiie uid où ils pou-
direiit l'uu et l'autre. Il y eut tiois œufs de Grive el trois ouifs de
merle. Far accident les (l'iifs tureut dclruits en grande partie, il no
resta plus qu'un u'ul' de Merle el uu œuf de Grive, les([uels furent
couvés (juehiue temps encjre par le Merle, puis furent aban-
donii('s(l).
Ku avril 1887, M. F. R. Fitzgerald trouva dans uu hui.s.sun de
Hou.v sur la Savage Farm, à llari-ogate, un uid typi(|ue de Grive
contenant i|ualie leufs de Merle et d'où un Merle s"envola en elTet.
Un voisin informa celui-ci (|u'un de ses tils avait, l'année précé-
dente, rencontré uu exemple semblable près du même endroit, l'n
fait de ce genre a encore été signiih!' à Nidderdale (2).
Les deux exemjiles dont a parlé le rév. J. G. Atkison ne iKtiis
semblent point élrc non plusde véritaljles croisements, niais pintôl
rentrer dans cet ordre de faits.
De nundtreuses objections se sont du reste produites sur ces
croisements présumés. M. J. H. Gurney (3), un connaisseur émérite
en fait d'bybrides, « ne croit (|ue faiblement aux liybrides de la
Grive et du .Merle » et pense qu'en beaucoup de cas lesmélanisuies
partiels dans la Grive ont été pris pour des hybrides. » 11 cite l'e.xem-
ple « d'une Grive qui devint pi'esque noire en captivité, à ce point
(|ue le possesseur pensa (|ue, iiendant une absence i|u'il lit de clie/
lid, on avait cliangé son Oiseau; cependant, avec une nourriture
convenable, cette Grive refirilsa couleur ordinaire. » M. Gurney a
vu aussi « un .Merle, tué à Heigats, et qui portait de larges plaques
brunes, maniuées d'une manière très singulière (4). Un Merle cf,
dit-il, peut parfois conserver les marques de la première livrée
jusqu'au priideini»s (jui suit sa naissance, ainsi pourrait-on sup-
poser ([(l'un .Merle dans cet étal fût un hybride '.' »
La manière de voir de M. Gurney a été partagée jiar .M. Cam-
bridge Philipps, qui semble tout à fait disposé à douter des
hybrides T. mcrulit et T. iinisinis. Il voudrait, comme preuve de leur
aulhenticilé, autre chose que la simple couieni- iirune du Merle,
par exemple les plumes tachetées de la poitiinc il la (pieue plus
courte de la Grive {">}.
(I) KiHcl, |i.;>7(t. 1" mai 188C (cil<> par M. Miller Clirisly).
{■>) Zoiilogisl, p. l'.l'i, IS87 (cilé piir M. iMillci- Clirisly).
(M) Voy. Zoolof,'isl, VII, ii" 78, p, ijtl, juin 188.'i. el ii» 7'.i, p. :M, jtiillel de la
même aiin6-.
(l) Le brun n'était cepen !ant pas le brun mélangé de la (iiive.
(5) Tlie Zoologisl, VII, n" 7ÏI. p. 301. Juillet lS8:t.
372 A. SUCIIETKT
Le rév. Macpliersou a lait les mêmes réserves que ces deroiers (1)
et a déclaré n'avoir jamais trouvé un hybride de telle sorte, ni vu
quelqu'un qui en ait oiitenu.
Si nous eu jugeons |)ar les critiques de son « Siiiiplriiii'ntini/aiiicle »,
M. Miller Ciiristy a sans doute, dans son preuiier mémoire, cri-
tiqué également beaucoup des faits cités par lui. Dans l'exemple
relaté par Thompson (celui qu'il avait omis de citer), il est encore
incliné A penser i|ue c'est un de ces cas dans lesquels nue femelle
Merle peut avoir été prise pour une Grive (2); chose bien possible,
nous l'avouons, et qui probablement s'est réalisée dans plus d'un
des exemples que nous avons rappelés.
M. Miller Christy fait la môme reniar(iue au sujet de l'appariage
rapporté dans le Zoologist (3). Peu de personnes, sauf les ornitho-
logistes de métier, dit-il, savent que la poule Merle n'est pas
entièrement noire comme le mâle. Or, dans ce cas encore, une
femelle T. mvrulu, avec son plumage brun et sa poitrine tachetée,
peut avoir donné lieu à une méprise ; le récit des faits n'est pas du
reste concluant. Comme nous il pense i[ue le cas cité par M. Fitzge-
rald (4), s'explique par la ponte d'un Merle p dans un nid aban-
donné de Grive. Il cite à cette occasion l'exemple rapporté par
M. T. 0. Hall (3) de deux T. iiwruUi qu'on aperçut dans un nid
où déjà une Grive avait pondu et (|ui continua à couver. M. Miller
Christy a lui-même publié un livre où il fait connaître les résultats
i|u'il a obtenus en changeant de nid les œufs et les petits des dilTé-
rentes espèces (6). Il rappelle (7) qu'à Marly, il y a peu de temps,
tiois œufs de Merle, ayant été placés dans un nid de Grive, furent
couvés avec succès par cette dernière.
Cependant il admet (quoique l'évidence soit bien faible) que, dans
quelques cas, on peut supposer que des Merles et des (îrives se
soient croisés, et tout en critiquant beaucoup d'exemples, il croit
(|u'uue certaine iirésomption existe en faveur de rhylu'idisme dans
certaines circonstances (8).
Depuis la publicatitm de son travail, le rév. Macpherson semble
(I) The Zoologist VII. n° 80, p. 3:!S. .\oi'i( 188!!. Hemarquons ccpemiaiit que
MM. (iiirney et Pliilipps el li^ lév. Miiepheison écrivaioiit avant la puhliralion ilii
mémoire de M. Clirisly.
(:!) Mi'rae revue, I,\, u» 1)8, p. (j!(. Février 188.Ï m» '.i'.l, p. 1 1:;, ls,><y?)
[■A) XVIIl, p. 0722, m\\\.
(4) Zoologist, p. l'J'i, 18S7.
(0) Kield, 10 juin 187(i.
(II) IVocecdingsof the Esse.x Fiold Club, III, p. XCIV, 1883.
(7) D'après la u Esse.x County Clii'oniele » du i'i mai 1888.
(8) Celle opinion avail déjà élu émise par lui dans le Zoologist, IX, 188;).
OISEAl'X IIYIIHIDKS RENCONTriKS A L'ÉTAT SAUVAGK 'M'\
liii-imMiie LHre reveiiii sur sa |ireiiiiiTe opinion (I) i-t, tout en
adineltiint que dans les exeiniiles cités [lar l'aulcur il y ait « jjIus
de niylliolotrie que d'histoire » il se sent porté à admettre la nalitr
d'hybrides entre le Merle et la Grive.
l'our notre part, et en attendant des faits mieux avérés, nous
préférous ne point nous pron'oncer. De tels appariages toutefois ne
devraient point nous surprendre, les Grives et les Merles sont dans
les jnrtiins roiijet de (ré(iuenles jioursuites, heaueoup de leurs
roupies se trouvent ainsi dépareillés. Les deux espèces ont aussi les
mêmes nueurs. les mêmes habitudes et à peu prés la même nidili-
ralion {'1\.
TiHDus Mehula et Ti anus touquatus (3i
1-e rév. Maeplierson cite i 4) un Turdus fort intéressant que lui
donna dernièrement M. Gurney pour le Musée de Carlishe. Si, dit
le révérend, l'Oiseau est un hybride, et non une variété, il provient
d'un croisement entre le Hini; On/.el i T. torqualus) et le Blackbird
(J'. niniihi).
Le fait que les axillaires sont comme couleurs auxiliaires inter-
nu''diaires entre Ii' Merli' ordinaire et le .Merle de monlajj;iu\ send)le
pour le révérend, favoriser l'opinion d'une hybridation, « car dit-il,
si c'était seulement une anomalie du Merle, les axillaires devraient
être conformes à celles di' celte espèce. » Le révérend ajoute dans
une conimunication (ju'il \eul bien nous adresser, (pie .M. Ste-
venson, qui était un naturaliste perspicace et au((uel a|)partenail
cet Oiseau tué dans le Norfolk, pensait i|u'il était indubitablement
un hybride eutre les deux espèces mentionnées; ce|iendanl .M. (!ur-
ney le considère comme une variété du nirvuln. L'oriirine reste donc
douteuse.
TuiiDLs iiEiuLA et ïuiiDUs viscivoiirs (.'>)
Vu individu (^ que .M. Vallmi croit provenir du Tunhix iin'niUi
et du /'. risri (finis fut jiris le '2lj octobre 188;j, près d'Uiline.
(t) Voy. Field, 31 mai IK'JO, llybriiiily in llints.
(2) Le iiiil (Ic-la ruivc l'sl (■ciifiiilaiit t'ncliiil iiitiTieiircmcnl ilr bouc.
(3) AiiUcs noms : Meniht monUiiiii, l'opsiclius ti>r<iuiUiis, Si/lfia lorquala,
Merula ruHarisel aliiealrix.
(41 llijUnditii in llinh, Kiclil,:!! mai ISlK).
(!)) Synonymii' : Titrilus miijnr, Tnrdus iirhnreiin, Si/lriu riscivoru, fxnrussy-
liliii^ liscirorn.i.
IJ74 A. SCClIKTIiT
« L'hybride, dit M. Vallon (1), tient du premier les parties infé-
rieures du corps et sa taille, quoique celle-ci soit légèrement plus
petite. 11 tient dn second la marque des ailes, ou pour mieux dire,
les bordures claires des pennes des ailes et des couvertures et les
plus petites jikimes claires et caractéristiques de la région de
l'ùreille. La couleur des parties supérieures du corps est très
sombre mais rappelle, sous certains rapports, celle des Grives, comme
aussi le coloris des plumes de la tète, coloris (jui resseuible à celui
du viscicorus, mais la coloration sombre en fait la difïérence. Le
front, le devant de la tète et l'occiput et toutes les autres parties
supérieures, saus en excepter les plumes recouvrant la queue, sont
d'un noir brun gris avec une apparence presque imperceptible de vert
jaune... Le dessin (ou le coloris) rappelle sous ce rapport celui du
T. viscicoras, à l'exception des couleurs beaucouj) plus sombres. Les
parties inférieures du corps, lescouvertuies de la ijueue comprises,
sontd'un noir brun, presque noir, avec des bordures très étroites (à
peine visibles), lesquelles sont d'un brun gris et manquent à la
gorge, aux parties supérieures de la poitrine et à la région posté-
rieure. La partie postérieure est d'un blanc sale touchant au jaune.
11 existe encore une raie qui est de la couleur de la partie inférieure;
cette raie, qui commence aux narines et enclôt les yeux, se dirige
vers les régions de l'oreille ; et à cette place elle s'étend considéra-
blement, en sorte qu'elle s'unit à la couleur des parties inférieures
et se teruiiue à la région des épaules. Les régions des oreilles
rappel leut dans leur ensemble le T. vUcicorus ; il existe à cette
place des petites plumes claires; çà et là apparaissent également
tiuel([ues plumes claires sous les couvertures supérieures des pre-
mières pennes des ailes. La couleur de l'anneau de l'œil ressemble
aussi à celle de la grande Grive (ciscironi!-), mais il est beaucoup
plus étroit.
(( Les couvertures des ailes du premier et du second rang ont les
mêmes couleurs que les parties supérieures du corps, avec de larges
l)ordures un peu rouge jaune et contrastent fortement avec les bor-
dures claires par la couleur sombre du fond. C'est sur ce point ({ue
l'hybride se rapproche le plus du T. viscironts.
« Les pennes des ailes ont en général la couleur sombre des
couvertures des ailes, mais les bordures sont également beaucoup
plus étroites. Les plumes anguleuses des ailes sont lirun presque
noir avec de larges bordures jaunes louchant sur le rouge.
(I) Monalsohiil'Len, p. 2M, ISSu. Nous n'avons pu nons-mènie consiiUer cclU'
revue, c'ei-t Jl. le D'I'aiLlslich, inaitre à la Realschiile, qui a élé assez aimable pour
nous adresser une copie de l'article de .M. Vallon.
OlSIi.UX IIVBIIIDES IlENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGE 'Mlj
« Les iiliimt's ((iii recouvrent les parties inférieures des ailes
sont d'un noir linin; les pennes des ailes en-dessous sont, à la base,
d'un blanc d'argent et, vers les pointes, d'un noir ^ris ; les plumes
des épaules d'un blanc pur soyeux. L'ieil est noir brun, la mandi-
bule su|K''rieure brun de corne, les pattes jaune couleur de chair,
les ongles bruns, n
.M. Vallon n'a pu donner la description des rectrices parce que la
queue, ayant ('lé arrachée, ne repoussa pas tant (pie l'Oiseau vécut
en cage.
Nous pensons ([ue ce spécimen est conservé au musée tl'L diuc.
.M. Vallon parait eu avoir fait une étude très attentive et très
sérieuse, mais l'Oiseau est-il réellement un hybride?
Genre Regulus.
Regulus satuai'a et Regulus calendula.
Le si)écimeu dont nous don nous la description ci-dessous futohtenu
le 7 juin ISl:i, jiai' Audiiiton, dans les |)laulaliims de Falland lù)rd,
sur la ri\ière Schnykill, eu Peusylvanie, plantations appartenant à
son heau-pére, AL William Rakcrrell. L'Oiseau fut tué sur une
branche de Kaîinii UilijuUit, au nH)ment où il cherchait des insectes
et des larves au milieu des feuilles et des fleurs de ce végétal. F^e
célèbre ornithologiste, en le tirant, croyait avoir affaire à un
simple I\oitelet à hu|ipe row^e {llitliri/ crcalril irrcii) ; c'est en le
ramassant qu'il s'aperçut de son erreur. Nulle part il ne rencontra
d'autre Oiseau de ce genre (jui peut être pris pour le lUtlinj rritir
H'/TH dont il paraît avoir les habitudes.
Le prince Charles Lucien Ronaparte, ami d'Audubon, ayant vu ce
curieu.\ spécimen à Londres, proposa de l'appehir Hcijidaa carhun-
ciilus, mais Audubon i)référa lui donner le nom de /^v/h/i/s Cuvieri,
par un sentiment de reconnaissance envers le savant baron dont il
avait reçu des uiartpies d'altenlion, et surtout pour reudre hommage
à celui qui était a lors sans rival dans l'étude de la zoologie générale (1).
MM. Raird, lirewer et Ridgway, en faisant observer que cetlc
<ifspiri')> conliuufà être connue par le seul exem[)laire d'Aiiduboii,
remar([iiiiit (pi'eile diffère |)rincipalement du ltc;iulu.t shIihiki
par deux bandes noires visibles sur le veilex (2), lesipielles suni
séjiarées jiar une autre bande blanchâtre, l'extrémité du front étant
noire au lieu d'être blanche, comme chez snlrapa.
(I) Hiol. (Jrnilh.. p. 288, 1831.
(i) Croun anteriorly.
;n(i A. SUCHETET
Daus le Calalogiie des Oiseaux île rAïuérique du Nord, de
M. Ridgvvay (i),le/to/H/«s Citoîm figure toujours à litre d'espèce sous
le ir ;_ii ; mais M. Brewster, considéraul « la plaque vermilloa du
souiiuet de la tète bordée de raies noires, la raie uoire de l'œil et
les bandes blanches des ailes, qui reproduisent de très près les
caractères dominants du Itcfinlits cah'ndula et du R. satrapa, » a
émis l'opiuion cju'il pouvait être un liybride de ces deux espèces (2).
Cet Oiseau figure sur la liste hypothétique du Code of Xomenda-
Inre (3), M. Elliot Coues l'a identifié au llci/ulus f^atrapu, il a
cependant eu soin de faire suivre son assertion d'un point d'inter-
rogation (4).
Voici sa description d'après Andubon (a) : « Les parties supé-
rieures sont d'un olive grisâtre, monotone (ou sombre); la partie
supérieure de devant de la tête (du front) est lorée, avec une ligne
noire derrière l'œil ; il y a une bande d'un blanc grisâtre à travers
le front sur l'œil; une bande semi-lunaire de noir sur le devant et
les côtés de la tête, bande qui renferme un espace de vermillon ;
les ailes et la queue sont sombres, bordées d'un jaune verdàtre;
les plumes secondaires et la première rangée des petites plumes
sont garnies de blanc grisâtre. Dimensions : 4 K G ».
La véritable origine de cet Oiseau parait donc ignorée, peut-être
est-ce un hybride, mais peut-être appartient-il aussi à une espèce
([ui ne compte iiue peu de représentants ou (jui est disparue depuis
l'arrivée des Européens en Amérique?
Genre Cinclus
CiNCLUS CASHMIRIENSIS et CiNCLUS LEUCOGASTER.
D'après M. Seebohm (6) on trouverait vers le nord des xMonts
Altaï des individus intermédiaires entre ces deux formes. Daus
l'Est de la Sibérie chaque forme intermédiaire se rencontre entre
le C. ('iishiiiirlcnsis et le C. Icitruijaslcr {!).
Le Citniiiti (•(tsluiiirinis'is fut rapjjorté ])ar M. Przewalski avec le
(1) Pioceeding of llie L'niled stales national Muspiim, p. IG3. Voiraussi p. 164.
(2) BuUeUu of tlie NuUal ornilhological Clnb. VI, p. 224 vt 223. 1881.
(3) Adopted Uy Ihe American ornilliologist's Union, 188G.
(4) Birds oftlie Northwest, p. 17. Washington, 1874.
(ii) Synopsis oftlie Birds of Xorth America, p. 82, n» 131, pi. LV, cr". 1839.
((j) On inlerbreeding of Biriis. Ibis, p. 54(! et suiv., 1882. La même adlrmation
est donnée dans .4 nislory of british Birtls, t. I, p. 253, et dans l'Ibis, pp. 190 et
l'.H, 18S0(O?) thc Ornithology of Siberia).
(,7) On Ihe ornithology of Siberia, pp. 190 el 191, Ibis, 1880.
OISKAUX IIYBHIIJES nE.NCONTIllis A l'kTAT SAUVAUK .'{77
r. ^•(«•<)//((.s7<'/(le ses voviiiics ircenls (lîins l'Asie (1), mais le savant
voyageur ne paniît [las avoir observé de croisemeiils.
Les deux types en question forment-ils deux véritables espèces?
M. l'Ieske reiiinr(|ue que « si ces deux Oiseaux n'avaient un
babitat dillrrentel si les parties du ventre d'un des exemplaires de
ritslimiriensis qui furent rapportés par M. Przewalski, ne laissait
voir des ])lnnies sombres (2), il serait ditUcile de dire avec ce dernier,
(jne le jeune appaitient à des espèees dillérentes l'-i).
Du reste M. Seebobm ne voit lui-même dans le « Pabeartic
Di|>per n «lu'une seule espèce se suiidivisant eu races locales (4).
CiNCLUS CASHMIRIENSIS et CiNCLUS SORDIDUS
M. Seebobm a eu, il y a ((uelques années, l'occasion d'examiner
une Jurande (luanlili- de Dippers (Merles plongeurs) envoyés des
Monts Allai par un colleelionneui' sil)érieu, HerrTauere, d'Anclam;
il a|ipril i|iif dans l'extrémité de ces monts le ('inclus cashmiriensis
est en contact avec le Cincliin sonlidus, avec le(iuel il paraît s'unir,
car on rencontre, dil-il, aussi bien les formes intermédiaires ijue
les formes extrêmes (5).
Le ('inclus sordiihts ne figure point dans le ('Dnspfclus ijcncruin
Aviuin. On sait ijue M. Przewalski le ri'neonlra dans le Tibet en
compagnie du ('inclus cashmiriensis, mais .\L Przewalski ne fait
mention d'aucuns croisements. Le <'. siinlidns ue jmut être qu'une
race du ciisiiniiricnsis (fi).
Genre Copsychus
CopsYCHL's SAULARis (7), var. .Musiciis et Copsychus saularis,
Var. A.M.ENLS
Cliez les Oiseaux de Dbayal la transition d'une espèce supposée à
une autre est si grailuelle, et les caractères spéciliques sont si
(1) iVisscnschaflliche reauUate (1er von A', il. Przeualslii iidch t'entral-Àsien,
lirai- hcil.'l vim Th. PUski', II, Vôgel. Saint -PélersIiOurg, IKS».
(2) (on fonct'i'sl.
(3) Op. cit., p. :i->.
(i) .1 Ihslury British o( liirils. \>. £Vt.
(;)) On Inlerbreeiling nf Birds, Ihis, pp. VMt el suiv., 1H82. Voy. aussi : À lUslonj
of lirili.ih Hiyits, où la nirmc allirmatinn est donnée.
(G) Voy. Sceboliin : ■» Hislory of British Itirils. p. 2;H.
(7) Synonymie : GracutK .^aularis Unn., Turtius amœiiu.-i l\orsl.,Laniu.<: iiiu-
sirus, Cryllivora sautaris Swain, Gryltirora brevirostra. Hrylliora magiii-
ro.<lrii, Cop.iycliiis miinlanensis, Copsychus pluto, Copsychus anKCiiu.i, de., clc.
378 A. SUCHETET
incertains, que M. R.-B. Sliarpe a jugé utile (1 ) de ne reconnaître
qu'une seule espèce, quoique dans la liste des spécimens du Biilisli
Muséum il ait])u indiquer des races ou variétés. « L'Oiseau iudieu
de Dhayal, dit-il, peut être distingué de son congénère l'Indo-
Malayan par les axillaires d'un blanc pur et par trois plumes exté-
rieures de la queue généralement lilanciies, la quatrième blanche
aussi on grande partie. Dans rindo-.Malayan les axillaires ont les
bandes noirâtres très visibles, en sorte que dans la plupart des
Oiseaux la couleur dominante des axillaires est noire avec un large
bord blanc; les deux plumes extrêmes de la queue sont blanches, la
troisième a une large mai(iue basane sur la lame intérieure, tandis
que la quatrième a seulement une plaque blanche à l'extérieure.
Cependant, ajoute M. Sharpe, lesmarques ne sont pas sullisamnient
constantes jiour donner toujours un critérium absolu. M. Sharpe
donne encore quelques indications pour reconnaître ces deux
variétés et dit avoir vu seulement une femelle de Tenasserim en
mauvais état qu'il n'a pu préciser; est-elle C. saubuis (race qui
descend à Tenasserim), ou C. iiiusims ((jui lemoute à cet endroit de
la iiéninsule de Malayani; il ne saurait le dire.
Dans les îles de (Java et de Bornéo?) C. imisicus rencontre le
noir C. (unœnus; plusieurs espèces du British Muséum paraissent
un croisement incontestable entre les deux formes, M. Sharpe indi-
(lue comme tels : une femelle de Java (provenance Horsfield)
Indian Muséum; un mâle, une femelle et uu jeune de Java (|)rove-
nance E. G. Buxton. F. Nicholsou); enfin un mâle et une femelle
de Laberan (provenance H. Low. R. B. Sharpe) (2).
Si des croisements se sont réellement ])roduits entre les deux
types, il ne peut être question ici que de croisements de variétés
d'une même espèce, et de variétés sans doute bien peu tranchées.
Famille de Laniukv
Genre Lauius
Lanios uufus (3) et Lanils collurio (1)
« Au commencement de Mai 1865, dit M. le Dr Depierre (o),
(1) Catalogue of the Dinls of Urilish iluseiuit. Vil, p. G3.
(J) Pour tous cos détails, voy. le Cat. oflhe Birds.
(3) Aulies noms: Lanius pomeranus, Innius rilutns, Phoneusrulus, Ennenc-
tonus nifiis, Lanius nulnnoles, etc.
(4) Antres noms: Laitius duiiietoriiin, Enncoctonus colhirio, Lanius spiili-
torquus.
(a) linlletin île la Sodêté ornilliologiiiue Snisse. T. ].!' pail,, p. 31 etsniv., ISCli.
OISEAUX IIYBRIDKS RKNCONTUÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 370
M. Bastian, préparateur ilii Musée de Lausanne, tua, dans une
localité où il trouvait habituellement le Lanius rufim (1), une Pie-
Uriéche qu'il prit d'abord pour un jeune de cette espèce. Mais en la
considérant avec |)lus (ralleiilion, il lui trouva des dilléreuces si
notables avec celte dernière, qu'il s'empressa de la monter, sans
toutefois prévoir tout riiilérét qu'elle pourrait exciter plus tard. 11
négligea malheureusement de constater le sexe et de noter exacte-
ment la couleur des pattes et de l'iris ».
L'Oiseau ne fut point montré aussitôt après sa mort à M. De-
])ierre. (lelui-ci, après l'avoir examiné avec la plus scrupuleuse
attention, et esi)érant toujours pouvoir le déterminer d'une façon
un peu certaine, dut se contenter des conjectures les plus plausi-
bles, « tout en laissant le chami) parfaitement librt^ aux rei^herches
et aux opinions ultérieures. » Quoique les diverses colorations
])ien assurées donnent à cet Oiseau un faciès caractéristique, il
paraît ditlicile au docteur d'admettre que cet exemplaire isolé
ap|iartionne il une espèce non décrite. Un l.aniu^,î\ ])remière vue
si dillerent de ses congénères, n'aurait pu eu elfet échappera l'atten-
tion de ceux qui s'occupent d'ornithologie. Il ne semble pas davan-
tage |)robable à M. l)i'pierre que celte Pie-grièclie soit une sim[)le
variété, il la croirait plus volontiers un hybride de Lanius ntfus et
def.iiniiis collunu, les Lanius exciibitor et minor qai vivent en Suisse
ne ]irésenlant iiucun rapport ni de taille, ni de coloration, avec le
sujet en question, taudis (|ue cet exemplaire possède des caractères
communs avec les deux autres petites espèces, le /.. rufun et le
L.rollnrio. « Avec le Lanius rulus, le large bandeau frontal, le
Irait sourcilicr blanc, les traces de rougeàtre à la nui|ue et derrière
la tête, le ceiKlré foncé du bas du dos, le miioir blanc des ailes,
enfin la bordure extrême des rémiges secondaires. Avec h'. Laiiina
colluiio, l'absence de blanc au Itas du front, le gris du vertex, le
gris du croupion et le large liseré brun roux des couvertures et
des rémiges. » On y remarque en outre » certaines colorations qui
ne peuvent être regardées que comme iulermédiaires. .Musi, le
brun bronzé (pii occupe la nuque et le sommet du dos rappelle un
peu la couleur de ces parties de la femelle du Lanius rufus, et
semble parfaitemeni un mélange, à doses égales, du brun clair du
Lanius cnllurio et du noir de Lanius rufus dans ces parties, l.o gris
clair de ses couvertures supérieures provient aussi probablement
(1) CcUe loralilé sPi'ail,d'apros une romiiiiinicalion di' M.lo D' ,1. 1,ai(|iiior(les Dan-
rels, los bonis du lac I.rinan. CVst (•iialcnii'nl an niiliou d'avril i|iic I Oisran aiirail
été Uré.
380 A. SUCHETET
d'au mélange de brun nuancé desi'isdu Lanius collurio et àv\ Lnnius
rufiis. La teinte Ijruu noiiàtre de ses pennes et de ses rémiges paraît
encore un composé du brun foncé de ces parties chez le Lunins
CoUurio avec h; noir du Lanius riifuf;. Enlin, la dislributiou du noir
et du blanc sur les pennes externes de la queue du Lanius (en ques-
tion) tient parfaitement le milieu entre ces répartitions dans nos
deux espèces.
« Le seul curactrrc spécifique que l'on pourrait attribuer à cette
curieuse Pie-grièche, remarque en terminant le docteur, est donc
sa coloration d'im roux foncé à la poitrine et aux lianes. »
La présence de ce caractère particulier a engagé ^L Depierre à
donner un nom à ce Lanius; il l'a appelé duhius, malgré ses preuves
d'hybridité, dit-il, mais [ilutùl poui' attirer l'attention des ornitho-
logistes sur cette forme que pour en fairt' une espèce nouvelle. Il
en a donné la description détaillée suivante :
« Un large bandeau noir profond occupe tout le front dejuiis la
base du bec, sous forme de forte moustache, en dessous de
l'œil, pour venir se perdre dans la teinte foncée du bas de la
nuque. Le sommet de la tète, ou vertex, est d'un gris bleuâtre
assez foncé. Le tour de l'œil est blanc, ainsi qu'un large sourcil
qui se prolonge passablement en arrière. L'occiput, la nuque et le
sommet du dos sont d'un brun foncé et légèrement lironzé. Derrière
la tête et à la nuque se remarquent quelques stries transversales
d'un rouge brique. Le bas du dos est d'un gris bleucàtre foncé; le
croupion est plus clair, mais de même couleur. La queue est d'un
brun lujiràlre foncé avec un liseré blanc au bord des pennes les
plus externes. De ces deux dernières, la première est blanche sur
les deux tiers environ de sa longueur à partir de sa base, et la
seconde, sur la moitié seulement. L'aile possède une teinte fonda-
mentale d'un brun-uoiràtre, sur laquelle se détache, soit le gris-
clair des couvertures supérieures, soit le liseré roux des scapu-
laires, des rémiges secondaires et de quelques rémiges primaires.
Un assez fort miroir d'un lilaiic pur occupe le sommet des rémiges
primaires ou externes, et quelque peu de la même couleur borde
encore l'extrémité des secondaires. La gorge et le milieu du ventre
sont d'un l)lanc-iaun<àtre: et les côtés du cou, la ])oilrine et les
lianes sont d'un roux-jaunàtre assez foncé. Le bec est noirâtre; les
pattes semblent avoir été d'un brunâtre foncé, x
L'Oiseau mesure à peu |)iès toutes les dimensions du Lanius rufas
mâle. M. Depierre le considère comme un mâle adulte.
.M. le D' .L I.,arf|uicrdes liancels, directeur du .Musée de Zoologie
de Lausanne, nous informe (jue ce curieux Oiseau est encore
OISEAUX HYBRIDES RENCONTnÉS A l'kTAT SAt'VAGK 381
aujourd'hui conservi- ilaiis la collection iiarticullèrc de .M. Cli.
nastiiui.
Lanius ExcuBiTon (I) et I.anius ma.iou
Sous ces deux noms il ne ne faut, sans doute, comprendre (in'uiir
seule espèce, tout au ])lns deux variétés d'un même type. Sur ce
thème les oruitholo^istes se montrent dans un i^rand désaccoixi.
Le /.. major de Pallas a même été, dans ces dernières années, porté
au rauR d'espèce 1 Sa dilTérence S|)écifique de /.. crnihildr ne paraît
ceiiendant pas soutenahle : l'étude du sujet mène invcdontairemcnl
à cette conclusion. L'étendue d(!S documents ([ue nous avons con-
sultés ne nous permet pas d'entrer dans tous les détails des
observations qui ont été faites de part et d'autre, mais de l'analyse
que nous [)résentons il nous |)arait ressortir que /,. l'icnhilor et
/.. major ne sont même point deux races. /.. ercuhilor, tyjie unique,
serait sujet à des variations jjIus ou moins caractérisées, peut-être
même au dimorpliisinc, ce qui a donné lieu à de fausses interpré-
tations. L. major (variété de /.. crcubitor suivaut les uus, espèce ou
sous-espèce suivant les autres) ne présente point, en edet. comme
nous allons le voir, des caractères alisolninont fixes et assez dillé-
rentiels de /.. r.rnihilor [lour permettre d'eu faire une race ou une
espèce.
Ces soi-disant caractèn-s dilTérenliels, sur lesquels s'appuiiMit les
partisans d'um' origine S|iéciale chez /.. major, reposent générale-
ment sur l'absence, chez ce dernier, d'une double barre blanche sur
l'aile, ([ue possède A. r.rculiitor,
M. le D' (jadow (:i) ilonne ainsi la Ken '''T clef ou sifîne distinctif)
des deux espèces: excuhitnr, « specuhiin divisé en deux barres
lorsque l'aile est pliée, lianes teintés de ifris n ; k major, base des
b.irbcsde tontes les secondairesnoiràtre. plumai^eblanc; un très petit
spéculum » (3). En somme, d'après ce dernier, le /.. major dilïôre du
/.. i'.rculiil<ir par le bas du dos et les couvertures supérieures de cou-
leur blanche, par la diminution très sensible de celte couleur
blanche à la base des secondaires, diminution qui aboutit à un seul
spéculum.
D'après .M. le D' Jean Cabanis, qui paraît, après Pallas, avoir attiré
i\) Aiilro nom si'ienlili(|iii' : iMnius riiicreiK.
(i) Cntnlngiir nf llie Patsnifornies or prrcliiiig lltrii^ in tif (ttllectktti i)f titr
llritish Miiscitiii. p. £i:i, VIII. 188:).
(:<) « Alnr .iprculuiii hrokeii itp iiiln liiii alar ftnrx in Ihe Inldi'ii iiint): ftirnlis
linge nith greij. Itiisr nf llie irehs nf ail Ihe seçunduires hlncki^h, plumage
irltile; veri/ xnitill nlar sprcnlum, »
382 A. SUCHETET
l'atteution des oriiitholoji'istPs sur le Lanius major, presque tombé
dans l'oubli, cette forme dilïère coniplètemeut de /.. r.Tcubitor{avec
lequel il n'aurait rien de commun), « par son miroir qui est simple-
ment blanc et qui ne se montre que parle niiroileuientde la main. »
Pour M. Seebohm, qui s'est occupé aussi de cette question, le
L. major (ou Pallas'grey Shrike) diffère du I.excM/«tor(onGreatsrey
Shrike) « par sun cronpioti blanc et la haar hlanrhi' des primaires d'une
moindre étendue, tandis que la luise lilanehe des secondaires manque
complètement (1). » La quantité de blanc sur la base des deux lames
des secondaires ne lui paraît pas devoir être lapportée à l'âge, ce
qui lui semble suffisamment prouvé par le caractère que présente
un jeune Oiseau de Bade (de la collection Dresser), dans lequel la
barre sur les secondaires est aussi développée que dans les faux
types de L. excubitor (i). Deux exemplaires semblables sont dans le
Muséum britannique (3).
M. Seebohm croit le Lanier gris de Pallas aussi distinct du
grand Lanier gris que la Corneille mantelée l'est de la Corneille
noire ; il ajoute que sa dittérence avec ce dernier, si elle est niée en
Angleterre, est reconnue par presque tous les ornitliologistes du
continent. Nous ne VDudrious pas être aussi aHirmatif. En tous cas
si le Pallas grey Shrike n'est point ])lus distinct du Great grey
Shrike que le C. corrus ne l'est de corni.r, il n'y a point lieu, dans ce
cas, d'établir une différenciation spécifuiue, comme nous le verrons.
Voici, d'après lui, quelques indications sur l'haliitat en Europe
de la Pie-grièche grise de Pallas.
Le Pallas grey Skrike ou f.. major serait un hôte accidentel de
l'Ouest de l'Europe, il s'y montre cependant assez pour qu'il
puisse être considéré comme un voyageur régulier, quoique rare.
Plusieurs exemplaires sont conservés au Musée d'Edimbourg.
Gray (4) aurait vu « au moins deux douzaines » de Lanier gris tués
en Ecosse (( ayant seulement une barre sur l'aile. » Dans la collection
de M. Borrer existent deux exemplaires tués dans le Sussex. Il en
a été aussi abattu près deCardifï. M. Backhouse, ami de .M. Seebohm.
possède un spécimen dans sa collection qui fut obtenu près de York,
tandis <[ue dans le Musée Britannique on conserve un individu tué
dans le même pays. Autant que M. Seebohm a pu le savoir, tous ces
(1) A. Iiistorij of britisli Birds, p. b07.
(2) Ibis, IV, p. 18uet 1S6, 18S0. Consulter .loiirnal fiir Oinilliolo.aic (p. 96, .lanvier
1K7S) siii- la i-echerclip, par M. Tscliiisl, d'exiMiiplairos /.. ilajor.
(3) .1. History british Birds. p. 59o.
(4) Oiseaux de iOuesl de l'Iicosse, cit. par M. Seebohm.
OISEAUX HYBRIDES IlENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 383
exemplaires ont été pris en aiiloinnc, en liivor ou an commence-
ment du printemps. Sur le continent il en a été trouvé à Sarepta en
Mars; dans la Crimée en défonibre, dans les provinces Baltiques à
la (in d'août, près de Stockiiolin en automne; près df Bergen en
octobre; outre beaucoup de localités d'Allemagne, d'Autriche,
etc. (1).
Le Lanier ijris de Pallas se ro|iro(luirait dans tout h' Midi de la
Sibérie 65" lat.), où il est un émif^rant partiel hivernant eu
Turkestan (2). M. Severtzow a donné des indications sur l'habitat
du /.. »if;;or dans cette contrée (3). Le /.. major se rencontrerait aussi
au Jajmn (i). Benoist Dybowski l'a rencontré au Kamtschatha;
on le verrait aussi à l'ile de Behring (.ï).
Voyons maintenant ce que, coutrairement aux opinions émises
par M. M. le D'' Cabanis, Secbohm et D' Gadow sur la distinction
du /.. ninjor et de /.. e.rcubilor, pensent d'autres ornithologistes et
en premier lieu M. R. von Homeyer qui a pu comparer entre elles,
et sans doute simullanément, cinquante et une pièces de dillérentes
provenances. M. von Homeyer dit en effet avoir reçu de .M. l'Ins-
pecteur Meves, de Stockholm, vingt-trois belles pièces empaillées.
/.. r.rniliitor et A., major, et onzi' autres de la collection de M. Tancré
d'Anclam, lesquels, avec les dix-sept qu'il possède, passèrent entre
ses mains et purent être examinées avec les spécimens du Musée de
Berlin, sans compter les autres nombreuses pièces vues auparavant
et déjà étudiées.
Ce nouvel examen a complètement confirmé M. von Homeyer
dans sa première manière de voir, à savoir (|ue la distinction de
L. p.Tcuhilor de L. major n'était jioint possible, « attendu ipie le
miroii' du bras qui consiste chez le f.anius excubUor typique en
une grande lâche blanche, diminue [)eu à jieu chez un nombre
d'Oiseaux, à ce point que, linalement, il se change en une petite
tache mélangée de blanc et de noir qui se trouve près de la
(1) Tous ces exemples smil cilés dans A [lialnri/ nf Brilifh iiinh, p. iWli.
On signale éfîalemcnl ilaiis nue pelite collection de fiianwûrfier, envoyée de la
Ilonfîiie npérieiire à M. von Tscliusi, nn Laninitf mdjor Pal). (|iii smail le onzième
cnnslali' par M. Tsclinsi. K^'aleniciit, dans celle pelilecollçclion. se trouve uneaiilrc
pièce se rappcocliani ilc I.. Jldinfijcri Cab. (Jonmal fiir Oniilliologie, p. ISOO,
oclohre 1S7S).
(2) A llhlorn nfllrilisli llird.f.
Ci) Diisser, ]lii.t, p. 18'i, IS7C..
(4) Même revne, p. ,'H. 18H4. Voir aussi p. lil.'i.
(.'>) lUillelin lie la Société Zoolosicpie de Fiance, p. ."Kil, ISS:t.
Sur l'habitat de /. majitr, on pourra encore consulter D' (iailow, l'itUtlogur /Viy.-c-
rifnrmes, p. 2:«t, I8SS.
38i A. SUCHETET
raciue des plumes, taclie qui, cliez maiuts Oiseaux, disparaît
presque totalement, en sorte qu'où ne peut distinj^uer à laquelle
des deux espèces l'Oiseau appartient. » En outre, M. von Ho-
meyer remarque que certains vieux mâles montrent les mêmes
degrés successifs de blanc et de transition très parfaites, et
d'autres marques de vieillesse. Les cinquante et une pièces dont on
vient de parler, et qui proviennent des pays les plus divers, com-
prouneut, en outre des types rappoités à L. c.cculiilur et à L. major,
d'autres individus rapportés à la forme L. Homeyeri. Il ne serait point
sans utilité de les passer tous en revue, comme M. von Homeyer a
eu soin de le faire, mais cette étude nous entraînerait trop loin :
remarquons seulement que parmi huit pièces de la Laponie et
de la Suède, qui ont la tache plus ou moins cachée, se trouvent des
Oiseaux chez lesquels il est difïïcile de remarquer la trace d'une
tache sur l'humérus ; à ce genre se rattachent encore trois Oiseaux
de la même contrée parmi lesquels un vieux mâle sur lequel
ou ne découvre guère qu'une plume montrant un endroit marbré
de blanc et de noir. Tout à fait semblable est un Oiseau de Baïkal
reçu de M. Dybowski comme l.anius mollis. Les Oiseaux du Volga,
L. homeym, ressemblent tellement à certains vieux mâles de
L. excnbitor, ajoute M. von Homeyer, qu'on ne saurait établir entre
eux et ce dernier type une différence spécifique. Chez bon nombre
lie L. »iO;/o?' leur maintien seul indique si on doit les classer comme
L. cxculiitor ou /.. major, etc., etc.; bref, aucune distinction solide
ne permet d'établir la valeur spécili(iue des uns et des autres, tel
est l'avis du savant ornithologiste (1).
Le professeur Collett, de Christiania, qui n'a pas moins étudié le
sujet que M. von Ilemeyer, a cru devoir criticiuer aussi, et très
vivement, le D'' Gadow (2) d'avoir rangé à titre d'espèces de simples
variétés ou races climatériques de Lanius qui, en somme, après
avoir présenté des degrés variés de transition, liuisseut par s'iden-
tifier complètement eu une seule espèce, pouvant servir de type;
])armi ces variétés se trouvent le /.. major, Pall. Le professeur de
Clirisliania a essayé de montrer (3) « (jue la présence ou l'absence
des bases blanches sur les secondaires ne fournit aucun moyen de
direction, et qu'ainsi L. major ne peut être distingué de L. excubitor
par des caractères méritant qnelijue confiance. » Chez des indi-
(1) L'élude de M, E. F. von Homcyei" a paru dans le Journal lin- Ornithologie du
l.rof. D- Jean Ciibanis sous le litre Die Eiiroptiisclien grnssi'n Uiirger, np. l'iS,
1'.'.), ino et i;;i.
(2) Voy. : Ibis IV, n" 13, p. ;«), ISSfi.
(3) .\rrhiv. f. Matheinatick. og Nalurvidenskali. IST'.I.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 383
vicias (les districts méridionaux de la Norwège, comprenant
égaleim-nt li's spi-ciinons les plus tyiiiques de /,. major, les secon-
daires ne montrent aucunes traces de bases blauclies; chez d'autres
les premières indications de cette marque ont fait leur apparition;
chez d'autres enlin ces indications sont élcndues à une tache dis-
tincte d'environ 15""" de larj^eur. Ou pourrait avec une parfaite
indillérence nommer de tels individus L. majur ou /,. r.rcuhilnr. Ou
lient trouver une série non interrompue de transition jusqu'à ce
que la tache extérieure sur les secondaires devienne la inan|ue
blanche dans !.. cirubitor typiciue. M. Collet fait en outre savoir
que M. Meves, de Slockliolm, a dans sa collection deux jeunes
Oiseaux, tous deux tués le 12 aoiU à Ouickjock, en Lapniark,
probablement de la même couvée, dont l'un est un mâle à double
tache /,. c.rrnliihir, l'antie une femelle avec une seule tache, /..
major.
Afin, du reste, de montrer les variations auxtiuelles est sujet L.
crciihltnr, M. CoUett énumère vingt-six spécimens de la Norwège
conservés dans le Muséi' de ITniversité de Cluisliania, la plupart
tués ou réunis jiar lui, ce qui lui i)ermet d'indiiiuer pour presque
tous le sexe, la date de la capture et la localité où elle eut Heu. Ces
si)écimens [lourraient être rangés aussi bien en sept catégories
qu'en deux seules. Nous remar(iuerous parmi les spécimens en
plumage de printemps : un mâle typique L. CdCtihitor sans vermi-
culations, avec tache basale de 2!)'""' sur les secondaires. Deux
femelles du même type, l'une sans vermiculations, l'autre iiossé-
dant de faibles maniues basales normales sur les secondaires;
(9 petits 18-20'n">), le blanc sur les premières plumes mélangé de
noir. Puis un mâle pn^sque typi(|U(! /.. major, avec vermiculations
comparativement distinctes; l'indication de la tache basale sur les
secondaires montre comme une petite tache gris blanchâtre (lO™™)
sur la troisième plume. — Un autres mâle typi(|ue /.. major, sans
aucunes vermiculations, la tache basale sur les secondaires manque
absolument. — Une femelle du même type, également sans aucunes
vermiculations, la tache basale sur les secondaires est seulement
indii[uée par un poinlillement ])resque impcrceplii)!e de blanc sni-
une seule plume.
Parmi les spécimens en plumage d'été, M. Collett parle d'un mâle
ty|>iqne /,. e.rruhitor, abdomen blanc de neige, le crouiiion iires(|ue
d'un blane pur, la plume de la (|ueiie la plus exlérieuri' {>r(;s(|iie
entièi-enient blanche; la marcpie basale sur les secondaires nor-
male. Kiisnili' iini^ femelle typique; /.. major (s'élant aliii'e avec le
ileuxièuie spiMinien) i|iii jirésente de faibles traces de verniieula-
38(l A. SUCHETET
lions ; la plume la plus extérieure de la queue a une grande et
large tacUe noire ; la tache basalc sur les secondaires nian(iue abso-
lument. — Coniuie spécimens eu i)reniier plumage, le savant profes-
seur cite encore deux mâles, type excuhitor, couvés ensemble, avec
taches basales normales sur les secondaires ; une femelle type L.
major, delà même couvée, dont la tache basale sur les secondaires
manque totalement. — Puis, comme spécimens |en plumage d'au-
tomne, un mâle typique crrubitor sans vermiculations, avec grande
tache sur les secondaires, plume la plus extérieure de la queue
presque entièrement blanche; quatre autres spécimens avec traces
de vermiculations et tache basale sur les secondaires normale. Un
mâle presquo typique L. major avec des traces de vermiculations
et une faible indication de tache basale sur la seconde plume des
secondaires, etc., etc. — Eulin nousnoterons parmiles spécimens en
plumage d'hiver, deux mâles, types /-. ««yor, avec traces de vernii-
culalions; dans un de ces spécimeus la tache sur les secondaires
manque absolument, dans l'autre elle est indiquée par un point
blanc.
Nous ne pourrions rendre compte de toutes les savantes obser-
vations que cite le ]U'ofesseur, et nous renvoyons, pour plus de
détails, à son étude (i).
On trouve encore de précieuses indications sur le même sujet
dans un travail de M le D>' Otto Finsh (jui, avec les matériaux du
Musée de Berlin, s'est livré à une étude du genre de celle de
MM. von Homeyer et r.ollett. Après avoir rapi)elé que l'absence des
taches blanches ptérygoïdes sur les plumes des ailes propres à
L. excuhitor caractérise /.. major, il observe que cette marque dis-
tinctive est très variable Deux spécimens sibériens ont la base
de l'omoplate des ailes blanche sur les deux côtés des plumes,
mais ce blanc est tout à fait caché chez l'un par les plumes
brunâtres et pointues quand les ailes sont croisées ; ce blanc
devient visible chez le second dont les bordures brunes de l'extré-
mité sont déjà émoussées ; celui-ci devrait donc être classé comme
L. e.rcuhitor et celui-là comme L. major. Le L. mnjorn'esl aux yeux
de M. le D' Otto Finsh (ju'un rvcuhilor dans la livrée d'automne
après la sortie de la mue. Un /.. llomniferi, Cab. il. Icitroptcrus,
Severtz.), unique spécimen rapporté par le docteur, pourrait ne
représenter qu'un L. excubilor dans la livrée usée du priotemps(2),
etc.
(1) Ibis IV, 11» i:i, p. 311. .laiivier I8.SC1.
(2) Voir ■■ flci'.'-T nnrh W est -sibérien in jtihre IS'H, p. 188.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE '.iSl
La série presque (.•oiupléle d'uu /.. niajur jcuuc de l'Aïuor à
L. exctibitor a été constatée par M. Seeboliiu lui-même (1). M. le
D"' Fiusli aurait aussi n'inontré des séries de transition entre les
deux types (2j.
Sous le bénéfice de ces observations, nous parlerons des soi-disant
niélanjies (|ue l'on a cru constater. D'après M. Sceboliin, un grand
nombre de spécimens /.. iiuijor, obtenus à lliliyolaud et près de
Constautinople, à l'époque de la migration, sont le résultat d'un
croisement avec la Great grey Slirike(/.. crriz/^/or), croisement ayant
pu s'opérer dans le Nord-Est de l'Europe. 11 est cependant liossible,
ajoute le savant ornithologiste, que les Oiseaux, se reproduisant
dans le Nord-Est de l'Europe, ou même daus le Nord occidental
de la Sibérie, soient de race intermédiaire, mais les deux exem-
plaires obtenus par Finsh dans la vallée de l'Obb paraissent être l'un
demi-sang et l'antre quarteron. En thèse générale, M. Seebohni
admet que les deux types se croisent « là on leurs ovdvas {runijcs}
géograpbi(|ues se rencontrent (3). »
M. Collelt a cilédes faits beaucoup plus précis. Lorsfjue, eu 1884,
il était à Dovre-Fjeld, il rencontra, le 'M juin, dans une forêt de
sapins, à une haute altitude, près de lljerkiu, une famille de
Laniers comprenant, avec les parenls, toute une couvée de petits
venant d'avoir leurs plumes et revêtus en conséquence de leur pre-
mier ])lumage. Il tua trois de ces petits; le reste s'envola en com-
l)agnie des parents. Or, deux de ceux qui furent tués étaient
des mâles et se rapportaient en tout à des spécimens typi-
(pu!S (11! I..i'.iritliitiir: la tache sur les secondaires était très grande
et blanc de neige avec la longueur normale de 2(j'°'", dans un
de ces jeunes elle était même de 27™™. Le troisième exemplaire, une
femelle, était au contraire un individu typi([ue de /,. major
n'ayant pas la [dus légère mar(iue de bases blanches sur les secon-
daires. Sous d'autres rapports les dillérences entre ces trois indi-
vidus étaient extrêmement légères. Pendant l'été de I88."i, M. Collett
lit une observation semblable en Finmark ; il tua dans une nichée
un mâle et une femelle dont le premier était, sous tous rapports, un
spécimen typi(ine lie /.. l'icuhilor; la femelle, au contraire, avait
une seule tache /.. major, sans trace d'aucune tache intcrieure sur
les secondaires. Le 30 juin, en compagnie de .M. Landniark, M.
(1) Voy. : ll)is. IV, PII. 114 et ISH, 1880.
(2) Vcik k. k /.mil. hiit. des., p. ISS. Vieniio, 1S79, fit. par le prof. Ccillcll. iii Ihis,
\m;.
Ci) A Bistury of Brilish Uirds, I, p. DOiJetaDO. LonJrcs, 1883.
388 A. SUCHETET
(loUetl trouva encore, [irès le Laiia-Elv, un nid de Pie-grièche cou-
tenant six petits. Ce nid était placé dans un Bouleau à environ
quatorze milles de l'enibouchure de la rivière. On voyait facilement
le nid, dit M. Collell; il était construit de rameaux secs et unis
avec de la paille, fortement garni de jjlumes blanches du Willow-
Grouse, et aussi d'un peu de laine et de coton de Saii.r lanata. Les
petits étaient environ de la taille du Moineau et nus, quelques
plumes poussaient. Les parents qui montraient une grande anxiété
furent tués facilement. Le mâle était un L. cxcubitor normal, de
couleurs très pures, il n'avait aucune trace de vermiculations sur
l'abdomen blanc ; la femelle était, au contraire, /,. major typique et
montrait dans son ensemble des couleurs un peu plus foncées que
le mâle, le croupion était seulement un peu plus clair que le dos ;
dans le niàle cette pailie était d'un blanc pur.
Ces exemples d) qui moulrent que la forme à une seule tache et
la forme à deux taches peuvent se trouver simultanément dans une
même couvée, et aussi que les deux types se croisent, sont avec
raison, pour M. Collelt, une preuve que /.. niajur ne peut être con-
sidéré comme une espèce distincte de /.. c.irabitor. Mais peut-être,
comme nous avons eu soinde rindiqueroncommeuçaiit, u'existe-t-il
même point une variété ou race stable ; on est eu droit de supposer
plutôt que L. excubitor, sujet au dimorphisme, offre deux variantes
dans les taches blanches des ailes, particularité ayant été la cause
des erreurs qui se sont produites.
Il n'y aurait donc point, dans ces divers exemples, de croisement
à proprement parler, même entre deux variétés d'un seul type !
Nous n'avons pu, dans cet article, donner une analysedu mémoire,
également très important, de M. J. Reinhardt (2), la traduction qui
nous avait été faite du texte danois ayant été perdue. Du reste,
nous croyons nous être assez étendu sur un sujet qui, certes, ne
mérite pas une étude plus longue etavoir tait sutnsamment connaître
L. major que certains ornithologistes ont encore considéré, mais à
tort sans doute, comme un état d'âge ou simplement une femelle
de la Pie-grièche grise (3). Si nous voulions en terminant faire con-
naître l'opinion de ALM. de Selys Longchamjjs, \\l. Dubois et von
Zschuzi de Schmidofïen (4), ce serait pour nier de nouveau la
(1) Tous rapportés par M. le pi-of. Cullcll (ll)is, IV, n» 13, p. 30. janvier ISSfi.
(2) Om Lanius major, l'ail. Kog deus Fore Komst lierilamlet of J. Reiulianlt
(iMcddeIt den ;>'* marts 188S, pp. 387 à 30(i) in Videnskaheli^'e ira Natiu'liislorisk
Foreing i Kyolenhaven, 111, lS79-iS0.
(3) \'oy. sur ce sujet Ueiiland et Gerbe. Ornitlwlogie Européenne.
(4) D'après leurs eommunicalious reçues.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 389
valeur sinrifuine de ce \y\>v (|iip M. Sclater (lualiliait deriiièremont,
dans une lettre ((u'il voulait bieu nous adresser, de (((/o((/;(/u/.s7*c(v>.s' »
(espèce douteuse), et ([ue M. Blasius a sans doute bien déterminé
en l'appelant « un capriee de la nature » {l'ia nalurssiilcl in dicsrr
r(iri(ili(in) (i).
Lanius ExccniTon et Lamus leicopterus
M. Seeholun dit (2) que dans le sud-est de la Russie, les lii,niées
(the ranj;es) du Wliite-wiuged grcy Skrikc (/.. leiicuplerua) et du
(ireal-^rey Skrike (L. exrubitor) se reucontrent (3), et que sur le bas
du Voli;a{4), le plus grand nombre des exemplaires sont des formes
intermédiaires. Ces types ont été décrits comme une nouvelle
espèce sous le nom de Liinius hoiiieyeri et se trouvent rarement en
Sibérie. Il y a tout lieu de croire, ajoute M. Seebohm, que ces
formes intermédiaires sont le résultat d'un croisement.
Il ue faut voir encore dans le leucoptfms qu'une race du /.. crcii-
hilor (si race il y a). Ce [.nniits, d'après M. Seebohm, a le blanc de
l'aile plus développé que chez le grand Lanier gris ; ceci serait prin-
cipalement remarquable sur les plumes secondaires qui oui la
moitié de la base des deux barbes, et presque la barbe inlérieuic,
entièrement d"uu blanc jiur. Le D' Gadow a donné une descri[)ti()ii
détaillée de ce type qui prête, sans doute, à quelque confusion,
car M. Dresser parle d'un Ldnius leucoplfriis devant être assimilé
au Lanius lloinnjrri (o).
Les croisements indiqués par .\L Seebohm ne le sont du icste ([u'à
titre hypothétique.
Lanius excubitor et Lanus borealis (0).
D'après .M. Seebohiii, le /.. cinibilur parait (7) se croiser en
Asie avec le f.. horealis A'iell, sur toute la ligne de démarcation (pii
le sépare de ce ty|)e et qui devint la forme dominantedans l'est delà
Sibérie. « Eu .\méri(iue probablement, ajoute .M. Seebohm, la race
(1) Journal tûr Ornilliologio, p. 46, janvier I.S.S2.
Voir sur le mOiiie sujet la noie qui termine l"arliele /.. excubilnr il /.. Iiorealis.
(i) A Historu o[ Ilrilinh Binh, par II. rieebohin. I. I, p. il7.
|3) Impinge.
(4) Lower Walga by far. Catalogue of Birds o[ Brilish .)/ii,«H»(, VIII.
(li) Voy. Dresser, .Voies on Secerlzuw, etc. Ibis, Vil, pp. IS;{ el IS4, IXiCi.
(Cl) .Synonymie : Lanius e.rcnbitor, Korl. Wils. .Vuil.
(7) Ibis, iV, pp. IS5-18G, 1S80.
390 A. SÙCHETET
pure borealis se rencontre seule, tandis qu'en Asie existent non
seulement des Oiseaux de pure race des deux espèces, mais aussi
des liyljrides de leurs croisements et entre-croisements ».
Quoique le borealis dillère de Vexcuhitor par la coloration de son
poitrail maculé de gris, ce n'est encore là, sans doute, tout au plus,
qu'un croisement entre variétés d'une même espèce, si même ce
croisement existe? car si le horenUti est relié k Vexcuhitor par des
gradations insensibles servant de passage du type européen au type
américain, il paraît plus naturel d'attribuer ces moditicalions aux
iulluenees clinialériques qu'à de véritables mélanges de deux types
purs.
Dans ces dernières années, on a érigé au rang d'espèces bon
nombre de formes douteuses de Laniiis qui, certes, ne méritent pas
ce titre. Aussi, est-ce probablement avec raison que M. Seebohm,
considérant que les parcours géographiques de tous les Laniers
gris (Grey shrikes) sont reliés les uns aux autres, dit qu'il ne serait
pas sui'pris d'apprendre qu'en beaucoup de cas où ces l'ormes habi-
tent les mêmes districts, elles se croisent habituellement. Dans ce
cas, d'après lui, uneou plusieursdes formes ainsi croisées, devraient
être descendues au raug de sous-espèces; mais, ajoute-l-il, on ne
pourrait les réunir comme MM. Sharpeet Dresser paraissent l'avoir
lait (1).
L'article de M. 0. V. Alpin, de Blowham, publié dans leZoolo-
gist (2), et que nous reproduisons en note, montrera, les diffi-
cultés qui se présentent lorsqu'on veut déterminer certains types,
vu sans doute le peu d'importance ou même le peu de slaljilité des
caractères de ces derniers, ce qui vient encore en faveur de l'unité
spécifique (3).
(1) Ibis IV, pp. 184 el 1S5, 1S8G.
(2) P. 28, 1890.
(3) M. 0. V. Alpin, après avoir rappelé que loD'H. Gadow dit qucle L. excubitor
est d'un gris blanchâtre sur le croupion et les couvertures supérieures de
la queue, et que le L. major en dillère par le blanc du bas du croupion et des
couvertures supérieures de la queue, remarque que le gris blauchàire pâle décrit
bien la couleur de ces parties dans L. exciihitor, quoique la tonalité varie dans
certains siiécimens. Mais il est fort surpris d'apprendre que L. major ait les couver
turcs de la queue blanc plus pâle que chez L. excuhilur. Dans ses deux spécimens
approchant du type L. Hoiiieyeri (chez lequel type le blanc sur les secondaires et
la queue est beaucoup plus étendu que chez /,. excubilor), les couvertures supé-
rieures de la queue sont blanc pur, le croupion jdus pâle que dans cette espèce.
Sans doute faut-il reconnaître quelque chose suivant l'âge ou le sexe, .\insi
L. borealis dans le plumage d'été (adulte) est décrit par le D' Gadow comme ayant
un croupion et les couvertures supérieures de la queue blanc pur, mais les jeunes
Oiseaux apparaissent, d'après ces descriptions, avoir ces parties colorées. Dans le
spécimen de Massachusetts de M. Alpin, un jeune Oiseau aiiparemment en plumage
d'hiver, elles sont gris [làle, avec une forle étendue de brun clair. Ce qui fail penser
OISEAUX HYBRIDES HENCONTKÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 3!tl
Famillr (1rs GarnilidiV
Oenre Cyanocorax
Cyanocorax cyanomelas (I) et Cyanocorax cyanopogon (2)
ou Cyanocorax cayanus (3).
(domine le spécimen décrit par M. Geuty sous le iioiii di' Cyioio-
roinx lleilprini si'wlûa rester unique, comme aussi M. (!enty dit
clans sa description qu'il nuit les caractères des deux groupes dans
ù M. .\l|iin ijiu' puiil-iilii' /,. »iajorii":u'quierl le cioiiiiidii lilaiic i|iie lorsqu'il csl liiiit
à liiil ailiillo, ciii' il a pusséili' pendant (niel(|u(' Iciiips un exemplaire di' NorfolU de
celle forme (évidi'nmienl un jeune Oiseau) qui avail le eroupion el les couvertures
supérieures de l;i ipieue yris. tout aussi foncés (|ue ces parties le sont chez ses trois
peaux les plu-^ foncées de L. exculiitdi: ainsi qu<' chez deux Oiseaux inlerrnédiaires
entre celle forme et /.. iiiiijor. Pendant l'hiver de INS'JIWIO, il a cependant ohlenu un
Lanius dePallas, tué à \Vardin(;ton,Oxon, en novembre, qui, autani il a pu le voir,
est entièrement adulte, mais a encore le croupion et les couvertures supérieures de
la queue gris. Les vermiculalions, tonjoui'S présentes dans cette espèce, ne se con-
tinuent pas aux joues et au bas de la gorge, comme dans son jeune spécimen, et
quoiqu'il y ait une légère teinte de brun vif sur les joues et la poitrine, et iilus appa-
rente aux cùlés du dernier, celle-ci est très faiblement dévelopi)ée, sinon sur la léle
et ledos. Cet Oiseau de Wardington est le Lanier gris de la couleur la jilus foncée que
M Oxon ait jamais vu ; sur la tète el le dos, li' gris plombé est aussi foncé que la
couleur de/,. men'/io)i'(/iS, mais la nuance bleue fait défaut. Le croupion csl du
même gris foncé que le dos, el les couvertures de la cpieue sont plus foncées que
celles de tout autre I,anler gris (pi'il ait, mais elles sont légèrement teintées d'une
couleur brnnAlre. M. Seebohm dil que le :,■" /,. major adulte dilTère du grand Lanier
gris par son croupion blanc, M. Oxon désirerait savoir si cela est ex.'icl, car
s'il en est ainsi, à iiuelle forme, se deuiaude-t-il, ces deux Oiseaux avec leur cri.ujiion
et les couvertures de la queue gris (im au moins qui ne peut être nommé un jeune
et qui s'accorde avec la descriplion de /.. major par le blanc ju'esque fané à la base
des secondaires) doivent-ils être rangés? Dans ses spécimens, un examen minu-
tieux permet seul de découvrir quelque peu de blanc près du tuyau des plumes à
leurs bases extérieures. Si ces Oiseaux ne sont pas de purs /,. major, ils doivent
être intermédiaires entre celle forme et excuhilor. El s'il est réellement vrai qui-
/.. major avec le blanc presque fané sur les secondaires a le croupion et les couver-
tures de la (pieue blancs, alors, assurément, dil M. Alpin, les Oiseaux intermédiaires
entre celle forme cl e.rciiliitor !x croupion pùle ne doivent pas avoir ces parties plus
fonci'i's que dans le dernier, comme ils les ont cerlainement,si ses Oiseaux sont inter-
médiaires el non pure race major, ainsi qu'il incline à penser qu'ils le sont. « l)'un
autre coté, ujoute-t-il, si ces Oiseaux à croupion gris sont intermédiaires, alors
M forliuri, !.. »i(//or aurait un croupion gris el non blanc. El si ses Oiseaux sont
de pure race /,. major, alors celte forme a un croupion gris, ii — SI nous en croyons
(1) Synonymie ; Pica cyanomelas, Conus œnas, l'ica cyanomelana.
(2) Pica cyanopogun, Corvus cyanopogon.
(3) Garrulus cyanensis, GarrulU): mystacalis,'Pica albicapilla, Pica carvala,
Cyanocorax mystacalis.
;W2 A. SUCHETET
les(iuels l'espèce ])eut ôtre classée (1), M. Witmer Stone (2) se
demande si ou ne sérail pas en présence d'un cas semblable à
celui d'Helmintopliila Icucobronchialis qu'il cousidère comme
hybride. « Un hybride entre des espèces comme Ci/aïKiciird.T ri/iino-
iii<'l(i.'< et ('. cyanopoi/dii ou C. cajianiiK se rapporterait en elïet de très
])rès, pense M. Stoue, du r. //('///«/(i/, ella rareté extrême, au moins
en apparence, de ce dernier, favoi'ise la tiiéorie de l'hybridatiou. »
Ce ne sont h'i ([ue des conjectures (3).
Genre Garrulus
fiAnniILUS GLANDARIUS (4) et (iARRlLUS KRYNICKI (5)
iM. Nordmanu aurait vu en Crimée, pendant le nniis de septembre,
des spécimens tenant le milieu entre le G. (jlantlavius et le G. Kry-
iticki. .MM. Deiiland et Gerbe, (|ui citent ce l'ait (ti), ne disent point
cependant que M. Nordmanu attribue ces individus intermédiaires
entre les deux types à un croisement de ces derniers. Ils se deman-
lo .Idiirnal fiii' Ornilliulugie (XIII. p. 97 et !IS, janvier 188a), le croii|iiii[i blanc serait
la marque caraclérisliqiie du Liinius Hoiiici/eii. Dans ce numéro, on dit (|ue
M. SclialDw accepte comme douteuse l'exislence delà forme Uoiiieyeri en tant (lue
considérée comme genre à part, tandis que M. lîeiclienow n'admel pas qu'on refuse
à /,. excubilor un vêtement de vieillesse On pourra encore consulter une note de
M. Sliiidow dans l'Auli (I, n" 3, p. 189, 1884), où des erreurs de classement de L.
hore.alis sont signalées. Voir aussi un article de MM. Dresser et Sliarpe (Proceeding
of zoological Society ot London, pp. 391 et suiv., 187(i. etc.). Dans le journal fur
Ornitliologie (p. 247, avril 1884), on parle d'un Lanius borealis mentionné dans un
travail dont on rend compte et qui pourrait probablement être classé comme L.
major Pall., M. Cabanis ayant été d"avis qu'un Oiseau présenté par M. Ilarllaub
comme L. hoi-eaiis (^. i. 0., 1882, p. 270) appartient encore à l'espèce de Pallas.
Euliu sur le même sujet, lire le Joiirn. fin' Ornil., avril 1884, p. 2ol, où on verra
les dillicullés que présente le classement du L. major, et où M. Cabanis dit que si
/,. major doit être référé à une espèce, ce doit être à l'espèce f,. borealis Vieill.
et non à L. excubitor. Nous avons vu au Musée d'Histoire naturelle de Paris un
individu rapporté de Chine par l'abbé David et étiqueté comme t. major. Celte
pièce nous paraîtrait eu elfet mieux classée comme borealis, avec lequel il pré-
sente de noiubreuses afiinités.
(1) Proceedings Pbilad. .\cad., p. 90, 1883. Il a sur les parties supérieures, pour
la plus grande partie, la couleur pourpre sombre el la queue a une bande termi-
nale; blancbe.
(2) Proceedings of llie .Vcademy of Nat. Se. of Philadelpliia, p. 443, 1892.
(3) C'est M. Hoberl Ridgway, de Washington, qui a eu la complaisance de nous
indiquer ce croisement, tout à fait hypothétique, comme on le voit.
(4) Autres noms: Corcus glaiulanus. Glandanus iiiclus, Lanius glitntlarius.
(3) Aulres noms : Corcus glanUarius, var. pileo jtigro, Cori-us ilii-ciili. Car-
rulus glaiidarius nulanocephales, Cornis iliceli.
(ti) Ornithologie européenne, 1, p. 216, 1837.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTnKS A l'ÉTAT SAUVAGE 31)3
dent au contraire s'ils ue seraient pas des jeunes de l'anni'e. Du
reste, M. Nordinann, qui a pu coni|)aiRr un grand nombre <le
Geais à tùte noire et de Geais oïdiuaires, s'est convaincu (|ui' les
premiers ne sont ([u'unc variété de ceux-ci, opinion que partagent
MM. Degland et Gerbe. « Lors((u'on (^\amine, écrit à son tour
M. de Sciys (1), ce ([ue dit M. Seebolim des (iurrulus f/l(nul(niu.i,
atriatpilliis, Kri/nicki, Analoliœ, caspius, sijriacus, qui sont cantonnés
dans le sud de l'Europe et dans les ])arties avoisinantes de l'Asie,
ou constate ([ue ces formes passent de l'une à l'autre et l'on reste
persuadé que le système qui les considère comme des races locales
dépendant toutes de l'espèce linnéenne, (i. ijlandttrius, est l'ex-
pression de la vérité. »
M. Sharpe n'aurait donc ]ias eu raison de porter le (inrrulKs
Kri/inrhi à titre d'espèce dans le catalogue d'Oiseaux du Brilisli
Muséum.
l'aniiltc lie Corvidœ
Genre Corvus
CORVLS CORAX (2) et CORVUS CORONE
Est-il présuMialiie qui' ces deux espèces se l'éunisseut? Aucun
fait positif ne le prouve. Ou trouve cependant dans divers ouvrages
une menlioii de ce croisenienl. .\insi, dans le Dictionnaire de Dupi-
ney de \'()reiiierre on lit cette phrase : « Parmi les Oiseaux, laiil h-
monde connaît les hybrides... du Corbeau et de la Corneille. »
Gérard, dans le Dictionnaire d'Orbigny (.'5), répète la même asser-
tion : (I Le (Airbeau s accouple avec la (Corneille. » Mais très certai-
nement ces auteurs, qui n'ont point employé i)Our désigner le
Corbeau le mot scientifique C. rorar, ont voulu parler du croisement
du C. eoriine et du C. corni.r, croisement, on va le voir, très commun
et connu des ornithologistes depuis longtemps. Cette remarque
peut aussi s'appliquer à un article de l'Isis où l'auteur se sert, il est
vrai, du mot /(«//r- (Corbeau) (4), mais il ressortévidemment du texte
que les deux espèces envisagées sont la Corneille mantelée et la
Corneille noire.
Le prof. Severtzow a cependant, croyons-nous, mentionné en
Sibérie l'existence d'hybrides de C. cwax et de C. corone; malheu-
(1) ili'moire fiiir le genre Wésange. liulletin de la Société Zoologique ile France,
p. 1\\, IS,S4.
(2) On Corius ma.riniii.^.
(•i) .\u mol Espèce, p.44o.
(4) Voy. : p. ïi, Leipzig, 1828.
:{9'( A. SUCHETET
reusemeiit nous ne saurions dire dans quel ouvrage celte mention
a été faite, les notes que nous avions prises ayant été égarées.
Aussi, n'ayant pu nous assurer positivement de l'affirmalioa du
savant naturaliste (que nous lui prêtons peut-être à tort), nous la
donnons sous toutes réserves; d'autant |)liis que le rév. Maepherson,
deCarlisle, qui a cité quelque cliose de semblable dans le Field (1),
nous informe que les renseignements qu'il fournit n'ont point été
])nisés chez ce dernier auteur. Ils l'auraient été plutôt dans les
Proceedings ol' the Berwick siiire Naturalist's Club (2). Le révérend
se montre du reste très sceptique à cet égard et ajoute : « nof
prov'cn II non prouvé.
Toutefois il nous faut citer un exemplaire que iM. van Kempen,
de Saint Orner (Pas-de-Calais), conserve dans sa coUectien et qu'il
suppose provenir de ces deu.K espèces. Cet exemplaire a été acheté
par lui eu Allemagne, en 1883, à M. le Dr Schaufuss, de Dresde,
qui, lui-même, l'avait obtenu d'une autre collection privée. L'Oiseau
adulte, de couleur noire, tué à l'état sauvage, nous dit M. van
Kempen, est presque aussi grand que le ('. curaj-, et a notamment
le bec plus fort que les hybrides 6'. coronr X C. corni.r, ce qui
fait penser à M. van Kempen qu'il est bien hybride de C. cnrax et
de C. corone !
Convus CORONE et Corvus cornix (3).
Le croisement de ces deux formes se produit fréquemment en
Allemagne, en Autriche, en Ecosse, en Sibérie et peut-être aussi
en Italie. Eu France et en Hollande on a tué ou capturé quelques
exemplaires. Voici, sur ce sujet, les renseignements iitie nous
avons obtenus ou que nous trouvons consignés dans divers ou-
vrages :
Allem.\gne : M. F. Eiters, inspecteur des forêts du duché de
Brunslnvig, a remarqué à Grashbeu, près de Harnisladt, un couple
composé d'un C. corone et d'un C. conii.r, toutefois ce couple n'au-
rait jias eu déjeunes, M. Eiters robservaitavecsoinclia([ue jour(4).
Le docteur Ferd. Uudou, de Perleburg, Prusse, observa pendant
(1) Hybridity in AniinaU, :jl mai 18!)0, où on lit : « La Cariion Crow • a élé
sigiiiilée connue s'appariant dans ce pays (la Sibérie) avec le Raveii (Corbeau).
(2) Le Secrétaire honoraire de la Société, M. James Hardy, a|irès avoir bien voulu
faire des reclierches pour nous dans cette revue, nous assure cependant qu'il n'a
trouvé aucune note de ce genre, mais seulement un article de M. G. Balam concer-
nant les Coi'vus corune et Corni.v.
(3) .4utres noms: Cornix ci nerea el Corone cornix.
(4) Cette communication nous a été faite directement par M. Eiters.
OISEAUX iiviiruDKs nENCONTRÉs A l'ktat sauvack 3'J;j
les années 1887 et 1889 trois oxcuiplaires croisés. L'iiu do ces
Oiseaux fut tué par lui, depuis les autres ont disparu (I).
M. Cari Bieber (2) tua au vol dans la |)laiuc de Hamstadt, prés de
Gotha, un jeune Oiseau dont les parents avaient niché dans la
phiine de BriUiheiui, également prés de Gotha. Suivant les obser-
vations qu"a pu faire .M. Cari Bicher, le i)ére de ce métis était un
cnrnis et la mère un curanc. Cet Oiseau nous a été envoyé par M.
Bieber. Celui-ci tua deux autres exemplaires du niéine nid ipii
sont encore aujourd'hui en sa possession.
M. Paul Matschie observa, pendant l'été, un Nebelkràhefr.coDtu;,
qui s'accoupla avec un C. mroni'. La première fois le Nebclkriihe
était un cT ; la seconde fois cet Oiseau était une Ç (;i).M. Matsciiic a
l)ublié(4) une liste d'observations faites sur les territoires suivants
et d'où il résulte (ju'on ani-ait observé : à .Munich, deux couples
hybrides (5); à Miiunersdat, près Kisseingen, en 1883, une cou-
vée (6); à Zwischenahiner, 1871 et 1872, parfois une famille; à
Rccki'dorf, lires Ilermannsboni-j;. deux couvées en ciii(|uante ans ;
ù llusum uue couvée.
Dans le territoire de l'Elbe, habité par les deux espèces, ou
connaît aussi des Iiybridalions dans plusieurs stations (7). En 1881,
il a été remarqué dans le district de Wiltenberg et de Seehausen (8)
un couple avec quatre jeunes dont le père était visiblement
un r. rarnix et la mère un C. niram' (!)). En 1887, dans une excur-
sion faite an mois de juillet dans la région de l'Elbe,
M. Herniau Schalow ne trouva vers l'est de Clôwen (|u'uii petit
nombre de couples purs et observa que le C. rnroiir et le C. ranu.i
(1) Ciimmiinication du H' Ruiloii. Dans Mdiiiit/'schrifli'H (I^S7, pp. IT.'i et 17(i). le
docteur parle d'uu spécimen ijiii lui fui appoilé coiuine élant uu Oiseau étranger.
Il en donne une description que nous reproduisons plus loin.
(2) Conservator (préparateur naturaliste) à (iotha.
(3) Voir \e Journal jiir Ornilhologie, p. (HT. 1887 (Par erreni-, le imm .\chrU;riilie
lijfure deux fois).
('») In Jahresbericlit, 188:5, des Auscliusses fur BcobahtunKs lalimien iln' \ii:.m|
deulschland, pp. 020 et r>2l.
(.'>) D'après llclltrcr.
(H) D'après Reigel.
(7) Op. cit. M. J. Itenner, président de la Société urnitlinlogii|ue de Sluttt;aiil,
nous contiruieces renscigneuients. Les coriinc, nous dilil, ne se tiennent ipie de
l'autre coté de l'Elbe et au sud de la même rivière; tandis rpie les nirni.r se Irouvenl
au n(U'd et à l'est de l'Klbe. Or, on trouve, mais senleuienl dans le voisina;;e de
l'Klbe, sur les deux rives, des mélanges des deux types.
(8) Près de l'Elbe.
(9) Journal fiir Ornitliologie, p. 7;t, janvier 1882.
396 A. SUCHETET
étaient |)ourla plupart appariés (1). (litous encore, il'après Jacliel
(si cette oljservation ne fait pas double emploi) un exein|)laire tué
eu Bavière pendant l'année 1882 (2). Eulin, au musée de Milan
(collection du comte Turati), existe un spécimen obtenu ea Pomé-
ranie(3);M. Taucré, d'Anclam, c'est-à-dire de cette province, aurait
lui-môme tué des hybrides de ce genre (i).
La collection de l'Ecole supérieure d'agriculture de Berlin et la
collection de M. Schutt, à Frihourg, possèdent des croisements
semblables, mais nous ignorons la provenance de ces Oiseaux (oi.
Nauniann, à la suite d'observations personnelles, aurait pu citer
un très grand nombre de faits de ce genre; son père, un naturaliste
chasseur, avait lui-même recueilli une foule d'observations qu'il
avait communiquées à son fils. Le célèbre ornithologiste allemand
raconte (6) qu'ayant tué la femelle d'un couple Rabenkràkeu {('.
corone), qui avait bâti son nid dans ses bois, il vit le mâle
s'accoupler à une Corneille manteiée. Un nouveau nid fut construit
sur un arbre très élevé; cette fois les deux Oiseaux ne furent point
dérangés et purent couver tranquillement leurs œufs. Lorsque les
petits eurent grandi, ils furent pris; la mère elle-même, accourue aux
cris de sa progéniture, fut tuée; le mâle ne put être atteint. Nau-
niann trouva beaucoup d'autres couvées semblables; une fois ce fut
une Corneille mantelée mâle qui s'accoupla avec une Rabenkràben
femelle, dont les œufs donnèrent ciu(j jeunes.
Ces métis s'unissent avec les Corneilles mantelées et avec les
Corneilles noires de pure race et demeurent ensemble toute l'année.
Pendant plusieurs années, Naumann observa un couple composé
d'une Corneille noire et d'une Corneille mantelée dans l'endroit où
ces Oiseaux s'étaient établis; ils ne se séparèrent jamais l'un de
l'autre, suivant les habitudes des deux espèces.
Le croisement des C. corone et des C. cornix dans le Nord de l'Alle-
magne, notamment dans le voisiuage d'.\hbsdorf, a été aussi men-
tionné par Christian Ludwig Brehm (7).
(1) Neue Beilfdge zur Vogelfaunn ron Itriindeiihiinj. p. 27. Naiinilieri:.
(2) Matériaux pour l'Ornithologie de la llarière el Catalogue de.t collections
de l'Ecole polytechnique Furtii. Cet ouvrage nous est cité par M. Parrot. i-anil.
mod. de Munich.
(:î) (lomnuinicalion de M. SordcUi, directeur adjoint du Muséum.
(4) D'après une communication qu'il veut bien nous faire.
(ii) Ces deux communications nous sont faites par M. le D' Emstdclialï et .M. Scliult.
(()) Histoire des Oiseaux de l'Xllemagne, zweiter Tlieil, pp. 62, 6.j et 6i, 1822.
(7) Hantlbuch der Salurgesch. aller Vogel deutschlands, p. Kil. Ilmenau, 1S3I.
Le D' Altun (in Forstzoologie, 11, Vogel, p. 'XH] donne des détails intéressants
sur riialiilat en .\lleniagne des deux types. 11 résulte de ces informations c|ue dans le
OISEAUX HYBIllDES KENCONTUÉS A i/kTAÏ SAUVACB .'J!)7
A l'i'i)0(|ue où le piisteur écrivait sou oiivriiiîi', le D' (loiislanliii
Gloger s'exprimait ainsi : « Là on la Coiueille noire et la Corneille
jïrise sont voisines, comme dans beauconp de contrées de l'Allema-
};ue, tontes denx s'accouplent très souvent sans la moindre dilli-
culté. Kilos paraissent aimer ces mariages car elles se cioisent sans
aucune nécessité; néanmoins les jjetits ressemlilent d'ordinaire à
l'un des deux parents, ceux (|ui sont d'une nuance intermédiaire
sont rares. On aurait même trouvé, en Saxe notamment, desOiseaux
de coloration mélangée, ([ui ne provenaient pas d'un croisement des
deux types, mais qui sortaient d'une paire pure de (lorneilles entiè-
rement noires; malgré les recherches faites dans tous les environs
on n"avait jiu en ellel découvrir aucune (Corneille mantclée.
AuTiucHE : M. le D' Naupa nous écrit que le croisement de deux
Corneilles a été observé à Lin/. (I).
En 18(i7, M. Victor Rilter von Tschusi aperçut sur un vieil Aune
un nid de Corneilles {k'r<ili'i'nn('sl)snr lequel se tenait un (\ corunc (f.
BientiH il vit \enir un <'. rornijc 9 (jui se percha sur un arlire du
voisinage. La femelle ne se montra point sauvage pendant tout le
temps que dura l'incubation, mais lorsque ses petits furent éclos,
il ne fut jilus [lossible de l'apijroclier; elle s'éloignaitaussilùt i|u'on
s'approchait du nid eu poussant de grands cris et revenait bientôt
accompagnée du mâle qui voltigeait avec elle au dessus de l'arbre
où le nid était établi. Lorsque les jietits furent élevés, .M. Tschusi
les fit prendre; pendant ce temjis le mâle et la femelle ne cessèrent
de voler autour de l'arbre en faisant entendre des plaintes, mais peu
à peu, une bande de Corneilles s'étant élevée haut dans les airs,'
les parents disparurent et ou ne les revit plus. Parmi les ([uatrc
petits il y avait un Rabenkriihe (C. curone), les trois antres ressem-
blaient à la Nalii'Ikridie If. cornix), toutefois, les parties grises qui
se rencontrent d'ordinaire chez celles-ci étaient noir;Ui'es chez ces
sujets. En outre, M. vou Tschusi fait remarquer (|u"en 18(Ji), aux
environs d'.Vrnsorf, il n'existait plus de nirni.r [uirs, tous portaient
Noi-'l ili' (Pttc (■i)nli'<''i' 11' corone ()CCii|ii' If ciMi' oursl.lo Ni'ln'lluâlip le cotr orit-iil:il.
l.ors<|ii'nii l'sl en rliemin ili" for ou en liiileiiii à va|K'iir, dil li' |in>fosscni' ilr
NeusIaiU, on peul (|Ui'l(|urfois avoir l'occasion de rcniaiiiucr la sépaiation des denx
races ou vii'iélcs. suivant la région qui sert de limites à leur habitat cl ù leur pi'o-
pa^alion. Une pareille séparation de frontière se trouve par exemple entre
Urannscliweiz et Ma^debourg; plus loin, entre Berlin et Hamliourg, auprès de
Willemburg-sur IKlbe; plus loin encore, entre Linz-sur-le-Danube et Vienne. Or,
lit où les deux v.iriélés se touchent, il arrive souvent ipie les deux parents d'un
mènu' ni<l appartiennent l'un à ime race et l'autre à une autre.
(1) La lettre du ilocleur ne renferme toutefois aucun détail.
398 A. SUCHETET
des marques de C. rorojw ; cependant, en 1863. on voyait enrore
un grand nomljre d'individus d'espèce pure (I i.
M. Micliel Menzbier, pendant un séjour qu'il lit en Styrle,
constate lui-niènie « que le uomljre des G. cornu- à sang impur
surpassait de beaucoup le nombre de C. cornix typiques. » Le
savant naturaliste de Moscou pense qu'on ne peut les considérer
comme produits par le croisement direct du corni.c et de corone « à
cause (les canictères qu'ils prcsentcnt »; ce ne sont pas donc seule-
ment les formes typi(jues qui se croisent, mais aussi les hybrides
produits de ce croisement, lesquels « se croisent de nouveau avec
l'une ou l'autre des formes typiques, aussi bien qu'entre eux », ce
que confirme ses observations sur la nidification. Le croisement
illimité de ces deu,\ formes, c'est-à-dire des formes typiques, de ces
dernières avec les hybrides, et le croisement des hybrides entre
eu.x, n'aurait lieu, d'après lui, (|ue dans rAutriche occidentale,
parce qu'à l'Occident, en Italie et eu France, les hybrides (.'. cornix
et C. corone ne se rencontrent que bien plus rarement (2j.
Ecosse : Le rév. Macpherson dit que le croisement de la Corneille
à charogne et de la Corneille à manteau est un fait connu de beau-
coup de garde-chasse écossais. Rien, du reste, ne serait plus
commun dans le Nord de cette région « que de voir la Corneille
mautelée appareillée avec la Corneille noire » (3). M. J. H., d'Edim-
bourg, fut témoin pendant quatre années successives de l'appa-
riage de ces deux Corneilles (4).
Deux spécimens de ce croisement sont maintenant à Carlisle.
L'un d'eux appartient à M. Taylor Scott, l'autre à iM. J. Barnes (5).
Sibérie ; Pendant ses voyages en Sibérie, en 1877, M. Seebohm
eut l'occasion d'étudier les croisements des deux Corneilles. « La
ligne de démarcation entre la colonie très considérable des cornir
de la Russie et de la Sibérie occidentale, dit le voyageur, et la
colonie non moins nombreuse des corone de la Sibérie orientale,
s'étend entre les villes de ïomsk et de Krasnovarsk, lesquelles sont
à une distance de 3u0 milles l'une de l'autre. En laissaut Tomsk et
(I) .lounial fiir Oi-niUiHlojjie, dirigé par le D' Cabanis, (2) II, p. 240, Leipzig, ISfi'J.
(2i Conférence fuite à ta Société zootogique de France, Revue scientiGque,
pp. dI6 et 517, n° du 26 août 1884.
(3) Voy. Fiekt naturalist Magazine, I. p. 27;i, cit in Magazine nf .Natnral History;
n°' 57-(i8, p. 6o, 1831).
(4) Fielii Naturalist, p. 239, cit. pai- le même Magazine.
(.ï) Communication du Rév. Macplierson.
Au Biitibh Muséum, l'Iiybiide de C. corone el C. cornil est aussi conservé, mais
nous ignorons le pays d'origine de ce croisement.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE .'W!(
en avançant vers l'Est, ou ne voit sur les bords de la roule, pendant
près de 120 milles, ({ue des corni.r, et pendant les 120 derniers
milles, avantd'atteindre Krasnovarsk, on ne trouve que des corune.
Mais pendant les cent et quelques milles intermédiaires, il se pré-
sente un fait assez bizarre; à |)eii près un (piart des Corneilles se,
compose de llooded Crows (C. corni.r) pur sanj; ; un autre ijuart de
Carrious-Crovvs {C. coro/ic) également pur sang; tandis que la moitié
restante est composée d'hylirides de toute classe, quarterons, octo-
roons et ainsi «le siùieml iiil'uiiliiin. » M. Seebolim raconte qu'il fut
témoin du (ait suivant; « Au cercle arctique, dans la vallée de
Yenesay, pendant (jue la terre, aux premiers jours de mai, était
encore recouverte de six pieds de neige, un coni)le de Corneilles
hybrides s'appareilla et bàlit un nid presqu'au sommet d'un pin.
Le 11 mai, le nid contenait un o!uf; le 21, .M. Secbohm monta de
nouveau à l'arljre, et trouva cini| (cufs; il en prit deux. Le ^il, un
œuf était éciosel les deux autres fendillés, ptèls àéclore. Le 26 juin
enfin, étant encore grimpé à l'arbre, M. Seebohm vit que l'un des
petits était mort ou s'était enfui ; il tua la mère et prit les deux
jeunes ». Cet exemple prouve, ajoute-t-il, la fertilité des parents
métis.
M. Seebohm remporta avec lui de Ku-ray-i-ka un certain nombre
de Corneilles se décomposant comme suif : coriii.v pur sang (2 ^f et
1 9); dix coroni' (i) cT et 1 $); et (juinze hybrides (7 cT et 8 $)(1).
Les hybrides ra|)portés de Sibérie par M. Seebohm, se trouvent
au Musée d'Histoire naturelle de Kensingloii (2). Il en existait pro-
bablement aussi dans la collection vendue par M. Wliitaker escj. au
Covent Garden, à Londres, en 18!)0, carie catalogue indiquait, sous
len» 136, un hybride de M. Seebohm (3).
(1) De ces uliilfros, M. Sei'holim a crii iiotivoir coiioliire (|ue l'élcmenl (rniclle
lies coroiie élail en Iraiii de couver, dispersé çà et là dans les hois, tandis ((lie les
femelles hybrides s-e inonlraieiit |ires(|iie toutes stériles! c'est pourquoi il était
aussi facile de tirer sur un sexe (|ue sur l'autre (a). Il nous semble que le rensei-
gnement que vient Ile donner M. Seebohm sur le couple réellement fertile et
observé par lui-même, et bien d'autres observations de ce genre qui ont été citées.
ne sont pas de nature à conlirmer celle manière de voir. Nous ajouterons, du
reste, (|ue la stérilité des parents n'est point toujours un obstacle à la nidilication,
au moins dans le cas où la stérilité vient du parent niAle. Nous avons eu l'occasion
de citer des exemples de ce genre dans nos précédentes publications,
(2) Communication du Hév. Macplierson ; voy. aussi l'ield, :tl mai ISHI.
(Ill Cet Oiseau a été acheté par M. Ilulscliinson, nous a écrit M. Mevenson. coni-
inissaire-priseur.
(o) History of Drili.ih Hirds. I, pp. 547 et , 'H*!.
Sur l'hybridation en Sibérie. On pourra encore consulter du même auteur
t Siberia in Europa • et « Siberia in Asia. »
400 A. SUCHETET
Italie : Nous signalerons les captures suivantes : un mâle
obtenu à Grève (Toscane), le 15 février 1880; un autre inàle venant
de Turin, décembre 1882; une femelle obtenue à Caneo (Goni),
décembre 1883 ; un troisième mâle, mars 1887, d'Oristano (île de
Sardaigne), exemplaire fort intéressant, nous fait remarquer
M. (îiglioli, ([ui nous communique ces renseignements, « attendu
que le C. corane est extrêmement rare au sud des Appenins, dans
l'Italie péninsulaire et insulaire. » Ges (juatre exemplaires sont
conservés au Musée de Florence (I).
Madaniela mar([uisi^ Paulucci veut Itien nous faire savoirégalenieiit
que sa collection renferme un exem|)laire pris à Sandalo fWattelline).
France : Deux individus tués dans la Côte-d'Or, l'un près de
Nuits et l'autre dans les environs de Dijon, figurent aujouiil'hui au
Musée de cette ville (2). L'exemplaire de Nuits fut abattu lia r M. Lacor-
daire (3). M. Magand-d'Aubusson a représenté (4) l'hybride tué dans
les environs de Dijon.
Hollande : Il y a (piebiues années, un exemplaire, observé pen-
dant toute la durée de l'hiver et visitant journellement le .laidin
zoologique d'Amsterdam, fut pris au mois de mars. 11 vécut en capti-
vité jus(|u'au mois de mai. Monté, il orne aujourd'hui la collection
d'Oiseaux sauvages hollandais du Jardin zoologique (5).
Caraclèrea dfs hijhridi's
.Inuu's jinircnanl d'un coniilc C. corone (^ et C. curni.c $ (obser-
vation de Naumann) : deux noirs comme le mâle, deux autres gris
et tout à fait semblables à l;i mère.
Autres jeunes du même eroisenient (observation de M. Ritter von
Thusi) : un ressemblait au Rabenkrâhe (C. cororie), les trois autres
au Nebelkriike (C. corni.r), mais les parties grises qui se rencon-
trent d'ordinaii-e chez ceux-ci étaient noirâtres.
.leinies pnireniiDt d'nn eoiipir C. corni.r (J' et C. conine $ (observa-
(1) LliyljiidL' (11' (iivvc el ct'liii ili' Tiirin oui été cités dans Primi) resncoiilo itri
regiitlali, olc.. p. 70. Kloroncc, IS'.II. I^es ilmix autres sont iiiscrils deimis peu au
('atidoj,Mie, c'est pouiipioi l'ouvrage de M.Injjlioli.édilo en ISIM, n'en (ail pas iiicnliDn.
(2) CoiMmiiniralion de M. E. Collot, directeur actuel du Musée.
(3) Ces renseignenienis nous sont envoyés par le D' Louis Marchant, mais Ils ont
élé consignés dans le Catalogue des Oiseaux de lu Cùle-il'Or, publié par le D' Mar-
chant en 1800, [i. 2:)1. Voir aussi le Catalogue des Oiseaux du Doubs et de la
Haute-Stn'ine. par M. Lacordaire, publié par M. Marchant en IS77.
(i) Moiiograpliie des Coreidés. Nous n'avons point consulté cet ouvrage.
(ii) Communication de M. A. van Bemmelen. Le journal de la Société zoologique
Néerlandaise a tait mention de celle capture.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l/ÉTAT SAUVAOK 'lOl
lioinle .\,ium;inn) : deux coiiiplèleiiieiit sciiilil;ibli's à la inèio, (l(nix
tout à fait st'iiiblaljlps au père, le ciaquiènie tenaut des deux parents
par son pluniaj^e.
.1 utresji'HHi's il II nii'iiii' croisnin'nt {ohsevvalion de PauLMatschie) (I):
trois d'un ini''nie nid presque tout uoirs coninie la 9, la qunlriènie
tout comme la Corneille inanlelée.
Auti'f jeune du iiirine eioiseiiienl'! Lu individu acheté par nous à
M. Cari Bieber, de Gotha, ne nous paraît point pouvoir être diflé-
rencié d"un earonc, il est uoir et ne montre pas de traces du manteau
gris de C. corni,r. Les deux exemplaires (que possède encore M. Bieber
et qu'il suppose du même nid) ne se distinfcueraient que peu du nôtre.
Un csemplnire (présenté à .^[. le D'' Rudon) 12.): « fri"0sseur du
rorr».s' foro/i^' (plus petit habituellement que Corris rorni.r'.) Vu
de devant, la couleur est celle du co/ojie ; la tète, le dos, les ailes,
la queue d'un noir blenàtre; sous les ailes, |)lusienrs |)lumes f^ris(!S
qui se trouvent eachéis lorsipie l'Oiseau est en repos. La |K)itrine,
au conti'aire, resseiniile plus à celle de t-nriu.r, la i^oi'ge est de
couleur i^ris noir; de la iîor;,'e jusqu'à la (|ueue s'étend une teinte
gris clair, au milieu de laquelle uue large tache noire. . . . La cou-
leur grise se sépare sans transition de la couleur uoiri' du dos, les
jambes ont aussi la couleur f()n(é(! du corni.c. h
Hybride (de la collection de .Madame la marquise Paulucci, à
Certaldo, Val d'Eisa, par Monte); couleur générale noire, mais la
poitrine, au-dessous du collier noir, est entourée d'une large bande
gris cendré nuancé de noir (.'ij.
Les deux erempluires (conservés au Musée de Dijon), de la taille de
la Corneille ordinaire, ont, sur le cou et à la naissance du dos,
un manteau de plumes mi-jiarties brun foncé et grises, rap|)elMut
le manteau gris de la Corneille mantelée (4). Le Musée de Chiir
possède, d'après M. Brugger, un exemplaire de coniix qui, par sa
couleur foncée, rappelle le Rabeukràhe {('. corone); M. Bnigger est
porté à croire que cet Oiseau est un hybride. La Corneille liybride $
que tua .M. Seebohm dans la vallée de Venesay le il) juin, « parais-
sait être aux trois quarts une Corneille corone. I>es plumes de
chique côté du cou et de la partie inférieure de la poiti'iue (gosier)
et du ventre étaient grises avec des centres de couleur foncée. Le
màle, qu'il ne put tuer (mais (|ui fut examiné au travers de son téles-
(1) ,liinin;il (iir nriiilliolofiii', p. C/iT, 18X7.
{il Décrit diins .Voiinf.-f/in/ïc/i, p n:>, I8S8.
(3) Ce.i rensci^-nciiirnls iioils sont oiivoyés par M" la nianiiiisc r.iiiliiici cl m)IiI
conlirinés par M. .Mafinclli. prfparali'iir au .Miisoc do Klortiicc.
(4) Kenseigiiciiifiits du M. L. Collol, diieclour actuel du .Musée.
402 A. SUCHETET
copt:), nvait plus de s;ing de ainii.r (jue n'en avnit la femelle, ayant
autour du cou un grand anneau gils et montrant beaucoup de gris
sur la gorge et sous les ailes (1).
/.*' siiécimen de la collection Tuiati (porté au catalogue comme
hybride) <( ne dillère pas de coroiie, soit par les proportions de
toutes les parties du corps (autant on peut relever sur le sec) et la
forme de la tète, soit par la coloration noire à reflets violacés ;
la région ventrale est seulement un |)eu plus pâle (|ue dans le type,
cette particularité est due aux plumes qui sont noirâtres le long de
la lige seulement. Le dessous de la queue est presque noir (2). »
Les (jiuitro i:i-cinplaires (du Musée de Florence), le cf de
Grève : « Dos presque entièrement noir; le gris se voit à la
marge de quelques plumes et à la base de toutes; plumes des
parties inférieures d'un gris noirâtre et largement tachetées de
noir au centre. Prévalence de C. corone. » — Le (f de Turin :
« Les plumes grises du dessus et du dessous ont_ simplement
une tache noire plus ou moins grande au centre. Pré valence.
C. çorni.c. ii La 9 de Cuneo « ressemble beaucoup à ce der-
nier, mais le gris sur le dos et sur le ventre est plus clair, les
taches noires centrales étant plus petites, sur le dessus simplement
des traits longitudinaux. Prévalence C. cornir. » — Le cf d'Oris-
tano : La partie inférieure du dos, de l'abdomen et les sous-cau-
dales sont noires. Le gris au milieu du dos et du ventre est clair,
mais les plumes de la nuque sont terminées de noir. Prévalence
C. coniix(3)'?
L'Oiseau (pris au Jardin zoologique d'Anvers) est de petite taille
(entre C. corni.n et C. corone]) noir à l'exception du haut du dos qui
est plus ou moins gris varié de noir, les côtés du corps (les flancs)
au dessous de la poitrine et du ventre qui sont gris avec quelques
raies noires éparses. Bec et pattes noirs (4).
Knliii, d'après Naumann, on trouve « des hybrides tout à fait
noirs, mais le noir est différent des espèces pures, il n'a pas de
brillant; sur quelques autres la couleur grise apparaît seulement
un peu sur la poitrine et sur le dos; chez d'autres encore sur la
poitrine seulement; chez (luelques-uns enlin seulement sur le dos
et alors, dans ces parties, les plumes sont noires au bout. 11 en
(1) .1 Bislory of Britinh llinis, I, p. o48.
(2) Cette description nous est envoyée par M. Sordelli, direfteiii' adjoint du Musée
de Milan.
(3) Ces renseignements nous sont adressés par M. le comm. prof. Henrico Giglioli,
directeur du iluseo zoologico.
(4) Description faite pour nous par M. van Bemmelen.
OISEAUX HVnniDES RKNCONTUKS A I,'h";TAT SAUVAGE 403
existe aussi dont la couleur est beaucoup plus sombre que celle
des Corneilles maulelées, taudis qu'elle est plus claire ijue celle
des C. corone chez d'autres exemplaires. Puis on rencontre des
individus coniplètenu-nt semblables à la Corneille mantelée, sauf
la partie inférieure du dos, les épaules et le ventre qui sont noirs.
Les différents mélanges de ces deux couleurs, ajoute Naumann,
peuvent varier iudéfiuimenl, et il est presque impossible de trouver
deux liyi)rides coui|)lélemeut semblables. » Un hybride figuré dans
l'ouvrage du célèbre oruithologiste (1) « présente un mélange à peu
près égal de la couleur d(!S deux parents; il est presque com-
plètement noir, seulement un demi-collier grisonne sur le devant
du cou. »
Quant à la conformation de ces divers produits, ils ne dilïérenl
pas par la grosseur de leurs parents; de même que l'ou rencontre
))armi les deux races pures des individus très forts et d'autres
extrêmement petits, de même les hybrides sont très forts ou très
petits. Naumann vit des sujets « dont le bec était complètement
uni ou tiui n'avaient aucune trace de dentelures (bien (jue les becs
des deux espèces soient aruu'S de pointes très aigut'sj, » mais il vit
aussi « des hybrides dont le bec était dentelé et trouva des Corneilles
niautelées et des Corneilles noires de race pure avec un bec
presque uni. n
Naumann fait ici une remarque très importante : on j)otirrail
croire, dit-il, (|ue les hybrides ([ui s'unissent fréquemment entre
eux donnent naissance à des Oiseaux fort divers ; il n'eu est rieu :
« les petits de ces hybrides ressemblent toujours aux parents ou
aux grands parents. » Le feu prof. Severizow s'est montré de cette
opinion (2). M. Seebohm parle» d'hybrides présentant les caractères
de mulâtres, de quarterons, d'octoorons, etc. n II n'admettrait donc
point un retour au type aucestral aussi subit? Quant au prof.
Menzbier il dit u qu'une dillêrenciation des caractères est [)roduite
par le croisement des hybrides entre eux. » Enfin le D"" Altun pré-
tend (3) que lorsque les parents d'un môme nid appartiennent l'un
à une race, le deuxième à l'autre variété, les jeunes .sont alors
(i) Tab. "A, Sig. 2.
(2) < Ce qui parait positif, écrit-il (in Nouveaux Mémoires de la Société impériale
des Naturalistes île Moscow), XV, p. Ki.'}, 1888), c'est que la coloration intermédiaire
n'est pas héréditaire chez ces hybrides ijui prennent vile les couleurs des di-ux
espèces pur sang, dès la deuxième génération au plus tard, plus souvent dès la
première. » Il est.vrai qu'il déclare n'avoir pas eu l'occasion d'étudier les hybrides
en nature.
(3) Fonlzoologie. II, Vôgel, p. 331.
404 A. SUCHETET
nelteinent de l'une ou de l'autre sorte et la couleur moyenne doit
être regardée comme une exception » (1).
Quoi qu'il en soit de ces opinions le croisement du Cornis rornix
et du Cornus carone nous paraît évident. Quelques auteurs, mal
informés sans doute, ont cru cependant pouvoir émettre quelques
réserves à son sujet. Ainsi, on lit dans le Magazin of Natural
History (2) que «les cas d'union supposée entre la Corneille noire
et la Corneille mantelée ne sont pas concluants; dans Godron (3)
que ces faits, « quoique possibles, sont loin d'être démontrés ; »
daus Faivre (4) « que ces exemples exceptionnels méi'itent confir-
mation. » Pour nous nous ne le mettons point en doute; mais que
chaque type ait une valeur spécifique réelle, ceci ne nous paraît
point admissible. Nous croyons, tout au contraire, d'après les
examens faits sur les deux formes, que celles-ci doivent être ratta-
chées à une seule espèce; cette opinion semble du reste prévaloir
aujourd'hui en zoologie. Sans s'occuper de leur plumage, Naumann,
voulant absolument trouver quelques marques sûres pour les dis-
tinguer, ne put y arriver. Voici le résultat de ses recherches pen-
dant plusieurs années.
Si on laisse, dit-il, la couleur des plumes, la conformation du
corps est identique dans les deux espèces, aucun signe de leur
structure ne peut les diiïérencier, et si on fait porter ses obser-
vations, non seulement sur des pièces de cabinet, mais sur les
Oiseaux qui vivent à l'état sauvage, on remarque la parfaite ressem-
blance de ces deux Corneilles dans leur manière de vivre, dans
leurs mœurs, dans leur voix, dans leurs œufs (o), bref, dans leur
(1) Nous ignorons loutetois si le doclenr parle d'après des observations person-
nelles ou d'après Naumann'?
(2) I, p. 81, 1837.
(H) De l'espèce, p. 181.
(4) De la variabililé des espèces, p. 129.
(;)) Ceci est confirniù par ,M. Seebohiu, qui dit (Histori/ llrilish Itirds, 1, p. r).42).
qu'il est inipossililc de distinguer les œufs de la Carrion crow et de la llooded-
erow. Nous avons vu dans la collortion ornitliologiiiuedu Musée d'Histoire naturelle
d'Elbeui-sur-Seine un certain nt-mbre d'œufs des deux espèces que M. Noury, le
directeur et le fondateur de cette S|jlendide collection, avait cboisis parmi un grand
noiubre d'o'ufs récoltés par lui-même. 11 nous a paru presque impossible de les
diiïérencier par la couleur: il existe, sous ce rapport, plus de diflérence entre certains
Uîuls de corone, qu'il n'en existe entre les œufs des deux types. Reconnaissons tou-
tefois que M. W. R. Natbasius, dans un mémoire très étendu {Kai-luieis des Species-
VnlerscliieUes von Corviis corone un d Coitus cornix, vnU ihrer hùujigen Yer-
bastardirung an den Eisclialen. Journal fur Ornithologie, janvier 1874), a cru
pouvoir distinguer les œufs du C. cornix des œufs de C. corone. lia indiqué le
moyen de les reconnaître : le planimèlre lui paraît être le meilleur mode de
oiSK.vux iiviininES rk.ncontrés a l'ktat sauvage 40.')
uuluri' tout L'iilii'ic; euliu le croisomeiil jourualier des deux tyiies,
et la fécoudilé de leurs produits, portent iudubitablenieiit à croire
([u'ils a|)partieiuieiili'i une seule espèce, uniquement variable ipiaiit
à la eoluration.
M. le professeur Sordelli. (Ir Milan, sur notre demande, a bi(!n
voulu faire un examen attentif des deux formes. Ayant comparé
un certain nombre de Corneilles curnix elniroin', il n'a pu, pas plus
que le célèbre ornithologiste de l'Allemagae, découvrir des carac-
tères bien mar(|ués pour les distinguer, abstraction faite de la
couleur. Taudis que l'nujUrtjHS s'en éloigne par plusieurs bons
caractères, les deux autres espèces, admises jusqu'alors par les
naturalistes, se ressemblent tnitih-cmcni : ce sont les mêmes pro-
portions, la même forme de la tète et du bec, les mêmes mieurs, les
mêmes habitudes. En outre, les plumes foncées ont, chez les deux,
les mêmes rellels bleu violacé. Aussi, .\I. Sordelli i)artage-t-il l'opi-
nion de M. Martorelli, un des meilleurs ornilhologistes d'Italie, à
savoir que roroiie n'est peut-être qu'un mélanisme du curvus cornix?
LdL Corneille mantelée, remarque M. Sordelli, varie souvent
((]noi(|u'asse/. fail)lcment) dans les parties cendrées; ainsi le noir
s'étend plus ou moins sur le cou et sur la poitrine. La plu|)art des
individus tués en Lombardie ont les plumes du dos plus foncées
au milieu, presque noirâtres à bord cendré; celles de la gorge
mar(|uées de même d'une taclie longitudinale noire. Eu cela ils
paraissent s'éloiguer du type et établir un passage au C. coroiie
tout noir d). D'après Degland le C. coroiie ollre même des
mcnsiiralion. L'iiutem- de ce Uavail a luru un graml nombre d'(Piifs de diltérenls
côtés, les lins sous le le noui de corone, lesaiih'cs sous le nom de rorniX; d'après
les mesures et la diUérenoe iiu'oflrenl les uni ts des deux types |iurs, il croit pouvoir
dire ipie queUpiesiiiis de ces leuls (ilaiiiit hybrides; seul M. von Tscliusi lui a envoyé
une ponte indiquée comme liyliiide. I.esieufs liybridessont de couleur vert olivAlre
foncé. M. l'aul Matschie (.lournal (iir Ornithologie, p (i47, 18X7) ilit aussi ipie
dans le nid d'un cortine c' et d'un curnix 4. les œufs élaient plus beaux que ceux
du eoroiie (Habenkrâhe), le fond plus clair, la couleur et les points plus éclalanls.
Ces (cufs, dénichés de ses propres mains, orneni aujourd'hui sa collection. M. Paul
Matschie établirait-il une distinction entre les nids des deux types'.' Il dit i|ue « ce
nid était tout semblable i^ celui de la Uabenkrâhe, (|uoi<|ue un peu moins éli'ndu.
et paraissait être construit plus m''gliKemmenl. »
(1) M. Sordelli n'admet pas, comme certains auteurs, que la dillérenciation
spccilique puisse s'établir par les rapports de longueur des rémiges; il n'a point
poussé ses recherches jusque là, mais il doute fort, et à bon droit, que d'aussi
minimes diflérences soient capables de fournir de bons caractères de diflérenciatioii.
Nous avons fait voir à M. Sordelli l'exemplaire jeune hybride acheté par nous
à M. Cari Bieber, de Gotlia. .Après avoir comparé ci-l individu, dès son anivée.
avec les C. corune et les C. cornix du Musée de .Milan et avoir tout récemment
400 A. SUCHETET
variétés à plumage presque noir. Le D'' Altun (1) dit connaître des
spécimens de Syrie et d'Egypte qui se distinguent des Nebelkrâhen
(C. cornir) ordinaires par leur taille un peu moindre et aussi pai'
la trace remarquable du manteau gris qui se clianijc elies elles en
couleur Je rouille d'argile rouge. Lorsque M. de Selys-Longchamps
visitait les musées d'Italie (2), M. Salvadori lui fit aussi remarquer
que des spécimens de C. eorni.r sont souvent noirs avec du gris
sur la poitrine seulement, tandis que d'autres ont du gris sur le
dos, les couvertures supérieures et intérieures de la queue étant
noires. Au musée de Rouen il existe un exemplaire de eorni.r dont
le manteau gris s'étend peu avant sur le dos. Enfin ou sait que
le plumage du fond de la Corneille noire est gris cendré, à l'excep-
tion des pennes rectrices et des rémiges. Mais la remarque la plus
importante sur ce sujet est celle faite par le D'' Gloger : à savoir
que d'une paire de Corneilles enlièrcmcnt noires, et par conséquent
pur sang, il peut nuHre des Oiseaux à coloration mélangée.
Par toutes ces raisons, on ne saurait donc toujours considérer les
individus présentant des traces de mélanges comme de vrais
hybrides; très probablement bon nombre de sujets conservés dans
les Musées, et considérés comme tels, ne sont que des variétés de
corone ou de eorni.r. D'un autre côté, puisque beaucoup d'hybrides
ressemblent à l'une des deux espèces pures (3), bien des individus
considérés comme étant de cette sorte, peuvent être des hybrides.
Quant à la valeur spéciliciue de chaque type, elle ne nous paraît
point établie; toutefois il serait diUicile de dire s'il faut écrire
C. corone var. cornix ou plutôt C. cornix var. corone, car si cornix
peut être considéré comme albinisme partiel de corone, corone peut
sans doute tout aussi bien être considéré comme un mélanisme de
cornix.
renouvelé son examen poiii' (aire de notre Oiseau l'objet d'une étude jilus attentive,
M. Sordelli nous écrit que « nialjjré tous ses soins » il n'a pu découvrir aucune
différence entre lui et les soi-disant espèces corvus et eorni.r. « La coloration
noire à reflets bleuâtres est bien celle de corone et des parties foncées de cornix:
les plumes du cou sont les mêmes et la forme du bec ne diffère aucunement de
celle du C. cornix. « .\ussi, ajoute M. Sordelli, « la conclusion de tout ceci est,
pour moi, que corvus et cornix ne sont (pie deux races d'une même espèce, r
(1) Op. cit., I, p. 200.
(2) On varions Birds observed in italian Muséums. Ibis, p. 450, 1870.
(3) D'après fe même ornithologiste.
oiSEAix iiYnaiDKs KKXcoNTaÉs A l'ktat sauva(;k 'iI)7
CORVUS FRUGILEGUS (I) l't CORVUS CORNIX
On lit (Iniis le Janninl fur Oniilhologii' (2) : « Il y a tiiic ciiniiiau-
laJQc (i'aniii'cs, un |>r()|iii('laii(' de N'en Riippin imijorta le Freux
dans ce jiays. Celle Corneille y est devenue très commune el a
donné des liyhiidesavec le Nehelkrahe. » L'auteur de cette commu-
uicatioD, M. C. Niessing, n'est point certain toutefois du fait qu'il
cite, car il a cru devoir prendre des informations ]iour savoir s'il
n'y avait point confusion avec le corom-. Sa demande est malheu-
reusement restée sans réponse.
Le renseiijnement donné par le .loiinnil liir Ontitholoijic n'établit
donc point d'une façon liien certaine le croisement des deux espèces.
Ce|>endaul M. .\nl. Ilauplvoi;t, instituteur à Aussis, prétend (|u'il y
a trois ou quatre ans ou tua à l'ommerle, près d'Aussig (Bohême),
un hybride de C. curuir et de C. Irwjik'ijus, dont les parents avaient
établi leur nid près du talus du chemin de fer. C'est M. Joseph
Heller, pro|)iiétaire à Pommeiie, ([ui le tira lui-même, et eu présence
de ^L liauplvogt. L'Oiseau étant devenu notie possession, nous
l'avons montré à AL Oustalet qui, disons-le, n'a guère trouvé chez
lui de ressemblance avec C. frmjilfqus : « il n'a ni le bec dénudé à la
base, ni le i)lnMiage luiifornie, à retlets poiiiprés très accentués, ni
la première penne iiius longue (jue les secondaires du C. friujilcijiis ;
il ressemble au contraire à C. cornir par son bec assez épais, garni
de cires horizimtales, par son plumage tacheté et par les pr()|)or-
tions de ses rémiges, si bien (lu'on ponriail le prendre ])our une
Corneille manteléeà plumage anormal, .M. Ibiuptvogt est-il absolu-
ment sûr que le parent noir soit un ///((///('//«.s- et non un ronu.r'!
COUVUS CORO.NE et CORVLIS FRUGILEGUS
Oullon a dit quelque part (3) que la Corneille mantelée n'est
peut-être qu'une race métisse produite par le mélange du Freux
(CuivH-i //'«(///('(/((.s) avec la Corneille (6'. roronr); les anciens n'ayant
ni connu, ui nommé la Corneille mantelée, il enconcluaitque celte
race n'existait pas de leur temps.
Nous croyons (luc la donnée du grand naturaliste ne repose sur
aucune base sérieuse. Nous n'avons point eucore vu de croisements,
(I; AuhfS noms: ('on un frugilegn. Corvus agroruin, graiiorum el advrna,
Coleiis frugilegus.
(2) Paye l'i,-;. 1870.
('i) Nous n'iivons pu relroiivcr l'endroit.
408 A. SL'CIIF.riiT
produits à l'état de nature, procréant de nouveaux types durables;
on ne peut croire, du reste, (pie le mélange du roronr l't du friuji-
legiis, deux types de coloration noire, ait abouti à la formation
d'un troisième type à manteau gris.
CORVUS NEGLECTUS et CORVUS DAURICHS
M. Swiiilioc second, dit (l)qu'il s'est procuré à Shanghai un hybride
entre le ('. (/«////«.s et le ('. ni'ijU'ctii^. D'ajirès le savant voyageur, le
r. ncijlcrtus chinois, (pie l'on rencontre de Mingpo à Pékin (et que l'on
rappoi'te à /,. tiumcdnla) a la mandibule inférieure du bec beaucoup
plus petite (jue la supérieuie et ne possède point de gris sur les
(■(jtés de la tète et du cou.
M. Svviuhoë remarque que le Corrus (Momdttla) wglectus Schl.
est très nombreux à Pékin et (pi'il s'associe souvent avec le Corcits
(Moni'dalit ) iliiiirlcus Pall. Rarement, dit-il, on voit une bande de
l'une ou de l'autre espèce sans quelques individus de l'espèce
analogue. Dans leurs lia!)iludes les deux types sont remar([uable-
ment semblables aussi bien dans le vol c[ue dans le choix des lieux
où ils se perchent (2).
De son côté M. Seebohm s'exprime ainsi en parlant du Chou-
cas (Corrtis nioiicduld) : « Dans la Sibérie centrale, entre Krasuoyarsk
et Irkutsk, une nouvelle forme apparaît, eu moyenne légèrement
plus petite que nos Choucas et ayant la nuque, les c(ités du cou. la
partie inférieure du gosier (de la poitrine) et le ventre blancs. Cette
espèce. (('. dainicii.i) s'étend vers l'est aussi loin que le nord de la
Chine, et partout se trouve en compagnie du C. neijlecliis ; on trouve
avec cette espèce les formes intermédiaires entre les deux types,
lesquels proviennent sitns duiilf d'un croisement. La foiine noire,
pur sang, ditière en couleur aussi l)ien qu'en grandeur de notre
Choucas, le gris de la tète et du cou étant presque entièrement
j)assé » (3).
En outre M. Seebohm remarque (4) ([ue la collection du capitaine
Blakiston renferme un exemplaire (no2701) obtenu à Osaka, dans
la partie méridionale de l'ile principale du .lapon, et ([ui paraît
(1) Catalogue of the Birds of China, by tlie laie Swinhœ's secoml, Proceedings
of llie Zoological Society, p. 383, 1871.
(2) Notes (le M. Swinhoë sur l'OriiiUiologic enlie TaUao et Pékin, au nord delà
Chine. Ibis, p. 337 et 338, 1867.
(3) /( Hisli»-y ofBrilisli Bints, I, p. 557.
(4) Oi-uilliologie d\( Japon, Ihis, p. 180. 1884.
OISEAUX IIYBRIDKS HENCO.N'TRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 40'J
îi|)|)iirtt'iiir à iiiio tnriin' irili'nii(''(liaii'e entre le Cornue ddiiricas et. le
Cornts urijh'CtHS.
M. Styan(l) dit aussi « que ces deux espèces, distinctes dans
leurs formes extrêmes, se croisent si facilement « qu'il croit devoir
les ranger ensemble f (/('(// «///i loi/rlhi'r). M. l'alihé David a vu lui-
même plusieurs exemples de ce croisement (2).
I>es ornilliologisles ne paraissent jtas d'accord sur la valeur spéci-
li(|ue des deux types. MidilendorlT et Dybowsky (3) considèrent la
(orme foncée {('. nnjlccliis) comme étant un Oiseau prématuré.
.M. Dybowsky, c|ui a trouvé ceitt! forme eu train de couver, déclare
qu'elle n'obtient le |iluniage complet ([u'au bout de la troisième
année. D'un autre côté, M. Swiulioë fii dit avoir enlevé du nid do
jeunes Oiseaux ayant les signes caractéristiques de l'âge adulte, et
il existe dans sa collection, d'après M. Seebohm, un exemple ([ui
])rouve ce (^l'il alTirme. Aussi M. Seebobm croit que Dybowsky
s'est trompé.
Il parait probable à M. de Selys-Longchamps que le daiiricns
de Chine n'est qu'une race de nioiicdulit, comme sont plusieurs
races de notre Geai, <i. nicldnorepluilux, Kriinlcki, jdiionicus, etc.
f|ui sont des races locales (5). M. Sharpe fait une espèce à
pari du Ciild-ns ilititniKs i Mitncdida dauriai ou Coniis (■(ipitalix) {('>);
(If même il érige au rang d'espèce Colauis iicijln-tus (7). Il faut
remarquer que le British Muséum ne possède comme point de com-
paraison qu'un seul exemplaire cf de ce dernier type, i)rovenant
de Sang-IIaï (Chine).
Il nous sera peut-être dilTicile d'établir entre le Corvus neglectus
de la Chine et notre Cùiriis moni'ilulii une distinction spécifique;
cette distinction doit-elle être établie entre le i)reuiier (('. tii-j/h-rliis)
et C. dauricus .'
D'après li'S exemplaires que nous avons vus, C. nfi/hrliis pouriail
être un mélanisme de dduiinis, ou plutôt ce dernier un albinisme
incomplet de unjlfctHs; il existe au .Muséum de Paris des inoni'dnUi
tout blancs. Il y a certainement de grandes relations entre T. iieghrlus
(1) Uiis, jiiillrl 1,S!)I. Nous n'avons point consnUi' nons-nii^ine ce nninrro, il nous
a été iniliquù par le rév. Macpherson.
(2) Oiseaii.r de ta ('liine. p. :(70.
(3) Cités par M. Sci^liolim.
(4) Egalement cité par M. Seeliolim.
(i)) Communication de M. de Selys.
(G) On encore l.i/cus (lauricus, Corvus iitonatula.
(7) Le même, d'après lui, que Corvus dauricus, jun., Sclil.. l'urnis neglectus,
Monedula neglectus, Lycus neglectus.
'tlO A. SUCHETET
et C. ihturicus. Ce n'est pas sans raison, sans doute, que M. Radde
a appelé ce dernier : C. iiioni'didd var. (huiricn i[).
Cependant, M. l'ablié IJavid, qui constate ([ue la couleur bicolore
qui caractérise daiiricus « se rencontre déjà chez les jeunes Oiseaux
qui sont encore dans le nid, » porte au rauf^ d'espèce Li/cos dau-
ricus et Ljjcos m'ulcctus, tout en reconnaissant que M. Taczanowski
n'admet même pas comme race distincte de L. neijh'ctm. M. Oustalet
nous dit qu'il considère les deux types comme des races et non
comme des espèces.
CORVUS CORNIX et CORVUS ORIENTALIS (2)
l^e Dr Severtzow dit (3) avoir recueilli en hiver, dans le Turkestau
russe, un grand nombre d'hybrides entre C. rurni.r et C. oricntitlis,
dont M. Seehohm a étudié les niellées dans les forêts près du
Yénessi, sous le cercle polaire.
D'après le feu jjrofesseur, les afliuitésde ces hybrides avec les
deux espèces pur sang seraient tout autres (|ue celles des C. hijhri-
coroiie (4). « l'armi les C. hijbiicornir, dit-il, les colorations inter-
médiaires sont au moins très prédominantes, sinon exclusives ; de
plus, elles sont héréditaires, et il faut plusieurs générations de
croisements avec les espèces pur sang, C. cornix ou C. urienlalis,
pour ellacer les traces d'hybridation. » M. Severtzow a recueilli
une belle série d'exemplaires très graduellement nuancés, depuis
le noir presque pur du (\ orlctitaiis, à peine mêlé de gris foncé au
haut du dos et de la poitrine, jusqu'au gris clair du C. coniix, sur
lesquels les traces d'hybridation se réduisent à quelques petites
taches noires aux lianes et au bas du dos. Après un examen compa-
ratif des individus de cette série, M. Severtzow pense <■< que la colo-
ration intermédiaire des C. hijbrkornix, passant héréditairement au
noir ou au gris par des croisements successifs avec des C. orientnlis
ou des C. aivnix pur sang, se maintient plus ou moins, du moins
pendant deux ou trois générations; » il pense aussi « que l'hérédité
(I) Reise in S. (). Sili.. II, p. 207, cil. in Oiseaux de la Chine.
(i) .Synonymie : Con'us corone, Pall., Schrenk, RadJe et Przen, Corrus sinensis,
Corvus cnlunoyuu\, Cnrntsjaponicus.
(3) Etudes sur ifs rariations d'âge des Àquilines paléartiques et leur valeur
taxnnimiqiie. II' pnrlie. CEuvios posthumes publiées par M. Mmzbier, in Nouveaux
Mémoiies de la Société inipéi'iale îles Naturalistes de Moscou. XV, p. ira. 1S^8 (Ce
travail nous a été adressé, su mot redemande, par M. Menzbier; nous l'eu remercions).
(4) M. Severizow appelle ainsi les hybrides deC cornix cl de C. corone, tandis
qu'il donne le nom de C. hyln-icornix aux hybrides de C. cornixX C- orienlalis.
OISEAUX IIVIllilIlKS HENCONTHKS A L'kTAT SAIVAGK 'i I 1
(k'. la coloralioii In bride doit encore se |iroloai;er iiarmi iesiiiniuis
(lesliybridcsentreoiix.)iKiilin. dil-il.oii Sibérie, où lesC.lu/hricorni.i-
iitnisscnl en nombre considérable dans les grandes colonies mixtes
(1er. oricntdlis i't de C. ronii.r, les croisiunents des liybridcs avec
les espèces pures, et leuis unions entre eux, doivent plus ou moins
alterner dans la série des {générations successives. »
Nous ne suivrons pas le savant docteur dans ses spéculations,
nous pensons ([ue pour étudier d'une manière prolitable les pliéno-
mènes ou les loisijni président à la |iroduelion des hybrides et à
leur propaf^^ation, il faut les étudier en captivité, les croisements qui
se pi'odniseiit à l'état sauva{;e ne pouvant être suivis d'une manière
convenable, au moins pendant plusieurs générations. Nous nous
contenterons de faire reniari|uer ijik^ les C. kybriconiix ne peuvent,
pas plusijno les (\ liijhriforunr, être considérés comme des [)roduits
de deux espèces véritablinnenl distinctes, mais des métis pro\enant
du mélanj^e de sim])les variétés. M. Severtzow nous apprend lui-
même qm^ les caractères de C. (irifiihilis sont si variables qu'il
existe des individus dont la distinction avec C. corom; est presque
impossible à faire.
M. Oustalet a bien voidu nous monli-er une ])ièce de son labora-
toire, C. si)icnsix, i'a])portée par M. l'abbé David. Nous avons cons-
taté uniqucuieul chez ce sujet une diftéreace dans son bec avec
celui du coroiir el une teinte peut-être un ])eu plus verte sur la
gor^e que chez ce dernier, .\ns-i nous le souiiçouiions foil de n'être
qu'une simple variété climatérique de ('. corone ijui, lui-même,
nous l'avons dit, présente de toiles allinitôs avec C. corni.r (jue l'on
doit considérer les deux types comme appartenant à une seule
espèce (1).
Fiinillli' ilfs Çrrlhiikc
Genre Sitta
SlTTA EUROP.«A (2) Ct SiTTA CAESIA (3)
.M. le jjrofessenr .Menzbier croit pouvoir considérer (jnelques
(I) Hpiiiaïquons n'priiJant (jne M. l'al)bi' Daviil, (jui, i-flle fois, ne se montre pas
il'accorii avci' son savant tnllr^'iie, «^ruibli' séparer le Cortus ainensis du C. covone
• dont il diffère, dit-il, par sa taille pins forte, son bec beaucoup pins j^ros et plus
convexe en ilessns, pii- les plumes de sa (îor^e acnmiaées ct par le rellet vert de
son plumage, n Oiseaux de la Chine, p. ;tl>.s.
(i) Anh-esnonis : SiUa sericea, Sillit iiralenKis, Silla asialica, Silta sericea.
(3) Autres noms : SiUa europaea, SiUa a/finis.
412 A. SUCHETET
exemplaires de Siltelles proveuaut de la Russie ceulrale, qu'il
possède, comme produits par le croisemeut de Sitta caesia et
.S. europd'a, et de ces deux formes typiques avec leurs hybrides (1).
Le professeur fait remarquer que les Sittelles, pareilles à celles qu'il
possède, ne se trouvent que dans les endroits habités par les deux
formes typiques; il ne les a point décrites à notre regret (2).
Il nous paraît dillicile d'établir une différence spécifique entre
la Silln puruixt'ii et la Sitta cae.iia{3), le principal caractère de colora-
tiou (|ui les dislinj^ue, cousislant, pensous-uous, dans la couleur des
parties inférieures, qui est ijlanche, dans earopœa, et rousse, dans
caesia. Or cette couleur blanche se colore déjà quelque peu en roux
vers l'auus chez ciiropira. Que cette couleur rousse gagne peu à peu
le blanc de la poitrine, elle pourra taire supposer un croisement
entre les deux types. Mais nous ignorons complètement si c'est à ce
signe que M. Menzbier a cru reconnaître des mélanges (4).
FaiiiiUc di's Melliphagidce
Genre Jora.
JORA TVPHIA (5) et JORA ZEYLANICA (6)
Blyth (7) a émis rojiinion que le Jora tijphia et le Jora zeylanica
pouvaient se croiser, il ne cite néanmoins aucuns exemples; c'est
une simple hypothèse émise par le savant naturaliste.
(1) Conférence faiteà la Société zoologique de France, Revue scientifique, 1884.
(2) (".es e.\emples ont été reniis, il y a fort longtemps, nous écrit M. Menzbier, à
feu M. Taczanowski. Celui-ci aurait fait mention de ces formes intermédiaires dans
un article publié dans le Bulletin de la Société Zoologique de France vers la fin de
lîi22 ou de 18S3. Nous avons en vain feuilleté les volumes correspondant à ces deux
années.
(3) Beaucoup d'ornitliologistes, notamment Blasius, sont de cet avis. Voir Salvadori
(Fauna d'ilalia, p 71. 1872), qui, toulefois, ne partage pas cette m inière de voir.
(4) Le roux de caesia serait sujet à certiines variantes. Voir un exemple cité par
L. Taczanowski : Conlrihulion il la faune ornithologiijue du, Caucase. Bull. Soc.
zool. de France, p. 621, 1880.
(o) Autres noms : Ficedula bengaleiisi^, Jora scapulari.t, Molacilla suhriridis.
(li) Autres noms : yEgilhina ijundricolor, Muscicapa cambayensis ' Molacilla
zeylonica, Jora typliia, var., Jora melaceps.
• (7) Journal of the asialic Soiiely of Bengal, Xl.X, p. 222.
OISEAUX HYBRIDES RF.NCONTRÉS A I.Ï;TAT SAUVAGE 413
Famille des Paradisidm
Genre Paradisea
Paradisea apoda (Il l'i Paradisea raggiana
Il nous paraît utile de dire quelques mots sur le Paradisea apoda
et le Paradixiii raggiano avant de parler de leurs croisements pré
sûmes. Le Paradisea apoda est une espèce d'Océanie connue depuis
longtemps. Si les observations de M. d'Alhertis sont exactes, celte
espèce habiterait les îles .\ru, et la Nouvelle Guinée au sud des
montagnes Giiarles Louis (2). Elle est ainsi décrite (3) : « d" adulte. A
peu près de la taille du Geai, mais les formes plus élancées. Lon-
gueur totale : 0™38à Ou^M. Dos, cou, ailes, queue et dessous du ven-
tre couleur marron foncé uniforme. Tète garnie de |)lumes courtes,
très denses et d'aspect velouté, front, lorumset gorge d'un beau vert
foncé, brillant et lustré, à reflets d'émeraude ; nuque d'un jaunâtre
brillant. Plumes des flancs, dans la saison des noces, prolongées
en deu.K grands panaches latéraux, très allongés de plumes molles
d'un jauuàtre rouillé éclatant à la base, blanches vers leur extrémité,
qui se termine par un rachis nu à la pointe ; les deux rectrices
médianes prolongées en deux lilets, ou currhes allongées et très
fines, décrivant un arc très étendu et dépassant de trois fois au
moins la longueur de la queue. Iris brun, presque noir. Le c^, en
hiver, perd ses longues et belles [tarures des flancs, qui ne se
produisent que durant la saison des noces. Femelle adulte. Couleur
générale d'un brun marron, plus foncé sur la tête, le cou et la poi-
trine. Plumes de la tète serrées et veloutées, teintées de jaunâtre
paille, sur la nuque. Plumes des flancs lâches et un peu allongées,
de la couleur du ventre. Les deux plumes du centre de la queue
plus pointues que les autres, mais non terminées en filets subulés.
La livrée du jeune âge ressemble tout à fait à celle de la vieille
$ ; les deux Oiseaux ne peuvent être distingués que par la taille.
Après la première mue, on voit apparaître le jaune du dessus de la
tête, le vert émeraude et les grandes couvertures des flancs ; en
même temps, les deux plumes du centre de la queue commencent
à s'allonger eu filets. »
( 1 1 Ou Paradisea major.
{2) Voy. : Oiseaux provenant de l'exploralinn de ti Albert ix sur le fleuve
Fly, traduction et mites de T. Salvadori. .Aanali Museu civico di slnria nuturale
diGenova. XI, pp. 15 et 10, 1877.
(3) In Annuaire du Musée d'Histoire naturelle de Caen, p. 21, 1880.
414 A. SUCHETET
LeP.raggiana est,au contraire, uue espèce nouvellement observée.
Elle fut découverte à Orangerie Bay, en 1873, par M. d'Albertis, pen
dantses explorations sur le fleuve Fly ; cette espèce habiterait la
partie centrale et la péninsule orientale de la Nouvelle Guinée{l). Sa
description est la suivante (2) : « cf Taille du précédent, 0™36. Tète
et cou de couleur corne jaunâtre, avec les plumes de texture serrée
et veloutée : une bande frontale, joues, couvertures des oreilles et
gorge d'un vert brillant, métallique, foncé ; menton d'un noir ver-
dàtre velouté. Parties postérieures brun châtain rougeàtre ; les ailes
de même couleur, un peu plus pâles. Petites couvertures des ailes
bordées de couleur de butTle paille. Queue brun rougeàtre, avec les
deux plumes uiédianes disposées en lilets minces très allongés et
filiformes. Plumes des flancs formant des larges toutles d'un cra-
moisi brillant ; les antérieures plus pâles et d'un brun blanchâtre.
Pieds brun rougeàtre. Iris jaune. La femelle plus petite que le cf.
Couleur générale du dos, ailes et queue rouge brun. Parties posté-
rieures de la tête et cou couleur jaunâtre. Côté de la face, gorge et
poitrine bruu pourpre. Parties inférieures brun pourpre très pâle.
Iris jaune. Jeune (f, semblable de couleur à la $,mais détaille un
peu plus grande et de nuances un peu plus vives. A la seconde mue,
les plumes vertes de la tête commencent à apparaître. »
Le pointsuivantestà noter : il existeaussi,d'aprèsM.d'.\lbertis(3),
(( une ressemblance notable entre les jeunes mâles et les femelles
des deux espèces. » Les jeunes P. raggiana se distinguent seulement
par la teinte jaune de l'occiput et de la tète. Après la première mue
cette distinction s'établit par une étroite bande jaune traversant les
couvertures supérieures des ailes et aussi par un collier jaune qui
se trouve dans la région qui, chez les adultes, partage le vert de la
gorge et la couleur châtain purpurin foncé de la poitrine, c'est
seulement après la première mue que le jaune de la tête et le vert
de la gorge se trouvent complètement développés. » Cependant chez
un jeune individu (P. raggiana) on n'a point trouvé de traces de la
bande jaune des ailes, et il eût été impossible de le distinguer d'un
autre individu de P. ajioda, du même âge, s'il n'eût possédé un
commencement de collier jaune. En outre, M. d'Albertis a aperçu
chez un P. apodci, également du même âge, une légère teinte de
jaune décorant les extrémités des couvertures des ailes. Chez un
(1) Voy. : Aiiniili miiseo civico di storia nnliirale, XI, p. lo et 16. 1877.
(2) D'après VAnnuniie dn )luséeile Caen, pp. 14 et 15. 1880.
(3) Voy. : Aniiali museo, etc., pp. 15 et 16, 1877.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGE 415
autre iiulividii jjIus jt'uue de la môme espèce, la teinte du dessus
de la ttUe tournait légèrement au jaunâtre.
Ces observations montrent éNidemment la très proche parenté
des deux types, dont nous nous sommes rendu compte plusieurs fois
en examinant très attentivement les divers spécimens conservés au
Muséum d'Histoire naturelle de Paris (I).
Du reste les (|uatro types nilnor, npoilft, nKjijiinui vX ruhra ont
entre eux les plus grandes relations, mais apoda et raggiana sont
les deux types les plus rapprochés ; /«/y/Y? s'éloigne davantage des
trois autres.
On peut trouver chez les quatre formes de véritahles gradations
decouleur. Toutefois ces gradations ne suivent point toutes un ordre
régulier. — Troiscouleurs notamment caractérisent les quatretypes,
le bruu violacé, le jaune et le vert.
Le brun violacé est la couleur générale de tous et à peu près iden-
tique chez les quatre formes. Ilaiïectetout le corps et les ailes, sauf
la tète. Le jaune se voit aux parties su|)i'rieures : chez apoda il
couvre la tète, les joues et le dessus du cou, il se termine brusque-
ment à la nai.ssance du dos; chez minor, après avoir teinté les
mêmes parties, il descend sur le dos en se mélangeant avec le brun
violacé, il apparaît aussi sur les couvertures des ailes eu deux barres
indistinctes et confuses; chez raguiana il est limité comme chez
apoda il la tète, aux joues et au dessus du cou, ne s'éteiidant pas sur
le dos, mais il forme collier en venant se montrer sur le devant de
la gorge en une raie fine. Sur les couvertures des ailes la barre jaune
est distincte, bien définie, non confusi- comme chez inintir. Enfin,
chez ruina, le jaune se trouve placé de la même façon que chez ce
dernier, mais il s'élargit beaucoup, quoicjue très nettement, sur le
devant du cou (où il forme un très large collier), la barre des ailes
est également très agrandie.
Le vert émeraude brillant garnit chez les (juatre le devant delà
gorge, mais chez ruhra il monte davantage au dessus du bec et
couvre le front.
Quant à la couleur des parements la transition d'un type à l'autre
est ou ne peut mieux accusée ; on le voit de iiiinorù rnlira p;\rapoda
et raggiana et cette fois d'une manière très régulière. D'abord blanc
crème avec quelques taches brunes chez »iinor{na moins d'après les
(!) Voy. aussi d'Anicrlis, On Birds collecling diiring the Exploration ofthe Flij
river. Ibis, pp. :ti;'.) ol :t70, 1«77. M. Sloiie, qui pénétra dans riiiléiiciir duPorl
Morcshy (environ 2j milles), est le premier qui, après Wallace, aurait tué le
Paradisea raggiana. \h\%, p. 3'i4, 1882.
410 A. SUCHETET
exemplaires conservés ;ui Muséum de l';iris, car sur la plauclie
colorée, puliliée par GouJd, les parements sont déjà quel([ue peu
brun violacé chez minor et ressemblent à ceux û'apoda), ils prennent
chez apoda à leur extrémité tin ton brun violacé au vineux, ils
deviennent complètement rouge vineux chez nKjfiidnd. Chez rnhra
ils sont d'un brun rouge brique très vif ou même cramoisi : c'est
une transition réelle, au moins à partir d'a/jorfa.
C'est donc le jaune seul qui suit une marche irrégulière quoiqu'il
soit possible de suivre ses modifications, mais alors il faut commen-
cer par apoda (jaune seulement sur la tête, les joues et le dessus du
cou), puis suivre par /'«(////«ïia.présentant en outre une barre jaune
sur les ailes, en venir ensuite à rubra où le jaune, aux mêmes par-
ties, s'élargit considérablement, quoique très nettement, et terminer
enfin par minor, où le jaune formant collier n'existe plus, et où
la même teinte s'atténue progressivement sur les barres des ailes en
s'éteudant et en se mélangeant sur le dos avec le brun violacé.
Quoique dans ces marques jaunes on reconnaisse assez facilement
une même empreinte, leurs modifications s'expliquent lieaucoup
plus difficilement, on le voit.
A part cela chez les quatre: une même couleur générale qui est
le lirun violacé (très foncé sur le poitrail d'apudn et de nvjfiiana):
un même vert émeraude brillant garnissant le devant de la gorge
disposé d'une même façon chez tous: une gradation très nette et
très accusée dans les teintes du parement passant du blanc cième de
(/(ni'»(peut-êtredéjàun peu brun vineuxcommecheza/)0(/rt),au rouge
brun cramoisi de rubra, ou si l'on aime mieux (en commençant par
rnhra) descendant du brun rouge cramoisi de ce dernier au blanc
crème quebpie peu vineux de minor ou d'apoda.
Nous constatons toutefois que r}ihra est visiblement plus petit (jue
les trois autres types qui sont à peu près d'égales dimensions, et
se sépare d'eux quelque peu par sa physionomie particulière; signe
caractéristique: ses filets sont surtout beaucoup plus largeset plus
longs.
Néanmoins, lorsqu'on peut établir de tels rapprociiements entre
certaines formes d'Oiseaux, quand au moins ces rapprociiements
sont tels, qu'entre ai)oda et ratjuiana les différences qui les séparent
ne consistent plus que dans l'absence chez le premier d'un collier
jaune et d'une barre que possède le second, doit-on séparer spccifi-
ijitciin'nt ces deux types? Nous ne le pensons point.
Certes il peut exister, il existe sans doute, en dehors de ceux que
nous avons constatés, d'autres petits caractères diflérentiels qu'un
OISEAUX IIYBIUDKS RENCONTRES A L ETAT SAL'VAGE 41/
U'il exerce rocoiiii:iilr;i l'iieileiiieiil, mais ces caractères ne sont iiuiiil
si importauts qu'ils s'imposent à première vue.
Sous le l)éuèlice de ces ol)servatioiis, nous reproduirons la
description (|ue M. Salvadori donne de nomi)reux exiMuplaires raj)-
porlés par M. d'Albertis de son voyage au lleuve Fly et ipii, d'après
le savant comte, « présentent les caractères qui peuvent les faire
considérer comme des iiyl)rides des deux espèces. »
Nous pouvions penser que ces exemplaires, au nombre de dix-
huit, portant tous des numéros d'ordre, étaient conservés au Musée
de Gènes ; mais M. le I)'' B. (ieslro, sous-directeur du .Musée, en
rai)sence de M. le marquis Doria, directeur, nous a fait savoir que
la collection génoise ne possédait (|ue douze des spécimens décrits
par M. L. M. d'Albertis et 'Tomuiasso Salvadori. Ce sont les
a»' 5:j3, :;o4, 3S8, ;}0!», T>, IJi"), 430, 466, 763, 471), 600 et 383. .M. le
D' B. Gestro n'a pu nous procurer d'indications précises sur les six
spécimens manquant, nous supposons qu'ils sont réjjartis dans les
musées de Turin, de .Milan, de Paris, car d'après MM. Oustalet,
Sordelli et Camerano, ces trois collections en possèdent. Voici la
description de ces dix-huit pièces telle qu'elle a été faite par le
comte Salvadori :
Mâles adultes à constitution parfaite, com[)renant les n^^ 601,
384, 383, 307 et 3o9, tous mâles :
« Yeux jaune tirant sur le vert » {d'.\). Tous ces exemplaires
ressemblent aux mâles adultes du /'. a^mda |)ar les longues
plumes jaunes des flancs; outre qu'ils ont les bords marginaux
(margini) des couvertures des ailes légèrement dorés, ils ont une
sorte de collier jaunâtre. »
N» 600 cf : « Yeux jaune vei't (d'.\|. Les bords marginaux dorés
(les couvertures des ailes sont plus apparents ([ue chez les individus
(jue l'on vient d'énumérer et le collier est aussi plus distinct, bien
qu'interrompu dans le milieu. »
N" 466 (f : a Yeux jaunes (d'.V). Individu semblable aux précé-
dents avec une bande large et bien niar(iuée sur les couvertures
des ailes, bien (jue moins large et nu)ins distincte (|ue chez le
P. riKfijiaiut. Il
N" 763. cf : « Yeux jaunes tirant sur le vert » (d'A.). Semblaljle au
précédent mais avec les longues plumes des flancs de couleur jaune
orange plus vif. »
N " 560. cf : '< Yeux jaune verdàtre » (d'.\.). Semblable au précé-
dent, mais avec le collier jaune sans iulerru|)tion, étroit, surtout
dans le milieu ».
418 A. SUCHETET
N» 479. cf : « Yeux jnuiies tirant sur le vert » (d'A.). Semblable au
précédent, mais avec les longues plumes des flancs de couleur
orange rouge; collier jaune, presque aussi large que dans les
exemples pur sang du /'. Itngulrnin; mais la bande sur les cou-
vertures des ailes est moius appari'ute (|ue chez les précédents.
N" 450 cf : « Yeux jaune; tirant sur le vert » (d'A). Les longues
plumes des tlancs de couleur rouge orange très vif; collier jaune
parfait, bande jaune sur les couvertures des ailes très apparente.
Les cinq individus mentionnés en dernier lieu présentent une
parfaite gradation pour ce ((ui est de la couleur des longues
])lumes des flancs, depuis le jaune du Paradism apoila juseju'à la
couleur presqur rouge du /'. Udifjinnn ; il y a aussi une grada-
tion i)onr le collier jaune qui n'a' qu'une bande dans le premier
individu, et qui va toujours en s'élargissant jusqu'à devenir dans
le cinquième aussi large que dans le P. ft/ii/f/iand pur saug. La
bande jaune sur les couvertures des ailes présente une certaine
variété. La couleur de l'iris est jaune verdàtre et se rapproche
davantage de la couleur de l'iris du P. apodu que de celle de la
P. Rarjyiana; toutefois, le n° 4fi6, la couleur est indiquée jaune
comme dans cette espèce. Pour ce qui est des dimensions, elles
tiennent le milieu entre les exemples pur sang des deux espèces. »
M. le comte Salvadori décrit ensuite les mâles adultes à consti-
tution (abito) imparfaite.
N" 543 c? ■• « yeux jaune tirant sur le vert » (d'A.). Semblable
aux deux premiers spécimens hybrides, mais sans les longues
plumes des flancs. Ressemble à quelf[ues individus du P. apoda
dans le stade correspondant, mais eu diflère par les bandes du
collier qui sont jaunes.
N» 73 cT .' « Yeux jaunes » (d'.\.). Semblal)lo au précédent, niais
avec les bandes du collier non apparentes. Puis les mâles jaunes
ayant la constitution des adultes.
N° 309 cf : « Semblable au n° 54.3, mais avec deux rectriccs
moyennes incomplètement dévelopfiées et terminées par de longues
barbes vers le sommet, ce qui leur douue la forme de spatule ou de
rame. Le jaune de la nuque est mélangé de châtain. »
N" 333 cT : « Yeux jaune verdàtre » (d'.\.). Individu jeune, front
et gorge vert : un peu de jaune apparaît dans le châtain du sommet
(fcrllrc). Les deux rectrices moyennes de même forme que les laté-
rales, mais uu peu plus larges et plus pointues. 11 a ime bande du
collier jaune et les yeux jaune verdàtre, ce qui fait croire que c'est
un hybride.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGK 4I'J
Fi-iiiclle ii>^ (518 $ : « Voux jaunes » (d'A.). Semblable à la femelle
du Paratlifed apodn de la(|uelie elle difïère seulement par une
bande peu apparente de jauue sur l'occiput et aussi par les yeux
qui sont jaunes. »
N" 388 Ç : « Yeux verdàtres (d'A.). »
N" .■)4(). Ç : « Yeux jaune verdàlre /) (d'A). Ces deux exemplaires,
avec les bandes du CDJlier non apparentes, sont tout à fait sem-
blables aux femelles du l\ llatjijiund, il n'y a (pie la couleur des
yeux qui les a fait considérer comme liybrides ».
N^.'j.'ii. o : « Yeux jaune verdàlre » (d'A.). Individu semblable aux
précédents, mais avec le collier formé de points jaunes, large et
bien apparent, m
.M. le comte Salvadori qui considère ces individus à caractères
mélangés comme une preuve de croisement des deux types, s'est
demandé si ces hybrides étaient féconds, et a répondu allirmative-
ment en considérant les dilTéreuees qu'ils présentent entre eux,
attribuant (probablement) ces dillérences au croisement des hybri-
des avec les espèces mères. Il a même émis cette opinion ([ue le
résultat final du croisement entre les deux espèce-^ jiourrait être
« une forme avec des caractères constants, c'est-à-dire la formalion
d'une nouvelle espèce » (1).
Jusfpi'alors cette nouvelle espèce avec des caractères mixtes
constants n'a pas encore été constatée, tout au contraire, comme
on vient de le voir, M. Salvadori n'a rencontré chez les hybrides
supposés que des formes non stables et variables.
Nous ne connaissons (|u'un seul de ces exem[)laires, celui (|ui est
couservé au Musée d'Histoire naturelle de Paris. Nous avouons bien
franchement ([ue nous ne sommes point convaincu de sa double
orii^ine, il nous a paru, à bien peu de chose près, un véritable
'(/)(«/((. Du reste, cette coloration mélaiiiçée, i|u"iiidique .M. le comte
Salvadori, n'est peut-être ([u'une transition, un commencement
de passage d'un type à l'autre, dil entièrement à des causes natu-
relles et non à un croisement des deux formes. Nous allons voir
bientôt à l'article Colaptes auratus et C. mexicanus des exemples
bien plus étonnants de ces gradations presque insensibles d'une
coloration à une autre, changements (ju'on explique aujourd'hui
sans croisements (2).
(1) Voy. Op. (il . t. Xl.\, p. 40(1, 1S77.
{i) Le ruggiana piirail, du reste, Sdjcl à quelques vnn.iiUcs. .MM. les docteurs
l). Kinsh ol .\ -B. .Meycr- cilciit dos oxemplaiiTs de Milnc liay,(|iii scmlilent avoir
« llio liiDwiiisli-violcl l)iust sliii'ld catlier daiki'i- iiiid llic parts iimnediallly lielow,
also darkcc liiau tlie exemple fioni .\slroliale mountains, etc. Voir t Un some
neic Paradise Birds, » Ibis, p. 2l'>i, July. 188G.
420 A. SUCHETET
Les Oiseaux supposés hybrides, dont ou vient de faire mention,
préseuteut néanmoins un grand intérêt seientififiue. Nous ignorons
si de nouvelles découvertes de ce genre eut été faites depuis le
voyage de M. d'Albertis au fleuve Fly. Nous n'avons trouvé, dans
les divers journaux d'oruitliologie ijue nous avons consultés, aucune
mention de ces formes intermédiaires, mais quelques spécimens
ragi/ldiia sont seuls cités (1).
Les collections d'Oiseaux de la Nouvelle Guinée envoyées au
Musée de Gènes par M. le D-'L. Loria, depuis les voyages de M. d'Al-
bertis, ne contiennent également que des i-ajiijinna; M. le D'' Gestro
nous écrit qu'il n'y a point vu d'hybrides.
Ki'iMACiius MAGNiricis pL Sei.kucides AMiA. — Kn IsyO, M. Alphonse Forest,
naturaliste pluniassit'r à l'aris, en réponse à une demande que nous lui avions
adressée, nous taisait savoir qu'il possédait un exemple remarquable de croisement
(l'Epimaque promefil (Epiniaque gorge d'acier du commerce lEpimncliiis magni-
/iciis Vieill. et de Seuleucides niultifil. (Seuleucides alha ou resplemlens', deux
espèces de la Nouvelle-Guinée. La description qu'il voulait bien nous donner îlors
était la suivante : » le dos de l'Eiiimaque, les ailes et la queue du Seleucides ; la
gorge et la poitrine ni de l'un ni de l'autre, tout en reproduisant les caractéris-
tiques des deux Oiseaux: le ventre et les flancs comme chez l'Epimaque. «
M. .Mphonse Forest ajoutait qu'il était tout disposé à nous laisser étudier à loisir
ce produit et qu'il nous le conlierait, si nous le désirions, avec des sujets purs des
parents supposés, ce qui nous permettrait sans doute de reconnaître les traces du
croiseinent.
Nous n'avions point accepté son ofTre [larce (|u'à cette époque nous nous occu-
pions principalement des croisements des Gallinacés. Mais, celte année, ayant
appris que M. Forest conservait encore cet Oiseau à titre de curiosité, nous lui
avons manifesté notre désir de l'examiner.
La pièce, préparée en peau plate, est incomplète, elle mancpie de pattes. En
nous l'adressant, M. Forest nous disait qu'atin de se rendre compte de son aulhen-
tiiité et de savoir si des parties n'avaient point été rajustées (les Papous sont très
habiles au raccommodage d'Oiseaux mutilés, mais s'inquiètent peu de mettre un
nu'mbre d'une espèce d Oiseau à un sujet d'une autre espèce), il lui avait arraché
une aile et avait reconnu qu'elle lui appartenait réellement ; la queue, que l'on
pouvait croire collée, ne l'était aucunement; bref, l'Oiseau pouvait être considéré
entier, à l'exception des pattes manquant. M. Forest appelait également notre
attention sur les reclrices externes, ayant la forme de celles de l'Epimaque (tandis
que celles du milieu ou de couverture de couleur roux brun le rapprochaient
comme forme du Seuleucides), puis aussi sur l'aile, qui présentait dans sa forme les
caractères de l'Epimaque, étant, par son coloris, un amalgame des deux genres.
Kn outre, il nous indiquait un sujet rappelant cet Oiseau et donné récemment au
(I) Voir : On a small Collection i>f liirds from the I.ousiade aiul d'Entrecas-
teaitx Istnnds, by II. B. Tristram, Ibis, I, p. 553, 1S89. Voir aussi Notes on the Pnra-
dise IHrds of British New Guineii. by .\. P. Goodwiu ut Lisnu)ie. The Ibis, 11.
p. loi, 1890.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A 1,'kTAT SALVAGK 421
Musriiiii \ii\v M. Maillon, sujil i|iii av.iit été désigné pai- M. (iiishilcl sous le nom
lie ilitnlnui.
Ne poiivani aiipri'ciiT nous nirine Ui nalnit' ili> ic c iirieiix s|icciini'n. nous avons
cru devoir le cominunii|ner il plusieurs savants ornilliolofiislcs M. Oustalet étant
alors en vacances el alisenl de Paris, nous l'avons d'abord envoyé à M. le prol.
Giglioli, de Florence, qui n'a pas voulu se prononcer à cause du mauvais étal île la
pièce, tout en reconnaissant c|u'elle [irésenlait des caractères embarrassants.
M. nidgway, de Washington, <|ui l'a vue ensuite et l'a examinée avec une grande
attention, ne la croit nullement hybride, « mais une espèce dislincle de Plilorhii!,
alliée à P. miigin/'iciir:, pouvant être facilement reconnue par ses caractères. -
M. Paul Malscliie, i|ui l'a vue également en compagnie de M. le W Ueichenow, du
.Musée (le Iterlin, ne la croit pas davantage hybridiî tiv Seleiifiiten X /i/'""'"'/n(.v,
mais 11 un vrai ri'(i.<y)orfo/)/io)v/ A'/nHiac/ii/s'j dillèreiit du Cr. iiiiignifica iiilerre-
(Irns. appartenant à une espèce iwurelle très bien carailèrisée. » (M. l'aul .Matscliie
conslalail la présence, sur le corps, de iiueli|ues pluiius indiipiant un état dejeunesse,
comme M. Korest l'avait déjà reconnu). Kniin, M. (iiistalct s'esl convaincu que
l'Oiseau apparllentà l'espèce du spécimen donné au Miiséiiiii (au mois de juillet IS'.ll)
par .M. Maiiliiu, espèce nouvelle qu'il a décrite dans le Natiiralisle (I) sous le
nom de l'tiliirhi.-! ou plulol de Crafpniliiphorn Miinttiui.
Nous avons fait connaitre à .M. Foresl les a|)précialiiuis de ces qualre oniillioio-
gistes, néanmoins .M. Koresl persiste dans sa première manière de voir et considère
l'Oiseau comme produit par le mélange des deux espèces qui ont été nommées. Il
est persuadé que si des voyageurs ou des négociants liabilués à manipuler et con-
naissant les Oiseaux de la Nouvelle-Guinée le voyaieiil, ils seraient de son avis.
.Nous n'avons point cru néanmoins devoir faire ligurer sur notre lisle lecroisemenl
Ai:\'l'.pimachu!! iiiUfinificua et du Seiileciflfx alhn. quoique celle lisle, ri'iiiai-quons le
encore, conlieiine bien d'autres croisements qui, sans doute, n'ont pas pins de valeur.
rniliiUi' tics Sn'Hiiliiiild'
Genres Oriolus et Ptilorhynchus
Sericulus chrysocephalus (2) et Ptilorhynchus holosericeus (3)
Nous avons épi'ouvé un réel embarras pour reconnaitrc la lamillo
d'Oiseau.x à laquelle apparlieniient les deu.\ espèces Sfriciiluts cbrij-
sucrpluihis et l'Iilorhynrlnis lioloscricnis; la dilliculté du clas.-^enicnt
a été d'autant plus graude tiiie divers oiiiitlioloiiistes placent les
deux espèces daus deux familles distinctes. Ainsi, le prince Charles
Bonaparte classe le genre l'tilorhiinchux dans la famille de.s Garru-
liens; Lesson, au coutraire, le place dans la famille des Corvidés,
et Gould (ainsi qu'Elliot) dans celle des Paradisidés.
(1)N"du 1" novembre 1891, pp. 2(W et 2111.
(2) Autres noms: Oriolus regiiis. Oriolus regeiis, Melipluiga chrysocepliala,
Sericulus magniroslris, Turitus iiiellinus, Sericulus mellinus.
(;i) Corvus sguamulosus, l'iirrliocora.r violaceus, Plilorliynchus macleayi.
Hitta holosericea.
422 A. SUCHETET.
Le genre Scriadus, à son tour, est admis par le priuce Bonaparte
parmi les Oriolidés, taudis que Lessou le range dans la famille des
Turdusiuées; mais Gould le croit api)artenir à la famille du Ptilo-
rhyncliHS, c'esl-à-dire aux Paradisidés.
11 est bon de noter ici que, d'après Degland, les Garruliens et les
Corvidés sont des Déodactyles cultirostres, alors que les Oriolidés
et les Turdidés sont des Déodactyles subulirostres. Or, les Paradi-
sidés appartiendraient aux Tenuirostres suspenseurs. M. Sharpe,
comme M. Gould, a rangé les deux genres ([ui nous occupent dans
une seule famille, toutefois dans une famille différente de celle
choisie par le célèbre ornithologiste australien, dans celle des
TiiiicUiilcs M. Ramsay, curateur du Muséum de Siduey, qui s'est
occupé du croisement des deux espèces, S. cliri/soceplialus et l't.
holosericeus, \ent bien nous faire connaître sa manière de voir. Il
ne voit aucune raison de les assimiler aux Paradisidés, il les met
au nombi'o des Scciiojnidd' {\).
Ceci montre les divergences d'opinions dans le clasement des
espèces, divergences ([ue nous avons signalées eu commençant et
malheureusement lro[) fréquentes parmi les naturalistes. Mais
passons à l'hybride hypothétique que plusieurs ont supposé prove-
nir des deux espèces nommées, et dont le classement a donné lieu
lui-même à des opinions contraires.
Ce remarquable spécimen fut envoyé à M. Gould par
M. H.-C. Rawnslay, esq. de Brisbane, en Queensland. Depuis deux
ans déjà l'Oiseau était devenu d'un grand intérêt pour les Ornitho-
logistes d'Australie, qui discutaient sur sa nature. D'après les
lettres que M. Gould reçut alors, MM. Coxen et Rawnslay le suppo-
saient hybride.
Après avoir soigneusement comparé le spécimen avec les
exemples du Satin Bird (Pt. Iwloscriceus), M. Gould ne put arriver
à une conclusion satisfaisante, quoique inclinant vers l'hybridisme.
Comme le Régent Bird (.'^. )iiel.inus} et le Satin Bird ont tous deux
des endroits de divertissement (2) et habitent les mêmes taillis,
il pouvait en effet se faire que les lieux de réunion des premiers
aient été visites par les seconds, d'où l'origine de l'Oiseau soumis
à son examen ?
(1) Faiiiitli'qui comprend d'après lui les genres: Scenopacus liam.say, Aiiiblijornis
EUiol, Àtlurœdus Cabanis, Sericulug Swaison, Ptilonoi-hynckus Kulil. Priotia-
(Ivra (le Vis el peul-èlre aussi t'inrmphius de Vis, mais ce dernier n'a pas été
examiné par Ramsay.
(2) Sorte de berceau où les individus de races ditlérentes se rencontrenl el où
les mâles eombaltent, pendant ([ue les femelles coqueltenl.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 423
Les ciiTonstaiipes dniis les(|iielli's il fui tné sont les suivautcs (1).
l'a grand iionihre de S;ilin Birds preiiaieul leur nourrilure
dans le jardin de la maison de M. llawnslay, située à Willon,
près de Brisbane, le 14 juillet 18r>7, et M. Rawnslay venait de
tuer un niàle noir adulte, quand son attention fut attirée
sur un autre individu qui s'était abattu sur un arbre à une courte
distance. (Miarj^eant son fusil aussi vite ([u'il put, il (il feu et fut
assez heureux pour abattre le nouveau venu. Lorsqu'il tomba, la
partie jaune de son |)luniai;e attira son attention et l'élonna vive-
ment, car il avait cru tirer sur un Regenl Bird. L'Oiseau était mort
sur le coup; en soulevant sa paupière le gentleman de Brisbane
ti"ou\a (|ue l'iris était d'un vert |)àle de mer, sans aucune trace de
cette belle teinte magenta (jui entoure la pupille du Satin liird et
rayonne autour de cette pupille. M. Rawnslay, fort surpris, |)orta
l'Oiseau chez M. Gregory. esq., inspecteur général de Queensland,
{(ui le reconnut immédiatement comme une espèce vue déjà par lui
vers le mois d'octobre I80G, sur la route du golfe de Carpeutaria, à
la baie Moreton. La localité, où cette espèce avait été vue,
était la rivière Sutter, une branche du Burde Kine. M. Rawnslay
note ici (|ue M. Gregory prit toujours un grand soin de distin-
guer les (lillérents chants des Oiseaux ou les cris divers dos ani-
maux de buissons, sachant (|ue les indigènes les emploient fréipic m-
ment pour leur propre usage, soit comme appât ou signaux de
cominunic;ilion. Aussi l'attention de celui ci fut-elle attirée vers la
nouvelle espèce à cause de son chant particulier, qui était un Olioii
répété ]ilusieurs fois très distinctement... M. Gregory avait observé
si soigneusement le plumage de cette espèce ((u'il |)ut discuter avec
M. Elsey, le chirurgien et le natui-aliste attaché à sa comi)agnie, sur
la (juestion de savoir si on devait la placer dans le genre l'tiloilijiH-
cint.s ou bien dans le genre Sericiilu.s. Cette espèce, toutefois, ne fut
point observée i)ar M. Helsey, ([ui s'imagina un moment ([ue
.M. Gregory avait vu simplement le Régent Bird. Mais M. Gregory
ne doute pas de son assertion et est (lersuadé de n'avoir fait aucune
méprise ayaut eu tout d'abord son attention attirée par le chant
inusité de l'Oiseau (2i.
Diggles a décrit ainsi, dans sou ouvrage sur les Oiseaux d'.\us-
tralie(3), l'hybride supposé. € La tète, la gorge, le cou, la poitrine,.
(t) Elles ont été racontées par .\I. Rawnslay.
(2) Toul ceci se trouve dans (ionld, IliriLi of Aiislralirt, ([ne nous n'avons lail
que traduire. Voy. partie XVI et pi. 23 pour la hgure coloriée de l'hybride
supposé.
(3) Companion to Gould's Handbook nr Synopsis of thn nirds of Àustralia by
Silvester Diggles, Brisbane, 1808.
424 A. SUCHETET
raltdomeu, le dos, les couvertures inférieures et supérieures de la
queue, il'uu beau noir bleuâtre luisaut, les couvertures de l'aile
et la fausse aile iioir jais, bordées de la première couleur, les
primaires uoires, à l'exceplion d'uue petite partie des lames
extérieures et uue grande partie des lames intérieures près de la
base qui sont d'uue couleur jaune vif; les secondaires sont
orange brillant pour la grande partie de leur longueur, les
parties de la base étant bordées de noir, elles ont une grande
plaque noire arrondie ou ovale près des bouts, une étroite raie
d'orange foncé s'étend dans une forme ondulante à travers le
centre des lames extérieures des tertiaires, les lames intérieures
étant entièrement noires; les deux plumes du milieu de la queue,
noir jais, le reste, de même, légèrement tacheté de brun doré, les
pieds, noir olive, le bec de même, mais plus clair au bout, les
irrides, bleu verdâtre. Longueur 11 K pouces; aile 6, queue 4,
tarse \%, bec K. n
(( Cette spleudide espèce nouvelle, dit cet auteur, doit être con-
sidérée conmie une addition fort intéressante à la faune de Queens-
land. La forte ressemblance de couleur au Satin Bird commun et
aussi à l'Oiseau Régent pourraient faire supposer qu'il s'agit d'un
hybride, mais l'important témoignage de l'explorateur, M. Gregory,
est d'un gi'and poids et amènera le naturaliste à une juste conclu-
sion. » Diggles rejette donc l'hypothèse d'une double origine, mise
également en doute, i[uoiqueavecun peu d'hésitation, parM. Gould.
M. Ramsay a repris la question pendante, et n'a pas hésité à se
déclarer partisan de l'hybridité chez le Pldorhynchus Rawnslayi{\.) ;
il a adressé à la Société zoologique de Londres plusieurs remarques
sur ce curieux Oiseau (2) où il conclut que tout naturaliste sans
prévention doit admettre un hybridisme. Le PUlonorhynchus
Ilawnslayi est si intermédiaire en forme, en taille et en couleur
entre les mâles adultes Régent et Satin Bower Birds, dit-il, qu'on
ne peut avoir de doute sur sa descendance. La forme et le contour
du bec notamment, la couleur de l'iris, la manière dont l'Oiseau
est marqué, la forme même de ces marques tendent toutes â prouver
son origine mixte. M. Ramsay rappelle en outre que l'Oiseau fut
tué dans une bande de Satin-Bower Birds dans le voisinage des
Oiseaux Régent, à quelques milles de Brisbane, circonstances qui
l'amènent à penser que c'est un produit des deux espèces. Si le
(1) C'est ainsi que Diggles appelé cette nouvelle espèce en riionneur de M. Rawnslay
esq.
(2) Noies sur lespi'cinien original l'iiloiwrynchus RawnsUi!ji,[iay E. I'. Ramsay.
Froceedincs of tlie scientilic meetings of tlie zoological Society.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTHÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 425
Ptilonorhynchus liauiislniii était réelleineul uue espèce valide, dit-
il, d'autres e.\ein|iles aiiraieiil assurément été trouvés prés de la
même localilé ; mais d'après ce que M. Ramsay a pu apprendre,
jusqu'à présent aucune preuve sérieuse n'est donnée sur l'exis-
tence en Australie d'une semblable esi)éce. Aussi a-t-il cru devoir
attirer de nouveau l'attention sur le plumagede fl. ItawnsUiyi qu'il
a décrit ainsi :
« Tout entier d'un uoir bleuâtre brillant intermédiaire en teinte
entre celui de l'Oisimu mâle Hegent {Sericulus rhi'ysocephalus) et
celui de l'Oiseau sd[in{l'lilil<irlniiu-lii(s holofserimis); sur les primaires
est une large bande de jaune doré brillaul commcnranl à 2-!) pouces
du bord supérieur de l'épaule ; celte bande ou plaque jaune s'étend
aux bouts des secondaires; les lames extérieures des plumes de la
septième primaire sout divisées comme dans l'Oiseau mâle adulte
Régent. Les deux plumes extérieures de la queue sont marquées de
jaune pûle sur leur bord extérieur; les trois proches de chacjue côté
sontmar(|uées de la même manière, excepté les deux du centre,
(|ui sont marquées d'une teinte jaune orange plus foncé; les
plumes extérieures sont bordées sur leurs lames intérieures d'un
pâle jaune i)runàtre. Les plumes de la tète sont courtes, ressemblant
à celles de l'Oiseau mâle adulte Régent, les ])lumes sur le haut de la
tète et celles s'étendaut du derrière de la tète à la nuque ont uue i)la-
que de couleur orange prés du centre du bout de chaque plume; le
bord extérieur de cet endroit, où il joint le bord étroit bleu noirâtre,
est d'une teinte orange plus foncée, quelques plumes ayant uue ligue
noire bleuâtre jusqu'au centre le long de leurs tuyaux, divisant par
moitié l'endroit couleur orange; l'extrême boni étroit de toutes ces
plumes est d'un uoir bleuâtre, de même teinte que le reste des
plumes de la tête et du cou » (1).
Ici M. Ramsay observe (|ue les marques couleur orange de ces
plumes ue sout point visibles, à moins donc qu ou ne soulève les
plumes du bout de la tête, ainsi on les aperçoit facilement. Il
est tout surpris de constater que cette très importante marque
d'hybridisme a été apparemment négligée par M. Gould (2) et par
M. Diggles (3), qui ont fous deux d'écrit l'Oiseau d'après cette même
peau qui lui fut apportée.
Gould a donné une gravure coloriée du Ptilonorkynclms RaiDiislayi
et deux iiutres gravures représentant l'une, le Sericulus melinus,
(1) l'roceeding o( thc Zoological Society.
(■>) Siippl. B. Aust., pi. 34.
(a) Uniitli. Àusl., pi. 02.
420 A. SL'CHETKT
la deuxième le Plilonorhijnchus kolosericeus: une comparaison peut
doue être établie entre les facteurs supposés et leur produit
hypothétique, mais des gravures, si exactes qu'elles puissent
être, ne permettent de fonder un jugement que lorsque les espèces
qu'elles représentent ont été longuement étudiées et par conséquent
sont déjà bien connues. M. BowdlerSharpe, le savant ornithologiste
du British Muséum, en parlant incidemment du Plilonorliynchus si
controversé, s'est exprimé ainsi dans le catalogue de cette iiumense
collection : « This supposed species, whieh is like a Salin
Bovver-bird witli tlio wings of a Régent Bird, appears to be a
unduiiblt'd hybrid between thèse two species » (1). M. Newton, en
signalant dans l'Ibis (2) cet Oiseau, décrit par Diggles pour la pre-
mière fois, le considérait comme une espèce ditTicile à classer (3),
mais il ne posait point la question d'iiybridisme (4). Le PtiUmorhyn-
chiis Itawnslayi serait-il un des derniers représentants d'une espèce,
Jiiaintenant disparue, nous ne le supposons point ; mais nous atten-
drons aussi de nouvelles observations pour le déclarer un véritable
hybride. L'albinisme se traduisant quohiuefois en jaune pourrait à
la rigueur avoir alïecté les plumes qui le rapprochent d'une des
deux espèces supposées mères; mais peut-être aussi d'autres mar-
ques, dont nous ne pouvons nous rendre compte, viennent-elles
aussi en faveur d'une hybridation? Ce qui nous a vivement surpris,
ça a été de constater sur la queue la présence du jaune qu'aucun
des iiK'Utiiis conservés au Muséum de Paris ne porte à cette j)lace.
Ceci semblerait indiquer que cette marque n'est point due à ua
croisement. La couleur non violacé du inriinns n'est point non plus
i'api)elée. La taille toutefois est plus faible que chez niolaceus et
l'iris est moins bleu que chez celte dernière espèce. (Nous parlons
ici de la figure donnée dans l'ouvrage d'EUiot).
Famille des Coraciadidce.
Genre Coracias
CORACIAS INDIGA (5) et CORACLAS AFFINIS
M. Blylh a obtenu dans le voisinage de Calcutta, avec un ou deux
(1) Catalogue, of llie Birds in the llritish Muséum. VI, p. 3.S1, ISSl.
(2) fiotices on récent Ornithological publications. Ibis, 1868, p. 348.
(3) H sliould be referred to Plitilonorhynchus or Sericulus seein at présent
doubtful.
(4) EUiot. Monographie des Parailisidœ, IS73, a publié une planche (pi. X.XIX)
représentant le l't. Rawnslayi, et parait favoralile à la tlieorie de l'hybridalion.
Le Pt. Raionslayi avait été encore signalé dans l'Ibis de 1870, p. 119.
(ii) .Vutres noms : Coracias pilosa, Coracias uaevica, Coracias affinis.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 427
individus ayant le pliiniagi' pur de l'affinis, plusieurs spécimens
proseutnnt une t;r;ulali(in de coloraliou entre ce type et le ('. iiulica.
.M. Blylli conclut de là que dans les lieux où ces exemplaires furent
trouvés, les deux formes C. affinis, C. nu/Zm s'accouplent assez sou-
vent e( tendent à se fondre dans une race jiarticulière niiMée.
M. Blytli n'a jamais renconlii' un exemple de \rai C. nf/inls avec la
largte bande pour|)re <'» la ([uciic (|ni caractérise l'adulte C. indien,
rnaisila ti'onvé cette Itandedrvelopiiéedansla race mêla nijrefl). Dans
plusieurs districts des contrées situi'cs à l'Kst. il est dillicilc, dit
encore Blyth, de se procurer des Cornrids nj finis ou dt-s Coracias
indica avec la coloration tout à fait typii|ue (2).
Ces croisements ont été si;;iialés |iar le capitaine L. II. Orby, (|ui
in(li(|ue dans le Muséum de Oalculta des spécimens « évidemmeiit
iiybrides (3) ». Legge (4) constate aussi que « les deux formes
C. indira t'I C. nlpnis s(> fondent tellement l'une dans l'autre, qu'il
est impossible de dire où Viinlicn linit et où Va/jinis commence (ii). »
Enlin M. L. Hume (6) remarque que c'est dans le Terai, entre
Darjiling et le Beuj;al, que les deux races commencent à s'accou-
pler i7).
Sommes-nous ici en ])résence d'un véritable croisenu'nt f(|ui tout
au plus s'o[)érerait entre deux variétés d'une même espèce)? 11 n'est
point certain que ces spécimens à plumage intermédiaire entre les
deux types soient de véritables hybrides (8); certains considèrent
([ue la diversité des nuances doit plutùt être attribuée à la sépara-
tion incomplète des espèces dans les lieux où C(!s variétés se rencon-
trent ainsi que cela se produit chez les Euplocomes : E. lineatus et
E. Iiorxficldi {'.)), ou bien eneorecbez les l'<d<i}il('s C. niirnliis et C. tnc.ri-
cnnus (10). Ce n'est pas dans une collection, remarque-t-ou dans la
(1) A'odcc.s- ((;('/ Ih-scripliiiiif: nf i-iirioux iiirir nr lillle knotru .•-■//eciV.s- iif Ilirils.
.tournai of llie asialic Socicly ut Bcn;,'al. XIV, p. 1110, 18'il>.
(2) M.^iiio journal, vol. XIX, p. 22H.
(3) On tlie ninlK uhserreit in Oiidli inul Kiimasn. ll)is. p. 22S, jiiillcl isdl.
(4) lli.iliinj Ilirds of ('l'ylini, p. 2S2, London. 18S(t.
(il) Le Corucids indien, rini se lrouv<>, dit Légère, dans iiresquc louirs les parties
de rindp, no va pas jusqu'à Burniah où il est remplacé par la race C. iill'niis.
(G) Cité par Legge, op. cit., nièmc page.
(7) Voy. sur les màmes croisements: SHknPE, On the Coraciadidœ of Ethiopan
Région, Ibis, p. 18o, 187t.
(8| Voy : Ibis, p. ISC> (en note), 1871.
(9) Si-IalPi-, in Proceedings of llic zoologital Society of London, p. 120, ISKt.
(10) Baird, Birds o( Norlh America, p. 122.
4:28 A. SUCHETET
même revue, que l'ou peut chercher la preuve de l'hybridisme (1).
Peut-être beaucoup de croisements supposés, répétons-le, ne sont
autres que des variations de coloration. Il faudrait constater l'accou-
plement des deux types pour affirmer sûrement leur mélange, même
chez les variétés.
CORACIAS GARRULA (2) et CORACIAS INDICA
Dans une réunion de la Société asiati(iue du Bengale (3), M. Bell
exposa, avec plusieurs autres Oiseaux pris dans le voisinage de
la mer Rouge et dans l'Arabie, une espèce de Roller {Corncias), dis-
tincte de l'espèce indienne et de l'espèce européenne. Cet Oiseau,
disait le rapport, se rapproche de cette dernière espèce, mais il
en diffère par quelques détails de plumage. « D'une façon générale,
il a une coloration plus adoucie, et le bleu violet des couvertures
inférieures des ailes ne se continue pas comme dans C. garrula sur
les épaules. La tète et le cou sont aussi d'un gris sale, plutôt d'un
gris bleuâtre. » L'auteur de cette communication notait qu'il
n'avait point eu le temps de s'assurer si ce spécimen appartenait à
une espèce connue.
M. Blyth semble l'avoir considéré comme un hybride de C.
■garrula etc. indica{/k); le savant ornithologiste cite eu outre un
spécimen de Coracids (jarruln. obtenu dans le Kashmire, et sur
lequel on aperçoit « une trace de croisement très visible avec
C. indica; ce qui montre, ajoute-t-il, que le C. indica s'unit à
C. garntla dans l'Ouest comme il s'unit au C. a/Jinis dans l'Est. »
M. Blyth n'avait point cependant osé alfirmer ce croisement lors
de sa première publication (5), faite en 1845, dans le journal de
la Société asiatique du Bengale. .M. Seebohm le conteste |6) ;
(1) Le Bui-meso roller, c'esl-à-dirc le Corncias affinis. ditTére de Vlndiuii roller
[C. indica) « in llie iipper part benig greener ; tlie iieck .ind breasi without aiiy
reddish browii, bcin<; dusky piii'plisb, varied wilh hriitht purple, aiid in llie wing
beingdup purple; it also wants llie broard lerniinal purple hard o( thc lail. » Mais
il n'en dillcre pas « in ils babils or voice. » The Ilirdx of Indian heing a nalural
liislonj ofaUlhe Itirds l;noir lo inliabil conlinerUnl indica. etc., by Ihe late
T. C. .lerdon, reprinted under supervision of major H. II. Godwin .Vusten. I, p. 214,
CalcuUa. 1877.
(2) Autres noms : (ialgiiliis gumilus, Coracias loiiiiax, (jalguliis galgnlus.
(3) Voy. Proceedings of llie asialic Society of Bengal, p. 249, 1871.
(4) Voy. Addenda ta tlie Arifauna of India. Ibis, p. 80, 1873.
(5) Voy. en effet vol. XIV, p. 190, et aussi vol. XIX, p. 228.
(6) A Hislory of Brilisli. Birds, II, p. 328.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A I.'kTAT SAUVAGK 420
Jeidou (1) n'en a pas parlé, mais nous lisons dans Legge (2) que
« la classe di' cet Oiseau (l'. indien) s'étend à travers la Perse jus([u'à
l'Asie Mineure, se mélangeant avec son ;dlié d'Europe C ijavrula. »
Dans ce croisement. il s'agirait plutôt du croisement de deux espèces,
que du einisemenl de deux variétés, comme cela s'est jjroduit dans
le précédent exemple; ce mélange, toutefois, ne nous parait pas
entouré ^le garanties sulïisantes pour établir son authenticité.
Notons aussi que la dilïérenre de coloration entre le ('uracinfi benyd-
lensis et le C.ijanuUi n'est pas très considérable quoiqu(! cette colo-
ration ne soit pas absolument la niénii' en |ihisieurs points; ainsi,
cliez le premier, la goru;e l't la poitrine, au lieu d'être vert veronèse
bleuté clair comme elles le sont chez ijamiUt, sont brun roux clair
(rosé) taché longitudinalement de raies jaunes déterminées i);ir l.i
couleurdela tigedela plume principalement blanc jaune. Les pennes
de la (jueue, dans le In-iKjdlfnsis sont aussi, en dessus et i^ii dessous,
terminées transversalement par du bleu foncé (|iii fait barre, ce qui
n'existe pas chez f/(///i( /a. Il existe encore quelques autresdilïérences
de teintes sur ces plumes. Knfin le bleu di; la tètt; s'arrête à la
nuque chez hcnfialcnsis et ne descend pas sur le cou comme chez
f/arruld. Telles sont les caractères différentiels principaux (|ui, on
le voit, ne sont pas très considérables.
Famille des Picidœ
Genre Colaptes
COLAPTES AL'RATUS (3) Ct CoLAPTES MEXICANUS (4)
Il existe dans l'Amérique du Nord [dnsieurs formes de Piverts
(Woodpeckers): parmi elles sont le Cidaitlcs auralus et le Cohiptes
mexic(i)tHs(o). Le premier habile le Nord-Est(6), le second le Nord-
Ci) Hin/s of Iiulifi. 1, pp. 22Xcl 21'.), CalcuUa, IS77.
(2) Hislonj ol Ilinis ofCentan, p. 282.
Ci) .\iiU-cs noms scienliQqucs : Cuculus aurulitf:, Piiius aunilua, (Jeopicus
auralus.
(4) Ou : Picus cafer. Picus Lathanii, Picus mexicamts, Picus ruliricatus,
Colaptes rubricutus, Colaptes coltaris.
(o) Du grec xoXotTTT};;. cisi'.Tii à lailler, inarli'a».
(6) a Easlcrii Inilod Slali-s West lo ("ircal Plains, anil Norlh lo lliidsoni Ra.v
and .\laska, occnring ortasionally i>n tlip l'arilir' slope of Uie Hockey Moutains
Irom California Nortliwards » (d'après Edward llargiU).
430 A. SUCHETET
Ouest (1). Eulre ces deux formes, quelque peu difiérenles l'une lie
l'autre par la coloration du plumage (2), se trouve toute une série
d'Oiseaux intermédiaires olîrant une réelle gradation de teintes.
Longtemps on a pensé que ces formes de transition devaient leur
origine à l'hyliridation. Si cela est, on se trouverait en présence
du plus curieux et du plus intéressant hybridisme naturel qu'il
soit possible de constater.
Mais si nous en croyons des naturalistes d'une grande compé-
tence en pareille matière, le croisement ne jouerait aucun rôle
dans cette afïaire. Ce serait au climat que l'on devrait attribuer le
passage graduel insensible d'un plumage à l'antre; dans les lieux
où habitent ni aiiratus ni iiic.vicaniis se rencontrent, en eflet, des
formes de transition. Que d'hybrides supposés doivent peut-être
être rapportés aux mêmes causes et, parmi eux, bien des exem-
plaires ([ue nous avons cités !
M. Elliot Coues traite ainsi le sujet (3) : D'abord il remarque
que le professeur Baird, d'après les nombreux exemjjlaires du
D'' Hayden, qui lui ont permis de suivre la gradation insensible
(|ni joint une forme à l'autre, a adopté sans restriction l'hypo-
thèse de l'hybridation. C'est ainsi que le professeur renferme
sous le nom d'hijlii-iiliis une série remarquable de Piverts des
régions du Missouri supérieur et de Yellow-stone, lesquels por-
tent à la fois les marques caractéristiques du Co'.iiptcs auratns
et celles du C. mr.riraiiKs dans des proportions variables suivant les
individus. Il a tracé les voies nécessaires de départ des types
aiiratus au type mexicanus, et a fait saisir les gradations à l'aide
d'un tableau comparatif qui indique les variations des caractères.
La première déviation consiste dans l'apparition des plumes rouges
dans les endroits noirs maxillaires (4), ces plumes augmentent
(1) « Me.xico (^-enerally). cxcept IlicEaslern porlion Norlli of Vera-Cniz, s'jiilh
iiito Ooxaca; north Ihiounsh the Western United states of Silka; also foiind in
Guaciahipe Island. Lower California (irapi-ès le inèrae).
(2) Leur analyse par Elliot Coues (in « Ute Kei/ » ) se résume ainsi : Micxicanis :
Il Red moustaclies in cr"; no red on nape in ^■, tvings and lail orange-red
underneatli : cap lilac-browii: Ihroal asky ; noyellow on belly: back tiinber-
hroirn. » .Virati-s: Illack mniistaclies in cf,red nuchal cresent in cf uings and
lail gnldcn yelUnc undernealh: cap asky : troat lilac-brnwn : yellow on helley,
back nlive-broion. »
(3) Birdsoftlie North-Wesl, etc., p. 2'.I2 et suiv., 1S74.
(4) Ici M. Elliot Coues fait observer que les places noires sont supposées manquer
complètement chez la femelle. Mais M. W. D Scott aurait dit (Pr. Bost. Soc. Acad.,
1872), une femelle non adulte fse.xe reconnu dans une dissection minutieuse) avait
une marque noire à la joue, différant seulement de celle du mâle adulte en ce
qu'elle avait des plumes grises mêlées de noir. Chez la femelle adulte, les contours
de la marque de la joue se voient nettement.
OISEAUX HYBHIDES RENCONTRÉS A L'eOTAT SAIVAGIC 431
jusqu'à ce qu'elles domiiiiiit cl liiiissenl par exclure les uoires et se
transforment coinplèleinent en laniarque rouge du type iiie.ricanns.
Ceci a lieu conjointement avec la diminution et l'extinction de
la liu|)pe écarliite de la nu(jue, où l'on trouve la nianjue caracté-
ristique du jaune doré à l'aile et à la queue passant par la couleur
iuterniédiaire de l'oranger en celle du rouge iiic.iiraiius, change-
ment accompagni^ d'une autre modification (jui allecte la couleur
du brun lilas parliculièie à la gorge et celle du hriin olive du dos,
couleuis ([ui se fondent resiiectivemeut en couleur cendrée et en
gris purpurin.
Si cet liyliridisme existe, il s'étend, nous veiionsde le dire, sur une
très vaste échelle. Mais ,M. Elliot Coues croit prudent de suspendre
son jugement, les récentes recherciies sur la question de variation
climaléricjue « ayant jeté une grande lumièicsui' ce sujet et discrédité
ainsi la plupart des hybridisines supposés de moindrt; imporlauce. »
La circonstance suivante qui est allirmée dans « the Key » et que lui
a fait connaître .M. .Mien i 1) l'a amené à des considérations opposées
à celles du prof. Baird. En ellet, les exemplaires Colnpli'fs (ua-alus
de la Floride portent quelquefois des marques rouges sur les
endroits maxillaires noirs. M. J. H. Bathy lui a parlé d'un spécimen
delà Nouvelle-.Iersey, obtenu il y a quelques années, ([ui montre à
la joue des endroits mélangés de rouge et de noir. Comme le
Colaptcs iiii'.ricanus ne se rencontre jamais dans ces régions,
M. Elliot conclut ([ue l'Iiybridité n'y est pas possible et ce fait
semble prouver que le Colaptes auralus peut tendre vers les carac-
tères de mc.rinniiis par sa ])ropre inhérence aux changements qui
s'opèrent sous l'inlluence du climat.
Cette explication semble aussi à M. Alleu (2) bien autrement satis-
faisante que celle île l'hybridisme lorsque l'on songe que la Iran
sition des formes embrasse un parcours de plusieurs centaines de
milles et qu'il existe une gradation similaire dans les conditions
de l'entourage. Aiijdurd'hui, en elTet, les lois inflexibles qu'imposent
les variations climatéri(iues, sont si bien établies, que l'on peut
prévoir que telle espèce adoptera un caractère donné sous certaines
conditions ou influences climatériques spéciales.
.\insi, si ce raisonnement est juste on ne devra plus écrire :
Colaptes auratus X mexicanus = byhridus, mais Colaptes aiiratus
var. iiirxicauus. Cependant certaines objections peuvent encore être
soulevées, dit .M. Elliot.
(1) Page 19S. (Nous n'avons point consulté cet ouvrage).
(2) Cité par M. Elliot.
432 A. SUCHETET
A noire regret, nous n'avons rencontré que peu d études sur ce
sujet, daus les divers ouvrages que nous avons consultés. Nous pen-
sions voir cette question traitée souvent dans le Bulletin du « Nxittal
ornitholo(]ical clvh » ou dans VAuk, publication spéciale du
Comité ornilhologique américain ; mais est-ce insuffisance de
nos recherches, nous n'avons pu nous éclairer sur ce chapitre.
Nous pensons toutefois que la manière de voir de M. Allen et de
M. Elliot est partagée ; nous eu trouvons une preuve dans une lettre
qui nous a été écrite récemment par Téminent curateur de la
Collection des Oiseaux du Musée national de Washington,
M. Ridgway. Dans cette lettre, en parlant des nombreux spécimens
du Musée appelés hybrides, M. Ridgway terminait ainsi : « On ne
doit point les considérer comme tels, mais simplement comme des
séries graduelles entre deux races géographiques d'une seule espèce
(as merclij the conncctinfj Kcries bctiren two gcographiciil ntrcs uf oiie
specicn). Dès 1880, dans son Catalogue des Oiseaux du Nord (1),
M. Ridgway avait inscrit sous un même numéro (le n° 378)
C. auratus, C.atu-atiis hyhridus et C. nuralus inr.rlrnnut:) semblant
ainsi considérer ces trois types comme appartenant à une seule
espèce, dont les deux derniers ne seraient que des modifications.
Nous reconnaissons cependant que dans un récent ouvrage (2)
M. Elliot Coues a écrit cette phrase : « C. hybridus, perhaps il is a
hybrid, and perhaps it is a transitinnal form )),Le savant académi-
cien semble donc ne point considérer comme absolue l'opinion qu'il
avait émise en 1874, opinion partagée, nous l'avons dit, par M.
le D-- Allen.
Également daus une publication toute nouvelle (3), M. Edward
Hargitta maintenu l'hypothèse de l'hybridation. La variété C. ayresi,
étant intermédiaire entre C. auratus et C. mi'xicanus, lui paraît
devoir être classée comme hybride; toutefois les individus compo-
sant la race ne sauraient être considérés comme descendants immé-
diats du vrai C. auratus et du vrai C. mexicanus, la race de vieille
date aurait subi des mélanges avec les pur-sang du dehors.
M. Edward llargitt (4) s'est étendu longuement sur ce sujet. Mais
M. J. A. Allen, après avoir analysé le travail de M. Hargitt (5), a cru
(1) Proceedings of United slates national Muséum, p. 1(53.
(2) The Key to north ainerican Birds, 1884.
(3) Catalogue of the oflhe Picariœ in Collection ufthe luitish Mvseuii). XVIII.
Londres, 18!)0.
(4) Voir son introduction, pp. 7 et 9, voir surtout, p. 22, où l'auteur parle de la
fécondité nécessaire de C. ayresi.
(&) In the Auk, VIII, I, p. 93, janvier 1891.
OISEAUX IIYBHIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVACE '(3.'l
devoir remarquer que la manière dont l'auteur a traite le sujet
semble « hardly consistent uilli thc nulhor's avowed tcnt'ts, ahovc
quoteil » (1).
Le Code of Nomenclature (2) ne semble faire aucune mention de
C. hybridus ; il porte à titre d'espèces ('. aurattis et C. cafer (mexi-
canus).
Dans les Oiseaux de l'Amérique du Nord, par MM. Baird, Brewer
et Ridgway, les influences climatériquescomme agent de modification
ne sont pas invoquées, et on suppose que le changement graduel
d'une formeà l'autrecst due aux croisements desdeux types. Dans
le Conspectus avitim Picinarwn de Sundevall, on lit (3) cette
phrase : <i aur.^to-mexicanus )■ .1 ris à P. aurato ri /'. tncxicann hyhridiv
notas al) utroquc i/ercns. Mais Sundevall écrivait son ouviage en
1866, celui de MM. Baird, Brewer et lUdgway, date aussi de 1874.
A la rigueur on pourrait supposer que, dans les endroits où les
individus intermédiaires (\ ni/irsi, C. hybridus ou C. aurato-meri-
canus, remplacent les types purs, ils ont été originairiMUcot pro-
duits parle croisement de ceux-ci. puisqu'ils les ont absorbés étant
devenus prépondérants par leur nombre. Quant à leur variabilité,
elle pourrait s'expli(]ucr par le mélange de la race hybride avec les
espèces pures. Cette supposition présenterait surtout quehjue vrai-
semblance si les variations concordaient très exactemeul avec le
mélange oi)éré, c'est-à-dire si les hybrides teudaieni décidément
vers auratits dans le Nord-Est et vers »i('j-/iv()ii<.s' dans l'Ouest.
Nous ignorons si les caractères des soi-disant hybrides capturés
confirment cette manière de voir ? Encore est-il qu'uu partisan de
la variabilité climatérique se servirait des mêmes arguments pour
démontrer sa thèse, car, si le climat change insensiblement C.
aurains en C. incrirnuus (ou vice versa), les phénomènes que l'on
aurait à constater dans ce cas se rapporteraient entièrement à ceux
de l'hybridisme, tels que nous les avons exposés.
(1) Il ne sera peiit-t^lre pus sans ulililé de faire remarquer que M. Edward Ilargill,
partisan de l'iiybridilé en ce i|ui concerne Caurato-mevicanus, rapportcà l'influence
du climat les formes variées du C. viericanus-.ceci dit, il pense que ces formes « ne
sont pas confinées i") quelque surface (léofîrapliique particulière. » l"n examen d'une
très grande série de spécimens la convaincu qu'ils ne pouvaient être séparés. I,a
proche resseudilance de couleur entre les Oiseaux de Vancouver et ceux de
l'Klal de (inerrero. et aussi un exemple de .Nevada et un de Jalapa, exclut la
possibilité de reconnaître aucune des formes comme des sous-espèces occupant une
surface fixe. »
(2) Edit. de 1886.
(3) p. -i.
434 A. SUCHETET
Il régnera sans doute pendant longtemps une grandeobscurité en
cette matière; nous croyons cependant que l'opinion qui voit dans
nuriito-Diexiciinus un changement climatérique tend à se généraliser.
Captures de C. aurato-mexicanus. — Des captures de folaptes auratus
mexicaiU(S ont (''lé mentionnées fréquemment. Nous nous bornerons à citer quel-
ques spécimens ilécrits clans ces dernières années. M. L. Bérier, de Kort Haniilton,
Long Island N. Y., indi([ue plusieurs spécimens (a). Un individu pris par lui-même
au Fort Ilamilton, dont les moustaclies noires parsemées de plumes rouges et le
ilos différaient d'nuralu!! tyjiique; les barres noires très étroites et la couleur du
fond plus olivâtre, correspondaient presque à la figure de C. Ayi'esi donnée par
Andubon, (Binlx of America, VII). Pendant l'automne de 1880, M. Bériertua deux
lligtbolders ayant quelques plumes rouges mélangées au.\ jilaques noires des
joues. M. Bell, taxidermile de New-York, a préparé quelques Oiseaux de ce genre
dans l'espace de plusieurs années. 11 se souvient tout particulièrement d'un exem-
plaire qui était remarquable par la couleur saumon foncé des parties qui sont au
contraire jaune doré chez auratus normal. Presque la moitié de chacune des
plaques maxillaires de ce si)écin]en était rouge. Cet Oiseau avait été tué à Orange
ou dans le pays voisin. M. Wallace a également fait savoir à M. Bérier qu'il pos-
sède un certain nombre de ces variétés et parmi clUs le cas le plus étrange dont
il ait entendu parler. Un côté du spécimen était auratus et l'autre irieiicanus,
c'est-à-dire qu'une des moustaches était noire et l'autre rouge, et les plumes, ainsi
que les surfaces intérieures des ailes et de la (jueue sur les côtés correspondant,
étaient respectivement jaunes et rouges.
M. Hidgway (môme Bulletin, VI, n" 2. p. 121. Cit. par M. de L. Bérier) fait aussi
savoir que, sur deux cents auratus pris dans le voisinage du MontCarmel et
examinés par lui, il découvrit un Oiseau aberrant montrant quelque trace du
luexicanus. Chez les trente exemplaires qui furent tués dans une chasse faite au
Fort-Hamilton et qui furent examinés par M. de L. Bérier, deux individus mon-
traient cette variation.
M. Elliot Coues, de Fort-Philippe (.\rizona) a cité (même Bulletin, VI, n° 3,
p. 183, 1881) un cas très remarquable de C. me.iicanus-uuratus pris à cet endroit
le 20 février 1881. L'Oiseau était ute.ricanus, sauf la première, deuxième, troisième
et cinquième plumes de la ijueue du côté gauche, qui étaient auralus, le jaune
doré en contraste (rappant avec le rouge orange du reste de la queue. Cet Oiseau
montrait aussi la lare anomalie consistant dans la symétrie bilatérale en coloris;
il est un de ceux qui ligurent au Muséum national de Washington.
M. A. Mearns mentionne un Culaples auratus-uie.ricanus * ad., lii juin 1870,
obtenu par le lieutenant Willis Wittich au F'orl-Klamath, Oregon; il lindiipie,
cependant comme Red-Sbalted FlicUer! {Bull, of tlie Ornith. Cluh,\i, n° 4, p 195,
octobre 187'J. (Voir encore sur Colaptes liybridus, ou auratus-me.ricanus, le même
Bulletin, p. 67, 1878; p. 128, 1881; pp. 8 et 143, 1885, etc.).
(a) In Bulletin of the Xuttall ornithological club, V, n» 1, p. 46 et VI, 1881,
n" 4, p. 247.
oisicAi'x iivnniDES nENCONTRÉs A l'ktat sauvage 435
COLAPTES CEIRYSOÏDES (1) et COLAl'TES MEXICANUS
Un jour t[ue M. Herherl Brown collectionnait des Oiseaux dans le
voisinage de Tienton, nolaninient des Piverts dorés {rlinjsi)i(les) (2),
il tua un Oiseau c|ui présentait les marques de cette espèce et
celles de ('. mcvicduiis. D'abord, M. Browu le crut appartenir au
type rliinsoiilcs, mais eu le ramassant, il s'aperçut que, tout en
portant quelques maniues caractéristiques de cette espèce, l'Oiseau,
dans son ensemble, ressemblait davantage au Pivert à plumes
rouges, c'est-à-dire au ('. mc.vicaniLs. Ku eflet, ce spécimen possé-
dait « tous les traits caractéristiques d'un mâle adulte C. mexicanus,
à l'exçcplioii des plumes secondaires d'une des ailes, de quatre
plumes dans l'autre aile, et des trois plumes extérieures de chaque
côté de la queue, qui étaient identiques en couleur et en carac-
tères généraux avec celles du Pivert doré. i> Aussi, M. Browu
vil qu'il avait devaut lui le produit de C. clinjsoides et de C. mexi-
canus. Plusieurs raisons l'empêchent en elTet de référer cet exem-
plaii'c au Pivert hybride, le Cobtpli'n hi/hridns : « D'abord, piirce que
r. cliri/sohlrs et C. iiwxintiuis vivent cùte à cùte daus la saison des
amours, les deux espèces nichant daus le Cactus géant sur le haut
Misas, environs de Tusson. Secondement, paiceque le s|)écimen en
([uestion ne montre aucune fusion do couleur sur les tuyaux ou les
barbes des plumes de la queue; il n'existe aucun mélange de
plumes noires sur la pla(|ue des joues, ce (|ui, d'après M. Browu,
est le trait caractérisli(iuc d'/i///;/vWi(.s-. Lesquel(|U(;s plumes que l'on
vient de nommer, et qui sont semblables à celles de chrysoiiles,
sont aussi claires et du jaune le plus brillant que l'on puisse
trouver, tandis que le reste des plumes des ailes et de la queue sont
celles de mexicanus d'une manière typique, étant rose rougeàtre et
ne montrant aucune tendance à la nuance orange ou jaunâtre. De
même et très exactement les plumes de rhrysdides, que porte cet
Oiseau, ont bien les dimensions de celles de ce tyi)e et forment ainsi
un vif contraste avec les plumes auxquelles elles sont associées et
qui sont beaucoup plus grandes. (M. Herbert Brown remarque
ici (|ue, peut-être, ces plumes ne sont pas arrivées à leur pleine
croissance, quoique cela ne soit pas très vraisemblable, le reste
de la mue étant accompli et la saison très avancée). Enfin le
reste du plumage, même la nuance de la tête, est d'une manière
typique celle de mexicanus. « Ces notes ont été prises par M. Brown,
(1) .appelé aussi Oœpinis chryxoides.
(2) Du grec xpuooî et £ÎSoç.
436 A. SUCHETET
après avoir comparé ensemble deux spécimens appartenant aux
deux espèces (1).
Le Colaptes chiysoldes ligure à titre de bonne espèce dans divers
ouvrages (2) ; MM. Baird, Brewer et Ridgway, tout en remarquant
(ju'il est intermédiaire entre auratus et me.ricanus (3), que sa
l)arenté avec mexi canot des est encore plus accentuée (4), et qu'un
liyliride entre cette dernière espèce et atualus, dans quelques
variétés, rappellerait de très près le clirijsoïdes , pensent néan-
moins qu'il n'y a aucune raison de le considérer comme tel,
attendu que mexicanoidcs n'appartient pas à sa région (5) et qu'il
n'existe aucune transition d'une espèce à l'autre dans aucuns
spécimens (6).
D'autre part Charles J. Sundevall a écrit au sujet du Picus
chnjsoïdes : « invcntns in Culifomia, Malh ; ad limites meiicanos,
Baird. « Incerluni ûidctur an liœc eliavi avis sit hybrida. Corpus
P. aurataiii, P. mexicanum relert. »
L'analyse de C. Ghrysoïdes se résume ainsi (7) « red moustaches
in cT ; non red on nape in cf 9 ; wings and tail golden yellow under-
neath ; cap lilac-brown ; throat asky ; yellow on belly, back um-
ber brown. »
(1) Oixeau mulet. Foresl and Stream, p. '84, 15 juillet 1884. Nous supposons
que r"est le même Oiseau ([ni a été cité sous le titre : À croiti belaeen Colaptes
me.ricanus aiul C. chri/soïdes, in tlie Arizona Daily Star Tucson, IG décembre 1884,
et aussi in Forest an Stream, 31 janvier 1884, cités tous deux in Ihe « Auk » et que
nous n'avons point consultés.
(2) Voy. par exemple : The cala logueof Ihe BirdsofNorth A merica de M. Ridgway,
1880; tlie k'eij to North American Uirds, liy Elliot Coues, p. 4!t3, Boston, 1884
The Code of nomencliiture nnd Check List of Nurth American Bù't/s, adopted
by tlie American OrnilholoyisfsUnion, p. 218, New-York, 188(5.
(3) Parce qu'il a les tuyaux et les barbes jaunes du premier, une plaque rouge
mauve, la gorge cendrée et le croissant de la nuque comme chez le dernier.
(4) Puisque les deux sont roux brun sur le dessus de la tête.
(5) C. chrysoïdes habile le Colorado, le fleuve Gila, le Nord du fort Mohave. Les
auteurs of North anierican Birds assignent à C. chrysoides l'haltitat suivant :
« Colorado and gila River north to fort Mohave, south to cape S' Lucas. .
(Ij) Qu'est-ce que mexicanoides? Un auteur très compétent, M. EUiol Coues,
rapporte le Colaptes mexicanoides de Woodh. au C. mexicanus, M.M. Baird,
Brewer, l\k\g\\ny (North american Birds) disent (p. 579) que ïe Mexicanus n is
distinct from Ihe C. mexicanoides de Lafresnaye. Le C. mexicanoides n'est point
mentionné dans la Check List (1886) ni dans Elliot Coues (T/ie A>(/, 1884).
(7) D'après Elliot Coues {The Key, p. 492, 1884}.
niSEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 437
Dryobates Nuttalli (1) et Dhyodates pubescens GAinnNKai (2)
D'après M. Uobert Fli(li;\v;iy (3i le w SO.i'Jfi de la collection oriii-
thologique du Musée National des Etats-Unis, indi([uéconune Picus
Nutlallii, a toujours passé pour tel. Mais il résulte d'ua récent
examen critique des nombreuses pièces de cette espèce et de ses
dilléreiits alliés, que cet imiividu ne [)eut être rapporté à ce type et
ni à aucune autre espèce connue à cause des nombreux caractères
anormaux qu'il présente. U. Rid^way ne pense point cependant
i[n"i\ a[)parlifnne à une nouvelle espèce non encore décrite, parce
que chaque fois qu'il s'éloigne du D. NuttalU il se rapproche de
D. puhfsrrns, « chai|ue trait de taille, de forme, était exactement
intermédiaire entre les deux espèces ».
D'après lui, cet Oiseau est donc un hybride entre les deux espèces
nieutionuées.
A(in de faire ressortir ses caractères mélangés, M. Ridgway a
dressé un tableau comparatif où l'hybride et les deux espèces pures,
supposées |tarentes, sont décrites parallèlement; nous nous conten-
terons de donner la description de l'iiybride.
« Sommet de la tète noir avec (juelques raies blanches près de la
partie rouge de l'occiput. Dos irrégulièrement barré (^t transver-
salement tacheté de blanc, les barres blanches beaucoup plus
larges que les noires et à la partie antérieure rompues ou modifiées
eu larges taches dontqneliiues-unes ont une direction longitudinale.
Couvertures moyennes de l'aileentièrement noires. Les plus grandes
couvertures, les trois ou quatre [)lumes du milieu, chacune avcc
une petite tache blanche, le reste noir. Tertiaires, irrégulièrement
tachetées de blanc, aucune des taches ne louchant le tuyau. Côtés
de la poiti-iiie, mar(|ués d'un très petit nombre de raies noires
presque indistinctes. Côtés, rayés de place en place et indistinc-
tement con)me les côtés de la poitrine. Flancs, tachetés indistinc-
tement et rayés de noirâtre. Couvertures inférieures de la ([ueue, les
plus longues plumes, plus étroitement barrées de noir que chez
Nuttallii, les plus courtes marquées de taches.
(1) Le iniMiie que : Picns Nuttalli.
(2) Le inôiiie ((ue : Picus Gilirdneri, KUiolCoues rapporte à retle variélé : Picus
nieridionalis NiiU., Picus lurali Malli., Picus IwiiiDrus Cab. et Heine, Picus
( Dryobates I iKjmorus Gray.
(3) On a probable hybrid belween Dryobates Nuttalli (Gaiiib) et D. pubescens
Gairdnerii (.\uil.) by Robert Ridgway. Procecdings of U. S. national Muséum,
pp. ">i\ et :iii, 188G.
438 A. SUCHETET
Le D. Nutlalli a été mentionné par Ganiliel pour la ])remière fois
eu 1843 : « Je tuai cette espèce, dit l'énnueut «luitliologiste, dans
un taillis de Saules, près de Pueblo de los Angelos, dans la haute
Californie, le 10 décembre. L'Oiseau était vivement occupée donner
des coups de bec dans un des arbres, jetant de temps à autre un
cri singulier que je u'ai jamais entendu d'aucun Woodpecker » (1).
Le P. NuttalU est porté dans le Code of nomencbituir (2) à titre
d'espèce.
Elliot Coues la meulionue du reste dans son nouvel ouvrage (3).
Quant au P. pubesccns ou le divise généralement eu deux races, le
P. puhescens, proprement dit, et le Picus Gairdneri. Les deux
formes passent de l'une à l'autre ])ar um^ graduation insensible (4) ;
M. Ilargitt (5) fait du dernier une siihupccies du /'. i>ubi'sce)ts.
Entre deux familles Turdida' et Fringillidœ.
Genres Saxicola et Carduelis
Saxicola rubricola (G) et Carduelis elegans
M. Anatole Carteron, auteur du Guide pédestre de hi Hoiinjoijiie aux
Pyrénées (7), attribue l'origine de « beaucoup » de variétés à des croi-
semeuls à Vélat libre! 11 ailirme avoir vu à Tarsul (Càte-d'Or), chez le
sieur Couturier, garde chef de M. le marquis de Courtivron, « un
Oiseau très curieux », et qu'il suppose provenir « du croisement du
Chardouueret et du Traquet pâtre! Le uid élalili sur un Poirier
et que l'on pensait être celuid'unCliardonueret, raconte M. Carteron,
avait été déniché, au mois de juin 186G, à la ferme Jument de Cour-
tivron. Les petits ressemblaient du reste « à de jeunes Chardonnerets,
et eu avaient le rappel caractéristique » ; mais « avec l'âge », le plu-
mage des quatre Oiseaux se modifia d'une manière étonnante, « à peu
près d'une façou identique chez les quatre frères ou sœurs. » Trois
(1) Proceedings of llie Aeademy of National Sciences Pliilai,iel|)hia, p. 279, avril
1883.
(2) Ed. de 188G.
(3) Key to Norlli America Birds, p. 482, Lonilon el Boston, 1884.
(4) Voy.: Elliot Coues, A Hand-book, p. 283.
.Vndubon [Synopsis of Birds, p. 180) semble avoir considéré P. pubescens el le
P. Gairdneri comme des formes distinctes, ce serait une erreur.
(o) Catalogue of Picidœ,\\lU, p. 241, 1890.
(()) Autres noms : Molacilla rubricola, Sylcia rubricola, Pralincola rubricola
etc.
(7) Causeries sur l'histoire naturelle, Oiseaux el Papillons, Paris, 18G8.
OISEAUX HYBIUUKS ItENCONTHÉS A L'ÉTAT SAIVAGIC 439
moururent pendant l'IiiviT de 181)7; aussi l'écrivain ne put décrire
(|ue le survivant. (|iii)i(|ii'il Tait vu au nionu'iil do la mue, alors que
les plumes do la queue étaient en partie salies ou tombées.
v( Le bec, les pattes et les ailes à miroir jaune doré, étaient, dit-il,
ceux du Ciiardouueret. Le masque, au lieu d'être rouge, était com-
plètement noir avec reflet marron sous la gorge ; le collier blaui', très
peu large, se prolongeait comme cbez le Traquel, jusqu'à la nais-
sance de l'aile; le dos était bruu foncé, el la poitrine terreuse était
lavée de noir. » Je n'ai pu euteudre, ajoute M. Carteron, le cbant de
cet Oiseau qui était un mâle; le garde m'a assuré que c'était le
(•liant du Cbardonneret. un peu moins éclatant et avec d'assez
fréquentes suspensions (l). » M. Anatole Carteron ne revendique
l)as la découverte de ce métis. « Albin et Brisson, dit-il, ont
tous les deux indiqué le Cliardoiincret à Capudiou noir commi' une
variété accidentelle du Cliardouneret en liberté.... Albin ajjpelle
son Cbardonneret thc Stralhnr Cohl-finch (le Chardonneret Hiron-
delle). » C'est là elîecti\ement et sans connaître la dénomination
d'.Mbin, continue l'auteur, l'inqiression que m'a produites ce sin-
gulier Oiseau, à cause des reflets marron de la gorge, qui rappellent
celle de l'Hirondelle de cheminée; mais, en réfléchissiuil ([U(; le
rouge et le noir produisent le marron elen couq)arant la dillérence
de mœurs et de constitution, le bec, la queue et les pattes du
Chardonneret de l'Hirondelle, on reste parfaitement convaincu de
l'impossibilité d'une pareille sup])<)sitioii, et de la vraisemblance
beaucoup plus grande, justifiée itar les foiiiies, d'un croisement
avec le ïraipiet. »
Nous ignorons quelle est la variété Cardnrlis que M. .Miiiii a
nommée Swallow-Goldfinsh, mais certainemeutdans l'exemple que
(îile M. (Carteron il ne s'agit ([ue d'une variété. On sait que le plu-
mage du Chardonneret est sujet à de nombreuses variations; ou
connaît des variétés à tète noire, d'autres mar(|uéesde raies oblou-
gues (2i; on a même décrit comme espèce nouvelle, sous le nom de
r. alboijularis, sans doute une simple variété à poitrine blanche (3).
Dans le Musée Noury, à Elbeuf-sur-Seine, il existe un Chardoimeret
marron au(|uel M. Carteron aurait certainement attribué la môme
origine qu'au spécimen qu'il décrit. Dans la même collection on en
voit un autre entièrement l)lanc, à rexcei)tion du masque rouge et
lie la barre jaune de l'aile. Les bjil)rides Chardonneret-Hirondelle
(1) Voy. p|i. ii'.tet (;u.
(2) Voy. : De^land et (iorbe. Op. cil , 1. |>. 2rf0.
(a) Voy. : Soi'ljolim., Op. cit.. Il, p. 8«.
440 A. SUCHETET
ne sont pas du reste absolument rares, car M. Vegmiilhu-, pliarma-
cieu à Morat (Suisse), dans une conimunication qu'il veut bien nous
adresser, nous apprend qu'un paysan de sa contrée lui vendit autre-
fois, sous cette dénomination, un Oiseau, en eftet assez curieux
« dont la tête, le dos et une bonne partie de la gorge étaient entière-
ment noirs. » On s'étonnait beaucoup en voyant cet Oiseau ; mais peu
à peu ses couleurs se modifièrent et dès le commencement du prin-
temps qui avait suivi sa capture, on apercevait de petites plumes
rouges à la tète, et insensiblement, il devint >< un Chardonneret
d'une grande beauté (1). »
Mnncs faniillcs : Genres Ruticilla et Carduelis. — M. A. Boiivin-
Ghappuis, de Sion (Suisse), nous a écrit, il y a quelques années,
([u'il avait observé (ou qu'on avait observé) dans son canton* un
Chardonneret croisé avec un Rouge-queue » dont tout le plumage
était presque complètement du iJernier, tandis qu'il avait toutes les
formes du premier.
Nous avons prié M. Bonvin-Chappuis de bien vouloir nous
doniiei' ([ueiiiues jjIus amples renseignements et de nommer l'espèce
de Itaticilla qui se serait croisée, mais nous n'avons point reçu de
réponse (2). Quand et par qui l'Oiseau a-t-il été tué, a-t-il été soumis
à un examen sévère, sa description détaillée a-t-elle été f;iite, nous
l'ignorons. Nous ne pouvons donc enregistrer à aucun titre un
Oiseau sur lequel d'aussi vagues indications nous ont été données
et dont l'origine n'est pas vraisemblable.
Ces deux exemples sont les seuls qui nous ont été indiqués
comme mélanges de Passereaux appartenant à deux familles difié-
rentes, à moins donc de parler d'un autre fait qui ne mérite
davantage de lixer l'attention, et que nous a fait connaître un mar-
chand de gibier de Duukerque. Pendant l'hiver, au moment du
passage des Alouettes, on trouverait quelquefois, parmi les Oiseaux
pris, des spécimens» paraissant avoir du Vert-Linot et de l'Alouette.
Corps de cette dernière, bec et pattes du premier, parfois brunes. »
Des indications aussi peu précises ne nous permettent pas de
prendre au sérieux des mélanges de ce genre qui sont, .sous tous
rapports, peu croyables.
(1) M. le D' Winleler, d'.Varau, avait bien voulu nous indiiiuer ce fait.
(2) On sait (|u"il existe en Europe trois espèces do Rouf,'e-(iueue, le Rouge-queue
liUiys (Ruticilld lithys), le Uouge-iiueue de murailles (RuliciUa pha'nicura! elle
Rouge queue ù ventre roux {Riilicitld eri/titrogastra): jiiais ce dernier parait
nlialiiter ipie l'Europe orientale.
OISKAL'X llYUHinKS RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 441
CONCLUSIONS
Les croisenienls iMitre Passereaux de famille (lilïéienle, même de
famille i)eii éloifiiiée, comme le seraient les deux derniers cités, ne
sont donc pas iirouvi'S, ils ne sont mcme ]ias vraisemblables.
Les mélauges entre denx genres distincts, fort peu nombreux,
ne sont pas non plus sullisaniment attestés ; celui qui paraît avoir
élé constaté a été contracté avec une espèce exotique échappée par
hasard de captivité (1).
Si l'hybridité se manifeste quelquefois chez les Passereaux à l'état
libre, c'est donc parmi les espèces ra|)|irocIiées (|u'il faut la cberclier
et principalement parmi les variétés d'uue même espèce. — Tel est
le résultat auquel amènent les études que l'ou vient de présenter.
Deux ordres de faits s'en dégagent: ou les bybridi's sont acciden-
tels, dus à des circoustauces qui ne se re[)rodiiiront pas dans
la suite ; ou, au contraire, leur production semble, si non régulière,
du moins assez fié([uente et devoir se continuer.
Dans le premier cas, les lu l)rides, ainsi formés, sont à négliger, ils
ne sont d'aucune importance; en supposant (hypothèse peu probable)
leur fertilité, leur mélange forcé avec les espèces pures ferait bientùt
retourner leur progéniture au type des ancêtres. Dans le second
cas, ils doivent attirer sérieusement l'attention du naturaliste, car
ils semblent dus à une sorte de nécessité, provoqués i)ar des causes
naturelles.
Pour se rendre compte de ces faits, il est utile de classer dans
deux catégories les croisements qui ont été énumérés et dont ou
vient de parler eu détail. On a en eltet, cité : 1" des croisements
entre types que les zoologistes considèrent pres<iue unanimement
comme des espèces; 2" des croisements eulre types ([ue l'on peut
sans doute ranger au nombre des variétés climatériques ou des
(I) .Nous ne venons point dire par là i(m' le croisenienl de Passereaux apparte-
nant ù deux genres distincts soit nécessairement infructueux. Kn captivité, on
parvient ù obtenir de tels mélanges. I.e Mentor agricole, de Bruxelles, donnait der-
nièrement la cliromolilliograpliie d'un hybride né au Jardin Zoologique de
Copenluigue du croisenienl du Verdier ordinaire avec le limant jaune, hybride
qui nous avait été déjà signalé par M. .\. von Klein, veneur, membre de la direction
du .lardin Zoologique. Nous serions à même de citer bon nombre de faits de cette
calégotie. La femelle lUiuvreuil (Pijrrhula viilgaris', entre autres, se croise
volontiers avec d'autres Fringillidœ d'un genre un peu dillérent du sien, tels que le
Cunluelis elegans. le Cunnahina liiwUt, l'.icanlhis linaria, etc., etc ais
tous ces croisements se sont produits en captivité.
442 A. SUCHKTET
races locales et qui, du reste, out été classés ainsi, quoique
les oruithologistes se montrent souvent en désaccord à leur sujet,
vu la tendance actuelle à séparer spécifiquement les individus sur
lesquels ou ne reucontie quelquefois que de très légères dilïérences
décoloration.
Il y a lieu aussi de retrancher, dans ces deux classes, les mélanges
c[ui sont, ou trop douteux, ou peu vraisemblables, ou très hypo-
thétiques, car il n'est pas nécessaire de tirer des conclusions de
faits qui ne se sont peut être jamais produits.
Parmi les types considérés pres(iue unanimement comme espèces,
nous trouvons les croisements probables suivants, (juelques-uns
même paraissant autheutiques :
1 Ligurinus chlork X Cannabina linola,
2 Liguriiiiif: chloris X. Carduelis (icijans,
3 rhrysoiiiilri.s xpinus x lAmirin (sp. ?],
4 Cardav.lis eleyans x Cannabina linolu.
5 FringiUa cœlcbs X FrimjiUa inontifrinylUa,
G Pinicula enadcalor x Carimdacus piopureus,
7 Eiiibcriza citrinella x Etnberiza schœnicltis.
8 Junco hyeiualis X Zonotrichia albicollia,
y Passer domesticus x Passer montanus,
d^'^ Passer montanus x Passer Italiœ,
10 llirundo erytliroyaster X Petroclielidun Iniilpxnis,
11 llirundo ruslica X llirundo urbica,
i2, Parus atricapilus X Parus Gambeli,
13 Parus cœruleus X Pœcile coiniaunis,
14 Parus palustris X Parus cristatus,
15 Cyanistcs cyanus X Cyanistes Pleskei,
16 Cyanistes ci/aiius X Pœeile longicaudus,
17 Helminthophaga pinus X Helmintliophai/a chrysoptera ,
18 Helminthophaga pinus X Oporomis formosa.
19 Pelrocincla eyanus X Petrocincla saxalilis,
20 Tardas meruta X Tardas visivorus,
21 Lanius rufus X Lanius collaris,
22 Colaptes eltrysuides X Colaples mexicanus,
23 Dryobates Nuttalli X Dryobates pubescens.
Ne sont donc point iiicutionnés dans cette liste, (iiioiqnc appartenant à de bonnes
espèces :
1" Cardttelis elegans X Vringilla canaria, Cannabina linota X fringilla
canaria, l,n.ria oryzivnra X Fringilta (sp. iiic), Emberiza brasiliensis X
Passer Uomeslicus, pai'ce que ces croisements, s"ils se sont i-éellement tous i)ro-
OISEAUX IlYBItlDKS HKNCONTRÉS A I.'kTAT SAI.VAGK 443
duils, ne sont [iDiiil, il |ir(i|Jiiiiiont |iiirlor, des iiuHiin^'cs d'espèces vivant ù l'étal
sauvage.
2° Chrysomilris spinus X Curditelis elegans, Seriniis liDrliilanus X Carduelis
elegans, Serinus hnrtulanusX Cunnabina linotu, Chrusomilris spinus X Ligti-
rinus chlons, l.igurinus clthris X l'osser Ilaliœ, Uirundo erylkrugnster X
Pelrocheliilan Strninsotii, Parus atricapillus X Purus bicnlor, Turdus meruin
X Turdus musicus. Turdus li}r(iu(ilus x Turdus mcruUi, Coracins gnrrula X
Coracias indica, piinc ciueccs inrlan^îcs supposes ne sont pas siiflisaminonl prouvés
el que (pu'lques-uiis ini'^me sont liés doiileiix.
> Acanlhis liudridXSpinusiiiiius, I)cii(lr(rc(i slriutii X Perissiglossa tigrinw
Regulus satrupu X Kegulus ailcndulu. Ci/iinororu.r cyaiwinelus X C'janiicora.r
cyanopogon (ou Ciianocnnix riiyanus). Jora ti/phia X J'»'o zcylanica, parce que
ceux-ci sont tout à (ail iiypotlictiipies.
4» Fringilln ciricbs X Fringilla spndiogciiii, pane ([ii'il s'aj;il d'un simple
appariage présume.
5° Eniheriza cilrinclla X liiiiheriza pilhyornus, liiiiberizd cilrtnelta X Fiii-
beriza cirlus. Parus paluslrisX l'urus cyanus, parce que la capture à l'étal
sauvage des hybriiles rencontrés n'est pas absolument certaine ou que ce renseigne-
ment n'a pas été donné.
G" I.oxia currirostra X l-oxia bifasciala, Cyanisles cyanus X PffcHe longi-
cuudus. Ciirrus frugileus X Corrus cornix, parce (pic la mention qui ena été faite
csl trop vague.
7° Fringilla r'i'/e/w X /'"•'>'''<''' f'o""'-"'''"^"*. i'hrysoniilris spinus X Pyrrhula
rutgaris, Corrus corax X Corvus corone. l'orrus corone X Corvus frugilegus,
Saxicola rubricola X Carduelis elegans, parce que ces croisements ne sont pas
probables el restent fort douleiix. l'un d'eux est inénie-cerlainemeni faux
8» (yanisles cyanus X Cyanisles cirruleus, Plhil<inurynclius holosericus X
Sericulus chrysocephalus, parce que ces mélanges ont élé contestés.
'.)» Enliii f'o/(ipte.\- auralus X Cotaptes mexicanus. iiiircc que ces deux ly|ii's
appartiennent probablement à une seule espèce cl ipie les hybrides sii|i|insés ne
sont (pie des modiricalions clinialéii(pies.
Parmi les types (lue in)us riingerons iiiiiiiii les r;icos on variLMil'S,
ou trouve :
24 Spizelld paUida x ^])i:('ll<i llrnreri,
25 Passer dovirstlcHs X Passer llnliœ,
'25i<is Passer salicicola x l'asser llaliiv,
2G Lo.riii eurvirnstra x l-O.rùi pilyopsiltiints,
27 Cyiutits flaripertns x ('nnitislcs ri/inius var lian-schanicus,
28 Aereduld cnndata X Acredula Irbyi,
28'''* Acredula rosea X Acredula Irhyi,
20 Moldrilln (lUm ; Mvtacilhi hii/ithris,
30 Budytes //«ca x Hndyti's iiielaiiucephalu,
30'''-'* Budyles flaca X Budytes ravtpeslris,
30''^'' Biidiites lliini X Budyles lnirealis,
31 Cyanerula Wnlfi X Cydneciild lencncyanea.
SI"»'* Cyanecula suecica X Cyanecula leiicocyaneu,
44't A. SUCHETET
32 Cinrlus coshinirii'n.'iis X Cincttis Icncnijdsler,
32'''s Cinclns cashinirioisisX Ciiiclus mnliilus,
33 Ijuiiu.s cjcubitor X Laniiis major,
33'''* Ijinius c.rculiilor X Lanius li'iicopterus,
34 Carcus ni'ijli-clus X Con-ns daiirrrus,
35 sitta ciiropea X Sitta cœsia,
36 Corarias iniUrn X Coracias ii/Jinis.
N'onI (lonr poiiil élé nniiiinés daiiscellfi lisle :
1» Àcanlliis linariu X Acanihis e.rilipes, Zonotrichin leiicophn/s. /.iiniilriclua
Cambeli et Zonolrichia Canibfli inlermedia, (Uirruliis glandaritts X Garrulus
Knjnicki, |)ai'ce que leurs cruiseinenls restent trop <loiileux.
2" Philnmela lusciniaX PhHomela major. Copui/clius mttsiciisX Copsichiis
amœmis, Lanius excubitor X t-d'^'i''^ borealis, jiarce que ces mélanges ne sont
pas sullisanimenl allinnés.
3» Knfin Cyanistes cœruleus X Cyaniste!! Pleskei, parce que ce n'est qu'une
présomption
4" Cyaneeula Wol/i X Cyaneciila suecica, [larce que la mention ipii en a élé
faite est très vague et que la citation est du reste suivie d'un point d'interrogation.
Par les motifs (jiii mit élu expliqués dans le cotirs de ce travail,
nous croyons devoir faire rentrer dans cette liste, et non dans la
précédente, les croisements suivants oubliés à dessein :
37 ('(irihii'lis clri/ints var. imiior X Cardiiclis caniceps,
38 lihipklnrn jldln'lllfcra x lihipidiini fiillijlnosn,
39 Cornus coroiw X Cnrvus corni.r,
30''is Cornus corni.r X Corrus orlcnlnlis,
40 Puradiscu apoda X Paradisea rn(jiiiana,
41 Turdus ruficoUis X Turdus alriijularis,
li\.^'-^ Turdus fuscatus X Turdus Xnumnnni.
Ainsi y aurait-il nécessité d'auguienter ([uelque peu le nombre
des croisements entre variétés que nous énumérions en commen-
çant (1).
■ Or, sont tout à fait accidentels : les n^^ 0, 7, 8, 0. 9^'% 10, 12, 13,
1 , 1(), 18, 19, 20, 21, 22. et 23 ai)partenant à la première catégorie:
les a°^ 24, 23, 30 de la seconde catégorie. Ces mélanges n'ont été
(I) Nous serions mèuie autorisés à :ijouter à cette liste Cyanistes cyanns X
Cyanistes Pleskei: car cicrH/pio;, dont Pleskei eaV variété, peut aussi être consi-
déré comme race dé cyanus. Vn ornithologiste de très grand mérite, que nous
avons eu l'occasion de citer bien des fois dans le cours de cet ouvrage et avec les
plus grands éloges, M. (luslidet, dont l'autorité ne sera certes point contestée, ne
voit dans C cyantis, C. cœruleus. C. reneriffa-. C. ultraniarinus. (|ue des races
ou formes dérivées d'un même type.
OISEAUX IIVIiiniii:S RENCONTIIKS a LETAT sauvage ï't.)
(■oustatt's qu'une seule fois; ils sont doue, i-omiiu' mius l'iivous dil,
à négliger, n'élaut d'aucune iuiporliince.
Plusieurs (les (Moiseinciils portés sous les autres luiuiéros pour-
raient encore être considérés l'onnne accidentels, quoifjue observés
plusieurs fois, parce (pi'ils l'ont été à de très rares intervalles ; quel-
ques autres seinlileni se produire de temps à autre, plusieurs même
appartenant spé('ialenieiil à la dernière caléiiorie d'une façon assez
régulière, tels sont ceux du Corrus corone et du Corvus cornir. Nous
porterons plus particulièrement notre attention sur les n»^ 1,2, M, 4,
0, 11, lo et 17 de lapremière catégorie; sur les n"^ Soi»'», 2i), ."il,
Sli^'s, 32, SS»-'^, 33, 36 de la deuxième; ainsi ([ue sur les n»^ 37, 38,
3!), 40, 41 et 41'''" qui ont été indi([uôs en dernier lieu et que nous
croyons devoir rattaciier à la dernière classe. — On remarque que
c'est parmi les races ou les variétés, presque exclusi cernent, que l'on
rencontre des croisements en quelque sorte suivis, quoique beaucoup
rentent tri's problématiques.
Les mélanges se produisant entre races ou vaiiétés n'ont rien
de surprenant ; il paraît même naturel que des individus appar-
tenant;'! une même espèce souche, (|uoi(iue difïérant par la colo-
ration, se croisent lors(|ue leurs raïujes (suivant l'expression
anglaise) se rencontrent. On n'est point certain, du reste, nous
l'avons dit, que les sujets à coloration mélangée soient toujours et
nécessaii'i'mcnt des |irodnit>< d'un cioisenient. Dans les variétés où
les races des changements de coloration ijcuvenl être produits par
des causes naturelles, notainnienl par les inlluences du milieu,
(pi(d(|ni'f(iis par la pro|)re iidiércni'edesOis<'aux aux variations. On se
rajipcl lequel! loger a cité un cou ] île de (loineijles entièrement noires,
d'où sortirent des jeunes à coloration mélangée et qui, certaine-
ment, anraii'ut été considérés par tous les ornithologistes comme
réels lu hrides de ('. corui.r si ces Oiseaux se fussent rencontrés dans
les environs.
Mais le croisement de types aux<(uels nous attachons l'idée
d'espèce nous frajtpe davantage, nous chotpie même en (judijuc
sorte. A leur sujet, nous présenterons les remarques suivantes :
Les n<" I. 2, 3, 4, appartiennent à des espèces dont beaucoup de
représentants vivent en caidivité où ceux-ci se reproduisent (|uel-
quefois en se mélangeant les uns avec les autres, en sorte, on l'a
vu, qu'on ne peut point être absolument sur que tous les hybrides
rencontrés à l'état sauvage soient nés dans cet état. Mais, y
seraient-ils nés. comme cela est vraisemblable pour plusieurs,
qu'ils ne paraissent pas devoir s'y reproduire inler se à cause de
leur petit nombre, de leur éloignemeut les uns des autres, et
446 A. SUCHETET
surtout d(î leur iuiï'coadité [Ji-oluible, si l'on eu ju^^e par leurs sem-
blables retenus eu captivité.
Du reste, il n"a jamais été parlé dans ces croisements de proiluits
trois quarts sang, cinq huitièmes, etc., mais simplement d'hybrides
directs; eteaefïet, lorsquedansquelques rares occasions l'a ppariage
des parents a été constaté, c'était entre espèces jinres. Si fréquents
qu'ils puissent être, ils ne sont donc poiut appelés à modiUer les
types établis. Il en est de même du n" o, soit F. cœleb.s X montilrinf/ilia;
on n'a jamais rencontré de cou[)les appariés de leurs hybrides <[U!
vivent isolés (.'à et là et sont comme perdus au milieu des espèces
pures sans les altérer (1).
Il faut en outre remarquer que beaucoup de croisements peuvent
être provoqués par l'action de l'homme; les mélanges du Llijnriinis
chlorin X Cannabina linota, du fj(jiirinusclili»-is X Canhiclis eh'ijnns
et de ce dernier avec Caiinnhina llnold, sont surtout constatés en
Angleterre, où, si l'on en juge j)ar la fréquence des expositions orni-
thologiques, les oiseleurs doivent être fort nombreu.K et désapparier
une quantité de couples établis.
Tous les hybrides du croisement portant le n° 11, U.ntslicd X //.
urbirn, que nous avons vus en grande partie et qui ne dépassent pas
le chilTre de sept ou huit, sont, dans leur physionomie, sauf l'exem-
plaire appartenant à M. Taucré, de véritables nislica à croupion
mélangé de blanc (2). La large bordure noire qui encadre sur la
poitrine le roux de la gorge fait généralement défaut chez elles;
cette absence de coloration et le blanc du croupion seraient-ils dus
à un albinisme partiel? Non point que nous cherchions à mettre en
doute leur double origine (jui semble s'annoncer par d'autres
caractères, notamment par le duvet blanc qui garnit les pattes de
plusieurs échantillons. Mais les croisements d'espèces pures ont pu
encore être déterminés par des circonstances fortuites. Ces deux
espèces, construisant leurs nids dans les lieux habités par l'homme,
sous le toit et contre le mur des maisons, tout particulièrement
dans les corps de ferme où fréquemment elles #e trouvent déran-
gées, peuvent être amenées à contracter des mélanges (jui ne se
produiraient point si leurs nids étaient toujours établis le long des
(1) Nous aurons, du reste, à examinei' ulléiieurement la ilislinclion spécifique
qu'on a établie entre mnnlifringilla et cœlebs; nous ne pouvons le faire dès
aujouiilhui, parce qu'il nous manque des renseignements sur les moeurs, les habi-
tudes, la nldillcation, les œufs de ces deux types, présentant déjà de grandes alli-
nités en ce qui concerne la manière dont leur plumage est disposé.
(2) Nous n'avons pu loulcfois apprécier l'exemplaire du Musée de Berlin, 1res
détérioré.
OISEAIX HYBRIDKS RENCONTKKS A l'kTAT SAUVAGK 447
côtes, sur lus rocliers, les falaises ou autres lieux déserts. C'était, ou
se le rappelle, l'opinion du savant Glogersurle premier exemplaire
oi)servé.
On ne peut sans chnite alliilmer aux inèuies caus.'s les croise-
nieats supposés des deux Mésanges, l'anis cjianns. l'aiKs Pli'xkri
{n" la). Si nous considérons l'Iruhci comme race de nt'nilcii'i dont
il dillére fort peu (I), rirnilrns s'éloigne réellement de cynnits
(luoiqiie encore très proche allié de cette espèce. Nous avons conservé
longtemi)s devant nous des écliaiitillons de ces deux types, les
regardant fré(piemmeutet les examinant avec soin. Certaines dispo-
sitions de la coloration nous ont paru dilliciles à expliquer par de
simples modifications graduelles ducs à l'albinisme cpii allocte cer-
tainement une grande partie du plumage de ciianiifi et le dillérencie
ainsi de celui de cœrnleus. Toutefois cyKiius pourrait être dérivé de
rœrulem (2) et parconséqnent ne point s'en séparer si)éciriquement.
Lescroisements decesdeux mélanges peuvenlaussinepoints'étendre
sur une grande échelle, comme l'a supposé M. .Meuzlticr. Nous
n'avons pu enregistrer jusiiu'alors ([ue cinq spécimens présentant,
d'aprèslesavanl])r()fesseuret .M.Zaroudnoï,descaractèi"esmélangés.
Frohablement depuis la publication du mémoire de M. .Menzbier
et de celui de .M. Zarondnoï, peu de nouveaux hybrides sont venus
grossir le nombre très restreint indiqué dans ces travaux; nous
n'avons jioint trouvé de mentions de ce genre dans les revues
ornithologiques. On se souvient en outre que ces «luelques exem-
plaires, quoiiiue dilTérant les nus des autres, ne prouvent point pour
cela Texistence de croisements des espèces |)nres avec les hybrides
ou des hybrides eutre eux ; ils peuvent provenir de mélanges directs
des deux types. L'origine que .M. Menzbier leur attribue est du reste
niée par un naturaliste (|ui croit à l'infécondité du type l'Iraki'i.
Eu ce (jui concerne //. pimis et //. crysupti'id, qui sont maintenus
dans la première liste, quoique plusieurs des traits distinctifs chez
rlirnsoptiTti puissent s'expliquer, les uns par un albinisme, les
autres |)ar un mélanisme. nous remarquerons que l'origine de
leur |uoduit supposé //. U'Hcohronchialis n'est pas certaine, elle
a été et est encore vivement contestée, //. Icticobrnnrhinlis pouvant
(1) Le jaune lies parlios inférieures ilo raîni/fHS est 1res aUénué ihcz Pleskei,
il n'y esl guère visible que sur les lianes el à la région de l'anus; le reste ilu
dessous du (•or[)s esl lilanc ^ris. Sur le ilds de Pleskei la eouleur blru verdAlre
(jrisAlre de CiiTulcns se change en Meu grlsAIre. Nos exein|iUiires l'Ieskei ont la
(|ueue un peu plus longue cpie chez iirruleus.
(2) C'est lavis de M. Ouslalel, comme onvicnl dr le iliii' à la page précédenlc.
448 A. SUCHETET
èlvc kii-iiK^iiie une race ou iiiie espèce (I) s'iiybridisiint avec
eux. Il est doue prudent d'attendre de nouvelles observations
pour conclure, puisque I.iiiircncei, leur hybride plus certain, est
accidentel.
Telles sont les explications que nous croyons devoir donner sur
les l)uit croisements entre types de la première catégorie, c'est-à-
direeutreformesconsidéréesunaninieuientcomme espèces, quoique,
nous l'avouons, les types se rattachant aux croisements 3, S, 15 et
17 nous laissent des doutes sur leur valeur spécitique. Suivant
notre manière de voir, nous ne voyous guère, méritant bien le titre
d'espèces, que Llf/urinus cliloris, CuniKibina lixota. Cai-ilueUs elcgans,
Ilirundo uiiiicael Hirundorustica, car il existe de grandes affînités
entre Chrysomiliis spiniis et les races du genre Linaria, et la dispo-
sition du plumage de Fringilln cœlebs et de Fringllla montlfriiigillit
est identique quoique la coloration des|)ignientsdilïèrenotablement.
Au sujet des croisements de la seconde catégorie, il est tout
naturel, on l'a dit, que deux variétés, provenant d'une même espèce,
se mélangent lorsqu'elles se rencontrent on lorsqu'elles ne trouvent
point, |)our s'apparier, des individus de leur propre variété ; ces
croisements ne se rapportent pas du reste directement au sujet que
nous désirons traiter : le mélange des espèces.
Toutefois, comme les types que nous avons nommés en dernier
lieu, et que nous rattachons à cette dernière catégorie, ont été
jusqu'alors considérés comme espèces ])ar beaucoup de ceux qui en
ont parlé, il est bon de présenter quelques remarques sur leurs
croisements (|ui ont été constatés ou supposés plusieurs fois.
Ces mélanges concernent principalement les n'^ 38, 40, 41 et
41 bis, car la forme Canhiclls canlcrps, indiquée au n" 37, a été
portée comme siil)-!<i)ecii's par M. Seebohm, et la valeur spécifique
de Corvus vornix (n" 39) n'est plus guère reconnue, d'où il résulte
que C. oricntalis (n° SOi»'*) devient au même titre variété de ('. rurni.r
puisqu'il l'est déjà de C. coronc.
Rappelons d'abord que les formes Turdui nlrifiidaris et Titrdits
ntlirtillia ne sont peut-être, suivant la pensée d'un savant, que « des
manières d'être de races géographiquesd'une seule et même espèce, »
et, d'apiès le même ornithologiste, que T. luscaliis et T. Naumanni
« présentent des transitions insensibles les reliant les uns aux
autres. »
On connaît du reste les grandes allinités de ces quatre formes, la
(I) .Nous ii'iivons jioinl vu H. leticoliriinrhittlis.
oi.si;\Lx iivuniuES rencontrés a l'état sauvage i'i".)
(lilliculté qu'il y a à les renonnaître ainsi quo. leurs aplitudos aux
variations. Les prochiits des croiscineuls et (Mitre-croisemeuts des
quatre espèces, s'ils existent, ne sont donc pas à proprement parler
des hyhrides dans le sens où nous les entendons, ne pren.inl en
considération que les hybrides d'esj)èces.
Quant aux croisements des Ithipiduia (labrlliferaet des lihipiihira
fulifjinosn, certains puis(iu'ils ont été constatés di' tixu, (à moins
donc (ju'il ne s'agisse encore dans ce cas de parents des deux
espèces couvant tour à tour dans un même nid comme cela a été vu
chez les Grives et les Merles), M. Poils remarque que les jeunes
qui naissent de leurs croiseuKMits ne sont pas de coloration mélan-
gée, mais laiitùt d'un type, tantôt de l'autre (1) ; ils ne sont donc
pas appelés à modilier l'espèce, même dans le cas où ils seraient
aptes à la reproduction (2).
Du reste, nous nous étions réservé de présenter (juelqiies obser-
vations sur les relations de coloration et de forme qui existent
entre ces deux types. Ce sont des Oiseaux de même taille et de
même confoiniation; la forme même des i)lunies de la queue, qui
est en éventail, est ideuli(|ue chez les deux. (Test le fond de la colo-
ration qui diffère, non point cependantd'une façon essentiellecomme
on va le voir. Le plumage de fnli^jinomi est très somhre, très foncé,
d'un aspect triste; mais c'est le plumage assombri iU' jlalniUfèra
dont on reconnail facilement les teintes. Ou bien, si l'on aime
mieux, fin liHli fera est nue dégradation des teintes éclaircies de
fnliiiinosd. Il y ;i cependant rhai lltiliclUfrni (luehjues caractères qui
ne se trouvent ])oint représentés chez faliginosa. Ce sont : li cou-
leur hlanclic des barbes intérieures de la |)lupart des rectiices, jiuis
le sourcil blanc, le demi-collier de la mèmecoubnirel le miroir blanc
de l'aile. La teinte blanche des rectrices pourrait s'expliquer par
un défaut de coloration, par un albinisme, c'est-à-dire l'absence
de pigment. Le demi-collier se conqirend nmius facilement
et différencie (piehiue peu les deux espèces assurément proches
parentes. Mais ces caractères de coloration ne sont point tels
(|u'ils puissent servir à établir une dislinction spécifique absolu-
ment sérieuse, car, on le voit, ils ne sont dus cIuîz flnlielUlcin iju'à
un man(iue de coloration en plusieurs endroits et à un éclaircisse-
ment de la tonalité générale. Néanmoins, en attendant de nouvelles
(1) Voir p;ipe28S.
(2) La roiiiarqiie (11- l'uriiilliologiste aiistralion nous siiiiiicnd cppcndiinl si iiiiiuni'
contusion n'a olé commise de sa part dans lo sexo di's parents, comme il y a lieu
de le supposer.
450 A. SUCHETET
observations sur les iiKi'urs et les liabiludos de ces Oiseaux, nous
ne lesterons point rentrer dans le cadre des variétés.
Le croisement du l'aradiscd apoda et du l'aiddiam viuiiiiana,
deux types considérés comme espèces par M. Salvadori, o(Ire-t-il
plus d'intérêt et mérite-l-il enfin de fixer l'attenlion '.' Après
l'examen (|ue nous avons fait de ces deux formes, il jiaraît ti'ès
didicile de les séparer spéciliquement. Elles semblent u'étre (|u'uue
série dégradations de teintes, modifications qu'il est aisé desuivre
dans les tonalités de leurs paremeuts et même à la rii;ueur, clans le
dessin du jaune des parties supérieures, comme il a été expliqué plus
haut. La coloration de cliaque forme respective pourrait elle-même
être sujette à des cliani;enients analogues, rapprochant des uns et des
autres certains de leurs produits aiierr;iuts. j"]t, du lesle, quehjues
mâles ou femelles surnuméraires de couples désappariés par suite
des chasses dont les Piiniilisidd' sont l'objet de la part des indigènes,
se sont-ils trouvés dans la nécessité de contracter des mélanges et
ont-ils donné naissance aux individus que M. le comte Salvadori a
considérés comme hybrides? Il sera très utile d'examiner les ;v/r/(//(/H((
on les ((iJinlii qui; l'on inquirlera dans la suite pour voir s'il se
rencontrera parmi eux desformes intermédiaires, cequi jusqu'alors
n'a été constaté que chez les individus rapportés par M. d'Alberlis
defson voyage au tlenve Fly.
La coloration des pigments, disons-le en terminant, n'est
pas un guide sûr pour dilïérencier les espèces. M. le D'' Raphaël
Blanchard, qui s'occupe très activement dejiuis quelques années
d'une monographie des Hirudinées, nous montrait dernièrement
trois individus de ce groupe appartenant à une seule et même
espèce, ainsi qu'il s'en est convaincu, et dilîérant tellement par leur
coloration qu'une séjiaration s|pécilique entre eux semblait s'im-
poser. Tout le monde sait aujourd'hui ce que l'élimination du bleu
a fait dans la couleur verte des Perruches ondulées; elle a rendu
ces Oiseaux com]ilètement jaunes et par conséquent très difïéients
de leurs semblables. Une modification encore plus remar([ual)le
s'est produite par l'élimination du jaune, leur plumage est devenu
bleu (1).
MM. Nichols et Snow viennent, paraît-il, dans un travail important,
d'étudier l'intlueMce de la temiiérature sur la couleur des pigments(2);
(I) Consiillcz Hull Suc. il'AcclinialMliuii p. lids pi p. 314, 1.S81. Kxlriiil d'une Icllre
(le M. Florin au direcleiir iln .Jai'diii d'.XcL'linialation.
i'i) Une conrlo analyse de cet ouvrage a elé faite dans la Revue génér-ale des
Sciences pures et appli(iuées, dirigée jiar M. Louis Olivier. Docteur ès-sciences.
OISEAUX HYUIUDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGK 4:il
il j' iiur;iit l'eut à (lire sur ce sujet inii iutéresse la zooioi^ie eleu par-
ticulier roriiitbolo^ie.
Mîilgré les restrictions (|ue nous appoiloiis dans presque tous les
croisements cités à cause de l'incertitude de l'origine des hybrides
supposés et surtout de la véritable nature des parents qu'on leur
attribue, un fait semble se dégager de ces études : c'est que l'bybri-
dation se manifeste ijuebiuefois cliez les Passereaux vivant à l'état
sauvage, comme elle a été reconnue cbez les Gallinacés et les Palmi-
pèdes, llien ne prouve cependant ([u'elle soitca|)al)le de modilier les
espèces zoologi{[ues actuellement existantes en les trausformaut en
de nouveaux tyi)es. A côté de (|uelques sujets mélangés, rencontrés
à de rares intervalles, ne formant pas souche, s'épuisaut Ijienti'it
dans leur isolement et leur stérilité, les types purs demeurent;
c'est au moins le résultat auquel aboutissent les croisements les
[dus avérés; nulle part du reste on n'a rencontré d'exemples,
(l'espèees pures bien distinctes, se mélangeant sur une vaste échelle
avec leurs hybrides et pouvant ainsi être considérées comme en
train d'accoin|)lir des transfoi-mations. C. (lunild-mi'.ricdnHs [hijhri-
diis) et r. iiif.rirdiiHs, les seuls ijue l'on [)ourrait citer contre cette
manière de voir, ne sont sans doute que des variations climatériques
de C. anidlns, duquel, reconnaissons-le, ils ne dillèrent que par
quelques marques de coloration. Nous réservons touti'fois le cas
à'II. leucubionchialis si celui-ci est réellement hybride de /)i/u<.s et
chni^oplem, ce ([ue parait contredire la taeiie blanche de la gorge
qui n'est |)oint un caractère d'emprunt.
Des études ultérieures, provo(juées par de nouvelles observations,
feront sans doute mieux connaître les hybrides naturels que, pour
la piemière fois, on a essayé de grouper, eu môme temps ((u'elles
permettront, espérons-le, de donner une solution satisfaisante aux
problèmes intéressants soulevés par les cioisenieuts des types
classés à tort ou à raison comme espèces.
453
QIjATRIKMIÎ I'AKTIIC
Accipitres
Nous n'avons çuère rencontré parmi les Accipitres lou Oiseaux de
proie) d'hybrides méritant une mention ; cela tient peut-être à
l'insulFisance de nos recherches, nous pensons cependaut ([ue les
observations faites jusqu'à présent sont peu nombreuses.
Les croisements que nous nous proposons de citer se rapportent
en ellet, presque tous, à des croisements entre variétés ou entre
individus appartenant à de mêmes espèces, celles-ci sujettes au
dimorphisme; encore est-il que ces croisements sont très hypo-
thétiiiues.
Quoique nous en ennuierions plus de douze, un seul uous a paru
sérieux, parce ipi'il se serait produit entre deux types considérés
unanimement comme espèces et qu'il présente certains caractères
d'autlicnticité, mais nous l'avouons, il n'est point encore exempt de
critique. Il est du reste du nombre de ceux que l'on peut consi-
dérer comme accidenlels et par conséquent sans portée. Un deuxième
présente quelque intérêt, mais il n'est pas sutlisamment allirmé;
un troisième doit être déclaré faux; un quatrième reste douteux.
Tous les autres, on vient de le dire, se sont produits entre variétés
ou types très rafiprochés, ou entre espèces sujettes au dimorphisme.
L'existence d'hybrides sauvages chez les Acripiircs reste donc
problématique, ceux-ci étant sujets à de grandes variations.
En somme, et jusqu'à nouvel ordre, l'hybridation parait pouvoir
être déclarée nulle dans cet ordre. LIassertion de Willugby (l),-.'i
savoir : « que les Oiseaux de diverses espèces s'accouplent quelque-
fois et que ceci a lieu surloiit cuire les Oiseau.c île proie (2) » n'est
|l) Ornilhology, Londun, IGTS
[i) Dans l'édilion lalinc on lil : « Les Accipitres et les aulrcs itapaces et espèces
diverses s'accouplent, soil que Teur aspecl les rende semldables à eux-mOmes,
soit parce qu ils sont liés porlrs à laniour. •
434 A. SUCHETET
donc pas exacte; une assertion à pen près semblable émise par
Rndolphi (1) doit iHre également rejetée. Les grandes variations et
le dimorpliisme qu'on constate chez les diverses espèces de ce
genre d'Oiseaux (phénomènes qui n'ont point toujours été connus),
sont sans doute la cause de ces erreurs.
Le tableau suivant résume les croisements dont nous avons à
parler et indique la valeur que nous leur attribuons.
Famille des l'akunida:.
Genre Âquila.
Aquil.\ fulv.v et .\ql'ila crysaetos, deux variétés.
Aquila nobilis et Aquila Daphnea, (id.)
Aquila pennata et Aquila minuta, dimorphisme.
Genre Falco.
Falco tinnunculus et Falco litiiofalco, parait authentique.
Falco eleonor/e et Falco arcadicus, dimorphisme.
Falco Feldeggii et Falco tanypterus, simple appariage supposé
entre deux variétés.
Falco Holbof,lli (ou V. islaxdicus) et H. candicans, observation
portant sur quatre spécimens décrits par AI. Gurney.
Genre Buteo.
Blteo vlilgaris et Buteo vulpinus (deux esiiéces très rapprociiécs),
le croisement existe-t-il ?
Buteo aviporus et Buteo vulgaris, inexact.
Buteo viLGARis etBuTEO (lagopus?) simple conjecture, plutôt une
anomalie.
CiRCAETUS GALL1CLS et CiRCAETUS IIVPOLEUCOS, CCS deUX UOmS
désignent une même espèce.
Genre Accipiter.
«
.\cciPiTER Nisus et Accipiter brevipes, deux variétés, hypo-
thétique.
AsTUR ATRiCAPiLLUs et Falco Cooperi, pcut être exact.
(I) lu lleilniije ziir .{nllirripolugie. p. 102.
OISEACX llVniirDKS liKN'noNTIiKS A I, I;T\T SAlVAliK !■);)
l'iunilli' ilfs l-'alcoiliikv.
Genre Aquila.
Aqiila fulva (1) el Aouila chhvsaetos (2).
La plupart des ornithologistes (|ui, on lu SMit, ne se montrent
point (l'accord sur le nonilire des espèces (jue doit renfermer le
genre Aigle (3j, considèrent, de l'aveu même du professeur
Severtzow (4), VAquila fulva el l'Aquila clinjsaëtos comme appar-
tenant à une seule espèce (ij).
Cependant le feu professeur, qui a étudié un grand nombre
d'Aquila chrijsaëlos et d'AquiUi nobilis, a cru reconnaître des dillé-
rences de coloration (0) dans chaque type pris séparément. Cette
étude paraît très dillicile et très compliquée, vu notamment les
variations d'âge de chaque espèce. Un exemplaire examiné chez
M. Russow (7), préparé par celui-ci pour la collection de M. Kocli
à Saint-Pétersbonrg, serait peut être un hybride entre les deux
espèces mentiounées. M. Servertzow s'exprime ainsi dans sa note :
« Quelques scapulaires à base d'un gris pâle, variées de bandes
onduleuses brunes, comme celles de.l. clirnsai'tus; le reste des scapu-
laires, toutes les plumes du dos, les petites et les moyennes couver-
tures de l'aile, toutes les plumes des parties inférieures, en un mot,
tout le reste du menu |ilumageà Ijases blanches, ce blanc occupant
au moins la moitié de chaque plume. Ilectrices blanches sur toute la
moitié basale, ensuite grises sur nu quart de leur longueur, jusqu'à
la bande terminale noire, trèslarge; le gris marbré de noir sur les
deux rectrices médianes, largement vermiculé, sur les latérales, de
raies noires, obliques, irrégulières et sinueuses, dont l'ensemble
(1) Synonymie : Aquila nobilis, Iquila regia, Falco ftilvus eimelanaelos, etc.
(2) Ou Falcn chrysaëtos.
(3) Vi ir Dkgi.and etCiKiiiii:, UraitUulogie européenne, I, Paris, 18()7.
(4) Voir : Eludes sur les variations d'âge des Aiiuilinés paléarcliques el leur
valeur tuxonimique, IV, Œuvres posthumes de SI. le V N. A. Severlzow,
publiées par la Société Impériale des Xaluralislos de Moscou, rédigées par M. N.
M. Menzbicr, Nouveaux Mémoires de la Sociélc, XV,;)' livraison, Moscou, 1888.
(")) C'est, entre autres, l'avis du D' Itailcle, de Tillis, cpii n'a pu déterminer la
séparation dos deux espèces que .Naumnnn, le jeune, a essayé d'établir. Voir Haddc,
Reisen m Siiden von Ost Sibérien, il, p. 83, i8G3.
(C) Aquila fulva chrysaëtos dans Die Vogelsammlung des liosnich-Berzego-
vinischen Landesmuseums in Serajevo de M. 0. Reiser, cuslos. Voir p. 11.
Budapest, 1891.
(7) Op. cU.
436 A. SL'CHETET
forme à travers toutes les cinq rectrices latérales de chaque côté,
uue baude ondulée noirâtre, très interrompue, outre la grande
bande noire terminale (1). Rémiges primaires 8-10 à moitié basale
du pennon interne blanche, transversalement ondée de brun ; les
autres primaires, et toutes les secondaires, à barbes internes d'un
gris sombre, transversalement ondées de noir, comme les rémiges
de A. ciirysdl-loii. Les plus petites couvertures de l'aile, et les ])lumes
du coté du jabot et du haut de la poitrine sont largement bordées
de fauve; quelques scapulaires antérieures blanches, à l'insertion
de l'humérus (2). »
L'hybridité de cet individu se montre, d'après M. Severtzow,
« dans la combinaison des caractères de coloration normale de
.1. nobilis et de .1. rhrijsaëtos. Les rectrices sont complètement
celles de .4. nohills (quatrième livrée); dois rémiges, 8-10, pré-
sentent une coloration intermédiaire entre les deux espèces ; toutes
les autres rémiges sont de la coloration normale de .1. chrysuctos.
Dans le même plumage quelques scapulaires à bases de la couleur
normale de 1. cliri/sarlos : tout le reste de 1. nolillis. Au contraire,
les albinismes partiels de .1. chrtjsactnsn'oat pas uue seule plume
marquée de blanc comme celle de .4 . iiobilis ; toutes sont anormales,
relativement à cette espèce et paraissent caractérisli(iues pour un
albinisme partiel de .4. chrysactos de race pure et nullement
hybride. »
Le docteur observe ici que le type même d'albinisme est difié-
rent dans les deux espèces. Il remarque aussi, mais en noté, que le
type de .4. nobilis prédomine cependant dans cet individu qui, tout
bien considéré, lui parait être « le produit d'un .4. nohilis pur sang
et d'un hybride Clinjsacto-noliiUs, plutôt (ju'un hybride Chrysaëto-
)wbilis direct, produit par l'union de parents pur sang des deux
espèces », (juoiqu'il hésite encore « à décider cette question d'après
les seuls caractères de coloration ». M. Servertzow a vu chez
M. Russow un autre individu qui serait également hybride ? 11 est
cité à la page 153; nous n'avons point bien compris le passage s'y
rapportant (3), nous y renvoyons le lecteur; du reste M. Severtzow
parle d'hybridation hypothétique (4) ne pouvant être, en elïet, cons-
(1) M. Severtzow renvoie à la fis- - Uc son ouvriigc, troisième ou quatrième
rectrico à droite, les médianes étant 1-1 ; reprodiiclion exacte d'une figure esquissée
d'après nature dans son livret de notices.
(2) Pajçe 160.
(3) Peut-être parée que nous ne connaissons point ces types.
(4) Page 161.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS \ l'ÉTAT SAUVAGE V61
tatée que sur le plumriiie. Plus loin (1), le {locleur cite un antre
.1. nobilis portant ccriaines traces d'iiybridaliou très légères;
puis il ênumère plusieurs Ailles qu'il croit croisés d'hybrides, c'est-
à-dire provenant de riiyliride avec l'espèce pure, puis enllu d'autres
individus n'ayant |)lus que des I rails d'iiybridation considérable-
ment alfaiblis (±).
Nous ne pouvons reproduire toutes les descriptions et les nom-
breux détails qu'a donnés M. Severtzow sur les hybrides supposés.
Si celui-ci s'est étendu lonituemeni sur ce sujet, c'est ((ue, dit-il,
ces hybrides sont les premiers découverts dans l'ordre des Rapaces
et qu'ils ue sont pas encore connus par les naturalistes. Nous
prions donc (]u'ou veuille bii'u se reporter à son mémoire.
Ou nous permettra cependant de dire que l'hybridation nous
semble très douteuse chez ces divers Aigles, puisqu'elle ne s'aper-
çoit que jiarde légères dilïéiences de coloration très peu sensibles,
souvent des albinisnies partiels qui pourraient être dus à d'antres
causes qu'à celles proveuaot de croisements. Chrysaiitos est du reste
race on variété de .1. iiohilis et non une espèce indépendante.
Au sujet de ces croisetnents piésuméset de plusieurs autres cités
dans son travail, le fi'U |)rofcsseur s'est livré à de nombreuses
spéculations sur les caractères ([uc doivi'nt piésenicr les hybrides,
soit (|n"ils descendent de deux types [)urs, soil, au contraire, (ju'ils
proviennent d'hybrides croisés d'espèces pures. Laquelle des deux
espèces |(ures, .1. nohilin ou 1. c//r//.sa('7().v, a-t-elle une induence
lirédominante sur les caractères dislinctifs des hybrides? I/esiièce
prédominante est-elle .1. clirystii'tos ou, au contraire, .1. nobilis.
L'inihience de deux espèces pures sur la coloration de leur hybride
ne s'éiiniliiire-t-elle pas et ue se cantrel)alance-t elle pas de façon
qu'aucune des deux ne soit prédominante? Telles sont, et beaucoup
d'autres, les questions qu'il se pose. Pour nous, on ne se rendra
compte de rinfluence exercée par les deux facteurs sur leur descen-
dance qu'en étudiant leurs croisements en captivité, l'appariage en
liberté des parents |)résumés ne pouvant toujours être constaté et
leurprogéuiture suivie d'une manière régulière. Comme le reconnaît
du reste, avec beaucoup de raison, M. Severtzow, « jtour résoudre
positivement cette question d'hybridation, il faudrait trouver un
nid d'A. nnl)ili.t, celui-ci étant accouplé à un A.chriisai'tos, tuer et
déterminer exactement le vieux parent, surtout celui dont la queue
aurait du blanc, et élever les jeunes jusqu'à l'âge adulte, chose plus
(I) l'ngo KJT.
12) l'iigfs l(V.). 170 el 171.
458 A. SUCHETET
facile à dire qu'à faire, ajoute-l-il, « la niditîcaliou normale de
chrt/saclos étant encore inconnue. )>
Aussi, l'éminent ornithologiste disait-il, dans le cours de son
travail, que si l'hybridation lui parait bien établie par l'analyse
comparative des caractères individuels dans la série passée par lui
en revue, « la détermination des résultats de ce fait, des exemplaires
hybrides et croisés d'hybrides, n'en reste pas moins bien incer-
taine ». Il avouait même que « l'hybride direct chrysaëto-nohilis
doit être dilTicile, sinon impossible à distinguer, du produit d'un
.4. nobilis croisé d'hybride et d'un .1. chnjsal'tos croisé d'hybride. »
Nous le croyons sans peine. Nous pensons également avec lui
que renseml)le do tous ces croisements (s'ils se sont réellement
produits, comme on peut, après tout, le supposer, vu les faibles
distinctions des deux types) présente probablement les combinai-
sons les plus variées et que ces mélanges répétés aboutissent
tous au même résultat définitif, c'esl-à-dire à l'absorption des
descendants d'hybrides par les deux espèces pures et à l'efiacenient
complet des caractères diagnostiques d'hybridation. Ils n'abouti-
raient donc pas, dans ce cas, au résultat supposé par M. iMenzbier
dans le croisement des C. cijanus x C- l'ieslcei, c'est-à-dire à l'extinc-
tion d'un des deux types purs. Ils auraient, au contraire, un effet
tout différent. Tout cela, sans doute, est très hypothétique et ne
prouve aucunement, disons-le en passant, le mélange, sur une vaste
échelle, de deux espèces réellement distinctes, la seule hybridation
sérieuse dans ses conséquences.
Aquila nobilis et Aquila daphnea.
Dans le même travail, M. Severtzow a parlé « d'Àc]. nobilis très
ressemblants aux croisés d'hybrides chnjMU'Io-nohilis, se trou-
vant aussi en Asie centrale, sur le Tian-schan et les bords du Syr,
loin en dehors de l'habitat de A. clvysai'tos. ■> II considère ces
Oiseaux comme des produits de l'hybridation de .4. nobilis avec
A. daphnea, Hodgs, l'Aigle indigène de la Haute-Asie, c'est-à-dire
comme des hybrides directs daphiiea-nobilis, et aussi comme des
A. nobilis croisés d'hybrides (luplinra-nobilis. Ces derniers, dit-il, se
dis( inguent des A . nobiiis de race pure : « le vertex est, en partie d'un
brun pur, pas de bouts roux, beaucoup de roux au jabot, des tarses
fauve pâle ou d'un blanc mêlé de fauve pâle; plus de gris et moins
de blanc aux rectrices, les vermiculations noirâtres et rétriculaires
sur fond gris, caractéristiques pour .1. daphnea. D'autres à vertex
d'.4. nobilis normal, sans roux au jabot, ont le tarse, en revanche,
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE 4ut)
d'uu fauve roux bruuàlru presiiue aussi iuluiise ([ue .1. daphnea;
dès la deuxième livrée, ils out autant de gris aux rectrices que les
vieux -I. nol)lll.'< en ijossètleut à ses |)arli('s, mais ce gris est encore
sans taches noirâtres, comme celui de la deuxième livrée normale
de A. nobilis. » Quant à l'hyhride direct daphnra-nobUis, il ressem-
blerait lienucoup à un I. fhiphnca en plumage imparfait : (( même
vertex d'un brun intense, même roux brillant de la nuque et du
jabot, seulement le roux fauve du tarse et des sous-caudales plus
pâle et plus terne, surtout aux tarses; mais les rectrices plutôt
du type .1. nobilis, leurs bandes transversales noirâtres très irrégu-
lièrement sinueuses, beaucoup plus larges que celles de A. daphnea.
Toutes les rectrices à bases blanches, ce blanc moins étendu que
chez.i. nobilis, ei la distribution du blanc et du gris très irrégu-
lièrement inégale. »
Dans le Turkestan russe, les .1. nobilis, que M. Severlzow croit
croisés d'hybrides duplnied-nobilis, lui ont paru plus nombreux
que ceux d'espèce pure; au moins, en est- il ainsi dans sa collection.
Il a, en tout, recueilli au Turkestan, six .1. *(o/*(7/.s-, dont un de race
pure, un autre avec des traces d'hybridation rbrusaëto-nobilis, un
troisième vraisemblablement hybride iliiphih'd-nobilis, les trois der-
niers croisés daphnea -nobilis, dont deux échappés de captivité, ce qui
lui fait croire que .4 . nobilis n'est pas indigène dans ces contrées, sur-
tout dans les montagnes. M. Severtzow remarque ici que les Kirgliiz,
amateurs passionnés d'Aigles dressés à la chasse, importent beau-
coup d'.4. nobilis, eu partie pris au piège dans la steppe, surtout
en hiver, en partie achetés aux Basciikirs des Monts Durais. Il se
demande aussi si les .1. nobilis, sédentaires dans le Turkestan, et qui
y nichent d'ailleurs en petite quantité, ne seraient pas des échappés
de captivité, s'accouplant comme ils le ])euvent, et, à défaut d'.l.
noliilis, à des A. daphnea, composant l'espèce indigène et beaucoup
plus nombreux? Cette conjecture lui parait la plus vraisemblable.
L'importation du reste continue; en dehors de ces Aigles fugitifs,
et de leurs descendants, chaque année de nouveaux Oiseaux par-
viennent à s'échapper et une partie des jeunes .4. nobilis. hivernant
au Turkestan, peuvent également s'y fixer. Cette rireoustance
expliciuerail le métissage des A. nobilis croisés d'hybride daphnea-
nobilis, si toutefois, observe-t-il, avec raison, « on peut en juger
d'après les matériaux insnfTisants de sa collection. »
Hemarquons ici que I. daph)iea, ty|)e peu connu, n'est qu'une race
ou une variété de nobilis; que les croisements contractés par cet
Oiseau avec .4. nobilis Aoni le résultat d'impoitatious; que les hybri-
des observés paraissent être des échappés de captivité.
4()0 A. SUCHETET
Aquila pennata (I) et Aquila minuta.
Le pasteur Brehm, qui, si i'ou eu croit Deglaud (2), a établi
K sur des caractères en fjénénil fictifs et souvent sur des difîérences
d'âge » bon nombre d'espèces ou sous-espèces, a cru pouvoir recon-
naître chez l'Aigle botté [Afjuila pennata) deux types bien distincts
méritant d'être séparés spérif(jueinnit : une variété, ditM. Bureau (3),
de grande taille, munie d'épaiileltes, à laquelle il conserva le nom de
.4. pennata, l'autre de taille plus petite, à laquelle il donna le nom
de .4. minnla.
Or, les deux types s'accouplent fréquemment (4). M. Bureau a
lui-même constaté leurs alliances (5). Mais doit-on considérer leurs
unions comme des croisements d'esi)èces séparées?
Sous les deux dénominations de A. pennata et de A. minuta, W
ne faut entendre, d!après ce dernier, qui a étudié longuement le
sujet, qu'une seule et môme espèce présentant deux types de colo-
ration indépendants de l'âge (6).
Il ressort des mémoires (7) de l'émineut naturaliste de Nantes
que «l'Aigle botté possède deux types parallèles, l'un blanc, l'autre
nègre, et chacun de ces types comprend la livrée de l'adulte et celle
du jeune âge en premier plumage; de là (|uatre livrées (8j. Tantôt,
observe M. Louis Bureau, il y a alliance entre sujets d'une même
livrée, tantôt croisement des deux types. De l'une ou l'autre de ces
unions naissent habituellement des jeunes d'un seul type, plus
rarement on trouve dans une même niciiée des jeunes de l'une ou
de l'autre race. Le plumage des deux types se modifie parallèlement
avec l'âge; mais les changements sont plus accusés dans le type
ordinaire que dans le type nègre. Les sujets de tous deux, depuis
le jeune âge jusqu'à l'âge adulte, se développent en conservant les
caractères de leur type (9). Un nid pris par M. Bureau et M. de
(1) Synonymie : Fako pedibus penoctif. Falro pennahi^, Hieratus pennatus.
(2) Ornithologie europdnne, I, p. 37, 1S67.
(3) L'Aigle boité, d'après des observations recueillies dans l'Ouest de ta
France. Association (lançaise poui- ravanceinent des Sciences, Congrès de Nantes,
1875 (p. o du tirage à part).
(4) Micliel Mrnzbikr, Conférence faite ù la Société Xoologiijue de France.
Hevue scientifuiue, p. 519, N» du 2(i Avril 1884.
(ii) Voir l'Aigle boUé.
(G) Bulletin do la Société Zoologique de France, 1877.
(7) Publiés dans le Congrès de Nantes, 187"), et le Bnll. de la Soc.Zool.de France,
1876. Voir aussi le même Bulletin, 1877.
(5) Page 9 du tirage à part (Congrès de Nantes).
(0) Page 22 du même tirage.
OISEAIX HYBRIDES HENCOXTIlÉS A LKTAT SAUVACE 461
risle coiiteuait deux JL-unes, l'un bl;nic roussàlre, raulir luiiii de
suie, et le couple qui ;ivait doniii' n:iissiince à ces jeunes se couipo-
s;iit d'un mâle brun de suie etd'uue femelle eu livrée ij|iiuche(l)I »
Lediniorpliisuie se fixe, du l'esle, chez d'autres Oiseaux de proie,
il y allecle la fornie uiclanijéi' et atteint si souvent (luelipies espèces
([u'il s'y développe un l\\>e uèitre, aussi fré(pieat, parfois, que le
type primitif. Les niàles ou les femelles revêtent indilTéremmeut la
livrée de l'uu ou de l'autre type (2).
L'opiuiou que s'est faite M. Louis Bureau sur les deux Aigles en
question n'avait point été parla'iée par M. Severtzovv (3) ; elle ne l'est
poini encore i)ar M. Menzhier('i). Le s:ivant professeui' de Moscou
reconnaît uéaumnins ((ue la manière de voir de iVl. Bureau, à savoir
que r/17. pennata ell'.lr/. iniiiulu ne re|irésenteut qu'une seule et
même espèce, est maintenant a(lo])t('e jiar les zooloiiistes (o).
Le jour même, du reste, où Hrelnu avait créé \'A<jnila ininula,
cet Oiseau avait été l'objet de violentes critiques et les défections
sont din'euues de plus eu plus nombreuses dans le p;irti du célèbre
ornithologiste allemand ((i).
Nous ne croyons donc point faire ligurer au nombre des croise-
ments d'espi^ces, pas môme au nombre des croisements de variétés,
les alliances de V.\ii. ijciuwln et de 11'/, itiinuld.
Genre Falco.
Talco tinxuxcli.us (7j et Falco i.rTiioiALCo (8).
Ou lit, dans les comptes-rendus de Berwickshiro Naturalist's
(1) t'apo 11 (lu im'-nie lirai;!".
(2) Voy. M. Louis Biire:iu, |i. i\ cl ÎZ du inètnoii-e cité.
(M) Faune dos \'erU'hri'.i <lii Tiirkenlnn, par N. A. Severizow. Les Oisrau.r.
trailurlion di' M. Olplic Oalliaril, p. 30. Budapest, 1888. Voir les discussions qui
oui eu lieu à ce sujel diiiis le Bullelin de la Société Zoologique de Krame, année
1877, pp. ii, [ti. el :{20.
{^) Conférencf faite à la Sociélé /oologii/ue de France.
{">) Même Contérence, p. .'il'.l de la Hevue scientilique di- 18Si. On sait que tel est
l'avis du D' H.ulde, de Tillis. D'après iiii {Voir son Ornia caitcasicu, p. 87), dans
la deu.xième édition delà Tlnerlelien,iie Hreliin, la distinction des deux espèces éta-
blie dans la première édition, n'e.xislerait plus, tout au moins on n'y trouve men-
lionné qu'un Aigle nain « /wergodler ». Nous n'avons poiul cDnsiillé I1 ileuxième
édition de I ouvrage du savant ornithologiste allemand.
((i) Voy. Oeglanil, "/'• '"''•
(7) .\ulres noms scicnliliqucs : .iccipiler alaiidiiriiia, Falcn hrunneiis, Cerchneis
linnuiiCHld, Tinîtimcidus aliiu<lariiis.
(S) Synonymes : l.ilho falcii et ./;'.<a/oH, lùilco rcguliix, Falcn Sinirullus. Falco
rirsius, Fsulon litlin jalcn.
462 A. SUCHKTET
Club (1), qu'au printemps de 188G, uue chose s;ius exemple arriva
aux Barra-Crags, situés sur la rivière Coquet, au dessus du petit
village d'Alwington (Northumboriaud), dans les monts Cheviot.
« Un mâle Faucon Emeiilloa {Fako .-Esaloit) s'apparia avec une
femelle Crécerelle {F. linnnncuius). Le résultat fut une couvée de
quatre jeunes. La Crécerelle fut tuée par le garde-chasse Taylor,
résidantà AugraghaughTalu, sur le Coquet; il avait trouvé l'Oiseau
en train de nourrir ses petits avec des souris et des rats d'eau.
Quelques jours après, l'Emerillon fut lui-même pris, il nourrissait
au contraire les jeunes avec des Coqs de bruyère et des Perdrix. »
L'auteur du récit dit en terminant ([ue « ^L Mather d'Alwinston
obtint trois jeunes Oiseaux et les garda jusqu'à ce qu'ils pussent
voler )).
M. James Hardy, secrétaire du Club, qui a eu la bonté de nous
envoyer une copie des Proceedings où ces faits sont racontés,
a bien voulu également uous donner les renseignements complé-
mentaires suivants : M. Mather était, en 1887, maître d'hôtel à
Alwington, près Rothury Mospeth (Northumberland) ; la personne
qui a fait la communication qu'on vient de lire est M. Thompson,
résidant à Rolhburg, où il possède une collection d'Oiseaux pré-
parés par lui-môme. Le Club, un jour d'orage, s'était réfugié dans
sa maison pour éviter une ondée de pluie, c'est alors qu'on avait
obtenu les notes qui fout le sujet de cet article.
Nous avons donc interrogé M. William Thompson, et nous avons
appris que l'Oiseau capturé dans les pièges tendus autour du nid
par M. Taylor, garde-chasse de M. Selby de Biddlesteue Hall, était
la femelle Crécerelle. L'Emerillon aurait été tué trois ou quatre
jours après cette capture, sur le nid même et d'un coup de fusil.
Les Oiseaux furent apportés à M. Thompson pour les préparer,
mais au moment où ils furent remis chez lui, il était absent. En
attendant son retour ils se gâtèrent et devinrent en trop mauvais
état pour être préparés. Un des jeunes cependant put être élevé
pendant trois mois (2); malheureusement, ce petit s'échappa et
on ne le revit plus. Son plumage était semblable à celui de la
Crécerelle, mais de couleur un peu plus claire. Ce qui porte à croire
qu'il s'agissait bien d'hyl)ri(lus dans ce cas, ajoute de nouveau
M. Thomiison, c'est que la femelle (la Crécerelle) nourrissait ses
petits avec des souris et des campagnols aquatiques, tandis que le
(1) XII. n« 1. ii|). lis et 129, l!<S7. .\ulurtil hinlorij, .\oles from Upper Co'iuet
date by William Thompson.
(2) Nous supposons donc ([ueles jeunes avaient été apportés vivants.
OISEALX llVBniDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAl VAC.E 463
mâle (l'Etiicrillou) les nourrissait avec des jeunes Grouses et des
Perdrix.
Quoique la comniunicatiou de M. Tiiompson ne concorde pas
tout à fait, on le voit, avec le récit des Procecdin^is, ce croisement
présente certains caractères d'aullienticité et mérite d'attirer l'at-
tention. Il faut cependant rcmarfiuer que le plumage du jeune
Oiseau conservé, ressemblant à celui de la Cresserclle, ne prouve
point son origine liybridc (I).
Falco Eleoxor^ et Falco arcadicus (2),
Ces deux noms, jjour les ornithologistes, désigueut une seule
espèce. Si l'on eu croit M. Menzbier, ils s'appliqueraient, au con-
traire, à deux formes, l'une plus foncée (jue l'autre, toutes deux se
distinguant à tous les âges, mais se croisant si fréquemment qu'on
ne peut plus les séparer, car les deux types se trouvent dans le
même nid. Le savant professeur dit qu'il fut un temps où le
F. Klroiioni' et le F. (irvadicus étaieut deux espèces fort distinctes
l'une de l'autre et ne se croisant pas ; aujourd'hui elles sont prêtes
à disparaître, aptes à donner des hybrides (avec les(|uelles elles se
croisent de nouveau) et se confondrout complètement dans la suite
sous l'influence de conditions plus favorables. Comme nous igno-
rons absolument ce (jui s'est produit dans le passé au sujet de ces
deux formes, comme nous savons au contraire qu'elles appar-
tiennent aujourd'hui à une seule espèce, nous ne saurions envisager
leurs accouplements réguliers et sans doute nombreux comme de
véritables croisements (3).
(1) C"esl le Rév. Macphersoii, (le Carlisle, i|iii nous a sifinale ce croisement, sans
quoi il ni)us aurail sans doute écliappé.
(2) Autres noms scientifiques du même Oiseau : fa/co conco/or, Dandro falco
Eleonoriv,Bijpolriorchis Eleonorœ.
(3) Palco perigrim's et Falco i.anakios
M. le D' .1. Wintelcr, président de la Société ornitlioIoj;i(|ne d'Argovie (Suisse),
nous lait renianjuer que Gesner (Thierbuch, p. llil, IIeidcll)eij;, IGOfj), u cité le
croisement du Falco lanarius et du Falco perigrinua en donnant quelques indica-
tions sur les pi-oduits qui en résultent. Dans une autre communication, le docteur
nous parlait, au contraire, d'hybrides du Kaucon pèlerin çf avec leGerlaut femelle,
sans doute le llierofalco gyrfalco. dont les Fauconniers se servaient pour la
chasse? Nous n'avons point consulté le texte allemand du vieil auteur; mais (|u"il
s'agisse d'une esjièce ou d'une autre, il ne saurait être question ici, pensons-
nous, que de croisements accomplis en tlomesticitt' pour les plaisirs cjnéjtéliques.
464 A. SUCHETET
Falco Feldeggi (I) et Falco tanyi'terus.
M. J. H. Gurney veut bien nous informer que, pendant un voyage
qu'il fit en Egypte en 1875, il tua à Esné un Falco Feldejjfji qui
paraissait accouplé à uu Falco tanypterus. M. Gurney ne doute pas
que, de cette union, seraient nés des hybrides si les deux Oiseaux
n'avaient été tués par lui.
Ce fait du reste a été rapporté dans Vllii^ de 1882 (2) par
M. Gurney père, dans les termes suivants : « In counexion with
the occurence of spécimen of an intermediate character in Egypt,
I may refer to the circumstance of my son and a fellow traveller
havingshot and adult pair of tliese Falcons at Esné, in that country,
which were sitting logether on the same tree, and of which the
female was a typical pale F. Fcldeggii, and the maie sufficiently
(lark to nierit the title of tani/iitenis, being very little less intensely
coloured that the darker individuals from Abyssinia and Sennaar. »
Il n'y donc là qu'un appariage supposé entre deux variétés d'une
même espèce, appariage non suivi de fécondité.
Falco Holbœlli (ou F. islandicus) et H. candicans.
M. Gurney dit encore(3)avoir vu quatre Faucons qui lui paraissent
être, à cause des marques blanches de leurs plumes, des hybrides
entre //. Holbœlli (ou H. islandicus) et //. candicans. Trois de ces
individus seraient des jeunes de l'année; mais le quatrième a revêtu
le plumage complet de l'adulte. Ce dernier et très curieux exem-
plaire lui a été obligeamment offert par le colonel Radclilïe, qui avait
reçu cette peau du iMaharajaliDliuleepSnigh, lequel l'avait lui-même
obtenu en Islande quand l'Oiseau était encore dans son premier
plumage. Cet intéressant spécimen avait vécu en captivité chez le
Maharajah assez longtemps pour compléter sa première mue.
Les trois jeunes sont conservés : l'un (4) au Muséum de Norwicii,
les deux autres dans la collection du regretté M. Handcook au
Musée de Newcastle-on-Tyne, où M. Gurney les a examinés, grâce
à la bienveillance de ce dernier.
D'après les renseignements fournis par le colonel Radclifle,
le vieil Oiseau ayant appartenu au Maharajah Dhuleep Snigh
(1) Synonymie : Falco /an«rù/.>\ I.inarius cinereus, Gennaja lanarius.
(2) Piii;e 441. ^'otes on M. R. II. Shai'pe's Catalogue of Accipilres.
(.3) In Ibis, 1882, p. 588, (linney's .\otes onM.Sharpe's Catalogue of Accipilres.
(4) Que l'on liit provenir du Gronland.
OISEAUX IIYBRIOES llENCONTItKS A l'kTAT SAUVAGE W6
était plutcM, dans son jeune âge, un spéciniea brun foncé d'un
Faucon du Nord et, avant sa mue, les plumes du Groëulandais
étaient plus visibles que maintenant. Sa ressemblance avec //. can-
dicans se montre sur quelques-unes des scapulaires placées sur le
côté gauche du dos, sur les couvertures et les rémiges de l'aile
gaucbe; ces dernières, fait observer M. Guruey, sont mallieureuse-
ment dans un état incomplet, toutes les primaires n'existant plus,
à l'exception de la première et de la partie basale de l'autre. La
plupart des plumes des couvertures de la queue et les rectriees
extérieures du C(Mé droit de la queue le rapprochent encore de
//. candicaiix. Toutes les parties du plumage que l'on vient de nom-
mer ressemblent, en effet, aux mêmes parties des adultes de
H. candicans, parties mieux accentuées, tandis que le reste du
plumage s'accorde avec celui des adultes plus gris de H. Holbœlli.
C'est ainsi que M. Guruey se trouve amené à penser que ce
Faucon était éclos dans le Groenland et fut capturé dans l'Islande au
moment de sa migration. M. Gurney remarque encore que son bec
est d'une teinte intermédiaire entre celle qui est ordinaire au bec
des Gerfaleons blancs et la couleur plus foncée des becs de la race
grise, quoiqu'on ne doive point oultlier que les becs de coloris
intermédiaire soient assez fréquents dans les spécimens de //. can-
dicans, spécialement chez les jeunes Oiseaux plus foncés.
En ce qui concerne le plumage du jeune Oiseau du Musée de
Norwicb, il est, d'après le même ornithologiste, celui d'un jeune
Oiseau foncé de l'une des i-aces grises, à l'exception des rémiges et
(le la plupart des couvertures de l'aile gauche ; les tertiaires de l'aile
droite, la rectrice extérieure du côté gauche de la queue et les
(|ualre rectriees ([ui sont contiguës à cette dernière plume ressem-
blent toutes à celles des //. mndicans de couleur claire et du môme
âge. Chez ce spécimen le bec est encore plus foncé que dans le
Faucon du colonel Hadcliffe et ne diffère point du coloris ordinaire
qui se voit dans le bec du Faucon gris.
Quant aux deux jeunes de la collection Handcook, si les notes de
M. Gurney sont exactes, l'un d'eux aurait toutes les rectriees du
côté gauche blanches, excepté la dernière, mais deux, parmi elles,
auraient les bouts bruns et deux plumes semblables du côtédroitde
la queue. Cet individu possède encore, parmi ses scapulaires du côté
gauche, une plume ressemblant au plumage de If. candicuns. Le
second est un Oiseau très brun, dont l'iiybridilé apparaît dans une
seule plume primaire qui ressemble à celle de H. randiiann (1)!
(1) Tous ces renseignements sont donnés dans ril)is à r.irticlc mentionné plus
haut.
466 A. SUCHETET
Ajoutons que M. Gurney père était porté à croire que le Falco
(jyrfalco et le Falco Holbœlli hybridisaient à Alaska.
Genre Buteo.
BUTEO VULGARIS (1) et BUTEO VULPINUS.
D'après M. Meuzbier, deux Buses, le Buteo tulgaris de l'Europe
occidentale et le Buteo ouljjinus de l'Europe orientale, luttent
pour la possession d'une certaine région de l'Europe centrale.
« Dans ces dernières années, dit-il, on a rencontré plus sou-
vent le B. culpiniis en Allemagne et, à en juger par quelques
exemplaires, on trouve des produits du croisement des B. lulçjaris
avec les B. vulpinus dans les parties limitrophes des régions de
leur distinction (2). »
Le nom de Buteo Vjulpinus ne figure point dans Deglaud, nous ne
le trouvons point non plus dans le Conspectus generum Avium du
Prince Charles Bonaparte. 11 est, d'après M. Sharpe, synonyme de
Buteo ilesertoruiu, lequel Oiseau a, on le sait, de grandes analogies
avec le B. )^ul.iiaris. M. Meuzbier ne paraît pas, du reste, avoir décrit
les intermédiaires qui auraient été observés.
Buteo aviporus (3) et Buteo vulgaris.
M. Anatole Carteron, auteur du Guide pédestre de la Bourgogne
au:r Pyrénées (4), ouvrage que nous avons eu l'occasion de critiquer
à la fin de notre étude sur les Passereaux, remarque, après avoir
rappelé les principaux caractères de la Bondrée (B. aviporus), que
la Buse commune(B. v.ulgaris)esl sujette à de nombreuses variations.
Certaines Buses ont la poitrine, le ventre et le dessus des ailes plus
ou moins bruns ; les autres ont ces mêmes parties du corps blan-
châtres à mouchetures bruues plus ou moins apparentes. Or,
M. Anatole Carteron qui, nous l'avons dit, croit à tort que beau-
coup de variétés proviennent de croisements à l'état libre, attribue
cette dernière variété de Buteo vulgaris àdes mélanges avec l'espèce
(1) Autres noms scientifiques : Falco riilgaris. Buteo. Buten albus. Falco
variegatus cinereiis, obsolelus ni versicotor, Accipiter buten, Buleo mutans et
faxcialus, Buteo pojana.
(t) Conférence faite a la Société /oologique de Fr((nce, in Revue scientifique,
p. 517, N» du 20 Avril 1884.
(.3) Synonymie : Falco apivorus, Falco poliorynclios, Pernis aviporus,
Accipiter lacertarius.
(4) Causeries sur l'Histoire naturelle, pp. 37 et 58, Paris, 1868.
OISEAUX HYimiDES RENCONTnÉS A L'ÉTAT SAUVAGE Mil
voisine, la Boiulrée, dont De^laud fuit uu genre à part sous le nom
de Pi'rnis. Nous soiiiuies i)orsuailé (ju'il u'y a rien de fondé dans le
dire de M. Carlerou. La distribution des couleurs est si variable
chez la Buse vulgaire, dit l'auteur de VOrnilholoijic fin'oproinc (1),
« qu'il est pres(iue impossible de trouver deu\ individus absolu-
ment semblables. » Les vieilles femelles seules, selon M. de Selys-
Loiigcbamps (2), deviendraient blanches ou blanchâtres. Aucun
oruithologisto sérieu.x n'a, pensons-nous, envisagé l'iiybridatiou
comme cause de ces variations. Si nous citons ce croisement, c'est
donc dans le l)ut seul de le réfuter et montrer qu'il est purement
hypothéticiue.
BCTEO Vt'LGARlS ct .\RCUinUTEO LOGOPUS (3)?
Dans le tome V des Bulletins de IWcadéinic de Belgique (4),
M. le Baron de Selys-Longchamps a signalé, sous le nom de « Buteo
caiiegaliis variété? iilitmipes Selys (ij), » un exemplaire de Buse
(ordinaire? ) pris près de Liège en Novembre 1858, et faisant partie
de sa collection. » L'ensemble est celui d'une Buse ordinaire com-
mune adulte (généralement brun chocolat foncé en dessus); mais
on voit avec sui'prise (pie tonte la partie ertenv des tarses jaseiuati
niicau du dûiijt postérieur est retètu de plumes fines, obscures, ana-
logues à ce qui existe chez laBusepattue(BH/po logopus); seulement,
chez cette dernière, le derant des taises, en outre, est également
emplumé jusqu'à l'origine îles doigts, comme chez les Aigles.
« Est-ce un hybride des deux espèces; est-ce une espèce étran-
gère égarée en Belgique, une race, ou bien une simple variété
accidentelle? » C'est ce (jiie M. de Selys-Longchamps se proposait
d'examiner dans la notice qu'il annonçait. Depuis, il n'a rien
publié sur ce sujet.
Mais le savant naturaliste vent bien ajouter, daus une communi-
cation qu'il nous fait (Août 1892) et qu'il nous autorise à publier,
que « peu d'années après cette publication, dans une de ses excur-
sions à Leyde, feu le docteur Schlegel lui a montré, au Musée des
(1) I, p. ."i'i, Paris, 18G7.
(2) Cilc par Degland.
(3) Synonymie : Falca tof/npus. Fnlni sclaconicu.i, Falcn pliimipes, Iliilen
iogo/iMs-, elr-.
(4) iV i, |.s.i;i.
(5) Ne point conloudro. nous fait obsprvci- M. de Selys-Longchamps, avec Blileo
pluiiiipex (Hodgson, ISi'ii île l'hide, (|ni n'a pus les pieds paUns et dont il ignorait
le nom en ISiiO, quand il a nommé la var. pluiiiipes de la Duse conimune.
468 A. SUCHETET
Pays-Bas, un exemplaire semblable à sa Buse var. ? jibtmipi'.'^, tué
en Hollande.
M. de Selys pensait à une espèce exotique de Buse plus ou moins
pattue : celte Buse n'ayant été signalée nulle part depuis trente-
quatre ans, il est persuadé aujourd'hui qu'elle n'existe pas comme
espèce. On l'eût trouvée dans l'une ou dans l'autre des régions
arctiques ou asiatiques des deux mondes, actuellement l)ien explo-
rées. M. de Selys penche donc pour une anomalie individuelle.
« Pour considérer ces deux exemplaires comme hybrides de la
Buse commune avec la Buse pattue (Archibutco lagopus), il fau-
drait, en eiïet, admettre (ce que du reste il n'accepte ni ne refuse)
que l'hybridité ne se montrerait que par la présence de ces plumes
garnissant le côté externe dus tarses. Mais les Archibuteo ont la
queue et les ailes plus longues que la Buse de nos pays, et, au
contraire, les doigts un peu plus courts, surtout le doigt médian.
Tandis que l'exemplaire eu (juestion, sous ces rapports et sous
tous autres rapports, a les dimensions du Buteo rulgaris; il n'existe
point non |)lus de vestige de blanc du dessus du croupiou de la
Buse pattue.
« Dans le cas où il serait un hybride, il pourrait encore, nous fait
remarquer M. de Selys-Longehamps, i)rovenir de ï'Âirhibutco stra-
liliiiUuf: du Népaul et du Thibetoudu loiiopit.s d'Europe. » En outre,
M. Sharpe (1) ne parle pas de la variété plnmipes à l'article Buteo.
Nous sommes loin de dire que cette variété soit un hybride;
néanmoins, ;iyant vu des hybrides demi-sang présentant presque
entièrement tous les caractères d'un seul des pareuts, ne rappe-
lant le deuxième progéniteur que par des traits -bien faibles,
l'Oiseau de M. de Selys-Longchamps peut, à la rigueur, avoir été
produit par le croisement des deux espèces nommées. .Mais s'il n'est
point permis de nier une telle descendance, il serait bien osé de
l'afTirmer, et M. de Selys a sans doute raison en laissant la chose
très indécise; une simple anomalie pouvant produire la déviation
constatée.
CiRCAÉTdS GALLICUS (2) et ClRCAi'JTUS HVI'OLEUCOS (3)
M. Menzbier (4) dit que les deux formes désignées par ces deux
H) Catalogue des Oiseaux du British Muséum, 1, 1874.
(2) Autres noms : Aquila pi/gargus, Falco qallicus, Falco leucnpsis. \tiuila
leucainphoiita, Aquila brachijdaclyla, Àccipiler liypoleucns, etc.
(3) .\ppelé aussi Circaetus orientalis.
(4) Conférence eilée, Revue scientifique, p. Î519, 1884.
OISEAUX UYIIRIDES RENCONTRKS A l'ÉTAT SAIVAGE 4(Î9
noms sont distinclos à tous les âges, bien que cette tlillérence en
soit pas i;r;iiide. Elle consiste chez le gallkns en ce que la gorge
est foncée, tandis que chez 17i///<o/p«co.s- elle est pâle; déplus, les
dimensions de celui-ci sont moindres (]ue celles de çiaHinix.
Ces deux Buses sont éloignées l'une de l'autre par les condi-
tions de leur distribution géographique; ('. (jaUicus est plutôt
l'Oiseau du district des forèts-îlots ; C. Iim olnicos, l'Oiseau du
district des steppes. Mais dans l'Europe occidentale, dans les dis-
tricts du littoral méditerranéen, ces deux formes habitent ensemble.
Or, d'après l'éminent ]>rofesseur, à en juger j)ar les exemplaires
qu'il a vus, ces deux types produisent ensemble, ce ijui donne,
d'après lui, le droit de prétendre que, vu leur grande ressemblance,
ils se confondront complètement et ne formeront, avec le temps,
([u'une seule espèce aux caractères intermédiaires.
Si nous en croyons Degland (1), \eCiicai-tn.s hypoleucos (le même
Oiseau que VAcnpitrr liijjiolcucos de Pallas), indiqué par le comte
de Keyserliug et le professeur Blasius, ne serait, à en juger par la
tiescriplion (|ue donne ce dernier, qu'un jeune de notre Jeun-lc-Blanc:
il n'eu dilTère, en etîet, remarque Degland, « que par de petits
appendices pénicilliforines intercalés entre les plumes de la nui[ue,
appendices qui ne sont, ainsi que le fait observer Schlegel, que
des restes du duvet de l'enfance, dont l'usure ne s'est opérée
qu'iniparfailemenl. »
M. Sharpe a rendu liiipulcucos synouynie ûeijdlUnis; .M. Oustalet,
que nous avons consulté, ne reconnaît également qu'une seule
espèce de Jran-le- Blanc: il n'y aurait donc aucun croisement
possible.
Genre Astur
AsTL'R Nisus et Astur brevipes
M. Vian peuse que plusieurs espèces, considérées comme nou-
velles par M. Severtzow dans sa Fauiii' du Tnrkestnn. sont des
métis ou des variétés accidentelles. D'après la description que
celui-ci donne de l'^stur cenchroides, M.Vian est porté à croire que
cet Oiseau est un métis de l' IsH//' lu'sus dont la distribution géogra-
phique se termine vers le Turkestau et de l'.l. hinipcs qui com-
mence à se montrer à cet endroit pour se répandre vers l'est de
l'Asie. Ce n'est là, toutefois, qu'une simple conjecture.
Il) Op. cil., p. i9 (en noie).
470 A. SLCUKTET
Geure Astur
ASTUR ATRICAPILLL'S (1) et FaLCO COOPERI (2)
M. Manly Hardy, naturaliste à Brewer-Maine (Etats-Unis), possé-
derait l'hybride de ces deux espèces tué par lui-même. M. Manly
Hardy a bien voulu nous adresser les indications suivantes sur cet
Oiseau, aujourd'hui empaillé, et dont les mesures, par conséquent,
ne peuvent être prises exactement. La taille est d'environ celle
d'un jeune mâle Grehawk. La queue est longue de 6 pouces 1/4,
légèrement couverte de brun sombre, suivie d'une bande foncée
d'un pouce de largeur avec quatre bandes étroites au dessus, deve-
nant plus pâles à mesure qu'elles s'avancent. Le dos est brun terre
d'ombre avec les bords d'ocre et blanc à la base des plumes. Les
primaires et les secondaires foncées avec les bords plus clairs; les
scapulaires et inter-scapulaires aussi brun foncé, mais laissant voir
du rougeâtre sur les bords des plumes. Chaque plume du cou et de
la tète chamois avec le bout bruu foncé, d'apparence générale rayée.
Les plaques auriculaires chamois clair avec des taches plus foncées.
La couleur fondamentale de toutes les parties inférieures est d'un
blanc chamois, varié aussi. La gorge a une seule ligne de brun
foncé jusqu'au centre, avec des plaques sombres de chaque côté de
la mâchoire. La poitrine a cinq raies longitudinales formées par
l'arrangement des plus longues plumes, dont chacune a, à son
bout, une tache bruu foncé en forme de poire de même taille. Les
taches du ventre et des parties inférieures sont plus petites et en
forme de lance, chacune ayant une même flèche étroite se conti-
nuant jusqu'à la nervure du milieu de la plume. Les couvertures
inférieures de la queue sont blanc jaunâtre.
En somme, le spécimen de AL xManly Hardy, un jeune de l'année,
ressemble beaucoup aux petits des deux espèces, qui se ressemblent
plus entre eux qu'ils ne ressemblent aux vieux Oiseaux de leur
propre espèce. Remarquons ici que les deux parents supposés,
([uoique classés dans un seul genre par certains ornithologistes, ont
été considérés par d'autres auteurs comme appartenant à des genres
diflérents ; ils seraient donc bien distincts.
(1) Synonymie : Falco regalis, DœduUon pictum, Sparvius utricapillus,
Falco atricapillus, Hierofako utricapillus, Falco palumbarius, Astur paluiii-
borius, Falco regalis. etc.
{2i Autres noms scientiQques : Àstur Stanleyi. Astur Cooperi, Accipitev
Cooperi, Falco Stanleyi, Xisus Cooperi, Accipiter mexicanus, Nisus pileatus,
Astur pileatus, Accipiter gundlachi, etc.
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE 'l71
Mnllieureusement, le spécimen observé par M. Mauly Hardy n'a
pas atteint 1 âge adulte, il est donc dilTicile d'apprécier ses carac-
tères mixtes d'une manière formelle.
ORDRE DES SCANSORES
Failli lie des Psillacida-
Doit-on l'aire mention d'iiyhrides dans cet ordre ? Les observa-
tions man(|U('nt complètement. Cependant, si nous eu croyons
M. Ranisay, curateur de rVustralian Muséum à Sydney, le Plalij-
ccrcHs de Masters(cilé dans les Proceedings of tlie Linnean Society
of New South Wales (1), serait le produit d'un croisement entre
Platycercls eximels et Platycekcus I'exnantii.
C'est du moins l'opinion que le savant naturaliste émet dans
une lettre cju'il veut liien nous écrire, ajoutant que ijuelques spé-
cimens se sont rencontrés, mais ne sont point exactement sem-
blables. Deux pièces sont, en elTet, citées dans les Proceedings of
llie Linnean Society of New South Wales.
Dans la même lettre, .M. Ramsay nous [)arle aussi d'un hybride
entre :
.Vl'ROS.MlCTLS SCAl'UL.VTUS Cl l'l,ATYCERCUS PeXNA.NTII,
mais il ne nous donne aucune indication sur ce croisement, que
nous n'avons, du reste, trouvé mentionné nulle part et que nous
citons donc avec grande réserve. Nous espérons, et nous avons tout
lieu de croire, que M. Ramsay voudra bien nous envoyer des notes
complémentaires (|ue nous nous empresserons de transmettre à
nos lecteurs.
Celui-ci, après avoir donné dans les Com|ites-Reudus de la Sociélé
Linnéenne des Nouvelles-Galles du Sud la description du l'Idli/ccr-
cus masferseanus s'exprime ainsi :
.... « My attention was drawn to tliis species sonie two years
ago by Mr. Ceorgi; M;islers, the late Assilant Curator of the
Australiau .Muséum ; and although the Bird could not in any way
be referred to any known inember of the genus I had great doubts
of its proviug to be a good species, being rather iucliued, froni the
great variegation and ununiformity of its markings, to consider it
(I) Voir V. 11, lasc. I. p. 27.
472 OISEAUX HYBKIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
a hybrid, or cross between some of the smalier species. However,
Iiaving lately found another, altlioush immatiu'e, but having the
same chnracterislic red Irout, aud upper tail coverts, blue wiugs
and yellowish-greeu under surface, I bave hesitated no longer to
describe it as new, and in compliment to Mr. George Masters, wbo
lirst drew my attention to it, liave named it alter thaï gentleman.
The adult spécimen above described is one of the few relies of our
early explorers that I found left in the Muséum. The young Bird
referred to bas been recently obtained in the interior northern
portion of New Sout Wales. »
On sait qu'on obtient souvent dans les volières des croisements
de Perruches de diverses espèces ; mais ceci n'intéresse pas le sujet
({ue nous traitons. Nous nous abstiendrons donc d'indiquer ces
hybridations.
Cependant, nous ne pouvons passer sous silence le croisement
de Ve.riiiieus avec le Pennanlii, car ces hybrides, obtenus fréquem-
ment en captivité, peuvent être d'une grande utilité dans le cas
présent, et nous souhaitons vivement qu'on les compare avec les
exemplaires rencontrés à l'état sauvage. Nous possédons deux
de ces hybrides ; nous les mettons volontiers à la disposition de
M. Ramsay.
473
CINQUIÈME PARTIE
Additions. Corrections et Examens d'après nature.
AVANT-PROPOS
Pendant que nous publiions des études sur les hyijrides rencon-
trés à l'état sauvage {Gallinacés et Colomhex, 1890; Pitlmipèden et
Echassicrs, 1891; l'assercau.T, 189i; Oiseaux de proie et Perro-
quets, 1893) (1), plusieurs nouveaux cas d'hybridisme étaient
mentionnés dans les revues ou les ouvrages d'ornithologie, des
observations étaient faites de divers côtés.
Puis, malgré les recherches très étendues et très laborieuses
auxquelles nous nous étions livré, plusieurs omissions se sont
glissées dans notre travail.
Enfin, des faits cités, mais mal avérés, ont été reconnus faux.
au moins trop douteux pour leur donner quelque considération.
Nous avons donc pensé qu'il serait profitable de préparer des
Additions, en même temps qu'une révision générale des pièces
dont on avait parlé. Du reste, notre désir était d'examiner nous-
même et de décrire les hybrides observés chez les Gallinacés, les
Colombes, les Palmipèdes et les Échassiers, ce que nous n'avions
pu encore faire. On se rappelle que les Passereaux seuls avaient
fait l'objet d'examens.
En vue de ce travail, nous avons étudié pendant longtemps les
espèces pures supposées mères dont avons voulu posséder, non-
seulement les dépouilles, mais les représentants vivants, afin
d'observer leurs manières et leurs gestes et les changements qui
s'opèrent dans le plumage au moment des diverses mues de l'année.
La chose était difficile pour les Gallinacés, car les Tétraouidés,
(1) Mémoires de la Société Zoologique de France.
474 OISIÎAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
chez lesquels les hybrides sont le plus répandus, ne peuvent
guère supporter la captivité ; mais elle était beaucoup plus aisée
pour les Palmipèdes, dont les Anitidés, qui forment presque tous
les hybrides de cet Ordre, sool facilement domestiqués.
Les Gallinacés hybrides qui. suivant la règle établie, doivent être
décrits les premiers, excitent un intérêt beaucoup plus vif que ne
peuvent le faire les hybrides des Palmipèdes. Si, en eiïet, on envi-
sage la Famille des Tétraonidés, dans laquelle, on vient de le dire,
les hybrides se rencontrent le plus fréquemment, il paraît difficile
de supposer que ces produits soient des échappés de captivité, les
espèces parentes étant difficilement domestiquées et rarement
appariées dans les parcs d'agrément on les jardins d'acclimatation.
Il eu est tout autrement des Palmipèdes, des Anatidés, notam-
ment. On retient un grand nombre de ces derniers sur les cours
d'eau, les lacs, les petites rivières, les bords mêmes des grands
fleuves; les basses-cours à air libre, les cours de fermes eu sont
remplies, sans compter tous ceux qui vivent dans un état de plus
complète réclusion sur les bassins ou, les étangs artificiels des
jardins.
Puis, beaucoup des individus qui appartiennent aux diverses
espèces comestibles très pouix-hassées, se trouvent blessés à la
chasse et ne peuvent rejoindre leurs compagnons dans les régions
où d'habitude ils se rencontrent à l'époque de la reproduction. Ils
contractent ainsi forcément, dans les eaux où ils séjournent, des
alliances avec d'autres espèces, d'où naissent probablement ces
produits bizarres qui nous surprennent.
Le « Forest and Stream » (1), de New-York, a attiré, il y a quelques
années, l'attention de ses lecteurs sur ce sujet. Il attribue la nais-
sance de la plupart des hybrides à ces individus blessés, désac-
couplés, qui ne peuvent plus rejoindre les leurs. (( Tous les
exemples qui me sont connus, disait M. Thos. S. Esty, dans un
numéro de ce journal (2), me portent à croire que les hybrides de
Californie proviennent toujours de Canes couvant dans le Nord,
lesquelles sont estropiées et incapables de se rendre au lieu ordinaire
de leurs couvées. Elles se trouvent eu contact avec les mâles de
quelques-uns de ces Canards restant dans ces parages, comme le
Mallard, le Gadwall, la Redhead, le Wood-Duck, la Blue-Winged
Teal (3). )) Un autre correspondant de la même revue, M. Perdrix,
(1) Journal de Sport.
(2) Vol. 3, p. 388.
(3) L'auteur désigne sous ces noms : l'Anas boschas, VAnas streperus, VAi/thya
americana, l'Anas sponsa et l'Anas discors.
ADDITIONS, CORRKCTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 475
de Saint-Louis, partap:e la môme manière de voir ; il rappelle (1)
que plusieurs centaines d'Oiseaux appartenant aux deux variétés,
le Mallard et le Gadwall, sont annuellement abandonnés dans les
marais à la fin de la chasse, après avoir été blessés à l'aile. Il
ajoute que des hybrides bien connus dans ces localités proviennent
vraisemblablement du mélange de ces deux espèces.
En outre, ou connaît des exemples d'Oiseaux sauvages venant
fréquenter les espèces retenues en semi-liberté. Il est non moins
incontestable que des hylirides obtenus en domeslicité recon-
quièrent leur liberté: les produits de VAnas hoschas et de la Cairina
moschata sont tous des échappés de basse-cour ; il en est de même
d'autres métis.
Cependant M. le B°" d'Hamonville ayant constaté, dans une
excursion faite au lac de Valenczé, lors du deuxième Congrès inter-
national d'Ornithologie tenu à Budapest (2), l'association très
curieuse de deux espèces différentes par la taille, VA. nyroca et
r.4. /èmia, qui n'auraient souvent qu'un nid commun, pense que'
c'est à cette association d'élevage entre espèces dilîérentes que
l'on doit les croisements et les iiybrides si communs chez les
Canards (3). Le savant conseiller général de Meurthe-et-Moselle a
môme bien voulu recommander cette constatation, faite encore pour
d'autres espèces (4). à son collègue de la Société Zoologique, celui
qui écrit ces lignes. Nous le remercions vivement de son sou-
venir pournouset de son attention; nous serions loin de le contre-
dire dans ses appréciations. Mais nous croyons que la demi-
domesticité, si répandue chez les Anatidés, explique, au moins pour
beaucoup d'entre eux, les mélanges que ces Oiseaux contractent.
Nous avons voulu, avant d'entrer en matière, donner ces
quehjues indications parce que si l'hybridation constatée chez les
Anatidés n'eût jamais été provoquée, elle eût, vu le nombre élevé
des hybrides rencontrés h l'état sauvage, actiuis une importance
beaucoup plus considérable et plus sérieuse qu'elle n'a en réalité.
Nous sommes fort heureux de pouvoir annoncer qu'un grand
nombre de pièces ijui avaient été mentionnées dans nos précédentes
publications nous ont été adressées en communication, souvent
(1) Vol. I. |). 374,1874.
(2) Mém. de la Soc. Zool. de France, V, 1892, p. 16.
(A) Dans un de ces nids, il y avait cinq œufs de Milouiii; à quel(|ues centimètres
plus loin quatre œufs de nyroca, jetés dans l'eau, repoussés peut-être par la cou-
veuse qui avait trouvé la poule trop abondante.
(4) Voy. p. 139.
47B OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
de pays fort lointains, malgré les difficultés des transports, les
hasards du voyage, les précautions que nécessitent les transports
et toutes les peines, enfin, qui devaient résulter de ces dépla-
cements.
Ainsi avons-nous pu examiner à loisir ces pièces curieuses, les
décrire soigneusement et les faire peindre.
Faut-il le dire, bon nombre d'entre elles ne nous ont point paru
déterminées convenablement. Chez les Gallinacés, entre autres,
beaucoup de femelles se revêtant de l'habit du mâle, ou, le plus
souvent même, de jeunes Oiseaux non encore .en livrée parfaite,
ou encore des mâles en mue, ont été pris pour des produits
hybrides. Nous nous félicitons donc d'avoir demandé à examiner
ces diverses pièces qui, sans doute, seraient encore aujourd'hui
considérées à tort comme hybrides.
Nous n'aurions certainement pu faire des examens aussi profi-
tables en visitant les collections, pour la plupart très éloignées les
unes des autres; ou bien, il aurait fallu emporter avec nous notre
matériel de comparaison et nous faire touriste perpétuellement.
Aussi, nous tenons à nommer, en débutant, les musées publics
ou les collections particulières d'où ces nouveaux envois nous ont
été faits; ce sera témoigner notre grande reconnaissance aux natu-
ralistes, aux savants, aux collectionneurs, à toutes les personnes
qui ont ainsi facilité considérablement notre tâche.
Ces Musées et ces Collections sont :
1° En France, les Musées publics de Rouen, de Lille, de Marseille,
d'Arras, du Havre, de Caen, de Douai, de Grenoble; les collections
privées de M. van Kempen, à Saint-Omer (Pas-de-Calais); de
M. Robert Fontaine, à Marcq-en-Barœul, près Lille (Nord); de
feu M. Lemeitteil, à Bolbec (Seine-Inférieure); de M. Ch. Rover, à
Langres (Haute-Marne).
2" Eu Angleterre, les Musées publics d'York, de Douvres, de
Cambridge (Musée de l'Université), de Liverpool, de Carliste,
de Glascow (Kelvingrove Muséum), d'Edimbourg, de Dublin, de
Belfast; les collections privées de M. J. H. Gurney, du Keswik Hall
(Norwich); de M. J. B. Nichols, d'Holmoowd, Dorking (Surrey);
de M. 0. V. Aplin, de Bloxham; de M. E. Dresser, de Londres; de
M. Turner, de Sutton Colfield (Birmingham); de M. Hamon l'Estrange,
de l'Hunstanton Hall (Norfolk); de M. D. Loshthorpe, de Carliste; de
M. le capitaine Pretyman, d'Orwell Park (Ipswick) ; du Révérend
Macpherson, de Carlisle; du Rév. Julian Tuck.de Postock Rectory,
Bury S' Edniuuds (Sufiolk); de M. Miller-Christy, de Priors,
ADDITIONS, COIUIECTIONS ET KXAMENS D'aPRKS NATURE 477
Broomfields (n'Cbelsinfoni) ; de M. J. Blnckhouse, des Nurseries
(York); de M. Robert W. Chase, de Soutlitield (Birininghain) ; de
M. le lieutenant-colonel Butler, de l'Herring fleet Hall, Lowestoft
(Suffolk).
3" Eu Italie, les Musées publics de Florence, de Pavie, de Gênes
(Muspo C°) ; les colleolions privées de M. le Comte Luca Gajoli
Boidi.de Molare ; deM. le Comte Arrigouidegli Oddi.de Padoue;de
M. le Comte J. B. Camozzi, sénateur à Bergame ; de M. le D' G. M.
Bertholdo, ^i Turin.
4" En Allemagne, les Musées de Francfort-sur-le-Mein, de Bres-
lau, de Berlin, de Dresde, de Munich, de Darmstadt, de Brunswick,
de Strasbourg, de Hanovre; le cabinet d'Histoire naturelle de son
Altesse Royale le Graud-Due de Hesse-Darmstadt; les collections
de M. R. Tancré, d'Anclam (Poméranie); de M. le pasteur Lindner,
d'Osterweich ; de M. le Di'PauJ Leverkiilin, de Munich (l);deM.
le professeur Doderlin, de Strasbourg; de M. Otto Bock, de Berlin.
5° En Belgique, le Musée royal de Bruxelles; la collection de
M. le B"" Ed. de Solys-F^ongchamps, à Longchampss.-Geer.
6° En Hollande, les Mu.sées de Leyde, d'Amsterdam ; les Collec-
tions de la Société Zoologique de Rotterdam.
7° En Suisse, les Musées de Genève, de Lausanne, de Fribourg
(École cantonale), d'Aarau (id.), de Saint-Gallen.
8" En Autriche, les Musées de Vienne, de Prague (Bohême) , la
collection de Son Altesse Royale le Prince Philippe de Cobourg-
Gotha à Vienne cl celle du Prince Alain de Rohan à Schirow
(Bohème du Nord.)
9° En Hongrie, le Musée de Budapesth.
10° En Suède, les Musées publics de Stockolm et d'Upsala.
11" En Norvège, les .Musées de Cbristiaua et de Tromso.
12" Eu Danemark, le Mu.sée de l'Université de Copenhague.
13° En Russie, la collection deM. Hugo J. Stjernvall, d'Heinola,
Passa (Finlande).
14' En Amérique, le Musée national de Washington; la collection
de M. Ernest E. Thomson, de Torento (Canada).
15" Aux Indes, le Musée de Calcutta.
(I) Maintenant à Sophia (Bulgarie).
478 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
ORDRE DES GALLINACÉS
Perdicinés
Genre Francolinus
Francolinus vulgaris et Francolinus pictus
(Se reporter p. 5, ou p. 258 des Mémoires de la Soc. Zool. de France, 1890).
Ce croisement avait été mentionné d'après MM. Hume et
Marschall, qui avaient fait connaître (1) plusieurs hybrides tués
par le capitaine Butler. Le capitaine Butler, aujourd'hui lieutenant-
colonel, a bien voulu nous donner lui- môme des indications sur
ces Oiseaux, au nombre de six ou sept, qu'il tua à Deesa, dans le
Guzeral (Présidence de Bombay). Pour lui, ces pièces proviennent,
sans aucun doute, d'un croisement opéré entre « la Black et la
Painted Partridges » (Fmncolinus vulgaris et Francolinus pictus).
La première espèce, nous dit il, compose la race septentrionale et
la seconde la race méridionale; une ligne traversant la carte de
l'Inde du Run de Cuth (sur la côte occidentale) à Gwalior, et de
Gvvalior à Ganjan, indique sonimairenienl les limites géogra-
phiques des deux races. Deesa se trouve précisément là où les
deux types se rencontrent et les deux espèces sont communes dans
les localités où les hybrides furent découverts.
M. A. 0. Hume, qui examina la dépouille de l'un de ces hybrides
supposés, partage la manière de voir du lieutenant-colonel, car,
d'après lui, celte peau diffère des spécimens pictus qu'il a vus
usqu'alors par différents caractères nettement accusés (2).
(1) Game Birds of India, II, p. 25.
(2) Par : 1» une ligne noire marquée des narines à l'angle intérieur de Toeil et
encore de l'angle postérieur en arrière sur les couvertures de l'oreille ; 2° une partie
noire sur la poitrine; 3° des traces distinctes d'un tarife collier brun clair; 4° une
taille plus forte, particulièrement le bec plus gr^md; et ;>» la gorge fortement tachetée
de noir. En outre, tout autour du cou, sur la puitrine (en dehors de la partie noire)
et sur l'abdomen le noir est plus considérable. D'un autre côté, l'Oiseau est plus
pictus que vulgaris, non seulement l'ensemble du plumage est celui du pictus,
mais encore il a les lorums (en dehors de la ligne foncée), les joues, les couvertures
des oreilles et la large bande ou raie du cou, de la couleur rouge fauve et lirillanl
de cette espèce.
La pièce, ainsi décrite, est ûguréedans l'ouvrage de MM. Hume et Marschall. La
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 479
Nous avous demandé à M. Butler communication de ses
hybrides; celui-ci n'a pu satisfaire notre curiosité qu'en partie.
Un seul de ses Oiseaux est conservé au British Muséum et le
colonel n'a luiinOme en sa possession que la tête et le cou d'un
autre spécimen servant de poignée à un essuie-plume.
Celte petite pièce nous a donc seule été adressée, car les règles
du British Muséum s'opposent à tout envoi extérieur; mais nous
avons fait peindre sur deux faces l'exemplaire conservé en peau
au Musée anglais.
Nous n'avons pu établir aucune distinction entre la tète et le cou
de l'Oiseau monté en essuie-plume et la tète et le cou d'un F. vul-
fjaris pure espèce; le dessin et la coloration des plumes sont
idenliqurs cliez riiyi)ride et chez le type pur, la taille seule difière,
elle est plus petite chez le premier; le bec suit la môme règle. Ce-
pendant, d'après .M. Butler, le corps et la queue étaient pur pictus,
donnant à l'Oiseau l'apparence d'un siiéciinen de cette espèce !
Les autres exemplaires ressemblaient, ajoutet-il, tantôt plus au
vulgaris, lauiùt plus au pictus (1).
Quant à l'Oiseau en peau du British Muséum, dont nous possé-
dons deux aquarelles le représentant vu de côté sur l'une, et va
en dessous sur l'autre, nous avouons bien franchement que nous
n'avons pu lui reconnaître les caractères mélangés qu'on lui prête.
C'est, du reste, avec beaucoup de peine (|ue nous nous sommes
procuré une ou deux peaux de pictus cf pour notre examen ; l'espèce
pictus, très rare, manque même au Muséum d'histoire naturelle
de Paris.
Dans les deux figures en question, on voit bien un Oiseau plus
petit qu'un vulgaris, à peu près de dimensions intermédiaires entre
le pictus et le inih/iiris; mais ce signe a peu d'iini)ortance, puisque
nous somiiifs informé par .M. Ogilvie Graut (2) que les spécimens
iii<'iii('(li"scri|ition est (aile dans ii Slray (eatliers, v, p. 211 ». I.a fifçiire coloriée parall
tout il fait iiisiilVisaiile |)our juf;er des caractères de l'Oiseau qu'elle représente.
Les Oiseaux tués à Deesa avaient, la partie haute il'une espèce, ou la partie
basse de l'autre et n'étaient point par là intermédiaires dans leur ensemble.
Les dimensions de deux mules tués le 2 août 187G sont les suivantes :
Longueur Aile Queue Bec à F. Bec ù G. Vol.
13.25 o.7b 4 87 1.06 20
13.75 0.12 4 1 1.06 20
(1) Il faut noter que dans une première lettre, le colonel avait reconnu que le
spécimen dont on s'occupe ressemblait au culguris. Cette contradiction provien-
drait d'une erreur.
(2) Catalogue of tlie Game Birds of the Brilisli Muséum, p. 134, t. XXll.
480 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
de l'Inde (d'où provient cet hybride) sont considérablement plus
petits en taille que ceux de Chypre, d'Asie-Mineure et de Perse.
Puis le plumage du corps est presque entièrement, sinon totale-
ment, du culgaris. Toutefois, le noir à la gorge fait défaut, ainsi qu'à
la grande ligne des yeux (1). C'est peut-être par là que le mélange
est appréciable?
Sans vouloir aucunement mettre en doute l'assertion du lieute-
nant-colonel Butler, nous tenons à faire savoir que les aquarelles
du spécimen conservé au British Muséum ont été montrées à plu-
sieurs éniinents ornithologistes. Ceux-ci ont cru reconnaître un
jeune vuhjaris. Dans son Catalogue of the Game BIrds, M. Ogilvie-
Grant dit du même spécimen qu'il ressemble « mont nearly F.
pictus. » Nous ne pouvons nous expliquer une telle contradiction.
Nous reconnaissons néanmoins que, dans le cas où, comme plusieurs
l'ont pensé, la peau en question serait celle d'un jeune nulgaris, il
faudrait admettre que les jeunes de cette espèce commencent à pren-
dre la livrée de l'adulte, d'abord par le corps qui se recouvre à
beaucoup d'endroits d'une teinte noirâtre perlée de clair, tandis
que la partie haute, la tête, demeure longtemps jaunâtre, ne
devant prendre que plus tard la teinte foncée, caractère de
l'adulte. Cela est peu vraisemblable.
Nous ne pouvons croire, du reste, que des ornithologistes expé-
rimentés comme MM. Hume et Marschali, ou M. Ogilvie-Grant, se
soient trompés dans leurs appréciations, alors surtout qu'au British
Muséum on conserve un grand nombre d'exemplaires culgaris et
pictus à tous âges (2).
Nous ne terminerons point cet article sans adresser à M. le
lieutenant-colonel Butler nos plus vifs remerciements pour son
excessive courtoisie. L'éminent oflicier a toujours répondu avec
un grand empressement aux nombreuses demandes que nous nous
sommes permis de lui adresser au sujet des Oiseaux qu'il ren-
contra à Deesa.
Il serait d'un vif intérêt de savoir si de nouvelles pièces ont été
depuis obtenues ou si l'hybridisme en question n'était qu'acci-
dentel. Jusqu'alors les recherches que nous avons entreprises à
ce sujet n'ont point encore amené aucun résultat.
(1) L'espace blanc jaune chez le h', vulgaris existe sous et entre cette longue
raie noire; le noir de la |j;oi'ge semble ainsi manquer.
(2) Les jeunes rulgaris ([ue nous avons eus entre les mains étaient peu avancés
en Age et ressemblaient assez à des femelles, en sorte qu'il nous a été impossible
de nous rendre compte de la marche progressive de la livrée de l'adulte.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPHÈS NATURE 481
Callipepla Gambeli (1) et Colinus Californicus (2)
(Se reporter p. (1, ou p. 2o9 des Mëm. de la Soc. Zool. de France, 1890).
Les indicalioas que nous avions données sur le croisement de
ces dt'ux Cailles américaiiu'S étaient assez va{;iit's, nous n'avions
point cité de faits précis. Nous trouvons dans la revue oroitho-
logique, l'Auk (3), mention de deux hybrides tués dans une môme
localit»', dans le voisinage de San Gorgonio (Pass.). M. H. W.
Henshaw, qui a donné une longue description de ces deux Oiseaux,
dit que leurs caractères intermédiaires ne laissent aucune hésita-
tion ; on aperçoit au premier coup d'œil leur mélange. Mais il est
peniiis de se demander si ces Oiseaux sont de véritables hybrides
ou simplement des intermédiaires ordinaires? A cette question,
M. Henshaw répond que lors(|ue des espèces habitent deux
régions assez dillérenles pour produire à leurs extrémités une
variété ou race, les chaînons montrant que les deux formes « inter-
grade » doivent venir des terrains intermédiaires. Or, dans le cas
présent, aucun terrain de ce genre n'existe. La Californica Valley
Quail est abondante jusiiue sur le bord même du désert, à portée
et en vue des terrains habités par la Caille de Gambel. Des individus
qu'il a tués à la distance de quelques milles du désert ne diffèrent
par aucuns rappoits des individus des vallées intérieures de la
Californie et ne montrent aucuu indice de rapprochement avec les
caractères de la Callipepla gambeli. Pour cette bonne raison,
M. HeushaAv conclut que les spécimens en question ne sont
autres que des hybrides.
L'hybridation est-elle fréquente entre les deux espèces? Nous
ne saurions le dire, on manque encore de renseignements sur ces
croisements qui, peut élre, ne sont dus qu'à des causes fortuites.
Depuis qu'ils ont été observés, M. F. Stephens, de Sauta Ysabel,
veut bien nous faire savoir qu'il a visité le même désert; il n'a pu
trouver d'autres exemplaires, quoiqu'il y ait rencontré des bandes
de chaque espèce volant ensemble. II est convaincu que l'hybri-
(1) Appelée encore : Callipepla lenusta.
(2) Autres noms scientinques : Perdix californicus, Orlyx californica, Calli-
pepla californica, l.ophoporlix californica, Callipepla picta, Oreortyx piclus,
Orlyx plumifera. elr.
(3) 11, n" 3, p. 247, .lulllel 1885.
482 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
dation arrive rarement, même sous d'aussi favorables circons-
tances, et comme la C. californica couve dans les montagnes,
tandis que la C. gambeli niche dans les plaines, il suppose que
les bandes mixtes qu'il a observées se sont rassemblées après la
reproduction.
Les deux hybrides en question, après avoir été dans les mains
de M. Stephens et de M. Herron, sont aujourd'hui conservés au
British Muséum. Nous les avons fait peindre de grandeur naturelle,
l'un vu de côté, l'autre vu en dessous.
Il est difficile, lorsque des espèces sont aussi rapprochées que
sont qambeli et caiifornicus, déjuger leur hybride au moyen d'aqua-
relles ; au moins faudrait-il avoir le portrait des Oiseaux sur toutes
leurs faces. Aussi, n'ayant point vu les dépouilles de ces deux sujets,
sans doute fort intéressants, nous abstenons-nous de les décrire
minutieusement, ce qui, du reste, a été fait par M. Henshaw (1).
On peut cependant se rendre compte des caractères vraiment inter-
médiaires que présente la pièce vue en dessous. Ces caractères con-
sistent dans le dessin très affaibli des plumes à écailles et dans la
tonalité de la plaque du ventre. Le dessin écaillé du cou paraît lui-
(1) Dans les termes suivants : N" I. Ressemble davantage à la Caille de Californie;
le brun de 1h têle tire sur le marron, la bande blanche antérieure du Iront est
mélangée de noir; les plumes sur le côté et le derrière du cou ne sont point
marquées de blanc, excepté sur les cotés du cou où les taches apparaissent,
quoique moins marquées que dans la partie correspondante de californictis:
ces parties par conséquent sont presque comme dans gambeli. La tache abdominale
couleur vin de californictis existe, mais les plumes de l'abdomen, au lieu d'être
marquées d'une large bande noire, sont seulement étroitement bordées ; ainsi
elles sont dans leur partie basse; pendant qu'au-dessus, spécialement dans
la surface nuancée de chamois (qui est aussi foncée dans ce spécimen que dans
californiens), les bords noirs se réduisent à une frange noire excessivement étroite.
L'Oiseau a les côtés et les flancs marron, comme dans gambeli, mais le marron
n'est pas aussi foncé. Le bord des tertiaires est pâle, comme dans ce dernier ».
N" 2. Ressemble presque à gambeli. La partie du sommet de la tête est marron,
quoique aussi claire que dans le gambeli typique. Les plumes soyeuses du front
sont beaucoup plus soinbresi|ue dans californiens et presque comme dans gambeli.
Les plumes des côtés et derrière le cou montrent des traces de blanc, mais ressem-
blent, ainsi que cela se produit dans l'autre spécimen, beaucoup plus à gambeli.
Dans la tache abdominale la couleur vin de californicus n'est que faiblement
visible, elle est couverte pour ainsi dire de noir. La tache sur la partie supérieure
de l'abdomen est chamois jaunâtre, mais plus pâle même que dans gambeli. Les
larges bordures noires aux plumes de l'abdomen et la poitrine de californicus sont
dans ce spécimen, comme dans l'autre, principalement restreintes aux parties infé-
rieures, laissant les parties supérieures presque sans taches. Le marron sur le côté
et les flancs est semblable à celui de gambeli. Les bords des tertiaires sont très
pâles. >
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATURE 483
même mixte entre celui des deux espèces, c'est-à-dire qu'il est
moins prononcé que chez tjamheli et plus vif que chez californicus.
Dans la pièce vue de cùté, le rijux des plumes lainées de ijamheli
est visible, mais il est très atténué; par sa teinte bleu ardoise,
l'Oiseau paraît intermédiaire. Le dessus de la tête, roux clair, rap-
pellerait beaucoup plus (jainheli.
Le Lophorty.v ijamhfli est une espèce nouvellement découverte.
Elle paraît avoir été observée pour la première fois vers 1842 ou
1843, dans U- mois de novembre, à quelque distance ouest de la
Californie, dans des plaines très arides et touflues, couvertes
d'une espèce de Clienopodium. Là où l'existence semble impossible,
on vit ces Oiseaux courir en petites bandes de cinq ou six indi-
vidus, jetant de temps à autre leur cri d'appel ou de reconnais-
sance, cri très difTérent de celui de l'espèce commune (1).
Les Ornithologistes américains considèrent les deux types comme
séparé§ spéciliquement, (luoique les deux formes présentent entre
elles de très grandes analogies. Si on doit les classer ainsi, ce sont
deux espèces proches parentes. C'est surtout par la disposition du
dessin des parties de dessous que s'établit leur distinction. CaUjor-
K(ca, en eflet, laisse voir sur la plus grande partie du dessousdu
corps, depuis le ventre et s'étend ant presque sur la poitrine, un es-
pace de couleur jaune clair, lequel espace est parsemé de plumes à
aspect d'écaillés; sur le ventre au milieu de cet espace, se trouve
une tache foncée et rousse. Or, chez ijambeli, le même es|)ace jaune
existe; sur le milieu du ventre se voit également une large tache
brune plus accentuée et surtout beaucoup plus foncée, mais les
plumes à écailles fout complètement défaut. Sur les côtés, les
plumes, lamées de blanc vers le milieu, sont roux vif chez gambeli;
elles sont, au contraire, gris de plomb (c'est-àdire de la teinte du
devant de la gorge) chez nilifurnicd. On peut dire que ces deux
traits : 1° le manque d'écaillés dans les parties de dessous, 2" le
roux des plumes lamées de blanc des côtés, sont les deux marques
distinctives et, à proprement i)arler, les seules qui divisent les
deux types, car ailleurs la disposition et la coloration du plumage
sont les mêmes, seulement la tonalité s'allaiblit très notablement
chez ijambeli. Ou retrouve encore chez celui-ci, uKiis d'une manière
très peu visible, le dessin des écailles du cou de californica. Il est
(1) Proceedings o( Ihe Academy of sciences o( Philadelpliie, 1, p. 260, 184;$. D'après
Baird, lirewer et Kidgway (A'ort/i uiiierican Uirds,W, p. 482. 1874). l.a nouvelle
espèce a élé ublt-nue par le b' Kenncrby, près de Sun bluana (Te.\as), et sur la
rivière Colorado (Caliloroie), par le même docteur et M. A. ScliuU.
484 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
donc très remarquable que gambeli, qui est plus clair dans sa
tonalité générale, devient tout à coup plus foncé, mais seulement à
deux places : sur le milieu du ventre et sur les plumes des côtés.
C'est là, pour ainsi dire, uue irrégularité, une déviation qui se
produit et qui est vraiment curieuse.
Ajoutons que les femelles de ces deux Oiseaux nous ont paru
d'aspect plus dissemblable que ne le sont les mâles entre eux, lors-
qu'on prend soin de les examiner en dessous. Cela tient sans doute
à l'absence du plastron qui ne peut être rappelé chez elles, puisque
le sexe femelle en est privé.
Callipepla squamata (1) et Colinus virgianus (2)
(Se reporter p. (i ou p. 259 des Mém. de la Soc. Zool. 1890).
Ce croisement ne figure point sur la liste que nous avions dressée,
parce que les Proceedings de la Linnean Society de New- York,
dans lesquels l'Oiseau avait été annoncé, ne faisaient point con-
naître sa provenance.
M. Geo. B. Sennett nous a écrit qu'il avait été pris pendant
l'année 1889 dans le pays de Concho (Texas), dans un endroit
désert situé à une altitude de 1500 à 2000 pieds au-dessus du niveau
de la mer, oîi les Oiseaux et les Mammifères sont abondants. Dans
le voisinage s'élèvent de hautes montagnes. T--e chasseur qui l'obtint
est M. Lomies, propriétaire à Rauch. C'est un homme instruit,
grand amateur de chasse et possédant une connaissance appro-
fondie de la faune ornithologique de l'Amérique. .M. Lomies est
absolument certain d'avoir vu dans la bande où l'hybride fut tué
d'autres individus également hybrides. Cependant, jusqu'à ce jour,
aucun nouveau spécimen de cette catégorie n'a encore été ren-
contré. L'exemplaire obtenu dans les plaines de Concho reste donc
unique.
Au moment où M. Geo. B. Sennett nous envoyait ces renseigne-
ments, il se trouvait éloigné de son appartement du Musée de
New-York, où le spécimen en question est précisément conservé,
en sorte que M. Sennett n'a pu nous donner que de mémoire le
signalement suivant : « Sur le sommet de la tête existe une touffe
composée de quelques plumes verticales différant de celles de
(1| Synonymie : 0)-tyx squamata, Callipepla strenna, Telrao crislata.
(2) Autres noms : Telrao virgianus, Perdix virgina, Orlyx virgianus, Telrao
marilandicus, Telrao minor, Perdix borealis, etc.
ADDITIONS, CORRECTIONS ICT KX.VMENS d'aPRÈS NATURE 485
C. squnmatd, elles sont larges et plates comme les plumes (pii
orneut la ttHe du i^olinus vinjiaitus {[). La poitrine est comme
chez C. sqwimata; le ventre, au contraire, comme chez oiri/ianus.
Le dos et les couvertures sont un mélange des deux espèces; la
gorge est blanche. Le dessin de la queue, autant qu'il peut s'en
souvenir, est mélangé, mais la forme dominante doit être celle de
C. squnmatd, quoique M. Sennelt ne puisse absolument l'afTirmer.
Le sexe est mâle. Le spécimen a été très bien préparé et en plumage
parfait (2).
M.M.Baird, Brewer et Ridgway (3) rangent la Caltipepla sqnamata
elYOrtyx virgianus dans deux genres différents. Cette classification
est peut-être exagérée, elle montre néanmoins que les deux types
sont bien distincts et doivent être classés comme appartenant à
deux bonnes espèces. D'après les spécimens que nous avons fait
venir d'Améri([ue, le (\ virgianus diffère de la C. squamdtn beaucoup
plus que C. california et C. Gambeli ne dillèrent entre eux. La
taille, le dessin des plumes, le ton de ces mômes plumes, tous ces
caractères sont différents; le C. virgianus rappelle un peu sur le
dos inférieur notre Caille d'Europe, tandis que la C. squamata, par
sa teinte gris ardoisé et davantage en écailles, rappelle les espèces
dont il vient d'être parlé.
Le mâle et la femelle diffèrent peu dans chaque espèce, notam-
ment chez squamata. La gorge du mâle virgianus est blanche,
entourée de foncé; elle est jaune roux chez la femelle et n'est point
encadrée. Rarement chez les Oiseaux, la femelle se revêt d'une
teinte différente de celle du mâle; la femelle virgianus fait donc
exception.
Perdix cinerea et Perdix saxatius (4)
(Se reporter p. 6, ou p. 2o9 des Mém. de la Soc. Zool., 18'JO.)
En citant ce croisement, rapporté par Dureau de la Malle, mais
demeuré très problématique, on faisait remarquer que c'était à peu
près le seul exemple connu, que cependant deux ou trois autres
spécimens auraient été vus en Suisse.
Renseignements pris, il existe réellement un individu adulte au
(1) Celle parlicularilé surprend vivement M. Sennett.
(2) Une nouvelle mention de cet Oiseiiu a été faite, depuis la publication de noire
travail, dans les mêmes Proceedings (l.innean Soc. of New- York), 2 Mardi 1892).
(3) North american Uirds, III, 1887, pp. 467, 4&S et 487.
(4) Appelée aussi : Tetrao ruia, Pa\l.,Cacabis grœca, Kamp. ou Chacura grœca,
G. H. Gray
480 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Musée de Sion et un jeune dans la collection de Bex, tous deux
tués par le capitaine Bonvin-Chappuis, dans le Valais, pendant les
années 1878 et 1879. Mais ces Oiseaux ayant été soumis à l'examen
de M.V. Fatio, aucun indice certain de mélange de la Bartavelle avec
la Perdrix grise n'a pu être découvert par l'éniinent zoologiste de
Genève. Celui-ci a même désigné ces Oiseaux sous le nom de
« variété », dont il a ainsi tracé le portrait (1) : (( Le bec n'est point
rond, court et convexe, comme chez la Perdrix grise ; le tarse et les
doigts sont plus longs que dans cette espèce, le pouce porte jusqu'à
terre, comme chez la Bartavelle, et les ongles sont bien recourbés.
L'espace nu derrière l'œil n'est pas aussi grand que chez la Perdrix
grise, les plumes des flancs sont fortement élargies au lieu d'être
allongées comme chez cette dernière. Les rémiges sont, en outre,
aussi échancrées au bord externe que chez la Bartavelle, il n'existe
pas de trace du fer à-cheval de la P. cininra, pas plus, du reste,
qu'il n'existe de jaune roux à la tête ou de traits clairs sur le dos. »
M. Fatio, ayant ensuite comparé cette variété avec le Tetrao banasia
et la Perili.r rubrn (2), remarque, qu'abstraction faite de la présence
de plusieurs bigarrures sur le dos, elle ne montre aucune analogie
avec la Gelinotte, ni dans les formes, ni dans les couleurs, pas plus
au corps ou à la tête, qu'aux membres ou à la queue. Il n'y a pas
de vestiges, chez elle, du poiutillé noir qui orne le bas du cou et
le haut de la poitrine de la Perdrix rouge, pointillé qui se retrouve
cependant plus ou moins chez les hybrides de celle-ci avec la
Bartavelle; presque toutes les plumes de ses flancs portent deux
bandes noires transversales, comme chez cette dernière, tandis que
les parties correspondantes ne présentent qu'une barre chez lubra.
Bref, il n'est point possible d'expliquer par un mélange de ces
deux espèces, soit la calotte noire qui recouvre la tête, soit l'étrange
bigarrure du dos des jeunes (3) .
Quelle est donc, se demande M. Victor Fatio, la raison de l'appa-
rition de cette gracieuse mais bizarre livrée? Pourquoi ces deux
Oiseaux, d âges différents, sont-ils à la fois semblables entre eux
(1) Journal la « Diana », n° du 1" octobre 1890. M. Fatio a bien voulu nous
adresser un extrait de ce Journal.
(2) Espèces avec lesquelles on avait sans doute soupçonné un croisement?
(3) 11 faut noter que le jeune faisait partie dune compagnie de huit Bartavelles
dont cinq furent tuées ; seul de ces dernières il dillérait du type de son espèce.
1/adulte (de sexe femelle) se trouvait dans une famille de cinq individus (dont
trois tués); seul aussi, il présentait une liizarre livrée. Notons encore, d'après
M. Fatio, qu'à part quelques légères dilïérences provenant de l'âge, les deux sujets
portent une livrée quasi identique.
ADDITIONS, CORHKCTIONS KT ICXAMEN.S d'aPRKS NATUllK 487
et plus (Jifîérents du type de leur espèce que d'autres Perdrix dans
le mi^uie genre? M. Bouviu. (jui a beaucoup chassé dans la inènie
localité, n'a pas revu de semblable variété.
« La présence du noir sur la tète et eu diverses places sur le dos
pourrait faire supposer une tendance an inélanisnie, résultant
d'une alimentation particulière; mais comment les autres membres
de la famille n'auraientils point partagé la même nourriture.
Puis aussi pourquoi cette prédominance de tons jaunâtres? 11
n'existe pas de teintes nouvelles, c'est plutôt un développement
et une transposition en diverses places des couleurs de l'espèce,
sans doute un dcjaut (fétiuilibre dans la répartition ordinaire des
matières colorantes, un désordre d'autant plus curieux qu'il a pu
se produire identique chez deux sujets et n'est point, par consé-
quent, purement accidentel. »
Après être entré dans ces considérations, M. V. Fatio a donné une
très longue et très savante description de cette variété qu'il a
appelée Perdix saxatilis, varietas nielanocephala. Nous ne reprodui-
sons point cette description, puisqu'elle ne concerne point un
hybride, mais nous nous empressons de rectifier l'assertion qui
avait été émise par nos honorables •correspondants à propos de
de cette variété. En outre, nous sii^nalerous à M. Fatio, (s'il ne la
connaît déjà), une Perdrix qui existe au Muséede Marseille et qui a
été considérée par M. Barthélémy La Ponimeraye comme. un métis
de riifa elde saratiiis, mais ijui n'est autre qu'une monstruosité de
coloration pouvant peut-être entrer dans la catégorie de la variété
qui vient d'être étudiée ? — Le croisement de la P. cinerea X P.
saxatilis, ne reposant plus que sur l'exemple cité par Dureau de
la Malle, demeure donc toujours très problématique. Tenté en
captivité, au Jardin zoologique de Copenhague, entre une P. cinerea
cf et une P. saxatilis 9, il est demeuré sans résultat (1).
Perdix cinerea et Perdix rubra
(Se reporter p. 7 ou p. 260 des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
Le mélange de ces deux espèces n'est pas plus certain que le
précédent, malgré les faits nombreux que l'on cite. Ou se rappelle
qu'il avait été mis en doute; nous signalerons néanmoins quelques
exemples nouveaux et plusieurs autres que nous avions omis de
mentionner.
(1) Ces renseignements nous sont envoyés par M. A. von Klein.
488 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A F.'ÉTAT SAUVAGE
1° D'après M. Howard Saunders, qui a revu et corrigé la qua-
trième édition des « British Birds » de Yarrell (1), Temmincka cité
un exemple (2);
2° Stevenson en mentionne un autre observé à Holverstone en
octobre 1850(3);
3° En 1887, on informa M. Sackett que l'espèce Caccabis rufa
s'était croisée avec l'espèce ordinaire dans les marais est de
Dilbury, où elle est tout aussi commune que celle-ci.
4° M. Stacey, de Dunmow, posséderait un couple paraissant
croisé;
5" M. Miller Christy tua lui-même, à Bromfield, en 1887, un
jeune Oiseau du même genre (4) ;
6° M. Colburii, de Birmingham, vit, un jour qu'il se promenait
suivant son habitude devant les marchands de gibier de sa ville,
une Perdrix étrange qui se trouvait dans un lot de P. cinerea. Il
la reconnut, quoique fort abîmée par le coup de fusil, pour le pro-
duit de la C. rufa et de la P. rinerea. Quelques jours après, le même
observateur remarqua un autre spécimen qui avait été tué dans la
même chasse et sans doute dans la même compagnie (5) ;
7" Enfin, tout récemment, en 1891 (6), M. Miller Christy mon-
trait, dans un meeting de la Société Liiméenne de Londres, un
jeune Oiseau tué à Melbourne, près de Slratford, pendant l'année
précédente et qui paraissait être un croisement entre les deux
Perdrix.
Tels sont les sept exemples de croisement que nous n'avions
point rappelés; quoique peu probables, nous avons à les examiner.
1. Il nous a été impossible de trouver dans les ouvrages de
Temminck le fait que le célèbre ornithologiste aurait cité. Nous
avons lu dans son Histoire générale des Gallinacés (7) les pages qu'il
a écrites sur la Perdrix grise et sur la Perdrix rouge. Loin de parler
de rapprochements entre ces deux espèces, il rapporte en entier le
passage de Bufton qui rappelle leurs inimitiés (8). Ce passage est
(I) Le vol. m.
(i) Voy. p. 120. (M. Saunders a sans doute copié Stevenson).
(3) Birds of Norfiilk, I, p. 419, 1866.
(4) Voy. pour ces exemples, Birrfs o/" £sse.l', p. 120, ouvrage qui nous a été indiqué
avec beaucoup d'obligeance par M. Cari Parrot, cand. méd. à Munich (Bavière).
(.ï) The Zoologisl, p. 384, ISiH).
(fi) Ou en 1890, nous n'avons pu nous procurer les Transactions de la Société
Linnéenne, dans lesquelles l'exemple est cité.
(7) IHsl. nat. générale des Pigeons et des Gallinacés. III, Amsterdam et Paris,
iSI.'i.
(8| P. 374 La Perdrix grise.
AUDITIONS. COltUliCriONS KT EXAMENS D APRÈS NATURE 489
trop t'onmi pour qu'il soil besoin de le reproduire. Nous u'avons
point été i)lus heureux en pareourant le Maïuiel (l'Ornithologie (1)
du même auteur. Cependant, dans la quatrième partie d'une nou-
velle édition (2), Temminck (ou son éditeur plutcM), ouhliant ce
qui avait été écrit précédemment sur la l'crdi.r niontana, considérée
avec raison comme une simple variété de la Perdrix grise, la dit
cette fois « un métis possible entre In Homje et la Grise », opinion
qui n'est poini acceptable (3). C'est sans doute à cet exemple que
M. Stevenson, d'abord, et M. Sounders, ensuite, font allusion (4),
mais certes, ces éminents écrivains ne peuvent partager une telle
manière de voir.
2. Stevenson n'a donné qu'une très courte description de l'Oiseau
qu'il croyait être « un croisement certain entre la Perdrix française
et la Perdrix anglaise.» Il dit seulement de ce sujet (qui n'a pu être
empaillé) (5) : » Feathers on the [tanks and wing coverts, the legs
» and \iart of the head decidely French, tail and upper part of the
» head Knglish (6). » Cette descri|)tion n'est point, sans doute,
sullisanle pour permettre de porter un jugement sur l'Oiseau tué
à Holverslon par l'un des parents de l'ornithologiste de Norfolk.
3. On ne jiossède [)oint d'indications précises sur le plumage
des Oiseaux tués dans les marais est de Dilbury.
4. Sur le couple qui appartiendrait à M. Stacey, il est dit seu-
lement que « les traces de croisement sont visibles sur le dos, »
indications très vagues et (jue nous n'avons pu vérifier, .M. Christy
nous ayant fait savoir que le propriétaire de cet Oiseau est
maintenant eu voyage et qu'il est inutile de le lui demander.
5. M. Miller Christy ne paraît point lui-même avoir décrit le
jeune qu'il tua à Bromlield, ni celui, pensons-nous, qui fut présenté
à la Société Linnéenne de Londres. Il n'a conservé du premier
d'autres parties ([ue les ailes, mais ces parties nous ont été gracieu-
sement envoyées ; bientôt nous allons eu parler.
6. M. Colburn a donné la diagnose assez complète des deux
Perdrix (|u'il avait aperçuesà la bouliqued'un marchanil degibier;
ces pièces [)rovenaient du Lincolnshire. .M. Harling, (jui les a
(!) Seconde Edition, II' pari. Dufoiir. l'.iris, 1820.
(•2| Paris (Cousin), 1840.
(Il) Voy. noire premier Mémoire (p. 9 ou p. 262 des Mém. de la Soc. Zool., 18110).
(4) Dans leurs ouvrages respectifs.
(ii) II avail clé conservé trop longtemps en rliair et s "était détérioré.
(6) P. 419.
490 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
examinées, a leconna qu'elles appartenaient à l'espèce rufa et
qu'elles n'élaienl autres que des jeunes de ce type (1).
7. C'est également l'impression que nous avons ressentie en
voyant les ailes du jeune tué par M. Miller Christy à Bromfield. Il
existe réellement sur les tertiaires des dessins qui rappellent
étonnamment cinerea ; mais rufa jun., ainsi que nous nous en
sommes assuré, montre aussi les mêmes marques ou dessins. Nous
avons, en efîet, fait venir vivants du centre de la France plusieurs
jeunes rufa sur lesquels les traits dont il s'agit étaient très visibles.
Peu à peu, à mesure que les Oiseaux vieillissaient, ce dessin
disparaissait.
Cette mue parait être ignorée de beaucoup d'ornithologistes. Un
maître dans la science de l'ornithologie, auquel nous avons montré
les ailes du jeune Oiseau de M. Miller, a cru pouvoir constater que
ces ailes présentaient évidemment des caractères de cinerea, il ne
soupçonnait pas que tous les jeunes rufa montrent celte particu-
larité. Disons, pour confirmer notre dire, que, depuis l'observation
faite sur les jeunes rufa reçus vivants, nous avons eu l'occasion de
voir plusieurs fois chez des marchands de gibier de jeunes Perdreaux
de cette espèce présentant la même particularité. La supposition
que le jeune tué à Bromfield était une vraie rufa avait été déjà
faite par M. Miller Christy.
Il est bien rare, en effet, de rencontrer des produits de la Perdrix
rouge et de la Perdrix grise, ou plutôt cette rencontre n'a jamais
eu lieu. M. Haiting, directeur du Zoologist, qui, certainement,
aurait eu connaissance de tels faits, s'ils avaient été observés, n'en
a jamais entendu parler, et M. Bond a confirmé son dire par qua-
rante années d'expérience. Ceci porte à croire que les Perdrix tuées
dans le marais est de Delhury, comme celles de M. Sackett, ne
sont elles-mêmes que de jeunes rxifa. M. Miller Christy les sup-
pose du reste ainsi. Le Bév. Macpherson dit lui-même que les
(1) Voy. dans le Zoologist. p. 4G6 (ligne 7), la réfutation qu'il en lait. La
description écrite par M. Colljurn est cependant la suivante :
Première pièce : <i primaires et secondaires montrant un mélange de la couleur
des ileu.x espèces, mais les tertiaires presque entièrement de celles du jeune cinerea.
Grandes, moyennes et petites couvei tures de cet Oiseau, quoiqu'avec un mélange
de rufa. Sur le cou 1 1 sur la léle mélange également, mais avec prédominance du
type rufa; pas de hausse-col et les marques noires de la gorge et de ta poitrine
en petit nombre. Flancs rufa, mais à travers de la poitrine traces de cinerea
queue de rufa, etc ! »
La deuxième pièce : a Prédominance visible de rufa, P. cinerea se fait seulement
sentir sur les primaires et les tertiaires. »
Les deux Oiseaux sont petits et très en retard dans leur mue, ajoute M. Colburn.
AUDITIONS, COIIHECTIONS ET EXAMENS d'aI'RÈS NATURE 4fll
« reports » d'hybrides entre la Perdrix srise et la Perdrix rouge
qui lui furent faits du Nord de Cumherlaud ne furent point certifiés
par la production, nécessaire en pareille circonstance, de spéci-
mens du croisement supposé.
Parfois, cepeudaiit, on trouve dans un même nid des œufs de
Perdrix grise et des œufs de Perdrix rouge. M. l'abbé Savatier,
curé de la Bussiére, par Sainl-Savin (Vienne), a reçu dernièrement
un nid de Perdrix dans lequel se tiouvaienl douze œufs de P.cini'rea
et trois de /'. rufa. Mais ceci n'implique aucunement le croisement
des deux espèces, croisement qui restera longtemps problématique.
Perdix ruba X Perdix saxatilis
(Se reporter p. Sou p. 261 des Mémoires de la Soc. Zool. 1890).
Nous avons appris par M. Brancaleone Borgioli, préparateur du
Musée de l'Université de Gènes, que M. le comte Luc Gajoli Boidi,
de Pegli, possédait deux produits de la Perdrix rouge et de la
Bartavelle. Le comte a bien voulu nous adresseren communication
ces deux spécimens; il a même été assez gracieux et assez désin-
téressé pour nous abandonner un de ces Oiseaux sur lesquels il
nous a donné les renseignements suivants. Les deux hybrides tués
par lui furent reucoutrés au mois d'octobre 1884, sur les mon-
tagnes, entre Tenda et Briga (Alpes Maritimes), province du Cuneo.
Ces deux individus élaieut adultes et de sexe opposé (1); ils étaient
accompagnés de ciuq jeunes, dout (rois furent tués; la livrée de
ces jeunes était absolument pareille à celle de la mère. Dans la
même localité, .M. le comte Boidi a rencontré une autre bande de
ces iiybrides, mais, à cause du brouillard, il n'a pu abattre qu'un
jeune qui ne présentait aucune dillérence avec les individus tués
précédemment. Ces hybrides, ajoute M. Boidi, sont bien connus
des chasseurs des Alpes Liguriennes, ((ui les appellent Mimcghctti;
on les rencontrerait fréquemment dans toutes les montagnes, entre
Tenda et Albeuga. Il y a deux ans. .M. Boidi en a vu cinq près de
Tenda ; il lui a été impossible di^ rapporter chez lui ([uoiques-uns
de ces spécimens, mais il les a reconnus facilement par les plumes
qu'ils avaient laissées dans l'endroit où ils avaient dormi. En 1887,
le marquis Pinella rencontra lui-même sept ou huit individus près
de Gavi (Appennins liguriens) ; il en tua deux qu'il montra au
(1) Celui que nous avons conservé est le mâle.
492 OISEAUX HYBRIUKS RENCONTHÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
comte Boidi : c'étaient, paraît-il, deux jeunes absolument sem-
blables aux Oiseaux obtenus à Tenda ; ces Oiseaux ne purent
malheureusement être conservés.
M. Boidi est convaincu que ces hybrides peuvent se reproduire
entre eux, par cette raison qu'il n'a jamais vu dans un vol de ces
Perdrix ni une Bartavelle, ni une Perdrix rouge. Les adultes pré-
sentent les caractères que l'on aperçoit chez les jeunes, et tous les
chasseurs qu'il a interrogés les croient une variété de Perd'-ix
et non des hybrides.
Nous ne saurions assez remercier M. le Comte Luc Gajoli Boidi
d'une communication aussi intéressante.
Ou se rappelle que M. Bouteille avait d'abord regardé ces
hybrides supposés comme formant une véritable espèce et ce, à
l'exemple de tous les chasseurs du Dauphiné. Nous avons reçu du
Musée de Grenoble deux de ces pièces que l'ornithologiste avait
décrites sous le nom de P. lahatici. Nous avons été en outre revoir
les deux exemplaires qui se trouvent encore dans la collection du
regretté M. Lemetteil, à Bolbec (Seine-Inférieure). Nous avons
examiné de nouveau Téchantillon du Muséum d'Histoire naturelle
de Paris; en sorte que sept sujets parfaitement authentiques sont
passés entre nos mains. Après les avoir examinés avec soin, nous
n'oserions partager l'opinion des ornithologistes qui font de ces
produits une véritable espèce ou une race. Et cependant nous ne
voudrions point non plus les déclarer positivement hybrides. On
jugera par les descriptions qui vont être faites avec détails de la
dilliculté que l'on éprouve pour se prouoncer :
1» et 2". Les deux vieux appartenant à M. le comte Boidi. Le mâle
est très fort, il atteint par sa taille une belle Perdrix s^a.ratiiis. La
teinte roux clair du ventre, des plumes de l'anus et des couvertures
inférieures de la queue, peut passer pour intermédiaire entre celle
des deux espèces. La teinte du dessus du dos antérieur, des deux
côtés de la poitrine, près du cou, de la croupe, du dessus de la
queue, est plutôt de la teinte de saxatilis; le dessus de la tête est
d'un ton intermédiaire.
Les taches ou perles du cou sont peu abondantes, elles n'existent
que sur le devant; sur les côtés elles sont presque nulles. Par h'i
encore l'Oiseau est intermédiaire.
Les plumes des lianes sont rayées de deux barres noires comme
chez saxatilix. mais la dernière barre est bordée largement de brun
roux comme chez rubra; la partie inférieure, de couleur perle ou
lilas, est sans roux clair, et rappelle la première espèce.
ADDITIONS. CORRECTIONS ICT KXAMENs d'aPRKS NATURK 493
Le second échantillou, beaucoup plus petit, a plutôt les teiotes
supérieures de nibni ; le dessus du dos, les côtés antérieurs
de la poitrine, le dessus de la tiHe iudiqui'iil bien aussi les tons de
celte espèce, mais ils sout éclaiccis. Le bas du dos et le dessus des
couvertures de la (|ueue se rapprochent des teintes bleutées ou
cendré clair de f:(i.Tatills. Le roux du dessin du ventre, de l'anus et
de la queue est lont à l'ait de la teinte du précédent ; cette teinte
est donc intermédiaire. Les plumes des tlancs sont pourvues de
deux barres noires, la dernière de ces barres est bordée largement
de roux; en outre, les plumes rappellent rithra i)ar le tonde la
partie basse avoisinant le tuyau, ce (jui n'existe pas chez la pre-
mière pièce. Le cou est également peu perlé; il ne l'est que sur le
devant, car, sur les côtés, il ressemble au cou du (ireinier exem-
plaire. Cet Oiseau est donc plus nthni que le précédent par sa taille
petite, par le ton roux du dessous du corps et la partie roux clair
de la partie basse des plumes des flancs.
Ces distinctions sont assez considérables |)our dire que les deux
pièces ne sont pas identiques dans leurs caractères essentiels, ce
qui semble être en faveur d'une hybridation ?
3" i'iii' lies Perdiir ilu Musée df Grenoble, portant le n° 964. indi-
quée comme /'. labatiei et de sexe femelle, provenant de l'Isère.
Les plumes des flancs ont les deux barres noires de saxatilis,
barres très bien marquées sur toutes les plumes sans exception.
(Sans cette particularité, l'Oiseau serait tout à fait nihni].l\ est, en
effet, de petite taille, à peu près de la taille de l'exemplaire 9 de
.VI. Boidi. Les perles ou points du collier sont très développés et
abondants. Ils le sont, pour ainsi dire, tout autant que chez ruhrn,
quoique moins foncés. Les plumes des flancs, dont on vient de
parler, sont même rousses à leur extrémité ; la partie blanche, qui
est encadrée par les deux raies noires, est lavée de jaunâtre;
sous le ventre, les plumes sont jaune nankin foncé, ainsi que sous
les couvertures dj la queue; la phKjue blanche des joues est très
lavée de violacé ronssàtre. le dessus de la tète est foncé. Notons
encore que, sur les parties de dessus, cette pièce est foncée conaine
chez nthra.
La présente description montre évidemment qu'elle diffère des
deux spécimens du comte Boidi (1).
(1) On ri'inarqiip riiez cllr {mms niillciiipnt comme caractère d'Iiyhridilé) une
leinti' rousse 1res lar);i' entoiiranl coinplètemenl le colliir. Les échiinlilliiiis riihra
(|ue nous possédons sont bien moins ronx à celle place, et nos .ia.iiilili.i ne le sont
ancuncinent; sans doule celle particularité est l'apanage des vieux échantillons
des deux espèces, au moins des rubrn.
494 OISEAUX HYBniDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
4° Le deuxième échantillon du Musée de Grenoble (1) nous a paru
plus fort que le précédent, de ton plus clair, par conséquent se
rapprochant de saxatiii.i.
La gorge est remplie de petits points ou de perles presque en aussi
grande quantité que chez rubra ; par ce caractère, il se rapproche
du n*» 964. Mais, particularité très remarquable, ces perles ou
pointillés ne s'observent que du côté gauche. Par ses pointillés
nombreux, il diffère donc encore des spécimens de M. Boidi.
Par devant, sur le poitrail, la teinte rousse constatée (mais non
comme un signe d'hybridité) chez le précédent f;iit défaut; toute
cette partie de devant est seulement bleutée. Le blanc de la gorge
est assez violacé. Les plumes des flancs sont deux fois barrées.
L'aspect est plus brun roux que chez saxatilis, et par là l'Oiseau se
rapproche de rubra, mais la plume des tlancs est, à sa naissance,
à peine rousse; sous ce rapport, elle est comme la plume de mxa-
talis. Le roux jaune du dessous de la queue est en outre assez foncé.
5° L'échantillon cf du Musée d'Histoire naturelle de Paris (prove-
nant aussi de Grenoble et indiqué comme lalmtiei), ressemble, par
l'étendue des taches du cou, aux deux derniers exemplaires. Les deux
barres transversales existent sur les plumes des flancs. Les barbes,
au début, c'est-à-dire près du tuyau, sont jaunes. Lorsque nous
l'avons examiné au Muséum, le jour taisait défaut et nous uavons
pu apprécier la teinte générale de son plumage, mais M. Oustalet
veut bien nous faire savoir que cette teinte est plus grise que dans
la Perdrix rouge commune.
Ainsi, les trois échantillons du Dauphiné se ressemblent assez
entre eux, au moins par les taches du collier et les barres trans-
versales des plumes des flancs ; mais ils diffèrent, précisément par
l'étendue des taches, des exemplaires obtenus par M. le comte
Boidi.
6° et 1° Échantillons de la collection Lemetteil. Chez l'un d'eux, le
ton du plumage est intermédiaire; la taille est de la Perdrix rouge.
Du côté gauche, sur les plumes des flancs, on aperçoit une seule
barre noire, tandis que sur le flanc droit les deux barres sont
visibles quoique la deuxième soit toujours peu distincte. Les taches
du collier sont comme chez les exemplaires de .M. Boidi, c'est-à-dire
peu étendues, le tour uni du collier est très large. Le dessous du
ventre clair roux ; sous la queue, le ton roux assez foncé. Au début
(1) Au momeul où nous l'avons reçu, le premier exemplaire avail été renvoyé
déjà depuis quelque temps, en sorte que les comparaisons que nous ëlublissuns
ne sont faites que de souvenir.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMKNS D"APRÈS NATURE 49îj
des barbes des plumes des flancs on trouve du jaune en assez grande
quantité.
Chez Tautre spécimen, le tour uni du collier est bien moins
large, mais les perles sont plus détachées, quoique toujours en
très petit nombre. Sur le dessus du dos, la teinte est intermédiaire
entre celle des deu.x espèces, quoique plus foncée que chez le
dernier. Sur les plumes des flancs les deux barres noires sont bien
visibles, ladeuxième barreest cependant très mince. Plusieurs deces
plumes sont roux prouoncé au début, d'autres plumes ne le sont que
faiblement. En dessous du corps, la teiule jaune est assez claire.
Il est bien facile de voir par ces descriptions qu'il ne peut être
question ici de pièces appartenant à une espèce fixe, puisque les
échantillons décrits diiïôrent les uns des autres par le dessin de
leurs plumes. Ce que Degland dit de rirréguiarité des caractères
dans les cinq Oiseaux (vus sans doute par lui) conlirme notre
dire (I). Il semble donc que la P. lahntiri soil \e produit de rufa
et de saxatilis. .Mais peut-être doit-on la considérer comme une
simple variété, fort bizarre, dans ce cas, il faut le reconjiaître.
Inutile de rappeler la proche parenté des deux espèces supposées
mères, divisées seulement : 1" par le collier garni de perles chez
rubra, sans perles, mais plus large, chez saxatilis ; 2" par les
barres noires des plumes des flancs, doubles chez celle-ci, simples
chez celle-là; 3' et parla teinte nankin des parties inférieures,
plus claire chez saxatilis, plus foncée chez rubra. (Hubra est encore
de taille moindre que saratilis, quoique l'on trouve de petits échan-
tillons chez la Bartavelle).
Aussi considère-t-on ces deux types, au moins dans certains
pays où ils habitent, non comme deux espèces distinctes, mais
comme deux races d'une môme espèce. Le type rufa serait lui-
même susceptible d'autres variations constantes (2).
C'est avec beaucoup de i)laisir que nous avons appris par
M. Zollikofer, préparateur à Saint-Gallen (Suisse) , que M. le
D' Biedermann de Sonnemberg, à Winterthein, avait obtenu plu-
(1) Degland constate des dilTérences très notables a sous le rapport du nombre
et de l'étendue des taches du rou. »
(2) Il existe notamment une variété aux îles Canaries, appelée austrulis, très
rare et qui diflére du type; la diaunosc suivante a été donnée par M..\nalole Cabrcbra
Y. Diaz {Catalogo de las Aves del Archipielago Canario, Mailrid, IH',13, p. 27):
«C.rostro quarte parle robustiore et lonjiiore quam in C. rn/a;larsis robuslioribus
et diraidio pullicis li>ngioribus; dorso cinereo, nec rulescenti-fusco fascia nigra
circutn gulluri latiore quam in C. rufa ».
496 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
sieurs fois en captivité le croisemeut de la Bartavelle et de la
Perdrix rouge et qu'un des produits de ces deux Perdrix existait
empaillé au Musée de Saint-Galleu. Cette pièce, qui porte l'étiquette
suivante, (( Bastard vou P. saxatalis et P. rubra, vieux cf, élevé
par le D"" Biedermann, janvier 1892 », nous a été envoyé en
communication; nous eu avons fait la description suivante : « d'une
belle taille, mais n'égalant pas celle d'une forte Bartavelle, n'est
point même aussi grand que l'hybride cf du comte Boidi que nous
avons conservé. Tout le dessus est aussi foncé que chez la Perdrix
rouge, ainsi que le jaune nankin des parties tout à fait inférieures,
mais les flancs sont complètement de aa-ratitis, c'est-à-dire qu'ils
montrent les deux raies noires transversales; point de couleur
jaune au début des barbes vers le tuyau. Quant au collier, il est
intermédiaire entre celui des deux espèces; toutefois, beaucoup
plus saxatilh que rubra, attendu qu'il est large ; il existe très
peu de plumes noires; les pointillés sont plus nombreux du côté
gauche. Notons encore qu'entre les deux barres noires des plumes
des flancs, le blanc est très jaunâtre. En somme, l'Oiseau est bien
plus saxatilis que rubra.
On voit par là que cet hybride authentique diffère de ceux que
nous avons examinés par le très petit nombre de taches du cou,
les plumes des flancs sont cependant rayées de deux barres noires.
Mais les indications qu'il peut fournir sont insulîisautes pour per-
mettre de déclarer hybrides les pièces sauvages que nous avions
examinées.
Nous avons voulu savoir s'il provenait réellement du croisement
direct des deux espèces, ou plutôt s'il n'avait point été produit par un
hybride demi-sang accouplé avec une saxatilis pure, car il présente de
grandes ressemblances avec cette dernière. M. Zollikofer nous a ré-
pondu que, sises souvenirs sont exacts, le D'' Biedermann n'a obtenu
que des produits delà même et vieille paire, c'est-à-dire d'une «aj-a-
tilis d" (1) et d'une rubra 9 ; peu de jeunes ou plutôt aucuns ne
seraient nés des hybrides. En sorte que M. Zollikofer pense que la
pièce que nous avons examinée est bien un hybride demi-sang.
Il nous reste à citer un autre fait de croisemeut constaté à l'état
sauvage, mais en quelque sorte provoqué. Il nous a été raconté
par M. Jacques Guichard, régisseur du domaine de Sivry-Courtry
(Seine-et-Marne). Celui-ci se trouvant, en 1881, au château de
Guebar-bou-Aoun, province de Constantine, avait fait venir, avec
(1) Acheté, croyons-nous, à un marchand d'animau.x de Proppan, un nommé
Zuiia. L'Oiseau proviendrait de l'Asie-Mineure.
ADDITIONS, COURECTIOXS ET I.XAMENS DAPBÈS NATURE 497
plusieurs couples de Faisans, quatre couples de Bartavelles. Trois
Poules de ces dernières étant mortes après une année passée en
volière, M. Giiicliard résolut de lAcher les Perdrix avant le retour
de l'été et les abandonner dans les orges vertes environnant le
château, où pullulaient des Perdreaux rouges autochtones. Il eut
la'salisfaction de voir les Coqs Bartavelles s'apparier avec les Poules
indigènes et l'autoniue suivant on rencontra plusieurs compagnies
de métis parfaitement venus et faciles à reconnaître à leur coup
d'aile du départ et même à leur plumage lorsqu'on les rencontrait
au milieu d'autres bandes. M. Guichard n'a pu suivre que les
mâles: il u'a jamais revu runi(|ué Poule qui, seule, avait survécu.
Il est regrettai)le que les métis n'aient point été conservés. Ces
Oiseaux avaient certes un intérêt scientilique que, sans doute, on
ne leui- soupçonnait i)as alors.
Faisons remarquer, eu terminant, que nous avions cité, dans
notre première publication (d'après les indications que M. Biémer,
naturaliste à Paris, avait bien voulu nous fournir), un hybride
P. sa.ralilis X P. nihra comme devant se trouver dans la collection
du D'' Marmottau, collection, on le sait, remise au Musée d'Histoire
naturelle de Paris. Des recherches ont été faites dans cette collec-
tion, mais aucun hybride n'a été découvert.
Nous avions aussi, d'après MM. Jaubert et Barthélémy la
Pommeraye (I), signalé au Musée de Marseille un semblable
hybride. L'Oiseau avait été décrit par ces auteurs comme ayant «la
tête, le cou et la poitrine de la Bartavelle, et les flancs maillés de
la Perdrix rouge. » Nous sommes vraiment surpris d'une telle
confusion. 11 s'agit simplement d'une monstruosité dé plumage et
non d'un hybride, comme nous nous en sommes assuré par l'examen
de celte pièce qui nous a été adressée en communication par
M. Ch. Péuot. aide-naturaliste, sur les instructions de M. Marion,
directeur. Cet Oiseau montre, en ellel, au-dessus des ailes et même
sur le dos, une seconde rangée de plumes des lianes de rubra,
véritable anomalie ou plutôt monstruosité, comme on vient de le
dire. Il est vrai qu'il ne porte pas au cou un collier de perles nom-
breuses et foncées disposées comme dans cette espèce, mais les
croissants ou lunules qui ornent cette place ne se rapportent aucu-
nement à un mélange. L'Oiseau est du reste tout à fait dillérent
des nombreux hybrides que nous avons examinés et que nous
avons décrits minutieusement. Rien n'annonce chez lui une double
origine, c'est une simple variété roux jaunâtre ou Isabelle, avec
(1) Richesses ornithologiqaes du Midi de la France, p. 41G. Marseille, 18b9.
408 OISEAUX IIVBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
double rangée de plumes des flancs et collier spécial, sans rapport
aucun avec ce que l'on peut attendre d'un mélange entre rubra
et saratilis.
Nous avons lu sur l'étiquelte qu'il porte qu'il avait été acheté au
marché de Mai'seille par M. Laurin ; nous savons en outre qu'il
était de sexe mâle (1). Constatons qu'il n'est point étiqueté «hybride
de P. rufa et de P. saxntUh », mais simplement « métis mâle » ;
c'est déjà trop.
Il existerait encore au Muséum d'Histoire naturelle de Lyon un
hybride de la Perdrix saxitlilis avec la Perdrix rubra? M. Reydon
Neyreneuf, ayant eu la bonté de visiter soigneusement à notre
intention quelques-unes des vitrines de ce Musée, a remarqué une
Perdrix étiquetée seulement : « Caccnbis saxatilis », mais cette
Perdrix lui a paru être un métis. Voici les notes qu'il a prises :
« Bec de la Perdrix rouge, pattes plus élevées que chez cette der-
nière, semblable à celles de la Bartavelle. Collier bien net de la
Bartavelle; plumes des flancs, la moitié environ de cette Perdrix,
une dizaine de plumes avec la coloration de la Perdrix rouge. »
Nous ignorons ce que peut être cet intéressant Oiseau ; nous regret-
tons qu'il ne nous ait point été communiqué (2).
Supprimant de notre liste le croisement de la Perdrii rubra avec
la Perdrix cinerea comme n'étant point prouvé, laissant, mais avec
beaucoup de doute, celui de la Perdrix cinerea avec la P. saxatilis,
qui ne repose plus que sur le fait cité par Dureau de la Malle, nous
ne trouvons donc plus chez les Perdicidés que les croisements
problables suivants :
1" Francolinus vul.garis X F. pictus, repré.senté par six ou sept
(1) Op. cit.
(2) M. le Directeur (lu Musée avait bien voulu cependant nous en promettre l'envoi.
Nous n'avions reproduit que très incomplètement les renseit;nements donnés par
M. Bouteille sur les pièces hybrides décrites par lui sous le nom de P. labatiei.
Ces indications pouvant être utiles, nous les reproduisons : « D'habitude, dit cet
auteur, le mâle a plus daûinités avec la Bartavelle qu'avec la Perdrix rouge; le
contraire se produit chez la femelle. Ces hybrides, que les chasseurs nomment
improprement « Bartavelles, » se distinguent surtout par leur taille un peu plus
grande que celle de la Perdrix rouge et un peu plus petite que celle de la Bartavelle,
par le collier noir qui est comme celui de cette dernière, mais suivi de quelques
taches noires comme dans la première espèce et toujours moins longues, moms
nombreuses; par les lianes rayés de deux bandes noires comme chez la Barta-
velle, mais dont la supérieure est peu marquée, assez souvent interrompue dans
son milieu ». Enlin, d'après Bailly, on reconnaît ces produits à leur plumage qui
a moins de gris cendré et plus de rouge que l'une (espèce), plus de gris cendré
et moins de roux que l'autre (espèce), n
ADDITIONS, COUBECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURK 400
échantillons; 2» Callipepla f/ambeli X CoUnus virgianus, représenté
par deux pièces; lioCalliiirjiln mitidUKitu X Colinits piryiainis, connu
par une seule pièce ; et 4" Penli.r rubra X Pcrdix sa.ratilis, repré-
senté par plusieurs spécimens, dont sept ont été examinés par
nous (1).
Tetraonidés.
Les additions aux Tetraonidés font connaître bon nombre de
Rackelhanes (hybrides du Tetrao tetrix et du T. urogallus) ; quelques
(1) CoTCRNix coTURMX X CoTUiiNix jAPONicA. — En 1892, dans les " Annals
and Magiizin of Natural History (X, pp. 166-17.3), M. Ogilvie Grant a étudié le
genre ColurnLx. Il trouve qu'aucune espèce de gibier n'a peut-î'tre été plus
confondue que la Coltirnix coturnix avec son alliée du Japon, la Coturnix
Japonica. M. Ogilvie tiranl se plail à dire qu'il a enlin découvert les caractères
délinitifs et bien marqués qui peuvent servir à dillérencier les deux types, aussi
bien chez le sexe niàle (|ue cbez le sexe femelle. Il lui parait en outre que les
formes intermédiaires sont le résultat d'un croisement entre les deux formes.
Les caractères qui servent à M. Ogilvie Grant pour leur dislincliun éiant très
minimes, on ne saurait faire tout au |ilus, de ces deux formes, que deux races ou
deux variétés.
Mais M. Leonhard SIcjneger, dans ses a Remarks on Japanese Quails » Prnceed.
UnitedSIates Muséum, I8'.H), criti<|ue la manière de voir de son collègue. Pour lui,
les conclusions de M. Orant ne sont point fondées, tout au moins les raisons allé-
guées ne sont point siillisantes pour permettre de vérifier l'exactilude des conclu-
sions prises. Ayant jeté un coup d'ceil sur son matériel d'observation, M. Stejneger
ne se voit point obligé d avoir recours i un hybridisme pour expliquer les varia-
tions de plumage que présentent ses Cailles. M. Stejneger n'a pu toutefois oITrir des
explications positives sur la signilication exacte des plumes allongées de la gorge
de C. Japonica. lesquelles plumes servent, pour .M. (iranl, de dilférenciation entre
ce type et le type C. coturnix.
Nous avons examiné seulement quatre CoturnUc indiquées comme Japonica, que
nous a envoyées M. Houcard. Nous les avons comparées à trois C. coturnix du
Musée de Kouen. Malhcureuseiiient le sexe n'était indiqué sur aucun de ces éclian-
tillons. Nous avons remaniué, sur trois C Japonica, qu'il existe en elfet sur
la gorge de petits dessins en forme de lances, ce qui ne se verrait point chez
C. coturnix ordinaire. Mais, nous le répétons, celte particularité ne peut acquérir
une valeur spécilique. f^'une des C. Japonica était tout à fait semblable, par sa
gorge blanche et ses très petites marques allongées, à une Coturnix coturnix.
Serait ce un individu croisé'.'
Disons aussi que, pour M. Ogilvie Grant, C. coturnLx se croise aussi avec
la race résidant dans l'.Mrique du Sud, la C. capemis au cou rouge. Il ne s'agit
là encore que de mélanges possibles entre deux simples variétés.
Nous avons remarqué, non sans surprise, que dans le Catalogue of Ihe Game
Birds of tlie British Muséum, publié en IS'.y, M. Ogilvie Grant n'appelle point
hybrides les douze échantillons intermédiaires L. coturnix et C. japonica et les
treize autres échantillons intermédiaires C. coturnix X t • capensis, qui y sont
catalogués (p. 2.18 et 24U|; il les appelle seulement intermédiaires.
OUU OISEAUX HVBHIDES RKNCONTRKS A l/ÉTAT SAUVAGE
T. scoticus X T. telrix, assez douteux, du reste; plusieurs T. albus
X T. tetrix, dont l'origine n'est peut être pas mieux démontrée,
une nouvelle pièce, Uo)ia.'<a behilina X T. tetri.v et deux croisements:
celui de T. uroyallus X T. albus (que nous nieuliounerous encore
sous réserves), et celui, sans doute plus certain, de la Cupidojiia
cupido X Pedioat'tex phnslanellus, qui paraît s'être renouvelé plu-
sieurs fois.
D'un autre côté il y a lieu, si, comme on l'expliquera, le Laijopus
scoticus est la même espèce que le Laf/opus albus, de faire figurer
sous une même dénomination et daus un même article les hybrides
T. scoticus X T. tetrix et 7'. albus X T. tetrix ; de même les hybrides
7'. scoticus X T. mutus et 7'. albus X T. scoticus ne sauraient être
différenciés. Du reste, ces deux derniers croisements, quoique
signalés par des natuialistes éminents, ne paraissent point s'être
réellement produits. Il en serait de même du mélange entre le 7".
tetrix et le T. mutus, au moins en ce qui concerne la pièce qui a
été citée dans la Diana. Le nombre des croisements entre Tetrao-
nidœ se trouve donc à peu près égal à celui que nous indiquions
dans notre premier mémoire, quoique la nomenclature des espèces
concourant à ces croisements ait subi quelques modifications.
Genre Tetrao
Tetrao tetrix et Tetrao urogallus
(Se repoi-ler p. 10 ou p. 263 des Mérunires de la Soc. Znol.. annoe 1890).
Dans notre article sur leRackelhane, nous disions avoir vu quinze
sujets mâles, nous disions aussi que ces quinze exemplaires se res-
semblaient parfaitement entre eux. Nous ajoutions que les rensei-
gnements reçus de difiérents Musées uous laissaient supposer que
l'Oiseau qui provient du mélange du tetrix et de Vuroijallus est
toujours d'un même type. De nouvelles et très nombreuses infor-
mations nous confirment dans cette manière de voir.
Depuis la publication de notre travail, grâce à l'obligeance
excessive de directeurs de Musées publics ou de propriétaires de
collections privées, nous avons obtenu en communication quarante
autres spécimens mâles et huit femelles. Nous avons pu, par
conséquent, étudier à loisir ces pièces; plusieurs ont même été
peintes. Or, les descriptions qui ont été faites de ces quarante
spécimens mâles, venus de toutes les parties de l'Europe où l'on tue
ADDITIONS, COnnFXTlONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 5()i
le Raekelhaue, montreront que l'opinion que nous avions émise est
fondée, car, bien ([ue ces Oiseaux aient été oi)tenus dans des contrées
diverses et sous des climats différents, trois seulement ditïèrent du
type ordinaire (1).
Si leRackelhane avait le pouvoir de se reproduire, si ses unions,
soil avec les Poules trtri.r, soit avec les Poules um^idlliis, étaient
suivies de fécondité, on rencontrerait fréquemment des individus
non typiques, c'est-à-dire présentant des traces évidentes de mélange
avec l'espèce pure, et, par cette raison, se rapprochant tantôt de
Vurogallutt, tantôt du ti'tri.r. 11 n'en est rien.
Faut-il donc admettre que le Kackelhane engendre avec ses
propres Poules et donne avec elles de nouveaux Oiseaux, doués
eux-mêmes de fécondité, ne variant pas dans leurs caractères
plastiques et de coloration? Cette hypothèse mérite d'être consi-
dérée. Mais elle est réfutée par ce fait que les Poules hybrides
sont excessivement rares. Le nombre de celles qui ont été obser-
vées est très restreint, et encore, beaucoup de doutes existent sur
leur véfitable nature. Nous verrons bientôt (|u'elles ne présentent
pas des cai-actères certains d'Iiybridité, comme eu montrent seuls
les mules. Dans l'hypothèse d'unions fécondes, elles seraient donc
en nombre tout à fait insufTisant pour permettre une reproduction
régulière et suivie : on a vu du reste que les Rackelhanes n'ont
point de ballz propres et qu'ils ne se rencontrent que sur les lieux
fréquentés par les deux espèces pures.
Nous n'avons rien ou presque rien à ajouter aux généralités qui
commençaient notre article et qui faisaient connaître l'histoire de
ces très curieux Oiseaux. Nous n'avons point non plus à citer de
nouveaux faits, observés à l'état sauvage, venant attester la double
origine ([u'on leur suppose avec raison. Nous nous sommes borné à
enregistrer de nouvelles captures, à examiner et à décrire de
nouvelles pièces.
Cependant, nous voulons revenir sur un fait fort intéressant et
que nous avions raconté brièvement. Nous avions rapporté {2}.
d'après M. le Prof. Collett, que des œufs pris sous une urogallus $
et que l'on fit couver par une Poule domestique, donnèrent de
jeunes Rackelhanes. Nous apprenons par M. F. A. Smild, du Musée
Zoologique de Stockolm, que l'un de ces Oiseaux, arrivé à l'âge
adulte, est encore bien conservé dans les collections du Musée
et que ce Rackelhane ne présente aurune (lijierence sensible avec
les autres Rackelhanes obtenus à l'état sauvage.
Il) Un qualrii-ine difti're eompli'lemciil, c'est un vrai urogallus. Mais, pour cpUe
raison, nous ne le considérons poiul comme hybride.
(2) P. 18 et p. 271 des Mémoires de la Soc. Zool.
b02 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L'ÉTAT SAUVAGE
Le fait que nous signalons de nouveau est, on le voit, très impor-
tant, parce qu'il prouve d'une manière décisive l'origine que l'on
attribue au Rackelhane. On doit supposer, toutefois, qu'aucune
confusion n'a été commise dans la détermination de la femelle
Tetriui qui avait pondu les œufs et que cette Poule appartenait
réellement à l'espèce iirogallus. Elle n'a point malheureusement
été conservée, d'après ce que nous fait savoir M. Smitd (1).
Nous avons encore relevé, dans la Deutsche Jager /eittimj (journal
de chasse allemand), publié à Neudamm (2), un récit qui a trait
aux mœurs du Rackelhane et qui, par conséquent, présente un
réel intérêt.
En 1885, pendant la saison de la reproduction du Tetrao, un
chasseur découvrit deux Rackelhanes sur les lieux d'accouplement
desSpielcoqs ou Coqs de combat. Il put les observer fréquemment,
il les vit défier et chasser les uns après les autres des tetrix cf , puis
il entendit leur chant d'amour. Les deux Oiseaux s'accouplèrent
avec les Poules prescjue immédiatement, contrairement, parait-il,
à ce qui se passe d'habitude (3).
Le même chasseur observe que lorsqu'il imitait le cri de la Poule
de bruyère (arogallus), les deux Rackelhanes se rendaient très
attentifs, mais n'avançaient pas; tandis que sur l'appel de la
Birkenne {tetrix 9 ), leur ardeur s'allumait ; la voix du Coq de celte
espèce les excitait au plus haut degré. Au moment de l'appariage
ils devenaient tout à fait hors d'eux-mêmes, ébouriffant leurs
plumes et traînant à terre les pennes de leurs ailes. 11 vit en outre
l'un des deux Rackelhanes foudre sur un tetrix qui était prèsd'uue
Poule. et bientôt le chasser. Mais, quoique le perturbateur fût
bien visé, il ne put être tué. Au bruit de la détonation, deux Poules
s'étaient envolées ; celles ci paraissaient être des Rackelhennen, à
cause du cri aigu et élevé qu'elles tirent entendre; leur taille, plus
grande que celle de la Poule tetrix, mais plus petite que celle de la
Poule urogallus, semblait encore indiquer leur origine mélangée (4).
(1) Septujufs avaient été pris; ils donnèrent naissanceàdes jeunes. Mais ces jeunes
ne parvinrent pas jusqu'à leur complète croissance. L'exemplaire adulte avait été
tué après sa mue et ollerl au Musée en 1835, le 22 septembre, par le Procureur
liscal, M. A. Roman. (Ces indications se trouvent dans l'ouvrage de Sundevall,
Svenska^Foglarnu, p. 255, cahier 20, 184'j), dont M. Smitd a été assez complaisant
pour nous (aire une traduction et nous adresser une copie.
(2) N» 20, 16 aoùl 1885, pp. 4;{3-434.
(3) Le Rackelhane, avant de s'accoupler, laisserait entendre d'autres notes bien
différentes.
(4) P. 433 et 434, op. cU.
ADDITIONS, COHRKCTIONS KT EXAMFA'S D'aPHÈS NATURE U(l3
Le rôle des espères mères daxis la produclitm du Hackelhane a
été étudié dans un autre numéro du même Journal des chasseurs (Ij.
Dans notre premier article nous avions laissé penser que le tctrix
devait être considéré comme le père des hybrides et Vuror/allus
comme leur mère; tel n'est pas l'avisde M.Buchsenmach, de Berlin,
qui base principalement sou raisonnement sur ce fait : ijue le
Rackelhaue est toujours d'un même type, comme il a pu
l'observer sur vini;l exemplaires qui lui oui passé par les mains et
qui ne présentaient entre eux aucune différence. Or, pour lui, de
tels Oiseaux ne peuvent provenir que d'un même croisement, parce
que (dit-il), le renversement des termes père et mère produirait
d'autres caractères, comme il l'a, paraît-il, obsei'vé dans les croise-
ments du Chardonneret et du Serin ou de celui-ci avec la Linote,
croisements qu'il a obtenus l'un et l'autre, dans les deux sens et
qui n'ont pas donué les mêmes produits (2).
Quant au rôle du mâle attiibué à l'iuoyallus et non au letrix,
M. BiJchseumach se trouve amené à celte conclusiou par les raisons
suivantes : la siison des amoui-s commence plus tôt pour les
urotjallus que pour les tciri.r: ce sont les vieux Coqs qui éprouvent
les premiers le besoin de s'apparier; ils écartent les plus faibles.
Ceux-ci repoussés, et chez lesquels la passiou de l'amour ne s'éveille
que plus lard, reucoulrent les balz des tetii.r; bieulùl ils ont raison
des Coqs, à cause de leur plus forte taille, etcontractent des alliances
avec leurs femelles. Ce qui le prouve, c'est (|ue le Rackelhaue se
rencontre de préférence dans les endroits où abonde le gibier Birk
{tetrix), suit les Poules de cette espèce et en prend les allures.
M. Biichsenmach recul d'un Anglais, qui les avait tirés lui-même,
deux jeunes Rackelhanes « les(iuels amicitl été icncoultés au milieu
d'une bande de jeunes Biikluihns. » Un marchand de gibier de ses
amis lui a communi(pié ce fait que les Rackelhanes sont toujours
tirés en société des iciri.v. C'est daus les mêmes circonstances, fait-il
remarquer, que le Kronprinz Rudolph avait tué ses Rackelhanes,
c'est-à-dire que ces Oiseaux se trouvaient dans des endroits fré-
quentés par des leirix.
Enlin, il semble inadmissible au même écrivain que la Poule
urogulins, dont l'époque d'accouplement a lieu plusieurs semaines
(1) Voy. N» du 25 octobre 18^.
(2) Il est fort rare que le Cliardonnerct Q i-l la Linote Ç reproduisent en captivité.
Les mulets de ces espaces avec le Qiniiri ont presque luujours ee dernier comme
mère. L'assertion de W. Bûcbsenmacli nous surprend donc.
oui OISEAUX HYBRIDES RENCONTHES A LÉTAT SAUVAGE
avant l'appariage des tetrix, recherche pour cette raison les Coqs
de cette espèce.
Une observation qui nous est communiquée par Hugo J. Stjern-
vall, (Can. phil. de Borga, Finlande), tendrait à confirmer le dire
de M. Biichsenniach. Il y a cinq ans, on a tiré, dans le district
de Màityharju, contigu au district de Paasa, un Rackelliane qui
avait toujours pris son vol en compagnie de Poules de bouleau
(Birkhiihnen). Or, nous dit M. Stjernwall, si l'on admet qu'un
Oiseau suit sa mère et les parents de cette mère, il faut admettre
que le père de cet hybride est un urofidllus cT, et non point, comme
on le pense communément, un tetrix cf.
Malgré ces observations, nous sommes enclin à penser que le
tetrix doit toujours être considéré comme le père des Rackelhanes
que l'on rencontre à l'état sauvage.
Si le rôle des parents dans le croisement qui produit le Racke-
Ihane est, comme on le voit, encore discuté, les raisons qui
déterminent les mélanges des espèces pures sont encore demeurées
beaucoup plus obscures. La destruction des espèces mères, qui
s'opère sur une grande échelle et à des époques où les deu.K sexes
se recherchent, peut amener une perturbation assez grande pour
que les mâles et les femelles surnuméraires de l'une ou de l'autre
espèce soient amenés à contracter des croisements. Il est bien évi-
dent que si le grand Coq de bruyère se laisse tuer plus facilement que
le tetrix, doué, dit-on, d'une grande agilité, les Poules du premier,
restées ainsi sans Coqs, rechercheront les tetrix plus abondants,
au moins s'en laisseront approcher. Mais ce n'est là qu'une hypo-
thèse. Ce qui est probable, c'est que la chasse rompt l'équilibre
des sexes et amène de vrais perturbations dans le mode de repro-
duction. Il semble que l'on soit autorisé à dire, sans être taxé
d'exagération, que les unions entre les deux espèces sont le résultat
d'un défaut d'équilibre dans les sexes. M. Hugo, J. Stjernvall,
dont nous venons de parler, confirme entièrement notre manière
de voir. Il appelle le Rackelhane « une production de chasse )),
parce qu'au printemps, les Coqs de bruyère se trouvant décimés par
suite du tir sur le » Spiel » (jeu d'accouplement), leurs Poules
acceptent les tetrix qui ont été repoussés par leurs rivaux (1).
(1) M. Stjernwall tient les Indioiitions qu'il nous transmet de chasseurs lapons,
parmi lesquels il a vécu pendant cinq élés; ces indications sont donc précieuses
puisqu'elles ne proviennent point de lectures faites dans des livres d'ornithologie et
qu'elles concordent avec les observations déjà faites dans ces livres.
ADDITIONS, COHKKCTIONS KT KXAMKNS d'aPRÈS NATURE 503
Nous ajouterons du reste que si les raisons qui déterminent la
production du Rackelhane provenaient de causes purement natu-
relles, celui ci aurait des femelles en nombre sulTisant pour qu'il
puisse se reproduire ré^uliùrenienl, comme cela a lieu chez les
autres espèces d'Oiseaux ; il serait en outre doué du pouvoir de
féconder ces femelles (1).
En achevant noire article, nous demandions que l'on voulût bien
entreprendre des expériences pour la production en captivité de
cet hybride si commun à l'état sauvage, afin de démontrer scienti-
fiquement l'hybridisme que l'on suppose avec raison.
Nous avons éprouvé une vraie satisfaction lorsque nous avons
appris qu'en dehors des essais déjà tentés chez M. Kralik, en
Boliôme, le Jardin zoologique de Copenhague (Danemark) et un
établissement de plaisance, le Tivoli, près de Stockolm (Suède),
avaient renouvelé les mômes expériences.
Malheureusement ni les unes ni les autres n'ont réussi. A Tivoli
on a conservé en cage pendant deux années un teiri.r ç^ et un uro-
galliis 9. La Poule pondit six œufs, mais ne les fit point éclore(2).
A Copenhague, cinq jeunes furent obtenus, mais ils ne vécurent que
peu de temps : on n'a pu les suivre jusf|u'à leur complet dévelop-
pemtuil. L"n des exemplaires, mort quelque temps après sou
éclosion, est conservé au Muséum de l'Université ; il ne saurait,
nous dit .M. le D' Luikeu, l'émiiieiit professeur de zoologie, fournir
aucuns renseignements de la nature de ceux que nous cherchons.
Au Jardin de Copenhague, on n'avait point toutefois été découragé
par ce premiei- insuccès et de nouveaux Oiseaux d'espèce pure
avaient été importés pour continuer les expériences. Mais trois
couples ayant été perdus successivement, on renonce maintenant,
nous informe M. A. von Klein, .'i poursuivre ces essais fort dispen-
dieux et dont le résultat est trop incertain.
Désirant nous-méme tenter le croisement de deux espèces qui
présente un si grand intérêt scientifique, nous avons fait venir des
spécimens mâles et femelles des deux espèces pures, c'est-à-dire des
(1) Dans notre premier article, nons nous étions posé cette question : « Le
Rarkelliane est-îl fécond ? », El nous donnions un résumé des opinions qui s'étaient
produites à ce sujet. Nous faisions aussi connaitie queUpies examens microscopiques
(encore 1res peu nombren.K) qui ont été faits sur les organes génitaux de cet
liyhride. Nous avions omis de dire, d'après M. \. B. Meyer, que le Professeur de
Kœiliker avait examiné au microscope Ihs parties sexuelles d'un Haikelane et avait
trouvé des . lils de semence • (spermatozoïdes, siippos(ms-nous) parfaitement déve-
loppés. Mais ceci prouve-l-il que l'Oiseau puisse féconder un autre hybride '.'
(2) Ce renseignement nous est fourni par M. Smitd, i|ui ajoute (|ue trois des
œufs sont encore conservés.
S06 OISKAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SALVAGE
Coqs tetrix et des Poules urogallus. Les deux premiers Oiseaux pris
en Suède, envoyés eu Danemark au Jardin zoologique de Copen-
hague, ensuite réexpédiés en France par chemin de fer, n'ont vécu
que quinze jours environ dans le vaste parquet où ils avaient été
placés. Lors de leur mort ils se trouvaient dans un état de grande
maigreur ; ils n'avaient voulu, pendant leur séjour en captivité,
prendre presqu'aucune nourriture. Deux nouvelles pièces nous ont
été envoyées par voie de mer ; nous pensions être plus heureux, vu
les soins qui pouvaient être facilement prodigués à ces Oiseaux sur
le steamer. Nos espérances ont été vaines. Les Oiseaux, après un
voyage qui avait duré plus de dix jours, ont succombé à leur arri-
vée à Antiville.
Restent donc seules les expériences de M. Kralik. Mais ces expé-
riences, nous l'avons remarqué, ont donné des résultats.
Nous avons reçu à leur sujet les indications complémentaires
suivantes : Une femelle empaillée existe au Musée royal de Prague,
une autre (montée ou en peau) dans la collection de chasse de
Frauenberg, appartenant au prince de Schawrzemberg. Un sujet
mâle fut envoyé par M. Kralik à M. le chevalier von Tschusi de
Scmidhoffen ; l'Oiseau arriva en si mauvais état qu'il ne put être
préparé. Son squelette doit figurer au Musée impérial de
Vienne, tout au moins y avait-il été envoyé à cette intention. Un
dernier mâle que M. Kralik prit soin de faire empailler, remis
à l'instituteur d'Adolf, sa ville, est maintenant chez M. Alois de
Nedobity, maître principal des forêts, à Wirtemberg (Bohême).
M. Kralik a obtenu de celui-ci l'autorisation de faire peindre
pour nous ce très rare échantillon. Nous nous plaisons à reconnaître
que c'est un vrai T. médius à poitrine et à gorge avec reflets violets,
à queue demi-échancrée, à bec foncé, aux caractères, enfin, qui
constituent le type ordinaire du Rackelhane, quoique l'Oiseau nous
ait paru un peu plus fort que les Rackets cTtués à l'état sauvage.
M. le chevalier von Tschusi veut bien nous informer que le mâle
qu'il reçut était exactement, en couleur et eu forme, semblable aux
autres Tetrao médius du type commun et que l'on tue si souvent à
l'état sauvage. En outre, M Tschusi nous a envoyé gracieusement
plusieurs aquarelles représentant des hybrides cT et $ à dilïérents
âges, provenant du même élevage et parmi lesquelles le portrait
d'un jeune mâle né le 13 juin 1884, mort le 13 décembre, complè-
tement en couleur et identique par son plumage à celui de M. de
Nedobity, mais de taille très inférieure (1).
(1) Les deu-N. Oiseaux sont tellement semblables que nous nous ilemandons s'il
ne s'agit point d'un même sujet?
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 507
Ces indications sont extrêmement précieuses à retenir et confir-
ment complètement la double origine que l'on suppose aux
Rackelhanes. On ne saurait trop reconnaître l'importance de
l'expérience qui fut entreprise à Adolf ; sans elle l'iiybridité du
Ftackelliane serait encore sujette à controverse.
Quant aux femelles, dont les caractères sont moins bien délinis,
l'examen que nous en avons fait ne nous a poiut donné le résultat
que nous attendions. M. le prof. Fritscli a été assez complaisant
pour nous adresser en communication le sujet du Musée de Prague;
nous avons donc pu le décrire complètement et le rapprocher des
rares individus de ce sexe rcucontiés à l'étal sauvage et dont nous
avons obtenu liuit exemjtlaires. Mais nous devons avouer qu'il
existe de sérieuses difficultés pour déterminer convenablement
les caractères des hybrides de ce sexe. Nous étudierons du reste
plus loin ces caractères en parlant aussi de la Poule conservée au
.Musée de chasse de Frauenberg et sur laquelle M. le prince de
Schavvrzemberg a bien voulu nous adresser des indications très
utiles.
Voici la liste des Rackels cT el 9 qui nous été envoyés en com-
munication. Ces Oiseaux sont inscrits suivant l'ordre de leur
réception. (Nous ne faisons figurer que les sujets qui nous ont paru
authentiques, car bon nombre d'autres individus, qui ne sont que
de jeunes mâles, nous ont été adressés sous la dénomination fausse
de Rackelhanes).
Exemplaires mâles : Nombre
de pièces
Du Musée d'Histoire naturelle de Lille (Nord) i
— — d'Arras (Pas-de-Calais) 1
Du Musée Zoologique de Stockolm (Suède) i
— de Christiana (Norwège) 1
— de Francfort-sur-le-Mein 2
Du .Musée d'Histoire naturelle de rienève (Suisse) 1
Du Musée royal de Dresde (Sa.\e) 2
Du Muséum d'York (Angleterre) 1
De la rolleclion de M. van Keiiipen, Saint-Onier (Pas-de-Calais). ... 5
Du Musée de Breslau (Prusse) I
Du Musée Zoologique de l'Université de Pavie (Italie) 1
Du Musée Zoologique de Lausanne (Suisse) 3
Du Kelvingrove Muséum de (ilasgow (Ecosse) l
Du Musée roy;il d'Histoire naturelle de Bruxelles 1
Du .Musée royal de Municli (Bavière) 4
Du Musée Zoologiciue d'L'p-^ala (Suède) 5
Du cabinet de Sun Altesse Royale le Grand-Duc de Ilesse-Darmstadl
(Allemagne) t
O08 OISEAUX HYBniDi:S RENCONTRÉS A LÉTAT SACVAGE
Nombre
Exemplaires mâles : de pièces
Du Musée impérial de Vienne (Autriche)
De chez M. OUo Bock, naturaliste à Berlin (Prusse)
Du Musée de Douvres (Angleterre)
De Son Allesse Royale le prince Philippe de Saxe-Cobourg-Gotha.
De la collection de l'Institut Zoologique de Strasbourg. .....
De M le prince Alain de Rohan (Bohême)
De M. Hugo J. Stjernvall, d'Heinola, Passa (Finlande)
40
Exemplaires femelles :
l>u Musée Zoolo^iijue de Chrisliana (Norwège)
Du Musée Zoologique de Dresde (Saxe)
De la Collection de M. van Kempen, à Saint-Omer (Pas-de-Calais).
— de M. le Baron Selys-Longchamp (Belgique). . .
Du Musée de Prague (Bohême)
Du Musée Zoologique d'Upsala (Suède)
Soit quarante-huit échantillons.
Nous venons de dire que nous avons reçu, sous le nom de
Rackelhaues, un assez grand nombre de jeunes mâles nrogallus.
Cette confusion qui se commet souvent, car elle s'est produite dans
des Musées français, anglais, allemands, suisses, est à signaler.
Quelle peut en être la cause? Sans doute la rareté des urogaUus
/m«. dans les collections. D'après les pièces que nous avons exami-
nées, les couleurs de l'adulte se montrent alors que la taille des
jeunes mâles est encore très minime. Tous les jeunes prenant
couleur que nous avons reçus n'étaient guère plus gros que des
letri.r, ils n'atteignaient même point la taille d'aucun Rackel Ç.
Cette apparition des couleurs définitives avant que l'Oiseau n'ait
atteint son complet développement nous a surpris.
Confondrions-nous ces pièces avec des femelles stériles se revotant
de l'habit des Coqs? La chose est possible pour certains échantil-
lons. Cependant les cas oi'i les femelles prennent la livrée du mâle
forment une exception; cela laisse supposer que nous avions plutôt
alïaire à des sujets nroqaUus jun. Un ou deux, cependant, sem-
blaient être de vieilles Poules.
Avant de décrire les hybrides qui nous ont été envoyés et que
nous venons d'énumérer, nous signalerons encore d'autres pièces
que nous n'avions point citées dans notre première publication. Le
nombre des Rackelhanes conservés dans les collections européennes
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KXAMKNS D'aPRÈS NATUHE ")()9
est certainement très élevé, et sans doute, bon nombre de pièces qui
ont été exposées sur les marchés sans attirer l'attention de l'ornitho-
logiste, ont été livrées à la consommation.
M. le veneur A. von Klein nous fait savoir (lu'un naturaliste de
Copenhai;iit' a (ic])uis quelques années obtenu ciiez un marchand
de sa ville quatre pièces venant de Suéde ou de Norwège. M. J. E.
Harting dit avoir eu entre ses mains un hybride bien conservé
qui lui avait été remis par M. Ed. Jackson, du Poultry Market, à
Sinithtield (1). L'hiver dernier M. Smitd, du Musée de Stockolm,
avait bien voulu nous proposer d'acheter pour nous quelques-uns
de ces Oiseaux qu'il ne maïuiucrait, tlisait-il, de trouver chez les
marchands de gibier de sa ville. Tout dernicremcnl un licencer-
dealar in Game, du Leadenhall market de Londres. M. Philip Cas-
tnni;, nous offrait un Rackelhane en chair. On vient d'en vendre un
dans la ville d'Abo (Finlande). Parmi les Tclnioiidif exposés par
.M. P. Oospenky, lors de l'International Exhibition qui eut lieu en
1862, figuraient quelques exemplaires intéressants du Tetrno
nieilius (2). L'année suivante, M. H. Stevenson, de Norwich, avait
l'occasion d'examiner un urfKjnlluH hybride dans une collection de
Grouses rapportées de Russie par lord Wodehouse de Kimberly,
Grouses qui avaient été collectionnées pendant ranil)assH(le du lord
à Saint Pétersbourg (3). Lerév. Macpherson parle dans le Field d'un
beau mâle qu'il vit, l'Oiseau ayant été nouvellement écorché (4).
M. Beimer, naturaliste à Paris, se rappelle avoir empaillé un
exemplaire provenant de Russie, et M. Zollikofer, de Saint Gallen
(Suisse) a préparé trois pièces pendant l'année 18it3, toutes obtenues
dans son pays. Eufin M. Richard Stadlober, taxidermiste à Maria-
kofl-Sleirmeark, nous informe qu'un Oiseau de ce genre avait été
remis à .M. le curé S. Blasius Kauf.
Dans les collections, en dehors des pièces qui figurent sur notre
liste, il faut encore noter : au Musée de l'Université de Cambridge,
d'après M. Gadow, directeur de ce .Musé(?, le tronc d'un hybride
mâle T. urofiallus X T. tetrix; dans la collection d'Harmaunstadt
un cf T. iiirdiK.i signalé par MM. C. G. Daxford et Harwie Brown;
dans la collection de .M. Bund .Adams, d'après les mêmes, un sujet
de sexe femelle (ii) ;au Musée d'Osbersund (Suède), deux exemplaires
(1) Zoologisl. p. 349 et 350, N° de septembre 1878.
(î) Ibis. p. 28!>, 18C>2.
(3) The Zoologisl, p. (J24;i, octobre 1863.
(4) 31 mai I8i>2 (llibridily in Birds).
(5) Ciux-ii ajoiileni ((n'en Transylvanie, le T. médius se rencontre quelquefois
(Ibis, 1873, p. 417).
!J10 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
de la province (1) ; au château de Sichrow, appartenant à M. le prince
Alain de Rohan un Rackelliane du type « birk » (?) et deux autres
du type ordinaire (2) ; au Muséed'Innsbruck, un Tetrno médius jun.,
décrit et figuré par M. von Tschusi dans l'Omis (3). Notons encore
quatre autres pièces, dont deux femelles, qui figuraient au catalogue
de la collection vendue par M. Wliitatker au Covent-Garden en 1890.
Les collections étrangères à l'Europe ne sont point dépourvues
de ce genre d'hybrides, car un exemplaire est conservé au .Musée
national des Etats-Unis à Washington (4) et un autre au Musée
d'Auckland (Nouvelle-Zélande) (3).
Voici maintenant, d'après les récits qui ont été faits dans
diverses revues, journaux de chasse ou autres, et d'après les commu-
nications qui nous ont été adressées, quelques captures que nous
n'avions point annoncées : un Rackel mâle obtenu dans les chaînes
de Glatzer vers la fin de l'année 1860 par un ami de M. Hepe, ins-
pecteur des forêts royales à Putt, près Gross-Chrstmemberg (Alle-
magne) ; une femelle tuée au commencement de novembre 1872 près
de Campbelton, prêtée par M. Martin, de l'ExchangeSquare, à
M. James Lumsden, qui l'a présentée à l'une des réunions de la
Société naturelle de Glascow (6); un mâle montré par ce dernier à
la même Société le 9 janvier 1877 (7); un autre Rackelhane tué le
15 avril 1881, par le prince Clary, dans son domaine de Brauddorf ;
cet Oiseau avait été observé depuis le 28 mars précédent (8); un
superbe spécimen, grand perturbateur parait-il, abattu en 1885 par
le chasseur Joseph Pernegger (9) ; un autre exemplaire tué en
1887 par M. Walm de Meinerhagel (Westphalie) sur un review où
se rencontrent habituellement le tetrix et VurogaHus (10) ; une nou-
velle pièce tuée sur le review de Razebourg par M. l'Inspecteur des
(1) Cette indication nous est donnée par M. le D' P. Olsson, directeur.
(2) Communication de M. le D' L. Deutshinger.
(3) 1888, p. 017-526. Taf. IV.
(4) Communication de M. liidgway.
(5) Commiinicalion de M. le l'rof. Giglioli, qui a lui-même offert ;iu Musée cet
exemplaire d'origine allemande.
(6) Voy. Proceedings de cette Société, p. 19o, vol. Il, part. 11, illasc'ow, 1876
(Séance du 2ti novembre 1875). Plusieurs autres hybrides de ce genre paraissent
avoir (té montrés à la même Société (Voy p. ib'.i du même volume).
(7) Mêmes Proceedings, p. 127, vol. III, part II, 1S77. Deu.x pièces, obtenues en
1880, l'une prise (trapped) sur le IJlack Mount, l'autre tuée sur les bancs du Loch
Lomond, ont été lithographiées (vol. 1.).
(8) Weidmann, N» 3n, 1881.
(9) Deutsche Jâger Zeitung, p. i;!6, N" 9, 1887.
(10) Même journal, pp. 2Ù1 et 202, N° de juin 1885.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMICNS d'aPRKS NATURE ijl 1
forêts Nitche, qui, on se le rappelle, avait déjà, les années précé-
dentes, obtenu deux autres Rackelhaues (1); un remarqualjle
hybride abattu à la (in de décembre de la même année près de
Reiclienhall (2) ; un hybride de T. urogallus et T. tetrix reçu le
23 novembre par M. V. Dalvero, de Vérone, le premier rencontré
par celui-ci sur le territoire de Vérone (3); un exemplaire signalé
en 1890 par .M. G. V. Haguenon (4) ; un autre obtenu sur le Revier
Posiieck (fin novembre 1893), SascheuMeiriengen(5) ; un Rackelane
tué dans la forêt de Hesse-Oldonwold, par M. Kôhler, garde-forestier
en chef à Beerfelden (G); un Rackelhane avec type Auer (urogallus),
tué en Bavière le 25 avril 1894 par M. firiinwald junior, proprié-
taire et brasseur de bière à Walfratshausen; enfin un Raikel cT du
type ordinaire, abattu près de Sonnenfeld, dans la Marche, au mois
de juin 1894 (7).
Les renseignements que nous avons pu obtenir sur ces pièces
sont les suivants :
C'est chez son ami, le comte de Frenkenberg, à Kaiserswalde, en
Autriche Silésie, que M llepe vit le Rackelhane qu'il nous a
signalé, mais il ignore si le comte est encore vivant.
.M. Lumsden fait savoir que la femelle urogallus, ayant donné
naissance au Rackel Ç (ju'il a montré à la Société de Glascow, est
sans doute un de ces Oiseaux importés dans l'île d'Arrau, où ils se
sont acclimatés.
Les deux sujets de sexe femelle de la collection vendue par
M. Witaker paraissent avoir été achetés par M. de Rothschild ;
(J) Même revue, p 172, mai 1889.
(2) Monaschrifl, N' 3, p. 87, 17 février 1890.
(3) CommunicaUon de M. Dalvero.
(4) Deutsclie Jàgfr ZeitiinR, N" 8, p. 134, N" du 27 avril.
(u) StHuberlus .\1, IH!):), p. 8u4,cit.pHr Tscliiisi(in Ornitli. Monath.lSaj.n" l,p.4).
(fi) l.eschinann : N. H. .lagd .\ll, 1892, p. iM-2t5(cit in Ornithologische Monats-
berichte, sept. 1894. > 9, p. 141).
(7) Ortiilholof^ische Monalsberichle herausgegeben von IV .\nt. Reidienow, N»7,
juli 18ït4. p. 109.
M. Delailo avait r.ipporlé (sous réserves) quelques cas d'iiybridalion survenus,
lui avait-on dil, ilans le district de Feltre, entre le Tetrao urogallus et le Ligurus
tetrix. (Voy. Incliiesta Urnitli. p. t)8). Ayant interrogé M. Delaito à ce sujet,
celui-ci a bien voulu nous écrire que les personnes qui lui avaient donné ce rensei-
gnement étaient des chasseurs au.\quels il avait demandé la communication de
quelques sujets. Mais ces sujets, ayant été examinés par lui, ne paraissent être que
de véritables T. tetrix, à IVxception de la taille et de la grosseur du corps de
moindres dimensions i|u'à l'ordinaire, particularités imputables, non à un croise-
ment, mais à l'inlliieuce de conditions spéciales de l'habitat de ces Oiseaux.
812 OISEACX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
sur le catalogue de la vente ils étaient indiqués comme venant l'un
de Norwège, l'autre de Russie. M. Rothschild en posséderait un
autre provenant de chez M. Lorenz, de Moscou. Ces Oiseaux sont,
paraît-il, intermédiaires entre les deux espèces.
Le spécimen vu par M. J. S. Harting avait la crête et la barbe du
Capercaillie (Coq de Bruyère), les plumes lisses du Coq noir et les
tertiaires semblables à celles du Capercaillie. La queue paraissait
intermédiaire entre les deux espèces (1). L'Oiseau avait été reçu
de Norwège et reconnu parmi un lot de Tétras.
Quoique la pièce abattue près de Reichenhall ait les marques
propres au genre d'hybrides que nous décrivons, M. E. Parrot, de
Munich, a cru devoir en donner une description (2) de laquelle il
résulte que la couleur générale est noire avec tin reflet pourpré à
la ])artie antérieure du col et à la tète. Sur les ailes se trouve une
bande blanche formée par les plumes du bras. Les couvertures
inférieures de la queue sont blanches avec marques noires ; le
bec noir, la base inférieure rougeàlre.
La description de l'hybride examiné par M. Stevenson corres-
pond si exactement, dit-on. à celle d'un spécimen montré par
M. Gould à la Société zoologique de Londres eu 1830. qu'il sufïïl de
se reporter aux Proceedings pour la connaître (3).
Le Coq tué par M. VVahn de Meiuérhagen fut d'abord pris pour
un Auerhahn(itro//a//MScr), mais en l'examinant de près on reconnut
que c'était un Rackelhane d'une longueur de 75 centimètres ; « la
tète et le cou bleu noir, la poitrine avec un éclat violet, sur le
derrière du cou se trouvent quelques i)lumes grises. Les plumes
des ailes de couleur brune portent une bande blanche. La poitrine
est d'un bleu profond, à la courbure existe une tache blanche. Les
plumes de la queue sont noires et ne sont point recourbées en
forme de lyre, mais les plumes latérales sont un peu plus longues
que celles du milieu » (4).
La tête et le cou de l'individu tué par l'élève garde forestier
Niederlansitz sont « d'un bleu d'acier, le cou est sans barbe, le dos est
d'un bryn sombre noir. Le ventre est noir avec une tache blanche au
milieu, "le dessus de l'aile est brun et gris avec une bande transver-
sale blanche au milieu ; le dessous de l'aile est blanc : le croupion
est noir, les plumes du bord de la queue plus longues que celles du
(1) Zoologisl, pp. 349 et 350, N" 7', 1878.
(2) In Monalschriflt.
(31 Zoologist, p. 6243, octobre 1863.
(4) Deutsche Jâger-Zeitung, N» 9, mai 1887.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS D'APRKS NATURE '.'A3
milieu. Le dessous du (•roui)ioii est couvert de taches noires et
blauches » (1).
M. Uichard Sl:i(ilol)er veut IjIl'u uoiis faire savoir ((ue M. le curé
Blasiiis Kauf (Hait uu oruitli()loy;istè distiuijué; il ne peut y avoir
erreur par coiisi-queut sur la nature de l'Oiseau qui lui fut reiuis.
En Boliriue, ajoute M. Stadioher, on tirerait chaque aimée nue ou
deux paires de ces Coqs hybrides, tandis que dans la contrée qu'il
haliile le croisement des deux espèces réputées mères est excessi-
vement rare.
Les trois Rackelhanes que M. Zollikofer a reçus sont encore dans
son atidier : l'un de ces Oiseaux est destiué à une collection parti-
culière, lesdeu.v autres à des Musées publics, ceux de Saiut-Gallen
et deChiir. Tous sont du môme type et paraissent être issus d'une
iiK^me couvée ; ils furent du lesle tués à la même épo(iue, pendant le
mois de septembre. L'un dilTère quel(|ue ])eu des deux autres par
l'indication plus n,ette du miroir; cheziui lemiroirest visible, même
lorsque l'aile u'est (|u'ii moitié ouverte. Chez les deux autres cette
particularité ue s'observe pas, même lorsque les ailes sont ouvertes ;
pour l'apercevoir, il faut soulever les couvertures. Chez les trois,
les rectrices extérieures sont légèrement en faucille; elles dépassent
les médianes de sept centimètres. Le |)oids de chacun de ces exem-
plaires atteignait à peine deux kilogrammes et demi ; le plumage
est en mue.
M. Otto Grashen a donné (2) sur leRackelhane avec type «i/cr tué
à Wolfratshausen (Bavière), les indications suivantes : d'après
M. Griiuwald, qui l'abattit, on n'aurait point tué de Coqs de
bruyère dans les environs de Wolfratsliausen depuis une quin-
zaine d'années; dans la matinée du jour où il fut obtenu, le garde-
chasse s'était rendu dans le domaine d'Euertshausen, appartenant
à .M. le Directeur Lechuer, afin d'y rencontrer des Spielhahne
(Coqs di; jeu). Il observa là plusieurs Oiseaux (jui se courtisaieut
entre eux, mais au milieu de leurs cris il entendit un chant tout
particulier qui lui était inconnu. M. Grùnwald s'approcha alors et
eut la bonne fortune d'aiialtre l'Oiseau qui chantait et qui était sur
un Pin; il le iirit pour uu petit Coq de biuyère. Après examen,
.M. Otto Grashen s'assura que c'était un réel spécimen de Telrao
hylirldus avec type uroijallu.s. Comme, depuis longtemps, on ne voit
plus à Wolfratshausen de Coqs de bruyère au moment de l'appa-
riage, M. Grashen suppose qu'ils ont tous été tués successivement et
(1) In Deutschcr Jài^er-Zeitung, p. 109, novembre 1888.
(â) In Deutsche Jâger Jagd-Zeitung.
0l4 OISEAUX HYBUIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
qu'une de leurs Poules, à défaut de Co(| de son espèce, s'est rendue
à l'endroit où se nisseniblent les Spielhàhne dont on vient de
pai-ler. 11 a décrit ainsi ce rare exemplaire :
Apparence générale d'un Coq de bruyère de petites dimensions ;
bec noir, forme et couleur du bec du Coq de Bouleau (Birkhahn ou
T. tetrix) ; plumes de la tête et de la sorire de la forme de celle de
Vuroijallus. Au cou, le plumage, au lieu d'être parsemé comme chez
l'Auer de pointillés noirs gi'is, est bleu d'acier avec l'éclat métal-
lique du Birkhahn. Celte couleur bleue ne se perd point dans le
bouclier vert de la poitrine, elle se continue jusqu'au ventre qui
est blan(^ et noir. Les pieds correspondent à ceux du Coq de
bruyère ordinaire. Le plumage du dos ressemble à celui de Yiiro-
gallus ; les couvertures des ailes ressemblent également à celles de
cette espèce, mais elles ont les bandes transversales blanches du
tetrix faiblement niarc|uées. Les plumes de la queue sont de la cou-
leur de celles du tetrix, mais proportionnellement elles ne sont
que de la moitié de la longueur de celles de l'Auer ; les deux
rectrices extérieures sont un peu plus longues que celles du milieu :
elles ont une propension à se recourber extérieurement. Les cou-
vertures inférieures ressemblent à celles de l'Urogalle, elles sont
blanches et noires, le blanc domine. .M. Grûnwald n'ayant point
entendu jusqu'alors le cri d'accouplement du Tetrao urogallus n'a
pu comparer ce cri avec les notes de l'Oiseau qu'il entendit chanter ;
M. Otto Grashen. ayant fait connaître à M. Griinwald le chant de
l'Auer, M. Grashen croit cependant que les notes du Rackelhaue en
question n'étaient point rhythmées, mais imitaient un gémissement
ou un croassement indéterminé et mêlé d'elïroi.
Le Rackelhane typus, tué dans la Marche, fut tiré sur un reviere
(lieu de chasse) composé exclusivement de gibier Birk (tetrix) et
éloigné des Coqs de bruyère d'une distance de cinq lieues. li'Oiseau
possède, d'après M. Nauwerck, tous les caractères du Racket d" ordi-
naire. Il est surprenant, ajoute celui-ci, qu il ait été rencontré dans
la Marche, car aucun hybride de son genre n'y avait encore été
observé; il suppose donc qu'un Coq de bruyère, étant venu de la
Silésie et s'étanl apparié avec une Poule de bouleau (Birkeuue), a
donné naissance à une couvée de ces hybrides.
Le Rackelhane tué par M. Kôhler, garde-forestier en chef à
Beerfelden, n'avait point, paraît-il, de localité fixe d'accouplement,
il se montrait sur les lieux d'amour des urogallus aussi bien que
sur les parades des tetrix, tantùt sur un arbre, tantôt à terre,
mais il préférait surtout les endroits fréquentés par les derniers.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATUHI: 51:)
Élant le plus fort, il chnssiiit les Coqs, en sorte que ceux-ci se
trouvaient tous les matins à des endroits difl(''rents. Sa longueur
totale est de 74 cm., sou poids était de 2 k. 210 (1).
Nous donnerons maintenant quel(|ues autres indications sur des
Rackelhanesdéjà çitésdansnolrepremierméuioire, mais non décrits.
Le Tetrao médius du Musée de Berlin est, nous dit .M, le
D' Reichenow, l'hybride ordinaire du T. uroijnllns et du T. tetru:
Celui du Musée de Turin est encore semblable aux exemplaires
communs qui se trouvent dans presque tous les Musées. Les sept
exemplaires d" que possède le Musée de Stockolm (et non les
soixante-douze Oiseaux, comme on l'avait dit par erreur), sont
tous, d'après M. Sniitd, à reflets violacés ; ainsi se présentent les
hybrides cf du Musée de Christiania, qui sont d'un même type.
M. le Prof. Collett, de ce Musée, n'a, du reste, jamais vu de
Rackelhaues, soit avec la poitrine verte de Vurogallus, soit avec la
poitrine bleue du tetriï. M Alexandre Korfchaguine, conservateur
de la section ornilhologique du Musée de Moscou, nous fait savoir
(de la part de M. .\natole Bogdanow) que celte collection ne possède
qu'un seul exemplaire typique du Tetrau médius, mais ([ue, d'après
des observations faites à Moscou sur près de trois cents exemplaires,
la couleur est le plus souvent uniforme, la poitrine ayant toujours
les reflets violacés, parfois bronzés, que l'on connaît. On n'a jamais
observé, ajoute-t-il, chez le T. médius, ni la couleur verte, ni la
couleur bleue.
M. Th. Pleske, de Saint-Pétersbourg, nous informe que les deux
seuls mâles adultes conservés au Musée de l'Académie ont la
poitrine violacée. Il y aurait en outre dans ce Musée un mAle en
costume d'été et un jeune mâle. Ce jeune possède lui-même les
reflets violacés sur la poitrine et a la queue échancrée comme le
le T. médius cT adulte (2).
D'après .M. le D"' von Lorenz, quatre Rackelhaues existent dans
le Musée impérial de Vienne. L'un, portant le n" 709, a la poitrine
d'un vert violet chatoyant; les reclrices extérieures sont faiblement
recourbées^les couvertures des ailes sont brunes. Un autre, portant le
11) Lrschmann : .N. I). Jagdz. XI!, I!<92, p. 2'i4-24b; cit in Ornilhologisclie
Monatsherlchte, sept. 1894. N»9, p. 141.
(2) Il parait qu'une grande partie de son plumage appartinnl encore à la livrée
des poussins. .Nous aurions été fort heureu.x de voir un semblable érhantillon. Il
en existe fort peu. L'Académie forestière d'Eberswalde (prof. .Vlliin) .ser.iil cependant
en possession d'un même individu (moins Agéj ; et Te.Nemplaire du Musée d'Insprîick
(décrit par .M. Tscluisi in Ornis, 11^8^1 porte aussi des plumes de la femelle.
5i6 OISEAUX HYBRIDES RKNCONTRKS A LÉTAT SAUVAGE
n" 10897, a la poitrine d'un vert noir avec un chatoiement un peu
rouge violet ; les plumes extérieures de la queue sont légèrement
recourbées, les ailes d'un brun sombre. Un troisième, n" 407, a la
poitrine violet rouge, queue avec plumes fortement tordues, ailes
d'un brun sombre. Le dernier, n» 408, est plus grand que le
précédent, poitrine violet rouge, queue avec plumes droites, ailes
et rectrices d'un brun noir. M. le D' von Lorenz a été assez gracieux
pour nous adresser le n" 10897 venant de la Russie ; il sera décrit
en son temps.
M. Hugo J. Stjernval, de Borga (Finlande), nous écrit que les
Rackelbanes que l'on rencontre dans son pays sont toujours d'un
même type.
L'individu du Musée de la Faune des Vertébrés de Florence est
aussi revêtu de l'habit typique du wedim. u Les couleurs correspon-
dent parfaitement à celles du mâle adulte urogalbis, seulement les
plumes allongées sous le bec et le plastron de la poitrine, au lieu
d'avoir des reflets vert bouteille, ont des reflets d'un beau violet:
les deux taches blanches sur les épaules manquent; les plumes de
la queue, laquelle est légèrement fourchue, sont entièrement noires;
la taille est moindre que celle de Vnrogallus, intermédiaire entre
celle des deux espèces » (1).
Nous avons voulu revoir les exemplaires du Musée de Paris (coll.
IMarmotan), ceux du Musée de Rouen et l'exemplaire de M. Noury,
à Elbeuf. Nous n'avons pas à modifier nos premières appréciations,
ces divers Oiseaux étant tous du même aspect.
Voici, avec quelques détails, les descriptions des exemplaires cf
qui nous ont été adressés en communication :
Le Rackelhane du Musée de fjlle. — Sur l'étiquette, on lit : « Telrao
hyhridus, d", métis du Coq de bruyère et du Tetrao lyre. Suède,
1845 » : Par sa taille, cet Oiseau peut passer pour intermédiaire
entre les deux espèces, quoiqu'il soit plus du côté de Vurogallus.
Sa poitrine est d'un violacé brillant; les ailes, brunes, ne sont pas
parsemées de petits points blancs, la couleur est unie , pas de
miroir blanc. Sous la queue, les taches blanches sur fond noir sont
celles de VurounllKS. La queue est fortement échancrée, surtout du
côté gauche, les rectrices étant plus longues de ce côté. Les médianes
sont bordées finement de blanc, elles affectent à leur bord extrême
la forme suivante -, propre surtout au tetrix. Les
pattes sont emplumées ; le duvet est brun gris et ne s'avance
(1) Communication de M. le Prof. Henrico Giglioli.
ADDITIONS, COHRECTIONS KT EXA.MliNS DAPKÈS NATUHli 517
presque pas sur les doigts; au haut du tarse existe une large toufie
de plumes blanches. Au-dessus de l'œil, uu espace nu et rouge. Le
bec est couleur cuir de botte foncé; intermédiaire par sa forme,
quoiiiue se rappiochaiU davantage de celui de Viiroi/dllus. Ventre
violacé brun, avec quelques petits points blancs ; il existe une petite
tache de chaque côté des flancs qui son! brun uni; l'anus blanc. La
croupe violacée comme le haut du dos, ainsi que le cou; le dessus
de la tète est moins brillant et se brunit. Les pattes et les doigts
sont de dimensions intermédiaires entre celles des deux espèces.
Cet Oiseau a été peiut.
Muxéi; d'Amis. — Sur l'étiquette, on lit : (i Hybride de Tetrao
urogalle et de Lyre, cT, Tetrao hyhvidus Linn. » : C'est un superbe
spécimen fort bien empaillé; il est posé sur une branche, il est de
taille intermédiaire. An menton peud une barbiche. Les tarses
sont fortement emplumés, du duvet gris déborde sur les doigts. Le
dessous de la queue est à la manière de l'urogallus. Le bec est
foncé; la queue à peine échancrée, les recti'ices se terminent par la
coupe et sont bordées de blanc. Les ailes, de couleur
brun marron, sont saupoudrées finement de blanc. Le devant de la
poitrine est violacé ; uu petit miroir blanc existe sur l'aile. Le dessus
du dos est brunâtre, saupoudré vers la queue, dont les couvertures
supérieures sont elles-mêmes saupoudrées finement. Les rectrices
sont d'une teinte marron foncé noir uniforme. Anus blanc, ventre
brun noir, joues et télé foncées avec quelques reflets violacés ; un
peu de peau rouge au-dessus de l'œil. Les doigts sont gris brun
foncé. Au haut des tarses une petite touffe de plumes blanches.
Musce di' Sloclilwlm. — (Exemplaire cT eu peau ([ui nous a été gra-
cieusement offert par M. Smitd) : c'est un très fort Oiseau, presque
de la longueur do celle de Vurogallas. Croupes noire ; queue très
large et fortement échancrée, les rectrices su recourbent même exté-
rieurement; ou croirait voir la queue du telrix. Les deux médianes
sont bordées finement de blanc comme plusieurs autres qui les
suivent ; à leur extrémité elles se terminent ainsi ■ ■ -.
Les plumes des couvertures de la queue sont également bordées
finement de blanc. Les rectrices sont grandement marquées de
blanc sur les barbes près du tuyau (partie de la plume la plus rap-
prochée du corps). Le miroir blanc de l'aile est étroit, mais bien
défini; les couvertures des ailes assez sombres, mais piquetées. Les
plumes des couvertures inférieures de la queue comme chez Vuro-
tjallus, c'est-à-dire noires et blanches, le blanc formant l'extrémité;
toute la région de l'anus blauc sale; ventre noir brun, ([uchpies
S18 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L'ÉTAT SAUVAGE
plumes blanches vers le milieu. Gorge, cou et poitrine violacés très
vivement, ainsi que le dessus de la tète, qui est cependant plus foncé.
Musée de Christiania. — (Exemplaire cT tué pendant la saison de
l'hiver en Norwège) : c'est un petit spécimen si on le compare
avec le précédent. Par leur nuance et leurs poiutillés, les ailes
rappellent vivement celles de VurogaUus que la couleur de la
croupe rappelle encore. Sans que les rectrices extérieures se recour-
bent extérieurement, l'échancrure de la queue est néanmoins
prononcée, mais la queue est moins large que chez l'exemplaire de
Stockolm. Les plumes médianes sont bordées finement de blanc et
la plupart des rectrices accusent à leur lin la coupe ordinaire. Elles
soûl noires en dessus et en dessous. Les couvertures inférieures de
la queue sont celles de l'urogallus, c'est-à-dire marquées de taches
noires et de taches blanches. La croupe violacée diffère du ton de
la croupe noire du dernier. Les couvertures des ailes sont aussi
plus claires que chez le précédent. Poitrail et gorge du violacé ordi-
naire; sur les joues plusieurs plumes sont terminées par un petit
liseré gris piqueté. Le dessus du cou et du dos antérieur est piqueté
gris cendré. Dessous du ventre noir. Les tarses sont fortement
emplumés, de petites plumes brunes recouvrent un peu le com-
mencement des doigts. Bec foncé et fort; au-dessus de l'œil, une
petite partie de peau dépourvue de plumes a dû exister.
Musée de Francfort-sur-leMein. — L'étiquette est ainsi libellée ;
« Tetrao tetrix c? X 7. urogallus 9 provenant du Coq de bouleau
et de la Poule de bruyère. — liackelbakn (Coq de Rackel), tiré par le
Conseiller de Justice, le D^ Blum, Allemagne, 1876. )) : superbe
exemplaire, magnifiquement empaillé; les ailes sont un peu
ouvertes, il repose sur une branche. Nous l'avons fait peindre sur
toile par M. Charpentier. L'Oiseau est très fort, il rappelle, en
quelque sorte, par ses dimensions, la taille de Vuroijallus. Au haut
des tarses a dû exister la touiïe ordinaire des plumes brunes et
blanches; cette touffe est maintenant rappelée par quelques plumes
blanches et grises. Le violet des parties hautes (poitrine, jabot, cou
et joues) est très vif. Un seul arc rouge (peau nue) se montre au-
dessus des yeux. Le bec est fort et foncé; la pointe delà mandibule
supérieure dépasse la mandibule inférieure d'une manière assez
prononcée en formant une courbure. Les doigts sont bordés de
lamelles, le tout bordé de brun gris-noir, les ongles sont foncés.
La barbe extérieure des rémiges est beaucoup plus claire que la
barbe inférieure des mêmes plumes, laquelle est brun uniforme.
Sur l'aile, un petit miroir blanc, mal défini. Point de tache blanche
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE ul9
à l'épaule; de la barbe au meuloii. La queue ouveiLe lonue l'éven-
tail ; les rectrices (dont aucune n'est bordée de blanc) se terminent
parle trait caractéristique ■. Les grandes couvertuies
supérieures de la queue sont bordées liuenient de blanc, elles sont
noires comme les rectrices. Ces dernières sont eu dessous très
luisantes. Sur la croupe se voit une teinte violacée. Les plumes
du dessons de la (jneue sont tachetées de noir et de blanc à la
manière de Viirogalliai, mais il e.\iste plus de blanc que de noir,
quelques-unes sont entièrement noires. Les couvertures de l'aile
brun piqueté.
Le second exemplaire. — Sur réti(|uelte, on lit : « Tetrao tetri.r cT
X T. uroijallus $ mâle. » En allemand, « Baslard provenant du Coq
de bouleau el de la Poule de bruyère. Ilaekelhdlin mas. Euro])e,dela
collect. de Meyer, 1818. » : bel el fort exemplaire comme celui du
même Musée (jui vient d'être décrit. Cet Oiseau, qui est dans la
position où se trouve le Rackelbane de Lille, présente beaucoup
d'analojîie avec ce dernier; cependant la barbe du menton est plus
prononcée el l'arc rouge au-dessus de l'ceil est plus développé. Sur
l'épaule existe une tache blanche. Le bec n'est pas de couleur abso-
lument foncée, il est assez long. Au haut des tarses se voit un petit
plumet gris blanc sale et les tarses sont emplumés, mais les plumes
sont très courtes, comme râpées, de la couleur ordinaire gris
souris; des lamelles entourent les doigts, elles sont peu |)rononcées.
Dessous de la queue composé de plumes blanches et noires, à la
manière de Varogallus; queue assez échancrée ; presque toutes les
rectrices sont terminées par le trait caractérislique, elles sont noires
brun en dessus, noir brillant en dessous. l'as de miroir blanc à
l'aile, du moins ce miroir n'est pas visible, l'aile étant au repos.
Les couvertures des ailes bruu gris foncé, peu pi([ueié. La barbe
extérieure des rémiges beaucoup plus claire ipie la barhe intérieure
des mêmes plumes ; elle est piquetée, tandis que l'intérieure, d'un
brun pâle, est uniforme. Le dessus de la queue brun noir. Poitrine
et cou de couleur violacée à reflets; dessus de la tète foucé, comme
est le dessus du cou; des reflets violacés se voient sur le cou.
Musée de Genhe. — Etiquette : « Tétras moyen, Tetrao hijhridits,
Arkangel, .M. Scbmidely fils. » La pièce est mal montée, l'Oiseau
paraît ainsi de très chétive apparence, il est étroit de corps ; ce
sont là sans doute des défauts du montage. Les plumes ont sans
doute perdu leur ancien éclat et leur fraîcheur. Dos et dessus
des ailes complètement bruns, la dernière partie un peu piipietée.
Sur la croupe la couleur devient plus foncée ; les couvertures
520 OISEAUX HYBRIDES RENCONTBÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
de la queue, de même couleur, sont aussi finement piquetées.
Rectrices noires en dessus et eu dessous, le dessous luisant. Les
couvertures de la queue, formées de plumes avec taches noires et
blanches; dans leur plus grande partie, elles sont cependant
blanches. La queue est échancrée, mais légèrement. Les rectrices
médianes sont seulement bordées très finement de blanc et se
terminent, pour la plupart, par la coupe ordinaire, sauf les deux
extérieures. Pas de barbe au menton; poitrine, gorge et autres
parties violacées comme à l'ordinaire; dessus de la tète foncé
comme le dessus du cou. Pas de tache à l'épaule, pas de miroir
blanc à l'aile; les grandes rémiges brun très clair; la barbe exté-
rieure étroite, piquetée ou tachetée, et beaucoup plus claire que la
barbe intérieure. Le haut du tarse est couronné par une petite
toufie de plumes gris blanc et brun, les tarses sont empluiiiés
jusqu'aux doigts, les doigts sont entourés de lamelles très pronon-
cées, ils sont de couleur brun clair; les ongles sont foncés. Le bec,
assez fin, semble allongé ; il est aussi de couleur foncée.
Mvsée de Dresde. — Rackelhane du Ti/rol : semblable, nous dit le
D"' A. B. Meyer, à celui figuré à droite sur la planche XII de son
ouvrage ; l'Oiseau n'a pas encore été peint, ajoute-t-il. Sous le
socle, on lit : « Gries in Selbrainthal bee Junstruche, 10 Mai 1887
erlegt. »
Ce Rackelhane, dont les ailes et la queue sont déployées, est du
type ordinaire. Il ne paraît point très fort de taille. Les parties
supérieures sont violacées, la croupe montre les mêmes reflets; sur
le devant, l'Oiseau devient bronzé suivant les reflets; sur l'œil on
voit l'arc rouge : le bec est foncé. Le haut des tarses est pourvu d'une
touffe de plumes blanches, mais collées à l'os. Les couvertures
inférieures de l'aile sont blanches ; l'aile est traversée par un miroir
blanc. De légers pointillés se voient sur le dos et sur les couvertures
des ailes, ainsi que sur les couvertures de la queue ; ce pointillé,
brunâtre, est très accentué et se change en blanc. Rectrices noires,
en dessous brunâtres, avec la coupe terminale ~
ordinaire très accentuée. La queue fait bien l'éventail lorsqu'elle
est largement ouverte ; fermée, elle doit, pensons-nous, se montrer
échancrée, car les rectrices extérieures sont beaucoup plus longues
que les médianes. Ongles et doigts foncés, petites plumes des tarses
très foncées. Couvertures inférieures de la queue tachetées comme
chez Vurogallus ; mais presque toutes sont noires et à bouts blancs
des deux côtés des barbes.
liackelhane du Livland (déjà figuré sur la planche XI de l'ouvrage
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÉS NATURE 321
du D' Meyer, en bas et à droite). — Voici un Oiseau qui diffère du
type, mais est-ce bien un hybride? Il est de taille uu peu plus
fort que le tetri.r, il esl plus long nolamniout, sans atteindre
les dimensions d'une Poule Urogalle. Le bec, dont la mandibule
supérieure est assez arquée, est, pour la grosseur, entre le bec du
tetrix et le bec de la femelle urogallus; il parait avoir (Mé de
la couleur de cette dernière espèce. Tout le dessus du dos infé-
rieur, (autant qu'on peut en juger dans le très mauvais état où
se trouve le spécimen), a, par sa teinte cendrée, plus d'analogie
avec VuroiinliuH qu'avec le ti-lri.r ; les couvertures supérieures de la
queue sont aussi dans ce cas; les inférieures sont pur urogallus,
c'est à dire blanches tachetées de noir (sur le côté interne de la
plume et à la base). L'Oiseau, en dehors de .son épaulette blanche,
montre sur l'aile un miroir peu apparent. Les rectrices sont noires,
quelques unes, les médianes, légèrement cendrées en dessus; en
dessous, elles ne sont pas d'un noir franc. Le devant du jabot est à
reflets verts; il existe de la peau nue et de couleur rouge au-dessus
des yeux afïectant la forme de l'arc. Les couvertures supérieures
soutà la manière de Vurogalliis. Bref cette pièce devient très embar-
rassant, et on se demande si on n'est point en présence d'une simple
variété de Vnroijallus .' Remarquons en outre que la queue, sans
être de forme arquée, n'est point non plus véritablement échancrée,
elle est indécise entre les deux formes; il serajt difficile de préciser
la ligne qui forme son extrémité, quoiqu'au milieu les rectrices
médianes soient réellement plus courtes que les extérieures. On
trouve à la lin de ((uelques rectrices le trait rarement
rappelé. 11 faut noter, en terminant, que la partie des joues descen-
dant vers le cou, est tachetée fortement de blanc, ce qui donne un
aspect particulier el annonce sans doute le plumage d'été. — On se
rappelle que cet Oiseau, obtenu en juillet 1884 sur la propriété
de Rauzen (où déjà on avait tué un Rackelhane), a été ofTert par le
baron von Krùdener. M. Th. Lorenz qui, à première vue, l'avait
pris pour une Poule Urogalle stérile, pense aujourd'hui que c'est
un Rackelhane typus ; la couleur verdàtre du jabot ne serait pro-
duite (|ue par la mue ! (1) — M. Lorenz a t-il raison? Nous décri-
rons bientôt d'autres exemplaires en plumage d'été, c'est-à-dire
avec des pointillés blancs sur les joues et sur le cou, et qui sont
parfaitement violacés. — D'après le Jagd Zeitung de iSSii, la pièce
(I) Voy. : Jour, fur OrnUh. l8'.Vi, p. 416. Wierderun Einiges ûber tiackelwild
unit llahenfedrigheit.
522 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
en questioa fut obtenue dans un district de chasse où il n'existait
aucun urogalliis.
Musée d'Yurk. — L'Oiseau est du type ordinaire, mais il en diffère
cependant par la couleur brune très claire des ailes ; ses doigts sont
blanc jaune ainsi que ses ongles. Le bec n'est pas foncé, il est long,
assez fort. Les flancs, les ailes, le dessus de la queue rappellent
Vurogallus parce que ces parties sont saupoudrées finement de blanc.
La queue est assez claire, elle est bien échancrée, très longue com-
parativement à la taille de l'Oiseau; les rectrices se terminent par
le trait ordinaire, les deux extrêmes semblent vouloir se recourber.
Dessous de la queue à la manière de l'Urogalle, mais les plumes
sont très blanches, le noir n'affecte qu'un petit côté de la barbe
extérieure. Ce Rackelhane de petite taille rappelle donc Vuroijallus
par les parties brun clair de ses flancs, de ses ailes, du dessus du dos
et de la queue et par le dessin piqueté de ces parties. Il est sans
doute peu avancé en âge ; dans le cas contraire, les parties claires
de son plumage et sa coloration brune le différencieraient du type
ordinaire. M. Plataner, qui a bien voulu nous adresser cette pièce,
avec un jeune mâle uiognllus (1), nous fait savoir qu'il ne connaît
rien sur son origine.
Collection de M. van Kenipen, àSaint-Omer. N» 496, porte l'indica-
tion suivante : ce Tétras croisé, T. médius d" ad. Sibérie ; » on lit
encore : T. urogalloides ou médius cf (Reg.). — Intermédiaire par
sa taille, quoique plus du côté de Vurogallus; ongles fins et longs.
Bec entre celui des deux espèces, très pointu, peu foncé; les ailes
attirent l'attention par leur couleur brune assez claire et très
piquetée de blanc. Un grand miroir blanc les traverse, mais ce
miroir est caché par les couvertures de l'aile. Pas d'épaulette
blanche, un arc rouge sur l'œil. Le dessus du dos est très pointillé
de gris, ainsi que la croupe, qui est de couleur assez claire. Égale-
ment le dessus du cou et la partie près du dos sont pointillés
finement. Poitrine et partie haute, joues, cou, etc., violacés
comme d'habitude. Dessous de la queue à la manière de l'Urogalle,
mais le blanc domine; le noir est généralement d'un seul côté
des plumes et sur la barbe intérieure. Anus blanc, tarses gris
souris; les pattes, rtant rentrées dans le corps, la touffe du haut
des tarses disparaît. Rectrices noires en dessous et luisantes;
claires en dessus. Queue peu échancrée, point de rectrices exté-
rieures recourbées; les médianes liserées de blanc fin et terminées
à la manière ordinaire.
(I) Considéré à tort comme Hackelbane.
ADDITIONS, CORRKCTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURK 523
N° 497 de la mhne collection. — On lit: « Tétras hybride. — 7'.
médius. T. urofialloidcs Rd. cf Kurope. (lollect. Oursel, mars 1881. »
Ce Rackelhiuie est tout petit si ou le compare avec le précédeut;
la couleur hruoe des ailes est très vive, très éclatante, piquetée
comme est la croupe. Le dessus du cou et la poitrine violacés;
du rouge sur rn'ii; bec fort et long, de couleur corne claire,
de dimensions intermédiaires. iMiroir blanc, pas d'épaulette. La
queue n'est pas absolument échancrée, quoique les rectrices exté-
rieures dépassent notahlemeni les autres, mais les médianes sont
plus longues que celles qui les suivent; presque toutes sont ter-
minées par la coupe • ' ^, et la majeure partie, sauf les
extérieures, liserées finement de blanc. Dessous de la queue à la
manière de Viirofiallus, plus de blanc que de noir; le noir se
trouve sur la barbe intérieure et ne se prolonge pas vers l'extré-
mité ; ongles fins et foncés, assez petits; tarses brun souris, etc.
iV° 499 de la même collection. — Un lit : <( 7'. hyhridm, telrix X
urof/allux. d" ad. Ecosse. 14 novembre 1879, Franck. » Forme inter-
médiaire; aile brune. i)iqurtée mais assez foncée; pas de miroir
blanc quoique l'on suive çà et là une trace de blanc à la place
qu'occupe généralement le miroir. Ongles intermédiaires, tarses
gris souris uni, touffe de plumes dans le haut. Arc rouge surl'cpil;
bec couleur corne assez fort, quoique intermédiaire, entre les deux
espèces. Parties hautes foncées, tête et poitrine violacées. Queue
assez bien échancrée. mais pas do rectrices en forme de lyre, deux
ou trois médianes seulement bordées finement de blanc et avec le
trait ' ; croupe à reflets violacés et saupoudrée de
gris. Dessous de la queue comme chez l'Urogalle, barbe intérieure
des plumes tachetée de noir à la base; quelques plumes sont de
même tachetées de noir des deux côtés dans leur partie haute, le
blanc les termine toutes. Rectrices noires, bien luisantes en
dessous.
^'' 49S, m('me collection. On lit : « T. Hybride urog. x tetrix
cT ad. Ecosse, 14. 9. 1879. Franck ». C'est toujours le type du
Rackelhane comme dimensions et coloris. Aile brune et pointillée,
miroir blanc pas très prononcé, épaulelte blanche, croupe saupou-
drée comme le dessus du dos ; poitrine violacée, arc rouge sur l'œil,
ongles foncés intermédiaires; bec on peu effilé, de couleur corne
assez claire, de taille moyenne entre les deux, plus du cMé du
tetri.r; queue échancrée; médianes bordées d'un liseré blanc, tontes
les plumes se terminent par la coupe caractéristique ^.
Rectrices noir brun luisant en dessous; dessous de la queue à la
524 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
manière de l'Urogalle, le noir principalement du côté gauche, la
plume finit en blanc. Tarses emplumés gris souris, toufîe au-dessus
blanc mélangé, ventre brun violacé, etc.
N° 495. même collection. On lit : « Tetrao urogaUoides cf ad.
Sibérie. Frank Amsterdam ». Splendide exemplaire, plus fort, nous
semble-til, que Vurogallus. Beaucoup plus de ce type que du type
tetrix taai par ses dimensions que par ses formes et sa coloration.
C'est un Oiseau tout à fait à part. Que peut-il être ? La forme de la
queue est en tous points celle de Vurogallus ; aucune rectrice ne se
termine ainsi . .. En dessous la couleur est brune, cette
teinte est très nette ; sur les couvertures supérieures on aperçoit
des taches blanches. Les plumes des tarses sont très brunes, ainsi
que la foulîe placée au dessus, particularité que nous n'avons
point encore rencontrée ni chez Vurogallus ni chez le tetri.r. Sur
les ailes existe un double miroir, tout au moins un espace blan-
châtre à la place accoutumée, puis quelques taches blanches bien
au-dessus posées transversalement, ce que ne possèdent encore ni
urogallus ni tetrix. Mais le violacé qui se mêle au vert de la poitrine
et qui domine sur le cou, sur les joues, qui s'aperçoit même en
quelque sorte sur le dos (laquelle partie est noire et brun foncé),
les ailes brunes qui ne sont point piquetées, le bec qui est foncé et
qui n'est point aussi fort que celui de Vurogallus. loas ces points rap-
prochent l'Oiseau du Rackelhane, et ces particularités sont suffi-
santes pour montrer qu'il s'agit bien encore de l'hybride du tetri.r et
de Vurogallus, mais bien dillérent du type ordinaire. Peut-on croire
que ce magnifique Oiseau doive sa naissance à un croisement dans
lequel le renversement des termes père et mère s'est accompli ? Nous
l'ignorons; nous serions plutôt porté à croire que c'est un Rackel-
hane croisé A'nrogallas, soit le produit d'une Poule urogallus, fécon-
dée par un Rackelhane, soit au contraire le descendant d'une Poule
hybride unie à un Co(i Urogalle. Cette pièce est certainement la plus
intéressante de toutes celles que nous avons décrites jusqu'alors
parce que son hybridité n'est pas douteuse, tandis que dans le Rackel-
hane à poitrine verte représenté dans l'ouvrage du D^ A. B. Meyer,
l'origine hybride n'est pas démontrée suffisamment. Aussi nous
avons fait peindre de grandeur naturelle l'Oiseau de la collection
van Kempen.
Musée (le Breslau. — Le Rackelhane cT qui nous a été envoyé de
ce Musée nous ramène à la description du typus si counu, c"est-à-
dire : queue échancrée, dessous de la queue à la manière de l'Uro-
galle, épaulette blanche, tarses brun souris, poitrine violette à
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 523
reflets bronzés, arc rouge sur l'œil, bec iuterinédiaire, etc. Remar-
quons que les rectrices extérieures, qui sont droites, ne sont pas
bordées pur uu liséré blanc: ce liseré est seulement visible sur
quelques médianes au bout desquelles on aperçoit la coupe ordi-
naire. La taille est celle des exemplaires du Musée de Lausanne dont
nous allons bientôt |>arler. Sur l'étiquette que porte cet Oiseau, on
lit: « T. iiiediiisTem. Obcr. Forstmeister von Panuewitz. Schlesien ».
Musée zoologique de l'Université de Pavie. — M. le prof. Pietro
Pavesi, qui a eu la bonté de nous adresser l'exemplaire de celte
collection, n'a pu nous donner aucune indication à son sujet.
L'Oiseau avait été aclieté avant qu'il ne fût nommé directeur du
Musée de l'Université. C'est, du reste, le T. médius ordinaire, mais
de grandes dimensions. La teinte violacée est très accentuée et
peut-être plus étendue qu'à l'babitude; la queue est très échan-
crée, le dessous des couvertures à la manière de l'Urogalle. Tache
blanche à l'épaule, miroir blanc sur l'aile; couvertures de l'aile et de
la queue piquetées de blanc, mais très finement. Arc rouge sur l'œil,
bec fort, plumes au-dessus des tarses, pieds grands, ongles longs,
très foncés. Sur le socle qui soutient la pièce on lit la date de 1866.
Musée de Lausanui'. — Iku.r pvemii'res pièces : du type et très
semblables entre elles: poitrine violette, pas de miroir à l'aile,
au moins ce miroir n'est pas visible ; du rouge au-dessus de l'œil ;
l'épaulette blanche manque ; queue échancrée chez l'un, rectrices
médianes bordées de blanc peu étendu et terminées suivant la
forme ordinaire; touiïe de plumes blanches et brunes au haut des
tarses. Les deux Oiseaux paraissent être de taille intermédiaire
entre l'exemplaire que nous avons reçu du Musée de Stockolm et
un exemplaire de notre collection dont nous avons parlé dans notre
premier mémoire. Bec de la grosseur du premier. Rien de parti-
culier à noter chez ces deux Rackelhanes.
Un troisième individu est diflérent, c'est celui que M. le D' A. B.
Meyer a représenté sur la PI. XIl de son ouvrage. Le bec est, en
efïet, hlaiic et très fort, la queue est en éventail comme celle de
Vurogallus, en sorte que les rectrices médianes sont plus longues
que les extérieures; elles sont terminées par une bordure blanche
assez large sur laquelle la terminaison ordinaire ne se
montre point. Ce sont ces caractères qui distinguent l'Oiseau du
typus; il faut encore noter que le dessus du cou et le camail rappel-
lent quelque peu Vurofidilus: on aperçoit diflicilement, çà et là,
quehiues reflets violacés; plusieurs plumes des joues se terminent
par un liseré blanc fin. A part cela, l'Oiseau est bien uu Rackelhane.
526 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Nous avons noté que l'épaulette bhinche lait défaut et qu'il n'existe
pas de miroir blanc; on voit cependant sur l'aile une raie trans-
versale blanchâtre, vague, très indécise, rappelant sans doute
le miroir qui manque. La barbe des trois rémiges primaires est
presque blanc uniforme partout. Il faut, en outre, remarquer que
les petites taches des joues rappellent faiblement celles qui existent
sur l'exemplaire à poitrine verte du Musée de Dresde et annon-
cent sans doute un reste ou un commencement du plumage de
l'été. Nous avons peint de grandeur naturelle ce curieux échan-
tillon. Nous remercions vivement M. le D' Larquier des Bancels
d'avoir bien voulu nous le communiquer. On se rappelle que ce
Rackelhane avait été supposé provenir du croisement du Tetmouni-
gallus cT X Tetrao tetrix 9- Est-ce avec raison? Cette opinion ne
peut être vérifiée expérimentalement.
Kelvinvgrove Muséum (le Glascow. — Nous rappelons que cet exem-
plaire, qui fut reçu au Musée en 1871, avait été tué à Jullgallan,
Clarkmannanshire (Ecosse) en 1869. Plusieurs autres exemplaires
paraissent avoir été obtenus dans la même contrée (1). Lorsque
nous avons retiré cette pièce de la boîte où elle était enfermée, sans
doute se trouvait-elle alors dans un jour spécial, car au lieu des
reflets violets ordinaires que l'on observe chez le Rackelhane, nous
avions aperçu des reflets verdàtres qu'il nous a été difTicile, dans
la suite, de retrouver. L'Oiseau, néanmoins, est plutôt d'une teinte
bronzée que violette; ces reflets bronzés et métalliques sont ceux
qui brillent le plus ordinairement à l'œil. Il présente, en outre, un
faciès étrange : barbe au menton très abondante, croupe très large,
pieds très foncés, tarses noirs ou brun très foncé ; touffe au-dessus
entièrement blanche, ce qui ajoute au contraste. Tout l'individu dans
son ensemble est du reste très foncé, quoique sou plumage soit légè-
rement saupoudré. Sur l'aile pas de miroir apparent, le blanc qui
existe est comme nébuleux et se cache sous les plumes des couver-
tures. La queue est très fournie, très large et très noire, elle n'est
pas échancrée quoiqu'elle forme comme une apparence de lyre. Les
grandes couvertures de la queue sont bordées de blanc, les rectrices
n'ont aucune bordure. Le bec est assez fort, court mais très arqué,
il est large et élevé au commencement de la mandibule sapérieure.
Musée royal de Bruxelles. — L'Oiseau porte le n" 1929 ; c'est le seul
Rackelane que l'on conserve dans ce Musée. Sa tonalité brune le
rapproche de l'uroyallus dont il a les sous-caudales, mais il est
petit, bien plus court que ne le sont les exemplaires de Lausanne;
(1) Voy. p. 13 (ou p. 266 des Mémoires) et p. 510 {en note).
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS DAPRÈS NATURE 527
le bec est lui-même mince, quoique Iour : la tiHe et les doigts sont
de faibles dimensious. Quelques rectrices seulement dépassent les
autres pennes, en soric que la queue se trouve ft peine échancrée.
Néanmoins c'est bien un typus sur lequel on remarque, en le plaçant
dans un certain jour, des reflets verts bronzés au lieu de reflets
violacés.
Musée royal de Munich; quatre piècen. — L'une, indiquée comme
venant de Suède, est très petite, le violet se voit faiblement sur
la poitrine et sur les parties hautes. Les ailes sont brun très
foncé mais piquetées. La queue est assez échancrée, le bec est de
couleur de corne, les ongles sont foncés, la barbe intérieure des
rémiges est d'un brun uniforme grisâtre.
La deuxième pièce de llolien ScluvaiKjen est d'un violacé très
foncé et très métallique; la queue est très large, les rectrices exté-
rieures semblent vouloir se courber, les deux médianes sont
bordées de blanc. Dessus des ailes foncé; quatorze peunes rectrices;
doigts assez foncés; barbe naissante. C'est à peine si le plumage est
pointillé. On aperçoit tout autour du rou, dans le noir violacé, des
taches en croissants formant comme une espèce de damier.
La troisième pièce, avec cette meuliou : « Bayr Wald. Forstrat
Kock. 1842. » provient des forêts de la Bavière et a été offerte par le
Conseil du prince. Elle est de taille ordinaire, plutôt petite. Le
bec est foncé, plus long que celui de la pièce précédente, mais moins
bombé. Le bout des rémiges secondaires est clair et piqueté, les
doigts sont clairs, les ongles sont foncés ; on aperçoit de beaux
reflets violacés sur la poitrine. Cet Oiseau a sur les joues quelques
petites taches blanches du plumage de l'été, mais en bien moins
grande (luantilé que le suivant. On compte dix-sept rectrices
foncées à la queue qui est très échancrée.
La quatrième pièce avec cette étiquette : « Wilhelm, 28 avril 1873.
Forts. V. Lips )>, est encore le typus ; chez elle le costume de l'été (1)
paraît très prononcé. On remarque en effet sur le cou une teinte
grisâtre, tandis que sur les joues, sur le devant du cou, sur la
gorge principalement, les plumes sont fortement martelées ou,
(1) Nous avons été longtemps sans connaître celle mue; c'est M. Tli. l'ieske, du
Musée lie l'Acadéniip de Sninl-Hétershourg, (|ui nous l'a fiiil connaître Dans ce
Musée, on possède dix Tetrao tetrix avec la Roige ondulée de lilaiic, it M. l'Ieske
a l'occasion d'en classer chaque année en été plusieurs anires. Nous lui avons
envoyé une .iquiirelle repi'é.*entanl la tête et l'encolure du sujet de Munich et 11
nous a répondu que c'était bien un sujet en mue. On conserve du reste au Musée
de l'Académie de Saint-Pétersbourg un Rackelhane en costume d'été, c'est-à-dire
ayant la tête ondulée de blanc, comme chez le mâle du Tetrao tetrix.
528 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
pour mieux dire, terminées de blanc à la manière de l'exemplaire à
poitrine verte du Liveland (Musée de Dresde). Nous remarquons
aussi que la poitrine n'est point aussi violette qu'à l'ordinaire, il y a
même des tons bleu d'acier comme chez le Tetrao tetrix. A part cela
on retrouve chez cet Oiseau les traits propres au Rackelhane. La
queue est légèrement échancrée, le dessous de cette partie est très
clair, tacheté à la manière de l'Urogalle ; le bec est foncé (plus fort
que chez les deux derniers exemplaires) ; les doigts sont assez
foncés, les ongles le sont beaucoup. On compte dix-neuf rectrices.
Nous avons fait peindre en aquarelle la tète et le cou, qui, nous
venons de le dire, sont seuls remarquables par les marques termi-
nales blanchâtres des plumes (1).
Musée zoologiqued'UpsaUi [Suède). — Cinq échantillons. Le premier
est indiqué comme venant du Jemtland, le deuxième de la même
province, le troisième de celle d'Upland, 1/10 1880, le quatrième et
le cinquième du Nordland, 1846 ; ce dernier porte la date du 28 jan-
vier 1860, mais nous ignorons si c'est la date de sa capture ou de
son entrée au Musée (2).
Quatredeces pièces sontpresque de la même taille, la cinquième
est plus grande.
Vus de dos, les cinq exemplaires sont identiques par leur
couleur générale ; chez tous, les ailes sont brunes avec les plumes
terminées de blanc, ces parties sont de ton plus clair que le reste du
corps. Chez tous encore, les rectrices sont foncées, de teinte noire,
et les médianes, à leur extrémité, sont liserées de blanc fin en
plus ou moins grande quantité. Les couvertures supérieures de la
queue sont d'un brun mélangé de petits points roux et blancs;
notamment vers rextrémité,cependant, chez le plus grand spécimen,
ces couvertures sont presque entièrement noires. Chez le n" 1, les
rectrices sont très allongées, chez le n°2, elles le sont moins (ou les
médianes se prolongeraient davantage?) ainsi que dans le n° 3. Chez
un autre numéro les rectrices extérieures dépassent de beaucoup
les médianes. Les cinq pièces ont l'épaulette et le miroir blancs,
mais le miroir n'existe guère que sur deux pennes de l'aile du grand
exemplaire, c'est-à-dire du n» 5. Tous enfin ont des taches blanches
(1) Nous avons reçu du même Musée, on l'a vu sur noire liste, une cinquième
pièce ; mais elle nous a paru être un ji'une Coq urogallus ayant dans son plumage
quelque ressemblance avec la Poule de celle espèce ; du reste si, sous le socle qui le
perle, on lit : Tetrao hybridus Linn., au crayon on a ajouté : « peut-être Coqjun. »
(2) Le quatrième paraît avoir été en possession de M. G. V. V. Yhlem.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aI'RÈS NATURE 529
sur les barbes supérieures des reclrices ; ces taches ne se voient que
lorsqu'on soulève les plumes. Les rellets violacés de la poitrine
s'aperçoivent sur les parties supérieures, mais d'une maniiMc bien
moins prouoncée. Dans la partie haute de la poitrine et de clia(|ue
côté du cou chatoient des reflets verts, chez le n" 2 et chez le n° I
principalement. Comme forme, les becs sont à peu près identiques;
leur mandibule supérieure dépasse par sa pointe l'inférieure. Ceci
est moins prononcé chez le grand exemplaire. C'est peut-être le
n° 1 qui a le bec le plus élevé; cet Oiseau a également les doigts très
forts. — On peut dire que ces Rackelhanes tiennent, par leur taille,
le milieu entre les deux espèces mères, sauf celui qui est très fort. Il
est remarquable que chez les W^l et 5 les doigts, quoique nus, soient
garnis à l'intérieur de plumes qui s'allongent notablement. Chez le
n" 5 le commencement des doigts se trouve recouvert par les plumes.
Cabinet d'Histoire naturelle de S. A. H. le (jrand due de Ilesse-
Darmstadt. — Son Altesse Royale, le Grand-Duc, ayant consenti à
nous faire adresser un magnifique exemplaire typtis tué récemment
dans ses chasses, nous avons pu admirer les proportions et le
plumage de cet Oiseau monté d'une manière tout exceptionnelle.
11 est dans la position d'un Rackelhane sur les baltz d'amour. Le
bec est largement ouvert, car l'Oiseau fait entendre son cri ; le cou
est gonllé, rasant la terre comme les grandes rémiges des ailes qui
sont largement déployées; la queue redressée se d^^loie en roue.
Une forte toullc de plumes pend au menton : c'est un lypu.s splendide
au bec arqué, au plumage foncé, sans doute un vieux mâle, mais
rentrant dans le genre général.
.Vitsée impérial de Vienne, N" 408, venant de la Russie, porte l'in-
dication : « Fundorl Stadhwald Phiew Datum ». L'Oiseau est très
fort, la poitrine, la gorge, les parties supérieures ne sont pas
absoUnneut du violet ordinaire Elles ont des reflets bronzés très
accentués et quelque peu mélangés de vert. Le bec est fort et noir,
mais peu long pour sa largeur. Rien de particulier n'est à noter
sur cet exemplaire qui diflère seulement un peu du type commun
par les reflets violacés qui sont chez lui peu apparents.
Exemplaire appartenant à M. Otlo Bock. — C'est un véritable
typus dont il serait superflu de faire la description; disons seule-
ment que le miroir de l'aile n'est pas visible, qu'il existe une
épaulette blanche, que la queue est échancrée ; (les sous-caudales
restent à la manière de Vuroyallus); enfin la taille est petite.
Musée de Doucres {Angleterre). — Cette pièce ne porte aucune
indication, mais M. Oxenden Haraon, qui nous l'a signalée, nous
530 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
fait savoir qu'elle avait été offerte au Musée par M. Thompson,
ancien résident en Russie; celui-ci l'avait rapportée de ce pays
avec un jeune urofjalkis (désigné à tort comme Rackelliane). Nous
ne devons point nous attarder à décrire cette pièce qui, par son
plumage, sa poitrine violette, et le dessous de sa queue tacheté à
la manière de l'Urogalle, est encore du type ordinaire. Sa taille est
assez petite, mince, un peu allongée, rappelant assez bien celle de
l'exemplaire du Musée d'York, mais le montage joue un si grand
rôle dans la forme, qu'il modifie considérablement, qu'on ne
saurait attacher quelque importance aux caractères plastiques
d'une pièce empaillée. Il est à noter que peu de rectrices se
terminent ainsi , ^- ..
Collection de So7i Altesse Royale le Prince Philippe de Saxe-Cobourg-
(iothn. — Nous avons dit que Son Altesse Royale avait bien voulu
nous faire adresser le soi-disant Rackelhane, figuré pi. X de l'ou-
vrage de M. le D"' A. B. Meyer, exemplaire qui avait été déjà
signalé par le Kronprinz Rudolph comme Rackelhane avec type
de l'Auer [urugallas) (1). En examinant la magnifique planche
coloriée qui orne l'ouvrage du D' Meyer, de nombreux doutes
s'étaient présentés à notre esprit sur la réalité d'une double origine
chez cet Oiseau, vrai Coq uroyallns par son aspect, sa forme, le
dessin et la coloration de ses plumes, etc. L'examen fait sur nature,
aussi minutiey^ement et aussi consciencieusement que possible,
nous a confirmé dans ces doutes. Il nous est impossible, même
après de longues recherches, de trouver chez cet Oiseau quelque
trait décisif en faveur de son hybridité soupçonnée par le D^ Meyer.
Pendant plus de quinze jours, la pièce empaillée est restée entre
nos mains. Nous nous sommes torturé l'esprit afin de reconnaître
les traits mixtes indiqués par le savant docteur saxon ; nous
n'avons pu les saisir. Les Oiseaux d'espèce pure, (3 uroijallnsd' ad.,
1 jeune cT ad., 5 Rackelhanes, et quantité de tetrij: d"), qui nous
servaient de points de comparaison, étaient tous, il est vrai, des
"sujets empaillés; peut-être nous eùt-il fallu des individus en
chair pour reconnaître l'exactitude des remarques faites par l'au-
teur du grand album. — Nos premières observations auraient pu
favoriser quel(|ue peu l'idée d'hybridité. Ainsi, la couleur générale
roux brunâtre nous avait paru dilîérerde la coloration plus grisâtre
d'un bel exemplaire uroyatlus de race pure de notre collection ;
mais bientôt nous avons trouvé, au Muséum de Rouen, un autre
(Il Jadg. Zeitungl883. N" 8, 30 avril, pp. 225 226 et Milli des Ornilh. Vereines
in Wien, juni 1883, N» 6, p. 105 et suiv. (Description A, p. 108).
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATURE 531
exempliiire iircnjallus, depuis plus louglciiipsempaillé que le nôtre,
et qui olTre cette teinte brun;Ure. Nous avions remarqué aussi que
le devant de la tète, d'un ton assez noinUre, rappelait, pour ainsi
dire, la teinte que le Raekelliane présente à cette place. Mais cette
même teinte foncée existe très visiblement sur un jeune urogallus
dont nous avons fait l'acquisition en Italie. Enfin, nous avions
cru observer que la barbe extérieure de quelques pennes de l'aile
est très claire, tout aussi claire que celle d'un Rackelhane que
nous possédons; la même particularité se trouve reproduite sur
deux des uingiilliin de pure race que nous avons examinés. L'Oiseau
du prince de Cobourg a bien le sommet de la mandibule supérieure
du bec, près de la pointe, marqué de brun très accentué; reste à
savoir si les Hmyrt//«.s- ne montrent pas quelquefois cette particu-
larité. N'ayant donc pu trouver quelque signe bien caractérisé
indiquant une parenté, (même déjà ancienne avec le tetrix), nous
rappellerous les traits qui ont fait penser au D'A. B. Meyer que
la pièce, qu'il a examinée avec tant de soin et décrite avec une si
grande précision, a vraiment du sang du telrix. Néanmoins, si
l'ou tieut à préteiuire avec lui que cet Oiseau est un Rackelhane,
(ce (|ue nous n'aurions jamais soupçonné), il faut, poifr donner une
vraisemblance à cette opinion, faire remonter très loin sa parenté
avec le tclrix, parenté tellement éloignée et eflacée que l'œil du
vulgaire est incapable de la saisir. Les raisons du docteur sont les
suivantes (1) :
1° L'impression, dit-il, ([ue cause l'ensemble de l'Oiseau, est celle
d'un très petit Auerhahn ayant la queue du Rackelhane (!);
2° la teinte pointillée des plumes du cou est plus grossière (2);
3" la couleur grise sur le fond brun noir est distribuée de telle
façon que les plumes des côtés et les plumes postérieures du
cou laissent voir des bandes transversales plus ou moins distinctes,
foncées et étroites, ce qui, chez i'urofialbin, ne se trouve sur
ces plumes qu'isolément et moins di-^tinctement ; 4" le dos et le
croupion sont, sous ce rapport, plus grossièrement parsemés;
5° les plumes du nez, du front et des joues sont d'un noir brun
foncé avec des bords paraissant bleus, les plumes du menton ont
un bord mélallique plus large; ces bords ou bordures sont d'un
vert sombre, quelques-unes ont un reflet luisant et violet; 6" le
devant de la tète est assez foncé et linomeut piqueté, le dos supé-
(1) Nous les cataloguons sous des numéros d'ordro parce que nous désirons
répondre à quelques-unes qui nous paraissent critiquables.
(2) Que chez le premier, supposons-nous. *
S32 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
rieur ne tire que peu sur le brunâtre; 7» les plumes des épaules
montrent aussi la moucheture en forme de bande d'une manière
plus grossière que chez rM?'0(/«l/i«; 8" les plumes intérieures sont
teintées de brun, les extérieures sont teintées de gris vers la pointe
et surtout sur la barbe extérieure ; oelle-cl est munie d'une
tache en forme de (?) et excessivement blanche ; 9' les grandes
tectrices des ailes, pennes secondaires extérieures (1), ne sont
marquées et mouchetées de brun que sur les barbes extérieures, et
là elles sont munies d'un bord clair et blanc d'une largeur attei-
gnant jusqu'à 1-5 mm., La couche suivante qui les recouvre est
brune, plus grise vers la pointe, mouchetée assez grossièrement et
en forme de bande (ou de lien); les plumes reviennent peu en
arrière, point au milieu.
Bref, aux yeux du descripteur, les différences principales qui
distinguent cet Oiseau du grand Coq de bruyère sont : 1^ sa
petitesse (!); 2* la forme delà queue du Racket (!); 3* l'absence
de coloration brune sur le dos supérieur; 4* les grandes plumes
tertiaires à la manière du Rackel ; 5* des taches blanches sur les
plumes des épaules et des pennes secondaires; 6*^ le dessin plus
fortement nuancé de brun et de gris; 1^ le chant du Rackel (décrit
par le Kronprinz Rudolph) (2).
Nous ne saurions critiquer la plupart de ces distinctions, ne les
ayant point saisies; nous répondrons donc seulement à quelques-
unes. Au sujet des observations indiquées sous les n»* 1, 1* et 2*^f
nous dirons : que l'Oiseau ne frappe aucunement par sa petitesse,
car il paraît aussi fort que certains uronallns cT ad. (3) ; en outre,
sa queue n'est aucunement celle du Rackelhaue. Au sujet du u° 2 :
la teinte poinlillée des ptumes du cou, loin d'être plus grossière
que chez Vurogalbis, est, au contraire, plus fine que chez un
urocjaUns de notre collection. Au sujet du n" 5* : nous pensons
que Viiroijallns montre, comme l'Oiseau étudié par le D"' Meyer,
des taches blanches sur les plumes des épaules et des pennes secon-
daires (4). Enfin, au sujet du n"0 : un uro<jaUusd\i Muséum de Rouen
est, comme les pièces en question, d'une tonalité générale brunâtre.
(1) Ce passage a été traduit d'une manière obscure, nous ne le comprenons que
difficilement.
Ci) Il nous parait ressortir de la lecture du Jadg Zeitung (1883, p. 225), que c'est
le Prince de Cobourg, (beau-frère du Kronprinz), qui aurait entendu ce cri, et non
point le Kronprinz.
(3) Le montage aurait-il augmenté son volume?
(4) Nous ne pouvons point nous expliquer le passage auquel nous répondons ;
serait-il mal traduit?
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 533
Cependant, d";ipr6s le Prince de Cobourg, l'Oiseau faisnit entendre
le son du Rackel (1) ; ses gestes, sa manière d'agir n'étaient poiul
non plus comme chez Vurdijalliis {2); pour le prince l'Oiseau n'est
donc point uuiiiuemenl dt; cette dernicrc espèce.
Il y aurait grande importance à obtenir des preuves d'un croise-
ment ancieu des pareuls de cet Oiseau avec le tctn.r, car la fécondité
du Rackelliane serait ainsi établie, au moins avec l'une îles espèces
pures. Mais, le retour des hybrides, aiusi mélangés, vers l'uu des
deux types purs serait aussi manifeste (3J.
Collection de l'Inxlitnl /oologiiiur ilc Strasliouif/. — Le Rackelhane
(1) Nous ferons reinannier ici, d'aprrs k- Kronprinz Uudolpli, qu' « à part quel-
ques petites nuances, le Rackelliane s'annonce comme VurogaUus. » Il est donc
aisé de confondre les deux cris.
{i) D'après communication qui nous a été faite par M. François Bossinsky
(3) Un second spécimen, à peu près scmbl.ible à ce dernier échantillon, avait,
parait'il, éié tué, le o mai de la même année, par le Kronprmz Hudolpli, dans
rOeberl Hofjagdbezirk Neuberg (iiaul district de chasse de Neuberjj) Seiermark.
L'Oiseau, en chair, avait été envoyé au D' Meyer alin qu'il l'examinât. Oji le conserve
aujourd'hui dans le Musée impérial de Vienne. Avant de décrire ses car.ictéres, le
docteur rappelle dans quelles circonstances il avait été tué. Se trouvant au premier
allùt, <lit-il, le Kronprinz entendit immédiatement le « Jhni » du llackelhane,
qui lui était si connu en Bohême. Il ne dérangea point, en consé(iuence, drux autres
Coqs (.Nioles) qui appelaient les femelles, mais il essaya de s'approcher de l'arbre
d'où partaient les appels du Uackelhane. Il aperçut, tout à fait au haut de l'arbre,
l'Oiseau qui faisait entendre le son propre au Kackii ; il était trois heures du iiiatin.
Un coup bien ajusté l'abattit. A première vue, continue le docteur, ce Uackelhane
fait l'impression d'un Coq de bruyère avec un bec un peu plus petit et un
plumage éliouriflé; mais, en l'examinanl, on voit que c'est un Rackelhane avec type
d'Auerhâhn. La description de M . Meyer est fort longue ; il en résulte que ce nouvel
Oiseau ressemble beaucoup à un urogallns et, par conséquent, à la dernière pièce
décrite. « Pour la grandeur, les deux hybrides supposés ne sont pas très dissembla-
bles : cependant, l'individu de la Seiermark est un peu plus grand. Chez le premier,
la Hackelstoss (la queue du Rackel) est plus accentuée, c'est-à-dire que les plumes
de la queue sont relativement plus courtes ; mais on ne peut juger les caractères
de la forme de la queue avec sûreté, attendu (ju il n'existe que treize plumes. Les
deux Oiseaux ont la même bordure noire et régulière du cou, bordure qui peut
exister chez les Auerhâhne d'une manière plus ou moins accentuée, à la place de la
moucheture ordinaire qui, tout en existant (chez l'Auer), parait cependant être
propre à ces formes rares de Rackel (voir aussi le Rackelhane du .Musée de
Prague) Le dessin régulier à bandes, (ou mieux ? les marques régulières des
bandes) des plumes tectrices des ailes et des épaules sont également semblables
par leur forme, ainsi que par leur couleur brun rougeàtre, etc. »
M. Meyer ajoute qu'on ne peut regarder cet exemplaire comme un petit Coq
Auerbâhn cbétil, parce que la conformation des os se prononce contre sa jeunesse;
ses os correspondent à un OL-^eau ayant plusieurs années. La formation du tuyau
de la plume de la queue, qui a été particulièreiuenl examiné, s'oppose aussi à
cette manière de voir. Et, du reste, les Auerhâhne, fait-il obserrer, ont, avec les
534 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
que nous avons reçu (1) est tout à fait du type ordinaire. Ce qui pour-
rait le distinguer légèrement, c'est son bec assez jaune blanchâtre;
néanmoins, il est aussi fortement teinté de brun. La queue est très
échancrée, l'aile est traversée par une barre blanche; à l'épaule
existe une tache de même couleur. Enfin, le violet couvre large-
ment la poitrine, le cou, et les autres parties qui en sont généra-
lement teintées.
Collection de M. le prince Alain de Rohan. — Deux pièces. — On lit
sur une plaque de cuivre, fixée sur le socle de l'une de ces pièces
montées et aux ailes étendues, les mots suivants : « Wurde am
23 April 1883 von S-- K. Hokeit Kronprinz Rudolf erlegt. » — Ce
qui veut dire : « Tué le 23 Avril 1883. par .son Altesse Impériale
le Kronprinz Rudolph. » Cette mention nous intrigue beaucoup,
car le Kronprinz ne parle que de deux Rackelhanes tués le
23 Avril 1883, à Svijan Podol, l'un au cou bleu, abattu par lui-
même (2) et qui est aujourd'hui au Musée de la cour à Vienne,
l'autre avec type Auer tué par sou beau frère, le prince Philippe de
Cobourg(3), c'est-à-dire l'exemplaire qui a été critiqué.
Les deux Oiseaux sont du type ordinaire, mais celui, sur lequel
la mention en question est attachée, aurait la queue en éventail,
sans aucune apparence de la forme de la lyre! Ceci nous surprend,
à ce point que nous nous demandons si la queue n'a pas été dis-
posée de cette façon par l'empailleur? Du côté gauche, il est facile
derniers resles du jeune âge, une queue déjà coinplMeinent développée. Le docteur
envisage encore la question de dépérissement qui pourrait être soulevée comme
cause déterminante de l'état dans lequel l'Oiseau se présente Mais cette In poltièse
n'est pas admissible d'après lui, car une telle cause aurait afiecté tous les organes
également. Enfin, ce qui prouve en faveur de la nature Rackel, ce sont pour lui : la
courte queue (stoss), les proportions des plumes lectrices droites, la coloration
brune et plus rouge, l'indice du miroir de l'aile, le dessin des bandes du dessus
(du côté supéiieur), le bec plus droit et, ce qui est le plus important, la conduite
que tenait cet Oiseau lorsqu'il était en vie, ainsi que le son qu'il faisait entendre.
Enfin, son poids n'atteignait que 3 k. 373, poids très minime, parait-il.
On voit par là que l'origine de ce soi-disant nouveau RacKeUiane n'est point à
l'abri de tout soupçon puisqu'il présente de nombreux points de ressemblance avec
celui que nous critiquons.
(1) Deux autres pièces nous ont, il est vrai, été adressées, mais ce sont de
vieilles Poules revêtant la livrée du mâle; l'une d'elles, du reste, était étiquetée
comme Poule stérile.
(2) Signalé in Jagd-Zeitung, n» 8, p. 223, 30 avril 1883: décrit sous lettre A.
p. 108, Mitth. des Ornithol. Vereins in Wien, 1883 ; puis représenté par le D'A. B.
Meyer (op. cit.) pi. XI.
(3) Signalé (même journal de chasse), décrit (même revue ornilhologique), repré-
senté (même ouvrage).
ADDITIONS, CORRECTIONS ET KXAMENS d" APRÈS NATURE 535
de voir qu'elle n'est plus diins son état naturel, plusieurs plumes
dont l'extrémité est absolument carrée ont été, semblet-il, coupées
au ciseau. Le coup de fusil ayant porté dans celte partie, le
préparateur aura raccommodé de sou mieux les i)1uiih's détério-
rées? Cependant si la position que les pennes occupent maintenant
est naturelle, il faut voir là une influence prépondérante du
type MrO(/o//((s ; ce serait un signe probable de mélange avec cette
espèce. Vu le mauvais état du côté gauche, nous n'osons nous pro-
noncer. Nous remarquons en outre que la couleur du bec est assez
claire. Cette couleur, ciui rappelle Viiroyallus. serait donc en corré-
lation avec la queue?
Le deuxième éciianlillon, dans la pose du Spiel, tué par le D'
Ehmingau même endroit (l),eldout les plumesdela gorge, arrondie
et baissée, se hérissent en brosse, présente les pennes extérieures de
la queue plus allongées que les médianes et légèrement recour-
bées. Il est typus par tous ses caractères; sa queue est très courte.
La poitrine de ces deux pièces, est d'une teinte violacée très
accusée, la terminaison , ^ des rectrices est peu accen-
tuée et rare ; aucune des deux n'a d'épaulette blanche, mais l'aile
est traversée par un miroir plus ou moins blanc.
Le KackeUianc de M. Hugo J. Sljermmll, d'Heinola {Finlande), eht
tellement semblable aux exemplaires de la forme connue qu'il est
inutile de le décrire; ce devait être un superbe spécimen au bec
excessivement foncé, presque noir ; les reclrices extérieures dépas-
sent les autres pennes; l'épaulette blanche manque; l'aile est
traversée par un miroir.
Cet Oiseau a été obtenu par M. Stjernvall d'un marchand qui
achète du gibier aux chasseurs paysans. M. Stjernvall a dû pré-
parer lui-même la peau qu'il nous a gracieusement ollerte, car il
n'existe aucun naturaliste dans la contrée et il faisait, au moment
de l'achat, trop chaud pour l'envoyer chez un préparateur d'Hels-
ingfors. M. Slernjvall n'a pu savoir où on avait tiré l'Oiseau que le
marchand avait acheté comme un vrai uroijdUus ; mais il est suppo-
sable qu'il a été tué dans le district d'Heinola, gouvernement de
St-Michels. En ouvrant l'estomac, M. Stjernvall a fait sortir beau-
coup d'aiguilles de Pinas xijhestrk Linn., (sapin forestier), un bour-
geon de ce même arbre, quelques baies de genièvre (baccœ Juni-
peri communis), enfin quelques feuilles ou baies de «Breissel»,
(1) Cet endroit de Svijan Poilol s'appela Jèlirow (d'après une communication de
M. le D' L. Dertsctiinger); mais nous répétons qu'une confusion doit certainement
avoir été commise.
536 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
{foHa et baccœ Vacceinii Vitis idaene (t). Comme ce Rackelhane a
été tué par un coup de fusil et non point pris dans un piège
(ou trappe), on peut tirer peut-être de celte particularité la con-
clusion suivante : qu'il vivait avec des letiix{2).
Les exemplaires qui viennent d'être décrits et dont trente-six,
on l'a vu, ue présentent point entre eux de difïérences appré-
ciables, nous permettent, en rapprochant leur description de
celle des quinze autres spécimens déjà examinés lors de notre
première publication, de tracer ainsi le portrait -du Rackelhane
typtis : L'aspect général est sombre, l'Oiseau, au premier abord,
paraît noirâtre, mais bientôt on aperçoit sa teinte générale grisâtre
et brunâtre mélangée de violacé ; puis, sur le devant notamment, se
montrent des reflets violacés très brillants et métalliques. En
l'examinant de plus près, on aperçoit sous le ventre une partie
blanche; le dessous de la queue est très clair. Les couvertures de
l'aile sont eu général brunes; les parties supérieures sont saupou-
drées finement, tandis que les rectrices restent profondément
noires ; celles-ci, au moins les médianes, sont presque toujours
bordées de blanc. La tache blanche de l'épaule est quelquefois
absente et le miroir blanc de l'aile plus ou moins visible ; un arc
rouge domine souvent l'œil. Le bec est couleur de corne comme
sont les ongles. La queue est échancrée, c'est-à-dire que les
rectrices extérieures sont plus longues que les médianes, mais
rarement elles se recourbent extérieurement, au moins d'une
manière sensible. Les tarses, gris souris, sont toujours garnis,
dans leur partie haute, d'une toutïe de plumes brunes, grises ou
blanches. Aux rémiges des ailes, la barbe intérieure est toujours
large et de couleur unie, tandis que la barbe extérieure, est étroite,
plus claire et tachetée. Le plus ou moins de saupoudré et l'intensité
des tons du plumage sont, avec la taille, les deux caractères qui
varient le plus d'individu à individu. La taille est généralement
assez intermédiaire entre les deux espèces, mais elle se rapproche
(1) Celle nourriture composerait le manger onlinaire de Vurogallus pendant
l'hiver. Pendant la même saison, le tetrix mange de préférence le bonrgeon ou
bouton du Bouleau, gemmœ Butiilœ aZiiœ (Communication de M. Stjernvall).
(2) M. Stjernvall nous donne ses raisons et a la complaisance de nous adresser
une c<'mnmnical)on très intéressante sur la manière dont on chasse les tetrix chez
lui. Nous regrettcms vivement de ne pouvoir reproduire ici les très intéressants
détails qui nous sont adressé» avec tant de bienveillance par le jeune et savant
étudiant linlaudais.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 337
9
davantage de celle de Vurogallus qu'elle n'atleiut jamais. Ce sont
les parties liantes qui sont les plus foncées, au menton pend
quehiuefois unej)arl)iclie. Ajoutons que les couvertures inférieures
des ailes sont d'un blanc très pur, mais les couvertures de la
queue, très blanches aussi, sont toujours tachetées de noir, princi-
palement dans la base de la tige.
Tel est le portrait que l'on peut faire du Rnckrlhane indif.
Nous regrettons (le n'avoir pu réunir simultanément les (juarante
échantillons niAles qui, pendant l'espace de six mois environ, sont
passés entie nos mains. Il eût été extrêmement intéressant de les
ranger tous les uns à c<Mé des autres et par ordre de taille. On aurait
pu se rendre compte ainsi si les légères différences qu'ils présentent
entre eux sont dues à l'âge ou, au contraire, à l'hybridation. Ces
différences peu considérables consistent principalement, on vient
de le voir, dans la forme des rectrices, le pointillé du plumage,
le coloris général plus ou moins foncé, comme aussi dans la
taille.
Les rares individus présentant des différences appréciables sont
ceux des Musées d'York, de Munich, de Glascow, de Dresde, de
Lausanne, de la collection de van Kempen. Mais l'individu du
Musée d'York est peut-être un jeune dont les couleurs ne sont point
encore complètement développées ; celui de Munich n'est autre
qu'un mâle en plumage d'été; et l'exemplaire de Glascow diffère
seulement du type ordinaire par sa tonalité plus bronzée. Restent
donc comme extraordinaires : l'exemplaire de Lausanne au bec
blanc, l'exemplaire de Dresde à poitrine verdâtre (1), le grand
Rackelhane de M. van Kempen, à la haute stature et aux reflets
bleus; ces trois échantillons n'ont point la queue échancrée.
Ils suffiraient seuls, avec leurs caractères mélangés qu'ils emprun-
tent taulôt à une espèce, tantôt à l'autre, pour prouver l'origine
hybride du Rackelhane. Mais le D' A. B. Meyer a, en outre, repré-
senté (pi. XI de son ouvrage) un quatrième sujet à poitrine fortement
bleutée et à queue non échancrée; l'Oiseau fut tué à Svijan Podol par
l'archiduc Hudolph (2). iM. le chevalier von Tschusi a aussi repré-
senté un jeune exemplaire mâle dont la gorge paraît bleu verdâtre,
(1) Si c'est réellement un hybride?
|2| Nous supposons toutefois que le peintre a colorié la poitrine d'un bleu Irop
apparent, car la description que le Kronprinz a donnée de cet e.\cnipluire sons la
lettre .\ iMiltli. ilrnitli. Ver. Vienne, 1883) indique seulement le cou bleu foncé et la
poitrine brillante tirant sur le foncé.
538 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
r
le cou bleu et la poitrine à reflets verts (1). Enfin, on vient de tuer
en Bavière un individu qui se rapprocherait de Vurogalius (2).
Les partisans d'une espèce chez le Rackelhane, (s'il en existe
encore après les observations qui ont été présentées), diront peut-
être que ces quelques pièces extraordinaires sont dues précisé-
ment au croisement du Rackelhane môme (bonne espèce) avec des
urufjfdlus ou des letrix cT ou $. Ce croisement, que l'on indique
hypothétiquement, est assez vraisemblable. Mais, depuis les célèbres
expériences faites chez M. Kralik, (on peut qualifier de ce nom des
expériences qui ont jeté tant de jour sur une question aussi intéres-
sante), il serait vraiment malaisé de soutenir que le Rackelhane est
une bonne espèce.
Il nous reste à examiner les femelles :
C'est M. le prof. Collett, de Christiania, qui, le premier, nous a
adressé une Poule de Rackel, tout au moins un individu présumé
de sexe femelle. Cet Oiseau, nous dit le savant professeur, avait été
tué pendant la saison d'hiver. Il est beaucoup plus tetri.r qu'u/'O-
galliis d'aspect et de taille. La gorge, les joues et la poitrine sont
réellement du beau jaune de l'Urogalle ; il existe aussi à cette
dernière partie de larges plumes jaunes avec de grandes raies brunes
(1) Autant que nous pouvons en juger par la chromo-litliograpliie de l'Omis,
(IV, p. 517-o26, 1888) ; peut-être ces teintes devaient-elles se modifier avec l'âge ?
(2) Cet Oiseau est celui qui a été signalé in Der deuische Jâger, N» 13, 1894, et
décrit dans le N° 15 de la même année, p. 13o. Nous avons dit que c'est M. Grûnwald,
propriétaire et brasseur à Waltratshausen, qui l'alnittit; il l'avait pris pour un
petit Coq Auer. M. Otto Grashey le considère comme « un rare et parfait spécimen
de Raclselhane avec un type net d'.Xuer (grand Coq de bruyère), tel que les deux
Rackellianes, dit-il, que le Kronprinz Rudolph tua autrefois en Bohème et qu'il
a signalés. Voici comment il le décrit : n L'apparence générale est celle d'un jeune
ou d'un faible Coq de bruyère (Auerbàhn). Le bec, noir, a la forme et la couleur
du bec d'un Coq de bouleau (Birkbâhn) ; la tète, les plumes de la tète et la barbe
qui pend à la gorge sont celles du Coq de bruyère par leur forme. Les roses (nous
ne savons ce que le descripteur veut dire par celle expression) s'approchent égale-
ment de celles de cette espèce. A la place du plumage du cou. parsemé de noir gris
comme chez l'Auerhàhn, ce lîackelbane a l'ornement acier bleu du tetrix c* avec
l'éclat métallique qui ne se perd pas dans le bouclier vert de la poitrine de
l'Auerhàhn, mais qui contmue jusqu'au ventre, laquelle partie est éclalanle de blanc
et de noir. Les pieds correspondent très bien à ceux du Coq de bruyère ordinaire. Le
dos ressemble au plumage de cette espèce ; les ailes sont aussi celles de cet Oiseau,
mais elles possèdent les simples bandes transversales blanches du Birkhâhn (tetrix)
faiblement marquées, tandis que le miroir blanc à l'épaule est du grand Coq. Les
plumes de la queue sont de la couleur de celles du tetrix et en ont la texture;
mais elles ne sont que moitié de la longueur de celles de l'Auerhàhn. Les deux
plumes extérieures de la queue dépassent un peu celles du milieu et tendent à se
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 539
rappelant encore umijnllus $, quoique plus fonc(''es. Egalement,
sur les joues, se voient de petits pointillés neigeux propres à cette
espèce. Quant aux ongles, ils sont foncés, courts, assez recourbés et
les doigts sont noirs. Les rectrices, à leur bordure extn'uie, inili-
queut vaguement la coupe du telri.v ■ (1), ni.iis la
bordure blanche est très large, comme chez Vurogallus elle est
aussi bien nette ; cette bordure est précédée par une raie fine (2).
Si la (tMiielle ti'(ri.r ne montre jamais la couleur beau jaune que
nous constatons sur les parties supérieures, si elle ne montre
point davantage le pointillé que nous avons constaté sur les joues,
ni la large bordure blanche sui- la (pieue qui vient d'être signalée,
l'Oiseau que nous étudions peut être considéré comme intermédiaire
entre les deux types, quoi([ue, par sa taille, il soit beaucoup plus
telri.r qu'nroyalliis. En faveur d'une hybridation, on peut encore
noter : le manque d'échancrure de la queue qui se termine en
éventail. On peut aussi, pour le même motif, considérer ces trois
points : l" la barbe extérieure des rémiges qui est largement
tachetée, comme chez la grande espèce; 2" plusieurs plumes des
couvertures de la queue qui sont terminées largement de blanc
formant comme des flocons de neige sur la queue; 3° la raie
blanche de l'aile qui est à peine prononcée, pas davantage que
recoiirljpr extérieurement. Le duvet blanc de dessous ressemble davantage au
duvet (lu grand Coq ; il est étincelant de noir et de blanc, et les rayons blancs
dominent. » Nous n'avons pu oblenir en communication ce rare spécimen.
Peul-ètre l'individu décrit par M. Victor (iatlé dillère-lil quelque peu du type
ordinaire? M. le prol. Miillner, directeur du Musée de Laibach, où se trouve cet
Oiseau, veut bien, en eUet, nous le décrire. Il ressortirait do cette description que
la qui'uo serait en éventail, quoiiiue les quatre premières plumes soient un peu
courbées ; puis le cou serait rayé lie noir et de blanc.
Nous avions laissé croire (Voy. p. 20 ou p. I7S1 des Méni. de la Soc. Zool.) qu'il
existait encore à Strasbourg un spécimen non typus. C'est là une erreur; cet
Oiseau nous a été adressé en communication et nous avons reconnu qu'il u'élait
autre qu'une vieille Poule urogallus se révélant de l'habit du mâle.
(1) Au sujet de cette coupe terminale des recirices, sur laqu'lle nous revenons si
souvent, peut élre sera-t-il bon de donner une courte explication. Nous sommes loin
de dire que les recirices de Vurogallus ne se terminent point ainsi ; nous avons
souvent constaté chez lui la même coupe terminale, mais d'une manière moins
accentuée que chez le tetrix. .\joutons que cette dernière espèce peut en être elle-
même privée parfois; on voit au Musée de Rouen une femelle tetrix dont les
rectrices n'ont point cette terminaison.
(2) Nous ne saurions juger les dimensions du bec, car il est plus fort que celui
d'un niAlc tel ix que nous avions dans les mains au moment où nous nous livrions
au présent examen, quoique de la taille de celui d'une Poule telrL\ de notre
collection !
540 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
chez l'urogalhis. — Malgré ces probabilités en faveur d'un hybri-
disnie, nous n'apercevons pas de preuves certaines du mélange
des deux espèces.
M. le prof. Collett a été assez gracieux pour nous adresser un deu-
xième spécimen 5 provenant de la Norwège, tué en octobre 1880
à Eldskogen. Cette femelle n'est guère plus grosse qu'une Poule
de tetrix, mais, par son plumage, elle parait être une petite Poule
urogallus. La iemelle qui vient d'être décrite et qui était en peau,
(celle-ci est montée), nous paraissait apporter, quoique dans une
faible mesure, plus de traits décisifs en faveur de son hybridité.
Après avoir examiné le nouvel Oiseau sur toutes ses faces et après
l'avoir comparé avec des spécimens d'espèce pure, il nous a été
impossible de rencontrer aucune marque de croisement avec le
tetrix, sauf la petitesse du corps. Mais on sait que les urogallus
varient par la taille. C'est à peine si la queue est écliancrée, elle ne
rappelle aucuuement la forme de la lyre ; toutefois reconnaissons-
le, elle n'est point en éventail comme celle de l'Urogalle qu'elle
rappelle tout à fait par la disposition et la coloration du dessin.
Il faut encore noter : 1° que le dessus du cou est moins blanc,
mais plus terne que chez Vurogalhis; 2" que le bec est foncé, (à
peine gros comme le bec d'un tetrix $ que nous avons possédé),
très efTilé et bien moindre que celui de la grande Poule de bruyère.
A part cela, tout est de l'Urogalle, jusqu'aux petits pointillés qui se
trouvent près de la gorge. Cette pièce, qui a été peinte à l'huile
par M. Prévôt, a été montrée à M. J. B. Nichols d'Holmwod, qui l'a
cependant désignée sous le nom de « T. tetrix X T. urogallus »
hybrida. Nous connaissons, il est vrai, des hybrides 2 de Th.
amrshtiœ y picta qui rappellent à peine cette dernière espèce et
sont presque purs amrshtiœ; nous ne nions donc point absolument
l'hybridité chez cette Poule, nous voulons dire seulement que rien
ne la prouve.
Quelque temps avant de recevoir cette pièce, M. le D^ A. B. Meyer,
de Dresde, avait bien voulu nous communiquer une Poule figurée
en front, pi. XIII de son ouvrage, Poule ayant de grands rapports
avec celle que l'on vient de décrire, et présentant le même faciès.
La double origine ([ue le docteur a supposée à cet Oiseau nous
a encore paru très difficile à démontrer. La taille, il est vrai, n'est
guère plus forte que celle d'une grande Poule tetrix; la queue, sans
former une véritable échancrure, n'est point non plus en éventail
etie bec est foncé; mais, en dehors de ces caractères, qui rappellent
le tetrix, on ne saurait distinguer le plumage de celui d'une femelle
Urogalle. Peut-être de tels hybrides ne peuvent-ils se reconnaître
ADDITIONS, COUnECTIONS ET liXAMKNS d'aPRÈS NATURE 341
que par la démarclie. la pose, l'allure ou le }^este, ainsi que cela
arrive chez corlaius |iiO(liiils mélangés? En examinant une deu-
xième fois cette pièce, qui nous a été si gracieusement prêtée, nous
avons remarqué (|u'elle dilTère peut-être de l'uroijdllus $ par les
marques du ventre qui rappellent le lelrix, et que la (jueue est un
peu plus échancrée que nous ne l'avions remarqué tout d'abord ;
mais tout cela nous paraît encore insuffisant pour prouver claire-
ment sa double origine.
M. van Kempen, toujours très aimable et désireux de nous rendre
service, nous a fait en outre l'envoi d'un Teirao mndius femelle
adulte, indiqué comme provenant de VVjatka (Silésie) et acheté
au Df Rey. Cet Oiseau présenle certains caractères d'authenticité,
d'abord par sa queue complètement carrée, c'esl-à-dire ni échancrée
comme celle du leiri.r, ni en éventail comme celle de Vurcgallus,
puis par sa taille, plus forte que celle delà première espèce, et enfin
par son encolui-e, rappelant l'encolure de la dernière. Il est vrai
qu'un empailleur, peu consciencieux, pourrait gonfler dans le mon-
tage la peau d'une Poule tetrlx et exagérer ainsi ses proportions
véritables, puis aussi disposer les rectrices extérieures à l'uuisson
des médianes et donner ainsi à une simple Poule tetrix un semblant
de croisement avec \'urojiallii.s. Mais il ne nous est point permis
de faire une telle supposition, et si, comme nous voulons le croire,
le préparateur a conservé scrupuleusement la forme et les dimen-
sions de l'Oiseau, ainsi que la disposition des plumes de la ([ueue,
il faut reconnaître que cette Poule présente des (rails mélangés.
Nous avons fait voir la peinture que nous possédons à MM. Gurney,
Vian et d'Hamonville ; tous trois nous l'ont retournée avec cette
mention : hybride d'iiroijalliis et de teiri.r. 11 y a en outre, dans le
dessin piqueté des joues, dans les marques blanches terminales
de plusieurs plumes du bas du cou, dans le gris des plumes du
cou. probablemeni aussi dans les dimensions des doigts, d'autres
marques de croisement, quoique moins certaines que les i)remières ;
enfin le bec nous a paru d'un jaune plus clair que celui du tetrix.
Après l'envoi de M. van Kempen nous est arrivée, de la part
de M. le Baron de Selys Loiigchamps, une autre femelle achetée,
il y a vingt-cinq ans environ, par le savant académicien chez
M. Niiger, chef forestier au Saiut-Gothard. M. Niiger , qui est
mort maintenant, élait, parait il, un bon naturaliste; c'est lui qui
aurait découvert (si les souvenirs de M. de Selys Longchamps sont
exacts) le Sorex alpinus et VArvicola nageri. M. de Selys a oublié la
provenance de l'Oiseau ou ne l'a pas demandée, mais, nous dit-il,
542 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
cette pièce avait été certainement tnée à l'état sauvage. Voici la
description que nous en avons iaiie: ijieu plutôt ti'trid- qu'urofjallus,
néanmoins ayant l'apparence d'un véritable hybride. Si, comme
nous venons de le faire remarquer au sujet du spécimen apparte-
nant à M. van Kenipen, aucune supercherie n'a été commise dans
la disposition que présente actuellement les plumes rectrices, la
coupe de la queue est un vrai mélange des deux espèces. Eu outre,
l'Oiseau présente une largeur telle qu'on ne peut le présumer pur
tetrix; puis il montre dans la disposition et la teinte des parties
supérieures du plumage un rappel évident de l'urogallus; ceci
s'annonce principalement sur les joues, sur le dessus du cou et
même sur la poitrine. Cette dernière partie est franchement rousse,
barrée largement en travers, et les petites plumes du cou se termi-
nent en blanc, à la manière de l'Urogalle. (Ce caractère s'observe
chez l'Oiseau de M. van Kempen, mais d'une manière bien moins
accentuée). Le bec, quoique long, est plutôt moins fort que celui
du tetrix ; il n'est pas très foncé. Les pieds et les doigts sont égale-
ment petits. Les rectrices, qui se terminent sans échancrure, sont
frangées de blanc, le petit point qui forme l'e.xtréuiité terminale
est insignifiant.
Nous venions d'examiner et de faire peindre ce curieux échan-
tillon, lorsque du Musée de Prague (Bohème) nous a été envoyé un
Oiseau bien précieux pour nos études et nos examens, une des
femelles obtenues en captivité, chez M. Kralik, du croisement d'un
mâle tetrix et d'une Poule iirogallus.
Cette pièce diffère des précédentes; quoique bien authentique,
elle n'est point plus grosse qu'une femelle de tetrix. Elle ne montre
guère son hybridité que par la forme de la queue, qui paraît avoir
été carrée, par le roux vif du poitrail, le dessin des joues et du
dessus du cou, la couleur du bec, plus claire que chez le tetrix ;
peut-être aussi le dessin des flancs indique-t-il encore quelque peu
son mélange? A la rigueur même, sur le dos, le dessin pourrait
passer pour intermédiaire. (On doit noter que quelques rectrices
sont bordées de blanc ; les autres plumes de la queue ne portent
point cette bordure, mais cette absence de blanc est peut-être due à
l'usure des barbes). Le bec paraît plus faible que chez tetrix; les
pieds et les ongles semblent avoir été de teinte claire. L'iris est
brun verdàtre clair ; était-ce la couleur primitive ? Néanmoins,
l'Oiseau est bien plus tetrix <\u'uro!jalliis, qu'il ne rappelle que par
quelques marques. Ses plumes, qui ont été froissées ou mutilées,
manquent en plusieurs endroits ; ces détériorations se produisent
forcément chez les Oiseaux vivant en réclusion.
ADDITIONS, CORnECTIONS ET EXAMENS d'APUÈS NATURE o43
Nous avons dit que Son Altesse le prince de Schawrzenberg
possède dans son Musée de cliasse de Frauenberg la seconde
femelle obtenue du nn^nie élevage. Nous avons adressé au i)riuce
l'aquarelle de l'Oiseau qui vient d'ôti-e décrit. Celui-ci, ayant com-
paré les deu.x pièces, a bien voulu nous faire savoir que la légère
difTéreuce qui existe entre son sujet et l'individu qui est représenté
consiste : !<> dans la teinle un peu plus grise des plumes qui, chez
le premier, bordent le dessous du dos ; 2° dans les taches blanches
plus nombreuses des plumes rectrices. A part cela, l'effet général
est à peu près le même.
Le croisement du T. umijdllus 9 avec le T. tclrix c? obtenu chez
M. Kralik n'a donc pas donné des produits femelles exactement
semblables aux Poules sauvages considérées comme hybrides.
Mais ceci ne |)rouve pas que les Poules sauvages soient d'espèce
pure. La captivité change la forme, l'allure, la teinte, les caractères
des Oiseaux qui la subissent, surtout lorsque ceux-ci naissent en
cet état, et les modifications qu'ils y subissent sont de nature à
tromper l'œil lorsqu'il s'agit d'examens aussi difficiles, puisque
ces examens lorsqu'ils sont faits sur des sujets empaillés, ne portent
en général, que sur des différences de ton et de dessin très légères.
Il en est tout autrement pour les mâles en couleur. Chez ceux-ci
les teintes sont assez tranchées, assez bien définies et nettement
accusées pour qu'on puisse établir entre les produits sauvages et
les produits domestiques d'utiles parallèles. Du reste, si l'aspect
général et la taille des deux Poules de M. Kralik ne sont pas les
mêmes que chez les Poules sauvages, il faut reconnaître que ces
Poules présentent néanmoins certains |)oiuts de ressemblance, tels
que : le roux vif du poitrail, la couleur claire du bec, les dessins
des joues et du cou.
Deux autres femelles, tuées à l'état sauvage, nous ont encore été
adressées du Musée d'Upsala par M. Tycho Tulberg. Elles étaient
renfermées dans une caisse qui contenait les cinq mâles envoyés
du mémc^ Musée: nous n'avons pu nous emiiùcher de remarquer
leur taille très petite en comparaison de celle des mâles ; il existe
entre elles et ces derniers, sous ce rapport, une véritable dispro-
portion."
L'une d'elles a beaucoup d'analogie avec la Poule achetée par
M. de Selys-Longchamps à M. Niiger, non-seulement par le plumage
(coloration et dessin), mais môme aussi par le montage. Toutes
deux se trouvent dans une position semblable ; on croirait voir
les deux mêmes Oiseaux ; cependant, dans la partie du dos, l'aspect
544 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
du dessin n'est pas tout à fait le niênie. — Chez celte Poule, la queue
ne s'arrondit pas du côté droit, comme elle s'arrondit chez l'itro-
galhis 9 pure espèce, car ses rectrices extérieures dépassent quelque
peu celles du milieu. Par ce caractère, l'Oiseau parait réellement
hybride, quoique différent de celui de M. Kralik. Il est malheureu-
sement détérioré à la tête et assez mal empaillé (1).
L'autre femelle ne paraît être qu'une petite Poule urogallus ; elle
pourrait passer facilement pour telle. Néanmoins nous l'avons fait
peindre, comme la précédente, afin de pouvoir nous la rappeler,
lorsque notre matériel d'observation aura pu être augmenté. Quoique
nous ayons examiné attentivement bon nombre d'échantillons des
deux espèces mères, nous n'avons point vu tous les types et variétés
qui se produisent chez elles, types et variétés diverses qu'il serait
cependant utile de connaître toutes pourque nos examens laborieux
puissent devenir tout à fait parfaits. Le trait qui nous a paru diffé-
rencier cet Oiseau d'une femelle urognllus pure, c'est la petitesse des
taches du cou et la taille moindre; mais peut-être trouverait on des
traits semblables sur d'autres Poules urogallus^ Notous encore que
son bec est uniforme de ton et point extrêmement foncé.
Nous ne terminerons pas ces descriptions sans faire savoir qu'au
Muséum d'Histoire naturelle de Paris existe une femelle de Tetrao,
étiquetée « tetrtx», mais qui, par sa grosseur et par le jaune roux
du devant du corps, pourrait passer pour hybride de « teti'ix et
d'urogallus. » M. le D' Paul Leverkiin nous a aussi adressé une
Poule uro,9a//M.s indiquée comme « prenant le plumage du mâle »,
mais qui se laisserait prendre volontiers jtour un hybride des
mêmes espèces, si l'on considérait le dessus de la croupe et de la
queue. En outre, on pourrait croire la mandibule du bec empruntée
à tetrix ; le bec est lui-même petit, et l'Oiseau, dans sa longueur,
n'atteint pas tout à fait les dimensions d'une autre femelle de la
même espèce qui l'accompagnait. Il* faut cependant reconnaître
que la queue est complètement en éventail, comme chez l'Urogalle;
du reste, nous sommes loin de dire que ces Oiseaux soient des
hybrides.
M. Smit a eu la bonté de nous écrire du Musée de Stockolm que
deux femelles de Rackel, qui existent dans cette collection, sont
(1) Une des deux femelles conservées au Musée de l'Académie de Saint-Péters-
bourg ressemble tout à tait parait-il à cette Poule, tamlis que la seconde se
rapproche du type de la femelle du tetrix. (Couimunication de M. Th. Pleske auquel
nous avons adressé l'aquarelle du sujet dont nous nous occupons).
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 545
très difTérenles l'uue de l'iiiitre. Dans sn visite au Musée de Saiot-
Pétersbourg. M. J. H. Giirney ( I) couslale (|iie les femelles hybrides,
conservées dans ce Musée, jiaraisseut exacteincut semblables à de
petites femelles Capercaillie {iirugallus).
Ces dernières remarques sont failes pour montrer la difliculté ([ui
se présente lorsque l'on cherche à distinj^uer les Poules hybrides des
femelles d'espèce pure. Peut-être bien que des sujets qui ont une
double oriiïine passent inaiierçus dans les colleclions, ou plutôt
encore prend-on poui' hybrides des Poules qui n'ont point une
origine mélangée. La chose est fort possible ; le croisement des
espèces mères tenté eu domesticité est, on l'a vu, incapable de
résoudre la question.
Faisons observer, en terminant ce trop long chapitre sur le
Rackelhane, que c'est probablement à tort que nous avons indiqué
une femelle de Rackei au Musée de (]olmar (2). .M. le D' Faudel,
directeur, nous informe en elïel qu'il n'existe pas de Poule de ce
genre dans ce .Musée; nous aurions commis une erreur du même
geni'e en indiquant une autre Poule hybride dans le Musée de
Lausanne (3), car aucun hybride $ tetri.r X uragallus ne paraît
être conservé dans cette collection.
Tetrao albus et Tetrao urogallus
M.James A. Grieg, conservateur du Muséum de Bergen (Norwège),
a décrit, pour la première fois, le produit de ces deux espèces (4).
Tout d'abord, paraît-il, l'Oiseau avait été pris pour une variété
albinos de Vunxjdllits qu'il rappelle par ses marques caractéris-
tiques. M. Grieg n'avait point songé à la possibilité du croisement
de i'iiroi/allus avec le fAigopua allnts, quoique la taille fiU plus petite
qu'à l'ordinaire. Ce détail n'avait pu retenir l'attention de l'orni-
thologiste parce que, on le sait, les Poules urogallus dillèrent
beaucoui) les unes des autres i)ar leurs dimensions. Une insi)ection
plus minutieuse lit voir qu'il ne pouvait être question d'un urogallus
affecté d'albinisme.
Cet hybri<le avait été trouvé dans un lot de Coqs de bruyère et
de Poules de neige (ju'un marchand de gibier avait reçus, au
(1) Rambles of'a naturalist. p. 17.
(2) Voy. p. 'M (lu lirnt;e it pari et p. 303 (lis Méin . (1890).
(3) Viiy. mêmes pa^es.
(4) In Bergens Muséum Aarsberetning, for 1889.
546 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
commencement de mars 1889, de Mo-Ranen (Nordland). M. Grieg
pense que l'Oiseau a été attrapé dans les derniers jours de janvier
ou ati commencement de février, car il était encore très fraisa son
arrivée à Bergen. Il croit i:ussi qu'il a été pris au lacet ; on remarque
en effet, sous la peau, à la place même des plumes qui manquent,
une forte empreinte rouge; sans doute l'Oiseau, voulant s'échapper,
ses plumes ont-elles été enlevées par le frottement.
La description que M. James k. Grieg a donnée de cet intéressant
spécimen (1) est la suivante : (( La première penne des ailes est plus
longue que la septième, la seconde plus longue que la sixième, la
troisième et la quatrième sout d'égale longueur, la cinquième un
peu plus courte que ces dernières, mais plus longue c[ue la seconde.
La queue, qui avance au-delà de la pointe des ailes d'une longueur
de 120"™, est légèrement arrondie. Les pennes rectrices sont au
nombre de dix-huit. Le doigt de derrière est comme chez la Poule
de neige, c'est-à-dire tout à fait court. Comme couleur, le plumage
ressemble à celui du Lagopède dans la saison d'hiver. Une large
bande à raies grises et noires passe eu travers du front ; cette bande
(ou ceinture) devient, sur la tête et le long du cou, plus uniforme
en couleur. Entre cette division et l'œil se trouve une bande blanche
qui s'étend, à partir du bec. jusqu'à une certaine partie du cou, où
elle devait se rencontrer avec la bande blanche de l'autre côté de
la tête. Toutefois, on ne peut pas préciser ce détail avec certitude,
la plupart des plumes du cou et de la queue ayant été, comme on
l'a observé, enlevées par le lacet. Entre les yeux et les coins du
bec, de même sous le menton, on aperçoit un espace noir; autour
des narines une petite partie est noire parsemée de blanc. Le cou
inférieur est d'un blauc très pur, mais sur les côtés il passe plus
ou moins au gris; quelques plumes isolées sont en outre marque-
tées de noir ou rayées.
« Les plumes du dos sont, comme chez le Coq de bruyère, gris noir
et parseméfsde brun, mais les bordures sont blanches; quelquefois
ces bordures ne sont que très petites, à ce point que l'extrémité
seule des plumes est teintée de blanc, mais en général, elles sont
assez larges, et par là le dos est d'un très bel aspect. La partie
supérieure du croupion est de la même couleur que le dos. La poi-
trine porte un grand bouclier noir qui correspond à celui du grand
Coq de bruyère, sans être toutefois aussi grand que chez ce der-
nier ; ce bouclier laisse voir un éclat métallique vert, mais point
(1) In op. cit. l'Cetologiske notiser. En zoologisk exhursion til Husoenj.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 547
aussi vif que cljez l'Urogiillo (1). L;i |);irtie inférieure et les càtés
sont blancs, les tuyaux des plumes réuiii-es de la main sombres: la
barbe exiérieiirc liliinche, l;i baibc intérieure d'un brun noir avec
des taches blanches et des points blancs. Les plumes rémiges du
bras ont une poiute très large et blanche; au-dessus de cette pointe
elles sont colorées comme la barbe intérieure des plumes rémiges
de la main, tandis que les plumes tectrices de cette partie sont
presque complètement blanches et celles du bras presque colo-
rées comme celles du dos. Les tectrices inférieures sont blan-
ches, les rectrices ou caudales noires avec une pointe blanche ;
cette pointe est, comme chez la Poule Schnee-Birkbuho, très
large sur les plumes du milieu, mais elle diminue de chaque
côté et, sur les plumes les plus extérieures, elle apparaît comme
un petit point à l'extrémité des plumes. Les plumes les plus hautes
des couvertures de la queue sont colorées comme le dos et le haut
du croupion, cependant la couleur blauche domine. Au contraire,
les plumes les plus basses des couvertures de la queue ont la cou-
leur des rectrices médianes, elles sont noires avec large pointe
blauche. Les plumes rectrices du dessous sont blanches; les jambes
et les doigts de la même teinte, (lommela Schnee-Haselhuhn, cet
hybride n'a qu'une partie des doigts couverts de plumes; la partie
placée près des ongles est tout à fait nue. Cette partie nue est,
comme chez le Coq de bruyère, recouverte en haut d'anneaux
cornus et sur les c(Més d'une rangée de scutelles (ou écailles) rondes
sous lesquelles se trouvent les petites lames caractéristiques du
genre Tctrao. Ces petites lames, colorées d'un gris blanc, sont
considérablement plus grandes que celles de la SchneeBirkhubn,
mais elles n'ont cependant pas la grandeur de celles du Coq de
bruyère. Les ongles ressemblent plus à ceux de la Poule de neige
qu'aux ongles du Coq de bruyère: ils sont longs et larges, légère-
ment courbés, de couleur corne sojnbre, pas autant prononcée
que chez le Coq de bruyère. L'ongle du doigt du milieu a .'i mill.
de large à la racine. »
M. Grieg décrit ensuite le bec, les yeux, les bourses, l'estomac,
le jabot, l'os de la poitrine, les flancs, le bassin, etc. Nous regret-
tons de ne point entrer dans tous ces détails, cependant iutéres-
(1) L'auteur remarque ici que le Sdinec-Blrltlnihn porte aussi un semblable
bouclier sur la poitrine, innis son éclat métallique est quelque peu violet, de sorte
que s'il n'existait point d'autres dillérences entre ces deu.x hybriiles, on pourrait
encore les distinguer facilement par léclat métiillique qui est ditlérent.
548 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
sants, iiiiiis qui nous mèneraient très loin. On pourra, pour se
rendre compte des dimensions de la tête et du cou, consulter
une planche ornant le travail de M. GrieR et où figurent en
contraste les têtes des deux espèces mères et celle de leur produit
supposé.
Autant que le conservateur du Musée de Bergen le sait, <( la Moors-
clmeehuhn ou Lagopède des Saules n'a jamais été vue, pas plus que
la Birkhuhn (T. tetrix] dans les localités où l'Auerhahii ( T. urogalbts)
s'apparie; on est cependant fondé à croire, dit l'éminent natu-
raliste, que l'hybride qu'il décrit (1) descend du Lagopède des
Saules, car il n'est guère proljable, sinon impossible, ajoute-t-il,
que l'Alpenschneehuhn se rencontre dans les localités où le Coq de
bruyère habite. Par contre, on a souvent rencontré des familles du
Lagopède des Saules sur le terrain où habitent des familles de Coqs
de bruyère, ainsi que cela a été plusieurs fois mentionné dans la
littérature zoologique. » M. Grieg cite, pour trouver un exemple, la
chasse aux Coqs de bruyère mentionnée par Bath (2).
Mais on ne saurait déterminer, d'après lui, d'une manière cer-
taine, si cet hybride descend d'un Tetiao uroijallm^ mâle et d'un
Lagopus albux femelle ou du croisement inverse. Néanmoins, comme
on admet maintenant que le Lagopus-tetrici-albus descend de
Vuroçallus 9, il est fort probable qu'il en est de même chez son
exemplaire. Il lui paraît difficile d'admettre qu'un albns 9 ait
produit un si gros Oiseau.
M. Grieg s'est livré, comme on le voit, à une étude minutieuse
et à un très sérieux examen du sujet fort rare conservé dans la
collection qu'il dirige. Il faut certainement un œil exercé et une
connaissance approfondie des deux types purs dans leurs difléreutes
livrées pour discerner entre un nrogalliis à demi-alhinos et un
hybride de cette espèce avec le Lagopède des Saules; mais M. Grieg
a certes ces qualités. ,
Celui-ci a bien voulu faire exécuter pour nous une peinture à
l'huile, grandeur naturelle, de cet unique exemplaire. Nous ne
saurions contredire l'éminent naturaliste dans ses appréciations.
Par le vert que l'Oiseau montre sur les régions pectorales, il est aisé
de voir, comme le disait le descripteur en commençant son examen,
qu'on n'a point affaire à un hybride de Lagopède et de tetrix,
hybride beaucoup plus commun et qui, du reste, n'atteint jamais
(1) De même que la Sehnee-Birkhuhn (te<ri.ic X <i""is) ?' 'a Schnee-Haseihuhn
I albus X bonasa).
(2) Norges Fuglewild, p. 43.Ï.
ADDITIONS, CORRKCTIONS KT KXAMENS D'aPRÈS NATURE o43
uue taille aussi grande. La queue arrondie est encore une preuve
que le trtrir ne peut tHre considéré comme i)ro^énileur. — Certes,
une peinture ne permet pas de se rendre compte de tous les carac-
tères qu'a considérés M. Grieg, mais elle |)ermet de juger l'Oiseau
par son aspect général. Or, tel c|ue l'Oiseau se iirésente, il donne
bien l'aspect d'un croisement du Tctrao urognllus avec le Layopus
albus.
Nous ne douions point (si l'origine qu'on suppose est réelle)
que le Lanopus ne soit le véritable père et non la mère; cette
manière île voir parait beaucoup plus lationnelle. Mais, toutefois,
quelle disproi)orlion de taille entre les deux espèces réputées mères!
L'urofjallus est grand comme un Dindon et Vallius petit comme une
Poule cayenne. Ce croisement surprend donc vivement au premier
abord. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que le Tetrao urognllus
et le Laçiopua albus sont, à part leur taille, deux espèces l)ieu
voisines et de mœurs semblables. Fuis, ne l'oublions pas, l'authen-
ticité de l'hybride n'est pas absolument démontrée ; un albinisme
produisant les résultats constatés n'est point insoutenable.
Nous regrettons que M. Grieg, qui a écrit une description si
minutieuse de toutes les moindres parties du plumage du corps et
des proportions de l'Oiseau, n'ait point fait ressortir les caractères
qui font ressembler cette pièce tantôt à une espèce, tantôt à une
autre. Une démonstration de ce genre aurait eu son utilité. Si elle
a été établie pour certaines parties, elle ne parait point, autant
que nous pouvons en juger (1), avoir été faite pour toutes.
Lagopus scoticus et Lagopus .mutus
Lagopus albus et Lagopus mutus
(Se reporter pp. 54 et 55 ou pp. 307 et 308 des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
Sous ces deux litres, nous avions cru devoir désigner deux croi-
sements différents ; mais le Lagopus albus serait le même Oiseau que
le f.agopus scoticus, ce dernier étant simplement la race anglaise
du T. albus, répandu sur le continent européen. Il y aurait donc
lieu de réunir sous un même litre les deux croisements qui ont
fait l'objet de deux articles séparés. M. John Handcock, le regretté
(I) La description de M. (jrieg est écrite en Allemand: notre traduction peut être
incomplète.
530 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A l'ÉTAT SAUVAGE
ornithologiste du Northumberland, s'est étendu longuement sur
ce sujet (1) et a conclu à l'identité des deux espèces. C'est l'avis de
M. de Sélys-Longchanips, et M. Oustalet n'émet point de doutes à
cet égard ; si notre opinion avait quelque poids, ce serait aussi la
nôtre. Nous sommes donc suroris de trouver encore les deux types
figurant à titre d'espèce dans des livres d'ornithologie d'un grand
mérite. « Le red Grouse (A. scoticus), dit avec raison M. Handcock,
est si près du L. saliceti (ou albus), que les deux espèces peuvent à
peine être distinguées dans leur plumage d'été; elles s'accordent par
leur taille, dans la couleur et les marques du plumage. M. Handcock
avait en outre appris de M. Norman-Cookson que le cri du /.. saliceti
est exactement semblable à celui de la forme britannique. Cepen-
dant le bec du premier est ordinairement un peu plus fort que
celui du second. Le changement en blanc qui s'opère dans l'hiver,
chez le /.. saliceti, est le seul point distinctif de quelque importance,
quoique L. scoticus soit lui-même trouvé dans la même saison avec
beaucoup de blanc sur les parties inférieures. La collection de
M. Handcock possède un exemplaire tué en Northumberland et
« chez lequel le blanc s'étend de la poitrine à l'anus et de flanc à
flanc, le plumage du ventre étant un peu rompu de brun. Les plus
grandes et les plus petites couvertures sont poiutillées de blanc, les
couvertures inférieures blanches et les couvertures de la queue
largement pointillées de blanc. » Un autre exemplaire, autrefois
dans la même collection, (( montre une grande quantité de blanc
sous le ventre et les couvertures inférieures de la queue; le bord des
ailes et les couvertures inférieures sont blancs aussi ; les plus grandes
et les plus petites couvertures sont pointillées de la même couleur. »
M. Handcock conservait encore la dépouille d'un spécimen tué en
Weardale et ayant « les primaires, les couvertures primaires et la
fausse aile d'un blanc pur, comme sont les tuyaux des grosses
plumes. » Cependant, d'après la remarque de l'émiuent ornitho-
logiste, dans le L. saliceti, « les tuyaux des grosses plumes sont
ordinairement sombres sur la surface supérieure. » Ajoutons, pour
confirmer ces exemples, qu'au Muséum d'Histoire naturelle de
Paris existe un Layopus scoticus en partie blanc (2).
(1) A. Catalogue oj Ihe Birds of Northumberland itnd Durhani. in Natiiial
History Transaclions of Northumberland, Durham, elc, VJ, p. 88, 1874.
(2) M. Handcock pense aussi que le Plarmigan d'Ecosse elle Rock Grouse d'Islande,
du Groenland, de Laponie, de Norwège et de Russie sont races d'un seul type.
Nous ignorons quel est l'Oiseau désigné par M. Handock sous le nom de « Rock
Grouse. »
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 551
Lagopus scoticus et Lagopus mutus
(Se reporter p. 54 on p. .')l)7 îles Mém. ilc la Soc. Zool., 1S90).
L'individu nioutré par le prof. Newloii à l'une des réunions de
la Société Zrtologique de Londres ])endaiit l'année 1878 et supposé
produit par le croisement de ces deux espèces a été, nous informe
le savant professeur, critiqué par M. Millais, dans son ouvrage :
« Game liirds nnii Shoolimj Shctchis », où lOiseau est représenté.
M. Newton s'était promis de nous le communiquer, mais il n'a
pu le retrouver dans le Musée de l'Université. Nous le regrettons
vivement, car nous ne connaissons l'ouvrage de M. iMillais que
par quelques extraits ([ui ont été publiés dans le Z(Jo/o.7?.st (1). La
petite figure en noir qui y est reproduite ne peut, quoique bien
litliographiée, donner une idée exacle de la coloration et même
du plumage de l'Oiseau douteux. Voici ce que nous lisons :
(( One would imagine that from the close association and simi-
larily of sti-ucture of two species. Grouse and Ptarmigan would
frequeutly be found breediug togelher; but sucli is for from being
the case. Tliere is no perfectly aulhenticated instance of such a
hybrid, and I hâve only given the illustration of this supposée
cross because il is believed to be such Ijy more thau one eminent
ornithologist. The bird possesses ail the points that such a hybrid
should hâve, the head and neck closely resembling the head of an
autumn lien Ptarmigan, and the tail and the lail-coverts being also
alike, so that the bird is as likely as uot lo be a genuine hybrid
the two species. It wasshot, ajoute M. Millais, on the 1 st Sept. 1878,
by Mf \V. Houston, a well-kuown vétéran Highland sportsman.
He killed it on the Ptarmigan ground above bis bouse al Kiu-
tradwell, Brora, Sutherland, as il was llying wilh a covey of Grouse.
Aflerwards he sent il lo Professor Newton, of Cambridge, who
placed it in the muséum of that town. »
Nous n'avions point parlé d'une autre hybridation que feu
François Day avait mentionnée dans ses Notes parues dans le
Catlesirolil I\'nliinili^t's Fielil i'inh [i). Ce fait nous avait échappé,
quoique cité encore dans le Field (.'{). Le jeune Coq, soi disant
hybride, avait été tué le 16 août sur lesGarth Noors, par sir Donald
Currie et désigné dans cette dcrnirre feuille sous le titre de variété
(Il Niiinon) lie Sepliciibrc isy'é, ii* :ti:t. p. Xi'i et suiv.
(i) Notes sur riiyhridalion. l'roceedings de ce Cliil), IX, part IV, p. 342, 1888-8S).
(3) Nuuiéio du ■& Aoùl 188».
552 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
(( Curious cariety o( the red (irouse (1); » l'auteur (dout nous n'avons
pu connaître le nom), imaginait cependant, (( si une telle chose
était possible, » un croisement entre la Grouse et le Ptarmigan.
L'Oiseau ayant été adressé à M. Malloch, de Perth, nous avons
écrit à ce dernier pour obtenir quelques indications au sujet de
cette capture, mais nous n'avons pas reçu de réponse. Nous ignorons
donc si le spécimen figure actuellement dans quelque collection
particulière ou dans quelque musée. Il était, paraît-il, accompagné
de la mère et de cinq jeunes, dont aucun (( ne montrait la même
particularité. »
Voici son signaleuient : « The back is nearly white, slightly
speckled with light browu, with a small patch of dark Grouse
feathers on either side, close to the pinious of the wiugs. A
couple of corresponding dark patches lie immediately below the
wiugs, on the body, while the breast is of a very light colour,
in which white feathers predomiuate, with a dark line down the
centre. The tail is white, shading off to a pale slate colour at the
tip, and the outer feathers of the wings are pure white, faintly
tipped with grey. The feet are like those of olher Grouses, but the
pads are distinctly yellow, instead of the usual green-grey colour
of the ordinary young Birds on thèse moors. »
Lagopus albus et Lagopus mutus
(Sp reporter p. iiS ou p. 308 des Méiii. de la Soc. Zool., 1890).
Nous avions cité d'après M. le prof. Collett, de Christiania, un
individu mâle, produit supposé de ce croisement. Le savant pro-
fesseur nous informe qu'il est maiuteuant enclin à voir dans ce
produit, non l'hybride qu'il avait tout d'abord supposé, mais sim-
plement une variété curieuse de plumage dont le Lagopus se revêt
quelquefois à la tin de l'été.
Le croisement du Lagopus albus avec le Lagopus tnutus est donc à
rayer de notre liste, comme il y a lieu sans doute de rayer le
produit du :
Tetrao tetrix et Lagopus mutus
(Se reporter p. 36 ou p. ;i09 des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
Tout en parlant en général de ce croisement, que le même pro-
(4) Voy. p. 279.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATURE SS3
fesseur croit peu probable piirce que les deux espèces habitent des
lieux (iifTércnls ( Ij, nous ii'avious i)oii)l cité de faits pn^cis, ni donné
la descripliou d'aucun hybride. La n Diana (2) » a fait inentiou d'un
tel produit, tué eu octobre 1889, dans les montagnes de l'Entlebuch,
canton de Lucerne. Mais ce curieux Tétras ne serait, pour
M.Fatio (3), « ni un bâtard du rcimo tclrir X Idgaima aljiinux, comme
l'avait d'abord supposé, avec quelcjucs réserves, M. A. Schwgtzer,
de Buonas, ni un simple albinos de la première de ces espèces,
ainsi que l'avait déterminé M. H. Sulermeister Rahn. »
De minutieuses comparaisons avec de nombreux individus de
Tetrao tetrix et de LaijOjms alpiniis, <^ ad. $ et jeunes à différents
âges, ont amené le naturaliste de Genève « à la conviction qu'il
y avait ici plus qu'un sim|)Ie cas d'albinisme et qu'il importait
de faire entrer dans la discussion des éléments nouveaux et plus
complexes .»
M. Fatio croit i|U(! l'on a souvent considéré à tort comme hybrides
de Laiiopiis des Tétras c ([u'uu examen plus circonstancié eût
démontré simples variétés albines du Tetrao tetrix. n (Cet aveu est
utile à retenir), f^es principales raisons qui, pour lui, militent
contre l'idée d'un produit liybridc, sont : ([ue le Tétras de l'Entle-
buch emprunte tous ses caractères au Tetriv, aucun trait au Lagopus
alpiniis, et qu'il se rapproche bien plus du Tetrix que du jeune
mâle de celte espèce.
Quant à savoir si on a affaire à une bizarre variété albine mâle
ou à une femelle en partie albinos qui devrait à un défaut de
développement de l'ovaire à la fois la stérilité et certains apanages
du mâle, il eiU fallu, au préalable, pour résoudre cette question,
un examen aoatomique très minutieux.
« N'étaient, dit le docteur, quelques petites plumes à axe pûle,
mais très usées (dont il a discuté l'importance), on pourrait presiiue
croire à une vieille femelle prenant, sous l'inlluence de la stérilité,
le plumage et les attributs du mâle. La stérilité pouvant être de
naissance, on doit se demander aussi si la couleur du plumage et
la forme de la queue ne pourraieni pas être ainsi atïectées dès la
seconde année de vie. Mais comme l'albinisme peut être également
ou de naissance, ou accidentel, ou de vieillesse, on ne saurait guère
voir là une indication certaine de l'âge de l'individu. »
(1) Voy. « Un hybrid. Grouse u, l'ntceeilings ol llie scienUUc mefliiig ol llie
Zoologiciil Socieiy ut Loiiilon. XVI, p. 233 (en note), 188C.
(2) Niimi^ros Hu I" au 15 Juillet ISiK).
(3) Le cuiieux Tétras de VEntlebucli, pir V. Kalio. Journal « Lii Diana •
Berne, l.'i Août 18»J.
554 OISEAUX HYBRIDES HENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Que d'hybrides supposés ne sont peul-èlre autres que des sujets
de ce genre, empruntant leurs caractères bizarres à des anomalies
et non à un croisement de leurs auteurs!
Tetrao tetrix et Bonasa betulina
(Se reporter p. 56 ou p. 309 des Méin. de la Soc. Zool., 1890).
Nous n'avons pu, à notre regret, examiner l'hybride que M. Dresser
montra, en 1876, à la Société Zoologique de Londres, hybride repré-
senté par M. le D'' A. B. Meyer dans son grand ouvrage sur les
Tétraonidés. Madame V. Flower, qui le possède, n'a point consenti
à nous l'adresser en communication. Nous n'avons point été plus
heureux en demandant les hybrides conservés au Musée de Saint-
Pétersbourg. M. Th. Pleske, auquel nous nous étions adressé, n'a
pas cru devoir nous les envoyer, la douane paraissant mutiler les
Oiseaux à leur retour. Mais M. Tycho Tulberg a bien voulu nous
faire parvenir une pièce nouvelle qu'il vient d'acquérir pour le Musée
Zoologique d'Upsala, l'hybride précisément décrit par M. Kolthoiï (1).
Autant que nous avons pu nous eu rendre compte, cet exemplaire
ressemble d'une manière étonnante à l'Oiseau peint par le
Dr Meyer, ainsi qu'au mâle représenté par M. Pleske (2); cependant
ces trois hybrides ne sont point absolument les mômes.
Voici sa description (3): la taille n'est point intermédiaire entre
les deux espèces, elle atteint presque celle du totrix. La queue,
très échancrée, rappelle encore ce type, toutefois les rectrices ne
se recourbent pas autant en arrière (4). Par sa forme et même sa
coloration (elle est poinlillée vers le milieu), elle rappelle celle du
Lagopus-tetrici-albus si connu. Le bec est bien noir (noir d'ébène) ;
au-dessus de l'œil se voit un peu de peau nue et rouge. Rien de
particulier en ce qui concerne les plumes qui couvrent les tarses,
les tarses des deux espèces réputées mères étant emplumées de la
même manière. Ces plumes sont de couleur blanchâtre traversée
de brunâtre.
Si l'Oiseau n'était point aussi fort, on pourrait, au premier
(1) In liiliany ïill K. Svenska Vet-Akad. Handlingar, Baiid 17, Afd. IV, n» 2.
Slockolm, IS'Jt.
(2) In Méni. de TAcad. des Se. de Saint-Pétei'sbourg, XXXV, n" 5.
ÇA) Sur l'étiquette qu'il porte, on lit : « Tetrao bonasio-tetrix, Bogdanow — Habo,
Vestergieoland 7,11 189U. (iustaf Koltiiofl. »
(4) Elles sont presque noires et celles qui se rapprochent du milieu sont large-
ment frangées de blanc.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 35b
abord, le prendre pour uu Tetrao canadensis qu'il nippelle par ses
plumes eu écailles devant et sous la poitrine, aussi et surtout par
la disposition de la gorjjotte lilauclio en forme d'arc. On se demande
même comment il se fait ((ue la collerette hlanclie, qui descend de
la ligne des yeux et forme un collier comme chez le Tetrao cana-
densis. puisse (^tre si réi^ulière sous la so'"oi' ^t rappeler si Itien
celte espèce, car le type Hamisa duquel on le pense proveuir ue
présente pas une telle régularité ? Tout en constatant que les
plumes du devant de la Bonaaa peuvent, dans un mélange avecle
telrir, produire l'elïet que l'on aper(.'oil chez cet hybride, tout en
constatant aussi que le noir qui, chez la même espèce, commence
sous le bec et s'étend devant la gorge, peut déterminer la séparation
de la partie que nous nommons gorgetle du reste du plumage, on
doit néanmoins reconnaître qu'il se produit dans cet hybride un
phénomène étrange : à savoir que le croisement de la Gelinotte et
du ti'tri.r peut donner nu ])roduit l'appelant si bien l'espèce cana-
densis] Nous avons fait peindre l'Oiseau de grandeur naturelle. Le
portrait est très exact en tous points.
Lagopus mutus et Bonasa betulina
(Se reporter \<. 59 ou p. 312 des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
Nous avions signalé une pièce ; nous ne l'avions point décrite.
Depuis notre publication, le comte Arrigoni degli Oddi a fait une
étude très .sérieuse du sujet (1), et le comte J. B. Camozzi Vertova,
sénateur de Berganie, au(iuei l'Oiseau appartient, a bien voulu nous
l'adresser en communication. Afin d'en garder le souvenir, nous
l'avons fait peindre, comme le précédent, de grandeur naturelle, on
trouve en outre une lilliogi-aphie coloriée de demi-grandeur dans
le mémoire de M. degli Oddi.
Nous avons remarqué, à notre surprise, qile l'Oiseau est presque
aussi fort, sinon môme aussi fort, que le Lagopus albus. (On sait que
les deux espèces, H. hettilimi et L. iniilnx, sont deux Tétras de
petite taille). Aussi, dans l'hypothèse d'un croisement, nous sommes-
nous aussitôt demandé si on ue devait point référer cet hybride
au mélange du /,. albus avec la Bonasa? On nous avait dit en eflet,
(1) Notize sopra un ibrido di Lagopus inulus e Bonasa betulina apparte-
nente alla coHeiionc ornilhologica del conte G. H. Catnozzi-Vertova. Sola del
Dott Kttore Arrigoni degli Oddi (con iina lavoln rolorala). K.slrallo dagll AtU
délia Socielà italiaiia di Scii'ii/.c iiatuiali Milaiio, 18'J:i.
556 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
que le L. albus se rencontre aussi facilement que le L. mutus dans
les montagnes de Bergame, et que, dans l'endroit où l'Oiseau avait
été obtenu, la Bonasa seule est maintenant devenue très rare. Mais,
si nous en croyons M. le comte Oddi, le L. albus n'existe pas en
Italie (1).
Néanmoins, vu la taille de l'Oiseau, nous avons voulu procéder
à son examen avec des pièces mutus et albus: la description et les
comparaisons que nous avons faites en présence de ces deux
espèces et du type betulina se résument ainsi : la pièce est montée
très haut sur pattes ; elle est d'aspect plus albus (ou même mulus) que
Bonasa. Le dessus du corps et la coloration grise, non rouge,
rappelle le mutus (2). L'iris (artificiel) est brun. Les pennes
rectrices, qui sont toutes largement bordées de blanc, paraissent
très courtes. Le sont-elles effectivement ? L'effet produit n'est dû
peut-être qu'aux plumes de recouvrement qui s'avauceut très avant
sur la queue. C'est surtout par le dessin de ces plumes rectrices
que l'Oiseau montrerait son mélange avec la Bonasa. En effet, toute
la partie supérieure n'est pas uniforme de ton, comme chez le
Lagopus, ou chez le L. mutus ; mais elle est piquetée comme chez la
Bonasa. Toutefois la partie inférieure foncée ne dessine pas com-
plètement une frange comme chez cette dernière espèce ; cette
partie est plus irrégulière et plus étendue en hauteur. Puis, chez
Bonasa, les deux rectrices médianes, qui recouvrent légèrement les
rectrices, sont privées de cette frange ou barre transversale. Or, sur
l'exemplaire du comte Camozzi, une seule plume médiane est privée
de cette barre (3). En outre, on remarque que le pointillé des rec-
trices n'est que du côté extérieur, la partie uniforme se montre
même déjà le long de la tige dans les parties extérieures et couvre
complètement la barbe intérieure.
Les pieds, eux-mêmes, tendraient à rappeler Bonasa, car ils ne
sont point entièrement recouverts de petites plumes blanches ; ces
petites plumes cessent avant la naissance de l'ongle, laissant ainsi
(1) Voy. la note p. 6 de son travail.
(2) La coloration du Lagopus albus en été est rouge ; elle est grise chez mutas.
(3) Du reste un des exeniplaiies Bonasa de noire collection n'en a qu'une aussi;
peut-être la deuxième plume manque-telle'.' Nous comptons, en effet, chez nos divers
exeniplaires, tantôt 16, tantôt 17, tantôt 15, tantôt même seulement 13 rectrices,
et précisément l'exemplaire qui ne présente qu'une harie est de ce dernier nombre.
Il semble que l'on puisse en trouver l;i chez le spécimen de M. Vertova '? — Chose
bizarre, sur l'aquarelle que nous avons tait exécuter de grandeur naturelle et qui
est très fidèle, les deux rectrices médianes sont sans trace de barre ! Nous serions-
nous trompés, ou est-ce le peintre qui a commis une erreur '?
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 557
l'extrémité desdoigts à découvert. (Ou sait que les doigts de miitus
et d'iilhus sout entièrement recouverts de plumes). Enfin, la façon
dont le plumage blanchit ne semble rappeler ni le mutus ni Valbus.
— Constatons eucore que le bec du f.agopus iilbia est plus fort que
celui du L. mutus ; le bec de l'exemplaire de M. Camozzi est plus
fort que celui du /,. mutus. Si ce dernier spécimen n'a pas pour
parent le L. allnts, il ticudrait donc, par l'ampleur de sou bec, de
la Bonasa chez laquelle, il faut le faire remarquer, le bec est
plus fort dans l'espèce mntux.
Toutes ces particularités indiqueraient donc un Oiseau mélangé
ou pour mieux dire un hybride. Mais la taille, beaucoup plus forte
que celle de la Ronasa ou celle du mutus, rend, nous l'avons dit, la
supposition d'un croisement entre ces deux espèces peu vraisem-
blable.
Cependant pour M. le comte Oddi, l'Oiseau est bien un hybride;
ses pattes, sa queue, les parties inférieures en sont de suffisants
indices. Le feu prof, de Fiiippi (1) l'aurait considéré comme tel, se
basant sur le caractère des plumes des pieds. Nous n'oserions nous
prononcer; il nous paraît éliange, répétons le, qu'un mutus et une
tona.sa (les deux plus petites espèces européennes du genre Tetrao),
puissent procréer un individu de taille beaucoup plus forte que la
leur; puis les caractères mixtes ne sont pas assez tranchés, assez
nets, pour permettre, il nous semble, une conclusion aussi absolue.
Nous demeurons dans l'hésitation.
Lagopus albus et Bonasa betulina
(Se reporter p. 59 ou p. 312 des Méra. de la Soc. Zool., 1890).
L'Oiseau décrit par Koltholï, peint par M™» Gunilda Kolthofï, et
dont nous avions déjà parlé dans notre première publication, nous
a été gracieusement envoyé en communication du Musée d'Upsala
par M. Tycho Tulberg.
Nous avons peint nous-môme de grandeur naturelle ce charmant
Oiseau fort bien empaillé et plein d'intérêt.
Contrairement à ce (jui arrive chez le dernier exemplaire, cette
pièce représenterait bien plutùt le mélange du mutus avec la Bonasa
que le mélange de Vullius avec le même Oiseau, mélange qui a été
soupçonné par .M. KoltliolT. Mais quelques-unes de ses parties
foncées sout d'un roussàtre rouge, notamment sous la queue, et
(1) Cité par M. Oddi, p. 6.
558 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
semblent rappeler la couleur rouge du Lagopus albus. Toutefois,
comme l'espèce Bonasa hetulina est roussàtre elle-même, on peut
tout aussi bien attribuer le ton roux à l'influence de cette dernière.
(On sait qu'eu biver Valbits et le muttis. blanchis tous deux, se
ressemblent à tel point, qu'on ne peut les distinguer que par la
taille) (1).
Eu terminant notre premier article, nous faisions comprendre
tout l'intérêt qu'il y aurait à établir une comparaison entre cet
hybride et l'exemplaire de M. le comte Vertova. M. le comte Oddi
a tenté ce rapprochement à l'aide de la peau du premier et de la
lithographie coloriée du second. Pour lui, l'Oiseau représenté est
bien déterminé, attendu, dit-il, « qu'il a sur les parties supérieures
une teinte très netfe de châtaigne tirant sur le rouge (2) ».
Nous nous permettrons de faire observer à notre savant collègue,
que ce châtain tirant au rouge pourrait tout aussi bien provenir
du plumage de la Bonasa lietitlina. En outre, l'Oiseau possède peut-
être une moins grande quantité de parties foncées qu'il en existe
sur la chromo-lithographie de M"» Guuilda Kolthofî; d'aspect, il
nous a paru un peu plus blanchâtre.
Cependant, comme certaines parties du squelette sont, d'après
M. Kolthofî, plus fortes que chez f.. mittus, l'opinion émise par
celui-ci, puis par M. le Comte Oddi. est peut-être bien fondée; la
même manière de voir est du reste exprimée par M. Collett.
Mais, quoique sa double origine paraisse beaucoup plus assurée
que celle du précédent, (soit qu'il provienne du muius et de la
Bonasa, soit qu'il soit, au contraire, le produit de Valbtis et de la
Bonasa) (3), il ne saurait sans doute être déterminé sûrement.
Après avoir conservé longtemps entre nos mains cette pièce très
intéressante, après l'avoir étudiée soigneusement, fait peindre deux
fois, l'avoir peinte nous-même, nous l'avons décrite ainsi : Quoique
blanche d'aspect, elle a tout à fait la tournure de la Bonasa; elle est
plus forte que celle-ci sans atteindre la taille du Lagopus. Elle
pourrait à la rigueur passer pour intermédiaire entre les deux
espèces. Le dessin de la joue se montre comme dans le genre
Bonasa. En soulevant légèrement les. plumes du dessus de la tête,
on voit une petite huppe se former. Sous la gorge, on aperçoit la
(1) Nous avons examiné, dans le Musée Noury, à Elbeuf. une collection de muius
et d'albas entièrement blancs. Ces Oiseaux, rangés les uns près des autres, ue pou-
vaient être différenciés que par leur taille.
(2) P. 9. Op. cit.
(3) Dernière question que nous laissons indécise.
ADDITIONS, COBRECTIONS liT EXAMENS DAPRÈS NATURE 559
tache foncée de honnxa cT ad. Derrière et sur le cou existent de
petites barres foncées transversales qui paraissent encore être
celles de cette espèce, qui la rappellent au moins. Le bec noir luisant
est intermédiaire par ses dimensions entre le bec de Vdllina et
celui de la betnlinn, mais on sait que les becs de ces deux espèces
ne diffèrent guère (3). Les ongles sont très grands, longs, et blan-
châtres au bout, ce qui indique le genre l.agopus ; les doigts
sont recouverts de plunios l)lanches très fines et les tarses sont très
emplumés et blancs. La barbe intérieure des rémiges est foucée,
d'un brun gris presque uniforme, l'extrémité blanche, sauf à la
première penne extérieure. Sur le corps on aperçoit très facilement
des rellets bleuâtres disséminés çà et là par plaques, cette particu-
larité est due à ce que beaucoup des plumes foncées se trouvent
recouvertes par des plumes blanches transparentes. C'est là un
caractère spécial, propre à cet Oiseau unique, et qu'on ne voit
point, ce semble, chez le Lagoiius albus en costume de transition.
Nous avons dit qu'il était difficile de déterminer si les parties
foncées du plumage (qui sont brun roussàtre) appartiennent à
la Bonasa ou à Vallius. Par leur disposition, elles paraissent être
plutôt du €Ôté de la Bonasa ; les grandes rectrices extérieures ont
cependant la teinte foncée et uniforme du Lagopus albus.
Quelque temps après avoir fait cet examen, nous en avons
recommencé un autre. Nous croyons devoir publier nos nou-
velles notes en supprimant les redites sans intérêt. Par sa forme et
sa petitesse, l'Oiseau se montre du type Bonasa. La tête bombée, la
hu|)pe (jui se forme naturellement lorsqu'on relève quelques-unes
des plumes de la tète, le front arqué, la croupe élevée et la queue
en forme d'arc, rappellent bien |)lutôt cette espèce que le /.. albus.
Mais il est plus blanc que foncé et les pieds sont complètement
couverts de plumes aussi fines que du poil ; ce n'est aucunement le
duvet court et ras du lAUjupus. Les giandes pennes de la queue
(brun foncé uniforme) sont largement terminées de blanc; dans
les couvertures, la couleur brun roux se trouve tachetée. La décou-
pure ilelaijueue est j)lutùt carrée que ronde; néanmoins, de chaque
côté terminal, la queue s'arrondit. Les ongles sont assez clairs,
notamment à leur extrémité. Le bec est petit et foncé; l'iris (artificiel)
est d'un châtain verdâtre grisâtre et clair ; une tache noire existe
sous la gorge. Nous avons ajouté sur nos notes cette phrase : « ou
peut croire volontiers que cet Oiseau provient des deux espèces, le
L. albus et la B. betulina qu'on lui a données comme parents. »
(2) 11$ ne sont, du reste, pas tous de même grosseur dans une m>>ine e:^pèce.
560 oiseaux hybrides rencontrés a l'état sauvage
Tethao tetrix et Lagopus SCOTICUS
(Se reporter p. 62 ou p. 313 des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
Nous avions cité :
1» Trois exemplaires vus par Macgillivray et dont un de ces
Oiseaux avait été étudié par le vieil ornithologiste;
2° Un autre exemplaire vu par Yarrell et sur l'authenticité
duquel, disait cet auteur, aucun doute ne pouvait subsister;
30 Un cinquième examiné par M. Collett, au Musée Dresser, à
Londres ;
4» Deux autres individus examinés par M. Dresser;
3° Un huitième sujet décrit par le prof. Malin;
6° En outre, nous parlions d'un neuvième au Musée des
Pays-Bas, à Leyde ;
7° D'un dixième au Kelvingrove Muséum de Glascow;
8" D'un onzième au Muséum of Science and Art d'Edimbourg;
9" D'un douzième (et même d'un treizième?) au Musée d'York ;
10° Nous ajoutions encore, d'après l'Inverness Courier, qu'un
nouvel hybride, soit un quatorzième, avait été tué récemment en
Ecosse.
Depuis ces mentions, M. van Kempen, le savant collectionneur
de S'-Omer, a bien voulu nous faire savoir qu'il possédait trois
spécimens dans son Musée ; M. William Stewart, clerk of sénat,
(the University of Glascow), nous informe que deux pièces sont
conservées à l'Hunterian Muséum; puis nous avons lu dans les
ouvrages du Rév. Macpherson qu'un hybride, qui passe pour avoir
été tué dans le Cumberland, se trouve chez M. E. H. Horrocks
d'Edenbrows, à Carliste; qu'un autre individu se laissa voir sur les
rochers de S'-Bees-Head (H. Nott, M. S.); et qu'un troisième aurait
été tué sur le Crossliellrange, en 1877 (1). Le Zoologist de 1893 (2),
mentionne lui-même deux pièces, l'une abattue près de Brecon,
présentée par M. L. Cambridge Phillips à la Société Linnéenne de
Londres, la seconde, obtenue à Halmannock (Kikcowan N. D.) et
montrée par M. Tegetmeier à la Zoological Society (3). Enfm
le Field vient de signaler un dernier » hybrid Grouse and
(1) Voy. the Birds of Cnmberland by tlie Rev. II. A. Macplierson and William.
Duckwortii, Carlisle, 188t), p. 24, et A Vertébrale Faiina 0/ Lakeland, p. LXX.XIl,
Edimbourg 1892.
(2) N' de Janvier, p. 32.
(3) N» de Décembre 1893, p. 4(i3.
ADDITIONS, COHRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 561
Blackgaiiie » tué par M. A. Douglily, de Renagour, Aberfoyle
(Perthshire), le 24 aoiU 189i.
En sorte que vingt-cinq hybrides seraient connus, si toutefois il
n'y a pas de redites dans notre classement.
Ces captures présenteraient beaucouj) d'intérêt.
Mais, de renseignements minutieux pris sur ces Oiseaux, il
résulte que l'origine sauvage de beaucoup d'entre eux n'est pas
établie et (jue chez d'autres l'hybridité ne joue aucun rùle, à ce
point que uous nous sommes demandé s'il existe des produits du
Tetrao letrix X f.agopus scolicus obtenus à l'état sauvage?
Voici nos raisons :
La pièce du Musée d'Edimbourg représente, à n'en pas douter,
l'un des deux Oiseaux obtenus en captivité chez Sir Colquhoun et
dont celui-ci parle dans son ouvrage « The Moorand the Lock », car,
nous dit le keeper du <( Natnral history département » du Musée,
le spécimen est indiqué sur le vieux registre de 1830-31 comme
ayant été offert par le père du baronet (1).
Une des deux pièces de l'Huuterian Muséum de Glascow est aussi
cataloguée comme ayant la môme provenance.
Ces deux Oiseaux sont donc à écarter.
Le soi-disant hybride du Kelvingrove Muséum, de la même ville,
est seulement indiqué comme ayant été offert par M. lugrand de la
Benfieldstreet ; M. Paton, directeur de ce Musée, ne sait rien autre
chose sur son compte. Cet Oiseau diffère du reste par plusieurs
caractères du premier échantillon authentique ayant appartenu à
Sir Colquhoun.
La provenance du seul exemplaire du Musée d'York, (et non les
deux exemplaires, comme nous l'avious dit par erreur) (2), n'a pu
nous être indiquée par l'expéditeur ; cet Oiseau diffère encore
du produit obtenu en captivité; il en est de même de l'Oiseau tué au
mois d'août dernier par M. A. Doughty.
Nous sommes certain que la pièce conservée au Musée national
(t) Il est dit dans l'ouvrage en question (New édition. Edimburg. 1888, pp. 94eti^),
que le garde de la faisanderie à Roosdhu possédait un Black Cook et une Grouse qui
faisaient hon ménage; que la (jrouse, qui était une femelle, produisit doux ans
de suite. La première année les jeuni's moururent ; l'année suivante, deux
hybrides r^ purent être élevés avec beaucoup de soins, ils se revélirent du plumage
de l'adulte. Os deux Oiseaux, il est vrai, auraient "té donnés par le père de Sir
Culquiioun aux Musées de Glascow (voy. p. 95, 7' ligne), mais c'est là sans doute
une erreur, et l'un de ces Oiseaux dut être odert au Musée of ScieDce and Art
d'Kdimbourg. ainsi que les vieux registres l'indiqueut.
(2) Le deuxième est un Hackelbane !
562 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
des Pays-Bas n'est autre qu'une vieille femelle stérile revêtant
l'habit du mâle, car elle ressemble étonnamment à deux des échan-
tillons de la collection de M. van Keinpen qui sont aussi de vieilles
Poules prenant l'habit du Coq. Ayant, en efïet, envoyé l'un de ces
deux exemplaires à M. Keulmans pour le faire peindre, celui-ci,
doutantde l'origine attribuée, a cru devoir le montrer à M. Oustalet
qui lui a fait remarquer de vieilles Poules îef/'ja; correspondant à ce
faux hybride.
Quant au troisième de la même collection, qui y figure sous le
n° 506 et qui est indiqué comme femelle, nous le croyons une
simple anomalie de ce sexe et de l'espèce tetrix, sans aucun
mélange avec le scolicus (1).
Or, en présence de ces erreurs, de ces confusions, sans doute
fréquentes, nous avons le droit de nous demander si beaucoup des
pièces citées et que nous n'avons point examinées (comme l'ont
été les précédentes) ne rentrent point dans la même catégorie?
Il nous a été impossible d'obtenir des indications sur le soi-disant
hybride tiré par M. Laurence Hardy et dont a parlé « l'Inverness
Courier ». Nos lettres adressées au chasseur et au directeur du journal
nous ont été renvoyées. M. Tegetmeir, qui montra à l'une des réunions
de la Société Zoologique la pièce abattue à Balmannock (Kikcowan),
n'a plus l'Oiseau entre les mains et il ignore la demeure de celui
qui le possède. La Grouse hybride, présentée par M. E. Cambridge
Phillips à la Société Linnéenne de Londres, ne serait autre qu'une
variété singulière de « Common Grouse (2) ». M. Horroks, de Carlisle,
(1) La jambe gauche de cit Oiseau esl moins couverte de duvet que la droite; ce
duvet est gris tacheté longitudinalement de rayures brunes. Ce caractère, et d'autres
traits que la pièce présente, ne prouve aucunement son hybridité ; du reste, si elle
porte une mention ainsi conçue : « iMétis Tétras lyre et d'Ecose ». elle en porle aussi
une antre, qui indique seulement et avec lieaucoup plus de raison, un Lagopus
tetrix 2 variété. L'Oiseau a été acheté à la maison V'erreaux. de Paris; nous igno-
rons à quelle date. Les deux premières proviennent de chez M Franck, de Londies.
(2) M. E. Cauibriilge Phillips a bien xoulu nous envoyer la note ([u'il a com-
muniquée au Clab en présentant son Oiseau et la réponse qui lui a été faite par
M. \V. C. Ashdown. Dans cette note, intitulée : « A supposed Hybrid Grouse n,
M. E. Cambridge Phillips rappelle que l'Oiseau en question fut tué à la fin ilu mois
d'août 1891 sur le Kriddyllt (irouse Hill, .Merthyv Cjnog, par M. Rees Williams, de
Brecon. Lorsque l'Oiseau volait, il laissait apercevoir du blanc sous les couver-
tures de l'aile. A première vue, il lui fit l'elTet d'une Grouse curieusement
colorée ; mais après un examen attentif, il arriva à cette conclusion que c'était un
hybride, à cause principalement de la largeur des ailes et de la queue, qui ditTérait
de celle dime (Irouse normale. M. Ashdown, natur.ilisie à Hereford, empailla
l'Oiseau et se prononça pour un croisement entre la Perdrix et laGrouse; M. Phillips,
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE S63
que nous avons interrogé sur l'hyliricie qui doit se trouver chez lui,
n'a pas répondu à notre demande. L'hyhridité de cette Grouse vient
du reste d'être critiquée très vivement dans le Zoologist (1).
L'Oiseau, qui aurait été tiré à Crossfield, était trop abîmé, paraît-il,
pour pouvoir être monté, et il n'a pas été conservé. Quant à l'indi-
vidu qui se laissa apercevoir sur les rochers de S'-Bees-Head, son
apparition fut trop courte sans doute pour qu'on put le juger
siïrement.
L'origine sauvage des trois pièces vues par Macgillivray ne paraît
pas avoir été étahlie. Peut être l'ornithologiste fait-il allusion aux
Oiseaux oblenns par M. Colquhoun ? Yarrell n'écrit point davantage
que la pièce qu'il examina ait été obtenue en liberté, mais seule-
ment qu'elle avait été envoyée par lord Mosteyn, de Galles, à
un empailleur d'Oiseaux, ce qui ne dit rien. Enfin, les deux exem-
plaires que M. Dresser étudia sont peut-être du nombre de ceux
qui viennent d'être cités ; dans ce cas, ils feraient double emploi.
Nous ferons une exception, toutefois, pour l'exemplaire en peau
qui se trouve dans le Musée de M. Dresser. Cette pièce, nous
informe l'éininent ornithologiste, fut trouvée dans un lot de
Red Grouses au Leadenhall market; il y a donc lieu de supposer
qu'elle avait été obtenue à l'état sauvage. Puis, comme elle res-
semble en beaucoup de points au spécimen du .Musée d'Edimbourg,
au contraire, l'avait (ioterminé l'omme hybride du Faisan et de la Grouse: attendu
que la tète se rapproche de celle d'une (einelle Faisan et que la couleur rouiie de
la poitrine rappelle la coloration que l'on vuil chez les vieilles (emclles stériles.
M. Phillips possède un sujet de ce dernier fjenre qui porte la même teinte sur la
poitrine. Les ailes, qui soni longues et pointues, et même aussi la queue, rappellent
encore le Faisan. — L'Oiseau (ut ensuite mnnlré à la l.iiinean Society de Londres
el les ornithologistes présents se piononcéreni pour un hybride de BUickgauie
(7". tetrix) et de firouse. sentiment (jne ne put partager M. Phillips. La note de
M. Phillips lui crili(|uée par M. W. C. Ashdown clans le u llerelord Tiuies n
(N* du 14 Janvier IS'.K)) M. Ashdown est convaincu que l'on a afTaire à un mélange
de Red tirouse {L. scoticus) et de (■ouimon Partriilge (Ferdix cinerea). Nous ne
ferons point connaître toutes les raisons i|ue celui-ci développe ; nous dirons seule-
ment, it'après lui. que la carcasse ressemblait de très près à celle d'une liedlegged
Partridge iP. rubra). et que la chair était blanche. Celte dernière particularité
arrête principalement 1 attention de M. Ashdown. — En pré.seiice de cette diver-
gence d'opinions. M. Cambridge Plii'lips crut devoir montrer l'Oiseau extraordi-
naire au professeur Newton, puis à Lord Lilford, qui, liualement. ne virent dans
celte (irouse qu'uni aberration de couleur de Lagopiis scoticus.
(I) N" de Janvier IM'.lii. p. 20 ; ce numéro nous arrive au moment où nous corri-
geons nos épreuves d'imprim- rie, mises déjà en pages, en sorte que nous ne pouvons
reproduire la erilliioe qui vieni il'èlre faite par .\l . Henry II. Slaler. lequel considère
la (jrouse en question comme une « Ijarren grey-hen assiiiuing mal plumage » ; ce
que ne conteste pas du reste le Uév. Macpherson.
564 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
obtenu en captivité, il est fort probable que l'origine qu'on lui
suppose est bien établie.
Nous voulons croire aussi que l'exemplaire décrit par le profes-
seur Malm sous le nom de fMgopotetrix est bien nommé. Nous ne
l'avons cependant pas vu. Il avait été acheté, on se le rappelle, le
IS décembre 1876, sur le marché de Gothenbourg (Suède), et avait,
parait il, été rencontré dans une localité où l'espèce scoticus avait
été introduite plusieurs années auparavant (1).
Ainsi, des vingt-cinq exemplaires que nous avons cités en
débutant, l'authenticité d'un très petit nombre est reconnue ; et
combien ont été obtenus à l'état sauvage'? nous l'ignorons. Nous
devons néanmoins des renseignements plus complets sur les pièces
qu'on a bien voulu nous laisser examiner. Et d'abord, nous donne-
rons le signalement très précis de l'exemplaire de M. Colquhoun,
c'esl-à-dire de l'exemplaire qui est conservé au Muséum of Science
and Art d'Edimbourg, car, on le voit, il est pour nos études d'une
très grande utilité.
Exemplaire du Muséum of Science and Art d' Edimbourq . — La cou-
leur générale est le violacé luisant, teinté de roux ; ceci forme
comme le fond de la couleur. Mais tout le corps est tacheté de
petits points blancs donnant quelque peu l'aspect de légers flocons
de neige répandus sur le plumage. Ces gouttes blanches appa-
raissent surtout sur les ailes, sous le ventre et plus légèrement au
cou et sur le dos, où elles deviennent très fines. Elles se forment
à l'extrémité de la plume qui se trouve ainsi comme bordée de
blanc. Le devant de la poitrine, qui est roux violacé, est dépourvu
de ces taches blanches ; un plastron uni se forme ainsi et s'étend
jusqu'au dessus des ailes. La queue est presque absolument
carrée; du côté droit seulement, les rectrices les plus extérieures
s'allongent quelque peu. Au bout des plumes on aperçoit le trait
terminal ■ ■ ■ propre au tetrir; les plumes des pennes
sont bordées à leur extrémité de blanc fin.
Les couvertures de la queue sont assez rousses, les inférieures
sont blanc mélangé de taches rousses en petite quantité, dans le
(I) Celte indication, qui es-t donnée diins un mémoire de M. CoUett : « Hybrid
Grouse n, Proceed. of llie Zool. Soc. of London, pp. 224-240, 1886, était passée
pour nous inaperçue. Elle est cependant très importante, car elle confirme l'opi-
nion que nous avons émise souvent: à savoir, que beaucoup de croisements sont
délerminés par des cliangements introduits par l'action de l'homme dans l'habitat
des espèces mères qui contraclenl des mélanges.
ADDITIONS, COnnECTIONS ET EXAMENS DAPRÈS NATURE 565
genre du plumage du Rackelhane. Les couvertures inférieures des
ailes sont tout à fait blanches. La barbe extérieure des pennes
rémiges est taclietée; elle n'est point d'un ton uniforme comme se
trouve la barbe intérieure. Les ailes sont plutôt gris roux que
violacé brillant, le fond de la couleur est le roux ; cette couleur est
aussi celle du corps.
Le bec est foncé, les ongles et les doigts sont très clairs; la plume
des tarses est d'un gris souris blanchâtre, elle recouvre les doigts
dans le premier tiers de leur hini/ueur. Nous comptons six ou sept
rémiges primaires, dix-neuf rectrices, (les plus extérieures sont, on
l'a dit, du côté gauche), la barbe est malheureusement usée. La
première penne de l'aile est longue, (cette première penne nous
parait plus longue relativement que chez le Lagopus).
Longueur totale de l'Oiseau : 0,467 jusqu'au bout des rectrices
médianes et 0,476 jusqu'au bout des rectrices extérieures les plus
étendus. L'aile mesure 0,245, mais les plumes paraissent usées
à leur extrémité.
On peut dire que ce spécimen est un véritable intermédiaire entre
le Tetrao tetri.r ei le Lagopus scoticits; le mélange des teintes des
deux espèces est très accusé. Cet hybride, authentique, puisqu'il a
été produit en captivité, rappelle le scolicus : par l'absence com-
plète de la barre blanche qui traverse l'aile du tetrix, par la coupe
presque carrée de la queue, par le ton roux qui forme le fond de la
couleur, par le bec un peu plus faible et moins noirâtre que celui
du tetrix, par la couleur blanche de ses ongles (1) et de ses doigts,
par le dessin piqueté du dos, de la croupe et des couvertures supé-
rieures de la queue. Néanmoins son aspect fait songer au Tetrao
tetrix. — Nous avons fait peindre cet échantillon précieux qui peut
servir de type.
Exemplaire appartenant à M. Dresser, de Londres. — Cette pièce
est en peau ; nous n'en avons point fait faire le portrait, d'abord
parce qu'il est difTicile pour le peintre de reconstituer les formes
d'un Oiseau dont l'aspect n'est pas connu, puis aussi parce que
M. le D' A. B. Meyer, de Dresde, en a publié une lithographie coloriée
dans son grand album : <( ilnser Auer-ltackel-und Hirnild (2). » Cette
lithographie qui est de dimensions moindres que l'Oiseau, (elle le
représenteseulementauxdeux tiersde sa grandeur), nous parattassez
exacte. Cependant la couleur de la plume qui couvre les tarses est
trop claire, celle des ailes est trop claire aussi. Puis la queue n'est
(1) Un L. scoticus, du Musée de Rouen, a lependdiil les ouk1>-s foncés.
(2) Wien, Verlag von Adolph W. Kûnast, 1887.
566 OISKAUX HYBRIDES BENXONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
point assez échancrée; les rectrices extérieures dépassent davantage,
dans l'original, les pennes médianes; les couvertures sont aussi
chez le même plus nettement bordées.
La pièce, nous l'avons dit, présente beaucoup d'analogie avec
celle que l'on conserve au Musée d'Edimbourg; elle nous paraît
toutefois plus forte ; la queue est aussi plus échancrée, tout au
moins les rectrices les plus extérieures s'avancent davantage en
pointe; la coloration générale est plus foncée et les points blancs
neigeux sont moins accusés, notamment à l'extrémité des plumes ;
nous croyons encore le bec et les doigts plus foncés, surtout ces
derniers (1).
A part ces légères différences, on ne saurait sans doute se repré-
senter plus exactement l'hybride des deux espèces tPtrlx et scoticus.
Un caractère principal, la grande taille de l'Oiseau, s'explique
diflicilement ; dans l'hypothèse d'un croisement, on préférerait
rencontrer un produit de taille intermédiaire. Mais le bec est
beaucoup plus faible que chez le tetrix ; puis, il n existe point,
à la manière de cette espèce, de blanc à l'épaule ni en travers
de l'aile; il faut noter encore que le pointillé roux du plumage
indique complètement le scoticus; ce pointillé ne rappelle même
pas le plumage du jeune tetrix en mue, point davantage la plume
du sexe femelle de cette espèce.
Exemplaire du Kehingrove Muséum de Ginscoiv. — L'Oiseau est
aussi fort qu'un tetrix dans tout son ensemble; le bec est cependant
plus faible et de couleur moins noire, il est corne foncée. Sa teinte
générale est le brun violacé, les plumes sont toutefois parsemées
de blanc à leur extrémité; cette particularité se produit en abon-
dance sur l'aile, et aussi sous la gorge, sur la croupe, sur les côtés
et sous le ventre. Le dessus de la tête et du cou est finement piqueté
de blanc grisâtre. Le tour de la poitrine est foncé et tire sur le brun
bleu. Une tache blanche existe sur l'épaule ; on n'aperçoit pas sur
l'aile le miroir transversal propre au tetrix. La queue est presque
carrée, quelques rectrices extérieures dépassent seulement un peu
les autres pennes. On n'aperçoit point, sauf sur une ou deux pennes,
la coupe terminale des plumes du tetrix - •. Le des-
sous de la queue est blanc comme chez cette espèce. La plume des
tarses, qui est de couleur brun souris, descend sur les doigts, mais
elle ne les recouvre que très faiblement, environ d'un tiers de leur
longueur. Les doigts sont de couleur corne, et non noirâtres comme
(1) Nous ne possédons plus, au mouienl de notre examen, l'exemplaire d'Edim-
bourg qui a été renvoyé.
ADDITIONS, COnnECTIOMS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 567
chez le Tétras lyre ; les ougles sont bruns. Une loulîe de plumes
blanchâtres coiironne le tarsi-. Au-dessus des yeux, l'empailleur a
indiqué un espace nu et ioui;e, mais d'une manière peu naturelle,
trop accentuée.
L'espèce .svon'ci/.s- semble être rappelée, chez ce grand exemplaire,
par la teinte brun chocolat (jui se laisse voir sur le violacé, par les
petits points très fins et de couleur blanche qui terminent les
plumes, surtout par les plumes du dos et la forme presque carrée
de la queue. La môme espèce est encore rappelée par les plumes
qui descendent sur le premier tiers des doigts, peut-être aussi par
la deuxième rémige de l'aile, qui semble être, comparativement,
de la hiiiiiueur de celle correspondante du scoticus (1). Malgré le
rappel évident de cette dernière espèce, ce spécimen s'éloigne de
celui du Musée d'Edimbourg, aussi il nous laisse quelques doutes
sur l'origine qu'on lui su])pose.
Exemplaire du Musée de York. — Voici une pièce qui nous déroute
complètement ; non seulement elle difïére notablement de l'Oiseau
produit eu captivité et qui nous sert de type, mais elle s'éloigne
aussi du dernier exemplaire qui vient d'être décrit ; elle ne se
rapporte pas non plus au sujet tué par M. Alex. Doughty, et dont
la description va suivre. — Par sa taille, l'Oiseau est intermédiaire
entre le tetrix et le scoticus, les dimensions de son bec sont aussi
intermédiaires. Les doigts sont nus et de couleur cuir de botte; les
jambes ne sont que légèrement emplumées ; sur le devant cependant
ces dernières parties sont bien garnies, mais les plumes sout très
courtes et comme râpées. La forme de la queue annonce le tetrix,
quoique les rectrices extérieures ne soient pas très longues ni
recourbées absolument ; l'écliancrure se trouve très large vers le
milieu. Les rectrices extérieures allongées ne sont pas égales,
d'un côté elles paraissent usées.
Sous la gorge le dessin des plumes affecte la forme d'écaillés,
elles sont grises avec du brun et du blanc; sur les joues on voit
encore quelques-unes de ces écailles, mais celles-ci sont de couleur
jaune. Sur la nucjue il y a des reflets noir bleu ; ces mômes reflets se
voient, dans de moindres proportions, sur le dos et sur le devant
de la poitrine. Tout le plumage de l'Oiseau est un mélange de gris,
de brun et de noir; le brun domine. Les rémiges sont claires,
surtout sur leurs barbes extérieures. Le dessous de la queue est
blanc pur; il n'existe pas de peau rouge au dessus de l'œil.
Celte fois, l'Oiseau est plus scoticus que tetrix, cependant ses
(I) L'espèce letrix parait la porter plus courte (relativement),
S68 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
doigts nus et sa queue échancrée rappellent bien la dernière espèce.
Il faut encore remarquer quMl possède des épauleltes blanches,
l'épaulette droite est même très bien accusée.
Serait-ce une vieille poule stérile/eîn'j;? Nous ne saurions le juger.
Exemplaire abattu par M. Alerandir Doughty (de Liccrpool). — Cet
exemplaire est au moins de la taille d'un beau tetrix, les ailes sont
très petites, comparativement au corps, mais nous pensons que
chez l'espèce tetrix l'aile est également petite. Le cou et la tête sont
bruns, le dessin peut aussi bien être du letrtx (femelle) que du
scoticus, il représente peut-être mieux le dessin de la première
espèce. Tout le dessus du dos, de la queue, des ailes, sont d'un
brunâtre noir et les flancs sont quelque peu d'un noir violacé.
Souvent les plumes se terminent, à leur extrémité, par ces taches
neigeuses que nous avons déjà signalées. Le devant de la poitrine
rappelle par sa teinte métallique le plumage du tetrix. Les plumes
des tarses descendent légèrement sur les doigts ; une touffe de
plumes couronne le haut du tarse. Un arc rouge domine l'œil;
le bec est moins fort que chez le petit Coq de bruyère, moins
foncé aussi, et la plume s'avance très en avant sur la mandibule
supérieure; les doigts et les ongles sont brun foncé. La forme de
la queue est très échancrée, mais comme les rectrices s'étagent
en s'allongeant dès le milieu, la queue ne donne aucunement l'as-
pect de la lyre, comme chez le tetrix. A peine si on aperçoit au
bout des rectrices la forme suivante • " .. Il n'existe
aucune raie blanche sur les ailes, qui sont étendues chez le sujet
empaillé. — Cet exemplaire est très intéressant, on le voit; mais
il s"écarte, comme celui du Kelvingrove .Muséum de Glascow, de
l'individu que nous avons pris pour type. Si ses ongles et ses
doigts étaient clairs, comme le sont les doigts et les ongles de ce
dernier, ou bien si la plume couvrait davantage les pieds, si encore
la queue était carrée, ces traits, avec ceux qu'il possède déjà,
seraient de bons indices du mélange du scoticus avec le tetrix;
mais les caractères que nous signalons manquent. Il est donc bien
difficile de se prononcer sur la véritable nature de cet Oiseau.
Nous avons remarqué que les plumes des couvertures inférieures
de la queue sont blanches tachetées largement de foncé, dans le
genre de celles de Vuroijallus, mais la barbe tachetée est brune
et non noire. Ceci n'existe ni chez le ncoticus ni chez le tetrix. Cette
particularité se comprend néanmoins facilement si l'on songe que
les couvertures dont nous parlons sont blanches chez le tetrix,
rousses chez le scoticus. Nous remarquons qu'il n'y a pas de touffes
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPUÈS NATURE 5569
mélangées des deux couleurs, mais divisiou et partage (ce qui
montrerait (jue la fusion des caractères des espèces pures ne s'établit
pas par l'iiybridation ?) La particularité dont nous nous occupons
serait un signe réel du croisement des deux espèces, car une femelle
telri.r stérile, prenant la livrée du mâle, ne ra|)pellerait pas sans
doute la teinte rousse ^\u scoticus, ainsi que cela se produit dans
le cas présent.
Le taxidermiste qui a di''|inuillé cette Grouse prétend, du reste,
qu'elle est de sexe mâle et que son examen lui permet de faire
celte aflirmation (I). La seule diflérence qu'il ait trouvée est que le
dévelo|)peinenl des organes est moindre que dans les espèces
pures.
Les vieilles Poule'! de la coUe.rlion de M. van Keiiipcn ont la queue
complètement en lyre : c'est l'indice le plus certain de leur uature
Tetnio telri.r ; ce caractère éloigne toute idée de mélange avec le
scolicus. Cependant M. van Kempen nous assure qu'il possède
d'autres vieilles Poules qui n'ont aucun rapport avec ces dernières;
elles ont, nous dit-il, l'apparence du Coq teirix et n'ont en aucune
façon leur plumage mélangé à la manière de celles que nous
critiquons. Les vieilles Poules stériles que M. le D"" A. B. Meyer a
représentées dillèrent aussi de ces dernières. M. van Kempen a
donc catalogué les deux échantillons en question comme hybrides
de srolinis ou teirix, et les a indiqués de nouveau sous cette
dénomination dans un travail récent {2) ; mais c'est à tort,
pensons-nous.
Nous n'avons point reçu, à notre grand regret, les deux exem-
plaires qui sont conservés à l'Hunterian Muséum de Glascow (Collec-
tion de ITuiversilé). Un de ces deux exemplaires provient, comme
nous l'avons indiqué, de chez sir Colquhoun et, vraisemblablement,
du croisement obtenu en captivité (3).
M. le professeur Youiig, directeur du Musée, auquel nous les
avons demandés à diverses reprises, n'a pas cru devoir nous les
communiquer, parce que ces pièces sont montées. Un intérêt
considérable s'attache à ces deux Oiseaux, car si l'individu abattu
à l'état sauvage ressemble à celui qui a été obtenu en cai)tivité,
Ihybiidisme libre du Telrao tetrix et Lagopiis scolicus peut être
alTirmé. — Nous disons « l'individu abattu à l'étal sauvage », car
nous supposons qu'il s'agit bien de la Grouse mentionnée dans les
(1) Dapri-s nolrf correspondance avec M. Alexandre Dougtily.
(2) Mém. de la Soc. Zool. de France.
(3) llacoiilés in « The moor and the locli ». p. 95, new édition, 1888.
570 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
Proceedings de la Société d'Histoire naturelle de Glascow (1),
c'esl-à-dire de la Grouse qui fut présentée en 1874 à l'une des
séances de cette société (2) par M. James Lumsden et qui fut tuée
dans le « South Ayrshire » au commencement du mois de Décembre
de l'année précédente. — Nous pouvons faire erreur cependant,
car M. Willam Stewart, clerk of senate, nous indique l'Oiseau comme
ayant été oflert par M. Brown, ce qu'une lettre de M. Paton,
(directeur du Kelviugrove Muséum) paraît en outre confirmer.
Notre embarras est d'autant plus grand que M. le professeur
Young nous indique l'hybride d'Ayrshire comme devant être reporté
au croisement du Tetrao tetrix cT X I. urogallus $ ! — Il y a certai-
nement confusion dans lesi-ènseigneraenlsqui nous ont été donnés.
N'ayant même pu obtenir la peinture des deux Grouses en ques-
tion (3), nous nous sommes décidé à adresser à M. J. A. Paton, (dont
nous connaissons la grande obligeance), l'aquarelle du second
hybride obtenu en domesticité et conservé au Muséum of Art
d'Edimbourg, le priant de bien vouloir nous faire savoir : 1° si cette
aquarelle est conforme à l'autre sujet de même provenance et
conservé à l'Hunterian Muséum ; 2" si l'hybride présenté par
M. James Lumsden (ou par M. Brown ?) lui ressemble.
M. Paton, en réponse à notre demande, nous a adressé les indica-
tions suivantes :
« L'aquarelle est d'une couleur trop rouge pour se rapporter à
l'un et à l'autre.
» L'Oiseau empaillé de sir Colquhoun mesure actuellement 46"°'(4).
Les tarses sont emplumés jusqu'au milieu des doigts ; les parties
supérieures du corps sont de la couleur de la Red Grouse, mais
elles sont plus foncées ; les parties inférieures sont semblables à la
Black Grouse, on y aperçoit les demi-lunes caractéristiques de
la rouge. Le cou par devant est muni de ces taches qui sont blan-
ches et fines ; la queue est très visiblement fourchue (ou plutôt
échancrée) (3).
» La pièce tuée dans le South Ayrshire est longue de 51™™ (6).
Toutes les parties supérieures ressemblent au plumage assombri de
(1) Page 263, vol. II, part. 11. Glascow, 1876.
(2) Séance Un 1" Décembre 1874.
(3) Qui cependant auraient été peintes autrefois, d'après une communication que
veut bien nous faire parvenir M. F. 11. Newbery (ol the Glascow Sehool of art).
(4) Nous supposons que M. Paton a voulu dire 46 cenlira.
(5) M. Paton se sert de l'expression d forked ».
T (6) Nous supposons encore que M. Paton veut dire 51 centim.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATLRE .171
la Red Grouse. Le haut de la poitrnie est d'un brun sombre; le ventre
est plus foncé avec une ligne blnnche à son milieu. Les couvertures
supérieures et inférieures de 1 aile sont très tachetées de i)lanc ; le
gosier est d'un roiiij;e de rouille très accentué. Les tarses sont
couverts de plumes serrées en plus grand nombre que chez le
précédent (dont les plumes sont plus làidies et plus llollantes),
mais ils couvi-eiit, comme chez celui ci, le milieu des doigts.
Enfin la queue est noire, plus large et plus fourchue que chez le
premier. »
Il est facile de voir, par ces quelques indications, que l'Oiseau
sauvage est encore plus grand que l'Oiseau domestique et que sa
queue rap|)elle plutôt celle du tciri.r que celle du sroth'iis: deux
marques, au moins la première, qui caractérisent les autres pièces
(tuées ou nouj à l'état sauvage que nous avons décrites.
Des examens que nous avons faits, ainsi que de la description
qui nous est adressée par M. Paton, il résulte que celles-ci présen-
tent évidemment des analogies avec les hybrides désir Colquhoun ;
les demi-lunes ou points blancs que l'on aperçoit à l'extrémité de la
plume les en rapprochent notamment. Nous n'osons néanmoins,
(à l'exceptiou du spécimen de M. Dresser), les déclarer de véritables
hybrides vu la grandeur de leur taille, l'échancrure de leur queue
et la nudité de leurs doigts. Le spécimen de South .\yrshire a
cependant les doigts à moitié recouverts de plumes. Il est donc
désirable que M. le professeur Young revienne sur sa détermination
et qu'il se décide à nous communiquer les deux pièces de son
Musée. Peut-être, s'il eût cousenli à nous faire cet envoi, nos
hésitations eussent-elles cessé.
Lagopus albus et Tetrao tetrix.
(Se reporter p. Cl oii p. 320 des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
Quoique bon nombre d'exemples du croisement de ces deux
espèces aient été cités, plusieurs omissions ont été faites ; quelques
cas nouveaux sont encore à signaler.
M. le D' Giinther nous informe en effet qu'au British Muséum on
conserve la dépouille d'un T. tetrix X L. albua en costume d'hiver,
dont nous n'avions ijoint parlé, et M. N. Nazzonovv, de Varsovie, nous
signale au Musée Zoologique de l'Université de sa ville un exemplaire
sur lequel est écrit de la main de M. Tatchanowsky l'indication
572 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
« Laiiopus-tetrici-lagopus)>{i).M. le baron Ed. de Selys-Longchamps
a bien voulu nous communiquer aussi un exemplaire qu'il a
obtenu en échange, vers 1842, de son ami le prof. Cari. Sundevall,
à cette époque directeur du Musée de Stockholm. M. van Kempen
nous a encore adressé deux autres pièces, mais Tune d'elles, ache-,
tée en Allemagne, nous laisse des doutes sur l'origine qu'on lui
suppose.
Enfin, M. E. Dresser, de Londres, nous a fait parvenir un
Riporre cT en peau, obtenu à Roros en 1882. Nous avons du reste
reçu, pour les examiner, un grand nombre d'hybrides dont nous
ferons bientôt la description.
Disons encore que M. Hugo J. Stjernvall, de Borga, a bien voulu
nous fournir des indications sur ces hybrides dont l'existence est,
paraît-il, très rare en Finlande ainsi qu'en Lapouie, car il n'a jamais
vu qu'un seul spécimen, bien qu'il ait passé cinq années dans ce
dernier pays, où il s'est occupé de questions d'histoire naturelle.
L'oiseau qu'il a vu avait été obtenu à l'aide d'un lacet qui sert
d'habitude à prendre les espèces de Lagopus. Les couleurs de ce
spécimen étaient très bariolées comme chez le Lagopus en mue,
mais beaucoup plus sombres.
Le montage ayant été mal pratiqué, les mesures n'ont pu être
prises que très incomplètement. Les paysans, qui sont tous d'excel-
lents chasseurs, n'avaient jamais entendu parler d'un tel Oiseau.
C'est inutilement que M. Stjernvall a demandé dans la suite des
renseignements sur ce genre d'hybrides; cette rencontre est tout
à fait extraordinaire, ce qui, ajoute-t-il, n'est point surprenant, les
parents ayant des habitudes très différentes. M. Sundevall avait
déjà fait part à M. de Selys-Longchamps de la rareté de cet Oiseau
en Laponie (2).
Il est remarquable que le mélange du Lagopus allius et du Telrao
tetrir, constaté sur dilïérents points de l'Europe, l'ail été également
en Amérique depuis l'introduction de la dernière espèce à Terre-
Neuve. Le « Forest aiul Streani » de New-York, a mentionné, au mois
de décembre 1888, la capture d'une Grouse paraissant croisée de
gibier noir (Black Game) et de Ptarmigan de Terre Neuve, le
Lagopus a lleni, Slejn.,qui n'est autre que la variété du /,(((/o/ji«a/6us
ou plutôt le même Oiseau, comme nous avons pu le constater sur
(1) Serait-ce à l'occasion de cet exemplaire que feu M. Tatschanowsky nous avait
parlé d'un hybride « telrix X miitus » (p. u(i et p. :i09 des Mém.), niiiis que
M. Nazzonow n'a pu rencontrer nulle part dans ce Musée''
(2) Communication de M. de Selys-Longcbamps.
ADDITIONS, CORRRCTIONS ET KXAMKNS d'aPRÈS NATURE 573
un spécimen que uous a procuré M. A. Worlhen, naturalist-dealer
à Warsaw (Illinois). La description de l'hybride supposé, envoyé
de Trépassez et qui avait, attiré l'attention de M. Marc el d'autres
personnes, a été donnée avec quelques détails par le journal spor-
tiquede New-York (1) ; il résulte de cette description que la queue
est bifnniuéc. qui; le bec est court et courbé à la manière de celui
du gibier noir, tout-à-fait dillérent de celui du l'tarmiyan ; que les
ongles sont du T.ternx. Le plumage du dos est un mélange des plumes
des deux espèces ; la couleur est brune avei: des taches noires ou
des barres (à cette époque de l'anuée les Ptarmigans de Terre-Neuve
sont devenus tout à fait blancs). Le poids de l'Oiseau atteignait
pres([ue le doubhî de celui d'un Ptarmigan de la même saison. Le
descripteur ajoute que tous les chasseurs qui ont examiné cette pièce
reconnaissent qu'elle est croisée de Ptarmigau et de Blackgame.
— Si cette assertion est vraie, on ne doit voir dans ce produit que
le résultat de l'importation d'un nouveau gibier qui, dépourvu de
femellesdesonespèce,cherchedes Poules ailleurs pour se reproduire.
Le [■'orest and Strenm a donné sur l'importation des ti-trix, faite en
deux envois composés de vingt spécimens, d'intéressants détails
que nous croyons devoir reproduire. Ils étaient envoyés d'Ecosse,
trois moururent en route, les autres arrivèrent le 21 octobre et le
'.i décembre 1886. Les premiers reçus furent transportés entre
Halgrood et Salmouxer, les seconds à quelques milles de cet endroit.
Bienlùt on apprit, par de nombreux rapports, qu'ils prospéraient
et se multipliaient; plusieurs avaient été vus à Bay Saint-Georges
et à Trépassez, sur la cùle méridionale de l'île. Il est à noter que
c'est à celte place précisément que fut obtenu le Ptarmigan croisé
qui fait l'objet de cet article.
Nous avons dit que bon nombre de pièces, référées au croisement
du l.agopiis nlbus et du /. tetrix, nous ont été gracieusement
adressées. Les examens que nous avons faits de ces Oiseaux,
presque tous montés, nous ont laissé quelques doutes sur leur
réelle origine hybride, quoiciu'elle se laisse cependant supposer
par divers caractères intermédiaires; mais ces caractères ne sont
pas assez nets pour entraîner une entière conviction. L'hybridité
de quelques-uns est à rejeter complètement.
Voici quels ont été ces envois :
Collection de M. van Kenipon, de Saint-Onier 2 n
Musée de .Stockholm (par M. Smidli I I
(1) N« du 27 Décembre 1888, p. tôii.
574 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Mâles Femelles
Musée de Cliristiania (par M. Collett)
Musée d'Upsiila (par M. Tyclio Tulberg)
Musée de Dresde (par M. A. B. Meyer)
Collection de M. de Selys-Longchanips
Musée de Leyde (par M. Jentinck)
Collection de M. Dresser, de Londres
Musée de Tromso (par M. J. Sparre-Scheider) 2 1
En tout vingt échantillons, dont treize mâles et sept femelles.
Descriptions.
Collection van Kempen. — N° 764. Sur l'étiquette, on lit : Tetrao
hybridus, Tetrix cum Lngofjo atbo, mâle adulte, Archangel, 1879
(Collection de Givenchy).
L'Oiseau est plus fort et plus long que l'albus ; les pattes sont
emplumées, très fortes ; les ongles sont très longs. Le bec est à
peu près des dimensions de celui du tetrir. Il n'existe point
au-dessus de l'œil de peau nue. Les pattes et les pieds sont très
fortement emplumés, les plumes sont blanches sur le devant des
tarses; près du pied on aperçoit un peu de gris mélangé. Les
parties inférieures du corps sont blanches, ainsi que le dessus du
cou; le dessus du dos, du croupion et de la tète est d'un noir
gris foncé. Cette teinte semble indiquer l'intluence du tetrir.
Une particularité se laisse voir à la queue : les rectrices
extérieures du côté gauche semblent manquer, tandis que les
droites sont fort longues. Si la queue, au lieu de suivre l'inclinai-
son du dos, avait été relevée par l'empailleur, l'échancrure du
milieu se trouverait très prononcée ; les rectrices extérieures n'au-
raient pu toutefois s'arrondir assez pour former la lyre. Là encore
l'influence du tetrix est très visible. En somme, l'Oiseau paraît
être un bon intermédiaire entre les deux types. Nous avons peint
de grandeur naturelle ce bel échantillon.
Exemplaire de la même rollertiori, N" 700, acheté chez le D'' Rey. —
Cette pièce est montée comme la précédente. A la patte pend une
étiquette sur laquelle on lit : « Teltao lagopides (hybrid) Nilson, sep-
tember. Weliki-Ustyng, Wologodrch Govern.sLes mots : «(Sibérie)
cf ad. » figurent sur une autre étiquette.
L'Oiseau est de toute petite taille, comme wntus ; on l'aurait con-
sidéré comme provenant de cette espèce avec Valbim que la suppo-
sition eût été très vraisemblable. Cependant il faut reconnaître que
la queue est échancrée; les rectrices, sans se recourber extérieure-
ADDITIONS, CORRKCTIONS ET EXAMENS d'APRKS NATURE ')75
ment en lyre, dépassent très visiblement les médianes' (et sans
doute sont plus longues ([ue celles correspondantes de l'aZ/Aux); mais
est-ce bien leur disposition naturelle? — Il semble que l'on aperçoive
au dessus des yeux un commencement de peau nue et rouge. Dans
les parties foncées, le plumage n'est pas aussi roux que celui de
Valbus;çà et là existent quelques plumes presque entièrement
noires. Les pattes sont emplumées, les plumes sont blanches ; les
doigts ne sont pas couverts, il n'existe de plumes qu'à leur début. Les
grandes rectricesde la queue sont noires, sauf les plus extérieures;
elles .sont bordées as.sez largement de blanc, bordure qui n'existe
pas chez le telrix; deux ou trois rectrices seulement présentent
cette terminaison ■. Les autres bordures terminales
se rapportent bien à ïalhns.
La petitesse de cet exemplaire, très intéressant, nous empêche de
le croire Ictrix x alhns; on le supposerait plus volontiers iiybride
de lionaxd et (Valhits. Mais comment alors expliquer la forme de la
queue, qui est échaucrée? — Nous en conseivons une aquarelle
exécutée de demi-grandeur par M. Prévôt.
Musée de Stockholm. — Pièce montée; sur l'étiquette, ou lit :
« Tetrao telrix Ingopides Niiscf. Jemlland. Dec. 1835 (Juk) Riporre,
n" 1. » (C'est sans doute une pièce ayant déjà servi aux ornitho-
logistes suédois pour leurs descriptions du Riporre). Elle offre
beaucoup d'analogie avec le n» 764 de la collection van Kempen;
le plumage est à peu près du même ton, quoi([ue un peu moins
foncé et plus parsemé de blanc; elle est aussi notablement plus
forte. Chez elle encore, les rectrices extérieures sont plus longues
d'un côté que de l'antre, mais cette particularité se montre du côté
gauche; puis on n'aperçoit point de larges taches blanches. Les
pattes sont bien emplumées, ainsi que les ongles ; les plumes sont
d'un blanc sale jaunâtre ; sur le devant des tarses se montre du
brun jaune piqueté de blanc. Les ongles à leur extrémité sont blancs,
ils sont foncés vers leur racine, le bec est fort, mais n'atteint pas les
dimensions de celui du tetrix. L'Oiseau parait donc un bon inter-
médiaire entre allnts et tetrix.
Musée de Christiania. — Riporre cT, (tué en Norwège pendant
l'hiver, nous dit .VL le prof. Collett). Cette pièce est fort jolie, bien
empaillée, très agréable d'aspect. De forte taille, presque Irtiix; bec
également fort; doigts en partie empluinés. Les plumes sont de
couleur blanche comme elles le sont sur les tarses; elles sont très
fines et d'une grande épaisseur. Les rectrices extérieures sont
d'égales dimensions des deux côlés ; la queue, comme chez le Coq
576 • OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
lyre, est échancrée ; les couvertures sont bordées largement de crois-
sants blancs, les rectrices médianes bordées de blanc. Plusieurs
rectrices montrent cette terminaison ■ •. La barbe
extérieure des rémiges estblanche, tandis que la barbe inférieure est
d'un brun clair grisâtre et tacheté. Pour faire une description
complète de cet Oiseau, il faudrait décrire, pour ainsi dire, chaque
plume, et ce d'une manière minutieuse. Dans son aspect général
il est plutôt blanc que noir. C'est sur le dos, la tète, la croupe et
aux couvertures de la queue qu'il est davantage marqué de
grisâtre et de noir. Les ongles des doigts sont longs et colorés. Le
pouce est complètement caché par les plumes des pattes qui sont
fortes et blanches. Le dessus de la queue est très blanc, tandis que
les grandes rectrices sont noires en dessus et en dessous. Il n'existe
point de tache blanche sur l'épaule ; un commencement de miroir
blanc se montre sur l'aile.
Musée d'Vpsala (Suède). — Sur le socle, on lit : « Tetrao Lagopides c?
Riporre, Mus. Thumberg. » On voit par là que l'Oiseau a appartenu
au naturaliste de ce nom, ce que nous confirme l'expéditeur
M. Tycho Tulberg. Ce spécimen est encore très fort, au moins très
long, aussi long que le tetrix, sauf les rectrices extérieures, les-
quelles ne sont nullement recourbées, quoique la queue se trouve
fortement échancrée. Quelques rectrices médianes ne montrent
point la coupe terminale du tetrix; celles qui alïectent cette forme
la montrent irrégulière et très peu sensible à l'œil. Beaucoup
de rectrices sont largement bordées de blanc à la manière de
l'albus ; toutes sont d'une couleur chocolatée, d'un brun dilTicile à
définir, où l'on aperçoit un mélange de violacé, mais terne.
Toutes les parties foncées de l'Oiseau sont du reste de ce brun
chocolat violacé terne et sale; on ne découvre point une seule
plume noire. Les barbes des rectrices sont de couleur uniforme ; la
croupe brune est parsemée de petits points blancs. La couleur
blanche et la couleur foncée des plumes sont à peu près réparties
dans une égale mesure. Les tarses ne sont pas très emplumés; les
plumes descendent sur les doigts sans couvrir les ongles ; mais les
ongles, qui sont très blancs dans leur plus grande partie et vers leur
extrémité, paraissent en avoir été autrefois recouverts, car les pieds
sont encore emplumés en dessous. L'iris (artificiel) est rouge. Le
bec n'atteint pas les dimensions du bec du tetrix: il n'est pas de
couleur foncée, néanmoins il est moins clairque celui du Lagopède.
Quoique cette pièce soil presi[ue de la forme du tetrix, quoique
les rectrices extérieures soient longues et la queue échancrée, elle
ADDITIONS. CORRKCTIONS ET EXAMENS D APRES NATURE .)/7
annonce bien un liybride. Elle a été peinte à l'aquarelle de demi-
grandeur par M. Jules Adeline.
Mitsi^e de Dresde (Saxe). — M. le Di" A. B. Meyer a eu la boulé de
nous envoyer une autre pièce qui n'a point encore été décrite et
qui dillère uiiiqueiuent du /,. albux par quelques taches noires sur le
poitrail et [)lusieurs autres taches très efïacéessurle devant du cou.
Les reclrices extérieures sont noires, mais la queue n'est nullement
échancrée; du reste, ces plumes sont bordées de blanc, à la manière
du /,. olhiis ou du /.. iiiiitiis, et celles du dessus de la ([ueue sont
entièrement blanches. Comme dimensions, l'exemplaire est de la
taille du /,. aihux: le bec n'est pas plus fort que dans cette espèce.
Tout If reste du plnuiai;e est libinc, ainsi que les iiliinies des ])altes.
Les pieds sont en outre fyriemeiil emphimés jusqu'aux ongles qui
sont blancs comme nlhus. En sorte, on le voit, {|ue l'hybridité de
cet Oiseau ne pourrait être présumée que pir les quelques rares
taches noires de devant. Ces taches noires (causées peut-être par
un mélanisme) sont-elles sullisanles pour alTirmer sa double ori-
gine? Nous ne le pensons point. Mais l'Oiseau est peut-être le
descendant d'un hybride croisé plusieurs fois d'espèce pure: cette
supposition est toute gratuite. — 11 provient, nous dit M. Meyer,
de la Norwège.
Le savant docteur a bien voulu nous adresser en communication
un autre spécimen, non encore décrit et semblable à celui qui est
figuré à droite sur la pi. XIV de son ouvrage. Cet Oiseau provient
aussi de la Norwège.du Wermeland ; il porte la date du l.ï janvier
1886. Il est petit, relativement à d'autres pièces; il est moins fort
que tetrix, mais plus grand que l.aijointu. Les plumes des tarses
descendent jusque sur les doigts, les plumes ne sont point aussi
serrées que chez albiix, les ongles sont assez foncés. La (|ueue est
échancrée, les rectrices extérieures ne se recourbent point, cepen-
dant elles ne dépassent pas de beaucoup les médianes. Détail à
noter parce qu'il pourrait prouver l'hybridité de cet Oiseau : les
deux rectrices médianes (et même les autres rectrices qui sont
rapprochées de ces plumes) n'ont point la terminaison du tetrir;
elles sont rondes ou carrées comme chez le l.agopus, en oiilrt!
bordées de blanc (1). Si cet individu était de l'espècie du letrix
et de sexe femelle, celte particularité ne se produirait point sans
doute; du reste, la queue, quoique échancrée, est loin de l'être
autant que celle du tetri.r. Notons, sur le devant de la poitrine,
directement sous le cou, un beau plastron de forme allongée
(1) Deux ou trois seulement se terminent ainsi
378 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
formé de plumes noires en forme d'arc. Au-dessus de l'œil la peau
est nue, mais il n'existe point de rouge. Dans le plumage des
parties inférieures, le blanc domine ; le dessus du dos est noir,
piqueté de blanc ; les couvertures des ailes sont en partie blanches.
Dans les rémiges, c'est la barbe extérieure qui est blanche. Les
rectrices de la queue sont noires, les couvertures supérieures de
cette partie le sont aussi, mais légèrement bordées de blanc. La
croupe est, comme le dos, piquetée de blanc. Le dessus de la tète
et l'espace sous les yeux sont en partie noirs, le front et le cou
blancs. Le bec est très noir; il n'est guère plus fort que celui
du Lagnpus. L'iris (artiliciel) est noir. Les tarses, fortement emplu-
més, sont de couleur grise; au dessus, les couronnant, deux
touffes de plumes. Cet exemplaire est indiqué sous les numéros
9813 et 12659.
Un troisième spécimen nous a été communiqué très gracieu-
sement par le même naturaliste. C'est le Coq Tetrix anormal repré-
senté sur la pi. V de son ouvrage, aux deux tiers de sa grandeur
et vu de dos. Le portrait est très exact et donne une excellente
idée de l'original. Mais, pour nous, un tel Oiseau ne saurait être
considéré comme « hasiard : » c est plutôt, il nous semble, un
albinisme de tetrix. Non-seulement il est de la taille du Coq de
cette espèce, mais en outre les ongles sont foncés (1), le bec est de
la forme de celui du teirix et la queue échancrée est très exactement
de cet Oiseau : les pennes rectrices les plus extérieures dépassent
en effet très fortement les médianes et se recourbent en lyre,
puis se découpent comme à l'ordinaire ^' '. Seulement,
elles sont en partie blanchies et se terminent en noir; si l'on
examine de très près, on aperçoit cependant" la petite bordure
blanche ordinaire. En somme, c'est un tetrix « sous tous les
rapports, » mais se blanchissant d'une manière très régulière et très
bien ordonnée. En parlant de cet Oiseau, M. Meyer a soin de citer
bon nombre de cas d'albinisme signalés par Nilsson, Beichstein,
Lloyd, Bogdanow, Gloger, Yarrel et autres; il fait remarquer en
outre que le professeur Collett (auquel il est redevable de ce
spécimen) le considère lui-même comme un albinos. Mais M. Meyer
croit à une forme de « bastard » et donne ses raisons qui sont,
entre autres, « qu'un Oiseau albinos n'est point ordinairement
tacheté de blanc d'une manière aussi régulière. »
Musée de Leyde. — Pièce montée comme les précédentes. On lit
sur le socle : « Tetrao litgopidc.'^, Nills. llijbridus por Tetrao lagopus
(1) Les doigts le sont moins cependant.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATURE 579
en tetrix.Sepl. 1861. Jenitlaud(Z\vedeu).» L'Oiseauest presque de la
taille du Iflrir, légèrement plus fîiible. Les plumes des tarses ne
descendent point sur les doigts. La queue, par sa forme, ludique
un commencement de lyre, cependant les reclrices extérieures
sont moins recourbées que chez le Iflrix et bien moins prolongées
eu avant; l'écliancrure est doue moins sensible. Ou retrouve au
bout des plumes la coupe suivante ■, mais la bordure
blanche terminale est très large, à la manière du Lagopus. L'Oiseau
est long et présente l'aspect d'un jeune tetrir en mue ou d'une
Poule stérile frappée d'albinisme. Nous doutons donc un peu de
son hybridité. Nos raisons sont: 1° qu'il est presque de la taille
du tclri.r ; 2' que le duvet des tarses ne se piolonge pas sur les
doigts; 3" que le bec est lui-môme plus fort que celui du Laijoinis;
4° enfin, que les plumes, qui sont colorées de jaune, représentent
bien plutôt la teinte jaune du jeune ou de la femelle tctiix que la
teinte véritablement jaune roux et rouge du LaijopiLs. Nous recon-
naissons cependant qu'on retrouve le même ton sur les plumes
d'un exemplaire qui nous a été adressé par M. Dresser et dont
l'hybridité, on le verra, paraît bien démontrée.
Collection de M. de Selys-Umgchamps. — On se rappelle que cet
hybride avait été obtenu, en i8i2, du prof. Cari. Suiidevall. Les
parties foncées de son plumage sont d'un brun violacé; cette teinte
est presque uniforme à la queue, devant le cou (partie de la poi-
trine) et un peu sur le dos, quoique les plumes brunes soient ter-
minées de blanc. Il existe dans l'ensemble du plumage autant
de parties foncées que de parties blanches et les deux teintes sont
réparties dans d'égales proportions. Tout 1(î devant du cou est
blanc uniforme, ainsi que le large plastron qui garnit le devant
de la poitrine ; les flancs, dans leur partie inférieure, c'est-à-dire
dans la partie la plus rapprochée de la queue et tout le dessous
de la queue le sont aussi. Le dos, les couvertures des ailes, les
scapulaires sont piquetés. Tel qu'il est monté, l'Oiseau est plutôt
de la taille du Lagopus itlhus que de celle du Tctrao letrix,
toutefois, il est long et fin ; il est élancé aussi et haut sur
pattes (I). Le bec, quoique beaucoup plus mince que chez le li'lrix,
est de couleur cuir. Beaucoup de plumes lectrices de la queue
se terminent comme chez le letrix , à l'exception
de celles du milieu, qui sont bordées de blanc. La queue est
échancrée, sans que les pennes extérieures soient recourbées.
Les ongles sont très longs et blanchAtres ; les plumes (ou le
(Ij Ceci lient sans doute du montage.
580 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A 1,'ÉTAT SAUVAGE
duvet) qui couvrent les tarses se terminent vers la moitié des
doigts; elles ne recouvrent donc aucunement les ongles desquels
elles n'approchent point, mais le pied est empluméea dessous. Les
doigts sont bordés de lamelles espacées comme chez le tetrir. Dans
les plumes des pattes, qui sont de couleur jaune, se mélange çà
et là un peu de gris, surtout vers le bas des tarses.
Cet Oiseau paraît donc vraiment un intermédiaire entre les deux
espèces supposées mères : le ti'trix et Valliiis. Il se rapproche de la
première espèce par sa queue échancrée, son bec plus long que
chez Itiqopm, ses taches foncées, ses doigts qui ne sont point com-
plètement emplumés. Il se rapproche de la seconde par sa petite
taille, ses ongles blanchâtres, la faiblesse des mandibules, la couleur
blanche de son plumage, ses rectrices e.xtérieures qui ne sont
point recourbées.
Collection de. M. Dresser. — La pièce est en peau (1). Sur l'étiquette
on lit : « E. Mus. Univ. Reg. Fred. Lagnpus tetrix albus cf , Roros,
10 oct. 82. »
Cet Oiseau nous a vivement intéressé parce qu'il nous a semblé
que plusieurs des plumes jaunes qu'il porte sont celles du Lngopus
albus. Si cette remarque est juste, on serait obligé forcément
d'admettre l'origine qu'on lui suppose, car sa queue, très échancrée,
ses plumes noires qui abondent sur son corps, ses doigts en partie
nus vers leur extrémité, sont des caractères propres à l'autre espèce.
Mais, après avoir examiné attentivement un jeune tetri.r de notre
collection sur lequel les plumes du jeune âge s'aperçoivent encore,
nous avons cru rencontrer des plumes jaunes semblables à celles
de l'hybride de M. Dresser.
En dehors de cette particularité, fort intéressante (que l'on
retrouve du reste, mais dans une plus faible mesure chez l'exem-
plaire du Musée de Leyde), l'Oiseau ressemble à tous les autres
liijiorres que nous avons reçus ; il en possède le type et le caractère.
Son dos est très finement piqueté de blanc sous le ventre ; des
plaques noires tachent le poitrail (2) ; les ongles ne sont ni foncés,
ni clairs. Le bec est plus fort que celui de ïallius;\es rectrices
sont d'un noir uniforme, les médianes sont bordées de blanc ; on
voit, sur toutes, sauf sur celle du milieu, la terminaison que l'on
connaît ; enfin la taille est intermédiaire entre celle des deux
(1) C'est le seul exemplaire que nous ayoas reçu dans cette préparation, tous
les autres sujets sont montés.
(2) CVst-à-dire que les plumes sont en grande partie noires à cette place et
manquent de blanc.
ADDITIONS, CORHECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATUnK o81
espèces (1). Nous reiiKirqueious encore que les Inirhes de la troi-
sième, de la quatrième, de la cinquième et de la sixième rémige
primaire sont blanches com[)lèteinent, ce qui ne se produit pas
sur la barbe des premières rémij^'es. ni sur la barbe des autres
pennes. La troisième parait la plus longue, mais elle ne dépasse
Ruère la quatrième (examen fait du côté gauche). Les marques
jaunes (du iMijofnis/) devaient être assez nombreuses sur le dessus
de la tète qui est généralemeiit foncé; malheureusement celte partie
est endommagée et on ne peut la décrire complètement. Toute
la gorge est blanc pur, ainsi que la partie du poitrail qui avoisinele
ventre ; ainsi en est il encore de la partie de l'anus et des couvertures
inférieures de la queue. Les plumes des tarses et des doigts sont
complètement blanches.
La description qui vient d'être faite nous engage à faire les
rétlexions suivantes :
Si cet Oiseau n'était qu'un simple albinisme de tctiix, on ne
pourrait exi)liquer la direction droite des rectrices extérieures ; le
tetrix a en effet les pennes toujours fortement recourbées; même
chez un jeune tetiix de notre collection, la queue se recourbe déjà,
quoiqu'on aperçoive encore des marques de jeunesse sur le corps.
Enliu, la deuxième penne de l'aile est chez l'exemplaire en question
presqu'aussi longue que la troisième, ce qui ne paraît pas exister
chez l'espèce tetrix.
Musée de Tromso (Norwège). — Deux pièces de sexe mâle nous
ont été adressées. Ces deux pièces sont la reprodjiction, pres(iue
exacte, de beaucoup de celles que nous avons examinées jusqu'alors;
leur plumage est seulement plus noir et plus blanc et on ne voit
pas de roux. Cependant leur taille diffère considérablement ; l'une
d'elles est plus grande que le teirix, l'autre est d'une taille plus
ordinaire. Leurs doigts sont eu partie emplumés, tandis que leur
queue est fourchue. Les rectrices extérieures sont droites, elles ne
se recourbent pas en s'allongeant et sont plus courtes que chez le
tetrix. La queue affecte donc la même forme que chez les exem-
plaires déjà vus.
Description de l'exemplaire le plus fort (2). — De la taille d'un beau
tetrix; bec foncé, (noir)commecliez cette espèce, mais la mandibule
supérieure ne dépasse pas la mandibule inférieure. Les pennes
(1) Presque tous les Hiporres que nous avons examinés sont, en général, de
taille plus forte. Par ce poinl, il en ili(Ti-re donc.
(2) Cet Oiseitu scmlile provenir de St -l.jdisliaL't, mois de Mai. Sur le socle on lit :
Il Grashoppen og .Myren En (iras boppe koiii i den streni^e, etc. o.
582 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
rémiges primaires, au nombre de sept, si nous comptons bien,
sont (1) : la première plus courte que la deuxième, celle-ci plus
courte que la troisième, la troisième plus courte que la quatrième.
Cette dernière est la plus longue. La (inquième diminue ensuite,
puis la sixième et la septième. Les barbes extérieures de la pre-
mière et de la deuxième sont piquetées de blanc : les barbes des
autres plumes sont beaucoup plus blanches. Qunnt aux barbes
intérieures, elles sont toutes marquées de la même façon ou à
peu près : couleur lisse uniforme près de la tige, puis se poin-
tillant. Les rectrices, noir uniforme, sont presque toutes termi-
nées à leur extrémité par une bordure blanche. Nous avons cherché
en vain la terminaison • des rectrices du tetrtx.
L'absence de cette coupe terminale serait peut-être un indice d'hy-
bridilé, c'est-à-dire de parenté avec le Lcigopus, puisque les pennes
des rectrices de bigopus n'affectent point cette forme ou coupe
terminale. En outre ces mêmes plumes sont bordées de blanc
comme chez le Lagopiis ulbus. Si ces faibles marques peuvent être
considérées comme des caractères d'hybridisme, ce sont les seules
que nous ayons à relever avec les plumes des doigts, à moins
qu'on invoque encore la forme de la queue.
Le deuxième échantillon porte l'indication suivante : « Lagopus
tetrix albm. Coll. Riporre cT, Raben, Osterdalen » ; en dessous, au
crayon, on lit : « cf Aalen 21/10 28/10 18-]i-51 ».
Les plumes foncées ou noires ont un reflet (juelque peu brunâtre,
refletqu'on n'aperçoit point sur les plumes de l'exemplaire qui vient
d'être décrit. Les ongles sont aussi plus clairs que chez celui-ci ;
ils paiaissent plus emplumés et leurs plumes sont d'une blancheur
plus grande. Le bec est de dimensions moindres, moins noir, plus
de couleur corne. Peut-être peut-on voir, dans ces caractères, un
indice de mélange avec le roux du Lagopus.
Les rectrices noir brun uniforme avec un fond violacé très pro-
noncé sont bordées de blanc, au moins les médianes, mais presque
toutes sont terminées ainsi • ■. L'Oiseau dans son
ensemble est moins blanc que le précédent, il est plus foncé en
dessus (le premier est pointillé de blanc sur le dos supérieur). On
aperçoit du roux particulièrement dans la partie foncée des
barbes intérieures des rémiges. Les tiges des troisième, quatrième
et cinquième rémiges sont très jaunes. Cette pièce fort mal montée
accuse davantage, ou le voit, son hybridité que la précédente.
Néanmoins, lorsque nous avons reçu les deux spécimens qui nous
(1) Du côté gauche qui a été examiné.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KXAMENS d'aPRÈS NATURE 383
produisent l'ellel de tetrix albinos, nos doutes sur l'origine qu'on
suppose aux liiporrcs se sont réveillés et nous nous soiiin)es demaudé
de nouveau si nous avions réoilenieul afÏJiire à dfs hybrides. Par
quels caractères, eu ellet, les Itiporrcs, (jui portent taut de marques
du tetrix, se rapprochent-ils de l'autre espèce qu'on lui donne
pour parents, le iMi/opus albus? Principalement par les plumes des
doigts. Mais le Trtrao tetrix, blanchissant, ne pourrait il, pour la
même raison, se recouvrir de plumes aux mêmes endroits tout le
temps qu'il se trouverait alleclé d'albinisme? Nous voyons tous
les exemplaires supposés hybrides provenir de régions froides.
Il est vrai qu'il faudrait encore expliquer la cause de l'absence
chez eux de la courbure dans les rectriccs. Trouverait-on aussi
une explication de ce phénomène dans l'action du froid? Ou bien
les doutes que nous exprimons sont-ils de nature à faire penser que
les Riporres appartiennent à une véritable espèce d'Oiseaux ?
Description des Femelles
Mnsée de Stocliliohn. — On lit sur l'étiquette que porte l'Oiseau :
« Riporre, Tetrao tetrix layopides, Niliss. $, vinterdr. Helsingland
hôsten, 1883 (Juli S' hm-^|^ 43) Mesh. Riporre n- 4 ».
Cette femelle, la seule qui existe encore dans cette collection,
n'est pas aussi forte qu'une Poule tetrix, mais elle est plus grosse
qu'une Poule Lagopus albus. Le bec atteint cependant à peine les
dimensions de celui de cette dernière espèce ; la tète est petite. Les
pattes et les pieds sont fortement eniplumés. les plumes sont de
couleur blanche ; les ongles sont aussi de cette couleur.
Le plumage est comme tacheté de neige, la couleur foncée étant
parsemée de taches blanches, à l'exception du ventre et du dessous
de la queue et môme du commencement de la poitrine, lesquelles
parties sont entièrement blanches. Sur les plumes foncées le dessin
du tetrix est plus reconnaissable que celui de Valhus. Si bien qu'au
premier abord, nous avions cru avoir affaire à une Poule tetrix
blanchissant; la coupe de la queue est en effet celle de la queue du
tetrix 9.
Nous ne nous permettrions (loint de contester l'origine qu'on a
supposée à cet Oiseau, et qui sans doute a été déterminée par d'émi-
ueuls ornithologistes suédois, car, tout bien considéré, un croise-
ment des deux espèces tetrix et allius pourrait aboutir à ce même
résultat ; néanmoins il nous parait bien osé de l'allirmer d'une
manière positive.
Musée zoolugique d'Upsala (Suède). — Ce musée est plus riche que
584 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
le précédent en spécimens femelles de Ripoire, car il en possède
trois. Ces trois Oiseaux nous ont été adressés très gracieusement
par M. Tulberg. L'une des Poules, étrange par sa grande taille,
son allure et sa longueur, paraîtrait plutôt de sexe mâle ; elle est
cependant étiquetée comme femelle. Très certainement elle a été
montée trop haut sur jambes. L'indication qu'elle porte est ainsi
formulée : « Tctrao lagopides $. Augermanland Natra Jùk. i Upsala,
Jan. 1861. »
Les doigts, à l'exception du doigt médian, sont garnis de longues
plumes jusqu'aux ongles, le pouce se trouve complètement caché.
Les doigts ne sont cependant point euiplumés aus^i fortement que
chez \e I.ngopus, pais les pluuies ne présentent point l'aspect du duvet
de cette espèce, lequel est beaucoup plus serré, beaucoup plus tassé
et de moindi-e longueur ; en plus les ongles sont foncés, et n'attei-
gnent point les proportions de ceux du Lafiopua.
Ce spécimen montre dans son plumage plus de blanc que de
couleur foncée : c'est sur le dos que le gris brun mélangé domine.
Le bec est foncé, il n'est guère plus fort que celui de Vnl.lms. La
teinte et le dessin du dos rappellent cet Oiseau. La queue est bien
échancrée ; cependant les rectrices externes ne dépassent pas
autant les pennes du milieu que chez le tetrir Ç. Elles sont dans
leur moyenne partie brun foncé uniforme. Les médianes sont
beaucoup plus mélangées ; toutes sont largement bordées de blanc.
Sur une plume seulement ou remarque la terniinaisou^ .
du tetrix, et cela, presque d'une manière imperceptible. Cet exem-
plaire n'a pas été peint.
Les deux autres femelles se ressemblent étrangement : on croit
voir deux sœurs ; mais l'une est plus foncée que l'autre. Nous décri-
rons d'abord celle-là. Sur le socle qui la soutient on lit : u Tetrao
la[/f)pi(les, Riporre $. Inkoijt pa Dislûgen, Upsala 1883 fr Jemtland
Klf I). A la jambe pend une étiquette ainsi conçue : « Tunuen i
fogellaso fr .lemtland Aggslaken lydligKIT ».
Cet oiseau est court de jambes, les doigts sont recouverts jus-
qu'aux ongles par des plumes d'un blanc sale qui ne représentent
point le duvet épais et court du Lagopus alhiis. Les plumes qui
garnissent les tarses sont mélangées de gris brun sale. Les ongles
sont foncés et n'atteignent point les dimensions de ceuxdu Lagopus.
La couleur dominante de l'Oiseau est le brun, barré de jaune et
piqueté çà et là de blauc. Sur la poitrine et à l'anus, le blanc s'étend
davantage. Il existe comme une grande raie blanche fort large sur
les ailes ; ce sont les plumes les plus rapprochées du corps, les
ADDITIONS, COnilECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 585
rémifj;es, peusous-uous, qui, recouvei'les à leur naissance par d'au-
tres plumes, produisent cet ellet. Le hec est moins tort que chez le
tctrix. L'Oiseau dans son aspect et dans sa pose parait plutôt alhus
que letrlr ; il n'est point allongé, mais ramassé; sa queue est très
courte et foncée. Les rectrices extérieures brunes sont de ton uni-
forme, non bordées, ou bordées très légèrement de blanc : les
médianes le sont au contraire davantage. La queue est peu échan-
crée, les rectrices extérieures dépassent seulement un peu celles du
milieu. On lc remarque pas à l'extrémité de ces diverses plumes
la terminaison du tctrix, sauf sur la rectrice la plus extérieure
du côté gauche et encore d'une manière assez faible ; les autres
pennes ont la terminaison ronde ou carrée de Vdllms. Cette pièce
a été peinte à l'aquarelle et de grandeur naturelle par M. Prévôt.
La troisième femi'llc porte encore l'indication du Jemtland; elle est
datée de février 1886. (Est-ce la date de l'achat ou de la capture?).
Elle est plus blanche que la précédente, tout en présentant, on
vient de le dire, beaucoup d'analog-e avec elle. Elle est aussi un
peu plus haute sur jambes et sa queue est plus carrée, quoique
ne paraissant pas échaucrée; la queue ne tourne point cependant
à la manière du Lanopus. Les ongles sont foncés, mais très longs.
Les plumes qui recouvrent les doigts n'indiquent point le duvet
court et épais de l'albus; ce sont de petites plumes, comme les
précédentes, longues et fines. Sur les tarses, le plumage est quelque
peu mélangé de brun. On n'aperçoit la terminaison du tctrix sut
aucune des rectrices. C'est encore sur le dos (pie la couleur foncée
brun jaune se trouve très répandue. Il existe des rectrices médianes
bordées de blanc, la bordure est peu étendue. Le bec, qui est foncé,
n'est pas très fort. L'iris (artiliciel) est assez clair. L'Oiseau est
ramassé et est plus d'aspect alhus que tetrix ; il est un peu plus fort
que Lai/opus, moins fort que tetrix.
Musée lie Cliristiania. — Nous avons examiné eu trois fois diffé-
rentes l'intéressant Oiseau 9 tué à Rorosen 1876 et que le professeur,
M. Collett, a bien voulu nous adresser. Comme dimensions, cette
Poule est un peu plus faible que le tetrix 9, par conséquent plus
grande que le f.agopus. Les tarses et les doigts, à leur naissance, sont
fortement emplumés, mais les plumes sont loin de recouvrir les
ongles et laissent la dernière phalange des doigts très visible. En
dessous, le pied est bien emplumé. Les ongles ne sont point blancs.
Le bec ne dépasse guère les dimensions de celui du Lagopus ; par
contre il est foncé. L'échancrure de la queue n'est point aussi pro-
noncée que celle du tetrix. Néanmoins les rectrices extérieures
586 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
dépassent les médianes, mais elles sont droites; elles sont en outre
marquées de blanc à leur extrémité dans le genre de celles du
Laçjopus. Les couvertures du dessous de la queue sont entièrement
blanches.
Nous n'osons point nous prononcer sur l'origine de cet Oiseau
qui pourrait être un tetrix albinos. Nous avons fait part de nos
hésitations à M. Collett. Le savant professeur nous a répondu qu'il
avait la certitude que cette Poule était réellement un hybride et
non un albinisme 9 de tetrix.
Nous avons donc procédé à un deuxième examen qui est le sui-
vant. Comparativement aux femelles lUporre qui nous ont été
envoyées du Musée d'Upsala, l'Oiseau se montre très fort d'enco-
lure, mais on ne doit point attacher une grande importance à ce
caractère qui pourrait provenir du montage. On n'aperçoit point,
(remarque que nous n'avions point faite dans notre premier exa-
men), la coupe . terminant les rectrices ; toutes les
pennes au contraire finissent avec la large bordure blanche
propre au Lagopus albus. Ainsi l'Oiseau ne se montre plus tetrix
par ce caractère ; il s'éloigne encore de cette espèce par le dessous
de ses pieds qui sont emplumés, et sa queue, qui est réellement
moins échancrée que celle du tetrix. En présence de ces traits, nous
nous sommes demandé s'il ne pourrait pas être complètement
référé à l'espèce Layopus. Mais ses ongles foncés, les fortes dimen-
sions de son corps, sa queue quelque peu échancrée, le coloris
foncé et la disposition du plumage, qui sont du tetrix, empêchent
cette supposition. En sorte que ce deuxième examen est plus
favorable à l'hybridité que le premier, l'Oiseau se montrant inter-
médiaire en bien des points.
Un troisième et dernier examen, qui nous a prouvé qu'aucune des
rectrices ne se termine comme celles du tetrix, que toutes sont
invariablement et largement bordées de blanc, nous a permis
d'accepter la supposition d'un hybridisme, quoique l'Oiseau soit
très fort et qu'il atteigne presque les dimensions d'une Poule tetrix.
M. Jules Adeline a peint pour nous cette pièce intéressante.
Musée de Dresde. — La Poule, presque tetrix, que nous avons
reçue, est semblable, nous a fait savoir M. le Df A. B. Meyer, à une
autre Poule figurée comme » abnorme » dans son grand atlas. A
cause de celte dénomination, nous étions autorisé à supposer qu'elle
avait été considérée comme variété, et non comme hybride, .-^ussi,
nous n'avons point pris la peine de l'examiner minutieusement
et de la décrire. — Il n'en serait point ainsi : « L'anomalie qu'elle
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE î)87
présente, nous écrit le docteur, est justement le sang de Vullnts,
qui apparaît au deuxième ou au troisième degré. » L'Oiseau est,
d'après lui, le descendant d'un hybride ietrix x albns croisé
deux ou trois fois avec le (etrir pur. Les caractères d'athus sont
visibles, ajoute t il, « dans les tarses emplumés. » Néanmoins,
M. Meyer veut bien nous dire que si nous trouvons une « explica-
tion plus plausible de celte auonialie », il cédera. Cette gracieuseté
ne peut être agréée, puisque nous n'avons point pris soin d'exami-
ner la pièce en question. Nous avons noté seulement que le plumage
est d'une couleur violacée et hniiiàtre, neigeuse çà et là, sale dans
son ensemble. Ce que nuus |>ouvous objecter » la remar(|ue faite
à propos de la garniture des tarses, c'est que la femelle de l'espèce
tetri.r a les tarses emplumés et cela jusqu'à la naissance des doigts.
Mais M. Meyer sait cela tout aussi bien que nous; sa remarque
porte donc sur un autre point.
jl/u.vi'c (/(' Troinsi) (Norwège). Uu spéeiiiiPii (1). — Sur l'étiquette on
lit, parmi d autres mots : « 1. 1893, SUarsIaii H. Hutto » ; et plus loin :
« Skjovsalli sids se Haloder afe Uesemben 18'J1 ».
Cet Oiseau (qui paraît mâle par son aspect) rappelle tout à tnil les
Riporres que nous avons vus. C'est un vrai îci/vx albinos, de bi taille
et de la forme de cette espèce et avec le bec foncé ; mais il faut
reconnaître que les doigts sont en partie emplumés, que les ongles
sont de couleur corne assez claire, quoique non blancs, ([ue les
pieds sont petits (plus petits même que ceux de Vallms), que les
reclrices ue sout point terminées à îa manière du tctrix (2), mais
bordées de blanc. Kn outre, les plumes noires sont barrées de raies
jaunes, et semblent être uu mélange du plumage des deux espèces.
Eulin on peut considérer la couleur blanche répandue sur le corps,
non comme uu elTet d'albinisme, mais comme provenant du Lagopns.
Dans ce cas, l'Oiseau ue paraîtrait |)lus un Ietrix frappé d'albinisme.
Nous restons néanmoins un peu hésitant sur sou hybridité.
Ces ADDITIONS nous fournissent l'occasion de mentionner un
article de M. K. G. lleuke sur le Tetrao albo-tctrix $ du Musée de
Dresde, article publié dans le « Zeitschrift fur Ornithologie » (3) et
qui contient une ligure coloriée de l'Oiseau (4). La mention de cet
(t) Nous avons oulilié de relever l'indication du sexe; nous pensons cependant
qu'il est indiijué comme Q.
(2) Il faut noter ici que cette terminaison, à laquelle nous faisons souvent allusion,
s'apervoil peu chez la femelle de cette espace: ce que nous n'avons point encore dit.
(3) 1883. Uber sellen vorkommende Vogel.
(4) Taf. m.
588 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
article, omise dans notre première publication, vient ici très à
propos, car M. Henke s'occupeprécisément des marques auxquelles
on peut reconnaître l'albinisme dont nous craignons la présence
chez les échantillons considérés comme hybrides. Après avoir cité
plusieurs exemplaires Tetrao albo-tetrix conservés dans des Musées,
le savant ornithologiste remarque qu'on ne pourrait émettre des
doutes sur l'origine des hybrides réputés femelles de ce croisement,
comme il en a été émis à propos des sujets supposés femelles du
T. tetrix X T. urogallus, attendu que le Tetrao albo-letrix diffère
d'une manière frappante de la Poule de neige et encore bien davan-
tage de la Poule trlrix (1). On se rappelle que le professeur Collett,
de Christiania, avait déterminé comme albinisme partiel, issu d'une
Poule des bois (Birkenne), l'Oiseau que M. Henke avait au contraire
décrit comme hybride à'allms X letrix (2) et que, d'après le même
professeur, plusieurs Oiseaux semblables se trouvent au Musée de
cette ville. Or, d'après M. Henke, cette manière de voir n'est pas
acceptable ; autant que celui-ci a pu se rendre compte de l'albinisme
partiel chez quelques espèces de Poules, il a trouvé « que le blanc
du plumage chez les hybrides du Lagopède des neiges n'a rien
de commun avec l'albinisme », ainsi, du reste, que la couleur qui
représente la livrée d'hiver du L. albus. Ce qui lui permet de
conclure à l'hybridisme avec le plus de probabilité, c'est que « la
forme et la couleur reviennent régulièrement, c'est-à-dire dans
une mesure égale. » M. Henke, admettant la fertilité des
hybrides, croit à la grande variabilité de leurs produits qui
reviennent, après un certain temps, à la forme des parents. Ce
sont des hybrides « retournant eu arrière », et comme la différence
de grandeur est ici très petite, même insignifiante, qu'elle offre
peu de fixité, il devient très difficile d'indiquer avec sûreté les
diverses et nombreuses bigarrures des (( Poules des bois. » La
manière dont M. Henke reconnaît les hybrides, est la suivante:
« Déjà, dit-il, dans leur ensemble, ces Oiseaux présentent un aspect
étrange, particulier, qui étonne; puis la marque régulière est, chez
quelques spécimens, un tracé excessivement prononcé ; la tête et
le cou sont plutôt aussi de couleur uniforme. » Mais c'est surtout
par ce fait : (( que plusieurs parties du plumage, qui sont claires
chez la Poule des bois (Birkenne), se trouvent noires chez les
(1) Voy : Scheeliuhn bastard oer partieller albinismus der Birkhenne, in
Zeitschr. f. d. gesaimntnte Oinilliologie, pp. î!67-6i), 111, Jalig. 18S6.
(2) Voy. encore à ce sujet: Proceediags oftheZool. Society ofLondon, 1886, p. 419.
ADDITIONS, COURECTIONS ET F.XAMENS D^APRICS NATURE 589
hybrides. » M. Henke ne tient pas, en effet, comme possible, qu'à
côté de l'albinisme il puisse se présenter un mélanisiue.
Les observations comparatives de M. Henke sur l'albinisme par-
tiel se rapportent aux Faisans, aux Haselhiihiier et aux Rebhûhner.
De ces dernières, il a élevé quatre jeunes, toutes devenues marque-
tées de blanc ; il a môme pu constater une régularité frappante dans
la manière dont les marques blanches formant tache étaient posées;
malirré cela, ces marques ne produisaient point l'impression que
l'on éprouve à la vue des hybrides.
Nous ne terminerons pas cet article sans mentionner les deux
planches représentant des hybrides (( telri.v X nlhits » que le pro-
fesseur Collett a publiées dans les Proceedings of the zoological
Society of London (1), planches que nous avions omis de citer. La
fig. 1 de la planche XXI représente un mâle en costume d'hiver et
la fig. 2 une femelle dans la même livrée. Au contraire on voit sur
la planche XXllI un jeune màleci in early autuinn dress » (fig. 1) et
une jeune femelle « in late autumn dress » sur la fig. 2.
Ty.mpanuchus americanus (2) et Pediocoetes phasianellus
(ou Pedioc»;tes P. campestris (3) ou Pkdiocoetes P. cllumbianus)
Les espèces de Tétraonidés propres à l'Amérique contracteraient
des mélanges comme le font les espèces européennes.
M. G. Fream Marconi, de Chicago (Illinois), nous informe qu'il a
dans sa collection un produit du Pediocœtes phasiavelliis et du
Tijiiipanuchus aDiehcanus. Cet hybride, qui est de sexe mâle, fut tué
à l'état sauvage dans l'État de Vebrarka, puis envoyé au marché
avec beaucoup d'autres Grouses. M. Marcom en connaît un second
chez son ami. le D^ Rowe, éditeur de VAmerican Field, à Chicago.
M. J. II. Gurney a mentionné (4) un Oiseau cf semblable trouvé dans
la boutique d'un marchand de volaille à Brighton (Vugleterre), chez
lequel il avait été envoyé d'Amérique. En outre le Catalogue of the
Game lUrds de M. Ogilvie Graut indique dans les collections du
Brilish Muséum un mâle adulte en peau, provenant de l'Amé-
rique du Nord (5).
(1) 1886, p. 224.
(S) .\uli'es noms scientifiques : Ty-mpanuchus citpido americanus, Cupidonia
americanus, Tetrao cupido, Cupidonia cupido. Cupidonia americana,
(.'{) Synonymie : Pediocœtes phasianellus, Tetrao pliasianellus, Pedioccetea
kennicotti.
|4| In Aiik., n» 4. p. 391. Octobre 1884.
(5) Vol. XXII, p. 80, 1893.
590 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Avant de procédera l'exMinen d'une de ces pièces qui nous a été
gracieusement communiquée, nous donnerons quelques indications
sur les parents supposés dont les variétés sont nombreuses et dont
la connaissance est fort utile dans le cas présent.
Baird, Brewer et Ridgway classent les deux espèces dans deux
genres difïérents(l). Danslecc Code of Nomenclature ))(2), on partage
cette manière de voir. — Cette séparation nous paraît excessive.
On compte trois espèces chez le Pediocœtes phanianellus, c'est-à-
dire 1° :1e P. phasiancUus proprement dit (ou Sharp tailed Grouse);
2° \e Pediocœtes p. Coiumhianiis (ou Columbian Sharp tailed Grouse);
3° le Pediocœtes p. campestris {o\i Prairie Sharp tailed Grouse). — Le
tympanuchus americanus aurait lui-même ses trois types, mais ceux-
ci sont érigés en espèces dans le Code of Nomenclature; ce sont : le
Tympanuchus americanus (ou Prairie Hen), le Tympanuchus pallici-
dinatus (ou Lesser prairie hen) et le Tympanuchus cupido (ou Beat
hen), propre seulement à l'île Martha's Vineyard, Mass. (3).
Or, ces divers types présentent de très grandes analogies entre
eux et il paraît difficile, en cas de mélange de deux espèces, de
déterminer sûrement les variétés qui se sont croisées.
M. J. H. Gurney, toujours d'une très grande complaisance pour
nous favoriser l'étude des hybrides, a bien voulu nous adresser
en communication le spécimen qu'il a décrit. Nous n'avions, au
moment où nous l'avons reçu pour la première fois (4), qu'un mâle
et une femelle Tympanuchus americanus et une 9 P phasianellus,
pièces montées au Musée de Rouen, et que M. le D^ Pennetier avait
eu l'obligeance de nous faire parvenir; mais depuis, afin de rendre
profitable l'examen que nous avions commencé, nous avons fait
venir d'Amérique les divers types qui viennent d'être signalés (5).
De la comparaison, faite de l'exemplaire hybride de M. Gurney
avec les pièces du Musée de Rouen, sont nées de fortes présomp-
(1) Voy. leur ouvrage : North American Birds, 1874.
(2) Edition de 1886.
(3) Nous ne connaissons point ce dernier type, fort rare, paraît-il; peut-être
diflère-t-il réellement des autres (ormes par des caractères sensibles. .Mais nous ne
voyons point, puisque le « Code of Nomenclature » ne fait qu'une variété du
Pediocœtes p. campestris, ce même Code érige en espèce le Tympanuchus
palUdicinatiis qui, si nous en jugeons par un evemplaire qui nous a été envoyé par
M Wortlien, diffère certainement moins du T. americanus que le P. p. carjipestris
ne dilîère du P. pliasianellus. Notons que M. Ogilvie Grant (Cat. of Game Birds,
XXII) réunit le P. ptiasianellus columbianus au P. phasianellus campestris.
(4) On verra plus loin que M. Gurney a eu la complaisance de nous le retourner
une seconde fois.
(5) A l'exception de celui qui habile l'ile Martha's Vineyard, la Heat ben Grouse.
ADDITIONS, CORRECTIONS F.T EXAMENS d'aPRÈS NATURE Ji91
lions en faveur de la double origine que l'on suppose à ce produit.
Quoique plus TiiDipannrlnix (dont il porte au cou la fraise et les
touffes de plumes allongées) que Pediocœtes, le dessin du plumage,
étudié de très près, se montre intermédiaire entre celui des deux
espèces. Puis l'influence du l'ediaccelcs se voit encore autour de la
gorge. Le poitrail et la gorge ne sont point non plus barrés trans-
versalement à la manière de T. aim-rivanm. Les barres transversales
ont subi un changement et se montrent comme de petites barres
formant de larges zigzags, particularité due encore, sans doute, à
l'influence du 7". phasiancHus. Sur le dessus des couvertures des
ailes on voit facilement les taches blanches de ce dernier; c'est
môme par ce trait que l'Oiseau doit attester plus particulière-
ment sa double origine, f^e plumage du dos pourrait aussi passer
pour un mélange des deux espèces. Quoique les rectrices soieiit de
teinte presque uniforme, comme chez T. americaiius, et bordées
largement de blanc, les deux médianes dépassent les autres
plumes; ces plumes se prolongent toutefois peu en avant. Ce der-
nier caractère nous parait être encore l'indice d'un mélange, puis-
qu'il est étranger au T. (uitericamis. Ajoutons que lorsque les plumes
des flancs recouvrent les ailes, cet hybride parait plus T. americanus
que P. phasianrllus: mais lorsqu'on dégage l'aile de ces plumes de
recouvrement, on reconnaît l'Oiseau pour un vrai intermédiaire.
Nous avons été surpris de trouver son bec de dimensions plus
fortes et de couleur plus foncée fiue dans les deux espèces.
C'est longtemps après avoir fait cet examen que nous avons reçu
d'Amérique (de chez M. Worthen, de VVarsaw, Illinois), les différents
types purs des deux espèces. Ayant demandé à M. Gurney à revoir
son exemplaire, ce qu'il nous a accordé très facilement, nous avons
cru reconnaître que dans l'hypothèse d'un croisement la variété
Pedioccetes p. cam/icsfrî.? conviendrai! mieux que la variété Prdiocœtes
p. iihnsiiinclltis (si toutefois li's éclianlillons reçus sont convenable-
ment déterminés). C'est en effet avec le P. p. campextris que cet
hybride présente le plus de ressemblance tant par le dessus du
corps que par le ton du plumage. I^es couvertures supérieures
des ailes sont précisément de cette variété ; les couvertures infé-
rieures de la queue sont aussi d'un bleu clair à leur début, comme
un de nos échantillons /'. campestris. Enfin P. c«7n/)csfm (paraissant
avoir le bec plus fort que ses autres variétés?) se rapproche par là
de l'hybride.
Toutefois, on vient de le dire, la Sharpe tailed Grouse, la
Columbian sharp tailed et la Prairie scharp tailed, présentant de
592 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
grandes ressemblances entre elles (1), comme en présentent la
Prairie lier et le Lesser prairie, il serait assez difficile de préciser
nettement les variétés qui ont donné naissance à ce curieux Oiseau ;
à moins donc peut-être de connaître l'endroit précis où il a été
rencontré si les diverses variétés ont chacuue un habitat bien
séparé (2).
C'est encore à ce type (P. campestrisj que M. William Brewster a
reporté une Grouse hybride achetée dernièrement à Cambridge et
dont nous allons maiutenant parler.
M. William Brewster trouva en elTet, le 15 janvier 1893 (3), sur
les marchés de Cambridge, un spécimen d'une Grouse hybride que
le vendeur avait reçu avec beaucoup d'autres Grouses d'un mar-
chand en gros de Boston. Toutes ces Grouses étaient du type Tijmpa-
nuchus americanus. L'hybride paraissait avoir eu le cou tordu.
La peau fut préparée pour la collection privée de M. William
Brewster, et le corps, mis dans l'alcool, fut euvoyéà M. R. W. Schu-
feldt pour un examen anatomique. M. Brewster n'avait point
aperçu, même avec une loupe, quelque trace d'organes générateurs.
Le tronc offre, d'après M. Schufeldt, plusieurs points d'un grand
intérêt pour les ornithologistes. Celui-ci, ayant déjà étudié au point
de vue ostéologique les Grouses américaines, avait remarqué que
parmi elles, ce sont les deux types Pediticœles et Tympanurhus qui,
par la structure, sont les plus proches alliés (4). Voici, d'après les
mesures prises, les relations de plusieurs os de ces deux espèces et
de leur hybride :
Spécnnens ad. Sternum Coracoid Scapula Pelvis Fémur.
Tynipanuchus americ. . .
Hybride ....
Pediocœtes p. camp. . . .
(1) A ce point, on le sait, que M. Granl confond campestris cl columbianus .
(2l Nous supposons que tympanuchiis jeune montre, sur la poitrine et la partie
de dessus, les barres transversales à la manière des adultes et non rompues ou
rappelanlles dessins ovales de Pediocœtes. car, s'il montrait ces derniers caractères,
on pourrait dire que l'Oiseau de M. Gurney est un jeune en mue. Mais ceci n'est
pas probable. M. Elliot Coues, qui l'a vu, a reconnu un véritable hybride. [.'Oiseau
avait été décrit dans l'Auk (déjà cité). Voici comment M. Gurney s'élait exprimé :
(i La fraise du cou existe, mais elle n'est longue que d'un quart de pouce; la
queue, qui est brune chez le P. phasianellus et blanche chez le C cupido, est
grise dans l'hybride; les côlés des doigts ne sont que légi^rement empliiiiiés; la
couleur générale du plumage est intermédiaire entre les deux espèces, n
(3) Voy. The Auk, July 1890, pp.28l-28o, vol. X. iNote on the trunck skeleton
ofa Hybrid Grouse by H. W. Schufeldt)
(4) Voir la li' année du Report ofU. S. Geological and Geographical Survejr,
Washington, Octobre 1882, p. 700.
115
35
75
85
72
114.0
48
70
72
66
101
48
66
71
64
ADDITIONS. CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE j93
Nous extrayons encore de l'article publié par VAuk les indi-
cations suivantes :
Les côtes vertébrales de l'hybride rappellent plus le l'cdincœtes
que le n/mpanuchiis. Le pelvis est tout à fait intermédiaire entre
celui des deux espèces (1).
Vu de profil (laterally), le caractère le plus sensible est, sur cha-
que côté, la partie » posl-acetabulur » de l'ilium, qui dépasse de
beaucoup la surface latérale du pelvis et de l'ischiocforaureu. Ceci
est apparent, il est vrai, juscju'à un certain point, sur le pelvis du
Pedlocœtes; néanmoins on trouve cette marque beaucoup plus
prononcée chez l'hybride, sans l'être toutefois autant que chez la
Prairie lien.
M.Scluifeldt examine encore d'autres caractères appréciables sur
le même os et conclut au parfait accord du pelvis de sa pièce avec
le pelvis des deux parents. Une telle observation peut aussi s'appli-
quer au sternum qui ])araît ditlérer tant soit peu du sternum du
Tijmpanuchus, mais qui en dilTère par un petit caractère insignifiant
en ce que « l'antero-superior produc'd portion of either costal
process » chez l'hyiiride est quelque peu allongée, très rctrécieet se
dirige directement en avant {2.). Dans tous (3), fait encore remarquer
M. Schufeldt, les éléments de la voûte pectorale ou de la ceinture
de l'épaule (shoubdergirdie) sont très ressemblants, bien que les
os de l'hybride simulent davantage les os correspondants dans
les squelettes des Prairies liens. Plus extraordinaire est ce qui
concerne la forme de l'hypocleidium très étendu dans les os
furcula, leur étendue étant considérée comme réellement moindre
(( antero-posleriorly » cliez le Pediocd'tes qu'elle ne l'est chez le
TyiniHinwhus, ou chez l'hybride, ainsi que leur diamètre l'indique.
Ce diamètre est, chez les deux derniers, de 12 millimètres, tandis
que chez la Sharpe tailed-Grouse il ne mesure que 9 ou 10 milli-
mètres. Enfin, les caractères du fémur sont, à l'exception de leur
longueur, dans un exact rapport avec ceux des fémurs des espèces
parentes. 11 faut cependant noter que le « calibre of its shaft » est
relativement (4) plus gros qu'il ne l'est chez le Pediocœtes. « A part
(1) M. Sctiufeldl fait remarquer qu'il est d'autaat plus facile d'apercevoir les
caractères inleriMéiliaires qu'il présenle, iiu'on Irouve chez le Pediocœtes un
pelvis qui dilTcre d'une inanii'ie fr.ipP'"^'(^ ''•' celte même paille dans le s(|iieletle
de tous les autres (jenres de (irciuses de l'Amérique, (^'esl le pelvis du Pediocœtes
qui s'en ra|iprocbe le plus, mais II n'en approche p:is d'une manière aussi marquée
que celui de l'hybride.
(2) (To the front).
(3) Les Oiseaux, pensons-nous (ou chez toutes les (jrouses américaines|'?
(4) (As well as actuallyj.
894 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L*ÉTAT SAUVAGE
ce petit détail, conclut l'ostéologue, u the fémur of this hybrid fills
Ihe idéal place in a séries of Ihree that otherwise iusensibily iuter-
grade in ail particulars. »
L'Oiseau, si minutieusement examiné au point de vue ostéolo-
gique, est, comme plumage, paraît-il, « presque intermédiaire
entre T. americanus et Pediocœtes p. campestris par sa couleur, ses
marques et le développement de ses plumes. Il a les toufles du
cou (1) du premier et les plumes centrales de la queue allongées
du dernier (2). »
Nous avons encore à signaler une Grouse hybride que M.William
Brewster possède dans sa collection et qu'il a déterminée comme
provenant du Cupidonia cupido et du Pediocœtes phasianellus var.
columbianus (3). Les caractères distinctifs que possède cet Oiseau
sont les suivants; d'après l'éminent ornithologiste :
(( Size and gênerai proportions of Pediorœles phasianellm var.
columbianus. Tail of sixteen feathers exclusive of tivo central projec-
ting ones. Tarsi feathered as in Cupidonia. Neck-tufts 1..jO inches
long. Upper tail-coverts coextensive \\i\.\\ the rectrices. Abovesimilar
to Cupidonia cupido; wiugcoverts (but not the scapulars) white-
spotted, as in Pediocœtes. Breast and sides barred transversely, as
in C. cupido; abdomen white. sparsely covered with obtuse V-shaped
spots of brown. Head, neck, and throat-markings precisely as in
C. cupido. Neck-tutfs dark brown; the longer ones not so stifïs as
those of C. cupido, the shorter dull yellow. Tail generally similar
in shape and color to that of C. cupido, but with a central pair of
elongated fegthers « with parallel edges and truncated ends, « which
Project. 52 of an inch beyond the next pair. Thèse projecting
feathers are tipped with Iight brown like the other rectrices; sub-
terminally for the space of about an inch they are solidly black, —
anteriorly, with ragged rusty-yellow bars. The outer webs of the
outer pair of rectrices are irregulary white. The measurements,
taken from the dried spécimen, are as follows : Wing, 8,37; tail,
3,25, — two central feathers, .52 longer; bill, depth, .40, length
from nostril, .50; tarsus, 2.03; middle toe, 2,73. »
De cette description, il ressort, (fait remarquer le descripteur),
que cet Oiseau combine dans d'égales proportions les caractères du
Pediocœtes et du Cupidonia. Dans l'apparence générale du plumage,
(1) Longueur d'un « nich « seulement.
(2) Tous ces renseij^nements sont extraits de l'Auk.. pp. 281-28.Ï, July 1*90.
(3) Voy. Bulletin of Ihe Nuttall ornilhological Club. N' de Juillet 1877, pp. 67
et suivantes.
ADDITIONS, CORRECTIOiNS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE !)9S
il ressemble davantage à C. cupido, mais l'aljdomen est tacheté
comme la poitiine du l'edincœlcs, et les couvertures des ailes sont
marquées comme dans cette espèce. Il possède les touUes du cou
de Cupiitonia et les plumes avancées de la queue de Peiiiocœtes, ces
deux caractères sont cependant visiblement modifiés. Un trait
remarquable apparaît dans l'étendue des couvertures supérieures
de la queue qui s'allongent jusque près des pointes des rectrices.
Dans l'article que nous reproduisons, M. Brewster disait en outre
qu'il connaissait trois spécimens de ce genre dans des collections
privées et qu'il avait entendu parler de plusieurs autres, sans doute
ceux que nous avons déjà mentionnés?
L'hybridisme Pediocœti-s xCitpidonia n'est donc point absolument
rare en Amérique.
Famille des Phasianidés
Genre Euplocamus
EUPLOCAMUS HORSFIELDI et E. LINEATUS, et EuPLOCAMUS
ALBOCRISTATUS et E. MELANOTUS
(Se reporter pp. 81 et 82 ou pp. 334 et 33o des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
De nombreuses confusions, pensons-nous, se sont produites au
sujet de plusieurs types très rapprochés du genre Euplocamus;
nous en avons rappelé quelques-unes.
Les formes les plus voisines de ce genre sont, sans contredit:
VE. iiiclauotus, \'Ë. leucomelanus, VE. albocristatus, l'A', cuvieri,
\'E. horsfieldi et VE. lineatus.
Les autres espèces, c'est-à-dire ÏE. swinhœi et l'Ê. nycLhemerus,
d'une part; VE. prmlntus, VE. mobilis, VE. vieillotii, d'autre part,
sont assez séparées pour être facilement reconnues.
11 n'est point, du reste, question de mélanges pour elles ; mais, si
nous eu croyons des ornithologistes de l'Inde, plusieurs parmi les
premiers types contracteraicfnt entre eux des croisements.
C'est ainsi que Jerdon dit que VE. horsfieldi « grades into the
Burmese E. lineatus, specimeus from Arrakan being apparently
hybrids betwen the two species (1).» Blylh répèle cet auteur;
parlant de ces deux Oiseaux, il écrit (2) : « They complety passone
(1) Jerdon, Birda of India. vol. Il, part. Il, p. 535, Calcutta, 1864, in-8o.
(2) Mais vraisemblablement d'après Jerdon, et non d'après ses observations
personnelles.
596 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
into the olher in tbe province of Arraitan ; il ajoute même que
« some living spécimens hâve bcen received by tlie Zoological
Society. » Pour lui, Ï'E. cumeri de Temmink représente la race
hybride référée aux croisements de \'E. lineatus X E. Iwrsfieldi! (1).
Le même ornithologiste nous apprend que VE. albocristalus et
l'A', melanotus « interbreed in the intermediate province of Népal.
E. melanotus being the species inhabiting Siskin and Butam, where
most assuredly E. Uneatus is unknown, the latter inhabiting Soulh-
ward of the range of E. horsfieldi, in Pegu and the Tenasserin pro-
vinces, » ou, ajoute-t-il : (( / hace ptrsonnaly observe it in the
forests (2).
Nous avons donc à examiner quelle est la valeur de ces dernières
formes. Toutefois, il sera bon de faire remarquer préalablement
que les croisements indiqués par Jerdon et par Blyth n'ont point
fait l'objet de nouvelles observations; nous n'avons même pu décou-
vrir aucun fait les confirmant. Les Musées indiens de Calcutta et
de Lucknow nous ont fait savoir qu'ils ne contenaient aucun
hybride de ce genre ; dans le Catalogue of Game Birds of Britisk
Muséum (3), pas un seul n'est cité et nous avons été nous assurer
qu'au Muséum d'Histoire naturelle de Paris on n'en voit pas non
plus. En outre, les correspondances que nous avons reçues de
l'Inde et de l'Indo-Chine ne nous ont fourni aucune indication sur
ces croisements que l'on paraît ignorer et auxquels MM. Hume et
Marschal n'ont fait aucune allusion dans leur important ouvrage
sur les Oiseaux de chasse de l'Inde (4), ce qui nous surprend, si de
tels hybrides existent. Les formes intermédiaires dont parlent
Jerdon et Blyth ne sont du reste peut-être point le résultat d'un
croisement. Un écrivain anglais paraît suggérer qu'elles doivent
seulement être attribuées « à la séparation incomplète des espèces
dans les lieux où ces variétés se rencontrent (5). »
(1) Bljlh. Commentarj' on D' Jerdon o Birds of India ». Thf Ibis, vol. III,
18G7, p. lo3, et itussi « Cat. Museurn A. S. B. p. 244. cité par Sclater : in l'rocePil.
Zool. Soc. of London, I8(ili, p. 120. — Elliol a lui-même rapporté l'assertion de
Blyth. in « Monograph of the Pliasinnidœ. » Vol. II, New-York, 1872, in fol.
(2) Commentarj- on D' Jerdon, etc. The Ibis, II, 1867, p. 153. Ceci a encore été
rapporté par Elliot (A monograph of Phasianidœ, 1872).
(3) De M. Ogilvie Crant, London, 1893.
(4) The game Birds ojf India. Calcula, 1879-1882.
(5) The Ibis, p. 186, 1876. Nous avons lu dans le Bull, de la Société d'acclima-
tation de Paris, 1888, p. 478, que M. Geollroy Saint Hilaire a, dans une séance de
cette Société, rappelé que dans 1 Hymalaya, des espèces inlerinédinires se sont
formées entre les trois Faisans : L'iiùplocamus albocristalus, \'E. melanotus et
VE. Uneatus, qui occupent trois réfiions différentes ; puis que ces espèces intermé-
diaires ne sont :il)solunient que des variétés des Irois iiulres. Nous supposons que
M.tîeotîroy Saint-Hilaire fait iii illusion au.x exemplaires cités par Jerdon et Blyth.
M.GeoDroy Saint-Hilaire oublie toutefois de nommer ÏE. horsfieldi.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMKNS d"aPRÈS NATURE ;i97
Quoiqu'il en soit, uous allons donner quelques imlicalions sur
les types purs du genre Euplorainus ou plutôt sur les types qui
sont les plus semblables et parmi lesquels on a supposé des
mélanges.
Nous avons possédé vivants VK. melanotus, VF., horsfieldi,
YE. nycthemerus, VE. swinhoei et VE. prœlatus <^ et 9. Les trois
premiers types présentent actuellement quelque intérêt. Or,
VE. horsfti'liti cT dilïère réellement, par les teintes de son plumage,
de VE. lineatus du même sexe ; les mêmes différences s'observent
dans le sexe opposé. Néanmoins, ces types ont un air de parenté
très rapprochée. La femelle de VE. horsfieldi se rappelle à ce
point la femelle melanotus qu'on confondrait aisément les deux
Oiseaux (i). L'£. melanotus cT est lui-même très voisin de VE.
horsfieldi cT (2).
Au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, les individus étiquetés
melanotus montrent le croupion foncé et les pattes bleuâtres; le
poitrail est panaché de barres grises sur les flancs. Ceux qui sont
nommés horsfieldi ont le croupion gris blanc, les pattes grises et le
poitrail bleu uni. Les exemplaires indiqués comme albocristatus
ont au contraire le croupion panaché comme les côtés du poitrail,
mais les pattes rouges (3). Il paraît y avoir un inlermédiaire entre le
leucomelanus et Valbocristatus. Nous laissons de côté l'A', diardi,
VE. vteilloti, VE. sicinhœi et VE. nycthemerus, qui sont également
conservés dans ce Muséum, puisqu'il n'est pas question de mélan-
ges pour eux.
M. Ogilvie Grant classe comme espèces: Valbocristatus, le leuco-
melanus. Vhorsfietdi,\e lineatus et Vandersani d'Elliot (4), types très
rapprochés les uns des autres. Mais le même ornithologiste fait de
cuvieri une sous-espèce de Vhorsfieldi: il en fait une seconde avec
(t) Si toutefois les sujets que nous avons nclietés sont bien dëtermiDés.
(2) Nous avons croisé VE. melanotus avec 1'^. horsfieldi el avec VE. lineatus.
Nous avons possédé îles liybridcs iVE. su/inliœi X E. nycthemerus, li'E. nycthe-
merus X E. melanotus, li'E. swinliœi X -E. melanotus, d'E. prœlatus X
E. nycthemerus, et iiiùine des liyhrides d'B. swinhwi X nycthemerus X
E. melanotus X lineatus. iMallieureuseriient ces croisements ne correspnndenl
point avec ceux que Jerdun et Blylh ont fait connnitre. (.Nous avons parlé de ces
croisements dans un Mémoire présenté au Congrès des Sociétés savantes à la
Sorbonne en 1894).
(3) Le plumage de r£. leucomeUinns doit être plus terne, moins bleu ardoise.
L'obscurité est telle, parfois, dans les galeries de ce niagnilique Muséum, qu'on ne
peut se rendre compte de la couleur des Oiseaux qui sont ^enfe^més dans certaines
vitrines.
(4) P. Z. S. 1871, p. 137 et Mon. Phas. ii, pi. XXli, (Le crawjurdi de Hume el
Davison).
398 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
l'E. andersoni Anderson (aec Elliot) (1). Il donne encore comme
sous-espèce du Unealns un type qu'il nomme «oa^esn) et qui corres-
pond au Loph. cuvieii, Hume (nec Teiiim.), à VE. cuvieri, Oates et à
]'E. lineatus, Feilden. Enfin VE. nycthemerus et \'E. swinhœi, tous
deux distincts, sont sans sous-espèces. De tous ces types M. Grant
fait un seul genre qu'il nomme (icniimus. Remarquons en passant
qu'il éloigne de ce genre VE. vieiUoti, VE. nobilis et VE. prœlatus
(ou diardi), espèces dont il fait un genre à part, qu'il désigne sous
le nom de Lophnra. Eu outre il sépare ces deux genres par les genres
Lobiophasis et Crossoptilon ! Nous avions toujours pensé que le
Crossoptilon est beaucoup plus éloigné de V Euplocainus que ce qu'il
nomme Lophura. Nous sommes donc surpris de cette classification.
— Quoiqu'il en soit on va voir facileuient par ses propres descrip-
tions qn'albocristatusjeacomelus, melanotus, horafuidi et cuvieri, ne
peuvent être cons dérées tout au plus que comme des variétés
d'une même espèce.
Voici, en elïet, à peu près les seuls caractères qui les distin-
guent aux yeux de l'éininent ornithologiste : /l/^ocnstatM.'>-, crête
<( blanche », chez leucomeliinuf! et melnwitus (( lustrée de bleu
pourpre.» Le manteau et les couvertures de la queue, chez les trois,
« noir lustré de pourpre et de bleu d'acier » (plus intense chez
melanotus). Le menton et la gorge « noirs» chez les trois. Les cou-
vertures supérieures de la queue « bordées légèrement (narrowly)
de blanc sale chez albocristatus, avec des « bandes terminales géné-
ralement plus étroites (narrower) chez leucomidanus (et sans doute
chez melanotus). L'arrière dos et la croupe « bordés étroitement
de blanc sale, mais « avec une bande terminale blanche et large
« chez alhocrislatus. Chez leucomelanus, ces bandes terminales sont
« généralement plus étroites, » tandis que chez melanotus les
mêmes parties sont <i lustrées profondément de bleu pourpre uni-
forme sans bandes terminales. » Le bec <( blanc verdàtre, » les pieds
et les jambes « blanc vif teinté de brun » chez les trois types. Leuco-
melanus serait un peu plus petit qu'alhonistatus et aurait la tête
d'un pourpre « moins intense j> que melanotus. — Ce sont là de
faibles distinctions (2).
Quant à Vhorsfieldi, M. Grant le dit « noir lustré de pourpre et
de bleu d'acier; » les couvertures supérieures de la queue «avec
bandes blanches terminales très étroites, » l'arrière dos et la croupe
(1) La même, d'après lui, que VE. lineatus. Anderson (nec Vi^').
(2, Nous les avons établies ainsi en taisant l'analyse des descriptions de chaque
type, descriptions écrites séparément par M. Ogilvie Grant.
ADDITIONS, COnRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 599
égalemeut avec « une baiidu leriuiaale blanche, n l'Oiseau étant de
la môme taille que les autres espèces.
D'après le même, la sous-espèce cuvieri ressemble à Vluirsfieldi,
mais toutes les plumes des parties supérieures sont linement
poiutillées « avec des lijjues blanches irrégulières et onddyantes »
et les barbes intérieures « of the centre pair of tail-feathers » sont
« noires sur les bords. » .Même taille que la précédeute.
Quant au (/aci'.so;((, il dilTère du rwciVr/ en ayant les ligues blanches
des plumes des parties supérieures « plus grossières et moins régu-
lières )) spécialement sur le manteau, sur les scapulaires et sur les
couvertures des ailes. Les plunus de ces parties ont» une ligne
extérieure qui est blanche vers le bord, cette ligne est parallèle au
bord, et, dans l'espace de cette ligne et de ce bord, se trouvent
quatre ou cinq ligues irrégulières plus ou moins parallèles (I). Sous
ce rapport, cette sous-espèce s'approche de Vandersoni; mais les
lignes blanches sont « plus étroites » et les « black interspaces
broader than in the former. »
Au sujet des femelles de ces types, M. Grant dit le « leucomelanus
$ parfaitement semblable à la femelle de Valbocrislatns, quoique
plutôt plus foncée. » Il ajoute que la femelle inelanolux ne saurait
ètredislinguée de cette dernière. Également le /w/s/fc/r/j 9 ressemble
à la femelle du leucnuielanus ou du mclmiotus, seulenieut dans les
vieux spécimens la paire centrale des plumes de la queue devient
châtaigne foncée et uniforme, au lieu que chez les deux dernières,
il existe toujours à cette place quelques petites marbrures noires (2).
Enfin la femelle cuvieri ressemble encore à la femelle hoisficldi,
mais toutes les pluuiesde la queue sont plus ou moins mélangées
avec du roux marbré ou bigarré (motlled) de noir, les |)aires exté-
rieures étant seulement noires vers leur extrémité. La femelle
davisoni n'est pas décrite (avec raison sans doute).
Ou voit à quelle minutie de distinctions il faut arriver pour
reconnaître ces diverses Poules.
Nous avons toujours cru lincalu.s (renaudii) bien |)lus distinct des
autres types (3) que ceux-ci ne sont distincts entre eux. La femelle
surtout a dans le dessin de son plumage des traits tout particuliers
et qui lui sont propres.
(1) « An oiiler suliin:ir«iniil white lines par.illed lo llie edge, wtllùn \Yliicli are
lour or five irregular but inoro or less parallel lines. »
(2) f IJliii'li motlling ». « As a ruie. dit enroïc .M. (iranl, tlie rum|) is paler and
more olive lirown, and contrasts rallier slrongly willi llie injddle pair ol lail-
featliers. »
(3) Les derniers qui ont été décrits.
(ÎOO OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Quaut à nyctkemerus et à sirinhcei, quant aussi à oieillotti, nobilis
et pnf/(U«.s, ces espèces, nous l'avons dit, s'éloignent vraiment des
précédentes ; mais ce sont toujours pour nous des Oiseaux du genre
Euplocamus, que nous négligeons de décrire pour les raisons que
nous avons données.
Remarquons en terminant que M. Grant (1) réfère à VE. citvieri
l'Oiseau que Mac Clell avait décrit comme hybride de lineatus et
de leucoiiielanus (2).
Genre Phasianus
Phasianus vulgaris et Phasianus heevesi
(Se reporter p. 83 ou p. 336 des Mémoires de la Soe. Zool., année 1890).
Nous n'avions pu consulter nous-môme l'ouvrage de M. Dresser,
« .4 History of the Rirds of Europe », qui, au moment où nous écri-
vions notre premier mémoire sur les Gallinacés hybrides, n'avait
point encore été acquis par la Bibliothèque du Muséum à Paris.
Cet ouvrage très important ayant été aclielé depuis, nous avons lu
à l'article /'/). cokhicus le passage suivant :
« Olher species hâve also been introduced into Scotland as for
instance Phasianus verskolor and l'hasianus reevesii; and both
thèse hâve crossed with the présent species [Ph. colchicus) so that
it is, as elsewhere, most difïïculle to (ind a pure blooded Phasianus
colchicus. » (3)
Nous sommes persuadé que M. Dresser a voulu parler seulement
de mélanges entre le Ph. versicolor et le P/i. colchicus, et non entre
le /'/). recvesi et le Ph. ccrsicolor.
Nous pensons, en effet, ces derniers mélanges fort rares, s'ils se
produisent même à l'état sauvage, car nous n'avons encore trouvé
aucun fait bien authentique à citer. M. Walter de Rotschil.d nous
avait fait savoir que dans son Musée de Triog se trouvait une
pièce représentant le croisement du fo/<,'/!7Ci(.s- et du reevesi; nou-
velles informations prises, l'Oiseau paraît avoir été obtenu en
semi-doinesticité (4).
Nous avons lu aussi dans le u Catalogue of the Game Birds » de
(1) Même Calalofjue, vol. XXII, p. 303.
(2) In Calciilla Journal, N» II, p. 147, 1842. En nous reportant a ce journal, nous
ne voyons aucune mention ilii lineatus. mais t\v fasintus croisé i\^- leiicomelanus.
Fasiatus estil donc le même que le lineatus ?
(3) Voy. : Vol. VII, p. 8d.
(4) Renseignements qui nous sont envoyés par M. Hartert.
ADDITIONS, COHHKCTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 601
M. Ogilvie Graiit (1) que Ton conserve dans les galeries du Brilish
Muséum trois s|)éciiiiens cf liybrides, un irnm. et un putl. pro-
venant de la Société Zoologique et nu adulte envoyé de Suflolk
par Lord Lilfonl. On aurait pu croire que la dernière pièce avait
été obtenue à l'état sauvage. Mais l'auteur du Catalogue nous fait
savoir qu'à l'exception des /'/(. culrhicu!> X T. telrix, tous les autres
hybrides qu'il a cités sont nés en captivité (2).
Enfin, le Prince de Wagrani. tout eu constatant que le Faisan
vénéré, qui, au début de son introduction dans son jjarc, s'était
montré peu sociable, est devenu peu à peu moins farouche,
remarque néanmoins qu'aucun croisement ne s'est encore opéré
entre les dillérentes espèces (lui vivent en commun (3).
Cependant, M. Petit aîné, naturaliste à Paris, nous informe
qu'il a acheté aux Halles centrales des hybrides du Faisan vénéré
et du Faisan ordinaire, et M. van Kemi)en nous assure (jue l'hybride,
acheté à Lille (4j dans un lot de Faisans communs et provenant
d'Angleterre, paraissait avoir été tué au (usil dont il portait des
traces. C'est le seul échantillon parvenu entre nos mains; on ne
peut douter de ses caractères mélangés; mais cet Oiseau, et ceux
dont parle M. Petit, ont pu être produits en volière, puis lûchés
dans les bois. — Quoiqu'il eu soit, nous avons fait du i)i'emier une
description très détaillée, après l'avoir l'ait peindre de grandeur
naturelle.
Sur une étiquette placée sous le socle qui le supporte on lit de
la maiu de .M. van Kempen : » Vù'A, Métis Pluuianns culclucus, trouvé
en chair à Lille, l'"^ Décembre 1879, tué en Angleterre (Pauqueret). »
Puis au crayon : (( Épicerie parisienne », (semblant indiquer la
maison où il a été acheté ?). Eu outre, dans le Catalogue des
Oiseaux hybrides de la collection de M. van Kempen (5), les rensei-
gnements suivants sont donnés : « Mâle adulte trouvé au milieu de
Faisans communs envoyés d'Angleterre. "
La pièce, fort bien montée, de forte taille, de celle du i-eevesi,
rappelle par la coloration de tout son corps, le Faisan commun, à
l'exception de la tête, des joues, du cou et de la queue. Mais le
dessin du plumage est un mélange des deux espèces. Il dillère
(1) Vol. X.XII, p. .'J24.
(2) Bull. Se. nal. appliquées, N» du 20 mai 1874, p. 4fi8.
(2i 11 y a cependant des exieplions, car les hybrides de Tetraonidés sont tous
certainement des hybrides sauvages.
(3) Voy. les renseignements donnés p. 83 ou p. 336 des Mém.
(4) Voy. p. 84 ou p. 337 des Mémoires de la Société Zoologique.
(5) Publié in Mém. Soc. Zool. de France, 18'J0, p. lO'i.
60^ OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
tout spécialement du coichicus par la ttHe dont le sommet est blanc
lavé de roussàtre entouré complètement et largement de blanc.
Deux petites taches blanches se montrent sur les joues. Tout le
devaut et le dessus du cou sont d'un noir violacé (couleur de vin) et
aucunement du vert bleu de mer du coichicus. Un demi-collier
blanc existe derrière le cou et ne se prolonge pas sur le devant.
La croupe diffère beaucoup de celle du rolcincm adulte ; elle n'a
point de reflets gris verdàtre bleuté, mais elle a de beaux reflets
brun violacé. Les'pattes sont très fortes et de couleur jaunâtre.
Nous possédons un hybride du même genre et du même sexe,
un mâle adulte né en domesticité. En sorte qu'il nous a été possible,
quoique notre exemplaire soit en peau et un peu détérioré en cer-
tains endroits (1), de faire les rapprochements que voici :. L'hybride
de M. van Keinpeu diffère du nôtre par les dessins plus clairs de
son plumage où l'on aperçoit de larges taches jaunes rappelant
davantage le reevesi. Néanmoins les deux Oiseaux présentent de
grandes analogies entre eux et la coloration des parties inférieures
est la même chez les deux individus ainsi que le dessin de la queue,
qui n'est nullenieut Phasianus mlgaris. Vers l'épaule, où le reevesi
est rappelé, les deux hybrides se ressemblent encore. Mais il faut
noter que la queue de l'hybride sauvage est bien moins longue que
celle de l'hybride domestique et se trouve être ainsi intermédiaire
entre celle des deux espèces ; (nous ignorons si elle a acquis toute
sa croissance).
Nous sommes surpris de voir que chez aucun de ces hybrides les
demi-cercles blancs que Je reevesi montre sur le devant de son
plumage ne sont rappelés. Cependant le dessin qui existe à cette
place se trouve très élargi (t).
Cette partie îest blanche chez recDesî, bleu de mer brillant chez
colchicusl; elle est noir violacé chez l'hybride.
Le croisement du Ph. coichicus et du Ph. reevesi, (comme d'autres
croisements du reste), nous apprend donc que le mélange des deux
espèces ne produit point l'effet que l'on pourrait en attendre. Les
combinaisons dans le dessiu^et même la coloration du plumage sont
quelquefois autres que celles que l'on s'imaginerait volontiers.
Cet article était écrit, lorsque nous avons ouvert la Chasse lUus-
(1) C'est celui qui a servi pour les e.xameus microscopiques dont M. Daresle a
rendu compte dans la Revue de Biologie.
(i) Ceci parait dû à l'inlluence du reevesi dont les demi-cercles sont beaucoup
plus prononcés que chez le coichicus. On sait que chez celte espèce ces derai-cerclea
sont noir-i "l disposés sous la gorge d'une manière diflérente.
ADDITIONS, COnRECTlONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 603
trée (1), où ou lil àlapajje 138Gdu n" 49, les lignes suivantes : « Une
» seule fois j'ai tué un Faisan qni était évidemment métis de vénéré.
M Qui l'avait produit? D'où venait-il ? Je n'en sais rien, s'était-il
» échappé d'une faisanderie"? Ktait-il le produit d'un des Coqs de
» pur sang qui s'étaient établis dans le voisinage avec une Poule
» faisane commune '.' Je ne puis le dire.
)) C'était un très bel Oiseau, d'un tiers au moins plus grand que
» le Faisan à collier, au plumage chaud, dont les mailles rappe-
n laient celles du vénéré à ne pas s'y tromper, mais d'une couleur
» rouge brique et non dorée. La queue était aussi infiniment plus
» courte ; celle du Vénéré atteint jusqu'à deux mètres de longueur,
» celle de ce métis n'était pas beaucoup jjlus longue que celle du
» Faisan commun, mais les plumes en étaient maillées comme
» celles du Faisan vénéré. »
Ce récit était signé de M. Ernest BeHecroix ; nous avons écrit au
directeur de la Chasse, Illustrée pour lui demander quelques indica-
lious complémentaires. Celui-ci a été assez bienveillant pour nous
adresser la communication suivante :
« Paris, le 14 Août 1894.
» Monsieur,
» A IV'poque diSjà loinlaine où j'ai écrit l'arUcle que vous nie rappelez, le Faisan
vénéré n'éliiit pas aussi commun (lu'aujouririiui, et le métis que j'avais tué à
Cueilly, prés de Villiers-sui-iMarne, él;iil peut-être le piemier (jue j'eusse vu.
» U'où venait-il'? Je n'eu s;iis rien. Notre chasse ne renfermait que des Faisans
ordinaires, des Faisans à collier et quelques Monjiuls; depuis, le Vénéré est devenu
bien moins rare. A Grosbois, le prince de Wagram en a assez pour qu'ils se soient
répandus sur les chasses voisines.
Il Je crois cependant que les hybrides de Vénérés et de Faisans communs se pro-
duisent à l'état sauvage; ils sont surtout obtenus en faisanderie pour être lûchés
dans les tirés.
a A Chantilly, chez le duc d'Aumalc, on laisail des élèves qui donoaient l'occasioa
de brillants coups de fusil.
» J'ai personnellement vu, depuis dix ans, bon nombre de sujets provenant du
croisement du Vénéré avec le Commun, et je crois qu'il en est d'eux comme des
combattants : pas un ne se ressemble nbsoLument.
> La couleur (jui me parait dominer est le rouge brun, mêlé de taches plus ou
moins fauves ou jaunes, piir endroits; niais la forme de la tête, la taille, tout
rappelle le Vénéré : un œil exercé ne saurait s'y tromper.
Il £rnesl Bellecroix. b
Cette lettre nous montre que les hybrides du Faisan vénéré et
du Faisan ordinaire sont des hybrides obtenus en domesticité, ou
tout au plus en semiliberlé, comme nous le pensions.
(I) Journal des Chasseurs et la vie à la campagne. (A. Firmin-Didot, Pans),
du 6 décembre 1884.
604 OISEAUX HYBRIDICS RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Phasianus versicolor et Phasianus Sœmmeringi
(Se reporter p. 84 du tirage à part ou p. 337 des Mém. de la Soc. Zool., 1890).
On se rappelle que M. Maingonuat, ancien natui-alisle à Paris (1),
avait reçu du Japon, un individu qu'il pensait être un véritable
hybride entre le Ph. V'ersicolor et le Pli. scfmmcriiuji. Cet Oiseau
faisait partie d'un lot nombreux composé des deux espèces et
M. Maigonnat se croyait apte à le juger, car il avait acquis une
grande connaissance des deux types par suite de sa longue expé-
rience. M. Maingonuat avait eu la bonté de nous l'envoyer, mais
c'était à une époque oi'i nous n'étions point à même de juger ses
caractères mixtes, n'étant point pourvu d'un matériel de compa-
raison suflisant. Depuis nous avons essayé de nous procurer ce
sujet pour l'étudier sérieusement et le comparer aux espèces présu-
mées mères que nous nous étions procurées. Malheureusement le
successeur de M. Maingonuat, M. Hermaun, ignore ce que l'Oiseau
est devenu.
Nous avons pris au Japon même des renseignements sur l'habitai
et les mœurs des deux espèces parentes afin de nous assurer que
de tels croisements peuvent être présumés. Nous nous sommes
adressé à M. le professeur Edward Divers, de Hongo Tokyo, qui a
réussi à obtenir quelques informations à ce sujet de M. Gérard
Duer, un ancien résident au Japon et en Chine, M. Duer s'est inté-
ressé à l'histoire naturelle. Il résulte de la lettre de ce dernier que
les habitudes du Ph. wrsiœlor &\. du Ph. sœmmerinçji diffèrent ainsi
que leurs habitats. Le premier Faisan fréqueute les endroits décou-
verts; l'autre les abris épais et sombres, tels que ceux qui sont
fournis par les bocages de Crytomerin. M. Duer ne pense point pour
cette raison qu'ils se croisent ne se rencontrant pas.
A l'état de captivité il n'en est point ainsi ; les Japonais ont réussi
à obtenir des hybrides des deux espèces. MM. Blakiston et Pryer
ont vu un couple d'hybrides dont le Coq était d'une grande beauté:
« Tète et queue du Faisan vert, corps d'un brun luisant, queue
plus en éventail que chez le scemmeringi, mais barrée de la même
manière. La Poule, de forte taille, différait à peine du Ph. versi-
color » (2).
Le Faisan de M. Maingonnat aurait donc pu avoir une origine
domestique?
(1) .Vujourd'lnii décédé.
(2) Transactions asiatic Society of Japon, VIII, p. 170, 1S80.
ADDITIONS, COnnECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATURK 6(J5
Variétés (1).
■ Phasianus torquatus et Phasianus versicolor (2).
On lit dans Blakistoii et Pryer (3) que le Ph. versicolor el le
Chinese Pheasanl (l'h. torquatus) contractent volontiers des alliances
à l'état sauvage et que leurs produits sont ^LMiéralcuient plus forts
que ne le sont les parents. — Après l'importation des Ph. torquatus,
près de Yokohama Kobé et de Nagasaki, on obtint facilement des
hybrides ([ui devinrent plus nombreux que les Pli. torquatus pur
sang. On rencontra aussi tout un nombre de sujets petits ayant le
plumage du Coq, incontestai)lement des Poules dont l'état, connu
sous le nom d'hermaphrodite, est accompagné d'un défaut orga-
nique.
Si nous en croyons les auteurs que nous citons, les individus
obtenus dans cet état de plumage proviendraient d'une seconde
génération d'hybrides k cause des marques de collier blanc autour
du cou (pie présentent quelques-uns de ces spécimens ; l'Iiybri-
dation serait aussi la cause de leur organisation défectueuse prou-
vée, du reste, par la dissection.
Nous ne voyons aucune raison de croire que des sujets réputés
hermaphrodites soient de deuxième génération, ce qui prouverait
du reste aijondammciit la fertilité des premiers hybrides, leurs
parents. Si le croisement donne des êtres inféconds, il ne les rend
point pour cela hermaphrodites. Les sujets en question nous parais-
sent donc être simplement de vieilles Poules ayant revêtu la livrée
du mâle. Nous pensons en outre que le croisement du versicolor
et du torquatus est fertile aussi bien en Europe qu'au Japon ; dans
sa lettre écrite à M. Divers, M. Duer manifeste avec raison son
(1) Notre intention n'étant point de parler dans notre premier mémoire des croise-
ments entre variétés, (quoique les deux mélans{''s mentionnés au genre Euplocamus
rentrent peut-être dans celle catégorie), nous ne nous sommes point étendu longue-
ment sur ce sujet. Dans ces Additions, et à titre de simple renseignement, nous
donnerons quelques Indications sur plusieurs croisements de variétés dans le genre
Phasianus, variétés dont quelques-unes sont à tort, pensons-nous, considérées
comme de véritables espèces.
(2) La femelle du versicolor dont on a voulu (aire, à tort, selon nous, une espèce
séparée du Faisan commun, pourrait être confondue avec la femelle de ce dernier.
{^\ Op. cit. Vlll, p. 17(i, IHSi». Nous n'avons poini consulté directement les
Transactions, c'est M. Kchvards Divers qui a eu l'obligeance de nous adresser une
copie des passages qui pouvaient nous intéresser.
(iOC OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
étonnement de voir M. Pryer déclarer infécond l'hybride du
Ph. torquntus X Ph. versicolor (1).
Les croisements de ces deux espèces ont été mentionnés par
M. Seebohn (2).
Nous avons fait remarquer, d'après M. Dubois, qu'un hybride de
Ph. torquatus X Ph. versicolor, né en captivité, ressemblait au
Ph. formosanus. Au sujet de ce type, M. Seebohn (3) s'exprime
ainsi : « The Formosan Pheasant has also been dignilied with a
name, P. torquatus var. formosanus ; but it only difters froni the
typical form in having a pale groud-colour to the upper back and
flanks, wich are pale bufïïsh while instead of brownish bufï. »
M. Seebohn ajoute que des exemples « from Hankovv and the Corea
are intermediate. »
PhASIANUS MONGOLICUS et PhASIANUS SEMITORQUATUS
M. Severtzow dit (4) avoir vu dans la collection de M. Gould un
spécimen reru de Saint-Pétersbourg, déterminé comme Ph. mon-
goliens, mais qui paraît être le croisement de deux races, le Ph.
mongoliens et le Ph. semilorquatus, lesquels se rencontrent près de
Ebe-Nor. En effet, cet Oiseau a le large collier blanc que possède
le monyolicus et la même gorge pourprée «"with rusty featers-bares,
widely difïerent from P. semitorqualus » ; mais il ressemble au
dernier « in the greenish gênerai gloss and the wing colour » et non
au (( typical mongolieus, de Syr, » recueilli en grand nombre par
M. Severtzow.
PhASIANUS colchicus X Phasianus torquatus
Quelques indications avaient déjà été données sur le croisement
(1) La leltie de M. Duer, dalée du 8 Septembre 1890, nous apprend qu'il n'y
a que seize ou dix-sept ans que le Ph. torquatus a été importé de Chine par les
résidents étrangers à Nagasalii ; la même importation (ut faite par les résidents
à Yoltohama. Il y a quelques années, M. Uuer remarqua sur un paravent japonais
relativement ancien, un dessin représentant un torquatus. M. Duer a aussi été
informé, par le capilaine Dawson, que M. M. N. S. Desarf tua un exemplaire près
de Sliimonoscki, il y a environ quinze ans, croit-il. Un des capitaines de la
marine britannique qui visita Susina vers la même époque lui a rapporté que le
torquatus était le Faisan commun de celle ile. Enfin M. Ota aîné a fait savoir à
MM. Blakiston et Pryer que tous les Faisans de Teuseknia, dans le détroit de
Corée, sont de cette espèce.
(2) A. Historx of British liirds, II, p. 44G.
(3) Op. cit. même page.
(4) The Ibis, 1875, p. 493.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS DAPRÈS NATL'IiK ()U7
de ces deux variétés très rapprochées qui ont été importées en
Nouvelle-Zélande. Les « Monatschrifteu (1) » confirment (ou rappel-
lent) ce fait en disant que les hybrides se ressemblent tous et
offrent les caracloi'es du Ph. torqiintus si prononcés que l'on pourrait
désigner cette forme hybride sous le nom de (( l'hasinnus torquatus
var. ht/bridus. n
Au Muséum de Paris, il existe un métis cT de Faisan commun et
de Faisan à collier indiqué comme provenant de chez M. le prince
de la Moskova (Saint-Germain) et un autre de chez M. Johanneau
(France). Ou ne spécifie point cependant si ces Oiseaux ont été
obtenus à l'état sauvage.
Phasianus decollatus et Phasianus collaris
Le R. Père Heude, missionnaire à Ghang-Haï (Chine), nous écrit
de Zikawéi que la région habitée par le Pk. reevcsi nourrit le
Ph. decollatus el le Ph. collaris (le Faisan commun de la Chine). Des
hybrides entre le Ph. rolhiris i:^ pi le Kîiisan japonais ont été ren-
contrés en abondance dans les chasses du Mikado.
Phasianus mongolicus et Phasianus chrysomelas
M. le D' Gunther a eu la complaisance de nous signaler, au
British .Muséum, une peau de Phasinnus qui représente l'hybride
du /'/(. nioiii/oliriis croisé de /'/). chrysomelax. Des renseignements
qui nous sont envoyés par M. Grant, nous savons que ce spécimen
provient de la collection de M. Holst et a très probablement été
tué par ce dernier près de la mer d'.Vral, en décembre 188."), à
Nukuss (.\sie centrale), .\ucune notice n'a été encore publiée sur
ce produit, dont le croisement se voit, ajoute M. Grant, au pre-
mier coup d'œil (2). M. Prévôt, que nous avions envoyé à Londres
pour peindre plusieurs pièces hybrides conservées au British
Muséum, a représenté de grandeur naturelle ce beau Faisan.
Cette peinture, d'une exécution très habile, nous a montré le
produit de deux variétés et non de deux espèces. Cependant,
.M. Severizow considère comme véritable espèce le Ph. chrysonielax;
le feu professeur s'est même étendu longuement sur ce sujet ("{). Le
(1) Voy. Zoologishe Gnrten. N' 4, p. III. 1889.
(2) Depuis (|iie M. (iranl mius a (.lil cette commuiiicatiun, l'Oiseau a été signalé
dans le Cat. of the Game Birds, p. 'M&.
CA) Voy. Bull. Soc. Inip. clés Nat.de Moscou, IH7^, seconde partie, p. i09. Corre«-
pondance-Letlre adressée à M. le Vice-Président.
608 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Ph. chrysomelas conserve, dit-il, des caractères constants, ainsi qu'il
l'a vu par l'examen de beaucoup de spécimens (1). Ce n'est point
néanmoins, pour nous, une raison de le déclarer espèqe distincte,
dès lors que ses caractères le différencient fort peu du mongoliens.
Une race conserve ses propres caractères sans être une espèce
véritable.
Nous avons reçu de chez M. Schliiter un mongolicus d* ad. de
Weruai et un chrysomelas cT de Assa-Durjà; ce sont, nous pouvons
le dire, deux Oiseaux à peu près identiques.
Voici les seules différences que nous avons constatées dans le
plumage (car la taille, la forme du bec, la longueur de la queue,
les pattes sont les mêmes). Le chri/somelas est beaucoup " plus
verdâtre brillant sous la gorge, sur le devant de la poitrine et au
commencement du ventre. Sur les côtés la couleur roux brunâtre
est plus claire, le blanc des couvertures supérieures de la queue
est plus vif, (moius terne au moins). Sur le dessus du dos, au lieu
de présenter des reffets verdàtres tirant sur le roux (comme chez
le mongolicus), il est d'un brun noir mélangé plus franc, ainsi que
sur le croupion et sur les couvertures de la queue ; les raies trans-
versales de la queue (rectrices) sont plus fines, enfin le collier est
considérablement plus étroit. A part cela ce sont les deux mêmes
Oiseaux. Les petites différences que nous constatons ne proviennent
sans doute que des influences de l'habitat.
Nous remarquerons que l'hybride peint par Prévôt paraît plus
chrysomelas que mongolicus, car les côtés sont roux clair, le collier
est petit et le vert assez répandu sur le devant de la poitrine
quoiqu'en moins grande quantité que chez ce type. Quant au
dessous de la gorge, il est peut être aussi plus mongoliens, étant
moins vert.
Nous ne saurions juger tous les caractères mixtes qu'il peut
présenter par une aquarelle qui le montre en peau et d'un seul
côté, mais il paraît réellement métis.
Phasianus versicolor et Phasianus colchicus
M. Petit aîné, naturaliste à Paris, que nous avons déjà nommé, a
acheté pour nous un superbe Faisan en chair, tué à Rambouillet,
en 1893, dans les chasses de M. Carnot. Ce Faisan, dont nous
conservons la dépouille, paraît être un croisement du colchicus avec
le versicolor.
(1) Voy. Ibis, 187o, vol. 5, p. 493.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE fi09
Phasianus torquatus et Ph. mongolicus
M. Seebolim (I) parle des deux races, le Ph. torquatus et le Ph.
monfioUcus, existant dans le Turkeslan russe méridional et qui,
apparemment, se sont croisés et ont produit une. forme intermé-
diaire, le Ph. mongolirus, var. insignis, (Ph. càrysolaus de Severtzow),
variété, ajoute M. Seobohm, ayant « sarcely i)ereeptible preen
reflections ou the upper tail covert, and a very narrow while rinjï,
but with the green lyps to the feathers of the miner part very
large ». Cette manière d'envisager l'origine de Vinsignis est, cela
va sans dire, tout iiypothélique.
Le fait que l'on va maintenant citer ne se rapporte point à un
croisement ; nous le croyons cependant de nature à intéresser. Il
pourrait donner une explication du cas précédent, sans avoir
recours à une liybridation.
En parlant de deux exemplaires cT de Phnsianns clrgans envoyés
vivants en .\ngleterre de la province de Sechuen (iJ), Elliot (3) a
remarqué que cette espèce semble être, dans sa distribution géo-
graphique, intermédiaire entre le P. decollntus de la partie Est de
Sechuen et le Faisan de la province de Yunan (4). « On pourrait,
dit-il, le supposer un hybride entre Ph. cnh-hicus et Ph. versirolor si
ces deux Oiseaux avaient le même habitat, ce qui n'est pas. :— Cette
remarque montre donc qu'un Oiseau peut présenter des caractères
intermédiaires entre deux types sans, pour cela, èlre un hybride;
opinion qui n'aurait point manqué d'être soutenue si le r.ersicolor et
le colchims eussent habité les mômes localités.
Il serait donc d'un grand intérêt, jugeant par analogie, de com-
parer le Ph. clegaas d'Elliot avec les hybrides colchiciis et versicolor
que l'on obtient sans aucun doute en domesticité.
Dans le cas, où le croisement du Ph. colchicus X Ph. versirolor
viendrait à se produire à l'état libre, il serait à référer au croise-
ment du versicolor X torquatus déjà indiqué (torquatus étant simple
et très faible variété de colchicus, malgré la constance de ses
caractères).
(1) A. History o/British Birds, II, pp. 4r>6 et 467,
(2) (Chine méridionale).
(3) Monography of Pha.iianidœ, III, 1871. Voir aussi le même auteur in : Ann.
mag. nal. hist. VI, p. :il2, 1870. .
(4) Lequel, on le sait, a été mentionné par .\nder9on.
610 OISEAUX HYBRIDES BENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Phasianus scintillans X Phasianus Scemmeringi
Ce mélange, très peu assuré comme on va le voir, n'avait point
été cité ; c'est M. Ernst Hartert qui nous l'a indiqué. Celui-ci
possède en effet plusieurs échantillons qui, lors d'un premier
examen, lui avaient paru être intermédiaires entre les deux
espèces ; mais les ayant examinés une seconde fois, des doutes se
sont faits dans son esprit. D'après M. Hartert, le Phasianus scintil-
lans (Udère du vrai Ph. sœmmerinqi par' la bordure blanc pur de
toutes les plumes du dos, de la croupe, et des couvertures supé-
rieures des ailes. Chez lesœmmeringi ces mêmes bordures sont brun
cuivre ou brun rouge. La queue est aussi plus pâle chez ce type
que chez le scintillans. — Or, chez quelques-uns de ses spécimens, la
couleur générale de ces parties est semblable à celle du vrai sœm-
meringi, mais quelques plumes ont les bords blancs. En terminant
sa communication, M. Ernst Hartert nous disait : « As I do not
thiuk that P. scintillaiis and P. scemmerinqi are merely races, but
regard them as specifically distinct, the idea crossed my mind
that it mighl be hybrids, but there is no proof for this. Possibily what
I mentionned are intermediate forms and both are after ail only
races of one forme, althought they seem to be strikingly différent,
and alsoto inhabit différent localities: Ph. smmmeringi the southern
islands, Ph. scintillans the island of Honeloo ».
On voit par là que l'ornithologiste émérite ne veut rien affirmer
sur le croisement qu'il nous avait tout d'abord indiqué, mais qui,
maintenant, reste pour lui assez problématique. Du reste, M. Hartert
nous ayant cédé un des échantillons de sa collection, et cet échan-
tillon ayant été examiné par M. Oustalet, il a été reconnu que bien
peu de différences sont à constater avec les individus que possède le
Muséum. On se voit donc fort embarrassé pour le déclarer hybride.
Quant à la différenciation spécifique des deux types scintillans et
sœmmeringi, elle n'existe point en réalité ; on doit considérer le Ph.
scm/t7/ons comme une simple variété du Ph.soemnieringidont il diffère
seulement parla proportion plus grande de blanc sur le plumage ;
de nombreux exemplaires scintillans originaires du Japon septen-
trional, reçus au Muséum, montrent cette particularité. M. Ogilvie
Grant nous apprend (1) que la forme intermédiaire entre les deux
variétés existe (2) ; c'est peut-être à cette catégorie qu'appartiennent
les exemplaires de M. Hartert et celui qu'il nous a cédé ?
(1) Catalogne oj Game Birds, p. VM.
(2) (I Every state between the two forms may beseen. »
ADIIITIONS, COnniîCTIONS KT EXAMKNS D'aPRÈS NATUHE t)ll
Genre Crossoptilon
Crossoptilon thibetanum (1) ET Crossoptilon auritum (2)
M. Oustalet a bien voulu nous montrer dans son laboratoire des
peaux de Crossoptilons rapportés par M. Bonvalol et le prince H.
d'Orléans de leur voyage au Thibet, Oiseaux qui présentent des
caractères intermédiaires entre la variété blanche, C. lliibctanuin, et
la variété bleue, C. aHritiis. — Que sont ces Oiseaux? Proviennent-ils
d'uD croisement entre les deux variétés, ou leurs couleurs intermé-
diaires sont-elles le résultat de modifications analogues à celles qui
s'accomplissent chez le P. scinlillans, c'est-à-dire de modifications
s'obtenant naturellement et sans mélange des espèces pures? On ne
saurait le dire, les deux types n'étant point encore assez connus.
Peut-être C. thibetanum doit-il la blancheur de son plumage au
climat froid des hautes régions qu'il habite? C. auritum pourrait
encore lui être rattaché par d'autres causes, celles du dimorphisme,
par exemple, que nous avons vu si souvent se produire cliez les
^ccî/nVrcs. Quoiqu'il eu soit, le croisement des deux types ne serait-il
pas contestable, qu'on ne saurait encore appeler hybrides leurs pro-
duits, les parents, de môme structure et de mômes mœurs, ne
pouvant ôtreséi)arés s[)écifiquement.
M. Oustalet a, du reste, étudié cette question dans une élude que
le journal ].a Nature a publiée (3). Le savant docteur n'a point voulu
se prononcer sur la véritable nature des spécimens qui, tout en
présentant des caractères mélangés, ne sont peut-être point cepen-
dant des métis (4).
(I) Synonymie : Crossoptilon thetanus, Crossoptilon album, Crossoptilon
drouynii ou encore le Faisan oreillard du Nord de la Chine.
(2| .\ppelt' aussi Crossoptilon cœrulescens, Phasianus auritua. C'est l<" Fai-
san oreillard bleu.
(3) N» du 10 juillet 1892. pp. lui, 102 et 10:t.
(4) Un autre croisement dans le genre Crossoptilon est celui du Crossoptilon
MANTCHURicuM et du Crossoptii.on THiBRrAMM, quB nous a fait connaître M. le
prof. Surdelli et que l'on voit dans la collection du (eu comte Turati, au Musée
de .Milan. Malheureusement, le prolcsscur ne nous a point fait savoir si le (ou les)
spécimens qui le reprosenti'nl ont été obtenus à l'étal sauvage. Il est assez pré-
sum^ble qu'ils proviennent de mélanges obtenus accidentellement dans quelque
Jardin d'acclimalioa où l'on recherche ces be lux Faisans.
612 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Familles des Pénélopidés
Genre Pénélope
PÉNÉLOPE JACUCACA et PÉNÉLOPE PILEATA
M. le D' Gûnther a été assez aimable pour nous faire connaître
l'hybride de ces deux espèces conservé au British Muséum. Cet
Oiseau, nous dit le savant directeur, fut envoyé du Brésil à Londres
comme Oiseau sauvage. Il vécut dans le Jardin de la Société Zoolo-
gique depuis le 26 mai 1870 jusqu'au 31 août 1875 et fut acheté par
le Muséum après sa mort. Autant que M. Giinther se le rappelle, il
a été considéré par tous les ornithologistes qui l'ont examiné com-
me un hybride. Cependant M. Ogilvie Grant fait précéder la men-
tion qu'il en fait (1) d'un point d'interrogation, comme s'il hésitait
sur la valeur de ses caractères. Il dit qu'il diffère « chietly from
typical P. jacucaca in having the underparts of a deep chestnut
niuch darker than in P. pileata », et ajoute : « There can be Utile
doubt that it is a hybrid between the two species. » Cette peau
se trouve dans la collection Salvin Godman. Elle a été peinte pour
nous, mais il paraît, d'après M. Giinther, que l'aquarelle qui la
représente n'est point exacte comme coloration : puis sur cette pein-
ture beaucoup de plumes des couvertures de l'aile et du corps n'ont
point les couleurs blanches comme dans l'original. Nous ignorons
tout à fait si P. jacucaca et P. pileata peuvent être considérés
comme des espèces absolument distinctes. Nous ne connaissons
point ces types suffisamment.
Phasianidés et Tetraonidés
Genres Phasianus et Tetrao
PhASIANUS VULGARIS X TeTRAO TETRIX
(Se 1-eporlei- p. 87 ou p. 340 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
Trente spécimens environ, représentant le croisement de ces
deux espèces, avaient été signalés. Nous n'en avions vu aucun ; ces
Oiseaux nous étaient seulement connus par leurs descriptions, par
(1 ) Dans le Catalogue of Game Birds, p. SOO.
ADDITIONS, COHHliCTIONS ET KXAMENS d'aPRÈS NATURIC 013
les dessins publiés par Yarrell (I) et par la belle planche en couleur
de l'ouvrage du D' A.-B. Meyer (2).
C'est avec beaucoup de peine que nous nous sommes procuré
quelques échanlillons. Beaucoup de pièces signalées sont aujour-
d'hui dispersées çà et là; il est dillicile de savoir ce qu'elles sout
devenues.
Les Oiseaux que nous avons reçus sont au nombre de quatre; ce
sont : 1° la pièce de M. Turner, abattue en 1888 dans le grand parc
qui avoisineSuiton CoKield ; 2" le spécimen obtenu avec cet Oiseau,
appartenant à M. Robert Chase, de Southfield, et dont on n'avait
parlé que très vaguement {'3) ; 3» l'hybride tué par le père de
M. Hamon l'Eslrange dans les bois de son château d'Hunstanton ;
4" un exemplaire existant au Musée de Munich, non mentionné, et
dont l'origine sauvage n'a pu du reste nous être certiliée.
Nous avons fait peindre ces pièces, ainsi que plusieurs autres qui
n'ont pu nous être adressées ; ces dernières sont : l'individu conservé
au Muséum de M. Hart, à Christchurch, (liants) ; les deux exem-
plaires signalés par M. Handcock au Musée de Newcastleon-Tyne ;
une pièce provenant de la collection VVhitaker, actuellement au
Musée de M. Walter-Rothschild à Trings, (signalée dans le Zoologist
de 1888 (4i, mais que nous avions omis de citer), et l'exemplaire
exposé en 1883 par M. Burton à la Société zoologique de Londres,
aujourd'hui chez M. Pryor. Eu outre sir Andrew N. Agnew nous a
adressé la photographie de l'hybride obtenu dans le Wigthonshire,
au château de ses ancêtres, à Lochan, en 1835, où l'Oiseau fut
conservé longtemps, mais où sir Agnew n'a pu, à notre grand regret,
le retrouver (o).
Eu sorte que les hybrides du Tetrao letrix X Phasianux colchicus^
ou plutôt les Oiseaux que l'on croit provenir du mélange de ces deux
espèces, nous sont connus par : 1» les quatre échantillons montés
qui nous été communiqués ; 2» les cinq peintures (jui out été
exécutées pour nous, dont trois sont de grandeur naturelle ; 3° la
(1) Dans la 3< édit. de l'ouvrage de cet auteur « Hristh Dirds > ISbG, ces dessins
repri^sentent : 1° le spécimen Ç tué sur le innnoir de Maringlon, conservé dans la
collection Eyton (cil in Procced. ol tlic Zool. Soc, 183.Ï, p. 62); 2° rcxuniplaire
abattu en 183i), par Lord llowiclf, à Early Grcy (Nortliumberland).
(2) Cette planche donne le portrait aux 2/3 de la pièce tuée A Zèle, dans le
district de Tiiliorcr.
(3) P. ÏIO ou p. 344 des Mém. (13% 14' et lii* lignes).
(4) ^• de lévrier.
(.">) La pièce montée n avait point été mise sous verre; on suppose qu'elle s'est
détériorée et qu'elle est sans doute aujourd'hui détruite.
614 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
planche en chromolithographie du D'' Meyer ; 4" les deux dessins en
noir de Yarrell ; et S" la photographie de sir Agnew, lesquels dessins,
gravures ou peintures représentent des pièces diverses et non les
mêmes Oiseaux.
Tel est le matériel qui nous permet aujourd'hui de procéder à
l'examen des produits du Tetrao letrix x Ph. colchicus.
Commençant par les hybrides montés, nous décrirons d'abord
la pièce de M. Hamoal'Estrange, (celte pièce a été reçue la première).
L'Oiseau précieux est enfermé dans une case en bois dont le
devant seul en verre permet de l'observer ; son examen présente
donc beaucoup plus de difficultés que si ou pouvait le tenir en
main.
Le plumage semble indiquer un jeune mâle en mue prenant la
livrée d'hiver, car, tandis que sur les parties supérieures on n'aper-
çoit qu'une teinte gris-jauuàtre sans éclat, en dessous se déclare
une teinte vivement violacée et lustrée montant par plaques
jusqu'au cou.
Au premier abord la double origine qu'on suppose à cet Oiseau
ne paraît point s'imposer ; on se demande même pourquoi la cou-
leur principale est d'un gris aussi froid, car ce même gris est beau-
coup plus ciiaud chez les deux espèces mères arrivées au même
degré de développement. Cependant des signes du tetri.v et du Pha-
sianus se moulrent çà et là ; on aperçoit par exemple au-dessus de
l'œil et môme un peu en-dessous de cet organe la peau rouge de
cette dernière espèce. La queue est courte et très large, rappelant le
tetrix, tandis que les pattes hautes et sans plumes indiquent le
Phasianus. Au-dessus de l'oeil et même un peu en-dessous de cet
organe la peau devient rouge cerise. M. Hamon l'Estrange nous
fait remarquer que cet hybride, tué, on se le rappelle, par un de ses
oncles, à Essellisham (Norfolk), avait été rencontré dans le bois de
« Ken Hill », bois d'une trop petite étendue pour que le tetrix qui y
avait été importé ait pu s'y acclimater. M. Hamon lEstrange nous
fait aussi remarquer que l'Oiseau, mentionné par Henry Steven-
son dans (( The Birds of iXorfolk » (1), est le même que celui qu'il
nous envoie. Mais Stevenson ne l'a point décrit et s'est contenté
de l'indiquer sommairement. En outre, l'ornithologiste de Norfolk
ne parait pas l'avoir examiné lui-méuie. — Avec l'autorisation
gracieuse du propriétaire, nous avons adressé cette pièce curieuse
(1) Publié par van Voorst, à Londres, en 18(5C. Voy. t. I, p. 375.,
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPHÈS NATURE G15
à M. J. Duncan, peintre h Newcastle on-Tyne, qui en a fait pour nous
une aquarelle île petites ctiiiieiisions.
Le second spécimen qui nous est parvenu appartient à M. Turner,
il a bien des analogies avec le dernier :.la couleur du dos est la même,
le ton, le dessin, la disposition du plumage du cou et de la tète
sont aussi les mêmes. Néanmoins il parait plus large et plus fort,
puis son cou est plus couit. (Celte partie n'est point allongée
comme elle l'est chez l'hybride de M. Turner, elle rappelle ainsi
davantage le trtrix]. La queue est aussi beaucoup ])lus courte ;
elle est, par sa disposition, celle d'une femelle tetrix.
Sur certaines parties du corps, de chaque côté et en dessous des
ailes, ou voit apparaître des plumes foncées à reflets violacés luisants
qui indiquent les marques du cT prenant la livrée de l'adulte. 11 faut
remarquer que ces plumes, piesque noires, sont rayées de larges
barres jaunes arrondies se terminant en pointe. Cette particularité
nous élonne, car si les plumes de T. li-tvix $ ont à peu près cette
disposition, ce sont les barres qui sont noires et le fond de la plume
jaune ; l'inverse se produit donc ! En oulre il n'e.xiste généralement
sur les plumes de l'hybride qu'une seule barre ; on en trouve deux
et même trois chez la Poule faisane dont les plumes sont à cet
endroit dans le genre de celles du letrix. Une telle coloration ne
prouve pas un mélange. Mais (juclle origine autre assignerait-on à
l'Oiseau tué dans le parc de Sutlon Gollield ? Peut-on le croire
variété d'une espèce inconnue? Cette hypothèse ne peut même être
soulevée. Or, par ses analogies avec l'exemplaire de .M. llamon, il
laisse supposer un produit hybride, quoique ses caractères mixtes
soient moins bien accusés. On s'explique diilicilement, nous le
répétons, la teinte générale grisâtre qui n'est propre ni au Tcirao
tetrix ni au l'hasiamis colchicus (1).
L'hybride de M. ïurner n'a point été disséqué par le taxidermiste
qui l'a préparé; on a supposé seulement cet Oiseau de sexe femelle
à cause de sou plumage.
En faveur du sc.xe contraire, nous ferons valoir la peau nue (jui
entoure l'œil et qui, sans être rouge, prend la forme de l'ovale à ses
deux extrémités. Ni la Poule faisane, ni la poule letrix ne montrent
un espace nu près de l'œil. La partie foncée des côtés du devant
indique encore pour nous, et ce très suffisamment, le sexe luàle.
M. Turner a bien voulu nous fournir quelques indications complé-
(t) Les jeunes ou les femelles des deux espèces possèdent les uns el les autres des
teintes beaucoup plus chaudes.
(31(5 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
mentaires sur les circonstances et le lieu dans lesquels ce curieux
spécimen a été tué.
Le parc, qui contient deux mille cinq cents acres, appartient à la
petite ville de Suttou CoUield depuis trois cents ans. Le tiers de ce
parc est planté en forêt; les autres parties sont en genêts et en
bruyères, à l'exception de quelques parcelles marécageuses fré-
quentées par les Bécassines. Les haLilants de Sutton Colfield ont
non seulement le droit de faire pâturer leurs bestiaux dans le
parc, mais ceux qui sont munis d'un permis de chasse peuvent y
chasser un jour de chaque semaine, le mercredi, depuis le commen-
cement d'octobre jusqu'à la lin de janvier. Le Coq noir de bruyère,
ou Black Grouse, s'y trouvait encore représenté il y a environ dix-
neuf ans. L'année où l'hybride fut tué, on avait aperçu un de ces
Coqs.
Disons que l'Oiseau intéressant, qui nous a été si bienveillam-
ment envoyé, n'a encore été montré dans aucune société d'ornitho-
logie. 11 a cependant été communiqué à un naturaliste bien connu,
M. Walter Chamberlam de Moor Green, de Birmingham (1), qui
avait déclaré aussitôt après l'avoir vu que c'était bien un hybride
de Black Grouse et de Faisan ; l'empailleur avait porté le même
jugement.
Le troisième spécimen reçu et appartenant à M. Robert W. Chase
est précisément celui qui fut tué en compagnie de la pièce qui vient
d'être décrite. Ses caractères sont presque exactement les mêmes
que ceux de cette dernière. Ainsi les deux Oiseaux paraissent
appartenir à une même couvée, au moins provenir d'un même
couple. Toutefois le spécimen de M. Chase a un air plus jeune ; sa
queue n'a point en effet acquis tout son développement et affecte la
forme de celle d'une Perdrix ; eu outre, son corps est plus lin et
plus mince. — On retrouve chez cet hybride des plumes entière-
ment semblables par leur dessin à celles que porte l'exemplaire
de M. Turner; ces plumes se voient notamment sur le dos. La
tonalité générale de l'Oiseau est encore de ce gris qui nous a
déjà surpris; le plumage de la gorge et du cou est aussi celui de
l'hybride qui vient d'être décrit. Mais l'Oiseau de M. Chase avait
certainement du.rouge près de l'œil comme on en voit sur le Faisan ;
cette partie rouge se laisse deviner, tandis que nous n'avons
pu la constater sur l'hybride de M. Turner. Le bec est encore
semblable au dernier exemplaire, quoiqu'il soit plus fin; la man-
(1) M. Walter Cliamberlain est le frère de l'honime d'Etal.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 617
dibule supérieure est très allongée. Enfin, sur les côtés du ventre
et de la poitrine, on retrouve les mêmes plumes bleu violacé, avec
bordures jaunes vers la pointe, se terminant en flèche, formant
ainsi de chacjue côté deux bandes de couleur foncée. Tout cela est
cependant peu prononcé, d'une couleur moins éclatante, et indique
un Oiseau plus jeune que le précédent. Notons qu'il est très haut
sur pattes, lesquelles sont d'un brunâtre gris violacé ; que les
petites rectrices de la queue, c'est-à-dire celles qui ne dépassent
guère les couvertures supérieures, sont foncées eu dessus et en
dessous, bordées de gris sale, tandis que les couvertures inférieures
sont terminées de rougcàtre. Ces caractères laisseraient bien sup-
poser le mélange des deux espèces qu'on lui donne pour parentes.
Le quatrième et dernier exemplaire que nous avons examiné pro-
vient, ou l'a fait savoir, du Musée royal de Munich. Mais son origine
sauvage reste tout à fait incertaine. Sur réli(|uette ([u'il porte, on
lit .seulement: « Pliasianiis colchicus Lian., var. hybridan; suit un
mot illisible, puis « H. V. Preysyng, Bayern ». Enfin on a ajouté ces
mots : « avec Tetrao teîrix ».
Le prof. R. Hertwig, qui a eu la bonté de nous l'adresser, nous
l'avait tout d'abord annoncé comme « bastard de Phasianus colchicus
et Tetrao urof/alhut. » ajoutant que tous les renseignements sur
son origine font défaut dans le catalogue du .Musée royal.
A première vue nous avons cru avoir affaire simplement à une
vieille Poule faisane stérile prenant la livrée du Coq. Il nous a
cependant été facile de constater que le dessin des plumes du poi-
trail n'est point celui de la Poule faisane, mais bien celui de l'hy-
bride de M. Turner. En outre, se montre, directement au-dessus des
tarses et les recouvrant dans la partie haute, une petite touffe de
plumes qui ne doit pas exister chez le Faisan. Ces plumes semblent
même être de.scendues plus bas et s'être attachées sur le tarse,
lequel aurait été par conséquent légèrement emplumé (environ
presque à moitié de sa longueur). Puis les joues, le cou et une
partie du poitrail sont brun violacé, semblant indiquer l'influence
du tetrix. On constate encore sur le dos un dessin tacheté qui semble
être le mélange des plumes des deux espèces supposées mères, et
sur les rectrices un autre dessin qui n'est point complètement
celui de la Faisane. Cette remarque peut sans doute s'appliquer
au dessin du dessus de la tète. Enfin la queue n'est pas eflilée,
comme chez le Faisan; elle est assez courbée et s'arrondit légère-
ment vers son extrémité.
La teinte générale de l'Oiseau, gris jaunâtre un peu verdàtre,
618 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
OU couleur bois, rappelle le plumage de l'hybride de M. Harnoa
l'Estrange (1). Disous de nouveau que cette teinte ne saurait être
considérée comme un mélange, puisqu'elle n'est propre ni au
Phasianus ni au Tetrao tetrix. Quant au bec, il est fort long et de
couleur claire ; il donne l'aspect de celui d'une vieille Poule faisane.
On peut dire que les caractères mixtes chez cette pièce sont moins
bien accusés que chez les Oiseaux qui viennent d'être décrits ; à
l'exception de la couleur de devant, cet individu est presque une
Poule faisane. Nous n'aurions point vu les produits précédents que
nous n'aurions jamais soupçonné l'origine <iu'on lui a supposée. —
Vu les plumes foncées et violacées qui se montrent sur le poitrail^
il doit être de sexe mâle, peut-être un jeune en mue, comme sont
sans doute les trois derniers.
Il est assez singulier que ces quatres exemplaires aient tous été
trouvés dans le même état de plumage.
On a remarqué la surprise que nous a causée leur tonalité générale
gris de fer ; il sera utile de faire savoir, à cette occasion, que nous
avons trouvé au^ Musée d'histoire naturelle de Rouen un Tetrao
lagopus qui, presque gris, rappelle assez bien cette tonalité. En
outre le plumage du cou de ce Lagopus est identique à celui que l'on
voit à la même place chez les pièces de M. Hamon l'Estrange et
de M. Turner : c'est tout à fait le même mode de coloration et de
dessin.
Les examens des autres échantillons, que nous avons faitsd'après
des peintures, n'ont pu nous procurer des renseignements aussi
complets que si nous les eussions entrepris sur la nature même.
Nous serons donc obligé de décrire ces Oiseaux plus sommairement
quoique les peintures, qui les représentent, aient été exécutées par
des peintres habiles.
Il nous faut remarquer immédiatement que les hybrides de
M. Pryoretde M. de Rothschild sont encore dans la livrée du jeune
se colorant. C'est seulement sur certaines parties du devant, (comme
chez les autres exemplaires vus eu nature), que la teinte foncée et
violacée (prune) se développe principalement, tandis que le reste
du corps demeure d'un gris jaunâtre. La queue de ces Oiseaux, en
partie carrée, fait bien voir qu'il ne s'agit pas de Poules faisanes
prenant la livrée du mâle ; du reste le spécimen appartenant à
(1) Si notre souvenir est e.xacl, le gris, chez les exemplaires de M. Turner et de
M. Chase, est plus foncé, moins jaunâtre, ressemblant davantage au gris de fer.
ADDITIONS, CORHECTIONS ET EXAMKNS d'aFRÉS NATURE 619
M. Pryor montre en outre des plumes sur les tarses II), comme en
portent seuls les tetrix.
Voici donc six pièces qui picnneut couleur et cela de la même
façon ! Ont-elles été tuées toutesà la même époque? Nous l'ignorons.
L'hybride de M. Ed. Hart est beaucoup plus avancé ; il est presque
entièrement brun violacé prune, sauf sur le dessus dos ailes, où il
reste encore grisâtre. (La plume semble descendre quelque peu sur
les tarses?) La queue n'est pas pointue comme chez le Faisan,
quoique l'Oiseau soit haut sur pattes.
La chromolithographie du D' A. B. .Meyer montre un Oiseau rap-
pelant beaucoup cette pièce, mais moins avancé, car le violacé ne
garnit point la croupe. Nous constatons sur les ailes la teinte gris
de fer remarquée sur les premiers exemplaires.
Les deux hybrides du Muséum de Newcastle-on-Tyne, dont les
aquarelles ont été faites par .M. Dnucan, sont certainement des
adultes. L'un aux allures du Faisan, l'autre à la pose du Ktri.r (2)
diflèrent de tous ceux que nous avons examinés. Us sont tous
deux néanmoins, à leur manière, de bons intermédiaires.
En somme, si nous nous rappelons que le mélange des deux
espèces ne donne pas toujours les eflets que l'on pourrait en
attendre, la plupart de ces Oiseaux peuvent passer pour hybrides ;
mais l'Oiseau de M. Pryor, comme l'Oiseau du Musée de Munich,
il faut le reconnaître, sont presque des Faisans. Il sera intéressant
défaire savoir que l'aquarelle du premier, montrée à MM. Hart etie
baron Haiiionville, nous a été retournéeavec cette indication : « l'Iia-
sianns cokhicus et Poule de basse-cour ! » M. J. H. Gurney, auquel
nous avons adressé le même dessin, y a écrit cette mention :
(( Perhaps a 9 l'hdsianus colchiciis assuming cT plumage ! » En outre
cet oriiitholof;iste, ayant vu la peinture de l'exemplaire du Musée
de Munich, n'y a reconnu aucun signe du Tetrao tetrix, mais plutôt
une ap|)arence de Gallus (lomexticus !
On voit p ir là que l'origine tetrix de ces deux derniers Oiseaux,
si elle est réelle, ne s'aperçoit pas au premier coup d'ceil'.
Nous ne pouvons guère juger la pièce photographiée que sir
Andrew N. Agnew a eu la grande complaisance de nous envoyer de
son château de Loquehan. Cette photographie n'est point de dimen-
(1) Nous ne pouvons voir si celle parliculariti^ caraclérise l'iiybrlde de M. de
Rotlischild, les pâlies élanl en partie cacliés, (d'après l'aquarelle (|ui a été Jaile
par M. l'révol).
(2) Ce dernier est celui qui u élé lue en 1837; le premier n'avait été obtenu, on
se le rappelle, qu'en 1842.
620 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
siens assez grandes pour permettre un examen sérieux. Quant aux
deux petites figures en noir publiées par Yarrell, elles semblent
bien indiquer des produits du croisement dont on s'occupe.
P. S. — Au moment où nous terminons cet article, M. E. Cam-
bridge Phillips, des Elms (Brecou-s.-VValles), nous apprend que
son ami, M. Crawshay, tua le 2 décembre 1893, à Llausaintfrasd
(Breconsbire), un hybride « Black Game and Pbeasant ». En même
temps, M. Cambridge Phillips nous envoie un petit dessin à la plume
de cet Oiseau, en ayant soin de nous faire remarquer que les
« shaded parts » sont noires avec une teinte de bronze, tandis que
les autres parties sont gris brun. Les (( shaded parts » étant préci-
sément celles du devant et des parties hautes, il résulte que cet
hybride présente des caractères propres à la plupart des précédents
spécimens et que, suivant les principes appliqués à ceux-ci, il doit
être encore un jeune eu mue 1 M. Cambridge Phillips a pu examiner
sur le frais cet Oiseau : il rappelle mieux, nous dit-il, par sa couleur
noire et bronzée le Black Game que le Pheasant;il est plus fort que
l'un ou l'autre de ses parents supposés. Voici, du reste, la descrip-
tion que le gentleman de Brecon a la bienveillance de nous com-
muniquer :
« The characteristic white wing feathers which partly overlapthe
wing scapulars and the half feathered tarsus; the latter (viz Phea-
santjseenin the light-colouring behind the cyes, thegrayish brown
variegation of the interscapulars running down to the tail coverts
and middle reclrices in tail, as well as the entire wings. » M. Cam-
bridge ajoute : « Indeed if nature had tried to make a hybrid
exactly half and half between the Black cock and Pheasant, she could
not hâve succeeded better (1). » M. W. C. Ashdown, qui a cité (2) et
décrit (3) ce spécimen, dit que c'est l'exemplaire le plus brillamment
coloré qu'il connaît ; deux ou trois individus de ce genre, qui
sont passés par ses mains, il y a dix ou douze ans, étaient plus
sombres et rappelaient davantage la Grouse (le tetrix).
M. Cambridge Phillips a eu l'occasion de voir, depuis qu'il nous
a écrit, deux autres hybrides tués il y a quinze ans environ à Builth
dans son comté (4) ; il nous informe que ces deux Oiseaux sont
(1) C'est-à-dire : « si la nature avait voulu représenter un Oiseau exactement
intermédiaire entre le Coq noir et le Faisan, elle n'aurait su mieux faire, n
(2) In the Field, N" 2137. 9 décembre 1893, p. 901, et aussi dans le Uereford
Times.
(3) Ornithology in Herefordshire.
(4) Par M. Priée, aujourd'hui décédé.
ADDITIONS, CORUECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE 621
nbsolumenl seinbliildes à celui qu'il vient de uoiis faire connaître ;
ou doit seulement tenir compte de la saison dans laquelle ils ont
été tués. Ils onf été abattus en septembre, tandis que l'exemplaire
de M. Crawsbay avait t'ité obtenu en décembre.
A propos de ces bybrides, M. Cambridge Philipps est persuadé
qu'ils ne prennent naissance que lorsque l'un de leurs parents se
trouve dans l'impossibilité de trouver un compagnon de sa propre
espèce. M. Cambridge Pbilipps se rappelle que dans le Carniar-
thenshire, il y a plusieurs années, un vieux Coq noir, le dernier
survivant d'une petite bande, s'apparia avec un Phasianits. Quelques
rejetons de ce croisement furent tués cbaque année. A ce moment,
le gibier noir était fort rare ; mais un gentleman ayant lâché
quelques sujets dans le Breconshire et ceux-ci s'étant étendus dans
les bois du Carmailbeusire, le vieux Coq ne larda pointa retourner
vers ses propres Poules, délaissant les Poules faisanes. — Ce récit
serait basé sur une observation personnelle.il ne nous surprend
aucunement; les raisons que M. Cambridge Phillips développe sont
celles que nous avons toujours données en explication du mélange
des espèces à l'étal sauvage (1).
Phasianus colchicus X Tetrao urogallus
On conserve au Muséede M.Walter Rothschild, à Tring, un magni-
fique Faisan qui semble indiquer par quelques parties de la colo-
ration de son plumage, et aussi par sa grande stature, un croisement
du Pl>. colchicus et du T. urogallus. Cet Oiseau aurait été tué à l'état
sauvage, à Aiden Loch Lomond (Ecosse), en décembre 1890 (2),
« in a loneby forest far from any pheasantry », a soin d'ajouter
M. Hartert, ce qui semble repousser l'idée d'une origine domes-
tique.
Cet Oiseau est unique ; on ne parait avoir rencontré nulle part
d'autres échantillons de son genre. Un tel produit étonne. S'il pro-
vient réellement du Faisan et du Coq de bruyère (ce que nous
(1) Le Zoologist de 1883. (pp. 301 el 302, VII, N* 74), avait déjà raconté le même
fait et avec plus de détails que nous n'en donnons. Il parait que les jeunes, qui
turent tués, furent mandés avant qu'un examen sérieux de leurs caractères n'ait pu
être (ail. La personne qui a donné à M. Cambridge les divers renseignements qu'il
nous a transmis lui avait (ait ronnailre aussi que ces hybrides présentaient beau-
coup de ressemblance avec la Poule (aisane, tant parla taille que par le plumage.
Le croisement se laissai! apercevoir dans les jambes, lég'Temenl emplumées, et
dans leur cliair foncée, quelque peu colorée rappelant celle du HIackgame.
(â) D'après les renseignements qui nous sont adressés par M. Uartert.
G22 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
n'oserions allirmer), sans nul doute il a été produit par une de ces
alliances coutractées forcément par des urogallns importés de
temps à autre en Angleterre et dont les deux sexes ne sont point
toujours représentés ; autrement on ne s'expliquerait pas un tel
mélange. M. Millais l'a paraît-il figuré dans son ouvrage « The Game
Birds H. Nous en avons fait exécuter nous-nième une aquarelle gran-
deur naturelle.
Lagopus saliceti et Perdix cinerea
Sur le Catalogue de la vente, faite par M. Whitaker au Covent-
Garden en mai 1890, figurait sous le n» 113 un hybride « Willow
Grouse » ; celte mention était suivie d'un point d'interrogation. Si
nous comprenons bien une lettre que M. Whitaker a eu la complai-
sance de nous écrire au sujet de cet Oiseau, il proviendrait de la
(i Red Grouse et de la Partridge» (/.a(/op».ssco(/c».set Peri/Mcmc/eu)!
M. Walter Rothschild, qui a fait acheter cette pièce par l'entremise
de M. Lamb, pense que c'est un croisement de Lagopus albus et de
Tetnio telri.c ayant appartenu à M. Bond. Serait-ce à cet Oiseau que
Yarrell fait allusion lorsqu'il dit (1) que M. Bond possédait un
Oiseau tué par lord Walsingham à Blubbertrouse Moor, près de
Harrogate, en août 1866, et qui paraît être le résultat d'un croise-
ment delà (( P. cinerea avec la lied Grouse » ? Nous serions tenté
de le supposer; cependant l'exemplaire acheté par M. Rothschild
proviendrait de la Russie.
Quoiqu'il eu soit, l'hybride indiqué par un point d'interrogation
ne serait autre, d'après les observations qui nous ontété transmises
par M. Rothschild, nous venons de le dire, qu'un croisement du
L. albiiii avec le T. tetrix, ou, plus probablement encore, d'après un
examen que vient de faire pour nous M. Hartert, un simple albi-
nisme de Laijopus scoticus dans un plumage tout particulier.
En terminant notre élude sur les Gallinacés hybrides, nous
avions donné quelques indications sur des croisements contractés
entre des espèces de Gallinacés sauvages et entre des espèces de
Gallinacés domestiques. Un de ces croisements est celui du :
Gallus domesticus et Phasianus vulgaris
Un nouvel exemple nous est cité en Angleterre. La pièce supposée
(1) British Birds, (4« édition, III, p. 114, editcd. by prof. Newton).
ADDITIONS, COnRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 623
hybride fut tuée par .M. ,J. Losli Atkinson. .M. D. Losh Thorpe, de
Carlisle, étail présent lorsque l'Oiseau tomba sous le coup de fusil.
Ce curieux volatile tHaif doué, paraît-il, d'uue grande agilité ; il
était aussi alerte, aussi vif qu'un Faisan et capable d'entreprendre
un grand vol (50 i/anis environ). C'est en vain que le garde qui
l'avait déjà iiperru avait essayé de s'en emparer. La « copre » (1 ) que
cet hybride fréquentait est située à une distance considérable
des habitations.
M. D. I^osh Thorpe, qui était présent lorsque l'Oiseau tomba sous
ce coup de fusil et ([ui le possède actuellemeul, a consenti à nous
l'adresser en communication.
Ce spécimen est, dit-on, comme il le paraît du reste, du sexe
femelle. Il présente l'aspect d'uue Poule fort ordinaire ; aucun
caractère ne rappelle le Faisan. C'est tout à fait en vain que nous
avons essayé de découvrir chez lui quelque ressemblance avec cette
espèce. — Nous ne nions point pour cela son origine. Nous nous
rappelons avoir reçu, il y a plusieurs années, deux Poules qui lui
étaient presque semblables et qui nous étaient adressées comme
hybrides du /'/*. colrlurus et du G. (loiiiKSticus. Il est vrai, nous
empresserons-nous d'ajouter, que nous sommes toujours resté fort
sceptique au sujet de l'origine qu'on leur attribuait. Mais M. Thorpe
est convaincu de l'hybridité chez le spécimen qu'il nous a commu-
niqué. Il aurait fallu, nous dit-il, que nous le vissions voler pour
nous rendre compte de son agilité, de ses gestes et de sa forme
bien exacte, aujourd'hui modiliée par la préparation. Le garde-
chasse est de l'opinion de M. Thorpe (2).
Le rév. Macpherson, qui a examiné l'Oiseau lorsqu'il était en
chair, le croit semlilable à un des Oiseaux tués dans le Norfolk et
que Stevenson a mentionnés (3). Nous avions omis de rappeler la
citation de l'ornithologiste de Norfolk ; voici ce que dit ce dernier
au sujet de plusieurs faits de croisements entre le G. domesticus et
le Pli. vulgaris :
(( The three following instances of hybrldism bctwecn Pheasants
and domestic Fowls bave come under my own observation duriug
(1) PeUle (oiéL
(2) .\ou,s pensons que lorsqu'il y il croisemonl fécond entre deux espèces l'ioignées,
le proiliiit montre une tendance ;'i emprunter presque Ions ses caractères à un seul
des parents. Oinlinnanl notre dire, .M .1. H. (iurney. le distingué ornithologiste
anglais, cite un livi^ride. • tiime lired helwien Greelinch L.chloris and lir.inililing
(F. civlebs » qui ne montrait aucune trace du Brand)lins dans son plumage (Voy.
llie Zoologist, p 90, n" di' Mars, I8',I4). Nous reconnaissons cependant avoir vu bien
des fois des liyltrides provenant du croisement de deux espèces éloignées et qui
resseml)laient à leurs deux parents. Ce n'est donc pas une régie que nous posons.
(3) Birds of Norfolk, 1, pp. :itJ8 et 3t)'J.
624 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
the last ten or twelve years (1) : In December 1854, a very singular
looking Bird, apparently a cross between a Pheasant and Cochin
China fowl, was shot in a wild stateiu tbe woods at Wolterton ; and
on the 31'' of January 1863, an equally remarkable spécimen was
brought to a bird préserver in the city (Mr. John Sayer) to be stufied
by a garaekeeper, from whom I afterwards learnt the siibjoined
particulars. Il had been bred wild in a plantation, at Metbwold, as
was supposed between a cock Pheasant and a domestic Hen, the
fowl beinga cross also between thegame and Dorkiug breeds. This
strange Bird, which proved to be a maie, had heen repeatedly seen
amongst the Pheasants in the wood when the beaters were driving
the game towards the giins, but as it ran whit great swiftness, and
never attempted to rise on the wing, it always managed to escape,
and was at last netted to ascertain what is was. »
D'après l'auteur que nous citons, cet Oiseau mesurait trente-deux
pouces de la pointe du bec à l'extrémité de la queue. Dans son
apparence générale, il montrait un étrange mélange du Faisan et de
la Poule et n'était point différent d'un Coq Capercally (Vttrogallus)
parla tête et le cou. Les jambes étaient très claires (clean) et fortes,
sans éperons, décidément Gallinaceous (2) par ce caractère ; le bec
large et puissant ; la queue longue et arrondie, avec les plumes du
milieu quelque peu allongées, etc. En novembre de la même année,
ajoute Stevenson, M. Sayer reçut aussi, de lord Rendlesham's
préserves, un autre hybride, apparemment « a cross between a
Pheaseant and a black Bantain Fowl »; mais aucuns renseignements
ne sont donnés sur son origine.
Ces faits, quoique assez nombreux, on le voit, ne peuvent exciter
l'intérêt que présentent les hybrides nés du croisement de deux
espèces sauvages et libres (3).
(1) L'ouvrage de Steveasou paraît avoir été publié à Norvich en 18(i6.
(2) Nous pensons que Stevenson veut dire Gallus par cette expression.
(3) M. le Prof. Dôderlin a eu la comphiisance de nous envoyer de sa propre
collection une Perdrix qu'il a reçue de la Marche de Brandebourg. Cet Oiseau a
été tué, avec deux autres échantillons qui lui sont semblables, dans une compagnie
de Perdix cinerea. 11 n'existe presque point du plumage delà P. cinerea sur ce
sujet. C'est à peine si on en trouve ([uelques traces çà et là. Tout le devant et
les côtés sur le ventre sont brun roux; cette couleur est séparée à son milieu par
un espace blanc grisâtre mélangé tormnnt bande. La même teinte brun roux e,st
rappelée sur le dos, les scapulaires et la queue. Tout le dessous et le devant du
cou sont blanc gris jaunâtre.
C'est donc un Oiseau très bigarré, dont le plurange est analogue à relui d'une
Poule de basse-cour; il en donne tout à fait l'aspect. Nous n'avons éprouvé aucune
surprise lorsque nous avons lu sous le socle : « Perdix cinerea X Oallus dornes-
ticas? » Néanmoins cette mention est, avec raison, suivie d'un point d'interrogation.
Pour notre part, nous ne pensons aucunement que ce sujet soit un hybride: il est
trop pelit de dimensions pour avoir été produit par une Poule domestique; la taille
est exactement celle d'une Perdix cinerea.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 623
ORDRE DES COLOMBES
(Se reporter p. 1C6 ou p. .'io8 des Méni. de la Soc. Zoul., 1890;.
Nous avions remarqué que l'hybridation à l'état sauvage était
presque nulle dans cet Ordre d'Oiseaux, tout au moins qu'un seul
croisement d'espèces paraissait avoir été observé entre deux types
distincts : relui de la Culuniba liiria et de la Paliimbœna fusca ; que
les autres exemples que l'on citait, très rares, du reste, se rappor-
taient à des variétés.
Malgré les recherches que nous avons faites nouvellement, nous
ne sommes guère plus avancé, comme on va le voir. Quelques cas
de mélanges d'espèces sont bien à mentionner, mais l'origine sau-
vage des parents ayant donné lieu à ces croisements n'est pas
prouvée. Il est môme beaucoup plus vraisemblable que l'appariage
s'est opéré eu captivité; au moins l'une des deux espèces croisées
vivait-elle en cet état. Pour plusieurs cas, cela est certain.
Genre Columba
COLUMBA CENAS (1) X COLUMBA AFFINIS (2)
M. 0. V. Aplin, de Bloxham, nous a appris que dans la collection
de M. Whitaker, à Mausfield, existe un hybride entre la Columba
œnas el\d Columba a/finis;ceci nous a été confirmé par le propriétaire
de cette collection. M. 0. V. Aplin a vu ce spécimen qui montre des
points de ressemblance avec les deux parents. Mais l'Oiseau fut,
parait-il, élevé dans un bosquet d'arbres situé près d'une maison de
ferme où beaucx)up de Pigeons domestiques sont retenus. Il est
donc probable, (quoique la C. lioia vive encore à l'état libre), que
l'individu de l'espèce a/pnis, qui a contracté le mélange avec une
C. ivnas. faisait partie des Oiseaux retenus dans la ferme voisine.
La Colombe colombine et le Bizet sont deux espèces très rappro-
chées, sinon deux variétés. L'examen de leur produit présente des
diiricultés sérieuses, mais peut-être l'hybride en question porte-t-il
quelques traces de la domesticité empruntées à son second parent?
(1) Autres noms : Colambœna colambella, Œnas sive vinago.
{i) Columba domestica, Columba Uvia.
626 OISKAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
CoLUiMBA LIVIA X COLUMBA PALUMBUS (1)
Un laboureur de la ferme d' « Haywood Oaks » raconta à M. Whi-
taker que, pendant l'été de 1884, un Pigeon ramier aux ailes blan-
ches avait été vu de temps à autre sur de vieux chênes creux,
fréquentés par un grand nombre de Pigeons ramiers. Le garde du
colonel Seely, auquel appartient la ferme d'Hay wood Oaks, parvint
avec beaucoup de peine à tuer cet Oiseau qu'il apporta à M. Whi-
taker. Celui-ci crut tout d'abord avoir affaire à un des Pigeons
apprivoisés, nombreux dans la ferme. Mais le garde lui assura qu'il
était excessivement sauvage, difficile à approcher, et qu'il s'était laissé
tirera une distance de plus de cinquante mètres. Lu manière dont
le Pigeon avait été tué témoignait de l'affirmation. Enquête faite,
M. Whitaker apprit que l'Oiseau avait été remarqué, après sa sortie
du nid, sur les ciiénes, entrant dans les trous ou eu sortant, et se
nourrissant avec les Pigeons ramiers dans les champs loin de la
ferme, jamais sur les bâtiments et avec les Oiseaux domestiques.
Voici sa description: « Six ou sept grosses plumes, flèches blanches,
d'autres d'un gris-ardoise. Les plumes de dessous couleur ardoise,
avec quelques marques plus foncées; le dos blanc, la queue et le
croupion couleur ardoise, comme dans les Pigeons ramiers; la tête
ardoise, avec des marques blanches; le cou a la couleur brillante du
Pigeon ramier; la poitrine est grise, les pattes sont rouges (2). »
Il ne peut être encore question ici que du croisement d'une espèce
sauvage avec une espèce domestique.
TURTUR RISORIUS X TURTUR AURITUS (3)
En parlant d'un hybride paraissant provenir de ce croisement,
et pris à l'état libre, nous émettions l'avis que son origine sauvage
nous paraissait suspecte. Un produit de la C. lurtur et de la C.
risoria fut de même attrapé le 14 mai 1865 dans un jardin à New-
market Road, et quoiqu'on ne trouvât point son propriétaire, la
personne qui le décrit dans le Zoologist (4) ne suppose aucunement,
(l) Synonymie: Paliimbus, Colnmba torquata, Columba palumbus, Palumbus
torqualus, Columba pinetorum, Palumbus excelsiis.
(2) Voy. the Zoologist : Ujbrid beliveen a Stock Dove and Tarne Pigeon,
p. 150, 1885.
(3) Synonymie: Columba turtur, Turtur, Peristera turtnr, Tartur l'ulgaris,
Turtur tenera.
(4) P. 369, octobre 1882.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 627
et avec raisou, qu'il ait été produit à l'état sauvage. L'hybride
C. turtur et C. risoria est eu effet très commun en domesticité;
quehjues pièces de ce genre peuvent sans doute de temps à autre
s'échapper.
COLUMBA LIVIA X TuRTUR RISORIUS
On conserve au Musée de Florence un Pigeon cT que M. Giglioli
croit provenir de la Columba œnas et. \e Turtur tenera (l). Cet Oiseau,
nous assure M. Giglioli, a été tué à l'état sauvage le 10 octobre 1885
près de Cuiieo (Piémont). Le savant professeur ne conserve aucun
doute sur son authenticité. 11 l'a reçu de M. V. Abre, observateur très
consciencieux. « Eu dimensions l'Oiseau est intermédiaire entre les
deux espèces ; le bec est plutôt celui du Titrttir ; la couleur vineuse
s'étend sur le cou et sur la tète ; les plumes du double collier ont
les caractères de ceux du Turtur, mais sont à rellets pourprés sur
un fond vineux. Les ailes et le dos sont gris, quoique lavés
de brun. Les taches (barres) noires de l'aile ont disparu. La queue a
bien les caractères du Turtur, les rectrices (excepté les deux
médianes) étant terminées de blanc. Toutefois l'Oiseau est d'aspect
C, œnas. n Telle est la description que M. Giglioli a bien voulu nous
communiquer.
Nous lui avons demandé à voir cette pièce, faveur que le très
obligeant directeur du Museo ilei Vertebruti s'est empressé de nous
accorder. — L'Oiseau est en tout semblable à des hybrides cT de
Colunibia livia et Turtur risorius que nous avons plusieurs fois
obtenus en captivité. Il est tellement semblable à ces hybrides que
nous ne pouvons lui donner une autre origine. M. Fontaine, de
Marcq-en-Barœul, qui possède le produit de la Columba livia avec
le Turtur lenwra, nous a communiqué son échantillon, qui difïère
réellement des nôtres et, par conséquent, de celui de M. Giglioli.
Cette dissemblance nous porte donc à considérer la dernière pièce
comme hybride réel de Turtur risoriux X Columba licia échappé,
cela va sansdire, de quel(|ue volière, puisque T. risorius ne vit pas
à l'état sauvage eu Italie.
La Columba licia et le Turtur risorius appartiennent, d'après le
classement des ornithologistes, à deux genres dilïérenls.
Ainsi les quatre croiseqients que nous venons de citer : ou auraient
(1) Primo resoconto dei resultati dcl incliiestu ornithologica ilaliana
(3* parUo), 1891 .
628 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
été produits en domesticité, ou auraient été contractés par une
espèce sauvage avec une espèce domestique. Peut-être en est-il de
même du croisement de la Columba livia X Polumbama fusca que
nous avons mentionné d'après M. Zarowdnoï, d'Orembourg (Russie).
CoLUMBA LIVIA X POLUMBOÎNA FUSCA (1)
(Se reporter p. 106 et p. aï9 des Mém. de la Soc. Zool.. 1890).
Le savant explorateur a eu la complaisance de nous adresser ses
intéressantes « Recherches zoobgiques dans la contrée transcas-
pienne (2), où ou lit (3) que l'Oiseau fut tué près de Ak-Maïdjor.
C'était un Pigeon présentant des caractères propres à l'une et à
l'autre des deux espèces. M. Zarowdnoï regrette vivement que cet
exemplaire n'ait pu être empaillé et qu'il ne figure point dans sa
collection. Les Cosaques qui l'accompagnaient le plumèrent et le
rôtirent, avec d'autres pièces de gibier, pour le déjeuner. Autant que
le naturaliste d'Orembourg peut se le rappeler, « l'Oiseau possédait
des caractères plastiques intermédiaires entre la C. litia et la C.
jusca et avait le croupion d'un bleu noir à reflets métalliques, comme
la C. livia. Le bec était semblable à celui de la C. fusca, les ailes à
bandes transversales bien développées et le dessus de la tête teinté
de rouge. »
11 nous reste à dire quelques mots du mélange des variétés
des Grcen Pigeons de l'Inde, dont a parlé Gerdon et que nous avons
déjà mentionnés, mais d'une façon trop sommaire. Nous avons en
outre à enregistrer le mélange de la Columba intermedia avec la
C. livia dom., que nous font connaître MM. l'abbé David et
Ouslalet(4).
Trerou PHœNicoPTERA (5) X Trerou chlorigaster.
(Se reporter p. 106 ou p. 3:59 des Mém. de la Soc. Zool., 18iK)).
■ Dans les « Birds of India » (6), Gerdon ne détermine point les
(1) Synonymie: Colamba fusca. Va\\..Coluinba œnas, Lich. in Evers.: Columba
eversmanii Bona ; .\i1dil. ; Coliimbœna eversmannii, Jerd. ; Columba fusca
var. p. brachjura, Sev.?
(2) Moscow, 1890 (E.\trail du Bulletin de la Société Impériale des Naluralistes de
Moscou, 1889-1890).
(3) P. 101.
(4) Oiseaux de la Chine.
(o) Synonymie : Columba phœnicoptera. Columba militans.
(6) I, p. 218, Calcutta, 1862.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 629
les variétés des Green Pigeons qui auraient contracté des mélanges.
Après avoir parlé des croisements du Burmese [{oller avec l'Indian
Roller, il dit sinipleinent : « The same interrniniilint; of afiined
species takes place in the Green Pigeons of tlie soutli an<l norlli of
India and in several otlier Birds. o L'auteur ne se sert même point,
comme on le voit, du mot" interbrecding ». Mais Blylh (1) est plus
précis et dit qu'il soupçonne raisonnablement des croisements entre
les deux espèces, T. phœnicoptera et T. chlorigaster, (quoiqu'il ne
cite aucun exemple).
Nous avons examiné au Muséum d'Histoire naturelle de Paris
des spécimens de ces deux types ; déjà M. Ouslalel nous avait fait
voir dans son laboratoire l'une des deux variétés. Or, les différences
qu'elles présentent sont si peu sensibles qu'il nous paraît même
diilicile de les apprécier, du moins au premier coup d'oeil ; il faut
une attention soutenue pour les remarquer. Chlorigaster aurait les
épaules ou couvertures supérieures plus foncées, la gorge jaune
moins vif, plus verdàtre que chez pbœnicopU'ra ; peut-être les pattes
et l'iris plus foncés '?Tout cela et quelques autres petites dissem-
blances dans les liserés forment un très petit nombre de carac-
tères pour les différencier.
Il ne s'agit donc tout au plus dans ces mélanges (s'ils se pro-
duisent ?) que de croisements entre simples et légères variétés ; il en
est de même du croisement suivant :
COLUMBA INTERMEDIA X COLUMBA LIVIA IIOM (2)
M. l'abbé David s'exprime ainsi (3) : « Cette race à peine distincte
de notre Colombe bizet (4), vit à l'état sauvage dans l'Inde, dans le
Turkestan (?) et dans la moitié de la Chine. Je l'ai vue établie en
grand nombre dans les cavernes placées à une grande hauteur dans
les montagnes du Tsin-hiug. Des Oiseaux domestiques se mêlent
fréquemment aux Oiseaux sauvages, il s'opère des croisements qui
donnent naissance à une foule de variétés. »
(1) Journal of Ihe .\siatic Society o( Bengal, XIV, p. 228, ISfô?
(2) Synonymie : Columba intermedia. Strick : Columba livia, Blylb; Colamba
œnas, Rt^ich.; Columba intermedia. Bon.; Columba Uvia, Swicli.
(3) Op. cit., p. 385.
(4) Semblable en général à la Columba Uvia, mais oflranl sur le croupion une
teinte brun&tre et sur la nuque des rellets verts et pourpres plus intenses que
dans l'espèce européenne (David et Oustalet).
630 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAl VAGE
ORDRE DES PALMIPEDES
(Nous croyons devoir rappeler, avant de commencer l'énuméra-
tion des hybrides de cet Ordre, ce que nous disions dans notre
« Avant-Propos n (1), à savoir que la demi-domesticité, si répandue
dans la famille des Anatidés, explique, au moins pour beaucoup
d'entre eux, les mélanges que les Oiseaux de cette famille con-
tractent).
Famille des Anatidce
Genre Anas
Anas PENELOPE et Anas crecca
(Se reporter p. 112 ou p. 120 des Méra. de la Soc. Zool., 1891).
Cinq spécimens représentant le mélange des deux espèces avaient
été signalés : une pièce au Musée de la faune néerlandaise, une
autre appartenant à M. le comte Arrigoni degli Oddi, une troisième
dans la collection du feu lord Malmesbury, une quatrième faisant
partie de la collection vendue par M. Whitaker, et une cinquième
enfin chez M. le comte Ninni, à Venise. Nous avions donné, d'après
M. le comte Oddi, la description très complète de l'exemplaire qui
lui appartient et, d'après M. Westermann (aujourd'hui décédé), la
description du spécimen conservé au Musée des Pays-Bas.
La provenance sauvage des trois premières pièces paraît établie ;
une telle indication manque pour les deux dernières.
M. le D' Kerbert a bien voulu nous communiquer l'hybride du
Musée d'Amsterdam. La double origine de cet Oiseau se voit au
premier coup d'œil ; c'est un intermédiaire entre les deux espèces
dans toute la rigueur du mot, aussi bien par la taille que par la
couleur du plumage : Tète châtaigne comme crecea, avec bandes
vertes de séparation partant de chaque côté des yeux et se rejoi-
gnant sur le dessus du cou (2) ; miroir vert brillant entouré de noir
dans le bas, dans le haut entouré de cliàtaigne et non de blanc
comme chez crecca (3). Pieds et jambes presque aussi forts que
ceux de penelope et couleur de plomb. Le dos est penelope, eu cos-
(1) P. 473 et p. 475.
(2) Le vert est moins foncé que chez crecca et la petite raie blanche qui sépare
le vert de la couleur châtaigne est peu visible.
(3) Il est à noter qu'aucune des deux espèces ne présente cette couleur d'une
manière aussi accentuée.
ADDITIONS, CORRECTIONS lit EXAMENS d' APRÈS NATURE 031
turae de transition. La gorge est fond rose vineux, comme chez cette
espèce, mais çà et là tachetée, ainsi que les llaucs, indiquant parce
caractère un plumage en mue. Les couvertures supérieures des
ailes sont d'un blanc gris mat, présentant tout à fait un ton moyen
entre la couleur gris noir de crecca et le blanc de penekipe (I).
Le plumage du corps est donc beaucoup plus penelope que crecca,
mais la tète est presque entièrement de ce type; le contraste est
d'un effet saisissant, surtout lorsque l'on examine les caractères
intermédiaires de ce sujet qui est fort joli. Nous en avons conservé
un croquis ; il porte une mention ainsi conçue: k Annx hijbrida (f
von .1. jicnebpe on .-i. crecca, 9 nov. 1888. Schiermetrop. » On n'y
dit point qu'il ait été pris à l'état sauvage, mais le M. D' Kerbert
nous a donné cette atlirmation.
Le comte Oddi ne nous a point adressé le spécimen qu'il con-
serve; il nous a seulement fait parvenir une aquarelle fort bien
exécutée et qui représente uu réel intermédiaire entre les deux
espèces, ayant beaucoup d'analogie avec l'hybride précédent, car le
corps paraît penetope et la tête de la crecca; mais c'est un individu
en vrai costume d'hiver ou de noces. Nous remarquons encore au-
dessus de la bande verte du miroir une bande châtaigne très pro-
noncée. L'oiseau semble avoir les pattes et les doigts jaune brun
(cuir) et les palmures plomb violacé; ce dernier caractère est-il
exact 9
M. Ed. Hart, de Christchurch, qui possède maintenant l'exemplaire
du feu lord Malmesbury (signalé d'abord comme hybride de pc/ie/ope
et de crecca], considère cet Oiseau comme le produit de l'A. crecca
et de l'A. boschas. Nous ignorons si M. Hart a raison de penser
ainsi, mais, autant qu'on en peut juger par l'aquarelle que M. Prévôt
a exécutée pour nous de grandeur naturelle, cette pièce n'est point,
comme nous l'avions annoncé à tort, l'hybride de l'/l. crpcca avec l'.-l .
penelope. Nous croyons devoir la rayer de cet article. Toutefois,
comme nous ignorons à quel croisement on doit la reporter, (sou
jeune âge ne permettant point sans doute de le juger convena-
blement), nous eu donnons ici la description :
Bec jaune roux brunâtre, plus clair au début de la mandibule
supérieure. Tète presque rousse quoicpie l'on aperçoive confusé-
ment une trace de la bande verte, laquelle part de l'œil et se dirige
vers la nuque. Une nuance blanche qui se perd peu à peu dans le
roussàtre de la tête et du dessus du cou se répand à partir du
I) A moins donc que penelope ne se montre ainsi en costume de transition 7
632 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
bec vers la gorge devant le cou. Poitrail roux, tacheté à la
manière de la Sarcelle, quoique les petites taches ne portent pas
de blanc au-dessus de la partie brune. Dos, couvertures des ailes,
brun cendré gris ; les grandes rémiges du même ton, mais plus
claires. Tout le ventre gris brunâtre à fond blanc est rempli
de petits zigzags irréguliers et mélangés avec des taches du même
ton près des flancs. Les pattes sont jaune orangé, les palmures
paraissent plus foncées. La disposition du miroir consiste en une
première bande supérieure chamois foncé, puis en une large
partie verl de mer bordée inférieurement d'une raie noire, laquelle
est suivie d'une bordure chamois s'éclaircissant en blanc à sa partie
extérieure.
Cette pièce, qui porte sur tout son corps les caractères d'un
jeune Oiseau, semble devoir être reportée au mélange de la crecca
avec le boschas ; mais sa taille assez grande peut laisser quelque
hésitation (1).
Nous apprenons que le spécimen faisant partie de la collection
vendue par M. Whitaker a été acheté par M. Dickes pour sir
Vauncey Crewe, de Cork Abbey (Derby) ; nous n'avons pu obtenir
d'autres indications.
Quant à l'exemplaire du comte Ninni, de Venise, nous manquons
également de renseignements. M. le comte Arrigoni degli Oddi, qui
avait bien voulu nous promettre des indications au sujet de ce
Canard, assez problématique du reste, ne nous les point adressées;
ce qui nous fait croire qu'il n'existe point dans la collection du
feu comte.
Nous avons à citer un autre exemplaire acheté par M. van
Kempen en Angleterre dans une collection où, paraît-il, on ne
vendait que des Oiseaux sauvages d'Europe; toutefois M. van
Kempen n'a point voulu nous affîrmer l'origine sauvage de cet
hybride bien authentique et qui confirmerait grandement, s'il
avait été obtenu à l'état de réclusion, l'origine mélangée des autres
pièces sauvages, car il leur ressemble en plus d'un point. On
retrouve chez lui la tète, les joues et le commencement du cou
complètement de couleur châtaigne avec la large bande verte
qui part des yeux pour se prolonger jusque sur la nuque. On
voit aussi la bande châtaigne en-dessus du miroir qui est
vert (2). Toutefois il est plus ramassé, il a le cou court et épais,
(1) Elle a été décrite à la fin de notre « Histoire da Bimaculated Duck »
pp. 47 et 48, ne sachant dans quelle catégorie la placer.
(2) Cette bande est peut-être moins foncée que chez les autres exemplaires.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET l.XAMENS D'APnÈS NATURE 633
Est-ce l'effet du moutiige ? — On remarque sur le rose de la poitrine
(comiile cela se produit sur l'exemplaire de M. le comte Oddi) de
petits points foncés très délacliés les uns des autres, nullement
entourés, rappelant presifue complètement les points que l'on voit
sur la partie correspondante de la sarcelle fonnosa. Ce sont sans
doute les taches, beaucoup plus larges, de la sarcelle crecm, (jui se
rétrécissent ici, car penelope est dépourvu complètement de ces
marques dont il ne peut, parconséquent, favoriserle développement.
Nous avons fait peindr-e l'Oiseau de .M. van Kempen, celui-ci l'a
signalé dans les mémoires de la Société Zoologique (l), en ayant
soin de faire remarquer qu'aucune mention n'atteste que ce Canard
ait été tué à l'état sauvage; nous ne pouvons donc le comprendre
dans noire liste.
Dafila acuta X Anas penelope.
(Se reporter p. 115 ou p. 123 des Méin. de la Soc. Zool., 1891).
Quatre exemplaires avaient seulement été cités; encore disions-
nous que l'un d'eux, acheté sur le Leadenhall market, n'avait peut-
être point été pris à l'état sauvage. — Il faut ajouter à cette liste,
peu nombreuse, un cinquième Oiseau décrit et ligure en 1893 par
M. dal Fiume Camillo (2), puis un sixième, cT, pris récemment
dans la lagune de Venise et (|ui se trouve, d'après M. Oddi (3), dans
la collection du feu comte Niuni au Musée Correzo, à Venise. Mais il
faut supprimer la pièce que nous avions citée la première et qui
nous avait été indiquée par M. Ch. Royer, de Langres. Cet Oiseau,
que nous avons reçu eu communication, n'est autre, en effet, qu'un
.1. penelope en mue. M. Royer, à qui il appartient, n'ayant pu le
classer, avait essayé de le contrôler à Paris avec les Canards du
Muséum. Ne le trouvant dans aucune vitrine, il l'avait montré aux
em[)loyés qui l'avaient déterminé comme hybride d'.l. penelope
et de l). aeula, mais à tort, selon nous. Il est vrai que sa préparation
le fait paraître plus long que le penelope: son cou est plus tendu,
il est moins ramassé. Mais ou ne saurait s'attacher à la forme
(1) Mém. Soc. Zool. de Krance, 1890. p. III. Oiseaux hybrides de ma collec-
tion, par Ch. van Kempen.
(2| « Sopra un ibrido naturale, Mareca penelope Liiin . X Dafila acuta Linn. »
Nota didel Fiume Camillo (.Milano, I89.i, Eslratlo degli Alti dflla Socii'ta italiana
di scienze natufale).
(;{, Commuiiitation (l-- celui-ci.
(i.'U OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
d'une pièce empaillée, surtout lorsque le montage est visiblement
défectueux ; ce qui se voit aisément chez cet individu.
Nous avons constaté que par sa coloration générale et la dispo-
sition de son plumage il ne diffère point d'un 1. penelopeif en cos-
tume de transition, c'est-à-dire à ce moment où l'espèce revêt le
vêtement de noces ou s'en dépouille, pour reprendre la livrée moins
brillante de la saison chaude. Au-dessus du miroir, qui n'est point
bordé à sa partie supérieure de brun rose clair et à sa partie infé-
rieure de couleur blanche comme chez ticnta, on reconnaît les
grandes plaques blanches caractéristiques de penelope. Seule la
couleur verte à reflets roux du miroir le rapproche réellement d'arwfa.
Mais ayant observé de très près un des pcneiope cf que nous con-
servions vivants dans nos parquets, nous avons reconnu (c'était au
mois de juillet et au mois d'août) que la couleur verte du miroir se
modifiait chez cet individu et prenait précisément ces reflets bronzés
constatés sur le spécimen de Langres. Ceci nous a complètement
convaincu que ce dernier n'était point un hybride, mais simple-
ment, comme nous le pensions, un Oiseau en mue. M. Ed. Hart,
de Christchurch, auquel nous avons montré la petite aquarelle que
nous avons fait de cette pièce, nous l'a retournée avec cette mention
bien significative . a A. pcnelope in the change of plumage ». — Ce
qui nous étonne un peu, c'est que M. Royer la croit tuée au mois
d'avril. La mue était donc avancée ou retardée chez l'exemplaire
qui a servi de point de comparaison, ou l'inverse (1).
M. le D'' Jentinck a eu la complaisance de nous adresser en com-
munication l'exemplaire du Musée de Leyde.cet exemplaire au sujet
duquel le savant et très connaisseur M. van Wickevoort Crommelin
avait changé jilusieurs fois d'opinion, mais qu'il avait considéré
en dernier lieu comme le produit der.4. penelope x ■•!• acuta (après
l'avoir cru hybride dacreccd elà'acuta). Les caractères de la tète sont
en efïet, nous allons le voir, très embarrassants. Notons de suite
que le poitrail rose vineux rappelle lepc/u'/opc, mais tout le plumage
(1) Tout en considérant cet hybride suppose comme un simple pcne/opc en mue,
nous tenons à faire remarquer que le bec nous a paru loni: : il dépasse légèrement
les dimensions de celui du penclope. Quant à la largeur de cette même partie, elle
est reproduite sur deux sujets , -'' vivants de celte espèce que nous possédons (l'un
en livrée d'été, l'autre en costume de transition), et encore sur le bec d'une femelle
empaillée. Il nous faut aussi reconnaître que la ternie bleu violacé de l'épaule,
(laquelle épaule est munie de la tache blanche), n'est peut-être point tout à fait
aussi pointillée que dans ce penelope. Cette particularité fait penser à acuta,
de teinte plus uniforme, si nous en jugeons par nos exemplaires de race pure.
ADDITIONS, CORRECTIONS T.T EXAMENS D'aPRÈS NATURE 633
(lu corps est de Vacutn, à l'exception de la tache noire qui paraît
être moius longue que chez cette espèce; les deux petites plumes
elllit^es de la queue ne se prolon^i'nt point non plus très avant. Les
tarses et les doijîls étant à peu |)rés du munie Ion cliez les deux
espèces supposées mères, rien n'est à remarquer de ce côté. Le bec,
par ses dimensions, semble intermédiaire entre le bec de Vacuta et
celui du priii'lopc.
On pourrait donc déterminer aisément ce produit comme hybride,
puis(]ue le corps est du premier type et le poitrail du second ; mais
la coloration très originale delà tête prés(;nte de sérieuses ditlicultés.
La disposition des teintes k cette |)artie est en elïet celle de cirera ; la
couleur noisette des joues et la couleur plus foncée et plus rougeAtre
de la tète, qui se relient entre le bec et l'œil, se trouvent séparées
par une large raie verte parlant en arrière de l'o'il dans la direction
de la nuque. En outre, sous la gorge existe une partie très foncée
qu'on ne voit ni chez cnrca, ni chez penelope, ni chez acula.
Nous comprenons donc l'embarras dans lequel s'est trouvé
M.Crommelinà l'égard de celte pièce, bizarre à l'excès, car, si on fait
abstraction delà tète et du poitrail, on se trouve en présence d'un
corps de vrai amta. C'est, on peut le dire, un (iriita au poitrail rose
du prneloite, coillé d'une tète qui ne rappelle aucune espèce connue,
ou plutôt qui en dévoile une troisième, la créera, espèce que l'on se
sent attiré à admettre, mais qu'on est bientôt obligé de récuser en
face des deux caractères nettement accusés du pnirlopr et de Vacuta.
N'osant vraiment croire que ce curieux échantillon emprunte
son origine à trois espèces, qu'il soit, par exemple, un hybride de
créera X penrlopr croisé û'acnta (hypothèse trop invraisemblable si
l'Oiseau est né réellement en liberté), nous avons étudié la variété
américaine du penelope, la Marera americana, parce (|ue M. Olphe
Galliard dit que cette variété a la gorge et le devant du cou d'un
brun noirâtre mélangé de roux et que derrière l'ccil se trouve une
bande longitudinale d'un vert brillant à rellels. Mais nous n'avons
point été satisfait des examens que nous avons faits. Nous avons
constaté, il est vrai, (surdes exemplaires que nous avons demandés
d'Amérique), que la Marrc:i ameiicana a réellement au-dessus des
joues une raie foncée, quelque peu à reflets verts, partant de l'œil
et se i)iolongeant vers la nuque; mais la teinte du front, des joues
et du cou n'est aucunement noisette, pas même roux marron, comme
le dit Degland (1). En plus, le front est blanc. Si donc une parenté
(1) Degland s'exprime ainsi : u Occiput cl luiiil du C"U d'uii Iji-uii marron. » Cet
orniUiologisIe aurait dit an moins ajouter : « excessivement clair, à peine visil)le. »
(iNous supposons nos e.xemplaircs complOleuient en couleur? ).
636 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
avec Mareca americana expliquerait la bande verte que possède uotre
hybride, cette parenté est tout à fait iusuffîsante pour donner une
explication de la teinte vraiment jaune roux orangé des joues,
ainsi que du roussàtre assez foncé du front et de la gorge.
Nous avions abandonné cette pièce, trop embarrassante, lorsque
l'envoi fait par M. Richard Paden d'un hybride pmelope x acuta,
obtenu autrefois en captivité dans la ménagerie de Lord Derby et
possédé maintenant par le Muséum and Gallery of Art de Liverpool,
est venu nous tirer d'embarras.
Lord Derby avait en effet obtenu, vers 1812, dans sa ménagerie de
Knosley, le produit d'un A nas penclope cf croisé avec un A . ncuta $ ,
ainsi que nous avons pu le constater par la mention écrite en
vieille encre sur le socle de cette pièce montée et encore conservée,
à notre surprise, dans un état de fraîcheur exceptionnelle (1).
Or, quoique le cou et la queue soient plus allongés que chez le
précédent (2), le dessin et la coloration de la tête sont exactement les
mêmes chez les deux Oiseaux, et dans le plumage du corps ils ne
ditïèrent réellement que par la première barre oblique qui borde
supérieurement le miroir. Cette barre est d'un roux châtaigne
clair sur l'exemplaire de Leyde, en grande partie mélangé de noir
sur le spécimen de Lord Derby (3).
Voici, du reste la description de ce précieux échantillon qui nous
rend actuellement, on le voit, un si grand service.
Vrai intermédiaire entre les deux types, quoique sa queue et
son cou allongés rappellent "onsidérablement Vdcittn. Les joues
sont de couleur châtaigne clair jaunâtre; le dessus de la tête
est d'un rougeâtre foncé ; le bec est plus court que chez ncuta et
rappelle celui du penelupe. Le poitrail est rose comme chez cette
espèce, mais afïaibli de ton. Le miroir est un intermédiaire très
réussi entre les miroirs des espèces pures. Les couvertures de l'aile
sont blanc perle clair ; la première bande qui borde le miroir en
obliquant (4) est ici en partie noire, en partie châtaigne. La deu-
xième barre, qui borde obliquement et inférieurement le miroir,
est mi partie noire, mi-partie blanc sale, un peu roux. La tache noire
desscapulaires d'acata est très bien marquée, tout en étant de plus
(1) Voici ceUe menlion : « Ilylirid tlucU uinle. bred al Knosly bi'lween a malc
Wigeon (An. penelope) ami a femalf Pinlail (An. acnta). Knosly, apiil 1812.»
(i) L'Oiseau du Musée de l.eyde est plus ram^issé.
(3) Peut être aussi le bec est-il un peu plus tort chez ce dernier, les couveilurcs
de l'aile plus blanchâtres, les rayures des flancs moins accentuées vers le milieu,
el le dessus de la tôte plus foncé.
(4) Bande qui est noire chez penelope et rouge châtaigne chez acuta
ADDITIONS, CORnECTIONS ET EXAMENS D'AmÈS NATURE 037
fail)les dinieusions que chez ce type. Les couvertures des ailes
(partie basse) sont un mclauge des deux espèces (1). Les pieds
paraissent de grandeur moyenne, comme est la taille. Les longues
plumes de la (|ueue, quoi(iui' bleu i'trilé(^s et se i)rolongeant en
avaut, n'atteignent point cependant la longueur des plumes corres-
pondantes d'acuta. En dessous, le ventre est très blanc.
Ce qui surprend donc;, ce sontles caractères delà tête, c'est-à-dire
le dessus de cette partie très rougeàlre, les joues de couleur
ch;\taigne très claire, la gorge très foncée et surtout le vert au-
dessusde l'ceildaiisla direction de la nu([ue; néanmoins ce vert ne
rejoint point l'œil comme chez nrrcd ; il est considérablement
éloigné de cet organe.
l'i-ni'loj)!' étant roux foncé sur les joues, roux très clair sur le
front, on admet ditllcilement que l'inverse puisse se produire
chez notre hybride ; il ne semble pas moins étrange que du
vert puisse apparaître sur la nuque. Doit-on admettre que c'est là
un cas d'alavisme causé par hybridation, c'est-à-dire que les
ancêtres de notre penelope européen sont la Mareca americana,
laquelle porte une bande verte au-dessus des joues et dont la tête
est de couleur châtaigne pres(|ue gris blanchâtre?
Ndus admettrions peut-être |)lus facilement, quoique nous n'en
ayons jamais vu, qu'il existe de vva\s pnielopc européens montrant
quel(|uefois cette bande. Non seulement M. Olphe Gaillard la
décrit chez le penelope, mais aussi M. Olgivie Gaillard; M. Richard
House, de Norlhumberland, semble lui-même l'admettre (2).
Nous nous sommes un peu étendu sur la particularité que pré-
sente l'Oiseau de Leyde ; mais cette paiticularité méritait bien une
explication. Le produit hybride obtenu en domesticité par lord
Derby prouve que le vei-t de la tète n'est pas imputable à la
Sarcelle; celle-ci par conséquent ne joue aucun rôle dans ce croi-
sement.
L'hybride du Musée de Newcasleon-Tyne (coll. Handcock) figure
dans un groupe de gibier conservé sous glace. Il ne nous a point été
communiqué; nous n'avons point cru devoir le faire peindre, car
il nous a été impossible d'obtenir d'autres renseignements sur
son origine que ceux que nous avions déjà reçus : à savoir que
l'Oiseau avait été acheté au Leadenhall market de Londres. .M. Hand-
(I) Les Hanrs sont, nn le sait, à peu prés les mêmes chez les deu.x types.
{t) Voy. quelques lignes plus loin.
638 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
cock en le décrivant (1) avait dit que la couleur cliàtaigne de la
tête et du cou est mélangée avec le vert brillant du Pintail « iritli
the glossy (jrecn of thèse parts of the Pintail ». M. Richard House
nous fait observer que c'est là une erreur et qu'il faut lire
« with the t/lossy green of thèse parts of the Widyeon », attendu
que le Pintail (.4. ac?<îa) n'a point de vert brillant sur la tête, mais
que c'est le Widgeon (.4. penelope) qui en possède. On voit parla que
M. Richard House admet que le vert puisse se présenter sur la tête
du penelope. Le spécimen de la coll. Handcock paraît doue parce
caractère ressembler aux deux hybrides que nous venons de décrire.
Nous regrettons vivement de n'avoir pu obtenir en communi-
cation le spécimen indiqué par M. J. G. Millais dans leField (2). Le
lieutenant s'est contenté de nous faire savoir que cet Oiseau, du
sexe femelle, ressemble de très près à la femelle penelope, excepté
dans la forme du bec qui est celui de Vacuta, espèce dont il a aussi
la taille. Sans doute est-il décrit et figuré dans l'ouvrage de
M. Millais.
Nous aurions désiré faire connaître notre appréciation sur la
pièce nouvelle faisant partie de la petite collection d'Oiseaux de
l'Académie dei Cimeordi de Rovigo et décrite comme mâle uon
adulte par M. Camillo Fiume, de Badia Polesine (3).
Une délibération du Couseil académique défend de laisser sortir
les objets d'histoire naturelle. Mais, nous dit M. Fiume, (( on peut
être sûr que le sujet illustré par lui est réellement un hybride; son
collègue et ami, le comte Arrigoui degli Oddi, auquel il l'a fait voir,
est de son avis. »
Notons en terminant que, dans le Zoologist de 1877(4), M. Tomes
parle de deux pièces qui lui sont indiquées par M. Bartiett et qui lui
paraissent provenir du Pintail et du Widgeon; toutefois M. Tomes
ne fait poiut connaître leur origine.
ÂNAS BOSCHAS Cl DaFILA ACUTA.
(Se repoi'lei- p. 117 et p IIS des Méni. de la Soc. Zool., 1891).
On se rappelle que trente spécimens, représentant le croisement
de ces deux espèces, avaient été signalés; l'origine sauvage de dix-
(1) A catatogne oj the Birds of iVortIaimlierlanil and Durham, p. 153. N:il.
hist. transactions, VI, 1874.
(2) N° du 15 fL^'i-ier 1890 (ou 1891).
(3) Actes de la Société italienne des Se. naturelles, 1893.
(4) Pp. 1698-1699. Occurence of the Bimaculated Duck, by M' Tomes.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMKNS d'aPRÈS NATURE G3'J
huit SL'uleineut av;iit pu être alïïrmée. Quinze nouveaux exemples
nous sont connus.
loM.le DfKerhcrt.tlu Koninklijk zoologisch Genootschapfnotxra
artia miiijistnii, d'Ainstriihiin, nous l;iil connaître un sujet cTm"'''! ''
reçu en cliair au coinnicncL'UU'nlde mars 18'J3et qui lut tué à l'état
sauvage dans la province de Frlesland. (Celte capture récente porte
à cin(|, comme on l'expli(iuera plus loin, les hybrides conservés
dans le Musée delà faune néerlandaise, (jualre mâles et nue femelle).
2" .M. le \)^ Jentinck, du Musée national des Pays-Bas, à
Leyde, nous siiiuale deux aulres Oiseaux, tous dinix mâles, l'un
capturé dans la canardière de Warmoud eu inai'S 1888 etollert?
par M. V. de Spwayt; l'autre, pris dans les environs de Rotterdam
le \i avril I8()9, ayant vécu dans les étangs du Jardin zoologiqne
de Rotterdam jusqu'en mars 1870, épo(jue où on le trouva mort(l).
3" Vers la fin de décembre 1892, ledecoyman de M. Frédéric Pre-
tyman, d'Or\vellpark(Ips\vick), prenait un beau mâle, qui vit encore
aujourd'hui dans nos paniucts d'-Vutiville; ce bel échantillon nous
a été envoyé et ollert gracieusement par M. Prelyman, auquel nous
témoignons ici de nouveau notre reconnaissance. Au commen-
cement de la même année, on avait i)ris dans le même piège la
femelle qui a été annoncée dans le Zoologist (2) comme hybride de
Qufrqufdula crecca et d'.4H«.s hoschas et que nous avons déjà décrite
dans noti'e « Histoire du Bim<iculated Dnrk » (3).
4" M. le baron Ed. do Selys-Longchanips conserve dans sa collec-
tion un sujet tué aux environs de Liège en hiver vers 180U ('t).
o" M. D. Niccolo Camusso, deNovi Ligure (Italie), a préparé pour
une colhu'lion maintenant dis|)ersée, un jeune mâle tué à Pavie le
25 novembre lS7o. Ce sujet, nous dit le naturaliste, avait les couleurs
de la femelle boschas et les plumes de la queue longues comme chez
acutn.
ti° .M. G.Fream Morcom,de Chicago (Illinois), possède dans sa col-
lection deux mâles et une femelle tués à l'état sauvage et montrant,
nous dit-il, un mélange évident des caractères des deux parents.
(1) Ces dprnières indicaUons nous sont logrnii-s par M. van BiMiirnclen, ilirecliMir
du Jarillii.
(2) N» ISJ, p. 109, vol. XVI, mars 18"J2.
(3| P. 21. .Nous pensons inaintcnuiil |coiiiiiie nous le laissions croire, du reste,
voy. p. 3't|, cet Oiseau proiluil par le croisemenl de D acuta avec le boschas.
Nous donnerons bientôt nos explicii lions
(4| Il ne l.-iul pjis lonfoniire ce sujet iivcc celui qui est cité ilnns ses Additions à
la liécapitulation des hybrides observés dans la Famille des Anatidés. Bull.
Acail. des Sciences de Bruxelles, XXIll, 18ii(i, .N' 21.
640 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
7° M. le comte Oddi nous a parlé d'un sujet cT tué il y a bien des
années, dans la lagune de Venise, croit-il, et conservé maintenant
dans la collection du feu comte Correr, à Venise, pièce très authen-
tique et très recounaissable, paraît-il, et dont la physionomie géné-
rale est plutôt celle du dafila que celle du boschas.
8° Dans le « Forest and Stream », du 30 août 1883(1), on lit qu'un
Canard hybride de sexe mâle fut pris dans le courant de l'année;
cet Oiseau, ajoute-t-on, « évidemment hybride, montre une prépon-
dérance des traits caractéristiques de Vacuta, mais est en partie de
la couleurdu Mallard (VA. boschas), tandis que le bec et les plumes
se montrentintermédiaires entre les deux espèces ».
9» Sont encore à citer : un hybride du même sexe conservé au
British Muséum et que nous avions omis de mentionner (2) ; un
autre mâle pris (ou tué) en Hollande eu 1892, dans la collection de
M. Walter Rothschild à Triug (Angleterre) ; un mâle ayant appartenu
à M. J.-H. Gurney et que celui ci croit avoir été obtenu à l'étal
sauvage. M. Gurney l'a échangé contre d'autres Oiseaux à M J. G.
Millais. M. Millais possède en outre une autre pièce de sexe
femelle, également échangée par M. Gurney, mais dont l'origine
sauvage est douteuse, cette femelle ayant été achetée chez un
marchand de volailles d'Hastings. — Enfin nous mentionnerons
une dernière pièce appartenant à M. van Kempen, de Saiut-Omer,
et dont l'origine sauvage n'a pu être établie sulllsamment (3).
De ces Oiseaux , nous avons reçu le Canard vivant envoyé
d'Orwell Park par M. Frédéric Pretyman, les deux pièces du Musée
de Leyde, quatre échantillons du Musée d'Amsterdam (4), l'exem-
plaire de M. van Kempen, celui de M. de Selys-Longchamps (3», et
les deux hybrides du Museo (Ici verkbrati de Florence. Nous avons
fait exécuter une peinture de l'Oiseau conservé au Musée de
Newcastle-on-Tyne (6) ; le rév. Tristam a bien voulu nous adresser
une aquarelle du spécimen qu'il a rapporté de Palestine (7).
(1) P. 84.
(2) Nous supposons qu'il a été lue A l'étal liliro ; nous ne nous rappelons point
cependant si cette affirmation nous a été donnée.
(3) Cet hybride a été cité par M. van Kempen in « Oiseaux hybrides de ma
collection. i> Mém. Soc. Zool. de France, IS'.IO, p. 110.
(4) Trois avaient été sijjnalés dans noire première publication.
(5) Cité aussi dans notre première publication.
(6) Voy. pp. lis et 1-20 ou pp. 12C> et 134 des .Mém. de la Soc. Zool. 18'Jl.
(7) Se reporter p. 118 ou p. 126 des mêmes .Mém. En Usant nos descriptions, on
verra que ce dernier spécimen et un de ceux du Musée de Florence ne nous ont
point paru authentiques.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE G41
Descriptions
Musée des Pays-Bas. — /" Le Canard capturé dans la canardière de
Wnrinond en ISSS ressemble éloDnnmmenl ;uix liyliriiles conservés
au .Musée d'Amsterdam, à l'individu du .Musée de Newcastle-on-
Tyne et à un des deux écliantillons du Musée de Florence. Sur
les scapulaires la tache noire est i-cpeudani moins prononcée et
peu eflilée. Dessus du corps, plutôt du bnschas que de Vacnla;
plumes médianes de la queue un peu recourbées comme chez
bosrhas, mais les longues plumes, qui se relèvent, ne paraissent
pas être des plumes de couvertures ; tout au moins elles sont
bien plus fortes que ne le sont généralement ces plumes. Miroir
bronzé horde de blanc dans le bas, de noiselte'dans le haut, comme
chez ncula. Pieds légèrement pins forts (jne clu'z cette dernière
espèce et de couleur claire; le collier, blanc, se prolonge en montant
un peu derrière le cou. où il se trouve divisé par du noir brun.
Tète d'un brun vert. Bec foncé plomb, moyen par sa forme entre
celui des deux espèces, mais, par ses dimensions, se rapprochant
de celui du hoschas.
A un deuxième examen, nous avons pris les notes suivantes : Il
serait dillicile de trouver un intermédiaire mieux accusé entre les
deux espèces mères, quoique d'aspect (non de (aille) il soit plus du
côté du lioschits que du côté de Vacuta. Son bec est fort, Hiais de
couleur plomb foncé; la tète est bronzée à reflets verts, sur la nuque
particulièrement; il existe au cou un collier blanc; le poitrail (jabot)
est roux blanclu\tre, cette couleur est peu étendue. La (|ueue est
longue; la forme du Canard est elle-même allougée. Le miroir, vert
ou bleu-de-mer, est très large; il est bordé en dessus du roux
clair propre à Vacuta, et inférienremenl d'une large bande de blanc
très éclatant. Le ton du dos et la disposition des plumes sont plutôt
du lioschds, mais sur les scapulaires existent, d'une manière très
visible, les taches noires longitudinales, propres ;"i ïucuta. Les
pieds sont de couleur gris jaune bleuté, indiquant bien encore le
mélange des deux espèces. Les zigzags sont très forts sur les lianes ;
près du noir, qui teinte la queue en dessous, apparaît du blanc
jaunâtre comme chez acula.
i" Exemiildirc «i/inif reçu au Jardin de Holtevdain. — Cet Oiseau,
monté, est sans queue; il rappelle les hybrides du Muséum d'Ams-
terdam et l'une des pièces du Musée de Florence. 11 est ce|)endant
de taille un peu plus faible que ces dernièies ; c'est à peu prés le
seul caractère qui le différencie de ceux ci, mais il est presque de
642 OISEAUX HYBRIDES RE^'CONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
la grosseur de celui qui vient d'èlre décrit. Sur les scapulaires, on
voit la marque noire de ïncitla; celle marque est bien prononcée et
allongée. Les pattes sont jaunes dans le genre de celles du hoschas,
le bec est noir bleuté. Les plumes de l'aile droite ayant été coupées,
on aperçoit dillicilement la bande blanche qui, dans la partie
intérieure, encadre le miroir. Le jjlumagedu dos, comme disposition
et couleur, est plutôt du lid.srhas que de Vacuta. L'Oiseau porte un
collier blanc bien pi'ononcé, mais le blanc ne monte point sur la
nuque. Le poitrail est d'un brun roux clair peu étendu ; la tête est
d'un vert bronzé : les flancs sont d'un gris plus foncé que ceux du
Canard qui vient d'être décrit; il existe aussi plus de zigzags
foncés en-dessous.
Ces deux pièces n'avaient point encore été décrites. Nous con-
servons la peinture sur toile du premier exemplaire représenté de
grandeur naturelle.
Masfodei Vi'rlehrati dr Florence. — Mâle tué à Commachio. Nous
avious donné une très courte description de cet Oiseau, d'après les
notes envoyées par M. Giglioli. On se rappelle qu'il avait été tué à
St .\lberlo le 22 janvier 1S82: il a été ofïert au Musée par le comte
Luigi Rasponi: son n" d'ordre est le n° 1600. L'Oiseau a été cité dans
l'enciuéte ornithologique du f)rofesseur Giglioli (1).
Il est d'une tonalité plus claire que les mâles reçus d'.\msterdam.
doul la description va suivre. Le miroir est de Vacuta, mais plus
vert. Sur les scapulaires,' on voit les deux taches noires longitudi-
nales de celte espèce. Le dos est cendré, intermédiaire entre celui
des deux types; sur le bas de cette partie les petits dessins du plu-
mage sont ceux dc.Vanitaen costume de jeune (ou de mue). Très
large collier blanc ; le blanc monte un peu de chaque côlé du cou.
La couleur de la tête est un véritable mélange des teintes des deux
espèces. Le bec est intermédiaire par ses dimensions, le poitrail
est roux clair. Quelques pelites taches sur le haut du ventre rap-
pellent le plumage d'été du hoschas. Les. flancs, d'un bleuté gris,
sont remplis de zigzags ; le ventre est aussi gris bleuté. Le plumage
du dessus de la queue paraît être le plumage de mue; les rectrices
exiérieures sont blanches; les médianes d'un noir gris mélangé; les
pâlies jaune ocre, plus petites que celles de boschas. Par son plu-
mage, comme aussi par sa forme, cet Oiseau est donc un bon
intermédiaire entre les deux espèces (2).
(1) Primo resoconto dei resnllati, etc., 1.S90.
(2) Nous avons noté la couleur du bec comme étant noire, mais c'est sans doute
par erreur; sur l'aquarelle que nous avons conservée, il est de teinte plomb bleuté.
ADDITIONS, CORRIXTIONS KT KXAMENS D'aPUKS NATURE (543
Second cxemiildirc ohlniii ù Xnpics. — Une tn's courte descriplioQ
nous avait été aussi adressée |)ar M. Giglioli (1). — Nous iguoi'ons
absolument ce que peut être cet Oiseau, dont le plumage est d'un
lou brun violacé pres<[ue uniforme. F^a tête, le cou, dont le fond
de la couleur est l'oert^ pi'i^, *>ont llaminéchés de inuii. Le poilrail,
par sa teinte sombre et violacée, rappelle r.4. hoschns. Il n'existe
pas de collier l)laiic au cou. Le dessus du dos est un mélange de
bruu et de gris; les scapulaires sont d'un ton [)lus rou.x et par-
semées de zigzags. Les couvertures des ailes sont gris plomb jau-
nâtre presque uni: les bords e.xtérieurs de l'aile sont blanchâtres
dans la jiartie sn|)érieure; ils s'élargissent près du miroir, (jui est
d'un vert noir sali, bordé en haut et en bas de blanc. Devant les
deux bordures extérieures, qui sont blanches, il n'existe pas de
raie noire bien délinie, comme cela se produit chez lioschas. Le bec
est en dimensions moindre (fue celui de ce type; sa couleur est le
noirâtre, tirant quelquefois sur le verdàtre et le brunâtre. La man-
dibule supérieure, très large, recouvre et dépasse la mandibule
inférieure (les lamelles sont très déveIop|)éesi. Les flancs d'uu brun
clair grisâtre sont couverts de zigzags bien accusés. Sous queue
blanc gris, tacheté de quelques plaques brunes. En dessus, les
couvertures de la queue sout noires, les pennes sont de couleur
grise; le dessus du ciou|jion brun violacé.
La petite taille de cet Oiseau est peut-être un indice de jeunesse?
Que i)eul être une telle pièce'.' Un iiybride ou une simple variété
de quelque Canard exotique (|ue nous ne connaissons peut être pas?
Involontairement, on pense à un croisement de VAnas ohscura et de
r.4. boschds; mais Vohscura ne fréquente pas la Méditerranée. Nous
avons envoyé à iM. J. H. Gurney l'aquarelle que nous avons faite de
ce curieux Oiseau ; il nous l'a retournée avec cette note : « / lim-e
seen some partial mi'lanisines of. .1. boschas nerij like tjour pirture,
irich liad nat hijhrid origin ».
Le Prof. Giglioli, qui nous avait adressé celte pièce eu 1892
comme hybride iVacuta et de bosrhns (dénomination sous laquelle
ligure l'Oiseau dans Vlnrbiesta nrnitholu(jir(t {:>), nous informe,
à la date du 17 avril i8!(4. qu'après examen minutieux fait de
nouveau en compagnie de M. le comte Arrigoni degli Oddi, il le
croit hybride d'À. boschas et d'^. strcpiTus, la partie supérieure du
dos étant noire comme dans cette dernière espèce et les caractères
(1) Se reporler p. I;M cm p. 129 des Mém. de la Soi. Zool ,. IS'.H .
(2) Klorencp, 1891, p. 7U.
644 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
du bec et des couvertures supérieures et inférieures de la queue
élaut encore de ce ty[)e.
Nous ne pouvons partager aucunement cette manière de voir.
Musée (V Amsterdam . — Nous avions publié (1) la description de
deux mâles et d'une femi-Ue existant dans ce Musée. Ces descrijUions
nous avaient été gracieusement envoyées par M. Weltermann, l'an-
cien directeur de cette collection.
D'après des renseignements qui nous ont été adressés par le
regretté M. van Wickevoort Crommelin, ces descriptions sont
celles qui furent faites par feu M. Koller. Mais en debors de ces trois
exemplaires et de la pièce reçue en chair par M. le D' Kerbert
au mois de mars 1893, il existe certainement tlans la même collec-
tion un cinquième sujet, car, pendant l'été de 1892, M. le D'' Kerbert,
le directeur actuel, a eu la bienveillance de nous adresser eu com-
munication, à notre propriété d'Antiville, trois exemplaires mâles
montés, accompagnés d'une femelle. Nous avons omis d'indiquer
la date de la capture des échantillons reçus, en sorte qu'il nous est
dinicile de savoir quelle est la pièce qui ne figure point dans notre
premier mémoire. Mais c'est probablement celle qui porte la date
de janvier 1891, les autres étant de date antérieure, soit, pour la
femelle, la date du 31 janvier 1888, et, pour les mâles, la date du
23 janvier 1889 et 9 décembre de la même année.
Les trois mâles, tous trois en costume d'hiver (quoique l'un d'eux
porte encore quelques traces de jeunesse ou de mue) (2). sont,
dans leur coloration générale, à peu près semblables; néanmoins,
il est utile de remarquer que l'individu qui est daté de décembre
1889 ne porte pas de taches noires sur les scapulaires, tandis que
cette tache est très accusée sur l'exemplaire de janvier 1891. Le
collier blanc, très étroit chez le Canard obtenu le 23 janvier 1889,
monte peu sur le derrière du cou, tandis que ce même collier
monte davantage sur la pièce qui ne porte pas de tache noire, et
il se divise complètement derrière le cou de l'exemplaire
janvier 1891.
Comme forme, on constate aussi des différences (nous sup-
posons qu'elles ne se sont point produites au montage). Le dernier
Canard nommé se rapproche beaucoup plus A'acuta que l'individu
en mue, dont la forme est plus ramassée, le cou bien moins
allongé et la tète assez épaisse. Notons aussi que la queue ne porte
pas de plumes relevées sur l'individu du mois de décembre.
(1) Viiy pp. 121 et 122 ou pp. 129 et 130 des Mém. 1891.
(2) C'est le sujet obtenu le 23 janvier 1889.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE 645
A part cela, le niii'oir est identique ciiez les trois et le bec est
chez eux foncé comme chez acula.
Quoique les dilléreuces signnUk^s ne soient pas considérahles,
elles ont néanmoins leur signilication : elles ne peuvent être attri-
buées ni à ['iiixe ni à la saison ; ce sont donc des différences causées
par hyliridation.
Nous avons pu étudier à loisir ces diverses pièces, car M. le U'
Kerbert a eu la complaisance de les mettre à notre disposition en
deux fois dillérenles : voici les descriptions de chacune ;
l'rcmière pièce, cT, i-'J jdncier ISS9. — Comme tournure, ce Canard
rappelle le boschas, le cou est peu long et la tôte est forte ; comme
dimensions, le corps est intermédiaire entre les deux espèces, ainsi
que le bec, lequel est foncé et couleui' noir plomb. Les plumes de
la tête et du cou qui sont bronzées indiquent très bien le mélange
du vert de l'.l. hnsclias et du l)run roux de Vacutn. Le collier blanc
s'eflace vers le bas en se mélangeant avec le roux vineux de la
poitrine. Le dessus du dos est à peu près intermédiaire entre celui
des deux espèces, il est peut-être plus du côté du hoscbas; le miroir
est vert, un peu bronzé, on aperçoit de temjis à autre et suivant
les jours des reflets vert marine ; il est bordé dans sa partie basse
par une raie noire suivie d'une bande blanche ; au-dessus par une
raie de couleur crème propre à Vncuta. Les lianes ont beaucoup
plus de zigzags que chez acutd et que chez bouchas. Les zigzags
sont aussi plus prononcés. Le dessous du corps, la partie du
ventre au moins, est marquetée de petites taches longitudinales
qui indiquent les plumes de l'été ou de mue. La couleur roux brun
du poitrail n'est point aussi prononcée que chez bosc hua. L'ensemble
de l'aile est presque entièrement acutd, sauf que le miroir est vert.
Sur les scapulaires existent les taches noires (Vaciild, mais très
afiaiblies ; les plumes du dessus de la queue se relèvent légèrement,
Deuxinne pièce, cT, U décembre ^SS'J. — Intermédiaire par sa taille
entre les deux espèces, plutiH du côté <\'/ir>itii ; point de longues
plumes à la queue, aucunes plumes recourbées. Ailes tout à fait
d'acufu, mais miroir vert. Pas de taches noires aux scapulaires.
Derrière le cou, <leux raies blanches ne se prolongeant point aussi
haut que chez aciit». Large collier blanc se fondant avec le roux
vineux martelé de la poitrine qui est moins foncée que chez bosckas
ad. Télé plutôt de couleur verte, quoiciue bronzée. Bec bien inter-
médiaire, noir mat. Flancs avec zigzags très prononcés, plus que
cela n'arrive chez les deux espèces. Sous le ventre, quelques petites
plumes indiquent le plumage de l'été, mais bien légèrement.
646 OISEAUX HYBninES Rencontrés a l'état sauvage
Tivisiàne piècr c^, juuontr ISill. — Le bec de cet Oiseau est plus
étroit et plus allongé que le bec des deux précédents hybrides et la
courbure de la plume de la queue, qui se relève, est davantage
prononcée. Le collier blanc^ très large, se divise complètement
derrière le cou. La tache noire des scapulaires est très prononcée.
La foruic de cet Oiseau est élancée et rappelle celle de l'anita.
Le miroir de l'aile est vert, bordé en dessus par de la couleur
châtaigne, intérieurement par une bande noire, puis par une
bande blanche ; bandes superposées l'une à l'autre ; les flancs ont
, des zigzags ; le poitrail est roux. Les pattes ont dû être orange?
Près de la partie noire qui, à l'extrémité du bas ventre, encadre la
queue, se voit un espace vraiment blanc (i).
(Judtrihnc piîre $, janvier ■i8S8. — Cet Oiseau, qui paraît bien
de sexe femelle, a cependant le miroir vert très éclatant. Ce miroir
est bordé en dessus de châtaigne clair, en dessous d'une raie
noire, puis d'une raie blanche, absolument comme chez acuta. La
couleur générale du plumage parait bien intermédiaire entre celle
des deux femelles d'espè'.-e pure. Le cou n'est point long comme
chez acutn. Les pieds sont forts comme chez boscbas ; ils doivent
avoir été de ton de cuir de botte, ainsi ([ue le bec, avec mélange
du bleu de ïacuia.
Nous nous expliquons difïïcilement (si l'Oiseau est réellement
une femelle) cette teinte verte très prononcée que nous venons de
signaler. Un mélange du brun de Vacula et du bleu violacé du
lioschas sembleraient devoir produire un autre effet.
Nous supposons cependant que le produit n'est pas un croisement
de Vanitii avec le Canard sombre de r.\mérique que le dessin en
raies fines de la tète, des joues et du cou semble rappeler, ainsi
et surtout que les larges divisions des |)lumes des côtés et du dos.
Le ton gris, surtout sous le ventre, indique bien le mélange de
ïacuta avec le boschas ordinaire.
M. Gurney, qui a vu l'aquarelle que nous conservons de ce sujet,
nous informe que la femelle qu'il a échangée et à laquelle il
attribue l'origine hosrhns X acuta est très semblable à cet exem-
plaire qu'il considère donc comme ayant la même origine.
Cmjuième pièce, cf, mars IS<J3. — M. le D'' Kerbert veut bien
nous faire savoir que cet Oiseau est tout à fait semblable à ceux
que nous avons examinés ; les organes de la génération n'ont
malheureusement point été étudiés, ils n'ont point été non plus
(1) Au moins, sur la peinture que nous avons conservée de cet Oiseau, car une
partie de nos notes s'est trouvée égarée.
ADDITIONS, COnOECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 047
conservi's. Le prepniatoiir du Musée a empaillé ce Canard eu pleiu
vol (]ui mesure soixante ceuliuièlres.
K.ictiifilnire ^ virant pris ihnisrupiii'iiu dr M. Firdnic l'relijmaii. —
Pendant sa première année de captivité, l'Oiseau était d'une sauva-
gerie excessive ; il n'a du reste jamais voulu se familiariser, ((^est à
la lin de décembre lbU2 que nous l'avons reçu à Rouen).
Il est très beau de plumaj,^eet déforme; il ressemble du reste
à tous ceux qui sont passés entre nos mains, l-i's |)hmies de la
queue sont visiblement recourbées et tout à fait dans le genre
de celles correspondanles du hosrhas. Le collier blauc est assez
prononcé, quoique se mélaugeaut avec le roux terne de la poitrine
et du jabot. Le bec est de couleur i;iis plomb bleuâtre; sur la
mandibule se voit une raie forle et large. La tête est vert bronzé.
L'iris est noir. Le ilessus du dos plutôt du hoxrhus. La tache
noire des scapulaires LVanita existe largement, mais se trouve
entremêlée de gris. Le uiiidir est vert, bordé supérieui-ement de
roux clairet iuférieuremeul de deux barres: la première barre est
noire, la seconde blanche, comuie cela se pioduit d'habitude;
l'Oiseau est fort: les flancs sont remplis de zigzags foncés et
rapprochés comme chez <icula: les jambes sont jaunes.
Cette description a été prise pendant l'hiver; mais la couleur de
l'Oiseau se modifie selon les saisons. Il est donc fort intéressant
de l'étudier à une autre époque. Voici son plumage de mue com-
plète (description au commencement d'octobre) :
Tête, joues, cou, dos, scapulaires, dessus la queue, gris mélangé
de brunâtre et de jaune, les joues ])lus claires. Le collier blanc a
complètement disparu. Jabcit gris rougeàtre parsemé de taches ou
barres brisées d'un noir brun ; poitrine et ventre d'un blanchâtre
grisâtre rempli de points ou petites taches bruues, plus foncé vers
l'anus. Couvertures inférieures de même ton. mais elles sont plus
accentuées et plus noires. Dessous des plumes de la queue blanc
grisâtre luisant. Sur les côtés et sur les flancs, couleur brunâtre
avec taches de mue brunes et blanches. Dessous des ailes gris
blauchàlre. Couvertures des ailes gris mal; pennes de l'aile gris de
fer. Miroir vert de mer avec quelques reflets bleus, bordé en
dessus et transversalement de noisette, puis de gris perle: dans
la partie inférieure, de noir, puis de blauc très appaicut, mais
un peu châtaigne vers la partie extérieure ; enlin il est ter-
miné eu longueur d'une giaude partie uoire. Dessus des rectrices
brun avec traits blanc jaunâtre, vers les bordures, gris blanc
jaunâtre. Les scapulaires sont bordées de jaunâtre roux; l'iris est
(')48 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES V L'ÉTAT SAUVAGE
brun, le bec verdàtre grisâtre très foncé, sur le culmen, foncé.
L'onglet est foncé aussi. Pattes et pieds orange.
La première penne de l'aile est légèrement plus courte que la
deuxième; la deuxième est la plus longue. Longueur totale (l'oiseau
mis à plat) :0™37°; mandibule inférieure, 0,053; mandibule supé-
rieure, 0,063; sur le culmen, 0,0o3; largeur près de l'onglet, 0,032.
Longueur de l'aile, 0,28.
La l'ciiielle prise dans le méiiic uppi'au. — Nous avons dit que cette
femelle avait été décrite dans notre « Histoire du Bimaculated
Duck (1), » et qu'elle avait été annoncée comme hybride de
cri'cca X boschas(2). Longtemps nous l'avons considérée comme
telle, mais nous la rangeons définitivement avec les exemplaires
du croisement acnla X boschas. Elle diffère cependant, par sa taille
très line, de l'individu de ce sexe conservé au Musée d'Amsterdam,
individu beaucoup plus lourd (3); mais son miroir est une si exacte
reproduction de celui du mâle qui vient d'être décrit, qu'il nous
est difficile de ne point la considérer comme ayant l'origine que
nous attribuons à ce dernier: soit .4. boschas x D.at-ufa. Aussi, regret-
tons-nous un peu de l'avoir fait ligurer avec les Bimaculated Ducks,
([uoique cette mention ait été faite avec beaucoup de réserves (4).
Voici la description que nous avions publiée, description qui
avait été faite en partie au moment où nous la supposions issue de
la Sarcelle et du Canard sauvage.
(( L'œil est petit, l'iris est brun sombre, le bec est jaune verdàtre,
l)lus foncé à son extrémité (mandibule supérieure); en dessous
il est plus jaune vif, quoique tirant toujours sur le verdàtre gri-
sâtre. Les pattes, les doigts et les palmures sont aussi d'un
verdàtre grisâtre, mais de teinte plus claire, ou plus jaune clair,
c'est à-dire moins gris verdàtre, sauf les membranes, qui sont
|)lus foncées. Il y a, de chaque côté de la mandibule supérieure
(partie des joues), de petites taches foncées çà et là. Le miroir
est d'un beau vert : il est composé par les rémiges secondaires
dont la bai'be extérieure est grise; le vert est bordé par une
raie noire, puis par une raie blanche qui tourne et borde le gris
<le la barbe intérieure, en sorte que la plume se termine en
blanc; (le vert de la barbe extérieure ne se prolonge pas jusqu'au
(1) p. 21.
(2) Zooloyist, mais 1S92, p. I(t7.
{'.i) Tel qu'il est eii)|millé.
"0 Voy . p. 20 et 21 et pp. 315 et 34; Bistoire du Bimaculated Duek. 1804, diez
Le Bigol frères, imprimeurs à Lille.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 649
bout (le 1m tige, il ne dépasse guère les couvertures de l'ailo
puis la bari)t' devient grise comme la barbe inférieure). On doit
cependant noter que les deux premières pennes secondaires
ne sont pas vertes, elles sont grises ; mais leur barbe extérieure est
d'un gris un i)eu taclieté, et pas uniforme comme la bari)e inté-
rieure. Ces deux premières pennes secondaires sont aussi bordées
de blanc, mais d'un blanc moins pur que le reste; la bordure
blanche est du reste teintée d'un peu de roux noisette le long de
la raie noire. Enfin, les dernières pennes de l'aile (les plus rappro-
chées du corps) ne sont point vertes non plus; le miroir se trouve
brusquement coupé par une penne dont la barbe extérieure est
noire; les autres pennes sont gris brun, comme les barbes inté-
rieures de toutes les autres secondaires. Sept plumes portent
seulement du vert.
» En outre, le miroir se trouve bordé en dessus par une raie
châtain noisette qui est la fin des couvertures, celles-ci sont gris
plomb un peu |)erle. La couleur noisette se trouve elle-même,
dans la partie supérieure bordée de noir peu apparent.
» Les plus grandes pennes de l'aile sont du gris brun uniforme
dont on a parlé: celles qui se rapprochent des secondaires sont
bordées de gris blanchâtre. Sauf chez la première et les deux
dernières, ce sont les barbes intérieures qui sont les plus foncées.
La lige est plus claire que la barbe. On compte dix rémiges
primaires.
H II semblerait que la teinte plomb des couvertures de l'aile se
rapporte mieux à acuta qu'à crecca, quoique crecca ait aussi des
couvertures gris de plomb.
» La couleur générale de l'Oiseau, surtout en dessous, n'est point
jaune comme boschas, elle est blanc gris; le bas du ventre très
tacheté rappelle encore acuta.
» C'est par le dessin des plumes du bas du cou, du dos antérieur
et même du dos inférieur, que l'Oiseau s'annonce réellement crecca ;
ses scapulaires l'éloignent aussi tout à fait d'acuta, et semblent
indiquer un mélange de bosrhas et de crrccn 1 Le dessin des joues,
de la tête et du cou près de la nuque, et la nuque couverte de raies
foncées, indiqueraient le même mélange.
» Quant au dessin du plumage de la queue, il est plus hoschas
que crecca ; néanmoins crecca semble y montrer son influence.
Les flancs sont un bon mélange des deux espèces.
» Dans son ensemble cet Oiseau n'est pas tout à fait aussi fort
que hoschas: quand il marchait il portait toujours le cou allongé, et
650 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE '
le cou paraissait étroit. Sa longueur totale est 0™56O ; de l'épaule à la
plus longue rémige, 0.260. Le bec est presque aussi fort que celui
de hoschas dont il a la forme. Cette partie, comme le corps, ayant
été mesurée sur le frais, nous avons trouvé les dimensions sui-
vantes : mandibule supérieure (côté), du milieu de l'onglet à la
joue 0,065 ; en dessus du milieu de l'onglet à la chaii- 0.052 : de la
narine à la pointe de la mandibule 0,033 ; du point le plus avancé du
bec dans la chair à l'œil 0,018 ; mandibule inférieure, milieu de la
pointe à la chair 0,048, également de la pointe à la chair, mais de
côté, 0,059.
» La première rémige parait avoir été la plus longue, les rémiges
suivantes sont un peu usées, ce qui ne nous permet pas de donner
pour elles un renseignement précis ».
Collection de M. de Selys-Longchamps. —La pièce cf ad., prise,
nous l'avons dit, vers 1860, et pendant l'hiver, est considérable. Nous
nous sommes demandé, vu ses proportions, si sa provenance ne
devait point être attribuée à un Canard domestique ; mais comme
le montage est très défectueux, comme l'Oiseau est mal empaillé,
cette taille, vraiment gigantesque, et ce corps énorme, ne sont
peut-être pas naturels. Le cou allongé indique des ressem-
blances avec Vacuta: les plumes des couvertures de la queue, qui
sont fortement redressées, sont aussi très longues, l-es pieds sont
étroits, très petits, de couleur jaune, comme les jambes. Le
collier blanc est très apparent, il monte sur la nuque. La tète,
les joues et le commencement du cou vert bronzé.- bec long, étroit
au début, de couleur foncée bleu de plomb. Poitrail brun rou.K clair,
martelé de blanc près du ventre; flancs avec zigzags prononcés.
Miroir vert bordé de roux en-dessus, de noir et de blanc en-
dessous. Sur lesscapulaires se voient des traces noires rappelant la
marque caractéristique d'acula; ces traces sont longues et bien
définies, mais peu larges. Le dessus du dos paraît plutôt du boschas.
Le poitrail roux est beaucoup plus clair que chez le dernier hybride.
M. de Selys-Longchamps veut bien nous faire savoir que l'exem-
plaire acheté à Paris et qui a été signalé dans ses « Additions à la
liérapiliilalion des hi/hrides ohscrcé^ dans la famille des Analidés » est
en tout semblable à celui qui vient d'être décrit. Nous avons con-
servé une aquarelle du sujet qui nous été communiqué. Cette aqua-
relle a été peinte par M. .Jules Adeline.
Collection de M. \Hiti heiiipen, à Saint-Omer. — Nous donnons la
description de l'hybride cT adulte acuta X boschas, qui nous a été
envoyé avec tant d'obligeance de cette collection, mais nous rappe-
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS DAPKÈS NATURE 651
Ions que l'origine sauv;ige de l'Oiseau n'est uullenienl assurée. Cette
pièce resseiiil)le du reste à toutes celles que nous avons vues. Comme
l'exemplaire de M. de Selys-Longchamps, elle a le corps très gros,
ce qui (ait croire à un croisement avec le Iwsrhaa domestique. Les
pieds sont (onces et de couleur corne, ils sont petits. Le collier,
blanc, est très développé; le bec est de Vaeuta; le miroir est celui
de tous les échantillons examinés. 11 est à noter que le dessous du
ventre (parties tout à (ait intérieures) sont roussàtres par places ;
(nous ignorons si cette couleur est naturelle ou plutôt si ce ne sont
point des taches de sang). Sur les scapulaires, on apei'çoit les
marques (raies) de Vacula en plumage d'été. Le cou n'est pas très
long, il est assez épais. Le collier blanc se sépare nettement sur
la nuque.
M. van Kempen avait eu l'obligeance de nous adresser avec cette
pièce un Canard lue le 14 décembre 1890 sur le gave de Pau à
Arros (Basses Pyrénées), étiqueté comme (( acuta cT et boschas $. »
M. van Kempen le croyait un jeune; peut-être n'y a-t-il point
entre lui et nous désaccord sur l'âge de l'Oiseau, mais nous con-
testons tout à (ail la double origine qu'il lui suppose. Pour nous,
il n'est autre qu'un acutad'encostumedemue.sinsï que nous avons
pu nous en assurer. Ayant conservé vivants des aruin cf pendant la
saison chaude, ceux-ci se sont montrés complètement sembla-
bles à l'hybride supposé. C'est nu individu dont la mue est en
retard, ou bien plutôt un jeune qui n'a point encore pris la livrée
des noces.
Exemplaire de la Collection Handeok. — Les autorités du Musée
de Newcastle-on-Tyne n'ont point consenti i\ nous adresser en com-
munication le spécimen que nous avions déjà cité dans notre pre-
mière publication. .Mais on nous a autorisé k le faire peindre, et
sur l'aquarelle, très fine et d'une exécution remarquable qu'a (ait
pour uous .M. John Duncau, nous avons remarqué que l'Oiseau est
encore du type ordinaire ; mais a-t-il le cou aussi allongé que le
représente la peinture? Le bec est de couleur cuir clair; les pattes,
les pieds et les palmures sont du même ton. Les plumes de la queue,
qui sont relevées, sont très allongées ; les taches (oncées des scapu-
laires paraissent très larges, plus ellîlées. Le collier, blanc, monte
très haut sur la nuque. La partie blanche qui précède le noir des
parties intérieures (près de la queue) ne parait pas teintée de jaune.
E.ri'in plaire rapporté de Palestine par le I{ép. Trixtani. — Nous
avons appris du Révérend que cette pièce, obtenue à Moab, était
aujourd'hui conservée par M. Trotter de Si Mury de Crypt Rectory
6o2 OlSEAt'X HYBRIDES RENCONTKÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
;i Gloucesler. Mallieureiisemeiit pour nous, elle est montée et
agencée dans une montre avec beaucoup d'autres Oiseaux, en sorte
qu'elle n'a pu nous être adressée en communication.
Un ami du Rév. Tristam a été assez complaisant pour en faire
une aquarelle qui nous été envoyée. Si l'Oiseau est fidèlement repré-
senté, certes il n'est point l'hybride d'acuta et de boschas, comme
l'a remarqué avec justesse M. J. H. Gurney, auquel nous avons
communiqué cette peinture très sommaire du reste; on ne voit
dans le plumage aucun rappel de Vaculu. Le Rév. Tristam n'a point
revu son Oiseau depuis vingt ans. 11 nous fait savoir que cette pièce
a été exposée à l'air, par conséquent que ses teintes sont fanées.
Cette observation ne modifie aucunement notre manière de voir.
Nous rappelons (1) que cet Oiseau avait été tué par le compagnon
de M. Tristam, le Rév. Mowbray Trotter, à proximité de leurs
tentes, lorsqu'ils se trouvaient campés dans les plaines de Moab.
C'était pendant une matinée du mois de mars 1872.
Exemplaire de M. Zarowdnoi, d'Oremhourg. — Nous ne pensons
point que cet exemplaire ait encore été décrit. Au moment où nous
en avons demandé communication à M. Zarowdnoï, le savant
naturaliste se trouvait à Pskow, au camp des Cadets et sur son
départ pour la Perse ; il n'a pu satisfaire notre curiosité, mais
il a bien voulu écrire le signalement que voici : « Rec, bleu foncé
sur les côtés, au milieu gris roussàtre, de forme intermédiaire
entre les deu.x espèces, pieds gris jaunâtre; pahnures gris bleu
roussàtre. Tète brun noirâtre avec reflets métalliques d'un beau
vert pourpré. Cou gris verdàtre, avec bandes latérales blanches et
larges, montant aux deux côtés de la nuque (2) ; bande transversale,
au bas du cou, de couleur blanche et large de 37 millimètres. Jabot
gris brunâtre, moins étendu que celui de VA. bouchas; les plumes
avec marges blanchâtres. Les parties inférieures comme celles de
D. acnta, mais les flancs et le ventre plus étendus (."î), rayés de
zigzags gris noir, sous-couvertures de la queue noires avec des
marges blanches à l'extérieur. Sous-couvertures des ailes blanches
avec marges gris clair des plumes. Le haut du dos gris brunâtre ;
les scapulaires gris cendré clair, ici et là, avec les raies en zigzags
noires, larges et très prononcées; quelques-unes des scapulaires
(1) D'après 11. B. Tristam. The survey of Western Palestine. The faiina and
flora oj Palestine, London, 1884, N° 40, p. 11(3.
(2) Nous ue comprenons pas bioii, ou ces marques proviendraient li'uii albinisme
mdiquant quelque peu la captivité.
(3) Le dessin sans doute.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KX \.MKNS d'aPRKS NATURE G5.'{
sont noir marron velouté ; les plus longues sont plus allongées et
plus étroites ijue celles de l'.l. hoschas, et moins longues et moins
étroites ([ue celles de L). itruta. Les plus longues sont noir marron
avec des marges gris clair ou blanches, rayées de zigzags noirs.
Le bas du dos gris brunâtre avec reflets verts très prononcés;
le croujiion brunâtre avec les crttés noirs. Les rémiges primaires
correspondent complètement, en couleur et en forme, à celles de
Dafila (loita. Les petites couvertures des ailes sont gris cendré; le
miroir est d'un beau vert violet métallique; il est. en avant, bordé
d'une raie brun foncé, puis d'une raie blanche; en arrière il est
bordé d'une bande noire suivie d'une large raie d'un blanc très
pur. En ce qui concerne la forme de la queue, elle est intermédiaire
entre celle de I). anilu el d'.t. busclias ; les rectrices sont grises,
avec des marges blanches et étroites ; deux rectrices médianes
noires à rellets sombre pourpre, ellilées, mais moins que chez
/). acuta. Ces rectrices sont longues, quoique ne dépassant les laté
raies que de (iO millimètres. Elles sont légèrement recourbées sur
les e.\trémilés (un quart de cercle) ».
Par là, on voit (jne ce spécimen doit être à peu près semblable
à ceu.x que nous avons déjà décrits.
lùemplnires (^ et 9 (ippiirirnaiit à M. (i. Freain Muiain, di' Chiratjo.
— Comme les deu.x précédents, ces exemplaires n'ont pu nous
être envoyés, M. Morcon ayant quitté Chicago, et sa collection ayant
été mise provisoirement dans des caisses. L'ornithologiste améri-
cain nous a seulement fait savoir que ces Oiseaux présentaient
« a stroiiij ailmi.rlurr 0/ lh<- chantcteristic markings » des deux
parents. 11 nous a tracé ainsi la courte description d'un mAle : « tète
verte du Mallard {A. boschan), longues plumes de la queue û'acula,
mais ces plumes, au lieu d'élre droites, sont recourbées au bout
comme chez le Canard ordinaire. Les pieds sont de la couleur des
pieds du hoschas. L'oiseau porte au cou un collier blanc, mais ce
collier a un bord blanc comme chez aciitn. »
Ces indications ne sont pas assez complètes pour nous rendre
compte des ressemblances ou des dilîérences que peut présenter
cet échantillon avec les jjièces déjà décrites. Nous [jcnsons ([ue
M. Fream .Morcon avait offert le second mâle à John Gatcomb esq.
Depuis la mort de celui-ci , cet exemplaire a dû passer dans la
collection de M. Baird. M. Morcon croit se rappeler avoir examiné
dix hybrides cT du croisement de l'iH-nta et du hnsclms. Spencer
F. Baird (i) dit, du reste, ces produits très communs.
(Il Cit. in Forest and Slream, vol. i, p. ii. D^ins le mdine journal (vol. .">. p ,388).
M. Tho». S. Eslv, (le Niasiio (Olifornie), illl avoir vu, entre IHtil et 18.6, trois
hybrides, dont deux lui parais^saient être le croisement du Mallard et du Pinlail,
654 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LKTAT SAUVAGE
Exemplaire de la coll. Turati au Musée de Milan. — M. le prof.
Sordelli veut bien nous faire savoir qu'ayaut comparé cet Oiseau,
déjà décrit, avec les liyljrides figurés pi. 1(18 des Proceedings de la
Société zoologique de Londres, année 1860, il l'a trouvé exactement
semblable à ces Oiseaux, quoiqu'il n'ait pas le cou aussi frêle (1).
L'hybride qui se trouve dans la collection Rothschild au Musée de
Tring, confronté avec les aquarelles de plusieurs des Canards
décrits, n'a point paru en différer sensiblement. La même remarque
est à faire au sujet : 1° de l'exemplaire du British Muséum que
M. Grant a reconnu être pareil aux mêmes spécimens ligures sur
ces aquarelles, et 2° au sujet de l'exemplaire de M. Ed. Hart, de
Chritschurch, que celui-ci nous dit être k exactly like the water
colours drawings, witli exception of colours of legs, feet and bill »;
son sujet ayant les jambes orange et le bec noirâtre.
Il résulte des descriptions qui viennent d'être faites que l'hybride
de l'A. boschas X A. acuta est toujours d'un même type, qu'il ne
varie que peu par sa forme et sa coloration. Les différences mor-
phologiques ne peuvent être attribuées ni à l'âge ni à la saison (2).
Il en est de même des différences de coloration, au moins de celles
qui concernent le bec qui est ou jaune ou plomb. — Ces différences
indiqueraient bien une hybridation?
Du reste, si besoin était, on pourrait facilement obtenir une
preuve de la double origine de ces Oiseaux en les comparant avec
des produits nés en captivité. Les deux spécimens cf. obtenus en
cet état et peints dans les Proceedings de la Société Zoologique de
Londres, sont encore conservés au Musée de l'Université de
Cambridge. Ils nous ont été très obligeamment communiqués par
M. le Prof. Newton, et quoiqu'ils paraissent de deuxième généra-
tion (3), leurs caractères sont encore tels qu'ils représentent très
exactement ceux des produits obtenus à l'état sauvage.
L'hybridation de r.4. boschas et du D. acuta, bien affirmée, est
en outre fréquente, si l'on en juge par les exemplaires rencontrés.
Mais plusieurs exemplaires tués à l'état sauvage doivent peut-être
leur origine à des croisements obtenus en captivité. Il ne peut en
(1) On verra plus loin que ces hybrides son! nés en captivité et sont peut-être de
deuxième génération.
(2) Nous supposons tous les Oiseaux empaillés convenablement et demeurés
dans leur forme naturelle?
(3) L'appariage des parents aurait été mal surveillé et peut-être a-t-il eu lieu
entre hybrides et espèces pures? (Voy. p. 174 ou p. 182 des Mém.).
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS D'APRKS NATURK ()o5
être autrement du Canard de M. Lacroix, de Toulouse, lequel a
« les grandes plumes des ailes d'un blanc pur » (1).
Nous ne voudrions pas cependant prétendre qu'il eu est ainsi
des autres, car aucun ne présente des marques d'une domesticité
antérieure , par exemple, des plumes entachées d'albinisme.
("es hybrides se reproduisent-ils? ils le peuvent sans doute (2).
Mais trouvent-ils des femelles, hybrides comme eux et en nombre
sutTisant, pour s'apparier? Très rarement on l'a vu. Ce sont presque
toujours des mules qui sont observés. — Leur union avec des
femelles d'espèce pure a-t-ellc même lieu ? Ou a constaté que tous
les hybrides ont les mômes caractères et les possèdent au môme
degré. Us paraissent donc être des demi-sang, et non des trois-
quarts, c'est-à-dire des individus provenant d'espèces pures.
Nous aurions pu facilement nous rendre compte de la fertilité
ou de l'infécoiulité de ces hybrides, puisque, on l'a vu, nous avons
possédé simultanément un mâle et une femelle vivants. C'est là une
circonst'ince qui ne se retrouvera sans doute jamais.
Nous en avons perdu l'occasion. On se rappelle que, pensant avoir
allaire à un hybride rreica X boschas. hybride fort rare, nous
avions fait tuer la femelle après huit mois de captivité, afin d'en
conserver précieusement la dépouille (3). Pendant ces mois, qui
comprenaient la lin de l'hiver, le printemps et le commencement
de l'été, c'est à dire la vraie saison de reproduction pour des Oiseaux
captifs, cette Cane n'avait point cependant pondu. Peut-être en
aurait-il été de même dans la suite, vu le trop petit espace dans
le(iuel elle était renfermée (4).
En terminant notre article sur les croisements de l'A. acuta X
.4. boschas, on nous permettra une réflexion. Nous avions trouvé la
femelle prise dans l'appeau du capitaine Pretymaii, semblable, par
son plumage et son miroir, à l'individu de ce sexe décrit par Vigors.
Cependant nous sommes enclin maintenant à faire intervenir dans
sou parcntage VA. acuta et non VA. crecca; cette opinion est celle-
d'ornithologistes distingués (li). Il résulte de ce changement que
l'origine supposée par Vigors au sujet du British Muséum perd
(1) Voy. p. 125 ou p. 133 des Mena, de la Soc- Zool., 1H9I . (Iléserves faites
pour l'excmplaiie de M. Ziiroudnoî).
(2) Voir ce qui a été dit p. 174 ou p. 182 des Méin. de la Soc. Zool., 1891.
(3) Ceci a été dit dans : Histoire du Bimacnlated Duck, p. 33.
(4) Désirant garder à vue ce sujet remarquable, (pie nous croyons presque
unique, nous l'avions renfermé dans un pan|uel île si.\ mètres inviroii de long sur
quatre de large, où croissaient seulement quelques arbrisseaux.
(3) Voyez p. 34 de VHiatoire du Biniaçulaled Duck.
656 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
réellement de sa valeur. Comment supposer qu'un mélange des
caractères du bnsclias avec le crecca puisse produire un eiïet sem-
blable à celui qui s'opère dans l'hybridation de Vacuta avec le pre-
mier de ces Oiseaux ?
Cependant, reconnaissons-le, la femelle dont nous nous occupons
présentement paraît avoir été prise avec un vrai Bimaculated cf au
même moment et dans le même piège (1) ; elle paraît aussi, par sa
taille, différer de celle que nous possédons aujourd'hui et qui fut
capturée au contraire dans un appeau où on prit un peu plus tard
le mâle acuta X boscims dont nous avons parlé (2).
Anas boschas et Querquedula crecca
(Voy. p. 125 des Mém. et p. 127 du Tirage à part).
Ayant parlé très sommairement, dans notre première publication,
du croisement de l'Anas bosclias avec le Querquedula créera, nous
avons cru devoir revenir sur ce sujet dans un article spécial (3).
Tout d'abord, nous nous sommes appliqué à réfuter une erreur
qui s'est glissée dans presque tous les livres d'ornithologie, où le
Bimaculated Duck, hybride supposé de ces deux espèces, est
identifié à un Oiseau bien différent : « VAiias glocitans » de Pallas,
décrit dans les « Acta Stockoliniensia ». Cette confusion, qui n'a été
que rarement relevée, semble d'autant plus étrange que la descrip-
tion et la figure que Pallas donne de son Oiseau (4) ne correspondent
aucunement avec la description et la gravure du Bimaculated de
Pennant (5).
Nous ne trouvons point utile de revenir sur les explications que
nous avons données et nous renvoyons à notre brochure (6). Mais
(1) Voy. Vigors, Transactions of the y Linn. Soc. of London, XIV, 1829.
(2) Seconde quinzaine de Janvier 1892, d'après le Zoologist, pour la femelle, et fia
Décembre, même année, pour le mâle.
(3) Histoire du tSimacnlated Duck confondu longtemps ai^ec l'A. glocitans
de Pallas et Notes sur plusieurs autres Oiseaux de ce genre. Le Bigot
frères, imprimeurs, Lille, 1894.
(4) Kongl. Vetenskaps Academiens Handlingar for ar 1779, vol. XL, Stockolm.
Den Skrockandc Anden {Anas glocitans , en rar Fogel. som endast blisvit
sunnen i Ostra Sibérien; beskrifven och afritad af Peter Simon Pallas.
(5) British zoology, pp. 602-003, pi. C, n» 287. Vol. 11, éd. de 1770. On trouve les
mêmes documents dans l'é.lit. de 1812 du même ouvrage, pp. 274-28.Ï, vol. II.
(6) PP. 1-14. Nous tenons seulement à faire savoir que c'est par erreur que nous
avions écrit (p. 14 ; 21% 22° et 23" ligne) qu'aucun des auteurs cités par nous n'avait
fait connaître l'ornilhologisle qui, le pi eniier, a confondu le Bimaculated Duck avec
l'A. glocitans de Pallas. M. van Wickevoort Crommelln avait fait remarquer
(Arcli. Néerlandaises, T. Vil, p. 130), que c'était Pennant comme nous l'avons indiqué.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET ICXAMENS d'aPRÈS NATURE Gj7
il uous faut iiécessairenieiit faire connaître ici les rares iiybrides
qui paraissent avoir pour parents l'-l. busrhas et VA. cn-cca.
Le premier exemplaire counu est celui qui fut décrit en ,1776 par
Thomas Penuaut. Le vieux naluraliste fait savoir que l'Oiseau
pris dans un jjiéj^e pendant l'année 1771, lui avait été conimtiuiqué
par Edwards Poore esq. On ignore ce qu'est devenue cette pièce
intéressante ; heureusement Ponnant en a laissé une petite figure
avec sa description qu'il a faite ainsi : » Tiie lengtli is twenty
» inches ; the extent twenty five and a half. Bill a deep lead color ;
)i uail black. Crown brown changeable with green, endiug in a
» streak of brown at the hind part of the head, with a smail cresl.
» Between liie bill ant the eye. and behind each ear a ferruginous
» spot ; the lirst round ; the last oblong and large ; fhroat of a fine
» deep pur[)le ; the rest of the head of a bright green continned
» in streaks down thi; ueck. Breast a liglit ferruginous brown,
» spotted wilii black ; hind part of the neck, and back, dark brown
» waved with black. The coverts of the wings ash colored ; lower
» coverts streaked with rusl color : scapulars cinereous ; quil
» feathers brownish cinereous. Secondaries of a fine green, ending
» in a shade of black, and edged with white. Coverts of the tail a
» deep changeable green ; twelve feathers in the tail, two middie-
» most black ; the others brown edged with wliitc ; belley is
» dusky, finely granulated.Legs small, and yellow, webs dusky ».
Pennant a prétendu quelques années plus tard, en 1785, dans
VuArtic zookxjy » (1), que sou Bimaculated Duck avait aussi été
découvert par le naturaliste Pallas le long de la Lena ef dans les
environs du lac Baïkal, mais c'était là une erreur, comme nous
avons eu soin de l'indiquer {2).
Au Bimaculated Duck de Pennant, Vigors a cru pouvoir rapporter
deux Oiseaux, l'un mâle, l'autre femelle, pris également dans un
piège {drcoy) près de Maldeu, en Ecosse, et envoyés au Leadenhall
Market pendant l'hiver de 1812- H. Us furent observés, raconte
Vigors (3), par un naturaliste éminent, M. Georges Weighton, qui
les acheta aussitôt pour les classer dans sa collection. Ils passèrent
ensuite de cette collection dans celle de Vigors ; aujourd'hui on nous
apprend qu'ils sont conservés au Brilish .Muséum.
(1) Vol. Il, p. 575. La même assertion est reproduite dans une édition de 1' lArtic
toologx » qui date de \~i'Ji. (voir vol. II, p. 30i, à Tait. Wigeoni.
(2) Voy. le Chap. I de noire travail : (i Histoire du Bimaculated Duck, elc. a
(a) Transactions of the Linn. Soc. of London, vol. XIV, 1823. • Vigors : With
Observations on the Anas glocitans of F allas.
1)38 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Pour leur description, nous renvoyons aux nombreux ouvrages
qui l'ont publiée, entre autres aux ouvrages de Vigors, de Selby (1)
et de Bevvick (2).
Entre 1812 et 1840, il semble qu'on n'ait point rencontré de nou-
veaux hybrides crecca X lioscluis. Les livres d'ornithologie n'en
mentionnent point.
La première citation, après celle de Vigors, est celle que fit Tem-
minck d'un jeune mâle, ou d'un mâle en mue, que cet ornitholo-
giste dit avoir vu, mais qui, paraît-il, différait assez du type.
Cet Oiseau était, d'après Temminck k couvert en partie du plu-
mage bigarré du sexe mâle, tandis que tout le reste était comme
chez la femelle, quoique tapissé çà et là de quelques plumes du mâle.
Le sommet de la tête ne portait du roux qu'à la line pointe des
plumes, le reste était noir et le vert métallique se trouvait nuancé
de la même teinte, etc. »
Si l'appréciation de Temminck est juste, cet Oiseau serait le
quatrième exemplaire connu. Le célèbre ornithologiste a oublié de
dire si cette pièce fut conservée.
Bientôt après, Degland observa un cinquième hybride, tué près
de Douai, dans l'hiver de 1841.
Quelques années plus tard, en 1847, R. F. Tomes décrivit une
femelle obtenue le 9 décembre au Leadeiihall Market, où elle avait
été envoyée de Yarmouth (3). Elle fut montrée par cet auteur à
M. Yarrell qui exprima l'idée que c'était un hybride. D'après une
comparaison avec le Canard bimaculé de la collection Vigors,
l'Oiseau se trouva être identique avec cette espèce, en différant
seulement par (( a somewhat darker mark througb the eye. the
» top of the head having the markings darker. and tlie plumage
» generally uot quite so much tinter with rufous. »
La couleur chamois du menton et de la gorge était aussi plus
pure et un peu plus étendue, ainsi que mieux définie. Enfin, « le
)) spéculum ne reflétait pas absolument une teinte aussi pourprée,
n étant d'un vert très brillant. » Mais tout cela, dit M. Tomes, ne
constituait que de légères différences, comme on en constate sur
les femelles du Canard sauvage commun, lesquelles, ajoute-il,
ressemblent de très près à la femelle du Canard bimaculé, excepté
(1) lUastrations oj •British Zoology. vol. 11. Edimbourg, 1833.
(2) History of British Birds, vol. II, 7» édit. London, 1832. Dans notre
(i Histoire du Birnaculated Duck » nous avons reproduit les descriptions de ces
auteurs en les mettant en regard les unes des autres.
(3) The Zoologist, pp. 1698-1699, 1847.
ADDITIONS, CORRECTIONS l'.T EXAMKNS DAPRICS NATURE (i59
par la taille. Le spérirnen en queslion mesurait, quand il fut pris,
17 pouces 1/4 de la poinle du hec au l)()ut de la ([ueue, el dans
l'étendue du vol il pouces. L'iris était lirun rougeûtre; l'estomac
à moitié rempli de sable fin.
Aux renseignements donnés par M. Tomes (1), M. R. Fischer, qui
adressa au Zoologisl une esquisse de cet Oiseau (:i), ajoute que le
bec et les pieds étaient de la couleur de ceux de la Sarcellti, c'est-
à-dire (I liliiisli iircij », bleu grisâlie, landis que les pattes du Bima-
culated Duck décrit par Selby étaient présentées comme orange.
L'Oiseau fut jeté. M. Tomes ne se doutant pas de sa rareté.
Dans l'article que celui-ci écrivit, il est dit que M. Bartlett avait
déjà obtenu, eu 1843, un autre spécinitMi rie ce genre aciieté, comme
ceux de Vigors, au Leadenhall Market. Nous n'avons trouvé aucun
renseignement sur ce sujet ni dans le Zoologist ni dans les Procee-
dings de la Société zoologique de Londres que nous avons feuil-
letés inutilement. M. Bartlett lui-même n'a pu répondre à notre
demande de renseignements; il ne se rappelle plus ce qu'est devenu
cet Oiseau. En sorte qu'A notre grand regret nous ne pouvons
rien dire sur cette pièce dont .M. Tomes a même laissé ignorer le
sexe. Si le fait cité est exact, comme le pense du reste M. Bartlett,
il y avait donc, en 1847, sept Bimaculated Ducks connus, dont six
provenant de l'Angleterre.
Trois ans après, M. E. Newmann annonçait un huitième
exemplaire de sexe mâle, ni ]nn\v. ni adulte, dans un état de crois-
sauce moyen entre les deux livrées, avec pieds orange et non
(( bluish grei) », comme le précédent, mais dont le bec était
« hlarlcUh hine », bleu noirâtre.
L'Oiseau avait été capturé clans un piège, il était en chair et chez
M. Gardener, le naturaliste bien connu de la rue d'Oxford, lorsque
M. Newmann l'examina (3).
(Ju'est devenue cette pièce? On l'ignore. M. le professeur Newton
croit se rappeler l'avoir vue, mais il serait maintenant incapable
de la décrire. M. James Gardener, que nous avons interrogé, ne
nous a |)oint adressé de réponse satisfaisante.
En janvi(;r 18(J0. M. Philip. L. Sclater montrait à l'une des réu-
nions de la Société zoologique de Londres le neuvième exemplaire,
(1) In Zoologist, 1847, pp. I698-Ie9;t.
(2) P. 2oa;, i«4«.
(3) Voy. pour ces indications un nouvfl article sur i'Occurence of tlie Bima-
culated Duck (Anas glocitans!) in llie Fens of Linconshire. Tiie Zoologisl,
p. 2632, 1851.
660 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
un mâle tué sur le Beauly Firtli (Invernessliire). en compagnie
d'autres Canards appartenant à l'espèce du hosrhas. Mais l'éminent
secrétaire de cette société ne donne aucune indication sur les carac-
tères de la nouvelle pièce. Il n'a pu nous renseigner sur la demeure
de M. Lantour, qui abattit l'Oiseau ; M. Sclater n'a point revu
celui-ci depuis trente-trois ans.
Si l'on fait exception des deux Canards qui ont été décrits à
tort comme crecca X lioschas par M. van Wickevoort Crommelin (1),
parce qu'ils ne paraissent pas rentrer dans la catégorie des pièces
que nous citons, plus de quarante ans se sont passés avant qu'une
nouvelle rencontre du Bimaculaled Duck n'ait été signalée. C'est
tout dernièrement, en 1892, que le Zoologist (2) annonçait, pour
la première fois depuis 1830, une capture qui porterait à dix le
nombre des exemplaires connus du Bimaculaled.
Cet échantillon, un mâle, avait été tué à Anglesa par le capi-
taine Brooke, du 19^^ Highlanders, qui l'adres.sa à M. R. Small,
d'Edimbourg. Le capitaine a bien voulu faire peindre pour nous
ce sujet qu'il conserve.
Voici sa description : « Taille d'un Wigeon {A. penelope), tête de
la Sarcelle et du Canard; huppe brun rouge; sur la joue, derrière
l'oeil et son niveau, plaque brun jaune plus claire. Les côtés de
la tête sont d'un vert brillant. Le côté inférieur de la queue et la
moitié du corps sont du Canard sauvage; la queue aussi de cette
espèce, mais les plumes centrales recourbées très légèrement. La
poitrine tachetée comme la Sarcelle. Le bec plus semblable à celui
du Wigeon (.4. penelope) comme forme et comme dimensions.
Pattes jaunes (3). »
M. Harwie Browu, auquel nous empruntons cette description,
ne dit pas de quelle couleur est le miroir et la manière dont
il est encadré, chose importante. D'après la peinture qui nous est
envoyée par le capitaine Brooke, le miroir serait d'un bleu violacé,
de la teinte du miroir de VA. boschas. Il est bordé au dessus
par une bande noisette ou chamois tachetée de blanc; un peu de
blanc apparaît dans sa l)or(lure inférieure. Sur les côtés extérieurs,
c'est-à dire longiludinalement, il est entouré de noir. Tout à fait
(1) Archives Néerlandaises, 1872, p. 131 et siiiv. (Canards observés en Hollande)
et Tijdschrift voor de Dierliunde II ; et cités par nous pp. 12!) et l.'W ou pp. 137 et 138
des Mém. de la Soc Zool. 1891.
(2) N» 183, p. 1U9, vol. XVI, Mars 1892.
(:i| Cette dernière indication est ilonnée dans le iN" 40 suivant du Zoolonist.
N" 183, p. 109, vol. .\V1, Avril 1892,
ADDITIONS, COnnECTIONS KT EXAMENS d'aPHÈS NATURK ()(!I
au-dessus, à la fin des scapulaires, on voit une tache foncée rappe-
lant la tache caractéristique de r.4. crecca.
Les rens('in;ii(Mnents, ([ui onl été (loiiiiés sur plusieurs Canards ([ui
viennent d'ôlrc cités, ne pernu'llenl pas d'eu apprécier les caractères.
Ces Oiseaux, aujourd'hui disparus, sont : le jeune mâle (ou le mâle
en mue) vu par Tcmniinck ; l'exemplaire de M. narllctl, cité |)ar
Tomes ; le mâle iudic|ué par Newmann et l'inilividu montré par
.M. Sclater à la Société Zoo]ogi(iue de Londres.
Mais ne rentrent pas dans cette catégorie : les deux Canards cT
et $, décrits successivement par Vigors, Bewick, Selhy et un grand
nombre d'auteurs, peints par Selby et par Gould et qui sont encore
au Brilisli Muscum où on peut les voir; de même V Aitns f/loriliuïs
de Deglaud conservé au Musée de Douai et les exemplaires du capi-
taine Brooke et du capitaine Pretyman, exemplaires qui onl été
soigneusement préparés. On peut môme à la rigueur, jugeant par
analogie, ranger avec ces derniers la femelle dont a parlé M. Tomes
dans le Zoologist, puis(iue. dit celui-ci, « cette Cane est presque en
tout semblable à la femelle de Bimaculalod Dùck de Vigors,
conservée au Britisli .Muséum. »
Quant au Bimaculaled typns dont a parlé Pennant, nous ne sau-
rions être aussi allirmatif, car ce n est pas sur une gravure très
rudimentaire et une courte ilescri|)tiou que l'ou peut juger
sûrement des caractères d'un hybride, dont la détermination est
aussi difTicile. Néanmoins nous le supposons bien déterminé,
la discussion est {iossible sur certains points.
Pendant longtemps, le Bimaculated Duck de Pennaul et les deux
exemplaires de Vigors ont été considérés comme appartenant à une
bonne espèce. On les appréciait encore ainsi en 1848, si nous
nous eu rap|)ortons à la note de Newmann (I); cependant depuis
quelque temps déjà les opinions semblaient se modifier et, autant
que nous avons pu être renseigné par le professeur Newton, ami de
Yarrell, ce dernier s'était montré partisan de l'hybridité bien avant
1847, c'est à-dire avant la publication de l'article de M. Tomes; à
ce moment, -M. Bartletl l'avait aussi soupçonnée (2).
-Mais était-on d'accord sur l'origine à attribuer à ces hybrides '.-'
Nod; tour à tour, leur naissance a été attribuée à cinq croisements
diflérents : !<> le croisement de VA.penelope et de r.4. aciUa(Bree);
(1) Cité in Zoologist l.S.")(), p. %Vi.
(2) Voir les premières lignes de l'urt. de M. Tomes dans le Zoologist, 1847.
662 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A l'ÉTAT SAUVAGE
2° de l'A. penelope et de 1'^. crecca (Haïuicock): 3" de l'A. penelope et
de l'A. boschas (Berkeley et de Selys-Loagcliamps); 4» de 1*4. crecca
etd6r/l.ttcu<a(Sclater);5ode r.4. boschas et de r.4. crecca (Bartlett).
Nous avons reproduit les arguments (jue chaque auteur a fait
valoir en faveur de son opinion (1) ; nous ne les rappellerons pas.
Le croisement de l'A. crecca X .4. boschas que M. Bartlett a sup-
posé, qui a été accepté ensuite par M. Tomes, par M. le professeur
Newton, par M. Vian, et par M. Wickevoort Crommelin, par l'édi-
teur du Zoologist, etc., nous paraît bien préférable à tous les
mélanges qui ont été proposés. Nous avons donné nos raisons.
Le Canard de Degland, qui nous a été communiqué très gracieu-
sement par M. Gosselin, nous paraît de corps plus allongé et plus
fin que le Bimaculated Duck de Vigors, mais plus fort que l'exem-
plaire du capitaine Brooke, que l'on examinera bientôt. La pre-
mière tache des joues près du bec est presque blanche, piquetée de
noir, la seconde, plus grande, est chamois, avec un peu de blanc
dans sa partie supérieure ; le front est brun gris, le vertex est brun
violacé bleuâtre, la nuque roux foncé. De chaque côté, en dessous
à partir de l'œil, existe une large bande verte disposée comme
celle de la crecca. Chaque bande se rejoint derrière le cou, au-
dessous de la nuque, prenant des reflets l)leu de mer; le bas du
cou est tour à tour noir, brun, vert.
Le bec (actuellement) est de couleur cuir de botte presque uni-
forme, un peu plus foncé cependant vers la tète; les pattes sont du
même ton, les palmures ne sont pas plus foncées que les doigts.
Le poitrail, par sa tonalité et ses taches, représente absolument
celui du Bimaculated Duck de Vigors. On retrouve dans ces taches
le système du dessin qui se voit chez les hybrides « .4. penelope
X A. crecca^). Le dessous du ventre est clair; le dessin des plumes
des flancs, notamment en avançant vers la queue, est composé de
zigzags ; les plumes situées plus haut et qui servent à recouvrir l'aile
au repos sont de môme avec de nombreux zigzags. C'est donc le
dessous du corps qui seul est assez uniforme.
Les couvertures de l'aile sont gris brunâtre, un peu lilas; la
première bande supérieure du miroir est de couleur chamois clair.la
plaque du miroir proprement dite vert de mer, avec reflets d'un bleu
violacé, bordée par une bande noire liserée de blanc, légèrement
lavée de chamois vers l'extérieur. La disposition de ce miroir et des
bandes qui l'entourent est celle du miroir de boschas. Les grandes
pennes de l'aile sont d'un gris brun uni. Le dessin du dos rappelle la
(1) l'P. m cl su'wsinles. (Le Bimaculated Dnck).
ADDITIONS, CORRFXTIONS KT KXAMENS d'aPHÈS NATURE ()63
loualili' cl la ilisposiliciu du dessin du Cauard sauva;;e, Ijicu plus (\ur.
la couleur et le dessin de la Sarcelle. Au dessus du miroir existe un
rappel de la longue tache uoire de la Sarcelle, mais poiiil de partie
blanche au dessus.
Les couvertures du dessus de la queue, noires eu grande partie et
avec rcllets veris cl lijïues brunes bordant les plumes, son! un bon
mélange des parties correspondantes des deux espèces; il n'existe
point de plumes recourbées. On aperçoit (l'Oiseau étant vu de profil)
les petites hachures blanches verticales qui précèdent chez cifcca
la teinte foncée des couvertures supérieures de la queue, mais les
sous-caudales sont eutièrement foncées. Le mélange des deux
espèces se voit encore dans la couleur des rectrices.
Cet Oiseau est donc bien le Bimaculaled Duck, un très bel exem-
plaire et sans doute l'hybride de crecca et de boschas dont il rappelle
bon nombre de traits. C'est un excellent intermédiaire entre ces
deux espèces par sa taille et parles dimensions des diverses parties
de son corps.
Nous ne connaissons l'hybride du capitaine Brooke que par une
peinture que celui-ci a bien voulu nous envoyer.
Si cette toile nest point fantaisiste, l'Oiseau, quoique de petites
dimensions, représente bien le produit que l'on peut s'imaginer
d'un croisement entre ÏAnas crecca et VAnns boschas, peut-être
même mieux caractérisé que le type du Bimaculated de Vigors.
Le capitaine Brooke y voit cependant un hybridisnie entre le
penelope et la crecca et cela, malgré les remarques faites par le
Zoologist à l'occasion de cette capture; mais les Sifïleurs et les
Sarcelles sont si nombreux sur les côtes environnantes (1), qu'un
croisement entre ces deux espèces lui semble plus probable. Nous
avons cru devoir faire observer au capitaine que la couleur verte
qui existe sur les joues et le cou, le jaune du bec et des pieds, la
teinte violette du miroir, s'opposent complètement à sa manière de
voir, les deux espèces penelope e\. crecca étant à ces endroits d'une
couleur toute dilléreute. 11 est, en effet, impossible que le brun
châtaigne des joues et du cou de crecca et le roux des mêmes parties
de penelope puissent, dans leur mélange, aboutir à une teinte verte ;
de même les pattes qui sont cendrées chez crecca [i] et brun de
plomb (.'3) chez penelope, ne peuvent former une teinte jaune. Inutile
de rappeler que chez les deux espèces le miroir est vert.
(1) D'après les renseignements qu'il nous a communiqués dans une lettre.
(2) Voy. Degland.
(3) Voy. le même.
664 OlSEAUJC HYÈRlbES hENCONTRES A l'ÉTAT SAUVAGE
Il faut donc absnlumeul exclure la provenance de l'A. penelope.
Celle du hoschos nous paraît s'imposer, précisément à cause des
quatre traits que nous venons d'indiquer, car le bec du Canard sau-
vage est verdàtre et les pattes sont rouges, le miroir violet et la
tête verte. Or, comme l'Oiseau possède en outre des traits évidents
de crerca : la petitesse du corps, la tache noire des scapulaires, la
bande blanche lavée de châtaigne au-dessus du miroir et la bordure
noire bordant en long la partie extérieure du miroir, on doit le
supposer issu aussi de cette espèce.
Remarquons cependant que le poitrail n'est pas tacheté comme
celui de la Sarcelle, ce qui le tait différer du Bimaculated Duck et
ce qui nous surprend si l'Oiseau n'est pas un jeune. Mais eu cet
endroit le peintre peut avoir commis une faute.
Tels sont seulement les exemplaires qui nous paraissent provenir
de l'union du boscluts avec la crccca ; encore est-il que nous faisons
des réserves au sujet des Canards dont la description n'est point
suffisante. On a cité, et nous avions cité nous-même, bien d'autres
pièces sauvages comme provenant du croisement dont nous nous
occupons ici ; mais, après étude sérieuse, nous croyons devoir les
reporter pour la plupart au croisement suivant, c'est-à-dire au
croisement de l'.l/irtô- hoschas avec VAmis strepcrus (1).
Anas boschas et Chaulelasmus streperus
(Se reporter p. 134 ou p. 142 des Mém. de la Soc. Zool. 1891).
Les pièces qui ont été attribuées au croisement du boschas et de
la crecca, et qui vont cependant prendre rang dans cet article,
diffèrent de celles qui ont été citées à l'article précédent par la dis-
position du miroir qui n'est plus la même chez elles, ainsi que par
leur taille élevée qui atteint, si elle ne dépasse, celle du boschas.
Nous croyons pouvoir coasidérer comme issus du boschas et du
streix^rus les Oiseaux suivants :
(I) iNous n"avons point inenlionné l'individu signale par M. de Selys-Long-
ctianrps (Additions à la Hécapitulation des hybrides observés chez les Antidés,
Bull, de l'Acad. des Se. de Bru.xelles t8.ï6), car nous ignorons tout à fait si cet
individu a une origine sauvage; on n'a pu du reste le retrouver au Muséum d'Histoire
naturelle de Paris où le savant académicien belge l'avait examiné, (Nous avons
donné déjà cette indication in Oiseaux hybrides rencontrés d l'état sauvage,
pp. 134 et lo5 ou pp 141 et 142 des Mém. de la Soc. Zool. de France, 1891).
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATURE 668
Le Canard signalé en 18i3 par Auduboa (1) sous le nom de Bre-
wers' Duck ou Anas breiceri, tiré sur le lac Barataria, dans la Loui-
siane, en février 1822.
Le spécimen pris par M. Anthony Savage, en 1861, dans la canar-
dière d'Hornby (et non dans le voisinage de Pool, Dorset, comme
nous l'avions indiqué par erreur (2), aujourd'hui conservé dans le
Musée de i\L Ed. Hart, à Chrislciiurch, Hants.
La pièce décrite comme (( crecca et hnscluis » par M. van Wiclcevoort
Crommelin. capturée en Hollande en 1868 (3), remise actuellement
au Musée national des Pays-Bas, écartée par nous de la liste des
exemplaires du Bimaculated Duck.
L'hybride tué en 1883 dans le gouvernement de Bjasan (Russie),
décrit par le feu professeur Severtzow comme produit de l'.-l. crecca
et du lioxcha^ (4).
Le sujet abattu par M. Picq, en Hollande, pendant l'année 1885,
maintenant au Musée de M. Ed. Hart, considéré, paraît-il, comme
hybride de slreperus et de hoschas par le révérend Macpherson et
d'autres éniinents ornithologistes (3).
Deux Canards pris en 189U, le premier le 26 février, le second en
décembre, conservés dans le Koniuklijk Zoologisch Genootshap,
d'Amsterdam, et indiqués encore comme hybrides de « streperus et
de boschas (6) ».
L'Oiseau paraissant obtenu dans les environs de Calcutta en 1891
et décrit par .M. W. L. Sclaler comme produit du même croisement,
conservé dans « l'indian Muséum (7) ».
Une pièce achetée au Devonport Market par M. Hore, faisant
partie de la collection de J. H. Guruey et étiquetée comme a Mallard
and Teal )> (.4. ho-ichas et .4. crecca), sans date (8).
Un individu acheté par le professeur Newton lors de la vente de
(1) The Birds of America. [>. 232, vol. VI, représenté pi. 367 du même volume,
(2| l>. 128 ou p. i:«î (les Méni. de la Soc. Zool. 1891.
(3) Canarils observés en Hollande (Archiv. Néerlandaises, pp. 131 et 132, 1872.
|4) Bull, des Naturalistes de Moscou, p. .'1.^2 elsuiv. (mentionné aussi par nous à
ce tllre).
(5) Cet oiseau est cité p. 128 et p. 130 des Mémoires. C'est M. Hart qui nous a IhU
connaître l'opinion du Këvérend ; nous nous demandons si M. Hart ne lait point
erreur, car M. Macplierson a, nous seml)le-t-il, émis l'avis (Fielil, 31 mai 1890)
qu'il provient de l'union de la Teal tSarcelle) et du Mallard {A. boschas).
{()) Ces deux pièces ne paraissent p.is avoir encore été citées ni décrites ; elles
nous ont été indiquées par M. le docteur Kerbert.
(7) Proceedings. Zool. Soci. ol. London, p. 213, 18!>1.
(8) Nous avions mentionne cette pièce p. 128 et p. 136 des Mém. Le Révérend
Macpherson en parle comme ayant cette origine. CVoy. le Field cit.).
fi(5G OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A l'ÉTAT SAUVAGE
la collectioQ de M. Yarrell, désigné, à notre grande surprise,
comme» Aiias muta et .4. bnschas », actuellemenl au Musée de l'Uni-
versité de Cambridge, ne portant non plus aucune date (1).
Enfin deux Canards au Muséum d'Histoire naturelle de Rouen,
étiquetés Anas glocitans, Pall., provenant de la collection du comte
de Sladen. encore sans indication de date (2).
Tous ces exemplaires, à l'exception d'un des deux sujets du Musée
de Rouen, sont du sexe mâle; ilssont montés, sauf celui deu l'Iudian
Muséum » qui est en peau.
Afin de rendre la discussion possible, nous décrirons très minu-
tieusement les pièces dont le signalement n'a pas encore été fait dans
nos précédentes publications sur les « Oiseaux hybrides rencontrés à
Vétat sauvage »; il sullira pour cela de reproduire nos descriptions
publiées dans les notes jointes à « l'Histoire du Bimaculated Duck, (3)».
Nous avons vu et examiné les sept dernières pièces; elles nous
ont été envoyées très gracieusement par ceux qui les possèdent.
Les deux Canards du Musée de M. Hart nous sont seulement connus
par deux grandes aquarelles exécutées par M. Prévôt ; mais l'exac-
titude de ces peintures est telle qu'elle permet d'apprécier la valeur
des caractères des Oiseaux qu'elles représentent presqu'aussi faci-
lement que si on tenait ces Oiseaux en main.
M. le professeur Jeiitiuck a bien voulu faire peindre à notre
intention, par ua de ses amis, le Canard décrit par M. van Wicke-
voort Crommelin el conservé depuis la mort de ce savant au Musée
national des Pays-Pays, à Leyde.
Quant à l'exemplaire cT du prof. Severtzow, il a été, on le sait,
lithographie en couleur et décrit très minutieusement par le pro-
fesseur (4).
DESCRIPTIONS
Exemplaires cT du Musée de Rouen. — 1° Le mâle. Cette pièce,
comme le sujet femelle, est étiquetée: « .\nas glocitans, Pall. ou
Canard glousseur ». C'est là évidemment une erreur, car ce Canard
n'a rien de la Sarcelle formose; c'est encore un de ces hybrides qui
doivent sans doute leur nom à cette confusion que nous avons
signalée.
(1) Nous ignorons si celte pièce a été citée dans quelque ouvrapte.
(2) Nous ne pensons point que ces deux Canards aient été mentionnés quelque part.
(I!) Cbap. IV. « De plusieurs hybrides qui différent du Himaculated Duck
{'lypws) », pp. 36-40. Nous décrirons en outre deux pièces nouvelles.
(4) Bulletin des Naturalistes de Moscou.
ADDITIONS, CORRECTIONS i;T KXAMENS d'aPRÈS NATURE 66^
Nous supposons l'Oiseau tué à l'état sauvage ; s'il avait été
produit eu captivité son origine hybride aurait été connue et
indiquée; toutefois cette certitude uous manque. Nous savons seu-
lement qu'il est antérieur ù 1844, d'après une note que notre savant
collègue et ami, M. le D'' Peniietier, a bien voulu nous adresser.
Il est envirou de la grosseur du Canard ordinaire, mais le bec,
les pattes peut-être aussi, sont plus faibles que chez cette espèce.
La couleur de la tète est particulièrement intéressante; c'est un
mélange des teintes de crecca et de bouchas, mélange réellement
remarquable : joues châtaigne clair, dessus de la tète roux mélangé,
puis vert à la nuciue et sur le devant du cou ; on croirait presque
apercevoir la division qui s'opère chez la cret-caentie la couleur cliil-
taigne et la bande verte que porte cette espèce. Il faut noter que les
joues sont piquetées de vert noir, les points s'élargissaut sur
le bas du cou et formant presque collier de même couleur ; un peu
de blanc, qui borde cette partie vert noir, rappelle le collier de
boschas. C'est, on le dirait, le vert du hoschas (|ui passe à travers la
couleur châtaigne de crecca. Ainsi est la partie haute.
Le miroir de l'aile est vert bordé de noir à son bord inférieur;
une plume en partie blanche bien visible le borde dans sa longueur
et contre les scapulaires. La disposition de ce miroir peut rappeler
celle du miroir de crecca, mais elle jieut tout aussi bien rappeler
celle du miroir de s/»Tpe?-a. Au-dessous on aperçoit des demi-cercles
cendrés quelque peu roussàtres cpii semblent être de celle dernière
espèce. Une quantité de zigzags, beaucoup plus accentués que chez
boschas, moins forts cependant que chez crecca, s'entassent sur les
lianes et vers la ([ueue. Près du noir du croupion on voit du jaune;
point de plumes recourbées à la queue, pas de blanc au-dessous
comme en possède crecca.
Le poitrail est brun roux, mais tacheté. Les taches de la partie
basse rappellent celles de ce dernier type: dans la partie haute
elles ditlèretit de celles du même Oiseau et annoncent strepenis. Le
bec est jaune ocre foncé avec plaque brune sur le dessus. Sous l'œil
un peu de blanc gris semble rappeler la raie blaucbe de crecca'?
Si cet Oiseau était de taille int(^rmédiaire entre crecca et boschas
on serait tout à fait tenté de lui donner ceux-ci comme parents.
M. de Selys-Longchamps se rappelle avoir remarqué ce curieux
échantillon lors d'un voyage qu'il lit à Rouen pendant l'année 1809.
2» La femelle. Comme le précédent, et pour les raisons que nous
avons données, nous supposons celte pièce tuée à l'état sauvage ;
mais c'est une simple conjecture.
668 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
La disposition de la teinte du miroir, les petites dimensions du
bec et des pattes dévoilent nettement l'origine streperus ; mais la
teinte générale du plumage d'un jaune chaud, quelque peu rous-
sâtre, comme le système du dessin des plumes du corps, indiquent
le boscbas. Le streperus est encore indiqué par le pointillé lin et
les petites raies du cou et de la tête. La taille est plutôt du bosrhas{l).
Exemplaires du Musée d'Amsterdam. — L'un des deux porte cette
mention : « Von An. boschas on An. strepera. Anas hybrida cf ;
26. Feb. 1890. Warya, Friesland ? »
Cet Oiseau fut pris à l'état sauvage, nous informe M. le docteur
Kerbert. Il est monté ; le corps est presque droit. L'Oiseau étend ses
ailes. Il n'est pas, pour les dimensions du corps , tout à fait aussi
fort que boschas ; sa tète notamment est plus fine que chez ce type.
Les pieds, presque aussi forts que ceux du Canard sauvage, sont
de couleur corne; sans doute ils ne sont plus dans leur couleur primi-
tive, n'ayant point été peints au montage. Le bec est d'un jaunâtre
sale ; sur la mandibule supérieure se voit une grande raie large
foncée, les côtés sont bordés de couleur noire, l'onglet en est
teint. La mandibule inférieure est jaune, bordée largement de noir,
portant aussi une raie foncée dans son milieu.
Dessus de la tête, nuque, bas et devant du cou verts sans mélange,
(pas de traces sur la tète et le cou de la bande châtaigne de crecca).
On aperçoit autour du cou un petit collier blanc étroit rappelant
celui de boschas. Il faut remarquer que la couleur châtaigne des
joues n'est pas piquetée de vert ; elle est très nette. Peut-être
pourrait-on apercevoir un peu de blanc entre la couleur châtaigne
de la joue et le vert de la tête, séparant ces deux teintes très
faiblement, et rappelant ainsi la disposition du dessin de crecca ;
mais cela est à peine visible.
Le miroir est vert, bordé de noir eu haut (et en bas?) (2); pas
de blanc comme chez la Sarcelle. Quelques petites plumes des
couvertures de l'aile terminées de châtaigne se montrent près du
miroir. Ni crecca ni boschas ne possèdent ce caractère qui appar-
tiendrait plutôt à streperus.
Le dessus du dos est un mélange assez difficile à décrire. Le
poitrail est brun rouge, parsemé de taches noires, rappelant un
peu celui de crecca, quoique ces taches se présentent d'une. façon
différente. Pas de division blanche sous la queue, comme chez
cette espèce ; tout est noir.
(t) Nousavons fait celte description d'après uue aquarelle exécutée de grandeur
naturelle par M. Prévôt, et non d'après la pièce même.
(2) Il est dilBcile à cet endroit de lire la note que nous avions prise.
ADDITIONS, CORRKCTIONS ET KXAMENS D APRÈS NATURE 669
L'autre exemplnire, égaleinoiit pris à l'état sauvage, d'après
iM. le D' Kerbert, est encore, d'après une étiquette qu'il porte,
indiqué comme Iwiiclias et streperus et de sexe mâle. En des-
sous de cette mention, après les mots: « Anas hybrida cT », on lit
« .4. hoschas et.sfre/jcm )>, maison avait écrit auparavant k penelope »;
ce mot est maintenant etiacé. Ensuite est écrit « Engurierum,
XII. 90. Gehent J. Ilermann Albarda ».
Corps de la grosseur de celui de hoschas ; tète plus petite ; le bec
aussi plus petit que dans cette espèce et les pattes moins fortes.
La coloration de la tète de ce Canard rappelle celle du Canard
du Musée de Rouen. Les joues châtaigne sont piquetées, le vert de
la tête et du dessus du cou tourne par devant et encadre le cou
dans la partie basse, néanmoins il y a apparence d'un reste de
collier blanc. Le vert du dessus de la tête est bronzé, c'est un
mélange de châtaigne et de vert.
Le poitrail brun roux vineux est tacheté ; ces taches rappellent
évidemment crcccn ; elles ne sont pas cependant disposées de
la même façon, ceci est à noter.
Le miroir est vert, bien vert comme celui de crecca, mais il est
entouré de deux bandes noires. Au-dessus quelques plumes des
couvertures de l'aile sont terminées de châtaigne. Cette particula-
rité rappelle tout à fait le brun de streperus. Une plume blanche se
montre entre le miroir vert et les grandes plumes de l'aile comme
chez r.l. penelope (détail qui a probablement engagé à considérer
cet Oiseau comme le deuxième progéniteur de l'hybride). Les flancs
ont des zigzags très prononcés. Il n'existe pas de blanc sous la
queue comme chez crecca.
Exemplaire de M. Gurney. — L'Oiseau porte sur une étiquette
diverses indications au crayon, à moitié effacées, on lit ditlicilement
ces mots: « .Mallard and Teal ». Une autre inscriplion à l'encre,
déjà ancienuu, dit : u supposed Half-bred Drake », mais le mot
« supposed » a ensuite été barré. Enfin « Devonporl Market, Ply-
mouth. M. Hore ».
Cet hybride supposé inas hosrlms X .1. crecca rappelle beaucoup
les Canards qui viennent d'être décrits; c'est bien le même Oiseau. La
disposition du vert de la tête est complètement celle que nous avons
observée déjà chez les autres pièces, mais la couleur châtaigne des
joues est beaucoup plus claire. Le vert et le roux se mélangent par
places et sont piquetés çà et là; les points sont en grand nombre.
Bec jaune cuir de botte roussàtre en dessus et bordé de vert noir.
Au cou une apparence de collier blanc, mais légère. Poitrail et
670 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
gorge roux brun violacé, martelé de petits traits formant taches ;
ces petits traits sont clairs dans leur partie supérieure. Beaucoup
de zigzags existent sur les llaucs, sur le dos, sur lesscapulaires et
sur les côtés.
Les lunules rousses sont très apparentes et bien dessinées sur
les couvertures de l'aile au-dessus du miroir.
Le miroir est tout à fait disposé comme celui de l'exemplaire du
Musée de Rouen, il est du même ton. On en voit un pareil sur
l'exemplaire de M. Severtzow.
La grandeur de cet Oiseau est celle du Canard sauvage ; pattes
rouges, queue de ce Canard ainsi que les couvertures et les sous-
caudales.
Exemplaire du Muséum de l'Université de Cambridge. On se rappelle
que cette pièce avait été achetée à la vente des Oiseaux de M. Yarrell,
bientôt après la mort de celui ci eu 1836. Ce fut le professeur
Newton, le vieil ami du défunt, qui l'acquit et en fît don ensuite
au Musée de l'Université de Cambridge. L'Oiseau, nous dit le très
aimable et très obligeant professeur, avait été signalé comme
hybride mâle d'Anas boschas et de Dafila acuta. L'étiquette fixée
au socle sur lequel est monté l'Oiseau porte en elïet cette
indication: « Hybride Drake, .4. fcoscfeas X .4. acuta, from Yarrell.
(Collection, A. N.)» Une autre étiquette attachée à l'une des pattes
indique le n° du lot ; c'était le n" 338.
Evidemment l'indication que l'on vient de lire a été placée par
erreur, car de Vncuta l'Oiseau ne possède aucun caractère. Il
rappelle l'échantillon cT .4. glocitans Pall. du Musée de Rouen, les
deux exemplaires du Musée d'Amsterdam et l'hybride de M. Guruey,
quoique plus foncé que cette dernière pièce, (si nos souvenirs sont
exacts) (1).
Son cou, long et très étroit, l'aura sans doute fait désigner
comme provenant de Vacuta, mais cette particularité paraît
due au montage. Ou retrouve, placées directement au-dessus du
miroir, les mêmes petites taches brunes observées chez les derniers
exemplaires et que montre aussi l'exemplaire de M. Severtzow.
Le devant de la gorge et de la poitrine est de couleur rousse
et piquetée; toutefois, tout à fait en devant, la couleur s'éclaircil
excessivement et les points forment comme des barres transversales
formées elles mêmes de petits points d'un aspect tout particulier.
Le bec, de couleur jaune, est long, assez étroit et fin ; sur
la mandibule supérieure existe une large tache foncée, l'onglet est
(1) Nous n'avons point possédé simultanément ces divers Oiseau.x.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 671
lui-même foncé. Mandibule inférieure jaune ; une large tache
brune la recouvre presque entièrerneu'..
La tète est d'un vert bronzé, lus joues sont noisette, le cou est vert
jusqu'au collier qu'on voit peu. Les flancs au-dessus des pattes
sont disposées en zigzags tout à fait comme chez crecca. Pattes
jaunes, pieds de même couleur, très petits.
Le Canard appelé « Rreiver'x Dnclc )i tué dans la Louisiane en fS2'2.
— Nous ne connaissons cette pièce que par le dessin colorié
d'Audubon. Voici la description que le célèbre ornithologiste en a
faite :
(( Par sa forme et ses proportions, l'Oiseau est très |)roche parent
du .Mallard {\'A. boschas) ; il en dillère par son bec beaucoup plus
droit, par l'absence de plumes recourbées sur la queue, par ses
pieds jaunes et non orangé rouge, par son miroir plus chargé de
vert et sans barres blanches, enfin par une large tache rouge bril-
lante placée de chaque côté de la lête.
« Le bec est presque aussi long que la tète, plus haut que large à
la base, déprimé (1) et élargi vers l'extrémité, arrondi à la pointe ;
les lamelles sont courtes et nombreuses ; la rainure (2) nasale est
elliptique ; les narines sont allongées.
L'auteur continue ainsi :
« Head of moderato size, oblong, compressai ; neck ralher long
and slender ; body full, depressed. Feet short, stout, placed behind
the centre of Ihe body; legs bare a little above the joint; tarsus
short, a little compressed ; neck ratherlong and slender; body full
depressed. Feet short, stout, phiced beliiml the centre of the body,
legs bare a little above the joint, tarsus short, a little compressed,
anteriorly with small scutella, laterally, and behind with reticula-
ted angular scales. Hind toe very sinall, \vi(h a nai-ro\v free mem-
brane ; third the longest, fourth a little shorter, claws small,
arched, compressed, acute.
« Plumage dense, soft, and elastic ; of the hind hearl aud neck
short aud blended ; of tiie other parts in gênerai broad and roun-
ded. Wings of moderate length. acute; tail short, graduated.
(( Bill dull yellow, slighthy tinged with green, dusky along the
ridge. Iris brown. Feet dull yellow, claws dusky webs dull grey.
Head and upper part of the ueck deep glossy green ; but there is
an elongated patch of pale reddisch-yellow, extending from the
base of the bill over the cheek to two inches and a quarter behind
(1) Ou abaissé (depressed).
(i) Groove.
672 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A I.'ÉTAT SAUVAGE
the eye, aud meeting that of the other side on the chin; the space
immediately over and behind the eye light dull purple. A narrow
ring of pale yellowish-red on the niiddle of the neck ; the lower
part of the neck dull browinsh-red, the feathers with a transverse
band of transversely undulated with dusky ; the smaller wing
coverts without ondulations but earh feather Mith a dusky bar
behind another of light dull yellow; tirst row of smaller coverts
tipped with black; primaries and their coverts, light brovvnish-
grey ; some of the other secondaries similar, the next five or six
duck-green, the next light grey, with a dusky pasth toward the
end. The rump aud upper tail-coverts black, as are the parts under
thetail, excepting two longitudinal white bands; tail feathers light
brownish-grey, edged whit whitish. Ail the rest of the lower parts
are greyish-white, tinged with yellow, beautifully undulated with
dusky lines, on the middie of the breast thèse Unes less numerous,
aud cach feather with a reddish-grey central streak.
(( Length to end of tail 23 inches, to end of claws 24 ; extent of
wings39; bill along the ridge, 2 1/2, along the of lower mandible
2 1/8 ; tarsus 1 1/8, middie toe 2, its claw 5/12; hind toe 3/8; its
claw 1/8. Weight 2 Ibs. 9 oz. »
Audubon fait savoir que ce superbe (1) exemplaire se trouvait
dans une bande de sept ou huit Gauvassback Ducks. Aucun autre
individu de ce genre ne fut vu et toutes les recherches qu'il fit pour
en trouver un semblable furent inutiles. Il ne pense point qu'il ait
acquis son plumage d'adulte et il le considère comme un Oiseau
« of the preceeding season (2).
A ces descriptions, nous joignons la description de l'hybride
obtenu dans les environs de Calcutta, description faite par M- W.
L. Sclater. (Pour les descriptions des hybrides de MM. Crommelin
et Severtzow on voudra bien se reporter à notre premier mémoire
ou aux mémoires originaux qui les ont publiées).
Hybride de Caleutta. — C'est M. Fraser, de l'indian Muséum, qui
a supposé que cet Oiseau pouvait provenir du croisement du
(1) Beautiful.
(2) Il ne l'avait point déterminé absolument comme hybride du Canard sauvage
et du Gadwall (A. streperus) ; il l'avait seulement supposé ainsi, ou même peut-
être une simple variété ? Audubon était cependant apte à le juger car il connaissait
les produits des deux espèces, puisqu'il parle dans son u Ornithological biogra-
phy )) (Edimbourg, 1835), de éoscftas apprivoisés qui se croisent avec le Gadwall;
il les décrit même sommairement ainsi : « a very bandsome hybrid, retaining
the yelloiv feet aud barred plumage oj the one, and the green head of the
other parent. »
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE 673
streperus et du boschas. M. Sclater a accepté celte manière de voir;
il pense que l'hybride a été olitemi à l'étal sauvage ; il croit
même se rappeler que l'homme, un indigène, auquel il l'achela,
lui avait dit que l'Oiseau avait été pris aoa loin de Calcutta. On le
lui avait apporté d'un marché où on ne vend que des Oiseaux
destinés à la table. La dissection montra que ce Canard curieux
était de sexe mâle, comme son plumage l'indiquait du reste.
i( Front et sommet de la télé d'un brun rougcà Ire foncé ; côtés de la
tète et la nuque vert brillant, le vert s'éteiidant autour du cou et
formant comme un cercle bordé à sa partie inférieure d'une bande
blanche très étroite ; joues et menton brun clair ; le dos antérieur
et les scapulaires gris barré de brun s'obscurcissant ensuite
jusque sur le croupion, lequel est vert noirûtre. La queue cendrée,
légèrement bordée de gris, ne porte aucune plume recourbée. Les
pennes primaires des ailes gris cendré, les secondaires presque
noires, avec le spéculum typique vert bouteille. Les couvertures
des plus grandes secondaires grises largement bordées de noir
au bout, tandis que les couvertures du milieu sont d'un rouge brun.
En dessous, le devant de la poitrine rouge avec taches noires ; celte
teinte et ces taches s'ellaçant graduellement (gradually fading
posterioly] là où la plume est blanche et étroitement barrée de noir.
Les couvertures inférieures de la queue noires, les axillaires
blanches. Le bec noir sur le culmen dans toute sa longueur; de
chaque côté une large bande jaune des bords à l'extrémité. Les
pattes rouge vif, les ongles noirs. »
Nous n'aurions sans doute rien à ajouter à cette description,
mais puisque nous-mêine avons pris quelques notes sur les carac-
tères de cet Oiseau, on nous permettra de faire connaître noire
impression. La disposition du miroir fait immédiatement supposer
l'origine streperus; comme aux précédents spécimens de petites
taches brun roux ou châtaigne se montrent en forme de crois-
sants sur les couvertures de l'aile à jiarlir du miroir. Une telle
disposition s'explique bien par un croisement de streperus et de
boschas. Mais la tête rappelle toul-à-fail celle de crecca : joues
châtaigne, bande verte parlant de l'œil et se prolongeant jusque
sur le cou, sommet de la tète brun rougeûlre mélangé; toutefois
la séparation de ces teintes n'est pas aussi accusée que chez
crecca, le vert est aussi foncé. L'influence du boschas est visible
par le collier blanc (1).
(1) La prau de cet Oiseau étant très raccourcie au cou, il nous a été difUcile de
|uger l'étendue et rimportancc du collier blanc.
674 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Le dessin du dos semble un mélange de la couleur de streperus
avec celle du hoscl)as{l), mais le dos antérieur montre des zigzags. Le
devant de la poitrine (jabot) est roux brique, de la couleur de celle
de boschas, martelé de taches foncées.
Les tlancs sont rayés de tins zigzags, l'abdomen est quelque peu
cendré gris ainsi que l'anus. Le dessous de la queue est noir, les
rectrices blanc gris sale jaunâtre en dessus et en dessous. Les cou-
vertures de la queue noires. Il est à remarquer que si le dessin des
ailes rappelle bien le boschas, les scapulaires portent de fins zigzags.
Le miroir est vert brillant, commençant en pointe et s'éJargissant
plus il s'allonge. Il est entouré de noir, une raie blanche et large le
domine. La mandibule supérieure du bec est jaune gris violacé,
de teinte terne ; sur le milieu on aperçoit du noir qui tourne
et encadre la mandibule. Les pieds jaune vit orange sont assez
forts.
Collection de M. Ed. Hart. — Exemplaire pris dans le piège
d'Hornby le 4 janvier 18G1.
(C'est d'après une peinture que nous décrivons celte pièce,
comme la suivante, et non d'après nature).
L'Oiseau est de la taille d'un beau boschas quoique plus fin ; son
becest jaune verdàtre, la partie du dessus est la plus foncée; ses pieds
sont jaune orangé foncé; les joues et les côtés du cou sont chamois
roussàtre ; une bande vert clair part de l'œil pour s'étendre vers la
nuque sur le dessus du cou. On voit ditTicilement une très légère
apparence du collier blanc, mais au dessus de la place que le
collier devrait occuper, s'étend, notamment devant le cou, une
couleur foncée. Poitrail roux rouge foncé ; beaucoup de crois-
sants, rangés presque aussi régulièrement que les dessins de
streperus. Dos gris brunâtre; près du miroir, et le précédant dans
la partie haute, les lunules avec couleur roussàtre déjà signalées ,
puis la disposition du .itrefierus; on aperçoit la plume blanche qui
tranche nettement sur le vert. Le dessus de la queue parait noir
sans mélange et les rectrices sont de ton clair.
Même collection. Ili/bride obtenu le 31 novembre ISS'i : paraît plus
boschas que le précédent; le bec est tout à fait orange, quoique la
mandibule supérieure soit, sur le dessus, brun foncé ou noir. La
joue seule est chamois très clair ; toute la tête et le cou sont
verdàtres ; vers la nuque le ton devient rougeâtre foncé, la bande
verte est très confuse. Le devant du cou est très foncé. L'appa-
(1) D'après l'aquarelle que nous avons conservée, car nous avons omis de noter ce
détail lors de l'examen fait d'après nature.
ADDITIONS, CORRECTIONS I.T KXAMENS d'APRÈS NATURE 675
rencedu collier blanc est 1res visible et semble entourer lo bas du
cou. Poitrail roux rouge foncé ; tacheté par des croissants bruns
surniontésde blanc, un peu comme chez la créera par ce dernier
caractère. Le dessus de l'œil est gris brunâtre mais très clair;
au haut de l'aile les petits dessins sont très peu sensibles, le vert
du miroir est brus(|uement interrompu par la plume blanche de
streponia. f-esgraudtîS pennes de l'aile sont brun clair. Lo ventre est
blanc grisâtre ; le dessus de la queue paraît noir, les rectrices
sont claires, les pattes jaune orangé et épaisses. L'Oiseau est fort
de taille.
C'est cet exemplaire qui, d'après .\L Hart, avait été considéré par
le Révérend Macpherson et d'autres ornithologistes comme hybride
de siicpcriis et de lioschiis. M. Hart le croit rnrra X hoschas;
cette dernière opinion est celle de M. H. Gurney, auquel nous avons
montré l'aquarelle que nous possédons. M. Vian et M. le Baron
d'Hanionville ([ui ont vu aussi cette peinture ont au contraire déter-
miné l'Oiseau comme husclias X streperits.
Les exemplaires qui viennent d'être décrits et qui. à l'exception
d'un seul, sont tous du sexe mâle, présentent de grandes ressem-
blances entre eux.
Si leur taille était intermédiaire entre crecca et hnsclias, volontiers
on croirait qu'ils ])roviennenl de ces deux espèces que, plusieurs
fois, on l'a vu, on leur a donné pour parents. Mais il paraît bien
dilTicile de supposer qu'un Oiseau aussi petit que cmni puisse
donner des produits de taille aussi forte, souvent dépa.ssant celle
de hoschas ; cela, nous semble-t-il, est contraire àcequi a été observé
jusqu'alors. Eu outre il existe sur les couvertures des ailesde petites
taches rousses en forme de croissants ou demi-cercles dont la teinte
rappelle tout à fait celle que présente streperus à cette même place,
tandis que ce roux est étranger à boschas et à crecca. Le noir qui
entoure le miroir en dessus transversalement et en dessous longi-
ludinalement rap])elle très bien la disposition du miroir de
strepenis. Les ciuivertures inférieures de la queue sont toujours
uniformément foncées (1) ; si crecca était pris comme second progé-
niteur, le blanc que cette espèce porte de chaque côté des sous-
caudales n'apparaîtrait-il pas quelquefois, au moins ne se mélan-
gerait-il avec la teinte noire du boschaal Enfin le système des
taches en ligne de la poitrine peut tout aussi bien, et même mieux
(t) Nous supposons nos noies i.xiicles ; nous n'avons plus présents au moment où
nous écrivons i-es lignes les Canards qui sont passés entre nos mains.
676 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
chez certains exemplaires, indiquer le mélange des demi-cercles
réguliers de streperus avec la teinte unie de boschas que le mélange
des petites taches séparées de créera avec la même teinte.
On se voit donc forcé d'abandonner créera et de faire inter-
venir streperus.
Cependant si cette dernière espèce et le hoschas doivent être seuls
considérés comme les parents de ces hybrides, on ne conçoit pas
que le miroir puisse devenir vert, que les joues se trouvent de
couleur châtaigne prononcée, que près des couvertures inférieures
de la queue apparaisse la teinte rousse propre à crecca, enlin que
le vert de la tète prenne la forme de la bande de ce type.
Nous pensons donc que l'origine des hybrides dont on s'occupe
restera discutable tant qu'on n'aura point croisé en captivité les
espèces supposées mères.
Après avoir longtemps pensé qu'ils provenaient du mélange de
1'^. crecca et de VA. boschas, nous sommes arrivé aujourd'hui à
une conclusion bien opposée, puisque nous les pensons produits
parr.4. streperus et le Canard ordinaire.
Nous souhaitons que des expériences soient entreprises pour
éclairer ce sujet ; les croisements que nous avons tentés n'ont pas
donné de résultat. S'il venait à être établi par des croisements
obtenus en domesticité que de tels hybrides sont, comme nous
le pensons, issus du streperus et du boschas, cela prouverait que
le mélange de deux espèces peut, non seulement augmenter le ton
des couleurs des espèces mères et leur donner une intensité beau-
coup plus vive, mais même modifier complètement ces couleurs et
les changer du noir ou du bleu violet en vert cru : ce que l'on
observe sur le miroir de tous les hybrides qui ont fait l'objet des
descriptions précédentes.
Dans le cas, au contraire, où la naissance de tels Oiseaux serait
imputable à l'union du boschas avec la crecca, la possibilité d'un
autre phénomène serait reconnue : à savoir que l'hybride prend
toujours, dans certaines circonstances, la taille du plus grand des
parents et ne se montre pas, par ce caractère, intermédiaire entre
les deux espèces qui le produisent. Enfin, on saurait peut-être,
en renversant les termes père et mère, quel a été le rôle des sexes
daus la production des douze pièces (^ui viennent d'être signalées.
Il y a là tout un champ d'investigations offert à la curiosité du
naturaliste.
On a pu remarquer que la pièce citée par M. Crommelin (1). et
(1) Archives Déerlaadaises, 1872.
ADDITIONS, CORHECTIONS KT KXAMENS d'aPRÈS NATURE 077
qui avait été décrite par M. vau Bemmelen (1) comme hybride de
crecca et hoschas. ne fij^urc dans aucune des deux catégories de
Ganardsqui vienueat d'être cités. L'Oiseau al^attu, ou se le rappelle,
près deLeyde (etdontla description avait été reproduite (2) j diffère
en effet complètement de tous les exemplaires qui ont été men-
tionnés dans ce travail. Nous ne pensons pas du reste que ce soit
un hybride; nous le croyons plutôt une variété de r.4. hoschas.
C'est l'opinion de deux éminenls ornithologistes auxquels nous
avons montré la peinture de cet Oiseau.
Nous nous abstenons donc de le présenter de nouveau, quoiqu'il
soit fort curieux, parce qu'il ne parait pas rentrer dans le cadre
des hybrides qui sont seuls étudiés ici.
On n'a pas parlé non plus d'un individu de sexe femelle tué sur
le Pô en 1893, et que le professeur Pietro Pavesi, de Pavic, a cepen-
dant décrit comme hybride de Chaulfilasmiis streperus et à'Anas
boschas (3). Cet Oiseau nous été envoyé avec beaucoup d'obligeance
par l'éminent professeur et nous n'avons pu le distinguer du Chau-
lelasmus streprriis 9 pure espèce à laquelle nous le référons.
Avant de faire connaître nos raisons, nous rapporterons ce qui a
été écrit par M. Pavesi au sujet de cette pièce nouvelle.
« Le 20 mars dernier, dit-il (4), fut tué sur le Pô au Mezzanine,
non loin de Pavie. un Canard que le chasseur remartjua' aussitôt
en raison de son peu de ressemblance avec les autres Canards de
son espèce. Le chasseur l'acheta pour l'offrir au Musée. C'était,
d'après l'examen anatomique (|ui fut fait, une femelle présentant
les caractères suivants . dimensions légèrement plus petites que
celles du Canard ordinaire, se rapprochant du Canard sauvage. Le
bec, long de 0,U40 et large de 0,011, était jaunâtre sur les côtés,
noir au milieu. Les plumes de la tète et de la nuque très peu (5)
claires avec des taches longitudinales noirâtres, à l'extrémité presque
noires; celles de la gorge blanc pois, immaculées; celles du cou
et du poitrail très peu claires (6), avec une tache longitudinale d'un
(1) Tijdsiirifl voor de Dieikumle 11.
(2) Pp. 129 et 130 el pp. I;î7 et 138 îles Mémoires de la .Soc. Zool. 1891.
(3) Un ibrido naturate di Anas boschase Chaalelasnius streperus ucciso nel
Pavese, Bollelllno délia Sociela Venelo-Trenlina di Siieiize Nalui ali, n» 3, T. V, WSi.
(Mention de cet hybride est faite en outre dans Ornilliotoylsle Monatsbericlite du
D' Keiclienow (p. liti, n" de Juin IS'.HJ) el sans doute dans d'autres revues d'orni-
thologie).
(4) Op. cit.
(o) Miainie.
(6) Minime.
678 OISKAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
brun ûoiiàtre moucheté; les plumes du dos, les longues plumes
des flancs (et celles du dessus de la queue ?) brunes, bordées très
légèrement de clair, plus abondantes sur les scapulaires ; les abdo-
minales blanches avec; quelques petites taches brunes éparses. Les
plumes des couvertures inférieures de la queue (l) blanchâtres,
couleur pois, foncées au milieu. Les rectrices également couleur
pois avec une large tache brune sur le bord. Les petites couvertures
supérieures des ailes brun cendré, bordées de blanchâtre, celles du
milieu, noirâtres ou noires, quelques-unes avec une ou deux bandes
étroites en forme de demi lune, concentriques, et de couleur cho-
colat ; les grandes extérieures noires, les médianes noirâtres avec
taches et le bord extérieur très peu clair. Les rémiges principales
couleur de cendre; les secondaires form;uit un miroir blanc. Les
pieds petits, les tarses et les doigts jaune pâle, la membrane
noirâtre.
(( Ce sujet, continue le professeur, diffère de la femelle de l'.l.
boschas par le bec qui est plus étroit, les tarses et les pieds jaunes,
le sommet de la tète noirâtre, la partie immaculée de la gorge plus
courte, les taches mouchetées de la poitrine plus sombres, le ventre
plus blanc et avec des taches brunes moins nombreuses. Il en
difïère surtout par cette raison que la violet changeant fait défaut
dans le miroir, ainsi que les bandes blanches et noires qui bordent
antérieurement et postérieurement cette partie. . . On aperçoit des
raies couleur chocolat sur les couvertures médianes ».
Ce même sujet « diffère de la femelle slreperus par la gorge dont
une partie, de cinq centimètres environ de longueur et de trois de
large, est presque blanche et sans aucune tache; |)ar les plumes de
la poitrine qui portent une tache brun moucheté sans bandes
transversales ondulées et blanches; par l'abdomen tirant sur le
blanc; par les plumes des flancs, du dos et du croupion, principa-
lement les scapulaires et les rectrices qui sont presque semblables
à celles de VA. boschas; par les plumes du dessous de la queue
dont le dessin n'est point en forme de vers noirâtres, 'etc. »
Il est inutile, dit le professeur, d'établir des rapprochements
avec d'autres espèces de Canards italiens, étant donné la particula-
rité de la couleur des couvertures alaires médianes. De la descrip-
tion qui vient d'être faite, il résulte pour lui que l'Oiseau est stre-
ptrus par ses dimensions, son bec, ses tarses et ses pieds, le som-
met de la tête, les ailes; tandis qu'il est boschas « par sa gorge, sa
(1) Sotto code.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KXAMENS d'aPRÈS NATURE 679
poitrine, sou dos el ses rectrices ». Aussi conclut-il que c'est son
hybride eutre les deux espèces (1).
Pour nous, il nous a été tout i'i fait irnpossililc df trouver chez cette
Caue (qui, parait-il, avait l'ovaire très développé el se trouvait avec
un mâle lioschas qui fut tué avec elle), aucun caractère imputable
à cette dernière espèce. Les pieds et le bec sont très petits, le miroir
est eu tout semblable à celui de la femelle de streperus ; elle est
blanche en dessous comme cette dernière.
Serait-ce par sou dos et sa poitrine qu'elle eu diffère? Nous n'ose-
rions le préteudre. Peut élre les scapulaires sont-elles plus large-
ment bordées de couleur claire que chez streperus dont la poitrine
paraît difïérer quelque peu; peut être aussi, retrouve t-on dans le
dessin des plumes de la queue, des traits |)ro|)res à hoschas; enfin
la gorge est très immaculée. Mais, tout cela est d'une appréciation
bien dillieile, et de tels caractères sont trop minimes pour servir de
critérium certain de dillérenciation. La preuve en est dans les spéci-
mens d'espèce pure que nous avons rasseml)lés et([ui. eux-mêmes,
diffèrent entre eux sous ces différents rapports. L'un de ces spéci-
mens, une femelle vivante, achetée au Jardin d'Acclimatation de
Paris, el que la Direction nous a déclarée pure de tout mélange,
est tellement semblable à l'hybride supposé, qu'on serait tenté de
confondre les deux Oiseaux. Et du reste, M. J.-B. Nichols, d'IIolm-
wood, a eu la complaisance de nous communiciuer un sujet de sa
colleclion qui montre de grandes analogies avec l'Oiseau de Pavie.
Nous avons fait part de nos remarques au savant professeur; nous
ne l'avons point convaincu (2).
Qu'on nous laisse donc ajouter que l'aquarelle, qui représente ce
sujet, et qui est d'une exécution parfaite, a été montrée à un émi-
nentoruithologiste d'Angleterre; elle nous a été retournée avec cette
mention significative : « This is nol a hybrid, but a 2 Gadwall {C.
streperus) », opinion qui a élé entièrement acceptée par un autre
ornithologiste. — Nous tenons ce di^ssin à la disposition de tous ceux
qui voudraient étudier l'Oiseau qui fait l'objet de ce long entretien.
Le professeur Pavesi, en examinant d'une manière très attentive
la riche colleclion du .Musée de Pavie, a cru, en outre, rencontrer
un nouvel échaulillon empaillé de streperus, qui lui a paru être un
(1) Il donne m£nie le bosclias pour (mtc cl au streperus le lùle de mère, « parce
que l'iiybridc supposé présente principalenient l'aspccl de première espèce. •
(2) Voy. dans le Calendario ornilhologico, (Pavese, I890'.)3, N" 2. Anno XV,
18U:i, Pavia) son Bullelino scientUicn, p. 17. A ce moment nous n'avions point encore
revu le sujet de M. J.-H. Nichols pour le lui opposer.
680 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A l'ÉTAT SAOVAGË
hybride avec le hoschas. Ce Canard a été recueilli par le D"" Maestri,
et, selon toute probabilité, dans la province de Pavie, mais on ignore
à quelle époque (1). Il ressemble à celui qui vient d'être décrit,
<( quoique le sommet de la tète soit moins noirâtre, les plumes de
la gorge non immaculées, mais piquetées de brun, les scapulaires
avec les bords très légèrement clairs, le croupion plus foncé et la
couleur chocolat (2) des couvertures médianes des ailes qui est
plus étendue. » M. Pavesi croit même pouvoir lui donner (contrai-
rement à ce qui arrive chez le premier spécimen) le streperus pour
père et le boschas pour mère. Il a soin d'ajouter toutefois que l'on
pourrait avoir affaire à un mâle streperus dans un plumage inusité
ou muant.
L'éminent professeur, avec une très grande courtoisie que nous
nous plaisons à reconnaître et dont nous le remercions vivement,
a bien voulu nous communiquer ce sujet cf. Nous avons reconnu
un Oiseau en train de muer; nous l'avons confronté avec un individu
de son sexe que, tout exprès, nous avions tué au mois d'août afiu
de le conserver dans sa livrée de mue, et nous avons trouvé les
deux Oiseaux fort ressemblants l'un à l'autre.
Cette fois, M. Pavesi n'a point contesté notre dire.
Dafila acuta et Querquedula crecca
(Se reporter p. 134 ou p. 142 des Mém. de la Soc. Zool., IS9I).
M. le prof. E. Newton a bien voulu nous envoyer du Musée de
l'Université de Cambridge un hybride qu'il a offert à ce Musée.
L'Oiseau nous paraît être évidemment le produit de l'acuta et de la
crecca. Malheureusement, nous n'avons pu savoir si cette pièce, fort
intéressante parles caractères d'authenticité qu'elle pi'ésente, a été
réellement obtenue à l'état sauvage. Nous avons lu seulement sur
l'étiquette qu'elle porte : « Found in Leadenhall Market by Johnson,
april 1862, and bought of him, stuffed by Leadbeater. »
Ce Canard avait été cité dans les Proceedings de la Société
Zoologique de Londres en 1852 (3) et montré par M. Leadbeater à
l'une des réunions de cette Société, mais aucune discussion ne
s'était produite.
Voici la. description que nous en avons faite -.Quoique plus crecca
(1) Voy. Un ibrido naturaU, etc., déjà cité.
(2) Ou, pour mieux dire, ctiâtaln.
(3) P. 84.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 681
indiscutable. On ne saurait nuhne imaginer un intermédiaire plus
complet entre les deux types. Vuici la description que nous avons
faite de ce joli échanlillon : le miroir est vert, bordé au-dessus de
roux; le vert et le noir que l'on voit ainsi sont l'exacte copie du
dessin de crecca. La marqui; noire des scapulaires d'acuta est visi-
ble; les scapulaires se prolonijcut comme chez cette espèce. Sur le
devant du corps, les petites taclics noires de crecca sont très elîacées.
Le bec, assez long, mais étroit, rappelle celui de Vacuta. L'iris (arti-
ficiel) est brun. La ttMe et les joues sont presque entièrement de
crecca. Les pattes sont d'un lirun clair. Le dos est parsemé de zigzags
innombrables. Enfin, la taille tient à peu près le milieu entre celle
des deux espèces; elle rappelle cependanl mieux celle de crecca.
Nous conservons une aijuarelle de ce sujet qui a été peint par
M. Jules Adeline.
Un hybride, non encore décrit, de sexe mâle, et qui, d'après M. Oddi
qui nous le signale, aurait été tué récemment dans la lagune de
Venise, est conservé au Musée Correr. Cet Oiseau serait, d'après
notre très aimable correspoiidaut, très authentique par les carac-
tères mixtes qu'il présente. Son plumage néanmoins est plus crecca
qu'acula, particulièrement à la poitrine; mais sa forme est du
dernier type.
Un hybride, du même genre, tué en Hollande il y a environ trois
ans et envoyé à M. Philipp Castang du Leadeuhall Market par le
chasseur qui l'abattit, se voit aujourd'hui au Musée de M. Walter
Rothschild. Cel hybride n'aurait étécilé dans aucun ouvrage. N'ayant
pu l'obtenir eu communication, nous en avons fait exécuter une
aquarelle de grandeur naturelle. 11 ne nous paraît pus aussi bien
caractérisé que celui du prof. Newton. 11 montre cependant des
teintes propres aux deux espèces; mais de forme et de taille, il
est beaucoup plus Dafila que Querquedidu. Le bec, par sa coloration
bleu de plomb et ses petites dimensions, rappelle un peu celui du
peiœldjie; les joues et uue partie du cou sonlchàtaigne clair, le dessus
de la tête roux foncé. La bande verte de crecca est rappelée confu-
sément; elle n'est pas entourée d'une raie fine et blanche comme
cela se produit chez cette espèce et ('liez l'hybride de Cambridge.
Tout le dessus du dos est rempli de zigzags fort nombreux, larges
et tassés; ces zigzags se montrent de même sur les flancs vers le
bas du ventre. Sur les scapulaires une large tache noire allongée
rappelle bien l'acul(t ; le miroir vert veronèse est bordé supérieure-
ment de chamois roux, puis intérieurement sur le côté extérieur
de noir; cela d'une manière 1res line. Les couvertures de l'aile
682 OISKAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
paraisssent d'un gris brunâtro. Les pattes et les pieds très petits
sont d'un jaune rougeàtre orangé; les palmures sont plus foncées
et verdàtres. Le ventre, le devant de la poitrine et le jabot,
sont blanc grisâtre. — Faisons savoir que M. Vian et M. le baron
d'Hamonville, qui ont vu notre aquarelle, considèrent l'Oiseau
ainsi décrit comme provenant de Vaciita et de la crecca.
Le croisement « Dafila acuta X Querquedula crecca » se trouverait
ainsi représenté par six échantillons. Mais, si nous en croyons le
journal « Forest and Streani », de New York (1), un Canard ayant
l'apparence d'une Teal (Sarcelle) et d'une Spring Tail (2) aurait été
tué près de Sacramento. On ne nomme pas toutefois l'espèce de
Teal qui aurait contracté le croisement (3); on ne donne pas non
plus de renseignements complets sur les caractères de l'hybride.
On se borne à dire « qu'il est à peu près de la grandeur de la Spring
Tail dont il a le bec, le dos, la tête et la queue ; tandis que sa poi-
trine et ses ailes tiennent de la Sarcelle ».
Anas boschas et Anas obscura
(Se reporlei' p. 137 ou p. 14îi des Mém. de la Soc. Zool., 1891),
Les deux hybrides entre les mains de M. Manly Hardy, de Brewer,
Maine (Etats-Unis), ne sont point des individus nés en captivité
comme nous le supposions (4); tout au moins ont ils été tués dans
une bande d'.l. bosrhas sur le Mississipi (Etat de l'Illinois). L'un
des deux, nous dit M. Manly Hardy, « partakes more strongly of
the characteristics of the Mallard » ; l'autre au contraire « shows
more ressemblance lo the Duskey » (5).
M. Manly Hardy a été assez complaisant pour faire photogra-
phier ces deux Oiseaux; malheureusement une photographie n'in-
dique pas la couleur du plumage.
M. R. Ridgway, en nous adressant en communication un des
exemplaires conservés au Musée national de Washington, nous a
fait savoir que parmi les hybrides de cette collection se trouvent
plusieurs pièces obtenues en captivité. On ne doit point, par con-
(1) Vol. IV. p. 133.
(2| Que nous supposons être Vacuta.
(3) Il existe en Amérinue trois sortes de Sarcelles : l'European Teal [A. crecca),
la Bleue winged Teal {A. discors), la Cinnamon Teal {A. cjranoptera).
(4) Voy. la note des pages indiquées.
(.'ij Ils ont été signales, depuis la communication qui nous a été faite, dans
u Shootiug and Fisbing. »
ADDITIONS, COnRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE (583
î'équent, considérer comme sauvages toutes celles que le Musée
renferme (1).
Le s|ié(imeu que uous avons re<;u est monté; il provient ilu
Masii Miirket et a été donné par S. H. Baird. il porte le N" 6l!)5G.
Il se montre un si bon intermédiaire enire les deux types qu'il
serait dillicile de récuser son Lyliridilé. La tête notamment, et le
poitrail, ont de vrais caractères mixtes. Tandis que dans la partie
haute d(! la tète, à partir de l'œil (descendant sur le dessus du
.cou) se prolonge une bande assez large du vert émeraude de
boschos, la |(lus grande partie des joues et du cou reste du jaune
noisette blanchâtre propre à Voliscui-a. Sur le violacé brunâtre de
la poitrine, qui rappelle tout à fait boschns, se montre le dessin
tacheté i\'ohs(iirti. Le reste du corps est plutrtt de cette dernière
espèce, quoique le miroir soit encore un bon intermédiaire. Le
bec est verdàtre, les pattes jaunâtres; il n'existe point de collier au
cou; les bandes de vert énieraude ne se joignent pas sur le derrière
de la tête; elles se rejoignent seulement sur le dessus du cou, à
partir du bas de la nuque.
Toutefois, et malgré des traits si évidents de mélange, nous nous
sommes demandé si cet hybride supposé ne pourrait pas repré-
senter le boschas en mue. Le bouchas en mue revêt, en effet, un
plumage à i)Ou jirès semblable à celui qui vient d'être décrit. Nous
avons étudié la mue sur des individus de cette espèce retenus en
captivité. La différence la plus appréciable est que, chez ces indivi-
dus, les plumes du dessus du corps ne sont point bordées ou liserées
de jaune, comme se présentent les plumes de l'Oiseau du .Nfusée de
Washington ; celui-ci, en outre, offre, par sa coloration générale, un
Ion plus jaunâtre.
Quant à afTirmer que cet hybride n'a point une origine domes-
tique, nous n'oserions nous prononcer, car sa taille élevée semble
rappeler celle du boschas tlomesticus.
Outre lexemplaire rc(;u de Washington par 1^ bienveillance de
de M. Itidgway, M. le D^ Jentinck, du Musée de Leyde, nous a
adressé une pièce qui figure sur les Catalogues de .M. Schlegel (2)
comme métis du Canard commun avec l'^Jias obscura (auc. Tem-
minck). Ce Canard porte le n" 3f ; mais aucune mention ne dit
qu'il ait été tué à l'état sauvage, et ce renseignement n'a pu uous
être fourni par M. le D' Jentinck.
(1) Nous nous empressons de fournir ce renseignement, car on aurait pu les
supposer toutes sauvages par la lecture de notre premier mémoire.
(2) Cal. Anseres, p. 41.
084 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
A cause de la dénomination donnée par le célèbre ornithologiste,
nous avons peint cet Oiseau et nous l'avons décrit; mais nous
n'avons reconnu aucun caractère décisif de l'hybridité qu'on lui
suppose. Voici nos notes : miroir bleu de mer à reflets violacés,
bordé en dessus et inférieurement de blanc après la barre noire,
tout comme chez boschas. Le bec est mince et long. Les scapulaires
des ailes sont, en partie, d'un ton mat gris brun quelque peu
uniforme, c'est-à-dire que les plumes ne sont ni traversées, ni
bordées par des raies jaunes.
Le bec est jaune, la gorge est aussi d'un ton uniforme.
Cette courte description ne dira rien sans doute. Notre embarras
est augmenté par le sexe de l'Oiseau qui est femelle. On sait qu'il
est bien diflicile de distinguer une femelle boschas d'une femelle
obscura; celle-ci semble ne diflérer de la première que par la bor-
dure blanche du miroir. Ajoutons en outre qu'au moment où nous
avons reçu de Leyde l'Oiseau supposé hybride nous n'avions pour
procéder à notre examen qu'un très petit nombre d'individus des
espèces pures.
Nous pensons que l'on conserve au Musée d'Ottawa l'hybride de
VAnas obscura et de VAnas boschas (1). Le même croisement existe
dans la collection de M. Jno. H. Sage, de Portland (Conn.), ainsi que
dans la collection de M. J. Fream Morcom, de Chicago (Illinois).
Mais, si nous savons que l'exemplaire de M. Morcom, qui est mâle,
a été obtenu à l'état sauvage et montre a a strong admixture of
both parents », nous ne pouvons fournir aucun renseignement sur
le ou les exemplaires du Musée Canadien et de la collection de
M. Jno. H. Sage.
Nous avons vu au Muséum d'Histoire naturelle de Paris un
Canard obscura qui nous a paru être le métis de cette espèce avec
le boschas.
Dans le journal de sport de New- York, le« Forest and Stream » (2)
que nous citons souveut, on donne ainsi le signalement d'un Canard
hybride tué dans une tournée de chasse par un ami, de M. J. G.
Morris, d'Easton, Oiseau singulier, paraît-il, que celui-ci n'avait
jamais vu, malgré la longue expérience qu'il a acquise du gibier
de marais : « Ventre du Mallard cT (.1. boschas); partie supérieure
de la tète, jusqu'aux yeux, verte (3); de l'oeil jusqu'au bas du cou,
couleur grise parsemée de brun, comme chez l'oèscura; partie supé-
(1) D'après une communication de M. Wliileanes.
(2) Vol. XII, p. im.
(3) Llttéralemeot aussi bas que les yeux.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÉS NATURE 685
Heure de la poitrine semblable à celle de celle dernière espèce,
quoique la couleur se montre un peu plus claire; partie inférieure
et abdomen presque comme chez le boschas; ailes noires! (1) et
pieds ressemblant à ceux de cette dernière espèce. »
Il y a trois ans, M. Morris tua un autre exemplaire; mais cet
échantillon n'aurait pu être conservé. Celui qu'il possède actuelle-
ment est tro|) mal monté cl trop détérioré pour qu'il puisse nous
le faire parvenir d'aussi loin. M. Morris l'a fail piu)lo;,n-apliier sous
deux faces difïérentes et a accompagné ses photographies de la
description suivante :
« Bec jaune; poitrine d'uu châtain sombre tirant sur le brun
cendré; (cette couleur à l'anus et sous le dessous de la queue tend
vers le gris léger el est traversée par de belles lignes sombres). Lns
plumes qui recouvrent le croupion et la queue sont d'un brun
sombre; elles éliucellent de vert. Les plumes de la queue sont d'un
brun sombre, bordées de cendré; aucune ne se recourbe à la ma-
nière de Va. hit^flias. Les couvertures des ailes sont d'un cendré
brunâtre el les rémiges sont brunes avec de belles lignes couleur
chamois (bu(ï). Le spéculum est de pourpre avec retlets verts et
violets, bordé de chaque côté de bandes blanches; il est exactement
semblable à celui du Mallard. Les grandes plumes sont d'un cendré
brunâtre; les jambes et les pattes sont de couleur orangé ».
On se rappelle que l'exemplaire du Musée de Washington a le
bec bleu gris verdàtre; l'hybride de M. Morris en diffère donc par
ce caractère.
M.Geo. A. Boardman fait savoir, dans la revue sportique qui vient
d'être nommée (2), qu'il a trouvé souvent le « Dusky » croisé (?)
(cross) au (( .Mallard » et qu'il possède de ce croisement trois ou
quatre hybrides empaillés. M. Geo. A. Boardman parle-t-il d'Oiseaux
sauvages?
Enfin ou écrit, dans la même revue, que de tels Canards hybrides
ne sont point rares, et on prie les lecteurs de se reporter à bon
nombre d'articles publiés sur ce sujet {'i).
Suivant les indications données, nous avons consulté quelques-
uns de ces articles ; mais nous avons trouvé qu'il y est le plus
souvent question d'hybrides du Canard musqué (C. moschata) avec
(1) Que veut dire par là le descripteur?
(2) Vol. V, p. -ATU.
(3) Vol. I, pp. 342 el 374: vol. III, pp. :; el 54 ; vol. IV, p. 13!. vol. V, pp. 266,
276. 337 et 338.
68G OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
le boschas, croisement bien diflérent; ou bien encore de Canards
« obucura X lioschas » nés en domesticité.
En terminant, nous mentionnerons l'envoi d'un Canard 9 que
nous a fait, il y a plusieurs années, M. le D'' Paul Leverkiihn, et
dont les caractères, peu ordinaires, qui semblent rappeler Vohscura
et le ioxc/ittA-, ont été analysés dans le «Zeitsclir.fur Ornithologie (2). »
N'ayant point en notre possession, au moment oii l'Oiseau nous était
parvenu, un matériel de comparaison suffisant pour nous rendre
compte de ses traits, nous avons négligé de l'examiner. Autant que
nous pouvons nous les rappeler, les marques blanches qu'il portait
indiquaient un albinisme. C'est ainsi, pensons-nous, que M. le
D'' Paul Leverkiihn l'a considéré, en écartant l'idée d'un hybridisme
entre les espèces hoschas et obscura.
Disons en terminant que l'étude que nous avons faite de ces deux
espèces pures, fort ressemblantes entre elles, nous confirme dans
notre manière de voir : à savoir qu'elles paraissent proches
parentes (1).
Anas boschas et Anas penelope
(Se reporter p. 138 ou p. 146 des Méra. de la Soc. Zool., 1891).
Une nouvelle pièce, vivant encore en 1892 chez M. le comte Arri-
goni degli Oddi, de Padoiie, est à signaler. Cet Oiseau fut pris (3)
dans la vallée Morosina, district de Piove de Sacco ([)rovince de
Padoue). Après avoir été blessé à l'aile il se guérit complètement
et fut donné au savant comte. C'est, paraît-il, un très bel Oiseau $,
qui ressemble au penelope $ par la disposition tlu plumage et par
sa couleur. « La tète, nous dit notre collègue, est grisâtre avec
beaucoup de petites plumes teintées en vert brillant avec des
retlets métalliques comme le boschas c^. Le fond de la teiote de la
poitrine est d'un rouge cuir à peine tacheté ; la poitrine inférieure
et l'abdomen sont blancs comme chez le penelope 9 ; seul le bas-ventre
n'est pas unicolore. Le bec ressemble à celui du boschas ; il est de
couleur jaune olivtàtre très pâle. Les pieds dillèrentdu penelope. les
doigts étant d'un jaune pâle légèrement orangé et les membranes
foncées. Comme dimensions, l'Oiseau est petit; il est un peu haut
sur pattes et a le port élégant du penelope ; mais il est plus grand
(1) EUiot {On hybridism, Auk, 1892, N» d'april) rappelle que le Mallard et le
Black Duck « cross in the wild slate. »
(2) XVl, Jahrg., S. 102.
(3) Vraisemblablement pendant l'hiver de ISltl.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 687
que la femelle de cette espèce. Parfois les petites plumes de la tête
se hérissent légèrement. Le bec est beaucoup plus court et moins
gros que celui du bosclias; les pattes .sont plu.s petites que chez celte
espèce. En somme, dans son ensemble, si l'on fait quelque e.xceplion
pour le système de coloration, ce Canard ressemble l)caucoup à un
penelope 9 ». Le cri est un cona-coiia plusieurs fois répété, avec un
son très nasal, peu fort, comme si l'Oiseau était pris d'un refroidis-
sement.
Telles sont les indications qui nous sont adressées de Padoue sur
cet intéressant Oiseau. M. Oddi a bien voulu accompagner sa des-
cription d'une aquarelle que nous avons fait copier par .M. John
Duncan, de Newcastle.
Une note ornithologique, parue depuis cette communication daus
la ((Revista italiana di scienze naturali» (1), fait savoir que le Canard
dont on vient de s'occuper, après avoir vécu eu volière pendant
environ deux ans, est mort maintenant; il figure sous le N" 959 du
Catalogue de la collection de M. Oddi.
Un hybride de même genre, mais de sexe mâle et déjà vieux, tué
par ce naturaliste dans la vallée Zappa (lagune de Venise), orne la
même collection, où il porte le N" 1037. Voici sou signalement :
(( Bec du hoschas, front et milieu du vertex d'un châtain très vif;
tète et cou d'un vert foncé à reflets; sur les côtés de la tète et sur
les joues deux grandes taches de couleur jaunâtre vif. Gorge d'un
vert noir; collier très peu visible. Dos rayé; sous-caudales noires
avec des reflets verts. Plumes des deux tiers inférieurs des faces
antérieures et latérales du cou, d'uue partie de la face postérieure,
et dessous de la poitrine, roux marron clair traversé sur chaqu^e
plume par une ou deux bandes noires étroites. Sous-caudales
comme chez le hoschas; petites et moyennes couvertures supé-
rieures des ailes d'un brun cendré moins foncé que boschas, les
moyeimes terminées de châtain. Les grandes couvertures supé-
rieures secondaires noires dans la dernière moitié et vers le bout,
ce qui ne forme pas pour l'aile la double bande transversale blan-
che de hoschas. Rémiges secondaires d'un gris brun pour les barbes
internes, d'un vert doré pour la moitié liasale des barbes externes,
noir velouté pour l'autre moitié. Queue de boschas avec les deux
recirices médianes allongées et non recourbées; pieds de ce type;
taille pres(|ue égale à celle du boschas ».
De tels caractères engagent M. le comte Arrigoni degli Oddi à
croire cet Oiseau issu du croisement dont on s'occupe. Ce spé-
(1) 1893.
688 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
cimen « magnifique » a été empaillé par M. Minotto, de Venise ;
c'est dans le lac de la Passama (vallée de Zappa) qu'il fut abattu par
le comte lui-même le 2 février 1893; il se trouvait dans une bande
composée de neuf boschas dont sept mâles et deux femelles (Ij.
A ces deux pièces, que nous n'avions pu mentionner dans notre
premier mémoire, puisqu'elles n'ont été obtenues que depuis,
vient se joindre un jeune mâle, ou peut-être un mâle en mue,
qui nous a été communiqué par M. le D^ Kerbert, directeur du
(( Koninklijk zooloijish Genooluchap » d'Amsterdam). C'est une pièce
intéressante que nous avons examinée à deux reprises difiérentes,
grâce à la bonne volonté de l'éminent Directeur qui a bien voulu nous
la retourner lorsqu'il nous a été possible d'augmenter notre collec-
tion de jeunes mâles, de femelles et d'adultes en mue des deux
types, collection que nous n'avions pas jugée, lors du premier envoi,
assez complète pour faire un sérieux examen. L'hybride du Musée
de la faune Néerlandaise nous est donc bien connu. Notre première
description se résume ainsi : « plus fort que pmclo}»' qu'il rappelle
entrés grande partie par son plumage. Miroir vert marine, à reflets
violacés lorsqu'on place l'Oiseau dans une certaine lumière, mais
le plus souvent bleu vert marine. Pattes plus grandes que celles du
penelope; le bec plus fort aussi, notamment plus long; cette partie
paraît avoir été couleur plomb. Sur le dos on aperçoit comme un
mélange du hoschas et du penelope; ce dernier type est rappelé pres-
que partout quoique la coloration de la tête et le système du dessin
semblent être du boschas. La couleur du miroir indique qu'on a
afïaire à un mâle ».
Deuxième examen : « Par sa grosseur, par son miroir surtout, par
son bec grand et allongé, par ses larges pieds couleur cuir de botte,
par la coloration des couvertures des ailes, par la disposition des
rémiges, par les petites plumes foncées du jeune âge du boschas qui
se montrent fréquemment, par les petites raies enfin du dessus
de la tête, des joues et du cou, la double origine que l'on suppose
à cet Oiseau semble s'accuser. En outre, par sa taille et ses propor-
tions, ce spécimen peut être aussi considéré comme un intermédiaire
entre les deux espèces. Nous en conservons plusieurs dessins.
Faisons savoir qu'un de ses portraits, montré à M. J. H. Guruey,
nous a été retourné avec cette mention : k is only an Anas boschas. »
Au contraire, M. Ed. Hart, de Christcliurch, ((ui a reçu lui-même
un autre croquis, l'a jugé un penelope « in change of plumage. »
(I) Mention (le cet hybritle est [aile flriiis le « Bollelino rlel Nalui'iilisla, Collelore_
etc. 15 febraio 1894, p. 22 n.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRBS NATURE 689
Mais cette manière de voir ni la première, du reste, ne sauraient
<^tre admises. Le bec, (luoique de couleur plomb, est bien plus fort
que celui du pcndopc; les pattes sont aussi de dimensious beaucoup
plus considérables que cbez cette espèce et elles ont quelque peu
la couleur du cuir. Sur le miroir, très foncé, on peut apercevoir
quelquefois, lassez vaguement, il est vrai), des rellets violacés»
Enfin, le dos, si ce n'est un effet du montage, est plus large que celui
du pptictope et, dans la couleur du poitrail, on semble pouvoir distin-
guer le dessin du boschax. — Cet Oiseau reste néanmoins presque
enViQveititiul penrlape; il aurait été pris à l'état sauvage (1).
Nous ne connaissons point d'autres nouveau.K exemplaires à signa-
ler. Mais, grâce à l'extrême obligeance du même directeur, nous
avons pu examiner \'À. pcnelope X boschas dont nous avions donné
la description d'après .M. KoUer (2). Pour cet Oiseau, cf adulte, le
doute n'est point possible; les caractères mixtes qu'il présente
l'accusent nettement bybride. Sa taille est en elîet intermédiaire
entre celle du Imschas et celle du penelope. Le bec et les pattes sont
aussi intermédiaires; les doigts et les palmures sont cependant pres-
que de la grandeur du hoschas. C'est dans la coloration de la tête que
s'aperçoivent principalement les caractères mélangés : les joues et
les côtés du cou sont noisette, au-dessus on aperçoit le vert de VA.
hoachax. Il existe bien sur la nuque de petites plumes rousses qui
rappellent en ([uelque sorte les divisions de crecca ; mais si le second
parent appartenait réellement à cette espèce, les plumes vertes de
la tète ne descendraient point .sous l'œil et sur la joue, comme cela
a lieu. L'iris (arlilîciel) est brun clair. La couleur du bec est plomb ;
les pattes sont de couleur cuir brun. Le cou est très court; la tête
relativement petite et très brillante (3). Le miroir a des reflets bleu
marine; il est bordé de noir en baut, en bas, et sur les côtés exté-
rieurs. Il n'existe pas au cou d'apparence du collier blanc de
r.4 . Iioschas. Le poitrail est mélangé de roussàtre, de violacé terne et
de jaunâtre; les flancs montrent des zigzags prononcés comme chez
le penelope. Tout le reste du corps est penclupe. C'est à cette dernière
espèce qu'il ressemble le plus par son plumage et sa coloratiou ;
mais son origine boschaa est suflisammenl établie (4).
Notons en terminant qu'au Musée de Newcastle-on-Tyae (collec-
(1) D'après un renseignement qui nous est envoyé par le D' Kerbert.
(2) Voy. pp. Wi-\?a ou.pi». IW et 149 des Méni.
(3) Nous conservons une (winture à l'huile représentant ce bel exemplaire de
grandeur naturelle, pins un'' aquarelle le montrant dans de plus petites proportions-
(4) Nous ne pensons point que le vert de la lèle soit imputable à \'A. clypeata,
dont il ne rappelle aucunement le bec en spatule.
690 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
tien Handcock), on voit un hybride A. boschas X i. penelope vrai-
semblablement produit en captivité. C'est, pensons-nous, un de ceux
que M. Handcock reçut d'Hornby par M. A. Savage (1). Nous l'avons
fait peindre afin de nous rendre compte si les caractères qu'il pré-
sente sont ceux des individus tués ou pris à l'état sauvage. L'Oiseau
'dilïère un peu de l'exemplaire cf ad. du Muséum d'Amsterdam; il
en diffère même par un caractère essentiel : le bec est jaune ver-
dâtre comme le boschas, tandis que le bec du précédent est gris
plomb; en outre, le vert couvre davantage la face et le cou; le
poitrail paraît aussi beaucoup plus rouge brique vineux. Néan-
moins les deux Oiseaux présentent assez d'analogies pour qu'on
puisse les reporter au même croisement.
M. Richard House, le directeur actuel du Musée, nous fait remar-
quer que, pendant l'hiver, le Wigeon d" (ou .4. penelope) visite très
fréquemment les grands lacs des parcs et les étangs des environs de
Newcastle où il séjourne même. Quelquefois ces Oiseaux sont cap-
turés et enfermés, mais le plus souvent ils émigrent au Nord en
avril. Comme beaucoup d'espèces de Canards sont ainsi conservées
dans un état de semi-domestication, on est en droit de se demander,
ajoute M. House, si quelques-uns des hybrides que l'on rencontre
à l'état libre ne sont point les descendants de ces espèces. Cette
réflexion est très juste ; nous nous la sommes faite plusieurs fois.
Une autre remarque de M. Vian (2) est à noter : à l'instar de la
Perdrix grise, le Canard sauvage accueille, paraît-il, dans sa nom-
breuse famille, les jeunes des espèces voisines privés de leur
mère, ou du moins, d'après un fait à sa connaissance, les jeunes
du Siiïleur (A. penelope). Ce fait pourrait donner encore une explica-
tion de la naissance des nombreux hybrides parents à l'.-l. boschas
et à VA . penelope.
Anas boschas et Anas americana
L'A. americana n'étant sans doute qu'une variété de notre .4. pejie-
lope, on pourrait à la rigueur ne point distinguer les hybrides qui
proviennent de l'un ou l'autre type. Un seul exemple de croisement
entre la variété américaine du penelope et le Cauard sauvage paraît
avoir été cité. C'est M. D. G. Elliot qui l'a signalé récemment dans
(1) Voy. Natural hislory Trans ictions of Norlliumberlanil and tlurham, vol VI,
p. 153. A. Catalogue o/the Birds oj NorlJaimberland, etc., par Johu Handcock.
(2) In Bev. et .Mag. de Zoologie, p. 40t.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'XPRÈS NATURE 691
l'Aiik (1). L'Oiseau fut tué dans une petite bande de Mallards
{A. hoxchas} sur les terres de l'ile de Narrow, dans le Cnrriluck
Sound (Caroline du Nord), eu janvier 1892. Cet Oiseau, dit M. Elliot,
est environ de la taille d'un Canard ordinaire (Mallard) ; il est du
sexe mâle. Le caractère qui tout d'abord attire l'attention est le l)ec
qui est semblable, par sa forme (sliape), à celui du VVidgeon
{penelopi'). mais un quart plus grand et de couleur bleu clair avec
la pointe noire. Voici du reste comment cet auteur décrit ses diffé-
rents cai-aetères •
« The liead and neck are brilliant emerald ^reen like the Mallard,
» with dots on tlie lores and fore part of tlie cheeks, and a conspi-
» cuous bulîywiiile Une, the fealhers lipped with black.broadesl in
.» ils upper portion, and running from the ears down the neck.
» Front, and a line on top of the head, blackish, with rusty tips
I) to the fealhers on toj) of the head. Mantle and wings crossed with
» Une irregular lines of black and bulï, this last hue becoming
» pale but! on the apical half of the tertiaries. Greater, médian,
» and lessercoverls, pale brownish gray, with a narrow while bar,
» succeeded by a narrow black one the tips of the last row of the
» greater coverts. Secondaries pale gray, with half of the outer
» web black edged with whitc. A brilliant, metallic, emerald green
» spéculum two innermost secondaries silvery gray without any
» black. Primaries blackish brown like the webs. The inuer webs
» alongthe shaftsare silvery gray. Back and rump brownish black,
» fiuely vei-miciilàted with bulî. on the rump a few black blotches,
)) and feathers of lower part, extending over the tail, irregularly
» crossed with black and white.
» Breast dark cheslnut with nuinerous black spots in the centre
» forming a narrow line from base of the neck, and widening out.
» in a fan shape towards the lower part of breast, where the chesl-
» nul color changes to a pnrplish shade and graduâtes inio the
» buify wiiite of the lower parts. Featiiers of llanks crossed irre-
» gulary with narrow black and wbite lines. Abdomeu ami vent
» whitish, indislinctly barred wilh fine blakish brown lines. and
» fainlly blotched witii bulI. On each side of rump a conspicuous,
M large, white patch, some of the feathers faintly barred with black.
» Tail : médian feathers velvety black, sharply graduate and
» e-xtending beyond tlie other feathers about an inch. Latéral
» fealhers grayish brown edged wilh white on outer webs and tips.
(I) N» (l'avril 1892. p. 165. flrbridism, and a Description of a lirbrid
beUveen Anas boachas ami Anas americana.
692 OtSEACX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
» Upper tail-coverts velvety black, edged or inner webs with bufl.
» Under tail-coverts velvely black. Legs aaJ feet dark yellow. »
En comparant l'Oiseau ainsi décrit avec les espèces parentes,
M. Elliot fait ensuite les rapprochements suivants :
« Il rappelle le Widgeou par la forme et la couleur de son bec,
» par les marques de couleur buffle sur le côté de la tête, par la
» « verraiculation » des parties supérieures et la couleur du dos et
» de la croupe ; aussi par le coloris des secondaires, par la teinte
)) pourprée de la poitrine (lovver breast), par les couvertures supé-
» rieures de la queue dont la barbe intérieure a des taches couleur
)) buffle, enfin la forme pointue el allongée de la queue. Au contraire,
» il ressemble au Mallard (.4. boschas) par la teinte verte de la tète
» et du cou, par la couleur châtaigne de la poitrine, par les pro-
» portions de son corps (large size) et par la tendance qu'ont les
» plumes de la queue à se relever. Mais il ne ressemble à aucune
» des deux espèces dans la coloration des couvertures de l'aile, du
» miroir, des plumes des flancs, de la partie supérieure du corps,
» non plus par les jambes ni par les pieds. »
Ce spécimen est conservé dans l'Americau Muséum of Natural
History, de New-York.
Spatula clypeata et Dafila acuta ?
(Se reporter p. 139 ou p. 147 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
Nous avions signalé seulement deux produits de ce croisement,
l'un dans la collection de M. de Selys-Longcbamps, l'autre dans la
collection de M. van Wickewoort-Crommelin. Nous n'avons point
d'autres captures à enregistrer et si, comme on le dit, l'Oiseau de
M. Cronimelin (que nous n'avons pu voir) ressemble à celui que
possède M. de Selys Longchamps, nous doutons fort de son authen-
ticité.
En efïet, M. de Selys-Longchamps ayant bien voulu nous adresser
en communication le Canard qu'il possède, il nous a été tout à fait
impossible de le référer au croisement des deux espèces ci-dessus
nommées. Mais cet Oiseau est vraiment étrange; nous n'avons pu,
après avoir montré à différents ornithologistes l'aquarelle que nous
conservons, obtenir aucun éclaircissement à son sujet.
M. J. H. Gurney nous a retourné le dessin avec cette mention :
(( The wing certainy looks like Dafila acuta, and the breast like
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE fiO.T
Anas boschas. If it was killed in Asia, one of ils parents may possi-
bily hâve been Qiierqiiedida foriiiosa Georg. which however has a
sinall lieak ». M. J. B. Nichuls, après avoir considéré allenlivenient
le même dessin, dit que l'Oiseau « looks to him like boschas and
acuta »! M. Vian le considère comme Anas boschas et . . (?) »; M. le
b"" d'Hamonville comme « A. crecca et A. acuta ». — Rappelons
qu'il y a une quarantaine d'années, le prince Carlo Bonaparte,
étant venu visiter la collection de M. de Selys-F^ongcliamps, avait
cru reconnaître une espèce e.xotique, sans se souvenir du nom de
cette espèce. A la suite de ce doute, émis par un ornithologiste si
compétent, M. de Selys-Longchamps avait redoublé tl'atteution
dans ses visites au.\ Musées étrangers et consulté les ouvrages
ayant publié des Canards en planches; nulle part il ne rencontra
un Oiseau semblable. Dernièrement encore, ayant été à Bruxelles,
il 'revit soigneusement tous les Canards du Musée; mais il n'en
trouva aucuu pour aider à mieux résoudre la (luestion. Maintes
fois nous-mème avons fait de semblables recherches, et toujours
inutilement. Nous nous sommes cependant demandé si ce curieux
produit ne devail pas sa naissance à \aSpatula clypcata croisée de
Querquediila formosa.
M. de Selys-Longchamps, auquel nous avons soumis notre
manière de penser, la trouve très juste; les ailes de son Oiseau rap-
pellent tout à fait formosa, bien mieux qu'elles ne rappellent les
ailes de Yacuta.
Mais la Qucrqucdula forinosa ne se trouve que très accidentelle-
ment en Europe, quoique l'on conserve de nombreux représentants
de cette espèce dans les Jardins d'acclimatation où elle a déjà
produit des hybrides. Puis le blanc de la gorge rappelle aussi l'.-l nas
falcata, mais non les ailes ni le reste du corps. Ce dernier type
s'éloigne, du reste, beaucoup de l'hybride.
On voit qu'il est bien difficile de préciser au juste l'origine d'un
tel Oiseau. Ajoutons encore que le dessin du poitrail rappelle éton-
namment celui de la Querquedula circki.
Nous en avons fait la description suivante : « Taille entre rlypeata
et Querquedula fnriiiosa. Les scapulaires ont de fortes ressemblances
avec ce dernier Oiseau, quoiqu'elles soient d'un ton plus clair et
tachetées (.-à et là de petits points foncés. Le verlex et les deux
bandes vertes, qui parlent de l'œil et se prolongent jusqu'au bas du
cou, rappellent aussi la Q. l'oriiiosa. Les joues, à partir de la nais-
sande des mandibules, sont blanc jaune, exactement de la couleur
de formosa, quoique un peu plus clair. Mais on n'aperçoit, ni sous
694 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
la gorge, ni sous l'œil, la raie de fonnosa (1). Le poitrail, brun roux
violacé, est ([uelque peu strié, comme circia ; le ventre est blanc ;
les flancs, bleutés et bordés de roux, sont remplis de lins zigzags.
Les couvertures inférieures de la queue sont d'un noir bruu; les
supérieures d'un noir vert. Les rectrices gris brun sont bordées de
blanc, surtout les plus extérieures. Un triple miroir se montre sur
l'aile; la bande supérieure et transversale de ce miroir est noire
bordée de blanc roux. Le foud du miroir est étroit et vert bronzé,
bordé de noir longitudinalemeiit près des flancs et largement de
lilas pâle à la partie supérieure ; cela en long. Les couvertures de
l'aile sont d'un gris de plomb; chaque plume est bordée de couleur
plus claire d'uu brun gris souris. L'iris (artificiel) est noir. Le bec
affecte la forme de la spatule, mais d'une manière très affaiblie ;
sa couleur est noire (ou d'un bleu de plomb foncé). Les pattes et
les pieds sont de couleur orange.
Il ne sera point inutile de faire savoir que la collection d'Ems,
d'où cette pièce étrange provient, ne contenait que des Oiseaux
d'Allemagne; tout au plus y comptait-ou trois ou quatre Oiseaux
étrangers à cette contrée. Elle faisait l'ornement du Curhaus, l'éta-
blissement des bains. C'est sur la prière de M. de Selys-Longchamps
qu'on avait consenti à lui céder, avec quelques autres pièces, le
curieux échantillon que nous venons de décrire. M. de Selys-Long-
champs n'a pu savoir d'une manière positive s'il avait été obtenu à
l'état sauvage, quoiqu'on lui ait laissé penser qu'il avait été tué en
Allemagne.
L'exemplaire c? de M. van Wickevoort Crommelin, pris dans la
Hollande méridionale, le 10 Juillet 1877, puis retenu dans le Jar-
din zoologique de Rotterdam , a été décrit par M. le D"' Paul
Leverkûhn (2).
Voici la description que celui-ci en a faite : « Bec dans le genre
de celui de VA . clypeata, mais moins fort (clypeat-i mesure 2.7 larg.,
l'hybride 2.1). Tète comme celle de l'A. dypeata, avec des reflets
verts; le dessus de la tête d'un brun plus clair que chez cette dernière
espèce. Le dessous du bec, de la gorge et des côtés du cou brun ; région
des oreilles et nuque foncées. Poitrine marron vermiculé de noir. Le
miroir qui, chez acuta, est vert changeant au roux vineux, se trouve
ici d'un vert très décidé: même, quand sous une certaine lumière
il paraît rouge, on y remarque toujours un reflet vert très apparent.
(1) Au moins adulte (nous ignorons si le jeune _/brmosa en est privé).
(2) Voy. Journal fur Ornithologie, 1890, N» 68, p. 212. « Uber/arblenvariëtaten
bei V'ùgel. » "
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS D'aPRÈS NATURE f)95
La lijj;ne qui monte vers la tôle(l) est blanche, ni(M(^c de jaune pAle,
surtout en s'apiirocliant de la tôte. I-c bleu cendré de l'aile (propre
à Va. clypcatii] ne se montre qu'au bord des plumes. F^es parties
supérieures, le dos, la queue et le croupion, sont comme chez
l'hybride de M. de Selys-Longchanips, c'est-à-dire comme chez la
femelle ou le jeune de l'A. clypeaîa. Les pieds sont jaunâtres à
membranes noires » (2).
.M. le D"" l'aul Leverkiihn a omis de faire connaître la couleur des
joues. Ce caractère est essentiel ; il est une des causes de notre
embarras dans la délerniinalion de l'exemplaire ap[)artenanl à
M. de SelysLougcham[)s. Le docteur dit le dessous du bec, de la
gorge et des côtés du cou bruns ; l'hybride de M. de Selys-Long-
champs est bien dilTérent sous ce rapport, i)uisque chez lui ces
mêmes parties sont blanches. Il nous paraît donc difTicile d'établir
un parallèle entre les deux Oiseaux.
Dafila acuta et Anas streperea
(Se reporter p. 140 ou p. 148 des Méni. de la Soc. Zool., 1891).
Nous n'avons pu retrouver la pièce qui était, d'après M. Croin-
melin, conservée, eu 1867, dans la collection oruithologique du
pasteur Brown, à Rotterdam. Depuis la mort du pasteur, sa collec-
tion a été vendue aux enchères, par lots séparés, entre amateurs et
curieux. Le vendeur est mort lui-même depuis longtemps ; les
Oiseaux sont dispersés, démolis; il ne reste plus de cette collection
(ju'un vague souvenir chez des vieillards (3). Le pasteur Brown,
de l'Eglise écossaise, qui vit aujourd'hui à Rotterdam, possède
seulement une collection de conchyliologie.
On nous permettra d'émettre quelques doutes sur l'origine que l'on
a attribuée à l'Oiseau que nous avons fait chercher eu vain. C'est le
seul de ce genre dont nous ayons entendu parler et le croifement
à l'état libre des deux espèces nous surprend. Cependant .M. Nichols,
d'Holmood (Dorking), nous a écrit, à une date récente, qu'il avait
entendu parler lui même d'un hybride de Gadwall et de Pintail,
A. strcpenax A. acuta, tué à l'état sauvage. Mais il ajoute qu'il
(1) Qui est blanche riiez le clypeaîa et d'un hnin jaunâtre chez Yacula.
(2) La traduction en langue française de la description écrite en allemand par
M. Paul Leverkùhn nous a été adressée par le regretté M. van Wickewoort
Croinmelin.
(3) Nous devons ces renseignements à M. A. A. van Beramelen.
696 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
iguore si cet hybride supposé, et qu'il n'a pas vu d'ailleurs, est
bien identifié.
Cairina moschata et Anas clypeata
(Se reporter p. 141 ou p. 149 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
M. Oustalet nous a laissé examiner dans son laboratoire du
Muséum le soi-disant hybride woscbata et clypeata abattu dans le
parc de Grigon par sou feu ami, M. Dybowski. Certes, si cet Oiseau
est un hybride, c'est bien un échappé de captivité ; sa provenance
d'un Canard domestique n'est pas douteuse. Mais sa parenté avec
le clypeata nous paraît fort suspecte; nous avouons ne point l'avoir
reconnue.
Anas streperea et Anas clypeata
(Se reporter p. 141 et p. 149 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
M. Wiepken avait bien voulu accompagner la description de
son hybride d'une aquarelle que nous avons fait copier. Conservant
des doutes sur la double origine de cet Oiseau, qui avait été du
reste jugé par M. J. G. Gurney comme un simple « Drake skoweller
in au unusual state of change about the neck », nous avons demandé
à M. Wiepken de bien vouloir nous adresser l'original en commu-
nication.
Cette faveur nous a été refusée par cette raison <( que les pièces
d'histoire naturelle du Musée du Grand-Duc sont montées excep-
tionnellement, avec un art exquis, et conservées avec tant de pré-
cautions qu'on craint de les exposer à quelque avarie pendant uu
voyage ». Mais, afin de nous convaincre de l'hybridité du Canard
qu'il nous avait signalé, M. Wiepken a fait dessiner le bec en regard
d'un bec de clypeata pure race, et cela dans différentes positions;
d'où il ressort certainement que le bec de l'hybride supposé diflère
très notablement du vrai clypeata. Cependant nous ne sommes point
encore convaincu.
Nous reconnaissons toutefois que ce n'est point sur une simple
aquarelle, faite assez sommairement (point exacte en tous poinis,
paraît-il), que l'on peut formuler une opinion. M. Wiepken est
convaincu de l'hybridité de sa pièce, cela nous suffit, et nous le
remercions vivement d'avoir pris tant de soin pour nous faire
valoir ses arguments, comme aussi de toute la peine qu'il s'est
donnée en faisant dessiner à part, avec une rare perfection, le bec
de son Oiseau.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATIKK ()!)7
Anas boschas et Anas clypeata
(Se reporter p. 142 et p. ISll des Mi'in. de la Soc. Zool., 1891).
D'après le Zoologisl (1), uous avions meiitionué uu hybride eutre
le Mallard (.1. boschas) et le Shoveller (.-1. clypeata), pièce tuée,
disions-nous, pendant l'année I.S7.">, dans le Hauts. M. G. B. Corhin,
de Riwgood, citait cet liybride sous l'auloritc de M. .Mills.
Ce dernier nous informe que le spécinnii fut lue par lui-niùmc.
Toutefois, si nous en croyons M. Ilart, ce serait au mois de janvier
186:i (jue la pièce fut abattue; celle pièce est, du reste, celle qu'il
conserve dans son Musée. Le deuxième hybride, que nous avions
annoncé (2). est à confondre avec la pièce de .M. Harl.
M. Prévôt a fait une aquarelle (grandeur naturelle) du sujet dont
nous nous occupons; ce sujet est intéressant, car la double origine
qu'on lui suppose paraît assez bien établie Nous nous demandons,
toutefois, si cet Oiseau n'est i)as un échappé de (|uel(|U(^ basse-
cour; ses dimensions sont telles sur l'aquarelle qu'elles dépassent
les dimensions ordinaires de l'.-l. clypeata et même celle de l'.l.
boscttas.
En faveur de son parentage avec l'.l . clypeata, on peut faire valoir:
la mandibule supérieure du bec qui est très longue et très large;
(elle déborde visiblement sur la mandibule inférieure) ; l'absence du
collier blanc (M), le ventre qui si; colore de roussàtie, sauf vers
l'anus; le miroir qui est d'un beau veil, bordé au-dessus de blanc (4);
l'absence de plumes relevées sur la queue.
Il paraît que l'Oiseau en chair était moins long qu'il ne l'est
acluellemeul; il mesurait 25 centimètres; le montage lui en donne
26. M. Hart ajoute que la peinture que nous possédons donne trop
de longueur entre la pointe du bec et lesépaules. La tète elle-même
et le cou seraient dans l'original du « bluish-green » de \'A. clypeata
et les couvertures supérieures et inférieures de la queue lustrées
avec du vert.
Un grand nombre de naturalistes qui ont vu ce spécimen le
considèrent tous comme un hybride entre le hosehax et la eb/peata;
pour M. Hart. sa provenance est bien indiquée.
(1) XIV, .No i;i7. p. a. Janvier 1890.
(2) P. 143 ou p. 151 des Méiii. (.y ligne).
i'i) Au inoins le collier n'est-il que faiblcinent indique.
(4) La barre noire est au-dessus du blanc et non en dessous, comme chez le
boschas.
698 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Le croisement du hoschaset de la Spatuta à l'état libre nous laisse
néanmoins quelques doutes. Les échantillons que nous avons cités
portent des marques évidentes de leur captivité. En outre, M. von
Madaraz ayant eu la bonté de nous faire l'envoi (1) du soi-disant
hybride tué à Frit en janvier 1885 (2), nous n'avons vu dans ce
spécimen qu'une variété d'.l. boschas. Quoique tué au mois de jan-
vier, il n'est point en couleur ; sa robe est d'un brun sale mélangé
de jaune gris ; ce mélange forme, sur la poitrine, sur le cou et
la tête notamment, de longues taches brunes d'aspect singulier.
Une grande partie du cou (partie inférieure) est entièrement blan-
che, ainsi que les plus grandes pennes des ailes. Les jambes sont
très fortes, plus épaisses que celles d'un boschas domestique, de
couleur jaune brun ; (toutefois les pieds sont relativement petits).
Ce qui peut faire songer à un croisement avec la chjpniia, c'est
la couleur vert sombre du miroir et la largeur du bec. Mais il faut
remarquer : 1° que le miroir montre une tendance à un bord blanc,
quoique peu visible, comme chez hosclias (ceci n'arrive pas chez
chjpeata); 2° que le bec, quoique large, n'accuse point la forme de
la spatule ; puis, surtout, qu'il est beaucoup plus court que chez
dypeala et même que chez boschas, ce qui n'est point admissible
si l'Oiseau provient d'un croisement entre les deux espèces. — Dans
le cas, peu probable, d'un hybridisme, nous préférerions lui donner
comme second parent Vohscura et non la clyprata, non point seule-
ment à cause de la couleur foncée, mais aussi à cause du dessin
des marques brunes de la tête et du cou, lesquelles marques sont
elïilées et longues.
Mais il paraît bien préférable de supjjoser une anomalie mêlée
d'albinisme : anomalie par le peu de longueur du bec, l'absence de
livrée des noces et la coloration du miroir; albinisme par le blanc
du cou et des rémiges, car celles-ci sont blanches aussi, ce qui
indique encore des marques de domeslicité. M. Ed. Hart, auquel
nous avons adressé la peinture à l'huile que nous avons faite de cet
échantillon y voil comme nous une variété et non un hybride.
Ajoutons que le montage de cette pièce, qui est en mauvais état,
est très défectueux.
Nous regrettons que M. le comte Otto Seringi n'ait pu nous pro-
curer la pièce qu'il tua pendant le mois de septembre 1884 sur le lac
de Pomagy. Après avoir tiré le Canard en question, il l'avait remis
à son cousin, M. le baron d'' Fischer qui, allant justement à Vienne,
(1) Sur la tliMiiantle do M. le cbevaliei' von Tschusi.
(2) Conservé aujourd'hui au Musée national hongrois.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS DAI'UÈS NATURE 699
l'avait porté chez le conservateur Nodch daus l'intculion de l'offrir
à rarciiiduc Rodolphe, le prince liéiéditaire de la luaisou d'Autri-
che (1). Le b"" Fischer est décédé le 2 juillet 1892, au lac Victoria
Nyauza eu Afrique, où il faisait partie d'uue expédition ; en sorte
que M. Otto Serin;,^! n'a pu s'adresser à celui-ci pour obteuir des
indicatious. M. Nodcb, chez lequel l'Oiseau a été empaillé, ne sait
s'il serait possible de le retrouver dans la collection du feu prince
héréditaire, collection faisant maintenant partie des collections de
Sa Majesté l'empereur d'Autriche.
Aucune nouvelle pièce n'est à enregistrer.
Gairina moschata X Anas boschas
(Se reporter p. 14t; ou p. 154 des Mémoires de la Soe. Zool., année 1891).
L'examen des nombreux exemplaires de ce croisement qui nous
ont été gracieusement envoyés de différentes parties de l'Europe,
comme l'étude des gravures coloriées qui rappellent les autres
échantillons connus, nous ont prouvé que l'on avait affaire à des
Oiseaux échappés de captivité, mais tués réellement à l'état sau-
vage en des contrées très diverses, puisque les uns ont été obtenus
sur les lacs de la Suisse et la Lombardie, les autres sur des fleuves
de Silésie, de Russie et de France, un autre enfin sur un étang de
Belgique.
Un seul spécimen a vraiment l'allure, la forme et les caractères
d'une espèce sauvage : c'est l'exemplaire qui est conservé au Musée
de l'Ecole cantonale d'Aarau (Suisse). Par son plumage il ressemble
à uu de ceux qui sont conservés dans le Musée de Breslau dont les
formes sont beaucoup plus lourdes.
Les envois que nous avons reçus se décomposent ainsi :
Musée Zoologique de Lausanne (Suisse), trois exemplaires. (Ce
sont les individus tués sur le lac Léman, pièces déjà anciennes,
datant du commencement de ce siècle) (2).
Musée Zoologique de Breslau, deux pièces : l'une tuée sur l'Oder,
(1) Mort depuis, on le sait.
(2) L'un à Hermance, en avril ISlIi, un autre sur un autre point du Lac eu 1824.
Ces deux Oiseaux volaient en compagnie de Canards sauvages ordinaires. M. le
Dr Lar(|uier des Bancels, qui nous a fait ces envois, ne possède point de données
exactes sur l'époque et le lieu de la capture du troisième individu ; mais il est plus
que probaljle, nous écrit-il, qu'il provient du lac Léman. Le docteur ignore mal-
heureusement auquel des trois sujets s'appliquent les renseigoemeats qu'il nous
transmet.
700 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
en novembre 1836 (et non pas en 1863, comme nous l'avions indi-
qué par erreur); la seconde, tirée en 1878 par M. von Salisch à
Kratzkaw, petite localité de la Silésie.
Collection de M. de Selys-Longchamps, une femelle tuée sur
l'étang de Longchamps-sur-Geer.
Musée de l'Ecole cantonale d'Aarau, l'exemplaire c? du colonel
Frey, cité par Schnitz.
Les descriptions que nous avons faites de ces divers Oiseaux sont
les suivantes :
Musée de Lausanne. Un premier échantillon, étiqueté : Canard
pourpré, .4nas purpureus Schnïtz. — De petite taille, c'est-à-dire iuler-
médiaire entre les deux espèces supposées mères. La partie du cou
descendant vers la poitrine et la poitrine d'un beau brun roux de
brique s'éclaircissant vers le ventre. Les pattes et les pieds de fortes
dimensions et de couleur orange. Le miroir vert brillant et très large,
bordé en dessous de noir, lequel noir est liséré de blanc. Grandes
rémiges brunes. Les plumes des flancs sont d'un brun gris roux
cendré et bordées finement de blanc. Tout le ventre blanc est mar-
queté de traits gris brun formant le fer à cheval. Les taches du
poitrail (au moins de la partie basse du poitrail) sont un peu comme
les taches de l'hermine. Le dessus des ailes est foncé à reflets verts;
le dos inférieur brun. Le dessus de la queue, et sans doute quelques
rectrices médianes, foncés avec reflets verts, comme le dessus des
ailes ; à l'anus quelques plumes roux rouge s'étendant et se mélan-
geant sous le dessous de la queue. Bec jaune, légèrement bordé de
noir à sou commencement. Iris (artificiel) jaune. Tète, joues et haut
du cou violacé foncé ; pas de collier blanc. — Cet Oiseau est un bel
intermédiaire entre les deux espèces, mais il est plutôt du côté de
boschas que du côté de inoschata. Il a été peint sur toile et de gran-
deur naturelle.
Un deuxième échantillon portant la même mention que le précé-
dent. — De forte taille, et d'un aspect assez lourd. Tète, joues, et le
cou en grande partie d'un brun violacé. Pieds assez forts et de cou-
leur jaune. Flancs d'un brun gris foncé avec des zigzags grisâtres.
Traces du collier blanc, interrompues de place en place sur le
devant, très larges derrière le cou ; en sorte que ce collier, s'il
était complet, ne pourrait former le collier régulier du boschas.
Poitrail roux brique foncé non martelé, tacheté seulement dans la
partie basse vers le ventre. Dessous de la queue brun gris, fluement
tacheté au début. Miroir vert brillant. Dessus du dos, de la queue
et des ailes : brun à reflets vert brillant. Bec jaune corne, foncé
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 701
sur la mandibule. Iris (artificiel) jaune. Couvertures des ailes
brun clair.
L'Oiseau parait être un |)roduit domestique. Il a été peint à
l'huile comme le précédent.
Un troisihni- érhanlilloii est marqué d'albinisme en plusieurs
endroits : au-dessus et en dessous du collier blanc, sur les nan(;s
et sur les grandes rémiges extérieures ; en plus, une tache blanche
se voit à l'épaule. Ces mar(iues sont des indices certains de captivité.
Le bec est jaune, couvert A son milieu d'une large tache brun foncé
de (orme irrégulière. Iris (artificiel) jaune; pattes jaune orangé
avec un peu de chrome clair; pieds forts. Tout le devant du ventre
avec taches brun gris imi liinulles ou demi-cercles allongés (pii se
confondent peu à peu avec le fond de la couleur qui est blanch(\
Le poitrail, rou.x brique, se mêle avec les nuances desquelles il se
rap()roche. Dessus du dos, des ailes et de la croupe brun avec reflets
verts; miroir vert ; petites rémiges brunes ; dessus de la queue
brun avec reflets verts ; dessous de la queue gris cendré, tout blanc
vers l'anus. Tête et cou violacé pourpré ; couvertures des ailes
brunes. — Cet individu est fort ; néanmoins il peut comme le précé-
(Itiii passer pour intermédiaire par ses dimensions entre les deu.x
espèces. Nous avons peint cette pièce.
Musée de Breslau. exemplaire de IS(i3. — Tient plus de la moschala
que de VA. bouchas, tant par la coloration générale que par la taille
(lui n'atteint pas toutefois celle de la Vnirina. La nuance de la tôle
et du cou produit IVlIct ([ue produit cidle du Rackelhane, c'est-à-
dire du vert noir violacé bronzé. Le bec est e.xcessivement petit
pour la longueur très considérable du corps; pas de huppe, ni de
])la(pies verruqueuscs sur les joues et autour de l'œil. Dessus du
dos et scapulaires noir verdàtre (vert de Paon), très métallique,
comme chez Cairiua; miroir foncé. Couvertures des ailes brun avec
reflets noirâtres, quelque peu bleuâtres; par là, l'Oiseau s'éloigne
du /;o.s-c/irj.s et de la Cairina. Flancs avec zigzags blancs sur fond
noir grisâtre, avauyanl et montant vers le poitrail. Cette partie et
la gorge, brun de brique martelé, s'éclaircissent dans le milieu.
Ventre et haut du ventre gris blanc mélangé avec du brun gris et se
confondant avec les petites taches du poitrail, ce qui rappelle beau-
coup le6o.se/ias en mue (été). Collier blanc ; bec foncé ; iris (artificiel)
châtain. Sur le bord et vers le milieu de l'aile, un peu de gris
blancliàtre se fondant dans le brun. Dessus de la télé comme le
vert noir métallique du Paon, surtout lorsque l'on place l'Oiseau
dans un certain jour. Pattes fortes de couleur jaune verdàtre.
702 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Ce spécimen est uu excellent iutermédiaire entre les deux espèces.
Nous n'oserions dire qu'il a une origine domestique, car il ne porte
aucune trace d'albinisme ou des couleurs faisant songer à un Oiseau
dégénéré ; toutefois, sa forme, (si elle est bien conservée), est un
peu lourde.
Même Musée. Exemplaire obtenu en JS7S. — Diffère tout à fait du
précédent ; il est beaucoup plus hosc.has que moschuta. Les grandes
rémiges blanches indiquent qu'on a sans doute affaire à uu Oiseau
échappé de captivité. Sa taille est intermédiaire entre les deux
espèces. Point de plaque nue et verruqueuse sur les joues ni autour
de l'œil ; point de huppe. Tête à reflets noirs violacés, quoique d'une
tonalité générale vert foncé. Bec couleur chair, bordé de noir tout
autour. Collier blanc très visible et très accentué. Jabot (poitrail)
martelé, du brun roux du hoschas; mais cette couleur descend plus
ici qu'elle ne descend chez cette espèce, tout au moins elle peut
servir de recouvrement à l'aile. Sous le ventre : quantité de petites
marques noires, grisâtres, et poinlillées. Flancs d'un noir gris,
pointillés daus le haut; zigzags plus bas. Grandes peunes exté-
rieures blanches ; celles qui sont rapprochées du corps sont brunes.
Miroir large et vert foncé, bordé d'un liséré blanc ; couvertures
de l'aile noir bruu et bordées d'un liseré blanc ; cette couleur
n'existe pas aux rectrices externes de la queue, laquelle peut passer
pour intermédiaire. Pattes orange rouge; queue uoir verdàtre : dos
brun et vert brillant; mais sur le devant, plus de brun que chez
l'exemplaire tué sur l'Oder. Iris (artiliciel) olive. Ongles jaune
clair. — Cette bête élégante, moins forte que la précédente, est
sans doute un hybride du Canard ordinaire et du Canard musqué ;
elle peut à la rigueur même passer pour intermédiaire entre les
deux types, tant par la disposition de son plumage, que par sa
couleur et sa taille ; mais elles est à peu près semblable à un
hybride obtenu chez nous eu captivité. Cette dernière pièce montée
se trouve aujourd'hui au Musée d'Histoire naturelle de Rouen,
dans la section agricole (1). Cependant, reconnaissons le, notre
Canard avait les pattes, les doigts et les palmes rosées avec du
gris noir çà et là, tandis que l'individu du Musée de Breslau a les
mêmes parties jaune foncé. Les deux becs, de couleur claire rosée,
sont presque identiques.
Muaée d'Aaraii. — L'étiquette est ainsi libellée : « Anus purpureo-
viridis, boschas L. X moschata, L. en 92 ». C'est très probablement le
(1) La section agricole est récente ; elle a été organisée avec beaucoup de science
par le directeur du Musée, M. le D' Pennelier.
ADniTIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'a['RÈS NATURE 703
spécimen du colouel Kray (1), quoiiju'ou n'ait pu nous l'assurur,
l'étiquette d'origine ayant disparu. C'est un très étrauj^e spécimen,
produisant un clTet sinj;ulii'i- ; il semble être de la catégorie de ces
Oiseaux imaginairi's que les peintres ou les poètes, amis du mer-
veilleux, se permettent parfois d'inventer. Il est très élancé dans sa
forme ; le cou est très long ; le corps, |)eu épais, se prolonge en
alTectaiit la forme tl'un canot.
Par ses proportions, ce Canard rappelle celles de la Cairina ;
néanmoins il n'atteint pas la taille de cet Oiseau. La partie du
devant est d'un ton rou.v brique vineux, se blanchissant vers le
milieu ; ce ton brique roux est martelé régulièremeut de taches
foncées en forme de croissants. Toute la tête, d'un ton violet foncé,
est couveite d'une crête bien prononcée (laquelle créle se prolonge
sur le cou). L'iris (artificiel) est jaune ; le bec jaune orange. La
mandibule supérieure est, à sa naissance, bordée de noir ; l'onglet
est noir. Le dessus du dos reflète, en chatoyant, les tous verts
(jnelque peu vicdacés du miroir; mais sa teinte générale, comme
celle des couvertures des ailes, est le brun terne. Les rémiges sont
brunes avec des reflets violacés, au moins à leur partie terminale,
notamment les rémiges les plus rapprochées du dos. Les couver-
tures de la queue, ainsi que les rectrices médianes, sont de même
teinte, (luoique plus foncées et avec des reflets verdàtres. Rectrices
extérieures brunes et bordées de teinte plus claire. Klancs et côtés
avec zigzags d'un beau brun gris, tachetés tiuementde petits points
plus clairs. Ventre gris violacé brunâtre, très clair et martelé,
piqueté de gris. Pattes jaune orangi; cuir. Pas de trace de peau
verruqueuse à la région de l'œil. .\ la place du collier (du côté
gauche?) (2) se voient deux petites plumes blanches.
Cet Oiseau, peiut à l'huile par M. Charpentier, a bien l'aspect
d'une pièce sauvage; sans doute, le montage a rendu ses formes
trop élancées. .Malgré l'absence de peau verruqueuse à la tète, ce
spécimen se moutic comnin un intermédiaire entre les dcnix es|)èces.
Colh'ctùm (If M. le linnin F.il. dr Sebja-I.oiiiicluuiiiis Exem|)lairc 9
tué par M. de Selys-Longchamps sur les étangs de Longchamps.
— L'Oiseau n'est guère plus gros qu'un Canard ordinaire de
basse-cour; le bec est profomlémenl orangé, ainsi que les pattes.
11 existe une tonalité générale et certains reflets pourprés et verts
sur les parties supérieures; i-es reflets paraissent bieu indiquer
(1| Autant que nous pouvons nous le rappeler.
(2) Déjà cité p. 147 ot p. I.So ries Mém.
704 OISEAUX HYBRIDES RENCOiNTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
l'origine j«osr/iafa; l'Oiseau présente en oulre un miroir gris vert
foncé (1).
En dehors de ces pièces montées, qui nous ont été gracieusement
adressées, nous avons examiné au
Musée de M. Noury, à Elbeuf, un hybride que ce naturaliste a tué
lui-même surla Seine, il y a quinze ans environ, en face de Preneuse,
(autant qu'il peut se rappeler). L'Oiseau, nous dit le sympathique
directeur (i), volait à la manière des Canards sauvages et se trouvait
avec des boschas. Bec jaune orange, pattes du même ton ; poitrail
roux brique; tète violacée; taille intermédiaire entre les deux
espèces, plutôt du côté de la moschata.
Il est remarquable qu'aucun de ces sept exemplaires mâles n'ait
de peau nue et verruqueuse sur les joues, à la manière de la
('(iirina; notre hybride c?, né en domesticité, n'en montre pas
davantage et nous n'en apercevons aucune trace sur l'Oiseau du
D'' G. Radde, représenté dans son (( Omis caucasica. » Empressons-
nous de constate]- que ce dernier Oiseau, dont nous ne parlerons
pas, indi(]ue encore, par ses rectrices blanches et le grand espace
blanc autour du cou, un Canard né en domesticité.
Nous avions demandé à M. van Beneden le sujet qu'il fit exami-
nera Louvain par M. de Selys Longchamps; M. van Beneden espé-
rait le trouver dans l'Uuiversité de cette ville. Ses espérances ont
été trompées; après avoir parcouru, nous écrit-il, les collections,
l'hybride ne s'y est point rencontré (3).
Cairina MOSCHATA et Anas boschas (ou Anas obscuraV)
Le « Forest and Stream )) de New-York (4) paraît avoir mentionné
des captures du genre de celles dont on vient de parler. Cependant
nous ne sommes point assuré qu'il soit réellement question ici d'hy-
brides de la nioschtifa avec le liosrhus: il s'agit peut-être de produits
(1) Nous ne pouvons le décrire plus longuement, car nous n'avons point de
femelle moschata pure espèce pour l'e.xaniiner.
(2) Nous apprenons, au moment où ce livre s'imprime, la mort de ce naturaliste
éminent, notre ami.
(3) D'après une communication que veut bien nous faire très obligeamment M. le
chevalier Victor von Tschuzi zu Schmidolîen, il e.xisterait au Musée de Laibach
un hybride d'Anas moschata et d'/lnas bosclias ('?). Le chevalier ne nous dit
point si cet Oiseau (sur l'origine duquel on ne parait point absolument (i.\é, comme
en témoigne le point d'interrogation placé après le nom de la deuxième espèce), a
été sûrement recueilli à l'état sauvage.
(4) Vol. 1, pp. 342, 374; vol. III, pp. 338 et 339.
ADDITIONS, CORRECTIONS Kl EXAMKNS D'aPRÈS NATURE 70ij
de la md.fchatit avec Voliscura qui furent nithne tout d'abord, on va
le voir, détemilués comme hybrides de Canards et d'Oies.
Pendant les années 1870, 1871 et 1872 plusieurs Canards « étran-
jiçes » furent aperçus sur les bords de l'Atlantique à la suite d'une
longue teini)ôte nord-est qui fui désastreuse |)ourees côtes. Deux
d'entre eux furent tués près du Black-bird sur le Delaware, un
autre près de Syracuse (New-York); on parlait à la même époque
d'un quatrième qui se trouvait dans celte ville.
M. J. H. Balty, ayant comparé leurs descriptions avec celles
d'autres hybrides, les supposa provenir de \'A. lioxchaK c? et de la
femelle de la White frouted ou de la Siiow Geese. » f^e plumage de ces
Canards est lourd et compact, disait-il, ressemblant à celui de ces
Oies. L'un d'eux a des marques blanches à la base du bec, marques
qui sont particulières à VAiiscr gambeli ; l'autre a les primaires
blanches, ce qui est une marque de ÏAiiser liijpcrbureus (I). Mais
M. Perdix contredit bientôt l'opinion de M. Batty (2) et cita, en
faveur de sa manière de voir, cinq spécimens hybrides du môme
genre conservés dans la collection de l'.Académie des Sciences
naturelles lie Philadelphie (Cat. N 398], dont deux ressemblent beau-
coup à ceux tués au Black-bird et les trois autres, plus petits, ont
les primaires blanches ainsi que beaucoup d'autres plumes de ce
ton. Ces Cauards, remarquait-on, sont bien connus des chasseurs
des Nevv-iMadrid Swamps (Mo.) et du Réel Foot Lake(Tenn.), qui
les appellent (i Black Mallards ; )) mais on n'aurait jamais tué de
femelles (3).
Qu'il soit ici question des produits de la C. moschata avec
Va. hoxchas, ou plutôt de la C. wosrluild avec r.4. olisnini (ce que
nous croyons plus probable, car, d'après une communication de
M. Witner Stones, conservateur de l'Oruithological section du
Musée de Philadelphie, on conserve dans ce .Musée des hybrides
de ce dernier croisement, sans doute ceux auxquels M. Balty a
fait allusion), on ne peut voir dans ces produits (jue des échappés
de captivité. La preuve en est dans leur description. Ou s'est, eu
effet, vite aperçu que M. Batly décrit l'un d'eux avec les primaires
d'un blanc pur, un autre avec ces mêmes plumes de couleur ardoise
foncé, que deux individus du .Musée de Philadelphie ressemblent
beaucoup à ces derniers, tandis que trois plus petits ont non-
seulement les primaires blanches, mais encore beaucoup de blanc
sur tout le plumage.
(1) Forest and Siream, vol. I, p. 342, 1873?
(2) Mi-me journal, p. 374.
(3) Le Musée de Wasbingtoa recevrait aussi de ces produits.
706 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Et du reste rafTirmation de l'origine domestique des hybrides de
la moKcluita avec le boschas se trouve en quelque sorte dans un passage
des livres d'Audubon. Le célèbre ornithologiste tait savoir (1) que
les habitants du Mississipi attrapent des Mallards encore jeunes, les
apprivoisent, les croisent avec le Canard musqué, puis que leurs
hybrides, d'une forte taille, s'échappent quelquefois et deviennent
tout-à-fait sauvages, ce qui les a fait considérer comme espèces dis-
tinctes par plusieurs personnes (2). Un correspondant du « Forest
and Stream » (;i) dit aussi qu'on l'a informé que de tels hybrides
sont bien connus dans les cours des fermes, et que- /es nouvellrs cou-
vées sont très aptes à prendre leur ml et à partir avec le parent sau-
vage (4).
Nous ne croyons point ces Oiseaux fertiles, comme on l'a dit une
seule fois (5) ; nos spécimens, nés et conservés eu domesticité, nous
ont démontré le contraire, ainsi que maints autres exemplaires
recueillis un peu partout.
ANAS PENELOPE et ÀNAS STREPERA
M. Thom S. Esty, de Nicasio (Californie), a fait connaître un
fait fort intéressant. Pendant douze années de chasses fréquentes
danscette vaste contrée où il n'obtint aucun hybride, il aperçut une
fois une femelle VVidgeon accompagnée de sept jeunes qui parais-
saient être croisés de » Gadwall » (.-1. strepera). Détail piquant,
cette femelle avait été estropiée à l'aile et n'avait pu se rendre vers
le Nord avec les Canards de son espèce.
Voilà un fait qui coullrme l'opinion émise au commencement de
notre travail : à savoir que des hybrides chez les Anatidœ doivent
(1) Ornithological biography, Edimbourg, 1835,5 vol. griind in-8", p. 104, ou
Birds ofNorth American. Ottava. Ce dernier ouvrage est cilé in « Korest and
Stream, ii (I, p., 374) -, nous ne l'avons point consulté.
(2) M. John G. Bell les a appelés u Fiilignla violacea « et M. Gi-oos a nommé
celui qui tut pris dans la Jamaïque u Anas maxiina. n Audubon dit à ce sujet que
la moschala et le blacli Duclc « produce ollspring ol enormous size, which liave
beeacaledAnasniaxima.ii (Voy.inAuk, 1S',)2, April, Elliol : On hybridisni, p. II5)_
Unhybride similaire est décrit dans u Auital urnitliological Club, ISW. Oiseaux
d'eau, p. 883. Ces croisements sont ainsi rappelés par M. D. G. Elliot dans tbe Auk
(N" d'avril 1894, p. 165. Voy. : Hybridism and a Description of u hjrbrid between
Anaa boschas and Anas america).
(3) F.,a communication est datée de Washington, janvier, 28, 1874.
(4) Qui parait être tantôt le boschas, tantôt la cairina.
(5) Forest and Stream, vol. V.
ADDITIONS, CORRIXTIONS l'.T EXAMENS d'aPRÉS NATURK 707
leur naissance à des individus qui ne jouissent pas complètement
de leur liberté (1).
MaRECA PENELOPE X QUERQUEDULA CIRCIA
Si des revues ornithologiques u'avaient point mculiouiié l'hybride
de ces deux espèces, nous l'aurions passé sous silence, car, depuis
les citations ([ui ont été faites à sou sujet, on a reconnu qu'il n'était
autre qu'une siiniile femelle pencloiie.
L'Oiseau 9 avait été tiré dans un fossé des salines de M. Paolo
Damiani, le 29 octobre 1892, à PortoFerrari (2). T^'auteurde l'article
de la « Revista italiana », dans hu|uelle l'Oiseau est cité pour la
première fois (3), n'ayant pu l'identifiera une espèce connue, l'avait
adressé au (( Muspo dei tertehatri de Florence, où on l'avait inscrit
comme Mareca pcnelope x y "''"'/ '"'''"'" l'ii'cia ».
M. le commandeur Gisliogli a eu l'obligeance de nous adresser
cette pièce en communication. La dénomination qu'elle porte ne
nous a point paru justifiée. Sa très petite taille fait, il est vrai,
songer immédiatement à un croisement de circia avec peuclope;
mais si ou étudie avec attention le dessin et la coloration du plu-
mage, on n'aperçoit nulle part un rappel du dessin du plumage de
la Sarcelle d'été. La forme et la couleur foncée du bec, la coloration
des pieds, le miroir sont aussi du pfiirlope.
La finesse du contour du corjis, la petite taille de l'Oiseau sont
les seuls caractères que l'on peut alléguer en faveur d'une double
origine. Il serait vraiment extraordinaire, (si ou avait allaire à un
véritable métis), qu'aucune trace de mélange d'une des deux
espèces, la vircia, ne s'aperçut sur son plumage. Du reste. M. Giglioli,
ayant examiné tout dernièrement cette pièce, veut bien iu)us faire
savoir qu'il ne la considère plus que comme une jeune femelle de
la Miireca penelopc.
(1) Anas penelopc X Anas formosa. M. vaa Kempen a eu l'obligeance de nous
adresser en coninuinicatioii un liel écliantillon paraissant provenir du croisement
de ces deu.x espèces. Mallieureusenient le savant collectionneur n'a pu nous dire
si l'Oiseau avait été obtenu à l'étal sauva^çe. Celte pièce provient plus vraisembla-
blement d'un croisement obtenu en captivité. Nous n'avons point à la décrire ici,
puisque son oriuiue esl inconnue. Ce Canard a du reste été cité par M. van K'Mupen
(Mém. Soc. Zool. de Krance, I8'J0) t Uiseaax liybrides de ma collection. 11 Nous
en conservons une bonne peinture sur toile.
(i) lie d'Elbe.
(3) u Hevista italiana di sciemi natarali, n Sienna, 15 marzo 18'J4, N° 3, p. 37.
708 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
QUERQUEDULA CIRCIA X QuERQUEDULA CRECCA
M. Walter Rothschild conserve dans sou Musée de Tring une
Sarcelle tuée à l'état sauvage, en Hollande, vers 1881. Cet Oiseau
fut envoyé directement par le chasseur à M. Philippe Castang, du
Leadenhall Market. Elle ne paraît avoir été mentionnée dans aucun
livre et serait, d'après M. Ernest Hartert, un croisement de la
Querqncdula circin et de la Qui'rqucdula crcccn.
Nous n'avons point vu cet Oiseau, mais nous l'avons fait peindre
de grandeur naturelle. Si c'est réellement un hybride des deux
espèces, comme le croit M. Hartert, il faut reconnaître que la cinia
est à peine rappelée. M. .1. H. Gurney ne voit même aucun signe
qui puisse la faire soupçonner ; cependant, MM. Vian et le Baron
d'Hamonville semblent être de l'avis de M. Hartert.
La seule marque à mes yeux qui distingue cet Oiseau de la
Q. crecca ordinaire, c'est la pâleur des joues, d'un grisâtre à peine
chamois, tandis que les mêmes parties sont foncées chez la Sarcelle
d'hiver. Mais on peut se trouver en présence d'une décoloration
partielle, affectant une vieille femelle revêtant la livrée du mâle,
ou bien encore un jeune en relard sur les individus de son âge.
Nous regrettons vivement que cette pièce n'ait pu nous être
communiquée; nous remercions néanmoins M. Rothschild d'avoir
bien voulu nous autoriser à la faire peindre.
Anas discors (1) et Spatuta clvpeata
Cet hybride, dont aucune mention n'aurait encore été faite, nous
a été indiqué par M. Manly Hardy, de Brewer, Maine (Etats-Unis).
Celui-ci a vu l'Oiseau chez un gentleman de Dewer (Colorado) ,
M. C. A. Cooper. La pièce en question fut prise et montée par
M. W™ H. Smith, de Leveland; elle ressemble par sa couleur aux
deux espèces qui sont bien différentes, mais elle a le bec de la
Spatuta. M. Manly Hardy espère pouvoir acquérir ce nouvel hybride.
Anas discors etJ.V.NAS cyanoptera (2)
Grâce encore à l'obligeance de M. Hardy, nous pouvons enre-
(1) C'est la Blue-\Viii(.'eii Teal qui porte les autres noms scientiliqiie> suivants :
Querquedula americana et virigiana, Cyanopteras discors, J'terocjranea
discors.
(2) C'est la Cinnamon Teal.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 709
jïisirer ce croisement qui ne paraît point avoir été décrit et
que M. Hardy a obtenu du niènu- M. Smith. La descrijjtion nous
est adressée ainsi : (( Poitrine à peu près semblable à celle de la
cyanoptn'a ; queue d'un brun très blanchâtre aux bouts ; haut de
la tète brun foncé ; une raie devant chacjue œil et une autre sur le
côté du bec ; celte raie est, à sa base, blanche, tandis qu'elle est
de couleur cannelle lorsqu'elle rejoint la raie de la ^nrge. Une
tache brun foncé se voit à la base de la mandibule inférieure. Une
raie ([ui part de l'œil, presque à côté du cou, et atteint une longueur
de trois ponces, est de couleur gris bleuâtre ; entre cette raie et la
raie cannelle de la gorge, le bruu est dominant.
Le plumage des deux types jiurs est tellement mélangé, nous dit
i\L Mauly Hardy, qu'il est bien ditlicile de décrire leur produit
qui possède du vert sur les secondaires, comme dans 1'^ . cj/anoplcrd.
Nous ne connai.ssons point les deux espèces ; chez les deux
i'épaulement est bleu. Nous les supposons très rapprochées, quoique
distinctes, d'après les renseignements que nous communique
M. Oustalet(l).
Anas strepëra et Anas americana
Voici encore un nouveau croisement à enregistrer. M. Marily
Hardy nous en a adressé la photographie avec la description sui-
vante : (( Sexe mâle; plaque rousse ou brun rougeâtresur le sommet
delà lète ; le front et toute la gorge linemeut bigarrés de taches
sombres d'un beau brun rougeàtre. Les côtés de la tète foncés avec
des points blancs ; le derrière du cou vert. Le dos finement bigarré,
vermiculé légèrement de brun sombre. La poitrine brun rougeàtre
avec des taches noires en forme de croissant. Les parties infé-
rieures, blanches avec lavis jaune. Le dessous de l'anus noir ; la
queue presque carrée au bout et d'une couleur cendré clair en
dessous, plus foncée au dessus. L'aile est un mélange eutre l'aile
de A. sircpera et celle de A. americann.
Ce curieux spécimen se trouvait comme les deux précédents chez
M.W. H. Smith, de Leveland (Colorado),
M. Manly Hardy aurait entendu parler, croyons-nous, d'une
autre pièce semblable à ce spécimen, pièce prise à l'état sauvage
par M. Smith 'f
|1) Depuis les renseigneineiils que nous a envoyés faite M . Ilnrily, le Sliooling
and Pisliing rappelle très sommairement cet hybride et le précédent. M. Manly
llardy les a fait pUotograpliier pour nous.
710 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
L'Anas americana (American Wigeon) est une Marèque très voi-
sine, on lésait, delà Mareca penelope, sans doute une simple variété.
Le croisement que nous citons pourrait donc être, à la rigueur,
rapporté à celui de VAnas penelope et de l'Anus strepera, cité plus
haut.
Hymeolaemus malacorhyncbus et Anas superciliosa?
(ou ce dernier avec I'Anas boschas dont.)
C'est sous réserves que nous faisons mention de ce croisement.
M. R. I. Kingsly le signale dans une publication (2) que nous
n'avons point entre les mains. M. le D"' Reichenow, qui a reproduit
la note de M. Kingsly (3), nous fait savoir que celui-ci hésite entre
un croisement d' Hymeolde mus malacorhynchus X J. superciliosa ou
entre un croisement du Canard domestique avec le dernier. (( This
bird, dit, en effet, l'ornithologiste, is either a cross between the
Grey duck (Anas superciliosa) and the Blue moutain duck (Hym.
malacorhynchus], or between our domestic Duck and the former. »
Voici la description qu'il en fait : « The head is that of the Green
duck {Anas superciliosa.) atlhough the markings are somewhat inde-
terminate. The gênerai plumage of the body is a pale slaty-grey,
the feathers of the upper parts, however, having pale-brown mar-
gins. The wing-feathers and scapulars are of.lighter colour,being a
uniform Frenchgrey with dark shaft-lines, but without the dark
margins. The médian wing-covertsaredull velvety-black, changing
to grey, and broadly tippedwifh white. Thereisa narrow spéculum
down the centre, one of the coverts having an exterior border of
metallic green. The smaller wing-coverts display a conspicuous
band of white, formiug an upper alar bar. The upper tail coverts are
margined with dusky-brown, and the tail-feathers, but very narroly,
with a clearer brown. The whole of the lower fore neck and the
crop hâve a chestnut-brown hul, each feather, however, being
warmly edged with light-grey, which character is more pronounced
on the sides of the body and tlanks, where the feathers hâve their
webs freekled aud vermiculated with grey. The under tail-coverts
are darker, and hâve dull chestnut-brown margins. The bill is
(1) Tians. New Zealand Inst., 1892, XXV, Wellins^ton, 1893, pp. 1-3.
(2) In Ornilhologiscbe Monatsberichl, N" li, juin 1894, p. 101 : « Beschreibung
einer Ente, welche vermutlich ein Bestard Zwischen A. superciliosa und Hym.
malacorhynchus oder Zwischen der Hausente und der ersteren ist. »
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS DAPHÈS NATURE 711
bliickisli-brown, tlie iippcr maiidililc witli a black lunl aiid tlie
lower ;ar;;i'ly niarkeil on ils ceiilral |i(iiliiMis with yellow. »
L'Oiseau aiusi décrit a été lue à l'Happy Valley, près de NelsoQ.
AnAS l'UiCILORHY.XCHA L'I A.NAS BOSCHAS
Le peintre Keuiemaiis uousdit avoir découvert dans la eollection
du Brilisli Muséum un l)eau métis (( \iias pœciluvlujncus et Anasbos-
rlnis », qui lui paraît très parfait, et qu'il pense avoir été tué à l'état
sauvage. Il n'y a toutefois aucune indication faisant connaître son
origine ; tout au moins l'écriture au crayon qui est placée sur le
socle ne peut être lue facilement.
Nous avons demandé au docteur Hadde, de Tillis, si de tels liybri-
des lui étaient connus (Ij ; il nous a répondu par la négative. F^e
spécimen que .M. Keulemans veut Ijien nous signaler nous laisse
ioiic (juelques doutes sur la parenté qu'on lui suppose.
Genre Fuligula
FULIGULA FERINA et FUUGOLA NYROCA
(Se i-epoihT |i. 11)2 ou p. I611 ili's Mcrii. de la Soc. Zool. 1891).
C'est d'abord par des corrections que nous commencerons cet
article. Dans la récapitulation plus ou moins complète des hybrides
fiTiiui X lujriH-n observés jusqu'à ce jour, nous nommions : 1° dans
la collection de M. J. H. Gurney un exemplaire capturé en Angle-
terre; 2° dans celle de feu M. Doubleday un deuxième, également tué
ou pris en Angleterre ; 3" dans le Musée du feu comte Derby à
Liverpool un troisième exemplaire, même provenance; nous ajou-
tons que ces trois Oiseaux avaient fait le sujet de la communication
adressée par M. Bartlell à la Soc. zool. de Londres [2.). M. J. H.
Gurney nous fait savoir qu'il possède réellement deux pièces, les-
quelles furent tuées à Norfolk, l'une à Rollesby, en février 1845,
l'autre à Waxham dans le même mois de l'année 18u9. Ces deux
Oiseaux ont leur mention dans Varrell(3) et l'un d'eux a été repré-
senté par Stevenson dans les Hirds af Norfolk (4j. M. Gurney, qui a
(1) Lp >I' riadde a éliidié les Oiseaux du Cauciise auxquels appartient l'espèce
pwcilorhyncliH .
(2) Eli 1847. Voy. les Procecdings de celle année, p. 48.
(3) Brilish Birds, vol. IV, 188^.
(4) Vol. III, p. 208.
712 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
assisté à la vente de la collection de feu M. Doubleday ne se rappelle
aucunement y avoir vu un hybride de ce genre ; M. Richard Paden,
le nouveau curator du Derby .Muséum, n'a point lui-même connais-
sance d'un semblable hybride dans son Musée. Nous supposons donc
que le troisième spécimen qui a fait l'objet de la communication de
M. Bartlelt est celui qui «st cité par Yarrell (1) et qui appartenait
autrefois à M. Bond. C'est peut-être le même Oiseau qui fut vendu
au Covent Garden en 1890 (Coll. Withaker) et qui figurait sur le
catalogue de cette collection sous le ii° i'^2 (2).
Ensuite nous indiquions au British Muséum un ou plusieurs
exemplaires. M. le D"" Giinther, en nous adressant avec beaucoup
d'obligeance la liste des hybrides conservés dans ce Musée, a passé
de tels Oiseaux sous silence ; en sorte que nous nous doutons fort de
leur présence dans le Musée britannique (3).
M. de SelysLongchamps nous a appris que le jeune mâle obtenu
près de Liège au mois d'avril 1832 (4), et dont nous ignorions la
destination (5), est conservé dans sa collection.
En ce qui concerne le jeune mâle pris vivant en 1870 dans une
canardière de la Hollande (6), c'est le môme, nous dit M. van Wicke-
voort Crommelin, que celui que nous avons annoncé à la même
page (7) comme figurant dans sa collection.
Il y a donc lieu de distraire une pièce du nombre de celles qui
avaient été signalées. On peut toutefois supposer que l'individu
vendu par M. Whitaker n'est pas le même que celui de la collection
Bond, (cité par Yarrell).
Quant aux quatre exemplaires dont a parlé le Di'Jambert, toutes
indications nous manquent à leur sujet; sont-ils autres que ceux
dont on vient de parler, nous l'ignorons.
Mais nous avons à faire mention de plusieurs nouvelles captures.
Le 1" février 1892,vers midi, par une journée froide d'hiver, quoi-
que bien ensoleillée, M. le comte degli Oddi, le père du docteur
de ce nom, tirait sur le lac de la Comtesse, dans la vallée Zappa,
(1) British Birds, 4" édil., p. 4lo.
(2) Voy. p. 136 ou p. 164 des Mém. de la Soc. Zool. 1891 l'r ligne).
(3) M. Keulmans a cependant dessiné pour nous une Fuligula intermedia dont
la mention sera laite plus loin, (à l'article F. cristata et F. ferina), parce que
l'Oiseau a été étiqueté comme tel (à tort ou à raison).
(4) Voy. Bull. acad. des Se. de Bruxelles, 18o6. Additions à la Récapitulation
des hybrides observés dans la famille des Anatidœ, N" 42.
(5) Voy. p. 156 ou p. 164 des Mém. (10' ligne).
(6) Cité p. 156 ou p. 164 des Mémoires (9" ligne).
(7) Quelques lignes plus haut.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 713
district de Dolo (|)rovince de Venise), une de ces Fuligules inter-
médiaires (1).
M. van Kenipcn nous a comnHiiii(iué un autre sujet ciiipailli' (ni'jl
possède et qu'il pense (sans cependant en avoir la certitude) avoir
été oIjIcuu à l'état sauvage.
Nous avons encore à nommer un cxeniphiire conservé au c l'uhlic
Muséum and Picture (îallery » de Rrighlon et qui, d'après le (Cata-
logue du Musée (2), a été tué sur le HicklingBroad eastof Nofolk »
en novembre 1871 (3).
Beaucoup des spécimens que nous avions cités dans notre pre-
mière publication nous ont été envoyés. L'envoi le plus intéressant
est certes celui que nous a fait M. van Bemnielen de onze hybrides
conservés dans les collections du Jardin zoologique de Rotterdam
dont huit ont été obtenus en réclusion. Ce matériel nous a permis
d'établir des coni|)araisons entre les espèces tuées à l'état sauvage
et les Oiseaux nés en captivité, comparaisons toujours fort utiles.
Le Musée de Genève a consenti à nous adresser l'exemplaire
acheté sur le marché de Montpellier. M. le comte Arrigoni degli
Oddi s'est montré aussi gracieux à notre égard en nous faisant
parvenir l'exemplaire tué dans la vallée Zappa.
Nous avons encore reçu les deux Paget's Pochards appartenant
à .M. Gurney et le sujet de la collection de M. de Selys-Longcliamps.
En outre, afin de bien connaître les divers sujets qui représentent
le croisement des deux espèces fcrina et n)jcorn, nous avons fait
peindre au Musée de .M. Ed. Hart l'une des deux Fuligules que
celui ci possède, et au Public Muséum (Royal Pavillon) de Brighton,
l'échantillon que l'on conserve dans cette collection. Enfin, M. Olphe
Gaillard avait bien voulu photographier pour nous, quelque temps
avant sa mort, le spécimen qui lui appartenait, c'est-à-dire l'Oiseau
célèbre qui fut montré à la réunion des ornithologistes allemands
réunis à Halbersladt (4).
C'est ainsi que nous avons pu étudier, avec un nombreux matériel,
les Oiseaux qui ont reçu le nom de « Paget's Pochard », de Fuliijula
homeyeri et de F. intermedia.
(I) Voy. iVote ornitkologique du D' Kttore Arrigoni degli Oddi. Alli della Società
italiaoa di Scienzc naturalc, 1892.
(t) P. 102 (20 ligne notice).
(3) Gel Oiseau est lifi;uré dans « Rougle Notes », in-('. (Ce renseignement nous
est communiqué par M. ,1. H. Gurney).
(4) M. le D' Raphaël Blanchard en a lui-même pris une pliotograpliie à notre
inlention depuis que cet Oiseau a élé transporté au Musée de Gap.
714 ' OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SACVAGE
Les observations que nous avons faites à leur sujet sont les sui-
vantes :
Musée de Genève. — cT adulte, paraît réellement hybride: 1° parce
que sa tète et sa poitrine sont roux vif comme chez nyroia, tandis
que le collier noir propre à cette espèce est absent; 2' parce que
l'iris est orangé ; 3" parce que la couleur du dos et des ailes (sur
lesquelles apparaît le miroir blanc de iii/roca} est un exact mélange
des teintes des deux espèces, ainsi sont les flancs sur toute leur
longueur ; 4" parce que le dessus de la queue n'est pas blanc
comme chez riyroca, mais gris roux; 5" parce que le ventre (partie
de l'anusj est comme chez jrrina; 6" parce que les pattes sont
grandes comme chez cette dernière espèce ; 7" parce que le bec est
intermédiaire entre les deux types, etc., etc. On pourrait faire valoir
d'autres raisons.
11 parait donc ressortir des traits que nous indiquons que l'Oiseau
porte des marques propres aux deux espèces et que souvent les
caractères distincts des parents se mélangent chez lui dans un
harmonieux ensemble. Plus on examine celle pièce, plus on y
trouve des indices de sa double origine. — Nous croyons donc que
c'est avec raison qu'elle a été étiquetée : « Hybride de Canard miiouin
et de nyroca. »
CoUectioii de M. J. //. (iunwij. — Les deux Oiseaux sont renfermés
dans une boîte vitrée. On lit sur le derrière de cette boîte : « Young
(f Paget's Pochard shot on Rollesby Broad, felj, 27, 1845, and OUI ^f
do shot at Lillle Wageliam fev. 24, 1859. Figured Zoologist ; siuce
supposed lo be hybrids between the Pochard and nyrura ducks » (1).
Ces deux Oiseaux ressemblent étonnamment à l'exemplaire du
Musée de Geuève; la couleur du dessus et du dessous des ailes qui
est d'un gris cendré brunâtre chez ce dernier est la même chez
eux ; ils sont cependant un peu plus minces de corps, plus élancés,
moins loui'ds; puis leur l)ec est plus fort et l'iris est jaune serin clair
au lieu d'être orangé foncé comme chez le précédent. Mais cette
coloration est tout artificielle et peut ne point être exacte.
L'un et l'autre ont la bande blanche de l'aile qui forme le miroir
chez nijvoca, cependant celte bande est plus étendue que chez
l'exemplaire de Genève. Les flancs sont grisâtres avec des zigzags
comme chez jerina. Point de blanc sous la queue comme chez
nyroca, sauf chez le jeune chez lequel on trouve un peu de cette
(I) Le jeune porte sous le ventre des marques de son âge ; ou bien les taches, qui
sont rousses, sei aient un signe de mue, (liypothèse peu supposable. puisqu'il a
été tué en février).
ADDITIONS, COBRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 715
couleur mélangée de gris sale. Poitrail, tète el cou roux brique
foQcé. Le roux de plumage est presque aussi vif que chez ityroca.
Sur le vieil individu on seul facilemeut l'iuflueace de (crina ; la
région de la poitrine est maculée çà et là de noir, indiquant un
mélange. Le jeune individu a autour du cou quelques taciies mar-
telées semblant rappeler le collier noir de nyroca (1). En somme
ces deux Oiseaux, qui sont plus forts que nijroca, paraissent bien
être le résultat d'un croisement.
Collection du Jardin Zooloçjique de Rotterdam. — 1° cT adulte, tué
en avril 1850, àKralingen, prés de Rotterdam. Tète rousse aussi
foncée que chez nyroca ; absence de collier noir ; dos cendré en
zigzags. Les dimensions sont entre ntjroca et /cn«a ; elles rappel-
lent cependant mieux celles de la dernière espèce. Le roux de la
poitrine est légèrement plus foncé (|ue chez ni/roca; ceci commence
à se produire à l'emplacement habituel du collier, lequel fait défaut.
Les [ilumes des couvertures inférieures (région de l'anus) sont d'un
gris brunâtre mélangé et avec des zigzags. La maindibule supérieure
du bec est plus forte que chez un cT ferma de notre collection. Le
blanc du ventre se trouve mélangé avec un peu de brun roux. Les
plumes de la queue sont foncées? en dessus et en dessous. Elles
sont brunes chez les exemplaires cT élevés en captivité qui vont
être bientôt examinés. Elles paraissent plus claires chez l'exem-
plaire du Musée de Genève, (il est difïicile de juger de leur colo-
ration, car elles sont très comtes). Les mômes plumes paraissent
foncées chez les exemplaires appartenant à M. Gurney, notamment
sur le plus jeune sujet.
•2' 2 (id. tuée en avril IS'iO, (marais de Kraliugen). La taille de cet
Oiseau est intermédiaire entre celle des deux types ; la tête est
rousse, se rapprochant de la teinte de nyroca, quoique plus claire.
Le bec n'est point tout à fait aussi long que celui de j'erina, mais
la mandibule supérieure paraît plus large. (Cette remarque a déjà
été faite chez d'autres exemplaires). Le miroir de l'aile peut passer
pour un mélange de deux espèces. Les plumes des couvertures infé-
rieures de la (|ueue sont d'un gris bi-un clair et cendré comme l'abdo-
men lequel se termine en blanc. Les plumes de la queue sont comme
chez nyroca. Flancs bruns; dos brun gris foncé cendré avec zigzags;
ventre blanc grisâtre, parsemé çà et là de brun ; la dimension des
pieds est entre les deux espèces.
(1) L'exemplaire de fienève montre ces taches d'un noir hriin trfts foncé entre le
cou et le dos : il les laisse voir aussi à la région de la poitrine. Remarquons encore
que le ruux de la tête est plus clair que chez ces derniers et se rapproche du ton
de/erina.
716 OISKAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
3° 9 jeurie tuée la mrnie année et svr les mêmes marais. Tète d'un
roux assez foncé, bec très fort, plus large que celui de ferina (si le
sujet qui nous sert de comparaison représente la largeur moyenne).
Plumage très foncé, à partir de l'endroit où se place ordinairement
le collier qui manque ici; du brun s'étend faiblement sur la poitrine,
laquelle est d'un jaune brun clair presque uniforme. Miroir de
l'aile intermédiaire; flancs d'un brun terue assez uniforme ; ventre
gris jaune sale; dessus du dos brun gris terne, quelques plumes
légèrement cendrées ; taille environ de mjroca, la largeur des
pieds de ferina ; grandes pennes de la queue brun très clair.
Nous ferons maintenant connaître les produits obtenus en
captivité, puis nous les comparerons avec les pièces qui viennent
d'être décrites. — Tous les sujets, veut-on bien nous faire savoir,
sont nés d'un même père, qui était la Fuligula jerina. On est,
ajoute M. van Bemmelen, absolument sûr de l'origine de ces
Oiseaux, les espèces mères qui leur ont donné naissance ayant
été surveillées. La couleur des iris (artificiels) peut ne pas être
exacte ; on ne doit donc point en tenir compte. Mais on sait
que l'intermédiaire mâle sauvage qui vient d'être décrit avait
l'iris blanc, tandis que la femelle qui a été envoyée avec lui l'avait
brun.
1° Un cf adulte, né au jardin de Rotterdam dans l'été de 1889,
mort le 1" avril 1892, que nous désignons sous la lettre A, diffère
d'un autre cT adulte né dans le même jardin le 10 juin 1889, mort
le 8 mai 1891, que nous désignns par la lettre B. Il en difïère : par
sa couleur plus foncée, par sa taille plus petite, par son ventre
qui est moins blanc et par ses flancs jaune grisâtre. (Les flancs
de l'exemplaire B sont gris). A part cela, les becs, les couver-
tures de la queue qui sont d'un blanc grisâtre, la bande de l'aile,
le poitrail foncé, la tête plus claire que cette partie, le dos et les
ailes gris cendré sont les mêmes chez les deux pièces. L iris (arti-
ficiel) est jaune chez le mâle mort en 1891 ; la même partie de
l'exemplaire A est blanche.
Ces deux Fuligules s'écartent notoirement de la Fuligule du
Musée de Genève ; celle-ci a le poitrail presque de la couleur de la
tête, l'iris rouge, le blanc du miroir bien moins étendu, le ventre
blanc, la taille et les pieds plus forts.
Les deux mêmes pièces s'éloignent aussi des deux sujets de
M. Gurney, car ces sujets ont le ventre blanc, le poitrail roux vif
beaucoup plus clair, le bec plus allongé, au moins plus fort ; ils
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 717
sont dépourvus de blanc à la partie de l'anus ; enfin leur taille
n'est |)oint tout à fait la même.
Les exemplaires A et B s'éloignent encore du Canard pris
en 18.'J0 sur les marais de Kralingen (Rotterdam). Ce Canard est plus
clair dans son ton général, son i)ec est plus étroit et paraît plus
allongé, son i)()itrail est moins l'once et se rapproche des Fuligules
de M. Gurney.
Cepeudaul lorsqu'on compare le mâle sauvage avec l'exemplaire
mort le 8 mai 1891, toute la partie inférieure, le dos, les ailes, sont
semblables chez les deux Oiseaux, mais un peu plus foncés cliez
l'exemplaire domestique (1). On y reconnaît le même cendré, la
même disposition du miroir, la même bordure blanche de l'aile.
Seul le poitrail est un peu plus clair; il ne forme pas une véritable
démarcation avec le roux de la tête, ainsi que cela se produit
chez l'exemplaire domestique. Ces deux Oiseaux ont l'apparence de
deux frères et on ne doute pas qu'ils n'aient la même provenance. Il
esta noter que les deux mâles domestiques diflèreut peut-être plus
entre eux que ne diffèrent le mâle sauvage et le mâle mort le
4 mai 1891.
Une femelle adulte née au Jardin de Rotterdam, le 10 juin 1889,
morte le 11 mai 1891, que nous indiquons sous la lettre C est beau-
coup plus claire qu'une femelle adulte, née dans le même jardin
pendant l'été de 1889, morte le 7 mars I8'.'2, que nous désignons par
la lettre D. Sans cette différence dans le ton, elle lui serait à peu
près semblable, quoique la femelle D soit un peu plus forte. L'iris
artiliciel est jaune chez la femelle C, blanc chez la femelle D. Ces
deux exemplaires 9 ont, sur le sommet de la tête et descendant
sur le cou, une bande foncée; ceci s'observe spécialement sur le
dernier exemplaire. Chez eux, les plumes de l'anus ont une |)artie
blanche très accusée vers l'extrémité ; le miroir est de couleur
terne ; les deux becs sont à peu près semblables, (chez la femelle D
le bec est un peu plus fort).
Ainsi, le plumage de la femelle née le 10 juin 1889 est plus clair
que celui de la femelle née dans l'été de la même année; la même
chose S(! produit chez les mâles : le mâle né le 10 juin 1889 est
plus clair que le inàle né dans l'été de la même année. .Mais dans
la croissance de la taille un phénomène tout opposé s'observe : le
inàle le plus foucé est, en eflet, le plus petit ; tandis que la femelle
la plus foncée est la plus forte, quoique dans des proportions
moindres.
(1) Ce qui lient iieul-êlre à une nourrilure plus ëcliaufldnlc.
718 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Il faut en outre remarquer que les deux femelles s'éloignent d'une
manière très prouoncée de l'exemplaire $ sauvage tuée en avril
1850 (marais de Kralingen); cette dernière est plus grande par sa
taille et dans sa teinte générale plus claire. Elle n'a point sur la
tête de barre brune, ou cette barre est très peu apparente; son bec
est plus fort ; l'iris (artificiel) est blanc. xMais son miroir est
exactement le même que celui des Canes nées au Jardin de
Rotterdam.
Une jeune femelle née dans le jardin en juin 1891, morte dès
le 6 janvier suivant, est, par sa taille et sa coloration, plus
du côté de nijroca que du côté de (erina : son miroir est cependant
très terne.
La jeune femelle, tuée en avril 1850 (marais de Kralingen), se
montre encore cette fois plus claire et plus forte que cette dernière.
11 faut, du reste, remarquer qu'elle est plus âgée ; la comparai-
son que l'on peut faire entre les deux Oiseaux ne peut donc être
très profitable. Son bec atteint les dimensions de celui de f'eiinn,
si même il ne les dépasse; les pieds sont très larges, le devant du cou
(commencement du poitrail) est foncé, caractère qui ne nous paraît
exister ni cbez [erina, ni chez iiyroca; l'iris (artificiel) est châtain.
Que conclure de ces comparaisons? La plupart des individus pris
à l'état sauvage, (aussi bien ceux de sexe mâle que ceux de sexe
femelle et le jeune), ne ressemblent point tibstiliniinit aux spéci-
mens du même âge et du même sexe nés en captivité. Les deux
exemplaires de M. Gurney, l'exemplaire du Musée de Genève, le
mâle tué en 1850 près de Rotterdam offrent en outre entre eux
des ressemblances frappantes dans la coloration et leuis dimen-
sions.
On pourrait donc prétendre : 1° que l'origine de ces spécimens
est différente de celles des hybrides authentiques obtenus en
captivité puisqu'il ne leur ressemblent pas absolument ; [)uis
2° qu'ils appartiennent à une espèce bien définie, puisqu'ils se
ressemblent assez entre eux.
Mais les différences que nous avons constatées ne paraissent point
dues aux causes qui déterminent la variabilité des espèces pures,
c'est-à-dire à l'âge, au climat, à l'habitat.
Lorsqu'en elîet on compare l'exemplaire de Genève avec celui de
Rotterdam, on voit celui là plus fort, plus clair surtout sur le roux
de la tête ; le blanc fait défaut sur les couvertures inférieures de la
queue, taudis que cette couleur se montre sur l'exemplaire de
ADDITIONS, COniXECTIONS KT KXAMENS d'aPRÈS NATUHK 719
Rottenlniii : ('nliii le l)ec esl plus court et plus liiige. Les dillérences
qui existeut entre cet oxeuiphiire et celui de .M. Guriiey ont été signa-
lées. Si niniuteniinl ou compare le uiéuie sujet avec celui de Rolter
dam, on constate qu'il n'existe pas sur lui de itlanc aux couvertures
de la queue, point non plus de taches noires martelées sur la couleur
rousse comme chez nyroca. — Si donc ces quatre individus appar-
tenaient à une seule et mè-me espèce, de telles dilTéreuces n'exis-
teraient point sans doute. — Mais on peut se demander, pour
quelles causes ils didèrent des produits nés en domesticité? A cette
question nous ne saurions répondre avec précision. La captivité
peut modilier la coloration et la taille des Oiseaux, la nourri
tare, les habitudes n'étant plus les mêmes. Du reste, tout en
présum;inl une; double origine chez les individus rencontrés à
l'état sauvage, nous ne venons point non plus la donner comme
certaine.
Les exemplaires qui viennent d'être décrits n'étaient plus sous nos
yeux (ils avaient tous été retournés à leurs propriétaires) lorscjne
nous avons rec" le bel Oiseau tué dans la vallée Zappa par M. le
comte .\rrigoni degli Oddi père. Les comparaisons que nous pou-
vions désormais établir avec eux ne pouvaient donc se (aire que de
souvenir ; mais, alin de nous les rappeler très facilement, nous
avions eu soin de peindre le mâle et la femelle tués sur les marais
Kralingen ; nous conservions aussi les peintures d'un mâle et d'une
femelle nés en domesticité.
Nous avons remarqué surréliquetfe que porte cette pièce montée
les indications suivantes : « Lungb lot. 0™420, peso gr. 730, mas.
» adulto in inverno. Fullgiila ferina. X F. ntiroca, ibrido selvatico;
» occiso addi 1er febbrajo 1892 dal sig Conte Coinm. Oddo Arrigoni
I) degli Oddi di Padova in valle Lappa (Dolo Vcnezia) nel dago dclle
» Contessa. Preparato dal Bouoini di Alilano. Hybrido del tipo
» F. Homeyeri, Bad. »
Les ailes sont déployées, mais la tète regarde en bas ; c'est une
fort jolie pièce très bien montée. Le plumage est très foncé ; le
ton roux brique de la tète est vif. ce ton est de l'intensité de celui
de nyivra. Le dos, cendré avec zigzags, quoique très foncé, ressemble
à celui des hybrides obtenus en captivité. Le miroir est très blanc,
cependant, vers la bordure foncée, il se termine en blanc sale.
Dessus? de la queue presipie noir ; quelques plumes blanchâtres
près des reclrices ; lianes blancs, tachetés çà et là de gris violacé ;
poitrine très violacée; pieds très forts ; bec très mince.
720 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Les comparaisons que l'on peut établir à l'aide de nos peintures
entre cet Oiseau et les spécimens sauvages sont les suivants : le
roux de la tête est plus foncé, le dos aussi, et sans doute (si les
plumes du miroir n'étaient point déployées) le miroir serait plus
vif ; en cela cette Fuligule se rapproche des individus nés en domes-
ticité. Elle diffère des exemplaires sauvages par son bec plus mince,
plus étroit, cependant plus long que chez mjroca. L'iris (artificiel)
est jaune vif brillant (ce ton est- il exact ?). L'Oiseau est de taille
assez grande; il est donc plus du côté de feriiia que du côté de
nyroca. Ou peut dire qu'il forme le passage entre les mâles sauvages
et les mâles obtenus en captivité.
M. le Dott. Ettore Arrigoni degli Oddi, qui lui a consacré un
mémoire (1), constate avec raison que c'est la première Fuligula
homeyeri trouvée en Italie. A première vue, elle avait été prise pour
une petite Moriglione (2) et baptisée immédiatement par les hommes
de service du nom de « Magasson bastardo o foresto, » dénomination
que ces hommes appliquent à tous les Oiseaux qui leur sont
inconnus.
Mais l'Oiseau curieux n'avait point échappé aux regards exercés
de M. Oddi, et celui-ci, afin de pouvoir l'étudier à loisir, l'avait fait
mettre à part dès le soir de sa chasse en l'écartant des douzaines
d'autres Canards tués ce jour même. Notre collègue ne tarda pas
à voir qu'il se trouvait en présence d'un cas de croisement entre la
Fuligula ferina et la F. nyroca ». M. Oustalet, auquel l'image colo-
riée fut envoyée par M. Oddi, se trouva de cet avis.
L'Oiseau figure dans la coUectiou du comte sous le n° 843. Nous
en conservons une peinture sur toile de grandeur naturelle.
Description du jeune mâle appartenant à M. de Selys-Longchamps
(c'est le n° 42 des Additions à la Récapilulation des hybrides observés
chez les Anatidœ (3). — En nous l'adres-sant, l'éminent académicien
reconnaissait la /crena (dont l'Oiseau se rapproche beaucoup et dont
il a le bec) comme un des deux facteurs ; mais, pour nommer le
second, il hésitait entre nyroca et cristata (4).
(1) « La Fuligula homeyeri, Baëdeker, ibrido mtovo per Vltalia. » Nota orni-
thologica del Dott. Ettore Arrigoni degli Oddi, in Atti délia Società Italiana
di Scienzi natuiale, Milano, 1892.
(2) F. fernia, vulgairement appelée Magasson.
(3) Bull. Acad. des Sciences de Bruxelles, 1:^56.
(4) Tout d'abord, M. de Selys-Longchamps n'avait point considéré cet Oiseau
comme hybride; il y voyait un jeune nyroca; son attention s'était dans la suite
trouvée attirée sur ce spécimen par l'ouvrage de M. Jaubert.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 721
L'examen du miroir nous a laissé nous-môme dans l'enibarras ;
on croirait vraiment à un niélan?;e avec cristatd, car le miroir est
celui de cet Oiseau. Nous dirons iniMne que, malgré le mauvais
état du montage, l'aspect général de cette pièce est celui de rnstulit :
long cou, corps petit, disproportionné si on considère le poitrail
et le cou.
Ce u'est donc point une de ces « (erina X nyroca » que nous
avons déjà vues.
Mais comme le miroir de nyroca jun. est en quelque sorte sem-
blable à celui de crislata, on ni' peut savoir (juelle est la valeur de
la ressemblance que nous constatons. Le dos, foncé et parsemé de
petits points, rappelle bien les exemplaires qu'on attribue au croi-
sement (( (erina X ni/rora. »
Décidément, on le voit, cette pièce est très embarrassante, car un
mélange de cristata et de ferina produirait sans doute le môme elîet.
Remarquons en outre la forme bizarre du bec dont la mandibule
supérieure est un peu relevée et aplatie ; le ton bleu des pattes et
de la partie supérieure du bec est aussi à envisager.
De cet Oiseau (qui figurait dans notre première étude à l'article
« F. ni/roca x F. crixtota ») nous ne pouvons dire qu'une chose :
c'est qu'il parait un jeune individu. Nous en conservons une pein-
ture à l'huile que nous avons faite d'après l'original, lui laissant
la pose et l'allure que lui donne le montage. Nous rappellerons,
d'après M. de Selys-Longchamps, qu'il avait été tué à l'époque du
carême, en mars ou en avril.
L'hybritic de M. van Kcinpen, acheté chez M. Frank à Londres, en
1878-1879 (1>, est bien (quoiqu'il soit indiqué sur l'étiquette qu'il
porte Kous le nom de A. ferina X Oidcniia ni(jra!) la Fuiigula
honieycri de Baedeker ou le Paget's Pochard des .\nglais. Malheu-
reusement ou ignore si cet hybride a été réellement obtenu à l'état
sauvage.
Le miroir et le dos sont très exactement ceux des exemplaires
déjà vus; on aperçoit plus facilement au bas du cou la trace du
collier noir de nyroca. Le roux de la tête est très vif comme chez
cette espèce, ainsi que les côtés du poitrail ; le devant de cette partie
est martelé de brun, mélangé comme chez /(?*■/«((. Par sa taille, l'Oiseau
est plutôt de cette espèce ; le bec est aussi long et presque aussi fort
que chez celle-ci, les pieds sont peut être un peu moins larges (2).
(1) Voy. p. Ifil ou p. Ifi!) des Mém.
(2) Mention de cet hybride a été faite dans ii Oiseaux hybrides de ma collec-
tion, 1 par M. van Kempen, Mém. Soc. Zool. de France, 189U.
722 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Nous avons mentionné les peintures que nous avons fait exécuter.
1° de l'exemplaire conservé au Public Muséum de Brighton, 2° du
spécimen qui fut tué sur la rivière Stour, le 12 février 1870
(Coll. de M. Ed. H<irt, à Ciiristcluirch). Ces Oiseaux nous paraissent
ressembler complèteinent aux exemplaires sauvages que nous avons
décrits.
FULIGULA NYROCA et FULIGULA CRIST.\TA
(Se lepoiter p. Ifil ou p. 169 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
Peu de renseignements avaient été donnés sur le Canard que
M. Radde a nommé « Awis baeri ».
Le naturaliste de Tiflis, en le faisant connaître pour la première
fois (1), exprimait cette pensée que ce pouvait êlre un produit du
Weissaugigen Ente (.4. nyroca) et du Schopf ou Reiherente (.-1. fuii-
gti/rt); il observait toutefois que la circonstance dans laquelle il avait
été rencontré laissait peu de vraisemblance à cette supposition : ce
Canard n'était point en elTet isolé, mais accompagné d'individus de
son espèce (2). Cependant le docteur, après l'avoir décrit longue-
ment, doutant sans doute quelque peu de la validité de l'espèce, a
voulu le comparer avec l'.l/irjs faliijuUi et l'^l. ru/roca ; il a écrit un
tableau où les mesures des trois types sont indiquées parallèle-
ment. Le précieux échantillon se trouve aujourd'hui au Musée de
Saint-Pétersbourg (3).
En 1871, le voyageur Swinhoë. se trouvant en excursion sur la
rivière Yangt-sze et s'étant arrêté à Kin-Kiang, fut assez heureux
pour se procurer un second exemplaire que des marchands prome-
naient dans les rues. Il constata qu'il représentait assez bien un
croisement entre l'i. boschastl) et la Fulix cristata, mais il était trop
semblable à celui du D"" Radde pour en faire un hybride (4). Quatre
mâles et deux femelles trouvés ensuite sur le marché confirmè-
rent M. Swinhoë dans cette opinion (5), partagée plus tard par
(1) Reisen im Suden von Ost Sibérien, in den Jahren 1853-18b9. II, p. 376,
ta XV. Saint-Pétersbourg, 1863.
(2) Le voyageur dit avoir rencontré des bandes de quatre à six individus, aussi
bien sur le petit fleuve d'UdIr que sur une eau sta^'nante,dans la plaine deSalbatsch,
sur la rive droite de l'Amiin. où, le lU avril, il Ina un niAle.
(3) Voy. Rambles of a Naturalist. par .M. J. G. Giirney, p. 7. (Le renseisine-
ment donné dans l'ouvrage de M. Gurney nous est confirmé par .M. Hadd'').
(4) Voy On tlie Birdsof China, Proceedintis Soc. ol London. 1871, pp. 419-420.
(9) Voy. Onchinese ornitholoqy Ihe Ibis. 1873. pp. 366-367. — H. Swinhoë :
« On birds froin Hakodadi », lln' Il)is, .t. 1^73, p. 4,ï7. signale un nouveau « lled-
breasled iliving Huck ii qui pourrait être la F. Baeri de liadde, mais » the bill
is more coen in widUi ail along than Fulix. ii
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KXAMENS DAPItKS NATURK 723
l'abbé Dnvicl (\) (]iii dil dp l'Oisfnii : » espèce constante et l)ien
caractérisée ». Le savant missionnaire fait du reste savoir que \'A.
baeri visite régulièrement la Chine chaque hiver et est particuliè-
rement abondant pendant les mois de février et mars. 11 trouva ces
Oiseaux sur les marchés de Kion Kiang et de Chang-hai. Dybowski
avait lui-môme rencontré la même h'nligula, en 1873, sur l'Argun en
Daouerie méridionale et ensuite aux environs de l'embouchure de
l'Assuri (2).
L'examen critique de la nouvelle espèce ne parait point s'être
poursuivi. Au moment où elle avait été découverte, quelques obser-
vations avaient été senlenient présentées. Le prof. Newton s'ex-
primait ainsi à son sujet dans l'Ibis : « Anas {Fitlinuld) baeri, which
seems to be a hybrid, a possibility suggested indeed, though con-
troverted by tlie author. The plate rcpresents this last sup|)osed
speciesasa bird very simiiar in color to the hybrid which iiasbeen
variouiy denominated Fulujulfi homei/rri ou F. fcrhioiih'x, C'\ce\il that
it lias the head of a ciark brownish black colour, glossed with green,
a ciiaracter would lead us to snsf)ect tiiat /■'. niiiriln and F. cristata
are which accountable for its origin ».
Dans le Journal fïir Ornithologie (3), M. Eugen von Homeyerdisait
du même Canard qu'il « paraissait tenir le milieu entre I'.-Iho.s
fiiliguUi et l'A. nyroca et que. si ou appliquait pour lui la mé-
thode employée pour la détermination de VA. hoincyeri, il devait
être, d'après les mêmes principes, considéré comme un iiybride ;
mais qu'ayant été trouvé en compagnie d'individus semblables
à lui, cette supposition n'était plus à faire. MM. Gray (4), Heu
glin (ij), Dybowski ((5) se sont contentés de citer l'Oiseau sans
critique.
Nous avons examiné au Muséum de Paris deux .1. bdcri qui ont
été rapportés de Chine par .M. l'abbé David. Ils sont absolument
semblalilfs l'un et l'autre el présentent l'aspucl d'une bonne espèce
ayant beaucoup du type ni/roca. Ce sont, on peut le dire, des nyroca
très fortes, au bec plus large et verdàtre, à tête de môme couleur et
à iris jaune. Le dos n'est point piqueté.
(1) Oiseaux de la Chine, p. .'JOT.
(2) Voy. Taczanowski, Hevue asiatique de la Faune ornithologique de la
Sibérie {'à' arliclp). Bull. Soc. Zool. de Franco. II. 1877, pp. 40-.'i2.
(.*)) Oihanls Journal fiir Ornillioloiiie. p. 4^)3, 1870.
(4) fJand List of Birds. vol. 111. p 86.
(;)) Ornithologie ?\oidost Af'rikas. Zweisler Band Cissi 1, 1878 .\ la syno-
nymie de la Fulix cristata on trouve : A. baeri, Hadde (liyhriil)
(ti) Journal fur Urnitbologie, 1874, 3:i7.
724 OISKAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Dans le cas d'un hybridisme, peu probable, VA. baeri est, on vient
de le voir, référé le plus ordinairement au croisement de VA. nyroca
avec IM. cristata. On a aussi émis l'opinion qu'il représentait le
croisement de l'^l. cristata et de VA. hoschas, sans doute à cause de
la couleur verte de la tête; on a dit encore qu'il paraissait être un
mélange entre la inarila et la cristata. Nous nous sommes demandé
pourquoi on ne l'avait pas fait descendre plutôt du mélange de
VA. nyroca avec r.4. marila'?
Nous devons faire remarquer, que dans la collection Marmottan
il existe un sujet nyroca 9 provenant de la Camargue (10 X, 83),
que ce sujet a sur les joues une plaque ronde blanche bien nette,
comme chez marila, et que son bec paraît être un réel mélange
entre cette dernière espèce et nyroca ; en plus, l'iris (artificiel)
est jaune (1).
Aythia valisneria et Aythia collaris
(Se reporter p. 161 ou p. 169 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
Nous avions dit que M. Daniel G. Elliot avait exposé en 1859 à la
Société Zoologique de Londres uu Canard considéré par lui comme
hybride de F. a/fnus X F. valisneria (ou americana), mais que
l'origine, qu'il supposait à cet Oiseau, avait été contestée par
M. Newton. M. Elliot est depuis revenu sur ce sujet (2). 11 dit que
son spécimen est appelé par erreur « a cross between americanax
collaris » ; la grande longueur du bec et la hauteur (deplh) du cou
indiquent, selon lui, (( the Canvasback, and not the Red head. »
FULIGULA FERINA et FULIGULA CRISTATA
(Se reporter p. 162 ou p. 170 des Mém. de la Soc Zool,, 1891).
M. J. Brown a eu la complaisance de nous envoyer l'hybride que
l'on conserve sous cette dénomination au Musée d'Histoire naturelle
(1] .\l. van Kcmpcn nousaadressé tMie cristata de s.i collection, point tout à fait
adulte, reconnue femelle à la dissection Cette pièce dillère tie cristata par les
côlés de son corps, qui sont très foncés el piquetés finement de jiris, rappelant un
peu marila. — Comme marila cf ne montre plus ces côtés foncés quand elle devient
adulte, on pourrait songer à un croiseinenl de cristata avec marila. Néanmoins
nous reconnaissons le motif que nous exposons peu sérieux. Si nous consacrons à
cette pièce celle courte mention, c'est seulement parce quelle a été envoyée à
notre e.xamen. car nous la croyons d'espèce pure.
(i) Voy. Auk, Hpril 1892. lilliot : On hybridism, etc., p. 162.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS DAPRÈS NATURE 725
de Belfast (Irlande) ; la pièce est montée. Nous avons lu sur son
socle la nieiilion suivante : « Hi/hrid lietiieen tiiftcd Huck and
Packard, shot in rompagnij nUh othera diviv(/ diirics ncnr Don-npalrick,
presenU'dbij M. II'. Darragh. » Cela nous montre que nous avons
bien alTaire à un Oiseau sauvage : nous pensons, eu principe, son
parenlage Men déterminé. Cependant nous avons aussi supposé un
mélange entre crislata et ninrilti, ou même entre marila et jhina :
mais le bec allongé et la couleur cendrée du dos rendent invrai-
semblable la première hy|iothèse ; la petite huiipe (|ue l'on aperçoit,
quoique dillicilcment, sur la nuque, et d'autres marques, éloignent
l'idée du second mélange.
Au premier abord la détermination de l'Oiseau est donc dillicile.
Elle est même 1res embarrassante, on va le voir. La mandibule supé-
rieure du bec, quoique plus large que celle de/emif/, la rappelle
bien néanmoins par ses dimensions et sa longueur, tandis que par sa
largeur elle fait songer au bec de tv/s/afa. Le môme efîet résulterait
sans doute d'un croisement entre marila et ferina. Le dos représente
aussi bien le mélange de ferina et de cristata que celui des deu.x
dernières espèces. La teinte brun chocolat violacé de la tète et du
cou laisse l'esprit dans la même indécision, car les deux croise-
ments aboutiraient au même résultat. Même observation au sujet
de la taille et de la couleur de l'iris (si la teinte orangée est vraie
puisqu'elle peut être aussi bien de cnstala axec ferina, que de cette
dernière avec marila) (1). Eu outre, la manière dont le blanc du
miroir de l'aile est entouré fait penser à une marila jeune ; la
manière dont les plumes des lianes recouvrent les côtés du ventre
près de l'anus fait encore songer au même Oiseau.
Mais le corps ne laisse pas autant d'hésitations. Si marila était
l'un des facteurs, l'Oiseau serait plus fort; puis, ce (jui nous fait
délinitivemeut exclure cette espèce, c'est que marila en hiver a le
dos gris blanc, tandis que ferina l'a cendré. D'un tel mélange on ne
pourrait supposer qu'il sorte le dos brun foncé que possède l'hy-
bride. Est-il permis de supposer qu'il provient de trois espèces:
ferina, cristata et marila ?
Après (|uelqu<!s recherches, nous avons trouvé dans la collection
des Oiseaux de la Seine-Inférieure (2) une marila dont le dos brun
gris cendré rappelle tout-à-fait celui de l'Oiseau du Musée de Belfast;
(I) Il faut noter que marila avec cristata, ou encore nyroca avec cristata, ne
pourraient diinner ce résultat,
(â) Au Musée de Rouen.
726 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
en été, du reste, le brun est la couleur du dos de marila, et on ne
dit point à quelle époque de l'année ce singulier hybride a été tué.
La pièce liu British Muséum étiquetée « Hybrid between cf
A. (erina and $ A. cristata» est sans doute aussi embarrassante,
car elle paraît nous avoir été signalée comme hybride de nyroca et
de jerina (1). M. Keulemans, qui l'a peinte pour nous, n'a point
trouvé les hybrides nyroca et ferina (2) que nous avions cités,
mais seulement cette pièce qui, on se le rappelle, avait été cherchée
en vain en 1891 par M. Boulanger et plusieurs de ses collègues (3).
Pour M. Keulemans, si cristata avait été l'un des parents, la
huppe serait plus prononcée et la couleur de la tête plus rousse ;
il la reporte donc au croisement de nyroca et de ferina, la consi-
dérant en outre comme un pi oduit femelle. Nous croyons volontiers,
si nous en jugeons par l'aquarelle, que l'artiste dit vrai ; le nom de
<( Fuligida intermedia » qu'elle porte se trouverait aiusi justilié.
Du reste, cet Oiseau est-il réellement un hybride sauvage ? Sur
la même étiquette, on lit encore : « Hatched (couvé) in VVoodford
Park (Blackburm), shot 19.8.86, preseuted by. R. J. Howard Esq ».
FULIGULA CRISTATA et FULIGULA MARILA?
(Se reporter p. 163 ou p. 171 (les Mém. de la Soc. Zool., 1891j.
C'est SOUS réserves que l'hybride de ces deux espèces avait été
indiqué comme se trouvant dans la collection Marmottan (4).
M. Oustalet, auquel nous avons demandé des indications, nous a
répondu que l'on trouvait bien sous le a" 1 du catalogue Marmottan
l'indication suivante, écrite de la main de celui ci : « Peut-être
métis de marila et de Milouinan ». Mais, dans une révision qu'il
a faite pour nous au Muséum, il lui a été impossible de trouver
ce n" 1. Nous l'avons nous-mème cherché inutilement.
FuLIGULA CLANGULA et FULIGULA MARILA
(Se reporter p. 163 ou p. 171 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
Nous croyons devoir supprimer définitivement ce produit de
notre liste ; M. de Selys-Longchamps, à un nouvel examen, conclut
(1) Voy. : p. lo6 ou p. 164 des Méui. (à l'article /erina X nyroca).
(2) Même page.
(3) Voy. p. 162 ou p. 170 des Mém.
(4) Collection réunie au Musée de Paris.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS D'AI'RÈS NATURK 727
à un albinisme qui s'anuoncc dans les grandes rémiges en partie
blanches; les pieds, entièrement orangé jaune, ne seraient (lu'uue
couséqueuce de cet albinisme.
Anas fkhina et Anas marila
Yarrell (Du son quatrième éditeiin. terminant l'article sur la
t'itliyula iiKirila (Ihe Scaup Duck) (1). l'appelait que dans l'Amérique
du Nord, occupant à peu près la même étendue (fl/va) que notre
mnrihi, on liouvait une forme |)lns petite, d'unedistinction spécilique
douteuse, connue sous le nom de (( tlie American or Lesser Scaup
Duck, Fulignla alfinis, » Eylon (/•'. iniiriln'iilefi, Vigors). L'auteur con-
tinuait ainsi : « Under tlie impression tliat a Duck obtained in the
» Londoii murket, by tlie late M. Henry Douhleday, belonged lo the
» species or race, the identical spécimen was ligured io former
» éditions of Ihis wnrk under the American Scaup. « This example,
» wliicli is now in the collection of .M. F. Boud, is believed by tliat
» vétéran ornithologist, and by other compétent naturalists, to be
» a hybrid belween the Scaup and the Pochaid ; but whatever it
» may be, it iscertaiuly nol the American Scaup ».
.M. Keulemans,qui a examiné cet Oiseau au British Muséum, nous
fait remarquer, en nous adressant un croquis, que l'une des ailes
est coupée et qu'ainsi le spécimen lui paraît être un « Oiseau de
volière ». Ou dit cependant dans Yarrell qu'il avait été obtenu au
(( London market». Il arrive, et nous en avons vu des exemples, (|ne
des Oiseaux sauvages pris dans des pièges sont conservés longtemps
en cai)tivité. .Mais tel ne paraît pas être le cas pour cet individu
dont nous ne sauiious du reste juger les caractères par le simple
croquis qui eu a été fait.
M. J. G. .Morris, des Wheatlands (Easton .Maryland, Etats-Unis),
nous a fait savoir que, dans une journée de chasse, sou lils tua un
hybride entre la Red head [Anus ferina) et la Black head (Anas
marila). Malheureusement ce précieux échantillon n'a pu être con-
servé.
Le Pasteur Lindner, d'Osterwieur-a-Harz, mentionne(2) avec quel-
ques réserves un exemplaire de sa collection tué par lui te
6 octobre 1888.
(1) Voy. p 427(16 la 4* édil (4* vol. revised ami elarged by M. Howard Saunders.
London, 11*)).
(2) Zur Urnis der Kurischer ÎVehrung von l'aslor Lin Iner und d' Curt Flœricke
(Schluni) in MiUlieil. der Oruilh. Vereins in Wien 1843, pp. 181-185.
728 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Cet exemplaire, d'après ce que nous fait savoir le pasteur, avait
été rencontré seul ; il ne paraissait aucunement farouche; il était
sur l'eau et il fallut le tirer trois fois avant de l'abattre, le vent sou-
levant les vagues très fortement (le temps était orageux).
Depuis la mention qui en a été faite dans « le Sittheilungen des
Ornithologishsen », celte pièce a été montrée au comte Berlepsch. Le
savant ornithologiste n'a trouvé aucune raison de faire intervenir la
F. ferina dans sa production. Le même spécimen nous ayant été
envoyé, nous sommes du même avis; rien n'indique un croisement
avec le Milouin. Dans notre collection se trouve même une marila,
sans doute de même sexe et de même âge, qui ne peut par aucun
caractère être distinguée de l'exemplaire supposé hybride, à ce point
que si les deux Oiseaux avaient été empaillés de la même façon, on
n'aurait su les reconnaître. Notre pièce a cependant la tache blanche
qui est près du bec moins développée.
On ne peut donc enregistrer la Fitlignla du pasteur Lidner à
titre d'hybride.
Genres Anas et Fuligula
FULIGULA FERINA et AlX SPOXSA.
Nous lisons dans le « Forest and Stream (1) que M. C. Tiller, de
Moroë, Michigan, a envoyé à ce journal un hybride présentant
les apparences du <( Wood duck » {A. sponsa) et de la Red head
(F. ferina). Ce spécimen avait été tué dans les marais de Moroë.
Nous avons écrit à M. Tiller pour avoir des renseignements précis
sur un tel hybride qui nous surprend vivement ; nous n'avons
reçu aucune réponse. On nous permettra de mettre en doute l'origine
que l'on donne à ce métis. Dans le cas où sa détermination serait
exacte, on doit supposer que c'est un Canard échappé de quelque
parc. Les renseignements qui ont été donnés par le « Forest and
stream » sur les caractères qu'il présente sont assez sommaires. On
dit seulement qu'il a l'ongle recourbé et le plumage bigarré du
Wood duck avec la tête, la poitrine et d'autres traits de la Red
head ». Sa dépouille ne paraît pas avoir été conservée.
FuLIGULA FERINA et DaFILA ACUTA
M. Geo. B. Boardman dit, dans la même revue, qu'une seule fois
(1) XII, p. 226.
ADDITIONS, COBRKCTIONS ET r:XAMKNS d'aPRÈS NATURE 729
il lui fut donné, dans ses chasses, de rencontrer un croisement :
c'était, lui semble l-il, uu produit de la (( Read head » et du
« Piutail. »
Nous soupçonnons fort cet Oiseau de n'être qu'un mâle eu plu-
mage d'été. .M. Geo. A. Boarman est peu précis dans son récit et
laisse lui-même place à ce doute.
Genres Clangula et Mergus
Clangula glaucion et Mergus albellus
(Se reporter p. ICii ou p. I7.'J des Mém. delà Soc. Zool., 1891).
Nous avons réussi à obtenir les quatre seuls exemplaires cT qui
représentent le croisement de ces espèces. Ce n'est point sans peine
que leurs propriétaires se sont décidés à nous les conimuuiquer.
Plusieurs de ces échantillons sont en effet très précieux ; ils sont
devenus célèbres par les longues et savantes discussions aux(iuenes
ils ont donné lieu. On se rappelle les noms des ornithologistes
éminents ([ui oui pris soin di; les examiner et de décrire leurs
caractères.
Trois de ces mâles étant adultes, des comparaisons faciles peuvent
être établies entre eux. Pour nous, il ressort de ces comparaisons
que ce sont de vrais hybrides et non des individus appartenant à
une espèce, car ils [iré.senteut si liien les traits combinés île leurs
ancêtres supposés qu'une forte présomption s'établit en faveur
de leur double origine.
Voici leurs descriptions et les indications que nous pouvons
donner à leur sujet :
K.Tcmplaivc du Muser ilc llrunsuicli (décrit par Einibeck) (1). Nous
avons d'abord comparé l'original avec le dessin en noir qui a été
publié par l'isis. Nous avons remarqué que, dausce dessin, les pattes
et les doigts sont trop forts, que la crête ou huppe de la tète n'est
pas dans la position qu'elle occupe actuellement. Dans l'Oiseau
enqiaillé la crête se redresse et domine le sommet de la tête; sur
la lithographie elle se prolonge au contraire sur la nuque (2). Le
bec, sur le même dessin, est trop développé comparativement aux
dimensions du cnr[)s ; il est très faible dans l'original. La dispo-
sition de la graud(; ligne longitudinale qui sépare en deux parties
(l| In Isis.
(2) Nous supposons le montage conforme ù la natu-^e.
730 OISEAUX HYBRIDES HENCONTRRS A l'kTAT SAUVAGE
le blanc de l'aile esl assez bien dessinée ; il n'en est point de même
de la jiartie la plus rapprochée du corps, car les trois divisions
du blaiic sont mieux indiquées dans la pièce empaillée. Toutefois
ces divisions sont de leur nature très variables, la position des
plumes pouvant les modifier très sérieusement.
Nous avons ensuite comparé le môme Oiseau avec la ligure colo-
riée qui se trouve dans l'ouvrage de Naumann (1). Celte figure ne
nous paraît pas exacte parce que : 1" la couleur du bec est trop
rosée (2); 2° la partie blanche près du bec n'est pas assez accusée;
3" la partie foncée à la naissance de la mandibule supérieure semble
indiquée tiop bas ; 4" ou n'aperçoit point la couleur blanche qui
est directement sous le bec ; 5° les trois petites raies de l'épaule qui
s'avancent vers la poili'ine sont trop accentuées; (i» la disposition
du dessin de l'aile (notamment de la partie (jui a voisine les flancs i
n'est plus celle que l'on voit aujourd'hui sur l'Oiseau empaillé;
7" enfin les flancs paraissent beaucoup trop remplis de points fins
et bleus (3).
Nous avons enfin comparé le Canard d'Eimbeck avec une chro-
molithographie qui en a été faite. Cette peinture indique d'une
manière plus exacte le ton du bec et des pieds, telle que la cou-
leur de ces extrémités est maintenant conservée. Cependant le bec
est encore trop tort, trop long; les parties foncées de l'aile (division
qui avoisine les flancs) sont aussi trop prononcées. Disons encore
que la huppe n'est pas assez développée et cjue les tous du vert de
la tète ne sont point assez crus. La tache foncée près de la mandi
bule inférieure est exacte.
Le dessin de l'Isis et celui tle Naumann se ressemblent donc plus
entre eux qu'ils ne ressemblent à cette chromo-lithographie. Cette
dernière figure diflère surtout des précédeutes par la disjjosition
des dessins foncés ih^ l'aile; mais ces dessins peuvent acquérir, on
l'a remarqué, plus ou moins de développement suivant la dispo-
sition donnée aux i)luuies de l'aile, soit par le i)eintie, soit par
le taxitermisle.
Actuellement la huppe et la partie foncée de la tête sont d'un
(1) Ilist. des Uiseanx de l'Allemagne. Celle ligure esl reproduite dans VOrni-
tliologica dunica de Kjarbôlliiif;.
(2) A moins (ionc que l'Oiseau ne Teùt de celte couleur lorsqu'il était en chair,
ce que nous ne pouvons vérilier ; aujourd'hui le bec esl de couleur cuir violacé.
(3) Nous devons cependant faire rejiiarquer que, pour établir ces comparaisons,
nous ne possédons que la copie de l'aquarelle de l'ouvrage de Naumaon, copie faite
un peu sommaireuieul.
ADDITIONS, COHRliCTlONS i;T ICXAMKNS UAl'HKS NATUItK 731
gris vert t'iiu'raude foucû el Iram-; lorsiiuu l'on i»lace l'Oiseau dans
un cerlain jour, des loiis violacés, Ideus ou prune, apparaissent sur
cette partie, eu sorte que l'on croirait volontiers avoir devant les
yeux une teinte 1res difTé rente de la première (I). La (jueue est plus
foncée ([u'elle ne l'est chez le Mergus nthcllus. Il existe comme une
moustache près de la mandibule inférieure; en dessous une partie
blanche avoisine le bec. La joue est très faiblement tachetée de raies
foncées peu visibles. L'iris (artificiel) est de la sienne naturelle.
Les pieds sont larges et de ton cuir de botte. La disposition de l'aile
(partie la plus rapprochée des lianes) tient plus du Mergus
albelliis que du C. lilducioii ; il eu est de môme de la forme du bec,
qui est plus de la première que de la seconde espèce, quoiqu'on la
puisse dire en ([uelque sorte intermédiaire entre les deux types.
Les llaucs sont presque blancs; en cela l'Oiseau se rapproche
du (jUnuinn cf adulte. Au dessus des tarses, la partie foncée, quoi-
que |>iquetée, rappelle mieux aussi cette espèce qu'elle ne rappelle
l'iilhriliis: on peut en dire autant du haut des pieds el des tarses.
Maigre ses ressemblances avec le Clangula glaacion, cet hybride,
dans son aspect général, est plus du type Mergus que du type
Clangula ; il n'est pas aussi gros que ce dernier et est élancé comme
le premier. Notons que le ton du bec est maintenant cuir de botte,
ce qui n'existe chez aucune des deux espèces.
Exemplaire tué à lu fin ilc frvrier IS65 dans le voisinage de Pol,
appartenant aujourd'hui à M. Heinrich Adolf Weissflog, d'Annaberg
(Saxe) (2). De la taille du Mergus alhellus ; les parties supérieures
(disposition du blanc et du foncé) le rapprochent également de cette
espèce. Toute la tète est verte, à l'exception de la partie basse des
joues qui est blanche; une raie blanche la traverse verticalement.
Le bec est un vrai intermédiaire entre les becs des deux types.
L'iris (arti(iciel) est l)ruu. Les pieds sont grands. Sur les lianes
se montrent quelques petits poiutillés rappelant ceux du Mergus.
L'Oiseau est pins Marie (|ue (iaiiot par ses dimensions, sa taille
et la colmalion gént^iale; il s'accuse néanmoins très nettement
comme un iiitei'niédiaire eulre les tieux espèces. Nous ne voyons pas
pourquoi sur la chromolithographie des " .\naaberg Buciihob.ei'
Vereins fiii' Nainrkunde » qui le représente, le bec qui nous paraît
(I) Clu'z iiii exemplaire o" Clangula glaacion de race pure de noue eoUecli.m
on ne découvre |Hiinl des leinles aussi %iolac(5es.
{ij .Vinès avilir élé dans les mains de .M. l'ranlz Seliniidl, puis dans celles de
M. OM-ar Widsclike (ecinnie il a «'■lé explique p. 16!) ou p. 177 dc8 M<ïin.).
732 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
trop fort et trop allongé, est de couleur ocre foncé. Nous avons
omis d'après nos notes de décrire la couleur actuelle; elle est plomb
violacé dans la peinture sur toile que notre artiste, M. Lemaitre, a
fait ad naturam. A part cela notre peinture est bien semblable à la
chromo-lithographie à laquelle nous faisons allusion ; la disposi-
tion de l'aile, le pointillé des flancs inférieurs sont exactement les
mêmes sur Tune et sur l'autre. Une différence est cependant sen-
sible dans la deuxième tache blanche; il est vrai que le tableau de
M. Lemaitre représente VAnas merqdides vu du côté gauche, tandis
que la chromo-lithographie des Annaberg-Buchholzer le représente
du côté droit.
Exemplaire du Musée d'Upsala (Suède) , tué le 20 novembre par
M. Themstrdm. — Cet Oiseau est encore plus Menjus albellus que
Clouijiila (jlaacion, mais il porte certaines marques de ce dernier:
ainsi son cou n'est pas aussi allongé que celni du Mergus; on n'aper-
çoit point, traversant de chaque côté l'espace qui se trouve entre le
bas du cou et le commencement des ailes, la ligne noire de Valhel-
lus (1); la disposition des taches blanches de l'aile n'est point non
plus la même que chez ce type.
Le mélange avec le Clamjuln glaucion est indiqué par la teinte
foncée qui domine sur la tète et les joues, qui descend même sur
le cou; puis par l'ampleur de la mandibule supérieure du bec.
Celte mandibule est beaucoup plus épaisse que celle de Valbellus,
quoique l'onglet qui clol son extrémité soit aussi recourbé et aussi
descendant que celui de Valbellus. Les pieds et les pattes sont de
cette dernière espèce comme coloration. Le dessiii des couvertures
foncé de la queue et des rectrices rappelle le f/laucion. L'Oiseau
paraît légèrement plus fort que Valbellus. En somme, il donne bien
l'aspect d'un hybride.
Les compai'aisons entre ces trois màles adultes peuvent s'établir
comme suit :
Si le montage a conservé les proportions naturelles, l'exemplaire
du Musée de Brunswick, c'est-à-dire l'exemplaire le plus ancienne-
ment connu, est le plus faible des trois; il parait étroit. 11 possède
plus de ressemblance avec l'exemplaire de M. Wolshke (2) qu'il
n'en présente avec le mâle que l'on conserve au Musée d'Upsala.
Néanmoins, la partie foncée de la tête n'est point, vers le front,
(1) Cette absence de lij;ne noire pourrait, il est yrai, être un signe de jeunesse,
si la partie où elle manque était salie ; mais elle est ici profondément blanche,
comme chez les adultes.
(2) Appartenant aujourd'hui à M. lleinrich AdoK Weissflog, d'Annaberg.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KXAMENS d'aPRÈS NATURE 733
traversée verticalement comme chez l'exemplaire de M. WeissQog.
La dispositiiia de l'aile est piutiM celle de ce dernier, mais les
barres au-dessus de l'épaule ue péiièlrent point dans le blanc de la
poitrine ; en cela il se rapproche bien plus de l'exemplaire d'Upsala.
Celui-ci a les lianes plus iii(pieti''s qu'ils ne le sont chez les deux
autres : il annonce par là un âge moins avancé que chez ces derniers.
Le bec du Canard de Brunswick est plus petit que celui des autres.
L'exemplaire de .\I. Weissflog est pour la grosseur un pou dilTérent
de celui d'Upsala. Il paraît plus faible ; on ne peut guère tcnitcfois
s'arrêter à des caractères qui souvent dépendent du montage. Les
becs de ces deux Oiseaux seraient bien seniblabhis par la forme et
les dimensions ; la couleur est aujourd'hui très foncée. Le système
des barres blanches de l'aile nous paraît être encore, à peu de chose
près, le même chez les deux. Egalement sur le dos, môme système
de la coloration noire; mais sur le Canard de .\L Wcissllog la raie
line propre à ra/Z^c/Zi/s s'accuse davantage vers la poilrine(l i ; l'autre
barre |)rès de l'épaule (qui descend sur les côtés de ['utlwUns) existe
aussi chez lui. Sur les plumes des lianes on retrouve les petits
points foncés que l'on connaît, mais ils sont moins prononcés, moins
larges et moins répandus (jue sur le sujet du Musée d'Upsala. Les
pattes et les pieds de ces deux pièces paraissent être de même dimen-
sions; ils ont dil être plus jaunes chez le spécimen qui a appartenu
à M. Wolschke. Ce qui distingue piincipalenicnl les deux Oiseaux,
c'est la huppe de la tête qui est, ou l'a dit, traversée verticalement
par une raie blanche chez le dernier; c'est encore, chez celui-ci,
une tache blanche (jui apparaît un peu plus bas sur la même
toulle de plumes. A part ces dillérences dans les parties supérieures,
on trouve chez les deux Oiseaux le même genre de coloration,
([uoique l'on ne puisse passer sous silence les petits traits ou taches
de couleur blanche qui bigarrent les joues du sujet d'Upsala, Il faut
remarquer que celui-ci a les pattes foncées tirant sur le bleu comme
le Mi'iijiis, ([uf le bec otïre la môme particularité ; or, ces mômes extré-
mités ne sont pas de ce ton chez les deux autres sujets. — Les
distinctions présentes font voir t|ue le Mcn/us anatariim d'Eimbeck
le sujet d'Upsala et celui de .\L Weisstlog, n'a])])arlieuUL'nl point à
une espèce fixe, et qu'ils sont, sans doute, à cause de leur irrégu-
larité dans leurs caractères, des hybrides.
On ne sauiait, nous l'avons dit, comparer le jeune mule de
Kjœrbolling (2; avec les trois mâles qui viennent d'être examinés.
(1) Sur le Canai'il li'L'psalii plli' fiiit pri'si|ue ili'faul, (iii l'a i-ciii:ir(|ué.
(2) Décrit el rcpresenlé dans VOrnilItologia duiiica do cel aiUcur, pi. LV, liy. 7
(Supplémeul).
734 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
La description que nous avons faite de ce jeune isolé, et les notes
que nous avons prises sur les espèces pures sont les suivantes :
On remarque que Mergns albeUus cf jeune ou 9 a, à partir de la
mandibule inférieure et commençant sous le menton, un grand
espace blanc se répandant sur les joues, sur les côtés et le devant
du cou. Le brun roux commençant à la mandibule supérieure
couvre tout le front, le dessus de la tète, la nuque, la crête du
cou et entoure l'tcil de la largeur d'un grand centimètre.
Chez ClaîKjula glaiicion (^ \euDe et $, la couleur brune est répan-
due non seulement sur toute la tète, mais aussi sur les joues et
descend même sur le cou, jusque sous la gorge. Les dilïérences que
nous indiquons sont les principales dans la coloration.
L'Avis Iiyb7ida de Kjœrboling, qui est de très petite taille, doit
cependant être un jeune déjà en mue d'adulte, car on aperçoit faci
lenient sur le brun de la tête des plUlues foncées; sur les joues,
blanches çà et là, de petites taches foncées se montrent aussi, et près
de la mandibule supérieure, la touchant, apparaît comme un indice
de la plaque blanche de glaucion (^ adulte. Nous disons la plaque
blanche de glaucion cf adulte, car chez nos exemplaires cT jeunes
ou 9 cette partie, près de la mandibule supérieure, reste encore
foncée, de la teinte brune de la tète et des joues. Il y a donc, dans
cette partie blanchâtre, ces plaques foncées du dessus de la tête et
ces petites taches éparpillées sur les joues, des traces de clangiila cT-
Mais, dans la couleur et le dessin du fond, l'Oiseau est albcllus, car
ses joues, quoique piquetées, et le dessous de sa gorge sont de cou-
leur blanche (1); puis la ligue de démarcation qui, chez alhellus,
sépare le brun d'avec le blanc, est parfaitement dessinée chez lui.
Ce caractère intermédiaire dans la coloration est à retenir : c'est
le dessin d'albi'llus modifié par l'influence de glaucion.
Une autre partie du plumage, située plus bas que la précédente
(mais qu'on ne saurait rapporter plus à mcrgus qu'à glaucion, car
tous deux l'ont semblable), nous montre encore que l'Oiseau n'est
plus un tout jeune mâle. En effet, sur le gris brun blanchâtre du
bas du cou et du devant, les taches blanchâtres de l'adulte sont
bien caractérisées.
Peut-être serait-il possible de découvrir dans le dessin de l'aile,
qui nous paraît plus alhellus que glaucion. des caractères propres
à cette dernière espèce. Chez les Clangula (cf jeune ou $) que nous
possédons, la partie haute de l'aile est foncée, mélangée seulement
(1) A l'exception toutefois de la petite pailie blanche qui touche la mandibule
supérieure.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET F.XAMKN^ d'aPRÈS NATURK TBii
de blanc, tandis que chez les exemplaires alhellun du même Age et
(lu même sexe, cette parlic est plus blanche el laisse apercevoir
une lar{,'e plaque bien mieux déhiiie. Chez l'iudividu iiybride de
Copenhague cette grande plaque blanche est très accentuée. Il est
vrai que celte particularité pourrait ce|iendaul proveuir de ce que
nos jeunes cT uliturion ne sont pas assez avancés eu âge. Néanmoins
chez l'hybride cette plaque blanche alTecle davantage la forme de
la plaipie de mergus, car elle va presque rejoindre la deuxième
tache blanche longitudinale de l'aile, la(iiiellc tache est placée plus
haut. (Nous ignorons si ce caractère se profFuit de la même manière
chez le Clanfiula en mue et aussi avancé en âge qiu' notre hybride).
Nous observons encore une autre dillérence avec nos Clampda:
chez ceux-ci la partie basse de l'aile montre beaucoup plus de blanc
que la partie correspondaute û'alhi'Uiis {|ui ne laisse voir à cette
place que deux barres fort étroites de blanc. Or, chez le sujet de
Kjœrbolling, les deux raies transversales propres à l/c/v/us existent
très nettement, mais elles sont beaucoup plus larges el montrent,
par conséquent, beaucoup plus de blanc. Est-ce là un rappel de
glawion ?
Une remarque qui ne se rattache point à la (|uestion de l'hybri-
dité ne sera point ici hors d'apropos. Dans les cT adultes alhcllns et
(/laucinn, la grande tache supérieure de l'aile est à peu près la même
et traversée de raies obliques ; mais dans la disposition de la large
barre blanche inférieure, les deux espères ditièrent d'une manière
bien accusée. Celte large barre, chez filnurion, se répand eu long,
presque sur toute la surface de la partie basse de l'aile et se trouve
complètement séparée de la supérieure. Chez albellus, cette môme
barre inférieure va en montant vers sa moitié rejoiiuli-e la supé-
rieure se trouvant, à cette même place, comme coupée [laidu foncé.
Sur ce foncé, il n'apparaît plus (à titre de rappel du blanc) (i),
que les deux petites bai-ies blanches très Unes dont on a [jarlé. Or,
chez le jeune ijlmicioti celte partie blanche se trouve coupée par «ne
raie foncée à peine visible, rappelant ainsi les séparations du blanc
de l'aile de ytenjua. Ceci tient il à une ancienne parenté de deux
types qui se seraient ensuite diversiliés? La llièsi! évolutiouuiste
dirait oui. — Nous sommes loin de le prétendre. Nous nous bor-
nons à une simple remar(|ue. Nous reconnaissons, du reste, qu'il
faudrait, pour (|iie de telles observations aient une valeur, un
mobilier de comparaison plus complet que celui dont nous dispo-
sons : nous ne possédons que dix sujets, (|nati-e ullifllus et six nlau-
(I) Laquelle couleur a pris une aulre direction.
l'M OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
cion, dont trois de ces Oiseaux sont des cT adultes. Le double, sinon
le triple des exemplaires cT jeunes, nous seraient nécessaires pour
tenter une jjonne démonstration, les caractères de l'aile étant très
embarrassants et subissant des modifications progressives suivant
l'âge et le degré de la mue. Ainsi, dans nos sept sujets (cT jeunes ou
9 albeUns elglaucion), aucun d'eux ne porte encore des traces de la
grande tache blanche longitudinale de la partie supérieure de l'aile,
tache que l'on observe chez le sujet de Copenhague : cette absence
de tache chez nos exemplaires purs ne nous permet pas de dire si
celle que porte l'hybride en question se présente à la manière de
glaucion ou à la manière d'alhellus. La mue, chez les deux espèces,
pourrait ne pas se présenter de la même manière.
Nous remarquerons qu'on a peint les tarses et les doigts de l'hy-
bride d'une couleur très rouge, les palmures restant brun foncé. Si
ce ton est exact, ou aurait là un bon signe d'hybridité, car les patles
d'aibellus, auquel ressemble davantage cet Oiseau, sont bleutées.
Quant au bec, qui est la partie la plus intéressante à étudier,
quoique le caractère de la teinte de la tête et des joues le soit
aussi beaucoup, il est de couleur brun foncé, et de forme bien plus
mergus que clangula, car il est long et l'ongle très rabattu forme
une pointe basse. Mais il est aussi seusiblemeut plus fort que celui
de mergus cT jeune ou $ ou même d" adulte. Si on le regarde en
dessus, il est à sa naissance plus large que celui ;1u Mergus; les
narines sont éloignées de la tête comme cela arrive chez la Clangula ;
puis la largeur diminue peu vers l'extrémité. (On sait que le bec du
Mergus se rétrécit tellement en s'allougeant qu'il forme une pointe).
C'est donc le bec qui est en quelque sorte le caractère indiscutable
d'hybridité, car, quoique les larges dessins des joues et les deux raies
transversales des ailes montrent assez bien rinfluence de glaucion,
on ne voit pas, (au moins si nous nous en rapportons à nos sujets de
comparaison), par quels autres traits essentiels et bien distincts
VAvis hi/hriiki de Kjœrboliug alTirmerait sa parenté avec celte
espèce, à moins que ce ne soit par ses pieds qui sont larges et très
grands. (On sait que Ghiucion les a plus grands qii'albellus).
La petitesse du corps nous surprend, vu l'état avancé de mue.
Nous voulons croire que la pièce a été mal empaillée, ou que la
peau, s'étant très rétrécie, n'a point permis de développer les vraies
proportions du corps qui paraît actuellement étiolé.
Nous concluons que cette pièce est probablement un hybride des
deux espèces qu'on lui donne pour parentes; mais son origine
mélangée ne se démontre pas aussi facilement que chez les trois
ADDITIONS, CORRECTIONS ICT EXAMENS D'aPRÈS NATURE 737
sujets cT adultes, c'est-à-dire l'exemplaire du Musée de Brunswick,
l'exemplaire de la colleclion de M. Weissllog, d'Annaberg, et l'exem-
plaire du Musée d'Upsala.
Ce nesit point sans une alleution très soutenue que nous sommes
arrivé à (aire ces dernières remarques ; sans doute elles aui-aleul
été plus justes et plus complètes si notre matériel de comparaison
avait été plus étendu et peut-être alors aurions nous pu signaler,
sur ce sujet fort intéressant, de nouvelles marques de sa double
parenté.
Nous ne pensons point (pi'on ait obtenu, en captivité, la reproduc-
tion des deux espèces parentes, au moins la rejjroductiondu :)/(7'(/».s.
Le croisement de ce type avec le Clanyula tjlaaciun à l'état sauvage
peut surprendre à première vue, si l'on considère qu'elles sont
classées dans deux genres ditïérents et bieu distincts. Néanmoins,
il faut reconnaître que Tespèce glaitriun et l'espèce alhflhis ollreut
dans la tonalité et la disposition de leur plumage de vraies analo-
gies. Chez les jeunes, la teinte et le dessin du i)lumage se ressemblent
à ce point qu'étant vus un peu de loin, on pouirait confondre les
deux espèces.
Il n'est donc point absolument impossible que le croisement
soupçonné se soit réellement produit. Bien rai-ement, à l'état libre,
sinon jamais, on a été témoin de l'appariage des espèces dont
paraissent Issus les liyliridcs (|iii ont été signalés dans ces éludes.
Cette observation aurait précisément été faite pour les deux parents
que l'on donne aux hybrides qui viennent d'être décrits. En efïet,
M. Wiepken, directeur du Musée du'-al d'Oldenbourg (rectitiaut
une erreur que uous avions cotnmise à l'article « Claïujula (jUtuctun
et Menjus wi'rnansci)) où nous disions que ces deux espèces avaient
été vues appariées) (I), nous informe que les deux Oiseaux, que
l'on vit in ropulà, étaient le .)/. alhcllus cj'et le Clangnla iilaucion.
Cette observation, faite par M. l'inspecteur des forêts de Negelin,
fut communiquée à .M. Wiepken le jour même où elle avait été faite
par celui-ci (2).
Nous rappelons que d:ins la collection du [lasteur Brehm existe une
femelle que le savant ornithologiste a déterminée comme hybride
du .1/. nlhclliix et du G. (jlinivittn. Nous aurions bien désiré ol)lenir
pour (jnelque temps ce sujet, sans doute unique, alin de l'examiner
(1) Voy. p. 170 ou p. 178 des .Méiii.
(2) Du reste consullp/, à ce sujet le Journal (ùr Ornitliolo);ie, p. 4I().1885. L'inspec-
teur général des forets de Xcgelin, dont il est question, est aujourd'hui décédé.
738 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
à loisir, de le peindre et d'en faire la description complète. Made-
moiselle Leïla Brehm, la petite-fille du pasteur, a bien voulu nous
faire connaître la destination de cette collection qui ne permet pas
de la diviser. Elle n'a pu, en conséquence, nous adi-esser l'Oiseau
qui n'a point, croyons-nous, été discuté, mais qui sans doute méri-
terait d'être mieux connu, vu la grande autorité de celui qui l'a
déterminé comme hybride.
Mergus merganser et Clanoula glaucion.
(Se reporter p. 170 ou p. 178 desMém. de la Soc. Zool., 1891).
Cette appariage est à supprimer pour les raisons qui viennent
d'être données (p. 737, 24'^ ligue).
Genre Anser.
Aucun hybride sauvage du genre Anser n'avait été mentionné
dans nos premières publications. Existe t-il à l'état libre quelques
croisements parmi ce genre d'Auatidés? Nous n'oserions l'allirmer;
nous citerons cependant les faits suivants pour ce qu'ils valent.
Anser albifrons gambeli et Branta canadensis.
M. R. Ridgway.que nous avons iuterrogésur la mention faite par
Spencer F. Baird (1) d'un hybride entre la White fronled Goose
et la Canada Goose existant au Musée national de Washington,
nous a répondu que l'Oiseau était un « andoubted uild Binl ». Cet
hybride a été décrit par MM. Baird, Brewer etRidgway (2).
Anser cinereus (3) et Anser segetum (4)
Le Rév. Macpherson a bien voulu nous signaler un hybride entre
la Bean Goose et la Grey Lag. Cette Oie a été tuée le 6 février 1893
dans le comté de Cumberland par M. Thomas Mann d'AigeeGill
(1) In Koresl and Slream, vol. II, p. 5.
(2) In Water Birds oj North america. vol. I, p. 4?0. Nous n'avons pu nous
procurer cet ouvrage.
(3) Synonymie: Anas anser. Anas anser /eriis, Anser paliistris Flem.. Anser
vulgaris PuW.. Anser sj-li'estris Brehm.
(4) Anser sjlvestris Briss., Anser férus Flem ., Anser arvensis Brehm.
ADDITIONS, CORUKCTIONS KT KXAMRNS d'aPRÈS NATURE 739
(Allougy). M. Thomas Mann en fit cadeau au Révérend qui l'a
olleiie au Musée public de Carlisle. Dans le Zoologist qui raen-
lionne cette capture (I), on fait savoir que M. Thomas Mann avait
pris le s|)écimeu pour uiieGrey La^, mais que le mélange des carac-
tères des deux espèces est liiru tnaïqué et intéressant. L'Oiseau est
ainsi décrit :
(( The Ijill mosl uearly reseinl)les that of the Grey Lag, thougli
there is a liltle black on the uu.<(uis ami altlic hase of the bill. The
feet, ou olhei- haud, resemble llio.se of Ihe Beau Goose. but the Iwo
outer claw s of botli feet are white » (2).
Anser albifrons (.3) et Berxicla brknta (4)
.\u conimencemeut de l'année 1890, M. Hartert lit voir au Club
oruitholoi^Kpie loi la peau d'une Ôie qu'il supposait provenir d'un
croisement entre la lienticla hrcnla et VA user alhl fions (6). M. Har-
tert a bien voulu, dans une lettre qu'il uous a adressée, décrire ainsi
cet Oiseau : « .Sides and llanks the sauie, the lowest abdomen and
under tail-coverts are pure white. The rump in pure blaek. Other-
wise it rcsembles enlirely Anxrr iilliifrinis n. \\. Hartert a toutefois
soin d'ajouter : u je doute beaucoup qu'il soit un hybride ».
Anser cinereus et Anser brachvruynchus (7).
M. Selater uousa fait savoir (|u'il lui fut envoyé, le 16 février 1892,
par M. Blaauw. de S'Graveland (.Milversum). un hybride vivant entre
V Anser cincn-tis et VAnsi'r linirhi/rliipiclius. Le Hévéreud Macpherson
alla voir l'Oiseau curieux quehiue temps après son arrivée aux
Zoolo!,ncal Gardens; il nous a adressé les notes suivantes sur les
caractères qu'il présente :
« It resembles tliti Grey lag Goose (I. cinerrns) in shape, but
the feet arc of exaelly the same colonr as those of .1 . hriicliyrliijnrhns ;
(1) I89:t, p|) l'joiui.
ci) Cet hyliride est cité dans Ornilliologislio Moiiatslii-iiililc du D' Iteiclienow,
N" 7, juli I8'.t.t, |). Il'.t.
l'J) Autres noinn : Anser seplenlrionalis sylvestris. Anser erythropus Kleni.,
Anser médius Ti-iniii., Anser intermedia Naiim., Anser hriichi B|>. px Brrliiu.
(41 Synoiivinip : Anas bvrnicla, lirenla, Anser torqiittttis, Anser branla,
Bernicla melanupsis.
(o) Dans un incelinj; de la Société Zoulogique de Londres.
(Cil Voy.liiill. of Uie Biil. Oiiiilli. Cluli, VI, I manli. ISil.t. Tlie Ibis, I8'.0, p.*(i!i.
(7) Ou : Anser brevirostris, Anser phœnicopus, Anser segetuin Naum.
740 OISEAUX HYBRIDKS RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
the bill is pink, b;it the uuguis is wiiite iustead ot being black like
that of 1. hrachyrhynchus ». Le Révéreud ajoute que l'Oiseau a
été pris en Hollande (1).
A propos de cette capture, M. E. Blaauw a bien voulu nous
envoyer d'intéressants détails que nous croyons devoir reproduire.
Le naturaliste hollandais n'est point d'avis que cet Oiseau soit,
comme l'a pensé M. Sclater (2), un croisement d'A. cinereus et
d'A. brachyrhjjnchus. D'abord il l'avait pris pour une race anormale
de V Anser albi Irons var'iélé rozeipes Schlegel; mais depuis il a été
informé par un atlrapeur d'Oies (|ue le sujet en question, et d'autres
Oies qu'il a reçues à diverses reprises, sont nées en serai captivité
de l'Oie à front blanc et de l'Oie grise (.4 /iser cinereus} ou de l'Oie
à bec court (Anser brachyrhynclm's).
Il n'a pas été possible à M. Blaauw de savoir à laquelle des deux
dernières Oies appaitenait le progéuiteur, mais il est certain que
l'Oie à front blanc est l'un des deux parents. Les attrapeurs d'Oies
ont toujours plusieurs Oies tie différentes espèces dont ils se servent
comme appelants. Ces Oiseaux sont d'une familiarité excessive;
mais pendant l'été ils prennent leur liberté et s'éloignent dans les
prés. 11 arrive parfois qu'ils s'y reproduisent ; chose étrange, c'est
généralement un croisement qui a lieu et presque toujours l'Oie à
front blanc est un des reproducteurs. Si M. Blaauw a bien jugé par
la teinte du plumage, VAnser hrarhyrbyiichus do'\l être l'un des deux
parents de l'hybride envoyé à M. Sclater. Quant au second parent,
M. Blaauw ne peut rien aflirincr, car, remnrque-t-il, par l'hybrida-
tion se forment souvent des teintes étrangères aux espèces mères (3),
et certes le bec de l'hybride n'a pas la moindre trace au bec du noir
propre à l'Oie au bec court; son bec, qui est gros, est en effet de
couleur rose.
Il peut se faire que les hybrides précédemment nommés aient été,
comme ce dernier, produits en setni-liberté par des Oies servant
d'appelants (4).
(1) Cet Oiseau a, paraîl-il, été mentionné dans les Pi'oceedingsof tlie Zool. Society;
mais nous ijinoi'ons à quelle date.
(2) Olui 01 parait né^inmoins hésitant, ou senilile être revenu à sa première
opinion.
(3) Cette observation esl à retenir,
(4) Le li'i Hon. lord Ldford (in Notes on the Ornithology of Norlhamptonshire
and neigUbourlioud. Zoologist févr. 189!), signale une femelle « wliite îronted
Goose » qui, appariée avec une Bean Gander, pondit quatre œufsà l'n.Xviary-pond ».
Nous supposons qu'il esl question ici d'un appariage obtenu en captivité ou en
semi liberté. Du reste, le lord ne fait point connaître le résullat de cette ponte.
ADDITIONS, COHRECTIONS KT EXA.MKNS d'aCIIKS NATURE 741
PALMIPÈDES TOTIPALMES
Famille ties Pelecanulm
Genre Pbalacrorax
Phalacrohax africanus et Phai.acrorax pygmaeus
Le Catalogue des Oiseaux du Musée de Francfort fait mention
d'un Oiseau qui a la queue du Phnlarrornx africanus, mais qui
ressemble plutôt, par ses taches, au l'h. pm/iiiaeiis (I). M. Hartert,
auteur du catalogue, a envoyé le spécimen qu'il y a signalé à
M. le D' Reiclieiiow, de Berlin, pour le c()mi)arer avec des individus
d'espèce pure, que le .Musée de Fiancforl (2j ne possède pas en assez
grand nombre. M. Reichenow a fait savoir à M. Hartert que cet
Oiseau était à reporter à l'espèce tili-'cdiius; que, (■e|)en(lant, il pour-
rait bleu être un « lidstnril. » M. Hartert l'a inscrit sous le N" 3481
du Musée de Francfort avec cette mention : « Bastard von Ph.
pytinianisXdIririnnt'i 9 .Zaïia-See, Abyssiiiieu.G.V. D'' Rippell, I8.'{2.))
En admettant (pie cet individu, tué à l'élat sauvage, soit bien un
hybride, ce qui n'est pas prouvé, il nefaut voir dans le Phalacrorax
pyfjmafiia et le /'/(. africiinus que deux types voisins, sans doute
deux races dune même espèce.
(1) Knlalofj lier Vligel in Muséum Kianrfuil-:iiii-\k'iii, p. 2:Ui, IH'JI.
(2) A ce moment M. Ilarlert étail appelé dans celle ville pour dresser le eataloyue
des Oiseaux du Musée.
742 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRliS A l'ÉTAT SAUVAGE
ORDRE DES ÉCHASSIERS
ÉCHASSIERS HÉRODIONS
Famille des: G mules.
Genre Ardea
Ardea cinerea et Ardea purpurea.
(Se reporter p. 171 ou p. 179 des Mém. de la Soc. Zool., 18',)1).
Nous avions écrit qu'uii iiybride provenant du croisement de ces
deux Hérons se trouve chez M. van Kenipen, à StOnier. Ce sujet
provient de la collection du colonel allemand Zitwitz, qui le consi-
dérait comme une grande rareté. Tous les oruithologistes qui ont
visité la collection de M. van Kempen ont, parait il, déterminé
l'Oiseau comme produit hybride. Nous avons néanmoins demandé
an très allable propriétaire de cette riche collection la pei-p.iission
de faire examiner le rare spécimen [)ar M. Oiistalet. Celte faveur
nous a été accordée et l'Oiseau a été envoyé au laboratoire du Muséum
d'Histoire naturelle de Paris.
M. Oustalet ne s'est point trouvé d'accord avec ceux qui l'avaient
déterminé comme hybride, car il l'a reconnu pour appartenir à
l'espèce hcrodias de Linné dont on possède au Muséum plusieurs
exemplaires. Le Muséum vient en outre de recevoir idusieurs nou
veaux échantillons provenant du Mexi(iue. Il ne faut pas confondre,
nous dit M. Oustalet, VAnlea heroitias Liiin. (ou Anlnt Icssoni de
Wagler) avec VHerodion alha. L'A . herodias est intermédiaire entre
VA. cineme[ VA. purpurea; mais c'est une es[ièce bien caractérisée,
propre aux Etats-Unis, au Mexi(|ue et aux Antilles.
Deux spécimens américains se trouvant identiques à l'Oiseau du
colonel Zitwitz, aucune erreur n'est possible. Si donc ce dernier
spécimen, ajoute M. Oustalet, a été tué en Allemagne, (ce dont il
doute un peu), c'est un individu égaré.
L'hybride, soi-disant Ardea cirenea X Ardea purpurea de la collec-
tion Lacroix, de Toulouse (1), n'appartiendrait-il point lui-même à
l'espèce herodias'? Il serait très désirable que son propriétaire con-
sentît à l'adresser au Muséum de Paris où on pourrait le confronter
avec les individus de cette espèce (si toutefois de tels échantillons
manquent dans la collection de M. Lacroix).
(i) Cit. p. 131 ou p. 103 des Méin. de la Soc. Zool. de Fr.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 743
ÉCHASSIERS COUREURS
Famille des Chnradridh
Genre Hœmatopus
HœMATOPUS UNICOLOK (1) HlIF.MATOPUS L0NGIR08TRIS
D'après une cominunicalion de M. VValler Buller, le Musée de
Cantorhury (Nouvelle Zélande) posséderait des Hybrides d'Ha'uia-
topiis lonijirostris X H. unirolor; repeudant, M. Buller n'a pu les
retrouver lors de sa dernière visite à Cantorbury . ces Oiseaux
paraissent avoir disparu.
M. Ed. Kamsay, de l'Auslralian Muséum à Siduey, auquel nous
avons demandé des renseignements sur ces croisements, nous répond
qu'il pense que très souvent des variations de plumage sont prises
pour des hybrides ; il n'a jamais entendu parler de mélanges entre
les deux espèces qui font l'objet de cet article et ne suppose point
que celles ci se croisent en liberté.
Famille des Scolopacida:
Genre Numenius
NUMENIUS TENUIROSTRIS et NUMENIUS ARQUATUS (2).
M. Zaroudnoï nous ccril d'Orcnbourg (Russie) qu'il u mentionné,
dans son ouvrage sur la Faune oruitliologique d(( ce pays, un
couple de Numenius trouvé par lui sur les rives de Savé-Holda;
le mâle appartenait à l'espèce tenuirostris tandis que la femelle
était de l'espèce nrquatus. M. Zaroudnoï est certain (jne ces deu.x
Oiseau.x étaient accouplés ; il pense qu'ils s'éloignaient de leur nid
afin de ne point attirer l'attention. Depuis, il a obtenu dans diverses
parties de la contrée d'Orembourg plusieurs exemplaires de Nuine-
niiis qui montrent les caractères des deux espèces et qu'il suppose
être des hybrides. L'éminent naturaliste se propose de les étudier
attentivement et les compar^^r aux formes typiques ; il nous fera
connaître le résultat de cet examen, car peut-être ces échantillons
ne sont-ils. au moins lun de ceux qu'il possède depuis déjà quelque
temps, qu'une variété du tenuirostris.
(i) .\ppelé aussi : Uoemalopus fuUginoaa.
(2) Synonymie : Scolopax arquata, Numenias, Numenius major, Numeniut
médius.
744 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Degland (1) dit que le Courlis à bec grêle (timuirostris) paraît
s'accoupler quelquefois avec le Courlis cendré (iV. arquata); il ajoute
même que de ces alliances accidentelles naissent des métis qui ont
été décrits comme espèce par Contarini sous le nom Numenius
hastalus (2).
M. Degland confirmerait donc l'observation de M. Zaroudnoï.
NUMENIUS TENUmOSTRlS X NuMENlUS PHOEOPUS (3)
Egalement, d'après Degland (4), le Courlis à bec grêle s'accou-
plerait avec le Courlis corbien, A', pliœopus, d'où il résulterait des
métis décrits comme espèce sous le nom de iVumenius ayngenicos
par von der Miihle (3).
M. Oustalel, que nous avons consulté, nous dit que A^ fsyngenicos
von der Miihle n'est point un hybride, mais la même espèce que
N. tcnuirostris.
Genre Gallinago
Gallinago ma.tor (6) et Gallinago scolopacinus (7)
M. J.H. Gurney signale (8) chez M. Lown, l'empailleur d'Oiseaux
de Yarmoulh, une très grande femelle Snipe [G. scolopacinus) colorée
de roussàtre, mais dont le blanc des parties de dessous est moins
étendu qu'à l'ordinaire. Cet Oiseau, ajoute M. Gurney, pourrait
bien être un hybride de la Commou Snipe et du Gnilinuyo major.
Il avait été acheté à Norwich, où M. Soulwell l'examina et le com-
para de, souvenir à une Bécassine très curieuse qui fut tuée en 1886
et décrite brièvement dans le Zoologist (9), celle, pensons-nous,
que possède le Rév. A. J. Richards, de Farlington (Anipshire). M.
Gurney croit que cette dernière est un vrai hybride. Nous n'avons
(1) Ornithologie européenne, par Degland et Geibe, 11. p. Hit, I.S66.
(2) In « Venezia e le tree lagune. »
(3) Autres noms scicntifKines : Numenius rninor, Scolopax plidopus.Scolopax
liizoniensis, Numenius atricapillus, Phœopus arquatus.
(4) Mi'me ouvrajje, même pagi'.
(5) Beil. zur. Ornith. Griecli en lands.
(6) Autres noms scientiliques : Scolopax média, Scolopax major, Scolopax
paludosa, Scolopa.v pnhistris, Telmatias gallinago, Ascolopax major, etc.
(7) Ou : Scolopa,x gallinago, Gallinago, Scolopa.x gallinaria, Telmatias.
gallinago et breehmii, Pclorynchus breehmi, Ascolopax gallinago et sabiris.
(8) Zoologist, N» de mars 18".)4, p. iX). « Ornithological Notes from Norfolk. »
(9) 1886, p. 392.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE 745
reçu eu coinuiuuicatiou aucun de ces écliautillons. Le Rév. A. J.
Ricliards nous a donné seulement, par lettre, quelques indications
sur la dcrnièi-i' Hécassiiie. Il nous fait savoir que cet Oiseau fut
inoulré à un meeting de la Société uruitliologique de Norfolk et que
les membres présents émirent l'opinion que c'était un spécimen
unique de la Coniinon Snipe. Le Révérend n'était point présent ci
la réunion de ses collègues, mais il ne put |)arlat;'er leur manière
de voir parce que la petite hôte n'avait point fait entendre de cri
lorsqu'elle s'était élevée en l'air, comme en fait entendre liabi-
tuellenicnt la Conimou Snipe, et iju'aussi elle s'était montrée très
paresseuse dans son vol.
M. Richards pense encore que c'est un petit spécimen de la
« Solitary or i;real Snipe ». Toutefois il reconnail (jue l'époque où
elle fut tuée, le mois de Janvier, vient à l'eucontre de son dire,
car, à partir de Septembre, on ne trouve plus la grande Bécassine
dans les lies britanniques. L'Oiseau lit baisser, pai-aîtil, les balan-
ces de cinq onces.
Genre Limosa
LlMOSA LAPPONICA et Ll.MOSA UROPYGIALIS
M. le prof. dotl. .Martorelli a bien voulu nous adresser une note
qu'il a écrite sur a Akiini c.reinplari del yen. Limusa » (1), note qui
renferme une planche coloriée représentant un individu inter-
médiaire entre la Limnsta hipponica et la Limosn uropiifjlalis, —
peut-être un hybride entre les deux formes? M. Marlorelli ne s'est
point prononcé.
l..e produit en question n'intéresse que médiocrement nos études,
caries deux formes qui lui auraient donné naissance ne peuvent
être présentées comme de bonnes espèces. La l.inwsa uropi/ifinlis n'est
qu'une race locale, une forme orientale de la /„ œyoci'phak's. .\L Ous-
talet nous fait remai-quer que M. Seehohm, (|ui a eu sous les yeux
beaucoup de spécimens des deux races, /.. rufa de l'Ouest et /.. uiopy-
(jiulis de l'Est, dit qu'elles se fondent l'une dans l'autre par des
gradations insensibles. « The eastern and in-steni forms oftlif Bar-
lailed Godicit completely interyrade (2) ». M. Seebohm ajoute (3) que
(1) appartencnti aile specic Limosa lopponica, Linn.,c Limosa uropygialis,
Guul(l.(AUi deila Socielà italiana di Scieiize naturali, vnl .\XXIII, .Milaiio, I8'J0).
(2) The geographical dislribution ofthe Vliaradriidœ, [>. '.iSl.
(3) P. 488.
746 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
leur point de contact se trouve probablement dans la péninsule ; un
spécimen qu'il a obtenu dans la vallée du Jénisseï appartient certai-
nement à la forme de l'ouest {L. rufa).
M. Oustalet nous fait remarquer en outre que chez la I.imosa
uropygialis, les dimensions du bec et des pattes varient excessive-
ment : le bec de 7 1/2 à 11 centimètres et les pattes dans les mêmes
proportions. Le plumage est lui-même sujet à des variations et sans
doute on pourrait constater des différences analogues chez des
exemplaires de localités diverses de L. rufa. Aussi, la prudence
s'impose dans le cas présent. Si, malgré ces remarques, on doit
considérer la Limosa de M. Martorelli comme produite par le
mélange de I. rufn el de L. uropiif/ialis, on ne saurait lui donner le
nom d'hybride puisque les races mères ne sont que des variations
d'un même type el même des variations non constantes.
ÉCHASsiERS Macrodactyles
Famille des Rallidœ
Genres Gallinula el Fulica
Gallinula chloropus (1) et Fdlica atra (2)
Un hybride fort intéressant a été signalé et décrit par M. Kreyge(3).
L'Oiseau fut tué par le comte de Dierkheim juu. dans le Hanovre
au mois de septembre 1889: il se trouve aujourd'liui dans le Musée
provincial. 11 est de sexe femelle, mais l'ovaire paraissait peu déve-
loppé. La mesure pi-ise sur le frais était: « long. loi. 38'=™. larg. 02*'™.
doigt du milieu 13.5 )).
Celte pièce, vraiment remarquable par ses caractères mixtes
entre les deux espèces, a été envoyée très gracieusement à
notre examen par la Direction du Musée. 11 nous a semblé que
l'Oiseau se rapproche parla taille de Fulica atra: son bec coloré
comme chez Gallinula chloropus est plus fort que chez cette espèce
et moindre que celui de F. atra. Le dos, le dessus des ailes de la
queue, c'est à-dire les parties supérieures, sont du brun verdàtre
(1) Synonymie : Porphyrio olivarins, Fulica chloropus, Gallinula, Fulica
fresca, maculata. flanipes eljîstulans, liallus chloropus, etc.
(2) Appelé encore : Fulica lencoryx et œthiops, Fulica atra et aterrima,
Fulia platyaros, etc.
(3) Bastard von Gallinula chloropus und Fulica atra in Ornitliologisclies
Jaln-huili, IVe livraison, p. 172.
ADDITIONS, CORHECTIONS ET EXAMICNS D APRES NATUllE t 't i
de chloroptis. Les doijj;ts soQt bordés, mais beaucoup i)lus étroite-
meal que cliez alra. Le dessous du corps est de ce type (1). Il
n'existe point de blanc sous le ventre ; les couvertures inférieures
delà queue eu laissent voirconiiiiu chez rhioropus, ijuoique dans
des proportions plus faibles. L'iris lartiliciel) est brun. En somme
cette pièce parait être un excellent intermédiaire.
Au moment de notre examen, nous n'avions entre les mains que
quatre (jallhiula cliloropun et trois l'ulica alra, mais nous avons
étudié depuis de nombreux spécimens d'espèce pure dont quelques-
uns en chair. Notre opinion ne s'est point moaillée (2j.
(1) Du reslc, la couleur île ceUe partie est la mènie chez les deux types.
(2) Au sujet de la coloration du bec, que nous avons dile semblable à celle
de G. chtoropus, nous devons taire remarquer qu'au Musée de Rouen on voit nne
Foulque tuée dans la Seine-tnférieure, et dont le commencement du bec est très
rosé foncé; prés de cet Oiseau lij^urenl quatre autres Foulques mâles qui n'ont
point le bec rosé ; (le sexe n'est point indiqué). Nous ne serions point surpris
d'apprendre que les deux espèces ont le bec à peu près du même ton.
Rallus AQUATicus. — Nous avons lu dans le Bulletin des Naturalistes de Sienne,
du mois de décembre I8SS, que M. le comte K. Meltica de Gambara avait pris à
la chasse un liatUiii aquaticiis de sexe temelle. Le bec était un peu aplati, légè-
rement relevé, et la manlibule inférieure dépassait un peu la supérieure. Le bec
ainsi conformé ne portait la trace d'aucune blessure. Le comte se demandait si un
tel Oiseau n'était point un hybride {incrocioj. Informations prises, il nous a été
répondu qu'une telle conformation ne pouvait venir que d'une blessure anté-
rieure; l'occiput, (le couleur blanche, annonçait encore une anomalie.
F.\MiLLR DES Chahauriu.e et des Scoi.oi'Aoïc.E. (iciiivs Vaiit'lliis «'t Scolopax.
Vanellus cristata et Scolopax ruslicula. — Le Journ.l de Ch isse allemand
|A. llugos Jagd Zeitung, pp. 34;) et :Vi4, n" du 1"' Juin LS.S7) rapporte le fait suivant
qu'il a emprunté à luie autre revue (1):« Dans l'endroit nommé liohraner, prés
llundsfeld, canton d'Oels.il fut tué au crépuscule un lj:Uard de Kiebitz (le Vanneau)
et de Waldschepfe (la Bécasse) l^'Oiscau étrange, ajoute- t-on, avait la forme et le
s<ec/ier(trident ?) de la Bécasse, tandis que les stander {aotis ignorons la signilica-
tion de ce mot) ressemblaient aux pieds du Vanneau La couleur blanc noir du
corps et des tectrices était celle du Vanneau, etc. i Le Journal de chasse ne parait
pas prendre ce récit au séiieux ;si nous le citons c'est pour lui retirer toute créance;
un tel fait n'est pas admissible; il est très regr^'ltable que l'on soit obligé de perdre
quelques instants pour le réfuter.
(1) Ob. Schl. Anzieg.
748 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
ORDRE DES PASSEREAUX
Famille des Fringillidés
Genre Fringilla
LlGURINUS CHLORIS X CaNNABINA UNOTA
(Se reporter p. 198 ou p. 172 des Mém. de la Soc. Zool. 1892).
Le Musée de Dublin a acquis de M. Edwards Williams uu
hybride entre un màleGreen(inch(6'oco</iausft'A- f/(/o?'«s),suppose-t-on,
et une femelle Liuuet {Linola caanabina).
Cet Oiseau avait été pris dans les champs près de Dublin, eu mars
18yi ; il se trouvait dans une bande composée de Linottes sauvages.
M. Williams l'avait acheté lui-même à un » bird catcher » nommé
Monaghan, oiseleur expérimenté, qui l'avait pris la veille du jour
de l'achat dans les circonstances que l'on fait connaître. M. Wil-
liams n'a aucun raison de douter de l'assertion de cet homme.
Les ailes et la queue de l'Oiseau, ainsi que l'extrémité des plumes
extérieures, étaient, en effet, en parfait état ; ce qui ne se serait
point produit sans doute si cet Oiseau avait vécu en cage.
La dissection lit voir qu'il appartenait au sexe mâle, comme le
jaune prédominant des ailes l'indiquait déjà.
M. J. Bail, le directeur du a. Science and Art Muséum » d'Edim-
bourg, a, sur la demande de MM. G. H. Carpeuter et D' Schall,
consenti à nous adresser en communication le précieux échan-
tillon ; nous en avons fait la description suivante : Joli spécimen
bien empaillé; beaucoup plus chloris que linota par sa grosseur
et son aspect. C'est surtout par ses teintes rousses, (et uou gris
souris et verdàtre, comme sont les teintes du chloris), qu'il montre
son hybridilé avec la linola. Sa tète et sou bec sont un agréable
mélange des deux espèces, tant par la forme que par le coloris.
Sur le sommet de la tète il n'existe aucune trace du rose cramoisi
propre à Cannabina linota, mais sur la poitrin on aperçoit une
leiute jauue citron avec quelques retlels brique ou roux qui
indiquent sullisamment le mélange des deux espèces (1). Le
dessous du dos et des ailes est brun chaud avec de larges llam-
mèches rappelant la linola ; les lianes sont aussi de ce ton chaud.
Le croupion est verdàtre très pi'ononcé; les rectrices sont bordées
(1) La poilriue est même, en.quelque sorte, martelée de roussàlre.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'aPRÈS NATURE 749
de jaune clair; sur la barbe existent de larges taches blanches
dues à l'inducnce de la Cannabinn. C'est ii peine si l'on aperçoit du
jaune clair sur les bords supérieurs des ailes; cette couleur y est
complètement atténuée. — En somme, cette pièce, plus chloris que
Cannahiiia, indique bien un hybridisme des deux espèces.
Nous avions émis quelques doutes au sujet du spécimen qui nous
avait été envoyé du .Musée d'Amsterdam par M. le d'' Kerbert.
C'était le premier hybride que nous recevions. Le docteur 1res
comphiisaot, (nous avon.seu l'occasion de lui adresser bien des fois
nos vifs remerciements), a bien voulu nous permettre d'examiner
ce sujet une deuxième fois. Voici les nouvelles remarques que nous
avons faites :
Par sa forme l'Oiseau est un véritable Verdier, mais il est d'un
ton plus rous.sûtre, notamment sur la poitrine qui, en outre, est
marquée comme de roux grisâtre. Cette teinte, quoique anormale,
ne serait pas sufTisante pour prouver une hybridation ; mais la
barbe des rectrices extérieures de la queue est tachetée de blanc
comme chez Cannnhina. Ce détail, très essentiel et très probant,
(car chlitris ne moutre point cette particularité), nous avait échappé
lors de notre premier examen. La croupe est également beaucoup
plus claire que celle du chloris (l). Les rectrices du côté gauche
paraissent manquer en partie; la barbe des trois rectrices du côté
droit, nolammeut de la première plume, esl marquée d'une large
tache blanche. Le filet de la barbe extérieure est jaune comme
chez rhloiix. Notons encore que le bec n'est pas tout à fait aussi
fort que celui de ce dernier type.
Ainsi, quoique l'Oiseau soit presque chlorin, il peut néanmoins
être considéré comme hybride à cause du blanc qui se trouve sur
les rectrices.
M. J. B. Nichols, d'Holmood, a bien voulu aussi nous envoyer
une seconde fois les deux hybrides de sa collection afin que nous
puissions les faire peindre. Une petite erreur s'était glissée à leur
sujet ; nous disions (ju'il ne nous était point possible de donner des
renseignements positifs sur l'un d'eux, le jeune portant le n° 16 (2).
Nous l'avions cependant examiné nous-même, mais nous n'avions
point pris le soin de le décrire. Ce spécimen intéressant porte des
marques évidentes de jeunesse sous la gorge, sur le devant de la
poitrine et sur les côtés du ventre. On voit sur ses flancs des taches
longitudinales qui semblent mieux rappeler l'état jeune du chloris
(1) Ceci, loiilofois, ne saurait i^tre attribué à l'influence de la linola.
(2) Voy. p. 208 ou p. 282 des Mém.
750 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
que les taches (également longitudinales) de la linota. Il est d'une
teinte grisâtre terne, presque uniforme ; un peu de jaune sur les
régions primaires et les rectrices extérieures rappelle le chloris
auquel il ressemble beaucoup, sauf par le bec qui est trop faible
pour se montrer de celte espèce. Les rectrices ne sont point jau-
nâtres et le bord supérieur de l'aile, près de l'épaule, est blanchâtre
comme chez la linota. Ces caractères montreraient au besoin qu'on
n'a point affaire à une femelle LiijuriuH chloris. Nous supposons donc
cet Oiseau hybride, quoique ses caractères mixtes soient peu accen-
tués (1).
Nous avons pris quelques nouvelles notes sur l'hybride obtenu
en 1882, à Denes (Great Yarmouth). On avait eu soin de faire remar-
quer (2j que la couleur du cou, du dos et des ailes, vus en dessus,
sont de la linota, jusqu'à la moitié de la longueur du corps ; tandis
que la couleur du chloris se montre sur le croupion, la queue et la
partie inverse des ailes; que, par conséquent, une démarcation entre
la couleur respective de chaque espèce s'établit d'une manière très
sensible et très accusée. Si cette observation est juste, elle est abso-
lument remarquable. Or, à un deuxième examen, nous avons
reconnu sou exactitude. Mais nous aurions dû noter que les rémiges
les plus rapprochées du corps rappellent, par leur teinte brune,
la couleur de la linota.
Nous avions encore observé que le bec, assez fort, ressemble
par ce caractère à celui du Verdier ; il est bien loin cependant
d'atteindre les dimensions de celui de cette espèce; on peut le dire
intermédiaire entre le bec de la linota et celui du chloris. Notons
enfin un détail qui nous avait échappé : à savoir que les rectrices
sont blanches en dessous, montrant par là l'influence de Canna-
bina. Nous pouvons donc répéter que cet Oiseau est un excellent
intermédiaire, quoique d'aspect plus chloris que linota.
LiGURINUS CHLORIS et CaNNABINA LINOTA
(Se reporter p. 210 ou p. 28'* des Mém. de la Soc. Zool. 1892).
Plusieurs nouveaux faits sont à signaler :
1° M. le veneur A. von Klein, membre de la direction du Jardin
Zoologique de Copenhague, a bien voulu nous faire savoir qu'un
(1) Nous n'avions point pour cet examen de très jeunes femelles des deux espèces
en nombre suflisant; des peaux appartenant à ce sexe nous auraient été utiles.
(2) P. 205 ou p. 279 des Mém.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÊS NATURE 7ol
croisement (le [.igurinus chloris X Carduelis clegnm avait été capturé
deraièrcinenl dans les euvirons de la capitale.
2° Un exemplaire semblable fut pris au même endroit et vendu
à un ornithologiste.
3° M. Robert Fontaine, propriétaire à Marcq-enBarœul, près
Lille (Nord), a été assez sracieux pour nous envoyer en communi-
cation une pièce achetée autrefois vivante chez un marchand de
Lille.
4" M. le Df G. .M. Bertoldo, de Turin, se rappelle avoir vu chez
un de ses amis de collège, M. F. Ferraro, d'Alexandrie, un hybride
de Chardonneret et de Verdier.
o" Enfin, M. Blackhouse, a bien voulu nous adresser d'Angleterre
un Oiseau qui paraît évidemment l'hybride de ces deux espèces,
mais dont malheureusement il ignore la provenance.
Voici les renseignements que nous pouvons fournir sur ces
divers spécimens :
1. M. A. von Klein conserve vivant dans les volières du Jardin
de Copenhague l'Oiseau pris dans un champ aux environs de cette
ville; on ignore si c'est un mâle ou une femelle ; il parait être
cependant du premier sexe. C'est un Oiseau qui est intéressant et
que M. von Klein a Iden voulu faire peindre à notre intention.
1. L'ornithologiste qui a acheté le second exemplaire, pris au
même endroit, l'aurait envoyé au Brilish Muséum. (M. A. von Klein
pense que les deux Oiseaux ont bien une origine sauvage et ne sont
point des échap[)és de captivité).
3. Le marchand de Lille qui a vendu le troisième spécimen à
M. Robert Fontaine paraît avoir reçu cet hydride dans un envoi
d'autres Oiseaux vivants se composant de /.. c/i/om, C. elegans, C.
linotn, Chn/x. spinus, Acan. linarin, S. hortulanus : tout au moins
quand M. Fontaine l'aperçut, était-il renfermé avec ces diverses
espèces: aussi le suppose-t-il prisa l'état sauvage avec ces derniers.
4. .M. le D' Bertoldo, ayant perdu de vue son ami de collège,
ignore si l'Oiseau qu'il nous a signalé se trouve encore dans la
même collection; M. Ferraro, qui s'occupait autrefois d'ornithologie,
a quitté Alexandrie.
5. L'exemidaire qui nous a été envoyé par M. Blackhouse a été
trouvé chez un marchand de modes, à Harrogate. 11 est monté et
disposé pour servir d'ornement ou de parure à des chapeaux. Peut-
être s'agit-il seulenumt d'un individu né en domesticité? Nous
n'avons point cherché à l'acquérir, ce à quoi on se serait prêté
facilement.
732 oiseaux hybrides rencontrés a l'état sauvage
Description de plusieurs de ces hybrides
N" 1. Plus petil tietailleque le Verdier. Hec voluniiueux, rappelle
celui de f/»/om, mais ressemble à la fois à celui du Chardonueret
et à celui du Verdier, (renseignements de M. A. von Klein). Masque
orange bien prononcé (d'après la peinture que nous possédons). La
queue paraît très courte et le devant de la poitrine un peu jaune
verdàtre (d'après la même peinture).
N° 3. Bec très court, épais ; moins fort que celui du chioris
en ce sens qu'il est moins allongé; il est très clair et ne montre
aucune pointe noire à son extrémité (il a quelque chose de celui
du serin). La poitrine et le ventre sont gris brun roux mélangé de
jaune. Sous-caudales et croupion jaune vif. Les rémiges de la queue
sont jaunes dans la partie haute ; en dessus et en dessous elles sont
dépourvues de blanc (1). Le dos est gris ; puis, plus bas, près du
croupion, de ton roux brun roux jaunâtre; le croupion est jaune
verdàtre. La tête est d'un gris verdàtre, elle rappelle sur les joues
le chioris; le cou gris jaune rai)pelle encore celte espèce. Les
pattes paraissent avoir été de ton clair; la queue est de faibles
dimensions. Comme taille l'Oiseau est entre le Verdier et le Char-
donneret, mais plutôt de la taille du premier.
Le caractère principal de cette pièce consiste dans l'absence sur
le front du masque rouge du chardonneret que tous les hybrides
CardueUs X Lifiuri.nus, que nous avons vus, rappellent très visible-
ment à celte place. Aurions-nous affaire à un jeune Oiseau? (2).
N" 4. Tête rouge orangé; corps brun verdàtre en dessus. Poitrine
(1) Tous les hybrides Cardaelis et Ligurinus de notre collection possèdent
cepenilant cette couleur.
{t) M. Kontaine conteste vivement la provenance Ligurinus chioris X Car-
dueUs elegans que nous attribuons à son hybride; il le croit hybride de Linota
et de Chioris. La tète, à son avis, se rapproche de celle de la C. linota; elle n'a
rien de celle du C. elegans ; les ailes el la queue sont celles de L. chioris. enfin le
hec court rappellerait celui de la linota. Deux nulles Ligurinus chioris X C. ele-
gans, (qu'il possède), n'ont rien, nous dil-il, de ce métis. L'un (qui provient de
chez M. RhuI, de Verviers), est plus jaune, l'autre est },'ris, avec une petite nuance
de jaune. Nous pensons que M. Foniaine oublie que son Oiseau doit être de sexe
lemelle (d'après les renseignements qu'il nous a communiqués). Pour nous, quniqu'il
dillère évidemment de tous ceux que nous avons vus, el nous en avons vu un grand
nombre, nous persistons dans notre manière de voir, car l'Oiseau montre sur les
ailes les marques noires brisées du Chardonneret et non colles du chioris. 11 faut
aussi noter que le miroir jaune est très apparent, tandis que la teinte noire s'affaiblit
sur le milieu des rémiges. Toutefois, au moment où il nous l'a envoyé, M Fontaine
ne nous ayant point fait savoir qu'il le croyait pris à l'état sauvage, nous ne l'avons
pas examiné avec cette attention ([ue nous donnons aux hybrides obtenus dans cet
état.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE l'VA
vnriani entre le cliât;nn clair, le blanc et le verdàlre : rémiges avec
des laehes jaunes très vives. La queue est (léi)()urvue de taches
blanches; les rectrices présentent une teinte moitié jaune et moitié
vert brunâtre. L'ensemble rappelle plus le Ugurinus que le Car-
duelis (L)"' Bertholdo).
Le N" 5 ressemble beaucoup aux hybrides que nous avons décrits
dans notre premier Mémoire.
Nous avions à peine parlé d'un hybride exposé au Cristal Palace
dés 188!l par M. Arthur Waterman et sur lequel, cependant, M. A.
Holte Macphersou avait déjà donné de nombreux renseigne-
ments (1). Nous avons voulu nous assurer si cet Oiseau avait été
réellement pris à l'état sauvaj:;e, comme l'indiquait le Zoologist, et
surtout savoir si l'Oiseleur le considérait comme né dans cet état.
M. Waterman a bien voulu interroger ce dernier et nous a commu-
niqué sa réponse atTirmative. Voici cette réponse (2) :
(( L'hybride ((îoldlinch et Greentinch) fut jiris par moi-même à
)) Hack bridge jjendant le mois de novembre 18S6. Deux autres
» Oiseaux du même genre furent capturés au môme endroit :
» c'étaient deux femelles. Je n'ai aucun doute sur leur origine
)) sauvage, car je connais tout particulièrement les Oiseaux sau-
» vages que j'ai pris par centaines jjendant mon existence. L'in-
» dividu en question se trouvait dans un endroit où ou n'a point
» coutume, d'ailleurs, d'élever de Mulets. Il se nourrissait sur des
» Chardons, ce que n'aurait point fait un Oiseau né en cage. Son
» plumage était parfait, (aucune plume n'était usée) et sa sauvagerie
» excessive (3) ».
M. John Browne, de Fox Warreu Lodge, Bylleet (Surrey), auteur
de cette lettre, dit en outre qu'étant venu chasser différentes fois
à la place où l'Oiseau fut pris, il remar(|ua que les mâles étaient
en plus grand nombre ijuc les femelles. 11 suppose qu'un mâle
Chardonneret se trouvant .sans femelle s'apparia avec une femelle
de Verdier, attendu qu'il n'existait point de Chardonnerets à [du
sieurs milles de distances, La femelle Gretm bird s'accouplerait
facilement, d'après lui, avec n'importe quel Oiseau lorsque la saison
delarei)roduction est venue; (en captivité, veut-il dire sans doute?)
(1) Zoolo^isl, p. I(l(i et pp, i:{.S el i:i(i.
(2) Traduite de l'anglais.
(3) Ces dernières remarques ne nous paraissent point avoir une grande valeur;
tout Oiseau recouvrant sa liberté, doit reprendre vite les liahitudes de sa race dont
il a conservé l'instinct.
754 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
La première impression (juMl nvait éprouvée eu apercevant
l'Oiseau dans ses filets fut que c'était un Greenfinch (Verdier); il
se disposait même à le laisser s'envoler lorsqu'il remarqua, l'ayant
mieux considéré, qu'une couleur d'ambre entourait la base du bec;
celte couleur donnait l'aspect de ce {[ue l'on voit chez les « Gold-
finch and Canary Mules » (1).
L'Oiseau, mis en cage, y resta très longtemps sauvage. M. Water-
man croit se rappeler qu'il avait le chant du Verdier lorsqu'il fut
capturé (2). Voici le portrait que celui-ci nous en trace à son tour :
» Body, rather less in size than Greenfinch notsoplum a ligure.
— Head, similar in shape to Greenfinch less in size not so broad.
— Beak, stout and white, equal in lenglh to Greenfinch, notquite
too thick. — Colour, breast a yellowish greeu toning down to greyish
white extending to uoder side of tail. — Back, conimencing froni
back of neck with brownish grey and finishing with bright yellow
at end of back. — Wings, similar to Goldfinch, bris the colours
not uearly so distinct nor brillant. — Tail, similar to Goldfinch,
longer, but colours not so distinct. Eyes, black and full. — Legs,
at présent time a fleshy white with médium size claws. — Habits,
active and cheerful when clean moulted. — Food, Canary, tlax,
hempseed, rapeseed, if kept hungry. — Notes, hen in song, usually
iiow, Greenfinch, but will always reply to Goldfinch in the Gold-
finch notes. The song is loud to a fault. Constitution, good and
robust. »
Nous traduisons maintenant la description qui a été faite par
M. Holte Macpherson, dans le Zoologist :
« Dans son apparence générale, il ressembleau Verdier en forme,
mais il est trop fin pour un Oiseau de cette espèce et sa queue est
aussi moins fourchue. Eu outre, il parait avoir un crâne un peu
plus étroit que le Verdier, tandis qu'en couleur il donne l'impres-
sion d'un Chardonneret avec un lavis vert jaunâtre au-dessus. Les
plumes à la base du bec sont noires. La face de l'Oiseau est bronzée
là où cette partie est cramoisie chez le Chardonneret. Les autres
marques sur la tète correspondent à celles du Chardonneret, le
gris verdàlre pâle remplaçant le blanc, et le gris verdàtre foncé le
noir. Le derrière du cou et le dos sont Ijrun verdàtre inclinant vers
le jaune sur les couvertures supérieui-es de la queue. La queue
(1) C'cst-à-dice les hylirides de Chaidonneret et de Serin.
(2) En cela, M. Wateriiian ne se Irouve pas d'accord avec M. Browne qui dit au
contraire, dans sa lettre que nous avons lue, que son hybride donnait la note
du Chardonneret.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 7;).")
a les deux plumes extérieures avec des bords noirs ; le reste est
noir avec une légère frange do jaune. Les couvertures inférieures
delà queue hlanolies. i.,e ventre vert jaunâtre, la gorge grisâtre.
].,es ailes sont semblables à celles du Chardonneret, les couleurs
cependant ne sont pas aussi brillantes, mais les trois tons se
montrent dans le même ordre. Les pattes sont pâles. Le bec est
de couleur chair pâle parsemé de noir )). L'Oiseau montre donc de
telles similitudes tout à la fois avec le Chardonneret et avec le
Verdier qu'il ne peut y avoir de doute sur sa parenté.
On se rap|)elle que nous avions reçu de Pontrefact trois autres
hybrides. Ils sont tous morts successivement dans les vastes volières
où ils avaient été lâchés. Quoi(|ue nous ayons toujours conservé
quelques doutes sur leur origine sauvage, (le croisement des deux
espèces à l'état libre nous paraissant suspect malgré les nombreux
exemples que l'on cite), nous les considérions néanmoins comme
ayant un réel intérêt scientifique. Deux d'entre eux n'ont pu être
conservés ; leurs dépouilles n'ont point été retrouvées. Nous suppo-
sons qu'ils ont été dévorés ()ar les rats. Celui qui est aujourd'hui
monté n'a été retrouvé que longtemps après sa mort, presiiue en
état de décomposition. Il sera intéressant de faire savoir (jue des
femelles d'espèce pure avaient été données à ces hybrides; mais
aucune reproduction n'avait eu lieu; les femelles n'avaient point
du reste niché.
Chryso.mitris spinus X AcANTHis (espèce non déterminée).
(Se reporter p. 218 nu p. 2*.ll des Mém. de la Soc. Zool).
Nous avons de môme perdu l'hybride prisa Worthing. Cet Oiseau
n'a point vécu longtemps en captivité; il est mort Ie9 avril 1892, trois
mois environ après sou arrivée à .\ntiville. Le 18 février, l'ayant
examiné à l'aide de jumelles dans le petit jardin couvert où il avait
été lâché, nous avons pris les notes suivantes : « dans le plumage on
découvre un véritable mélange de la couleur des deux esjjèces ;
les grandes pennes des ailes sont réellement bordées de jaunâtre.
Sur le croupion apparaît visiblement le vert jaune du Tarin ainsi
que sur les rectrices. La tête parait légèrement rouge; c'est au
moins le dessus de la tète du Sizerin. Le bec est de forme j)eut-
ètre intermédiaire, mais sa couleur est celle du bec du Tarin. Les
barres longitudinales des flancs tendent aussi vers cette espèce,
quoique le devant soit du Sizerin, à l'exception de la tache qui
manque sous le bec. La barre transversale de l'aile est de ce der-
756 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
nier type ». — Le 7 mars, ayant examiné de nouveau l'Oiseau encore
vivant, les couleurs jaunes verdàtres des parties inférieures nous
ont paru bien moins apparentes. Le 9 avril, après sa mort, nous
avons noté : <( couleur réellement intermédiaire entre les deux espè
ces; des reflets verdàtres existent sur bon nombre des parties supé-
rieures et même sur les parties inférieures. Pas de tache sous la
gorge, pas d'apparence de rouge sur le vertex. Le bec n'a rien de la
couleur jaune du Sizerin. Le ventre est blanc comme celui du Tarin.
Dans certaines parties l'Oiseau semble être un Tarin $, quoique
ses couleurs rousses indiquent le Sizerin ».
Cette pièce est donc fort curieuse, mais aussi bien difficile à
définir. Nos notes s'achèvent, du reste, par ces mots : «Tout bien
considéré, elle pourrait n'être qu'une simple variété de Tarin roux
brun'.^'». On voit par là que l'iiybridilé, qui cependant semble s'être
affirmée bien des fois, n'est point à l'abri de toute critique.
Après avoir disséqué plusieurs individus des deux espèces pures
pour rendre notre examen prolitable . nous avons ouvert cette
pièce remarquable. Les organes génitaux ont été examinés. Après
bien des recherches nous avons trouvé un amas peu considérable
de petits grains qui n'avaient aucunement l'aspect d'œufs; tous
étaient de mêmes dimensions. Une femelle Sizerin, ?ayant le même
régime et vivant dans les mêmes volières, ouverte le 20 avril,
présentait l'ovaire fort bien développé. Par contre, une femelle
Tarin, ouverte nu peu avant, n'avait que fort peu d'œufs ; il a même
été impossible de constater chez celte dernière l'existence d'une
grappe bien formée ; elle avait été tuée le 13 avril. — Notons que le
corps de la femelle Sizerin paraît bien inférieur en taille à celui
de l'hybride.
Dès le mois de février, l'Oiseau de Worthing paraissait souffrir ;
une de ses pattes avait reçu une blessure et nous nous rappelons,
quoique l'ayant examiné d'assez loin avec des lunettes d'approche,
que les mouvements du cœur étaient très vifs; sans doute l'Oiseau
soullrait. Cependant, après sa mort, son corps n'était point amaigri,
il était plutôt très graisseux, (si nos souvenirs sont exacts).
Rappelons au sujet de l'hybridisme Chrys. spinus X Acanîhis, que
les Sizerins nous arrivent en compagnie des Tarins avec lesquels
ils ont beaucoup d'analogies; il paraît que l'on peut attirer les
premiers avec un Tariu si on ne possède pas un appeau de leur
espèce (1)
(1) Alberl Oranger. Th. Lorenz (in Bull. Nat. de Moscou, 1894, p. 336) dit que
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 757
Carduelis major et Carduelis caniceps
(Se reporter p. 215 ou p. 299 des Mém. de la Soc. Zool.}.
Dans l'ouvrage de M. Eug. Oates (1) nous avons lu le passage
suivant se rapportaut aux deux espèces: (( Tliis species (C. caniceps)
dillers froni tlie Englisli Goldliuch, (C eleyans), chietly in having no
back on the head. Wlien the two species ineet tliey appear to inter-
breed, and a very iiUennediate forin between tbe two may be found
as is wvll sliown in the fuie mounleii séries of tkcse birds in llic Central
Hall of the british Muséum »,
Celte A série » se composerait uniquement de deux exemplaires,
d'après les renseignements qui nous ont été fournis par le Musée
même (2). Nous avons fait peindre les deux Oiseaux.
A titre de renseignemenl. voici la dislributiun que M. Oates
doniicau C. caniceps : u tbe Himalaya from tbe Hazara couiitry aud
Gilgit loKumann, from Jj.OOO lo 'J.UOO or 10.000 feet according to
season. Tbies species exteuds to Afghanistan on the West and
tbrougb Central Asia to Siberiaou tbe norlh.»] — .Nous nous sommes
procuré plusieurs exemplaires de ce type; nous les avons comparés
au C. elegans: ou est saisi des analogies que ces Oiseaux présentent
entre eux.
Carduelis elegans et Cannabina linota.
(Se reporter p. 228 ou p. a02 des iMém. de la Soc. Zool., 18U2).
Nous avions signalé trois hybrides comme ayant été pris dans
les environs de Carlisle vers 1885. 11 paraît que deux pièces sont
seulement à mentionner (3). Mais, depuis, une nouvelle capture
a été faite, près de la même ville, pendant l'automne de 1891.
L'Oiseau est encore aujourd'hui conservé vivant chez M. D. L. Thorpe,
des t Bastarilen • vivants de spinus X linaria lui sont vendus quelquefois. Nous
supposons que M. Lorenz fait allusion aux laits déjà signales. Tous les Uiseau.x ache-
tés sont des mûlcs.
(1) u ï'/ie fauna of Uritisli India incliuiing Geylon and Burma n, Birds,
vol. II. Lunilou, Calcutta, bunibay, lierliii 18UU.
(2) Nous signalons celle parliciilarilé à M. Oalcs.
(3) Observation du Hév. Macpberson qui, dans o The vertébrale Fauna oj
Lakeland, pp. XXIX et XXX (Prolegomena), parle seulement de deux mâles, et
non de trois.
758 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
de Carlisle. M. Thorpe l'a acheté à un a local bird catcher» (1) peu
de temps après que celui-ci s'eu était emparé. Le rare Oiseau était,
paraît-il, très sauvage lorsqu'il lut mis en cage ; il n'a point encore
reproduit depuis trois ans qu'il vil en captivité. Sa note est celle du
Greenfinch (Verdier); sa tète est moins forte que cliez cette espèce (2j;
sur la face existe comme une flamme de jaune brillant (3); le bord
extérieur des primaires est jaune; l'extrémité de ces plumes est
de la couleur du buflle. En somme, les marques jaunes du Char-
donneret sont indiquées (4).
On se rappelle que dans une vitrine renfermant cinq Fringillœ
hybrides que M. Philipp. B. Mason, de Burton-on-Trent, avait eu
la complaisance de nous envoyer en communication, se trouvaient
deux hybrides étiquetés Cannabina linota X Carduelis elegaiis, l'un
d'eux tué à Brigton Racecourse eu 1862, l'autre obtenu au Phénix
Park (Dublin). Cette dernière pièce était suivie de l'indication
(( Williams ». Nous disions qu'on ne spécifiait point si elle avait été
prise ou tuée à l'état sauvage. Nous croyons maintenant être en
possession d'une explication suffisante au sujet de son origine. Les
Oiseaux vendus par M. Whitaker provenaient, croyons-nous, de la
vieille collection de M. Bond ; or, M Edw. Williams, habitant
Dublin, nous fait savoir qu'il avait cédé autrefois à M. Bond un
hybride entre le (( Goldrinch et le Linnet » acheté par lui au « bird
catcher » qui l'avait pris ; c'est vraisemblablement le spécimen
qui porte sou nom. Cet Oiseau était si sauvage, après sa capture,
nous dit M. Williams, qu'il refusait de prendre aucune nourriture;
aussi on ne doute aucunement de son origine sauvage.
Reste à savoir si sou parentage est bien déterminé. Nous remar-
quions en effet qu'un des deux Oiseaux étiquetés « Cannabina linota
X Carduelis elerjans » était un vrai produit du Canari dom. avec le
Carduelis elegans; mais, les mentions placées derrière la vitrine ne
faisant point connaître les individus auxquels elles s'appliquaient,
nous ne pouvions désigner le sujet. Nous ignorons donc si l'hybride
(1) Oiseleur du pays.
(2) 0 Not so coarser n, nous dit M. Thorpe.
(3) 0 A brisrht yellowish blaze. »
(4) iNous ne saurions dire e.\acternenl comment est le bec; dans une lettre datée
du 16 octobre 1892, M. Thorpe voulait bien nous écrire que celle partie était plus
fine cl pas tout à fait aussi longue que chez le Greenfinch. Mais tout récemment
M. Thorpe, voulant compléter ses indications, nous parle d'un bec « course »
(épais), de la grosseur de celui du Greenfinch.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 7o9
de M. Williams est celui que nous considérions comme l'hybride
authenliijue de la C. linola X ('. cardiielis, ou au contraire si c'est
l'individu qui nous paraissait être le produit de la FrinyiUa canaria
(loin. X C. elegan.f.
Chrysomitris spinus X Cardueus ELEGANS
(Se reporter p 2;t:j on 307 dos Méni. de la Soc. Zool., 1892).
M. le D'' J. M. Bertholdo, de Milan, nous fait savoir que son
ancien ami de collège, M. Ferrari, d'Alexandrie, (dont nous
avons déjà parlé), possédait un hybride de Chrtiwiinlils spinus
X C. clegans. pris dans les environs d'Alexandrie, que lui-même
conservait un autre exemplaire empaillé dans sa villa de Gerhole
Rivalta. Nous lui avous demandé à voir ces deux pièces. Le docteur
n'a pu nous envoyer que celle qu'il possède. Cette pièce fut prise
dans les filets près de Cunéo, par M. Ross! ; demeurée très sauvage,
elle n'avait vécu que quelques mois en captivité.
Elle est très exactement semblable à celles que nous avons reçues
maintes fois sous la même dénomination (1), ou encore sous la déno-
mination de C. l'iegans x C. linota (2), c'est-à-dire à ces exemplaires
que nous avons toujours considérés comme produits par le croise-
ment « Fringilla canaria X C. elegans ».
Il est remarquable que des captures de ce genre soient faites
aussi souvent, si, (comme nous le supposons), les hydrides sont
produits en captivité.
Nous sommes certain cependant que ce ne sont point des hybrides
« spinus X cnrduelis » desquels ils dillèrent notoirement. Reste
l'hypothèse du parentage C. elegaiis x Fi'ingilla citrinella (le Ven-
turon). Le Venturon se rapproche en elîet beaucoup de la Frin-
gilld ranaria (sauvage). M. Anatole Cabrera J. Diaz, de Séville, <|ui
a visité souvent les Iles Canaries, a bien voulu nous ofirir |>lu-
sieurs spécimens sauvages de l'Oiseau aujourd'hui si modifié. Tout
en difïérant du Venturon, il ne s'en éloigne pas cependant à
ce point que ses produits avec le C. elrgans ne puissent sans
doute être confondus avec ceux de cette espèce croisée par le
même C. elegans. Ou pourrait donc admettre que les Oiseaux qui
nous embarrassent sont nés d'un mélange entre F. citi'inidla X C.
elegans ; mais cette hypothèse reste peu vraisemblable. Nous persis-
(1) Voy. p. aa ou p. 307 des Mém.
(2) Voy. p. 230 ou p. 304 dus Mém.
760 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
tons donc dans notre manière de voir et nous croyons avoir aflaire
à de vrais mulets de Cliardonueret et de Serin desquels, répétons-le,
ils ne (liffèi'cut aucunement {i).
Le Rév. Macpherson a eu l'obligeance de nous envoyer en com-
munication un hybride jeune Cliry. spinus X C. elegans, né en
captivité. Nous remercions vivement le Révérend de son envoi ;
mais l'Oiseau n'a pu nous être utile puisque nous n'avons jamais eu
l'occasion de voir des jeunes hybrides sauvages du croisement si
controversé.
Carduelis elegans X Fringilla canari a.
(Se reporter p. 238 ou p. 312 des Mém. de la Soc. Zool , 1892).
Afin de montrer que la rencontre à l'état sauvage d'hybrides pro-
duits en domesticité, ou par des parents échappés de captivité, est
chose possible et même peu rare, nous avions signalé quelques
exemples pour justifier cette opinion (2). Nous n'avons pas à citer
de nouveaux faits. Cependant dans un mémoire sur des hybrides
que M. Walter Cox, des Firs (3), a bien voulu nous adresser, nous
avons lu qu'une F. canaria échappée se croisa en liberté avec un
C. elegans; mais les circonstances de cet appariage, racontées par
M. Cox, nous laissent penser qu'il fait allusion à un des exemples que
nous avions mentionnés en débutant. Nous rappellerons seulement
que quatre Perruches ondulées, échappées récemment de cage, se son t
établies près de Berlin, dans un domaine des environs de la capitale
et que, remarquées au mois de juin, on constata encore leur présence
(J) On se rappelle que le prof. riij,'lioli avait proposé pour les mêmes le croise-
ment du Serinas hortulaniis x Carduelis eleg^ans(Voy. p i'Mou p. 310 des Mém.j.
Nous n'avons point cru devoir partager cette manière de voir, parce que le
6'. hortalanus, quoique ayant de ijrandes analogies avec la Fringilla canaria.
nous parait de trop petites dimensions pour être l'un îles parents. Nous avons
demandé à M. le 0' Bertliuldo si cette espèce est fréquente dans les endroits où
les deux hybrides qu'il nous a signalés ont été obtenus. Le docteur nous a répondu
que le i'. Iwrtulanus est répandu dans l'Italie du Nord et l'Italie centrale pendant
la saison de la reproduction ; il se montre rare dans la mauvaise saison. A ce
moment, au contraire, il est nombreux en Sardaigne et en Sicile. Le docteur
ajoute que dans le Piémont on le rencontre souvent en été. On le trouve peu dans
les plaines de Turin, tandis que sur les collines il est assez fréquent, S'Manio,
S'-Marglierita, Monalieri (au mois d'octobre, pensons-nous). Enfin, il est rare dans
le Vercellese et le iNovarese.
(2) Pp. 83, 86, 238, 239, 2i0 et 241 ou pp. 338, 339 des Mém. de la Soc. Zool. 1890
et pp. 312, 313, 314 et 31o des mêmes Mémoires (année 1892).
(3) Fiverton (Devou).
ADDITIONS, CORRECTIONS ET KXAMENS d'aHRÈS NATURK 701
au priuteinps suivaiit(l). Ainsi la préaCiice à l'i'lat liLic d'Oiseaux
t!cliai)|ii's lie ca|tlivil('', pouvant, daiis la suite, lorsqu'ils seront
dépourvus d'individus de la race, se croiser avec des espèces étran
{,'ères, est réelle; e'esl un fail qu'où ue saurai! négliger dans nue
élude sur les hybrides observés à l'état sauvage.
Serinus hortilanus X Cauduelis kleoans.
(So repolit"!' p. 241 on p. 'M'j du liraye à piiil).
M. Keulemans aurai! renian|né aux expositions ornilliologiques
des hybrides de ce croisemeul. Il vil.il y a une quinzaine d'anaées,
à (I l'Alexaudra Palace Bird Show i> un individu de eegiîure qui y
élai! exposé; il élail désigne comme mulf! de « wild Canary and
(ioldliucli II. Au premier coup d'o'!!, M. Kculeinans le recouiiul
pour être un mélis du Goldiiiicli cT e! du Scriniis horlithntus 9.
Il l'aeliela; l'Oiscuiu vécut chez lui pendant plusieurs années; mais
il fut enlin, comme cela ariive souvent chez les Oiseaux retenus
en cage, mangé |)ar uu Clia! du voisinage. Le peintre anglais nous
a adressé uu cro(|uis (|ui moulri' ce liel Oiseau ; il est assez dillérenl
des individus (|ui nous ou! é!é envoyés comme u splniis X carduclis »
e( ([ue nous altribuous au croisemen! plus probable de F.catuiria
(lotii. X C. eleyaus. On a loulefois de la peine à It; juger, le croiiuis
élan! 1res sommaire, presque à l'('!a! (rébaucbi!. Ces! après de
longues recherches ipie .\l. Keulenians a reirouvé ilans ses cartons
ce dessin, fait autrefois ; il porte l'inscripliou suivante, écrile de la
main de l'atlisle : <i Mule (îoldlinch X Serin Kiucli ('?)... said
lu hâve been found in the neighbourond of Mayence ((îermany)
Sep. 23, 1873 »,
Cette mention nous a rappelé (et semble corroboi-er) ce que nous
avait iléjà dit M. Kmile lluhl, tie N'erviers, à savoir que dans cer-
taines régions de l'Alleniagne, où le (iliardonnerel et les petits
Serins sont très communs, on rencontre des hybrides des deux
espèces. Nous avions nommé le Wurtemberg (région de Slutlgaid)
et Francfort-sur-le-Mein.
FniNGILLA COELEBS X FrINGILLA MONTIFRINOILLA
(Se reporter p. 248 uu p. 322 des Méiii. de la Soc. Zool., 1892).
Plusieurs nouvelles captures sont ù inscrire :
1" M. le comm. Giglioli nous a communiqué une pièce de sexe
(1) Bull, lie la Soc. d'aoclini. de Paris, N» o.")9, 20 dcoembre 1893 (E.\trait du
Uulbuiii^nclius Munalscluil).
7G2 OISEAUX HVBRIDES RENCONTHÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
femelle obtenue le 25 septembre 1892, à Canera tll Salice (Udiue).
Cette pièce lui a été oiïerte par le comm. E. Chiaradia ; elle figure
au Musée de Florence, sous le n» 3404. Elle est un excellent inter
médiaire entre les deux types, quoique plus nionlifringllln que
calebs; rarement nous avons rencontré chez les femelles hybrides
les caractères du type montifringilla aussi prononcés.
Pour tracer le portrait de ce rare échantillon, il faut se figurer
avoir devant les yeux une miebs $; on remarquera alors que les
caractères qui dilîérencient l'Oiseau de Canera de la femelle de ce
type, sont: 1" le jaune citron qui se montre en vraie quantité sur
les côtés près de l'épaule, en même temps que sous l'aile ; 2» le
grand trait noisette ou châtaigne barrant l'aile ; 3» la même cou-
leur bordant extérieurement toutes les plumes de recouvrement
des ailes (ou des scapulaires car il est dillicile de bien distinguer
la démarcation de ces deux parties, les ailes étant au repos); 4° la
ligne verdàtre bordant les rémiges, paraissant plus jaunâtre que
chez cœlehs ; a" le croupion blanc verdàtre ; G° la teinte foncée des
recirices, assez pointues, bordées, et formant à la fin de la queue
une échancrure prononcée ; 7° enfin le blanc des rectrices exté-
rieures, au moins de la première penne, moins net, moins visible
que chez cœlehs. On pourrait encore remai-quer, de chaque côté de
la poitrine, la teinte rousse qui domine, et sur la tête une couronne
composée de ti'aits horizontaux, parallèles et très accusés. Disons
aussi que le dessus du dos bien marqueté rappelle celui de monti-
jriHijilla.
2° Le 15 février 1894, notre savant confrère de la Société zoologique,
M. le D'' comte Arrigoni degli Oddi, signalait, dans le « Bollettino
del Naluralisla » de Sienne (1). un cf h'rinjiUa cœlehs X /'. monti-
fringilla adulte |iris à l'état sauvage le 28 octobre de l'année
précédente, près de Bei'game. Cette pièce est aujourd'hui conservée
dans sa collection, sous le n" 10(10 ; elle lui a été oiïerte par le comte
D'' Alessandro Roncalli.
Le professeur A Carruccio, liirecleur de l'Institut zoologique de
l'Université tie Rome, a publié une note sur deux cas d'hybri-
disme naturel entre les deux mômes espèces (2); ces exemplaires
ont été observés au mois d'octobre 1890 dans le vignoble du marquis
(1) 1'. 23, Odili, Note Urniltiologiche, Revisla ital. di Scienze naluiali. Siena,
lii ivv. IS',14. (I F. cœlebs X !'■ montifringilla. 7nas. ad., ibrido scU'atico,
■jH ottohre. CItignolo d'/sola ;Hergamo) jieso relia bresiruna dal sig. Conte
D' .illessandro Honcalli che genlilinenle me lodonofNum. lotiO Cat.J «.
(2) <( Caso d'ibridismo natnrale J'ra individui délie due specie Fringilta monti-
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aPRÈS NATURE 763
Sacchelli, a ignoble [danlé sur le muni Parioli, \\n'S de Uome ; les
deux Oiseaux soûl aujourd'hui la propriété du priuce (iiuseppe
AIdroliaudi. I^e prince les a mis à la ilisposilioii du professeur
A. Carruccio, aliu que celui ci les examine, (^et exauieii a élé (ail
en compagnie du comle tïuido Kalconieri ili l^arpegna, uu grand
amateur d'oruilliologie. Tous deux furtsnl convaincus (ju'ils étaient
en i)réseuce d'hybrides remarquables, hybrides ipii n'avaient point
emore été signalés dans la province de Rome.
Le prof. Carruccio s'est étendu louguemeut sur leurs caractères.
Voici ce (|u'il en dit : (( Le cf présente les petites plumes A la base de
la mandibule supérieure d'une couleur chàlaiii olivâtre, couleur qui
s'élend sur toutes les parties delà tôle pour devenir plus claire sur
les parties latérales du cou, autour de I'omI et sur les joues. Sur les
cùlés de la région cervicale et plutùt derrière, on aperçoit deux
bandes sombres distantes l'une de l'autre d'un centimètre el demi,
à concavité extérieure, de couleur noirâtre; ces bandes ariiveut
presque jus(iu"à l'angle îles aile.-. La gorge, le gosier et la poitrine ont
les plumes colorées eu rouge bri(iue, couleur qui va graduellement
eu diminuant jus(iu'à devenir couleur chair; ceci se produit encore
sur l'abdomen et le dessous de la queue. Les lianes ont celte der-
nière Cdloration, qui est propre à l'ruKjUla civlchs au moment du
passage; néanmoins, chez cette espèce, le dessous de la queue est
d'un blanc ])lus ou inoins pur. En résumé, toute la partie inférieure
du cor[)s de l'Oiseau présente les couleurs (|ui, d'iiabitude, se
trouvent chez i'ringilla vivlfba adulte el de sexe mâle uu moment
de la saison d'hiver; mais la partie supérieure, (tergum, uropygium,
spéculum.) est vraiment la même, ou à |ieu de dilTérence près, que
chez /■'. iiioiilifringilla. Les petites couveitures sont en partie
blanches, en partie tirant sur le fauve; les couvertures médianes
sont noires dans la jjartie du milieu, blanches dans la partie supé-
rieure, fauve à la partie inférieure; les rémiges primaires sont de
couleur noire avec un tout petit bord jaune canari qui devient blanc
sale à la partie inférieure et au sommet; les rémiges secondaires,
au lieu d'avoir les bords lisses» léonin », plutôt larges, sont presque
toutes couleur fauve clair d'une largeur égale, sans toutefois que
l'extrémité entière soit occupée, comme un l'observe chez wo)i(i-
friuijiHu.
/riwjilla c h'rin/jUla cœlebs prcsi nci diiilnnii ili Roma \w\\' ollobre isyo. La
Spallauzaiiia, aiiiio .\XI.\. I. Fasiiculr VUl, I.X el .\X, IWI.
7C4 OISEAUX HYIiRIDrs RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
)) Les recllices s<inl milices, (du cMv i;nuchi> elles inan(|in'nt); elles
ont uu petit bord Lhiiic el à l'iuléileur une jurande tache blauclie
qui s'avauce jusqu'à la partie (bord) ultérieure et au sommet; du
même côté externe la deuxième reclrice est presque semblable à la
première, seulemeul la tache blauche s'étend moins sur le haut.
La troisième présente une tache ovoïde blanchâtre de petite dimen-
sion, ])lacée à ])roximilé du sommet. Les auli-es recirices, y coin-
pris celles du cùlé droil, sont tout à fait noires. 11 faut de plus
ajouter que les deux rectrices médianes ont le bord verdàtre, ce
qui s'observe chez FringiUa cœlchs. Le croupion enfin est d'une
couleur verdàtre, c'est-à-dire qu'il n'est pas vert comme chez
cœlebs et pas blanc comme chez montifringilla »
Au sujet de la femelle, le même di^scripteur s'exprime ainsi :
« Celle-ci a presque tous les caractères de la femelle Iringilla
cœlebs, en ce qui concerne la partie supérieure du corps; la gorge,
le gosier et la poitrine ont les couleurs plus claires que celles de la
femelle de cette espèce ; l'abdomen est blanc sale; (il est blanc de
neige chez iiiontifrinçiUbt adulte). La poitrine du même sujet est
de couleur cannelle claire; sur la tète deux bandes noires, parfois
interrompues, partent derrière l'œil et descendent sur les côtés du
cou, séparant un endroit de couleur gris céleste qui se voit seule-
ment dans la même région chez inoiilllriiiijilla. Le bec est jauue,
mais noir sur les côtés et à son extrémité, aussi bien à la mandibule
supérieure qu'à l'intérieure, d
Le docteur ajoute que sur les ailes, (petites et grandes couver-
tures), la couleur jaune est mêlée avec le blanc ; les rémiges médianes
ont l'exlréniité largement teintée de fauve très clair. Le croupion
est d'uue teinte blanchâtre, cendrée et verdàtre, indiquant un
mélange des deux espèces; enfin la queue ressemble plus à celle
de Friiigilla cœlebs.
Son Altessi! le prince Aldobramlini, après avoir remis entre les
mains du jirof. (larucci, les deux pièces qui viennent d'être ainsi
décrites, a eu la complaisauce, sur notre demande, de nous faire
adresser à notre propriété d'Anliville les deux précieux Oiseaux.
Nous avons procédé à leur examen eu présence de trente-quatre
échantillons des deux espèces pures (17 vionlijrhujilla el il cœlebs)
de dillérents âges et des deux sexes, pris ou tués dans dilîérents
pays et à diverses époques de l'année.
Nous regrettons de ne pouvoir nous montrer aussi allirmatit (]ue
s'est montré le savant professeur.
ADDITIONS, CORnECTlONS ET EXAMENS d'aI'RÈS NATURE 76o
Li' iik'iIc f:iil l'clIiM (l'un jciinr iilàli' ralcbs. ses coiilcurs ctaiil
ternes vers la trie et )o lileii maii(|ii;uit à <'('lli' parlic; ce serait
presfiiie un cT lie cette ('spèce sans les deux hari'es chamois vif et
très prononcées qui traversent les couvertures des ailes. Le hec, par
sa tonalité, ne rappelle aucnneinent le jaune si caractérislifiue île
iiioutijvinijiUxt ; il est i;ris brunâtre et allongé. Tout 1<^ dessus du dos
est roussàtre uni, sans aucune tache foncée. Les rectrices exté-
rieures sont très larjjeuient et très distinctenieni marquées de
blanc, à la manière de cirlchs : loul le diissous du corps (;sl liMnti' de
bri(|ue violacé, très exactement comme chez cwlrlis ; enfin les lianes
ne portent aucun des points caractéristiques de montifi'inuilia.
La croupe est, il est vrai, moins venlàtre que chez cette espèce;
mais son mélange n'est point obtenu avec le blanc de la croupe de
iiionfifriniiilla; il est obtenu avec de la couleur brun rouge qui
n'existe ni chez monlilriiKjilln, ni chez cmlchx; en sorte que cette
teinte nouvelle ne peut prouver le mélange des deux espèces. Puis,
de cha(|ue cAlé de la nuque, on voit une apparence des deux barres
qui .sont l'attribut des femelles chez les Pinsons. C'est ainsi que,
sans les tleux raies rousses des couvertures des ailes, on pourrait
voir aussi dans le présent Oiseau une vieille femelle stérile se rêvé
tant de l'habit du mâle. — Cependant, nous l'avouons, la coupe
terminale des rectrices nous paraîtrait plutôt nKinlifriniiIlhi ([ue
cifirlis; puis, près de l'épaule, (quoi((ue ceci arrive aussi chez cn'lch.t),
apparaît une petite touffe de plumes blanches de teinte jaunâtre.
Le dessous de la queue semble aussi plus fonci; que chez rwlchs,
lequel est généralement plus blanchâtre à cette place. Ces points
donc, s'ajoulant aux deux barres chamois des couvertures des ailes,
peuvent à la rigin'ur laisser croire que cet Oiseau est un hybride.
La femelle nonsavait paru tout iraiiord mieux dévoilersa ilouble
origine ; mais, en l'examinant de piès. on pourrait prétendre
que c'est une 5 monlifrimiilhi blanchissant, aux couleurs par con-
séquent très atténuées, 'l'oulefois. à la croupe, où pri'eisément
montifritii/illa est de couleur assez claire, elle est d'un ton plus
obscur et même mélangé d(! verdàlre, ce que nous n'avons observé
qu'une seule fois chez niniitlfriiKjilla pure es[)èce. ^'oiei du reste
sa description : sur la télé, on voit d'une manière très accentuée
deux barres qui, interrompues cà et là, bordent la nuque et se
lejoigneiil en carré sur le haut de la tôte. La gorge, la poitrine, les
lianes srmtd'un gris jaune roussàtre pâle, bien moins accentué que
chez iiionlifriiiiiillii. Il semble que près des ailes (éi)aules) on aper-
çoive la couleur chrome, propre à iiiontilriniiHht. Leconimeucenient
766 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
de la mandibule supérieure est très clair près du front, à l'exlré-
mité la nit'me mandibule devient foncée ; ceci rappelle parfaitement
iiiontifrinfjilla. La queue est découpée à sa terminaison comme chez
cette espèce et les rectrices sont linemeul liserées de teinte claire.
Des points ou petites taches apparaissent très visiblement sur le
dos, quoique bien plus faiblement que chez le Pinson des Ardenues;
les raies des couvertures des ailes sont assez chàtaisne. Ajoutons
encore que l'abdouien est blaiicliàtre comme chez inouli/riniiilin.
— On voit donc que cet Oiseau rappelle beaucoup montifringilla.
Mais, nous l'avons dit, le blanc de la croupe est obscur el
quelque peu verdàtre; il n'existe sur les (Inncs aucun des points
si caractéristiques de niontifrini/illa, tout au mnius c'est à peine si
on peut saisir quelques indices ou un rappel de ces points; la
partie du cou près des joues n'est aucunemeul bleuâtre blan-
châtre, mais grisâtre comme cliez la femelle du Pinson commun;
la couleur de la gorge, de la poitrine surtout, n'est pas du jaune
roussàtre clair de montifrinçiilla; enfin le bec, quoique rappelant
des caractères propres à celui de luinilifringillu , est grisâtre dans sa
tonalité générale. La première baude des couvertures des ailes est
elleménie assez blancliâtre et la rectrice la plus extérieure porte
beaucoup de Idanc, plus que l'on en voit généralement chez monti-
/'rmf/(7/fl; la deuxième est légèrement lavée delà même teinte, ce qu'on
ne trouve jamais, pensons-nous, chez montifrinfiilla pure espèce.
A cause de ces particularités, et de celles que nous avons remar-
quées sur le mâle, nous avons fait peindre ces deux Oiseaux qui
nous laissent cependant, surtout le mâle, beaucoup de doutes sur
leur origine hybride. Nous nous sommes décidé à faire exécuter
ce travail encore par cette circonstance (|ue les deux pièces d'aspect,
l'une cœlcbs (le mâle), l'autre iiiontifiingillu (la femelle), paraissent
avoir été rencontrées au même endroit. Si elles étaient une variété
du Pinson ordinaire ou du Pinson des .Vrdennes, il serait naturel
que toutes deux se présentent comme des variétés du même type.
L'opposition qui se produit dans la diversité des types favorise
donc l'idée d'une hybridation.
L'examen auquel nous nous sommes livré n'a point été fait à la
légère; tleux jours durant nous avons examiné nos échantillons de
race pure, les comparant aux iiybrides qui nous avaient été si
gracieusement confies. Nous seiions heureux d'apiirendre que
depuis le retour de ceux-ci au château de Frascali, où le prince les
conseive, d'autres ornithologistes les ont étudiés, car ce sont là des
Oiseaux curieux et fort embarrassants.
ADDITIONS, cnnrtEcrioNs et kxamkns DAi'ur.s nati'hk 7fl7
Cello ri'iiuir(|iie (|iio nous avons faite : à savoir que lo i)laiii' du
croupion de montiliingilln pur se lave (iueli|ue(ois de veidàlie,
(particularité qui existe au moins chez l'un de nos exemplaires de
rate pure), montre la Iros jurande afFiniti^ qui existe entre les deux
espèces. Nous avons constaté que cette atliuité se dévoile aussi
dans le blanc de la rectrice la plus extérieure qui est plus ou moins
blanchii? chez inoiilifrinijilhi.
3° M. Keuleinaus nous informe (|n'il a possédé au moins cinq fois
des métis du Pinson commun el du l'inson des Ardennes; ces
Oi-eaux uni toujours l'té Irouvi-s au commeni'cmeut de l'iiivei- en
iiollandc. M. Keuh'uians les a aclieli's sur le maiché, parmi des
Pinsiuis et autres Oiseaux émigrant. (Vest, nous dil-il, par les cou-
vertures qu'il les reconnaissait, les plumes d(^ «es jiarties étant
C(uistamiueut jaunes. Depuis uii certain liunps, il n'eu a plus revu.
D'une conversaliou qu'il a eue avec M. l)res,ser, il résulterait (pie
de tels métis ne sont point rares en Suède, dans les endroits où
s'établit la limite des deux espèces ; ces hybrides ont presqm; tou
jours le Pinson conimuu pour père. Mais M. Dresser, que nous
avons interrogé, proteste contre cette assertion. M. Iveulemans,
nous dit-il, a certainement fait erreur dans la communication qu'il
nous a adressée.
4» M. Marion a eu l'obligeance de nous faire parvenir, par
l'entremise de M. A. Pénot, les deux exemplaires du Musée de
.Marseille. Nous avons reman|ué que la rectrice la plus extérieure
de la queue du spécimen pres(|ue moitUlrituiiHa que nous pn-sen-
tions comme douteux (1) est réellemeul marquée de blanc, quoique
d'une manière terne ; nous avons aussi remar(|U('' (|ue le noir de la
b.irbe non tachetée lire sur le grisâtre. Un cf iimiitifriuiiilUt, faisant
partie de notre matériel de comparaison, montre, il est vrai, la môme
particularité; mais, il existe ri-ellemenl de la couleur xerdàlre sur
la nuque de l'individu du Musée de Marseille. .Nous n'oserions dire
que cette seule marque (de mélange) est sudisanle pour afTiriiK'r
riiybridiléchez ce sitécimen; aussi, pour lunis, son origine mélangée
reste encore douteuse à un deuxième examen (2).
Nous avons remarqué que la rectrice la plus extérieure du dcu
xième ('chanlillon (3) est marquée ucttemcnt de blanc comme chez
firlvlix ; la séparatiim du noirct du blauc est, eu outre, bien limitée ;
cependant les couleurs sont plus eltacées que chez ciclehs.
(1) Voy p. 2C>1 ou p. Sa'i (les Méiii.
(2) Cette tendance chez F. inonti/ringitla a picmlio ilii bliim- >iir les icdijri's
n'inilii|iie-t-i'lle pas oncore une parenté avec cirtcfis?
(3) Décrit page suivante.
76S OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Genre Pyrrhula
PiNICOLA ENUCLEATOR Cl CaRPODACUS PURPUREUS
(Se reporter]). 267 ou p. 341 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
M. Ernest E. Tlioinpson. de Toreuto (Ciuiada), a Ijien voulu nous
adresser ea communication le très rare s|jécimen hybride qu'il
conserve; ce spécimen reste unique jusqu'à ce jour.
Vu de dos, il ressemble presque euliérement à Cariioihicus
purpureus; comme taille il est tout à fait inleiniédiaire entre les
deux espèces supposées p:irenles. F^es barres (le l'aile de Pinicola
enticleator sont en quelque sorte rappelées, mais très amoindries, et
plus rougies, comme serait la barre très faible de l'aile de Carpada-
cm. Le bec est fort, il est sans doute de dimensions intermédiaires;
mais, vu la taille de l'hybride, il se rapproche davantage des
dimensions de celui de P. ciiurlcalar. Le rose de la tèle, des joues
et du cou est aussi plulùt du rose de cette dernière espèce. La partie
abdominale est légèrement marquée de petites taches longues qui
rappellent le plumage de la femelle de Curiindacus ou du jeune niàle,
(ce qui indiquerait que l'hyl^ride n'a pas atteint toute sa croissance).
Il est à remarquer que les taches brunes du dos, dont la teinte
est celle de Carpodncus, alTectent plutôt la forme des taches de
Pinicola que celles de la première espèce. Elles ne sont donc pas
longitudinales, mais courtes et donnent un peu l'aspect du dessin
martelé de Pinicola. Les rectrices du côté gauche manquent. Les
pattes et les doigts sont fonrés comme dans Piniroht; ils ne sont pas
bruns comme ceux île Carpodarus -, pour les dimensions ils sont
intermédiaires entre ceux des deux espèces. — Cet exemplaire est
réellement remarquable et excite un vif intérêt. Nous l'avons fait
peindre sur deux faces dillérentes. I.e mélange de; ses caractères a
tellement attiré noire allenlinn (jue nous avons voulu, après avoir
pris les notes que l'on vient de lire, le di'crire une deuxième fois.
Voici nos nouvelles impressions : La coloration du dos est bien plus
Carpodacus que Pinicola, mais la manière dont les taches sont par-
semées indiijue tout à fait Pinicola. Les rémiges les plus rapprochées
(1) Une espèce a les rémiges liruri cliiUain, l'aulre esprce les a noir châtain.
(2) Oans notre premier examen, nous avions cru trouver que le rose de la tèle,
des joues et du cou était plutôt d'cimclcator. Mais chez les deux exemplaires c""
adultes enucleator (pie mus possédons, la couleur rose ne nous parait point être
exactement la nu'me; sur l'un ilcs deux elle se rapproche niènio tout à fait du rose
piirpurens.
ADDITIONS, CORHECTIONS ET EXAMENS D'APnÈS NATURE 7li9
du rorps se termiiienl \y.\r une bordiito plus claire que la tciiilo
générale de la barbe, laquelle est d'un brun foncé assez noir parais-
sant être un mélange de Cnrpodacus et de Pinicola (1). Les parties
les plus claires des ailes(b(ir(iures dos rémiges et raies transvi^rsales),
(luoiijue rappelant le dernier type, présentent la teinte rousse du i>re-
mier. Plus on regarde cet Oiseau, plus ou le trouve un véritable
intermédiaire entre les deux espèces; à reinar(|uer encore que sous
l'aile la partie foncée (brune) de ('dipodanis est rappelée viveuieiit (2).
Nous avons voulu savoir ce que M. ErnestE. Thompson pense de
l'orijiine sauvai^e que l'on atliiliiieà son bvluide. ^'oici sa n'-ponsc :
« The deep red linls Ihat are fouud ou tlie l'iue grosbeak, the Purjjle
finch, the Cross bills and the European i-innet, are invariably lost in
cage birds, and are pcrmanonlly succeeded by a dull yellow or
bronze liiit. The specimeu iu question bas ail the deep and ricli red
tinis of Ihe briglitest plumaged Pine Grosbeak. In addition to this,
the great difTiculty of gelting Ihcse binls to breed in confinement
must bc rememi)ered, while the (excellent condition of this spécimen
shows lliat il was accustomed to liberty. The absence of traces of
cage-life and the fact Huit it was witb the wild birds, that came
down froni the north, seem to indicale, with almost certainly, that
it was a wild boru bird d.
L'Oiseau de M. Ernest E. Thouipson vient d'être décrit et repré-
senté dans l'Auk (i).
Genre Emberiza
.h'NCO HIEMALIS et ZONOTRICHIA ALBICOLLIS.
(Sf io|i,>i I.M- |). 27i Pl p :i'.e. (les Mém. de la Soc. Zool., 1802).
On se rappelle i|ue cet hybride avait ét('' décrit en 1S(>3 par
^L Ch. H. Townsend dans le (( Bulletin of the Nuttal Ornitho
logical Club» (2). M. Wilner Stone en parle de nouveau dans
l'Auk (3). Il fait savoir que M. Baily, ([ui l'avait obi enu,' l'a offert
à l'Acaili'm'e des Sciences naturelles de Philadelphie, où ou i)eut
le voir maintenant dans la colleclion des « local Birds ». M. Wilner
Stoiic, en rernar(|uanl que les caractères des deux espèces mères sont
mélangés en d'égales i)roporlions, le décrit de la manière suivante :
(1| Aiik. .hiniiarv. ISO'i. N" t. Niius ilrvons ci Ile indicaliiiri à M. le rhevalirr von
Tscliuili zii Scliimiloircii.
(2) Vlll. N^dAvriJ, |.|>. 7S.I 711
(3) N» 3, vol. \, p. 214, llybrid Zonolrichia.
770 OISEAUX HYBRIDES HENCONTRÉS A L'ÉîAT SAUVAGE
(( The upper surface aud vvings hâve the général aspect of tlie /nnn-
trichia, but Ihe black shaft stripes are narrower and the rufous is
more or less suftused wilh staty, this shade predominating on tlie
heard, wliere the central white stripe is entirely ohliterated and
tlie hack stripes considerably broken. Beneath the pattern of colora-
tion is that of the Zonolrichia, but the breast and sides are of a darker
slaty hue. The superciliary stripe is reduced to a white si)ot i)ehind
the nostril and there is a faint dusky maxillary stripe. The outer
most tail feathers bave the terminal two thirds white, and Ihere is
a white terminal spot on the iuner web uf Ihe next pair. »
Une cbromo-lilhographie (1) est jointe à celte description.
Genre Passer
Passer do.mesticus X Passer montanus
(Se reporter p. 175 ou p. 349 des Mém. de la Soc. Zool., 1802).
Deux nouveaux hybrides sont à mentionner. Le premier a été
signalé par le Rév. Macpherson, de Carlisle (2). « Pendant l'été de
1891, dit le Révérend, un Coq House-sparrow (P. domi'stiois) s'ap-
paria avec une femelle Tree-sparrow (/*. montnnus) à Aiglegill où
les deux espèces se rencontrent fréquemment dans la cour de la
ferme. Us bâtirent un nid, mais ils furent bientôt dérangés et
partirent. Probablement ils nichèrent quelque part dans le voisi-
nage, car on aperçut, au commencement du printemps 1S02. à
Aiglegill même, un hybride mâle des deux espèces. Cette obser-
vation fut faite par M. R. Manu. »
Le Révérend Macpherson vit d'abord l'Oiseau lorsqu'il voltigeait
dans la volière où on l'avait renfermé; dans ses mouvements il
paraissait être un Tree-sparrow (/'. niontinuix). Quebiues jours
après, l'Oiseau ayant été tue intentionnellement, M. .Macpiiersou le
reconnut pour un véritable hybride, opinion qui était celle de
M. Richard Mann, et qui fut partagée ensuite par M.M. Johnson,
Thorpe, J. E. Harting et 0. V. .\pliu. auxquels le précieux échan-
tillon fut communiqué tour à tour.
Ce dernier ornithologiste, l'ayant comparé avec une série de
peaux des deux espèces, nous a proposé, à son sujet, les remarques
suivantes: « Le bec est celui du /'. doniesticus. mai.> un peu plus
(1) Plate VI.
(2) A. vertebrnted Fauna of Lakeland, liy the Rev. H. A. Maciihcrsoii. iluz
David Douglas, Edimbourg, 18!li. Prolegomena, pp. iXXX el i.WXi.
ADDITIONS, COnnECTIONS ET EXAMENS D APRÈS NATUBE 771
petil. I,;i tiHe est iiiliMmr'di.iiii' |inr su forme entre celle des deux
espèces; les proportions soiil relies du /'. tiionlduiis; la taille est
partout un peu plus petite que celle de ce dernier. La marque
ipntli'fn) delà IfHe est dans le genre de eelle de la niènie espèce, mais
Irèsdislinete par sa coloration el |irésenlanl un cachet tout parti
culier. La nuque est grise, mélangée de couleur pâle sur la partie
étroite; toutes les parties supérieures, higarr(''es de teinte terne,
dilTèrent des antres espèces sous ce rapport; le manlean ressemble
presfiue à celui du P. monUtniix; le bas du dos et les couvertures
supérieures de la queue sont plus gris que les mêmes parties du
/*. (lonirsficiis (lequel est lui-même |(lns gris que /'. moiilanux). [,e
bord brun des ailes est plus ])àle et plus terne quedans l'une ou dans
l'autre espèce. I^es petites couvertures ont la grande quantité de
blanc que l'on voit chez le P. domi'uticiis ; elles manquent du noir
découvert qui existe chez le /'. inoiitaniiK. Les plus grandes couver
turesuese terminent point en blanc comme chez le /'. inontanus. Le
noir sous le menton et la gorge excède à peine en quantité le noir
de cette espèce, c'eslà-dirc que cette petite |)artie. iilutiM brunâtre
sombre (juc véritablement noire, est considérablement moins éten-
due que dans P. (lomestiats, car elle n'avance point jusqu'au iiaut
de la poitrine, comme cela existe chez ce dernier. )>
C'est au Uévércnd .1. G. Tuck, de l'ostock Rectory, qu'on doit la
connaissance du second hybride qui fut tué le 3 janvier 18t)'t parmi
d'autres (( Sparrows )i(l) dans une cour de ferme, près de Rury
Saint lùimunds.
Le Révérend a eu la complaisance de nous envoyer ce rare spé-
cimen. Nous l'avons examiné ayant entre les mains neuf /'. )iioi)laiiHS
et onze /'. thniii'sliriis tués à diverses é|)oques de l'année et dans des
contrées différentes. (Ces derniers étaient tous de sexe mâle, sexe
de l'hybride; c'est dire que notre mab'riel de comparaison était très
sullisant pour faire un examen profitable). Voici h^s caractères de
l'Oiseau soumis à notre inspection : Vu sur le dos, il représente, à
l'exception de la tète, le P. nio>il(i7}iii!: la queue est fort courte, plus
courte, peut-être, (pie chez |)lusieurs iiKDildtiiis de noti-e collection;
Non-seulement le plumage montre le dessin propre à celte espèce,
mais il est aussi du même ton. L'ailt; est encore de ce type; car,
en dessous de la première barre supérieure, se montre un liseré
noir ipii suit le dessin du blanc, tmil comme chez le P. Mnntniiitx.
toutefois le blanc ne paraît pas tout à fait aussi large que chez le
Fri(|uet, ce qui rappelle la barre de l'autre espèce. La tache noire de
(l) On ninJniue point l'i'spt'ce tic Spanow.
772 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
la ^orge est presque uniforme de teinte, rappelant encore celle du
P. montanus; mais elle se prolonge davantage vers la poitrine; elle
se trouve alors parsemée de petits traits blancs très fins, comme
chez le P. ilonirslirns. Le liée n'est gut're plus fort (lue ci'hii du
P. montanus, mais il est clair au commencement des mandibules;
cette couleur jaune clair se répand très avant sur la mandibule
inférieure. (Nous ne trouvons point cette particularité chez aucun
des P. montaniix entre nos mains). La tache foncée de la joue n'est
point aussi nette et aussi foncée que chez le /'. montanus : c'est un
mélange avec la tache, bien moins app'irente, du P. donirslinis. Le
blanc, en se rétrécissant, entoure par derrière presque tout le cou,
formant comme un collier; (nous ne voyons point cette particularité
chez l'une ou l'autre espèce). Les parties inférieures, poitrine et
ventre, sont assez foncées (1). Les doigts paraissent très tins; peut-
être se sont-ils desséchés depuis la préparation'.'
Tout ce qui vient d'être dit fait donc voir que cet Oiseau ressemble
plus au IK montanus qu'au /'. domcsticus; mais si ses proportions
sont bien conservées, ce que nous ignorons, il présente parla une
forte apparence du P. domesticus, quoique la queue et le corps
soient courts. Du reste, nous n'avons point parlé de sa tête; là se
voit encore son liybridité. En elïet, le dessus de celte partie n'est
point roux violacé à la manière du P. montanus, mais il est gris
mélangé de brun roux, et le brun roux, qui reste plus uni, est du ton
chocolat du P. rloinrsticus formant bande autour de la nuque. Ajou-
tons que sur la peinture rpii le représente de prolil, ce curieux
échantillon donne l'impression d'un P. ilomeslicns.
Si nous le comparons de souvenir avec celui du regretté
M. Lemeitteil, dont nous allons bientôt donner une descri|)liou
complète (2), on voit que la queue est beaucoup plus courte ; puis
le dessus de la tête (quoique grisâtre, on vient de le dire), est tacheté
de brun, ce qui ne se trouve pas dans l'exemplaire de M. Lemeitteil.
Mais le ton du bec et la forme de la tache de la gorge doivent être
semblables chez les deux. Eulin tous deux ont les ailes et le dos
du P. montanus, principalement celui de la collection de Bolliec.
M. J. E. Harting, auquel le Rév. Tuck a communiqué l'Oiseau
que nous venons de faire connaître, prétend qu'il ressort d'une
comparaison entre cet exemplaire et celui de la collection Gurr.ey,
(lequel fut obtenu en captivité) que l'Oiseau sauvage est plus gris sur
la tète, a moins de noir sur le devant du gosier et n'a pas la k black
(1) Ce caractère est néylijieable, lesileiix espèces étant du iiiéiiie Ion à ces enilioil.s.
(2) Ce qui n'avait point élo fait dans notre premier mémoire.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS D'aPRÈS NATURE 773
(•liofk patch )i si bii'ii délluie. M. (iurney s'est livré aux nuMnes
(■iiin|jaiaisous : (( My bird siiew tlu; ciicck patch of hhick more Uiaii
Hev. Tiicks. This hisl lias no so inucji Lhick ou the throat as
iiiioe. » Aiusi l'Oiseau de M. Tucks est i)ieii connu ; il a été eu
outre montré à Lord LilTord lorsqu'il était en chair ; puis à dillé
rentes sociétés: l"àla Norfolk and Norwich .Naluralisl's Society (1) ;
2." à un nieeliui; de la Société Linnéeune de Londres, où il a,
liaraît il. attiré l'alloulioQ des membres présents (2).
Ayant été autorisé à faire peindre réchantillon de la collection
de feu .M. Lemeitteil, nous avons prolité de la perniissiou qui
nous était donnée pour examiner de nouveau cet exemplaire,
(|ue nous avons, (nous devons l'avouer), découvert encore cette
fois avec assez île peine parmi les l'asarrrs de celle collection,
où aucun des Oiseaux n'est étiquelé. Nous nous sommes môme
trouvé quelque peu hésitant à son sujet. Les caractères mé-
langés n'éclatent donc point au premier (^ou|) d'ieil. Néanmoins,
lorsque nous l'avons eu en notre possession, l'ayant comparé aux
peaux nombreuses des deux espèces que nous conservons, nous
avons cru reconnaître ses signes d'hybridité. Vu de dos, en ellet,
il donne parfaitement l'aspect du monUmus par sa teinte brun ver-
dàlre (le ilomesticiis est roux sur les mêmes parties); tandis que vu
de face, le contraire se produit: l'Oiseau [larait tout à fait iloiiics-
ttcns. Il a presque la taille de cette espèce à la(]uelle il ressemble
le plus. Sur les joues, les deux taches noires du ntoittniiis sont un
peu ellacées. Le roux de la tète (qui couvre la tète du inuiitanus)
n'a|q)araît plus que sur le côté; sur la nuque toute la partie plate,
encadrée par ce roux, est lavée complètement de giis, comme chez
le (loini'Slicus. Le roux existant plus bas n'est pas le roux violacé
propre au iiionlaniis, c'est le roux rouge du (lonicslinis. La tache
noire de la gorge s'avance eu descendant vers la poitrine et se
mélange avec le blanc ; le noir se trouve ainsi comme piqueté de
blanc, l'appelant liicn ilonirslirus. Il nous a été ililhcile de délinir la
petite ou première barre de l'aile; elle nous a paru plutôt nuinlanus,
car, dans sa i}artie supérieure, elle est bordée ou frangée de noir.
Nous avions dit, lors de notre premiei' examen, que le bec pré
sentait un petit espace jaune au début de la mandibule inférieure,
et qu'il était de couleur corne Chez tous les niontaniis, que nous
(1) Voy. le Zoologist, |>. III, N° de Mais l«'.H.
{i) Tlie Naluialist's .lournul, vol. II, N» ii, .Apiil IS'.li, p. likl. (Communication
(lu Hévérend).
774 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
possédons, le bec est profondémeut noir dans tontes ses parties.
Nous croyons donc que le bec de l'hybride de .M. Leineilteil
représenterait plutôt le bec du P. (Idineslictis, lequel bec est assez
variable de ton.
Nonobstant les réflexions que nous venons de faire, la pièce eu
question est un excellent intermédiaire entre les deux types et,
bien examinée, elle accuse des caractères qui font fortement soup-
çonner chez elle une double origine.
M. Keulemans nous a fait savoir que, dans sa jeunesse, il avait
possédé vivants plusieurs hybrides du même genre. D"après lui les
hybrides du Passer cnlfidris cT et /'. nionlintns 9 étaient autrefois
très communs dans les environs de Rotterdam et de Gonda, en
Hollande. Maintenant, les lacs étant desséchés, les deux espèces an
s'y rencontrent plus. Les Moineaux de l'espèce vulgaris s'attachent
de préférence à la ville, tandis (|ue les Friquels {monlaniis) se sont
retirés dans d'autres localités marécageuses. S'il ne se trompe, ou
conserve deux ou trois exem|)Uiires au Musée des Pays-Bas à Leyde.
Mais c'est en vain que le 1)'' Jentinck a fait chercher pour nous ces
Oiseaux. Sou conservateur, M. BuLlikofer a parcouru avec alteutiou
toute la collection des Passeres et n'a rien trouvé de semblable.
Pour le docteur de tels hybrides n'existent pas dans la collection
qu'il dirige.
Nous avions dit (1) (|ue uous avions obtenu en captivité des
hybrides du P. ))ioitta)ius cf et du P. duinestu-iis $; tout au moins
qu'ayant abandonné dans uue vaste volière ces deux parents, nous
nous étions aperçu un jour de la présence de quatre jeunes. Nous
ignorions alors que le /'. ntotilnnus était un habitant de notre contrée;
nous ne pouvions donc soupçonner l'eutrée de jeunes de cette espèce
dans la volière où étaient retenus les deux vieux spécimens. Mais,
depuis, nous avons rencontré fréquemment le P. montanus, non-
seulement sur les routes et dans les champs, mais même dans la
cour près de laquelle sont édiliées nos volières. Comme aucune
dilïérence appréciable n'existe entre les caractères des deux jeunes
hybrides supposés et les caractères de P. ntotitanus pure espèce,
nous pensons aujourd'hui (ju'il n'y a eu aucun mélauge chez les
deux individus retenus eu captivité. Ainsi très probablement
n'avions nous alîaire qu'à de jeunes P. montanus s'étant introduits
(à cause de leur petitesse) à travers les mailles des grillages dans
le parquet où ils furent vus.
(1) p. 277 ou p. 3a! des Méni.
ADDITIONS, COBRKCTIONS ET EXAMENS D'APHÈS NATURE 773
Entre deux Genres
EUSPIZA LlITEOL.\(l) et PASSER INDICIIS (2)
.M. Zaroiulmpï, (lu corps des Cadets, nous écrit do Pskow (Russie)
que pendant l'annéf de i892 il eut la bonne fortune de trouver un
nid avec des œufs d'Euspizu luleola 9 X l'assi'r indicus cT- Nous
croyons que les parents furent aperçus près du nid par réini
nent naturaliste.
Famille des Tanagridœ
Genre Pyranga
l'inANGA nUBHA et PiRANGA ERYTHROMELAS
M. il. liidgway a iiieo voulu nous informer, à la date du
20 décembre lM!l:i, qu'il avait reçu deruièremeul, pour l'examiner,
un nouveau produit fort intéressant, et le premier du genre : un
hybride entre l'ivaiKja nihra et /'. crj/tliromelas, un mâle, (( in nearly
full plumage », combinant dans d'égales proportions les caractères
des deux espèces parentes.
M. R. Ridgway l'a fait peindre pour nous. En nous adressant
la peinture il a cru dtîvoir nous faire remarquer (|u'elle est de la
taille exacte de l'original (les mesures ayant été prises 1res scrujju-
leusemenl), mais que sans doute elle nous paraîtrait trop grande
par suite d'une confusion facile à établir entre l'un des parents de
cet hybride et une autre espèce qui jiorle le même nom. Le /'. ery-
tliroiuclas, nous fait-il observer, n'est pas la petite espèce de l'Ainé-
ri(iue centrale appelée; /'. erulhroim'lœim par Sclater el par d'autres
ornithologistes, mais l'espèce de l'Ainériiiue du Nord nommée
autrefois /'. ruhra, Tanafira rubia Liun. 17(jG, (nec FrimjUla rulira
Linn. IToX), puis, jjIus tard ])ai' N'ieillol, Vinmija rnjlln-oini-lax, soit
en ISIi), c'esl-i'i-dire douze années avant que Liclileiisiciu appliiiuàt
le iiDiii de Tanaijra rnitliromclas à l'espèce de l'.\m(''ri(|ue i-cnliale.
Les trois espèces, en\el()ppées dans celle confiisinn de noms, sont
les sui\anlt's ; les réfi'-reuces (|ue M. Hidway a la complaisance de
de nous indiquer aideront à les bien distinguer:
I. l'iraïujii riilir(t{C,niv\). = Fri)iijilla nilini Linn. i». .'V. éd. 10,
(I) Ou Loxia Jlavicans ou Emberiza luleola.
ii) Ou cuioie Loxia Jlavicans, (2). ou /'. domesUcus, Blylli., l'yrgita domes-
tica. Ur.
77G OISEAUX HYBRIDES nENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
i. 1758. 181. Viraïuja n</r/a Vleill. Ois. Am. Sept. i. 1807, p. IV.
Tanayra aestiva (!mel. S. A'', i. 1788, 889. l'ipaiiya uestha Vieill.
N. L). XXVIII, 291. — Sel. et Auclorum plurimoruin.
2,° Piranga leucuptera Trudeau = Tanai/ra eyylhroinelax Liclil.
PreisVerz. 1831. ii» (19 (iiec PIranga eiiitln-oiiielas Vieill., 1819!)
Pyramju erythromelaena. Sel. et Auctoruiii. Pijrunga leucopteia Tru-
deau, Jouru. Acad. nat. sei. l'hil. Vlll 1837. KiU.
3" Piranga crytliromelas\ie\\\.= Tanagra rubra Linn. S. A', ed 12,
i. 1766, 314 (nec Fringilla rubra Linn. 1758 ! ) Pi/ranga rubra Swains,
North zoul. ii p. 273, Sel. et Auctoruni plurimoruin. Piranga erythro-
melas Vieill. Nouv. Dict. XXViii, 1819, 293 (nec Sel. et Aueloruni !)
Nous reproduisons ces explications à cause de futilité quelles
peuvent avoir. Ayant demandé en Amérique les deux espèces pures,
afin de pouvoir nous livrer à un examen profitable de l'hybride,
nous avons reçu plusieurs écliantillons P. eruthronwlas de taille
considérablement plus petite que celle de l'hybride, tel qu'il est
représenté sur l'aquarelle. Nous craignons vraiment que la taille
de ce dernier ne soit exagérée sur la peinture. Nous piélérons
lionc nous abstenir de le décrire nousméme; nous nous conten-
terons de reproduire la description qui a été faite dans r.\uk,
en 1893, par M. L. M. Me. Cornick (1). Cette description est la
suivante : « The bill is rather thicker than in /*. i-rylliromelas,
but uot so long as in P. rubra, with the médian notch ot the upper
niaudible well developped. The wiugs are rusly black. the primaires
are edged with red on the ouler web, while the seeondaries and
coverts are vvashed with brick red, giving the whole wing the
appearanee uf having been brusheil over with a water eolor of
reddish yelluvv. The lail is marked iu the same nianner, but with
more of the appeaianee uf having been ilipped in the red slain, as
the wbole web of eaeh (eather is tinged more deeply on the outer
than on the inner web and at the base than at the tip. The body has
the scuv]e[ c()\or ol P. ergtliroinclas witii no trace of the vermillon
of /'. rubra, thougb Ihere is a little of the bi'on/.e of inimaturily on
the nape of the neek and ot the belly. lu a séries of about tliirty
spécimens of P. l'rythroniclas Ihere is no trace of the reddish wasli
on the black, though seveval show red feathers among the black
coverts. The characters of P. erytbromelas are the stronger on the
whole, as might be expected, as it seems the hardier bird of the
two.
« Measurements show that it is intermediate in size between the
(1) Voy. leN" de Juillet p. 302.
ADDITIONS, COIUŒCTIONS ET EXAMKNS D APRES NATUnE
777
two si)t'(i('s )i. M. C.ornick doiiiu' les mesurés suivantes en se ser-
vant (lu Manuel île M. Ridgway comme eomparaison.
1
Aile
Queue
Citlmen
llyliiid . . .
1'. nihiM . . .
F. erjiliioiiielas.
3.90
3.5i;-:J.95-(3.69)
3.55.-3.90
2.85
2.F0-3.15 (2.99)
a.IrO. 3. '25
(ÎO
82.90 (80).
;i;)-GO.
Nous avons (Iciiiandé à M. Ridgway si cette ]iièce, aujourd'hui
au Musc'e de W'ashinglun, avait été prise à l'état sauvage; il nous
a répondu par l'alliruiative. Nous supposons que c'est à Oinaka,
Nehraska, ([u'elle a été ohtenue, le 20 mai 1892, par M. Léonard
Skow. Cette indiciilion parait être donnée sur l'aquarelle que
M. Ridgway nous a adressée. — M. Worthea, naturaliste à VVarsau,
(celui (|ui nous a fourni nos pièces de comparaison), nous écrit
(|u'il n'a jamais entendu parler de Tanagers vivants ou nés en
cai)tivité; il ne pense point qu'un tel élevage puisse être tenté
avec succès. Les deux es[)èces parentes sont, ajoute t-il, délicates
et iucapaldcs de demeurer dans ces parages [)endant la froide
saison. — On peut donc supposer qu'il s'agit bien ici d'un Oiseau
ayant une origine sauvage. Un croisement entre les deux types
en question ne pai'ait pas du reste invraisendilable, car ils sont
très proches iiarents : c'est l'excès de tonalité chez l'un, /'. eiythro-
melas, cjui le différencie de son congénère.
Camille des Muscicapidce
Genre Rhipidura
RhIPIDURA FLABELLIFERA X RhIPIDURA FULIGINOSA
(Se icpoilcr p. 280 ou p. 302 des M(^in. de la Soc. Zool., 1892).
M. Me. Léan, de la Waikaliustation (1), a fourni de nouveaux et
d'intéressants détails sur le croisement de la liliiijidura fiiUyinosa
et de la H. llubeUifera (2).
Dans la matinée du 17 avril 1892, se trouvant au bas d'une
colline escarpée du district de la Poverty Bay, où il conduisait son
cheval, il aperçut une « Dark Fantail » {Khipidura) qui passait
devant lui et se dirigeait vers un petit fourré d'arbustes. Il la
(!) Tekarak a Gisl)orne, New Zeland.
(2) Voy. Ujis, 1894, p. 100.
778 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
suivit avec attention, et lorsqu'elle fut arrivée dans le buisson il
l'aperçut voltigeant dans le lias des ljrancliaij:es. L'Oiseau s'étant
posé à trois pieds en face de lui, il crut le reconnaître pour appar-
tenir à l'espèce fuliijinosa , les marques blanches (the white car
spots) semblaient exister sans cependant se montrer très distincte'
ment. M. Me. Lean préféra ne point le considérer longtemps et
courut aussitôt chercher son fusil dans l'espoir de l'obtenir et de
l'examiner tout à son aise. Malheureusement, i)endant les vingt
minutes que son absence forcée avait duré, 1 Oiseau était parti ou
s'était caché; il ne put être reti(juv('' dans cet endroit tout couvert
de Fougères et de Manukos.
Après dix-sept mois, M. Me. Lean cru le revoir dans un buis-
son de rangiera, sur le sommet d'une colline distante environ d'un
mille de l'endroit où il l'avait observé pour la première fois en
1892. Ce buisson était en fleurs et sans doute rempli par une
grande quantité d'insectes.
Lorsque M. Me. Lean se fût approché, la petite bête s'envola vers
le bas de la colline, où elle disparut dans un autre buisson. Elle y
fui rejointe bientôt par le chasseur qui l'aperçut cette fois accom-
pagnée d'une (( Pied Fantail » avec laquelle elle prenait ses ébats.
Tout à coup, poursuivie par cette dernière, elle s'éleva au-dessus
des buissons. M. Me. Lean, après (|uelques instants de recherches,
trouva la k Pied Fantail » dans un arbre où un nid de Fantail avait
été construit ; mais il n'aperçut nulle part à l'entour l'Oiseau noir.
Après cependant avoir bien cherché, il crut apercevoir au-dessus
du nid la queue d'un tiobe-Mouches qui n'était point de l'espèce
flabellifera. Il secoua alors l'arbi-e pour déterminer un mouvement
chez celui-ci; mais la bête ne bougea pas. M. Lean prit donc le parti de
monter à l'arbre et vit que c'était une fuliginosal. . . Deux œufs
avaient été pondus dans le nid. M. Me. Lean ne sait comment
rendre le sentiment de surprise qu'il éprouva alors.
Il était en eflet en présence d'un appariage de deux espèces : les
parents, le nid, les œufs étaient là. Ce fut avec beaucoup de regret
qu'il tua la paire d'Oiseaux et qu'il emporta le nid et les œufs qui
paraissent être couvés depuis cinq à six jours environ. Par la dissec.
lion il reconnut que la Fantail bariolée était une femelle R. fttligi-
nosa en plumage parfait; hi ftabclli fera avait le plumage un peu usé.
Complétant son observation, M. Me. Lean ajoute qu'il a visité
beaucoup de nids de Fantails, mais qu'il n'a pu trouver de dilïérence
entre les nids des /{. Ilabellifera et ceux des li. juUginosa. 11 n'a
jamais vu les œufs de la Hhipidura fuliginosa du sud de l'ile ; il croit
ADDITIONS. CORRECTIONS KT EXAMKNS d'aPRÈS NATURE 77!)
que ceux (lu'il ;i tiouvés sont li'une couleur plus riche que ceux de
la /{. ftuhcllifcra, les taches étant d'une teinte plus ixiurprc, tandis
que sur les œufs de l'Oiseau liariolé les taches sont hiunàtrcs.
Les croisements dont avait |)aii('' M. Potls s'étaient produits dans
les îles du sud. La l(. fuliçjmma. oliservée cette fois, parait s'être
écartée de sa demeure haliitwolle en venant dans le nord de l'Ile de
la colonie. Si, comme le croit M. Me. Lean, elle y a demeuré pendant
plus de douze mois, elle a dû déjà s'y croiser ; cependant aucun
Oiseau présentant un mélange des caractères des deux espèces n'a
encore été oliservc".
L'intérêt de l'appariage eu (jucstion, constaté de vifu, n'échap-
pera à personne.
l'a m il II' des Hii'undinidœ.
Genre Hirundo
HiRUNDO RUSTICA et HiRUNDO URBICA
(Se reporter p. 2',I2 ou p. ;<07 des Mi'iii. de lu Soc. Zool., 1892).
(( iM. le prof, ("ligliogli nous a adressé un nouvel échantillon que
M. S. Boidi vient de doimer au Museo dei Vcrlchrati de Florence,
(let échanlilloii a t'Mé tué au fusil dans les environs de Senigaliia
(près Ancone), le l*' mai 1884. 11 avait été pris pour un exemplaire
li'lliruiido nifnlu et c'est à ce titre (]u'il a été envoyé à M. (liglioli.
Cet Oiseau, ((ui tigure sous le n° 3278 de la collection, a le bec
long et de la forme de 1'//. rustica; le devant du front est un peu
détérioré, mais on croit i(ouv<tir reconnaître ([u'il était teinté de
roux hrun comme chez rusticd, on voit la trace de cette couleur.
La gorge est roux très clair, l'indication du collier noir de rustica
est très visilde; ce collier est rajipelé par une teinte grise un peu
roussûlre, tachetée cà et là de marques noires. Le hlanc du ilessous
du corps est légèrement sali, lavé de roux, notamment lors([u'on
approche de la (|ueue dont les ctmverlures inférieures montrent
le mélange encore plus accentué. Ce gris hlanc devient comme
violacé sous les ailes (à la i)lace (|u'()ccupe le roux de rustica); c'est
un mélange évident tlu gris hlanc ilurhica et du roux de rustica. Le
bleu des parties supérieures, tête, dos et couvertures des ailes, est
d'un Ion ardoise très hrillant se ri'pandant jusijue et même au-
delà du croupion, lequel .se trouve blanchâtre, mélangé de roux
et tacheté de hrun sale p.ir places. La longueur des ailes est celle
780 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
des ailes du rustica; les rectrices les plus extérieures ne se pro-
longent pas en filets, elles dépassent seulement les autres pennes.
La queue néanmoins se trouve écliancrée et plus longue que chez
urbica; mais il n'existe aucune trace, sur les barbes intérieures,
de taches blanches à la manière de rustica. Les trois rectrices les
plus extérieures (1) sont seulement lavées quelque peu de blan-
châtre rappelant les taches blanches. 11 est facile de voir que
celte Hirondelle est adulte ; aucun doute ne peut exister à ce sujet :
on n'aperçoit en ellet aucune trace des bordures ou liserés blancs
le long des pennes, ce qui caractérise le jeune âge.
Cette pièce, fort intéressante, plus ntstica ({u'iirbica, doit à l'in-
fluence de cette dernière espèce : 1° l'afiaiblissemeut du roux du
collier noir, 2» la suppression des taches blanches sur les barbes
intérieures des jiennes de la (jucue, 3» la teinte blanchâtre sale du
croupion et, 4" dans sa forme, le raccourcissement des deux rectrices
les plus extérieures. Les caractères mélangés se trouvent doue chez
elle très visiiiles et indiquent une hyitridation. En outre, il nous a
semblé apercevoir sur les tarses quelques restes des petites plumes
blanches A'urbica.
M. le prof, (iiglioli ne s'est jias tenu à ce gracieux envoi; avec
une extrême bienveillance il nous a letourné sur notre demande,
pour un deuxième examen, l'Hirondelle capturée à Bari. Nous
avons trouvé utile de i-evoir les hybrides dont nous nous étions
occu[)é à un moment où, comme nous le faisions savoir, notre
matériel de comparaison n'était pas très complet et où, aussi,
nos connaissances ornithologiques n'étaient point aussi étendues
qu'elles le sont maintenant. L'exemplaire du Musée de Florence ne
nous avait point paru, du reste, atFirmer son origine mélangée
aussi clairement que nous trouvions l'hybridité atlirmée chez les
autres spécimens reçus. Nous nous sommes donc livré à un nouvel
examen et, en présence de vingt-neuf échantillons des types purs,
rassemblés depuis nos premières éludes, (quinze du type urbica
et quatorze du type ruslica), nous avons fait les comparaisons et
pris les notes suivantes (2) :
Chez tous les exemplaires rustica entre nos mains, jeunes ou
vieux, le roux de la gorge est très largement encadré de noir; chez
deux seuls, dont l'un cependant paraît pleinement adulte, cette
large bande noire est moindre,!plus pâle ou mélangée de roux. Or,
(1) Notamment les iieu.\ premières.
(2) Ces vingt-cinq oelianlillons sont des deux sexes, ont été obtenus dans des
contrées diverses et sont euliu de diUérents âges.
ADDITIONS, COURECTIONS RT EXAMENS D'APnÈS NATUHE 781
l'Hirondelle de Biiri ne porto que de très faibles traees de ce eollior
on liaiide noire; c'est à peine si on aperçoit sur son devant deux on
trois petites plumes noires; sur les côtés ces plumes sont un
peu plus nomhreuses. L'Oiseau ayant été tué ou capturé au mois
d'avril doit être adulte; il est cependant assez petit de tailii'. Sur
les tarses, on n'aperçoit nulle trace du fin duvet dont nous avait
entretenu M. Oiglioli, traces visibles, paraît il, au moment du mon-
tage. L'aile est tout à fait de la longueur de celle de rusiira, par
conséquent plus courte que celle iViirbica.
Ce qui nous a frappé particnlièremenl chez cette Hiiondelle, c'est
la manicre vague, indécise, dont les taches blanches des rectrices
sont iniliqnécs sur la barbe. Que l'on examine r»sf/crt adulte on à
la sortie du nid, les taches i)lanches sont toujours bien nettement
délimitées. Chez les adultes ces taches se trouvent très développées
et forment, sous la queue, comme une barre ti'ès large, légèrement
en forme d'arc ou de croissant. Chez l'individu soumis à notre
examen, les deux rectrices les plus extérieures portent seules ces
taches et môme, chez les deux rectrices suivantes, ces taches ne
sont indiquées que par un point. Puis les rectrices les plus exté-
rieures, tout en étant i)lus longues que chez url>ira,ne .se prolongent
point autant et aussi linoment que chez nisiira; l'échancrure de
la queue reste néanmoins très prononct'e.
Dans notre matériel de comparaison se trouvent jjréci.sément
trois échantillons ((/7;/(Y/ qui ne sont point coMq)l(''lcment adultes;
ils montrent les rectrices les plus exti-rieures dans un état d(!
développement inconii)let, par là, par conséquent, ressemblant
beaucoup à l'Hirondelle su|)posée hybride. Mais chez eux les
médianes seraient plus longues que celles de celte dernière.
On trouverait donc là un point de différenciation dans le système
d'accroissement de ces plumes, lequel point pourrait j)eut-élre être
imputé au mélange que l'on présume? Voici ce cpie nous avons
cru observer : à mesure que les rectrices les plus extérieures
(Viirhira se prolongent, les intérieures semblent se raccourcir; tout
au moins lorsque l'on com|)are des individus tout à fait adultes
à des individus moins avancés, on croit voir chez les premiers
les rectrices intérieures plus longues. Reste à savoir si le caractère
que nousdécrivons existe en réalité ; il peut se faire f(ue les couver-
tures de la queue chez les jeunes urbica ne s'avancent point sur les
rectrices de la queue autant que chez les vieux exemplaires. De là
viendrait l'apiiarence (jue nous signalons.
Mais, ce qui nous indique que nous ne devons point avoir affaire
782 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
à un jeune inrllvitlu rustica n'iiyant pas encore atleint le complet
développement de ses recirices les plus extérieures, c'est qu'on
remarque chez les spécimens rnstica adultes de notre collection
une légère frange de grisâtre sur les rectrices et les rémiges. Or,
ceci n'existe ni sur les adultes, ni sur l'hybride. Une seule de nos
urhica montre aux rectrices une frange légère, mais le plumage de
cet Oiseau, qui n'est point vivement bleuté, se présente comme
anormal.
L'Hirondelle de Bari est donc certainement adulte, et si ses rec-
trices les plus extérieures n'ont point atteint un dével()|i]H'ment
aussi grand que celui des plumes correspondantes (Vnrhicn, il paraît
impossible d'imputer à l'âge cette dissemblance qui est ]iliit(H le
résultat d'un croisement. En outre, on a signalé du blanc s de sur
le croupion; le bec lui-même n'est point complèfenient de l'usdcn.
(On sait qu'urbica a le bec plus court que celui de <'elte dernière
espèce et, chez elle, la mandibule supérieure esl plus élcvt'e qu'elle
ne l'est chez l'autre espèce, à sa naissance). Enfin, nous jicnsons
nrbica plus petite, plus courte de corps que rustica, et l'exemplaire
du Musée de Florence est plus court de corps que ce dernier type.
En somme, si cet Oiseau n'indique point d'une façon absolue
son hybridité, il la laisse sou|)çonner dans une large mesure.
L'exemplaire, appartenant à M. Tancré d'Ancklam, a été aussi
revu et peint, comme l'ont été les deux dernièies Hirondelles
hybrides. Nous avions dit que cet Oiseau était un interméiliaire
très bien carartérisé. Sans nier aucunement la double origine que
nous lui supposons et qui paraît assez probable, nous ne voudrions
point cette fois être aussi affirmatif que nous nous étions montré
dans notre première publication. Nous ignorions, en etTet, au
moment de notre premier examen, qu'il existait des nrbica dont
les parties blanches de dessous sont fortement teintées du roux
propre à rustica. M. Odoardo Ferragni, de Crémone, nous a envoyé,
à notre grande surprise, un sujet telot de la sorte; ce sujet ne pou-
vant être par aucun autre caractère différencié d'une vraie iirliira
normale, ne saurait être déclaré hybride. Ce n'est point pour
M. Odoardo Ferragni la première fois qu'une telle coloration se
présente chez urbica. Celui-ci se rappelle avoir vu autrefois des
jeunes de cette esjièce avec le ventre el le croupion roussàtres.
On ne sera donc pas étonné si nous redoublons d'attention dans
l'examen des pièces tenues pour hybrides et si nous les décrivons
si minutieusement nous entourant, lorsque nous le pouvons, d'un
nombreux matériel de comparaison.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE 783
Voici les notes prises à notre deuxième examen sur l'Hirondelle
(l'Anklam. L'Oiseau est plus long de corps qn'iirhica ; les ailes
sont aussi longues que celles de niKlica ; la forme de la queue très
échancréf peut servir d'intermédiaire entre les deux espèces ; (nous
n'avons point trouvé, parmi les échantillons urhica de notre collec-
tion, un seul spi'-cimen avec des rectrices aussi prolongées). Les
couvertures supérieures les plus rapprochées des rectrices sont
d'une teinte bleue, point aussi prononcée que chez rnstica, mais
plus accentuée que chez iirliini. Le hlaiic du croupion est très sale,
mélangé de pâles raies hrunes. Les tarses, de couleur claire, ne
sont que fort peu emplumés en dessous et jusqu'à moitié ; aucun
duvet n'existe sur les doigts qui sont assez clairs de ton. Le bec
est i)lus long que chez io7;/(7/. mais moins fort f|ue chez ruxtica;
il peut donc passer pour iiilcrmédiaire.
Etant en ti-aii\ de faii-c cette i-évision des Hirondi>lies déterminées
comme hybrides, nous avou'^ jet(' un coup d'(eil sur les deux
aquarelles que M. li' D'' de Romita avait eu l'obligeance de nous
adresser il y a di'-jà plusieurs années. Ces deux af[uarell(>s, on se
le rappelle, représentent, sous deux aspects différents, l'individu
pris à Bari (pie conserve M. de Romita, mais non celui pris au
ménu' cmlroil el (pii a l'ti' envoyé du Musée de Florence. M. le
D'' (le Romita ne nous a pas fait c(jnnaître la forme, la disposition,
les dimensions exactes de toutes les grandes pennes (rectrices et
rémiges). Les deux petites aquarelles étant à l'état de croquis ou
d'ébauche, nous croyons nous ètn; montré trop facile dans notre
ai)|)réciation sur les caractères de l'individu qu'elles représentent.
Cependant cet Oiseau ne nous est réellement pas assez connu pour
nous prononcer à son égard; si les moyens de le juger nous
manquent, nous ne nions point pourtant l'origine mélangée ([ue
M. dt^ Romita lui a reconnue. Nous sommes même pei-suadé qu(! le
savant docteiu- de Bari a vu très juste; nous le remercions encore
une fois de la ])eine qu'il a prise pour nous en exécutant ou en
faisant exécuter ces dessins.
Un neuvième exemplaire serait encore à faire connaître. M. le
D' Cl.. M. Bcrilioldo. de Tiiiin, se rappelle avoir observé ;\ Orbassano
une Hirondelle cT jeune (pii laissait apercevoir des traits évidents
de mélange entre //. iirhirn et H. rustica. La tête était bleu noir
luisant ; la gorge roux châtain clair; les ailes, sur les grandes cou-
vertures, noirâtres; les couvertures inférieures, gris blanchâtre;
les rémiges (les rectrices, sans doute,) sans taches blanches; le dos
noir bleuâtre, comme dans l'Hirondelle commune; la partie infé-
784 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l"ÉTAT SAUVAGE
rieure et le croupion bleuâtres. Ces notes avaient été prises lorsque
l'Oiseau était tombé sous le coup de fusil. Mallieut-eusement la
pièce était tellement abîmée que sa dépouille n'a pu être con-
servée. (Nous supposons que cette Hirondelle n'est point la même
que celle dont nous a entretenu M. Niccolo Cauiusso (1), laquelle
est du mènie sexe et du même âge, et qui fut détruite dans les
mêmes circonstances).
La très courte description que le D' Berlholdo a la l)onté de nous
envoyer n'est point sullisaute [lour juger île ses caractères; mais
M. Bertholdo est certain, nous dit il, d'avoir eu entre les mains
un produit de l'Hirondelle de cheminée et de l'Hirondelle à
croupion blanc.
Famille des Troglodytidai
Genre Cistothorus
CiSTOTHORUS STELLARIS Var. GRISEUS (2) et ClSTOTHORUS PALUSTRIS
Var. MARIANNE (3)
Ces deux races se mélangent-elles? Voici ce que l'on dit dans
l'Auk (4) à leur sujet :
(( Whether or no C. p. iiinridiKC auA (\p. ijrisrKs intergrade, and
what are their respective haijitats during the breeding season, are
points on whicli my material throws no liglit. Intergradalion is cer-
tainly probable, but by no means certain, for if, as seems not
unreasonable we way assume that mariance is résident on, and con
fined to the (îulf Coast, and griseiis a^qualy restricted, at ail season.
to the South Atlantic seelioard, tlieir respective habitats inay be,
for birds of such sedentary habits, pratically isolated ».
L'auteur, comne on le voit, ne parle pas de « croisement )), mais
seulement de « gradation )).
Famillr des Pari dit
Genres Parus
Parus major et Parus cieruleus
A la fin de l'année 1892, M. le comte Arrigoni degli Oddi nous
(1) Voy. p. .300 ou p. 374 lics Mém.
(2) Synonymie : Troglodytes stellaris.
(3) AuU-es noms: Cerlhia paluslris, Cistothorus {Telmatodyles) palustris.
(4) P. 219, 1890.
ADDITIONS, CORRECTIONS I.T EXAMENS D'aPRÈS NATURE 78.")
iiljprenait qu'il possédait un croisement de PonntmnjorXP. cœntlrus.
Quelilue temps après, il avait la bienveillance de nous adresser
une jolie ai|uarelle de son sujet, le laissant voir sur deux faces,
c'est à dire de côté et par devant.
Nous avons pris les notes suivantes : La lailU; serait celle de la
Mésange fliarl)onnière ; le l)ec, le jilastron seraient aussi de cette
espèce. Mais l'Oiseau s'en éloigne par les ])arties sujiérieures, car la
tête paraît être celle de la Mésange hleue; chose bizarre, le pro-
longement du collier foncé, qui existe chez les deux parents
derrière le cou, manque précisément chez ce spécimen. C'est par
les caractères de sa tête qu'il se montre vraiment intermédiaire
entre /'. major X P. cœruleiis.
Notre savant collègue de la Société Zoologi(iue de Franco nous
a fourni, au sujet de cette importante caiilure, les iudicatlons
suivantes : Ce Parus a été pris à l'état sauvage, à l'aide de filets,
au mois de novembre 1892. Il a été acheté vivant le IG du même
mois à M. D. .Moratello, de Padoue. M. Odili l'a conservé en cage
pendant quelque temps ; mais craignant de le voir s'échapper,
il l'a bient(^t tué.
Le précieux échantillon, unique jus(|u'à ce jour, a été empaillé
par M. Bononi, de Milan (1). »
Nous remar(|uous ipie les deux types (|u'iin su])pose lui avoii'
donné naissance sont des types ((ue r(Mi peut certainement ([ualitier
de bonnes espèces, (dans le sens où l'dn ciitcuil ce mol en zoologie).
Aussi ce croisement nous surprend.
ACREDULA CAUDATA X .\CREDULA IRBYI
ACREDULA ROSEA X AcREDULA IRBYI
(Se reporter pp. ai4 et 315 ou pp. 388 et 389 des Mém. de la Soc. Zo.il , 1892)
M. Odoardo Ferragni, île Crénuine, nous a procuré des inter-
médiaii'es, (nous ne disons pas des métis), entre ces divers lyjies.
Nous avons examiné leurs parents supposés ; cet examen a été
assez superficiel, nous l'avouons. Nous persistons né;inmoins à
croire que ces derniers ne sont que des races ou des variétés d'une
même espèce, opinion que nous avions déjà émise.
(1) Il a été cité, depuis la communication île M. Oitdl, dans l:i Rivisla ilali^iiia di
scienze naturali, 18',I3. Note ornilhologiqtie du D' Kltore Arrigoni drgU Oddl.
786 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Famille ttes Tnrdidés
Genre Helminthophila
Helminthophila pinus et Helminthophila chrysoptera.
(Se reporter p. 319 ou p. 393 des Mém. de la Soc. Zool. 1892).
La formule « Hrlniinthophila piniis X H- rlinjsoptern = H. leuco-
hiviichialis » est-elle encore soutenable? VH. Iciicohronchialis se
rencontre toujours (1); souvent il est accompagné de 17/. piinis ;
quelquefois il n'est pas normal. Voici des exemples :
1" M. Frank M. Chappiiian menlioniie l'appariage d'un niàle
typique H. phnis avec une femelle H. kucobronchialis non
typique. Le nid de ces deux Oiseaux fut trouvé sur le (( west
slope of tlie palisades » à Englewood (New-Jersey) le 12 juin 1892.
11 était placé sur la terre, dans un petit buisson, et contenait
trois œufs, dont un (( of the right full owners, )) un autre de
Cowbird (2), le ti'oisième fut iii'isé. Comme construction, ce nid se
rapportait au nid typique de pinus. Les œufs ressemblaient aussi
à ceux de cette espèce, quoiqu'ils fussent un peu plus tachetés. La
femelle fut examinée attentivement pendant qu'elle se trouvait
sur le nid ou dans les buissons environnants. Par sa coloration,
elle paraissait intermédiaire entre H. pinus et //. leucobninchialis;
les parties de dessous étaient lavées de jaune pâle, l'arrière-dos
bleuté, la croupe grisâtre. Elle s'envola trois fois du nid ]>endant
que dura l'observation de M. Chappman et chaque fois elle fut
rejointe par le mâle pinvs. F'réquemment, les deux Oiseaux étaient
tellement rai)i)rochés l'un de l'autre, (|u'il était possilde de les
voir dans le champ des verras de la lorgnette. L'œuf brisé et
l'œuf du Cowbird furent enlevés. — Le 19 juin, M. Chappman, étant
retourné au même endroit, trouva le nid désert.
.M. Chappman ne veut tirer aucune conclusion de ce fait, (juoi-
qu'il soit, OH le voit, fort intéressant et très important (3).
2» D'après M. Jno. H. Sage, de Portiand, le VVarbler de Brewster
(1) Voy. rAuU, p. 302 el p 304, 1S92; p. 89, p. 208. p. 305, 1893; p 79, 1894 ;
lesProceed. of llie Linn. Soc. of N. V., 2 mars 1892.
(2) Sans doute l'Oriolus ater (ou Mololhrus aler) de la famille des Scteridœ
(Blackbirds, Orioles).
(3) Il est raconté, dans le numéro de juillet 1892, de l'Auk, p. 302, sous ce titre :
« On the breedins; of Helminthophila pinus willi H. leucobronchialis ai
Englewood [New-Jersej.) »
ADDITIONS, COURECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE 787
(//. Inicohi'otirhialis) ppiil être considéré roinnip visilanl, réfïiilière-
meiit k' ConiR'clicut ])eii(liinl Voie; il se montre vers le 10 niiii cf.
est, en plein ehiint jusqu'au milieu de juin. M. Sage ayant continué
les observations qu'il avait commencées sur le chant de cet Oiseau,
croit (|u'aucun caractère spécial ne le distinfrue du chant de l'autre
espèce, comme on l'a dit à tort; 1'//. Ii'iicobroiirhialis chante (|uel-
quefois exactement comme rhnjsopicrn, dans d'autres occasions,
comme piiiux, et souvent ce Warhlcr a les notes partii'ulières d(>s
deux espèces. Une oreille exercée peut le découvrir par son chant ;
néanmoins, il est nécessaire que l'œil le reconnaisse (I).
Ce chant, tantôt d'une espèce, tantôt de l'autre, stunhlerait indi-
([uer un mélanfje dans la nature du sujet qui le fait ciilcndre;
cependant M. Sajje ne ])ense point que le Wai-hlei' de lirewster
puisse être considéré comme un hyhride.
3" M. E. H. Eames parle (2) d'un II. Iriirahroiirhidlis qu'il observa
aussi dans le Connecticut et f|ui paraissait appai'ié avec une femelle
H. pinns\ un nid, plact' sur le iiord (j'iiii |i;'ilurai;c à la lisière d'un
<-hemin et d'iui hosipiet, était en consti'uction. H t'Iail pauvrement
construit, en herhes sèches et situé à la hase d'un ])etit arbrisseau
au milieu de ronces; il se laissait voir de tous points si on se plaçait
à qm'hpics pas de distance. Quand M. Eames h^ visita une deuxième
fois, le 14 juin, (|uati'e œufs y avaient élt'- d(''pos('s ; deux ap|iarle-
nantau Cowhird furent soustraits. Les deux ipii restèrent donnèrent
naissance à une paire d'Oiseaux qui ne ]inrenl être distiniriK's,
jusqu'à leur soitie du nid, des jeunes oi-dinaircs du parent femelle
malgré la coloralion du pai-enl nuHe, ainsi (|ii(' l'on ))(mvait s'y
attendre, ajoute M. Eames.
4" Le I" juillet 1893, .\1. Louis li. lîisho|i Irouva à Xoilli Ilavi'U
(Conn.), dans une petite ])artie d(^ terrain marécageux ciMncrt
d'aunes, un 11. Iriirohronrbidlix adulte accompagné de deux jeunes.
Les Oiseaux furent un peu ellrayés à l'arrivi'c de .M. l!isho|) cpii les
observa quelque temps avec soin. L'individu adulte a|)portail à de
roiu-ts intervalles de la nourritui-e aux jeunes, ne laissant ainsi
aucun doute sur sa parent(' avec ceux ci. Le 4 juillet, les Warblers
étaient encore dans la même localité et ils purent être capturés
tous trois. Probablement, le i)arent manquant avait il été tué, car,
malgré une reclierche attentive qui dui-a deux jours, .\[. lîisliop ne
put le rencontrer dans le pays environnant, où il n'existait, du
reste, aucune espèce iVflrhniulhophihi.
(1) Aiil(. p. 20S. 1893 : n Not^s on Helminthophila chrysoptera, pinus, Icuco-
broncliiati.t and lawrencei in Connecticut. n
(2) Même revue, p. 89, 1893. u iVotes Jroni Connecticut. ■
788 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Le sexe de l'adulte n'a point, été déterminé ; sa décomposition
était très grande lorsqu'on le prépara. Cette circonstanfe qu'il ne
fit entendre aucun cliant pendant qu'il fut observé engajïe M. BisJiop
à croire qu'il était de sexe femelle, comme la coloration foncée
(dull) de son plumage semblait l'indiquer. Malheureusement, les
deux jeunes portaient encore le duvet du nid, la couleur ofive; il
était donc difTicile de 'dire ce qu'ils auraient été. Cependant les
plumes de la gorge, de la poitrine et des parties supérieures
étaient assez avancées pour laisser deviner leurs relations avec les
plumes de VU. pinux typiijue. A ce sujet, M. Bishop remarque que
l(!s barres de l'aile ne sont ])oint les mêmes chez le jeune et chez
l'adulte de cette espèce; elles diffèrent par leur coloration et leurs
dimensions. Elles sont, en effet, très étroites et extrêmement
blanches chez les vieux spécimens ; larges, au contraire, et jaune
clair chez les jeunes. M. Bishop conclut que le fait qu'il raconte
tend à confirmer la théorie de M. Ridgway, à savoir que: VH. Iruco-
hroiichiaII>< n'est point une bonne espèce, mais une phase leuco-
chroïque de VH. pimis (1).
Les autres captures H. leucohronchialh qui ont été signalées
n'apprennent rien sur ce<'urieux Oiseau. Elles concernent un mâle
pris le 22 mai 1893, dans le Connecticul, ])ar M. A. H. Verrill (2),
un autre à Pocantico, par M. W. E. D. Scott, pendant le printemps
de 1892(3), et un troisième obtenu le ifi mai à Parkeville (Queen's
County) par M. Arthur H. Howell (4).
Quelques remarques nous seront permises après les citatioris
que nous avons faites.
Le fait que VH. leticobronchialis est toujours rencontré en compa-
gnie de VH.piniis, et non en compagnie de VH. rhnj.^opti'ra, semble
dire qu'il est de l'espèce du i)remier : soit une variété leucochroïque
de VH. pinus, comme il a été déjà dit. Mais que doit on penser
de VH. lawrencei? De nouvelles captures ont été signalées.
l» M. E. H. Eames (déjà nommé) parle de quatre Lawrence's
Warblers vus par lui et par M. C. K. Averill ; trois de ces Oiseaux
étaient typiques, chez le quatrième la couleur noire était obscur-
(1) Voy. PAuk, pp. 79 et 80. N° 1, vol. XI, I89i. M. Ridgway atil cliansé d'opi-
nion, car il croyait //. leucobronchialis espèce distincte (\'oy. p. 372 ou p. 486
des Mém.).
(2) Auk, p. 305, X, 1893, Connecticul Notes.
(3| Proceedings of the Linn. Soc. of N. Y., 2 mars 1892.
(4) Auk, p. 304, 1892: » Brief Notes from Long Island. »
ADDITIONS, COHHECTIONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 789
cie et le dessus de la UHe eharsé de jaune olive. Tous cjiantaient
comme le lUue wiiif^ed Warijler (//. pinus) (1).
2» M. A. H. Verrill dit (2) s'èlre procuré, le 22 mai 18'J3, un inàle
adulte (( Lawrence's Warliler » et le 31 du même mois en avoir
remarqué un aulie (|u'ii crut en train de nicher. Ce dernier Oiseau
revu le 5 juin lut aliattu. (Juel(iue temps après M. Verrill lil lr\cr
la femelle du nid dans le(|uel se trouvaient six jeunes. M. Scoll
put examiner celle femelle, car elle se tenait constamment à six ou
liuit pas de lui. Le nid, sous tous les rapports, était semhialde à
celui de la Blue winj^ed Warbler et les jeunes qu'il contenait
emplumés. Plusieurs d"entre eux montraient des traces de noii- sur
la poitrine (3).
3» Notons encore (|ue M. E. 1). Scott obtint à Poncantico un ll-piiinx
avec la poitrine somhre, se rai)|)rocliant de celle île //. lauimcvi (4).
Ce dernier faitsemlile indiiiuer des relations entre les deux types.
Ces relations sont elles imputables à l'iiybridité?
Nous avons interroi^é plusieurs éminents ornitholojïisles afin de
savoir ce ([u'ils pensent sur ce sujet. .M. Hobcrt Kidijway, curateur
du « Department of Birds » (Smithsouian iustitution), a bien voulu
nous répondre (lu'il n'a aucune raison de modifier l'opinion émise
dans son MuniKtl af North Anicrican Birds (^j). Sa manièi'e de voir,
est ainsi exprimée en ce (jui concerne //. lawrencvi : « Doubtless
eitlier a liybrid of U.vhrusuplera and, H. pinus, or else a yellow
tlicliromalic piiase of tlie former. Tlie latter supposition seems, in
Ihe liybt of récent sludied malerial, to be tlie more probable solu-
tion of the case. »
En ce ([ui concerne //. Iciicobraiichialis, M. Ridgway dit : i( Tliis
puzzliny Uird appears to be as the same relation to //. pinus Ihat
H. laicrencei does to H. chrysoptcm. In a large séries of spécimens
every pos Jble intermediate condition of plumaffc between tyiiical
H. pinus anti IJ. Ivucobronchiulis is scen, just as in the case willi
H. chrysoptera and //. lawrencei. If we assume, therefore, Ihat thèse
four forms represent merely two dichroic species, in one of whicli
(1) Auk, p. 89, 1893. iNoiis supposons louU-fois que M. Eaiiies ne rappelle point
dans son arlicle (A'o/es from Connecticul) des Oiseaux déjà cités. Nous ne possé-
dons qu'un extrait de son travail.
(2) Auk, p. 305, X, IS93 (Connecticul Xoles).
(3) lU. Verrill ne (ail pas connuilre le plumage de la femelle, ce qui aurait une
grande importance. Etait-ce une femelle lawrencei typique ? Oui, sans doule,
puisqu'il se tait à son sujet.
(4) Voy. Proceedings ol the Llnn. Soc. N. Y., 2 mars 1892.
(o) P. WO (Koot Noie).
790 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
(II. piniis) tlie xanlliochroic (yellow) phase, and, in the otlier
(H. chnjsoptera llie leucochroic (wliite) phase represents tlie normal
plumage, — ) and admitting that then two species, in their varions
conditions, hyln-idize (whicii seems to be an incontmvertible fact),
we liave an easy and altogetlier plausible explanation of the
origin of tbe almost interminably variable séries of spécimens
whicli bave found tlieir covey willi llie « wastebasked » labelled
(( //. leucobiviicliidlix. »
L'auteur ajoute, dans la communication qu'il nous fait, que « ail
the considérable number of spécimens which bave been taken
since the foregoiag was publisiied tend to confirm tlie theory of
dicbromatisra as accountiug, more than bybridisni, for the origin
of the two forms in question ».
Ainsi pour le savant ornithologiste la chromatique explique
mieux que l'hybridisine l'origine des deux formes nourrices.
A sou tour, M. Franck M. Chapman nous a fait connaître son
opinion. 11 considère lawrciicei comme un hybride entre pinus et
chrysoptera; le cas de leucobronchialis est plus embarrassant. Ses
vues ne sont pas très nettes sur ce sujet; du reste, il n'a pas étudié
la question récemment. Il se trouve cependant quelque peu enclin
à adopter les théories professées par M. Ridgway, à savoir que
l'hybridation et le « dicbromatism » sont là tous deux à l'œuvre.
Son objection principale à la théorie d'une phase « leuchroic » est
que leucobroiichialif: a les barres des ailes bordées de jaune,
tandis que chez pinus elles sont étroitement blanches. Un fait qui
acquiert une grande importance à ses yeux est que » différents
individus parfaitement typiques de /c»co6r(i;((7)/r(//.s" ont été enten-
dus chantant quelque peu comme pnnrs-; d'autres, au contraire,
chantent comme chrysopicru. Or, (juoique le clianl des deux
espèces ait un même caractère, ils sont cependant assez diffé-
rents pour qu'on puisse les distinguer facilement. (Pour lui. il n'a
entendu aucun de ces chants).
M. Frank M. Cliapman est assez complaisant pour joindre à celte
communication une épreuve de sa brochure eu cours de pujjlica-
tion et dans laquelle il cite les divers endroits oii les types que l'on
suppose mélangés ont été découverts; ces indications sont suivies
de la phrase suivante : « Tlie status of both Brewster's and Law
rence's Warbler is still musetlled. They are generally considered
to be hybrids between //. pinns and //. chrysoptera. and il bas also
been suggested that dicbromatism may play a part in producing
tlieir coloration. » Puis il reinoie aux travaux (lui ont traité le
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KXAMKNS d'aI'RÈS NATURE 791
sujet el iiuli.|uc .M. BitwsUt, liiill. N. 0. C, VI, 1881. p. 218;
Hiiigway, Auk, II, I88j, p. 3o9 ; Maimal A'. .1. limls, 1887, p. 486.
.M..In(). lI.S;\^e,i|ui poss('ile ilou/.o exemplaires de /'''/(•((/y;()/(r///((//'.s-,
pris par lui iiièine, croyons nous, n'est point préparé pour répondre
à la question que nous lui avions posée; il ne peut dire si l'espèce
que l'on vient tie nommer et hiinrncci, son conf^énère, sont des
hybrides de chrijwyti'ra et de piiiits. 11 espère (.'cpeiulant, dans un
temps donné, être eu mesure de résoudre(( tlie perplexing problem »,
car tous ces Oiseaux sont trouvés dans son voisinaii;e. M. Jno. II.
Sage a eu la bonté d'accompagner sa lettre d'une jolie aquarelh;
montrant un mâle Uelminthophila leucolinuicliiiilif; de sa collection.
Il nous a (ait savoir, en outre, (|U(' ])('ndant celle saison de 1894 il
a collectionné une femelle de ce tj[)e dcnit le comiiagnon était un
chrysoptera. Les deu.x Oiseaux, leur nid el les quatre œufs que l'on
trouva, sont conservés chez lui. (]e fait esl imporlaiil.
Quant à .M. A. II. Verrill, il ne pense [joint (|ue //. lawreitcei
soit autre chose qu'uue « dark phase » de rhrysoplera; tandis que
brewsteri serait une a bright phase» de piiius. Cependant il croit
que les deux espaces (chnjsapicra et piniis) se croisent indubita-
blement, mais leurs hybrides ressembleraient tantôt à un parent,
tantôt à l'autre.
M. A. H. Verrill a bien voulu joindre à sa communication les
aquarelles de trois lawreucei représentant : 1° l'Oiseau dont la
capture a été racontée dans cet article ; 2° une femelle prise
il va quelques années, (une des premières de ce genre qui furent
obtenues) ; 3" un Oiseau tué par lui pendant le printemps de
1894 et qui paraît approcher de très près de chrtjaoptera, quoique
montrant décidément une tendance vers laicrencei. — Nous remer-
cions vivement .M. Verrill de son gracieux envoi.
Ce n'est pas à nous qu'il appartient tle faire connaître notre
opinion sur le sujet délicat que nous cluilions, car nous ne con-
naissons hncrciicri et Icurahmiichinlis que par des a(|uarelles; puis
notre matériel de comparaison, c'est à dire noti'e collection des
deu.\ espèces pures, est peu nombreuse. Néanmoins, nous serions
tenté de dire que leturibroiichidlis n'est (|u'une |)hase leucochroï(|ue
de chrysoptera, quoique le faible lavage de jaune qu'il montre sur
la poitrine rappelle les traits de pinus. Lawrencei parait bien plutôt
intermédiaire entre les deux es|ièces, parce (|u'il a les platiues
noires de chrysoptera et le jaune île piitus. Mais il nous semble
iiu'un véritable hybride combinerait tout dilléremment les carac-
tères des deux espèces.
792 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L ETAT SAUVAGE
Sylvania mitrata et Sylvania canadensis
Le même ornithologiste a bien voulu nous adresser aussi l'aqua-
relle (l'un Oiseau pris pendant le même printemps et qui lui parait
être riij'ljride de Sylcuiiia iiiitnila et de S.caiiadviisis, deux espèces
qu'il a trouvées couvant (1) non loin du lieu où l'Oiseau en question
fut pris. Toutefois, ajoutait M. Yerrill, quoique ce spécimen ait de
fortes marques de S. caiiadciisis, «ce n'est peut être qu'une phase
de plumage inusité de mitrata».
Nous avons prié M. Ridgway (auquel nous avons adressé l'aqua-
relle de ce soi disant hybride) de bien vouloir nous faire savoir
ce qu'il en pensait. Le curateur du « Department of Birds » du Musée
de Washington nous a répondu que cette aquarelle représentait
une femelle de Syloania mitrata, laquelle « in high plumage » a
le noir de la tète « as represented in the sketch ». Elle n'a pas
cependant de raies comme on en voit sur la peinture; aussi, craint-il
que ces raies ne soient point naturelles. De plus, ajoute M. Rid-
gway, (( the lireeding ranges )) des deux espèces ne se rencontrent
nulle part ensemble, S. mitrata, autant qu'il le sait, habitant le sud
et S. canadensis le Nord ; en outre les deux habitants sont séparés
par un certain espace. — Ceci ne concorde pas avec l'assertion de
M. Verrill qui aurait rencontré les deux espèces couvant (breeding)
dans le voisinage du lieu où l'Oiseau qui fait le sujet de cette
discussion a été obtenu.
Genre Turdus
TURDUS RUFICOLLIS et TuRDUS ATRIGULARIS
TuRDus FuscATUs et Turdus naumanni
(Se reporter pp. 3o4 et 363 ou pp. 428-437 des Mém. de la Soc. Zool., 1891).
Turdus fuscatus et Turdus ruficollis
Nous n'avons vu aucun des T. ruficollis X T. atrigularis que
nous avions cités.
M. le D' Reichenow a bien voulu nous envoyer en communica-
tion le Turdus fuscatus X naumauui (?) collectionné en 1871 par
M. Dybowsky, sur le lac Baïkal. Dans l'ouvrage duD''Radde(2), nous
(1) Breediag.
(2) Reisen inm Siiden. von Ost Sibérien, fig. 2, p. 238.
ADDITIONS, COHRECTIONS KT EXAMENS D'aPHÈS NATURE 793
iivoiis ('xinniiit' hi |il;inclii' (•()l()ii('M' iciirt-scnlMiil un iiiili'c Oiscjiii
(Idiit roriLiiiie t'sl. an (•(lulriiiii'. iiltriliin'cà T. fiiscunis x T. ritjicoUix.
(le S((iil 1rs deux seuls i'xein|)lairi's (|ue. nous ((iiiiiaissoiis,
nu()ii|ut' nous ayons fait, à diverses ['éprises, une élude allen-
tive des divers types ntficoUis, airii/iiliiris, fnsailits et iiinniiniiiti.
nous serions ineapalde de juger ces deux pièces (i)..\()n seulement
les espaces |)ures |)r(''sentent entre elles plus d"un puinl de l'i'ssern-
l)laiice. mais elles sont si variables, suivant leurs àn'es, (|u'il l'au
(Irait disposer d'un matériel de comparaison très iMemlii |iour
pouvoir se rendre uu compt<' exact des modilications iprelles
subissent el des rapprochemenls (|ui; l'on peut ('-talilir entre elles.
.Uissi les (|uel(|uos observations que nous avons faites sont elles
de peu (le valeur. Dans un iîroui»o composé des représentants des
(jualre espèces, nous remaiMpions un T. iKiiiiiKuiiti c^ adulte tacbelé
lie roux sur les lianes, en c[uel(|ues sorte martelé de celte teinte ; les
pointillés noirs de la goi'ije sont chez lui bien luononcés et i)ré-
sentent beaucoup de l'essemblance avec ceux du '/'. nijicollix. (lelui ci
a le roux du ijosier li'ès accentui' et uniforme; il n"a jxiinl de
taches aux lianes. Un autre {ç? adulle| nujutre le liosier i)lus
noirâtre et tachet(';on le croiiait volontiers hybride de T. airi-
(/iildris X '/'. nificiillis si les pennes de la (|ueue n'étaient rousses, dette
dernière espèce a la (jucue lousse ; même chez le jeune, le roux
se voit aussi sous la queue. Chez un 7'. (ilriijnldrla, du même groupe,
la disposition de la j;orij;e est la nuMue (|ue chez rulirollix, mais la
teinte j^énéiale est noirâtre; les pennes de la (|ueue m; sont |)as
rousses, il n'existe de roux nulle ])art chez un (f adulle. La ji,orf;:e
de T. fiisniliis est bien iielle, sans tache; celte espèce est |)i'ivé(! de
roux à la (|ueue. Sa femelle est ifris souris en dessous et n'a pas tie
roux aux ailes. Un individu jeune montre un peu de roussàlre sur
les taches des lianes et sur les ailes. En dessous, (/nvV/if/a/'/.v est très
gi'is mauve velouté; /■»/(n(///.s-est (■i.^dement i;ris mauve. — N'ussui'
le dos, les quatre types paraissent tous les mènn-s.
Chez deux fitscalns, l'un cT, l'autre Ç (d'un autre groupe), nous
n'avons point rcmar(|Ut'' de loux sur le dessus des ailes. Uu //</((-
iiiaitiii cf du .Mus(-e de Houeii a le dessus des ailes d'un roussàlre
rougeàlre. mais non le dessus ni le dessous de la (|ueue. Les lianes
soid bien tacheti's de brun foncé comme le devanl du cou et de la
poitrine;seulemenl. de cliai|ue côlédecelte dernière partie, l'xistenl
(I) A mainles reprises, nousavons visité la calleclion, assez coniplètc, au Muséum
d'Histoire naturelle de Paris. Nous avons aussi fait venir pour noire compte plu-
sieurs exemplaires de elia(|uc espt'-ce.
794 OISEAUX HYBRIDES RENCONTHÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
(|ui'lques taches rouges mélangées. La gorge est d'un lilanc net;
une raie de même couleur, partant de l'œil, traverse les côtés de la
tète ; les joues sont couvertes d'une plaque foncée. Enfin, un fuxculus
du j)remier groupe n'a point les lianes rou.x, mais cette partie est
d'un brun foncé ; les couvei Unes des ailes, le dessus de la (|ueue et
les rectrices, ne sont point rousses non plus.
Ces remarques étant faites, nous avons trouvé (|ue le soi-disant
hybride d" <ln ^lusée de Berlin, (|)rovenant du lac Baïkal), est
liresipie ideuliciue à un des trois s|)écimens inu(iiiiiiiui de la collec-
tion du Muséum de Paris, si)écimen provenant de la .Mongolie et
ra|i|iorté pai- le savant Père David. Cependant l'cxeinplaire de Berlin
a les couvertures ties ailes d'une teinte plus claire ou jilus roux
clair ; le dessus de la (|ueue est également un peu plus clair.
Quelque chose lappelaiit do-loin les points de la collerette de fiiscdliis
se tait bien sentir chez lui, mais il faut noter que l'exemplaire
rapporté par le Père David a un commencement de collerette.
Ce nauiiiaiiiii, sujtposé hybride, ililïère donc du iiuiiiiHuini i)ure
espèce que nous éludions par sa couleur plus claire sur le dos
(partie de la croupe) et sur les couvertures des ailes; mais ceci ne
peut être imputé à un croisement avec fiiscatus. Ce qui le rappro-
cherait lie cette dernière espèce, ce serait son plastron brun plus
accusé que chez le iiuiuiiaiini du père David ; mais nous avons
remarqué que ce dernier Oiseau avait lui même un commencement
de taches brunes sur le haut de la poitrine. \'oudrait on faire aussi
de cederniei- un hybride? — M. Ouslalel, auquel nous avons montré
le métis de Berlin, pense que ce n'est ([u'un nduiiiaïuii. Sur l'éti-
(|uette qu'il porte, nous n'avons point lu du reste la mention
hybride, mais variété, mention sans doute plus exacte.
Huant au (( Tiirdiis fiiscattis, busdtrd mil T. nilicollis» (|ue nous
ne connaissions (juc pai- une lithographie coloriée, nous laisserons
])arler le docteur Radde (|ui l'a signalé (1).
Celte pièce, dit-il, fui luée, le G mai 1S3G, sur le Taveinor; elle
montreainsi ([u'elle était de [lassage. La [lailie antérieure du corps,
c'est à-dire la tèle et le cou, jus(|u'au coinmeiicenient île la poitrine,
sont conq>lètement semljlables aux vieux du Iiirdiis j'uscatux. Mais
la partie antérieure du dos et le croupion, en même temps que les
plumes directrices, se rattachent au nificollis jeune. L'image, que
donne Nauniann d'un vieux '/'. iiaitiiKunii, ajoute le docteur, montre
le corps, jusqu'à l'anneau de la poitrine, semblable à cet hybride
supposé. 11 suffît, ajoute t-il, de lui adapter unetêtede vieux Turdus
(!) Up.cit.
ADDITIONS, COnnECTTONS ET EXAMENS D'aPRÈS NATURE 79")
fuscalus pour Jiviiii' une re|)ft''S('nl:ili()ii coiiiiilète de l'OiscMu que
l'un t'ssiiic (le (h'Ii'i iiiiut'i'. I.i- liiiui de riiuillc des pennes cHudîdi's
el (les couvertures supt'rieures piiraîl aussi une uianpie faile poui'
reconnaître l'espèce, car celte couleur se niainlii'nl dans sa dislri-
lintiou, aussi iiien chez cet Uiseau (|ue chez celui de .Nauinanu.
La <'ouinuinanté de race des deux espèces, suitout au passai^e du
prinlein])s. dit enfin le docteur, semhie favoriser l'opinion d'une
hyi)ridation.
.M. Uadde parlait à une ('■poque où les caractères des espèces
mères t'iaienl mal connus; nous if^iiorons si sa manière de \(iir
s'est maintenue dans la suite. Le croisement entre formes si rappro
cliées n'est point invraisemhlahle, mais nous craignons qu'aucun
fait hieu axi'ii'' ne le piDUNC
•
TunOU.S MERULLA et TuRDUS MUSICUS
(Se iT|)Oiter p. IKil) ou p. 439 îles Métn. de laSoe. Zool., 1S'J2).
Nous n'a\ions pu, au moment oi'i nous puhliioiis noti'c premier
article sur ce croisement, prendre connaissance du mémoiic de
M. Uidiert .Miller Christy iidiluh' : " Dit Ihc lllack liinl and thc Tlinmli
eccr inti'ilircrd » II).
.Nous crainnions de nous montrer incomplet, l'aideur de ce
nH'moire, disions nous, ayant cité di.\ huit cas d'appaiiaiif entre
(iri\('s el .Merles.
M. Koherl .Millei- Chii^ty a eu. depuis, la honte de nous adresser
les Transactions of .Norfolk and .Norwich .Natnralist's Society, où
son travail a étt' puhlic'. .Nous avons constate'', à notre l'egret, (|ue
nous avions passé sous silence divers faits empruntés notamment
à «Science (îossip». .Néanmoins, la pln|iait des cas mentionnés ne
concernent point. c(nnme nous le pensicms, de vérilahles croise-
ments; le ])lus souvent il est ([uestion de nids consti'uits d'une
manière anormale ou contenant des œufs des deu,\ t'spèces. \oici
du reste les faits (|ue ra|)porle .M, .Miller (Ihrisly :
1" En avril 1877, à Cireat Salinj; (Esse.\), on trouva dans un nid,
construit dans un Ituisson de Lauriers, ,si.\ o-ufs dont deu.\ étaient
iucontestahlement de (irive, deu.v autres de .Merle; les deu.v der
niers étaient intermédiaii'cs pai' leui' coloi'ation. Les parents ne
furent [loint re<onnus. .M. .Miller (Christy ne vit point du icste ces
œufs; ou lui remit seulement le nid (|ui les avaient contenus.
(1) Publié dans Transactions of Norfolk and Norwich Naltiralisls Society,
(1SX3-84). vol. III, pari, I, p. ;i8« el suiv.
7% OISEAUX HYBRIDES RENCONTItÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
2° Eh mai 1877, un de ses amis trouva un nid dans des terres
situées près d'York, (le nid était conslruit iii('S(|ue sans houe; on
sujtposa donc (|ue «''était celui d'un Merle; mais des quatre œufs
(|u'il contenait deux étaient certainement de Grive, tandis que les
deux autres étaient des œufs de .Merle, dette fois M. .Millei- Cliristy
Ail les œnifs, mais non le nid.
3° Quelques semaines plus tard, dans les nièmes terres, M.CIiristy
observa liu nid normal de Merle contenant ijuatre jeunes Gi'ives
bien einplumées. Les pai-enls étaient tous tieux de cette espèce.
4" (i. T. li. (l)dita\oir li'ouvé, au commencement d'avi'il 1877, un
nid de .Merle i)res(|ue terminé. Quel([ues jours après, il vit dans ce
nid «|uatre (eufs (|ui étaient, sous tous ra]iports, semblables à ceux
(lu Merle, à l'exception d'un seul, qui montrait, en outre des taches
ordinaiies, les taches noires de l'œuf de la (îrive. On ajoute que.
l'on eut l'occasion d'observer une Grive couvant pen<lant (|u'un
Merle «diantait près d'elle. Un seul jeune éclos survécut et devint
un vi'ai Merle ; la Grive eu avait pris grand soin.
5° G. T. B. fait en outre savoir (2) qu'il a plusieurs fois trouvé,
au haut de sapins, des nids faits de blanches et tapissés de
mousses et de loin, comme sont les nids de .Merles; mais ces nids
contenaient des œufs de Grives avec des marques d'un rougeàtre
pâle. Dans aucun cas, le narrateur, G. T. B., ne vit les parents.
C>° M. Gumersall, de Sainte Ayton, Yorkshire, rapporte (8) que
se trouvant en promenade, vers la lia de mars 1878, il aperçut deux
Meiles et une('iri\-e (|ui s'envolaient enseml)le d'un i)uisson d'au
hépine. Fouillant le buisson, il trou\a un vrai nid de .Merle cons-
truit avec de vieux foins, fii'i'ui de boue, puis de nouveau foin. Ce
nid contenait trois œufs de Gri\e sans aucune trace de croisement.
7° M. .\. F. (iritlilh, de (Jamhridiie, dit avoir découvert un nid
de Merle contenant trois unifs de cette espèce et un de (iri\e. l'ne
femelle Merle cou\ait sur le nid ; le résultat n'est point connu.
S" La tille de .M. S. .\. iireman, d'.VIlan Bock, se trouvant dans
l'Ile de Howlh. \il un ('.0(| .Merle posé sur un nid t)ii préalable-
ment une femelle (irive avait couvé. Des jeunes existaient dans ce
nid «|ui était sans jiai-nilure de boue. Ceci fut encore remarqué i)ar
tl'autres personnes (4).
(1) ln« Science Gossip, » N" de Novembre 1877, p 263. Le même tait est réim-
primé ilans les mômes termes dans le N" de février 1878, p. 4H (d'aprt>s M. Cliristy).
(■>) Méiiu' (ievue, iN» de l'évrier 1S78, p. 4:i (cit. par .M. Cliristy).
(3) Science Ciossip, Scplenitjre 1878, p. 209 (cit. par M. Ctiristy).
{'i) Mémo lloviie, N» de Noveiiil)rc 1872, p. 2U2 (cit. par le même).
ADDITIONS, COnnECTIONS KT EXAMENS D'AI-RKS NATHni' 7i)7
9" M. J. !•'. (irocii fiiil savuii- (l| (|ii'il troina un iiiil (DMlciiant
quatre œufs (le Merle el ciini nMifs ilc (lii\es.
10° Le Uév. .1. (i. \V()()(I jHil une fuis nu iiiil de Merles lians
lequel les ceufs ('(aicuit si lii/arreineiil inai'(|ii(''s que |pcrs(iiiue u'au
rail pu (lire s'ils apparteuaienl à un Merle on à une (Irive (2).
[[' M. 11. IJicliarilson. de Newcastle, montra à M. Miller Clirisly
un œuf (le (Irive (|u'il avait pi-js avec deux autres (Piifs dans nu
nid (jui était sans piruilure. a|)|)areninient celui d'nu Merle.
12' Enliu. M. Clirisly se ra|)p(dle avoir vu, dans la (ialerie des
Oiseaux de l'ancien Musée l(ritaiini(|ue. un nid (3) sans aucune
garniture de lioue. par eonsé(|uenl le nid d'un Merle, mais dans
lequel se voyait un vrai iriil' de (Irive (|ui y avait été ti-ouv('.
I,ies autres cas dont parti' l'auteur avaient ('l(' citi's dans notre
jirenii(''re pnldiealioii ; il n'y a point lieu d'y revcnii-.
Les faits ijne nous avions oulili(''s sont ils plus proliants (pie
ceux dont nous nous ('lions oceui)é ? Son assurément, puis(|ue
la phqiarl. on vient de le voir, coiicerueiit des nids liàlis d'une
maiii('re anormale, ou loul au moins des nids dans les(piels on
a trouvé des (ciifs (pii semiileni ne pas leurapparlenir. M. Miller
Clirisly a lui même crili(pi('' ces exemples, il n'y a aucun doute
|K)ur lui (pie le n° 9 (4) soit siiii|ilemeut dû à celle circonstaïuc,
lUilleiiu'iil extraordinaire, dans la(pudle deux espi'ces dillï'ieiiles
ont pondu dans le mèiiie nid; il su])pose avec raison (pie celle
remai-(pie est eiw(U-e applicalde aux \r^ 2 et 7 (3). Il lui semlile (pie
dans les cas (les ii * S. (jet 4 (O) (ui peut avoir pris une feimdle
.Merle pour une teiiielle (irive. On sait, la reiiiar(pie a ('•t('' d(''jà faite,
(pie le pluniai^n- de la femelle du .Merle n'est point noir comme
celui du iiiàie. mais hriin somiiri" el la(di('t('' sous la i;()ri;(';ce
(pii est i^nor('' de hieii des y;ens. En outre, le .Merle et la (irive
emploient tous deux de la lioiie dans la coiistrucl ion de leurs nids ;
mais l'iin eu emploie lieaiicou|i plus (pie l'antre. Or, il peut arriver,
«(•casionnellemenl, (puM'elui (pii d'ordinaire en emploie une petite
(|uantil('' en use davanta-îc el (pie le contraire se présente dans la
consli-iKiion du nid de l'autre espi''ce. .\insi des c(uifusions pour
raient élre commises sur les parents (pii ont coiistriiil le nid. (l'est
(1) Science Gnssip, Mars tS79. p. 07 (cit. par M. Mitloi- Cliilsty).
(2) K/itural hisinry of lUrds, p. |/.0 (>il. p.ir .M. Miller r.liiisly).
(:t) Pris dans le Ilof-cnTs Parti en 1872.
(4) ^» XII (le son mi!'iiioire.
(.ï) Ses N»" Il el l.\.
(B) .Numéros correspoiidanls aux i\<" X, VIII et V de son classeinoiit.
798 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
peut-être le cas des n"' 3, 11 et 12 (1). Quant aux œufs de cou-
leur niélaiip:ée. le Rév. A. S. Sniitii, de Cal nie. oliserve (2) que le
Merle i)on(l quelquefois des œufs resseniltlaul heaucoup à ceux de
la Grive. M. H. Kerr de Bacup avait du reste conclu, de la des-
cription donnée par G.T.B., que les nids et les œufs désignés étaient
ceux de la Grosse Grive (Missel Tlirush ou Turdiis viscironin] (3).
Enfin, Maiiiilivray ayant parlé (4) d'un Oiseau (5) qui lui parais-
sait être un hybride de Grosse Grive et de Merle, M. Christy rapporte
un exemple qui en serait la réfutation.
Qu'on nous permette, à notre tour, quelques courtes réflexions
à propos du N» 8 (le N» X de M. Miller Ghristy), où l'on dit qu'un
Coq Merle lut vu sur un nid dans lequel, préalablement, une
femelle Grive avait cou\é. Nous demanderons comment le sexe
de la Grive a pu être reconnu. Chez le T. )iii(siciis, le mâle et la
femelle ne diflèrent guère enire eux. Nous pensons donc que dans
ce cas, comme le dit du reste M. Christy, une femelle Merle peut
avoir été prise pour une tirive. Si on s'était contenté de dire que
l'Oiseau était une Grive, sans indi(|uer son sexe, l'assertion eût
été moins criliquable. L'indication donnée semble montrer le peu
de fondement du récit qui a élé (ail.
Le N° 4 est plus embarrassaul, mais là encore une femelle Merle
peut avoir élé ]irise \nniv une Giive. Le N" 3 ne ju'ésenle que peu
d'intérêt, i)uisque les parents des jeunes Grives furent reconnus
pour être de cette espèce.
A ces divers exemples, qui ne iirouvenl l'ien ])(iur la plupart (6|,
on peu! joindre un fait de même nature ((ue M. Henry Beuxon, du
Farncomte Reclory ((îodalining), a. depuis la juihlicalion du
mémoire de M. Chrisly, raconté sous ce titre : « lllaclilnnl nnd
Thrush layiiig in samc iicst (7). » Là encore, il est seulement question
d'un nid de Grive contenant deux o'ufs de celle es])èce et trois de
Merle, ("e nid avait élé trouvé à Westbrok ; une Grive y couvait
Cependant, dans ces dernières années 1891, 1892 et 1893, trois
(1) LesN"- m, VII et XVIII des Mém. de M. Chiisly.
(2) Zoologist, laSO, p. 59.
(3) Il est vrai quî G. V. B. a protesté contre cette manière de voir (Science Ciossip,
janviir 1879, cit. in Miller Clirislj).
(4) HUlory of Brilisli Birds II, p. 117, cil. par le même.
(3) Au Musée de l'Université d'Edimluuirf;.
(()) M. Christy en a cité d'autres plus probants; ce sont ceu.\ que nous avons
même mentionnés, soit d'après son o Sviiplemenlary artirle, « soit d'après d'auires
observations.
(7) Zoologist, 1889, p. 265.
ADDITIONS, COIIIIKCTIOVS ICT KXAMKNS d'aPUICS NATi:iU-; 7lJ!)
fails plus précis, itiiraissiiiil en (|ii('li|iic sorte iîi(li(|iii'i' li' croisi'
ment ilii /'. nuisiciis cl du 7'. iiicniln . oui cic siij:n;ili''s ihins le Zodiduisl.
I M. 0. \. Aiiliii. lie l'iliixliMiii . Oxdii. y cile lli un Oi^iMii
(ilileiiu i'(''cemiiieiil coiniiie ét;int un v('v\ liyliride. On le lui ii|i|i(Ula
le 'l''\ octolii'c IS'.lj. l/Oise;iu venail de uu)urir en cai,^'. On l'avait
]iris dans nu nid avec d'auli'es jeunes, au nutis de juillet de celte
année [l]. (les autres jeunes (■taient des (îr-ives normales. L'Iiyluide
supposé, d'api'ès l'atlii inalion de son dernier pidpriélaire {■\), a\ail
imié « «;/(.">■ chainjcr île colomlinn ».
detlL' i)ièce intérossaiile fut d'ahoi-d prise pour une (irive 'icurieu-
SPMieiil coloriée I) dont elle avait, du reste, le clianl. L(us(|ue
.M. (I. \'. .\|)lin suf^'jîi'ra une parcnti' avec le .Merle . il amena le
scMirire >ui" les Icvri's de la personne (pii l'avait possi'dt'e en pic-
inii'r. Cependant (piand. à son toui'. l'empailleur l'eût entre les
mains, il In considi'ra comme (■tanl un .\lei-le. (ielle contradiction
n'était i)oint sans si};nilicalion, elle nionliail (pi'il y avait (juelijue
chose d'insolite chez celle ])ièce. .M. (>. \'. A]din en a traci' le por
Irait suivant : " L'aspect i^t'm'ral et la coupe de la tète sont eeu.K
d'un .Merle, (juiuijue la dernière partie soit ]ilus petite (jue (liez
celte espèce. Le hec esl lép;èrenieHt plus loui; et plus lari;c ipic
cidui de la Cirive et lieaucoup plus fonc('' en c(uileur, se rappro
chant, sous ce rapport, de celui du jeune .Merle Les larses sont un
peu plus forts (pu' ceux du T. iinisinix ; ils scmt de couleur' très
claii'e ('0. L'iris esl hrun foncé; la mandiluile sup('rieure. avec les
côtt's.d'un rose pâle interne, le reste corne foncT'. L'ouvertui'e du lii'c
jaune li'è> pâle; l'intiuicur du liée couli'ur chair avec une fiu'le,
teinte de jaune pâle. Les pidtes chair p;'ile terne. Le haut de la li'lo
et les parties supé'rieures hi'un lei're d'omhre; une teinte iirisàlre
surquehpies unes des plumes du sommet de la ti'de. Les couNcrliires
de l'oreille hi'un fonce''. Tache ovale sui' le nn-iilon cl le haut de la
j;(M'fie d'un lirun pâle. La ^^lu'iie. le devant ilu cou et le haut de la
]ioitriMe presi pie noirs. Les ci'iti's ilii cou liiiins ; celte couleur arrive
au noir par places. Les |diiiiies ilii lias de la poitrine et du M'iilre
presipic noires, avec liordure idroite de couleur chamois hlane
clair. Le lias du venirc luun pâle et Idanc s;de. Les couvertures
infi'rieui'es ih' la queue liniiics. L;i (pirue Iniine (fj). I,es .trrosses
(1) NiMiK^ro ifaviil IS'.li, p. I ifj.
(2) Pris (le lioillcdle Graiigr.
(3) Car, (Ippiiis >a ciiiiliirr, il avail changé de main?.
(4) Toiitelois il laiil uuler (|iie les (liseaii.\ de caye sont aptes à montrer celle
particularité.
(3) Celte queue ayant été arrachée n'est qu'à peine formée.
800 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
plumes des ailes brun cliâtiiin sui' la harbc cxléricure, le reste
hi'un foncé. Les couvertures liruii claii', marquées irréi;uliçrenient
(le jaune cluuuois et jn-esijue noires ». M. 0. \'. Aplin ilissé(|ua le
corps qui lui parut sain.
2° Dans l'année c[ui suivi I celle caplure. M. .1. K. Dorliier a raconté
les fait suivants! i): Dans un jardiu situé à l'extréuiité nonl d'Edim-
bourg, un couple de Merles s'occupait d'une seconde uicliée quand
un chat attrapa la femelle, qui venait de terminer sa ponte. Le
l)auvre veuf ne fut point loiiiileuijjs sans trouver une compagne;
mais, au grand élonnemeul du ]iropriétaire du jardiu, on s'aperçut
que la mère nourricière n'était |)oiiit uu .Merle : c'élait une Grive!
S'intéressant viveuient au nouveau uiéuage. le propriétaire en
question, ami de M. Dorbier, surveilla atlentivemeTit les deux
Oiseaux et reconnut ([ue le Merle élail très assidu auprès de celle
qui voulait Ijieu piendi-e soin de l'incubation; il lui aiqxirtait de la
nourriture lorsqu'elle était sur le nid. Les doux Oiseaux devinrent
très familiers et laissèrent les eufanis de la uiaison s'a[)pi-ocber de
leur nid. uH'une quand ils nourrissaient leurs pelits enfin éclos.
Cependaul, uu très reMiar(pialile (diangeinenl se [iroduisit dans
la conduite du Merle; il parut jaloux de l'allecdon (jue sa coinjjagne
montrail aux jeunes de la cou\ée el la chassa définitivement. H
couliuua seul, avec beaucoup de soin, l'élevage de sa famille.
M. J. K. Dorbier u'eul |ioiul l'occasiou de voir lui-même la
femelle Grive, les Oiseaux ayant (piillé le nid avaut sou arrivée chez
son ami. Maiscelui ci est, paraît-il, uu oljservaleur très i)ersi)icace;
il n'a point, du reste, été le seul à voir la Grive en (juestion : ses
enfants, son propre frère, une domestique, l'ont eux mêmes
observée sur le nid.
Voici le troisième fait : En ISlKi, on exposait à Cristal Palace un
Oiseau catalogué comme hybride de « Blacki)ird et de Tbrusii. »
Il fut remarqué par \\. A. Holte Macpherson, de Londres, qui le
décrivit dans le Zoologist {2) en faisant remarc|uer (|u'il monlrait
très visiblement les marques des deux espèces, taudis que dans
son altitude et sa forme (shape) générale il i-essemblail à la Grive.
(( l'p|)er parts and fail darker than the Trush ; no liglit edges lu
wing covei-ts; breast and bclly covered with dark blotches. giving
the bird, al a Utile tlislanco, cpiilc a black aiqiearance; bill seems
lo lie longer and lliickcr llian in Ihc Thrusli; upper mandibule
(1) The Zoologist, XVl, 18y2, r- 270 el 271.
(2) Numéro tle mais 1893, p. 103.
ADDITIONS, COnnECTIONS ET EX4MENS d'aPHÈS NATURE 801
l)ro\vii ; lower iDiindiliiile yellow, except just llie lip; cyolids yellow
ils iii liliickliiril ; lej^s iind l'ect piilc lirowii; cIjiws, soine (hiik mihI
some colouiiess. »
l^a l'iipture de cet Oispiui iivail eu lieu en juin IS!)2, à (|iicli|iies
milles de Nordiaiiiplon. Le nid dans le(|iiel on l'avail Irouvi' conte-
nait trois jeunes, dont deux imiunircnl (|Ufl(iues jours après leur
captivilé. Oi\ su|)posa (|u'une (irixc (|ui \olail aulour du nid était
la mère de cette couvi'C 1 1 ).
-M. A. llolte Afacpherson a bien voulu nous faire connaiire lui-
inènie s(ui inipi-ession : il nous conliiane par sa lettre ce ([u'il a l'crit
dans leZooloi,'ist. l*our lui l'Oiseau est (( a tnir hylirld » pai'ce (|u'il
montre les niar(|ues bien accusées des deux espèces, n J'ai tache,
nous dit il. une importance toute spéciale (( to tlie yellow eyelides
and tlie thick l)ill wliich ai-e features o( tlie lîlack l)ird and f;enei'al
sliape anri « contour » wiiicli was lliat of tlie Thrusii )).
Nous av(Uis à examiner ces trois faits et à voir ce (|u'ils |)euvent
prouver.
.M. (). V. .Vplin a eu la très firamle ohlii^eance de nous adresser
en communication le spécimen ([u'il possède. Cet Oiseau, nous dit
il. mourut l'année môme dans laf|uelle il avait ('lé pris, soit le
23 novembre IS!1I. Son sexe n'a pu être distinj^ué'. L(\s ornitliolo
f;isles(|ui l'ont vu sont d'accord avec lui pour le reconnaître comme
un véritable liybride.
l/elïet (|ue cette pièce produit à pi-emière vue es! celui d'un jeune
.Merle avec des caractères propres aux espèces asiaticpies telles
que alrigularix, nificollis et futicnUix. ou même torqnatns, l'espèce
europi''eniie (|u'il rappelle par des traits martelés nombreux, dissé-
miiii's sur les parties inf(''iieiires. Tout son ventre est, en elTet,
iiit'laiit;!' (le lu un, de j:i-is, de jaune et de roussàtre.
I,a manpie. qui tout d'abord nous avait frappi', est le jaune cha-
mois en forme de barres ipii apparaît sur les coinertiires des ailes.
Si lui considèi-e ce spécimen ((umiie un jeune de l'espèce mernla,
son hybridation avec la (irive semble ainsi bien évidente. .Mais
l'ayant ensuite mis en |ui'sciice de '/'. iiicnild V et de (iiives. nous
avons reconnu que notre première impression n'i'lait point bonne.
Le Tiiriliis de de M. .\|din est bien pliili'it une (il i\(' en livr(''e anor-
male, enlaclu'e de mélaiiisme ipi'iin hybride. Le jeune .Merle et la
femelle de cette espèce sont en ellet, sur la fjorsïe et sur la jioilrine,
d'un ton roux clair pi(|neté, là iirivisi-nuMit où le ]dumafie de
l'hybride supposé est le plus fonci'.
(I) Ces renseignements sont donnes dans le N" d'avrit suivant, p. II)'».
802 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
H ne sera pas sans inlërAt de faire reniarriner (lu'aii moment où
nous avons reçu le Ttuilus de M. Aplin. un jeune cliasseur, tri's
habitué aux Merles et aux Grives. (|u'il aliat lré(|uemiiient à tous
âges, était présent. Or. quoique son emiiai'ras et scjii éloiniement
fussent Ijien visii)les, a|irès quelque temps de réllexion, il prit l'Oi-
seau pour une Grive (( curieuse ». C'est ainsi que l'avait jugé celui
qui l'avait possédée en premier lieu. Plus on l'examine, plus on le
regarde, plus on acquiert la certitude que c'est une Grive, mais avec
un aspect anormal qui pourrait être le résultat d'un mélanisme
partiel. Il est en effet impossible de le reporter à l'espèce iiienthi,
puisque, nous venons de le dire, là où le jeune Merle (et la femelle
de cette espèce) sont de couleur claire, il est [)récisément foncé.
Dans sa description, que nous n'avons point reproduite en entier,
M. 0. V. Aplin reconnaît lui-uièuie ([ue la coloration anormale que
présente sou sujet ne i)rouve point positivenu'nt un mélange. Aussi,
pour soutenir l'hybridation, s'appuie-t-il sur les caractères suivants,
à savoir: 1" que le bec est légèrement plus large et les tarses légère-
ment plus forts que ceux de la Grive: *' que l'aspect de la tête est
celui du Merle.
N'ayant point vu l'Oiseau en chair, la critique de ce dernier
caractère nous échappe; la préparati(m, (jue la peau a subie,
peut avoir modifié sa conformation naturelle. Mais nous pou-
vons faire savoii-, quant au premier point (la largeur du bec et la
longueur des tarses), qu'un jeune Merle et une femelle T. muxicm,
que nous possédons n'ont point le bec plus forl i|ue celui d'une
Grive entre nos mains, puis que cette Grive parait elle nu'iue avoir
le bec plus fort (|ue celui de l'hybride su|)posé. Nous ajouterons,
en ce qui concerne la couleur noire r(''pandue sur la mandibule
supérieure, que le bec du jeune Merle dont ou \ ienl de pailer se
montre d'une teinte plus claire. Quant aux tarses, nous reconnais-
sons qu'ils paraissent réellement plus foits que ceux de la Grive,
tout au moins plus forts que ceux des deux T. iinisirus de notre
collection (1) ; mais l'Oiseau ayant vécu assez longtem|)s en
captivité, on ne peut allacher une grande importance à ce détail.
(M. 0. \. Aplin a, croyons nous, omis d'indiquer la couleui- du
bord libre des paupières, caractère qui cependant a son intérêt).
Trois points nous laissent supposer que le Merle n'est point l'un
de ses parents : 1" la circonstance qu'il était accompagné dans son
(I) Notre matériel de comparaison était très peu nonilircii.x au momenl où nous
écrivions tes lignes. Nous tenons à le faire savoir.
ADDITIONS, COnnECTlONS ET EXAMENS DAPnÈS NATURE 803
nitl (\c joiines Grives normales, lesquelles, jtariiîl il. restèrent telles
en vieillissant (1); 2" cet autie fait (|ue la partie noire, iniinilahie
à un croisement avec le Merle, se trouve là précisément où le jeune
ou la femelle <le cette espèce en sont privés; entin 3" à savoir (|iie
celte i)articulaiité existait avant la mue.
Nous ajouterons, du reste, que .M. \. Holte .Macpherson, amiuel
nous avons soumis l'aciuarelle fort exacte que nous conservons de,
ce i)rétendu hybride, le considère comme une variété de (îrive
(7'. mmicus). Il se distinj^ue de celui (pi'il avait vu et (|u'il a décrit
dans le Zoolofjist ( 1S!)3) |)ar [)lusieurs traits : I" Partout la coloration
n'ot pas aussi fonci-e; i" les parties inférieures du coi-ps sont
beaucmip plus claires; 3" le bec semiile être plus court; 4" les
bordures antérieures des rémiges sont claires (2) ; '6° au lieu d'avoir
l'abdomen couvert de grandes taches larges, on voit sur cette
partie les taches propres au T. mu.sirus (3); it" ni la description
faite par M. .\plin, ni l'aquarelle ne laissent croire que les pau-
pières soient jaunes (4); 7" enfin le contour de l'Oiseau resseinble-
l'ail plus à T. wiixicus qu'à T. mcrula. n
-M. Ilolte .Macpherson, ayant été ilei-nièreinent à U.xford, y a ren-
contré son ami, .M.O.V. Aplin; celui ci lui a montré la peau même.
M. Mac|iIierson persiste dans son opinion; » celle jieau. qu'il a
examinée avec soin, nous dit-il, n'est (pTune varié'tt' de la (îrive,
T. musiciis. variété mélanic[ue. »
En ce qui concerne le second exemple, nous ré'pondrons qu'une
femelle .Merle (avec sa gorge et sa poitrine relativement claires et
poinlillées) a pu être prise pour une Grive. — .Mais que ce cas ne se
soit point produit, qu'une vraie Grive (et de sexe femelle?) soit
venue rcmidacer le 7'. niusirus 9.<'t'la ni' dit j)oint encore (|u'un
accouplement s'en soil suivi. Loin de là, le fait (|Me l'un raconte se
passait à un monn-nt on la ponte iMait lermini-e. Les oMifs qui
('clorent ne purent donc être (|ue des .Merles. Le fait d'ado|)tion
par des espèces étrangères de jeunes privi-s de leurs i)arents n'est
point, croyons nous, un fait absolument rare; on en a des exemiiles,
parait il.
OuanI au troisième exemple, nous ne |)ouvons le juger. Aussitôt
que nous l'avons connu, nous aurions dû demander à ac(|uérir
l'Oiseau qui avait été mis en vente; la piopiiétaire, M^'' Hoi)bs,
(I) Au moins Tune (l'tllrs (|iie l'on put suivre.
li) I.e dos el II'- ailes do l'Oiseau i|u'il a drciil soûl d'un liiiin unifoiuie.
(;t) L'autre Oiscdti, vu de loiu, paniil d'un Ion uoinUrL- |U'esi|u'uni(()iuic.
(4) Ce e|ui e.xisle chez l'individu vu p:ii- .\l. Macpherson.
804 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAOE
dont M. Holte Macplierson nous nvait (ait ronnaîtro Je nom cl
l'adresse (I), était toute disposée à nous céder la ])ièce rurieuse.
Quanti nous nous souiines tlécidé à en demander ren\oi l'Oiseau
venait de mourir ; on n'avait point pris soin de faire préparer sa
dépouille. Néanmoins, M''^ Hohhs nous a conrirmé en tous points la
relation (|u'ellt^ avait laite à M. Marplierson,coni'ernant les cireons
tances de la capture, et pour elle, cet Oiseau était bien un liyliride.
Nous regrettons donc notre négligence; cette pièce aurait peut être
décidé du croisement si peu assuré de la Crive et du Merle. On
nous permettra cependant de conservci- notre scepticisme à l'égard
de ces mélanges, non, certes, impossibles, uiais qu'aucun fait
décisif n'a encore prouvés.
Nous avions dit (2) qu'il existait au liritisli Muséum un Oiseau
(lue l'on supposait être un hybride; que cette pièce, offerte par
M. Bartlelt, avait été e.xaniinée, non-seulement par le superinten
dant des Zoological Ganlens, mais aussi par M. Edwarl lîlyt,
M. J. H. Gurney et d'autres ornithologistes, lesquels avaient trouvé
dans le i)lumage des traces proliahles de croisement. Depuis,
désirant faire [jcindre cet Oiseau, nous avons demandé à la direc-
tion de bien vouloir nous indlipier siui numéi-o d'ordre ou la place
qu'il occupe dans les galeries du musée anglais. Mais il nous a été
répondu ((u'il n'y existe pas; le peintre Keulemans l'a aussi cherché
en vain. M. Bartlett qui l'avait olîert, lors({ue .M. Georges Gi'ay était
chargé de la section ornithologique, c'est à dire bien avant «lue
M. le D''Gûnther ne fût nonuné directeur du .Muséum, craint beau
coup qu'il n'ait été perdu lors du transfert ties Oiseaux de lîlooms-
bury à South Keusington.
En parcourant le méinoii'e de M. Miller Christy (3), nous avons
trouvé ('i) certains détails fm-t curieux au sujet de cette pièce, détails
qui prouvent qu'elle a été réellement conservée au British Muséum.
Non seulement M, Dresser l'auraitcitée (lî), mais M. Bowdler.Sharpe
serait parvenu à la découvrir. CeiiendanI Téminent oi'uitliologiste
s'accordeavec M. Miller (Ihristypour pensei'(|ue ce n'est pas un réel
hybride. Suivant la détermination de .M. Seebohm (6), c'est une
(1) 25, Queens lload, à Nortliamptoii.
(2) Voy p. 30'.) et p. 4;i'J des Mém. de la Soc. Zool., 18'J2.
(■.i) D."jà cit.
(4) A la p. M2,
(5) In Birdis of Europe, art Black Bled, vol. Il, p. lii (Nous n'avons cependant
pu trouver le passage visé).
(6) Cit. par M. Miller Christy.
ADDITIONS, COKRKCTIONS ET KXAMENS DAPBÈS NATURK 805
vari('t(5 (I m('l;mislicii do la fjrosse Grive (Missel Thrush). Voici coin-
inenl .M. Miller Clirisly l'a décrile :
« Le bee est ])lus court, plus fort cl plus (•(nii(|uc que daus le
Merle ou la Grosse (!rive. La partie sui)érieiire de la tcle, le cou,
le dos, les ailes el la (|iieiie s(uit d'un liruii rouge, i)res(|ue uni
forme, de nuance plii> Imicée (luc dans la même espèce, mais plus
clair sur la (|ueue el les iiords exiérieurs des secondaires. Les
parties iiift'rieures soni d'un noir i)runùlre foncé; les |)lumes du
ment(M) sont parsemées de idanc sale. Quei(|ues plumes sui' la
|toi(riiie. et les |ilumes. jus(|u'au milieu de l'esloniac, sont lioidi'cs un
peu plus larfj;enienl delilanc jaunàlre sale (|ue ne le soiil les aulre.s.
Les rectrices el les couvertures inférieures de la ijueue sonI toutes
delà même couleur: les pattes son! 1res claires (proiiahly l'atled,
ajoute t il |. »
La pièce était étiquetée ainsi: (i Hrilisli. Received tiDui .M'' Jtarllclt
in exclianire, Nov. ISi't. Tol.il leni;lil 10 in. ; wiiit;' from carpal
joint ÎJ .'{/'i ; tail 'i iiis. ; ;î '•' piimaiy iongesl ; i'"' and i "'. e(|ual.
A. D. H. n
Ce (|ui vient d'èlredil à son sujel n'eniiage poini encore à croire
qu'il y ail eu croisement de Grive el de Merle.
La chasse, que les enfants ou les amateurs d'Oiseau.v chanteurs
font avec acharnement au.x Merles et aux Grives dans les hosquets
de nos jardins, favoiise ccpendanl le mt'laiifie des deux espèces, car
l'équilibre dans les sexes <loit s'en trouver souvent (■branlé. Si un
croisemeni devait se réaliser, c'est bien certes celui dont nous
l)arlons.
Tntnrs mercla el T( unis touoiati.s
(Se re|)orler p. liTUon |). 447 des .Méiii do la Soc. Zool., IS92).
Le Hév. Macpherson a bien voulu nous envoyer en communica-
tion le Tiinliis sujjposé hybride (jue NL .1. 11. (iurney lui a remis
pour le Musée de Carlisle.
.\vant (le faire connaître noti'c imi)ression sur cet Oiseau, nous
avons à examiner les ileux espèces pures que r(m croit lui avoir
donné naissance.
.\u point de vue moi'plio'oi,'-i(pic. rcsp(''c(' torijualii^ et l'espèce
iiienila ne peuvent être guère dillérenciées (jue parla disposition
terminale des quatre ou cinq premières pennes de l'aile. Chez
T. tonjualus. la premi(''re penne est plus longue que chez T. meriila,
la (luali'ièiue est ]dus couile; en sorte que ces deux pennes,
806 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LETAT SAUVAGE
qui sont à peu près de mêmes dimensions, se laissent dépasser par
la deuxième et la troisième qui sont é;;ales. Au contraire, eliez
T.mcrula, les deuxième, troisième et quatrième sont presque de la
même longueur, dépassant davantage la penne la plus extérieure.
L'examen d'un bon nombre d'échantillons nous a prouvé ((ue
cette remarque est juste.
Tout d'abord, en examinant quelques spécimens des deux t\ |ies,
nous avions cru remarcjuer ijue chez T. nieriila les rectrices sont
plus allongées que chez 7'. torqitatu.s ; mais une étude, faite depuis
sur un plus grand nombre d'exenqjlaires, ne nous a point permis
d'établir positivement cette règle. Nous avions cru encore nous
apercevoir que, chez le Merle à plastron, les couvertures de la
queue sont plus longues que chez l'autre espèce et font ainsi
paraître les rectrices plus courtes ; mais chez divers T. iiicrula. nous
avons trouvé les couvertures aussi tombantes.
En ce qui concerne les dimensions du bec nous les croyons plus
faibles chez T. torquatus.
Telles sont les différences, peu sérieuses, on le voit, sauf celles des
pennes rémiges, que nous avons trouvées dans la forme extérieure
des deux espèces; nous disons extérieures, car nous ne nous
sommes point livré à un examen ostéologique et anatomique.
Pour la couleur, les différences sont peut être plus sensibles à
l'œil, puisque T.inerula cT adulte est complètement noir, tandis que
T. torquatus du même sexe et du même âge montre un plastron blanc
brunâtre sur son devant, des taches martelées claires espacées çà
et là sur les parties inférieures et sous le dessus du corps, enfin une
teinte générale bien moins foncée que celle du premier. Disons
encore que la couleur jaune du bec est beaucoup plus blanchâtre,
bien moins vive chez torquulus. (Tous nos exemplaires étant con-
servés, nous ne pouvons distinguer la couleur des paupières ;
probablement 7'. inerula les a 1-il i)lus jaunâtres).
Néanmoins, nous avons été frapjié des traits nombreux de res-
semblance dans la coloration que les deux espèces présentent à
un certain âge. Ainsi, lorsque le noir de T. iiierula envahit les
parties inférieures, souvent la partie correspondant au plastron de
T. <orç!ia(Ms reste avec les marques de jeunesse, c'est-à-dire dans
sa teinte claire; si bien que T. menila se trouve lui-nxhne avoir, à un
moment de son existence, un plastron comme son congénère!
Ce phénomène est excessivement curieux; nous l'avons constaté
positivement sur deux et môme trois exemplaires de notre collec-
tion ou des collections qui nous avaient été prêtées; car, afin de
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMI.NS d'aPRÈS NATURE 807
nous livrera un examen profilalile de l'Iiylnide qui nous avait été
confié si fïracieusemcnt, nous avions réuni de nombreux s])écimens
de différenls àf;es, tués dans diverses conlrées (1).
Or, nous estimons (|ue le earaclère qui a fait supposer que le
Tu rdus ihi Musée de C.arlisle est un liyliride. consiste iirécisément
dans le ti'ait curieux (jue nous sii^naions. Cet Oiseau, en i^rande
]iaili(' noiiàtre coiume le Merle, laisse voir, en ellet, un ])lastron
gris lirunàtre exactement comme celui du taniuutus. Mais, pour
nous, celle particularité est due à l'àfjfe de l'individu, (|ui n'est
point tout à fait adulte. S'il était un vrai T. tur(j\ialus mélanf;(! de
T. mentla, sans doute la forme terminale des pennes de l'aile
aurait conservé quelque rappel de cette espèce. Cela n'est point:
les ])ennes rémii,'es t'Ont entihriiirnl de la funnc de celles du
T. nirritla. Quant au hec, nous ne saurions rien en dire.
Reconnaissons toutefois que si T. torquatns et T. nfc/ «/a venaient
à se croiser, ils doiiiieraient sans doute un iinuluit ayant Ix^aucou])
d'analof^ie, par son plumafje, avec celui dont nous nous occupons
el, par conséquent, très dillicile j'idinérencier. Nous pensons ce|)en-
dant (juc la fiirme lerminale des [X'unes de l'aile se montrcr'ait
alleclée par- le iiu''lan;;'c. caiactèrc qui ne se iiréscnlc piiiiil dans le
cas présent ; ce (|ui nous ()l)lifj;e à n'fiTer l'Oiseau à l'espèce
T. merula. dmil il pii'seute, du reste, tous les caiactères.
Genre Calamoherpina
IIVl'OI.AIS HAMA (2) et AcnOCKl'HAI.US STIIKCKIUS (3)
l'eu d'auteurs ont paih' <lr Vlliiiiolnis rama; nous ignorons si
cette es|)éce est dilïérenle de l'Acrncriihalus si repéras; (|uoiqu'il
en soit, M. le pnif. IMeske, de Saint l'élershourg, a découvert
dans la collection de l'Académie de cette capitale un Oiseau qui
laisserait voir des caractères ju'opres au genre Idana (llypalais) et
au genre Acrocciilialus. Le savant consci'Vatfur de ce Must'c ne
(1) Nous possédions vingt-trois spécimens; depuis, noire mobilier s'est an);uienlé.
(2) Synonymie : Sylvin rama, l'hyllapneusle rama.
(.i) Synonymie : Motacilla urundinuecu, Syhia uruiuliiidcea, Acrocephulus
arumiinuceiis, MiiscipiUi aniiulhiacea, Sylria slrcpeu, t'alumohirpe nrundi-
nacca, Curma arumlinacea, Calamolierpe alnorum, (Àilamulierpe arhuslorum,
Carruca fasca, Salicaria arundmacea, Sylria aHiiiis.Calamoherpe pincliirum,
Saltcaria slrepera, etc., etc.
808 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
croit point se tromper en le déclarant hylîride. Il fut tué le 4 juin
1838, près du Uischarny, sur le Ssyr Dapja, par le D' Sewertzow.
D'après son habitus, cet Oiseau rappellerait Ylduna rama ou l'iduna
palliila, mais il en diffère pai- la Idriiic des plumes des ailes cDiiinie
par la teinte rouge de rouille du croupion et des couvertures supé-
rieures de la queue. M. l^leske ne saurait dire positivement s'il
descend de V[(Iuna rama ou tie 1'/. palliila parce que ces deux
formes sont très rap|)rochées Tune de l'autre; il présume seule-
ment que l'un des parents doit appartenir à la incinière espèce
parce ([ue, d'une part, l'ensemlile de Vlialilliis ra]q)elh' davantage
1'/. rama, et d'autre part, parce que le D'' Seweilzow ne rapporte
aucun exemple de 1'/. palliila sur le cours inférieur du Ssyr-Darja,
tandis ijue Vf. rama est l'cprésenté nombre de fois dans la collection
du feu docteur. Quand à la descendance Arrorrplialus. il ne peut
être question d'une autre espèce que du type sîri'perus; VAcrocc-
phalus paluslris ne se rencontrant pas non plus sui- le Ssyr Darja
et VA. dumctorum n'ayant pu transmettre à cet liybride supposé
ni les pioportions des plumes des ailes, ni la teinte couleur
rouge de rouille du croupion.
M. Pleske a représenté, par des dessins qui servent d'en-téte à
une étude sur cet hybride (1), les marques caractéristiques de la
forme de l'Oiseau qu'il a ainsi décrit : « Tout le des.sous du corps
est, y compris les plumes des oreilles, de couleur Isabelle se fondant
sur la tête en un ton plus gris. Sur le croupion et sur les couver-
tures supérieures de la ([ueue, il existe une teinte de rouge de
rouille, ce qui communique aux parties désignées un ton de cou-
leur Isabelle et brunâtre. Les jilus grandes pluuies des couvertures
supérieures des ailes (?), les ailes et les plumes du gouvernail sont
plus sombres, d'un brun gris, avec des bordures plus claires aux
plumes extérieures; ces bordures sont jilus larges sur les plumes
tectrices supérieures des ailes et sur les plumes secondaires les
plus intérieures, plus étroites enfin sur les autres plumes des ailes
et sur les plumes i[ui servent de gouvernail. Une raie su|iraciliaire
peu distincte, formée d'un ])lanc jaunâtre, s'étend depuis la base
du bec jusqu'un peu derrière l'œil; la bordure est à peine visible.
Le dessous est blanchâtre ; c'est la couleur de la gorge qui est
la plus pure, ainsi que celle du milieu du ventre, tandis que sur
la ])oitrine et sur les autres parties, notamment sur les côtés, se
montre une teinte d'un fauve intense; les plumes des épaules et
les couvertures inférieures des ailes sont blanchâtres, les dernières
(I) OrnUhiigrupliiu rossicu, II, pp. 5GI-563.
ADDITIONS, COnnF.CTIONS l'.T KXAMENS d'aPUKS NATURE .SOO
ont une leiiite dc! couleur croine et ili' couleur fauve. I.c dessous des
Ijarhes intérieures des pennes îles ailes est blanc d'arj^enl avec
un lavage de couleur crème.
« Le liée en dessus, à rexceplion des hoi-dures, est d'un hrun de
corne; les bordures, comme la mandibule inférieure, sont jaunâtres.
Les poils à la base du bec sont assez bien développés ; (culmen,
17 millim.l. L'aile aboitive est plus courte qutî les couvertures des
pennes primaires de l'aile; elle est pointue. I^a deu.\iéme et la
(luatiième penne forment la pointe de l'aile; la troisième est un peu
plus Ionique (|ue la (inatriéme, tandis (]ue la deuxiènii^ est plus
courte que la ciuatricme et plus longue ([ue la ciii(|uième. Mais la
barbe extérieure de la troisième penne se rétréci! diine manière
insii^Miifiante. Longueur (56,. "i millim.
» La (|ueue esl à |)eine arrondie, les )iiumes les |ilus extérieures
sont eu elïet de -i millim. |)lus courtes (|ue celles (|ui sont les |)ius
longues, ([^ongueur lu millim.). Les jambes, les doigts et les ongles
sont biunàtres. Le larse mesure i4 millim. »
CiNCLUS CASHMIRIENSIS et ClXCLES LEUCOGASTER Cl C. SOHDIDUS
(Se reporter pp. 370-377 cl pp. 4uO-4jl des Mém. de la Soc. Zool.)
En parlant de la iiremièie espèce, M. Oales (I) dit qu'elle s'étend
à l'ouesl de l'.Vsii' mineure, et qu'elle esl très voisine des trois
races de Dijjpers que l'on trouve en Europe. Au nord, ajoute t il,
celte forme se rajq)rocbe du C. Inironaslcr dans des exem|)les
typi(iues dont le dessous du corps esl blanc. Puis, cbez quebiues
spécimens, on constate une tendance à se rapprocher du C.sordidus,
parce que le blanc de la gorge et de la poitrine est noirci et que
ces parties sont occasionnellement tout à fait brunes.
Os remarques nous piouveiit, une fois de jjIus, que les dilïé-
rences que présentent les trois formes en ([uestion ne sont que
des dillérences de race et vraisemblablement ne sont point impu-
tables à des croisements.
(I) TUe fauna nf hrilish Iiulia, Dirds, vol. Il, p. Ii;3, IS'.nJ.
810 OISEAUX H I BRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Famille des Laniidœ.
Genre Lanius
LaiMus rufus et Lanius collurio
(Se reporter p. 378 ou p. 432 des Mém. de la Soc. Zool., 1892).
Par renlrciiiise de M. le D' Larquier des Baneels, conservateur
du -Musée de Lausanne, nous avons pu examiner le spécimen
unique que l'on attribue au croisement de ces deux espèces. Ce
spécimen ap|iarlienl aujourd'hui aux héritiers de M. Bastiau,
l'ancien préparateur du Muséum.
On sait que les deux parents supposés de ce produit bizarre ne
diffèrent entre eux ([ue par la coloration du dessin, car la dispo-
sition de leur plumage est à peu près identique; quant à la forme
du corps elle ne varie chez aucun des deux ; rufus est seulement un
peu jilus gros. Cette différence de coloration peut être délinie ainsi
ciiez les mâles adultes : front noir chez rufus, cendré perle chez
eoUuvio ; tout le dessus de la tète et du cou et la partie continuant
sur le dos, roux vif chez le premier, cendré perle chez le second ;
(chez celui ci le cendré perle est le prolongement de la teinte du
front). Sur le dos de rufus existe une grande plaque noire qui se
prolonge eu travers sur le haut des scapulaires et s'étend en s'at-
ténuant eu gris cendié vers le crou[)ion ; la même partie est
rousse chez colluriu.
Les scapulaires sont blanches chez rufus; elles sont rousses
comme le dos chez collurio. Chez ce dernier, le croupion est cendré
I)erle, tandis qu'il est blanc chez rufus. Les rémiges de collurio ne
sont pas traversées par un miroir; toutes les premières le sont
chez rufus et forment un miroir, lequel est blanc jaune. L'aile,
chez ce dernier, est presque de couleur noire; elle est beaucoup
plus claire, d'un gris brun, chez collurio. En dessous, depuis et y
compris la gorge jusqu'au croupiou, et même aux couvertures iufé-
lieuies de la queue, /«/ms est d'un blanc lavé plus ou moins de jaune,
(juelquefois de jaune légèrement roux; collurio se colore, au con-
traire, notamment sur la poitrine, de rose violacé bleuté assez clair.
La manière dont le blanc s'étend sur les rectrices chez rufus est
assez variable; ayant un grand nombre d'exemplaires (^ adultes en
notre présence, nous avons pu remarquer de notables différences
sous ce rapport. Néanmoins, on peut dire que, chez collurio, la
partie blanche, près de la racine de la plume, est plus étendue.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE X\\
La rectrice la |)liis extérieure est (ré(|iieiiiiiienl [iliis hlaiiclie
chez rufus; (luelcjnefois on trouve eette reetrice tout aussi lilaiiche
dans certains exemplaires de fo//»n'o. 1! nous a paru que la même
])enne était proportionnellement plus eouite chez rufus. Sur la
joue de nifus, de])uis le bec jusciu'à l'épaule, se monti'e une large
bande ou plaque noire passant au dessus de l'œil : c'est le noir
du froni (|ui se prolonge de cette manière, (liiez cnlluriu le noir
s'arrête plus vile; il ne di-passe pas les joues et ne s'élend ((ue
jusqu'au bec, (le iiunl étant cendré, comme on l'a reniarqné).
Kn somme, si les scapwlaires de rufun ne formaient ]ias une
large taclu; lilanclie li-ès a|>parente, les teintes du plumage se hou-
veraient disposées de la iiièiin' façon chez les tieux lyiies cf. qui
varient donc seulement par leur coloration (1).
11 suit lie là que les mâles présentent entre eii\ une giaiide
analogie, on peut les dire très rapprochés l'un de l'autn'.
Quant aux femelles elles dillèient jjlus entre elles que ces iler-
niers. en ce sens que la femelle de rufus est à peu de chose |)rès
semblable au mâle de son espèce, (ses teintes générales sont seule-
ment allaihlies), tandis que la femelle de collurio diffère, non seule-
ment du mâle de son espèce de cette même manière, mais encore
et surtout par le dessin des parties inférieures. En effet, elle se
trouve, à ces parties, marquée ou tachetée de demi-croissants formés
de zigzags (2). Elle ne p(»ssèile i)oinl non plus les grandes taches
blanches des rectrices ; jiuis la poitrine n'est point violacée.
Les jeunes des deux espèces pi'ésentent entre eux de grandes
analogies; on pourrait facilement les confondre. Mais, chose
bizari'e. collurio d" jennt! nous a |)aru, dans sa teinte générale, plus
roux, plus foncé au moins, notamment sur la tète, que n'est rufus!
Ajoutons que les |)etites raies ou croissants en zigzags de rtifus se
trouvent divisées davantage par une leinle claiic.
Ces observations étant faites, nous i-emarquerons tout d'abord
que le Lunius duliius de Lausanm- est plus fort (|ue ne le son! en
général les individus des deux espèces ; il dépasse par sa taille, et sa
(1) Les Uirscs el les doigts de rufus sont-ils cependant un peu plus forts ([ue ceux
de collurio'! Nous ne saurions le dire avec précision. I,cs deux mandibules du bec
du premier semblent plus épaisses que celles du second. Nous avons (ait s-avoir que
les deux espèces sont de même taille; collurio serait iiéanmoiEis un peu plus faible.
(2) Ce qu"on n'aperçoit plus chez le mille adulte.
812 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
grosseur môme (1), les dimensions de rnfus; il est un peu plus long
et, dans ses [tarties antérieures, un peu plus lar^e. Il est, en somme,
d'aspeet plus tort; cela nous parait indisrulalile. Est-ee le montage
qui est la cause de ce volume inusité? nous ne le pensons pas.
Par sa tonalité foncée, noirâtre, l'Oiseau produit l'effet d'un indi-
vidu qu'on aurait nourri avec des graines écliaullanles. On sait
qu'en captivité, on arrive à foncer, à noircir même, le plumage de
certains Oiseaux par un genre de nourriture spéciale: le Bouvreuil
noir en est un exemple, (l'est l'impression que nous avons ressentie
en voyant l'Oiseau; aussi, au premier aspect, il ne nous a point paru
être un hybride. Eu entrant dans le détail de ses caractères, c'est
encore l'effet qu'il nous a produit. Et, du reste, puisque ses carac-
tères normaux consistent spécialement dans une teinte foncée des
parties inférieures, cela n'annonce aucunement une double origine.
Le roux vif du dessus de la tête, de la nuque et du commencement
du dos de rnfus. dans un mélange réel avec le gris bleuté assez clair
de collurio, n'aboutirait point à celte teinte presque ardoisée des
parties correspondantes ? Loin de foncer le roux vif de rufus, la
teinte gris bleuté clair ne pourrait que l'atténuer et mèmel'éclaircir.
Le mélange du violacé tendre de la poitrine et des tlancs de rollurio
avec le jaune roux très clair des mêmes parties de rufus, (qui sont
même le plus souvent blanc pur, ombré seulement, rà et là, de
jaune), pourraient encore moinstléterminer la teinte roux foncé que
présente l'hybride supposé. Ln anire caractère s'oppose encore
à l'idée d'un mélange des deux espèces: c'est la teinte ardoisée
des scapulaires. Chez rujus, nous avons vu que c'était le blanc
presque pur ou lavé de roux qui domine à cette place, formant
une large barre transversale. Or, au même endroit, collurio est
foi-tement roux, éloignant ainsi toute idée de mélange; car le blanc
et le roux mélangés ne peuvent assurément donner naissance à
une teinte blanc ardoise.
11 faut cependant reconnaître qu'il existe chez le spécimen de
Lausanne, (beaucoup plus rufus que collurio), d'autres caractères
que l'on pourrait attriliuer à une hybridation. Ainsi, le dessous de
la queue paraît plus collurio que rufus, en ce sens que la tache
noire de la barbe intérieure de la rectrice la plus extérieure est
très étendue; (il ne faut pas oublier, toutefois, que rufus est très
variable sous ce rapport et souvent est aussi noir que collurio). Le
très petit espace blanc qui, chez rufus, termine le front vers et
contre la mandibule supérieure du bec, n'existe plus dans l'exeni
(1) Tel qu'il est empaillé.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'aI'RÈS NATURE SIIJ
plaire de M. liastinn : il est remplacé ])ar du noir. En sorte que cet
individu se rapproche encore par là de rollitrio. Si ce caractère
était capaiile d'accuser neltement l'hyliridité. on le trouverait dans
la teinte du dos sup(''ri('nr. qui n'osl pas noir t'onci'' coninic chez
riifiis, mais, au contrairi'. ardoise mélangé de roux. Cette teinte
répond très bien à un ni('dange du noir de rufus avec le roux de
collurio. Mais, pour (]ue cotte supposition filt vraie, il faudrait
présumer i|ue l'on a allaire à un individu mâle adulte, car la
femelle adulte reproduit assez hien cette teinte. Remarquons encore
que la coioration grise du croupion peut passer pour un m(''lange
de la teinte lilanchede n//ks et du gris bleuté de collurio. Eniin, les
rémiges qui, dans leurs marques, ne sont ni rolhirio, ni rufus, pour-
raient égaliMuent être considérées comme inlermiMliaires, quoique le
miroir Ida ne de ru jus se laisse voir, mais dans de petites pro|)oilioas.
\dici donc un Oiseau cniliari assaut, très embarrassant, on peut
le dire, et nous ne nous cliaigeiMons certes point de définir son
(U'igine. Nous ne nous opposons point absoluuHMd à l'c (pi'on le
croie hybride, s'il est toutefois de sexe mâle et adulte. Sans
doute. M. le !)■■ Depieri'e. qui l'a décrit pour la première fois,
l'a très bien nommé en l'appelant « dultius »; on ne pouvait choisir
une meilleure expression qui caractérise pailailcnieni l'inccrli-
tude où l'on se trouve en sa ])résence.
.\ujour<rhui l'Oiseau de Lausanne se pri'scnle avec les baibes
des rectrices assez usées, même eu mauvais étal, comme s'il avait
vécu en captivité. Serait-ce un éciiappé de volière repris à l'état
sauvage, ou doit on accuser le temps de cette usure ?
l'aisoiis saV(Mr(pie notre mati'iiel de comparaison, lors de notre
examen, se composait de |)iès de trente individus cf. 2 et jeunes,
appartenant aux deux espèces supposées mères et provenant sans
doute de contr(''es diverses, car nous nous les t-lions prociut's en
Allemagne, en Italie et en France.
LaNIUS COLLURIO et OnTo.MiU.A KOMANOVid)
A la date du 2\ juin |S'.)3. M. Zaroudnoï nous (•crivait de l'skow
(I) Soiiscspi'Cfi d'Ontnmrln p/Kr/iiciiroii/p.s- Scwcrizow (d'apros lîo;;(l.moH , inii
l'a décrit dans une ninno^'iapliic iiilitiilro : l.cs /*!«.< grirr.hfx et la lùiitne riissr.
l.e professeur Bojidanow a, du reste, riislingué deux suhspecies il'Onloiiirla phirni-
curnidc$ soU pour l'autre (). knrelini : dislinelion adopl(''e, p.irail-il, par tous les
oriiiltiolo;;isl"S russes. (Omimunie^iUon de M. Karoinliioï).
La synonymie d"0»i(omo(a romannvi eai : l.iinius phrpnicurus. I.uniiis isabel-
tinus, /.antif.s' cristalus, tnniH.s phd'nicuroides, Onlomelu pliœnicuroides, $ul)sp.
romanori.
814 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
que l'année passée il avait trouvé un nid avec des œufs (VEtmeoc-
tonus rollurin Ç x Ontoiiiela ramanori c? (1). Les deux Oiseaux
furent tués par lui-même près de leur nid.
Des renseignements complémentaires et très précis sur cet
a]ii)ariage sont à désirer.
Nous a|)prenons avec plaisir qu'on imprime actuellement dans le
Bulletin des Naturalistes de Moscou une narration que M. Zaroudnoï
vient d'écrire avec détails sur le nid et les œufs qu'il a trouvés.
Lanius DiCHROunus (2) et Otomela karelini
M. le Df Menzbier fait mention (3) d'une Slirike (Pie (irièche)
qui lui parait être l'hybride du Lanius ilichrourus et de VOntomela
karelini (4). L'Oiseau fut o])teiiu au mois de juillet sur la rivière
Keuderlick.
La description que le savant professeur de Moscou a faite de ce
curieux échantillon est la suivante. Nous la reproduisons textuelle-
ment sans la traduire en français (.'i):
« Adult malc. Crown of head and nape grey, which colour passes
into whitisli on Ihe forehead ; a luoad Une over the eye and ear-
coverts wiiite; a narrow frontal baod, lores and ear-coverts black;
back.scapulars, and lesser ving-covertsgrey, tinged wilh brownish
rufous; médian greater, and primary-i'ovei'ts, as well as the quills,
luown, priiuaries dark hrown towards the tips, with alar spéculum
more developed than on the wing of L. dichrourus; secondaries
narrowly edged with whitish; upjier tail-coverts rufous: tail-
fealhers rufous, with liie Jiasal portion of (lie iuuer web whitish
and dark bi'own towards the ti|)S edged with ociiraceous; central
pair of lail feathers dark jjiown, but whitish at the l)ase: under
(1) On trouve en grand nombre celle espèce en Kurope. nmis plus spéciiilenient
dans les montagnes du Kliorassan el dans les basses légions des montai,'nes du
Turliestan. Suivant le cours des rivières, elle descend dans les plaines de la dépres-
sion Aralo CaspiCDne (Communicalinn de M. Zaroudnoï).
(2) Nous ignorons lout à fait la validité de l'espèce dichrourus, que nous ne
connaissons point. Le croisement que nous signalons d'après M. Menzl)ier, doit-il
prendre place parmi les croisemenls entre espèces distinctes ou dans les croise-
ments de variétés '? Nous ne saurions le dire.
(3) Dans l'Ibis, 1804, vol. VI, pp. 318-38'».
(4) O. karelini est la même sous-espèce qu'O. romanovi ; (on l'a vu dans la
synonymie que nous venons de donner).
(.4) Le travail du piof. Menzbier est intitulé : « On soine new ur little-kiwun
Shrikes froni central Asia n.
ADDITIONS, COnnECTIONS ET EXAMENS D'aPUÈS NATURE Slij
pnrts nf l)0(ly wliitc, sli|,'lilly tini^'ed witli |i;iln liufï pink. Tlic spcci-
riieii dcscrihed is in the begiiiuiiiy of llie moult; soiue iicw iippor
ta ilco verts are viiiaceous rufous, and probably llie wbole o( thc
liody aliovo imisl lie. in llic frcsli pluiiKii;o, as daik as iu O.kari'linl.
Owiii^f to llic comliinatioii (if Cdloiiis jusl iiiciitioiiiicd, llic l)ii-(l is
perfectly iiitenuediate betweea A. rfjc/ij'ou/'Hs aud (). karclini. Tail
3 4 inches, \vin^^.'{ T.'i, Mil O.T.'i. Taisus 0.!). »
Il ne sera point sans intéivl de faire reinaniuer que M. Menzbier
suppose que beaucoup de Sbrikes, qu'il [lossède dans sa propre
eollection ou qui font partie de la collection du feu Doeliuir
Severlzow, sont le résultat d'un hybridisnie entre d'aulnes es|)éc(^s
bien déliuies. Ces Shrikes seront décrites et étudiées dans son
(( Ornitholoijir du Turkestan. d
Le Lanins laddei (Dress.) est, dans son opinion, un de ces bybrides
(( dans un pluniane très usé. h
Nous craignons fort qu'un grand nombre de ces bybrides n'ap
parlienneut à celte catégorie de formes mixtes qu'on ne saurait
en aucune manière, (qu'elles proviennent de réels croisements ou
qu'elles doivent plutôt leur plumage variée leur babitat), désigner
sous le nom de vrais bybrides, parce que les individus descjucls
elles proviennent api)aitieunent tous à la môme espèce.
Famille des Corvidés
Genre Corvus
CORVUS CORONE et COKVUS CORNIX
(Voy. p. iVa des Mém. i-t p. 398 du tirage à part).
Le croisement de res deux (iorneilles n'est [)Oint à uieiil ioniiri-,
nous l'iivons ilit, puis(|ue Ton ne |ienl plus jiujourd'bui consi
dérer les deux facteurs (|ui y prennent part comme des es|ièces
distinctes. Néanmoins, puisque nous avoas déjà enregistré des faits
de ce genre, nous continuerons, à titre de renseignement, àsignabir
les faits nouvellemeul observés et les ouvrages (|ui en parlent.
Nous pouvons citer dès à présent le « Waidmannsheil » (I),
Il VAuk » (2), la Faune des Vertébrés de Lakeland (3), le « Heimat » (4).
(t) Illusl. zpilshrift (ûr ,liii;il, Klajji-nlurl Léon n" l't. IS scplenil)ro 1890, p. 191.
(i) Numéro de juillel ISCi, p. 282.
(3) Par le Uév. Macplicrson. P. .\.\Xi, l'rolirgoiiiena.
(4) Kiel, 1892, p. Ou.
816 OISEAUX HYBRIDES REN'CONTUÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
M. Odoardo Ferragni nous a procuré un de ces hybrides; il en
possède un second ; les deux exemplaires ont été tués près de
Crémone (Italie). Le pasteur Lidiier vient d'en abattre un tout
dernièrement dans son propre jardin à Oslervvick. M. II. Tancré,
d'Anklan (l'oméranie), nous dit en avoir tué plusieurs fois. M. J. II.
B. Krohn, d'Hambourg, nous en a lui-même proposé. Enfin M. le
D'' H. Friedrich, deDesnan(district de l'Elbe) nousentretient encore
de tels croisements. Ces Oiseaux intermédiaires entre les deux
parents ne sont donc pas rares (1).
Nous avons été surpris en re.niarquant, pendant la semaine de
Pâques 18!'3, deux exemplaires de rornix, qui se trouvaient encore
errant à cette époque de l'année dans les plaines du pays de Caux,
entre St-Valéry et Veulettes-snr-Mer (Seine-Inférieure). Peut-on
supposer que ces Oiseaux aient niché dans le pays ? Dans ce cas, ils
auraient pu s'apparier avec des cnrone. — Etant depuis passé plu-
sieurs fois dans ces mêmes endroits, nous n'avons plus rien revu.
Famille des Melliphagidœ
Genre Creadion
Creadio.n' cauunculatus (2) X Creadion cinereus
M. Walter Buller, de Wellington (Nouvelle Zélande), nous écrit
que des hybrides sont produits à l'état sauvage entre le Creadion
caruncalatus et le Creadion cinereus. Nous ignorons si C. cinereus est
espèce distincte; du reste M. Walter Buller ne cite aucun exemple.
(1) Oiielques noiiveiles imlicatioiis sur leurs caracU'res ne seront point ici hors
d'à propos. Dans « Tlie verli'hnile Fauna nf Lakeland, » on dit que l'un des deu.x
exemplaires que l'on cite « nionhe une prépondérance du sani; de la Corneille man-
lelée », Cet Oiseau (ut tué à Waslwater. (Voy. : liirds nf Cumherland du même
auteur).— M. le D' H. Friedriih, de Dresnau, s'exprime ainsi au sujet de la coloration
des jeunes : « La couleur des jeunes est en partie un mélange des deux espèces
ou ressemble passablement plus à une espèce qu'à l'autre. » — M. le D' Krlcdrich^
qui demeure sur la ligne de démarcation des deux espèces (l'Elbe) est à même
d'observer chaque année leurs croisements. A cause des mélanges qu'elles con-
tractent, nous dil-il, rarement les Corneilles que l'on rencontre sont de la couleur
pure de l'un des parents; ceci peut se voir notamment à 1 époque de l'émigration
où le Corbeau gris du Nord passe en grande quantité dans ses environs. On remarque
alors aussitôt le gris, qui chez lui est très clair et bien pur. — Enfin le " lleimat »
elle un individu « qui est noir sur ses parties supérieures el gris en dessous. Le
même Oiseau porte une tache noire sur le devant de la poilrine, comme c'est le
cas pour la Nebelkràlte (C. Corni.r); mais celte tache n'est pas aussi bien accusée
(|ue chez ce type : « elh^ se fond dans la couleur grise (|ui l'entoure. ■■
(2) Synonymie : Gracula virescens, Creadion psuroides, Ictcrvs nnvw-zelan-
diœ, Icterus rufilorques.
ADDITIONS, COnnECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURi: ,Sl7
Famille des Icteridm
Genre Quiscala
Ql ISCALA OENEUS et (JlISr.ALA (JUISCALA ,
Ces deux formes ne pouvant aucunement être considérées comme
de l)onnes et valides espc'cos, mais devant (Hre rangées au nomliro
des races ou variétés d'une même souclie, nous n'avons point
entrepris la lecture du mémoire (jue M. Frank. M. Chapman a écrit
sur IiMirs inicriiiédiaires (ij; uous avons seulement consulté une
analyse de ce travail qui a été faite dans l'Auk (2) par M. C. V.
Batchelder, letiuel a (-té assez gracieux pour nous envoyer son
travail.
Il eu ressort (|ue plus de huit cents peaux de Cailles des types
œnem, œglœus et quiscala ont été examinées par M. Chapman. Le
parcours du type œneus s'étend du Texas et de la Louisiane au grand
lac Slave, et des pentes orientales des Montagnes Rocheuses aux
pentes occidentales des AUeghanies ; tandis que du Massachusetts
à la .NovaScotia ce parcours atteint le bord de l'.Vllantique.
(Jitiscahis quisraladfilœus est lypi((uement représenté de la Nou
velle-Orléans à Charleston, et, vers le sud, au point extrême de la
péninsule de la Kloride.
Quiscalus quiscala se rencontre de la limite septentrionale du
parcours d'aglœus, au nord, à la limite méridionale du parcours
dVnci/.<;, dans le basConnecticut et la vallée de la rivière d'Hudson.
Des [jhases dillérentes semblent allecter tour à tour un ou plu-
sieurs de ces types. Dans une série de trois à quatre cents spéci-
mens, M. Chapman a pu remarquer une gradation parfaitement
régulière i.Va(jliPus (première pliase) vers œneus. Ses conclusions
sont les suivantes : Quiscalus œneus, dans un parcours qui s'étend
de la vallée de Uio-Grande à l'Amérique britannique et au New-
Brunswick, varie en coloris; il « intergrades » avec Quiscalus quiscala,
au moins de la Peusylvauie au .Massachusetts. Quant à (Juiscalus
quiscala, il prend trois formes de coloris.
Les alliances de quiscala et d'œneus ne sont pas exactement con-
nues dans la vallée du Bas Mississipi, et au nord, le long des Alle-
(l| ICIiide préliminaire ilcs drnckldi du Sdiis-griiri' OHi'xrn/Hs (Riill. du Miispe
américain (rilisluire nal . pp. 1-20, ii" I. IV, frvricr \>i'.)i.
(2) I'. tW. IX, apiil l.sili.
818 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
ghanies à la Pensylvanie. Dans les Alleghanies de Pensylvanie,
dans la vallée d'Hudsou, de Sing Sing à Trog, dans la Long Island
orieutale, dans le Connecticut et dans le Massacliusells jusqu'au
nord de Cambridge, quiscala et œneus « iutergrade » complètement.
Cette gradation est, dans chaque cas, accomplie dans la première
phase de quiscala.
Les diflérences de taille qui existent entre les trois formes sont
trop légères pour être de valeur diagnostatique. Qnisculus œneus
montre une légère augmeiitation de taille vers le nord; mais celte
augmentation n'est pas régulière. Il par;:îl être un Oiseau plus petit
que quiscala, quoiqu'avec le tarse légèrement plus long. Dans
aglœus et quiscala, ou trouve environ, en passant du sud au nord,
la môme augmentation de taille que chez le précédent; l'aile et la
queue deviennent plus longues, le bec plus fort, etc.
M. Chapman admettrait que l'hybridité est la vraie cause de la
gradation qui existe entre œneus et quiscala; il considérerait comme
impossible le cas de variations géographiques, car il pense qu'il
est contraire aux lois connues de variation géographique qu'une
forme comme œneus, aussi constante sur une grande surface,
puisse se changer brusquement dans une forme différente comme
est celle de quiscala.
M. Batchelder remarque que la théorie de l'hybridité est difïïcile
à admettre. Selon cette théorie, le sang d'œneus se serait mélangé
avec le sang de quiscala dans un degré plus ou moins grand. Mais
pourquoi ce sang de quiscala aurait-il pénétré dans presque tout
l'habitat de l'Oiseau, alors que le territoire d'tt'/icKS n'a point été
envahi par l'autre sang? Si l'hybridation s'était avancée sur une
telle échelle, on pourrait s'attendre à voir, au moins de temps à
autre, quelques traces du sang de quiscala se montrant dans la
grande étendue du pays qu'œneus habite ; or. de tels mélanges
n'apparaissent pas.
Nous ne faisons bien entendu que donner ici quelques extraits
de l'analyse de M. iBalchelder sans prendre part à la discussion
qu'il a engagée, car nous ne possédons aucun des éléments néces-
saires au débat.
PaRADISEA APODA el PaRADISEA RAtiCIAXA
(.Se reporter p. 413 ou p. 487 des Mém. de la Soc. Zool., 18'.)2|.
Ou se rappelle que dix-neuf échantillons à caractères mélangés
avaient été rapportés du fleuve Fly par M. Louis d'AIbertis.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMKNS d'aI'UÈS NATURE 819
Douze (le ces spécimeus, conservés au Museo cicico di Storia natu-
rn/p de GOnes, nous ont été si'i'cieusemeiit communiqués par le
!)■■ Gestro (1|. Deux autres, qui se trouvent au Musée municipal de
Milan, ont été peints pour nous par M. le prof. Giacinto Martorelli (2).
Nous avons été au Muséum de Paris examiner un quinzième
échantillon : ainsi presque tous les sujets rapportés du fleuve Kly
par l'intrépide explorateur nous sont maintenant bien connus.
Voici, avec quelques détails, la description des douze premiers:
MAi.ES ADi'LTEs EN NOCES. — N" 383, 60 pcuu. L'Oiscau porte la
mention suivante : (( Hab. Fly river, N. G. centrale, 27. 7. 77 ;
bccco, grigio perlo (gris perle) : occhi giallo vcrdoijrigi (jaune d'un
vert grisi ; piedi, plumbeo rossicio (tirant sur le rouge |)lomli). » —
Sa longueiu- totale est actucllonuMit de 0,430.
Nous avons compté à la queue douze rectrices, (les deux médianes
du dessus sont en filets); à l'aile gauche et à l'aile droite vingt (?)
rémiges , la sixième primaire est la plus longue.
Le plastron est 1res mal délini; il se confond avec la teinte qui
le suit en dessous; les parties inférieures du corps .sont assez fon-
cées. On n'aperçoit pas sur le dos antérieur de rellels dorés. Les
parements sont longs et l'une belle couleur jaune doré, blancliis-
sant près des flancs, se viola(.ant aux deux tiers de la plume jusqu'à
son extrémité ; les barbes s'espacent très largement vers la fin de la
tige ([u'elles laissent complètement nue ; celle-ci est jaune pâle ou
violacé. En dessus, les parements sont d'un violacé vineux blan-
châtre. Aucune apparence de barre jaune n'existe sur les couver-
tures de l'aile; à peine si l'on voit une trace de collier de chaque
côté du cou vers le jaune, laquelle c<mleur s'arrête presque brus-
quement court à la naissance du dos.
.\" GUO, en peau. Sur réliquette on lit : « Hab. Fly river, .N. G.
centrale, 8.9.77 . occhi (jinllo verdr (jaune vert) ; piedi plumheo
rossicio (tirant sur le rouge plombé). » Longueur totale (actuelle),
0.398.
La pièce ne doit plus avoir sa longueur naturelle; le montage
du cou ne semble pas normal ; on ne C(mipte, en effet, de la pointe
du bec à l'extrémité des rémiges que (),2i8. La queue elle-même
pai-aît rai-courcie; il man(|ue i)lusieurs rectrices. On compte à l'aile
dix-huit rémiges (du cùlé gauche); les primaires grandissent jus-
qu'à la sixième ; la première est très courte comme chez le n° 383.
(1) Cf sont les N"383, roO, WS, 7f>3. 479. «0 ( -• jmI. en noces); bW, 75 (c* ad.
sans pairmcnls): i.aJ, .WJ (:•» ],:n.); 388, oo4 (J).
(2) Ils |>orli'nl les N- IH.OS'J, 18,lii7.
820 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
A la queue on compte douze rectrices ; les deux médianes sont
en filets très minces. Peut être existe t il sur les ailes un indice
de la barre jaune propre à raggiann, mais il est nécessaire de
la deviner. Le plastron foncé est mal défini, quoique mieux déli-
mité que chez le précédent. Le dessus du dos est comme lavé
de doré, cela d'une manière presque imperceptible. Le jaune du
dessus du cou s'arrête très nettement à la naissance du dos, plus
nettement que chez le N" .'iS.'J. Les parements sont, en dessous,
d'un beau jauue doré semblable à ceux de ce dernier numéro; ils
sont clairs au début, notamment près dos flancs ; ils se violacent
aux deux tiers de leur longueur vers l'extrémité, mais d'une ma-
nière plus claire, plus blanchâtre que chez le préci'dent. Eu dessus,
les plumes sont violacé blanchâtre ; les barbes sont bien déliées
vers l'extrémité et laissant les tiges nues. 11 existe une apparence
de collier de chaque côté du cou (le milieu du cou en est dépourvu);
cela d'une manière légèrement plus accentuée que chez le N" 383.
Les parures des flancs sont plus courtes que chez ce numéro. Le
dessus du dos est d'un brun chocolat violacé vineux, moins vif
que chez la pièce 383.
N" 466, en peau. Etiquette : « Hab. Fly river, \. G. 15.8.77.
Becco grigio perlo ; occhi gialli (jaunes) ; piedi plumbeo rossicio (tirant
sur le rouge |)lomb). » — Longueur totale (actuelle), 0,433.
A l'aile, de chaque côté, on compte vingt (?) rémiges, la sixième
est la plus longue, la première est très courte. Les longues plumes
des flancs sont jaune orangé vers le milieu, plus claires au début,
se violavant aux deux tiers de leur longueur vers l'extrémité; (ce
violacé est mélangé plutôt de jaunâtre que de blanchâtre, comme
cela se produit chez les nuuK'ros 383 et 600). Le jaune du dessus du
cou ne se termine pas franchement ; il s'atténue et se perd sur le
brun du dos, sans toutefois former aucune apparence de camail.
Le collier se voit davantage que dans le N" 600 ; il borde presque
entièrement le vert de la gorge, mais très peu, vers le milieu; on
voit sur les couvertures de l'aile une raie jaune assez mal définie;
le plastron lui luéme n'est point bien défini, quoiqu'il soit assez
foncé.
N" 763, en peau. Etiquette : « Hab. Fly river N. G. centrale,
25.10.77. Becco perlo, ocrlii gialli (jaunes) ; pi cil i plumbeo rossicio. »
Longueur totale (actuelle), 0,420.
Dix-neuf rémiges (?). la première est la plus courte, la sixième
est la plus longue. Poitrail mieux défini que chez le N" 466 ; la
couleur orangé foncé des parements se brunit et se violacé comme
ADDITIONS, CORRECTIONS KT EXAMENS d'APRÈS NATURE 821
de l'OuUiiiie, r'esl-à-dire que cela arrive aux ileux tiers de la lon-
gueur des itluiues et vers leur exlréuiité ; mais le violacé du dessus
paraît se prononcer davantafje et les parements sont relativement
courts. Les barbes sont déliées, moins toutefois (|ueche/. les X"^ 383,
G(K) et 4()G; la tige est nue à la fin. Il existe une barre sur les cou
vertures d(( l'aile: celte barre est peu vive; elle est légèrement
plus large vers l'épaule que cbez le \" 466. Le brun chocolat du
dessus du dos est vif; sur le dos antérieur on voit comme un reflet
doré. Le jaune du dessus du cou s'arrête à la naissance du dos. Le
collier jaune atteint tout le devant de la gorge ; le jaune est blau
châtre.
N" M\). en peau. Etiquette : « Ilab. Fly river, .\. (1. centrale
18.8.77. Ilecro (jrùjio jierlo (gris pei'le) ; occliujiallo verdofjnolo (jaune
verdûtre) ; piedi pluinbeo (o(jg.?] rossicio. » — Longueur totale
(actuelle) 0.410.
Douze rectrices, vingt rémiges (?) s'étageant, comme à l'ordi-
naire, du côté droit; il en existe dix-huit seulement du côté gauche.
Les parements sont en dessous orangé foncé, violacé blanchâtre
vers l'extrémité, eu dessus violacé fade, mais foncé relativement
au N" 763. Us sont très fournis et longs ; ils paraissent moins
déliés que chez les précédents exemplaires. Le plastron s'annonce
franchcmeiil, c'est à dire qu'il est assez bien limité. .Vu cou existe
un véritable collier, mais moins fort que chez raygiana. On voit
seulement une a|)parence de la raie jaune sur les couvertures des
ailes. Le jaune du dessus du cou est assez bien limité. Le dessus
du dos montre des reflets dorés très légers; la couleur brune du
dessus est celle du précédent, un peu plus claire sur les pennes
des ailes.
N" tôO, eu peau. Etiquette: « cT Hab. Fly river, \. G. centrale
4.8.77 Bccco griijio peiio ; occhi gialli Ivaenlial verdognula (jauni;
tirant sur le verdàtre) ; p/er//, p/f/niftfo rossicio (tirant sur le rouge
plomb). >i — Longueur totale (actuelle), O..T.)0.
Vingt (?) pennes à l'aile; la sixième, la plus longue; neuf rectrices
seulement à la queue. L'Oiseau est de plus petites dimensions que
tous les précédents. Le poitrail assez biendélini; les parements sont
très rouges, ils approchent du ton de raggiana; ces parements sont
courts et les plus courts de tous; les barbes sont très déliées. Le
collier est d'un jaunâtre prononcé; une belle bande jaune se voit
sur les couvertures de l'aile. Le jaune du dessus du cou s'arrête
court à la naissance du dOs. La couleur brune des parties supé-
rieures est plus vive que chez les numéros précédents.
822 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
Dans tous ces exemplaires, la tige des longues plumes des flancs
est plus claire que la barbe, notamment au début; elle se fonce
en orangé à mesure que la barbe se fonce elle-même. La couleur
du dessus est assez violacée, vive et peu claire, comme chez les
exemplaires cT sans parements qui vont suivre.
MALES ADULTES SANS PAREMENTS. — N» 545, en pcau. L'Oiseau porte
celte mention : « Viaggo d'Albortis, 1877, N° 54."), cT- Becco perlo :
occhi giallo verdognolo (j:iuiie verdàtre) ; picdi, phniibeo rossicio (tirant
sur le rouge plomb) : si nuire di frutti. Hab. Fly river. N. G. cent.
28.8.77. » — Longueur totale (actuelle) 0.426.
Aile, 0.11)7 ; douze lectrices, dont deux en tilets; dix-huit (?)
rémiges du côté droit : la première très courte, les autres s'allongent
jusqu'à la cinquième et diminuent à la septième; dix-huit ('.') du
côté gauche : la première très courte, s'étageant au moins jusqu'à
la cinquième. Pas de parements, le bleu du bec est assez foncé;
gorge bien verte. On n'aperçoit aucune trace de la bande jaune
sur les couvertures des ailes. Le dessus de la tête et du cou sont
jaune vif; le jaune parait s'arrêter assez court à la naissance du
dos, (à celte place l'Oiseau est détérioré). Cependant, autant qu'on
en peut juger, le commencement du brun du dos a pu être lavé de
jaune. Il existe une apparence très faible de collier naissant; le
plastron de velours est bien visible, mais mal limité; le dessous de
l'Oiseau est assez clair. Sur le dos il est brun chocolat violacé
(comme le sont les rémiges et les rectrices), mais sur cette partie
on aperçoit comme un lavage de jaune roux fort peu sensible
s'avançant jusque sur les couvertures.
N" 7o, en peau. L'Oiseau porte cette mention : « Viaggo d'Albertis,
1876, N° 75, ff. Bcrco cjrigio ftcrUf.occhi gialli (jaunes) ; piedi plumhfo
romccio ; si autre di frutti. Ilaii. Alice R. N. G. Hoplio? (illisible). »
— Longueur totale (actuelle), 0.414.
Vingt (?) rémiges du côté droit, vingt (?) rémiges du côté gauche :
lapremière, la plus courte, se prolongeant en grandissant jusqu'àla
sixième du côté droit, jusqu'à la cinquième du côté gauche, dimi-
nuant à la septième. Douze rectrices ; les deux médianes de dessous
se prolongent en filets. Le jaune du dessus du cou paraît s'arrêter
court à la naissance du dos. Le dessus du dos est très jaunâtre doré ;
ce jaunâtre se prolonge même jusque sur la croupe, mais à l'état
de reflets dorés. Le plastron est mal limité, quoiqu'assez foncé. 11
n'existe pas de trace bien nette du collier, mais le brun s'êclaircit
par places vers le vert de la gorge, bordant cette couleur régulière-
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE S23
meut. Aucune trace de la bantle jaune de l'aile u'appiimit; mais les
rellels du jauuedoré du dos s'étendent sur les couvertures des ailes.
M.\LES JEUNES. — N" 55.'5, BU |)eau. Sur l'éliquelteon lit : a Viaggo
d'Aliterlis, 1877, N" ."i.'iS. liixru perla: occhi giallo vrrdaslru (jaune
verdàtre) ; piedi plumbeo rossiccio : si nutri di frulli. Hab. Fly
livcr. )i — Longueur larlucllc), ().;{97; aile, 0.200.
Onze (?) rectrices seulement ; les deu.x médianes de dessus ne se
prolongent pas en filets, mais sont garnies de barbes étroites dépas-
sant les autres plumes et se terminent en pointes. Di.x-liuit (?)
rémiges du ciHé droit, la première beaucoup plus courte que les
autres, semblant grandir jusqu'à la sixième, (la cinquième est peut-
être cassée), diminuant à la septième; dix huit (?) du cùtégauciie,
grandissant île la première à la .sixième. Toutes les plumes du
dessus de la tète et du cou manquent; elles paraissent avoir été de
couleur brune comme le reste du corps; mais, vers le front et les
yeux, on aperi;oil liu jaune. Le vert tlo la gorge est mal limité ; à la
place du collier se montrent seulement trois petites plumes courtes
un peu claires, et indiquant saus doute la naissance du collier (]ui
nianiiue. Le plastron est mal déllui; le dessous du ventre est comme
chez le N" ë'iii et comme chez le N" .'iOl», dont la description va
suivre. Le dessus du dos est teinté d'un peu de doié. Le bec est
moins foncé que chez les N»' oV6, '.iOi) et 7o.
.N" 3U9, très avancé, presque adulte. Sur l'étiquette ou lit: « Viaggo
d'.Albertis, 1877, K" 'dO\). Beccu ijrigio }jerla ; occhi giallu ccrdogiiulu
(laviae widîïlre); piedi plumbeo rossoslro (couleur de [domb lou-
geàtre) : si nutre di [rutti. Hab. Fly river, N. G. centrale, 17.7.77. »
Longueur totale, 0,420; aile, 0,1118.
Le sexe n'est pas indiqué, mais c'est un mâle, évidemment.
Dix-huit (?) rémiges du cùté droit, la première beaucoup plus
courte que les pennes suivantes qui s'allongent peu à peu jusqu'à
la sixième, et diminuent à la septième; dix-huit rémiges du cùté
gauche, grandissant jusqu'à la sixième. Douze rectrices; les deux
médianes de dessus se prolongent presque eu filets au-delà des
autres; mais à l'extrémité la barbe devient plus large et forme plume.
A leur naissance, presqu'à la lin des autres rectrices, les tiges
sont encore pourvues de leurs barbes, et même la partie nue, assez
courte, est eu (luchiue sorte garnie de barbes fines, mais très courtes.
Le dessus du cou est un peu détérioré; les plumes qui restent sont
fortement mélangées de brun et de jaune, (elles montrent que le
dessus du cou n'était plus entièrement jaune vers le front); la tête
du reste est seule entièrement jaune, et jaune foncé doré ainsi que
824 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
le côté supérieur des joues. Sur le devant du cou, il existe une appa-
rence de collier peu réguliei'; le plastron est très foncé; mais,
quoique mal limité, il est entouré d'une espèce d'auréole qui rappelle
raggiana; le ventre est d'un rougeàtre vineux et assez foncé. Sur le
dessus du dos, notamment vers le milieu, on aperçoit facilement des
reflets dorés. Pas de trace de bande sur les couvertures des ailes,
maisil existe comme des reflets dorés rougeâtres sur ces couvertures.
FEMELLES. — N° 388, cu pcau. Sur l'étiquette on lit : « Brrco perla:
occhi verdognolo (verdàtre) ; piedi plumheo chiaro ; si nuire di friitti.
Hab. — Fly river, N.G. centrale, 28.8.77.» Longueur totale (actuelle)
0.350; aile 0.188.
L'Oiseau a douze rectrices, les deux supérieures du milieu sont
étroites; elles ne dépassent pas les autres. Ou compte dix-
neuf (?) rémiges du côté gauche. Le milieu du front, vers la nuque,
commence à jaunir, ainsi que tout le dessus du cou. Ce jaune paraît
avoir été très mélangé et de couleur sombre, si l'on en juge par les
plumes encore existantes, car le dessus de la tète et du cou sont
dépourvus de plumes. Le jaune du cou semble s'arrêter court;
néanmoins, tout le dessus du dos est comme doré. Le plastron est
mal défini, quoique le ventre soit assez clair. La teinte des parties
inférieures et la teinte de la queue sont assez claires, plus que
chez un raggiana Ç de notre collection. La gorge est moins foncée
que chez deux femelles raggiana actuellement entre nos mains.
No 534, 9, en peau, (plus grande que la précédente). Sur l'étiquette
on lit : « Bccco perla ; occhi giallo cerdognolo (jaune grisâtre) ; piedi
plambeo; si nuire di frutti. Hab. Fly river, N. G. centrale, 29.8.77.»
— Longueur totale, 0.391 ; aile (actuellement) 0.187.
Tout le dessus du cou et de la nuque sont déplumés: on ne peut
plus apercevoir que quelques plumes jaunâtre verdàtre sur cette
dernière partie. Il existe une trace de collier assez large, bien indi.
quée par des points blanc jaune gris. Le plastron est mieux délimité
que chez la pièce précédente, mais il est très court et fort peu
développé, par consétiuent. Le violacé clair du dessous du corps
reproduit la teinte de raggiana. Le dessus du dos montre quelques
reflets dorés.
Distribution géographique
L'indication des distances où M. d'Albertis observa les Paradisiers
à caractères mélangés est donnée dans le mémoire de M. le comte
Salvador! (1). Ces Oiseaux furent tués à 200, 350, 400, 420 et 430 m.
(1) Annali del Museo civico di Sloria naturale di Genova .
ADDITIONS, CORUKCTIONS KT KXA.MKNS d'aI'UKS NATIMIK Hf.\
du Pnrl Morfsliy ou de remlioiicliuii' du llcuve Kly li), llcuve sur
les hords duquel ils ont lous l'tc recueillis, à rexceptiou tl'uiie
pièce qui est indiquée comme pioveiMiit de la rivière Alice (petit
allluent situé à \n hauteur extri^ine du lleuve): c'est le; mâle adulte
sans parements (|ui a été décrit.
Nous avons relevé soigueusemeal dans rouvra},'e de M. d'AI-
bertis(2i li!S passages où il parle de ces précieux spécimens.
C'est d'abord entre le 11 et le 18 aoiU IS77 (ju'il en est question.
M. d'Allierlis était à ce moment redescendu le lleuve (environ i.okil.
a|>rès le point Smake ou plus) {',^]. La capture la plus importante que
lit le voyageur est un mâle de Paradisier, » le(]uel, dil il, semhie
être le /'. nn/i/Kinii. avec (|uel(|ues dilTérences dans la couleur jau-
nâtre des (iirures des 11 mes et dont les yeux sont verdàtres. » Dans
les foii'ls où il tdl tué habitent le /'. «/(t»(/« et le /'. raniiKiiKi. {i).
Le, '^2. du même mois, les eaux baissant l'ayant forcé à rélrogra
(1er, il obtint, après avoir ancré sa chaloupe à l'emboucliure d'un
ruisseau, quelques spécimens de l'.irailineti raijiiianii et de /'. (tjiodn,
et plusieurs Oiseaux sembl.iiilèlre des liybriiles des deux espèces(.'i|.
Pendant la même semaine, il découvrit un exemplaire (jui lui
parut concluant et ne douta plus du croisement des deux types (6).
Le 31, ayant encore descendu le lleuve, et les eaux baissant tou-
jours, il obtint (|ueli(ues nouveaux exem[ilaires pouvant, dit-il,
représenter l'hybride d'apo'la et de ragi/iditti; d'où il conclut déci-
ib'inent, vu la [réi|uence de ces reuconires et les milieux occupi's
parcesdiseaux.quelefait de l'hybridation (■'taitréelleiiientétabli(7l.
Le 13 octobre, ayant pu remonter le Kly et étant arrive au [)oint
louché en 1877, il trouva encore le l'aradisier » doiibtful », Iteiine
dont il se sert pour désigner les pièces (|u'il croit hybrides) (8).
Tom, l'un des hommes de ré(|uipage, lui apporta dans l'après-
diuée de ce jour de ces Oiseaux à caractères mélangi-s (!)).
(1) Nous ne saurions mieux préciser.
|2) La ^Ollvelle (^uince.
(!i) Nous n'iivons |ui nous nndre un compte exact du lieu où éUiil raclée la
Neva, petite l>ari|ue i\ vapeur sur lai|uelle l'e.\ploraleur navi);uail. (Voy. à ce sujet
p. 2S<i el p. Kl 4 lie la liailuclion française).
(4) P. 2λ). t. Il (et p. :tl7 de la liad.).
(5) I'. 2".t1. l. 11.
(G) P. -m. t. II.
(7) P. 29(). t. II.
(8) P. :J22, I. II.
(9) P. :)*4, I. Il (el p. SItide la Irad. IraBv).
826 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Il ressort très claireinenl des i'ens('i;;nements donnés par
M. d'Alberlis sur l'habitat du P. apoila var. nowijuinœ et du
P. raf/ytana, que les hybrides, ou tout au moins les Oiseaux que ce
voyageur et M. Salvadori ont considérés comme tels, se trouvent
dans des endroits fié([uentés par les deux espèces; on jjourrait même
presque dire là seulement et non ailleurs ( 1), ce qui ajoute une vrai-
semblance de plus en faveur de l'origine mélangée qu'on leur suppose.
Nous avouons cependant notre i;rand embarras pour déterminer
ces Oiseaux à caractères mixtes (pii ne |)araisseut point avoir
été rencontrés de nouveau (i). Ils offrent une gradation si régu-
lière de passage entre les divers caractères tVapoda et ceux de
mijifiaiia, une tusion telle, on peut le dire, qu'ils apparaissentcomme
de véritables phases de développement d'un type à l'autre, et non
comme de vrais hybrides, dont les caractères ne se présentent point
ordinairement ainsi, pensons-nous.
Nous avons procédé à un examen très attentif de ces Oiseaux
vraiment curieux et, afin de bien les déterminer, nous avons étudié
avec soin les difïéreutes formes qui rom|)Oseut le genre P(i/rt(/ùefl.
Déjà, dans notre précédent article, nous avions envisagé les
relations qui existent entre les types aiioiln, minor, raiji/iana et
ruhin; nous avions aussi noté les ditlérences que ces espèces pré-
sentent entre elles, notamment dans la distribution du jaune et la
coloration desicnguesplumesdestlancs; ces deux caractères servent.
en effet, à les distinguer, la <'0uleur du fond, le brun violacé,
étant à peu près la même chez tous, ainsi que le vert émeraude de
la gorge, (quoique ce vert soit plus étendu chez la dernière espèce).
Nous avons repris cette étude à l'aide d'un matériel nombreux de
piècesde comparaison; (la |)luparl de ces pièces nous ont été prêtées
avec beaucoup de bienveillance par les Musées de Rouen, de Caen,
du Havre, de Gênes (Italie), le laboratoire du Muséum de Paris et
divers naturalistes français et étrangers). Nous avons aussi fait
(1) Ainsi que nous nous en sonimes rendu coniple en dressant une carte scogra-
pliique ; nous nous proposons de publier celle carie ultérieurement dans une
élude plus complète sur les Parasidiers du fleuve Fly.
(2) Le llcuve Fly a cependant élé remonté par M. Mac (iregor; un autre lleiive,
le Palnier, a été découvert par celui-ci au dessus de la rivière Alice, près des Monis
Victor-Emmanuel. Plus bas, le Strickland, vaste rivière, allluent du Fly, a élé
visité par le cap EveriU. Le cap. Slracban a lui-même exploré une contrée étendue
avoisinant lemboucliure du fleuve Fly. Mais aucun nouvel exemplaire hybride n'a
élé rapporté de ces explorations; nous pensons que la variété iioi'(r-giiinir n'a point
élé non plus obtenue. Nous nous sommes livré à de très longues recherches pour
ubtenir ces quelques indications.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET KXAMKNS D APRES NATURE 82/
port(>r nos obsiirvations sur It^ lypp nuiiustir-rirtnrid' (\u\ n'iMait
point cncoïc connu lorsqui' li'S l'aradisicis à caraclèrcs mélangés
furent découverts par M. d'Albcrlis. Il est fort remarquable que
ce type montre dans la nuance orani;é foncé de ses [)arements un
caractère vraiment intermédiaire entre lesesjjèces apoilm-l riiiii/iana.
On peut remarquer aussi que parmi les soi-disant hybrides en
costume de noces, il se trouve quelques individus présentant dans
leurs parures une teinte identiqui' à celle lïnugjtxlif-cictoria'. On
ne saurait cependant admettre (|ue la nouvelle forine tire son
origine des deux espèces dont il présente les teintes mélangées,
car il ollre dans le jaune des parties du dessus (dos et couvertures
des ailes et méinc^ sur la cioupe), une disposition particulière qui
lui appartient en propre. Un ne saurait davantage admettre la
descendance des hybrides de ce type, car la disposition du vête-
ment jaune n'est jamais rappelée chez eux, même de loin.
Le genre l'aratliscii est encore composé, on le sait, de trois autres
espèces ; celles ci, que l'on nomme P. (juilielmi, P. décora et P. rudol-
phi, ditîèreni d'une manière notable de celles (]iie nous avons nom
mées juscjualors ; le peu de longueur des parures des lianes, la
manière très espacée dont la barbe s'attache aux tiges, donnent à
/'. guilii'lini et à /». ilc-orn un faciès à iiai'l. sans parler de la
disposition du vert sous la gorge qui s'avance très avant vers la
poitrine de celui là. /'. nulolphi est d'une couleur très différente de
ses congénères; nous ne saurions du reste en parler (1).
Nous avons donc écarté ces trois dernièies espèces de notre exa-
men, tout au moins ne les avons nous étudiées que très sommai-
rement. .N'oublions point de dire que deux espèces qui ont été
nommées, le /'. iiiltiar et le /'. apoila. ont l(^urs races ou variétés,
c'est-à-dire : /'. jinxchi et P. mariœ se rattachant à l'espèce minor, et
/'. nova; ijuinit A l'espèce apnda. C'est de cette dernière variété,
rencontrée sur le Fly |iar le voyageur d'.VIbertis, que descendraient
les dix neuf individus mélangés que nous étudions (2).
Nous ne i-endrons point compte des comparaisons que nous
avons établies entre les diverses espèces du genre Paraf/!S<''(; cela
nous entraînerait beau<'oup Ii0|i loin. .Nous publierons séparément
(1) Cello espèce ne paraît èlre connue que par «luelques rares exemplaires, dunl
un m:\le et une (enialle ont ëlé décrits pour la première lois dans u Zeitschi'ift fur
die gesamnente ornithologie n, (II, 188i>, p. 3H-39), par MM. Kinsch et Meyer i.
Une planche coloriée accompagne leur description.
(2i Au moment où on imprime ces lipnes, nous recevons le « report » de M. de
Vis sur des Oiseaux obtenus dans la Nouvelle-fniinée anglaise. Dans ce « re|>ort »
tiijure une nouvelle os|i^>ce, le l'arasideu interiiiedid, dont nous parlerons bientôt.
828 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
ce triivail, d'où il lessoil qvw ce soûl leS"lypes «po'/i/ el raijijiaiKi qui
se liipiiroclieiU le plus des si)(''(,'imens considérés comme liybrides
par iMiM. d'Albeilis et Salvadoii ; que, par conséquent, ce sont ces
deux espèces, comme nous le disions, qui, dans l'hypotlièse d'un
croisement, doivent être considérées comme les projiéni leurs des
hybrides, (pioique aiti/Hstœ-iictoria' . on l'a remart|ué, présente
presque complètement, i)ar la coloration de ses parements, la teinte
orangée de plusieurs des pièces considérées comme mélangées.
Il résulte aussi des premières descriptions cpie la séparation du
type apudd d'avec le type rani/ldua consiste, chez les mâles en noces,
dans les caractères suivants dont les trois premiers peuvent être
considérés comme principaux à cause de leur netteté et de la
facilité qui existe à les appréciei': ce sont : 1" la teinte des pare-
ments, jaune chez (ijtoda, rouge île brique vif, même sanguin chez
rofigiana; 2» la suppression complète du collier jaune chez apoiia
([ui existe d'une manière très prononcée chez ra/z^/u/w; 3" l'absence
de la barre jaune qui traverse les couvertures du premier, barre ou
bande qui apparaît constamment, chez le second.
En dehors de ces trois caractères de dilTérenciation très faciles
à reconnaître, il en existe également ([uatre autres, mais d'une
appréciation plus dilTicile et probablement aussi d'une régularité
moins absolue. Ils consistent dans : 1" la délimitation du plastion
beaucoup plus nette chez /•«(/(//«»« que chez apoda ; 2" dans l'allai-
blissement du brun violacé des parties inférieures chez mrii/idna ;
3° dans la taille plus grande cVapoita (1); 4" enfin dans la longueur
plus considérable des parements de celui ci.
Chez les mâles raiigiami., non adultes, leur distinction s'établit
par l'existence plus ou moins prononcée du collier dont sera tou-
jours privé apodn, même en vieillissant; la délimitation et l'obscu-
rité du plastron plus accentuées que chez apoda servent encore à
les reconnaître, ainsi que la teinte claire des parties de dessous.
Leur taille est moindre, on l'a dit.
Chez les femelles, la distinction du type raggiana du type apoda
se fait par l'absence de tout jaune sur celle-ci ; l'existence, au con-
traire, d'un jaune verdâtre sur la nuque de celle-là qui, en outre,
est de faille plus petite et porte devant la gorge une trace de collier
formé de petits pointillés extrêmement tins el de couleur blanc
jaunâtre.
Il est remarcjuable que les apoda purs du fleuve Fly tendent vers
(1) Nous ne parlons ici que de l'ajwda des îles Arou,oar la variélé du fleuve Fly,
(la var. novœ gtiinœ], ne serait point beaucoup plus grande que l'espèce raggiana.
ADDITIONS, COBRECTIONS ET KXAMENS d'aPHÈS NATURE 829
raiiiiitina par la (liiiiinutioii de leur taille, sans doute aussi par
celle de leurs pnreiiieuts (I), de même par les reflets dorés que l'on
aperçoit surledoset sur les couveiUires des ailes (:J). MM. d'Alherlis
et Salvadori se sont môme demandé si, à cause de ces earactères,
les iipoihi du tleuve Fly peuvent ètie identilh-s à leurs couijénères
des îles Arou (3l ?
Celte tendance'qu'onl les uiioila à se ra-jprochei- du type raijijiuiui
dans les contrées liai)itées i)iir ce dernier sembleraient montrer que
les ditlérences qui séparent les deux Oiseaux sont dues à des
iniluences clinialéri(|ues, au régime ou à l'habitat; l'existence
d'individus intermédiaires ajoute une vraisemblance de plus à
celte hypothèse. Cependant, il existe un caractère tellement Iran-
clié, le collier, que cette hypothèse ne paraît pas admissible.
Mais nous avons à nous occuper ici des Oiseaux à caractères
mélangés. Si ceux-ci. disions nous en commençaul. proviennent
d'un croisement, présenteraient ils tous ou |n-esque tous, comme
nous l'avons fail remarquer, une fusion ou gradation absolument
résidicre dans l'accroissement ou la diminution de leurs caractères
ditlérentiels principaux et même souvent de leurs carai-lères
secondaires ?
Ne prenant en considération pour le moment (jue les mâles en
noces (craifiuant (|ue les comparaisons que nous d('^sirons établir ne
devienneiil trop dillitiles chez les mâles non <'omplètement habillés,
ceux ci ne j)ouvant pn-senter qu'un mélange de caractères encore
mal définis), nous lemarqm'rons facilenu'iit cette gradation régu-
lière dans la croissance ou la décroissance des caractères'qui dillé-
rencienl les deux espèces pures.
(Jue l'dM examine attentiven)enl les six spécimens en noces qui
nous ont été si obligeamment prêtés par M. le D' Cestro, ou verra
que, soil qu'ils se rapprochent du type apoda, S(jit (ju'ils s'en
éloignent en tendant vers nigi/hina, tous les caractères principaux,
et même ceux que nous aiipelons secondaires, à cause de leur
nioindrt^ importance, simf parfailemeut fusionnés et suivent une
marche progressive ou dépressive ; aucune dispropoition n'existe
(i) M. le \y <ipslrii ii'ii point vu ili- dilli'ienci's apprécialjles piilre les pareiiienis
de ces iipixld el les |iarcmiTils de ragaiiinn.
(2i Si ri^t-lli'tni'nl rmjgiiinn ciionlri" ccUi' piiiliriilniilo, rcMiime mius le priisons,
et si les apiiila ilrs îles Aïoii en sunt privés ; dernirr point (|iie nous ne pouvons
préciser ri;.'Oiireiisenienl.
['.i] ,V()(e inlnrni), etc., iriiiluziiinc iti Stilrailmi. Annali ilel Museo di Sloria.
N^l riiCenova, X. pp. ."i-ao, H77, el mêmes annales, pp. H 147. XIV, 1S79.
830 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
dans cet achemiDeineul des caractères d'un type vers les caractères
de l'autre type.
Prenons par exemple le N" 383, très rapproché d'apoda par la
couleur jaune clair de ses parements ; chez lui. le collier est sup
primé, la l)arre des ailes fait également défaut, sa taille est fort
grande, son plastron est mal défini, ses parements s'allongent
excessivement, la teinte des parties inférieures est foncée. Prenons,
au contraire, le N" 450, à parements presque rouges et par consé
queut du type /'«(/(/îa/K* ; nous le trouvons de petite taille comme
est cette espèce, ses parements sont également moins longs que
ceux du précédent ; son poitrail est bien iléfini, comme chez
raijyiana; il porte en outre un collier jaune et large et montre enlin,
sur les couvertures des ailes, la barre caractéi'istique de ra(j<jiann.
Reconnaissons cependant que l'exemplaire N'^ 479, (qui se rap
proche aussi de ruggiana par la couleur de ses parements, quoique
bien moins rouges ciue dans l'exemiilaire précédent), fait exception
à cette règle, à cause du grand développement des longues plumes
des flancs et aussi par la faible apparence de la barre jaune des
couvertures, barre qui devrait être plus vive. Néanmoins, il est
encore plus petit de taille que les exemplaires qui se rapprochent
d'apoila; le collier, chez lui, est bien développé, le plastron égale-
ment bien limité et la teinte du ventre moins vive qu'elle ne l'est
chez les spécimens hybrides qui se rapprochent d'upoilu.
Il nous a paru intéressant de comparer entre eux ces dilïérents
spécimens en les rangeant les uns à cAté des autres ; nous avons
pu ainsi observer du premier au dernier, dans les caractères dits
essentiels, un véritable acheminement d'un type à l'autre, que l'on
commence par apoila pour tendre vers mgr/iann ou cice versa. (Nous
avons écarté le N" 600 paice qu'il fait double emploi, il est en effet
identique par son plumage au N" 383. Cet Oiseau ne doit plus être,
du reste, dans sa longueur primitive; sa queue incomplète paraît
mal rajustée).
Les trois numéros 383, 763et 4o0 montrent tout pailiculiérement,
et d'une manière absolument nette, cet acheminement progressif et
régulier d'un type à l'autre dans tous les caractères de difïérencia-
tion;ou le voit au premier coup d'o'il. Prenant le type c/xk/'; comme
point de départ, les Oiseaux tendent régulièrement vers raggiana
par : 1» la teinte des parements ; 2" le collier jaune; .3° la barre des
ccmvertures; 4» la délimitation et l'obscurité du plastron; ">•> la
diminution de la taille; 6" l'amoindrissement de la largeur des
parements ; 7" enfin et aussi, peut-être, par l'allaiblissement du ton
AnniTIONS, CORRKCTIONS ET EXAMKNS d'aPHICS NATURE S31
des pnriins inférieures, quoique qu'ils paraisseûl sous ce lapporl
bien plus apoda que rdyi/iaita.
A peu de chose près nous sommes arrivé au même résullal en
comparant ensemlile les cinq autres mâles en noces.
Il est eu effet facile de voir :
i» Que la teinte jaune doré du premier devient plus intense chez
le deuxième, se rouj,nt chez le troisiciiie. auf^menle chez le ((ua-
Irième et .se trouve être chez le cinijuième prestjue aussi rouge san-
guin que chez rafigiana, tout en lais.sant encore apparaître la teinte
jaune doré qui caractérise les premiers ;
2" (Jue le ciillier n'existe plus ou à peine chez le N" .'ÎS.'J, qu'il
apparaît quelque peu chez le N» 260. qu'il augmente visiblement
chez le N" 70;{. qu'il devient bien ap|)arent chez le .\" 479 et qu'il
atteint presque chez le N»4;>(l la dimension el la teinte du collier
que porte rayyiana pure espèce;
;<» (Jue la barre de l'aile, d'abord invisible chez le premier, suit,
à i)artir du deuxième, à peu près la même gradation qui s'observe
dans le collier, sauf pour l'avant-dernier, chez lequel celte barre est
peu apparente, il faut le reconnaître.
Quant aux caractères de second ordre, la délimitation et l'obs-
curité du plastron s'accentuent encore d'une manière bien nette, si
l'on conq)are le premier avec le dernier. La taille elle-même, sauf
chez le second, suit une dépression. Les parements sont aussi plus
forts chez les deux premiers et chez le troisième que chez le der-
nier; mais le quatrième lésa très fournis.
Quant au caractère, peut être l'un des plus dilTiciles d'apprécia-
tion, et par conséqnenl l'un des moins iniportanis, c'esl-à-dire
l'éclaircissemeul de la teinte des parties inférieures, nous n'oserions
dire que ce caractère suit la même progression, quoi([ue le premier
numéro semble plus foncé en dessous que le dernier.
Nous rappellerons pour mémoire stiulement la couleur de l'iris
de ces pièces, car celle indication n'est pas indispensable; nous
avons remarqué, en effet, d'après les renseignemenis donnés par
M. d'.\lbeitis. (jue celte couleur varie du verdâlre au jaune vert, el
môme au jaune chez apnda, et qu'ainsi les yeux de celui ci peuvent,
par ce caractère, se trouver semblables à ceux de riiijfiinnd. lui
même variable sous ce rapport.
M. d'.Mbertis a indi(|ué ainsi la coloration des yeux dans les six
échantillons en noces «lue nous avons examinés :
N".'i8.'$, jaune d'un vert gris. N"(;0<). jaune vert. N"46(i, jaune, NoTW,
juuue, N" 769, jaune verdâlre, N" 4o(t. jaune tirant sur leverdàtre.
832 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Si soQ appréciation esl juste, si aussi le jaune verdàlre est la
coliM'atioii coustaulc de Yiipiidn, la j;r'adnliou i|ue nous redierclions
ne serait pas ici suivie, (le sont, en etiet. les derniers échautilloiis
à parements rougeâtres qui devraient avoif les yeux jaunes et non
pas les numéros 4()6 et 7(J3, plus rapprochés d'niioiln.
Mais, si la couleur jauue n'est pas l'atlril^ut exclusif du type
raiifiiana, cela ne vient pas à l'enconlre de notre théorie.
Il résulte donc des observations faites, notamment sur les trois
caractères essentiels, et des ohservatious failes;aussi bien souvent
sur les quatre autres caractères secondaires, que chaque fois qu'un
spécimen tend à se rapprocher de l'un ou de l'autre des deux ty|)es
purs, il y tend par une prof^ression é(|uivalente dans chacun de
de ses caractères; on ne trouve point chez ces hybrides supposés
de disproportions dans la croissance des caractères différentiels
de l'espèce. Ceci est très remarquable.
Revenons maiutenant aux Paradisiild' cT sans parements que
nous avons mis provisoirement hors de la discussion, craignant
que les rapprochements qui ont été tentés pour les mâles complè-
tement habillés ne devinssent trop difTiciles pour ces exemplaires
non revêtus totalement de leur livrée. Peut-être, en les étudiant de
très près, trouverons-nous encore cet examen favorable à la théorie
que nous expliquons.
Ce sont les No^ oiS, 7."i, ."501) et .S33. Au sujet du premier, nous
dirons qu'il paraît plus aiioda que ragiilarid; que cependant la cou-
leur du jilastron foncé et la coloration claire des parties inféi-jcures
rappellent davantage le type rugiintiui dont il porte encore des
traces par l'indice du collier, quoique d'une manière bien faible.
Chez le deuxième, le plastron, moins foncé, moins l)ien délimité,
est au conti-aire plus du côté d'"/«"//; ; c'est à peine, nous l'avons
dit, si on aperçoit une trace de collier.
Chez le troisième le collier est plus visible, mais comme l'Oiseau
est plus jeune (|Me le précédent, son plastron est plus clair ; néan-
moins, par le peu d'étendue de celte partie (|ui est en outre assez
bien délimitée, il rappelle raijijinna. En sorte que la gradation
fusionnée des caractères d'un type à l'autre peut, à la rigueur,
être encore suivie dans ces trois échantillons. Nous avons donné
leuis mesuies. .\joutous qu'ils son! roux doré sur le dos, notam-
ment le N" 75. Les couvertures ont elles mêmes quelques reliefs
dorés, au moins chez les deux premieis numéros. Le N" 30!), chez
lequel cette nuance dorée devrait davantage s'apercevoir (puisqu'il
ADDITIONS, COItRECTIONS l-.T KXAMKNS D'AI'HKS NATIHIK H3;i
porte lia collii'r plus tléveloiipt' t\Ui> les ;iiilres), est ;iii coutriiirc
moius iloii'.
Oiuiiit iiu N" 333. très déléiioré sur le con el la lAlf , nous avous
remarqué qu'il iw poi tiiit, eu jj;uise tic collier, que trois petites
pluiues jaunes ilevaiil la gori^e |indi(|iianl sans doute le collier) et
que sou plastron étiiit mal délliii. N'ayaut plus entre nos mains
celte pièce, retournée au Musée de (iônes, nous n'établirons aucun
rapproeheiiient avec les trois derniers Oiseaux décrits, mais le
plastron mal déliui semble encore bien concorder avec l'absence
presque totale ilu collier.
Ainsi, les h\ itrides sans parements semblent aussi, en quehpie
sorte. |)iésentcr dans leurs caractères de dillérenciatiou la grada-
tion régulière constatée rhc/. prcs{jiu' tous les exemplaires en
livrée parfaite.
Pour les deux femelles qui nous ont été communiquées, nous
n'entreprendrons point d'examiner si la fusion de leurs caractères
mixtes est en rapport avec i-elle i|ue l'on trouve chez 'presque toiisr
les mâles en noces: nous les;ivons j;ai-dées peu de temps et nous les
avons aussi renvoyées au Musée de Gènes, ne voulant point abuser
de la trop grande complaisance de l'homme bieuveillant qui nous
les communiquait. Du reste, nous avions reconnu que leurs carac
tères mixtes étaient bien peu appréciables. Nous nous étions même
demandé par quels caractères ces |)ièces peuvent être déclarées
hybrides. Le N» 388 est plutôt plus petit de taille que la femelle
r«.vf/m/ia de notre collection; il n'est donc pas intermédiaire par
sa faille entre apoda et rngiiinna. Le N" oo't paraît, dans ses dimen-
sions, un meilleur intermédiaire; il l'est au moins entre une femelle
tilioild (lu Musée de Caeii et des femelles nttjijidnn que nous avons
examinées; son plastron est aussi moins délimité (|ne celui de la
femelle ;v;(/j//«»/(/, ce qui peut l'avoir fait considérer comme hybride.
Du reste. M.Salvadori reconnaît ([ue ces femelles sont tout à fait
semblables aux femelles rafii/idiia et qu'il n'y a <|ue la couleur des
yeux qui peut les faire considérer comme hybrides. M. d'.Albertis les
a en ellet indi(|uées comme ayant les yeux n-rtldijuaU) et (jinllo ver
iloijiuiln, c'est-à-dire verdàtres; si elles étaient de puit^s raijqiana
elles devraient sans doute avoir la couleur de l'iris jaune, quoique
ce caractère ne soit pas absolu. (.M. d'.Mberlis cit(,' des apoiln avec les
yeux jaunes el des rngi/idxanwc les yeux calé au laiton jaune foncé).
Celui ci avait rapporté, parmi les hybrides supposés, onze mAles
en noces, nous lavons dit ; les six échantillons conservés au Musée
834 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
de Gênes vieuueuld'èlie examinés. Un seplièineau Musée d'Histoire
naturelle de l'aris se conforme, dans les trois caractères principaux
de dilîérenciation, à la règle que nous avons étaljlie.
Chez cet Oiseau, en effet, dont la couleur des parements rappelle
celle (VajiOiht. (qu()i([ue ces parements soient fortement violacés par
](laces),()n ne doit plus, s'il suit la rci;ie commune, reuco:itrer ni de
collier, ni de bandes sur les couvertures des ailes; le plastron ne doit
être ni foncé ni limité; le ventre, en dessous, ne peut être <'lair; la
taille comme la longueur des parements doivent enfin le rapprocher
d'afioild. Or, après avoir étudié à loisir cette pièce, nous avons trouvé
que le collier était pres(|ue nul ; il n'est rappelé faiblenient que
sur les deux côtés; la l)arie sur l'aile ne se voit pas, ou aperçoit
seulement, comme bordant les couvertures, une frange dorée pres-
que imperceptible; le plastron peu foncé s'étend en avant vers le
ventre, laquelle partie est sombre. La taille enfin est bien moindre
que celle d'a;)o</tt(cren noces) des îles Arou et les parements ne sont
jias allongés, ni très fournis. Mais il faut nous rappeler : i»que les
apoda du fleuve Fly sout i)lus petits que ceux des îles Arou; puis
que les plumes des flancs peuvent ne point avoir atteint encore leur
longueur définitive. En sorte, on le voit, que cette pièce suit encore
la lègle qui a été observée chez les autres échantillons. On ne
voit pas apparaître chez cet Oiseau, soit le collier de raifgiana,
soit la barre de l'aile propre à ce type, ou tout autre caractère qui
ne soit en proportion graduée avec les caractères déjà présentés.
Nous n'avons point vu en nature les deux mâles en noces qui
sont conservés au Musée municipal de Milan; nous pensons néan-
moins, par la description qui nous en est faite par M. le professeur
Sordelli, c[u'ils suivent la même règle. Le professeur, qui a eu
l'obligeance d'examiner de très jjrès ces deux échantillons, nous
a fait savoir : l" iiue l'un des deux, dont les parements jaunes
rappellent Vaptida, est dépourvu de collier et de barres tiansver-
sales sur les couvertures des ailes ; qu'en outre il n'existe point
chez lui de plastron bien délimité, la poitrine est seulement un peu
plus foncée que les parties environnantes ; 2° que le deuxième
siiécimen, qui i-essembh^ davantage à ragiiiaita, a les parements de
couleur orange nuancés de rouge vineux et possède une barre jaune
sur les couvertures des ailes, un collier et un plastron; mais ces
caractères sont moins prononcés que chez le ragniana pur; la barre
jaune est aussi bien moins ap|)arente. peu marquée, et le collier
est plus étroit. Le [)lastron serait cependant prest|ue aussi bien
délimité.
ADDITIONS, COlUthXTIONS KT ICXAMENS DAPRÈS NATURi: 8:{.')
(les iiiiliiiitions uous sont ((iiiliiiin't's |);ir lu jolie iicjuincllu que
M. Mjirloii'lli il eu hi ((imiihiisaiice d'exéculei' i'i notre iiilenlion.
Or, nous ne nous souvenons point avoir ol)servé de pliénoniènes
semltlaliles dans les hybrides qui sont passés par nos mains,
quoi(|ue nous en ayons oliserv<' un grand iioinlire; à moins donc
que cela nesoit passé inaperçu par suite des dinicnll('s 1res grandes
dans l'appréciation de la valeur des caractères spéciliquesmélaufïés,
les(]uels se conlondent tellenieid parfois que, pour dt-lerininfr la
part exacte cpii l'-evient à cliacuiie des espèces parentes, il faudrait
entreprendre sur cellesci une étude aussi minutieuse et aussi
suivie que celle qui a été faite jxuir les l'arailisidip. travail liop
l)énil)le et trcqi Ion;; pour élre entrepris sur chaque iiybride l'onuu.
Heureusement il existe une série d'hybrides, tant produits en
doniesticilé (prolilenus à l'état sanvaire, dont l'élude ne |)rés(>nte
pas beaucoup de ditUculîés, les caraclères élanl uellenienl accusés,
(;'est à cette série que nous aurons recours pour reconnaître ipie les
hybrides ne montrent point, dans la com|iosition de leurs carac-
tères mélan^'és, la fusicm intime el loujouis très régulière, observée
chez les Parmlisidœ qui viennent d'être décrits.
Examinons tout d'abord l'hybride si commun de la Thaiiinrla
picta el de la Tlmumfla aiiiherstio'. (îénéralement, an moins chez les
mâles demi-sang, c'est le sang /);>/(/ qui domine; l'Oiseau provenant
du Faisan doré et du Faisan d',\mherst est donc presque toujours
du ciMé du Faisan doré. Mais il conserve un caractère spécial à
l'Amherst : la collerette blanche qui rappelle sa double origine.
Nous avons observé un cf amhentiœ X pirla de l^^' génération res
semblant presque cnm|)lèlemenl au Doré, sauf par la taille et
l'allure; par exceptiou la collerette était chez cet individu jaune
crème rousstdre rappelant celle du Doré.
Si les hybrides que nous venons de citer suivaient la règle que
suivent les Paradisiers hybrides de .M. d'Albertis, ils devraient,
dès qu'ils se rapprochent de pirta, tendre vers ce type par une
égale répartition de leurs caractères. Mais c'est l'opposé qui se
|irodnil : la c(dlerelle blanche des premiers est de l'Ainhersl; la
taille et l'allure du secoud est aussi de cette espèce; il y a chez eux
juxtaposition et non fusion.
On se rappelle que ninis avons reçu du Muséum d'Histoire nalu
relie de (îrenoble nue de ces Perdrix i|ui doivent leur origine,
pciisc I on avec assez de raison, au croisenn-nl de la Perdis ruhra
et de la l'rnli.r xii.iululis. dette Perdrix hybride, nous l'avons remar-
qué, est presque ruhra, quoifjue les pointillés de la gorge soient un
830 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A I.F.TAT SAUVAGE
peu moins nombreux que chez celle espèce: mais les plumes îles
flancs sont, entièrement <'elles de la P. m.rntalis. L'autre spécimen
(lu même Musée est sans pointillés du côté droit de la gor^e, rappe-
lant ainsi S'i.inldiis; du côté gauche la présence en grand
nomlire de ces pointillés le rapproche de rnhni. Nous savons aussi
que riiyltridede la collection J^emei'teil porte, d'uncôté, aux plumes
des flancs, les deux barres transversales de xa.ratdlis : (\e l'autre
côté existe seulement la seule barre propre à rubni. Donc encore
juxtaposition et non fusion, comme pour le Fnincolinus pictusX F.
riilii'iris, tué par le lieutenant -colonel Butler à Deesa, dout la tète
est vidi/ans et le coips semblable au pictUK. De même encore
|ii)ur l'Iiyliride du même croisement qui existe au British Muséum
puisqu'il montre dans tout le pinmase de son corps le coloris
et le dessin du rnhjaris, tandis (|ue la tète dilTère sensil)lement de
ce type et rapproche l'Oiseau du piclns.
Le Rackelhane ou Tetrao niediiis. produit du Tetnio vrofjaliux et
du l'i'trdo tftri.r, présente les caractères mélanfiésdes deux espèces
dans des ]nv>portions que nous ne saurions analyser. Mais tou-
jours, chez lui, les couvertures inférieures de la queue sont tache
tées de noir à la manière de ITroi^alle ; jamais elles ne sont enliè
reinenl blanches comme chez le tetri.r. Tous les exemplaires que
nous avons examinés, nous l'avons remarqué, étaient invariablement
tachetés ainsi, quelle (pie soit ia prèpoTuh'rance des caractères de
l'une ou de l'autre espèce.
M. B. A. Hoopes parle d'un hybride de (;()(| et de Pintade dont
la fornu' arrondie est celle de la IMnl nie, sauf la tèle, qui est de la
forme de la Poule domestique ( 1).
In hybride non moins étonnant est celui du Canard i)enelope et
du (lanard sitHenr. (let Oiseau, obtenu par M. Alberdan, en Hol-
lande, est i)res(|ue nciita dans tout son corps; mais la teinte de la
tète n'est plus aucunement tie cet Oiseau. Elle est en i^rande partie
jaune orangé, rappelaut plutôt itciu-lnpr; en outre, elle montre un
caractère étraiiiicr à ces deux espc-ces : le vert (pii couvre le dessus
du cou. L'orifiine de cet Oiseau ne parait pas discutable, le croise-
ment (pi'on sup|)ose lui avdir donné naissance ayant, mms l'avons
dit, ('■II'. r(''p('t('' en captivité dans la Méuaiici'ie du feu lord Derby et
ayant donné un |trodnit (]ui lui est en tout semblable {±).
(I) /()'/•(/!>■ ()/ NiirlU iiiiierica. oitavo (vul. (i, |i. :;'iii ?) oil |i. B. A Hoopes in Korest
cind Sh-eam, vol. I. p :t74.
(i) On se lappJle que le premier éeliaïUilkm oljtenu en llullanile nous a él(' roni-
niuniqiié par le .Musée de l,ey(te et le second par le Musée île l.iverpool, qui
possède aujourd'hui, pensons-nous, les animaux de la ménagerie du feu l.ord.
ADDITIONS, COIIRECTIO.NS i;T KXAMENS d'aPHÈS NATUnE 837
.Nous itvdus jiiirlt'' (le rii\ liiidi- de la Sarcelle el du Sillleur ((,>'"'/'■
qiieilula circca *•{ Anas pciuiopc) ; m»us possédiiiis deux laldeanx,
peints d'après nalure, représeiilanlcel liyliride ; or, sur un ({trps
(|iii (dire le |)lumaj;e des deux esp('ces, dans des proportions plus
ou moins faciles à détenuiiier, apparaît la tiîle rousse de la
Qucniucdulii avec sa large bande verte caracléristi(|ue.
Nous poss('dous aussi la i)eiiiture d'un Canard pnirlopr X hosclias,
lui' eu Hollande, et conservé au Musée d'Anisteidaui. Le corps de cet
Oiseau est pres(iue pendopc, tant par la teinte argentée, le dessin
de ses zig/.ags et le miroir; le jioilrail pouirait |)asser |)our un
mélange du coloris de cette partie des deux espèces. Mais voici
qu'à la tète, les teintes propres aux deux types s(^ heurtent sans se
confondre ; le vert du li(isrhiis, rendu encore plus ardent, est nette
nient si-paré d'iiiie teinte jaune rouge rappelant la teinte (^ue le
pcHvlojic montre à cette partie, Jaipielle teinte lave les joues el
le cou. Ajoutons (|ue la couleur. Ideulé plonili, du liée est tout
à fait pciuiopc.
On a observé que tous les spécimens (( A mis hoschas AnnsXaruta »
présentent à peu près le même dessin et la même c(doration de
plumage ; peut-être, en les examinant attentivement, Irouveiail ou
chez eux un mélange à peu près égal des caractères propres aux
deux espèces, quoiqu'il existe des sujets dont la tête est presque
verte, comme celle du haschas, dont le cou porte un collier blanc,
comme le montre cet Oiseau, et dont le poitrail est encore aussi
roux foncé que chez cette espèce. Mais ces hybrides, dont le plu-
mage dilTère peu, sont tantôt de la forme du hu.sclias, tantôt de
la forme de l'aniid. au moins ont-ils une tendance marquée à se
rapprocher de l'un ou de l'autre type.
Rappelons encore, d'après Audubon, que les métis du (;anard
sauvage apprivoisé et du Gadwall {Anns stirpera) conservent les
pattes jaunes et le plumage barré de l'un des parents et la tète
verte de l'autre (1|.
Nous avons, dans notre travail sur les Passereaux hybrides,
donné la description d'un bon nombre de pièces (j:ii y sont citées;
certes, s'il fallait analyser dans toutes ces pièces la part qui revient
à chaque parent, le travail serait long. .Mais sans nous livrer à une
telle besogne, il semble (|ue l'on puisse relever dans plusieurs de
ces descriptions quelques traits saillants peu en iiarmonie avec
ceux que présentent les hybrides du fleuve Kly. C'est ainsi que
(l( llird.i i>f Morlh America, oclavo (vol. T., p. 240 Vi cit. \i. A. B. Huppes, in
Korcst anil Slreaiii, vol. 1, p. 374.
838 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l/ÉTAT SAUVAGE
nous avons cité (1) un Verdier-IJnot (l.igurius chloris x Canna
bina linota), dont la couleur du cou, du dos, des ailes, jusqu'à
moitié de leur longueur, est celle de la ilnuta, taudis que la couleur
du chloris se monlre sur le croupion, la queue et l'autre partie des
ailes.
Nousavonsnientioanéaussi(2)unSizerinCabaret presque comme
cette dernière espèce, mais dont le bec est du premier type; puis un
hybride du Pinson des Ardennes et du Pinson ordinaire, presque
montifringilla, à l'exception des taches blanches des deux rectrices
externes (;3); un autre spécimen de même origine dont le roux
de la poitrine est un exact mélange des teintes propres à chaque
espèce parente, mais dont le dos est plus cœlehs que montifringilla;
dont encore les rectrices, considérées dans leur ensemble, semblent
elles mêmes intermédiaires, tandis que les deux externes sont
cœlebs.
Enfin, nous verrons Inentôt que lorscjue le mélange des carac.
tères du Calaples aiiralns et du C. caffr se montrent dans l'Oiseau
que l'on nomme Colapteshybridus, (Oiseau que M. Alleu croit réelle-
ment hybride) (4), les combinaisons sans symétrie sont la règle. En
effet, les plumes des ailes ou de la queue sont, les unes rouges, les
autres jaunes. Un individu peut avoir la coloration générale du
vrai cafer combinée avec un croissant de la nuque bien développé ;
un autre, au contraire, est pur nuratiis avec les raies rouges du
cafer. Quelquefois encore, le plumage du corps est d'une espèce,
tandis que le plumage de la tèle est de l'autre espèce, etc.
Tout cela, on le voit, ne se concilie guère avec la règle de grada-
tion qui existe chez les soi-disant hybrides rapportés de la Nouvelle-
Guinée par M. d'Albertis.
Aussi, en présence de cette diversité dans le mélange des carac
tères des hybrides, avons-nous été surpris de la régularité qui
existe dans les caractères des Oiseaux en question ; des doutes sur
leur double origine se sont présentés à notre esprit, et nous avons
tenu à expliquer le pourquoi de ces doutes.
D'un autre côté, comme ces Oiseaux vivent côte à côte avec les
deux espèces supposées mères, il est bien dilTicile, sinon impos-
sible, d'attribuer le changement qui se produit chez eux à des
(1) P. 205.
(2) P. 220.
(3) P. 262.
(4) Tlie Norlh amencnn species of the geniis Cola/ue:!, etc., in Bull. amer.
Muséum. Mais 1842. Ce curieu.\ Oiseau sera èludii' dans un procliaiu chapitre.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET KXAMKNS d'aPRÈS NATURE 831)
inlliiences clim;iléri(iues, ;i l'iinbllal. piir cxoniplc, on à d'aiilres
coiuiilious d'f.xisleuce, eellcs-ci étant les uii^ines pour les uns el
pour les autres.
Voici notre couclusiou :
On ne saurait contester l'existence d'Oiseaux interméliaires
entre le type upoila et le type mipiùina; on ne saurait dire non
plus que les caractères, qui rapprochent ces iuternicdiaires
tant(M d'une espèce, tantt^t de l'autre, sont dus à des influences
cliniatériiiui's, au milieu, à l'lial)il;il. puisque les Oiseaux à carac
tères inclauj'és vivent préciscuienl dans les ciidroils habités par les
deux types auxquels on attribue leur naissance.
Tout semble donc faire croire à leur hybridilé véritable, d'autant
plus qu'ils ne paraissent se trouver que là môme où les deux espèces
pures se rencontrent.
Mais, nous rappelant les observations présentées aux i)aij;es qui
précèdent sur la manière taule (li/lcirnle dont le mélange s'opère
chez les autres hybrides, quoique pris, çà el là, et dans plusieurs
ordres, on doit se poser cette question : « l'our quelles causes,
si les Oiseaux rapportés par M. d'Alberlis sont de vrais hybrides,
dillèrentils dans le mélange de leurs caractères des hybrides
des autres espèces d'Oiseaux'.' n
Eulin, une autre considération n'est point à négliger. Les
hybrides supposés sont, non-seulement plus grands que l'espèce
raijijiinia, mais plus grands que la variété a/)orfa xoru; ijiiimr, type
qu'on lui donne pour deuxième paient.
Voici, en efïet, les mesures que nous avons relevées sur divers
exemplaires en peau :
Rdijgianit
Novw-Guinœ
Les hybrides
Long, lot
Aile
Long. loi.
Aile
Long. toi.
Aile
0.;t82
0.:<72
0.370
0.37.-?
O.liW
0.190
0.185
0.183
0.418
0.387
0.415
0.41U
0.200
0.205
0.205
o.2o:t
(i.Ot
0.433
0.420
O./.IO
0.200
O.l'JS
0.200
0.200
Si l'on admet l'iiybridité, il faut donc prétendre que les hybrides
sont plus grands que leurs parents; sinon, que l'on est en présence
d'un cas d'atavisme par hybridation, c'est-à dire un retour vers
840 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
apofla des iles Aroii (plus grand ^\ue la variété du lleuve Fly). Mais
celte dernière supposition en amène une autre : c'est que la var.
novm ffuinœ est nécessairement descendue de l'espèce nymla. Rien
ne le prouve. L'nimda des îles Aroii peut, tout aussi bien, avoir eu
pour ancêtres le P.novœijumœ de l'intérieur de la Nouvelle-Guinée.
Le cas, on le voit, est embarrassant ; il mérite au plus haut degré
de fixer l'attention du naturaliste.
PaRADISEA IIAGUIANA et Paradisëa intehmedia
M. C W. de Vis, curateur du (( Queensland Muséum » vient de
décrire (I) trois l'niaiiixra inlermedut qui pourraient être des
hybrides entre le /'. r(i(jginnii et le /'. (iiti/usdv pirioriic. O'est une
espèce nouvelle obtenue sur la côte est de la rivière Kumusi (Nou-
velIe-Ciuinéc anglaise). — « Mais, dit M. de Vis, la constance de la
couleur montrée par tous vient à l'encontre de cette supposition ».
A titre de renseignement, voici la descii[)tion de ce nouveau type :
(I Forehead, ail tlie lower surface and llie (lank plumes as in /'.
raggiaiKi : head, nape, back, and middie of rump and upper tail
coverts pale straw yellow; up|ier wing-coveris broadly margined
wilh same, the alar slripe so ïormed tapering olï posleriorly, and
separated from the back by the outer feathers of the mantle, which,
like the greater coverts, are chestuut washed with yellow; wing.
tail, and sides of ruuip and upper tailcoverls rather pale chestnut.
Total length,;{OUmm.; wing, 180; tail, 162;culmen, 33; tarsus, 36.5.
Distinguished from /'. angnstiv rlrioriiv by the blood-red colour of
the llank plumes, pure chestnut of the sides of the rump and uppei'
tail-coveris, and by the présence of the alar stripe ».
Les trois exemplaires sont mâles.
CoLAPTES auratus et Colaptes CAFER
(Se reporter p. i29 ou p. 503 des Mém. de la Soc. Zool., 1892).
Lorsque l'on imprimait la troisième partie de notre travail, dans
laquelle l'hybridation possible de C. auratus X C. cafer est envi-
sagée, M. J. A. Allen, l'éminent directeur de l'Auk, publiait préci-
(1) In « Report on ornithalogicul spécimens collected in hrilish Neir Guinea »
Brisbane, :«)»' Jiine, 1894.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMKNS DAPRÈS NATURE S'il
sèment (1) iiiic iHutie considérable sui- cos dt^ux formes et leurs
croisements j)i-t''suniés. Il coinbhiit ainsi une lacnne existant dans
la science oruitholo;:;ique, lacune (jue nous déplorions (2). Nous
devons donc analyser ou plutôt traduire presque complètement cet
important travail, déjà résume dans l'Ank par M.C.T. Batchelder (3)
et que nous avons été très satisfait de lire.
M. J. A. Allen commence par rappeler que l'on savait déjà, il
y a plus de trente ans, (|ii'on rencontre, sur certains points on le
C. aurntns et le ('. rdfcr habitent, des individus à caractères niélan-
gés,c'est-à dire présentant une combinaison plus ou moins régulière
des deux espèces. C'est Baird qui, en 18o8, appela pour la première
fois l'attention sur les cas curieux de C. auratas et C. edfer (4)
représentés par de nombreux spécimens de la région du Missouri
supérieur et du Yellowstone, chez lesquels les caractères des deux
esjjèces étaient combinés d'une manière constamment variable
et souvent asymétrique. Le savant professeur concluait alors à
une hybridation, sur une grande échelle, entre les deux espèces:
(( nolwitlistanding tlie starling nature of sucli an assomption. »
Aussi nommait il les Oiseaux variés « Colaptes hybridus, » faisant
observer que ce nom n'était point donné dans le sens spécifique,
mais seulement afin de désigner conveuablcinenl les Oiseaux inter-
médiaires. Ces Oiseaux furent connus sous cette dénomination pen-
dant un quart de siècle, l'explication de Baird étant généralement
cousidc-rée comme sullisante. De nouvelles théories furent cependant
proposées. En IS7i, alors i[ue l'on croyait la distribution géogra
phique de ces soi-disant hybrides beaucoup moins étendue qu'elle
ne l'est en réalité, on avait avancé que la gradation entre les deux
formes était due à l'action des milieux environnants (3) ; cette
manière de voir avait été acceptée (6). Ensuite, eu 1877, on suggéra
que les Oiseaux à caractères intermédiaires pouvaient être des
individus restant d'une forme d'où deux tyi)cs difléients ('taieiil
sortis en se différenciant (7). Eiilin. en 188i, on émit une autre
(1) In Bull. o( thP American Muséum ot Nat. Ilist., pp. 21-44, N" 1, vol. IV,
article II, New-York, 8 mars 1892. « The North american species of Ihe genus
Colaptes, considered icilh spécial référence to the relalioiiships oj C. auratus
and C. cafer. »
(2) Voy. : p. W2 ou p. .'iOB des Mém. de la Soc. Zool.
(3) Pp. 177-179, IX, avril 1892.
(4) Ou C. mexiC'inus. coinine on appelait aiitrelois cette dernière (orme,
(o) Allen, Bull. Mus. Comp. Zool.. 111, N° ti, 1872, pp. 118-119.
(6) Coiies, Birds of yorthuest, 1874, p. 293.
(7) Ricigway, Urn. 40ti' l'arallel, 1877, p. 5b6.
842 OISF.AUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
opinion, à savoir que le Colaptes nuratus pouvait « ou constituer
une forme transitoire ou être un hybride (1). » L'écrivain le pkis
récent sur ce sujet traite les Oiseaux mélangés de « race» hybride,
sous le nom de C. ayresi {"!), avec cette particularité : que leur plu-
mage est un signe de retour à un ancêtre (3)».
Afin de pouvoir aboutir à une solution satisfaisante, M. Allen a
demandé à ses coufrères en ornithologie de bien vouloir lui prêter
le matériel dont ils pouvaient disposer, ce qui fut fait sans doute
de la manière la plus gracieuse, car sept cent quatre-vingt cinq
spécimens du genre Voluptés, représentant toutes les formes de
l'Amérique du Nord, lui furent envoyés.
M. Allen, en remerciant les expéditeurs, douue la nomenclature
de ces envois nombreux qui, pour la solution du problème, ont
une si grande utilité (4).
Il fait aussi connaître les caractères distinctifs et la distriiiuti(m
géographique de chacune de ces formes (5). •
« Commençant au sud. on trouve tout d'abord le C. mextcanoides,
restreint, autant on le sait, au Guatemala, quoique pouvant s'étendre
du nord au bord sud de Mexique. Cette forme est essentiellement
le C. cafer avec la coloration plus intense, les barres noires transver-
sales du dos tout entier élargies, la croupe blanche plus ou moins
teintée de noir, tout le sommet de la tête et la nuque tl'un rougeàtre
cinnamon, les grosses plumes et la raie d'un rouge plus profond et
plus sombre (6). C. viexicanoïdes rejoint vraisemblablement l'habi
tat de C. cafer, que l'on rencontre au bord méridional du Mexique,
vers le Nord dans tout le Mexi(iae, excepté la Sonora occiden-
tale et la basse Californie, et de la base orientale des Montagnes
Rocheuses au nord du Pacifique à la Colombie britannique. C. rufi-
fileus, de l'île de la Guadeloupe à la hauteur de la basse Californie,
est une forme insulaire de C. cafer-; il en diffère principalement par
sa taille plus petite, sou bec beaucoup plus long et sa couleur un
peu plus foncée ; par ce dernier trait, il ressemble plus à C. cafer
(1) Coues, Key to Nurtli American Itirds, revised ed . , 1884, p. 492.
(2) M. Allen fait remarquer que ce nom avait été donné en 1843 par Auduion
aux individus mélangés du Missouri supérieur.
(3) Hargitt, Cal. Ilirds lirit. Muséum, XVIII, IS'JO, p. 8. (.V. li Tous ces auteurs
sonl cités d'après M. J. A. Alleu).
(4) Voy. p. 22.
(5) P. 2o.
(6) Ce qui va suivre niiiinleuaut esl la Iriiduction du résumé de M. Balchelder.
ADDITION^;. c()niu:GrtoNs i:r i:xA>ric.Ns d'après natuke 843
i^iiturtilior de la ciHc iionl-diiesl, UimiiicI dillère du vi-iii cafrr par sa
taille légèrement plus forte et ses couleurs Ijcaucoup plus foncées).
« ('. chrynoïitt's parcourt la plus grande partie de la basse Cali-
fornie et les parties de la Sonora, le Sud de l'Arizona et le Sud-Est de
la Californie. Vers le nord et l'est, sou hahitat rejoint ainsi, et
couvre quelquefois, au moins en hiver, à certains points, le pays
haliilé par ('. enfer, avec lequel, cepeuilant, il ne paraît jamais se
mtMer. C'est une forme petite, pâle, présentant l'apparence générale
de mexicanoides, mais ayant les plumes dorées comme dans auratiis,
tout en ne présentant aucun autre caractère distiuctif de la forme
orientale.
« C. auratus s'étend sur les trois quarts du nord et de l'est de
rAmériqu(^ du Noi-d; il possède deux foruK^s insulaires éloignées :
r. ehriisoeauliisHS de Cuba, (it C. i/it inltachi ila Crand Cayaian, toutes-
deux modiliées, mais évidemment rejetons du stock auratus. (Klles
dilTèrent d'auratus un peu comme ine.ricano'ides dillère de enfer » ( 1).
« Les espèces de Culaples que l'on trouve au nord de l'isllmn^ de
Panama se divisent en trois groupes: deux de ces groupes se res-
semblent plus l'un et l'autre ([ue le troisième ne leur ressemble. Ces
espèces sont : le Cafer me.riednoules, le (\ ehn/suides et le ('. duratas.
Le premier et le dernier, si l'on envisage le mode de coloration,
sont les plus dissemblables, n'ayant aucun caractère en commun.
Les deux formes {ea fer et auratus) sont celles, cependant, comme
le montre le matériel maintenant en main, qui » intergrade » com-
plètement là où elles se rencontrent, c'est-à-dire sur une lîone de
300 à 400 milles d'étendue et de 1200 a loOO milles de longueur. On
trouve aussi ces deux formes plus ou moins mélangées de la fron-
tière orientale des grandes plaines de l'Ouest à la côte du Pacifique,
38" à 55° latitude nord » (2).
» Les individus intermédiaires varient considérablement ; ils
présentent tantôt de très légères traces de C. cafer ou de C.
auratus, tantôt ils montrent à peu près également les caractères
des deux espèces. C'est ainsi que l'on trouve: 1" C. (iuratn.s,iie pos-
sédant que (juelques plumes rouges dans la raie » nialar n noire (3),
ou bien ne montrant qu'une légère coloration orangée surlesgrossses
plumes ; 2" (.'. eafer, avec ipielques plumes noires dans la raie
« malar » rouge ou quelipies piuiiics rouges sur le côté de la nuque,
ou bien encore avec un croissant rouge à peine tracé. Lorsque le
(I) Nous laissons ici, pour quelques lignes, le résumé de M. Batebelder.
{■>) P. 27 du Méinnire de M. .\llen.
(3) Par ce nom M. Alleu indi(|ue vraiseiiiblablemenl la moustaclie.
844 OISEAUX HYBRIDES RENCONTHÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
mélange des caractères est bien complet, les combinaisons sans
symétrie sont la règle. En eflet, les plumes des ailes ou de la queue
sont, les unes rouges, les autres jaunes ; tandis qu'un Oiseau peut
avoir la coloration générale du vrai cafer combiné avec un croissant
de la nuque bien développé, un autre est pur auratus avec les raies
(( malar » rouges de cafer. Quelquefois encore le plumage du corps
est d'une espèce, tandis que le plumage de la tête est de l'autre
espèce. Il y a du reste des variations infinies, et il est rare de trou-
ver, même chez les Oiseaux d'un même nid, deux individus sera
blables dans tous leurs caractères de coloration. ))
M. Allen indique ensuite Taire de dispersion des Colaptes
mélangés (1) :
(( En 1838, dit-il, lorsque Baird décrivait son Colaptes hybridus,
les Oiseaux mélangés étaient seulement connus dans le Missouri
supérieur et dans la région du Yellowstone. Longtemps après, ils
furent indiqués dans la Californie et récemment sur des points
différents du bord ouest des grandes plaines, depuis le nord du
Texas jusqu'à la limite britannique.
» Occasionnellement, des spécimens C.auratus montrant quelques
plumes rouges derrière la nuque ont aussi été observés dans les
États atlantiques, mais la rencontre nombreuse d'exemplaires
mélangés a été rarement constatée en Californie. » Le matériel
d'observation, remis entre ses mains, prouve que les hybrides sont
beaucoup plus répandus qu'on ne le pense généralement. On lés
rencontre fréquemment depuis la bordure orientale des grandes
plaines qui s'étendent vers l'Ouest jusqu'à l'Océan Pacifique, et
près de la limite mexicaine, vers le Nord, à (juelque distance nord
des Etats-Unis (2). Aucun Oiseau mélangé (3) n'a cependant été vu
dans les régions du Mexique où le C. cafer pur se rencontre; aucun,
non plus, dans l'Amérique arcti(|ue, où vit le vrai auratus.
« A l'est du Mississipi, du nord et de l'ouest de la Floride à
l'Alaska, sauf de rares exceptions, C. auratus, ne fait pas d'emprunts
à cafer. A peine si un mâle sur mille montre quelques traces de
rouge dans la raie (( malar » (4). Un seul Oiseau de la Louisiane (coll.
Gustave Kohn) a la bande « malar )) rouge pur et toute la tête se
rapprochant de très près de cafer, et un autre spécimen de Toronto,
(1) p. 29 de son mémoire, c'est-à-dire que nous laissons ici l'analyse de M. Bat-
chelder pour traduire le texte même de M. Allen.
(2) « With, liowever, the area of greatest abundance much more localized. «
(3) Nous passons ici à la page 30 du même texte.
(4) La moustache.
ADDITIONS, CORRF.CTIONS KT KXAMKNS d'aPKÈS NATURE S'i.')
Canada. (Coll. E. E. Thompson, N" 20(i(l), a la queue à moitié
orange rouge, avec les autres traces des caractères de cafer. »
Les spéciineas,sur lesquels M.Allen a rencontré du rouge brillant
dans la raie « malar o, proviennent du Massachusetts, de Loiig-
Island, de New-Jersey, de la Pensylvanie, de la N'irgiuie, de la
Floride, de la Louisiane, du Tennessee, de l'Ohio, de l'Indiana,
de l'Ulinois, du Michigan et du Minnesota.
Ils semblent être fréquents le long de l'Atlantique, comme dans
tous les points est du Mississipi. Le matériel des états ouest de
celte ligne, d'iova au sud, entre les mains de M. .\llen, est peu
nombreux ; mais les quehiues spécimens qu'il possède semblent ne
point indiquer une grande proportion d'Oiseaux avec le rouge de
la raie « malar )), comme il en existe dans la Floride ou le New-
Jersey. Il est de là probable que Vaunitus presque pur se trouve
surtout vers l'ouest jusqu'au bord est du Texas, dans l'Iiidian
Territory, le Kansas et le Nébraska, ainsi que dans la grande partie
des deux Dakota et de Manitoba.
« Les Oiseaux de lest du Texas, du Kansas et de la .Montana, pris
pendant la saison de reproduction, montrent généralement des
traces des caractères de cafer, la raie a malar » étant souvent plus
ou nmins mélangée de rouge. Dans le sud-est du Texas et, par
conséquent, dans tout le milieu nord compris dans les plaines,
et sans doute bien au-delà, jusqu'à la limite nord de .Montana,
les Oiseaux mélangés sont la règle: les caractères des deux espèces
sont confondus dans toutes les combinaisons imaginables ; le cafer,
Vauratus pnr(2)sont rarement rencontrés avec eux, excepté pendant
l'hivt-r, ijuaiid, à cause de la migration, (iiiraDis pur est plus ou
moins fréquent dans le Kansas, l'Indian Territory et le Texas,
considérablement à l'ouest de sa limite normale dans la saison de
reproduction. A la même épo(|ue et dans la même région se montre
de l'ouest une invasion de caf'r |)resque pur-s, résultant du croise
ment commingling d'Oiseaux présentant des caractères mélangés
avec le caractère normal.
» Dans la partie occidentale du Texas, du Nouveau-Mexique, de
l'Ari/.ona et dans la partie sud de la Californie, la forme prédominante
dans la saison de reproduction est probablement le r^/cr presque pur;
mais en hiver, la proportion des Oiseaux tout à fait purs est moins
grande, ce qui est dû à la migration sud d(;s Oiseaux visiblement
mélangés du nord éloigné. Dans une série de plus de trente mâles
(1) Voy.rAuk, vol. Il, 1884, p. 335.
(2) Nous sommes ici arrivés à la p. 31 (même texte).
846 OISKAUX HYBIUDKS RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGE
(le l'Arizoïia, pris entre le 1"'' octobre et le 30 mars, plus d'un tiers
montre des traces de noir daus la raie (( nialar d. ou des traces
rouges d'un croissant écarlate, ou les deux choses ensemble. Une
femelle a toutes les pennes jaune orange; mais, généralement,
la plus grande série d'individus de ce sexe ne montre aucun carac
tère reconnaissable t\'iiiiraliifi.
» Au centre et à l'ouest du Colorado, de l'Utah et de îa Nevada,
les caractères de enfer |)révaleut évidemment, au moins pendant
la saison de reproiluction. Dans le Colorado oriental, au moment
des migrations et durant l'iiiver, les Oiseaux mélangés sont les plus
répandus: ils ont été pris, au moment delà saison de reproduction,
au Fort Garland (même Etat). Des spécimens semblables ont été
obtenus dans l'IUali et la Nevada ». — (Chacune des séries de sept
mâles de la Nevada tpie M. .Mleu possède montrent des traces de
croissant rouge sui' la nmjue et, chez plusieurs, on voit d'autres
caractères d'auratus.)
M. Allen ne sait rien sur les Colaptes de l'Idaho. d Le seul spéci-
men qu'il a vu est un Oiseau croisé. Dans le Wyoming les Oiseaux
mélangés paraissent être la règle; les caractères d'uuratiis prévalent
surtout dans la partie orientale de cet État, tandis ijue les caractères
de ra/ér dominent daus la partie occidentale. La même chose paraît
être vraie pour les Oiseaux de .Montana.
» Les Oiseaux de l'Orégon oriental, du Washington oriental, de la
Colombie britannique orientale, ou de l'est de la région des Cas-
cades, présentent aussi un bon mélange des caractères d'auralm;
quelques spécimens sont de deux tiers à trois quarts aurutus ;
d'autres sont des cafer presque purs ; il y a rarement un seul Oiseau
normal, soit de l'une, soit de l'autre espèce. L'Oiseau des côtes de
la mer, depuis l'emltouchure de la Colombie vers le nord (1), est le
C. cafer saturatior ; mais une grande proportion des spécimens,
même depuis le détroit de Puget et l'île de Vancouver, laissent
voir des traces des caractères d'aiinitiis et, dans quelques cas, il y
a des traces saillantes, niôme jusi|u'aux grandes plumes jaunes
(des ailes) qui sont mélangées de i^lumes rouges. Aussi. .M.Fannin
dit que le vrai C. aurat^ts est un visiteur lare dans l'île de Van-
couver et sur la terre ferme avoisinante.
» Dans la Californie centrale et septentrionale les deux formes
sont complètement mélangées, comme elles le sont sur n'im-
porte quel point à l'est des Montagnes Rocheuses, Vmtratus et le
cafer se trouvant dans un état presque pur, avec des Oiseaux qui
(I) P. M.
ADDITIONS, CORRECTIONS I.T EXAMENS d'aPRÈS NATURE HM
présentent toute combinaison possible des caractères des deux
espèces. De quarante spécimens de la Californie centrale, et sur-
tout du Marin et des comtés avoisinanls, trois sont presque aunitus
purs; le seul trait tenant du cafcr est un très léger mélange de
rouge dans la raie de la joue. Ce trait ne se rencontre que de temps en
temps cbez les Oiseaux originaires des États atlantiques ; six, parmi
lesquels quatre sont des fenudles, (ce qui a son importance), sont
apiiaremmeut de purs rafer. Chez trente-un autres la division
s'opère ainsi : les caractères d'aurattis dominent chez huit; les
caractères cafer dominent chez vingt : chez les trois qui restent les
caractères cafer et auratus sont à peu près également partagés.
Les traces des caractères d'atiratus sont rares à San Bernardiuo,
à San Diego et dans les comtés de la Californie méridionale. (M.Allen
a un seul spécimen '/(/;•« ^(.s pur originaire des Sources Chaudes);
tandis que dans l'Orégon, autant que son matériel le montre, les
mêmes conditions de mélange n'ont à peu près lieu que dans la
Californie centrale. Eu réalité, comme la plupart des spécimens
de la Californie ont été pris, soit en automne, soit en hiver, on doit
conclure que beaucoup d'entre eux sont des émigrants venant du
Nord, probablement de l'Orégon ou du Washington oriental, puis-
qu'il y a des Oiseaux plus ou moins mélangés qui se rencontrent
jusiiu'au nord de Sitka et même jusqu'à Chilkal. Au-delà de ce
point, vers le nord et l'est, le nifcr paraît être remplacé par
Vauratus pur sang. C'est de cette région qu'est venue, probablement
à l'aide des Oiseaux émigrants, la forte «infusion » des caractères
d'auratiis chez les Oiseaux de la Californie. »
Comme résumé de ce qui précède, M. Allen dit que u l'on doit
considérer que le rafer non croisé avec Vauratux habite le Mexique,
mais que, bientôt, après avoir franchi la limite des Etats-Unis, on
commence à renconlriïr des spécimens otirant (lueliiues traces
légères des caractères d'auratus; à mesure qu'on avance vers le
nord, ces maniues deviennent plus fréquentes et plus accentuées (1),
tlaiis toute l'étendue de la di^neure du aifer, jusqu'à ce ([ue. au
nord des Etats-Unis, on passe dans le pays du pur auratus. Le même
mélange existe <[uand on va vers l'est à partir de la base orien-
tale de la chaîne principale des .Montagnes Rocheuses, .\insi. le
mélange est complet le long de la ligne de jonction du pays habité
par les deux espèces, ou à partir du sud-est du Texas vers le nord,
le long de la frontière occidentale des plaines jusqu'à rAméri(pie
anglaise et, de là, vers l'est, dans l'Amérique anglaise juscju'à la
côte du Pacifique, dans le sud d'Alaska.
U) P. 33.
848 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
(( A partir de cette ligne, on peut suivre la trace des Oiseaux
mélangés vers l'ouest et le sud, sur presque toute la ligne (ou toute
retendue) du cafer, au nord du Mexique; cela est dû, apparem-
ment, non seulement au mélange des deux espèces, partout où
leurs demeures se joignent, mais à l'intrusioa de Vauratus, intru-
sion {[ui vient principalement de la direction du nord, dans la
demeure du cafer. Cette intrusion a lieu pendant l'émigration
de Vauratus vers le sud en hiver ; quelques uns de ceux-ci (des
auratus), restant probablement, produisent des petits : ce sont les
traînards de l'été. »
Disons que M. Allen a dressé une carte qu'il a jointe à son
mémoire et sur laquelle il montre graphiquement ce qu'il vient
d'écrire. Il a établi cette carte, non seulement à l'aide des Oiseaux
qui lui ont été confiés, mais aussi en s'entourant de toutes les
indications complémentaires qu'il a pu se procurer dans la littéra-
ture ornithologique. Les lignes de démarcation, fait-il remarquer,
sont cependant hypothétiques jusqu'à un certain point. »
Voici les conclusions du savant directeur de l'Auk (1) :
Les faits qu'il a cités a tendent fortement à confirmer la surpre-
nante hypothèse, émise par M. Baird, de l'hybridation sur une
vaste échelle du Colaptes auratus avec le C. cafer. Cette hypothèse
est nécessaire pour expliquer le fait des combinaisons essentielles
et variées des deux espèces sur le plateau et les régions du grand
bassin du continent. Aucune des autres hypothèses, avancées
jusqu'ici, dit-il, n'explique aussi bien et aussi complètement le fait
en question. Dans aucune circonstance, en effet, on ne rencontre
des étapes ou des métliodesde variation géographique qui puissent
être comparées à ce que l'on voit dans le cas du C. auratus et du
C. cafer. La transition entre les formes géographiques, quoique
différentes, est graduelle et symétrique, affectant toutes les parties
du plumage de la même manière et simultanément; et cette
transition est évidemment en rapport ou en proportion directe
avec les changements des milieux ou des environs physiques ;
de plus, les différences entre les formes les plus extrêmes sont
purement des différences de degrés. Pour ce qui regarde le Colnptes,
les différences essentielles entre Vauratus et le cafer sont radicales;
ce sont, en effet, des caractères formant contraste; et la gradation
est irrégulière, avec toutes sortes de combinaisons asymétriques
des caractères des deux formes et n'ayant aucune corrélation entre
leur gradation et les conditions de l'entourage.
(1) Se reporter p. 33 de son mémoire.
ADDITIONS, CORRECTIONS KT KXAMKNS d'aPRKS NATIltK S't!)
(( Dans la Californie, la Colombie britannique, le Montana, le
Wyoming, le Kansas et le Texas méridional, les mêmes conibi-
uaisons irré^uliéres et variées des caractères des deux espèces se
renconlreut. D'autre part, les phi^noriièiiesde i;iadalion, par rapport
à la nature des « inlergrades » et à leur distribution géographiciue,
sont juste ce qu'il faut pour qu'on puisse les supposer produits par
des croisements. De plus, c'est une affaire d'observation ([ue des
Oiseaux très dissemblables s'appariiiiit et que des individus de la
même couvée sont souvent d'une apparence fort diverse.
(( Bien qu'on n'ait pas enregistré, (du moins ;i la connaissance de
M. .Mleu), l'appariage de purs cafcr avec de pui's«i*ra?i(s, cependant
il semble hors de doute que celte union se soit présentée plusieurs
fois, puisqu'elle pourrait se rencontrer à n'importe quel point d'une
ligne longue de plus de mille milles d'élendue, où se rejoignent
les demeures des deux espèces. De chaque côté de cette frontière,
l'influence d'une espèce sur l'autre s'éteint graduellement à mesure
qu'on s'éloigne de cette ligne, jusqu'au moment où, au Mexique,
aux États-Unis, à l'est du Mississipi, et dans l'Alaska et l'Amérique
anglaise orientale, elle devient en fait absolument nulle. L'appa-
rition, dans la Colombie anglaise et les Etals-Unis, à l'ouest des
Montagnes Rocheuses, des caractères de l'auratus dans le cafiT, et
l'aflaiblissement graduel de celle « infusion » vers le sud, peut facile-
ment être mise sur le compte de l'émigration de Vitio-atiis du nord à
la limite septentrionale de l'habitation du ra/'prcommesur le compte
de l'immense et graduelle dispersion, vers le sud, des intermé
diaires résultant du croisement des deux espèces. On peut sup-
poser facilement que les traces très légères des caractères du cafer,
se rencontrant à l'est dans quelques rares spécimens de Vaunilus,
sont (lues à la dispersion » sporadic », vers l'est, des épaves venues
de la demeure du ctifer, puisqu'on sait (1) que presque tous les
Oiseaux de l'ouest dévient de temps en temps vers l'est, môme
jusqu'aux bords de l'Atlantique. La capture qu'on a faite, près de
la Nouvelle-Orléans et de Toronio, d'hybrides fortement accutiés,
montre au moins que îles types intermédiaires, sinon purs, de cafer,
vont à l'est, loin de leur propre habitat.
(( Il n'est donc pas besoin de supposer que la présence de
quelques plumes rouges dans la raie de la joue des spécimens de
Vauralus. pris dans les États de l'Atlantique, indique une tendance
à un retour vers le type de quelque ancêtre hypothétique qui aurait
(1) Ici nous commençons la traduction de la pa;;e 3;>.
830 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
eu la raie de la joue rouge. II n'est pas besoin de supposer davan-
tage que la présence de plumes noires dans la luêuie raie de la
joue, ou liien encore que le (•oiiniieuceuieut d'un croissanl écarlate
à la nuque (chez les Oiseaux qui viennent de l'Arizona, de la
Nevada et de la Californie méridionale), indique une tendance sem-
blable à se rapproclier d'un ancêtre également hypolliétique ayant
des raies noires à la joue et un croissant rouge à la nuque. Cela
n'est pas nécessaire, dit M. Allen, puisque la légère « infusion ))
du saug de cafer, dans un cas, et du sang de l'aitratus. dans l'autre,
dont on a la preuve presque indubitable, apporte une explication
adéquate et suflisante de ces étranges phénonièues.
« La grande infusion du sang de Vauratus qui se montre dans le
stock des Colaptes de l'Orégon et de la Californie septentrionale
s'explique aisément par ce fait que C. uuratus, comme beaucoup
d'autres Oiseaux de l'Est, peut trouver un accès facile vers la côte
nord ouest, ou, en se séparant, dans le bas du Wyoming, ou bien à
partir du nord, car la demeure de Vauratus atteint la côte du Paci-
fique dans la Colombie anglaise du nord et dans l'Alaska. »
M. Allen trouve en outre important de noter que u dans les pre-
mières collections de la Californie, les Flickers hybrides étaient en
fait inconnus, puisqu'il ne s'en trouve pas dans le matériel manié
par Baird en I8S8. En 1870, le D' J. G. Cooper estima que la capture
de deux spécimens de Colaptes, pris à Sakland et présentant des
caractères de Vauratus, méritait une mention spéciale. Mais M.|W. E.
Bryant (1), dit que des spécimens qu'on jieut ra])porter au type
(( hyhridus » sont pris maintenant presque aussi souvent que les
C. cafer; il est même extraordinaire d'obtenir de bons exemplaires
de C. cafer dans certaines localités. » Les séries, que M. Allen a
obtenues de la Californie centrale et de la Californie septentrionale,
confirment complètement cette assertion. Dans les ouvrages clas-
siques sur les Oiseaux de l'Amérique du Nord, même dans les plus
récents, la région du Missouri supérieur, du Yellowstone et des
Blacks-Hills, est indi(iuée comme l'habitat du Colajites hyhridus.
Aujourd'hui, cependant, on a la preuve évidente de la rencontre ou
de l'existence d'Oiseaux métis en grand nombre sur des centaines
de milles d'étendue, depuis le Rio Grande, dans le Texas, vers le
nord et l'ouest, jusqu'à l'Alaska méridional. Par suite, on peut
presque se demander si C. auratus n'étend point graduellement
son domaine dans l'habitai du C. enfer, iiarticulièrement eu Cali-
fornie et le long de toute la frontière de l'habitat du cafer. Malheu-
(1) In (I Land Birds of the pacifie district » de Belding, 1890.
ADDITIDNS, COiUlliCTlONS KT KXAMKNS d'aI'UKS NATUUI; S.il
reuscrneni, on ne p<Mil le prouvei-, à ciiiisc du iiKiiique de iiiiili'riel
provenant îU; l'habitiit du (v;/(v recueilli avant une époiiue relali-
veraeul récente.
M. Allen termine ainsi ses cunclusions :
« Kinally, it uiay lie added, llie inleigradaticui belweeii Colaplfn
aurahts and C. cafcr \» nul only unique as ret;ards tlie eliaracter
and iieoyraphiral dislr-ii)uli()n of llie iuleri^rades, but is sonielliins
superimposed upon oïdiuary i;ei)i;iapliic variation due lo eiu iron-
ment, since the ordinal y jiliases of içeofjraphic variation, as seen
in oliiei- binis liavini; tlie same disiribulion, is well illustraled in
llie varions Norlli Anierieiin lorms oj Cnlaiilfs. as lias already been
iiiclicated, ami as will be presenlly sbow n more in délai! ( 1 1. n
Les savantes explications (|ue vient de (binner M. Allen nous
(1) M. Allen ne >"csl |ioinl borné à éUidici- les croisonients possililes entre
aaratus el ca/er. il a vonlu aussi se rendre comple des viirialions g(>(ij,Maiiliiques
el de saison chez les Klickers.
Nous reviendrons ici au résumé, on ;inalyse de M. Halihelder ; mais les rensei-
gnements qui sont donnes, ne renliant pas diieetenient dans le sujet <|up nous
traitons, nous les puldions en note :
Il paiait que « la variation due à la gcograpliie alteinl eliez le C. aurtttus
jusqu'à 10 "A de la longueur de Paile enire r.\mérique et le Sud de la KIoridc,
tandis (|ue les formes, à l'Ouest de l'Inde, sont plus petites. La dillérence entre le
C. c. saluratior et le C. niftpHeus est presque parallèle à celle-ci; mais chez
le ca/er, lu variation tsl moins uniforme avec la latitude, el elle se coniplicpie
peut-être, par des elTets d'altitude.
« Le C. chrjsoïdes ne montre pres(|ue aucune dillerence duc à la géo;;ra|)hie du
pays. Chez X'auralus de la Floride, bien (lu'il soit plus petit et plus (oiicn que
l'Oiseau du Nord, la dillerence moyenne esl trop légère et trop iiiconstanle en taille
et en couleur pour pouvoir établir une séparation.
< La variation des individus est considérable, quant à la grandeur et à la couleur.
Le bec varie en biiigucur de l.'i à 21) » „, l'aile de K à 12, la ipieue de 12 à IH.
« Kn couleur, la variation allecle : 1° les dimensions el la [orme ries taches noires
circulaiies sur le |ilumage ii.térieur: 2" la laigeur et le nombre des raies transver-
sales du pluma;;e supérieur; > la dimension et les tonnes de la raie « inalar »;
4" le lou de la couleur répandue sur le plumage; o» les taches noires du crou-
pion qui sont visibles ou absentes.
0 Ces variations sont discutées en détail, ainsi que la tendance (|u'ont les femelles
à développer la raie « mnlar ». Les changements de couleur de saison sont seule-
ment dus à l'usure et au frottement. Dans tout le groupe, le pliiiiiage des jeunes
dilfère de celui de l'adulte en montrant, |irincipalement, plus ou moins de rouge
sur le soMiiiiet de la lèle el eu ayant, en général, des iiianjues plus grossières et
plus lourdes, l'ne varialion intéressante se montre dans la moustache; chez les
adultes, elle est 1res prononcée, et cepemlanl d'un caraclère très peu stable. Le jeune
C. anratus laisse voir dans les deux sexes cette raie qui à l'ilgc adulte, est seule-
ment l'atlribul du mule. Dans C. clirysoïdes, C. cafer el C. saturior, la même
marque est rouge chez le mâle et rousse chez la femelle. »
832 OTSEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
contraignent, en quelque sorte, de revenir sur notre première
manière de voir. Nous avions, en effet, pensé que les marques
mélangées du Colaptes hybriilus étaient dues à des inlluences de
i'iiabitat. Elles proviendraient d'une hybridation accomplie sur une
très vaste échelle, le système adopté par Baird! Le sujet est d'un
très vif intérêt, on le voit.
Les vues de l'éminent ornithologiste, M. Allen, dont on vient de
traduire le travail en grande partie, paraissent au premier abord
très rationnelles.
Si les Oiseaux à caractères mélangés présentaient des gradations
régulières de passage d'un type à l'autre type, comme en présen-
tent par exemple les Paradisiers du fleuve Fly, nous aurions à
préseûtei' les mêmes réserves que celles faites au sujet de l'hybri-
dation de ces derniers. Cependant le Colaptcs hyhridns rentre-t-il
réellement dans cette classe de vrais hybrides dont nous nous
sommes efîorcé d'analyser les tiaits en fournissant des exemples?
En lisant attentivement ce que iM. Allen dit des caractères qu'ils
présentent, on remarque que le mélange asymétrique est la règle (1),
c'est àdire f[ue le plus souvent un côté du corps de l'Oiseau n'est
pas pareil à l'autre côté ! Jamais chose semblable n'a encore été
constatée dans aucun des exemplaires hybrides que nous avons
signalés; jamais, nous n'avons remarqué chez eux un manque de
symétrie. L'hybride peut, on l'a dit maintes fois, représenter une
juxtajjosition des caractères de ses auteurs, en sorte qu'une partie
de son corps est d'une espèce, et une autre partie d'une autre
espèce. Mais lorsque les caractères sont marqués d'un côté, ils sont
reproduits de l'autre.
Nous ne savons donc quelle origine assigner au Colaptes hybridus;
et nous préférons, en présence des divergences d'opinions qui se
sont produites, nous abstenir de porter aucun jugement à ce sujet;
on a encore remarqué que M. Allen dit qu'on n'a jamais trouvé les
deux espèces pures appariées.
Une explication, croyons nous, est devenue nécessaire sur la
nature des deux types C. cafer et C. auratus, ((ui (d'après le savant
directeur de l'Auk), contracteraient de très fréquents mélanges.
Avons-nous alïaire à de bonnes espèces? Nous ne voudrions pas
le prétendre. Au moment où nous avions écrit notre premièi'e étude,
nous ne possédions pas de peaux de ces deux types. Nous les avons
(1) Lisez p. 28, ligne 28" de son mémoire dont l'analyse de M. Batehelder a seule
été traduite.
OISEAUX MYHHIDKS HENCONTRÉS A 1,'ÉTAÏ SArVAGK 8.')3
étudiés (Ippiiis. Or, nous avions reconnu qu'ils ne ditlèrent fjuére
l'un de l'autre que par deux caractères principaux; ces deux carac-
tères sont : [o les moustaches noires chez auratus, rouges cliez enfer;
2° l'existence derrière la nuque d'un croissant rouge chez auratus;
l'absence île cette raie (;hez cafer. On peut néanmoins noter encore
que chez ce dernier les tiges et le dessous des barbes des rémiges
et des rectrices sont d'un ton plus vif; ces parties sont rougeàtrcs
alors qu'elles sont jaune paille chez auratus (i). On doit aussi remar-
quer que la gorge et le dessous du cou sont plus lie de vin rous-
sàtre chez auratus que chez cafcr(2], lequel a au contraire le front
plus roussàtre. Nous avious cru nous apercevoir que les rectrices de
cafer sont un peu plus larges et un peu plus longues que celles
d'auratus, lequel sei-ail légèrement plus faillie de taille. Mais nous
lisons dans M. Allen, (lui a disposé d'un matériel considérable,
que les dimensions soûl les mêmes chez les deux Oiseaux. M. Allen
ajoute celte phrase siguilicative : « In the gênerai patlcrri of tlie
coloration, in habits and notes, the two species are indis-
tinguishable. n M. Klliot (loues (3) avait dit aussi, en parlant du
me.Ticanus (cafer) : « lu habits, a perfect counterpart of the corn-
mon Flicker (C. auratus). »
Ainsi, quelques différences dans la coloration séparent seule-
ment les deux pi-étendues espèces « dont les dimensions, les
habitudes et le cri sont exactement les mêmes ! »
Nous aurions pu dire, il est vrai, que cafer laisse apercevoir
quelques petits points ou taches (très-rares) sur le blanc de la
croupe, ce que ne montre pas auratus; mais sont ce là des diffé-
rences spécifiques?
Nous ne nous [irononcerous pas sur la valeur des deux types.
(1) Ce ne sont pas dos caractères vraiment spcrifiques.
(i) Mùme ol)SPrvation que ci-dessus.
(3) Key to norlli aiiierinm Itirds, p. 493, I.ondon, Boston, 18.84.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET KXAMENS d'apRÈS NATURE 8oiJ
CONCLUSION DE LA CINQUIÈME PARTIE
Il résulte des Additions que nous venons de faire et de la Ukvision
GÉNÉRALE à lai|uelle nous nous sommes livré, que le nomi)i-e des
hybrides n'esl lîuère plus élevé que celui qui avait été déclaré dans
nos précédentes publications; quelques ci-oiseinents nouveaux ont
cependant été signalés, mais plusieurs autres, déjà inentiounés,
ont dû être rayés parce qu'ils ne présentent pas de j^aranlies suffi-
santes d'aullieulicilé.
Les conclusions, aux(iiielles notre premier travail aboutissait, ne
se trouvent donc point modifiées. L'hybridité à l'état sauvage reste
une chose fort rare, tout à fait exceptionnelle. Si h^s hybrides
étaient fréquents, on les trouverait conservés dans les Musées
publics ou dans les collections privées, et les ouvrages et les revues
ornitlioloiriques s'en seraient certaiiiemeut occupés.
Nous avons en outi'c remarqué, — ceci est très important, — que
beaucoup d'hybriiles authentiques peuvent ne pas avoir pris nais-
sauce à l'étal sauvage (juoiqu'y ayant été réellement rencontrés : ce
sont dt^s individus nés en semi-liberté, en captivité même quelque-
fois, ou dans des conditions telles que leurs parents ne jouissaient
pas, au moment de leur |)roduction, de leur complète liberté.
Quelques faits d'hylnidité, paraissant naturels, restent ce|)entlant
bien constatés. Alin (ju'on puisse se rendre compte facilement, sans
faire de grandes recherches dans le texte, du nombre el de la valeur
des exemples (|ui y soni examinés avec beaucoup de détails, nous
avons indi(|ué ces exemples par ordre très sommairement dans un
tableau récapitulai if. Ce ne peut toutefois être qu'une approximation,
car il est iuqjossiiile de connaître toutes les observations qui ont
été faites dans le monde, comme il est tout aussi dillicile de préciser
rigoureusement la valeur de ces observations. Néanmoins, à cause
des recherches auxquelles nous nous sommes livré, des demandes
que nous avons adressées df tous côtés, que nous avons renouvelées
pendant huit années aux naturalistes répandus sur le globe, peu
d'oublis, croyons-nous, ont été commis. La plupart des hybrides
ronsc/Bi'setleplusgrantl nombi-e des observa tionso)nsj(/»^es figurent
probablement sur ce tableau, qui est le suivant :
856
OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L ETAT SAUVAGE
TABLEA
INDIQUANT LES HYBRIDATIONS, REELLES
avec les appréciations de l'aul
(D
h
U
o
TYPES QUE L'ON SUPPOSE S'ÊTRE CROISES
Friincoliniis vulgnris X Fr. piclus . . .
Callipepl'i gamheli X Catinits virgiantix .
Callipepla squamala X Colinus virijianiis
Perdix cinereay, Perdix stixalilis . . .
Perdix cnierea X Perdix rubra . .
Perdix saxatilU X Perdix rubra .....
Colurnix cnturnix X Colurnix japonica. .
Tetraa tetrix X Telrao urogallus
Tetrao albus X Telrao urogallus
Lagopus scoticus X Lagopus mulus. .
I.agopiis albus X Lagopus wiitus (à suiiprinier
Tetrao leirix y, Lagopus muius
Tetrao tetrix X Bonasa beluHna ....
Lagopus inul^is X Bonasa betulina. . .
Lagopus albus X Bonasa betulitta . . .
Tetrao tetrix X Lagopus scoticus . . . .
Tetrao tetrix X Lagopus albus
Tijnipanuclius americanus y, Pediocœtes pha
sianellus
Gallus sonnerati X f'- bankiva ....
Euplocamus lineatus X E. horsfieldi .
Euplocamus melanotus X L. albocristatus
Phasianus vulgaris X Ph. reevesi. . . .
Phasianus versicolor X '''»• sœmmeringi
Phasianus torquatus X '"'*• versicolor.
Phasianus mongoliens X ''''■ semilorquatus
Phasianus torquatus X Ph. colchicus .
Phasianus decollatus X Pfi- collaris .
Phasianus mongolicus X P/>- chrysouielas
Phasianus versicolor X Ph. colchicus. .
Phasianus torquatus X ''/»■ mongolicus.
Phasianus scintillans X P/i- sœmmeringi
Ci-ossoptilon thibetanum X C- auritum .
I Pénélope jucuaca X ^- pileata
Paraissent
devoir être considérés
COMME
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OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A L ETAT SAUVAGE
TVI'ES (HE L'ON SUF^POSE S'ETRE CHOISES
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Eupliicamus nyclheinerus X '*'*■ viilgaris .
Thaumalea picla X Phasianus vulgaiis. .
Piiasianus vulgaris X Telrao telrix. . . .
Phasiinius vulgaris X Telrao vrogallus. .
Lagopua saliceti X Perclix cinerea (à supprimtr
Phasianus vulgaris X Lagopus (sp. ?)'. . .
Colomba œnas X Coluiiiha nilinif . .
Columba iivia X Cnimnba pulumbus
^ o / Ttirtur risoria X Ttirtur auritiis . .
^ u j Columba Iivia X Turtur risorius . .
S 1 Columba Iivia X Palumbœna fusca .
Trelron phœnicoplera X ï". chlorigasler
•<D
CD
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Anas penelope X Querquedula crecca .
Dafila acula X 'l««s penelope
Anus bosclias X Dafila acula
Anas boschas X Querquedula crecca. .
Anas boschas X Chanlelasmus streperur
Dafila acula X Querquedula crecca . .
Anas boschas X Anas obscura
Anas boschas X Anas penelope ....
Anas boschas X Anas americana . . .
Spalula clypeata X Dafila acula . . .
Dafila acula X Anas strepera ....
Cairina moschala X Anas clypeata . .
Anas strepera X Anas clypeata ....
/Inas boschas X ^Inos clypeata ....
Cairina moschala X ^«as boschas. . .
Cairina moschala X >tnas obscura . .
Jnas penelope X ^Inas strepera ....
Mareca penelope X 0- cimca (à supprimer)
Tadorna casarka X Querquedula {falcala
Tadorna vulpanser X ^l'ias bo'schas. . .
Querquedula circia X Querquedula crecca
Anas discors X Spalula clypeata . .
Anas discors X ^wtts cyanoptera . .
Anas streperus X -1- americana . . .
P.4BAISSENT
DEVOIH 1-TRE CONSIDÈRES
COM.ME
de bonnes
espèces
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III.
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Fuiigula crislala X Fuligula marila? . . . .
M.
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Fuligula clangula X Fuligula marila (à sii|i|ir nm )
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Fuligula ferina X Anas crecca (ou A.boschas).
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Fuiigttla ferinaX ^ix sponsa
M.
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Fuligula frrina X Dafila acula
Id.
Clangula glauciim X 3leryus albeUus ....
Id.
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Clangula aniericana X Mergus cucullalus . .
Id.
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Anser albifrons gambeii X Uranta canadeusis .
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Anser cinereusX J^nsef segelum . ......
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Anser albifrons X Bernicla brenta
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Plialacrorax africanus X Ph. pygmœus . . .
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Hœmaloiius unicolur X H. longiroslris. . . .
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Numenius lenuiroslris X N. arquatus ....
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Nunienius tenuirostris X ^- phœopus (à siipprinini
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Gallinago major X Gallinago scolopacinuf . .
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Liuiosa lappnnica X Liiiiosa uropygialis . . .
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Gallinula chlnropus X Fulica atra
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Ligurinus clitoris X Cannabina linola. . . .
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Ligurinus chtoris X Carduelis elegans. . . .
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Carduelis elegans X Cannabina linota. . . .
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OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L ÉTAT SAUVAGE
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Loxia oryzn-ora X Pringilla (espèce'!). . . .
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Einheriza hrasiliensis X Passeï' domeslicus. .
Id.
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ScTinus hortulamis X (^- ''l-egans. ......
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7
Serinus horluUmus X Cannabina linnla. . .
Ici.
Chrysomilris spinus X l'ig- chloris
M.
7
Àcanlhis linaria X ^pinus spinus
Id.
Oui
Acanthis linarin x Acanlhis exilipes
Id.
Oui
. . .
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FringiUa cœli>b$ X P- inontifringilla
Id.
Oui
Fringilla cœlebs X f- .fpodwgena
Id
Pinicnla enucleator X Carpodacvs purpureus.
Id.
Id.
Emberisa citrinella X Cynchramus schœniclus
Id.
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. . .
Emberiza citrinella X Emberiza pithyornus .
Id.
Oui
7
Einberiza cilrinellaX Emberiza cirltis. . . .
7
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Junco hyemaUsX^oncilrichia albicollis . . .
Oui
Id.
• . .
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Zonotrichia leucophrys X ^- gambeli et Z. G.
intermedia
Id.
Id.
Id.
Oui
Spizella pallida X Spizella p. var. breweri.
Passer domesticus X Passer wontanus. . .
Id.
Id.
Passer montanus X Passer itatiw
Id.
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Passer ilaliœ X Passer domeslicus
. .
Id.
Id.
Passer italice X Passer saUcicola
Id.
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9
Loxia curvirostra X loxia bifasciata ....
Oui
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Loxia curvirostra X t. pityopsittacus ....
Id.
7
Emberiza brasiliensis X Passer domeslicus .
Oui
Id.
U
Liguriniis chloris X Passer ilaliœ
Id.
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O
Fringilla civlebs X Passer domesttcus ....
Chrysomilns spinus x Pyrrhula vulgaris . .
Id.
Id.
Oui
Id.
Eu.tpiza luteola X Passer indicus
t
Piranga rubra X Piranga erythromelas . . .
•?
Oui
. .
lihipidura pabelliferaX Rl>- l'uliginnsa. . . .
Oui
Id.
Hirundn eryllirogasler var. horreorum X
Pelrochelidon lunifrons
Id.
Id.
Uiritndo erythrogaster X Petro. m'ainsoni .
Id.
Uirundo urbica X Hirundo ruslica
Id.
Id.
Cistothonts slellaris X Cistolhorus iiiarianœ.
Oui
Id.
Parus atricapillus X Parus gambeli
Id.
Id.
Parus bicolnr X Parus atricapillus
Id.
. . .
Id.
Parus cwruleus X P<''<'i^e corn munis
Id.
Id.
Parus cyanus X Poscile borealis . ......
Id.
Id.
Parus cristalus X Parus borealis
Id.
Id.
ADDITIONS, COnRECTIONS KT EXAMENS D APRES NATURE
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OISEAUX HYBRIDES niiNCONTRÉS A L'kTAT SAUVAGE
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TYPES QUE L'ON SUPPOSE S'ÊTRE CHOISÉS
Parus major X Parus cœruleus
Parus cyanus X Cyanistes cœndeus ....
Cyanistes cyanus X Cyanistes pleskei . . .
Cyanistes cœruleus X Cyanistes pleskei . .
Cyanistes flavipictus X C. c. var. Tian Schan
Cyanistes cyanus X Peecile tongicaudus . .
Acredula caudata X Acreduta irhyi ....
Acredula rosea X Acredula irbyi
Motacilla alba X ^'- iî'SJtftri.s
Motiicilla flava X Budytes melanocephala .
Bndytes flava X 5- cainpestris
Budytes flava X B. borealis . .
Helminthophila pinus y^ B. chrysnptera . .
Helminlliophila pinus X Oporornis forwosn
Dendrœca striata X Perissoglossa tigrina .
Cyanecula wolfi X Cy- leucocyanea
Cyanecula suecina X Cy- leucocyanea . .
Cyanecula uiolp, X Cyanecula suecica . . .
Philomela luscinia X Ph. major
Pelrocincla saxatilis X P- cyanea
Sylvania mitrata X Sylvania canadensis
(à supprimer)
Turdus ruficollis X T- atrigularis
Turdus fuscatus X T. naumanni
Turdus fuscatus X T. ruficollis
Turdus merula X ï". musicus
Turdus merula X T, torquatus (à supprimer)
Turdus merula X T. viscivorus
Hypolais rama X Acrocephalus slreperus .
Regulus satrapa X R. calendula. .....
Cinchis cashmiriensis X C. leucogaster
Cinclus cashmiriensis X C. sordidus .
Copsychus musicusX Cnpsychus anurnus .
La7iius rufus X Lanius collurio ......
Lanius collurio X Ontomela romanovi . . .
Lanius dichrourus X Ontomela karelini . .
Lanius excubilor X Lanius major
Lanius Ci eu bitorX I-. leucopterus
Lanius excubilor X i- borealis
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OISEAUX HYBRIDES nKNCONTRES A L ÉTAT SAUVAGE
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TYPES QUE L'ON SUPPOSE SÈTRE CROISÉS
Cyanocorax cijanomeias
(ou C. cayanus) . . . .
X C. cyanopogon
Garrulus glandarius X H krynickiCa supiirimer).
Corvus coraxX Corcus corone
Corvus corone X Corvus coruixlà siipiirinier).
Corvus frugileus X Corvus cornix
Corvus corone X Corvus frugileus (ii snpprimei) .
Corvus neglectus X C. dauricus .......
Corvus cornix X C . orientalis
Silta enropea X Sitla caesia
Jora lypkia X Jora zeylanica
Creadion carunculatus X C. cinereus . . . .
Quiscala œneus X Quiscala quiscala
Paradisea apoda X P. raggianu
Paradisen auguslœ victorior X P. raggiana .
Sericulus chrysocephaius X Ptilorhynchus
hotoserireus
Coracias indica X C. afjlnis
Coracius garrula X C. indica
Colaptes auratus X C. mexicanus
Colaptes chrysoïdes X C. mexicanus
nryobaies mttlali X Dryobal.es puhescens
gairdneri.
Aquila fulva X * ■ cn/saë/os (à su ppi-imer; . .
Aquila nnbilis X '^ ■ daphnea
Aquila pennata X A. minuta (à siippiimer) .
h'alro linnunculus X Falco lilhofalco.
Falco eleonorœ X F- arc/dtcus (à supprimer! .
Falco feldeggi X Falco ianyptereus
Falco holbœlli (ou F. islandicus) et // can-
dicans
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Buleo vulgaris X Buleo vulpinus
nuleni-ulgarisX *rcliibuteolagi)pus?('!isiiffr\mtr)
Circachis gallicus X C. hypoleucos (à supprimer).
Accipilcr nisus X A. brevipes
Aslur atricapillus X Falco cooperi
Platycercus exiweus X Platycercus pennantii.
Apro-wiiclus scapulatus X Platycercus pen-
nantii .
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86s OISEAUX HYBRIDES RENCONTBits A L'ÉTAT SAIIVAGE
Ce tableau récapitiil itif, (qui n'est, cnniriie on vient de le
(lire, qu'une approxini.ition, puisqu'il n'est point possii)le d'enre-
gistrer tous les i;i\ls observas, ni de conniiilre leur valeur réelle),
montre que l'on s'est occupé du croisement possible de deux cent
cent soixante et onze formes zoologiques, dont cent quatre vingt-
neuf (environ) appartiennent à des espèces et quatre vingt-deux
à des races ou à des variétés.
Ces divers types croisés les uns avec les autres, auraient donné
lieu à deux cent quinze croisements, dont cent soixante six d'es-
pèces et quarante neuf de variétés.
Nous ne nous occuperons point de ces derniers ; ils sont, nous
l'avons remarqué, à écailer, parce qu'ils manquent tout à fait
d'intérêt. — Et du reste, dans la plupart des cas, les individus inter-
médiaires (auxquels ils auraient donné naissance) paraissent bien
plutôt, à cause des caractères de gi'adation qui les distinguent, être
le résultat d'influences de l'habitat que de réels mélanges. Leur
origine est donc à suspecter. Proviendraient ils de croisements,
que la nature de leurs parents leur retirerait, répétons-le, toute
espèce d'intérêt.
Parmi les cent soixante six croisements de types que nous consi-
dérons comme appartenant à des espèces (et presque toujours à
des espèces rapprochées) (1), dix-neuf ne méritent aucune créance ;
quatorze même doivent être supprimés détlnitivementcar, certaine-
ment, ils ne se sont jamais produits. Puis trente trois autres sont
douteux; enfin, quelques-uns, huit (?) pourraient bien n'être eux-
mêmes que des intermédiaires et non des hybrides.
Restent donc (environ) cent six croisements d'espèces.
Sur ce nombre, combien peut-on prétendre qu'il s'en soit réalisé
à l'état sauvage? Nous ne saurions préciser auiun chitïre, parce
qu'aucun contrôle n'a pu être exercé sur les appariages.
Mais, il est probable, (nous insistons sur ce point, car il est très
important), que bien souvent on a affaire à les individus échappés
de captivité, ou nés en semi-liberté, ou dans des conditions telles
que leurs parents n'étaient pas libres au moment de l'appariage.
En ce qui concerne les Gallinacés, la plupart des croisements
ont eu lieu, sans doute, à l'état sauvage ; mais, vraisemblablement
(1) l'IusieiMs sans doute devraient même être classés comme sous-espèces.
ADDITIONS. CdlIlil.CTIliNS Kl' KX.V.MENS U AI'RKS NATURK NCi'J
ils oui ('tf cdiitiiulrs |);ir des csiii'i'i's dont les sexes n'étaient plus
fil ('<|iiililii(' miniéii(iue piir suite des cliasses dont les (ialliiiacés
sont l'olijet.
j'^u ce (lui r«ucei'iie les I'almip^des, nous ne voyons, la plupart
du temps, qui' des produits d'iin ididus Idessés. n'ayaut pu regai^iier
leurs lialiitats respectifs ; ou plus spécialement encore des produits
d'individus ayani été retenus dans une seini-domesticalion. comme
il a élé explii|ué plusieurs fois (Ij.
En ce qui concerue les Passekeaux. beaucoup de leurs hybrides
sont, pour nous, des échappés de captivité ; nous ne pouvons les
considérer autrement dans la famille des i'ringiUidw, et nous
sommes jiersuadé que, plus d'une fois même, leur capture à l'état
sauvage est mal établie.
Ces trois Ordres sont à peu près les seuls dans lesquels l'hybridité
ail été constatée, car elle est |)resi|ue nulle chez les Columbœ, les
(jralliV, les .lœipities et les Scanaores.
DésiranI montrer ce (pi'il y a de fondé dans nos dimtes émis sur
l'origine des pièces obtenues à l'étal libre, nous nous arrêterons à
un fait des plus intéressants; il nous est raconté au moment même
oii nous lerininoiis cet ouvrage.
Ou se raiipelle (|u'aux pay;es MH, 47!) et 480, nous nous sommes
étendu sur l'hybridisme i< Francolinus pictm X Francolinus eut
(lariK il. Nous avons sij,Mnlé, en entrant dans beaucoup de détails,
la reucoutre faite par le lieutenant (-oloiiel Butler à Déésa (Indes-
Orientales) de six ou sept hybrides présentant des caractères de
niélaiif^e réel ; nous avons iemar(]ué qu'ils avaient été observés là
|)récisément où les deux espèces parentes se séparent ou, pour
mieux dire, se rencontrent, l'une venant des contrées Nord, l'autre
des contrées Sud ; qu'il y avait donc lieu de croire qu'au point de
jonction lou lii;ne séparative) les deux types se mêlaient les uns
aux autres CJ).
Si, comme le disent des auteurs, on a alïairechez les exemplaires
de Mf Butler à de vrais hybrides, l'existence d'un croisement
wilitirl, se renouvelant réiAulièremeut (et nullement par l'action
de riiomme). est fortement à soup(;onuer !
La chose en valant la peine, nous avons élé aux informations,
c'esl-à-dire que nous avons écrit à ceux ([ni, habitant Déésa et la
(1) Nutnniineiit aux p;i^'es 474 el 475.
(2) Nous iivinns déjà (ail inentinn de ce croisemenl, p. 5 (ou p. 258 des Mêra. de
laSoo. Zool..l890).
870 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
présidence de Bombay, (où cette localité est située), pouvaient nous
renseigner. La plupart des réponses reçues ne nous ont rien
appris ; au moins, aucun autre hybride, nous écrit on, n'a encore été
depuis observé. Cependant une de ces correspondances dit beau-
coup à ce sujet ; elle nous est transmise parle major. M'' A. W.
Bell, assistant adjudant-général , qui l'a reçue de M. Barnes,
d'Almednasan, Deccan, lequel était présent lorsque le capitaine
Butler tua les hybrides en question ; M. Barnes s'occupait à ce
moment de questions d'Histoire naturelle.
L'explication est des plus simples : Le cauounier Heodrick, de
l'armée royale, avait acheté un coq m Black Fraiiroliints » à des
Brinjavanais qui avaient apporté cet Oiseau du Sud. — Pendant un
séjour que le canonnier dut faire à l'hôpital, le Francolin
s'échappa et s'apparia avec une femelle sauvage (( Painted ». Les hy-
brides que le colonel Butler fua étaient nés de cette paire d'Oiseaux.
Voilà un fait ramené à de bien minimes proportions; sans la
cominuuication de M. Barnes, il aurait pu être envisagé d'une
manière très diflérenle. — Nous possédons la lettre de celui-ci,
laquelle avait été adressée en premier lieu h M. Bell qui nous l'a
remise. Celte lettre est toute une révélation.
Une autre observation, qui a aussi son importance, est consignée
dans la même lettre : Une série d'oiseaux, commençant aux limites
nord du « Black Francolinns » et aboutissant aux limites sud du
(( Painted Franco/ùiM.v )i passent graduellement d'un type à l'autre
type et, dans la partie centrale du district, il est impossible de
dire où l'un finit et où l'autre commence. Il ne serait point question
ici de croisements, mais de « gradations » insensibles Iparfaitement
régulières sans doute), qui, pour M. Barnes, prouvent que les deux
types, très rapprochés du reste, ne sont que deux races locales ; les
différences qu'elles présentent proviendraient des influences de
leurs habitants respectifs.
Nous n'avons nulle part, nous devons le dire, entendu parler de
ces gradations entre le F. idetns et le F. oulgaris: aucun ornitholo-
giste, à notre connaissance, ne les a mentionnées. Nous ignorons si
elles se produisent réellement ; nous ne pouvons cependant mettre
en doute l'assertion de M. Barnes. Si cette assertion est exacte,
elle est fort remarquable, car: 1" elle montre de nouveau que des
caractères mélangés ne prouvent point toujours des croisements;
2° elle fait sentir parfaitement la difïérence que l'on doit établir
entre les vrais hybrides et les Oiseaux à caractères fusionnés par
influences climatériques.
ADDITIONS, CORHECTIONS ET EXAMENS DAPRÈS NATURE 871
(les deux observations out leui' place marquée dans notre conclu
siou. Nous sommes particulièrement heureux que l'explication
fournie par M. liâmes sur la |)ro(lu('lion des hybrides du colonel
Butler, (lesquels ne peuvent tHrc classes avec les individus à carac
lères gradués dont ils dillèreut sensiblement), nous soit parvenue
avant la fin de l'impression de noire travail, car cette explication
inattendue nous conlirme dans nos doutes expi-imés maintes fois
sur la réelle origine sauvage des autres hybrides que nous avons
déjà signalés.
C'est pour(]U()i nous nous sommes montré très hésitant lorsipi'il a
fallu, dans notre tableau, nous prononcer sur l'originedes hyjjrides
qui y figurent; très souvent nous avons répondu évasivement.
Néanmoins, nous admettrons pour un moment que toules les
hybridations (]ui ont été citées sont aiisolument naturelles, que
l'action de l'iKunmey a été complètement étrangère (et certes, pour
quel([ues-unes au moins, la clio.se est assez vraisemblable). On
remarquera aussitôt qu'elles sont en général accidentelles, c'est à-
dire qu'elles ne se sont jias renouvelées; qu'elles sont donc sans
portée. — Dans les cas, beaucoup plus rares, où le même hybride se
montre de temps à autre, le résultat final n'est point différent.
En général, le produit né de deux espèces distinctes est stérile, ou
s'il se montre fécond, sa rareté l'oblige à s'unir aux espèces
pures; ainsi sa descendance fait forcément retour à l'un des types
ancestraux. Dans l'hybridisme » Ti-trao moyalius X Tetrao tetrix »,
le plus remaniuable parmi les rares hybridismes qui se renouvel-
lent de temps à autre, le produit, le Rackelhaue, n'a jamais formé
lignée; il vit et demeure isolé, taudis que le tyi)c pur de ses deux
parents revient sans cesse et ne s'altère jamais.
En sorte que de toutes les hybridations (|ue nous avons étudiées,
(si or. excepte les cas de II. pinits x II- li.ncvbronch'uilis. de /'. rar/niana
X P. apoda et du VoUiplcs hybridiis, que l'on doit tenir à l'écart provi-
soirement parce qu'ils ne sont pas sulTisarament connus), ou est
autorisé à conclure qu'AucuNE espèce nouvelle n'en est résultée.
Nous nous proposons, si Dieu nous prête vie, de publier chaque
année des suppléments pour faire connaître les faits nouvellement
observés; nou.s osons espérer que les naturalistes voudront bien
nous aider dans ce travail en nous coiiimuniiiuant leurs propres
observations et celles qui pourront venir à leur connaissance, car il
est bien dillicile à un seul auteur de rassembler les in;itériaux
nécessaires à l'œuvre entreprise. Beaucoup d'articles publiés dans
872 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRES A l'ÉTAT SAUVAGE
des ouvrages ou des jouruaux non spéciaux passeroat inaperçus
pour nous s'ils ne uous sont signalés.
Le deuxième volume de notre ouvrage traitera de l'hybridité dans
la classe des Insectes et daus celle des Poissons; nous demandons
dès à préseul que l'on veuille bien nous communiquer tout ce que
l'on sait sur ce sujet. Les documents que nous avons déjà rassemblés
nous laissent croire que l'hybridité est encore moins étendue dans
ces deux classes qu'elle ne l'est chez les Oiseaux. Chez les Mammi-
fères nous savons déjà qu'elle est à peu près nulle ; c'est seulement
entre types très rapprochés qu'on aurait constaté quelques mé-
langes, assez douteux du reste et sans aucune importance (1).
Cependant, dans les faits qui nous seront signalés ultérieurement,
(et que nous serons toujours heureux d'enregistrer), peut-être en
produira t on quelques-uns qui se trouveront, dans leurs consé
quences, en désaccord avec ceux que nous avons étudiés. — La
chose est possible, nous ne disons pas probable.
Ou a souvent, remarquons-le, édifié des systèmes sur les opinions
scientifiques reçues. La science change ; elle se modifie suivant les
découvertes. Dans la modeste sphère où uous nous mouvons, déjà
que de fluctuations !
L'hybridité à l'état sauvage a été dite absolument nulle; il semble
aujourd'hui qu'on doive l'admettre (sur une très petite échelle, il
est vrai). — Dans le détail des faits, les changements d'opinions
qui se sont opérés ne sont pas moins grands : Nous avons vu que
l'important hybridisme « //. pinus X H. cihnsopiera )>, auquel on
aurait pu croire facilement, est expliqué actuellement par l'exis-
tence de phases leucochroïques afiectant certains individus de l'es-
pèce. La contradiction qui existe entre notre manière de voir et
celle de MM. d'Albertis et Salvadori au sujet des Paradisidœ inter-
médiaires du fleuve Fly est flagrante; nous fondant sur des raisons
sérieuses, au moins eu apparence, nous refusons à ces Oiseaux le
nom d'hybrides. L'obscurité la plus grande règne sur la formation
du Colaples hijhridus aux caractères étranges, sans précédent,
e.xpliqué tantôt à l'aide des variations géographiques, tantôt par
des croisements. — Il est très probable, sinon certain, que les
caractères fusionnés de diverses variétés, qui relient entre eux des
types rapprochés, ne sont que le résultat d'influences climalé
riqueset non d'hybridations. — En 1867, M. de Quatrefages, réunis-
(1) Voyez notre Rapport sur le.i Hybriiles des Oiseaux et des Mammifères.
Congrès scientilique international des Catlioliques, Bruxelles, 1894.
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS d'APRÈS NATURE 873
s;ml dans un liililciin Ions les faits d'hybridation qu'il avait pu
recueillir, ne paiveuailqu'à citer onze exemples parmi les Oiseaux
sauva^'es, dont deux ou liois s'étaient passés entre variétés et dont
un autre reste douteux à nos yeux; soit huit croisements en tout!
Avec quelques elïorts persévérants nous avons, on l'a vu, dépassé
très notablement ce chilire dans les citations que nous avons faites.
— Pour les hybridations artificielles, dans la même classe, le célèbre
authropologiste n'arrivait qu'à mentionner vingt huit croisements
suivis de fécondité : nous eu avons signalé deux cent soixante-deux
au moins (1). — Il y a cin(|uante ans seulement, si on avait voulu
se livrer au travail que nous présentons aujourd'hui, on aurait dit
peu de chose; car, (on l'a remarqué, si on a consulté les notes qui
accompagnent nos citations), la ])lupart des faits que nous avons
rassemblés ne sont connus que depuis une époque très récente ;
c'est spécialemeut dans ces dernières années que les observations
se sont étendues.
En présence de ce brusque changement qui s'accomplit dans la
science, des réserves s'imposent donc pour l'avenir.
Nous ne prétendons point dire par là que les connaissances que
nous possédons sur l'hybridité à l'état sauvage soient trop super-
ficielles pour servir de base à des déductions sérieuses. Nous recon-
naissons au contraire que, malgré le nombre beaucoup plus élevé
des hybridations que l'on connaît maintenant, les résultats de ces
hybridations sont exactement les mêmes que ceux qu'on enseignait
autrefois. Ou peutparfaitement en déduire, (si tant est que ces hybri-
dations se soient toutes produites librement, ce dont nous doutons
pour beaucoup), qu'aucun type nouveau, constant, ayant formé
souche, ne s'est réalisé. Nous sommes encore incapable de citer
une seule espèce dont la formation soit due à ces hybridations.
Cette constatation terminera notre premier volume.
|1) Diins un nu'iiioire présenté au Congrès des Sociétés savantes réuni à la Sor-
bonne en ISM.
LISTE ALPHABÉTIQUE
DES
^^ TJ ^J" E U I« f«i
cités dans ce volume avec indication de leurs ouvrages, de leurs mémoires,
de leurs articles ; ainsi que des Revues, Journaux, Périodiques dans
lesquels ces travaux ont été publiés.
^LiEN. — De .\'ntura aniniaUiiin, lih. Ml, cup. Ki xxvjii
Agassiz. — [.es principes rationnels île la classiftcalion zoologique. Ilevuu des
cours scieiilifiques, 18(18-69 ix, xv
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BûcHNERn. Pleske. — Beilr. z. Ormtli. de St-Hetersb. Gouc. Beitr. z. Kcrnitn.
A. Russ. II. Folge. Bd. IV 303- 04
lu. liuxHepiï, llTiinbi. C-IleTep6. ryû.Tp. Cnô. 06m Ecr. .\IV.
cxp. . .3L3, 304
BuFFON. — Œuvres complètes, édit. de 1844, t. II, V et VI. , 9, 21, 103, 176, 177
Id. tlistoire des Anuna%ix,l. Il, édit. de 1749 xlvii
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LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 87!)
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In. ilimuiil „f Ilirds ni yrif-Zeluivi, \H^-> 21)1
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CiiAPMAN, Frank. - The Aiik |avriM882, juillel 1890) ........... 340
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CiURLETONTninBK». K. — The Aiik. VII, n" 3, juillel tSSIO. 338, 3:J9
Cll\BniN. — Iteviic (le lîiolii^jie Lxii
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CoLLETT, prof. — Arclliv. f. MaHiemaiiek. oj; Natiirvidonbkab, 1879 . . 384, li8o
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lu. (sans indication d'ouvrage) i.xxvi
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(Note présentée par M. Cliarrinl i.xn
Dabwin, Ch. '- Origine des Espèces . Lvn, i,xii, ex
Id. Variations des animaux et des Plantes, t. Il i.xx
LXXl, LXXV, LXXVIII, LXXX, LXXXIV, LXXXV, LXXXVUI, XC, XCI, CXIV. CVI,
CXI, CXIV, 100, 104, 148, 249
Id. (sans indication d'ouvrage) xxiv, i.xxxii
LISTK ALPHABÉTIQUK DES AUTEURS 881
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IS77 . . s5, ;i-i',t, :)('2, :m, iw, 410, 111, 507, 628, 629, 72:1, 7i)'i
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2C>4, 267, 271, 272, 279, 282. ;i02. liOr., 31(i, :JI7. :tl8, ;}:i9,
:<.-iO. ï;3, :i;;t, :ts8, 392, 439, 4:i;i, 4(;o, 4f>i, 462, 469, 495,
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Id. Reise nach, West-Siherien in jakre iHKi 38(>
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Id. Hist. des Iravaux de Cuvier. , xvi, xxi. xlix
lu. Journal des Savants, mal ISO:! lxvui, ixix
Id. Ontologie naturelle ou Etude philosophique îles êtres. ...... xxi
I
LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEUHS 883
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J.H. UalliiTi", IStki X, XI. XLViii
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Knisu. — De avibus et in universuiii xlvi
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FiiiVALuszKY, J. — .ives Hioigarise, Budapest, 1891 909, 916
Fhobawk, K. W. — KieUI 368
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Gkoffroy-Saint-Hilaire, Albert. — Bull. Soc. Accl., pp. 179, 392, 1887, p. 470, 478.
1888 as, 596
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In. Ilisl. niilurelle générale des Règnes organiques. Paris . ix, x, xi, xni,
xxvnr, XXXIV, xxxvi, xxxviii, xl, xi.vi, xi.ix, lu, i.v, i.xvi, cv, cvi. cvm.
7. 10, 19. 68, 131. i;i6, 160, H/t, lO."), 169, 181, 182. 211, 217, 296, 3(i6
lu. l/islnire générale et particulière des nntimalies cvii. cxv
(ÎKHARO. — Dictionnaire d'Ilisloire naturelle de d'Orbigny, au mot Espèce. xv.
XVI, ex, 393
GfROON. — liirds of India, t I 628
Gervais. Paul. — Traité de zoologie ix, xv, xxxix
Gesner, Conrad. — Historia aninialium. (De quadrupedis viviparis De Uulo).
Lib. I, p. 795 xxxvi. xlvi, xlvii
lu. TMerbueh. Heidelberg, 1606 463
(iiniis (D'I. — r.rand Itapids Daily liemopiMt. 1" juin 1879 323
GiEiiEL. — Thésaurus rirnithntogis-, Litp/.i;;. 1772 xxviii
(iiuLioLi, prof., comm., Ilcnrico-I ^An/auna italien. Fircnze.1886. 279, 281, 28!>, 3;">l
lu. Primo resoconto dei resuttati dell inchiesta ornitiilogica in Ilalia, parte
terza ed uUima. Florence 1891. . . 212, 225. 2;j;}, 2:«i, 242, 251, 262,
264, 2('>6. 279, 297, 3(10, 314, 318, 349, 400, 511. 627. W2, 643
liioRNA. — Observations sur un Zèbre métis. {Mém. \chû. de Turin, XII i. xxiv, xxxi
OiRou DE Bdzakeingues. — De la généralion, 1828 lxxiv, xli, xcvii, cxii, cxv
884 LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
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liques el ceux d'infusnires, Paris, an VII .... xxxvi, xLvii, cv
Jd. Les découverles les plus récentes dans le monde végétal . . xxiv, xxv,
XXX, 18
Id. (sans désignation d'ouvrage) lxiii
Gloger (leD'Constantin-Lambfil).— Dollstàndiges Handbuch der Nalurgeschichte
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n" de mars (même année), n"de septembre. Ileft V. cm, cv, 19, 21, 23,
100, 168, 170
Id. (sans indication d'ouvrage) 16
Gmelin. — (sans indication d'ouvrage) cxiii
GoDBON, D.-A. — De l'espèce et des races dans les êtres organisés. 2' édil, Paris,
1872. . xxxiv, xxxvjii, xxxix, xlix, lui, lxx, lxxm, lxxxv,
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cxii, cxiii, cxv, cxvi, 404
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1860 420
GoTTiNGNiEz. — Commentarii de rébus in Uistoria naturali et mediana gestes.
T. XXIIl, l.eipsiEP, 1779 . xxxvi, xxxvii
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Id. (sans indication d'ouvrage) 16
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Id. (sans indication d'ouvrage) 654, 9-41
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LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 885
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301 152, 200, 201. 202, 2(1:!. 207, 209,
2«), 277, 300, 371, 623, 714, 961
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M. Viguier) xxiii, li, lu, lxvi lxvii
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Id. Wiederm Einiges liberRarkel. «nd //«;;iPH.(Ji)urii. fur Ornith. Ib94. 921, 918
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312, 313, 349, 350, 398, 411, -112, 417, 4til, 466, 468
lu. (s lus indication d'o'ivr;it;e) 309, :il0, 403
Mérat. — Dict. des Sciences médicules, I. X.\II, 18s8 cv
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lu. On souie l'aradise [Itrds. Ibis, .luly 1886 419
lu. Muij. (ilr Thiergescliichte. Ersleu bandes. Gœtlingen, 1790 civ
lu. Vnser auer Rakel und Birkwild und seine Abarten. Wieu, 1886. 12, 20,
26, 42, 43, 5U, 56, 58, 69, 70, 71, 92, 533, 534, 565, 613, 919. 921. 937
Meyer. — (sans indkalion d'ouvrage) . ....... .\x.\vi, 92, 165,925.926
Meyer, d'OITenbacli. — Der liesellscbaft naluitiirscbcuiler Freunde zu Berlin Waga-
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MiLLARD, (i. — Fied, uMlu 26 ocl. et u° du 26 nov. 189.'i . 925, 926
lu. Ga/»e /(in/iu/id i'/ioo(ift(/ v'/ie((;/u's.(Zoiilogist, sept. 1894, n" 313. 551, 9i0
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366, 371, 372, 795, 79o, 797, 798, 804, 805
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MÛI.1.ER, Aciolf Knil. — Z(>olosisclie(;arlen,,1867. Franktiii-l 19,68
MÙLi.KH. (il-.NTiiEii, Saint lliiherliis. — .\' 50, 15 dèc. 189:$ 9ia
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c<irni.r, iindihrcr hniiftden Verlmslardirung an den Eischalen.
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li>. NalurgfKcliile lier 1 ijgel Deulscliland!:, ISiS 19,25,
27, 41, 42, 49, (18, 69, 71, 168, 294, 396, 403, 730
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lu. Proceedings, o{ llie Zool. Soc. ol London, 1S59, p. 437 120, lOl
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NiEssiNO, C. — Journal fiir Diintliologic, 1870 . . 407
NiLSsoN, S. V — Ornithologia succica, llaiinia', 1S17. Fars prior 18. 67
Id. Sknnd, fauna. 1858. 11, 13, 14. l."i, 17, 18^ 42, 49, 50, 52, 51, 53, G9, 71
lu. (sans Indication de l'ouvrage) 13, 16
NoTTs et (iLiDDON. — Typex o/ Munking, 1S51 xxxviii, lxxvii
Oates, Eng. — <( The faiina of llriti.iU India including Ceylun and Burma »
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Oherholser, Ilarry, C. — Uescrip. c/ Iwo niw siibspecies of Wood Pecker, D. puhes-
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OEdmann. — Acl. Lpsal, Y 41
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Olpiie Gaillard. — Contributions 'i la Faune ornithologique de l'Europe occi-
dentalejasc. 111, IV et XX.XIX 10, 120, 150, 161
h). Naumannia, V et VII, pp. 102,400,1855 153, 159
lu. (sans iodicatioD d'ouvrage) 151, 155, 635, 697
892 LISTE ALPHAEKTIOdlC DKS AL'TEtliS
Olsson, Af.-C. — liiilrag lill Kanne d. mu JcmL 0''/i, Uerj. fituna. Of. aï Kon;<l.
VcliMis. Akaii. Tuih., l.S9'l. Slockolm 916
Omalius (i)') D'IIalIoy. — Hull. il>' l'Acad. de BelKii|iie. I. XIII, 1" p:irlif, ISIU. XLVIl
OppiEN. — (sans inilicali m U'ouvranp) xxvii
Orton. — On llic physioldijij o( BreediiKj cxii
OnBï,,L.-H. — On Ihf Hirds obserced in Oiidh. and Kiiniax. Ihis juillet 1861. 427
OsBocK. — Oslendick resa, p. 9:) . xxxvi
OusTALET. — Le Naturaliste, l'i- uoveiiihre 1891, Pai-is, pp. 201, oSO 421
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Paget, E -,l. — Skelchsof Ihe natural jji^lury of CreaL Yarmouth 152
Pallas. — /)<■?! Skrockande Anden (glocilans), en rar Foget, sont endast hli.tvit
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Id. (sans indication d'ouvrage) 150
Palmkr. — ïhu Auk, II, n» 3, juillet 1885 331
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Pavesi, Prof., I ietro — Calendario ornithoLogico Pavese (1890-93, ii° à, anno
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Payne-Gallvvav (sir Ual|)h.). — The fowler in Ireland. London, lS9i . . . 118.
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iD. Book 0/ Diick Decoys, 1886 949
PoGGE, C. — (sans indication d'ouvrage.) 948
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Pehrieh, Edmond. — Analoniie et Physiologie, Paris, 1884. . . . lxxx, lxxxi
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Picbler. — Mitllieil. des Ornith. Wien, 1887, p 84 150
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Pleske, Théodore, prof. — Beschreibung einiger Vogelbastarde. (Mém . de l'Aciid.
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58, 269, 270, 303, 304, 317, 554
LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS • 893
Pi.KSKK. Tliéoilorc, prol. — Urnithogrnphia rossica SOT, 808
II). U'ifsenschnflUche liesiiltate tler von N. M. Przewalsld nach Central
A sien Siimiiie lier iiisj;(';;el)in , voii ilor K:ii,seiliclioii Akaleiiiie dci-
Wisseiisclialtcn II, 18^9, 354. 356, 35"!. 359, 377
lu. (sans iiiilicMlion d'oiivrafjp) . 69, 72, 224
Pli.ne. — Histoire naturelle, L. VIU, ili,i|i. .\. XLV, LX.MX, LXI.\, XLIV. xlvi,
.\xvii. civ, i.xxiM, lOG
Pli'chet. — Hist. de la eréation des Dishley mérinos (Journal d'aiiricullure
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Porta, Jeaii-Ba|ilisle. — La Magie naturelle xxxvi
PoTTS, Tliomas-ll. — .1 case of cross breeding betwcen tivo s;,ecies of Flj--
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1873, vol. VI, p. 145 28ii, 289, 2'JO, 249
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PHAS.4K, J.-P. — iVo<£fe orn(</iO. Ornillio. Mon its., macs 1S9G 960
PnicHAKi). — yaturgescldchle des Menscliengeschleclite, ilc i.xiii
l'KlciiAHD. — Hesearrhcs xv, lx.mi, r.xxxiv, 19
PutiiEREAU. — (s.ins indication douvrai^e) i.ii
PuRDiË. — .Nulliil ornitholotiical Club, (IV, n" 3, juillet 1879 322, 323, 324
1d. (sans indication d'ouvrage) 323
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lu. L'Espèce humaine xur, xxii i.xxxvr, xcvi, xcvui
In. Bull. Soc. accl. ISs'2 i.xv
Id. Même Bull., 1885, p. 382 (Procès-verbaux) i.xni
lu. Hevue des Cours scientifiques (années 1868-68, 1867-69) .... iv, x, xxii
XXXIV, XXXIX, L, un, lix, i.xiii, i.xx, i.xviii,
i.xxxvi, cv. cvi, cvii, cviii, ex, CXI, cxix, 19
Rauue, (l)'). — Oiseaux de la Sibérie, p. 376 101
Id. Heisen in Siiden von Ost Sibérien in den Jaren, IS55, 1859, Saint-Péters-
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lu. On t/ie ôiVds o/ C/tt/ia. (Proceedings Suc. of London, 1871 722
lu. Omis caucasico, Casscl, 1881, pp. 45J, 454, 87. Tab. XXV 112
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894 ■ LtSTK alphabétiquk dks autei;i(S
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national Muséum, 1^80, p. 78, 163, 161, 172, 177 .. . 19, 247, 273, 275,
323, 3.'5, 317, 376, 432, 436
II). On the Generic name Helminthophila. (Même revue, VU, n» 1,1882, p.
53). (.Mt^nies l'iMiceed., V, n» 4, 18S;i, pp. 237 (1238 330,345
Id. Ona probable liyhrid belween Dryobales Nullali (Gamb| et D. /mbjscens
Gairrffierji (.Vud)., nièines Fioceed., Iô8ti, pp. 521 et 5:;2 437
Id. Ibis., VI, :!« série, 1876, pp. 169, 3i)l, 321, 325. (sans indicalion d'i uvrage ,
p. ly") 301, 325, 344
Id. Manual of Aortli american birds 777, 789
Id. ^orlh american Uirds, 1-74 292, 375, 413, 433,165,590
In. Orn. 40ili l'anillel, 1877 841
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RoMiTA (L)'' Vincenzo de). — Avifauna puglicse , Catalogo sistematico degli
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Rondelet et Guy de i.a Bhosk. — L'Histoire entière des Poissons De la nature
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Hongle Notes 713
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Rudolf (Kronprinz). — Mittlieilungen des ornilliologiscben Vereines, 1883, pp. 105
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Id. Jagd-Zeitung, 1883, p. 225; 1887, p. 342 12, 14, 20, 4,5, 532, 534
RuDOLPni. — Beitrage z. Anlropologie .\xix, 454
RuDON (Ferd. D'). — Monatsschi-ift, etc , des deutschen Vereins zum .Schiizte dei
Vogehvelt, 1887, pp. 175 et 176; 1888, p. 175. 395, 401, 405
RuEF. — De conceptu et generatione xxxvi, x.xxvii
RuTENSKioLD. — KoDg. svenska Vetenskaps Aeademiens 1744, t. V, pp. 181, 182,
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LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 895
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Id. Notes on [lelminthophila chrysoptera, /luiiis, leuco., etc., in Connec-
ticut, 1893, p. 208 " 787
Salis (H. m;). — Jal.resliericht dcr. N. li. (iiaiib, VDI. Clair. 1883, 1880. . 13, 21
Salvauoki (C 'ÏHOM\>^f'0). — Catalogue des Oiseaux (le la Sardaifrne. . . 3(j4
lu. Elenco degli Uccelli italiaiii. Annali des Miis civ. <li storia nal. di Genova,
piihl. piT ciiiii r.. Doria et H. liestro, 1886, III, p. 87 . . . 281. 315, 351
lu. l-'auna d'italia, 187:2 et Parle seconda, Uccelli. 1874, Mllano . . . 10,
10(3, 281, 315, 321, 355, 360, 364, 412
1». I.etlers, lixtracts. ele. Ibis. Notes, 1803 368
II). Oiseaux /iroicnanl de l'ex/iloration de M. d'Alhertis au fleuve Fly.
Aiiiiali Miiseocivico dl SloVia naliir.ile (ieiiova XU, 1877, 417, 418, 419,
■i:.0 824, 826. 833, 872
h) On various Birds. ete. (Ihis) p. 272 406
S.M.VIN. Cap. — Ibis, p. 35(), 1888 292, 293
Sanson. a — De l'hérédité normale et pathologique . i.xxxii, xcix, i.xxxv, xcix
11). Deuxième note sur la variabilité des métis. (C -li d'Ac. des Se. xciii
lu. l'ro/'Osition sur la constitution de l'espèce et de la race. Comptes rendus
de l'..\eailéniic> des Seicnecs, t. 6i, 186ij xciii
lii Zoutechnie. I. H, pp. 56 el suiv xcii, xciii, xciv
II). ( oiiiples ren<liis (le l'Afadéniie des Se. de l'aris, t. 64 i.xiil
II). l,'/()/)r((/(7é (Bull. Soc. anthropol. de Pans, 18US, t. III ..... xxi, xi.ix
11). Traité de Zootechnie. ISGH xcii, xcii, xciv
lu. Zoologie el l'aléontologie (Annales des Se. naturelles, t. XV, 1872 . xvi.
XXI, LUI, LXII, LXIX
Saunuehs. Howard. — /?M'/(s/i Birrfs o/' Varre^. 'i' étiit 488,489,727
lu. Manual of llritish Hirds 369
lu. Vroeeed. ..f thezool. Soe., 21 mai 1K95 . 953. 961
lu. (sans iiidieation d'ouvrage) 480
SciiALOW, Ileriiian. — Aeue Ueitrage zur Vogel fauna von limndeburg. Nau-
bpi}; 396
SciiEiDWKLi.Eii. — Considérations sur les principes des croisements. Journal
des Haras, t. XLV cxii, cxili, cxiv
SciiiNZ. — Kuropaitche /•Vjuna, Sliilt^art, 1840. ... 16, 21, 52, 146, 147, 151
ScHLAGi.N rwKiT. — liapport sur certains animaux du Thibet. (Ilagen cntomolo-
tlisclie zeilunf;). IS.")» III
ScHLEtiH.. - Aperçu critique des Oiseaux européens, 1884 168
lu. Monographie des Lo.xiens 283
II). Catalogue etc , Anseres 583
Id. (sans indiiation d'ouvrage) 150
Scii.MiiJT. I'hantz. — Areliiv des Vérins der Kreundc der Natureescliiclite Id Mec-
kl.iiiburi.', 18)5 169
SoiiRLNCK. — .4mii;' reise. p, 553 364
.SciinôDKH — Millli. Uni \er. Wien, \»<') 929
SciiUFELUT H. \\ . — Noie on the Irunk skeleton of a llybrid (irouse, the Auk.,
1890, p 281-8r> 592, 594
lu. lleport of U. S. Geological und Ccographiial Hurvey, Wi-shington,
octobre 1882 . ^92
Si;iii:l.\iam. — Ornitolo. t ahttag. und. en vesa i Ostra Karelen acm. 1880.
Medd. Soe. pro Kauna et l'Ioia fcuiiica 912
896 LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
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Id (sans indicalimi d'ouvrage) 20
RcLATER, Henri, H. — Notes on Graiise, ZooUigisI, janvier, 1895, n» 287 . . 933
Id. Zoologist., jaii,icr 1895 563
ScLATEB, PhilippLullc-y. — Ilds, 1874, p. 173; Ilils, 1861, p. 278: 18S8, p. 356. 292.
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14 fév. 18tni 151,165, 427
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1884. 16.T
Id. List of Birds collecleit by M. A . Boucard in the State of Paxaca in
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o) M. Ver/'caiix o/i'ori.v, (mêmes Proceiliiigs, 1859) . . . 2V'2, 21'5
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Id. (sans indicalion d'ouvrage) 176
Id. Priicecdings Zool. Soc. of l.ondnn, 1891 G(55, 670
Scott, (W. D). — Proceedings Bo- ton Academy, 1872 430
Id. Prnceed. of the Linn. Soc. of New-York, mars 18>'i 788, 789
ScvhLV, 3. — On the Ornitholog-y of GilKit Iliis, l8sl 22fi
Seais, J -H. — Peahody Aiadimy of Science, Salem. U. S. A 137
Seeuohm. — Catalogue of the Uirds in Ihe Hritish Muséum . . . 359, 36.', 389
lu. The geographical distribution of tlie Charadridie 172, 745
lu. A History of british Birds, III vil., l.ondon, 18n:; . 180, 22r,, 248, 237,
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Id. Ibis. 1879, p. 114; 1880, pp. 185 et 18b : 1882, pp. l'i'i r,4rt. 547 .. . .nxxiv
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In. On interbreeding of Birds. Même revue, 1882. p. 21. 180, 226, 376, 377
In. On the ornithology of Siberia. Même revue, 1S80, pp. iro 195. . . 376
Id. Proceedings of the zoological Society uf London, 188^. . . . 225,226,227
Id. Siberia in Europa. . . . 180, 226, 218. 364, STu, 377. 382, 387, 389, 399
iD. Ornithologie du Japon. Même vevuc, 1884, p 180 408
Id. (sans indication d'ouvrage). . . 202, 240, 242, 391, 393, 399, 403, 409, 448
Selby. — Illustrations of british ornithologj. Edimbourg. 1833, II. . 174, 658
Selts-Longchamps (Baron di). — Considérations sur le. genre Mésange, in Bull.
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Id. Bull. Acad. de Bruxelles, 1" part. 1846, pp. 585-586 vui
Id. (Même Bulletin, 1859, n» 4) 167
Id. Les Corbeaux an point de vue de l'agriculture et de la sylviculture
(Bull. Soc cent, forestière de Belgique, Bruxelles. 1895 984
Id. Faune Belge, Liège, 1842. . 146, 147, 148
lu. Notice sur les Becs croisés leucoptère et bifacié (Bidl. île l'Acad. royale
de Belgique, XIII, n» 5 284
Id. On varions Birds observed in italian Muséums. Ihis, 1880 . 272, 406
Id. Remarques sur les mésanges du genre Acredula. (Bull. soc. zool. de
France, 1880 315
Id. Sur le genre Parus. (Bull. So Zool. de Fr., 1877, 1884|. 305, 307, 308. 312
Id. Récapitulation des hybrides observés dans la famille des Anatidés.
Bull. Acad des Se. de Bruxelles, XII, 1845 . m, cvii, 149, 150, 151, 956
LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 897
ShLYS-LoM;i:ii\Mi'S iliaion de). — Adilitioiis d ta récapitulation des hybrides
obsertés dans la famitte des Analidés. Ilull. Acail. des Sciences de
Uiuxell."s, .WIII. 2-();iitie. 18&'i 111, 119, 125, 133,
ny, 146, 14'.', 15;i, 151, 153, 164. I(i5. KiS. 174. 639, 6C,;.', GO'., 694, 72)
Id. (sansiiKliciilion d'ouvrii(;e) . . . 127. 154. ISC, 176, 3i'9, 311, 467. 695, 70i
.Sfnsktt, <ieo, H. — Pi'ocrediiiHs ot llie Liniui-an Society. 7 mais IS'.'O: mais
1892 6, 485
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Sevkbtzow. — I3ull.de la Soc. îles .Nal , .Moscou, pp. 3.")2 et suiv. . cm. 128, 130
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30i, 320. 321
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des .Nal de Moscou, 1871. 2 panie 607, 605
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taxonimique. (.N'ouv. Méiii. des naliir. de .Moscou, pp. 101 et suiv.. XV,
18.S8 11, 20, 2.'. 2o, 52, 58, 71, 130, 403, 410, 455, 455, f,:n
Id. Extrait des Notes de Dresser sur la Faune du Ttirkestan. Ibis, n» 1,40
187.'): ll)is. 1876; 18î'4 362, 383, 606, 608
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(iaillaid), Budapest, 1888, p. 30 401
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188.') ; 1S8.S, t. VII. t. X, t. XII 2:i6, 227, iil. 2'i], 243, 275, 291,
31(1, 318, 319, 37X, 409, 410, 426, 427, 4ii6, 468, 469
Id. Monograp/i. Hiru«rf/(ii</«', part. XIII, XIV. ... ; 2'.t2, 293
Id. (sans indicilioii douvra^ie 226, 227, 941
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1896] XIV. I.XIV
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scientifique international des calludhiucs, liiuxellcs. 1894 872
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In. Olvcrsigt Kon^l. V'eten^kaps Aeadcmiens, 18S4. Stoiiilio'ni I84.'i-18'i6. 69
In. Svenska foglarna, 1866 19, 42, 45. 50, 68, 70, 1502
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France 1880 412
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lu. Ornilh. Monath., n» 1, 1895 511, 911
lu. (sans indication douvrage . . 16, 28, 31, 33, 34, 3ï., 36. 37, 39, 142, 143,
145, 400, 401, 405, 5U6, 9i5
TuRtHETTi — (Voir son Observation in Primo resoconto, etc.). . 251, 252, 279
TwiSELTON KiENXES. — Proeeed. of the comm. of science and correspondunce ol
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IJsGER. — Hamburg Magazin xxxvi, xxxvii
Valisnkri. — Caleria di Minerva xxxvi, xlvi
Vallon. — Moiialsschrilt, 188.'), p. 211 373, 374 375
900 LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
Vallon. — (sans indication d'ouvrage) 279
Val.mont de Bomahe. — Dictionnaire d'IJist. nal xxvm, lxiii, cxiii
Verrill, a. \\. — <:onnertival Noies And. X, 1893 788, 789
Verraul J. H. — Feuiftered Hori,/, (lOau 53 octobre 1891. . . . 218,219,222
Id. (s ins indication d'ouviat;e) 232
Vian. — Revue et Mat;asin de zoologie, p. 401 694
In. (sans indication d'ouvrage). 662
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ViGORS. — Transactions of tlie Linn. Soc. of London, XIV, 1823 {With Observa-
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ViREY. — In IS'oiiv. Dict. d'ili'it. natiir. (art Hybrides), t XX. Paris. 1818. XLViii
Vis (C. \\. de). — Report on ornithological spécimens collected in brilish
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Wagner (R.). — Lehrbuch der Physiologie, Leipzig, 83S-39 . xxiv, xxxii,
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lu. Der Zoologisctie C.arlen, FranklurI, 1863 19
Wagram (Princcde).— Bull, des Se. naturelles appliquées, n» du 20 mai 1874. 601
Id. (sans indication d'ouvrage) 603
Wallace. — (sans indication d'ouvrage) 415
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Waren (J.). — Jahltagelser ôjver dùggd. och.fog. i Snonenjoki och Viitas.
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Warthausen, Baron Richard Kœning. — Die Kreuzschnabel und ihre Fortp-
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lu. llybrid between Turtur Peristerii,Turtur vulgaris, Turtur lenera. 200,
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Id. Zoologist, 1883 et 1885 200
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Id. Histoire de Selbourne. A naturalist Calendar extracled from the papers
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Wickewoort Chommelin. — Note sur quelques Canards observés en Hollande.
Arch. néerl. dessc.exactes et natur., t. VII. 116, 134,952
Id. Archives néerlandaises des sciences exactes. H, lf'67 ; III, 1872, p. 131, 138
119, V29, 135, 140, 143, 154, 155, 157, 161. 656, 660, 665, 676
lu. Bull. Soc. Accl. deParis, p. 784. . . 119, 125,141
ID. Nederlandsche Tijdscliritt voor de Dierkunde. t. I, U, III, . 115. 1)6,11*9,
123. 124, 125, 127, 130, 134, 135, 142, 154, 660
Id. (sans indication d'ouvrage) p. 150 '252, 625, 634, ()ti2, 666, 692, 694
WiEBKE. Journal fiir Ornithologie 1885, 1886, p. 394. . 20, 45, 69, 70, 71, 78
WiEBER. — (sans indication d'ouvrage) xxxvi
WiEKE. —(sans indication d'ouvrage). . 66, 73, 77
WiLDUNGKN. — Neujarhsgeschenk fur 1795, p. 50 18
LISTE ALPHAUÉTIQL'E DES AUTEURS !)0I
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Wii.soN, James. — Notice of the occurencc in Scolland of tlic Tetrno médius
elc. iProL-ecdingMif llio royal Sm'icly iif Ediiiiboui'};), 1SI2-18i^,
t. 1, ... 13, 18. 19, 25
Witneh-Stonk. — llybrid Zonotrichia Aiik n» :!, vol. X . 769, 770
II). Proceediogsof thc.Acailemy of N.it. Se. l'Iiila.lelphia. 1892 392
VVoi.sKE (Oscir) — Siehenlcr Jaliicshcriclit des AnnaherK-Biichliolzerl Vereins
fur Naliiikuiidc, 1SS3-18S:> ... 168, 16!)
Wright (G. A.). — List oj liirds ohservcd in t/ie islands of Malta and Gozo.
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iD. Der .\uerhahitj('iger,\\\ea.l^^ 20
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13, 15, 20, 42, 50
II). Même revue, 1884, p. 115 20
Id. Journal fiir Ornilliolo^'ic, n' 43, 1860 19
In. Zool Garlen, l'rancklnrl, p. 176, 1880 15
Id. (sans indication d'ouvra^'e) 930
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6:î, 68, 88, 89, ',10, 174, 177, 4SS. 613, 622, 711, 712, 727, 827
II). Proceedings cl Uie Zool. Soc. of London, p. 135, 1837 88
Zacchias. — Questions médico-légales. Avenion. 1657 cv
Zahn (il. P.). - Evolution 'ind Uognia, C.liicigo. 1896 xxvi
Zaroddnoi. — Recherches zoologiijues dans la contrée transcaspienne, 1899.
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l,Sï<9-I890 106, 628
Id. liemarQUes complémentaires pour connaître la Faune ornithologique
rfu pays d'Orembourg (Bull, de la Soc. impériale des Naturalistes de
Moscou, n» 1. 18S8. 306 311
In. ()jiiiiiT(i.iorm:Mi:(_K\H <l>ayii,'i 9aKacniHCKaro KPaji. MocicBa,
1896 . . .' 976, 977, 978, 9S1, 989
In. (sans indication d'uuvra^e) 6;)5
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Acclimalalion illustrée (L'), avril 1886, p. 317 xviii
Allgemeine deutsche. Ornilhologische Gesellschajl in Berlin, (Journal (iir
ornithol. XIII, 188'.») 350
Allgemeine Uebersichl der Vogel \\mn\)<tv^,\..\\ , p.Gù^ 18
American Sportnian, n» 2, 12 décembre 1874 301
Annales rie Philosophie chrétienne, mai, 1888 \x\i\
Au^'sburger Ahenilzeitung, 'i4 décembre 1889, n° 3,So. (.article Sport) . ... 104
Auk (TheJ. II. Qualerly Journal ot Ornithology. publiched for the American Ornithn-
gisls' Union, New-York. L. S. Koster, 1883, juillet, |). 307; 188(1, p. 331; 1890,
pp. 196, et 219; 1892, pp. 80, 208, 302, 304, 305, 382; 1893, pp. 89, 208, 305;
1894, p. 79; 1895, p. ICO .... . 192, 247, 270, 273, 086, 694. 784, 786, 815
Auch einiges Jiir Beobachtungs stationen der Vijgel Deutsclilands. Jnurnal
lûr Ornithologie (Janv. 1881, p iilîil 351
Bcitiâge zur rheiniscben Naturgeschichlc, Kriburg, 18'i9 118
Bible anglaise, Iîaiiklcii, 1008 xii
Bibliog. universelle des se, belles lettres et arts, Genève, 1832, 1. 1, p. 13. l.xxii
Bolborlignchus Monatsschrilt 761
BoUettino del Nalaralista. Sieoa, 15 mars, 1892 252, 252
Bulletin de la Société zoologique de France, 1877 (pp. 25, .53, 320; 1893 (n" i, p. xix);
1895 (n" de lév.). . . xvm, 461, 908
Bulletin de la Société d'acclimatation de France (Rev. des se. naturelles appliquéesj^
185.^-18.18, pp. 171, o2(), ;:69, t523 ; 1859, p. 305; 1800, p. 422; 1861, pp. 257, 288,
356; 1862, pp. 87, 41.2, 465; 1863, pp. 288, :«)7 ; 1864, pp. 06, 175, 237. 639,
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1868, pp. 66, 274, 350, 784; 1869, p. 19; 1875, pp. 264, 78.5, 789; 1881, p. 314,
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425, 609, 653; 1888, p. 478; 1889, pp. 610, 696, 7U7, 820, 870; 20 juillet 1890,
p. 89; 1891, p. 4411; 18J2, pp. 87, 205, 237, 288, 574: 1893, (n" du 20 mirs, 20
juillel, 5 et 20 décembre), pp. 383, 173, 523; 1894. pp. 187, 42ô; 189.5, p. 286:
se reporter aux pp. . . x, xvii, xix, xx, xxiv, xxix. xli, ui. liv, lvm, lvui,
LXX, LXXII, I.XXIII, LXXIV, LXXV, 1.XX1X, LXXX, LXXXUl,
Lxxxviii, xc, cvii, 8, 81, 82, 84, 119, 141, 217, 26'i
Bulletin de la Société centrale d'Aquiculture . xx
Bulletin Soc. Amis des Se. nat. de liouen, 2 juillet 1891 265
Bulletin o( the Essex Institut. V, décembre 1873 274
Bulletin of the Ornilho. Club. 1878, p 67; 1881, p. 128; 1885, pp. 8, 143. . . 434
Catalogue and Award of Prizes, Uie Crystal-Palace company, Sydenham,
1887 201
Catalogue ot the Public Muséum anil Piilure Giilleiy, Bcighton 714
Catalogue of Birds Brit. Muséum, 1888 226. 369
REVUKS i:t ouvragms citks sans nom d'auteuk îlO.'t
Chcck-LisI, vie. t\'oy. Code of Nomenclature)
Chronique de la Soc. il'Ai'Olitnatiitioii, 20 Ii'v. 1887 i.xxv
Code of Nomenclature and Checlt- List {The) of Norlh American llirds, Nrw-
Voïk. l^Sii i-l Supplément 18it» 192, 246, 247. 274, 275, ;Uii.
317, 348, 37(), 433, 43-), 438, r>'.)u
Coinpli-s-i-pndus de l'Aïailomic de Turin, :m .\1I. . . , .ni,i
Conseils pour la connaissance des Oiseaux du Jemtland et de llerjenda-
lens 916, 936
Crania brilannica t:\iii
Deulsclie .lii^'or Zcilniif;, .Ni'iid;iniin, 1849. |i. ïSJ; b85 (n° iln i5 oclohre) ; 18t6.
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148, 153, 223, 308. ^09, 351, 392, 395, 735, 986
Journal de Physique et dllist. nal., 3» vol., in-l», 1756, p. 86 xxxvn
Koniglick Schwedische Akademie Wissenschalten (lier). 1740, p. 214 . . . Lxxii
904 KEVUES ET OUVRAGES CITÉS SANS NOM u'aLTEI B
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zool. Society- Iii;;lil, KdiUon, 18S3, Lonilon , i-xxni, 82. 16J, 176
LongriiHii's Fur aiul l'"ealhi'r séries pp. 62 63 933
Magazine of Naliiral liislory aiid Joiirniil, vol. Vlll, Lonilon, ISS.î, p. 509 ; 1836.
pp. 65, 1U7; 1837, p. 81 87. 118. 120, 398, 40-i
Maniial of the Birds of Neiv-Zeland, pulilié on 1882 par ordre du Colonial
Muséum and «eolog'y Snrwey llepartnieni 290
Meddelanden Soc. pro fanna et flora (eunica, p|). xviJi, 217 et 219, 1881 . . . 908,
92SI, 933
Méni. de la Soc. dWgric. du départ, de la Seine, t. 11, p. 264 xcv
Mentor agriiole (le) Bruxelles 411
Mittheilungen des ornitliolgisclien Vereines in Wien, '833, p 105; 1884, pp. 9, 19 ;
Monatsschriden des Deutsch. Vereins, etc., |i. S", 1890 511
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Nai. Hiftory of Paraguay, \i. 151 lxxvu
A'aiiiraiisk' ('t'), l'aris, 15 octobre 1886 et 15 macs 1396 xviii, 232
liai liislory of Birds 797
N.itLiralisfs Journal, vol. M, n" 22 avril 1894 77:3
Nederlatidsche Tijdschiilt voor de Dierkundi% t. 1 el t. III 119
Norsk Idretsljlad Normes eneste Sporisorgan, 7. II, .Aarg .\IV, n" 5, p. 37, Chris-
tiana 931, 932
Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle de Deterville, l'aiis, 1818, t. XV,
et t. XX xLviii, Lxxviii, civ, cxii, cxiii, cxix
Nouveau Cours d'agriculture, t. IV, VI^ IX, XI, moccciXj 1837 vin,
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515, 677, 710, 739, 908
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Poultry Book . - xc
Poultry Chronicle xc
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1885, 1886. .
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1890, 1852, 84 lv, 80, 151, 174, 680, 740
Public Muséum and Piclure Gallery of Bricjhton. (Catalogue du Musée). 713
Ruing Calandar lxxxiv
Revisita italiana di Se. nat 767
Rougle Notes, in-1» 713
Revue britannique, 1896 lvi
Revue des Sciences naturelles ap|ilii|uées (Voy. Bull. Soc. Acclimatation) . .
Hevne italienne des Sciences naturelle, 1" octobre 1891. xiv, 982
Sl-Hubertus. Gôthen, 1893 .' 511
Sammlnng von Natur. und Médecin (Sommer quartal^ 1723, Leipzig, 1725. xxxvu
REVt'ES KT OUVHAGES CITKS SAN» NOM d'aUTKIII DOo
Sclence-Gossip. novembre 1872, p. 202; 1877. p. 2fi:3; 187S, pp. 43, 209; 1S79.
p. t!7. 7%, 7'.'7
Synopsis of tlie ,\ewcastlc Muséum
Trans. de la Soc. i ntornolojîicpii^ île l.oinli'cs, vol. III i.viii
Turf licffister lxxxix
Volière (la), n" du t" sept. 188G- i.x.xxvi
18,10 815
Waidiiiaiin (der), 1881, ii* 3.'), p. UU 20, .')2, .510
Waslgolha resa. xi.vi
\\>n//(er le</'s rfenernl Stud book i.xxxix
VVcidniannslieil. lllust zeilschiifl fur Ja^'l, Klagenfurt l.eon n» 11, l."i sepleiiihie
Zeilsrliiid lûr die KC-amiiile OrnillMlonie von .Mad^ii'.jsz, Budapest, II. . 14:). I'i5
Zeilsrhrifl fiii- Oinilh' lo-ie, .^hlliii. lS8t. Xlli, n* 12 lll/i
Zoolojjiselie Caiien (Den Kraiikliirl, 18.">i. p. '.2'.l.') ; 181», p. 119; ISfJS. p. 4;!0 ;
187ij; 1877, 1.S80, p. :>I8; 1882 1890, j.iiiviei- . vr, i.v, i.vi, l.x.mv, 12, ><t>, IW
Zooloyisl (Tlie). .\ monlliy .loiiriial of .Naliiral llislory, editcd liy .l.-K. llarliii^',
Lonilon, 18r)2, p :W88; 185'r, p 2i>.'> ; ISG'.i, 20 jiiillel; 1870, p. 1770; 1882 nrl.,
p. 36'.»; 1S8J, pp. 83, 3.2. n» 81, p. 379; VII, p :J791 ; 1887, pp. 128, 2t;G, 207,
303; XI, p. b9t>; 1S8.S, lévrier; 1889. n» 'i. p. 111 ; 1890, ir de mars; 1892, pp.
107, 109; 189:î, pp. 32, 190, 191 ; 189i, n" de ter el du l."i (èvrier; sepletuhre
189.'), p 253; n"- du 16 mars el octobre 1890 xvii, 200, 201, 202,
203, 204, 208, 237, 252, 560, 551, 007. 013, tijO, 648, 65ô, 660, 097, 739, 773, 970
SIXIKMK PAItTIE
KTOtrVELXjES ADDITIO ISTS
Pendant qu'on rt'li;iU les cinq (larlies de cet oiivi'ajj;e, que l'on
établissait la table des matières et celle des auteurs cités, et que
nous-même étions occupe à écrire une Préfack, quelques nouveaux
exeini)les d'iiybrldatiou se trouvaient publiés.
Ces faits, et des éclaircissements sur ceu.x qui ont été déjà
signalés, donnent matière à de Nouvelles Additions (1).
(I) Ces additions seront continuées, nous l'avons expliqué, au fur
et à mesure que les naturalistes voudront bien nous communiquer
leurs observations Nous les prions instamment de nous signaler
les revues, les périodiques, les ouvrages dans lesquels se trouvent
racontés des faits d'hybridité. -- Beaucoup de ces faits nous
échapperont si nous sommes livré à nos propres recherches Nous
avons publié une table des auteurs, des ouvrages, des articles de
journaux ou de revues que nous avons consultés. Il sera donc bien
facile de se rendre compte de nos omissions; nous nous montrerons
Crès reconnaissant envers ceux qui nous les feront apercevoir.
908 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
UllDRI-: DKS C.ALLINACKS
fdiiiillc (les Pcrdicinés
Perdix sAXATiLis et Perdix cinerea
(Se reporlcr pp. G et 485|
Le Bullelin de la Société Zoologiqiie de France (1) reproduit
l'aiticle de la Diana (2) dans lequel M. Falio a fourni des
ex[)licati(ins sur ce croisement qui lui p.irail devoir être rejeté,
comme nous l'avons expliqué.
Mention du même article a été faite dans « Ornitlioiogisclie
Mouatsberichte » (3).
Perdix rubra et I'erdix cinerea
(Se reportci- |i|i. 7 et S7)
En réponse à une remarque faite dans le Field (4), au sujet de
la non existence d'hybrides de ce genre, M. Ci. Millard, de Wyman-
gham, fait savoir (5) que feu son frère, qui vécut à la ferme du
château de Ditchirsgham (6), en posséda un spécimen. Le pro-
priétaire de la ferme, feu J. S. Leedningfeld, eu conserva lui même
un autre ; les deux Oiseaux avaient été tués la même année.
Probablement, dit l'éiTivain, le spécimen de son frère n'était point
en plumage complet : les plumes étaient celles de la Perdrix
française, quolcjne peu marquées. Mais les jambes étaient très
singulières : elles étaient tachetées de rouge, absolument comme
si on les avait enduites de cire de cette couleur, tandis que le reste
de la jambe était du ton de celui de la Perdrix grise.
M. Millard ne se souvient plus de ce que sont devenus ces deux
Oiseaux ; il ne se rappelle pas davantage si d'autres spécimens de
même genre avaient été rencontrés à la même époque. M. Robert
(1) N» '.. MX, |i 1',- i^rn.
(2| iN" il II 11 oi-lnlji-e If*'. U.
(li) IlerHUs^e^'clu'ii M)I1 pri)(. I)'^ Hiielieni vv, i.° S. p. \'M. j il > I !.-r4
(i) i\» (In 2() oeloliie tS'.'.S.
1^) Dans le iiu'mc joui-ih I. ii» ilii '? nivcni'"e s iiv;iiil iir2-:'.7|, p. 7 li I.SC.
(('O Vii'^ U11111.MZ
NOUVF.LLES ADDITIONS 909
iMiiitiii |iiiiiir;iit [ii'ut-ctrc, s'il est eucoi'e vivMiit, donner des indi-
L'iitioiis ;i ce sujel ( Ij.
Nous supposons (]U(', dans cet (^xeiniile, ou n'a\;iit encore adaire
{|u'à de jeunes Perdreaux rouîmes (jui portent sur l'aile, dans la
partie haute (connue nous eu avons fait la reuiarqut^ p. 4'Jl)). de
petites plumes nioiitrani les plus grandes analogies avec celles
de la l'erdrix grise.
M. Millard {2) veut bien nous donner quelques i)arlicularités sur
les nids de l'erdrix dans sa contrée. H lui fut donné une fois
d'observer un de ces nids dans lequel avaient été déposés des
(l'ufs des deux espèces. La l'erdrix rouge couva tous les œufs de
la l'erdrix grise, au nombre de huit euvirou ; mais elle abandonna
quelques-uns des siens qui, ceiiendanl, étaient fécondés. L'obser-
vateur vit souvent la Perdrix rouge sur le nid ; il ignore ce qu'il
advint de la couvée. Il sn|)pose (jue les jeunes, après avoir traversé
un champ et un chetnin, allèrent s'établir dans une pièce de navels
apparlenaut à l'un de ses voisins. Cette année (1896), il y rencoutra
une bande de l'erdrix très nombreuses : une vingtaine environ.
11 ne saurait dire s'il y recouuut des individus ap|)artenant à
l'espèce louge : tous ceux (ju'il abattit appartenaient à la grise.
M. Millard ajoule que les Perdreaux rouges, qui sont plus sauvages
que les autres, ne peuvent être distingués au vol tant qu'ils ne
soûl pas revêtus de leur plumage complet.
I'i;ni)l\ CIMCRA ET (iOTURNIX COTURNIX
M. le chevalier von Tschuzi a bien voulu nous signaler un
ouvi-age de M. J. Fi'ivaldszky (^i) dans lequel (4) celui ci lait
mention d'un hybride ■Coturnix, tué à Eperjes, Saros (Hongrie).
M. von Tschuzi a en outre, pris pour nous, auprès de M. Osso
Hernian, de Butlapest, des iudicalious sur cet Oiseau. H résulte
de la correspondance, échangée avec ce deruier, que la pièce
est conservée dans de mauvaises conditions et qu'il est impossible
de nous l'adresser. .M. Herman a promis à M. Tschuzi de la faire
représenter en planche coloriée et d'en donner une description
dans ]'.\/ivilii, le nouveau joui-ital ornilhologiqiie. Ou ne connaît
(1) Son ailit'sse n e>l irallieuri'useinenl |i<iijit ciiiimii' ik' .M. Millard.
(2) IJ:ms uni' Icllio (lali'u (rilrlliil Ujinoiulliaip.
(3) Avi-.'i Ihiugurin'. HhiI:i|icsI, IS'.H.
(4) 1'. IKi.
910 OISEAOX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
])()iiU l'origine de cet hybride ; mais on suppose qu'il provient
(le la Perdrix commune et tie la Caille.
Nous avons beaucoup de peine à croire que l'appariuge de ces
deux espèces se soit produit à l'état sauvage.
P. S. — Au moment de mettre sous presse, nous recevons une
lettre de M. 0. Herman, député, dans laquelle il nous fait savoir,
comme nous le pensions, que l'Oiseau en question n'est point
un hybride. C'est par erreur que M. le D'' vou Madaraz l'a décrit
sous celte rubrique (1). C'est un Oiseau de la forme de ceux dont
on parle dans le Catalogua des Oiseaux du Rritish Muséum (2), sous
le nom de Synoicus lodoisiw Verreaux et Des Murs, et qui sont une
forme sombre de la Caille commune.
Tetrao tetrix et Tetrao crogallus
(Se repoitei- |i|i. 10 cl .'KliD
Nous avons pu nous ))rocurer deux Rackels o" en chair, grâce
à l'obligeance excessive de M. F. A. Smidt, le savant directeur du
Musée de l'Académie de Stockholm. — Depuis longtemps, -M. Smidt
faisait chercher pour nous ces Oiseaux sur le marché au gibier de
sa villt!. Ils ont été trouvés au commencement de décembre 1895,
et nous ont été envoyés immédiatement. Malheureusement, par
suite du long trajet qu'ils avaient à parcourir et d'une absence que
nous avons faite de notre domicile de Rouen où elles avaient été
envoyées, les deux pièces très précieuses n'ont pu être ouvertes
qu'à notre retour, au commencement de janvier 1896. Elles étaient
encore fraîches et bien conservées, l'emballage ayant été soigné
d'une manière exceptionnelle.
Notre attention s'est portée sur les organes de la reproduction :
nous y avons rencontré des testicules excessivement petits, pour
ainsi dire minuscules, sans doute très atrophiés : ils atteignaient à
peine les dimensions d'un grain de blé. Us étaient remplis, non de
liqueur séminale de belle couleur jaune, mais d'une substance
noire et visqueuse. Il nous a donc paru tout à fait inutile d'exami-
ner au microscope ce qu'ils contenaient, étant bien convaincu que
l'on n'y pourrait rencontrer aucun animalcule spermatique.
(1) (( In Erlanterungen zu tier ans nnlass des II. internulionalen nnUthotogen
contjreases zu liuiiupest », p. 99, n" o9(), ouviafje que .M. Ilerman a la boulé de
nous adresser avec, <eliii (le M. Krivaldsky et d'autres brocliures.
(2) Vol. .\XII.
NOl'VELLKS ADDITIONS !)11
Cet examen ne dit rien; à cette époque de l'année les ori;anes
n'ont pas encore piis, pensons- nous, leur déveioppeinenl noiinal.
Nous souhaitons vivement ((ue pareil envoi puisse nous ^tre fait
au moment de la reproduction. A celle époque, seulement, on |)eut
établir des présomptions en faveur de la fécondité ou de la stérilité
des Racklelianes.
Aussi, est ce avec beaucoup de satisfaction que nous avons
appris par M. Sinidt que l'Académie des Sciences a, sur sa propo-
sition, sollicité le ^■()iiv(MiU'nH!Ut suédois d'autoriser au printemps
la chasse de (|uelques Hackelhanes, Iclrix et uroijdlltis, dans le
but de nous procurer les matériaux qui nous sont indispensables
pour nos examens.
La licence ayant été bienveilhimmenl accordée, ces Oiseau.v nous
seront envoyés aussitôt qu'ils auront pu être abattus. Nous espérons
donc pouvoir, au printemi)S de 18!I7, compléter nos oi)servati()iis.
Nous avons remarqué, dans I estomac des deux Uackelhanes que
nous avons reçus, une grande quantité de bourgeons de sapin non
dépouillés des ai;iuilles qui les eiiloui-ent et d'autres essences
pourvus d'une tige assez longue. l]n outre, de petites pierres
presque opaques et de dimensions assez fortes se trouvaient mélan-
gées en grande ([uantité à la nourriture. Les Oiseaux avaient été
tués sans doute après un copieux re[)as.
Comme ils sont du type ordinaire, nous nous dispenserons de
les décrire; leurs squelettes, fpie nous conservons, feront ultérieu-
rement l'objet d'une description comparative avec celle des sque-
lettes des deux espèces parentes.
Un Lapon, M. Camille Karinienii, né à Kittila, inainlenani
agronome à Kolavi (Kinlande), a donné à notre bienveillant corres-
[londant, M. Hugo J. Sljernvall, d'ilirvensalmi, les renseignements
suivants sur les Rackelhanes de la l'inlande. La communication
1res intéressante tie M. Kariniemi nous a été traduite |)ar son ami.
Le Korpimelso, c'est ainsi (ju'un nomme l(! Hackclhane dans ces
pays septentrionaux, est depuis longtemps connu des chasseurs.
Pendant ces dernières années, il a encore été rencontr(' çà et là ;
ce|ie[idanl ses aiqjarili<Mis ont été rares.
.M. Kariniemi est porté à croire que Vurogallns d" recherche la
Poule U'triT et s'accouple avec elle, tout comme le mâle de cette
dernière espèce agit à l'égard de la femelle de la [)remière. Les
Oiseaux, jjrovenant du premier mélange, auraient : les mâles, le
plumage cendré gris et la queue tronquée ; les femelles possé-
deraient sur leurs plumes des taches blanches plus gr.indes et plus
91:2 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT f5AUVAGE
blanclios que ue le sont les taclies correspondantes des Poules
communes (l); ces femelles hyljrides seraient en outre de la
grosseur du telri.r. — Les Oiseaux .y" sortis du second mélange,
ont la |)ointt' de la queue fendue; cliez les femi^Ues les taches sont
plus foncées que chez la Poule iiTofinllus, leur grosseur moindre
que la normale (?j.
C'est dans les iiandes de Vitvoqnllus que le gibier Rackel se ren-
contrerait toujours. Kn allant, à l'époque du spiel, visiter les bois,
M. Kariniemi a lui-même ohservé la Poule tetrix au milieu des
Urogalles et vicc-verxà : néanmoins il ne lui fut jamais donné de
surprendre des accouplemeuts entre ces deux types. Quelques
chasseurs disent avoir été témoins de telles unions.
Encore d'après M. Kariniemi, les espèces pures ne toléreraient pas
dans leurs bandes les mâles hybrides; ces derniers, d'ailleurs, plus
petits et plus faihles que les Coqs d'espèce pure, se trouvant obligés
de s'écarter, chercheraient en vain à attirer des Poules à eux. \
peine si celles-ci les remaniuent, leur spiel étant interrompu.
11 est intéressant tie faire part d'une remarque que M. Kariniemi
présente à son ami, quoi(iue cette remarque ne s'applique point à
l'hybridité. Quelques chasseurs du pays estiment que les Oiseaux
des bois (le gibier) ne s'accouplent pas, mais que les femelles
boivent laii(]ueui' jaunâtre (|ue les mâles font jaillir sui- le spiel ;
les femelles se trouveraient ainsi fécondées (su-)! M. Kariniemi a
vu lui même les Poules se nourrissant de cette liqueur.
Que les Poules, échaulïées dans l'ardeur du spiel, béqiiètent la
liqueur échappée des organes mâles, la chose est jjossible ; mais
qu'elles s'en trouvent fécondées, ce n'est pas admissible.
M. Hugo J. Stjernvall, d'une complaisance excessive à notre
égard, a été assez gracieux pour se livrer à des recherches biblio-
gra|)liiques dans les Revues (inlandaises afin de découvrir des
articles ayant parlé d'hybrides. 11 appert d'un travail de M. J.
Wareu (2), publié dans les .Meddelanden de la « SociHax pro Fauna
et Flora fciinka » (3), que quebpies Rackelhanes sont tous les ans
tués dans les bandes de tftri.r. M. Hj. Scliulmun dit aussi (4) qu'on
(1) Piobanlenient les Poules H7'og(U/H.s, nous dit, entre parentlièse.M.Stjeinvall.
Nous pensons, au conliMii-e.que son ami parle îles (euielles du U'trix.
(2) Intilulé « Jaltlttigcher ôfeiT dihjgdjur nch fnglar i Snonenjuki och Viila-
saanvi saiint Valkeala sochnar fObxerviUions sur des M<iiiiinifhes et des Oiseaux
dans les paroisses de Snonenjoki et de ViitasaaviJ.
(.'!) nùft 7, IS81.
14) f)ans une brochure intitulée : « Ornithologiska i ahltagelser iimlereii vesa
i ôstra Kurelen seiiiinarren, 1880 ». Ubservatio)%s Druithnlogiijiies peiKlanl un
voyage dans I"Ost Carclin, pendant l'été de ISSO.
NOUVEI.LK'i AUDITIONS !I13
lui a raconté que les Hackelhaiies n'étaient pas al)S(.liiment rares
il y a dix ans(?); mais on n'en a plus \u jjendant les dernières
aimées qui viennent de s'écouler.
M. Sljernvall a ajjjiris que. le C) féviier 187"», un Hackelliane fut
donné aux collections linhindaiscs par .M. A. F.. Ilollnierus. de la
parcisse Solkamo ; le 7 février 1877, un anire individu fut ollcrt
aux mêmes collections par M. llook (I).
D'aiircs M. le IJ'' F>evander {2), on trouverait souvent de ces
liyluidcs au marché d'Helsingfors. Ces pièf'es proviennent de la
partie nord de la Finlande.
Ajoutons ([ue M. .Stjenivall, toujours dans le hul de nous être
agiéahle, a bien voulu tenter réleva;j;e du Hackelliane en capti
vile. Il a donc essayé tout d'abord de se |)rocurer des œufs des deux
espèces pures qui sont réputées donner naissance à ce curieux
GalliDacé. Pendant le printemps de 189ii, il a pu en obtenir quatre
du Grand Coq de Bruyère; deux de ces oMif s furent malheureusement
cassés. Au bout de quatre semaines d'incubation sous une Poule,
ceux qui reslaientayantété brisés, .M. Stjernvally trouva des traces
d'embryon. L'essai est donc man(]ué (3).
.M. K. ^^'a,^;^^ de Londres (4), nous informe (o) qu'il tua. pendant
l'année 18S)5, un hybride enfl'e le lihickcock et li' Capercaillie {li'lri.r
et urogalliis). L'Oiseau fut aliallu par lui à Killui (Pertshire). La
pièce est maintenant empailb-e et conservée à (ilentochay (Lcosse).
(; est, |)arait-il, un tiès bel Oiseau sauvage, an plumage noir pour-
pré, et aussi gros qu'une Poule Capercaillie. M. E. Wagg regrette
de ne pouvoir nous faire parvenir celte piè(;e intéressante.
jM. James J. F. Kuiz, de l'Eiole d'art de Clascow, nous a adressé
deux lithographies, provenant des Tran.sactions of Ihe Natural
History Society de cette ville (6), et représentant, la première (7):
(I) S iigitil <le quelqui's-iiiis dos llackoUianes qui, (l'a|in's uni' cruiimiinkalion
(|iic lui a [aiU' M. le li' KM. Levaudfr, >e tiuuvenl au iiuiiiljrf lic quatre, donl une
li'uulle. dans la collection des Ois 'aux de lUniversilù d'Helsingfors " Nous le
supposons.
(î) (Jui vioiil d'elle iioniiMé dans la noie ci-dessous.
(II) M. Sljernvall u'avail pu d'ailleurs se procurer d'ieuls de titrix ; il n'a |ioinl
obtenu daxanla^e des œufs de Lagiipun, Cette dernière espèce parait cacher très
hien son nid ; on le Iroiive si dillicilement que lorsque des chasseurs y rencontrent
des œi:(s. ils croient ipie c'est uu signe de quelque calamité !
(4) Grosvenor Sliect, n« 77.
(H) A la date du 12 mars iH'JC,.
(6) Vol 1 (New Série) l'arl 111, )S.S,", WJ.ST, pp :f81 et riSJ.
(7) FI. IV.
914 OISEAUX HYBlilDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
un liybride, produit soi-disaut du Capercaillie r" et la (ireyhen (9),
pris (trapped), au Blacliuiouot eu 1885 ; la deuxième (1) : un autre
hybride auquel (pour quelle raison ?) M Kniz attribue l'origine
opposée à l'Oiseau tué la même année sur les bancs de John
Loniond. — La queue du premier hybride paraît afïecter la forme
de l'éventail. Est-ce bien un hybride? Nous le soupçonnons d'être
un jeune urogallux. On ne peut d'ailleurs le juger aisément sur
la lithographie qui le représente.
Nous nous sommes reporté au texte qui accompagne les planches.
M. W. Craibe Angus, l'auteur, fait savoir que ces deux Oiseaux
lui ont été gracieusement communiqués : le plus petit (2) par
MM. CuUoch et fils, de la Sauchichall street, et le plus grand (3)
par M. Henri Martin, de la Wat George street. Les dessins ont été
exécutés par M. Duncan Mackinlay, C. M., un des membres de la
Société.
M. Craibe Angus a, dans son article, signalé la disparition gra-
duelle en Angleterre de Vurogallus. 11 remarque que le croisement
de ce gibier avec le trtrix est partout fré(]uent, là toutefois où son
introduction est récente. Il en donne deux raisons, la première :
« that when migrating the sexes generelly separate, the females
moving in advance of the maies — a habit not conlined to this
species ». La seconde : (( that strange*birds — such as the maie
Blackcock {tetrix) and female CapercaUlie {urogallus) and rice-
versà — are more likely to cohabit on their first meeting than
on their better acquaintance ». 11 tient d'un game-keeper autorisé
cette assertion : qu'aussitôt que l'Urogalle apparaît la Poule tf.trùc
abandonne généralement son mâle, et que des combats entre les
deux Coqs s'en suivent parfois. Il ajoute que les hybrides varient
considérablement par leur taille et leur plumage et que le plu-
mage en progressant du jeune à l'adulte subit la transition
commune aux deux espèces. Les plus grands Oiseaux ressemblent
aux mâles urogallus et, dans les deux cas, la conliguration et la
coloration spéciale suivent celles du parent mâle, la ressemblance
étant plus grande lorsque les Oiseaux sont parés de leur plumage
parfait. Une différence marquée, qui est capable d'induire à erreur,
existe dans la forme des queues : le plus grand produit ayant
la queue arrondie caractéristique du mâle urugalliis, et le plus
petit la taille échancrée du Coq noir !
(1) H. V.
(2i PI. V.
(3) PI. IV.
NOUVEIJ.KS ADDITIONS 915
Nous n'avons jaFiiîiis (à part deux exceptious) vu de UacUellianes
avec la queue arrondie ; les noniiu-enses descriptions de Rai-Kcl-
iianes, que nous avons publiées, s'appliijuaient toujours à des
individus à queue échaucrée dans des proportions qui varient
cependant. Aussi soniuies-nous de plus en plus convaincu que
l'Oiseau à queue arrondii' n'est qu'un jeune urounlbis. méprise faite
dans de nondjreux inus('es, ainsi (|U(! nous l'avons constaté.
L'un des trois Rackol lianes, qui nous avaient été signalés (p. 509)
par M. Zollikofer coninie ;iyant été tués en Suisse, est mentionné
dans les Observations ornitliologiqucs de .M. Fisclier-Sigwarl pour
l'anuée 189'M1) ».
On y dit que l'Oiseau, qui n'a jxiinl encoi-e complèlenient mué et
(|ui se trouve dans une partie de son liaiiillement de jeunesse, a été
obtenu le 2:2 septembre dans le canton des (îi-isons, à Henizeuberg.
M. Fisclier-Sigwait possède ce spécimen dans sa collection privée.
Il l'a inoniré à l'exposition de (;eiu''ve et vient de nous l'envoyer en
coniniunication. Comme il est monté dans une boîte, d'où nous
n'avons pas voulu le retirer, nous lu' l'avons vu ([ue d'un côté, le
côté gauclie, et un peu sur h; devant. Les traces de jeuness* sont
évidentes. On les observe à diverses places sur le corps : notamment
sur le plumage de l'aile, au bas du cou, autour de l'œil (quoique
cet organe soit entouré d'une crête rougej et sur le poitrail. Ces
plumes, disséminées cà et là, sont jaunâtres, brunâtres, comme
celles que portent les femelles. Il y en existe de petites blancbàtres,
presque blancbes sur les joues; celles ci indiqueraient plutôt,
nous semble-t-il, le plumage d'été ou de mue. Nous avons été très
satisfait d'examiner ce jeune échantillon, car jusqu'alors nous
n'en avions vu aucun de semblable. Les jeunes sujets sont fort
rares. — .\ |);irt les niarifues que nous venons di' décrire, l'Oiseau
est un vr.ii li/i'its de petite taille. La queue est cependant beaucoup
plus carrée à son extrémité qu'elle ne l'est d'habitude : elle forme
pi'esque une ligue droite. Les rectrices extérieures s'allongent seules
quelque peu au delà des autres et, vers !e milieu, les médianes se
retirent légèrement formant une échancrure à |)eine sensible. A
l'épaule on voit une large taclie d'un beau blanc.
D'après M. le chevalier von Tschusi de Schmidhollen (2), nous
avions mentionné (j). .'illl un liarkelliaiu' abattu sur le review
(1) Ornithdlngishe-Hi'iibachiHngen von JaUre IS;i3 iScInveitz ornilh. Bl. zuR
189.Ï. cit. in Urnithologischis Jalirbucli ilc von Tschusi, nov. <Iit. I8"J5, p. 278).
(2) Ornilti. Menais. , 1895, n» I, \: i .
1)10 OISEAUX HYBRIDES liENCONTRKS A L'ÉTAT SAUVAGE
Posiiek, à la (in de novembre 1808. Nous nous sommes reporté au
journal de chasse, le Saiiit-lhibcrtns (1), dans lerjuel M. (innther
Millier avait fait comiaîtie le fait ; mais l'auteur ne donne aucune
indicalion intéressante sur ce Rarlielliane.
Dans un des numéros du Journal du Df Heicheuow (2), M. A.
Szielasko constate que l'exportation du gibier ailé, que l'on fait
d'Eydknbuen et parmi lequel se trouvent surtout des Tétras,
ne lui a jamais permis de constater la présence de « Tetrao
tctrix X urogalliis »
Nous pensons que dans les Miltli. Ornitli. de Vienne (3), M. C.
Hegrowslii parle de Rackelhanes en Bohême : nous ne nous
sommes point piocuré ce journal qui nous a seulement été cité.
Dans un article intitulé « Bidrag lill Icànnedomen om Jemtlands
urh HerjeiidaU'HS fanna » (4), M. Af. P. Olssou constate qu'un
Riickelhane a été porté au marché d'Ostersund en 18l)o, le 2."l mai ;
puis un autre au mois d'octobre suivant. Ce dernier provenait
de Hallen. Ces deux Oiseaux sont conservés dans la colleition de
.M. A. Wikander, pharmacien.
LaToIlectiou d'Oiseaux anormaux et liybrides de M. Th. Lorenz,
de Moscou, exposée à Riga, contenait des bâtards du petit et du
Srand Coq de Bruyèi-e (3).
M. Jean Fridaldszky catalogue dans ses Aves Hungari;e (tî) cinq
Tcirao hybridus L. (médius Mey.), dont deux mâles, deux femelles
et un jeune, dans Tordre systématique suivant (7) :
Uj-Leszna, Coin. Szepes, 1847, 18. Maj. (ieorg. Rainer. M. H. 9.
Fàtrafured, Com. Szepes, 1847. Maj. Georg. Rainer. M. H. Ç.
Zâkôcz, Com. Szepes, 1842. 22 .\ug. Ceorg. Rainer. M. 11. jiiu.
Lovazeny, Com. Hunyad, 1870, 2 Nov. Adam-Ruda 9.
Nous ne peusous point avoir mentionne aucun île ces hybrides
dans nos publications précédentes.
Faisons encore connaître un Tetrao médius cTBosn. Dnbica, 1888,
cité par M. le custos 0. Reiser (8).
(I) N» ;;0, .M. Jalirgaiig, l.j décemlire lS'.):i. Vcrlag voii Paul Sclicl1iei-'s Erliens
(iôllieii (Unhalt).
(i) Monalslierichle. etc., p. ■')2.
(\i) N" 4, p. 4!lo0, IS'Ji.
(4) Publié in dfversi!,'! af Konjjl. Vrleus-Akad fiirhauil. tSUCi. Stoclioliii. p. 7:i.
(3) Conseils pour la coni'.aisïance des Oiseau.x du .leuillaml et de IKTJiadalens.
|G) Enunieralii) .ly.ticiiiattru ai'inin Hungaruv cuiii notis h evibiis litotoijicis,
tocis invenlianix ciroruiiiiiue 11 (lUibus nnuntur. Hudnpesl, IS9I.
(7) P. 117.
(8) In Vie yngetsdiiiiiiiung (tfs Ilosiiisclt-Rerceyocinisclwn T.an(lpsmuseiiiii<
in Sarajevo. Budapest. 1K91.
NOUVELLKS ADDITIONS !II7
Dnns le .Iouni;il fiir (li'iiillialo^ic, il a lUé |)iil»li(i pendant les
années 18!tl, 181)2 et 18!t'i (rois éludes cnvisa^'eant spéfialeinent
(les Hackellianes ilonl nons avons déjà parlé. Ces articles critiques,
que MOUS n'avons |»oint sif^nalés dans nos précédentes publica-
tions, nicrilent d'être connus. Ils sont sif^nés par .M. Tli. Lorenz,
et pai- M. llcnki'. Nous en ferons le résumé suivant :
Premier article: t'iiiii/rs uber iten r. Ih'irii r. r. Tschusi hc^clii'ic-
lieiieit scllciirit Uarki'ilian ( I).— Une l'oule (ctri.r, au pluinap;e de Coq,
liu'e dans l'iultMicur du Wilehsk, le 4 se|)tenil)re 1871, a d'aliord
fourni à M. Th. Lorenz l'occasion de considérer le Irtnia nicdiiix
décrit efrcpiésenlé par .M. vo:i Tsclinsi (2i, soil cumiue uu tetrix 9
eu plumage de ni;Ue: soit (si on considère sa taille), (domine uu
telriT cT en plumage de Poule. .M. vo.i Tschusi l'avait considéré
couiine |)roiluit par le AfVv/.r cf (Toisé di' /'. niedtus 9 l^es raisons
(|ue donne .M. Loreuz, en faveur de l'opinion (|u'il soutient, sont les
suivantes : Si on observe avec attention, dit il, les proportions de
l'Oiseau tyrolien, et si on les compare à celles du vieux tetrii- c-' de
lloiigiie, dont .M. Tscliusi parle dans le même article, on voit que
ces proportions concordent ensemble, à peu de chose près. La
jioule du W'itebsk se rajqiorte tout à fait à l'Oiseau du Tyrol,
e.vcepté i|u'ell(! est de la grandeur normale si ou ne considère la
queue plus longue. Or, la grandeur du Coq tyrolien surpassant
mémo la taille d'un Coq Iciri.r »(]., ce Coq ne peut être une fenielle
revêtue de la livrée du mâle. Ou doit le considérer comme mâle
avec l'habit de la Poule et môme dans sou premier habit d'hiver.
La couleur claire du bec n'est pas une mar(|ue caractéristique
sullisante pour le faire descendre de l'Urogalle, puisque, chez
le jeune Ictrir, cette pirtie est plus claire que chez le vieu.x (3).
Puis, l'éclat vert bleu du cou et des bordures des plumes du
dos inférieur, ainsi que celles du jabot léclat que l'on voit chez
l'e.xemplaire dont on s'occupe), n'indique |)oint d'une façon absolue
la descendance du 7'. médius (4).
Bref, pour prouver qu'il descend du /'. tncdius 9. lu sujet décrit
(1) .N» il'oi-lolire I.SUI, pp. W, ',\-2.
(2) II) Omis 1888 (ou 188ti), t. III ; nous .ivoiis fail inciilion de cot Olsea i iriiiii;
iiiiiiii^ro trè.s lirève, d'alioiil dans iiiic note de la p. iil.'i, puis p. SiS.
(^i) D'après M. Lorenz. la Innyiiieur du beo est variable, et elle/, les Oiseaux « u-
padiès, cet oriiane parait plus InnK que chez les Oiseau.\ en chair.
4) La poule de Witebsk laisse voir le niiime bleu vert sur les côtés de la lète,
au cou et sur d'autres parties.
!(I8 OISEAL'X HYBRIDES RENCONTRÉS A l'kTAT SAUVAGE
]iiir M. Tscliiisi deviiiit montrer quelque rnriictùre du RacUel ; ce
rappel quelconque lui manque.
Pour corroborer sou dire, M. Lorenz emprunte un exemple chez
les Faisans qui se cioisent facilement. Il cite le produit du l'h.
colchicus X Ph. torquaUm ijui porte, réunies chez lui, les marques
des deux races. Si un métis de ce genre s'accouple de nouveau avec
un Ph. colchicus, ou trouvera chez les descendants de cette union
(les marques du l'h. torquatus, en quantité sullisante pour
reconnaître son origine.
A part (|uelques ['éserves que nous sommes obligé de faire,
nous pensons bien fondée la rem;ir(^ue de M. Lorenz. Nous avons,
dans nos parquets, un certain nombre d'hybrides de Turtur riso-
rius X T. uuritus, croisés de la première espèce, c'eslà-dire ayant
trois quarts de sang de risoiius et un quart seulement d'aurilus. Or,
ces Oiseaux, (]uoique très variables dans leur coloration, n'ont j)as
fait encoie un retour complet à l'espèce dont ils empruntent le
plus de sang.
Il suit de là que si uni' Poule Uackel avait produit rOiseau dont
on discute la provenance, ce descendant porterait (iueli[ues signes
rappelant sa mère. Aucun caractère chez lui ne la rappelle, à part
cependant les plumes du milieu de la queue qui sont un peu plus
longues (([u'à l'ordinaire?) et les plumes tectrices qui sont plus
courtes. Mais ces marques sont, pour M. Loi-enz, de peu d'impor-
tance ; il donne ses raisons.
M. Lorenz a eu à sa disposition des milliers de Poules telii.r en
babil de mâle, comme il a eu aussi plusieurs tetrixd' en plumage
de Poule. Ces échantillons lui ont pi-ouvé que la longueur des
plumes de la queue et des couvertures inférieures dépendent de
l'individu ([ui les porte (1). La faible courbure à l'intérieur des
jdunips les plus extérieures tie la queue n'a point une grande
importance, parce que l'Oisi^au dont on s'occupe est, d'après ce
qu'il pense, recouvei-t de l'habit du màle et se trouve, par consé-
quent, dans un état anormal. En outre, ajoute-til, on sait que la
courbure des plumes les plus extrêmes de la queue n'est môme pas
constante chez les Coijs tyjjiipies.
.Après cette critique, le naturaliste de Moscou s'est attaqué au
Rackelhane du Liveland, décrit et figuré (2) dans l'ouvrage du
(1) Il oljspi-ve aussi une le niccnurcissenient lies couveitnies intérieurps pourrait
èlre (lu il un accident : à la balle, par exemple, ou au ploml) ipii ont aUeinl 1 Oiseau,
ce qui est très ilillicile à vcrilier après la prèpaiallon de la peau.
(2) l'I. .\J
NOUVELLKS AUDITIONS il 11»
I)'' A. li. Meycr, de Dresde (t). Le Docleiii' avilit émis celte (ipiiiiini,
on se le rapiu'lk', (in'il proveniiil d'iiu Uaclvelliane rroisé (l'un
lrli:i.r $. M. Loruii/. csl porté à le considérer (•oniiiie Poule uroi/dllc
dans sou premier haliit passé, car le sexe n'a j)as été déterminé.
Maintes fois M. Lorenz a eu l'occasion d'examiner de [)etits sujets
colorés de cette manière, et il a constaté, à la iiisseclion, que ces
Oiseaux étaient des l'ouïes dont l'ovaire présentait unecoufoinuition
anormale. Chez ces sujets, la forme de la queue variai! aussi : les
rectrices les plus extérieures élaient ou bieu raccourcies, ou liien
allongées; alors la queue rappelait de loin celle du Rackelhane.
.■\|)rés avoir montré' (jue la supposition faite de la descendance
du liackel ne peut d'ailleurs être exacte, ce gihier étant infécond
d'après lui (2), M. Lorenz repousse aussi l'opinion émise, par M. le
I)'' .Meyer (3), sur plusieurs (^oqs liaclvcl scndiJaMcs à des (loqs
de bruyère et qui ne lui |paraissent être (jue de sim|)les l'ouïes
urofiallus en costume de mâle. «Je n'ai, dit-il, jamais vu en Russie,
où le grand Coq de bruyère (iirogiillus) est très répandu, de Cixjs
Uaclu'l semblables à uu iiro(j(tlluf: : tous les spécimens, i[ui avaient
les dimensions de la Poule de cette espèce on (|iii n'étaient que
légèrement plus grands et qui se tiouvaienl colorés comme des
mâles à iilumagc termiiui, élaient des Poules urofiullus, possédant
un ovaire anormal, ainsi i|u'iim examen attentif des organes
sexuels l'a démontré ".
Deuxième article i)ar M. Henke : « Aurli F.inir/rs iiber Hnckehcild
lldlntcii l'i'ilnl.-fil (4). Dans cet article, .\L Henke passe en revue
divers Uackelliaiies. Il reconnaît que le Coq tyiolien. décrit par
M. Tscliusi et don! il vient il'ètre parlé {li), est une pièce reniar-
(juable, mais laissant l'impi-ession d'un jeune Coq de bouleau,
<pioi(|u'il ait la queue du liackelhane. La raison (pii, d'après lui,
empêche de |)ortei' un jugement assuré sur son origine, est sou
état de mue peu avancé. Il paraît que la peinture qui a été donnée
(Jans rornis ((>) n'est point exacte. La poitrine devrait être plus
bleutée. La teinte du cnniiiiim est trop verli- : dans l'original elh;
(1) Nous avons noiis-inènie ilécril ret Oisi'iiu aux |i|i..'>:i()-.'>2l.
(2) Nous ferons t-oiinililrc plus loin la niarii('i-e de voir île .M. I.orenz sur ce sujel.
(3) Dans son (,'r:inii ouvrafie .. Lnser auer Hdckel umt Hirkicild ».
(4) N' (l'avril lSi)2, pp. 17u et suiv.
(5) M. le D' A. M. Meyer l'a décrit aussi, parait il, dans a Fcrdinandenm
Zeilsclirilt ». lil, folj.;e 'Xi liell, p. ii'i, 188!), revue (jue nous n'avons |)oinl consultée
et que nous n'avons point encore citée.
(6) Tal). 11.
'J2II OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉïAT SAUVAGE
est noire et entourée de l)ûitlures bleu vertlàtre. La colornliou brun
clair des plumes tectrices des ailes n'est point dans sou vrai ton ;
chez l'Oiseau empaillé elle se trouve beaucoup plus foncée.
M. Henke ndève encore d'autres inexactitudes.
Il remarque que ce n'est pas seulement à cause de sa taille qu'on
ne peut identifier cette pièce à uue Foule tetrir ayant revêtu l'habit
du Coq (1). car certaines marques caractéristiques de la Poule :
« la base blanche des plumes de la gorye et les arhdfstricheliuuj (2)
de la poitrine » font défaut chez elle. On ne saurait davantage la
considérer comme un Birkhahn (Coq Mrir) anormal et en habit de
Poule (ri), parce (|ue c'est à peine si on connaît encore quehiues
exemples d'une telle anomalie. M. Henke soumet du reste la pièce
à un examen critique très détaillé. II ressort de cet examen :
1" qu'elle n'est pas complètement en couleui-, vu les plumes de
jeunesse qui se laissent voir sur le cou ; t» qu'elle n'est pas un
Coq letrix parce que sa taille est plus grande que celle de celui-ci
et dépasse notablement la taille des plus griiuds Coqs de cette
espèce ; Ji» la forme de la queue, qui est celle du Rackel, iudiciue
un mélange, etc.
Passant au Coq livelandais du baron de Krùdner, il ne le trouve
pas moins remarquable en son genre que le précédent. M. Loi-enz
l'a liieu considéré comme uue Auerhenue (4) en habit de m.-^le ;
mais si l'on examine plus altenlivemeut ()U(! ne l'a fait iM. Loienz,
si on considère les dimensions des plumes du milieu de la queue
et des plumes extérieures de la même partie, ou reconnaîtra facile-
ment, dit M. Henke, la forme échaucrée propre au Rackel. On ne
saurait confondre uue telle queue avec la queue d'une Poule de
Bruyère en livrée de mâle.
Comment encore s'imaginerait on, dit celui-ci, un rétrécissement
ou un raccourcissement des plumes de la queue dès lors que le
Coq les a plus longues que celles de la Poule et (jue l'ou sait que
la livrée mâle se manifeste par uue tendance à ressembler à la
forme même du plumage'.'' M. Henke regarderait donc comme
très anormal le cas dans lequel les plumes de la queue d'une
Poule en costume de mâle se trouvciaienl échanciées; ces plunies
devraient, au contraire, tendre à prendre la forme de celles de la
queue de l'Auer.
(1) Comme l'a ixconnij M. Loiin/. (p. 40<i du mi-iiie journal).
(2) Nous ne connui-sons pas la signWu-.ilion de ce mut qui n'a pu n"us èlie
traduil. Il s'ayit sans doulc de rates blancliùUes ('?;.
(3) Comme l'aurait fait M. I.oronz (p. 'i07).
('r) La femelle de \'l rogtUlus.
NOUVELLICS ADDITIONS !)2I
M. Henke crilKiiie encore M. Loicnz qui. |i(Uir lui, à la p. Ul.
s'avaiicp iiicousidért'inent l()rs([tril ilil (}ue les Coqs Aiier Kackel
ue sont que des Poules u;w/'(//i/s en lial)it de Coq. Il se periin'l de
lui |)iésenter ses objections. Sou étonnement est d aulaiit plus
gi-and que .M. Lorouz fousidère comme impossible le croi.scmi'iil
du Coq iiruyalli' avec la Poule tetrix, croisement aulrefois défendu
très fortement par le D' Gloger. — Nous ne pouvons suivre M. Henke
dans toutes les considérations qu'il développe.
3' article. — W'ieiirnn EiniiiCH ithvr linckelivild inul lldhinifc-
(Iriijh'it (I). — En allendanl la [luldication de son ouvra^^t', où il
discutera très au loni; les difîéreules questions qui viennent d'élre
soulevées, M. Th. Lorcnz a tenu néanmoins à répondre dès à
présent au.x objections de M. Henke. Il lui leproche d'avoir passé
sous silence la critique qu'il a faite du Coq du Tyi'ol. Toutes les
observations de celui-ci, ainsi que celles du D' Meyer, tendant à
démontrer un liybridisme. ont du reste pour lui peu de valeur.
Aussi maintient il son opinion, à savoir (|ue l'Oiseau est un sim[ilc
tetrix sans sauj; mélangé. Ce Tétras n'a été examiné par des spécia-
listes qu'après sa préjjaration. Lorsqu'il était en chair, il était
tombé dans des mains inex[)érimtmtécs ; le se.xe n'a donc pu élre
reconnu.
.Mais, en ce (jui concerne le Vahi lui; dans le Liveland,
examiné trop superliciellement et pris |)our une Poule moi/dllits
en pluitiage de Coq, .M. Loreuz revient sur son opinion, il l'a
étudié de i)rès dans l'ouvrage ilu \)' .VIeyer (2), où il est représenté.
Il estime toutefois (pie c"est un Tctrao médius en iniie et s'étonne
(jue le docteur, auquel la pière a été coinmuniipiée. ne se soit
point a[)erçu de celle parlicularili'. Il n'accepte point l'origine
Tclnio mcdius croisé de tetrix. .M. l'Irskc lui a, en ellet, montré
à Sainl-Péterslioiirg un Hackelliane des collections de l'.\c.idi'mi(!,
ayant de griiides analogies avec c(! i;iii|. La télé et le cou portent,
on se le rappelle, des taches blanches très caractéristiiiues de
cet état.
Quant au Tétras de Lausanne à poitrine \ iolelle, .M. Loicn/. est
décidé, pour deux ru-sons, à le qualifier de Poule urogalle à livrée
masculine : premièrement iiarcc (jue .M. Collett, un connaisseur
éinérite, l'a jugé ainsi; deuxièmement, parce (|u'il se trouve auto
risé à le regarder comme coloré d'une manière défectueuse : il a en
(I) AnnAe 1894, |ip. 446 et suiv.
Cl (M iivi-;i','i! i-.ii-'i.'nl ' rOi<i'«ii presque de grandeor naturelle.
922 OISEAUX HYBRIDF.S RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
effet, été peÎEit par le même artiste qui a représenté avec inexac-
titude le ïélras du Tyrol. M. Loreuz peuse (|ue le ton violet est
trop accentué. Il est jjersuadé aussi que si on eût liisséqué l'Oiseau
lorsqu'il était en chair, on l'eût ditlicilement classé comme Coq.
D'ailleurs, les dimensions concordent parfaitement avec celles des
Poules urofiallus en livrée de mâle. 11 n'admet donc pas. pour sa
formation, la combinaison, d'un Co(i urogalie accouplé à une Poule
tetrix, combinaison qui n'est pas rendue vraisemblable par ce
fait que dés qu'un nroydllits cf apparaît sur les baltz des tetrix.
tous les Co(js et toutes les Poules de celte espèce j)renn»ml la fuite,
cas qui se produit aussi dans le cas opposé.
Après avoir présenté ces remarques, M. Lorenz continue à
discuter contre M. Henke, reprend ses objections, lui pose de
nouvelles (]uestions. Puis il observe que l'éclat bleu dont le D' A.
B. Me\'er se sert pour démontrer la présence du sanfj; tetrix dans
ses Auer-Rackelhahnen n'est pas une raison à faire valoir, attendu
que le Co(i arogalliis (qu'il soit adulte ou ipi'il soit jeune), de même
que sa propre Poule en plumage de Coq, possèdent cet éclat bleu
lorsqu'on les regarde de côté et dans un certain jour,
M. Lorenz fut très surpris lorsqu'il connut la description et les
dimensions qui avaient été données du Coc| examiné par le prof,
de Kollicker. C'est seulement, dit-il, l'ignorance des âges du gibier
Auer (I) qui a conduit à considérer ce Coq comme iiroriallus-
Rarkclhalin. Les caractères que l'on a fait valoir en faveur de cette
origine ne peuvent convenir qu'au jeune Coq urogalle. à savoir:
la queue courte, l'allongement du bec et la couche allongée des
longues plumes lectrices des ailes. C'est à tort, selon lui, que
M. Meyer dit que les Coqs Auer ont la queue complètemeut
développée lorsqu'ils possèdent encons des plumes du jeune âge.
Dans sa preniière livrée, le jeune Coq Auer a la queue plus courte
que celle des adultes; ce n'est qu'après la deuxième mue que la
queue atteint sa longueur définitive (2).
Dans ses Auer-Rackelhiihnen, le D'' Meyer parle de la queue des
Uackel comme étant arrondie. M. Lorenz comprend, par cette
expression « liackelstoss » (queue du Rackel), une queue qui est
plus ou moins échancrée, mais non pas arroiiilie. Si la queue est
réellement arrondie et plus courte que chez le vieux Coq Auer,
ce caractère annonce un jeune ou une Poule recouverte du
(1) Urugallus.
(2) La longueur lie la iiueiic fsl, chez U'j- aiiuUcs (ilaprès M. Lorenz), de :î2-:J4 r.:
celle des jeunes 22-27 e.
NOUVELLES ADDITIONS 923
plumage du Coq. Eulin, le petit miroir de l'aile, observé par le
docteur sur quelques uns de ces supposées Auer-RackeliKtluieii
serait saus siguitication, parce que tous les jeunes mâles nroijalias
en possèdent un semblable.
M. I.oreuzcriti([ut' maiulcMiant le Cni| représenté sur h; tableau X,
qu'il considère counnc femelle en livrée de mâle. Les mesures de
cet Oiseau conviennent d'ailleurs fort bien à ce genre de Poule
dont il possède un certain nombre de sujets. Bref, tout ce que
l'auteur cite, en faveur de la présence du sanj; de Hackel, est
uniquement la caractéristique des Poules en question. M. Lorenz
ne met pas en doute que si les parties sexuelles avaient été
examinées en temps 0|)portuu, on n'eût pu présenter cet Oiseau
comme mâle.
En outre, il est convaincu que si M. Henke a obtenu à Arcbangel
une quautiti- de beaux Coqs Kackel et de belles Poules, comme
c'est possible, ce n'étaient que de jeunes spécimens. Dans l'espace
de vingt ans, il s'est procuré successivement plus de cent Rackel-
lianes Ô ; parmi eux se trouvaient seulement quatre ou cinq
sujets de deux ans environ : tous les autres étaient des jeunes.
Quant aux femelles, il u'en trouva qu'une seule adulte sur vingt
Poules qu'il obtint. D'après lui, il ne se trouverait que deux
adultes parmi les Hackels décrits par le D'' Meyer : c'est celui ([ui
porte le n" 12 et celui du Musée de Laibach. Ce dernier Oiseau ne
posséderait aucun caractère, à part l'éclat superbe de son plumage,
permettant diï le classer comme forme nouvelle. Si l'on considère,
observe encore .M. Lorenz, les variantes dans l'éclat des Ictvix
adultes, il n'est pas surprenant d'apercevoir sur un vieux Rackel-
hane, ayant pour père le Tétrix, un éclat plus brillant que chez
les exemplaires oriliuaires. Son (]oq adulte du gouvernement
d'Arcbangel montre aussi un superbe reflet de i)ourpre; mais il
est un j)eu bleuâtre et moins brillant que chez un vieux spécimen
mâle de .Nisclini-Nowgorod. Chez ce dernier, le violet a un éclat
de bronze tout à fait couime chez le Coq de Laibach.
Stérilité ou Fécondité des Rackels — Leur ossification
Dans les articles (|ue l'on vient de résumer, .M.M. Lorenz et llcnke
ont aussi abordé la question de la stérilité ou de la fécondité du
gibier Rackel et ont parlé de leur ossilicatioa. M. Lorenz, qui
n'admet pas, nous l'avons vu (I), que les soi-disant Rackels à
(1) Dansl';irt. du Journal rûr OrnlUi. de 1891.
024 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
type siQgulier soient issus d'hybrides, fait valoir les recherches
microscopiques faites par le prof. A. Ticliomirow, de l'Université
de Moscou, lesquelles recherches ont, suivant lui, prouvé l'infé-
condité des Rackels. 11 rappelle que le professeur, ayant examiné
les parties sexuelles de deux Rackels cT, reconnut qu'ils étaient
d'une conformation anormale, ayant une tendance à l'hermaphro-
disme. — Mais M. Lorenz pense que là ne se trouve pas la seule
cause de leur infécondité; la constitution osseuse joue aussi son
rôle. Celle-ci est tellement faible et les os sont si tendres qu'il n'est
pas croyable qu'une créature (|ui la possède puisse vivre longtemps.
Tous les Rackels cf et $ qu'il a préparés, notamment les jeunes
Oiseaux revêtus de leur premier habit d'hiver, avaient les os bien
plus mous que les ti'lrix du môme âge. Chez les femelles, les jeunes
pensons-nous, le crâne l'tait parfois si mou que l'on pouvait facile-
ment l'écraser avec la pression du doigt. Ce n'est que chez les très
jeunes Poules uiogallus, portant loul au plus leur seconde livrée,
qu'il a rencontré une ossature aussi tendre. — Chez le Coq Rackel,
ayant changé au moins deux fois de plumage, le crâne, comme
aussi les autres os, sont évidemment plus durs, moins cependant
chez les Coqs tetrix du même âge.
M. Lorenz met encore en avant un fait qui, selon lui, favorise
beaucoup l'opinion de ceux qui considèrent le 2'. iiiedius comme
infécond.
La plupart des femelles ne survivraient pas à leur deuxième
mue ; elles périraient vers ce moment. En Russie, dit-il, où le
Rackel cT n'est nulicuient une rareté et où on ol)tient tous les ans un
grand nombre d'exemplaires, soit au fusil, soit au moyen de lacets,
presque tous sont des jeunes dans leur première livrée d'hiver ;
les adultes ayant mué |)lusieurs fois sont excessivement rares.
— Voici, d'après le naturaliste de Moscou, comment on reconnaîtrait
les jeunes: «Par leur taille plus petite; par leur queue qui est
plus droite ; par les plumes de cette dernière partie qui sont
plus étroites. On les reconnaît surtout aux longues plumes
qui recouvrent le dessus des ailes, lesquelles appartiennent au
|ilumage du jeune âge. Le vieux Coq est au contraire plus grand ;
l'éclat pourpre du jabot et du cou est plus prononcé et plus beau ;
cet éclat s'étend jusque sur le dos inférieur. Chez les jeunes,
il n'est que faiblement visible en cet endroit. Puis la ([ueue est plus
longue, et les plumes les plus (extrêmes'.') se recourbent légèrement
à l'intérieur; chaque plume eu outre est plus large et sans
bordure blanche ». — Si nous en croyons M. Lorenz, parmi cent
NOUVELLES ADDITIONS 92o
sujets, h peine en trouverait on (iii;itre ou cinq adultes. Ces chiffres
sont pour lui d'iinc jurande olo(iiience; ils corroliorent son opinion:
à savoir i|iJt' la iilupart des Poules di; Ilackel périssent dès la
deuxième mue. Si ce fait ne se produisait pas, les adultes se
rencontreraient forcément en i)lns srand nombre. — Il prévoit tout
de suite l'otijeclion (in'on peut lui faire en disant que le jeune
Oiseau, peu méfiant, se laisse approcher plus facilement que les
individus d'un certain ;\ge et ayant acquis de re.xpérience. Cette
objection serait pour lui fondée si le RackcMhane n'était chassé
qu'au fusil ; mais le plus communément on prend ce gibier avec
des lacets : la prévoyance ne lui sert donc plus, car ces lacets sont
posés de telle façon que les vieux Oiseaux ne peuvent même les
apercevoir.
Voici une remarque très intéressante, faite par M. Lorenz, sur
la mue d'une Poule prise au commencement de l'hiver dans le
gouveinement d'.Vi'diangcl. Celle Poule était |)rolialilement dans
sa deuxième année de mue ; mais, malgré la saison avancée, elle
conservait le vêtement dénudé et usé de l'année précédente, à
l'exception de quelques nouvelles plumes de la poitrine et du cou
qui formaient un contraste avec les autres. Presque la moitié des
plumes de la queue étaient décolorées ; les plumes ((ui restaient
sur les autres parties du corps étaient si rares ([u'elles ne pou-
vaient abriter l'Oiseau contre les rigueurs de la saison. Ainsi, la
pauvre bète se trouvait-elle condamnée fatalement à périr, la mue
ne devant pas se continuer j>en<lant l'hiver; car, dit M. Lorenz, la
nourriture animale est indispensaliie au moment du renouvelle
ment du |ilumage et l'Oiseau n'en eùl pu alors trouver. M. Lorenz
parait même sur(u-is d(; voir que cette Poule ait pu ju-oionger son
existence jusiiu'à celte éitorjue; il pense que ses congénères, mAles
et femelles, périssent beaucoup plus tôt, attendu ([ue, dans l'espace
de vingt ans, le cas de la Poule d'.Vrchangel ne s'est jamais produit
qu'une seule fois. Knliu, et incideniment, il remarque que les
Poules Rackel sont beaucoup plus rares que les Coqs ; ou n'en
rencontre qu'une seule contre dix à (]uinze C()i|s ; cette particu-
larité, étant la lègie chez les hyiuides, ne le sui'i)rend pas.
De tout ce qui vient d'être dit, il conclut t|n'il faut accueillir
avec beaucoup de réserves l'Iiypotiièse de la fécondité du Rackel,
émise par .M.M. von Tscluisi et .Meyer ; à son avis, ce giiiier est
tout à fait incapable de se reproduire. Du reste, dans un Posl-
sciiplum ajouté à son article. .M. Th. Lorenz faitsavoir qu'une Poule
■/'. iiicilws, tuée le 5 octobre 18'JI, et qu'il venait de recevoir, le con-
926 OISEAUX HYBRIPES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
firme dans son opinion, à savoir que le T. médius ne survit pas à sa
deuxième mue. Il reçut cette Poule, en même temps qu'un Rackel-
lialui dans sa première livrée passée. Le niàle avait déjà complète-
ment terminé sa mue, tandis que la Poule portait encore les
plumes de l'année écoulée. Ces plumes étaient sans vie ; un tiers
était écorné et la couleur en était passée ; les plumes de la queue
étaient aussi écornées à leur extrémité. Quel(jues plumes nouvelles
se laissaient bien apercevoir sur les côtés de la tête et du cou;
mais ces plumes se trouvaient complètement recouvertes par les
anciennes. Cette feuielle ressemhlait donc d'une manière frappante
à la Poule d'Archaugel ; chez elle, les plumes fraîches étaient
encore moins nombreuses que chez cette dernière. Elle allait au
devant de la mort ; on ne peut admettre qu'elle était capable de
survivre à la saison froide. Lorsqu'elle fut dépouillée, on aperçut
à la partie postérieure du corps un dépôt de graisse comme il en
existait un dans la cavité du ventre (1).
Contrairement à la manière de voir de M. Loreuz, M. Heuke
rappelle (2) que le prof, de Kôilicker, de Wurtzbourg, examina au
microscope les organes générateurs d'un Rackel c?" et qu'il y ren-
contra des filaments de semence bien déi'eloppés et en grande
quantité. Il rappelle aussi que M. Modeste Bogdauow (3) regarde
également ce gibier comme doué de fécondité. M. Schroder (4) a
élevé des bâtards mâles et femelles, issus d'un Coq domestique
et d'une Poa\e uiof/allus ; ces bâtards ont eux-mêmes produit des
jeunes avec la volaille (a).
Quant à savoir si le Rackel est capable de vivre longtemps,
M. Henke fait savoir que pendant son séjour à Archangel il
reçut nombre de Coqs et de Poules beaux et robustes ; une seule
fois on lui apporta un Coq d'un an. En outre, la Rackelhenne
(la poule Rackel) mentionnée plus haut et qui fut tirée à la
lin de l'hiver, près de la ville d'Archangel, était abondamment
(1) Cette pai'ticulaiilé, qui paraît ne se présenter que cliez les Poules au plumage
de Coq, et non chez les Poules normales, est cause, suppose M. (^oreuz, que celle
femelle n'a ni couvé, ni mué.
Le ventre recouvert de vieilles plumes et non des plumes de la mue indiquait
d'ailleurs qu'elle n'avait pas couvé. Si elle eût tenu des œufs en incubation, le
ventre se serait montré dégarni ou fraîchement recouvert de plumes ; &n sait
que pendant la période d'incubation des œufs, le ventre des letri.r ou des iiro-
galius Ç est entièrement dépourvu de plumes.
(2) Dans le Journal fur ornitii., n° d'avril 1892.
(;î) Coiis. ac. imp. ross., ISSi^ p. 30.
(4) MiUl). Orn. Ver Wien, 18S0, p. 70.
(o) 11 renvoie à Meyer. p. 9o.
NOUVELLES ADDITIONS 927
recouverte île plumes; on ne pouvait la prenflce |)our un jeune
sujet. L'ovaire se présentait eoiunieou le trouve d'ordinaire avant
la ponte. .M. Henke n'a point nOu plus constaté de faiblesse dans
l'ossature de six Raekels d" c^ une Rackel 9 rpii ont été à sa
disposition. Les os de cette dernière étaient tout aussi durs et
aussi épais que ceux île l'.Viier ou de Birk {urogallus et tetrix).
Mais M. Lorenz, ilans son dcM.\iéme article (1), a cru devoir faire
observer à. M. Ileidvc (|ue la caiiture, à la lin de l'biver, d'un Mackel
richement garni de plumes, ne peut servir d'argument pour
soutenir que ce gibier soit aussi vigoui-eiix que ses deux parents.
Il fait aussi rcnianiuer, en ce (jui concerne la faiblesse des os
des hybrides, (|u'il n'a fait allusion qu'aux os des Oiseaux frais;
M. Henke a parlé des os d'Oiseaux desséchés.
Quoique nous ayons eu, nous-méme, entre les mains deux
Rackelhaues en chair que nous avons disséqués (les deux Oiseaux
envoyés de Stockolm à la fin de l'hiver 1893 par M. Smidt), nous ne
sommes pas à môme de faire connaître notre appréciation sur le
difïérend qui existe entre M. Lorenz et M. Henke. — Au moment
où ces deux Oiseaux ont été ouverts, nous n'avions à notre dispo-
sition ui uro(jiillus ni Ictri.r pour établir des points de compa-
raison. Néanmoins, ayant demandé au préparateur qui a monté
leurs squelettes ce qu'il pensait des os, il nous a répondu qu'il les
avait trouvés bien consistants.
P. S. — Au moment de mettre sous presse, M. Sniidl nous annonce
une excellente nouvelle. Il vient d'acheter uu Rackelhanecf vivant,
né en capliritr au commencement du mois de mai : c'est le produit
d'un tetrix cT et d'un urogallus 9, « si bien apprivoisé ([u'il prend
la nourriture des mains du gardien ». .M. Smidt a la bonté de le
mettre à notre dis[)osition. — N'oici l'histoire de ce précieux Oiseau :
M. Anders-Jonsson a, le |)rintemps dernier, réuni un tetrix c" et un
urofjdllux 9 qu'il retenait en cage; le résultat de cet appariage fut
une ponte (M. Sniidt ignore le nombre d'u;ufs)d'où sortirent quatre
Rackelhaues, trois mâles et une femelle. Il y a quelques semaines
doux de ces mâles avec la femelle furent vendus à la ménagerie
du Musée Scandinave (Nerdische Musées). La femelle est morte ces
jours derniers (2). Quant au mâle restant, M. Smidt, ayant obtenu
l'adresse de M. Jonsson, le lui acheta aussitiM. Il a fait aussi l'acqui
sition de la femelle morte dont les plumes, malheureusement, sont
(1) Journal lùrornilh.. 1893.
(2) La roiiimuniiation do M. Smidl est du 23 nov. 1896.
928 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
très usées ]i;ir suite du frottemeut ;iu sriHfio't' de la cage. Mais le
cori)s est bieu conservé et M. Sniiilt le fera niOQter. Celte Poule a
fait sa mue ordinaire de première année ; c'est du reste ce qu'ont
fait les mâles adultes. L'exemplaire vivant chez M. Smidt égale, par
sa taille, celle du gi-and Coq de bruyère d'un an. La femelle est un
peu plus grande qu'une femelle adulte de petit Coq. Son bec prouve
principalement son liybridité. — Ces faits que nous racontons,
il'après M. Smidt, sont d'un très grand intérêt. Ils prouvent de
nouveau la réalité du croisement à l'état sauvage des deux espèces
de Tétras. Nous espérons que l'on api.arieia le mâle vivant avec
des femelles d'espèce pure pour savoir s'il les fécondera.
Tetrao urogallus et Lagopus albus
(Se j'epoi'ler p. ;i45)
N'ayant eu l'occasion de citer encore qu'un seul produit de ces
deux espèces et le croisement de celles-ci nous paraissant peu
vraisemblable, vu la disproportion dans la taille des parents, nous
avions suspecté Taullienticité de ce mélange. Mais de nouveaux
sujets conservés, paraît-il, dans le Musée d'Helsingfors (1) comme
dans le Musée d'Upsala (2), nous font revenir sur notre première
opinion. M. Emile Kariniemi, l'agronome de Kolavi, a d'ailleurs
communiqué, à sou ami M. Hugo J. Stjernvall, des indications d'où
il ressort que le Lagopus albus s'accouplerait, mais très rarement,
avec \'uro(jallns. Des produits rencontrés à Inavi et à Utsjok,
paroisses de la Lapouie septentrionale, aurarent été observés
dans les bandes de l'urogallus ; d'où on a supposé que cette espèce
fournit leur mère. M. Kariniemi se sert du mot Kirjava metzo
pour les désigner. — Pendant l'aulouine de 1890, les habitants
de la ferme Vesmajàrvi (à Kittilà) prenaient sur l'isthme Porno-
kaira, à l'aide de pièges et de trappes, un très grand nombre
d'urogallus cf et $ ; parmi eux se trouvaieut trois des hybrides
en question. Us avaient la grandeur de la Poule urogalle ou
étaient de taille un peu moins forte (selon celui qui a rapporté
ces faits) ; leur plumage était bariolé de plusieurs pennes
blanches. On dit que le kronofodge (3) de la Laponie, .M. Ahnger,
les acheta.
(1) D'après une corumiinicalion de M. le D' .M. Levaniler à M. J. Stjernvall.
(2) D'apiès ce que nous fait savoir M. !.. A. de Jagerskiold, docent à l'Université
d'Upsala. L'exemplaire n'est pas cependant encore devenu la propriété du Musée;
il y a seulement été remis pour èlre empaillé. On pense en (aire l'acquisitioa.
(3) Kronofogde est le titre du receveur des conlribulions d'un district.
NOUVELLES Ar)niTUINS 9'2tl
Nous (lomions ces retiseiiiiieineiils sous toutes réserves, plusieurs
erreurs ;iyunt déjà été coiiiinises au sujet de ces hybrides qui ont
été coufoudus avec des albus-tetrix. Nous avons écrit au krono-
fodtje qui serait possesseur de ces trois pièces ; nous n'avons
obtenu aucune réponse. Ce sont peut-être les trois pièces qui
fig:urent aujounrhui au Musée de l'Université d'Helsingfors, et
qui iiiovieiiiiciil de la Laponie (I). Nous le saurons sans doute
lorsque le baron J.-A. Pahnei', prof, de zooloi;ie à l'IIniversité
d'Helsingfors et directeur de ce Musée, en aura fait paraître la
description, comme il se propose, nous écrit-il, de la faire
prochainement (2).
Ayant manifesté à M. Hugo J. Sljernvall notre surprise au sujet
du mélange à l'état libre du Lniiopus (très petite espèce) avec le
Triniu uriKjdllus (très grande espèce), celui ci a cru devoir trans-
mettre nos observations à son ami M. Kariniemi, lequel lui a fait
l'essortir le fait suivant. Rarement le trlrix est rencontré à Inavi,
Utsjok et Coutekio, où ou a obtenu ces Oiseaux. A cause de cette
circonstance, il y a des probabilités pour penser que l'origine des
hybrides est bien déterminée. D'ailleurs, ce croisement ne peut
paraître étrange pour les naturalistes observateurs. Quand on a
vu ces Oiseaux en liberté dans les bois, au moment de l'accouple-
nieiit, comme l'a fait M. Kariniemi, on s'aperçoit vite que la ciiose
est possible. Il est allé, par plaisir, dans les forêts au moment
du spiel ; il a imité le son attrayant de la femelle Lagopus. Parfois,
le mâle de cette espèce, très lascif, excité à un haut point,
est venu se percher sur la tête de l'appelant et, tout en. remar-
i|uant son erreur, n'en continuait pas moins à porter sa queue
debout et à étendre ses ailes. L'amoureux ne craint plus alors les
coups de fusil ; il oublie le danger dans sa passion. On voit jusqu'à
trois mâles ensemble courant à l'apiieati, eu si; querellant, et quoi
que dupés ne pouvant calmer l'ardeur qui les consume. — Aussi,
d'après M. Kariniemi, le Lagopus cf se trouvera-t-il exposé à se
jeter suc la Poule urogallux, d'autant plus que le cri de celle ci
ressemble beaucoup à celui de la femelle l.dgnpiis. M. Kariniemi a
lui-même été une fois témoin de la manière dont le mâle Lagopus
répondait au ton séduisant di' la l'oule de ITrogalle et comment
ils s'approchait de celle-ci. — Quelques autres chasseurs disent
(1) D'après une correspondance adressée par .M. le D' K. M. Levander à M. Hugo
J. Sljernvall.
(2) D'après ce que nous écrit M. le D' L. A. de Jaf;erskiold, d'Upsala, on
Irouveriiil déjà une nolice sur ces Oiseaux dans les « Meddelanden alSocietas pro
Huna et llora feunica, XVllI, p. 217 cl 2b'J.
930 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
avoir observé le même f;iit. (On sait que le temps du spiel et de
l'appariage est le même pour les deux espèces qui sont poly-
games). On trouve, en outre, plus de femelles que de mâles chez
les urogalles (1) et c'est pendant la nuit que. mêlés sur les mêmes
places du spiel, ces Oiseaux s'accouplent. 11 peut donc arriver, dit
toujours M. Kariniemi, que fortement excités, ils satisfassent leur
passion dans l'ombre de la nuit sans se soucier de l'espèce à
laquelle appartient la femelle qu'ils sont parvenus à atteindre (2).
Comme les autres animaux, ajoute le narrateur, les Oiseaux déga-
gent, pendant le temps de l'amour, une odeur particulière {ludor
spermœ), et cette odeur, étant presque la même chez tous les Galli-
nacés, elle peut attirer les différentes espèces les unes vers les
autres, les mâles étant toujours disposés à s'accoupler avec les
femelles passionnées.
M. Emile Kariniemi veut bien encore faire part à son ami du fait
suivant : « Quand j'étais à Mustiala, pendant les années 1888-90,
dit-il, on élevait là dans la captivité un Strix huho cf. C'était fort
intéressant de l'observer au moment de l'amour. L'Oiseau était
vraiment aveuglé par la passion; ne gardant plus son naturel, il
marchait sur les cadavres des Poules et des Chats qu'on lui
donnait pour nourriture et criait pendant les nuits comme un
furieux ». Ce cas lui semble prouver que « les Oiseaux sont
complètement aveuglés par la passion qui les tourmente extra-
ordinairement au moment de la reproduction ». Pour nous, il
n'acquiert pas une telle importance. Le D'' Wurms (;i) cite bien,
lui aussi, un Coq urognllus apprivoisé qui, en ardeur d'accouple-
ment, se rua sur des bottes que l'on était en train de décrotter. —
Mais ce que la captivité prolongée et la domesticité peuvent
produire, l'état libre le repousse, et l'animal, à l'état sauvage,
libre de ses mouvements, rendu à ses instincts, ne paraît contracter
(1) Cette assertion est cependant complétée de la note suivante, écrite par
M. Stjeinvall : n Ce fait peut te produire dans des contrées où on lire Icsjiàles sur
n le spiel. .l'ai observé, dans la partie septentrionale inliabitée de la paroisse
1) Knolajavoi, que les mâlos étaient très nombreux, les femelles complètement
)) rares. J'ai, par exemple, vu une (ois en me promenant, à un kilom. des bords
)) de la rivière Tuntsajoki. sept mâles urogatlus seuls sans èlre accompagnés
)) d'aucune femelle. On peut supposer que ces femelles se cachent avec leurs
» petits ; il me semble néanmoins que les femelles sont plus nombreuses, quoiqu'en
Il disent les ornithologistes ii.
(2) Il parait qu'en dehors du spiel ou de la saison des amours, les Lagopus
(mâle et femelle) se montrent moins rares. Ils demeurent ensemble pendant
l'incuhation et l'élevage de leurs petits.
(3) Cit. par Henke. in .lourn. liir ornilh., april 1892.
I
NOUVELLES ADDITIONS 931
que toiil à f:iil exccpfionnpllcmerit des nlliniirt-s qui pnrnissi'nl
illégitimes.
Cela dit, nous adineltons néanmoins que le croisement du
Laijopns albits et du Tetri.r urogallus puisse se produire dans la
nature, comme se produit celui de celte dernière espèce avec le
tetrix. Si les deux types sont de taille vraiment très difTérente, ils
sont bien de la même famille, du même genre et ont les mêmes
habitudes ; à part leur taille, très distincte l'une de l'autre, ils
olïreut même, dans leur couformatiou, de très grandes analogies.
M, Stjcrnvall, laissant aux observations de son ami la valeur
qu'elles ont, ne doute point que le petit iagopus ne puisse s'appa-
rier avec la femelle de Viirogallus, se fondant sur l'exemple de
la Queniueiiiila irccca qui s'allie, pense-t ou, avec ^.•^««^s■ hoscluis
pour produire le Bimaculated Duck (1). La longueur du Lagopus cT,
reniiirquet il, est (2) de 39H'"™ ; celle de la Poule urogalle de
608™™ ; la [iroportion est donc de 30G : (JGS — 0,51)2 = 0,fi. Or,
la môme proportion existe à peu près entre les dimensions de
r.4. crecca et celles de IM. //o.sr/irîs.
TctRAO TETRIX ET LaGOIMS MUTUS
(Se reporliM' jip. iiO et ;il>2)
Nous avions mentionné au .Musée de Varsovie, d après le prof.
Taczanowski, aujouni'lnii décédé, un liylniile île '/'. tetrix et /-.
mutits, tué à l'état sauvage. — De nouveaux renseignements
obtenus sur celltî piére il résulte que l'on aurait allaire au pro-
duit bien connu du Tetrao tetrix X Lagopus albus.
.\ucun fait ne confirme donc le mélangi! du tetrix et du mntux,
mi'laiige qui ne paiait pas cependant irréalisable, vu la parenté
des deux espèces.
Tetrao tetrix X Bonasa Betulina
(Se repoiUr pp. .';.") et 054)
Le Norsk Idretsblad (3) signale l'Iiybridc proliidilc de ces deux
espèces, abattu ri'cemmeiit |)ar un chasseur à Mykiand, Vedenaès
(Norwège). Séjournai donne quelques courts détails sur celte pièce
(1) Consult. sur ce sujet noire hroiliure illustrée : llisloirv du lliinnculalcil Ducii
ou A. Gli.cilunii.
(2) D'iiprès C. R. Sundstrôm Faun».
Ci) .\arg XIV, n" ;), paye :î7. Ce journal est publié à Christian:!.
i)32 OISEAUX HYBRIDES FUÎNCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
obtenue. Cette informatidri nous ;irii\e très lurdiveincnt et nous
est i;-racieiisenieiU envoyée |iar M. 0. Haase (1).
Lagopus albus X BoMASA Betulina
(Se ronoi-ler p;'. ,';',) et ii.So)
Un sujet, assez douteux d'ailleuis, avait pu seul être cité
jusqu'alors. Si nous en croyons l'ami de M. Sljernvall, M. Emile
Karinienii, déjà bien des l'ois nommé, les anciens chasseurs du
pays de celui-ci racontent que l'on a vu et tiré des hybridel de la
Bonnm et du Lagopus. M. Kariniemi n'indique pas, toutefois,
l'espèce du l.agoptis. Semblant conbrmer ce fait, M. Sljernvall a
trouvé, en consultant des revues finlandaises, dans l'article de
M. Waren (2), le fait suivant : Nikulainen, de Rantalampi, a
raconté à celui-ci que (( pendant le mois de décembre de l'année
l85o, il lua dans une couvée de Gelinottes, d'abord sept Gelinottes,
puis un huitième intiividu lequel, si l'on considère sa taille et son
extérieur, l'essemblail à une Gelinotte ; mais ses pattes et ses
ailes étaient sem])lables à celles du Lagopus. L'Oiseau était perché
dans un arbre (-i).
Tethao tetrix et Lagopus scoticus
(Se repoi-toi" pp. (12 et 5(iO)
M. T. S. Buckley, de Rossai (Inverness), a donné (4) la description
d'un nouvel hybride tetrix X scoticus, tué en décembre 189i, près
d'Ardgay (Ross-chire), par un garde-chasse du nom de Ross.
« L'Oiseau, dit le narrateur, est uu mâle, un très beau spécimen,
sombre de ton et montrant çà et là sur son poitrail noir brillant
les plumes du scolic^is. La tète et la queue sont celles de la Poule
tetrix; le plumage est davantage tacheté de blanc que chez cette
espèce. Peut-être la partie la plus curieuse de l'Oiseau est le pied
dont les doigts sont eiii[)lumés jusqu'à moitié des ongles, le reste
demeure tout à fait nu. Eu outre, le pied laisse voir distinctement
les (( pectinalions» du tetrix, quoique pas aussi étendues que chez
cet Oiseau. Les jambes sont bieu emplumées ».
(1) M. 0. Huiise ;i f;iit mention île cet liyljride dans Ornitli. Monat., Nov. 1S9(J,
d'après le S'IluberIns i|ui reproduit l'art du Norsk Idrelsblad.
(2) Cet auteur a déjà été cite, et le litre de sa brochure est connu. Nous
rappellerons seulement qu'elle se trouve dans les Meddelandeii, 1881.
(^) Dans ce cas encore l'espèce Lagnpus n'est pas indiquée.
(4) In Annals of Scollish Natural lUslory, n" du 14 april 189,ï, p. 12b.
NOUVELLIiS ADDITIONS U'A'.i
C'est p;ir erreur que nous nvious uorniui^, (1) M. Burton comme
nous nyiiul communiqué l'lu\tMuess Courrier du S) luivemijre IS.S'.I,
dans lequel on fait uienlion il'uu autre hybride tué àGlen-Mayerau.
C'est l'auteur de l'article, M. T. E. Huckley, qui avait eu lui-
nième la complaisance de nous faire cet envoi. .Malheureusement
M. Ifuckley ignore l'adresse de M. Hardy et du garde Ross qui
tuèrent l'Oiseau ; de sorte (|u'il nous est im|)ossihle de drnnnder ;\
ceu.\-ci la i)ermission de l'examiner {'!).
Sous ce titre : Xulcs un Grouse (3), .M. Henri H. Sclater a critiqué
l'origine d'un Oiseau, présenté par M. Macpherson (4) comme
descendaut du scoticus et du Iciri.r. Ce soi disant hybride est très
bien connu de M. Sclater, car il appartient à l'un de ses oncles ; il
l'a toujours considéré comme une Poule telrix revêtant la livrée
du mâle. De nouveau il vient de l'e.vaminer, et, en présence du
sujet, il ne trouve aucune raison de revenir sur sa première
opinion. « La taille, dit-il, l'aspect de la lète et des pieds, corres-
pondent tout à fait à ces mêmes parties dune Poule ordinaire de
telrix. (( The claws, and the serralions on tbe side of Ihe toes,
ajoute-t-il, do not show the least tendency to resemble the same
parts in a Red grouse; ncilher is there a trace of rirouse-like
feathering on the toes thiMuselevcs. Nor eau I detect any distinc-
tive character of Red grousr ])himag(' mi llic hody ».
Href, M. Sclater (|ui a vu en Xoiwègi^ un nombre assez élevé de
femelles «/•o;/al/i/<, ti'irix et l'hmitinux à plumage anormal, consi-
dère délinitivemeul (|uc l'Oiseau ([u'il critique doit être classé
dans la catégorie de ces derniers. Le se.\e, que Ion envisage, n'a
du reste jamais été reconnu.
M. Macpherson a répondu à M. Sclater qu'il ne maintenait pas
son dire outre mesure et qu'il était tout prêt i"! revenir sur l'opinion
qu'il avait émise, l'Oiseau ne lui étant i)as snllisamment connu. Il
n'a fait, dans l'article qu'il lui consacre, que répéter le dire du
propriétaire de l'Oiseau, .\L Horrocks.
Désirant nous mettre en mesure de reconnaître les vrais carac-
tères de la pièce en question, nous avons écrit à M. Sclater pour
(t) In 1" partie, te.s' Gallinacés, p r>6(ou p. 119 des .Mém. de la Soc. zool., 1800).
(2) l'ar erreur encore, nous avion.-; indiqué un M. Maelony coinnic ayant demandé
à M. Buciiley d'examiner la pièce. C'est un i\l. Macleay, lequel nionla l'Oiseau.
M. Macleay est aujourd'hui décédé.
i'ô) Tlic Zuoliigisl.. janvier 'Xi, n° iS7, pp. 20 ot il.
(4) Dans un volninc juihlii' léciuiiiii iil iii •< LoïKjman'n Fur and Featlier Séries»,
pp. r>2 ut OU.
934 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
le prier de nous la communiquer ; mais celui-ci n'a pu accéder à
notre désir, l'Oiseau monté ilguranl, parait-il, dans un groupe
d'autres Oiseaux.
P. S. — Au moment où nous mettons sous presse, le rév.
Macpiierson nousfail l'honneur de nous adresser la lettre suivante;
nous la rtïproduisou.s textuellement : « Carlisie, England, Sept.
30"' 1S9G. — Dear Sir, Il niay interest you to know tliat my friend
M. Hulliart lately siiot two mâle hyhrids lietween Lyrurus tetrix
and Ijiijoptis scollcvs upon a shootiug in Kirkcudhright. I liope to
Write a paper on liiein. Ile also sliot a female hybrid of the same
kind. Tliis has llie tail, the under tailcoverls and secondaries of
the Black Game, Jnit olherwise resembles the Red (irouse. The
two maie birds were shot earlier than the hen, and are not so
perl'ect in plumage. They hâve the tail of the Black Grouse, but
hâve much resemblance to the Red Grouse. Tliere can be no doubt
tliat ail three birds belonged to the same brood ». Par le Field (1),
nous apprenons que c'est le 26 août que ces Oiseau.x furent tués ;
ils suivaient une femelle tctrix.
Nous nous sommes empressé de remercier le Révérend de son
aimable communication, mais nous lui avons fait savoir aussi que
nous doutions un peu de l'origine attribuée à ces trois Oiseaux.
Un grand nombre de Tétras considérés comme hybrides de Lg.
tetiix X f-- scoticus ne sont autres que des femelles stériles revêtant
l'habit du mâle. — Le Révérend persiste néanmoins dans son dire ;
dans une deuxième lettre (où il nous informe incidemment que
son ami vient de tirer un quatrième sujet du même genre, une
femelle), il nous écrit «que tous les caractères annoncent une
double origine ». M. Macpiierson étant, comme il le dit fort bien,
(( un membre vieux de la Brilish Oruitiiologist's Union et ayant
vu beaucoup des deux espèces pures », nous ne nous permettrons
pas de criti([uer sa manière de voir, puisque d'ailleurs nous ne
connaissons aucunement les Oiseaux. — S'il nous était seulement
permis d'adresser un reproche d'ami à un aussi aimable corres-
pondant, assez gracieux pour nous signaler les faits d'hybridité qu'il
rencontre, nous regictlerions que tant de courtoisie n'aille pas
aussi loin cependant que celle de beaucoup de ses confrères en
ornithologie, lesquels s'en) pressent, lorsque nous les leur deman-
dons, de nous communiquer les pièces hybrides qui sont à leur
disposition. Le rév. iMacplierson s'est, en ellet, toujours refusé à
nous adresser en communication les hybrides dont il dispose ; la
(1) N° du 12 septembre 1890, n- 2.281, p. 464.
NOUVELLES ADDITIONS l)3o
seule pi^ce qu'il nous ail envoyée, et qui avait ét(^ désignée couiine
hyiiridt" de Titnius iiierulu X '/'. tonjuatus ! n'est à nos yeux qu'un
iuilividn très pur de celte dernière espèce, mais dans une piiase
de plumage jieu connue (1). — Nous reconnaissons toutefois (|ne
cette circonstance, à savoir (|ue les Tétras obtenus par M. Hulliarl
sont au nombre de (|uatre, sont jeunes et des deux sexes, milite
en faveur de leur liyhridité. On ne peut les sujjposer de vieilles
Poules stériles révélant riiabil du Coq, si souvent, on l'a vu (2),
confondues avec des hybrides (etrix X scolicus. Mais ils pourraient
aussi être une variété. Nous i-emarquerons (|ue ces Tétras ont été
annoncés daus le Kield (.'J) par .M. Robert Haine, un taxidermiste,
sous le nom de « Hybrid Grouse and Blackcock », ce taxidermiste
les désiicnant ainsi : « undoiibli'd liybrids wliicli show as much of
Ihe Red (Irouse as lh(îy do of tiie lilackcock )). En attendant la
description (juc M. Macpherson se proposi; d'en faire, nous repro-
duisons celle que M. Robi'rt Raine a écrite dans le Field :
« Theyare botli malc'S (il ne connaissait pas encoi-c l'exislence des
deux femelles au moment où il écrivait), and birds of the year,
beini; only half moultcd ; tlieir breasts, which are nearly full
fealhcred, very miicli resemble that of a very old Cock grouse,
being much moUled with white, and their tlighl fealhersare edged
willi white ; Ibeir wings on the shoulders are also very curiously
marked with white, but the while spéculum so conspicuous in Ihc
Blackcock is (juile absent, and the secondaries are each lipped
wilh white ; their tails are qnile black, but do not show the least
inclination to curve ; their tarsis and half of their tocs are thickly
feathcred, the rest f[uite clean and wilhout any spines, as in the
true Rlackcock, which are only feathered to the junclion of the
loes ».
Après cette description, M. Raine fait savoir (|u'il se rappelle
un autre cas d'hybridisme stnnblable, lequel fut observé à Scone
Palace, Dunkled, et nusntionné daus la Badmington Library.
Tetrao tetrix et Lagopus albus
(Se reporter pp. (J7 ut ii'l)
Nous avons à signaler deux nouveaux exemplaires chez MM. Hugo
(1) Voy. la rélutalion que nous eu avons faite pp. 803, 80G et 807, et aussi dans
le Bull, (le la Soc. Zool. de France (année ls;i;;i.
(2) Nous avons cité plusieurs exemples.
(3) N» du o sepl^nibre 189o, n» 2,280, p. iii.
9.% OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
etOskar Utterstrôm, de Pajola (Suède). Ces Oiseaux ont été empaillés
par M. KollhotT, conservateur à rAcailémie d'Upsala. Ils sont des
deux sexes. Le Coq a él('' pris au piège à Kangos, près de la paroisse
de Pajala, district du Norbotten ; la femelle a été capturée de la
même manière à Kengis, même paroisse et même district. Ils sont,
paraît-il, fort bien conservés (1).
L'auteur de l'article déjà cité : (( Bidrag Kànuedomenom Jemtlands
ocli Herjeailalcns fainid » (2) fait savoir que deux autres liybrides
de ce genre ont été attrapés dans un piège, à Sunne, et portés
au marché d'Ostersund le 18 novembre 1895; mais que le cou
ayant été abîmé par le piège, ils n"ont pu être conservés. Nous
pensons qu'ils n'ont point été décrits. Nous apprenons par l'article
en question que « le livre d'esquisses d'animaux de Sturber, ayant
été montré à l'horloger K. Freman de cette ville, (qui avaitexaminé
les hybrides en question), déclara que l'esquisse de la Perdrix de
neige {Lwioputotri.r Idijofoides , pensoiis-nous), leur ressemblait, non
point seulement parce qu'ils avaient le dos tout blanc, mais
surtout parce qu'ils avaient la tête et les pattes comme sur
l'esquisse, ainsi que la queue foncée et en forme de pointe ».
Dans l'automne de la môme année, la police de santé de la ville
aurait vu un métis semblable porté au marché (3).
De telles indications sont certainement intéressantes; malheu-
reusement elles ne sont pas assez complètes pour nous permettre
d'aflirmer l'authenticité de ces hybrides très dilTiciles à diagnos-
tiquer.
D'après M. Emile Kariniemi, le Riekkoteiri (c'est à dire le
Riporre) serait très rare, |u-esque inconnu dans son pays ; on n'en
possède pas au Musée d'Helsingfors. M. Stjernvall nous avait
signalé en Liponie l'existence d'un Lagopus X tctrir que nous avions
mentionné p. .'j72. Cet Oiseau se trouvait alors chez deux de ses
amis à Mnoninfaù. Mais ceux-ci ont changé de localité. M. Stjernvall
se propose d'écrire à M. P. Fersstrôm, à Kareserando (200 kil. de
Muonia) espérant que l'on pourra nous procurer cet exemplaire. —
Un autre de ses amis, M. le curé de Neovinus, lui fait savoir
(l)Ces roiisfii;iieiiients nous sont fournis (lii-ecloinenl [inr MM. l'Ueistrôm ; mais
c"esl M. lliiiT" .). Stjernv.ill qui a bien voulu nous si;,'naler ces iu(éi'essiints liybriiles-
Ils sont à vendre ; le prix très élevé que l'on en demande ne nous a pas permis
d'en faire rncquibilion. On nous les av.iit indiqués comme liylirides de LugOjius
albux X Telrao vrogullu.t. M. !.. A. de Jagersliiold, ami de M. KoltliolT, qui les
a préparés, nous assure i|u'il ne peut être question que d'hylirides lelri.r x Lugoiius.
(2) Conseils pour la connaissance des Oiseau.x du Jemlland et do Herjeadalens.
(3) Renseignement fourni dans le même article.
NOLVELLKS ADDITIONS 0.'{7
incideinineul qu'il se rappelle avoir vu, en quelque lieu, un
I.ag.-dlbusx Tetrao Ifiri.r. "SoU-c dévoué correspoiiiliiiil veut hini
encore se charger de nous olitenir îles renseignenienls supplénieii
taires sur celte nouvelle pièce; nous le remercions à l'avance de
son ol)liseance.
M. Th. Lorenz, dans l'article du Journal fiir Ornithologie (I),
que nous avons en partie analysé, s'est occupé de quatre Poules
Birk {(elri.r) représentées sur l'un des tableaux de l'ouvrage du
])'■ A. .M. .Meyer et qui, a t-oii dit, doivent être des hybrides de
Lagopus albus X Tetrao Ictrix. M. Th. Lorenz ne voit chez ces
quatie Oiseau.x aucune marque rappelant la Poule de neige ; ce
sont pour lui siniplcincnt des liirkhoincn, c'est-à-dire des Poules
de tetii.T afïectées d'alliinisnie. .M. Lorenz ne peut comprendre pour
quelle raison ces l)àlards supposés ont la queue blanche, alors que
la Poule Tetrao tetri.r et la Poule l.agoims alhu.s n'en possèdeni,
ni l'une ni l'autre, de semblable; d'autant moins que, chez celle
dernière espèce, le mâle et la femelle ont à chaque saison la queue
noire. M. Lorenz a possédé de telles varii'lés et n'a jamais pu s'aper-
cevoir chez elles d'aucune marque indiquant le [.agopits albus.
Il constate, en passant, que le Tetrao lagopoides (Nils) se présente
sous deu.x (ormes : l !.. alhiis cT X T. letrijc Q ; 2' T. tetri.r (f x /..
albus $. La première forme se rencontre plus souvent que la
seconde; cette dernière est extrêmement rare. Les mâles et les
femelles sont de grande taille et ont iiien plus de noir que de
blanc. La premièic forme laisse voir, au coiilraire, plus de blanc
que de noir, (liiez la plus forte, ajoutr i-il, les plumes brunes
rapiiellent d'une manière très accentuée la Poule Ictrix, avec
une moindre f|u;inlité de couleui- blanche ; par contre, la plus
petite forme laisse presipie voir, sur les itiumes sombres, la
marque disliiiclive du Lagopus albus dans le vêlement d'automne,
à part ceci : (|ue le fond du ton de plumage n'est pas brun rouge,
mais biiiii jaune. 11 estime en conséquence que le cT Tetrao-
Lagopoidi-s, iei)iéseiité au |iremier ])lan sur la planche de l'ouvrage
du D' .Meyer, ap|iaitient à la plus petite forme et est irorigine
Lagopus albus cf X Tetrao Ictrix $. Au contraire, la femelle ipii
se tient près de cet Oiseau appartient à la plus grande (orme et
provient donc du T. tctnx cT X Lagopus albus $. Il a, d'ailleurs,
minutieusement examiné l'original femelle dans le .Musée de
l'Université de Saint-Pétersbourg. — Deux mâles de la plus
(I; N" li'octuhif is;)|, p. 'i0.>^il2.
t)38 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
grande forme, fait-il savoir, se rencontrent dans le Musée de
l'Université de Moscou ; l'un de ces Coqs a quelques ])lunie.s du
cou appartenant à la livrée d'automne. Il en a vu un troisième
chez un amateur de Saint Pétersbourg ; ce mâle avait aussi des
plumes brunes de la livrée d'hiver. La plupart des Oiseaux qu'il
a examinés, et qu'il a obtenus dans le courant de vingt années,
appartenaient à la petite forme, soit à la combinaison Lagopus
albus cf X T. tetrix $ .
Les différences que signale M. Th. Loreuz méritent d'être consi-
dérées ; elles sont réelles, pensons nous. Nous avons eu l'occasion
de les constater, au moins en partie, sur les échantillons qui nous
ont été communiqués. Nous en avons re^u de grands, mais ceux-ci,
autant que nous pouvons nous le rappeler, étaient en majorité.
Nous ne soupçonnons pas cependant deux origines chez le Lagopus
albus X Tctrao tetrix ; nous pensons que cette dernière espèce est
toujours appelée à jouer le rôle du mâle. Nous ne nous expliquons
donc pas les diflérences de taille que nous constatons chez les
divers individus ([ui nous ont été présentés. Nous avons aussi
remarqué des diflérences dans la coloration que nous ne nous
expliquons pas davantage ; nous les attribuons aux degrés divers
de mue que travei-sent les Oiseaux. — Les explications fournies
par M. Lorenz, qui donneraient la clef de ces différences, doivent-
elles être acceptées ?
M. Henke a bien raison de dire (1) que si M. Lorenz faisait
construire une volière d'élevage dans le Nord, pays où on peut se
procurer sans difficulté les espèces composantes, on pourrait
alors apporter des faits positifs à l'appui de sa manière de voir, ou
contre son opinion.
M. Henke a lui-même fait connaître sou appréciation sur les
quatre Oiseaux du tableau XV ; il ne pense pas qu'il soit si
facile de les déclarer albinos, comme le fait M. Lorenz : pour bien
les comprendre, il faut se pénétrer du texte de l'ouvrage. Si ces
Poules sont seulement frappées d'albinisme, comment explique-
t-ou, se demande M. Henke, qu'elles soient en même temps
sujettes au mélanisine, car elles portent des marques noires aux
places mêmes où la femelle du tetrix n'en possède pas! La dilTicultè
d'expliquer la couleur blanche de la queue se résout: si l'on songe
que, dans son vêtement noir, le Lagopus a encore le bas de la
queue de cette couleur et que, de plus, il a de fortes pennes
(1) A la lin de son article publié dans le Juiiriuil fur Ortiith., april 1892, p. 170
e( siiiv.
NOUVELLES ADDITIONS 939
bhinches médianes. Mais l'alhiiiisme est incapable de changer les
(ormes des ailes. Or, chez ces Oiseaux, la septième penne de l'aile
est plus courte (|ue la première, tandis que celte penne se trouve
plus longue chez le tetrir, etc.
Quant à la (|ueslion de savoir si le renvei'senienl des termes
père et mère est un fait dans le mélange d'où i)roviennent ces
hybrides, .M. Ib'uke reconnaît que l'opinion ]iour et l'opinion
contre sont d'égale valeur.
Nous avons cru devoir mettre nos lecteurs au couiant des
discussions qui se .sont produites entre .M. Lorenz et M. Ilenke;
elles nous ont paru intéressantes.
Genre Euplocamus
(Se reporter pp. 81 et 5'.i;>)
Nous sommes toujours sans indications précises sur les croise-
ments que contracteraient entre eux [)lusieurs des espèces (ou
variétés) de ce genre. Beaucoup de lettres, (jue nous avons écrites
dans rilindouslan et l'indo t^liine, sont restées sans réponse et les
correspondances qui nous sont parvenues sont sans intérêt. Nous
voulons cependant remercier M.M. R. G. Woodthrope du i< Iknrjalorc
uiiilril sercicc rluli » à Bombay; .V. R. BirUs, olbj. commissioiiner
of the Arakan division à .\kyab ; Th. Heensheet. à Paletu, pour
tout l'empressement qu'ils ont mis à nous répondre, la bonne
voloidé de nous obliger qu'ils nous ont témoigné'e, et les infor-
mations qu'eux-mêmes ont essayé de prendre pour nous. — Des
peaux nous sont promises; parmi celles qui nous parviendront,
peut-être découvrirons-nous quelques croisements ?
Phasianus vulgaris et Phasianl's reevksi
(Se repoiler pp. SJ el GiXJ)
M. Sigismond C. de Trallord (Croston hall, Preston), (ait savoir (1)
qu'il eut, dans ses coverts, il y a tiuelques années, un C;o(i Faisan
croisé du Faisan commun et du Faisan de Ueeves. Il pense que
cet Oiseau provient d'un œuf importé d'Elve<lon, où il s'était
procuré des œufs. L'Oiseau atteint une très forte taille. A la
deuxième saison de reproduction, son garde-chasse le prit pour
le faire reproduire et lui donna six Poules ordinaires. On l'enferma
(1) Dans le Kield 18% (ii» de fin (ovi-ier ?).
1)40 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LÉTAT SAUVAGE
pendant quelques semaines ; mais on fut oijlij,'è de le séparer de
ces Poules. 11 était très emporté, et ne les fécondait pas; aucun
doute qu'il ne tût nii mulet.
Cet exemple montre, comme nous l'avons déjà remarqué (1),
que dans les réserves anglaises, et sans doute dans beaucoup
d'autres chasses réservées, la présence d'un hybride ne prouve pas
que cet hyliride soit né à l'état sauvage.
Le duc de Bradford veut bien nous faire savoir d'ailleurs, par
l'entremise de M. John Thornhill, qu'il possède l'hybride de ces
deu.K espèces obtenu dans ses chasses, où il a introduil le reevesi.
PhASIANUS VULGARIS ET Ph. WALLICHII
Ce nouveau croisement a aussi été obtenu dans les chasses du
duc; il n'est dû encore qu'à l'importation des deux espèces mises
en présence l'une de l'autre dans un habitat où elles n'existaient
pas naturellement.
11 en est de même du croisement du :
PhASIANUS VULGARIS X EUI'LOCAMUS,
ainsi que des mélanges du :
PHASIANUS WALLICHII X EUPLOCAMUS
et du :
PhASL\NUS VULGARIS X TlIAUMALEA AMHERSTLE,
observés dans les mêmes bois.
Tout (l'al)ord nous avions été très surpris d'apprendre que ces
diverses espèces s'étaient mélangées en liberté, car M. Thornhill,
qui voulait bien nous signaler leurs croisements de la part du
duc de Bradford, nous atlirmait qu'ils avaient eu lieu à l'état
sauvage. Mais notre étonnement a cessé lorsque nous avons
appris que ces diverses espèces avaient été lâchées dans les
bois du duc en Angleterre, et en nombre considérable (2).
Ce ne sont pas à proprement parler, répétons le, des hybrides
sauvages ; ils n'ont été produits que par suite du rapprochement
d'espèces distinctes, importées dans un habitat dillérent de leur
lieu d'origine. — Nous n'avons pas vu ces dilîérents produits
(1| Voy. à ce sujet un article publié dans le Zoologist (vol. -XX, n" 238, ocl. 1890)
dans lequel on parle de l;i ménagerie du duc et des Faisans de toutes sortes, et
de loules espèces, lâches à profusion dans ses réserves où itiSe mélangent parfois.
(i) V. 93 et 603.
M
NOUVELLES ADDITIONS 941
et nous ne possédons aucune imlicalion sm- h.'urs caraclères
mélanines. (,e duc n'a |)ii nous les c()iiiinuni((iicr, [)arce (juMls sont
sous verre. Ils présentent d ailleurs peu (i'JMléiAl (idur nos éludes.
Genres Phasianus et Tetrao
Tethao tetrix X Phasianus vulgaris
(Se reporter p|). 87 et G12)
Nous avons fait l'acquisition de l'hybride lue (1) pendant une
« liroiise drive » à Loftus Moor, (^leveland (2), et annoncé dans le
Field (3), par M. F. H. Nelson, de Kedcar, dans les mains duquel
il était tombé, (let Oiseau présente beaucoup d'analogies, avec
celui de .M. Turuer (4), quoiqu'il soit un peu jdus foncé. Tel qu'il
est empaillé, il est cependant plus fort et beaucoup jilus épais.
Sa queue, au moins les premières plumes, sont aussi plus claires
que celles de l'Oiseau auquel non.« le comparons. Sous une partie
du poitrail, il existe des plumes lancéolées ; le poitrail est recou-
vert d'une teinte noire violacée brillante, indiiiuant que l'Oiseau
est jtlus avancé en couleur (]ue celui de .M. Turner. A pari
cela, nous le répétons, c'est le même Oiseau, avec la couleur
du dos grisâtre, la tète de môme ton, le même genre de
plumes. Tout autour de l'teil la peau devait être nue ; actuel-
lement elle est d'un gris blanchâtre. Le D' Bovvdler Sharpe
et M. Vv'. B. Ogilvie Granl, (jui l'ont vu, l'ont déclaré hybride
de fcf/-(.r Ô. et de /Virt.s73Hi/.s $. Il n'existe point, parait il, de ?c/ri.r
indigènes dans le Clevdand ; le fj;ibier noir <i nearest native »
se trouve dans la Wear \alli!y, à plus de cin(iuant(; milles de
Loftus.
Les éditeurs du Field (oi, à la suite de l'article de M. Nelson
faisant connaître l'hybride que nous venons de décrire, annonçaient
qu'un produit semblable avait été tué à Mull, et envoyé à Londres
chez .M. Uoland NVard, pour y être préparé.
Cet Oiseau se trouve maintenant chez le capitaine .Micliael
Murpliy. Le capitaine n'a osé nous le communiquer parce (ju'il
n'en est pas le propriétaire, et que d'ailleurs l'Oiseau est monté
sous un grand verre.
(1) Vers la lin d'octobre IH'.lt.
(*) District N. E. <lu Voiksliire.
(3) Uu 7 décembre I.S'.Ci. n» iH, vol. 8f,, p. %(i.
(4) Cit. |i. G13.
(5) .N» 2,241, 7 déc. 18Uo, p. 'J40, vol. 8C.
942 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Daus la liste (1) des noiiihreiix hybrides des deux espèces dont
nous nous occupons (espèces qui apparlienueut, suivant les zoolo-
gistes, à deux genres distincts, ou plutôt à deux familles), nous
avons omis de mentionner une piiire d'Oiseaux tués en 1883 au
château de Loudun (Ayrshire), et signalés ihins les Proceedings
and Transactions of the Natural liistory of (îlasgow (2). On dit de
l'Oiseau, représenté sur la planche 111, que c'est un spécimen
remar(]uablemeut beau conservé au Paisley Muséum, qu'il fut tué
au mois de décembre et que son compagnon, un mâle comme
lui, avait été abattu dès le mois de novembre. Ce dernier appar
tient à M. Mathew Hodgart. La chair de ces Oiseaux avait plutôt
le goût du telrlx que le goût du Faisan. L'estomac de l'Oiseau
tué le dernier contenait des feuilles, des graines d'Àtriplex
(arroche) et du fjuartz.
Voici leur description d'après M. Craibe Angus :
« In contour, or gênerai appearence, botli Birds partake more
of the character of the Blackcock thau of the Pheasant ; but in
size they are superior to eitlier, although the Bird last killed
hardly turned more than 3 1/2 pounds.
» The head, back of the neck, rump. and lower surface of the
body, are of a lustrons bluish-brown ; back, wing-coverts, and
outer webs of the primaries, (of wich the third and the fourth are
the longest), barred or variegated with brownish-white. suggesting
the markings of the Pheasant; tibial joints and tail, which is broad
and fan-shaped, hâve the feathers mottled, shading into blackat the
extremitics ; red skinny spaces at the eyes as in the Blackcock ;
feet and claws as in the Pheasant.
» The two Birds, although strongly ressembling each other,
difïer more particulary in the eolouring of the feathers on the
lower surface of the body. Thèse, in the Bird fîrst kiiled, are
barred with whitc and brown, suggesting the normal markings of
the Pheasant; wliile, on the Bird that longest escaped the gun, the
variegated feathers bave been replaced by others wholly bluisli
brown, doubtless having their origin in the maie parent indeed,
the variation of the plumage in ils change towards the adult state
shows a tendency towards the sable eolouring of the Blackcock
and tlie oblitération of the reddish hung of the Pheasant ».
Le descripteur ajoute que les habitudes de ces Oiseaux ditfè-
(i)P. 9-2.
(2) Vol. i, p. 260 (New Séries, part. II, 1884-^, with 3 plates), Glasgow, 1886.
L'article est inliliilé : u Nutes on a hyhriii belween a llliickcock ami a Plwasanl ».
I
NOI'VELLIS ADDITIONS U'i'i
raient ;"i peine de celles îles Oise:mx avec lesquels ils furent élevés,
excepté (ju'ils étaient plus timides et (pi'ils s'éloignaient ilavantage
du lieu où le garde leur portait la nourriture. Plus haut il avait
dit ([n'ils étaient éclos pendant la saison de 1883, dons les pou-
laillers (1), sur les terres du château 1
Peut-on classer de tels Oiseaux parmi les Oiseaux sauvages?
Ces métis décidément ne peuvent être considérés que coinnu' des
produits de seinililjerté (2).
Phasianus vulgaris et Tetrao urogallus
(Sp roporler pp. (iil)
Kn sii,'nalant un produit de l'e mélange dans la collection de
M. Walter Rotschild à Tring, nous disions que c'était un exem-
plaire uui(|ue. Nous écrivions au cominencemeut de l'année 1895.
Cependant, un autre hyhride était abattu vers la (in de la même
année (IJ), à Monymusk, propriété de sir Arthur Grant (4). Celui-ci
a bien voulu nous adresser deux photographies représentant le
curieux échantillon ; l'une le montre presque de face, l'antre de
cùté.
En nous ollrant gracieusement ces dessins, sir Arthur Grant
nous fait cimiiaîlre les particularités et les circonstances dans
lesquelles il a été obtenu.
Cette pièce intéressante avait été aperçue bien des fois par ses
garde-chasse : elle suivait une compagnie "de Faisans sauvages
et venait régulièrement manger le mais que les gardes jettent
dans les bois pour le gibier. Le jour oii elle fut tuée, elle courait
devant les rabatteurs. — Tout à coup un gaidt^ s'écria : « Sir Arthur !
un Caperc:iillie (n) court en avant ». N'ayant jamais vu de Coq de
Bruyère courant, le baronnet lui répondit que la chose n'était pas
possible : que c'était un Dindon égaré. Mais l'Oisenu tourna
(1) Coops.
(2) M. \V. Crdibe An^iis (ail savdirrians son ailiilr ([ue la peinture ([iii a servi
à ri'prés(MUer « dans les dernières éditions de VllislDire (le Selborne » le premier
spécimen «Teirix X K.iisan eoninuin «, (menliunné par nous p. 87, ou p. 'MO des
Mémoires de la Soc. Zoolog. de Franco, l^iJi)), se trouve encore actuellement à
la maison de l'auteur estimé, maison, ajoute M. An^us. qui est devenue « sacred to
ail Enj^lisli-speaking pil^rims ».
(3) Au mois de novembre.
(4) V. p. 12}, n° d'april 1896. des Annals of Scollish Nal. llisl., (a Qualerly
Mugazin edited by J. A. Ilarvie Brown el autres à F.dinburi;, chez David Doublas).
(5) Le grand Coi| de Bruyère
944 OISEAUX IIVBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
aussilôt s;i (|iieu(j |joiiit ne déchirée, et sir Artiiur reconnut qu'il
avait alTaire à un liyliride île Kaisan et de Coq de Bruyère. La
bête s'était élevée dans l'air, un coup de fusil l'abattit. Elle pesait
cinq livres.
Sirdrant croit ([u'elle provient d'un Coq de bruyère et d'unePoule
Faisane. On sait que M. J. (i. Millais, qui a figuré dans son ouvrage
l'individu appartenant à W. Rotschild, pense que cette répartition
dans les sexes n'est pas possible et opine pour le croisement
inverse. On ne peut discuter cet avis actuellement ; néanmoins
nous croyons que c'est le dire de sir Grant qui est le mieux fondé.
C'est toujours, en elïet, le tetrii: cT qui contracte des mélanges avec
des Poules en dehors de son espèce ; toutefois son congénère
Vurofiallux, privé des siennes, peut se comporte!- de la même façon.
Mais revenons à notre sujet. L'Oiseau qui nous occupe est un
jeune mâle ; il est de couleur sombre ; le type Faisan apparaît
spécialement dans le plumage de la tète et du cou, ainsi que dans
la forme de la télé et des pieds, quoique ces parties aient
quelques caractères du Co(j de bruyère. La queue est celle d'un
Faisan, mais plus courte et plus large ; elle est lamée comme
chez cette espèce. La poitrine ressemble davantage à celle du Coq
de bruyère, tout en montrant les traces du cuivré du Faisan.
Une peau rouge se développe sur et sous l'œil ; chez le Coq de
bruyère cette partie nue existe seulement au dessus de l'œil.
L'Oiseau aui-ait eu le cou du Faisan s'il eCit été tu('' un mois plus
tard ; dans l'étal actuel, le plumage de cette partie et de la tête
est très peu poussi'-. Telle qu'elle est maintenant empaillée, la
pièce mesure 17 pouces en hauteur, et 29 pouces en longueur
depuis le bec jusqu'à la queue. Un Coq de bruyère qui est placé
près d'elle a 19 pouces en hauteur.
Ces indications sont extraites de la correspondance que nous
avons échangée avec le possesseur de ce rare objet. Nous pourrions
peut-être les compléter en nous reportant à l'article écrit (1) par
M. G. Sim,d'Aberden. taxidermiste qui a monté l'Oiseau. — Il dit
que cet hybride « est plus élevé en taille que ne l'est le Faisan.
La forme de la tète, du bec et des pieds sont de ce type. La queue,
comme forme et comme dessin, eu est aussi, quoique point aussi
allongée. Les plumes du dos sont marquées comme celles du
Capei-caillie, mais teintées du brun doré du Faisan. Le cou. la
poitrine et l'abilomen sont tout à fait colorés comme chez le Coq
(1) P. 123 des Annals of .Scott. Nat. Ilisl., sous oe titre : « Hijbrid helwecn
Capercaillie and Pheasant ».
NOUVKI.LKS ADnniONS UV.'t
de bruyère et lo Uirsc (!sl einpIiiiiK- (l;ms la moitic'de sa longueur».
Ces renseiguenients coiicordent bien avec ceux (\\n uous sont
donni'S par sir Arthur (Irant. — L'Oiseau paraît donc beaucoup plus
Faisan qu'uroijdllus, coiiune c'est le cas dans l'Iiybridc! du Mus('e
de ïring (autant (jue nous pouvons en juger par l'aquai-elle et les
pliolographies que uous possédons). Le bec, cependant, tel ((u'il est
pliotoj;rapliit', paraît beaucoup plus fort et plus large, et peut-
être plus arqué que celui du Faisan ; il a, nous senible-t-il, quelque
peu rasi)ecl de celui du granil Coq de i)ruyère ; coi)endant, ni sir
Graut, ni M. Siui ne le diseut.
Cet hybride est encore le résultat d'une importation : celle de
Vitroijiilhi!! à Stratiulon. Ce gibier (■tait (■teint en Kcosse ; sir
Arthur (irant pense que le duc .\tliol(' l'introduisit daus le
Perthshire. Le premier urugalliis, nous dit il, se montra dans ces
terresen IS8S. Maintenant il est devenu commun. Dans une partie
de (basse, donm^e la semaine dernitire (1), on en tua cinq ; le
baioiiuet en abatlil m("^me jus(]u'à liait dans une in('^me journée.
Ce ne serait donc |)iiint sou absolue rareti' (|ui l'aui-ait déterminé
à contracter une alliance étrangère; il p(^ul se faire, toutefois, (|ue
dans ces chasses réservées, le nombre des mâles excède celui des
femelles, ou que l'Oiseau n'ait point liouv(' à s'accoui^ler parmi
les siens (2).
PUASIANUS VULGARIS ET CaNACE OBSCURA ('■]}
M. Edward P. Tomkinson, retired Lieutenant R. N. (Pasadura,
(;alifornie), fait savoir daus le Field (4), (luc pendant l'été de 18114
qu'il passa à l'île Vancouver, il remarqua dans un hiitel,
appelé le Goye et situé sur les Jardins Victoria, un Oiseau
empaillé combinant les caractères du Faisan et de la » Blue
grouse ». Il en donne la description sommaire suivante : « breast
of the Cock pheasant, albeil th(^ featbers are not so brigbt in
colours; the tail of the grouse ».
Afin d'obtenir (b^s renseignements |dus comi)lets sur cette pièce
qui peut présenter un réel intérêt, nous avons écrit au Lieutenant
et au directeur de l'IuMel. F>a lettre du premier ne uous donne
(I) La lettre de sir ArlIiHi- (iriiiil est (l;ilcc <lii 2 novembre IS'.lli.
(î) L'Ornilh. Moniilsheriilile dd d' lieichenow inrli(|iie somniaireiiu'iit (p. 147,
n» y, septembre IS'.Hi, liaprès les Aiinal. Scott), le tait (|ue nods venons de raconter.
{\i) .Autres noms scientilii|ues du mt^me Oiseau : « Telruu nhucurus, Dendrngopus
obscuru$i>.[C'csl la Hlue «rouse, ou Gray grouse, ou encore Pinc et Duskey grouse).
Ci) iNo du 29 février î)6 (?).
i(46 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAL'VAGE
iiucun détail nouveau ; mais M. F. C. Davice, le maître de l'hAtel
des « Victoria Gardeus », nous renseigne assez bien, quoiqu'il
ignore absolument ce que peut être une telle pièce. L'Oiseau fut
abattu par lui-même il y a sept ans environ : c'est un bel échan-
tillon, nous dit-il, aux caractères combinés des deux espèces.
M. Davice a tué un si grand uombre de spécimens des deux
types, qu'il connaît jusqu'à chacune de leurs plumes ; il ne doit
donc pas faire erreur.
Les jambes de l'hybride supposé sont plus courtes que celles du
Faisan, mais il a les doigts plus longs que ne les a cette espèce.
11 serait plus grand (|ue l'un ou l'auti'e de ses progéniteurs. Le
cou est court et les plumes sont de couleur sombre. On aperçoit
un signe autour du collier. — M. Davice tua deux Poules appartenant
au même sang; comme l'Oiseau décrit, elles avaient les plumes
semblables à celles de la Poule faisane, mais de ton beaucoup plus
foncé.
Remarquons que le Faisan en Améri(iue ne peut provenir
que d'importations (1).
Gallus domesticus et Phasianus vulgaris
(Se reporter pp. 1U4 et 622)
M. Craibe Angus rappelle (2) qu'il a fait connaître dans le
(1) Phasianus vulgaris tt Perdri.n cinerka. — Nous ne pouvons nous déckler
à taire figurer ee croisement dans nus listes. Cependant, une personne respectable
grand amateur et éliveur de gibier, nous assure qu'un de ses voisins tua à la
chasse il y a peu de temps un Perdreau né d'une Perdrix grise et d'un Faisan des
bois. On lui a apporté cet hybride supposé et elle nous dit que le doute n'est point
possible. « L'Oiseau avait toutes les performances {sic) de la Perdri.x grise; les
pattes et le bec étaient aussi de cette espèce ; mais les plumes de la gorge et du
cou, ainsi que celles du dos, étaient celles du Faisan des buis. On dit qu'il y a
toute une compagnie de ces Oiseaux dans les environs ». Nous croirons lorsque
nous aurons vu ; en attendant, nous soupçonnons fort l'Oiseau de n'être qu'une
variété de plumage comme est celle qui nous a été communiquée par le prof.
Doderlin (cil. p. 624 en note), c|uoiqu'elle nous ait été envoyée comme hybride
de Coq de basse-cour et de Perdrix. — P. S. Une nouvelle lettre confirme ce qui
nous a été dit sur l'hybride de Faisan des bois et Perdrix grise. L'Oiseau n'est
pas isolé, plusieurs personnes ont vu d'autres Oiseaux semblables. Il y en avait
une bande composée de dix sujets dont un seul, celui dont nous parlons, a pu
être abattu. Le propriétaire de la chasse, un docteur en renom, a donné ordre à ces
gardes de les surveiller et d'apporter à notre correspondant ceux qu'ils auront pu
abattre. Nous souhaitons vivement que l'un de ces Perdrix puisse être atteinte afin
qu'elle fasse l'objet d'un examen attentif. Mais nous pensons toujours que ces
Oiseaux ne sont qu'une variété delà Perdrix grise.
(2) In the Proceedings and Transacl ions of theNat. History Soc. of Glasgow, vol. I.
(New. Séries), part. H, 188.4-85, Glasgow, 1886.
NOrVEI.LKS ADDITIONS !)47
Z(tolot;ist (1) un liyljriile de Fiiisan cT el di; l'oule (( IJarn-door »,
reiicoiitié en Aberdeenshire. « Ce sujet, dit-il, lient plus par son
caractère du parent niàle f[iii' du [)arent femelle: dans ses
lialiitudes il était très pillard. 11 s'clolj^nait aussi plus loin des
terres (2) où il avait l'iiahitude de percher, que ne le faisaient les
Faisans aver lesquels il avait été élevé. (Juehiucfois il demeurait
absent tout une journée, et cela se renouvelait pendant une
.semaine entière. Toutefois, pour se coucher, il retournait vers la
nuit à S(!U lieu hahilucd, se ])ercliaut sur les arbres les plus élevés
de la jolie maison de Tillers, où il était éclos.
L'auteur du récit donne les renseignements complémentaires
suivants :
(( At an early âge it evinced an uusociable and eruel disposition
towards the Birds-fowls and Pheasauts amoug which it was
reared, aiid would suffcr noue of tiiem to conie near it. In the
spring following ils iurubatiou, the bird wrought mucli havoek
among the Pheasauts ; and the keeper, w ho in Ihis instance was
long-sulTering and took great delight in watching ils habits, had
reluctauly to shoot it to save his brood ».
EUPLOCAMUS NVCTHKMKRUS ET GaLLUS DOMESTICUS
.M. E. Wagg, de Londres, que nous avons di-jà nommé, veut
bien nous faire savoir qu'il abattit l'année passée, c'est-à-dire
en ISSK), un Oiseau qui était le produit d'un croisement entre le
(( Silvcr pheasant )i (E. iiyclhciiierus) et la » Barn door fowl »
(Variété de Poule). Evid<!mment un tel Oiseau ne peut être qu'un
échappé de captivité, de quelque volière ou fai.sanderie des
environs.
Ce fait, et le j^récédcnt, ne peuvent être mis au noiuiire des
croisements à l'état sauvage.
(1) P. 201 et 26:', année 1871.
(2) Ils l'oosting-ground.
948 OISKAIIX HYBRIDES RENCONTHKS A LÉTAT SAUVAGE
ORDKE DES PALMIPEDES
Foiiiillc lies Anatidés
Avant de faire connaître les hybrides de celte famille, obtenus à
l'état sauvage, nous avons eu soin de remarquer (i) que beaucoup
de ces individus ont pris naissance en captivité : ce sont des
échappés de la domesticité, dans laquelle ils ont tout d'abord vécu.
— Voici encore, parmi tant d'autres, un fait qui corrobore notre
dire. Il est raconté par M. C. Pogge, lequel a, dans le voisinage
de Donaneschingen, c'est-à-dire à plusieurs lieues du parc qui
porte ce nom, observé des produits de l'.l. hoschas x .4. doniestints.
Or, ces métis ne sont autres que des échappés d'un groupe des
mêmes Oiseaux qu'on retient en grand nombre sur l'étang ou
réservoir du parc.
M. Rogeron, du château de l'Arceau, près Angers, nous fait aussi
savoir que les deux Canes métisses, Ch. strei)crus x -l • boschas, qu'il
avait obtenues à grande peine (2), ont dis|)aru peu à peu de
l'endroit où ou les gardait. A quelque jour, dans une contrée
éloignée, elles pourront être abattues par le fusil de chasseurs et
regardées comme hybrides sauvages, alors qu'elles ne sont que
des produits domestiques. — Que de cas semblables nous sont
rapportés depuis que nous nous occupons d'hybri(ies ! M. Ed.
Hart, qui possède le beau .Mus(''e ornitliologique de Christcliurch,
nous fait savoir qu'il partage absolument uoire manière de voir
(exprimée notamment pp. 474, 475 et 706) au sujet des Anatidés
blessés. Pour lui, beaucoup de Canards tiré'S et touchés, incapables,
à cause de leurs blessures, d'accompagner les leurs dans les
migrations du |>rintemps, se trouvent contraints de fréquenter des
eaux où souvent ils se rencontrent avec des Oiseaux vivant en
semi-liberté et auxquels bientôt ils s'apparient.
Aussi, tant qu'on n'aura pas pu surprendre, en accouplement,
les parents des hybrides rencontrés à l'état libre, tant au moins
qu'on n'aura pu voir ceux-ci appariés ou couvant ensemble, on devra
(1) F. 494.
(2) Il en a été question à l'arliclc A. bosclwi! x Ch. streperus, et nous en
reparlerons hientiM.
NOUVELLES A[)I)IT10NS 949
iippiuler uni,' j;iaii(le circoiisiiectioii iiu sujcl dos produits hybrides
observés à l'état sauvage. — Nous disons intenlionueileinent à de
rares intervalles, pour nous i)eriiii'ttre de rappeler leur très grande
raret(' : des decoynien (1), (]ui ont passé leur existence dans des
canardières, n'en ont jamais rencontré. C'est ainsi (|ue le decoyman
du ca]). l'relyinan ne se souvient avoir vu dans l'appeau (où furent
prises les deux pièces (|ui nous ont ctc si jiracieusenient olIertes)(2),
aucun autre hybride, quoiqu'il ait capturé une grande quan-
tit('d'Anatid{'s de toutes sortes. l{a|)pelons encore (|ue c'est en 1885
que le rej^reltc lord Lili'oid coninicnça la construction de sa canar-
dièred'Aldwincle. Or, si depuis il a obtenu à peu près cliaque sorte de
Canards, qui |)ar milliers fK-ipientent les terres basses avoisinautes,
il n'a jamais à notre connaissance signalé ([u'une seule' pièce
hybride prise dans cet appeau ('.i) ! Nous ne connaissons également
(|u'une pièce hybride sifjnah'e par sii- R. Payne fîallway (4).
Il ne faut point oublier non |)lus que beaucoup d'Oiseaux
anormaux sont pris pour des hybrides ; à tel point qu'en Italie
ce nom s'api)li(iu(', dans le lanj,(aj;e commun, h tout Oiseiu un
peu extraordinaire. On ne mau(]ue |)as eu Italie, dit M. Oddi
dans sa brochure intilub'e, « Sopra cinquc ibridi salvatici (5} »,
d'individus j)r('scntant des caractères anormaux et qu'on qualifie
d'Iiyliridcs. il se souvient qu'en féviier isy.'j, un de ses amis, le
chasseur Valle, lui apporta un Canard soi-disant hybride de
lUarecd prnelnpi' et de l'ulKjula feriiui, tué dans les marais de la
province de Ronzo. « Le fait paraissait assez inti'ressant, le sujet
était niafinilique : ce n'était, cependant, ni plus ni moins qu'une
FitHijnla fiTina mâle ». Le cas n'est pas isolé, ajoute le savant
comte : « les noms 1" de Magasseto bastardo, donné dans certains
endroilsde l'i'lat V('nitien ;\ VfJcri'Ida iildriiilisji la Fitliijnla nuroid,^
l'Erisiiiatura leucoa'ph(tl.a: 2' de (>rocalina basiarda à VUj/ilrochelidon
hybrida ; 3" de Disefïhin bastardo à certains Fringae, etc., indiquent
que le peuple di'signe en partie, sous le nom d'hybride, ce ([ui est
peu connu et qui n'est pas commun. « Si mon ami et collègue
(t) CVsl ainsi qu'on a|>|i(llf en AusIoIimto les (jcns qui sont employés au seivioe
des eaniiniières.
(2) Il en p.st parlé |ip. (i'iO, "il!) el (135 elilans nolrv Histoire du iiiiiiiiciiUtled Durk.
(3) On Ui il-eiira bienlùl.
(4) Dans son ciuvrafjc «The Kowllerin Ircland .■. Depuis le haroiinel a éciil un
livre sur les cananiicres : liniik of l)ui:k decoijs, IS8''i. (Mais nous n'avims poinl
consullé ee dernier ouvrage).
("i| tslralto degli .Vtli délia sncieta ilaiiana di seienzi naturale, vol. XXXV.
Milano, 1»a'>.
950 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A LETAT SAUVAGE
Suchetet, ajoute-t-il h notre adresse, avait pu exaniiuer tous les
cas d'hybrides cités dans sa Monograpiiie, il en aurait écarté
encore bien plus qu'il ne l'a fait avec juste raison ». — Nous ne
donnerons point tort à celui qui parle aussi sagement.
Genre Anas
Dafila acuta et Anas boschas
(Se reporler pp. 1 17 et 6:58)
A cet article, nous avons manifesté notre surprise au sujet de la
couleui; très anormale du miroir des femelles hybrides acuta X
hoschas. Ce miroir est d'un très beau vert ; ni le miroir du hosrhas
ni le miroir de Varuta ne sont de celte couleur. Cette particularité
nous avait obligé de n'accepter qu'avec réserves l'hybridité chez
les sujets femelles signalés. Mais, dans un article publié par le
Bull, de la Soc. d'acclimatation (1), M. Gabriel Rogeion constate
que des femelles métisses, nées chez lui, d'un honrhas et d'une
femelle Chipeau, possèdent un beau miroii' vert alors que la Cane
sauvage l'a bleu et la femelle streperus l'a gris terne (2).
Cette observation, très intéressante, nous confirme dans l'opinion
exprimée plusieurs fois dans le cours de cet ouvrage, à savoir que
certaines parties du plumage d'un hybride peuvent être d'une
couleur qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre des deux espèces
pures.
Cela dit, faisons savoir que nous avons acheté à M. Philipp.
Castang, liceused dealer in Came, au Leadenhall niarket, de
Londres, un Canard femelle que celui-ci croit et que nous croyons
nous même le produit de l'.l. acuta et de VA. boschas. Or, cet
Oiseau, pris vivant au printemps de 1896, et qui vit encore
ajourd'hui dans nos parquets d'Autiville, montre le beau vert du
miroir des autres hybrides femelles. Nous le ferons connaître
avec quelques détails. Mis d'abord en présence de la Cane, (|ui
nous a été ofïerte par iM. Pretyman, et que par erreur nous avions
signalée, quoiqu'avec beaucoup de réserves, comme hybride de
1. hoschas X Qnerqui'diila crecca (3); mis ensuite vis-à-vis d'une
femelle boschas pure espèce et d'une femelle crecca aussi pure race,
il nous a causé l'impression que voici :
(1) N" de février 1896, p. 59 et suivantes.
(i) Voyez p. 54.
(3) Dans noire Hisluire du Bimaculaled Duck de Pentmiit.
NOUVELLES ADDITIONS 951
Presque semblable à la Cane de M. Prelyinan ; celte resseinblauce
est ti'lle ([ii'il est assez clillicilc de (lisliiifjjiu'r un Oiseau de l'aiitit;.
Cepeudaut, auta.-.t que l"oii iieut élal)lir des couiparaisoiis ciilre
une pièce empaillée (!) el uu Oiseau en chair et en vie, la femelle
achel(''e à M. C.iislan^- [jarail avoir le cou plus étroit el plus allouée;
la maudiliule du bec esl aussi plus larjje; les premières couvertures
des ailes sont d'un Ion plus uni ; les pattes sont d'un Ion plus
clair. Mais les deux miroirs sont identiques. Ce|)cndant, on doit
observer que la raie rousse, (pii borde le miroir dans sa partie
haute, esl plus claire chez l'hybride vivant.
Ces indications nous dispenseraient de faiie une description
détaillée de celui-ci ; nous préférons cependant le comparer encore
aux deux types |)ures que nous supposons lui avoir donné
naissance (2). — Tout le ton du [ilumage est grisâtre, rappelant
presque entièrement Vacuta. Le dos est un mélange du dessin des
deux espèces, surtout les scapulaires qui rapi)ellenl bien, par
leui^ franges jaunâtres, le hoscitas. Sur le devant, le mélange du
dessin des deux types produit l'elTel (|ue produit le dessin de la
creccit. Le bec de ton foiii'é, quoique pirsentant des parties claires
sur le bord de la mandibule, est notamment plus large que celui
d aciUii. Les pattes sont beaucoup plus du ton de ce type que du
ton du Ixisrhas. Par sa taille, l'Oiseau serait intermédiaire entre ses
deux parents. .Mais on est lenlé de se demander (nous répétons
notre interrogation), comment il peut se faire (|ue le mélange de
ceux-ci alxMitil à produire un miroir veit très lar^ie bordi' à sa partie
inféi'ieure de noir, à sa partie supériimre de noisette, ainsi que
le montie cet hybride? Ce miroir n'est aucunemenl cehii des
espèces pur(!s de sexe femelle. 11 faut supposer que c'est le mâle
acula qui communi(iue ses couleurs. Notre examen a été fait le
18 mai 1896, c'est-à-dire à un moment où l'Oiseau était encore en
plumage de mue. - .Nous pensons (|ue cette Cane a pondu de|)uis
dans le verger où nous l'avons lâchée. Nous l'avons vue suivie, assez
longtemps, par une Sarcelle cT qui paraissait la préférer à d'autres
Canes sauvages or-dinaires, que nous lui avions données pour com-
pagnes et avec lesiiuelles nous auriims préfc'ré qu'elle s'appariât.
nuoi(|ue nous ayons déjà confronté les hybrides aacuta et fcosf/i'/.s»
sauvages, précédemment décrits, avec des individus produits
(t) l^a Cane de M. Prolyman est, en cdet, aujouriiliui cnipuillée.
|2) Pour cet e.\anien comparatif nous n'avons entre les mains que des sujets
conservés.
'Jo2 OISEAUX HYBlilDES RENCONTRÉS A l'éTAT SAUVAGE
en réclusion, nous avons tenu à renouveler cet examen comparatif.
Ayant appris par le Bull, tie la Soc. d'Acclimalation, comme nous
r.'ivons expliqué, que .M. Gabriel Rogeron avait obtenu plusieurs
hybrides mâles et femelles, qu'il en possédait encore un couple
vivant chez lui, nous lui avons adressé les aquarelles d'uu mâle
et d'une femelle sauvages. — Ces aquarelles sont, nous dit
M. Rogeion, la reproduction très exacte de ses métis ; les minimes
difîérences qu'il constate proviennent, pense-t il, de ce que nos
aquarelles représentent des sujets empaillés. La couleur verte du
miroir du sujet femelle se reproduit chez les hybrides de ce sexe
nés chez lui. Ce sujet femelle est précisément celui du caj). Prety-
mau. Il n'est doue autre bien certainement que le [)roduit de
Va. nciita et de l'.l. boschas puisqu'il resseuible entièrement par ce
caractère très typique aux Cîines de M. Rogeron. La femelle décrite
par Vigors, peinte par Selby, comme Biuiaculated Duck et dont le
miroir présente de très grandes analogies avec le miroir des Canes
dont nous parlons, devrait-elle, elle-mèine, être reportée au croise-
ment de Pilet et du Canard sauvage, comme nous avons fait pour
celle du cap. Pretyman ? Nous n'oserions nous prononcer, n'ayant
point examiné l'Oiseau en nature.
Les petites dilïérences constatées par M. Rogeron entre les
Canards dont nous lui avons adressé la peinture et les siens vivants
consistent en ce que l'aquarelle du mâle (qui représente le sujet
du Musée de Newcasl) laisse croire que son bec était jaunâtre ;
la même particularité se présente sur l'aquarelle du sujet femelle.
Or, nous dit notre aiuiable correspondant, le mâle qui lui reste
entre les mains a le bec bleu ou plutôt couleur de plomb couvert
d'une bande noire, comme c'est le cas dans le bec de Pilet ; il en a
aussi la longueur, mais il est plus large et plus épais. La femelle,
aussi entre ses mains, aurait de même le bec bleu, si une large
tache noire ne le recouvrait presque tout entier, ne laissant ajjer-
cevoir qu'une bande bleue à la naissance du bec.
En ce qui concerne la couleur des pieds, les deux mâles se res-
semblent assez bien ; mais la Cane de .M. Rogeron a les pieds beau-
coup plus plombés que ceux de la femelle dont l'aquarelle est mise
à sa disposition. Enfin la queue du mâle peint ne donne point l'as-
pect de celle du Canaid vivant : (( C'est, nous écrit M. Rogeron, le
crochet ou l'anneau de la queue du boschas qui s'est développé
outre mesure et qui se redresse obliquement avec une légère
courbe chez ceux qu'il a obtenus, tandis que les plumes du centre
de la queue, qui représentent celles ellilées du Pilet, ne dépassent
NouvKi.i.KS AnniTioNS U'.yS
la qiictie i|iie d'un on deux cealnnètres; mais ces deux sortes de
pluiiu's, de très dilTi-reule nature, et d'un intérêt très important,
|iuis({u'elles renferment à elles seules les cai'aclères des deux
espèces, se sont ra|)pr()cliées clioz l'Oiseau empaillé. »
Nous avons négligé de nous arrêter à ces détails dans les des-
criptions que nous avons faites des A. boschas X A. aruta. quoique
nous ayons constaté des dillérences dans les plumes de la queue
chez un individu.
Quant au bec et aux pieds, nous en avons décrit la couleur. Or, nous
rapijellcrons cefiue nous disions, 1" d'après des sujets empaillés :
liée, ploml) foncé, noir bleu, cuir de bottes ou mélange du bleu de
Vacuta ; pieds, gris jaune bleuté, couleur clair, et cuir de botte
jaune ; 2" d'après des sujets vivants : bec, gris plomb bleuâtre (gri-
sâtre, vcrdàlrc, foncé au moment de la mue), jaune verdàtre chez
le $ ; pieds orange ou verdàtre grisâtre 9.
Anas boschas et Querquedula ckecca
(Se repDiliT pp. 127 ol (Bli)
Lord Lilford, le distingué et très honorable président de la
Société des ornithologistes anglais, qui vient de mourir, avait eu
la grande bieuveillance de nous adresser, pour l'examiner, un
Canard, ((ue nous reféi-erons au Bimaculated Duck, un fort joli
spécimen cajjlurè dans sa caiiardière le 21 décembre 1894, avec
six Sarcelles communes (.4. crecca) et huit .1. lioschas, ses parents
supposés.
Dans un article sur l'ornitliologie de Norlliamsplonshire (_l),
lord Lilford a fait connaître certaines parti(;ulaiités relatives à
cet Oiseau, annoncé et présenté à la Société zoologique de
Londres par M. Howard Saunders (2).
N'oici la description que nous avons faite de ce nouveau
Bimaculated, (jui a été peint de grandeur naturelle par M. Prévôt,
de Bonen.
Spécimen très bien caractérisé, excellent intermédiaire entre
les deux espèces qu'on lui donne pour parents, notaninient par sa
taille, son bec, la couleur du miroir. Le bec est petit, de couleur
(Il Notes on Ihe Oniitholog;/ o/ ,\i)rlluiiii.iijt.tiiisliire hy llie liglil llun. Lord
Lilford, F. L. S. (Tlic zoologist. lebruary Ij, IX'Jli, p. 'i<i|.
(2) Voy. les ploceeUings du H mai !8'Jo.
Ooi OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
verdàtre très foncée, les pattes et les pieds sont très faibles (I) ; les
palmures sont d'un brun foncé ; les jambes et les doigts, orange vif.
Dessus de la tète brunâtre, piqueté de couleur rougeâtre ; tout
le reste de la tète et du cou, vert bouteille, à l'exception des
deux taches caractéristiques du Bimaculated, lesquelles taches
sont de couleur noisette, parsemée de points de couleur foncée
et d'un peu de couleur claire. Sur les scapulaires se voient
deux taches noires effilées.
Les couvertures de l'aile sont gris souris ; le miroir est vert de
mer à reflets bleus, bordé au-dessus ]iar une raie noisette,
interrompue, à sa ])artie inférieure, par une barre noire, puis par
un peu de blanc sur lequel on aperçoit du noisette clair en petite
quantité. Sur les côtés de la queue, et en dessous, existe un peu
de blanc avant le noir; ce blanc, qui tranche avec le noir qui le
suit, ne se trouve plus ensuite rappelé: en sorte que le dessous de
la queue, étant beaucoup plus noir que blanc, rappelle davantage
le boschas. Les flancs sont remplis de zigzags semblables à ceux de
la Sarcelle (2). Le dos est cendré et tacheté de brunâtre : c'est pour
ainsi dire un mélange du dessin des deux types. On ne voit pas
au cou la trace du collier de r.4. boschas. Le poitrail est couleur
marron, plus claire que chez le hoschas ; il est tacheté finement de
petits pointillés foncés et espacés. Les petites pointes ne sont pas
aussi larges (jue les taches correspondantes de la Sarcelle cf. — H
nous a semblé que l'Oiseau portait quelques marques de jeunesse
sur le dos.
Si on analyse ses caractères extérieurs, on trouve que sa taille,
quoique intermédiaire, tiendrait plutôt de la Sarcelle (3). Le bec
est, par ses dimensions, intermédiaire entre celui des deux espèces;
mais les pattes et les pieds paraissent plutôt apjiartenir à l'espèce
Sarcelle. Le sommet de la tête (front, occiput et nuque), rappellent
tout à fait la crccca ; sur le reste de la tète, le vert domine, quoique
interrompu par les deux taches propres au Canard biniaculè.
Analyse. — Le dessin et les couleurs des deux espèces ne sont
donc pas fusionnés intimement. On ne saurait dire davantage qu'il
y ait fusion dans le dessin des zigzags, puisque, on l'a remarqué,
ce dessin rappelle beaucoup plus crccca que boschas ; ajoutons
même que les zigzags s'avancent ou progressent vers les côtés, se
(1) Tel i|iip notre artiste les a peints.
(2) Tous les zigzags du dessous du corps rappellent du reste presque e.\clusive-
ment ceux de la Sarcelle, c'est-à-dire qu'ils sont 1res accentués.
(3) Ainsi (|u'il a été peint ; nous ne le conservons plus actuellement.
NOUVELLES ADDITIONS 955
poitaiil PII ;iv;ml coiiime cela se produit chez l;i [iicmière espèce.
Aiiciiiic plume ue se relève à la queue. Pour que le [lailage (''i,'al se
produise, il faudrait que les pluuies, correspondant à celles du
fcosc/ias, soient recourbées, tout au moins qu'elles se relèvent quelque
peu. — La fusion se produirait elle dans la coloration et le dessio
du poitrail? Peut-être, car les pointillés ou petites laclies, [)ropres
à la Sarcelle, s'y lencoalrent. Ils se trouvent cependant hieu
atténués, et le ton roux du hoscliafi n'est jias lui même sulTisaminent
éclairci, pour (ju'on puisse dire que son intensité est moitié
moindre qu'à l'habitude. C'est principalement dans la teinte du
miroir (|ne se produirait la fusion, car, si l'on considère encore la
(lueue, la couleur noire est répandue en trop grande (luantité pour
se partager en égales proportions avec le blanc de crecca. Enfin, il
n'existe aucune trace de collier blanc sur le cou. I>a juxtaposition,
mais non la fusion, se manifeste donc dans beaucoup des traits de
l'Oiseau.
A propos du Biniaculated Duck, dont l'origine, nous l'avons
vu (1), a élt' attribuée à divers croisements, M. de Selys Longchamps
veut bien nous faire remarquer qu'il ne se souvient pas avoir
émis ro|)inion (]ue nous lui prétons (2) : à savoir qu'il ait admis
pour cet Oiseau l'origine « penrlopi' X boschas » ; ou bien ce
serait in littcris, ou simplement dans la conversation avec des
ornithologistes.
N'(ms avons puisé nos documents dans un travail de M. le prof.
Newton, intitulé : « On a Ityhrid Dmk (3)». 11 nous paraît ressortir
de ce travail que c'est dans une communication, faite au professeur
de Cambridge, «lue M. de Selys [..ongchamps lui a exprimé sa
manière de voir.
11 ue faut point du reste, nous écrit le savant académicien,
attacher beaucoup d'importance à ce qu'il a pu dire à son savant
ami, .M. Newton. .\u moment où sa communication aura été faite,
il n'avait encore vu la ligure du Biniaculaled (de Vigors) que dans
l'ouvrage de (Jould, chez le prince Ch. Bonaparte. Son opinion
n'était donc (ju'une impression ; si ce n'est qu'il était persuadé,
avec raison, (|u'il avait alTaire à un hybride, et non à une espèce.
Pour être complet, .NJ. de Sel^s Longchamps veut bien nous
faire remarquer qu'en 185G, lorsqu'il publiait des (( Additions à la
(1) p.p. fi6l et Wii, el plus spécialement ilans noire Histoire du Bimaculated
Ouck. confondu avec l'A. gliicilan.i île Pallas.
(2) P.p. 2t) el27de l'opuscule qui vient d'ùlre cilé,ou même 127 du présent ouvrage.
(3) Publié dans les Proceedings o( Ihe zool. Soc. of London, 1861, p. 392.
95(i OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Récapitulation des hybrides observés dans la famille des Anatidés (1) »,
il i\ éuurnéré sous le n" 'M un Anas boschas X .4. créera, d'après un
sujet cT qu'il avait vu, assez rapidement d'ailleurs, au .Muséum de
Paris. Il le décrivait ainsi ; « La tète verte; le verte.K, l'occiput
roux ; la poitrine marron ; les lianes et le dos vermiculés de noir ;
le miroir des ailes grand ; la queue comme le bosclias. mais sans
rectrices médianes recoiirljées )).
Lorsque nous avons fait mention de cette pièce (2), nous n'avons
pas reproduit cette description ; nous n'avons même point
catalogué l'Oiseau dans nos u Additions et Corrections», parce que
M. Oustalet nous a fait savoir qu'il n'existait plus au Muséum et
que le registre n'en faisait pas mention. — Ce serait néanmoins une
erreur de ne point faire connaître ses caractères, cai" il peut figurer
dans certains ouvrages (3). \ï. de Selys Longcliamps ne se doutait
pas au moment où il le décrivait, que ce fut l'Iiybride bimaculated
de Pennant. — 11 est très regrettable qu'il n'existe plus trace d'une
pièce aussi curieuse et aussi rare.
Anas boschas X Anas streperus
(Se reporter pp. 134 et (iti'»)
Le Journal liir OrnitholDgle (4) et la Revue italienne des Sciences
naturelles (5) signalent la brochure de M. le prof. Pavesi, intitulée :
« (In ibrido naUuulc di A. boschas X A. streperus (6) » et dans
laquelle, on se le rappelle, l'auieur fait connaître deux Canards
auxquels il attribue cette origine. — Nous ne retirons pas le
jugement que nous avons porté sur ces Oiseaux qui ne nous
paraissent point des liyhrides.
M. le comte Arrigoni degli Oddi a revu, avec M. le comte
Salvador!, l'exemplaire n" 1,037 de son catalogue, mentionné par
nous (|). GS7) suivant les indications que nous avions reçues, sous
le nom de boschas x penelope. Il j^ense maintenant que c'est un
(1) lîull. de TAcad. niy.ile de Bruxelles.
(2) P. 13:i ou p. 141 des Mém. de la Soc. zool. de France. 1891.
(3) M. van Wickovoort Ci-ommelin rappelle la mention qui en a é é faite par
M. de Selys dans ses « Notes sur quelques (jtnards obsercéit en Hollande ».
(Arcliiv nècrianihiises des se. e.xactes et naturelles, I. Vil, p. 13i).
(4) 1IS94, Heft. III, p. 289.
(5) 1" octobre 189i, anno XIV
(C) Publiée dans le liollelino délia Socicta Vencio tienlina di Scienzr naturali,
n" 3, t. V, 1893.
I
NDUVKLLIOS AUDITIONS !)."i7
liylirifle boschiix x strciii'nts. Le sMVaiit naluriilisle nous a envoyé
UUL' ai|uai('ll(' (lu sujet, aliii que nous puissions en jufjjer. L'appré-
ciation (le \\. (Iddi nous |)araît juste ; nous croyons, comme lui,
pouvoir classer cet individu dans la catësorie des iiylirides hosclids
X slri'in'rus. Ce classement est nn''nie le stHil rationnel. I, 'Oiseau
dilîére cependant de ceux que nous avons déeiils. parce (pi'il e--t
représenté avec le bec hieuàire. Mais son aile, très caractérisée,
l'indique tout à fait comme le produit des deux espèces (jui
viennent (r(''tre nommées. — Nous regrettons que M. Oddi ne nous
ait point communiqué |)lus tôt le portrait de cel Oiseau ; l'erreur,
commise p. (iST, ne se serait point produite. Nous ajouterons, sans
blesser aucunement l'amour-propre de notre savant collègue,
que le produit du hoacluis x pendojic (au(|U('l il identifiait son
Oiseau) est très dilTérenl jiar ses caractères de son sujet.
Bien des fois, nous avons fait remarquer l'utilité qu'il y aurait
à répéter en captivité le croisement des espèces qui, à l'état
sauvage, paraissent s'être appariées ; de fa(;ou à pouvoir, en
comparant les produits (!omesti(|ues avec les produits sauvages,
se rendre compte de la valeur de leurs caractères.
M. Uogeron, du château de l'Arceau (près Angers), nous a déjà,
sous ce rapport, rendu de vrais services. Nous lui avons demandé
la permission de soumettre à sou exaiuen la Cane du Musée
de Flouen, étif[uetée Anaa glocitans et à laquelle nous attribuons
rorigin(! .1. Iit)srli(is X 1. sireperns. M. Rogeron a, en ellet, on se le
rapi)elle, obtenu en captivité, de l'accouplement de ces espèces,
deux produits femelles, malheureusement disparues, comme nous
l'avons expliqué.
Après avoir examiné le sujet eu ((uestion (qui lui est parvenu
grâce à l'excessive obligeance de .M. le D^ l'ennetier, directeur du
Musi'um d'Iiistoiri! naturelle de lioueii). M. Tlogei-jn veut bien nous
écrire : « qu'il ne peut subsister le [)lus léger doute sur- l'origine
hybride de ce sujet», ("est bien, nous écrit-il, une métisse Cbipeau-
6o.s(;/(«.s'. En ouvrant la boile, à la pr'emièr'C inspection, air premier
coup d'œil, il a cru reconnaître empaillée sa vieille femelb; rrrétisse
qu'il a possédée pendant cinq ans et qui a élevé un grand nombre
de tr'iples métis CIripeau lioscIias-.Milouiu (1). La Cane du .Musée
de Houen possède également, comme les Canes de M. Hogeroii, les
empreintes caractéristiques du Chi[)eau : c'est-à dire le miroir de
l'aile noir, surmonté de deux plumes blanches. Seulement la Cane
du château de l'.Viceau avait, à la i)ase des (ilirrrres noires du mir-oir,
(1) L'iiisloire (11- ces liybiiilps a élr lailo tiaiis lelidll.de la Soc. U'acclimatadon.
9y8 OISEAUX HYBIUDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
un peu de vert me^tiiUique ; mais il parait, fait remarquer
M. Ro;j;ei-ou, que ce vert est variajjle, car chez sa seconde femelle,
le vert empiétait sur le miroir noir d'environ un tiers. A cause
de cçtte particularité de plumage, la Cane soumise à son exa-
men se rapi)roclie plus du type que celle qui sert de point de
comparaison. Cependant, eu y regardant de près et au soleil, son
miioir laisse apercevoir également quelques refletsde vert métalli-
que. — Quant au l'Cste du plumage, comme à la tête, à la grosseur
du bec (1), à la grosseur du corps, enlîn à la physionomie géné-
rale, c'est absolument le même Oiseau que les deux métisses
obtenues i)ar M. Rogeion.
Ce nouvel exemple, ajoute celui-ci, prouve combien les métis
de même espèce, bien qu'élevés dans des milieux divers, sont
identiciues et ne prennent pas, dans les différents individus, plus
d'un côté que de l'autre de leurs parents. Tous les mâles et toutes
les femelles Fi\et,- boschas, qu'il a obtenus, sont exactement sem-
blables entre eux et entre elles.
Spatula clypeata et Dafila acuta
(Se reporter pp. 1H9 et (i'.)2)
M. le baron Ed. de Selys Longchamps, revenant sur l'étrange
Oiseau désigné sous ce nom, nous écrit (2) qu'il l'a examiné de
nouveau, ayant en main les explications que nous avons données.
Il reste convaincu que cet individu de sexe mâle provient de
la cliipcata ; tnais reste toujours la question du second facteur.
L'idée de M. Guruey, à laquelle nous nous sommes rallié,
c'est-à-dire : « clijpeata x [ormosa » lui [laraît sérieuse ; il
l'adopterait sans cette circonstance que les fnrinosa n'ont apparu
en Europe que récemment eu petit nombre. Une autre objection,
que l'on peut opposer à ce croisement, est celle de la vermiculalion
de la poitrine, laquelle rappelle tout à fait celle de la Sarcelle
d'été (y. circia). En sorte que si l'on faisait entrer cette espèce
dans le parentage, là, peut-être, serait la vraie solution. Quant
au caractère de la gorge, qui est blanche, M. de Selys Longchamps
ne retrouve cette particularité que dans la falcata; mais les autres
traits que le sujet présente s'opposent à cette filiation.
D'après ce que M. Paul Leverkiihn dit de la coloration de la tète
et du col de l'hybride de M. van Wickevoort-Crommelin, M. de
(1) Plus mince que celui de la femelle boschas.
(2) A la date du 14 octobre ISÏIo.
NOUVFXLKS ADDITIONS 9i)9
Selys Longchiiiiips pense, comme nous, ([ue ce sujet dillère du
sien. Le savant académicien l'a vu autrefois ciiez son propriétaire
à Harlem ; mais il ne se le rappelle pas assez pour tenter d'eu faire
une cdiiiparaison sérieuse avec celui qui nous occupe.
Anas hoschas et (Iairina moschata
(Se repoi'UM' pp. liC et (iU'.li
Le comte Arrigoni nous fait savoir qu'il a possédé un hyiiiide
femelle de ce croisement. Quoi(]ue tuée à l'état sauvage, elle est
sans doute un Oiseau échappé de captiviti', comme tous les Canards
de ce genre (|ue nous a\(i!is décrits, (icito pièce aurait été obtenue
vers 1868 (?)
Chaulelasmus streperus et Mareca penelope
(Se reporter p. 70S)
M. Kd. Hart, de (^hristcliurcli, a eu la bonté de nous envoyer, en
couimunicalioii, un Oiseau «[u'il a déterminé comme produit du
C. ^streperus X M. penelupc et que ALM. le D' Giintlier et Harting
trouvent bien classé.— Cet Oiseau, monté et sous verre. fait partie
de la collection de M. Ed. Hart. Il fut tué |)ar M. Wilsoii, au mois
de décembre 1879, auprès des eaux de Siiulliamiitoii, sur une
rivière nommée le Mean.
Si cette pièce est eu mue, comme plusieuis plumes des côtés du
devant semblent au premier abord l'indiquer, elle est très dillicile
à déterminer : son liybridité, dans ce cas, deviendrait même
douteuse, vu l'époiiue où elle a été tirée, le mois de décembre.
Mais on doit la sup|)i)ser eu livrée complète : à ce moment les
Canards ont, i)ensons-nous, teiiiiiné leur mue. D'ailleurs, le dos
est entièrement mué et le croupion, comme le dessus de la queue,
sont d'un noir profond , signes qui indiqueraient un plumage
parfait.
Si celte dernière hypothèse est vraie, c'est à-dire si l'Oiseau
n'est plus en mue, il est indubitalilement un hybride. Ouoi(|ue plus
penelope que xtreperus, il iiioiitre sa descendance de la dernière
espèce par sa tète dont le plumage, presque en entier, est de
slreperux. — Mais, sujjposons pour un moment (|u'i! n'a pu. vu son
origine complexe, prendre sa couleur (I), on |)ourrait encore, dans
(I) Celle supposiliuii esl permise, puisque M. Th. Lorenz (de Moscou), prétend
(|ue les liyhriiles n'arrivent (|ue dinicileiiient à leur deuxième année et assure
avoir rencontré, du z lis Oalliiwicés. drs individus dont la mue était 1res en relard.
960 OlSEAl'X HVBlilDES RENCONTfiKS A l'ÉTAT SAUVAGE
cette seconde hypothèse, indiquer en faveur d'un liyjjiidisme
(( streperus X penelope » les marques suivaules : la couleur jaune
du côté du bec, qui paraît plus forte que chez penelope; les pattes
jaune cuir; la disposition du miroir de l'aile, dont les traits
sont indécis entre ceux du penelope el ceux du streperus (1); le
dessus du croupion ; les couvertures de la queue presque noires
comme celles du streperus, très adulte ; les lamelles du bec plus
prononcées que chez penelope ; le creux de la narine accentué
comme chez streperus.
Voici la description que nous avons écrite de ce curieux spécimen :
Paraît plus fort que penelope ; bec plus fort aussi que dans cette
espèce ; lamelles accusées ; front, joues d'un grisàlre parsemé de
petits points allongés à la manière de streperus; vertex, nuque,
dessous du cou supérieur, d'un brun foncé, mélangé de jaunâtre
roux. Sous les joues, et à la naissance du cou, une partie jaune
roux indique le ton de penelope. La paitie inférieure du cou est
grisâtre mélangé de points noirs allongés, puis du blanc ; une
tache blanche assez large, garnit, eu effet, [)ar devant, le bas du
cou ! Après cette teinte, du roux rosé s'étend eu grande quantité
devant la poitrine et descend très bas sur les cùtés (2). Cette
teinte rousse semble alors marquée des taches de la mue, tout au
moins y aperçoit on beaucoup de petits zigzags. Tout le dos, de
couleur grise, est aussi rempli de zigzags noirs et blancs. Le dessus
de l'aile, qui est grisâtre et encore finement marqué de zigzags,
rappelle à s'y méprendre la même partie ciiez l'hybride streperus X
lioschas; nous voulons parler de ces lunules caractéristiques sur
lesquelles nous nous sommes étendu dans les chapitres consacrés
à ce dernier hybride (3). — Nous avons remarqué que la dispo-
sition du miroir est vague, indécise, entre celle des deux espèces ;
il ne porte pas de vert (4). Les côtés du ventre sont-gris avec zigzags.
Le dessus de la queue et du croupion paraissent noirs et même
noir vert sur les côtés. Le dessus des couvertures de la queue sont
également d'un noir profond ; ainsi se montre streperus. pensons-
nous.
A7iali)se. — Si nous analysons les caractèies mélangés de cet
Oiseau, nous trouvons qu'il ne partage pas les traits des deux
parents dans des proportions égales, l'ar places, il peut y avoir
(1) Quoique iMppelaMl mieux celte dernière espèce.
(2) IMus que chez peneloiie, nous semlile-t-il.
(3) Comme aussi dans VHixtntre du Itimaculated Duck.
(4) Penelope en mue n'en possède pas à celte place
NOUVELLES ADDITIONS '.((Il
fusion lies ciiraclL'ri's ; mais c'est l;i juxtaposition qui y domine :
ainsi la couleur du bec et des iiattes ra|ji)i'lle Ixmucouij plus
sliriirni.i (|ue j,fnclii]ir ; il eu est de UH^me de la teinle du devant de
la tôte, (lu dessous du croupion cl d'aulres parties. — La tache
blanche du cou (albinisnie i)artiel) nous paraît être un indice
assuit' (le la provenance domestique de cet échaiilill(Ui, qui
serait un échappé de quehiue basse-cour ou d'un parc d'agrément
quelconque.
Nous |)résenterons maintenanl une autre pièce à latiuelle on
attribue la même origine, (pjoiqu'elle dillère essentiellement de
la précédente. Montée et sous verre, elle nous a été adressée
très gracieusement par M. Richard M. lîairington, de Passarœ-
Bray, (X). Wicklow (.\nglelerrc). Sur le socle on lit cette mention:
« 7'('« Wigeoufi and Ihis lujhriil Diick une killeil in onr shot in tlie
Moij Ksliiiir;/, Co. Maijit (I). J/rt/r/i 4, IS9;), b>j mac Kirkivnnd (■>].
Avant d'en donnei' la descriplion, nous ferons savoir ce (|u'en
dit iM. Saunders : k l'our lui c'est évidemment un croisement de la
Marcca pcuclapf avec quelque autre espèce de Canard. — Pour quel-
ques autoriti's, le deuxième parent est su|)posé être \c l'haulelasmus
streperus; tandisqued'autres inclinent pour le Dafilaacuta; d'aulres
encore [)our la (Jucrqurilula creccn ».
.M Saunders croit maintenant devoir éloigner la |)arenlé T). acuta,
à la([uelle il substitue celle de Ch. strepenia. tout en restant indécis.
— C'est la manière de voir de M. Robert \Varren(3), ainsi (|ue celle
du taxidermiste qui a empailh- le rare échantillon.
Notre impression est que ces derniers naturalistes l'ont bien
déterminé ; ou doit, d'après nous, exclure absolument de son
origine la Queripieduln creçca, tout aussi bien que V.inas acuta.
\ou-\. d'ailleuis, la compai-aison que nous en avons établie
avec les espèces puie^ : Tel qu'il est empaille, il est très fort,
d'un volume plus considérable que celui des deux types auxquels
nous imputons sa naissamu'. Le bec est de <liinensioiis intermé
diaires, cependant se rapprochant plus de celui du Chipeau qu'il
ne se rapproche de celui du pcnelope ; les lamelles sont très
apparentes, c'esl-à-dire très ressorties. Nous le croyons en costume
(1) Siliié à roiiO!it (te l'Idandc.
(2) C"esl (.'l'Ace à M. Ilowaid S^umilcrs (|ii(' nous avons oonnii ccl. Oiseiiii fort
curieux. M. Howard Saunders en ayant parle- dans les l'roceedin^js de la Société
zoolo(;i<|ue de Londres (v. p. 101, If',).')), nous nous sommes adressé à lui pour
connaître l'adresse de M. Harrinuton qui, sans en iHre le propriétaire, parait-il.
se trouvait néanmoins à miMiie de nous le procurer.
(3) D'après une lettre de M. Barringlon.
9(i2 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
(le noces, par conséquent très aisé à iliagnostiquer. Le plus grand
nombre des parties de son plumage paraissent tenir exactement le
milieu entre les deux espèces : on pourrait dire qu'il y a fusion intime
et en des proportions égales des teintes comme du dessin des parents.
Ainsi se trouve être le plumage de la tète, de la poitrine, des ailes.
Cependant le dos, par ses zigzags, est beaucoup plus du côté du
peni'lopc ; tandis que le croupion se trouve être noir comme chez le
Chdulelamus (autant que nous pouvons en juger sous le verre) (1).
Au-dessous de la gorge et sur le devant du cou, on remarque
une couleu>' nouvelle, qui n'existe ni chez l'une ni chez l'autre
espèce : ces deux parties du corps sont, en elîet, teintées de couleur
foncée, laquelle couleur s'étend tout autour du cou pour former
collier. En outre, la nuque et le dessus du cou sont indiqués par
une ligne large foncée.
Près du noir de la queue on aperçoit du blanc, ce qui rappelle
l'espèce penclope. La partie extérieure du corps, qui montre osten-
siblement le mélange et en est comme la marque la plus apparente,
est le poitrail : il est du rosé de penelope ; mais il est tacheté régu-
lièrement des demi lunes (amoindries) du Chaulelasmits strepcrus.
Constatons que, sur le haut de l'aile, on n'aperçoit aucun rappel
du brun roussàtre du tlhipeau ; seulement une teinte gris de fer,
assez semblable à celle que porte le penelope en mue.
On le voit, celte pièce est un excellent intermédiaire entre le
Chaulelasmus utreperas et l'Anas penelopr ; aussi son origine (( C.
streperus X .4. penelope )) ne nous semble pas devoir être mise en
doute. Notons qu'il n'existe aucune partie du plumage frappée
d'albinisme ou de teinte anormale. Si on nous demandait d'indi-
quer le rôle des sexes chez les parents (admeltant que le produit
rappelle la mère par ses extrémités et constatant que les pieds
sont foncés chez notre individu), nous dirions que le penelope est
sa mère.
Nous le décrirons ainsi : Front roux blanc pointillé ; sommet
de la tète plus roux ; devant de cette partie noirâtre, roussàtre,
pointillé. Cette couleur, qui est mélangée très légèrement d'un
peu de vert blanchâtre, s'étend derrière la nuque en se rétrécissant
vers le bas du cou. Le dessous de la gorge est noir. Joues et cou de
couleur noisette et pointillée. Sur le devant du corps (commence-
ment du cou, jabot, poitrine) : ton violacé clair, régulièrement
marqué de lunules tronquées, rappelant les demi-cercles du Clwu-
(1) M. Banington nous a oonrunié d.iiis ct-Ui' opinion.
NOUVKLLKS ADDITIONS t1G3
lelaxiinis!. Tout, le dos est reiiipli de zigzags noirs qui s'éteudeut
jus(|u'iui i)()ut des ailes el garnissenl complètement les scapulaires.
Les dernières petites pennes des ailes, telles qu'on les apcreoit (les
ailes étant fermées) sont, par le dessin de leur coloration, internii'-
diaires entre celles des deux espèces. Beaucoup de noir avoisine la
queue. L(!S couvertures de l'aile sont, à leur délnit, d'un gris de
fer hlanchàtre ; ensuite apparaît du blanc terminé de noir. Au
miroir, dont la disposition est dillicile à définir, existe beaucoup
de noir. .\ iieine si l'on y aperçoit un peu de vert ; i)uis vient du
blanc étendu longiludinalenient. Les lianes sont couverts de
zigzags. Le bec et les pieds sont noir très foncé ; le commencement
des jambes est d'un ton légèrement cuir de botte.
11 est bien remarquable que la couleur (oncee que nous avons
constatée sous la gorge, n'existe ni cliez jh-nrlupc ni chez Chuule-
laxniHS : cette couleur ne se trouve point davantage chez le
penrliiiif américain.
Anas bosciias et Anas ('.•')
Ai)rès nous avoir fait savoir qu'il possède un inagniri(|ue
hybride d" de .1. hoacbas, croisé d'espèce non encore déterminée,
le comte Arrigoni degli Oddi nous a envoyé l'aquarelle de ce
Canard, tué le 'i iévrier 18!).'i, par le chevalier Eugenio de Blaas,
dans le lac Labia (vallée Figheri), Venise. Ce Canard était accom-
pagiK- d'un autre individu ipie le chasseur jugea tout à fait
semblable à lui.
Quoique notre savant collègue pense que cet Oiseau est un
hyltride de A.hoschns el d'une espèce (|u'il n'a |m (létei'ininer, nous
le considérerons coiuine un sujtil anormal. Si le blanc qu'il montre
pur devant descendait plus bas, à la rigueur, on aurait pu faire la
sui)i)ositioii que c'est un croisé de S. clypeala; mais le bec •n'indique
aucunement cette espèce.
Anas tadouna et .\nas (?)
Voici encoi-e un sujet ([ui n'est autre, sans doute, qu'une variété
de Tadorne. — Au mois <le janvier 18%, M. van Kempen, de Saint-
Omer, avait la coniplaisauce de nous informer (|u'il avait acheté
(un an auparavant) un Canard Tadorne assez curieux et (ju'il croyait
être un hybride : « Pattes brunes, poitrine piquetée de petites
plumes noires, miroir de l'aile gris cendré n. Cet Oiseau, ajoutait
M. van Kem|)en, avait été examiné avec un grand intérêt par
M. de Pousargues, attaché au Muséum, lequel le pensait, comme
9Ct OISEAUX HYBRIDES liENCONTnÉS A L'ÉTAT SALVAGE
lui, provenir d'un LMoisenieiit. Mais dernièrement un Anglais,
habitant la Hollande, où il possède un Jardin zoologique, étant
venu visiter la collection de M. van Kempen, a atlirnié à celui-ci
que son Tadorne curieux n'était fiu'une variété. Les arguments,
qu'il a fait valoir, eu faveur de sou dire, sont si convaincants,
nous dit le propriétaire de l'Oiseau, qu'il a dû se ranger à son avis.
— Ce serait peut-être, néanmoins, le cas de consulter M. Oustalet
qui pourrait, avec la compétence qu'on lui connaît, donner son
apjiréciation que nous considérerions coninie définitive.
Genre Anser
Comme toujours, presque rien à dire à cet arlicde. — M. de Selys
Longchamps nous fait seulement savoir qu'il a appris de M. Blaaw
([u'un hybride Ajiscr pnUipes (roseipes) qu'il possède, n'est pas un
produit sauvage, mais un produit doiiiestiqnt; de ['Anser cinerus
X A. albilmm. — Cet hybride n'est pas demeuré stérile, l'éminent
académicien en a eu la preuve ; mais il est peu productif.
Ansek ciNERicus et Anser albifrons
Nous n'avions jioinl fait mention d'une Oie, supposée hybride
par M.J. H. Gurney, et dont celui-ci avait parlé dans leZoologist(l).
11 pensait (lu'elle provenait d'un croisement entre la Beau (Anser
cinereus) et la Wliile-fronled Goose (4. allnjrons). Elle avait été
achelée à iM. Castang au Leadenhall Market de Londres.
L'Oiseau, ayant mué, s'est recouvert du plumage ordinaire de
la deinière espèce, tout en conservant quelques traces de jeunesse
aux parties inférieures. Il paraît donc évident à M. Gurney que sa
supposition n'était pas fondée (2).
(1) Annûe l(-83, p. £X.
{i} Celle recliriciilioii a élé faile ilaiis la même revue, année 1S8.Ï, n''d"aoiil (li*4),
vol. IX, p. 309.
NOUVELLES ADDITIONS 965
ORIJRK DKS HCIIASSIKRS (COUREURS)
Fainillr des Scolopacidés
Genre Totanus
Pensant à nous, M. Kariniemi a fourni à son ami, M. Stjernvall,
de très iuléressaiils détails sur les eroiseinents riiie des espèces de
ce ^'enre contracteraient entre elles.
M. Kariniemi est aile, pendant plusieurs i)rinlemps, ceux de 1891,
18y:i. 18'.);5 et 18!)4, à Kittila (Laponie), lieu de sa naissance. Il a
chassé là la sauvao;iue sur les bonis de la rivière Ounasjok. Dans
de petites huiles construites pour la circonstance, il a passé des
nuits à guetter et à observer les Oiseaux de rivage (I). Ou sait que
le soleil éclaire encore à minuit dans ces belles nuits calmes et
sereines de la Laponie. Là, pendant i\u' \rlilis hi/iiolrucos marche
à petits pas, i)endant que Tulanus glaicola fait ('ulendre son ramage
ou que Totatim glottus prend ses ébats, '/'. fusciis répète son air
sonoi'e. Rieutrtt tous ces Oiseaux se rencontrent sur le sahle déposé
en couches liiies et unies ou bien sur les la[)is de gazon qn'
commencent à verdir : leurs gestes, leurs bruits, leurs poses
traduisent la p:issi()u de l'aniour de la(|uelle ils sont posst'di'-s ; la
joie, la gaieté {]ui les anime et les dirige. Tandis que chez ces
espèces voisines les mâles s'élèvent sur leurs doigts, tendent leurs
ailes dans l'air, chantent et semblent danser, les femelles séduites
et soumises ploient avec grâce leurs corps et se laissent docilement
embrasser. Aussitôt que la passion est satisfaite, les cris cessent,
et tout rentre dans le calme. Cependant, peu de temps après cette
première scène, l'air n'-sonne de chants nouveaux. D'autres
espèces s'avancent dans l'arène et y font entendre des cris
bruyants : c'est, dit le narrateur, les amours libres dans la nature
sans entraves. Rien de beau comme le spectacle ijui s'offre aux
yeux, à l'ouïe, à l'intelligence pendant ces nuits admirables du
(I) M. Stjfrnvall (InKliicteur très complaisant de la lellre de .M. Kariniemi) nous
observe qu'il csl permis de lirer des Fullgiiles pendant le printemps. Ui chasse des
Analidie, Cygnidx et des Anseridx est au cootraire interdite du 15 mars au
1."i juillet.
960 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
printemps; ou ne saurait les oiijjlier quand on en a été témoin.
Mais ces belles nuits ne se contemplent qu'en Laponie (1).
Or, au dernier printemps, pendant qu'il était en embuscade au
bord de la rivière Ousnajok, M. Kariniemi aperçut Totnnus glottis
s'appariant avec T. (itnreoln ; T: glareola avec Aciis hypolmros et le
mâle de cette dernière espèce avec la femelle du T. glareola. Il vit
aussi, mais une seule fois, T. glareola s'approcher de Machetes
pugnax et le mâle T. f'uscus chercher à s'unir à une femelle
M. pugnax. Il croit rvoir acquis la certitude que les deux espèces
de Tolanuit, T. glottis et T. fusais, se marient entre elles. Il se
rappelle avoir tiré un Totantis qui montrait des caractères
propres à l'espèce glottis, à l'exception des jambes qui étaient de
couleur rougeâtre comme sont celles des individus appartenant à .
l'espèce fnscns (2).
C'est dans l'ordre des Echassiers, observe M. Kariniemi, qu'on
trouve le plus grand nombre de variétés, tout spécialement dans
les genres Totanus et Machetes (3). Les œufs de ces Oiseaux varient
aussi beaucoup par leur forme et leur grandeur et leur couleur ;
de telle sorte qu'on ne peut trouver, dans le même nid, des œufs
qui se ressemblent. La couleur du fond est variable elle-même. Si
nous comprenons bien la traduction de la lettre faite, nous l'avons
dit, par M. Stjernvall, l'auteur attribuerait aux croisements des
parents ces variantes. La chose n'est pas admissible, et cette
manière de voir, qui n'est pas exacte, diminue la valeur des
observations précéilentes.
Nous citerons, néanmoins, en détail les faits qui viennent de
nous être signalés avec tant d'obligeance ; car s'ils ont été bien
observés, ils présentent un très vif intérêt. Nous les ferons suivre
d'observations sur les espèces qui sont en jeu ; malheureusement,
nous ne connaissons pas suffisamment les caractères plastiques
(1) Ici le traducteur s'arrête sur l'observation très juste de sou ami pour corroborer
son dire. Tous ceux, met-il eu note, qui ont été dans ce pays ne peuvent laisser
sortir de leurs souvenirs les nuits de l'cté et du printeui|)s. alors que le soleil ne
se couche pas et que les aurores boréales jettent au (iruiauient des feux élince-
lants. Pour lui, qui a eu la bonne fortune de passer cinq étés dans cette terre
aduiirable, il n'a d'autre désir que d'y remonter et de la revoir.
(i) M. Sljeruvall nous fait remarquer uu'il a tiré pendant son premier voyage
en Laponie, en 1884, plusieurs exemplaires du 7'. fusrus et qu'il a remarqué de
glandes variations cbez eux.
{'A) Dans cette espèce, on ne rencontre pas deux sujets semblables ; tous les
sujets sont dillérents les uns dos autres par la coloration de leur plumage. Sous ce
rapport le Musée de liouen en renferme une très riche collection.
NOUVELLES ADDITIONS 1IC)7
et de coloration de ces espèces. En sorte (|iic nos uliserviitions se
trouveront très inconinlèles. •
TOTANUS GLOTTIS (l) et ToTANUS GLAUKOLA (2)
A en juiier p;ir ([uelques exemplaires conservés au Musée de
Ronen, mis à notre disposition p;ir l'obligeant directeur, M. le D""
l'ennetier, une dillérence, li'és ;;riinde par la tailli;, existe entre ces
deux types : nlottis est exactement un tiers plus fort que l'espèce
voisine. Le plumage cependant ne dillère que peu, quoique iilottis
soit beaucoup plus blanchâtre ; mais, détail caractérisli([ue, chez
celui-ci le bec se relève, tandis qu'il s'abaisse chez glmrola. Même
de loin, sans doute, pendant les nuits claires, ces Oiseaux peuvent
être distingués par le chasseur.
TOTANUS GLAREOLA et ACTITIS HYPOLEUCOS (3)
Croisement (lui, d'après M. Kariniemi, s'ellectue dans les deux
sens. Illareolti est plus petit qu'liypokucos par ses jambes et son cou.
Hypoleucos est plus blanc par devant ; l'un est moins tacheté que
l'autre sur le dos et sur la queue ; néanmoins les dtmx espèces
présentent beaucoup d'analogies. Degland les classe dans deux
genres dilléreuts !
TOTANUS GLAREOLA et MaCHETES PUGNAX (4)
Si on compare entre eux les mâles de ces deux espèces, ces
Oiseaux sont bien dillérents par leur taille. Le sexe femelle est
moins disparate ; mais pugnax 9 est eni'ore bien plus grande que
sa congénère. Comme pour les précédentes, Deglanl en fait deux
genres. Les becs seraient à peu près de même grandeur.
(I| Synonymie : [.iiiin.<a grisen, Totunus griseiis, lifliiliins et glutlis, T. chlo-
ropxis, l.iiiiD.id gtotli.-<, (Uijlli.'i luUans. 0. ranescens, <»'. griseii. clo.
(i) Aulres noms sclentilKiiies : Triiigu ginreola, Totanus glareola, Tolanus
grallatorius, Tolanus sylveslris cl palitslris, etc.
(3) Appi-lé encore : Tringa hypoleucos, Guinella, Tnlanus guinella, Tringa
leucoptera, elr.
(4) Autres noms scientiliques : Tringa pugnax, T. cinereus, T. variegala. T.
lilUireii. Philoniticus inigtiit.c, etc.
968 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS \ L'ÉTAT SAUVAGE
ToTANUs Fuscus (1) et Machetes pugnax
(]es Oiseïiux appartiennent encore à deux genres, d'après le
même ornithologiste. Nous nous demanderons, (juoique le bec de
pwjnax pai'aisse moins long' que celui de fuscus, comment dans la
nuit il est possible de reconnaître une $ pu(jna.T d'une femelle
fuscus ?
M. Stjernvall, qui lui-même, a tué en Laiionie de nombreux
exemplaires d'Echassiers appartenant aux espèces Totanus fuscus,
T. glottis, Machetes puguax, observe que les types T. fuscus et M.
pugnax sont très variables ; il lui semble, au contraire, que le type
T. (jlottis ne varie pas.
De nouvelles observations seraient bien intéi essautes à consigner
au sujet des mélanges indiqués par M. Kariuiemi. Nous espérons
(jue celui-ci, et M. Stjernvall, voudront bien amasser des maté-
riaux pour les compléter.
(5) Synonymie : Scotoiiu.r fiiscci, Liinosa fiisca, Triitga ulru, Talamis loiigipes,
etc.
NOL'VICI.LKS ADDITIONS '"i''
UUDltK DKS l'ASSKIUvMX
N. B. — Xous craignons vivement d'avoir commis des erreurs en
(lotcrminani comme métis îles individus |»i-t''S('iitant les traits
fusionnés de deux races. Nous soniuies aujourd'hui porlé à voir,
dans ces formes intermédiaires, le résultat d'influences climaté-
riques (|ui tcndenl, au fur et à mesui-e ipie les deux races se
rapprochent l'une de l'autre, à les confondre insensiblement : ce
sont, iiDur nous servir de l'expression en usage chez les ornilliolo-
gisles aiiiilais et auu'ricains, des ijnKlations d'un type à un autre,
(tn en trouverait probalile:nent un nouvel exemple dans l'K. Iraillii
et l'A'. jiitsilln:<, (huit on vient de s'occuper dans l'Auk (1).
l-'nniiUe. '/es- l'rmiHles
Genre Pringilla
Carduëlis CAUDrKi.is et Spinus tiustis {'!)
M. Keginald Heber Howe, jun., a remarqué à Brockline (Massa-
chusetts) un Cardnclia cdrdueli.t se nourrissant dans un « Fine
tree » en compagnie de quehiues ((American Goldlinclies » (S.
tristis). L'()is5eau paraissait, dit le narrateur, très à son aise et
n'avait point les manières embarrassées d'un Oiseau sorti de onge.
M. lleber Ilowe, suppose donc que c'est un descendant des Char-
donnerets importés depuis peu de temps en Amérique (3).
nu()ii|u'il ne soit aucunement question, dans cette observation,
d'un appariage entre deux espèces distinctes, le fait que l'on
raconte laisse supposer la possibilité d'un de ces croisements dont
la prodiM'tion deviendrait imiiutable à l'action de l'homme, et non
point à des causes naturelles [luisque les deux esi)éces, dont il
(1) Voy. le n» (l'avril 189:;, p. IfiO.
(2) Synonymie : Fringilla (r/sds-.
(;{) Voy. ses observations dans l'.\iil<., n» i. a|iill iK'.Ki, p. lOï.
970 OISEAUX HÎBHIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
s'agit, ne se seraient jamais rencontrées si elles avaient été livrées
à leur propre ressources.
Nous citons ce fait pour corroborer noire dire, maintes fois
exprimé i à savoir que bien des mélauj^es, qui se produisent à l'état
libre, sont cependant déterminés par des causes auxquelles
l'homme n'est pas étranger (1).
Carduelis major et Carduelis caniceps
(Se reporter pp. 223 et 787)
11 est question, dans uue iXotire ornithologique de M. J. P.
Prasak (2), d'un spécimen de Chardounerel de la Sibérie orientale
(le C. major, supposons nous), un d" obtenu le 24, IV, 1893, qui
pourrait très facilement être pris pour un canicei>n. M. Prasak fait
cependant observer que pour établir cette ressemblance, il ne
possède pour le moment d'autre image que celle de Gould. —
L'Oiseau en question serait-il le i)roduit d'un croisement entre les
deux types, ou uue gradation cliinatérique d'un type à l'autre ?
Fringilla cmcLEBs et Fringilla montifringilla
(Se reporter pp. 2i8 et 7til)
Notre collègue et ami, le comte Arrigoni degli Oddi, de Padoue,
bien souvent nommé dans le courant de cet ouvrage, a publié (3)
la description : !<> des trois hybrides (2 cT et 1 Ç) conservés au
Musée de Bergauu, que nous avions signalés (4) ; 2° des deux
spécimens (cT et $) qui existent dans sa collection. — Nous avons
donné, d'après la bienveillante communication de notre collègue,
la description des deux sujets femelles (5) ; les deux sujets mâles
du Musée de Bergame avaient été indiqués très brièvement, .\ussi
ferons-nous une traduction de la description détaillée de ces deux
échantillons, ainsi que de la description du sujet d" appartenant à
(1) Voy. ce que nous avons dit sur ce sujet pp. 85, 8<J, 240, 241 , 7riO, 7(îl,etc.
(2) Pul)Iié in Ornithologische Monatsberichte du D' An. Reiclienovv (n" de
mars 1896, p. 39.
(3) In Atti délia Sociela ilaliana di Scienze nalurnli, vol. XXXV, Milano, 1893.
(4) P. 231 et p. 323 des Mém. de la Soc. zool. de France, 1892.
(.S) Voy. p. 234 (ou p 328 des Mém ), pour l'Iiyljride ^ appartenant à M. OJdi ; et
pp. 2.33 et 256 (ou pp. 329 et 3.30 des Mém.) pour le sujet ^ du Musée de Bergame.
La provenance de ce dernier sujet n'est pas connue. (Voy. le travail de M. Oddi,
p. 4 du tirage à part) ; il porte le n» 318 du catalogue de l'Institut de Bergame.
NOUVELLES ADDITIONS 971
M. ()(l(li (indiqué p. 7'i2), sur Iim|U('1 nous n'avious reçu aucun
renseignenieni, lors de notre |)ul)lication.
h Mille (((/., en livrée de printemps ; provenance inconnue, n" 5/2
du Calnloijue de la collert. ornith. de l'Inutitut de Herr/anie. —
« Hoc ri'ssenil)lant davantage à celui de Fr. inonlifriuijillu, c'est-à-
dire couleur de corne. Iris noir. Tète et nuque noires ; l'extrémité
ornée d'une zone d'un rouge vineux, ce (jui fait paraître la tèlc de
celte couleur. Plumes du dos vineuses; vers la moitié de leur
longueur, on voit une tache avec une bande noire, nuancée de
jaune soufre. La croupe et les sous-caudales noires à la base, jauae
soufre très vif à l'extrémité des plumes. Là, comme sur le dos, la
coloration noire est peu visible, si on ne soulève les plumes pour
rapercevoir. Les plus grandes couvertures de la queue de Fr. cœlebs.
Estomac couleur vin comme chez cette espèce, toutefois moins
foncée ; mais cela lient à ce que l'exemplaire est empaillé depuis
longtemps. Les ailes dans le dessin de Fr. eœlehs. les bords et les
baniles de séparation , au lieu d'être blancs, sont cependant
teintés de couleur de vin. principaleiiicnt à l'angle de l'aile et sur
le bord extérieur, aiusi qu'à l'extréniilé des couvertures et des
rémiges voisines du dos. Hord externe des rémiges, les secon-
daires, jaune soufre. (Jueue de Fr. cndebs. Pattes et ongles de
couleur corne )).
2° Mdle ad. en livrée d'automne, provenance ignorée; n" 3 H du
Cat. de la coll. ornith. de l'Institut de Bergame. — « Bec tenant le
milieu entre le Fr. cœlebs et le montifringilla, couleur de corne.
Iris noir. Tête et nuque semblables à celles de Fr. runnlifrintjiUn
c'est-à-dire d'un noir bleu avec l'extrémité des plumes jaunâtre
grisâtre. Les plumes auriculaires sont d'un rouge blanchâtre, elles
sont presque unicolores ; an-dessous d(! celles-ci se voit une petite
toufîe de i)lumes, noir-bleuâlre, bordées de gris et de jaune éteint.
Le dos du Fr. eielebs ; mais le coloris en est plus clair et lire sur le
rouge. Une teinte d'ensemble, fondue de gris olivâtre, mêlée de
Jaune soufre, divise la nuque du dos. La croujjc est noire à la
naissance des plumes ; vers l'extrémité elle porte une bande mince,
couleur jauue soufre assez vif ; les couvertures de la queue ont la
môme coloration. Parmi celles-ci les plus giandes sont olivâtres,
bordées de jauue olivâtre. Les couvertures tiendraient de Fr. mon-
tifringilla, tandis que la coupe tient plus de cœlebs pour ce qui est
des bords aux extrémités bien li'gèrement teintées de soude ; mais
il y manque l'espace blanc propre au )nontijrinijilla. L'estomac
est comme celui de cœlebs ; peut-être un peu moins couleur vin et
972 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
le c(uitre du ventre plus blancliàtre ; cependant semljkilile à
beiiueoup d'individus mâles avec le plumage d'aulomue. Les ailes
sont, coniuie dessin, loul à fait de cœlebs ; mais les bords et les
raies de séparation, au lieu d'être blanches, sont fondues de
couleur soufre ; cette particularité est moins apparente sur la
baudede l'angle de l'aile. Aucune des couvertures, les plus près du
corps, n'est noire avec une large bordure noisette-clair, comme
cela se voit sur le dos de montifrinijilla $. Queue de cœlebs. Pattes
et ongles brunâtres. Dans leur ensemble, ces deux individus (no^Sll
et 312) se rapprochent [dus de cœlebs (cf ), que de ninnlifringilla,
tant pour la coloration que pour leur allure, ; toutefois, l'hybridité
se manifeste dans nombre de détails dont il a été parlé dans
la diagnose ».
Nous avions ilit (1) que M. le prof. D'' A. Varisco, directeur du
Musée, n'avait pu nous fournir aucune indication sur la prove-
nance des trois pièces qui s'y trouvent; M. Oddi les pensait tuées à
l'état sauvage comme il y a lieu de le croire. Le savant naturaliste
revient sur celte question et écrit qu'il était fondé dans son dire,
aussi bien par l'état de conservation des dits sujets, i|ue par
l'assertion du prépaialeur défunt, M. Stel'ani, qui avait empaillé
le n» 318.
3° Mille (1(1. (le la coll. Oddi (2), provenant de Chignolo d' Isola,
Bergamo). — « Taille de Fr. cœlebs, physionomie interuiédiaire entre
le cœlebs et le montifringilla. Bec noir, à la base de la mandibule
inférieure jaunâtre. Un trait fauve rougeâtre, qui va du bec à l'œil,
se continue et se termine sur la uuque. Les plumes des côtés de la
tète et de la uuque noir luisant, avec l'extrémité fauve rougeâtre; tie
sorte que cette dernière coloration devient plus visible. Les plumes
du dos et de l'échiné noisette avec des traits noirs, principalement
à la base des [tluines. La croupe, dans la partie supérieure noire,
avec l'extrémité des pluuies jaune soufre ; le reste d'un jaune
soufre très \if, s'éteudant sur quelques-unes des couvertures de la
queue, qui sont, cependant, mi-partie noires, mi-partie olivâtres
ou mélangées. La croui^e. sur les côtés, noir luisant avec quelques
plumes jauiie soufre à l'extrémilé. Les parties inférieures fauve
tirant sur le vineux, plus intense sur la gorge ; le centre de l'abdo-
men, le long de la ligne médiane, blanchâtre. Sousqueue blanchâtre,
teintée de fauve. L'angle de l'aile, fauve oliscur ; les petites couver-
(1) P. 252.
(2) Déjà sigiiiili!' p. 7(il' (d'iiiuOs le liolleliiii) dul Naliiralisla), mais un décrit.
NOUVEI.LKS ADDITIONS !I73
turos et les couvertures médianes teintées de fauve pâle ; les
grandes, noires à la liase, fauve vif à l'extrémité. Les rémiges brun
noir avec; un hord jaune olivâtre sur l'étendard externe ; celles
près du corps ont cette partie fauve vif. Les rémiges de la qua-
trièuje, et celles qui suivent, ont un petit trait blanc sur l'étendard
externe disposé en forme de tache. Les troisièmes noires avec un
bord externe jaune olivâtre ; la première rémige avec la base
blanche dans l'étendard externe ; l'interne avec un léger trait
blanc, qui occupe parlieilement la ])lume de la base à l'extrémité.
Les couvertnies inférieures des ailes jaune soufre. Pattes olivâtres,
ongles foncés.
(I Dans son ensemble, cet exemplaire tient donc le milieu entre
le cT iiionlifr. et cT cœtebs. Si par son aspect il paraît ressembler
davantage au premier, en l'examinant un peu minutieusement, on
trouve beaucouj) de points ([ui le ra|)prochenl du second. L'aile
aussi par son dessin est prescjue celle de inontif'ringiUa, tandis
que la queue est celle de cmlebs ; la croupe lient le milieu entre
le bhinc restreint idu voilé) et réduit an jaune soufre. Les cùtés
noirs, h^s plumes dorsales les plus proches, noires avec un bord,
ramèuenl à inoiitifringiUa ; les autres parties : tète, dos, estomac,
laissent à iiruni deviner une i)rii;ine double ».
Nous ne pouvons compléter les quelques imlications que nous
avions donuèes (I) sur un hybride capturé à lileggio (Venise) et
que nous croyions conservé au .Musce de Rovereto.
M. le prof. Giovanni de Cobelle, directeur du Musée, veut bien
nous faire savoir que cet Oiseau a été perdu (2) et qu'il ne peut par
conséquent nous le communiquer.
Au moineuL de melli-e sous presse, .M. Ch. van Kempen, de Saint-
Orner, nous envoie une pièce montée, achetée en Allemagne.
Elle |iar.iîl être l'iiyliride de Fringilla rœlehs X F. inoiilifrifujiUa.
Malheureusement, on ne sait à quelle époque de l'année l'Oiseau a
été obtenu; ou ignore aussi dans quelle contrée il a été tué. 11 est
d'as|)ecl mâle. .\u premier abord, à l'excepliou du dessus du
croupion dont la teinte est blanc verdàtre, on b; prendrait pour un
inonlijringiUa. Cependant, si on l'examine alleutivement, on
s'aperçoit bientôt que le dos et les scapulaires sont presque d'un
(1) P. 252 et 257.
(2) Nous pensons (luc re.\|ircssion ilonl If piod-ssi'ur se serl si^-iiilie aussi hien
■■ détériore que hors d'usage ■.
974 OISEAUX HYBRIDES RKNCONTRÉS A I.'kTAT SAUVAGE
tou brun lougeàtre uniforme, à peine tacheté de noirâtre. Or, on
sait que chez viontifriiujilla cette partie est parsemée de taches
noires. La teinte du bec n'est point non plus de la teinte jaunâtre
propre à cette espèce; puis, à son extrémité, il ne devient point
noirâtre. Par ses dimensions il est aussi plus faible : il se
rappioche donc un peu de celui de cœlcbs ; mais il n'est ])as bleuté.
La première barre blanche de l'aile est encore beaucoup plus
prononcée que chez le Pinson d'Ardennes ; elle est peu teintée
d'oranger brique. — La teinte rousse de la poitrine et de la gorge
nous paraît plus étendue que chez inonlifmi!/iU,a;e\\e descend plus
bas; puis, dans la partie haute qu'elle recouvre, c'est-à-dire en
avançant vers le dessous du bec, on sent légèrement le mélange
avec le rosé de cwlehs.
Enfin et surtout, signe cette fois très caractéristique de mélange,
les deux reclrices les plus exlérieuri^s de la queue sont nettement
et grandement tachetées de blanc pur, ce qui rappelle tout à fait
cwlebs, quoique montifrinyiUa parfois (si nous nous en rapportons
à un de nos échantillons), montre très nettement du blanc à la
rectrice la plus extérieure. Nous devons remarquer en terminant
cette courte description, que la partie basse des flancs est dépourvue
de petites taches noirâtres qui se montrent, on le sait, toujours
bien accusés chez moiitifringilla. — Notre examen a été fait en
présence de nombreux échantillons tles deux types.
Prèteudrait-on, refusant une origine hybride à l'Oiseau que nous
décrivons ainsi, qu'originairement cœlebs et mont ifringi lia (types
très rapprochés) n'étaient point différenciés et que ce rappel
évident de cœlebs est un retour vers l'aucèlre ? La chose se peut.
Dans ce cas, nous n'aurions pas allaire à un sujet hybride.
Emberiza citrinella et Emberiza sch(eniclus
(Se reporter p. 208)
Nous avions mentionné ce cioisement d'après une communication
particulière du regretté M. Handcock. M. le chevalier von ïschusi
nous fait remarquer très aimablement qu'une mention en a été
faite par ce distingué naturaliste dans « Natural History Transac-
tions Northuinberlaud, Durliam and Newcastle (ij )>.
(I) Vol. .\, part. I, 1888, p. 210.
NOUVELLKS ADDITIONS 975
Entre deux Genres
LiGURINUS CHI.OIUS et PAS<Krt DOMESTICUS
Un homme distingué, ;iy;iut îles connaissances ornitliologiques
développées, ancien naturaliste, aujouid'luii dans le ministère
sacerdotal, nous a fait i)art dune observation faite i)ar lui plusieurs
fois dans le jardin de sa résidence. Il a apenu, volti^^eant d'a[-hre
en arbre, un Moineau tacheté de jaune sur le front ; il a attribué la
naissance de ce Passereau à un croisement de Lirptrinus chlorin X
Passer doniesticus. Un couple de l.igurinns chloiis avait, en effet,
niché la même année dans le jardin où l'observation fut faite, ("e
jardin est situé en ville, à proximité des habitations ; la repro-
duction de l'espèce l.ùjurimis chloris nous a donc vivement surpris.
Mais rattirmalion de l'observateur est tellement précise, ses
connaissances de naturaliste lui donnant une réelle valeur, nous
n'hésitons pas à citer le fait qu'il veut bien nous signaler.
Néanmoins, nous |)ensons que le Moineau supposé hybride n'est
autre qu'un individu frappé partiellement d'albinisme (1).
Le mélange du Ugurinus chloris avec le genre Passer a déjà eu sa
mention (2) ; nous l'avons cité pour ce qu'il vaut, d'après M. Eugène
Bono.
EUSPIZA LUTEOLA et PaSSEH INDICUS
(Se reporter p. Tn,'})
Depuis longtemps nous attendions avec impatience le récit que
M. Zaroudnoï devait faire île l'appariage constaté par lui, de risu,
de ces deu.x espèces ap|)aitenant à des genres ditlérents. La consta-
tation d'accouplements libres entre Oiseaux d'espèces distinctes
est si rare, si exceptionuelle, que nous désirions très vivement
connaître les détails de l'observation.
Le sagace observateur vient de nous offrir l'ouvrage dans lequel
il raconte le fait dont il a été le témoin. Malheureusement, cet
ouvrage est écrit en langue russe, comme son titre l'indique (3), et
nous sommes obligé de nous en rapporter à la traduction, qui
(1) La coloration des pigments pariiîldêpenilre il'inlliienecs diverses. Surl'influence
de la tempériilure ou sur riiillnenee de la cliiileur, vny. He\'. des se. pures et appli-
quées, n» du :iO avril 1892, p. iss, fi )c PhilDSophiiiil iikik.isIii de novembre ISiM.
(2) Voyez p. Mi.
(■i) OPHHTOflOrH'l KCKAlI*AyilA :)Ai;ACniiiKATO KPASI.
976 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
d'ailleurs nous parait avoir élé faite d'uue maaière très conscien-
cieuse.
Nous laissons coinplèleuieiil la [)arole à M. Zaroudnoï : (( Près de
la limite Gadouan, le 15 mai 18;»2, j'aperçus, dit-il, un mâle /'.
inilicus tenant dans son bec des brins de paille qu'il portait dans
un arbuste, un rosier sauvage isolé sur le bord d'une ravine.
M'approchant de l'arbuste, d'où une femelle E. luteola s'échappa,
je trouvai un nid avec un œuf qui venait d'y être pondu. Ainsi, il
m"a été donné de constater ce fait : que deux types d'Oiseaux, tout
à fait différents, se sont croisés ; mais j'ai voulu le vérifier en
prolongeant mon observation. Après avoir examiné l'arbuste de
tous les cùtés, et envisagé la place d'où le nid pouvait être aperçu
le mieux, je me cachai parmi les pierres à une centaine de pas de
là, ayant soin de me munir de mes lunettes. Tout d'abord, un
Bruant arriva et s'introduisit dans le nid ; dix minutes après,
un Moineau lu rejoignit, lui remettant une chenille verte ; juiis
cet Oiseau monta sur une branche, gazouilla un peu et s'envola.
Quelques minutes étaient passées, qu'il revint en a|)portant un
long brin de paille ([u'il introduisit entre les petites brindilles qui
pendaient au-dessus du nid ; après quoi il disparut. Mais le
Bruant, sorti de la place qu'il oci'upait, jeta le brin de paille à
terre ; cela se répéta plusieurs fois. Evidemment le Moineau
voulait construire un toît, comme cette espèce a l'habitude de le
faire dans ses nids ; cette particularité n'était pas à la convenance
de l'espèce du Bruant, habitué à voir au ilessus de lui le ciel bleu ;
aussi, celui ci démolissait il la toiture. — Environ une heure après,
je trouvai dans le nid deux (eufs, dont je pris un à toute éven-
tualité. Quatre jours après je visitai de nouveau ma trouvaille ;
il y avait dans le nid trois œufs ; au-dessus du nid, malgré la
résistance de sa conjointe, le Moineau avait construit un toit
convexe. N'ayant pas le temps d'attendre l'éclosion des œufs et
me contentant de ce que j'avais devant mes yeux, j'enlevai le nid
et le contenu. Le nid, construit au bas de l'arbuste, est plus
grossier et plus sale qu'il l'est généralement chez E. hiteola ;
probablement le Moineau avait dérangé une bonne construction.
Les parties extérieures sont formées par des brins de paille,
d'herbe, et par des feuilles d'herbes ; les parties intérieures ont été
faites des mêmes matériaux, mais plus délicatement. La surface
intérieure se compose de feuilles d'herbes très finement tressées
et d'une très petite quantité de poils de Bœuf. Près du nid, ])ar
terre et sur l'herbe, ou voyait beaucoup de brins de paille, beaucoup
NOUVELLES ADDITIONS 977
de plumes cl ilu duvet; tout cola avait été apporté proljablenient
par le Moineau, mais rejeté par sou é[)ouse, la femelle Bruant.
Les ilimeusions du nid sont :
Hauteur a7'""
Profondeur 37™"
Largeur 120'"'°
Diamètre ilii plat 62'»n>
Les œufs (surtout tiois) ont eu général plus de ressemblance
avec ceux du Moineau qu'avec ceux du Bruant. Leur éclat est
comme celui de l'œuf des premiers et la couleur du fond principal
comme chez l'œuf des derniers, c'est à-dire hlanc-verdàtre ; cette
couleur, est sur nu œuf mélaii!j;ée de l)leu clair. Les caractères de
la forme sont ceux de l'œuf du .Moineau ; la plupart ont une forme
oblontîue. Us sont marqués de petites taches, parfois très étroites,
et par des points. Sur trois o'ufs ces taches sont très nombreuses,
surtout sur les bouts obtus où elles sont plus grandes et parfois
se confondent les unes avec les autres; souvent aussi une tache
touche l'autre dans de dilférentes comliinaisons ; si on ne compte
pas les points, ou uc trouve guère de signes isolés. Sur un œuf
il y eu a fort iicu. (pioique les oblongs y prédominent. Il y a
aussi beaucoup de ronds et de traverses (1). .\utour du bout
obtus les taches sont plus grandes et, se confondant les unes
avec les autres, elles forment une espèce d'auréole. Quant à la
couleur, les taches (2) ressemblent beaucoup à celles qu'on trouve
parfois sur les o'ufsde VE. litteobi; elles sont de couleur cauuelle,
claire, canelle foncée, cannelle grise; un petit nombre se trouve de
couleur gris-clair ou gris-foncé. I^a forme des œufs est plutôt celle
des œufs de 1'/:. luteola. Leur diuiension est :
Longueur Largeur
22ni™ IS^'^O
21mm4 Ib'^'^U
21 mm 15""''6
L'observation de M. Zaroudnoï est une des plus intéressantes,
sinon la plus intéressante de toutes celles que nous ayons signa-
lées. Les détails en sont très [trécis et portent sur les faits mêmes
qui sont à considérer dans un croisement. Souvent nous nous étions
demandé comment agissaient dans la construction du nid deux
(1) La Irariiu'tion cJevieiil ici assez ol)SCure.
(i) Il y a i( signes » dans la traduction.
978 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
individus appariés, appartenant à des espèces dont la nidification
est didérente : par exemple le IJgurinus chloris avec la Linota can-
nabina, dont on rencontrerait souvent les produits, ou mieux
encoi'e le Ligurinufi cliloris avec le Cardiulis eleqans vus ensemble,
(au dire de quelques auteurs). Les explications de .M. Zaroudnoï
nous permettent de conjecturer le mode d'appariage daus ces
alliances auxquelles elles donnent, pour ainsi dire, une confirma-
tion de la possibilité de leur existence, demeurée cependant assez
douteuse à nos yeux.
HeLMINTHOPHILA CHRYSOPTERA et HeLMINTHOPHILA PINUS
(Se reporter pp. 319 et 780)
Nous avions passé sous silence, à l'article lleliiiitttlwphiln leuco-
lironchiaiis, deux articles sur cet Oiseau parus dans l'Auk, n" de
juillet 1883 (1) ; ce numéro nous manquant encore actuellement,
nous ne sommes point à même d'en faire une analyse.
TuRDus merula X Turdus musicus
(Se reporter pp. 36a et 793)
On a parlé de nouveau de l'hybride du Merle et de la Grive. Une
pas'e entière du Zoologist (2) est consacrée à ce croisement. Il s'agit
d'un Oiseau pris pendant l'hiver de 1894 1895 dans le jardiu de
M. Arthur G. Buller, de Beckpchan, le surintendant assistant-
keeper de zoologie du British Muséum. M. Butler est assez
complaisant pour nous communiquer les indications suivantes sur
cet hybride supposé. Après l'avoir gardé, nous dit-il, pendant
quelques mois en cage, puis trouvant que le ])risonnier n'était
point heureux daus cet état, il lui redonna la libeite. Cette manière
d'agir fut aussi déterminée par cette circonstance que les visiteurs
de sa collection d'Oiseaux vivants prenaient constamment cet
hybride pour une très vieille femelle de Merle dont le bec s'était
recouvert de la couleur du bec du mâle.
Nous regrettons le bon sentiment, vraiment trop libéral, auquel
céda M. Butler, car, nous dit encore celui-ci, après que l'Oiseau
eut été rendu à la liberté, il l'entendit chanter dans le jardin voisin
et son chant était tout à fait intermédiaire entre celui de la Grive
et celui du Merle : c'était le chant du Merle avec les notes inter-
(1) N»3, p,307 et :iO!S, vol. .\I1.
(2) N" du 1,'5 juin 189.">, vol. XIX, n» 222, p. 253.
NOUVliLLES ADDITIONS 979
posées (le lu (irive, re (|ui ii)ii\;iiiii|iiil M. liiiller (|ue l'Oiseau qu'il
îivail làclié était nu vrai liybride naturel. Il le croit provenir d'un
Merlr inàle et d'une (irive femelle et esjiére pouvoir donner, dans
un (iuvrage (|u'il se l)ropo^e de puhliei' |irocliaincment sur les
(tiseaux irAiiglcterre, uni' rciiroductioii lidéle de la télé et des
épaules.
On fait savoir, dans le Zoologisl, que M. Frokawk, ami de
.M. Butler, vil l'Oiseau le 27 mars lorsqu'il était encore en cage. Il
le crut très âgé ; néanuu)ins, l'ayant e.xaminé de très près avec le
préparateur, on reconnut (jue sous tous rapports (in ail respects)
il était intermédiaire entre le Tunlun menila et le Titrdus inusicns..
\'oici la description que M. Butler a bien voulu nous adresser :
(( Tlie liill was wholly orange exeepling tlie culnien which was
black ; llie clieek markijigs were tbose ot a Soug-Tbrusb, as also
those of tlie breasl; tlie chiu and front of tbroat wbite streaked
witli smoky black Tbe soles of llie feet were not quite so brig-
lilly colorored as in a maie Blackbird aud tbe legs generally were
intermediale in colour between that of tbe two species ».
Nous coMiplèleions ces indications, en re|ir()duisaut la descrip-
tion plus longue et plus détaillée faite dans leZoologist (1) : ((Upper
])arts, including wings, lail, cheeks, ear-coverts, and neck, deep
smoky-brown ; a narrow [lale brown su])erciliary streak from tbe
base of tiie ujiper mandible to bebind tbe orbit, and a sliort
moustacbial slre;ik fi'oni tbe lower mandible ; ciicle round eye
yellow ; diin and lliroal asby-wliite, forniiiig a large triangle willi
ils apex on llie rliin ; sides of Ibis triangle wasbed witli brownish
buff, anti llie wliole surface Iraversed longiludinally by parallel
irreifular iiiotlled duU black slreaks, wliicli pass into indistinct
spots on tbe fore-cliesl ; cbest aud breasl rufous-brown, more
smoky al tlie sides ; abdomen and veut sligblly greyisli in tbe
centre, sbading into smoky brown at llie sides and gradually
passing into tbe more rutous tint of Ibe breasl. Bill orange,
somewbal paler towards Ibe lip ; culinen blackish ; feet yellowish
born-brown ; iris liazel. Size aboul tbat a Blackbird ».
M. Butler néglige d'indiquer la terminaison des pennes de l'aile ;
ce détail très important a toujours été passé sous sileni'e dans les
descriptions que l'on a faites de ces soi-disant bybrides. Les
premières pennes de l'aile de la Grive et celles du Merle dilTèrent
cependant nolablemenl à leur terminaison et, dans le cas d'un
Jiybridisme intermédiaire, il y aurait là un argument excellent à
(I) X» ci Le.
980 OISEAUX HYBRIDES nENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
faire valoir. Non seulement les pennes de l'aile du Merle sont bien
plus larges et plus longues que celles de la Grive ; mais lorsque son
aile est déployée ou s'aperçoit aussitôt que la première penne est
beaucoup plus courte relativement que celle de la Grive ; puis
aussi que les trois penaes qui suivent la première sont à peu près
égales, tandis que chez la Grive deux seules sont de mêmes
dimensions. Eufiu, la quatrième chez celte espèce se raccourcit
et forme l'éventail ; chez le Merle c'est seulement la cinquième
qui indique celle décroissance.
Nous rappelons ratlention des descripteurs sur ce point impor-
tant, si de nouvelles pièces, semblant être des hybrides, viennent
à être observées.
M. Butler ajoute à sa description qu'il trouva une ou deux fois
des œufs de Grive déposés dans le nid d'un Merle et fait savoir que
son ami M. Frohawk eut l'occasion de découvrir un nid de ce
genre, visité certainement par un Merle et par une Grive.
Nous ne pensons pas néanmoins ([ue le croisement des deux
espèces soit encore établi.
Iduma rama et Calamohkrpe arrundinacea
(Se reporter p. e07)
Nous avons parlé d'un Oiseau, tenant le milieu entre ces deux
espèces, que M. Th. Pleske a déterminé comme hybride.
Nous n'avions point exauiiné les espèces pures au moment où
nous faisions cette citation. Depuis nous nous sommes procuré
cinq échantillons'dcs parents supposés: une Ç.deux cT du premier
type ; un cf et un sujet (sexe inconnu) du second. Un des deux
mâles rama est beaucoup plus long que son congénère. En
admettant que la peau ait été plus tendue chez l'un que l'autre, les
pennes de la queue, chez le sujette plus grand, sont notoirement
plus longues que chez l'autre ; les pennes de l'aile offrent la même
particularité. Sommes-nous eu droit de conclure que le plus petit
sujet est un jeune ? La femelle, par sa taille, tient le milieu entre
CCS deux échantillons.
Les deux Calamohcrpc sont d'aspect plus grand que tous ceux-ci.
Cependant si nous rapprochons le Calamohcrpe (sans indication de
sexe) du plus grand cT rama, ces Oiseaux paraissent à peu prèi de
la même taille. Nous supposons, néanmoins, rama dans ses propor-
tions plus petit que le type arrundinacea . Si cette particularité
n'est point réelle, nous nous demanderons quel est le signe
NOUVELLES ADDITIONS 981
disliiirtif dos deux espèces ? Sans tioiito la coloration plus foncée
d'arruudiiuici'd, car le pluniajje de celle forme est inconlestablenient
plus roux r|ue celui de l'autre foi-nie ; mais c'est le seul caractère
qui puisse les distinfîiier. Dans leur terminaison, les plumes de la
queue sont identiques dans les deux espèces, tout au |)Ius si rama
aurait pioportionnellement la première penne léj^èrement plus
courte qiie celle d'arruniliiKiirn. Nous remar([uons d'ailleurs que
le cT '•')//*(/, le plus fort, est d'une teinte plus assombrie, plus
roiissàlre que celle de l'autre cT jdiis petit, dont le bec ])araît aussi
un peu plus fort. Ce dernier serait-il un hybride entre le rama et
Varrundinacea? C'est presqu'un intermédiaire entre les deux races.
Ou bien est-il un jeune'.-' Nous [losons cette i|ueslion aux ornillio-
lo^istes, car cin(| sujets ne nous peiinelteut pas de taire une élude
approfondie des deux types que nous envisageons. Ces sujets se
montrent si ressemblants, leur faciès est tellement semblable, rpie
l'on serait tenté de ne dillérencier les deux types auxquels ils
appartiennent cpie comme races, d'autant [iltis que leurs becs,
presque droits, se ressemblent encore. Aussi, ne voyons-nous dans
les deux formes aucun caractère distiuclif de l'espèce. Certains
ornithologistes les ont cependant classés dans deux genres !
EnNEOCTONUS COLLL'RIO et OnTOMICLA IIO.MANOVI
(Se i-cpoi-ltT p. 8i:i)
Le niènii^ nriiilliolo,u;iste, M. Zaroudnoï, qui a raconté d'iin(!.
manière si intéressante l'ajipariage de l'/v". luteold et du /'. imiicus,
a fait le récit d'une observation d'un intéi-ét presque non moins
grand. H s'agit du croisement, contracté <i l'iliil libre, d'un linncoc-
tonits (■(illuiln cf et d'un Oiitoiiicla lOiiKinori $.
Nous laisserons encore la parole au savant naturaliste : ce Le
30 juin 1892, j'ai trouvé, dit il, dans la mauvaise herbe d'un rosier
sauvage poussé prés de la source qui abi'cuve un |ioste de cosaciues
(îooudausky, un nid dans lequel couvait une femelle Onloincta. A
mon approche, l'Oiseau s'envola. — Je pris donc place près de là
et j'attendis le retour des Oiseaux pour les joindre avec le nid à
ma collection, .l'étais à peine à mon poste d'observation que je vis,
à mon grand élonnemenl, un Enni'octonus coHurio mâle, tenant
dans le bec une sauterelle, s'approcher de l'arbuste et disparaître
dans l'épaisseur des branches. Ne trouvacl pas sa compagne dans
le nid, il monta sur le sommet de l'arbuste et, sans laisser tomber
l'insecte de son bec, il se mit à crier avec inquiétude; bientôt la
femelle, qui se tenait sur un arbrisseau voisin, répondit à son
982 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRKS A l'ÉTAT SALVAGK
appel. Alors le mâle s'approcha d'elle et les deux conjoints se
mirent à décrire dans l'air, tout autour de moi, de larges cercles.
Ce que voyant, je m'éloignai pour calmer leur inquiétude visible.
Une heure après, ni'étant approclié de l'arbrisseau, je tuai la
femelle qui était une vraie 0. romanovi ; quelques minutes après,
le mâle, ayant eu l'imprudence de s'approcher, périt sous mon
coup de fusil. Il n'y avait plus de doute à conserver sur son
identité : c'était un E. callurio I — Le nid et les oeufs, que je
ramassai, ressemblent tout à fait à ceux de l'O. romanori. Le uid
était construit à la hauteur de 2 m. 1/2, et bien caché dans les
branches. On y remarque de nombreuses racines longues, souples
et tortueuses, dont il se compose principalement. Les parois sont
formées de deux couches. La couche extérieure, outre les racines
mentionnées, contient encore beaucoup de petites branches, de
)ietiles herbes mêlées çà et là. de morceaux d'ouate et de laine
de Chameau ; la base contient beaucoup de feuilles sèches et
piquantes. La couche intérieure est de laine de Chameau, de
Clièvi-e ou de Moutou ; partout elle est percée par de petites
racines excessivement fines, et à la surface elle est couverte d'une
petite quantité de crin de Cheval avec quelques pistils plumeux
de stipe.
(( Les dimensions du nid, au boid duquel on remarque un
jjetil torchon entortillé dans ses parois (l), sont les suivantes :
Hauteur. y2"'>i
Profondeur iS"»™
Largeur LïO"™
Diamètre de l'ouverture li)'^'^
» Il y avait quatre œufs à peine couvés. Le fond principal de
la couleur de ces œufs est blanc rouge vif. Les taches (2) sont
condensées près des lignes médianes ou sont rassemblées sur ces
lignes et forment ainsi de très épaisses et larges ceintures: ces
ceintures sont surtout remarquables sur trois œufs. Comme forme,
les taches sont de petits points ronds ou de simples taches. Leur
couleur est rouge-foncé (pour la plupart), rouge-gris et vio!et-gris.
>i Voici les dimensions des œufs :
Longlu'lir Liii-geur
22i"ii3 ]7min4
2'2mm2 J ~ m m
(I) Le le.xle dit «dans ses murs ».
(â) Ou signes?
NOUVELLKS ADDITIONS 983
« Je ne iioiiriais [uis. pinirsuit noire ii;ur;iteur, indiquer des
caractères d'après lesquels od distinguerait ces œufs des œufs de
l'A', rolliirio et de l'o. romanoti ; ils ressemblent tout à fait aux
types préiloniinauts de la couleur de l'œuf de \'0. romanom
et en même temps ils ne ditïèrent pas de quelques-uns de ceux
qu'on trouve parfois chez les représenlanls de l'A". coUnrio d'Oren-
bourg, de l'ultara et de Pscoll ».
Convus coRONK et Cor vus cornix
(Se rcpoiier pp. 3Ui et 815)
Quoique nous ne puissions considérer d'aucune manière les
intermédiaires entre ces deux types comme des hybrides ou même
comme des métis (car rorone n'est à nos yeux qu'un mélauismc de
cornix de cette dernière, ou si l'on aime mieux un albinisme incom-
plet de la pr(Miiière), nous ferons néanmoins connaître, pour l'intérêt
qu'il peut exciter, un nouvel exemplaire du mélange des deux
types: Cet intermédiaire a été annoncé daus le Zoologisl (1) par le
révérend H. A. Macpherson, de la manière suivante : « 11 y a
quelques années, dit le ri'vérend, j'ai mentionné dans mes Oiseaux
de Cuniherinnd deux spécimens empaillés qui combinaient les
caractères des deux types. Hécemmenl j'ai eu l'occasion d'acheter
un Oiseau di- ce genre, tué à Wastwater, par un homme appelé
Barnes. Cet Oiseau a la [)oilriMi' cendrée et le' collier de la
Corneille mantelée; mais le ventre et le dos tout entiers sont d'un
noir pur i>.
M. Macphei'son cite celle ("orneiile mélangée parce qu'il ne croit
pas qu'il en existe de semblable dans aucun musée public de sa
contrée Le a Natural Hislory Muséum at South Kensingtou »
contient cependant une série de formes de l'Est variées diversement;
cette série est due, on le sait, à .\1. Seebohn.
Au sujet de ces Corneilles à caractères mixtes, M. le pasteur
F R. Liuduer, d'Osterwick. veut bien nous écrire qu'il vient de
tuer, daus son jardin, un beau Corcus corone x roriu.T. 11 met
gracieusement cet exemplaiie à notre disposition, dans le cas où
nous désirerions l'étudiei-.
Nous avons rei;u de la part de M. de Selys Lougchamps la savante
brochure que celui-ci a, dans uu but |)ratique, écrite sur les
(1) N» dii i;i U-\. l.silli, pp. 7(i H 77.
084 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A L'ÉTAT SAUVAGE
(( Corbeaux au point de mie de l'ai/ricultiire et de lu si/kiriilture (1)».
Nous y lisons le passage suivant : (( Sur les limites géographiques
des deux formes où par exception la Corneille grise et la Corbine (2)
existent en même temps, surtout en Russie, dans iiuelijues parties
de l'Italie et des îles de la Méditeri-unée, elles s'accouplent souvent
ensemble et produisent des hybrides ou métis, paiticipant du
plumage des deux espèces, la coloration noire envahissant plus ou
moins le gris cendré ». — M. de Selys Longchamps fait savoir qu'il
a sous les yeux un sujet chez lequel le gris n'existe que sur le
milieu du ventre, où il est même flammé de noirâtre. Chez un
autre, il y a aussi du gris à flammèches noires entre la nuque et le
haut du dos. Chez tous deux le reste du dos et les couvertures de
la queue tant en dessus qu'en dessous sont noires. Ces exemplaires
sont de la Ligurie. — L'éminent académicien remarque inci-
demment que le Musée de l'Etat à Bruxelles possède un exemplaire
mélangé indiqué comme provenant des environs de Bruxelles.
H observe aussi (ju'il n'a jamais, en Belgique, aperçu aucun de
ces métis. Enfin, il ct)nstate. avec beaucou|) de raison, que les
anatomistes ne sont pas parvenus à trouver ciiez les deux types
purs un caractère spécifique distinct.
Paradisea apoda X Paradisea raggianna
(Se i-eportei' pp. 41.3 el 818)
On se rappelle que nous avons mis en suspicion les formes
fusionnées décrites comme hybiides par .M.M. d'.\lbertis et Salvador].
Nous sommes de plus en plus enclin à penser, vu cette fusion
inliine qui s'accomplit chez eux, que ce ne sont point des hybrides.
Un fait nous confirme dans cette manière de voir; le cap. Butler
tua, parait il, deux hybrides venant d'un couple domestique, par
conséquent authentique, dont les caractères n'étaient poiut la
fusion, mais tout au contraire la juxtaposition. Ainsi, l'un avait
la tête d'une espèce, l'autre le corps de cette es|)èce (;}).
D'où nous concluons, comme nous en avons fait la remarque
en débutant, que chaque fois qu'une forme reparaît insensiblement
dans nue antre, c'est une gradation climalérique, nullement une
hybridation. Les conséquences de cette théorie, si elle se confirme
varie, n'échapperont à aucun ornithologiste.
(1) In Bulletin de la Snciélé centrale loreatière de Belgique. Bruxelles, 18^.
(2) Le C. corone.
Ç.i) Nos notes ne disent pas tontefois de quelles espères provenaient les deux
hybrides obtenus p;ir .M. Butler. Nous serions très surpris d'apprendre que le couple
iippirteniiH au j^enre Paradisea.
NOUVELLES ADDITIONS 985
Paradisea baggiana et I'aradisea august.e victori.e
(Se i-e|ioi-ler p 810) (1)
Nous avons eu l'occusioii tie ciler, d'après le « Hcporl on. ornilho-
loijical spécimens, collected in brilish Neic-Gninea », trois exemplaires
décrits comme lionnes espèces par M. de \'is, ipioi(|iie présentant
des caractères intermédiaires entre le /'. nir/uiana cl le /'. augnslu'
victorin'. L'Ibis (2) (ait iiiainlenanl mention de ces Oiseaux.
COLAI'TES AURATUS X CoLAl'ÏES CAFER
(Se reporter pp. ii'J cl S'ill;
.Nous croyons utile de traduire liltéralement un passade du
mémoire de M. Allen (3), dont nous avions seulement présenté
(pp. 8'i3-8V4) l'analyse d'après M. Batclielder (4). .M. Allen y établit
de quelle manière les caractères des deux types se combinent dans
le produit hybride. «Les intermédiaires, on les liybridiis, présentent
des combinaisons (pii tiennent des deux Oiseaux, mais varient sans
cesse : cela dejjiiis les individus de ('. anratiis jirésentant seulement
des traces très allaiblies du ('. enfer, ou inversement, jusqu'à des
Oiseaux chez lesquels les caractères des deux types sont mélangés
dans des proportions à peu près égales. C'est ainsi ([ue l'on voit
des r. auratiis ne possédant que qnehpies plumes rouges sur la
joue, ou avec les grosses plumes légcreinent orangées ; ou bien des
C. cafer avec quel(|ues plumes noires sur les joues, ou avec
quelques plumes ronges à la uuque. ou avec un croissant écarlate à
peine visible. — Lorsque le mélange des caractères est le plus
fortement accusé, les grosses plumes peuvent être d'un jaune
orange ou d'un rouge orange, ou d'une nuance (pielconque entre
le jaune et le rouge, avec les autres traits des deux Oiseaux
également mélangés. Mais de tels spécimens forment l'exception ;
le mélange non symétri(|ue (.*)) est la règle gém-rale. Les grosses
plumes de 1 1 (|ueue, par exemple, peuvent étre-en pirtie rouges
chez dilléreiits individus, et très souvent aux côtés opposés de la
(Il l'ai' erreur lypo^'raphiq)ic. noire tilre est mal iiiilii|U(J ;'i celle page; il est
iiiiisi libellé : /'. raggidnil ol /' iiiertinclia. Il faut lire : P. itiijgiana et P.
auijuslie Victoria'.
(2) N» d'avril 18 'o, p. 2*1.
(Pi) The nnrlh ainetican fprrifs iif tlic geiius Cvlaples. considered witli spécial
re l'ère lice. qU- (Huit. auur. Mus., IV, S iiiirs 18J2).
(4) Analyse laite ilans l'Auk, ii IX, année I8!)2. p. 177-179.
(li) C'està-Jire les diux cAlés dissemblables.
986 OISEAUX HYBRIDES HENCONTKÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
queue chez le même Oiseau. La même irrégularité se présente
aussi, mais apparemment avec moins de fréciuence, flans les
plumes fies ailes. Dans ce cas, les plumes peuvent la plupart être
jaunes, mélangées de quelques plumes rouges ou orange, ou encore
rouges avec un mélange semhlalde de jaune. Un Oiseau peut enfin
avoir la coloration générale du véritable cafer, combinée avec un
croissant de la nuque bien développé, ou la coloraiion presque pure
auratus. avec les raies rouges du cafer. Quelquefois, le plumage du
corps est celui du C. auratus avec la tête presque semblable au pur
cafer ; l'inverse se présente. On peut rencontrer le plumage général
comme chez le cafer, avec la gorge et la couronne comme chez
Vauratus, et la raie de la joue peut être ou rouge ou noite, ou
encore mélangée de rouge et de noir, et ainsi de suite dans des
variations presque sans lin. Il est rare de trouver, même chez des
Oiseaux d'un même nid, deux individus qui se ressemblent entiè-
rement dans leurs caractères de coloration. D'ordinaire, la première
trace du cafer. qu'on remarque chez Vauratus. se manifeste par un
mélange de rouge dans la moustache noire, en laissant paraître
quelques plumes rouges, ou quelques plumes mélangées déplumes
noires et de rouges, ou bien la portion de la base des plumes est
seulement rouge. En d'autres occasions, il y a mélange de plumes
oranges ou rougeàtres, pendant que la moustache reste normale.
Chez le C. cafer. les traces de Vauratus se manifestent d'ordinaire
par une tendance vers un commencement du croissant de la nuque,
souvent représenté par quelques plumes teintes de rouge à l'extré-
mité des côtés de la nuque ; quelquefois aussi il est représenté par
un léger mélange de noir dans la raie rouge des joues ».
Le capitaine Platte M. Thorne, qui a remis vingt-cinq peaux à
M. .\llen, a été informé par celui ci (1) que cette série est d'un
grand intérêt, ses Oiseaux provenant tous de localités dans
lesquelles le C. auratus et le C. cafer se rencontrent et se croisent
(probablement).
«Il n'existe pas parmi tous ceux-ci un spécimen qui soit complète-
ment cafer, quoique quelques individus se rapprochent de très
près de cette forme. La plupart des individus sont plus cafer
qu'auratus. Chez quelques-uns, les caractères des deux espèces
sont représentés dans des proportions égales. Chez un ou deux
spécimens les caractères à'anratun prévalent. On ne voit donc point
deux individus entièrement semblables. Ces combinaisons de
caractères sont très intéressantes ».
(I) Voy. l'Auli Jiily 18'.6, p. 213.
NOUVELLES ADDITIONS , 987
DrYOBATES POBESCENS MERIDIONALIS et DrYOBATES I'UBESCENS
M. Harry C. Oberliolser, après avoir constaté (I) « que la compa-
raison (l'une série de Dri/oliates piihcsrens d'Aliisi<a, avec une série
de spérinieiis provenant de la Floride, révèle entre eux une
difïéreuce marquée h ; après s'être encore étendu sur d'autres
considérations, reinan|ue (2j (|ue les Oiseaux de la Caroline du
Nord, du Tennessee, du territoii-e indien, de l'Illinois méridional et
de la N'irj^inie méridionale extrême, semblent être des intermé-
diaires entre le I). iniliescens meridiunalis et le vrai /). pnhescens.
Ces Oiseaux sont ils de simples intermédiaires ou des métis?
Nous ne saurions le dire. — M. Harry C. Oberliolser fait aussi des
remarques sur les ressemblances entre le I). puhesceiis et le [).
pubescens np/so/u. deuxième variété qu'il place, comme la première,
au rang de subspecies.
(I) ProceelliiiKS of thc United SUtes National Muséum, vol. XVill, n° 1080, p. u47.
nestripliun uf iwu iieir subspecies of llie doiciiy WoodpecUer, Dryoliales
jiubcscens (Liiinœus).
(*) P. iitS.
988 * OISliAUX HYBRIDIiS UliNCONTRÉS A LETAT SAUVAGE
ORDRE DES ACCIPITRES
Faniillc des Falconidés
CiRCUS CVANEUS (1) et CiRCUS ,ERL'GINOSUS (2)
A titre île curiosité, nous ferons remarquer qu"un jeuue G. ieruiji-
nosns, déterminé par un bon ornithologiste comme un hybride de
cette espèce avec le C. ci/ancus, a été reconnu par M. le prof.
Giacento Martorelli, de Milan (auquel nous avons adressé la pièce),
comme un vieux mâle Circus fervijinosus chez lequel apparaît la
couleur grise dominante des CircDuv. Cette phase de plumage
n'était point sans doute connue de l'ornithologiste auquel nous
faisons allusion. — Nous mentionnons cette erreur pour prémunir
certains naturalistes contre la séduction de faire intervenir
l'hybridité là où il n'y a souvent qu'anomalie, variation, ou encore
phase peu connue de |iluniage.
L'hybridité chez les Oiseau.x de proie, comme nous le fait remar-
quer avec beaucoup de raison M. Martorelli, est beaucoup plus
ditficile à constater que dans les autres ordres d'Oiseaux. (( soit à
cause des conditions spéciales dans lesquelles Tappariage a lieu,
soit surtout, et plus encore, à cause de la mue qui se prolonge
longtemps, et enfin des très grandes variations d'âge et indivi-
duelles ».
Nous ne pouvons nous associer à une pensée de l'éminent orniliio-
logiste, dout celui-ci veut bien nous faire part dans sa communica-
tion : à savoir que si l'hybridation est une rare exception entre
espèces éloignées, «elle est un fait constant chez les espèces voisines,
et même la seule forme d'hybridation qui ait trait à la formation
graduelle des espèces ».
(1) Synonymie : l'iilcu cijuneiis el l'ui/argus, talco bolieiiiicii.i, albicuns,
griseits cl inunlaniis, Circus galljn<irius, Accipiter variabitis, t'alco strigiceps,
cit.
(2) Autres noms scienUliques : Falco xruginosus, Circus paluflruis el rufus,
Idicd ruius, I alcii (iruiuliiiftceus, cW.
nouvkli.es additions !t8'.)
Mais peut-t'lre le s;iv:ml professeur u'enteiid-il parler que du
mélange probable et [r.Miiiciil des races et des variétés quand
celles ci se reiicoiitri'iit.
Constatons cpie .M. Marlori'lli, (|ui a (■iril un ouvraj^e bien étudié
sur les Oiseau.r de proie d'Italie, ne se lappelle point, y avoir cité
aucun cas d'hybridite !
Les Additions (|ue nous venons d'écrire, ([uoique remplies
d'observations sur les bybridcs, en fout coiiuaitre peu de nouveaux.
Parmi ceux (|ni a|>parli('nueut à fies croisements déjà énumérés
dans nos précédentes publications, nous relevons tout au plus
trente à trente-cinq iiybrides sauvai;cs plus ou moins autbentiques.
Mais ces Ailditions nous donnent, grâce à un écrivain,
M. Zaroudnoï, des indications très iutéressuiites sur deux appa-
riages constatés de visu entre espèces distinctes de l'ordre des
Passereaux. Quelques croiseunnits, non iMicore indiqués dans
l'ordre ties (ialliuacés et dans l'ordre des Ecliassiers, y sont aussi
mentionnés.
Voici, d'ailleurs, le résumé des croisements et des hybrides que
nous y citons :
Tetrao TKTHix X Tethao iJROiiALMs, plus tle liuit exemplaires.
Tkthao ukogallus X Lagopus Ai.Hiis, quatre exemplaires.
'Pktkao tktiux X BoNASA BETUi.iiNA, uu exemplaire.
l.AGoi'Us ALUus X Lagopus scoticus, cinq exemplaires.
ÏKTiiAO TETiiix X Lagopus ALBUS, ciuq exemi)laires ( I ).
Phasia.nus vilgahis X l'u. itEKVEsi, deux exemplaires (semi-
liberté).
I'hasia.nls vulgauis X I'h. Wallichu, un ou plusieurs exem
plaires (semi-liberté). Celle hybridalioii et les deux suicantes n'ont
pus encore été citées.
l'HASiANus vuLGARis X liuPLOCAMUs, uu OU plusieufs exemplaires
(semi-liberté).
Phasianus VULGARIS X Th. amheiisti k, un ou plusieurs exem-
plaires (semi-liberté).
(1) L'aullieiiliuilé de trois de ces liyhndes n'usl pas i-tahlic.
!>90 OISEAUX HYBRIDES RENCONTRÉS A l'ÉTAT SAUVAGE
Tetrao tetrix X Ph. vulgaris, quatre exemplaires.
Ph. vulgaris X Canace obscura, trois exemplaires. {Cette hybri-
dation ri a pas encore été décrite).
Anas boschasx Querquedula crecca, un exemplaire.
Anas boschasx a. moschata, un exemplaire (semi-liberté).
Challelasmus streperus x Mareca PENELOPE, dcux exemplaires.
ToTANUs (iLOTTis X T. GLAREOLA. (Cet (ififidriage Cl les trois suivants
n'avaient pas encore été cités).
ToTANUS GLAREOLA X ACTITIS HYPOLEUCOS.
TOTANUS GLAREOLA X iMaCHETES PUGNAX.
TOTANUS FUSCUS X MaCHETES PUGNAX.
Fringilla cœlebs X F.MONTiFRi.NGiLLA, uu exemplaire.
EuspizA LUTEOLA X Passér iNDicus. (Cet appuriage et le suivant
n'ont pas encore été décrits).
Enneoctonos collurio x 0. romanovi.
Il y a lieu de faire figurer ces nouveaux hybrides et les croise-
ments, non encore cités, au tableau récapitulatif, dressé pp. 856
et suivantes.
Ce qui est essentiel à constater, dans ces Nouvelles additions :
c'est qu'elles n'apportent pas de inodiflcalions aux conclusions
prises précédemment.
TABLE
DES
M ATI ÈRES
Pngos
INTKODUCÏlON m
Ex|ilicatioiis prèliininaires; fiLMiéralités m
Pourquoi le litre donné à l'ouvrage? Haisons alléguées par lauleur ... vi
Importance (le l'éliule (le riiybriJité; cette élude délaissée xxi
L'hybridation naturelle. Ilisl()rl(|ue de la (|UPstion ; vues des naturalistes:
anti(|nilé et temps niodernos .xxvii
De quelle nature doivent être les espèces pour se croiser avec fruit? Opi-
nions diverses; lois physiologiques xxxvi
Pails d liyhridilé provoquée; résultais obtenus. Kerlililé ou stérilité des
hybrides xi.nr
Critérium de l'Espèce basé sur les pliénoniènes de reproduction; examen
critique. Didérence entre l'Espèce et la Hace établie sur la génération ;
races créées par croisement i.xiv
Caractères des hybrides et des métis; comparaison cnlre les uns et les
autres. Autres phénomènes propres aux hybrides cm
Lislo (les Miisc-es publics et des CoIltM^tioiis particulières dont
les (liretîleui's ou les proprictiiii-es ont envoyé A l'auteur
des hybrides en coniniunicution cxxi
Liste des Personnes avec ]es(|uellos l'auteur a correspondu
cl qui sont citt-es dans cet Ouvraiie cxxxv
Avertissement ci.ii
PREMIERE PARTIE
Les Gallinacés 3
Pr.RDiaxÉs . . .- ;»
Francolinus vulgaris et Fr. pleins 5
Callipepla gambell et Colinus californicus 6
Perdix cinera et Perdix saxatilis. 6
Perdix cinerca et Perdix rubra 7
Perdix saxatilis et Perdix rubra 8
Perdix montana 9
992 TAnLE DES MATIÈRES
TÉTRAONIDÉS 10
Teliao teliix et Tetrao urogallus 10
Lagoiuis scolicus et Lagopus imilus ii-i
Lagopiis alhus et Lagopus iiiutus. . . ^ . . ., 35
Tetrao tetrix et Lagopus inulus .56
Tetrao tetrix et Bonasa betuliiia . 56
Lagopus iiiulus et Bonasa Lietnlina 59
Lagopus alhus et Bonasa retulina 59
Tetrao tetrix et Lagopus scoticus 62
Tetrao tetrix et Lagopus albus 67
PHASfANIDÉS 80
Gallus Sonnerati el Gallus bankiva. 80
Gallus Temminclii 80
Euplooamus lineatus et Euplocanius melanotus. 81
Pliasianns vulgaris et Phasinnus Reevesi 83
Piiasiamis versicolor et Pliasianus SœmmeriDgi 84
VARIÉTlis 84
E^TRB DEUX Genres 8S
Euplocanius nycthemerus et Pliasianus vulgaris 8b
Thaumalca picta et Phasianus vulgaris. . 86
Pliasianus vulgaris et Tetrao tetrix ..... 87
Pliasianus vulgaris et Lagopus 99
Entre EspfxF.s sauvages et EspilCes domestiquks 99
Gallus Sonnerati et Gallus doniesticus 100
Gallus Lafayettei et Gallus domesticus 100
Hybride de T. tetrix X T. urogallus et Gallus domeslicus . ... 101
Lagopus albus et Gallus domeslicus lUl
Gallus domeslicus et Perdrix ciucrea 101
Pliasianus (vulgaris?) et Gallo-Pavo (var. f/owes!ici(S) 102
Phasianus vulgaris et Gallus doniesticus 104
Remarque sur les Colombes 103
DEUXIÈME PARTIE
Les Palmipèdes ... 109
Anatidés 112
Anas penclope et (Juerquedula crecca ilî!
Dafila acuta et Anas penelope 113
Anas boschas et Anas acuta 117
Anas boschas et Querquedula crecca 1-7
Anas boschas et Chaulelasmus sircperus ^4
Dafila acuta et Querquedula crecca l'-ii
Anas boschas et Anas obscura 137
Anas boschas et Anas penelope 138
Spatula clypeata et Dafia (acuta?) . liiO
TABLE DES MATIÈRES 993
Diifila acutii et Anas streperoa 140
Ciiii'ina mosfliala el Anas dypcala 141
.Anas sticporpa et Anas clypeata 141
.\nas hosihas cl .\nas clypeata I'i2
Cairina moschala et .Vnas boschas UG
ïadorna vDlpanspr el Anas lioschas 152
Kullftula [erina el K»li};ula nyroca. 1,')2
Kuli^'ula nyroca el Kiiligiila crislata Kil
Kuligula aflinis ou (Kiili|.'ula collaris?) el Fiiligula valismeria (ou
Fuligula americana ?) 161
Fulisula ciislala et Kuligula ferina. 162
Fuligula crislata el Kuligula marila 163
Fuligula clangula el Fuligula marila. 163
Somaleria mollissiuia et SoMialeria speclabilis (?) 164
Entre deu.k Gknuks. . 16b
Kuligula ferina el Anas crccca (ou Anas boschas?) 165
Clangula glaurion et Mergus albellus 165
Clangula americana et Mergus cu( ullatus 169
Clangula glaucidn et iMergus uiorganser 170
Laridks 170
Sterna paradisea el slerna liirundo 170
Les Écliassiers 171
Ghuiuks 171
Ardea cinera et Ardea purpurea 171
Cdaradridés 172
llaematopus unicolor cliheniatopus longirostris ... 172
RE.MARgui: 172
TROISIÈME P.VUÏIE
Les Passereaux . . 179
Fringillidks . 198
Ligurinus chloris et Cannablna linola 198
l.igurinus chloris el Carduelis elegans 210
Chrysoniilris splnus el Acanlhis (espèce non diîteriniaée) 218
Carduelis major el Carduelis caniceps 223
Carduelis elegans et Cannabina limita 228
Chrysoniilris spiuus el Cirduelis elegans 233
Carduelis ilcgans el Fringilla canaria 2:38
Kriugilla canaria el Cannaliiua linola 239
Lo.xia oryzivora el Fringilla (espèce non déterminée) 239
Kmberiza brasiliensis el Passer domesllcus 240
Scrinus hortulanus el Cirduelis elegans . . 241
Serinus hnriulanus el Linola cannabina. 242
994 TABLE DES MATIÈRES
Chrysoniitris spinus et Liguiinus chloris 243
Acanthis linaria et Spinus pinus 246
Acanthis linaria et Acanthis exilipes 247
Fringilla eœlebs et Fringilla niontitiingilla 248
Fiingilla cœlebs et Fringllla spodiogena 266
Pinicola enucleator et Carpodacus purpureus . 267
Emberiza citrinella et Cynchramus sehœniclus 268
F.mberiza citrinella et Emlteriza pithyornus . 269
Emberiza citrinella et Embeiiza ciilus 271
Junco biemalis et Zonoiriebia albicollis 272
Zonoti-ichia leiicophrys, Zonoirichia (iambeli el Zonoiriebia Gambeli
intermedia 273
Spizella pallida et Spizella pallida var. Breweri 274
Passer domeslicus et Passer monlanus 275
Passer montanns et Passer Italiœ 278
Passer domeslicus et Passer !tali;e 279
Passer Italiie et Passer salicicola 280
Lo.xia eurvirostra et [.o.\ia bilasciata 282
Loxia eurvirostra et Loxia pityopsiltacus. 283
Emberisa brasiliensis et Passer doniesticus. . 284
Entre deux Genres 284
Ligurinus chloris et Passer Italbe 283
Friagilla cœlebs et Passer doiuesticus 286
Cbrysomitris spinus et Pyrrhula vulgaris 287
MosacAPiDÉs . . 288
Rbipuduia llabellilera et Rhipudura fuliginosa . 288
HiRUNDINIDÉS 291
Hirundo erytbrogaster var. liorreorum et pelrochelidon lunifrons . 291
Hirundo erytbrogaster et Petrocbelidon Swainsoni , . 292
Hirundo urbica et Hirundo rustica 293
Paridés. 300
Parus atricapillus et Parus Gambelli 300
Parus ricolor et Parus atricapillus. . 301
Parus cœruleus et Pu'cile conimunis 301
Parus cyanus et Piecile borealis 303
Parus cristatus et Parus borealis 303
Cyanistes cyanus et Cyanisles cœruleus ;W4
Cyanistes cyanus et Cyanistes Plesliei 30b
Cyanistes cœruleus et Cyanisles Pleskei 311
Cyanus llavipeeteus et Cyanisles cyanus var. Tian-Sclianicus . . . 311
Cyanistes cyanus et Pœcile longicaudus 313
Acredula caudata el Acrednla Irbyi 314
Acredula rosea et Acredula Irbyi 31o
MOTACILLIDÉS 316
Molacilla alba el Molacilla lugubris 316
Budytes flava et Budytes melanocephala 317
TABI.K DKS MATIÈRES 995
Hudytes llava et liudyli's campestris 1)18
Budytcs flava cl liuclylos borealis 318
TuiioiDi:s 319
ilelinintliopliila piiius et Helmintlioplilla clirysoptera . 319
ilelininthopliila piiiiis et Opiirornis [oriiiosa 34o
Dendrœca striata et l'erisso^lossa tif^rinu 347
Cyanecula Wolfi el Cyanocula leiioocyaiica 349
Cyanecula suecica et Cyaiiecula lencocyanca 349
Cyanecula Wollii et C.yanecula Siiecica. 349
Philomela luscinia et Pliilomeiia major :J51
Petrocinola saxatilis et l'etiocincla cyanoa 3^)2
Tordus rulicollis et Turdus atrij^ularis 354
Turdus (useatus et Turdus Nauiuauni !J63
Turdus mcrula <;t Turdus inusicus 363
Turdus nierula et Turdus loniualus 373
Turdus merula et Turdus viscivorus 373
Ke^ulus satrapa et Ue^-ulus calendula 373
Ciuclus cashniiriensis et Cinclus Uucogasler 376
Cinclus cashmiriensis et (^inclus sonlidus 377
Copsycbus saularis, var. uiusicus el Copsycluis saularis, var. amienus. 377
Lamioés 378
l.anius rutus el Lanius collurio 378
Lanius excubitor et Lanius major 381
Lanius excubitor et Lanius leucoptcrus 389
Lanius excubitor et Lanius borealis 389
<IARULLMIÉS 391
Cyanocorax cyanomelas et Cyaiiocorax cyanopogon (ou Cyauocorax
cayanus) 391
Garrulus glandarius et (iarrulus Uryiiiiki 392
CoHviuKs 393
Corvus corax et Corvus corone 393
(lorvus corrone et Corvus coruix 394
Corvus frugilecus et Corvus coruix 407
Corvus corone et Corvus [ru^ilegus ..... 407
Corvus neglectus el Corvus dauruns 408
('orvus cornix el Corvus onentalis 410
Cf.bthiuks 411
Sitla europea et Silta caesia 411
Melliphagiés 412
Jora typliia et Jora zeylaiiica 412
Paraiiisks 'il3
Paradisea apoda el Paradisea raggiana 413
SCËNOPIIOLS 421
Sericulus rbrysocepbalus et Pldurliyncus holosericeus 421
996 TABLE DES MATIÈRES
CORACIADIDÉS • 426
Coracias indiia et Coracias aflinis 426
Coracias garrula et Coracias indica 428
PiciDÉs . . ■ 429
Colaptes auratus et Colaples mexicanus 429
Colaples chrysoïdes et Colaples mexicanus 43&
Dryobates Nuttalli et Drjobales pubescens Gaii'dncri 437
Entre deux Familles • . 438
Saxicola riibricola et Cardiielis elegans 438
Conclusion de la troisième partie 441
QUATRIÈME PARTIE
Les Oiseaux de Proie. 453
Falconidés , ■ 435
Aqiiila fulva et Aquila chrysaëtos 455
A(|uila nobilis et Aquila daphnea 438
Aquila pennata et Aquila uiinula . 460
Falco tinnunculus et Falco lithofalco 461
Falco Eleononc et Falcu arcndicus . 463
Falco Feldeggi et Falco lanyplerus. 464
Falco Holbielli (ou F. islandicus) et H. candicaus . 464
Buleo vuli^aris et Buteo vulpinus 466
Buteo aviporus et Buteo vulgaris . 466
Buteo vulgaris et Archibuteo logopus ? 467
Cii'caëtus gallicus et Cireat'tus hypoleucos . 468
Astur nisus et Astui- brevipe^ 469
Astur asiicapillus et Falco Coopeii 470
Les Perroquets 471
Plalycercus eximeus et Platycercus Pennantii 471
Aprosuiidus scapulatus et Platycercus Pennantii 471
CINQUIÈME PARTIE
ADDITIONS, CORRECTIONS ET EXAMENS D'APRÈS NATURE
Avant-propos 473-
Ordre des gallinacés 478
Francolinus vulgaris et Francolinus piclus 478
Callipepla Gambeli et Colinus Californicus 481
Callipepla squamata et Colinus virgianus. . .' 484
Perdrix cinerea et Perdrix saxalilis 485
Perdix cinerea et Perdix rubra 487
Perdix rubra et Perdix saxalilis 491
Tetrao letrix et Telrao urogallus 500
Tetrao albus et Tetrao urogallus 545.
TAULF. DKS MATIÈRES 997
Lagopus scoticus el I.af,'i>piis iiiuliis, Lagopus albiis et Lagopus mutus. VA9
La^opus scolifus et Lagopiis mutus Ijol
La};opus albiis el l.iigopus mnlus lii>2
Tetrao tetrix et Uigopus mutus 352
Teirao tetrix el Bnnasii belulina .')o4
Lagopus niulus et Bonasa betulinu 'Mm
Lagopus albus et Boiiasa lietulina 537
Teirao tetrix et Lagopus scolicus 560
l.agopus albus el Teiran lelrix 571
Kuplocauuis liorsfielili et !•;. liueatus, cl Euplocamus albocrUtatus
et E. inelanolus. o9o
Phasianus vulgarus el l'Iiasianus reevesi 600
l'hasianus vei'sicoli>r et Phnsianus ScL'iumeringi ......... (i04
Phasianus toiqualus el Phasianus versicolor tiOo
Phasianus mongolicus et Phasianus semilonpiatus (506
Phasianus colehicus et Phasianus torquatus tiOô
Phasianus (iccoUatus el Phasi.inus collaris ()07
Phasianus mongolicus et Phasianus dirysomelas t)07
Phasianus versicolor el Phasianus colehicus 608
Pliasianus torquatus et Pli. mongolicus 609
PliasiHuus scintillans, Pli;isianus Siemmeringi . 610
Crossoplilon thibclhamim it Crossoplilon aiirilum 611 .
Pihielope jacucaca el Pt^tieliippe pileata 612
Phasianus vulgaris, Tehao lelrix 612
Phasianus coUliicus, Teirao urogalliis 621
Lagopus saliceli et Penlix cinerea 622
Gallus (lomesticus el Pnasi.inus viilgari-^ 622
OitDRK DES Colombes (125
Columba œnas, Columlia alliuis 625
Coluniba livia, Coluiiiha piiluuibus. r>26
Turlur risorius, Turlur auriliis 626
Columba livia, Turlur risorius 627
Columba livia, Poliimbiina (iisca 628
Trerou plnenicoplera. Treruu clilorigasier Ii28
Columba interniedia. Columba livia dom 629
Ordhe des Palmu'kuks luU)
Anas penelope et Anas erecca (ViO
Dafîla acuta, Anas penelope 6;i'}
Anas boschas et Dalila acuta 6:i8
Anas boschas et Quen|uedula erecca 6.';6
Anas boschas et Cliaulelasmus sireperus 664
Dalila acuta et Querqueilula erecca 680
Anas boschas el Anas obseura. r>82
Anas boschas et Anas peneloppe 686
Anas boschas et Anas americana. . ' 6'JO
Spatula cljpeata et Uafila acuta? 692
DaGla acuta et Anas streperea 6!!.')
Cairina moschata et Anas clypeata 696
998 TABLE DES MATIÈRES
Anas streperea et Anas clypcata 696
Anas boschas et Anas clypeata 697
Cairina mostliata et Anas bosclias 699
Cairina moschala et Anas hoschas (on Anas ohscura?) 704
Anas penelope et Anas stiepera 706
Mareca penelope et Querqiiedula ciicia 707
Quer(|uedula ciicia et Querquedula crecca 708
Anas discors et Sfiatuta clypeata 708
Anas discors et Anas cyanopteia 708
Anas strepera et Anas ameiicana 70y
Hynieolaemus malacorliynclius et Anas superciliosa? (ou ce dernier
avec l'Anas bosclias do»i) 710
Anas pœciloi'bynclia et Anas boschas 711
Fuligiila terina et Fuligula nyroca 711
Fuligula nyroca et Fuligida cristata 722
Aythia valisneria et Aylliia cullaris lii
Fuligula (eriaa et Fuligula cristata 724
Fuligula crislala et Fuligula niarila? 726
Fuligula clangula et Fuligula mania. 726
Anas terina et ,\nas inarila 727
Fuligula terina el .\i.\ sponsa 728
Fuligula ferina et Uafila acuta 728
Clangula glaucion et Mergus albellus. . 729
Mergus merganser et Clangula glaucion 738
Anser albilrons gambeli et Branla canadensis 738
Anser cinereus et Anser segetum 738
Anser albifrons et Bernicla brenta 739
Anser cinereus et Anser brancliyrhinchus 739
Pbalacrorax africanus et l'halacrorax pygmaeus 741
Ordre dks Échassiers ... 742
Ardea cinerea et .\rdea purpurea 742
Hœmatopus unicolor et llœmalopus longirostris 743
Numenius tenuiroslris et Numenius arquatus . 743
Numeuius tenuiroslris et Numenius phoeopus 744
Gallinago major et Gallinago scopolopacinus 744
Limosa lapponica et Liinosa uropygialis 74.T
Gallinula chloropus et Fulica atra 746
Ordre des Passereaux 748
Ligurinus chloris et Cannabina linota 748
Ligurinus chloris et Carduelis elegans. 750
Clirysomitris spinus et Acanthis (espèce non déterminée) 755
Carduelis major et Carduelis caniceps 757
Carduelis elegans et Cannabina luiola 757
Chrysomitris spinus et Carduelis elegans 759
Carduelis ilegins et Fringilla canaria 760
Serinus hortulanus et Carduelis elegans 761
Fringilla cœlebs et Fringilla montifringilla 761
Finicola enucleator el Carpodacus purpureus. 768
Junco hieiualjs et Zonotricina albicollis 769
TABLli DES M.VriKnES 999
Passef (lomeslicus el Passer' moiiliniis 770
Euspi/;) lulcola pI l'iisscr indipus 775
Piriin;,'a riibra el Piranha erythromelas 775
Rliipiihira llalirllileia el Hliipidura fuliginosa 777
Ilirundn rustiea el iliiunilo uiliica 779
Cislothorus stellaris var. yriseus et Cislolliorus palustris var.
mariaiiip 784
Parus major et Parus ca'ruleus 784
Acredula caudala et Acrcdula iibyi 783
Acredula losea et Aercdula irhyi 785
llelmintliopliila pinns el llelniiiilhophila chrysoptera 786
Sylvaiiia niiliata el Sylvaiiia caiiadcnsis 792
Turdus rulieollis et Tuidus alrieiil.iris 792
'l'iii-dus fuscatiis et ïurdiis naumanni 792
Turdiis (usc-atiis et Tunliis riilicollis 792
Turdiis niei-iila el Tiirdus nuisions 795
Turilns niernla et Tnrdus lonjualiis 805
Hypolais lania el Acroeeplialns strepei-us 807
Ciiiilns casliniinensis el Cinelus leucofjasler el C. .sorilidns .... 809
Laiiius rufus et Lanius collniii) 810
Lanius colUirio et Olonieia romanovi 813
Lanius dichrourns el Oloniela karelini 814
Corviis corone et Corvus cornix 815
Creadioii carnnculalus et Crea<lioii cineivns 816
Quiscala lenens el Quiscala qniscala 817
Paradisea apoda et Païadisea r-igsiaÈia. 818
P.iradisea ragi^iana et Paradisea interniedii 840
Colaples auratus et Colaptes caler 840
Conclusion de la cinquième partie ou Conclusion générale . 885
T.\DI.I;.\U nÉC.M'lTl'I.ATIF INDIQUANT I.KS HYRRMJATinNS IlONT ON SEST
OCCll'i; DANS CET OUVRAGE 856
Suite de la Conclusion de i, \ i.iNyLiÈME caiitie 868
ÏAsW alplialtélicuie dos AiiIcuin cités tlans ce voliiine, avec indi-
cation (II- leurs nuvrai.ies, de leurs mémoires, de leurs
articles; ainsi «luc des llevues. Journaux, Périodiques, dais
lesquels ces travaux ont été piililié.s 875
Revues et Ouvrages cités sans nom d'auteur 90:!
1000 TABLE DES MATIÈRES
SIXIEME PARTIE
NOUVELLES ADDITIONS . 007
Gallinacés 908
Perdix saxatilis et Perdix cincrea 908
Perdis rubra et Perdix cinerea 908
Perdix cinera et Cotiirnix colurnix 909
Tetrao tetrix et Tetrao urogallus. 910
Tetrao urogallus el Lagopus albus 928
Tetrao tetrix et Laf!;a|)u.s miilus 931
Tetrao tetrix et Bonasa Beliilina 931
Lagopus albiis et Bonasa Betuliiia 932
Telrao tetrix et Lagopus scoticus 932
Tetrao tetrix el Lago|)US albus 935
Pliasianus viilgaris et Phasiaiius reevesi ■ . . 939
Pliasianus vulgaris et Pli. wallirhii 940
Pbasiaiiiis vulgaris et Euplocamus 94i)
Pliasianus wallicliii et Euplocamus. . 940
Pbasianus vulgaris et Thaumalea amherslla' . 940
Tetrao tetrix et Pbasianus vulgaris 941
Pliasianus vulgaris et Tetrao urogallus 943
Pliasianus vulgaris et Canace obscura 94a
Gallus domesticus et Pliasianus vulgaris 940
Euplocamus nyclhemerus et (îallus domesticus 947
Palmipèdes 963
Dalila acuta et Anas bosclias 9y0
Anas boschas et Querquodula créera . 953
Anas boschas et .\nas streperus 956
Spatula clypeata et Dalila acuta 958
Anas boschas et Cairina inoschala 959
Chaulelasmus streperus et Maroca penelop(> 959
Anas boschas et Anas i)C3
.\nas tadorna et .\nas (?) 9lj3
4nser cinereus et Anser albifrons 904
ÉCHASSIERS 965
Totanus gloUis et Tolanus glareola. 9li7
Totanus glareola et Actitis hypoleucos 967
Totanus glareola et Machetes pugnax. .... 917
Totanus luscus et Macbetes pugnax . 968
Passereaux 969
Carduelis carduelis et Spinus tristis 969
Carduelis major et Carduelis caniceps. 970
FringiUa cœlebs et Kringilla niontifringilla 970
Emberiza citi'inella et Emberiza schœniclus 974
TAIII.IC DES MATIÈRES 1001
Ligurinus clitoris et Passer domesticus. 97o
Euspi/.a lulcola cl Passer indiens 97u
Ilelminlliopliila cliTysoiitora et llclnilnlliopliila pinus 978
Tunlus nu-nila cl Tiinlus iiuisicus. . 778
Iiluina rama el Calamolicrpe arriindiuacea 980
Eiinooclomis collnrio el OUiiiii'la roinaiiovi 981
Corvus corolle et Corvus cdrnix 983
Paradisca apoila cl Païadisca raggianna 98i
Paradisea raggiana et Paradisea aui;usl;c Victoria' 985
Colaples auratus el Colaptes cater 985
Dryohales pubesrens ineridioiialis cl Dryaoliales puliescens .... 987
Oiseaux de Phoik 988
Circus cyaneus et Ciicus aTuginosus 988
Conclusion des Nouvelles auditions 989
TABLE ABREGEE DES MATIERES
Introduction. Soniiiiaire m
Liste des Musées publics et des Collections particulières ayant remis
des Hybrides à l'auteur cxxi
Liste des personnes ayant adressé des communications au même. . . . cxxxv
Avertissement clii
Premièrr Partie : Les (jallinacés 3
Les Colombes 105
Deuxième Partie : Les Palmipèdes . 109
Les Écliassiers 171
Troisième Partie : Les Passereaux 179
Conclusion de la troisième partie 441
Quatrième Partie : Les Oiseaux de Pioie 453
Les Perroquets 471
Cinquième Partie : Additions, Corrections f t Examens d'après nalure .
Avant-Propos 473
Conclusion de la cinquième partie ou Conclusion générale 855
Tableau indiquant les hybridations citées S56
Suite de la Conclusion générale 868
Liste dos Auteurs cités, avec indication de leurs ouvrage? 875
Sixième Partie : Nouvelles Additions • 903
Table des matières 991
Lille. — Imprimerie Le Bigot frères, me Nicolas-Leblanc, 2j.