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Lee fait la defcription des Sardins d'Harlem dans la Saifon des Facintes. I!
parle des Juccès des différens Fleuriftes qui y cultivent des fleurs , €ÿ conclut que les
Amatcurs peuvent Je flater d'en avoir par-tout de pareils. Il cite fes recherches ur
le nom, l'ancienneté, € la patrie de la premiere acinte, ainfi que fur [a couleur,
qu’il croit étre originairement rouge. Il fait voir la différence de l'état a&tuel de la
Jacinte à ce qu'elle étoit du tems de Diofcorides, & rapporte quelques particularités
des acintes, affez frapantes pour mériter de n’être pas pal]ées fous filence.
| CRAN /PIVE CD)ÉR EN MEET.
I! paffe à l'examen de l'oignon qw'il prend au moment qu'on va le planter, il fait
conrcêtre les qualités qu'il doit avoir, ES domne Ja defcription intérieure & catérieure,
. détaillant € donnant les figures de fes principales parties, de [on fond, de fes tuni-
ques € de fes fannes.
CITEMPANIPNE NT TRIAR IT.
Il expo/e un Syfiéme nouveau fur les racines qu'il appelle vailJeaux excrétoires Jer-
“ans à décharger l'oignon de l'excédent de Jève qu'il a reçu de la terre, foutenant
‘ar raifonnement £ par nombre d'expériences que ce ne font pas des pompes afpiran-
tes par lefquelles la Jève pénctre dans l'oignon: 3l cite les objeËtions des Fleuriftes
d'Harlem contre ce Syflême, & ce qu'il leur a répondu. Il affure qu'un oignon
qu'on empêche de donner Ja fleur, périt , ES ne peut pas Je conferver pour l'année
Juivante.
Son Syftême des racires n'eft relatif qu'aux racines de Sacintes, l'Auteur n’en
inférant rien d'ailleurs, non plus que de ce qu'il dit des différentes parties des acin-
tes, CS lde l'ouvrage de la nature à leur égard, qu'il n'a Juivi que dans la acinte
feulement. I invite les Phyficiens & Botaniftes à comparer le travail de la nature
dans la Jacinte, à celui qu'elle fais dans d'autres Plantes, ES à tirer des conféquen-
ces qui puiffent convenir au Syftême général de la Nature.
GEAR UÉR ROSE TV.
Il décompofe les parties de l'oignon pour montrer comment il Je furme , comment il
s’entretient , © comment on peut s’'a{furer de Ja durée. Il diflingue les vignons à
fleurs doubles, de ceux à fleur fimple , & traite de la nature © de l'ufage des fannes
ou feuilles de la Jacinte.
A 2
IV SOPMAM ANT RER
CARRE AUOPT TA RUE V.
Il entre dans quelques détails fur les cayeux ou rejettons. qui multiplient les oignons
comme les rejettons multiplient les arbres. Il montre comment on peut déveloper les
cayeux € en tirer d'un oignon qui n’en donneroit peut-être pas fans ces fecours étran-
gers. cite les anciens &$ les nouveaux procédés des Fleurifles à cet égard, &
montre comment le nature agit dans le dévelopement des cayeux.
CAM SA PP AEUUT OR Æ VI.
Il cite les divers ufages des Fleuriftes, dans leur maniere de choifir la Jemence de
Jacinte; leur méthode de cultiver cette Jemence. Il en fait le tableau, du moment
où on la met en terre, jufqu'à celui où elle eft changée dans un oïgnon doué de tou-
tes les qualités qui le rendent parfait.
1! rapporte l'origine des Facintes doubles à Harlem , €ÿ le grand nombre de Ta-
cintes qu’on y défigne par des noms particuliers.
CH A PAIE RE VEÆL
Il entre dans un détail plus anatomique de la génération des Facintes, donne la
figure de toutes les parties qui y fervent, de l'emploi que la nature en fait, raifonne
Jur l'ame végétative, fur la formation des corps. Après avoir expoJé le Jentiment & les
opinions des plus fameux Botaniftes Jur la génération des plantes , il en vient aux Syf-
1êmes de quelques Philofophes & autres, dit Jon opinion Jur les délordres de la nature
dans la génération des Facintes , cite quelques expériences amufantes, qui fervent à
donner du poids à fon opinion; il rend Jenfibles les caufes de flérilité de certaines efpcces.
EE ALP TT RCE VITE
Iltraite de la maniere de cultiver les Facintes , de préparer & engrail]er la terre
dans laquelle on doit les planter ; fait une digreffion Jur le fol de la Hollande, & le
able qui le compofe, cite non Jeulement l'ufage des Flcurifles, mais même les Joins
particuliers dés plus fameux d'entr'eux, dans la culture de leurs Jacintes, dans la
maniere de les gouverner, lorfqw'ils les retirent de terre, ou lorfqu'ils les voyent atta-
quées de quelques maladies. Il fait untableau de leurs belles couches, des Joins qu'ils
prenrent de leurs fleurs, entre dans quelque détail Jur la beauté des Tacintes, en
compofe une Jacinte Vénus, en prenant, comme Apelles, les beautés répandues fur
pluficurs. Il fait connoître le defir qu'ont les Fleurifles d'Harlem de voir cultiver &
Jemer par-tout des Facintes, raconte le Juccès d'un Amateur en Hollande, & cite
L'expérience du célebre Müller de Londres dans l'article Hyacinthe de Jon Dittionnaire,
pour prouver aux Amateurs qu'ils pourront réuffir également dans tous les Pays.
D) MSC TNT S
ESRI RAI EPST RAD NS EIRE DRE RER
GRETA PET RE «TI
RECHERCHES SUR LES SACINTES.
$. I. | Jacinre eft de toutes les Fleurs celle qui préfente on
la plus agréable diverfité dans tous les genres; fa forme, fa tail-tes &
fe , fes couleurs & jufques À fon odeur varient autant que fes chez les
efpeces, dont on diftingue à Harlem près de deux mille par des
noms particuliers. Chaque année les multiplie, dévelope de nou-/°n.
velles fleurs, ou donne de nouvelles efpérances. Le fpectacie
en eft fi brillant dans les environs d'Harlem qu’un Amateur mé-
me eft trop ébloui du premier coup-d’œil, pour pouvoir jouir des
charmes finguliers de chaque efpece ou variété. On y voit des
arpens entiers couverts de Jacintes doubles & fimples, fans nul
intervalle que celui des fentiers néceflaires pour leur culture.
L'imagination ne fe forme qu’un tableau très-imparfait des
graces & de la variété de ce brillant émail ;. les efpeces les plus
rares & les plus belles font mifes à part, dans des places choi-
fies, & difpofées avec tant de fymétrie, de goût & de propre-
té, qu'on a peine à concevoir que la nature fe prête à l’art des
Fleuriftes au point de former des décorations aufli régulieres
que ces magnifiques defferts qui terminent les grands repas. On
peut dire des Fleuriftes d'Harlem, qu'ils afferviffent la nature,
& que l’art & une expérience raifonnée leur donnent le moyen
de l’élever au deflus d’elle-même: en effet les F'eurs qu'ils cul
tivent fe dévelopent tout autrement qu'ailleurs : la beauté des
tiges, la difpofition des fleurons, & l'éclat des couleurs furpañle
infiniment tout ce que peut atteindre l’induftrieufe activité des
Amateurs les plus entendus, qui ne plaignent cependant ni foins
À 3
On ne
peut rien
afurer
ur la
couleur
& la pa-
6 RE CHERCHES SUR LES
ni fraix, & ne manquent ni de talens ni d'expérience. Ils en ac-
cufent leur climat & leur fol, & regardent Harlem comme un
lieu privilégié de la nature. Si ces Amateurs connoifloient tou-
te l'émulation des Fleuriites d'Harlem, leur attention finguliere,
& non interrompue, leurs travaux aflidus, leurs expériences con-
tinuelles, leurs réflexions & leurs combinaifons, ils en conclur-
roient qu'avec autant de peines & d’attentions, ils pourroient
rendre la nature aufli foumife chez eux qu’à Harlem.
L'Ordre de cultivateurs fubalternes, établi dans le même lieu,
animé du même efprit, occupé du même defir de fe diftinguer
& de s'enrichir, poflédant les mêmes efpeces, jouiflant du mê-
me fol & du même climat, eft cependant diftingué , par des nuan-
ces très-fenfibles, de ces premiers Fleuriftes dont l’étude & l’ex-
périence ont fait des hommes fupérieurs en ce genre. Cette
comparaifon m'a convaincu que les fleurs font ce qu’on les fait,
& que la nature ne leur a donné que leurs moindres agrémens ;
ce n’eft que par la culture que la Jacinte acquiert & conferve fa
difpofition, fa taille, fon éclat, & fes couleurs. Les Amateurs
de divers pays, fuivant leurs talens, pourront être entr’eux
dans la relation, où font entr’eux auf, les différens cultivateurs
d'Harlem. ‘Ils ne doivent point défefpérer de conferver leurs
oignons, de remédier à plufeurs accidens qui les font périr, &
de les renouveller avec autant de profit que les Fleurifles dont je
parle. L’amour-propre, fatisfait du fuccès de leurs expériences,
leur fournira le germe de plaifirs toujours nouveaux, ils ne fe
les reprocheront plus, quand ils ne feront point en pure perte.
$. 2. La Jacinte appellée Orientale dont l’origine fe perd
dans l’obfcurité des fiecles, a depuis longtems épuifé les re-
cherches des Savans qui ne font nullement d’accord entre-eux,
uie de la & dont les opinions fe trouvent dans nombre d'Ouvrages de di-
premiere
Jacince,
vers genre. Ils font parvenus à nous faire douter fi Moyfe dans
JA CE ENCTRESE 0 C'HRAPOT > 2
l’Exode parle de la couleur de l’'Hyacinthe comme Fleur, ou com-
me Pierre-précieufe. Presque chaque Nation l’a prife dans un fens-
différent: ceux qui fuppriment le mot Pyzcinthe’, lui fubflituent,
dans leurs traductions, le nom d’une couleur; enforte qu’elle eft
défignée également fous le nom de la couleur bleue-célefte, pour-
pre, écarlate, rouge, jaune & plombée ou grife. Ces Savans ont
aufli misen queftion fi Diofcorides qui vivoit du tems de Vefpañen
ou à-peu-près (& que Pline a répété presque toujours) n’avoit point
en vue une Îris plutôt qu'une Jacinte qu’il appelle Æyacimrbos,
d’où fans doute eft venu le nom Latin où le François n'a changé
que la terminaifon. Voici ce qu'il en dit: ;, L’Hyacinthe a les:
» feuilles des plantes bulbeufes, & la tige dodrantale, (c’eft-à-
» dire de trois paulmes, pans ou empans de haut, on n’eit pas
» d'accord fur cette mefure non plus) foible, & plus mince que Le
» petit doigt, de couleur verte, dont le haut s'incline fous le poids
» d’une tête chargée de fleurs purpurefcentes. ” On a de même
differté fur cette couleur pourpre, de façon qu'il eft presqu’im-
poflible de fixer précifément fa nuance , & de décider fi elle
tenoit plus du rouge que du bleu, ou plus du bleu que du rouge:
enforte qu’on peut s’autorifer dans des opinions diverfes fur la
couleur de l’efpece vraie de la Jacinte, ou de la premiere connue.
L'opinion aflez générale eft qu’elle étoit bleue par le giand
nombre de Jacintes de cette couleur qu’on trouve naturellement
dans les bois de prefque toutes les parties de l’Europe où l'efpece
rouge fe voit moins fréquemment; néanmoins je crois cette der-
niere, l’efpece vraie, parce qu'il me femble que Diofcorides avec
toute l'antiquité l’a penfé de même: quoique la Fable paroifle une
autorité frivole, j'ai toujours cru qu’on y pouvoit trouver quelque
lumiere fur les notions & les fentimens de l'antiquité. La premiere
efpece de Jacinte devoit être rouge, à en juger par la double origi-
ne que les anciens lui donnoient ; les uns comme Ovide la faifoient
8 REICHERCHES SURULES
fortir du fang du jeune Hyacinthe, tué malheureufement par
Apollon d'un coup de palet; d’autres comme Pline & Paufa-
nias &c. difoient qu’elle étoit une métamorphofe du fang d’A-
jax, tué près de Salamine. Ruellius dans fon Livre de watura
firpium édit. de Bâle 1537. page.606, à l'Art. Hiacinthus, expofe
aflez clairement les queitions que ces Savans ont débattues.
Quelle que foit la premiere patrie & la premiere couleur de
la Jacinte, il eft certain qu'il faut toute l'induftrie des Fleuriftes
d'Harlem pour y faire réuflir certaines efpeces qui n’ont point
d'autre origine que leurs Jardins. Je ne regarde, ainfi que tous
les Botaniftes, toutes les Jacintes qu’on cultive à Harlem, que
comme des variétés, qui tiennent toujours de l’efpece premiere,
quelque prodigieufe qu’en foit la différence. Je me fers impro-
prement de ce mot d’efpece, ainfi que de plufieurs autres, pour
faciliter la leéture à ceux à qui Fétude des noms peut faire
perdre la fuite des idées, ou donner des difiractions toujours
ennuyeufes & défagréables. Je n’appelle l'Hyacinthe, Jacinte,
que pour fuivre l’ufage dont le but dans notre fiecle eft toujours
d'adoucir la Langue.
ere RS: La fimplicité de la nature eft bien changée depuis Diof-
jacinus. corides: les Fleuriftes diftinguent aujourd’hui quatre clafles de
Jacintes. La Jacinte fimpie ou monopétale, dont le corolle eft di-
vifé par fes extrémités en fix fegmens. La Jacinte demi- dou-
ble qui a le corolle doublé irréguliérement de quelques feuilles
florales. La Jacinte double dont les pétales font recouvertes
par un nombre égal d’autres pétales ou feuilles florales: Et la Ja-
cinte pleine dont le cœur eit rempli d'autant de feuilles florales
qu'il eit pollible. Ces quatre clafles fourniflent une telle variété,
qu'il n'eft plus poflible de définir la Jacinte fans entrer dans de
grandes diftinétions & fubdivifions. Le Catalogue que j'ai joint
à la fin de ce difcours fera connoître le nombre actuel de ces e£-
peces
JACINTES CHAP.I 9
peces ou variétés. La Jacinte pleine eft la plus variée & la plus
agréable. Ii ne fuffit pas, pour faire une belle fleur, qu’elle foit de
la plus belle efpece, c’eft à-dire, de celle des pleines. On exige
qu’elle ait une difpofition réguliere- dans l’ordre de fes feuilles flo-
rales, & fur-tout dans celle de fon cœur; qu’outre la difpofition
des pétales, elle fe dévelope avec grace, en repliant leurs ex-
trémités réguliérement. Elle doit encore réunir la variété des
couleurs. Une Jacinte a bien plus de charmes quand fes pétales
font d’une belle couleur, nette & décidée, tandis que les feuilles
florales de fon cœur font d’une autre couleur auffi parfaite, qui
fe marie agréablement avec la premiere. Rien ne furpafle à cet
égard le Gloria florum fuprema , dont les fleurons font parfaite-
ment bien difpofés le long de la tige, qui s’éleve très-droite &
très-haute, mais malheureufement un peu foible & trop mince
pour le poids de fes fleurons; les pétales font de la plus grande
blancheur, repliées par leur extrémité le plus réguliérement, &
deflinant parfaitement le bouton. La maniere dont ces deux
couleurs tranchent l’une fur l’autre, contribue beaucoup à la
beauté de la fleur, & à lui donner cette perfe&tion qui la rend
fi agréable.
La Nature n'a pas traité moins favorablement les Jacintes
bieues, dans leurs nuances: le noir contrafte avec le bleu d’une
maniere aufli fatisfaifante que le rouge avec le blanc. Les Jacin-
tes rouges font nuées avec le verd qui releve infiniment leur
éclat : ainfi chaque efpece a fa beauté. Les blanches font les plus
riches en nuances. Au refle chacune de ces trois couleurs a
des variétés prefque fans nombre.
On trouve, dans chaque couleur, des Fleurs d’un prix également
confidérable ; quoique ce ne foit point à cette marque que l'on
peut décider de leur beauté : on en paye très- communément
la nouveauté, la rareté en foutient enfuite le prix; cependant
B
10 RECHRERCHES SUR LES
ces Fleurs doivent avoir des qualités eflentielles, pour qu'on em
donne une certaine valeur; chaque année produit tant de nou-
velles efpeces, que ce n’eit plus la rareté feulement qui les rend
recommandables. Les Gloria mundi, François premier, & au-
tres bleues qu’on ne trouvoit autrefois comparables qu’au Gria
forum fuprema , ont trouvé des rivales parmi les blanches. Og
Roi de Bazan, le Conte de Provence, le Prince Héréditaire de
Naffeu Weilbourg, l'Héroïne & le Marquis de Marigny, ne per-
dent rien à la comparaifon, tandis qu'entre les rouges, Æ Rex
subrorum , la mine d'or, le parebélie folaire, & quelques autres
ont des avantages non moins décidés. Il n’eft presque point
de nuance de couleur qui ne fe trouve aujourd’hui dans les
Jacintes; ce qui en rend la définition générale impoñlible.
On en a de bleues d’une couleur prefque noire, d’un bleu
vif, de pourpres, d’agates & de porcelaines, de panachées ,
& de rouges dont la couleur peut entrer en comparaifon avec
celles des Pays chauds, par leur éclat & leur vivacité; on ena
aufli de couleur de feu, d’incarnates, & couleur de chair, de
blanches dans les diverfes nuances du blanc, & de jaunes, fimples
& doubles, qui commencent à fe multiplier: il eft vrai qu'il s’en
faut encore beaucoup que ces couleurs foient de la teinte & de
l'éclat des jaunes qui fe trouvent dans le cœur de quelques blan-
ches, comme du Margraff de Baden Dourlach, du Flavo Juper-
be, du Sceptre de David &c. C'’eft à Harlem uniquement que l’on
peut voir avec une fatisfaétion complette la diverfité de ces cou-
leurs, & faire la comparaifon de près de deux mille fortes de Ja-
cintes tant fimples que doubles. L’infpeétion des nouvelles pro-
duétions de la nature, provenues de femences, caufe une fenfation
délicieufe aux Amateurs, & un plaifir non moins vif aux Fleuriftes,
qu’elles dédommagent amplement de leurs foins & de leur patience.
Singula. $. 4. La Jacinte eft peut-être de toutes les plantes la plus fer-
rités de
PT ÆC'WNVE EPS: NC'ELAMPE À, tr
tile en phénomenes, ou du moins en fingularités non remar-1 Jacia.
quées, ou non détaillées, jufqu’à ce jour. Quelle autre plante fe“
préfente & doit fe préfenter jufqu’à la fin des fiécles, fous une
apparence toujours égale? La Phyfique aétuelle nous apprend
qu’il exifte en Amérique un arbre (le Px des finges) dont l'ac-
croiflement total a huit-cens ans de durée. Les Gazettes d’Am-
fterdam du 10. Mars 1767. ont fait l'énumération d'arbres mon-
ftrueux, entr'autres, des Bzobabs du Sénégal qui ont 25. & 27.
pieds de diametre, auxquels on attribue trois mille fept-cens
ans de vie actuelle, fans déterminer quelle fera leur fin ; mais après
ce long terme, l'arbre dépérit, annonce à l'extérieur fa décrépi-
tude, & finit enfin par fe détruire : enforte qu’il n’en refte plus
d'autre veftige qu’un fumier qui fe confond avec la terre dont on
ne peut plus le diflinguer ; tandis qu’un oignon de Jacinte (fauf
les accidens qui ne font pas réputés faire l’ordre de la nature) fera
toujours tel qu'il s’eft montré dans fa plus grande vigueur: fans
craindre l’outrage du tems & les rides de la vieilleffe, il agira
toujours avec la même énergie, répétera toujours les mêmes opé-
rations avec la même force, & fe reffemblera parfaitement
dans tous les tems, fans que l’ordre naturel lui prefcrive une
autre fin que celle du monde. Chaque année on le trouvera
tel qu'il aura paru l’année précédente. Il peut cependant y
avoir des efpeces de Jacintes perdues, je veux croire qu’elles le
font abfolument, & qu'il n’en exifte dans aucune partie‘du mon-
de; mais ce ne font que des accidens qui dérangent ainfi l’ordre
de la nature, & bien des gens que je ne blâme point, croyent
que chaque efpece doit effuyer de ces révolutions: cependant
cet oignon fi merveilleux, éternel pour ainfi dire dans l'imagina-
tion, & préfent aux yeux pendant tant de fiecles, ne dure effec-
tivement que quatre à cinq ans, & pañlé ce terme n’a plus rien de
ce qui le conflituoit alors, hormis un germe dont la Phyfique ne
B 2
12 RECHEÆERCHES SUR:ELES
nous apprend point encore la date précife. La Jacinte fe mul-
tiplie par fes cayeux qui peuvent être comparés aux rejettons des
arbres & des plantes; elle fe reproduit aufli par femence , mais
avec une variété difficile à croire: fes racines ne rctlemblent ni
par leurs figures ni par leurs fonctions à celles des autres plantes,
fi mes expériences font fuflifantes pour conflater un fait qui peut
éclairer notre Phyfique, & nous faire péfiétrer dans le fanétuaire
de la Nature, où je remarque un travail très-uniforme dans les
trois Regnes; du moins puis-je aflurer que la génération de la Ja-
cinte, que je vais préfenter dans le plus grand détail , reffem-
blera parfaitement aux opérations de la nature dans le Regne
animal. Je ne pañlerai point fous filence une particularité qui,
non moins amufante que finguliere, répand encore du mer-
veilleux fur la Jacinte. On voit un:oiïgnon mis fur l’eau dans
une caraffe donner fa fleur comme il a coutume de faire , tandis
qu'un cayeu qui fe dévelope près des racines, poufñle fes fannes
& une tige qui réuflit aufli bien dans l’eau, que celle qui s’éleve
au deflus: bizarrerie que j'ai vù la nature répéter plufieurs fois.
La Jecin. C’eft fans doute pour l’imiter qu’on a fait des boëtes de fer-blanc,
KFou® dans lefquelles on enferme deux oignons dont les racines font
sm tournées les unes vers les autres & fe joignent en perçant le peu
de terre qui les fépare; un des oignons fleurit à l'ordinaire, l’au-
tre qu’on affecte de choifir d’une autre couleur, jette fa fleur en
deflous, on la reçoit ordinairement dans une carafle pleine d’eau,
qu'on adapte à la boëte de fer-blanc. La Fleur y réuflit aufli
parfaitement que celle qui s’épanouit en plein air. Elle devient
plus belle, fi l’on ne met de l’eau dans la caraffe que lorsque les
fleurons font prêts à s'épanouir; cependant j'ai vû de très-belles
Fleurs entiérement dévelopées dans l’eau. On a bien vû près
d'Harlem une allée detilleuls plantés les branches en terre & les
racines en l'air. Mais la nature fe détournant de fon cours à fait
JACINTES CHAP. [I :
pouffer lesracines aux branches, & les branches font fortiesdes ra-
cines, ou plutôt les racines s'étendant font devenues des branches.
Ici la nature ne dérange point l’ordre de fes loix,. & la Jacinte n'a
de différence dans fa végétation que de fleurir dans l’eau comme
dans l'air; fa racine & fa tige fuivent leur route ordinaire. Je
connoiflois une expérience relative à la pofition de la Jacinte en
tout fens, qui par le plaifir qu’elle m'a fait pourra peut-être don-
ner envie à quelqu'un de la répéter. Un Amateur avoit de grands
vafes de fayance, percés de trous de tous les côtés; de chacun
de ces trous fortoit une Jacinte avec toutes fes fannes; ces fleurs
au nombre de cent & plus, la verdure qui les accompagnoit, &s
la direétion des tiges, . faifoient le plus fingulier & le plus fuperbe
bouquet poflible. Cet Amateur, grand Phyficien d’ailleurs, qui
joignoit des connoïflances plus folides à ces agréables amufemens,
me dit qu'il fe propofoit d’attacher un de ces vafes au platfond de
fa Salle, comme un luftre, enforte que les fleurs de deflous auroïert
fait le même effet que celles de l’expérience que je viens de citer.
La Jacinte eft peut-être de toutes les fleurs celle qui fe prête avec
le plus de facilité à toutes les expériences qu'on en voudra faire.
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CES MN OPA TNREE IL.
DESCRIPTION DE L'OIGNON DE ŸACINTE.
$. 5. L: connoiflance la plus effentielle pour ceux qui veulent
cultiver la Jacinte avec intelligence, & jufqu'ici la moins acquife
& la moins étudiée, eft celle de l’oignon non feulement dans fa
compoñition, mais même dans la gradation de toutes fes opéra-
tions. Je le prends au moment où l’on doit le mettre en terre,
& où il commence à montrer la nouvelle poufle de fes fannes qui
B 3
Qualités
que doit
avoir
l'oignon
de Jacin-
te.
43 DESCRIPTION DE L'OIGNON
forme une pointe aigue. (PZenche L. Fig. I.) Sa premiere qualité
doit être de paroître vif, plein & fans aucune ride ; quoique cha-
que efpece ait une forme différente, toutes néanmoins doivent
avoir une certaine rondeur convenable, qui annonce que l'oignon
eft dans un bon état; il ne doit point être trop léger pour fa
taille, c’eft à ce défaut qu’on connoît qu’il fe deffeche intérieu-
rement, & qu’il manque de fève. On ne doit pas non plus l’ef-
timer à proportion de la taille, car les plus belles fleurs rouges
ont toutes des oignons extrémement petits; fouvent les oignons
de Jacinte fimple ont plus d'apparence que les doubles. On voit
aufli des Jacintes - doubles , blanches, à cœurs rouges, dont les
tuniques extérieures, ridées & défeétueufes, fervent à caracté-
rifer l’efpece : malgré cette apparence on juge, au poids de
l'oignon & à fa forme, s’il eft en bon état.
Les Jacintes (les feules dont je parle, & que Tournefort, pag.
347. édit. in 4. de l’Imprimerie Royale, appelle capucines quand
elles font fimples, & flore duplice, où elegantiore, quand elles
font doubles) ont toutes une difpofition uniforme dans l’ordre de
leurs racines: elles forment une couronne autour du fond de
l'oignon, & laiflent dans fon centre un cercle vuide qu'on nom-
me l’œil de la racine (PZ.I. Fig. IL.) Cet œil eft extérieurement
garni d’une membrane (4 P2. I. Fig. IV.) qui couvre la partie bul-
beufe du fond de l'oignon; elle atténue la filtration, qui pañle
de la terre dans l’oignon, par cette feule voye, comme je tàche-
rai de le démontrer. Quand on choïfit un oignon, il faut exami-
ner cette partie avec attention, car le principe de putréfaction
qui fe dévelope quelquefois dans les racines, peut aifément s’y
découvrir. Le fond de l’oignon doit être bien fec, fans aucune
humidité, ni moififlure. Vers le tems où l’on doit planter les
oignons, ils doivent d'eux-mêmes indiquer, par des points blancs
un peu gonflés, la place où doivent fortir les racines.
DE JACINTÉ CHAP. II 15
Les tuniques, feuilles fubereufes, pelures, ou peaux de l'oignon,
(car tous ces noms font fynonymes) font toujours recouvertes de
peaux minces rouges & defléchées, dont la nature prend foin
de dépouiller l'oignon, & qui font fort utiles aux autres tuni-
ques pour les garantir de tous les accidens qui peuvent leur arri-
ver en terre, où les oignons font mis dans la faifon la plus humi-
de de l’année. Aucune tunique n’embrafe l'oignon tout entier,
toutes partent du fond & s’élevent jufqu’à fa partie fupérieure
(Voy. PL. Fig. IL): la plus grande n’embrafle jamais plus que
les deux tiers de la circonférence : les tuniques ne font autre cho:
fe que la prolongation des feuilles longues & vertes que l'oignon:
poufle à l'extérieur, avec cette différence que ces feuilles qu’on:
nomme les fannes fe féparent tous les ans de l'oignon, & que la
partie qui refte dedans s'étend & s’accroit, jufqu’à ce qu'étant
chaque année repouflée du centre à l'extrémité , elle finit par”
s'atténuer, & fe convertir dans ces peaux rouges, qui fe déta.
chent de l'oignon & pourriflent en terre.
Les tuniques ne font qu’une feule & même fubflance avec le’
fond de l'oignon, mais modifié par dégrés fi peu perceptibles
qu’il eft impoñlible de marquer où la fubftance du fond perd fa
qualité bulbeufe, pour acquérir la qualité fubereufe des fannes:
rien cependant n’eft plus marqué que la différence du fond de
l'oignon & celle des fannes; tout eft d’une feule piece, & les
fannes de la Jacinte ne fe détachent point de fon fond comme
les feuilles d’artichaud du leur. En ouvrant l’oignon de haut en
bas (comme il et PZ. E Fig. IV.) on voit cette fubftance unifor-
me & la gradation de fa modification. Dans la F%g. IV.en cou-
pant l'oignon on a ménagé les boutons de la fleur fans les offen-
fer, & dans la Fig. V. on a coupé la tige naiïflante en même
tems que l'oignon. La Æ%g. I. de la ®Z IT. fait voir la difpofition
intérieure & transverfale des tuniques: elles s'étendent en s’ap-
F6 DES RACINES DE
platiffant fur les côtés, & fe recouvrent les unes & les autres
dans un ordre tout-à-fait irrégulier, une tunique ayant quelque-
fois fes deux extrémités fous une autre, & d’autres fois l’une
deflus & l’autre deflous , ce qui caufe quelque embarras pour
les lever.
NDE AID PSE AE RTE Rp ER TE RER ETAT EE TEE ETEMEUEDE HIER
MOMIE LA BL AT RUE III.
DEC RACINES DE LA SAICINTE,
Anato. ‘$. 6. Le racines font des filets plus ou moins longs, & d’u-
Eee ne groffeur inégale, qui néanmoins fe reflemblent dans toutes les
Jacintes; leur fubftance eft d’une autre nature que celles du fond
& des fannes. La Fig. VW. de la PH en montre l’ordre & la
forme. La Fig. If. repréfente cette racine vue extérieurement
au microfcope, & le tiflu de fa peau qu’il eft très-intéreflant de
bien connoître. La Fig. IV. PJ. IL. n’eft que la coupe de la mé-
me racine pour montrer fon intérieur dans le tems où elle eft déja
toute formée. Comme fon infpeétion m'a fourni des idées nou-
velles & contraires aux opinions généralement reçues, & qu'il
ne faut qu’un microfcope pour les vérifier, je ne craindrai pas
de citer mes expériences & d’avancer mon opinion. Je ne re-
garde point les racines de la Jacinte, comme des pompes afpi-
rantes par lesquelles la fève foit portée de la terre dans l'oignon,
125" mais au contraire comme des vaifleaux excrétoires qui fervent à
des vai décharger l'oignon de la trop grande abondance de fève, qui
feaux ex-
are s’introduit par ce corps folide & fpongieux qui fe trouve au mi-
à non
des pom-lieu des racines & qu'on appelle l'œil de la racine. Plus il pom-
pes afpi-
jantes, pe de fève, & plus le fond poufle de racines. La fève fe porte .
d’abord de bas en haut, & ne reflue en.bas que lorsque toutes
les
b, APE CHANVRE CEA BOTIL ty
ies parties de l'oignon en font fuffifamment imbues. On ne voit
jamais une fleur chétive où les racines font nombreufes & bien
fournies, tandis qu'il arrive aflez fouvent qu’une fleur eft très-
belle, & très-bien nourrie, quoique l'oignon n'ait presque point
de racines, ou n’en ait que de très-foibles. Le même oignon,
mis en terre ou fur l'eau, prend plus où moins de racines, fui-
vant la quantité de nourriture qu’il en tire. Communément de
deux oignons égaux en tous points, l’un misenterre, & l’autre
fur l’eau, le premier pouffera plus de racines, & elles feront
plus nourries que celles du fecond, parce que l'oignon trouve
un plus grand nombre de parties homogenes dans Ja terre que
dans l'eau.
Le tems où l'oignon travaille le plus, eft celui qu’il pale fans
racines & hors de terre. J'imagine qu’il ne feroit pas impoflble
à un Phyficien de faire jetter à un oïgnon fa fleur, fans le fe-
cours des racines, fans le mettre en terre, ou fans en plonger
une partie dans l'eau; & je fuis perfuadé que fon procédé pour-
roit être tel, qu'il n'offenfât ni n’épuifàt l'oignon, au point de
fui nuire pour l'avenir. On a l'exemple des Scilles, oignons
beaucoup plus gros que ceux des Jacintes, qui pouffent leur
fleur, fans donner de racines, foit qu'on les pofe fur du fable fec,
ou même fur des manteaux de cheminées de marbre. J'en ai vû
qui jettoient leurs fannes fur les planches des marchands droguif.
tes, & qui y Reurifloient quelquefois parfaitement, fans que l'oi-
gnon pt recevoir la moindre fubflance de ces planches. J'en Piueurs
marquois un jour ma furprife à l’un de. ces fameux Droguiltes de fée
Ja rue des Lombards à Paris; il m'afura que rien n’étoit plus com- FN
mun; qu'il en avoit même vû fleurir dans des poches d’habits, 5 5
où ils avoient été mis en oubli. ‘Tous les Fleurifles d'Harlem a ce
ont l'expérience du Cochicur autumnale qui fleurit très- régulié-
sement tous les ans fur les planches de leurs Serres, fans jetter
C
18 DES RACINES)DE
aucune racine. Le Crocus autumnalis, le Lys appellé Bellado-
na, le Lys de Guernfey, le Cyclamen, & l’Amarille, fleuriflent
de même fur les tablettes fans aucun fecours de terre ni d’eau;
tandis que le Lys & la Couronne-Impériale qui ne peuvent a-
vancer fi vite, jettent fur les tablettes des racines d’un pied &
plus de longueur, ne pompant que de l'air pour toute nourritu-
re, & ne pouvant achever de fleurir, parce que la fève, néceffai-
re pour cet effet, defcend toute dans les racines. Certainement
celles-là ne donnent alors aucune nourriture à la plante, & ne
font point attirées par la fève répandue autour d'elles, & qui de-
mande à pénétrer dans l'oignon, comme on fuppofe que cela fe
La jacin-fait enterre. Parmi les efpeces de Jacintes la plus hâtive, & la
Yanvier plus chétive peut-être, qu’on appelle & envier, parce qu'elle
gone M donne ordinairement dans ce mois une petite fleur bleue & mai-
rie ore, fleurit fur les tablettes des Jardiniers fans que la terre ni
l'eau contribuent à cette végétation; mais aufli ne poufle-t-elle
aucunes racines; preuve que la racine ne fert en rien au déve-
loppement des fannes & de la fleur. Si tous les oignons ne peu-
vent pas fe développer comme celui de Yervier, j'en conclus
feulement qu'ils n’ont pas emporté de terre toute la quantité de
fève, dont ils avoient befoin pour cette opération.
Tous les oignons qu'on tire de terre, de quelqu'efpece qu'ils
foient (s'entend de Jacinte) en fortent gonflés & empätés d’une
{fève très-abondante & très-vifqueufe, qui doit nourrir l'oignon,
& lui donner la force de s’accroître pendant qu'il eft hors de
terre. C’eft précifément dans ce tems-là que la nature fait le plus
difficile de fon ouvrage. La tige qui doit porter la fleur dans
un an, eft au pied de celle qui fleurit actuellement, & prefqu’im-
perceptible ; quand on leve l'oignon de terre, elle s'accroît fi
confidérablement dans les trois mois que l'oignon pañle fur les
tablettes, qu’on peut voir à la P/. I. Fig. L comme il eft à
LA JACINTE. CHAP. IL 19
l'extérieur, & à la PZI. Fig. IV. & V. comme il eft dans fon
intérieur, ainfi que toute la poufle qu'il a faite fans le fecours
d'aucune racine, ni même d’aucune noufriture, autre que celle
qu'il renfermoit en lui quand on l’a levé de terre. Cette fève
concentrée dans l’oignon peut le foutenir longtems fans qu'il dé-
périfle; cependant elle n’eft pas ordinairement aflez abondante
pour que l'oignon puifle achever tout l'ouvrage qu'il doit faire.
S'il peut comme celui de Yasvier parvenir à donner fa fleur, il
n’a plus la force de nourrir la femence jufques à maturité. L’on
ne doit point attribuer ce défaut au manque de racines, mais à
la difpofition intérieure de l'oignon. Quant à ceux qui croyent
qu'un oignon ne peut pas renfermer en lui-même une quantité de
fève aufli confidérable que celle qu’il faut pour le développe-
ment de la fleur & des fannes, je leur demanderai d’où l’Aloës qui
fleurit à Rotterdam en 1765. a tiré fa fubftance. Ses feuilles
avoient environ trois pieds de long, & la largeur & l’épaifleur
proportionnées à cette longueur; fa racine étoit fort petite com-
me le font celles de tous les Aloës, & néanmoins il poufla une
tige de 32 pieds de haut, de huit à neuf pouces d’épaiffeur près
de la racine, & jetta beaucoup de rameaux qui s’étendoient
à 7 ou 8 pieds de diflance, terminés tous par une prodigieufe
quantité de fleurs. Le total de cette végétation furpañloit de
beaucoup le volume de la plante; il n’auroit pas pû même
être placé dans la caifle d’où l’Aloës tiroit fa nourriture; & ce
prodigieux développement fut l’ouvrage d’un mois ou environ.
L'oignon de même eft toujours bien moindre en volume que la
végétation qu'il produit; la fève qu’il tire de la terre, n'eft
pas, fuivant mon opinion, la raifon d’une végétation aûuelle
& extraordinaire.
Cette opération intérieure de l'oignon, ainfi que celle de l’A-
loës, eft un de ces myiteres qui n’ont point encore été révélés
GE z
re) D'E'SAPRM € DN'E SYADE
aux Phyfciens, quoiqu'ils ne manquent point de raifonnemens,
pour juftifier la néceflité de l’arrangement des parties de la ma-
tiere qui produifent ces végétations. Ainfi l’objeétion de la
taille de l'oignon, n'eft point une raïfon qui s’oppofe au-dévelop-
pement total de la fleur, fans le fecours des racines, même fans
le fecours d'aucune nourriture actuelle.
Un Of Quelques perfonnes ont prétendu qu'un oignon confervé fans
gnon ne.
ic con jetter fa fleur, pouvoit fe garder pour l’année fuivante. J'ai vû
hist l'expérience de plus de cinq cens ; gardés ainfi fur les tablettes des
à laure Serres, où ils n’avoient point fleuri; aucun n’avoit manqué de
nc périr, & tous étoient pourris & moifis en dedans, parce que la
fève n’avoit plus eu de circulation; les Fleuriftes m'ont afluré
qu’il n’eft point d'année qu'ils ne faflent cette expérience, &
qu'ils ne perdent généralement tous les oignons qu'ils ont con-
fervés fans les mettre en terre. La fève qui remplit l'oignon,
lorfqu'on le releve de terre, peut le foutenir dans fon travail or-
dinaire, jufqu’en Janvier & même Février ; mais paflé ce tems,
il commence à fe moifir & à fe gâter par fon fond, & la cor-
ruption devient bientôt générale. Lorfqu'on le met dans terre
ou fur l’eau dans fa faifon , l'oignon épuifé de toute fève, en
pompe fi abondamment, que dès le premier jour il commence à
en rejetter l’excédent par fes racines, qui s'étendent en propor-
tion de la fève qu'il attire: à peine a-t-il été quelques heures en
terre , que les Fleuriftes n'ofent plus le relever, & le mettre dans
des caifles pour l'envoyer même à la plus petite diflance, de
peur que cette fève ne foit fufñifante pour lui donner une humi-
dité capable de le faire périr: ils regardent même comme très-
dangereufe la méthode de changer un oïgnon, d’une place à
l’autre, dans la même couche, quand il a paflé même moins
d’un jour en terre.
Les racines qui font fi diligentes à fe montrer, quand on met
LAPTOP E. C'E'AMP" ME À 4
les oignons en terre, & qui n'ont pas eu le temps d’être attirées
par l'extérieur, dont l'opération doit être plus lente que celle de
l'intérieur, ne font pas moins promptes à fe détruire qu'à fe pro-
duire. Elles ceffent d'augmenter avant que la fleur foit tout-à-
fait épanouie, & fe deflechent toujours avant que la graine puif-
fe être müre; elles commentent alors à fe rider, la fève devient
moins abondante, & il fe forme dans le milieu une efpece dé fi-
let qui fe durcit comme une fibre. Pendant que la racine dépé-
rit, la plante continue à s’accroître, la tige acheve de faire épa-
nouir tous fes fleurons; & lorfque la fleur a ceflé tout fon ouvra:
ge, & qu'il n’y a plus que la femence ou la graine qui profite, la
fève qui ne paile plus dans les racines, fe jette dans les fannes
qui s'allongent confidérablement ; elles ne tardent pas enfuite à
fe flétrir au point qu’elles peuvent fe détacher d’elles-mêmes de
l'oignon. Cette opération de la nature eft trop fenfible pour
qu'on ne puifle pas convenir que les racines y font abfolument
inutiles En ouvrant l'oignon quand on le leve de terre, on ne
voit la pouffe de l’année fuivante que comme uné petite tête fort
mince telle qu’elle eft en b Æ%ç. I. PZ IT. Lorfqu’on la remet
enterre, elle s’eft accrue comme on la voit à la PZ I. Ze IV.
fans qu'il ait été queftion de racines; lorfque cette fleur va s’é-
panouir totalement, fes racines ne font déja plus de fonétions ;
les fannes les remplifient pour elles. Ce même ojgnon avant
qu'on le mette en terre, poufle quelquefois fes racines d’une li:
gne ou deux de longueur, & indique clairement par-]à que le
développement des racines fe fait par un mouvement intérieur, &
non par les caufes extérieures. L’oignon de Lys & d’Impé-
riale dont j'ai cité la poufle des racines fur les tablettes, eft une
preuve fans réplique de la vérité que je viens d'avancer.
En examinant au microfcope le tiflu de la racine, on voit que
c’eit une fubftance fans pores, extrêmement ferrée, & aflez
C3
22 DES RACINES DE
femblable à celle des boyaux; elle eft propre à contenir fa feve,
& à en empêcher l’extravañon; elle n’eft percée d'aucune ouver-
ture, comme il feroit indifpenfable qu’elle le fût, fi la fève de-
voit être afpirée par elle. Voy. PZ. II. F%g. IL. Quand le tiflu
des racines eft percé, par la fermentation de la terre ou de l'eau,
ou par les animaux qui s’y trouvent, l'oignon ne tarde pas à en
fouffrir: Loin que l'ouverture foit un chemin plus aifé pour in-
troduire la fève, comme elle eft- véritablement defcendante, cet
accident la fait toute évaporer & épuifer l’oignon. C'eft toujours
par l'extrémité que les racines fe gitent, parceque la circulation
y eft interceptée; car je n'admets point que la fève foit flagnan-
te & fans mouvement dans les racines ; c’eft une Loi générale
de la nature que tous les corps foient entretenus par une circula-
tion ou d’efprits ou de liqueurs, & je ne doute pas que la fève
des racines n'ait ce même mouvement, fans quoi la fève accu-
mulée, au lieu de fe deflécher à la longue, même dans l’eau, ne
Les ra manqueroit pas de fe corrompre & de fe putréfier. Quand il
cines
ses arrive que les racines, par quelque accident , efluyent ce mal-
Cent pas heur, quoique l’eau foit empuantie au point de n’en pouvoir fou-
aie tenir l'odeur & que les racines foient réduites en une matiere
Ke grafle & vifqueufe, qui paroïît comme de la glu, néanmoins la
fleur continue encore à s'épanouir; j'en ai vü qui malgré cet ac-
cident n'étoient pas moins belles que de coutume. La 7%g.
1V. P2. II. fait voir quelle efpece de confiitance a l’intérieur de
ja racine, & démontre qu'il n'y a ni fibre, ni canal fenfible par
où la fève puifle être admife & portée dans l'oignon: Et la Æg.
III. démontre vifiblement qu'il ne peut rien entrer ni fortir à tra-
vers la peau qui couvre la racine. Il eft fort dangereux pour
cette raifon que la racine touche l’eau par fa pointe quand l'oi-
gnon eft en terre, car dès ce moment elle fe pâte & fe cor-
rompt; ce qui fe manifefte par un point noir qui commence à
LE AN SONDE (CH'AG. NL. #
paroître à l'extrémité de la racine, & qui s'étend en montant
jufqu’à ce qu'il ait détruit toute la racine. Îl ne faut pas croire
que la corruption s'arrête alors ;' elle pénetre l'oignon, fi l’on
n'a pas foin de couper de bonne heure tout ce qui eft gaté.
La racine des Jacintes ne reflemble en rien à celle des arbres, Diféreu-
ni des plantes vivaces, ni des herbacées ; elle n’a jamais de rrcines
ces petites fibres, qu’on appelle le chevelu des racines, qui bre &
non feulement pompent la fève qu’elles font pañler dans lag."
plante, mais même en contient le germe, qui fe dévelope ‘its.
lorfqu’on les a féparées de la plante ou de l'arbre , & lui font
donner des rejettons femblables à la mere dont elle eft fortie.
On planteroit en vain des racines de Jacinte; celles qui font atta-
chées à l’oignon fe deflechent même.en terre, comme je viens
de le dire. Cette obfervation que la racine n'étoit point un ca-
nal afpirant, par lequel l'oignon reçût fa nourriture, n’a pas man-
qué d’être conteftée par les premiers Fleuriftes ; ils ont objeété Obiec-
que l’oignon qui portoit une belle fleur quoiqu’avec très-peu dere l'opi.
racines, étoit par fa nature plus aride qu’un autre, & qu'il n’avoit he"
pas befoin de tant de fève, qu'il y avoit même des efpeces d’oi-F
gnons dont cette particularité devenoit une propriétés conne
ftante ; que ces fortes d'oignons plus ferrés & plus compaéts, pu-i ci.
lulloient auffi moins que les autres, & qu'ils groflifloient plus len-
tement. Mais cette diftinétion particuliere à une efpece, eft fou-
vent accidentelle à toutes, & n’a rien qui combatte directement
mon opinion. Ils m'ont dit que les racines des oignons mis dans
les caraffes étoient fi bien les véhicules de la fève, que fi on ve-
noit à les couper, l'oignon périfloit bientôt, la nature n’en faifant
pas repoufler de nouvelles à l'oignon. C’eft précifément une arme
contre eux, puisque la nature en fait repoufler aux arbres & gé-
néralement à toutes les plantes qui reçoivent par elles leur nourri-
ture. J'ajoutois encore que dans les premiers jours où l'on met
24 DES RACINES BE
un oignon dans l’eau d’une caraffe, il ne fufit pas que les racines
y touchent, car elles n’en pompent rien; s’il y a une diftance en-
tre le fond de l'oignon & l’eau, furtout fi elle eft froide, le bout
de la racine.trempe en vain dans l’eau, l'oignon ne prend aucune
nourriture par elle, & fe defleche ; la vapeur doit être introduite
par l'œil de la racine, & c’eft par cette raifon qu'il faut qu’il tou-
che l’eau, & que cette eau ne foit point trop froide, pour que
{es parties fe puiflent introduire aifément à travers.la membrane
qui couvre l'œil de la racine, & filtre ces vapeurs, pour les ren-
dre propres à fe communiquer à toutes les parties de l'oignon. Je
tire de la figure même des racines de l’oignon un argument en
faveur de mon opinion. Loin d’être ramifiées comme toutes
elles qui portent la nourriture dans les plantes, & d’avoir des
fibres plus délicates qui reportent leur fève à de plus grof-
fieres, les racines de toutes les Jacintes inégales entr’elles pour
la grofleur ou la longueur, ont toutes la forme conique ou py-
Œxpé. ramidale, que doit néceflairement prendre toute liqueur en
risnce de
ricines diftillation aflez lente pour ne pas fe répandre. Afin de mieux
ns dsme convaincre & perfuader les Fleuriftes & ceux qui n’étoient
ui pas de mon opinion, j'ai mis des oignons dans des caraffes, dont
a les eaux étoient teintes par des infufons de carmin, de gomme-
wintes. gutte, de verd-de-gris préparé, d’indigo, de bleu de Prufle,
de cochenille, de garance, & d’encre de la Chine; jamais l’in-
térieur des racines n2 s’eft trouvé teint d'aucune de ces couleurs,
dont j'ai toujours trouvé des traces quoique foibles au-delà de la
nembrane qui couvre l'œil de la racine. Si les racines avoient
afpiré ces eaux teintes, elles n’auroient pas manqué d’en porter le
caractere dans leur intérieur. J'ai mis quelques oignons dans des
carafles où il n’y avoit que de l'huile, elle a pafñlé dans l'oignon
avec tant d’abondance qu’il paroifloit confit à l'huile, & les tu-:
niques en avoient autant entr'elles que dans leur intérieur; cepen-
dant
LA JACINTE. CHAP. IL 25
dant tandis que le fond & tout l'oignon étoit abbreuvé de cette
liqueur qui nage fur les autres, les racines n’en étoient point im-
bibées comme le refte de l'oignon, & toutefois elles trempoient
dedans: la tige ne s’eft point dévelopée, & l'oignon a péri, de mé-
me que celui dont les racines trempoient dans l’eau mêlée de verd-
de-gris préparé. Tous les autres ont jetté leurs fleurs aufli belles
que fi les caraftes avoient été remplies d’eau claire : Cependant tous
les jours une ou deux fois, pendant près de deux mois, j'ai
tranfvafé ces liqueurs, dont la couleur fe précipitoit au fond, & je
les ai fouvent remuées: J'ai de même mis un oïgnon fur de l’efprit-
de-vin; fes racines étoient déja toutes forties , elles fe font crif-
pées en fort peu de tems, & l'oignon a tiré l'efprit-de-vin com-
me l’huile, & a péri, fans que ces racines fe foient remplies; au
contraire elles s’étoient retirées & reflerrées, & le fond & les
tuniques étoient remplis d’efprit-de-vin. J'ai fait enfin une ex-
périence qui m'a paru décifive.
J'ai mis un oignon fur le goulot d’une bouteille remplie de ter-
re, entretenue toujours dans un certain dégré d’humidité : l’œil
de la racine pofoit fur cette terre, qui ne touchoit point du tout
à la couronne ni aux racines: l'oignon ne manqua pas de poufler
des-racines qui s’étendirent en rayons tout autour de la bouteil-
le; elles furent beaucoup plus courtes qu’elles n’ont coutume
d’être, mais elles refterent plus de deux mois en plein air dans une
chambre fans aucun abri autour; la tige fit fon chemin, & s’éleva
de l'oignon, jetta fa fleur, qui fut maigre & mal dévelopée, mais
qui me convainquit pleinement que Îa racine étoit abfolument
inutile à fon dévelopement. Un Amateur a répété dans le mé-
me tems la même expérience, elle n’a pas été différente de la
mienne, fi ce n’eft.que fa fleur s’eft encore moins dévelopée: la
racine a pouffé de même.
On fait tous les jours en Hollande l'expérience de mettre un oo
D EN VeriC
dans une
carafte
y fleurit
fans
pouffer
de raci-
nes.
26 DES RACINES DE
oignon dans une carafle pleine d’eau, la pointe en bas, & le fond
à l'air fans rien au-deflus; les fannes & la fleur fe dévelopent
dans l’eau fans que le fond de l'oignon poufle aucunes racines;
ou du moins elles font très-petites & ne pourroient recevoir
d'autre nourriture que de l'air qui feul les approche.
Ces expériences m'avoient abfolument juftifié l'opinion que j'a-
vois prife des racines des Jacintes,& me faifoient concevoir mille
manieres de faire des eflais, qui pourroient peut-être contribuer
à aider la nature, & à fubftituer des teintes de couleur plus vi-
ves aux fleurs , ou même à donner aux blanches toutes celles
que l’on voudroit , lorfque le hazard me donna des preuves
non moins évidentes de la juftefle de mon jugement fur les raci-
nes. Comme aucune des Planches qui font à la fin de cet ouvra-
vraÿe n’a été gravée qu'après avoir fait vérifier & répéter
mes premieres expériences, & que J. Van der Schley qui s’eft
donné toutes les peines & tous les foins imaginables pour defli-
ner de nouveau & graver d’après nature chaque partie fur la-
quelle j'avois fait quelque obfervation, aime à cultiver les fleurs;
quand il eut definé l'oignon de la 7. IV. Fig. L. d’après na-
ture, lui ayant fouflrait par deflous plus de deux lignes d’é-
paifleur , il le remit en terre dans un pot, aïinfi qu’un autre
oignon qu'il avoit coupé de même , pour l’examiner à loi-
fir, & pour prendre une plus grande intelligence du fecond qu'il
vouloit defliner au moment où il venoit d’être coupé, & où la
bleffure ne l'auroit pas défiguré: ces deux oignons donnerent
leurs fleurs, aufli belles qu'aucune de leur efpece, ce qui ne
laiffa pas de m'étonner, & de me rendre curieux d'examiner les
racines. Lorfque je les relevai deterre, je vis avec la plus grande
furprife qu’il s’étoit fait comme une membrane très-unie & très-
lie qui couvroit tout le fond de l'oignon, fans la moindre raci-
ne; enforte que la fleur s’étoit parfaitement dévelopée, l'oignon
LA F ÆACENRE C'H'AP: NL 27
étant en terre, fans qu'il'eût pouffé de racines, & fans qu’elles
lui fuflent néceflaires. Ces deux mêmes oignons ayant été rele-
vés comme les autres & mis fur les planches s’y deflécherent au
point qu'ils tomberent en poufliere lorfqu’on les prit au mois
d'O&tobre pour les replanter. En donnant mes expériences &
mes réflexions fur les racines des Jacintes, je ne me fuis arrêté
qu’à bien conftater le fait. Je laifle aux favans Naturaliftes à tirer
les conféquences qui peuvent éclairer notre Phyfique, & à déci-
der fi parmi les plantes portant feuilles, fleurs & fruits, on
pourroit en compofer une clafle dont les racines fuffent fembla-
bles à celles de la Jacinte; ou fi la nature, toujours diverfe au
fein même d’une apparente uniformité, veut dérober le détail de
fes procédés à ceux qui jugent des uns par les autres. Si plu-
fieurs productions rangées au nombre des plantes ne nous préfen-
tent, comme la truffle, même comme l’algue dont on fait les di-
gues en Nort-Hollande, aucune idée de racines, de feuilles ni
de fleurs, & que néanmoins ces corps fuivent la gradation com-
mune à tous les autres, eft-ce offenfer la faine Phyfique que
d'admettre une clafle de racines qui ne foient que des vaifleaux
excrétoires, & qui n'ayent d’autres fonétions que celles qui font
communes à toutes les créatures vivantes, du moment de leur
conception jufqu’à ce qu’elles quittent le fein de leur mere pour
venir au monde? Leurs vailleaux excrétoires ne fe déchargent
point à l'extérieur, & font dans le placenta comme les racines
de la Jacinte dans la terre. La racine fe defféchant & tombant
chaque année, entraîne avec elle ces excrétions, qui fe trouve-
roient n'être pas moins réelles dans les plantes que dans les ani-
maux: circonftance qu’on n’auroit peut-être pas cru permis d’ad-
mettre dans le parallele fi fouvent répété du regne animal & du
végétal. Si toute la clafle des plantes qu'on appelle parafy-
tes, comme la Cufcute, l'Epithyme &c., peut bien donner tiges,
D\z
Compofi-
tion de
l'oignon
à fleur
double,
28 DES TUNIQUEFS, FANNES ET TIGES
fleurs & fruit fans racines, doit-il paroître étrange que la nature
mette dans l’ufage des racines une variété qu’on remarque dans
tous fes ouvrages, & que les racines des Jacintes , différentes
en forme des autres, ayent aufli d’autres fonctions?
DR RTS I LAN CNIL VUS A LAINE AE LAN TVR
CHAP ET R EMI.
DES TUNIQUES,FANNES ET TIGES DE LA
FACINTE.
1
| A Près avoir fi longuement diflerté pour foutenir une opinion
fi contraire aux notions générales, & au préjugé que j'avois moi-
même lorfque j'ai commencé mes obfervations, Je vais exa-
miner avec autant de fcrupule & préfenter avec non moins de
clarté, l’ordre & la marche de la nature tant dans la compofition
de l'oignon & fa durée, que dans fa maniere de fe régénérer. Je
le confidere toujours au même état où je l’ai pris d’abord, me ré-
fervant de traiter à part de fa femence & de fon accroiflement.
J'ai dit de quelle maniere les premieres tuniques de l'oignon
fe préfentoient, rouges & defléchées; j'ai fait voir dans la P2Z. I.
Fig. NI. comment toutes les tuniques en général étoient formées,
je ne ferai que fuivre cet examen. Après avoir enlevé fept ou
huit fannes telles que celles de la F%g. IT. P2. [. on voit un petit
filet plat & cramoifi de la largeur d’une ligne ou environ, & fans
aucune épaifleur. 11 eft comme incrufté dans une des tuniques,
il part du fond de l'oignon, & monte jufques à fon extrémité fu-
périeure, Fig. [. PJ. NL. 4. Continuant à enlever un pareil nombre
de tuniques, on trouve un fecond filet # pareil au premier 4, a-
vec cette différence qu’il a moins de rougeur & plus d’épaiffeur;
enlevant pour la troifieme fois encore fept ou huit tuniques on
DE LÆ JACINTE CHAP: I 29
rencontre un troifieme filet c femblable aux deux premiers, avec
cette différence qu’il eft tout blanc & a beaucoup plus d’épaifleur.
Sous ce filet eft la poufle des nouvelles fannes, qui font au nom-
bre de fept ou huit, au centre defquelles on voit la tige 7 qui doit
donner fa fleur dans quelques mois. La 7 III. Æ%. I. donne-
ra l'intelligence parfaite de cette defcription: toutes les tuniques
font cenfées enlevées, il ne refte que les filets dont je viens de
parler. Je dis qu’zeft ce qui refte dans l'oignon de la tige de la
fleuf qu'il a jettée trente mois auparavant; £ eff le refte de la tige
de la fleur de dix-huit mois pañlés ; c eft le refte de. la tige de la
derniere fleur qui a paru il y a fix mois; 4 eit la tige qui doit
donner fa fleur dans fix mois, dont les boutons font aufli avancés
qu'on le voit; & e contient la tige &les fannes qui doivent pouf-
fer dans dix-huit mois. Si l’on ouvre l'oignon au moment qu'il
vient de jetter fa fleur & qu’on le dépouille de toutes fes tuni-
ques, on trouvera fa tige 4 telle qu’elle eft repréfentée Æÿg. NE
‘PJ. WI. & au pied une petite feétion % qui refte attachée fur
l'oignon, tandis qu'avec le moindre eflort on cafe la tige 4 &
la fépare du fond. Si l’on ouvre avec la pointe d’un canif cette
petite portion qui refte attachée au fond de l'oignon, on voit
très-diftinétement & fans le fecours du microfcope, qu’elle eft
compofée de fix'ou fept petites fannes, & d’une tige déja garnie
de fes fleurons, telle qu’elle eft à la Fïg. IV. PZ. IL On peut
d'autant moins mettre en doute que ce {oit la pouñle qui doit fuc-
céder à celle qui fe préfente actuellement, qu’il ne faut que la fui-
vre pour voir fon accroiflement, qui fe fera dès que l'oignon fe-
ra pofé fur les tablettes de la Serre, où il s’augmentera jufqu’au
point où on le voit à la Fe. IL. séve Planche. En ouvrant de
tems en tems quelques oignons, on verra fucceflivement la gra-
dation de ce travail, & lorfqu’il fera tel qu’on le voit Fig. IL. on
fe convaincra fans peine que # & font les fannes qui doivent s’é-
D 3
30 DES TUNIQUES, FANNES, ET TIGES
tendre en dehors & former des tuniques en dedans de l’oignons
que cc font de petites fannes qui ne fortiront que très-peu ou
point du tout en dehors de l'oignon, mais qui refteront dans
{on intérieur pour y devenir des tuniques, & que z n'eit certai-
nement point autre chofe que la tige qui a donné fa fleur fix
mois auparavant, & qui a été repouflée par les fannes nouvelles &
par la tige, qui occupent le centre de l'oignon. Il ne faut qu'ou-
vrir des oignons pour fe convaincre de cette vérité. De même on
voit que les tuniques qui recouvrent cette premiere tige, ont une
bleflure fraîche à leur extrémité fupérieure, qui n'eft caufée que
par la féparation de la fanne qui et tombée & qui ne faifoit qu’un
corps avec ces tuniques. Ces vérités font fi fenfibles qu’il n’eft be-
foin que de les expofer, pour convaincre que tout oignon à fleur
double, dans fon état parfait, eft tel que celui que je décris. J'en
ai cependant trouvé plufeurs qui n’avoient que deux filets & un
nombre de tuniques relatif, dans la proportion de diminution :
fans doute que ceux-là duroient un an moins que les autres.
Quand un oïgnon provenu de femence donne fa premiere fleur,
on ne voit aucuñe de ces tiges entre fes tuniques, & quand il n’a
donné qu’une fois fa fleur, on ne trouve aufli qu'un de ces filets
entre les tuniques; ainfi le fait que j'avance eit fans réplique, &
l'intérieur de l'oignon dans fes tuniques & fes tiges eit incontefta-
blement tel que je le dis.
pas L'’oignon à fleur fimple n’eft pas compolé comme celui à fleur
gron à double; il jette ordinairement de fon centre & de fes côtés plu-
“+4 Fr Geurs tiges. La Fig. IL PZ IL. eft la coupe d’un oignon fimple
dans laquelle on remarque l’ordre irrégulier de la poufle de fon
centre qui doit donner plufieurs tiges #2, & de plufeurs autres
qui doivent fortir entre fes tuniques; 4 eit l’une des tiges deffé-
chées de l’année précédente qui fe diflingue aifément par fa cou-
leur rouge. L'oignon.à fleur fimple me paroît durer beaucoup
D'E LA .JACINTE. CHAP. IV: 3r
moins que celui à fleur double. parcequ’il a toujours moins de fi-
let: d’ailleurs l’irrégularité de fa pouffe & le grand nombre de ti-
ges qu'il donne #empêchent qu’on ne puifle fuivre fa marche avec
autant d’exactitude que celle de l'oignon à fleur double, qui eft
toujours égale & réguliere, telle que je viens de la faire connoître:
il eft aifé de conclure, par l’infpeétion d'oignons femblables, exa-
minés tous les ans, les uns confervés, & les autres décompolés &
fcrupuleufement obfervés, que l'oignon perd autant de tuniques à
l'extérieur qu’il en acquiert dans fon intérieur. Quand l'oignon a
te nombre de tuniques qu’il doit toujours conferver, cn ne lui en
trouvera jamais plus une année que l’autre, & cependant il en
poufle fept ou huit tous les ans dans fon centre. Ces tuniques
defféchées qu’on appelle des peaux rouges, font toutes prêtes
à fe détacher & à pourrir en terre, toutes deviennent telles
fucceflivement , & font repouflées du centre à l'extrémité, s’y
deflechent & difparoïflent. Cette particularité que l'oignon ou
ce qu’on appelle bulbe doit perdre en terre de fes tuniques, n'a
point été ignorée des Botaniiles. Ruellius, dans fon Livre de a+
tura flirprum édit. in fol. 1537. page 3:, donne comme une déf-
nition de la racine bulbeufe, qu'une partie doit s’en détruire tous
les ans en terre pour faire place à la pouffe nouvelle, & il appelle
la Jacinte racine bulbeufe. ayez pag. 15.
D'après cette obfervation le travail de l’oignon n’a plus rien de
myftérieux. On voit clairement que toute la fève fe communi-
que à l'oignon par le centre, par lequel on doit conclure qu'il
pompe aufli fa nourriture , fans égard aux racines qui ne répon-
dent que très-indireétement ou, pour bien dire, point du tout,
à l’endroït où la fève doit être portée, c’eft-à-dire dans le centre
où fe forme toute la fubftance nouvelle. Dans toute plante où la
racine a d’autres fonctions, elle communique direétement la fève
à l'endroit où l’accroïflement commence ; celui de l'oignon fe
3 DES TUNIQUES, FANNES, ET TIGES
fait par le centre, fous lequel aucune racine ne correfpond.
La nouvelle tige qui s’éleve au pied de celle qui jette fa
fleur, fe nourrit, & groflit confidérablement à mefure que
l'ancienne fe defleche: l'oignon tire fa vigueur de la fa-
cilité que la fève trouve à s'étendre, aufli-tôt qu'elle a pé-
nétré le fond , d’où elle fe porte par -tout avec aïfance.
Les fan. Lorfque les fannes font dévelopées, elles deviennent, comme
pes font
ds pom. Bonnet les appelle dans fon Traité des Feuilles, des pompes aë-
Jeane, riennes, & c’efl par elles principalement que l’ame de la Fleur eft
en action. Ces fannes en fe dilatant à la chaleur reçoivent l'air
avec toutes les parties dont il eftimpregné; en fe condenfant par
le froid, elles rechaflent ce même air, par des mouvemens aufli
réglés que ceux des poumons des animaux. Ceux qui ne font
point familiers avec les qualités de l’ame végétative des plantes,
n'auront pas plutôt lu l'Anatomie des Plantes par Malpighy, la
Statique des Végétaux par Halles, &.le Traité des Feuilles par
Bonnet, qu'ils feront au fait de l'opération méchanique du regne
végétal; ils ne feront plus étonnés que les fannes de Jacinte puif-
{ent fuppléer aux fonétions, qu'ils croyoient que la nature avoit
données feulement aux racines. S'ils confultent Duhamel, ils fau-
ront qu'il y a des plantes dont les feuilles & leurs pédicules afpi-
rent l'huile, la cire, le miel, l’eau-de vie, le vernis & l'efprit-
de-vin, même jufqu’à la colle de parchemin, & qu'ainfi les fan-
nes des Jacintes qui font dans un air libre, y pompent toutes les
parties homogenes à leur nature. Je ne fuis pas éloigné de croi-
re que la différence qui fe trouve entre les fleurs produites à l'air
& dans leur faifon, & celles qui viennent dans les chambres ou
les ferres chaudes, acquierent la différence qu’on voit entr'elles,
moins par l’aétion de la terre échauffée que par l’abfence de
certaines molécules qui ne fe trouvent pas dans un air renfermé, .
comme dans un air libre.
L'om-
DE TD À & MAPCINIT-E! CHA PLIV. 37
L'ombre des arbres, par cette raifon, & par la différence des
parties volatiles de toute efpece répandues dans l'air, empêche
la perfettion du travail de la nature, & gâte celui de l’art. On
ne peut jamais corriger la nature du plein air, qui fous un arbre
n'eft pas le même à beaucoup près que fous le ciel à découvert.
Les rofées, les brouillards & les pluyes fourniflent aux Jacintes
comme aux autres plantes d’abondantes nourritures, & épar-
gnent aux cultivateurs les arrofemens qui font moins propres à
faire entrer de l’eau dans la plante, quoiqu'il foit bien établi que
toute plante la pompe & la garde, qu’à faire fermenter dans la:
terre les molécules de matiere homogenes qui doivent s’y intro-
duire. Les ferres chaudes & les couches vitrées par cette raifon
fe paflent d’arrofemens. La chaleur de deffous étant mife en
a@ion par celle du feu, ou du Soleil qui frappe les vitres, entre-
tient une vapeur qui ne fe diflipe qu'aux heures de la grande
chaleur. On a befoin de la faire évaporer en introduifant l'air,
pour qu’elle ne foit pas trop abondante: on a grand foin aufli de
ne la pas laïifler fixer par le froid fur les plantes, car alors elle les
brûle & les defleche. Les Jacintes mifes dans des couches dé-
fendues, par de fimples planches, des injures de l'air, profitent de
cette fermentation & acquierent d’autres qualités que celles qui
font tenues conftamment fous les vitres. Auflitôt qu’on leve les
p'anches, elles fe trouvent dans un air libre, où l’on ne les expo-
fe que lorfqu’elles n’en peuvent point être offenfées. Elles ne con-
tractent rien de l’étiolement (ou défaut de couleurs & de pro-
portion) qui fe voit fur toutes les plantes élevées dans les ferres ou
les chambres. Les Fleuriftes ont l’art de conferver leurs couieurs
en les garantiflant des pluyes & furtout du Soleil trop ardent, qui
leur caufant une trop forte tranfpiration les dépouille de leur fève
& les rend comme des corps exténués.- La direétion que pren-
nent les fannes, n’eft point un accident ou une chofe indifféren-
E
34 DES TUNIQUES, FANNES ET TIGES
te. De même que les feuilles des arbres fe retournent fur leurs
pédicules, pour préfenter toujours à la terre la furface d’un de
leurs côtés qui doit en pomper l'humidité (car un côté la reçoit
& l’autre la rend) de même la fanne fe courbe & fe redrefle fui-
vant les différens befoins que la nature lui donne. J'ai voulu quel-
quefois courber des fannes & les tenir en cet état, pour mieux
découvrir la tige & donner de l'air aux fleurons qu’elles cou-
vroient, il ne m'a jamais été poflible de forcer les fannes à refter
dans cette pofition, à moins que je n’eufle la précaution de les
fixer avec des liens; la nature les replaçoit toujours dans l’ordre
où elles doivent être pour afpirer les vapeurs de l'air, qu'elles re-
çoivent par la furface extérieure pendant le jour, en même tems
qu’elles les rendent par la furface intérieure par évaporation: la
nuit ce font les côtés intérieurs de la fanne qui pompent les va-
peurs de la terre, & les côtés extérieurs par lefquels elles s’'évapo-
rent. Ce que Bonnet a dit des feuilles des arbres, dans fon Frai-
té des feuilles, convient aufli parfaitement aux Jacintes, fur lef-
quelles j'ai répété toutes fes expériences. Les fannes des Jacintes
ne font point conformées pour avoir un mouvement aufli marqué
que celui des feuilles de l’Acacia, ou de quelques plantes très-fen-
fibles; mais celui qu’elles ont eft aulli réel & auffi néceffaire, par
rapport à la nourriture qu’elles reçoivent de l'air. Je ne dis ceci
que pour faire fentir la diflérence qui doit être entre les Jacintes
cultivées avec intelligence, en aïdant la nature, & celles qu’on
force, fans égard aux obftacles phyfiques qui s’oppofent à leurs
fuccès.
De vom. En fuivant la gradation de la poufle de l'oignon, on trouve qu’à
bre ds mefure que l'extérieur (c’eft-à-dire la tige & les fannes) fe deffe-
chent, l’intérieur augmente en force & en vigueur. Il fe forme
toujours dans le centre de l'oignon au moins fix, & jamais plus de
neuf fannes, mais elles ne fe dévelopent pas toutes également, &
DE LiAD JACENTE GH A P: IV.
c'eft à cela que j'attribue l'inégalité des fannes: quoiqu'il y ait des
efpeces qui fe diflinguent paf un nembre égal de fannes, cet or-
dre change, & un oignon donne une ou deux fannes de plus qu’un
oignon de mème efpece. On a vu dans la 2. III. Fig. IL. que les
fannes 4 4 fortent de l’oignon, & que les fannes c c beaucoup plus
bafles ne s'élevent pas fi haut & reftent dans l'oignon pour y de-
venir tuniques fans avoir été fannes; c’elt à l’irrégularité de cette
poufle, (dont je crois qu’il eft très-difficile de rendre raifon, )
qu'on doit attribuer celle des fannes: on remarque que la Grar-
deur triomphante n'a prefque jamais plus de trois fannes,que le P:-
Jeum cardinale n'en à jamais que cinq, que le commun des Jacintes
n'en a que fix, que le Grand Monarque de France en a prefque
toujours fept, & que la Ssperbe Royale en a réguliérement huit.
Je ne cite pas nombre d’autres efpeces qui ont les mêmes dif-
tinctions.
Lorfqu’on plante les oignons, les fannes font déja fort avan-
cées, & commencent à fortir de l’oignon, ce qui les rend plus fa-
ciles à être furprifes en terre par le froid. Si la gelée pénetre juf-
qu’à leur pointe, les Fleuriftes n’en font pas fort inquiets; mais
ils craignent qu'elle ne parvienne jufqu’à la fleur qu’elle défigure,
& dont elle brüie le fommet. Les fannes font quelquefois atta-
quées de diverfes maladies qui les font jaunir & deflécher; les
Fleurifles ne font pas difhculté de couper jufqu'à la racine du
mal, & ces fannes mutilées n’empêchent pas la fleur d’avoir tout
fon éclat & fa beauté. Comme la fanne doit périr tous les ans,
l'oignon fouftre peu d’une partie qu’on en retranche, qui d’ail-
leurs n'empêche pas la fève de fe porter dans la partie reftante
qui n'eft pas moins fufceptible d’accroiffement.
L'infpeétion de la PZ. HI. a fufifamment démontré que la durée Den.
de l'oignon eft en tout de cinq ans, & celle de quelques-uns d’un
an de moins, que paflé ce tems l’oignon n’a plus rien de ce qui le
E 2
36 D'HISY CN VE DU X MD'E
le compofoit alors, excepté le germe qui peut être renfermé dans
la tige e de la Fe. I. PZ. III. mais que je n'ai jamais pû découvrir.
Il eft bien évident que l'ouvrage de la nature fe fait du centre à
l'extérieur, & qu’ainfi dans la culture de l'oignon il faut avoir
égard à ce principe.
PR ET PS Et ER CEE IL D EL
GEL AMANNP UT RE sE
DESACATEU X D E: IL AMSPANCHONMRE.
Après avoir examiné les racines les fannes & les tuniques de
l'oignon, il refte à voir comment fe fait l’ouvrage de fa réproduc-
tion, & comment du fond de l'oignon il en fort une quantité d’au-
tres oignons qui fe forment fi bizarrement & fi inégalement, qu'il
n’eft pas polfible au Connoïfeur le plus habile de juger fi tel oi-
gnon doit ou ne doit pas donner des cayeux, & moins encore
quel nombre on en peut cfpérer. On ne les juge qu’à des fignes
fenfbles qui ne préviennent point la formation des cayeux. En
examinant le fond de l'oignon quand on en coupe une ligne d’é-
pais fous la couronne & l'œil de la racine, on voit que la fubftan-
ce eft parfaitement la même fous les racines & fous l'œil de la ra-
cine: les tuniques font abfolument de la même fubftance, & pa-
roiflent n’être qu’un même corps avec le fond. Cette fubftance
eft un compofé fort compaét d’un grand nombre de points blancs
& épais qui s’allongent pour prendre une forme plus ovale à me-
{ure qu’ils s’éloignent du centre de l'oignon. Voyez P1. IV. Fig. I.
Le principal de ces points blancs, & le mieux marqué, foit
pour la taille, la couleur, ou la denfité, fe remarque toujours
dans le centre de l’oignon, à l'endroit où doit fortir la tige qui va
donner fa fleur. Ce caraétere uniforme m'a fait penfer que les:
LA BACENTE CHAP V. 37
autres points font comme lui des oighoncules, ou dé petits ca-
yeux, qui renferment un germe qui n’a befoin que d’avoir de l'air
& de la place pour fe déveloper. Ce font ces oiïgnoncules qui
(dans les Jacintes fimples furtout) fe dévelopent en fi grande
abondance, qu’un feul oignon fait un Bouquet très-confidérable,
& compofé je n’ofe pas dire de quel nombre de fleurs, mais j'en
ai compté jufques à vingt-deux qui fe fuivoient dans leur déve-
lopement à différens tems, & des Fleuriftes m'ont certifié en
avoir vù beaucoup plus fur un feul oignon, dont fa plus grande
partie fortoit de fon centre. Dans les oignons doubles coni
munement il ne fort qu'une tige du centre, les oïghoncules font
-reculés fur les côtés, où, comme on le voit dans là PZ. IV. Fi.
L, ils acquierent une grofleur & une forme plus fenfible, mais
dans les oignons à fleurs fimples, ils fe dévelopent indifférem-
ment, & même fans que chaque tige foit garnie de fannes. J'ai
compté jufques à trois tiges renfermées entre fix fannes. Les
oignons à fleur double ont une marche plus réguliere: après que
les oignoncules ont été repouflés du centre, comme je l'ai die,
ils fe répandent fur les côtés, & percent quelquefois à l'extérieur,
& quelquefois dans l’intérieur, entre les tuniques, où ils trou-
vent un peu d'air. Chaque cayeu contient le même nombre de
fannes que la poufle du centre, & fe dévelope comme elle, maïs
avec cette différence que le cayeu ne donne fa premiere fleur que
maigre & petite: comme cette fubftance bulbeufe qui fait le fond
de l'oignon, eft la même aufli dans les tuniques jufqu’au point
où elle dégénere pour prendre la qualité fubereufe qui diftingue
les fannes du fond, de même ces tuniques, jufques à cette hau-
teur où eft la diflérence des deux fubftances, font fufceptibiés
“de donner des cayeux qui fe dévelopent comme ceux 5
fond de l'oignon.
E 3
38 DES CAYEUX DE
Maniere Quand certains Fleuriftes veulent multiplier leurs oignons, ils
sie les coupent en cône, en enfonçant la pointe d’un canif du bas de
pour «l'oignon vers le haut. En le tournant, ils détachent la partie in-
ee férieure qui fe trouve avoir la figure d’un cône, d’avec la fupé-
as Pr rieure qui prend la forme concave femblable à la convexe dont
on l’a féparé d'un feul trait de canif. La P2 IV. Fig. MT repré-
fente la partie intérieure de l'oignon, & la Æzg. IV. la partie fupé-
rieure. Le fond ne poufle point de tige la premiere année; les
fannes qu'il donne font petites & chétives, & femblent avoir de
Ja peine à pouffer; cependant elles fe forment très-bien en tuni-
ques, & deviennent en état de couvrir l'année fuivante la tige
qui n’eft pas tout-à-fait fi belle qu’à l'ordinaire, mais qui, la troi-
fi:me année, ne fe diftingue plus des autres de fon efpece. Cet-
te partie inférieure ne donne prefque jamais de cayeux. Ces deux
parties de l’oignon doivent être placées avec beaucoup de précau-
tion dans du fable bien fec, recouvertes d’un demi-doigt d'épaif-
feur ; on le laifle quelque tems expofé au foleil qui le brüleroit s’il
étoit trop ardent, ou fi l'oignon étoit moins couvert de fable: on
le porte enfuite vis-à-vis de quelque fenêtre, dans une ferre ou
une chambre, où il ne contraéte point d'humidité; & on le laifle
ainfi pendant quatre ou cinq femaines, la partie fupérieure la poin-
te tournée vers le haut, & l’inférieure aflez indifféremment. Au
bout de ce tems on trouve que la partie fupérieure a dévelopé des
cayeux en fi grande abondance qu'ils fe nuifent les uns aux autres.
Après ce terme de cinq femaines les cayeux {ont parfaitement for-
més, & l’on peut compter à chacun les fix fannes ou plus, & la
tige qu’ils poufferoient s'ils étoient extérieurement attachés à l’oi-
gnon. Cette partie fupérieure des tuniques qui produit tant de
cayeux fuit aufli pour leur donner la nourriture & le premier
accroiffement; elle ne poufle aucune racine non plus que les ca-
yeux, ce qui prouve encore que les racines ne font point nécef-
LEA JACINTE CHAP. Y. 39
faires au premier dévelopement de l'oignon & ne font pas le
véhicule de fa premiere nourriture; cette partie fupérieure de
l'oignon fournit de fa fubftance, ou de celle qui s’y renouvelle
par fes pores, toute la fève que demandent les jeunes cayeux ;.
fans qu'il entre dans toute cette opération aucune idéé même de
racine. J'ai vü des oignons dont le fond étoit abfolument gûté,
ils ne paroïflojent plus propres à rien: par cette méthode on en à
pü retirer des cayeux qui ont multiplié l’efpece. Un Fleurifte
qui joint des connoiïfflances phyfiques au mécanique de fon mé-
tier, m'a répété qu'il penfoit qu’en quelqués parties de l’oignon
que la fève circule, (& elle fe porte partout) on pourroîit efpérer
d'y voir des cayeux. L’Ævéque, Jacinte bleue fimple, en fait la Une Ja+
preuve la plus complette; cette efpece eft fujette à donner au bas SE
de fa tige, à trois ou quatre doigts de terre, un ou deux cayeux, . fa
qui s’y trouvent attachés comme les fleurons le font au haut def 0"
la tige, quoique fans pédicule. Ces cayeux font aufli complets & feurons:
auffi bien conformés que ceux qui partent du‘fond de l'oignon &
qui fe nourriflent en terre. On en fait des oignons parfaits, en cou-
pant la tige un doigt au defflus & un doigt au-deflous de ce cayeu;
on les remet en terre, comme ceux qu’a produit l’opération coni-
que; & de même que ceux-là tirent fimplement leur nourriture des:
tuniques où ils font attachés, de même celui-ci fe nourrit aux dé-
pens de la tige fans poufler la premiere année aucune racine, non
plus que cette tige qui le fupporte ;. nouvelle preuve de l’inutilité
des racines pour le premier accroiffement & dévelopement de l’oi-
gnon. Îlne paroît gueres plus de deux cayeux à une même tige
tandis qu’on a vu l’état général, coupé coniquement comme à la
PL. IV., donner jufqu’à trente cayeux dans fa partie fupérieure,
Pour mieux convaincre que les cayeux partis du centre & re-
pouflés aux extrémités de l’oignon s’y peuvent aifément dévelo-
. per, je citerai une expérience due au hazard, qui me femble é-
40 DES CAYEUX DE
tablir irrévocablement ce Syftème des oignoncules repouffés du
a con CSRÈTE de l'oignon jufques fous la couronne de fon fond. Un
a cour . . .
Le Fleurifte en levant fes oignons de terre avoit enlevé tout le centre
d' ie Jo
dr d'un oignon (un Paÿe-non-plus-ultra bleu ) qui s'étoit ainfi caflé
con en.le tirant trop perpendiculairement par fes fannes ; il laïfla dans
geix Rns[a terre la couronne qui fe trouvoit vuide en dedans & comme
ue Le un anneau, fans imaginer autre chofe finon qu’elle pourriroit en
terre: il fut fort étonné l’année fuivante de voir pointer des fan-
nes à cette même place; il les laïfla pendant la faifon, & lorfqu'il
Jeva fes oignons il eut l'attention de ne pas blefler ces cayeux ,
dont il compta foixante difpofés réguliérement autour de la cou-
ronne. C'’eft le nombre le plus confidérable qu'aucun Fleurifte
en ait jamais ramaflé fur un feul oignon. Ces fortes de cayeux
font plus tardifs à donner des fleurs que ceux qui fe dévelopent
au bas de l’oignon. On a remarqué qu'ils font dans leur premie-
re année à- peu- près au point d'un oignon de trois ans proveng
de femence, & qu'ils fuivent la même gradation, ne donnant
point d'abord leur tige parfaite.
Méthode Les Fleuriftes ont eu depuis longtems la méthode de couper
ancienn
ae leu leurs oignons pour donner de l'air à ces oiïgnoncules, qui fe dé-
Es velopoient fort inégalement, fans néanmoins tromper leur at-
4 ie tente : ils donnoient un fimple trait de couteau d’environ deux à
trois lignes de profondeur dans le fond de l'oignon, quelquefois
il les coupoient en croix comme on le voit à la P/. IV. Fig. IL,
obfervant que le trait du couteau ne pénéträt pas à la tige qui de-
voit fleurir. Par ce moyen la pouffe de l’année fe trouve confer-
vée, & quand l'oignon s'éclate par l'effort de la poufle des petits
cayeux le long des lignes #4 & bb Fig. I., il fe forme toujours
un oignon principal dans le centre qui dès fa feconde année
eft aufli parfait qu'un autre.
Les ca- ce : , re
yeux pere Les cayeux ne doivent point, en conféquence de ce principe,
avoir
LA MA GENMNE.Sr G:EHN Ah PA V. 41
avoir aucune place affectée où ils foient privativement produits , cent in-
c’eft ce que l’expérience Jjuftifie. Ils fortent quelquefois du centre FR
de l'oignon, à côté de la tige principale, brifent l'oignon, & de-Wnte
viennent de fa taille, enforte qu’un Fleurifte à de la peine à dé-
mêler l'oignon-mere, des nouveaux. Il eft inconcevable que la
nature donne une force fi confidérable à une produétion aufli
délicate que celle du cayeu; quand il commence à trouver aflez
de jour pour fe déveloper, il n'eft point de place dans l'oignon
qu'il ne contraigne à lui céder le paflage ; il fait l'eflet d’un
coin qui fépare avec force les parties qui le ferrent.
Si le fuc féminal coule ainfi dans les plantes & dans les arbres,
il ne fera pas difficile de rendre raifon de cette génération mer-
veilleufe qui fe fait par le fimple attachement des branches à la
terre: un nœud dans la plante empêche les fucs de couler unifor-
mément & fait diftribuer la fève de façon qu’elle produit des
branches, rameaux, pédicules , feuilles & formes diverfes : un
germe arrêté dans la courfe du fuc féminal comme celui de la Ja-
cinte dans la tige, s’arme d’abord de radicules & de plantule &
poufle comme une femence racines & plantes à la même place où
il eft arrêté. Quelle fimplicité dans le travail de la nature, fi
mon obfervation , comme elle me le paroît, eft véritablement
conforme au fait & au but de la nature! Dès-lors le myftere de
la génération des plantes par bouture femble une confé quence
néceflaire de ce principe.
La forme des cayeux ne vient jamais que de la réfiftance qu'ils pe 1
rencontrent; elle eft indifférente la premiere année; ils fe mou-Pme
lent fuivant l’efpace qu'ils rencontrent libre; s'ils font extérieursyeux-
à l'oignon, un côté s'arrondit, & celui qui joint l'oignon prend
la figure concave que lui donne la rondeur de l'oignon. Après la
premiere année, la forme.en devient réguliere, comme celle des
oignons provenus de femence. IL n’eft point de Fleurifte ni de
E
gr DES CAYEUX DE
Connoiffeur qui puifle décider certainement qu’un oignon n’auræ
point de cayeux; quelques-uns donnent des fignes aflez fenfibles
qu'ils en auront: quelquefois la forme de l'oignon en eft un
peu ‘changée ; mais il arrive aufli qu'on peut s'y tromper, &
qu’ils n’en donnent qu’un an plus tard qu’on l'elpéroit. De mé-
me ceux que les Fleuriftes choififfent pour mettre dans leurs cou-
ches de parade , les trompent aflez fréquemment , & gâtent la
fymétrie de leur couche, qu'ils fe font-un fcrupule de déranger,
& qu’ils tâchent de rendre aufli parfaite qu'il eft poflible. Quoi-
que l’opération conique (j'apelle ainfi la coupe de l'oignon fui-
vant les Fig. IL & IV. de la PZ. IV.) indique clairement que le
cayeu fe dévelope en peu de femaines, j'ai peine à croire que
ceux qui fe dévelopent naturellement & qui percent à travers les
tuniques foient l'ouvrage d’une feule année: je me réferve de
traiter cet article avec un peu plus détendue, lorfque j'entrerai
dans le détail de la génération de la Jacinte, & de fa maniere d’é-
tre fécondée. J'ai fouvent trouvé des cayeux qui n'avoient point
eu la force , dans la premiere année , d’éclater les tuniques entre
lefquelles je les voyois, & c’eft par eux que j'ai jugé de la mar-
che de la nature qui doit être réguliere, & qui n’agit pas d’elle-
même avec autant de force que lorfqu'on l’aide en coupant l’oi-
gnon, & qu'on facilite le dévelopement des oignoncules, dont
je tâcherai de faire connoître le principe. |
Ces expériences m'ont parfaitement convaincu qu'un oïgnon
peut fouffrir les plus grandes amputations fans périr, & que toutes
les fois qu’on fe détermine à en couper un malade, on peut fe
flatter d’en tirer des cayeux en obfervant la méthode de tenir la
playe feche.
Il eft des oignons de certaines efpeces , comme par exemple
ceux du François premier, qui pañlent fouvent bien des années
fans donner un feul cayeu, tandis qu'il en eft d’autres dont on ef-
LA JACINTE. CHAP. V. Pa
fayeroit en vain d’arrêter la multiplication. Cette différence me
femble prouver que les germes, ou oïgnoncules, étant inégale-
ment femés dans tout le corps de l'oignon, trouvant dans les uns
plus de réfiftance que dans les autres, doivent caufer aufli de
grandes inégalités dans le dévelopement des cayeux. Quoique
les oignons paroiflent tous aflez femblables, ils ont néanmoins de
fi grandes différences entr’eux, que fans le fecours de leurs fan-
nes & de leurs fleurs, on feroit fouvent fort embarraflé d’en re-
connoître les efpeces. Néanmoins j'ai vû des Fleuriftes fameux,
tels que George Voorhelm, ne fe tromper prefque jamais à l’inf-
pection d’un oignon, quoiqu'il en poflede plus de douze cens ef-
peces. Ce caraétere diftin@if extérieur en annonce un dans l'in-
térieur , qui aflure pour toujours à une efpece un même ordre &
une même régularité de production. Les fingularités attachées à
une efpece ne deviennent jamais des accidens dans une autre, &
chacune conferve fans altération fa maniere de végéter. La natu-
re aflujettie à ces loix, en eft d'autant plus facile à connoître; elle
ne varie point ; une efpece fera dans deux mille ans la même qu’el-
le eft aujourd’hui, à quelques exemples de variation près, non
dans l’efpece, mais feulement dans les cayeux. On reconnoît en-
core l’efpece de Jacinte que Diofcorides a décrite il y a près de
dix-huit cens ans. La culture & la méthode des Fleuriftes a cer-
tainement changé les efpeces, & achevé ce que la fimple nature
ne pouvoit pas finir ; mais ce font des accidens qui deviennent
une feconde nature , qui refte permanente, fi quelqu’autre ac-
cident ne vient pas déranger l’ordre a&uel,
Choix
des fe-
mences,
de DES SEMENCES DE
PSRS RARES RL RAS RUE RES RU RTS RSA RTS ANAL A REZ NL RE
LME MAP OÙ TR EVIL
DES MEMMENNICE S DE L A0} AICMINITIE:
uoique la femence foit une feconde méthode de génération,
par laquelle les Jacintes fe multiplient comme toutes les autres
plantes, je dois prévenir qu'il eft très-rare qu’une Jacinte dou-
ble donne de la graine, & qu'il eft fans exemple à Harlem que la
graine d’une Jacinte, foit double, ou fimple, ait jamais produit
une efpece femblable à celle dont elle étoit fortie. La Perru-
que quarrée, plus remarquable par la beauté de fa couleur rouge
que par fes fleurons & leurs pétales qui font repliés comme ceux
du Martagon, a produit le parehélie folaire & la Comcte, d'un
très-bel ordre, & d’une fuperbe couleur rouge, mais qui ne ref-
femblent point du tout à la Perrwque quarrée; c'eit-là pourtant
l'affimilation la plus marquée d’une fleur double à la fleur dou-
ble, dont elle a tiré fon origine.
La femence d’une Jacinte double ne differe en rien, pour la for-
me & pour les effets, de la femence d’une Jacinte fimple. Les
Fleuriftes font plus portés à en femer de fimples dans l'efpérance
qu’elles rapporteront plutôt des doubles que les doubles eiles-mé-
mes. Ils n’ont point encore de principes pour le choix de leurs
graines ou femences, quelques expériences qu'ils ayent faites.
Les uns croyent qu'une Jacinte fimple bien conformée, qui vient
d'atteindre fa feptieme année (après être provenue de graine,)
étant alors dans fon point de perfettion, donnera plutôt des fleurs
doubles de fa femence , qu’elle ne le feroit douze ou quinze ans
plus tard. Quand la Jacinte eft pleine, c’eft-à-dire que fon cœur
eft entiérement garni de feuilles florales, fa femence eft regardée
IRAN TAHOE NCE ABUVE S
comme la plus avantageufe pour produire des Jacintes doubles,
mais elle eft très-rare & ne réuflit jamais également. Quelques uns
remarquent dans les Jacintes fimples une femi-feuille accollée à
quelques pétales, & croyent que c’eft une indication que fa graine
produira des Jacintes doubles. T'els recueillent la femence des
fleurs femi-doubles, & les fement par choix, & tels fuivent
d’autres méthodes , fans qu'aucun puifle dire que la même ait
réufli deux fois également.
Quelques Amateurs flattés de l’efpérance d'obtenir des fleurs
fingulieres, ont femé des graines de Jacinte fimple jaune, qui
n'ont qu'une foible teinte de cette couleur, une forme très-com:
mune, & une taille au deflous de la médiocre: ils ont été aflez
heureux pour gagner de fuperbes fleurs, d’un très-beau blanc;
avec un cœur jaune d’une couleur parfaite, dont les tiges & les
eurons ont été de toute beauté; telles ont été le Serurne, V'Hé-
roine, le Flavo fuperbe &c. OZ Roi de Bafan doit aufli fon origi-
ne à ces mêmes graines.
Une expérience conftante a fait voir à tous les Fleuriftes & les LA fe:
mence de
Amateurs, que les fleurs provenues de femence ne reflembloient Jacinte
À FL 4 . Ê À : me ne pro-
jamais à celles dont ils avoient femé la graine; elles different en duit jn-
mais une
tout point, & fouvent tout à la fois par la forme, la taille & la feurren,
couleur. La variété de la nature eft telle à cet égard, que les
graines du même ovaire ne donnent point de fleurs fembla-<!° ©":
bles; les unes viennent rouges, tandis que d’autres font bleues
ou blanches, & les unes font petites & d’autres grandes; enfin,
entre les fimples on a quelquefois le bonheur d’avoir une ou mé-
me plufieurs doubles. Il faut avouer aufli que la graine de Ja.
cinte eft quatre ans avant de donner fa fleur, du moins ordinaire-
ment, car quelquefois elle avance d’une année ou deux; & com-
me dans ce terme on releve trois fois les oignons de terre, les
expériences peuvent bien avoir efluyé quelque négligence ou dif-
F 3
46 DES SEMENCES DE
traction, quoiqu'elles puiflent avoir été affez fuivies pour conf-
tater que les femences n’avoient point produit de fleurs fembla-
bles à celles dont elles fortoient.
Cependant la nature, invariable dans fes loix, fait produire à
toute plante fa femblable, par fa femence.
La Jacinte ne doit point être gouvernée par une loi particulie-
re qui déroge à l’ordre général de tout l'univers. Cette particu-
jarité dans fa maniere de fe multiplier, mérite autant l'attention
du Phyficien que de l’Amateur. Jé ne l'ai jamais prife que pour
un accident que les Tulipes, les Narcifles, les Crocus, les Fritil-
laires, les Anémones, les Renoncules, & furtout les Oeillets
ont éprouvé comme les Jacintes: c’eit de ce principe que je fuis
parti pour en déveloper les caufes, autant qu’il feroit en mon
pouvoir, fiché qu'aucun autre, du moins que je fache, n'ait enco-
fe traité cette matiere d’une façon fatisfaifante, & que la Phyfi-
que n'ait point complettement éclairé notre fiecle à cet égard.
Les femences font l'objet le plus intéreflant des Fleuriftes; leur
amour-propre & leur INtérées également fatisfaits des préfens de
la nature, les encouragent à à fuivre un travail ennuyeux & péni-
ble, qui pendant plufeurs années ne leur donne aucun dédom-
magement, & après ce terme ne leur laïfle fouvent que l'efpéran-
ce d'être plus heureux par de nouvelles expériences.
de ire On ne doit point féparer la tige de l'oignon , dont on veut re-
cueïlir açueïllir la femence, que les ovaires ne foïent jaunes, & qu’en
graine,
commençant à s'ouvrir, ils ne montrent la graine déja noire. C’eft
alors qu’on la peut couper, & la mettre à l'abri du foleil & de la
pluyes & quand les ovaires font bien fecs, on en retire la graine
que l'on conferve foigneufement, & fans l’enveloper, s’il eft pof-
fible, jufqu’au tems des femailles, c’eft-à-dire vers le milieu d'Oc-
tobre. Les Fleuriftes qui font jaloux de ménager leurs oignons .
croyent qu'il ne faut pas les épuifer en laiffant mürir la graine,
LA JACENTME:C HA. VI 47
qu’on n’a point d'intérêt de conferver ; ils arrachent tous les ovai-
res en preflant la tige entre deux doigts, & en remontant du haut
en bas de latige. La terre qu'ils choïfiflent pour jetter leur fe-
mence doit être aufli bien.préparée que celle dont je donnerai
plus bas la compofition, La femence eft aflez fenfible pour la
répandre comme on veut dans le terrein où on la jette, fans avoir
befoin de la mêler de fable comme on fait à l'égard des graines
potageres; on ne doit pas la femer trop épaifle, & il la faut met-
tre à deux doigts environ de profondeur: lorfque les froids com-
mencent à indiquer la gelée, on a foin de la couvrir de fumier,
de feuilles, ou de tan, enforte qu’elle foit garantie. La graine
qui commence à germer foutiendroit difficilement le moindre ac-
cident: cependant elle eft pourvue par la nature d’une aflez bon-
ne défenfe.
Elle eft véritablement un fruit comme on peut le voir par le Amito:
détail de fes parties PZ. V. (2). Il eft d’abord recouvert d’une peau graine.
noire & aflez ferme, fous laquelle eft un corps charnu + qu’on
appelle le péricarpe;s. il contient une amande Z dans laquelle eft
renfermé le germe qui fe dévelope comme celui de toutes les
femences que les Botaniftes appellent monocotyledon, c’eit- à.
dire n'ayant qu'un lobe. Cette amande fe détache toute feule
du milieu du fruit.
Lorfqu'on met la graine en terre au mois d'O&tobre, elle Dévetos
£e renfle, & le germe fe faifant jour à travers le péricarpe outchte
la partie charnue de la graine, commence à fe déveloper com-""""
me on le voit 7. V. Fig. I. La fanne ou l’efpece de petite
feuille qui poufle au deflus, eft la partie que Les Botaniites
appellent plumule; & ce qui eompofe la plantule, fe détermi-
ne dans la Jacinte comme dans toutes les autres plantes en radi-
cule, ou petite racine. La premiere année cette racine eft tou-
jours tubereufe ou nouée, alors elle ne pompe pas direétement la
48 DES SEMENCES DE
fève de laterre. Tous les Botaniites conviennent que la plumule
& la plantule, ou la plante & la racine, tirent leur nourriture du
cotyledon ou lobe auquel elles font jointes. Pour me rendre plus
clair je citerai la fève qui a deux cotyledons ou lobes; ce font les
parties qu’on en mange & qui font couvertes par une peau qui les
tient unies l’une à l’autre; le germe de la plante æft entre ces
deux lobes où il commence à fe déveloper : alors la nourritu-
re de la plante & de la racine fe tire de ces deux lobes. A
mefure que la plante fe fortifie, les deux lobes s’élevent & fui-
vent la plante qui monte hors de terre, & nourriflent le total de
la plante jufqu’à ce qu’elles foient deffléchées. De même dans la
Jacinte, le feul lobe nourrit la plante d’abord, & lorfqu'il eft déf-
féché, l'oignon a déja pris fa forme & reçoit la nourriture de la
terre par fon fond. Sa feconde racine fe forme par fon excédent de
fève comme je l'ai déja dit. La fanne ronde qui fort de terre, refle
ainfi courbée toute l’année, (PZ V. Fg. I. & H.) fans avoir la for-
ce de fe redrefler. La racine ne confifte la premiere année que
dans un petit filet, tel qu’on le voit #7g.T. Il arrive aflez fouvent
qu'il eft fort allongé, & rempli de petits nœuds, c’eft un défaut
qui commence dès lors à déranger l'ordre de l’oignon, & à leren-
dre chétif, & de peu de valeur ;il en périt même une aflez grande
quantité par cette feule raïfon de vice organique. Pour que l’oi-
gnon foit bien conformé, la racine ne doit être nouée qu’à l’en-
droit d’où-elle part de la femence. H fe doit alors former un oignon
qui n’eft compofé que d’une feule tunique, qui prend la forme de
la Fig. H. P2 V.; cette tunique eftfermée exaétement de tous les
côtés. Si l’on relevoît les oignons au bout d’un an, on trouve-
roit cette tunique doublée de deux autres femblables. Æzg. Il.
a, b, c. Ces.oignons font fi petits, & ont épuité fi foiblement
la terre, que les Fleuriftes ne fe donnent pas la peine de les
xelever da premiere année: j'ai pourtant vu un Amateur qui
{e-
L'AËTA CENTEUCEH AD VI 49
femoit aflez réguliérement des Jacintes, qui m'a dit qu’en les
relevant tous les ans, il croyoit par cette méthode avoir avan-
cé fes oignons. Dix-huit mois après que la graine à été mife en
terre, l'oignon a quelque confiftance ; il eft compofé de quatre
tuniques toujours fermées & d’une feule piece; celle de deflus
paroît brune & feche, comme devant déja fe deflécher en terre
& s'y perdre l’année fuivante: la pouile des fannes ne. paroît
encore que comme un brin de Jonc; mais il fe tient droit & eft
plus renforcé que celui de l’année précédente. La 7%g. IL PZ V.
eft l'oignon tel qu'il eft la premiere année à la faifon où l’on doit
le relever. La Æ%g IIT. le repréfente tel qu’il fe trouve lorfqu’on
le releve la feconde année, c’eit-à-dire ayant déja deux pouffes ;
a et la premiere de fes envelopes , l'oignon en a déja perdu une
en terre; # eft la feconde, & c eft la troifieme; elles fontencore
toutes fermées, mais cette derniere contient dans fon centre la
tunique provenue de la fanne Z qui commence à reflembler aux
tuniques de l'oignon parfait, & n’envelopera plus qu’une partie
de l'oignon. Les racines comme on le voit Æ%g. III. fe font con-
fidérablement renforcées. L’année qui fuit, elles prennent en-
core plus de confiitance. L’oignon fe dépouille de toutes les tu-
niques fermées dont il étoit entouré; la F%g. IV. le montre cou-
vert de cette derniere tunique. C'’eft alors qu’il entre dans fa pu-
berté; les fannes qu’il poufle fe détachent les unes des autres, &
prennent la forme qu’elles doivent conferver toujours; cependant
elles augmentent confidérablement encore chaque année. Du mo-
ment que l’oignona perdu toutes fes premieres tuniques, qui étoient
fermées, il peut donner fa fleur; ce qui n'arrive jamais tant qu’il
lui refte une tunique pleine telle que 4,4,c, de la Fig. ll. La pre-
miere fleur n’eft qu’une tige longue & foible qui porte un, deux,
ou trois petits fleurens, qui marquent ce que fera la fleur; fi elle
eft fimple, elle reftera toujours fimple; fa couleur aufli ne varie-
G
50 DES SEMENCES DE
ra plus, & fera fixée dans la clafle où elle fe trouve, rouge, bleue,
ou blanche; mais elle fe perfeétionnera, dans fa taille, dans fes
proportions & dans fes couleurs. Si la fleur eft double, elle
réveille l’efpérance des Fleuriftes qui cherchent à y déveloper
des beautés fur lefquelles ils n’ofent pas encore prononcer. L'oi-
gnon après fes trois poufles, eft tel qu’on le voit Æg. V. Lorf-
qu'il a pris la confiftance de la Fig. VI. (c'eft à-dire un an après)
il a déja jetté fa fleur, & il eft compolé de vingt tuniques ou en-
viron. Si la fleur continue, la cinquieme année, à fe déveloper
avantageufement par fa difpofition, fa forme, ou fa couleur, l’ef-
pérance du Fleurifte augmente; mais il n’eft pas encore für que
fa fleur perfeétionnera fes premieres beautés. L'oignon qui fait
fa poufle avec trop de précipitation, jette quelquefois des cayeux
à quatre ou cinq ans, mais jamais avant d'avoir donné fa fleur, ce
qu'il eft important d'obferver, eu égard à ce que je dirai par la
fuite fur la végétation. Dès-lors l'oignon, fes fannes & fa fleur
reftent dans l’état où tout fe trouve à ce moment, & la produc-
tion eft fixée pour toujours au point où elle eft. Si la nature fuit
fa progreffion réguliere, l’oignon n’acquiert fon dégré de perfec-
tion que la feptieme année; dans chacune le Fleurifle a le plaifir
de voir augmenter fon oignon, & fa fleur acquérir de nouvelles
graces: enfin elle devient précieule & le dédommage de tous fes
foins, & de toutes fes inquiétudes: elle eff fixée, elle ne varie plus
jamais, & ne tarde pas à donner des cayeux, qui produiront des
oignons qui lui reffembleront parfaitement, à très-peu d'exemples
près où ces cayeux ont changé leur couleur naturelle, comme je
le dirai en fon lieu. Les Fleuriftes nomment Corquétes toutes
les fleurs qu'ils obtiennent de femence , & Conguéte comme tel-
le ou telle, quand elle a quelque reffemblance avec une autre;
ils partagent entr’eux l’efpérance, & fe vendent un tiers, un
quart ou demi de la production de l'oignon, qui ne doit être par-
L A'JACIN TE: CHA P VL st
tagé que quand elle montera à un certain nombre de cayeux.
Ces prix auxquels ils vendent entr’eux ces portions d’efpérance,
qui paroîtroient chers aux Amateurs, peuvent fixer la valeur de
l'oignon jufqu’au delà de mille florins; il en eft même dont cet-
te fomme ne payeroït pas la moitié. Les Kleuriftes ont encore
préfens à leur mémoire l’origine & la date des oignons. On ne
fera peut-être pas fàäché de trouver ici la maniere dont ils ont été
d’abord traités.
ll y a près d’un fiecle que les Jacintes doubles non feulement,
n'étoient point cultivées, mais même étoient méprifées ou incon- 1° ji
nues. Swertius, dans fon F/or:legrume imprimé à Arnheim en 1620, bles,
donne la Figure de quarante efpeces de Jacintes ou environ dont& «tt
aucune n’eft double. Les mêmes Jardins qu’occupe George haun.
Voorhelm, étoient poflédés par fon grand-pere, qui s’appliquoit
à cultiver avec intelligence les Jacintes & d’autres fleurs qu’on
venoit déja chercher de toutes parts à Harlem. On faifoit alors
confifter la beauté des Jacintes dans la régularité & légalité des
planches, & dans l’uniformité des couleurs. On femoit déja de
la graine de Jacinte; & dans toutes les Conquêtes, Pierre Voor-
helm étoit très-attentif à rejetter tout ce qui fortoit de la propor-
tion ordinaire, & de la régularité de fes fleurs: il avoit grand
foin de détruire toutes les Jacintes doubles, avant qu'il pût con-
noître ce qu’elles deviendroient. Il s’attachoit à conferver tou-
tes les fleurs, dont les fleurons avoient une difpoftion heureufe
pour porter la graine: il eft certain que les fleurs doubles font
toutes privées de cet avantage, & qu’elles n’ont point une for-
me convenable à la maturité des femences renfermées dans les o-
vaires. Ce qui n'avoit point cette qualité, ne manquoit pas d’é-
tre rejetté. Perfonne n’attachoit alors le moindre agrément à
l'idée d’une Jacinte double. On la regardoit comme un monftre.
De même aujourd’hui nul Curieux, nul Amateur ne confidere
Gz
Catalo-
pue des
Jacintes
aétuelles.
52 DES SEMENCES DE
une tulipe double. Pierre Voorhelm ayant été malade, n’ayant
pu donner aucuns foins à fes plantes, ni les vifiter que lorfque les
fleurs commençoient à pañler, vit une Jacinte double (dont l’ef-
pece eit perdue) qu’on avoit négligé d'arracher & de jetter fui-
vant l’ufage; elle étoit très-petite, & d’une forme qui ne lui pa-
rut fupérieure que parce qu'elle ne pouvoit être comparée qu’à
des fimples. Il la cultiva, la multiplia par cayeux, trouva des
Amateurs qui l’eftimerent & la payerent aflez cher. Il prit en
conféquence le parti de cultiver toutes les Conquêtes à fleurs dou-
bles, qu’il rechercha par la fuite avec autant de foin qu'il en avoit
apporté pour les détruire. La préférence qu'on leur donne au-
jourd’hui, réveille le zéle des Fleuriftes & le goût des Amateurs.
On doit convenir aufli qu’elles ont des beautés qu’on n’auroit pas
négligées, fi elles avoient été connues. Les deux efpeces de Ja-
cinte double qui furent connues après la premiere qu’on avoit
nommé Marie, font perdues comme elle. Le Roz de la Grande-
Bretagne qu'on regarde comme la plus ancienne, n’a que foixante
& dix ans environ d’exiftence; cette fleur fut infiniment plus re-
cherchée que les autres, & fon prix fut exceflif; il pafla de beau
coup mille florins. Cet oignon tranfporté dans les pays chauds
s’y dévelope infiniment mieux qu’à Harlem: il réuflit également
bien en terre & fur les carañles, mais il périt dans un terrein froid
ou humide. Depuis ce tems, on n’a point ceflé de donner Ja
plus grande attention à la culture des Jacintes provenues de fe-
mences.
Le nombre des Conquêtes eft devenu fi prodigieux, & ce-
lui des Fleuriftes fi confidérablement augmenté, que chacun
pour faire connoître fes oignons a fait des Catalogues, où fes
Conquêtes ont été connues fous des noms, qu'ils ont foin de
conferver dans chaque Lifte , qu'ils renouvellent tous les ans.
J'ai récapitulé ces Liftes & celles de quelques Amateurs pour en:
EAP JMASGUND NE) C-H'S'PI MR | es
compofer un Catalogue qui pourra fixer, du moins autant qu'il
m'a été poflible, les Jacintes connues en l’année 1767. Ce Ca-
talogue ne fera point inutile aux Amateurs & aux Curieux. Ils
verront que des fleurs de diverfes couleurs ont un même nom: ils
trouveront un G/ria mundi dans la claffe des bleues, où il eft re-
gardé comme la fleur la plus réguliérement belle; ils verront le
même nom dans la clafle des rouges, & dans celle des blanches.
Nombre de fleurs doubles ont le même nom, quand elles font de
diverfes couleurs ; beaucoup de fleurs fimples portent le nom des
fleurs doubles; enforte que les Curieux qui veulent fe procurer
certains oignons, doivent néceffairement entrer dans quelque
détail fur leur commiflion. Les méprifes que peuvent faire les
Fleurifles, ne leur font pas moins défagréables qu’à ceux qui
ne font pas fatisfaits. Il faut encore ajouter que tous les
Fleuriftes n'ont pas été d'accord fur la place qu’ils devoient
donner à leurs Jacintes dans leurs Catalogues, qui font or-
dinairement divifés par clafles, fuivant les couleurs ; l’un ap-
pelle rouge ce qu’un autre nomme blanc à cœur rouge, &
qu'un troifieme décide couleur de chair. Les nuances ne
font pas toujours les mêmes d’un Jardin à un autre Jardin. 11
ne feroit pas plus facile de clafler fans contradiction les Jacin-
tes que de donner une méthode de Botanique dont on fût
pleinement fatisfait. Les faifons font inégales, & les couleurs
des fleurs fe reflentent de cette altération. En r767. par exem-
ple, la faifon fut très-fâcheufe, & très-froide par les vents du
nord qui dominerent prefque tout ce tems. Les fleurs rouges
furent prefque toutes, & chez tous les Fleuriftes, infiniment au
deflous de ce qu’elles avoient été l’année précédente, qu’on re-
gardoit comme la plus favorable qu'aucun Fleurifte eut jamais vue,
La Mine d'or, Conquête nouvelle, qui caufoit une admiration fin-
guliere par la beauté de fon rouge & la difpofition de fa fleur, ne
G 3
sg ANATOMIE ET GENERATION
mérita pas à beaucoup près le même éloge cette année. Ce fe-
roit juger trop rigoureufement les envois que font les Fleuriftes,
fi l’on n’avoit aucun égard aux faïfons & à la culture. Un Fleu-
rifte qui cherche à rendre aufli brillante qu’il eft poflible fa belle
couche, ne réuflit pas chaque année également ; le même oignon
qui donne une très-belle fleur en pouffe une moindre entre deux
belles, fans qu’on puiffe en connoître d'autre raïfon que celle de
la différence de fève qu’il pompe en uñ tems ou un autre. Cette
différence peut venir de l'oignon, foit quand il fe difpofe à jetter
des cayeux, & que la fève fe détourne de la tige principale pour fe
porter de ce côté, foit quand il a fouffert quelque vent froid fur
les planches de la ferre, ou quelque humidité dans la terre.
PR ÉRES A DI ADI LAND LAN AUS AN AIRIS NI NI I ELLES
CH APR E "VIT
ANATOMIE ET GENERATION DE LA SFACINTE.
Les efpeces de Jacintes, quoique diftinguées par quelque diffé-
rence, ont toutes des parties eflentielles à-peu-près uniformes.
L'oignon d’une efpece differe peu d'une autre ;les fannes ont tou-
tes un caractere de refflemblance ; les tiges fe prélentent toutes u-
niformément; les fleurons, quoique variés à l'infini, font difpo-
{és dans un ordre réguliérement marqué; chacun tient à fa tige
par un petit filet qu'on nomme pédicule. La fleur double n'a
prefque de différence que dans fes fleurons. Si je l’ai fuivie dans
la gradation de la poufle, & dans la compofition de l'oignon, je
dois actuellement pañler à la fimple pour rendre plus intelligible
&z plus fenfble le grand ouvrage de la génération qui fe fait éga-
lement dans l’une ou l’autre de ces fleurs, mais qu’on peut mieux
remarquer & fuivre plus commodément dans la fimple, dont la
DE LA JACINTE CHAP.-VIL $s
difpoñition générative eft plus réguliere, & plus facile à cbferver.
Ce que j'appelle ici le Calice, fuivant l’ufage ancien, plus com- Du Co.
mode dans le difcours & dans un Traité, mais que les Botaniftespans cn.
appellent Corolle monopétale dans la Jacinte fimple, fe préfente nt, Qi"
dans la forme qu’on voit à l’aide du microfcope à la P/arche VI. lice:
Fig.X. Le pédicuie a l’attache à la tige; #2 donne la figure du ca-
lice, qui forme dans le bas une chambre 47 ou un rond dans le-
quel fe trouve l'ovaire qui en eft détaché. F5g. I. A l'endroit où
le calice fe refferre & où finit la chambre de l'ovaire, font les éta-
mines 5. On appelle pétales les parties du corolle gg qui font
coupées par de petites divifions, ou fegmens qui forment l'extré-
mité de la fleur. Quoique les Botaniites l’appellent Corolle mo-
nopétale, c’eft-à-dire Corolle n'ayant qu’un pétale & qu’on püt
l'appeller de même mono-corolle, je la qualifie toujours du nom
de Jacinte fimple ou à fleur fimple. J'attends de l’indulgence des
Phyfologues Botanophiles & Botaniftes, qu'ils voudront bien me
pardonner le defir que j'ai de mettre ces obfervations plus à la
portée de tout le monde, en employant, le moins qu’il eft poffi-
ble, les noms qui ne font point d’ufage ordinaire. Le Calice
donc a deux faces qui fe reflemblent très-peu, l’une intérieure
& l’autre extérieure. Il circule entr'elles une liqueur très-vis-
queufe qui anime en quelque façon les fleurs; elles ne font fuf-
ceptibles d'éclat & de couleurs qu’autant de tems que cette li-
queur y eft portée; ce qui ne dure ordinairement qu’un tems fort
court. Chaque étamine eft attachée à la peau intérieure du cali-
ce, comme on voit au point hh Fig. I. & VH. de la Planche VI.
Depuis la bafe de l’étamine jufqu’au pédicule on trouve dans l’inté-
rieur de la peau du calice une petite fibre qui fe voit à l'extérieur
comme une ligne d’une couleur plus foncée quele refte de la fleur.
Voyez Plan. VI. Fig. I. On a vu que l'ovaire eft placé dans le
fond du calice & qu'il eft furmonté d’un pifile, dont les Bota-
5$ ANATOMIE ET GENERATION
niftes appellent le corps Sri/us, & la tète Srigma, par lequel je
commencerai mes obfervations , que je fuivrai dans le même
ordre que je les ai faites.
MOrEE Ayant coupé le Stigma que j'appelle la tête du piflile (Voyez
paie ce. de la Fig. IL. PZ. VI.) & l'ayant mife entre deux talcs fous le
microfcope, je lui trouvai la forme que je deffinai fur le champ
tellequ'’elle eft Par. VIL Fig. NM; le milieu fembloit tout rem-
pli de petites cellules dans le goùt de*celles des mouches-à-miel,
quoique la même régularité de deffein n'y fût pas obfervée; les
bords étoient terminés par un entrelacement de petites parties qui
ne reflembloient pas mal à une couronne d'épines féches. Je vis
plufieurs grains que le microfcope me rendoit de la taille d’un grain
&e bled ordinaire, de la même figure, mais d’une couleur -très-
noire; ils étoient femés en petit nombre & au hazard, fur la tête
de ce piflile. (Cette couleur noire eff l'effet du microfcope, qui
a pô jetter de l'ombre fur ces grains, dont on diilingue à l'œil la
couleur jaune; mais quant ils font fecs & gardés ils deviennent
noirs.) Les uns étoient tout-à-fait entrés dans ces petites cellules,
& les autres étoient en travers en toute forte de fens. On en dif-
tinguoit aufli dans cet entrelacement qui bordoit les vulves ou
cellules du milieu. Je laïflai cette tête de piftile toute la nuit entre
les talcs; le lendemain je voulus l’examiner de nouveau, mais je
ne diftinguai plus rien de tout ce que j'avois obfervé la veille; tou-
tes les cellules étoient difparues, ainfi que les grains qu’elles a-
voient renfermés ; il en reftoit feulement quelques-uns qui n'é-
toient pas tout - à- fait entrés dans ces cellules ou qui avoient été
detravers. Rien re reflembloit à cette efpece d’entrelacement
qui les terminoit. Je crus, & avec raifon, que la fève defféchée a-
voit fait cet eflet. Je remis une nouvelle tête de piftile fous le mi-
crofcope; elle me parut comme celle du jour précédent. Je ja
fs fécher au foleil, & en moins de cinq minutes fa fève fut éva-
porée,
D EF TAN RAICENTE CF APR VIL. 57
porée, & elle fut femblable à celle qui avoit paflé la nuit fous les
talcs. Je coupai tranfverfalement le corps de ce piflile (ou le ftile)
& j'en mis une tranche fort mince entre les talcs. Je n’apperçus
PI. VII. Fig. IV. qu'un tiflu d’une efpece de fibres très-làche &
très-irréguliérement difpofé, & qu’une liqueur qui paroifloit plus
épaifle & plus trouble dans certaines places, & dans d’autres elle
étoit d’un diaphane fingulier. La fuite de mes expériences m’ap-
prit que cette liqueur fi claire fortoit de ces petits grains noirs
que j'avois vus dans la tête du piftile; l’eau qui s’en répandoit a-
voit le brillant du diamant; elle defcendoit le long du corps du
piitile, pour pénétrer dans l'ovaire. L'autre liqueur plus épaifle
n'étoit que la fubflance même du piflile, qui par le mince de a
tranche coupée étoit déformée & n’offroit l'apparence d'aucun ca-
nal régulier ni vaifleau dans lefquels la liqueur düt s’écouler. Je
la deflinai telle que je la vis & qu’elle eft à la P/7. VII. Fig. IV.
Ayant ouvert grand nombre de piililes toujours tranfverfalement,
je ne remarquai jamais dans deux une conformation femblable,
quoique tous euflent les deux liqueurs & des fibres. Ces diverfes
parties n’étoient jamais arrangées dans le même ordre. Je coupai
le corps d’un piftile dans toute fa longueur depuis fa tête juf-
qu’à l’extrémité qui touchoit l'ovaire; je le trouvai toujours d’u-
ne difpofition réguliere, ayant dans fon centre un petit filament
fort mince, qui devoit être le canal qui fert à tranfporter le fuc
féminal: il s’étoit fans doute dilaté quand j'avois coupé le corps
du piflile tranfverfalement. Non feulement ce canal defcendoit
jufqu’à l'ovaire, mais il le traverfoit dans toute fa longueur, fe
répandant en petites branches fenfibles dans l'ovaire pour porter
cette liqueur, que j'appellerai le fuc féminal, dans tous les œufs
ou grains de l'ovaire: de là fe continuant toujours, il pafloit dans
le centre du pédicule & fe perdoit enfuite dans la tige, qui n’eft
comme celle du corps du piflile, qu’un tiflu de fibres & de li-
De l'O-
Vaire.
53 ANATOMIE ET GENERATION
queurs qui n’ont prefque point de parties folides ni dures. On
peut reconnoître la difpofition de ces parties dans la Æ5g. VII. de
la PZ. VI. où le fleuron eft dévelopé dans tout fon intérieur, &
où le canal du piflile #, #, & eft très-fenfible. Le microfcope m'a
fait voir qu'il étoit d’une forme triangulaire très-réguliere, quand
je ne l'ai pas coupé par tranches, mais feulement par un feul trait
dans fon centre & en travers.
Ayant coupé l'ovaire je n’eus aucun befoin de microfcope pour
diftinguer fa compoñition intérieure, telle qu’elle eft dans la mé-
me Planche, même Figure;mes yeux diftinguerent parfaitement
l'ordre & le nombre des œufs ou grains blancs, en forme de per-
les, qui font attachés réguliérement le long de la tige qui tra-
verfe tout l’ovaire & pañle dans le pédicule. J'ouvris nombre d’o-
vaires, & tous étoient parfaitement femblables à l'extérieur , à
celui de la 2. VI. Fe. IL., & dans l’intérieur à celui de la 2. VI.
Fig. VIL Je pris plufeurs de ces grains blancs pour les exami-
ner au microfcope; quoique les talcs les euflent preflés fi fort
qu'ils en avoient perdu leur forme, je ne laïflai pas de les defliner
tels qu'ils font à la Fig. IV. & V. PA VE Jeles trouvois aufli
tranfparens que l'air, & fans les lignes qui déterminoient leur for-
me, il ne m'auroit pas été poflible de la diftinguer. La fubftance
de cette graine devoit être bien légere, puisqu'à-peine me laïfloit-
elle faire quelque différence entr'elle & des petites gouttes d’une
liqueur aufli claire & aufli tranfparente que le diamant, que je
découvris dans fon intérieur & que je deflinai dans le même
ordre où je les vis PZ VI. Fig. IV. & V.a: Cette liqueur étoit
certainement la même que j'avois trouvée dans le corps du
piflile : craignant cependant que ces gouttes ne fuffent la fubftance
même de la graine réduite en mafle par la compreflion des talcs
qui tenoient ces graines entr’eux, j'en mis une fur un talc fans
le recouvrir. Sa forme fut parfaitement bien confervée; je re-
DE LA JACINTE CHAP. VIL +9
trouvai les mêmes gouttes de liqueur tranfparente que je deffi-
mai dans la même pofition où elles s’offroient. 7, VI. Æüg.
VL aa.
Ayant examiné nombre de ces grains blancs, fans y voir d’au-
tre différence que celle de la pofition de la liqueur tranfparente,
qui n’avoit point de place fixe, je repris un fleuron pour en ob-
ferver les autres parties, je fus frappé de fix petits filets noirs re-
couverts d’une pouffiere jaune, qui fermoient tout l’orifice du
calice à l'endroit où il commence à fe reflerrer, & où finit l’efpa-
ce que J'ai nommé la chambre de l'ovaire. Ces filets étoient dé-
tachés les uns des autres, & tenoient au fleuron, le long duquel
ils étoient difpofés en ligne droite montante. Dans quelques
fleurons ils couvroient le piftile au point qu’on n’en pouvoit plus
rien découvrir: fa tête s’élevoit entr'eux & au deflus dans d’au-
tres. Ces filets qu’on nomme les étamines fe diftinguent en deux
parties, le filet ou filament, qui n’a d'autre fonétion que de por-
ter l’Ænthere ; c’elt ainfi qu’on appelle un petit corps noir, qui
fe couvre ordinairement de poufliere jaune qu’on voit furmonter
le flament, du moins telle eft la définition de Linnæus & de tous
les Botaniftes. La Jacinte n’a point de filament, & l’anthere (que
j'appellerai l’épi) gliffe tout le long du fleuron, auquel il tient par
fa bafe: J'effayai de l'en détacher, mais je ne pus y parvenir qu’en
déchirant la peau de la pointe marquée 4 dans la Fe. I. de la P4.
VIII. Cette petite pointe aboutit dans l’intérieur aux filets ff
de la Fig. I. P/. VI. qui fe terminent d’un côté à cette bafe de
l'étamine , & de l’autre entre dans le pédicule, & de là fe rend
dans la tige. Chacune de ces étamines avoit fon filet intérieur à
part dans la peau du fleuron extérieurement divifé dans toute fa
longueur par autant de lignes d’une couleur foncée qu'il y avoit
d’étamines. Cette couleur étoit plus fenfible dans l'extérieur
que dans l'intérieur. On la diftingue aifément dans la PZ VI.
He
Des Etz-
mines.
Dea
graine
fécon-
dante ou
60 ANATOMIE ET GE'/NERATION :
Fig. I. (Lettre f). Chaque étamine étoit triangulaire tenant
longitudinalement par une de fes faces au fleuron. (Voyez a
PI. VII. Fg. IV.) Le côté détaché du fleuron ne préfentoit à
la vue que de petits filamens droits tels qu’on les voit F7. IV.
a; les deux autres # & « étoient comme couverts de petits points
noirs dans lefquels on remarquoit de la poufliere jaune: Zeft la
coupe de l’étamine prife en travers, dont la forme triangulaire
eft auffi géométrique que celle du canal qui fe trouve dans
le piftile.
Ayant pris un peu de cette poufliere jaune avec la pointe du
canif & l'ayant mife entre deux talcs, le microfcope me fit voir
poufiere une poignée de grains noirs, tels qu’ils font repréfentés 7. VII.
d'étami-
ne,
Du fuc
féminal.
Fig. NI. Ceux qui étoient détachés de la mafle avoient de petits
filets blancs, très-déliés qui pendoient à l’une de leurs extrémi-
tés, je les jugeai des tiges ou pédicules par lefquels les grains é-
toient attachés aux étamines. Ces grains noirs étoient parfaite-
ment femblables à ceux que j'avois remarqués dans les pifliles:
leur forme, leur taille, & leur couleur que le microfcope ren-
doit quelquefois noire & d’autres fois jaune, ne me laïflerent
aucun doute que ceux des pifliles n’euflent été d’abord attachés à
ces étamines. J'en détachai de plufieurs étamines prifes fur des
fleurons de différentes couleurs, je ne les pus jamais déméler les
uns des autres, par aucune marque fenfible; tout étoit égal.
L’œil ne pouvant difcerner dans cette poufliere la divifion des
grains, je n'ofois pas me flatter d’en pouvoir analyfer l’intérieur,
j'étois pourtant fort curieux de connoître leur fubflance. J'ima-
ginai d'en écrafer plufieurs & de les froifler fous la lame du ca-
nif, fur le même talc où :!s étoient pofés, pour être examinés au
microfcope, fous lequel je les replaçai fur le champ. Il me fit
découvrir ces grains écrafés ou brifés dans diflérens fens; il for-
toit de chacun, à l'endroit de fa caflure, une liqueur extréme-
DE LA JACINTE CHAP. VIL 6x
ment blanche & tranfparente, parfaitement femblable à celle que
j'avois trouvée dans le piftile, & dans les graines blanches de l’o-
vaire. Les grains les plus applatis, & ceux dont la brifure ouvroit
le plus l'intérieur, ne montroient aucune fubftance épaifle ni fari-
neufe; il n’exitoit rien autre que des pellicules noires & une li-
queur blanche & tranfparente. J'écrafai de cette poufliere d'é-
tamines à plufieurs reprifes, fans aucune différence dans l’inté-
rieur, ni à l'extérieur. J'avois déja foupçonné la liqueur, que
j'avois remarquée dans les grains blancs de l'ovaire, d’être un é-
coulement de ces grains noirs ; je convertis alors mes foupçons
en certitude. J'engageai plufieurs Fleuriftes à faire avec moi l’exa-
men de ces objets; ils les reconnurent tels que je les leur avois
annoncés. Je conclus de cette expérience qu’elle pouvoit con-
tribuer à déveloper les notions générales que les Phyficiens an-
ciens & modernes nous ont données de la génération des fleurs,
& peut-être à conflater que la nature agit dans tous les corps par
un travail uniforme. La graine fécondante (car j'appellerai tou-
jours de ce nom les pouflieres d’étamines) eft pouflée de l’extéa
rieur dans un piftile, où elle diftille un fuc féminal; ce fuc pañle
par le corps du piftile, comme dans un vagin; il eft poité direc-
tement dans un ovaire ; des conduits umbilicaux le diftribuent
dans tous les œufs ou graines blanches qui font renfermés dans
lovaire comme dans une matrice ; cet ovaire ne s'ouvre que pour
recevoir le fuc féminal, fe referme aufli-tôt après l'avoir reçu, &
ne s'ouvre plus que lorfque l'œuf en peut fortir feul & fans fecours,
avec toutes les qualités génératives. Cet ouvrage de la nature
m'a paru fuivi tout aufli complettement & fcrupuleufement À l’é-
gard des plantes qu’à l'égard des animaux. Ce qui me don-
na l’idée d’une exacte uniformité , jointe à un ordre invaria-
ble, dans les diverfes produétions de la nature, & me parut la
H 3
61 ANATOMIE ET GENERATION
folution d’un problème que les Phyficiens & les Botaniftes cher
choient à réfoudre de tout tems, comme of le reconnoitra dans
l'expofé que je vais faire de leurs opinions.
J'effayai de découvrir le tems où les graines fécondantes fe dé:
tachoient des étamines pour tomber dans les piftiles. Les étamines
étoient déja couvertes de graine fécondante pendant que la fleur,
raflemblée en épi, n’avoit pas encore percé la terre, quoique
déja fortie du col de l'oignon & reflerrée entre fes fannes qui lui
férvent comme de coin pour fendre la terre, jufqu’à la hauteur
d’un pied, fi l'oignon eft à cette profondeur. Le piftile ne me
paroilloit point encore aflez formé pour pouvoir s’ouvrirs l’ovai-
re Étoit déja garni dans fon intérieur de fes œufs. J'en mis quel-
ques- uns fous le microfcope, mais j'y cherchai vainement du fuc
féminal: je n’en trouvai que dans les ovairés dont les fleurons é-
toient à l'air, quoiqu'encore en boutons fermés. Je conjecturai
que la nature pouvoit commencer fon ouvrage avant le tems où
mille caufes extérieures peuvent l’interrompre. C'eft le fentimenc
de $. Vaillant, qui, dans l Edition de Leyde de 1718. de fon
Difcours fur la ftruéture des fleurs pag. 3., dit, que le bouton
5» de préfque toutes les fleurs ef le lit nuptial des organes de leur
» génération, & qu'il ne leur permet de s’y montrer qu'après
: qu'ils ont confommé le mariage”. A force de mettre de nouvel-
les étamines fous le microfcope, je parvins à en avoir une qui n’a-
voit point de poufliere jaune; elle préfentoit une furface très-unie,
& d’un bleu foncé d’une couleur fuperbe: elle étoit fendue dans
deux endroits, l’un à-peine ouvert, & l’autre aflez confidéra-
blément pour me laifler entrevoir, dans fon intérieur, de cette
pouflieré jaune que j'avois cru (comme beaucoup d’autres) que
la nature attachoit fur l’étamine. Je la fis defliner telle qu’elle eft
PI, VAI. Fig.L. Je vis très-clairement que c’étoit un épi caché.
fous une peau très-déliée: tel eft, quoiqu’avec quelque différen-
DE LA JACINTE CHAP. VI 6;
ce, l’épi du bled de Turquie. Je fuivis les gradations de la na-
ture en changeant fouvent d’étamines , obfervant toujours qu'à
mefure que la peau fe fendoit l’épi paroifloit plus à découvert ;
je parvins enfin à rencontrer celui que je defirois encore & que fu
fis defliner tel qu’on le voit P2. VII. Frg. IE L’épi eft totalement ÿ° + Ms
à découvert & de forme triangulaire ;. un des côtés eft fans grai- “mine ë
de la ba-
ne & joint le fleuron; c’eft le même côté que 4 de ia 2. VII É Ai
Fig. IV. Les deux autres font garnis de graines régulièrement de lame
difpofées le long de l’épi: chaque graine y eft attachée par unve.
petit filet blanc qu’on remarque au bout de quelques graines dé-
tachées dans la Frg. HE :PZ VII. Le petit corps # qui fe termi-
ne par une pointe 4 très-aigue dans la F3g. I. même PZasche, m'a
paru deftiné par la nature à fervir de défenfe à tout l’épi qui com-
mence par y être renfermé ;. mais il eft fi délicat & fi difficile à
analyfer, (d’ailleurs fon ouvrage eft déja fait quand l'épi en eft
forti) que je n'ai point ofé mé livrer à l'efpérance d'y trouver le
Puncfum vite de la fleur, que la nature dépofe vraifemblable-
ment dans cet endroit.
Avant de porter plus loin mes réflexions fur la génération AVE
de la Jacinte, & fur ce que j'imagine qu’elle peut avoir de com-séutive.
mun avec les autres plantes, je ne crois pas inutile d’expofer, en
aufli peu de mots qu’il me fera poffible, les fentimens des Savans
& les idées des Botaniftes fur la génération des plantes. Par tous
les fragmens de Livres & de Traditions de l'Antiquité, il paroîr
clairement établi qu’elle admettoit, même avant le tems d’Ale-
xandre le Grand, que les plantes avoient une analogie finguliere
avec les animaux, qu'elles avoient de même un fexe, & quelque-
fois les deux: prérogative dont on croyoit que les hommes étoient
déchüs depuis qu’on ne voyoit plus d'Androgines ou d'Herma-
phrodites parmi eux.
Comme on étoit fort crédule dans l’ancien tems, & qu'il ne fe
64 ANATOMIE ET GENERATION
trouvoit pas toujours des Efopes pour réfuter la conception des
ao Jumens Egyptiennes aux henniflemens des Rouflins de Babylone,
deuil à paflé pour conftant que des arbres fexuels pouvoient fe fécon-
5 Pa der réciproquement à des diftances peu différentes de celle de
incs. l'Egypte à Babylone; c'’étoit encore le fentiment d'Hadgi Muf-
tapha Ambafladeur de Tripoli en France.en 1697, homme fort
favant & fort inftruit, dit Tournefort dans fa préface page 69.
in influtione reë berbarie, qui croyoit que les palmiers fe fécon-
doient à-peu-près à cette diftance. Le fait étoit toujours cité
pour preuve, comme il arrive encore actuellement & précifé-
ment en 1767. Mais Tournefort, à qui l’on donnoit pour preu-
ve un fait femblable & fous fes yeux, qu’un houblon femelle du
Jardin du Roi dont il avoit la Direction à Paris, étoit fécondé
par la pouflière d'étamine d'un houblon mâle planté dans les Ifles
de la Marne, ou de la Seine fort loin de là, n'étoit pas fort dé-
terminé dans fon opinion & regardoit fuivant le préjugé de fon
fiecle l’étamine comme un excrément , & non point comme une
partie effentielle de la plante : il doute fi l’un & l’autre fexe font
néceflaires pour la fruétification, fi les fleurs éjaculantes font
un effet fur celles qui reçoivent ces éjaculations, & fi les folioles
tiennent lieu de fleurs aux plantes, auxquelles on ne connoit
point de fleurs. Jovianus Pontanus, Gouverneur d’Alphonfe Roi
de Naples, citoit le même fait, mais avec modification de dif-
tance. Jlavançoit qu’un palmier femelle planté près d'Ottrante
étoit fécondé par les pouflieres d’étamines d'un palmier mâle
planté près de Brindes qui n'étoit pas à moins de quinze lieues de
diftance; il ajoute que cette fécondation n'eut lieu que lorfque
{es palmiers furent plus élevés que le refle des arbres qui les en-
touroient, & que le vent put enlever & dépofer, fans obftacle
& fans retard, les effluences mafculines du palmier de Brindes.
Les palmiers fruétifians aujourd'hui dans le Nord de l'Europe, par
des
a
D EL À 3 À CTNME C'H'AP AVIL &
des étamines apportées à la main, n’ont perdu que [a circonftan-
ce du vent ou de la diftance, mais non la fructification par l’in-
fertion des pouflisres d’étamines. Les palmiers ont toujours joui
de cette réputation, que les piftachiers, les lentifques & quelques
autres ont partagée avec eux; & de nos jours ils en font plus que
jamais en pleine poffeffion. Dans le tems où les étamines de ces
fuperbes arbres étoient en honneur, celles des humbles plantes
n'étoient pas jugées avec la même prévention ; on n’a point confi-
déré qu'elles étoient de même nature que celles des palmiers, &
que les plantes n’avoient point de piftiles d’un autre genre que le
leur. On a donc établi que les étamines des plantes étoient de
vils excrémens; quoique de vrais Savans ayent de tems à autre
foupçonné & déclaré qu’elles pouvoient , & même devoient,
avoir un plus noble ufage.
Malpighi parlant des plantes d’après ce qu'il avoit recueilli de Syfême
Grew, nons a fait voir les mouvemens réguliers de ces corps qui Le
font fans cefle en action, quoique fixés par leurs racines à une
place qui leur laifle peu de liberté de s'étendre. 11 nous a décrit
les trachées ou vaifleaux aëriens qui font aux plantes ce que les
poumons font aux animaux, & les utricules ,efpece de veine où la
fève eft introduite par un mouvement de fyflole & de diaftole,
qu'on rend aflez fenfible dans la nouvelle poufle de la vigne, plus
propre qu'aucune autre plante à faire voir le mouvement des flui-
des des végétaux & la difpofition des parties qui y fervent; mais
il eft obfcur fur l’article de la génération des plantes, & n’entre
point dans le détail des divers fucs qui doivent être l’objet de Ja
circulation dans les plantes. Plufieurs Savans ont attaqué Mal-
pighi, d’autres l'ont défendu, & fon fyftème n’eft pas reçu fi fa-
vorablement de nos jours qu’il le fut dans fa nouveauté.
Tournefort admet une efpece de circulation de fuc ou de fève, Syfêne
fans la définir ; quant à la génération, j'aurois peine à croire que‘:;!2"
nefurt,
Syfème
de Geof-
froi.
66 ANATOMIE ET GENERATION
ce grand homme eût été capable de tomber dans l'erreur qui
fait la bafe de fon Syftême, fi je n'avois lù dans l'Edition de
l'Imprimerie Royale pag. 69. de fes Jnflitutions de Botanique,
que les étamines dépofoient leurs fécrétions dans les pifliles ,
velut in cloacas. C’étoit l'erreur à la mode de fon tems, &
nos Peres ainfi que nous ont pu fe laifler féduire par les ap-
parences ou par les préjugés. C’eft ce que nous appellons la
foibleffe de la nature humaine. Pour rapprocher nos connoiflan-
ces Botaniques du tems où nous vivons, je citerai les Botanif-
tes modernes.
Le célebre Geoffroi, Membre de l’Académie des Sciences de
Paris, & vraiment digne par fes connoiflances & fon travail de
ce titre, préfenta l'an 1711. un Mémoire à l’Académie des
Sciences fur la ftructure & l’ufage des principales parties des
fleurs. Ce Mémoire eft inféré dans ceux de l’Académie des
Sciences année 1711. page 272. de l'Edit. d'Hollande.
» 1] dit qu'on a toujours regardé les étamines comme de vils
excrémens, mais il penfe qu’elles doivent fervir à un plus no-
» ble ufage, puifque dès leur premiere conformation, on com-
mence à diftinguer ces grains de poufliere tout formés, & ren-
fermés dans les fommets (ou antheres) auflitôt qu'ils font aflez
» fenfibles pour cela.
» 1 Parce qu'il n'y à prefque point de fleur qui n'ait fes
fommets & fes pouflieres, foit dans la même fleur, foit dans
le même pied de plante, foit fur un pied féparé d’une plante
» femblable.
,, 20. Parce que les pouflieres des fommités ou étamines font
toujours au deflus des piftiles & qu’elles y tombent néceflaire-
ment, & qu’alors la graine eft fécondée.
» 3°. Parce qu'il fufñt que les pouflieres s’attachent au piftile
& que fon extrémité en foit couverte pour conjecturer qu’elles
D'EPTILMAROP ANCIENNE, CET A'PUPVIL 0 67
» s'infinuent petit à petit à l’aide du fuc vifqueux qui les pro-
» duit & de l’air extérieur qui les y poufle, & peut-être par la
» configuration de ces pifliles; ce qui eft d'autant plus vraifem-
» blable qu’on ne voit jamais arriver aucun changement à l’ovai-
» re, fi les étamines font féparées des pifliles avant qu’elles ayent
» jetté leur poufliere deflus. ”
Il donne à la fuite de ce Mémoire la Figure de 20 de ces
pouflieres d’étamines prifes de différentes plantes, fans pénétrer
plus loin que leur écorce, quoiqu'il dife que quelques-unes font
tranfparentes.
Réaumur, non moins célebre, fon collegue dans la même A- yfen
cadémie, fixa les connoïflances botaniques fur certaines plantes mur
marines qu’il appelle f#c#s dans un Mémoire infére dans le même
Recueil page 371. Îlne s’explique qu’avec doute fur l'opération
de la nature dans leur génération & dit, ;, au cas qu’elles fuflent
» armées de fommets (ou antheres) s’enfuivroit-il qu’elles le fuf-
» fent de ces pouflieres précieufes à quelques Botaniftes à caufe
» de leur figure réguliere, & qui ne font regardées par tous les
» autres que comme les excrémens de la plante, parce qu'ils
» Croyent que des excrémens peuvent fort bien avoir une figu-
» te réguliere dans les plantes comme dans les animaux.” Réau-
mur n’avoit découvert dans ces plantes, ni antheres, ni pouf-
fieres: il conformoit, à ce qu’il femble, fes idées à l'égard des
étamines, fur celles du plus grand nombre.
Sébaîtien Vaïllant, fuccefleur de Tournefort au Jardin de riène
Roi, qui s’eft fait une très-grande réputation par fes écrits tien Vail-
que le favant LinnϾus, dans fa Philofophie de la Botanique,"
dit être le premier qui ait clairement expliqué le fexe des plan-
tes, dans le Difcours très-docte fur la ftruëêture des fleurs, qu'il
prononça à l'ouverture du Jardin du Roï à Paris le 10 Juin 1717.
imprimé à Leyde en 1718, Vaillant, dis-je, traite avec une
F2
68 ANATOMIE ET GENERATION
plaifanterie amere les étamines, qualifiant par dérifion eur pouf-
fiere de toute-puiffante poudre ; traitant avec le même farcafme les
piftiles & leurs trompes. Je citerai l’un des paflages qui contient
en abrégé fon Syftème.
» Pour revenir aux trompes, qu'avant & depuis Malpighi
» perfonne ne s’eft avifé de bien diftinguer de la panfe de l’o-
» vaire, & qu’on ne nous défigne de fois à autres que fous des
» noms vagues, comme de houpes dans le Safran a; d’aigrettes
» dans l’Ozeille 4; de feuilles dans la Flambe c ; de clous dans la
» Fleur de la Paflion Z; de chapiteaux dans le Pavot e; de filets
» dans le Maïs &c. & auxquelles on ne donnoït pour toute oc-
» cupation que le foin de décharger les jeunes fruits & les
» embryons de graines, de leurs ordures ou excrémens, quoi-
» qu'on ne laiffàt pas d’ailleurs de les faire aller de pair avec le pif-
» tile, ce fameux cheval de bataille pour: lequel on leur faifoit
» l'honneur de les prendre en plufieurs occafions: ces trompes,
» dis-je, que je compare à celles de Faïlope, en ce qu’elles
» tranfmettent aux petits œufs, non pas les grains de poufliere
» même qu'éjaculent fur elles ou dans leurs pavillons les tefti-
,» cules ou fommets, comme le veut un feétateur des vifions de
; Lewenhoek & d’'Hartfoeker, mais feulcinent la vapeur, ou
» l’efprit volatil qui fe dégageant des grains. de poufliere, va
» féconder les œufs. Car je crois, Meffieurs, qu’on doit être
» perfuadé que dans l'animal, ce n’eft ni la matiere du mâle, ni
» ces prétendus vermifleaux ou animaux féminaires, qui operent
dans la femelle l’œuvre de la fécondation , puifque le même
» Malpighi, au rapport d’un Anatomifte moderne f, a reconnu
» que le fœtus fe trouve dans les œufs des grenouilles & dans
ceux des poules avant la copulation, comme il eft très-certain
» que le germe fe rencontre dans les femences des plantes qui
a Crocus. b Acetofa. 6 Iris. d Granadilla. e Popaver. f M. Dionis. Edit x715.
pag. 322.
3
2
w
DE LA PACINTE CH AP: VIL ©
n'ont point été fécondées, & avec le parenchyme defquelles
ce germe ne fait qu'un continu. Donc, ce ne peut être que
cet efprit volatil auquel la matiere groffiere fert fimplement de
véhicule. Or la Nature agiflant toujours par des loix unifor-
mes, on doit conclure que ce qui fe pañle en cette occafion:
dans les animaux, fe doit pafler de même dans les végétaux,
» Suivant ce principe, il étoit fort inutile que ce zêlé Le-
wenhoekifte fe fatiguat tant les yeux à chercher dans les trom-
pes des plantes, des conduits fenfibles pour charier dans cha-
que œuf un germe imaginaire, & qu'il aflurat contre la vérité,
que pour le peu que l’on fe veuille bien donner la peine d’ou-
vrir les piftiles (terme favori fous lequel il confond les trompes
& les ovaires) on reconnoitra très-diftinétemeut qu’ils font
toujours ouverts à leur extrémité, & percés plus ou moins
fenfiblement jufqu’à leur bafe.
» On l'en auroit pu croire fur fa parole, fi la plupart des preu:
.ves qu'il en donne avec un peu trop d’aflurance ne le démen-
toient pas. Qu'on examine un peu les trompes du Potiron (a)
qui par leur énorme groffeur devroient le mieux quadrer à fon
idée, & l’on verra fi elles font véritablement telles qu'il les dé-
-peint, & fi au contraire, on ne les trouve pas exaétement bou-
chées à leur extrémité & remplies dans leur longueur, de mé-
me que la panfe de l'ovaire, d’une fubftance pulpeufe & fuccu-
lente, qui ne fauroit, fans de très-grandes difficultés, permet-
tre au moindre grain de poufliere de fe glifler dans l’ovaire.
À l'égard de la pomme de Calville (4) ,comme fes trompes font
fort pointues & aufli déliées à proportion que celles du potiron
font épaifles, il eft hors de doute que leurs ouvertures & leurs
canaux ne font pas plus réels; & fi l’on remarque des fentes,
(a) Melopepo.
(2) Erytbromelon magnum Parifiacum Ÿ. B, L, 14,
13
79
ANATOMIE ET GENERATION,
» des cavités, ou des foffles au bout de certaines trompes, elles
»
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1."
12
)
n’y font pratiquées que pour en étendre la furface & recevoir
une plus grande quantité de poufliere; à quoi fervent parcil-
lement les têtes fongueufes & grénues, les cornes, les filets,
les trompes, les aigrettes, les panaches , les poils, le velouté
&c. que l’on rencontre fur diverfes trompes.
>» Mais quand on lui pafleroit l’exiftence de ces prétendus con-
duits, & la poffibilité de l’intromiflion des grains de poufliere
jufque dans la capacité des ovaires, en concevroit-on mieux par
où ces mêmes grains prédeftinés entre tant d’autres, pourroient
pénétrer dans les œufs d’un ovaire qui n’auroit qu'une cavité,
comme par exemple, celui de la Primevere, où les œufs font
amoncelés fur un placenta, fitué dans l’ovaire à-peu-près comme
un fruit d’Alkekenpi l’eft dans fa veflie, ou une bobeche dans
une lanterne. Car alors il faudroit qu'il arrivât néceflairement
de deux chofes l’une, ou que ces grains caflaflent la coque des
œufs pour fe pouvoir nicher deflous, ou que prenant une route
plus longue, ils fe coulaflent entre ces œufs, qu’ils perçaflent
le placenta pour l’enfiler, & de là paîler dans les œufs. Ces
routes paroifent-elles naturelles & bien pratiquables?
» Peut - être me fera-t-on la même objeétion à l'égard de ceque
j'ai avancé touchant cette vapeur, cet efprit volatil, ou, fi j'ofe
me fervir du terme de la Génèfe, de ce foufle, lequel fortant
des pouflieres, va vivifier, animer, &, à l'aide du fuc nour-
ricier, déveloper ces racourcis des plantes, ou les germes de
leurs petits œufs. Mais la réponfe elt toute prête, la voici: les
trompes n'étant qu’un prolongement de la panfe de l'ovaire qui
eft une envelope compolée, de même que les tiges, de deux
fortes de tuyaux, favoir, de ceux qui charient les fucs alimen-
teux ,& de ceux qu’on nomme trachées, lefquelles, felon Malpi- .
ghi, font dans les plantes les fonctions de poumons, il eft aifé
DE LA JACINTE CHAP. VIL #
» à ce foufle de s’infinuer par ces derniers vaifleaux qui fe termi-
» nent à la furface des pavillons, laquelle furface eft dénuée de la
peau qui recouvre le corps des trompes; il eft, dis-je, aifé à
ce foufle de pañler des trachées, d’abord dans la bafe du placen-
ta qui perce le fond de l'ovaire, enfuite le long de fon corps
fpongieux. Qu’on épargne de tortures à fon efprit & de repro-
ches à la nature en s’en tenant à ce dernier raifonñnement |”
Je ne déciderai point fur l'opinion de ce Botanifte, célebre par Syfême
cet ouvrage même qui lui à fait une grande réputation; je ne UP) |
combattrai pas non plus par les raifonnemens de Pontedera fon
plus violent antagonifte , qui jouit d’une réputation aufli bien éta-
blie que celle de Vaillant, quoique l'un prétende établir, & l’au-
tre détruire le fyftême des fexes dans lesplantes. Je ne citerai de
ce dernier que quelques paflages de fon Anthologie écrite en latin
& imprimée à Padoïüe en 1720. Dès la feconde phrafe de fa pré-
face, annonçant ce qu’il doit expliquer fur la génération des plan-
tes, il avoue frès-ingénuement qu’il a mieux aimé produire des
chofes douteufes & incertaines, que de s’aflurer de leur certitude
par une plus grande application & une étude plus fuivie; qu'it
préfente fon ouvrage imparfait tel qu’un fruit verd, pour encou-
rager davantage les jeunes Eleves fes difciplesà s’inftruire par eux-
mêmes. Le refte de fa préface dénote de même plus de confian-
ce dans fes idées que de fuite dans fes expériences. Au Chapitre
38. page 102. de l’Edit. in 40. intitulé: de w0d0 & caufa fruitifica-
#ionis, il avoue que beaucoup de chofes font incertaines dans la
fcience de la Botanique, qui dépendent de circonftances aufli
multipliées qu’inutiles à détailler ; plus bas, il ajoute qu’à l'égard
de la fruétification des arbres, il n’a rien trouvé dans fes expérien-
ces que d’incertain & de douteux, & que plus il a fait d’expérien-
ces, plus il eft tombé d’incertitudes en incertitudes. Il n’a re-
connu qu’une feule chofe de poñitive, c’eft que les plantes ont be.
7» ANATOMIE ET GENERATION
foin d’une certaine quantité de fucs, qui doit être contenue dans
divers vaifleaux propres à cet effet; s'ils font aflez abondans pour
nourrir la plante & la fleur, la plante donne fa fleur tous les ans:
fi ces vaifleaux ont befoin de plus d’un an pour fe remplir, la fleur
n’eft produite que tous les deux, trois ou quatre ans, ou beaucoup
plus tard encore, comme par exemple l’aloës qui, dit-on, ne fleu-
rit que tous les cent ans: Quand les vaïfleaux font trop affaiflés &
épuifés pour avoir nourri la fleur, la plante périt néceflairement.
Pontedera ne parle qu’en paflant de la Jacinte & donne dans la
premiere partie de la premiere Planche de fes Figures au No. 17.
la figure d’un fleuron de Jacinte Pleine, portant un embryon
qu’il déclare ne jamais venir à maturité. Mais il n'entre dans au-
cun détail à cet égard & ne diftingue aucune des parties de cet
ovaire coupé, qui ne peut donner nulle connoiïflance, mais pour-
tant qui prouve pour ce que j'avance, qu'une Jacinte pleine peut
être douée d’ovaires, de piftiles & d'étamines, & que ce n’eft
Syfême que la configuration du fleuron qui caufe la flérilité de l'ovaire.
de Ver.
drifius.
J'ai trouvé dans les Annales Littéraires de l’Allemagne, 44e
Eruditorum Leyp[. anno 1724. page 401. imprimé da même année à
Leypfi, une diflertation du Profeffeur Verdriflius fur la poufliere
des étaminesadhérentes aux fommets (ou antheres) desfleurs. Ver-
driffius établit que Grew, Ray & Camerarius ont très-bien recon-
nu le fexe des plantes & que la farine ou poufliere répandue des
étamines fur les piftiles produit le même eflet que l’approximation
des fexes dans les animaux: que cependant, quand on a voulu fui-
vre les détails de ces apérations, on s’efl toujours jetté dans quel-
que erreur: que Vaillant, Patrick Blair, & Samuel Morlandes,
ne nous en ont pas donné des idées plus claires, maïs ont favorifé
l'opinion de Lewenhoek, que les animacules répandus dans les
véficules féminales pouvoient s’introduire par ce moyen dans les
plantes & les féconder, qu’il avoit examiné par le moyen du mi-
crof-
DE MA) RAELIINITIE CIE A PI VID |.
crofcope plus de cent efpeces différentes de pouflieres d’étamines
fans avoir jamais pu y rien découvrir quique aliquo faltem modo
rudimentum Plantule referret. 1] donne ja figure de 50 de ces
pouflieres d’étamines dans l’efpérance que d’autres voudront bien
continuer fes recherches & peut-être réufliront à faire quelques
découvertes.
S'il conjeéture quelque chofe, c’eft que ces pouffieres d’étami-
nes, ainfi que les véficules féminales & autres parties génératives
des animaux , préparent les fucs qui doivent fervir à la multipli-
cation de l’efpece, mais qu'il a peine à croire que perfonne aille
Jamais au delà de ces conjectures qui font très- raifonnables.
I! donne une defcription de la pouffiere d’une Jacinte à fleurs
violettes ou Numero 35. qui reflemble aflez à celle que je donne
Fig. 3. Plan. VI. La forme de fa graine eft un peu plus allon-
gée, mais la gravure eft fi mauvaife & fi groffiere, qu’elle ne peut
fervir qu’à faire juger de cette forme, par delà laquelle Verdriffius
convient qu’il n'a rien vu.
Linnæus, infatigable dans fes travaux tant itinéraires que lit- Syfême
téraires, le premier de tous les méchodiftes par la clarté, l’ordre Se
& l'étendue des connoiffances Botaniques, qu'il communique au
public dans fa Philofophie de Botanique imprimée à Stockholm
en 1741.,page 95. poufle la comparaifon des plantes aux animaux
jufques aux moindres détails.
IL établit dès la premiere page du Livre que les minéraux croi
Jent, des végétaux croiffent © vivent, & les animaux croiffent, vi-
vent © Jenrent; que tout ce qui a vie, procede de l’œuf; donc
les végétaux ont une même origine que les animaux, puifque
la vie leur eft commune; donc ils fortent d’un œuf.
Que les étamines font deftinées à préparer le Po//es qui eft,
t-il, la poufliere de la fleur qui doit être rompue par une li-
queur (humore rumpendus) qui éjacule des atomes élaftiques : que le
K
74 ANATOMIE ET GENERATION
piftile eft deftiné pour recevoir ce Pol/eu. Il donne les définitions
les plus précifes de chaque partie de la fleur & de la plante, qu’il
{eroit trop long de rapporter: il entre de même dans tout le dé-
tail des fexes des plantes & de leurs générations, compare chaque
partie de l'animal à chaque partie de la plante, & admet un rap-
port parfait entr’elles. Il conclut enfin p. 145. que la génération
des végétaux fe fait par la chûte des Po//es (ou poufliere d’éta-
mines) qui tombent de l'anthere fur le Jligma nud (c'eft ce que
j'appelle la tête du piftile) où le Pollen s'éclate & foufle un vent
féminal (efflat auram feminalem) qui eft abforbé dans l’humide du
ftigma: ce qu'il appuye par une fuite de preuves très- clairement
énoncées. 11 dit que Morland a cru que le Po//es entroit dans les
germes ( ou ovaires), que Vaillant, le même que je viens de ci-
ter, a établi que fon eflence imbiboit le fligma ; que Juflieu a vu la
liqueur du Po//er en explofon que Néedham confirme quelaliqueur
de tout Po/lez chafle avec elle un vent féminal (awram feminalem) :
ce qui femble pris du fyftême de Vaillant dont je viens de citer un
long paflage; mais il n’a jamais vu de piftile ouvert. Dans fon li-
vre intitulé: Æmænitates Academicz, édition de Leyde 1747. Tom.
I. pag. 6r. eft un difcours qui a pour titre plentarum fponfalia, qui
a fait l’objet d’une thèfe foutenue à Upfal en 1746 où cette matiere
eft traitée dans le plus grand détail & où j'ai été confondu de
trouver prefque tous les mêmes faits que j'avance fur la généra-
tion des plantes, quoique l’auteur fuppofe toujours le piftile fermé
& impénétrable à la matiere. Il lui accorde abfolument les mêmes
fonétions que moi, & donne en cette occafion autant d'autorité
à mon fyflême, que tout ce que j'ai pu fournir d’obfervations &
de preuves pour le foutenir.
Syfême Chriftian Gottlieb Ludwig, très-célebre Profefleur à Leypfc,
Fa dont les ouvrages font un chef-d’ouvre pour la netteté des idées&
des expreffions, furtout fes Inflitutions Hiftorico-phyfiques du re-
DE L'A'JACINTE CHAP!VR +;
gne végétal écrites en Latin & imprimées à Leypfic en 1757, a
joint à celles de Linnæus de nouvelles idées fur la génération des
fleurs, & préfente quelques circonftances nouvelles.
Il établit, page 234. du livre nommé ci-deflus, dans certaines
plantes des pétales nectiferes , diftinétes des corolles, dans lefquel-
les il dit qu’eft contenue une liqueur préparée qu'il regarde com-
me excrétoire ; il appelle ces pétales organes fécrétoires : (d’autres
croyent que cette liqueur eft un miel tout préparé.) I1 reconnoît
le même ordre d’étamines, de pouflieres, de piftiles & d’ovaires
que Linnæus. II dit page 246. que toutes les antheres donnent
leurs pouffieres dans des termes différens , les unes plutôt, les
autres plus tard:
Il dit avoir mis des pouffieres d'étamines ( ou graines fécondan-
tes) fous le microfcope, & avance page 237. que non feulement
il les a vues très-tranfparentes, mais même qu’il y remarquoit de
petits globules de diverfes formes aufli tranfparens, & renvoye
aux Auteurs qui en ont traité, pour de plus grands éclaircifle-
mens fur leur figure. Celles de la F3g. IV. V. & VI. de la P2. VI.
de cet ouvrage quadrent parfaitement avec ce qu’il a remarqué,
quoique ce fuc féminal ait été déja au fortir de la pouñliere de l’éta-
mine portée dans l'œuf. Je conçois aifément, dit-il ,,que ces diffé-
» rences de pouflieres des étamines fervent à quelque ufage dans
la génération des fleurs; mais je n’ofe pas décider quel eft cet
ufage & fi ces particules de pouflieres contiennent en elles-mé-
mes l’eflence de la plante. J'ai remarqué que le defféchement
de ces pouflieres qui arrive à la longue, change quelquefois leur
forme, en forte qu’elle n’eft pas toujours la même dans la mé-
me plante; c'eft ce que j'ai obfervé, non fur un genre, ou une
efpece, mais fur beaucoup, fans pouvoir répandre plus de clar-
té fur ces principes. ”
Toute la fuite de fon Difcours fur la génération des fleurs eft:
Kuz
»
32
LL
LD
35
”
”
3
76 ANATOMIE ET GENERATION
très-bien expliquée à la page 140. Il dit que la poufliere de l’é-
tamine eft néceflaire, mais que fon action fur l’ovaire eft fort obf-
cure: il avoue que la comparaifon de la génération des plantes &
celle des animaux eft très-juite, quoiqu'il confefle qu'il ignore
précifément comment elle fe fait, fi c'eft par la poufliere des éta-
mines, fi c’eft par une partie très-fubtile de cette poufliere (il en-
tend par-là l’efprit de vie, ou le vent féminal de Vaillant & de
Linnæus.) Il convient aufli qu’il ignore comment la force fémi-
pale vis feminalis eft introduite dans le flile (que j'appelle corps
du piftile) & comment elle parvient à l'ovaire, mais que le deffé-
chement des pifliles & des étamines fe fait dans un même tems.
I! cite fes propres obfervations fur le fexe des plantes, qu'il a fait
imprimer à Leypfc en 1737. & nombre d’Auteurs qui le confir-
ment dans l'opinion que les pouflieres d’étamines & les piftiles
font les principaux organes de la génération des plantes. Il rap-
porte l'examen qu'il a fait au microfcope des pouflieres d’étamines
de la Tulipe qui font tranfparentes ; il croit avoir remarqué que la
plantule y étoit formée, & qu’elle y prenoit une figure arrondie;
cependant il eft en fufpens fi cette plantule eft bien effettivement
contenue dans ce qu'il a pris pour elle, ou fi la nature a quelqu’au-
_tre méthode de génération qui ne lui foit point connue. Il vou-
droit qu’on prit plufeurs de ces femences tranfparentes, qu’on
compart leurs rapports & leurs différences pour pouvoir établir
quelque principe; il conclut page 242. que les étamines & les
piftiles font néceflairement les parties de la génération des plan-
tes, qui comparées au regne animal, établifent le fexe mafculin
& féminin; que fi quelqu'un vouloit fuivre les voyes de la na-
ture, il feroit forcé de convenir que la génération des plantes fe
fait par la maturité du fruit, & que les femences du fruit n’ac-
quierent des qualités génératives que par les étamines & pif.
ftiles; que d’ailleurs la génération eft aufli certaine dans les plan-
DE L 4 TJ A'CTN TE. CG AP VIL
tes que dans les animaux, & que toute les hypothèfes qui
conviennent au regne animal ou végétal, peuvent s'appli-
quer parfaitement aufli bien à l’un qu’à l'autre Dans fa
partie où il traite des fluides qui circulent dans les végé-
taux il avance que le fligma (que j'apelle la tête du piflile) doit
tranfmettre quelque liqueur à la plante, qui doit provenir des
pouflieres des étamines; il dit que la tête du pütile eft couverte
d’une peau qu'il appelle e/4 cellulofa, toille celluleufe, page 179,
& ajoute qu’il croit que cette peau en fe relächant ou fe refler-
rant, ou par quelque difpofition intérieure qu’il ne connoît pas,
doit certainement contribuer à la modification des fucs, qui n’ont
pas de diftinétions affez fenfibles, comme la bile, le fang, le chy:
le &c. dans les animaux, pour qu’on puifle en donner la métho=
de précife & en faire des divifions par clafles. Il conclut page
550 que les idées obfcures qu’on à de la génération des plantes
répandent plus de confufion que d’inftruétion dans notre efprit.
Plus j'ai confidéré la F2. L. de là 2. VIL. & plus j'ai trouvé que
la tête du piftile que j'ai fait defliner eft parfaitement femblable à
la tela cellulofa qui couvre fon fligma, & que ce ne font que
d’autres noms de la même chofe.S’il avoit pouflé fes obfervations
plus loin fur une plante aufli avantageufe que la Jacinte & dans
des tems différens, il n’auroit pas manqué de trouver la 76/4 cel:
Inlofa toutautrement difpofée & les vulves plus où moins ouvertes
pour recevoir le fuc féminal que leur action exprime des graines
fécondantes qui tombent fur les piftiles: non que je prétende que
toutes les plantes ayent dans les organes de leur génération une
reflemblance parfaite avec la Jacinte, mais la nature doit füuivre à-
peu-près les mêmes voyes ,& la connoiffance de l’une me paroît
indiquer néceflairement celle des autres, d'autant plus que ce
raifonnement eft dans la bouche ou les livres de tous les Bota-
niftes.
K 3
78 ANATOMIE ET GENERATION
Sytême Je n'ai pu me défendre d'admirer les idées & l’ordre du ta-
4e Bon
net.
‘bleau de la Contemplation de la Nature, par Bonnet. Ce Li-
vre imprimé à Amfterdan en 1764. eft plus fait pour être lù
que pour être extrait, & plus pour être fenti que difcuté, car
chaque Chapitre (ils font tous aflez courts) peut fournir des volu-
mes de commentaires, de diftinétions, & peut-être d’argumens
contre. L’Auteur les autorife en laiflant paroître des doutes fur
des chofes qu'il rend avec tant d'art & de méthode qu'on feroit
tenté de les adopter pour principes.
On y voit le parallele le plus fcrupuleufement détaillé du regne
animal & du végétal jufqu’au point de citer une réproduétion de
certains animaux par voye de bouture, comme dans certaines
plantes. Il faut, comme je l'ai dit, le lire pour s’en faire une
idée, qu’un extrait rendroit trop imparfaite; la lecture en eft a-
gréable: l’Auteur donne fon opinion & un jugement fur prefque
tous les fujets que je traite. Quoique je ne trouve pas mes ob{er-
vations & mes réflexions abfolument conformes aux fisnnes , je
m’accuferois de partialité, fi Je ne citois pas ce qu'il dit s°. fur
la fécondation de la plante Chap. 10. pag 12. Tom. IL. ,, La
» poufliere des étamines eft le principe qui féconde la graine, le
» piftile eft le lieu où s’opere cette fécondation. Renfermée
» dans des efpeces de véficules, la poufliere fécondante y paroît
» au microfcope fous l’afpect d’un amas de petits corps réguliers,
» Otdinairement de figure fphérique ou elliptique, qui humedtés,
» S'ouvrent & laiflent échaper une légere vapeur, dans laquelle
» nage une grande quantité de grains d’une petitefle extrême
5» Qui paroiflent fe mouvoir de côté & d'autre ; les pouflieres
» elles-mêmes mifes dans une goutte d’eau, s’y meuvent en di-
» vers fens avec beaucoup de rapidité ”.
» Trois parties principales compofent le piflile, la bafe, les
» conduits ou trompes, & le fommet. La bafe contient une ou
DE LA JACINTE CHAP. VIL 7
» plufeurs cavités où la graine eft logée. Les trompes font des
» tuyaux coniques ou des efpeces d’entonnoirs fort alongés,
» dont la bafe ou l'ouverture eft tournée vers le fommet. Ce-
» lui-ci eft ordinairement garni de plufieurs mamelons, percés
» Chacun d’un trou dont le diametre répond à celui d’un globule
» de la poufliere. Defcendus dans les trompes, les globules y
» font preflés de plus en plus par le rétréciflement de ces con-
» duits. Îls y font humeétés par un fuc qui en enduit les pa-
» rois; ils s'ouvrent & dardent la vapeur féminale qui péne-
#» tre ainfi jufqu’à la graine & en procure la fécondation &c.
Cette vapeur féminale eft toujours la fuite de l'opinion du pif.
tile fermé, & qu’on fuppofe que la matiere grofliere ne peut point
pénétrer.
* Je crois qu’on trouvera dins mes obfervations beaucoup de
caracteres de reflemblance avec celles que je viens de citer.
Cependant cette ame végétative, quoique légérement fpirituali-
fée, cette vapeur légere, ce foufle, ou enfin ce qui féconde la
plante, differe beaucoup de la grofliéreté de matiere que j'ai cru
remarquer dans l’opération de la nature que je n’ai pas pu détail.
ler avec autant de légéreté. Le Syfléme de cet Auteur tient
beaucoup aux opinions des grands Savans que j'ai cités; mais loin
de nuire au mien, il y ajoute puifqu’il femble n'être que le mé-
me Syftème rectifié d’après le fien.
2°. Quant à la circulation de la fève & de diverfes liqueurs
dans les plantes, l’Auteur démêle ce nœud gordien à la façon
d'Alexandre; il dit page 48. Part. IT. ,,en un mot, il en eft de la
» marche de la fève à-peu-prèscomme de celle dela liqueur conte-
» nue dans le tuyau d’un thermometre, tout fe réduit à de fimples
» balancemens. L'opinion de la circulation de la fève dans les
» plantes, autrefois fi fuivie, eft donc aujourd’hui très-fufpeéte
s de faufleté pour ne rien dire de plus. Ceux qui ont cherché
80 ANATOMIE ET GENERATION
» à l’établir, paroiflent avoir été plus touchés de la beauté de a
» fuppofition que de fon utilité, ou plutôt ils n’ont pas affez con-
» fidéré que l’utile eft la vraie mefure du beau. La nourriture
» des animaux les plus parfaits demandoit d’être plus travaillée
» que celle des plantes, dans la proportion de l'excellence de
» ceux-là à la perfeétion de celles ci. De la, la néceflité de la cir-
» Culation du fang, les préparation de la fève n’exigeoient pas un
5» Mouvement aufli compofé, aufli régulier, aufli foutenu :de fim-
» ples balancemens fufhfoient. Les grands animaux ne mangent
» qu'en certains tems; le fentiment vif & preflant qui les porte
#» à prendre de la nourriture, n’agit pas en eux à chaque inftant.
» Les différentes préparations que leurs alimens devoient rece-
‘» voir, auroient été troublées ou interrompues, fi de nouveaux
# alimens avoient été reçus dans leur intérieur , avant que les pre-
» miers eufient été fufifamment digérés.
» Les plantes au contraire font dans un état de perpétuelle fuc-
» Cion, elles tirent continuellement de la nourriture & en très-
» grande quantité, le jour par leurs racines, la nuit par leurs feuil-
» les. Il y a telle plante qui tire & tranfpire en 24 heures quinze
» à vingt fois plus que l’homme &c.” Enfin il conclut pag. 76.
T.IL La nature defcend par dégrés de l’homme au polype, du
polype à la fenfitive, de la fenfitive à la truñte. Et pag. 77. Les
plantes & les animaux ne font donc que des modifications de la
matiere organifée. Ils participent tous à une même eflence, &
l'attribut diftinétif nous eft inconnu.
Duhamel dans fon Traité des arbres & arbuftes imprimé à Pa-
ris en 1758. analyfe avec un ordre & une clarté finguliere non-
feulement les arbres, mais nombre de plantes qui fuffifent à un
Lecteur entendu pour lui donner une idée complette de toute la
Science des Botaniiles.
Al fubdivife page XV. de la Préface ce que les autres Auteurs
ont
D ESE; A J'APCINWP EC HA P'VIR 8t
ont confondu fous le nom de fève, en vaifleaux limphatiques, qui
ne contiennent qu'une limphe ou liqueur légere , tranfparente,
dénuée prefque de qualités, & en vaiffeaux propres qui contien-
nent une liqueur différente dans chaque plante, mais dans un mé-
me ordre dans toutes celles de la même efpece, telle que le lait
dans les figuiers &c. les gommes, les réfines &c. dans d’autres ar-
bres; & troïifiemement en vaiffeaux roulés en fpirales qu’on nom-
me trachées, qui font circuler l'air dans les plantes; & enfin en
tiflu cellulaire, véficulaire ou parenchymateux; ce qui démon-
tre certainement diverfes efpeces de liqueurs, & par confé-
quent diverfes circulations dans chaque plante. Dans le Chi-
pitre IV. du premier Livre, il fuppofe que ces vaiffeaux qu'il
appelle indifféremment fibres dans le bois, font creux, & doi-
vent contenir quelque liqueur, quoiqu'il n'en ait jamais remar-
qué dans les trachées ni dans les vaifleaux véficulaires ; il diftin-
gue parfaitement la limphe de ce qu'il appelle fuc ou liqueur pro-
pre; cependant il ne donne aucune regle de circulation, & fes ex-
périences ne mettent point à découvert les voyes de la nature, fes
gradations, ni fon mouvement de circulation. A l'Art. VI. du
Chapitre I. du cinquieme Livre, il fait des recherches favan-
tes fur la caufe du mouvement de la fève, mais il n’en donne
point la marche, puifque la nature n’a point doué (du moins à
notre connoifflance)les plantes d’une efpece d'organe qui produife
chez elles les effets du cœur dans le regne animal.
Dans le premier Chapitre de fon troifieme Livre, il expofe tout
le procédé de la nature dans la génération des plantes, fait une
defcription admirable des diverfes pouflieres d’étemines de diver-
fes plantes, des diverfes liqueurs qu’elles contiennent, de quel-
ques expériences qui font conclure que les grains de poufliere
d’étamines font organifés; mais il s'arrête fur leur effet pour ne
plus propofer que des doutes. Il décrit aufli parfaitement les pif-
L
82 ANATOMIE €T GENERATION
tiles que les étamines, mais il fe borne de même aux figures.
Dans le Chap. I. du Liv. WE. il donne pour principe que les
piftiles & les étamines font les feules parties néceflaires à la fruéti-
fication. Après avoir cité Geoflroi dans le même Mémoire dont
j'ai déja parlé, il dit qu'il n’eft point en état de décider la princi-
pale queftion qui partage les Naturalifles fur lufage de ces parties.
Il récapitule les opinions de Pontedera, de Tournefort, d’Alfton,
qui penfe comme ‘Tournefort fur le chapitre des étamines, de
Théophrafte, de Céfalpin, Grew, Camerarius, Ray, Vaillant,
& nombre d’autres ; fans chercher d’autres vérités à préfenter que
celle des différences des fexes dans les plantes. Page 176. il fem-
ble aller plus loin en difant. ;, La fagacité des Naturaliftes mo-
» dernes les a conduits à des obfervations, qui ne permettent plus.
» d'admettre d'autre caufe de génération que celle des germes”.
Au-lieu d'appliquer ce principe au regne végétal il recherche les
fyftêmes d'Harvey & de Lewenhoek, & dit page 279. que le fyf-
tême des parties organiques qui par leur aggrégation peuvent for-
mer des corps organifés, nous plonge dans des ténebres encore
plus épaiffes fur cette matiere, & conclut qu'il s'arrêtera dans fes
recherches où les expériences & les obfervations fe refuferont à.
lui fervir de guide.
_ Il dit que les femences des plantes font de vrais œufs, & que
les piftiles & les étamines font certainement les parties mâles & fe-
melles des plantes; il cite nombre de plantes fexuelles qui ne fruc-
tifient que par l'approche des diverfes efpeces, mâles ou femelles,
& il s’arrête à conftater le fexe des plantes & la vérité de leur fé-
condation par l’approximation des parties des unes avec les parties
des autres, fans entrer dans le détail anatomique de l'opération
de la nature & fans fe décider pour cet efprit de vie, ou vent fé-
minal dont il ne parle point, ou fes expreflions m'auroient échap-
pé. L'expérience & l’obfervation qu'il a defirées ne fe font pas
DEL AVYACINTE CH AB VIL 8
fans doute préfentées. Si ce fage Savant avoit pu fuivre la nature
dans quelque plante comme j'ai pu le faire dans la Jacinte , de quel
trait lumineux n'eût-il pas éclairé la Phyfique & la Botanique? Je
fuis moi-même furpris des facilités que la nature m'a données par
l'infpeétion d’un piftile ouvert, & combien elle m'a favorifé dans
le choix qu'elle m’a fait faire de la Jacinte , que je regarde comme
da plante la plus réguliérement & la plus géométriquement com-
pofée, la plus fimple & la plus aifée à fuivre dans toutes fes gra-
dations, à l’aide d'u bon microfcope, qui fouvent même n’eft
pas néceflaire.
Les variétés , les accidens, & ce qu’on pourroit nommer bi-
zarreries de la nature, fervent à conftater les vérités que la régu-
larité & les proportions géométriques établiffoient fur des princi-
pes folides: enforte qu'une bulbelle ou cayeu qui poufle & fort de
la tige, une fleur privée de parties génératives, des monftruofi-
tés & des irrégularités, ramenent aux mêmes fources & me pa-
roiffent rappeller à des principes de Phyfique qu'il ne fera pas
difficile à nos lumineux Ecrivains de faire adopter à tous ceux
qui fe plaifent dans les tableaux de la vérité, qu’on dégage de
jour en jour des erreurs fyflématiques.
Le Profeffeur Camper, non moins fcrupuleux Botanifte qu'in- S;ñême
: : : * de Cam-
comparable Anatomiite, dans fon Difcours de réception à l'Aca- per.
démie de Groningue écrit en Latin, traduit depuis er Hollan-
dois, & qui mérite de l'être dans toutes les Langues , fait des
recherches plus profondes & plus particulieres que celles que je
viens de citer. Après avoir déclamé contre les forgeurs de noms
barbares en Botanique, il remonte à l’antiquité de cette Scien-
ce bien connue d’Ariftote, de T'héophrafte, de Diofcorides, de
Pline, & de nombre d’autres Savans ou Philofophes de l'Anti-
quité. Voici comme il annonce le fujet qu’il veut traiter, Page
to de fon Difcours Latin imprimé à Groningue en x1764.
L 2
84 ANATOMIE ET GENERATION
.» Je prouverai très-bien que les plantes refpirent comme les
» hommes, qu’elles ont une perfpiration infenfible, qu’elles jouif-
» fent d’une circulation femblable à celle du fang, qu’elles fe
» nourriflent , & fe reproduifent comme les animaux; je démon-
, trerai que les plantes font afleétées de paflions amoureufes très-
» évidentes, & qu'elles font douées de fens.”
Il entre dans le détail de ce qu’il vient de promettre & dit que
Démocrite & Platon ont cru que les plantes étoient-une efpece.
d'animaux terreftres, quoique d’un autre genre que celles qui fe
meuvent & fe déplacent, qu’Ariflote les comparant aux ani-
maux, a trouvé que l'écorce des unes reffembloit à la peau des
autres, les racines à la bouche, & les nœuds qui coupent les ti-
ges & les branches, aux articulations des corps garnis de nerfs x
que Bradley & Néedham font de la même opinion, & que Lin-
næus reconnoît dans les plantes diverfes fortes de vaifleaux pour.
le pañlage & la préparation d’un chyle, & pour d’autres liqueurs:
d’autre nature, ainfi que pour la circulation de l'air; qu’elles ont
des os, un cœur, & des poumons: que Columella prétend que
les feuilles ne leur font données par la nature que pour protéger
l'acte de génération. Ce Profefleur attribue la néceflité d’une
ame dans les plantes à la conféquence qu'on doit tirer de ce qu’el-
les font affe@tées de paflions, de defirs, de triftefle & de plaïfirs,
comme nombre de Savans l'ont déclaré. Ilcite Plutarque, Em-
pédocle, Anaxagoras & Démocrite pour avoir parlé des paflions.
des plantes, & donne comme exemple de ces paflions, le palmier
femelle, qui lorfqu’il appette le palmier mâle, marque une affec-
tion trifte & languiflante, fes feuilles étant abbatues & dans une
contenance inactive; mais auflitôt qu'il reçoit la poudre fécon-
dante, il fe ranime, releve fes feuilles & annonce plus de vigueur
& de joye ; la Senfitive & diverfes efpeces d’Acacia, qui fem-
x
blent marquer une averfion pour tout ce qui peut les bleffer, &.
w
D'EUX J'ALCHIENGT'E. ‘CI À PN:VIR 84
une précaution pour fe garantir en repliant leurs feuilles, non
feulement alors, mais aufli vers la nuit, comme pour fe concen-
trer en elles-mêmes & jouir d’un repos tranquille & non inter-
rompu, comme il avance page 44. que Lirnæus l’a reconnu. Il
dit aufli que Galien l'émule d'Hyprocrate a cru que les plantes
poflédoient en elles-mêmes le principe du mouvement, quoiqu'il
leur refufit celui de l'intelligence ;: cependant elles prennent da
nourriture qui leur convient, rejettent celle qui ne leur convient
pas, elles ont un mouvement conféquent pour diriger leurs bran-
ches, leurs feuilles & leurs pores, fuivant que la nature leur pré-
fente ou leur refufe tout ce qui convient à leur nutrition ou à
leur confervation. De même que les animaux ont un inftin& für,
que Pope compare avec tant d’efprit à la raifon, dans le 3e. Livre
de fon Eflay fur l'Homme; de même auroit-on dû confacrer um
nom pour cette faculté des plantes qui ne fût ni celui de raifon
ni celui d’inftinét, mais qui, tel qu'il fût, caractérifàt ce qui leur
donne des principes certains pour leur confervation & leur exif-
tence ; les Métaphyficiens qui ont répandu tant de jour fur la
différence de l’ame des hommes à celle des bêtes, auroient éten-
du nos connoïflances & fixé pofitivement nos idées fur l’ame
végétative, fur fa nature & fon eflence. Le célebre Profefleur
dont j'extrais le Difcours déclare page 13. qu’il démontrera que
les plantes produifent des monftres par la force de l'imagination
(ce qui feroit une faculté de cette ame végétative non défignée
par un nom) fi on lui démontre que les produétions monftrueu-
fes des hommes ou des animaux font un effet de leur imagination.
Si le Pere Mallebranche ne donne point cette démonftration, je
craindrois de le tenter après lui, quoique j'aye une prodigieufe
curiofité d'entendre raifonner fur l'imagination des plantes, fur-
tout par un homme aufli connu par l'étendue de fes connoiffan-
ces que par la folidité de fon jugement.
L 3
‘86 ANATOMIE ET GENERATION
La fuite du Difcours fait voir par la comparaifon des polypes,
de certains vers, & de nombre d'infeétes dans lefquels on ne re-
connoît point de cœur, qu’il peut y avoir une vie fans cœur $
ainfi la vie de ces polypes, vers & infeétes eft une vie intermé-
diaire entre celle des animaux & celle des plantes, & eft une des
gradations de la chaîne de vie fi diflérente dans tous les êtres qui
compofent l’univers. Il poufle cette comparaifon jufques dans la
multiplication des plantes par la voye de bouture, qui reffemble
finguliérement à la multiplication de ces polypes & vers, par la
voye de fettion.
Quant aux arbres dont le$ rameaux prennent racine auffitôt
qu'ils touchent terre & fe multiplient ainfi d'eux-mêmes, il me
paroît qu'ils reflemblent parfaitement à ces efpeces d'infeétes (ob-
fervés par Bonnet & par nombre de Phyficiens,) qui du moment
qu'ils naiflent, étant féparés de leurs femblables & mis fous des
cloches de verre, non feulement s’y multiplient incroyablement ,
mais produifent des infeétes femblables à eux , qui féparés de
même, au moment de leur naïflance, ne laifflent pas que de
multiplier en très-peu de tems, & abondamment, fans le fecours
d'aucun mâle.
Après avoir reconnu les fexes des plantes & dit qu’elles fe re-
cherchent pour s’embrafler & féconder, il renvoye aux expérien-
ces de Bradley pour prouver par nombre d'exemples qu’il exifte
dans les plantes des efpeces produites comme celle du Mulet
dans le regne animal. Il renvoye aux Mémoires de l'Acadé=
mie de Berlin pour y trouver que les pouflieres des étamines
des Palmiers, envoyées par Lettres, viennent féconder des
Palmiers femelles beaucoup plus loin que ceux que Jovianus
Pontanus a cité fe féconder à quinze lieues l’un de l'autre.
Il trouve beaucoup de difficultés à expliquer comment la pouf
fiere des étamines peut pénétrer dans les piftiles; il cite les opi-
nions des autres fans ofer décider comment fe fait cette opé-
DELA JACTNITE: CH À P/VIL 67
ration qu'il avoue ne voir qu'avec obfcurité. Perfuadé, comme
tous les Botaniftes actuels, que les pifliles ne font jamais ouverts,
il ne dit point s’il fe foumet à l'opinion de Néedham qui compare
l'effet de la poufliere d’étamines fur le piftile à l'air échauflé qui
fort de l’éolipile, ou s’il croit comme Hales que la pouffiere des
étamines attire un air très-fubtil qui fe joignant à la lumiere allume
dans les femences des plantes un Point faillant Pwré/um [aliens
qui fait le principe de vie. Il ne balance point cependant à recon-
noître que cette poufliere d’étamines eft le principe de fécon-
dation, & le piflile l'organe qui le tranfmet à l'ovaire , où la
graine femblable à l'œuf acquiert toutes fes qualités. Il ob-
ferve que toutes les plantes n’auroient qu’une même forme,
fi la matiere qui les pénetre ne trouvoit dans la moëlle & dans
les nœuds des tiges & des branches, des efpeces de diaphrag-
mes qui la divifent & la forcent à prendre les diverfes configu-
rations, qui font une fuite néceflaire de la difpofition de ces
moules, par lefquels elle doit néceflairement pañler.
N'ayant rien trouvé dans tous ces Syftêmes qui détruife l'effet Les
. 4 OS 72 A" . Fe l
de mes obfervations, & la réalité des piftiles ouverts, convaincu is”
par l'exemple de la Jacinte, j'ofe encore avancer que c’eft par les
dans les
pañlages des piftiles ouverts que font introduits les œufs de divers.
infectes que le fuc féminal porte dans l'ovaire, où la nature lesies pifti-
fait éclore, & donne l’induftrie aux animaux qui en proviennent,
non feulement d’en tirer une nourriture convenable, mais même
de fe faire des routes pour en fortir, & percer les parenchymes
(ou chair des fruits) ainfi que les écorces les plus dures pour fe
reproduire À l'air fous les formes diverfes que la nature a def-
tinées.
Une longue fuite d'expériences faites fur des milliers de che-
nilles, papillons, & infeétes ramaflés des quatre parties du mon-
de, par un Curieux d’Amfterdam, a fait connoître l’uniformité
88 ANATOMIE ET GENERATION
de l'ouvrage de la nature dans la variation innombrable de ces ef-
peces qui perpétuent leurs vies fous des organes difiérens , tantôt
rampant fur terre, tantôt renfermés dans une coque impénétra-
ble à l'air, & tantôt volant dans les airs. On en trouve le recueil
chez Jacob L’Amiral à Amfterdam, en gravüres, & même quel-
ques-unes en couleur. Une des expériences de ce Curieux m'a
pleinement convaincu qu'un infecte peut être introduit dans une
plante fous une forme & en fortir fous une autre en forçant les
obftacles que la nature met entre l'air & lui. Ayant été frappé du
tableau fenfible & détaillé qu'a préfenté P. Lyonet dans fon
Traité Anatomique de la Chenille qui ronge le bois de faule,
imprimé à la Haye en 1762, invinciblement éntraîné par les dé-
nonftrations & les raifonnemens de cet habile Naturalifte, dont
la patience s’eft montrée fans exemple, tant à obferver qu'à def-
finer & graver les planches admirables qui ne laïffent rien à defi-
rer du détail de cet animal, & à compofer un Livre unique dans
ce genre, ce Curieux a penfé que la nature devoit furmonter leg
obitacles de la nature; c’eft-à-dire que dans le plan régulier de
fes productions, elle ne travailloit jamais à détruire fes ouvrages,
qu’elle tiroit parti de toute place pour la remplir d'animaux, &.
qu'elle ne donnoit l'être à aucun fans lui faciliter les moyens de
pourvoir à fa fubfftance & à fa fureté. C’eft cet ordre qui ravit
au premier fpeétacle de la nature, & qui fait trouver admira-
bles le fimple effet de fes loix, & les conféquences de fes loix.
Chaque plante ainfi que chaque animal n’eft produite qu'où la
rature peut entretenir, & le moyen dont elle fe fert, diverfifié
dans tous les êtres, nous donne l’idée d’une ingénieufe indu-
ftrie dans chaque animal, pour pourvoir à fes befoins, ou d'une
providence infinie dans chaque plante, où l’on ne peut attribuer
au difcernement, comme on fait à l'animal, des opérations qui
{ont ordonnées de tout tems par l’ordre immuable que l’auteur
de
D Er LAN MANGM'NNE E.. (CI ELA) PO VER 685
äe la nature a voulu qu'elle fuivit en chaque occañon.
D'après ce principe donc, ce Curieux prit une de ces chenilles , Exné-
rience de
fi complettement décrites par P. Lyonet, & la mit entre deux pishrie
e de la
morceaux, épais de quatre doigts chacun, d’un faule qu’il avoit chenille
fcié, & dans lequel il avoit laiflé la place fuffifante pour loger la 2: Ne
chenille, qui renfermée déja dans fa coque n'avoit point d'autre Euh Ce
mouvement que celui de toute chrifalide qu’on n'auroit jamais cru AAC
capable des eflorts que fit celle-ci. Les morceaux de bois rap- ti"
prochés & ferrés par une ficelle, le Curieux y laifla quelque
tems fa chenille enfermée; après trois jours il vit qu’elle com-
mençoit à fe frayer un chemin pour fortir de fa prifon; par un
mouvement Ondulant de la pointe qui fait l'extrémité de la chrifa-
lide, cet animal frottoit & grattoit le bois avec une telle force
qu'il en féparoit les parties qu’il repoufloit derriere lui à mefure
qu'ilavançoit. Je fus fouvent témoin des progrès de la chrifali-
de, qui mit environ quinze jours à percer l’épaifleur du bois qui la
cachoit, ouvrant les deux pieces de bois pour l’obferver, & les
refermant enfuite pour lui laiffer continuer fon ouvrage, qui fut
à peine fini qu’elle acheva fa métamorphofe, & s’envola fous la
nouvelle forme de papillon que la nature lui donna.
J'ai conclu de cette expérience que de jeunes infectes, ou leurs
œufs, font introduits dans les plantes par les piftiles ouverts ; ain-
fi leur génération & leur réfidence au centre d’un fruit n’a point
été myltérieufe pour moi. Les routes qu'ils fe frayent pour for-
tir ne doivent point être prifes pour des chemins qu'ils fe font ou-
verts pour chercher leur nourriture dans des fruits où l’on recon-
noît clairement leur berceau, & dans lefquels il arrive quelque-
fois qu’on les trouve avant qu'ils ayent aucune communication à
l'extérieur ; & pendant qu'ils font fous une forme qui ne laifle
aucun doute fur l’impoflibilité de s’introduire du dehors: cir-
conftance bien eflentielle, & qui démontre fans réplique l'intro-
M
90 ANATOMIE ET GE/NE/RATION
miflion du ver en œuf dans les fruits où la nature le fait éclore:
& où il ne peut avoir pénétré que par des piftiles ouverts. Le
tems que le fruit doit employer à prendre une certaine confiftance
eft néceflaire à l'œuf pour en faire éclore l’animal: il ne s'occupe
pas du feul foin de vivre; le but de la nature eft qu’il fe produife
au jour; & fuivant cet accord unanime de tous les êtres, dont
‘ l’harmonie compofe l’ordre de l'univers, il travaille d’abord à
fuivre les intentions de la nature & à fe frayer un chemin qui le
mette en état de remplir fes vues à fon égard.
La Jù Cette expérience & ces réflexions m'ont de plus en plus con-
touce firmé dans la préfomption où je fuis que les mouches & d’autres.
Fran infeétes caufent de grands défordres dans la génération des plan-
ui dé- : : , Ë -
er tes Un Naturalifte, plus fçavant que connu, m'a fouvent dit que
cn la plus grande partie des accidens qui arrivent aux plantes, font
tuniques. caufés par des bleffures que les infeétes leur font pour y dépofer
leurs œufs, & lorfqu’on voit une plante pleine de petits vers on
croit que c’eft l'humidité qui l’a gâtée, & qu’une fève extravafée
y a caufé la pourriture qu’on y remarque, tandis que fort fou-
vent c’eft une famille entiere d’êtres imperceptibles qui doivent
après un ou deux changemens, comme de l'état de ver à celui
de chrifalide & de celui-là à celui d’infecte aîlé, devenir des in-
fetes femblables à celui qui eft venu dépofer fes œufs. Les oi-
gnons de Jacinte font fujets comme les autres plantes à cet acci-
dent; fouvent ils font couverts d’une quantité de petits pucerons
qui fe trouvent d’abord entre les tuniques qui deviennent la pre-
miere nourriture de ces infectes, qui peut-être ont d’abord une
autre forme, mais enfin ne fe produifent que lorfqu'ils ont fait
mourir l'oignon. Je me propofe d'examiner plus à loifir & avec
fuite ces infectes, &, fi je puis faire quelque découverte, de ne
pas manquer de mettre mes expériences à la portée de ceux qui.
voudront les renouyeller, & en tirer quelqu'avantage pour l’a-
DE LA JACINTE CHAP: VIL où
vancement des connoiflances Phyfiques. Cette idée, jointe à
celle d’exciter par des exemples d’autres Amateurs à fe livrer à
ces recherches, fera caufe d’une petite digreflion fur ces infeétes
qui donnant la connoiffance de leurs procédés, conduira peut-é-
tre à découvrir des fources de mort dans les oignons de Jacinte,
ou dans les autres plantes en général, mon but n'étant pas tant de
borner l'utilité de ce Livre à la connoiffance parfaite des Jacintes
& de ce qui les concerne, que de frayer une route qui puifle fer-
vir à augmenter & aflurer nos connoïffances fur la végétation.
Les Fleuriftes d'Harlem ont fouvent remarqué une mouche qui Mouche
reffemble aflez à celles qui donnent le miel, qui vient percer la 4%
pofe fes
terre dans les planches de tulipes, pénetre jufques à une racine ®5..
de tulipe, y fait un trou en la rongeant, & y dépofe un œuf; CRE
le continue ainfi, tulipe par tulipe, de dépofer un œuf uniquerei.
dans chacune, jufqu’à ce que fa ponte foit achevée. Fort peu de
jours après, cet œuf produit un ver qui monte par la racine juf-
ques dans l'oignon, dont il fort par l'extrémité fupérieure. Il fe
nourrit de la plante qui périt bientôt; paflant à l’état de chrifa-
lide, il attend que la nature lui donne la même forme & la mé-
me induftrie de fe produire que la mouche dont il eft forti; cha-
que efpece de mouche, de papillon ou d’infeéte aïlé s'attache à
une plante ou à un animal & fuit un procédé uniforme dans fa fa-
çon de fe régénérer. Tous ne le font pas aufli fimplement que
le ver à foie qui dépofe fes œufs fans choix fur tout ce qu’on lui
préfente, quoiqu'il paroifle toujours préférer le blanc à toute au-
tre couleur. Ce même Curieux que je viens de citer pour l’ex-
périence de la chenille qui ronge les faules, même étant chrifa-
lide, a remarqué que les mouches de diverfes efpeces ont cinq
façons de s'introduire & de fe multiplier dans le corps des
chenilles, fur lefquelles il a fait les plus fingulieres obferva-
tions.
M 2
92 ANATOMIE ET GENERATION
Li Les unes viennent fe placer fur une chenille nue, (c’eft-à-dire-
pofent fans poils) qu’on trouve fur les choux. La mouche la pique fur
leurs
eus le dos entre la feconde & la troifieme annelure, à compter de la
corps dtête; elle fait un trou aflez profond pour y dépofer fes œufs. La
nes chenille effaie en vain de fe débarrafler d'elle ou des œufs, elle
ne peut pas toucher la mouche, ni les œufs, foit avec fa tête, foit
avec fa queue. Il ne lui fert de rien non plus de fe frotter contre
les feuilles, parce que les œufs font enfoncés dans fa peau. Les
vers qui fortent de ces œufs, pénetrent dans le corps de la che-
nille dont ils tirent leur fubfftance, & où ils s’établiflent pour
prendre la forme de chrifalide, qu'ils quittent pour devenir par la
fuite mouches. D'autres attachent leurs œufs fur le dos des che-
nilles nues, auffi par de petits liens qui femblent des crochets qui
tiennent la chenille & l’œuf fi ferme qu’on ne les peut point en
féparer. Les vers ne font pas longtems à éclore de ces œufs &
produifent le même eflet que les premiers.
Une troifieme efpece de mouche à quatre ailes pond fes œufs
entre les poils des chenilles velues, où ils font fi bien arrêtés qu'’el-
les ne peuvent jamais s’en débarrafler, & elles finiflent par être
dévorées par les vers qui en fortent.
Une quatrieme efpece dont ce même Curieux a obfervé tout
le travail, eft venue fous fes yeux dépofer fes œufs dans une co-
que de la chenille qui mange le tulipier & qu'il confervoit pré-
cieufement en chrifalide, dans l’efpéran ce d’en avoir le fuperbe
papillon dans lequel elle fe change. Après avoir repouffé plufieurs
fois la mouche qui s’obflinoit à fe pofer fur la chrifalide, vo-
yant fon intention qu’il diftingua très-bien, il prit le parti de la
laiffer faire, avec la précaution de la couvrir d'un verre pour
l’obferver & ne pas la perdre. Il la vit percer la coque de la
chrifalide & en deux tems différens dépofer fes œufs dans l’inté-
rieur de la coque où ils tomboient. La mouche mourut, il la
FE E A FAGUINTE CH AP, VIL ,93
conferva comme il conferve des milliers d’efpeces de papillons
qu’il a dans fon Cabinet ; & quelque tems après il fendit la coque
de fa chrifalide, qu’il trouva pleine de petits vers,qu’il y renferma
de nouveau, & qu'il revit peu après fous la forme de chrifalides.lls
nc furent pas longtems à donner un effain de près de cinq. cens
mouches parfaitement femblables à la mere qui les avoit produi-
tes. Sa chrifalide de chenille du tulipier étoit entiérement dé
vorée, & fon corps avoit fervi de rampart contre l'air à cet ef-
fain de vers & de mouches.
Mais la façon la plus finguliere dont la nature produife des
mfectes, eft fans doute celle dont il a fuivi de mêmeto ut le pro-
cédé prefqu'incroyable. Les chenilles qui fe nourriflent des
feuilles des arbres, les trouvent quelquefois couvertes d'œufs de
différens infectes aîlés qui font fi petits que la chenille peut en
mangeant les feuilles les avaller fans les offenfer. Ces œufs ne
font pas plutôt dans leurs inteflins ou eftomac qu'il en fort des
vers qui d’abord donnent des convulfions à la chenille, la font lan-
guir & enfin périr. Cet homme, qui pour fuivre les variétés da
tous les papillons qu'il poflede a tiré des grandes & des petites
Indes les chenilles & chrifalides & a pu fuivre dans fon Cabinet
tous leurs changemens, étoit fort foigneux de conferver fes
chenilles & étudioït leurs maladies que fouvent il guérifloit.
Ayant obfervé plufieurs fois celles-ci, & ne s’appercevant pas
qu’elles euflent comme les autres des bleffures de mouches qui
dépofent leurs œufs,les voyant remplies de vers dans leur inté-
rieur, quoiqu’en moindre quantité, il a fi bien fuivi leur con-
duite, (les ayant mis fous des verres où les mouches ne pou-
voient plus les atteindre, en leur donnant des feuilles où à
l'aide du microfcope il obfervoit ces œufs de mouches, puis
les ouvrant fort peu de tems après & trouvant partie des vers
éclos, d’autres plus tardifs,) qu’il a pu s’affurer que ces vers
M 3
Mouches
qui dépo-
fent leurs
g4 ANATOMIE ET GENERATION
n’avoient point eu d’autre origine que ces œufs mangés par la
chenille, qui devenoit bientôt leur viétime. S'il laïfloit ces che-
milles, il en voyoit bientôt fortir des vers, qui devenoient chri-
falides, & pañloient enfuite à la forme de mouche.
Les chaleurs du cerf ont tous remarqué que dans une certaine
faifon de l’année, ces animaux portent entre cuir & chair nom-
ef PS Ere de vers aflez gros, qui percent leur peau de façon qu’elle n’eft
les cerfs.
plus d’ufage pour la pelleterie ; quand ces vers font diffipés, Ia
peau fe referme & devient telle qu'elle étoit auparavant, & le cerf
n’eft point incommodé de ces animaux. Si les chafleurs veulent
faire quelques remarques fur les mouches ou taons qui piquent
alors les cerfs, ils connoîtront bientôt l’efpece de mouche qui
vient piquet la peau äu cerf pour y dépofer des œufs qui produi-
fent des vers qui ne s'occupent point à ronger le cerf, par ce que
la nature ne les à pas faits pour cet ufage, mais qui ne fongent
qu’à fortir du berceau que leur mere leur a choifi. On peut juger
par ces exemples de mille autres qui ne doivent plus nous fur-
prendre à la premiere vue, puifque les Naturaliftes nous en citent
un fi grand nombre dans leurs ouvrages, & que la nature nous
en fait rencontrer fi fréquemment.
Quelques Médecins ont fait de pareilles obfervations fur les ani-
maux & même fur des hommes, quoiqu'ils n'ayent peut-être pas
faivi la génération des animaux qu'ils trouvoient vivans dans le
corps des hommes ou des animaux qu’ils obfervoient. On peut
voir dans la Contemplation de la Nature le Chap. V. de la onzie-
me Partie confacré prefque tout à ce détail. Tom. I. page 87.
Ainfi le fait n’a rien de plus fingulier dans les plantes que dans
les animaux. Si l’infeéte ou le ver qui fe trouve dans un fruit n’a
point de communication extérieure par laquelle il ait pu s’intro-
duire, (ce qu’on voit affez communément dans beaucoup de :
fruits) il doit néceffairement avoir paflé par le piflile, car il n'y a
DEN: L'AL FRACMINME. GIE A BL VIT 97
point d'autre chemin; & il eft plus Simple qu'il arrive ainfi dans
l'ovaire ,que dans le corps d’une chenille, avec la nourriture qu'el-
le prend; mais dans l’un & l’autre cas il n'y pañle qu’en œuf, &
le ver n’en fort que lorfqu'il a été quelque tems couvé dans le
corps de l’animal ou dans l'ovaire de la plante, & qu'il a de la:pla-
ce pour s'étendre. On conçoit qu'en proportion du tems où il
vient à éclore, il détruit le fruit, ou fe contente d’y prendre la
fubfiftance qu’il peut donner fans que fon accroiflement en fouffre
beaucoup, c’eft ce qui arrive aux pommes & aux poifes aflez fen-
fiblement ; mais dans quelque fruit que ce foit, l'œuf de l’infeéte
a dû pañler par le piftile, foit qu’il foit dépofé deflus par l’infete
comme fur les chenilles, foit que le fuc féminal le ramafle en fon
chemin. Si fuivant le fyftême de Vaillant & de ceux qui l'ont
fuivi, l'ame végétative eft-un fouffle de vie auram feminalem effla-
fam que la nature fait pafler à travers un piftile fermé; fi ce n’eit
point une partie grofliere de la poudre d'étamines, ou en un mor
une matiere, mais, comme Vaillant le nomme, un efprit de vie.
qu’il défigne par le même mot de la Génèfe qui peint le paflage
de la vie ou de l’ame dans le corps de l'homme; à quel fouffle au-
ra-t-on recours pour faire pafler non feulement l’efprit de vie,
mais même le corps de l’animal qui vient fe former au milieu d’un:
fruit malgré la fermeture dupiftile ou le tiflu ferré de la toile cel-
luleufe qui le couvre, & qui ne laifle paffer que l’efprit de femen-
ce? Je n'ai cité ces expériences que pour faire voir que l’ouvertu-
re des piftiles eft de toute néceflité dans les plantes, & qu'il ne
faut pas chercher de myftere dans la conduite de la nature : quand
elle eft aufli clairement connue dans une plante que je le fais voir
dans la Jacinte, il me femble qu’il ne manque plus que quelques
expériences pour démontrer qu'elle agit de même dans toutes
les plantes. Appétit
“FE LE : : : de con-
J'ajoute à ces idées une préfomption qui rapproche encore plusception
dans les
plantes,
96 ANATOMIE ET GENERATION
la nature de l’uniformité de fes procédés dans le regne animal &
dans le regne végétal. 11 me paroît par mes obfervations fur les
piftiles des Jacintes que du moins dans cette plante, la nature
donne au piftile un appétit de conception, qui s'annonce toujours
par des fignes extérieurs, dans tout ce qui porte le nom & le ca-
rattere féminin. Les plantes ayant dans leur.compofé divers ca-
naux qui contiennent diverfes liqueurs, ne doit-il pas réfulter de
la circulation de ces fluides des effets réglés tels que la nature en
montre dans les animaux? Ainf l'ouverture des vulves du piflile
à-tems marqué, mais fi rare & jufqu’ici non obfervée, n’eft-elle
pas une conféquence néceflaire? Si l'on confidere enfuite que
peut-être un piftile aura ces appétits de conception un ou deux
jours & peut-être une ou deux heures par jour, on ne fera plus
fi furpris que les Obfervateurs qui les auront examinés, ayent man-
qué le moment heureux de connoître le changement qui fe fait
dans le piflile. On verra même dans mes obfervations que le
hazard qui m'a fi favorablement traité d’abord, n’2 duré que quel-
ques jours d'une faifon fort avantageufe. Si l’on parvient un jour
à détailler une plante comme Lyonet a détaillé la chenille qui
ronge le faule, on fera bien des découvertes que la nature ne nous
accorde que peu-à-peu. Nous n’en fommes encore qu’à diftinguer
les mañles, bientôt on les fubdivifera, & il faut efpéker qu’on
finira par les connoître.
‘ On doit encore obferver que la nature voulant que le travail de
la génération des plantes fe fafle fans obftacles, a grand foin aufli-
tôt que les piftiles ont reçu le fuc féminal, de les fermer & même
de les élever de façon que rien n’y peut tomber ni pénétrer: de
même la matrice des animaux eft fermée auflitôt après la con-
ception. N’eft-il pas bien fimple que des piftiles vus dans cet
état ayent toujours paru fermés? De ce fyftème de fermeture
continuelle du piftile ne devoit-il pas réfulter toute l’obfcurité
que
5 DA ÉATAIGENME, CEA Ph VIE >
que les plus grands Botaniftes ont trouvée dans les fyflémes de
génération des plantes, où malgré leur préjugé l’on voit la véri-
té percer à travers des nuages épais.
Ces idées me ramenent aux détails phyfiques où je vais entrer,
qui malgré le peu de perception qu’on aura des particules de la
matiere fi fubtiles que celles dont je parlerai, doivent acheminer
à ces vérités de fait que notre efprit peut concevoir & connoître,
quoique nos organes ne puiflent les faifir. Ramenant donc les
principes philofophiques ou plutôt les idées phyfiques des Philo-
fophes à ma Jacinte, j'eflayerai d'expliquer ce qu'ils entendoient,
& ce qu'ils enfeignoïent, pour le comparer à nos connoiflances
attuelles & aux idées que j'ai des loix & des procédés de la na-
ture dans toute végétation.
Si Platon avoit appliqué fes principes au dévelopement de la syñèmes
Jacinte, & qu'il en eût voulu donner l'explication à {es difciples, Phones
phiques
il n'auroit pas manqué de leur rappeller que l’eflence de toute ET pere
pération confifte dans le nombre trois. Voyant les parties denis
l’'étamine deflinées P2. VIT. F5. 1. & Fig. IV. il auroit dit que
l'unité de la bafe # Fig. L. auroit produit les deux côtés 4 & «
Fig. IV. qui portent la graine de l’étamine, & que l’exiftence de
ces deux côtés auroit engendré néceflairement le troifieme côté
e du triangle 4, qui par la perfection de trinité devient le prin-
cipe de génération & enfante une forme de Jacinte qu'il renfer-
me dans les graines fécondantes, parce que la perfe@tion du
triangle n'auroit pour but & en idée qu’une Jacinte. C’eft par
cette intention qu'il admettoit dans le triangle ou réel ou idéal,
qu'il expliquoit la diverfité des corps. Aïiilote y découvriroit
la caufe motrice, qui, dit-il, ne féconde pas, mais donne le
mouvement, & fait prendre la forme aux parties féminines de la
plante renfermées dans l'ovaire, comme le fculpteur fait prendre
une forme au bloc qu'il faconne. Il ajouteroit que c’eft-là ce
N
98 ANATOMIE ET GENERATION
qui conftitue l'ame végétative, produite néceflairement par l'har:
monie de la difpofition numérique, renfermée dans les élémens.
1! prouveroit par la Jacinte que le fuc féminal qui monte directe-
ment de terre dans le fond de l'oignon par le centre, & qui fe
porte tout d’un coup dans la tige fans circuler dans les tuniques,
n’eft point un produit de toutes les parties de l'organe, en dépit
du fentiment de tous les Philofophes de fon fiecle.
Les Auteurs des fyftêmes des Atômes & des Monades fe-
roient tous glorieux de fe trouver, aux noms près, d'une même
opinion que le premier Naturalifte de nos jours. Ils renonce-
roient à leurs expreflions ampoulées, & diroient que les rires:
de la matiere défignées par les mots d'atôme & de monade com-
me par celui de molécule organique, feroient introduites dans la
bafe 4 de l’étamine Fig. IL. PZ. VIH. comme dans un petit labora=
toire où la nature aflemble les parties de l'organe d’une Jacin-
te, dont la perfection lui caufe une fuite de foins immenfes ,.
qu'un rien peut arrêter ou détruire avant le tems où ces infi-
ment petits doivent rentrer dans la clafle commune, au fein de
l’efpace, pour y refter, fans altération, des parties organiques &
vivantes , indifféremment employées à compofer d’autres végé-
taux ou des animaux. Monfieur le Prieur & Monfieur le Che-
valier fpectateurs de la nature, pour ne pas fatiguer Madame 1x
Comtefle de détails trop phyfiques la rappelleroïent à l’admira-
tion qu’exigent les merveilles de la Providence.
Quant à moi fans attaquer tous les Philofophes anciens dont le
principe invariable relativement aux plantes comme aux animaux,
plaçoit le Punélum vite in ovo, où le fiége de la vie dans l'œuf,
je crois que les parties organiques que la nature doit raffembler
pour former ou pour déveloper la Jacinte, font d’abord renfer-
mées dans la terre, ou même dans l’eau, d’où elles pénetrent
dans le fond de l'oignon , fans lequel les moules & la matiere
DE LA! JACENTE CHAP. VII ‘55
filtrée ne produiroient jamais de Jacinte. Ces parties organi-
ques , vivantes ou non, font élevées de l'oignon dans da tige
de la fleur, & viennent fe raflembler dans la bafe ou l’épi de
l’étamine, d’où le fuc féminal doué de toutes les qualités géné-
œatives eft enlevé dans l’épi: là, il trouve une écorce À l’aide de
laquelle il peut traverfer l’air pour tomber dans le piftile, fous la
forme de graine fécondante, ou s’il n’a point d'air À traverfer,
il redefcend tel qu'il eft, par la même tige dans le fond de l’oi-
gnon: Il dévelope dans l’une ou l’autre place de nouvelles for-
mes fimilaires qui renferment une fucceflion de vie & de durée
à la Jacinte;s comme il arrive dans la copulation des animaux,
foit que le concours Ges fucs féminaux des deux efpeces foit né-
ceffaire, foit que l’un des deux fuffife; car il eft bien démontré
que le fuc féminal des graines fécondantes étant porté dans l’o-
vaire trouve dans chaque œuf une liqueur extrémement fubti-
le, puifqu’on ne la voit que comme de l'air PZ VI. Fig. IV. V.
& VI. qui doit être un fuc féminal aufli, & qui fait l'effet des
liqueurs féminales du mâle & de la femelle des animaux. Mais
dans le cas où la Jacinte n'ayant point d'étamines ni d’ovaire,
le fuc féminal renfermé dans l'oignon même s’y dévelope en ca-
yeux, il eft certain qu’il n’y a point eu de fuc féminal mafculin
& féminin mélangé & qu’un feul a produit des rejettons ou
cayeux: c'eft ce qui mérite la plus grande attention de la part
de ceux qui réduifent tout fyftême à un feul principe.
Mon bonheur m'avoit fait découvrir dès mes premieres expé- Es
riences les cellules ou plutôt les vulves dont le pifile eft compo-dunir
fé, comment elles s’ouvroient pour recevoir la graine éco
te, & fe reflerroient pour en exprimer le fuc féminal, qui defcen-
doit par des vaifleaux réguliers jufques dans chaque graine de
l'ovaire, & dont le furplus alloit fe perdre dans la tige de Ja
fleur. Ayant voulu répéter mes expériences dans la faifon où
N 2
100 ANATOMIE ET GENERATION
l'on n’a que des Jacintes hâtives , avancées par le fumier ou le feu,
jamais je n’ai pu parvenir à voir un piftile ouvert, je les trouvois
toujours tels que celui de la 2 VIN. F5g. [. J'eflayai par une cha-
leur artificielle de forcer la nature à fuivre fes opérations habi-
tuelles fous mes yeux; je rafiemblai les rayons du foleil avec un
verre ardent dont je dirigeai le réflet fur le microfcope où j'obfer-
vois une tête de piftile. La chaleur fit déveloper les rayons ex:
térieurs a a de la Fig. IT. & VI. de la P/. VIT, mais imparfaite-
sent. J’eus beau varier les dégrés de chaleur & de l’aétion du
foleil, je ne parvins qu’à tenir ces rayons ouverts ou à les brüler,
mais je ne pus jamais réuflir à faire ouvrir les vulves du piitile
d’une maniere bien fenfible ; ce qui m'a donné l'idée que les pifti-
les n’avoient un appétit de conception que momentané, & qu'il
étoit-aufli difficile de l’exciter avant terme dans les fleurs que’
dans les animaux. La faifon que la nature a choïfie pour les fleurs
des Jacintes arriva fans que j'eufle pu parvenir à voir les vui-
ves du piflile ouvertes; je ne doutai pas de les revoir fous la mêé-
me forme & avec la même facilité que l’année précédente, où,
depuis les dix heures du matin jufques à midi, j'avois,en cinq ou
fix jours diflérens, obfervé des piftiles toujours femblables à celui
de la F%g. IL. Z. VII. Je ne connoïflois point alors toutes les
difficultés que les Botaniftes ont trouvées avant moi dans cette
recherche: je n’avois nulle idée d’un piftile obftrué, ni d’une toi-
le celluleufe, ni d’un efprit de vie foufflé dans les pifliles pour
fervir d’ame à la plante, ni d’un point faillant allumé par la lu-
miere du jour, ni de toutes les opinions que j'ai citées ; Je ne
marchois que de conféquence en conféquence fans étudier les
Syftêmes; & fuivant l'examen du piflile dans les divers change-
mens que j'y remarquois, je me flattois de prendre encore la na-
ture fur le fait: malheureufement la faifon fut très-froide & très-
fà cheufe. J'eus beaucoup de peine à trouver des pifliles ouverts;
DEEE A JACGINTÉ CH AP. VIL rer
& à quelque moment que je m'y fois pris, je n’en ai plus retrou-
vé d’auffi complettement ouverts, & aufli nets que celui de la PZ.
VII. Fig. IL Sa forme étoit abfolument changée par la dilata-
tion de toutes les vulves. Je fis defliner avec la plus grande pré-
cifion celui que je trouvai le mieux dévelopé, (Voyez Fe. II. P2,
VII) Il s’en faut beaucoup qu'il ne reflemble à celui de la Fg.
UT. tant par la bordure dont les pointes font aigues à la Fig. IE.
& toutes arrondies à la F£g. IT. que par le centre qui n’eft pas auffi
dévelopé; la forme du piftile ne s’eit pas non plus changée par la
dilatation des vulves. Peut-être celle de la. F%e.IIT. a-t-elle été ex-
ceflive, & caufée par la grande chaleur qu’il faifoit en 1766, tan-
dis que la nature n’aura fait qu’une partie de fon ouvrage en 1767.
à caufe du froid.
Je coupai ce dernier piftile en deux parties égales: l’une Fig.
V. Plan. VI. le repréfente à l'extérieur, & l’autre Fig. VL. eft fa
coupe intérieure dans laquelle on ne remarque que dans le centre
un conduit fenfible pour le fuc féminal ; les autres qui doivent
correfpondre de chaque vulve à ce conduit font à peine fenfibles
au microfcope. Maïs ce conduit fait en forme triangulaire, ainfi
que le corps du piftile, fe diftingue aifément dans l'ovaire, au
centre duquel il pafle, (Voyez 2. VI. Fig. II. 2) d’où il defcend
dans le pédicule où il s’arrondit, & fe confond enfuite avec ceux
de la tige où il pénetre.
Cherchant pour quelle raifon la nature ne fe contentoit pas
de donner à l'ovaire la portion de fuc féminal feulement nécef-
faire, & pourquoi ce fuc refluoit en dehors de l'ovaire, & def-
cendoit, comme je viens de le dire, le long de la tige, je crus
trouver une néceflité dans cette conduite de la nature pour
faire régénérer la Jacinte par une autre voye ; c’eft celle des
cayeux qui correfpondent en quelque façon, à ce qu’on appel-
le rejetton dans d’autres végétations,
N 3
Forma-
tion des
cayeux
par le fuc
féminal.
102 ANATOMIE ET GENERATION
Le cayeu fe forme à mon avis par la furabondance du fuc fé-
minal, qui defcendant de l’ovaire dans la tige pénetre jufque dans
le fond de l'oignon, où il compofe cette quantité d’oignoncules
qu'on ne peut pas révoquer en doute en voyant la PZ IV. F5g. I.
& en connoiflant la maniere de déveloper ces oïgnoncules & de
les déterminer à devenir cayeux; ce que l'opération conique de
la même Planche rend aufli clair que l'ouvrage de la nature dans
l'ovaire. Lorfque le fuc féminal defcend par la tige, il eft peu
fenfible au fond de l'oignon dans le petit cercle où il s'étend au-
tour de la tige naiflante. Lorfque la poufle nouvelle a reculé le
fond de l’oigaon en élargiflant le petit cercle qu’elle formoit au-
tour du centre, où l’on ne remarque que de très-petits points,
l'oignoncule qui n'étoit qu’à fa premiere année dans ce centre,
à mefure qu’il s’en éloigne, commence à prendre une forme ellip-
tique & à marquer un corps bien defliné : c’eft ce qu’on voit
dans le fecond cercle de la même #2. I. PZ. IV. Dans le troifie-
me efpace, c’eft-à-dire dans la place du fond qu’occupent les tu-
niques repouflées deux années de fuite du centre de l'oignon vers
fon extrémité , ces corps elliptiques du fecond cercle fe for-
ment en cayeu, ou ne fe dévelopent point du tout & tombent en
même terms que les dernieres tuniques déja defléchées, quand el-
les pourriflent en terre: enforte que je croïs que la nature mar-
che à pas égaux par la voye de la femence & par les cayeux,
du moins fi elle agit fans être aidée par l’art.
J'ai dit que le fond bulbeux de l'oignon étoit le même dans les
tuniques jufqu’à un certain dégré; il feroit très-difhcile & très-
minutieux de fixer la place précife où les tuniques prennent la
qualité fubéreufe, fi facilement reconnue dans les fannes, qui ne
font qu'une feule & même mafle qu’elles; mais je crois pouvoir
prouver ici que ces mêmes tuniques, par le côté qui joint le fond,
ne font qu’une feule & même fubitance avec lui.
D'ÉPENANIRATCMN UT E.: C'ANA'PMYIL! es
Ce même fuc féminal dépofé de la tige dans le fond de foi- Preuve
gnon, où il forme tant d’oignoncules, ne s'arrête point dans le pd &
fond, il monte aufli dans les tuniques qui ne font point fépa- ue
rées du fond de l'oignon, & s’y porte avec d’autant plus d’abon- une
dance, que leurs parties font moins compaétes que celles durême
fond. Les oignoncules s’y déveloperoient avec beaucoup plus de ce.
facilité, s'ils avoient de l’air & l’aifance de s'étendre ; c’eft ce
qui fait que dans l’operation conique dela 2 IV. F%g. IV, la
partie fupérieure donne toujours un grand nombre de ca-
yeux, tandis que le fond Æ%g. V. encore pyramidalement cou-
vert par les reftes des tuniques coupées, n'en donne prefque
point. J'en attribue la caufe à la nourriture qui defcend ai-
fément du haut des tuniques aux parties coupées, où fe trouvent
des oïgnoncules en liberté de fe déveloper d’autant plus aifé-
ment que, comme je viens de le dire, ils font moins ferrés entre
les tuniques que dans le fond: le concave de la coupe les garantit
de l’aétion de l'air, qui tout au contraire agit fortement fur
le fond. Si l'air frappoit de même cette partie fupérieure de
l'oignon coupé, & fi on n'avoit pas l'attention de l’en garantir,
ainfi que de l'humidité, elle réufliroit moins bien que le fond.
Cependant par l’avantage de fa pofition, la fève fe porte de la
partie faine à la partie coupée; & dans le fond, au contraire, ce
qui refte de fève fuit de la partie coupée pour fe concentrer dans
la partie faine qui fait le fond de l'oignon.
Je ne regarde la tige qui poufle au pied de celle qui jette ac- ra four
. 4 eft le
tuellement fa fleur que comme un oignoncule qui fe dévelope ui
4 re V , 22 ’. - du déve-
avec plus d’aifance & régularité que les autres parce qu il trou: lobemiene
ve certainement à s'étendre par l'air qui circule plus librement cie
au centre de l’oignon que dans aucune autre de fes parties, Eee
par le vuide que laïfle néceflairement la tige qui fe deffeche ford de
l'oignon,
après avoir donné fa fleur, À
Com-
ment la
nature
forme
les corps.
104 ANATOMIE ET GENERATION
Le fuc féminal contient en lui-même le germe, & je penfe
qu'il eft aufli lent à fe déveloper que ceux qui font produits par
la voye de femence; c’eft ce qui m'a fait chercher dans l'embryon
d'oignon qu'on voit PZ. III, Zg. IV., fi je ne découvrirois pas
au pied de fa tige un autre embryon plus petit, comme naturelle-
ment il y a lieu de croire qu'il y exifte; car la Jacinte y eft com-
plette quoique refferrée dans un fi petit volume. Le microfcope
ne m'a pas rendu cette partie de l'ouvrage de la nature aflez fen-
ble pour le remarquer.
Forcé de m'arrêter aux bornes que l'humanité prefcrit à nos
foibles organes, je me fuis contenté de voir que dans la compoli-
tion de toute plante la nature afflembloit des particules de matie-
re, qui paflant par des moules toujours uniformes relativement à
chaque efpece, ne manquoient jamais de produire des corps fem-
blables entr'eux dans leurs efpeces. Ces moules font premiére-
ment les corps organiques exiftans foit en corps parfaits, foit en
femence ou rejetton, car on n’admet plus que le limon de la terre
produife des vers des ferpens, ni des oifeaux, comme on l'a cru
longtems; on fçait que fans rien perdre de leurs qualités pro-
du&rices & génératives, des femences & des germes peuvent é-
tre confervés pendant des années & même des fiecles. J'ai fait
germer en 1754 du bled, renfermé dans des magazins en terre à
Metz du tems de Charles V., c’eft-à-dire près de deux cens ans
avant qu'on vint à le découvrir ; & les Troupes ont confom-
mé le pain qu'on a fait de ce grain, qui étoit excellent. Le
bled que j'ai femé, quoique petit & maigre, a produit des épis
d’affez bonne qualité. Chomel dans fon Dictionnaire Econo-
mique apprend bien à compofer une verminiere & à faire éclore
des milliers de vers par une certaine préparation, mais fans le fang
qui en fait la bafe & qui contient les infeétes innombrables qu’on
peut y remarquer avec le microfcope & qu'on peut y déveloper
par
D NE A FAICANM E .C:H A P; VIL 10$
:par la voye d'incubation & de fermentation, ‘ou fans quelqu’autre
matiere femblable on n’en verroit jamais aucun infe&te fortir. De
même que la nature ne produit aucun animal fans un autre, de
même elle ne produit aucune plante fans femence. Je laifle à
dire à nos Obfervateurs & à nos Agriculteurs, jufques à quel ter-
‘me la femence peut fe conferver en terre, mais je ne me dé-
fendrai pas de citer un exemple qui peut réveiller l'attention des
Phyficiens. Dans les forêts de Compiegne & de Fontainebleau
nommément, fans en citer nombre d’autres femblables, on abbat
la haute futaye fous laquelle il n’en poufloit plus depuis plus long-
tems de bafle, & le terrein dépouillé d'arbres refte à découvert
& devient en friche: les cerfs, les biches & tous les animaux y
viennent paturer. On ne voit d’abord aucun rejetton de bois, le
terrein refte ainfi quelquefois quinze vingt & jufques à quarante
ans; alors la terre fe couvre par-tout de rejettons de bois; mais
ce qui paroît le plus fingulier, c'eft que le bois qui pouffe n’eft
jamais de l'efpece de celui qu’on a coupé le dernier, enforte qu’à
la place où l’on ne voyoit que de vieux & fuperbes chênes, on
voit une poufle toute «entiere de hêtres ou d’autres bois, & pas
un chêne: de même où l’on avoit toujours vu des hêtres, il pouf-
fe des chênes &c.
Si l’on a l’attention d'empécher le gibier de détruire ce bois,
a forêt fe renouvelle par la fuite, mais fort à la longue. Qui
pourroit dire que ces boïs ne foient pas le fruit de femences tom-
bées en terre des arbres qui ont précédé ceux qu'on abbat & a-
voir été peut-être un fiecle entier ou plus en terre?
On a vu comme les infeétes dépofent leurs œufs & fe multi-
plient par-tout & comme ces œufs peuvent fe conferver, de même
combien les graines, les femences & les rejettons peuvent être de
tems fans perdre leurs qualités génératives; ainf l’on ne fera plus
fi furpris de la formation d’un corps quelconque où l’on n’avoit
106 ANATOMIE ET GENERATION
nulle idée d'en trouver; c’eft ce corps qui fert de premier moule:
à la matiere pour y former un corps femblable: il faut feconde-
ment que les corps extérieurs qui joignent celui-ci & qui laif-
fent pafler entre eux les parties des élémens qui doivent entrer
dans la compofition du nouvel organe, foient dans une difpo-
fition avantageufe, & c’eft en cela que confifle la fcience de
lAgriculteur & du Cultivateur.
Je n’attaquerai point l’ordre de divifion d’élémens confacré par
le tems & l’ufage dans prefque tous les pays; je me contenterai de
faire obferver que ce qu’on appelle les quatre élémens ne font
point quatre mafles diftinétes féparées & fufceptibles d'être déga--
gées de tout alliage, pour ne conferver que des parties homogenes
pour chaque mafle & hétérogenes pour chaque autre. On a beau
fuppofer la terre réduite en Chymie au Caput mortuum le plus dé-
pouillé de tous les autres élémens, il faudroit foi-même ne pas é-
tre au milieu de cesautres élémens pour en garantir le retour dans
cette terre chymifée. Si d’ailleurs cette même terre eft fufceptible
de s’enflammer, l’on ne regardera le feu que comme un accident
de la matiere, c’eft-à-dire, une combinaifon de parties, qui doit é-
tre la fuite néceflaire du mouvement ; & fi l’on fait attention à l’é-
vaporation de l’eau, & aux qualités de l'air que nous refpirons, car
je laiffe l’éther à d’autres fubftances, on perdra l’efpérance de pou-
voir jamais démêler les parties aqueufes des parties 4ériennes, ni de
réduire la mafle de l’eau en parties fimples purement aqueufes &
les parties aëriennes à une fubftance fimple ; & dès-lors on prendra
toute une autre idée des quatre élémens & des parties élémentai-
res qui paflent dans tous les corps, qui s’y mêlent, s’y réuniffent,
& s’y confolident pour compofer tous les fujets des trois regnes.
La nature eft donc une, mais d'une combinaifon fans bornes
pour nous, & dont nous ne fçavons imiter, ordonner ni tracer que .
bien grofliérement les produétions. Quand elle travaille à la for-
DE EX JACINVTE CF À P°-VIR «ro
“mation d’un corps, elle doit donc en avoir ; du moins dans le re-
gne animal & dans le végétal, un femblable, foit en corps parfait,
foit en rejetton, foit en femence. La matiere qui avoifine ce
corps doit lui être analogue; c’eft aïnfi que le feu, la terre &
l'eau, peuvent empêcher la production d’un corps qui n’eft point
fait pour recevoir leurs parties, & c’eft ainfi qu’on peut juger de
la néceflité de préparation & de fermentation des parties de la
matiere pour faire produire à la nature des corps avec toute la
perfeétion dont ils peuvent être fufceptibles. C’eft en conféquen-
ce de ces réflexions que je fuis entré dans un fi grand détail fur
la préparation de la terre propre à la culture des Jacintes. Je
conviendrai que ne je ne regarde pas moi-même la méthode que
je donne comme Ja feule bonne & qu’on doive fuivre. On voit
des oignons de Jacinte réuflir parfaitement à donner leur fleur
dans l’eau pure. Duhamel & Bonnet dans leurs expériences fe
font fervis d’eau clarifiée, & quelquefois d’eau de pluye. Bon-
net a même prétendu que nulle préparation de terre n’égaloit a
fermentation des plantes mifes dans de la mouffe bien feche d’a-
bord & enfuite fuffifamment arrofée. On trouve dans le premier
Volume des Mémoires préfentés à l’Académie des Sciences, de
l'Edition de l’Imprimerie Royale en 1760., le fuccès de cette
fermentation dans deux Mémoires ; il s'étend beaucoup plus
fur des graines de diverfes efpeces & fur des ceps de vigne qui
ont donné de très-beaux fruits, que fur les Jacintes qu’il a cul-
tivées de même.
Ces divers procédés ne détruifent pas l'avantage que je crois
qu’on doit trouver dans une préparation de terre bien entendue,
mais prouve feulement que les moules qui filtrent ia matiere peu-
vent être variés à l'infini, & que le mélange des parties appellées
élémentaires , fe fait par de trop imperceptibles parties pour
que nous puiffions jamais -en connoître le détail & les diverfités.
O 2
108 ANATOMIE ET GENERATION
Pour juger de la difpofition intérieure de la terre, qu’on: life
tous les Mémoires préfentés à l’Académie fur les expériences fai-
tes avec la terre vierge (on appelle de ce nom celle qu’on fuppofe
n'avoir été jamais cultivée ni frappée de l'air) & l’on perdra bien-
tôt l’idée qu’on s’eft peut-être formée qu'elle eft une mañle pure
& dégagée des mañles des autres élémens.
Je n’ai point imaginé de découvrir comment les particules élé-
mentaires introduites dans la plante acquierent des qualités géné-
ratives, c’eft par une recherche de parties infiniment pétites
qu'on pourroit y parvenir, &. nos microfcopes n'ont point en-
core le dégré augmentatif néceflaire pour nous les faire dé-
couvrir.
Les Métaphyficiens ne refufent point à la nature le détail des
opérations par lefquelles elle produit les merveilles, conçues par
l’Auteur de l'Univers, & aflervies à des loix immuables dont elle
ne s’écarte jamais: mais nos Phyficiens nous ont donné peu de
lumiere fur ce mécanifme : cependant leurs idées s’éclaircifient
tous les jours, & les détails anatomiques dans lefquels ils font en-
trés, nous ont mis à portée de reconnoître la nature de ces
loix divines & immuables qui fervent de bafe à larrangement &
à l'harmonie de l’univers.
On fait aujourd’hui plus d’attention que jamais aux favans prin-
cipes que le plus fublime des Philofophes Anglois a renfermés
dans fon Effai fur l'Homme. Cette chaîne immenfe qu'il fait com-
mencer (Epit. I. vers 257) à Dieu, puis defcendre aux fubftances
éthérées & humaines, anges, homme, bêtes, oïifeaux, poiflons,
infeétes , à ce que l’œil ne peut voir & que le microfcope ne rend
point fenfible, n'eft plus prife pour une expreflion poëtique &
emphatique. On cherche aujourd'hui dans la nature cette grada-
tion d'êtres, & cette échelle qui rend le paflage de l’un À l’autre
prefqu’infenfible. Combien de ceux que nous appelons aujour-
DE LA J'ACINTE CHAP IL «109
d'hui nos Ecrivains & que les fiecles à venir honoreront peut-
être du nom de Philofophes, ont déja rompu les barrieres qu'on
mettoit entre les trois regnes de la nature! Le nombre des ‘Zoo-
phites ne fe borne plus aux polypes, aux plumes, aux priapes, aux
orties & aux champignons de mer: chaque année nous donne de
nouvelles connoiïflances qui nous dégagent de ces idées de divi-
fions élémentaires & de diftinétions de regnes. On peut voir dans
la Contemplation de la Nature de Bonnet & dans le 4° Tome de
la Nature par Robinet de quelle étendue peuvent être les animaux-
plantes, ou les plantes-animaux : ces livres joints au principe des
molécules organiques vivantes ont donné matiere à de nouvelles:
recherches; aucune n’égale celle des Vues philofophiques de la
gradation naturelle des formes de l'être de Robinet imprimées à.
Amfterdam en 1768. Sans décider le dégré d’eflime qu’on lui
doit accorder, & l'avantage dont il peut être aux idées que j'ai:
tâché de rendre claires, je me contente de dire que fans recher--
cher l’origine & la caufe du principe de vie, la nature le renfer-
me dans la Jacinte dans la graine fécondante de l'étamine, & que
fon ouvrage dans cette plante, & peut-être dans toutes les autres,
fe fait non feulement avec le même ordre que dans les animaux,
mais que même dans les cayeux il prend une maniere de fe déve-
loper toute extraordinaire. Dans la fection conique repréfentée
Fig. WI. & IV. de la PZ. IV. il acheve dans les tuniques une œu-
vre, qu'il n’auroit jamais pu conduire à fin fans le fecours de
l'art. De même les cayeux qu'il produit à la tige de l'Evéque
& de quelques autres efpeces, (que les Botaniftes appellent
bulbelles ) feroient en pure perte, fi l’art & les foins des Fleu-
riftes ne préfervoient ces produétions, trop délicates pour réfifter
au grand air, & pour y pañler l'automne & l'hiver. Aïnfi la na-
ture par un mouvement de parties imperceptibles à nos yeux,
porte dans fon travail le germe fécondant, en même tems qu’el-
O 3
xio ANATOMIE ET GENERATION
le produit une forme ; elle en affure aïinfi la fucceflion &‘k
durée.
J'ai d'abord craint que ce Syftême de fécondation d’oignoncu-
les répandus dans tout l’oignen, ne pût être combattu par la ci-
tation de nombre d’efpeces qui ne donnant point de graines, pa-
roifloient en conféquence ne devoir point donner de fuc féminai
au fond de l'oignon, où néanmoins la nature.fe régénéroit par la
voye des cayeux.
Les Mais en examinant fucceflivement toutes les efpeces qu’on
nas. “croit ne donner jamais de graines, j'ai trouvé qu'elles étoient four-
aire nies prefque toutes d'ovaires, de piftiles & d’étamines ; je les ai
Ps fait defliner à la PZ IX où l’on peut remarquer toutes ces parties
peuvent .néceffaires à la fécondation. Les étamines font fouvent étouf-
avoir
coutes les fées par-les feuilles florales qui les couvrent, & qui s’oppofent à
Péceltst. a perfeétion del’ouvrage de la nature quant à la femence ou grai-
Due. Lime à venir, mais elles ne gênent point fon premier travail, qui,
comme je l'ai montré, commence pour les étamines & les piftiles
avant que les boutons de la fleur foient épanouis.
Ie froid Le fuc féminal peut très-bien avoir traverfé l'ovaire, être def-
ie cendu dans le fond de l'oignon , & celui qui étoit pañlé dans la
graine de l'ovaire a pu s’y deflécher ou s’y détruire, & le fruit
couler, pour me fervir du terme des Jardiniers qui rend très-
bien l’action dont je parle. Cet accident arrivé fi fréquemment
aux melons &.aux jeunes plantes que l’on tient fous les verres,
quand elles contraétent du froid, que je ne crains pas de dire,
après les expériences que j'ai faites fur la façon dont le froid & :le
chaud agifloient fur les piftiles des Jacintes, que lorfqu’ils efluyent
quelque froid violent, ils fe deflechent , & laïflent ainfi l’ovaire
fans défenfe; l'air y pénetre, & détruit tous les œufs expofés à :
fes injures. ‘Le peu de fuc féminal qui aura pañlé du furplus de
d'ovaire dans la tige & de-là dans le fond de l'oignon, n’y coc-
DE LA JÆACINTE CHAP. VIL wi
tracte pas le même froid que celui de l'ovaire : il peut très-
bien y porter le germe qui fe dévelope en cayeu, attendu que le
premier ouvrage de la génération s’eft fait avant que le bouton
fût ouvert, & l’ovaire;expofé à l'air, fi dangereux, mais cepen-
dant fi néceflaire pour la fruétification.. C’eft ainfi que la cha-
leur artificielle n’a d'action fur les plantes & fur les animaux que
jufques à un certain dégré. Je penfe que les particules dont l'air:
eft imprégné font ce qu'on appelle le climat, compofé plutôt par
la préfence que par le mouvement de ces particules; de même que.
les particules qui font dans la terre & qui n'éxiftent pas plus uni-
verfellement dans toute terre que les autres dans tout air, font:
ce qu'on appelle fon fol; & rien ne femplace parfaitement le: fol
& le climat. Des plantes ou des animaux tranfportés dans un
fol & climat tout-à-fait oppofé au leur , pourront peut-être y trai-
ner un refte de vie languiffante & abrégée, mais ils ne pourront
jamais s’y multiplier'ni acquérir les qualités génératives, qui fup-
pofées naturelles dans l’organe, font partout une fuite néceflai-
re de la difpofition des parties de la matiere autour de l'organe:
Hors ces relations extérieures il y a divers dégrés qui lient les
deux extêmes, & donnent au fol & au climat des vertus en pro-
portion de leur diflance & différence du fol & du climat auquel
on.les compare.
Comme je ne puis pas mettre en doute qu'il n’y ait plufieurs reus
fleurs pleines qui par leur ftruéture organique font des monftres?!""
fans o-
que la nature à privé des parties qui fervent à la génération BE iles nt
qu'entr'autres le Grand Monarque de France, defliné PZ. 1X. Kig.tamines.
XT. & XII. n’a ni ovaires, ni piflile, ni étamines, non plus que les
fleurons deflinés Fig. VII. VIT IX. & X., j'ai cherché com-
ment la nature y fuppléoit, & voici ce que mes obfervations &
mes réflexions, m'ont fait découvrir. Je le foumets au juge-
ment de ceux dont l'expérience & les connoiflances rendent les
décifions certaines,
112 ANATOMIE ET GENERATION
Féconda. La matiere qui doit fe porter dans l’étamine pour y produire’le
tion des
caycus_ fuc féminal doit éxifter premiérement dans la terre. C’eft ce que
fus lai déja dit, & c’eft un principe fur lequel je ne crois rencontrer
<emrs-aucune oppofñtion de la part des Phyficiens: foit que cette ma-
tiere vienne former le corps par intus-fufception ou par juxta-po-
fition, c’eft certainement une matiere additionnelle qui dévelope .
& augmente le corps dans le premier cas, ou qui dans le fecond
fait l’aflemblage de fes parties. Cette matiere ayant été filtrée,
raflinée, ou digérée en traverfant le fond de l’oignon qu'elle
pénetre en fortant de terre, s’éleve dans la tige & de-là dans le
pédicule, où répond le petit filet de la bafe 4 de l'étamine F5g. I.
PL VAL. Plus elle s'éloigne de terre & plus elle dévelope fes qua-
lités générativesselle arrive au pied du pédicule & trouve fix che-
mins ouverts pour la conduire aux bafes des fix étamines qui fe
trouvent dans chaque Jacinte bien conftituée. Ces chemins ou
filets font très-fenfibles en f f dans l’intérieur du fleuron de la Fïg.
E ?2 VI.;ils font marqués à l'extérieur par une couleur plus fon-
cée que le refte de la fleur. Le fuc féminal monte en fortant de
cefilet dans la bafe de l’étamine que je regarde comme le réfer-
voir de la plante, & où j'ai placé le puzéfuin vitæ plutôt que dans
l'œuf, de même qu’un grand Philofophe a placé le fiége de l'ame
ou de l’efprit vivifiant dans la glande pinéale plutôt que dans la
cervelle ou dans le cœur: Comme nombre d'oignons, ainfi que
je le démontre, renferment des punéfum vite fans œuf, puifqu'ils
n’ont pas d’ovaire l'œuf ne doit pas être le fiége de l'ame vé-
gétative qui fe forme de ces puntlum vite.
La Nature voulant multiplier la plante par la voye de la femen-
ce, eft obligée de porter l’efprit de vie ou le fuc féminal du ré-
fervoir de la bafe de l’étamine dans le piftile. Comme ce tra-
jet fe doit faire à l'air, le fuc féminal à befoin d’une envelope qui
lui donne la facilité de le traverfer fans inconvénient. La Nature
for-
DÉ LA JACINTE CH AP VIN er
forme à cet effet l’épi de l’étamine, où elle éleve le fuc fémi-
nal, & le diftribue en petites portions dans les graines fécondan-
tes, qui fuivant fon intention tombent dans les piftiles. L'enve-
fope n'étant plus alors néceffaire au fuc féminal, le piftile l’en dé-
pouille & le fait pafler librement dans l'ovaire, dans la tige &
dans le fond de l'oignon, où les circonftances diverfes dévelopent
Îles germes du fuc féminal,-comme je l'ai fait voir par l'expof-
tion des parties du piflile & de l'ovaire. PZ. VI. F5g. VII. J'ajou-
terai que ce fuc féminal porté plus abondamment dans le fond des
oignons qui ne donnent point de graines, & qui n’ont que la voye
des cayeux pour faire dépenfe de fuc féminal, fait qu'ils produi-
fent une plus grande quantité de cayeux que les oignons qui ont
employé du fuc féminal pour faire venir de la femence. De dix
efpeces de Jacinte double ne rapportant point de graines, neuf
au moins donneront une multiplication de cayeux telle que n’en
produit aucun oignon à fleur fimple; circonftance qui fuit né-
ceffairement du principe œconomique de la nature, que je vais
tàcher de dévoiler par l’expofition de fon travail.
Quand la nature s’eft elle-même Ôôté les moyens de convertir le
fuc féminal en femence, par la monftruofité de la plante qui ne
poflede piftile, ovaire, ni étamine, elle ne refte point inactive,
n'interrompt point fon ouvrage ordinaire, & ne veut pas per-
dre tous fes fraix. La matiere qui forme le fuc féminal fui-
vant le même chemin en fortant de terre arrive jufqu’au point
où la nature obilruée lui préfente une impañle qu'on appelloit
autrefois eul-de-fac: c'eft dans la bafe de l’épi de l’étamine que
ja nature ne trouve plus de débouché, faute d’étamine ; là le
fuc féminal eft forcé de s'arrêter. Comme la nature ne le deftine
plus à paffer à l'air, & qu'il n’a plus befoin d'aucune préparation,
attendu qu'il renferme déja le Punéfum vite, elle fe contente de
ie faire retourner de la bafe de l’étamine au pied du pédicule le
BP
114 ANATOMIE ET GENERATION
long des mêmes filets, où les loix de la circulation établiffent né-
ceffairement différens vaifleaux deftinés aux fucs féminaux, qui
laiflent encore bien des détails à ceux qui voudront fuivre ces ob-
fervations, d’autant qu’on commence à vouloir établir que la fe+
ve eft alternativement montante ou defcendante dans les plan-
tes, & qu’elles n’ont point cette circulation & cette divifion
de liqueurs qu'ont les animaux: queftion que l'expérience feule
peut décider, mais expérience un peu trop fubtile pour nombre
d’obfervateurs. Quand le fuc eit arrivé près du pédicule au point
où l'ovaire & les fix filets des étamines fe joignent en f P2. VI.
Fig. L il trouve les vaifleaux qui étoient deftinés à le porter,;.
après qu'il a rempli fuffifamment les œufs de l’ovaire, & que fa
furabondance demande un autre débouché : alors il fuit ce
chemin.
J'imagine que l’idée qu'on attache au mot d’efprit vital convient
parfaitement au fuc extrait de la terre, tant qu'il monte dans la
plante pour arriver au réfervoir ou à la bafe de l'étamine qui fert
de rendez-vous à tous ces Punélum vite. Ces efprits ayant ac-
quis toutes les qualités génératives, en refortent fous le nom de
fuc féminal, renfermé dans les graines fécondantes, dont on
confondoit ordinairement le nom & l’ouvrage fous l’idée aflez va-
gue de prolification de la poudre ou poufliere d’étamines.
gene J'ai cité grand nombre d'opinions des Sçavans à ce fujet; j'a-
de Bot jouterai que le célebre Boerhave à qui l’on a donné le titre
ave Je
gén d'immortel, ayant toujours mis une extrême clarté dans fes ou-
des pln-yrages, & trouvant tant d’obfcurités dans la génération des plan-
"tes, a cru plus raifonnable de garder le filence à cet égard que
d'adopter les opinions reçues de fon tems, ou d’en donner dont
lui-même n’auroit pas été content.
Les efprits vitaux de la Jacinte font les wuzfés de la matiere,
dont l'addition fait le compofé de tout organe. Quelles foient
DELA PJACINTE CH AP: VIL 4
vivantes & organifées, crochues, ou fubftances fimples, ou Point
faillant, la bafe de l’épi de l’étamine eft leur point de réunion.
Comme elles ont befoin d’une place plus confidérable & de plus
longue durée pour fe bien déveloper , elles vont dans l'ovaire &
de-là dans le fond de l’oignon, où elles achevent l’œuvre de ré-
produétion de la Jacinte. Je laifle à décider dans le procès de
juxta-pofition ou d’intus-fufception , fi le dévelopement du fuc
féminal dans la plante fe fait comme celui du fperme dans l’animal
par un aflemblage parfait & en petit de tous les membres qui par
la fuite s'étendent tous à la fois, ou par une produétion fucceflive
des différentes parties de l'organe. Ariftote, Harvey & Malpi-
ghi ont été combattus dans leurs opinions par de nouveaux ob-
{ervateurs: ils ne font pas d'accord entr’eux, fi le cœur eft for-
mé le premier, fi .c’eit la tête ou les vertebres, fi les membres
paroiflent fortir un à un de la liqueur féminale, & fi ce font plutôt
des parties qui fe réuniflent pour compofer un organe que des
parties d'organes infiniment petites qui ayent déja des formes qui
s’accroiflent & s'étendent. Il feroit peut-être aufli facile de trou-
ver des oignoncules ou molécules organiques dans le fuc féminal
des plantes, que dans les liqueurs prolifiques des animaux; j'en
laiffe la découverte à la poftérité, je me contente de faire voir la
Jacinte telle que les corps vivans; la nature fuit à fon égard les
mêmes voyes. Il faut d’abord une Jacinte, pour que la nature tra-
vaille à la production d’une autre, & elle emploie des parties de
cette premiere fi peu fenfibles pour la compofition de la feconde,
qu'il fera peut-être plus difhcile d’en trouver la forme que celle
des vers fpermatiques des animaux. L'intérieur de la bafe d’une
étamine & le fond de l'oignon où fe produifent les cayeux peu-
vent occuper longtems les obfervateurs. Les plantes dans la gra-
dation de leur vie & de leur enfance, trouvent fouvent bien des
obftacles qui les empêchent de venir à bien: elles ont aufli,
PE
116 ANATOMIE ET GENERATION
comme les animaux, des défauts, des monftruofités ou même
des répétitions dans leurs membres. La Jacinte a quelquefois des
fleurons doubles & triples, & des tiges doubles en total ou en
partie; le Coriphée qui fait un aflez beau rameau bleu, eft tou-
jours compofé de deux tiges qui pouflent enfemble & font recou-
vertes d’une même peau, c’eft une fingularité qui accompagne
toujours cette efpece, & qui fait tout fon mérite. On croyoit au-
trefois que la matiere fe fubdivifoit en formes infiniment petites
qui contenoient en elles virtuellement & individuellement le dé-
velopement de toutes celles qu’elles devoient ou pouvoient pro-
duire: enforte qu’il éxiftoit dans une graine une partie pofitive de
toutes celles qui devoient en provenir. Un Philofophe de nos
Jours a reftraint cet effet de la graine d’un arbre, au feul arbre qui
provient direétement de cette graine, pour qu’une progreflion
non finie ne nous jettàt pas dans le labyrinthe de l'infini; mais fon:
autorité n’entraîne pas encore tous les Phyficiens. Une feule
graine d’orme pourroit, en multipliant au poflible fes femences
& leurs produits, acquérir en cent cinquante ans une aflez gran-
de extenfon, pour couvrir, des ormes produits par elle & fes
graines, toute la furface du Globe terreftre. Comment pour-
roit-on avoir l’idée de la petitefle des derniers germes contenus
dans le premier? Si l’on fe faifoit illufion au point de fe figurer
l'apparence de cette idée, que deviendroit-elle fi on remontoit
à l’origine du monde & fi l’on y plaçoit ce premier germe renfer-
mant tous ceux qui pouvoient en provenir? Quelle divifion fup-
poferoit-on dans la premiere graine, pour la place qu'occuperoit la
graine à produire danséooco ans! L’imagination même fe perd dans
cette incompréhenfible petitefle. Ce n’eft point non plus à ces
infiniment petits que je crois qu’on doit avoir recours pour expli-
quer la multiplication des Jacintes pleines qui n’ayant ni piftile ni ;
étamines doivent être rangées dans la clafle des plantes ftériles ;
DEMÉA RACENTE CHEAP. VIL ms
que Ludwig dans fes Zwflitutiones biflorico-phyfice, Fdition de
Leipfick 1757. pag. 51. $. 36. veut qu'on appelle eunuques ou neu-
tres, & qui cependant fe perpétuent, fans dégénérer ni varier
en aucun temps. Je ne puis m'empêcher de remettre fous les
yeux des Phyficiens cette finguliere conduite de Ja nature, qui
dans le regne végétal reproduit les corps, fans fe fervir des or-
ganes ordinaires de la génération, que les corps de même ef.
pece ont coutume d'avoir. Que les plantes foient fexuelles .
hermaphrodites, flériles ou neutres, elles ne périffent point ; que
les cayeux foient un dévelopement néceflaire d’un oignon, qu’il
ne doive qu’à fon exiftence le germe réproduéteur, ou qu'il lui
foit communiqué de nouveau par l'oignon auquel il refte quelque
tems uni, un fait inconteflable eft que la Jacinte fe régénere éga-
lement par femence, & non feulement fans femence, mais même
fans avoir aucune des parties néceflaires à la réproduction par
voye de femence.
On a trouvé la même propriété dans les polypes, les vers & au-
tres infeétes, qui fe régénerent également par ces voyes ; mais at-
tendu que les minéraux fe régénerent fans femence, par une dif-
pofition de parties telle à-peu-près que celle des fucs féminaux
errans dans les plantes hors des ovaires, de favans Naturaliftes
n'ont ofé fixer les bornes de la nature dans chacun des trois
regnes qui femblent ne former qu’une feule chaîne fans interrup-
tion. Le corail n’eft plus une appartenance du regne minéral de-
puis qu’on a découvert qu’il n’eft que le produit ou la demeure de
nombre de vermicules, comme l’écaille eft à l’huitre.
L'Drtica marina, & nombre d'autres Zoophytes ne font pas incertitu-
encore décidés bien. pofitivement du regne animal ou du végé-#°%
tal; les moufles, les lichens ou liquens,les litophytes & les crif- el
taux rendent les bornes aufli douteufes entre le regne végéral
& le minéral: les Savans enfin n’ont ofé décider à quel regne
P 3
119 ANATOMIE ET GENE/RATION
appartenoient nombre de corps. On balance dans notre fiecle à
reconnoître des plantes vivantes (c’eft l’idée qu’on attache au nom
de ‘Zoophyte) tandis que dans le fiecle de François Premier
un Du Bartas dans fa Seconde Semaine Kdïit. de Paris in-folio de
1614. pag. 34. avance hardiment que les feuilles d'un même ar-
bre produifoient des oifeaux fi elles tomboient par terre, ou des
poiflons fi elles tomboient dans l'eau. Son Commentateur place
cet arbre merveilleux dans l’Ecofle & cite le nom de tous les
Auteurs qui en ont parlé. ù
Malgré les connoiffances que j'avois acquifes fur la génération
des Jacintes, j'avois encore bien des queftions à me faire. Pour-
quoi fur dix mille & plus de graines de Jacinte femées, prefque
toutes les fleurs feront-elles fimples fans uniformité de couleurs
avec la fleur dont on a tiré la femence? Comment les graines
{orties d’un même ovaire ont-elles aufli cette irrégularité ?
Défordre Pourquoi les Jacintes fimples donnent-elles prefque toutes des
dans La = : 3 : .
“ne graines? Pourquoi les Jacintes doubles & les pleines en don-
lens, nent-elles fi rarement ? Pourquoi ces graines de Jacinte double
donnent-elles des fleurs fimples, & tout aufli rarement äes dou-
bles que les graines des fimples? Les Fleurifles me redirent ce
que j'avois déja là dans les Auteurs, & ce que nos Phyficiens ré-
petent encore. Plufieurs étoient perfuadés que fi l’on féparoit
les Jacintes par leur couleur & qu'on les tint à quelque diftance
les unes des autres, cela n’arriveroit pas. Après avoir longtems
cherché quelque caufe étrangere qui dérangeàt l’ordre de la natu-
re, & après avoir fouvent examiné les fleurs & ce qui leur arri-
voit, j'ai cru pouvoir me fixer à une efpece de fyftême que je
foumets au jugement des Obfervateurs & des Phyficiens.
LesMou. Les abeilles & mouches de plufieurs efpeces viennent tirer des
ches à
miel &c, fleurs ce qu’on nomme leur fuc, elles vont de l’une à l’autre très- .
caufent & , re 5 :
ce défor-rapidement & puifent de quoi faire leur miel & leur cire. Ce fuc
#% qu'on ne définit point, & auquel on eft accoutumé de m'attacher
D EMEA PAIGEN NE NC D'AP, IVIL Es
qu’une idée vague, n’eft autre que le fuc féminal contenu dans les
graines fécondantes; car la Jacinte n’a point comme la Tulipe de
fac ou poche, où le miel eft, dit-on, tout fait par la nature. La
Phyfique moderne a corrigé l'erreur que le miel fe trouvât tout
fait fur les fleurs; elle apprend que l’eftomach de Ja mouche lui
donne fes qualités, qui refflemblent très-imparfaitement à celles
des fleurs; & qu’il n’eft pas plus poflible à l’homme de compofer
du miel & de la cire avec des fleurs, fans eftomachs de mouches,
que de la foie fans des eftomachs de vers nourris de feuilles de mü-
rier. J'ai pris plaifir à voir les mouches-à-riel charger leurs cuif-
fes de graines fécondantes que Gay dans fes Rural [ports appelle
leur tréfor doré (vers 85.) à caufe de la couleur jaune de ces grai-
nes. On peut obferver fans microfcope quelle quantité une feule
mouche en porte dans un feul voyage: quelle quantité de mou-
ches! & quelle quantité de voyages! On voit dans l’hiftoire des
abeilles qu’elles s’écartent à plus d’une lieue de leurs ruches: la na-
ture les a pourvues d’une trompe qui n’eft qu’une langue très-aigue
& très-longue, qu’elles introduifent dans les piftiles pour en re-
tirer le fuc féminal, qui coule de-[à dans l'ovaire. es mouches
n’ont point d’autres liqueurs à puifer dans cette place où elles font
conftamment, & où elles travaillent avec une vivacité que j'ai fui-
vie quelquefois, pour épuifer, les unes après les autres, toutes
les vulves de fuc féminal ou de graines fécondantes, qu’elles fa-
vent aufli fort bien détacher des étamines. Les armes dont la
nature les a pourvues uniquement pour cet ufage, l'emploi qu’on
leur en voit faire, font des preuves inconteftables que ces animaux
feuls dérangent plus l’ordre de la génération des fleurs que le
vent ni tout le refte de la nature, & ne contribuent pas peu à
rendre fenfible & néceflaire l'ouverture des piftiles.
L’imagination n’eft point en état de fe faire le tableau de tout
le défordre qu’elles doivent occafonner par le mélange des fucs
120 ANATOMIE ET GENERATION
féminaux fur lefquels elles travaillent fans cefle, portant d’un pif-
tile dans un autre ou du fuc féminal ou des graines fécondantes
qu’elles laiffent tomber dans des piftiles qu'elles trouvent ouverts
à certaines heures & difpofés à tout recevoir. Si l’on fait atten-
tion à la quantité d’infectes aîlés qui fe joignent aux mouches- à-
miel, & qui font continuellement occupés à fuccer les piftiles ou
à dépouiller les épis de leur graine fécondante, je ne crois pas
qu'il foit néceflaire d'avoir recours au vent pour expliquer ces
myfteres de génération que nous apprenons tous les jours à con-
noître de plus en plus. Il eft aifé de concevoir que la proximité
des Jacintes, la chaleur de l'air, le fue féminal tranfporté fans
évaporation d’un piftile à l’autre par un travail répété des millions
de fois, aux heures où les pifliles font ouverts, font &e fortes pré-
fomptions pour faire juger un accident de la nature, qui ne doit
point renverfer l'ordre général de fes Îoix. De nouvelles expé-
riences où l’homme pourra fuppléer aux mouches, acheveront
peut-être de juftifier mon opinion.
Je venois de faire cette réflexion, lorfqu’en parcourant le Dic-
tionnaire Encyclopédique je lus au mot Boranique tout ce que les
fçavans Auteurs de ce livre ont bien voulu dire à ce fujet, & l’en-
couragement qu'ils donnent à tous ceux qui voudront faire des
expériences fur les plantes : ils avouent qu'on peut ajouter de
nouvelles connoïiflances à celles qu'ils donnent. Leurs confeils
pénétroient mon ame du delir de partager avec eux le bonheur
qu’ils attachent à l’utilité dont on peut être à fes femblables.
pure C'eft à la fuite de plufieurs expériences fans fuccès de ma part
Han Pro que raifonnant avec un homme auili célebre par fon efpiit & fes
feur de Connoiffances que profond dans la fcience de la Botanique, j'ap-
der Pris de lui que le Profeffeur de Botanique du Margraff de Baden-
de Baden Dourlach avoit tenté les mêmes expériences que moi, mais avec
lich. plus de fuccès; que par le mélange des graines fécpndantes (ou
poul-
DE L'A HACAINTE. CHEAP; VIL x
L4
pouflieres d’étamines) portées de l’étamine d’une plante dans le pif-
tile d’une autre plante, il étoit parvenu non feulement à déranger
l'ordre de la nature, mais même à lui faire produire des monftres
de végétation qui augmentoient les efpeces des plantes, comme
nous avons multiplié les efpeces dans les animaux. Il a donné fur
ce fujet, d'année en année, plufieurs differtations très-curieufes
écrites en Allemand. Dans celle qui a pour titre Zwcite forfet-
sung der vorläufigen nachricht von einigen das gefchlecht der pflant-
gen von Jacob Gottlieb Kotreuter. Leipfick 1764., il rend compte
de fon procédé pour introduire des graines fécondantes ou pouf-
fieres d’étamines d’une plante dans le piftile d’une autre ; quel fuc-
cès ont eu fes expériences fur le Verbafcum, Nicotiana, & Dian-
themum; quelles plantes nouvelles il a gagnées; ce qu’elles ont
de commun avec les pere & mere qu’il leur a donnés, & quelle
conféquence il en a tiré. Ces faits font pofñitifs, & les plantes
ainfi que Mr. Kôlreuter exiftent encore à Carlsruhe. Ils confir-
ment toutes mes préfomptions fur les défordres que les mouches
peuvent occafonner dans la génération des plantes, & particu-
liérement des Jacintes.
Les pouflieres d’étamines de palmiers envoyées dans des Let-
tres des pays éloignés qui les produifent, jufques à Berlin & Leip-
fic, comme le Profefleur Camper le cite dans fon Difcours im-
primé à Groninge en 1764. & comme depuis Kôlreuter en a four-
nien 1767. à Berlin, prifes à Carlsruhe & encore à d’autres pays
du Nord plus froids & plus éloignés, prouvent avec quelle facilité
les mouches peuvent & doivent occafionner des fingularités de
toute efpece à cet égard & tranfporter & laifler tomber par ha-
zard des poudres d’étamines dans les piftiles ouverts. Oferois-je
avancer que les mouches auront pu déranger l’ordre des cayeux
que j'ai dit être prefqu'invariable? Il eft certain que fur des mil-
kons d'oignons plantés tous les ans, on n’a point remarqué régu-
Q
122 ANATOMIE ET GENFRATION
liérement chaque année une variation d’un cayeu dégénéré dans
fa couleur, car il ne change jamais dans fa forme.
Ciyeux En 1765. je vis dans les Jardins de van Zompel Fleurifte à O:
dégéné
verveen près d'Harlem, un cayeu d’un B4;/ly d'Arnfielland dont
‘Ja fleur eft toujours bleue, qui donna une fleur blanche, avec du
rouge dans le cœur; les deux années fuivantes il a continué de
même & a jetté des cayeux qui font une efpece nouvelle que les
Fleuriftes ont nommée le Bazlly d'Amfielland rettifié. W reflemble
parfaitement, à la couleur près, au Baz/}y d'Amfielland. J. Kreps
Fleurifte fameux à Harlem a eu de même un Y’asqueur (dont la
fleur pleine, toujours bleue, mais avec cette particularité qu'elle
a toujours deux ou trois petites feuilles florales blanches) qui de-
vint aufli tout blanc; ce n'étoit qu’un cayeu qui n’a dégénéré que
de couleur, de oignon dont il fort, & qui devient aufli par cette
fingularité une efpece nouvelle. L’efpece de Jacinte du Vainqueur
eft fi facile à diflinguer, aufli bien que le Bailly d'Amjlelland,
qu'on ne peut pas y être trompé. Une plus finguliere variété qui
m'a ramené dans mon fyftême des mouches, eft un Corio/an, fleur
fimple & bleue, dont un cayeu donna chez Georges Voorhelm en
3767. pour premiere fleur une tige chargée de quatre fleurons
uniquement, dont l’un fut d'un bleu très-foible, & les trois au-
tres panachés de blanc & bleu. 11 y a plufieurs efpeces de Jacin-
tes panachées qui peut-être ont eu même origine. - Ne pourroit-il
pas arriver que toutes les étamines d’une jacinte ayant manqué,
foit par la gelée, foit par d’autres caufes phyfiques, & que le
piflile étant en bon état, les mouches ayent pu porter dans fes
vulves de la graine fécondante d'une autre Jacinte, qui portant
dans le fond de l'oignon fon germe, l'ait pour ainfi dire grefté fur
ce fond, où ce feul cayeu fe fera dévelopé de façon que toute fa
defcendance confervera ce caractere, pendant que l’oignon-mere
aura continué de donner fa fleur & fon fruit naturel? Si l’on de-
DEL AN ACIPN TE) C'H'A'p. Ip
mande fi la graine de ces Jacintes bleues n’a pas été de même al:
térée dans l'ovaire, je dirai que je crois qu’elle l’a été, mais qu’on
n’a point prévu cette expérience, & que ce cayeu pouvoit avoir
été produit depuis troïs ans dans le fein de l'oignon, comme on
le peut juger à la fleur qu'il a donnée qui n'étoit pas plus forte que
celle d’un oignon venu de femence prife en terre depuis quatré
ans. Quant à la graine, le J’zsvqueur eft une des fleurs Ja moins
fujette à en donner; s’il en a porté où elle n’a pas été femée, ou
l'ayant été, elle a fuivi le fort commun de toutes les femences
de Jacinte qui ne produifent point leur femblable; fi, comme il
eft plus vraifemblable, la fleur n’a eu ni piftile, ni ovaire, ni étami-
nes, l'ordre de la nature aura pu s’intercepter dans la tige, où par
un hazard aufli rare que le fait que je cite, une mouche a pu inter-
vertir cet ordre, fi la tige a laifié quelque jour où fa trompe ait pu
pénétrer & rencontrer le fuc féminal qui defcendoit pour fécon-
der le fond de l'oignon. Cet écart de la nature annonce aflez les
expériences que j'ai dit plus haut qu’on pourroïit tenter avec fuc-
cès, foit pour donner aux couleurs plus de vivacité, foit pour les
changer ; j'en crois la méthode phyfique immanquable & très-
fimple, mais malheureufement inconnue.
Il arrive aux Jacintes comme aux autres plantes que la difpofi- rieurs
tion des fleurs fe dérange par de petits obftacles qu’on ne connoit "#5
point & qui doivent fe rencontrer dans la tige ou dans le pédicu-
le: deux fleurons s'accouplent enfemble & n’en compofent plus
qu’un feul, qui paroît monfirueux, mais en même tems fuperbe;
il ne faut qu’un peu d'attention pour reconnoître ce jeu de la natu-
re, qui ne fignifie rien, quoique je l’aye vu caufer une grande ad-
miration: à la vérité, ce n’étoit pas à des Connoifleurs. On ren-
contre fi fouvent des cerifes & des pommes d’apis, accolées ainfi,
& confondues en une feule, qu’elles font ordinairement regar-
dées avec beaucoup d’indifférence; cependant cette particularité
Oz
124 ANATOMIE ET GENERATION
peut fervir de bafe & de principe pour des expériences qui ne
peuvent être qu'amufantes & qui peuvent donner matiere aux
Phyficiens de pénétrer de plus en plus dans les fecrets de lanature.
pie Je m'en rappelle une qu’un des Chambellans du feu Empereur
m'a dit avoir vu réitérer tous les ans à S. M. L Il faifoit couper
deux oignons perpendiculairement, dont on avoit grand foin de
ne pas oflenfer les tiges naïflantes; il rapprochoit les deux moi-
tiés qui contenoient ces tiges pour n'en compofer qu’un feuL.
oignon, qui devoit donner deux fleurs : on avoit foin de les. |
choifir de couleur diflérente; on lioit & refermoit avec un peu
de moufle les joints, & on remettoit cet oignon faétice en terre
comme les autres. 11 produifoit toujours un effet bizarre; le plus
commun étoit que les deux tiges pouflant en même tems s’acco-
loient & fe lioient de façon qu'elles paroïifloient n’avoir qu’une
feule & même peau, d’où fortoient des fleurs blanches d’un cô-
té, & rouges ou bleues de l’autre. Il arrivoit encore que les
couleurs fe confondoient & faifoient une nuance des deux: rare-
ment on voyoit les deux tiges s'élever féparément l’une de l’autre.
Cette expérience jointe à ce que j'ai dit des amputations
que font quelquefois les Fleuriftes, peut être une fource d’a-
mufemens & d'expériences pour ceux qui voudront s’y livrer,
& me confirme de plus en plus dans l’idée que l’amputation eft le
plus fouverain remede à toutes les maladies des-oignons. J'ai
voulu faire la même expérience que l'Empereur, mais ayant ac-
colé mes oignons dans le mois de Février , la pouile intérieure é-
toit trop avancée, & je n’ofois efpérer aucun fuccès. De fix oi-
gnon accolés ainfi, deux ont réufli paflabiement, mais les deux
tiges ônt été féparées l’une de l’autre: les fleurs ont fort bien
réufli; quoique féparées, elles avoient l'apparence de fortir d’un
même oignon.
Un Amateur a répété la même expérience en même tems que
DÉCL'A PAGCINTE CAP. VIL as
moi, & avec le même fuccès; mais il eft arrivé que fes oignons
& les miens qui s’étoient recouverts d’une efpece de membra-
ne qui couvroit le côté de la coupure ayant été remis fur les plan-
ches après la faifon des fleurs, s’y font tellement defléchés que
quand il a été queftion de les replanter, ils font tombés en pouf-
fiere feche , fans qu'il en foit refté rien de plus entier qu'aux
corps que le tonnerre a réduits en cendre, fans paroïître en avoir
offenfé l'extérieur.
En accolant ainfi les oignons, j'ai remarqué que leur fève avoit vitcome
une telle vifcofité qu'elle pouvoit tenir lieu de colle; j'en ai mis,
entre deux papiers qui ont été aufli fortement attachés qu'avec de
la gomme. Cette fève ramafiée fur une lame de fer en grattant
l'oignon, prend un corps aflez folide pour faire mafle & fe con
ferver pendant un très-longtems, cependant fi on veut la délayer
avec l’eau quand elle a paflé quelques femaines en male, elle à
perdu toute fa vifcofité. Ces expériences ne m'apprenoient point
encore comment il arrive qu’une fleur fimple en engendre une
double, & comment le fuc féminal peut être doublé fi conftam-
ment que dans la fuite il ne dégénere jamais, & qu’un oignon à
fleurs doubles donne toujours des cayeux de fleurs doubles: car
on ne voit jamais arriver qu’une fleur double dégénere jamais en:
fimple, ni qu'une fimple devienne jamais double. Sur dix mille
graines, peut-être une ou deux rapporteront des fleurs doubles, &
quelquefois une plus grande quantité de femence n’en donnera:
pas une feule. J'ai conjeéturé que les mouches altérant le travail
de la génération des Jacintes, comme il n’eft pas poffible qu’on
puifle le nier, pouvoient très-bien y caufer d’autres changemens.
& que par un mélange dont je ne puis pas plus expliquer le méca-
nifme que celui de la premiere formation de l'oignon, il peut très-
bien, & il doit même arriver dans les végétaux des monftres com-
me dans les animaux. Tous les Botaniftes conviennent que les
Q 3
26 ANATOMIE ET GENERATION
fleurs doubles font des monftres: elles peuvent peut-être deve-
nir tels par le fimple mélange des fucs féminaux d’une même
étamine, mais il eft bien plus probable que ce doit être l'effet du
mélange de deux différens fucs féminaux.
Caufes de Il eft très-faciie de concevoir par la feule infpetion d'une Ja-
a ftCrlil-
té des a-Cinte double, qu'il doit être très-diflicile qu’elle produife de la
cintes
doubles.
femence & la conduife à maturité. La forme de fon fleuron dont
J'ai donné dans la P/. IX. nombre de modeles, fuffit pour faire
fentir combien l'ovaire y eft couvert ou étouffé. Le calice prend”
une forme ou pyramidale ou du moins aigue, à la place où doit é-
tre l'ovaire, qui n’a point comme dans la Jacinte fimple une cham-
bre dans laquelle il puiffe s'étendre. Les étamines ont bien de la
peine même à y faire leurs fonctions & le piftile y eft étouffé au
point de n'avoir qu'à peine la place néceffaire pour s'étendre. Le
foleil ne peut pas agir fur lui pour le faire ouvrir aux heures où ïf
le fait dans les fimples, & la preflion continuelle des feuilles flo-
rales l'empêche de s'élever au-deflus des étamines, après qu'il en
a reçu la graine fécondante. Je n’ai point obfervé que toutes les
Jacintes pleines fuflent dénuées d’étamines, & j'en puis citer plu-
fieurs efpeces qui donnent de la graine, preuve qu’elles ont des éta-
mines, de même qu’on peut aufli citer nombre d’efpeces qui n’ont
jamais porté de femence. Le fleuron (F%g. XI. & XIL de la P.
IX.) du Graend-Monarque de France eft abfolument dépouillé d’o-
vaire, d'étamines & de toutes parties génératives; mais tous les
fleurons de Jacinte pleine ne lui reflemblent pas. Quoique les
fleurs doubles, & plus encore les fleurs pleines, par le fait foient
des monflres, ce n’eft point à ce titre qu’elles font privées de
génération, puifque toutes ne le font pass c'eit uniquement par
leur ftruéture organique, & furtout par la difpoñtion de leurs
feuilles florales; d’ailleurs tous ces monftres fe reproduifent &
fe régénerent réguliérement par la voye des cayeux, comme on
Je voit, & comme j'ai tâché d’en expliquer l'opération phyfique.
D E, EL At JA G'INNUTRE. CH A P. VIIL @2y
LRRTE RÉ ARTE RURAL A RTLRÉ TARN RTE RER EL ESA
Go! ABUE, Fu E VIIT.
PEL LAN CURE OR EN) D'EUE ANT A CIN T.E
ÎL feroit impoflible de donner une méthode fixe & certaine pour _ Atten-
cultiver les Jacintes, puifque non feulement on la croiroit CONVE- faire dans
nable à chaque pays, mais même qu’on voudroit aflujettir tous les sa”
oignons de Jacinte à la même regle. Les variations infinies"
dans la figure & dans les qualités qui diftinguent toutes les
efpeces, doivent admettre des différences dans la maniere de les
gouverner. C'eft par la connoïflance de ces diverfités, par des
expériences répétées, & par un raifonnement fain & phyfique,
qu'on peut parvenir à l’heureux point d’embellir la nature & de
lui faire déveloper des beautés qu’elle cache à tous ceux qui ne
veulent pas l'aider. Il faut faire attention que chaque efpece a
fa maniere de végéter qui ne reflemblant point À celle d’une
autre (du moins parmi certaines efpeces diitinguées) exige aufli
qu'on la gouverne en conféquence.
Je vais citer pinfieurs exemples de ces fingularités, & dans la
fuite je dirai comment les Fleuriftes réufliffent à vaincre les dé-
fauts de la nature.
Le Frangois-premier eft celui de tous les oignons de Jacin- x,
te qui fe multiplie le plus difficilement, & qui demande Jeriés de
plus de foins pour fes cayeux, mais en revanche il eft un desefpeces.
moins fujets aux diverfes maladies dont les autres oignons font at-
taqués, & il périt difficilement; il eft le feul qui depuis vingt-
cinq ans fe foutienne à un prix confidérable: on le paye encore
cent florins l’oignon. Le Rien-ne-me-furpaffe, l'une des plus
belles Jacintes bleues, jette toujours une fanne languiflante, def-
26 DE LA CULTURE
féchée, & même un peu crifpée; elle feroit croire que l'oignon
eft malade, mais il n’en donne pas fa fleur moins belle & moins
bien nourrie. Le Pafe-non-plus-ultra bleu femble aufli n'avoir
pas aflez de fève pour donner du foutien à fes fannes; elles ref-
tent étendues à plat fur terre, quoique très-vertes & très-faines.
Og- Roi-de- Bazan, au contraire, jette des fannes fi hautes, fi
larges & fi droites, qu’elles font hors de toute proportion a-
vec les autres; il eft vrai que fa fleur eft aufli d’une taille ex-
traordinaire & qui furpafle toutes les autres. La Cosronne du--
Roi a toujours les fannes d’une largeur & d’une épaifleur qui
n'appartient qu'à cette efpece. Le Parbelie felaire & \a Comete
préfentent le cœur de leurs fleurons flagellés de rouge & de verd;
il faut beaucoup d'art pour mettre la Cowefe en état de fe dépouil-
ler de ce verd, & de ne conferver à fa fleur que le rouge écla-
tant qui la rend une des plus belles de toutes les Jacintes. Le
Prince-Deffau a le même défaut, & comme il eft encore pius tar-
dif que la Comete, il eft bien plus difficile de le voir dans tou-
te fa beauté. Le Théätre-ltalien d'un aflez beau rouge, mais
qui refte toujours fort bas, fort de terre en épi très-coloré, les
fannes paroiflent enfuite, & ne fe dévelopent qu'après la fleur,
qui par cette raifon a plus à craindre qu’une autre des gelées qui
peuvent aifément brûler fa tête. Le Yoyeu-d'Harlem, la Prin-
ceffè-Caroline, ont des pétales ou feuilles florales. fi petites & fi
étroites, furtout quand elles commencent à fe déveloper, qu'on
auroit peine à les prendre pour des jacintes fans la forme de leur
tige & de leurs fannes; elles font aufli dans ie nombre des tardi-
ves. L’Æmiral-Ruyter bleue ne manque jamais de pouffer une fe-
conde tige auflitôt que la premiere commence à fe déveloper &
à détacher fes fleurons. La Marquife-de- Bonnac dont les couleurs
font fi délicates, eft plus fujette qu'aucune autre à perdre fa tige,
qui fe deffeche & tombe toute fanée avant que la fleur s’épa-
nouifle,
DE LA" PACINTE. C EbA P VIN 129
nouifle, ce que les Fleuriftes appellent cracher fa fleur, & qu'ils
ont bien de la peine à empêcher. Cet accident ne fait point de
tort à l’oignon & ne l’empêche pas de donner fa fleur régulié-
rement les années fuivantes. Un Fleurifte des plus célebres m'a
dit qu'il attribuoit ce défaut au manque de circulation de la
fève qui s'écartoit trop du centre pour fe porter dans les cô-
tés. L’Æcibiade & le Beau- Regard font aufli fujets à cet ac-
cident ; qu'on prévient en plantant ces oignons dans le mois
de Novembre, c’eft-à -dire un mois plus tard que les autres;
ce qui m'a fait conclure que ces fortes d'oignons étant plus pa-
reffeux à digérer la fève qu’ils avoient emportée de terre, fouf-
froient de la quantité de celle qu’ils pompoient quand on les met-
toit de bonne heure en terre; l’ancienne fève fe trouvant encore
dans le centre empéchoit la nouvelle d'y pénétrer, & lui faifoit
prendre fon cours par les côtés, enforte qu'au tems de la poufle
elle fuivoit encore cette direétion, & le centre en manquant la ti-
ge fe defléchoit dans le fond de l'oignon & tomboit faute de
nourriture, Telle efpece jette une grande quantité de cayeux &
toujours dans le même ordre ; lÆxfelland-Conronné, par exem:
ple, forme toujours un cercle de cayeux autour de la couronne:
telle autre efpece en donne très-peu; chacune s'annonce de Ia
même maniere & chaque oignon conferve les fingularités de fon
efpece; celles qui fe multiplient le plus difficilement, comme le
François-Premier, VEtat-Général, la Pyramide -Couronnée &c.
font aufli celles qui périflent le moins aifément. Les blanches à
cour rouge, pourpre, ou violet, font les plus fujettes à fe gâter,
elles pourriflent facilement: le Cortréleur- Genéral blanc, à cœur
violet eff le plus difficile à conferver & le plus facile à multiplier.
Le Gloria florum fuprema que beaucoup d’Amateurs regardent
comme la plus agréable de toutes les Jacintes périt très-aifément ;
&c par une facilité prefqu'uniquement attachée à cette efpece, fa
R
130 DE LA CEULTURE
perte entraîne celle de tous les cayeux qui s'y trouvent attachés.
Cette compenfation de la nature accordée aux efpeces qui périf-
fent aifément, pour pouvoir fe régénérer avec la même facili-
té, fe diftingue plus aifément dans les Jacintes que dans aucu-
ne autre plante. Celles qui fe multiplient le plus facilement,
font toujours plus garnies de racines que les autres. Lorfque la
fève qui pénetre ces oignons plus aïifément que les autres, ne
trouve pas aflez de débouchés pour fortir malgré l'abondance des
racines, elle éclate l'oignon, & donnant du jour aux oïgnoncules
de fon fond, elle les fait croître en très-grand nombre, & four-
nit ainfi des cayeux qui régénerent l’efpece.
Les oi. L'ous les Fleuriftes font d'accord que l'oignon réufilit infiniment
Evene Mieux quand on le leve de terre tous les ans, ce qui fembleroit,
érerel-au premier coup d'œil, contraire aux vues de la nature qui ne
ls ans. produit point les oignons pour les rejetter hors du fein de la ter-
re, dans le tems où ils ont le plus befoin de fa chaleur, pour dé-
veloper les germes nouveaux; cependant l'expérience en fait fen-
tir tout l'avantage. Il eft très-ordinaire aux oignons qu’on laifle
en terre, de réuflir à merveilles, la feconde, & quelquefois la
troifieme année, mais il eft rare que pañlé ce tems ils ne prennent
une maladie qui devient épidémique & qui fe communique à tous
les oignons qui font à une certaine diftance les uns des autres: il
eft trop tard alors pour y remédier ;on a beau les relever de terre,
ils pourriflent fur les tablettes comme dans la terre. On a vu que
des infectes plus abondans dans des années que dans d’autres peu-
vent occafonner ce mal, qui devient épidémique quand ils font
en trop grand nombre.
La méthode de relever les oignons eft faite aufli pour confer-
ver un grand nombre de cayeux qui périroient par l'humidité, ou
qui n'ont point affez de force pour que leur poufle fouleve la ter-
re dans laquelle ils defcendent quelquefois beaucoup plus bas
D E LE Ar FAICHNME. CELA P. VIllngir
,
qu'un pied. Le cayeu n’a pas aflez de force pour l’écarter & pour
s'étendre, & la fève le rempliflant fans trouver à s’employer ,
s’obftrue facilement & le fait périr. On a remarqué que lorfque
la fève trouve quelqu'obftacle à s'étendre fur les côtés, elle fe
porte avec trop d’abondance dans la tige, elle l’éleve au delà de
la proportion ordinaire, & les fleurons font maigres & difformes.
C'eft ce qu'on voit arriver aux oignons qu'on poufle par une
chaleur trop forte dans les ferres ou les chambres. Plus les con-
duits de la fève fe dilatent d'abord par la grande quantité que la
tige enattire, plus ils fe reflerrent quand la fève a fini fon ac-
tion; ces canaux fe referment & fe rident, & l'oignon plus mai-
gre qu'il ne devoit être, eft, dit-on, épuifé pour l’année fuivan-
te; eflectivement il languit alors. On n'aura pas de peine à le
concevoir, quand on fe rappellera comme la tige qui doit pouffer
dans un an, eft contenue dans celle qui donne a&tuellement fa fleur
(Voyez la Fig. IL, PZ. III); l'on ne fera pas étonné que ce qui
fait du tort à l’une en fafle de même à l’autre. Plus l'oignon fen-
fonce en terre, & plus la terre eft dure, moins il trouve de faci-
lité pour s'étendre, & moins de ce fluide qui doit fe filtrer à tra-
vers l'œil de fa racine pour fe convertir en fève; ainfi la fanté des
oignons mêmes exige qu’on fuive la méthode des Fleuriftes de les
telever tous les ans. L'avantage de mieux placer les cayeux &
de les conferver n’eft pas moins grand que celui de pouvoir fépa-
rer les oignons gâtés avant que leur maladie puifle devenir conta-
gieufe.
Après avoir donné le mécanifme de la culture, ordinaire aux
Fleuriftes d'Harlem , je me propofe de rapporter quelques dé-
tails des foins particuliers qu’ils prennent de leurs oignons, pour
qu'en fuivant leur efprit, un Amateur foit en état de les imiter.
S'il ne rencontre que les mêmes oppoñitions qu'eux, fes expérien-
ces & fon attention pourront lui faire lever ces petits obftacles
R 2
132 DAEX EULTURIE
que le fol, le climat, & l'habitude de culture apportent au dé-
velopement parfait des fleurs.
En général toute Jacinte demande une terre légere, qui facile
à fe laïfler pénétrer par l’eau, doit perdre en peu de tems fes qua-
lités. Les parties fulphureufes & huileufes que la Jacinte enleve
avec abondance de la terre, s’y précipiteroient ou s’en évapore-
roïient, quand même la Jacinte n’en épuiferoit pas la place où
elle eft. C'’eit ce qui détermine les vrais Fleuriftes & les Ama-
teurs à changer leurs oignons de terre tous les ans. L’humidité
cit la plus mortelle ennemie des oignons; c’eft ce qui fait qu’aw
Jardin des Plantes de Médecine d’Amfterdam où l’on voit un des
plus rares afflemblages de toute efpece de plantes & de tout pays
qui font tenues avec le plus grand foin & dans le meilleur ordre,
quelqu’attention qu'on donne à la culture de la Jacinte, l’humidi-
té du terrein en détruit tout l'effet, & on ne peut y conferver au-
cun oignon quelque tems de fuite. Ces deux regles générales de
choifir la terre légere & d'éviter l’humidité doivent faire la
bafe de leur culture. Les couches que les Fleuriftes compofent
de leurs plus belles Jacintes,qu’ils défendent par des caïfles & du
fumier des rigueurs de l’hiver, & par des toiles du foleil trop ar-
dent du printems, font renouvellées tous les ans, & la vieille terre:
eft portée fur les planches du jardin où l’on cultive cette année
des fleurs d’une autre efpece, comme Tulipes, Lys, Fritillaires;
l'année fuivante les Jacintes y réufliflent à merveille; ainfi d’an-
née en année la même terre porte dans le même ordre ou des Ja-
cintes ou d’autres efpeces de fleurs.
Il eft indifpenfable d'entrer dans des détails très-minutieux ,
pour donner l'intelligence parfaite de la fève qu’on doit faire trou-
ver aux oignons en terre; fi peu de chofe négligée en peut altérer
ou même fupprimer des qualités, que je demande aux Amateurs &
aux Phyficiens Hollandoïs un peu de patience & d’indulgence fur
D EL Æ FA GUNMPE. CH £ PT VIIE 133
des détails qui peuvent être néceffaires à ceux qui font étrangers
à leurs ufages, ou qui ne font pas même inftruits de ce qui regar-
de la culture particuliere des fleurs dont on doit prendre plus de
foin que de celles qu'on trouve communément dans tous les
parterres.
11 faut à Harlem deux ans de préparation pour avoir une terre Prépara-
tion dela
compofée qui convienne parfaitement aux Jacintes. Dans la pre-terre,
miere année on ramafle des feuilles dont on fait des tas confidéra-
bles , afin qu’à mefure qu’elles fe réduifent en fumier, le foleil n’en
faffe pas évaporer tous les fels & toutes les huiles; il ne faut pas
pour cette raifon que les tas foient dans un endroit trop expofé au
foleil, ni dans une place humide où l’eau croupifle.
Les Fleuriftes ne ramaflent pas indifféremment toutes les feuil- . Fumier
les, ils ont remarqué que celles du chêne, du châtaignier, ds
hêtre, & du platane (qui commence à être très-commun en Hol.
fande,) & autres de ce genre ne fe fubdivifoient pas facilement en
terre, comme celles de l'orme du tilleul, du bouleau, &c.;
ee qui fait qu'ils rejettent les premieres & ne choïfiffent que les
dernieres, dont le tiflu lâche & les parties fibreufes fe diflol-
vent plus aifément.
On fait de même un tas de fumier de vache qu’on laiffe fermen: Fumier
ter en male. Comme chaque pays à fes ufages, il faut obferver Y*°?°
dans ceux de la Hollande les particularités qui peuvent apporter
de fenfibles différences dans les qualités des chofes qu’on em-
ploye. Les vaches ne fe tiennent dans les étables dans toute la
Hollande, que depuis Novembre jufqu’en Mai, & ne mangene
point d’herbes pendant tout ce tems. L'été l’on ne ramañle rien
de leur fumier, parce qu’elles reftent jour & nuit à l'air dans les
prairies. Le fumier d’hyver qui provient d’une nourriture feche
eft certainement fort différent de celui qui tire fa fubftance d’un
nourriture d'herbes; ainfi dans les pays où le fumier de vache fe
K 3
134 MER EM AGE TURE
ramañle indifféremment & en toutes faifons cette obfervation peut
n'être pas inutile. Les vaches font dans les étables de toute la
Hollande dans des places compañlées fi jufte qu’on a peine à con-
cevoir qu’elles puiffent s’y tenir. Elles font fur des efpeces d'’ef-
trades entre deux canaux, l’un par devant qui fert à mettre leur
nourriture qu’elles font obligées d'aller chercher en tenant la tête
entre des planches qui les empêchent de fe jetter en avant & de
tirer la nourriture fous elles; l’autre beaucoup plus profond eft
placé derriere elles pour recevoir tout le fumier qu’on enleve plu-
fieurs fois par jour & qu’on arrange en tas dans des endroits fecs,
où il perd toutes fes parties aqueufes, qu’on a grand foin de laif-
fer écouler, ainfi que l’eau qui tombe du ciel, qui ne doit féjour-
ner ni dans ce fumier, ni au pied du tas. Comme il n'entre au-
cune efpece de paille dans ce fumier, il ne doit refflembler que
très-imparfaitement à celui de tous les pays où l’on n’a pas le mé-
me ufage. Je ne fais fi c’eft par cette raifon ou par quelqu'autre
différence non obfervée, que des Fleuriftes d’Harlem ont remar-
qué qu’en Angleterre, & furtout autour de Londres, les Culriva-
teurs de Jacintes évitoient d'employer le fumier de vache, parce
qu'ils s’en étoient toujours mal trouvés. La terre y efl fi forte &
fi graffe que je crois qu'il feroit plus convenable de l’appauvrir par
un mélange de fable que de l'échauffer par le fumier, même le
plus léger, tel que celui de vache.
chexdu On fait en troifieme lieu un tas de fable, que Von tire ou des
lible Dunes, ou de la terre même où il fe trouve pur à quelques pieds
de profondeur; car quoique tout le terrein ne foit que de fable à
Harlem & aux environs, furtout du côté des Dunes où font tous
les Jardins des Fleuriftes, on va chercher ce fable pur aflez loin
plûtot que de prendre celui de la fuperficie de la terre. Ce fable
mérite que le Phyficien ou l'Amateur l’examine aufli foigneufe:
ment que les fumiers. C'eft cette réflexion qui m'engage à quel-
DE LA JACIUNTE CHAP, VIN. ts
ques détails qu’on regardera peut-être comme fuperflus, mais
que j'ai cru néceflaires à ceux qui fe plaifent à bien faifir l’ef-
prit des chofes.
La nature du fol de tout le Comté de Hollande , prouve affez Sol A
que ce pays a efluyé de grandes révolutions, indépendamment de,
des empiétemens fucceflifs de la mer dont on ne connoît que les
derniers avec quelque détail. Il paroît que dans un tems très-re-
culé, peut-être avant ou du tems du déluge, le pays devoit être
couvert d'arbres, comme l'Allemagne & les Gaules l'ont été long-
tems après. Soit dans cette inondation univerfelle, ou dans une
particuliere dont on n’a nulle notion pofitive, tous les arbres ont
été renverfés & couchés de l’Oueft à l’'Eft, de façon qu'aux pla-
ces où ils font tombés, ils ont fait une couche que les tems ont
réduite à l’épaifleur de fix où huit pouces au plus.
Soit que cette couche foit reftée à découvert d’abord, ou,com-Du Der:
me il eft plus vraifemblable , qu’elle ait été longtems couverte ?
par l’eau de la mer, qui dépofant du fable deflus l’a durcie & ren-
due folide, la mafle en fubfifle encore aujourd’hui. Elle fe trou-
ve prefque par toute la Hollande & la Zéelande: elle eft connue
fous le nom de Darry ou Derry. Ileft très-aifé de voir que c’eft
du bois ufé dans la terre & réduit à une confiftance non parfaite
d’une efpece de charbon brun. On trouve beaucoup de places où
les parties du bois ne font point défigurées, ni même changées.
Dans le Bailliage d’Amftelween qui joint celui d’Amfterdam, on
déterre affez fouvent de ces parties de bois, dont le cœur eft en-
core affez fain pour être employé dans des ouvrages ordinaires.
Entre Alphen & Leyde on rencontre en diverfes places des troncs
entiers de dix & douze pieds de longueur. La matiere du Derry
eft très-folide (quoïqu’elle n’ait pas à beaucoup près la dureté des
pétrifications,) & très-combuftible; elle empêche l’eau de def-
fus & celle de deflous de fe communiquer. En Zéelande où elle
136 DE. LM ACULDTURE
feroit très-facile à tirer, il eft défendu fous peine de la vie de l’en-
lever, parce que l’eau de deflous qu'elle retient, pourroit faire
beaucoup de tort dans l’Ifle. Comme on a l'expérience que des
pilotis & des bois peuvent durer deux mille ans en terre fans s’y
pourrir, la révolution de ces arbres doit être fort antérieure à ce
tems par l'effet que la nature a fait fur eux. Nulle racine d’arbres
ne peut percer ce Derry ; partout où le fable ne le recouvre pas
en fuffifante quantité , rien n'y peut croître. Toute l’eau qui-
tombe deffus n'ayant point d'écoulement, tient toujours le fable
frais & humide, & toujours en proportion de fon voifinage du
Derry. Si l’on creufe en quelqu’endroit, l'eau qui rend ces fa-
bles gras fe raflemble en un moment, remplit le trou qu'on fait,
& devient une fource intariflable. Comme elle exifte dans toute
la Hollande, on lui a donné le nom de Sesdwell, ou fource du
fable. Elle ne provient que de l’eau du ciel, ou de celle qui fil-
tre des Dunes à travers ces fables jufques à une diftance aflez
grande. Si les racines des oignons approchoient de cette mañle de
Derry à un pied près, elles feroient gâtées, & les oignons perdus
en très-peu detems, L'’inégalité des couches de fable fur le Der-
ry donne celle de la bonté des terres, non moins que le terme
où la mer les a quittées. On ne peut pas mettre en doute que
ce fable ne provienne entiérement de la mer, foit que l’eau,
foit que le vent l'ait apporté. Les Dunes y changent fi fouvent
de place qu'il fuffit de connoître leurs variations pour juger que
ce fable peut avoir été porté fort loin même de la mer. On fe
fouvient encore que le village de Scheveling auprès de la Haye
étoit défendu par des Dunes dont le Clocher étoit fort éloigné;
&z fans que l’Eglife ait été changée, les Dunes s’en font rappro-
chées confidérablement. Sur la même Côte elles ont bouché l’em-
bouchure du Rhin, & la mer couvre aujourd’hui le Château de
Bret, en avant de Catwyck-fur-mer,qu’on découvre encore dans:
CET
DE LA JACINTE. CHAP. VIIL #37
certaines marées: elle a refait de nouvelles Dunes à une demi-
lieue plus loin. On voit encore aujourd’hui de nouvelles Dunes
fe former le long des côtes près d'Harlem au-delà du Canal qui
conduit de cette ville à Leyde; le grand chemin les coupe en plu-
fieurs endroits. Dans l’ifle de Walcheren en Zéelande, dans des
marées fort bafles, on peut appercevoir des veftiges de l’ancien
Dombourg où l’on pêche beaucoup de monumens de la Déefle
Nébellenie (que les Antiquaires ne connoïflent que par conjec-
ture) & des Infcriptions, du tems des premiers Empereurs
Romains. Des Dunes de cent pieds de haut féparent aujourd’hui
le nouveau Dombourg de celui que la mer a enhavis & les habi-
tans de la Zéelande, merveilleux dans leur induftrie & admirables
dans leurs travaux contre la mer, non feulement ont fait des di-
gues fingulieres telles que celle de Weftcappel, qu’on cherche des
yeux dans le tems où l'on eft deffus, parce qu’elle n’eft qu’un
glacis de charpente dont la pente ménagée n'offre de réfiftance à
l'eau que celle du long chemin qu'elle doit faire pour arriver au
terme de la digue, fort fupérieure à fon niveau de la mer, mais
même ils ont recouvert des lieues entieres du rivage de la mer de
nattes de paille qu’ils treflent fur la terre même, pour ôter à la
mer la liberté de détacher un feul grain de fable de fon rivage ;
ces nattes doivent être renouvellées tous les ans ou à-peu-près.
Les fables d'Harlem font tous de cette nature & contiennent des
parties falines & fulphureufes que la couche du Derry ne permet
pas à la terre d’abforber ; ils contiennent aufli nombre de particu-
les qui fe réuniflent en beaucoup d’endroits pour former une cou-
che de deux ou trois lignes de matiere dure & noire comme celle
qui couvre les minéraux, qui ne fait pas moins de tort à toute
végétation que le Derry. C'eft à ce fable de mer dépofé fur une
couche de matiere impénétrable À l’eau, que j'attribue en par-
tie l’avantage qu’on envie aux Fleuriftes Hollandois de pouvoir
S
138 DNFi LA CUALTURE
cultiver avec fuccès les Jacintes qu’on a tant de peine à confer-
ver ailleurs.
Ce fable eft mis en tas par les Fleuriftes pour le mürir ou plutôt
à mon gré pour perdre fa trop grande humidité. Des trois mon-
çeaux, de fable, de fumier de vache, & de fumier de feuilles, les
Fleuriftes compofent une mañle qu'ils arrangent comme il fuit. Ils
font une premiere couche de fable , une feconde de fumier de
vache, & une troifieme de fumier de feuilles, de huit ou dix pou-
ces, où même moins, d'épaifleur, & recommencent ces couches
jufqu’à ce que la mafle ait fix à fept pieds de haut; la derniere eft
de fumier de vache; mais comme cette couche fe durciroit au {o-
leil & ne fe diviferoit plus comme les autres, ils jettent un peu de-
fable deffus pour empêcher la trop grande action du foleil. Après
que cette terre a fermenté fix mois & quelquefois plus, onla mé-
le & on en compofe un autre tas qu’on redéfait aufli pour le bien-
mêler de nouveau; après l'avoir laiflé rafleoir quelques femaines,
on porte cette terre dans les couches, à la hauteur de trois pieds
ou environ.
George Voorhelm, dans fon Livre fur la culture des Jacintes,,
dit que ce fumier doit être compofé de trois fixiemes de fumier
de vache, de deux fixiemes de fable, & d’un fixieme de fumier
de feuilles, ou de tan; il préfere le fumier frais à celui qu’on à
gardé pendant un an. Il avertit les Amateurs d’éviter furtout de
fe fervir des fumiers de chevaux, mulets, cochons & moutons,
& de ne point employer de vafe, ni de terre froide tirée des puits
ou des baflins qu’on a nettoyés, non plus que d’aucune forte
de poudrettes ou de fumiers ramafñlés dans les rues avec la pouf-
fiere. Il cite des perfonnes qui compofent leur terre uniquement,
avec du tan qui doit avoir déja fervi & perdu prefque tout fon
feu, & avec du fumier de vache & de feuilles fans y mêler aucun
fable.
DE LA.JACÆENTE CH AP. VIIL W&o
Quand les Fleuriftes apportent cette terre fur leurs couches, ils Maniere
en mettent la quantité dite fous les oignons; puis l’égalifant par- per
faitement fans la fouler, ils pofent deflus leurs oignons fans les °i2"°5
enfoncer; lorfqu'ils ont examiné s'ils font tous dans l'ordre qu'ils
ont fixé & qu’ils marquent ordinairement en les mettant dans de
petits tiroirs à compartimens, où ils font féparés les uns des autres
par de fimples petites lattes dans le même ordre où ils doivent
être en terre, ils rapportent de la terre deflus, avec l'attention de
la faire tember doucement fur les oignons pour ne pas déranger
leur ordre ni leur pofition. Cette derniere addition de terre com-
munément ne pañle pas trois, quatre ou cinq pouces au plus.
Dans le cas où le Fleurifte croit qu’un oignon a befoin d’être
avancé ou retardé, & qu’en conféquence il doit tre plus ou
moins enfoncé dans la terre, il en rapporte uniquement fous l’oi-
gnon qu'il veut élever ; cette méthode eft beaucoup plus füre pour
conferver l'oignon que celle de faire un trou avec un plantoir ou
d’enfoncer la terre avec l'oignon même, pour le garnir enfuite avec
un peu de terre par deflus; outre que par ce moyen on durcit la
terre tout autour de l'oignon, & qu'on fait une efpece dégoût
pour y attirer l'eau, on court rifque aufli d’éclater l'oignon qui
commence à montrer fes racines ou d’en détacher des cayeux que
l'on n’apperçoit pas. La même méthode eft en ufage pour planter
les oignons dans les planches du jardin. On enleve la fuperficie
de la terre qu’on met de côté, on place les oignons comme dans
les couches, & on les recouvre avec précaution de cette même
terre qu'on a mile de côté.
Les chaflis qu'on place pour les couches de parade doivent é- Difon.
tre élevés d’un pied de terre au plus, & d’un demi-pied au OÏNS.eonches
Trop hautes, l'air les deffeche ; trop bafles, l'eau peut gagner à & les
les racines. Le côté de derriere doit d'abord être enfoncé apero
profondément, pour qu’on puifle les relever, s’il en eft befoin, lux BL
S 2
140 DIE\ LA (CULŒURE
toujours couvrir les fleurs avec des planches en cas d’acei-
dent; fans quoi l’on doit avoir des planches fur le derriere &z.
les côtés, qui s’emboitent dans les autres, & fur lefquelles on.
puiffe pofer celles qui fervent de toit aux fleurs. Elles doivent
être mifes en pente du derriere fur le devant pour faire égouter
les eaux, & empécher qu’elles n’entrent dans la couche. Quand
le froid devient trop vif, on couvre ces planches de fumier, pour
empêcher la gelée de pénétrer deflous. Si la faifon le permet on
donne de l'air aux fleurs. Maisil eft très-dangereux de le faire
dans un tems froid, parce que les fleurs qui commencent à fortir
de terre font extrêmement tendres, & la chaleur du fumier ou de
l'abri qui les garantit de l’air,caufe une évaporation intérieure qui
ne pouvant pas s’exhaler en l'air retombe fur les fleurs & les
couvre d’une petite rofée, qui fe gêle auflitôt qu’on donne de
l'air froid à la couche; il ne faut qu'un moment pour gêler l’épi.
(ou la tête de lafleur). Ces fleurons fecs & brûlés qu’on trou-
ve affez communément aux fommités des tiges, ne font devenus
tels que par de femblables accidens, dont les fleurs font encore
moins exemptés en plein air.
Quand les grands froids font pañlés, on ôte le fumier de
deflus les chaflis, on donne de l'air à la couche pendant quel-
ques heures du jour, avec l'attention de les recouvrir la nuit. Le
fumier qui garantit les oignons de la gelée, avance aufli leur pouf
fe, enforte qu’ils commencent à fe montrer fous les couches plu-
tôt que dans les planches de jardin. Les efpeces les plus tardi-
ves font celles qu’on voit les premieres fortir de terre; comme
elles font moins enfoncées dans la terre afin d’être plus échauf-
fées par le foleil & l'air, il eft tout naturel qu'elles commen-
cent à percer la terre les premieres, mais la difhculté que la fève
trouve à pénétrer ces oignons ou le compact de leur ftruéture ,
fait qu’on a bien de la peine (malgré cette précaution & celle de
DE L A! PÆ C ENVIPE 7 C5HNA P. VIE L mr
les adoffer contre les planches du fond du chaflis) à les faire
figurer avec les autres.
L'Art du Fleurifte, quand les fleurs commencent à fe mon-
trer, eft de les garantir non feulement de la gelée mais encore des
mauvais vents, de l’humidité & de tout ce qui peut leur nuire.
Jai vu des rats une année enlever les oignons & en faire des ma-
gafins de plus d’un cent dans les trous où ils fe retiroient, encore
avoient-ils un ruifleau à traverfer pour arriver de dehors dans les
Jardins de van Zompeel à Owerfween, où ces animaux firent ,
cette année-là, beaucoup de dégât. La principale attention du
Fleurifte eft de connoître parfaitement tout ce qui peut endom-
mager fes fleurs, quelque rares qu’en foient certaines caufes, &
prévenir tout accident. Il doit fçavoir jour & nuit couvrir & dé
couvrir à propos les belles couches. Ses oignons choïifis y font
couverts de tentes fous lefquelles on peut fe promener commo-
dément. Outre l’agrément qu'elles donnent aux Amateurs qui
viennent jouir du fpeétacle des fleurs, elles fervent à défendre
les Jacintes du foleil pendant les heures de la grande chaleur.
Ces tentes ne fuffifent pas; on couvre encore les ‘fleurs dont la.
couleur eft délicate, de petits parafols qui font faits par l’af-
femblage de trois petites planches pofées, deux en angle & une
deflus, montées fur une baguette, qui fert à les attacher dans
l'angle qu’elles forment & à faire une queüe qu’on enfonce en ter-
re. Cet abri couvre totalement la fleur tout le tems que le fo-
leil ou le vent lui peuvent nuire. Les Jacintes rouges furtout en
ont befoin, c’eft ce qui les conferve plufieurs jours de plus que
celles des Fleuriftes , qui négligent cette précaution; elles gar-
dent ainfi tout leur éclat & leur forme pendant tout le tems
qu’elles reftent fleuries. Quand les fleurs commencent à s’épa-
nouir , certains Fleuriftes qui font dans le principe qu’on ne
doit point les arrofer, les garantiflent de la pluye avec autant de
S 3
L42 DELLA CULTURE
foin que les Oreilles- d'ours ou Auricules, Lorfqu'ils commen.
cent à donner le fpeétacle de leurs couches, ils les foupoudrent
d'un terreau léger, qui n’eft deftiné qu’à faire fortir les couleurs
avec plus d’avantage par le fond brun qui les réfléchit. Ils atta-
chent les tiges de leurs fleurs à de petites baguettes de fer très-
minces, peintes en vert, obfervant de laifler les fils lâches, de
façon qne la fleur puifle s'élever fans que ce fil s'arrête à quelque
fleuron, qui feroit café par la force de la pouffe. Le pédicule
eft fi délicat quand le fleuron n’eft pas formé, que la moindre
chofe peut le brifer.
Quand les Jacintes fimples commencent à s'épanouir, les Fleu-
rifles ouvrent au public leurs Jardins qui ne défempliflent plus
de Curieux, d’Amateurs & de gens oififs. Ils obfervent prefque
tous de faire des perfpectives qu’on voit du chemin & qu'ils pro-
longent auffi loin que le terrein le permet. De l'ouverture faite
au mur du chemin jufques au bout du jardin, on ne voit qu’une
allée de fleurs variées, de toutes les efpeces & de toutes les cou-
leurs , coupée par des plattes-bandes qui ne contiennent chacune
qu’une efpece de fleurs. Les Jacintes y font en plus grand
nombre; les Tulipes hâtives, les Narcifles, les Anémones &
quelques autres fleurs y font -fucceflivement rangées par plan-
ches. Elles font un effet dont on ne peut pas manquer d'’é-
tre furpris les premieres fois, & qui ne perd fon mérite que
par l'habitude de le voir. C'eft alors que chaque Fieurifte jouit
du fuccès de fes peines, & qu’on juge de leur goût, de leur
fuccès & de leur art. Tous ont un ordre régulier dans la difpo-
fition de leurs fleurs, & tous cherchent à frapper le Public par
une harmonie bien entendue, autant dans la variété des couleurs
que dans le choix & la gradation des fleurs. Pour en donner une
idée qui repréfente aux Amateurs étrangers l'ordre que l’on fuit à
Harlem, dans la difiribution des couleurs & l'harmonie des fieurs,
DE L'AATAGUNNTIREZ G ET ATP. VII: #34
j'ai fait le plan des trois couches qui m'ont le plus frappé (PZ X.)
J'ai fait ponétuer fous chaque Planche l’ordre que tiennent les
fleurs bleues qui font toujours en plus grand nombre que les au-
tres: je me fuis fervi de caraéteres pour exprimer d’un feul coup-
d'œil le mélange de ces couleurs. Les ronds marquent les Jacin-
tes blanches; les lozanges, les rouges ; & les triangles, les bleues.
Moyennant cet ordre on a tout d’un coup l'intelligence de l’ar-
rangement des fleurs, & l’on peut imiter, égaler ou farpafñler
ces Fleuriftes par les variétés méthodiques dans la fymétrie &
le choix des fleurs. Les plus élevées font toujours le plus loin
de l'œil, & les plus bafles tiges le plus près des fpettateurs. Pour
rendre plus utile la PZ X. j'ai donné dans un Catalogue joint aux
Planches, le nom de toutes les Jacintes de ces trois Planches,
qui ne pourront que mettre les Amateurs plus au fait de la métho=
de des Fleurifles, & de la taille des tiges, fans que néanmoins je
prétende ces thèmes faits fans faute.
” Quand un Fleurifte a bien réufli dans le choix de fes oignons
& que fes foins ont aidé la Nature, chaque fleur fe trouve ran-
gée & difpofée comme fi elle l’avoit été après coup; il eft de fait
pourtant qu'aucun d'eux ne touche à fes oignons, & n'ofe y rien
déranger quand une fois ils font plantés ;. fi l'oignon meurt ou ne
pouffe pas, ils peuvent bien mettre une fleur dans un pot à la pla-
ce où il en manque; fi un accident caffe une tige ou la fait fé-
cher, ils fe permettent bien de remettre une fleur pareille dans
une petite carafle au pied des mêmes fannes, mais ils ne fe per-
mettent jamais d'enlever un oignon qui réuflit foiblement ou mal,
pour en fubfituer un autre à la place. Pour que la couche foit
parfaitement belle, elle doit être en amphithéâtre, formé par
la fimple gradation des tiges des Jacintes ; & les fleurs doivent for-
mer un glacis régulier, où les plus belles efpeces & les plus belles
couleurs foient aufli variées & multipliées qu'il eft poffible. Hs
rendent la couche infiniment plus brillante en plantant deux
r44 DELLA CULTURE
oignons à côté l’un de l’autre quand l’efpece de la fleur ne fait
pas: aflez d’effet: quelques Fleuriftes doublent ainfi les oignons
de toute la couche.
Ma La beauté d’une Jacinte n’eft point encore fixée par aucun
cine. modele éxiftant, ni par aucune fleur qui raffemble toutes les qua-
lités qu’on regarde comme éffentielles à fa perfeétion. Les unes
fe diftinguent par leur taille & leur difpofition, les autres par leur
forme & leur couleur, ou par la régularité de leurs fleurons, &
le repliement de leurs pétales. En comparant les genres de beau-
té de chaque belle Jacinte, on trouve à admirer & à defirer dans
toutes. Cette variété qui rend la nature toujours nouvelle, é-
gaye & pique notre imagination, & nous entretient dans une cer-
taine efpérance, fans laquelle on dit que toute jouiflance raffafie
trop aifément.
Jacinte. Si j'avois à compofer une Jacinte-Vénus, ou qui rafflemblit tou-
Vénus, À, A ; ; : : : :
tes les beautés répandues dans l’ordre des Jacintes, je la defirerois,
premiérement, de la taille la plus élevée; l’'Og-Ro:-de-Bazan eft
un fuperbe modele à cet égard; je lui voudrois au moins fept à
huit fannes larges & bien ouvertes, qui fe tinflent à quelque dif-
tance de la tige fans être trop horizontales. La tige du Grand
Monarque de Frauce feroit celle dont je préférerois la forme fi elle
étoit un peu plus renflée au point où elle fort de l'oignon; du
refte elle eft aufli parfaite & aufli gracieufe dans fes contours
qu’on puiffe le fouhaiter : Klle eft renflée dans fon Milieu dans une
heureufe proportion comme les Colonnes d’Architeéture, & elle fe
termine en pointe avec beaucoup de grace, portant à merveille fon
dernier fleuron que très-peu de Jacintes foutiennent droit. J'en
ai fait defliner une telle qu’elle a fleuri dans les Jardins de J. Kreps
en 1767. qui jJ'efpere accompagnera cet ouvrage, fi je puis par-
venir à la faire graver comme je le defire. Je donnerois à cette
fleur depuis vingt jufqu'à vingt-cinq fleurons, & j'aimerois à la
voir
D E: L Af JAC'ENUE. /C'H À P: VII 143
voir former une belle pyramide terminée par un fleuron droit, &
ceux des côtés fe joignant fans intervalles. Les pédicules des der-
niers fleurons devroient être fort allongés & plus forts qu’ils n’ont
coutume d’être, pour que les fleurons ne fortiflent pas de la pofi-
tion horizontale qui leur ef fi avantageufe. Ce défaut du pédi-
cule eft ce qui fait le plus grand tort au Grexd-Monarque de Fran-
ce; il fe foutient très-rarement & pour très-peu de tems, tel que
celui que j'ai fait defliner. La forme du fleuron du Grad- Mo-
narque de France eft celle qui convient le mieux à la pyramide,
celle du G/oria mundi bleu dont les pétales font repliés avec tant
de grace & de régularité ne convient que pour former un ra-
meau , & celle du Gloria florum fuprema de même, avec cette
difiérence qu'elle n’en eft que plus agréable en laiflant des in-
tervalles entre fes fleurons , tandis que la perfeftion du Ghrie
æundi eft d'être extrémement ferrée, fans aucun vuide. Je ver-
rois volontiers à ma Vénus le cœur rouge du G/oria forum
fuprema, joint à la blancheur des petales & à Ia forme des fleu-
rons du Grazd- Monarque, fi l'oignon étoit aufli régulier que
celui du Grand- Monarque que j'ai fait defliner, je croirois avoir
une Jacinte-Vénus, c’eft-à-dire, aufli parfaite qu'on pourroit la
fouhaiter.
Pour compofer une couche de Jacintes il feroit faftidieux
de voir toujours une même forme; ainfi les pyramides doivent
être variées par les rameaux, les épis, les couronnes, & les bou-
quets, qui dans leur genre font fort agréables. La grande per-
fection d'une couche eft de faire*enforte que, pendant deux ou
trois jours au moins , elle foit totalement & parfaitement en
fleur. C’eft le plus difficile de l’art, & c’eft cependant ce
que je puis aflurer d’avoir vu à Harlem.
Chaque efpece d’oignon a fa végétation particuliere ; l’une
donne fa fleur de très-bonne heure, & l’autre très-tard; ce qui
É:
146 DE ‘LA ‘CULIDUR E
peut faire une différence d’un mois. Telle s’'épanouit tres-corn>
plettement, & telle autre a befoin d’être puifflamment aidée pour
être fupportable dans la couche. Une facinte ne doit point être
aidée comme les Oeillets dont on dévelope le cœur avec ja poine
te d’un canif; le Fleurifte veut que la Nature feule dévelope fa
fleur, & fe fait un fcrupule d’y toucher.
Le fpeétacle des Jardins fleuriftes d'Harlem, aufli couru que
celui des Théîtres d'Italie en Carnaval, dure tout le mois d’A:-
vril & quelques jours de Mai. Les Jacintes fimples commen-
cent à fleurir vers la fin du mois de Mars, & fe confervent une
vingtaine de jours (la faifon fuppofée avantageufe.) Les Fleu-
riftes ont toujours une couche au moins de leurs plus belles Ja-
cintes fimples à côté des doubles, & l'éclat en eft certainement
plus vif. Les bouquets y font en plus grand nombre & d'un
plus grand volume que les doubles. Une feule tige de fimples
peut porter jufques à cinquante fleurons, & il n’eft prefque point
d’oignon qui ne donne plufieurs tiges. Les cayeux des Jacintes
fimples font aufli plus avancés & fleuriffent plus fürément que
ceux des doubles. Le rouge des Jacintes fimples a plus d'éclat
que celui des doubles, & je crois que les bleues fimples auroient
auffi l'avantage dans toutes les nuances de cette couleur. Vers le
20 d’Avril les Jacintes doubles commencent à être dans leur beau-
té; le 25 ou le 26. eft ordinairement le jour de tout leur éclat :
le 4 ou le 5 Mai elles font pañlées au point de ne plus faire plaifr
aux Amateurs. C’eft pourtant alors que devroit commencer la
faifon des tardives que les Fleuriftes forcent à figurer avec les
autres.
L'inconftance des faifons n’en apporte prefque point à Harlem
dans l’ordre des fleurs, tant ceux qui les cultivent font induftrieux
à remédier à leurs défordres; ils ne font pas feulement attentifs à
leurs belles couches, ils ne négligent non plus en rien les planches
des plus communes efpeces,
DE L'AUJALCTN'E Er C H AP. VIIL y?
S'ils prennent un terrein nouveau, ils le défoncent de fix pieds Culture
de profondeur, & s'ils rencontrent le lit du Derry, ils ne MaN- cintés
quent pas de l’enlever. Dans les Jardins déja cultivés l'on"
ne trouve plus de ce Derry, qui eft également nuifible à
toute efpece de végétation. Le fable pur eft ordinairement
aflez profond en terre, on tâche d'aller jufques-là pour en enle-
ver un pied environ qu'on mêle avec l’autre terre. Ce fable cor-
rige l'effet du fumier de vache dont on met une couche de fept à
huit pouces fans paille fur toute la fuperficie, qu'on laboure en-
fuite : on divife le fumier autant qu'il eft pofible, faifant enforte
qu'il fe trouve-à un pied de la fuperficie. Quand on a fumé la
terre, les Fleuriftes n'aiment point à y cultiver les Jacintes dans
la même année; ils laiflent ordinairement un an d'intervalle pour
replanter des Jacintes dans la même terre; ils y cultivent dans
les années intermédiaires des Tulipes, Jonquilles, Narcifles,
Lys, Crocus, Fritillaires, Impériales, Martagons, Iris, & autres
plantes bulbeufes ou oignons qu’ils tiennent en aufli grand nom-
bre que les Jacintes; obfervant chaque année de bien labourer la
terre, & de rapporter fur fa furface celle qui fe trouvoit entre les
racines des plantes qu’on y a cultivées.
La terre ainfi défoncée & engraiflée (il ne faut pas oublier
qu’elle n’eft prefque que fable) refte cinq ou fix ans fans avoir be-
foin d’aucun engrais; après ce tems on la laboure de nouveau, tout
aufli profondément, & on la fume de même, y mélant s’il eft pof-
fible du fable pur, qu'on cherche fort avant en terre. En hyver
on couvre les planches de tan ou de fumier en proportion du
froid ; les Fleuriftes aiment que la gelée pénetre jufqu’à l’épaif£-
feur d’un doigt de leurs oignons. Si elle va plus loin elle gele le
bouquet, & la fleur réuflit trés-mal; fi elle defcend jufqu'aux
racines, l'oignon eft perdu fans reflource. Ce malheur n'arrive
jamais aux Fleuriftes qui favent gouverner leurs oignons; puif-
É
De l'ef-
fet de la
148 DELA TCÜLTURE
qu'on les garantit du froid, en augmentant l’épaifleur du fumier
ou du tan qui les couvre.
Quelques-uns ramañlent la neige qu'ils jettent fur leurs an HE
neige fur croyans qu’elle eft avantageufe aux oignons comme à prefque tous
les oi-
gnons.
les autres végétaux, & furtout aux bleds & avoines, tandis que
d’autres cherchent plutôt à ôter celle qui tombe, qu’à en ajouter
de nouvelle. Chacun allegue l'expérience & le fuccès. En ré-
fléchiffant à leurs procédés & à leur bonne foi, j'ai cru qu'ils
pouvoient tous avoir raifon, mais il auroit fallu des expériences
faites avec jugement pour décider dans quel cas la neige eft utile
ou nuifible. J'ai préfumé que celle qui tombe de bonne heure
avant que les fannes de l'oignon commencent à quitter Îa pointe
aigue qu’elles forment quand on met l'oignon en terre & lorfqu’il
eft encore très-enfoncé, eft avantageufe en ce qu’elle péne-
tre la terre où elle donne un dégré plus aétif de fermentation fans
pénétrer l'oignon, & que celle qui tombe tard, & lorfque les fan-
nes commencent À s'ouvrir, peut s'introduire dans l'oignon, &
faire beaucoup de tort en y excitant une autre fermentation que
celle de fa fève, ce qui les fait gâter & pourrir. Quand les froids
font paflés, & que les Jacintes commencent à percer à travers
le fumier, les Fleuriftes l’écartent & ne prennent plus d’autre
foin que celui d’ôter les mauvaifes herbes qui croiffent dans leurs
planches. Les Jacintes font des lits de fleurs qui n’ont pas moins
d'agrément que tout ce qu’on peut imaginer pour la décoration
des Jardins. La multitude des planches, la variété des couleurs,
forment un vafte émail, d’un feul Jardin ; les fentiers quoique
très-étroits empêchent toute confufion. Les Fleuriftes laiflent
pafler leurs fleurs ou coupent les tiges indifféremment, fans croi-
re que l'oignon y trouve aucune différence. Quelques-uns ont
foin quand ils laiffent les tiges de les égrainer en paflant la tige
entre deux doigts & arrachant tous les ovaires qui font prêts
DE LA MACENTFTE CHA VIIL.:.r3
à mürir, prétendant que l'oignon conferve plus de fève dans fon
intérieur ; d’autres coupent les fannes par le milieu, parce qu’elles
s'étendent toujours confidérablement auflitôt que la fleur eft paf-
fée. Je crois que l’une & l’autre méthode eft contraire au vrai
principe de la culture de tout végétal; cependant je pañerois plu-
tôt d’égrainer les tiges que de couper les fannes, qui font alors
les fonétions les plus importantes ; comme de tenir lieu des racines
qui fe deffechent, de recevoir le fuperflu de fève de l'oignon, &
de le nourrir en afpirant les parties répandües dans l'air, qui peu-
vent lui convenir. Les fannes alors, foutiennent la plante, &
entretiennent fa circulation.
Lorfque les fannes commencent à fe deffécher, les Fleuriftes Miniere
à 3 de rele-
arrachent les oignons de terre, avec la main, autant qu'il eft DORE
fible, de peur que la bêche n’offenfe les oignons ou les cayeux.
Ils coupent alors les fannes totalement & remettent l'oignon en
terre fur le côté, le recouvrant de deux ou trois doigts de cette
terre qui eft très-légere comme on l’a vu. On laïfle les oignons
un mois ou environ dans cet état.
P. Müller prétend que fi la fève redefcendoit librement des fan-
nes dans l’oignon, par une circulation naturelle, elle gâteroit &
pourriroit l’oignon. Voyez l'Art. Hyacinthe de fon Diétionnaire,
Lorfqu’on veut les enlever on choïfit un beau jour, bien fec;
on met les oignons à l’air & on les y laifle quelques heures. Si le
foleil étoit trop ardent, illes feroit bouillir (comme difent les Fleu-
riftes) & périr aufli certainement que la gelée. On les pofe
enfuite fur des tamis où on les fecoue légérement pour en déta-
cher la terre on acheve de les dépouiller de leurs racines, en mé-
nageant fort leurs cayeux, puis on les place fur les planches
des ferres.
Tous les Fleuriftes fuivent ce procédé, mais ceux qui ne fente.
bornent point au fimple mécanifme du métier, favent les diftine- quiques
di D 3 oignons,
Des
Serres,
150 DIE LEA CULTURE
tions qui conviennent à chaque efpece , pour les faire jouir de
tous les avantages que l’art peut leur procurer. Ils n’enlevent point
tous les oignons d’une couche en un même jour, ni même toutes
les planches des efpeces plus communes. Ils laiffent les oignons
parefleux plus longtems en terre , ils ne coupent point fi promp-
tement les fannes de ceux qui font trop hätifs. En retirant
leurs oignons, ils mefurent la quantité de fable qu'ils laiffent def-
fus fuivant le befoin de l'oignon. L'expérience leur apprend qu'ils
l'échauffent & hâtent fa fermentation en le laïffant cuire au foleil
(c’eft leur expreflion) fi c’eit un oignon tardif, ou qui ne fe déve-
lope pas aifément; & au contraire ils tiennent, difent-ils, leurs
oignons bien moins de tems dans le four, (c’eft-à-dire au foleil)
s'ils font hàtifs. Ils les recouvrent alors de plus de terre &
les rentrent plutôt dans les ferres.
J'ai vu des Fleuriftes m'aflurer, l’un qu'il avoit retiré pendant
quatorze ans un François-Premier de terre, chaque année, tel
qu'il l’avoit mis fans qu’il eût donné le moindre cayeu ni fubi le
moindre changement dans fa forme; l’autre, qu'il avoit confervé
de même pendant trente ans un Duc de Bourgogne. George Voor-
helm dans fon Traîté de la Jacinte affure qu’on a vu des oignons
toujours les mêmes pendant cinquante ans, mais il ne dit pas qu'ils
n'aient point donné de cayeux. Si l'on veut relire ou fe rappeller
ce que j'ai dit fur la durée des oignons & fur la maniere dont ils
s'entretiennent & fe renouvellent, on ne fera point du tout fur-
pris de ce que difent les Fleuriiles.
On tranfporte les oignons dans les Serres vers la fin de Juin ou
environ. La température d'Harlem exige qu'on prenne certaines
précautions pour les Serres. KElles doivent d’abord être fort fe-
ches en dedans & à l'extérieur, car l'humidité fait un très-grand
tort aux oignons. Le vent doit y pañler librement & la traverfer.
LaSerre en eft meilleure quand elle eft ouverte de trois côtés, &
DE LA JACINTE/CHAP. VIL #3:
qu'elle peut avoir de l'air par des ouvertures larges, mais peu hau
tes, pour que l’air attiré fafle l'effet du vent. Lorfque l'on a une
grande quantité d'oignons de Jacintes & d’autres fleurs, on a des
Serres uniquement pour cet ufage. La maniere de les conftruire
la plus avantageufe à Harlem eft d’avoir de fimples halles faites de
planches foutenues fans murs par de fimples poteaux. On fait un
plancher au milieu en forte que toute la Serre ne confifte que dans
un rez de chauflée & un grenier. Les planches des côtés peuvent
en beaucoup d’endroits s'ouvrir, & donner des jours de fix ow
fept pieds de long fur un pied ou environ de hauteur. On multi-
plie ces fenêtres autant qu'on veut, & on les ouvre comme les
contrevents à l'italienne, autant & fi peu qu’on veut. Quand
il fait des vents humides de l’Oueft, on tient la Serre prefque to-
talement fermée & on a grand fon de garantir les oignons de ces
vents. Ils font placés fur des tablettes de trois à quatre pieds de
large & à deux pieds & demi ou trois pieds de hauteur l’une de
l'autre. Les efpeces y font rangées à part, & mifes dans l’or-
dre qui convient à chaque Fleurifte.
Quand les oignons ont été quelque tems fur les planches on DE
les nettoie , on regarde s'ils font fains pour en féparer tous lesoignons.
malades, ce qui fe voit en coupant l’oignon à l'endroit où les fan-
nes fe font détachées comme à la F%g. IV. P2. V. Si les cercles des
tuniques y font bien fains & fans taches, on ne doit point crain-
dre que les oignons foient malades, dans les cas où ils n’annon-
cent rien à l'extérieur de gâté; mais s'ils ont la moindre petite ta-
che, il faut la fuivre avec le canif & couper jufques à la racine du
mal. On a vù que l’amputation ne détruit jamais l'oignon; elle
eft un remede certain aux maladies qui le font gâter & pourrir.
Comme quelques-unes de ces maladies font contagieufes & fe
communiquent même en terre aux oignons qui n’y font pas fi {er-
rés que fur les planches, les Fleuriftes ont grande attention de les
'
Reme-
des.
L52 ME ML CULTURE
bien examiner, & de prévenir le défordre que pourroient cau-
fer les oignons malades.
Ils ne connoiflent point encore la nature de ces maladies ni ce
qui les occafionne. J'ai remarqué que le remede le plus certain
eft d’amputer toutes les parties gâtées. Plufieurs Fleuriftes ne
font plus difficulté de couper & d'enlever tout ce qui paroit
vicié dans leurs oignons. Le grand art que l’expérience feule peut
donner eft de favoir deffécher la coupure fans laifler trop épuifer
l'oignon de fa fève, & favoir le remettre en terre à propos. Plus
on coupe les oignons de bonne heure, & mieux les opérations
réuflient, & plus furement on conferve l'oignon. La maladie
la plus commune aux oignons eft une fève extravafée entre les tu-
niques; elle engendre la pourriture en peu de tems. On voit un
grand nombre de pucerons dans ces oignons; il eft difficile de di-
re s'ils ont occafñonné la perte de l'oignon en s'y introduifant,
ou s'ils n’y ont pas été dépofés en œufs, ce qui me paroit plus
vraifemblable. Je n’ai jamais trouvé dans aucune Jacinte que ce
puceron dont je parle, ou de ces infectes qu’à caufe de leur grand
nombre de pieds on appelle Mille-pieds. [Left très-difficile d’ob-
ferver comment ces animaux s’y font introduits. Une obfervation
aflez générale eft que les oignons qui reftent plufieurs années dans
la même place font très-fujets à s’y gâter, & à gagner cette mala-
die épidémique qui les détruit jufques fur les planches des ferres.
C'eft pour cette raifon que les Fleuriftes non feulement relevent
tous les ans jufques à leurs oignons les plus communs, mais même
qu'ils les changent encore de terre, foit en la renouvellant, foit
en les mettant alternativement en différentes places.
Lorfque les Fleurifles font prêts à replanter leurs oignons, ils
les nettoyent de nouveau, enlevent les premieres peaux rouges
ou tuniques qui fe font defféchées, & confervent celles qui font .
collées contre l'oignon, qui lui feroient grand fort fi on
les
DE LA JACINTE CHAP. VIL :s:
ks entevoit. Ils mettent à part tous les cayeux qui font aflez forts
pour être féparés de l'oignon. On a vu plus haut comme les oi-
gnons étoient remis en terre, je dois encore ajouter que les Fleu-
riftes choififfent avec grand foin la place de leur couche de para-
de: elle doit être à l’abri des vents, expofée s’il fe peut au foleil
du midi, & peu loin de leur maifon.
Les Jacintes n’aimant point à être à l'ombre, il faut éviter de
les mettre trep près des arbres dont l’ombrage leur eft on ne peut
pas plus défavantageux; mais il eft bon que des arbres à quelque
diflance rompent les vents qui leur font encore plus de tort que
lombre.
Je terminerai ces oblfervations par un confeil aux Amateurs de
n'être point fi prodigues de leurs oignons que de jetter ceux aux-
quels ils ont fait porter des fleurs dans l’hyver, foit dans des pots,
foit fur des caraftes. On eft dans l’ufage prefque par-tout de jetter
ces oignons, perfuadé qu'ils ne font plus propres à donner des
fleurs. Si néanmoins on veut en prendre foin, les laïfler dans les
caraffes jufques à ce que leurs fannes commencent à fe faner, les
mettre enfuite pendant un demi-jour feulement à un foleil modé-
ré pour les fécher & les placer enfuite en terre fur le côté comme
es autres oignons, en les couvrant légérement de terre, & les re-
lever comme les autres; lorsqu'on les plantera l’on ne remarque-
ra point de différence entr’eux & les autres. S'ils font bien arron-
&is & remplis de fève, quand on les releve, ils pourront fervir
une feconde année au même ufage ; finon, il vaudra mieux les
laifler en pleine terre. Mais attendu qu'il gele fouvent quand on
Ôte ces oïgnons des carafles, il faut les garantir de la gelée, en
les mettant dans les ferres recouverts d'un peu de fable, & lorf-
que la faifon eft belle, les remettre pour un mois ou cinq femaines
en terre à l'air, & les porter enfuite fur les planches, pour les
planter les premiers. Je regrette de n'être pas plus inftruit de la
154 DiE, LA CULTURE
méthode que recommande Bonnet de cultiver la Jacinte dans la’
moufle, où elle devient beaucoup plus belle que dans aucune terre
préparée, mais ce qu'il en dit dans le premier Volume des Mé--
moires préfentés à l’Academie, Edition in 4. de l’Imprimerie Roya-
leen1760, ne me fufht pas pour inftruire les Fleuriftes & les Ama
teurs qu'il invite pag. 428 à femer & à cultiver les Jacintes & au-
tres plantes dans la moufle; expérience que je me propofe ce-
pendant de tenter & qui ne doit confifter qu’à mettre les oi:
gnons dans des pots remplis de moufle preflée, & tenue fufiifam-
ment humide. De même dans la Phyfique des Arbres Tom. IE
Liv. V. Chap. I. Duhamel prouve aflez clairement que l’eau pure
peut fervir aufli compietrement au dévelopement des plantes que
les terres les mieux préparées, & que les Jacintes y fleuriflent auf-
fi bien que dans la moufle; il veut même que l’eau foit de pluye-
ou clarifiée & dit page 20r. que les oignons contiennent un amas
de fubftances, lefquelles étant difloutes par l’eau que pompent les
racines fufhifent pour leur production. A la pompe d’eau prife par
les racines près, j'ai dit la même chofe. Tout Amateur peut aifé-
ment fe mettre au fait de toutes ces obfervations. S'il en tire quel-
qu'avantage, & fi mes idées réveillent celles des grands Phyficiens-
qui peuvent inftruire les autres , j'aurai rempli le but que je me
fuis propofé. Ceux qui ne!prennent d’autres foins que de confier
leurs oignons à quelque Jardinier trop occupé d’autres détails ;.
pourront fe flatter d’en perdre beaucoup moins , s'ils s’attachent
feulement aux deux principes eflentiels, de ne pas laïfler conf-
tamment leurs oignons en terre, & de ne les pas placer indifté-
remment en toute forte de terre. Quant à ceux que l’amufe-
ment pourra décider à faire des expériences, ils pourront fe flat-
ter d’être toujours dédommagés de leurs peines par les facilités
que donne l'oignon, & par les reffources moyennant lesquelles
on peut le mettre aux plus fortes épreuves , outre que la perte
DE LA JACINTE CHAP. VIIL rss
de quelques oignons employés fans fuccès à des expériences, ne
peut point entrer en comparaifon avec la prodigieufe fécondité
dont il eft entre les mains de ceux qui cherchent à le multiplier
& à le conferver.
Un Amateur qui s’étoit donné quelques peines pour en cultiver : Stces
environ trois cens, fe trouva dans le cas, cinq ans après, d'enmateur
donner plufieurs milliers qu’il ne voulut pas conferver. Il eut landes”
auffi la fatisfaétion d’avoir quelques Conquêtes des graines qu’il a-
voit femées, & par leur échange de fe procurer des efpeces rares
& couteufes qu'il n'auroit point achetées; il ne dut ainfi qu’à des
foins qui l’amufoient, le plaifir d’avoir une Collettion telle qu’il
lavoit defirée, & d'être chaque année dans le cas d’obliger
ceux qui s’adrefloient à lui. Cependant il n’étoit point dans les
environs d'Harlem, & n’étoit point inftruit de bien des détails où
je viens d’entrer, dans l’efpérance qu’ils pourront être utiles aux
Amateurs.
Je ne regarde point comme inutile de faire connoître le defir
des Fleuriftes, que les Amateurs étrangers s’appliquent à la cul- haies
ture des Jacintes, & furtout à les femer. On en peut juger denrenee
par ce que dit George Voorhelm dans la préface de fon Trai- %°
té fur la Culture des Jacintes, page r2. ,, 11] ne me refle aus
» préfent qu’à encourager les Amateurs étrangers. Je les prie for
» de cultiver la Jacinte; s'ils veulent être aufli patiens que les cintes.
» Hollandoiïs, qu’ils prennent la voye de la femence , au bout
» de quelques années ils iront de pair avec eux, & quelque dif-
» ficile que paroïlle la réuflite, on verra bientôt toutes les na-
#» tions en état de fe fournir réciproquement de belles fleurs.
» Je ne crains point de le dire, il eft honteux aux Européens
» de ne point feconder les Hollandois dans un travail, tel que ce-
» lui de connoître tous les myfteres de la nature par rapport à la
» Jacinte.
V 2
Expé-
ee e de
ee
156 DE !L'A CULTURE
» Je finis en fouhaitant qu’il fe trouve encore quelqu’Amateutr
» dont les connoiffances foient plus grandes que les miennes, &
» S'il en eft un, je le prie HE les vrais Curieux & pour moi de
» mettre la main à la plume.”
Ce véritable Amateur, & plufieurs de fes “AE loin de
chercher à faire un fecret de leurs connoiïflances, & à s’oc-
cuper à les rendre privativement utiles à leurs intérêts, n'ont
ceflé de m'encourager à connoître & obferver,. m'ont aidé de
toutes leurs lumieres & m'ont preflé de rendre publiques les
découvertes & les réflexions que je faifois avec eux à l’aide
d’excellens microfcopes. La nature s’eft cachée dans des mo-
mens, s’eft obfcurcie dans d’autres, mais la patience & l’afliduité.
m'ont mis en état de la faire connoître à quiconque voudra la re-
chercher par les mêmes voyes.
Si quelqu'Amateur demandoit encore quelqu'encouragement
: MP Apres l'expérience des Jacintes tranfportées dans un pays é-
tranger, je lui citerois le célebre Philippe Müller qui dans l’Art.
Hyacinte de fon Diétionnaire, non feulement avance que des
oignons envoyés de Hollande à Londres en 1730. ont très-bien
réufli dans fon Jardin, mais même qu’il les a multipliés & qu'il
a eu des fleurs plus belles qu’elles n’auroient pu l'être en Hollan-
de. Il cite un de fes amis qui a joui du même avantage à Edim-
bourg & qui a obtenu d’aufli fuperbes Conquêtes qu’en Hollan-
de, entr'autres, une Jacinte blanche à cœur violet qu'il a nommée
l'Etoile Royale de la Grande- Bretagne, qui avoit vingt pouces de
hauteur & portoit vingt-trois fleurons, formant une très-belle py-
ramide qu'il mettoit au-deflus de toutes les Jacintes de Hollande.
Ce même Article qui traite de la culture des Jacintes dans le fol
Anglois n’a rien qui ne foit conforme aux principes que j'établis,
& qui ne puifle fervir d'objet de comparaifon avec ce que je pro-
pofe, pour qu'un tiers puifle juger par ce moyen ce qui convient
à fon fol & à fon climat. En parlant de la Jacinte tubéreufe, il
prouve par l'exemple de M. La Cour près de Leyde à quel point
on peüt maïîtrifer la Nature en la forçant à donner des fleurs,
mème des graines, & des Conquêtes de ces graines. Quel fuccès
un Amateur ne doit-il point attendre de fes foins & de fon in-
duftrie!
L'avantage le plus ordinaire de la culture des Jacintes fera de
procurer un nombre & une variété confidérable de fleurs com-
munes à ceux qui, fans fe donner beaucoup de peines ni faire
beaucoup de fraix, voudront jouir de ce coup-d’œil, dans un :
tems où la nature n'offre point d’autres fleurs; loin que ce fpea-
cle leur foit couteux, ils auront le plaifir de le voir augmenter
chaque année, fans fraix & fans dépendre de perfonne. Une
corbeille, une plattebande, un tapis de ces fleurs aflemblées,
pourra déterminer à prendre un peuplus de foin de la culture de
Ja terre & des oignons, & dès-lors on peut s’aflurer d’une réuflite
conftante,
EXPLICATION DES PLANCHES.
PAL AN CHENL
DISPOSITION EXTERIEURE ET INTERIEURE DE L'OIGNON.
Fie. I. Oignon à fleur double pris au tems où l'on doit le mettre en terre,
ayant la forme & les qualités extérieures qu'on y doit rechercher.
Er. II. Le même oignon vu par deffous pour préfenter fa couronne d'où par-
tent les racines, & l’œil de la racine dans leur centre.
Fic. IL Le même oignon effeuillé pour montrer la taille des tuniques, leur
forme & leur arrangement.
Fic. IV. Le même oïgnon coupé de fon fommet à fa racine pour découvrir
la nature du fond de l'oignon , la pellicule #, qui le couvre & le
défend contre la terre, la fubftance bulbeufe de fon fond b, la fub-
ftance fubéreufe des tuniques ç.
On a laiffé dans le centre la tige garnie de fes fieurons qu'on n'a
point ofenfés.
d, d, font les refles des tiges des années précédentes,
€ tige qui doit fleurir dans 18 mois.
Fic. V. Coupe d'un oignon dont moitié de la tige & des fleurons ont été cou-
pés, & enlevés en même tems que les tuniques.
PL ACEN IC CHE IT
DES TUNIQUES ET DES RACINES.
Fic. L Oignon à fleur fimple coupé tranfverfalement pour montrer l’épaiffeur
& la poñition des tuniques. La pouffle intérieure des cayeux, 4, @,
l’ordre de la tige ou des tiges du centre, les tuniques qui les envelop-
pent, ainfi que les reftes », 2, des tiges des années précédentes.
Frc. II. Oignon garni de toutes fes racines dans un bon ordre,
a a Place où les fannes fe font détachées de l'oignon.
Fic. II. Racine vue au microfcope pour juger du tiffu de fa peau.
Fic. IV. La même racine vue dans fon intérieur pour faire connoître Ja
fubftance dont elle eft remplie, & mettre en état de décider fi la fève
qui n’y eft conduite par aucun autre vaifleau, peut y venir du de-
hors, ou fi elle ne defcend pas de l'oignon pour y dépofer fon fuper-
fu, dans la même forme conique que prennent tous les corps en dif-
tillation lente, dans un air libre,
EXPLICATION DES PLANCHES. 359
Pl AUNROC, DE IIE
DE LA PROGRESSION ET DE LA DUREE DES OIGNONS.
Fic. I. Oïgnon dépouillé de toutes fes tuniques, pris au mois de Novembre
pour faire füuivre la progreffion de fon travail & fa durée,
— a tige de la fleur qui a paru il y a trente mois.
— b tige de la fleur qui a paru il y a dix-huit mois,
— € tige de la fleur qui a paru il y a fix mois.
— d tige de la fleur qui doit paroître dans fix mois.
— € tige & fannes qui doivent paroître dans dix-huit mois.
Fit. IL. 4 Tige de la fleur qui a paru il y a fix mois.
— b fannes qui doivent s'élever au deflus de l'oignon & fortir avee
la tige qui paroîtra dans fix mois.
— © petites fannes qui ne s’élevent point hors de l'oignon & reftent
tuniques dans fon intérieur,
Fic. IT. — a tige telle qu’elle eft quand elle eff chargée de fes fleurs épanouies]
— b fannes & tiges qui doivent fortir de l'oignon l'année fuivante,
Fr. IV. Dévelopement de la tige & des fannes de la Fig: III. Lettre 4.
— 4, a, fannes qui s’éleveront hors de l'oignon pour accompagner
la tige,
—— Ce font les mêmes que celles de la Fig. IL. Lettre h.
b,b, fannes qui ne s’éleveront point au deflus de l'oignon & refteront
tuniques dans fon intérieur, Ce font les mêmes que celles de la.F ig.
IT. Lettre c.
Ps Eu À Ne ENUE:. IV.
D EU SO CN ANT TOUT X:
Fic. I. Oïgnon coupé tranfverfalement deux lignes au deflus de fes racines
pour montrer que le fond de l'oignon eft un compofé de petits cayeux
ou oignoncules tout formés par la nature, qui ne les dévelope qu’en
proportion de la liberté qu’ils trouvent à s'étendre, Ils ne peuvent pas
fortir par le fond de l'oignon parce qu'ils font gênés par la pellicule
qui couvre l'œil de la racine,
Fic. IT. Méthode ordinaire des Fleuriftes pour donner de l'air à ces cayeux,
en Coupant le fond de l'oignon d'un trait de deux ou trois lignes de
profondeur, ce qui les fait déveloper.
to EXPLICATION DES PLANCHES.
Fic. II Opération conique moyennant laquelle certains Fleuriftes ont multi-
plié leurs oïgnons avec plus de fuccès. La Fig. IIL eft le fond de
l'oignon qui conferve la forme d’un cône.
a a font des cayeux.
Y16. IV. Partie fupérieure de l'oignon, dans la concavité de laquelle fe déve-
. lope un grand nombre de cayeux, quoiqu'elle ne foit plus compofée que
des fommités des tuniques qui ont les mêmes qualités pullulantes que le
fond de l'oignon. a 4, font des cayeux qui font pouflés avant la coupe.
Fic. V. La pointe de l'oignon coupée vers le mois d'Août pour voir fi l’oi-
gnon eft fain, & s'il n’a point.de taches qui annoncent qu'il-eft gâté
dans {on intérieur.
PULL AN CE FUN
DES SEMENCES.
a. Graine de la Jacinte telle qu’on la feme.
b. Péricarpe de la graine de Jacinte vue au microfcope, elle eft pui-
pe tendre quand on l’ouvre, & ferme aufitôt qu’elle a pris l'air.
c. Amande fans noyau contenue dans le péricarpe de la graine, dont
elle fe détache toute feule, auflitôt qu'on l’ouvre. j
Fic. I. Poufle de la graine +, mife en terre depuis fix mois.
Fic. IL La même vue un an après avoir été femée, commençant à fe former
en oignon.
£ic. III. La même graine dix huit mois après avoir été femée.
a. Premiere tunique extérieure.
b. Seconde tunique.
c. Troifieme tunique dans le centre de laquelle s’éleve le corps d, qui
n’eft encore qu'une fanne arrondie comme un brin de Jonc.
Ces trois tuniques qui fervent de défen£e à la fémence font tout d’une
piece, & font un dévelopement de la femence. Auffitôt que les uniques
ae font plus que ce qui refte dans l'oignon de la fanne 4, les tuniques
ne font plus d’une feule piece ; elles reftent telles que celle de la PI I.
à la Fig. IL
Fic. IV. Semence de deux ans formant un oignon compofé dans fon intérieur
de tuniques produites par les fannes, & n'ayant plus qu’une feule enve-
lope pleine ,des trois qu'il avoit l'année précédente ;les deux autres font
tombées & pourries en terre,
Fic. Y Oignon de trois ans ayant perdu fa derniere envelope pleine & n'étant :
plus compofé que de tuniques produites par des fannes, lefquelles n'en-
velopent plus l'oignon complettement, Fig.
EXPLICATION DES PLANCHES. 61
Fic. VI. Oignon de quatre ans, au tems auquel il commence à donner fa
fleur & à déveloper parfaitement plufieurs de fes fannes.
PT A NI CO LR UN VE
DE SCHPPET DONS DUNEIL EU R ON
Fic. I. Fleuron de Jacinte fimple vû intérieurement, dont on a féparé l'ovaire,
a. Pédicule ou filet par lequel le fleuron tient à la tige.
D. Calice que les Botaniftes appellent Corolle monopétale,
sc, Peau intérieure du calice, ou neétaire, où l’on voit les nuances des
filets qui correfpondent aux étamines, fon épaifleur & fa fubftance:
d. Chambre de l'ovaire ou vuide intérieur du calice,
e. Place de l'ovaire.
f. Filets qui partent de l'étamine pour aller dans le pédicule , qui fer-
vent à porter le fucféminal de la tige dans le fleuron, jufques à l'étamine.
g. Péta'es. |
b. Place où font attachées les étamines.
Fic. IL. Ovaire qui a été détaché du calice où il tenoïit par fa bafe 4,
b. Corps ou col du piftile que les Botaniftes appellent ftile.
c. Tête du piftile que les Botaniftes appellent ftigma.
Fic. LI. Le même ovaire coupé tranfverfalement dans fon centre,
a font les œufs ou grains blancs qui doivent être fécondés.
b eft un conduit triangulaire dans lequel pafle la liqueur qui féconde
ces grains blancs.
Fic. IV. Un des grains a de la Fig. précédente, mis entre deux tales qui ont
dérangé fa forme, vû par le microfcope.
a font des goutes de füuc féminal qui féconde la graine,
Fic. V. Autre grain tel que celui de la Fig, IV. mis entre deux tales.
a fuc féminal qui le féconde,
Fic. VI. Grain confervé dans fa forme, vû par le microfcope, ayant aufli des
goutes, ou de la liqueur qui le rend fécond.
Fic. VIT. Fleuron vû dans tout le détail de fes parties.
a. fon pédicule dans lequel paffe le conduit triangulaire b. de la Fig I.
qui defcend de la tête du piftile jufques à la tige de la fleur.
c. grains renfermés dans l'ovaire recevant le fuc fémiual par de pe-
tits vaifleaux qui correfpondent au conduit triangulaire b, b.
d. Etamines attachées au fleuron fans filament.
f. Chemin que prend le fuc féminal pour monter dans le fleuron.
t. Tige de la fleur.
b. Bafe de l’étamine.
X
162 EXPLICATION DES PLANCHES.
BL: AN : Cu HN EU VER
DES LPISTITES
Fic. I. Tête de piftile vue au microfcope, dans le tems où elle eft entiérement
fermée.
Fic. IL. Tête de piftile qui commence à s'ouvrir.
a a. Rayons qui entourent la tête du piftile & forment comme une cou-
ronne d’épines entrelacées , qui ne fe dévelopent qu’en certains tems.
bb. Vulves qui s'ouvrent en certains tems pour recevoir la graine fe-
condante, & qui fe referment enfüuite.
cc. Graine fécondante tombée fur les têtes des piftiles,
Tic, III. Tête de piftile totalement dévelopée dans le moment où la nature
ouvre toutes les vulves pour recevoir la graine fécondante ; elle a perdu
fa forme triangulaire par la di'atation des vulves, & fes rayons fe ter-
minent en pointe, & ne font plus arrondis à leurs extrémités comme dans la
Fig. précédente.
Fic. IV. Corps du piftile coupé tranfverfalement dans lequel le conduit trian-
gulaire 4 qui porte le fuc féminal a perdu fa forme, par le mince
dont eff la tranche coupée pour étre obfervée au microfcope.
b b. eft la fubftance de ce corps qui ne paroît prefque point folide,
Fic. V. Tête & corps du piftile vû de côté & à l'extérieur.
Fic. VL Tête & sure du piftile coupé en deux, vû dans fon intérieur.
a. Tête du piltile d’où fortent des rayons des extrémités & même en-
tre les vulves.
3. Subftance du corps du piftile, à travers laquelle filtre le fac féminal ex-
primé des graines fécondantes par la preflion des vulves qui fe re-
ferment: on voit le conduit triangulaire dans lequel ce fuc féminal fe
raffemble pour être porté dans l'ovaire, & dans le refte de la plante.
c c. Graine fécondante tombée dans la téte du piftile.
PL LA 2N SL ECMT ES. VIIE
Fc. I. Etamine qui n’eft pas encore mûre.
a, Pointe de l’étamine qui ne peut fe féparer du fleuron fans en dé-
chirer la peau.
p, Bafe de l'étamine qui tient de même au fleuron, dans laquelle la
nature prépare l'ouvrage de la réproduétion de la fleur.
c. E’pi à trois faces recouvert d’une peau bleue fort mince.
d. Ouvertûre qui fe fait dans cette peau.
e. Ouverture plus confidérable , par laquelle on découvre des grains
difpofés avec ordre.
EXPLICATION DES PLANCHES. rx6;
Fi. Il. Epi de l'étamine dans toute fa maturité, dépouillé de la peau dont
il eft en partie couvert dans la Fig. L
ë
4
n]
G. IH. Graines fécondantes qu’on appelle communément pouffiere d’étamine,
détachées de l’épi où elles étoient arrangées comme on le voit à la
Fig. IL.
Fic. IV. a. Face de l'étamine collée dans toute fa longueur le long de la peau
intérieure du fleuron.
b, c. Les deux autres côtés de l’épi de l’étamine portant la graine.
d. Coupe de l’étamine en travers, dans le milieu de l’épi,
Po DE CRAN EU ER
F1. L. Fleuron de Jacinte fimple vû extérieurement. (/Evéque.)
Fi. IT. Coupe du même fleuron, pour fervir d’objet de comparaifon avec les
fleurons des Jacintes doubles & pleines à corolle fimple ou monopétale,
Fic. LIT. Fleuron de fleur double vû à l'extérieur. (le Vainqueur.)
Fis, IV. Coupe du même où l’on peut obferver la différence d’un fleuron fim-
ple.
a. Son ovaire furmonté de fon piffile.
b, Ses étamines étouffées fous les feuilles florales qui rendent la fleur
double.
c. Corolles ou feuilles florales multipliées, qui font appeller les fleurs
doubles, ou polipétales.
Fic. V. Fleuron double. (/’Alcibiade.)
Fic. VI. Coupe de ce fleuron.
a. L’ovaire bien marqué dont la pointe marque le piftile,
b. Etamines prefque étouffées fous les feuilles florales qui rendent la
fleur double.
Les Fig. VIL. Couronne d'oifeau, VIII. Ste. Genevieve, IX. Prince Guil-
laume, & X. Roi de la Grande-Bretagne , font des fleurons à cœur plein
ou fleurs pleines qui n’ont que quelque légere différence dans leur forme,
pour les comparer de même au fleuron fimple.
Fic. XL Fleuron d'un Grand. Monarqne de France, fleur extrémement pleine.
F1c. XIL. Sa coupe dans laquelle le nombre des feuilles florales eft fi multiplié
qu'on ne peut plus diftinguer ni ovaire, ni piftile, ni étamines,
a. Place où devroit être l'ovaire qui eft abfolument fermée,
b. Place des étamines dont il ne refte que les bafes preflées & étouffées
par les feuilles florales,
X.2
164 EXPLICATION DES PLANCHES,
PL À IN. Cabln EX.
DE L'ORDRE DES COUCHES DE SACINTHES À HARLEM.
Fic. I. Couche de George Voorhelm en 1766. où l’on voit autant de figures
& dans la pofition où font les oignons.
© marque que c’eft une Jacinte Rouge.
HO. Id. toute Blanche.
Id. Blanche avec le cœur rouge ou autre couleur.
Id Bleue,
Fic. IL. Les oignons font tous marqués par des points; les lignes qui joignent
ces points font tirées d’une Jacinte bleue à une autre bleue, enforte
que le deffein que forment ces lignes repréfente celui que les couleurs.
bleues font dans la couche,
DOOQ
Frc. IT & IV. Couche de J. Kreps dont l'explication de celle de G. Voor-
helm donne l'intelligence.
Fic. V & VI Couche d’un Amateur expliquée de même par les deux autres.
PEUMAMMRIENUUEL ‘à
CNE A EL TR, ED) L
RECHERCHES SUR LES YTACINTES
=
di Ableau des Jacintes & fleurs chez les Fleuriftes d'Harlem, Page 5
On ne peut rien affurer fur la couleur & la patrie de la premiere Jacinte. 6
Etat actuel des Jacintes. : - : > 8
Singularités de la Jacinte. : . 10
La Jacinte pouffe fa fleur dans l’eau, 12
Ch Hi A-PRAN TARA EU IE
DESCRIPTION DE L'OIGNON DE LA FACINTE.
Qualités que doit avoir l'oignon de Jacinte. ' : 13
De l’ordre & de la forme des tuniques. À : 15
CHERE, Ie EE RNPE MPLIL.
DESNLR ACINEE
Anatomie des racines. F 2 ÿ 16
Les racines font des vaiffeaux excrétoires & non des pompes afpirantes. 16
Plufieurs oignons fleuriflent fur les planches des ferres fans racines. 17
La Jacinte de Janvier donne fa fleur fans racines. ‘ à 18
Un oignon ne fe conferve jamais d’une année à l’autre s’il ne fleurit. 20
Les racines gâtées n’empêchent pas la fleur de poufer. : 5 22
Différence des racines des d'arbres & de celles des Jacintes. ME
Objeétion contre l'opinion que la fève n’entre point dans les oignons par
les racines. : : ; : 23
Expérience des racines mifes dans des caraffes remplies de liqueurs teintes. 24
L’oignon renverfé dans une caraffe y fleurit fans poufler de racines. 25
L'oignon defliné PI. IV. Fig. I. a donné fa fleur fans poufler de racines en
terre. . . : : 26
GERS ÆLP).F) Re HE IV.
DES TUNIQUES, DES FANNES ET DES TIGES.
Compofition de l'oignon à fleur double. : > ‘ 28
Différence de l'oignon à fleur fimple. . , , 30
Les fannes font des pompes aëriennes. .: . . 22
X 3
a A. Si L'
Du nombre des fannes. , « . : Page 34
Durée de l'oignon. 2 . . ° . 35
BETA PI ET, RIRE
DES NC'ATEIUX
Maniere de couper les oignons pour tirer des cayeux des tuniques, 38
Une Jacinte pouffe des cayeux à fa tige comme des fleurons. 39
La Couronne"d'un oignon donne des cayeux fans le fecours de l'oignon. 49
Méthode ancienne des ffleuriftes pour obtenir des cayeux. : . 40
Les cayeux perçent indifféremment à toute place. , : 40
De la forme des cayeux. . . ° . . 41
UN A P A ÆoR EYE
DES" GRAINES OU SEMENCES.
Choix des femences. À 44
La femence de Jacinte ne produit jamais une fleur femblable à celle dont
elle fort. , . : . » 45
Maniere de recueillir la grai ine. : . . . 46
Anatomie de la graine. . . . ° : 47
Dévelopement de la femence. ; ; - . 47
Premieres Jacintes doubles connues & cultivées à Harlem. : St
Catalogue de Jacintes aétuelles. . ‘ : : 52
CUHSA PAT TORNE ANAL
ANATOMIE ET GENERATION DES FACINTES
Du corolle appellé contre les regles calice. : . ‘ 55
Anatomie du piftile, ; ‘ s : 56
de l'ovaire, , : : x 58
—— (cs étamines. ! . : 59
— de la graine fécondante , ou poufliere d’étamine, E 6o
Du fuc féminal. 60
De l'épi de l'étamine; & de la bafe de l'épi fiege de l'ante végéative 63
Vie ou ame végétative. 3 63
Fécondation des palmiers par à poudres d' étamines. 5 , 64
Syflème de Malpighi. . P : $ ; 65
de Tournefort. x . - 65
de Geoffroy. - = . . 66
de Reaumur. . . . . 67
—— de S. Vaillant. . . . . 67
——— de Pontedera. . . . : 7t
— de Verdriilius, . : : . 72
FD NA OO, TS
Syftême de Linnæus. : : . , . Page 73
de Ludwig. ‘ ; , . = 74.
— dè Bonnet. E ‘ , : 78
de Du Hamel du Moine - 5 PRE ' 80
de Camper. . 83
Les œufs des Infeétes pénetrent dans les fruits par les pifliles. ? 87
Expérience de la chrifalide de la chenille qui ronge les faules & fe fait
pañage dans le bois. 89
La Jacinte attaquée par un infeéte qui dépot fes œufs dans les tuniques. 90
Mouche qui dépofe fes'œufs dans les racines des tulipes. É ; 9E
Infeétes qui dépofent leurs œufs dans le corps des chenilles vivantes. 92
Mouches qui dépofent leurs œufs dans les cerfs. ; ° 94
Appétit de conception dans les plantes. . ‘ : 95
Syftêmes philofophiques adaptés à la génération des facintes. . 107
Seconde anatomie du piftile. : . . : 09
Formation des cayeux par le fuc féminal, . 102
Preuve que le fond & les tuniques ne font qu’une même fubftance. 103
La fleur eft le produit du Ninon d'un ojgnoncule exiftant dans le
fond de loignon. - : 5 . 103
Comment la nature forme les corps. ! 104
Les fleurs doubles qui ne donnent point de graine peuvent avoir toutes les ”
parties néceffaires à cet ufage. : : . RTE
Le froid fait couler les fleurs. - : 110
Fleurs pleines fans ovaire, piftile ni étamines. ; - IC
Fécondation des cayeux fans le fecours des étamines, ; ‘ 112
Silence de Boerhave fur la génération des plantes, , - 114
Incertitude des bornes des trois regnes. = À 117
Défordre dans la génération des Jacintes. : ‘ c 118
Les mouches -à- miel caufent ce défordre. 118
Expérience d’un Profefleur de Botanique du Margraff de Baden-Dourlach. 120
Cayeux dégénérés de couleurs. : : 122
Fleurs doublées. : Ë : : - 123
Oignons accolés. : . = : PO 7
Vifcofité de la fève. ï : e 125
Caufe de Ja ftérilité des Jacintes doubles. 5 : : 126
CNRS ANNEE NN ES CVEEL
\'D'EME AC UN LT U'RTE.
Attention à faire dans la culture des Jacintes. : , 127
Singularités de diverfes efpeces. Û : : . 1270
Les oignons doivent être relevés tous les ans. . : 130
Préparation de la terre. À ; : : 133
Fumier de feuilles, , - . : 133
Fumier de vache, : . ‘ ’ : 133
Choix du fable. ‘ . “ 5 F2 13
Sol de la Hollande, À : ‘ Ê ee
Du Darry ou Derry. . . . . 135
Maniere de planter les oignons. . 139
Difpofition des Couches de parade & des foins qu'on leur donne. 139
Beauté de la Jacinte. : : . . 144
Jacinte - Vénus. = A Ps ; : 144
Culture des Jacintes communes. ; . ; 147
Effer de la neige für les oignons. à . ‘ 148
Maniere de relever les oignons. = , : : 149
Soins particuliers de quelques oignons. . . . 149
Des Serres. : 3 < ; 150
Des maladies des oignons. L : : 151
Des remedes. ë : , 152
Succès d’un Amateur en Hollande. 155
Les Fleuriftes d'Harlem defirent que les Amateurs cukivent & fement des
Jacintes. : - 5 ‘ 155
Expériences de Philippe Muller. . ‘ s. 156
FAT UN.
De l’Imprimerie de Craas EEr.
à Amfterdam le 28 Mars 1768.
EUR Re Sen:
9 ligne 17 après le mot bouton ajoutez le cœur eft d’un rouge trés - vif.
15 à coté de l'à-linea qui commence à la ligne 18 on doit ajouter de l'ordre & de
la forme des tuniques.
23 ligne 20 propriétés lifez propriété. *
26 à coté de l'à-linea ligne G ajoutez en marge, l'oignon deffiné Planche IV.
Fig. I. a donné fa fleur fans poufler de racines en terre.
+J
em
da
LE)
os
— 30 —— 26 la Fig. II. —- Fig. I.
—— 33 —— 11 homogenes -— homogene.
ED 2 ne —- inférieure.
—— Al =— 13 attachement —- attouchement.
—— 47 —— 2 duhaut en bas —- du bas en haut.
a ST NO LOÏEUONS -— oignons à fleurs doubles.
75 mm T3, OÙ NUMETO -—— au numero.
— 92 —— 14 les peut point en féparer :— ne les en peut point féparer,
— 97 —— 5 de la matiere Hu de matiere
.=— 107 == 28 prouve -T— prouvent.
œ—— 122 —— 11 fleur pleine — fleur eft pleine.
— 129 —— 391 facilité — fatalité,
—— 140 —— 1 toujours — pour.
en Ste 22 is. IV VPI.V, — Fig. V. PL IV,
EIRE
PLANCHE JL.
1/1)
GUY
ST. >. Sky, dl. July.
(Ar ( 4
PLANCHE J.
TV Sakly, da ce joe.
(E& C 4
Fig V.
PLANCHE II.
COPANS
PLANCHE II.
2
NN
RNA
NA \
NT \
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N y
Les
AAC
CRE.
PLANCHE JV.
7h
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PLANCHE IV.
LYS. ; 4
PLANCHE V.
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FigI. Fig:IL. Fig.NL.
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PLANCHE VI.
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PLANCHER VII.
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PLANCHE IX.
Fig. VIT :
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PLANCHE X.
Couche de GEORGE VOORHELM 1766
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Couche de GEORGE VOORHELM 1766.
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EVIL
CATABOGUE DES A CENTES«
A genoria.
Agrément rouge.
Aimable rofette,
Aimable rouge,
Alphonfe.
Amarante trône,
Antiope,
Apamée.
Affemblage des beautés,
Atalante.
Attraits de Flore.
Aurore douce.
Bague d’or.
Baron de Groveftein.
Baronne de Waffenaer,
Beauté rouge,
Beauté fuprême.
Belle d'Hollande,
Belle Galatée.
Blandine couronnée.
Brifeis.
Brife tout,
Cardinal de Tencin.
Chapeau de Cardinal,
Chateau de Rome.
Ciceron.
Chevalier Offorio.
Collonne d'Orange,
Comette.
Comte Colloredo.
Comte Bathiani.
Comte Rouge.
Confeiller Penfonnaire.
Coralin.
Couleur de feu.
Couronne de Rofes de
Flore.
Couronne des rouges.
Couronne Royale,
Adelmonne.
Agamemnon.
Aimable rofette,
Amarante.
Amiral Banket,
Amiral Bing.
Amiral Gravé,
Apollon.
Afcanius.
CONNUES EN
1707.
acintes pleines ES doubles d'un beau rouge.
Débora.
Diadême de Flore,
Donna Barbara,
D'Orval.
Drap rouge.
Ducheffe de Parme.
Eucharis.
Etoile étincelante.
Feu admirable,
Feu amoureux.
Feu dévorant.
Fregatte Royale.
Général Pallavicini,
Gloire des Jacintes.
Gloria Mundi rouge,
Gloria rubrorum.
Grandeur rouge,
Grand Soleil,
Horace.
Horifon.
Illuftre Piramidale.
Lion Belgique.
Lion d'Orange.
Madame Adelaïde,
Madame de Montefpan.
Maître d’Artillerie.
Marquis de Saint Simon.
Marquis de l’Enfenade.
Mine d'Or.
Moderne.
Monarque du Monde.
Moucheron
Nulla Seconda.
Oeil de Flore,
Orange rouge.
Parhbelie folaire.
Pañfe gloria Mundi,
Pafñfe rouge.
Paftor fido.
Perdrix.
Perruque quarrée,
Petit Maître.
Philis,
Piramide incarnate.
Pomme d'Orange,
Pontife Romain,
Primus.
Prince Charles de Wir-
tenberg.
Prince des rouges,
Prince de Deffau.
Prince Evêque,
Prince Grec.
Prince Guillaume 1.
Frince Guillaume V,
Princeffe Charlotte.
Princeffe Impériale.
Princefle de Naffau
Weilbourg.
Princefle d'Orange,
Princefle rofe,
Pucelle amoureufe,
Reine de Naples.
Reine Dorothée.
Roi de Macédoine,
Roi des rouges.
Roi Sefoftris.
Royal Conftantinople,
Romano.
Rofe aimable,
Rofe d'Allemagne.
Rofe bouquet.
Rofe brillante.
Rofe de Jerico.
Rofe de Parade,
Rofe de Prince,
Couleur de Rofe & Chair doubles,
Beauté inexprimable.
Pelle Europe.
Belle Rofe.
Bouquet aimable,
Bouquet magnifique,
Bouquet triomphant.
Branche de Grenade,
Calliope.
Caroline Augufte,
Céphale.
Charlotte Augufte.
Chevalier Çatz.
Cléopatre,
Climene,
Clio.
Clotilde.
Colombe.
Comte de Hompefch,
À
Rofe de Provence,
Rofe de Vallée,
Rofe du Matin.
Rofe du Roi.
Rofe illuftre,
Rofe Impériale,
Rofe le Duc.
Rofe Nonpareille:
Rofe Piramidale,
Rofe rouge.
Rofe facrée.
Rofe fans épines,
Rofe fans pareille,
Rofe furprenante.
Rofe virginale.
Rouge Céfar.
Rouge écarlatte,
Rouge éclatant.
Rouge Magnifique,
Rouge plein.
Rouge pourpré,
Rouge Royal.
Rouge Vermeil,
Sans feconde.
Scipion l’Africains
Soleil brillanc.
Soleil d'or.
Soleil levane.
Superbe Royale,
Temple d'Apollon,
Temple de Diane.
Temple de Salomon.
Théatre Italien.
Ttéatre rouge.
Thrône d'Orange.
Uliffes.
Unique parfaite,
Vatican.
Comte d’Uhlefeld,
Coniteffe de Henneberg,
Confeif d'Etat.
Couleur de chair.
Couleur douce.
Couronne de Rofe.
Couronne de Rofe Anti.
que,
Couronne Impériale,
& CATALOGUE DES JACINTES connuës en 1767.
Juite des Couleurs de Rofe & Chair.
Débora.
Diane.
Don Rodrigo à Caftro.
Dorothée.
Ducheffe Royale.
Empereur Augufte,
Empereur Vitellius.
Eftime de Flore.
Etoile du Matin.
Evêque de Wurtzbourg.
Fenelon.
Fleur de pêche.
l'leur de Pomone.
lore incarnate.
Général Laudon.
Germanicus.
Grande Rofe Royale.
Grand Maître Royal,
Jlugo Grotius.
Infante d'Efpagne,
Joyau d'Alfema.
1Hbelle.
La douceur.
Admirable.
Aigle volant.
Anniral Général.
Amiral Norris.
Amiral Tromp.
Andromede.
Argus.
Atlas.
3elle Amazone.
Belle charmante,
Belle Fatmé.
Belle Paftorelle,
Belle Pomone.
Hellorophon.
Bellone.
Blanche fleur.
Bonifacius.
Bouquet long.
Caïanus.
Citronier.
Clitemneftre.
Colofe.
Comte de la Marche.
Conte de Beftuchef,
Conftantia.
Cour de France.
La joye du pays.
Lifidor.
Luftre de Flore.
Maréchal d'Ettrées.
Marquife d'Anfpach.
Marquife de Bonac.
Méléagre,
Mont Liban.
Mont des Olives.
Mont Hecla.
Moucheron.
Ninette.
Oeil de Flore.
Palais de Flore.
Palais de Rome.
Parfaite.
Pavillon d'Orange.
Perroquet Royal.
Pharaon.
Phébus.
Phédre
Piramide agréable.
Pomine de Grenade.
Prince de Frife
Prince Frederic de Baden
Dourlach.
Prince Eugene;
Princeffe Louïfe.
Frincefle Royale.
Reine d'Angleterre.
Reine de Perte.
Repos de la paix.
Revifeur Général.
Riche paix,
Robin.
Roi David!
Roi de Perfe.
Rofaline.
Rofe agréable,
Rofe d'amour.
Rofe d'Angleterre,
Rofe blandine.
Rofe délicieufe,
Rofe églantine.
Rofe d'Hollinde,
Doubles Blanches.
Cour d'Efpagne.
Couronne de France.
Couronne du Roi.
Damniéte,
Dauphin de France,
Dendro pedios.
Duc d'Anjou.
Duc de Marlborough.
Erf Stathouder.
Empereur.
Empereur Turc.
Fleur de Dame,
Fleur parfaite.
Ganiméde.
Général Daun.
Généralifime.
Gloria Florum.
Grand Goliath.
Grand Monarque de
France.
Grande blanche Royale.
Habit d'été.
Hermine.
Infante Princeffe.
Joli cœur,
Jose d'Europe couron-
n
Joyau Impérial,
Joyau Royal.
Joye du Spaar.
La coquette,
L'admiration.
Licentié.
Lion.
Louis le Grand.
Marces.
Margrave de Hoch Berg.
Mavors,
Merveille du monde,
Minerve.
Multi Bora.
Neutralité.
Non pareille.
Oifeau couronné.
Paonne,
Paffe non plus ultra,
Pavillon Orange.
Phaéton.
Phénix Royal.
Plumage,
Rofe en douceur.
Rofe incomparable,
Rofe jolie.
Rofe la Reine.
Rofe Madame.
Rofe Magnifique,
Rofe Mignature
Rofe Orange,
Rofe parfaite:
Rofe primitive.
Rofe lrinceffe.
Rofe fans pareille,
Rofe fuperbiffime,
Rofe fuprême.
Rofe triomphante,
Rofe triomphe
Rofenond,
Rofette.
Rouge charmant.
Sainte Genevieve.
Toifon d'or.
Vieux Barnevelt.
Plutarque:
Point du jour.
Prince d'Orange.
Reine Alexandre.
Reine Athalie.
Reine de la Grande Bre*
tagne.
Reine Jocafte.
Reine Théréfe,
Renommée,
Roi Agas.
Roi des Abiffins.
Seneque.
Sirene.
Speétateur.
Statira.
Stathouder d'Hollande,
Thalie.
Thisbé.
Toujours Augufte.
Triomphe d'Europe,
Triple couronne Major,
Trône de Salomen.
Vierge.
Veftale,
CATALOGUE DES JACINTE connuës en 1767. 3
Blanches à cœur Faune.
Aimable blanche,
Anneau de Dame,
Anneau nuptial,
Apollonia.
Bien aimée, ,
Blanche fleur.
Candida de Mercure.
Comte de Wallenftein.
-Comtefre,
Alberdine.
Amelie Sophie,
Amelie Sophie Eléonore,
Atuniral d’Hollande,
Amiral Evertzen,
Amiral Vernon,
Anifia.
Apelles.
Avanturier.
Bailli d'Amftelland rec-
tiñié.
Belle blanche incarnate,
Bergere.
Bergere Califto.
Bouquet de Flore.
‘€bandelier d'Eglife,
Chafle Royale,
Chevalier d'honneur,
Claudius Civilis.
Cœur rouge.
Comte de Solms.
-ContefTe de Solms.
Controlleur général.
Couronne de Salomon.
Courenne d’Amfterdam.
Couronne de Diamant,
Dedale.
Don gratuit.
Fiancée du Prince.
Flavo fuperbe,
Grand triomphe.
Grande Magnificence,
Habit d'été.
Héroïne,
Jaune couronné,
Jaune douce.
Liberté d’or.
Margraff de Baden
Dourlach.
Margravinne de Baden
Dourlach
Blanches méêlées de rouge doubles.
Cour d’Hollande,
Dame d'honneur.
Don Carios.
Duc de Gluksbourg.
Duc de Lorraine.
Empereur de |ava.
Empereur Léopold,
Ephettion
Etoile du Soir.
Eudoxe.
Feu d'amour.
Frederic le Grand,
Fleur d'épine.
Fleur de Soleil.
Général Hompefch.
Gloire d' Hollande.
Gloria florum fuprema.
Gouverneur de Choif.
Hécube.
Illuftre beauté.
Joyau d'Hariem.
La plus belle de toutes,
La promife de Iemftec-
de.
Liberté d'Hollande.
Marianne
Marie de Médicis.
Marquis de Marigni,
Mentor. .
Milord Walpoole.
Mont Etna.
Ment Vefuve.
Nitocris,
Opéra.
Palais de Flore.
Periandre.
Perle d'amour,
Pitagoras.
Prédominante.
Prince de Lubec,
Princeile Amelie.
Princefle Stadhoudereffe
héréditaire,
Prince de Turenne.
Reine Auguite.
Reine de Dannemarc,
Reine d’Ethiopie.
Reine des Blancs.
Paix.
Prince jaune.
Reine de Congo,
Roi de Congo.
Rofe jaune.
Saturne.
Sceptre de David.
Sigismond.
Reine Héléne.
Reine d'Hongrie,
Reine de Seba,
Reine Vañi,
Roi Admetes,
Roi Boflu.
Roi de Dannemarc,
Roi de la Grande Breta-
gne.
Roi Salomon.
Rofe invincible,
Rofe Mufcade
Rofe pourpre dorée.
Rofe triomphe de Flore,
Sauterelle.
Seigneur de Malieberg.
Sémiramis,
Socrates,
Sirene.
Trône des Lions de S4
lomon.
Villeda.
Verfailles.
Victorieufe.
Blanches mélées de couleur de Rofe & Chair doubles.
Acafte.
Aigle volant,
Amintas.
Auinte,
Amiral de Flore.
Amiral Pen
Amiral Pier Hein,
Anaxinandre.
Arachné.
Artémidore.
Aftérie.
Aurore:
Autruche.
Belizaire,
Belle fleur.
Belle Helene.
Belle Princeffe,
Camceléon.
Chaffe Royale.
Chevalier.
Chlorus.
Cicogne.
Cigne couronné.
Colombine.
Commandeur de Flore.
Comte d’igmond.
Comte de Provence.
- Comte d’Ifenheim
Comte de Sinzendorf.
£omte de Sponheim.
Comtefle de Marfan.
Comtefle de Waflenaer.
Cour d'Efpagne.
Couronne d’Liter.
Couronne d'Europe.
Couronne de Flore
Couronne d'Hollande,
Datames.
Dauphin.
Duc d'Angleterre,
Duc de Beriy.
Empereur Honorius,
Fontaine.
Fortunatus,
Galarée.
Gloire des Dames.
Greffer des Etats Géné-
raux.
Hollandia,
Hollandia liberata,
Janus.
A2
Jacon.
Joyau d'Harlem Cou
ronné,
Ifis.
L'Aftre du Monde,
La belle.
Le plailir de David,
Lis.
Madame.
Madame de Maintenon.
Merveille de nos jours,
Merveille d'Europe,
Mignon de Delit,
Miroir.
Monarchie.
Oz Roi de Bazan,
Oétavie,
5 CATALOGUE DES JACINTES connues en r767.
Juite des Blanches mélées de couleur de Rofe € Chair.
Pavillon arboré
Piramide d'Egypte.
Pomporia.
Porteur de Couronne,
Prince de Sultzbach,
Prince de Screlitz.
Alba Violacea.
Albicaftro.
Amiral Banken.
Amiral de Ruyter.
Antonia
Arlequin.
Baron de Cranendon.
Beauté incomparable,
Beauté inexprimable.
Belle blanche violette,
Bale fortune.
3elle Gabrielle.
Cardinal de Fleury.
Capitaine Mujor.
Cerès.
Charmante Reine,
€har du Soleil.
Couronne d'Ltoiles.
Dauphin.
Diogénes.
Doge de Venife,
Donna Margarita,
Dægon volant.
Agatocles.
Aigle noir.
Aimable Favorite.
Aimable Brune.
A la mode,
Atcibiades.
Alcides.
Amarillis.
Amaltée.
Amirauté de la Meufe.
Amiral Anfon.
Amiral Hemskerk.
Aniral de Ruyter.
Amflerdam couronné,
Antigones.
Antipaxos.
Arc en-Ciel.
Archidame.
Ariadne.
Arlequin panaché,
Azur triomphant.
Prince de Galles.
Princeffe de Parme.
Princeffe de Strelits.
Pulchra.
Reine Augufte,
Reine Atilde.
Blanches méêlées de Violet & Pourpre doubles.
Drufille,
Duc de Bourgogne.
Duc de Cumberland.
DuchefTe de Modene.
Egilte.
Etats de Hollande.
Etats Généraux.
Eft plus Ultra.
Flavius Jofeph.
Fleuve du Rhyn.
Gloria Mundi albo.
Globe terreftre.
Hannibal.
Harpe de David.
Impératrice de Ruffie,
Infante
Joyau d'Hollande,
Joyau de Salomon cou-
ronné,
Junon.
£a belle Princeffe.
La fidélité doit paroître.
La joye d'Hollande,
Reine de Navarre,
Roi d’Eipagne,
Roi de Pruffe.
Roi Mirandus,.
Roi de Sian.
L'efpérance
Madame Sophie,
Madame Victoire,
Magnifique,
Marie Theréfe,
Micromegas.
Monique.
Muñcien.
Non plus ultra.
Oifeawx du Paradis.
Optimus.
Ornement de Parade,
Palais de Junon.
Palais de Néron.
Palais de Salomon.
Palamedes.
Paris de Montmartel,
Perle de Hollande.
Piramide de Pourpre.
Pourpre blanche.
Pourpre Royale.
Pourpre fans pareille,
Pourpre triomphante.
Bleues Pourpres doubles.
Baïlli d'Amftelland.
Bailli de Brederode.
Batave couronné,
Beauregard.
Bel ordre.
Belle Turquine,
Blazon pourpre,
Bleu célefte,
Bleu foncé.
Bleu panaché.
Bouquet de fleur.
brillante.
Brunette aimable:
Brunette amoureufe.
Brunette Royale.
Bucéphale.
Cabinet de fleurs.
Caïanus.
Caledonie.
Candale,
Cardinal de Fleury.
Cardinal de Soubife.
Cafcade.
Cedo Nulli,
Céleftine.
Certorius.
Charles V.
Charmant bleu.
Charmante violette.
Cid.
Cleombrote.
Climéne.
Colonel Mentzel.
Comte de Buren.
Comte d'Artois.
Comte d’Eberttein.
Comte d'Hoilande.
Comte Palf.
Conte Schwerin.
Confeiller Burgklin
Coriolan.
Corregidor.
Roi Ofris,
Sultanine.
Toifon d'er.
Triomphe d'Overveen:
Ufanie.
Praximoë,
Prince Héréditaire de’
Naffau Weilbourg.
Princefle Caroline.
Princeffe incomparable...
. Propatria.
Reine du Perou,
Reine Elifabeth.
Reine Marie.
Roi des’ fleurs.
Roi du Perou.
Roi Staniflas.
Rofe blanche violette.
Rofe Pourpre.
Sarpedon.
Sauterelle.
Sceptre Royal.
Statira,.
Triple couronne Mineu<
re,
Triton.
Valeria
Violette Mignonne,
Coucou.
Cour de Velfen.
Couronne de Brabant.
Couronne d’Etoile.
Couronne panachée:
Courcnne pourpre.
Couronne de Mofcovie:
Couronne violette.
Czar de Mofcovie.
Divertiffant,
Dominante,
Ducheffe.
Duc d'Aquitaine.
Duc d’Arenberg.
Duc de Parme.
Duc de Hannovre.
Duc d'Orléans.
Duc de Tofcane,
Duc Louis de Brunswick,
Ducheffe de Berry.
Eleétrice,
CATALOGUE DES JACINTE connuës en 1767.
Eméraude.
Empereur Amurath,
Empereur Tibére.
Empereur Turc,
Ethiopienne.
Evêque de Londres.
Etendart.
Farinelli.
Faucon noir.
Filate.
Flavius Jofeph.
Fleur parfaite,
Fleur de Mage-
l'ontainebleau.
François premier.
Fréderic JI1.
Galopin couronné,
Général Lafy.
Gloria Mundi.
Gloire des Tritons.
Grande belle pourpre.
Grand Vifir.
Grand Caire,
Grande Violette,
Grand Jupin.
Grand Louis.
Grand Mosgol.
Grand Sultan.
Habit du Roi.
Jardin des fleurs.
Jardinier.
Impératrice de Maroc.
Impératrice Reine,
Impératrice Zenobie,
Impériale.
Importante.
Incomparable.
Achilles.
Aimable liberté,
Agathe Violette.
Agrippa,
Alexis.
Amiral Danois,
Anaclet.
ÂArcas.
Arion.
Ariftide.
Atis.
Belle Afrique.
Belle gris de lin.
Belle thréforiere,
Belle vue.
Blazon couronné,
Juite des Bleues ES pourpres doubles.
Indigo.
Joyau de Flore,
Joyau pourpre.
Joyau du Vegt.
La pompeufe.
La Solitaire.
La Meufe fleuve.
Léonidas.
Le Berger Pirame,
Liberté.
Lion d'Hollande,
Lion Panaché.
Locatelli.
Louis XV triomphant.
Maifon de Waffenaer.
Manteau de pourpre.
Maréchal de Turenne,
Marforius.
Mars.
Merveille de Flore,
Mine Vitriole,
Minuit.
Miroir.
Mode Françaife,
Negro fuperbe.
Neptune,
Niger.
Nigerrimus,
Nitocris.
Non plus ultra,
Noli me tangerce.
Ornement de Flore,
Outremer.
Ovide.
Palais Royal,
Pallas.
Parfaite.
Parménion.
Paffe le grand,
Paffe la grande belle.
Paffe tout.
Penfilvanie,
Perroquet,
Perfée.
Perfan.
Phénix.
Phénix des fleurs,
Piramide couronnée,
Pluton.
Policrate.
Pompée le grand.
Pontife Romain.
Pourpre agréable,
Pourpre foncée.
Pourpre Impériale,
Pourpre Parnaffe,
Pourpre fans pareille,
Pourpre finguliere,
Pourpre de Tir.
Pourpre Violet,
Priam.
Prince Diederic de Def.
fau.
Prince Lobkowitz,
Prince de Naffau,
Prince de Soubife.
Profélite,
Regulus.
Reine de Portugal.
Reine des Amazones.
Reine des Maures.
Reine d’Ethiopie.
Rien ne me furpaffe.
Dleues Porcelaines doubles,
Bonaventure.
Bouquet de porcelaine,
Bucentaure.
Bufquiere de Diamans.
Cayanus.
Carels-ruhe,
Caftor.
Cerbere.
Céruleus.
Centaure,
Charle-Magne.
Charlotte Amélie,
Chloë.
Conftantia.
Colonne Triomphale,
Colofe,
Conte d’Albermale,
Comte de Hanau,
Comte de Welderen,
Confeil d'Etat.
Coriphée,
Coulant de pierres.
Couronne d'Angleterre,
Couronne de la Chine,
Couronne d'Etoiles.
Couronne de la Haye.
Couronne de Porce-
laine.
Couronne du Roi.
Couronne Impériale,
Czarine.
Demétrius,
B
Roi d’Armenie,
Roi Darius
Roi de Congo,
Roi d'Egypte.
Roi d’Ethiopie,
Roi d'Hongrie , ou Opu-
lence, ou Titan,
Roi de Pegu.
Roi Pourpre,
Roi de Portugal,
Roi de Ternate,
Roi des Indes,
Roi des Jacintes,
Roi des Maures,
Roi Minos.
Romulus le Frifon.
Rofe bleue,
Ruiffeau.
Saphir Couronné,
Stathouder Général,
Semper Auguftus.
Superbe grande,
Suprême
Surintendant,
Tales.
Tartare.
Thréforier Général,
Triomphant couronné.
Triomphe du Monde, :
Trône de Minos.
Turquoife.
Vainqueur.
Vierge.
Violette piramidale,
Voilà qui furpañle.
Vûe des Dunes.
Duc d'Anjou.
Duc de Luxembourg,
Duc de la Force.
Duc Du Maine.
Duc de Kennemerland,
Duc de Tefchen.
Ducheffe de Luxem-
bourg.
Elcéteur d'Hannovre,
Empereur Antonin,
Empereur Charles.
Empereur Vitellius.
Epicharmes.
Epiéete.
Etendart Royal.
Lvêque de Brifto!,
€ CATALOGUE DES JACINTES connuës en 1767.
Juites des Porcelaines doubles,
Faucon couronné,
Favorite.
Fettus.
Fidélité couronnée.
Fleur parfaite
Fontaine couronnée.
Généralité,
Général Bennet.
Général Cornabé,
Globe terreftre,
Gloria Mundi.
Grand Alexandre,
Grand Caire.
Grand Monarque.
Grand Tréforier de Bre-
tagne,
Grand Roland.
Grandeur fuperbe.
Grandeur triomphante,
Gris de lin illuftre.
Harpalis.
Helene.
Hercules.
Honnorable.
Jardin de plaifance.
Adonis.
Agathe bizarre.
Agathe mignonne.
Agathe nouvelle.
Agathe piramidale,
Aimable paix.
Arc de triomphe.
Afpañe panachée.
Pelle Agathe.
Belle fleur couronnée,
Belle Pommone,
Betzabé.
Blandine.
Bouquet aimable.
Cadmus.
Capitaine Général.
Cafopée.
Char de triomphe.
Chartreux.
Comble de gloire.
Commis.
Conte de Seckendorff.
Conte de Sintzendorff.
Conftaniia.
Ceurteveus
Couronne Agathe,
Délicieufe.
Incomparable triom-
phant.
Joyau du Vegt.
Landyraff de Sauffen-
berg.
La plus belle du Monde.
Leviachan.
Lion vaillant,
Luftenbourg.
Maifon de Naffau.
Marie Thérefe.
Merveille du Monde.
Metellus.
Miltiades.
Minutius Félix.
Mithridate.
Muftapha,
Ninette.
Oi‘eau Vert.
Olimpia.
Oinement de Flore.
Payfan.
Palais de Salomon.
Panaché bleu & blanc
rayé,
Denus.
Didateur.
Didon Royal,
Diogenes.
Diomédes.
Direéteur Général.
Duc de Calabre.
Duc de Holitein.
Duc de Mecklenbourg.
Duc de Penthiévre.
Duc de Lorraine.
Empereur Conftantin.
Empereur de la Chine.
Empereur Tite.
Empereur Trajan.
Endimion,
Evêque de Bamberg.
Fabius Maximus.
Fiancée du Prince.
Flavius Jofeph.
Fleur célefte.
Galatée.
Garçon.
Généraliffime,
Georze Lil
Glori: florum,
Gloriane,
Pafquin.
Pañle cour du Roi.
Paffe non plus ultra,
Perle d'Amfterdam.
Perle d'Hollande.
Phane broëk.
Phénix des fleurs.
Pigmalion. s
Plénipotentiaire.
Pontife Romain.
Porcelaine d'Orient.
Porcelaine Royale.
Porte Couronne.
Prince Charles de Lor-
raine.
Prince de Frife.
Prince de Piémont.
Prince de Wolfembutel.
Prince de Nafau.
Prince de Galles.
Prince Guillaume IV,
Prince Noble.
Princefle Noble.
Protcéteur.
Recteur Magnifique.
Gouverneur Général.
Grand Connétable Colo-
ne.
Grand gris de lin.
Grande Merveilleufe,
Grande Royale.
Grand gris de lin aima-
ble.
Grand Patriarche.
Grand Roland.
Grand Souverain Royal.
Gris de lin aimable,
Hannibal.
Icare.
Impératrice.
Impératrice Afpañe.
Infante Reine.
Jules Céfar.
Lancelot.
Liberté couronnée.
Lion couronné.
Lune.
Mazaniello.
Migniature.
Mériandor.
Monarque de Prufte.
Reine de Conge.
Reine de la Chine.
Reine de France.
Reine d'Efpagne.
Reprélentant.
Roi Augulte, ‘
Roi Guillaume,
Roi Mirandus.
Roi Romain.
Samaritaine,
Sceptre de Porcelaine,
Sceptre Royal,
Second Oifeau couronné.
Sultane.
Suprême.
Tour de Pharos.
Très belle.
Triomphe bleu.
Triomphe de Flore.
Triomphe du Monde,
Triomphe gris de lin,
Trophée.
Victor À médée.
Volant couronné.
Vue de la Campagne.
Facintes Bleues d'Agate € gris de lin doubles.
Ornement de parade.
Ornement de parade
d'Amfterdam.
Ornement de Brunswyk.
Paix douce,
Palamede.
Paracelfe.
Panthére.
Parnaffe.
Pafquerette,.
Perche longue.
Perle de Frante.
r'erle piramide.
Prince de Waldeck.
Princeffe Caroline.
Procureur Général.
Remus.
Renommée de la paix.
Roi des fleurs
Romulus de Harlem.
Sans pareil panaché.
Tacite.
Thoas.
Triomphe d'Overveen,
Ulife.
Volant.
CATALOGUE DES JACINTES : conmes en 1767.
Bleues Pourpre fimples, |
Abner,
Africain,
Affrique,
Aglaure.
Agrément.
Aigle Impérial,
Aimable,
Alcinoüs.
Antoinette,
Arabe.
Artaban.
Azur tromphant.
Bacha de Bulgarie.
Bacha d'Egypte.
Bacha du Caire.
Baron de Lowenheim.
Bel objet.
Belle Americaine,
Belle riante.
Belle Turque.
Bouquet formidable,
Bruno.
Brutus.
Calliope.
Cafindre.
Cathedrale de Cologne:
Cathedrale d'Utrecht,
Cefar Romain.
Charles le Hardi.
Chapeau pourpre.
Clelie,
Conite de Buuren.
Comte de Lotum.-
£omte de Gol!owkin,
Couronne Brune.
Couronne de Suede,
Couronne d'azur.
Couronne de Bloemen-
dal. R
Abfalom,
Amafa.
Aletis.
Alphonfe.
Amphitrion,
Andronicus,
Apollonius,
Aliftide.
Ariftophane.
Aurore.
Baron de Wafenaer.,
Beau Joab. :
Belle Gabrielle,
Belle parade.
Couronne d'Europe.
Couronne d'Harlem,
Couronne. pourpre.
Couronne triomphante,
Dagon.
Dauphin,
Dauphine.
Don Antonio.
Don Carlos.
Duc de Bretagne.
Duc de la Force,
Duc de Weymar.
Duc d'Orleans.
Ducheffe d’Orleans.-
Eclatante.
Egefippe.
Eleétrice.
Enile.
Empereur de Java.
Empereur François.
Erasme.
Etat d'Hollande,
Fvêque,
Evêque Roïal,
Faif.n,.
Geant.
Général.
Général Groveftein,
Gouverneurdes Indes,
Golconde.
Grand Calife,
Grand Jupin,
Grand Népgre,
Gratien,
Grotius.
Guarini.
Habit du Roi.
Habit pourpre,
Hannibal,
Hefipofe.
Homere.
Jeune Maure.
Imperiale Major,
Incomparable,
Indienne,
Indigo.
Indigo Guatimalo.
Joli cœur.
Jupiter.
La Luifante.
La Luifante couronnée.
Leopold,
Lizimachus.
Mandillo, .
Marquis.
Maximilien,
Menelas.
Meftre de Camp,
Metropalitain,
Minerve,
Miroir.
Morinette:
Négre.
Négreffe,
Non pareille,
Nulla Seconda,
Oftton.
Ours grinpant,
Outremer.
Pallas.
Papirius.
Parmenion.
Paie Afrique,
Pafe Dauphine,
Paffe Enone.
Pañe Jupiter.
Paife Mozambique.
Paffe non plus Ultra,
Bleues Porcelaines fimples.
Betzabé,
Blandine.
Bleu célefte.
Bleu Roïal.
Bouquet joli.
Bouquet Porcelaine,
Cartefius,
Charles XII.
Ciceron.
Cincinnatus,
Clovis.
Colomb,
Colonel,
Comus.
Conte de Portland,
Comteffe,.
Commis.
Coriolan.
Cour-des Chevaliers.
Couronne de Bohême.
Couronne de Pologne,
Couronne de Waffenaer,
Couronne du Roi,
Cuiraffe luifante,
Dalila.
Délicatefe,
Diétateur.
Didon Roïale,
B 2
ü
Paffe Rhadamante.
Paffe Roi des Indes.
Paffe Sultan.
Pierre precieufe,
Plaifant,
Plutarque,
Pluton.
Préteur.
Prince Héraclius.
Pourpre Impériale,
Pourpre-incomparable,
Pourpre Roïale,
Profeffeur.
Proferpine,
Rbhadamante.
Repos de la paix.
Roi de Naples.
Roi des Indes.
Roi des Maures.
Roi des Négres,
Roi Guillaume.
Roi Romain.
Romulus,
Saladin.
Sceptre Roïal
Seconde Impériale.
Semper-Auguftus.
SufFragent.
Tantale.
Telemaque,
Tirefias.
Touchante,
Tour de Babel,
Turnus.
Violet Magnifique,
Violet Noiratre,
Violet furpaffant.
Virgile.
Verfeau,
Duc de Bretagne,
Duc de Tofcanne,
Eclatante,
Empereur.
Empereur Charles,
Empereur Pannaché,
Egizippe.
LEnone.
Etendard Couronné,
Etendard Roïal.
Etendard Turc.
Fabius Maximus,
Fleur de janvier.
Fleur parfaite,
8 CATALOGUE DES JACINTES connues en 1767.
Juite de Bleues Porcelaines fimples.
Florimont.
Gallas.
Garçon.
Général Ambherft.
Général Bernklaw.
Gracieufe.
Grandeur.
Grand-Duc.
Grand Duc de Florence.
Grand Javan.
Grand Ottoman.
Grand Maitre.
Grand Guftave.
Hercule,
Houfoir.
Jardin plaifant.
Infant Royal.
Joïau d'Amiterdam.
Agate couronnée.
Agate la belle,
Agete Major.
Agate Roïale.
Agate fuperbe.
Agate fuperlative,
Agenor.
Almanzor.
Arachné.
Atalante.
Paziline.
Belle face.
Adelaïde,
Agate.
Albo Major.
Alcefte.
Amante.
Amirante.
Angola.
Archidue,
Arion.
Artemife,
Afpañie.
ÂAthalie.
Autruche,
Belle Aurore.
Belle Bergere,
Belle Blanche.
Belle Comtefte,
Belle Helene,
Belle Inde.
Belle Parade,
Joli.
Jofeph.
L'aifance.
Leandre.
Léonce.
Marc Antoine,
Marechal de Turenne,
Martin.
Matador.
Maximus.
Mignon Boot.
Népos.
Parfaite.
Paris.
Paffe Colomb.
Paffe criftal.
Paffe Dauphin,
Pafñle Gabrielle.
Paffe Joab.
Pañe Grandeur.
Pañle Joli.
Pafñle Porcelaine.
Pavillon Couronné.
Pégaze.
Perfée.
Pithias.
Porcelaine de Chine.
Porcelaine Impériule,
Porcelaine parfaite.
Porcelaine Roïale,
Porcelaine Sans pareille.
Porte couronne.
Porte étandart Roïal,
Premier étandart,
Bleues Agate fimples.
Belle fieur.
Bi'ou de la Reine.
Caftor.
Clavier de perles.
Comble de‘beauté.
Comble de Gloire.
Couronne de Dordrecht,
Couronne de la Chine.
Curtius.
Delitieufe,
Dorilas.
Electeur,
Euripides.
Fiancée.
Floriffant.
Grand Alexandre.
Gueridon.
Heros Panaché.
Hollande.
Irreprochable.
Julie.
Laodicée.
Lavinie,
Liberté,
Facintes Blanches Jimples.
Berceau.
Bergere.
Blanche de Crème.
Blancheur.
Blandine.
Bona fides.
Bouquet triomphant,
Cameleon.
Caroline.
Candide.
Cardinal Rezzonico.
Chevalier.
Chandelier d’Eglife.
Charlotte.
Charmante,
Chartreufe.
Chevalier de Malthe,
Cigne,
Clio.
€onte,
ConmtefTe.
Conteffe d'Effen.
Couronne de Flore.
Couronne du Roi.
Couronne grande.
Couronne jacinte.
Couronne de Hollande.
Dameret.
Dame d'honneur.
Daphné.
Dauphine,
Del Mina.
Duc de Candie.
Elevée.
Evêque Roïal.
Etandart Roïal,
Faucon blanc,
Flora Mundi.
Galatée.
Goliath.
Premier noble.
Premiere des fleurs,
Prince des fleurs,
Prince de Pruffe.
Princefle Caroline.
Pro patria,
Publique.
Roi Darius.
Roï David,
Samfon.
Sigismond.
Sultan couronné.
Thales.
Theodore,
Thoas.
Tullie.
Turban,
‘Lucien.
Lucine.
Marc Aurelle.
Ornement de Parade,
Paffe Délicieufe.
Pañfe propatria.
Perdiccas.
Pollux.
Princefle de galles.
Pucelle de Dordrecht,
Recteur Magnifique.
Roi Salomon.
Grand bouquet.
Grandefe.
Grandeur triomphante.
Gravité. :
Guillaume Frifo.
Habit blanc,
Hector.
Hélicon.
Héroïne.
Jardin de plaifance,
Jaune N°. 2.
Impériale blanche.
Impératrice Romaine,
Ino.
Joïau.
Joïau d’Elszenbreitftein,
Islande,
joe
a plus délicieufe,
Léonore,
Lievre,
CATALOGUE DES JACINTES connues en 1767, 9
Juite des Facintes Blanches fimples.
Lievre.
Lin.
:Lion.
Lion Belgique,
Lucrèce.
Madame Roïa'e,
Marie.
Marianne.
Mecene, &
:Mignonne,
;: Minerve.
Nobiliffime,
_Noble de Venife.
Nonpareille.
«Paix blanche,
Palarin.
Palinure.
: Pamphile,
Paon,
Abbé de Condenberg.
Archiduc Jofeph.
, Atticus.
Aurore.
Baguedor.
Batteur d'huile,
Beau rouge.
Belle Rofette.
Belle Warandine.
Bouquet de Dame.
Bouqu:t aimable,
Bourbon.
Califto.
Cardinel.
Caroline Augufte,
Chalumeau d'or.
Chapeau, rouge.
:Clito.
Comte de Wartenleben.
Comte de Wedel.
Comte d'Evreux.
Comte de Kaunitz.
Convenable,
Coq d'Inde.
:Coridon.
Couleur de feu,
Couronne Jaune.
Etendart Jaune.
Parfaite.
Paris.
Paffe couronne grande.
Pa couronne {mpéria-
e
Paffe David.
Paffe Dauphiné,
Paffe berceau.
Pafñfe riche paix,
Paffe Romaine,
Pavillon.
Perdrix.
Perle blanche,
Perle Jmpériale.
Perle d'Orient.
Perle de parade.
Peronelle,
Pigeon.
Plaifir de Cour
Plume.
Premier noble.
Premier Nobiliffimo,
Porto Bello.
Princeffe Anne,
Princeffe Palatine.
Princefle de Parme.
Pulcherrima.
Pureté.
Reine Anne.
Reine Afpañie.
Reine Blanche,
Reine de france.
Reine d'£fpagne.
Reine de Portugal,
Reine Léonore.
Renommée.
Riche paix.
Seconde Couronne,
Couleur de Rofe &ÿ rouge fimples.
Couronne de rofe.
Diane.
Douceur.
Duc de Florence.
Duc de Holftein.
Ducheffe de Holitein.
Eclalante,
Eripbile.
Efpérance.
Étoile du Matin,
Europe.
Feu ardent.
Fidele.
Flame..de feu.
Eleur d’or.
Fleur de rofe.
Four ardent.
Furieufe,
Grand Maitre Roïal.
Grand triomphe.
Hélere.
Hermaphrodite.
Lion rouge.
Madame la cadette,
Oifeau de Paradis.
Oifeau rouge.
Onix.
Orange rouge.
Ornement de Flore,
Orneinent de Parade,
Ornement rouge.
Paffe Couronne l’'Empe-
reur.
Piraemon.
Perroquet.
Prince Edouard Augufte.
Princefle d'Orange.
Princefle Elifabeth Caro-
line
Rayon du Soleil,
Rakima,
Reine de Pruffe.
Reine rouge.
Rofalie,
Rofe admirable.
Roïe aimable.
Rofe aurore.
Rofe bouquet aimable.
Rofe charmante,
Rofe bellinde.
Rofe couronne,
Rofe de Dame,
Rofe élégante.
Rofe églantine.,
Jacintes Simples Jaunes.
Grand bouquet Jaune.
Jaune pa fa't,
Second Noble.
Second chandelier d’I-
glife
Sénateur de Pologne.
Simphonie.
Sophie.
Stathouder Général.
Sultane.
Taïs.
Tarte.
Tendrefle,
Tiphon.
Triomphe de Blandine.
Trompette,
Tunique blanche.
Vierge.
Voltaire.
Volumina,
Zephir.
Rofe Incarnate.
Rofe jolie.
Rofe la Reine.
Rofe Vermeille,
Rofe monde.
Rofe Naturelle.
Rofe Noble.
Rofe Orange.
Rofe Piramidale.
Rofe Princeffe.
Rofe Roïale,
Rofe rouge.
Rofe fans épine.
Rofe Prieel,
Rofe füblime,
Rofe fuperbe.
Rofe Virginale.
Rouge blanche.
Ruban d'or.
Sang de bœuf,
Soleil,
Soleil du Monde.
Timoclée.
Tête de Velfen.
Trompette d’or,
Venus.
Jaune Souffre,
4o ® COUCHES DE GEORGE VOORHELM
De IX rangées $ de 38 €? 4 de 37 Tacintes au Total 338.
Premiere rangée.
Agrément rouge.
Paris Montmartel.
Palais de Selomon:
Roïal Conftantinople.,
Grande magnifcence,
Comete.
Prédominante.
Agrément rouge.
Palle non plus ultra.
Frince Deffau.
Oz Roi de Bazar.
Comete.
Paris Montmartel,
Prince Deffau.
Princeffe Strelitzs
Agrément rouge.
Og.
Roïal Conftantinople.
Bien aimé.
Monarchie,
Comete.
Og
Agrément rouge,
Princeffe Strelitz.
Prince Deflau.
Grande Mazsnificence,
Conquête rouge.
Oz.
Prince Deffau.
Paffe non plus ultra,
Agrément rouge,
prédominante.
Comete.
Paris Montmartel.
Roïal Conflantinople,
Palais de Salomon.
Yaris Montmartel.
Agrément rouge.
Neuvieme rangée.
Diademe de Flore.
Louis le Grand.
Prince Guillaume V.
Greffier des Etats géné-
Iaux.
Seconde rangée,
Climene.
Comte Swerin.
Louis XV triomphant.
Directeur Général.
Reine des Mores.
Merveille de Flore.
Rien ne me farpafle.
Achiles.
Cedo nulli.
Rex negros.
Reine des Mores.
Directeur Général.
Rien ne me furpaire,
Merveille de Flore.
Rex negros.
Achiles.
Pourpre impérial.
Grndeur Merveilleufe,
Giand pompée.
Grandeur Merveilleufe.
Pourpre impériale.
Achiles
Rex negros.
Merveille de Flore.
Rien ne me furpafre.
Direéteur Général.
Reine des Mores.
Rex negros.
Cedo nulli.
Achiles.
Rien ne me furpaffe.
Merveille de Flore.
Reine des Mores.
Directeur Général.
Louis XV triomphant,
Conte Swerin,
Clinene,
Neuvieme rangée.
Gloria mundi rouge.
Princeffe Impériale.
Confeiller Penfionnaire,
Temple de Diane.
Théâtre Italien.
Troifieme rangée.
Mont Vefuve.
Alberdine.
Gloria Hollandia.
Marquife d’Anfpach.
Grand Monarque de
France.
Roi Salomon,
Moderne.
Palais de Rome.
Favo fuperbe.
Marquife de Bonac.
Gloria Hollandia
Grand Monarque de
France.
Pitagoras.
Marquife de Bonac.
Grand Monarque de
France.
Moderne.
Flavo fuperbe.
Couronne des rouges:
Comte de Provence.
Heroine.
Couronne des rouges:
Flavo frperbe.
Moderne.
Grand Monarque de
France.
Marquife de Bonac.
Pitagoras.
Monarque du monde.
Gloria Hollandia.
Marquife de Bonac.
Flavo fuperbe.
Palais de Rome.
Mont Ethna.
Roi Salomon.
Grand Monarque de
France.
Marquife d'Anfpach.
Gloria Hollandia.
Roi Salomon.
Saturne.
Neuvieme rangée,
Rofe blanche violette.
Aurore douce.
Vifir Turc.
Gloria mundi rouge.
Trône de Salomon.
Quatrieme rangée:
Sultane.
Reine des Mores,
Conquête.
Gloria mundi.
Gloria Florum.
Impératrice Reine.
Sultane.
François Premier.
Globe Terreftre.
Gloria Florum.
Paffe non plus ultra,
Impératrice Reine.
Gloria Florum.
François Premier.
Globe Terreftre,
Gloria mundi.
Faffe non plus ultra:
Habit du Roi.
Georges II.
Flabit du Roi.
Paffe non plus ultra:
Gloria mundi.
Giobe Terreltre.
François Premier,
Gloria Florum.
Jmpératrice Reine.
Paife non plus ultra;
Gloria mundi.
Globe Terreftre.
Frarçois Premier.
Sultane.
JImpératrice Reine,
Gloria Florum.
Gloria mundi.
L'importante.
Reine des Mores:
Sultane.
Neuvieme rangée.
Confeiller Penfonnaire,
Louis le Grand.
Theître Italien.
Belle Gabrielle,
Romano,
COUCHE DE. GEORGE VOORHELM.
Cinquieme rangée,
Rofe-piramidale,
Don gratuit.
Sainte Genevieve,
Bellone.
Perruque quarrée,
Gloria florum fuprema.
Trone amarante de Klo-
re:
Sceptre de David.
Sainte Genevieve,
Rofe piramidale.
Duc de Bourgogne,
Perruque quarrée.
Prince Héréditaire de
Nafiu Weilbourg.
Gloria florum fupreina,
Conquête rouge.
Sceptre de David.
Sainte Genevieve,
Don gratuit.
Gloria forum fuprema.
Prince Héréditaire de
Naffau Weilbourg.
Perruque quarré:.
Reine Alexandre,
Sainte Genevieve.
Sceptre de David.
Gloria florum fuprema,
Prince Héréditaire de
Naffau Weilbourg.
Trone amarante de Flo-
re.
Duc de Bourgogne.
Rofe piramidale.
Saint Genevieve.
Sceptre de David.
Gloria florum fuprema.
Chandelier d'Eglife,
Perruque quarrée,
Bellone.
Trone amarante de Flo-
re.
Don gratuit.
Rofe piramidale,
Neuvieme rangée.
Alberdine.
Belle Gabrielle.
Theitre Italien,
Louis le Grand.
Confciller Penfonnaire..
Sixieme rangée.
Parmenion.
Duc de Kennemerland.
Bouquet de fleurs.
Ariane,
Célefine.
Jlluftre d'Hollande,
Duc d'Aquitaine,
Metellus.
Ariane.
Illuftre d'Hollande.
Duc d'Aquitaine,
Duc de Kennemerland,
Bouquet de fleur.
Metellus.
Céleftine. d
Conquête comme à la
mode.
Conquête comme le
bailli.
Monarque de Pruffe,
Bel ordre.
Gouverneur Général.
Anfterdam couronné.
Conquête comme grand
Céfar.
Céleftine.
Metcllus.
Bouquet de fleurs.
Duc de Kennemerland,
Duc d'Aquitaine.
Illuftre d'Hollande,
Ariane.
Metellus.
Duc d'Aquitaine.
Iluftre d'Hollande.
Céleftine,
Ariane.
Bouquet de bleues.
Duc de Kennemer land.
Parmenion,
INeuvieme rangée.
Trône de Salomon.
Gloria mundi rouge,
Vifir Turc.
Aurore douce,
Rofe blanche violette,
Septieme rangée.
Flivius Jofeph.
Eeuwendbhall
Grenat.
Prince de Frife.
Duchefle de Parme,
Etats Généraux,
Solcil d'Or.
Opéra.
Parehelie Solaire.
Ltats Généraux.
Leuwendhall.
Duchefe de Parme.
Prince de Frife.
Etoile flamboyante,
Conquête comme Con.
trolleur.
Parehelie Solaire,
Autruche.
Grenat.
Ducheffe de Modene,
Prince de Frife,
Grenat.
Autruche.
Pa ehelie Solaire,
Conquête,
Etoile Flamboyante,
Prince de Frife.
Ducheffe de Parme,
Leuwendhall,
Etats Généraux.
Parehelie Solaire,
Opéra.
Soleil d'Or.
Etats Généraux.
Ducheffe de Parme,
Prince de Frife,
Grenat.
Leuwendhall.
Flavius Jofeph,
Neuvieme rangée,
Theître Italien.
Temple de Diane,
Confeiller Burgklin,
Princeffe Inpériale.
Gluria mundi rouge,
C2
(ft
. Huitieme rangée.
Renommée de la paix,
Pourpre de Tir.
Couronne du Roi.
Aimable paix.
Non plus ultra.
Palais de Salomon,
Grandeur triomphante,
Roi des Jacintes.
Aimable paix.
Confeiller Burgklin.
Pigmalion.
Non plus ultra.
Pourpre de Tir.
Ethiopienne.
Epicharmes.
Ornement de Brunswick.
Grandeur triomphante.
Epicharmes.
Confeiller Burgklin,
Epicharmes.
Ornement de Brunswyle,
Grandeur triomphante,
Roi des Jacintes.
Couronne du Roi.
Non plus ultra.
Pigmalion.
Conféiller Burgklin,
Aimable paix.
Roi des Jacintes
Grandeur triomphante,
Pourpre de Tir.
Palais de Salomon.
Non plus ultra.
Aimable paix.
Couronne dw Roi.
Pourpre de Tir.
Renommée de la paix,
Neuvieme rangée.
Greflier des Etats géné-
raux
Prince Guillaume V,
Louis le Grand,
Diademe de Flore,
12
COUCHE DE J. KREPS.
De VI. rangées de 41 Sacintes chacune. Total 246.
Premiere rangée.
Joye de Hollande.
Victor Amedée.
Belle Amazone.
Conte de Swerin,
Gloria mundi blanc.
George Il.
Conquête.
Conte de Velderen.
Couleur de feu.
Bailli d'Amftelland.
Commandeur de Flore.
Landgrave de Saffen-
burg.
Gloria mundi blanc.
Viftor Amedée.
Non plus ultra.
Comte de Swerin.
Comete.
Comte de Velderen,
Palais de Salomon.
Georges III.
Moderne.
Gcorges IT,
Palais de Salomon.
Comte de Velderen,
Coametz.
Comte de Swerin.
Non plus ultra,
Victor Amedée,
Gloria mundi blanc.
Landgrave de Saffen-
burg.
Commandeur de Flore.
Bailli d'Amftelland,
Virgo.
Comte de Velderen.
Rofe champêtre.
Georges III.
Gloria mundi blanc.
Comte de Swerin.
Belle Amazome.
Viétor Amedée.
Joye de Hollande.
Seconde rangée.
Fien ne me furpaffe,
Illuftre beauté.
Beau regard.
Grand Monarque , de
France.
Demus.
Grande Magnifcence,
Merveille de Flore,
Gloria Hollandia,
Duc d'Aquitaine.
Mont Vefuve.
Bouquet de Fleurs.
Grand Monarque de
France.
Jl'uftre d'Hollande.
-Paffe non plus ul ra.
Reine des Mores.
Grande Magnifcence.
Duc d'Aquitaine.
Gloria Hollandia.
Atis.
Grand Monarque de
France.
Bouquet de Fleurs.
Grand Monarque de
France.
Atis.
Gloria Hollandia,
Duc d'Aquitaine.
Grande Magaificence.
Reine des Mores.
Paffe non plus ultra.
Illuftre d'Hollande.
Grand Monarque de
France,
Bouquet de Fleurs.
Mont Vefuve.
Duc d'Aquitaine.
Gloria Hollandia.
Merveille de Flore.
Grande Magniñcence.
Demus.
Grand Monarque de
France.
Beau regard.
Jlluftre beauté.
Rien ne me furpafle.
Troifieme rangée.
Chandelier d'Eglife,
Rex negros,
S:lomon.
Duc de Kennemerland.
Saturne.
Céleftine.
Sceptre de David.
Diretteur Général.
Bien aimé.
: Pañfe non plus ultra,
Pucelle amoureufe,
Gloria mundi bleu.
Flavo fuperbe.
Direéteur Général.
Chandelier d’Eglife,
Duc de Kennemerland.
Flavius Jofeph.
Paffe non plus ultra.
Gloria forum fuprema.
-Gloria mundi bleu.
Flavo fuperbe
Gloria mundi bleu.
Gloria forum fuprema.
Pafle non plus ultra,
Flivius Jofeph.
“Duc de Kennemerland.
Chandelier d'Eglife.
Direéteur Général.
Flavo fuperbe.
Gloria inundi bleu.
Pucelle amoureufe.
Paffe non plus ultra.
Bien aimé.
Directeur Général.
Sceptre de David.
Céleftine,
Saturne.
Duc de Kennemérland,
Salomon.
Rex negros.
Chandelier d'Eglife.
Qu
Quatrieme rangées
Charlemagne.
Amarante.
Aimable paix,
Reine Alexandre.
Sans pareil panaché,
Gloria florum alba.
Reine des Mores.
Perruque quarrée.
Aimable paix.
Mont Ethna.
Empereur Conftantin.
Marquife de Bonac.
Sans pareil panaché.
Gloria florum alba.
Roi des Mores.
Palais de Rome.
Gloria florum alba.
Prince de Weilbourg.
Locarelli.
Marquis de Saint Simor.
Gouverneur Général,
Duc de Bourgogne.
Locatelli.
Prince de Weïlbourg,
Empereur Conftantin,
Palais de Rome.
Roi des Mores.
Gloria florum alba.
Sans pareil panaché,
Marquife de Bonac.
Empereur Conftantin,
Mont Ethna.
Aimable paix.
Perruque quarrée,
Roi des Mores.
Gloria florum alba.
Sans pareil panaché,
Reine Alexandre,
Aimable paix,
Aimarante,
Charlemagne,
COUCHE DE
Cinquieme rangée.!
Cour de France.
Duc Louis de Brunswick,
Grande blanche royale,
Grandeur triomphante,
Princeffe Impériale,
Globe Terreftre.
Etats Généraux,
Metéllus.
Rofe piramidale,
Duc Louis de Brunswick,
Harpe de David.
Globe Terrcftre.
Etats Généraux.
Grandeur triomphante.
Grande blancl.e royale,
Ariane,
Rofe piramida'e.
* Ornement de Brunswick,
Etats Généraux.
Globe Terreftre,
Leuwendhill.
Globe l'erreftre,
Etats Généraux.
Ornement de Brunswick,
Rofe piramidale,
Ariane.
Grande blanche royale,
Grandeur triomphante,
Etats Généraux.
Globe Terreftre,
Harpe de David.
Duc Louis de Brunswik,
Rofe piramidale,
Metellus.
Etats Généraux.
Globe Terrelire.
Princeffe Impériale,
Grandeur triom hante,
Grande blanche royale,
Duc Louis de Brunswick,
Cour de France,
I
KREPS.
Sixieme rangée.
Reine de l'rance.
Amarante trône.
Ariftides.
Temple de Diane.
Confeiller Burgklin,
Revifeur Général.
Pigmalion.
Rouge écarlate,
Fleur parfaite.
Praxinôé.
Renommée de paix,
Etoile du Matin.
Alcides.
Revifeur Général,
Epicharmes.
Gloria mundi rouge,
Non plus ultra.
Rofe blanche violette,
Renommée de paix,
- Théatre Italien.
Conféiller Burgklin.
Confeiller Fenfonnaire,
Renommée de paix.
Rofe blanche violctte,
Non plus ulira.
Gloria mundi rouge,
Epicharmes.
Revifeur Général.
Alcides.
Etoile du Matin.
Benommée de paix,
Praxinôé,
Fleur parfaite,
Rouge écarlate.
Pigmalion.
Revifeur Général,
Confeiller Burgklin,
Temple de Diane,
Ariftides.
Amarante trône.
Reine de France,
a
F4 COUCHE D'UN AMATEUR (Mr COCK)
De VII. rang'es de 37 acintes chacune au Total 259:
Premiere rangée.
Beau regard.
Couleur de feu.
Rien ne me furpaffe.
Gloria mundi alba.
Comte de Velderen.
Corete.
Rien ne me furpafe.
Couleur de feu.
Comte de Swerin,
Moderne.
Demus.
Comete.
Rien ne me furpaffe,
Palais de Salomon.
€omte de Swerin.
Moderne.
Demus.
Paffe non plus ultræ
Rien ne me furpalle.
Beauté incomparable.
Denus.
Moderne.
Comte de Swerin.
Palais de Salomon.
Rien ne me furpañte.
Comete.
Denus.
Moderne.
€onte de Swerin.
Couleur de feu.
Conte de Velderen.
Comete.
Beau regard.
Gloria mundi alba,
Rien ne me furpafle,
Couleur de feu.
Beau regard.
Seconde rangée.
Romulus de-Frife.
Mont Vefuve.
Grandeur fuperbe,
Sxlomon.
Romulus de Frife.
Commandeur de Flore,
Roi des Morcs.
Mont Vefuve.
Ariane.
Salomon.
Reine des Mores.
Grande magnificence.
Roi des Mores,
Pitagoras.
Pompée le Grand.
Grande magnificence.
Georges III.
Albi Caftro.
Pompée le Grand.
Albi Cattro.
George JIL.
Grande magnificénce.
Pomnpée le Grand.
Pitagoras.
Reine des Mores.
Grande magnificence.
Ariane.
Cerës.
Reine des Mores.
Mont Vefuve.
Roi des Mores.
Commandeur de Flore,
Romulus de Frife.
Salomon.
Grandeur fuperbe,
Mont Vefuve.
Romaulus de Frife,
Troifieme rangée.
Couronne de. Salomon.
Âlcibiade.
Belle Pomone.
Perle brillante,
Cléopatre.
Alcibiade,
Bien aimé.
Perle brillante.
Ornement de parade
blanc.
Bouquet de fleurs.
Bien aimé.
1lluftre d'Hollande.
Grand Monarque de
France.
Alcides.
Gloria fiorum fuprema.
Atis.
Grand Monarque de
France.
Impératrice Reine.
Gloria florum fuprema,
Gloria mundi bleue.
Grand Monarque de
France.
Conquête bleue.
Gloria florum fuprema
Céleftine.
Grand Monarque de
France.
Jlluttre d'Hollande.
Bien aimé.
Bouquet de fleur.
Ornement de parade.
Perle brillante.
Bien aimé.
Ovide.
Cléopatre.
Perle brillante.
Belle Pomone.
Alcibiades.
Couronne de Salomon.
Quatrieme rangée:
Rofe pourpre dorée,
Bailli d'Amftelland.
Illuftre beauté.
Duc de Kennemerland.
Rofe pourpre dorée.
Comte de Velderen,
Illuftre beauté.
Gloria mundi bleue.
Pucelle amoureufe.
Direéteur Général,
Paris Montmartel.
Gloria mundi bleue.
Agrément rouge,
Direéteur Général.
Bien aimé,
Gloria mundi bleue,
Beauté fuprême.
Directeur Général.
Flavo fuperbe.
Conquête bleue.
Beauté fuprême.
Gloria mundi bleue.
Bien aimé.
Direéteur Général,
Agrément rouge.
Gloria mundi bleue,
Paris Montmartel.
Direéteur Générai.
Pucelle amoureufe,
Gloria mundi bleue.
Illuftre beauté.
Comte de Velderen.
Royal Conftantinople.
Duc de Kennemerland,
Illuftre beauté.
Bailli d’Amftelland,
Rofe pourpre dorée.
COUCHE D'UN AMATEUR (Mz COCK))
Ciniguisme rangée,
Sans pareil panaché,
Gloria forum alba.
Conquête bleue.
Rofe piramidale,
Epicharmes.
Eicéron.
Cedo nulii.
Reine des blanches.
Fredericus Rex.
Perruque quarrée.
Duc d'Aquitaine.
Prédominante.
Pafe non plus ultra
bleue,
Marquife de Bonac.
Gloria forum bleue.
Prince de Weiïlbourg.
Paffe non plus ultra
bleue.
Duc de Bourgogne.
Pourpre de Tir.
Aimable Rofette.
Paffe non plus ultra
bleue.
Prince de Weilbourg.
Duc d'Aquitaine.
Marquife de Bonac.
Pafle non plus ulua
bleue.
Prédominante.
Duc d'Aquitine.
Perruque quarrée.
Fredericus Rex.
Reine des blanches,
Cedo nulli.
Cicéron.
Epicharmes.
Rofe piramidale.
Conquête bleue.
Gloria florum alba.
Sans pareil panaché,
Le
Sixieme rangée,
Charlemagne.
Revifeur Général,
Ariftides,
Monarque du Monde.
Epicharmes.
Rofe blanche violete.
Ariftides.
Etats Généraux.
Globe Terreftre.
Autruche.
Grandeur triomphante:
Reine Augufte.
Globe Terreftre.
Etats Généraux.
Pourpre de Tir.
Monarque du Monde.
Globe Terreltre.
(*) Leuwendhall.
Roi des Jacintes.
Ducheffe de Parme.
Globe Terreftre.
Monarque da Monde.
Pourpre de Tir.
Etats Généraux.
Globs Terreître.
Reine Augufte.
Grandeur triomphante,
Sainte Genevieve.
Globe Terreftre,
Etats Géné; aux.
Ariftides.
Mariane.
Aimable paix.
Monarque du Monde,
Ariftides.
Revifeur Général.
Charlemagne.
(*) Leuwendhall 4#
le même que Lion Belgi-
que,
Seprieme rangée,
Gloria mundi rouge,
Comte de Buren,
Grande blanche.
Liberté couronnée,
Gloria rubrorum.
Grand Roland.
Grande blanche.
Liberté couronnée.
Liberté d’or.
Pigmalion.
Gleria rubrorum.
Gr Roland.
Gloria mundi rouge.
Confeiller Burgklis;
Belle Gabrielle.
Pigmalion.
Conquête blanche,
Ornement de parade
bleue.
Trone de Salomon.
Eonfeiller Burgklin.
Trone de Salomon.
Pigmalion.
Belle Gabrielle.
Confeiller Burgklin.
Gloria mundi rouge.
Grand Roland.
Gloria rubrorum,
Pigmalion.
Gloria mundi rouge,
Liberté couronnée.
Grande blanche.
Grand Roland.
Gloria rubrorum.
Liberté couronnée.
Grande blanche,
Conte de Buren,
Gloria mundi rouge.
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