Skip to main content

Full text of "Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir"

See other formats


» 


MEMOIRES 


DE   LA 


r  r 


SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE 

D'EURE-ET-LOIR 


A 


® 

ov 


TOME   XH 


(IB05- 1900) 


CHARTRES 

IMIMIIMEHIK     GARNI  EH 

l'i.  Rue  (lu  Grand-Cerf,  15 

1001 


MÉMOIRES 


TOME    XII 


'18  9  5-1900^ 


■  MÉM()lUi:S 


l)K    I.A 


r  r 


S(m:ii:tk  AriCiii:oL(i(;ioiE 


D^EIRE-ET-LOIH 


TU.Mi:    \ll 


(1895-  1'.  M  »()) 


ciiA  i:ti:ks 
I  M  l'i;  I  M  i;i;  1  !•;    (i  a  i;  N  i  i:i; 

l"i.   Uni'  ilii  (iiMml-Cfif,    |."t 


r.Mii 


UBRARy 


SOCIÉTÉ 

Al{CHÉOLO(ilQUE 

D  ELUE-EÏ-LUIK 


MÉMOIRES 


-«•»- 


LES  COMTES  DE  CHARTRES 

DE    CHATEAUDUN    ET    DE    BLOIS 

Aux   IX"  et  X"  siècles 


CHAPITRE    I«^ 

OÉOORAI'JIIK    HISTORIQUE    DU     PAYS     OIIARTUAIN 
ANTKRIEUREMENT     AU     IX"     SIÈCLE 

Dans  les  sii-cles  (|iu  précédèrent  la  naissance  du  (.'hrist,  au 
temps  où  la  Gaule  était  indépendante,  Chartres,  qui  se  nom- 
mait alors  Aiilririiiii,  fut  le  chef-lieu  d'une  grande  peuplaile 
celtifpit'.  Cette  ]it'U|)la(l('.  appi'h'c  Cu-iiiitcs,  avait  son  terri- 
toire au  cœur  même  île  la  Gaule  '.  Outre  Autricum.  capitale 
des  ('arnntos,  on  connait  une  \ill«'  importante,  comprise 
dans  les  frontières  do  cette  tribu  :  (Uwsur,  est -il  dil  dans  les 

'  Cf.  Ci'sar.  Ciiiiiiiinitaiirs ,  I.  (i.  i  .  i  :  in  finihus  ('.tiiiiutum  (/(/"'  ».  «/To 
loliits  Ijallidf  iiifilia  hahflur. 

r.  XII,  ,U.  1 


•) 


Commentaires,  in  oppido  Carimlum,  Genabo,  castra  ponif  \ 
Geimbuiu  est  aujourd'hui  Orléans-. 

Le  territoire,  qu'occupait  on  Gaule  chaque  tribu  indépen- 
dante, analogue  à  celle  des  Carnutes,  est  désigné  par  César 
sous  le  nom  de  civitas  ou  citr.  Cette  expression  fut  celle 
qu'adoptèrent  les  empereurs  romains  comme  titre  des  cir- 
conscriptions administratives  qu'ils  créèrent  en  ce  paj'^s 
après  la  conquête. 

L'empereur  Auguste,  par  une  sage  mesure  politique, 
conserva  généralement  aux  petits  Etats  gaulois  leurs  ancien- 
nes limites  qui  devinrent  celles  des  cités.  Il  en  fut  ainsi  pour 
le  pays  chartrain.  C'est  ce  que  l'on  peut  induire  en  partie  du 
témoignage  des  géographes  Strabon  et  Ptoléméo. 

Le  premier,  qui  écrivait  sous  Auguste  et  sous  Tibère,  nous 
apprend  qu'à  cette  époque  Orléans  dépendait  encore  de  la 
cité  des  Carnutes^  ;  le  second,  qui  vivait  environ  cent  ans 
plus  tard,  nous  montre  que  l'état  des  choses  n'avait  pas 
changé  *  :  les  deux  villes  principales  des  Carnuies  sont,  dit- 
il,  Autricum  et  Genabum. 

On  peut  donc  présumer  que ,  pendant  les  deux  premiers 
siècles  de  notre  ère,  la  contrée,  appelée  civitas  Curniilum  par 
les  Gallo-Romains,  représentait  assez  exactement  celle  qu'oc- 
cupait, au  temps  de  César,  la  peuplade  gauloise  des  Carnutes. 

Dans  le  cours  du  IIP  siècle,  la  cité  chartraine  fut  démem- 
brée  en   deux  circonscriptions  '' .   Lune   conserva  la    ville 


<  L.  <S,  c.  5. 

-  L'idêiiliU''  (le  (ieiiabiim  cl  crOrléaiis  est  aiijoiird'liiii  (If'moiilréc.  —  Cf. 
Bulletins  de  la  Socielc  Archéolor/i(jue  de  F  Orléanais .  ISti,").  p.  'i'M  et  ssv.; 
L'oiiclicr  (II!  Molaiuloii,  ISuurelles  éludes  sur  l'iiisiriptioit  rumuiite  trouvée  à 
Mesve  (Mémoires  lus  à  la  Sorbonne,  avril  1867),  etc. 

•'  r//vc<,3ov,  To  Tôjv  Kufj-jo-jzwj  zu-Tooilo-j .  ("f.  (lom  noii(|U('t,  Recueil  des 
Historiens  des  Gaules  et  de  la  France,  \,  "li. 

dom  Bouquet,  livre  cité,  I,  7i. 

'  Ou  ne  |ieut  préciser davaiilage  l"é|io(|ui'  à  lafjuellc  cul  lieu  li'  dcrnenihrcnicut 
de  la  civilas  Carnutum.  Au  II''  siècle  df  notre  ère.  d'ajirès  l'tolciiicc,  Orléans 
dépendait  encore  de  la  cité  chartraine.  D'autre  part,  dès  le  début  du  IV«  siècle, 
le  démcnilircment  était  o|iéré;  car,  lorsque  les  évèchés  furent  constitués  en 
cette  région,  dans  la  |ir<'niicrc  nioilié  du  IV''  siècle,  Orléans  dcviiU  le  clicl-lieu 
d'un  diocèse  répondant  au  Icrriloire  de  la  civitas  Aurriianoruni.  Ce  dut  donc 
être  dans  le  courant  du  III'' siècle  (|ue  la  civilas  Aurelianoruni  fut  constituée  et 
séparée  de  la  civitas  Carnutum. 


—  8  — 
(rAiitriciiiii  pniir  chof-lieu  avfc  le  titre  de  ri\i/;is  Curnu/inn, 
l'autre  oitt  pour  capitale  rancieiiiH-  ville  de  (Jenahuin,  (pii 
devait  t^re  dès  lorscomniunéuient  appeh'e  Aiii-cli.niis*  :  d'où 
le  litre  de  civilns  Ain-rlinnoiiini,  donne  ii  cette  seconde  cir- 
conscription. 

La  ligne  de  démarcation  des  deux  nouvelles  cités  i)eut  être 
encore  aujourd'hui  partiellement  rétablie  grâce  à  un  certain 
nombre  de  villages,  qui,  s'étant  créés  sur  cette  frontière, 
tirèrent  de  leur  situation  les  noms  caractéristiques  de  Fines, 
Ail  Fines  '-. 

C'est  ainsi  que  du  côté  de  la  Beauce  on  peut  citer  les  bour- 
gades ou  lieux- dits  de  Fains,  d'Aulïains,  de  Terminiers 
TrrniiiiiiriinnÇ?j,  de  Fins  ;  et  du  coté  de  la  Sologne,  le  village 
de  Feings  avec  le  hameau  dit  Maison  de  Fins  •''. 

D'autres  raisons  permettent  du  reste  de  tracer  avec  plus 
de  précision  cette  ligne  de  démarcation. 

Dans  le  temps  où  fut  démembrée  la  civitns  (Jurniilii/n, 
c'est-à-dire  dans  lo  cours  du  111*  siècle,  le  christianisme  se 
répandait  déjà  en  cette  contrée  :  il  y  fit  môme  bientôt  de 
grands  [irogrès  et,  sous  les  gouvernements  protecteurs  de 


*  Vue  idée  très  répandue  est  que  la  ville  de  Geualiuni  aurait  été  nommée 
Amrlianis,  a|tri''S  avoir  été  reconstruite  jiar  remprrtMir  Aurélicii,  lors  d'un 
séjour  dr  tf  |irinri'  eu  (',:m\i\  Vers  "HA.  (j'Ue  liypollièsc  uc  repose  sur  aueiui 
loiidemeut  liistoriipie.  et,  quoique  séduisante,  elle  n'est  pas  admissilde.  Si 
Aurélieu  avait  imjiosé  sou  nom  à  (jenabuui ,  telle  ville  aurait  été  appelée 
Aureliana  et  non  Aureliiinis  (Cf.  Augusta  d'Augustus,  Cuiislanlia  de 
l.oiistanlius.  elei.  On  doit  plnlôt  reiDini.ulre .  suivant  .M.  Aug.  Loni^tidu,  dans 
le  iiint  Aurclianis ,  un  eouipnsé  ilu  sulli\e  j.ilni  anus  el  du  genlilne  liieii  coinni 
Aureliwi.  Il  est  possible  (|u'uu  i'auliourg  de  (lenalmm  portât  re  nom  d'Aureliauis 
à  raiise  des  domaines  ipi'v  aurait  possédés  la  lamille  Aurélia;  |iuis  le  nom 
romain  ilu  lauliourg  se  serai!  étendu  peu  à  peu  à  tonte  la  ville  et  aurait  ellacé 
lanlique  appellation  de  l'oppidum  gaulois. 

-  Il  sultit  de  parrourir  la  laide  de  l'eiitinger  poiu'  voir  rombieu  de  villages, 
s'étant  lormés  dans  la  (iauli' romaine  sur  les  Imiites  des  dilléreules  eilés.  avaient 
tiré  de  leur  siInalHui  le  nom  de  AV/ie.v.  l'ieancoup  de  res  au<  ieunes  JKMU'gades 
ont  lomplélennnt  disparu  :  mais  il  n'y  a  pas  un  pays  en  Krance  qui  en  ail 
conservé  un  aussi  grand  nondire  qin>  la  région  cliarl raine. 

3  Fniiis-lii-Fiilie,  Kiire-el-Loir,  arr'  C.liarlres,  c""  Voves. 
Aull'iiins    hameau  1,  c"  ISaignolel.  Kiu'e-el-Loir,  arr'  Chartres,  c"  Voves. 
TiTiitiniiis,  Kure-el-j.oir,  an'  Chàli-ainlini,  c"  Oi-gères. 
Fins    li.uneau    ,  c"'  de  Coucriers,  Loir-el-Cher,  arr'  jîlois,  i"  Man  h.  mur. 
Frhii/s,  l.oir-el-Cher,  arr'  Mlois ,  r<"'  Contres. 

Miii.sdii  ilr  /•Vri.v,  liameau   mari|né  sur  la  tarie  de  (  assun  ,  à   deux  kdoni' ir' s 
environ  au  nonl-esl  île  lougères.  Loir-ei-Cliei  ,  arr'  l'.ltiis,  c"  l.onlres. 


_  4  — 

Constance-Chlore  et  do  Constantin  (292-337),  il  s'y  organisa 
(léfînitiYement. 

On  possède  pour  Chartres  et  Orléans  deux  documents  qui 
peuvent  servir  à  déterminer  approximativement  l'époque  où 
furent  régulièrement  constituées  les  églises  diocésaines  de 
ces  cités.  Ce  sont  deux  catalogues  ou  listes  d'évêques^  : 
transcrits  seulement  au  XP  siècle,  ces  catalogues  paraissent 
être  dérivés  des  anciens  diptyques  des  deux  cathédrales. 
Malgré  leur  extrême  sécheresse,  ils  ont  une  réelle  valeur 
historique,  en  ce  sens  que  là  où  l'on  peut  les  contrôler  par 
des  titres  originaux,  ils  n'offrent  ni  erreur,  ni  lacune,  et  que 
par  suite  on  peut  leur  supposer  une  semblable  précision  pour 
la  succession  des  quelques  pontifes  qu'ils  sont  seuls  à  nous 
faire  connaître. 

La  liste  épiscopale  d'Orléans  indique  comme  aj^ant  été  le 
premier  évêque  de  cette  ville  Diclopetus,  qui  signa  les  actes 
du  Concile  de  Sardique  en  343  sous  cette  forme,  AvixXoTreToç-. 
A  Chartres,  le  premier  évêque  de  la  cité  fut  A^ventus  qui 
semble  avoir  été  contemporain  de  Diclopetus  ^. 

Ces  deux  diocèses  ne  furent  donc  organisés  que  dans  la 
première  moitié  du  IV^  siècle,  vraisemblablement  sous  l'em- 
pereur Constantin,  alors  que  ce  prince  eut  autorisé  l'exercice 
du  culte  chrétien  dans  tout  l'empire. 


*  Le  catalogue  des  évoques  de  Cliarlres  se  trouve  au  folio  137  d'un  manuscrit 
du  XI«  siècle,  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale  sons  le  n"  13758  latin. 
Il  a  été  pnlilié  dans  les  Mémoires  de  la  Société  Archéologique  d'Etire-et-Loir, 
t.  IX,  p.  .ir)3-i6().  Quant  au  manuscrit  qui  contient  le  catalogue  des  évèques 
d'Orléans,  il  n'est  plus  en  France  aujourd'hui  :  on  le  conserve  à  la  hihliothèque 
du  Vatican ,  parmi  les  manuscrits  de  la  reine  de  Suède ,  sous  le  n»  -it)5  ;  il  date 
également  du  XP  siècle.  La  listi;  qu'il  renferme  a  été  publiée  dans  les  Bulletins 
de  la  Société  Archéolof/ique  de  l' Orléanais,  t.  IV,  p.  55. 

-  Sur  Diclopetus  voir  rintcressanle  notice  consacrée  à  cet  évêque  par 
M.  Cuissard  dans  son  travail  sur  les  preniieis  évèipies  d'Orléans  (^lémoires  de 
la  Société  Archéologique  de  l'Orléanais,  t.  XXI,  p.  liii-l  i3). 

3  C'est  ce  que  rend  fort  probable  le  tableau  que  j'établis  ici  d'après  les  deux 
catalogues  du  XI«  siècle. 

PIîEMIEUS   ÉVH:QUES  D'oriLÉANS  PftEMIErtS   ÉVÈQUES  DE  CHARTRES 

1.  l)iclopetus(conc.  de  Sardique,  3i3).  1.  Adventus. 

2.  Alitas.  2.  Optatus. 

3.  Desinianus.  3.  Valcntinus. 
•i.  Evurtius.  4.  Martinus. 
5.  Anianus.  5.  Anianus. 
G.  .Magnus,  6.  Severus. 


Quant  il  rthendue  donnée  à  ces  diocèses,  tout  tend  à 
prouver  ^uc  ce  lut  précisément  celle  des  cités  romaines  do 
Chartres  et  d'Orléans.  L'Église,  qui  trouvait  en  Gaule  des  cir- 
conscriptions territoriales  toutes  tracées  et  acceptées  par 
les  po[)ulati(tns ,  ne  pouvait  sonjuer  à  en  créer  de  nouvelles. 
Un  tait  analof^'ue  s'est  jirijduit  de  nos  jours,  quand,  après 
la  Révolution,  la  hYance  ayant  été  divisée  en  départements, 
l'un  attribua  aux  diocèses  rétablis  les  limites  mêmes  de  ces 
départements. 

Par  conséquent  tant  (pie  la  cité  et  le  diocèse  coexistèrent, 
leurs  frontières  se  confondirent  :  lorsque  la  cité  romaine  eut 
disjiaru  par  suite  de  la  conquête  franquc,  le  diocèse  religieux 
demeura.  Car,  si  les  jïremiers  rois  mérovingiens  imposèrent 
de  grands  changements  à  l'administration  impériale,  ils 
adoptèrent  la  religion  chrétienne  et  respectèrent  ses  insti- 
tutions. Aussi,  tandis  que  la  cité  était  le  plus  souvent  frac- 
tionnée en  piKji,  le  diocèse  put  en  général  traverser  le  moyen 
âge  sans  être  modilié  dans  son  étendue  '. 

C'est  ce  qui  eut  lieu  en  particulier  pour  les  diocèses  de 
Chartres  et  d'Orléans.  Si  l'on  trace  en  efl'et  la  ligne  de  dé- 
marcati(»n  des  deux  églises  au  XIII"  siècle -,  on  voit  que  cette 


7.  Irliatiis.  7.  (laslor. 

X.  (iratiaiiiis.  S.  Arricaïuis. 

'.I.  Moiiitor.  '•.  l'osM'ssor. 

je.  l'iu>|itT.  10.  l'oloLliioiiiiis. 

1 1.  Flosruliis.  1 1.  l'alladiiis. 

\'l.  Itapo.  St.  Aiiioaslus. 

lu.  Kusf'hiiis  (coiicilt' (l'Orléans,  51 1).        Kl.  Flavius. 

II.  Solicmiiis. 

IT).  A(lvi'iiiiiniS(i(iiic.  (rOrl<'aiis,r»l  1). 

Si  Iriii  |irrii(|  coinini'  point  df  (  omparaison  1rs  ('vi'miiics  Eusi-hius  ri  Advriiiiims 
qui  assislrn-nl  tous  dt'ux  au  concile  d'Orléans  en  .Ml  ,  on  voit  que  \v  pn-micr 
eut  \'l  préiléri-sscnrs.  i-i  le  second  I  i.  Adveiitns  devait  donc  vivre  à  la  même 
époque  que  Diclojieliis;  car  on  sail  que  les  évèques  d'Orléans,  K\nrlnis  et 
Ainanns,  occupèrent  le  sièj;e  épiscojial  (le  celle  ville  pendanl  de  longues  années 
(!{70  environ  à  iriOi,  el  il  u'esl  pas  surprenant  di'  trouver  à  (lliarlres,  dans  tni 
même  espate  de  !em|is,  deux  évi'-ques  de  plus  (lu'à  Orléans. 

Pour  rrtte  clironoiojîie.  je  SUIS  Kinipii'linienl  (lacc-ird  avi-c  M.rahlié  Duchesne. 
t,f.  Fastes  l'iiificiifiiinx  ilr  l'uncieniu'  liaute,  Paris,  Tlioriu,  |K'.(1,  ni-S",  p.  II. 

'  Les  décrets  des  conciles  coulriliuèrent  pour  niw  grande  part  .'i  f.iire  res- 
pecter les  limites  primitives  de  chaque  diocèse. 

^  On  peut  intégralement  reconstituer  ceUe  ligne  {routière  grAce  au  pouillé  du 
dion'-se  (je  (.liarires  au  Mil"  siérlc.  puldié  par  (luérard  dans  le  Cniiiildin'  ilr 
Saint-l'crc,  p.  (:(:\t.\  ll-i.CliXLlV. 


—  fi  — 

ligne  passe  près  des  A'illages  signalés  plus  haut  comme  ayant 
dû  délimiter  primitivement  les  deux  cités  romaines,  c'est-à- 
dire  prés  de  Fains,  Aullains,  Terminiers,  Fins,  en  Beauce  ; 
près  de  Maison-de-Fins  et  de  Feings  en  Sologne.  On  est  donc 
en  droit  de  rétablir  la  carte  des  deux  cités  d'après  colle  des 
deux  diocèses  ^ 

Connaissant  l'étendue  des  cités  romaines  de  Chartres 
et  d'Orléans,  on  en  tire  celle  de  la  primitive  civitas  Cnrim- 
liiin,  et  approximativement  celle  du  pays  des  Carnutes  au 
temps  de  l'indépemlance  gauloise. 

Ce  vaste  territoire  se  trouvait  ainsi  traversé  par  la  Loire 
sur  une  étendue  de  plus  de  cent  kilomètres  ^,  et  l'on  comprend 
comment  Tibulle,  après  un  voyage  en  Gaule  dans  les  années 
qui  suivirent  celles  de  la  conquête  de  César,  pouvait  par 
souvenir  appeler  la  Loire  «  le  fleuve  bleu  du  blond  Carnute.  » 

Cariiuti  et  îlavi  caenila  lyinpha  l.i;jer^. 

Au  cours  du  V  siècle,  les  peuplades  germaines  s'étant 
jetées  sur  la  Gaule  parvinrent  à  y  renverser  de  fond  en 
comble  la  domination  romaine.  Vers  l'année  495,  le  pays 
chartrain  tomba  au  pouvoir  du  roi  des  Francs  Clovis  \ 


*  Sur  les  limites  de  la  cité  roni;iiiic  de  CIimiIivs,  on  pnit  siiiiialcr  t'iicnri'  :  li' 
liarncaii  df  Fins,  n-prcsciité  aujourdliiii  par  les  lieux  dits  du  drand-Fins  et  du 
Pclil-Fins,  eommiiiie  de  Teriiav  (Loir-et-Cher) ,  arrondissement  de  Vendùme, 
canton  de  .Monldonlilcan.  (le  lien,  à  Irpoqur  gallo-romaine,  devait  avoii'  une 
certaine  importance,  il  était  à  rexli'èmc  limite  de  la  i,'rande  forêt  de  (làlinc,  (pii 
servait  alors  de  iroidière  commune  aux  (rois  cités  du  Mans,  de  Chartres  et  de 
Tours.  Par  suite  des  défrichemenls  ultérieurs  cliacune  de  ces  trois  cités, 
devenue  diocèse,  s'agrandit  aux  dépens  de  la  l'orèl.  ("est  ainsi  i|ue  le  diocèse  du 
Mans,  englobant  le  village  de  Fins,  s'étendit  à  (piehpics  lieues  au-delà.  ^  Sur 
la  forêt  de  Gàtine,  cf.  Mahille,  Divisions  teriiloriulcs  rie  la  Touraine,  liiblio- 
thè(]iip  (le  l'Ecdle  des  Charli's,  ISCti,  ji.  "Ï.V.)).  —  L'on  peut  aussi  luen- 
lionucr  un  village  du  nom  de  Fi'iuf/s  (Jrtie,  arrondissement  e(  canton  de 
iMorlague),  sur  la  frontière  des  cités  de  Cliarlrcs  cl  de  Sées. 

-  De|)nis  Sidly  jns(prà  IJmeray. 

■^  Tihulle.  livre  I,  élég.  X. 

'•  Le  siège  de  la  ville  de  Chartres  par  Clovis  est  luenlionné  par  un  aiilenr 
|U"es(pie  contemporain,  je  veux  parler  du  disciple  de  saiid  Laumer,  ipii  écrivit  la 
vie  (le  cet  ahhé,  el  ipii  ra|i|)orle  que  Laumer  naipiit  dans  le  temps  où  l'armée 
(les  Lrancs  assi(''geail  hi  cilé  cliartraine.  Bctilns  LauiioiiKirus,  leiiiporc  qiio 
Frrinronim  l'xercitus  Caniolensium  vallabat  cirHaleni,  cxortus  est  (Mahillon, 
Acld  SS.  nril.  S.  Hcnedirli,  Siec.  f,  p.  '.)',]'*).  Ca'  lexle  imporlani  a  éili;ippé 
aux  miniUieuses  reclierclies  de  M.  lunghans,  (jui,  outre  le  témoignage  de  l'Iiis- 


Co  prince  et  ses  premiers  successeiirs  iransformèrenl  peu 
à  pou  l.'i  (fivisioii  territoriale  établie  en  notre  pays  par  les 
Romains,  lis  avaient  trouvé  le  (erriloire  divisé  tout  entier 
en  civilii/rs.  A  la  rivifns,  ils  substiturrent  au  point  de  vnr< 
administratif  le  ji;i;/iis.  La  Gaule  sur  toute  sa  surlace  lut  bien- 
tôt morcelée  en  />''///. 

«  A  l'orii^ine,  le ////////.s  cmiirunte  le  plus  souvent  les  limites 
.'  de  la  ri\it;is  :  mais  dans  les  contrées  <»ii  dominent  les 
'•  hommes  de  race  riamiiii'  nu  bourg'uignonne,  les  /i;i(/i  se 
"  multiplient  par  le  morcellemeul  des  cité's.  et  il  semble  que 
"  leur  n(jmbre  s(»il  en  i-appnii  a^('e  celui  de  la  pii|mlalion 
»  j/ernumique  '    .. 

La  région  environnant  Chartres  aui'ait  été  au  nombre  de 
celles  où  les  Francs  s'établirent  en  grand  nondsre,  car  ils 
démembrèrent  la  cité  romaine  en  plus  de  six  pagi. 

Les  documents  originaux  des  siècles  postérieurs  permet- 
tent en  ellet  de  constater  que  le  territoire  de  la  civifns  i'.nr- 
iiiiliim  'd\i\\{  servi  iilorimM':  le  /mi/iis  Ciinioti'iiiis,  chef-lieu 
Chartres;  le  yy,7////.s-  IJiirocussiinis,  clief-li<Mi  Dreux;  une  partie 
i\H /hii/iis  M;i(l/-iti(i'iisis,  chef-lieu  Mérey  -  :  ]o  juiifiis  l'inisrin- 
i-i'iisis,  chef-lieu  Poissy  •' ;  une  partie  Au  /i.ii/ns  S/nnijiciisis, 
chef-lieu  Ktampes  ;  le  pn/jas  Ihiiicnsis,  chef-lieu  Chàteaudun; 
h'  jitiifus  Viiidorini'nsis,  chef-lieu  Vendôme;  le  pinjus  liJrsni- 
sis,  chef-lieu  Hlois. 

I>c  ces  jiujt  pagi,  quatre  étaient  dé'jii  certainement  consti- 
tues au  \  T  sit'cle.  Grégoire  (h^  Tours  nu-ntionue  en  eU'ei  le 
Chartraiii,  le  jiuuois.  le  lîU'sois  et  ]'l']tam]iois. 

I>(*s  le  \\\V  .siècle,  les  linntes  du  toutes  ces  circonscriptions 


loiii'ii  l'rniopf.  n'a  iiiiiiiii  ijiii'  dnix  iloniinrnis  ilii  Vl*-  sirtlt',  où  il  soit  fait 
riifiiiiiiii  (Ir  l:i  liitli-  t|iir  Clovis  l'iil  à  sftiilriiir  roiilrc  It-s  riti's  (rciitii'  Si'iin'  cl 
Loue,  l(irsi|iril  i'iitic|inl  la  roiiiiiii'li'  dr  rv  |ia\>.  l/iiii  ilc  ces  (liiniiiirnls  est  la 
l'/V  (/(•  siiiiili:  (jriii'vinY ,  où  est  rai(»iil<''  t-n  drlail  If  sirj,'c  de  Paris  i|iii  dura 
riiu|  ans;  l'aiitrf  fst  un  l'-pisodr  du  sii''i;<'  di>  Nant<>s  |iar  rarnirc  fraiii|U)>,  nlô 
iinidi'Uirni'iil  |i;ir  liiv'jiiiii'  de  Tours  dans  If  llr  Cliniu  Maiiunnii .  1,  c.  (>tt. 
(.t.  luiij;liaii>.  Illsliiirr  irilKiur  f/c.v  m/zicv  île  l'.hilili'iiili  ri  ilc  CJtloilnVi'tli , 
traduit  df  ralldnand  par  (i.  Miiuod.  Paris.  Vii-wcg,  IN"*.),  in-S»  (('.oUnlion  dr 
lu  Itibliiilki'ijiir  lie  l'Etnlr  (1rs  Hautrs  Etildi's). 

'  {'.!•  pa>saj;i-  ^•^t  emprunt»'-  au  lu-au  tra\ail  dr  M.  Au^.  Longtion  sin  U'<  pai/i 
de  la  (ianli-  (Atlas  hisltiiiiiiw  ilr  lu  Fnnur,  p.  Sîl.  '.Itli. 

^  Mrro  (Kurt"),  arritndissciiiful  dKvn-iix .  tanlnn  df  l'acv-sur-Kurr. 

•'  l'olssy   ScuM'-Pl-Ois»'),  arrondisscnifut  df  Vfrsaillfs. 


—  8  — 

étaient  fixées  et  elles  ne  changèrent  plus  jusqu'à  la  fin  du 
X*  siècle. 

On  a  pu,  grâce  aux  chartes  octroyées  par  les  rois  et  les 
particuliers  pondant  cette  longue  période  de  temps,  reconsti- 
tuer d'une  manière  précise  l'étendue  de  chacun  de  ces  huit 
pn([i.  M.  Longnon,  dans  son  Al  lus  historique  de  la  France,  a 
fort  bien  résumé,  en  les  rectifiant  souvent,  les  travaux 
consacrés  à  cette  question  par  ses  devanciers.  Aussi  bien  les 
résultats  auxquels  on  est  arrivé  aujourd'hui  sont  assez 
définitifs,  pour  que  je  n'aie  pas  à  revenir  après  tant  d'autres 
sur  cette  étude  ^ . 

Je  me  contenterai  de  relever,  dans  un  document  daté  de 
l'année  615,  les  noms  de  plusieurs  localités  de  la  région 
chartraine,  afin  de  montrer  que,  dès  cette  époque  reculée, 
les  paffi  étaient  constitués,  et  que,  pour  ainsi  dire,  on  plaçait 
alors  tel  village  dans  tel  territoriuni^  on  pngiis,  comme 
aujourd'hui  nous  plaçons  telle  commune  dans  teMépartement. 

Le  document,  dont  je  veux  parler,  est  le  testament  de 
Bertrand,  évêque  du  Mans,  en  date  du  27  mars  015^. 

Par  ce  testament,  Bertrand,  entre  autres  donations,  lègue 
à  l'un  de  ses  neveux,  Sigechelmus,  deux  villas  dans  le  terri- 
toriiim  Dunense.  Il  les  désigne  simultanément  sous  les  noms 
de  Vilkm  Pannonio  et  de  Macerias*.  J'avais  cru  pendant 
longtemps  que  Villam  Pai2;2o«7o  était  le  hameau  de  Plainville, 
près  de  la  commune  de  Coudreceau^,  hameau  qui,  vers  l'an- 

^  11  sulfil  (li;  renvoyer  quicoïKiiu^  voudrait  connaître  l'état  de  la  question  à 
ï Atlas  historique  de  M.  Longnon,  pages  108  et  109. 

-  Le  mot  territorium  est  alors  souvent  employé  comme  synonyme  de  par/us. 
Ce  dernier  terme  effaça  presque  entièrement  dans  la  suite  toute  autre  appellation. 

^  L'authenticité  du  testament  de  H(!rtrand  a  été  admise  par  les  plus  grands 
érudits  d(!S  siècles  derniers.  Mabillon  et  Le  Cointe  ont  jugé  que  (;et  acte  était 
un  des  monuments  les  jdus  |iréci(!iix  (pie  nous  ait  légués  le  VI1«  siècle.  De  nos 
jours,  Pardessus,  dans  son  recueil  des  DIpIomata  charlae ,  s'est  rangé  à  la 
même  opinion.  Tout  récemment  un  érudit,  qui  s'était  acquis  une  grande  répu- 
tation dans  l'étude  des  questions  mérovingiennes  et  qu'une  mort  prématurée  a 
enli'vé  à  la  science,  M.  .lulien  Ilavet,  préparait  sur  le  leslanient  de  i'ierliand  luie 
étiule,  dans  laquelle  il  devait  conclure  à  rautlu'nticité  de  ce  docinnent,  comme 
il  nous  l'écrivait  à  nous-même  à  la  date  du  17,  juillet  iSill.  CI'.  Les  actes  des 
évêques  du  Mans  dans  la  BilAiotlièque  de  l'Ecole  des  Charles,  année  IHOl, 
p.  IS. 

''  Cf.  Pardessus,  Diplomata,  chartœ...,  l,  !2I0. 

^  Coudrcceau  (Eure-el-Loii|,  arrondissement  de  Nogenl-le-Rotrou,  canton  de 
Thiron. 


—   0  — 

née  1120, ost  appolé  Priirin\iH(i\  vers  1130,  /'rlriinilln-,  d'où 
est  direct^nont  ilérivc'  ]«•  nom  de  Plaiiivilk'.  Mais  ce  hameau 
était  il  quelque  distance  en  dehors  des  (Vontières  du  juKjns 
Dunriisis,  e(  du  reste  aucun  villaLic  du  noui  de  Mézières 
{Mucf'i'iiis)  n'cxislc  dans  les  environs.  .l'.ii  retrouvé  dans  la 
partie  méridionale  du  pays  dunois,  non  loin  de  ScMucrvillc  •', 
les  deux  villas  qui  ai>partenaient  en  ()15  à  l'évëque  du  Mans, 
Bertranil.  Mt/ccrins  est  aujourdhui  Mézières  \  jirèsde  Sémer- 
ville,  et  la  IV/Âv  Punuonio  est  l'I.iin ville  ^  situé  à  un  kilomè- 
tre environ  de  Mézières. 

Le  lon'iloriiijii  S/nmpotisi'  est  également  mentionné  dans 
le  testament  de  Bertrand.  On  y  lit:  Vilhnn  h'ntiloiip,  silnni  in 
Stnin/K-nsr,  smis  Aot/ii;ilin;i^.  liiniloiic  est  aujourd'hui  Bnl- 
lion  ^  qui  an  XIII'^'  siècle  se  nommait //oo/o// ".  En  ir)ll  ce 
village  est  appelé  IJoiillon^;  en  1052  lioukm^^.  Entre  les  années 
1052  et  17(11  Boulon  changea  son  nom  en  celui  de  liullion  ". 
La  situation  de  cette  commune  est  encore  aujourd'hui  telle 
que  la  représente  le  testament  de  Bertrand,  c'est-à-dire  à 
c«'»té  de  la  forêt  Iveline  ou  de  Kand)Ouillet,  .sêc//.s-  Ai'iiiinliim. 

'   ('.tirliilaire  di'  ÎS'.-I).  de  Chartres,  par  .MM.  ih'  I.('|iiiiois  cl  .Mcilci.  III.  |i.  'ri. 

2  Carlulalri'  de  Tiron,  par  M.  L.  .Mcilrt,  I,  I  il». 

3  St'nKTvill»'  (Loir-ct-C.licri,  airoiulissfmnit  de  Mlois,  caiiloii  (rOii/.oii'-i-li'- 
.Manli»'. 

*  MrziiMvs,  liairif'au.  idniiiiiiiic  de  NCrdi-s  (Loir-cl-Chcr),  arioiulisscnu'iil  df 
Klois,  canton  d'Ouzoui'r-l<'-.Marth('. 

'  r*lain\illt'  est  niariiur  sur  Its  carlrs  (!••  (lassiiii  il  de  l'Htat-major;  mais  il 
ne  se  troiivi'  |ia.s  dans  k  Du  liotiunire  des  l'usles. 

*  l'ardcssiis,  liv.  rlh\  p.  "H)'!.  lîrrlrand  donna  tfllc  villa  à  sou  parent 
I^i-nthramuns. 

^  hidiion  (Scinc-ct-Oisc),  arrondis.scnipnl  dr  ItanilMiiiillfl,  canldii  di'  Pnurdan. 

*  .1/»»/'/  Ijiiif/dtii  Qiieiruin  deriniiiin  rliiee.  ijne  silu  e.sl  inler  rillniii  et  niitii 
fjiie  ilitiil  ad  liniiltni  (('.art.  des  Wiiix-de-Ceniaïf,  |iar  .M.M.  .MonlH'  cl  Mirlil  . 
T.  L  p.  'I\i'>}.  I^on^'rhfsnt*  est  ini  lianii'aii  d*>  la  roniinunc  ilf  Itullion. 

^  L'abbai/e  des    Vanx-de-Cernan  possède  Ut   i/nindte  diineresse   di    l.iniif- 

C.liesne ;//7/i,  la   ininliè  pur   indivis  de   tii'iles  les  diriiies  de  tpuiiis  et  vins 

sur  le  fief  de  Hiiniiuiiir  [U.uw.iw ,   runnninii-  de   jiniliim);   item  nue  pièce  de 
pré  en  In   t/ninde  prairie  de  lUiullou  [Curt.  des  Vaux-de-Ceinaji,  II,  OJdl. 

'"  Itnilion  fsl  ainsi  di'sij,'n<''  Mir  la  rurle  de  Uenuee  parN.  .'Nansun  d'.VIdii'vdli', 
prograpiir  (In  Hny,  à  l'aris.  rlicz  l'irm-  Marirlli-,   l(i.V_>. 

"  C.'i'sl  sons  rrllc  fitrnir  «piil  a  niron-  aiijonrd'hin,  mn-  Itnllmur^i  piirlr  Mir 
la  larlc  du  diotôsc  di-  (diurlns  par  Jadlul,  en  dalr  dr  I  <u|. 


—  10  — 

En  môme  temps  que  Biillioiu  le  testament  de  Bertrand 
mentionne  inihi...  loceUum  de  Fontnnklo.  C'est  le  villaçre  de 
Fonfenay-lés-Briis,  non  loin  de  Bullion  '.  Fontenay  est  éga-, 
loment  placé  dans  le  pnr/iis  S/fiin/irnsis  par  un  acte  orip'inal 
de  l'année  670  -. 

Une  autre  villa  est  encore  attribuée  au  territoire  étaïupuis 
par  ce  même  document  :  Villnni  nohfino,  qiine  est  in  fcrrilorio 
Stampense,  sujut  llnvio  i  '.nihi  •'.  \'ill;nu  ilolmiif  est  aujourd'hui 
Boinville  *.  Le  renseignement  (pu'  fournit  ici  le  testament 
de  Bertrand  est  précieux  en  ce  sens  qu'il  fait  connaître  l'an- 
cien nom  du  ruisseau  qui  passe  à  Boinville.  —  La  Chale 
(Calln)  n'est  point  arrivée  sous  ce  nom  jusqu'à  nous.  Elle  coule 
en  eii'et  tout  à  côté  d'une  autre  petite  rivière,  appelée  la 
Louette,  qui  vient  se  confondre  avec  elle  auprès  d'Etampes 
avant  de  se  jeter  dans  la  Juisne.  La  langue  vulgaire,  qui  re- 
cherche les  consonnances,  fondit  en  un  seul  les  noms  de  la 
Chale  et  de  la  Louette  et  désigna  par  Chalouette  le  ruisseau 
qui  arrose  Boinville,  Chalou-Moulineux  et  Chalo-Sî^int-Mars^, 
tandis  qu'elle  conservait  le  nom  de  Louette*^  à  l'autre  cours 
d'eau. 


'  Pardessus,  livre  cité,  I,  202.  Foiitfinay-lés-Briis  (Sciiie-ft-Oisc  ) ,  arroiidis- 
scmciit  de  Raml)()uillol,  caiitoii  de  Limoiirs.  —  CcUe  villa  Ait  donnée  j)ai-  Uct- 
Irand  en  partie  à  féglise  de  Saiiit-I'ierre  et  Saint-Paul  du  Mans,  en  jiartie 
à  son  j)arent  Lenihraimuis. 

-  Pardessus,  livre  cité,  II,  1 19.  Aux  VII,  VIII  et  IX'  siècles,  toute  la  vallée 
(le  rOrije,  au-dessus  d'Arpajon ,  dépi-ndait  du  patins  Stampeiisis.  Plus  tard,  les 
villas  de  Liuiours,  Bruyères-h'-Cliatel  et  Souzy-la-liriche,  couune  celle  de 
Koutenav-lés-I3riis,  lurent  rattachées  au  Châtrais.  Cf.  Longnoii,  Atlas  historique, 
p.  lus  èl  112. 

•'  Pardi'ssus,  livre  cité,  l,  2(12.  P)ei'liand  donna  Hninville  à  l'alihaye  de  Saiut- 
Cieruiain  de  Paiis. 

*  lioinville.  liameaii,  coinnnnie  de  Clialo-Sainl-Mars  (Seine-et-Oise).  aïKin- 
disseinenl  el  lanliin  (rKlauipes.  I.e  h,  placé  dans  les  mots  latins  entre  deux 
voyelles  dont  la  première  est  nn  o  nu  un  »,  a  le  plus  souvent  disparu  dans  le 
Irançais  moderne.  C'est  ainsi  ipie  de  robirjinare,  devenu  robiilare,  est  sorti  le 
verlie  rouiller.  D'un  mol  harhai'e  iiiibalicum  est  dérivé  notre  ninl  iiwif/e.  De 
même  Bobftiie  villa  s'est  Iranslormé  en  Boainvitle.  éci'it  aujoniillini  lioinville. 

^  C'est  la  Chale  ipii  a  du  donnei'  son  nom  au\  deux  villages  de  Cihalou  et  de 
Chalo. 

^  An  VIl"^  siècle,  alors  ipu'  la  C/i''/"«e//e  s"a|i|ielail  dalld,  la  fjiue/le  s'appelait 
LiKi  :  Tlieudericus  Slaiiipas  jier  jluviuiu  Ijki  jierreiiil  iFrédégaire,  cli.  2(),  dom 
Pioui|nel.  H.  (lesHist.,  II,  'i22).  Le  diininulil  (le  Louette,  m\)A\\.w  |)luslard  au  nom 
de  la  Loue  (Loa)  dut  correspondre  à  inie  diminution  dans  le  cours  de  celle  rivière. 
Le  déhoisement  considérable  (pia  subi  ce  coin  de  la  Beauce,  pendant  des  si(!;clcs, 


-  11  — 

Kn  toriiiiiiaiit  cette  courir  t'iiKlr  siii-  le  test.-imciii  di-  B<t- 
tr;iM(l .  il  c^iivifiit  de  laii-c  i-oinar(|iu-i-  i|iii'  Irs  \illafros  do 
liullion,  do  Fontoiiay-los-Briis  ot  de  llniiix  illc  ('•laiciil  situés 
daus  lo  y/.7////.s  N7./////«'/v.sy.s  tel  que  nous  lo  ("ont  connaitro  les 
docunionts  dos  \in"  et  IX''  siocjos.  La  iliUiiintation  dos  difré- 
ronls  imiji  dr  la  çit(''  cliartraiiic  romonto  donc  au  teiniis  inonie 
qui  suivit  la  conquôlo  {\q  la  Gaulo  ji.tr  les  Francs. 

Le /Av//^/.s- était  une  circonscripiinn  ,ii|iiiiiiisfrati\c.  Les  [ire- 
niicrs  rois  Francs  s'y  liront  i-('|ii-(''s('ntii-  y.w  \\\\  ol'ticior  apjiolc' 
ronios,  comte,  auquel  ils  délépfuèrent  h'  ilmii  d'oxercer  ;i  la 
fois,  dans  ]('  /t;i;/iis.\('  {louvoir  judiciairf.  Icpouxoii-  iiiililaire 
et  le  pouv(»ir  administratif. 

Par  suite  do  cette  triple  autorit(',  dès  Ir  NT  siôcle,  les 
comtes  de  la  ré^non  chartraine  avaient  acc^uis  une  inlluence 
considérable  sur  la  population  de  cette  contrée. 

Kn  584.  un  violent  conflit  s'était  ('levé  entre  les  habitants 
des  pagi  Orléanais  ot  blésois  d'une  paît,  ot  conx  des  pa.U'i 
dunois  et  chartrain  di'  lantrr.  L'on  on  ('tait  venu  aux  mains 
et  la  Heauce  tout  ciiticrf  avait  ét(''  jtillée  et  .saccagée.  Les 
i-omtos,  chargés  do  la  gardo  dos  pays  dévastés,  intervinrent 
alnrs,  et  ordonneront  une  suspension  darmos  jusqu'au  Jour 
oii  ils  p(»urraiont  Juger  par  eux-mêmes  do  quel  cote''  ('tairiit 
les  torts  ot  qui  paierait  les  dégâts  '. 


pruduiMl  fil  l'Il'rl  Mir  Imili's  lo  rivirrcs  di-  la  r<''i,'ii)ii  iiiicrvaporalioii  tirs  sciisililr 
rt  par  suit*'  un  aliaissmiciil  (le  niveau,  ('/est  ainsi  (|iii'  la  Ciiiiif,  ilaiis  lt>  iUniois, 
l'sl  aujoiinllnii  (Icvcniii-  iiilriniilli'iili'.  J'ai  imi  niiii-iiii'nii'  l'en  rasion  (roliscrvcr  iiii 
lilii-nonièiif  sinmilii-r  relalit  an  ilrssrclicnii'nl  ili-  la  (.liaidin-Mc.  —  hans  le 
romani  de  ISN7,  «jn  ilnnnvril  à  Oilti,  sur  le  canloii  (l'Auiifau,  de  vastos 
soiitcnains,  «pic  Tnii  pn'lriidil  InnI  dalioid  avnir  ('It'  ciciisrs  par  Ir'S  prciniiTS 
lialiilanls  dr  la  (iaiilr.  Kn  ;iiinl  ISSS,  ,ivn-  plusieurs  nieinliies  de  la  Smiélé 
.iicliénlnuiipie  d'Kiiie-e|-|.<iir.  j'allai  visiter  ces  soiilerrains,  doiil  l'orilite  se 
Irouvail  an  milieu  des  i'liam|is  et  nii  Inii  deçieendail  par  nii  pnils  d'environ  dix 
mètres  de  profondenr.  Il  lut  reroinm  an  premier  roiip-trieil  ipie  ees  longues 
^'aleries  n'avaient  pnint  été  rreiisées  p;ir  la  main  de  ilinmme,  mais  on  ronslala 
ipTelles  étaient  le  résultat  dn  passa^'e  eonlinii  d'nn  rouis  d'ean  ipii  s'était 
Iravé  peu  à  peu  son  lit  dans  le  ealiaire.  Après  avoir  étudié  la  direetion  de  ce 
riiiNseaii  dessérlié,  l'on  ju^'ca  f|n'il  devait  snrlii  aiieieniieinent  de  terre  ilans  une 
petite  vallée  on  la  l.lialoiielle  |iiend  .lujiinrd  liiii  sa  soiiire.  à  ileiiv  lieiies  en  aval, 
près  de  l'.lialoii-Moiilineiix.  il  di'vinl  ainsi  évident  mie  t'était  la  l'.lialonetle  elje- 
mèine,  l'ani  ieniie  Calhi.  ipii  avait  aiilrelois  roulé  ilans  les  sonlerrains  d'Oiln. 

'  Ainilninriifiis ,  nim  lilrsrusilins  jiiiirti,  snjiir  liunnisi-s  inniuiif,  rov/yMc 
in»iniiiinli'.s  pinli-runl  :  iIhiiids  iiuihiiiumiiii'  ,  vrl  ijunt'  tmnriv  fui  île  non 
ftfilnnnl ,  inri-uilin  Irn'hint .  finurn  <liri/iiiiiil .  nliiur  n's  quns  Irvuir  iiulrninl , 
siisUtliiHiil  :  ifmliiis   ilisii-ilrnlibiis,   ninjuncli   lhin>-nsi.\  niiii   nUijuis  (.miio- 


—  12  — 

Au  commencement  de  l'année  suivante,  en  585,  l'histoire 
mentionne  le  comte  de  Châteaudun.  A  cette  date  le  roi  Gon- 
tran  envo3-ait  à  Tours  un  émissaire,  chargé  de  faire  périr 
Évroul,  qui  était  accusé  d'avoir  assassiné  le  roi  Chilpéric. 
L'émissaire  de  Gontran,  étant  passé  par  Châteaudun,  avertit 
le  comte  de  la  ville,  cornes  loci,  de  mettre  à  sa  disposition 
trois  cents  hommes  d'armes,  pour  garder  toutes  les  portes  et 
issues  de  la  cité  de  Tours,  afin  qu'Évroulne  pût  s'échapper  ^ 

Ces  récits,  empruntés  à  Grégoire  de  Tours,  montrent  que 
la  situation  politique  et  administrative  des  pagi  chartrains 
était  telle  à  la  fin  du  YV  siècle  qu'elle  apparait  au  commence- 
ment du  IX^ 

Toutefois,  durant  cette  période  de  deux  siècles,  l'usage 
s'introduisit  de  confier  souvent  au  même  comte  la  garde  de 
plusieurs  pngi. 

En  584,  les  villes  de  Blois,  de  Chartres  et  de  Châteaudun 
avaient  chacune  un  comte,  cornes  loci.  Depuis  lelX^  siècle,  au 
contraire,  le  Dunois,  le  Chartrain  et  le  Blésois  furent  presque 
toujours  unis  en  un  seul  comté.  On  peut  même  dire  que, 
depuis  Tan  025  environ,  ce  fut  une  règle  constante  qui  dura 
jusqu'au  XIII^  siècle. 

Ces  trois  pagi  néanmoins  restèrent  distincts  les  uns  des 
autres  ;  le  comte  qui  les  gouvernait,  tout  en  ayant  à  Blois  sa 
résidence  principale,  maintint  à  Châteaudun  et  à  Chartres  le 
siège  d'une  administration  particulière. 


CHAPITRE  II 

LE    COMTE    DE    BLOIS,    GUILLAUME 

Vers  l'année  830,  sous  le  règne  de  l'empereur  Louis  le  Pieux, 
la  majeure  partie  de  la  région  qu'occupait  autrefois  la  irihu 

tcnis  (le  vestif/io  suhse(j!(unliir,  simili  sorte  cos  adlicicnles ,  qiia  ipsi  adfecli 
fueranf ,  nihil  in  domihus,  vcl  cxlra  doiiios ,  vcl  de  domibus  relinqiientes. 
(Iniwjue  adliuc ,  inlcr  se  juruia  roniinoveiUes,  desaevirenl ,...  inlercedenlilms 
comilibus,  pax  usque  in  audienliam  data  est,  seilicet  ut  in  die  qm  judiciiun 
erat  futur um,  pars,  quae  contra  partem  injuste  exarserat ,  justifia  medianle, 
rompoiieret.  Et  sic  a  hello  cessatum  est  ((îrégoire  de  Tours,  Historia  Fran- 
coruin,  I.  7,  c.  H). 

*  Grégoire  de  Tours,  ibidem,  liv.  7,  cli.  XXIX. 


—  13  — 

gauloise  des  Carnutes  était  administrée  par  deux  personnages 
appartenaift  à  une  puissante  famille  de  race  franque.  Tous 
deux  avaient  le  titre  de  comte  ;  ils  étaient  frères,  et  se  nom- 
maient Guillaume  et  Kudes.  (Juillaume  avait  re^u  de  l'empe- 
reur la  garde  îles  pays  de  Hlois  et  de  Cliàteaudun  '  ;  Eudes 
celle  du  pays  Orléanais.  D'ailleurs  chacun  de  ces  gouverne- 
ments était  d'étendue  à  peu  près  égale,  et  ils  confinaient  l'un 
à  l'antre.  Le  premier  avait  Blois-  itour  ville  principale,  le 
chef-lieu  du  second  était  Orléans. 

On  ne  sait  pas  qui  était  le  père  d'Eudes  et  de  Guillaume, 
mais  il  est  certain  que  c'était  un  personnage  de  haute  nais- 
sance. Le  comte  Guillaume,  en  effet,  dans  un  poème  composé 
en  son  honneur,  est  représenté  comme  surpassant  tous  les 
Francs  par  l'antiquité  et  la  noblesse  de  sa  maison , 

Francigi'niiw  primo.  i)roayis  nbavisque  pcrallo  , 
(iuilh-liiio ■•. 

En  faisant  la  part  de  l'exagération  poétique  il  reste  certain 


<  Outre  les  pays  de  Blois  et  de  Chàtt-auduii ,  le  cônitr  (uradiniiiislrait  Guil- 
laume (:oni|inMiait  <aiis  dnulr  le  pays  de  Chailifs.  Va\  cHel .  à  datiT  df  ri'|MH|Ut> 
où  les  Ifxlcs  anlii('iili(|u<'s  rnuiiiissciit  des  iciisfii^rifiiicnls  ctMtaiiis .  r'fsl  à  iliic 
dès  le  dt'liul  du  .V  siècle,  on  coiistale  que  les  pays  de  Cliàlcauiiuiu'l  de  Chartres 
fiut  liiuinurs  été  gouvernés  par  un  seul  et  niènie  comte.  11  y  a  tdul  lieu  de  sup- 
poser. Lien  que  la  rareté  des  chartes  du  W"^  siècle  enipcclie  de  ratfiinicr,  (|ue 
cet  état  de  clmses  était  plus  ancien  et  (pie  le  Cliarirain  et  le  Unnois  se  trou- 
vaient déjà  réunis  au  temps  de  Louis  le  l'ieuxsous  ladministralion  du  c(pnitc  de 
lUois,  (juillaunie.  On  verra  dans  la  suite  de  ce  travail  que  plusieurs  indices 
srnddeni  an<si  prniivei-  (pi'Kudes,  cdinte  de  Cliàteaudun  sous  Charles  le  Chauve, 
était  en  niènie  temps  cimite  de  Chailres. 

2  Pendant  toute  là  période  où  Chartres,  Chàti'audini  et  hlois  furent  entre  les 
mains  d'un  même  comte,  ce  fut  à  Iflois  que  le  comte  étaldit  sa  résidence  liahi- 
lui'lle.  Chartres  cejiendant  était  alors  luie  ville  plus  inipurlanle  (pie  Hhiis;  mais 
elle  était  le  séjoiu'  de  lévi'ipie,  dimt  la  puissance  pnilait  (inilirai;e  à  celle  du 
comte.  Aussi  celui-ci  ne  résidail-il  (pie  rarement  dans  la  cité  cliaitraiiie,  et  c'est 
ponniiKii  les  év(''(pies,  au  ,\lll''  >iècle.  imaginèrent  et  prétendirenl  (pie,  jus(pie 
vei-s  l'an  mil,  c'était  à  eux  qu'avait  apparleiiu  le  ((iiiilé  de  Chartres.  Ils  lireiil 
rédi^rer  en  laveur  de  celte  théorie,  «pii  ne  suppmie  pas  re\ainen.  de  l(iii^;ue< 
di^M'italions,  dmit  (piehpies-unes  lurent  insérées  dans  les  i  ai  lulaires  du  cliapiire 
de  la  (-athédrale.  On  peut  lire  en  particulier  celh;  ipii  se  trouve  dans  la  l'ici//c 
chroitiiiuf  yC.aiint.  de  î\'.-l).  dr  ('.lia rires,  par  de  l.épinnis  .1  I  .  Miil.i.  I.  îi 
el    i.'.   . 

•'  l.a  pièce  de  vers,  à  la(|Uelle  est  eiiipninit'e  celle  citation,  est  rédigée  souS 
foiliie  d'acriistiche.  Klle  a  été  ciuiiposée  par  iiii  moine  du  nom  de  Co/lierl  et 
dédiée  ad  duillclmiim,  Itlisnisiuin  nmilnii.  Ct.  Ihieminler.  l'oehtr  Inliiii  (levi 
niroliui,  t.  I.  p.  lr2(Mi-J-J. 


—  14  — 

qu'Eudes  et  Guillaume  étaient  issus,  sinon  de  la  plus  noble, 
du  moins  d'une  des  plus  nobles  familles  de  l'empire  franc. 
De  même  que  les  Hugues  de  Tours,  les  Mafroi  d'Orléans,  les 
Lambert  de  Nantes  et  tant  d'autres,  ils  devaient  être  origi- 
naires de  cette  contrée,  voisine  des  bords  du  Rhin,  qu'on 
appelait  alors  Fnniciit.  Leurs  ancêtres  avaient  été  les  compa- 
gnons, les  égaux  des  aïeux  de  Charlemagne  et  do  Louis  le 
Pieux  :  quand  la  famille  carolingienne  fut  montée  sur  le 
trône,  ils  formèrent  l'entourage  de  cette  nouvelle  cour  cl 
devinrent  les  agents  exécutifs  du  pouvoir  central. 

J'ai  dit  que  le  comté,  confié  par  Louis  le  Pieux  à  Guillaume, 
comprenait  les  pays  de  Blois  et  de  Châteaudun,  qui  étaient 
unis  au  point  de  vue  administratif.  En  effet,  du  temps 
que  Guillaume  exerçait  à  Blois  ses  fonctions  de  comte,  l'em- 
pereur, dans  un  diplôme,  émané  de  sa  chancellerie  et  daté 
de  Chouppes',  en  Poitou,  le  19  novembre  832-,  désigne  à 
plusieurs  reprises  la  circonscription  civile  ou  [myus  dont  dé- 
pendait la  villa  de  Chambon  ^,  près  de  Blois,  sou«  le  nom  de 
payiis  Bk'scnsis  vel  Diiuvnsis.  Les  deux  pagi  étaient  donc 
alors  confondus  en  un  seul. 

D'ailleurs,  le  titre  de  comte  du  pays  de  Blois  et  Château- 
dun n'était  pas  la  seule  distinction  dont  Guillaume  se  pouvait 
honorer.  Il  occupait  à  la  cour  impériale  une  haute  charge 
militaire,  celle  de  connétable,  et,  dans  le  poème,  qui  lui  est 

^  Cliuuiipt's ,  Vieillie,  air'  Louduii,  c""  Munis. 

2  Yok  pièces  justificatives,  n"  II. 

•'  Chaiiilxiii,  Loir-et-Cher,  c'^'"  Herliaiill,  an'  l'.lois.  Dans  ce  iliplùme,  l.imis 
le  l'ieiix,  à  la  prière  de  rini|iératrice  Jiidilli,  eoiiliriiie  à  fahliaye  de  Marnionlier, 
vilknn  numine  Cianbunein,  quae  est  in puf/o  Blisense  vel  Uuneiise...  cuin  locellis, 
quae  ad  eam  pertinere  videnlur,id  est  Galliaro,  Lurarias,  Vairnnas,  Cttlturas 
Villdin  Aitardi.  On  lit  encore  plus  loin  :  Villam  Camhonem,  qiaie  in  presrriplo 
paijii  liliscnse  vel  Diinense  silam  esse  dixinius.  —  On  peut  idenlilier  les  villas 
dont  il  est  ici  ipieslion  :  toutes  sont  situées  dans  le  pagus  Blesensis  proprenutiit 
dit.  Lurarias  est  l.diirières,  c"'^  ('lianibdii  ;  Vnrennas,  Vareniies,  c'"^  Chaniliiiii; 
Culttiras,  r.Diiliire,  c'"'  .Maves,  an'  liluis,  c""  .Mer;  Villani  Aitardi,  Villeiard, 
c""  .Maves.  Quant  à  Galliaco,  je  pense  ipiil  laiil  l'identilier  avec  la  villa  de 
Gilliaco,  in  pafjo  Blesiurinse,  où  révè(|ue  de  Paris,  Renaud,  donna  diverses 
terres  à  .Mannonlier,  en  i)95.  (Cf.  Mabille,  Cartiil.  de  Marmuiilier  pour  le 
Danois,  cliarle  ii"  ',»(>).  ("est  aujdiird'lini  le  lien-dil  (lély,  c'"'  de  Clionzy,  air' 
Blois,  c""  llerbanll.  —  Ia's  comtes  de  Blois  et  leurs  vassaux  usurpèrent  plus 
lard  les  biens  de  .Marinoulier  à  Coulure  elà  Villeiard.  On  a  conservé  les  chartes 
de  restitution  de  ces  liions.  (Voir  alilié  Mêlais,  Carlulaire  de  Mariiunilier  pour 
le  Blésuis,  charte  ii"  i  ;  et  .Mahille,  Carlulaire  de  Marntoulier  pour  le  Uunois, 
cliarle  ii«  98). 


—  15  — 

ih'diô,  se  troiivo  un  passage  qui  lail  sans  iloute  allusion  ;i  ccl 
(tllice  :        • 

/T/-.V  fujus   vi'.xillti  tjrris  revtundu  \  alentor....  '. 

Au  1X«  siècle.  (11  cllct,  le  cniiiK'ialilc  (levait  porter  l'éten- 
dard royal  a  l'arniée  -,  et,  bien  (pie  le  ini.  dont  il  est  ici  ques- 
tion, soit  le  Roi  du  ciel,  il  est  |>r(''siiiiial)le  (pie  la  dii:iiit(''  olîl- 
cielle  de  «iuillaunie  a  inspire  ce  vers  au  poète. 

Le  cr('-dit  dont  'Juillauine  jouissait  pri's  de  leniitereiir 
i'Xpli(ine  la  pari  inijxtrtanle  (piil  prit,  ainsi  que  son  Irère 
Kudes,  ;iux  liueires  civiles  (pii  dés(»li'rent  le  règne  de  Louis 
le  iMeux. 

A  la  iii(»rt  de  son  père  Charleniai^iie,  reniiiereiir  Louis 
s'était  eiU(»ure  diiii  Lir.iiid  nombre  de  conseillei-s  et  de  favoris. 
Parmi  ces  derniers,  les  plus  célèbres  lurent  Iliiiiiieset  Malroi. 
l'un  comte  de  Tours,  l'autre  conde  d'Orléans.  Ils  étaient  rapi- 
dement arrivés  tous  deux  pi-ès  du  nouveau  souverain  au 
comble  de  la  faveur;  leurs  contemporains  sont  unaninu's  ii 
ténioi^qier  de  la  grande  inilueuce  qu'ils  avaient  acquise  sur 
l'esprit  de  ce  prim-e  facile  ii  capter-'. 

Kn  8'JL  Louis  le  Pieux  avait  donné  en  mariage  à  son  fils 
ain(''.  Lothaire,  Krnieiigaide.  lilledu  comte  Hugues  '.  Mais  le 


*  L)>  tilic  (li>  (Miiiiii'talili*  est  (loiiii('>  ail  lomlc  (aiillaiimc  par  un  (°iiiili'iii|ii)raiii, 
r.AstroiioiiH" .  aiiti'iir  de  la  Vif  de  Louis  le  Pieux  :  Inira  liiiju.s  hiemis  dura- 
tio'iem .  i/refjalim  pn/iuli  laiii  Fruniiin'  tjiinni  Hunjuudide  urniou  A(^itilant(U' 
M'il  et  (inmaiiiiir  iDcutilcs,  <al(iiiiili>sis  (jurirlis  ilr  imperaloris  infitiUiuio  que- 
rehautur.  El  quidem  in  Frnnrium  Eui/rhurdus  iurnes  ri  Willeliiius  coiurs 
.sliibuli  ifuus  imlerant  silii  in  uninnc  nilunlitlis  reslituendi  imperaloris  coadu- 
nnhniil.  hoiii  l!(tii(|m'l .  Iterueil  drs  llisl.,  VI,  Il  il.  Ola  se  |tassai!  |M-ii(laiit 
riii\i!i  s;j;!-X;{i.  Le  /.l'Ic  (|iit'  driiloic  l'ii  ci'ltc  (ircoiislaiicc  le  toiiiit'-lalilf  liiiil- 
laiiiiie  lait  riTUiiiiaitn*  en  lui  le  coiiiti'  ilc  Itlois  du  nit'iiii'  iiuiii,  ce  dt'viiin'- 
|iarli<aii  dr  Louis  jt-  i'icu\.  i|ui .  i|ii('li|iii's  mois  plus  i.nil.  jifidail  la  vie  en 
riiinliallaiil  ronlic  les  i  iiinjdiifs  de  j.olliam-  ir\(dli''. 

-  La  loiMlioii  d)'  |iiirlc-('tciidai'(l  lui  alIriliiK'c  plus  lard  au  S('ii('('hal ,  (|ui,  au 
IX'  sii'-clc.  n'avait  à  la  cour  i|iu'  do  iii(np.iliiin><  d(Miii'slit|iH's.  l'cndant  toiil  le 
moyen  à;;i',  en  icrtains  pa\s,  le  i(Hm('"lalilc  con^i-rva  \r  tilrc  et  les  loin  lion^  de 
signifer.  Voir  Du  Caille,  au  mot  Cornes  stubuli. 

:•  Cl.  (loin  Itompu-I.  livre  cité.  Vi.   l:;,  .".!l.  -J.V.I.  il.V.I. 

*  Poni  \aissrie.  d.in>  une  uoti- de  \  Hislunr  du  Luiii/uidixwoiw .  cd..  II.  ATt'i 
et  s.  .  sesl  etlon  é  à  Iml  de  pnMlver  iilie  iiujjlie^.  i  (illlle  de  I  ouïs,  ii  élail  pa>  le  IIK"'- 
me  (pie  llu^'iit's,  l)(Mii-p(''re  (le  Lotliaii'c.  ('.<*  (pli  l'a  indiiil  en  erreur  est  un  pass,'if!e 
de  la  \if  dr  Liiuis  Ir  l'ieux ,  (uniposée  par  r.\s|iiiiioine.  Il  y  est  dit  (iiiVii  HX> 
niiiuinl  lli'reii^'er.  fil^  de  leii  le  ((Utile  lliHinuxli  il'eil/.,  Siriplorr.s ,  II,  (llit. 
Les   iiiaiiuscrits   portent    en   cet    endroit    :    llurunici    ijmnulaw    rinnilis  ;    dom 


—  16  — 

mérite  du  comte  de  Tours  n'était  point  à  la  hauteur  de  son 
crédit.  Thégan  le  peint  comme  poltron  par-dessus  tous  les 
hommes  ;  sa  poltronnerie  était  même  devenue  légendaire,  et 
ses  familiers  en  avaient  fait  le  sujet  d'une  chanson  ^ 

Du  reste,  il  donna  bientôt  des  preuves  manifestes  de  son 
incapacité.  Dans  le  courant  de  l'année  827,  il  fut  envoyé, 
ainsi  que  Mafroi,  à  la  frontière  d'Espagne  menacée  par  les 
Sarrasins.  L'empereur  les  avait  investis  tous  deux  du  com- 
mandement suprême  sur  les  troupes  cantonnées  dans  les 
marches  de  Septimanie.  Mais  ils  se  conduisirent  en  cette  cir- 


lîouqiipl  avilit  cru  devoir  lire  H.  Turonici  (juondam  comifis ,  et  avait  jnétendu 
qu'il  était  ici  question  de  Fluyues,  comte  de  Tours.  Dum  Vaissète,  adoptant 
cette  version ,  conclut  que  Hugues ,  comte  de  Tours ,  mort  en  835  d'après  ce 
texte,  ne  peut  être  le  même  que  Hugues,  Iteau-pèrc  de  Lothaire,  que  Ton  sait 
avoir  péri  de  la  peste  en  Italie  dans  le  courant  de  Tannée  8.36.  Mais  M.  Simson 
a  montré  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'altérer  le  texte  de  l'Astronome  et  que  Bérenger 
était  fils  d'un  comte  Hunruoch  connu  d'ailleurs  {lahrbiicher,  II,  300).  Ajoutons 
que  la  théorie  de  doni  Vaissète,  distinguant  l'un  de  l'autre  le  comte  de  Tours  et 
le  beau-père  de  Lothaire,  tomhe  devant  le  témoignage  positif  d'uTi  contemporain. 
On  lit  dans  la  partie  des  Annales  Xantenses,  composée  vers  850  :  anno  821... 
Ludewicus  imperator  dédit  filio  suo  Lothario  régi  ad  conjiigium  fûiam  Hugonis, 
comilis  Turonicorum  (Pertz,  Scriplores,  II,  :2^i).  —  Eu  résumé,  Hugues, 
comte  de  Tours,  lut  le  père  d'Ermengarde,  tèumie  de  Lothaire;  il  resta  comte 
de  Tours  jusqu'en  Tannée  828,  époque  où  il  fut  privé  de  ses  honneurs  à  l'assem- 
blée d'Aix-la-Chapelle.  Il  mourut  de  la  peste  en  Italie  pendant  Tannée  836. 

iMabille,  dans  l'introduction  aux  Chroniques  des  comtes  d'Anjou,  a  adopté 
Tavis  de  dora  Vaissète  relativement  à  Hugues,  comte  de  Tours.  Il  prétend  que 
dès  825  Hugues  de  Tours  était  mort  et  remplacé  par  le  comt(^  Robert  que  men- 
tionne un  capitulaire  de  Louis  le  Pieux.  .Mais  ce  Robert  est  simplement  désigné 
par  le  capitulaire  de  825  coninie  missus  dominicus  dans  la  ])rovince  de  Tom's. 
La  division  teri'itoriale ,  adoptée  comme  l'épartitiitii  des  missi  dans  la  Gaule  on 
cette  année  825 ,  fut  l'ancienne  division  romaine  de  ce  pays  en  provinces  :  on 
n'a  pour  s'en  convaincre  qu'à  parcourir  l'adresse  du  CapituJare  missorum  (Peilz, 
Leges,  I,  2-46),  dû  chaque  province  est  désignée  par  sa  métropole.  Robert  eut 
donc  à  exercer  ses  fonctions  sur  la  province  de  Tours  qui  comprenait  les  six 
l)agi  de  Tours,  Angers,  Nantes,  Vannes,  Rennes  et  le  .Mans.  Il  est  certain  que 
l'empcrcui'  jirenait  généralement  ses  niissi  parmi  les  comtes  de  la  région  où 
était  oi'donné  le  missatieum.  En  825,  Hugues  était  comte  de  Tours,  Lambert, 
comte  de  Nantes,  (lui  et  Rorigon,  comtes  du  Maine,  chargés  en  même  temps 
de  la  surveillance  des  marches  de  Bretagne,  l'un  dans  le  comté  de  Vannes, 
Tanire  dans  le  comté  de  Rennes  :  Robeit  devait  donc  être  comte  d'Angers. 
Robert  a  été  considéré  par  plusieurs  InsUiriens  comme  frère  de  Guillaume 
de  Blois  (Du  Bouchet,  Origines  de  la  Maison  de  France,  pages  165-170). 
Cette  hypothèse  me  paraît  assez  plausible,  mais  ou  ne  saurait  Ta|)pnyer  d'aucune 
preuve. 

^  Lotharius . . .  suscepit  in  conjugium  filiam  Hugonis  comilis ,  qui  erat  de 
stirpe  rujasdam  ducis,  itomine  Edith,  qui  erat  tiinidus  super  omnes  homines. 
Sic  enini  cecinerunt  ei  domestici  sui,  ut  aliquando  j)cdem  foris  sepem  ausus 
ponere  non  fuisset  (Thégan,  ad  an.  821 ,  dom  Bouquet,  livre  cité,  VI,  80). 


—  In- 
constance avec  wuo  lâchoté  si  i(''vi)ltante  qu'ils  soulevèrent 
contre  eu»  l'opinitin  publiijue  el  s'.ittirri-cnl  le  lilànic  de 
l'cniiiereui"  lui-niênic'.  ('<•  fui  jKtur  eux  la  i-ausi- d'uiK'  dis- 
yràcc  coiiiiilètc  et  |M.ur  Louis  le  IMeux  le  coniuieuci'UK'Ut 
d  iiiic  lou;4:ue  si'rie  de  uiallicuis  douicstiijucs. 

Kii  iV'vrier  8l*8,  Huj^ues  et  MalVoi  lurrnt  d(''|iouill<''s  de  leurs 
di^Miités  à  rassemblée  d'Aix-la-Cliapelle -,  et,  taudis  que  Her- 
iiard.  dur  de  Seiitiuiauie,  ré|iaiait  leurs  laules  par  ses  succès 
eu  Ks[ta^'ue,  le  comté  dUrléaus.  enlevé  ii  Mal'roi,  était  donut' 
à  KiMJes,  frère  du  comte  de  Blois,  (Tuillaume  •'. 

Suivant  l'opinion  de  leurs  contemitorains,  Hugues  et  Ma- 
Iroi  avaient  nn-i-ile  la  mort,  et  l'empei'eur  avait  montré  la  plus 
jjrrande  udséricorde  en  ne  les  faisant  [las  périr'.  .Mais  Louis 
le  l'ieiix  eut  bientôt  il  se  repentir  de  sa  clémence.  Les  deux 
comtes  disjjrràciés  ne  lui  pardonnèrenl  Jamais  d'avoir  été 
pi'ivés  de  leurs  honneurs,  et.  dès  ce  Jt>ur.  ils  n'eurent  point 
lie  relâche  (piils  n'eussent  i)rovuqué  les  plus  gramls  désor- 
dres ilans  l'Kmiiire. 

Taudis  (pie  Iluirues.  usant  de  sr)n  influence  sur  l'esprit  de 
Lothaire.  s(jn  jj-endre,  l'excitait  contre  le  jeune  prince  Char- 
les, Mis  lie  la  nouvelle  impératrice  Judith  \  Mafroi,  demeuré 
en  Aquitaine.  a{j:issait  près  du  frère  de  Lothaire,  Péiiiu,  (pii 
^rouvernail  cette  pr(jvince,  et  le  poussait  ;i  se  révolter  contre 
la  puissance  toujours  grandissante  ilii  duc  de  Septimanie, 
liei'uard. 


•   Koiii  hdiKiiK't.  ibidem.  \|  .   ION. 

-•  Ibid..  VL  :!i-i. 

'  Siijuiilem  Mulfriilo ,  loniih'  (iitundaiii  Aiiirliunnisi ,  tih  ntlpitn»  iiicili<ir 
priifuii^  hiniiiriliu.s  pritiilo ,  U'Io  m  ejus  lotinii  .siili.sllliiiliir  \  Minicula  saiiili 
ftetieilirli ^  r«lil.  «le  la  Sor.  de  l'Ilist.  de  haïKi',  p.   îT.I 

'  Hi)$  Tf/i)  siihiiiêiiKnli)  hiiiinriliiis  (nlcinplis  lurir  jiissil  iiii/n'itilnr  culpniii 
htijwi  iffiKiviui'.  K(]iii(liiit  iiiipiidiuris  tininius,  util  uni  iiiixrricunlu^niiiiiis, 
sempi'r  jn'irantilm.s  misrricordiam  prcnif/aix  studuit.  At  vi'io  lit,  in  ijuiUu.s 
Inliii  /in.slllu  siinl ,  (fiiiiminl»  rlnnrnliu  illiiis  ulmsi  suiil  in  i  riidililuleni  /msl 
piiiira  piililiil ,  rinn  vliinieril  (jKoinndu  pio  viliic  lirinjiiiit  siimiiiaiii  i( ,  ijuan- 
tum  in  *<■  fiiil,  imporlarerint  iladi-m  I  AsIniiioiiK',  (loin  ltoiit|iifl ,  VL  io'.lj. 

'  Nitli.inl  laconlf  (|iir  l.iilliaiic  avait  |ir()iiii>  à  siiii  |h'ti'.  j.diii^  le  l'u-iix.  iji- 
|iii'iiili('  soiiv  sa  |ii°oliTlioii  siiii  jniiii'  livre  Cliaiics,  mais  iiu'iiit  ilê  à  la  jal()ii>-ii' 
|iar  lliiniifs  et  Malidi ,  il  sYtait  liiciitôl  n'|iciiti  de  sa  luoiiicssc.  /ha7///'/h/c 
iiiilnn  Huijiiiie,  niju-s  filinm  in  vidliimaiiiiiiii  l.nillitiiiiis  diurnil ,  iir  Mulli- 
fridti  rrlfristiiii' ,  aint  vc  Imc  InifiSf  piniluil ,  ri  ijunnuiimoiluni  illud  i/uod 
fereral  annullnre  poisel  quaereùal  [\).  |!oiii|ii*-l ,  M,  (>7,  t»H). 

l.  Xll.  M 


—  18  — 

Louis  le  Pieux,  au  milieu  du  mois  d'août  829,  coiivotiua  à 
Worms  une  assemblée  de  la  nation.  Là,  instruit  dos  machi- 
nations clandestines  ourdies  contre  lui  par  ceux  auxquels  il 
avait  conservé  la  vie,  il  résolut  d'opposer  à  leurs  sourdes 
menées  le  duc  Bernard,  qu'il  éleva  à  une  des  plus  hautes 
charges  de  son  palais.  «  Ce  qui.  dit  l'Astronome,  n'étoufïa 
»  point  le  germe  des  discordes,  mais  le  développa  bien  plu- 
»  tôt^  » 

La  révolte  en  effet  ne  tarda  pas  à  éclater  ouvertement. 
Elle  s'organisa  dès  le  début  de  l'année  suivante,  830,  pendant 
le  Carême,  et  tandis  que  Louis  le  Pieux,  sur  les  conseils  de 
Bernard,  dirigeait  une  expédition  en  Bretagne  -.  Hugues  et 
Mafroi  étaient  enfin  parvenus  à  se  concilier  de  puissants 
alliés.  Forts  de  cet  appui,  ils  vont  trouver  Pépin  en  Aquitaine, 
lui  i-eprésentent  son  abjection  et  l'insolence  de  Bernard 
qu'ils  accusent  d'être  l'amant  de  l'impératrice  Judith.  Ils  lui 
disent  qu'un  bon  fils  ne  peut  sujjporter  de-.sang-froid  le 
déshonneur  de  son  père,  et  qu'en  renversant  Bernard  il 
accroîtra  non  seulement  la  renommée  de  sa  vertu,  mais 
aussi  son  roj^aume  terrestre.  Séduit  par  leurs  paroles,  Pépin 
se  décide  à  les  suivre.  —  Mafroi  cependant  ne  perdait  pas  de 
vue  ses  propres  intérêts.  Ayant  entraîné  Pépin  contre  l'em- 
pereur, il  le  conduit  par  Orléans,  et,  après  avoir  chassé  Eudes 
de  cette  ville,  il  se  fait  restituer  le  comté  •^. 


^  In  eo  eliam  coiweniu  comperiens  dandestinas  conlra  se  eorinn  quos  viiae 
reservarevat  niachinaliones  more  cancri  serpere  d  mitllorum  aiumns  r/uasi  per 
quosdam  cuiiiculos  .sollicilare,  siatnit  conlra  eos  quoâdinn  prapufjnaciiiuiii 
erigere.  Nam  Bernardum,  eatenus  Hispaniarum  parliiim  cl  limilum  coinilem, 
carnerae  suae  prucfecil.  Qiiae  res  non  seminariiiin  discurdiue  exliiixit,  sed 
poilus  aufjmentum  creavit  (Aslroiiomc,  doiii  iioïKjiirl ,  VI,  1 10). 

2  Anno  830.  —  Conventus  [Aquisgrani]  fadtis  est,  in  quo  \mperator] 
slaluil  cAim  nniversis  Francis  hoslililer  in  parles  Brilanniae  profirisri,  mit.vi- 
meque  hoc  persuadante  Bernardo  camerario.  El  non  uiullo  posl  Aquis  e.viril , 
id  est  IV  feria,  quae  dicitur  caput  Jejunii  (!2  mars  83(1)  (Ann.  Berlin., 
dom  Houquct,  VI,  192). 

^  Freli  ergo  multitiidine  el  assensn  phirimorum  filium  impcratoris,  Pippi- 
num,  adeunt ,  prelendenles  abjerliouem  sui,  Bernardi  insolent iam  el  caete- 
rorum  despedionem ,  asserenles  etiani  eum,  tpiod  die  lu  ne  fus  est,  lliori  inces- 
talorem  paierai,  porro  palrcni  adeo  quibusdani  dnsum  presligiis,  ut  haec  non 
modo  non  vindicare,  sed  nec  adverlere  possel.  Oporlerc  ergo  dicebanl  honuni 
filium  indigne  ferre  dedecus  palerninn  pntremque  resliluere  el  menli  el  digni- 
tati,  el  haec  agentem  non  solutn  fama  prosequerelur  virtulis,sed  eliam  ampli- 
ficalio  regui  lerrestris,  hoc  nomine  pretexentes   culpam.    His  ergo  alledus 


—  10  — 

La  (•()iis(''quoncc'  de  cet  acte  lui  de  ci-c'cr  en  Xou.strio  doux 
partis  d«''.s«)^nKiis  irréconriliablcs:  d  ini  cnlc  Iluirueset  .Nfalmi. 
(jui  avaient  su  y:a{j:nor  à  liur  cause  J.auibort,  roiute  do  Nan- 
tes ;  de  lautre,  Eudes  et  (luillaunie,  (jui  devinrent  dès  lors 
et  restèrent  jusqu'à  loui"  niurt  les  jilus  /('h'-s  ddonseurs  de 
reuiiterour. 

l»()rléans,  les  révoltés  se  dirigèrent  sur  Coniiiiègne.  où 
Louis  le  Pieux,  ayant  renoncé  à  son  exi)édition  de  Bretagne, 
s'était  retiré  avec  (luelques  lidèles.  Hugues  et  Malroi  pensè- 
rent un  instant  h  d(''[i<»ser  l'empereur,  mais  ils  en  furent 
d(''t<iurii(''s  par  Louis  le  'Jermanique,  son  second  lils  '. 

'l'outofois  rinip('-ratrice  Judith  lut  contrainte  de  prendre  le 
Voile:  le  duc  Hernar(L  prévenu  il  temps,  s'c'tait  enfui  vers 
l'Kspagno.  A  ces  nouvelles.  Lolliairo.  (pii.  l'année  i)récé- 
donte,  avait  été  envoyé  en  Italie  par  son  i>ère,  arriva  on 
toute  hâte  ;i  Conipiègne  (mai  83U)  :  aussitôt  toute  la  faction 
hctstile  il  l'empereur  se  donna  ii  lui  -. 

Lothaire  semble  s'être  sur-le-champ  emparé  du  pouvoir: 
il  sé'vit  imnK'diatement  contre  ceux  qui  didendaienl  la  cause 
ih'  Judith  et  (\i'  Hernard,  dont  les  relations  i)rétendues  trop 
intimes  avaient  servi  \\o  prétexte  ii  la  révolte.  Kiidos,  qui 
venait  d'être  dépouillé  j)ar  Mafroi  do  son  C(uut(''  d'Orh'ans, 
fut  d(''gradé  et  envoyé  en  exil,  coiumo  ayant  ouvertement 
protesté  contre  les  ennemis  de  riinpératrico  et  ûo  Bernard^. 

Ceprudaiit  toutes  ces  persécutions,  accomplies  contre  le 
gré  de  ij)iiis  Ir  l'inix.  nuisirent  au  parti  des  révoltés;  elles 
soulevèrent  ('(>ulro  eux  bleu  des  gens,   notamineul  les  peii- 

iiinliiiiif  hli^ ,  itiiiiiis  iitiii  eis  el  stiuriiin  mullis  lapils  per  Aiirelinnrusetn 
uihfiii.  Miilalii  unir  Odouf  et  resliliilu  Mnl/iiiln,  Weriiiibridiii  iisijUi'  vi-miiiiil 
I  Asiroiiniiii- .  tloin  liiiiii|i)fl .  VI,  IIU). 

'  On  lil  (l.iiis  TIhVmii  fjiic,  l'ciii|i('ifiir  rl.iiit  ;'i  ('.oiii|ii<''i,'iii',  vrinl  ci  dhiitim 
l'ipiiiitiis,  /ilius  cjiis,  luin  tiidijualibus  priinis  patris  xiii ,  Ihliluitio  nnliicd- 
prlluno  el  Jc.sse,  Aiiihiaiieiusi  rpiscopo ,  Hui/one  vt  Mallifrido  cl  mullis  aliis 
pcr/i'lis,  cl  vnliiiriitil  (liniiiiiinn  itiijn  l'ilurciii  de  rciftin  cipcllcrc.  quod  piolii- 
biiil  ddvclits  actpm'iicus  jdtus  cju.s    ilinn  |!oii(|iir|  ,  \|,  S(l  . 

^  C.irrii  niiiiiim  porro  viriisem  filins  iiiipcralorix  ^  l.tiiliarius  ci  Ihilia  vcuil 
euinipic  in  l'.umiiciidin  icpcril.  Ad  ijticm  viiiicnlcm  tnlii  se  ilhi  vonlulil  factio 
impcralori  numira  i  A^lmiioiiir .  dorii  l!tiiii|iiil ,  \l,  il!  i. 

•'  llerihertus .  lirrunrili  /niler,  lumnium  amissmue  mulcltiliis  fsl  coiilni 
volinii  iwpcriitoris  ;  Odo ,  miisobrinus  illiu.s ,  annis  ablolis,  rxilio  deporlalus , 
ItiiKptiim  ciiiiit»,  ipti  Itcriiardo  et  rc;/intie  adrlamalinnliir .  cnuscii  ri  f'aulnrrs. 
I  A'-iioiiiiini' .  ilmii  |!iMii|nrl.  \|,  III  i. 


—  20  — 

pics  de  la  région  rhénane  restés  étrangers  à  ces  dissensions. 
Bientôt  même  l'empcrenr  ent  recouvré  assez  d'autorité  ponr 
faire  décréter  la  tenue  d'une  assemblée  générale  à Nimëgue, 
chez  des  populations  qui  lui  étaient  dévouées.  La  diète  eut 
lieu  au  mois  d'octobre  8;>0  ;  elle  nuirqua  la  fin  de  cette  pre- 
niière  discorde  civile.  Louis  le  Pieux,  s'y  sentant  appuyé  par 
le  plus  grand  nombre,  agit  avec  énergie  :  il  fit  arrêter  les 
principaux  séditieux  qui  avaient  excité  contre  lui  ses  fils 
I^othaire  et  I*éi)in.  Au  mois  de  février  831,  Hugues,  Mafroi 
et  plusieurs  autres  étaient  condamnés  à  mort  par  l'assemblée 
d'Aix-la-Chapelle:  l'empereur  leur  ht  encore  grâce  de  la  vie 
et  se  contenta  de  les  exiler  ou  emprisonner  sous  bonne  garde. 
Le  comte  Eudes  revint  en  faveur  :  il  reçut  à  nouveau  le  comté 
d'Orléans  et  le  conserva  depuis  lors  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie^ 

La  paix  ne  fui  pas  de  longue  durée.  Il  paraît  constant  que 
là  oii  se  trouvait  Mafroi,  l'esprit  de  sédition  était  avec  lui. 
Détenu  en  Allemagne  par  ordre  de  l'empereury  il  sut  obtenir 
sa  liberté  de  Louis  le  Germanique  '.  On  le  voit,xlès  le  début 
de  l'année  8.32,  inspirant  à  ce  prince  des  idées  de  révolte 
contre  l'autorité  paternelle -^  Louis  était  jusque-là  le  seul  des 
fils  de  l'impératrice  Ermengarde  qui  eût  conservé  pour  son 
père  le  respect  qu'il  lui  devait  ;  mais,  sous  l'influence  perni- 
cieuse de  Mafroi,  il  se  corrompit  peu  à  peu.  Quant  à  Mafroi, 
dès  qu'il  se  vit  libre,  son  premier  soin  fut  de  reformer  la 
ligue  rompue  par  l'assemblée  de  Nimëgue.  La  haine  qu'il 
avait  vouée  à  Louis  le  Pieux  était  implacable. 

Il  serait  trop  long  de  dire  comment  se  réorganisa  la  révolte 
dont  les  promoteurs  principaux  furent  encore  Hugues,  Mafroi 
et  Lambert,  le  comte  de  Nantes.  Les   trois  fils  de  Louis  le 


^  Ailrcviild  lions  ;i|i)ir(Mi(l  t'ii  clli'l  (jifEiulcs  ('lait  encore  coiiili^  d'Oi'léans, 
lorsqu'il  péi-it  dans  un  coudtal  contre  iMalroi,  Hugues  et  Lambert  en  H',]'i.  VA'. 
Mivacula  sancti  Bcnedicti ,  édition  de  la  Société  de  l'IIisloire  de  l-Vancc  .  |i.  'i<S 
et  suivantes. 

2  Hi  [Lodhuivicus]  et  Pippinus...  Walanmn,  Elimchar,  Mathfridum  cete- 
rosqiie,  qui  in  exilium  retrusi  fiieranl ,  custodia  cmitlunt  (Nitliai'd,  doni  liou- 
quel,  VI,  (;.S). 

•'  A  cette  date,  un  ciuoiiiqneur  contemporain  inontic  Mafroi  excitant  fouis 
le  Germanique  contre  son  père  :  Et  hoc  maxime  Malhfridus  dolose  mcdilalits 
cl  machnKitus  est ,  rui  domnits  iinpcrfilor ,  aiino  priore.  cuiii  ad  inorlein  diju- 
dicalu.s  fiwrat,  viUim  et  membru  et  lirredilatem  habeve  coiicesxit  [Aiin.  Bert. 
ad  an  S32 ,  doni  Bouquet,  VI,  l',).i.). 


—  21  — 

IMciiK  y  lifiii|ii'iTiii.  cl  rmi  s.iil  tdiiiiiKMil.  an  mois  de  jiiiiiS:'.:;. 
ils  s'oiiipai^Tont  do  leur  jx'tc.  ii  Kothrcld  près  roliiiar  '.  Ils 
lui  (Mih'vèrciit  tonte  autorité''  cl  !■•  ilnnncrciM  cii  Lianic  h 
L«»thaire,  apri's  avoir  iiai'ta<j:c  rKiiipii-i.'  entre  eux. 

Lotliairo.  conmio  ain<''  <lc  ses  iVèi-es,  s'attribua  letitro  et  la 
|iuissan<-c  (le  l'enipcreui- :  il  prit  pour  conseillers  Lanii»crl  et 
MalVoi.  (pli  s"altaclicrent  dcsorniais  entii-reincnl  à  lui.  Mais 
la  uintin-lle  auil)iti(Mi  do  ces  deux conitos  lonr(lc\iiit  Inneste: 
les  disputes  inccssantos  (pii  s  élevaient  entre  eux  furent  une 
des  causes  prenii('r('s  de  la  cliulc  de  I.niliairc  d  du  rcxire- 
inent  ((ui  s'opéra  dans  l'osiu-it  du  |i(iiple  et  des  antres  lils  do 
Louis  le  l'ionx.  «  Taudis  (jne  Laniliert  et  MalVoi.  (Hi'il 
•  Nitliard.  se  (lis|»ntaiont  pour  savoir  (pii  d'eiilrc  eux  serait 
•'  dans  IKinpire  le  sec(Uid  apri's  Lolhaire,  cl  (juils  clior- 
•)  chaieut  avant  l(uit  leur  propre  int(''r(''t,  ils  nÔLili^oaiont 
■>  c(unpl('teniont  les  aU'aires  pnl)li(pu's  ;  ce  (jne  voyant,  le 
■   peuple  en  était  indigné-.   » 

hans  toutes  ces  circonstances,  le  i<ilr  de  linj^nies.  comte 
d<'  Toui-s,  senililo  avoir  été  assez  ollacé.  Lotliairo  faisait  sans 
doute  |M'U  de  cas  du  nn-i'ito  do  son  beau-père.  et.  de  fait,  ou 
devait  f(»rtenient  nié-prisoi'.  on  ces  leni|is  où  la  bravoure 
('•lait  coninie  de  r('i.'le  .  un  lioniiuo  traité  pulili(pioniout  de 
poltron. 

hurani  les  (pu'biuos  mois  (pm  Lolliaire  fui  an  pouxuir. 
MalVoi  |iai"ait  aNoii'  ('•t(''  trop  ^ravoment  prooccnp(''  pour  iii- 
(pni'ter  de  nouNcan  landes,  son  ancien  ennemi,  (pii  se  main- 
tint en  possession  dw  coinlé  d'(Jrléans.  Kndes.  du  i-esto,  ne 
demeurait  point  inactif.  I)e  concei-t  avec  (luillaïune.  son  iVi-ro, 
et  (pu'bpies  autres  puissants  peisoiinaLros.  il  soutenait  (nncr- 
lenient  le  parti  do  remiierenr.  et.  ](arc(»urauL  sans  relâche, 
les  pays  sitiK's  au  nord  de  la  Loire,  il  excitait  la  coli'ro  du 
j»eu|i|e  contre  les  traitements  indiques  (pie  Lotliaire  faisait 
subir  à  son  père  '. 


'    \(iii   l!inil\  .   W'iiln  ri  Louis  Ir  Dfboniifiiir .  papN  l.">2  à   H><>. 

-'  Insiifirr  iiHh m  .  ihnn  liin  Lumln-iiiis  ulijuc  Mdlhfriilus ,  ijuis  illnriiiii  sr- 
I  iiiiiliis  /inyl  l.oilliinuiiii  m  inijx  I  in  lialirieliii\  amliii/rirnl ,  (li.ssiderr  ci'juruiil. 
Et  iiuoniiim  ijuisiiui'  i-oniin  inujirtu  iiiii'n'bal ,  rcmpiiUiram  pi'uilus  iieglif/e- 
hiiiil  :  ifimil  ifiiidriii  i)i>iiiihis  nriifiis ,  molrsliis  rnit  (Nilli.iid,  lioiil  |l(illi|iH'l . 
M.  (l'.l    . 


'  Noir  plus  li.iiil .  |i;i^'i>  ITi,  noie  I 


ç>o  

(iiiillaiime,  ainsi  (iiruii  comte  nommé  Eggcbanl,  oinployè- 
renl  même  une  partie  de  l'hiver  833-834  à  rassembler  une 
petite  armée  destinée  à  tenter  un  coup  de  main  en  temps 
opportun.  Au  mois  de  février  834,  une  occasion  favorable  se 
l^résenla.  Lothaire  revenait  du  Hasbain  vers  Paris,  emme- 
nant son  père  avec  lui  :  Eggebard  et  Guillaume  s'apprêtaient 
à  arracher  l'empereur  des  mains  de  son  fils.  Louis  le  Pieux, 
insiruit  de  leur  dessein,  les  fit  supplier  de  renoncer  à  un 
projet  qui  eût  entraîné  TefFusion  du  sang. 

Lothaire  parvint  ainsi  sans  coup  férir  au  monastère  de 
Saint-Denis  K  Cependant  de  tous  côtés  les  plaintes  s'élevaient 
contre  lui.  Au  commencement  du  Carême  (février  834),  les 
partisans  de  Louis  le  Pieux  députèrent  à  Paris  plusieurs 
d'entre  eux  :  on  enjoignit  à  Lothaire  de  mettre  en  liberté  son 
père  qu'il  traitait  comme  un  prisonnier.  Eudes  d'Orléans  prit 
part  à  ces  pourparlers  "-,  dont  le  résultat  fut  que  I^othaire, 
se  voyant  iiioii;ic(''  d'un  côté  par  les  seigneurs  Indignés  de  sa 
conduite,  de  l'autre  par  ses  frères  jaloux  de  s^  puissance, 
prit  la  fuite  tout  ;i  coup  et  ne  s'arrêta  qu'en  Provence.  En 
même  temps,  Mafroi  et  Lambert,  oubliant  des  querelles  per- 
sonnelles dans  un  péril  commun,  se  retirèrent  promptement 
tous  deux  vers  l'ouest  de  la  Gaule.  Mais  ils  ne  voulurent  à 
aucun  prix  se  rendre  h  Louis  le  Pieux  ;  ils  demeurèrent  sur 
le  pied  de  guerre  et  désolèrent  le  pays  oii  ils  avaient  fui  avec 
leurs  complices. 

C'était,  comme  nous  l'apprend  Nithard,  la  marche  de  Bre- 
tagne-'. Lambert  étant  comte  de  Nantes,  sa  première  pensée 
avait  été  de  chercher  refuge  en  cette  réirion.  La  marche  de 


'  I'jI  (jiiifh'.m  iii  Franciam  Efjgebardus  cornes  et  Willelmus  cornes  slahiili , 
quos  poterant  sibi  in  unione  volunlatis  restiluendi  imperatoris  coarhinabant... 
Hiemr  aulcm  exacla  et  vere  adpropiiKiiifrnlr^  Lotharius,  paire  assiimplo  ,  prr 
pnjpim  Ihislitinicnsem  iler  arrijmit  cl  l'arisiKs  iirbcin  pcliit,  iibi  obvitnii  sibi. 
cuuclos  lidcles  fareprecepil.  (lui  Efji/ebardiis  cornes  et  alii  alius  jx/gi  pvoccres 
cnm  magna  conclu  manu,  obviant ,  pro  liberalione  imperatoris  pugnaturi , 
processerunl ,  pervenissettjne  res  ad  ejj'eclum  nisi  piissinius  imperalor,  cavens 
et  multorum  pcriculum  simul  cl  pi'oprifan,  ab  hoc  inccplo  prcccplo  et  obtcs- 
tatione  ces  inliibuisset.  Tandon  crgo  pcrccnlum  csl  ad  nioïKfsleriuni  Sancii 
Djionisii  martyris  {Xslvomme,  doiii  lîoiiqiicl ,  VI,  lli,  II.")). 

2  Concmaudali  sani  Guerinus  cornes  et  Odo,  necnon  Fulco  et  Hugo  ablmtes 
ad  se  vcnireni  i  Aslroiioiiic.  (loin  IJoiiqiict,  VI,  11,")). 

■'  Per  idem  lenipus  Malhfndus  et  Lambcrlus ,  cetcriipic  a  parle  Lodhani 
pênes  marcam  Britannicam  morabanlur  (L)oiii  Bouquet,  VI,  6i)). 


23 


Bretap:ii«'  s'iUendiiit  .-ilors  non  scniloiucnt  sur  le  Nantais,  mais 
encore  .sur  Jlne  {jrrande  partie  du  pays  do  Vannes oiuonmian- 
dait  (iui.  parent  de  Lambert  '.  Soit  du  consentement  ck'  (iui, 
soit  contre  son  i^^ré,  les  deux  partisans  de  Lotliairc  occupè- 
rent ce  territoire  et  s'y  apprctèrent  ;i  la  résistance. 

Louis  le  Pieux,  irrité,  ordonna  h  Kuiles  ilOrléans  de  se 
mettre  avec  Gnillauino,  son  frère,  à  la  tête  des  fidèles  d'entre 
Seine  et  Loire  poui'  rc'duire  à  rimjjuissance  Lambert  et  Ma- 
Iroi-.  Eudes  assembla  son  armée  dans  les  environs  (["Orléans. 
Adrevald.  moine  de  Saint-Benoit-sur-Loire,  raconte  les  bri- 
^andaires  aux(iuels  se  livrèrent  en  toute  cette  contrée  les 
soldats  ([uv  le  comte  d'Orléans  avait  fait  venir  de  la  Bour- 
i.nt^Mie  sup(''rieure '.  I/oii  se  mit  en  marche  trois  jours  après 
rairi\ée  des  auxiliaires  b(»uriini^nons.  Confiant  dans  leur 
nomljre  l)ien  supérieur  ii  celui  des  ennemis,  les  troupes  de 
l'empereur  agirent  sans  prudence  aucune:  le  (b'sordre  et  les 
dissensions  se  irlissèrent  dans  leurs  rani^s,  tandis  (jue  la  fai- 
blesse même  des  re\olt(''s.  rendant  nécessaire  pour  eux  une 
union  parfaite,  les  lit  redoutables  '. 

Le  pi-ojel  du  comte  Ludes  ('tait  de  chasser  Laml)eri  el  Ma- 
froi  du  pays  (piils  occupaient  *  :  pai-  suite,  la  rencontre  des 
deux  jiartis  devait  avoir  lieu  sur  les  marches  de  BretaLtue. 
Mais  les  alliés  de  Lotliaire  ne  laissèrent  pas  leurs  adversai- 
res parvenir  au  l»ut.  ils  fondirent  sur  eux  à  limproviste  ^  et 
les  mirent  en  complète  déroute. 

Suivant  tonte  vraisemblance,    l'eniraffement  eut    lieu  en 


'»' 


'  \(Mr  (le  l.(  lî(H(l(ïiii'.  f-^xamm  rlnonolofiiiim-  ilvs  rhaiirs  du  l'.firlul.  ilr 
liitliin,  liihliolliiiiiif  lie  l'Emir  (les  Chuilis  i.iiiiin'  IS(ii,  |i.  :27l  .  (!iii  ,i|i|iii- 
i.iil  jiixi|ii  rii  K.',-2  (l.'iiis  les  iliailcs  du  iiiiliihiin-  ilf  linlmi.  On  doit  ,  je  nois. 
riili-iiitliiT  ;ivci'  (iiii.  ronilc  du  .Miiiiic,  Um|iii-I  |i('ril .  rn  s:!i.  d.itis  li>  *'OiiiIkiI  où 
rilictil  liii'-s  (îiiill;itiiiii'  de  lll()i<  ri  Kiidi's  (f()iii'-aii<. 

-  A't  ijtins  Miithfridiaii  et  Litmlieitiuii  pellenilns,  misstis  rsl  lodo  el  omîtes 
tiilrr  Seijuiiniim  el  IJf/eriiii  ileijeules  i  NillianL  iloiil  r.oii(|iirl  .  VI,  (i!l). 

•'  Mimeulit  sawli  Iteiiediill .  \i.   \X. 

*  Hl  liiis  'iniilrm  fiiitieihis  ne  fier  luf  siimwn  iierrssilii.s  unanimes  lU'rril. 
l'iuldiiem  (iiilem  el  .siios  muximn  iiiultitiidn  seriiros ,  discordes  el  iiiordiiidlos 
reddidil    NilliaitL  doiii  |!iiiii|iii-| ,  VL  <itl). 

*  Oïlii  rnmes  el  alii  mulli  impenitnns  narlilnis  fnveiiles  conlni  «'(«s  arma 
Ciirripiiiitl   rnsfiuiiiillere   illis   iiiteliaiilur  loris,   nul   eerle  ciim   eis  nnit/redi 

A^liotioiiii' ,  dniii  |liMii|iic| ,  VL   111)1. 

'•  Ihim  enim  insiieniln  illis  Imsles  sii/ierrenireiil  flbiilem). 


—  24  — 

Touraine  *.  Eudes  et  son  frère  Guillaume  y  perdirent  la  vie  ; 
d'après  Nithard,  le  nombre  des  morts  lut  considérable.  On 
comptait  parmi  eux  Théoton,  abbé  de  Marmoutier  et  chan- 
celier de  Louis  le  Pieux,  les  comtes  Vivien,  Fulbert.  Gui  et 
bien  d'autres  -  (juin  8:34). 

Il  me  reste  à  dire  comment  se  termina  cette  guerre  civile. 
Lothaire,  rapidement  averti  du  succès  inespéré  remporté  par 
les  siens,  quitta  Ih  Provence  pour  venir  sejoindre  à  Lambert 
et  k  Mafroi.  Quant  à  ceux-ci,  ne  trouvant  i)lus  désormais 
d'obstacles  à  leurs  envahissements,  ils  se  répandirent  dans 
les  pays  proches  de  la  Loire  et  particulièrement  dans  le 
Blésois,  le  Dunois  et  le  Chartrain,  privés  alors  de  leur  défen- 
seur, le  comte  Guillaume. 

L'empereur  forma  en  toute  hâte,  vers  le  milieu  du  mois 
d'août,  une  armée  à  Langres  et  la  conduisit  lui-même  dans 
les  régions  envahies.  Après  avoir  chassé  les  révoltés  hors 
de  la  Beauce,  il  les  poursuivit  dans  le  Maine  ^  Mors  Lothaire, 
arrivé  de  Provence,  se  mit  à  la  tête  des  troupes\le  Lambert 
et  de  ]Mafroi.  Il  établit  son  camp  près  de  celui  de  son  père, 
tout  à  côté  de  Saint-Calais  *,  et  y  demeura  quelques  jours 


'  La  lialaillc  diil  se  livrer  liors  la  niarclie  de  Bretagne  qu'occupaient  Lamliert 
et  .Mafroi.  Adrevald  ia|)|)orte  qu'un  fuyard  qui  avait  assisté  au  combat  arriva 
deux  jours  plus  tard  au  uionastèrc  de  Saint-Benoît -sur-Loire.  On  peut  supposer 
que  ce  fuyard  avait  fait  en  ces  deux  jours  une  quarantaine  de  lieues  :  c'est  à 
peu  près  la  distancf!  qui  sépare  Saint-Beiioit-sur-Loire  de  la  Touiaine.  De  jdus, 
la  présence  de  Vivien,  comte  d(>  Tours,  et  surtout  de  Théoton,  abbé  de  Mar- 
moutier, pai'mi  les  rombattants,  ditniiei-ait  à  penser  que  le  lieu  de  la  bataille 
n'était  pas  ti'ès  éloii^^né  de  Tnuis.  —  Sur  la  date  de  ce  combat,  voir  Simson , 
lahrbiichcr...  tinter  Ludivig  dem  frommen,  II,  105,  note  i. 

2  Ccci'lil  Uodu  cl  Odo,  VivianuSj  Fulhriiiis  ne  pli'bis  huuinwra  mullihtdo 
(Nilbard,  dom  Bdiiquet,  VI,  ti'J).  —  Inteifecli  sunt  Udu  et  WilleliiiKs ,  fiuter 
ejus ,  ac  Fulbertus,  comités,  et  Theoto,  monasterii  Saucti  Martini  ahbas,  et 
alii  quainpluvps  {Ann.  Berl..  ad  an.  834,  dom  Bouquet,  VI,  \\)G).  —  Diic- 
tori's  bclli,  Ddancni,  fralremijfic  il  lias  Guillclmam ,  cumitvni  Blesensinm , 
Teutonem  dcnixjve,  abbatem  Sancti  Martini,  Giiidoncm,  comitem  Cenomanen- 
sem...  tnoitem  ' oppetierunt]  (Miracida  Sancti  Benedicti,  p.  51). 

•'  Imperator  ronvocavit  exercitum  Linfjonis ,  medio  mense  aiti/iisto...  ail 
liberandum  populum  contra  invasores  regni...per  Tricassinorum  et  Carnotum 
ac  Dunensium  rcgiones  juxta  Blisum  rastellum...  perrenit  (Ann.  Berl..  ad 
an.  834,  ibidem). 

*  A  Matuali.f.  L'enqilacenienl  de  celte  villa  n'est  pas  exaclcinenl  cnnnu , 
mais  il  est  certain  que  ce  lut  sur  son  leniUmc  (pie  lut  (Oiistinile  l'abbaye  de 
Saint  -  (lalais,  aujourd'hui  chef-lieu  d'arrondissement  du  (b'parlement  de  la 
Sai-tlie. 


25 


sans  rien  Iciitcr  ;  [iiiiv.  uni-  nuii.  il  s"<''l(ii^''na  tout  ;i  (•onp  et 
r(''lro<;ra{la*vors  le  sud',  l/omporr-ur.  acrompa^Miô  do  son 
(ils,  L<p)ii^  11'  <M'nnani(Hi('.  1<'  ponrsuivil  de  pri's  cl  l'accnla 
dans  une  soric  de  proscjnilc  Ioi'mk'O  par  la  Loire  «4  par  la 
risso,  à  l'ondroit  où  so  trouve  le  villap'e  d<'  <"h(Hizy-. 

iJi,  i'épin.  à  son  loni*.  \\u\  iirossir  de  ses  lron|M's  raiiin'e 
iniiiériale.  Lolliaire.  ne  Noyanl  plus  le  moyen  de  D'sisler  ii 
des  foi'cos  sni)érieuros  aux  sionnos,  so  rendit.  ;i  condition 
qu'on  lui  permit  de  >e  i-ctircr  aii-delii  des  Al|>es.  Tlié.uan  l'a- 
eonte  avec  détail  comment  Lotliaire  lit  sa  soumission  à  son 
pèi'e  dans  le  camp  de  «'liouzy  : 

•■  I/empereiir.  dit-il,  était  assis  sur  un  trône  élevé,  au 
"  nnlieu  ilune  urande  ]daine,  d'oii  son  armée  entilTO  pou- 
"  \ait  le  contempler;  ses  Mis  lidJdes  avaient  jiris  place  ;i  ses 
•'  coli's.  Al(»i's  ari'iva  Lothaii'e  (pli  se  Jeta  aux  jiieds  de  l'em- 
•>  pereiir  ;   Hugues  le  poltr<m,   beau-père  de   Lo||iaii'<>,   puis 

M.dVoi  cl  les  autres  cheCs  de  la  i-evolte  IIicmI  de  méiix'  : 
•  ils  confessèrent  tous  avoir  frravemont  failli  ii  leur  dev<»ii". 

I.otliaii-e  jui-a  lid('lil(''  :i  l'empereur,  cl  pnunit  qu'il  allait 
■  imiiMMliatement  passer  en  Italie,  d'où  il  ne  sortirait  (jifavec 
"  la  perndssi(»ii  patei'nellc:  li-s  autres  pi-êtèi-ent  un  semldahle 
"  sci'uient.  Après  (juoi,  Louis  le  Pieux,  toujours  induliient. 


'  Lothariiis  iude  Aiirviniiinm  uibvin  fi'i n-uil  ;  ddude  in  ixii/uin  (.iiiiiiunit- 
liinait ,  in  villum  riijiis  vmnliiiliini  r.st  MnliKilis,  ilncnit...  LnllidiiKs,  jnni 
suis  ifieplis.  niin  inullu  iiilerrullo  a  palir  ra.stia  fixil  ;  iliiifui'  i/U(ilii(ii<licliu.'<, 
Iff/ntis  intnrurivnlibus ,  moratum  est.  Qutirhi  snnr  norli- ,  Liilhdritts  ciini 
snis  iimiiihits  rcfriie  prclfin  in  pnsleriorn  ri'pil  i  A^I^(lll(Hlll• .  dom  |!iiii(|int , 
Vl.  IH;.  MTi. 

*  (.lii.iiz),  1,1)11 -rt-(,lii'i-,  .in'  r.liiis,  (■""  irilniiaiill.  —  l/iilnilifn  mIJoii  ilti 
lifii  011  Louis  !•'  i'iriiv  ci  i.iilliiiiir  m*  iciicoiiliïiriil  iiM  pas  rlr  l;iili'  |i;(r  les 
liistoririis  allrtiiaiiils  (|iii  se  soiil  0((|||h's  (it-  la  vii*  de  rcinpnriir  Louis  je  l'iciix. 
i'.r  lii'ii  l'sl  (l'.ijilriiis  ilrsi;;!!!'  il  IIIH'  liiaiiir'ir  rril.iiiir  par  ji-s  liivris  rliioiiiipiciirs 
ilii  li'iiip>N.  On  lit  il,iii>.  Nilliaiil  :  jiisld  villuni  ijuiir  C.dlvinciis  dirilnr  nislrtt 
piinunl.  L  A'-liciiiiiiiii'  pircisf  crllc  iiidiraliiiii  :  l'irn'nlum  rsl  ad  /hiriinn  l.iip'- 
riin,  piopi-  nislinin  lilr.si-nsr ,  tpui  C.iza  /luvitis  l.ii/rri  iimjhiit.  L,i  t'.izn  ol  la 
C.issr,  rivirri-  nui  ainifiiiirini-iil  avail  mmi  tonllni'nl  piV'^;  dr  i!!iii>  à  t'.lMni/\. 
(!tilriiiru.s  !•'-[  CImmi/v.  I>an^  un  ivril  dr  liaiisi.ilioii  dr  irlii|ni'>  ('tiil  au  l\"'  xinii', 
(Hi  Vint  iiirni  <Si7  ili-naiid.  aliiu'  de  Maïuiuiilirr.  rapporlanl  de  linnir  les 
irliipirs  )li'  saiul  ^;o^^;lMl  sarirla  rulrc  OriraMs  r|  Tnnrs  a  Calviiirum  .  villuin 
Mujiiiis  Mnmislnii  Mal.illoii .  Aria  SS.  nrd.  S.  Itmiul.,  sa-f.  IV.  par>  I.  p. 
.V.l.'i  .  I)i  l.i  riiiili-  dOiiiMn^  .'i  Toin'<>  ^mi  la  salii')-  dr  i.i  Lime  cl,  .'i  nii-<  Ikumu 
i*n\iitMi,sr  trouve  l',hon/\ ,  où  l'aliliayr  de  Marinnulii-r  av.iit  un  priruiv.  Mu 
ii'^lf.  au  point  di-  \\\r  philoloajjpir ,  la  irauvlonn  iIumi  dr  ilnhinrum  v\\  (',lioii/\ 
s'iNpIiipir  a>sc/.  nVidi<''irniriil. 


—  26  — 

»  leur  pardonna  ;   et  Lothairc,  (luiltaiil   la  rour,  so  dirig-ea 
»  aussilùt  vers  Tltalie  avec  ses  complices  '.  » 

Deux  ans  plus  tard,  une  affreuse  peste,  qui  ravagea  l'Italie 
entière,  enlevait  à  la  l'ois  les  comtes  Mal'roi.  Hugues  et  Lam- 
bert (septembre-octobre  830)  -.  La  mort  des  deux  frères 
Eudes  et  Guillaume  fut  ainsi  vengée  tout  d'un  coup^. 


CHAPITRE   ni 

LE   COMTE   EUDES   ET    SES   FILS 

Le  pays  qu'avait  administré  le  comte  de  Blois,  Guillaume, 
fut,  après  sa  mort,  démembré  en  deux  comtés.  A  lilois, 
Guillaume  eut  pour  successeur  le  comte  Robert,  devenu 
célèbre  sous  le  nom  <le  Robert  le  Fort;  à  Châteaudun,  il  fut 
remplacé  par  le  comte  Eudes,  qui  joua  également,  sous  le 
règne  do  Charles  le  Chauve,  un  rôle  politique  important. 

-J'ai  déjà  exposé  ailleurs^  les  raisons  qui  me  font  considérer 
Robert  le  Fort  etp]udes  comme  étant  fils  tous  deux  du  comte 
de  Blois,  Guillaume.  A  la  vérité,  aucun  document,  contem- 
l)orain  do  ces  personnages,  ne  permet  d'affirmer  que  c'est 
l;i  un  fait  certain  :  il  est  extrêmement  rare  en  ces  époques 
reculées  de  trouver  des  témoignages  positifs,  indiquant 
nettement  la  filiation  des  divers  représentants  de  l'aristo- 

'  Poslquam  veuil  Lolharius ,  ubi  erat  imperalor ,  paler  cjiis,  sedens  in 
p(ipilio)tr  SUD  qui  erat  l'xlensus  valde  in  allum  in  campo  magno ,  ubi  cum 
cxercihis  omnis  c(inkmpU(b(tiur,  cl  filii  cjus  fidèles  steleruiil  jiixfti  euiii.  Ttitic 
Malhfridus  et  e.eteii  oiiincs  qui  primi  erant  in  facimire  illo .  poslquam  sun-e- 
xei'unt  de  lerra,  confessi  sunt  se  vcdde  deliquisse.  Post  haec  Lotlutrius  juravit 
pritri  suit  fidrlit/ileiii...,  et  ut  iret  in  Ilaliani  et  ihi  nianerel,  et  inde  non  exiret 
nisi  permissione  pnlris  :  tune  juravernni  et  eeteri.  l'ost  huée  piissinnis 
princeps  indulfjenliain  dédit  eis...  Diviserunt  se  ibi,  et  Lolharius  perrexil  m 
Itoiiam  cum  eonsentaneis  suis  (Th(;i;;iii,  cloni  Houquot,  VI,  Si  et  (S,")). 

-  ('!'.  AslioiioiiK!,  (lom  Houfjiiol,  VI,  II!). 

•'  Jf  me  suis  iiiiiqiieiiiciil  occupé  daus  (oui  ee  inil  de  luontici-  le  lùlc  |ioli- 
lique  (|ue  jourrcul  de  H30  à  83i  les  conilcs  d'Oiicaiis,  de  Hlois,  de  Tnui's  et 
de  Nanles.  Eu  ce  qui  rei^arde  Hui;ues  el  Mal'roi,  les  liisloiieus  fraucais  ou  alli;- 
uiaiuls,  (|ui  oui  éludié  celle  époque,  pai'aissenl  i^éuéraleiuenl  ue  pas  avoii' élé 
Irappés  de  ce  l'ail  que  la  liaiiir,  vouée  par  ces  deux  coiules  à  fouis  le  l'ieux, 
l'ut  la  cause  preuiiére  de  t(»us  les  uiallicius  (jui  l'oudireul  aloi's  sur  i'Kiu|)ir(;. 

*  Origine  de  Robert  le  Fort  daus  les  Mélanges  j.  Havet  ( Paris,  Lcioux, 
IS'.C,  iu-S"),  p.  !)7-IOtl. 


27 


criitio  IVaiKiuo;  mais  un  certain  iKHiilnt'  <riii(li<('s,  (lisséniint's 
dans  k's  (•hf(>ni(in('s  ot  Ic-^  chartes,  indici's  ({n'il  serait  iio|. 
hn\y;  d'éniiniérer  ici  ot  (jue  je  si^rnalerai  dans  la  suite  de  ce 
r('cit.  tendent  ;i  créer  dans  Tesprit  la  conviction  ([u'iùides  et 
Koliert  étaient  l'rères.  Si  donc  le  comté'  de  Hlois,  ;ipri's  la 
mort  de  «Jinllaume.  l'ut  sciiulé  en  deux  parts,  et  si  cette 
scission  lut  opéi'ée  en  laveur  dos  deux  frères.  Kudes  et 
Robert,  c'est  (péen  i-('-alil(''  ceux-ci  étaient  (ils  de  (inillaume  '. 
•If  le  n'pète,  il  n'y  a  pas  la  certilude  absolue,  niais  je  pense 
«pie  cette  hypothèse  recevra  une  certaine  force  grâce  à  la 
lumière  (pi'oUe  jette  sur  des  événements  assez  obscurs. 

l)e  la  sm-cession  du  c«»mte  <iuillaume,  Robert  le  P'ort  re(;ut 
donc  le  ij:ouvernenieut  du  pays  blé'sois-.  Kudes  celui  du  l>ays 
dunois  •*  et  aussi,  suivant  tontes  probabilit(''s.  du  jtays  cliar- 


'  ('.fUf  filiation  ;i(li''jài'li' adiiiix' |i;ir  iiii  ,i;iaii(l  iioiiiliri' (rniidil^.  Dr  nos  jouis, 
M.  An.  (Ir  Harllii-li-my,  lians  nnc  inir'rfss;nil('  énuit'.  inlilnltr  Oriifincs  de  la 
Maisiin  (II-  Frtinre  lier.  îles  ijio'sl.  Iiisl..  aiim'i'  ISTl»'.  a  savainniciil  sdiilcini 
(|ilt'  UkIh'iI  II'  hiil  rlail  lils  (je  liniilaiiiiii',  i  iiiiili-  lit'  Hlois.  —  H'anlrc  |)ail ,  rn 
ce  i|iii  conn'iiK'  le  ronili'  Kntics.  Ions  h's  liisloiions  se  sont  acconh's  à  lui 
(loiMiiT  (inillainiii-  ponr  |iimi'  (Cf.  Dn  l!oiiiin'l.  I.a  irritahle  origine  de  Ui  Maison 
de  France,  \'.ii\>,  l(»l(i.  iii-lolio  ;  Hcniii'i-.  Histoire  de  Hlois,  l'aiis,  |liX:i. 
in-l",  clr.  .  —  N'rlanI  |ioinl  le  lucinicr  à  |iro|iost'r  ci'ltt'  -«ojniioii  iriiii  piolilrinr 
i|iii  a  |iiVMMtii|M'  l)i'anron|)  ili'  savants,  y.  niCIfoiToiai  siniiih-nicnt  (rajontfr  do 
nouv)'an\  ar.cnMlcnts  à  n'iix  i|ni  ont  /'Ir  (Irjà  loniiiis  en  favenr  dt-  trlic  ilirsi'. 

^  lioltrit  le  Koit  est,  apW's  (inillaniiie,  le  premier  comte  de  Hlois  sitrnal»' 
daii<  li's  cliailfs.  An  mois  df  mai  S(»."i,  il  r'iliaiii.'i'a  avee  Attard.  r'vôfjiit'  île 
Nanirs.  diverse»;  |crri'<  ili'iicndaiiifs  de  son  ((inilt'  ili'  lîiois.  Cd  atlc  d"étlian;:c 
a  ••Ir  |iln<ii'iirs  l'ois  tinlilii''  :  la  inrillenie  rililioii  en  a  été  donnée  par  Maliillc 
\liilroiliirlion  au.r  ('Àroniiiiies  des  rouîtes  d'Anjou,  p.  S'.MM;.  Dans  les  aiinres 
(pii  Miivin-nt  la  iiuirt  <li'  Kolti-rt  le  fort.  I<'  eoinli'  dr  i^lois  lut  adiniiii^lié, 
sendili'-l-il,  par  -on  lils  aine,  Kndes.  Oiiaiid  Kudes  lut  élu  roi  i-n  SSS  .  il  aliaii- 
doiina  rcltr  eliar^'f  à  son  livre  iJoltcrt.  (!t'lni-ii  resta  t ointe  de  lijois  jnsiin'eii 
l'année  '.(:J:2,  époipie  où  il  devint  Ini-inèine  roi  des  Kraiies.  .M.  Kd.  l-avre 
s'e-t  inniilié  liieii  seepliipie  à  l'éi^aid  de  celle  Iraiisniissioii  >i  iiallirelle  du 
lonilé  di'  jilois  an\  Dis  de  Kolierl  le  hirl  iC.I.  Ewli-s.  rmiite  île  l'aris  el  roi  dr 
Franre,  l'.tri-.   IK'.t:!.  in-S".  p.   I -_'  .1   i:;.  noie  li. 

•'  Tons  le-  In-loîieii»  lilésois  ont  jnsipraiijnurd  liui  préiendii  a  tort  ipiKiides 
avait  été  eointe  de  Itlois  après  son  père  tiiiill  ninie.  Celle  erreur  ri'inoiite  à 
Ihi  Hoiii'liet,  (pii  a  piililié  une  eliarte,  trompiée  et  rorronipue  à  dessein,  où 
Kiidi'»  >e  dil  ronile  de  Hlois  'Orli/ine  de  lu  }liiisitii  de  /■V(»i(c,  preuves,  p.  i.'ij). 
I,e  tilre  de  mines  hiesrii.six,  atliijiiié  ,1  Knili'-  par  eelle  rliaile,  aurait  dn  de 
prime  alord  |iaraitre  suspect  ;  c;ir,  dans  les  actes  dn  l\"  siècle,  les  comtes 
s'iiilitiileiit  ;;éiiéialemeiit  ronies,  sans  .ijoilter  de  ijiiel  pai/iis  ils  sont  comtes,  (^n 
a  d  ailleurs  la  preuve  ipie  Dn  j'oucliel  a  l'ait  un  lanv  en  lelle  circonstaiiie.  I..1 
iliaili'  ipi'il  a  édilée  se  trouvait  aullienliipu'  dan-  la  l'uncarte  noirr  de  Saiiil- 
Maitni  de  Tours.  l'Iiisieiirs  copies  nous  ihi  ont  été  loiiservées  (\oir  plus 
loin,  pièces  juslifiralirex,  n»  111 1.  Kndes  v  prend  simplemeiit  le  litiv  de  comte  : 


—  28  — 

tr;iin'.  Ces  trois  comtés  furent,  aiiros  la  imn-l  de  Guillaiiine, 
successivement  réunis  aux  royaumes  que  l'empereur  Louis  le 
Pieux  forma  pour  son  'fils  Pépin  en  835,  puis  pour  Charles  le 
Chauve  en  888  -.  Deux  ans  plus  tard,  Louis  le  Pieux  mourait  près 
de  Mayence  (20  juin  840).  De  violentes  dissensions  éclatèrent 
alors  entre  ses  quatre  fils  au  sujet  du  partage  de  l'Empire; 
elles  durèrent  jusqu'au  jour  (iii  fut  conclu  le  traité  de  Verdun 
(août  843).  Aux  termes  de  ce  traité,  la  région  d'entre  Seine 
et  Loire,  dont  dépendaient  les  pays  de  Blois,  de  Châteaudun 
et  de  Chartres  fut  attribuée  à  Charles  le  Chauve. 

Ce  prince,  fils  de  Louis  le  Pieux  et  de  l'impératrice  Judith, 
dont  Guillaume  de  Blois  avait  autrefois  vaillamment  défendu 
la  cause,  combla  de  ses  faveurs  les  comtes  Eudes  et  Rol)ert, 
et  il  ne  tarda  pas  à  en  faire  deux  des  plus  puissants  dignitaires 
de  ses  Etats.  Dès  les  premières  années  de  son  règne,  il  leur 
avait  concédé,  serable-t-il,  divers  biens,  dépendants  de 
l'évêché  de  Reims,  alors  vacant.  Hincmar,  élti  archevêque 
do  Reims  le  3  mai  845,  se  fit  restituer,  quelque?  mois  après 
son  élection,  les  villas  épiscopales  que  Charles  le  Chauve 
avait  illicitement  données  à  ses  fidèles.  Dans  le  diplôme  de 
restitution  sont  mentionnés  Eudes  et  Robert,  ainsi  que  Donal, 
comte  de  ^lelun  •^  et  plusieurs  autres  *. 

La  première  fois  que  l'on  voit  le  comte  Eudes  intervenir 
dans  les  atfaires  politiques  de  ce  temps,  c'e.st  durant  les 
guerres  qui  eurent  lieu  en  Aquitaine  entre  Charles  le  Chauve 
et  son  neveu  Pépin. 


l'acte  est  passé  piil)liquf'niciit  à  CliàlcaïKliiii .  au  mois  de  mai  8i(î,  t'ii  pn'sonce 
(les  boni  hommes  (pii  y  soiisnivciil.  Eudes  y  [v/\{  comiiie  comte  de  Cliàtean- 
dun  et  non  comme  comte  de  Blois. 

'  Voir  plus  haut,  p.  K!,  note.  I.  —  i.a  suite  de  ce  récit  montrera  ipie  l'au- 
torité du  comte  Kudes  n(!  s'étendait  pas  seulement  au  |)aYs  de  CliàtiMudiui . 
Jiiais  sans  doute  aussi  au  pays  de  Chartres,  et  ([\\v  ces  deux  comtés  dcv, licnt 
être  dès  lors  unis  au  point  de  vue  administratif. 

-  Cf.  A.  Louiiudu,  Allas  historique  de  la  France,  i».  (lit  et  70. 

•*  Donat  avait  été  gratifié  de  la  villa  de  Neuilly-Saiut-Front,  duiil  il  ne  voulut 
pas  se  dessaisir  eu  Xio.  liincmai'  a  écrit  à  ce  sujet  un  ti'aité  intitidé  iXoliria 
de  villa  Novilliaco  (Voir  dom  lioiapiet,  lier,  des  hisl.  Vil,  1215).  Ou  sait  par 
les  miracles  de  saint  l'enoit  d'Adcrvald  que  Donat  était  comte  de  .Melun 
{Miiaciila  sanvli  Ikimlicli,  édit.  de  la  Soc  de  l'ilisl.  de  France,  p.  ntii. 

*  Quidr/uid  ex  eodein  episcopolu  [Renicnsi]  Odo  cornes  habuil,  seu  et  illa 
quae...  Rolbeiius...  vel  Uonatus  hahiicrunt  (dom  Houquet,  VIII,  .178). 


—  -iO  — 

l'(''liiii  avait  OU''  (lt'i)Ossc''(l(''  par  le  (i-aitô  do  Vcnliin  en  8i:! 
(lu  luyauiiK^d'Aiiuitaiiit'.  (lu'avail  Jadis  ^oiivoriM'  son  j^'mc 
l'cjiiii  I"'.  iiMirl  le  1."'.  il«'M-('iiil»r('  S;'.S.  Ccltr  iirande  proviiico 
«'tait  «'cliiM'  il  Charles  le  (Jliaiivc'.  l'<'|)iii.  dont  le  nom  ('tait 
tr('s  jiopidairi'  au  midi  de  la  (Jaidc,  aitrcs  sètic  assure  laj»- 
l»ui  du  duc  de  Seiiliuiauie,  Beniai-d-,  iiensa  dis|)uter  au  roi 
son  r>nele  les  états  paternels.  Toutefois  il  lui  (N'-c  ii  dans  ses 
espérauees.  Dès  le  coiumeuceiuent  de  l'année  811.  ^ix  mois 
il  l)eine  après  le  trait(''  de  Verdun,  le  duc  Bernard,  son  plus 
l»uissant  allié,  tombait  au  pouvoir  du  roi  des  Francs.  <|ui  le 
condamnait  il  mort  et  le  faisait  exécutersurde-chamir'.  l'epiu. 
de  son  c(>l(''.  mali^ré  une  victoire  éclatante,  remport(''e  sur 
l'aruM'e  «le  Charles  près  dAnmoulème,  était  forcé,  rann(''e 
suivante,  de  venir  prêter  serment  de  li(l«''lité  ii  son  oncle 
dans  le  iuonastère  de  Saint-Benoit-sur-Loire  Juin  815)  ^  Mu 
reconnaissance  de  .sa  .soumis.siou .  il  conservait  la  Jouissance 
d'uni'  jj^rande  partie  de  l'Aipiitaine,  ii  condition  de  ue  iioinl 
cJH'rcher  ii  s'y  ren«lre  inilépendant. 

Aussil()t  «{ue  Charles  le  Chauve  eut  fait  ju'rir  le  duc  Bernard 
«pli  était  il  la  tète  des  marches  «l'Ksjjaiiue ,  il  avait  mtmini'', 
pour  le  remplacer  dans  ce  commamlemenl ,  Sunifred,  comte 
«l'L'r^el*.  Ce|»einlant  Bernard  a\ait  laissé  un  lils,  (Juillainne, 
âgé  (!«•  «lix-huit  ans.  Désireux  de  veny:er  la  mort  «le  son  i»ère, 
<Juillaiim«',  ai>res  avoir  ca|it(''  la  fa\t'urde  Pc'pin ,  excita  ce 
prin«'e  it  .secoiierde  luiUNcau  leJoULî'dii  l'oi  Charles.  Mais  hien 
«les  obstacles  se  dressèrent  entre  lui  et  sa  vengeance.  Le  prin- 
cipal vint  des  sei.LTnenrs  «r.\(pii1aine«iui,  Jaloux  de  voir  un  tout 
Jeune   homme   plus  avance  (preux-mèmes  dans  les  bonnes 


'  [Lulli<iiius  (■/  Ulu'loiiiriis  reîera  iisqiir  fid  llispaniaiii  ijtroUi  cesserunt 
(/1«M.  lieil..  uil  tiHH.  Si:!,  (loin  ltoiii|iicl,  VII,  \\-b. 

*  (le  Kerriard,  tim' de  .'^•■|itiiii.iiiii'.  t-sl  o-liii  ({iii  avait  ('ti-  arnisi'  aiilrftoi> 
«IV'ire  ramant  de  riiniM'rali'iii*  .Imlitli.  Il  avait  jii^i';  sans  ddiilc  ipiil  aurait  inii> 
iidlut'iirc  plus  altsuinc  à  la  cour  du  jcnni-  j'rjiin  (|u'à  ci'llc  du  roi  Cliailfs  je 
r.liaiivi'. 

•'  l.fs  Annulées  Kirtmiennes  tonl  inuiirir  le  duc  Hcrnard  avani  le  jta|M' 
(Ir/'^'iinc  IV  (janvier  Kllj. 

♦  Aun.  Ilirt.,  (iil  nu.  SiTi.  doiii  ltitU(|Ui'l.  VII.  (ill. 

'  l.i'  i'.l  mai  Sil,  SiiMitn'd  |ii)rlc  dt'-ja  le  nom  de  iiKtrrhio  dans  im  t'dit  ilc 
(.liailiN  if  (Jiaiivc,  l'i-latit  an\  ^.^|•a;^nld^  rt^ru^'n'-s  m  ."^l'iilimanic  idnin  \.éi--i'Ii  . 
Ilislinif  ili-  LniKjuedor,  nouv.  ('dil.,  lomc  11,  |tn'uvcs,  col.  iiH). 


—  30  — 
grâces  de  leur  suzerain,  se  soulevèrent  de  toutes  parts  contre 
le  nouveau  favori  et,  refusant  de  s'associer  aux  projets  am- 
bitieux de  Pépin,  vinrent  en  grand  nombre  à  Orléans  prêter 
serment  de  lidélité  à  Charles  le  Chauve  (848)  '. 

Charles  soupçonnait  depuis  quelque  temps  d('j;i  les  idées 
de  révolte  qui  germaient  dans  l'esprit  de  Péi)in  ;  il  partit 
aussitôt  pour  l'Aquitaine,  afin  d'y  affermir  son  autorité-.  Il 
ne  resta  d'ailleurs  que  peu  de  semaines  en  ce  pays.  Au  mois 
de  janvier  841»,  il  était  revenu  dans  le  nord  de  son  royaume; 
mais,  avant  de  se  retirer,  il  avait  eu  soin  de  nommer  un 
successeur  au  duc  de  Septimanie ,  Sunifred,  qui  venait  de 
mourir-''.  Comme  il  lui  fallait  en  cette  région  lointaine  des 
agents  dévoués,  il  donna  le  commandement  des  marches 
d'Espagne  à  l'un  de  ses  fidèles,  Aleran,  comte  de  Tro3^es''. 

^  Ann.  Beri.,  ad  an.  SiS,  doin  Hoiiquet,  VII,  65. 

-  Cliron.  Fontand.,  ad  an.  H'iH,  doiii  Bouquet,  VII,  il." 

3  Les  nouveaux  éditours  de  YHistoire  de  Languedoc  oiu,  diiiis  mw  note 
rectificative,  contredit  à  toit  dom  Vaissète  qui  faisait  inouiir  Suiiiired  en  8i8  ; 
ils  reculent  cette  mort  jusqu'en  Hï}[  ou  N,j;2.  (lonune  preuve,  ils  renvoient  à  un 
(li|ilnme  (le  850  environ,  où  il  Ji'est  point  question  de  Sunilied,  mais  de 
Siniiaiic,  comte  de  Roussillon  (Cf.  Hist.  de  Languedoc,  nouv.  édit.  II,  preuves, 
col.  128()).  Leur  second  argument  est  qu'Aleran,  sii^nalé  en  849,  comme  comte 
des  maiclies  d'Espagne  ,  n'est  nulle  part  apiielé  duc  de  Septimanie  ;  ils  le  sup- 
posent simplement  comte  de  Barcelone  :  de  sorte  qu'Aleran  n'aurait  pas,  en 
848,  succédé  au  duc  de  Septimanie,  Sunifred  [ibidem,  II,  317).  Mais  ils  n'ont 
pas  remarqué  sans  doute  mi  diplôme  publié  par  eux-mêmes.  Le  18  octolire  84'J, 
C.liai'les  le  (Jliauve ,  étant  à  Alhi,  ddiine  à  un  de  ses  vassaux,  Etienne,  les 
domaines  de  Villerouge  (!t  de  Védillan,  dans  le  comté  de  Narhonne  :  à  la  fin  du 
diplôme,  on  lit  :  Aledrans  ambasciavit  (ibidem,  II,  preuves,  col.  "IHli). 
Aleian  joue  certainement  ici  le  rôle  de  duc  de  Septimanie  ;  un  comte  de  Barce- 
lone n'aui'ait  point  eu  à  intervenir  officiellement  pdur  des  biens  situés  en  Nar- 
boniiais.  Si  donc  Aleran,  en  84*,),  était  duc  de  Septimanie,  c'est  que  Sunifi'cil 
était  mort  ;  car  on  ne  peut  supposer  que  le  roi  ait  disgracié  Sunifred ,  puisque, 
(piehpies  amiées  plus  lai'd  ,  il  comblait  d'iKiiineurs  les  fils  de  ce.  comte,  Wil'red, 
Siniilied  et  \\ivo\i[ibide>n,\\,  Î^D!!).  Disons  en  terminant  (ju'Aleran  est  a|i|ielé  par 
un  contemporain  custos  limitis  Hispanici  [Cliron.  FontaneL  ad  an.  8ill)et  que 
ce  même  titre  est  domié  par  l'Astronome  au  duc  de  Septimanie,  Bernard  [coiiics 
Hispaniaruiu  hniituiii,  ditni  Buii(]iie|,  \I^  110). 

■*  L'identification  d'Aleran,  comte  de  Troyes,  avec  Aleran,  duc  de  Septimanie, 
seml)le  très  probable:  ils  sont  cnntiMnpni'ains,  tons  deux  fidèles  de  Charles  le 
Cliauve,  ils  poi'tent  un  même  nom.  rare  chez  les  comtes  carolingiens,  et  de 
plus  ils  meurent  tous  deux  dans  le  même  temps.  Enfin ,  la  suite  de  ce  récit 
montrera  qu'après  la  mort  d'Alei'an ,  le  comté  de  Troyes  revint  à  Eudes  de 
Cbàteaiidun  et  (pie  cette  succession  parait  avoir  été  réglée  en  Septimanie  lors 
de  l'expédition  (pie  fil  Charles  le  Chauve  en  cette  contrée  au  mois  d'octobre  841). 
—  Rien  d'ailleurs  n'était  plus  fréquent  à  cette  épo(pie  que  d'opposer  aux  inva- 
sions sarrasines  des  comtes  de  pays  éloignés  :  c'est  ainsi  que  Louis  le  Pieux, 


—  M  — 

A  poino  n'iitic'  dans  ses  Etats,  ("liarlcs  aii|irii  ((iic  (liiil- 
laiiiiic,  (ils  (tu  (lue  Bernard,  s'était  cniiiaïc  (rAiiiiuirias  cl  dr 
Haicolonc,  après  on  avoir  chassé  Aloran  i^cuninitMUonKMil 
de  l'année  84l»i  '.  Il  fonvoqua  au  mois  de  juin  un  urand  jilaiil 
;i  Charti-es.  où  il  Conua  son  armée  :  de  lii.  il  se  ndt  en  marche 
vers  le  midi.  Le  comte  Eudes  i)artit  avec  lui.  Ils  traversèrent 
la  Loire,  arrivèrent  rapidement  à  Limoiros  et  y  reçurent  la 
plupart  des  <j:rands  d'Aquitaine,  qui  venaient  renouveler  ii 
Cliai'les  leur  acte  île  soumission  ;  puis  ils  se  dirigèrent  direc- 
tement sur  la  ville  de  Toulouse,  qui  lut  emportée  après 
quelques  Jours  de  siège.  Le  comte  Eudes  avait  été  charge'' 
avec  H<'rl)ert,  abbé  de  Saint-Wandrille.  de  surveiller  la 
porte  Narl>onnaise.  et  de  l'attaquer  par  le  l'eu-.  Ils  sacipiil- 
ti'reut  bravi'iuent  de  cet  oflice  et  contribuèrent  pour  une 
grande  [tart  à  la  i^'ise  do  la  ville. 

Ce  succès  rendit  Charles  le  Chauve  maître  de  toute  rAcfui- 
(aine.  et.  d'après  l'rudeni'e.  il  [ml  dès  Inrs  disposer  ii  sa 
guise  de  la  marche  dEspagiu-  :  il  y  rt-taldii  aussitôt  le  comte 
Aleran-'. 

I7u  de  >«->  premiers  soins  l'ut  égalomont  de  récompenser 
les  services  de  son  lldèle.  Eudes  de  ('hàteaudnn.  Le  11  octo- 
bre Hli»,  étant  encore  ;i  .\arbonne,  il  lui  (h.mna.dans  le  pays 
d'umois,  la  villa  de  Nogent,  près  do  Château-Thierry  '. 


•'Il  X'I'i,  avait  nivoyi'î  aux  marclics  (IKsiuigiir  Ihigiies,  comii'  ilf  Tours,  vl 
Malroi .  rnnil»'  (l'Orli'aii^.  Alnaii.  par  sa  grandi-  ir-piilatioii  ili'  luavoiin'. 
|iaraiss;iil  iii''>t}^iir-  |iuiir  Ir  poste  pi-rilli-iix  ipii-  lui  loiiliait  l.liaili's  li-  C.liauvr  : 
i'rpopr-c  |iopulairi'  rliaiitait  i-iiroir  si's  i-xploits  au  XI!*'  sinlr.  Kaiis  li-  puriiif 
il'Ay  ilAvigiioii.  il  l'sl  i)Urslioii.  à  |ilusirurs  rcprisi's.  il  Alnaii ,  roiiilr  ili* 
Troii'siii.  i|ui  sr  liai  Vaillaminnit  Aije  il'Aviijnun ,  rilitioii  (iiirssanl  '■'  M- vr. 
IN(H,  p.  NI;. 

'  Cf.  C.hnmicon  Fonlaïu'I.,  ad  mm.  Xi!)    (loin  fiouipirl ,  \ll.   il.  'lii. 

-  In  (jua  iilisi<llviir  iimimissti  islinnid  quiif  niralur  Mai liiiiiin.\is  irnrnilnli 
viro  Hriilnrlii,  (iHkiII  Fiiiilinrllriiiiis  niuimsliiii,  siiiiultjuf  Oiluiii,  viro  illu.slii, 
(1(1  rusloilieiidum.  Umiiines  (iuo(jue  Hcrihcrli  ahhdti.s,  iitjirto  i(jnc,  iinicdirlnm 
fiiniani  xjiii  i  ri'muveruiil  niu.rima  fv  iKirtr  (('.liinn.  Fautnurl ..  nd  mm.  Si!t. 
iloiii  lîituipirl .  \ll,  \'1\.  I.i'  ri'i  il  lie  loiili-  irtlr  caiiipagiir  iioiis  a  l'ii*  iiiiisci  m- 
par  If  iiioiiir  (le  Sailli -Waiiilrilli'.  aiitriir  ilu  C.hromcon  FonlimeUrusi' ;  il 
ilfvait  li>  li-iiir  ili'  la  liourlii'  inriiif  illInluTt .  aliln-  ilr  Saiiil-\Vaiiilrill<-.  ipii 
joua   un  n'ili-  assi-/.  important  dans  rrttc  r\pi'diliiiii. 

'  Manant  (fiioqui-  Uisfianirain  jini  libilu  ilispoiiil    Aim.  Itcrl.ad  an.  Nl'.'i. 

*  Voir  dom  llouipift,  Vil!.  .'»(»,'(.    -  Nogent,  e""  de  Itaiilne.  .\isne.  an'  de 

CliàliMU-TliiiTi),  I de  Ciiiidé.   —  Sur  le  pa\>;  d'Omois.  \oir  Loiigiinii.  Hmie 

Aiiliinlnif.,   isV.N.  I.  ;!l'i|  cl  ssv..  el  Allas  hi>.liiii(]i(i\  p.   \'2[ . 


—  32  — 

Cotte  donation  laite  à  Eudes  *  d'un  domaine  peu  éloigné 
du  comté  do  Troj'es,  et  la  présence  simultanée  d'Eudes  et 
d'Aleran-  auiirès  du  roi,  pendant  ce  mois  d'octobre  849,  me 
portent  à  croire  qu'on  régla  en  cette  occasion  la  succession 
du  comté  de  Troyes,  dont  Eudes  hérita  trois  ans  plus  tard, 
à  la  mort  d'Aleran. 

Quoi  qu'il  on  soit,  au  mois  de  décembre  849,  le  r(ji  revint 
vers  la  Loire  eu  passant  par  Bourges.  Il  reçut  peu  après  la 
nouvelle  du  châtiment  du  comte  CTuillaume.  Au  début  même 
de  Tannée  850,  les  partisans  d'Aleran  s'emparèrent  do  ce 
rebelle  qui  l'ut  aussitôt  décapité  ;  sici/iii'  iiliiis  iiii(/iiila/is 
periil,  ajoute  le  moine  de  Saint- Wandrille -^ 

De  graves  intérêts  avaient  rappelé  Charles  le  Chauve  dans 
le  nord  de  la  Gaule. 

Le  chef  des  Bretons,  Nominoé,  qui  venait  de  se  faire  pro- 
claîner  roi,  avait  profité  de  l'absence  do  Charles  pour  se  jeter 
sur  l'Anjou  et  désoler  toute  la  contrée.  Le  comte^d'Angers  était 
alors  Lambert,  très  habile  capitaine,  qui  parvint;  à  repousser 
cette  attaque  inopinée.  Charles,  revenu  d'x\quitaine  (vers 
février  850),  confia  aussitôt  à  Lambert  le  commandement  mili- 
taire de  la  région  d'entre  Seine  et  Loire  *.  Mais ,  peu  de  temps 
après,  par  un  brusque  changement  de  politique  difficile  à 
expliquer,  Lambert  trahissait  la  cause  des  Francs  et  passait 
tout  à  coup  avec  son  frère  Garnier  dans  le  camp  de  Nominoé 
(vers  juillet  850).  La  situation  devenait  très  critique  pour 
Charles  le  Chauve  :  il  lui  fallait  d'abord  veillera  la  sûreté  du 
comté  d'Anjou,  (j[ue   la  défection   de  Lambert   livrait  sans 

^  11  est  certain  que  le  comle  Eudes,  à  qiu  le  roi  eoiicéde  en  <Si9  la  vilhi  (I(ï 
Nogent  en  Omois,  est  le  même  qu'Eudes,  comte  de  Chàteaudun.  Endes ,  comte 
de  ("iliàteandun ,  en  eilet,  dans  la  charte  de  (S.i(3  citée  ]ilus  haut,  apparaît  avec 
sa  femme  ('iuaiid('lmod(!  {Xo'w pièces  jiisl.,  ii"  III).  Or,  en  (S7I,  Eudes,  jiropriélaire 
de  Noi^ent  en  Oiiiois,  donna  par  teslament,  pour  le  repos  de  Tàmo  de  la  même 
(luandelniode,  sa  femme,  cette  villa  de  Nogent  au  chapitre  de  Saint- .Marliu  de 
Tours  (Voir  jilu.s  loin  pièces  jitstif.,  n»  IV). 

-  Aleran  se  trouvait  près  de  Charles  le  Chauve  ;\  Alhi ,  le  \H  octohre  849, 
jour  où  il  intervint  en  faveur  d'iui  vassal  du  rdi ,  udiumé  Elienne,  qui  Sdilicitait 
de  (iharles  divers  biens  dans  le  comté  de  iS'aibouiie.  \oir  plus  haut,  page  liO, 
note  3. 

3  Clironicon  Fontanel,  ad  an.  840,  dom  Bouquet,  VII,  42. 

*  iSur  Lambert  el  sui'  Noniimié,  cf.  lî.  Merlet,  Guerres  (l'indépendance  de  la 
Brctaçjne  suns  Nanumié  el  Erispoé ,  dans  la  Revue  de  Bretagne,  de  Vendée  el 
d'Anjou,  année  1891. 


—  33  — 

défense  aux  Bretons.  Les  circonstances  exigeaient  en  cette 
contn'-e  un  ijouinic brave  et  expérimenté:  le  comte  Eudes,  qui 
venait  de  Taire  ses  preuves  dans  la  dernière  expédition 
d'A(iuitaine,  parut  au  roi  remplir  ces  conditions'.  Charles 
ré'uuit  lui-même  une  armée  et  partit  pour  la  Bretai,nie.  11  se 
rendit  directement  ;i  Rennes  oii  il  établit  une  i:aruison  ;  mais  à 
peine  s'était-il  éloigné  de  cette  ville  que  Nominoé  et  Lambert 
vinrent  en  taire  le  siège.  La  garnison  se  rendit  sans  coup 
rérir  elles  murailles  de  Rennes  furent  aussitôt  rasées  par  les 
assiégeants. 

I)e  là  les  deux  rivaux  de  Charles  le  Chauve  se  dirigèrent 
sur  Nantes,  défendue  par  le  comte  Amauri  :  la  ville  tomba 
en  leur  pouvoir  et  subit  le  même  sort  que  Rennes.  Puis  ils  se 
jetèrent  avec  une  indicible  fureur  sur  lAnjun.  Le  comte 
Eudes  fui  forcé  de  reculer  devant  eux;  il  se  replia,  en 
remontant  la  vallée  du  Loir,  sur  le  comté  de  Chartres  -, 
suivi  de  près  par  les  Bretons  qui  arrivèrent  promptement 
dans  le  Maine.  Un  chroniqueur  du  XV"  siècle,  Pierre  Le  Baud, 
nous  a  conservé,  d'après  d'anciennes  annales  aujourd'hui 
perdues,  le  récit  de  cette  invasion  bretonne  en  Neustrie. 
i'  Quand  Nominoé,  dit -il,  eut  ainsi  dégastée  celle  cité 
»  ^d'Angersj,  il  s'en  di'partii  .  et  conduisit  son  exercite  selon 
'•  les  rives  du  lleuve  de  Loir,  (pii  se  plonge  en  Mayenne  au- 
•>  dessus  de  la  dite  cité,  et  bruslant  et  détruisant  les  territoires 
■  d  Anjou,  du  Maine  et  de  Neustiie,  depuis  L(»ire  jusques  à 
»  Neustrie,  |iarvint;'i  Vendosme,ou  il  s'arresta,  attendant  y  rc- 
•  cueillir  ses  ost  (jui  estoientespandus  par  les  dits  territoires, 
■'  alin  d'assaillir  le  pa'is  de  Chartres  :  nuds,  connue  jii  partie 
'»  de  son  «'Xercite  commençast  à  gaster  celle  grande  plaine 
••  qu'on  a|tpelle  la  iieausse,  il  de\  inl  somiainement   inlirme, 


'  Kiulcs  ;ip|»;iiait  romiiii'  conilr  d'Anjou  dans  dnix  dipirniics  royaux,  l'un  du 
!>  jnilli'i ,  l'aulii'  du  K»  aoùl  S,"»l  i  Voir  It.  Mt-rlrl ,  (liicin:<  iriniiijii'nilainf  de 
lu  lirrlaijiir,  rm'ni.  nlr,  iiirrc  justificativf  n"  III,  <•[  doin  l!(Mii|nil,   \III.  .MS^. 

-  Il  y  a,  s)>iuldr-l-il ,  dans  ii-  l'ail  liislurii|iii',  un  imlin'  iiu'Kudcs,  conitu 
d  An^i-rs  <>(  de  Cliàli-audun ,  devait  vive  aussi  rliar^t'  de  radiiiini^lr.ilion  du 
romir  di'  Cliarln-s.  Cliarli's  le  Ch.iuvf,  au  mois  de  janvier  S.'jI,  riail  à  Cliarlres; 
Cl-  (|ui  nihfirmr  (|Ui'  < file  ville  élail  alors  menacée  jiar  l'armée  bretonne.  Il  est 
également  à  unln'  i|ue  «''i->l  en  parlant  de  (',||;n°tre^  pour  i'Ai|nil.nne  i|iie  le 
roi,  en  St*.l,  ;i\.iit  emmené  .ivre  lui  le  i  onile  Kndes.  (Voir  plus  liinl.  p.  itil. 

T.  Ml,  .1/.  .; 


—  34  — 
»  et  par  gravité  de  doleiir  finit  dedans  briefs  jours  sa  vie  '  » 
(7  mars  851). 

La  mort  subite  de  Nominoé  sauva  Charles  le  Chauve  d  un 
grand  danger  ;  car  elle  eut  pour  effet  d'obliger  l'armée  bre- 
tonne à  rentrer  en  Bretagne,  et  le  royaume  franc  tout  entier 
semble  avoir  joui  pendant  quelques  mois  dune  tranquillité 
relative.  Charles  retourna  dans  ses  villas  orientales,  tandis 
qu'Eudes  rentrait  en  possession  de  son  comté  d'Anjou. 

Mais  la  paix  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Vers  le  mois  de 
juin,  le  roi  convoquait  à  Roucy  une  assemblée  où  fut  décidée 
une  nouvelle  expédition  en  Bretagne.  Charles  voulait  prendre 
sa  revanche  et  croyait  le  moment  favorable.  Le  nouveau 
chef  des  Bretons  était  Erispoé,  fils  de  Nominoé  :  Cliarles 
espérait  contraindre  aisément  ce  jeune  prince  à  abandonner 
les  pays  que  Nominoé,  dans  sa  dernière  campagne,  avait 
conquis  sur  les  Francs. 

Le  commandement  des  troupes  d'entre  SeiiTe  et  Loire  fut 
confié  au  comte  de  Tours,  Vivien,  qui  eut  M  charge  de 
conduire  l'expédition.  Charles  lui-même  se  dirigea  vers 
Tours,  et  de  là  en  Anjou,  oii  il  séjourna  quelque  temps.  Le 
3  juillet  851,  il  confirma  un  acte  passé  entre  le  comte  Eudes 
et  Doon,  évêque  d'Angers;  c'était  un  échange,  aux  termes 
duquel  Eudes  abandonnait  à  Doon  l'emplacement  sur  lequel 
était  bâti  le  palais  des  comtes,  ses  prédécesseurs,  et  recevait 
en  retour  une  terre  sise  à  l'intérieur  des  murs  d'Angers  pour 
y  construire  sa  nouvelle  résidence  -.  Le  IG  août,  le  roi,  se 
trouvant  à  Juvardeil^,  accorda,  à  la  requête  du  comte  Eudes, 
un  diplôme  à  l'abbaye  de  Saint-Aubin  d'Angers  \  Six  jours 
plus  tard,  le  22  août,  et  par  conséquent  non  loin  de  -luvardeil, 
eut  lieu  la  rencontre  des  armées  franque  et  bretonne. 

Erispoé  remporta  une  victoire  complète  ;  le  duc  Vivien  et 
plusieurs  autres  grands  personnages  périrent  dans  le  combat. 

•  Hisloirc  de  Bretagne,  Paris,  16.38,  iii-lolio,  |i.  III. 

-  Dédit  Dodo  episcopus...  par/inam  krrue  inlra  muruin  civilatis  Andecavis, 
in  qua  opportunitan  jam  dicti  coin i fis  mansurae  sedis  suorumque  successoriim 
esse  rofptoscilur,  et  in  compensai ione  liiijus  rei  dedil  Odo  conics  ex  comilaln 
suo  It'iram...,  in  qua  praedecessovum  suorum  comilum  sedes  fuisse  memoralur 
(Gall.  Christiana,  XIV,  Inslr.,  col.  115). 

3  Juvardeil,  Maine-el-Loiie,  arr'  Segrô,  c""  Chàleauncuf-siir-Sarllie. 

*  Doiii  Uoiiquft,  VIII,  518. 


—  3.-)  — 

Après  coltc  (h-lailc,  ('harlcs  nv  scjn^^oa  plus  ([u'ii  traiter  avoi- 
son  vaiiiquo>(ir.  Revenu  il  Auj^ors,  il  lit  faire  à  KrisjKté  des 
propositions  de  paix  avaiitaijreuses.  Hiispoê  arriva  aussitôt 
en  cette  \ill«'  :  il  lut  reronnu  par  Charles  comme  roi  des 
Hretons;  les  pays  de  Rennes,  de  Nantes  el  de  lietz,  dont 
Nnminoé  s'était  emparé  l'année  précédente  et  que  Charles 
n'avait  pu  recouvrer,  furent  délinitivemcnt  i-éunis  ;i  la  lire- 
taiiue.  I)e  son  rniv,  Krisiioé  promit  au  roi  des  Francs  de 
forcer  son  allié  Lambert  à  abandonner  le  pays  de  Nantes  (jù 
ce  comte  rebelle  s'('tait  établi  en  maître.  Instruit  du  danjier 
qui  le  menaçait,  Lambert  n'attendit  pas  ((u'on  lui  siitniliàt  sa 
disjj'ràce  ;  il  (piitta  précipitamment  la  ville  de  Nantes  et 
s'enfuit  à  Craon  en  Anjou.  Lambert  était  un  j^uerrier  de 
{.,'rand  talent  ;  avec  les  quelques  hommes  qui  l'avaient  suivi 
dans  sa  fuite,  il  jiarvint  à  se  créer  un  petit  état  indépendant 
dans  les  environs  de  Craon.  Il  mit  en  déroute  le  comte  du 
Maine,  Oui,  qui  voulait  le  chasser  de  ce  territoire  :  il  se 
construisit  un  chàteau-fort  sur  l'une  des  rives  de  l'Oufhm 
et  s'empara  <mi  ([U(d(pH>s  mois  «le  iouU'  la  partie  de  lAuJou. 
située  à  r(tuest  de  la  Mayenne.  Il  ne  domina  du  reste  que  peu 
de  temps  sur  cette  contrée  ;  <-ar  il  fui  [\ir  le  1  "■  mai  sr/i  par 
Gauzbert,  comte  du  Maine  *. 

(Je  (pu  conti"il)Ue  ii  ex[)li(iuer  les  succès  rapides  de  Laml)«.'rt 
en  Anjou  pendant  les  premiers  mois  de  Tannée  852,  c'est 
l'absence  forcée  du  comte  Kudes,  alors  retenu  dans  l'est  du 
royaume  par  les  allaires  <le  succe.ssion  du  comte  de  Troycs, 
Aleran.  (pii  venait  d»-  niourii-  en  Kspa|j:ue. 

De  graves  changements  .se  i)roduisirciil  m  ed'et,  dès  le 
df'but  de  cotte  année  802,  dans  la  situation  [ioJiti(iue  respec- 
tive di's  comtes  Kudes  et  Roljert  le  Fort. 

Après  sa  malhcureu.se  expf'dition  eu  Lrctagne.  le  roi 
(Jharles,  rentré  dans  ses  États,  tint  un  plaid  ii  Compiègne 
(vers  février  852).  Ayant  eu  sans  doute,  au  cours  des  tler- 
nières  campagnes,  l'occasion  d'apprécier-  les  talents  militair<'s 
du  comte  de  lîliijs,  Ivolieri,  il  lui  doiin.i.  du  consentement  des 
grands,  les  charges  du  duc  \i\ieM.  lu»'  d.iu^  le  cond»at  du 
22  août  pi-<''C(Mlent.  Ces  charges  se  comitosaieiii  du  g«Mi\er- 
nemeiit    de   Toiiraine    et    du    couimaudement    eu    chef   de^ 

'   (.1.  li.  Mt-rlfl,  Giinirs  il'inilfiirnildiirr  il,-  la  Itnlnyne  .  liu'm    "'■' 


—  36  — 

troupes  d'entre  Seine  et  Loire.  Il  était  on  effet  indispensable 
de  ne  pas  laisser  sans  titulaire  deux  offices  aussi  importants: 
malgré  le  traité  d'Angers,  les  invasions  bretonnes  étaient 
toujours  à  craindre,  et  il  fallait  se  tenir  prêta  tout  évé- 
nement ^ 

Vers  le  même  temps,  le  duc  de  Septimanie,  Aleran,  proche 
parent  de  Robert  le  Fort  et  d'Eudes-,  périt  à  Barcelone,  lors 


^  Le  seul  liislorieii  contemporain  qui  ait  mentionné  Fassemliiée  où  fnt  éln  le 
successeur  ilii  duc  d'entre  Seine  et  Loire,  Vivien,  est  l'alihé  de  Priim,  Réginon. 
•Mais  ce  chroniqueur  écrivait  cinquante  ans  après  les  événements  (!t  il  ne  tenait 
ses  renseignements  que  de  sources  orales,  si  bien  qu'il  a  complètement  inteiverti 
l'ordi'e  chronologique  dans  son  récit.  Après  avoir  rapporté  à  l'année  860  la  moit 
de  Vivien  et  celle  de  Lumherl,  qui  diicatiDii  tenebat  intev  Ligerim  et  ScqiKinnm, 
Réginon  s'exprime  ainsi  à  la  date  deNOl,  Caivlus  placitum  hahuil  in  (lonipeii- 
dio ,  ibique ,  cum  optimatum  consilio,  Rodberto  corniti  ducalum  inter  Litjarim 
et  Sequanam  adversum  Brittones  cominendavit  ;  qiiem  inr/enli  industrin  per 
aliquod  Icnipus  vexit.  Pour  Réginon  la  nomination  de  Rolieit  le  Fort  est  une 
conséquence  immédiate  de  la  mort  de  Lamliert,  qui  auparavfuit  tenait  le  duché. 
Aussi,  s'il  est  certain  que  Lambeit  et  Vivien  ne  moururent  jj^s  en  (SIR),  csl-il 
impossible  d'ajouter  foi  à  la  date  de  861  attribuée  par  Réginon  à  la  nomination 
de  Robert.  Etant  donnée  la  gi'avité  des  circonstances,  Charles  le  Chauve  ne 
pouvait  pas  laisser  le  duché  d'entre  Seine  et  Loire  vacant  pendant  dix  ans, 
depuis  851,  date  de  la  mort  de  Vivien,  jusqu'en  861,  date  dn  plaid  de 
Compiègne  suivant  Réginon.  A  l'année  862,  Réginon  rapporte  la  mort  de 
Nominoé  qui  eut  lieu  en  851  ;  à  l'année  863,  il  raconte  l'avènement  d'Fjispoé, 
le  combat  du  22  août  et  le  traité  d'Angers,  événements  qui  se  passèrent  aussi 
en  851  (Pertz,  Scriptores,  I,  571).  Ce  qu'il  faut  donc  retenir,  c'est  que,  d'api'ès 
Réginon,  le  plaid  de  Compiègne  fut  à  peu  pirs  contemporain  delà  mort  de 
JN'ominoé,  de  Lambert  et  de  Vivien.  —  Vivien,  duc  d'entre  Seine  et  Loire,  fut 
tué  le  22  août  851.  Peu  de  temps  après,  Charles  le  Chauve,  ayant  signé  le 
traité  d'Angers,  revint  dans  l'Est  de  son  royaume.  Les  diplômes  le  montrent 
résidant  à  Tours,  le  6  novembre  851.  à  Saint-Denis  près  Pai'is,  le  29  décembre, 
à  Rrienne  (Ardennes,  arr''  Rétliel,  co"  Asfeld),  le  10  lévrier  snivani,  à  Onierzy, 
le  24  février;  enfin  on  voit  qu'il  était  encore  à  Quierzy  le  3  avril  852.  A  cette 
dernière  date,  Robert  le  Fort,  devenu  abbé  de  Marmoutier  près  de  Tours, 
obtenait  du  roi  plusieurs  villas  pour  son  monastère  l  CI.  doni  lîouipiet.  \T11, 
517,  519,  520  et  Lex,  Documents  originaux  antérieurs  à  l'an  mil  des 
Archives  de  Saône-et- Loire,  p.  i).  —  Entre  le  mois  de  février  et  le  mois 
d'avril  852,  Charles  le  Chauve  résida  donc  dans  les  environs  de  Compiègne.  De 
plus,  antéi'ieurement  au  3  avi'il,  Robert  le  Fort  avait  été  gi'alifié  de  l'abbaye  de 
Viarmoulier  lès  Tours.  De  là  il  résulte,  à  mon  avis,  que  le  roi,  à  son  retour  de 
Bretagne,  dut  convoquer  à  Compiègne,  en  février  ou  eu  mars  852,  le  plaid 
dont  parle  Réginon,  et  où  Robert  le  Fort  fut  créé  duc  d'enire  Seine  et  Loire, 
en  remplacemenl  du  comte  de  Tours,  Vivien,  (né  le  22  aoùl  de  raniiée  jurcédente. 

-  On  ignore  ijuel  lien  de,  parenté  unissait  Robert  et  Eudes  à  Aleran  ;  mais 
cette  parenté  même  paraît  certaine.  Vers  l'année  030,  le  duc  de  France,  Hugues, 
petit-fils  de  Robert,  donnait  à  Saint-Martin  de  Tours  l'alleu  de  Lachi  (Marne, 
arri  d'Épernay,  C"  de  Sézanne),  sis  au  comté  de  Meaux.  La  cbarle  de  Hugues 
apprend  que  Lachi,  du  temps  de  Chaiiemagne,  ajipartenait  au  conile  de  Troyes, 
Aleian,  et  que  ce  domaine,  à  la  mort  d'Aleran,  était  entré  par  voie  d'héritage 


—  37  — 

«lu  sac  (If  fftto  Aille  [lar  les  Sarrasins,  au  commonconiont  de 
l'aniit'O  852*'.  Aleran  ne  laissait  sans  doute  pas  d'entants;  le 
conile  p]ndes  fut  appelé  à  lui  succéder  dans  le  cdMiU-  «le 
Troyes  \ 

Celte  nouM'Ile  lonclitui  naurail  plus  permis  a  Kudes  de 
s'occuper  assez  activement  de  son  comté  d'Anjou,  devenu 
marche  •!<'  IJretagne  depuis  le  dernier  traité  entre  Charles 
et  Krispoé  :  aussi  est-ce  à  cette  éii0(pu'  «piil  laiii  vraisem- 
lilalilemi'Ut  attribuer  la  substitution  «le  Koljert  à  Eudes  dans 
ce  poste  périlleux  •'.  Kt .  de  lail  .  en  novembre  85.'),  le  ca[»i- 
tulaire  de  Servais  nous  montre,  d'une  part  Robert  le  p'ort 
nommé  inissiis  doniiniriis  dans  la  Touraine  et  l'Anjou,  de 
l'autre  Kmles  apjielé  au  même  otlice  dans  les  pays  de  Troyes 
et  de  Meaux  *. 

Kn  résumé,  vers  le  milieu  «le  l'année  852,  voici  quelles 
étaient  respectivement  les  charges  officielles  de  Robert  le 
Fort  et  du  comte  Kudes.  Robert  était  à  la  tête  de  plusieurs 
pays  se  tenant  les  uns  les  autres,  la  Touraine,  l'Anjou,  le 
Hh'sois:  en  outre,  le  duchc' d'entre  Seine  et  Loire  qu'il  venait 
d'tibtenir  le  rendait  le  plus  puissant  i)ersonnage  de  cette 
!"é-iri«tu.  Ku«les.  <I.'  sdu  e«".t«'.  s«'  trouvait  préi)osé  à  la  gardedu 

ilans  la  maison  «les  diu's  «If  Kraïue  ,  veluti  hères  ip.sius  Alrdraiimi  in  en 
exish-ns  idoneus,  «lit  lliigiifs  {Pièces  jusiif.  \\°  VI).  M.  «l'Ailiiiis  «le  Jiiliaiiiviil«î, 
(|iii  n'a  |i«iiiit  sii.'nali''  n'tli-  «'liarlc,  a  m««iilré,  an  moyen  «laiiln-s  «lotium'nls, 
«|ir.M«'iaii  «'l.iil  «li'-jà  comte  de  Troyis  an  li-nips  «l«'  (■.li.iil(inai,MU'  i  Histoire  des 
romtiw  dr  ('.humpinjne.  i.  p.  ,'»Ni,  Oiiainl  ic  «nmlc  nininiil  l'ii  S.'iti ,  «•«'•lait 
lloltiTl  le  lorl  i|in  ic|itVM'nlail  la  maison  «les  ilms  «le  l'raiitc.  Holtfii  «-ni  «lon«' 
iiarl  à  riiiTilagf  «lAli^ian.  Nons  savons  «l'nn  antre  eCt\è  «in'à  la  mi-me  «'|io«|iie 
Kii«les  sii«('('«la  .'i  Aleian  «lans  l«'  ««imti''  «le  Troyes.  —  Cette  ««imnnnie  |iarenl«' 
di'  Hiiliert  l't  (IKiules  •ave«-  Ali'ian  ««mrnine  ««■  «jne  j'ai  «l«'-j;'i  «lit  à  jenc  miji-I  :  si 
Kntles  et  [«oIh'iI  sont  l'rèn-s,  il  «-st  naliip'l  «jii'ils  aient  ht'iit«''  tons  «lenx 
ensenilile  dii  «  Ointi"  «le  Tloyi'S. 

'  Uisluiri'  dr  Laiif/urdoc,  luaiv.  «'dit.,  I,  |(l(i.">.  \)i>  le  |(l  M|)leniliii'  N.VJ,  li* 
succ«'s.seur  «i'Aleran  «'ii  Septimanie,  0«lalri«',  est  «•it«'  «lans  ini  luW  ilbitlnn.  H, 
pii'uves,  col.  "2X1}. 

^  l.e  'iTt  avril  S.M .  Kn«les,  «levenn  comte  «li'  Trii\i>-.  nliiinail  «lu  lui  un 
«lipl'ime  en  laveiM-  «le  l.ililiayi'  «le  Monliéiamey.  On  y  voit  «prAleian,  son  pn'tlé- 
«  «•«•seiM',  l'iail  alors  etlei  livenient  «|i''««'«l«' :  lempore  fireileressvris  siii  Alednniiiii, 
ijiKiiiduin  fidiiis  ctunitis  nosiri  («l'Arltois  «l«'  .Inliaiiiville,  Histoire  des  nnntes  de 
Chumpiifjiie,  I,   iiU^ 

•*  llivers  textes  contemporains,  «-ntn'  antr«'s  les  Atiiiiiles  de  Saitil-lierlin 
\ ad  (11111.  Stli  et  SC»,"»),  atti-stent  «pie  Itidiert   lut  «ointi-   «l'Anjou,   sans  «lire  a 

«pii'lle  •'■|iO«pie  il  le  «lexillt. 

*  CI.  ilom  l!om|iiet,  \ll.  (.|ti,  (il 7. 


—  38  — 
pays  de  Troyes,  ainsi  qu'à  celle  du  Diinois  et  probablement 
du  Chartrain. 

Il  eût  été  difficile  à  Eudes  d'administrer  à  lui  seul  des 
comtés  aussi  éloignés  les  uns  des  autres;  mais,  depuis  un 
certain  temps  déjà,  l'habitude  qu'avaient  prise  les  successeurs 
de  Charlemagne  de  confier  à  un  même  officier  plusieurs 
gouvernements,  avait  insensiblement  conduit  les  comtes  à 
se  faire  remplacer  dans  chacune  de  leurs  villes  par  un 
lieutenant  qu'ils  nommaient  eux-mêmes,  et  qui,  appelé 
d'abord  niissns  coniitis,  prit  bientôt  le  titre  de  viceconies, 
vicomte.  Cette  institution  fut  de  bonne  heure  acceptée  par 
les  rois  carolingiens,  et,  au  milieu  du  IX''  siècle,  elle  fonc- 
tionnait régulièrement.  Eudes,  qui,  à  partir  de  852,  semble 
avoir  séjourné  de  préférence  dans  le  pays  de  Troyes,  se  fît 
représenter  dans  son  comté  d'outre -Seine  par  un  vicomte 
qu'il  établit  à  Châteaudun.  La  Cbroniqiw  de  l'abLave  do 
Bonneval  en  Dunois  nous  apprend  que,  vers  l'année  865,  il  y 
avait  à  Châteaudun  un  vicomte  du  nom  de  Rampon  ^ 

Eudes  n'administra  donc  l'Anjou  que  deux  ans  à  peine,  et 
néanmoins,  durant  son  court  séjour  en  ce  pays,  il  y  acquit  de 
grands  domaines  que  l'on  retrouve  plus  tard  entre  les  mains 
de  ses  descendants.  Devenu  comte  de  Troyes,  il  se  consacra 
d'abord  entièrement  à  son  nouvel  office.  En  853,  comme  je 
l'ai  dit,  le  roi  le  nommait  niissns  doniinicus  dans  la  province 
de  Sens;  en  854,  Eudes  intervenait  lui-même  auprès  de 
Charles  le  Chauve  en  faveur  d'une  abbaye  récemment  fondée 
dans  le  Troiesin  et  qui  prit  plus  tard  le  nom  de  Montiéramey-. 
Cependant,  comme  la  majeure  partie  de  ses  possessions  était 
entre  la  Seine  et  la  Loire,  il  se  trouvait  intéressé  à  tous  les 
graves  événements  qui  avaient  lieu  en  cette  contrée,  et 
l'intimité  incontestable  qui  existait  entre  lui  et  Robert  le 
Fort  fit  qu'il  suivit  toujours  la  même  politique  que  ce  puissant 
comte  neustrien. 


^  Cf.  Reiiô  Mcriot,  Petite  Chronique  de  rabbaije  de  Bonneval  (Extrait  des 
Mém.  de  la  Soc.  Arc.  d' Eure-et-Loir,  année  J89Uj. 

'•^  Le  diplôme  original  de  Cliarles  le  Chauve,  obtenu  par  Eudes  pour 
Rlfintiéramey,  est  encore  conservé  aux  Archives  de  IAul)e  :  il  es!  daté  du 
2.')  avril  8.ji.  Voir  d'Ariniis  de  Juhaiiiville,  Histoire  des  comtes  de  Cluiiiipagne, 
I,  iii).  —  Dans  ce  diplôme  le  loi  appelle  Eudes,  Karissiniiis  iiobis  alrjue 
satis  dilectissimus  Odo. 


—  30  — 

A  rc-poquo  où  iKius  soiniucs  .irrivô,  iino  gravo  révolto 
contre  le  v^i  était  prête  il  éclater  dans  toute  la  ré^MOU  <'ii 
Robeil  !<■  Fort  exerçait  son  oflice  de  duc.  Cette  révolte , 
fonientt'e  dahord  en  Aquitaine,  s'était  étendue  peu  à  peu 
dans  les  pays  plus  seitteutrionaux  et  elle  p:randit  ii  tel  point 
qu'elle  faillit  causer  l;i  perte  de  Charles  le  Chauve. 

Chai-les,  dans  le  courant  tlu  mois  de  septembre  85'i,  était 
parvenu  ;i  s'emparer  de  la  iiersonnede  Pépin  d'Aquitaine  '  et 
l'avait  fait  enfermer  au  monastère  de  Saint -Mc-dard  de 
Soissons.  Les  partisans  de  IN-pin.  privés  de  leur  chef, 
tachèrent  do  se  créer  de  nouveaux,  appuis  pour  résister  au 
roi  des  Francs.  Dès  le  commencement  de  85:5,  ils  députèrent 
plusieurs  d'entre  eux  vers  Louis,  roi  de  Bavière,  le  sollicitant 
de  venir  lui-même  ou  d'envoyer  son  lils  se  mettre  h  leur 
tète;  autrement  ils  seraient  contraints  peut-être  de  demander 
aux  pirates  normands  un  secours  qu'ils  ne  pouvaient  Inmver 
auprès  de  rois  chrétiens  -. 

Kn  même  temps,  ils  profitaient  du  mécontentement  pro- 
voqué en  Neustrie  contre  Charles  le  Chauve  par  la  condam- 
nation imprévue  et  l'excMution  du  comte  du  Maine,  (lau/.bert 
(mars  Sr>.'J;  ^.  Celui-ci  avait  de  innubreux  parents  et  allii's, 
qui  occnpait'ut  de  hautes  charges  et  qui  s'uinrent  au  ]iarti 
des  séditieux  *. 

Malgré  ce  secours  inespi-i-c-,  les  Aquitains  comprirent  (pi'ils 
n'é'laient  pas  encore  de  foice  i\  lutter  avec  avantage  contre 
Charles  le  Chauve.  Aussi,  lorsque  Louis,  lils  du  roi  de  Havière, 
arriva  en  Aquitaine  l'année  suivante,  il  ne  fut  reçu  que  par 
les  parents  de  (iauzbeiM.  (huit  les  troupes  trop  faibles  ne  lui 
peruMi'ent  |»as  (h'  tenir  tête  ii  celles  du  roi  dvs  l*'rancs.  et. 
i\l'^  l'.iiitoiiiiic  t\f  S.'l.  il  ('lait  forc('  (h>  rejiasser  le  Rhin  '. 


'  C.hniu.  .!(/«//. ,  ildiii.  |!oil<|iirl ,  \  IL  --^î- 

-  .1/in.  Fiilileiisr.s,  ml  nu.  X7>'.\,  iloiil  |{iim|iii( ,  Ml,   Mil. 

•'  Cliiou.  Aijuil..  (Idin  l?oiu|iicl.  Vil,  ±2'.). 

»  K.ilrksl.iii,  IMiert  der  Tupfere,  p.  'X),  'A\  <l  :{/. 

••  Aiin.  Herl  ,  ml  an.  S."»i.  —  Ann.  Fiilili'tisfx .  ml  an.  S.M.  iloni  lt(ui(|in-l. 
Vil.  Miri.  Ulu'liiuiriis.  lilius  illmlniclrl  ri-ijis,  ml  AijHitnuiiim  jkhjH.  l•l•^(l^ 
ixiiiiiii  SI  nia  es.senl  tiiiiif  pntri  sim  fier  l'Hitlos  ijrnlis  pioiinKcIniului .  (uni 
rrifo  venissH  et  mm  es.sel  siutreplus .  tiisi  nb  en  Inntiim  xnla  coijmitiom'  <iHmn 
Knrliis  miixiinr  offi-mlil  proplir  inliilntiimriii  C,i):l>irli  eot  uni  jintfùmiui  ijUi-m 
jui.sil  oiciili,  ri-li  IIS  nninibiis  ml  .MiAOpliciuni  cj'm.v  ilis.simuJniitiliu.s,  mhrntuni 


—  40  — 

Cette  première  révolte  avait  été  rapidement  apaisée,  et, 
sans  doute,  elle  ne  se  serait  pas  renouvelée,  si  Charles  ne 
s'était  aliéné  ceux  des  seigneurs  de  Neustrie  qui  lui  avaient 
été  jusque-là  le  plus  dévoués.  La  puissance  considérable 
que  le  duc  Robert  le  Fort  avait  acquise  en  cette  contrée 
commençait  peut-être  à  inquiéter  le  roi.  En  856,  Charles  le 
Chauve  constitua  en  faveur  de  son  fils  Louis  un  duché 
juxtaposé  à  celui  de  Robert.  Ce  duché,  appelé  duché  du 
Maine,  s'étendait  à  toute  la  partie  septentrionale  de  la 
Neustrie;  il  était  séparé  du  duché  d'entre  Seine  et  Loire  par 
la  grande  route  de  Paris  à  Tours  K  C'était  une  atteinte  portée 
à  la  suprématie  de  Robert,  qui  se  trouvait  désormais  soumis 
à  l'autorité  du  jeune  prince  Louis:  car,  comme  nous  l'apprend 
un  auteur  du  temps,  outre  le  duché  du  Maine,  Charles  avait 
conféré  à  son  fils  la  puissance  souveraine  sur  tout  le  reste 
de  la  Neustrie  -. 

Toutefois  cette  marque  de  méfiance  n'aurait  peut-être  pas 
suffi  pour  déterminer  Robert  à  se  révolter  ouvertement; 
mais  elle  fit  éclater  en  lui  contre  le  roi  une  "irritation  mal 
contenue  et  ayant  une  autre  cause.  Depuis  quelques  années 
déjii,  les  pirates  normands  ravageaient  sans  relâche  les 
bords  de  la  Loire  ,  et  les  trois  villes  comtales  de  Robert, 
Angers,  Tours  et  Blois,  avaient  été  successivement  sacca- 
gées. Or,  les  progrès  de  ces  brigands  auraient  été  moins 
rapides  si  Charles  le  Chauve  eût  mis  plus  d'empressement  à 


suinn  illo  siipcrvacmim  fuisse  ratus,  ctim  suis  se  civca  tempus  autumni  in 
Franciam  recepit. 

^  Kaiius  rex  cum  Rcspofjio,  Britunum  principi\  paciscens ,  filiaiii  rjus  filio 
suo  Hludotvicn  dcspomkf,  (lato  illi  ducatu  (Icnomunnico  usrjue  ad  viam  quae  a 
Luiftin  Parisiorum  Q'sarcdunum  Tuvonum  ducit  (Ann.  Berlin. ,  ad  aun. 
85(i,  (loin  Bouquet,  VII,  71). 

-  11  est  certain  que  Chai'lcs  le  Ciianve  avait  iicrmis  à  son  fils  de  iupudic  le 
titre  de  roi.  En  effet,  Flincmar,  dans  ses  Annales,  nous  dit  qu'en  8G5  Charles 
délégua  de  nouveau  son  fils  en  Neustrie  sans  lui  interdire  de  reprendre  son  titre 
de  roi,  ncc  rcddilo  nec  inlerdicto  sibi  nnniinc  icf/io  (doiu  l!ou(|iiel ,  \1I,  !•!  I. 
Nous  avons  du  nste  à  cet  égard  le  lémoigniitic  [lositil'  de  fauteur  contemporain 
qui  a  écrit  la  Translation  de  saint  Rcgiudicrt  et  qui  raconte  incidemment  ce! 
événement  de  l'année  X~A}  :  In  villani  (jue  Vetera  Domus  vocatur  veniens 
[Karlus],  renit  ad  l'iiin  ihl  Britanum  HUispofjius  priuccps ,  rinn  filio  pri'fati 
suijiissinri  Karti  rrrjis,  Hluduviclio  noniinc,  ihidrnKiui' ,  \Hilispoyii]  cunsilio, 
cum  proccribus  Francorum  nobilibus,  Hludovico,  filio  suo,  regnum  Neustrie 
dédit,  et  in  har  reani parte  euni  reonandum  constituit  'i\'Xr\m\,  Siiicilegium, 

II,  1».  1  :];]]. 


—  11  — 

les  combattre.  Robert  reprochait  an  roi  sa  lenteur  h  -.v/w.  et 
il  se  servit  de  ce  prétexte  pour  doiiiier  ii  sa  révcjlte  un»' 
api>arence  de  niotil"  légitime. 

Charles  Ji'eut  donc  pas  plus  lot  créé  le  (hu-hé'  du  Maine  en 
laveur- dé  sou  lils,  que  la  idus  ^ranile  partie  des  sei^nieurs 
neustriens,  laisanl  cause  commune  avec  les  A(piitains  mc-con- 
tents,  sollicitèrent  Louis  le  TTermanique  de  venir  à  leur  aid(.'  ', 
Mais  le  roi  de  Bavière  était  en  ce  h  nips  trop  occupé  par  des 
fruerres  personnelles  pour  pouvoir  passer  en  Gaule.  Décou- 
ragées par  ce  refus,  les  révoltés  tirent  la  i)aix  avec  Charles, 
et  tout  rentra  de  nouveau  dans  Tordre-. 

Sauvé  de  ce  péril,  Charles  aurait  dii  mettre  tous  ses  soins 
à  reconquérir  la  conliance  de  ses  sujets  :  il  aurait  dû  snrt(»ut 
ne  pas  avoir  de  trêve  qu'il  n'eût  chassé  les  pirates  normands 
de  son  royaume.  liien  loin  de  Va  :  Jamais  l'audace  des  enva- 
his.seurs  ne  fut  pou.ssée  impunément  au.s.si  loin  ([ue  dans 
l'année  qui  suivit  ces  événements.  Non  contents  de  ravager 
les  rives  de  la  Loire,  ils  dévastèrent  celles  de  la  Seine  :  ils 
pillèrent  encore  une  fois  Tours  et  Blois,  les  villes  de  Robert  ; 
Paris  même  fut  incendié,  et  personne  ne  semble  s'être 
opposé  k  leurs  incursions  ^. 

On  trouve  comme  un  écho  des  mui-mnres  ([ui  s'élevaient 
de  toutes  parts  contre  le  roi,  dans  ces  phrases  de  Paschase 
Radbert,  écrites  en  cette  année  857,  peu  de  temps  après  que 
les  Normands  se  furent  emparés  de  Paris  :  «<  Qui  croirait 
»  Jamais,  je  le  demande,  que  d'ignobles  bandits  aient  pu  avoir 
»  une  telle  auihice?  Qui  pourrait  admettre  qu'un  royaume 
»  si  glorieux,  si  fort  et  si  vaste,  si  p(tj)uleiix  et  si  puissant,  ait 

'  Ce  fui  si  liii'ii  la  promolioii  di'  buiiis,  (ils  du  lui,  coniinc  dur  du  .Maim-,  (|ui 
causa  !«'  soulrvfmt'iit  de  H'A'},  que,  drux  aus  jtlus  lard,  lorsque  les  s»'it;in'uis 
iifustiinis  se  reMillririit  |p.-iur  la  sccoiidi'  fois,  ils  u'i'Uienl  licn  de  plus  iHcssé 
mil-  de  (liasscr  du  .Maiiir  le  iiriinc  I.nuis.  (".T.  Ann.  BciL,  ail  iiun.  SfiS.  dnni 
iSouquet,  MI.  7.\. 

-  C.ODiili-.s  pnie  oiiine.s  ex  irnnu  Kiirli  rei/is  cuin  Atiuilnnis  fnlvcrsiis  eum 
ronjurutil ,  iniiluitles  lllu<linviciiiii ,  iri/i'iii  Gennaiinriiiit ,  (til  suiiiii  roiisiliiim 
iurliriruiluni.  Qiio  iliuliiis  in  rx/inliliiinr  Srlnriiriitit  dftiulo,  uhi  ri  niiiifiiuiii 
piirtriii  .sui  rxrrrilu.s  ninisil.  isli  iiioros  lllii/s  non  friiiilrs  Kiiilo  iriji  irroini- 
liuiiliir  (Ann.  Uvii.,  ml  ann.  xrili,  dom  lîou(iu;l ,  \ll.  Th. 

■*  Charles  le  Chauve  eependant  ne  niaïKpiait  ni  de  réilesiou  ni  de  roiuap*. 
V.u  maintes  eirconstances  de  son  règne,  il  lit  preuve  dinlel|ii,'enie  et  d'artivilt^ 
Il  V  a.  dans  son  inaclion  vis  à  vis  des  Normands  de  H'ÙS  à  S,"iS,  un  l'ail  anormal, 
dont  il  sérail  intérexsanl  de  rerlierilier  la  cause. 


—  42  — 
»  été  Iniiuilié  etsali  parles  altcMiitcs  de  tels  hoiiiiiios?  Assuré- 
»  ment  aucun  des  rois  d(>  la  terre  ue  pourrait  le  penser,  et 
.)  aucun    liabitaut  du  globe  ne  se  laisserait  persuader  que 
«  rennenii  ait  pu  entrer  dans  notre  Paris  '.  » 

Si  un  homme  d'église,  en  ces  circonstances,  ressentait  une 
telle  indignation,  on  s'imagine  quelles  plaintes  pouvait  faire 
entendre  un  liouime  de  guerre  hardi  comme  Robert  le  Fort. 
Dès  le  commencement  de  Tannée  858,  une  révolte  plus 
violente  que  les  autres  éclatait  pour  la  seconde  fois  enNeus- 
trie  :  Roberl  la  (Urigoait,  et  son  premier  acte  de  rébeUion 
fut  (le  chasser  du  Maine  son  rival,  le  prince  Louis,  qu'il 
contraignit  à  iiasseï-  la  Seine  et  à  se  réfugier  près  du  roi  son 

père  -. 

Jusque-là,  le  comte  Eudes  n'avait  i)ruhablenient  pas  pris 
une  part  active  à  tous  ces  troubles  ;  mais  il  est  hors  de 
doute  que  ses  sympathies  étaient  déjà  acquises  aux  révoltés. 
Bientôt  de  nouveaux  brigandages  des  Normands  le  déci- 
dèrent à  se  jeter  ouvertement  dans  la  sédition  dont  il 
devint  l'un  des  chefs  •'. 

Au  mois  (le  juin  858*,  les  pirates  fondirent  si'h'  Chartres, 


'   Quis  linquam,  queso,  crederet,  qiiod  latrones  promiscuar  fientis  nnquam 
la  amkrciit?   Xi'l  quis  csliiuair  pofiiissct  qiiod  lain  j/loriosnm   reuiiiiiii, 


laliL -,  ,  ,  ....  /         ;       ■ 

tamqui'  munilum  et  lalissinium,  tam  populosum  cl  finiiissniium,  luliuin  iiomi- 
num  humiliavi  vel  sordibus  foedari  debcret  ?  Falcor  mim  quod  nullus  ex 
irqibNs  Irrrac  ista  ro(ji(airl  nvque  iillus  habitaUir  orbls  nostri  audire  potiussct 
qùud  Purisiiiin  nuslrum  lioslis  inirarel  (  l'ascli.  Radlicrl ,  lih.  ï.  in  lnmrnUi- 
tiones  Jeremiae,  dom  Bouquet,  VII,  T2,  note  c). 

-  Coin i lis  Karli  rcfjis  cum  Brilonibiis  juncii .  dclirienles  a  Karlo,  jiHum 
ejus  Uludm'inim  ejusque  scquao's,  a  partibiis  Cnwwnnnicis  dctcrntiiiii , 
Sequanam  transire  atque  ad  palrcm  refugere  compellunt  [Ann.  Berlin.,  ad 
ann.  S5K,  dom  fîouquet,  VII,  7:5 1. 

3  Ce  (jui  pioiive  que  Rol)erl,  et  Eudes  furent  les  cliefs  de  cette  sédition  qui 
faillit  faire  perdre  le  trùne  à  Cliai'les  le  Chauve,  c'est  que,  dans  la  lettre 
adressée  l'année  suivante  aux  révoltés  par  les  pères  du  concile  de  Savonnières, 
Robert  et  Eudes  sont  nommés  en  lèli'  des  autres  rebelles.  Univemilis  sijnodus 
ex  diversi.s  paiiibus,  in  nomine  Ihniini ,  ad  virinuni  loram  TuUcnfH  iirbi, 
qui  dicilur  Saponarias .  ronqreqala ,  ulinam  bonis  jiliis  Hulln'iio,  Odmn  . 
Heriveo,  Trunndo,  Inr/elboldo',  Frolinundo,  ilem  Heriveo,  Mufjenardo,  Cadoloni 
et  céleris  in  veslra  societate  conjunclis,  salutarem  conversioncni  (dom  r.ou(|ue[, 
VII,  5Hi). 

*  La  prise  de  CJiartres  iiai'  les  A'orniands  est  rapjiorlée  à  (ort  dans  les  Annales 
de  Sainl-I'.eilin  à  la  fin  de  l'amiée  X,".  Ces  amiales  conlieniient  du  reste  pour 
la  même  époipie  i|ueli|nes  erreurs  cln'onologi(iiies.  C'est  ainsi  qu'à  raiinée  S,)!), 
elles  relatent  la  morl  d'Immon,  évè(pie  de  Noyon,  cl  celle  (rCrmenlrni, 
évèipu'  de  Heauvais,  lesquels  vivaient  encore  en  S(i(»  (Cf.  dom  lîouquet.  Ml, 
75,  note  d). 


—  41',  — 
et  iiiirciit  la  ville  ii  Icii  et  à  .saii}j:  :  l'évêquc  Frotlmld  cl  un 
grand  iioiiKlrc  di-  l'Iiartrains  fiironl  niassacrôs  sans  iiilié'. 
Quant  il  lùuU's,  retenu  sans  doute  dans  son  comté  deTroyes, 
il  ne  put  enf|iêe]ier  ce  (h'-sastre,  mais  tout  son  mécontente- 
ment se- tourna  contre  le  roi  (jui  laissait  s'accomi>lir  de  sem- 
Mahles  horreurs.  Le  pillairc  de  Chartres  avait  eu  lieu  lo 
\'J  Juin,  et.  dè>^  le  mois  de  Juillel  suivaul.  l'iiides.  accumpai^nié 
(TAdalarl  .  alilK-  de  Saiiil-lieiMin .  était  de  l'auti-e  côté  du 
Rhin  au]irès  de  Louis  de  (rernianitjue  et  le  sollicitait  instam- 
ment de  venir  deli\  ici-  le  |ieiiiile  de  (Jaule  si  mal  protégé 
contre  les  Normands.  Les  deux  (l(''|»ut<''s  rei)r(''sentèrent  k 
Louis  le  triste  état  de  leur  l'ays  :  personne  ne  résistant  aux 
I)auois  et  n'opposant  la  force  ii  la  force,  ces  brigands  pre- 
naient, Ncndaient,  pillaient  ou  massacraient  tout;  ceux  (pii 
é'chappaienl  à  leurs  coups  n'étaient  i»as  mieux  traites  par 
li'ur  souverain  -. 

Ce  récit  était  certainement  exagéré;  mais  il  fallait  frapper 
fortement  lesprit  du  roi  de  Bavière  ponr  le  décider  ii  marcher 
conti'e  s(ui  frère.  Louis  linii  par  ct'der  aux  instances  dKudes 
et  d'.Vdalart,  et.  ayant  assemhh'  une  ariiK'e.  il  partit  pour  la 
<iaule. 

Cei)endant  CJiarlesle  Chauve  s'était  résolu  ;i  tenter  i^elcjuo 
chose  Contre  les  Normands.  Il  («tait  alh'  au  mois  de  juillet 
assiéger  les  pirates  dans  une  des  Iles  de  la  Seine,  et  était 
encoi'e  occupé  h  ce  siège,  loi'sipie  Louis  le  Cei-maniipie 
ai'i-i\a    le   l'"''  septemlire  ;i    l'oiitliiou  •'.   Le    mi    de    Bavière 


'  //  idu.s  jiiiili,  antm  iuranialionis  doininirc  DVJ]CL\  lll .  iiiiliclimif  17,  a 
piiffiiiiis  Si'fJ'ifinfusihiis  fiicla  est  iiiat/iui  rcdvs  ('.(iinalis,  in  ijua  iiitrirm/ili 
snril  :  Frollmlilus  rplxcopiis ,  Ste.pliaiiiis  prabllrr,  Tiliilfiis  pivsbitrr  c/ 
iiutniichus,  Ti'lhniuA-  pretibiler,  Haiiiulfiis  piexbili'r,  Adalt/diidus  clrrirus, 
L(tndrtininiis  .siibilincanus ,  l.clrtininu.s  subdidioiiiis  ,  Ahiiaiidiis  subdidcnniis , 
('If/iirius  subdidcontis ,  Addihrrids  rli-rinis .  Cddbrrliis  rlrricus,  l'I  rrteni 
iiiulliludu.  pnt  ijiiihiis  rxordle  Dnniinuiii  R.  .Mrilcl  et  althr  CIcrvaL  l'n 
tiidndsnit  cltdilniiii  du  A/''  siècle,  \>.  |(i()>. 

-  Mcnse  niili'iH  jdliu.  Ictjuli  ab  otcidente  mtrniiil ,  Addlhdiius  iibbiis  .7 
Oli)  raiiirs,  poslnldiilrs  eum  ul  papulu  periclildiiti  cl  in  uufinstid  pnsilo 
pmesmlid  sud  subvciiirrl  :  liirdiiiiidrin  niini  Kdndi  sr  dinlius  fnrr  nmi 
pusse  Irsidli  suiél ,  ipiia  ijiiinl  v.r  ris  patjdni  i.xlnnserus ,  nrniiiie  nsislente 
fiitl  sruluni  iippitiienle ,  preduudiK  Cdplivdiido ,  orridciido  aUpie  rendeudo  rrli- 
(/uissrnl,  ille  iulnusenis  subdiile  sevieitdt)  ilispetdrrel  (  Aiiu  /•uhleusrs ,  nd 
diiti.  H'tX,  ildin  |'iuiii|iii't ,  VIL   H'iTj. 

•'  l'oiilliioii,  .Miuiir,  an'  Vilry-le-l''rain;ois,  c"  Tliirblriiioiil, 


—  44  — 

passanl  par  les  pays  de  Châlons,  de  Queudes  '  et  de 
Sens,  parvint  en  Orléanais,  où  il  reçnt  d'Aquitaine  et  de 
Neustrie  tous  ceux  qui  depuis  cinq  ans  déjà  lui  deman- 
daient de  se  mettre  à  leur  tête-.  Cette  jonction  effectuée, 
ramené  par  le  comte  Eudes  vers  la  ville  do  Troyes,  Louis, 
au  cœur  mémo  du  royaume  do  son  frère,  se  trouvait  en 
pays  soumis. 

Charles  le  Chauve  abandonna  alors  son  entreprise  contre 
les  pirates  danois  et  accourut  à  la  rencontre  do  ses  nouveaux 
ennemis;  il  s'avança  jusqu'à  Brienno-^  non  loin  de  Bar-sur^ 
Aube;  mais,  apprenant  chaque  jour  la  défection  de  quelqu'un 
des  siens,  il  n'osa  engager  le  combat  et  s'enfuit  en  Bour- 
gogne où  les  grands  lui  étaient  demeurés  fidèles  (  12  no- 
vembre 858).  Louis  le  Germanique  de  son  côté  se  rendit  à 
Troyes  et  y  distribua  à  ceux  qui  l'avaient  appelé  en  Gaule 
les  comtés,  les  monastères,  les  domaines  royaux;  puis  il  alla 
à  Attigny,  à  Reims,  à  Laon,  et  célébra  les  fôtes  de  Noël  dans 
le  monastère  de  Saint-Quentin. 

Le  triomphe  du  roi  de  Bavière  avait  été  trop  rapide  pour 
pouvoir  être  durable.  Il  était  dû  surtout  à  l'intervention  des 
comtes  mécontents  de  la  Neustrie  et  de  l'Aquitaine  ;  quand 
ceux-ci  furent  retournés  dans  leurs  provinces,  Louis  perdit 
avec  eux  son  plus  puissant  soutien. 

Pendant  les  premiers  mois  qui  suivirent  l'époque  de  la  fuite 
de  Charles  en  Bourgogne,  Louis  résida  exclusivement  dans 
les  parties  orientales  de  la  Gaule;  mais,  malgré  sa  présence 
en  cette  région,  il  ne  put  empêcher  qu'il  ne  s'y  manifestât  en 
faveur  du  roi  légitime  une  réaction  provoquée  par  tout  le  haut 
clergé,  sous  l'inspiration  de  l'archevêque  Hincmar.  Cette 
réaction  fut  même  si  complète  que  Charles  le  Chauve,  moins 
de  trois  mois  après  sa  retraite  forcée  de  Brienne ,  rentrait 
victorieusement  dans  les  provinces  occupées  par  son  frère 

'  Qiiciules,  Marne,  arr'  Epornay,  c""  Sézaniio. 

-  Inleriin  comités  ex  rcfjnn  Kriroli  re/jis  UliidoiviniDi,  Gcrmnnoriim  rcgein, 
rjui'ni  pcr  quinquc  annos  invilaveranl,  (iddurunl.  Qui  Kalcndis  Scpiciiibvis 
Ponteonem,  lefjiam  villam,  (idvt'iiicns ,  per  Catalaunos  et  Ciipedenses , 
Afjedinruiii  SenDiiuni  pcrvenit.  Inde  Aurclianonscm  par/uni  adiens,  leccplis  ab 
Aquilania  el  NiiLsIria  (il(iur  Hrilonibiis  (jui  ad  eiiin  se  vcntuios  spopaiulerant, 
eadnii  pciw  via  iisf/iK'  ad  (lupedenses  remeal  (Ann.  Hcriiii..  ad  ,iiiii.  sr)S, 
(loin  lioii(|aft,  VII,  7i). 

3  iJricnuc-lc-Cliùteau ,  Aube,  arr'  Bar-sur-Aubc. 


et  lo  forçait  à  s'onCuir  en  (Teniianie  presque  sans  coup  iV'i'ir 
(janvier  ou  février  850j  '. 

Cet  échec  inattendu  nahaliii  \)us  le  jjarti  des  seij^nieurs 
révoltés  de  Js'eustrie  :  sous  le  coiniiiaiidcnu'nt  de  Hobert  et 
dKu(k's<  ils  continuèrent  la  lutte;  il  semble  n1en1e4uils.se 
maintinrent  en  possession  des  pays  avoisinant  la  Breta^nie  ^. 
ils  eurent  pour  princiiiaux.  auxiliaires  les  Bretons;  (pianl 
aux  Aquitains,  effrayés  de  ne  plus  être  soutenus  ji.ir  Louis 
de  Havière,  ils  se  retournèrent  du  côté  de  Charles  le  Chauve. 
iV'piii  (pli,  dès  l'année  854,  s'était  évadé  du  monastère  de 
Sai!il-.M(''dard  de  Soissons.  lit  alors  alliance  avec  le  comté 
Robert  et  les  Bretons  •'. 

Au  mois  de  juin  85U,  Charles  le  CliauM'  coinoqua  un 
concile  h  Savonnières,  près  de  Toul,  et  fit  adresser  par  cette 
assemblée  une  lettre  comminatoire  à  Robert,  à  Eudes  et  ;i 
leurs  complices. 

Cette  lettre  fort  curieuse  nous  a  été  conservée  ^  «  Nous 
»  nous  sommes  réunis,  disent  les  évoques,  à  cause  des  dis- 
•)  sensions  et  des  luttes  de  toutes  sortes  qui  se  sont  («levées 
»  dans  vos  régions  '.  —  Vous  n'iu-norez  pas,  ajoutent-ils,  et 
»  les  sages  de  ce  monde  l'ont  toujours  enseigné,  que  les 
>■  petites  choses  croissent  par  la  concorde  et  que  les  plus 

'  (larolus  et  ÎUwlowicus  cominus,  prcparalis  ulrinque  aniialoium  niiieis  et 
ereclis  vexillis,  secits  loniiii  (jiii  llrnina  iliriiur  comcnerunl ;  pi)piilus  ijiii  mm 
(liiinno  Kiinilo  irai  ex  purir  iinixiiiia  illuin  reliquil,  sidjue  fuimlcni  regrin 
Karuluiii  priilie  idus  ituretiibris  inde  ahire  coegil.  Tertio  aulrni  iiieiim', 
Kuroln  n'ierli'ule,  ipii  riini  (hiiiiiio  Uluilowivo  rraiil  ah  eo  si'punili,  et  sulilario 
pria'  rrliclii,  inscqueuli'  illuin  (jiroln,  de  pai/o  Lamluticnai  ud  propria  redire 
deslilulioue  sua  feeeniiit  (Lettre  d'Hincmur,  (loin  lloii(|iict.  Vil,  5i(t). 

*  Lt's  conit(''s  (le  Rolicrl,  par  cxcmiilc,  sciiililcnl  irt'lrc  pas  ininirtlialfini'nt 
loinbi's  au  pouvoir  du  roi.  Car,  lors(|ii('  liohfit  se  ircoiicilia  avec  C.liarlo.  il 
it'iilia  en  possfS>ioii  de  ses  i,'oiiV('riiciiiciils  li'Aiijou ,  de  Toiiiaiiic  l'I  de  Itlrsois. 
Si  l(i  loi  s'rtail  ciiipan''  loiil  d'aliord  de  ces  pays,  il  en  aiirail  sans  doiitf  dispos('' 
cil  faveur  df  (jiii'hpii's-iiiis  de  sis  lidt-li'S,  coinnii'  il  li-  lil  pour  les  pays  de 
Troycs  cl  de  Cliàtcaudiiii ,  (|ui  (Haiciil  à  Kudcs  cl  t^i'il  donna  aux  comtes  llaoul 
cl  Laiiiltcrl. 

•'  .\ijuiliiiii  ml  Karhiiii  piieruiii  iiiiiiies  juin  ronrertuntiir.  l'ippiiiiis  Hollerto 
CDiiiili  ri  llrildiiibiis  Minalur  (Ami.  lirrliu.,  ad  ami.  S.V.I,  doiii  Itouipicl . 
VU.  75),  Ce  Knrlus  hiier,  dont  il  csl  ici  (jiicslioii ,  est  un  des  lils  de  (iliarles  le 
(;iiauv(!.  Il  avait  cl('  (léjà,  en  S'm,  accepte  coinnic  Sduveraiii  par  les  Aipiilains. 

*  Cf.  (loin  liouipicl,  VII,  .'.Si. 

^  l'ropter  dissrnsioiir.s  rt  diversas  nmlmliones  ipuir  in  vrstris  rrijiuuilius 
exurtae  .m<h/  (ibidmi). 


—  40  — 
»  grandes  périssent  par  la  discorde.  La  vérité  de  cette 
»  sentence  est  apparue  en  ce  royaume  que  nous  vîmes  toii- 
»  jours  grand,  (piaiid  y  régnait  la  concorde,  et  qu(>  nous 
»  voyons  maintenant  presque  anéanti,  depuis  que  la  discorde 
»  y  est  entrée.  '  »  Vient  ensuite  un  tableau  de  tous  les  excès 
auxquels,  dans  Touost  de  la  Gaule,  se  livraient  les  troupes 
des  révoltés,  et,  à  latin,  une  menace  d'excommunication 
générale  contre  les  séditieux  sïls  ne  dissolvaient  au  plus 
tôt  leur  fatale  société.  Cette  lettre  ne  contenait  ni  promesse 
ni  li'arantie  pour  Robert  et  ses  alliés,  au  cas  où  ils  se  fussent 
soumis  au  roi  :  aussi  ne  pensèrent-ils  pas  encore  à  se  rendre. 

L'année  suivante,  800,  Louis  de  Bavière  et  Charles  le 
Chauve  se  réconciliaient  publiquement  à  Coblentz.  Charles, 
comprenant  qu'il  devait  faire  dos  concessions  aux  Neustriens 
révoltés,  s'il  voulait  les  soumettre,  fît  insérer  la  clause  sui- 
vante dans  les  capitulaires  promulgués  ii  cette  occasion  : 
«  Quant  à  ceux  qui  dans  ce  royaume  se  sont  soulevés  contre 
»  notre  seigneur  le  roi  Charles,  s'ils  reconnaissent  leurs 
»  torts,  Charles  veut  leur  pardonner  tout  ce  ï^u'ils  ont  méfait 
»  contre  lui ,  par  égard  pour  Dieu  et  pour  fen  prières  de 
»  Louis,  son  frère  ;  et,  dans  ce  cas,  ainsi  qu'il  l'a  décrété,  il 
»  leur  rendra  tous  leurs  alleux,  héréditaires  ou  acquis,  même 
»  ceux  qui  leur  furent  donnés  par  l'empereur,  son  père, 
»  sauf  toutefois  les  alleux  qu'il  leur  a  concédés  lui-même  -.  » 

Cette  promesse  pouvait  paraître  avantageuse  aux  sédi- 
tieux; mais  ils  ne  s'en  contentèrent  pas  encore  ;  ils  voulaient 
rentrer  en  possession  de  leurs  anciennes  charges,  ou  obtenir, 
en  compensation  de  leurs  comtés  perdus,  do  nouveaux  gou- 
vernements. 

Charles  le  Chauve  en  efï'et  avait,  dès  859,  disposé  en  faveur 
do  son  entourage  de  la  plupart  des  bénéfices  ayant  appar- 


'  Quod  verum  esse  prohalnv  in  nabis  (jtii  refjnnin  Franconim  ,  ctiiii  in 
concordifi  essct ,  magnum  viilimus,  et  mine,  cum  est  in  discordia ,  jom  pêne 
nullum  videmus  (doni  L)OU(|ii('l,  VII,  5Hi). 

-  Et  nt  un  homines  qui  in  islo  reçpm  contra  smiorcm  nostvum  dumnum 
Karolum  niisprisernnf,  si  se  reeognoverint,  propter  Deuni  et  proptcr  fratris  sui 
depreealioncm  ,  (juieqiiid  contra  eum  misfeceruni ,  ris  mil  indidijcre ,  et,  sicut 
praescripinm  est,  alodes  illurum  de  liereditate  et  de  cunqiiisitu ,  quod  tamen 
de  donalione  sua  non  venit,  sed  et  illos  alodes  quos  de  donatione  domni 
imperatoris  Hltidowici  hahueriint,  eis  concedit,  si  talent  firmitntem  ei  fererint, 
sieul  praedixintus  (Dora  LioïKiiicl ,  VII,  GUi). 


—    17  — 

tonu  aux  seigneurs  qui  s'élaiont  jetés  dans  la  révolte.  Nous 
ou  avons  la  preuve  pour  Adalarl  cl  jiour  Eudes,  les  deux 
anil»assailonrs  (|ui ,  an  mois  de  jnillel  SÔS,  étaient  allés  clier- 
clier  le  r<ii  lîouis  en  «Jernianie,  et  il  est  assez  naturel  iiue  la 
eolère  de  Charles  le  Clianve  se  soit  d'abord  exercée  contre  eux. 
Le  21  mars  <Sijl),  Charles  a\aii  ddinn''  ii  IhiiJiues,  sou  cousin- 
liermain.  l'abbaye  de  Saint-Hertin  (jni  appartenait  <lepuis 
(pdnze  ans  (h'jà  à  Adalart  '.  A  la  même  ('luMpie  il  (h'-pniiillait 
Kniles  de  ses  comtés  de  Châteaudun  et  île  Troyes,  accordant 
le  premiei-  à  Lambert  '-.  et  le  second  ;i  Raoul,  son  oncle-'. 

Lndes  avait  dune  en  pailicnlièrenient  à  sonllrir  de  la  ven- 
ireance  du  roi.  11  i-iait  avec  Rdbert  le  Fort  le  principal  chef 
de  la  révolif.  Charles  crnt  ({nil  ne  parviendrait  Jamais  à 
triompher  di'  «ette  faction,  s'il  ne  faisait  ih'  nouvelles  conces- 
sions ;i  l'enx  ipii  la  dirigeaient.  An  mois  de  Juin  SiKi,  il  leur 

'  Iijilur piisl haec,  amin iloinin icae  nnlivitutis  DCCCL  \  III  |X.')',I h .  \.  et prarfati 
régis  Karoli  AA  ,  uvarfulus  abbus  Adulai  dus  upud  cundfui  refjnii  iiicu.sdiu.'i , 
uiiun  ri'i/lniiitis  sui  A 17.  ubhuliu  ah  ro  est  ubslrurta  aUjuc  lluiimii  juiuOii  est 
dutu  \  llll  Kalfiidu.s  tiprilis.  ijui  evnl  lUiuniicus  cl  jxliiis  Chmirudi  et  avun- 
luhis  Kaivli  régis  fl^urlul.  de  Sairil-lkrliii  |i;ir  Giiéianl ,  p.  107  .  Iliigiirs, 
i|iii  vfiiait  d'èlrn  ainsi  gratifia  de  faltbayo  de  Saiiit-Hoiliii,  rtail  l'un  des  |iliis 
|Miis^anls  scii^iicurs  Itoiiriiiiigiioiis.  pivs  (li'S(|iii'ls  Cliaiirs  avait,  m  K>X.  trouvé 
\vU\iii'  ••(  luotrilioii.  CI'.  ICm.  lîoiirgi'ois,  Hugues  l'abbé  iC.ai'ii,   ISS.')). 

-  La  petite  l'hroiiitpn-  ilr  liinincval  m  lliuiois  iiioiitre  (piVu  X(»3  Landierl 
lemplaiail  Kudcs  coninie  comte  dr  Ciiàtrauduii.  A  ei'llr  date,  Lamheit  donna 
an\  nligirnx  de  lîninievaL  l'onr  lein-  servir  de  rol'nge  contre  f invasion  des 
Normands,  un  pré  et  des  grottes  |)rali(iuées  dans  le  roc  sous  les  murs  de 
C.li.ilfandini.  Dejfnnrlo  regf  Kurolo  et  germuno  ejus  Ijidovicn  sutcetlfuli'.  uiiiio 
priiuu  regiii  ejus .  fu'l  guiduiu  cornes  i'.uslruduueitsiuiii ,  Luntbcrlus  mnitiite , 
qui...  dedil  ..  ud  refugium  infra  Cuslridunum  de  prulo  agripeiinos  duos  et 
diniidiuui  in  propriuni...  Iiubendos,  et  crijdns  desubtus  usque  in  ui/nus 
I  HiMié  Mrrlrt,  l'etilc  ('.liriiuique  de  IWbbuge  de  liouuevul,  p.  15,  'i\  cl  'l'I). 
L.iMiliert  porte  ici  le  lilre  de  cornes  Caslrodunensium.  et  cela  se  conçoit,  pnisipie 
c'c>t  connue  comte  de  C.liàfeandini  qu'il  ai^il.  Je  pense  (piil  recul,  avec  le  |)iniois, 
le  goiivernenieni  du  Cliarlrain  ;  car,  de|inis  le  conuuencemeni  du  IX*'  siècle,  ces 
deii\  |ia\s  semUenl  avoir  été  entre  les  inaiii>  ifini  même  comte,  comme  ils  le 
l'ineiit  toujoin'N  dans  la  suite. 

••  KaonI  apparaît  comme  comie  de  Troyes  dans  deux  diplômes  royaux,  ipi  il 
oitlini  en  lavein-  de  l'alih.iye  de  .Monliéiamey.  Le  premier,  daté  du  l.'ijudlet  S(i;{. 
a  été  pulilié  jijii'  M.  A.  (iiry  (Ihicuiiiculs  cnrulingieus  île  l'ubliuge  de  Mouliennncg, 
<l.ins  Eludes  d'Iiisloirc  du  mogeu  'ige  dédiées  a  Gabriel  Mumid.  l\tri<.  IS'.Mi, 
ili-X",  p.  Iri.'ii.  —  Li'  >econd  diplùme,  où  liaonl  iiilervienl  comme  cnmle  de 
Troves,  e^l  daté  du  I.")  mars  Slii.  Le  roi,  à  la  prière  de  son  oucli-llaoul, 
confirme  aux  religieux  de  Mmitiérauiey  les  essarts  que  les  iimiiies  ont  faits 
sur  un  terrain  dépendant  du  comté  de  Troyes  Cl',  dont  l'ouipiet .  VIII.  7>\H\i. 

llanul,  connue  ilu;;nes  laldié ,  était  re>ié  fidèle  à  l.liarli»  le  (. hanse  pendant 
la  révolte  de  S.'iS  iVcnr  une  IcUre  d'Ilincmar,  dans  duni  |{on(|uet,  VM,  'd\\\. 


-  48  — 

avait  assuré  à  Coblentz  la  rentrée  en  possession  de  toutes 
leurs  terres  allodiales  ;  on  SOI,  il  lil  plus  encore.  Il  promit  de 
leur  rendre  celles  de  leurs  charges  qui  seraient  vacantes  ou 
de  leur  conférer  d'autres  honneurs  en  échange  de  ceux  qui 
seraient  perdus. 

Ces  avances  du  roi  mirent  fin  à  la  sédition.  Vers  le  milieu 
de  l'année  801 ,  la  plus  grande  partie  des  factieux  se  soumi- 
rent k  Charles,  qui  les  combla  de  ses  faveurs.  Peu  de  temps 
après,  Charles,  traversant  la  Seine,  allait  lui-même  recevoir 
à  Meung-sur-Loire  ^  Robert,  qui,  au  dire  d'Hincmar,  obtint 
du  roi  tout  ce  qu'il  voulut-.  Et,  de  fait,  depuis  ce  jour,  la 
puissance  de  Robert,  alla  toujours  en  grandissant  :  il  fut 
réintégré  dans  tous  ses  offices,  et,  jusqu'à  sa  mort,  il  domina 
plus  complètement  que  jamais  sur  la  Neustrie. 

Quant  à  Eudes,  qui  était  très  problablement  présent  à  l'as- 
semblée de  Meung ,  le  roi  ne  se  montra  pas  moins  généreux 
à  son  égard.  Une  nouvelle  période  s'ouvre  dès  lors  dans  sa 
carrière  politique.  Les  gouvernements  du  Dunois  et  du 
Troiesin  ne  pouvaient  lui  être  restitués;  mais- tous  les  alleux. 
qu'il  avait  jadis  possédés  en  ces  contrées  et  ^pii  lui  étaient 
rendus  aux  termes  du  traité  de  Coblentz,  lui  garantissaient 
ainsi  qu'à  ses  descendants  une  inffuence  considérable  dans 
ces  deux  pays.  D'autre  part,  il  fut  bientôt  appelé  à  de  nou- 
velles fonctions. 

Charles  le  Chauve  méditait  alors  de  s'emparer  de  la 
Provence,  où  régnait  son  neveu,  Charles •\  prince  encore 
jeune  et  affligé  d'une  maladie  épileptique.  Quelques  mois 
après  l'assemblée  de  Meung-sur-Loire ,  le  roi  des  Francs, 
pour  réaliser  ses  projets,  levait  une  armée  et  marchait  sur 
Lyon,  séjour  habituel  de  son  neveu.  Mais  il  rencontra  dans 
le  duc  Girart,  principal  conseiller  du  roi   de  Provence,  un 

*  Mining-sur-Loire,  Loiret,  ari-i  d'Orléaiis,  ch.  1.  c"". 

-  Pou-  oiniics,  qui  nuper  a  Krirolo  ad  Hliidoivicum  (Icfcrcrnnt,  ad  Karolum 
7'evertuiilur,  cl  iib  ea  faiiiiliarilale  cl  litiitunhus  vcikiuuntiir.  —  Karolus 
Rvdheituin  cuin  placilis  lionoribus  reeipU  {A)in.  Berlin.,  ad  ann.  801, 
(lom  l'.oii(|ii('t ,  VII,  77).  Nous  voyons  par  le  carliilairc  de  Saiiit-Bertiu  que,  le 
"lô  juillet  X(il  ,  Adalarl  lut  réintégré  par  Ciiarles  le  Chauve  dans  la  jouissance 
de  rabbaye  ((Juérard,  Cartul.  de  Sainl-lieitin,  p.  10!l). 

3  Cliai'les,  roi  de  Provence,  était  fils  de  l'empereur  Lotliaire.  Il  avait  deux 
frères:  Louis,  empereur  et  roi  d'Italie,  et  Lotliaire,  roi  de  Lorraine. 


—  40  — 

redoutable  adversaire.  Son  année  ne  put  aller  plus  loin  que 
Màcon  '.  et,  après  plusieurs  revers,  elle  lut  forcée  de  rétro- 
•^H'ader  vers  le  nord  iliu  de  l'année  8(Jlj. 

A  cette  C(yiirte  et  infructueuse  exiiédition  se  rattache  lori- 
y:ine  de  Tautorilé  déléguée  au  comte  Kudes  sur  t<uite  la 
rt'yion  adjacente  à  la  Saoue.  Depuis  lors,  Kudes  Joua  un  rùle 
prépondérant  en  Bourg'ogne,  où  la  présence  d'un  agent 
éprouve''  devenait  indispensable  à  Charles  le  Chauve  pour 
faire  face  ii  toute  tentative  d'hostilité  de  la  part  des  Proven- 
çaux; car.  de  l'autre  coté  de  la  Saône,  s'étendait  le  duché  de 
J.y«»n  où  commandait  le  vaillant  comte  Girart. 

La  prennère  fois  que  les  textes  contemporains  nous  mon- 
trent Euiles  établi  en  cette  contrée,  c'est  dans  le  courant  de 
l'année  SG:î.  Les  moines  de  Glanfeuil,  en  Anjou  uuijourdhui 
Saint-.Maur-sur-Loirej-,  ayant  voulu,  par  crainte  des  Nor- 
mands, mettre  en  lieu  sûr  les  reliques  de  leur  patron  saint 
Maur,  les  avaient  transportées  près  du  Mesle  ^  au  diocèse  de 
Sées,  où  elles  étaient  demeurées  un  an  et  demi.  Après  ce 
la^js  de  temps,  en  8fô,  les  moines  se  virent  de  nouveau 
contraints  par  les  incursions  des  pirates  danois  d'abandonner 
leur  refuge  ;  ils  ne  savaient  plus  oîi  aller,  (piand  l'idée  leur 
vint  d'imphirer  l'aide  du  comte  Kudes,  alors  tout  puis.sant  en 
liourgogne,  et  ([u'ils  avaient  connu  autrefois  comme  comte 
d'Anjou.  Kudes  leur  accorda  aussitôt,  en  deçii  de  la  Saône, 
un  graïul  domaine  oîi  le  corps  de  saint  Maur  resta  quelque 
temps  en  sûreté  *. 


'  i-l;//i.  Berlin.,  ml  uim.  Sfil  ,  doiii  HoiKiiii'l ,  VII.  "7. 

-  Saiiil-M;Mii-siii-l,oiri',  hameau  de  la  (•oiiiiiiiiiie  de  Saiiit-Georges-des-Sepl- 
Voies,  .Maiiie-el-Loire,  an'  .Saiiiiiur,  e""  Geimes. 

•'  Mesle-sur-Sarllie  (le|,  Orne,  arr'  Aleiieoii,  di.  I.  t"". 

*  Tous  ces  reiisei!,niemeiits  se  tiouveiil  dans  le  réeil  dr  la  Translation  de 
saint  Maiu'  par  Kndes ,  alilié  de  (ilanienii.  Ce  réril  a  été  |iidilié  |dusieiirs  lois: 
la  nieillenre  édition  est  relie  donnée  par  Maliillon  ^  ,l(7(/  .S.S'.  Oïd.  S.ltfitfduli, 
xipr.  IV.  pars  "1,  p.  I7i{i.  I.a  liihlirillièi|ne  niinneipale  de  la  ville  de  C.liartres 
possède  nn  mannsiril  de  la  fin  dn  W'  siècle  cnnlenanl  la  Nie  et  la  Translalinii 
•II-  sanit  Manr  par  l'aldié  Kndes.  (ie  inamisriit  send)l<'  avoir  été  lopié  dans  lr 
l'-inps  même  on  Kudes  vivait  :  il  doit  dériver  direi-lement  du  manuscrit  original. 
J'ai  emprunté  à  ei-  mss.  le  passage  suivant  ipii  lait  partie  de  la  préjaie  mi^e  |iar 
Knde>  en  tète  de  la  vie  de  sanit  Maiu'.  ('.iiiii  iiiillus  juin  iispiinii  nluifii  iinOis 
lutii.s  su/irrejisfl  lunt.s...  rum  rorpore  ejusdim  xunrli  Muuri  ttarles  liurfjinitline 
pcli-rr  (lerri'vimus.  ('.uiikjw  in  prrillinn  inliisiris  vin  Antlouis  roniiliM,  nlrn 
lluvium   ijufnt    Arnnni   vinanl ,   ilivini.ssemu.s ,  (ftiud  uoliis.  ob  n'iiiriiliuni  il 

T.  Xli,  .V.  4 


—  50  — 

Le  25  janvier  de  cette  même  année  803,  Charles,  roi  de 
Provence,  était  mort  subitement  a  Lyon  sans  laisser  d'enfant. 
Ses  deux  frères,  rcmpereur  Louis,  roi  d'Italie,  et  Lothaire; 
roi  de  Lorraine,  se  partagèrent  sa  succession  :  Louis  eut 
la  partie  méridionale  de  l'ancien  royaume  de  Provence, 
Lothaire  en  eut  la  partie  septentrionale  et  devint  ainsi  sou- 
verain de  tous  les  pays  situés  à  l'est  de  la  Saône,  depuis  la 
source  de  cette  rivière  jusqu'à  Lyon,  c'est-à-dire  souverain 
de  ce  qu'on  appelait  en  ce  temps  la  Bourgogne  cisjurane. 
Girart  conserva  la  garde  du  duché  de  Lyon  qui  (•(jmprenait 
la  plus  grande  partie  de  ce  territoire. 

Ce  voisinage  importunait  Charles  le  Chauve,  qui  ambition- 
nait de  donner  à  ses  Etats  les  limites  naturelles  du  Jura  et 
des  Alpes.  Aussi,  jusqu'en  801),  année  oîi  mourut  Lothaire, 
ces  deux  rois  furent-ils  toujours  sur  le  pied  de  guerre,  et  ils 
en  seraient  certainement  venus  aux  mains  sans  l'interven- 
tion réitérée  du  pape. 

Dès  803,  la  situation  politique  était  des  plus  tendues  de 
part  et  d'autre  sur  les  rives  de  la  Saône.  Outre  le  témoi- 
gnage que  nous  en  donne  Réginon  V  Hincn^ar  en  fournit 
la  preuve  dans  ses  Annales.  Vers  le  mois  de  mai  803, 
Charles  le  Chauve  revenait  de  Neustrie  - ,  quand  se  présen- 
tèrent à  lui  trois  députés  des  rois  Louis  et  Lothaire,  lui 
demandant  de  ne  pas  troubler  la  paix  générale.  Cette  paix, 
dit  Hincmar,  Charles  voulut  toujours  la  conserver,  tant  que 
les  hostilités  de  ses  ennemis  le  lui  permirent,  fjinin/um  iu/'os- 
tatio  conlrin'ioi'uin  sihi  pci-uiisil  ^.  Hincmar  lait-  ici  allusion 
aux  événements   des   années   803    et  804.    Los   ron/i-;ii-ii  *, 


(UHorcni  srnirfi  rorporis  sive  etiaiii  pro  actcvna  rnniimcrationr.  aliqnandiu  ad 
hahilanduiii  concesserul ,  hcnigno  j'avore  ibidem  coininoranlium  ac  munifica 
largitale  excepti,  anno  dominicae  incamationis  oclingenlesimo  schcagesinio 
ti'i'lio,  indictiotie  dcciiua,  diipio  ciiiii  honore,  roiu/nio  illiid  el  /iplo  coiididiinus 
loco  (iiis.  (S!)  de  la  liih.  coin,  de  Ciiarlrcs).  1/abbé  Kiides  écrivait  ces  lignes 
vers  H(hS.  • 

■•  (jiniliis  rex,  fdiiis  Hlolarii  iinpernlnris,  movituv,  ipii  Provineiain  i-ef/ebrit, 
el  ex  refpio  quud  tcnuerat  fada  est  non  modica  contruversia  inler  lUolarium 
reaem  el  avimculum  ejus  Carolum  (Reoinonis  chronicon,  Pcrt/ ,  Seriuloies , 
T.  I,  p.  059). 

-  Charles  avait  célébré,  le  II  avril  <S(i;5,  la  l'ète  de  Pâques  an  .Mans. 

■^  Cf.  dom  houquet,  VII,  81. 

*  On  retrouve  les    seigneurs  boui'guignons  du   myanme   de   I.nlliaire   ainsi 


—  ."1  — 

dont  il  parle,  ce  sont  les  seigneurs  do  Bourgo^jno  cis- 
jnniiic  dont  le  dur  (iiiait  ('-taii  le  clief.  La  idiipart  (rentre 
enx  possc'daieiil  des  (kiniaiiies  dans  le  royanine  di'  ("liarlos 
lo  ClKUive  Vt  i-efiisaienl  cependant  de  i>rèter  à  ce  prince 
le  sernionl  de  lidelité,  ne  vonlaiit  en  aucune  Cacjon  recoii- 
naitre  son  autorité.  Charles  irrité  ordonna  la  conliscation 
lie  tous  leurs  biens.   «Qu'il  ne  s(»it    permis,  dit-il  dans  un 

de  ses  capilulaires,  en  805,  ;i  aucun  de  ceux  (^ui  nous  rel'u- 
"  seul  serment  de  lidelité,  iii/n/clrs  vcl  coiilrni-ii  iitjs/i-i,  s'ils 
"  sont  hommes  libres,  de  demeurer  en  notre  royaume  et  iVy 
■   ]tosséder  quoi  que  ce  soit  '.  ■> 

Le  duc  (iirart  ('tait  le  plus  en  \  ue  parmi  ces  iiilidi-lrs  ou 
i-unlrurii.  Flodoard,  dans  son  Jlisloirc  df  l'k';/lisc  dr  /U-ijus , 
nous  a  conservé  le  résumé  fort  curieux  d'une  lettre  que 
(Iirart  adressait  ii  cette  époque  à  l'archevêque  Hincmar.  Lo 
c(»nile  de  Lyon  avait,  dans  le  royaume  de  Charles  le  ('hauv(N 
aux  eii\  irniis  d'Auxerre  et  de  Langres,  de  vastes  possessi(nis 
et  y  avait  fondé,  vers  l'année  800,  deux  abbayes,  l'une  à 
\'ézelay,  l'autre  il  Pothières.  Ayant  ajipris  que  tous  ses  biens 
allaient  (''tre  conlisqués  par  le  roi,  ainsi  (pU'  les  deux  monas- 
tères qu'il  venait  de  mettre  sous  la  protection  du  Saint- 
Sii'ore,  il  écrivit  à  Hincmar,  le  priant  d'avertir  Charles  le 
('liau\e(pie.  si  les  deux  abbayes  n'étaient  jtas  respectées, 
lui  (Iirart  s'emparerail  de  tout  ce  qui  poux  ail  aiiparteiiir  au 
roi  des  Francs  dans  la  Bourgogne  cisiurane-. 

Comme  h;  prouve  cette  lettre  du  duc  (îirart,  les  biens  d'un 
certain  noml)re  de  seip-neurs  boui'pniiî'nons  diu"(Mit  (''ti'e  alors 

(ii'sijîiiL's  par  Oliarics  h'  (^.liaiivo  lui-inriiic ,  dans  les  ca|iiliilaires  (lu'il  iMivoya  en 
lîoin'tiOiiin'  ail  mois  df  IV-vrior  St»5  :  nostri  in/ideles  et  roiumuws  coniiarii 
(ra|t.  Il  :  iili'in  i(a|iit.  XIIL.  Voir  ilum  l!oin|iii't.  VII,  (KiT  cl  (Kl!*. 

'  l'rupcijiimus...  ul  uiniics  i{ui  /iilililnli'iii  niihis  uillitn:  pivmissdin  non 
hiihrnl.  fùlelilalem  nobis  proniillani  ;  ...  ni  qui  fidelilnlrm  nobis  itroniisininl, 
l'I  fiitsi  iUnd  snnnnii'ntitni  ad  in/iilrir.s  naslios  i)i  nnslnini  dnninnm  se  ronjnnxe- 
rniil,  jinijinrlds  illnmni  in  nnslruni  indnniiniialnni  irniiinlnr  ;  ...  ut  nuUns 
infidrlinni  mistronini ,  ijui  liberi  liontinrs  siint ,  m  noslru  rei/nn  innnnriiri  tri 
jintjiiivtalvni  linbere  prrniitlatnr,  nisi  /idrlitulmi  mdiis  firuntiserit,  rt  nuster 
(lut  noxlns  fidilis  litmia  divi'niiil     (loin  i{(»iii|iicl ,  Vil,  (itiS|. 

-  De  hoc  rllnni  (jnod  srripserat  [  Hincmaro  j  hie  ronies  {  Gerardus]  se 
audi.ssr  ijuitd  nw  isie  hornlns  nionnsleiia  rrllvl  usurnnir  i/nae  liento  rétro 
npostidi)  idi'iii  Cenirdus  trndidcntf ,  et  iinia  si  rrs  ipstus,  (jiinr  in  hoc  nipio 
conj  lierre  II  t ,  nb  en  forent  (ibhilae,  ipse ,  licel  inrilus .  res  hnjus  rei/ni  ijuiie  in 
illo  hiibebiiiilnr  leipm  pniesiimeret  d'IiHlo.iid,  llist.  eeil.  Ilem .  I.  III,  f.  "Ht, 
IVrlz,  Seriptores/\\\\  .  .".iU). 


—  52  — 

mis  sous  séquestre.  Les  fonctions,  (juc  le  comte  Eudes  exer- 
çait en  Bourgogne,  le  désignaient  pour  présider  à  l'exécu- 
tion des  ordres  de  Charles  le  Chauve ,  et  nous  voyons  en 
effet  (luil  fut  chargé  de  veiller  à  la  conliscation  des  domaines 
des  seigneurs  infidèles  ^ 

Ces  violentes  dissensions,  qui  éclatèrent  vers  803-8G4  entre 
Charles  le  Chauve  et  les  seigneurs  bourguignons  du  royaume 
de  Lothaire,  faillirent  amener  une  guerre  générale.  Lothaire 
prit  fait  et  cause  pour  ses  sujets.  Vers  le  mois  de  mai  8G4, 
il  eut,  à  Orbe  en  Suisse ,  avec  son  frère  l'empereur  Louis , 
une  entrevue  oii  ils  durent  s'entendre  sur  les  moyens 
à  prendre  pour  empêcher  Charles  le  Chauve  de  porter  la 
moindre  atteinte  à  l'ancien  roj'aume  de  Provence. 

A  dater  de  cette  entrevue ,  l'empereur  Louis  ne  manqua 
pas  une  occasion  de  témoigner  à  son  oncle  Charles  le  Chauve 
le  plus  mauvais  vouloir.  Un  mois  à  peine  s'était  écoulé,  qu'il 
refusait  aux  députés  de  Charles  l'entrée  en  Italie  ;  peu  après, 
il  défendait  au  Pape  de  lui  envoyer  des  ambassadeurs  ^. 

*  Un  bûiirgiiignon ,  nommé  Evrard,  possédait,  près  de  Màron,  la  villa  do 
Sennecé.  Ce  seigneur,  ayani  refusé  de  pnMcr  serment  de  fidélité  à  Charles  le 
Chauve,  sa  villa  fut  confisquée  au  profit  dn  fisc  royal.  Quand  la  paix  lut  faite, 
Evrard  réclama  de  Charles  la  restitution  de  Sennecé:  Charles  y  consentit,  et 
Evrard  se  dessaisit  aussitôt  de  ce  domaine  en  faveur  d'un  de  ses  neveux, 
Adalart  ;  mais  il  n'avait  pas  eu  la  précaution  de  se  inunii-  d'un  diplôme  royal 
constatant  sa  rentrée  en  possession.  Le  comte  Eudes,  dans  une  de  ses  tournées, 
voyant  Adalai't  détenir  indûment  une  villa  récemment  mise  sous  séquestre,  s'en 
saisit  de  nouveau  au  nom  du  roi.  L'affaire  ne  fut  terminée  que  le  X  juin  S7I.  A 
celte  date,  Charles  le  Chauve  accorda  à  Adalart  un  dijilôuie  (pii  Un  conlirmail 
la  possession  de  Sennecé.  C'est  dans  œ  diplôme  (jue  se  lrouv(.'nt  les  quelques 
renseignements  relatifs  à  ce  différend:  Aledrannus,  dit  le  roi,  ...intiilit  quaUter 
Hevrardus  rcs  sue  proprielalis ,  silas  in  camilalii  Malisroneiisi.  in  villa  (j>/c 
vocalur  Senisciacus.,.  contra  nos,  a  noslrti  /idclilfitc  dcviando,  forfeceril  et 
oh  id  (ïd  fiscum  nostrum  ipse  res  devenerunt . . .  Nos  easdein  res...  Hevrardo... 
reddiderimtis ,  et  ipse  eas  nepofi  siw...  Adalardo  Iradiderit...  Oddo  cornes 
easdem  res  tid  nostrum  fiscum  rcceperit,  quia  Hevrardus...,  cui  ipsas  res 
reddiinus,  preceplum...  non  exinde  oblinuerit  (iiruel,  Cart.  de  Cluny,  T.  I, 
p.  iiU). 

-  Lolkarius  ohviam  fratri  suo  ad  locum  qui  Urha  diritur  vadit.  Carolus 
cum  epislolis,  per  Rodbertuni,  Cinomannicae  tirbis  episcopum,  lioniam,  sicul 
Apostolicus  jusserat,  Ilothaduiu  dirlgit...  quihus  Hludowirus  transilum 
denef/at  (Ann.  Bert.,  ad  ami.  (S(_i'i. ,  dom  lîouquet,  Vil,  XI).  —  Hludowirus  a 
IS'icolao,  Romanae  sedis  poutifice,  per  Arsenium  apocrisarium  petilur  ut 
eidem  papae  legatos  suos  lireat  pro  quibusdam  causis  ecclesiasticis  ad  Caroluni 
mitlere  ;  sed  credens  quia  non  sincera  inlentione  ailversus  euni  velil  in 
Franc  iam  niissos  suos  dirigcre,  contradicit  (Ann.  Bert.,  ad  a  un.  804, 
dom  Bouquet,  Vil,  88). 


—  o->  — 

De  son  coté,  Charles,  vers  le  iiiilieii  du  mois  de  l'evrierSOô, 
eul.  il  Toiisey*,  près  de  Vaucoiileurs.  une  conlerence  avec 
son  frère  Louis  le  Gernianique.  Il  envoya  de  là  en  Bourjjfo^'ne 
plusieurs  c^i»itulaires  qui  nous  ont  été  conservés.  Les  dispo- 
silions'qui  y  sont  contenues  ollrent  le  plus  haut  intérêt  :  elles 
nous  montrent  quelle  était  alors  la  situali(»n  politique  des 
marches  buurij,uiy,'nonnes,  situation  sur  hupudle  les  historiens 
ont  ji;ardé  le  silence  le  plus  absolu.  D'après  ces  cajùtidaires, 
les  États  de  Charles  le  Chauve  étaient,  semble-l-il,  sur  le 
pcjint  d'être  envahis. 

'<  Si  ceux  qui  nous  sont  infidèles,  dit  le  roi,  s'apprêtent  à 
»  dévaster  notre  royaume,  nous  voulons  que  tous  nos  fidèles, 
»  tant  évéfiues  qu'abbés,  comtes,  hommes  des  abbesses  et 
»  vassaux,  s'unissent  entre  eux  dans  l'étendue  d'un  missa- 
»  ticum;  que  nos  missi  veillent  à  ce  que  chaque  évéque,  abbé 
»  et  abbesse  envoient,    au  temps   et  lieu   indiqués,   leurs 

■  hommes  tout  armés  sous  la  conduite  d'un  gonfaloniei-.  Et 
"  si  un  seul  missaticum  ne  suffit  pas  à  repousser  les  ennemis, 

i|iie  nos  missi  réclament  au  i)lus  vite  l'aiile  du  missaticum 
»  voisin  :  si  cela  n'était  pas  suffisant,  qu'ils  aient  alors  recours 
»  à  notre  personne  pour  que  nous  leur  apportions  par  nous- 
->  même  ou  par  notre  fils  le  secours  nécessaire.  Quant  à  nos 
'•  missi,  évêques,  comtes  et  vassaux,  résidant  sur  les  fleuves 

■  ipie  doivent  traverser  nos  ennemis,  qu'ils  fassent  en  sorte 

•  de  bien  Cartier  leurs  navires  pour  emi»êcher  toute  descente 

•  préjudic-iable  il  notre  royaume.  Et  si,  dans  la  siiiie.  par  la 
'»  néjjrlijjrencc  de  (luehpruii ,  ces  dits  navii'es  n"(''taient  pas 
»  bien  gardés,  qu'on  nous  le  fasse  savoir  pour  que  nous 
»  agissions  h  l'égard  du  contempteur  de  nos  oi-dres  comme 
»  il  l'i'irard  d'un  traiti-e  au  |iays-.  •• 

'  Toust'v,  (•"■'  Viuicoiilfiirs,  Mfiisc,  ;iri'  Coiniiicirv. 

^  l'iaecipimus...  ni  si  in/idrlcs  no.slri  se  (idunuvriiiil  (ul  (leritsliiliinirm 
irgni  inisln ,  /iilrlrs  ntisiri .  Inm  rnistopi  (jiiiiiii  (ihlmlcs  ri  catnili's  l'I  iihhd- 
lissai  uni  lioiiiiiiis,  snl  ri  ipsi  comilcs  <ir  rassi  uoslii  sfit  ii'irri  iiiiiaiir  fidclis 
Ihi  ac  nostri  de  uno  missulieo  se  in  uiiiini  udiinare  pruciiirnl.  El  tiiissi  imslri 
de  ipso  iiiissdlini  providenliam  linhenul  ijinililer  iiiiiistiuisipie  epismpiis,  vel 
iihbiis  seu  iihhiilissii ,  ciiin  iniiiii  jileiiiludine  et  iieressiiriii  Imslili  iipiidiatu 
et  nd  lempiis .  miiis  liutnines  illiic  Iniiisiiiiseril  euiii  ijiiiil[iiiiiirii)...  hl  si  </«• 
uno  missuliro  ad  hue  priievulrre  non  piilueiinl ,  nd  aliuin  niissalirum  celeriler 
missus  suos  dirif/nnt ,  el  nmnes,  sicul  pniedixiinus ,  de  iilio  tnissiilico  ad  iUiks 
qui  inditji'ul pniijuiniti  nrruiiiiiil .  Kl  si  illi  diinmis^iiliei  nd  hur  non  sulfvrenul , 
nobis    nd    Innpus    lior    niaiidiul .    ipinliler    nul    jirr    ims ,    nul    per     /ilniin 


—  54  — 

Ces  di.sx^osilions,  on  le  voit,  sont  loin  (rètre  pacifniucs. 
Lolhaire  se  montra  extrêmement  effrayé  de  l'entrevue  de 
Tousej'  :  il  crut  que  ses  oncles  méditaient  d'anéantir  son 
propre  royaume.  Sans  perdre  un  instant,  il  écrivit  à  son 
frère  Louis  d'obtenir  du  paj)o  qu'il  intervint  auprès  des  deux 
rois  pour  le  maintien  do  la  paix  et  la  sauvegarde  du  royaume 
de  Lorraine  ^ 

Le  pape  Nicolas  consentit  aisément  ;i  remplir  ce  rôle  de 
pacificateur.  Dès  le  mois  de  juin  805,  il  envoyait  au-delà  des 
Alpes  le  légat  Arsenius  -.  Nous  possédons  les  lettres  du  [lape 
annonçant  l'arrivée  d'Arsenius  aux  évêques  de  Gaule  :  il  les 
invite  entre  autres  choses  à  avertir  le  roi  Charles  de  renoncer 
à  sa  téméraire  ambition,  de  ne  plus  convoiter  le  royaume 
de  l'empereur  Louis  ni  de  menacer  les  frontière  du  roi 
Lothaire  •'.  Faut-il  attribuer  à  l'influence  du  pape  Nicolas  P"" 
la  paix  qui  suivit  de  près  la  venue  en  Gaule  du  légat  Arsenius? 
Vers  le  mois  de  juillet  865,  Charles  et  Lothaire  se  réconci- 
lièrent solennellement  à  Attigny%  et,  depuis  cette  époque, 
leurs  rapports  restèrent  assez  pacifiques.  Charles  cependant 

nostrum,  aul  sicut  viderimus ,  ds  necessariuin  solatium  transmiUmus...  Et 

missi  nosiri ,  cum  episcopis  et  comitibus  ar  vassis  tiostris,  qui  super  arjiias 
i-ommitiu'iil ,  per  (jnas  infiddes  tiostri  ad  rcr/nnin  uostriim  Iranscunt,  ovdimnl 
(jiialilcr  illdf  mives  citsfudiaiiliir,  ne  in/ideles  noslri  ad  regniim  nostnim 
devasiandnm  transire  pos.sint.  El  per  cttjus  nejjleclum  ipsav  nave.s  postea  hrne 
cuslodilne  non  fuerint ,  nobis  rcnimfictnr ,  ut  tios  decernanius  (jualiter  de  illo 
co)il('i)tpl(ire  jiraeccpti  noslri  ijuasi  de  prodilore  patriae  arji  debeat  (doin 
]5oiiqiii'l,  VII,  m\)  et  (iTO). 

^  Lolharius ,  vero  putans  qiiod  sibi  re[/ni/m  subripcre  et  intrr  se  vellent 
dividere,  lAulfriduin  aviincnlnm  suiim  ad  fratrem  et  llaliae  impcralorem 
Iransntittil ,  pelens  iUuni  apitd  Apusiolicnm  obtinere  qualemis  pro  co  palrnis 
suis  epistolas  mitleret  ut,  pacem  servantes,  de  régna  suo  nullum  ei  impedimrn- 
tum  facerent  ;  quod  et  Hludowicus  imperaior  obtinuit  (Ann.  Bert.,  nd  iiiiii. 
8(i5,  (loin  BoiHiiR'l,  VII,  S!»). 

-  Arsenius  episcopus,  Nicolui,  papae  Romanae  urbis,  legatus ,  ob  parent 
et  roncordiam  inicr  Hiudowicuni  et  Karolum  fralrem  rjus .  necnoii  Hltilariuin 
nepolem  eoruni,  rcnovandani  atque  constituendam  missus  est  in  Franciani 
(Ann.  Fvid.,  ad  ami.  S()5,  doni  Houqiiet,  VII,  I7'2). 

■'  Cessel  lemeraria  prnrsumptio,  et  avidi  aiilielilus  niedullitus  rouiprinmiilur, 
maxime  finibus  dilccti  filii  nostri  exrellentissimi  Augiisti,  vel  a  métis  regni 
iilerini  ejus  longe  distantis  (dom  iîoiiqiict ,  VII,  iUi). 

•*  Inlerea  Lotliarius  missos  suos  ad  (larnluni  dirigit,  volens  et  pctens  ut  mulua 
firmilati'  inter  eus  amicitia  foederarentur:  qund.  et  Irmentrude  regina  inlerre- 
niente,  oblinuit.  El  veniens  in  Atiiniacum,  amicabilitcr  et  finnorifice  a  llarolo 
est  susreplus  et  foedere  postulato  receplus  (Ann.  Bert.,  ad  ann.  Ni;."),  dnin 
Boiiqucl,  VII,  !)]). 


—    Oi)   — 

iir  rciKtiiça  jamais,  ((iiiinic  la  suite  tlos  événoincnts  lo  jn'oii- 
vera,  au  désir  de  joindre  à  ses  Ktals  raneieii  royaume  de 
Provence;  mais  peut-être  l'attitude  r<'soluo  dos  soi^nieurs  de 
cette  r(''i:ion*,  et  peut-être  aussi  (pu'lques  revers  (jue  n'(»nt 
point  si.uiuales  les  liistorien.s,  le  déterminèrent-ils  ii  accepter 
une  ti-êve  temporaire.  Il  est  certain  qu'en  S»;S  le  duc  (lirai-l 
rt  Charles  le  Cliainr  étaient  dans  les  meilleui's  ternu's, 
comme  le  prouve  nu  diplôme  oîi  Charles  ajjpelle  <Jirart 
riirissiiiiiis  \;ililriiiir  ;iin;iiil issiiiiiis  im/iis  '. 

Ajirès  la  cnnclnsion  de  cette  ]iaix.  il  lut  loisible  au  coude 
l'Iudes  de  se  relâcher  iiendant  ipu-hpie  temps  de  l'active  sur- 
veillance (juil  avait  du  exercer  Justine  Vu  en  Iiour,Li(»!H'm'. 
Dans  les  premiers  mois  de  l'année  S()(»,  l'oncle  du  roi,  Katud, 
coude  de  Troyes.  mound  subitement.  Kndes .  ((ui  avait  été 
déponilh'  en  S,")'.!  du  comt(''  de  Troyes.  |iiit  alors  rentrer  eu 
possession  d<'  ce  i^ouveruemcut-,  et  cela  explique  comment, 
aussitôt  après  la  mort  de  Raoul,  il  eut  à  inter\ciiir  d.ius  les 
contrées  voisines  de  la  Seine.  Les  isormands,  ayant  remonté 
le  cours  de  ce  (leuve.  s'(Haient  avancés  jusiprii  Mcdnn.  Pour 
empêcher  leur  débariiuement ,  Charles  le  Chauve  diri.ij,('a 
contre  eux  plusieurs  troui)es  :  h  la  tête  de  la  plus  imporlaide, 
il  pr<''posa  Robert  le  l'oil  et  le  comte  Kndes.  I.a  renomiiK-e 
lie  K(d)ert  et  d'Kndes  lnill.iii  alms  du  plus  vif  ('dat  ; 
mais  cette  expédition  n'ajouta  i-ieu  a  lein-  izloire.  S'étaut 
trouvi's  trop  iid'érieurs  eu  iiondjre,  iN  aiuièreui  luieux 
reculer  ipie  li\i'er  combat  aux  Normands,  et  les  pirates, 
chari:('s  de  l)Utin,  purent  impun<'Muenl  re.i;a<.i-ner  leiu's  navires. 
.\  la  suite  île  cet  ('■chec.  Charles  le  Cjianve  dut  acheter  la  paix 
de  ces  pillards  mo\euiiaut  quatre  mille  livres  d'arijeut  •'. 

'  Voir  .\\['j..  L(iiii;iioii ,  (iiiail  dr  lliiussillnii  dans  l'hisloirc  ( llvvue 
hisloriqup ,  iiiim'i'   IX"S,  p.  :2(iO). 

-  (le  i|iii  doiiiK'  lii'ii  (II'  croin'  (in'rii  S(i(i.  Kiidcs  rniliii  en  posscssimi  du 
roiiili'  (Ir  Tio\rs,  c'csl  i|iir,  a[)y!'^  s.i  mort,  se-  driiy  fils  lui  .siirn'dt'iciil  l'iiii 
a|uvs  r.iiiln'  diiiis  rctlc  tliai},'!'. 

•'  liniliilfiix.  C'iiiili  lofjis  (tvuiiriiliis .  fuissintic  ndini  iiinritiir.  Norfmaniii 
pi-r  iih'i'iim  Si'ijK'iiiui'  tiscfiiilrnles  u.sijur  tid  nisliKiii  Milidiniuiii ,  ri  sriinir 
K'iruli  l'x  iilnuini'  parle  ipsiiis  lliiminis  priffuiil  ;  cl,  e;irrssis  eisileiii 
Niirlintinnts  <i  ikivUiks  .  super  scnrum  ipiar  nitijnr  cl  forliiir  vidrlialiir,  nijiis 
priif/'iili  rriitU  Itiidhrrliis  cl  Odo ,  stuc  nm/lirlu  cdiii  m  fuipiiu  willuiil,  cl, 
mitislis  prurilii  niirihii\,  ail  suiis  rcdcunl.  Kundits  mm  cisdcm  Mnritiiiiiinis  in 
ipiiilnor  millmin  lihris  nn/cnli  ud  pensum  curnni  ptnis,  iiur  M////  Uni., 
ad  iinn.  SlK»,  dnm  l'.(tiii|uc| ,  Vjl,  ".12;. 


—  56  — 

Le  comte  Eudes  continua  d'ailleurs  d'exercer  jusqu'à  sa 
mort  les  fonctions  que  le  roi  lui  avait  c()iili(''('s  dans  toute  la 
région  adjacente  à  la  Saône.  A  la  fin  du  mois  de  décembre  860, 
en  compagnie  d'Isaac,  évêque  de  Langres,  il  présidait  à  Lux  ', 
comme  missus  domiuicus,  un  i)laid  de  justice.  A  ce  plaid 
comparut  l'avoué  du  monastère  de  Saint-Bénigne  de  Dijon, 
portant  plainte  contre  un  certain  Hildederno,  qui  avait  t'ait 
abattre  par  ses  fermiers  des  chênes  de  la  forêt  de  Saint- 
Bénigne  sur  les  territoires  de  Cessey  ^  et  de  Bressey^. 

Hildoberne  fut  assigné  à  compar-aître  dans  les  quarante 
nuits  par  devant  Eudes  et  Isaac  qui  s'apprêtaient  à  poursuivre 
leiir  tournée  d'inspection  dans  l'Attouar  et  ^Oscheret^  Les 
quarante  nuits  expirées,  au  mois  de  février  867,  le  comte 
Eudes  et  Isaac  se  trouvaient  à  Couzon,  in  (Jiiraf/oiic-\  sur  les 
frontières  des  pays  de  Langres  et  d'Attouar  :  l'avoué  de 
Saint-Bénigne  se  représenta  devant  eux.  Hildeberne  ne  ré- 
pondit pas  à  l'assignation  et  fut  condamné  par  défauts  Deux 
ans  plus  tard,  Eudes  était  encore  appelé  en  cette  contrée  par 
ses  fonctions  de  missus  ilomiincns.  Comino  \\  était  à  Cou- 
ternon  ^  pour  y  rendre  la  justice,  le  procès  ent?e  Hildeberne 
et  l'avoué  {\o  Saint-Bénigne  fut  définit  ivciiKMit  terminé  '. 


'&' 


'  Lux,  C.ùlc-d'Oi-,  aiT'  Dijon,  C"  Is-sur-Tille. 

2  Cessey-sur-Tille ,  Côte-d'Or,  ;irri  Dijon,  (■<"'  (if.'nlis. 

•*  Bressey-sur-Tille ,  (^(Mo-d'Or,  an'  fl  c""  Dijon. 

*  Posl  XL  nocles ,  in  proximo  mnllo  qiiod  in  Uscarensc  et,  in  Alloeriis  ipsi 
missi  icnent.  —  Sur  l(!s  deux  iiagi  ilAllouar  cl  (rOsclicirl,  \uir  Ang.  Loiignou, 
Allas  historique,  p.  '.)(>. 

^  Couzon,  Haute-Marne,  arrt  Langres,  c°"  Praullioy. 

"  Les  deux  actes  relatifs  à  cette  afïîiire  se  li'oiivaicnt  dans  le  cartnlaii'e  de 
Sainl-Dénilînc  de  Dijon;  ils  ont  été  publiés  )(arl'érard,  Reaicil  de  plusieurs 
pièces  curieuses  servant  à  l'histoire  de  Houri/nf/ne ,  \k  I  i7  et  l'iS.  Le  pi'eniicr 
de  ces  actes,  jiassé  à  Lux,  est  ainsi  daté  :  Die  marlis  in.  mense  decembris,  in 
anno  XXVII  retjnanle  Karolo  rege,  c'est-à-dire  le  mois  de  déceniiji'c  <S(i(i.  Le 
second  acic  piisléiirui'  de  'iO  jours  an  |U'i>niii'i'  est  de  février  X(i7.  I-c  copislc  du 
carlidairi'  de  Sainl-l!('Mngni'  Ta  daté  du  mois  de  lévrier  de  la  XXVIil"  année  du 
règne  de  (Jliarles  le  Chauve  ;  c'est  la  XXVIJe  année  qu'il  faut  lire.  Les  erreurs  de 
transcriplioM  <b.  ee  gom-e.  ne  sont  pas  rares  dans  les  carlulaires.  Pent-élre  même 
n'y  a-t-il  pas  erreur  de  Iranscriplion  ;  il  est  possihie  (pie  le  rédacteur  de  la  eliarle 
ail  ajitulé  une  unité  à  l'année  du  règne  en  même  temps  qu'à  l'année  de  Fincar- 
nation ,  et  (pi'il  ait  l'ail  son  calcul  comme  si  Cliai-les  le  Cliauve  élail  devenu  roi 
le  l"""  janvier  HW. 

'  Coiilernon,  Côte-d'Or,  arr'  et  e""  Dijon. 

'*  l'érard,  ihid.,  p.  I 'i*,l.  Ol  acie  est  ainsi  daté:  Die  marlis,  iii  (jirlaitoiin, 
anno  XXX  régnante  domino  noslro  Karolo  regc. 


Oi     

L'iiifliuMico  (lu  coiiil»'  Eudes  sur  la  rt-uioii  supériourc  du 
C(»urs  do  la  Saône  est  doue  certaiuo;  mais  elle  s'étendait 
tjoaucoup  jihis  bas  jusqu'en  .Maçonnais  ot  on  Autunois.  Nous 
avons  (h'Jà  *u  eoninient  Eu(l<>s  intervint  vers  cette  épofjue 
dans  le  ronité  do  Màcon,  où  il  conlistiua  an  nom  du  roi  la 
villa  de  Sonnec<'.  Vu  antre  document  du  même  tiMups  nous 
le  montre  pris  comme  arlnlre  dans  le  C(Mute  d'Autun  pour  un 
diirérend  (jui  s'était  élovi'  au  sujet  do  la  villa  do  Porrecy'. 
L'archovè(ph'  di'  Ronriios.  ^'ul^ald,  et  le  comte  Eccard  se 
disi»utaieiit  la  pi'opri(''té  du  domaine  de  Perrecy.  ^'ull■ald 
intenta  un  procès  ii  Eccard  :  l'airaire  lut  jtortée  devant 
révêquo  d'Autun,  Leudo,  ot  le  comte  Adalart -,  (pu,  comme 
iiiissi  (loiiiiniti ,  tenaient  un  plaid  dans  le  vilhiLiX'  de  Mont -'. 
Les  doux  i»arties  produisii'ont  divers  témoins  :  l'un  d'entre 
eux,  nommé  Mauron,  i»rélendit  qu'on  avait  déjà  eu  recours 
au  comte  Prudes  relativement  à  la  possession  de  Perrecy; 
mais  il  ignorait  ce  (pii  eu  ('tait  advenu  '. 

Le  comte  Eudes,  avant  de  moiirir,  lut  encore  enq)l(jyé  ii 
diverses  missions  par  Charles  le  Chauve.  Le  8  août  cSOO, 
Lothairo.  roi  de  Lorraine,  Unissait  misérablement  ses  Jours  ii 
Plaisance,  en  Italie.  Ce  l'ut  une  occasion  pour  Charles  de  dé- 
tourner il  son  prolit  un  héritage  si  lon,utem|)s  convoite''.  Un 
mois  ne  s'était  pas  ('coulé  depuis  la  morl  de  Lothairo  qu'au 
méjiris  dos  droits  do  l'omperour  Louis,  frère  et  hf'ritier  du 
({('■funl ,  Cliarles  le  Chauve  faisait  d<''J;i  acte  d'aui(iril(''  en 
Provence.  11  dt'iiiiiaii  a  Vienne  le  comte  Eudes  et  signiliait  à 
rarchevo(pU'  do  cotte  ville.  Adon,  de  sacrer  Bornier  comme 

évoque  de  (ll'enoble  ^. 

'  i'cmTV-lcs-Koigrs,  S;i('iiir-cl-l,iiiic,  an'  Ciiaiollcs,  c""  Toiiloii-siii-Aiioiix. 

-  Le  comte  KftanI  gai;iia  son  |»ro((''s  coiilro  Viilfald ,  car,  en  S7(>,  il  (ioiiiiail 
la  villa  lie  l'criccv  à  laliliavr  dt;  Saiiil-l{ciioil-sur-Loir(î  (Gallia  Clirixliana, 
T.  VilL  roi.  ir.i'n. 

•'  Mont,  .*>ai"in('-('l-i,(iin' .  an'  Cliarollcs,  c"'  Honrlion-l-aiicv. 

*  Ihi/nlr  aiiiliril  i/ikhI  vi'iiiI  ail  Oduiio  cnmili  pin  ifisd  nilioiit',  scil  tiesrirbiil 
ijuiiil  inile  ffrif  :  innjiliiis  illi  rni/iiiliim  imn  crut  l'i'iani,  ibitl.,  (t.  !!!{)•  '•''' 
acte  n'i'sl  |ioint  dalr  :  >a  irdarlion  se  |dair  cnlri'  Irs  anriri's  S(i(')  cl  NT  I .  l'.ii 
••fl'cl  Viill'ald  lui  ar(li('V("'(|ii('  de  lîonr^fs  de  Slili  à  S7(i  ;  d'aiilii'  part ,  li-  •  (inilc 
Kiidf's  tnoiiiiit  en  S7I . 

'  l,a  li'llif  (II-  Cliaili's  le  CliaiiM'  ordoiniaiil  à  Adon  de  .sacrer  rr'vn|uc  ilc 
lln-noltlc  lut  reçue  |iar  Adon  le  '11  aoùl ,  acre  pi  a  17  knl.  scpti'mlnis  iduni 
l!itui|ue|,  VII,  ."■iCiUi.  |'',udi'>  ('{.lit  di'ià  ili'|MMs  iiiii'li|Mes  j(tnrs  à  \  leinii- :  /Vr 
ihlitwm  li  iiliii.s  fiili h's  iiiisliii!)  niliiiiliilrin  nnslnnn  inhis  iipiiiiimiis  (iliiilfiii). 


—  58  — 

Touleluis  Charles  ne  lui  pas  sans  renconlrei'  d'ubslacles 
dans  la  réalisation  de  ses  projets.  Une  grande  partie  des  sei- 
gnenrs  provençaux,  et  surtout  le  comte  de  Lyon,  Girart,  Ini 
opposèrent  la  plus  vive  résistance.  D'autre  |)ar( ,  l'empereur 
Louis,  dont  les  droits  à  l'héritage  fraternel  étaient  indiscu- 
tables, fit  intervenir  le  pape  Adrien  en  sa  faveur  '. 

Charles  le  Chauve  ne  pouvait  plus  triompher  que  par  la 
violence.  Mais,  avant  de  marcher  sur  Lj^on  les  armes  à  la 
main,  il  voulut  s'assurer  la  neutralité  de  son  frère,  Louis  de 
Bavière.  A  cet  effet,  il  consacra  l'année  870  presque  iout 
entière  à  des  négociations  qui  amenèrent  la  conclusion  du 
traité  de  Mersen  (8  août  870).  Aux  termes  de  ce  traité,  Charles 
et  Louis  de  Bavière  partageaient  entre  eux  les  Etats  de  leur 
neveu,  le  roi  Lothaire^.  La  majeure  partie  de  la  Bourgogne 
cisjurane,  les  comtés  de  Lyon,  de  Vienne,  de  Viviers  et  d'Uzès 
échurent  à  Charles. 

L'empereur  Louis  comprit  alors  que  toutes  ces  provinces 
allaient  lui  échapper  :  il  tenta  une  dernière  fois  d'employer 
contre^  rusur[)ateur  l'influence  du  pai)e  et  les'îuenaces  d'ana- 
thème-^  Vers  le  mois  de  novembre,  Charles  le^Chauve  mar- 
chait sur  Lyon,  s'en  emparait,  et,  avant  le  25  décembre ,  la 
ville  de  Vienne,  longtemps  défendue  par  Berthe,  la 
vaillante  femme  du  comte  de  Lyon,  tombait  au  pouvoir  du 
roi  des  Francs.  Toute  résistance  était  désormais  inutile  : 
Girart  vint  lui-même  se  livrer  à  Charles,  qui  lui  accorda 
trois  navires  pour  se  retirer  par  le  Rhône,  en  emportant 
tous  ses  meubles"'. 

Après  la  prise  de  Vienne ,  le  gouvernement  du  comté  fut 
donné  à  Boson,  beau-frère  du  roi  ^.  Le  comte  Eudes  paraît 
avoir  rempli  à  Lyon  une  mission  analogue  à  celle  de  Boson 
à  Vienne.  Il  fit  en  effet  restituer  alors  à  Rémy",  archevêque 


'  Ann.  Uni.,  ;ul  ami.  N(i!).  dom  nnuqiiot .  VH ,  107  et  lOS. 

-  Ann.  Bcrf.,  ad  ami.  870,  ibidm,  Ml,  lOS  cl  10!). 

3  Ann.  Bert.,  ad  ann.  870,  ibidem,  VII,  1 1  L 

*  Cnrolus,  tribus  navibus  Gerardo  datis,  per  Rhodanum ,  cuin  sua  uxore 
lirrla  et  mobilibus  suis  a  Viciina  prrmisif  absrcdrir  (Ann.  Bert.,  ad  ami.  871, 
doiii  llom|iicl,  VII  ,  I  \1>). 

^  Ipsam  Viennam  Bosoni,  fratri  uxoris  siiae,  commixit  (ibidem). 

'■  l.i'  (li|ilùi)i('  de  Cliai'Ics  le  CJiaiivo  coiifiriiiaiit  («'Ile  icstitiilioii  ii'fst  pasdatç. 
11    diil    clic    accorde    en    871,    |uiis(jiic    (jliarles    n'eiilra    à    Lyon    que    vers 


—  511  — 

(le  I,\  oiK  les  villas  (le  Chaiijiy  en  Atitunois  '  cl  irÈfuellcs  en 
Chaloiinais  -'. 

Je  (Tdis  (|iu'  vers  la  iiirinc  éixxjiK'  Kiidcs  rentra  <'ii  jiosses- 
sioii  (lu  cointt  (le  Châteaiiiliin  (jiii  lui  avait  été  enlevé  en  H50. 
Lambert,' (liii  l'avait  renii>lac('  dans  cette  chai-ire,  semble  être 
iiKtrt  on  (lu  nmiiis  avoir  (iuitt(''  la  (Janlc  xcrs  STo-';  le  roi  au- 
rait alors  rendu  a  Eiules,  lidcle  exécuteur  de  ses  coiunum- 
dements,  fidrii/ulis  sln-jiniis  cxfciitor,  les  ollices  ([i\e  ce  comte 
avait  autrefois  possédc's*.  Qu(d(|ues  aniu-es  plus  tard,  en 
etlét,  le  lils  ain(''  d'Kudes  est  sij^nalé  coniiiK»  exerçant  son 
autorit(''  sur  les  pays  de  Châteaudiiii  cl  de  Chartres. 

l'jides  ne  survécut  iyuère  à  la  concpiètc  du  duché  de  Lyon 
par  Charles  le  Chauve.  Siiiualé  une  dernière  l'ois  le  8  juin  871  ', 
il  mouiut  le  10  aoùl  de  la  même  année*,  h'iiuant  au  chapitre 

dt'ci'mlire  ^fTO  el  iinKnilcs  inoiinil  li'  1"  .mm'iI  nTI.  ('.<•  ili|iirmu'  a  ('ti'  |iiilili('  par 
doin  |{nii(|ih'l ,  Vlll,  i't'iii:  Eudes  y  est  ainsi  (k''sigii(''  :  Ùihln  ilhislris  eûmes  el 
iw.slrae  fiilelitali.s  slreiuius  exeeiilor. 

'  Chani^y,  Sa(iiic-ct-Loire ,  an'  cl  c""  Cliarolli's. 

-  Kriicllcs,  Sai'tiK'-et-LoiiT ,  c»"  Vcrdiiii-sur-lc-Doiilis,  an'  (".li;iloii-siir-Sa(^iio. 

•'  Le  comli-  Liinlicil  ap|iart<'iiail .  suivant  toiiU^  vraisc^mliianco,  à  la  lainilh; 
des  {.amliiTls  et  di's  (luis,  |inissantr  en  Nrii^trii'  au  \\'  sièrlc  .  r|  à  la(|Ui'll('  se 
lallarliail  la  liraurlic  ilalicinie  des  dues  di;  SpoK-k'.  l'u  alleiiiaud,  .M.  Wiislcnlrld, 
a  pidilitî  un  impoilanl  travail  sur  celte  laniille  dans  les  Forsclinni/cn  itir 
(leitlsrhen  Ge.sehir/ile  T.  III,  année  |S(i:!,  p.  :»,S;î-'i:rn.  M.  Wu-^tenfeld  a 
si},'nalé  la  prt'sence  en  Italie,  dans  le  courant  de  Taniu'e  S7I  ,  d'un  comte  de 
(Jaule,  noiiinié  Laudierl ,  leipiel  se  trouva  nièlt"'  aux  luttes  (jiie  snulint  ainrs  le 
duc  de  Sp(»li''te,  Land)ert,  contre  renipereur  Louis  II,  lirreeilé,  p.  'lOiet  'i(>5). 
l'oin-  distiiiiiin'i'  ces  deux  hoinouynn's ,  llincniar  dans  ses  ainiales  appela;  le 
comte  de  (iaide,  Luiulbeiiits  (jilvux.  Ce  (pii  prouve,  cnnmie  l'a  juslemeul  l'ait 
ohserver  M.  Wiistenleld,  (pie  ce  peisonnaj^e  (!'tail  hieu  comni  en  deçà  des  Alpes. 
On  pourrait  peiit-(itre  reconnaître  dans  ce  conite  de  (Jaide,  smiioinuK'-  par 
llincmar.  L.imliert  le  Cliaiive,  notre  comte  de  Cliàteanduti ,  l.amiierl ,  (pii 
ainait  été  altiié  eu  Italie  pai'  la  haute  l'ui'lnne  et  la  renounuée  de  son  parent,  le 
duc  de  Spolète.  Lambert  le  (lliaiive  mourut  dans  le  sud  de  l'Italie,  en  STii 
(.\nu.  herliii.,  ad  ami.  Hl'.i,  dom  Houqin'l ,  VU.  IH>1. 

'  A  cette  ('iiofpie  le  roi  s(!  plaisait  à  aicinniiier  entre  les  mains  de  ses  favoris 
honneiUN  sur  lionneins.  C'est  ainsi  (jiie  |îo^on,  d(''jà  coinl(^  en  ltomi;oj,Mie,  ('tait, 
en  S7I  ,  .u'ralilié  rlu  comté  de  Vienne;  eu  Hl'2,  du  comté  de  Hommes  ;  rn  S7(>, 
du  diiclié  de  l'avie  ^/1/iH.  Iterl.,  à  ces  dates).  Hans  le  même  temps,  llnmies 
laldié  ('tait  à  la  l'ois  comte  de  Tours,  d'Angers,  d'Orlc^ans  el  due  des  pays 
d'entre  Seine  el  Loire  iCl'.  Km.  l'onri^'eoi^ ,  IIiKjHes  l'Ahhr). 

'•'  Il  s'agit  ici  (In  diplôme  de  Charles  le  Chauve,  daté  du  S  juin  N7 1  ,  où 
Kiides  esl  mentionné  conmie  dé|éL;u(5  du  roi  en  M;'icnnnai>^  (ItriU'l,  ('.art.  de 
Cliiini,  I,  -iU). 

'^'  On  lit  dans  r(dMlu.nre  du  chapitre  de  Sanit-Marlni  dr  loins  an  l\  de^  Mi'> 
d'août    ^IU   août    :    itbiil    Fredeifisus ,    ubbn  ,    el    Od» ,    ruines   iNécrologe    de 


—  en  — 

de  Saint-Martin  de  Tours  la  villa  de  Nogent  en  Oniois,  que 
le  comte  Boson  et  Bernard,  ses  exécuteurs  testamentaires, 
remirent  entre  les  mains  de  l'abbé  Hugues,  en  ce  même  mois 
d'août  871  ^ 

Eudes  avait  épousé  Guandilmode  :  il  eut  de  son  mariage 
deux  fils,  Eudes  et  Robert,  Au  mois  de  mai  840,  Eudes  et 
Guandilmode  avaient  fait  ensemble  une  donation  au  chapitre 
de  Saint  Martin  de  Tours  :  leurs  deux  fils  ne  devaient  pas 
être  encore  nés  -.  Guandilmode  mourut  avant  son  mari.  Le 
testament  d'Eudes  en  faveur  du  chapitre  Saint-Martin  de 
Tours  nous  apprend  en  effet  qu'Eudes  avait,  à  la  mort  de 
Guandilmode,  aliéné  déjà  une  partie  de  la  villa  de  Nogent  en 
Omois,  villani  Novienliim,  exceplo  quod  olitn  Odo  dedernt  tid 
sepulturam  uxoris  suae  ^. 

Le  comte  Eudes  en  mourant  laissait  sans  titulaire  plusieurs 
charges  importantes,  dont  ses  deux  fils  semblaient  appelés  à 
hériter  :  la  plus  considérable  de  ces  chaa^ges  était  celle 
qu'Eudes  avait  eue  comme  représentant  du  roi  ^n  Bourgogne. 
Mais,  de  même  que  Robert  et  Eudes,  les  fils  de  Robert  le 
Fort,  avaient  été,  en  866,  jugés  trop  jeunes  pour  succéder  à 
leur  père  dans  le  duché  d'entre  Seine  et  Loire*,  de  même 

Saint-Martin  de  Tonrs,  P.ililiollii'iiuc  Nalionalc,  <'olI.  lîaluze,  T.  77,  f»  .i33  l'o) 
Frédégisc ,  al)l)é  de  Sainl-Mai'liii ,  nioiinil  le  Kl  août  KM.  Quant  à  Eudes,  dont 
il  est  ici  question ,  on  doit  y  reconnaître  notre  comte  Eudes ,  qui  légua  à  Saint- 
IMartin  de  Tours  la  villa  de  Nogent  à  condition  que  les  chanoines  priassent  pnin- 
le  repos  de  son  àme.  —  Diverses  raisons  concourent  à  prouver  ([ue  c'est  iiieii  de 
lui  (jn'il  s'agit  ici.  En  ellet,  il  n'y  eut  jamais  que  deux  comtes  de  Tours  du  nom 
d'Eudes,  et  ils  ne  moururent  ni  l'un  ni  l'autre  an  mois  d'août.  Le  premier,  qui 
fut  comte  de  Tours  et  de  Chartres,  décéda  le  j!2  mais  U!)5  (obituaire  de  Saint- 
Père  de  Chai'li'es,  ms.  I()3X  di;  la  jiiiil.  communale  de  (■hai'lres);  le  second,  qui 
lut  comte  de  Tours,  de  Chartres  et  de  Troyes ,  l'ut  tué  le  15  novembre  1(KJ7 
dans  un  combat  célèbre  contre  Gothclon,  duc  de  Lorraine  (Cf.  d'Arbois  do 
Jubainville,  Hist.  des  comtes  de  ChornjKif/ne,  I,  p.  3-43).  Ce  n'est  donc  pas 
un  comte  de  Tours  qui  est  mcnliouné  au  10  août  dans  le  nécrologe  de  Saint- 
.Martiii.  —  Ajoutons  (jn'il  est  certain  que  notre  comte  Eudes,  encore  vivant 
le  8  juin  871,  était  mort  avant  la  fin  d'août  suivant,  épo(|ue  où  ses  exécuteurs 
testamentaiivs  donnèrent  en  son  nom  la  villa  de  Nogent  au  chapitre  de  Saint- 
Martin  de  Tonrs. 

^  \o\y  pièces  justificatives,  w"  IV. 

-'  Cf.  ibidem,  \\"  IIL 

3  Cf.  ibidem,  n"  IV. 

*  Siquidem  Odo  cl  Ruotbertus,  filii  Riiulberti,  adhue  paindi  eraiit 
[Réfiuion,  ad  aiiit.  8(>7,  f'erlz,  Srrij)tores ,  I,  578). 


—  Gl  — 

Eudes  et  Robert,  fils  du  comte  Kuilcs,  l'ureut.  eu  S71.  consi- 
dérés par  Charles  le  Chauve  coimiiic  incapables  tk'  roniiilir 
eu  Bour^o^ue  la  mission  autrefois  C(»uliéc  ii  leur  père. 

A  la  mort  ilc  Robert  le  Fort,  Huiîues  lAbbé  avait  été 
envoyé  eu  Neustrie  pour  le  remplacer  '  :  (juaud  Eudes  mou- 
rut, ce  fut  l'un  de  ses  exécuteurs  testaïuentaires,  le  comte 
Bosou,  (pli  le  remplaça  eu  liourj^t'oyiif-. 

Quant  aux  comtés  de  Chateauduu  ei  de  Troyes,  ils  furent, 
semble-t-il,  réservés  aux  lils  du  dcliinl,  (pii.  jiour  cause  de 
minorité,  n'en  furent  pas  aussitôt  mis  en  possession.  Ce 
fut  peut-être  le  duc  d'entre  Seine  et  Loire.  Hugues  l'Abbé, 
(|ui  eut  la  g-arde  provisoire  du  pays  Dunois-'.  l)'autre  part,  on 
voit  par  les  titres  que  Eoson  administrait  temporairement  le 
comté  de  Troyes  pendant  les  années  qni  suivirent  immédia- 
tement la  mort  du  comte  Eudes*. 

La  dernière  fois  que  Boson  intervient  ofliciellement  dans 
le  pays  de  Troyes,  c'est  le  29  mars  877  *,  époque  oii  il  obte- 
nait de  Charles  le  Chauve,  en  faveiu'  de  l'abbaye  de  Montier- 
la-Celle,  la  foret  de  Jeug-ny  "  et  2  manses  et  demi  à  Lirey 
dans  le  Troiesin  ^  Quelques  mois  plus  tard,  son  pupille,  le 
j<'une   Eudes,   agissait    personnellement    comme    comte  de 


'  Uuijitnem  in  Neuslriam  loco  Hotberti  diriijit  {Ann.  Dert.,  (Ituii  lioïKiiict , 
Vil,  «il;. 

-  Ili'puis  N7I  ,  cil  ('(['(•[,  P.osoii  jiiii.i  fil  Hoiirgotriic  un  rôle  jiii.iloi^ut'  à  (•■lui 
qu'y  ;iv;iil  jinir  jiiMiiic  là  li;  conili'  Kiiiles.  On  li"  voit  (lt''S  lois  ni  |iossf'Ssioii  tIfS 
plus  riclu's  ahlniyi'S  des  hords  de  la  Saùiie  (de  Giii!,Miis  la  Sana.  Ihsuuide.s , 
l..iiisaiiiie.  IS.")I  ,"  iii-Ko.  p.  il  ).  —  Entre  Hl\)  et  SSO,  Hosmi  mia  à  sou  Irèie 
liirlianl  tiiute  sou  autorité  sur  la  Kouii^Oi^iie  (de  (liiigiiis,  ibidem,  p.  ('»7). 
lîicliaid  a  toujours  été  til«''  par  les  liistoiiens  loniiiie  le  preiiiier  dm'  de 
r.nuii,'o.mif ,  mais,  d'après  ce  ipie  j'ai  dit  préccdemiiieiil ,  il  y  a  lieu  de  conclure 
rpiavaiit  d  appartenir  à  Ricliard,  le  duché  de  l!ourg(ii,nie,  créé  par  Cliailes  le 
C.liaiivf  pour  l'aire  l'ace  an \  attaipies  des  seii,'iieiiis  (rdiilie  Saùiic.  fut  confié 
vers  XCii  à  Kiides,  |iuis ,  de  S" I  à  <S7ll  environ,  an  couile  lîosciii. 

■'  Au  couiuieiicement  de  l'aïuiée  N7S,  c'est  Hugues  l'Aldté  ipii  appelle  eu 
Nciistric  le  101  Lduis  le  j'.èiiuc,  pour  olileiiir  son  iiiterveiitinii  coiitir  les  lils  de 
(ieoU'nii  du  .Maine  qui  s'étaient  riiiparé>  de  (iliàteandini  cl  avaient  usurpe  les 
honneurs  du  jiMine  comte  Kiides.  Voir  plus  loin,  |).  (i:{,  notes  "2  et  15. 

'  ll'Arliois  de  Juhainville.  Histoire  di's  coiiiles  dr  Cluini/Kiniir ,  T.  I. 
p.  tll,  ti.-). 

^  Vers  la  même  époque,  Uosoii  idilini ,  pour  l'ahhaye  de  .Monliéramey  au 
comté  de  Troyes,  nu  diplôme  de  Charles  le  Chauve.  C.ï.  A.  Cir\.  Ktudvs  raiv- 
liiKjii'iines.  dans  Eludes...  dèdires  à  0.  Moiiod.,  p.  l:iS. 

*  Jeiigiiy  et  Liiey,  Aiilie,  an'  Troyes,  t""  l'umlly, 

'  Cl.  dom  liouqnri.  \|!l.  (1.7.». 


—  02  — 
Troyos.  C'ost  à  M.  dArhois  de  Jubaiiivillo  que  revient  le 
iiiérite  d'avoir  découveii  le  curieux  docuiiieiii  où  Eudes  est 
signalé  pour  la  première  fois  avec  son  ïvova  Robert'.  Le 
25  octobre  877  ^,  Eudes,  comte  de  Troyes,  met  son  frère 
Robert  en  possession  du  villa.G'e  de  Chaource  ^. 

Dans  cette  charte,  Eudes  scnil  est  qualifié  de  comte  ;  Robert 
n"y  porte  encore  aucun  litre*.  Cette  supériorité  honorifique 
d'Eudes  sur  son  frère  ne  peut  s'expliquer  que  par  une  supé- 
riorité d'âge.  Étant  l'aîné  de  Robert,  Eudes  dut  être  d'abord 
seul  chargé  des  dignités  paternelles.  Aussi,  h  la  même 
époque,  le  voil-on  intervenir  dans  les  comtés  que  son  père 
avait  eus  en  Neustrio. 

Louis,  fils  de  Charles  le  Chauve,  avait  été  sacré  roi  à 
Compiègne  le  8  décembre  877.  Les  premiers  mois  de  son 
règne  furent  signalés  par  les  révoltes  de  plusieurs  comtes 
qui  lui  étaient  hostiles.  La  plus  importante  de  ces  révoltes 
fut  celle  qui  éclata,  immédiatement  après  son  sacre,  dans  les 
pays  d'entre  Seine  et  Loire.  GeofFroi,  comte  du  Maine,  et  ses 
fils,  ainsi  que  ses  neveux,  Bernard  et  Emenon  ^  furent  les 
promoteurs  de  cette  sédition.  On  se  souvient  qi^  le  roi  Louis 


'  Histoire  des  comtes  de  Champagne,  t.  I,  |i.  iid.  M.  d'Arliois,  en  publiant 
ce  texte,  n'a  pas  reconnu  les  pcrsonnatfes  qui  y  figui'aicnl.  11  a  confondu  Eudes 
et  lîohcrt,  fils  du  ronite  Eudes,  avec  les  fils  de  j'iolifit  le  Koit.  Son  erreur  a 
déjà  été  signalée  pai'  M.  de  Barthélémy  dans  sou  ai'tide  sur  les  Origines  de  la 
Maison  de  France  {Revue  des  Quest.  historiq.,  année  \Hl\i,  T.  I.  p.  \ti). 

^  Vingt  jours  au|»ara\ant ,  le  (>  orlolire  S77.  ('Iiailes  le  Chauve,  revenant 
dhalii',  était  nioit  miséiablenieiit  dans  un  village  de  Savoie. 

•'  Chaource  (Auhe,  arri  lîar-snr-Seiue,  ch.  I.  c"")  appartenait,  au  IX''  siècle, 
au  p(/giis  Tornodorensis  ou  Tonnerrois  ;  mais  depuis  l'an  S59  au  plus  tard  le 
pagus  Tornodorensis  était  uni  au  comté  de  Troyes.  C'est  ce  que  prouve  un 
(lij)lùine  de  Charles  le  Chauve  en  date  du  10  janvier  (SoQ.  La  villa  de  Silviniacus 
(anjoui'd'hni  Sainte-Vertu,  au  sud  de  Tonnerre),  y  est  dite  (li'pendre  du  comté 
de  Troyes,  (|Uoi(|u"étant  dans  le  Tonnerrois  ;  l'rerepimiis...  quandain  villain  de 
comitatu  et  dominio  Trecassine  urhis...  restitni...  Voratur  siquidetn  eadem 
villa...  Silviniacus,  et  est  in  pago  Tarnodorensi...  sahditu  pnteslati  comitalus 
ejus  urbi.'i  [  Trecassine].  Cf.  doni  ISoïKinel.  VIII.  p.  ."t'iT.  C'i'st  donc  (dnime 
comte  de  Troyes  qu'Eudes,  en  S77,  mit  son  frère  Rolicri  l'ii  possession  de  la 
villa  de  Ciiaource. 

"*  C'est  à  la  prière  de  sa  lènnne,  lîichilde,  la  sunn- du  duc  lloson,  tuteur 
d'Eudes  et  de  Robert,  que  Charles  le  Chauve,  empereur,  avait  concédé  la  villa 
de  Chaource  au  jeune  Robert.  Cf.  Ciry,  Etudes  caroling.,  liv.  cité,  p.  127. 

^  Les  deux  frères,  Bernard  et  Emenou,  étaient  Dis  di'  Blichilde,  Sd'ur  de 
Gcoffi'oi  du  .Maine  (Cf.  Histoire  du  Languedoc,  nouv.  édition,  note  rectificative, 
T.  Il,  p.  iSU). 


—  (T.  — 


avait  été  autrolois  «iratinô  par  son  pèro  Charles  le  Chauve 
(hi  (hicht'  (Ui  Maiiio,  et  qu'il  s'était  alors  alic'né  tous  les  soi- 
«.••iieurs  (l(^  la  réiiiou.  Aussi  le  soulèveuicul  (jui  eut  lieu  eu 
Neustric  ;i  Iw  nouvelle  de  son  avènement  au  Iniiit'  n  a-t-il 
rien  qui jiuisse  surpendre. 

Flodoard,  dans  son  Jlistoii-r  tic  l'J'j/lisr  de  Id-ims,  cite  une 
lettre  tiu'lliiuinar,  en  ces  circonstances,  écrivit  ii  <iozlin, 
frère  de  (icolTroy  ihi  .Maine,  l'exhortant  à  détourner  son  fi-èro 
ainsi  que  son  neveu,  Bernard,  de  leur  révolte  contre  le  roi  '. 
Mais  cette  lettre  l'ut  sans  eU'et.  Tandis  ({u'Huienon,  l'rère  de 
Bernard,  s'emparait  d'Evreux  et  ilévastait  les  environs,  les 
hls  de  (ieoil'roi,  se  jetant  sur  les  comtés  voisins,  se  rendaient 
maîtres  de  Châteaudun  -,  et  dépouillaient  île  ses  honneurs  le 
Jeune  comte  Kudes. 

J.e  duc  d'entre  Seine  et  Loire,  Hugues  l'Abbé,  retenu  ii 
'l'ours  par  une  attaque  iiiiiiiiueiite  des  Normands,  ne  pul 
inler\(iiir  contre  les  envahisseurs  des  pays  commis  ;i  sa 
li-arde.  11  a]ipela  à  son  aide  le  roi  Louis  le  Bègue  qui  était 
alors  a  Saint-l)enis  près  de  Paris.  Le  roi  traversa  la  Seine  et 
se  rendit  à  Tours  où  il  tomba  malade.  Contraint  par  la 
gravité  des  événements  à  user  de  prudence,  Louis  consentit 
il  recevoir  en  grâce  le  comte  Geoff'roi  et  ses  fils,  auxquels  il 
conhrma  les  honneurs  du  comte  Eudes  ^  (878). 

'  Scrihil  Hinrmurus  CiuzUno  pro  llcrnartla  nepotc  qui  seditiunem  loiitnt 
reçjfm  iiioliri  fi'rehalur,  horlmis  ut  ah  liac  iiitcnlinnc  sludral  eum  m'orare,  et 
ut  ipsi'  Ciizinuis  fiit)  iiullii  carniili  alfirlu  a  inln  vin  ({l'clliicl,  fralirni  ijuaque 
suum ,  GozI'ikIuih  ,  anninuncal  ut  uiiibn ,  mciiiorcs  jjaientuin  suurum,  a  /iilei 
siucerilate  non  àrgenerenl  (dom  lioiiqiict,  Vlll,  154). 

-  IliiHiii.ir  riiji|iorli'  qiio  les  lils  de  (icullroi  ilii  M;iiiii'  s"riii|i.ir<"'r('iit  .ilois  (11111 
iii.sli'llum  ;i|)|i;irlniaiit  -iii  lils  du  déruiit  coiiili'  lùules,  castrlluiu  filii  Udunis , 
quondam  romitis,  invaserunt.  Or  le  comte  JMides  ne  possi-ihiit  en  ci'llc  \r</m\ 
•|ii('  ('.li;iltaiidiiii  cl  |t/'iil-rli('  Clijirlrcs;  Cliailics  avait  litre  de  vivitas,  le 
ruslellum ,  dniit  il  t-st  ici  iiiieslimi,  ne  jieiit  doue  être  (jut-  Ciiàteandiiii,  ijui 
avait  elli'cliveiiieiil  dès  lors  le  lilre  do  castellum  :  sur  les  deniers  carolinf^iens 
lin  IX''  siècle,  cette  ville  est  a|i|ielée  CASTKL   l»VN() ,    liVMS   CASTKI.I.d. 

•'  Ludoviius  ,  suiidi-nlr  Huijiini',  alihutr  et  iiitirkiunr ,  prirexil  ullni 
Sequnnum ,  tum  prti  auxilin  Uuijnnis  contra  Niirtmaunos  quam  cl  pnt  en  qutnl 
/ilii  Coifridi  tnstrUnin  et  hnnnrfs  /ilii  Odoiiis,  qunndaiit  ciimitis,  inrasrraut, 
i-t  Iniuii),  f'niter  Ik-rnardi.  iiiurkiunis ,  Kbnirt'usi-m  (iritnlfin  usurpans, 
niullus  drpiiiedalidues  rirrumrirra  in  ilhx  reijinnihus  exi-i'cchal...  El  venicns 
Ludinirus  usquc  l'uronis,  inliimatus  est  usque  ad  desperationem  vitae;  seil... 
aliquanluluni  ronviilfsrens...  renit  ad  runi  Citzfiidus ,  nildurens  seeum  filios 
.suo.v,  ca  ciiuditiiiiir  ut  caslrllum  et  liniiorrs  quns  ntrusrrant.  l.udiiviia  rerji 
reddi-imt,  el  pustea  prr  rancessinnini  illins  Imliireiit  ,1////  Idiliii..  ad  ami. 
S7S,  (Iniii  ilnlKinrl,   VIII,  "IH). 


—  04  — 

Moins  d'une  année  s'était  écoulée  que  Louis  le  Bègue  mou- 
rait H  Corapiëgne,  le  10  avril  879,  à  l'âge  de  trente-trois  ans. 
Il  avait  épousé,  encore  tout  jeune,  Ansgard,  la  sœur  d'un 
comte  de  ses  amis  (mars  862)  *.  De  ce  mariage  il  avait  eu  une 
lillc  Gisla,  et  deux  fils,  Louis  et  Carloman,  qui,  après  sa  mort, 
fiu'ent  sacrés  rois  au  mois  de  septembre  879  et  se  partagèrent 
ses  États  en  mars  880. 

Louis  et  Carloman  étaient  fort  jeunes  ;  ils  avaient  à  peine 
quinze  ans  l'un  et  l'autre  lorsque  leur  père  mourut.  Aussi 
est-il  naturel  qu'ils  aient  recherché  la  société  de  jeunes  gens 
de  leur  âge  :  cela  explique  la  haute  faveur  dont  jouirent  sous 
le  règne  de  ces  princes  les  deux  fils  du  comte  Eudes.  Robert 
semble  avoir  été  lié  d'une  amitié  toute  particulière  avec  le 
roi  Carloman,  qui  lui  donna  sa  sœur  Gisla  en  mariage  -.  Gisla, 
d'ailleurs ,  peu  de  temps  après  avoir  épousé  Robert,  mourut 
à  peine  âgée  de  vingt  ans. 

Robert  n'avait  ni  titre  ni  honneur  lorsque  son  frère  Eudes, 
comte  de  Troyes,  le  mit  en  possession  de  la  villa  de  Chaource 
en  877  ;  mais,  après  son  union  avec  la  sœur  des  rois  Louis  et 

*  Ce  comte  s'appelait  Eudes.  Ansgard  et  Eiuhis  étaient  les  enfants  du  comte 
Hardouin.  Eudes,  flls  d'Hardouin,  ne  peut  être  confondu  avec  le  comte  Eudes 
de  Cliàte.iudnn,  mort  en  S7I.  Le  13  janvier  S.")l),  Eudes,  fils  d'Hardouin, 
doinia,  du  conseutemeut  de  sa  mère,  ^Varinll)urge,  diverses  terres  à  Fiddjaye 
de  Sain(-Alaur-des-Fossés  pour  le  repos  de  l'àme  de  son  père,  Hardouin. 
(Cf.  Tardif,  Monuments  liisloriqurs).  La  charte  est  datée  de  la  li)""  année  du 
règne  de  Charles  le  Chauve.  Or,  eu  janvier  NÔ!»,  Eudes  de  Cliàteandnn,  révolté 
contre  Charles  le  Chauve  et  dévoué  à  la  caus(!  alors  trioni|ihaiite  de  Louis  le 
(Germanique,  n'aurait  pas  daté  une  charte  du  règne  de  Charles  le  Chauve.  — 
Ce  doit  être  le  comte  Eudes,  fils  d'Hardouin,  que  Charles  envoya  eu  ambassade, 
avec  un  antre  comte  Hardouin ,  auprès  de  Louis  le  Germanique  eu  X7(J 
(Cf.  Aiin.  Beii.,  ad  ann.  <S70,  doni  iJouquet,  Vil,  lOil). 

2  Gisla,  fille  de  Louis  le  Bègue  et  d'Ansgard ,  n'a  pas  été  mentionnée  par 
l'Art  (le  vérifier  les  dates  ni  par  aucun  auteur  moderne.  Sou  existence  cependant 
a  été  connue  des  auteni's  de.  la  fin  du  XVT'^  siècle  et  tin  comnieuc(>meut  du 
XVH''  siècle.  Gisla,  eu  elfet,  était  signalée  dans  le  cartulaiie  de  .Moiiliéramey  ; 
mais  ce  cartulaire  fui  perdu  vers  le  milieu  du  XVH"  siècle,  la  lrac(^  de  Gisla  liit 
effacée  et  les  historiens  postérieurs  nièrent  l'existence  de  cette  princesse.  Grâce 
à  la  précieuse  analyse  du  cai'tulaire  de  Montiéramey  qui  nous  a  été  conservée 
par  Andi'é  Duchesne,  il  est  maiulenaiil  eertain  (pie  Louis  le  Itègue  eut  une  fille 
de  ce  nom  (Cf.  A.  Giry,  Eludes  rarolinj/.,  livre  cité,  p.  Gîl)).  —  On  sait  que 
Carloman,  frère  de  Gisla,  mourut  à  l'âge  de  dix-huit  ans  eu  884  [Annales  de 
Saiiil-Vaast}  ;  il  était  donc  né  eu  8(j(i.  Son  frère  aîné.  Louis,  mort  en  88ïJ, 
dut  naiti'e  dans  Tainiée  (pii  suivit  le  maiia^e  de  Louis  le  l!ègu(;,  c'est-à-dire 
en  8(10.  Quant  à  Gisla,  morte  avant  Carloman,  elle  naipiit  vraisemlilahlenieut 
en  804  ou  805.  Tous  les  enfants  de  Louis  le  Bègue  et  d'Ansgard  mourui'cut 
donc  avant  d'avoir  accompli  lem'  viniitiènie  année. 


—  fi5  — 

Carloiiian'.  il  sc-leva  rapidement  aux  plus  hautes  charf,'es.  Il 
devint  daljord  comte  de  Troyes  :  son  frère  Eudes  lui  céda 
ce  <j^ouvern<'mcnt  vers  880.  lorsque  lui-même  lut  rentré  en 
possession  (Us  honneurs  du  I)uuois  et  du  ("iiiirtrain  qui  lui 
avaient  été- e*nlev<''s  par  les  hls  do  Geolli'Hi.  comU' du  Maine -. 
Plus  tard,  Robert  devint  ministre  j^alatiii  :  il  portait  ce  titre 
quand  il  donna  à  l'abbaye  de  Montiéramey  sa  ^  illa  de 
Chaource^.  Sa  fortune  était  donc  à  sou  condjlc  lorsfpiil  périt 
à  la  Heur  de  l'âge  dans  un  combat  contre  les  Normands. 

Tout  le  monde  connaît  la  lutte  mémorable  que  les  Pari- 
siens soutinrent  en  880  contre  les  pirates  ilanois.  Cette  lutte 
a  été  curieusement  racontée  par  le  poète  Abbon,  moine  de 
Saint-Germaiu-des-Prés,  et  ténu)in   occulaire  des   diverses 


'  M.  F.  I.ol  m";!  liiil  oliserver  que,  d'après  ma  tlirso,  Robert  ilf  Troyes  cl 
(li.-la  ('laieiit  cousins  au  7*^  degré,  connue  l'étalilil  li'  t.ihliaii  i;énéal(igi(|ne 
suivant  : 

N 
I 

Eudes,  eomtc  d'Orléans,  (iuillaume,  eimile  de  Itlois, 

t  s:ii.  t  ^31. 

I  I 

H(  rnieutrude  Eudes,  comte  de  Troyes, 

épouse  le  r(»i  Charles  le  Chauve.  f  S7I. 

I  I 

Louis  le  hègue  Roliert  de  Troyes 

épouse  Ans!,Mrd.  épouse  Gisla. 

I 
Cisia 
épouse  Rohi'il  de  Troyes. 

Je  crois  hon  de  noter,  à  ce  propos,  que  l'Église,  au  iX«  siècle,  se  montrait 
bien  moins  sévère  qu'elle  ne  le  lut  dans  la  suite  à  l'égard  des  unions  entre 
prothrs  parents.  Kn  rctlr  matJt'Ti',  les  rè),des  canoniques  étaient  encore  loin 
d'être  fi\éi's.  i)'apn''s  Ualian  .Manr,  son!  scids  e\|ii'essénii'iil  interdits  les 
niaria^res  jusqu'à  la  ïi-^  génération  icousins  au  \'  degréi.  Hahan  Maur  s'enqiresse 
d'ajouter  (me,  si  l'on  vent  s'abstenir  de  se  marier  nn'me  jns(]u'à  la  ô''.  11"  ou 
7°  génération,  il  ne  tailt  pas  ICmpècher,  mais  pinloi  lapprouver.  C'est  là  un 
conseil  et  non  pas  un  ordre  iC.t.  ilaban  Manr,  Lh'  cimsiiuiiuiiu-orum  iiiipliis , 
.Migne,  /*.  A.,  t.  111),  col.  \W.i  el  ssv.i.  —  Celle  opinion  de  l'un  des  |iliis 
fameux  prélats  du  IX"^  siècle  suffit  à  prouver  (jne  Holiert  de  Trctyes,  en  épousant 
Cisla,  n'avait  pas  connnis  (rinl'raclion  an\  lois  de  l'Kj^lise,  ijni  n'él.iient  jias,  à 
cette  époipie  el  sur  cett(!  «piestion,  ce  (pi'elles  lurent  an\  Xf'  et  XII''  siècles. 

-  La    première    fois  que    Ton    trouve   Hobert    nienti( •    comme    comte   de 

Troyes,  c'est  le  17  novendire  SS-J  i(iii\,  Ktndis  anvliug..  liv.  cité,  p.  CUl. 
—  Il  est  bien  certain  (ju  Kinles  ne  se  serait  pas  dessaisi  du  lonilé  de  iro\es  s'il 
n'avait   riTU    d'antres    honneurs   en    retour.    Sa    rentrée    en  cliart;e   (lans    le 

pays   charirain    n'e^l    pas   d'ailleurs   i bspothèse  :    en   XSC»,    l'hislcnre    nous 

montre  IJules  délendaiit  en  |ier>onne  la  ville  de  Charlres  (onlre  les  .Noiiuaiids. 

3  Cf.  Cil),  liv.  cité,  p.  \±). 

T.  Xil,  .V.  5 


—  00  — 

péripéties  de  cet  épisode  des  guerres  normandes'.  Dans  son 
poème,  Abbon  nous  a  conservé  le  souvenir  des  deux  frères, 
Eudes  et  Robert  de  Troyes,  et  les  a  peints  sous  le  jour  le 
plus  favorable. 

Le  siège  de  Paris  par  les  Normands  commença  au  mois  de 
novembre  885  et  ne  fut  levé  qu'au  mois  de  novembre  880. 
On  sait  avec  quelle  énergie  se  défendirent  les  Parisiens  sous 
la   conduite   de  leur  comte  Eudes,   fils  de  Robert  le  Fort. 
Aussi,  après  plusieurs  assauts  infructueux,  un  grand  nombre 
d'assaillants  se  décidèrent-ils,  en  février  880,  à  s'éloigner  des 
murs  de  Paris.  Ils  se  répandirent  dans  les  contrées  voisines 
pour  s'y  livrer  au  pillage.  Le  pays  de  Troyes  fut  le  but  d'une  de 
leurs  premières  expéditions  ;  d'après  Abbon,  aucun  Normand 
n'y  avait  encore  pénétré.  C'est  alors   que  le  jeune  comte 
Robert,  surpris  par  une  troupe  de  pirates,  trouva  la  mort  dans 
sa  propre  maison.  Voici  comment  le  poète  Abbon  raconte  l'évé- 
nement :  «  Les  Normands  montent  sur  leurs  coursiers  plus 
rapides  que  l'oiseau  et  se  dirigent  vers  les  contrées  qui  res- 
taient seules  à  la  triste  France  encore  exemptes  de  ravages. 
Ils  détruisent  toutes  les  habitations  dont  les^naîtres  ont  fui 
devant  eux  et  attaquent  celle  de  l'illustre  Robert,  surnommé 
)  le  Porte-Carquois  (Phnrctraliis).  Un  seul  chevalier  était 
avec  lui  pour  le  servir  ;  une  seule  maison  les  renfermait 
tous  deux.  —  Je  vois,  dit  le  chevalier  à  son  seigneur,  je 
vois  des  Normands  accourir  à  grands  pas.  —  Robert  veut 
prendre  son  bouclier  ;  mais  il  ne  le  voit  plus,  sa  troupe 
)  l'avait  emporté  en  allant  par  ses  ordres  à  la  découverte 
)  des  Danois.  Cependant  il  s'élance  sur  eux  l'épée  nue,  en 
)  perce  deux  et  lui-même  succombe  à  la  mort  le  troisième, 
)  car  personne  ne  vint  à  son  secours.  Son  neveu  Alleaumc 

>  était  alors  avec  la  troupe  de  ce  comte  :  grandement 
)  attristé,  il  s'écrie  :  — Allons,  braves  guerriers,  prenez  vos 
)  boucliers  et  vos  armes,  et  courons  venger  la  mort  de  mon 

>  oncle.  —  Il  dit,  et  marche  sur.  la  villa,  attaque  les  infâmes 
)  brigands,  les  bat,  les  massacre  et  remplit  toute  l'habitation 

>  de  leurs  corps  expirants  -  »  (février. 880j. 

^  Récerainent,  riiisloirc  du  siège  de  Paris  par  les  Normands  a  élé  étudiée 
d'iiiK;  Façon  1res  r('mai'(|iial»lc  jiar  .M.  ImI.  Favrc  dans  son  livre  snr  le  roi  Eudes, 
Eudes,  comte  de  Paris  et  roi  de  Frame,  t'ai'is,  1(S!);^>,  in-S". 

-  Aldion,  1.  I,  vers  438-460,  traduclion  Taraniie,  1129- 131.  La  inésence  de 


Alleaumo,  qui  vongca  si  ônorgiqiioiiiciil  la  mort  do  sou  <>n<k' 
Robert,  lui  succéda  aussitôt  daus  le  couité  de  Troyes'.  Eudes, 
ïvl'H-  du  défunt,  aurait  du  recevoir  cet  héritage;  niais  il 
était  lui-iuèni^'  occupé  à  repousser  les  Noruiauilsdu  Char  train, 
et  le  pays  de  Troyes  ne  pouvait,  eu  ces  circonstances, 
deuH'urcr  sans  défenseur-. 

Oaiis  le  niênic  temps,  une  .luiic  intupc  de  .Noruiauds  s'(''tait 
éloignée  de  Paris  pour  ,i11it  piller  les  jiays  occidentaux  de 
la  (Jaule.  Ce  lui  le  <  li.uirain  et  le  Maine  ({ui  eurent  (labord 
à  soulliir  lie  leurs  brigandag-es.  Le  comte  Eudes,  de  Chartres^, 


Koliorl .  comle  de  Troyes,  et  lie  son  neveu,  Alleaunie,  dans  le  poème  d'AltIjon, 
m'a  été  sitriialéi-  par)!.  .\iii,'.  I,oiii,'ii(tii.  l'iie  cliai'lc  du  cn'lidaire  de  .Monliéraim-v 
rend  certaine  l'iilentilicalion  dn  ronilc  iîolii'il  duiit  il  i-st  ici  (|uestioii  avec 
llohert,  comte  de  Troyes.  Dans  celle  charte,  datée  de  Ml)3,  Alleaunie,  comte  de 
Troyes,  appelle  son  prédécesseur,  lîolieit,  aviinriilus  nosh'r,  connne  il  le  fait 
dans  le  poème  ((iiry,  Elwlcs  caniliiiijieuiies ,  liv.  cité,  p.  \?>',)). 

'  Alleaume,  devenu  comte  de  Troyes,  est  signalé  de  nouveau  dans  le  poème 
d'.Mdion  connue  accompagnant  Eudes,  comlc  de  l'aiis,  (pii,  au  mois  de  juin  SX(î, 
revenait  d'Allemai^nc,  où  il  avait  été  deniandei'  des  secours  à  l'empereur  (.\lilion, 
I.  Il,  vers  !20!I-!2I(),  p.  IN|-ISI>,.  La  dernière  fois  que  nous  voyons  .VIleanme 
agir  dans  les  cliaitcs  connue  comte  de  Troyes  c'est  an  mois  de  lévrier  S!i:î.  A 
celle  date,  il  confirme  à  l'aldiave  de  .Monliéraniey  la  villa  de  Cliaource  ipie  son 
oncle  lloltert  avait  autrefois  donnée  à  ce  monastère.  Cet  acte  nous  apprenil  (lue 
la  l'emme  d'Alleaume  se  nonmiait  Ernieiiganle  (Ciiry,  El  mies  ca  roi..  \).  ilK>). 
I)'après  le  iiécrologe  de  .Monliéraniey,  Alleaunie  mmiml  le  ilii  aviil  d'inie  année 
inconnue,  A  Kalendiis  maii,  obiil  Adelcnnus.  cornes  [WM.  Nat.,  rollert. 
Uurliexne,  T.  .\M,  i"  7).  An  mois  de  décenilii-e  ',l;2(i,  le  successeur  d'Alleannie, 
Richard,  comte  de  Troyes,  est  nommé  dans  un  diplôme  du  roi  Raoul  itiiry, 
ibiilnii ,  p.  i;Ui.  —  .M.  d'Arliois  de  .Inliainville ,  dans  son  Hisloire  des  comles 
de  Cltuiupaiiiie,  a  nié  à  tort  lexislence  d'Alleaume  et  de  Richard  en  tant  cpie 
comles  de  Troves.  M.  Ed.  Favre  n'a  pas  mieux  réussi  daus  l'essai  qu'il  a  fait 
pour  reconvlilner  la  liste  des  comles  de  Troyes  à  la  fin  du  W"  siècle.  Ci'.  Eudes, 
comte  (le  l'aiis  el  roi  de  Fraïuv.  p.  'l^)'l-:i[)[\ . 

^  Vers  l'année  l(l:iU,  le  cdmli-  de  Troyes  étant  deMim  vaianl  pu  la  mort 
d'Etienne  de  Verinandois,  le  comte  de  Idiarlres,  lùides  II,  malijré  l'opposition 
dn  roi  Rohert  le  Pieux,  recueillit  la  succession  du  comle  définit.  11  est  possihie 
qu'il  ail  lait  valoir  eu  celle  occasion  les  dmils  dont  son  aïeul.  Eudes  de  rjiarires, 
avait  été  frustré  en  SS(>.  Jusqu'à  ce  joiu',  la  succession  d'iùides  au  comié  de 
Troyes  vers  IU:2U  a  paiii  dillicile  à  comprendre.  1/explicatioii  que  j'en 
propose  peut  fairi-  disparaître  en  partie  cc'lle  dillicnllé. 

■'  AIiIkoi,  en  parlant  de  (ieolVioi  du  Maine  el  d'Euiles  de  Chartres,  s'exprime 
ainsi  il.  I,  v.  11.");}  :  IklUyeri  fueruitt  l'dduiiis  consulis  iniihu.  C.'élail  donc, 
il'après  Ahhon,  Eudes,  comle  de  Paris,  (jm  avait  chargé  Eudes  de  Chartres 
de  comhaltre  les  pir.ites  danois.  Ahlmu  écrivait  c(^s  vers  alors  qu'Eudes  de  Paris 
avait  éié  élu  roi.  Du  reste,  dès  le  mois  de  lévrier  SSIi ,  le  conili'  de  l'aris  était 
en  réalité  l'àiiie  de  la  résislance  faite  aux  Noriiiands,  el  comme  il  lut, 
quelipies  moi>  pins  tard,  nommé  duc  d'entre  Seine  el  Loire,  il  devint ,  depuis 
lors,  chef  imniédial  dn  comle  de  Charlres. 


—  68  — 

aide  du  comte  Geoffroi,  du  Mans\  vint  à  leur  rencontre  pou 
de  jours  après  que  son  frère  Robert  eut  perdu  la  vie  en 
voulant  chasser  leurs  congénères  du  pays  de  Troyes.  Mais 
Eudes  fut  plus  heureux  que  Robert.  Un  combat  terrible  eut 
lieu  près  de  Chartres,  et  les  Normands  taillés  en  pièces 
laissèrent  plus  de  quinze  cents  morts  sur  le  champ  de 
bataille  (février  886)  2. 

Les  pirates  n'eurent  pas  un  meilleur  succès  dans  le  Maine, 
et  aucune  ville  de  Neustrie  ne  céda  devant  eux  ^.  Abbon,  en 
racontant  ces  événements ,  a  consacré  à  Eudes  do  Chartres 
quelques  vers  qui  nous  sont  précieux,  parce  qu'ils  témoi- 
gnent que  ce  comte  n'avait  pas  dégénéré  de  ses  aïeux  :  «  Cet 
»  Eudes,  dit-il,  lutta  bien  des  fois  dans  la  suite  contre  les 
»  Normands,  et  toujours  il  en  fut  vainqueur.  Il  avait  autre- 
»  fois  perdu  à  la  guerre  sa  main  droite  et  l'avait  remplacée 
»  par  une  main  de  fer  qui  ne  le  cédait  pas  en  vigueur  à  la 
»  première*.  »  —  Abbon  écrivait  cela  vers  896.  Par  consé- 
quent, depuis  886  jusqu'en  896,  Eudes  s'était  signalé  par  ses 
victoires  contre  les  Normands.  ^ 

Je  ne  puis  ajouter  aucun  détail  à  cette  simj^le  assertion  du 


*  On  a  vu  précédemment  qu'eu  Tannée  878  la  ville  de  Cliàteaudun  est 
signalée  par  Hiiicmar  comme  appartenant  au  jeune  comte  Eudes.  11  y  a,  dans 
le  fait  de  la  déteuse  de  (lliartres  par  le  même  Eudes  en  XS(1,  un  indice  impor- 
tant (pril  est  bon  de  mettre  en  lumière;,  indice  qui  tend  à  pi'ouvei'  (|u"à  cette 
époque  les  pays  de  Cliàteaudun  et  de  Chartres  étaient  détendus  et  administrés 
par  le  même  comte.  Cela  confirme  également,  en  une  certaine  mesure,  la 
supposition  que  j'ai  déjà  faite  poni'  plnsi{>urs  antres  motifs,  à  savoir  ipTEudes, 
comte  di'  Cliàteaudun  en  NiO  et  père  de  celui  dont  il  est  ici  question,  était  aussi, 
très  probablement,  comte  de  Chartres. 

-  Carnoleno  innumeros  ronflirtus  ripplicuennil 
AUophijU.,  rcrnm  litjiierc  aidavcrii  m  il  le 
Hic  qnini/enla  si  m  ni,  rtibco  populante  diiello  : 
Una  (lies  islum  voluit  sic  ludere  Itidum, 
His  ducibiis,  Godefredo  necnon  et  Odone. 

(Abbon,  1.  I,  vers  lU8-65'2). 

^  Nec  satins  quidquam  sortili  apud  hi  Cinomannos, 
Ihiud  equidem  reliquae  cessenint  suavius  urbes. 

(Abbon,  1.  I,  V.  658-659). 

*  Idem  Odo  praelerea  opposuil  se  saepitis  illis, 
Et  vieil  jiigiter  rietur.  Heu  !  liquerat  illuiii 
Dextra  manus  bello  quondain,  cujus  loca  cinxit 
Ferrea  peiie  vigore  ni  h  il  infirmior  ipsa. 

(Abbon,  I.  I,  V.  G54-G57). 


—  69  — 

iiioine  (le  Saint-Oormain-des-Prés;  car  je  ne  sais  rien  do 
plus  positif  sur  les  expéditions  qu'Kudes  put  Taire  à  cette 
époque  contre  les  pirates  danois.  Los  récits  d'auteurs  con- 
temporains îonl  presque  entit'ronioiit  défaut  pour  toute  la 
partie  de  iintrc  liistoirc  (pii  s'f'tcinl  de  SIH»  ;i  '.>"J()  environ. 
Kt  pourtant,  durant  ti's  irciitf  années,  Jamais  tant 
d'événements  importants  ne  dun-nt  se  succéder  les  uns  aux 
autres.  C'est  la  [lériode  [tendant  latiuellc  les  Normands 
exercèrent  le  idus  de  ravages,  pendant  laquelle  le  pays 
chartrain  lui-même  eut  le  plus  à  sonllrir.  Peut-être  est-ce  en 
raison  de  l'étendue  de  ces  désastres  qu'il  ne  se  trouva 
personne  poui"  les  raconter.  Quoi  qu'il  en  soit,  avec  les 
(piehpies  chartes  (pie  l'on  possède,  avec  les  récits  des  écri- 
vains postérieurs,  il  faut  suppléer  à  cette  pénurie  de  docu- 
ments et  s'efï'orcer  de  reconstituer  l'histoire  de  ces  temps  de 
trouble,  en  se  tenant  toutefois  en  garde  contre  les  nom- 
breuses légendes  qu'enfantèrent  les  guerres  incessantes  de 
cette  triste  époque. 

11  est  tout  d'abord  nécessaire  de  réfuter  une  opinion 
admise  par  plusieurs  historiens  relativement  à  un  prétendu 
comte  de  Chartres  de  la  (in  du  IX''  siècle.  On  a  souvent 
répété  que  le  comté  de  Chartres  avait  été.  vers  l'an  880,  cédé 
par  le  roi  ;i  un  chef  normand  bien  connu,  Hasting,  et  que 
celui-ci  s'en  serait  peu  ajirès  (h'pouillé  au  profit  dun  comte 
du  iioiii  de  Thiliaut.  —  Pour  saAoir  (ptel  cas  on  doit  faire  de 
ces  as.sertions,  il  est  in(lispensal)le  de  réunir  les  renseigne- 
ments positifs  que  les  chroiiiqiieiu's  nous  ont  laissés  sur 
Hasting. 

La  présence  d'Hasting,  danois  d'origine,  n'est  signalée 
pour  la  [tremière  fois  en  Gaule,  d'une  manière  certaine,  que 
dans  le  courant  de  l'année  8()().  A  celte  date,  Réginon  rap- 
porte que  Hasting-  était  il  la  tête  des  pirates  (pu  tuèrent,  dans 
l'église  de  Hrissarthe  ',  Ir  dut-  Kolierl  le  i-'oii.  l>e  SC.T  à  SS-,\ 
Hasting  |)araît  ne  pas  avoir  (piitt(''  les  pays  riverains  de  la 
Loii'e,  cai'  il  les  l'avagea  ;'i  di\crses  repris(>s.  V.u  SS"J,  le  roi 
Louis  111.  a  foice  (rarg<'nl,  (»liliut  ([u'HastiiiL;-  fit  re|>rendre  la 
mer  ;'»  ses  compagnons.  Les  Annales  de  Saint-\aast  ajoutent 
(pie  le  roi,   non  content  de   traiter   avec    le  chef  normand, 

'   l!ri^'<;uilir,  Maiiic-ii-Loirc,  an'  Scjjn' ,  c""  Cliàloauiicuf-sur-SarlIic 


—  70  — 

conclut  alors  une  étroite  alliance  avec  lui,  volens  AJslingum 
in  tuiticilinm  rccipere,  (/iiod  t't  focit\ 

Ce  dernier  fait  est  pleinement  confirmé  par  ce  que  raconte 
Dudon  de  Saint-Quentin  -  :  «  Dans  ce  temps,  dit-il,  la  France 
.))  était  presque  réduite  en  un  désert;  on  tremblait  à  Tap- 
»  proche  des  Normands  comme  aux  sourds  mugissements  de 
»  la  foudre  ;  le  roi  des  Francs  ne  savait  que  tenter  pour 
»  résister  à  l'audace  des  païens.  En  ces  circonstances,  il  prit 
»  une  décision  salutaire  et  résolut  de  faire  un  pacte  d'alliance 
»  avec  Hasting,  le  plus  redoutable  des  pirates,  afin  que  la 
»  paix  conclue  entre  eux  régnât  dans  tout  le  royaume... 
«  Des  députés  sont  envoyés  au  féroce  chef  normand,  qui, 
»  adouci  par  les  sommes  d'argent  qu'on  lui  propose,  consent 
»  à  accepter  la  paix  pour  une  durée  de  quatre  ans.  Pendant 
»  cette  période,  le  roi  de  France  et  Hasting,  étroitement 
»  alliés  l'un  à  l'autre,  vécurent  en  parfaite  concorde,  et  le 
»  royaume  n'eut  plus  à  craindre  de  nouveaux  ravages  ^.  » 

Dudon  devait  tenir  ces  informations  de  personnes  bien 
instruites  sur  la  vie  et  les  actions  d'Hasting.  Tout  ce  qu'il  dit 
ici  est  confirmé  par  les  annalistes  contemporaî^is.  D'abord,  il 

<  Annales  Vedast.,  ad  ann.  882.  Cf.  Ann.  Berlin.,  ad  ann.  882. 

2  Dudon  de  Saiiit-Oueutin ,  loiiglomps  mis  à  l'écart  comme  nan-ateur  pou 
(ligne  de  foi,  a  été  justement  réhabilité  par  M.  J.  Lair  en  1805.  Aujourd'hui  on 
né  saurait  plus  nier  tout  ce  que  le  récit  de  Dudon  contient  de  vérités  cachées 
sous  un  fatras  de  développements  oratoires.  J'ai  eu  moi-même  à  constater  a[)rès 
IM.  J.  Lair  combien  de  cet  ouvrage  on  peut  tirer  d'utiles  renseignements  pour 
riiisloire  d'Hasting.  Tout  récemment  encore,  un  danois,  M.  Steenstrup,  a  été 
amené  à  avouer  que  ce  que  l'on  connaissait  de  plus  certain  sur  l'origine  du 
fameux  duc  normand,  Rollon,  se  trouvait  dans  l'ouvrage  de  Dudon  iSteenstriq), 
Etudes  préliminaires  pour  servir  à  l'histoire  des  Normands,  Caeii,  1880,  in-8", 
p.  !)8-llt)). 

■'  Interea,  dum  quasi  solitudo  Francia  déserta  haheretur,  dumque,  veluli 
tonitrualis  mugitus  rugientia  arcana,  pavidi  Northmannorum  ailrculus 
formidarenfur,  rexque  Franeorum  unde  nudaciae  pagannrum  lio.stititer 
resisteret  non  haheret,  reperit  consiliuni  valde  sihi  suisque  saluhcrrimum,  ut 
cum  Alstigno  nequiorum  nequissiino  focderaretur,  paxque  iotius  iripii, 
serenata  ingruentium  depopulalionniii  tenipeslatc,  inter  utrumque  haheretur... 
Ijiriguntur  legnti  ad  atrocem  Alslignum  pacifici.  Dehinc  vectigali  pensorum 
tributorum  suuima  mitigatus,  et  a  Fraurigeuis  crarli  muneris  pondère  sensim 
placatus,  pacem  qiiae  postulabalur  non  abdieul  diutius,  rerum  dut  iillroncus. 
Inconvulsa  igilur  praesulum  pace  firmata,  ducitur  ad  regem,  pepigitaue 
inextrienhili  foedere  ohjmpiadis  eum  eo  munera  pacis.  Qui  imperialibus 
compelenliis  muluaque  voluntate  vieissini  foederati ,  rtmcordes  uuinniniter 
sunt  ejl'ecti,  quievitque  Francia,  multimoda  antehac  ilepopuhttiDue  af/lictif , 
cursuque  illius  temporis ,  hoslili  peste  privata  ,  intumeseentium  pagunoruni 
vaslatione  est  libcrata  (Dudon,  édit.  J.  Lair,  p.  13G  et  137). 


—  71  — 

raconte  comment  le  roi  sallia  avec  Hasting;  nous  avons  vu 
que  ce  traité  d'alliance  eut  lieu  en  882.  On  sait  de  jilus  par 
les  Annales  de  Fulda  '  ([uà  la  même  dale  l'empereur  Charles 
le  Gros  achcjait  la  paix  de  deux  autres  puissants  c-liel's  nor- 
mands, (iodcl'rui  t'I  Sigel'rui.  Aussi  est-il  hors  de  tluute  que, 
pendant  plusieurs  années,  comme  le  prétend  I)udon,  la  ma- 
jeure partie  de  la  Gaule  fut  délivrée  des  incursions  des  pirates. 
11  n'y  fiil  plus  (pic  les  contrées  septentrionales,  telles  que 
celles  voisines  de  la  Somme,  qui  eurent  à  soull'rir  des  ra- 
vaires  de  Danois  venus  d'Angleterre.  I)mlon  ajoute  que  la 
paix  entre  Hasting  et  les  Francs  fut  de  (piatre  ans  «  t'ofilcrc 
ol\/iijii;itlis.  n  Ou  ne  peut  s'empêcher  d'être  frappé  de  la 
vraisemblance  de  cette  assertion. 

Il  est  en  efl'et  digne  de  remarque  que,  la  même  année 
(pillasting  (882),  le  chef  normand,  Sigefroi,  tiaita  avec  les 
Francs.  Sigefroi,  depuis  ce  temps,  vécut  à  la  cour  des  rois 
carolingiens.  En  884,  il  était  auprès  de  Carloman  et  s'entre- 
mettait entre  ce  prince  et  les  païens  qui  désolaient  alors  les 
rives  de  la  Somme-.  Deux  ans  plus  tard,  en  88t>,  c'est-à-dire 
quatre  ans  après  le  traité  de  882,  Sigefroi  abandonne  les 
Francs  et  retourne  tout  à  coup  se  Joindre  à  ses  compatriotes 
occupés  à  faire  le  siège  de  Paris  ^. 

D'après  Dudon ,  Hasting  suit  la  même  ligne  de  conduite. 
Ajjrès  avoir  conclu  en  882  une  trêve  de  quatre  ans,  il  passe 
ce  laps  de  temps  en  boum'  intelligence  avec  les  Francs  et 
s'entremet  entre  eux  et  les  Normands  de  la  Seine.  Puis,  (piel- 
ques  années  i)lus  tard,  l'histoire  le  montre  combattant  de 
nouveau  à  la  tête  des  pirates  dan(jis.  Le  témtjignage  de  Dudon, 
en  ce  qui  concerne  cette  période  de  la  vie  du  chef  normand, 
mérite  donc  toute  créance. 

•l'ai  (lit  (prUasting,  à  l'exemple  de  Sigefroi,  s'entremii 
entre  les  Francs  et  les  Danois.  Ce  fut  en  l'année  885. 

Au  mois  de  Juillet  de  cette  année,  les  pirates,  (pu  désolaient 
le  nord  de  la  Gaule,  abandonnèrent  les  rives  de  la  Somme  et 
p('Mi(''trt'i-ent  dans  le  cours  <le  la  Seine:  ils  enti-èrenl  le  'Si 
Juillet  a  Rouen.  Les  Francs,  sous  la  conduite  de  Renaud,  iluc 


'  Ami.  Fiihl.,  11(1  itun.  SS-J,  doin  lîoïKimi ,  Mil,  \'l. 
-  .\un.   Vriltist  ,  (1(1  (iiiii.  SSi,  ihidrm  .  VIII.  s;;. 
•'  Anit.  Fuld.,  ad  ann.  HHij,  ibidem,  \lll,   iH. 


(lu  :N[aine,  tentèrent  de  s'opposer  à  leur  envahissement;  mais 
ils  lurent  battus  et  Renaud  fut  (ur  dans  le  combat  ^  (vers 
août  885).  —  Le  récit  de  Dudon  [)ermet  de   compléter  ce 
simple  exposé  des  événements.  Quand  les  Danois  eurent  pris 
Rouen,  ils  descendirent  le  cours  do  la  Seine  jusqu'au  villag-e 
des  Danips-,  près  Pont-de-l'Arche-'.  Les  Francs,  ixyàni  aussi- 
tôt mandé  Hasting,  partirent  sous  la  conduite  du  duc  Renaud 
à  la  rencontre  des  pirates  et  vinrent  occuper  le  cours  de 
l'Eure  près  de  son  confluent  avec  la  Seine.  Renaud  décida 
alors  Hasting  à  aller  trouver  les  Danois  pour  leur  persuader 
de  se  retirer.  L'entrevue  de  l'ancien  chef  normand  avec  ses 
compatriotes  a  été  rapportée  par  Dudon  en  des  termes  fort 
curieux  :  «  Les  comtes  francs,  dit  Hasting  aux  pirates,  vous 
»  prient  de  dire  qui  vous  êtes,  d'où  vous  êtes,  ce  que  vous 
w  voulez.  — Nous  sommes  Danois,  répondent  ceux-ci;  nous 
»  venons  de  Dacie  ;  nous  voulons  conquérir  la  Gaule.  —  Quel 
»  nom  porte  votre  chef?  —  Aucun,  car  tous  nous  sommes 
»  égaux.  »  Hasting,  voulant  savoir  ce  qu'ils  pensaient  de  lui, 
leur  demande  :  «  Avez-vous  jamais  entendu  parler  d'un  cer- 
»  tain  Hasting,  votre  compatriote,  qui  vint  auû-efois  ici  avec 
»  une  grande  flotte?  —  Oui,  répondirent-ils,  cet  Hasting  a  eu 
»  de  glorieux  débuts,  mais  il  s'est  mal  comporté  dans  la 
))  suite  et  il  a  mal  fini.  —  Voulez-vous,  reprit  Hasting,  vous 
»  soumettre  au  roi  Charles*  et  recevoir  do  lui  on  retour  de 
»  grands  bénéfices?  —  Jamais,  dirent-ils,  nous  ne  nous  sou- 
»  mettrons  à  personne,  et  ce  bénéfice  seid  peut  nous  plaire 
>)  que  nous  conquérerons  par  les  armes.  »  Après  ces  pour- 
parlers inutiles,  Dudon  raconte  le  combat  qui  s'ensuivit,  la  vic- 
toire des  Danois,  la  fuite  d'Hasting  et  des  comtes  francs, 
enfin  la  mort  du  duc  Renaud  (éd.  Lair,  p.  154  et  ssv.). 

Ce  récit  de  Dudon,  très  vraisemblable,  fut  repris,  une  cinquan- 
taine d'années  plus  tard,  dans  la  seconde  moitié  du  XP  siècle, 
parl'abréviateur  de  cet  historien,  (Tuillaume  de  Junnègcs,  qui 
amplifia  et  dénatura  la  narration  de  son  devancier.  Renaud, 

'  Ann.  Vcdasl.,  ad  ann.  HH~t,  dom  l>uii(|iiet,  Vlll,  Si. 

2  Los  Damps,  Eure,  arr'  Louviers,  c""  Poiit-de-l'Arche. 

•'  Ihllo ,  (i  Rotomo  divulsis  navUms,  snbvelii/ur  ad  Archas  usque  qnae.  as 
Dans  diciliir  (Dudon ^  ('d.  J.  Liir,  p.  153  et  \'^^'\).  Comme  on  le  voit,  suivant 
Dudon,  Rollou  auiait  l'ait  partie  de  cette  expédition. 

*  C'était  Charles  le  Gros  qui  gouvernait  alors  la  Gaule. 


—  7:î  — 
ayant  établi  son  caiiii»  prrs  du  <<iiirs  de  rKurc.  (Mi\  oie  vers  les 
Danois  Hastinj/.  (lui,  daiirés  Guillaunic,  donicnrait  alors  dans 
la  ville  de  Chartres,  ([ni  in  Cnrnotonn  tirhr  inonilniliir  '.  Après 
ICntrevue  dJlIasIin^M't  des  pirates,  après  la  bataille  (pii  ent 
lien  sur  les  bords  de  lEiirc  ,  après  la  fnitc  des  Fi-ancs  et 
d'Hastinfr.  événements  qnc  (inillanmc  a  rapportés  pr('S(pi(' 
mot  il  mot  d'ai^rès  Dudon,  se  présente  un  passai/e  ([ui  appar- 
tient vu  projire  an  moine  de  .liimiè<j:es.  Le  comte  Thibaut,  dit 
(inillaume,  croyant  (jiir  l'occasion  était  favorable  pour  trom- 
per Hasting",  vint  trouver  le  chef  normand  et  lui  dit  sour- 
noisement: «  Ignores-tii  (huic  que  le  roi  Charles  veut  te  faire 
«  p(''i'ir  pour  se  \ cnger  de  toi  et  te  faire  expier  ce  que  tu  as 
»  fait  s(jullrir  autrefois  aux  chrétiens  :  sois  sur  tes  gardes  si 
»  tu  ne  veux  subir  les  plus  terribles  châtiments.  »  Hasting, 
ed'rayépar  ces  paroles,  vendit  aussitôt  sa  \  ille  de  Chartres  à 
Thibaut,  et  depuis  ce  temps  on  ne  le  vit  [iliis  en  Gaide-. 

Ce  marché  conclu  entre  Thibaut  et  Ilasting  est  fal)uleux 
et  invraisembla])le.  Et  d'abord,  il  était  contraire  aux  usages 
do  ce  temps  qu'un  comte  vendit  à  un  autre  sa  ville  ou  son 
comté  :  quand  le  roi  confiait  une  ville  h  un  comte,  il  ne  lui 
en  (humait  pas  la  ideine  proprié't('  et  il  n'aurait  pas  toléré 
(h'  semblaljles  contrats  •'.  (Guillaume  dv  Jumièges  ajoute 
(prilasting,  après  ces  événements  qui  se  passaient  en  885, 
ne  reparut  plus  en  Gaule  :  cela  est  faux,  car  les  clininicpieurs 
contemp<»rains  le  uKjntrent  ravageant  les  rives  de  la  Somme 
pendant  les  années  8'.K),  801  et  802  (cf.  Annules  de  Siiinl-]';i;isl, 

'  Tunr  linin/ihliis,  latins  Franrii'  diix.  (ti/iiilu  pariniioriim  repciiliiio 
(l'Ivi'iilii ,  Clan  riiliila  exi'rriluKiii  virlitle,  super  Auluic  /liiviiiiii  ris  nhviii^ 
prncessil,  Haslinfjum ,  qui  in  ('.arnolma  urhc  murali(ilui\  oh  pcrilinm  lini/ui: 
rum  aliis  Irf/alis  pirmillens.  ir  clic  le  li-xlc  de  (iilillaiinii-  tir  .lllliiii'jïi's  tel  (jiit' 
rolli'f  if  iiiN.  latin  l.^li'iT  ilf  la  |iililiollii''i|iic  iiatioiiaji'.  l'.r  iiiaiiiisii'il  t-st  un  «les 
seuls  ijiii  nous  ait  conscrvr  rd-iivri-  ilc  (iiiillaiMni-  df  Jnniirijcs  sans  inl<'r|iola- 
lions.  (le  passai;*' s'y  trouve  an  lolio  l'.M  i".  Cl.  doni  ltniii|iiet.  Vill.  :i.").*i. 

-  (lonsitlrrnns  erijo  Trboldus  ronu's  se  (t-nipus  rrppciissf  uppnrlunum  ml 
(Itripirndnm  Htislini/uni .  Iulibu.s  vrrbis  falso  apprit I  illuni  :  If/uonis  iri/ein 
Kfinilum  le  relie  niitiic  uppi-lm'  nh  vhristiuuurnin  sani/ninmi  ti  le  nlini  J'usnm 
injuste'...  Ilonsule  nuleni  tibi  uf  initinsullus  puniniis.  {Jnibus  tri  bis 
Hiistinf/us  tenitns,  ninfestiin  Cdriiolenitnt  uibriii  l'ethdlilo  vriiilnlil,  rt, 
(lisirarlis  luiinibus .  iieirijir  pitiferlus  disparuil  (l',utlhiuiiie  dr  Juinirtjrs, 
ins.  lat.  i:)(ti7  de  la  IliM.  Nat.  I"  l!l|  r".  iW.  dmii  |!)Mi<|n''l.  Vill,  2.V.). 

•''  Ces  soiles  de  niairlié  aniaieiit  |mi  ,  à  la  rii^neiir,  s'ariomplir  vers  la  fin  du 
XI"  sièrie,  an  ternp<  nù  écrivait  Cnillannie  de  .IninièLies.  ruais,  an  |\''  xièele. 
le  roi  seul  pouvait  disposer  ainsi  d'un  (  oiiilé. 


—  74  — 
à  ces  dates).  Il  est  en  outre  historiquement  impossible  qu'en 
885  Hasting  ait  vendu  Chartres  à  un  comte  Thibaut  :  la 
Pet  il  e  chronique  de  ïnhlmye  de  Bonne  val  en  Danois  nous 
apprend  on  eftbt  (pie  TJiibaut  le  Tricheur,  mort  en  975,  fut 
le  premier  comte  de  Chartres  ayant  porté  le  nom  de  Thibaut  ^  ; 
ce  serait  donc  à  lui  qu'Hasting  aurait  vendu  la  ville  en  885, 
et  il  faudrait  supposer  que  Thibaut  le  Tricheur  aurait  vécu 
plus  de  cent  dix  ans  et  qu'il  avait  déjà  cent  ans  quand,  en 
905,  il  combattait  contre  Richard,  duc  de  Normandie  -.  Enfin, 
en  88(5,  il  y  avait  à  Chartres  un  comte  qui  était  Eudes  et  qui 
tailla  en  pièces  les  Normands  sous  les  murs  mêmes  de  la 
ville. 

Il  me  reste  à  dire  quelques  mots  des  dernières  invasions 
danoises  en  Gaule,  car  le  dénouement  de  ces  luttes  sanglantes 
eut  pour  théâtre  le  pays  chartrain. 

Durant  les  six  années  qui  suivirent  celle  où  Paris  fut 
assiégé  par  les  Normands  (887-892),  jamais  notre  pays  n'eut 
tant  à  souffrir  de  la  férocité  de  ces  pirates.  Le  résultat  de 
leurs  brigandages  fut  d'amener  la  disette  daïis  le  Royaume  : 
une  famine  terrible  éclata  en  892.  Les  Normands  abandon- 
nèrent alors  le  continent,  traversèrent  la  Manche  à  l'au- 
tomme  et  portèrent  leurs  ravages  dans  les  Iles  Britanniques^ 


'  Le  chroniqueur  de  Bonneval,  qui  vivait  au  commencement  du  XI^  siècle, 
s'exprime  ainsi  eu  piuiaul  de  Tliibaut  le  Tricheur,  cornes  Thelbaliliis  prinius. 
Ces  mots,  tirés  d'une  chronique  locale  presque  contemporaine,  montrent  que 
Thibaut  le  Tricheur  fut  le  premier  comte  de  Chartres  de  ce  nom.  Cf.  René 
Merlet,  Petite,  chronique  de  Bonneval,  p.  19  et  'io. 

-  Ciuillaume  de  Jnmières  est  le  |iremier  auteur  qui  mentionne  cette  possession 
de  Chartres  par  Hasting.  On  peut  s'expliipier  comuient  le  récit  de  ihidoii  a  pu 
ramener  à  taire  cette  su|ipositiou.  Duddii  montre  Hasting  vivant  au  milieu  des 
comtes  traucs  :  (]uillanm(;  eu  aura  induit  (ju'Hasting,  après  avoir  tait  sa  pai\ 
avec  le  roi ,  reçut  un  comté  en  retour  ;  et  comme  ce  fut  siu'  l'Eure  qu'eut  lieu 
Triilrevue  dTlasting  el  des  Danois,  (iuillaume  en  a  conclu  qu'llasting  était  comte  di> 
(Chartres.  L'idée  de  faire  vendrt!  Chartres  à  Thibaut  devait  se  présenlei-  à 
l'esprit  de  Guillaume  :  car  c'était  une  occasion  de  présenter  sous  un  jour 
défavorable  Thibaut  le  Tiiclieur,  lrom|iant  par  ses  ruses  le  chef  nuriiiand, 
l'clidldiis  ruines  ad  dccijiicndiiin  llastiiit/iiiii  talihiis  vcrbis  falso  appel  il  i  II  uni. 
—  Aubri  des  Trois-Fontaiues  a  euiprinilé  à  Cnillaume  de  .lumiègcs  le  récit  de 
la  vente  de  Chartres  à  Thibaut  et  a  mis  cet  événement  dans  sa  Cdu'onique  à 
l'année  DOi  :  De  IIaslin(/o  veru  diriliir  fjiiod ,  eu  m  essel  ei  jiersuasiii»  (jiiod  oh 
SKspiriiineni  favendi  Normanriis  Karolo  ref/i  fuit  invisus,  prae  timoré  vendita 
civilak  Carnolo  Turonensi  eoniili,  Theobaldo,  clnni  dtseessit  elpost  in  Francia 
non  est  visas  {Chronicon  Alherici,  ad  ann.  9()/(,  dom  Bouquet,  IX,  03). 

■'  JSorthmanni,  videntes  omue  regnum  famé  atteri,  relicla  Francia,  tempore 


(O  — 

Pendant  |»r<'s  de  (luativ  ans,  on  ne  les  revit  [ihis  en  Ganle 
(8t>:}-80(ji«. 

Hastin.u-  (|iii.  de  890  ;i  8î>2,  avait  dévasté  le  bassin  de  la 
Soninie,  ai)i);(rait  dès  SUo,  à  la  tète  des  Danois,  établis  ;i  l'ciii- 
bouchnre  d<'  la  Tamise.  Les  chrdnifiuenrs  aniz'b'-saxons 
rae(tnttMit  a\i'c  détail  les  ({('faites  (jne  le  loi  AllVrd  lui  (it 
éprouver  dans  le  pays  de  Kent  -. 

Dans  le  même  temps  qu'Haslin^-,  vers  802,  HoUon  avait 
rpiitté  la  (Janle;  Dndoii  de  Saint-Quentin  ténioiy:ne  (pie  Rollon, 
(pudques  années  après  le  sièuc  de  Paris,  s'en  alla  avec  ses 
compaj/nons  jj,uerr(jyer  dans  la  (irande-13reta}j:ne^. 

Mais  les  échecs  (pi'ils  éprouvèrent  en  Angleterre  rame- 
nèrent en  Tiaulc  un  tii'aiid  nombre  de  Normands. A'crs  ]o  mois 
de  novembre  SIM»,  une  llotille  danoise  reparaissait  a  l'cntréG 
delà  Seine  sons  la  conduite  d'Ilunedeus,  et,  avant  Noël, 
une  muliiiude  d'antres  barrpies  étaient  venues  se  joindre  à 
elle*.  Rollon  était  du  iioinlirc  de  ces  envahisseurs,  mais  il 
n'était  [las  encore  reconnu  par  eux  comme  chef  suprême. 
C'est  ce  ([ui  ressort  d'une  noie  liistori(pie  d'origine  ac^uitaine 


aiitiiinul,   mare  Iransicrunf  (Annal.  Vedasl.,   ml  uun.   sr)2,  dom  bouquet, 
Vlll,  X!)). 

'  l'i'iuhiiil  ce  laps  de  temps  aucun  iliioiii(|U('ur  contemporain  ne  menlioinn'  la 
pn'seiice  des  Nomiands  en  Gaule . 

-  Cf.  .1.  I.air.  Inlnuliiriiiiii  à  rnlilldii  ilc  Dmliin  de  Stiinl-Qm'iilin , 
p.  l.Vit).  —  Km  SiKi,  lliisinii;  dispurait  (l"An.i;lelenr  ;  il  icvinl  dans  la  suite  sur 
le  coiilinent.  Cf.  Vila  sancti  Vivenlii,  dom  liouquel ,  IX,  lltU. 

•'  Voir  Duilan,  éd.  I„nr,  p.  l.'xS-HK).  —  Uudon  laiipnrle  l'expédilion  de 
Rollon  ilaiis  la  (iiande-lîretagne  après  les  si(''f,'es  de  baveux  et  d'Kvreux.  iitii 
eurent  lieu  vraisemhialdement  en  SilO,  (piand  les  Normands  allèrent  |iiller 
le  Ciileiitin  Ann.  île  S'iiiil-\'(i'isl ,  ad  ann.  SilUi.  Rollon  suivit  donc  le  coin'aiit 
qui,  en  K!l|  ri  X\\-2 ,  chtiainait  les  pirates  en  Ani;leteire.  M.  I.air,  qin  parait 
n'avoir  pas  remarqué  (|n"à  celte  épo()ue  les  Normands  aliandoiuièrenl  en  masse 
la  (laiile  |M-iidant  rpialre  années,  a  prétendu  à  toit  qu'il  fallait  intervertir,  dans 
le  récit  de  ItiKJon,  i'ordic  des  ex|iédili(nis  de  liniion  et  placer  lexpédition 
d'Angleterre  avant  celles  de  baveux  et  d'Kvreux.  Ihidon.  ici  i  onune  .nlleins, 
n'est  pas  à  reprendre.  Il  est  vrai  que,  d'après  lui.  Rollon  aurait  été  appelé  en 
(irande-Rn'l;iHne  p;u'  (inllnini-Allielslan .  leiniel.  suivant  la  C.hruuiijite  siixunne, 
serait  mort  enS'.Ml:  mais  ilaulres  annalistes  mettent  cette  mort  en  S!i:i 
{('A.  .1.  Lair.  Iiitinihirlion,  p.  .V.Mll;.  Oiioi  qu  il  en  soit,  il  reste  certain 
(jnen  XUi  Rollon.  cumnie  Inus  les  autres  chefs  danois,  avait  quille  la  (iaule  et 
H,i\\  passé  eu  Anglelerie. 

*  l'rr  idiiii  lenipiis  lleruni  Nurliniinni ,  iiiiii  iliiie  niiiiin  ,  Hiinedea  imniine, 

fl  111111111116  bnicliis  ileruiii  Setjiittiinm  iiif/ressi Sorlnnniui  vent,  juin  niitlli- 

lipliifili^   jifiuris    unir    Sulivilnhin    Ihiiiiini    ilieliKs .    liisam    inifresAi   (Ann. 
\ediist.,  (id  iinn.  N!l(i,  dom  bnnqiiel  .  \lll.  'Jll  . 


—  76  — 

où  sont  résumées  avec  précision  les  expéditions  normandes 
de  cette  époque.  «  Les  pirates,  y  est-il  dit,  après  avoir  dévasté 
»  le  nord  de  la  Gaule,  abandonnèrent,  d'abord  avec  BaretS  en- 
)>  suite  sous  la  conduite  d'Hasting,  les  régions  maritimes  du 
»  continent  et  se  mirent  à  ravager  la  terre  voisine  de  France  -; 
»  mais  ils  furent  taillés  en  pièces  par  les  ducs  de  ce  pays.  Alors 
»  de  nouvelles  troupes  de  Danois  entrèrent  dans  la  Seine,  et 
«  leurs  chefs,  trouvant  Rouen  et  les  cités  d'alentour  dépour- 
)>  vues  de  défenseurs,  s'en  emparèrent  et  s'y  établirent.  Puis 
»  ils  élevèrent  au-dessus  d'eux  et  créèrent  roi  Rollon ,  qui 
»  était  de  leur  race  et  qui  fixa  sa  résidence  à  Rouen  •"*.  » 

La  conquête  de  la  province  do  Rouen  fut  accomplie  par  les 
pirates  dans  le  cours  des  années  897  à  900  environ  *.  C'est 

'  Baret  revint  (i'Aiii;ieterre  en  Gaiilc,  (■(imiiie  l.i  |)liiiiart  des  autres  chefs 
danois,  car,  le  30  juin  903,  ce  fut  lui  qui  brûla  la  ville  de  Tours  :  Anno  incarnati 
Verhi  DdCCCIfl.  pridir  Kalnidas  jnlii ,  fcsto  Sancti  Pauli,  refînante  Car olo, 
filio  Ludoviri  Balbi ,  post  obituin  Odonis  reçjis  in  anno  VI  el  Robert i  abhatis 
anno  XV,  iterum  succensa  est  basilica  Sancti  Martini  ctim  XXVIII  aliis 
eccksiis  ab  Heric  et  Baret,  Nortnmnnis ,  cum  tolo  cuatro  (Cliron.  de  Saint- 
Martin  de  Tours,  dom  Bouquet,  VllI,  317).  -^ 

-  Il  s'agit  ici  de  l'Angleterre. 

3  Et  Nortniannoriim  aliae  cohortes  Franciam  siiperiorem  dernslantes, 
primtim  cum  duce  Bareto,  deinde  cum  reçje  Astenco  oras  maritimas  désertantes, 
post(jN(im  desolaverunt  terram  vicinam  Francie ,  prosfrati  sunt  a  vicinis 
ducibus  Francie.  Deinde  cum  alia  miiUitudinc  Norlmannoruni  Rodomum  urbs 
et  vicine  sibi  civilates  inventue  vucuae  vindicafe  sunt  ad  habilandum  a 
ducibus  eorum,  qui  elevaverunt  super  se  ex  eorum  geute  regeni  nomine  Rosum, 
qui  sedem  sibi  in  Rodoma  conslituit  (Pertz,  Scriptores ,  IV,  l'23).  Ces  lignes 
ont  élé  n-ritcs  par  un  moine  de  Saint-.Martial  de  Limoges,  au  XII^  siècle.  Elles 
olïreni  un  résumé  véridiquc  des  expéditions  normandes  de  800  à  000  environ. 
On  y  voit  que  Rollon  n'était  qu'un  chef  secondaire  avant  l'invasion  de  <Si)G. 
C'est  |)récisém('i!t  le  résultat  auquel  M.  Lair  était  arrivé  au  sujet  de  Rollon  dans 
son  Introduction  à  PHistoire  de  Dudon  de  Saint-Quentin,  p.  W.  Le  moine  de 
Limoges  a  empiiuiié  vraisemblablement  ce  passage  à  une  ancienne  source  d'ori- 
gine aquitaine  anjourd'bui  perdue. 

"*  Eu  l'année  000,  le  roi  Charles  le  Simple,  in(iuiel  d(!  voir  les  pirates 
s'établii'  malgré  lui  dans  son  royaume,  avait  mandé  à  sa  coui'  les  ducs  Robert 
et  liicliaid,  ainsi  qu'liei'berl .  conUe  de  Vermandois ,  et  .Manassès,  comte  de 
Dijon.  Il  voulait  avoir  leur  avis  sur  la  conduite  à  tenir  vis  à  vis  des  envahisseurs. 
Mais  des  disputes  s'élevèrent  entre  Robert  et  Manassès;  la  conl'éi'ence  n'aboutit 
à  aucun  résultat,  et  personne  ne  songea  plus  à  inquiéter  les  Normands  dans 
leur  ciniijiièle.  Rex  cum  Robcrto  et  Ricardo  alque  Heriberlo  coepit  sermocinari 
quid  de  Norlmaunis  arjercnt.  Unde  couti(/il  (juudum  die  ul  Manasses,  quiilam 
ex  fidelUms  Ricardi,  régi  loquens,  quae  illi  non  conveniebant  de  Roberto 
locutus  est.  Quod  ubi  Roberto  numialum  est,  ascenso  equo ,  rediit  in  sua, 
atque  ita  omncs  discordantes  sine  ullo  clj'eclu  reversi  sunt  unusquisque  in 
$ua  [Ann.  Vedasl.,  ad  an.  '.M)U,  dom  l!oii(|uel,  Vill,  03). 


I  I 


alors  que  Rolloii  lut  proclaiiu'  rlicl"  par  les  autres  capitaines 
danois  d(jnt  les  troupes  étaient  cantonnées  dans  la  région 
ronuKiisc  '. 

Kollon  samiliipia  daburd  à  asseoir  solitlenicnt  la  ctUMpiéte 
que  ses  compaynous  avaient  faite  des  pays  riverains  de  la 
Bas.se-Seine.  Aussi,  pendaiii  une  di/aine  (rannées(900en\  in»n 
;il»H»  .  la  'uiule  septentrionale  rm-cllc  peu  inquiétée  par  les 
incursions  des  Danois. 

<;ràci'  ;i  ce  répit,  pour  ne  citer  qu'un  cxeni[)le,  Hervé,  élu 
archevêque  de  Reims  le  <>  Juillet  IHJU,  pouvait  consacrer  les 
prenners  teniiis  de  son  épiscopat  ;i  relcA  er  les  murailles  des 
places  fortes  de  son  diocèse  et  ii  réédilier  un  y:rand  nombre 
d'églises  autrefois  bridées  par  les  Normands.  Le  29  décembre 
IKX),  rassuré  par  la  contenance  des  pirates,  il  transféra  hors 
des  murs  de  sa  cité  de  Reims  le  corps  de  saint  Rend,  qui 
avait  ét(''  mis,  (iuel([ues  années  auparavant,  h  lintérieur  de  la 
ville  par  crainte  des  incursions  danoises-. 

Ce  ne  fut  ([uc  lorsque  Rollon  sentit  sa  domination  sûrement 
établie  ;i  Rouen  (piil  résolut  de  l'étendre  plus  loin.  On  était 
alors  en  l'année  UlU.  Gui,  archevêque  de  Rouen,  venait  de 
mourir^.  Ce  prélat  avait  su  prendre  sur  les  pirates  danois 

'  Rolloii  n"cxori,'a  jamais  raiitorilé  souveraine  que  sur  les  Normands  de  la 
Seine.  Pans  le  lem|is  ni("'nie  on  eenx-ri  le  elioisissaicnt  pour  cliel',  d'autres 
piralrs,  élal)lis  à  rrnihoinliure  df  la  Ltire,  ravageaient  li'  rentre  de  la  (iaule. 
Kn  !Mi;},  iJaret  et  lléric  |iillèrent  et  lirnièreiit  la  villi'  de  Tours  ;  ils  |tonssèrent 
Irins  incursions  jusqu'en  Herry,  où  ils  détruisirent  labliaye  de  Penvre  (c'"'  de 
Sainl-deorues-sin-la-Prée*.  Cf.  pièces  jiislif.  n"  V.  Ilastini;,  de  son  eolé, 
c'Iiassé  d'Aiitrleterre,  était  rentré  en  (ianle.  l'n  auteur  du  \"  siècle  mentionne 
une  invasion  de  ce  (errilde  capitaine  en  i!oingOi;ue,  peu  d'années  avant  ^a 
lialaille  qui  eut  lieu  à  Cliarlies  le  "H)  juillet  iU  I.  .\u  cours  de  celte  expédition, 
llastiui,'  dévasta  les  rives  de  la  Saune  et  ruina  de  fond  en  coiulile  le  iiKMi.i^lère 
de  Saint-Vivanl-eu-Ainous  i.Iura).  Cf.  Vilu  S.  Mviiilli,  doni  Hoinpiel,  1\.  CÎU. 
Aucun  de  ces  c.liels  n'obéissait  à  lioliou.  Plus  dt-  quinze  ans  après  le  traité 
lonchi  à  Saint-Clair-snr-Kpte  entre  linilon  et  Charles  le  Siirqde,  les  Normands 
de  la  Luire,  snus  la  conduite  di-  leiu'  duc  Rai;nold,  désolaient  encore  noire 
pays  (Flodoard,  ad  annus  l):2;{-!i;{(l!. 

-  Cf.  KIodoard.  Hisl.  eccl.  /?e//).,  I.  IV,  c.  C!.  dnm  HoMipiel ,  VIII,  p.  IC.-i, 
note  fi  et  p.  Ki;}.  —  Le  récit  de  Pndon  de  Sanil-Hui'nlni  nie  i  onlirnie  dans 
l'opinion  que,  de  *.)()()  à  iljO,  les  Normands  de  la  Seine  tirent  peu  d'incm-sions 
hors  de  i;i  léj^ion  ronmoise  on  ils  étaient  étalilis.  Pudnn.  en  ellet .  après  avoir 
montré  (jne  liollon  avait  fixé  sa  résidence  à  Itonen,  d'où  il  ddiinnait  sur  toute  la 
roiilrée  (éd.  Lair.  p.  Htii  ,  ne  nienlionne  aucune  expédition  de  ce  chef  des  |iirates 
avant  la  tameuse  campagne  d)-  UltMIJI  que  je  raconterai  dans  la  suite. 

••  (iiii  est  si;.'iialé  pour  la  dernière  fois  li-  i(i  juin  '.Ki'.l,  jour  où  il  souscrivit  les 
décrets  du  concile  de  Trosli ,  près  de  Soissons. 


—  78  — 

un  certain  ascendant  ;  il  en  avait  converti  beaucoup  à  la  foi 
chrt'tienne  \  et  avait  dû  contribuer  pour  une  grande  part  à 
réprimer  les  projets  belliqueux  de  Rollou.  Mais  le  successeur 
de  Gui,  Francon,  se  trouva  impuissant  à  s'opposer  à  la  lutte 
qui  était  imminente  entre  les  Normands  et  les  Francs. 

Vers  la  fin  de  l'année  910,  Rollon  vint  assiéger  Paris  et  se 
mit  à  désoler  les  pays  environnants  -.  Le  roi  Charles  le 
Simple,  effrayé  par  cette  brusque  attaque,  manda  à  lui  l'arche- 
vêque Francon  et  obtint  par  son  entremise  une  trêve  de  trois 
mois  •'.  Plusieurs  puissants  comtes  de  Gaule  s'indignèrent 
de  voir  le  roi  solliciter  ainsi  des  pirates  une  paix  déshono- 
rante. Richard,  duc  de  Bourgogne,  et  Ebles,  comte  de 
Poitiers,  lui  firent  savoir  qu'ils  étaient  prêts  à  accourir  ii  son 
secours  et  qu'il  ne  fallait  à  aucun  jirix  transiger  avec  les 
Danois  *.  Rollon,  instruit  de  l'alliance  prête  à  se  former  contre 
lui ,  n'attendit  pas  que  ses  ennemis  eussent  réuni  leurs  forces  ; 
il  ronqjit  la  trêve  et  fondit  à  Timproviste  sur  les  Francs  : 
puis,  pour  terrifier  le  duc  Richard,  il  envoya  ses  navires  par 
le  cours  de  la  Seine  et  de  l'Yonne  portei'  leurs  ravages 
jusqu'en  Bourgogne  ^  A  Auxerre,  les  Normandes  furent  taillés 
en  pièces  par  les  habitants  qui  (Haicnt  allés  à  la  rencontre 
des  pirates  sous  la  conduite  de  leur  évêque  Géran  ".  Trois 


'  On  possède  une  longue  épître  (rHervé,  archevêque  de  Reims,  en  réponse  à 
une  lettre  dans  laquelle  (hii  lui  avait  demandé  eoiiseil  sur  la  conduite  à  tenir 
vis  à  vis  des  Normands  nouvellement  conveitis  (Cf.  Labbe,  Concilia,  T.  IX, 
col.  iHi-W-i). 

•  2  [l\ollo\,    Parisius    veniem,    cocpit   urbem   oppugnare   et    terram  super 
inimicos  siios  devaslare  {Dudon,  éd.  Lair,  p.  IGO). 

3  Francon,  au  rapport  de  Dudon  ,  était  alors  assujetti  à  Rollon.  Karolus  rex 
rofjavil  ad  se  ve)iire  Franconcm ,  Hotoiiiagcnscm  episropum,  HolUmi  jam 
aùrihulitm  [Dudon,  édit.  Lair,  p.  1(10).  C'est  une  nouvelle  preuve  que  Rollon 
dominait  souverainement  à  Rouen  bien  avant  le  traité  de  Saint-Clair-sur-Kpte. 

1  Dudo7i,  édit.,  Lair,  p.  IfiO-lOI. 

^  Illico  Rollo...  coepil  laniare  et  af/liijen:  atqiicdclcre  populuin.  Sui  (luleiii 
in  Bmi/utidiam  percjentes ,  perque  lonum  in  Sigonum  navigantes,  tenusque 
amnibus  affines  us(]ue  Clarum  Moiilew  undiqnc  seciis  devasiaitics,  Smonis 
pivvinciam  invaserunt ,  atque  cunclu  dcpupiilanlcs  ad  Sanctiiin  licucdiclum 
contra  Hollonem  revenerunt...  Stampas  eqicidem  adiens,  [Rollo]  totatn  terram 
adjaccnton  pcrdidif,  quaniplurinws  captivavit.  Inde,  ad  Vilemetz  veniens, 
fiuilinias  taras  praedavil ,  kiucque  l'arisius  rcmcare  ucceleruvil  {Dudon, 
éd.  Laii',  p.  1(31.) 

'^  Géran  avait  été  élu  évêque  d'Auxerre  le  li  janvier  910. 


—  70  — 

étendards  furent  pris,  deux  chels  laits  prisonniers  ;  on  pré- 
cipita l'un  d'entre  vn\  du  liant  des  murs  de  la  ville'. 

Toutclois  celte  résistance  di^s  Auxt-rrois  ne  fut  <.;uère  (piun 
t'ait  isolé.  Après  avoir  dévasté  la  li<nir^oyne  supérieure,  les 
Normands  «lescendirent  la  Saône,  puis  remontèrent  vers  la 
province  de  Sens,  en  sui\ant  la  Luiii';  ils  séjoui'uèrent  au 
monastère  de  Fleury  oîi  ils  rejoiy:nireni  Knllon  ;  de  lii  ils  .se 
dii'i^èrent  sur  Etampes,  ensuite  sur  I»reux,  campi-rent  à 
A'illemenx  ■-,  près  du  cours  de  l'Eure,  enlin  revinrent  vers 
Paris,  ne  laissant  sur  leur  passaije  que  la  ruine  et  la  mort. 

Entre  I)reux  et  Paris,  RoUon  l'ut  arrêté  dans  sa  marche 
par  un  obstacle  inatten<lu.  Les  paysans  des  reliions  sacca^ifécs, 
s'étant  rasseml)lés  en  grand  nombre,  voulurent  barrer  la 
roule  aux  Normands;  mais  la  i)lu[)art  étaient  sans  armes,  cl 
ceux  qui  en  portaient  ne  savaient  même  pas  les  manier  : 
Kollon  en  lit  un  uraud  carnage  et  mil  les  survivants  en 
(h'route  •*. 

Ces  événements  se  passaient  vers  le  milieu  de  l'année  '.>11. 
A  la  nouvelle  de  l'apprijclie  des  Danois,  le  comte  Robert,  lils 
de  Robert  le  Fort,  s'était  jeté  dans  Paris  avec  Manassès, 
comte  de  Dijon,  l'ini  des  plus  bi'aves  cai)ilaines  de  l'époiiue*. 

Décidés  à  tenter  un  effort  sui»rênic  contre  Rollon,  ils  écri- 
virent au  duc  de  Bourgogne.  Ivicliai'd.  [lour  ([uil  \iiil  unir 
SCS  forces  aux  leurs  :  «  Sachez,  lui  dirent-ils,  que  nous 
»  .sommes  sortis   de   Paris  [lour   aller   à   la   rencontre   des 

'  [Gerannu.s  ,  ciiiii  mis  tnnlum  urbc  cgressus,  spenilatorcs  pideiiiillil , 
Aos^CAf/Mf  iuvenil  :  niilur  belluiii ,  jKililnr  Victoria ,  eî ,  pro/lifidlis  ailversariis, 
Iri't  illonim  n-irliKnlnr  Inljuni.  Dun  illic  hoslium  iiohiles  ranli  siinl.  iiuuntiii 
uniis  il'  iiiuro  ciritutis  ijntisi  ipilaliis  periil  Vilu  sanili  (icniiiiii ,  ituclore 
anonyiiio  roaevo,  Hollaiulislos,  Acla  Sanctorum,  tome  XWili,  \>.  .V.lSi. 

*  Villcmctix,  ^'ll^'-L•^Loi^,  arr'  Dreux,  c""  Ndgeiit-le-Roi. 

•'  L'IiisliMif  iiiriiiioiiiii'  |)liisiciirs  soiilrvemciils  aiiaioi;iii'S  di-^  paysans  trciilre 
Sciiii-  f't  Loire  toiilri'  les  Noriiiamls.  Kii  i'uiiiiée  S."»!l,  viilijua  pinmisi  uuiii  iiitvr 
Sequaunm  vt  Ugeiim  inler  se  conjuraiis  adversus  Uaiios  in  St'(]uana  consis- 
tfnU'.s ,  finlidr  ii'xislit  ;  si'd ,  ipiia  inraulr  .siisicplit  r.st  eiiium  nniJHrdliii .  a 
polfulionbus  nnslris  ftnilc  lulfificiiinliir  {Ann.  Ilrrliii.,  ad  an.  S.V.t,  dnni 
lîoïKjUfl .  VII,  7 II.  —  Km  Hi')"!.  ijuand  les  moines  de  .*>aint-.\laur-sur-Loire  se 
n'-lngirrent  au  .Mesie,  au  pays  de  .Secs,  l'évriiuc  de  Sées ,  llildehrand,  élail 
occupé  à  dirij.'er  une  expédition  };éuérale  du  peuple  contre  les  Danois,  et  il  ne 
pnl  venir  recevoir  le<  relicpies  de  saint  .Maur  que  les  moines  apportaient  avec 
eux  (lioin  l!un(|uet,  Mil,  ii'iT). 

*  l»uclie>ne,  dans  son  Hislniir  ilr  la  maisim  de  Vfi'ipj,  a  tort  bien  résumé 
tout  re  i|ue  l'on  sait  sur  u*  comte  de  Dijon. 


—  80  — 

»  Normands:  mais  ne  les  ayant  pas  trouvés,  nous  sommes 
»  l'onlrés  dans  la  ville,  o\  nous  vous  faisons  demander  si  oui 
»  ou  non  vous  viendrez  ;i  nous  '.  ■>  Comme  on  le  verra  par  la 
suite,  Richard  répondit  à  cet  appel. 

Cependant  RoUon  s'était  arrêté  dans  sa  marche  sur  Paris  -. 
Pour  enlever  aux  paysans  de  la  Beauce  toute  pensée  de 
tenter  contre  lui  une  nouvelle  attaque ,  il  fît  brusquement 
volte-face,  envahit  les  comtés  chartrain  et  dunois,  et  y 
mit  tout  à  feu  et  à  sang.  Puis  il  se  dirigea  sur  la  ville  de 
Chartres,  résolu  à  la  détruire  de  fond  en  comble-'. 

De  même  que,  Tannée  précédente,  Tévêque  Géran  avait 
été  forcé  d'organiser  la  défense  à  Auxerre ,  de  même  l'évêque 
de  Chartres,  Gousseaume  *,  était  alors  seul  pour  défendre  la 
cité.  Dès  (pi'il  l'ut  averti  des  intentions  de  Rollon  ,  il  manda 
au  comte  Robert  d'accourir  h  la  rencontre  des  Normands  ^ 


'  Cottfî  letlre  est  transcrite  en  marge  d'un  manuscrit  de  l'église  cathédi'ale 
de  Chartres  (Bibl.  commun,  de  Chailres,  ms.  i)2,  l'J  dH  V).  Les  auteurs 
du  (Attalojjuc  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de  Chartres  ont,  en  1890, 
édile  ce  curieux  documcnl  ;  mais  ils  n'y  ont  ajoulé  aucune  note  et  ne 
scmideni  pas  en  avoir  compris  Initérèt.  Ils  ont  sans  ddfete  cru  que  le  duc 
Richard,  dont  il  est  question  ici,  était  un  duc  de  Normandie,  cai'  ils  attribuent 
cette  lettre  au  XI''  siècle.  Leur  erreur  est  évidente.  L'écriture  de  cette  courte 
missive  appartient  au  conmiencenient  du  X''  et  non  tm  XL"  siècle.  L'époque  où 
elle  fut  transcrite  est  déterminée  par  ce  fait  que,  dans  la  même  marge,  ont  été 
ajoutés,  d'une  écriture  contemporaine,  ces  mots  :  Galterius  arcliipresul,  Gautier, 
archevêque  de  Sens,  de  887  à  !)'23.  Voici  en  quels  termes  esl  conçue  cette 
lettre:  Botlicrlus,  cornes,  et  dux  Mariasse  Richarde  romiti,  salulem.  Scitote 
(juoniavi  fuiinus  perrecti  contra  JSorniannos,  sed  non  invenientes ,  regressi 
smnus  Parisius,  millentes  ad  vos,  et  requirimus  ulrum  vos  necne  venielis  ad 
nos.  —  On  coniprrnd  aisément  la  raison  qui,  en  l'année  1>II  sans  doute,  fit 
copier,  dans  un  mannsciit  de  l'église  de  Lharlres,  cette  lettre  à  hupielle  la  cité 
dut  son  salut;  car  ce  fut  grâce  à  la  venue  du  duc  Richard  que  Rollon  et  ses 
compagnons  purent  être  nqioussés  de  Chartres  par  les  Francs. 

-  (le  doit  être  à  cause  de  ce  brusque  changement  de  direction  dans  la  marche 
de  l'armée  danoise  que  Robert  et  iManassès  ne  rencontrèrent  pas  les  Normands 
dont  (111  leur  avait  amioncé  raj)j)roche. 

^  Poslea  liollo,  niniio  furoris  aestii  inhians  et  flagrans,  super  suas 
inimicos,  civilateui  Carnolis  hostililer  expeliit ,  atque  Dunenscni  contilaium  et 
Carnotensem  vastans ,  cum  nnn/uo  exercitu  obsedil  (Dudon,  éd.  Lair,  p.  10:2). 

'*  Le  souvenir  de  révè([ue  (ionsseaume  était  encore  vivant  à  Chartres  an 
XIIL'  siècle  (Cf.  Le  livre  des  miracles  de  ISotrc  Dame  de  Chartres,  par  Jehan 
Le  Marchant,  édit.  Gratet-Duplessis,  p.  181  i.  Dans  les  chroniques  latines 
imprimées,  cet  évè(|iic  est  ajipelé  Watti'tmus.  .Mais  la  forme  populaire  du 
Xlil''  siècle,  (ioiisseanme,  monti'e  que  son  vrai  nom  était  Walr.elinus. 

^  Misit  ad  Francos  hujus  maestiferae  teyaliunis  ntinlios.  Dudon  ajoute  (pie 
Gousseaimic  écrivit  aussi   an  duc  Richard  et  à  Ebles  de  Poitiers  ;  mais  ces 


î 


—  81  — 

Robert  vouait  (ropôrer  sa  joiictinn  avoc  lo  duc  Hicliaid. 
Los  doux  ariuôos  trauquo  ot  bour^ui^nutuuo  attoi<j:uirout 
f'hartros  lo  sauiodi  20  juillet  '.Ul.  Counut'  elles  ai'rivaieut . 
Rollou  (''tail»sur  le  poiut  do  s'eiuit;irer  de  l.i  ville  '.  Lecouibat 
fut  acliajMK'  dos  deux  côtés;  luais,  taudis  que  les  troupes  do 
RoUou  élaioutauxprisosavcc  collosdo  Richard  ot  do  Robert, 
l'evéiiui'  Goussoauuie,  revêtu  dos  habits  poutilicaux,  outouré 
dos  honiuîos  dariuos  de  la  cité,  sortit  de  ("hartros  touaut  ou 
uiaiu  la  croix  et  le  \()ilc  de  la  vioriifo  Mario  -.  Tous  les  habi- 
tauts  et  les  clercs  le  suivaiout.  Ils  foudiront  par  derrière  sur 
les  païous,  et  ootto  iutorveutiou  iuatteu<lue  (h'cida  du  sort  do 
la  journc'e''.  l'i'is  entre  deux  ennemis,  les  Normands  se  mirent 


c;i|iilaiiics  lievaifiit  avoir  ctr  prévenus  aupaiavaiil  ;  sans  cfla  ils  naiiraii'nt  pas 
l'ii  If  tcmiis  d'aiiiviT.  On  a  vu  que  c'était  Uohei t  qui  avait  l'ail  venir  KielianI 
(et.  pins  liant,  p.  SI),  imtc  I  i  ;  il  ''n  fut  sans  (lnule  tle  nirnie  pnnr  le  coniic  Klilrs. 
j.e  nmine  l'anl,  anlmi'  dn  lailiilaiie  île  Saint-Père  de  (lliailres,  alliinie  ipie 
l'évèque  (Jousseannie  écrivit  alors  non  seulement  au  duc  de  Honrgogne  et  au 
eonile  de  Poitiers,  mais  aussi  à  deux  puissants  comtes  des  hancs,  duos 
iitileiili.\.siiiios  Fruiiciiii-  rdiniloi  :  il  s'aj^it  sans  donte  des  lonili'S  Kolicrl  et 
Glanasses.  Ce  renseii,Miemeiit ,  qui  ne  se  trouve  |)as  dans  l'ouvraije  de  Pudmi, 
prouve  ([ue  le  moine  l'aul  ne  s'est  pas  contenté  de  copier  le  récit  du  doyen  de 
Saint-Ont'iilni  d  quil  a  eu  à  sa  disposition  (pielque  antre  document,  prolia- 
lilcmcnt  d'origine  locale  [Carliil.  <lc  Saitil-I'èrr.  y.  't~  i. 

'  ItCC.C.C.XI.  Hoc  aniio,  XII  \l  \  lùilendas  aiti/iisli.  in  sabhalo,  cum  nhsi'Irrent 
Noiiinaniii  Cunioliiuim  urbrm ,  et  jum  iimilKs  csscl  rapinidn^  sui/errriiifiilcs 
liicardiis  ri  linthhi'rlus  comilcs,  uiiiiiijxdrnlis  Dci  auxilio  et  hratue  Muriuc 
patroriniu  lobtirali,  fvcenutt  slnigcin  maximum  jinijanovum ,  a  paucix  qui 
remauserant  ub.sides  capieuli's  \Aiiii.  Sanriac  Coluiiibnc  Si'tioiwiisis,  l'ert/, 
.S'N.  1,  IIH).  —  l'Ins  de  vingt  clnuniqneurs  des  siècles  suivants  incnlionneiil  If- 
siège  de  (lliartres;  mais  ils  ont  tons  pnisé  leurs  renseignements  à  deux  somces 
qui  sont  certainement  dorigine  contemporaine:  les  Annales  de  Sainte-Colombe, 
que  je  viens  de  citer,  et  la  (Jiniiiiqitr  de  S'iitit -Maurice  d\\iii/ers ,  ipii 
s'i-xprinii-  ainsi  :  l)l',('.(i(",Xl.  apinl  ('.(trunlum  innelialum  est  die  nabbiili  nuit  ni 
pafffinos  per  Hichardum  atipie  Hntbertiim  duces,  et  peicmpti  sutil  fartissimi 
piKfunorum  17  millin  iH'AJ.C  {('.liraiiii/.  des  éi/lises  d'Aujnti.  par  Marcliegav  et 
.Malnllc,  p.  S  . 

^  Celle  antique  relique,  encore  conservée  à  Chartres  aujourd'hui,  aurait  été 
donnée,  suivant  la  traditinii,  à  Téglise  de  No!r:'-l)ame  par  Charles  le  Chauve. 
Oiioi  qu'il  en  soit,  il  est  hini  certain  qu'elle  était  déjà  lurl  vénérée  dans  la  cité, 
il  y  a  près  di'  mille  ans,  comme  le  prouve  l'usage  (pi'i-n  lit  l'évèque  Cousse.nune 
pour  eiitrainer  les  Chartrains  au  comhal.  Les  annales  de  Sainte-Colonihe  de 
Sens  font  sans  donte  allusion  à  cette  intervention  de  l'évèque  len.nit  en  niani'«  la 
croix  et  le  voile  de  la  vierge  Marie,  lorsqu'elles  disent  (pie  les  .Normands  l'nrenl 
taillés  en  pièces  Dci  auxilio  et  beatac  Miiriae  patnninio  (vuir  la  nnle  pré- 
cédeiilei. 

•'  C.aesis  eifjo  christ ianoiuni  ne  pnijanorum  pluribus,  stnbat  uteraue  in 
pnielio  rxereitus  mutuuiis  vitam  ullernis  irtibus,  ipiiiin  subito  tiuallelnius 
episcopus ,  quasi   missum  eelebruturus  iufulalus ,    bajulansque  rrueein  nique 

T.  XII,  .V.  6 


-  82  — 
à  fuir  et  se  frayèrent  comme  ils  purent  un  passage  au  travers 
(le  leurs  adversaires ',  Ils  laissèrent  plus  de  six  mille  cinq 
cents  morts  sur  le  champ  de  bataille,  sans  compter  ceux  de 
leurs  compagnons  qui  se  noyèrent  dans  l'Eure  ou  qui  mou- 
rurent des  suites  de  leurs  blessures  2. 

L'issue  de  ce  mémorable  combat  ne  fut  pas  un  simple  effet 
du  hasard.  Depuis  plus  d'un  an,  les  Francs  ne  cherchaient 
qu'une  occasion  d'engager  une  lutte  sérieuse  avec  les  Nor- 
mands. C'est  surtout  au  comte  de  Paris,  Robert,  que  revient 
riionneur  d'avoir  organisé  contre  les  pirates  cette  résistance 
qui  finit  par  délivrer  le  pays  de  leurs  incursions  ^.  Dès  l'an 


tunicam  sacrosanctae  Mariac  virrjinis  maniius,  prosequeiite  clero  rum  civibus, 
ferratisfpie  aciebus  ronslipaius ,  exsiliens  de  civifale,  patjanorum  lerga  telis 
verberat  et  mucronibus  {Uiidon,  éd.  Lair,  ]).  1()'2). 

D'après  le  moine  Paul,  (|iii  nous  ra))|iorte  Topiiiioii  du  doii;!'  cliarlrain  de  la 
fin  du  XI''  siècle,  révè(|ut'  Cioussraumc  aurait  joué,  en  ceUe  journée  du 
!20  juillet  'JM,  un  rôle  dillérenl  de  celui  {|ui  lui  est  atlrilnié  par  Dudon. 
Gousseaume  n'aurait  pas  (piitté  la  ville  :  seuls  les  habitants  de  (lliartres 
anraicnl  opéi'é  une  sortie  ;  Févèque  serait  demeuré  sui'  les  mui's  d'enceinte,  se 
coulcnlaiit  d'exposer  aux  retfards  des  assaillants,  du  liaut-tje  la  Porte-Neuve,  le 
voile  de  la  vieri^e  Marie  {Cart.  de  Saint- Père ,  p.  A-1).  On  avait  peine  à 
admelire  au  XI"  siècle  que  févèque  eût  pris  une  part  active  a  la  mêlée.  Le  récit 
de  Dudou  cependant  paraît  prélérable  à  la  tradition  cliaitraiue.  On  ne  peut 
(iiililier  en  effet  (jue  févèque  d'Auxerre,  Gérau,  condiattil  en  persoiuic,  sous  les 
nnus  de  Cliartres  (Vita  sancti  Geranni.,  Acla  SS.,  t.  XXXIII,  p.  51)S).  Les 
évè(pies,  aux  IX"  et  X"  siècles,  ne  craii^naient  pas  de  se  joindre  aux  expéditions 
dirigi'cs  contre  les  pirates  danois,  et  ils  ne  se  croyaient  pas  obligés  à  s'éloigner 
des  champs  de  bataille. 

'  Le  lieu  du  cond)at  lut,  suivant  toute  vraisemblance,  la  prairie  connue 
aujoui(fbui  sous  le  nom  de  Grunds-I'rés.  Cette  prairie,  qui  s'étend  entre 
Gharlies  et  Lèves,  le  long  de  la  rivière  d'Eure,  est  implicitement  désignée  par 
les  divers  clu'0ui(pieurs  comme  fendioit  où  se  livra  la  bataille.  Ou  sait  eu  elTet 
(pie  beaucoup  de  Noi'inands  se  noyèrent  en  voulant  traverser  l'Eure,  et  ipic 
(l'autres  s('  réi'ugièrent  en  grand  nombre  sur  les  collines  de  Lèves  après  le 
combat  [Dudon,  éd.  Lair,  p.  IG-i). 

-  Maxima  parjanornm  raedes  acta  est,  in  lantiim  ut  inventi  sint  jufjulalorum 
cndavera  plus  (juani  VI  millia  D,  exceplis  Iris  quos  vorcn/o  flunrinis  Audurae 
(ibsorbiiil,  Umijusque  fuf/ae  tractus  silraruin'ptc  vastiins  vuliicralus  cl  cxaiiimes 
obiinuit  [Vita  sanrli  Geranni,  Acta  sanctorum,  T.  XXXIII,  |i.  51)8). 

•'  Robert,  cbai'gé  pai-  Charles  le  Simple  d('  la  défense  du  royaume  contre  les 
Normands,  ne  put  quitter  Paris  pendant  près  deux  ans  (!)I(M)I:2).  Une  cliarte 
de  .Marmoutier  nous  apprend,  en  efl'et,  que  les  occupations  diverses  qui  lui 
incondiaieiit  le  forcèrent  à  rester  dui'ant  ce  laps  de  temps  éloigné  de  sa  ville  de 
Tours.  Anni)  inrariialionis  doniinice  DCCGGXU ,  mm...  ilomnus  Hùtbertus, 
abbii  et  cornes,  propler  diversa  i-ef/norum  Franriae  atqiie  Ni'uslriae  ncgolia, 
quibns  a  refje  praeposilus  erat,  ab  urbe  Turonica  fereper  biennium  defuisset 
(.Mabille,  Invasions  normandes  dans  la  Loire,  Bibl.  de  l'Ec.  des  Charles, 
année  IXd'J,  p,  451). 


—  83  — 
«MM»,  laniialisto  de  Saiiit-Vaast  nous  montrait  Robert,  ii  la 
cour  (le  Charle.s  le  Simple,  (ii'lilx'rant  avec  Ki<hanl  i\i-  l'.mir- 
goj^Mie,  Ilerberi  de  Vermandois  et  Manassès  do  Dijon  sur  les 
moyens  ;i  eippluyer  im.ui-  chasser  de  (ianle  les  N(»i"mands. 
Une  disiHité  survenue  enlri^  Koliert  et  Manassès  avait  eni- 
péclié  cette  conlerence  d'aboutir.  Plus  tard,  les  relations 
andcales  do  cos  deux  comtes  se  renouèrent.  En  'Jll ,  lioljort 
avait  a[»pelé  près  de  lui  Manassès,  et  nous  les  avons  vus 
allant  de  comiia,L,niie  il  la  rencontre  des  pirates.  Dans  le  même 
temps,  Robert  écrivait  ;i  Ivichanl  de  Bourf,^og-ne  et  à  Eblesdc 
Poitiers,  leur  rappidant  la  pidiiiesse  qu'ils  avaient  laite  au 
roi,  lannée  précédente,  de  marcher  contre  les  Danois  au 
premier  appel.  Richard  était  accouru  en  toute  hâte  avec  ses 
troupes;  rc-vècpie  d'Auxerre.  (;(''i"an  .  ('lait  avec  lui,  et  il  se 
battit  bravement  sous  les  murs  de  Chartres'.  Quant  à  Ebles 
de  Poitiers, il  n'arriva  que  le  soir  de  la  bataille, alors  (^ue  les 
Normands  étaient  déjà  dispersés  de  toutes  parts  -. 

Le  combat  (le  Chartres  lui  un  des  n-rands  événements  de 
notre  histoire  nationale.  Les  auteurs  contemporains  sont 
unanimes  à  reconnaître  (piil  marqua  la  lin  des  incursions 
des  Normands  de  la  Seine-'.  Les  Danois,  comme  les  Francs, 
comprirent  (pie  tout  sentiment  patrioti([ue  n'était  point  éteint 
on  (ianlo.  Rolhjii  ne  .songea  i)lus  (pi'à  s'assurer  la  possession 
paci(i((ue  des  provinces  qni  lui  ai)i)artenaient  on  lait  depuis 
dix  ans  déjii,  et,  après  une  autre  tentative  infructueuse*,  il 

*  Gfiaiini  viclrix  dextra.  iiiia  ciiiii  Hirhardo  et  Hvherto,  diinbiis  inaximis 
proceribus,  pmeHo ,  (juod  apud  (jinidlKin  iiibem  (jeutiim  fuit,  inlerfiiil 
{Vita  sancti  Geranni ,  loco  cilalo). 

-  Finilo  tali  et  tain  mafjno  cerlamiiic  lirlli ,  Ebalun  vespcrc  (tdvciiil  cum 
suis  \budttH,  ('■(!.  Lair,  p.  Kiij. 

•'  Quidam  Franroruni  ac  Hurf/iindionum  primores,  dure  Hicbardo 
pn'finilr...  iirurruiil  in  A'«n//««Ho.v  in  piiijn  (Minotensc ,  luntaqur  .slrai/r 
illos  dclnerunl  ni  ullrrius  in  rxleruruni  /(/es  niinimr  niplini  rxirr  tcnltiimt 
{  Vita  sancii  Viventii,  doiii  l!oiii|ii<'l,  IX,  \>.  \'.\\).  —  l'ost  brlluni  ipuul  liolinlus, 
vîmes,  nmliti  Surmnnniis  ('.nrnutenus  (ji'ssit,  lidem  Cliiisli  susiivcre 
riteperunt  llndoiiiil,  Uisl.  ml.  limi.,  I.  IV,  c.  lii.  Vmr  aii>si  Ihidun  ri  l /7a 
sHiiili  Gminni,  locis  rilulis, 

*  .\pn'S  la  (li'lailf  (|irils  cssiiyrri'iit  à  Ciiaitrcs,  li  >  Noriiiamls  Inili'-n'iil  nirmi' 
iiiir  lois  ilt>  iK'iH'lii'r  fil  l!()iiri,'Oi,'iir.  mais  ils  l'iiifiil  tailU-s  en  |iint's  par  le  duc 
llirliaid  dans  le  .NiviTiiais.  cl,  d.puis  lois.  Itcdidii  cl  ses  roinpapH'iis  no  se 
iis(|iiciciil  plus  à  sortir  de  la  pioviiirc  de  iioiicii  i  1/7'/  snnrtl  Ctrianni\.  Noir 
aussi  Uuilon,  t'd.  Lair,  p.  Km. 


—  84  — 
conclut  avec  Charles  le  Simple  lo  traité  de  Saint-Clair-sur- 
Epte  (912). 

Les  diverses  chroniques  sont  muettes  sur  la  part  que  prit 
le  comte  Eudes  aux  événements  dont  le  pays  chartrain  fut  le 
théâtre  en  911.  Subordonné  au  duc  d'entre  Seine  et  Loire, 
Eudes  devait  combattre  à  Chartres  sous  le  commandement 
de  Robert,  et  il  se  trouvait  ainsi  confondu  avec  les  autres 
belligérants  ^  Son  rôle  avait  dû  être  tout  différent  quand  ses 
comtés  de  Chartres  et  de  Châteaudun  avaient  été  ravagés 
par  Rollon  -  ;  car  c'était  à  lui  surtout  qu'incombait  alors  le 
soin  de  les  défendre.  Dudon,  malheureusement,  ne  nous  a 
laissé  aucun  détail  sur  la  manière  dont  le  comte  de  Chartres 
agit  en  ces  circonstances. 

On  ignore  l'époque  exacte  à  laquelle  Eudes  mourut.  Il  est 
certain  qu'il  avait  cessé  de  vivre  avant  l'année  920,  date  à 
laquelle  Thibaut  le  Tricheur  apparaît  comme  comte  de 
Chartres  •'.Je  crois  qu'Eudes  avait  épousé  RichildC,  qui  se 
fit  religieuse  après  le  décès  de  son  mari,  et  qu'il  fut  le  père 
du  célèbre  comte  de  Chartres,  Thibaut  le  Tricheur  et  de 
Richard  ^  archevêque  de  Bourges.  lùules  aui'^it  eu  en  outre 
une  1111e  qui  épousa  dans  la  suite  lo  duc  de  Bretagne,  Alain 
Barbe-Torte. 

'  Déjà,  en  8S6,  lorsqu'Euiles  repoussa  de  Chartres  les  Normands,  il 
conibiiUail  sous  les  ordres  du  comte  de  Paris,  Eudes,  Irèrc  de  Robei't.  Bellif/eri 
fucranl  Uddonis  consniis  (nnbo  {Abbon  ,  I.  1,  vers  653). 

2  Rollo,  nimio  furoris  ueslu  inhians,...  atque  Dunensein  comilatum  et 
Cafnotensem  vastans  (Dudoii,  éd.  Lair,  \k  162). 

^  Cf.  pièces  justificatives,  n"  V. 

''  Il  y  avait  à  Chartres,  au  moyeu  ài^c,  un  (juartier  que  fou  ajiiielail  la  Cour- 
Rictieux,  Curia  liivhihUs.  Ci;  (jiiarliei',  alteiiaut  au  Cliàtelet,  \\w  parait  avoir 
tiré  son  nom  de  Richilde,  femme  du  ((tuite  Eudes,  aucune  autre  comtesse  de 
Chartres  ne  s'étant  appelée  ainsi. 

''  Sur  Richilde  et  ses  fils  Tliihaul  et  Richard,  voir  une  charte  de  !IS(I  environ, 
publiée  par  d'Arbois  de  Jubainville,  Histoire  des  comtes  de  Champagne,  I,  iGl, 
462. 

(A  suivre).  R.  Merlet. 


L'£COL£  CHARTHAIM:  HE  SCU.l'TlHI': 


AU 


DOUZIEME    SIECLE 

d'après  Les  Orif/ines  du  Slijle  iiionunu'iildl  au  Muijen  Af/e;  ctudi'  sur  lu  pre- 
miére  jhnaiaou  dr  lu  jilasliquc  française,  |i;ir  If  [)'"  Willicliu  Vogc. — 
Slrusbour.i; ,  J.  II.  VA.  Ilni/  (llcitz  cl  Muiuldi.  IS'.li. 


«•  Une  étiKlt'  sur  Taii  IVançais  au  moyen  âge  se  Justifio 
»  (relk'-iiièiiie.  Le  foyer  de  culture  le  plus  éclatant  du  moyen 
»  âge,  ce  n'est  pasTEmpire  germauiciue  avec  son  souverain, 
»  c'est  la  France  ;  là  se  déploie  la  vie  la  plus  intense  de  cette 
»  ép0(iue  ;  l;i  se  constituent  en  tin  de  compte  ses  caractères  et 
»  son  art  classiques.  11  est  imp(jssible  de  résoudre,  en  se 
•)  rundant  sur  les  monuments  allemands  et  italiens,  les 
»  questions  élémentaires  de  lari  au  moyeu  âge.  ayant  trait 
»  notammentà  llHTii.iLif  (IrTAntiquitc',  ii  la  [lai-l  dr  lOricui, 
»  aux  induences  artistiques  des  nations  occidentales.  Et  pour 
»  étudier  le  problème  de  la  formation  du  style  du  moyen 
»  âge,  c'est  en  déliuitive  toujours  au  sol  français  qu'on  en 
)>  revient;  là  seuloiiicnl .  se  dévoile  le  secret  ilu  génie  du 
»  moyen  âge.  .. 

'l'el  est  le  (l(''l)ut  du  li\  re  du  I)''  Voge,  qui  après  aMiir  re- 
marqué il  ([Uel  point  le  problèiue  de  l'orii^ine  du  style  gotlii(pU' 
tient  une  place  jirepoudérante  d.iii^  les  recherches  de  nos 
arcln'ologues,  se  deuiaude  si  leurs  conclusions  ne  reposent 
pas  sur  des  idées  préc(nK;ues,  si,  en  pai'tiiiilici-.  \'iiilli'i-li'  I>uc 
ne  s'est  pas  fait  illusinn  sur  les  v(''rital)ies  (iri.i;iiu's  du  style 
du  xir'  sii'cle.  A[»res  a\oir  fortement  alliruie  la  pleine  origi- 
nalit('',  la  prioi'ité  aitsolue  du  style  golhi(iue  français,  .M.Viigi^ 
relève,  ajjrès  M.  Louis  (ionse,  l'extrême  importance;  du 
portail  occidental  de  la  cathédrale  (U'  (.'harlres,  «  premier 


—  86  — 

»  coup  d'aile  dn  génie  français  émancipé.  »  C'est  à  ce  portail 
que  M.  Voge  ramènera  toute  son  étude,  l'abbaye  de  Saint - 
Denis  ne  venant  qu'au  second  plan. 


CdlVIPTE   RENDU    DE   LA   PREMIERE   PARTIE 

La  première  partie  du  livre  est  consacrée  à  la  plastique 
romane  de  la  Provence,  du  Languedoc  et  do  la  Bourgogne 
envisagée  dans  ses  rapports  avec  l'école  du  nord  do  la 
France.  Elle  commence  par  une  description  circonstanciée 
de  la  «  Porte  royale  de  Chartres.  »  L'auteur,  relevant  l'unité 
de  ce  remarquable  morceau,  n'hésite  pas  à  le  déclarer  «  sorti 
»  d'une  seule  tête,  ce  qui  n'empêche  du  reste  nnllement  d'y 
»  distinguer  plusieurs  mains  ;  par  exemple ,  les  statues  pla- 
»  cées  tout  à  fait  à  droite  et  tout  à  fait  à  gauche  sont  d'une 
»  autre  main  que  les  groupes  centraux  contigus.  Ainsi 
»  s'explique  une  suite  d'incohérences  de  style  et  d'ordon- 
»  nance.  »  L'une  des  plus  frappantes  est  l'inégalité  des 
statues  et  des  socles  de  la  porte  centrale.  Bien  que  ces 
disproportions  concourent  avec  un  rare  bonheur  à  attirer  les 
regards  sur  la  figure  dominante  du  Christ,  ^L  Yoge  n'y  voit 
pas  l'effet  d'un  calcul  et  les  attribue  à  ce  simple  fait  qu'on 
avait  fourni  aux  sculpteurs  des  blocs  inégaux. 

«  Il  faut  toujours  dans  les  arts  trouver  un  point  de  départ  « 
a  dit  Yiollet-le-Duc.  «  L'efïbrt  que  marque  le  portail  de 
Chartres....  met  en  évidence,  par  sa  supériorité,  un  groupe 
d'œuvres,....  une  école;  »  tel  est  l'avis  de  M.  Louis  Gronse, 
et  cet  archéologue  ajoute  que  «  les  origines  profondes  de 
l'école  chartraine  se  rattachent  vraisemblablement  à  la 
célèbre  école  romane  de  l'Aquitaine  (Toulouse,  Moissac) 
avec  un  fort  appoint  bourguignon,  ou  mieux  clunisien 
(Vézelay,  Charlieu,  Avallon);  style  mixte,  qui  paraît  avoir 
évolué  autour  de  Paris,  en  passant  d'abord  par  les  })ortes 
latérales  de  Bourges,  lesquelles  semblent  le  trait  d'union 
entre  les  types  méridionaux  et  l'école  chartraine.  »  M.  Yoge 
ne  croit  pas  cette  (jpinion  absolument  juste.  Selon  lui, 
M.  Gonse  «  n'a  pas  nommé  l'école  qui  précisément  aurait 
»  dû  occuper  le  premier  rang  :  l'école  de  Provence.  »  Il 
s'attachera  donc  à  prouver  que  «  sans  aucun  doute,  les  carac- 


S' 


»  tères  essentiels  de  l'art  chartrain  viennent  de  lii.  et  qu'en 
»  première  li^nie.  c'est  avec  le  portail  occidental  «le  l'église 
»  Saint-Trophinie  d'Arles,  si  richement  décoré,  que  notre 
..  maîtresse-iïuvre  de  Chartres  se  relie  par  les  liens  les  plus 
»  nonil)reux.  Juscpi'à  présent,  on  n'avait  pas  reconnu  ces 
)»  rapports  [larcc  (pTciitre  les  deux  (cuvres  la  did'ércnce  de 
»  style  est  Irappanlr.  Mais  est-on  bien  en  tlroit  de  tabler 
»  uniquement  sur  des  rapports  de  technique  et  de  style?  »  .... 
■  N'cniMis-cn  d"('ml)l(''e  à  la  comparaison  :  faisons  un 
»  examen  approloiidi  des  deux  compositions  de  Chartres  et 
»  d'Arles.  Le  tyuipan  (hi  portail  de  Saint-Trophime  i>résente, 
»  comme  le  tympan  central  de  Chartres,  un  Christ  trônant, 
»  environné  des  .symboles  des  quatre  Evang'élistes.  Le  tympan 
»  est  entouré  d'une  doul)le  ranii'ée  de  demi-liiiiires  d'anges; 
»  sur  le  linteau,  apparaissent  les  douze  ajiotres  assis.  Le 
»  tympan  orné  du  Christ  est  .séparé  du  liulcau  par  une 
.>  moulure  décorée  de  feuilles  d'acanthe;  celle-ci  emi)iète  à 
»  droite  et  ii  gauche  sur  les  chambranles  que  Ton  a  décorés 
»  de  ligures  d'apôtres  et  de  saints  de  grandeur  naturelle  en 
»  haut  relief;  ces  figures  .sont  .séparées  par  des  [lilastres 
«  ornementés.  Au  dessus  de  ceux-ci,  se  développent  deux 
•>  bandes  en  reliel",  celle  d'en  haut  maintenue  à  la  largeur  du 
>'  linteau,  auquel  elle  est  d'ailleurs  intimement  reliée,  celle 
»  d'en  bas,  la  plus  étroite,  ornée  de  .scènes  bibli(pies  '.  » 

Même  disposition  à  Chartres,  «  figure  par  figure!  »  Rien 
n'y  manque.  La  même  (jbservation  s'impose  si,  au  lieu  du 
p(trtail  de  Saint-Tr<q»hinu',  on  jn'end  celui  de  Saiiil-<;illes. 
<<  Rien  de  |dus  \  raisemidable,  \k\v  conséquent,  que  de 
»  cousich'rei'le  riche  programme  iconographi(iue  desartistes 
»  chartrains  cniiinie  conçu  par  une  aulri^  ('cole  ;  on  en 
•>  ti'ouverait  une  nouvelle  preuve  dans  le  rapiiort  intime  et 
'•  spécial  entre  la  décoration  plasticpie  et  l'appareil  ai'chitec- 
»  tonique....  Nous  trouvons  donc,  connue  on  h-  \oit.  au  boi'tl 
»  (hi  Rhône  une  ('•cdje  |ilasli(|Ue  (|iii  a  piiidnii,  a  en  Jugei'  |iar 
»  ses  deux  nionninenis  les  plus  inqxu'tants,  un  syslèuu»  bien 
»  (h'fini  (h'  (b'coi-aiiou  plasti(pie;  dans  presque  tous  ses 
»  caractères  essentiels,  ce  .système  présente  a\ec  lesou\ fages 
»  chartrains   des    rapjxiris    (pii    sautent    aux  yeux.    »  Cette 


'  I' 


—  88  — 

concordance  avait  déjà  frappé  M.  Henry  Revoil,  mais  il 
attribuait  à  l'influence  de  Byzance  les  différences  d'aspect 
entre  les  statues  de  Chartres,  plus  longues,  plus  raides,  et 
celles  d'Arles,  dans  lesquelles  l'influence  de  la  statuaire 
romaine  se  fait  encore  sentir.  «  Il  dénie  toute  originalité  à 
«  l'œuvre  des  artistes  chartrains  ^ .  »  M.  Voge  n'a  guère  do 
peine  à  démontrer  qu'il  s'est  grossièrement  trompé.  Dans 
leurs  créations,  les  artistes  chartrains  tirent  avec  une 
rigoureuse  logique  les  conséquences  de  leur  principe  de 
construction  ;  «  le  style  chartrain  n'est  pas  moins  français 
»  que  la  composition  chartraine  !  Il  n'y  a  là  aucune  relation 
»  directe  avec  des  ouvrages  byzantins  ou  grecs  ;  cette  école 
»  s'élève,  si  j'ose  m'exprimer  ainsi,  sur  les  épaules  de  sa 
»  devancière  autochtone  et  ses  sources  coulent  sur  le  sol 
»  national.  Ce  qui  distingue  ses  ouvrages  de  ceux  de  la 
»  Provence,  c'est  l'habileté  et  la  linesse  de  la  main  française, 
»  le  tour  d'esprit  français,  le  sérieux  de  la  première  étude  de 
»  hi  nature.  C'est  le  souffle  du  génie  français  qui  a  fait  des 
»  reliefs  d'Arles  les  rois  de  Chartres.  »  ^ 

Nous  ne  suivrons  pas  M.  Voge  dans  ^a  minutieuse 
description  «  des  statues  des  portails  du  Mans,  de  Paris, 
»  d'Etampes,  qui  ont  avec  celui  de  Chartres  une  étroite 
»  parenté.  »  De  ce  qu'à  Chartres  les  ressemblances  avec  les 
ouvrages  du  Midi  sont  plus  visibles  qu'ailleurs,  notre  auteur 
tire  cette  conclusion  :  u  Chartres  est  de  tous  les  ouvrages 
»  appartenant  à  cette  école  le  plus  ancien.  »  Les  rapproche- 
ments à  faire  entre  ces  ouvrages,  les  comparaisons  avec 
l'école  de  Provence  portent  sur  plusieurs  points.  Et  d'abord, 
le  type  des  personnages.  Comme  Yiollet-le-Duc,  dont  il  cite 
iiu  passage  célèbre,  M.  Voge  est  frappé  du  caractère 
essentiellement  français  de  ce  type.  Mais  il  fait  observer  que 
sous  cette  uniformité  apparente,  on  distingue  de  nombreuses 
variétés;  «  or,  la  variété  des  types,  par  laquelle  l'art  du 
»  xir  siècle  tranche  si  complètement  sur  celui  (hi  xiir,  (pu 
»  s'est  fait  un  type  uniforme,  repose  au  moins  en  grande 
»  partie  sur  ce  fait  que  la  vieille  tradition  est  encore  vivace 
»  à  ce  moment.  Ce  qui  rend  vivantes  les  têtes  comme  ceUes 
»  dont  nous  parlons ,  c'est  en  premier  lieu  le  souffle  original 

*  l\  IH. 


—  su  — 

n  qui  anime  le  ciseau  .sûr  et  presque  ffénial  dt.'  l'artiste,  c'est 
.  sou  d'il  ouvert  sur  les  formes  oryianiqucs  (jui  l'('nl<»urcnt. 
■<  Assurément,  ces  artistes  de  Chartres  ont  \u  ilr  [a-vx  la  \  ic 
•-  ils  ont  une  .compréhension  originale  (h'  ses  formes,  mais, 
.  comme  nous  le  verrons,   leurs  IJLîurcs  tout  cntién's  <jul 

■  autant  ce  caractère  que  lours  tètes;  rien  ne  leur  est  plus 
.  ('tran^cr  ([ue  le  portrait,  la  tète  (rex^trcssion  modelée 
.  d'après  nature;   ils  étudient  la  structure,  l'anatomie  des 

■  formes  orii:aniques.  ils  rètudiiiii  s((us  toutes  ses  faces  ;  la 
physiognomonie  ne  les  intéresse  pas'.  »  En  ceci.  M.  Voge 

>e  sépare  de  Viollet-le-lHic.   (pli  considérait  les  statues  de 
Chartres  comme  des  portraits. 

I,'(''tude  du  costume  conduit  à  des  conclusions  analoiiues  : 
a  Arles  et  à  Chartres,  même  vêtement  de  dessous  ii  manches 
étroites ,   même  «  robe  de  dessus  k  manches  un  peu  i)lus 

■  lar^^es,  qui,  relevée  de  côté,  s'élève  par  des  plis  en  escalier 
jusqu'au  dessus  du  ti'enou-.  »   Enlin.   par  (h'ssus  le  tout. 

■  une  jx'-nula  eu  fnnnc  de  cloche.  »  (jui  (ic\  iciil  a  Clianio  un 
manteau  drapé  sur  l'épaule.  Dans  la  coill'ure,  les  sandales, 
dans  l'attitude,  dans  le  geste  toujours  identique  de  cette 
main  ([ui  tient  un  livre,  les  difterences  d'ex('culion  ne-  sau- 
raient dissimider  une  évidente  parenté. 

Mais  comment  exjjlifiuer  (pie  l'art  si  ori;j;inal  et  si  puissant 
du  xu"  siècle  soit  issu  de  l'école  de  Provence  au  moment  où, 
liieii  près  de  sa  décadence,  celle-ci  enfantait  Saint-TropiiiuMi 
d'Arles  et  Saint-Hernanl  de  i\oiii,iiis?  \iipllct-le-I»iic  dt''clarait 
<•{'  ndracle  inipos>ililc.  l-",i  pnuriant.  dii  M.  Noyé*',  unt^  source 
.1  jailli  de  là  !   «  Le  développemenl   de  la  i)lasti(iue  au  co'ur 

■  de  la  France,  de  cette  plasti((ue  (pu   mené  diojt  à  l'art  du 

■  Xin"  sii'cle.  se  rattache  aux  scul|>lui-es  de  l.i  Provence; 
c'est  il  ces  (l'uvres  du  .Midi,  sans  drsccndance  proprement 
dite,  sans  continuation  dans  la  l'rovence  UM'-me  .  <pie 
s'allume  11'  iiciiic  ju\(Miile  (!<•  rilc-dc-i-'raiice.  (/onniie  imus 

■  rav(Uis(lii.  le  détail  n'est  pas  ici  moins  signihcalif  (pi<- le 
thème  ordinaire  i\r  la  c<Muposition  ;  les  statues  d'Arles  et 
"le  Ivomanssont  peurainsi  dire  les  a\ant-c<uireurs  de  celles 


'  I'.  -JC. 
-  !'.  '11. 
■'  I'.  i7  ss. 


—  90  — 

»  de  Chartres;  et  ce  n'est  pas  seulement  les  œuvres  du 
»  Grand  Maître  de  Chartres',  mais  aussi  leurs  dérivations 
»  qui  ont  en  Provence  leur  origine  évidente,  leur  source 
»  propre.  Chartres  même  a  été  le  point  de  départ  de 
»  rinrtuence  provençale,  non  point  parce  que  c'est  le 
»  monument  le  plus  notable  que  nous  ayons  sous  les  yeux, 
»  mais  parce  que  c'est  comme  nous  le  verrons,  le  centre  le 
»  plus  important  de  l'école  du  Nord;  de  là,  elle  se  ramifie 
»  de  tous  côtés.  Je  ne  crois  donc  pas  que  l'influence  dv  la 
»  Provence  sur  les  ateliers  chartrains  se  soit  produite  par 
»  des  intermédiaires,  comme  pourrait  l'être  Bourges,  quand 
»  même  ce  fait  serait  en  accord  avec  la  situation  géogra- 
»  phique.  Le  phénomène  dont  il  est  ici  question  n'est 
»  nullement  comparable  à  la  crue  constante  d'un  flot  de 
»  marée ,  mais  à  l'irruption  d'une  étincelle  ;  l'étincelle  saute 
»  directement  à  Chartres. 

»  Il  ne  faudrait  cependant  pas  en  conclure  que  précisément 
»  les  œuvres  dont  nous  nous  sommes  servi  pour  mettre  en 
»  lumière  les  rapports  entre  les  deux  écoles  (par  exemple 
»  les  portails  d'Arles  et  de  Romans  et  quelques  figures  iso- 
«  lées  du  cloître  d'Arles)  soient  en  même  temps  les  agents 
»  directs  de  ces  influences.  N'oublions  pas  à  quel  point  nous 
»  sommes  ignorants  des  voies  et  moyens,  de  la  marche  qu'a 
»  suivie  la  tradition  des  formes  et  des  motifs  en  se  transmet- 
»  tant,  soit  dans  le  sein  même  des  ateliers  (lu  moyen  âge, 
»  soit  d'un  de  ces  ateliers  dans  l'autre.  A  côté  de  copies  et 
»  d'esquisses  d'après  des  œuvres  achevées,  les  modèles,  les 
»  collections  de  dessins  jouent  évidemment  leur  rôle;  ce 
"  sont  eux  sans  doute  les  colporteurs  entre  les  deux  écoles  ; 
»  il  n'est  pas  nécessaire  d'admettre  une  filiation  avec  des 
»  monuments  achevés,  ni  des  rapports  entre  ceux  d'entre 
»  eux  (pii  nous  ont  été  conservés,  mais  bien  des  relations 
»  vivantes  entre  les  ateliers  et  les  maîtres  que  ces  monu- 
>y  monts  supposent. 

»  Selon  toutes  les  vraisemblances,  ou  un  pas,  alors, 
»  appelé  au  Nord  d'artistes  provençaux,  car  les  sculptures 
»  de    Chartres    uo    sont    pas    l'ouivre    de    niaius   proven- 


'  Des  Charlrerer  HaupImi'isU'v;  M.  V.  (Irsii^iic  sdiis  ci!  nom  l'urtislc  iiicoiiiiii 
qui  a  conçu  et  cxéculc  l'ordonnance  du  |iorli(|iit'  royal  de  Cliarlrc!^.      H.  L. 


—  01    — 

»  raies.  Ce  ({lU'  la  curporatioii  tics  maçons  «le  Chartres  a 
»  cherrlK'  en  l'rovence,  c'était  rins|iirati()n  et  non  le  secours, 
»  Désireux  dadaiiter  à  nue  façailr  ilii  Nmd  inic  (l(''corati(»u 
»  de  {jrand  stjie.  ils  se  sont  en(iuis  d  un  i)ro<j:rauiiue  de  déco- 
»  ration  li[iur(M'.  de  modèles,  de  ["ormes,  des  conditions 
»  roudameulales  du  style  iiiiiniiiiieutal .  de  uidlirs  et  i\o 
»  types,  » 

>>  Le  moiiieut   est  maintenant  venu  de  clierrlier  les 

»  rapporis  des  ateliers  de  Cliartres  avec  les  ('((des  de  sculp- 
»  ture  du  I-aiiiiuedoc  ei  dr  la  l!(»ur}j:oijrne .  ([U<  Ton  a  consi- 
»  d('rées,  ainsi  qu'il  a  ('lé  dit  plus  haut,  coiimie  le  point  de 
"  (N'part  de  l'art  charlrain.  Sans   doute,  i)ersoune  na  très 

■  explicitement  soutenu  cette  thèse,  mais  il  ne  serait  pas 
•>  aduiissihle  (pie  l'on  ciil  sii^iialé  des  ressemblances,  si  beau- 
•>  coup  d'arguments  ne  militaient  en  faveur  dune  telle  suj)- 
"  position.  Si  mt-me  il  est  pi-oiivé  (pU'  Timpidsiou  principale 
•■  est  venue  d'un  autre  côté,  il  est  liien  possible  que  lin- 
-  Iluence  des  deux  autres  centres  puissants  de  la  plasti(iue 
')  se  soit  fait  sentir. 

"  On  trouve  dans  le  Lanj^niedoc,  vers  la  (in  du  xr'  siècle 

•  et    dans   les   premières  années  du   xii".   un   atelier  d'une 

•  ('('condilé  extraordinaire,  à  Idnivre  en  même  temps  ;i 
•'  Toulouse  et  à  Moissac,  et  (pii  use  de  la  plastique  Mj^urale 

■  il  irraude  échelle  avec  de  solides  jtiimipes  techniques  et 

•  une  unit(''  do  style  achevée  '.  » 

»  Jirusquement,  le  style  de  cette  école  chan^-e;  »  son 
travail,  tel  (pie  le  révî-leiil  les  statues  conserv<''es  au  Musée 
de  Toulouse,  se  rajjproche  de  celui  des  maîtres  de  Chartres, 
"  Sui'  le  socle  de  la  statue  de  saint  Thomas,  on  lit  :  (Hlnhcrlus 
'  /■'•/•/■/,■  -  le  même  nom  se  retrouve  sur  la  statiu»  di' saint 
André;  (piatre  autres  d(>  ces  li<^ures  j)euveut  être  attribiw'es 
a  Ce  (;il,il»ci-|  .  (pli  s'intitule  paiMois.  aNcc  niic  modestie  tuuic 
-rasconiie  :  !//•  iimi  iiicrriiis,  <•  moi.  (pli  ne  suis  pas  le  |ire- 
iiiiiT  \eiiu.  '■   "  il  est  clair  ciimnic  le  Jour  (pic  (iilaln'ii  prend 

■  |iour  pniiii  de  dcpaii  rancicii  style  de  son  pays  »  ainsi  (pie 
l'atlesleiit  les  attitudes  des  pers(MiiiaL:('s,  moins  raides  ([ue 
ceux  de  ChaiMres.  mais  il  n'est  pas  moins  clair  (pi'il  a  sul)i 
des  iiilluencus  du  dulKjrs. 

'  1'.  li»;  ». 


—  92  — 

M.  Yoge  voit  ici  rinlluence  évidente  et  directe  des  grands 
maîtres  chartrains  ;  c'est  par  le  moyen  de  Gilabert  que  cette 
influence  se  serait  propagée  dans  le  sud-ouest.  «  La  puissante 
»  école  du  nord  de  la  France,  qui  a  fait  de  tous  côtés  de 
»  rapides  conquêtes,  allant  de  cathédrale  en  cathédrale, 
»  prend  aussi  pied  sur  les  bords  de  la  Garonne.  »  Ce  n'est 
donc  pas  Gilabert  qui  a  enseigné  aux  Chartrains  les  secrets 
de  son  art,  mais  bien  plutôt  l'école  de  Chartres  qui  lui  a 
donné  de  grandes  leçons.  En  effet,  comparé  aux  maîtres  du 
nord  de  la  France,  il  n'est  qu'un  artiste  de  second  ordre  '. 

(i  Essayons  maintenant  de  déterminer  s'il  est  vrai 

que  l'école  de  sculpture  bourguignogne  ait  eu,  comme  on 
l'a  dit,  de  l'influence  sur  Chartres.  Il  faut  de  nouveau 
prendre  pour  point  de  comparaison  le  grand  Maître  de 
Chartres.  Nous  ferons  ici  la  même  observation  qu'au  sujet 
du  Languedoc  :  entre  les  œuvres  originales ,  fonda- 
mentales, de  la  Bourgogne,  comme  par  exemple  les 
sculptures  de  Vézelay  et  d'Autun,  et  les  créations  de 
l'artiste  chartrain,  il  n'y  a  pas  l'ombre  de  parenté.  Le 
tympan  de  Yézelay  est  un  curieux  morceauM'iconographie, 
d'un  style  étrange  et  parfaitement  original.  A  la  longueur 
démesurée  des  statures  s'allie,  dans  cette  vieille  école 
bourguignonne,  une  frappante  maigreur  des  membres  et 
beaucoup  de  vie  dans  les  gestes  des  mains  ;  ces  figures 
sont  d'un  autre  tempéramment.  Sans  doute,  les  draperies 
sont  fines,  mais  d'une  autre  manière  que  celles  des  artistes 
chartrains;  elles  flottent  ça  et  là  en  lignes  ondulées,  bouil- 
lonnent, se  gonflent,  puis  soudain  redeviennent  plates. 
Ni  Charlieu,  ni  Cluny,  ni  Mâcon  ne  fournissent  d'analogies 
avec  Chartres,  soit  pour  l'iconographie,  soit  pour  la 
technique  ;  et  l'ornementation ,  dont  le  caractère  revêt  la 
même  énergie  que  les  figures,  est  différente  par  ses  motifs 
et  par  ses  masses. 

«  L'artiste  chartrain ,  qui  a  donné  l'occasion  de  supposer 
des  relations  entre  la  Bourgogne  et  Chartres,  est  le  Maître 

des  trois  dernières  statues  de  gauche  du  portail  royal 

En  effet,  on  y  découvre  des  rapports  de  tocliiii(/iic  avec  les 
sculptures  de  Vézelay  ;  c'est  de  la  manière  tranchante  de 

<  Voir  les  figures  22  et  23. 


—  93  — 

.)  traitor  los  draporios  qu'il  est  iri  (luostion.  Los  plis  arrondis 
»  sur  la  poitrine  rappellent  ceux  en  spirale  de  Vézelay,  (pie  l'on 
»  retrouve  d'ailleurs,  là  aussi,  sur  les  cuisses.  Cependant  ce 
»  détail  manque  aux  fiirures  debout  de  Vézelay,  qui  ont  été 
»  dressées  le  lonti'  des  (''l)raseu»ents.  et  n'est-ce  pas  précisé- 
)•  nient  l;i  ipie  l'on  devait  s'attendre  ii  le  retrouNcr?  La 
»  teclini(pn'  elle-même  semble  ici  diUérente.  Je  ne  [mis 
>)  entièrement  me  déijarrasscr  de  lidc'e  (jne  ces  statues  de 
»  Chartres  ont  été  exécutées  par  une  main  bourj^'uiynonne, 
»  mais  il  seraii  aussi  vi-aiscinlil.ililc  (pie  cette  manière  se 
»  soit  spontanément  développée  dans  le  l)assin  de  la  Seine. 

->  Ainsi,  dans  le  courant  du  xii'"  siècle,  on  voit  éclore  en 
»  Boiirji'ogne  comme  en  Lanii'nedoc  des  œuvres  de  sculpture 
«  qui  ont  avec  celles  du  (irand  Mailre  de  Chartres  des 
»  analo.yies  frappantes.  Bien  que  par  sa  conception  i^randiosc 
»  et  la  pui.ssance  de  ses  formes  le  portail  occidental  de 
»  Saint -Bénig'ue  de  Dijon,  soit  un  fruit  spontant'  du  sol 
»  bourg-idynon ,  sa  décoration  lo  classe  dans  le  Lï-roiipe 
')  chartrain.  C'est  un  poi'tail  à  statues  comme  celui  de 
»  Chartres;  sur  le  tympan,  ajiparail  !<•  <'hrist  sur  son  troue, 
)»  et  quant  au  type  des  statues,  il  est  malaisé  de  le  distinyiier 
»  des  figures  de  l'école  chartraine.  Nous  sommes  enc<jre  une 
»  fois  en  droit  de  nous  demander  s'il  ne  faut  pas  voir  là 
»  bitii  [ihitot  des  descendants  que  des  ancêtres  de  Chartres.  » 

Sur  les  ({('-Iji-is  (pii  ont  été  conservés  de  1  ('glise  Saint- 
Béniime,  ou  lit  le  lunn  d'un  certain  abbé  Pierre.  <■  ou  ;i  riô 
»  ameiK' à  voir  dans  cet  abbé  Pierre...  le  troisième  du  nom,  » 
ce  (pli  reporterait  à  la  (in  du  xii"  siècle  la  date  du  monument. 
Mais,  fait  remarquer  ^L  ^■(iu■e.  c'est  led(Mixièiue  al)lH''  t\\\  lumi 
de  l'ierre  (pli  entre  li;iii  el  111.")  a  fait  subir  ;i  leylise  »  une 
»  importante  restauration.  Même  dans  ce  cas,  cet  ouvrage 
»  serait,  selon  toute  vraisemblance,  de  date  jdus  récente  que 
»  Chartres'.  » 

•  La  (pu'stion  des  l'apporls  entre  les  s('nli»tui'es  du  \'<ii\  de 
»  la  I-'rance  et  celles  du  Langiied(»c  el  de  la  Bourgogne  est, 
»  comme  on  le  voit,  diduile-,  »  nous  sommes  en  ceci  iileim^- 

'  ('.Diiimc  (Ml  le  vciia  |iliis  lias,  M.  Vnp'  lail  erreur  ici;  la  laïade  de  r.liarlrcs 
est  Jiliis  rrrciilc  de  (jiiel(|iie>;  .iiim'es  i|iril  ne  le  (•[•dil.    -  II.   L. 

-  |..   HU  ss. 


—  94  — 
ment  d'accord  avec  M.  Voge  ;  «  les  fils  se  sont  entrecroisés,  » 
comme  il  le  dit.  En  revanche,  les  rapports  entre  Arles  et 
Chartres  «  ne  laissent  place  à  aucun  doute  sur  la  situation 
»  respective  do  celui  qui  a  donné  et  de  celui  qui  a  reçu.  » 
Et  notre  auteur  démontre,  dans  un  chapitre,  que  malgré  son 
haut  intérêt  nous  ne  croyons  pas  devoir  reproduire,  comment 
l'école  provençale,  «  qui  apparaît  rajeunie  à  Chartres  »  s'est 
formée  sur  place,  par  une  combinaison  d'inspirations  locales 
et  de  réminiscences  de  l'antiquité  ;  c'est  en  somme  un  art  de 
décadence.    Il    y   a,   dans   certaines  figures  du   cloître  de 
Saint-Trophime,  «  une  singulière  faiblesse  de  dessin  »,  et  pour- 
tant, l'ensemble  est  grandiose,  les  figures  sont  exquises  de 
finesse  et  débordantes  de  vie,  la  décoration  est  bien  comprise  : 
les  principes  de  l'antiquité  gallo-romaine  ne  sont  pas  oubliés. 
Il   reste,   cependant,   à   élucider  un   certain   nombre  de 
(fifiicultés  chronologiques  ^  «  Si,  en  fait,  l'école  du  Midi  est 
»  la  partie  donnante,  et  celle  de  Chartres  la  partie  prenante, 
»  cette  dernière  est  évidemment  la  plus  jeune  des  deux. 
>)  L'atelier  d'Arles  devait  être  florissant  lorstiue  sa  féconde  in- 
»  fluence  se  propagea  vers  le  Nord.  Irons-nous^n  conclure  que 
>)  nécessairement  le  portail  de  Chartres  est  plus  récent  que 
»  celui  d'Arles?  J'accorde  que  si  on  pouvait  l'établir  par  des 
»  dates  solidement  appuyées ,  ce  serait  un  fait  d'une  très 
»  grande  valeur.  Mais  quand  bien  même  ce  ne  serait  pas  le 
»  cas,  quand  bien  même  quelqu'un  s'aviserait  de  prouver  le 
»  contraire,  notre  thèse  n'en  serait  pas  pour  cela  réfutée. 
)>  Malheureusement,  nous  ne  saurions,  en  nous  basant  sur 
»  l'héritage  littéraire   ou   sur  les  indices   archéologiques, 
»  arriver  à  une  chronologie  certaine  des  deux  monuments. 
»  Le  Nécrologe  delà  cathédrale  de  Chartres  2,  si  riche  en  noms 
»  de   bienfaiteurs,   ne   nous  a  pas  laissé  les  noms  de  nos 
»  sculpteurs  :  nous  n'y  trouverons  pas  une  notice  qui  puisse 
»  être  sûrement  rapportée  au  portail  occidental  actuel,  et 
»  dans  les  nombreux  relevés  d'olfrandes  en  faveur  des  doux 
»  tours  occidentales,  il  est  à  peine  possible  d'obtenir  des 
»  dates  précises.   A  la  vérité,   dans  la  rédaction   la  plus 
»  ancienne,  que  malheureusement,  sans  donner  leurs  raisons, 

<  P.  117  i'[  ss. 

-  Publié  par  MM.  E.  de  Lépinois  et  Lucien  Merlcl.  —  Nulc  de  rauteur. 


—  05  — 
.)  les  éditeurs  placent  en  lljo,  il  nfst  «luestiou  (juc  de  la 

•  tour  méridionale,  du  ■   cloclirr  \  iciix  '   »;  c'est  seuleiucut 

•  dans  la  sccoudi'  l'c-dactioii,  (|ui  de  lavis  des  éditeurs  serait 
■>  de  IISU,  qua  Inii  trouve  à  cùlé  des  luruiules  nd  ojjiis  lin-ris, 
•<  iul  rdi/icitliohi-iii  tiii-ris,  ml  rcslniii-nfioiH'in  liirris,  cotte  autre 
..  ml  ojnis  titrriiiiii.   Mais   raiiiK'c  ;i  la(]U('lle  se  rapporte  la 

première  ollramle  «?^/ oy>»//\  liirrimn,  en  dautres  termes,  la 

■  date  de  la  Inndation  du  «'  clocher  neuf  »,  nous  ne  l'aijpreiwuis 
>  pas.  Kt  pourtant  ce  serait  dune  iniiiortance  particulière, 

car  imus  pniu-rions  en  tirer  une  conclusion  sur  làge  de 
notre    [loriail.    Kn    coni[)arant    sans    parti    pris    la   partie 

■  inl'eiMeure  des  deux  tours  avec  le  iiorlail,  ou  a  l'impression 

■  très  nette  <pu'  le   portail  se  rapproche  plutôt  du  clocher- 

•  vieux  (pie  du  cloclier-neul-. 

•  Au  sud  du  |ii-eiiiier  se  trouve  un  petit  portail  aujeurd'liui 

•  mnr<'.  dont  le  socle  est  traité  exactement  connue  ceux  du 
portail    de   Chartres;   à   TauLile    sud-est  de   la   tour  est 

•'  accolée   une   (iiii'ui'e  d'aniic   dont  le  socle  et   le  haldarpiiu 
•■  jiaraissenl  ap[)arlenir  a  l'appareil  primitif  de  la  tour,  et 

•  cette  statue  est  certainement  de  la  main  du  Grand  Maitre 
de  Chartres;  les  chapiteaux  (pu  se  trouvent  dans  la  salle 

•  l)asse  de  la  loin"  se  rattachent  de  mènie.  par  leur  caracti're, 
il  ceux  du  iiortail;  c'est  presque  exclusivement  des  chapi- 

■  leaux  à  feuille  d'acanthe;  dans  la  «  chapelle  des  P'onts  •>, 

•  sous  le  clocher  neuf,  il  n'y  en  a  plus  trace.  Ainsi,  selon 

■  toutes  les  appariMices,  le  portail  occidental  est  ;i  peu  près 
(•(jnt(Mnporain    de   la   partie   inférieure  de    la    tour  méri- 

•  dionale. 

■■  Or  nous  savions  ;i  la  \(''rit(''  (pie  la  coiislriiclidn  de  celle- 
ci  a  avaiic(''  foii    lentement;  vers   lljtt.i.n  parait  èli-e  en 

■  plein  clKimage, -et  vin^t  ans  plus  tard  le  clochei-  \ieiix 
n'f'tait  pas  encore  achevé  jus(prau  faite.  .Mais  sommes- 
nous  en  droit  d'admettre  ({n'en  l'an  1115,  cni  {^-ràce  au 
ciun-ours   empress(''  de   la    iiopnlalidii ,    les   travaux   de    la 

■  façade   furent  repris,  le  chn-her  n'était  pas  sorti  di'  terre 


'    M.    V();;r    lOItlIIll'l    ni    une    Cliliril-ioil  ,   COIIlllli'    (lll    le  MIT.l   (laiis    la  siiili-  lie 

I  !•  tlia|iilii'.        II.  !.. 

-'  ^'.i'\W  iiii|ii('>Moii   iKiiis  |iar;iil   iiiliiiiiin'iii   wuww'.   iii'llf  i|ii'.'i   M.   Viinc.  (|iii 
•  iiiiilf  axtir  l'Ii'    à  son  insu    uillui m  r  pai    la  ronliision  iclcvrc  dans  la  iiolt* 
|»mnlcnlc.  -     II.  1. 


—  96  — 

»  au-dessus  des  fondations.  Est-ce  que  sa  construction  n'était 
»  pas  alors  à  l'ordre  du  jour  depuis  près  d'un  demi-siècle  '  ? 
»  Et  dans  les  textes  qui  nous  ont  livré  la  date  de  1145,  n'est- 
»  il  pas  question  de  deux  tours?  Les  travaux  furent  alors, 
»  non  pas  commencés,  mais  continués,  il  faut  donc  cousidé- 
»  rer  au  moins  les  étages  inférieurs  du  clocher-vieux  comme 
»  antérieurs  à  1145.  Il  s'ensuit  que,  contrairement  à  l'opinion 
»  courante,  le  portail  occidental  do  Chartres  ne  peut  être 
»  rattaché  à  la  période  qui  commence  seulement  en  1145;  il 
»  est  antérieur.  Le  maître  qui  a  taillé  les  statues  du  portail 
»  central  do  Saint -Denis  a  été,  selon  toutes  les  apparences, 
»  appelé  de  Chartres  ;  il  a  dû  l'être  dans  les  dernières  années 
»  de  la  quatrième  décade,  car,  en  1140,  le  portail  de  Saint- 
»  Denis  était  achevé  dans  ses  parties  essentielles  ;  j'en 
»  conclus  que  vers  cette  époque ,  les  travaux  du  portail  de 
»  Chartres  étaient  en  pleine  activité. 

»  Maintenant,  on  peut  se  demander  commentée  résultat 
»  s'accorde  avec  ce  que  nous  savons  de  la  date  des  sculptures 
»  d'Arles. 

»  Les  hypothèses  que  l'on  a  émises  sur  "l'âge  du  portique 
»  d'Arles  reposent  de  préférence  sur  la  figure  de  saint 
»  Trophime  dressée  à  une  place  apparente  du  portique.  Elle 
»  se  trouve  à  main  gauche  ;  en  face ,  on  voit  la  lapidation  de 
»  saint  Etienne.  On  a  souvent  pensé  que  jusque  vers  le 
»  milieu  du  xii*^  siècle,  l'église  avait  été  exclusivement  placée 
»  sous  l'invocation  de  saint  Etienne  ;  en  1152,  quand  les 
»  reliques  de  saint  Trophime  furent  solennellement  appor- 
»  tées  dans  l'église,  elle  aurait  reçu  le  titre  de  Saint-Tro- 
»  phime.  On  en  conclut  que  le  portail  décoré  de  la  statue  de 
»  saint  Trophime  n'a  pu  être  ajouté  à  l'église  qu'après  cette 
»  année,  et  qu'il  a  été  élevé  précisément  en  souvenir  de  la 
»  solennité  de  la  translation.  Si  plausible  que  semble  cette 
»  hypothèse ,  le  fondement  sur  lequel  elle  repose  n'est  pas 
»  tenable.  Les  chroniques  d'Arles  nous  apprennent  que  la 
»  cathé(h'alo  de  cette  ville,  dédiée  à  l'origine  à  saint  Etienne 
»  seulement,  a  porté,  depuis  l'époque  de  l'archevêque  Pon- 
»  tins,  c'est-à-dire  depuis  le  commencement  du  xi'^  siècle,  le 


'  Colti!  liy|iollièse  aiirail  besoin  (rèlrc  mieux  appuyée  (pie  par  un  simi)le  point 
d'inleiTOgatibn.  —  H.  L. 


—  \)1  — 

»  double  nom  Snik-ti  Stojihani  et  Snncli  Trojjhiini;  cotto  déiio- 
')  iiiiiialiftii  est  restée  dominante  jusque  dans  le  couranl  du 
•>  xir'  sir'cl»';  mais  à  côté  de  cela,  apparaît  dc'-jà  dans  la  [)!•(•- 
»  luifTc  luoitp'  de  ce  siècle  et  même  au  xi",  la  dcnumiualinu 
•>  sinijililiée  :  «  Saint -Tr<^pliime  ».  Il  n'est  donc  nullement 
-  queslidu  dune  modilication  ollicielle  du  nnm  en  llû'J,  S'il 
■>  était  permis  de  tirer  une  conclusion  chronologique  de  la 
'  présence  simultanée  des  imaj^es  des  deux  patrons  sur  la 
■>  façade,  ce  serait  celle-ci  :  (jua  une  épo([ne  donnée,  lé^dise 
■'  a  i)orté  les  deux  noms.  Quand  bien  même  cette  désignation 

•  se  retrouverait   encore    dans    les   dernières  décades   du 

■  xii"  siècle,  il  ne  faudrait  pas  crier  victoire.  L'an  1152  n'est 
"  pas  plus  un  Icriniiius  uii/c  qu'un  (rriiiiiiiis  jjost. 

■>  L'archéologie  arlésienne  locale  soutient  obstinément  une 

deuxième  hypothè.se,  en  vertu  de  laquelle  le  portail  d'Arles 
»  remonterait  au  deuxième  quart  du  xiii"  siècle  (!)  « 

Des  argunients  mis  en  campagne,  un  seul  mérite  d'être 
examiné  :  c'est  la  présence  de  la  nuire  cornue  sur  la 
(igure  de  saint  Trophime  ;  or  cette  coitlure  ne  figure  qu'à 
partir  de  1225  sur  les  sceaux  des  évèques  d'Arles.  Mais 
M.  Voge  n'a  pas  de  peine  à  démontrer  qu'en  réalité,  dans  les 
ligures  des  monuments  provençaux  de  cette  époque,  les  unes 
ont  la  ndtre  cornue  et  les  autres  pas. 

«<  Toutes  les  fois  qu'on  a  c<nnparé  les  façades  d'Arles  et  de 

■  Saint-Gilles,  un  n'a  pas  manqué  d'affirmer  que  l'ordon- 

■  nance  d'Arles  était  une  copie  de  Saint-Gilles.  Je  considère 
')  cette  opinion  comme  erronée,  et  les  conséquences  qu'on 
«  en  a  tirées  ne  valent  pas  la  peine  d'être  rombattues.  »  Le 
iHsposilif  de  la  façade  d'Arles,  avec  sf>n  fronldU,  ses  colonnes 
dc'gagées  et  son  soubassement,  dérive  en  eilèt  directenu'nt 
des  portiques  des  temples  païens,  tandis  (pi'ii  Saint-Gilles  on 
a  suivi  un  tout  autre  système.  A  Saint-Trophime.  luniti- de 
composition  est  frappante,  «<  on  a  rim[)ressioii  diin  art  mûri 

et  achevé,  tandis  ((ue  l'examen  de  Saint-(iilles  révèle  la 

•  diversité  dans  le  travail  et  l'iulhience  de  l'école  (Ui  Laii- 
"  guedoc...  Il  est  certain  que  Saint-Gilles  dénote  l'avène- 
"  ment  dun  style  ranimé  et  rajeuni. 

»  Oi  nous  savons  que  la  reconstruction  de  r«''glise  a  com- 
nuMicé  en  1110.  •>  Kt  le  portail  n'a  pas  été  entre[)ris  en  dernier 
lieu.  Il   comnu"  il  arrivait  sou\«'iit  dans  les  cathc'drales  du 

T.  Xli,  M.  7 


—  OR  — 

»  xiii"  siècle,  »  puisqu'il  est  la  seule  partie  de  l'éf^lise  supé- 
w  rieure  qui  ait  été  achevée.  Il  me  semble  donc  délinitive- 
»  ment  prouvé  que  cette  composition,  dans  son  état  actuel, 
»  date  des  environs  de  1150.  »  M.  Voge  est  donc  en  droit  de 
conclure  que  «  le  sort  de  sa  thèse  ne  dépend  pas  de  cette 
»  question.  » 

Nous  avons  tenu  à  citer  ce  chapitre  de  chronologie  presque 
;■;;  extenso  et  à  ne  pas  l'interrompre  par  les  observations  qu'il 
pouvait  nous  suggérer.  D'ailleurs,  bien  loin  d'infirmer  les 
conclusions  de  M.  Yoge,  nos  observations  les  appuient  plutôt. 
Dans  la  détermination  des  dates  relatives  à  la  cathédrale  de 
Chartres,  le  savant  archéologue  allemand  a  un  moment 
d'hésitation  ;  il  est  à  court  de  documents  ;  il  rencontre  une 
époque  ténébreuse  qui  l'embarrasse.  Nous  savons  cependant 
que  cette  époque  a  été  marquée,  pour  la  ville  de  Chartres, 
par  des  événements  d'une  haute  importance ,  qui  peuvent 
éclaircir  bien  des  points  obscurs  de  l'histoire  de  la  Cathé- 
drale. 

En  1134,  un  incendie  dévore  la  plus  grande  partie  de 
Chartres.  Sans  doute,  au  dire  des  témoiifs  oculaires,  la 
cathédrale  n'est  pas  détruite,  mais  divers  indices  certains 
permettent  d'affirmer  qu'elle  a  été  plus  ou  moins  endom- 
magée. Dans  tous  les  cas,  après  cet  incendie,  «  on  jeta  par 
terre  ce  qui  restait  de  l'ancienne  façade  ^  »  et  on  se  mit  k  en 
bâtir  une  nouvelle.  Cette  date  de  11.34  est  donc,  pour  ainsi 
dire,  le  pivot  de  toute  la  chronologie  de  l'édifice  à  cette 
époque. 

Auparavant,  il  existait  une  façade  construite  vers  1028  et 
une  tour  élevée  aux  environs  de  1075.  C'est  à  elle  que  se 
rapportent  les  mentions  «  ad  ojms  /nrris  »  du  nécrologe. 

»  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  tour  avec  l'une  de  celles 
»  qui  subsistent  encore  aujourd'hui  près  de  la  façade  occi- 
»  dentale  -  (M.  Voge  fait  précisément  cette  confusion)  et  que 
»  l'on  n'érigea  que  quarante  ans  plus  tard.  » 

Ainsi,  voilà  la  date  trouvée  :  c'est  après  1134  qu'a  été 
commencée  la  façade  principale  de  la  cathédrale  de  Chartres; 


^  Un  Manuscrit  charlrain  du  Xl'^  Siècle,  par  MM.  1».  xMerlcl  et  l'abbé 
Clerval. 


2  Ouvrage  cité,  p.  84. 


—  99  — 

la  construction  en  a  donc  été  menée  assez  rapidement.  Nous 
savons  en  elfet  qu'elle  a  été  achevée  avant  115<),  date  de  la 
mort  de  rarcliitli.K  Tc  Kicher,  qui  avait  donné  la  statue  de  la 
Vierj^c  suniiÀntant  le  jjortail  de  dmite.  C'est  à  peu  près  la 
date  il  laquelle  arrive  M.  \'oge  :  ses  hypothèses  se  trouvent 
donc  aljs<jlument  continuées  par  les  faits,  les  objections  et 
les  dillicultés  tombent  d'elles-mêmes,  et  sans  plus  nous  pré- 
occuper de  ces  questions  de  date,  nous  pouvons,  avec  notre 
auteur,  aborder  de  plus  près  l'étude  du  portail  royal  et  des 
maîtres  qui  l'ont  sculpté. 


n 


CHARTRES  ET  L\   PLASTIQUE  DU   NORD  ET  DU   CENTRE   DE  LA 
FRANCE  A  L'ÉPOQUE  DU   STYLE  DE  TRANSITION. 

Jusqu'à  présent,  M.  Voge  s'est  demandé  d'où  l'art  qui  se 
déploie  dans  le  portail  de  la  cathédrale  de  Chartres  lirait  son 
ori{j:ine.  Il  va  maintenant  établir  comment  cet  art  s'est  pro- 
pagé, et,  tout  d'abord,  l'étudier  attentivement  dans  ses 
caractères,  distinguer  la  main  de  ses  divers  maitres  dont 
nous  ne  savons  pas  même  les  noms,  et  reconstituer  ainsi,  par 
leurs  œuvres  immortelles,  leurs  personnalités  disparues. 

«  En  recherchant  les  origines  de  l'art  chartrain,  nous  avons 
»  déjii  obtenu  une  esquisse  à  grands  traits  du  jeu  d'ensemble 
»  des  forces  mises  en  œuvre  dans  le  portail  occidental;  le 
»  moment  est  venu  d'achever  le  tableau  ébauché. 

»  Ce  qui  frappe  dès  l'abord  le  regard  dans  la  comparaison 
»>  critique  de  ces  sculptures,  c'est  l'unité,  le  caractère  i)arfai- 
»  tenient  arrêté  du  style  du  Grand  Maître  de  Chartres; 
»  comme  nous  l'avons  dit,  il  est  l'auteur,  non  seulement  des 
»  statues  du  portail  central  et  di-*;  parties  contigiies  des 
»  portails  latéraux,  mais  encore  du  tympan  et  du  chand>ranle 
»  de  ce  portail  cciitr;!].  Comme  un  coin  puissant,  ce  ^n*oupe 
»  central  se  dresse  en  les  dominant  entre  les  o'uvres  des 
»  deux  autres  ateliers,  placées  syméti-iquemeiit  Ji  ses  cAtés. 
»  Le  modeh-  et  h;  coup  de  ciseau  ne  laissant  aucun  doute  sur 
»  l'unité  de  la  main,  nous  avons  bien  ici  le  style  dans  son 
»  expression  classique;  le  groupement  des  statues  révèle  dos 


—  100  — 

principes  arrêtés,  qui  ne  se  retrouvent  chez  aucun  des 
autres  maîtres  de  l'école,  et  l'artiste  est  parvenu  bon  gré 
mal  gré  à  leur  imposer  aussi  l'ordonnance  de  son  tympan. 
La  statue  d'ange  accolée  au  clocher  vieux  est  du  mémo 
maître. 

»  Chez  les  deux  maîtres  des  portails  latéraux,  le  style  n'est 
pas  en  relation  aussi  étroite  avec  l'architectonique.  Ainsi, 
les  statues  ont  été  orientées  moins  strictement  par  rapport 
aux  colonnes  ;  aussi  la  direction  des  épaules  n'est-elle  pas 
symétrique.  Les  têtes  se  séparent  ici  et  là  du  système  des 
colonnes,  les  coudes  sont  moins  serrés,  moins  appliqués  au 
corps,  les  robes  des  femmes  sont  moins  canelées  comme  des 
colonnes ,  les  longues  tresses  tombent  en  lignes  plus  natu- 
relles, elles  ne  descendent  pas  d'à-plomb  des  épaules,  et  le 
mouvement  est  dépourvu  de  ces  articulations  régulières  et 
comme  géométriques.  Il  n'est  nullement  question ,  ici ,  de 
disposer  les  figures  en  perspective,  de  sorte  qu'au  point  de 
vue  iconographique,  on  observe  \m  certain  flottement. 
A  côté  des  figures  nimbées,  on  en  trouve- qui  n'ont  pas  de 
nimbe  ;  c'est  là  aussi  que  se  rencontre  la^seulo  figure  à 
pieds  nus.  Les  socles  sont  tantôt  en  demi-cercle,  tantôt 
échancrés,  tantôt  zoomorphes,  tandis  que  le  Grand  Maître 
ne  connaît  que  la  première  de  ces  formes;  les  colonnes 
socles  ne  sont  pas,  comme  celles  de  ce  maître,  revêtues  de 
simples  ornements,  mais  elles  sont  aussi  masquées  par  des 
figures  d'hommes  et  d'animaux.  Entre  les  deux  groupes 
latéraux,  les  détails  communs  ne  manquent  pas,  comme  on 
l'a  déjà  dit,  mais  quant  à  les  attribuer  tous  deux  au  même 
maître,  c'est  absolument  inadmissible;  ils  sont  de  deux 
artistes  différents  ;  on  a  déjà  relevé  les  fines  particularités 
de  style  qui  les  rapproclient  du  Languedoc  et  de  la 
Bourgogne  ;  comme  nous  avons  d'excellents  motifs  de  le 
supposer,  ces  deux  maîtres,  ou  sont  venus  de  deux  côtés 
absoluinents  différents,  ou  ont  reçu  deux  influences  absolu- 
ment différentes. 

«  A  un  quatrième  maître  se  rapportent  les  sujets  des  archi- 
voltes ainsi  que  les  arcs  latéraux,  dont  les  parties  inférieu- 
res ont  été  exécutées  par  des  élèves  ;  le  Maître  des 
archivoltes  est  digne  de  fixer  l'attention  ;  il  nous  occupera 
plus  longuement. 


—   Ml  — 

■  .le  tiens  ici  ù  insister  sur  ce  fait  :  à  cette  répartition  du 
»  travail  entre  diverses  mains,  telle  qn  une  étude  sou- 
)'  vent  répétée  de  toutes  les  parties  df  l'uMure  nous  l'a 
»  su^^y:érée,  les  vraisemblances  internes  ne  l'ont  pas  défaut. 
)•  On  ne  Saurait  s'étonner  de  ce  que  le  fondateur  classique  de 
»  r(''C(de,  le  rrrand  Maitre  de  Chartres,  ait  été  certainement 
»  |iréféré  aux  autres  au  moment  où  les  parties  les  jilns 
»  importantes  de  l'œuvre,  celles  (pii  dès  l'abord  tombaient 
»  sous  le  rej,Mrd,  lui  ont  été  attribuées,  tandis  que  les  artistes 
»  moins  biens  formés  ont  été  chargées  d'exécuter  les  parties 
')  lat(Tales  ;  il  est  de  plus  très  vraisemblable  en  soi  que  des 
•>  talents  de  moindre  importance  aient  trouvé  leur  emploi 
•-  dans  les  i)arties  secondaires  des  tympans  latéraux. 

->  M.  Emeric  David  a  déjà  établi  que  panni  les  artistes 
»  charlrains,  c'est  le  maitre  des  archivoltes  qui  mérite  la 
»  palme.  >«ous  trouvons  chez  lui  une  largeur  et  une  liberté 
»  de  style  que  nous  chercherions  en  vain  dans  les  statues  du 
»  Grand  Maître:  de  plus,  il  .juiiil  ;i  mi  sens  du  style  iimi 
>-  moins  cl.iir  une  observ.itinu  supérieure  de  la  nature.  Que 
»  l'on  ('tndie.  à  droite.  !<■■-  philosophes  assidûment  ;i|ipiiyés 
•>  sur  leurs  })Uj)itres,  on  le  délicieux  groupe  des  Jumeaux; 
■•  les  vieillards  regardant  en  l'air,  du  pnrt;ii!  central,  ou, 
•'  a  gauche,  la  naïveté  ingt-nue  du  /odiaipic  .  on  y  découvre 
"  une  grande  adresse  de  ciseau,  une  grande  sûreté  de  style, 
->  et  aussi  une  jieureuse  observation  et  de  l'habileté  de  com- 
"  jiosition. 

"  Les  parties  supérieures  des  portails  latéraux,  le  Christ  de 
"  gauche  accompagné  d'anges  avec  le  groupe  de  (inatre 
•'  anges  au-dessous,  enfin,  de  l'autre  côté,  la  Madone  sur  son 

■  trône  sont  certainement  du  même  ciseau;  nous  avons  ici, 

■  comme  une  ("tude  (h'taillée  nous  le  fera  mieux  connaiti-e, 

■  un  ^l'ijupe  d'un  caraclèi-e  non  moins  (U'Iini  (pu-  celui  du 
'  (li-aiid  Maitre. 

"  Kh  bien,  ce  sculpteur  des  archi\olics  di' «'iiarlres  a  aussi 

■  Iravailh'  ;i   l'ai-is;   le  (•('•li'bre  groupe  de  la    Madone   de    la 

•  |iorte  Sainle-.\nne  de  .Notre-ltame.  est  l'o-nx  re  ib'  ses  uuiins. 
VA  c'est  pl"(''cis(''menl  ce  cliefd'teux  re,  <'troilemenl  appai'ente 

•  n\\\  imap'es  de  CliaiMre.N.  qui   \a  nous  donni'r  le  cara<lere 
■•   d'ensemble  de  tout  ce  gl'ollpe  d'olH  l'ages. 

>>  Nous  l)ornerons  notre  (Hude  aux  (eu\  res  du  maitre  qn  il 


—  102  — 

»  est  possible  d'obtenir  en  photographie.  Ces  points  de  com- 
»  paraison  fournis  par  le  hasard  valent  certes  d'autres 
»  témoignages.  Plaçons  par  exemple  à  côté  de  la  madone  de 
»  Paris  l'un  des  vieillards  apocalyptiques  du  poi-iail  royal 
»  de  Chartres. 

»  Les  analogies  les  plus  évidentes  sautent  aux  yeux,  bien 
»  que  nous  soyons  en  présence  de  deux  sujets  d'espèce  et 
»  d'échelles  difïerentes.  J'étudie  d'abord  les  draperies.  L'étoffe 
»  semble  finement  striée,  comme  si  elle  était  d'une  texture 
»  très  molle  et  si  elle  se  repliait  toute  seule  sur  elle-même. 
»  La  masse  finement  plissée  est  disposée  en  houppes  épaisses, 
»  plusieurs  couches  se  superposent,  et  tandis  que,  dans  le  bas, 
»  des  motifs  se  déroulent  en  tuyaux  d'orgues,  dans  le  haut 
»  ils  apparaissent  plus  larges  et  comme  aplatis.  Pour 
»  remarquer  à  quel  point  tout  ceci  est  caractéristique,  il  suffit 
»  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  telle  figure  d'un  autre  maître, 
»  par  exemple  sur  les  figures  du  chambranle  du  portail  de 
»  droite  de  Chartres,  qui  sont,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
»  d'un  élève  du  Grand  Maître. 

»  Et  la  tète  de  la  madone  nous  montre  le  même  type 
»  merveilleux  que  celle  du  roi  :  le  crâne  dolichocéphale,  le 
»  front  large  et  proéminent,  les  yeux  et  les  sourcils  remontant 
»  vers  les  tempes  comme  ceux  des  Chinois ,  le  nez  de  forme 
»  détachée.  La  couronne  elle-même  est  placée  de  la  même 
»  manière  dans  les  deux  figures,  plus  haut  derrière  que  devant, 
»  il  est  facile  de  le  voir  même  à  la  tête  du  roi,  qui  est  levée. 
»  Les  cheveux  du  roi  sont  coupés  court  devant  et  ramenés 
»  vers  le  front  ;  quatre   mèches   semblables  à  des  tresses 

»  passent  sous  la  couronne La  statue  de  l'enfant  Jésus, 

»  à  Paris,  présente  le  même  motif,  delà  même  forme  carac- 
»  téristique.  Un  pan  relevé  du  manteau  de  la  madone 
»  retombe,  à  gauche,  sur  le  siège  du  trône;  le  même  se 
»  retrouve  dans  l'image  du  roi  ! 

»  Il  faut  aussi  remarquer,  dans  ces  ouvrages,  la  finesse 
»  tout  à  fait  exceptionnelle  du  rendu  de  tous  les  ornements  ; 
»  les  bordures  sont  d'un  fini  remarquable,  les  bijoux  ciselés 
»  avec  une  netteté  parfaite  ;  les  nimbes  eux-mêmes  sont 
»  entourés  d'un  rebord  ornementé,  ce  que,  par  exemple,  les 
»  statues  du  Grand  Maître  n'ont  pas.  Les  deux  couronnes  se 
»  ressemblent  jusque  dans  les  détails  ;   que  l'on  fasse  de 


—  lo:3  — 

»  nouveau  la  comparaison  :  coiubion  est  dillérento  la  couronne 
»  dans  la  scène  de  la  Visitation  ! 

»  Prétendre  dos  lors  identifier  les  deux  maîtres,  c'est 
»  faire  une  proposition  inconiiiatihle  avec  la  iiotion  d'iiiio 
»  saine  crili([iie. 

>>  Comnii'  on  l'a  dit.  ('(.•si  de  ce  nirnic  arlisic  que  procèdent 
»  les  parties  hautes  du  jiortail  latéral  de  Chartres.  Lii  éclate  la 
»  preuve  de  la  coni[)lète  concordance  des  deux  madones. 
»  L'exemplaire  de  Chartres  est  malheureusement  mal 
»  conservé;  cependant,  la  reproduction  qui  existe  au  musée 
»  de  Chartres  permet  de  s'en  faire  une  idée  très  précise  '.  J'ai 
»  été  absolument  stuitéfait  de  retrouver  l;i  les  traits  caracté- 
»  risliques  de  la  madone  do  Paris,  que  par  suite  de  l'éloignc- 
»  ment,  je  n'avais  pu  di.scerner  aussi  facilement  dans 
»  l'original.  La  concordance  va  jusqu'à  des  traits  accessoires, 
•)  des  détails  de  facture  :  les  doux  madones  portent,  au  doigt 
»)  du  milieu  de  la  main  diniic.  un  anneau;  la  chevelure 
»  soyeuse,  légèrement  ondulée,  est  ramenée  .sous  l'ourld  du 
»  vêtement  qui  enserre  le  cou ,  comme  pour  le  préserver  du 
»  froid  ;  c'est  un  de  ces  motifs  heureux  dont  cet  artiste  est  si 
»  riche.  Le  caractère  et  la  disposition  des  draperies  concor- 
)•  dent.  A  Chartres  aussi,  la  ligure  i)ortait  un  sceptre  de  la  main 
>»  gauclie,  l'enfant  levait  sa  main  droite  pour  bénir,  la  gauche 
»  reposant,  à  Chartres,  sur  un  globe,  tandis  (ju'ii  Paiis  ce 
»)  glol)e  était  remplacé  par  un  petit  li\  re.  La  chevelure  de 
»  l'enfant  présente  à  Chartres  la  même  disposition .  un  jieu 
»  en  perruque,  qu'à  Paris. 

«>  La  comi)osition  do  l'ensemble  ne  pouvait  se  déployer 
»  aussi  lai-i^-emenl  a  Chartres,  où  la  tête  couronnée  de  la 
»  maihjue  atteint  pres([ue  la  clé  de  l'arc,  tandis  qu'il  Pai'is  il 
»  restait  encore  de  la  place  pnur  la  raxissante  couitole  du 
»  baldaiiuiu.  A  Chartres,  le  groupe  était  évidemment  cuunMiU('' 
••  d'une  simple  arcadi*  trilobée  (pii  reposait  ;i  droite  et  à 
»  gauche  sur  une  cdlonne.  Aux  côtés  des  deux  madones,  se 
»  tiennent  deux  anges  (jui  agitent  l'encensoir  ;  la  pose  est  la 
•>  luêtue,  il  ('liarli'es  ils  ressoi'tent  plus  lHu'emeuL  et  les  ailes 
"  suul  eu  uiouNcmenl.  il  i'aii^  ils  sont  deljout ,  serrés  entre 


'  .M.  V.  iloil  sans  doiilc  cctlr  ,i|t|(ir(i;ili()ii  à  s;i  iiiyniiif.  Il  u'csl  pas  iiéce.ssiiirc, 
|»our  jiij,'cr  ûc  c.i'llf  staliic,  df  recourir  à  uiu'  n'|iroilii(tioii.  —  II.  L. 


—  104  — 

un  roi  agenouillé  à  droite  et  l'évèque  de  Paris  avec  un 
ecclésiastique  à  gauche.  Il  faut  considérer  le  groupe  de 
i)  Chartres  comme  une  image  de  l'enfance  du  Christ,  phicée 
en  face  de  son  ascension,  qui  est  représentée  sur  le  tympan 
de  gauche.  Une  couronne  de  feuillage  borde  la  scène,  les 
anges  s'avancent  pour  adorer  l'enfant.  C'est  une  scène  de 
l'Evangile,  jouée  sur  une  verte  prairie  ;  le  récit  évangélique 
de  l'enfance  du  Christ  continue  sur  les  deux  frises  du 
')  tympan.  A  Paris,  la  scène  est  devenue  une  figure  de  dévo- 
tion d'un  plus  grand  style  ;  c'est  Notre-Dame  qui  sert  ici 
de  thème;  entourée  de  nuages,  encensée  par  les  anges, 
elle  apparaît  au  roi  de  France  et  à  son  évêque.  Les  scènes 
bibliques  placées  au-dessous  sont  traitées,  comparativement 
au  groupe  central,  à  une  plus  petite  échelle;  aussi  en 
sont-elles  séparées  par  des  motifs  d'architecture,  tandis 
qu'à  Chartres,  les  scènes  ne  sont  divisées  que  par  de 
minces  arcades  de  feuillage.  » 
M.  Voge,  regrettant  de  ne  pouvoir  reproduire  dans  son 
livre  «  la  profusion  d'images  qui  décoreïlt  le  portail  de 
Chartres  »,  s'en  tient  à  un  ou  deux  exemples^  il  montre,  en 
particulier,  dans  les  personnages  des  mois  d'avril  et  de  juillet 
des  signes  du  zodiaque ,  «  le  type  bien  connu  du  maître  des 
deux  madones.  »  Puis  il  poursuit  :  «  Les  parties  hautes  du 
»  tympan  de  gauche  sont  malheureusement,  comme  celles 
»  du  tympan  de  droite,  assez  mal  conservées;  la  tête  du 
»  Christ  est  complètement  effacée  ^;  mais  si  l'on  examine  par 
»  exemple,  le  groupe  des  quatre  anges  au-dessous  du  Christ, 
«  on  y  distingue  cette  même  direction  oblique  des  yeux,  qui 
»  se  relèvent  en  arrière  vers  les  tempes,  les  cheveux  ramenés 
»  sur  le  front,  comme  ceux  de  l'Enfant  Jésus  du  tympan  de 
»  Paris  ;  les  bordures  mêmes  des  vêtements  présentent 
»  distinctement  les  motifs  que  nous  avons  découverts  sur  le 
«  trône  et  les  vêtements  de  la  madone  de  Paris.  » 

»  Paul  Durand  a  déjà  relevé  avec  raison  l'étroite  parenté 
»  entre  les  deux  iiiadoues.  Moins  heureux  me  semble  son  dire 


'  Lo  tympan  de  gaucho,  coiiiinc  celui  de  droite,  est  au  coutraii'e  en  fort  lion 
état;  aju'ès  avoii' reçu  toutes  les  |i!ines  tomliées  pendant  750  ans,  c'est  à  peine 
si  la  trie  (In  (linisl  est  léi;èrenieiil  usée.  Nous  eni^.igi'ons  vivement  .M.  Vdijc  à 
s'en  assurer  au  moven  d'une  lori^nellc  —  11.  L. 


—  ion  — 

"  au  .siijcl  (les  lignes  en  relier  411!  sallonii:('iit.  dans  les  deux 
..  portails,  au-dessous  du  ^'roupe  du  laite.  A  la  vérit*'»,  il 
-)  remarque  .avec  raison  qu'à  Chartres  une  antre  main  s'y 
„  i-ôvèle  cerjaineinent  :  mais  les  conclusions  (juMl  en  tire 
»  sont  tout  à  fait  erronées  :  AV/r.s-  ont  fhi  rfn-  n-fiiUrs  njtrrs 
»  COU}),  rt  copii'i's  il'iijn-i's  un  iiioilrir  niiririi  iun/uol  on  se 
»  cont'orinn,  rnr  cHos  sont  conijilrlnni'nl  pni-rillrs  nii.v  srrnes 
.)  </ur  l'on  voit  .s///'  /e  lynijuin  ilc  In  purlc  iiuintc-Annc,  ù  Autre- 
»  Diiinc  (Ir  Piirj.s. 

»  Il  n'est  pas  douteux  pour  moi  (pU'  ce  ne  soit  pas  la  des 
»  copies  dépoipie  postérieure;  comme  style,  elles  sont  en 
..  relations  aussi  étroites  que  possible  avec  les  statues  du 
..  (irnnd  Maitre  de  Chartres;  c'est  sans  aucun  doute,  non  ii 
»  lui-même,  mais  à  son  atelier  qu'elles  appartiennent.  Que 
»  l'on  place  seulement  la  petite  Madone  de  la  scène  tle  la 
.)  Visitation  ou  le  Saint  Joseph  de  la  ÎS'ativité  à  côté  de  l'une 
«.  ou  l'autre  des  statues  du  portail  princiiial  1 

»  Et  dans  sa  conception  (hi  r('Mit  bihlit^ue,  cet  artiste  de 
.)  second  ordre  déploie  une  originalité  bien  attachante.  La 
»  scène  de  la  Présentation  an  temple  a  été  augmentée  du 
»  cortège  des  ancêtres  de  l'enfant;  ils  arrivent  des  deux 
»  cotés,  l'un  derrière  l'autre,  chargés  de  présents.  Dans  la 
»  représentation  de  la  nativité,  l'ange  conduit  les  bergers  à 
»  l'enfant.  La  composition  de  cette  frise  est  également  très 
»  habile  :  la  présentation  au  temple  remplit  à  elle  seule  le 
»  compartiment  supérieur;  l'enfant  se  tientau  milieu,  debout 
»  sur  l'autel  ;  dans  la  zone  intérieure,  l'enfant  et  la  mère 
»  .sont  (h'  nouveau  plai(''s  au  centre.  La  composition  stricte- 
»  nuMit  symétrique  du  gronj»'  du  faite  est  (b'Jà  pr('-|iaree  dans 
»  ces  bas-reliefs. 

»  T^necriti(pU' plus  exacte  (h'-moiitre  ici  plutôt  le  contraire  '  : 
'•  selon  toutes  les  apparences,  ces  parties  inférieures  .sont  plus 
»  anciennes  que  la  madone  et  que  les  archivoltes  qui  entou- 

•  rent    le   tout.    (';ii'   au    l»as-relief  d'en  haut,   on  a  aj(tut(''  à 
»  droite  et  à  gaïKlic  une  ligui-e,  et  ces  deux  ligun\s  sont  sans 

•  aiiciiii  doiiic  (lu  M.iilic  (les  driix  madftues.  Hraperir.  type, 
1)  forme  des  yeux,  personm-  m-  reconnaiti'a  ici  la  même  main. 

"    il   s"en>uit    ijUr    |i|é'i'ist''mclil    Ir    scilllitcur   di's   ,i|chi\  olle>   a 
*   lir  ro|iiiiioii  ili'  I'.  Iiinaiiil.         Il    I 


—  106  — 
»  mis  la  dernière  main  à  ces  reliefs ,  qui  avaient  été  laissés 
»  inachevés,  ou  bien  qui,  tels  qu'ils  étaient,  n'entraient  pas 
»  dans  le  cadre  du  portail.  Ce  que  Durand  attribuait  à  un 
»  achèvement  tardif  (et  moins  habile) ,  doit  être  mis  sur  le 
»  compte  d'irrégularités  qui,  selon  toute  apparence,  se  sont 
»  produites  lorsque  le  portail  a  été  monté  à  sa  place 
»  actuelle  ^  :  les  deux  blocs  sculptés  ont  été  portés  un  peu  trop 
»  à  droite,  car  tandis  que  du  côté  gauche,  les  sujets  repré- 
»  sentes  n'atteignent  pas  tout  à  fait  le  pied-droit,  et  que  par 
»  conséquent  la  surface  n'est  pas  remplie,  la  dernière  figure 
»  do  droite  est  coupée  par  l'archivolte.  On  a  tâché  de  corriger 
))  sommairement  la  négligence  commise  lorsque  l'on  a  déplacé 
»  les  blocs.  Mais  comment  prétendre  que  les  sujets  eux- 
»  mêmes  aient  été  retravaillés  à  ce  moment  ! 

))  Durand  fonde  son  hypothèse  sur  des  analogies  avec  la 
«  porte  Sainte-Anne  ;  c'est  sur  elle  que  les  scènes  bibliques 
»  auraient  été  copiées.  C'est  l'opinion  d'un  dilettante 
»  d'archéologie  -.  Ces  représentations  de  sujets  bibliques  des 
»  deux  portails  n'ont  aucun  rapport  les  uneâ'  avec  les  autres  ; 
»  même  une  scène  aussi  simple  que  celle  de  la  Visitation, 
»  pour  laquelle  on  peut  à  peine  remarquer  des  différences 
»  de  type ,  présente  à  Chartres  d'autres  nuances  ;  les  repré- 
»  sentations  de  la  Nativité  appartiennent  à  deux  types 
»  d'iconographie  différents,  le  saint  Joseph  de  la  scène  de 
»  Paris  est  assis,  morose  à  côté  du  lit,  comme  dans  les  images 
»  byzantines,  et  il  n'est  pas  jusqu'au  choix  des  sujets  qui  ne 
))  soit  pas  le  même. 

»  Pour  nous,  l'intérêt  porte  ici  sur  une  autre  question.  Les 
»  autres  parties  sculptées  du  portail  do  Paris,  dans  la  mesure 
»  où  elles  datent  du  xii"  siècle  (ainsi  les  bas-reliefs  placés 
»  au-dessous  de  l'arc  et  la  plus  grande  partie  des  sujets  de 
«  l'archivolte),  sont-elles  de  la  main  du  maître  des  deux 
»  madones  ;  est-il  aussi  l'auteur  des  huit  statues  de  grandeur 
»  naturelle  qui  décoraient  autrefois  les  ébrasements?  J'avoue 
»  que  je  me  sens  ici  pris  au  dépourvu;  je  ne  découvre  ni 


'  «  ApW's  riii(eiKli(!  de  1  lili  »  (Noie  de.  railleur).  Nous  Ijiissous  à  M.  Vôge 
la  responsabilité  de  celle  assertion.  —  H.  L. 

2  Das  ist  die  aussicht  eines  archœologischen  Dilctlantcu.  Nous  traduisons, 
nous  n'ajuirécions  pas.  —  H.  L. 


—  107  — 
»  dans  les  scènes  bibliques,  ni  dans  los  archivoltes  lo  type 
»  de  tête  idéal  do  ce  niaitre ,  et  Je  n'iiiarinu'  aussi  dans  les 
»  draperies  des  traits  étranjj:ers.  Si  les  sujets  des  archivoltes 
»  étaient  du  iurnic  artiste  que  ceux  de  Chartres,  il  faudrait 
»  bien  que  des  ressemblances  intimes  y  apparussent.  Les 
»  statues  des  ébrasements  ne  nous  ont  été  conservées  que 
»  dans  les  gravures  de  Montlaucon.  dont  l'exactitude  est 
»  reconnue.  D'après  elles,  ces  statues  étaient  en  très  étroite 
D  parenté  avec  les  fifxures  des  archivoltes  et  des  scènes 
M  bibliques;  elles  n'avaient  rien  à  faire  avec  le  maître  des 
»  deux  madones.  Dans  tous  les  cas,  ce  deuxième  maître  est 
»  aussi  venu  des  grands  ateliers  de  Saint-Denis  et  de  Chartres, 
»  il  a  passé  comme  l'autre  par  l'école  sévère  du  Grand  Maître 
j)  de  Chartres.  Aux  montants  du  portail  central  de  Chartres, 
»  on  rcmiarque  du  reste  i)lusieurs  ligures  d'anges  dont  les 
11  draperies  sont  mouvementées  d'une  façon  particulière, 
»  complètement  absente  dans  les  motifs  des  anges  du  portail 
»  parisien.  Celui  des  maîtres  postérieurs  de  l'école  qui 
»  ressemble  le  plus  à  ces  artistes  de  Paris,  c'est  le  Maître  do 
»  Corbeil. 

))  Hornons-nous  à  établir  que  le  maître  dont  le  talent  peu 
))  ordinaire  a  décoré  de  scènes  et  de  ligures  les  archivoltes 
»  «les  trois  i)ortails  de  Chartres,  a  aussi  exécuté  le  tympan 
»  de  la  porte  Sainte-Anne;  il  a  mis  la  dernière  main  au  por- 
»  tail  de  Chartres  ;  il  n'a  pas  ciselé  seulement  les  parties 
»  hautes  du  tymiian  latéral ,  mais  a  aussi  achevé  les  parties 
»  inférieures,  (pii  ont  été  commencées  pai- un  antre  artiste. 

»  Le  tiiplc  jiortail  de  la  façade  actuelle  i\r  Notre-Dame  de 
»  Paris  date  })robablement  du  commencement  du  xiii"  siècle, 
»  seule  la  porte  de  droite,  celle  de  Sainte-Anne,  est  en  grande 
»  partie  du  xii''  ;  elle  a  été  incorporées  dans  les  constructions 
»  du  Xiir  et  comph'tée  h  cette  époque  par  des  adjonctions. 
»  Le  portail  Sainte-Marie,  à  gauche,  est  aussi  des  premières 

1)    aniM'CS  dn  XIll''  siècle,   el    il    \;i   (le  Sdj  (jlle    l^ellV  l'e  classiepie 

•  de  celle  Ijeureuse  renaissance  d(''i>asse   de    lieauc<(Up   les 
n  s<'*v«'res  cri'ations  de  la  \  ieille  ecolr.    >. 

«'ilaiil  ro|iinion  de  plusieurs  archeulognes,  entre  antres  de 
M.  Mortel,  en  \erlll  de  la(pl(dle  la  |i(irte  de  Sailite-Aime 
remonterait  an  premier  (piart  du  \\v  ^iecle.  \l.  \'<»Lre 
s'écrie  : 


—  108  — 

»  Je  tiens  cette  opinion  pour  erronée.  Le  point  de  départ 
»  de  ce  style  n'est  pas  à  Paris  mais  à  Chartres  ;  le  Maître  des 
»  deux  madones  a  été  appelé  de  Chartres  à  Paris,  et  non 
»  l'inverse  ;  car  les  racines  de  son  style  se  trouvent 
»  à  Chartres.  Dernier  venu,  il  se  rëg-le  sur  les  maîtres  char- 
»  trains  qui  ont  travaillé  avant  lui.  il  combine  le  style  du 
»  Grand  Maître  avec  le  naturalisme  dont  notamment  la 
»  statue  de  la  Vierge,  au  portail  de  gauche  de  Chartres, 
»  donne  un  exemple  frappant.  Plus  tard,  il  a  subi  à  Chartres 
»  d'évidentes  influences  de  l'école  de  Toulouse. 

»  Comment  donc  pourrait-il  être  plus  ancien  que  ces  artis- 
»  tes  chartrains  et  avoir  produit  à  Paris  son  chef-d'œuvre 
»  avant  que  ceux-ci  fussent  à  l'œuvre?  »  D'oii  il  faut  conclure 
que  la  reconstruction  de  Notre-Dame  de  Paris  «  a  été  entre- 
»  prise  par  Maurice  de  Sully  dès  le  début  de  son  épiscopat, 
»  en  1160.  » 

Les  considérations  qui  suivent  présentent  un  haut  intérêt , 
mais  elles  nous  éloignent  un  peu  de  Chartres  ;  elles  ont  trait 
plutôt  à  l'histoire  de  Notre-Dame  de  Paris,  et  d'ailleurs 
M.  Yoge  lui-même  «  ne  prétend  nullement  avoir  dit  le  dernier 
»  mot  dans  ces  questions  de  chronologie.  »  Nous  nous  garde- 
rons d'être  plus  hardi  que  lui. 

Il  ajoute  les  observations  suivantes  : 

»  Les  noms  des  deux  grands  artistes  chartrains ,  le  Grand 
»  Maître  et  le  Maître  des  deux  madones  ne  nous  ont  pas  été 
))  conservés  ;  les  documents,  soit  chartrains,  soit  parisiens  ne 
»  nous  fournissent  sur  ce  point  aucun  renseignement.  En 
»  revanche,  nous  connaissons  le  nom  d'un  des  artistes  de 
»  second  ordre  qui  ont  travaillé  au  portail  :  Rogovus.  Ce 
»  nom  est  écrit  en  lettres  capitales  sur  l'un  des  piliers  ornés 
»  de  petites  figures,  à  droite,  au-dessus  de  la  tête  de  la 
))  statuette  supérieure  ;  elle  représente  un  homme  qui  immole 
»  un  bœuf.  Il  n'est  pas  possible  de  déterminer  exactement 
))  si  Ton  est  ici  en  présence  d'une  signature  d'artiste  ou  d'une 
»  légende  expliquant  le  sujet  de  cette  petite  figure  de  genre  ; 
»  je  suis  disposé  à  y  voir  une  marque  de  tailleur  de  pierre 
»  l)lus  achevée,  telle  qu'on  en  trouve  aussi  dans  les  i)arties 
»  supérieures  du  clocher  vieux,  et  telle  que  M.  Revoil  en  a 
»  relevé  plusieurs  dans  les  édifices  du  Midi  de  la  France.  La 
»  question  est  seulement  de  savoir  à  qui  cette  marque  doit 


—  100  — 

»  ôtre  attribu(:''0  ^  Il  est  permis  i\o  supposer  que  ce  Rouror 
»  a  exécuté  des  détails   d'un    caractère   et   d'une   fonction 
;inal()}^uos,  ainsi,  quelques-unes  des  statuettes  qui  (h'-corent 
«  les    nmnlaiijs    des    jtortes    et    les   deux  piliers  en  saillie. 
»  Soiunics-nous  certains   (jue   la  scul[>ture  des  archivoltes 
M  ait  été   confiée  à    un   seul  artiste?  Cette   opinion   serait 
»  erronée  :   les  sujets  des  montants  et  des  pilastres  ne  se 
»  distinguent  i)as  seulement  par  un  dessin  varié,  on  y  aperçoit 
encore  très  distinctement  plusieurs  mains.  Certes,  nous  y 
reconnaissons  sûrement  la  main  des  «leux  artistes  qui  ont 
travaillé.  ;'i  côté  du  Grand  Maître,  aux  grandes  statues  des 
ébrasements,  et  précisément,  leurs  statuettes  sont  placées 
du  même  côté  que  leurs  grandes  statues  !  Mais  outre  ces 
»  deux -là,  on  reconnaît  encore  bien  d'autres  mains,  Roger 
»  est  donc  en  nombreuse  comi)ag-nie;  selon  toute  a[»parence, 
»  il  faut  lui  attribuer  la  plupart,  sinon  tous  les  sujets  du  pilier 
de  droite,  OÙ  se  trouve  la  signature.  Le  profit  pour  l'histoire 
.  (le  lait  est  ici  bien  mince  :  cependant,  la  conclusion  géné- 
»  raie  qu'on  peut  en  tirer  est  plus  importante  :  la  répartition 
»  des  rôles  parmi  les  ouvriers  du  grand  atelier  n'était  nulle- 
»  ment  systématique.  Les  Maîtres  des  grosses  œuvres  plas- 
»  tiipies,  par  exemple  des  statues,  se  sont  réparti  les  multi- 
B  pies  détails  plus  petits  de  la  composition.  On  ne  travaillait 
"  pas  en  fabrique:  ainsi,  l'on  ne  chargeait  pas  exclusivement 
.)  l'iui  lie  toutes  les  colonnes  ornementées,  l'autre  de  tous  les 
.)  chapiteaux,   un   troisième   de   tous  les  tailloirs,  un    qua- 
»  triènié  des  baldaquins,  un  cinquième  de  la  décoration  des 
»  piliers  et  des  montants.  Si  même  il  n'était  pas  impossildo 
»  qu'un  tel  cas  se  présentât,  ce  n'était  cependant  jamais  le 
»  princii)e  de  la  production.  Cette  remaniue  saute  aux  yeux 
»  .seulement  si  l'on  s'en  tient  à  la  critii^ue  des  parties  pure- 
»  nu'ut  ornementales,  comme,  notamment,  les  tablettes  de 
o  chapiteaux  décorés  de  feuilles  d'acanthe.    La  disj)osition 
»  de   ces   feuilles,    pri.ses   séi>arément ,    est    manifestement 
»  vari('e;  ainsi,  dans  Ir  pnilail  latéral  de  gauche,  le  style 
h  n'est  pas  (hi  tout  celui  du  portail  central,  et  tlans  celiu-ci 
»  même,  il  y  a  itlusieiiis  nuances.  Lfi  aussi,  lieauc<iup  d'ou- 


'   "  il  iir  -^.iiiiail  •'■tro  (|uo.slion  d'y  voir  le  nom  de  ranliilt'ctf  du    portail  ou 
celui  du  (iraiid  Mailn-  ».  — Note  de  l'auteur. 


—  110  — 

»  vriers  ont  été  à  l'œuvre  et  l'on  peut  supposer  que  les  grands 
»  maîtres  leur  ont  prêté  leur  concours  même  dans  ces  parties. 
»  Les  baldaquins  dont  le  maître  du  portail  do  gauche  a 
»  surmonté  ses  statues,  doivent  être  nettement  distingués  de 
»  ceux  du  grand  maître;  ils  sont  certainement  du  même  style 
»  que  les  statues  placées  dessous;  et  comme  nous  l'avons 
»  déjà  dit,  les  colonnes-socles  donnent  lieu  à  la  même  obser- 
»  vation.  Ainsi  donc,  le  maître  de  ces  statues  a  mis  lui-même 
«  la  main  aux  parties  accessoires  qui  en  dépendaient.  Je  ne 
»  saurais  trouver  de  preuve  plus  convaincante  de  ce  jeu 
»  d'ensemble  des  forces  que  les  colonnes  d'apparat  revêtues 
»  de  rinceaux  et  de  figures  qui  séparent  les  grandes  statues, 
»  enserrant  comme  d'un  cadre  précieux  leur  sévère  beauté. 
»  Quelle  étonnante  richesse  de  motifs  !  Comment  un  seul 
»  homme  aurait-il  pu  concevoir  tout  cela  ?  L'ornementation 
»  ne  varie  pas  seulement  d'une  colonne  à  l'autre ,  dans  le 
»  môme  ouvrage,  la  décoration  se  modifie  d'un  bloc  à  l'autre. 

»  Nous  trouvons  donc  à  côté  de  la  sévérité,  de  la  rudesse 
»  même  des  grands  traits  des  figures  et  "des  attitudes  qui 
»  distingue  tout  ce  travail  artistique,  la  diversité  des  forces 
»  isolées,  la  personnalité  dans  l'action  commune.  Si  celle-ci 
»  assure  à  la  composition  la  direction  uniforme,  le  calme,  le 
»  style,  le  mode  d'exécution  du  travail  apporte  dans  cet 
»  ensemble  la  variété,  le  mouvement  changeant.  Et  c'est  ce 
»  qui  fait  le  charme  des  œuvres  du  moyen  âge. 

»  Comme  on  le  voit,  les  secrets  de  la  façade  de  Chartres 
»  se  dévoilent  peu  à  peu.  La  netteté  avec  laquelle  nous 
»  envisageons  maintenant  l'histoire  de  la  création  de  l'œuvre 
»  nous  permet  une  plus  sûre  critique  de  l'iconographie.  Bien 
»  que  jusqu'à  présent,  on  ait  considéré  ce  portail  presque 
»  uniquement  au  point  de  vue  iconographique  (comme  on 
»  avait  tort  I)  les  deux  énigmes  qu'il  nous  présente  sont 
»  restées  sans  solution  :  je  veux  dire  le  tympan  de  gauche 
»  et  les  statues.  Les  diverses  opinions  restent  l'une  en  face 
»  de  l'autre  sans  se  joindre  et  l'on  n'a  pas  essayé  de  fonder 
»  l'une  ou  l'autre  sur  des  bases  solides. 

»  Si  pour  le  tympan  de  gauche,  on  n'avait  formulé  jusqu'à 
»  ces  derniers  temps  des  suppositions  très  dilïérentes  et 
»  très  aventurées,  on  comprendrait  à  peine  que  l'on  y  trouvât 
»  une  énigme.  Tout  est  si  simple,  si  logique,  que  l'on  ne 


—  111  — 

B  conçoit  pas  la  (olio  de  refuser  h  ce  sujet  des  rapports  avec 
»  renseniblo  ou  de  tonner  obstinément  les  yeux  sur  les 
»  dillV'rences  (le  sljie.  Il  es!  hors  de  doute  qu'il  s'aj^il  ici 
»  dune  Ascension. 

r>  Avec-quoi  doit-on  comparer  ce  tympan?  Non  avec  tel  ou 
»  tel  texte,  mais  avec  le  tympan  correspondant  du  côté  droit! 
»  Car,  où  verrait-on  se  déployer  plus  largement  l'art  avec 
»  lequel  tout  l'ensemble  est  composé,  que  dans  ces  deux 
»  tympans?  Les  deux  sont  à  triple  étage. 

»  La  répartition  du  sujet  entre  le  faîte  et  les  deux  bandes 
>  en  bas-relief  placées  au  dessous,  n'était  pas  plus  dillicile 
•  du  côté  droit,  car  on  avait  à  y  représenter  un  groupe  de 
»  scènes  faciles  à  intercaler  dans  plusieurs  compartiments. 
»  A  gauche,  des  images  correspondantes  devaient  trouver 
»  place  dans  les  mêmes  compartiments,  de  sorte  que  la 
»  scène  devait  être  conçue  conformément  à  ces  exigences 
I)  d'espaces.  L'artiste  introduisit  entre  le  Christ  et  la  rangée 
»  des  apôtres  une  bande  chargée  de  quatre  anges,  qui,  sortant 
»  de  nuages,  se  joignent  aux  apôtres. 

»  Ce  motif  des  quatre  anges  est  constant  dans  les  repré- 
»  sentations  de  l'Ascension  de  cette  époque;  on  le  retrouve 
»  nettement  figuré  sur  le  tympan  de  Cahors,  seulement  les 
»  anges  y  sont  placés  de  manière  à  fermer  le  tableau  par  le 
»  haut.  Comment  s'étonner  encore  de  ce  qu'à  Chartres,  ils 
0  se  trouvent  sur  des  bandes  spéciales  et  placées  ailleurs  1 

»  Nous  en  arrivons  à  la  scène  principale.  Ce  qu'il  y  a  de 
»  remarquable,  c'est  que  le  Christ  n'y  apparaît  pas  en  ligure 
n  complète,  comme  dans  toutes  les  autres  représentations 
»  de  1" Ascension,  mais  qu'il  surgit  de  derrière  les  nuages 
»  senddable  ;i  une  ligure  ag<Miouillée.  Comme  on  sait,  les 
»  champs  des  deux  tynqians  latéraux  sont  l'œuvre  du  maître 
»  des  deux  madones.  Quelle  linesse  dans  son  sentiment  de  la 
»  sym(''lrii',  dans  sa  luauicic  de  composer!  Le  motif  central 
n  ai>parail.  sur  1rs  deux  tympans,  eiitnurc'  d'une  paire  d'anges 
n  et  les  deux  ligures  centrales  sont  à  li  iuèui<>  écjielle  ! 
»  A  droite,  il  lallail  jjlacer  um-  ligure  assise  de  Madone; 
»  il  gauciie,  sur  le  même  <'space,  un  Christ  deb(uil.  Si  on 
n  l'avait  li^-m-(''  tnul  entier,  il  aurait  ét(''  à  une  beaucoup  plus 
»  petite  écludle  (pu*  la  .Madone;  alors,  on  ne  le  montre  (pie 
»  jus(pi'aux  genoux  et  à  dend  couvert  de  nuages.  Paul  Durand, 


—  112  — 

»  qui  abordait  avec  moins  de  bonheur  les  énigmes  iconogra- 
»  phiqucs  que  les  restaurations  d'églises,  a  prétendu  que  ce 
»  chi'ist  se  ten.iit  (Iniis  l"(';iii.(|iril  s'arrosait  avec  les  anqjhores 
»  tenues  par  les  anges;  de  celle-ci,  il  n'y  a  pas  trace.  Cette 
»  attitude  des  anges  prosternés  d'une  manière  particulière,  le 
»  jeu  de  leurs  mains,  qui  n'a  remarqué  cela  cent  fois  dans 
»  les  représentations  de  l'Ascension  ? 

»  On  voit  combien  facilement  les  considérations  d'esthéti- 
»  que  éclairent  et  résolvent  les  problèmes  d'iconographie  ! 
»  Ce  qui  peut  encore  nous  étonner,  c'est  la  rangée  des 
»  apôtres  ;  ils  ne  sont  pas  debout,  mais  assis  ;  l'on  a  introduit 
»  ici  un  motif  qui  devait  à  l'origine  figurer  dans  la  représen- 
»  tation  du  Christ  trônant.  Cependant,  on  trouve  beaucoup  de 
»  faits  analogues  dans  la  plastique  française;  mais,  dans  ce 
»  cas  particulier,  il  n'y  a  pas  à  se  demander  laquelle  des  deux 
»  scènes  est  représentée,  puisque  le  portail  central  est  orné 
»  du  Christ  sUr  son  trône.  Et  n'avons-nous  pas  déjà  reconnu 
»  que  justement  à  cette  place,  le  style  même  de  nos  repré- 
»  sentations  est  rompu?  Le  linteau  décoré  d'apôtres  est  delà 
»  main  d'un  élève  qui  n'a  pas  encore  appris  \  tenir  compte 
»  des  dispositions  des  masses  données  !  Une  anomalie  ico- 
»  nographique  n'est  donc  rien  moins  qu'étonnante  à  cet 
»  endroit. 

»  De  plus,  la  représentation  de  l'Ascension  n'est  pas  seule- 
»  ment  un  des  motifs  préférés  de  la  plastique  des  portails 
»  français ,  on  la  retrouve  également  dans  plusieurs  autres 
»  œuvres  de  l'école  chartraine.  Une  image  comme  celle  du 
»  portail  sud  de  Notre-Dame  d'Etampes  suffirait  à  prouver 
»  que  sur  le  portail  de  Chartres,  on  n'a  pas  représenté  autre 
)i  chose  qu'une  Ascension. 

»  Maintenant,  abordons  le  problème  capital  :  quels  person- 
»  nages  représentent  les  rois  et  les  reines,  et  les  figures  sans 
»  couronnes  des  ébrasements? 

»  Augmenter  sans  nécessité  •  la  foule  d'hypothèses  émises 
»  sur  cette  question,  ce  serait  pécher  contre  les  convenances 
»  littéraires  et  donner  une  pierre  au  lieu  de  pain.  La  solution 
»  est-elle  vraiment  possible?  N'est-on  pas  en  présence  d'une 
»  inconnue  irréductible. 

»  A  Chartres,  pas  une  seule  ligure  n'est  déterminée  par 
»  une  inscription,  et  le  caractère  de  l'iconographie  est  encore 


—  113  — 

»  vague,   tâtonnant  même.  Ce  sont  des  types  de  création 

»  récente,  dans  les  têtes  et  les  attributs  desquels  se  retrouvent 

»  encore  en   partie  des  réminiscences  des  Anciens.  A  qui 

demander  iji  la  critique  de  l'iconographie?  M.   lîultoau 

place  ici,  ;i  titre  de  conjecture,  une  copieuse  liste  de  noms. 

"  Mais  cela  a-t-il  le  sens  commun'  de  baptiser  une  statue: 

■  Cliarlemagne,  —  même  par  conjecture,  — simplement  parce 

qu'elle  représente  un  homme  de  haute  taille?  Et  comment, 

par  exemple,  peut-on  voir  un  saint  Pierre  dans  la  ligure 

de  droite,  à  côté  du  portail  de  la  Madone,  quand  on  ne 

peut  s'appuyer  ni  sur  le  type  de  la  tête,  ni  sur  aucun  autre 

»  critère? 

))  Cherchons  maintenant  le  nom  de  famille  du  groupe  tout 
'•  entier. 
.)  CesL  le  vénérable  père  de  l'archéologie  française,  Lebeuf, 
qui  nous  trace  la  véritable  route.  Sans  se  livrer  beaucoup 
»  à  l'étude  des  détails,  il  s'appuie  sur  des  bases  plus  larges , 
et  conclut  des  allinités  de  la  composition  entière  qu'il  s'agit 
ici  de  figures  de  la  Bible,  et  non  de  personnages  du  moyen 
âge. 

»  Lebeuf   avait    d'ailleurs    sous    les    yeux    les    portails 
..  analogues  de  Paris.  Pour  Chartres,  on  peut  objecter  que 
..  le  groupe  manque  dunilé.  Durand  et  Bulteau  ont  remarqué 
avec  rais(jn  que  quelques-unes  des  statues  sont  restées 
sans  nimbe,  et  les  deux  en  concluent  qu'il  faut  y  voir  des 
»  portraits  de  bienfaiteurs  et  non  des  personnages  bibliques. 
Mais  liiii  cl  l'autre  ne  se  sont  pas  aperçus  que  dans  cette 
rangée  de  statues,  outre  les  différences  d'iconographie,  on 
distingue  fort  bien  des  dilférences  de  style,  de  composition  ; 
■•  (^ue  les  ligures  sans  nimbe  conlinent  aux  portes  latérales, 
■  dont  les  maîtres"  ont   un   style   moins   soutenu,    d'autres 
l>rincii)es  d'ordonnance,  et  même  toutes  sortes  de  particu- 
larités iconogra[)hi(pies,  ainsi,  à  gauche,  ces  longs  sceptres 
descendant  jusqu'aux  pieds.    Ils    ne   voient    pas   qu'il  ne 


'  Li!  mot  est  un  peu  dur,  (iiio  M.  raltlié  Hiilteau  ail  tort,  ce  (jiii  n'est  apn^s 
Innt  pas  irn|i(i>sililc,  (ni  i|iril  ait  raison;  rlaiil  (Iniiin'  le  point  tic  ilcpait,  nous  ne 
\o\ons  pas  ce  (|ur  sa  supposition  peut  avoir  di'  conlrairr,  non-snilrninit  au  sens 
rominnn,  mais  même  à  la  simple  vraisemblance.  Ce  n'est  lias  à  l'épotpie  dr  la 
f.liaiison  d.'  Kolaiid  ipic  la  prést'iic-  d  une  statue  de  Charlema^'ue  au  porli(pio 
io\al  lie  Chartres  pouvail  eu  elle-même  surprendre.  —  II.  L. 

T.   \11,  M.  « 


—  114  — 

»  s'agit  pas  seulement,  ici,  de  divergences  iconographiques 
»  considérables,  mais  des  différences  d'habitudes  et  de 
»  traditions  des  divers  ateliers  qui  ont  travaillé  côte  à  côte 
»  à  cette  façade.  Il  est  permis  de  rafîirmcr,  car  des  œuvres 
»  nous  ont  été  conservées  à  Etampes  et  à  Saint-Denis,  oii  ces 
»  ateliers  ont,  ou  travaillé  seuls,  ou  agi  de  concert  ;  et  dans 
»  ces  œuvres,  se  trouvent  précisément  des  statues  sans  nimbe  ! 

»  Laissons  cependant  à  rarrière-plan  les  statues  des  côtés, 
»  et  tournons  nos  regards  vers  le  seul  groupe  central.  N'est- 
»  il  pas  probable  que  ce  Grand  Maître  de  Chartres,  si  logique 
»  dans  l'exécution  de  chaque  partie  de  son  œuvre ,  ait  aussi 
»  poursuivi,  d'une  manière  claire  et  conséquente,  son  thème 
»  iconographique  ? 

»  Comment  peut-il  être  question ,  ici ,  de  rois  de  France  ? 
»  D'abord,  les  figures  ne  sont  pas  toutes  couronnées,  et 
»  quelques-unes  seulement  tiennent  des  sceptres  ;  plusieurs 
»  sont  tête  nue  et,  deux  fois,  on  voit  au  lieu  de  la  couronne 
»  un  bonnet  rond  à  côtes.  Quels  personnages  l'artiste  a  voulu 
»  désigner  par  ces  bonnets,  c'est  ce  que  ré^-èlent,  à  ce  que 
»  je  crois,  les  scènes  bibliques  du  tympan  dë^  droite,  œuvre, 
»  comme  nous  le  savons,  d'un  élève  du  Grand  Maître  ou 
»  d'un  de  ses  compagnons  d'atelier  ;  on  retrouve  ce  chapeau- 
»  melon  '  dans  lïmage  des  ancêtres  du  Christ,  qui  décore  les 
»  bas-reliefs  supérieurs.  Saint  Joseph  le  porte  aussi  dans  la 
»  scène  de  la  Nativité.  Nous  supposons  que  les  grandes 
»  statues  représentent  aussi  les  saints  ancêtres,  la  généalogie 
»  du  Christ. 

»  Et  quelle  scène  serait  plus  à  sa  place,  ici,  que  celle-là? 

»  Des  doux  textes  bibliques  qui  ont  pu  servir  de  thème  à 
»  ces  images  - ,  celui  de  saint  Matthieu  semble  avoir  été 
»  préféré.  Car  le  iyAcr^eije/'a/io/ivs  ne  constitue  pas  seulement 
»  le  chapitre  premier  du  récit  biblique,  il  joue  aussi  un  rôle 
»  dans  la  liturgie  du  moyen  âge,  et,  comme  Corblet  nous 
))  l'apprend,  c'est  aussi  ce  récit,  et  non  celui  de  Luc,  qui  a 
»  servi  de  base  à  la  représentation  do  l'Arbre  de  .Jessé. 

»  L'artiste  ne  pouvait  pas  donner  intégralement  la  liste  des 

'  Diescn  mcloïKMirormigen  Hut. 

-  «  Malh.  I,  I  et  Luc  lil,  '23  ss.  »  Note  de  r.'nitour.  —  Les  passages  de  saint 
IVIatlliieu  qui  vont  être  cités  se  lisent  aux  versets  5  et  (3  du  chajjitre  premier;  la 
généalogie  comprend  les  versets  1  à  16.  —  H.  L. 


—  11."  — 

ancêtres,  il  a  tlii  l'aire  un  choix.  Mais  comme  son  choix, 
«levait  toujours  être  judicieux,  il  fallait  réserver  une  place 
dans  le  portrait  central,  aux  pieds  du  Christ  trùiianl ,  :i 
l)a\  id  et  ii^alonion.  les  illustres  tondaleiu's  de  la  luaisnu 
royale  Juive.  I»c  \>\\\^.  il  est  vraisemblable  (pr^u  a  placé 
dans  le  portail  de  i^auche  leurs  ascendants,  dans  celui  de 
droite  leurs  descendants;  de  cette  manière,  ces  tableaux 
s'eiK-hainent  avec  le  récit  de  renfance  du  Christ.  Nous  en 
tirons  cette  conséquence,  que  les  [ij^nires  du  portail  principal 
doivent  se  suivre  de  gauche  à  droite,  onde  droite  à  gauche 
si  l'on  suit  l'arbre  généalogique  en  remontant. 
»  Eh  bien,  il  est  remarquable  au  plus  haut  point  que  l'on 
trouve  dans  le  portail  principal  une  suite  de  statues 
couverte  figure  par  ligure  par  le  passage  do  saint  >ratthieu 
dont  il  est  question, 

»  Si  nous  désignons  par  le  nom  de  Salomon  la  ligure  de 
roi  placée  tout  à  fait  à  droite,  et  que  nous  allions,  à  la  fois 
de  droite  à  gauche  et  en  remontant  l'arbre  généalogique, 
nous  pouvons  placer  un  nom  sur  chaque  figure.  La  femme 
k  gauche  de  Salomon  estBethsabé,  puis  vient  David:  Ifnviii 
ttiilrm  rcx  illr  tjciiiiit  Salomont'ui  ex  en  qine  iixor  Urhe.  A 
gauche  de  David,  devrait  venir  .Jessé  :  nous  voyons  en  off'et 
tout  à  coté  de  l'ouverture  de  la  porte,  un  personnage  barbu 
.sans  couronne  :  c'est  le  suivant.  La  figure  à  gauche  de  .Jcssé 
(nous  passons  au  côté  gauche  du  portail),  doit  représenter 
obrd  :  Ohi'diis  tintein  t/miiil  ,/rss,ii.  Puis  viennent  de 
nouveau  un  hoiiiiiie  et  une  femme;  cela  correspond  de 
même  au  texte:  Uoo/.us  iitilrm  ;/i'iiiii/  Oheduiii  ex  Uiithu; 
ainsi,  B<joz  et  Ruth.  La  figure  suivante  n'a  pas  été  con.servée  ; 
ensuite  vient  une  femme  ;  à  mon  avis,  il  est  hors  de  doute 
qu'entre  les  deux  femmes,  il  y  avait  un  homme.  Voici  donc 
«1(!  nouveau  un  couple  ;  on  lit  <lans  le  texte  :  Snhno  i/rniiil 
iloo/inn  rx  llnrhiihn;  ainsi,  Salmon  et  Rachab.  Notre 
opinion  est  donc  bien  établie  :  ilummes  et  femmes,  rois  et 
ancêtres,  se  suivent  dans  le  môme  ordre  dans  l'image  et 
dans  le  t«'Xte.  Si  le  texte  de  saint  Matthieu  a  été  .seul  nus 
en  avant,  c'est  bien  à  cet  endroit  ;  car  en  dehors  des  trois 
femmes  «h'-jà  nommées,  le  pa.ssage  tout  entier  n'eu  cite 
qu'une  auti-e,  riiamar,  l.nidis  (pie  dans  saint  Luc  aucune 
femme  n'est  désignée. 


—  110  — 

»  On  pourrait  souhaiter  de  trouver  à  l'appui  une  inscrip- 
»  tion. 

»  On  en  chercherait  vainement  une  à  Chartres ,  mais  il  y 
»  en  a  une  au  portail  méridional  de  la  cathédrale  du  Mans, 
»  dont  le  maître  est  directement  sorti  de  l'atelier  du  Grand 
»  Maître  de  Chartres.  » 

Cette  inscription,  encore  lisible  en  1850  et  aujourd'hui 
presque  effacée,  contient  le  mot  SALOM.  et  se  rapporte  à  la 
statue  «  d'un  jeune  roi  imberbe  ».  M.  Voge,  parlant  de  ce 
Salomon,  a  trouvé  la  même  succession  de  figures  qu'à  Chartres 
ce  qui  confirme  son  hypothèse  ;  le  portail  d'Angers ,  qui  est 
d'ailleurs  plus  récent,  lui  apporte  des  preuves  plus  convain- 
cantes encore  :  «  David  y  est  représenté  comme  psalmiste , 
»  il  tient  une  harpe.  » 

Mais  poursuivons  la  citation  : 

«  Aux  ébrasements  voisins  du  portail  principal  de  Chartres, 
»  dont  les  statues  sont  encore  du  Grand  Maître,  deux  figures 
»  seulement  ont  été  conservées  ;  toutes  deux  sont  des  figures 
»  d'hommes  ;  l'une  porte  le  bonnet  à  côtes  déjà  décrit,  l'autre 
»  était  sans  couronne,  à  en  juger  par  le  dessin  de  Gaignières  ; 
»  en  face,  à  droite,  on  a  placé,  outre  une  figure  barbue,  deux 
»  statues  couronnées.  Sauf  erreur,  il  n'y  a  plus  d'images  de 
»  femmes,  quoiqu'on  fait  saint  Matthieu  en  nomme  encore 
»  une,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  :  très  probablement,  le 
»  Grand  Maître  a  poursuivi  sur  les  portails  latéraux  l'exé- 
»  cution  de  son  plan,  concordant  avec  le  texte  qu'il  avait 
»  pris  comme  base  :  à  gauche,  il  avait  à  placer  les  ancêtres 
»  mentionnés  dans  le  P'' verset  de  saint  Matthieu,  à  droite,  la 
»  suite  des  rois  de  Juda  et  tel  et  tel  des  prédécesseurs  du 
»  père  nourricier. 

»  Faut-il  s'attendre  à  voir  le  programme  tlu  Grand  Maître 
»  repris  et  poursuivi  selon  sa  pensée  par  les  Maîtres  des 
»  portails  latéraux?  Ne  savons -nous  pas  que  certainement 
»  ils  ont  travaillé  pour  leur  propre  compte  à  ses  côtés? 
»  N'ont-ils  pas  protesté  contre  ses  principes  de  composition, 
»  revêtant  leurs  colonnes  de  motifs  choisis  selon  leur  goût, 
»  donnant  à  leurs  socles  d'autres  formes,  à  leurs  personnages 
»  d'autres  attitudes  ?  Et  la  représentation  de  l'Ascension  sur 
»  le  tympan  de  gauche  ne  prouve-t-elle  pas  avec  évidence 
»  qu'il  y  a,  comme  nous  l'avons  dit,  dans  les  œuvres  des 


—  117  — 

»  niaitrcs  des  ateliers  latt'raiix,  un  style  moins  soutenu,  unu 
»  icono^a'aphie  réglée  plus  par  la  fantaisie  que  par  la  réflexion, 
»  i)lus  d'imlividualité  que  do  vues  d'ensemble?  N'ont-ils  pas 
»  l'ait  un  linteau,  conçu  trop  y:rand  par  sa  masse  et  placé  hors 
).  de  rôle  par  son  icono^i^raphie  ? 

»  L'artiste  de  ji'auche  a  placé  dans  la  parlic  des  ébrasements 
»  qu'il  avait  à  décorer  deux  rois  et  une  femme  couronnée. 
«>  l'rétendait-il  par  ce  moyen  exécuter  le  plan  du  (Irand 
»  Maitre?  Alors  il  faudrait  s'en  rapporter  aux  ancêtres  de 
»  la  g:énéalofrie,  et  vnir  dans  cette  femme  la  seule  dont  saint 
»  Matthieu  parle  encore:  Thamar.  Ou  bien,a-t-il  simplement 
»  compris  plus  largement  le  programme  qui  lui  était  tracé, 
»  eta-t-il  fabriqué  un  certain  nombre  d'ancêtres,  sanschercher 
»  une  allusion  jirécise  aux  textes?  Dans  tous  les  cas,  le 
»  maitre  de  droite  a  aussi  sculpté  un  couple  royal,  bien  que 
»  les  textes  ne  nomment  plus  aucune  femme.  En  revanche,  la 
»  troisième  ligure  me  semble  absolument  à  sa  place  :  l'ex- 
>'  pression  un  iteu  morose.  Ir  iy[)e  de  la  tête,  garnie  d'une 
»  barbe  de  longueur  moyenne,  les  pieds  nus,  tout  cela  fait 
»  penser  au  père  nourricier  saint  Joseph,  le  dernier  anneau 
»  de  la  chaîne,  ([uc  nous  nous  attendions  a  priori  à  trouver 
»  à  ce  portail. 

>>  Une  question  se  pose  :  le  Grand  Maître  de  Chartres  ne 
»  serait-il  pas  plus  jeune  que  les  autres,  et  les  incohérences 
»  de  l'œuvre  ne  s'expliqueraient-elles  pas  par  le  fait  que  les 
»  divers  ateliers  et  maîtres  se  sont  succédé  ?  Alors  les  ano- 
»  malies  (hi  lintcni  de  gauche  n'étonneraient  plus,  ntnis 
»  admettrions  que  ce  morceau,  abandonné  par  les  anciens 
»  maîtres ,  n'était  pas  destiné  primitivement  à  la  place  qu'il 
»  occupe,  mais  peut-être  au  portail  principal.  Le  défaut  de 
»  coh('.si(»n  de  la  rangée  de  statues  s'(^xi)li(|U('rait  sans  peine. 
»  L'atelier  plus  récent  du  Grand  Maître  aurait  relégué  aux 
'>  iHtrtails  latéraux  les  morceaux  déjà  achevés  des  maîtres 
»  précédents,  et  aurait  entrepris  pour  son  propi-e  compte 
»  toute  la  i)artie  centrale.  Nous  avons  déjà  dit  que  les 
»  sculptni'es  du  Grand  Maître  pénètrent  comme  un  coin  entre 
»  les  œuvres  des  maîtres  d'à  cMi':. 

•>  Si  séduisante  (pie  j)araisse  cette  hypothèse,  elle  a  contre 
»  elle  ce  fait  que  les  statues  des  c61(''s  ont  (''t(''dress(>es  d'après 
»  d'auti-es  i)i-incipcs  que  ceux  du  Grand  Maître,  et  (pie  par 


—  118  — 

»  conséquent,  elles  auraient  été  déplacées  par  les  maîtres 
>)  mêmes  qui  les  avaient  faites.  D'ailleurs,  si  à  l'époque  où 
»  les  parties  basses  du  portail  ont  été  construites,  le  Grand 
»  Maître  avait  été  pour  ainsi  dire  seul  à  l'œuvre,  les  parties 
»  accessoires,  par  exemple  les  colonnes-socles,  seraient 
»  moins  dissemblables.  Il  est  donc  hors  de  doute  que  les 
»  divers  ateliers  ont  travaillé  ensemble,  et  que  les  anomalies 
»  proviennent  du  conflit  de  leurs  individualités.  » 

M.  Yoge,  après  avoir  donné  une  solution  si  intéressante  et 
si  plausible  de  ce  diflîcile  problème,  identifié  les  personnages 
du  portail  de  Chartres,  se  garde  bien  d'étendre  sa  proposition 
à  tous  les  portails  qui  de  près  ou  de  loin  dérivent  du  nôtre. 
Il  fait  observer  avec  raison  que  «  dans  le  sein  même  de 
»  l'école,  les  types  ont  avant  tout  une  signification  comme 
»  motifs  d'art,  »  et  que,  par  conséquent,  on  peut  donner  à 
chacun  d'eux  plusieurs  noms.  Les  personnages  varient  donc 
d'un  portail  à  l'autre ,  mais  partout  on  retrouve ,  en  plus  ou 
moins  grand  nombre,  les  ancêtres  du  Christ. 

»  Si  l'on  se  demande  pour  quel  motif,  àClîartres  etàSaint- 
»  Denis ,  le  cortège  des  rois  et  des  ancêtres  a  pris  la  place 
»  occupée,  dans  le  Languedoc  et  la  Provence,  par  les  apôtres, 
»  il  faut  se  souvenir  du  rôle  important  que  joue  le  liliev 
»  yenerationis  dans  la  liturgie  française  du  temps.  Comme 
»  nous  l'apprennent,  entre  autres,  des  manuscrits  chartrains 
»  de  la  haute  époque  du  moyen  âge,  ce  texte  était  solen- 
»  nellement  lu  ou  chanté  dans  la  nuit  de  Noël.  On  le  trouve 
»  fréquemment  annoté  ou  accompagné  d'instructions  pra- 
»  tiques  dans  les  évangéliaires  ou  les  dernières  pages  des 
»  missels.  On  lisait  aussi  le  liber  gencrntionis  le  jour  de  la 
»  Nativité  de  la  Vierge  et  à  la  fête  de  sainte  Anne  ;  aucun 
»  passage  des  Evangiles  n'était  à  ce  point  mis  en  lumière, 
»  car  il  tombait  en  même  temps  au  début  du  récit  biblique.  » 

Plus  loin,  notre  auteur  ajoute  ^  : 

«  Il  est  probable  qu'au  point  de  vue  de  l'iconographie  le 
»  portail  de  Chartres  est  le  premier  de  son  espèce,  le  premier 
«  portail  royal.  »  Nulle  part,  la  relation  avec  le  texte  bildique 
»  n'est  aussi  distincte  que  dans  l'œuvre  du  Grand  Maître  de 
»  Chartres.  Cependant,  il  est  possible  que  ce  thème  ait  déjà 

'  V.  183. 


—  110  — 

»  été  familier  à  la  décoration  intérieure,  aux  frcsciues,  avant 
»  d'avoir  été  développé  sur  les  portails.  »  M.  \  o^o  cite 
notamment  les  fresques  de  l\\u:lise  Saint-Martin  de  Laval. 

Il  rechercha  ensuite  ({uelle  a  été  «  la  part  des  artistes  dans 
»  les  compositions  iconojjrraplii(jnes.  Certainement,  dit-il, 
»  que  dans  la  rè^le  ils  ne  travaillaient  pas  à  leur  «ifuisc;  :  les 
»  nouveaux  ^-enres  et  f^roupemenls  détoilés,  les  cycles 
»  d'imay:es  n'ont  en  ^^énéral  pas  été  inventés  par  l'artiste; 
»  ici  recclésiastiquc  a  dirigé  la  main  du  laïque  possédant  des 
<)  connaissances  techni(iues.  D'autre  part,  rien  ne  serait  plus 
»  faux  que  la  prétention  de  rapprocher  chaque  composition 
»  j»rise  il  part,  d'une  source  littéraire,  de  l'isoler  et  de  la 
-.  rattacher  directement  à  tel  ou  tel  écrit.  Lorsqu'une  école 
»  d'art  produit  son  plein,  par  conséquent  ii  l'époque  de  sa 
»  floraison,  cette  école  est  une  puissance  indépendante  ;  elle 
»  est  comme  un  arbre  qui  se  ramiiie,  porte  une  profusion  de 
»  fruits;  les  rejetons  isolés  ne  surgissent  plus  directement  du 
..  sol  (le  la  cnliure  littéraire.  Les  petites  œuvres  se  font  à 
"  limage  des  grandes,  les  composées  sortent  des  simples,  et 

•  iiiNcrsément.  On  voit  où  l'on  veut  en  venir  :  à  reconnaître 
"  les  rapports  réciproques  des  monuments  de  l'art,  c'est-à- 

•  dire,  puistiue  nous  ne  possédons  plus  les  plans  ni  les  études, 
■'  à  conq)arer  entre  elles  les  o'uvres  achevées,  dans  la  mesure 
-  où  elles  sont  comparables.  Dans  ce  cas,  la  situation  de 
■'  l'artiste  est  bien  autrement  indépendante,  il  est  le  porteur 
»  de  la  tradition  de  son  art  ;  il  ne  crée  pas  souvent  à  la  fois 
->  le  dessin  et  le  contenu  des  compositions,  mais  il  les  inter- 
"  prête  et  les  élargit  à  son  idée.  L'auteur  du  programme 
■'  règle  peut-être  les  contours  de  l'o^n  rc  et  met  tel  on  tel 

■  dc'tail  dans  le  ton.  » 

Il  r(''sulle  de  là  que  des  o'Uvres  comme  le  {lorlail  sud  de  la 
catlK'drale  du  Mans  ne  sauraient  être  la  traduction  en  images 
des  «  Sermons  de  l'c-vèque  llilil('l)ert.  »  Hien  ([ue  ce  portail 
-oit  du  ;i  un  artiste  chai-ti'aiii.  nous  ne  siii\  roiis  pas  M.  Vogo 
dans  la  description  ({uil  en  fail  ;  Ixuiioiis-iions  ;i  l'tdover  la 
iVappanle  analogie  de  ce  poitail  a\t'c  celui  de  ("liai-tres.  Ou 
|touirail  faire,  au  sujet  du  poiiail  iiKjins  imp(»rtaii(  do  l'c-glisc 
Saint-Lf»u[i  de  IS'aud ,  la  niomc  observation.  C'est  la  une  de 
ces  (l'uvres  secondaires  qui  attestent,  avec  beaucoui»  d'aidres 
du  reste,  la  puissance  de  l'école  de  Chartres. 


—  120  — 

Dans  un  chapitre  intitulé  Œuvres  de  l'atelier  du  Grand 
Maître  de  Chartres  au  Mans,  à  Saint-Denis ,  à  Paris,  à  Pro- 
vins et  à  Saint-Loup-de-Naud ,  M.  Voge  prétend  nous  donner 
une  idée  soit  de  l'activité  exubérante  du  Grand  Maître  do 
Chartres  et  de  ses  compagnons,  soit  de  l'étendue  de  son 
influence:  les  deux  points  extrêmes,  Le  Mans  et  Provins, 
sont  à  environ  30  lieues  de  Chartres  à  vol  d'oiseau.  A  vrai 
dire,  les  relations  qui  existent  entre  les  portails  d'églises 
de  ces  difiorentes  localités  n'avaient  pas  toujours  été 
relevées  avec  une  précision  suffisante.  Dans  bien  des  cas, 
les  idées  de  M.  Voge  diffèrent  de  celles  de  nos  archéologues, 
qui,  d'ailleurs,  ne  concordent  pas  toujours  entre  elles. 

Notre  auteur  compare  à  «  de  nombreux  satellites  groupés 
«  autour  de  l'œuvre  du  Grand  Maître  »  les  monuments 
énumérés  dans  le  titre  du  chapitre.  Ce  ne  sont  pas  les  seuls, 
du  reste  ;  un  chapitre  subséquent  nous  entretiendra  de  la 
Madeleine  de  Châteaudun,  et  une  note,  placée  au  bas  de  la 
page  191,  fait  allusion  au  portail  de  l'ancienne  église  Saint- 
André  ,  à  Chartres ,  œuvre  contemporaine  de  la  façade  de  la 
cathédrale  et  qui  présente  avec  elle  de  nombreux  rapports. 

Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  mentionner  le  portail 
méridional  de  la  cathédrale  du  Mans.  Un  peu  plus  récent  que 
celui  de  Chartres,  il  est,  comme  on  sait,  l'œuATe  d'un  élève 
du  Grand  Maître ,  et  diffère  complètement  du  portail  occi- 
dental, plus  ancien,  de  l'édifice. 

Si  l'on  compare  une  à  une  les  statues  du  Mans  avec  celles 
de  Chartres,  on  trouve  bien  aux  unes  et  aux  autres  le  même 
type,  un  peu  moins  allongé  au  Mans,  à  cause  des  proportions 
du  portail,  mais  on  ne  saurait  attribuer  aucune  supériorité 
aux  figures  du  Mans  ;  la  manière  est  un  peu  différente ,  les 
draperies  plus  simples  ;  un  examen  attentif  semble  révéler  la 
collaboration  de  deux  artistes.  En  revanche,  il  y  a  dans 
l'ordonnance  des  figures  un  notable  progrès  :  les  statues  sont 
placées  dans  des  sortes  de  niches;  cette  disposition  n'existe 
pas  à  Chartres,  où  le  nouveau  type  de  portail ,  essayé  pour 
la  première  fois,  conserve  encore  dans  son  ordonnance 
quelque  chose  d'inachevé,  de  provisoire. 

Quant  aux  trois  statues  de  rois  du  cloître  de  Saint-Denis, 
dont  Montfaucon  nous  a  laissé  le  dessin  et  la  description , 
«  elles  nous  prouvent  que  le  Grand  Maître  de  Chartres,  ou 


—  121  — 
.)  tout  au  moins  un  de  ses  élèves  directs,  a  travailh'  ;i  Sainl- 
»  Denis'.  »  On  voit  ;i  Chartres  des  fii^aires  identiques.  A  la 
vérité,  Suj^'er  ne  parle  pas  de  travaux  entrepris  dans  le 
cloître  de  l'aêbaye,  mais,  ainsi  que  le  fait  observer  M.  Voge, 
ces  travatix  ont  fort  bien  i)U  se  placer  entre  la  clôture,  en 
1147,  (In  lil»'r  f/f  l'rhiis  in  nihiiiiiislrnfioiif  siin  r/t'sfis,  et  la 
mort  de  Suger  en  1 152. 

«  Il  est  très  regrettable  que  les  deux  œuvres  parisiennes 
»  de  l'école  de  Chartres  nous  soient  parvi'uues  dans  un  aussi 
»  pitoyable  étal  de  conservation.  Nous  en  sommes  encore 
»  plus  fâché  pour  le  portail  occidental  de  Saint-Germain-de.s- 
»  Prés  que  pour  la  porte  Sainte-Anne.  Car  non  seulement, 
»  on  a  détruit  la  décoration  des  ébrasements.  mais  encore, 
»  après  le  moyen  âge,  les  parties  hautes  de  la  composition 
»  ont  été  bouleversées  autant  qu'il  était  possible-.  »  Et  les 
gravures  parfois  inexactes  de  Montfaucon  ne  sauraient 
combler  cette  lacune  :  elles  se  bornent  d'ailleurs,  dans  l'espèce, 
«'  à  reproduire  la  gravure  de  Dom  Ruinart  »  (lOliO).  En 
revanche,  la  gravure  de  Dom  Bouillart,  dans  son  Histoire  de 
ïnlilittvi'  royale  do  Sftijjt-Gerinaiii-des-Prés  (Paris  1724)  est 
tombée  dans  un  injuste  ouldi.  Elle  sutht  à  convaincre  M.  Voge 
'(  que  le  Maitre  du  portail  de  Saint-Germain-des-Prés  tient 
»  plus  (lu  Grand  ]Mailre  de  Chartres  que  du  Maitre  des  deux 
»  madones^.  » 

Les  chapiteaux  de  la  façade  présentaient  avec  ceux  du 
chonu-  uiu-  étroite  ressemblance.  Comme  l'église  a  été 
consacrée  en  1103,  «  on  peut  considérer  cette  date  comme 
»  celle  de  rachèvement  du  itortail  ;  c'est  au  même  moment 
«>  ([ue  Maurice  de  Sully  oiitrèin'il  la  construction  delacalhé- 
»  drale  *. 

»  On  retrouve  le  style  (hi  portail  central  de  ('hartres  au 
»  delii  de  Paris,  jusque  dans  le  département  de  Seine-et- 
»  Marne.  La  façade  h  triple  iiortail  de  Saint-Ayoul.  ;i  l'rovins, 
>>  n'est  pas  autre  chose  qu'uni'  d'nxre  de  l'i-cole  de  notre 
'•  Grand  Maitre.  Mais  c'est  une  prodm  lion  de  second  ordre. 

'  P.  I!»S. 

-   I'.   -jOd. 

•''  r.  -jifj. 

M'.  Ml  ss. 


—  122  — 

»  Pas  de  trace,  ici,  du  travail  gracieux  du  monument  cliar- 
))  train.  »  L'ordonnance  est  la  même,  mais  quelle  rudesse 
dans  les  statues  et  les  ornements  !  Si  l'on  est  bien  en  présence 
de  la  pensée  du  Grand  Maître,  on  ne  retrouve  pas  son  talent. 

«  Non  loin  de  Provins ,  également  dans  le  département  de 
»  Seine-et-Marne ,  se  trouve  la  petite  localité  de  Saint-Loup- 
»  de-Naud.  On  est  surpris  d'y  trouver  une  œuvre  de  plastique 
»  aussi  ravissante  que  celle  de  la  façade  occidentale  de 
»  l'église,  dont  nous  avons  déjà  mentionné  le  portail  orné 
»  de  statues.  »  C'est  l'œuvre  d'un  artiste  du  pays,  qui  n'a 
pas  joué  un  bien  grand  rôle ,  mais  «  que  son  talent  n'éloigne 
»  guère  des  Grands  Maîtres  de  l'école  :  le  «  Maître  des  deux 
»  madones,  »  le  «  Maître  de  Corbeil,  »  voire  même  le 
»  Grand  Maître  de  Chartres ....  Ses  têtes  sont  pleines  d'une 
»  saine  vigueur,  mais  sans  âme.  »  Elles  rappellent  un  peu 
celles  du  maître  de  Corbeil. 

«  Cette  œuvre  n'est  donc  pas,  comme  on  l'a  dit,  antérieure 
»  au  portail  occidental  de  Chartres  et  n'est  pas  la  première 
»  de  son  espèce.  »  Mais  elle  est  pleine  d'originalité  ;  «  au 
»  point  de  vue  architectonique ,  elle  sort  ^  de  la  sphère 
»  ordinaire  du  développement.  »  Le  maître  qui  l'a  construite 
«  s'est  jeté  avec  ardeur  dans  la  voie  du  progrès,  »  il  a  l'un 
des  premiers  employé  l'ogive.  Mais,  en  somme,  il  dérive  di- 
rectement de  l'école  de  Chartres,  sans  avoir  passé  par  Provins. 

«  L'influence  directe  du  grand  atelier  de  Chartres  s'étend 
»  du  Mans  à  Provins,  elle  est  visible  à  Saint-Denis,  ainsi  que 
»  dans  la  métropole  parisienne.  Les  maîtres  secondaires  de 
»  Chartres  eux-mêmes  ont  laissé  dans  d'autres  endroits  des 
»  traces  de  leur  activité  ou  de  leur  influence.  Il  faut  rapporter 
»  au  merveilleux  artiste  qui  a  ciselé  les  trois  statues  supé- 
»  rieures  du  i)ortail  do  gauche  de  Chartres  et  quelques 
»  détails  isolés  dans  l'ensemble,  les  sculptures  du  portail 
»  méridional  de  Notre-Dame  d'Etampes  et  quelques  autres 
»  statues  qui  ont  trouvé  place  dans  l'intérieur  de  cette  église, 
>)  dans  une  des  chapelles  chorales. 

»  Il  est  étonnant  qu'on  n'ait  presque  jamais  ra]»proché  le 
»  portail  d'Etampes  de  celui  de  Chartres  ',  car  aucune  œuvre 


*  Il  faut  cependant  citer  de  Beuzelin,  Notes  sur  la  statistique  monumentale 
de  Seine-et-Oise.  —  (Note  de  l'auteur.) 


—  123  — 

»  lie  mérite,  mieux  que  celle-ci,  <ré(ic  appelée:  œuvre  de 
»>  l'école  chartraine.On  y  trouve,  en  eflet  —  ce  qu'on  ne  voit 
»  nulle  part  ailleurs,   —  la  parenté  la  jilus  complète  dans 
»  toute  l'ordoiyiance.  Un  pilastre  en  saillie,  du  même  plan 
»  que  celui  de  Chartres,  enserre  le  portail  de  chatpie  côté, 
»  les  chapiteaux  s'alif^nent ,  comme  ;i  Chartres,  en  une  frise 
..  continue  à  sujets  bibliijues,  qui  se  prolonge  éj^^alement  par 
.  dessus  le  pilastre  ;  les  scènes  se  retrouvent  sous  les  ranj^'ées 
»  d'arcades  garnies  d'architectures  minuscules  ;  les  tailloirs, 
au-dessus,  sont  ornés  des  mêmes  feuilles  d'acanthe  ;  au- 
dessus  des  statues,  on  retrouve  les  baldaquin^  taillés  dans 
(les  blocs  antiques;  au-dessous  d'elles,  les  socles  canelés. 
»  A  la  hauteur  du  tympan,  sur  l'angle  du  portique  en  saillie, 
»  sur  le  retrait   de   la    muraille,    ou   a    placé   une   statue, 
»  également  sous  baldaquin  ;  elle  rappelle  l'ange  du  clocher 
vieux  de  Chartres. 

■)  Comme   il    est  curieux   de   voir    le    maître   d'Etampes 
»  choisir  précisément  une  Ascension,  et  l'entourer  des  vieil- 
lards de  l'apocalypse  !  Son  maître  n'avait-il  pas  précisément 
»  travaillé  au  portail  à  l'Ascension  de  Chartres  !  Comme  on 
»  voit  clairement  que  les  artistes  avaient  leur  part  dans  les 
»  compositions  iconographi(iues  ;  ils  avaient  des   images  ii 
1)  profusion,  ils  en  composaient  des  groupes.   De  plus,  on 
»  découvre  sur   un  des   côtes   du    portail  trois   statues  (jui 
»  correspondent    figure    par   figure    aux   trois   de   l'artiste 
»  chartrain  ;  nous  avons  ici,  dans  les  figures  d'hommes,  le 
»  même  costume  caractéristique ,  la  même  forme  échancrée 
»  du  socle,  le  même  sceptre  descendant  jusqu'aux  pie<ls,  les 
n  pieds  tournés  sensiblement  en  ilehors.  De  même,  la  femme 
n  (pli  est  k  droite  est  la  même  à  Étampes  qu'à  Chartres  ; 
»  cependant,  le  maître  transporte  sur  la  ligure  de  femme  le 
système  de  draperies  de  ses  figures  d'hommes:  il  la  tatoue; 
»  de  i)lis  circulaires  sur  la  poitrine;,  le  ventre  et  les  cuisses. 
('(Mument  s'étonner   que   cette   manière   se    montre   plus 
exclusivement  là  (pi'ii  Chartres?  l'artiste  était,  ;i  Ktampes, 
<•  c()m|»lètemeut  livre''  <à  lui-même,   tandis  f|ue   le  maître  d(; 
)■   rh;irti-es  avait    direclemeut  sous    les   yeux  les  (euM'es  du 
»  <;rand  Maître,  cesl  d'aprJ's  s(>s  iiuages  qu'il  a  sculpte  sa 
»  figure  de  femme. 
»  Kn  fait,  le  monument  d'Klampes  est  d'une  unité  de  style 


—  124  — 
»  achevée  :  les  figures  des  chapiteaux ,  des  tympans ,  des 
»  archivoltes  sont  de  la  même  main.  Aux  trois  statues  de 
»  droite,  correspondent,  à  gauche,  trois  autres  du  même 
»  caractère,  et  l'on  peut  en  conclure  avec  certitude  que 
»  l'artiste  chartrain  avait  projeté,  sinon  déjà  mis  en  œuvre, 
»  des  figures  de  même  nature  pour  le  second  côté  de  son 
»  portail,  lorsque  le  Grand-Maître  de  Chartres  lui  coupa  la 
»  route. 

»  Il  semble  qu'à  Étampes  on  ait  à  l'origine  conçu  une 
»  décoration  plastique  d'une  plus  large  envergure,  car  on 
.)  remarque  deux  nouvelles  statues  de  la  même  espèce 
»  dressées  dans  l'intérieur  de  l'église,  à  gauche  et  à  droite  de 
»  l'autel  du  chœur. 

»  On  les  a  baptisées  saint  Pierre  et  saint  Paul  ;  mais  l'une 
»  des  figures  est  très  certainement  un  Christ.  Au  point  de 
»  vue  iconographique,  ce  ne  sont  donc  pas  des  pendants,  et 
»  dans  tous  les  cas,  elles  n'étaient  pas  destinées,  à  l'origine, 
»  comme  on  l'a  prétendu,  à  ce  rôle  descendants  dans  un 
»  recoin  de  l'intérieur.  De  Guillermy  a  supposé  que  c'étaient 
»  des  restes  d'un  portail  détruit  :  il  me  paraît  plus  vraisem- 
»  blable  que  ces  statues  ne  sont  jamais  parvenues  à  desti- 
»  nation.  S'il  n'est  guère  possible  d'admettre  qu'on  ait 
»  voulu  percer  ici,  à  l'origine,  un  triple  portail  occidental, 
»  comme  celui  de  Chartres ,  on  peut  cependant  avoir  eu  en 
»  vue  un  deuxième  portail,  du  côté  du  nord. 

»  Les  sculptures  d'Etampes  sont  des  ouvrages  de  second 
»  ordre,  comme  celles  de  Provins.  A  côté  de  ces  figures  de 
»  femmes,  de  quel  éclat  resplendit  la  beauté  classique  de 
»  telle  image  féminime  de  Chartres,  quelle  merveilleuse 
»  finesse  d'exécution,  avec  quelle  intelligence  achevée  le 
»  détail  du  costume  est  traité  !  On  sent  bien  que  ce  courant 
»  latéral  a  sa  source  à  Chartres. 

»  Il  vaut  la  peine  d'observer  que  cette  disposition  en 
»  escalier  des  statues,  propre  au  Grand  Maître  de  Chartres, 
»  est  aussi  absente  à  Étampes  que  dans  les  figures  chartraines 
»  du  même  auteur  ;  on  renuirque  ici ,  à  gauche ,  la  même 
»  singulière  manière  de  dresser  les  images  que  là  :  la  figure 
))  centrale  est  placée  le  plus  en  haut,  mais  celle  placée  à 
»  sa  droite ,  tout  à  côté  de  l'ouverture ,  est  beaucoup  plus 
»  grande  et  domine  sa  voisine .  C'est  une  nouvelle  preuve 


—  125  — 

»  que  Tnême  sur  ces  matières,  chaque  atelier  avait  ses  habi- 
»  tudes,  et  que  la  manière  spéciale  dont  les  images  de  Chartres 
»  sont  (h'cssées  est  bien  celle  du  maître  même  qui  les  avait 
))  faites  :  le  Gr^nd  Maître  et  les  maitres  secondaires  étaient 
»  il  l'oiuvre  en  même  temps. 

»  D'Etampes,  une  lumière  inattendue  tombe  sur  le  deuxième 
»  grand  cycle  de  statuaire  ([iii  ;i[iparaît  à  cette  époque  dans 
»  le  département  d'Eure-et-Loir,  je  veux  parler  des  figures 
»  de  rois  do  la  façade  nord  de  l'ancienne  église  abbatiale  de 

la  Madeleine,  à  Châteaudun.  Les  merveilleux  originaux  ne 
»  nous  sont  pas  parvenus'  ;  mais  les  archéologues  du  siècle 
»  dernier  les  avaient  encore  sous  les  yeux.  Montfaucon  a 
n  pris  la  peine  d'en  faire  faire  une  vue  pour  ses  Moininwnts 
»  ih'  In  Monarchie  française.  En  1733,  Lancelot,  accompagné 
»  d'un  dessinateur,  entreprit  un  voyage  à  Châteaudun, 
»  spécialement  dans  le  but  d'étudier  ces  sculptures.  Grâce  à 
»  lui.  nous  possédons  dans  le  neuvième  volume  de  Y  Histoire 
«  do  l'Académie  royale  des  inscriptions  et  belles-lettres,  une 
»  description  circonstanciée  des  ligures  qui  sont  sur  la  façade 
»  de  f  église  de  fA  Lhave  Royale  de  la  Magdeleine  de  Chasteaudun, 
T>  ainsi  que  les  deux  gravures  de  Simonneau,  qui,  en  dt'pit 
»  d'une  exécution  assez  peu  soigneuse,  peuvent  cependant 
»  nous  donner  des  indications,  soit  sur  l'ordonnance,  soit  sur 
»  le  style  et  le  caractère  des  figures.  On  se  demandera 
n  jxjurquoi  je  raconte  si  longuement  tout  cela  :  c'est  pour  que 
»  nous  nous  souvenions  de  ces  vaillants  devanciers  et  que 
n  nous  suivions  leur  exemple. 

>'  Il  ne  s'agissait  pas  ici,  comme  d'iialjitudi'  dans  réc<ilc 
»  chartraine,  de  décorer  de  sculptures  un  portail  :  l'ornemen- 
»  tation  plasti(pie  s'étendait  beaucoup  plus  sur  la  façade  tout 
»  entière.  On  avaiC  mis  deux  figures  à  droite  et  à  gauche,  à 
y  côté  des  archivoltes  du  portail  |>iiii(ipal.  ([uatre  à  la  hauteur 
'-  de  la  rangée  supérieure  des  rciiètres,  à  côté  d'une  rosace  ^  ; 
)'  cinfj  autres  se  distribuaient  sur  autant  de  consoles  ;  elles 
"  étaient    h    peu    i)rès    au    même    niveau    (pie    les   quatre 


*  Assritioii  très  cxaiîf'iV'C  ;  les  statues  île  la  Madclfiiic  sont  vu  fort  maiivais 
l'Uit,  mais  l'Ik-s  sont  hifii  loin  d'aviiir  totalcnu'nt  tlis|iani.  —  il.  !.. 

-  C.f's  six  fi^nrfS  ont  laissé  des  traces  parrailenienl  dislincles  ;  la  dét  or.ition 
des  arcinvolles  est,  de  niênn',  très  visdde  par  plare.  —  11.  L. 


—  120  — 

»  précédentes.  Encore  plus  haut,  disposée  sans  symétrie  d'un 
»  seul  côté,  une  scène  historique  en  grandes  figures.  En 
»  revanche,  des  trois  portails,  celui  du  milieu  seul  avait  été 
»  décoré  de  figures.  Dans  la  struclui'o  architectonique,  dans 
))  la  distribution  de  la  décoration,  il  n'y  a,  comme  on  le  voit, 
»  aucun  point  de  contact  avec  Chartres. 

»  Par  suite,  j'avais  eu  impression  qu'une  toute  autre  école 
»  avait  travaillé  là,  car  les  figures  ont  aussi,  en  quelque 
»  mesure,  des  particularités  iconographiques  inconnues, 
»  partout  ailleurs,  à  l'école  de  Chartres;  plusieurs  person- 
»  nages  ont  une  épée  ;  ils  la  tiennent  nue  dans  la  main  droite, 
»  ou  au  fourreau,  sur  le  flanc  ;  l'un  a  une  hache  de  combat, 
»  quelques-uns  sont  munis  d'éperons,  et  au-dessus  de  la  tête 
»  de  la  figure  de  gauche ,  à  côté  du  portail  central,  on  avait 
»  placé  un  cor  de  chasse  ou  de  bataille. 

»  Mais ,  malgré  tout ,  il  y  a  d'étroites  ressemblances  avec 
»  l'atelier  d'Etampes.  Sans  aucun  doute,  il  a  exécuté  une  partie 
»  de  CCS  ligures. 

»  Les  statues  que  nous  allons  envisager  sont  celles  qui 
»  étaient  dressées  sur  des  consoles.  Il  y  a  uAe  figure  d'hom- 
»  me  et  deux  de  femmes  qui  ressemblent  jusqu'aux  moindres 
»  détails  à  celles  du  portail  sud  de  Notre-Dame  d'Etampes. 
»  La  statue  d'homme,  que  Lancelot  a  par  erreur  qualifiée  de 
»  femme,  est  exactement  celle  qui  se  trouve,  à  Etampes,  à 
»  droite ,  à  côté  de  la  porte  :  à  Chàteaudun ,  elle  est  placée 
»  sur  un  socle  échancré  de  la  même  manière,  elle  tient  le 
»  long  sceptre  de  la  main  droite,  le  rouleau  delà  gauche. 
»  Les  motifs  du  costume  et  le  dessin  des  plis  concordent  — 
»  La  femme  placée  à  côté,  à  droite,  est  à  classer  avec  celle 
»  qui  se  trouve  du  même  côté  du  portail  d'Etampes.  Les  plis 
»  de  la  draperie  sur  les  cuisses  semblent  ciselés  par  la  même 
»  main.  On  reconnaît  même,  sur  le  dessin,  les  bandes  qui 
»  descendent  sur  le  vêtement  entre  les  genoux,  motif  tout  à 
»  fait  caractéristique  de  l'atelier  d'Etampes.  Cette  figure  est 
»  aussi  dressée  sur  un  socle  échancré.  Enfin ,  la  deuxième 
»  figure  de  femme  a  son  pendant  sur  le  portail  d'Etampes;  et 
»  là  encore,  on  découvre  sur  la  gravure  les  bandes  entre  les 
»  genoux  ! 

»  Cependant,  on  ne  saurait  en  aucune  manière  attribuer  à 
»  l'atelier  d'Etampes  tout  ce  groupe  de  statues  ;  autant  que 


—   l-,>7  — 

»  les  î>ravures  permettent  d'en  Ju^rer,  il  Ini  reviendrait,  outre 
))  les  trois  (i<,nires  déjà  décrites,  une  autre  (îi^^urc  di> 
»  reniiiie.  qui  se  trouvait  à  côté  d'elles,  à  droite,  sur  la  qua- 
»  triènie  console  (et  proljal)l(Mii(Mi(  aussi  la  scène  hisfori(|iu^ 
»  représentée  tout  eu  haut,  à  drtjile).  L;i,  on  V(»yait  à 
»  j^auche  une  lig'ure  a.ssisc  '  en  lace  d'une  autre  debout, 
»  évidemment  suppcsées  en  conversation.  Lancelot  fait 
»  observer  qu'il  ce  moment  déjà,  limage  était  incomplète; 
»  il  en  avait  sous  les  yeux  un  dessin  plus  ancien,  (pii  la 
»  reproduisait  plus  exactement  :  «  Kii  JfJôi  on  voyait  une 
»  uutrc  liijui'c  vtcndiic  le  loiuj  de  lu  j)linthc,  don!  In  main  portail 
»  .S7//"  II'  jticd  de  In  /iijuro  assise,  dette  H(jure  est  touillée,  et  il 
»  n'i'ii  reste  plus  (/ne  la  main  posée  sur  ce  pied.  »  Il  opine  — 
I)  non  sans  e.sprit  —  jtour  le  Christ  et  la  pècheresese,  un 
»  sujet  qui  certes  était  à  sa  place  dans  une  église  Sainte- 
»  Madeleine. 

))  A  la  vérité,  dans  les  autres  statues,  on  remarque  ça  et 
»  là  dans  les  draperies  des  analogies  avec  les  groupes  cor- 
»  respondants  d'Etampes.  Mais  il  semble  que  les  draperies  y 
»  aient  été  traitées  avec  moins  de  tinesse  que  dans  ceux-ci  ; 
»  on  ne  retrouve  pas  les  détails  de  costume  caractéristi([ues 
»  d'Etampes,  et  au  point  de  vue  de  l'iconographie,  il  faut 

'iter  les  particularités  dont  il  a  déjà  été  question.  Il  i-st 
»  regreltal)lc  (lunii  ne  puis.se  mieux  élucider  la  composition 
»  de  ces  deux  groupes.  Ne  trouvons-nous  pas  cependant, 

dans  cette  dérivation  si  intéressante  de  l'Ecole  chariraine, 
»  uiu;  communauté  de  style  évidente  avec  l'atelier  (pii  a  h^s 
»  mêmes  particularités  ?  Peut-être  (pu-  l'histoire  de  cette 
»  manière    merveilleuse    s'éclairerait    pour    nous,    si    nous 

avi<nis  encore  les  originaux  sous  les  yeux. 

»  Je  mentionne  encore  (pu>  depuis  [)eu  l'on  a  découvert 
»  sur  la  façade  méridi<»nale  de  l'église  un  portail  décoré  do 
»  sculptures;  les  archivoltes  sont  ornées  de  personnages  et 
»  d'animaux  fanlasli(jues  ;  il  parait  antérieui'  à  la  (It-coralion 
»  plasti(|ii('  (hi  coté  noril  -. 


'  r.ciic  fiijiin'  siihsisti'  ciicon'  ilcnirTc  le  roiilrcrort  di'  ilroili-  du  imrlail  ;  cllf 
<'sl  (lLT.i|iiln' ,  mais,  à  pari  cclii,  ri'lativriiiciil  liicii  coiistTM't".   —  II.  h. 

2  Ces  pprsoiiiiaj;rs  cl  aiiiinaiix ,  (riiiic  lacliin'  iiaihari'  fl  ili'i)c»mviis  ilr  tout 
carartm'  religieux,  soiil  cvidcmim-nl  Itcaïuoiiii  plus  aniieus  que  la  décoralioii  tir 


—  128  — 

»  Nous  ne  pouvons  rien  dire  de  précis  au  sujet  de  la  date 
»  de  nos  statues.  M.  Lefèvre-Pontalis  attribue  au  niiliou  du 
»  xii"  siècle  les  constructions  attenantes.  » 

De  l'église  de  la  Madeleine  de  Châteaudun ,  M.  Voge  passe 
à  l'étude  de  l'église  abbatiale  de  Saint-Denis. 

Le  triple  portail  de  Saint- Denis,  orné  de  statues  comme 
celui  de  Chartres,  «  est  le  second  exemple  de  ce  système 
»  qui  nous  soit  parvenu  dans  le  domaine  de  cette  école.  » 
Mais ,  tandis  que  le  portail  de  Chartres  forme  un  tout ,  «  une 
»  création  géniale,  dans  laquelle  tout  a  été  calculé  en  vue 
»  de  l'effet  d'ensemble ,  «  il  n'y  a  rien  de  pareil  à  Saint- 
Denis.  Les  trois  portails  n'y  forment  pas  un  monument 
unique,  ils  sont  simplement  juxtaposés  avec  symétrie.  «  Deux 
»  puissants  contreforts,  nus  et  frustres,  les  séparent.  »  La 
décoration  est  un  peu  incohérente ,  à  cause  de  l'intervention 
fâcheuse  de  l'instigateur  des  travaux,  qui  a  lié  les  mains 
aux  artistes.  Il  faut  reconnaître  cependant  que  ces  malen- 
contreux contreforts  étaient  nécessaires,  puisqu'à  Saint- 
Denis,  l'ordonnance  du  portail  déborde  sur  les  deux  tours. 
A  Chartres,  au  contraire,  elle  est  comprise  tcXit  entière  entre 
celles-ci.  M.  Vôge  les  considère  comme  un  «  hors-d'œuvre  » 
un  reste  de  l'ancienne  église  qu'on  n'a  pas  voulu  jeter  à  bas. 
Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  do  combattre  cette  opinion. 
Elle  ne  tient  pas  devant  les  textes  :  la  façade  de  la  Cathé- 
drale de  Chartres  devait  comprendre,  telle  qu'elle  a  été 
conçue  par  le  Grand  Maître,  un  portail  triple,  d'une  merveil- 
leuse richesse,  surmonté  de  trois  grandes  fenêtres  et  encadré 
de  deux  tours  dont  l'architecture  austère  et  les  surfaces  nues 
devaient  servir  de  repoussoir  au  portail.  M.  Voge  nous  accor- 
dera qu'une  telle  conception  n'est  pas  faite  pour  ravaler  le 
mérite  du  Grand  Maître ,  bien  loin  de  là  ;  elle  rentre  d'ail- 
leurs pleinement  dans  l'esprit  du  livre  que  nous  analysons, 
et  nous  pouvons  dire  avec  son  savant  autour  :  Ce  n'est  pas  ù 
»  Sidnl-JJenis,  c'est  ù  Chartres  que  naît  l'idée  (/éniale  de  cette 
»  ordonnance  qui,  appliquée  ici  pour  la  première  fois,  ne  repa- 
»  raît  qu'au  XIII^  siècle,  à  Reims  \  » 


la  façade  nord.  Dans  tous  les  cas,  ils  ne  sauraient  être  attribués  à  la  même 
école.  —  II.  L. 


)  p.  224. 


—  129  — 

Nous  ne  pouvons  ici  nous  livrer  à  une  étude  circonstanciée 
(les  statues  de  Saint- Denis.   D'une  nuiiiière  générale.   <■   le 
»  style  des  grandes  statues  est  moins  serré,  moins  logique  ; 
les  sculpturiC's  restées  en  place  aux  tympans,  aux  archi- 
voltes, aux  pieds-droits  sont  exécutés  avec  un  faible  relief, 
»  elles  n'ont  pas  cette  vigoureuse  tendance  à  la  ronde  l)osse 
•  fpii  se  montre  ;i  Chartres  dans  toutes  les  images  et  mémo 
dans   les   petites   ligures   des   archivoltes   et  des  piliers. 
Comme  l'art  de  Chartres  est  bien  le  devancier  de  celui  du 
Xlir  siècle  !  M.ii^  poiiisiiivoiis  :  Quel  abime  entre  les  deux 
»  figures  du  Christ  '.  Comme  l'une  parait  rude  et  maniérée  à 
côté  de  la  te(liiii(pie  achevée,  du  stylo  élevé  et  serré  de 
l'autre  !   Comme  les  rois  apocalyptiques  de  Saint -Denis 
"  semblent  sans  vie,  «  schématicjues,  »   sans  expression,  h 
»  coté  des  figures  correspondantes  du  «  Maître  des  deux  ma- 
»  dones  !  »  Qu'elles  sont  insignifiantes,  ces  figures  de  pou- 
»  pées  des  mois  et  du  zodiaque  de  Saint-Denis  !  » 

«  La  technique  des  parties  conservées  est  inégale.  »  Les 
parties  purement  ornementales  sont  supérieures  aux  figures; 
elles  trahissent  une  main  plus  exercée.  Quant  aux  belles  tètes 
conservées  an  musée  du  Louvre,  M.  Voge  croit  qu'elles 
proviennent  (h'  la  i)orle  des  Valois,  et  non  du  portail  occi- 
dental, dont  elles  n'ont  pas  le  style  et  aux  torses  duquel 
elles  ne  s'adaptent  pas  bien. Elles  remontent  d'ailleurs,  d'après 
M.  Courajod.  h  la  lin  du  xir"  siècle  ou  aux  premières  annéi's 
(hi  xiir.  taudis  que  «■  le  portail  i-oyal  »  était  achevé 
avant  1150. 

)»  Nous  avons  déjà  dit  que  l'auteur  des  statues  du  portail 

»  centi-al  de  Saint -Denis  tient  pi-obablement  de  très  près  à 

»  l'artiste  chartrain  au(iuel  on  doit  les  trois  statues  de  droite 

du  p(»rtail  de  la  madone...  Je  rends  attentif  à  ce  fait  que 

»  les  statues  de  Saint- Denis  reijosaient  sur  des  socles  oriu''s 

d  inuiges  d  hnmuies  et  d  animaux,  di'tail  fauMlier  an  inaitre 

•  bartrain,  mais  (priHi   ne  i-cli'uuxc  jias  dans  les  oMi\res  dn 

•»  Grand   .Maître  -.    »    Cet  artiste    venait    probal)lement    du 

Languedoc;  il  (Hait  second*'  par  deux  autres  maîtres.  (|ui 

s'('-taient   (■ha!'g(''s  des    portails  lat<''raux .   tamiis    (|u'il    avait 

'    l><'  Sailll-I)^lli^  cl  (ji;  CliaillTS. 

M'.  HWO-H:',] . 

T.  xii.  .ly.  y 


—  130  — 

gardé  pour  lui  le  portail  central.  L'influence  directe  du 
Grand  Maître  de  Chartres  est  facile  à  discerner  dans  ses 
œuvres. 

Quant  à  la  figure  assise  de  Dagobert,  qui  se  trouvait  au 
rez-de-chaussée  de  la  porte  du  nord,  elle  ressemble  aux 
statues  du  portail  de  gauche  de  Chartres,  et  pourrait  être 
des  mêmes  artistes. 

De  Saint-Denis  à  Corbeil,  la  distance  est  peu  considérable. 

»  Avec  sa  sagacité  habituelle,  Viollet-le-Duc  a  rapproché 
»  des  tj'pes  du  Grand  Maître  de  Chartres  les  têtes  des  doux 
»  merveilleuses  statues  qui  ont  subsisté  du  portail  principal 
»  de  Notre-Dame  de  Corbeil.  »  Il  a  pris  comme  point  de 
comparaison  la  première  figure  de  gauche  du  portail  central 
de  Chartres,  en  partant  de  la  porte.  De  son  judicieux  travail, 
M.  Voge  retient  les  résultats  généraux, 

«  Le  maître  de  Corbeil  est  plus  fin,  plus  distingué.  D'un 
»  ciseau  plus  délicat,  il  sait  revêtir  comme  d'une  peau  tendre 
»  et  veloutée  même  un  corps  de  structure  sévère  ;  par  la 
»  finesse  de  leurs  formes ,  l'élévation  de  leur  style ,  ses  têtes 
»  donnent  la  plus  haute  idée  de  son  talent.    ^ 

»  Ce  maître  est  certainement  postérieur  au  Grand  Maître 
»  de  Chartres;  à  côté  des  figures  du  portail  de  Chartres, 
»  celles  de  Corbeil  sont  comme  la  fleur  à  côté  du  bouton.  On 
»  y  trouve  cette  souveraine  maîtrise  du  style ,  cette  science 
»  achevée  dans  le  rendu  du  détail  et  l'interprétation  des 
»  motifs  traditionnels  qui  caractérise  le  maître  des  deux 
»  madones.  Ces  deux  artistes  sont  supérieurs  à  l'auteur  des 
»  grandes  statues  de  Chartres. 

»  J'ai  déjà  fait  observer  que  le  sculpteur  de  la  porte 
»  Sainte-Anne  avait  des  points  de  contact  avec  le  maître  de 
»  Corbeil;  il  en  est  de  même  du  deuxième  maître  parisien  », 
celui  de  Saint-Germain  des  Prés.  Toutefois,  il  n'est  plus 
possible  de  porter  un  jugement  précis,  puisque  l'église  Sainte- 
Marie  de  Corbeil  est  aujourd'hui  détruite.  Les  deux  statues 
que  Legendre  a  sauvées  se  trouvent  aujourd'hui  à  Saint- 
Denis;  «  on  les  a  dressées  à  l'intérieur  de  la  porte  des 
»  Valois,  à  gauche  et  à  droite.  Nous  possédons  en  outre  une 
»  description  du  portail,  faite  peu  avant  la  démolition  de 
»  l'église  » ,  ainsi  que  des  dessins.  Les  scènes  représentées 
ne  sont  pas  toutes  les  mêmes  qu'à  Chartres ,  cependant  on  y 


—  131  — 

retrouve  le  Christ  trônant  et  les  vieillards  de  l'apocalypse. 
En  résumé,  c'est  là  une  winro  do  réjjoi/iiv  dt-  lu  /nutiirilc  de 
l'vrolo  de  Clmrlres. 

M.  V('»|j:e  iT^ous  transporte  maintenant  à  quarante  lieues  au 
sud  de  Ohartres ,  à  Houri^fes,  où  nous  trouvons  une  nouvelle 
preuve  de  l'extension  (juavait  prise  l'école  de  sculpture  de 
notre  ville,  car  les  portails  nord  et  sud  de  la  cathédrale  de 
Bourges,  «  enchâssés  dans  un  édifice  complètement  {3a)thique  », 
appartiennent  à  l'école  chartraine.  Quoi  qu'en  dise  Mérimée, 
ce  sont  bien  l;i  les  restes  d'une  église  plus  ancienne. 
«  MM.  Trirardot  et  Durand  étaient  d'avis  que  ces  sculptures 
»  décoraient  à  l'origine  la  façade  occidentale  de  cette  église.  » 
Telle  n'est  pas  l'opinion  de  M.  Voge.  «  Nous  ne  savons 
»  rien,  dit-il,  de  la  taçade  occidentale;  il  est  possible  qu'elle 
»  n'ait  reçu  aucune  décoration  plastique  »  et,  d'ailleurs,  les 
portails  en  question  n'auraient  pu,  en  raison  de  leurs  dimen- 
sions, y  trouver  place  ;  on  n'aurait  pu  les  placer  tous  deux 
sur  la  même  façade.  Ils  semblent  avoir  été,  non  des  portails 
de  transept,  mais  de  simples  entrées  latérales  de  la  nef. 

Les  dispositions  générales  sont  bien  celles  de  Chartres,  mais 
la  manière  de  comprendre  l'ornementation  trahit  l'intluence 
de  la  Bourgogne,  qui  serait  venue,  à  Bourges,  contrebalancer 
l'inlluence  directe  des  ateliers  chartrains.  Comme  on  l'a  déjà 
dit,  malgré  sa  situation  au  centre  de  la  France,  Bourges 
n'est  pas  une  étape  intermédiaire  de  l'art  d'Arles  se  propa- 
geant vers  le  nord,  et  quant  à  des  rapports  avec  les 
sculptures  du  Languedoc,  «  il  ne  saurait  en  être  question  »  '. 

En  comparant  les  portails  de  Bourges  avec  celui  du  Mans, 
on  a  l'impression  que  ce  dernier  est  de  beaucoup  le  plus 
ancien.  Ceci  est  d'ailleurs  confirmé  par  les  documents  histori- 
ques :  on  n'a  travaillé  à  la  cathédrale  de  Bourges  que  tout 
il  la  lin  du  XII"  siècle.  Les  deux  portails  nord  et  sud  ne 
sont  donc  pas  très  antérieurs  à  la  masse  de  la  cathédrale 
actuelle.  Les  types  superbes  du  portail  de  Chartres  disparais- 
sent dé'jà  dans  cette  œuvre  plus  récente,  et  en  résumé,  «  il 
>»  faut  placer  les  sculptures  de  la  catln-drale  (de  Bourges)  dans 
n  une  école  locale  ><  ipij  ;i  de  nombreux  pointsd';dtache  avec 
l'école  chartraine. 

'  P. 217. 


—  132  — 

Cette  écolo  locale  de  Bourges  «  nous  a  laissé  une  deuxième 
»  œuvre  de  grand  style,  les  sculptures  du  portail  occidental 
»  de  Notre-Dame  du  château  de  Loches.  »  AI.  Vôge  leur 
consacre  un  court  chapitre,  le  VIH'"  do  la  seconde  partie  de 
son  livre  ;  nous  ne  croyons  pas  nécessaire  d'en  parler. 

S'il  ne  fallait  considérer  que  les  distances,  nous  ne  ferions 
peut-être  pas  le  voyage  d'Angers,  malgré  l'intérêt  que  pré- 
sente encore  ce  portail  de  la  cathédrale  Saint-Maurice,  si 
souvent  réparé  et  défiguré.  Mais  au  point  do  vue  particulier 
de  cette  étude,  il  mérite  une  mention  toute  spéciale  :  M.  Voge 
n'hésite  pas,  en  efïét,  à  l'attribuer  à  un  élève  du  maître  des 
doux  madones,  dont  le  style  exquis  s'y  déploie  dans  toute  sa 
beauté. 

Cet  élève  «  qui  nous  a  laissé  à  Angers  même  une  deuxième 
œuvre  ^  »  est  le  digne  émule  de  son  maître,  dont  il  possède 
la  finesse  d'exécution  et  la  suavité.  Ce  n'est  d'ailleurs  plus 
dans  les  motifs  de  l'école  qu'il  a  travaillé  ;  son  sj^stème  de 
décoration  est  exempt  des  tâtonnements  et  des  maladresses 
dont,  malgré  sa  splendeur,  le  portail  de  Chartres  offre  d'assez 
nombreux  exemples. 

Cependant,  les  sujets  traités  sont  à  peu  près  les  mêmes: 
((  les  vieillards  apocalyptiques  des  archivoltes  sont  <le  la 
»  même  famille  que  ceux  du  portail  principal  de  Chartres  ;  il 
»  en  est  de  même  des  petites  figures  d'anges  qui  tiennent, 
»  soit  un  rouleau,  soit  un  livre,  soit  un  disque.  Au-dessus  de 
»  la  tête  du  Christ  trônant,  se  trouvent,  à  Angers,  deux  anges 
»  tenant  une  couronne  placée  entre  eux.  Nous  avons 
»  à  Chartres  le  même  groupe  identiquement.  Il  y  a  d'indubi- 
»  tables  parentés  dans  les  types,  une  foule  de  points  de 
»  contact  dans  les  motifs  de  décoration,  le  môme  goût  dans 
»  les  draperies.  Que  l'on  compare  avec  le  baldaquin  de  la 
»  madone  de  Paris  le  rendu  des  chapiteaux  à  feuilles 
»  d'acanthe  et  des  tailloirs  d'Angers  !  -  » 

Quant  aux  statues  —  assez  mal  conservées  —  de  l'ancienne 
église  Saint-Martin,  elles  offrent  une  complète  analogie  avec 


^  Les  douze  statues  du  chœur  de  Saiut- .Martin,  ancienut!  éijiise  aujourd'luii 
convertie  en  dépôt  de  tabac.  —  H.  L. 


2  P.  261-262. 


cclK'S  lie  la  callu'drak'.  l/alulicr  (lui  les  a  lailliTs  a  ditiic  ou 
autant  (ractivité  que  d'ôolat. 

'(  l'iiiir  la  urciiiièrc  lois,  nous  avons  une  iniaLre  prôciso  de 
»  la  Jurande  écolo  :  imus  apercevons  distinctement  dans  son 
B  sein  pltisieurs  i-ainilicalions  de  style. 

»  Au  portail  occidental  de  Chartres,  elles  apparaissent  nel- 
j>  tenient  circonscrites,  dissemblables,  juxtaposées.  A  côté  du 
»  (Jraiid  Mailre  de  Chartres,  se  tient  le  maitre  des  trois 
»  li<4:ures  du  jiortail  gauche.  D'espèce  {tins  line,  mais  faciles 
»  a  apercevoir,  sont  les  nuances  du  style  dans  les  romarqua- 
»  blés  li<iures  de  droite. 

»  Au  |)orlail  du  Mans,  on  sent  encore  de  lég'ères  ditl'érences 
»  dans  lfs(jiielles  les  contrastes  entre  les  maîtres  do  Chartres 
»  V(jnt  sëvanouissaiii. 

n  II  est  iniiiossiblo  (h-  luoUro  aucun  groupe  do  telle  autre 
j)  û'uvro  vu  relation,  soit  avec  le  (Irand  Maitre  de  Chartres, 
)i  soit  avec  celui  du  portail  latéral  de  gauche,  ni  de  délimiter 
u  leurs  sphères  d'influence. 

»  Les  tendances  du  maitre  unique  du  portail  do  Liauche 
»  étaient  assez  faciles  à  discerner  ii  (3hàteaudun  et  ii  Etampos, 
»  avec  moins  de  certitude  k  Saint-Denis;  le  rôle  du  Grand 
»  maître  de  Chartres  était  autrement  important.  Nous 
')  retrouvons  dans  le  portail  principal  de  Suyer  le  iiiaiti'r  des 
"  trois  liî4'ures  de  droite  (ju  ses  tendances. 

»  Nous  avons  établi  qu'à  ])roprement  parler  l'ecok-  avait 
"  son  sièg'o  à  Chartres.  Si  la  place  de  Saint-Denis  dans  cette 
»  école  est  moins  facile  ;i  fixer,  c'est  bien  en  jiartie  à  cause 
"  du  lamentable  état  de  conservation  du  iiniiiniiicnl.  Dans 
'■  l'histoire  de  l'école,  il  faut  faire  une  large  i)arl  aux 
"  influences  du  Languedoc ,  très  visibles  à  Saint- Denis; 
"  ai»i'('s  nvoJT- lu  les  développements  qui  vont  suivre,  on  se 

rendi'a  mieux  compte  de  limportanee  des  sculptui'os  île 
"  Saint-Denis,  (-((mme  point  île  départ  d'un  dé\eloppomeiit 
»  ultérieur. 

»    Le    si  vil'  des   Liiaiids   iiiailres  de   recule:    le   maître   (|(\s 

tli'iix  madones,  je  maiti'o  de  Corlieil,  est  un  ilc'voloppe- 
'  ment  des  germes  des  ateliers  les  jjIus  anciens.  Ils  se  ratta- 
■  cheni  ;i  l'i'cole  du  'irand  Maiti-e  di-  Chartres,  mais  leur 
»    influence  s'(''leiiil  ail  dehors. 

"   Lu  particulier  le  maitre  di's  deii.x.  madonos  était,  ;i  ce 


—  134  — 

»  qu'il  parait,  un  artiste  dont  l'intluence  est  parvenue  fort 
»  loin  ;  l'atelier  d'Angers  dérive  de  lui. 

»  Déjà  dans  la  première  partie  (de  ce  livre),  nous  avions 
j>  pu  jeter  un  coup  d'œil  d'ensemble  sur  les  rapports  entre  la 
»  grande  école  du  nord  et  les  autres  écoles  de  sculpture  du 
»  territoire  français;  nous  avions  essayé  de  discerner  où  elle 
»  avait  pris ,  où  elle  avait  donné.  Il  convient  ici  de  toucher 
»  encore  à  ce  dernier  point.  L'art  de  Gilabert  de  Toulouse 
»  nous  était  apparu  comme  un  rejeton  du  tronc  chartrain, 
»  bien  que  nous  ne  fussions  pas  tout  à  fait  sûr  qu'il  ne  fût 
»  pas  issu  des  racines  de  la  vieille  école  de  Toulouse ,  sans 
»  apport  du  dehors.  Le  portail  occidental  de  Saint-Bénigne 
»  de  Dijon,  cet  ouvrage  qui  offre  tant  de  rapports  avec  les 
»  sculptures  de  Chartres,  nous  avait  paru,  selon  toute  appa- 
»  rence,  également  conçu  sous  l'influence  du  nord  de  la 
»  France.  Les  rapports  nous  avaient  semblé  assez  grands 
»  pour  que  l'hypothèse  d'une  influence  directe  n'ait  pu  être 
»  écartée  d'emblée.  Rien  ne  nous  autorise  à  admettre  que 
»  les  influences  venues  du  midi  aient  atteint  Chartres  en 
»  traversant  la  Bourgogne  ;  nous  concluons,  ici  encore,  bien 
»  plutôt  à  des  importations  du  nord  de  la  France. 

»  D'autre  part,  les  sculptures  des  portiques  de  Bourges 
«  montrent  combien  l'influence  de  l'école  bourguignonne 
»  a  été  étendue,  puisqu'elle  semble  ici  se  croiser  avec  les 
»  influences  du  nord  de  la  France.  Bourges  —  et  il  était 
»  important  de  l'établir  —  ne  joue  pas  dans  l'histoire  do  la 
»  plastique  française  le  rôle  de  médiateur  qu'on  a  prétendu 
»  lui  attribuer.  La  route  allant  des  bords  du  Rhône  et  de  la 
»  Garonne  au  bassin  de  l'Eure  et  de  la  Seine  ne  passe  pas  par 
»  Bourges  et  la  cathédrale  Saint-Etienne  ^  ». 

III 
l'enchaînement  avec  le  développement  subséquent 

ET    l'importance    DE    L'ARCHITECTONIQUE  DANS    LA    SCULPTURE 
FRANÇAISE   DU   MOYEN   AGE 

Cette  partie  (hi  livre,  la  dernière,  est  de  beaucoup  la  plus 
courte  et  forme  en  quelque  sorte  la  conclusion.  C'est  aussi, 

*  P.  265. 


—  i;j5  — 

a  cerlaiu>  égards,  la  parlic  la  laoin.s  orig:iiialo  dv  l'œuvre,  en 
ce  sons  que  l'opinion  do  M.  Voy:e  nedilKTopassonsiblcniont, 
en  ces  niatièrçs,  de  celle  de  ses  prédécesseurs,  et  notamment 
de  Viollet-le.-»uc. 

Il  reconnaît  mémo  que  '<  liorsonno  n'a  mieux  compris  la 

»  relation,  voire  même  la  confusion  do  l'architecture  et  de  la 

'  sculpture  au  moyen  àg-e  que  Viollot-lo-r)uc,  et  que  personne 

"  no  la  oxiirimôo  on  tormos  i)lus  clairs.    Contrairement  à 

»  celle  dos  anciens  et  des  modernes,  la  plastique  du  moyen 

'  âge  ne  su  sépare  pus  de  l'iircliitevliire  '...  iJttiis  les  moim- 

inriifs  ilr  l'iiuti([uité  tjrecqiie,   (fui  conservent  les  traces  do  la 

taluaire  qui  les  décorait,  eellc-ei  ne  se  lie  pas  absolument  avec 

l'architecture.    L'architecture    l'encadre,    lui  laisse  certaines 

jilaces  njais  ne  se  mêle  point  avec  elle...  L'alliance  entre  ces 

deux  arts  est  bien  plus  intime  au  moyen  àfje. 

Cependant,  d'après  M.  V<)t;o.  VioUot-lo-Duc  aurait  ou  tort 
de  passer  sous  silence  «  rovidentc  inlluence  de  l'architecture 
»  du  moyen  âge  sur  le  développement  du  stylo  de  la  statuaire 
»  de  cette  époque  »,  ou  du  moins,  sans  méconnaître  absolu- 
mont  cette  inlluence,  il  l'aurait  attribuée  à  d'autres  causes 
que  «  la  liaison  absolue  de  la  statue  et  de  la  muraille.  » 
I).iiis  rc'colo  chartrainc,  en  effet,  la  plastique  dérive  dirocte- 
meiil  iUi  l'architoctonique;  c'est  ce  fait  que  Viollot-le-Duc 
avait  méconnu,  lorsqu'il  a  dit  que  c'est  au  XllL  siècle  (/ue 
cette  réunion  est  le  jjIus  intime.  «  Viollet-le-Duc  fait  commen- 
cer le  développement  indépendant  du  style  de  la  statuaire 
»  au  moyen  âge  avec  le  style  émancipé  du  XIII"  siècle,  il 
»  dénie  l'originalité  de  l'hiératisme  du  iiKiyon  âge  !  » 

Il  allirnie  (pi'à  partii"  de  la  révolution  radicale  du  XIII"  siècle, 

l'architecture  et  la  ,sculjjture  abandonnèrent  complètement  les 

rrrcniciits  de  l'école  byzantine  ;  l'artiste  repoussa  l'hiéi-atisnw. 

M.  Vdge  se  demande  «  comment  on  peut  concevoir  a  priari 

iiiir  idée  aussi  invraisemblable,  i)uisquo  l'école  de  sculi)ture 

»  plus  ancienne,  qui  s'est  alors  dévolopjiée,  n'était  ni  byzan- 

»  tine,   ni  iraditidunoUe,  ni  monacale,   mais  ([u'ello  est  au 

•  •unli-aire  la  première  création  originale  do l'osiirit  français; 

•  et  (pic  rincorpoi'ation  de  l.i  staluain^  dans  les   ('d«''ments 

iii<"'iiic  (le  la  coiisliMiclioii ,  c'est-à-dii"e  la    l"">niiali<iii   d'un 

'  P.  "l'X).  Les  parlies  souli^'iiées  suiil  di;  Violii'l-io-lJiif. 


—  136  — 

»  stj^le  indépendant,  parfaitement  conforme  à  rarchitecture, 
»  a  précisément  été  pleinement  réalisée  dans  cette  vieille 
»  école  ?  Qui  est-ce  qui  aurait  soulevé  contre  elle  la  généra- 
)>  lion  suivante,  comme  contre  un  ennemi  héréditaire,  alors 
»  que  justement  elle  lui  ouvrait  la  voie?  Comment  aurait-on 
»  abandonné  sans  nécessité  le  terrain  conquis,  les  solides 
»  principes  d'un  style  monumental  indépendant,  les  considé- 
»  rant  comme  des  méthodes  surannées  et  des  erreurs  ? 

»  En  fait,  combien  nombreux  sont  les  liens  qui  rattachent 
»  cette  vieille  école  à  la  plastique  gothique  subséquente  '  ». 

Et  notre  auteur  n'a  pas  de  peine  à  montrer  que  toutes  les 
dispositions  qui  distinguent  l'art  chartrain  du  XIP  siècle,  et 
en  constituent  à  la  fois  les  innovations  et  les  caractères,  se 
retrouvent  développés,  précisés,  agrandis,  assujettis  à  des 
règles  plus  sûres  dans  l'art  merveilleux  des  trois  siècles 
suivants.  Sans  quitter  Chartres,  et  par  conséquent  sans  sortir 
de  l'objet  de  cette  étude,  il  suffira  de  comparer  entre  elles 
les  différentes  parties  de  la  cathédrale  pour  que  ces  relations 
sautent  aux  yeux,  et  il  nous  paraît  bien^ improbable  que 
Viollet-le-Duc  mérite  le  reproche  de  les  avoir  méconnues , 
ou  à  plus  forte  raison,  de  ne  pas  avoir  su  les  voir.  Quand  il 
parle  des  grands  changements  survenus  au  xiii^  siècle  dans 
les  arts  plastiques,  il  prend  le  moment  où  les  principes 
nouveaux  sont  partout  admis ,  où  Ton  a  partout  su  en  tirer 
les  conséquences,  il  ne  se  préoccupe  pas  de  leurs  origines. 
Si  l'école  de  Chartres  a  régné  sur  une  vaste  région,  elle  n'a 
cependant  pas  exercé  une  influence  directe  sur  tout  le  nord 
de  l'Europe:  elle  a  été  l'initiatrice,  peut-être  ignorée,  incom- 
prise, méconnue  ;  elle  est  lanière  d'une  génération  tellement 
brillante  que  son  éclat  a  fait  oublier  un  peu  ses  origines 
plus  modestes. 

Il  a  dû  se  passer  là  un  phénomène  analogue  à  celui  dont 
l'art  grec  nous  offre  un  exemple  —  Les  découvertes  récentes 
ont  révélé,  à  Tiryntho  et  à  My cènes  principalement,  un 
art  merveilleux,  profondément  original,  juvénile,  puissant, 
parfois  inexpérimenté,  comme  l'a  été  l'art  chartrain  du 
xii"  siècle.  Comparez  le  style  des  palais  do  Mycènes  avec 
celui  du  Parthénon,  ou  avec  tel  autre  modèle  achevé  de 

<  P.  299. 


—  i;;7  — 

la  inervoilleuso  périod*-  cLi^siqui-:  loiis  les  caractères  du  style 
(loi'i<iuc  s'y  révèlent  iiial|j;T(''  de  très  grandes  dillerences 
apparentes  ;  ils  s'y  révèlent  connue  les  caractères  de  l'archi- 
tecture gotlii(^ue  se  révèlent  déjii  dans  les  uionuinents  du 
stvle  de  tnmsition. 

C'est  par  des  dei,a'és  insensibles  que  de  nionumoni  en 
iiHUiunient  la  transloriuation  s'est  opérée  :  Notre-Dame  de 
Manies,  les  cathédrales  de  Sens,  de  Senlis,  de  Laon  —  que 
nomme  M.  Voge  —  en  sont  des  exemples.  —  Et  toute  cette 
discussion  se  termine  par  une  longue  citation  de  ^■iollel-le- 
I)uc.  dans  le([uel  le  savant  auteur  allemand  retrouve  toutes 
ses  idées  :  nous  avions  soupçonné  dès  le  début  que  dans  cette 
querelle  il  y  avait  avant  tout  un  malentendu. 

Les  considérations  qui  suivent,  sur  le  développement 
ultérieur  de  l'architecture  gothique,  sur  les  relations  entre 
le  c(jstume  du  temps  et  celui  des  ligures,  les  attitudes  que  ce 
costume  impose  à  ces  figures,  présentent  un  grand  intérêt, 
mais  ainsi  que  nous  lavons  déjà  dit,  M.  Voge  suit,  dans  cette 
voie,  les  traces  de  Viollet-le-Duc  et  cesse  de  nous  parler  de 
Chartres. 

A[»rès  cela,  viennent  deux  appendices,  dont  nous  nous  bor- 
nerons il  énoncer  le  conteim:  dans  le  premier,  rauteui" 
recherche  les  monuments,  aujtuu'd'hui  disparus,  ([ui  ajip.ir- 
tenaient  à  l'école  chartraine  ou  dérivaient  d'elle  à  un  titre 
quelconque:  le  portail  méridional  de  Notre-I)ame-en-Vaiix  à 
Chàlons-sur-Marne,  ceux  des  abbayes  de  ('liàteaii-Clialon 
lura),  Nesle-la-Reposte  (Marne),  celui  de  Sainl  -  l'ienf  de 
Nevers,  et  enliii  celui  de  l'église  paroissiale  de  S.iin!  l'uur- 
çain  (Allier). 

Le  second  ajjpendice  est  consaci-(''  aux  statues  de  Cemnu^s. 

Kt  (naintenant .  (pielle  est  liiUte  (pu  se  dégage  de  tout  le 
livre? 

M.  \'oge  s'est  senti  attiré,  comine  i.mt  d'cHitres  arcin-olo- 
gnes.  p.ir  le  capiiNanl  et  diliicili'  |iruhl«'iiic  des  origines  de 
l'art  gothi(|iii'.  Il  admci  (pie  cel  art  est  U('  en  {'"rance.  el  jilus 
l'Xactemeut  aux  euvii"(»ns  de  l'aris;  mais  sa  conceplinii  «tOVe 
irctis  caracti'res  abs(dnment  originaux  : 

1"  Jusfpraloi's.  coiisidf'i'ant  les  foi-nies  archilect<Mii(|nes  el 
les  |iroc(''d(''s  de  conslriiction  comme  l'essentiel,  ou  avait 
établi  entre  les  styles  roman  et  gothi(pie  deux  diirérouccs 


—  138  — 

principales  :  l'une  toute  extérieure,  la  substitution  de  l'arc 
brisé  au  plein  cintre  ;  l'autre  beaucoup  plus  profonde ,  la 
substitution  à  la  voûte  en  berceau,  et  par  conséquent  aux 
jours  étroits  et  aux  murs  épais  appuyés  de  contreforts,  de  la 
voûte  d'arête ,  permettant ,  commandant  même  l'ouverture 
de  larges  baies  et  l'emploi  des  arcs  boutants  ^ .  Quant  à  la 
sculpture,  dont  on  ne  songeait  à  méconnaître  l'union  intime 
avec  l'architecture  de  ce  temps,  on  l'avait  placée  au  second 
rang;  on  avait  considéré  son  développement  comme  dicté 
par  celui  de  la  construction.  M.  Voge,  au  contraire,  donne  à 
la  sculpture  la  première  place,  et  sans  s'occuper  grandement 
de  la  théorie  des  courbes  ni  de  la  transformation  de  la  ma- 
nière de  bâtir,  prend  pour  point  de  départ  l'ordonnance 
et  la  décoration  des  portails;  il  y  trouve  des  procédés 
nouveaux,  dont  il  recherche  l'origine;  il  y  voit  surtout 
l'indice  d'une  prodigieuse  poussée  du  génie  national,  facteur 
moral  auquel  il  attribue  exclusivement  la  naissance  de  l'art 
nouveau. 

2°  Personne  ne  contestait  les  relations  q^ui  unissent  la 
sculpture  du  nord  do  la  France  au  xii''  siècle  aux  illustres  et 
puissantes  écoles  qui  étaient  alors,  sur  plusieurs  points  de 
notre  territoire,  soit  en  pleine  floraison,  soit  sur  leur  déclin. 
Mais  ces  relations  n'avaient  peut-être  pas  été  étudiées  à 
fond  ;  on  paraissait  même  ne  pas  les  avoir  toujours  bien 
suivies  et  bien  comprises.  M.  Voge,  frappé  do  l'importance 
de  ces  problèmes,  les  aborde  avec  une  haute  compétence, 
une  grande  sûreté  de  coup  d'œil  et  une  grande  richesse  d'in- 
formations. Il  présente  une  solution  nouvelle  et  inattendue  : 
pour  lui ,  la  sculpture  du  nord  de  la  France  dérive  directe- 
ment ,  sans  aucun  intermédiaire ,  de  la  vieille  école  proven- 
çale, alors  en  décadence. 

3°  Enfin,  c'est  jusqu'alors  à  Saint -Denis  qu'on  plaçait  le 
berceau  de  notre  architecture  nationale.  M.  Yoge  enlève  cet 
honneur  à  la  vieille  abbaye  et  le  décerne  à  Chartres,  où  il 
révèle  l'existence  d'une  école  de  sculpture  très  importante 

'  On  a  (lil,  en  oiilrc,  (|U(!  li;  slvlc  rniiiaii,  |ircs(jiii'  iil('iili((iic  à  liii-inniic 
pciidaiil  tout»'  sa  ilui-ée,  varie  (ruiic  province  à  i'aiilic,  tandis  qne  rairliilecUire 
gotliifiiie,  presque  identique  à  elle-même  dans  tout  le  nord  de  l'Europe,  varie 
d'une  ('iMique  à  l'antre.  Il  faut  voir  dans  ce  fait  une  siiuple  conséquence  de 
rimmcnse  succès  de  l'école  du  noid  de  la  France. 


—  L'A)  — 

dans  la  première  inoilie  du  xir  siècle.  Il  circonscril  le  do- 
maine de  cotte  école,  détermine  les  limites  de  sa  zojie  din- 
lluence,  et  laisse  entrevoir  que  sa  mort  a  été  la  naissance  de 
l'art  merveilleux  du  xiii"  siècle. 

Qu'y  a-t-il  de  vrai  dans  ces  théories  et  dans  la  manière 
dont  elles  sont  présentées?  sans  donto,  elles  prêteront  ii  la 
<riti(iue,  comme  toutes  les  idées  neuves;  et,  ne  visant  jias 
directement  l'architecture ,  elles  ne  répondent  pas  toujours 
aux  (piestions  qu'elles  stnilèvent  de  ce  côté-là.  Mais  il  nous 
■st  impossible  de  croire  (pie  le  résultat  autpiel  est  arrivé  le 
savant  antenr  s'éloiijnie  beaucoup  de  la  V('iit('.  dni-on  y  par- 
v<'iiir.  dans  la  suite,  par  d'antres  voies,  dût-on  se  montrer, 
sur  certains  points,  moins  alHrmatif;  en  somme,  dans  cet 
ouvrage,  la  part  des  conjectures  est  assez  faible.  Quant  aux 
erreurs  que  nous  avons  eu  l'occasion  do  relever,  elles  por- 
leiit  sur  des  points  de  détail  et  souvent  n'iiilirmont  en  rien 
la  thèse  fondamentale  du  livre.  Elle  doit  donc  contenir  au 
moins  une  très  grande  part  de  vérité. 

Le  livre  de  M.  Voge  est  d'une  lecture  intéressante;  nous 
lui  souhaitons  beaucoup  de  succès  dans  notre  pays.  Il  en  dit 
long  sur  notre  passé,  que  nous  connaissons  parfois  si  mal; 
sur  notre  force  et  notre  influence,  que  souvent  nous  ne  soup- 
çonnons pas.  Le  peuple  du  cœur  do  la  France  a  enfanté  au 
moyen  âge  un  stylo  qui  a  conquis  non  seulement  toute  la 
vieille  terre  des  Gaules,  mais  tout  le  nord  df  l'Europe  et  qui 
a  exercé  sur  l'an  du  midi  mie  inllui'nce  indiscutable.  En 
Angleterre,  eu  Allemagne,  notre  art  national  s'est  imi>lanté 
si  Iden ,  qu'on  a  \)\\ .  au-delii  de  la  Manche  et  du  KMiin,  le 
croire  autochtone,,  et  ([uo  plus  d'un  français  tienl  même 
'•ette  opinion  pour  exacte  '. 


Le  li\  i-c  de  M.  \(fj:>'  a  ('té  é<lit('  il  Sli'asbourg  :  comnu'Ul 
ne  |ias  se  rajipeler  ((uc  la  merveilleuse  catlK'diale  de  cette 
\ille  liasse  poni-  èlic  le  modèle  le  plus  ache\<'de  r.irf  des 
bords  du  Khjn?  Lans  celte  Ijeciie  d'un  prolil  uni(pn',  dans 
'■elte  iii(iiibliald<'   façade,  l'arl   dn   xiii"  siècli-  se  di'ploie  dans 

'   Voir,  il  iic  Mijct,  ccrUiinc  iiios.iïijiic  récciilc  du  Louvir. 


—  140  — 
toute  sa  luxuriante  splendeur,  dans  toute  la  force  de  sa 
pleine  maturité.  Eh  bien,  lorsque  Erwin  de  Steinbach  enfanta 
son  chef-d'œuvre,  il  en  avait  été  chercher  —  à  son  insu  peut- 
être  —  l'inspiration  en  France  :  dans  sa  géniale  création, 
il  y  avait  une  pensée  française,  une  vieille  pensée  chartraine. 

Henry  Lehr. 


L'ORxVGE    DE    1788 


Le  registre  de  la  paroisse  SaiIlt-^■al(■I•i(■ll  de  Cliàteniidiiii 
pour  rannée  1788  se  lerniine  par  cette  remarque,  (pii  aujour- 
d'iiui  paraîtra  certainement  énigmatique  :  «  Le  souvenir  de 
celte  ann<''e  tristement  célèbre  sera  peut-être  plus  dui-ahle 
que  l'empreinte  de  ces  caractères.  >> 

En  dépit  de  cette  prédiction,  les  caractères  tracés  par 
laiiienr  de  cette  réflexion  durent  encore;  mais  Tannée  1788 
est  rangée  au  nondjre  des  années  dont  on  ne  parle  pas,  et 
son  souvenir  uDllre  rien  de  parliculier  au  commun  des  mor- 
tels. Si  celui  qui  a  écrit  ces  mots  avait  été  quelque  peu 
prophète,  il  aurait  pr('vn  que  Tannée  1781),  avec  ses  immor- 
tels princi[)es,  e1  laiMK'e  171K>,  avec  ses  sanglantes  exécutions, 
dépasscraienl  de  beaucoup  la  triste  célébrité  qu'il  croyait 
a.ssurée  à  Tannée  dont  il  faisait  ainsi  Toraison  funi-bre. 

On  se  demande  (pidlc  calamiti'.  ipid  ('vénemenl  a\ait  eu 
à  subii'  l'ail  de  grâce  1788.  pnur  meiaiei'  d'être  regai'dé 
comme  une  aniu'e  de  maiheui-.  L'histoire  i)olitiqne  nous 
ai>prend  (ju'on  Temploya  à  i>r(''parer  laborieusement  les 
l%tats-(;t''n(''raux  de  178U,  et  elle  ne  nous  y  signale  d'ailleurs 
.aucun  l'ait  de  quelque  importance.  L'histoire  éc(»n(uni(pu> 
nous  dit  Iden  qu'il  y  eut  disette  de  grains,  et  par  suite  chertc'' 
et  misère  ;  mais  ce  n'est  point  là  une  chose  ex(ra(»r<Mnaire  à 
letic  (■■p(Mpir.  cl  (l.iiis  je  \\\\\'  sièclo  uii  c<MMain  noud)re 
d'années  aui'aient  m(''i-it(''.  .aulaiil  el  plus  (pie  ctdle-ci.  de 
laisser  sous  ce  rap[>ort  (h-  peiiildes  soii\eiiii-s. 

.Si  l'histoire  générale,  la  grande  histoire  c(uunu'  «m  Tappidle 
aujoni'd'hiM.  ne  nous  donne  p,is  le  mut  d<'  celte  ('•iiigme.  nous 
serons  plus  lieiireiix  en  i-oiisiiilaiil  l'histoire  locale.  .Notre 
pays  en  ellel  Mihii  celle  aniu-e-là  un  (h'sastre  s.ans  muii.  un 
cataclysme  si  ('pouvantable  (pie  la  Heauce  n'en  vit  jamais  de 


—  142  — 
pareil,  depuis  le  commencement  des  temps  historiques.  Ce 
désastre  était  connu  de  nos  pères  sous  le  nom  d'orage  de 
i7H8,  et  l'impression  qu'il  avait  laissée  dans  les  souvenirs 
était  toile  que  Ton  disait  Vannée  du  rfrnnd  orage,  comme  on 
avait  dit  longtemps  Vannée  du  grand  hiver,  pour  désigner 
l'année  1709,  comme  nous  disons  encore  aujourd'hui  Vannée 
de  la  guerre,  pour  désigner  l'année  1870. 

Mais  depuis  lors  plusieurs  générations  se  sont  succédées, 
et  le  temps,  qui  tout  détruit,  a  effacé  ces  souvenirs  que  les 
contemporains  croyaient  ineffaçables.  Il  m'a  semblé  que  je 
ferais  chose  agréable  non  moins  qu'utile,  en  les  faisant  re- 
vivre. L'orage  est  toujours  l'ennemi  redouté  du  cultivateur 
beauceron,  tant  que  les  biens  de  la  terre  ne  sont  pas  récoltés; 
il  verra  que  ses  ancêtres  ont  connu  ce  fléau  avant  lui,  et  il 
apprendra  par  leur  exemple  qu'il  n'est  point  de  désastre,  si 
complet  qu'il  paraisse,  dont  on  ne  puisse  se  relever  avec  le 
temps  et  du  courage. 


I 


L  ORAGE 

Le  dimanche  13  juillet  1788,  à  7  heures  et  demie  du  matin, 
un  orage  parti  du  sud-ouest,  c'est-à-dire  du  Bas-Maine  et  du 
Perche-Gouet,  venait  s'abattre  sur  la  Beauce.  Eclairs  effra- 
yants, roulements  de  tonnerre  presque  incessants,  vent  de 
tempête,  grêle  énorme,  tout  se  réunissait  pour  contribuer  à 
l'horreur  de  cet  ouragan.  Mais,  ce  qui  le  rendait  surtout 
terrible,  c'était  la  grêle  qui  tombait  avec  fracas,  et  était 
mêlée  de  glaçons  énormes  dont  quelques-uns  pesaient  jus- 
qu'à 6,  8  et  11  livres.  Cette  tempête  continua  avec  la  même 
violence  pendant  environ  un  quart  d'heure.  On  se  figure 
facilement  l'épouvante  des  malheureux  spectateurs  de  ce 
cataclysme  ;  les  plus  intrépides  n'étaient  pas  éloignés  de 
penser  qu'on  touchait  à  la  fin  du  monde. 

L'orage  sévissait  avec  la  même  violence  sur  un  espace  de 
4  à5  lieues  de  large.  Quant  à  la  longueur  de  son  parcours  on 
l'évalue  à  50,  à  80,  et  même  à  120  lieues.  Une  relation  dit 
qu'il  couvrit  de  ruines  un  tiers  du  royaume  ;  une  autre,  beau- 
coup plus  modérée,  parle  seulement   d'un  dixième   de  la 


—  14?.  — 

France,  ce  qui  est  encore  consicU-rablo.  Il  est  certain  quil 
liarcounit  le  Maine,  le  Perche,  le  Pays  chartrain,  la  Beauce, 
le  Pinserais  et  les  provinces  qni  séparent  notre  contrée  ilr  la 
Flandre,  oîi  il^iilla  épuiser  les  derniers  ellorts  de  sa  rajj:e.  l'n 
des  meilleur^  Récits  qui  nous  aient  été  faits  de  cet  événement 
semble  dire  que  l'orage  qui  ruina  la  Flandre  était  distinct  de 
celui  de  la  Beauce,  bien  qu'ils  aient  eu  lieu  le  même  jour. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  désastres  que  celui-ci  a  laissés  après 
lui,  dans  notre  région  seulement,  sont  sullisants  pour  le  l'aire 
regardi'r  comme  un  épouvantal)le  tléau.  Un  aura  une  iih'e  de 
rétendue  de  ces  désastres  quand  on  saura  que  84  paroisses 
lurent  frappées  dans  la  seule  élection  de  Chartres  '  et  107 
dans  les  élections  de  Chàteauduii.  Dourdan  ci  Poissy.  Une 
autre  statistique  dit  qu'il  y  eut  en  tout  GOO  paroisses  grêlées, 
dont  274  pour  le  diocèse  de  Chartres, 

II 

EFFETS   DE  L'ORAGE 

Quand  le  calme  fut  rétabli,  après  le  passage  de  celte  hor- 
rible trombe,  les  habitants  épouvantés  restèrent  quelque 
lenqjs  comme  frappés  de  stupeur.  Ils  étaient  étonnés  de  se 
retrouver  vivants,  et  ils  se  demandaient  avec  anxiété  s'il 
leur  était  resté  quelque  chose  de  ce  qu'ils  possédaient,  moins 
iVwuo  heure  auparavant.  Il  leur  fallut  pourtant  bien  regarder 
en  face  le  malheur  qui  les  frappait  et  se  rendre  compte  de  la 
triste  réalité.  Mêlas!  celle-ci  dépassait  encore  leurs  prc'vi- 
sions  les  plus  pessimistes.  La  terre,  si  riche  le  matin  enct)re, 
('■tait  (h'pouillée  de  tout  ce  qui  faisait  sa  richesse  :  couverte 
de  di'bris  de  toute  natuie,  elle  présentait  l'aspect  de  la  plus 
comiilète  désolation. 

Pans  la  partie  centrale  de  l'orage,  les  récoltes  étaient 
anéanties,  lui//  rtnil  jiHi-  :  «  La  moisson  est  faite  »,  disaient 
tristement  les  pauvres  cultivateurs.  Là  où  l'oi-age  n'avait 
li'iiiit  i)ass(''.  la  iiHiissiin  cninmença  cette  année-l:i  h-   1<»  Jnil- 


'   l//'l('(lmii  rlail  mil'  division   a(llllllll^ll.lhvl•  rtalilic   |niiir  la  |i('ir('|ilioii   des 
laillcs  l'I  galifllcs.  Kllt's  avaient  à  peu  pivs  la  riri(MiM  riptuin  de   nos  a^^on(ll^^t' 
monts  actuels. 


—  144  — 

lo(  :  les  Yictimes  du  13  juillet  étaient  donc  frappées  à  la 
Teille  de  mettre  la  faux  dans  leurs  blés.  Voici  les  apprécia- 
tions des  pertes  de  quelques  paroisses,  appréciations  dont  la 
plupart  sont  oflicielles,  aj'ant  été  établies  par  les  procureurs- 
syndics  du  bureau  intermédiaire  du  département  de  Chartres 
et  de  Dourdan  *  ,  M.  Bêchant,  chanoine  de  Notre-Dame, 
archidiacre  de  Blois,  et  M.  Bouvet,  grand-Juge  consul.  La 
paroisse  de  Saint-Loup  eut  62,024  livres  de  perte  ;  le  Gault- 
Saint-Dcnis  80,000  livres  ;  Montainville  (la  moitié  de  la 
paroisse  seulement  fut  grêlée)  20,000  livres.  Total  pour  l'é- 
lection de  Châtoandun,  700,000  livres,  pour  l'ensemble  des 
provinces  grêlées,  12  millions.  Il  ne  faut  pas  oublier  que 
l'argent  n'a  plus  aujourd'hui  la  valeur  qu'il  avait  à  cette 
époque;  pour  avoir  l'importance  réelle  des  pertes  en  ques- 
tion, on  devra  doubler  le  chiffre  des  sommes  qui  sont  portées 
ici. 

Si  les  dégâts  subis  par  les  récoltes  furent  les  plus  considé- 
rables, ils  ne  furent  pas  pourtant  les  seuls  dont  on  eut  à  se 
plaindre.  Los  jardins  étaient  dévastés  ;  les^vignes,  les  arbres 
étaient  brisés  ;  on  dit  même  qu'une  forêt  dé^châtaigniers  fut 
anéantie.  Les  bâtiments  avaient  eu  beaucoup  à  soullrir  ;  les 
toitures  étaient  enlevées  ou  découvertes.  Dans  la  seule  ferme 
de  Chaunay  (Fontenay-sur-Eure)  il  y  avait  10,000  tuiles  à 
remplacer.  Le  clocher  de  Gallardon  fut  enlevé  par  la  tem- 
pête et  celui  de  Logron  faillit  avoir  le  même  sort. 

Mais  au  lieu  d'un  récit  assez  incolore  de  cet  émouvant 
drame  atmosphérique,  on  préférerait  sans  doute  connaître 
les  impressions  de  ceux  qui  en  furent  les  témoins,  on  pourrait 
presque  dire  de  ceux  qui  y  furent  acteurs.  Voici  donc  quel- 
ques relations  contemporaines  puisées  dans  les  registres 
paroissiaux  de  cette  année  fatale. 

.J'avais  eu  d'abord  l'intention  de  choisir  parmi  ces  relations 
celles  qui  paraîtraient  plus  riches  en  détails  ;  mais ,  en  les 
étudiant  et  en  les  comparant,  je  me  suis  convaincu  qu'un 
choix  était  dillicile  à  faire.  Les  plus  concises  contiennent 
parfois  quelque  trait  qu'on  ne  retrouve  pas  dans  les  autres, 


*  Le  (Iriiarlt'inciit  (l'Eiirc-cl-Ldir  porta  (Falionl  co.  nom.  Le  liiireau  iiitonné- 
diairo  était  iiim'  coiiiinissum  (|iii  ioiictidiiiiail  dans  riiitcrvallo  des  sessions  de 
l'assemblée  provinciale  de  l'Orléanais. 


0) 


Q 
CD 

O 

Q 

H 
< 


Ci 


50 


to 


3 
V; 


C5 


t/3 


—  M.-)  — 

et,  en  somme,  il  en  est  bien  peu  qui  n'ollrenl  quelque  parti- 
cularité intéressante  à  signaler.  .ImI  donc  admis  sans  distinc- 
tiun  tout  ce  que  j'ai  trouvé  dans  les  anciens  registres  de 
paroisses.  cetl<^  mine  si  féconde  en  renseignements  de  toute 
nature  '.  -Vy  ai  ajouté  queiipies  passages  eniprunl(''s  aux 
cahiers  de  doléances  rédigés  pour  les  Ktals-(;énéraux  <le  17Kl>. 
l,c  iiHii  ini'mei'.i  un  ensemlili'  (pii  [nrini'Ura  de  se  faire  une 
idff  [ilus  juste  de  r»''p(iuvautable  malheur  qui  s'abattit  alors 
sur  notre  Beauce  chartraiuc. 

Une  carte  de  la  contrée  ravagée  m'a  semblé  le  complé- 
ment nécessaire  de  ce  travail.  Kn  regardant  cette  carte  de 
lias  en  haut  <>n  pourra  suivre  la  marche  de  l'orage.  Les 
limites  ne  sonl  pas  aussi  précises  qu'on  l'aurait  désiré  ;  la 
grêle  s'est  permis  de  faire  des  pointes  dans  des  localités 
qu'elle  aurait  laissées  indemnes,  si  elle  avait  suivi  sans 
déviation  les  lignes  qu'elle  semblait  avoir  adoptées.  Les 
récits  d'ailleurs  manquent  eux-mêmes  de  précision  :  le  voisi- 
nage immédiat  de  la  trombe  a  semblé  à  plusieurs  narrateurs 
assez  fortement  endommag*'  pour  pouvoir  être  confondu  avec 
les  lieux  où  elle  avait  exercé  toute  sa  rage. 


"»' 


Alluves.  —  Le  dimanche  13  juillet  1788,  à  7  lieures  du  matin, 
le  mt^me  jour  que  l'année  précédente  -, 

Un  fléau  qui  répand  la  terreur, 

Fléau  que  Dieu  dans  sa  fureur 
Inventa  pour  punir  les  crinu's  de  la  terre, 
La  ,t,''rêle,  puisqu'il  faut  l'appeler  de  son  nom, 

a  dévasté,  ruiné,  anéanti  l'espérance  de  toutes  les  espèces  de 
récolte  en  plusieurs  provinces,  et  particulièrement  dans  notre 
Beauce  et  notre  diocèse.  Il  est  difficile  de  se  peindre  la  désolation 
et  le  malheur  des  pauvres  grêlés,  surtout  de  ceux  des  paroisses 
nus  voisines,  Saunieray,  Bonville.  Vitrai,  Montemain,  qui  épi-oii- 
vaieiit  pour  la  seconde  fois  de  suite  cette  alfreuse  calamité.  Il 


'  La  jii>ti(t'  me  (ail  un  devoir  de  reeoiiiiaiUe  iiiie  j'ai  eoiiié  la  lilii|iait  de  ces 
relations  dans  les  extraits  des  registres  |iaroissiaux  que  M.  Liitien  Merlot, 
aichisisli-  d'Knre-et-I,oir,  a  insérés  dans  Vlnvi'iitdiri'-Somtndiir  (Ifs  archives 
<lfj)iiiiimiuliiles,  anlnves  eivijes,  série  K  sniipl.  ii!  vol.  iii-i"). 

-  Par  une  eoïnridenre  ninarqiiahle,  le  \'.i  juillet  I7S7,  les  paroisses  nonink'es 
dans  ceUe  note  avaient  déjà  été  ravagées  par  ini  ora^'e  presipu'  aussi  désastreux 
qui'  relui  du  \'.\  juillet  \~HH.  il  laut  aeeepler  avec  réserve  le  (|ui  est  dit  iei  des 
serours  ;  le  rédaeteur  de  cette  note  donna  dans  les  idées  révolutionnaires. 

T.  Xll,  .1/.  IH 


—  146  — 

s'est  trouvé  des  grains  de  grôle  d'une  grosseur  incroiable,  du 
poids  de  plusieurs  livres  dans  les  environs  de  Rambouilk't.  Ce 
n'a  été  d'abord  que  plaintes  et  mémoires  présentés  de  tous  les 
cantons  au  Roy  et  aux  premiers  ministres  ;  mais  le  mal  étoit 
ti'op  grand  jiour  espérer  des  secours  efficaces.  Le  Gouvei'ucnuMit 
a  commencé  par  distribuer  une  foible  portion  de  secours  aux 
plus  pauvres  cultivateurs  pour  encourager  les  semences  pro- 
chaines. La  paroisse  d'AUuye  a  reçu  au  total  la  quantité  do 
30  septiers  de  blé,  mesure  de  Chàteaudun,  puis  une  somme  do 
500  livres  dans  le  fort  de  l'hiver  pour  les  plus  nécessiteux,  culti- 
vateurs ou  non,  plus  une  somme  de  200  livres.  Les  gros  fermiers, 
ceux  dont  les  pertes  montent  à  des  5,  6,  7,  10,000  livi'es  sont 
encore  à  attendre  des  secours  :  il  parait  qu'on  se  repose  sur  les 
propriétaires,  qui  sont  dans  l'impossibilité  de  subvenir  à  tout  le 
mal. 

MoNTBOissiER.  —  Le  1 4  juillet  1788  ',  grôle  épouvantable  le 
dimanche,  à  7  heures  du  matin,  qui  a  détruit  toutes  les  récoltes 
dans  cette  paroisse  et  autres  voisines,  dans  un  rayon  ou  étendue 
de  plus  de  50  lieues  de  pays. 

Chàteaudun.  —  Paroisse  de  Saint-Médard,  A  sept  heures  du 
matin,  horrible  grêle  qui  a  désolé  une  étei^due  de  plus  de 
40  lieues,  depuis  environ  Vendôme  jusque  par  de  là  Paris.  Dans 
le  seul  diocèse  de  Chartres  la  perte  est  de  près  de  12  millions  : 
celle  de  l'élection  de  Chàteaudun,  qui  a  été  la  moins  maltraitée, 
monte  à  environ  700,000  livres.  Ce  terrible  fléau  s'est  fait  en 
môme  temps  sentir  en  d'autres  provinces. 

Mézières-au-Perche.  —  -  Une  grôle  considérable  accompa- 
gnée d'un  tonnerre  épouvantable  a  dévasté  dans  le  seul  diocèse 
de  Chartres  274  paroisses.  Elle  a  porté  ses  ravages  jusque  dans 
la  Flandre  et  peut-être  au  delà.  La  perte  qu'elle  a  occasionnée  à 
cette  paroisse  a  été  estimée  à  environ  30,000  livres,  par  des 
experts  nommés  par  MM.  les  députés  de  la  Commission  inter- 
médiaire de  Chartres  et  de  Dourdan.  Le  même  malheur  étoit 
arrivé  l'année  dernière,  le  même  jour  13  juillet,  à  trois  heures 
après-midi,  mais  avec  beaucoup  moins  de  perte. 

LoGRON.  —  Le  terrible  oin^agan  du  13  juillet  dont  pareil  ne  fut 
vu  en  notre  continent,  et  plaise  à  la  Providence  de  ne  plus  acca- 

'  Le  l/i  juillet  est  mis  ici  pour  le  13  juillet  :  on  remarquera  plusieurs  autres 
erreurs  de  même  j^enre  sur  le  joui'  el  l'heure,  ce  ipii  piouve  (pie  cerlaines  notes 
ont  été  écrites  longtemps  api'ès  révénement. 

2  Pour  abréger,  nous  omettons  désormais  la  date  et  l'heure,  quand  la  clarté 
du  récit  le  permettra,  car  celle  l'épélition  n'aurait  aucune  utilité. 


—   117  — 

bli'i'  (le  pareil  tléau  notre  Roiauino,  dont  plusieurs  provinces 
liiri'iit  ravagées,  cet  ouragan,  dis-je,  (jui  avait  renversé  des 
églises  nous  lit  craindre  le  même  sort  pour  la  nôtre.  Occupés 
que  nous  étionè  pendant  la  tempête  à  considérei-  le  clocher,  nous 
iToiniis  it  ilia<^ui'  iiistani  voir  l'i-glisi-  écrast-e  ]»ar  sa  eliute  (jui 
serait  indul)itablenient  ai-rivée,  si  cette  ti-mpéte  eût  été  aussi 
vinlmtc  ici  (pi'cii  Iteaucoup  il'cndroits. 

Saint-Clol'D.  —  Le  i;{  juillet  ITSS,  il  y  a  eu  85  paroisses  du 
diocèse  lie  Chartres  entièrement  grêlées. 

Douv.  —  A  six  heures  et  demie  du  matin,  il  s'éleva  un  horrihle 
Duragan  (pii  lit  îles  ravages  terribles  :  bûtiments  renversés, 
arbres  arrachés,  coupés,  vitres  brisées,  moissons  enterrées,  bes- 
tiaux tués  ou  blessés,  honnnes  et  femmes  blessés.  Ce  n'étoit  pas 
dans  j)lusieurs  endroits  île  la  grêle,  cï'toient  des  glaçons  qui 
bondissoient  sur  terre  et  portoient  quatre  ou  cinq  coups  meur- 
triers à  ce  (juils  rencontroienl.  (  )n  en  a  pesé  à  Chambourcy  ' 
qui  se  sont  trouvés  du  poids  de  10  livres;  une  forêt  de  clultai- 
gniers  a  été  ruinée.  Icy,  toute  la  plaine  du  Haut-Douy  a  été 
perdue  ;  il  n'y  resloit  pas  un  boisseau  d'avoine  ;  dans  plusieurs 
champs,  le  fourrage  même  étoit  enterré,  les  méteils  de  même, 
les  froments  couchés  ou  égrainés  aux  trois  quarts,  quoique  la 
grêle  ne  fût  pas  plus  grosse  pour  ainsi  dire  que  celle  du  29  mai  '-. 
La  rose  du  pignon  de  l'église  a  été  brisée.  L'autre  partie  de  la 
par( tisse  n'a  pas  été  si  nudtraitée.  On  a  évalué  la  perte  d'ici  à 
ln,|  17  li\  les.  Les  gazettes  annoncent  que  Chartres,  Rambouillet, 
Saint-Germain,  Maily,  Clermont-en-Beauvoisis  ont  eu  le  même 
ouragan  ;  le  bruit  est  qu'il  a  été  jusqu'à  Donny,  en  PMandre.  On 
m'a  assuré  que  mon  piédécesseur  qui  a  été  icy  W  ans,  tenoit  de 
M.  Ledevin.  son  oncle,  cuié  dicy  pendant  plus  de  20  ans,  que  de 
imnioin'  d  homme  cette  paroisse  n'avoit  été  grêlée.  Il  y  a  une 
lotterie  à  Paris  dont  le  fond  estde  30,(MIO,000  livres^»  en  faveur  des 
grêlés.  Le  (JouverniMnent  a  fait  distribuer  du  bled  aux  plus 
pauvres  cultivateui'spoiu'  ensemencei' :  cette  pai'oisse  en  a  eu  un 
niuid  et  120  livres  d'argent.  Dans  le  mois  de  janvier  on  reçut 
iiicore  100  francs  qui  furent  distribués  en  pain  aux  pauvres  ;  le 
pain  valoit,  pesant  i)  livres,  22  soûls.  Dans  le  mois  île  mars  on 
ie<.;ut  27  septiers  d'avoine  (pii  furent  distribués  pour  la  senienci"; 

'   r.li.iiiiliouicN,  |Mroi>s('  |nrs  df  .'>aiiil-(icnM;iiii-i'ii-L.ty('  (."^riiic-cl-Oisi'l. 

-  boii)  avait  vW-  ^irlr  Ir  2'.l  fl  Ir  'M)  mai  iin'crdciils.  I.a  j^irlt!  du  :J'.I  mai 
l'tail  grosse  coiiim»'  des  hallt'.s. 

•'  (le  rliilVii-  |iarail  iiotalilcmi'iil  cxaiit'iv ;  on  ne  jonglait  |ias  aver  les  iiiillioiis 
alors,  comiiii'  on  le  lail  aiijoiinriiiii.  Il  rv|  |ii'o|i;di|r  i|ti'il  Lmi  lire  ;in.(MMI  li\rcs. 


—  148  — 

les  terres  de  la  Mainferme,  Gergué  et  Frileuse,  comme  plus 
grêlées,  en  eurent  chacun  3  septiers.  Dans  le  mois  de  mai  on 
reçut  30  livres  qui  furent  distribuées  en  pain. 

Dambhox.  —  a  8  ht'iu'es  et  (li-iiii  du  matin,  a  éclaté  un  ouragan 
terrible  et  inouï  meslé  d'éclairs,  de  tonnerres  atîVeux,  qui  a, 
presque  en  même  temps  et  dans  l'espace  d'un  quart  d'heure, 
ravagé,  détruit,  abysmé  moisson,  luzernes,  l'ruits,  légumes, 
arbres  fruitiers,  et  cela  dans  toute  l'étendue  des  deux  tiers  de  la 
Beauce,  du  Perche,  du  Chartrain.  A  Anneau,  Sours,  Gallardon, 
Bellegarde  ^  et  plusieurs  autres  endroits  les  plus  écrasés,  on  a 
vu  des  glaçons  de  gresle  pesants  jusqu'à  7  livres.  Les  toits  des 
maisons  emportés,  les  charpentes  brisées,  les  édifices,  même  les 
églises,  découverts,  écroulés.  Les  autres  endroits,  sauf  le  Gasti- 
nais  et  la  Sologne  qui  n'ont  souffert  presque  aucun  dommage, 
les  moins  malheureux  ont  encore  perdu  les  deux  tiers  de  leur 
récolte  tant  de  bleds  que  d'avoine.  Ces  environs-ci  un  peu  moins 
attaqués  n'ont  recueilli  que  pour  les  frais. 

Levainville.  —  Un  ouragant  affreux,  accompagné  de  grêle 
épouvantable,  a  ravagé  toute  la  campagne,  ^létruit  toutes  les 
toitures  en  ardoises  et  thuilles.  11  n'y  a  eu  aucune  espèce  de 
récolte  en  quoy  que  ce  soit.  Ce  dommage  a  été  fait  en  cinq  mi- 
nutes, à  une  heure  et  demie  du  matin  -. 

OiNViLLE-sous-AuNEAU.  —  Une  grêle  moissonna  toutes  les 
espérances  du  laboureur  ;  étant  décimateur,  je  partageai  leurs 
pertes.  Ce  fléau  fut  d'autant  plus  mortel  qu'il  frappa  84  paroisses. 
Sans  doute  on  n'avoit  point  d'exemple  d'une  semblable  calamité. 
Le  découragement  étoit  dans  tous  les  cœurs,  j'aurois  presque  dit 
le  désespoir,  si  la  religion  ne  l'eût  point  empêché  de  naître.  Ce 
ne  fût  là  que  la  moitié  du  mal  ;  la  famine  qu'on  avoit  ni  prévue, 
ni  soupçonnée,  fut  réelle  au  mois  de  juillet  et  août  1789. 

Umpeau.  —  Entre  7  à  8  heures  du  matin,  cette  paroisse  a  été 
grêlée  de  manièr(>  que  l'on  n'a  pu  rien  récolter.  La  perte  a  été  éva- 
luée à  plus  de  200, 000  livres.  Cette  grêle  a  perdu  05  paroisses  de 
cette  Élection.  Elle  a  tombé  fort  dru  icy  et  grosse  comme  des 
œufs  de  pigeon  ;  elle  a  cassé  beaucoup  de  tuiles  et  presque  toutes 
les  vitres.  Elle  a  abattu,  avec  la  foudre  qui  l'accompagnoit,  le 
clocher  de  Gallardon,  l'église  de  Sours,  3  à  4  moulins  à  vent. 
Proche    Saint-Germain-eiî-Laye,    on    a   pesé   des   morceaux   de 

'  Belleganic,  canton  du  Loiret,  arrondissement  de  Montargis. 

-  Erreur  manifeste  qui  prouve  que  la  note  fut  rédigée  longtemps  après  l'évé- 
nement. 


—  149  — 

grùle  qui  ont  pesé  depuis  8  jusqu'à  lU  livres  :  c'étoit  des  mor- 
ceaux de  glace.  Jamais  on  a  vu  tant  de  dommages  dans  les 
campagnes  i-t  dans  les  villes,  et  plusiiMU's  pcrsonm's  y  ont  pôri, 
et  il  en  seroitij^cry  davantage  si  cet  accident  fust  arrivé  un  jour 
de  travail  :  piflin  c'est  une  désolation.  On  dit,  mais  je  doute  fort 
de  la  vérité*  de  ce  récit,  (lurn  i;{S(i  jimcil  accident  est  arrivé. 
Dieu  veuille  que  cela  n'arrive  jamais  1  ' 

CoLTAiNviLLr:.  —  il  y  a  eu  un  si  terrible  orage  mêlé  d'une 
grêle  si  forte,  si  grosse  et  si  généralle  qu'elle  a  ravagé  toute  la 
belle  Beauce.  Cette  paroisse  a  été  grêlée  à  moitié  ;  le  clocbé  de 
Gallardun  a  été  renversé  et  tous  les  fermiers  de  la  belle  Beauce 
ont  été  ruinés.  Les  vignes  ont  beaucoup  souH'ert  :  le  grain  a 
augmenté  considérablement,  surtout  après  la  semence  ;  le  vin 
fort  cher. 

Ver-les-Cmartres.  —  Ad  pevpctiiam  calamitosff?  vei  memoviain. 
—  L'année  1788  a  été  des  plus  désastreuses.  11  ni  a  point  eu 
d'hiver  ;  le  printemps  assez  beau,  l'été  affreux.  Le  dimanche 
VA  juillet,  vers  les  sept  heures  et  demie,  il  (it  un  orage  affreux, 
un  ouragan  terrible  qui  ravagea  la  maison  de  l'abbaye  de  l'Eau, 
renver.sa  l'église  de  Sours,  et  une  grêle  qui,  en  moins  de  cinq 
minutes,  dévasta  nos  campagnes,  au  point  que  je  n'ai  fait 
aucuni'  récolte  et  que  je  fis  remise  totale  à  Nicolas  Hamard,  mon 
fermier.  11  paroit  que  cet  orage,  qui  a  dévasté  spécialement 
l'Election  de  Chartres,  a  eu  100  lieues  de  long  sur  4  de  large.  Les 
mémoires  du  temps  feront  sans  doute  mémoire  de  cette  horrible 
journée  -. 

Boisvilli:tti;.  —  Vers  les  sept  heures  et  demie  du  matin,  il  a 
paru  un  orage  considérable  et  terrible,  qui  a  donné  uiir  gresle 
ti'és  grosse  et  nniltiiiliée  poussée  par  un  vent  violent  tl'environ 
un  quart  d'heure  qui  a  tout  brisé  dans  les  champs  et  jardins.  Cet 
orage  avoit  environ  i-  lieues  de  large  sur  plus  de  80  lieues  de 
long  :  ce  qui  a  fait  rehausser  le  prix  des  grains  dans  fort  peu. 

Brossard,  cuvé  de  lioisvillctlo. 

Saint-Loi;i'.  —  A  sept  heures  et  lieniie,  il  est  tomlie  pendant 
l'esjiace  de  trois  minutes,  une  gresle  qui  a  luiné  aux  deux  tiers 
les  moissons  de  cette  paroisse,  a  ruiné  tout  à  fait  phisiems  pa- 


'  L'Iiisloirtî   cliailiaiiie   n'a   lias  signait'-  ccllf  lfiii|i('|f   de   1380;  i-llt*  signait' 
rdifs  (If  i:,K|.  |.-„s!l,  |(;(l-_>.  \A\  h'  I7i>7. 

-  M.  il-  liai'oii  (le  Tuliciit,  sci^;ni'tir  di'  Vit.  donna  .'i  l'iiivir  l.iOO  jivrfs  pour 
former  un  liuifaii  di.'  t  liarilt". 


—  150  — 

roissos,  a  renverse  Tég-lisc  de  Sours,  la  tour  de  Téglise  de  Gal- 
lardon,  plusieurs  bâtiments,  causé  un  dommage  considérable 
dans  près  de  600  paroisses.  La  perte  de  cette  paroisse  a  été  esti- 
mée à  65,624  livres. 

Oinville-Saint-Liphard.  —  A  huit  heures  du  matin,  un  orage 
furieux  s'est  élevé  du  côté  du  sud-ouest  ;  le  tonnerre,  le  vent,  la 
grêle,  formaient  tous  ensemble  un  bruit  effroyable.  Depuis 
Paris  jusqu'à  Barmainville  dans  la  largeur  de  Gasville  à  Cham- 
pillory  ',  tout  a  été  battu  en  ruine.  Le  dégât  a  commencé  au 
bourg  et  s'est  étendu  bien  au  delà  de  Paris.  Cet  ouragan  a  ruiné 
un  grand  nombre  de  paroisses,  depuis  la  Croix-Briquet  -,  route 
d'Orléans,  en  remontant  vers  le  nord,  à  l'orient  et  à  l'occident. 
La  Beauce,  l'Ile-de-France,  la  Picardie  et,  dit-on  aussi,  la  Bre- 
tagne, ont  ressenti  ses  effets  désastreux.  La  perte  qu'il  a  causée 
est  immense.  On  a  rapporté  avoir  trouvé  dans  des  registres 
anciens  que  pareil  ouragan  avoit  occasionné,  à  môme  jour,  à 
môme  heure,  il  y  a  400  ans,  de  semblables  ravages.  Par  une 
suite  funeste  de  l'ouragan,  on  n'a  presque  rien  recueilli  dans  la 
partie  grêlée  de  la  paroisse,  et  c'étoit  celle  qui  donnoit  le  plus 
d'espérance.  Dans  le  reste  de  la  paroisse,  le  niànque  de  produc- 
tions a  produit  le  môme  effet,  de  telle  sorte  ^ue  la  récolte  en 
bled  et  en  toute  espèce  de  mars  et  de  menus  grains  a  été  très 
mauvaise. 

Sours.  —  Le  dimanche  13  juillet  1788,  à  sept  heures  et  demie 
du  matin  a  commencé  le  plus  affreux  des  orages,  le  plus  désas- 
treux de  tous  les  ouragans,  venant  du  Sud-Ouest.  En  cinq 
minutes  tout  a  été  perdu,  bleds,  mars,  fruits  de  toute  espèce  ont 
été  généralement  et  entièrement  hachés  par  la  grêle.  La  moisson, 
qui  devait  commencer  quelques  jours  après,  a  entièrement  été 
détruite,  en  sorte  que  elle  coûtera  à  ramasser  plus  qu'il  ne  vault. 
De  quatre  moulins  celuy  de  pierre  est  resté  seul  et  fort  endom- 
magé ;  dans  celuy  du  château,  où  six  personnes  s'étaient 
réfugiées,  deux  ont  été  tuées  et  inhumées  le  lendemain.  Plu- 
sieurs bâtiments  renversés,  un  très  grand  nombre  d'endommagés, 
beaucoup  de  personnes  dangereusement  blessées.  Notre  pauvre 
église  a  été  renversée  depuis  le  pignon  jusqu'au  clocher,  qui, 
resté  seul  a  garanti  le  bout  du  rond-point,  si  fort  ébranlé  qu'on 
n'a  osé  sonner  les  cloches.  La  voûte  de  la  Vierge,  la  charpente, 
tout  a  été  brisé  ;  le  banc-d'œuvre,  la  chaire  entièrement  encom- 
brés ;  tous  les  bancs  cassés,  les  confessionnaux  brisés.  Si  le  sieur 

<   Cliaiii|iiIorv,  Iniiiiraii  (rOiiivilN^-Saiiit-Lipliard. 
-  La  r,i'oix-l!i'i(iiit't,  liamcau  de  Clievilly  (Loiret). 


—   151  — 

curé  eût  été  dans  k-  sien,  comme  il  étoit  dans  la  sacristie  lors  de 
loiage,  il  étoit  écrasé  :  heuiensement  qii'élourdy  par  la  chute 
de  la  fenêtre  eiitierre  du  ronil-point  et  par  la  pi-odigieuse  quan- 
tité de  grêle  (jiji  tonihoit  sur  luy  par  cette  ouverture,  il  suivit 
ridée  que  Dieii  luy  inspira  de  se  réfugier  sous  la  voûte  de  la 
fontaine  de  la  sacristie  et  d'y  appeler  la  personne  qu'il  coid'essoit 
et  une  autre  qui  étoit  à  la  porte.  S'ils  eussent  cherché  à  se  sau- 
ver ih  étoiont  écrasés  et  ensevelis  sous  les  ruines  ;  jamais  ils 
n'auraient  pu  gagner  la  porte,  puisque  deux  lilles  qui  étoient 
tout  auprès  ont  eu  toute  la  peine  du  monde  à  y  arriver  et  non 
sans  être  dangereusement  blessées. 

"Vaugeois,  virairo  de  Sours. 

Bau.lfau-sgus-Gallardon.  —  Le  13  juillet  1788,   la  grêle  a 
traversé  la  France  (4  a  ravagé  dans  son  cours  cette  paroisse. 

DuoLE.  —  Une  grêle  telle  que  nos  clinials  n  en  éprouvèrent 
peut-être  jamais  a  ravagé,  le  13  juillet  1788,  plusieurs  provinces 
ilu  Royaume.  Dans  la  seule  élection  de  Chartres,  sur  l'étendue 
de  8i  paroisses,  la  récolte  a  été  comme  broyée  sans  qu'il  en  res- 
tât aucun  vestige.  Des  églises,  un  grand  nombre  d'autres  édifices 
publics  ou  d'autres  habitations  particulières  ont  été  renversées 
ou  endonunagées  ;  et  ces  ravages,  étendus  avec  une  fureur 
presque  égale  sur  170  autres  paroisses  des  élections  de  Chàteau- 
lun,  de  Dourdan  et  de  Poissi.  font  monter  au-delà  de  12  millions 
la  perte  que  le  diocèse  de  Chartres  a  éprouvée. 

Raisin,  curé. 

Eper.non.  —  Le  13  juillet  1788  est  tombée  une  grêle  affreuse 
dont  on  n'a  pas  d'exenq^les  dans  l'histoire.  A  7  heures  1/2  du 
matin,  on  eut  ime  obscurité  presque  égale  à  une  éclipse  ordinaire. 
Il  commen<;a  à  tomber  quelques  grains  de  grêle,  mais  sans 
lucunc^  suite,  à  Epernon  ;  une  légère  tempête  l'enleva  jusqu'ù 
Chaleine,  paroisse  d'Emancé'jOû  tout  fut  saccagé.  La  nuée  com- 
meii(;a  à  Hrezolles,  parccjurut  une  jiartie  du  Perche,  la  majeuri' 
partie  de  la  Beausse,  JanvilK-,  Etampes  et  au-delà,  Saint-<Jer- 
inain-en-Laye  et  tous  les  adjacents,  partie  de  la  Brie,  de  la 
Bfuirgogne,  de  la  Pii-ardie,  de  la  Flandi'e,  de  la  Hollande  et  un 
peu  i-n  Angleterre,  et  tous  les  ravages  j)resqu(î  à  la  même  heure, 
l'resque  aussitôt  le  ble<l  doubla  de  prix  et  tle  18  livres  monta  à 
près  di-  30;  le  jM-tit  bled  ipii  valoit  lo  à  12  livres  augmenta  jus- 
qu'à 22.   Pour  surcroit  d'arilietion ,  les  terres  épargnées  n'ont 

'  Kiii.iiuT,  anliffois  paroisse  du  dioc^st;  de  Cliarlics,  aiijourd'liui  lOiiiimiiii- 
lie  i'aiTOiidissi'iiient  df  llainltouiilrt  (Scinc-ct-Oise). 


—  152  — 

produit  en  général  que  2  septicrs...  La  misère  est  devenue  exces- 
sive :  les  propriétaires  ont  été  obligés  de  remettre  les  loyers  et 
de  donner  de  quoi  ensemencer  les  terres. 

SouLAiRES.  —  Au  matin  sur  les  7  et  8  heures,  il  a  paru  sur 
l'occident  une  nue  d'orage  qui  en  moins  de  2  heures  a  greslé  plus 
de  80  paroisses,  l'espace  au  moins  de  20  à  30  lieues  sur  au  moins 
3  lieues  de  large.  On  a  dit  qu'on  a  pesé  des  grains  de  grêle  qui 
pesaient  jusqu'à  11  livres.  Par  où  elle  a  passé,  elle  a  tué  tout  le 
gibier  et  jusqu'aux  lièvres. 

MoNTAiNviLLE.  —  La  paroissc  a  été  grêlée  partie,  savoir  le 
terroir  de  Montainville  et  de  Chavernay.  La  perte  a  été  de  plus 
de  20,000  livres  :  il  y  a  eu  plus  de  20  paroisses  qui  ont  plus 
souffert  que  la  nôtre. 

Broué.  —  Le  registre  de  1788  signale  à  la  date  du  21  septembre 
le  Mandement  de  M'?'"  TEvèquc  de  Chartres  «  pour  ramasser  des 
questes  pour  secourir  les  infortunés  habitants ,  qui ,  à  compter 
depuis  Poissy  jusqu'à  Chartres  et  Chàteaudun ,  on  compte  près 
de  200  paroisses  dans  le  diocèse  de  Chartres^qui  ont  esté  gres- 
lées  et  ravagées  par  une  énorme  gresle,  avec  ^ne  tempeste  et 
orage  violent...  ;  ainsy  près  de  200  paroisses  dans  le  diocèse  de 
Chartres  sont  perdues  entièrement  par  ce  fléau...,  dont  on  évalue 
la  perte  au-delà  de  12,000,000. 

Chérisy.  —  Le  \i  juillet  '  1788,  il  y  a  eu  un  orage  qui  a  été 
accompagné  d'une  grôle  qui  a  dévasté  140  paroisses  de  la  Beauce 
et  les  a  laissées  sans  aucune  ressource.  Trois  autres  provinces 
ont  éprouvé  le  môme  sort. 

Brezolles.  —  Cette  année  est  remarquable  par  le  dégât  causé 
par  la  grêle  en  plusieurs  provinces  et  notamment  dans  la  Beauce 
et  la  Picardie.  Dans  la  seule  élection  de  Chartres,  il  y  eut 
99  paroisses  ravagées.  Les  grains  de  toute  espèce  furent  pillés 
sans  qu'il  en  restât  aucun  vestige  ;  les  vignes  et  les  arbres 
furent  brisés  et  même  arrachés...  Ces  ravages...  ont  causé  une 
perte  de  plus  de  12  millions  dans  le  diocèse  de  Chartres. 

J'ai  cru  devoir  admettre,  au  même  titre  que  les  autres, 
l'extrait  suivant  que  j'emprunte  aux  registres  de  la  paroisse 
d'Oigny  près  de  Mondoubleau.  Si  cette  paroisse  n'appartient 
pas  au  diocèse  de  Chartres,  l'auteur  de  la  note  était  un 

'  Erreur  de  date  :  il  est  visible  que  cette  note  a  été  rédigée  assez  longtemps 
après  l'événement. 


—  153  — 

compatriote  et  les  détails  qui  s'y  trouvent  ne  nous  permettent 
pas  de  la  laisser  de  côté  *. 

OiGNY.  —  Ll'M3  juillet  1788  .sur  k-s  V>  h.  1,2  du  matin  on  a 
vu  paraitro  une  nuée  qui  annonçait  tout  le  désastre  qu'elle  a 
causé.  Elle  a  fait  beaucoup  de  ravages  dans  la  Bretagne,  dans 
le  Maine,  dans  le  BlésoLs,  dans  le  pays  chartrain,  autom*  do 
Paris,  dans  la  Brie  et  dans  beaucoup  d'autres  endrciits,  de 
manière  (juil  y  eut  plus  de  GtK)  paroisses  victimes  de  celle  mal- 
heureuse grêle.  Le  pays  chartrain  a  été  le  plus  maltraité  :  il  y 
eut  1()<J  et  quelques  paroisses  dans  le  seul  évéché  de  Chartres 
qui  ont  été  ravagées.  La  foudre  était  si  grande  qu'elle  a  renversé 
quantité  d'édilices,  déraciné  quantité  darbrt's,  coupé  les  i)ranchcs, 
ôté  l'écorce  de  ceux  qui  sont  restés. 

Dans  la  paroisse  de  Sours,  mon  pays  natal,  elle  a  renversé 
toute  la  nel'  de  l'église,  de  manière  (juil  y  aurait  eu  plus  de 
3tHJ  personnes  écrasées,  si  cet  accident  fui  arrivé  trois  quarts 
d'heure  plus  tôt.  Trois  moulins  ont  été  renversés  ot  brisés,  dans 
l'un  desquels  deux  personnes  ont  été  écrasées.  La  flèche  de 
Gallardon  remarquable  par  sa  hauteur  a  été  coupée  à  la  hauteur 
de  l'église.  Dans  le  seul  évéché  de  Chartres  qui  a  été  le  plus 
ravagé  on  a  estimé  la  perte  à  12.(XH).(K>()  :  cette  affreuse  nuée  a 
paiTouru  toutes  les  provinces  et  les  pays  susdits  dans  l'espace 
de  trijis  heures  ;  par  f)ii  elle  passait,  elle  avait  jeté  toute  sa  furie 
dans  l'espace  de  cinq  nnnutes.  On  a  vu  des  grains  de  grêle 
pesant  jusqu'à  dix  livres,  elle  était  ordinairement  de  la  grosseur 
d'un  œuf  de  jjigeon.  De  mémoire  d'honnnes  on  n'a  jamais  lu 
quelque  jtart  (pi'il  ait  paru  sous  notre  sphère  un  pareil  ouragan. 

Deux  autres  témoignages  contemi)orains  me  semblent,  à 
cause  de  leur  origine,  faire  une  suite  naturelle  de  ces  rela- 
tions emprunt('os  aux  registres  paroissiaux.  Le  jjrcmier  est 
consigne'"  dans  le  Registre  des  délibérations  du  Chapitre  de 
Notre-Dame  de  Chartres  en  ces  termes  : 

1788.  H»  juillet.  —  Il  est  doiuié  lecture  d'une  lettre  du  sieur 
curé  d'L'mpeau,  pai-  laquelle  il  prie  la  Compagnie  de  vruir  au 
secours  de  sa  paroisse  plus  à  ))laiii(lri'  ([Ui'  jamais  après  les 
malheiii's  ijiic  la  grrji'  a  eausés. 

(''est  ;i  la  lin  ilii  Cirlulaire  de  labba^c  de  Saint-Chei-on 
que  .se  trouve  le  second  h'iiiojguagt',  dans  une  sorli'  di'  J<'ur- 


'  l.a  Soi  irl('  ;inln''iiloi,'i(|iii'  en  ;i  jii^r  de  im'^iiii',  car  f\\r  a  iiiM'-ir   fi-llr   iinli- 
dans  if  loiiic  \  111  (II.'  ses  |iroers-vcrJiaiix,  p.  îOT. 


—  154  — 

liai  où  sont  relatés,  année  par  année,  les  faits  intéressant 
cette  maison  religieuse.  L'orage  eut  (railleurs  une  consé- 
quence dont  les  clianoines  de  Saint-Clieron  ne  durent  pas  se 
plaindre,  ainsi  qu'on  va  le  voir  : 

L'année  1788  fera  longtemps  époque  dans  le  pays  chartrain  à 
cause  des  malheurs  qui  y  sont  arrivés.  (  Après  avoir  raconté  les 
démêlés  des  religieux  avec  leur  abbé  commandataire,  qui  deman- 
dait les  2/3  des  revenus,  l'annaliste  ajoute  :)  Les  pourparlers 
durèrent  jusqu'au  13  juillet,  jour  à  jamais  mémorable  par  la 
grêle  épouvantable  qui  a  ravagé  les  deux  tiers  du  pays  chartrain. 
Comme  les  biens  sur  lesquels  on  se  disputait  se  sont  trouvés  à 
peu  près  détruits,  on  a  parlé  de  paix...  Il  est  inutile  d'entrer  dans 
le  détail  des  malheurs  arrivés  par  la  grêle  ;  les  annales  en  par- 
leront assez  '.  Voilà  la  liste  des  paroisses,  où  les  chanoines 
réguliers  ont  des  biens,  qui  ont  été  ravagées  :  Barjouville,  Bou- 
ville,  Berchères-l'Evèque,  Gellainville,  Frainville,  Francourville, 
Prunay-le-Gillon,  Saint-Cheron-du-Chemin  et  les  environs  du 
Bois-Baudry,  Allonnes,  Sours,  Voise,  Thivars,  Lucé,  le  Bois-de- 
Fugères,  Nogent-le-Phaye.  Notre  ferme  d'Archévilliers  a  eu  une 
pièce  d'avoine  de  28  setiers  absolument  perdue.  La  désolation  a 
été  si  complète  qu'on  a  remis  aux  fermiers  le  fermage  de  l'année, 
et  qu'on  a  été  obligé  d'avancer  des  semences  aux  fermiers  de 
Prunay,  de  Nogent  et  de  Bouville.  Pour  combler  le  vide  on  a 
exploité  les  chênes  du  Bois-Baudry  dont  le  produit  a  été  de 
4.000  livres. 

Cahiers  des  doléances.  —  On  parla  longtemps  de  cette 
funeste  journée,  non  seulement  sous  le  manteau  de  la  che- 
minée pour  charmer  les  loisirs  des  soirées  d'hiver,  mais 
encore  dans  les  actes  publics,  et  dans  toutes  les  circonstances 
où  il  était  permis  au  peuple  d'exposer  sa  misère.  Les  cahiers 
de  doléances  pour  les  Etats-Généraux  de  1789  ont  été  pré- 
parés en  cette  malheureuse  année  1788,  c'est-à-dire  lorsqu'on 
était  encore  sous  le  coup  de  l'émotion  causée  par  ce  désastre. 
Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  si  l'orage  du  13  juillet  s'y  trouve 
fréquemment  signalé,  comme  une  des  principales  causes  des 
souffrances  de  la  cnUiire.  En  voici  quelques  preuves. 

Mcsl;i\-l('~]'ii/;iiii('   met  sous  les  yeux  du  Koi  l'étal  (i('plo- 


'  Le  bon  religieux  a  été  trompt''  dans  ses  prévisions  :  1 789  et  ses  suites  ont 
(li'lonrnt'  l'allcntion  do  l'oi^aiic  de  I7SS.  Chevard.  nn  l'onteniporain,  n'iMi  dit 
pas  un  mot  dans  son  Histoire  de  Chartres. 


—  l.-).-)  — 

labli-  iruiK'  partie  des  iiaroissos  du  liailliaLTe  do  ("liartres, 
notaninit'iil  de  cette  paroisse  de  Meslay  (pii  a  essuyé  le 
1.')  juillet  1787  et  1788  deux  oura^'ans  qui  ont  ravagé  toutes 
les  moissons  de»yrains  de  toute  espèce  ;  en  consétiuence,  il 
sollicite  la  remise  des  impositions  de  1787  et  17X8. 

Amli'vilh-,  petite  paroisse  aujourd'hui  annexc'e  ;i  Meslay- 
le-^'idame,  el  Cernelles.  autre  paroisse  aujourd'hui  annexée 
au  (iault-Saint-Denis,  l'ont  les  mêmes  observations  d  à  peu 
près  dans  les  mêmes  termes. 

/'.'i-mnioin  illr-l;i-(ii-;iii>lr  ("ait  cette  (loléance  :  "Tous  les 
habitants  de  cette  paroisse  vivent  dillicilemeiil.  ayant  été 
allliiifés  par  la  grêle  du  1.*.  juillet  dernier.  Ils  se  sentiront  au 
moins  K»  ans  de  la  perte  (pi'ils  oui  l'aile,  ayant  (''l('-  obligés 
d'emprunter  beauc-oup  pour  ensemencer  les  terres,  ayant 
[lerdu  une  Lirande  partie  des  [)aillis  nécessaires  aux  engrais, 
ce  qui  ilélruit  l'espoir  de  grande  récolte.  » 

RÉCL.\MATioNs.  —  La  misère  (ut  grande  pendant  la  période 
ri'volutionnaire,  mais  cela  n'empêcha  jtas  la  culture  beauce- 
ronne d'être  accablée  d'im})ots  et  surtout  de  réquisitions 
cx<trbitantes.  Les  réclamations  étaient  nombreuses,  et .  au 
nombre  des  raisons  que  faisaient  valoir  les  cultivateurs  aux 
abois,  se  trouve  souvent  l'orage  (h^  1788,  dont  les  ravages 
n'étaient  point  réparés  encoi'e.  Voici  ce  (juc  nous  lisons  au 
R<'gistre  des  délibérations  du  Direcloirc  du  d(''i)artement 
d'Kure-et-Loir  : 

2  aofit  17'.>n.  -M.  Bunel.  cur(''  de  hammarie,  deuiaiidi'  ;i 
être  déchargé  de  ses  impots,  parce  qu'il  a  été  grêle  en  178S. 

-  Ilrjrlr. 

15  octobre  17*.'(i.  —  11  .sera  sursis  pour  le  recouvrement  des 
|ires(ations  dans  les  paroisses  grêlées  le  1."'.  juillet  178S.  dans 
IKleclion  de  <"hâleaiuluii. 

•J7  octolire  17'.K».  —  M.  (le  .Moiilboissier  a  remis  ?('•,  I."»!  IV.  a 
^es  CeruMers  à  cause  des  grêles  de  1787  et  de  1788;  il 
demamb'  ;i  être  (b-chargé'  de  ses  \  ini^lièiues  proportiouiielle- 

meut  à  ses  remises.  —  llruvay''  ;iii  (/.irdr  i/ihicrni  ilr^  milIllIi'S 
ilr  l'illl/itil  ^/r,s   ^ff\ 

2:M'évrier  17îtl.  —  Monilouet  grêle  en  1788,  178'.i.  17'.«i. 
demande  (b'-charii-e  de  ses  impositions.  —  Ajniii-iir. 

Ki  juin  17'.»1.  —  Les  députés  di-s   paroi.sses  grêlées  en  1788 


—  156  — 

du  district  de  Chàteaudun  présentent  au  Directoire  du 
Département  une  lettre  du  ministre  faisant  espérer  du 
secours.  —  Le  recouvrement  des  impositions  de  1788  sera 
suspendu. 

12  mars  1791.  —  Jacques  Dupont,  menuisier  à  Oinville- 
sous-Auneau,  demande  la  remise  de  ses  impôts  de  1789, 
attendu  la  perte  qu'il  a  faite  par  la  grêle  du  13  juillet  1788. 
—  Renvoyé  au  district. 

Fatigué  de  ces  demandes  qui  se  renouvelaient  sans  cesse, 
le  Directoire  du  Département  d'Eure-et-Loir  en  référa  à 
l'Assemblée  Nationale.  Dans  la  séance  du  29  mars  1791,  ses 
délégués,  de  retour  de  Paris,  racontent  qu'ils  ont  été  mal 
reçus.  On  leur  a  répondu  :  «  Le  peuple  paiera  et  on  ne  fera 
point  de  remise  :  la  cause  est  vidée.  »  Les  amis  du  peuple 
commençaient  à  laisser  voir  de  quelle  nature  était  leur 
amitié. 

Je  ne  crois  pouvoir  mieux  terminer  ces  citations  concer- 
nant notre  ouragan  beauceron  que  par  le  récit  littéraire  que 
nous  en  a  laissé  un  personnage  de  granct  mérite,  M.  l'abbé 
Moisant,  qui  après  avoir  été  professeur  lui  séminaire  de 
Beaulieu,  émigra  en  Russie,  où  il  donna  des  leçons  do  langues 
mortes  et  vivantes  dans  de  nobles  familles,  et  revint  mourir 
curé  d'Alluyes  (1814)  ^ 

«  Le  roi  chassait  dans  la  forêt  de  Rambouillet  '  quand  tout  à 
coup  un  ouragan  parcourt,  avec  la  rapidité  de  Féclair,  100  lieues 
de  pays  dans  sa  longueur,  sur  environ  4  à  5  de  large. 

Dans  cet  espace,  le  ciel  semble  avoir  rompu  une  partie  de  la 
voûte  azurée,  qui  tombait  en  morceaux  de  glace  dont  la  dureté 
égalait  celle  du  cristal.  Tout  fut  détruit  par  ce  fléau  dévastateur; 
les  hommes  mêmes  qui  se  trouvent  dans  les  champs  ne  peuvent 
s'y   soustraire  qu'en  gagnant  avec  la  plus  grande  vitesse  les 


'  Ce  récit  a  élô  rédigé  plusieurs  auiiées  après  l'événement,  comme  il  est 
facile  (le  le  voir  pai'  certains  détails  el  |)ar  une  erreur  de  date  qui  a  fait 
intituler  ce  récit  Ouvnijdii  du  I i  juillel  178H.  On  reniai^quera  que  l'auteur  ne 
s'est  pas  contenté  de  consulter  sa  mémoire  ;  il  a  eu  aussi  recours  à  son  imagi- 
nation, ce  qui  explique  comuieni  il  nous  montre  les  paysans  Ijeaucerons  s'abri- 
tant  dans  les  cavités  des  rochers. 

2  Le  idi  Louis  XVI  et  son  frère  le  comte  de  i'i'ovence,  (jui  fui  plus  tard 
Louis  XVIll,  surpris  p;ii'  forage  en  revenant  de  Handiouillel  h  Vcisaillcs,  furent 
heureux  de  iiouvoir  se  réfugier  sous  un  hangar  ;  ils  virent  toniher  des  grêlons 
du  poids  de  2  livres. 


—  ir,7  — 

cavit^'S  dos  rochers  ;  les  troupeaux  sont  «écrasés  ;  la  cime 
orf^mei lieuse  du  chùne  est  abattue  et  brisée  par  ces  morceaux  de 
place,  comme  U-  plus  faible  arbrisseau.  Kmbléme  trop  fi-appaut 
de  ce  qui  aii  iva  «laiis  le  cours  de  lamiée  (jui  suivit  celle-ci. 

il  ne  ivsta,  d«fis  l'étendue  dont  je  viens  de  parler,  rien  qui  pût 
ilédonnuap'r  le  laboureur  de  son  ti'avail.  Les  blés  prêts  î'i  rece- 
voir la  l'aucille  étaient  non  seulement  hachés,  mais  la  terre  avait 
fté  tellement  déchirée  par  la  chute  de  ces  grèltjns,  (il  y  en  avait 
du  pdids  de  10  livres),  que  les  racines  étaient  étendues  sm-  le 
sol.  Rien  n'était  comparable  à  la  désolation  que  cotte  tempête 
laissa  après  elle  et  ([ue  la  bienfaisance  seule  des  riches  proprié- 
taires adducit. 

M.  le  duc  de  Pentliiévre  non  seulement  remit  à  ses  fermiers 
leurs  redevances,  il  fit  encore  distribuer  dos  secours  considé- 
rables ;  Madame  de  Lamballe  y  joignit  des  dons  particuliers. 

J'étais  à  cette  funeste  époque  au  séminaire  de  Beaulieu,  à  une 
lieue  de  (Chartres.  Au  bruit  du  tonnerre  se  (joignit  le  feu  nmlti- 
plié  des  éclairs. 

Cet  ouragan  était  si  affreux  que  mes  séminaristes  n'osaient 
traverser  un  eoriidor  pour  arriver  à  ma  cluunbre.  La  cour  ihi 
sénnnaire  était  couverte  de  gréions  à  un  demi-pied  de  hauteur 
Les  blés  des  champs  (au  milieu  desquels  est  située  cette  aimable 
solitude;  étaient  haches  connue  la  paille  que  l'on  destine  à  la 
nouniture  des  chevaux  de  trait,  ou  comme  le  chaume  (ju  a 
déraciné  la  chaumclte.  On  ne  voyait  plus  l'épi,  on  ne  voyait  que 
des  racines  dont  l'épi  avait  pris  la  place,  enfoncé  dans  la  terre 
par  la  pesanteur  des  gréions  dont  la  tempête  redoublait  le  jtoids 
et  préci])itait  la  chute.  Les  fermiers  du  séminairi',  rendus  insen- 
sibles par  la  douleur,  apportent  leurs  baux  au  procureur  de  la 
conmiunauté  :  «  Nous  sommes  ruinés  sans  ressource.  Voyez  ce 
que  vous  vovdez  faire  ;  nous  ne  pouvons  tenir  ce  que  nous  avons 
jn-omis  '.  » 

Le  tableau  est  complet  ;  ICiisemblo  comme  les  di'tails 
prouveiit  jusqu'à  révidenco  que  lorage  de  1788  ne  res.semble 
il  aucun  de  ceux  dont  nous  pouvons  avoir  connaissance.  Le 
Bureau  des  Longitn(h'S  le  cite  comme  un  des  cataidysmcs  l(»s 
plus  terribles  (huit  les  annales  de  la  France  fassent  mention. 
Ses  ravages,  on  l'a  vu,  s'étendirent  plus  loin  (juc  la  lîeauce 
et  eurent  d  autres  conséquences  (pie  la  ruine  des  cultivateurs. 


'  Sur  M.  raliid''  Mois.iiil,  vnir  jr  Mi-ssui/rr  ilf  lu  Itfaiiic  il  du  l'iirlic.  aiiin'f 
IK71.  (l'est  là  riiif  j'ai  lioiivé  i-,cltf  Irltrc. 


—  158  — 

Dans  un  rapport  présenté  le  8  décembre  1792,  par  Creuzé- 
Latouchc  à  la  Convention  Nationale,  en  faveur  de  la  liberté 
entière  des  commissaires  des  grains,  nous  lisons  ces  paroles  : 
«  Le  fléau  d'une  grêle  sans  exemple  avait  ravagé  nos  moissons 
en  1788,  surtout  dans  les  provinces  les  plus  fertiles  telles  que 
la  Krio,  la  Beauce,  le  Soissonuais,  la  Normandie,  la  Picardie, 
le  Hainault,  la  Flandre,  la  Champagne  et  beaucoup  d'autres. 
L'approche  des  Etats-Généraux,  l'attente  des  plus  grands 
événements,  le  sentiment  confus  que  le  peuple  commençait 
déjà  à  avoir  de  ses  droits  excitèrent  partout  d'avance  une 
certaine  agitation.  A  ce  mouvement  se  joignit  quelque 
inquiétude  produite  par  l'évidence  d'une  mauvaise  récolte.  » 
Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  si  un  des  hommes  qui  ont  le 
plus  étudié,  à  notre  époque,  la  Révolution  française  ne  craint 
pas  de  nommer,  parmi  les  incidents  qui  ont  contribué  à 
amener  ce  grand  événement,  l'orage  de  1788  ^ 


III 

SECOURS 

En  face  de  cette  immense  calamité,  quelle  fut  l'attitude  des 
victimes  et  de  leurs  concitoyens  ?  Au  premier  moment,  les 
cultivateurs  demeurèrent  comme  anéantis  sous  le  coup  qui 
les  frappait  si  durement  ;  il  leur  semblait  qu'ils  ne  se  relève- 
raient jamais  d'une  catastrophe  aussi  terrible.  «  Le  découra- 
gement était  dans  tous  les  cœurs,  écrit  un  contemporain  ; 
j'aurais  presque  dit  le  désespoir,  si  la  religion  ne  l'eût  pas 
empêché  de  naître.  »  La  religion  qui  soutint  leur  courage 
dans  cette  épreuve  leur  rendit  un  autre  service  non  moins 
précieux,  en  suscitant  en  leur  faveur  un  admirable  élan  de 
charité  chrétienne. 

Déjà  les  philosophes  avaient  prêché  la  [)liilantropie,  et 
leurs  disciples  allaient  bientôt  inventer  la  fraternité  démo- 
cratique ;  mais,  à  la  veille  de  la  Révolution,  la  société  toute 
entière  était  encore  fortement  imprégnée  d'esprit  chrétien, 
et,  à  ceux  que  visitaient  le  malheur  ou  la  souffrance,  elle 

'  Charles  d'Héricault.  Almaiiach  de  la  Révolution,  1887,  p.  13. 


—  159  — 
savait  offrir  des  consolations  jilns  ellicaces  que  les  sensible- 
ries déclamatoires  des  tribuns  d('Miia|jro«2:ues,  et  des  secours 
plus  oitportuns  ijue  ceux  des  lûtes  luxueuses  do  iu)s  modernes 
comités  do  bieiéfaisance. 

Dès  le  leud4:'main  du  dc'sastre,  les  dcHails  les  iilu>  navrants 
arrivèrent  h  Chartres  de  tous  côtés.  Sans  perdre  de  temps, 
tout  le  monde  se  mil  ii  lieuxi'e  pour  en  altt'-iiuer.  il.iiis  la 
mesure  du  |i<tssible.  les  tristes  conséquences.  Nos  pères 
savaient  mettre  en  pratique  le  con.seil  du  vieil  ada^i-equi  dit: 
Ct'liii  (/ni  (loiinr  vite  doinio  rlciix  t'ois.  Les  démarches,  les 
sacrihces,  les  ellorts  (pi'ils  lii-ent  pour  secourir  les  victimes 
de  la  •rrèle  ne  sont  peul-èlre  pas  le  c(Mé  le  moins  intéressant 
de  ce  mémorable  épisode  de  notre  histoire  locale. 

Aflniinisfrnlions  civilos.  —  La  fatale  nouvelle  était  à  peine 
connue,  que  le  Corps  municipal  de  Ciiartres  se  réunissait  en 
assemblée  tiH'uéi-ale  i\ô  Juillel  .  ^'oici  le  i)rocès-verbal  de  sa 
délibération  :  «  Sur  les  représentations  qui  ont  été  faites  que 
dans  les  circonstances  actuelles  de  calamit(''  (pii  \ient  de 
subvenir  dimanche  dernier  dans  cette  province  par  la  {j:rèle, 
il  serait  très  intéressant  de  frapper  i»romptement  les  oreilles 
du  f,^ouvernement  pour  venir  au  secours  des  infortunés 
laljoureurs  qui  sont  sans  ressources  et  de  députer  en  Cour 
trois  de  .Messieurs...  :  il  a  (''((''  unanimement  arrêté  cpu' 
MM.  ïriballet  du  (Jorl,  maire  de  cette  ville,  drandet  de  la 
\illette.  cduseiller  asses.seur  de  cet  hôtel-de-ville,  et  l'abbé 
iJuplessis  du  Colombier,  notable,  se  transporteraient  en 
<'nur  le  plus  tôt  (pie  faire  se  pourra,  munis  diin  mémoire 
circonstancié  des  malheurs  qui  vienncni  d'accabler  la  plus 
grande  partie  des  paroisses  les  jilus  fertiles  de  la  Beauce. 
Comme  aussi  a  été  arrêté  qu'il  serait  ;i  l'instant  écrit  quatre 
lettres  jiar  le  Corjjs  municiiial,  ;i  M.  le  principal  ndnistre,  ;i 
M.  le  Contrôleur  «iéiu'i-al,  ;i  M.  le  Chancelier  de  Myr  le  I»uc 
d'Orléans,  et  à  M.  rint<'n(laut.  » 

La  lettre  envoyée»  à  ces  quatre  personuag'es  a  été  transcrite 
-ui-  il-  re^nstre  des  di-libérations  :  elle  est  connue  en  ces 
termes  : 

Cliailtcs,  Cl-  tr.  jnillol  I7KS. 
MO.NSF.IG.NEUR, 

Da)is  une  circonstance  désastreuse  dii  la  plus  fj;ran(le  |)artie 
des   ruitivati-nrs    est    absnjnmrnl    ruinée,    nu    la    l'ertune    d'un 


—  160  — 

nombre  îmmonse  de  propriétaires  est  en  dang'er,  il  appartient 
au  Corps  municipal  de  la  ville  de  Chartres  de  porter  les  plaintes 
de  la  province  et  de  solliciter  les  secours  nécessaires  pour  pré- 
venir encore  de  plus  grands  maux. 

Un  orage  dont  il  n'y  a  jamais  eu  d'exemple  vient,  le  dimanche 
treize  du  présent  mois,  sept  heiu"es  et  demie  du  matin,  de  ravager 
nos  contrées  au  moment  de  la  moisson.  Des  églises  renversées, 
des  fermes  presque  entièrement  détruites,  des  hommes  morts 
de  ce  cruel  fléau  ;  il  est  impossible  de  tracer  ici  tout  ce  qui  a 
accompagné  ce  fatal  ouragan.  On  ignore  où  il  a  commencé  ses 
désastres,  et  dans  quel  endroit  il  s'est  amorti.  Mais  ce  que  nous 
savons,  c'est  que  déjà  soixante-quatre  paroisses,  sur  deux  cents 
dont  l'élection  est  composée,  sont  venues  nous  faire  part  de  ses 
ravages  et  de  leurs  pertes;  tout  y  est  pilé  et  dévasté  !  Il  n'y  a 
pas  le  moindre  espoir  d'y  récolter  ;  tous  les  laboureurs,  dont  la 
plupart  sont  obérés  par  des  fermages  arriérés,  sont  sans  res- 
sources. Ils  viennent  ici  en  foule  pour  remettre  leurs  baux  ou 
demander  des  remises  totales,  et  exiger  de  plus  qu'on  leur 
fournisse  des  deniers  et  des  grains  pour  ensemencer,  pour 
vivre,  eux  et  leurs  familles,  et  pour  la  subsistance  de  leurs  bes- 
tiaux. Plusieurs,  abattus  et  consternés,  sont-déterminés  à  quitter 
leurs  exploitations.  Dans  une  occurence  aussi^f àcheusc ,  la  Pro- 
vince a  besoin  des  secours  les  plus  pressants  et  les  plus  abon- 
dants ;  elle  est  trop  intéressante  pour  rester  sans  cultivateurs. 
Des  plaines  fertiles  deviendraient  bientôt  un  friche  ;  nous 
n'osons  pas  prévoir  tous  les  malheurs  qui  ne  manqueraient  pas 
d'en  résulter. 

Nous  comptons,  Monseigneur,  sur  votre  bienveillance  pour 
prévenir  tant  de  calamités,  et  pour  apporter  le  plus  prompt 
remède  au  désastre  dont  nous  ne  venons  de  vous  donner  qu'une 
faible  idée.  Nous  laissons  à  votre  sensibilité  et  à  votre  humanité 
à  faire  donner  les  ordres  les  plus  efficaces,  pour  que  des  secours 
abondants  parviennent  très  promptement  dans  les  campagnes 
et  y  préviennent  les  suites  et  les  effets  du  désespoir.  Nous  som- 
mes prêts  à  faire  tout  ce  qui  sera  en  nous  povu'  assurer  le  succès 
des  mesures  que  vous  croirez  convenables. 

Nous  sommes  avec  respect, 
Monseigneur 

Vos  très  humbles  et  très  obéissants  serviteurs, 
Les  officiers  du  corps  municipal  de  la  ville  de  Chartres  K 


^  La  copie  n'est  pas  signée  dans  le  registre  ;  mais  les  signataires  de  l'origi- 
nal devaient  être  :  IVli\I.  Triballet  dn  {m-{\.  Le  Tellicr.  Petey-Vallet.  Langlois. 


—  101  — 
Commo  dans  une  semblable  détresse  les  secours  ne  pou- 
vaient pas  être  trop  abondants,  on  résolut  do  s'adresser  au 
roi  lui-même,  et  les  porteurs  de  la  lettre  précédente  furent 
en  mémo  tommj  chargés  de  présenter  à  Sa  Majesté  le  placet 
suivant  : 

PLACET  AU  ROI 

Sire,  les  olticieis  municipaux  de  lu,  ville  de  Chartres  viennent 
au  pied  du  trône  exposer  c\  Votre  Majesté  le  plus  grand  des 
lléaux  dont  leur  Province  vient  d'ùtre  la  victime,  et  lui  deman- 
der des  secours  prompts  dont  elle  est  dans  rimpossibilité  de  se 
passer.  (L'énoncé  de  révènement  est  presque  textiiellement  le 
même  que  dans  la  lettre  précédente.)  Tout  ne  présente  que 
l'image  du  bouleversement,  de  la  mort  et  de  la  stérilité. 

Nous  ne  pouvons,  Sire,  rester  tranquilles  spectateurs  d'un 
tel  désastre.  Nous  en  envisageons  les  suites  et  elles  sont 
horribles.  Tous  les  cultivateui's  sont  ruinés  sans  ressource,  et 
ils  sont  au  désespoir.  Nous  avons  vu  une  paroisse  entière 
r«'gretter  que  l'ouragan  qui  a  détruit  son  église  ne  soit  pas  arrivé 
pendant  la  grand'messe.  La  mort,  comparée  à  la  situation 
actuelle,  eût  été  un  bienfait  pour  elle.  L'extrémité  accablante 
où  ces  infortunés  sont  réduits  les  porte  à  toutes  sortes  d'entre- 
prises. Dans  limpuissance  où  ils  sont  de  continuer  leur  culture, 
ils  se  liguent  entre  eux,  et,  par  des  traités  de  confédération, 
arrêtent,  ou  que  les  propriétaires  reprendront  leurs  baux,  ou 
qu'ils  leur  donneront  le  moyen  de  cultiver,  d'ensemencer  et  de 
vivre,  eux  et  leurs  familles  et  leurs  bestiaux,  jusqu'à  l'année 
pntchaine.  Ils  viennent,  avec  la  fierté  et  l'audace  que  donne 
l'extrême  malheur,  faire  ces  propositions  à  des  propriétaires 
presque  aussi  malheureux  qu'eux.  Tout  est  à  redouter  dans  celte 
occm-ence  fâcheuse.  Tous  les  excès,  tous  les  crimes  sont  voisins 
du  désespoii'.  Pour  les  prévenir,  Sire,  nous  osons  venir  avec 
conliance  intéresser  votre  sensibilité  et  implorer  votre  bonté 
paternelle.  En  1727,  votre  auguste  ayeul,  fra}>pé  d'un  événement 
senddable,  mais  dont  les  circonstances  étaient  sûrement  moins 
déchirantes,  fit  paivenir  promptement  dans  notre  pi'ovince  des 
deniers,  des  grains,  des  fourrages.  Nous  venons  demantler  à 
Voti'e  Majesté ,  d'abord  provisoii'ement,  les  mêmes  bienfaits. 
Nous  la  supplions  de  nous  les  accorder  tout  d'un  coup.  Si  nous 
nous  en  retournions  sans  être  en  état  di'  procurer  ces  premiers 
secours  à  nus  <Miltivateui's,  ils   verniraient  sur   le   chani|i   à   vil 


Graiulcl  (le  l.t  VilliU.'.  !).•  i;;iill()ii  di'  Koi-r.  I'.  ilr  l!(ir\illi'.  Hii  Ti'iii|i|.'.  A>;'i<'liii, 
Foisy. 

T.  XII,  M.  n 


—  102  — 

prix  leurs  bestiaux  et  leurs  meubles  ;  ils  abandonneraient  leurs 
exploitations,  se  fermeraient  à  jamais  la  facilité  d'y  rentrer, 
laisseraient  la  province  stérile,  et  nous  livreraient  à  tous  les 
malheurs  qui  suivraient  nécessairement  une  catastrophe  de  cette 
nature.  Daii^nez,  Sire,  la  détourner  et  vous  laisser  toucher.  Nous 
vous  apportons  les  pleiu's  et  les  gémissements  d'une  partie  pré- 
cieuse de  vos  sujets.  C'est  déjà  une  consolation  pour  eux  de 
savoir  que  nous  sommes  aux  genoux  de  Votre  Majesté.  Ils  vous 
béniront  et  reviendront  à  la  vie,  dès  que  nous  leur  annoncerons 
que  votre  cœur  a  été  ému  à  la  vue  de  leur  détresse  et  que  nous 
leur  apportons  de  votre  part  des  soulagements,  sans  lesquels  ils 
ne  peuvent  susbsister^. 

Les  solliciteurs  furent  bien  accueillis  en  cour  royale  et  ils 
reçurent  les  promesses  les  plus  consolantes.  Le  duc  d'Orléans, 
possesseur  du  duché  de  Chartres,  promit  un  secours  de 
12,000  livres.  Dès  que  ces  bonnes  nouvelles  furent  connues  à 
Chartres,  le  Corps  de  ville  envoya  aux  délégués  des  félicita- 
tions pour  l'heureux  succès  de  leurs  démarches,  les  priant 
de  continuer  leurs  bons  offices  auprès  des  ministres  pour 
obtenir  l'exécution  des  promesses  qui  avaient  été  faites.  Par 
ses  soins  également,  les  Affiches  chavtraines  ^—  ainsi  s'appe- 
lait le  seul  Journal  de  la  ville  —  publièrent  cet  avis  au 
public  : 

BIENFAISANCE 

Ms"'  le  duc  d'Orléans  touché  de  la  situation  désastreuse  dans 
laquelle  se  trouvent  les  malheureux  habitants  d'un  grand  nombre 
de  paroisses  de  l'Election  de  Chartres  par  l'afîreux  ouragan  du 
13  de  ce  mois,  a  bien  voulu  leur  accorder  un  secours  de  12,000 
livres...  Cet  acte  de  bienfaisance,  dont  les  officiers  municipaux 
sont  pénétrés,  et  qu'ils  s'empressent  d'annoncer,  leur  fait  espérer 
que  les  âmes  sensibles  et  généreuses  viendront  également  au 
secours  de  ces  infortunés... 

Le  Tellier.  Parent.  Petey  de  la  Charmoys. 

Le  20  août,  le  Corps  municipal  choisissait  MM.  Le  Tellier 
et  de  Milleville  de  Bouthonvilliors,  tous  deux  échevins,  pour 
se  concerter  avec  les  membres  du  Bureau  intermédiaire,  qui 
avaient  visité  91  paroisses  grêlées,  et  s'étaient  fait  remettre 


^  J'ai  vu  quoique  ));irt  çf'XU'  supplique  citée,  oomme  uu  l'chanlUUm  de  mauvais 
(joûl  el  (le  maladresse.  Son  succès  la  justifie  du  reproche  de  maladresse;  quant 
au  mauvais  goût  c'était  celui  de  l'époque. 


—  ir»:{  — 

les  états  dos  pertes  de  chaque  laboureiir.  Ils  avaient  à  dis- 
tribuer les  secours  accordés  ii;ir  le  duc  d'Orléans,  plus  GOU 
livres  que  M.  de  Hernard  (h'  l'achainvillc  avait  donné  dès 
les  premiers  ^ours. 

Plus  tard  lis  s'occupèrent  de  i)rocurer  aux  cultivateurs  les 
semences  ([ui  leur  niauquaient  ;  je  ne  crois  pas  ilevoir  les  suivre 
dans  toutes  les  (U'Uiarches  (jue  lein-  inspira  leur  bienfaisante 
activité. 

Au  cniirs  de  ce  récit,  ,j"ai  eu  deux  fois  occasion  de  parler 
des  nuMubres  du  Bureau  intermédiaire  «lu  departenient  ;  ils 
ont  joué  un  rôle  si  important  dans  cette  circonstance  que  je 
crois  devoir  les  signaler  nommément  à  la  reconnaissance  de 
la  posti'rité.  —  M.  Bf'cliant  (Pierre-François),  procureur- 
syndic  <ie  ce  Hui-eaii,  était  du  diocèse  de  Tonl.  Chanoine  de 
N.-I).  de  Chartres  depuis  le  28  avril  1783,  il  a\  ait  été  nommé 
chapelain  de  la  grande  chapelle  du  roi  le  15  janvier  1787,  et 
archidiacre  de  Blois  le  18  juin  1788.  11  fut  élu  député  supplé- 
mentaire à  la  Constituante,  et  siégea  au  défaut  do  M.  de 
Gauville.  C'était  un  publiciste  distingué  :  il  ua  point  reparu 
dans  le  diocèse  après  la  Révolution. 

M.  Bouvet  (Pierro-Etienne-Nicolas),  marchand  à  Chartres 
et  grand-juge  consul,  fut  (du  par  le  Tiers-Klat  d(''pnt(''  aux 
Ktals-Généraux  de  1780. 

Tous  deux  se  tran.sportèrent  de  leur  personne  dans  les 
localités  visitées  par  la  grêle  ;  ils  distribuaient  des  .secours  et 
des  consolations,  et  faisaient  le  relové  dos  pertes.  M.  Bêchant 
a  l'ait  un  rapjiort  «iiconstancié  sur  cette  inspection  <»(lici(dle; 
je  regrette  de  n'avoir  pu  le  consulter. 

Tout  le  monde  rendit  homnuige  au  zèle  et  an  dévouenu'ul 
avec  les(pi(ds  ces  deux  hommes  de  bien  s'ac(|uit1èrent  de 
cette  pi'nible  foncli(jn. 

A Jinhiistnition  ccclôsiastiiiiit'. 

Qn(dque  diligence  ([ue  la  municijialiti'  chartraine  ait 
dé'jiloyée  en  cette  occuncnce,  elle  fut  d<'\aucée  par  h;  Cha- 
pitre d<»  Notre-Dame  de  Chartres.  Dès  le  lemlemaiu  de  l'orage, 
les  vt'-nérables  chanoines  nommeul  une  comndssion  pour 
s'occuper  des  doiiuuages  consideral)les  ([Ue  le  Chapitre  vient 
d'c'jirouvi'r  dans  ses  domaines  et  biens,  par  la  grêle  du  V.\  du 
prc'sent    mois   'séance   du   hindi    I  1  juillet;.  Le  même  j<»ur  et 


—  164  — 

les  jours  suivants,  les  régents  de  prébende  se  colloquent  avec- 
leurs  prébendes  afin  d'aviser  aux  mesures  à  prendre  pour 
remédier  au  mal. 

Le  28  juillet,  le  Chapitre  avance  à  ses  fermiers  grêlés 
60  muids  de  blé  et  30  muids  d'avoine  pour  semence.  «  Puis 
sur  la  proposition  du  sous-doyen,  attendu  les  malheurs  ex- 
traordinaires et  sans  exemple  que  viennent  d'éprouver  les 
fermiers,  la  Compagnie  autorise  Messieurs  delà  commission, 
nommée  le  21  pour  les  choses  de  la  grêle,  à  faire  aux  dits 
fermiers  les  remises  qu'ils  jugeront  suivant  leurs  lumières  et 
leurs  prudences,  devoir  leur  être  faites,  leur  avancer  les 
sommes  qui  seront  nécessaires...  et  les  dits  sieurs  priés  de 
prendre  toutes  les  instructions  et  tous  les  éclaircissements 
qu'ils  croiront  utiles  et  nécessaires  à  leurs  opérations.  » 

Le  23  août  «  pour  rendre  le  courage  et  l'activité  aux  fer- 
miers abattus  par  leurs  pertes.  Messieurs  de  la  commission 
sont  autorisés  de  les  assurer  que  le  Chapitre  est  dans  le 
dessein  de  leur  faire  les  remises  convenables  et  les  avances 
nécessaires  pour  ensemencer  leurs  terres  et  continuer  leur 
culture.  » 

Le  2  octobre, le  Chapitre  accorde,  aux  malheureux  du  dio- 
cèse qui  ont  été  affligés  par  la  grêle  du  13  juillet,  une  somme 
de  0,000  livres  que  ses  agents  emprunteront.  Sa  bienfaisance 
ne  se  limite  donc  pas  à  ses  seuls  fermiers.  Un  peu  plus  tard, 
c'est  une  somme  de  20,000  livres  qu'il  emprunte  pour  le 
même  motif. 

Le  8  novembre,  il  avance  3,000  livres  aux  chanoines  de 
Saint-Piat.  Ces  chanoines  n'étaient  autres  que  les  musiciens 
de  la  cathédrale  qui  étaient  trop  pauvres  pour  secourir  leurs 
fermiers. 

On  disait  jadis  en  Allemagne  :  Il  fait  bon  vivre  sous  la 
crosse.  Nos  ancêtres  de  Beauce  pouvaient  bien  dire  :  Il  fait 
bon  vivre  sous  l'enseigne  do  la  chemisette  de  Notre-Dame  ^ 

Les  autres  Chapitres  et  les  maisons  religieuses  du  diocèse 
imitèrent  le  généreux  désintéressement  du  chapitre  cathé- 
dral.  Les  curés,  qui  partageaient  la  misère  de  leurs  parois- 
siens et  perdaient  leurs  droits  de  dîmes  et  champarts,  furent 


^  Uno  chemisette  était  et  est  encore  la  marque  du  Chapitre  Notre-Dame  de 
Chartres. 


—  105  — 
leurs  consolateurs  dans  cette  immense  détresse.  Ce  fut  grâce 
k  leur  concours  que  l'on  put  se  rendre  compte  de  l'étendue 
des  pertes  ;  ce  lut  par  leurs  soins  (lu'uno  partie  des  secours 
parvint  aux  victimes  les  plus  dignes  d'intérêt. 

Quand  foiit  son  clergé  se  montrait  si  admirable  de  diarité, 
le  premier  Pasteur  du  diocèse  ne  pouvait  pas  se  montrer 
indiirérent  au  malheur  de  ceux  dont  il  se  disait  le  Père.  Il 
faut  dire  à  sa  louange  que  Mer  de  Lubersac  se  montra  le 
digne  successeur  de  Me""  de  Mérinville  et  de  Me""  de  Fleury, 
de  si  charitable  mémoiie.  I»ès  qu'il  eut  connaissance  de  la 
catastrophe,  il  n'épargna  rien  pour  venir  en  aide  à  ses  dio- 
cé.sains  si  durement  éprouvés.  Dans  une  notice  que  lui  a 
consacrée  un  érudit  chartrain.  M.  Roullier,  on  lit  ces  paroles  : 
»  La  grèlo  ayant  ravagé,  le  13  Juillet  17SS,  toutes  les  récoltes 
de  la  Beauce,  M.  de  Lubersac  lit  des  démarches  inouïes  et 
obtint  des  secours  très  considérables  pour  ses  concitoyens  '. 
Il  crut  qu'il  ne  lui  suffisait  pas  de  payer  ainsi  de  sa  personne, 
il  employa  son  autorité  à  stimuler  la  charité  des  autres. 
Quand  la  moisson  fut  terminée,  il  ordonna  une  quête  partout 
son  diocèse  ;  elle  eut  lieu  au  mois  de  septembre  et  fut  aussi 
fructueuse  qu'on  pouvait  l'espérer  dans  les  tristes  circons- 
tances que  l'on  traversait  -. 

Qu'on  me  permette  une  réflexion  en  terminant.  Une  cer- 
taine école,  qui  se  prétend  historique,  n'a  pas  assez  de  nuilé- 
dictions  contre  Yancion  roijimo,  c'est-à-dire  contre  le  temps 
qui  ,1  piécédé  la  Révolution  de  1780.  On  vient  de  voir  à 
lu'uvre  cet  ancien  régime  tant  décrié  ;  il  me  semble  qu'il 


'  Mi:ssaiier  ilc  lu  Ikituce  cl  ilit  l'cirhc,  /86'.'?.  p.  it).  L'aiiiit'i'  siiivaiiti-  fut 
uiif  ariiin-  (II-  |ii(»roiiilc  iiiisi''!!'  |ioiir  \v  pays  eliiiitraiii.  Li'  roips  iiiiiim  ipal  dr 
Cliarlrt-s  ayant  ordonné  qu'un»;  qutMe  serait  faiti-  dans  la  vilk-  lous  les  nmis  jus- 
quà  la  moisson,  Mtjr  do  I.idifisac  s'cn^'a^fa  à  verser  ;î(IU  livres  par  mois. 

-  On  a  VII  prérédeniiiieiit  une  cilliision  à  ce  .Mandement  ;  en  voici  deu\  autres 
relevés  aussi  dans  les  lei^islies  paroissiaux.  —  Saiiil-Médanl  de  ('.liàteaiidiin. — 
(I  Le  "l'I  septembre  17SS,  en  exécution  du  .Mandement  de  M.  IKvécpie  de 
C.liartri's  ipii  ordnnne  une  qiièle  pour  les  t;rèlés,  nous  avons,  M.  le  Curé  et  moi, 
lait  la  qiièle  daii>;  la  paraisse.  Nous  avons  lidiivé  idS  livres.  Si^'iié  :  !•'.  !•'.  ilé- 
rliaiit,  chanoine  archidiacre  de  Itlois. 

Saiiil-Cloinl.  —  l(aii.s  la  présente  année,  au  rapport  du  .Maiideiiient  eii\o\c 
dans  toutes  les  paroisses  par  M^r  laihersac,  évèqiie  du  diocèse,  il  y  eut  dans  la 
seule  élection  de  Charlres  Xi  paroisses  eiilièieineni  ruinées  par  la  uréle  et 
"U  .inlie>  dans  les  élcdiim-  de  l'Iiiieaudun,  L'ourdan  et  l'oissy. 


—  106  — 

s'est  acquitté  honorablement  de  son  devoir  dans  une  circons- 
tance aussi  critique. 

Si,  ce  qu'à  Dieu  no  plaise,  un  pareil  malheur  s'abattait 
encore  sur  notre  contrée,  croit-on  que  la  municipalité  du 
chef-lieu  du  département  prendrait  en  main  la  cause  de 
toutes  les  communes  ravagées  ?  Croit-on  que  les  propriétaires 
du  sol,  imitant  la  générosité  des  chanoines,  des  religieux  et 
des  curés,  remettraient  à  leurs  fermiers  leurs  redevances 
pour  cette  année  désastreuse,  et  avanceraient  des  semences 
pour  l'année  suivante?  Croit-on  enfin  que  les  paysans  dans 
leur  détresse  rencontreraient  partout  cette  chaude  et  frater- 
nelle sympathie  qui  relève  le  courage  abattu,  et  qui  est  un 
baume  souverain  pour  les  plus  grandes  douleurs? 

Assurément  on  se  montrerait  sensible  au  malheur  des 
sinistrés  ;  on  se  donnerait  même  beaucoup  de  mouvement 
pour  leur  être  utile.  Secours  de  l'Etat,  fêtes  mondaines,  quêtes, 
souscriptions,  loteries,  rien  ne  serait  épargné  de  ce  qui  pour- 
rait provoquer  la  commisération  et  exciter  l'intérêt.  Mais 
outre  que  ces  moyens  d'action  ne  produisent,  pas  toujours  ce 
qu'ils  promettent,  leurs  résultats  ne  seraient  pas  durables, 
parce  qu'ils  auraient  pour  source  une  émotion  passagère,  et 
les  cultivateurs  se  retrouveraient  bientôt  seuls  en  face  de 
leur  misère,  plus  abandonnés  que  ne  le  furent  leurs  pères, 
après  l'orage  de  1788.  Ne  regrettons  donc  point  de  l'ancien 
régime  ce  qui  a  disparu  sans  espoir  de  retour  ;  mais  souhai- 
tons d'en  retrouver  ce  que  le  régime  nouveau  aurait  eu  inté- 
rêt à  conserver;  et  pour  ne  parler  que  du  sentiment  qui  s'est 
si  noblement  manifesté  dans  la  calamité  dont  on  vient  de  lire 
le  récit,  souhaitons  que  la  charité  chrétienne  et  française  de 
nos  aïeux  rentre  en  souveraine  dans  notre  moderne  société. 


APPENDICE 

Ce  Mémoire  était  terminé  et  imprimé,  lorsque  j'ai  pu  obte- 
nir communication  du  rapport  de  M.  l'abbé  Bêchant,  rapport 
que  j'ai  signalé  plus  liant  en  exprimant  le  regret  de  n'avoir 
pas  pu  le  consulter.  L'intérêt  qu'il  présente  demanderait  sa 
reproduction  intégrale;  mais  ce  récit  déjà  bien  long  serait 
ainsi  démesurément  allongé.  J'en  consigne  donc  ici  quelques 


—  ir.T  — 

extraits  seuleineiit,  i)ei-.siia(k'  que  des  extraits  provi-iianl 
d'un  (locunient  ofliclel,  donnentiU  iilus  d'autorité  à  tout  ce 
qui  a  ét('  dit-  sur  l'étendue  du  désastre,  l'enipressenient 
général  ;i  y  j*ort<'r  remède,  et  la  cliarili'  du  eleryfé  et  des 
seigneurs 'qui  savaient  faire  autre  chose  que  .s'''/y///v//.v.sey  ^/e 
lu  siinir  ilii  jH-iiji!t\ 

KAPPoirr 

Sur  la  rcfHttc  et  la  dépense  du  linraiu  iiiterwcdiiiire  du  dcpurte- 
mont  de  Clin  rires  et  Dourdun  n  l' occasion  de  la  grélc  du  I-'J  Juil- 
let J  /iiS,  par  M.  l'ahhé  liédiant,  procureur-syndic  '. 

La  première  année  de  votre  administration,  Messieurs,  a  été 
marquée  par  un  événement  jjien  désastreux,  et  l'ouragan  du 
18  juillet  dernier  laissera  un  souvenir  pénible  et  douloureux 
dans  noli'e  départeinenl.  l'ne  étendue  tle  (pialre-vinjrt-(|ualurze 
l»aruisses,  dont  plus  de  quatre-vingt  perdues  ^ans  ressources, 
vnihi  la  scène  de  désolation  dont  vous  avez  été  les  témoins  ; 
les  liahitanls  de  ces  quatre-vingt-quatorze  paroisses,  voilà  les 
malheureux  (|ui  vous  ont  environnés  sans  cesse  ihqiuis  cette 
Irisie  journée.  Combien  de  l'ois,  Messieui's,  au  milieu  de  ces 
circonstances  accablantes,  aurais-je  été  découragé,  si  vous  ne 
m'aviez  soutenu  de  vos  exemples  ! 

Le  JDiir  môme  <le  l'orage,  vous  vous  assemblez  extraordinai- 
remeut  ;  dès  le  lendemain  vous  pai-tez  |:ioui' aller,  dans  chacune 
de  ces  paroisses  ravagées,  porter  quel(|ues  espérances  de  sou- 
lagemenl  et  de  consolation. 

Que!  voyage.  Messieurs!  Des  campagnes  <pii  présentaient 
l'imaj-M'  du  deuil  el  ib'  la  nioi'j,  des  habitants  prêts  à  se  livrer 
au  désespoii',  le  même  spectacle  se  renouvel.inl  pour  vous 
dans  (diaque  paroisse...  Qu'on  apprécie.  Messieurs,  notre  sen- 
sibilité, el  (pi'ttn  Juge  combi(m  le  commencement  de  noire 
carrière  a  été  rem|»li  de  peines  et  d  amertumes... 

Cependant,  Messieurs,  vous  vous  occupiez  déjà  de  pr<icurer 
des  secours  aux  pauvi-es  mallieureux  qui'  vous  visitiez  ;  des 
détails  inséivs  dans  le  journal  de  Paris  annoncèrent  nos  désas- 
tres, et  ils  louchèrent  les  Ames  sensibb^s.  .Vvec  quelle  inquié- 
tude mêlée  d'es[)érauce,  nous  (miniiuus  (diaque  jour  cette 
feuille  de  Paris  ;  el  cli.ique  jdur  |iendaul  environ  cinq  semaines. 


'  A  Cliiirtii's.  rln7,  IV.  I.i'  Ti'llicr,  liiipriirnMir  du  hui  cl   ilii  clcruc',  nie  dos 
Trois-.Maill.ts  MIK'.CI.NWIX,  :!:!  \>.  iii-'c. 


—  168  — 

nous  eûmes  la  douce  consolation  de  voir  la  capitale  nous  offrir 
des  soulagements.  Nous  recueillîmes  de  cette  source  13,869  livres 
12  sous. 

Déjà  le  zèle  de  MM.  les  Officiers  municipaux  de  Chartres 
avait  porté  au  pied  du  trône  le  tableau  de  nos  malheurs... 

Je  ne  vous  dirai  point,  Messieurs,  toutes  les  démarches  que 
fit  à  la  capitale  pour  nous  obtenir  des  soulagements  l'illustre 
Prélat  qui  préside  à  notre  assemblée  de  département'  ;  il  m'en 
coûte  de  respecter  la  loi  du  silence  qu'il  m'a  imposée,  mais  je 
lui  suis  trop  attaché  pour  lui  désobéir.  Messieurs  les  officiers 
municipaux  ont  raconté  avec  quel  empressement  il  avait 
appuyé  leurs  efforts  près  du  trône  et  de  M^''  le  duc  d'Orléans. 

Alors  je  touchai  une  somme  de  1,200  livres  que  M.  l'abbé  de 
Bouville  avait  léguée  pour  les  pauvres,  à  la  disposition  de 
Me'-  l'Evêque.  Je  touchai  de  M.  le  N.  600  livres,  de  Madame 
48  livres,  de  M.  24  livres. 

Aux  approches  du  temps  des  semences,  le  gouvernement 
nous  fait  donner  pour  cet  objet  un  secours  provisoire  de 
24,000  livres;  il  devait  être  distribué  aux  petits  cultivateurs  de 
notre  département,  à  raison  de  leur  peu  4<^  ressources.  Nous 
arrêtâmes  alors.  Messieurs,  de  faire  une^  distribution  de 
25,000  livres;  les  inconvénients  de  donner  ce  secours  en  argent 
vous  frappèrent,  l'embarras  d'acheter  le  blé,  les  difficultés  de 
le  répartir  ne  vous  etTrayèrent  pas.  (Suit  l'exposé  de  la  méthode 
employée  pour  arriver  à  une  répartition  équitable). 

Monseigneur  avait  projeté,  dès  le  moment  même  du  désastre, 
d'ordonner  une  quête  en  faveur  des  grêlés,  dans  toute  la 
partie  de  son  diocèse  qui  avait  échappé  à  ce  terrible  fléau. 
Mais  il  avait  sagement  compris  que,  pour  la  rendre  plus  abon- 
dante, il  fallait  l'ordonner  dans  les  campagnes  en  nature  de 
denrées,  et  attendre  le  temps  oi^i  le  cultivateur,  inquiet  jusqu'au 
moment  de  la  récolte,  eût  enfin  dans  ses  greniers  ou  la  moisson 
de  ses  champs,  ou  le  produit  de  ses  vignes,  etc.  Monseigneur, 
pour  rendre  son  mandement  plus  efficace  par  son  exemple  me 
fit  remettre  24,000  livres. 

Je  me  souviens  avec  attendrissement.  Messieurs,  de  la  joie 
que  vous  éprouvâtes  à  la  nouvelle  d'un  secours  si  nécessaire  à 
votre  position,  et  qui  vous  donna  l'espoir  de  porter  plus  de 
consolation  dans  les  campagnes  dévastées.  Le  Chapitre  de 
l'église  cathédrale  fut  aussi  touché  de  vos  malheurs  ;  il  oublia 
la  grandeur  de  ses  pertes,  les  remises,  les  avances  faites  à  ses 

'  .Miii  (l(î  Liil)orsa(  lut  iiomnn'  imi  I7SH  président  de  l'asscmliltM;  |)rovincialc 
du  département  de  Ciiaitres  el  iJourdaii. 


—  100  — 

fermiers;  il  ne  se  souvint  fjue  ilt*s  pauvres,  el,  i);ii'  une  «lèlibé- 
ration  digne  de  sa  charité  généreuse,  il  vous  donna  6,000  livres 
pour  les  semences  des  malheureux  cultivateurs  du  diocèse.... 

Aucune  |)ré(faution  ne  vous  a  été  étrangère;  vous  avez 
reconinianUé  ïiu.v  syndics  dr  ne  pas  délivrer  le  blé  sans  l'avoir 
mis  préalablement  en  chau.\,  tie  veiller  à  ce  qu'il  ne  lût  ni 
vendu,  ni  converti  en  lai-ine,  mais  employé  en  semence  sui- 
vant sa  tiestinalion. 

Au  milieu  de  ces  dislrit)utions,  Messieui's,  combien  de 
plaintes  il  a  laliu  écouler...  il  a  donc  lallu  entendre  <'l  l'épondre 
à  cluKiue  babilanl  de  ces  94  paroisses. 

Cependant  plusieurs  Cliapitres  du  diocèse  et  plusieurs  Com- 
munautés religieuses  s'empressèrent  de  nous  envoyer  leurs 
aumônes  |)our  les  malheureux.  Messieurs  les  Bénédictins  An- 
glais de  Paris  pour  le  prieuré  de  Honncdle'  me  remirent 
600  livres.  M.  Jabbé  de  Morlet  -,  de  l'Académie  française,  me- 
(il  passer  240  livres.  Une  émulation  louable  semblait  s'être  em- 
l>arée  de  toutes  les  |)aroisses  du  diocèse,  et  les  plus  petites 
disputaient  de  générosité;  la  jielile  paroisse  de  Faings,  avec  la 
plus  mauvaise  récolte,  a  fourni  une  somme  considérable-*. 
Sans  doute  c'est  un  voile  «lonl  a  voulu  couvrir  son  aumône 
un  patriote  vertueux  el  modeste,  aussi  digne  d'une  couronne 
civique  que  des  récunqjenses  militaires  ([ui  le  décorent.... 

Vous  vous  réjouissiez.  Messieurs,  d'avoir  trouvé  des  res- 
sources de  travail  pour  le  pauvre,  quand  le  froid  le  plus  ri- 
goureux et  le  plus  long  est  venu  redoubler  encore  nos  calami- 
tés en  enchaînant  les  travaux  que  vous  aviez  fait. commencer. 
Sans  doute  ils  relenlironl  loni:lemi)s  dans  vos  cœurs,  Messieurs, 
ces  cris  perçants  du  malheureux  au  désespoir  qui  venait  à  vos 
portes  solliciter  ilu  pain,  et  vous  saviez  que  le  désespoir  traîne 
à  sa  suite  tous  les  crimes. La  seule  consolalion  que  vous  éprou- 
viez, dans  des  conjonctures  aussi  cruelles,  était  d'ap|)rendre 
que  plusieurs  seigneurs  tiienfaisants  nourrissaient,  habillaient, 
chaull'aienl  leurs  vassaux  ;  vous  les  connaissez,  .Messieurs,  et 
je  ne  ternirai  pas  par  des  louanges  la  noblesse  de  leur  conduite. 

'  Los  ht'iiédicliiis  di'  S;iiiit-.M;iitiii-(l('s-(',li;ini|)s  de  Paris  avaii-iit  iiii  |iri<'iiié 
à  liitum'llcs,  |ianiissc  du  dioa'sc  dr  CImiIi'i's  .  aujoiiiil'liiii  comimiiii'  du  raiitoii 
dt;  boiiidaii  iSciiir-cl-dist'). 

^  L'alilii'-  .Mon-lict,  (rirhrc  |diiloso|)lio  cl  lilli'ralnir,  deniiri  prieur  di- Tliiimil 
près  df!  ('■liàlcauiK'uf. 

•'  Kaiiis  {aujourd'hui  rains-la-Kidici  donna  l.ridO.  KvidcMiiiicnl  rcllf  olliandt' 
«'lait  dur  f'ii  i^randf  iiartir  au  sci.ynrur.  .M.  df  Kains.  |li'u\  paroisses  voisines, 
Hainnollcl  et  Vialmn.  (Innnèrrnl.  la  |in'inièrr  IS  livres  el  la  secomie  tii  livres; 
la  nioyi.'uue  des  oll'raiides  ne  dépassail  pas  TiU  livres  par  paroisse. 


—  170  — 

Vous  devinez  sans  doulo  qu'à  cùlé  de  si  belles  actions  je 
vais  placer  celle  d'un  citoyen  honnête  et  charitable  qui  m'ap- 
porta une  aumône  de  2,400  livres  pour  donner  du  pain  aux 
malheureux  pendant  une  saison  aussi  sévère. 

...  C'est  à  cette  époque  que  le  gouvernement  vous  accorda 
une  somme  de  7,000  livres  pour  les  semences  de  mars,  et  que, 
pour  le  même  objet,  MM.  les  Officiers  municipaux  vous  remirent 
9,000  livres  de  celle  que  leur  zèle  et  leurs  prières  avaient  obte- 
nue de  Mg''  le  duc  d'Orléans. 

Sans  doute  une  récolte  abondante  viendra  terminer  la  misère 
qui  ne  lail  qu'accroître  tous  les  jours;  mais  l'intervalle  est 
long...  Cette  considération  a  l'rappé  l'illustre  prélat  qui  gou- 
verne ce  diocèse  et  son  zèle  a  prévalu  sur  les  ménagements 
qu'il  devait  à  sa  santé.  La  quête  ordonnée  par  son  mandement 
n'était  pas  encore  faite  dans  la  ville  de  Chartres;  il  l'entre- 
prend avec  courage  ;  des  ecclésiastiques  respectables  l'accom- 
pagnent; les  dames  distinguées  par  leur  mérite  s'empressent 
de  le  seconder  dans  une  si  bonne  œuvre;  il  la  commence  par 
un  grand  acte  de  générosité;  les  citoyens,  touchés  par  son 
exemple,  oublient  qu'ils  n'ont  plus  de  i^essources,  et  leur 
aumône  est  féconde.  Il  a  visité  la  cabane  du  pauvre,  mais  il  l'a 
visitée,  moins  pour  y  recevoir  le  denier  de  la  veuve,  que  pour 
savoir  où  il  aurait  des  aumônes  à  répandre.  Cette  démarche 
était  digne  de  la  sensibilité  de  son  cœur,  et  les  bénédictions 
de  son  diocèse  en  seront  la  récompense;  déjà,  Messieurs,  vous 
avez  entendu  les  citoyens  de  cette  ville  publier  ([u'il  était  véri- 
tablement le  père  et  l'ami  du  peuple. 

Cette  quête,  Messieurs,  dont  le  tiers  a  été  remis  à  MM.  les 
Curés  de  la  ville  a  produit  pour  le  diocèse  une  somme  consi- 
dérable... En  récapitulant  tous  les  articles  de  recettes  pour  le 
diocèse  nous  aurons  une  somme  de  63,349  livres  à  partager 
entre  tous  les  départements,  au  marc  la  livre  de  leur  perte... 
qui  est  au  total  pour  le  diocèse  de  8,917,744  livres.  En  compa- 
rant à  cette  somme  celles  qu'ont  produites  les  quêtes,  c'est  un 
marc  la  livre  d'un  denier,  obole  et  les  quatre  cinquièmes  d'une 
pite,  un  ])eu  plus'. 

Cette  somme  (44,409  livres  des  quêtes  pour  le  déparlement 
de  Chartres)  vous  a  donné  quelques  facilités  pour  augmenter 
le  nombre  et  les  fonds  de  vos  ateliers  de  charité:  vous  avez 
senti  tout  le  prix  de  ces  moyens  (|ui  avaienl  un  objet  d'utilité 
|)ulili(|ue;  vous  avez  ordonné  (pi'on   réparai  les  rues  de  plu- 

'  Oliolf.  moiiii;iif  viilaiit  nnviron  i,')  contimes  :  pito  ou  plutôt  pittc,  moitié 
(ruiic  oIjoIc  et  le  quart  d'un  ileuicr. 


—   171   — 

sieurs  viliaf^es,  qu'on  améliorai  les  communications  avec  les 
grandes  routes  '. 

Pour  concourir  à  «les  vues  aussi  sages,  le  Chapitre  de  l'église 
calhédrak'  upi-é:?  avoir  déjà  donné  6,000  livres  [)oui"  les  se- 
mences de  J)lè,  a|uvs  avuir  donné  Ix'aucuui)  '^ux  [jauvrt's  dt* 
ces  paroisses  pendant  l'extrême  rigueur  du  froid,  s'est  em- 
{)ressé  de  vous  ntlijr  encore  une  somme  de  'i,(XX)  livres.  Vous 
l'avez  acceptée  avec  admiration,  et  c'est  avec  une  joie  lirofonde 
(|uc  j'ai  été  l'interprèle  «le  votre  reconnaissance,  l'our  les 
mêmes  lins  un  ecclésiasli(|ue  respectalilt.'  m'a  ri'mis  UX)  livres, 
et  un  ecclésiastique  encore,  avec  qui  les  relations  me  sont  pré- 
cieuses, m'a  donné  un  ouvrage  dont,  par  le  secours  d'une  lote- 
rie, j'ai  tiré  25Ô  livres  12  sous. 

Vous  auriez  désiré.  Messieurs,  pouvoir  comprendre  dans  ce 
talileau  '  la  remise  sur  les  impositions  que  le  gouvernement 
accordera  sans  doute  à  ces  paroisses  grêlées.  Il  est  déjà  déter- 
miné que  celle  sur  la  prestation  représentative  de  la  corvée 
sera  pr<jportionnelle  à  la  perte...  Les  considérations  puissantes 
que  vous  avez  développées,  avec  tout  l'inlérèl  que  vous  inspire 
la  misère  allreuse  des  canqjagnes,  toucheront  sûrement  le  mi- 
nistre vertueux  et  éclairé  qui  préside  aux  linances,  et,  en  nous 
accordant  une  remise  en  mesure  de  nos  perte^  il  fera  bénir  le 
nom  du  Koi. 

Vient  ensuite  létal  des  quêtes  par  paroisses,  puis  le  talileau 
des  secours  en  hié,  avoine,  pain,  riz,  et  travaux  des  ateliers  de 
charité.  Je  cite  comme  exemple  D.immarie  : 

Perle  28(3,771  livres,  secours  en  blé  85  setiers,  en  avoine 
350  minos,  en  pain  4,800  livres,  fonds  du  gouvernement 
2,500  livres. 

Avis.  —  .Après  l'impression  du  compte,  le  Chapitre  l'ail 
•  ncore  remettre  l,8rMj  livivs  pour  les  ateliers  de  charité. 

Iléeapilulaliun  :  pour  le  diocèse,  recettes  et  dépenses,  (i3.3il» 
livres;  pour  !••  df|»arrement,  108,739  livres. 

Le  ra[)port  est  ajtprouvé  et  sigm-  par  MM.  de  Beaurepaire, 
ahhé  Thierry,  (ii-andet  de  la  Villelle,  Iloreau,  Le  Vassorl,liai-iv, 
secrétaire.  (La  date  man(pie;  mais  rimpressi(»n  fut  f/iile  au 
mois  de  mars  1780i. 

'  Lis  liominos  g.ipii.iiL'iil  ["1  sons,  les  vieillards  cl  les  rcniiiii's  (i,  les  cnfaiils 
•II'  l'iiii  ri  l'aiiirc  si-xc  (i,  7,  8,  *.(  sons  snivaiil  Iriir  iiin'.  (l'ap*  1 1  ilf  ce 
Ra|i|ioili. 

■^  !.<•  ia|i|Mirl  csl  suivi  d'un  lalilcaii  dn  |iroiluil  dr<  i|ni'(fs  |iar  paioisscs  ;  à  la 
viiii.'  vc  iionvt'  le  talilcan  d<'s  soninn's  ii'|iailii'>.  à  i  lia(|iii'  paroisse  ^rrlôe. 


in     FUT    BLESSE 

kt   1»   Sf  PTEMBRE    1  791 

rAARCEAU 

GÉNÉRAL    FRAN(.a:s 

k 


lllilllll 


J L 


1 


i  Jel-' ,n* 


Monument  clovc  à  Marceau  pur  le  Comte  de  Reiset,  ministre  de  France  à  Darmstadt 

et  à  Wiesbaden,  en  1802. 


LA  MOUT  DE  MARCEAU 


A  l'ouverturo  do  la  canipag-ne,  au  printemps  de  1790,  le 
général  François-Séverin  Marceau  reçut  du  directoire  de  la 
Réi»ul)li(iu('  Française  le  conimandeuient  supérieur  de  l'année 
du  Rhin  et  de  la  .Moselle,  forte  de  70,000  hommes,  tandis 
que  Jourihin  ciait  nommé  £i-énéral  en  chef  de  l'armée  de 
Sambre-et-Meuse,  forte  de  80,000  hommes. 

Après  (jue  Marceau  avec  l'aide  de  .loiirdan  eût  jiassé  le 
Rhin  ;i  Kchl  le  "J.")  juin  17VH».  ce  dernier  vint  sur  ce  Meuve  le 
2  juillet  entre  Dusseldorf  et  Reuwind,  prit  Francfort  le 
If,  piillcl  1700,  entra  de  force  dans  Wtirzbourg,  mais  fut 
enliercment  séjjaré  de  Marceau,  et  ajjres  plusieurs  violents 
combats  ii  Teiminir.  Amberg  et  Vlirzbourij,'  fut  rejeté  sur  la 
rive  gauche  du  Rhin  par  l'Archiduc  Charles  dAutriche. 
Marceau,  après  le  passage  du  Rhin  ii  Kehl,  se  Jeta  aussitôt 
sur  les  corps  ennemis  dispersés,  battit  le  général  Latour,  le 
5  Juillet  170<;  il  Rasladt.  le  9  l'Archiduc  Charles  à  Ettlingen, 
et  força  les  Autrichiens  à  repasser  le  Danube.  L'Archithic  le 
laissa  vis-k-vis  de  Latour  et  se  tourna  avec  l'autre  partie  de 
son  armée  contre  .lonrdan  qui  opérait  en  Bavière.  .lourdan 
ayant  été  battu  à  Teiming,  ;i  Aml)erg  et  ;i  Wiir/bdurg, 
M;irceaii  craignit  dèti'e  e()uj)é  sur  le  Rhin;  il  luit  donc  la 
r('solulion,  au  milieu  de  tontes  les  di(licult(''s.  (h'  regagner  co 
Menve  avec  S(ui  arnié-c.  Il  iV.iiichji.  entoun''  (rennemis,  et  en 
combattant,  les  ({('•liU's  de  l;i  Foret  Xoiro,  et  parvint  m.ilgré 
d"innombral)les  dangers  à  regagm-i-  h-  Rhin  qu'il  i'<'passa  il 
Fumingen  dans  la  nuit  du  21  octobre  i71K;. 

Le  gcMK'ral  François-S<''verin  Marceau-Desgraviers,  m'"  h 
Chartres  le  1"'  ni.n-s  17(»9,  reçut  dans  la  camiiagne  ih'  1701.  le 
cuinmandemcul  d  une  division  de  l'armée  des  Ardeniies,  puis 


—  174  — 

de  celle  de  Sambre-et-Meuse.  Le  26  juin  1794,  il  décida  la 
Tictoiro  de  Flcurus  à  la  tête  de  l'aile  gauche,  prit  en  automne 
Aix-la-Cliapelle ,  Bone  et  Coblentz  et  força  les  Autrichiens  à 
se  retirer  de  l'autre  côté  du  Rhin.  A  la  retraite  de  l'armée 
française  sur  la  rive  gauche  de  ce  fleuve  dans  la  campagne 
de  1795,  il  conduisit  l'arriëre-garde  avec  courage  et  habileté. 
Dans  la  campagne  de  1796  il  commanda  sous  Moreau  dans  les 
bras  du  Khin.  Avec  l'aile  gauche  forte  de  30,000  hommes,  il 
bloqua  Mayence,  mais  il  dut,  par  suite  des  défaites  de  Jourdan 
à  Teiming,  à  Amberg  et  à  Wurzbourg,  suivre  le  mouvement 
rétrograde  de  ce  général  et  se  retirer  également  à  Limbourg 
avec  l'armée  de  Sambre-et-Meuse. 

Jourdan  lui  donna  la  mission  de  se  jeter  avec  l'arriëre- 
garde  contre  l'Archiduc  Charles  qui  cherchait  à  gagner  les 
défilés  d'Altenkirchen  avant  l'armée  Française  et  qui,  par  là, 
voulait  lui  couper  la  retraite.  Marceau  remplit  cet  ordre  avec 
la  plus  grande  énergie  et  sauva  ainsi  l'armée  française  qui  se 
trouvait  en  pleine  déroute.  Il  atteignit,  avec  son  armée,  au 
commencement  de  septembre  1790,  la  Lahn  à  Runkel, 
Limbourg  et  Diez  et  tint  plusieurs  jours  iî\u'ant,  malgré  les 
attaques  violentes  de  l'ennemi. 

Le  16  septembre  eut  lieu  une  attaque  générale  des  Autri- 
chiens contre  les  Français,  de  Runkel  jusqu'à  Balduinstein. 
Le  centre  Autrichien  qui  s'avançait  de  Mennfeld  à  Limbourg 
et  Diez  était  conduit  par  l'Archiduc  Charles. 

Marceau  fit  contre  l'ennemi  une  résistance  héroïque,  mais 
ne  put  tenir  la  route  contre  la  supériorité  des  forces  de 
l'ennemi  et  se  retira  en  bon  ordre,  combattant  sur  le  côté 
droit  du  chemin ,  il  fit  sauter  le  pont,  se  plaça  encore  sur  les 
hauteurs  qui  dominent  le  côté  droit  de  la  route ,  fut  repoussé 
au-delà  de  Freilingen  jusqu'aux  rochers  de  Steinen,  où,  pro- 
tégé par  des  étangs  qui  se  trouvent  dans  le  voisinage,  il  for- 
ma un  camp  avec  son  armée  le  17  septembre  au  soir ,  sur  la 
grande  route  de  Francfort  à  Cologne  qu'il  couvrait;  et  lui- 
même  passa  la  nuit  dans  la  cour  de  la  maison  Hochborn.  Le 
18  septembre  il  fut  attaqué  par  l'avant-garde  Autrichienne, 
attaque  qui  fut  repoussée  par  lui ,  et  l'ennemi  mis  en  pleine 
retraite. 

Par  cette  persistance  héroïque  contre  un  ennemi  bien  supé- 
rieur en  nombre,  il  assura  la  retraite  sur  le  Rhin  de  l'armée 


—  175  — 

(le  Joiirdan  qui  cherchait,  par  Giessen,  Wetzlar,  Dilleinbourjjr, 
Horboiii ,  llachoiiibour*;:,  Alteiikirchen  à  gay:ner  hi  Sieg  et  le 
Rhin  a  ("ol<»<,'-no,  et  rei)uussa  renneiui  du  Xeckar. 

i>;iu>  la  nuit  Au  IS  ;iu  lU  .septcnihi-c  IT'.k;  (jucbiut-s  irouiics 
h'gères  AuU'icliiciiiies  sous  k's  ordres  du  <ji;éuéral  Ilot/,*', 
composées  [)riu<ipaleiuent  de  Hussards-Hongrois  et  de  chas- 
seurs Tyroliens  dont  Taisait  partie  la  couipay:nie  liorke  du 
chasseur  I.cloup.  avaient  cherché  à  envelopper  .Marceau,  rn 
(juilianl  la  grand'route  devant  Freilingen,  ils  tâchèrent, 
j)artic  par  Vreileld-Steinibach,  jiartie  par  Mundersbach  et 
Hochstenibach,  à  atteindre  les  Français,  cei)endant  ils  furent 
repoussés  le  lU  seplendjre,  et  la  retraite  des  Français  s'opéra 
en  bon  ordre  sur  Allenkirchen,  protégée  i)ar  une  batterie 
amenée  dans  la  cour  de  la  maison  Hochborn.  La  route  de 
Francfort  à  Cologne  va  de  Hochborn  à  Hochstenibach,  petit 
endroit  situé  dans  le  Duché  de  Nassau,  très  entouré  par  une 
épaisse  foret  sur  les  hauteurs  assez  importantes  du  Wester- 
^v,•lM. 

Cette  foret  se  termine  devant  Hochstenibach,  elle  coupe 
d'une  manière  escarpée  la  route  tle  ce  dernier  endroit,  pour 
s'amoindrir  de  l'autre  coté  sur  les  hauteurs  de  W'ahlend  à 
Alleiikirciien. 

A  la  lin  de  la  foret  de  Hochstenibach  se  trouvaient  quel- 
ijucs  vieux  chênes  sous  lesquels  on  aperçoit  la  route  de 
Francfort  à  Cologne,  de  iiiémc  ([ue  celle  de  Hachembourg  ii 
Altenkirchcn. 

Marceau  se  tnjuvait  là  à  cheval,  le  matin  du  19  septembre, 
l)our  guidci-  la  retraite  de  son  armée.  11  fut  attaqué  vers  dix 
heiwes  du  malin  par  la  compagnie  Borke  du  chasseur  Leloup 
(chasseurs  tyroliensi,  qui  s'était  glissée  par  le  \\'indbaclithal 
elles  hussards  Hongrois  qui  avaient  pénétré  par  Herschbach 
dansles  llant-s  de  l'arrière-garde  Française,  l'avaient  attaquée 
sur  la  lisière  de  la  f(jrét  en  question  et  avaient  commencé  à 
la  nu'ttre  en  déroute. 

Marceau  se  ndt  alors  lui-même  ;i  la  tôle  d'une  partie  de  ses 
troupes,  consistant  en  hussards  bruns  et  un  bataillon  diiifan- 
lerie,  se  porta  contre  l'ennemi  pour  assurer  sa  retraite  et 
celle  du  gros  de  l'armée.  Ce  gémirai,  dans  cette  atta(|ue 
violente,  fut  appiorhe  >i  près  par  plusieurs  ennemis  princi- 
palement par  les  cliasseius  Fr<''d(''ric  Holdei'  vi  Rolof  tU' la 


—  170  — 

compagnie  Borke  qui  se  tenaient  cachés  dans  un  fossé 
derrière  des  buissons,  que  Holder  ne  se  trouvait  qu'à  vingt 
pas  de  lui,  mais  frappé  de  sa  beauté  extraordinaire,  il  baissa 
son  fusil  et  tua  d'un  coup  de  feu  le  cheval  du  général  qui 
tomba  sur  le  champ. 

Les  Français  furent  donc  arrêtés  dans  leur  marche,  et 
plusieurs  chasseurs  hongrois  qui,  profitant  de  la  confusion, 
voulaient  s'emparer  de  Marceau ,  furent  taillés  en  pièces  par 
l'entourage  de  ce  général. 

L'ennemi  se  retira  et  les  Français  purent  tranquillement 
pendant  quelque  temps  continuer  leur  retraite.  Marceau 
remonta  à  cheval  sur  le  plateau  devant  Hochstembach,  d'où 
il  pouvait  apercevoir  tous  les  environs,  et  d'où  il  opéra  la 
retraite  de  son  armée  en  bon  ordre.  Il  se  tenait  à  l'ombre  des 
arbres,  entouré  de  son  état-major,  tenant  avec  courage  tête 
à  l'ennemi  qu'il  avait  repoussé  à  environ  cinquante  pas. 
Alors  lu]  coup  de  feu,  tiré  à  peu  de  distance,  renversa  de  cheval 
Marceau  mortellement  blessé  d'une  halle  au  côté  droit  de  la  poi- 
trine. ^ 

Deux  chasseurs  Tyroliens,  c'est-à-dire ,  l^s  chasseurs  déjà 
nommés  Frédéric  Holder  et  Rolof  de  la  compagnie  Borke,  qui 
connaissaient  très  bien  les  environs,  avaient  quitté  la  grande 
route  à  Freilingen  avec  leur  compagnie  à  laquelle  ils  servaient 
de  guides;  ils  s'étaient  glissés  à  travers  le  Windbachthal  au 
milieu  des  buissons  de  la  forêt  jusqu'à  la  lisière  du  côté  de 
Hochstembach  et  étaient  restés,  lorsque  leur  compagnie  avait 
été  repoussée  par  les  Français,  cachés  dans  ce  fourré,  puis 
après  que  les  Français  eurent  continué  leur  retraite,  ils 
avaient  de  nouveau  pénétré  dans  la  forêt ,  s'étaient  couchés 
dans  un  fossé,  sans  être  vus  de  l'ennemi,  à  la  lisière  de  la 
forêt,  derrière  un  épais  buisson,  pour  y  attendre  l'arrivée 
des  Autrichiens.  Marceau  avec  son  état-major  s'était  avancé 
à  60  pas  de  ces  chasseurs  sans  se  douter  qu'il  y  avait  un 
ennemi  si  près  et  là  il  fut  atteint  d'une  balle  mortelle. 

Frédéric  Holder,  né  à  Reuwiud,  le  23  janvier  1772,  entra 
dans  l'année  1702  dans  un  régiment  de  dragons  Hollandais 
sous  le  prince  de  Wind-Runkel  ;  il  se  trouva  le  17  mai  à  la 
bataille  de  Charleroy  avec  les  hussards  de  Blankenstein,  fut 
fait  prisonnier  le  18  mai,  envoyé  à  Cambray,  puis  de  là  à 
Paris  et  conduit  à  l'hôtel  du  Luxembourg.  Là  se  trouvaient 


1   /    /       

beaucoup  de  prisunuiois  Allcuiands.  entr'autrcs:  un  comte  de 
Collorcdo  Mauslcld.  dfiix  ((natesde  Lluau^re  Westerburirmid. 
le  |ti-iiic('  di-  W'iiid-Ruiikid.  S.i  fuilr  pri'MiK'diU'c  ainsi  (pie 
celle  de  ces  sf  iiLiiieurs  lut  ciupèclM'c  p.ii-  la  survcillanir  dun 
Jeune  s-eiyerit. 

Dans  la  nuit  du  17  juin  17i»;;,  lloldcr  se  sauva  pourtant  en 
soci(''t(''  du  comte  de  CoUorcdo  Mansfeld,  dun  (-((Uitc  de 
Linau^-e  M'esterburiiund  et  ilu  prince  de  \\ind-Hriukcl.  11 
entra  alors  dans  le  réiiiment  des  chasseurs  L<doup,  cnlii-i-t'- 
nicnt  composé  de  Tyroliens,  avança  comme  chasseur  d'élite 
et  lit  partie  de  la  couipauuie  IJorke  (pii.  le  LSseptemhre  171HJ, 
formait  la  tète  de  l'avaut-garde  Autrichienne,  et  (jui  depuis 
la  iN'Iaite  à  la  liahn,  suivait  les  Français  sur  les  tahuis. 

Comme  llolder  et  son  camarade  Rolof  caclK'S  sur  les  hau- 
teurs de  Hochstembach  derrière  d'épais  buissons,  virent  les 
odiciers  Français  (pu  se  tenaient  auiirès  d'eux,  Holder  crut 
reconnaître  dans  Marceau,  ([ui  montait  un  cheval  blanc,  eu 
ayant  jierdu  un  noir  dans  lattacjue  contre  les  Autrichiens,  le 
serg-ent  (jui  s'('tait  ointo-së  à  son  projet  de  liiiie  de  riinir]  du 
Luxembour^i-  <d  avait  par  h'  fait  proloug'é  sa  captivité. 

C'est  i>ourquoi  il  doit,  dans  ce  même  moment,  avoir  juré> 
de  se  ven}j,-er  l't  être  convenu  avec  son  camarade  Itolof  que 
ce  dernier  tirerait  sur  l'adjudant  du  général  qui  se  tenait 
•jirès  (le  Marceau  en  l)rillant  uiiilorme  et  qu'ils  prenaient  pour 
le  frénéral.  tandis  (pie  lui-nuMue  tirerait  sur  Marceau  avec 
le([U(d,  selon  son  expression,  il  avait  une  noix  ii  casser.  Aprbs 
d'autres  arrang-ements,  Rolof  doit  avoir  d(''clar(''  à  ilojder 
«  Maintenant  je  le  jetterai  ;i  bas  de^son  cheval  blanc  » 
(Mai-ceauj,  tandis  (pie  llolder  disait  :  il  est  vraimeuttrop  beau 
et  tro})  jeune  pour  devoir  déjii  mordre  la  poussii-re.  Ils  toni- 
bi'rent  d'accord,  (Te  sorte  qu(^  tous  deux,  llolder  et  Rolof, 
lirent  feu  en  même  temps,  et  Marceau  blesse  moriellemeiit 
loin  lia  (II'  clicxal. 

llolder  et  Rolof  se  sauvèrent  alors  en  luiiie  bàle  à  travers 
les  l)uissons  de  la  forôt,  mais  ils  trouvèrent  dans  le  bois  les 
tirailleui's  de  raniK-e  Autrichienne  desfpnds  ilss^cdoif^'ui-reut. 

(irlii  fiil  lirii  le  l'J  scjili'iiilirc  it  midi,  /.n  liiilli-  /'r;i/ijiii  .]f,'irci'iiii 
ou  rnir  dr  In  pDi/riiir  iliiiis  In  iliri'rf iuii  du  ciriir  (/ni  lui  jinr  lii 
ii'sr ,    il   II'  \    nvnil   fins   n    liuniVff   de  liK'dt'ciii,    dr   surir   ijiii'  Ir 

T.  \ii,  .1/.  v: 


—  178  — 

génrnd  <lnl  se  si-rvir  de  son  jn-oj/rc  iiioiiclioii-  do  poche  poiiv 
arrêter  la  perle  du  sanff. 

Mnrcean  fat  porté  à  Altenkindicii  dans  la  maison  du  gouver- 
neur de  PuUuitz.  Des  soldats  de  l'iid'aulevie  Franraise  s'étaient 
proriiré  une  éclielle  qu'ils  avaient  l'nil  \riiir  dr  Ilochsteinhnch, 
et  ils  en  avaient  fait  un  brancard  sur  leijuel  ils  avaient  placé 
leur  l)ien-aimé  général  mortellement  blessé  et  l'avaient  trans- 
jiorté-  di'  leurs  propres  mains  aussi  rapidcmcnl  (jiic  sou  état  le 
periucllnil  et  nvcc  mitant  de  lué-nagemeuf  ipir  jiossiLlc  à 
AltenkirclK'ii.  Il  avait  pour  escorte  des  hussards  Français 
bruns.  Après  la  chute  de  Marceau  à  Hochstembach,  la  retraite 
des  Français  prit  le  caractère  d'une  fuite,  parce  que  les 
Autrichiens,  qui  arriA-aient  d'Altenkirchen ,  menaçaient  de 
leur  couper  le  chemin. 

Auprès  de  Gielotth,  petit  village  situé  à  une  lieue  en  deçà 
d'Altenkirchen,  il  y  avait  déjà  une  telle  foule  que  Marceau 
fut  obligé  d'être  transporté  par  un  chemin  latéral.  A  son 
arrivée  à  Altenkirchen  la  masse  des  Français  qui  fuyaient 
était  si  forte  à  la  porte  de  la  ville ,  qui  était  entourée  d'une 
muraille,  qu'il  fut  impossible  de  songera  trahsporter  le  blessé 
plus  loin,  mais  lorsque  les  soldats  reconnurent  leur  chef  chéri, 
ils  s'écrièrent  les  uns,  les  autres,  «  Faites  place  pour  ce  brave 
Général  ». 

Marceau,  comme  nous  l'avons  dit,  fui  transporté  au  premier' 
étage  de  la  maison  du  Gouverneur  de  Poellnitz ,  après  quoi  on 
fit  venir  plusieurs  médecins  militaires  et  le  chirurgien  de 
l'arrondissement  Mager  qui  examinèrent  la  blessure  du 
Général,  et  bien  qu'ej^lo  fut  reconnue  mortelle,  ils  donnèrent 
les  plus  grands  soins  au  blessé.  Lorsqu'au  matin  du  20  septem- 
bre, les  Autrichiens  parurent  sur  les  hauteurs  d'Altenkirchen, 
les  Français  se  retirèrent.  Mnrceau  ne  jiouvmil  èlvc  transporté 
l'iil  abandonné  à  la  générosité  de  l'ennemi.  On  ne  laissa  auprès 
de  lui  i/u'une  garde  de  (/uatre  honnnes.  Le  matin  du  !^0  septem- 
bre les  jjremières  colonnes  Autrichiennes  entrèrent  à  Altenkir- 
chen, et  l'Archiduc  Gliarles  donna  l'ordre  de  soigner  Marceau 
nvi'c  lu  jihis  grande  sollicitude  ;  en  cfjiisidénd ion  fin  mnlheur 
arri\i''  ii  ce  brave  gihii'r.il,  on  conebil  une  Iri've  de  trois  j'/iurs. 
Marcenu  expira  le  '■21  sejilenibre  entre  '7  el  (>  heures  du  inulin. 
Son  corps  lut  Ir.iiispdi'h'  à  Andermicb  \):ir  des  soldats 
Français  et  Autrichiens,  avec  tous  les  honneurs  dus  à  un 


—  170  — 

rw'iu'ral  on  rhof.  A  Andornach,  amis  et  onnoiiiissc  n'uiiirciit 
polir  lui  faire  1rs  ohsrt/iii's  les  jilns  solrniirllrs.  Sôll  riïl'\)S  l'ut 
déposé  plus  t^ird  sur  A' /V7r/-.sy>r/-//y;/-r.v  i/c  CuJjIrnlz  et  lors- 
qu'un fort  (,1e  Tort  I^Yançais)  fut  construit  dans  ce  lieu,  sa 
dépouillp'niorteijr  lui  transportée  dans  une  vallée  adjacente. 

Marceau  avait  un  extérieur  oxtrênieiuent  beau,  il  ('-tait 
d'uni' santé  très  rohuste,  son  esprit  était  ardent,  se  distiu- 
j^uanl  par  une  l'ernielé  de  volont(''  au-dessus  de  son  â^a^,  il 
était  reniarquahle  jjar  son  courau'»'  ixM'sonnel  et  pai-  son 
caractère  plein  d'iiuniaiiile. 

Ce  général  fut  au  nombre  de  ceux  ([ni  par  leur  ('nergie 
aussi  bien  (lue  [lar  des  sentiments  d'humanité  parvinrent  à 
rétablir  la  discipline  dans  l'armée  qui  était  sous  leurs  oi'dres 
et  qui  surent  étal)lir  une  dilférence  entre  des  citoyens  paisi- 
bles et  ile^  Iniinines  de  iiuerre. 

Ses  ad  es  de  honlé  et  de  (/rnérosiliî  s  (''tendaient  Jnsqn'nn.v 
ennemis;  k  Coblentz  surtout  oii  il  a  fait  un  assez  lono>  séjour. 
on  conserve  de  lui  le:  souvenir  le  meilleur.  11  a  sauvi-  plus 
d'une  ville  des  désastres  atlreux  de  la  guerre,  tandis  (pie 
dans  les  campagnes  antérieures,  les  actes  d'inhumanité 
commis  dans  ces  mômes  villes  trAllemagne,  avaient  fait 
maudire  le  souvenir  de  plus  d'un  gtUH'ral  Français. 

Marceau  ('lait  estini(''  de  ses  ennemis  aussi  bien  que  de  ses 
amis;  c'est  iiour([uoi  le  gouvernement  Prussien  lui  a  fait  éri- 
ger un  monument  honorable  dans  renceiute  des  fortifications 
de  Coblentz  et  (pie  les  Autrichiens  avec  la  coop(''rati()n  de 
j)lusienrs  olliciei-s  Framjais  ont  placé  an  printemps  de  l'année 
IT'.iT.  il  ren(h<iit  même  où  la  carai)ine  d'un  chasseur  tyrolien 
l'avait  moiiclli'iiieni  Itlessé,  une  table  de  mariu'e  inunnnieii- 
tale,  dont  rinscri[)tion,  en  langue  Fraïu^-aiso,  est  ainsi  commue: 

1<"1    Kl  T    HLKSSK 

l.K    r.'   SKI'TKMHRK    ITDC. 

M.\RCEAn 

OKNÉKAL   FRANÇAIS 

IL    MOURUT   ESTIMÉ,    PLKl'RK   DU    SOLDAT 

HK  i.'iivniTwr  kt  iik  l'kvnkmi.    ■ 

l.a  faux  dn  temps  a  l'ait  senlii'  son  ell'el  à  fcWi'  inscription 
et  la  jeunesse ,  dans  ses  ébats,  s'est  sei\  ie  de  celle  labicde 
marlire    comme    d'une    glissoile.    de   smle    (pie   ce  liioliument 


—  180  — 

tombo  on  ruines,  bioii  qu'on  18.'>7  la  coniniuno  de  Hôchslom- 
bacli  l'ait  fait  entourer  à  ses  propres  frais  d'un  treillage  en 
bois  de  chêne.  La  population  de  ces  contrées  bénit  encore  le 
souvenir  de  Marceau,  et  sa  mort  tragique  est  encore  aujour- 
d'hui racontée  de  la  même  manière  que  nous  venons  de  le 
faire.  Sa  mémoire  vit  encore  parmi  ses  contemporains. 

Encore  quelques  années  et  la  génération  sous  les  yeux  de 
laquelle  ont  eu  lieu  ces  événements  historiques  ne  sera  plus, 
et  le  lieu  où  un  héros,  que  le  plus  beau  trône  de  l'Europe 
semblait  attendre,  a  subi  une  destinée  inexorable  sera  couvert 
de  ronce  et  voilé  aux  yeux  de  la  postérité ,  si  le  monument 
qui  lui  a  été  érigé  n  est  pas  restauré  ou  rciionvt'lé ,  bien  que  le 
Gouvernement  de  Nassau  ait  recommandé  à  toutes  les  auto- 
rités du  Duché  de  protéger  cette  pierre  monumentale.  Le 
même  jour  où  l'étoile  de  Marceau,  qui  jusqu'alors  avait  brillé 
d'un  éclat  plus  vif  que  tous  les  autres  de  la  même  époque, 
vint  à  s'éteindre  une  nouvelle  étoile  paraissait  à  l'horizon , 
celle  de  Napoléon  Bonaparte  né  le  15  août  1709.  Le  19  septem- 
bre 1790,  ce  jour  fatal  où  Marceau  fut  mortellement  blessé  à 
Hôchstembach,  ce  même  jour  Bonaparte  mettait  en  déroute 
aux  portes  de  Mantoue  l'armée  Autrichienne  sous  les  ordres 
de  Wùrmser  et  commençait  ainsi  une  série  de  victoires  qui  le 
menèrent  au  trône  de  France  où  comme  empereur  Napoléon  P"" 
procura  aux  Français  l'époque  la  plus  glorieuse  de  leur  his- 
toire, et  où  de  nos  jours  son  digne  successeur  Napoléon  III 
qui,  semblable  au  chef  de  sa  djnastie,  a  su  mettre  fin  aux 
troubles  civils,  a  de  nouveau  conduit  la  France  à  une  élévation 
d'où  elle  commande  aux  destinées  des  nations  même  au-delà 
de  l'Europe.    " 

Seltors,  le  17  août  18G2.  Lk  Comte  DE  REISET, 

Ministre  de  Frnuco  ii  Diinnstudl 
ot  dans  le  Din-lià  do  Nassau. 


JiKVAXCES  .\r  l'AYS  CIIAIHIIAIN 


DUliAM"    Ll::    MuVb:,N    AGK 


I>;iiis  une  liimihIc  |i.irtii'  dfs  (li.ii-lcs  de  (Idiialinii  ilu  \i'  au 
xiil*^^  siècle,  on  tioiiNc  (M-ttc  roiiiiiilc  -•///  nmiii  (■onsiiclinliiio  et 
l'Mii-lioiir  /iliffiiiii  cl  iniiiiiiiii'iii ,  Ini'iiiiilc  (jiic  l'un  a  tDiiJoiir.s 
traduit»'  ainsi  ><  libre  ci  exoini)t  de  toulc  (■iniliiiiic  cl  de  toute 
cxaciiiiii.  •>  C'est  là  assurément  l'interprélalion  la  jilus  natu- 
relle i\i's  expressions  latin(^s.  mais  cette  traduction  littérale 
rend-elle  le  sens  (jn'atlachaienl  a  ces  mots  les  donateurs  du 
moyen  iiL^e?  Nous  ne  le  pensons  pas  :  coutume,  i)asse  encore; 
mais  exaction  n'est  pas  le  mol  propre.  La  vraie  traduction 
[Ktiir  nmis  est  celle-ci  :  «  liljrc  et  exempt  de  toule  n-ili-- 
»  vance  ordiiiair*-  et  extraordinaire.  » 

\'uil;i  (|(»nc.  d('s  Taliord.  une  L!r;iii(|('  tli\  isioii  ('lalilic  pai'uii 
les  divei's  di-oiis  ipii  pesaient  au  moyen  ài;'e  sur  la  iiro[)riété 
et  les  individus  :  dune  jiarl ,  les  redevances  ordinaires, 
rdiisnrlinliiirs ,  i-nusluiii:r .  les  ciiutuiues.  jMtur  conserver 
l'aijpellation  ^énéralemeiiL  adoptée;  de  laulre,  les  rede- 
vances extraordinaires,  oxnctionos,  tpii  ne  répondent  |)as 
loujoni's,  comme  on  le  verra,  à  noti"e  mot  modci-nc, 
exai'lioiis.  Nous  iioiis  occn]icroiis  d'altoril  *\vs  couiumos, 
et,  sons  l<'ur  midtiplicité,  nous  l'econnaiirttns  ipi'oii  pcul 
It's  i-amencr  a  (jnchpu-s  l\'pos  principaux. 


I 


La  |ilus  auciciinc  cl  la  [iliis  rc'pandui'  (\i's  couliiines  était 
«  le  cens,  »  COUSUS,  soUMiiir  do  l'ancien  im|»ol  public  Ars 
Romains,  transfoi-UM'  pai-  les  con(pié'i-auts  An  sol  en  un  droit 
priv(''.  ('"('tail  une  n-ulc  due  au  seiLiiieur  en  l'aison  de  sa  su- 
zeraineté sur  U'-    lenamier.    Souvml  .    pour  l'aljolition  d'un 


—  182  — 

service  ou  la  concession  diiu  inivilègc,  lo  roturier  iircxait 
sa  terre  ou  sa  maison  déjà  chargées  du  cens,  d'un  second 
cens,  siipei'i-rijsns ,  u  surcens  ou  crois  do  cens.  »  On  enten- 
dait au  contraire  par  '<  menu  cens  »  une  somme  minime, 
sorte  de  symbole  par  lequel  le  tenancier  reconnaissait  que 
la  i)ropriété  du  fonds  appartenait  au  seigneur.  Enlin,  indé- 
pendanimenl  du  cens  qui  frappait  les  propriétés,  il  en  était 
un  autre,  «  la  capitation,  »  cousus  cnpUnlis,  ctïpita(jiuni,  cuva- 
(jinin .  (pii  atteignait  la  personne  môme  du  censitaire'. 

Ce  n'était  pas  au  reste  seulement  les  terres,  les  maisons 
qui  devaient  payer  le  cens,  mais  aussi  en  général  tout  ce 
(pli  servait  à  Texercice  d'une  industrie  privée.  Nous  pour- 
rions en  citer  de  nombreux  exemples  ;  nous  ne  rappellerons 
qu'une  charte  de  Geoffroi  111,  vicomte  de  Chàteaudun  (vers 
lUo8)  dans  laquelle  il  dit  posséder  dans  le  faubourg  de  Cha- 
mars  le  cens  des  chaudières  des  teinturiers  -. 

Synonymes  de  cens,  nous  rencontrons  dans  plusieurs 
chartes  les  mots  ohhtin',  ohliatœ.  En  1173,  Hubert  de  Péron- 
villo  déclare  qu'il  reçoit  sur  chaque  maisoli  de  Péronville, 
pour  droit  d'oblage ,  2  pains,  2  poules,  2  deniers  et  2  mines 
d'orge^.  En  IIGO,  les  moines  de  Tiron  partagent  avec  le  sei- 
gneur de  Langey  le  champart,  la  dîme,  les  oblages  et  le 
cens  de  Langev*. 

Dans  un  sens  plus  restreint,  appliqué  sjDécialement  aux 
bourgeois  des  villes,  le  cens  prenait  parfois  le  nom  de  Jjiirde- 
sfi;/iiiiii.  Au  mois  de  décembre  1214,  Robert  de  lîapaume 
donne  à  l'Aumône  de  Chàteaudun  12  deniers  de  cens,  avec 
tout  droit  de  bourgage  appartenant  à  la  censive^.  Le  droit 
de  «   fouage,   »  ffiiarfium ,  était   synonyme  do  J)ur(lrs;if/iiiii!. 


^  Nec  de  terra  lanlum,  verum  ctiam  de  .suis  propriis  capitihiis  census 
annui  redditiis  debctur. 

-  Censum  caldariarum  linrturuni  vcl  linrtricuin ,  de  iaiii(]ii(i(jiic  laldaria 
deiiarios  llll  (Arcli.  (rEiirc-el-L(iir,  II.  tTi'i). 

•'  Ohlnlas  pro  singulis  mastiris,  duos  panes,  dnas  f/itiliuas,  duos  denarios, 
duas  minas  ordei  ad  magnam  mcnsuraw  (Arrli.  de  la  Maison-llieu  de 
Cliàleuadnn,  ji.  15). 

*  Campars  et  décima,  oldiale  et  census  apud  Langeium  [Cart.  de  Tiron, 
II,  !..  5)4). 

'•'  Duodrrini  denarios  rensus ,  euin  oinni  burdesagio  et  ohnoxietalr  ad  eam- 
dcm  censivain  pcrlinentibus  [Arcli.  de  ta  Maison-Dieu  de  Cliâteuudun,\).  74). 


^  l.s:;  — 

N'ors  l'an  Uni),  le  priciii-  de  Saiiil-I)riiis  de  .NoLrciil-li'-Kotrtui 
(loiiiic  aux  lils  (le  lioiioii  lo  iiii'iiiiii'r  la  maison  (|u"t)ccn|iail 
jcdii  lîonon,  libre  et  exeniiite  de  cens  et  dr  fona^'-e  '. 

()ii  ilnnnait  le  nom  de  \Hli-iiii;fiiiiii  ;i  la  toniii'c  il'iin  vilain 
qni  la  [)o."<?ié(lail  sous  la  redevance  du  cens,  et  par  suite  le 
mot  de  vH/riini/iuin  l'ut  [iris  pour  le  cens  lui-ménio  :  .Vas  Imc- 
/iiiis  in  \  ilIfinKiiuiii .  il/  rst  ud  crnsiiiii. 

Se  rapportant  au  droit  seiiiiieurial  im]ios(''  sni*  les  im- 
mt'uiiles,  nous  devons  moniionner  les  droits  de  i  lods  d 
"  ventes  et  de  li'ants,  »  Iciidiiinitr ,  vcntir,  \ fiidi/ioiics ,  vciuln- 
;/iiim,  ;/;iiiiii,  correspondant  ;i  notre  droit  de  mutation  actuel. 
Les  lods  et  ventes  étaient  la  somme  jtayée  au  suzerain  pour 
ivoir  le  droit  traliéner  une  terre  df'pcmlante  <ie  sa  sei- 
i,nieurie;  les  ^^ants  étaient  une  redevance,  souvent  payée  en 
nature,  comme  épini^les  d'un  marché.  Au  mois  d'avril  l'^Ml, 
(luillaume  de  Samoessel  abandonne  au  chapitre  de  Saint- 
Spire  lie  Corbeil  les  lods  et  ventes  dans  la  terre  de  Seine- 
Port-.  Au  mois  de  mai  1235,  Aimcry  Oison,  comme  maire 
d'ilapponvilliers.  rc'clamc  le  treizième  denier  de  toutes  les 
ventes  laites  dans  retendue  de  sa  mairie-'.  \'ers  llln.  les 
reli^iieux  de  Saint-Père  donnent  k  Geollroi  d'Arrou,  maire 
de  iJoisruIlIn,  les  i^-ants  des  ventes  laites  dans  la  teire  de 
lioisruriin  *. 

C'est  encore  dans  le  même  ordre  d  idées  (piil  faut  classer 
le  droit  de  ^>  rehnat^'C  »  ou  de  rachat .  rc/ew/Z/o.  /v////,// /////, 
payé  par  tout  tenancier  à  son  suzerain  au  monieiil  oii  il  attei- 
i;nait  sa  majoriti',  \<>>\\v  èire  remis  en  possession  de  sa  pro- 
priété tombée  en  caducité.  An  mois  de  juillet  1200,  (Jui  de 
hévis,  sei^-neui-  de  Mirepoix,  donne  a  ral)liaye  de  S.iim-.Iean, 
poiu' construire  l'église  d'Acheres,  un  héberyement  libre  de 
l'tut  cens  et  de  tout  relevaii'e''.  Au  mois  de  mai  \J'2\,  Aiuaury 

'  Vrojiriam  plnlciini  dirli  ISiiitniiis,  lihrrain  l'I  ijuktitm  ah  (iiiiiii  censii  rt 
l'i-iiagio  \Curt.  de  Suitil-Uniis,  p.  H',\\. 

-  In  Irrnr  ilr  S'irid-I'niiii  vmlr ^  laudiimir ,  iiivestilurc  [Cuit,  de  liinbril, 
p. '••!]. 

■•  Terriiim  di'ciiiiiim  ilniiui iiiin  Im  lus  rcinliiiDiiis  iirinmis  ri  Icrraïuin  ilr 
lldiponrilleir.  ijnociem  cniilinijnrl  en  ixiidi  .II.  ;{!{() l. 

'  Gninios  (7  dislililiirii.s  in  Irrrii  de  Hosoi-liufini  \(''trl.  dr  Suinl  l'rrr, 
p.  iSi  . 

■■'  llerherquiiifulum  (luoddnni  liln'iuni  ah  nnini  cmsii,  irlrruliitm-,  exurlione, 
redihi'ntia  seu  costuma  ijuacumifnv   II.  iîiiiiiJ,'. 


—  181  — 

de   Fréiuoiil  cxeiuple   du   druil  de   radial   les    liouimcs  de 
Pré^. 

Presque  aussi  ancien  (jiie  le  cens,  le  droit  de  «  dime,  » 
(Iri'iinn,  lut  constitué  dans  le  priiici|>e  ]m)ui-  ponrNoir  aux 
besoins  de  rEg'lise.  L'obligation  de  payer  la  dune,  le  dixième 
des  fruits,  tut  un  précepte  pour  les  fidèles  plutôt  qu'une  loi 
pour  les  Francs  jusqu'à  Cliarlemagne  qui  la  prescrivit  à  tous 
ses  sujets  en  même  temps  qu'il  s'y  astreignait  lui-même.  Peu 
à  peu,  les  seigneurs  usurpèrent  ce  droit  ou  le  reçurent  en 
lief,  ce  qui  donna  naissance  aux  dîmes  inféodées  et  aux 
dîmes  seigneuriales. 

A  la  dîme  se  rattachaient  les  «  prémices,  >>  pi-imitin',  droit 
ecclésiastique  qui  se  prélevait  sur  les  premiers  fruils  et  sur 
les  premières  portées  des  animaux.  Vers  1130,  CTuillaume, 
abbé  de  Tiron,  déclare  que  toutes  les  dimes  de  P'ontaine- 
Raoul,  tant  menues  dîmes  que  prémices,  lui  appartiennent-. 

Les  dîmes  elles-mêmes  se  distinguaient  en  «  grosses  et 
menues  dîmes,  »  t/rossir  et  iniiiiitn'  ili'/-iin;r.  Les  premières 
se  prélevaient  sur  les  champs  ensemencés  en  blés,  ^lois  ou 
vesces,  guède,  garance,  etc.;  les  menues  dîmes  frappaient 
les  animaux  domestiques •'^,  le  lin,  le  chanvre,  la  vigne,  les 
fruits  et  légumes  des  jardins,  etc.  On  disait  aussi  «  les  vertes 
dîmes  »  pour  celles  des  menues  dîmes  qui  se  percevaient  sur 
les  légumes.  En  1709,  le  président  de  Meslay  reconnaît  que 
les  terres  de  l'abbaye  de  Saint-Avit  à  Yitray-en-Beauce  sont 
exemptes  «  de  tous  droits  de  dixnies  grosses,  uu'uues  et 
»  vertes,  de  charnage  et  autres  dixmes  sous  quelque  (l("no- 
»  mination  que  ce  soit.  »  (nhli.  de  Sninl-Avil ).  Enlin  on  dis- 
tinguait, encor(^  «  les  «lînu's  des  U(jvales,  »  c'est-à-dire  les 
dîmes  (W)<  lei'i-es  nouvellement  nnses  en  culture.  Celles-ci 
n'appartini'ent  jamais  exclusivement  il  l'Église  :  créées  ;i  une 
époque  plus  récente,  elles  furent   dès  le  principe  seigneii- 

'  .1  rachuto  d  hovtujio  \\\.  "2317). 

-  Quod  décime  omnes  homiiiuin  de  Foiilc-Hfidiilli ,  liini  unnulr  ijikhii  /iri- 
milie  voraiititr,  ijinnii  aîie,  suc  projiric  .siiiit  (Cjirt.  du  l\.-D.  de  Chartres, 
I,  p.   t^iX). 

■'  l'iiinii  les  ilmils  (liniiirs  en  Hir>ri  ,iii  |iririiir  de  l.iancdurl ,  on  xoil  rih'u  la 
iiii'iiiic  (lîiiir  (les  lnMi|ii'aii\  cl  des  clirvaiix  ,  miiniUnn  di'riniiiin  pfcialnm  cl 
juincnluniiH  [Cari,  de  SaiiU-l'èrc,  p.  ïiUU). 


—    IS5  — 
l'iales,  in'opriéu''  du  .seij4:neiir,  (iii'il  lin   lauiiic  dU  L'cck'sias- 
tiquo. 

Chacuiii'  (le  (.Ts  (liiiio.s*  recevait   iiii   ikhu   particulier.    La 

(lime  sur  les  ui'aius  s'appelait  hluilcntiiuin .  iin-ssio,  jticsli\,i. 

NCrs   ll'.M»,    (IcolfVdi    ]\\   vicomte  de    «'liàtcauduu ,   duiiiic  à 

laldiavc  de  la  Madeleine  de  ("hàleauduii  ladiuKM-l  le  lei-raire 

de   tout   le   domaine   de  la   <  hauvelirre  el  la  meslive  dudil 

territoire'.   Ou  lit  dans   le  registre  des  cens  <lu  comté  de 

l'hartres  :  »  Les  coutumes  di's  portes  de  Chartres  appartieu- 

»  ueiii  ;i  la  l'révosté,  c'est  assa^■oir  le  deauplaii-e.  le  touli  et 

le    liuscha<j:e   et    les    mestives  de    Heaiice  ;    mais  le    pr(''\dst 

paie  lors  le  [lasl  aux  mères,  (pu   doivent  avoir  rhaciin  ;i 

dislier  le  Jour  (jue  les  uiestives  sont  assises.   .. 

Le   '■    iVoiiieiitaiic.   »    /'rinnriif;i;/iiuii .   ("tait    la   dime  sur  le 

l'romeiil.  La  dime  sur  l'orbe  s"aj)pelait  oi-ilc;iriiiii  ;  sur  les  lèves 

et  haricots  i'ahiwuni  :  sur  la  vesce   vicitu-mii-;  sur  les  pois 

jiisiuriniii  :  siii'  les  lentilles  Iriil icnhiriuiii'-K 

La  dinie  siii-  les  aiiiniaiix  en  li'énéral  était  dite  «  charuage,  » 
.inifi/iriim  Sur  les  hètes  à  cornes  on  percevait  ■  le  coruay:e,  » 
rorinif/iiiin.  Kn  11'.':;.  Louis,  comte  de  Blois,  al)aiidoiiiie  ;i 
rahl)aye  de  .^aiiit-A\ii  le  coi'uati'e  de  sa  terre,  tel  (piil  Lexi- 
treait  de  ses  hommes  et  de  ses  autres  abl)ayes'.  Les  Ixi'iils 
payaient  le  droit  de  «  bouvag-e,  »  hov.-ii/imn.  Au  mois  de 
d(''ceml)re  IlM  1  .  labbi'  de  Coiilomlis  exemi>te  les  Imniims  de 
Marville  de  la  taille  et  dn  InHiNauc  ([iiils  lui  payaient'".  La 
dime  sur  les  vaches  sajipelaii    i //.sr-w/y'/zy// ",  sur  les  mout(Uis 


'  Ufiiiiiitm  cl  Ifinif/iuiii  lui  lus  Irrrilorii  dv  (]hav(iler'i<i,  tant  ilr  liihrnini/iii 
iiuiiiii   lie  iircim .  ri   nifstivdiii  dr  prriliciti  Iririlurit)  \l',<iii.  de  ht  Mtideleini\ 

-  Kii  mais  \'2\lî ,  Klirnnc ,  inairc  de  Cliain|isrni ,  \rnil  ,iii  (liaiiniiic  (icdllroi 
il  Auiiraii  vicitirum ,  l'abiitcitiit ,  ordi'dciiin  {l'.nii.  dr  .W-l).  r/c  Cliurtirs .  Il, 
|i.  ('.:!,. 

^  haiis  le  l'oly|ilii|iii'  (le  r('|,'lisi'  dr  Cliarlics  ^  liUlUi .  nous  vovoiis  <|iir  les 
|iri'liriiilit'is  tic  j!niii;laiiival  |io<S(''ilaii'iil  Dvdciiiiiiiu,  l'dhiiriinn,  pisiariiini, 
rrriittiiim,  Iruticulariuin  [Ihidfiii,  H,  p.  riUi  i. 

*  Coiniifiiiim  Irrre  sur,  sirni  <i  cetnis  nhhiiliis  suis  ri  Imut imbus  exitjebut 
Abli.  dr  Sainl-Aril  . 

*  .1  Itillid  el  bdViiijiu  ijund  sihi  irddcbunt  il '.art.  dr  Sniiil-l'Uirnni'  dr 
hrrux,  ('•  \',',,  r"i. 

'  i.f  li  jaiivlir  plil).  (irnllioi.  ((iiiilc  (rAiiiiiii,  (liniiic  aii\  rliaiioiiu-s  de  Saiiil- 
.Maiirici'  d  .\ii;,'i'r>. /'//  (•///•/('  Sam  li-lhonisii  iiirrii<iluiii  lnliiiii.rl  /)  unir  ni '11/111111, 
i"!  uiullonufjiuni.  ri  /risriui/dijiuiu  [l'.url.  dr  lu   Triu.  de  \rud()Uh\  I.  |i.   IliTi. 


—  180  — 

iiiiil/niini/iiiin ,  suv  les  jcuiies  brebis  hii/rniiiiini ,  sur  les  porcs 
fresccjiii!i;/iiiiii  r\  l'risciiii/,-i(/iiiiii ,  sur  lo  chaiivi'c  r,7/y,7/>//.s//////, 
sur  le  lin  lineshiiu  ^  ;  sur  les  chardons  «  charderonnago.  » 
Toutes  CCS  dénominations  se  renconlront  rrc-quemniont  dans 
nos  chartes  et  nos  cartulaires. 

11  serait  trop  long  d'énuniérer  tous  les  objets  sur  lesquels 
se  percevait  la  dîme  :  nous  en  citerons  seulement  deux 
exemples.  En  1135,  (luillaume  de  Vaupillon  donne  à  l'abbaye 
de  Tiron  le  droit  de  dîme  sur  tout  ce  (jui  se  faisait  dans  ses 
bois,  dans  ses  alleux,  dans  ses  landes,  dans  ses  marais,  c'est- 
à-dire  la  dîme  du  pasnage,  des  charpentiers,  des  charbon- 
niers, des  novales  et  do  toute  autre  nature-.  En  1097, 
Hamelin ,  seigneur  de  jNIontigny,  fait  don  au  prieuré  de 
Saint-Ililaire-sur-Yerre  de  la  dîme  de  tous  les  produits  de  sa 
chasse  ^. 

La  perception,  l'aménage  de  la  dinie  dans  les  granges 
dîmeresses  se  faisaient  par  des  agents  spéciaux  «  métayers,  » 
mcsfivnrii,  délégués  par  le  seigneur,  et  des  droits  particu- 
liers pesant  sur  les  tenanciers  étaient  affectés  à  ces  otîices. 
Le  collecteur  recevait  le  dixième  de  la  dime,  rodocimn,  et 
quelquefois  forrui/itini.  En  1131,  Hervé  de  Gallardon  donne 
à  l'abbaye  de  Josaphat  la  dîme  de  la  dîme  de  la  terre  qu'il 
possédait  à  Soulaires^  Le  charroyeur  recevait  «  le  trait  de 
dîme,  »  tractas  ilci-inuc  Cette  redevance,  d'abord  réservée 
au  charroyeur,  fut  dans  la  suite  possédée  par  le  propriétaire 
même  de  la  dîme  ou  i)ar  d'autres  personnes  étrangères  au 
fait  matériel  du  charriage.  En  octobre  1232,  Girard  de  Luisant 


'  Au  mois  de  mai  1213,  un  accord  iiitciviiit  ciitir  li-s  religieuses  de  Saiiit- 
Avit  (;t  (ieoiïroi,  maii'i;  de  Rameau,  ce  dernier  iiiriciidant  avoir  le  droit  d'aller, 
avec  le  serviteur  de  l'ahbave,  |ieicevoir  la  diiuc  dans  le  fiel'  de  lîameau,  cl 
exindc  hahere  tmuin  agnum  et  unum  vellus ,  et  canabi  et  Uni  canabusium  et 
iinesium  {Abb.  de  Saint-Avit]. 

-  Dcciiitaiii  omnium  (jne  in  hosris ,  sive  in  dcfensis,  au!  moriolis,  vcl  in 
!/r(tluii  tune  fiebani,  sciliccl  ilc  ptisnaf/iis ,  de.  rai/ienlariis,  de  rarbonaiiis,  de 
novalibus,  sive  de  ([uocumque  alio  labore  in  iji.sis  faclo  [Curl.  de  Tiron, 
1.  |..  22.',). 

•^  Drrimam  omnium  venalionum  suarum ,  quolibet  modo  capte  sunt 
(H.  2iUli. 

*  Redecimam  luliiis  Icrir  sue  que  est  apud  Solicrnum,  lam  in  luco  quani  in 
piano  (Car t.  de  Jonaphut,  p.  !)(>). 


—  187  — 

lucicinl  qu  ;i  lui  aitpjirliont  un  trail  de  diiiic  ot  un   uiôtayer 
dans  la  p-anjjre  des  reliij^ioux  de  Saint-Jean  a  Linc  '. 

La  valeur  île  l.a  dinie  variait  inliniincnt.  l>ans  le  ininripe, 
comme  son  nom.rindique.  ce  devait  être  la  dixième  partie 
des  IVuits  ;  ninis  (piand  la  dinie  eut  pass('  entn;  les  mains  des 
seiiiiieurs,  s(in  aj)i)lication  sul)it  de  nombreuses  modilications. 
La  (lime  des  céréales  se  disting'uait  en  «  dimc  nomlirc'c  et 
portée,  »  iiiiincnitit,  ilhifn,  c'est-à-dire  comi)t<M'  par  l'agent 
du  [tropriétaire  et  enî^ranp:ée  ]>ar  les  soins  du  lenancier-,  et 
en  «  (lime  laissée  dans  les  champs,  »  rclidu  in  mui/iis,  c'est- 
à-dire  à  ren^^ran^emeiit  de  laciuelle  les  lenanciers  restaient 
étranirers.  Généralement,  ces  dîmes  se  payaient  h  la 
onzième  i:'ei"l)e  :  pourtant,  certaines  terres  ne  devaient  a 
titre  de  dime  (juiine  ou  deux  gerbes  par  setier  ;  d'autres 
ac(piittaient  seulement  une  demi-dime.  c'est-ii-dire  la  vingt- 
uidèmo  gerbe. 

\(nis  citerons  (pielques  exemples  tirés  du  ricin-  diartrier 
de  labbaye  de  Saint-Avit,  aliii  de  iiinntrer  quelles  variations 
sid)issail  la  perception  de  la  dime.  Au  mois  de  mai  l'J19, 
Henri  d(.'  MontreuiL  séni'clial  de  Mondoubleau.  c(tnsent  t[\u\ 
poiu"  droit  d(>  mestive,  il  lui  soit  payé  i)ar  les  hommes  de 
Saint-ALiil.  par  chaque  habitant  cultivant  avec  ses  proi)res 
bestiaux,  un  setier  de  seigle  et  une  mine  d'avoine,  et  par 
ceux  qui  ne  <  ultivent  qu'avec  des  l)estiaux  d"eiiijirunl  une 
mine  de  seigle  et  une  mine  d'avoine^.  —  Au  mois  de  no- 
vembre 1211,  il  est  conxeiiu  que  les  liniii mes  possi'dant  des 
vignes  depuis  Saint-Denis-le.s-Ponts  Jusqu'il  ("hateaudun.  e(  ;i 
Séglaiid  et  il  Hotain.  jiaieront pour  la  dîme  5  sous  |»ar  ai-pent, 
tamlis  (pie  ceux  qui  ont  des  vignes  au-del;i  de  Saint-Denis, 
-•»  'l'oriau  et  ii  la  Chajjelle-du-Xoyer  ne  paieront  que  -1  sous. 


'  (^hidil  flrhehal  hulirrc  trarliim  (Irriiiic  et  uiiiim  mexlivariiini  in  uriinchiii 
miiniiilioniiii  Saticli-Jolmunis  tjur  silit  rst  tipttd  l.iicfiiim  iCart.  ilf  Sainl- 
Jean,  [■<  \'2  v"  . 

-  Km  {■JI'J.  .Iimm  irAu/.aiiivillc  iccoiiii.iît  <|iii-  l;ilili;iy(!  dr  Saiiil-Jcaii  doit  avoir 
II'  rliaiii|p;irl  l'I  l.i  iliiiii'  iKtiiilin'c  sur  une  Inic  ipril  lui  a  \cmliii',  ///  /(•;/•(/  vfn- 
diln  cdiniiiparUii/ium  cl  ilntiiinnt  uiiiiicnilain  mm  tniini  iliniiiiini    W.  ;!:i7.')i. 

••/'>•()  tni'.stivii ,  iih  uniKjUdqui'  liospicium  Irurnli'  (jui  ruiii  propriis  besliis 
leiram  eirohi  iiuiim  sexlarium  silifjinis  ri  uiiaiii  mitiiim  iivrur,i-l  ah  alin 
hoininr  qui  stiiini  Inrinii  prr  (irroiiinioiluliiiiirm  hrstianini  l'Xialet  uunm 
mauiiii  siiiijinis  vl  uiiain  uvcnc. 


—  188  — 

Kii  1759,  les  religieuses  de  Saiiit-Avit  l'ont  un  accord  avec 

1(>  président  de  Mcslay  pour  les  dîmes  de  la  paroisse  de 
Vitray-en-Beauce  :  il  est  arrêté  entre  les  parties  que  le  pré- 
sident percevra  les  grosses  dîmes  à  raison  de  4  gerbes  pour 
chaque  setier  ensemencé  en  blé  ou  en  mars  et  4  roulions  pour 
chaque  setier  ensemencé  en  pois  ou  vesces  ;  que  les  menues 
(limes  des  lins,  cheneviëres,  chanvres  et  clausages  se  paie- 
ront à  la  treizième  gerbe;  les  menues  dîmes  de  veaux  à 
raison  d'un  fromage  par  chaque  vache  ;  les  menues  dîmes 
des  cochons  et  oies  à  raison  du  treizième  ;  les  menues  dîmes 
des  vignes  à  raison  do  4  pintes  i)ar  poinçon  ;  les  menues 
dîmes  des  bêtes  à  laine  sur  pied  d'un  sou  par  mouton,  brebis 
ou  agneau. 

Le  paiement  de  la  dîme  et  des  autres  redevances  se  faisait 
ordinairement  à  la  Saint  Rémy  :  cependant,  nous  voyons 
indiqués  dans  certaines  chartes  les  termes  de  Noël  et  de  la 
Saint  Jean-Baptiste,  et  aussi,  quand  il  est  question  des  droits 
appartenant  à  des  abbayes,  les  jours  de  fête  de  patrons  de 
ces  abbayes,  Saint  Avit,  Saint  Etienne,  etc. 

Ce  que  la  dîme  était  pour  rÉglise,  «  l^champart,  »  cnm- 
pars,  canipijmrs,  l'était  pour  le  seigneur.  Les  mêmes  terres 
étaient  d'ailleurs  souvent  assujetties  à  l'un  et  à  l'autre  droit, 
et  il  arrivait  fréquemment  des  discussions  entre  le  champar- 
teur  et  décimateur.  Pour  prévenir  ces  constestations,  les  par- 
ties intéressées  exigeaient  que  les  serviteurs  chargés  de  la 
perception  offrissent  toutes  les  garanties  de  probité.  Adam 
d'Ouarville  possédait  le  champart  à  Ouarville  de  plusieurs 
terres  dont  la  dîme  appartenait  au  prieur  du  lieu  :  au  mois 
d(>  mars  1212,  il  fut  convenu  ([u'avant  de  recevoir  les  gerbes 
(hi  champart,  le  serviteur  du  seigneur  d'Ouarville  prêterait 
serment  au  prieur  de  lui  faire  connaître  exactenuMit  le 
uoml)rc  de  gerbes  recueillies  (H.  :j467).  Le  salaire  de  ce  ser- 
viteur était  réglé  à  l'avance  et  payé  [)ar  le  tenancier  '  ;  c'était 
une  redevance  appelée  uuincnKjiiini-. 


'  Serviims  caiiipipuiiur  iinuiit  (niumn:  scxiarium  pm  r(iiiij»i])<irliii)io  habcbd 
[Cart.  de  Josapliat,  p.  50). 

2  Au  mois  (l'itoùl  \l>'M<.  Raoul  .M.iiiiiiiiiry  aliaiKldimc  à  faliliayc  (!<■  Saiiit- 
JiMii  luiiiieriK/inin  ri  cfiiiipiparlriii  cl  ijviicnti'dvr  oui  ne  jus  (pad  hahebal  (ipml 
Amcrvillam'iH.  IWïil»). 


—   ISO  — 

Le  chanipart  avait  iioiir  synonymos  «  le  tci-ratro,  »  trrni- 
f/iiiiii,  Iri'fudiiiiii  K  «  lairrier,  ■>  ni/i'nri;/.  Ir  (lr;m|il;i':i' .  ■• 
iJiiihIii;/iii/ii.  \'('is  IKM».  RoIxM't.  prc-vùt  do  Cetoii ,  dniiiu'  au 
prieuré  de  Saiiit-^)('iiis  de  Noi^riii-lc-Kolrou  le  icrr.i^c  et  la 
diiiii'  de  rolii'Mioiil  -.  ^\•I•s  irjo.  les  ndiLticiix  de  S.iiiit-l'i'rc 
baillent  il  rente  une  terre  à  Knclierville.  à  ((Uidilion  iiue 
chaiiue  année  ils  en  recevront  Ta^rier  •'.  Tlnhant  <laudin,  en 
l'j;!(».  donne  il  l'abbaye  de  Marnioutier  le  dcauiilaire  <ju'il 
percevait  an  tnroii-  de  Marolles'. 

Les  trois  coutiinies  dont  nous  venons  de  p.irjri-.  le  cens, 
la  (lime  et  le  chanipart  pesaient  sans  excei)lion  sur  toutes 
les  proj)ri(''t(''s  du  tenancier  :  elles  étaient  dues  ii  tous  les 
snzei-ains.  (pnds  ([irils  lussent.  11  n"en  cdait  })as  de  luéinc 
d'une  foule  d'autres  droils,  soumis  le  plus  souvent  ii  la  vohtnté 
arbitraire  du  seiijrnenr.  Plusieurs  chartes,  fabriquées  au 
XV"  siècle  et  ayant  la  prétention  de  remonter  an  XIII"  siècle, 
nous  donnent  une  énnméralion  de  coutumes  dont  les  sei- 
jrneurs  exenii)lent  les  hommes  des  abbayes  demeiuant  dans 
leurs  domaines.  Nous  V(mlons  jtarler  des  chartes  soi-disant 
octroyées  ii  l'abbaye  de  'l'iron  par  les  comtes  (]u  Pcrcjie,  les 
vicomtes  de  Chàteaiulun.  les  seigneurs  dlUiers,  dAlluyes, 
etc.  (Voir  dirl.  dr  Tirmi ,  II,  p.  39).  Par  ces  actes,  les 
Inmimes  du  monastère  de  Tiron  sont  affranchis  n  jirdnf/iis, 
trnvrrsihus,  J);i/-i-;H/iis,  rotai/iis ,  jiorluiu/ii.i ,  tninsitilms,  chiin- 
h'hitfiis,  corvciis,  titlUis,  poiitinii//iis,  coi-v;i;/iis,  foliu/iis, 
hiitiinis,  foiH/is ,  lnlirrn.-iifiis ,  nieiisuntt/iis ,  poiideriJjiis  rf  pou- 
ilmiifiis ,  fonit/iis,  viiii  vriiditioniJms ,  sliilnt/iis,  lonlriis, 
jihih'niiiis,  Ji;iv;i;/iis ,  tollnris,  J)l;iflr;i(/iis ,  jumif/iis ,  lioisst'luf/iis, 
iiKiltin-is,  con-odiis,  corniliKjiis,  vcnd/ti/iis,  jjnslis  prociiritlioiii- 
hiisi/nr,  iinnih-ii/nifiis,  snlnffiis,  t'ni-iiofitiii.  innii'iidiuornni,  fnlii'f- 
iiufiii/i,  lorciilnriiiiii  Imiiiiis,  vicDruiii ,  jioiiliiiiii ,  ifinmiiii, 
villnfiiiii  cl  ciislroriiiii  /■c/hii-nlioniJins ,  ri  corii/ii  riislodiis , 
viijiliis  cl  f/nclo. 

'  «  TfTT.igt'  <'t  »liain|iait ,  i|iii  rsl  la  nn'inc  cliosc  »  ((loulimif  dr  ïlunois). 
-  Terradium    ri  detimtnii   iii    villn  'Ir  C.ii.slinmntw  (Caii.  tir  Suint  Ihnis, 
f.  '.ITi. 

••  Quoi!  ex  en  at/niriu  niiiiiin    irvolullonr  rrdilnlur  (('.urt.   dr  Siiint-I'ère, 

'  7(i/m;h  denlilfuiium   ijNtid  prvrijirrr  snirbtil   in  lnln   Irri  ilnnu  dr  Murrtdrs 
(Cail.  nié.sois.  |».-J|(i 


—  100  — 

Voilii  luio  (''numération  ({111  assurément  peut  effrayer  tout 
d'abord  ;  mais  un  grand  nombre  de  ces  droits  ne  sont  que  la 
répétition  les  uns  des  autres,  et  la  plupart  n'étaient  exigés 
que  dans  des  cas  particuliers.  Nous  tâcherons  de  définir  en 
quoi  consistaient  ces  diverses  redevances  ;  mais,  parnd 
celles-ci,  il  en  est  quatre  qui  offrent  un  caractère  plus  général 
et  sur  lesquelles  nous  devons  davantage  nous  appesantir,  ce 
sont  le  tonliou,  le  terceau,  la  voirie  et  la  monte. 

Le  «  tonlieu,  »  leloneiim,  était  un  droit  de  douane  perçu 
exclusivement  dans  le  principe  sur  les  marchandises  trans- 
portées par  eau^  On  trouve  également  dans  le  même  sens 
le  mot  vuUnçfium.  Vers  1110,  Pierre  le  Baube  donne  à  l'abbaye 
de  Marmoutior  le  vulhit/ium  des  navires  et  de  toutes  les 
choses  qui  seraient  apportées  à  Marmoutior-. 

Le  droit  de  tonlieu  s'étendit  bientôt  sur  toutes  les  mar- 
chandises, qu'elles  fussent  amenées  par  terre  ou  par  eau. 
Dans  un  accord  passé  entre  Guillaume  Gouet  et  les  religieux 
de  Saint-Romain  de  Brou  vers  1115,  il  est  dit  que  Guillaume 
Gouet  prendra  le  tonlieu  sur  tous  les  étr'angers  qui  apporte- 
ront des  marchandises  dans  le  bourg  (\q  Saint- Romain, 
tandis  que  les  religieux  le  percevront  sur  les  objets  vendus 
et  achetés  par  les  hommes  dudit  Guillaume  ^  Vers  la  même 
date,  Joslein,  fils  d'Henri,  vicomte  de  Mortagne,  donne  au 
prieuré  de  Saint -Denis  de  Nogent  le  tonlieu  de  tout  ce  qui 
sera  vendu  ou  acheté  à  Flacey^ 

Plus  tard ,  le  tonlieu  s'entendit  des  droits  de  marché  et  fut 
imposé  sur  les  bestiaux  et  autres  objets  vendus  dans  les 
marchés  et  dans  les  foires.  «  Tonlieu,  c'est  coustume  de 
marché.  »  (Citrl.  du  Bec).  Vers  1229,  Thibaut  IV,  comte  de 


^  Vers  l'année  1100,  Adèle,  comtesse  de  Chartres,  donne  :'i  Tabbaye  de 
Marmoutier  teloimim  quod  erat  solita  una  nnvis  rcddere  ad  portuiii  Blesensem 
{Cart.  Blésois,  p.  10). 

-  Vulluffiuin  de  navif/iis  H  omnibus  rébus  que  ad  Majus  Monasterium 
apportarmtur  [Cart.  Blésois,  p.  110). 

•^  Ab  (minibus  extra  voncniibus ,  si  aliquid  wnidc  attulerint  et  in  burgo 
Sancti- Romani  vendidcrini ,  Guilltrmus  ab  ipsis  Icloncum  arcipiel;  mouarhi 
vero  a  burgensi  Guillermi,  si  orner  il  vel  vcndiderit  [Cart.  de  Saint-Père, 

p.  i7:{). 

*  Teloneium  de  omnibus  quienmque  apud  Fbtiiaeum  aliquid  vendiderint 
vel  emerint  {(jirt.  de  Sainl-Deuis,  p.  100). 


—   101   — 
Champaj^no,  donne  à  son  clerc,  Ktionnc  dr  Provins,  le  ton- 
lion  des  ponmios,  de  la  basanne  et  de  la  pelleterir  de  Provins. 

«  Le  i)éag'e ,  »  ]niii(/iiini,  jjfdiii/iiiin,  r.vittis,  ('(ait  une  lorine 
du  tonlieii,  et  ni^nio  en  certains  cas  était  pris  pour  le  toidiou 
lui-nicnio.  tcJoncuin  ijiiod  viih/uri/fi'  (lii-iltir  jhhii/iiiiii.  hans  s»in 
sens  priniitir.  le  pc-auc  était  nn  droit  de  circulalinn  dû  pour 
les  niaicliandises  transportées  h  dos  d'hommes  on  d'animaux, 
jiai'  opjxtsition  an  rouaife,  tjui  se  percevait  sur  les  voitures. 
Plus  tar<l,  le  ijéage  s'entendit  de  tout   droit  de  circulation. 

Kn  IP.H),  Ives  de  Vieuxpont  ahamionne  au  prieure''  de 
Cliuisnes  le  ]U'aL!'e  que  devaient  les  liomnn's  dudit  prieur»', 
p(''aii"e  ipH'  l'on  ajipelle  sortie  '.  Le  17  avril  PJS'.».  (Inillanme 
di'  \'ieuxp(Mil,  seigneur  de  Courville.  accorde  au  prieuré  do 
Saint-Nicolas  de  Courville.  >  pendant  (  inq  sepmaines,  Tas- 
»  sielte  des  paages,  de  prendre  toutes  manières  do  consinmes 
»  et  toutes  manières  de  paa,i.;'es.  ])ar  tous  lieux  oii  l'en  peut 
»  et  doit  recevoir  paaii'e  hors  la  \\]]r  h  clicinin  paauci".  » 
(II.  .".102).  Le  péa.i^e  n'était  {)arl'ois  que  temporaire.  Au  nujis 
de  mars  12'')2,  Thibaut  V,  comte  de  rhami)aL;ne.  voidant  se 
j)rocurer  la  somme  nécessaire  pour  rcqiarer  les  rues  de 
Meaux,  l'ait  jioser  dans  cette  ville  des  chaînes  et  y  établir 
de.s  péaii:es  (pii  (le\  aient  durer  six  ans. 

Un  titre  de  142.'j, conservé  dans  le  chartrier  de  l'abbaye  de 
B(jnneval  el  relalil'  an  |irienfe  de  Saint-Sauveur  de  Bray, 
membre  (Icpemlaiii  de  cette  abbaye,  nous  renseigne  complète- 
ment sur  le  droit  de  péage.  Nous  voyons  i)ar  là  que  c'était, 
il  peu  d"excej)tions  jirès,  notre  di-oit  d'oclroi.  i-epn'seuté 
avant  la  Révolution  pai'  ce  (pidn  appelait  les  Païu'artes  des 
seigneiuMes.  Nous  croyons  intéressant  de  rejjroduire  ce 
ilocumenl.  «  (""esl  le  dioii  ijiic  rt'glise  de  Saint-Saiivenr  a 
n  accMlsIinn»'-  de  tout  temps  de  prendre  et  lever  au  p(''age  de 
»  la  ville  de  Hazoches.  PrcniiiTcinent.  clhMpie  cbcN  al  jioi'taut 
»>  bat  passant  par  les  rives  dn  (lit  [«'âge  1  don.  ;  une  Jument 
M  ob.  :   un   IxenC  on   loreau   deii.:   la   ^a(■ln•.   sojt    iji-ando   oii 


'  l'i'diiiiiiim  (jiiitd  (il)  Iniminlhiis  ('.liiniif  illi  ii'ddrhaliir,  quiid  hiniiiiirs  l'jiis- 
ilein  nllr  r.iiltiiii  vniiiliinil    II.  "JiJlO  .  i.i'    iimt  rriliis  se  icii((»iilii"  aillnirs. 

\iTs    mn.'i,  C.lin'lini,  |iii''\Mt  (le    Itdlii'il    (Ir    l'ii  llriiic,    piV'li'iiiiait    |ici(cvt)ir   le 

ilroil   (le   SdrlH-   Mil-    les    IlllIllllU'S    l|lli    .iclirl.lli'lli     llu     lilr   llail-    ji-   i  Initie   (II-   S.lllll- 

i,i'oii:iril  (ir  l!cll('iii(\  in  Iniiiiiiiiliiis  (im  iiiniiiiinin   in  riatt.tlio  Saniti  Lennaidi 
emrlidnt  esilum  arcijii'ir  raliiil    ('.(tri   iimir  /»•  l'en  lie,  \i.  'M)). 


—  102  — 

»  petite,  ob.;  la  vache  à  veau  qui  allaite,  la  mère  acquitte  le 
»  veau;  le  porc  ni;il(>  dcii.  ;  la  femelle  oh.  ;  un  uiduIou  don.; 
»  une  brebis  ob.  :  un  char,  quelques  denrées  qu'il  meine, 
»  8  don.;  une  charrette,  quelques  denrées  qu'elle  moine, 
»  4  don.  ;  un  lit  estant  en  charrette  ou  en  char  ou  sur  un 
»  cheval  4  don.  ;  un  bouc  ou  un  daim  don.  ;  une  chèvre  ob.  ; 
»  une  pelle  ferrée  ob.  ;  un  trépied  ob.  ;  un  grez  ob.  ;  une 
»  seille  à  eau  ob.  ;  une  civière  ol).  ;  un  berceau  pour  coucher 
»   un  enfant  ob.   «  (H.  1200). 

Ces  redevances  perçues  sur  tous  les  charretiers,  roulierset 
autres,  venant,  traversant  et  sortant  chargés  des  lieux 
soumis  au  péage,  portaient  le  nom  de  «  grosses  coutumes,  » 
par  opposition *aux  «  menues  coutumes,  »  qui  frappaient  les 
menues  marchandises  étalées  et  vendues  aux  halles  et 
marchés. 

ce  Le  travers,  »  lr;insversum,  était  un  droit  perçu  sur  les 
marchandises  transportées  à  travers  les  terres  d'un  seigneur, 
d'un  lieu  dans  un  antre,  principalement  au  passage  des 
rivières.  En  1218,  Thibaut  \l,  comte  de  Blois,  confirme  à 
l'abbaye  de  Saint-Laumer  de  Blois  10  li^"l'es  parisis  sur  le 
péage  et  le  travers  de  Creil  ^  Avec  le  même  sens  que  le 
travers,  nous  rencontrons  le  droit  de  «  passage,  »  passnr/iuiu. 
En  1122,  Henri,  roi  d'Angleterre,  affranchit  les  lépreux  du 
Grand-Beaulieu  du  tonlieu,  du  passage  et  toute  autre  coutume^. 

Le  tonlieu  perçu  spécialement  pour  le  passage  des  ponts 
s'appelait  ponfinngium ,  celui  pour  la  traversée  des  places 
plntengiuin,  pour  le  débarquement  des  marchandises,  jiovtun- 
giiun  et  caiiujiinii. 

Si  nous  examinons  maintenant  le  tonlieu  dans  son  sens  le 
plus  moderne ,  le  droit  dos  foires  et  marchés ,  nous  verrons 
qu'on  payait  un  droit  <>  d'étalage,  »  aslahu/iiini ,  shihKjiuni, 
pour  l'usage  des  étaux  et  boutiques.  Vers  1100,  Aimery 
Guimard,  seigneur  de  Lavardin,  donne  au  prieuré  du  dit  lieu 
l'étalage  du  i)ain  vendu  à  Lavardin  ^.  En  1470,  les  roliu'ieux 


^  Deccm  iibras  parisiens} uni  in  prdnf/io  et  transverso  de  Creiliitio  {Hist.  de 
Saint  Laumer,  p.  lOXi. 

-  De  theloneo  et  passaoio  et  omni  consuetudine  (Cari,  du  Grand-lieaulieu, 
p.  ?.6H). 


•^  Astalagium  de  pane  quud  colliyilar  per  lotam  casiriim  Laveriini  (Cart. 
'endômois,  p.  ?>''2'i). 


—  Il»:;  - 

(I(,'  Saint-(';il;iis  (U'clarciit  posséder  !<■  ilidit  ■  de  lr\ci-  la 
»  coustuiiif  iiii  cslalaij^c  an  Ixtiiru  <lr  Monlaillci"  des  dciiri'cs 
»  vendues  et  estaléos  a  rassemblée  du  dit  hoiir^'-  »  (C.tirt.  <lr 
»  Siiiii/-(:al{iis,l\).  71  j.  Kn  icm.  charlotte  dos  l'i-siiis, 
conitesse  d'Anehy.  avoue  avoir  droit  de  prendre,  ii  rause  do 
sa  chàtcdleiiie  de  Ferrières.  «  sur  tous  les  niaisti'es  <lu  inestier 
»>  de  boucher  du  bonr}i'  de  ('haud)rais  p(»ur  leurs  estaux  et 
»  «'stalla^^'s   12   solz   i)ar  chascun   an.  sur  los  boidlentrers, 

drapiers,    eordonniers,    niercieis.    diaiidcdliers   et    autres 

Miesliers  d'eslalliers.  aussi  au  dii  liouri^-.  I  s(d/  2  deniers 
r>  jjour  estalla54:o.   » 

Los  niarohandisos  ({u'on  exposait  en  vente  dans  dos 
l)on(i(pu's  ('taient  soumises  au  di'oil  de  «  t'onostrn|jfO ,  •> 
friirs/nii/imii.  Kn  l;;02.  nous  trouvons  cette  mention  :  "  h 
•>  Chasteauneul,  le  leiiostraj'e  se  paie  pai-  chascune  {)ersoiiiie 
»  (jui  vent  pain  à  i'onestre.  »  Ailleurs,  on  voit  ce  droit  perçu 
|iour  des  Ironiaj^es,  (eufs  et  harengs,  «  vendus  ii  fencstre 
»  bâtarde. 

Le  droit  sur  le  poisson  s'api»elail  «  niaraige.  »  Une  place 
assise  au  ^■ieux  Marché  de  Chàteaudun ,  aiipelée  «  Tostau  au 
»  maraige.  »  ('tait  charucc  de  1:5  s.  (>  den.  de  luaraige  envers 
le  vicomte  de  Chàteauiiun  (  Aolniz-rs  de  ('.hiitcniultm ,  année 
1;{71).  S;iliii/iiiiii  était  le  droit  perçu  sur  le  sel;  lorrnliuiimn, 
sur  les  cuirs. 

n'autres  redevances  étaient  encore  payées  pour  les  ol)jots 
ajiportes  au  marche  :  c'était  d'abord  h'  droit  de  x  pesage.  » 
/iDiiiIrnn/iiiin,  nommé' y//'/7/M7/ à  Chartres  \  /i/iiin/i;i/;i  ;i  Xogeiit- 
le-Rotron  -.  Avec  le  droit  de  pesage  (Haient  lierons  los  droits 
de  "   mesiu'age,   »  mciisnnii/iiuii ,  do  «   minage,   »  inin;i;/inni  ■'. 


'  Vntpe  /tiirliini  (Inilhlnii,  rsl  ijiiiilam  Inriis  qui  vtiraliir  l'rrretja,  iihi  n-u- 
iliiiitiir  ri  niiiiiléTinilur  laiif  que  loniiilur  ;ii_i;iH'liiis  ;  qur  piircua  fsl  iniiiilis 
raninti'u.sis  (Cari,  de  fs.-lK  ilr  Chartres,  IL  |i.  liOl.  —  l.c  dmit  lif  imtiVt 
•'Mslait  r-nait'iiit'iit  à  j'niviiis.  <<  I,cs  ollicicrs  des  comli'S  ilr  ('.liain|ia^;iif  |H'<aii'iil 
»  h's  laiiii's  ilaiis  iiriif  iiiai>oiis  (lillrrciilcs.  six  dans  la  vallrf  v\  tniis  an  rliàli-l . 
"  fl  le  romli'  pcncvail  à  llnilrl  des  dm  lus  un  denier  \n\w  rhaijue  iiifrrf  île 
»  poiils  ■>  [Hist.  tli'  l*niviitx,  par  |{(Miri|iie|(i| ,  I,  p.   iitS'. 

^  Lr  20  scplt'fidMf  l:il((,  .larqiies,  soij-ntnr  de  (".liiUcaii-tiniilh'r.  monnail 
ipi'd  rt'<,-iiit  des  hôtes  du  prifiir»'  de  Saint-Denis  île  Nojient  eiiieiilihus  in  villu 
lie  Niiijenlit,  in  die  niemili ,  ad  pondus  quml  pUuiduilu  vuliptriter  uppellulur, 
duos  Milidiis  pru  unu  plumbula    Ciirl.  de  Suinl-llmis,  p.  »'"J(I  . 

^  Au  mois  de  juin  \'H'i'>,  Jean  de  Oliàtillon  dérlare  <|ue  le>  iiioint's  de  Sninl- 

T.  Ml,  M.  i;{ 


—  194  — 

parce  qu'on  se  servait  de  la  mine  pour  mesure,  de 
M  boisselage  »  hoessaluritim  ',  mot  qui  dérive  du  boisseau  qui 
était  employé  dans  le  mesurage. 

«  Le  terceau,  »  tevcohujiuiii,  était  une  redevance  généra- 
lement i')rélevée  en  nature  par  le  soigneur  sur  la  vendange 
ou  le  vin  nouveau  de  ses  tenanciers.  Au  mois  de  juillet  1250, 
Barthéleni}^  le  Drouais  donne  à  Renaud,  maire  de  Saint-Prest, 
le  terceau  de  quatre  arpents  de  vigne  sis  au  Puits-Drouet  -. 
Le  droit  payé  pour  la  vendange  elle-même  s'appelait  \  indc- 
iiihiç/hini  •'.  On  nommait  i*  pressurage,  »  ju-cssorni/iiuii ,  la 
redevance  que  chaque  tenancier  devait  au  seigneur  pour 
faire  son  vin  au  pressoir  banal.  Au  mois  de  juillet  1221,  les 
religieux  de  Saint-Vincent-aux-Bois  cèdent  à  ceux  do  Saint- 
Père  la  dîme  et  le  pressurage  à  Sèche-C(jte^ 

Dans  presque  toutes  les  seigneuries  existait  le  droit  de 
'(  ban-vin,  »  c'est-à-dire  que,  pendant  un  certain  temps  (40 
jours  généralement),  le  seigneur  avait  seul  droit  de  vendre 
du  vin,  il  Texclusion  de  tous  autres.  Pour  proclamer  ce  ban, 
pour  annoncer  chaque  jour  le  prix  aitquel  le  vin  serait 
vendu,  pour  faire  la  livraison  du  vin,  le  .'Iteigneur  avait  un 
serviteur  spécial  appelé  «  tavernier,  »  et  à  ce  serviteur  était 
allouée  une  redevance  supportée  par  les  tenanciers  ;  cette 
redevance  est  mentionnée  dans  nos  chartes  sous  le  nom  de 
«  criage,  »  crint/iiiui,  Icv;t(/iiini  (/olionuii  ^. 

Père  sont  en  droit  percipiendi  coustumas  que  vorantur  lonleium  et  minagium 
de  omiiihiis  rébus  vendilis  et  mensuratis  in  domibus  et  plateis  eoriim  (Curl. 
de  Saint-Père^  p.  707).  —  En  1:2(13,  Jean,  scigiiciii'  de  Beiuigencv,  accorde 
aux  religieux  du  Saint-Sépulcre  de  Jleaugency  le  droit  de  pei'cevoir  m/nrt^f/MHJ 
omnium  lc;/uminum,  vicie  et  milionis,  cum  mina  et  hoissellis  suis  ilkrt.  de 
la  Trin.  de  Vendùnie,  III,  p.  lij.  —  Le  .servilcni'  qui  percevait  le  minage  s'ap- 
\n'h\\l  minafjiator,  c'est  lui  (|ni,  en  rémunération  de  son  travail,  percevait  la 
redevance. 

'  Vers  MM),  ïliiliaut  IV,  cdmle  de  lilois,  déclare  qu'il  possède  dans  la  ville 
de  lionneval  Ijoessalarium ,  t/iitid ,  quandit  primo  fuit  imposilum ,  sulvebatur 
una  mina  de  niodio  et  dimidia  bladi ,  ordei ,  avene,  pisorum ,  falxirum  et 
et  cujusr.innqiic  (jrani,  modo  aeripilur  de  modio  una  mina  (H.  6K>)- 

2  Terrolafjiutn  vini  quatuor  arpentorum  vinearum  sitarum  apud  Puteum 
iJrueti  (Al)baye  de  l'Eau). 

^  En  ItHi,  Rallier  de  Monligny  abandonne  à  labliaye  d(!  Marmoutier  censum 
et  fenaoium  et  vindemiaqium  hnrqi  monachorum  apud  Montiniacum 
(H.  2J:i5!)). 

*  Decimam  et  pressoragium  in  territorio  de  Sicca-Crusta  (H.  3iHl;2). 

*  Rallier   de  Moutigny,   en    donnant   à  Marmoutier  en  1184  le  bourg  de 


—  11».")  - 

Le  (•(•luiiiorcc  (lu  \iii  ('tait  (raillciii's  soumis  à  plusiciii-s 
droits  (luil  est  assoz  (lillicilc  de  distiiiLTUcr  les  nus  des 
autres  et  qui  ne  dliréraieul  |ifiit-('iif  ((iic  de  nom.  ('('laii  les 
droits  de  ■■  JuuLjeage,  »  ou  de  jalaii-  '.  ■•  de  <■  vinaj^e,  »> 
yiinii/iniii  -,  de  «  courtage,  »  <-ui-/;i/,-i//iiiiii ,  de  «  chautela<.r<',  " 
c/itm/rhii/iiiiii  -^ ,  de  «  forage,  «  /oi'.it/iiiin ,  de  •■  ii('rluisa!J'(^,  » 
j>i'rtiiis;ii/iiii/i.  de  u  boutage,  »  J)ot!i;/liii/i  * . 

Les  dr-oits  de  toulieu  et  de  terceau,  a\cc  leur  di\crs  sviio- 
nynu's  mi  loiii  ,iii  moins  Iciiis  divers  analo<i:u(^s  fi^Mirciit  dans 
un  nombre  de  tili'cs  assez,  grand  |iiiiii-  ]iron\ci"  comhien  ils 
étaient  unixci'sellement  répandus.  Une  autre  redevance,  assez 
frécjuente  aussi,  est  la  >•  voirie,  »  viiirin,  vinluriu.  Ce 
tenue  s'entendait  pour  tout  ce  (jui  concernait  la  voirie  en 
général,  et  la  redevance  était  due  à  tout  seigneur  "  voyer.  ■ 
c'«'st-;i-dire  ii  tout  seigneur  ayant  la  basse  Justice  sur  les 
terres  des  tenanciers.  En  111)1.  .lean  de  Friaize  abandonne  au 
Chajdtre  de  Chartres  tout  le  droit  de  voirie  ({uil  avait  dans 
la  teire  de  r<'glise  (le  Notre-Dame*.  Vers  112."),  Armand  de 
Chevillon    exempte   la    terre   de    l'abbaye    de    Sainl-.Iean    à 

Miiiiliu'iiy,  se  icseive,  quamlo  banniim  siiiim  rril ,  co.sluiiiani  de  li(imiiiihus 
buiyi  Majons-MiiUdsterii  el  iriiii/ium  labcnuirii  sui  (II.  '237}\)j.  --  Kii 
1:JII7.  .ItMii,  loiiiti'  ili'  VciKJi'imi' ,  (loiiiii-  an  iiiicun'  de  Lavardiii  cridi/iuin  vini, 
Ivv'iijniiit  dolidiKiii  el  ipsiiis  vnii ,  et  innnes  lonsuetuiliiies  el  cosliiiiKts  Imii 
viiii  quant  bidili  iipud  Liivarziariiiii    lluii.   Vendôinuis,  p.  'M'2). 

'  Kii  li5X,  11-  piiciir  d(;  .Mcsiaiid  avoue  «  avoir  iiiig  droit  s|it'(ial  iioiiini)' 
»  jalaie,  (jiii  est  tel,  c'est  assavoir  (|(ie,  (jiiaiit  auciiii  vend  ou  l'ait  vendre  en  la 
•>  justice  diidit  prieur  tmnieau  de  vin  à  deslail,  il  est  tenu  |i;iier  an  dit  prieur 
"  une  jalaie  de  vin  lonlcnanl  «S  pintes  «  {(Itirl.  lilcsois,  ji.  i;!l  >. 

-  n  L(îs  droits  de  vinage  se  doivent  paier  à  Imrd  de  cuves,  et  ne. peut  tirer  le 
»  dt'tentcnr  sun  vin  sans  avoir  premi("'reinent  |iai('  le  dit  vinage.  »  Curl.  de 
lu  Tiiii.  de  Vendume,  III,  p.  MiTi. 

^  F'n  \'i',i'i,  les  relijjieux  de  llonncval  aliandonnent  à  l'aldiaye  de  Sainl-Pi'-re 
chitntelaiiiiiiii  ijitiid  iielebaiit  de  vino  abbutie  Suneti-I'elri  nuiid  Itiinuiiivullem 
jMrl.  de  Siiiitt-l'eie ,  p.  iVM),  —  <<  Se  mis  Itoingoys  de  l.iris  a(  lii'-le  vin  a 
i  l'aris  dedans  la  vill(!  et  le  vend  dedans  la  ville,  il  dnil  drnit  de  rlianlai;e  : 
»  tdiis  ceux  ijui  paient  l>'  (ii.uitelage  ont  ilinil  drilcr  le  i  li.uilil  de  Irnr  loinie.in 
)'  el  la  lie  viiider.  » 

*  .Vu  mois  daoùl  \'li',\,  Simon,  sei^tneur  t\r.  Iteaugency.  reconnail  devoir  à 
l'althaye  de  |{eau;,'en(  y  quatuiir  madiiix  viui  iii  buldi/in  de  'l'rdveis  et  (jttdilra- 
(jintd  sididns  in  peilagia  Lii/eris  ytlnrt.  de  lleduijeneii ,  p.  "l'I  .  —  ■•  Le  "«ei- 
I'  f;ni-nr  de  l.ii;nii'-ri's  en  linry  a  droit  de  lioulaL:!-,  ipiand  les  hommes  du  dit 
»  lieu  veiiili  lit  en  gros  OU  en  (l('tail  un  timnean  on  pmm.on  de  vin.  i 

*  Ttddiii  vidildtn  ijudin  in  terra  ereb'sie  lieale-Murie  C.ttnudensis  hdbebiit 
(Cari,  de  N.-D.  dr  Churlres,  !,  p.  ^liU  . 


—  IIXJ  — 

î:inorville  du  droit  de  voirie  et  de  toutes  coutumes  '.  Au 
mois  daoîit  1211,  Foucaud  de  Hauville  renonce  en  faveur  des 
religieux  de  Saint-.Tean  ;i  la  voirie  qu'il  avait  à  Hauville"-. 

Une  des  formes  les  plus  ordinaires  de  ce  droit  de  voirie 
était  la  redevance  appelée  «  rouage,  »  rutntieuni,  votiKjiuni. 
C'était  à  i)roi)rement  parler  une  taxe  levée  sur  les  voitures  à 
titre  (riiidemnitë  i)Our  les  dommages  que  les  roues  causaient 
aux  chemins.  Dès  924,  Raoul,  roi  de  France,  donne  à  l'abbaye 
de  Saint-Laumer  de  Blois  toutes  les  coutumes  par  terre  et 
par  eau,  la  vicairie,  le  tonlicu,  le  rouage,  le  ban  •'.  En  117G, 
Henri,  comte  de  Champagn(\  aumône  au  chapitre  de  Saint- 
Quiriace  de  Provins  le  rouage  des  charrettes  api)ortant  des 
vins  du  dehors*.  Dans  la  confirmation  par  Louis  VI  à  l'abbaye 
de  Saint-Père  du  prieuré  de  Saint-Paterne  d'Orléans,  en 
1115,  le  roi  défend  de  réclamer  le  rouage  aux  hôtes  dudit 
prieurés  En  1557,  le  prieur  du  Saint-Sépulcre  de  Chàteaudun 
baille  pour  12  livres  par  an  la  ferme  du  rouage  et  du  lignage 
qui  lui  api)artiennent  en  la  ville  de  Châteaudnn  (^H.  2000). 

Au  droit  de  voirie  nous  rattacherons  la  redevance  appelée 

faîtage,  »  f'osta(/imn,  une  des  i)lus  souvent  nientionnées  dans 
nos  chartes.  C'était  une  certaine  somme  payée  pour  la  faculté 
de  construire  et  de  posséder  une  maison  dans  une  ville  ou 
dans  un  bourg.  Au  mois  d'avril  1230,  Jean  de  Friaize  donne 
au  [)rieuré  de  la  Bourdinière  5  sous  de  rente  sur  ses  cens  et 
faîtages  de  Charray  ". 

Tous  les  moulins  étaient  soumis  à  un  droit  appelé  w  monte  » 
ou  «  moulage,  »  molla,  molturn,  multurciirjiti,  et  aussi  t'arina- 
ijiniii,  inonntKjijini  et  iiif)liirr!if/i!iiii\  droit  ([ui  était  payé  par 

^  A  hannearia  et  viaria  et  omnibus  consiietudinibns  (H.  3229). 

-  Viatoriain  qtiam  huhvhat  (ipud  Hauvillam  (H.  M2t()). 

•'  Omncs  cunswiudines  i/jsins  terre  et  aijue,  videlicet  vicariam,  titeloneiim, 
rotaticum,  bannum  [Hist.  de  Saint-Laumer,  p.  95.) 

'*  hotaijium  quadrigarum  aliunde  vina  deferentium  (Cart.  de  Saint- 
Quiriace  de  Provins). 

•'  Ut  nullus  présumât  rlauiitre  rotayiiim ,  forai/ittiii ,  Imnnum ,  tallinm  in 
liospititius  qui  ibi  luispitahunlur  {(kirt.  de  Saiut-Père ,  ji.   '156). 

''•  Quinque  solidos  in  censibus  et  f'estagiis  suis  de  Karreto  (Prieuré  de  la 
liourdinière). 

'  LY'xprcssioii  mnliieriKjium  s'.ijiplMiiiiiil  aussi  ;"i  rotlict'  de  iTit'iiiiicr  et  avait 
pour  s\uou\inii  jundrdi/iuDi.  Moleudinurum  niram  sive  custodiam  quud  moine- 


—    l'.»7   — 
les     llsafroi'S     ilrs     dits     liiolllilis.     Tdlll     le     lili"     rccnll)-     (l.ins 

rôtoiidiic  (le  la  scii^iiciiric  <lf\ail  rire  iimiilii  an  iiioiiliii 
banal:  si,  avjiiit  d'êtrp  Iransformô  on  Cariiic.  le  hl('  ('tait 
l'xport*'  h<n"s  ^lii  liaii.  il  n'en  dcvail  |ias  niuins  le  di'nii  d«' 
monte  an  proi^rif-taiic  dn  niouliii. 

La  monte  s«;  disiin^iiail.  en  <>  nnintc  nninill<''r.  ■•  pesant  sur 
les  personnes  et  les  hal)itati(MJS,  et  «  et  en  monte  sèche,  •>  dnc 
par  les  ieri-es  labonrc'es  '.  On  disait  anssi  ••  la  monte 
»  cliel-ciiée.  »  liioltii  ifilti'silu ,  ainsi  n(»nimee  pai-ce  (pie.  le 
nimilin  n'étanl  |tas  banal,  le  mennier  avait  la  charjjfe  daller 
solliciter  la  |iiati(|ne  el  de  rai^iiorter  la  mai-cliandise.  |»ar 
opposition  il  ■•  la  monte  mm  dierclKM^  »  iiinl/.i  ntm  (/inrsiln, 
perçue  dans  les  monlins  banaux  <ni  les  tenanciers  étaient 
tenus  de  conduire  eux-mêmes  leurs  grains. 

En  \'SV2 .  le  cl(»rc  Hngiies  vend  an  prieuré  de  Krezolles  le 
quart  iln  droit  de  monte  (juil  iiercevait  sni*  deux  mmilins  ;i 
Hrezolles  -.  Au  mois  d"octol)re  l'Jl'J,  les  ndigieux  de  Saint- 
Vincent-aux-Hois  con.sentent  à  remettre  aux  boulauiicrs  »le 
Chàteauneiil'  un  l)oissenn  sur  trois  (pie  lesdits  relig-ienx 
avaient  coutume  de  prendre  par  six  setiers  pour  droit  de 
monte  sur  le  moulin  de  Momieanx  •'.  1-ji  lL^25.  Ilamelin. 
sei^Mieiir  de  1.1  Milesse,  aciiele  des  meuniers  de  Nenville-sur- 
Sartlie  le  tjeis  de  la  moule  i\('s  moulins  dudil  Neuville  *. 

Ce  n'elail  pas  seiileiiieiil  sur  la  Cai-iiie  (pie  se  percevait  le 
droit  de  immte.  mais  sur  loiil  ce  (pii  elaii  oiivr<''  dans  les 
moulins.  Le  .'>  mai  l'Jlc.  'rieiiiias.  comte  du  l'erclie.  donne  k 
Kndes  'iraiidiii  la   iiioiile  des   monlins  du   bonri^'  .Nenl'  el   du 


ragiuiit  siir  juiidiinjuiiii    diiilur    (jiil.  dr  Saint  l'ne,  p..LliHi;.  l'iic   piirlic 
(In  droit  (le  iiioiilc  «'tait  pnrl'ois  .illriliiK'c  ;iii  iiiciiiiicr. 

'  Kii  PiU'i,  r.lMildilr  (les  (Jrsiiis  (lit  .ivnir  "  (linicliiic  de  iiioiillcs  sèches  sur 
»  les  li'iiciuo  fie  la  liaiomiic  de  KiMiK-rcs.  |fs(|ii('llt'.v  iiKiidIcs  ><•  |ia\)'iil  aii\ 
»  Iniis  lolcs  (If  l'an,  savoir  est  l'as(|(ifs,  iiiy-adiist  il  Nocj  :  kii  niovcii  de  (|ii(ii 
')  ses  lioiniiics  siilijcci/  aii\  dites  iiuiiillcs  (iiil  dniicliirc  de  iiiiiiijdrc  à  cliai  iiiif 
u  rlfs  dites  tètes  Kl  hoesseaiix  de  Mcd  on  aiillic  pain.  » 

-  (Junrîam  jxiitnii  iniilhiir  siv  liinii'ii/ii  ijuniii  liiilnlint  in  (hi()l>u\  mulrn- 
dini.\  tijiHil  Itiuniliis     II.   ill    . 

••  De  Irihiift  hitssrllis  ijui-  ilr  sfx  sexlariis  in  molcndimi  Molnrl  /int  moliliiia 
rnpiehanl  \\\.  ;!'.i;',;{). 

*  Tertiiim  puiirni  nionnuijii  niiilrndini>runi  apud  ÎS'nnim-Villani-siiiirr- 
S'irtiim    (.mi.  dr  l'irnii.  II.  y.   \'.'A'}  . 


—  108  — 

boiirp:  dos  Prés  à  Nogent-le-Rotrou ,  tant  sur  les  draps  que 
sur  les  blés  '. 

Nous  rattacherons  au  droit  de  nioutc  dû  })our  le  bh'  moulu 
dans  les  moulins  le  droit  de  «  fournag'O,  »  l'oi'uiKjiuin ,  l'iinin- 
l/iiiiii,  redevance  que  les  sujets  banniers  payaient  au  l'ournier 
ou  boulanger  du  lotu'  banal  i)our  la  cuisson  de  leur  pain. 
Vers  1100,  Gautier  de  Montmirail  accorde  aux  religieux  de 
Saint-Denis  do  Nogent  le  privilège  de  cuire  leur  pain  h  son 
four  sans  })ayer  le  droit  de  fournago-.  Vers  1115,  les  religieux 
de  Saint-Père  conslruisent  un  tour  à  Champhol  et  décident 
que,  par  chaque  fournée,  il  sera  payé  un  pain,  alternativement 
blanc  ou  bis  •'.  Dans  une  charte  de  1202,  nous  voyons  que  la 
maison  oii  demeurait  la  mère  de  Jean  le  Roux,  seigneur  de 
la  Moutonnière,  devait  aux  religieux  de  Vieuvicq  le  fournage 
et  la  monte  de  tout  le  blé  qui  sera  employé  pendant  une  nuit 
dans  la  dite  maison  *. 

Le  droit  de  fournage  était  quelquefois  perçu  directement 
sur  les  boulangers.  En  1418,  le  prieur  de  Lavardin  «  a  droit 
»  de  prendre  sur  chacun  talmenier,  boulanger,  pannetier, 
»  demeurant  à  Lavardin,  qui  font  pain  pour  vendre  à  détail, 
»  par  chacune  sepmaine  oii  ilz  ont  fait  le  dit  pain,  une  maille 
>)  de  rente  ou  une  maillée  de  pain  »  {(Uu-t.  Vcndômois, 
p.  200). 

Ce  sont  là  les  coutumes  les  plus  généralement  répandues; 
mais  il  en  était  un  grand  nombre  d'autres  que  nous  devons 
également  signaler.  Prenons  d'abord  le  régime  des  bois  et 
des  forêts,  et  nous  allons  voir  combien  de  redevances  diverses 
étaient  attachées  à  la  jouissance  de  cette  sorte  de  propriété. 

Il  était  interdit  à  tout  possesseur  de  bois  de  faire  aucune 
coupe,  de  vendre  aucune  parcelle  ou  de  la  mettre  en  culture 
sans  l'autorisation    jjréalahlo   du   seigneur   suzerain  :  c'est 


*  Mohicnifjhnn  iiwlendinorum  de  No(jeitto-Rotrodi  nerundum  consueludinem 
ville,  cl  nioltam  de  biirijo  Novo  et  dr  burgo  de  Pratis ,  Inin  in  drapis  qitam 
in  hiadis  {(jirl.  des  Clairel.s,  p.  7(»). 

-  Piinem  eoriim  in  furno  suo  coqmre  sine  fornagio  {Cari,  de  Saint-Denis, 
p.  167). 

•"'  Ut  quecumquc  fiirnein ,  sive  nnus  sive  plures  raiii  farianf,  iinuin  pam-m, 
altéra  vice  de  albo,  altéra  hiso,  rcddat  [('.art.  de  Saiiil-l'én',  p.  oON). 

*  Furnagium  et  mullnram  de  Iota  annona  que  in  una  nocte  in  dicta  domo 
fueril  (H.  ÏJ502). 


—  r.)'.t  — 

ce  qu'on  appelait  le  (ln»il  de  -  daii^^cr.  »  il;iii;/ri-iiiiii  ou 
de  «  j^ruerie,  »  (ji'inriii,  (/fi;i;/iiii/i.  An  nmis  <|r  in.us  i:;i'.K 
IMiilijtpc  l\'  rocoiiiiait  ([\w  les  clianoincs  «le  Cliarlres 
jtossèdonl  les  l^ois  d'In^ré  libres  de  y^nicrie,  de  danj.'er  et  de 
((dite  r<Ml('vaiic(' (|iiclc()iujnc '.  Au  mois  de  mai  TJ'J'J.  Amauiy. 
sci^'ueur  de  .Moullort,  cousent  ;i  ne  rc'clamer  aucun  dr<»it  de 
«jfarde  ou  de  i^ruerie  dans  les  hois  apparlenant  aux  reliirieux 
des  Moulineaux -.  I.c  11  mai  rjS'J.  Kaoul,  sei^nieur  de  Heau- 
^M'ticy.  renonce,  en  l'axcnr  du  [nieure  du  Saiut-Sc'pidci'e  de 
Meauii-encN ,  au  didii  aiipelc'  tiTuerie  en  la  paroisse  de  Saint- 
Laurenl-des-Kaux  ■'. 

I/ahandon  de  ces  droits  se  traduisait   ordiuairoment   par 

une  l'edevance  pavf'e  au  seiirneur:  mais  ce  iif-tait  pas  la  seule 

ciMilume  pesant  sur  les  projiric'taires  roturiers  des  forêts.  Kn 

i-etour  de  la   i)ermission  que  le  seii.ineur  leur  accordait  de 

couper  du  bois  [lour  leur  usage  ou  poni'  la  vente,  ils  devaient 

payer  le  droit  «  de  lii^'uage,  »  lii/iiiiifiiiin.  .\u  mois  d  aoiii  PJIS. 

Isabelle,  comtesse  de -Chartres,  donne  ii  l'Iiiliiipe  t'ouiiaud 

l(.K)sousà  i)rendre  sur  le  liunai^c  quelle  reçoit  ;i  la  jtorte  des 

l']pai"s  *.    N(ms    ti'onvons    dans    le   chartriei'  de   l'abljaye  de 

Saint-.\vit    une    \(''ritalile    pancarte    du    ilroii     de    li^n;ii^-(.. 

Kn  1  lOS,  (iuyol  de  (,'ourtalain  vend  ii  Jeanne  di'  Chantemesle 

i<  tout  et  tel  droit  de  liiinaii'e  que  le  dit  (Juiot  avoit  et  |irenoit 

'  chacun   an  a    l'ons.  en  la   pai'oisse   de  Saint -A\y  enipi'i's 

"  Chasteaudun  :  premiéi-enn'nl .  pour  nue  cliarresie  ipii  mai  ne 

bois  carr(''   1   den.;  pour  une  cbarrestc  (pu  maine  h.irdi-au 

1  ih'ii.  ;  pour  une  cliari-esle  (pii  inaine  essaime  maille;  poiu' 

nm-  charreste  qui  maine  jiouldre  maille  ;  poui'  une  charreste 

•  (pli  maine  bois  ;i  feu  1  biische;  poni-  chacun  cbeval,  Junu'Ut 

»  ou  asue  (pu  mainent  bois  pour  vendre,  chacune  discelles 

'  Alisijur  gritiijio  vel  dniKjerhi  et  redihniiin  iir  ilimiiitii)  ijuiliusciimijin- 
H'miL  (le  N.-h.  (Ir  rjiiiilns,'\\,  |i.  1>{\\\. 

-  QiiofI  i/urdiim  ici  ijniirunii  vel  (iliwl  //^^  //"//  fiolnil  irclnniarr  H'.arl.  rfc.v 
Miiitliwaiix,  |i.  1i»). 

•'  .liiii  ifuiid  viiriitiir  i/riiii/l'iiii ,  in  jmrnuhiti  Smti  li-l.diiniilii-d'-Krrulis, 
vidiliiet  iiwid  minutrln  mm  pidminl  vriiflfn\  ilunuic  iliclu  m'iimni,  nrv  dirlas 
Irrrns  ri'durrri'  ad  rulluniiii,  sine  vjm  assensu  ri  ndiinlalr  (C.uii.  de  In  Tnii. 
'/'■  Vnidiinir,  III,  p.   1 7U|. 

*  l'en  ipiriidiis  in  lii/ndi/in  siiu  (jiind  irciinlnr  m  /iniln  dr  t.xjinni'' 
(Abhag 


Il  ipirmlds 
I'  di-  i  ICuii) 


—  200  — 

»  bostes  à  somme  doivent  1  tizon  ;  quand  ilz  ne  mainent  que 
))  ])(»iii-  leur  user  il/  ne  doivent  rien;  une  charreste  qui  maine 
1)  fagoz  1  l'agot;  une  charreste  qui  maine  seilles  ou  boessaiilx 
«  peliez  doit  ung  chef-d'œuvre  pour  toute  rannée  ;  cheval, 
»  jument  ou  asne  qui  mainent  seilles,  boessaulx,  barilz  ou 
»  penniors  peliez  doivent  ung-  chef-d'œuvre  pour  toute 
1)  rannée  ;  une  charreste  qui  maine  charnier  pour  vignes 
»  doit  demi-cent  de  bastons  :  cheval,  jument  ou  asne  qui 
»  ni.iincut  charnier  doivent  1  chiquet,  lequel  fait  13  bastons; 
>)  charreste,  cheval,  jument  ou  asne  (jui  iiiainciii  balaiz 
«  doivent  1  ballay  ;  charreste,  cheval,  jument  ou  asne  qui 
1)  mainent  corbeilles  ou  corbeillons  doivent  un  chef-d'œuvre 
»  pour  toute  l'année  :  une  charrest(>  qui  maine  huches  doit 
I)   1  deiiici'.   " 

Sur  k's  charbons  et  les  fagots  se  percevait  le  droit  de 
«  buschage,  »  (Rf'ff-  des  c(uis  du  comté  de  Chartres  ).  «  Le 
»  plessage,  «  iilrssiujinni ,  était  imposé  sur  les  liranchages 
destinés  aux  haies  et  aux  clôtures.  Enfin  une  redevance  que 
nous  n'avons  trouvée  mentionnée  qu'une  fois,  le  ntol;in;i(/iiini, 
se  payait  pour  la  permission  d'enlever  de  1^  tourbe  dans  les 
bois.  Au  mois  de  mai  1221, Hugues  de  Saint-Agil  remet  àl'ab- 
baye  de  Saint-Avit  la  coutume  que  l'on  appelle  motannage  '. 

Un  des  privilèges  le  plus  souvent  accordé  par  les  seigneurs 
aux  communautés  d'habitants  et  aux  monastères  est  l'auto- 
risation de  faire  paître  dans  les  forêts  les  porcs  et  les  autres 
animaux,  à  l'exception  des  chèvres.  Pour  reconnaître  ce 
privilège,  les  tenanciers  devaient  un  droit  de  «  panage,  »  de 
«  paisson  «  ou  de  «  glandée,  »  pnsinyjiniii,  pnsniuUnm,  jitisntiti- 
cuiii.  En  1104,  Adèle,  comtessse  de  Blois,  reconnaît  que  les 
hôtes  du  prieuré  de  Clamars  doivent  le  panage  de  leurs  porcs, 
non  pas  à  ses  agents ,  mais  aux  religieux  du  prieuré  -.  En 
1202,  Renaud,  seigneur  d'Alluyes,  donne  à  l'abbaye  de  Saint- 
Avit  la  dîme  des  panages  des  porcs,  paiiages  qui  sont  payés 
deux  ou  trois  fois  [)ar  an,  soit  que  les  porcs  paissent  dans  les 
bois  ou  les  champs,  ou  qu'ils  soient  nourris  dans  les  maisons  ^. 

'  Cousue tudinem  iUam  que  molanagiuin  voratur  (Abbajji'  de  Saint-Avit). 

-  lieddanl  pasiiaf/iioti  de  porcis  suis,  non  minislris  comitisse,  sed  monachis 
[Cart.  Dunuis,  p.  7()j. 

•'  Dcximani  pasnaijiorum  porcorum,  que  coUifjuniur  l)is  aut  ter  unoquoque 


—  -An  — 

I)ans  raccord  ilnni  ikhis  a\iiiis  dcja  pai'lc  passt'  ciilrc 
(îiiillaiimc  (Joiiot  cl  les  religieux  de  Saiiil-Hmiiaiii  de  Rrrm.il 
est  ciiii\('iiii  (HIC  si  !(•-<  liMiiiiiifs  des  r('liL.Mriix  riivninii  lcui> 
pui'cs  dans  le*;  hois  de  (Jinliaiiiiic  (idilct.  le  dil  si'i;,'n('Ul" 
réc('\i\i  le  |iaiiai,''(' :  les  moiiics  ii  l«>ur  t<»iir  aurnni  If  [laiia^rc 
qui  <'st  aii|t('li''  slipnlaLic  '  .  cCst-ii-diro  1«>  druii  pcrcn  pniir  le 
[lauairc  «lu  «liaiiiiic.  Le  cliaiiiiic  jntiail  en  rtlct  un  iii-aud  rùlc 
dans  la  culture  de  la  Bcauce  au  Moyeu  A_l;c  La  ui(»iss(ui  se 
Taisait  ;i  la  Caucillc.  coninu'  elle  se  l'ait  encore  en  Hi'elaLrne 
par  exeui]ile  ,  et  le  chauiiu»  assoz  lon,!^\  UomUK'  ••  esloulie,  .. 
on  ..  ('-tueil.  "  ('tait  laiss('' dans  les  champs,  pour  ri'nle\  ei-,  les 
tenanciers  |ia\  aient  une  redevance  sp('-ciale.  •■  rec<nilila|j:o,  » 
rsc()/i/ii(/iiiiii,  sans  cesse  nienlionnée  particulièrement  dans  les 
chai'tes  du  pays  du  Perche. 

Si  le  suzerain  acc(»rdait  le  privileire  de  chasseï"  dans  ses 
bois.  <'t  ce  i)rivilè_u"e  ('tait  rare,  il  exii^eait  en  l'etour  le  droit 
•'  (l'épauIaL!:e,  »  rsjniH.if/iiini ,  consistant  ordinairement  en  une 
épaule  des  bêtes  abattues. 

l'oiir  sni'veiller  les  l»ois.  pour  en  recevoir  les  rcNcnus.  les 
sei^'iieurs  avaient  de  noml)i"eux  "  l'oi-esliers  ■>  (ui  <-  verdiers,  •> 
et  le  principal  iKUK'lice  de  ceux-ci  ('tait  le  droit  de 
.'  l'oi'estati'e .  »  l'»i'rstfi;/iiiiii .  perçu  pai'  eux  dapri's  le  nomlire 
des  chevaux  et  (\('s  chari(tts  dont  se  sei'vaieiit  les  usaiicrs. 
Kn  IKM.  Adèle,  coinlesso  (le  Hlois.  accorde  aux  li(')les  du 
pi-ii'ur(''  de  Clianiars  diisor  p-ratuitement  et  sans  l"orestajj:e  de 
la  For('t  L(Ui;^ue  ponr  Ions  leurs  besoins-.  T'est  dans  le  in("'nie 
sens  (pi'on  IritUNc  le  nom  de  loresta^^e,  /hi'rsl.-n/iinii  In/iiihiin , 
employé  pour  expriinei-  je  droji  (pii  a|ipartenait  à  l'evèipie  de 
Chartres  sur  les  chai-iots  tiaiis|iorlaut  les  pierres  extraites 
(h'S  car'rii'res  de  I!ei'chèl'es-ri']\  èi(in'  <l;irl  ilr  .\.-/>.  tli' 
Clinrtrrs.  11.  p.  -Ji;;  . 

Parmi  ces  a^-eiits  l'oresliers.  il  en  etail  appeh-  ■•  aurillenrs, 
»  l)ij;rc.s,  »  iijiirnlni'ii ,  hl;/ri .  et  (pli  ('taient  parliculieretnenl 


ainiii ,  sire  prirurreiil  nriiioni  tri  rampas,  sivi'  pasn-nliir  in  ilumibiis  <  Ahhinji' 
fie  Suint-. \i<il). 

'  Si  imnits  xudv  in  nrrnuni  (luillrrnii  Imniincs  monnihinuni  milliir  mlur- 
rinl,  (iiiillrrnins  iKismu/inm  nrniaris  iniijiirl .  niiinorhi  rrn>  i>iisiiit'iiuni 
hiihrbinit  (juml  slipiihiinni  ilirilur  \('.(iil.  ili:  Siiinl  l'rrr.  \>.    ITiîi. 

-  i^hiDfl  lit'  tiiiii  l'nifslii  Sihil.itifiiic  i/nilis  il  sinr  foreslufiio  iillu  i  ii/nriil  ad 
omnex  .\ui>s  nn essai i us  (juuniln  vulurrinl  iCfjrt.  Ihitinis,  p.  7m  . 


—  202  — 

chargés  de  récolter  le  miel  trouvé  dans  les  forêts.  Roger  de 
Toény,  seigneur  de  Nogent-le-Roi,  donne  a  l'abbaye  de 
l'Estrée  un  bigre,  c'est-à-dire  le  droit  de  prendre  les  abeilles 
dans  la  forêt  de  Couches  '  ;  mais  cette  autorisation  de  recueil- 
lir le  miel  sauvage  était  soumise  à  une  redevance  appelée 
nwlii(/iinn.  KonH  n'avons  vu  ce  droit  cité  qu'une  seule  fois,  avec 
une  autre  coutume  nommée  (/nUiiinffium,  dime  sur  les  poules. 

La  culture  dans  la  Beauce  au  Moyen  Age  ne  dilférait  pas 
beaucoup  de  celle  d'aujourd'hui  :  c'était  surtout  les  céréales 
qui  faisaient  la  richesse  du  colon ,  et  parmi  celles-ci  l'avoine 
était  alors,  comme  aujourd'hui,  une  des  plus  répandues. 
Aussi  une  redevance  spéciale,  «  l'avenage,  »  fu'cnfif/iiiin , 
frappait-elle  les  champs  ensemencés  en  avoine.  Rien  de 
plus  fréquent  que  la  mention  de  ce  droit,  et  du  champ 
cultivé  il  semble  s'être  étendu  au  grain  déjà  récolté.  Au  mois 
de  juin  1221,  (tuillaume,  comte  du  Perche,  exempte  les 
animaux  des  religieuses  des  Clairets  de  toute  coutume  qu'elle 
soit  appelée  avenage  ou  de  tout  autre  nom-.  11  est  évidem- 
ment question  ici  du  grain  transporté  par  les  animaux.  On 
ne  se  contentait  pas  d'ailleurs  de  prendre "^un  droit  sur  le 
grain,  on  en  percevait  aussi  sur  les  sacs  qui  les  contenaient. 
En  1209,  Jean,  maire  de  Mévoisins,  donne  au  Chapitre  de 
Chartres  tout  ce  <|u"il  possédait  en  la  grange  de  Mévoisins, 
excepté  une  mine  d'avoine  qu'il  a  retenue  pour  le  prêt  des 
sacs  ^. 

Nous  avons  parlé  de  la  dîme  et  du  champart,  perçus  sur 
les  champs  ensemencés  en  blé.  Une  fois  le  blé  engrangé  et 
battu,  si  le  tenancier  l'apportait  en  vente,  il  devait  une 
nouvelle  redevance  au  seigneur  :  c'était  «  le  havage,  »  h/nn- 
(jiiiiji,  et  «  l'éminage,  »  eniinni/iimi.  Vers  1080,  Geoff'roi,  comte 
de  Mortagne,  abandonne  au  prieuré  de  Saint-Denis  de  Nogent 
le  havage  et  toutes  les  autres  coutumes  qui  lui  appartenaient 
dans  le  bourg  de  Saint-Denis'*.  Le  Registre  des  cens  du  comté 


'  Unum  bigrum,  id  est  acquisitiones  apuin  in  forestu  tnea  de  Conrhis. 

-  Ah  ornai  coiwielndinn,  sive  avenagium  sive  alio  vocabuh  censeatur  {(lari. 
des  Chiirets,  [\.  S7). 

^  Excepta    iina  niiiid    tivruc   ipiani    retinuil   pro   suhinonitione    saccorum 
{Cari,  de  N.-D.  de  Cliurires,  11,  p.  4.(3). 

*  Havadium  et  omties  alias  cansneludines  rpias  in  Inu-go  Sancli-fJitmisii 
accipiebat  [Cari,  de  Sainl-Dcnis.  p.  '29). 


—  -jo:;  — 

(le  Chartres  nous  donne  «les  renseij,'nenients  sur  la  manière 
dont  se  iiercevait  le  liava^^e  :  "  Le  li.iv.i;i-('  «le  cliascun  setjer 
"  ilr  lilf  Ni'iidii  en  la  ville  ^\i'  ('liailic^;  iinis  iViinchise.  se  cil 
•  (|in  1<'  \ cnl  Iji  acheté,  il  doit  un  hava^^Mau  ;  se  il  ;i  ci-cu  dans 
s.i  l<'rr(';  il  d<tit  dou  sesticr  uu  dcuii-havaLriaii ,  el  do  tout 

■  ^rain    aulri'ssi    fort    ((ue   iravninc,    ol    l'avoinr    paie    au 

■  doulde.    » 

LcMuinafro  est  cit(''  dans  l'accord  entre  (Juillaunie  (loiiei  et 
les  reli^neux  de  Saiiil-Kuinaiii  de  lii-mi.  il  est  cnii\  eiiu  ,  (pie . 
sur  le  Ide  apporti'  au  iiiai-cjie,  'luillauuie  (Jniiel  prendra 
l'eiuinaLit'  dans  le  Ixmrii'  de  Saint-Rouiaiu  depuis  la  neiixieuie 
heure  du  mardi  jus(iu";i  la  preudère  heure  du  jeudi  ;  lors(pi'au 
contraire  le  ld(''  sera  conserve''  dans  les  greniers,  l^'unnaiic 
appartiendra  aux  moines'. 

Si  les  champs,  si  les  hh's  «'laient  soumis  ;i  diNcrses  rede- 
vances, les  prés  n'en  «'daient  pas  exemi»ts.  Outre  le  dmii  de 
<*  l'enaLî'e.  ■>  Irnuifiiiiii ,  payé  au  seiii'iieur  lors  de  la  recolle  du 
loin,  il  etail  daiilres  i-edevances  destinées  à  payer  les 
sei"\ileurs  cliari^'és  de  la  sni'\cillan<'e  des  prairies.  I,e  pins 
impftrtanl  de  ces  serviteurs  etail.  "  le  maréchal,  »  «jui  avait  la 
haute  direction  des  chevaux,  (jui  r(''izlait  les  distrihutions  de 
l'ourra^-es.  Un  droit  apixde  <■  marechauss(''e,  ■■  intirrsclinin-in , 
/inirrscnlrifilii,  était  attache''  à  cet  ollice.  Parfois  aussi  la 
niar(''chaussée  était  i»erçue  directement  |iai-  le  seii;ueur.  Au 
nioi>  ded('(end)i-e  rjiJU,  GeollVoi,  seif::nenr  dlUiers,  abandonne 
a  1  ahhaye  de  Saiid-l*èi'e  une  coutume  apptdt'e  mar(''chaussée, 
perene  sur  les  près  de  Thivars  et  consistant  dans  le  di'oit  de 
pi'endre  pour  ses  besoins  riierhe  (d  le  loin  existant  dans  les 
dits  pi-é's-. 

Sons  les  oi-des  du  mareedial  étaient  d'autres  serviteurs  (pu, 
avec  h'  maii'e,  devaient  veiller  a  la  r(''colle  des  foins. 
A   ceux-ci    ('tait    aussi    attribuée    une    rede\ance    spéciale, 


'   In  ilir  tiinrali,  luiiiiingiidii  rapirl  l'iuilli'ninis  in  Iniiiin  Saiirli-Hoiiiuiii,  uh 

Imiii  iiiitid  ilin  wttilis  umjih'  ml  iiiiininn  iliri  juris. . ..  (hnnrs  n'in  hnmiue.s  ifut 

hdhrhiiul   innitinfis    in   hiiifin   Siiik ti-llnninni,    ijui    voirni    ihi    (iinionns  sniis 

I itnsrniin\   siur  nmlrailirlinnf   lioc  farient  ri  niiiia'iiniii   icildftil    ninnniUi^ 

('.art.  lie  Siiiul-I'rir,  p.   17!!.  i 

-  Jus  (juiidilnm  (jhikI  viiralnr  mavfschiiitini  m  pralis  npiid  revuxiiiin, 
sriliri't  iiuitii  Kijnrliiil  rt  ra/ii  fm  irlnil  livilmin  ri  /rnutn  cji.v/cw.v  m  ilu  (is 
pittlis    l'.iirl.  ilr  S(inil-I'rn\   ji.  ("H,"»  . 


—  204  — 
«  le  ràtelage,  »  rcsinbHjiiuii,  c'est-à-dire  le  droit  de  racler  les 
prés  après  renlèvement  des  foins  ou  leur  mise  en  menions  et 
de  s;i|ii>r()pnor  l'herbe  ainsi  récoltée.  Au  mois  de  novembre 
1265,  Jean,  maire  de  Thivars,  réclame  sur  le  Grand-Pré  sis  à 
Thivars,  «la  place  des  muions  et  un  faix  d'iiorbo  tani  fpie  les 
faucheurs  seraient  dans  le  dit  pr('  '.   » 

Une  contume,  très  souvent  mentionnée  aux.  XP,  XII"  et 
XIIP  siècles  comme  étant  payée  en  nature,  mais  qui  fut  géné- 
ralement convertie  en  une  certaine  somme  d'argent  k  partir 
du  XW"  siècle,  était  le  droit  de  «  past,  »  de  «  gite,  «  ou  de 
<(  procuration,  »  jmstiis,  (festiim,  pnvutn,  procurntio,  licrhcrr/n- 
(finni,  cnryndiiiin-.  Vers  1090,  Barthélémy  Boël,  vidame  de 
Chartres,  remet  à  l'abbaye  de  Saint- Père  la  mauvaise 
coutume  appelée  gîte,  en  vertu  de  laquelle  il  pouvait  loger 
avec  ses  gens  dans  l'abbaye  à  son  départ  pour  une  expédition 
ou  à  son  retour  dans  ses  foyers  ^  En  1153,  Louis  VII  exempte 
le  prieuré  de  Lian court  de  la  coutume  qui  lui  appartenait  de 
loger  dans  le  dit  prieuré ,  retenant  son  hébergement  sur  les 
habitants  de  la  dite  ville'.  En  1207,  Philippe,  archidiacre  de 
Pinserais,  dispense  les  religieux  de  Neaufle-le-Vieux  des 
procurations  qu'il  exigeait  des  dits  religieux  pour  les  maisons 
possédées  par  eux  hors  l'abbaye  dans  son  archidiadoné'. 

Quand  le  seigneur  passait  une  année  sans  se  rendre  dans 
les  localités  où  il  avait  droit  de  gîte,  il  forçait  les  tenanciers 
k  lui  payer  une  somme  équivalente  k  la  dépense  que  sa  visite 
leur  eût  causée.  En  1223,  Thibaut  IV,  comte  de  Champagne, 


'  Restalagium,  scdein  mulhmorum  et  unum  onus  herbe  qiiandiu  falcalores 
in  diclo  pralo  existèrent  (H.  1U5). 

-  Il  est  assez  (lil'ficilc  d'étahlir  des  disliiiclidns  pn'ciscs  entre,  ces  (lilléiriils 
termes,  et  poiirlaiil  ils  ne  sont  pas  absoluiiieiiL  synonymes.  Dans  nn  liail  de  la 
|M'év(Mo  de  Chablis,  dn  mois  d'avril  l;2il,  il  est 'établi  que  les  droits  de  garde 
et  de  gile  apparlienniMil  à  r.lanebe  de  Navarre,  comtesse  de  ('.liampai,nie,  tandis 
(jnc  le  droit  de  procnralion  est  réservé  an  Hoi.  Il  tant  sans  donle  entendre  ici 
par  gîte  le  droit  de  logement,  et  jiar  procuration  le  dmil  de  nourriture. 

•'  Priivas  ronsuetudincs  ftas  viilgo  (jestn  dicimus ,  miia  ihi  jncere  et  des- 
cenderc  cm»  suo  l'ijiiitatii ,  proficisr'cnx  in  rxpcditionem  vel  revertens,  constie- 
veral  [Cart.  de  Sainl-l'èrc,  p.  'ôlH)). 

*  A  consuetudine  jacendi,  retento  herberijagio  sni>  super  ruslieos  ville 
{Cart.  de  Saint-Père,  p.  (iW). 

■•  Prorurntionrs  (juas  in  doniihiis  illoruni  extra  ahhulifnn,  in  arrhidiaronatu 
l'insiarenxi  constitulis,  ab  ipsis  nionarhis  exifjebat  [i\.  :!1.)!2). 


—  -.^(ir)  — 
.ihaïKlniiin'  a  llii^Miorraud,  soijruoiir  do  r(»uc'y,  la  tailU'  \KiV  lui 

lever  [lolll'  ilmil  de  <^\\{\ 

Nous  a\()iis  dit  (jiii'  11'  droit  de  jiast  t-n  nalurt"  lut  ((imcrti 
|K*u  il  peu  eu  aijifiii.  Ku  l'JiMi,  |M)iir  ('trc  d(divr(''  de  la  prucu- 
ralidii  que  devait  le  jd-icuit'   df  S.uiit-llilaii'e-sui"-"\('rn'  au 
seiji"ii('ur  de  Muuti^iix  ,  lahlte  ilc  A'aniKtiiticr  donna  ;i  .Ican. 
soifriM'ui'   df   MoiitiiiiiN  ,    l<Mi   li\  rcs   auî^cviiH's   et  .">   couitcs 
d'ar<i('iit .  et  le  dit  .Ican  rctiul  'Jti  sous  sur  U»  priouré  roinnio 
icconnaissailCO  de   ladilc   |i|-ocurati(iii  ' .    Les  conitrs  dr  l'.lni's 
avaient   ii  (.'ouloninuers    c"'  de  Scloninies    un   droji    appeli- 
le  pa'sl  de  Couloniiniers,  >-  (jni.  des  le  XIX"  siècle.  a\aii  ete 
clian;^^é  pour  une  rente  annuelle.  Le  27  Juillet  l:'.Jl  ,  (iui  do 
('liàtillon  (h'clare  être  en  possession   >•  d'avoir  se\anto  sous 
..  jiour   un    pasl .  chascun  an.   sur  los  couchanl,   levant  ot 
»  manant  en  la  ville  de  ("olloinnnors  en  \'ondosnioys  »  {Cnrl. 
(Il'  lu    J'riii.   (le    \'rij(liiiiir .    111.   [).   2U'A).   Le  i)rieur  du  Sainl- 
S<''[)ulcre  de  Châteaiidiiii  devait  au  vicninto  de  Chàtoaudun  lui 
diner  le  jour  de  Saint-André  :  au  X\"  siècle,  ce  droit   lut 
converti  en  une  rente  de  in  livres,  tju'on  api)olait  «  le  droit 
»  do  nianii,(!r  »  {H.  2(j53). 

C'est  dans  un  sens  analoiiiio  ;i  l'expression  de  pasl  que  nous 
devons  enteiidic  U'  mot  nionni-nhis .  la  (piantit(''  de  jiain  et  de 
\in  donnée  cliacpie  jour  ;i  un  nmluc.  Kn  llT.'l,  Aiis(dil  1(^ 
forestier  abamionne  au  prieure  de  ('liau\iL:n\  le  service  et  le 
repas  ipiil  r(''clamait  sur  la  terre  diidil  prieun'' -. 

Ce  n"(''lait  jias  seulement  pmn'  eux-mêmes  (pie  les  soiL!:neurs 
ré'clamaient  le  past.  cc'tail  aussi  pour  leurs  chiens  de  chasse 
et  pour  k'urs  veneurs,  et  cette  redevance  particulière  s'ap- 
pelait hfriiiinifiii/ii  ou  jii'rniidiniitio.  Vax  1  lOS,  Louis  \\  exem]((e 
de  toute  redevance  la  tei'i'e  de  Nids,  said'  de  la  moitié  (hi 
lorraji<'  et  de  cette  coutume  ({u'ou  apitelle  hrennai'-e-'.  Kn  12<t2. 
Louis,  comte  de  lîlois,  accorde  aux  reli;.;ienx  de  Marmoiitier 
toute  exemption  de  prociu'ation.  de  past.  de  peranchnation  ou 


'  lu  jinDiiitii  itio  ri(/iiili  siilidus  iisiutlis  iiiinirli'  m  iicin/iiiliiinfiii  uniiKirutr 
jnni  iinilioiiis  (II.  l^'i."»!  <. 

-  Surviinlidiii   ri    niouardluin    iiuiul   rrcl(liiiiili(il    m    Inra    munavUuruiii    ilr 
l'.nhii/uidn,  '  il.  ir.'M'v. 

'  Miilieliihvi   litntuiii   h'iidi/ii   it   loiisurlinliuriii    illuiii   ijuniii    Inniidifium 
vuiaiil  sihi  nliiiiit-,    Cuil.  île  Sitiiil-I'iii\  \<.  W>\  . 


—  206  — 

(lu  logement   de  ses  chiens  et  de  ses  \eneurs  dans  leurs 
granges  * . 

Pour  prix  de  toutes  ces  coutumes  (lonl  nous  venons  de 
parler,  les  seigneurs  devaient  à  leurs  tenanciers  aide  et 
protection  ;  mais  cette  protection  ils  ne  la  leur  accordaient 
que  sous  le  bénéfice  d'autres  redevances,  coniinviidisia  ou 
commandiUitia,  tensamenlmn ,  conductiis.  En  1041,  Hervé, 
vicomte  de  Blois,  remet  à  l'abbaye  de  ]\Iarmoutier  la  recom- 
mandation et  toutes  les  autres  coutumes  qu'il  possédait  à 
Chouzy-.  Vers  1150,  les  hommes  de  Baigneaux  reconnaissent 
devoir  ;i  Bourreau  de  Conan  le  droit  de  recommandation, 
c'est  à  savoir  que  ceux  qui  possèdent  des  bœufs  doivent  un 
setier  d'avoine,  ceux  qui  n'ont  pas  de  bestiaux  une  mine 
d'avoine-'.  Au  mois  de  mars  1209,  Hervé,  comte  de  Nevers, 
afïi'anchit  les  hommes  du  Chapitre  de  Chartres,  demeurant  à 
Génarville,  la  Ronce,  Côulommiers  et  le  Houssay,  de  toute 
corvée  et  exaction  quelconque,  à  l'exception  des  revenus  du 
tensement  qui  lui  est  dû  chaque  année  pour  la  protection  de 
la  terre*.  Une  charte  de  1198  du  chartriel-  de  Bonneval  nous 
apprend  que  tous  les  ans,  huit  jours  avant  la  Saint  Réni}',  le 
sergent  du  comte  se  rendait  dans  les  villes  oîi  se  devait  le 
tensement,  et  là,  devant  le  maire  du  lieu,  on  arrêtait  la 
somme  à  laquelle  devait  monter  la  redevance  ^.  Au  mois  de 
Juillet  1265,  Jean  de  Chàtillon,  comte  de  Blois,  exempte 
l'abbaye  de  Saint-Père  de  toute  redevance  de  coutume,  de 
rouasse  et  de  conduit  ^ 


<  Ut  a  procuratione  et  perandinalione  seu  pastu,  aut  jacere  canum  suorum 
et  canireriorum  et  venatonim  in  gvangus  ipsorum,  iinmnnes  liabeantur 
iCart.  HIésois,  j).  1S8). 

2  Commeiidatitiam  et  omnes  alias  coiisueludines  tpiax  habehat  in  villa  que 
GiltiacHS  apjiellata  est  (Cart.  Dunois,  p.  9()). 

•'  Commendisidin ,  nniisquisque  videlicet  qui  loves  ha  lie  t  nnum  sextarium, 
qui  vero  baves  non  liabel  unam  niinam  uvene  [Cart.  de  la  Trin.  de  Vendôme, 
II,  p.  180). 

^  Ab  omni  ronsuetudine,  rorveia  et  exactione  qualibet^  retentis  tantummodo 
redditibus  tensamenti  quos  pro  terra  tensanda  sinijulis  (innis  Itabet  [Cart.  de 
N.-D.  de  Chartres,  II,  p.  U). 

"  (Jelo  diebus  aiite  festum  Sanrti  Reiniffii ,  serviens  romitis  per  villas  in 
quibus  est  tensamentum  veniebat ,  et  quuntitas  tensamenti  rorain  majore  loci 
computabatur  (H.  015). 

"  A  prestatione  coustumie,  rotagii  et  conductus  (Cart.  de  Saint-Père, 
p.  707). 


—  207  — 
Non  contents  des  droits  qu'ils  peirevaiont  sur  lours  tenan- 
ciers, les  seijjfuours  avaient   encore   soum  ni  recours  à  des 
emprunts  forcés,  roijn  conclu,  iinju-uiirlns,  jirenant  pour  leur 

usaire  les  cheN'aux .  les  chai-rettes  et  autres  nuMililes,  avec 

* 
pi-oniess(Mle  les  rendre s'il  n'arrivait  aucun  accident.  V.u 

l'JlO.  Kudes  Hoiwrean.  seinncnr  de  ('oui'lalaiii .  exempte  les 

li(inini('S  de  Sainl-l'ellerin  dv  toute  lolte.  eniprnnl  de  clu-vaux, 

de  charrettes  et  de  tous  auti'es  objets,  prêt  forcé,  charroi  ', 

Kn  us:;,  'i'hilt.iiil  \  ,  comte  di-  Hlois.  renonce,  à  la  pi'ière  dos 

reli^'ieux  de  Honne\al.  a  la  coiilumc  (pril  a\ait  d'iMniuamter 

d;ins  l;i  \  illc  de  Honneval  i\('s  couêtes,  îles  naiipes,  des  plats, 

des  chaudières  et  des  tréteaux-.  Une  ordonnance  du  roi  .lean 

de  l'année   1:1.")  porte:  "   Nostre*  ti'ès  chicre  comp.iLriie   et 

»  nostre    lils    alleu/    par  chemin   par  nosirc  royaume,   no/, 

»  maisti-es  dostel  pour  nous  pourront  hors  bonnes  villes  faire 

[irendi-e  par  la  justice  des  licus  fournies,  tables,  tresteaux, 

coustes,  cousins,  leurres.   » 

Telles  sont  les  redevances  ordinaires  (pii  ('taient  perçues 
d.ms  le  pays  chartrain.  En  parcourant  celte  lon^nu' (''nnnK'ra- 
tion,  on  jx'ut  justement  être  au  premier  ab(U-d  elfrayc'  de  la 
multipliciU'  des  charires  qui  iiesaient  sur  le  roturier.  Les 
moindre  actes  de  sa  vie  semblent  alteinis  par  les  droits  du 
seiL,nieur.  11  ne  i)ouvait  sortir  de  s.i  demeure  sans  être  exposé 
aux  rf'clamations  des  a<;ents  sei^aienriaux  :  on  e\ii^<'.iil  même 
|»arf(jis  (b-  lui  une  i-edevance  appeb'e  rrimiiirnliu  pour  lui 
permettre  <rhabiter  la  maison  (piil  avait  reçue  de  ses  pères. 
Voulait-il  tirer  prolii  des  pi-odniis  de  ses  terres  ou  de  son 
industrie?  Après  avoir  payé  le  péa^c  <ai  le  travers  pour  leur 
iranspfirt.  il  lui  fallait  acipiitter  les  divei's  droits  de  loidieu 
etaldis  sur  les  moimlres  denrées.  La  comlitioii  du  \ilain 
parait  encore  un  i-este  de  l'ancien  servatre.  Aussi  iw  faut-il 
pas  s'é'tonnei-  de  la  révolte  des  l'asioureaux  et  Ar>  (le>or(U"es 
lie  la  .iacquerie. 

Kt  pourtant,  il   ne  faut   pas  trop  s'exa}j;érer  la  lourdeur  de 
ces  redevances  :  beaucoup  n"(''taient  (pie  lictixes  et  la  repeti- 


'  Ah   oiiini   lollii,  il  imprunrto  equoniiii ,  ijundruftnutn  ri  uUirius  iiinili. 
fogacoacta,  churreiu  dl.  l'iTiUi. 

•^  l'imsuiluilineiii  iiwiin   in   rilla   lliiiirvullis  liuhrhiil  iniitniiilituili   mlnlnc^ 
et  hm/ju.v  ri  itutellas  sur  nildaruis  uU^hc  ti ififltns    II,  l.|  ii. 


—  2(_)8  — 

tioii  d'im  soûl  et  mémo  droit  sous  des  appollatioiis  (liirérente.s. 
Et  puis,  les  exemptions  étaient  nombreuses  :  exemptions  pour 
des  communautés  d'habitants,  exemptions  ])our  des  individus. 
C'était  surtout  les  hôtes  des  éj^iises  et  des  communautés 
reliii'ieuses  qui  étaient  i)articulièrement  favorisés.  Là,  comme 
ailleurs,  l'Eglise  avait  pris  en  main  la  cause  des  opprimés, 
et,  en  retour  de  ses  prières,  elle  obtenait  des  seigneurs  les 
privilèges  qu'elle  souhaitait  pour  ceux  qui  se  mettaient  sous 
sa  protection.  Faute  de  renseignements  positifs,  il  est  assez 
difficile  de  se  rendre  un  compte  exact  de  la  situation  maté- 
rielle des  tenanciers  ;  nmis  nous  croyons  pouvoir  dire  que  si 
pour  beaucoup  les  charges  étaient  intolérables,  pour  d'autres 
au  contraire  elles  étaient  fort  légères  et  leur  permettaient 
d'arriver  peu  à  peu  ii  une  plus  grande  aisance  et  à  une  plus 
grande  liberté. 


II 


Nous  avons  à  examiner  maintenant  la  seconde  nature  des 
redevances  qui  nous  sont  signalées  par  les  chartes  de  l'époque 
dont  nous  nous  occupons,  les  exnctiones.  Nous  avons  déjà  dit 
que  cette  expression  exactio  ne  nous  paraît  pas  correspondre 
absolument  au  sens  de  notre  mot  actuel  «  exaction ,  »  et  que 
nous  considérions  plutôt  les  charges  comprises  sous  cette 
appellation  comme  des  redevances  extraordinaires. 

Il  est  vrai  que  parfois  ces  redevances  extraordinaires 
étaient  de  véritables  exactions.  On  les  trouve  désignées  sous 
le  nom  de  consiictndhios  iiuiL-r  [Cirt.  Ihinois,  p.  1(54),  consiie- 
tiidines  iortir  (Cart.  de  Saint -Père,  p.  227),  exactiva^ 
coi}!^iiofiidiiics  (H.  2012).  Ces  coutumes  mauvaises  sont 
indiquées  sous  le  nom  générique  de  u  tolte,  »  tolln,  tolfiira. 
En  1137,  Louis  VII  exempte  la  ville  de  Fresnay  de  toute 
coutume,  c'est  à  savoir  de  la  tolte,  de  la  taille,  de  toute 
violence  et  exaction'.  En  1202, Catherine, comtesse  de  Blois, 
abandonne  à  l'abbaye  de  Eroidnidiid  un  (lu.iii  de  vin  (pTclle 


'  Ab  omui  consmludinc ,  a  lolla  scilicel  cl  lalliu  ri  oui  ni  vident  tu  cl  exac- 
tione  [Cart.  de  N.-D.  de  Chartres,  1,  p.  1  i3). 


—  20'.  I  — 
recevait  chaque  année  do  rexactioii  Yul}4:aireiiient   aiii)eli''e 
lolto  '. 

La  toUe  ôtaitsi  bien  une  exaction  que,  jusqu'à  la  Rr  vol  ut  ion, 
le  nom  de  «  iifaltôtiors  «  dunné  à  jeux  qui  iicrccvaicnl  cette 
i-edevaiice,  tut  un  sii^ne  de  haine  et  de  MU'pris.  Nous  voyous 
la  nialtote  citée  dès  1222  dans  une  charte  de  Jean  dOisy, 
coude  de  Chartres  :  ce  sei^neui"  consent  (juc  la  uiallote 
iiiiliosée  au  lieu  de  taille  sur  les  ('toiles  des  l)oui*;^f(»is  de 
la  Rivière  de  Chartres  soit  suiiiiriuiée  à  p.niir  de  l.i  Saiut- 
Micliel  suivante-. 

Des  serviteurs  spéciaux  appelés  <•  toulaiers  »  étaient 
chai'ji'és  de  recevoir  les  toiles  ou  redevances  i)ayées  par  les 
uiai'chands.  Un  acte  de  121K)  nous  apprend  (luii  Orh-aus.  tniis 
les  samedis,  ;i  la  nuit  tombante,  ils  allaient  aux  [xtrles  de  la 
ville  recueillir  les  recettes  faites  par  les  portiers  pendaiii  la 
semaine. 

Laissant  de  coté  ces  exactions  véritables,  examinons  s'il 
lien  était  pas  d'autres  qui,  levées  dans  des  cas  exceptionu(ds, 
formaient  des  redevances  extraordinaires.  L'e.v,v/7/V>  eu  ellét 
l»niir  nous  était  ce  (pii  se  faisait  hors  de  la  rèii'le  commune 
ir.\  nriii)  :  elle  (U'vait.  dans  son  iiriiicipe,  u"ètre  que  teuipo- 
raii'e,  créée  jtoiir  des  besoins  iiarticuliers.  ('(da  dit,  et  le  sens 
du  imit  indicpH' i»ar  nous  tel  que  nous  le  c(iiiipi-euons,  mi  iimis 
|iardiiiiiifia .  |ii)iii-  la  clarti-  de  notre  exposition,  de  iimis 
servir  du  iiml  exaction  comme  nous  nous  sommes  sei'\  i  de 
cdiii  de  ((lutiime. 

Deux  exaclidiis  ddiniiieiii  (diiies  les  autres  :  «  la  taille  »  et 
u  la  corvée.  »  Ces  redevances,  orij^'inairement  seij:neni'iales. 
devinrent  ih'':^  imjx'tts  royaux,  et,  [ilus  (pie  t<tul  autre,  exci- 
ti'rent  la  rancune  des  contribuables.  Que  de  fois  n'a-t-on  |>as 
exphtité  la  fanieu.<e  formule  :  «  taillable  el  (•or\(''able  à 
>•  merci  !  ••  ^L•^s  nous  naMnis  pas  ii  les  coiisiih'rer  comme 
imp('»ts,  contentons-iioiis  de  dire  ce  qu'elles  étaient  au  Moyeu- 

A^c. 

La  taille  était  bi(Mi  mie  exaclion  :  cela  ress(»i-t  d'une  charle 

'  Vnum  iiiKirlrriuiii  riiii  ijmut  niinwitiw  illi  reildrlxilur  ilr  ixaitioin',  nm- 
vulijit  iljijii'lluhti    liilltr. 

-  l,hi(itl  main  liislit,  ijur  luni  In  lie  irai  impnsiUi  sufti'r  paiiiios  UHnjriisiuiit 
ranuili'Hsiiim  de  lijtnnn .  n  frslu  Snncli  Michdflis  /inirimii  n'uluni  inaiilrn 
uulUi  mollit  I  ii]iiiiliii . 

T.    Xli,  ;V.  >* 


—  210  — 

d'Henri-Étienne,  comte  de  Chartres,  de  l'année  1100  environ, 
par  laquelle  ce  seigneur  supprime  l'exaction  appelée  taille 
qui .  à  la  mort  des  évêques,  était  imposée  sur  les  serviteurs 
et  les  colons  du  défunt  ^  La  taille  n'était  pas  réi,nilière  ;  elle 
se  percevait  on  argent  dans  dos  cas  spéciaux.  En  1109,  Adèle, 
comtesse  de  Chartres,  renonce  en  laveur  de  l'abbaye  de 
Bonneval  à  l'argent  nommé  taille  qu'elle  avait  ordonné  de 
percevoir  dans  le  bourg  de  Bonneval  -.  En  1236,  Alexandre 
de  Long-Chêne  abdique  le  droit  de  faire  la  taille  et  d'en  fixer 
à  son  gré  la  valeur  sur  les  hommes  de  Paray  -K  Vers  1160,  les 
religieux  de  Saint-Jean  reconnaissent  qu'ils  ne  pourront  rien 
exiger  des  habitants  de  Brou,  excepté  la  taille  si  elle  est 
imposée  sur  tout  le  domaine  do  l'abbaye  pour  quelque  néces- 
sité évidente*.  Vers  1175,  Eudes  Bourreau,  seigneur  de 
Courtalain,  déclare  que  les  hommes  du  Gault-Saint-Denis 
devront  tous  les  quatre  ans  s'imposer  la  taille  ordinaire,  sans 
être  contraints  à  aucune  autre  taille,  même  pour  le  rachat  de 
son  corps  ^.  En  1324,  k  la  requête  de  Gruillaume,  abbé  de  Gra- 
mont,  les  prieurs  du  dit  ordre  imposentune  taille  sur  tous  les 
prieurés  de  l'ordre  de  Gramont  pour  pourvoir  aux  besoins  de 
douze  frères  envoyés  aux  Universités*. 

Les  serviteurs  des  hommes  d'église  étaient  exemjjts  de  la 
taille  comme  leurs  maîtres  ;  les  femmes  étaient  laillables 
aussi  bien  que  les  hommes,  mais  si  elles  épousaient  un 
homme  libre  de  la  taille  elles  en  devenaient  elles-mêmes 


*  Exactionem  quam  rulgo  talliam  vocatif,  que,  defunclis  episcopis  vel  dece- 
dentibus,  fieri  solet  in  servientes  episcopi  vel  rusticos  {Cart.  de  IS.-I).  de 
Chartres,  1.  p.  104). 

^  Pectmiam  quam,  que  conswludinarie  tallia  nominatur,  in  burf/o  Bone- 
vallensi  percipi  pn'ccperat  (H.  6(H1|. 

3  Jui'i  faciendi  talliam  et  taxandi  ad  voluntutem  suam  super  homines  de 
Pareio  (H.  2263). 

*  Prêter  talliam,  si  fada  fucrit  communiter  in  terra  Sancti  Johannis 
propter  eridentem  aliquam  necessitatem  (Cari,  de  Saint-Jean,  f"  ïi  v"). 

*  Quarto  fjuoqiic  anno,  [orient  talliam  conveiiicntcm  ;  aliam  talliam  non 
faciciit,  nec  cliampro  redempliunc  corporis  sui  [Cari,  de  N.-D.  de  Chartres, 
I,  |..  l'Ji). 

^  Talliam  universis  prioribus  ordinis  Grandimontis  ad  provideudum  duo- 
decim  fralribus  professis  ttiiltendis  ad  studia  littcrarum  {Cart.  des  Mouli- 
neaux,  p.  33). 


—  211  — 

exciiiptos.  Dans  une  dôpositiuii  de  11".)1.  nmis  voyons  (jin- 
Brelel  dv  Heainoir.  dabonl  serviteur  du  clianlic  de  Charlres 
Aniaury.  était  libre  et  exempt  de  la  laillt-  :  mais,  h  la  mort 
du  chantre.  If*  dit  Bretel,  étant  juissé  dans  la  b()ur}j:eoisie, 
devint  taillable.  Plus  tard,  [iressé  jiar  la  n(''cessité,  il  entra 
au  service  du  sous-doyen  (Jisleljert,  et  par  ce  lait  lut  libre  de 
la  taille;  pendant  qu'il  (Hait  ainsi  en  service,  il  ('pousa  une 
femme  taillable,  (pii.  du  lait  de  ce  mariage,  devint  libre  et 
exempte  '. 

Dans  le  même  sens  (pic  la  taille,  nous  devons  entendre 
M  la  quête.  »  (/ui-shi,  «  la  proie,  »  jjr.rtln,  que  nous  rencontrons 
dans  (pi(d(iues  documents.  En  115o,  Louis  Vil  déclare  que  les 
habitants  de  Sceaux  en  (lâtinais  sont  exempts  de  tout(^  taille, 
exaction  et  quête  -.  Vers  ll.'iO,  Raoul  .Mauv(»isin  s'en^^a.u:e  h 
ne  réclamer  sur  la  terre  d'Ormoy  ni  exaction,  ni  proie,  ni 
taille,  excepté  dans  le  cas  où  son  fils  serait  fait  chevalier  ou 
bien  où  il  marierait  sa  lille  s. 

La  corvée,  corvcin,  rurviuli/i,  s'entendait  en  général  de 
tous  les  services  en  nature  exigés  des  roturiers.  Si  nous 
classons  ce  <lroit  parmi  les  redevances  extraordinaires,  c'est 
qu'il  ne  s'acrjuittait  (pw  dans  des  circonstances  particulières 
et  qu'il  variait  singulièrement  suivant  les  dillérentes  seigneu- 
ries. Pris  dans  son  sens  le  plus  large,  nous  le  voyons  cité 
dans  un<'  charte  du  roi  Henri  L"^  di'  l'année  U)~)i)  environ,  par 
laquelle  ce  pi'ince  défend  de  grever  les  hommes  de  labbaye 
de  Saint-Père  d'aucune  corvée,  de  ban,  detonlieu.  de  vigne- 
rie  et  de  toute  autre  exaction  *.  \'ers  1215,  les  hommes  du 
prieuri'  de  Saint-Jean-de-P>roii  (pii  possèdent  t]os  b(eufs  ou 


'  liiPteJlus  de  liello-Videre ,  m  servicio  canlniis  Amtiuiici  existens ,  iliu 
lilifi  fuit  fl  itninnnis,  et.  eo  miirtui) ,  irdiit  ad  l)Uii/enri(iiii  il  tulliiiliilis  fuit, 
l'iislfii  ii'ii)  i/iiiiiiltis ,  ad  senirixm  Gislrhrrli  snlulfinni  iciliil ,  il  faillis  est 
Uhfv  et  immunis,  et  in  eit  servicio  diixit  uxinem  talliuliilem  ,  ijiie  per  initulinii 
ejus  fada  est  immunis  et  libéra    ('.art.  de  N.-D.  de  Chartres,  I.  p.  iHv,. 

^  Ab  omni  tallia.  rxaitioiie  et  quista  (II.  (illl). 

^  Neque  exartiiineni  inijne  jiredam  iieijiie  talliam  ,  ciTC/y/o  ijuod  si  jUiuiii 
suum  iiiiliteiii  farerel^  lel  liliam  suam  niali iuiiiiijiniijerel  [('.art.  de  ('.nuiomhs, 
p.  lOI). 

*  Ne  Saneti  l'elri  homines  corredis  aliquis  premal,  netjue  Itanim,  neijue 
telotieo,    iieiiue    I  leariii,  iieifue  exai  tiuiie   nliiiuii  (fraret  [('.art.  de  Saintl'ére. 


—    OIQ    

des  chevaux  reconnaissent  devoir  à  Eudes  du  Thoreau  une 
corvée  d'un  jour  par  an  ^ 

Il  serait  trop  lonii,-  d'énuniéror  tous  les  services  imposés 
aux  roturiers  :  il  nous  suffira  de  citer  quelques  exemples  pris 
dans  nos  chartes  et  nos  cartulaires.  Vers  1050,  Salomon  de 
Lavardin  déclare  qu'il  a  le  droit  de  prendre  chez  ses  tenan- 
ciers des  vendangeurs  pour  faire  sa  vendange,  des  faneurs 
pour  couper  ses  foins,  et,  s'il  le  veut,  une  corvée  des  ânes  -. 
En  1141),  les  prévôts  du  Chapitre  de  Chartres  font  le  serment 
de  ne  point  exiger  des  paysans  des  épaules  de  porcs,  ni  des 
tourteaux  ou  des  œufs,  ni  des  corvées  pour  le  labour  ou  pour 
la  tonte  des  moutons  -^  Vers  1120,  Gilbert,  chefcier  de  Saint- 
Père,  ayant  acheté  la  terre  de  Fournoisis,  la  donne  à  culti- 
ver, à  condition  que  les  preneurs  feront  avec  leurs  animaux 
une  corvée  en  nuirs  et  une  aux  guérêts,  et  aideront  à  couper 
et  à  herser  le  blé  *.  Au  mois  de  juillet  1223,  les  hommes  du 
prieuré  de  Maintenon  reconnaissent  devoir  au  seigneur  de 
Maintenon  trois  corvées  pour  la  réparation  des  chaussées  et 
des  biefs  des  moulins  \  En  1141,  Rogerle  Baube  donne  la 
ville  des  Autels  à  l'abbaye  de  Coulombs,  en^se  réservant  la 
monte,  les  corvées  et  les  aides  pour  faire  et  réparer  les 
fossés,  les  clôtures  et  les  fortifications  de  son  castel  de  Saint- 
André  ^ 

Les  corvées  n'étaient  pas  absolument  gratuites,  presque 
toujours  les  hommes  qui  les  accomplissaient  étaient  hébergés 
aux  frais  de  celui  qui  les  employait.  Au  mois  de  septembre 


^  Qui  boves  rel  equos  hahuerint  una  die  per  annitm  corveiam  facient  {Cart. 
de  Saint-Jean,  (^  'i?>  v»), 

2  Ui  singulos  vindemiatoies  ad  vindemias  suas  faciendas  toUoei,  et  fena- 
tores  tempore  sectionis,  corvatam  quoque,si  vellet ,  de  asinis  {Cart.  Ven- 
dômois,  p.  1295). 

^  Nec  humeras  porcorum,  nec  tortellos  aut  ova,  neque  correias  aliquas 
arature  aut  lanificii  {Cart.  de  N.-D.  de  Chartres,  I,  p.  15H). 

*  Corveias  terre  facerent  de  animalihus  suis  in  martio  et  ad  yaredta  et 
resecanda  et  ad  cooperiendum  (Cari,  de  Saint-Père,  p.  'i3V)). 

^  Très  correias  ad  molendinorum  hezia  reparanda  et  ad  eorum  eaiccias 
reparandas  {Cart.  de  Maintenon ,  ji.  f'i(i). 

^  Exceptis  molta,  corveiis  et  auxiliis  hominuni  ad  facienda  et  reparanda 
f'ossata,  sepes  et  palaiia  castri  sui  de  Sancto  Andréa  (Cart.  de  Coulombs, 

p.  "lïH). 


—  n.)  — 

1:^15,  Kamil  de  Ht-aiiMiir,  cliaiiihi-icr  de  l'cLilisc  de  ''liai'U'cs, 
tlédaro  (juc  les  liotos  du  Chapitre  ii  Adey,  possédant  clievaux 
et  chareties,  .sont  tenus  envers  lui  en  un  joiir  dr  («irvéo 
cluKiue  anné(*,  ;i  condition  (pi'ils  puissent  le  même  jour  re- 
tom-iier  à  leur  demeure,  et  (itiil  leur  donne,  an  retour,  ilu 
pain  et  du  vin  seulement,  ;i  moins  que,  de  sa  ^ràce  spéciale, 
il  ne  consente  à  leur  donnei"  davantaji-e  '.  Le  L'O  mars  \'JC>ô, 
les  hommes  d'.\l)onville  reconnaissent  (U'voir  aux  i-eliirienx 
de  Saint-Père  la  dime,  le  champarl,  le  chari-oi  et  drnx 
corvcTs  par  an.  en  mars  et  aux  li'uérêts  ;  mais  les  religieux 
doi\('iil  ilmiiier  ;i  celui  ({iii  fera  la  cor\  ('-e  du  pain,  (hi  vin  et 
trois  (l'uls  tant  ijn'il  lra\  aillera-.  Kn  1  11  I.  le  prieur  de  M'>rée 
a  droit  à  trois  corvées  des  habitants  de  .Moree,  1  une  pour 
biner  les  terres,  une  autiv  jjoui'  herser  ou  semer  les  blés, 
une  troisième  pour  l'aire  les  avoines  et  les  autres  blés  en 
mars,  et  il  est  tenu  de  donner  aux  travailleurs  autant  de  pain 
qu'ils  en  peuvent  maniifer  et  un  faix  de  vin  •'. 

Aiii/!iri;i  est  le  nom  qudn  donnait  ordinairement  ;i  la 
corvée  dans  les  temps  les  }ilus  anciens,  et  ce  mot  resta  hinjj:- 
temps  .synonyme  de  corvée.  En  IK»:?,  Adèle,  comtesse  de 
Chartres,  conlirme  les  libeiu's  du  Ikhii'i!'  de  Saint-Père  et 
(h'Iend  d'imposer  aucune  corvée  aux  hommes  de  Tabltaye  *. 
Kn  1"J(»1,  Jean  de  la  Roche  donne  à  Tahliaye  du  Trésor  les 
corvées  (pie  les  lionimes  de  Fouryes  lui  iloivent  pour  la 
fenaison  de  ses  prés  *. 


'  L'iiu.siiiiinfjiii'  linsiics ,  si  lialjrt  en  nos  cl  (luadriijdiii ,  ilehrl  ciincium  iiiiiiis 
diei  per  nnnuiit .  ita  fjuod  eodem  (lie  pnssit  reverli  ail  doiiiitm  sikiiii  ,  «7  ///c 
dfhi'l  ri,  in  redlln .  diiii'  itd  nmirdnidiiiii  jiniti'iii  ef  linunt  tiinlum  ,  itisi  /dus 
fi  fniinl  dr  ijidliu    C.nrt.  de  N.-lK  de  Uidilirs,  11.  ji.  T'.lj. 

-  Derimas  ,  iitiiipipuiies,  rharreiuni ,  rorvrias  his  in  antio,  ridclicrl  nnnm 
nniriani  in  mrnir  imirtio  el  iilinm  in  (fiindis,  ita  lanicu  iinml  irlii/msi  truc- 
bnniur  dair  scnienti .  dnni  faricl  ronriani ,  jtitnnn  n  linuni  et  Iria  uni 
{('.art.  de  Saml-l'crr,  p.  71  Ij. 

•'  i'num  jornalr  pro  hinandu  in  tnris  prioiis ,  idind  pio  cuopriieniln  rrl 
srmiuundo  hlndu ,  Irn  ium  pin  fdrirndu  armas  l'I  nlin  Idnda  in  niarrni  ;  jirn 
'/«'(  lahiirafjiij  jinur  Irnelar  ininisinirr  liiltinanliliiis  lanlnni  dr  jninr  ipinntum 
possrnt  ronii-dcrr ,  ri  darr  crrtani  iiuaulitalrni  rini  dictani  f/iilliir  un  W-  i\v 
vin  {('.art  lilr.sois,  \>.  iiUi. 

*  Qitiid  niin  lirral  Imniinrs  Sanili-I'ilri  ml  ipiamlilnl  iniiini mm  nmipillrrr 
(Cart.  dr  Sl-l'érr.  p.  'Ati). 

■'  Ani/arias  tjnas  Imminrs  dr  Fnri/is  illi  ilrhrhanl  ad  pnila  [manda  ((.ail. 
du  TrrsnrJ. 


—  214  — 

Un  des  synonymes  de  corvée  est  aussi  liiciimiin,  «  le  hian, 
»  corvée  tant  d'hommes  que  de  bestes,  »  comme  le  définit  la 
coutume  de  Poitiers.  En  1237,  Ursion  de  Meslay,  seigneur  de 
Fréteval,  affranchit  pour  un  an  du  droit  de  bian  les  religieux 
de  Saint-Hilaire-la-Gravelle  ^  Vers  1197,  Hervé,  seigneur 
d'Alluyes,  reconnaît  que  les  hommes  du  prieuré  de  Saint-Jean 
de  Brou  sont  exempts  de  toute  exaction,  de  sorte  qu'il  ne 
peut  exiger  d'eux  le  bian  ou  autre  redevance,  sauf  les  aides 
qui  lui  sont  dues-.  En  1181,  Thibaut  V,  comte  de  Blois, 
déclare  avoir  reçu  mille  livres  des  chanoines  de  Chartres,  de 
telle  sorte  que  si,  à  l'avenir,  les  murs  de  la  ville  venaient 
[)ar  un  accident  quelconque  à  tomber  ou  à  être  détruits,  ou 
les  fossés  à  être  comblés,  les  chanoines  ne  seraient  plus 
tenus  à  réparer  les  dégâts,  mais  seraient  quittes  et  exempts 
du  bian  qu'il  avait  droit  d'exiger  d'eux  •'. 

Le  droit  de  «  charroi  »  pour  les-  blés  et  pour  les  vins, 
vinericia,  charrcium,  ({unrrngiiim ,  était  également  une  des 
formes  de  la  corvée.  En  mai  1209,  Geoffroi,  vicomte  de 
Châteaudun,  dit  qu'il  a  droit  dans  le  bief^de  Boursay  à  un 
charroi  et  à  un  bian  de  quinze  jours,  et  excepte  de  cette  re- 
devance les  hommes  de  Boursay,  moyennant  6  sous  par  an 
pour  ceux  qui  cultivent  avec  une  charrue  et  3  sous  pour  ceux 
qui  ne  possèdent  pas  de  charrue  *. 

Le  charroi  et  le  bian  étaient  soumis  à  certaines  restric- 
tions :  le  seigneur  ne  pouvait  exiger  qu'ils  fussent  faits  hors 
certaines  limites,  et  ils  devaient  être  réclamés  à  des  époques 
déterminées.  Vers  1175,  Eudes  Bourreau,  seigneur  de  Cour- 
talain,  reconnaît  ne  pouvoir  exiger  des  hommes  du  Gault- 
Saint-Denis  le  charroi  que  dans  des  lieux  oii  la  sécurité  est 
certaine,  à  Châteaudun,  Vendôme,  Mondoubleau,  Montmirail 


'  A  biennio  usque  in  unum  anmim  {Cari.  Blésois,  p.  223). 

-  Ah  omni  exact ione,  quod  ah  eis  non  potest  cxifjere  hienniuin  urr  aliml, 
prêter  justa  auxilia  {Cart.  de  St-Jcan,  p.  05). 

•*  In  tali  conditione  quod  si  deinrcps  qiwquo  modo  mnrum  cadeienut  dirui, 
vi'l  fossdios  Iniplrri  lonlif/rrif ,  non  Imranlur  amplins  vel  in  tntiris  rel  in 
fossf/lis  itHijuid  millrr(\  si'd  ah  omni  hirnno  quod  in  l'is  liahrhnl  qiiiti 
rematieant  cl  tihsoluti  [Cart.  de  N.-D.  de  Chartres,  I,  p.  2(l(>). 

*  Q'iod  prr  qninderim  dies  hahehat  charreium  et  tolidem  hiei/nium  in  feodo 
de  liurseio  {Ahhaije  de  Sainl-Avit). 


—  215  — 
et  Brou  '.  En  llT'.i.  il  est  acconh'  (jut-  Irs  lioiiiiiM's  du  l'iia- 
pitre  (lo  Cliarti'cs  à  Lutz  ot  à  Hoauvillicrs  devront  (Muiduirc 
pour  h'  sei^iK'ur  de  Beauvillicrs  un  uniid  de  hlc'  a  Chartres 
ou  il  HoniiovjJ  ou  au  ruisct.  pnuiNu  (juils  en  soient  requis 
avant  la  (t^to  de  la  Toussaint  ;  auticinent,  ils  seront  dispensés 
(\o  la  corvée  pour  l'année  courante  -.  En  llâo,  Arcliainbaud 
de  Sully  exij^^e  de  ses  tenanciers  (piils  lassent  huit  jours  de 
bian  par  an.  (juati'e  jours  en  lévrii'r  pour  l'aire  les  haies,  et 
quatre  Jours  en  mai  pour  les  fossés;  mais  si  à  ces  deux 
ternu's  le  bian  n'a  jias  été  requis,  il  sera  remis  à  l'année  sui- 
vante •'. 

Le  droit  de  charroi  s'apjiliiiuait  le  ])lus  ordinairement  au 
vin  el  au  blé,  mais  on  le  trouve  pourtant  parfois  emjjloyé 
pour  le  transport  du  bois  et  dv^  niatc'riaux.  Au  mois  de  sep- 
tembre l.îUi»,  les  iiabitants  d'Alluyes,  Saumeray,  Bouville  et 
Moriers  reconnaissent  «  qu'ils  doivent  le  charroy  a  l'édilica- 
»  lion  et  il  la  réparation  du  chastel  d'Aluie  et  des  ponts  du 
»  dit  chastel  et  des  ponts  de  la  ville.  <«  (Ahh.  ilc  Hoinn-vul). 

Tout  ce  (ju'on  appelait  les  «  secvices  vilains  »  ('tait  donc 
compris  sous  le  nom  },'én(''ri(pie  de  corvc-e;  mais  il  elaii 
d'autres  services  ipu^  l'on  désignait  sous  le  nom  de«  nobles», 
|>arce  ipi'ils  faisaient  en  (juehjue  sorte  particijx'r  les  vilains 
il  ce  (jui  était  la  i)lus  importante  pr(''roL!atiAe  de  la  noblesse, 
le  droit  de  se  d(''fendre  et  de  c<<nquérir.  A  ces  epoipies  de  la 
féodaliti'  où  clia([ue  scii^neur  se  considi'rait  comme  un  |iclit 
souvei'aiu,  oii  l'on  ('lait  sans  cesse  sur  le  pit-d  de  i^iierre  pour 
(h'fendre  sa  proiiriiHc-  ou  poui'  s'einpaicr  de  ccdle  de  son 
voisin,  où  souveni  même  «m  pi'enail  les  ai'uies  |)our  cniKpK'i'ir 
un  butin  dont  on  avait  besoin  pour  vivre,  les  seijiiienrs 
devaient  a\Mir'  recours  aux  servi<-es  de  leurs  teiianciei's  pour 
être  aidés  dans  leurs  entreprises.   l)e  lii  les  droit'^  "  d'<'\p('"- 


'  (Jiiftnai  iiiiii  nisi  siriini  Imn  ,  vi'li'licrl  nd  Casli  idinnim  .  ml  Vin'lnriiium  , 
ml  Mimlnii  Ihilililli/iii,  ml  }liniiiiiiiiilii(iii  rrl  ml  Hniiiiluiii  ('.ml.  de  î\.-l).  dr 
l'.hitrlivs.  I.  p.    l'.li;. 

-  Miidium  innidiii'  ('.muni uni  rrl  fhiniifriilinti  rrl  l'itsim  uni  durerr ,  dum 
liiiiirn  dr  liiir  ipsii  iiifrii  f'rslinii  Omni  uni,  Smirliniini  rrijuirmilur ,  alliis  nli 
illius  mini  durlu  driiilii  jtmilus  iilisitlniiilur    Ihidrui.  I.  |i.   l'.H'i. 

•'  Qund  fiinrtil  III  tu  (lirs  ilr  hirniiii  m  iiinin.  ijUdlHnr  in  frhrunri»  in  iiiis 
(mimdis  ri  (juiiluiii  in  niuin  in  In.^sulis,  ri  si  in  dunlius  Irrniinis  dr  liirnn 
rriiui.siliii  jmlii  mm  furril,  iisifur  ml  iillrntni  uiinum  mm  rrsfiiimliliuiii  >i 


—  210  — 

dilion,  )j  vxpediliu,  cxrn-itus,  «  d'iiost,  »  hoslis,  do  «i  chevau- 
chée, »  equilntus,  cubtiUicntio,  cdlvacatii,  tyrociiiiiiiii. 

Souvent  ces  droits  sont  mentionnés  sans  aiicuiio  restriction. 
En  1115,  Louis  VI  reconnaît  qu'il  no  pourra  contraindre  les 
hôtes  du  prieuré  de  Saint-Paterne  d'Orléans  h  jiucun  hosl  ni 
à  aucune  chevauchée  ^  Vers  1125,  le  même  roi  allkincliit  un 
hôte  de  l'abbaye  de  Tiron  à  Mantes  de  toute  taille  et  exaction, 
de  la  chevauchée,  de  l'expédition,  en  un  mot  (h'  toute  cou- 
tume ^.  Eu  11<S<S,  Hugues,  vicomte  de  Châteaudun,  exempte 
la  terre  des  Tronchais  appartenant  à  rAumône  de  Château- 
dun (In  charroi,  du  liian,  de  l'expédition,  de  la  chevauchée, 
de  la  (aille,  de  la  corvée  ^.  Au  mois  de  septembre  1215, 
Raoul  do  Beauvoir  avoue  que  les  hôtes  de  Fontaine  no  lui 
doivent  ni  expédition,  ni  clievaucliée,  ni  taille  *. 

Mais  souvent  aussi  les  droits  d'expédition,  d'host,  de  che- 
vauchée, étaient  soumis  à  certaines  conditions.  Ils  n'étaient 
dus  que  pour  la  défense  du  seigneur  si  sa  terre  était  attaquée 
par  ses  ennemis.  Le  20  avril  1085,  Raoul  de  Beaugency 
consent  ;i  n'imposer  aucune  corvée,  aucune  chevauchée  sur 
les  hommes  de  l'abbaye  de  la  Trinité  de  Vendôme,  à  moins 
qu'on  ne  vienne  piller  ses  domaines  ou  que  quelque  ennemi 
veuille  construire  un  château  fort  sur  sa  terre  ^  En  1185,  les 
hommes  de  l'abbaye  de  Vendôme  reconnaissent  devoir  une 
corvée  de  quinze  jours  pour  la  réparation  des  fossés  de  la 
ville  et  être  dans  l'obligat-ion  de  secourir  le  comte  en  host  et 
en  chevaucliéo  pour  la  défense  de  sa  terre  *.  D'un  accord 
fait  au  mois  de  mars  1293  entre  Gui,  seigneur  d'Anneau,  et 


*  Ire  in  suam  rahallalionem  neque  in  hostem  (CmH.  <k  Sl-Pèir,  \\.  i56). 

-Ah  umni  talliala  et  exaction!',  ah  equiialu  et  expedilione  rt  ub  omni 
penitus  consuetidune  [Cart.  de  Tiron,  1,  p.  95). 

■*  De  chdircio,  de  liiennio,  de  e.reirilii,  de  eqnilatione,  de  lallia,  de  rorveia 
[Airlt.  de  la  Maison-IHeu  de  (llidleaudun,  p.  ii). 

*  ISeque  exercitiim,  nec  calvacatam  nec  talliam  [Cart.  deN.-D.  de  Chartres, 
II,  p.  SI). 

^  Quod  de  huniinihus  monarhorum  nullum  faciet  ire  in  lianniini  rel 
(toiveiam  sive  eqi/ilatnm,  nisi  forte  aliqni  in  terram  ejiis  venient  dejnedaturi, 
nul  si  quis  ininiii'us  raslellum  roluerit  faeere  in  terra  sua  [Cart.  de  la  Trin. 
de  Vendôme,  il,  |i.  3S). 

"  Délient  qiiinileeini  diehiis  per  annuni  reparare  fossala  Vitidoeini.  roniilem 
jurare  in  i/uerru  et  equitaliune  pro  terra  defendcnda  [Ibidem,  11,  i».  i'û). 


—  217  — 

les  iiioiii(.'.«s  (le  BoiiiK'val,  il  icsulic  ■<  qm-  les  iKtiniucs  «les 
»  reli.y:ieiix  (rAimeaii  sont  tenus  à  aller  en  osl  <in  en  elievau- 
»  clK'e  avec  le.  coniiniin  de  la  vilji'  (rAuiicaii,  un  assaut  d'cn- 
»  neniis  fet  eiii  honte  et  donia^'e  de  la  chatcdlenic  d'Auneau.  » 

a.  ;;iir)i. 

l)autres  actes  indi(iuent  les  limites  dans  lesquelles  sont 
dus  les  services  nobles  et  siK'cilienl  (|iu>  le  seiiriieui-  ne  iicut 
les  exi^'-er  que  si  lui-njènie  acconiiiaiiue  ses  t<Mianciers.  Kn 
lllS.  Louis  VI  consent  que  les  honinies  de  rahhayc  de  Sainl- 
S|iire  de  ("orbeil  n  aient  ii  se  rendre  à  son  ex|>(''dition  ijn'en 
cas  de  «^^lerre,  et  cela  seulement  deux  lois  par  année:  (pie  si 
(tii  les  ai)pelle  en  chevauchée,  ils  ne  pourront  s'(''loi.uner  plus 
de  douze  lieues  de  ('orl)eil'.  NCi's  1120,  les  nmiiies  de 
Saint-Romain  de  Hmu  reconnaissent  devoir  ii  rTuillaunie(»ouet 
la  i^arde  de  ses  places  fortes  si  elles  sont  assiéii'ées  par  ses 
ennemis,  en  sorte  qu'ils  ne  puissent  être  entrainésà  la  ^nu'rre 
hors  des  dites  |)laces.  mais  ({u'ils  restent  seulement  a 
lintérieur  |i<iiii-  lev  ih  fendre-.  Kn  1131,  Thibault  IV.  comte 
de  IJlojs.  declai-e  (pi'ij  a  le  droit  de  mener  avec  lui  en  exj»'- 
dilion  les  hommes  du  liiniro-  de  Chamars  :  s'il  veut  y  lortilier 
un  château,  ils  renlmu-erunl  de  pieux  et  de  fascines,  mais 
ils  ne  sei-onl  tenus  h  autre  chose  (pi'ii  veiller  à  sa  propre 
sûreti'  dans  le  château  •'.  Kn  112<l.  jjar  un  accord  avec 
(Inillaume  <louet,  les  moines  de  Saint-Père  consentent  (lue  si 
le  dit  (iiiillaume  veut  aider  avec  ses  i>-ens  le  roi  ou  le  comte 
dans  une  exjtédition,  il  pourra  emmener  les  hommes  de 
Hois-Rulliii  poni'  la  ^'arde  de  son  corps,  mais  ceux-ci  ne 
>ei-onl  tenus  au  service  (pi'antanl  ([ue  (Juillaiime  sera 
lui-même  présent*,   l^ii   llTCi.    Ileni'i  comte  de  ('liampaiine, 


*  .\»r  i.vjirdiliniir.s  iidslrris,  iiisi  siihniniirtiiitur  in  iinniinr  hrlll.  l'iiiil.  li  hoc 
Miliniiniiiilii  his  III  itiiiiii  :  in  rtiniliiirii.s  iiiilrni  nnstii.s,  si  snliminiiniilur , 
vitdniil,  sril  \ll  li'iiins  n  raslro  ('.nrlioUo  non  l'.vmli'nt  i(!arl.  de  llmhi'il , 
y.  r. . 

-  Iiiiminiriiin  nhsidiniir  raiisti  ictus ,  nd  n/iiiidu  mih  riishidiriidii ,  ilii  Iniiirn 
ni  r.iliii  iip/iidii  iid  hrlliuii  nioi  iintiiiiiccmiliir,  scd  inlin,  ud  ciidcm  dcfcndinilti 
Cint.  de  Sl-I'èic,  |i.  M'A,. 

•'  {)iiiid  linniincs  liiiriji  de  ('.liiinuirlln  jieiijuiil  iiitii  en  in  e.reccilum  et  in 
exjiediliiiiiem  ,  et  ai  ilii  ciisliinn  /il  iiiucci  il ,  ilhid  clnudent  de  nuits  et  cici/is, 
el  in   Castro    niclill  plus   fiicienl    nielei    hoc    iiiiod   cornus   ejus   e.rcuhiihuni 

M.  -Ji'T:!  . 

*  Si  ipse  in  e.rpediliiine  reijis  lel  mniitis,  cuni  ouiiii  i/enle  suii,  ire   viduerit 


—  218  — 

prescrit  que  quiconque  moudra  dans  les  moulins  ou  cuira 
dans  les  fours  du  chapitre  de  Saint-Quiriace  de  Provins  paiera 
la  taille  au  dit  chapitre  et  lui  rendra  à  lui  le  service  d'expé- 
dition à  condition  qu'il  soit  présent  '. 

Il  faut  encore  classer  parmi  les  services  nobles  le  droit  de 
«  garde  »  ou  de  guet, //arr/a,  c.xcuhin,  r/ftifnffiiin],  chnitr/rifn,  que 
l'on  rencontre  dans  quelques  documents.  Vers  1050,  Salomon 
de  Lavardin  déclare  être  en  possession  de  prendre  tous  les 
ans  sur  chaque  maison  de  Lavardin  G  deniers  pour  le  droit 
de  garde,  vulgairement  appelé  guet  -.  En  février  1283,  Jean 
d'Aumale,  seigneur  d'Epernon,  confirme  aux  religieux  des 
Moulineaux  le  don  fait  par  Simon  de  Montfort  d'un  serviteur 
à  Epernon,  libre  de  toute  taille,  vente,  corvée,  expédition, 
chauguette  et  de  toutes  autres  exactions  et  coutumes-*.  Dans 
une  charte  de  1222,  Philippe-Auguste  dit  qu'il  possède  au 
bourg  de  Saint  Germain  et  au  clos  Bruneau  à  Paris  les  droits 
d'expédion  et  de  chevauchée,  ou  la  taille  imposée  pour  ces 
droits,  et  le  guet  comme  dans  le  reste  de  la  ville  de  Paris*. 

Outre  les  services,  il  était  une  sorte  de  redevance,  auxilium, 
qui ,  d'après  la  coutume  généralement  adii\ise ,  était  due  au 
seigneur  dans  trois  occasions,  lorsqu'il  était  prisonnier, 
lorsque  son  fils  était  reçu  clievalier,  lorsqu'il  mariait  sa  fille. 
C'est  ce  qui  est  expressément  indiqué  dans  un  accord  passé 
en  l'année  1150  environ  entre  le  chevalier  Bouard  et  les 
religieux  de  l'abbaye  de  Coulombs^.  Dans  la  charte  de  1222 
déjà  citée  par  nous,  Philippe-Auguste  dit  qu'il  possède  dans 


homines  Boaci  Rufini ,  piv  rustodia  corporis  sut,   rluri'ir  potcrit  ;   hnmincs 
loiiicii  ahsquc  pirsriilia  coipiiri.s cjus  mmqwiin  ihiint  [(Idrl.  deSt-Père,  j).  4<SI|. 

*  Bmlo  Quiriaco  talliam,  mihique  exerciium  cum  personna  mea  persolvel 
(dart.  (le  Sl-Quiriace  de  Provins). 

-  De  iDiiKjHiKjHt'  domo  nnniiat'nn  sex  drnarios  de  excuhia  quam  vtilgo 
i/uitatjium  (ippellunl  [(lart.  Vcndùimns,  p.  ïJ!*,")!. 

3  Liherum  ah  omni  laliia,  rciida ,  rorrtida,  exercitu,  rhanf/eifa  et  ab 
omnibus  (iliis  exactionihus,  ronsuetudinibtis,  costumis  {Cari .  drs  Moiilineatix, 
\k'M). 

'  Exvrrituin  cl  ciinitiilidiirm,  rrl  lalliam  propter  hor  f'iictani,  et  !/i«'li(iii 
sicnl  in  romniuni  rillr  l'iirisiiis  [Cari,  de  Paris,  I,  p.  I^IÎI. 

*  .Auxilium  in  tribus,  srilicet  in  corporis  sui  redemplimir ,  nul  in  (ilii  sui 
arnuinnii  prcparaliiinr ,  tiiil  in  filie  sur  nialrinionii  rourmlionr  (Ahliaijr  dr 
Coulombs), 


—  -Jl'.»  — 

les  terres  (le  l'ovrijuc  (Ir  r.uis  Ir  droit  dr  taillr  (juand  il  clcve 
ses  (ils  ii  la  diy:nit('  de  ehevalicr,  ijuaiid  il  iiiai'ic  ses  tilles  on 
(jiiaiid  il  a  besoin  de  se  racheter  de  caiitivitt'  '. 

Mais  ces  troin  occasions  n'étaient  jias  tftujonrs  les  senlesoù 
les  seijxneilrs  s'arro*;eaient  Ir  dinii  de  rf-clanicr  ;i  leurs 
tenanciers  le  secoiiis  d(»nt  ils  avaient  Itesoin.  Au  umis  d'oc- 
tdlire  l^.'S,  TÎULrnes  de  Châteaiinenf,  seiirneur  de  l!fe/(dles, 
déclare  (jue  les  hommes  de  Hoissy  lui  doivent  un  secours 
\)()ur  sa  réception  et  celle  de  s(»n  lils  en  chevalerie,  pour  le 
niaria}î:e  de  son  lils  ou  «le  sa  Mlle,  pour  sa  rançon  on  celle  de 
son  fils  on  de  ses  héritiers^.  En  11('»(».  lin.u;iu\s,  vicomte  de 
Chateaudnn.  moyennant  une  rente  de  dix  livres,  abandonne 
aux  reli^'ieux  du  Saiiit-Sc'pulcre  de  Chàteaudtm  le  secours 
(prils  lui  (levaient  pour  le  niai'ia,<j:e  de  son  lils  on  de  sa  (ille 
ou  de  sa  sœur,  pour  sa  rançon,  i)our  l'achat  d'uni'  terre-'.  Au 
mois  de  février  121").  Thomas,  comte  du  Perche,  ri'clauie  de 
ses  homm<>s  la  taille  jiour  sa  réception  comme  chevalier,  poin- 
sa  pri'inière  rançon,  jiour  la  chevalerie  de  son  (ils  aiué,  p(»nr 
le  mariaife  de  sa  premii-re  lille  *. 

Plus  dune  l'ois  aussi  les  seiii'ueurs  prolitèrent  de  leur 
(h'part  pour  la  croisa<le  alin  d'obtenir  un  secours  extraordi- 
naire. C'est  ce  qui  ;iriiv;i  en  IP.Mi  poni'  '!'hil)aut  V,  comte  de 
Hlois,  qui  reçut  des  hommes  de  l'abbaye  de  Saint-Lanmer  une 
taille  pour  le  s(>conrs  de  sa  croisade»  ':  en  IIUO,  pour  Louis, 
comte  de  Hlois,  amiuel  les  relij^ieux  de  Honneval  consentirent 
;i  accorder  un  secours  à  cause  de  la  croix  (piil  avait  i)ri.se 
pour  la  dél'ense  de  .h'-rusalem  *. 

'  Ttilliiiiii  (juaiidn  lilid.s  imslnts  fiiciriiins  iiiims  iiiililes,  ri  (jiiainlo  films 
uitstids  mtiriliihlniii.s,  ri  riiiiw  si  rrilimtiriiiiis  ilr  rapliiiiir  jimpi  li  nnporis 
unslii  l'iirld  in  (jurnu  [Cnrt.  ilr  l'aris,  I,  J).   1^15). 

-  Aii.rilium  wilicir  sur  el  jilii  siti,  tiii.rilium  nifiriliii/ii  filii  siii  rt  filir  ,v«c, 
nuxilinm  rrdnitutinuis  raplionis  sur  rrl  filii  sui  vi l  lirinluiii  sumum  ('.ml. 
lin  Gi'tiitl-Hruuliru,  p.  itOO  . 

•'  Au.iiliuw  ad  filiuni  rrl  filinm  rrl  simirrni  inurilaiidus ,  ad  rrdrmplionnii 
nirpnris  sui.  ad  terrain  anjHirriidaui  [l'.arl.  dr  Sl-hrnis,  |i.  ii)). 

'  Vri>  prima  milicia  sun ,  prit  prima  raplioiir  sua  dr  i/arrra ,  pm  milinn 
filii  sui  primoi/riiili.  pm  prima  filia  sua  marilanda  i  l'.art.  pour  Ir  l'rrrlir. 
|i    C.tl  . 

*  Talli'iw  ad  auxilnini  sur  nuris    llist.   dr   l'nlili.  dr  Sl-Laumrr,  \i.    ltiU|. 

'■  Aurilium  pmplrr  rrurrui  iphnii  ad  sulariiliniirui  Irrrr  .Irnisultmilaur 
rrrrprrut  ,\\.  (il.'»]. 


—  220  — 

Enfin,  sous  le  nom  «  d'aide,  »  uiiliu,  on  entendait  des  dons 
volontaires  et  temporaires  faits  par  les  tenanciers  dans  des 
circonstances  exceptionnelles.  En  11'.)<S,  les  habitants  de 
Saint-Hilaire-sur- Yerre  donnent  à  Jean,  seigneur  de 
Montigny,  15  livres  angevines,  volontairement,  en  don 
gratuit,  pour  la  réparation  du  château  de  Moniigny  '.  En 
1209,  Simon,  comte  de  Monlt'ort,  reconnaît  que  l'aitU-  qu'il  a 
reçue  de  la  communauté  des  habitants  d'p]pernon  pour  la 
clôture  de  la  ville  n'a  pas  été  et  ne  peut  être  un  droit,  mais 
qu'elle  a  été  toute  libérale  et  volontaire  ^. 

Là  semblent  devoir  s'arrêter  nos  citations  pour  ce  qui 
regarde  les  coutumes  et  les  exactions  seigneuriales  : 
pourtant,  avant  de  clore  ce  chapitre,  nous  voulons  signaler, 
au  milieu  de  beaucoup  d'autres,  quelques-unes  des  pratiques 
bizarres  usitées  dans  les  rapports  du  tenancier  avec  son 
seigneur. 

Le  jour  de  la  fête  de  sainte  Soline  (16  octobre),  les  usagers 
de  Ver  devaient  présenter  à  l'offrande  de  la  grand'messe  de 
l'abbaye  de  Saint-Père  une  oie  blanche  a\ec  un  ail  pendu  au 
cou  (H.  41).  —  Le  seigneur  des  Gués  ét^it  tenu  envers  le 
prieur  de  Brezolles,  chaque  fois  qu'il  en  était  requis, 
d'envoyer  un  valet  à  cheval  pour  l'accompagner  et  porter 
sa  malle  (H.  424).  —  Le  prieur  d'Epernon  devait  au  seigneur 
de  Gazeran  «  une  soullée  de  pain  et  de  vin,  deux  fois,  à 
»  Pasques  et  à  Nouel ,  et  le  devoit  faire  apporter  au  château 
»  de  Gazeran  sur  le  cheval  du  dit  prieur,  sans  qu'il  y  faille 
»  ne  fer  ne  clou  »  [Cavt.  d Epevnon ,  p.  105).  —  Le  même 
prieur,  «  le  lendemain  de  Pasques,  estoit  tenu  apporter  au 
»  chasteau  do  Montorgeoil,  à  heure  de  dix  heures  du  nuitin, 
»  ung  gasteau  d'un  boisseau  de  fleur  de  froment,  avecques 
»  ung  pot  de  vin,  mesme  que  celuy  prieur  boit,  l)on  et  sulfi- 
»  sant,  et  iceulx  porter  sur  ung  cheval,  un  chapeau  de 
»  pervenche  sur  sa  teste,  une  espée  ceinte  à  son  costé,  une 
»  blanche  touaille  ou  tablier  à  tenir  le  dit  gasteau,  avecques 


'  Quiiulctim  lilinis  (/ndrf/iiri'iisis  nioiicli' ,  spouk  situ ,  'loiio  cl  (/rali.s ,  ad 
reparalioitem  casiri  Moidif/iiiaci  (II.  '245!2). 

-  Quod  aidia  illn,  quant  liahnil  de  rummnnihiis  hominibiis  Sparnonis  ad 
ejii.idem  raslii  rlaiislnrani,  iiaii  fait  ncquc  poleul  esse  ex  dcbito,  immo  fuit 
lihcralis  atqiie  rulonUiria  ^11.  "So'ilj. 


—  -^-Jl  — 

•  i\os  jçrants  noufs  en  ses  mains,  son  rhoval  bien  ferré,  sans 

(jiic  lui  l'.iillc  lin  te!'  <•!  clou  ■'  l'.nri.  il' /'.'jirriioii ,  \\.  1  TJ  .  V.\ 
ces  conditions  étaient  rij4"<)Ui"eus('Mient  ohserviM's  ;  car,  en 
l'année  1515,  ccjninie  il  Cnt  reconnu  (ju'il  nian(iuail  au  clicNal 
un  clou  au  [lied  de  devant  hors  le  nnuitoir,  le  dit  cheval  lui 
<-omIIs([U(''  et  \  (Midn  au  prolit  du  seigneur  de  Montoi-^Micil.  — 
Le  piicur  de  ("hou/.y  avait  droit  d'avoii-  <>  par  les  ^^ai-cons  de 
»  ("hoii/.y.  Tune  des  testes  de  Noël,  uu  oiseau  appeh'  i-oitdct 

autrenient  bourillon,  qui  lui  iliùi  cstrc  présentf'  pai*  deux 
I)  tfarçons  sni-  deux  basions,  ciiloiirc/  de  juric/  lie/  et  attachez 
»  de  ruliaiis  de  soye.  »  —  De  même,  le  Jour  de  la  l'entecôte, 
le  dit  prieur  avait  droit  «  do  l'aire  bai}.rner  deux  des  ^Mrçons 
»  de  la  paroisse  par  lui  choisis,  par  trois  fois  dans  la  rivii're  de 
»  Loire,  et  sont  obliiic/  de  lui  rapporter  ciuuiue  fois  de  l'eau 
»  de  la  dite  rivière  dans  chacun  un  verre.  Et  est  octroyé  aux 

dits  garçons  par  le  dit  prieur  la  ])ermission  de  faire  payer 
»  il  tous  les  nouveaux  mariez  de  la  paroisse  du  dit  Cliouzy, 
»   ([ui    iTonl    [loint    eu    (rciilanl    dans   l'an    de   leur    nniivean 

nuiria^'e,  cliacun  5  sous,  et  après  icelui  bain  de  faire  courir 
n  l'étenf  aux  nouveaux  mariez.  »  {J'nrl.  lilrsuis,  p.  :V2\h.  — 
.Ins((n';i  la  R(''Volution ,  le  prieur  de  H(\iu,iiencv  otfrit  au  sei- 
gneur de  Beaui>eiicy,  le  Jour  de  Xoëd.  ■  1.'.  petits  pains  blancs 
)»  s'entretenant  en  forme  de  courcmiie,  '2  [>intes  d(>  i)on  vin 
»  clairet  dans  2  i)etits  pots  en  terre,  \'.\  œufs  bouillis,  frits 
»  dans  l'huile,  dans  un  |iot  de  terre  recouvei'l  diin  autre.  » 

Nous  jiourrioiis  mnlliplier  ;i  rinlini  les  exemples  de  ce 
genre;  mais  nous  pensons  que  ces  seules  citations  sulliioni 
pour  donner  une  idc-e  des  naïfs  usages  (pii  existaieiil  an 
Mo\('n  Aiic. 


Toutes  les  ledevances  dont  ihmis  nous  sommes  occnpé 
Jusipiici  ('-lai»'!!!  dues  indillV'ieiniiieiit  au  seipiieiii-.  (pi'il  fut 
laiipie  ou  ecclesiastiiple.  11  en  itail  d'autres  specialemeiil 
all'ec|(''es  .lU  ser"\  ice  ilil  ciille.  ;i  l'enlrelieu  de  r(''vé(|Ue  el  des 
cui't's.  Nous  avons  dit  ipie  lel  a\  ait  et('' a  l'oiàirine  le  but  de  l.i 
dmie  et  des  pi'émices.  Lois(jue  celles-ci  eur«'nt  «dé  détournées 


990    


de  leur  affoclation  primitive,  il  resta  un  certain  nombre  de 
droits,  dont  beaucoup  subsistent  encore  et  qui  forment 
aujourd'hui  le  «  casuel  »  des  curés  et  des  desservants  ;  c'est 
ce  qu'on  appelait  le  viiirlniffimn  au  Moyeu  Age,  feviiiii  prrshi- 
lei'ulo  qiiod  viiulniginin  vorniit  (H.  2429). 

Mais,  avant  de  dire  quelques  mots  de  ces  redevances  que 
nous  retrouvons  dans  nos  mœurs  actuelles,  nous  devons 
parler  de  quelques  droits  aujourd'hui  disparus:  d'abord  ceux 
appartenant  aux  évêques  ou  archidiacres,  calbedralicnm, 
circada,  synoduus.  Par  calliodrtiticum,  on  entendait  la  pension 
payée  aux  évêques  par  les  églises  en  signe  de  subjection. 
En  1208,  Renaud  de  Mouçon,  évêque  de  Chartres,  affranchit 
la  chapelle  d'Aigremont  des  droits  de  synode,  de  visite  et  de 
tout  vnUiedi'Hlicuni  ' . 

La  redevance  appelée  circada,  «  visite,  »  était  dans  le 
principe  le  droit  qu'avaient  l'évêque  et  les  archidiacres  d'être 
hébergés,  lors  de  leurs  tournées  pastorales ,  par  les  curés  et 
les  maisons  religieuses,  Dans  la  suite,  ce  droit  fut  converti  en 
une  redevance  fixe  ;  elle  tirait  son  nom  du  mot  civcumirc,  qui 
rappelait  la  visite  diocésaine,  objet  de  la  pi'ostation.  Circada 
avait  le  même  sens  que  l'expression  parala,  qui  s'entendait 
des  frais  préparés  pour  la  réception  des  envoyés  royaux  et 
des  officiers  publics.  Aussi,  dans  une  charte  de  Ragenfroi, 
évêque  de  Chartres,  de  l'année  949  environ,  trouve-t-on  cette 
désignation,  circadas  qiias  alii  parai  as;  nominant  [Cart.  de  N.-D. 
de  Chartres,  I,  p.  81). 

«  Le  synode,  »  synodiis ,  était  la  taxe  imposée  aux  ecclé- 
siastiques que  l'évoque  réunissait  cliaque  année  en  synode 
au  siège  épiscopal.  Cette  taxe  représentait  une  partie  des 
frais  faits  par  l'évêque  pour  la  réception  de  ceux  qu'il 
convoquait  :  qu'ils  vinsssent  ou  non,  tous  devaient  personnel- 
lement cette  redevance.  Cependant,  nous  voyons  qu'en  1195, 
Gui,  seigneur  d'Auneau,  s'engagea  envers  les  religieux  des 
Moulineaux  à  payer  chaque  année  le  synode  sur  les  cens 
qu'il  recevrait  à  la  fête  de  Saint  Rémy  -. 


^  Ah  omiii   synodo    cl  ciirada   el  ah   omiii  cathcdrnlko  et   ah  omnibus 
consuetudinihus  cl  cxaclionibus  (II.  o3;](>). 

-  Doiiiiiius  caslclli  irddcl  synodum  siu//iilis  annis  de  ccnsibus   qui  suul  iid 
f'estum  Sancti  HcMifjii  {Cart.  des  Moulineaux,  p.  4). 


—  22:5  — 

Panrii  les  droits  réservés  aux  curés  et  aux  ('tablisscuicuts 
rt'lij4:i('ux.  uous  en  aMins  reconnu  princiitalcnieut  deux  (|ui 
sont  touibé's  eu  «h'suetude.  Le  premier  est  appelé'  nlluir, 
tilluriiiiit,  nlhiliiifiiiin,  el  une  cliarte  de  lir>7  nous  apprend  (pi'il 
(•(lusislail  parfois  dans  les  <iinies  {\v<.  a^nieaux ,  des  eoclious  de 
lail,  du  lin  et  du  chanvre  altrihiK'es  au  prêtre  '.  Faut-il  donner 
toujours  un  sens  aussi  étendu  au  droit  d'aulel?  Nous  ne  le 
cro\ons  pas.  ci  peut-être  doit-on  seulenu'ut  s(uivfiit  le 
consid('rer  coiunie  synouNiur  de  vimlriiifinni.  \rvs  l(»2it. 
Allier! ,  lils  du  \i(laiiM'  de  Chartres,  veui  (pic  les  pi-êti-es  de 
("halcaUfhin  aient  le  casuel  et  les  odVaiidcs  pendant  tout  le 
cours  de  raunc'e  *. 

Le  second  droit   dont   uous   voulons  parler    est    celiu    de 

morta^^e  »,  inort.K/iuiii.  qui  se  jiayait  aux  éirlises  sur  les  leg-s 
laits  par  les  défunts.  An  mois  d'août  127S.  les  h'jireux  du 
Grand-Heaulieu  exemptent  (iuiard  de  Villeia\ .  leur  hôte,  de  la 
redevance  dii  inortage  qu'il  devait  à  cause  de  sou  héher<j:e- 
uient-'. 

«  Les  ofï'randes  »,  oliln/ioiifs,  existent  encore,  volontaires, 
il  est  vrai,  tandis  ([u'ii  certains  jours  elles  ("taient  oliliyatoires 
au  Moyen  A^e  :  elles  étaient  alors  beaucoup  plus  importantes, 
et  excitaient  de  fréquents  et  longs  procès  entre  les  moines  et 
les  prêtres  séculiers.  Les  plus  considi'rahles  se  faisaient  aux 
^■\l\^[  fêtes  aniinelles,  No(d ,  TEpiplianie.  la  l'urilication , 
l'à(pies  et  la  l'oussaint*.  Elles  consistaient  <'u  |)ains,  appelés 
jtniirs  i-oiisiiliii'(iijiiiril.  (pii  ('laieiit  pi"ésent<''S  le  lendemain  de 
iS'oid,  le  lendemain  de  i'âcpies  et  le  jour  de  l'Ascensioir,  les 
prenders  ajipcdés  ('paiement  torti-lli ,  ji;uics  Kitli-mlurii ,  ceux 
de  lAscension  nommés  parfois  y^/z/cs-  Ilot/.-i/ioniiiii  (Ari'li.ili'  In 
Mtiison-lHiii  ilr  a/ni/rniiiliiii ,  p.   l-'U));  en  chandelles  de  cire 


'  lirllijiiit  ijHi-  nlliiiid  jii'rlinriil,  jure  sticrnli)liili\  slruli  (ii/m>s  cl  poirflli>s,  ri 
ileciiiinm  Uni  el  cliniirn'  J'jtrl.  tir  A.-/',  dr  ('.liaiirrs,  1,  |i.    H»."»). 

^  lliihranl  tilliiir  ri  itffrieinhis  prr  rirruliim  aiiiii {(liirl .  dr  Sl-l'èn\  |i.  'i\''2). 

••  Ah  unrir  sru  srrriliilr  wiirluiiii  nilioiie  hrrhvri/iimrnti  .\ui  ((i.  ïi'.C»!li. 

*  hr  iihliiliiiiiihus  ({iir  In  \  fr.sl  if  liai  Unis  iniiiiKililnix,  in  \'iiliviltilr  srilirrl. 
Tliriiiilitiniii ,  l'iiiiliriilionr  Sunrlr  Mnrir ,  l'asiha ,  (hnniuw  Siinrlorum 
jrslirildtr  iilfriunlur  <('.uil.  ilr  Sl-I'èir,  |i.  (il:ii. 

'*/><•  piinihits  consurlii(linaiiis,  qui  in  niistinn  Mnlirilulis  iloniinnr  m 
ciiislimt  sttnrtr  l'iisrhr  rt  die  Ascensiunis  himiini  siail  idilnli  di.  iiUJU 


—  224  — 
dues  particulièrement  aux  cinq  fêtes   de    Pâques,    de    la 
Toussaint,  de  Noël,  de  la  Purification  et  de  l'Assomption  ;  — 
en  toisons  de  brebis,  etc. 

Lorsque  Gontier,  comte  du  Voxin .  donne  à  rabbayo  de 
Saint-Pèro  Tég-lise  do  Liancourt,  au  mois  de  février  1055,  il 
spécifie  parmi  les  droits  attachés  à  cette  église  la  chandelle, 
le  pain  et  la  sépulture^  Ce  droit  do  «  sépulture  « ,  le  même 
qui  se  perçoit  aujourd'hui  pour  les  enterrements,  est  en  effet 
souvent  cité.  Plusieurs  chartes  prouvent  qu'il  était  propor- 
tionnel à  l'âge  et  à  la  condition  des  défunts.  En  1080,  Foulques, 
en  donnant  à  l'abbaye  de  Saint-Père  le  tiers  de  l'église  d'Arrou, 
ne  lui  abandonne  que  les  sépultures  de  quatre  derniers, 
c'est-à-dire  celles  des  enfants  baptisés  -.  La  même  charte 
indique  un  autre  droit,  nvchadiuni^,  qui  s'appliquait  aux 
revenus  des  «  troncs  ». 

En  1163,  le  curé  d'Orchaise  atteste  qu'à  lui  appartient 
l'offrande  des  femmes  lors  de  leurs  relevailles,  l'offrande 
aussi  faite  par  la  nouvelle  mariée  lorsqu'elle  vient  entendre 
la  messe  le  lendemain  de  son  mariage  *.  -- 

Tout  le  casuel  appartenant  aujourd'hiti  aux  églises  se 
trouve  rapporté  dans  les  chartes  énumérant  les  droits  des 
curés  de  Saint-Sauveur  et  de  Saint-Martin  de  Bellême  :  on  y 
voit  des  redevances  supprimées  depuis,  comme  celle  pour  les 
confessions  de  Carême.  En  1127,  le  curé  de  Saint-Sauveur 
reçoit  de  Jean,  évêque  de  Sées,  la  liberté  de  percevoir  le 
tiers  des  offrandes  et  les  messes  d'obit,  et  la  moitié  des 
confessions  do  Carême,  et  toutes  les  autres  prières  faites  pour 
les  infirmes  et  les  défunts'.  Vers  1185,  Lisiard,  évêque  de 
Sées,  déclare  qu'au  curé  de  Saint-Martin  du  Vieux-Bellême 
appartiennent  les  deniers  des  fiançailles,   et  la   quête  du 

'  Candelam  et  panem  et  sepidturam  hominum  ibitlem  habitantium  (Cart.  de 
St-Père,  p.  200). 

-  Sepnltuvam  II U  denanorum ,  scilicet  pueromm  albalorum  {Cari,  de 
Sl-Père,  p.  208). 

••  Medietatem  archadii  ipsius  ecclesie. 

*  Ohiadouem  mulieris  que  purificfila  est,  ohiationem  cum ,  pust  cch'hrtiliis 
iiuptias,  die  crastina,  nora  sponsa  adreiiil  ad  missam  {Cart.  Blésois^  p.  159). 

■'  Tulam  (eiriam  jiartciii  idddtiimutn,  et  priratas  missas  defuncloruiii ,  et 
diinidids  e.otifessioiies  Qundnif/esime.  el  ceteras  niniicx  iufiniiorum  et  omnes 
urationea  mortuorum  {Cart.  pour  le  Perche,  p.  12). 


22r) 


(limancho,  ot  l'arfronf  et  la  cliamlclb'  des  hapjAiiios.  o{  l'artrf'nt 
i'[  le  i)ain  des  relcvailli'.s'. 

Une  charte  do  11-15  nous  fail  cniiiiailri'  deux  rcdcvaiici'S 
aiijoiii-dliui  coMiplètoinont  dispanics  du  casnol  dos  orclôsias- 
li(|iii's.  l.'nûQ,  peni,  consistait  dans  rollraiidc  laite  an  protro 
ponr  la  lj(''nô(Iiction  dn  mantoan  (jnc  le  V(»yajj:onr  oniportait 
pour  sa  route;  l'autre .  rcffriin  niDrliinrimi ,  nous  seinhlo 
concerner  la  l'c'-rectinn,  je  repas  dn  an  prèti'e  après  l'enlei're- 
nn'ut  -. 


Nous  avons  Aonln  imns  en  tenir  ;i  notro  profiTaniUM"  et  no 
nous  occuper  (pie  ii^^^-  redevancos  proproniont  dites,  c'osl 
donc  vidontairenieiii  (pie  nous  n'avons  i-jeii  dit  des  aniondos, 
l'rrdiini,  l'oi'isl'nctunt,  appliquées  si  souvent,  et  parfois  si 
arl)itraireinent .  sinon  ]iar  les  seiiiiieurs,  au  moins  par  leurs 
(jlliciers.  C'était  d'abord  la  viniri;/,  ajjpartenant  au  viiiuier, 
la  si'i'fjrntoriii,  hnnuatria,  ilistri<-turn ,  droits  dos  serj^onts  de 
l'aire  les  citations,  d'arrêter  les  d(''liu(piants,  de  percevoir  les 
amendes,  'l'ont  cela  r(''snltait  du  (iioii  de  '(Justice  ».  jiistii-iu, 
apparteiiaiii  au  seiu'uour  suzerain ,  ot  nos  chartes  nous  tout 
connaître  les  cas  princi[)aux,  où  dt'vait  s'exercer  cette  justice 
et  oîi  ramondo  était  i)orcuo  ])ar  le  seigneur:  ////•.  lilra.  ■  le 
vol  »  \  iiimn/iiiiii ,  «  rincon<iio  »:  nijtfiis,  «  le  rapt  »  <»u  <(  le 
viol  "  ;  iiiiinlnini,  hoiiiii-idiiini,  «.  l'assassinat  »,  «  riiomicide  »  ; 
suniinis.  H  lo  sang- réjjandu  »  ;  cm-is,  le  meurtre  do  renl'ant 
dont  une  l'eiiiiue  est  enceinte;  diicllum,  «  h»  duel  »,  ramondo 
(jne  devait  la  partie  vaincue. 

Ce  n'(''tait  i»as  là,  ;i  pioprciueiit  parler,  des  redevances, 
pnis(pn'  c'était  rexpialioii  de  crimes  (Ui  de  (h'iits,  mais  ces 
amendes  n'en  posaient  pas  nndns  lourdement  sui"  lo  tonancioi". 
\  ces  ('poipios  aux  imours  rudes  et  hiaitalos.  les  (pu'i-elles, 
!(.<  \<>iiu-,.;,iice.s  étaient   rr(''(pn'ntes  :   aussi   la  .justice  ('tait  un 


'  hrniirios  p.r  sponxnliliiis .  ri  in  fliv  dinninirn  iliiitiiluni  tir  niiilntr, 
tlniiii  luiii  l'I  ciiiitiriniii  liiijiliziilni  uni ,  ri  ilrnm  iiiiii  ri  jinunii  piii  ifiralimiis 
(Oui.  jiinir  Ir  l'rirlir,  \t.  'lih, 

'  r'oH/m/oHc.v ,  prnis ,  iiu/ilius,  irronrilinlioiirs  nmliriiini,  ituiiinuis  ilr 
nnilnlr,  rrl'rrlioiirni  moiiuornm  H'iiil.  ilr  Monlirniiiirii,  \\.  ."l'.l  . 

r.  XII.   M.  15 


—  22r,  — 

(les  droits  dont  les  seigneurs  se  iiioiilraieul  le  })lus  Jaloux, 
non  pas  seulement  à  cause  du  prestige  justement  assuré  au 
pouvoir  de  condamner  ou  d'absoudre,  mais  bien  aussi  à  cause 
du  prolit  (|ui  [tour  eux  résullail  des  amendes,  don)  la  valeur 
était  laissée  à  leur  bon  i)laisii'. 


•J-^l 


TAIU.E    ALPIIAP»F/ri()[  1^: 


DES   niVERSES   liEDEVANCES 


A-rraria.  l.Sl». 

\i.lia.  220. 

\ltarium,  altaro,   altalap^iuni, 

223. 
AiiKaiia.  21.3. 
ArcliadiuMi,  22k 
Astala.niuin,  v.  Stala<.fiuni. 
Aiixiliiun,  212.  21  i,  218,  210. 
Avi-nai^iuiu,  202. 
Hamicaiia,  l'.Ki,  22.'». 
Haira^^iiuii,  IS'.I. 
Midi'iiiiiuiii.  ISd. 
liiciiiiuni,  Biaiiimm,  Bicf^^iiiiiiii, 

IHl),  2U,  215,  21G. 
Hladfa.Lciuiii.  v.  Mcstiva. 
Hnissclaj^iuiii ,     Hi)t'ssalaiiiiiii  . 

18Î),    li>'K 

M(»ta},nimi,  li).'). 
H(»vaj.,'iiiin,  18'f,  1X.'>. 
liri'iiiiaLri'iin.  205. 
Hurdi'sa^iimi,  182. 
/hisrlutfjf,  1H5.  2(M). 
(laia},'iiiiii.  v.  l'orUiajJi'iMiii. 
(laiiijiais,  (•anijtii)ai's .   canipi- 

parta^nuiii.  1X2.  1X7,  |ss,  1X!>, 

213. 
<  laii.iliiisiiilii,    lX(i. 
Oaiid.'la.  22 1,  225. 
<'.apita}.!:iiuii,  v.dciisiiscajiifajis. 
Caniaticiiiii.  7.  8. 


Callicdraticuni,  222. 
Cava5,nuiu,  v.  d'iisiLs  capitalis. 
Cavalcata,    caballicalin,   21(), 

217. 
Ccnsus,  181,  182,  183,  r.)(J.  222: 

—  ccnsus  capitalis,  182. 
Chantclaji^iiini,  18i»,  li)5. 
Ciiairt'imn,  207,  213,  21 'k  215. 

21(i. 
C.Iiauiifoita,  v.  (iiictuni. 
Circada,  222. 
Commcndisia,  commendalilia , 

20(). 
Coiidiu'tiis,  20(i. 
('(Hifcssioncs,  22k  225. 
C<trnai,^iuin,  185. 
OnTafaj^iuin,  189,  l'.»3,  l'.(5. 
(liinudiuiii,  V.  Paslus. 
Corvida,    c(irva<.,^i;i',    corvata, 

18!),  20(»,  2()!l,  211  ,  212.  213, 

21k  21 C,  2 IX. 
(lriaii:iiiiii,  lîli. 
Daiif^'^ciiiiiii,  i'.t'.i. 
D.'ciiiia,  IXk  1X5,  IXC,  1X7,  IXX, 

IX'.),   l'.)'i-;         décima  ^'•l'ussa. 

IX'f,  IXX;  —  ([.•ciiiiaillata,lX7; 
dcciliia   miiuita,  IXk    ISX; 

—  drciiii.i  de  iÉiivalil»us,  IXi, 
lX(i  ;  —  décima  miiiierata . 
1S7;  décima     relicta     iii 


—  228  — 


campis,  187  ;  —  tractus  deci- 

mœ,  186. 
Diablagium,  189. 
Districtura,  183,  22.5. 
Eniinagium,  202,  203. 
Equitatus,  v.  Cavalcata. 
Escoblagium,  201. 
Espallagiuni,  201. 
Excubia,  v.  Guotum. 
Exercitus,  v.  Expeditio. 
Expeditio,  216,  217,  218. 
Exitus,  V.  Pedagium. 
Fabiacum,  fabarium,  185. 
Farinagiiim,  v.  Molta. 
Fenagium,  194,  203. 
Fenestragium,  193. 
Festagium,  fetagium,  189,  190. 
Feuagium,  foagium,  182,  183, 

189. 
Foragium,  195,  196. 
Forestagium,  201. 
Forisfactura,  v.  Fredum. 
Fornagium,  furnagium,  198. 
Forragium,  v.  Redecima. 
Fredum,  225. 
Frescennagium ,      friscinga  - 

gium,  185,  186. 
Frumontagium,  185. 
Gaitagium,  v.  Guetuin. 
Gallinagium,  202. 
Ganni,  183. 
Garda,  189,  218. 
Gestum,  204. 
Griaria,  Griagium,  199. 
Guetum,  189,  218. 
Havagium,     Havadium.    189, 

202,  203. 
Herbergagium,  204. 
Hostis,  216. 
Imprunctus,  207. 
Jnlaie,  Jaugeage,  195. 
Jundragiuni,  196. 
Lenticulariuin,  185. 
Leuduiniic,  183. 


Levagium,  doliorum,  194. 

Lignagium,  199. 

Linesium,  186. 

Mnraigi;  193. 

Mareschaucia ,  marescalciata , 
203. 

Melagium,  202. 

Mensuragium,  189,  193. 

Messio,  V.  Mcstiva. 

Mestiva,  185,  187,  189. 

Minagium,  193. 

Molneragium,  v.  Molta. 

Molta,  molitura,  moltura,  mol- 
turengia,  multiira,  189,  196, 
197,  198;  —  molta  quœsita, 
197;  —  molta  non  qiisesita, 
197;  —  moulte  sèche,  197;  — 
moulto  mouillée,  197. 

Monacatus,  205. 

Monnagium,  v.  Molta. 

Mortagium,  223. 

Motanagiun?,  200. 

Multonagium,  186. 

Numeragimii,  188. 

Oblatœ,  obliatœ,  182. 

Oblationes,  223,  224. 

Ordeacum,  185. 

Paagium,  v.  Pedagium. 

Panes  consuetudinarii,  223, 225. 

Parata,  201,  222. 

Pasnagium,  pasnadium,  pas- 
naticum,  200. 

Passagium,  192. 

Pastus,  189,  204,  206. 

Pavagium,  189. 

Pedagium,  189,  191,  192,  195. 

Pora,  225. 

Perandinatio,  v.  Brennagium. 

Perreya,  v,  Ponderagium. 

Pertuisagium,  195. 

Pisiacium,  185. 

Plat(>agium,  189,  192. 

Plessagium,  200. 

Plumbata,  v.  Ponderagium. 


l'onderagluni,  181»,  VXi. 
Pontina^Muiu,  IK'J,  19:.'. 
Portua^'uiiii,  l«ll,  1U2, 
Pm-da,  21. 
l'rt'ssoragiuiu,*r.»i. 
Primilkf,  IHi. 
Procuratio,  189,  2<U,  205. 
Piuifirationes,  224,  225. 
(Jnadii^^aj^^iuiii,  18!t. 
tjuarragiiiiii,  v.  Cliarrciuiu. 
(Jufsla,  211. 

liachatum,  v.  Relevatio. 
lit'dt'cinia,  18tj. 
Hfk'vatio,  183,  18i. 
Hi'Miaiirntia,  2<J7. 
l{estalai,àum,  203,  204. 
Koga  coacta,  207. 
Hotaj^ium,  rotaticum,  180,  lîKi, 

20<). 
Sala},'ium,  18!>,  1!)3. 
Sopultura,  224. 
Serjonteria,  225. 
StalaKinia,  18'.),  I'.l2,  l'.)3. 
StipulaLciuiii,  201. 
Siibniùiiitio  saccoruiu,  2o2. 
Suporcensus,  182. 
Synodus,  222. 


Tabiînia^iuiii,  18'.  t. 

Tallia,  185,  181»,  l'.if,.  2(ili,  21(i, 

211,  21»;.  218,  21'.». 
'rfloiii'imi,  tt'loiifiuiii,  1S5,  UH). 

l'.»l,  l'.»2,  l'.»i,  I'.m;,  211. 
TcnsamtMituiri.  20<;. 
Tercola^'iuiii.  r.»'K 
Toiraf^iuin,     k'rradiuin ,     185, 

18'.»,  205. 
lolla,  tolluia,  18'.»,  207,2o'.i. 
Tonleium,  v.  Ti'loneuni. 
Transvorsurn ,  traversus,  18!», 

1!)2. 
Tyrociuiiim,  v.  Cavali-ala. 
Vacfa{.îiuiri,  185. 
Vondagium,  v.  Ventœ. 
Vcnditioncs,  v.  Ventœ. 
Vcntii',  183. 

Viaria,  viatoria,  l'.»5,  l'Jf). 
Vicaria,  l'.»H,  211,  225. 
Viciacum,  veciacium,  185. 
Villena^ium,  183. 
Viiia^num,  11»5. 
Viiidt'iiiia^''iuin,  r.ii. 
Vindraf,'iniii,  222. 
Vinericia,  v.  Cliarreiuni 
Vullagiuni,  IIM). 


Lucien  Merlet. 


m  DOCUMEiNT  DU  XF  SIÈCLE 

CONCERNANT  LA  BEAUCE 


Parmi  les  pièc(?8  justilicaiives  d'un  livre  assez  récent,  qui  a 
pour  titre  :  Cninpngne  des  Anglais  dans  l'Orléanais,  la  Beaiiee 
chartraine  et  le  Gàlinais  (1421-1428)  \  j'ai  été  heureux  de 
retrouver  un  document  que  j'avais  vu  autrefois,  et  qui 
m'avait  paru  alors  assez  important  pour  désirer  qu'on  l'insé- 
rât dans  nos  Bulletins.  Je  ne  sais  quelle  préoccupation 
m'avait  fait  perdre  de  vue  ce  projet;  nKiis  en  rencontrant 
naguère  à  nouveau  cette  pièce  historiqu(^  il  me  sembla, 
comme  la  première  fois,  qu'elle  avait  pour  l'histoire  et  pour 
la  géographie  de  notre  pays,  une  importance  capitale,  et  que, 
dans  nos  Procès- Verbaux  ou  dans  nos  Mémoires ,  elle  serait 
à  sa  place  mieux  que  partout  ailleurs.  De  peur  d'un  nouvel 
oubli,  j'ai  aussitôt-copie  ce  document,  je  l'ai  annoté,  et  c'est 
lui  que  je  présente  aujourd'hui  à  l'appréciation  de  notre 
Société. 

Ce  court  préambule  suffit  pour  faire  comprendre  que  je 
n'ai  point  la  prétention  d'apporter  un  document  inédit.  Il 
s'agit  en  effet  d'une  pièce  connue  dans  l'histoire  de  France 
sous  le  nom  de  Lettre  du  comte  de  Salishury  aux  Maire  et 
aldermens  de  la  cité  de  Londres;  ou  plutôt,  ce  qui  nous  inté- 
resse, c'est  moins  cette  lettre  elle-même  qu'une  liste  (pii  lui 
est  annexée,  et  qui  contient  le  nom  des  villes  que  le  cajji- 
taine  anglais  se  vante  d'avoir  emportées  de  vive  force,  sur 
les  troupes  de  l'infortuné  Charles  VII.  La  lettre  n'a  pour 
nous  qu'une  importance  secondaire  ;  mais  la  liste  nous  inté- 


<  Par  .M'i«  Amicif  do  Villarct,  1(18  |i.  iii-S".   II.  Ilnliiisoii,  Orléans,    1S03. 
N"  1,079  de  la  Bibliothèque  de  la  Soc.  archéol.  d'E.-ct-L. 


—  •2M  — 
resse  au  premier  chel'.  |iiiis(jiic  sut- :;s  imiiis.  'Jl  d  |i('iil-otre 
nièiiie  22  ou  2'.i,  appartieiiiiciit  au  territoire  couipris  auj«>ur- 
d'hui  dans  le  il(''pai'teiiieiit  d'I^ure-et-Loir '. 

('ell(^  liste  ai'K'  publiée  polU"  la  preuiièfe  lois  par  M.  .iules 
Delpit,  dans  lu  C.olh'i-tion  f/rmh'nh'  drs  tlociinirnls  l'rnnrnis  i/iii 
sff  troiivriif  l'ii  Aiii/Irtcrrr  (p.  2^37).  M.  Aut;.  Louirnoii,  arclii- 
viste  aux  Archives  iiati(»nales,  la  lui  a  ciiipi-untc'e  pour  son 
savant  nu-moire  sur  /.rs  limites  tir  In  hriinn'  (Revue  des 
(piestioiis  hislori(|ues.  Octoijre  187."),  p.  1.S7).  M""  A.  de  \illa- 
ret  l'a  donnée  en  pièce  Justilieative  dans  la  Cun/ini/iio  tli's 
Aiii/lnis,  (p.  1 12  .  Il  ne  sei'ait  donc  ni  \rai,  ni  loyal  de  vouloir 
attriliuei'  à  cette  |»i('ce  la  saveur  de  rini'dit.  Si.  ajiri's  les 
trois  pul)licali(ins  pré'cc'dentes.  j'en  i)ropos(>  uiu-  (piati-ii-mo, 
c'est  ipic  c(dle-ci  sera,  non  jias  //'/  iisinii  Iicliihinl,  mais  .id 
iisii/ii  (  '.nriiiilriisitiin,  c'est-ii-dirc  (pi'illc  sera  laite  il  un  point 
de  \  ne  exclusivement  local,  et  iwvo.  des  annoiatioiis  qui  ne 
peuvent  a\oir  d'intérêt  ({ue  pour  ^Ir^  ('liai'li'ains. 

M.  Loui^non  a  cherché'  à  ideutilier  les  noms  de  celle  liste, 
(pu  sont  presque  tous  d(''liiiur(''s  et  mécounaissahles  dans 
l'original.  Son  expérience  de  paléograijhe  l'a  heureusement 
servi  dans  ce  dillicile  travail,  et  il  faut  dire  à  sa  louaufre 
(pi'uu  étranger  à  la  lieauce  ne  poM\  ail  ]ias  l'aire  mieux.  Tou- 
lefois,  sans  Miuloir  mettre  en  |)aralléle  mon  incompétence 
en  jiareille  matil-re  avec  la  science  de  ce  niailre  consommé, 
je  me  permets  de  conirôh'r-  plusieurs  de  ses  identilicalions, 
d'eu  contredire  quelf(ues-unes,  et  d'émettre  des  doutes  sur 
d'autres.  La  partie  neuve  de  ce  travail  consiste  donc  dans  les 
commi'Utaires  doui  Jaccomiiaj^'iie  la  plupart  des  noms  de 
cette  liste. 

l'oiii-  remire  ;i  cliai'im  ce  (pii  lui  esi  di'i,  sans  confusion 
|iossil)le.  j'ai  adopté-  la  disposition  suivante.  I-]ii  [uemii're 
ligne,  soid  les  noms  tels  (pi'on  le^  jji  dans  rorJLjinal  anglais; 
les  |»ai'entliéses  accoh'cs  ;i  plusieurs  de  ces  noms  sont  l'fiMivre 
de  M.  LoMLîiion,  (jiii  redresse  ainsi  rim'orreclioii  du  prender 
copiste,  j'ji  regai'd  sont  les  noms  modernes  a\ec  lesipnds 
M.    Longufui    croit     jjouvoir    ideutilier    les    n<uns   du    texte 


'  La  Irftrr' (!<■  S.iiisliiiiv  ii;i\.iiil  |i;i>- iiii  r;i|i|i(iil  ilm-cl  avec  Ir  |Pi("-riii  iim  iiiiiirf, 
ji-  n'ai  |ioiiil  II  II  ili-Miir  fs  iiisriri' ;  iiiai>  iihiiiik'  il  <-s|  tait  alliiNinn  |i|iisiriti-s 
Ibis  à  (clir  ji'tlrc,  mi  la  Iroiivria  f.'ii  appciMiicr',  sons  ioriiu'  dr  |ii<''ti'  jnsliliiativi'. 


232  — 


anglais.  Avant  chaque  nom,  j'ai  placé  un  chiffre  auquel  cor- 
respond on  note  un  chiffre  semblable,  sous  lequel  se  trouve 
Tobservation  que  j'ai  cru  devoir  faire  sur  le  bien-fondé  de 
l'identification  proposée,  pour  Tappuyer  ou  la  combattre, 
selon  mon  appréciation  personnelle.  Le  lecteur  appréciera  k 
son  tour;  ayant  ainsi  sous  les  yeux  les  pièces  du  procès,  il  lui 
sera  facile  de  formuler  son  jugement,  qui  pourra  bien  n'être 
en  faveur  d'aucun  des  deux  interprétateurs. 


1.  Nogent-le-Roy. 

2.  Sacha-Nœf. 

3.  Movmteney-Ie- Gavoron 
(Mounteney-le-Ganeron) . 

4.  Mono  (Meno). 

5.  Laffarte,  Veemillc  (  Laf- 

ferté-Veenulles), 

6.  Seint-Simond. 

7.  Percheras. 

8.  Larey  ne  ville. 

9.  Machevillc. 

10.  Patoye. 

11.  Euville  (On vile). 

12.  Envyle. 

13.  Laposott. 

14.  Towdy  (Towry). 

15.  Basscosse-la-Galarand. 

16.  Prapcryc. 

17.  Harteney. 

18.  Saint-Ely. 
lii.  Emondvillc. 

20.  Introvillc  (Intrcville). 

21.  Roveray,    Seint  -  Dcnys 

(Roveray-Saint-Dcnis). 

22.  Aleyit  (Ablyt). 

23.  Rochofort. 


Nogont-le-Roi  (Eure-et-Loir). 
Chàteauneuf-en-Thimerais  (E.-ct-L.). 
Montigny-le-Gannolon  ( Eure-et-Loir). 

Manon  (Eure-et-Loir). 

La  Ferté-Villencuil  (Eure-et-Loir). 

Samt-Sigismond  (Loiret). 

Porcheresse,     château,    commune    de 
Saint-Sigismond. 

Renneville,    h.,   commune    de    Saint - 
Péravy-la-Colombe  (Loiret). 

Marchéville  (Eure-et-Loir). 

Patay  (Loiret). 

Honville,   commune   de    Boisville-la- 
Saint-Père  (Eure-et-Loir). 

Houville  (Eure-et-Loir). 

Le  Puiset  (Eure-et-Loir). 

Toury  (Eure-et-Loir). 

Bazoches-les-Gallerandes  (  Loiret) . 

Poupry  (Eure-et-Loir). 

Artenay  (Loiret). 

Santilly  (Eure-et-Loir). 

Ymonville  (  Eure-et-Loir  ) . 

Intrcville  (Eure-et-Loir). 

Rouvray-Saint-Dcniis  ( Eure-et-Loir). 

Ablis  (  Seine-et-Oise  ). 
Rochefert  (Seine-et-Oise). 


24.  Bruk'court.  Bivlciicourt,  coiunnini'  de  Saiiit-Martin- 

dt'-Brék'ncourt  (  Sfiiif-f t-Oisi'). 

25.  Lanioti'-do-.Mcrcoyc.  

26.  .\nij^'t'rvill<'  -»la  -  Gati*    Anj^t.'rvillc  (Sfiuc-ft-Oise). 

(.\iiii^'fi-yiHf!. 

;.'T.  Etrt'villt' (Otrt'villi'i.  <  (yiicvillc,  liaiiir.ui  il  .Vii^'t-ivillf    Scine- 

ot-(  )is('). 

2S.  Saiiitt'lyoïî  iSaint-El  [erj    Saint-Ililarinn  |Sc'iiic-et-Oiso  i. 

you  ■.'  ) 

21).  Ti'veinc  (Tevernon).  Tivernon  (Loiret). 

3<>.  Terinenerys.  Terminiers-en-Bi-auce  (Eure-et-Loir). 

3L  Sowche.  Soug:y  (Loiret). 

32.  Nowy.  Neuvy-en-Boauce  (Eure-et-Loir). 

33.  Gratelync.  

3t.  Cranys  (Tranys).  Troy^ny,  conuiiune  d'IIutHre  (Loireti. 

35.  Cran j,'re ville    (Tranj^^re-    Trancrainville  (Eure-et-Loir), 
ville). 

3().  .Mansuflera.  La  Mancelière  (Eure-et-Loir). 

37.  Yenville.  Janvillo  (Eure-et-Loir), 

38.  .Meuu-.sur-Loire.  Meung-sur-Loire  (  Loiret  |. 

1.  .\()^''i'iit-le-H()i.  loinhe  aux  mains  des  Auj^lais  eu  Ik'l.  repris 
par  (liraud  de  La  l^allière  en  1427,  fut  emporté  par  Salisbury  au 
ililuil  de  la  eampayfiie  de  1428,  c'est-à-dire  vers  le  mois  de 
juillet. 

2.  Chàteauueuf  a  partagé  les  différentes  fortunes  de  Noj^ent- 
lo-Roi. 

3.  Monti}^'ny-le-Gaiiiirl((ii.  ^vàvv  à  sa  position  et  à  une  enceinte 
de  nuu'ailles,  était  (•(iiiiiur  une  petite  place  forte. 

4.  M.  l,niij.îiitiii  a  lu  M.iijun  ]i(iur  Mniioii,  (\\n,  je  ciois,  n'est  pas 
en  cause  ici.  11  est  facile  de  voir  (ju  il  y  a  un  certain  ordre  topo- 
^Taphitpie  dans  cette  nomenclature  ;  il  n'est  dune  j^uère  adnds- 
siltle  ipie  le  nom  placé  enli'e  ceux  (le  .Monli^'ny  et  de  la  Kerlé 
indique  une  localité  du  Perche,  h'ailleurs,  on  connaît  l'ilinéraii'e 
■'Uivi  |»ar  l'armée  de  Salishury,  et  le  i'erclie  est  complètement 
en  ileliors  de  cet  itineiaire. 

5.  Le  ti'Xle  orij^Mnal  faisait  deux  places  dilTel-eiites    de    I .iilïitrti' 
t  de  Vccnullc.  M.  Longnon  a  uni  les  deu.x  noms  pour  n'i-n  faire 


—  234  — 

qiruiii' place.  11  est  hors  de  (Idutc  que  I;i  Fcrté-Villoneuil,  alors 
ville  fortifiée,  après  avoir  été  occupée  une  première  fois  par  le 
roi  d'Aug'leterre  en  1421 ,  fut  prise  de  nouveau  en  1428  par 
Salisbury.  (Histoire  de  Charles  VII  par  Vallet  de  Virville,  I, 
p.  273.) 

6.  L'auteur  do  la  liste  a  écrit  ce  nom  tel  qu"il  l'avait  entendu 
prononcer  par  les  habitants  du  pays.  On  dit  encore  aujourd'hui 
plus  fréquemment  Saint-Simond  que  Saint-Sigismond,  qui  est 
le  nom  authentique. 

8.  Dans  son  savant  Mémoire  sur  le  Compte  de  l'armée  anglaise 
au  siège  d'Orléans  (1428-1429)  M.  L.  Jarry  propose,  au  lieu  de 
Bciiiwvillc,  La  Rai n ville,  paroisse  de  Villampuy,  qui  avait  alors 
château  et  tour  fortifiée.  (Mémoires  de  lu  Société  archéologique  de 
l'Orléanais,  XX II I,  p.  514.) 

9.  Le  môme  auteur,  loco  ci  tut  o,  propose  de  lire  Machelai  mille, 
commune  de  Péronville,  au  lieu  de  Marchéville,  qui  est  en  effet 
bien  éloigné  de  la  Beauce  orléanaise,  dont  font  partie  les  loca- 
lités qui  précèdent  et  qui  suivent.  Machelainville  était  un  manoir 
féodal,  flanqué  de  demi-lunes,  entouré  de  larg-es  fossés.  Un  aveu 
de  1587  dit  que  cette  tour  «  était  une  forteres&ye  renommée  dans 
les  guerres  intestines.»  Quoique  les  fortifications  soient  détruites, 
Machelainville  conserve  encore  quelques  vestiges  de  son  passé  ; 
on  l'appelle  communément  le  «  Chàteau-Rasé  ».  Je  partage 
entièrement  l'avis  de  M.  .larry  pour  cette  identification  et  pour 
la  précédente. 

10.  J'ai  trouvé  dans  des  actes  notariés  de  1550  la  preuve  que 
Patay  avait  encore  fossés  et  murailles  de  défense  au  XVI»  siècle. 
Salisbury,  en  prenant  cette  petite  ville,  était  loin  de  penser  que 
Fannée  suivante,  l'armée  anglaise  subirait  non  loin  de  là  une 
défaite  qui  vengerait  Azincourt. 

11.  12.  Ces  deux  attributions  doivent  être  acceptées  sous  béné- 
fice d'inventaire.  L'armée  de  Salisbury  ne  parait  pas  avoir 
pénétré  dans  le  Chartrain,  et  cette  pointe,  en  dehors  de  la  ligne 
(lui'llc  a  suivie  constamment,  est  d'autant  moins  admissible 
qu'il  n'est  fait  aucune  mention  des  localités  intermédiaires  entre 
la  Beauce  orléanaise  et  ces  deux  villages,  qui  sont  au  cœur  du 
pays  chartrain.  Li^s  noms  de  lieux  terminés  en  ville  sont  assez 
communs  dans  cette  contrée,  pour  que  le  scribe  anglais,  les 
confondant  les  uns  avec  les  autres,  n'ait  écrit  qu'approximati- 
vement  les  noms  qu'il  voulait  consigner. 

13.  Le  Puisct  conservait  encore  à  cette  époque  quelque  cliosc 


lie  cette  foire  qui  lui  avait  permis  dr  tenir  Itni^^temps  en  t-ehec 
larmée  de  Louis-le-Gros.  Mais  sa  i,Mniis(ni  rtait  trop  pt-u  nom- 
ln'fUSf  pour  ivsistiT  à  une  ai'nit'M'.  Salisltuiv.  abusant  df  sa  vie- 
toiic,  lit  pi-ndii^tous  ses  déffusi-urs. 

14.  La  petite  plaec  de  Toury  avait  p(Hir  citnnnamlant  (icrard 
(iii  (iiraud  de  la  Pallit'ic  qui,  lanuri'  pii-ccdcnti'.  avait  ••nlcv»'' 
plusieurs  places  aux  Anj^lais.  Maigri'*'  !^;i  bravoure  éprouvt'i',  il 
prit  la  liiiti'  jutui-  des  raisons  <pic  riustoirc  ne  dnimc  point, 
laissant  la  «jfarnison  à  la  nierc-i  tluii  vainipn-ur  qui  ne  connaissait 
^'uèn'  la  eléniencc.  Toury  ofliit  di-  cajiitulfr.  mais  Salisbury 
préféra  le  IxMubarder  et  le  brùlci-. 

15.  Bazoelifsdes-Gallerandes,  d.KM)  hab.i  canton  dUularvillc. 
arrondissement  de  l'ithiviers  'Loiret). 

16.  l'oupry.  connue  Sanlilly,  Ynionville  etc.,  n'avait  probable- 
ment pas  d"aulre  moyen  de  défense  qu'une  rglisi'  t'ortilit'-c,  s(don 
lexpressicui  de  la  lettre  de  Salisbm-y.  (>ertains  clocbers  de  Heauce, 
tels  que  celui  de  Kouvray-Saint-Denis,  sont  des  tours  massives 
dans  les(pielles  une  poi_t,mée  de  soldats  déternunés  pouvaient 
impunément  résister  aux  elTorts  dune  troupe  ennenne;  mais  ce 
n'étaient  pas  des  obstacles  capables  d'arrêter  une  armée 
entière. 

17.  Artenav,  (l.(J<MJ  liab.i,  chefdieu  de  canton,  arrondissement 
d'(.)rléans. 

18.  Saint-Ely.  Si  le  texte  porte  ce  nom  iMiit  ainsi  m  deux 
mots,  ne  désiti^nerait-il  pas  plutôt  Saint-Lyé  (Loiret),  qui  est  aussi 
jtrés  d'.\rtenay  que  Santilly  ".' 

21.  Houvray-Saint-Denis.  Le  texte  avait  fait  de  Rouveray  et 
de  Saint-DeiMs  deux  localités  différentes.  En  rappidcbant  les 
noms,  M.  Lonu^non  n'en  a  fait  qu'une  ;  celle-ci  devait  Tannée 
MÙvante  être  le  théâtre  de  la  Jonnit'o  des  Havoims. 

22.  Le  premier  copiste  avait  lu  Muyit .  M.  Loniruon  en  exann- 
Mioit  le  texte  plus  attentivement  y  a  lu  Ahlyt  i\\\"\\  traduit  avec 
raison  par  Ablis  |!MI()  bab.)  canton  de  Dourdan.  arrondissement 
de  Mamboniili't  iSeine-et-Oise).  La  prendére  lecture  aurait  plutôt 
senddé  indicpier  .MInyes  (pu  «>st  beaucoM]i  plus  éloij^nie  de  cette 
li.Lrne  d<'s  opérations. 

23.  Hochefort,  (OUO  bab.),  canton  di-  iJourdaii,  arrond.  .|r 
i{and>onillet.  fSeine-et-«  )ise). 

24.  Hretenconit.  .\iijourdliui  S;unt-Marlin  -  de- lUétencourt 
^y'U)  iiab.),  canton  de  Dourdan,  arrondissement  de  |{and»ouillel. 


—  230  — 

25.  Lamote-de-Mercoye.  M""  de  Villaret  écrit  />«  Mnlc  ,■  lautre 
version  seml)le  plus  probable,  quoique  Ton  ne  puisse  appliquer 
ce  nom  à  aucune  localité  connue  aujourd'hui.  Le  département 
d'Eure-et-Loir  compte  16  hameaux  du  nom  de  la  Motte,  mais 
aucun  ne  se  trouve  dans  cette  contrée  de  la  Beauce  ;  le  plus 
rapproché  est  près  de  Bazoches-en-Dunois.  Le  surnom  Morcoyo 
fait  penser  à  Mérasville  (Frasiiay-F Evoque),  à  Mérouvilliers 
{Ymonville)  et  à  Muvvay,  [Guilleville)  '  qui  sont  dans  le  voisinage; 
mais  la  terminaison  ne  permet  pas  de  s'y  arrêter.  Il  est  probable 
qu'il  s'agit  d'une  localité  du  Loiret,  ce  qui  nous  rend  l'identifica- 
tion impossible. 

26.  Angerville,  (L500  liab.)  canton  de  Méréville,  arrondisse- 
ment de  Rambouillet,  a  porté  le  surnom  de  la  Gâte  jusque  dans 
les  premières  années  de  ce  siècle. 

27.  Oytreville  étant  un  hameau  d'Angerville,  il  est  assez 
naturel  de  penser  que  c'est  ce  nom  qui  correspond  au  nom 
Otreville  du  texte  anglais.  Pourtant  ce  nom  pourrait  tout  aussi 
bien  convenir  à  Outrouville,  hameau  d'Allaines,  qui  s'est  long- 
temps écrit  Outreville. 

28.  Saint-Hilarion  près  d'Epernon  me  semble  i?i  peu  admissible. 
Le  texte  porte  Saintelyon  ;  M.  Longnon  suppose  les  lettres  er 
entre  el  et  yon,  probablement  parce  que  l'original  a  une  lacune, 
un  blanc  en  cet  endroit  :  il  arrive  ainsi  à  avoir  Saint-Eleryon 
qu'il  traduit  par  Saint-Hilarion.  Mais  je  crois  que  Saint-Hilarion 
étant  un  peu  loin,  il  vaut  mieux  chercher  plus  près  et  proposer 
Santilly  par  exemple,  Saint-Lyé,  ou  encore  Lyons-en-Beauce 
qui  sont  dans  le  voisinage,  et  dont  la  consonnance  se  rapproche 
de  Saintelyon  autant  que  Saint-Hilarion. 

29.  Tivernon,  (500  hab.)  près  Toury,  commune  du  canton 
d'Outarville,  arrondissement  de  Pithiviers  (Loiret.) 

30.  31,  34.  Terminiers  (Eure-et-Loir),  Sougy  (1.000  hab.)  et 
Trogny,  hameau  de  Huôtre  (Loiret)  se  trouvaient  sur  le  chemin 


'  On  sera  surpris  que  je  trouve  une  cerlaiiu;  ress(!uiblaiic(î  entr(^  Marray  et 
Mercoye.  Je  base  le  r;tp|)rocliein(Mit  de  ces  deux  noms  sur  les  observations  sui- 
vantes. Dans  cette  partie  de  la  lieance,  le  son  cr  est  très  souvent  reniplacr.  par 
le  son  ar  :  on  dit  encore  aujourd'lini  Taimiuiers,  Jarmignonville  pour  Termi- 
niers, Germignonvilk' .  De  pbis  la  terminaison  ny,  ai  s'écrivait  pres(|ue  toujours 
oi  :  il  était.  Nous  en  avons  une  preuve  dans  ce  document  même  où  Patay  est 
écrit  l'aloyc.  Mercoye  peut  donc  très  bien  être  écrit  ici  pour  Marcay  dont  la 
parenté  avec  Marray  est  visible.  11  n'y  a  plus  qu'une  lettre  ijui  dilÏÏTe.  L'écrivain 
anglais  ou  sou  copiste  ont  pu  l'aire  cette  erreur. 


•2'M 


(le  Janvillf  à  Patay.  i-t  par  consL'qufiit  sur  li'  clicmin  de  rariin'c 
aiif^laisi',  foiiiini'  laiinri'  suivante,  ils  se  Irouvèn'nl  sur  le  che- 
min de  Jeanne  d'Ai-c,  l()rs(]n'cllc  rt>eonduisit  pi-t'cipilannni'nt  la 
in('*nie  ai-niée  dç  Falay  à  Janviile. 

32.  Nenvy-ôn-Beauce  nous  ramène  fort  en  arrière,  et  pourtant 
il  est  dillieilc  d'intiTprt'lt'r  autrcnn-nt  le  Nowy  du  texte  anglais. 
Il  est  certain  d'ailleurs  quun  cure  de  Neuvy  fut  pendu  par  les 
Anglais  à  cette  époque;  mais  on  ne  sait  s'il  s'agit  île  Neuvy-en- 
Beauce. 

33.  Aucun  nom  de  localité  beauceronne  ne  rappelle  aujourd'hui 
le  nom  <le  Cratelyne.  La  lin  de  ce  mot  pourrait  faire  penser  à 
Allaines,  mais  le  commencement  ne  permet  pas  de  s'y  arrêter. 

36.  Miinsiillt'ra  ne  se  rajiporte  à  aucune  des  localités  qui  (existent 
aujourdliui  dans  cette  partie  de  la  Heauce.  et  il  vaut  nneux  ne 
pas  ideiitilier  ce  nom  (jue  daller  chercher  La  Mancelière  sui'  les 
contins  de  la  Normandie.  Pt!ut-étre  pourrait-on  y  voir  Le  Mnzti- 
rirr.  mannh-  seigneurial  de  la  paroiss»>  de  Loigny,  qui  est  devenu 
|>ai-  la  suite  des  temps  le  château  de  Goury  ;  nuiis  je  ne  ]iropose 
que  hien  tunidement  cette  interprétation'. 

37.  .lanville  fut  attaquée  par  le  gros  de  l'armée ,  pendant  que 
des  colonnes  volantes  allaient  s'emparer  de  places  moins  impor- 
tantes, (jette  ville  se  défendit  et  se  laissa  h(uuharder.  La  résis- 
tance, orgaidsée  par  Prégent  de  Coétivy ,  fut  acharnée,  si  on  en 
juge  i)ai-  la  lettre  même  de  Salisbury  qui  dit  s'être  appi'oché 
plusieurs  fois  de  cette  ville,  et  ne  l'avoir  emportée  qu'après  le 
plus  fort  assaut  qu'il  vit  jamais.  La  jilace  se  rendit  le  Dimanche 
2U  août  ;  c'est  du  moins  la  (hite  la  plus  jirohahle,  car  les  dates 
précises  des  (q)érations  de  cetti'  can)pagne  n'ont  jxiint  été 
conservées  par  l'histoire.  Les  soldats  qui  défendaii'ut  la  ville  se 
retiièrent  dans  la  tom-,  mais  ils  furent  liientAt  forcés  de  se 
rendre  à  disci'étion. 

L'armée  anglaise  lit  de  Janvilli'  le  centre  de  ses  appitivision- 
nements  ;  mais  le  h-ndemain  de  la  bataille  de  Patav.  les  vaincus 


'  On  III'  doit  poiiil  |iii'iiiln'  lio|i  à  l.i  lettre  ci;  que  je  (loiiiie  coiiiiiie  iiii|tio- 
Itahle  ;'i  i;\n>r  île  réloi.mieiiiriil  île  la  li<,Mie  i|iie  siii\ail  Salisliiii y.  On  |ieiit  ailiiiellre 
en  elli't  i|iie  des  ra|(ilaiiie>  il:-  roiilieis  aii\i|ih'U  on  lai>Nait  nue  certaine  iiiilé- 
|iehilanre  ont  pu,  |iar  un  hardi  i'Oii|i  de  iiiiiii,  s'eni|iai'ei-  de  La  Maiirelière, 
an  délinl  de  la  ram|ta;^ne,  et  Salislmry,  ayaiil  oiililiéde  |ilaeer  ce  iiniii  aii|irës  de 
eeliii  de  (■.liàtiMiiiieiit,  l'a  eon^ij^iié  iii  à  liiiit  liavard.  (l'est  sans  doute  à  eaiise 
dr  l.a  Manielièie  ijiie  M.  h(iii;,'iiiiii  donne  l'Avre  roiiime  |i()iiil  initial  de  retle 
iain|ianiie  loco  rihiln.  \i.  'iH(i.)  Ce  (jiii  est  certain,  c'evi  i|iii'  le  |M'iiici|ial  iHnrl 
des  .\iij{lais  s'est  |iiitiii|ileinenl  poilé  vers  la  Heaiice. 


—  238  — 

s'étant  sauvés   précipitamment   jusqu'à  Janvillo,  les  habitants 
leur  en  fermèrent  les  jjortes. 

38.  Salisbury  ne  s'empara  pas  en  personne  de  la  ville  de 
Meung.  Un  détachement  de  son  armée  alla  chevaucher  de  ce  côté 
dans  les  premiers  jours  de  septembre,  et  la  ville  se  rendit  sans 
résistance. 

Salisbury,  dans  sa  lettre,  parle  de  40  villes  ou  châteaux 
conquis  par  ses  armes  ;  il  n'y  en  a  en  réalité  que  38,  mais  on 
remarquera  qu'ayant  séparé  Saint-Denis  de  Rouvray,  et  Vil- 
leneuil  de  la  Ferté,  il  devait  trouver  exactement  le  nom- 
bre quarante.  Dans  le  nombre  des  38  places  tombées  alors  en 
sa  possession,  on  n'en  trouve  guère  que  5  ou  6  qui  soient 
dignes  du  nom  de  ville,  et  autant  qui  étaient  des  lieux  plus 
ou  moins  fortiliés.  Les  autres  n'étaient  que  des  villages  sans 
défense  dont  la  prise  nous  rappelle  la  réflexion  si  juste  d'un 
de  nos  poètes  : 

A  vaincre  sans  péril  on  triomphe  sans  gloirq. 

A  la  lecture  de  cette  lettre,  les  honorables  fonctionnaires 
de  Londres  ont  pu  croire  que  leur  compatriote  était  un  émule 
de  César  et  venait  de  renouveler  les  exploits  racontés  dans 
le  livre  De  hclJo  r/nllico  ;  la  liste  qu'il  a  dressée  réduit  ses 
hauts  faits  à  leur  juste  valeur,  et  nous  permet  de  conclure 
que  le  capitaine  anglais  avait  la  gloriole  facile. 

Tel  est  donc  ce  document  qui  m'a  semblé  n'être  pas  sans 
intérêt  pour  l'histoire  de  notre  province  beauceronne. 
L'orthographe  plus  que  fantaisiste  des  noms  qu'il  nous  a 
conservés  ne  nous  permet  pas  d'en  tirer  tout  le  profit  que 
nous  aurions  désiré.  Quelques-uns  seulement  de  ces  noms 
sont  reconnaissables  à  première  vue  ;  d'autres  sont  déchif- 
frables après  quelques  recherches,  mais  i)lusieurs  sont  si 
singulièrement  défigurés  qu'où  les  croirait  étrangers  à  notre 
contrée,  si  on  n'avait  pas  la  certitude  qu'ils  n'appartiennent 
pas  à  une  autre. 

J'ai  donné  mon  opinion  à  leur  sujet,  non  pas  pour  contre- 
dire les  interprétations  précédentes,  mais  parce  qu'il  m'a 
semblé  qu'un  beauceron  avait  bien  le  droit  de  dire  son  mot 
dans  la  ({uestion.  lùiliH'  r()[)ini()ii  de  M.  Longnon  cl  la  mienne. 


—  •j:;'.i  — 
quand  il  y  a  dix  t'i'iiciicc.  If  Icciciir  i)(»iirra  choisir:  iinil-rtic 
iiiriiH-  (loniicra-l-il  l<»ri  à  ruiic  <'t  h  raiilro,  en  en  |)r(>i)osaiit 
une  iroisièiuc*  ((u'il  croira  plus  ratioiiiicllt'.  l-]ii  «c  (|ui  inc 
concerne.  Je  ifc  If  troiivei'ai  pas  mauvais,  el  je  serai  uièuie 
reconuaisMant  ;i  cet  heureux  o'dipe,  s'il  veut  hieii  nie  faire 
connailre  hi  solution  ({u'il  aura  iloiiiK'e  à  ces  curieux  ]iro- 
blènies  onoinasti(iues. 

Puisque  l'occasion  sen  prt'seute,  J  a[)p(dlerai  latteiiticui 
(les  Jeunes  travailleurs  de  notre  Société  sur  Iftudf  des  noms 
anciens  (lu  pays  cliarlrain.  ils  uni  eu  des  pr(''curseurs  dans 
cette  voie.  M.  Lucien  Mcrlfi  a  consacré  à  ces  n(jnis  une  de 
SOS  premières  œuvres,  sous  le  titre  de  niclioiinnirc  Iojkxh'h- 
j)lii</iir  (In  (li'jiiii-h-niriil  <l' Hiirc-cl-Luir  '  et  M.  Ed.  Lelevre. 
dans  s(vs  Documents  histori(iues  el  statistiques  sur  les  com- 
munes -  aixtrde  incidennnent  celte  (question  toutes  les  l'ois 
que  le  nom  de  (pielque  localité  se  présente  sons  sa  plume.  •)»• 
connais  ces  onvray,'es  et  Je  rends  Justice  à  leurs  mérites  res- 
pectifs ;  pourtant  Je  crois  qu'autres  eux  il  reste  encore  beau- 
coup à  faire,  et  (lu'il  y  a  lii  une  veine  dont  on  a  commencé 
l'exploitation,  mais  (pii  est  loin  d'être  épuisée.  T'n  diction- 
naire étymoloiii(pie  et  interi)rétatif  des  noms  anciens  de  la 
Heauce  rendrait  les  plus  L;-rands  services, 

Ce  (pli  le  i)rouve.  c'est  l'embarras  où  se  trouvent  tous  ceux 
qui  ont  a  tiaduire  ou  à  commenter  quelque  vieux  texte 
contenant  des  noms  de  localités.  Malgré  toute  sa  science  de 
paleopraplie  el  le  concours  éclairé  de  son  jti're.  (pii  ne  lui  a 
pas  lait  dfiaut.  M.  Kfn('  Mcrlcl  s'est  vu  dans  ce  cas.  lors(pril 
a  publie-  la  l'riiir  i-lifoiili/iir  (II-  /yo/yyvcr.v/ (Mémoires  X.  p.  "JcS). 
Il  donne  en  ap[iendice  le  commencement  du  texte  de  la 
l'rliir  chi-oiiii/iic  où  fourmillent  les  noms  de  localit(''s.  il  a 
i(lentili(''  un  ^raiid  nombre  de  ces  noms,  mais  iiarfois  il  ne  la 
fait  (pi'en  h(''silant.  et  itlusieurs  ont  écha|i|i(''  ;i  toute  identi- 
lication. 

Depuis  les  travaux  de  M.  L.  Mrrlel   el  de  M.  Lef<'\  re.  on  a 
(''dit('' plusieui's  carlulaii-es  (pli  uni  apporte  de  iiou\eaii\  ele- 


'   "J.'ii  \\.  iii-'i".  I';iri^,  iiii|iniiiciii'  iiii|n'ri;i|('. 

-  riil(li('-i  (I.Éiis  h-  \iiiiii,iirc>^  (lu  (i('|(,iilriiifiil  (fKiii('-('l-Lnii'  il''  isiii;i  IS77. 
puis  iiMiiii>  fil  Miiiiiiir.  Olli'  |iiililir,iliiiii  a  t'ir  iiiIrmiiiipiH'  a\aiit  ifrlri' 
coiii|iIi;Il'. 


—  240  — 

ments  à  la  topoi?raphie  ancienne  de  la  Beauce,  du  Perche  et 
(lu  Danois.  Ces  savantes  publications  sont  toujours  complé- 
tées par  des  tables,  où  les  noms  de  lieux  cités  dans  les  docu- 
nienls  originaux  sont  consciencieusement  étudiés  ;  mais  les 
rédacteurs  de  ces  tables  ne  connaissent  qu'imparfaitement 
les  pays  où  sont  situés  ces  différents  lieux,  parfois  très  éloi- 
gnés les  uns  des  autres,  et  comme  ils  n'ont  aucun  guide  pour 
les  diriger  et  éclairer  leurs  recherches,  ils  n'avancent  que 
d'un  pas  incertain  dans  ces  régions  où  les  voies  ne  sont  pas 
tracées,  et  malgré  toute  leur  prudence  il  leur  arrive  de  com- 
mettre de  véritables  erreurs  '. 

Il  me  semble  donc  incontestable  qu'un  travail  approfondi, 
raisonné,  et  autant  que  possible  documenté,  sur  les  noms 
anciens,  serait  un  auxiliaire  très  apprécié  de  ceux  qui  se 
livrent  à  l'étude  des  vieux  textes.  Ce  travail,  du  reste,  sans 
se  borner  exclusivement  aux  noms  de  lieux,  pourrait 
s'étendre  à  tout  ce  qui  fait  partie  de  l'archéologie  topogra- 
phique, aux  lieux  d'habitation  disparus,  aux  limites  desy^v///, 
aux  traces  de  demeures  souterraines,  etc.  La  statistique 
archéologique  de  M.  de  Boisvillette  n'embrasse  que  les  pé- 
riodes de  l'indépendance  gauloise  et  de  la  Gaule  romaine;  on 
pourrait  la  continuer  et  la  conduire  jusqu'à  la  fin  du  moyen- 
âge.  Il  est  vrai  que  certaines  parties  de  cette  statistique  n'ont 
subi  aucune  modification  en  traversant  les  siècles,  telles  sont 
l'hydrographie,  l'orographie  et  en  grande  partie  la  stratigra- 
idiie  (voies  militaires  et  publiques).  Mais  d'autres  ont  subi  des 
modifications  profondes,  ou  bien  elles  sont  postérieures  aux 
époques  précédemment  étudiées  v.  g.  les  monuments,  ces 
curieux  témoins  de  son  passage  que  chaque  siècle  a  laissés 
après  lui  avec  des  marques  qui  le  caractérisent.  De  plus  la 
statistique  de  M.  de  Boisvillette  a  laissé  de  côté  l'histoire 
naturelle  et  presque  tout  ce  qui  s'y  rattache  ;  or  plusieurs  de 
ses  branches  pourraient  rentrer  dans  une  étude  sur  la  topo- 
graphie ancienne,  comme  la  paléontologie  et  même  la  géolo- 
gie; on  pourrait  en  un  mot  donnera  ce  travail  jjresque  toute 
l'extension  qu'on  donne  aujourd'hui  à  la  géographie,  et 
l'appeler  Géographie  de  l'ancienne  Beauce. 

*  Sans  avoir  la  scieiicf  des  ('diteurs  de  nos  cartidaiiTs,  je  émis  avoir  décou- 
vert quelques  erreurs  de  ce  i^enre,  couceriiaut  les  lieux  que  je  coiuiais  parti- 
culièrement, dans  les  cartulaires  les  plus  récents. 


—  211  — 
Cetto  proposition.  Je  le  crains,  nv  paraîtra  (piiiiic  iilopic 
plus  on  moins  irrôalisablc.  Klle  ponrrait  i-cpcndant  aincnor 
(les  résultats  ntilos,  si  rllc  («tait  firisc  au  sôrionx  par  {pu'l(|uo 
Jeune  travaillcjir  (pii  n  a  point  cncon'  de  l)ut  (létcrinin»-.  Il 
sortirait  dosés  recherches  un  travail  (pii  ne  serait  ni  sans 
l>rn(it  i)i)iir  la  science  ni  sans  ji-loirc  j)oui*  son  auteur. 


I.  2.  LETTHK  DT  COMTE  DE  SALlSBlin    AIX   MAIHK  HT 
ALDEIHMKN  DE  LA  CllK  DE  LONDRES'. 

Très  fidèles  ot  très  chors  amis,  nous  vous  saluons  très  eordia- 
leniont,  et  connaissant  parfaitement  votre  inii)atience  d'avoii-  de 
bonnes  nouvelles  de  la  j^uerre  «pie  notre  souverain  sei_t,'neur 
a  entreprise  pour  conquérir  le  pays  ennemi  où  nous  sommes 
présentement,  nous  vous  informons  (pie  (lei»uis  notre  retour  en 
France,  nous  avons  remporté  des  avantages  considérables  dont 
je  ne  cesse  de  remeirier  Dieu,  le  suppliant  aussi  de  nous  conti- 
nuer ses  miséricordieuses  faveurs.  Après  nous  être  emparés  de 
plusieurs  villes,  cluUeaiix  et  forteresses,  nous  sommes  allés 
mettre  le  siège  devant  la  place  de  .lanville  et,  après  divers  tra- 
vaux d'approche,  huit  jours  après,  le  dimanche  111,  nous  avons 
conquis  ladite  place  de  Jaiiville  après  le  plus  formidable  assaut 
que  Udus  ayons  jamais  vu.  Après  quoi  nous  avons  également 
sounns  à  robéissance  du  Hoi  un  grand  nombre  d'autres  villes, 
(•lu\teaux  et  églises  fnrtidèes.  Dieu  en  soit  IdUi-  !  Quelques-uns 
.se  sont  rendus,  d'autres  ont  été  pris  de  vive  force  ou  de  tout 
autre  manière,  Ils  sont  au  nombre  de  H)\  Dieu  en  soit  béni.  El 
aussi  clia(pie  jour  nous  regagnons  à  force  de  peine  et  île  fatigue 
qufiquc  nouvelle  portion  du  tei"i"itoii'e.  Nous  serions  heureux 
d'être  soutriiu  ilans  notre  hiin'in-  |i;ir  i|iiil(|ii(s-unes  de  vos  lettres 
et  nous  vous  demandons  île  nous  continuer  votre  bon  vouloir, 
comme  nous  aussi,  ferons,  comme  pai-  le  |)assé.  ce  (pie  nous 
pournms  pour  le  méi-iler.  Nous  pricms  la  Sainle  Trinité  de  vnus 
gardi-r  snus  sa  pnitcctidu. 

Ecrit  à  .lanvillr  \r  \  "  jnui-  de  septendu'e. 

Lk  coMii-;  m;  S.\i.ism  un    i  r  m    i'inciii  . 


'  Jf  lie  ilomii'   il  I   i|iii'  Il   Ir.iihii  liiiii   ilr  ir  ilociiriii'iil    niil   rii  iiii   aiiclai- 

arcliiiïi|iic  assc/  ililtinii'  à  riiiii|in'mlif.  il,  ilc  plus,  fntl  nlisciiit'iiu'iil   ivdi^'t' 

(Noie  ilf  i>|i''-  ili-  Villaifl  à  la(|Ui'll.-  ci-llf  IrailinUnii  r>t  riii|Hiiiil«M'.) 

T.  Xil.  ,1/.  ir. 


242  

Item,  nous  vous  infoniions  qu'apivs  avoir  ôcrit  ce  qui  précède 
nous  avons  su  que  notre  frère,  sir  Hicluinl  Hankeford,  que  nous 
avions  envoyé  devant  les  ville  et  château  de  Meunfi^-sur-Loire 
s'y  est,  par  la  g-ràce  de  Dieu,  si  bien  employé,  qu'il  a  mis  la 
ville,  le  château  et  les  habitants  en  robéissance  de  notre  Souve- 
rain Seig'in'ur.  dette  ville  et  c('  château  étaient  abondamment 
fournis  de  défenseurs  et  suffisamment  approvisionnés.  Dieu  en 
soit  loué  !  et  nous  retrouvons  en  cette  circonstance  la  continvui- 
tion  de  la  protection  divine.  Cette  ville  a  vm  très  beau  jjont  sur 
la  Loire  et  est  située  à  environ  cinq  lieues  d'Orléans. 

Abbé  Sainsot. 


(:iIl!')\i)L()(iIK 


Il  F.  s 


mr.MiEns  si:iG\Kur,s  de  cour.v 


NOTICE    GENHAIOr.KHK 


-s»<j- 


COUHVILLE    ET    VIEUXPOXT 


La  |ii<'(('  la  plus  aiifieiino  cl  la  jilus  iin|i(trlaiit('  du  (oikIs 
de  la  sciiriu'urio  de  Courvillo,  aux  Archives  (IKuic-ol-Loir, 
esl  un  aveu  de  l.'îCiC)  (pic  Udus  avons  rollalKMinc  sur  dinV-rciilcs 
(•(»|ii('s  pou  (orrcclcs  i-l  que  nous  d(jnnuns  in  extenso  ;i  la  lin 
de  ee  travail. 

Les  Aicliives  i\\\  Calvados  ne  reuremient  pas  de  docuuienls 
anciens  felatils  à  la  seliiueurie  de  \ieuxpont-en-Au^'e,  Ix-r- 
rcaii  ili'  la  famille  (jui  nous  occupe.  Ctdles  du  depaiMenieiit 
de  l'Kure  |»ossèdelit  le  fonds  très  riche  de  la  SeiiiUeurie  ilil 
('haniii-de-Halaille  dont  le  chàleau  servail  de  n'sideuce  aux 
seiLîiu'Ui's  du  Neuhour;.!'.  Nous  y  avons  trou\  ('■  (\r>^  pièces  du 
plus  haut  inU-rèl  relatives  à  hes  de  ^■ieuxllonl-Harc<ulrI. 
Les  archives  (h-  la  famille  avaient  suivi,  au  château  du 
«haiiip-dc-Hataille.  rain(' des  lils  ih'  ce  l\es.  (pu,  «hdaissant 
<'uui-\ilie  il  ses  fii'res.  a\ail  coiiscr\c  le  NculMtui'ii'.  Mallieu- 
l'eusemenl  ces  archives  ne  reimuilent  pas  au-delà  (hi 
\V  sii'ch'. 

i'arnd  les  sources  auX(iuelles  nous  avons  eu  recums,  U'ui^ 
pouvfUis  citer  les  nianusciits  de  la  Collection  des  'l'ilres  de  la 
l!ililioihi'(pie  nali(uiale.  les  Cartulaiies  de  imv  ancirunes 
dil)a\'es.  el  jr  l'iicur  (h'  Momhuivilh'. 


—  244  — 

M.  Bourbon,  archiviste  do  l'Eure,  a  obligeamment  mis  à 
notre  disposition  les  notes  (ju'il  avait  prises  sur  certaines 
pièces  des  dossiers  du  fonds  dn  Champ-dc-Iiataillo,  non 
encore  classés,  et  M.  de  Lyéo  de  Helleau,  conseiller  général 
du  Calvados,  allié  à  la  famille  de  Vieuxpont,  nous  a  confié 
les  documents  que  M.  Bénct,  archiviste  du  Calvados,  avait 
rassemblés  à  son  intention.  Nous  adressons  tous  nos  remer- 
ciements à  ces  Messieurs. 

Les  auteurs  qui  se  sont  occupés  des  Vieuxpont-Courville, 
y  compris  Larroque,  sont  unanimes  à  aliirmer  que  les 
membres  de  cette  famille  portaient  «■  confusément  »  ces 
deux  surnoms.  Néanmoins,  d'accord  avec  les  titres  de  nos 
cartulaires,  nous  préférons  établir  une  distinction. 


SEIGNEURS   DU   NO:\r  DE  COURVILLE 

I.  Le  nom  du  ])romier  seigneur  de  Cuurville  ne  nous  est  pas 
parvenu.  Il  vivait  dans  la  seconde  partie  du  x''  siècle,  était 
un  des  fidèles  et  probablement  des  proches  de  Thibaut-le- 
Tricheur;  il  relevait  de  lui,  et  la  forteresse  de  Courville, 
comme  la  plupart  des  places  fortes  des  environs,  se  rattachait 
au  système  de  défense  des  frontières  de  son  comté. 

De  ce  Seigneur  : 

1°  Ives,  deuxième  seigneur  de  Coin-villo,  ci-après; 

2°  Otran,  qui  donne  naissance  :  1"  à  Gautier  ;  2°  à  Ives, 
mari  de  Basilissc,  ncn^ou  et  futur  héritier  de  Gaston  de 
Cliàtoauneuf,  (ils  du  grand  Gaston,  ainsi  mentionné  dans 
une  charte  de  Coulombs  non  datée,  relative  à  la  dime 
dt>  (^ludct. 

II.  Ives,  deuxième  seigneur  de  Courville,  se  trouve  men- 
ti(niné  vers  1025-18  dans  la  charte  de  donation  de  l'église  de 
Chuisnes,  puis  en  1042-44  dans  le  titre  de  fondation  du 
prieuré  de  Saint-Hilaire-sur-Yerre  avec  Raoul,  son  fils,  et 
Ives  son  petit-fils,  fils  de  Ives  de  Beaumont.  Dans  cette  charte 
(xxii"  <hi  cart.  de  Marninuliei'  pour  le    Duiiois)  le  seing  de 


—  -il."  — 

Ives  est  i)l;ic(''  le  troisii'iiic.  le  si'iiiy;  du  roi  (•i.iiii  If  itrciiiicr 
et  relui  du  comte  Thih.iult  le  second  ;  (ju.int  au  seiu^^  de 
Ivaoïil,  il  \icni.lr  cintiuièiue  avant  celui  dr  iluirnes.  vidanie 
de  Charlros.  — »  Dans  la  charte  de  Villeberlbl  <le  l(il'J-r)-J.  du 
uu'Mue  cartlilaire,  Ives  de  Courville,  seijjfneur  dominant , 
ll^ui-e  avec  ses  entants  :  flii'oie.  Raoul,  Ives  et  llu}^'ues.  —  En 
jti.V).  il  fait  donation  à  Cliuisnes  du  moulin  de  Tranchesac 
|iour  le  reiios  de  son  àme.  de  c(dle  de  oirau.  son  iVere.  de 
Aiiallii'.  sa  femme,  el  de  tous  ses  lils  et  lilles. 

De  sa  femme  Agathe,  ives  eut.  entre  autres  enfants  : 

1°  (liroie,  troisième  soigneur  de  Courville  : 

2"  Ives,  ti^e  des  comtes  de  Beaumonl-sur-(  lise,  qui 
souscrivit  la  charte  de  confirmation  accordée  par  le  roi 
Rohert  à  lahhaye  de  Coulondjs,  mort  en  lOlll  ; 

3°  Raoul  ; 

4°  Hugues,  dont  le  fils  Hugues  est  mentionné  en  W'M^ 
dans  le  Cartulairc  de  Tiron  ; 

5°  Thibault  ; 

fio  Simon. 

III.  Giroie,  troisième  seigneur  de  Courville.  époux  de 
riiilippi'.  dont  la  filiation.  i»récédemnient  (Hahlie,  se  trouve 
conlirmée  par  l'acte  de  cession  (ItHK)  des  di'oits  de  supé- 
riorité qui  lui  appartiennent  sur  les  huit  chanoines  fondés  jiar 
Ives  son  |ii'rc.  —  11  se  (pialilie  de  ])ossesseur  de  la  forteresse 
de  Courville  dans  une  donation  (ju'il  fait  vers  li)77-SO.  à 
rahlx"  Barthélémy  et  ses  religieux,  de  l'église  de  Saint- 
Ni<-(das  de  Coin\  illr.  du  consenteiiiciii  de  sa  femme  l*hilii>pe 
et  de  ses  frères  Thibault  et  Simon.  —  La  date  de  KUt.VDS 
attribu(''e  par  M.  Mabille  ;i  la  ch?irte  d<'  donaliiui  de  l't'glise 
de  Sainl-Avit,  du  conseuteiiiciit  i\f  ('.jroic  ,\r  Courville.  ne 
peut  être  post(''i-ii'ure  :i  lO'.)."),  i)uis(pie.  \)Ai-  une  autre  charte 
de  Saiiil-l'('re-eu-\allé-('  du  11>  mars  101)1  'v.  st.>,  IMiilippe  i\o 
<'our\ille  et  Ives  son  lils  donnent  ;i  l'abbé  Kustache  le  ban 
iprives  et  (riroie  leurs  prédécesseurs,  possiMJaient  k  la 
l'uiiiiiK'i'aye. 

Ciroie  cl  l'iiiliftpe  ont  laissé  : 

1"  Ivrs,  quatriéuie  seigneur  de  Coin-ville; 
2"  Une  mil'  maiiei-  ;ï  Ives  lils  de  llci-bert. 


—  •,^4()  — 
I\'.  l\(>s,  (jiiati'irinc  soiu'iicnr  de  ('(mi'\  illc  ({ui.  ;iiusi  ([uc 
nous  rayons  \ii.  ('tail  luinciir  a  la  niori  dr  fiiroio  sou  \)'vve, 
douno  (Ml  présoiu-c  do  sa  rcuiiiic.  postërieui'ouiout  ;i  1101.  aux 
moines  do  Saint-Pè^o-(Ml-^■allét^  les  coulunies  que  Giroie  et 
Philippe  ses  père  et  mère  avaient  sur  leurs  terres.  —  Résigne 
en  1115,  entre  les  mains  de  TÉvèque  de  Chartres,  l'ég-lisc 
Saint-Nicolas  de  Courville.  —  Consent  vers  1117  la  donation 
de  la  moitié  de  l'église  d'Anet.  —  Vers  1118,  donne  aux 
moines  de  Tiron  sa  terre  d'Augervillo.  —  Kn  1127  Ives, 
renonçant  au  uioiide,  at)andonne  au  comte  Tliiliaull .  iiioyen- 
nant  deux  cents  marcs  d'argent,  Conrville  avec  ce  ([uil  tieut 
en  fiet  de  lui  et  du  vicomte  de  Chartres  sous  condition  de  les 
rendre  à  Robert  de  Vieuxpont  et  à  son  défaut  au  tils  de 
Guillaume  de  Tourouvre,  neveu  dudit  Robert,  contre  rem- 
boursement de  ladite  somme.  —  Vers  1128,  Ermesende  ou 
Hermenfrede,  sa  veuve,  donne  à  Marmoutier  l'église  de 
Saint-Martin-de-Clmisnes.  Ives  est  ici  désigné  avec  le  surnom 
do  (lotellu  u  gonelle  ». 

Dans  une  charte  datée  de  1120-1127  et  ptJrtant  le  n"  28  du 
cartulaire  de  Saint-Jean  que  M.  R.  Merlet  publie  actuelle- 
ment, les  moines  constatent  que  Foulques,  seigneur  de  Cour- 
ville,  que  nous  avons  trouvé  dénommé  tantôt  Foulques  du 
Chesne,  tantôt  Foulques  de  Courville,  a  concédé  diverses 
possessions  au  ])rieuré  de  Courville  moyennant  dix  livres. 
Ives  de  Courville  figure  parmi  les  témoins  avec  le  qualificatif 
d(^  ilomiitiis. 


Nous  n'avons  mentionné  que  les  noms  dont  le  rattachement 
nous  paraît  indiscutable  écartant  ;i  dessein  ceux  dont  la 
l)arenté  ne  se  trouve  pas  établie  :  Gontier  é])Oux  de  Odeline, 
dont  le  fils  Aimery  fait  en  10G6  avec  Bonne,  sa  femme,  une 
concession  aux  religieux  de  Chuisnes;  Roscelin,  Girand. 
Constant.  Raoul,  cliainiiricr  de  l'Evêque  d(>  Chartres,  mort 
le  K»  septembre*  lllC);  «jne  la  mise  an  jour  de  documents 
ignorés  aujonrd'lini  permettra  un  Jour  d'identifier. 


—  217  — 


II 


SKICNKIRS    I»r    .\((M    IiK    VlKrXI'ON'l' 

Aniiniiies  :  l);injcitl  ;i  dix  imiirlris  ilr  ;/iirnlc.  —  Siipiiorts  : 
Diiix  Ivvretk's  nu  tiuhifrl  m-i-olros  île  ijut'uh',  Imnlri-s,  rlum'-rs, 
cl  honi-Iôefi  d'of  ri  nriin'-cs  ilc  i/ticiilc.  —  Cimier  :  iiiio  tôle  de 
Minirr  !ni  iinlui-rl  Imitdi'c  d'nxni-.  —  Devise  :  Sur  ce  vieux 
/K/iil  Ji-  inr  repose. 

I.  Robert  de  Xieiixiioiit  dut.  après  le  d«'|i.iii  de  Courville 
de  Oraiid-.Iean  le  Friaize  (jui  avait  occupe  la  forlercsse 
jx'udaut  liiivasiou  aui^iaise,  .icctMh'i-  au  désir  exprinu'  par 
Ives  de  Courville,  car,  si  nous  ne  le  l'encontrons  jias  men- 
tionné avec  le  litrcMle  seig'n^'ur  de  Coinxille,  n(»us  voy(»ns 
M.n  UN  : 


II.  (Jnillaiiine  de  \irn\piinl  .  cimpiiènn'  seiLi'neur.  appa- 
l'aitre  lU'^  1 1.")'»  dans  les  titics  de  Josa]tliat.  au  sujet  de  la 
rennse  du  droit  ([uil  avait  sur  ladiine  donnée  à  cotte  abbaye 
par  Eudes  de  P)oisville.  —  \'ers  la  même  ('jioque,  assiste''  de 
Ives  et  Koltert,  ses  lils.  il  aliandonne  aux  nu'nies  rt-liLiieux 
les  droits  d'eutrc'e  ipiil  prcdevail  aux  porlc^s  de  Courville  sur 
les  denrées  leur  appartenant.  — Kii  IKJS  (titre  de  Heaulieu) 
il  consent,  c((miue  sei_u,iieui'  dn  lie!',  la  donation  du  liois  de 
Le\  es  laite  par  (laiitier  de  Friaize.  —  Ivnlin  dans  les  première.s 
auiK'es  du  rè^'iie  de  l'hili|)pe-Aui;'nste,  <iuillannie  de  \ienx- 
poiit,  alors  chevalii'r,  se  trouve  compris  avec  Cirard,  sou 
l'ri-re.  dans  une  assiette  l'aile  aux  hoirs  de  Robert,  c(unte 
d'Alençon,  de  la  terre  d'Ecochay  l'U  eclianp^c  de  celle  dKstau. 

Cuillaunie  de  \'ienX|ionl  eut  de   l'el-l'onnelle  : 

I  "  Ives  <l('  \"iiMi\p(iiit,  sixi»"'mt'  sri^nienr  de  (ioni'villc; 
2"  Robert  de  \icuxpont,  sfij^^ueui'  di- Courville  après  son 

frère  ; 
."{"  (iuillainne  de    X'iiMixpiiiii  .   tlii'v;dier,  e|)onx  de   Mar- 

^uei'ile  de  Chartres,   lille  de   (iirard  et  di'  Isulielle  de 

llnlivillo. 


—  248  — 
m.  Ivcs  de  Vieuxpont,  sixième  seigneur  de  Courville 
épouse  en  premières  noces  Albérède  d'Anet,  puis  en  secondes 
Perronnelle.  —  En  1185  il  fait  aux  religieux  de  Marnioulier, 
du  consentement  de  Robert  et  Guillaume  ses  frères  et  de 
Albérède  sa  femme,  une  donation  ratifiée  en  janvier  1235 
par  un  autre  Ives  alors  seigneur  de  Courville  et  sa  sœur 
Isabelle,  veuve  du  seigncnr  de  laF'erté-Bernard,  et  confirmée 
par  Marie  mère  de  ce  Ives.—  Albérède  vivait  encore  en  1187. 
—  En  1190  Ives,  de  concert  avec  Perronnelle  sa  femme,  Robert 
et  Guillaume  ses  frères,  confirme  la  remise  qu'il  a  faite  à 
Marmoutier,  pour  l'anniversaire  de  son  frère  Guillaume,  d'un 
droit  de  i)éage  qui  lui  était  dû. 

IV.  Robert  de  Vieuxpont',  fr<'re  du  précédent,  septième 
seigneur  do  Courville,  épouse  Marie  de  Chàtillon,  fille  de 
Guy  de  Chàtillon  ci  de  Alix  de  Dreux.  —  Marie  de  Chàtillon 
était  veuve  de  Jean  III  de  Montoire,  comte  de  Vendôme,  et 
avait  épousé  eu  premières  noces  Renaud,  comte  de  Dam- 
martin,  qui  l'avait  répudiée.  —  Nous  trouvons  Robert  men- 
tionné avec  son  titre  de  seigneur  de  Courvilje  en  1190  dans 
la  charte  cciii  du  cartulaire  de  Marmoutier  pour  le  Dunois.— 
En  1197  (titre  de  Saint-Jeanj  il  fait  abandon ,  en  présence  de 
son  frère  Guillaume,  de  toutes  ses  prétentions  sur  l'église  et 
le  prieuré  de  Saint-Nicolas  de  Courville  et  confirme  tous  les 
droits  octroyés  par  ses  prédécesseurs.  —  La  même  année  il 
confirme  aux  religieux  de  Beaulieu  la  donation  qu,e  Ives  de 
l'Eau  leur  fait  d'un  bois  près  Hattonvillc. 

Marie  de  Chàtillon,  dame  de  Courville,  donne,  en  avril  1230, 
à  l'aumône  de  Chàteaudun,  cinq  sols  de  rente  sur  la  prévôté 
de  Courville,  du  consentement  du  chevalier  Ives  son  fils, 
pour  le  repos  de  son  âme.  de  celle  dudit  Ives  et  de  Robert 
de  Vieuxpont,  autrefois  son  mari.  Son  anniversaire  était 
célébré  le  3  des  ides  de  mars  en  l'église  de  Saint-Nicolas  de 
Courvilhv 

De  Robert  et  de  Marie  de  Vendôme  : 

'  Matliini  Paris  l'ait  niciilioii,  on  son  histdiir  (l'Anglolcrrc,  de  Rnhorl  de  Vieux- 
pont el  Ives  son  frère,  conseillers  du  roi  d'Angleterre  en  l'2ll.  Robert  est 
encore  nommé  en  I':2l7,  parmi  ceux  (jui  s "assemliièrent  pour  faire  le  siège  du 
château  dv  MontiVirt. 


—  ^111  — 

1"  Ivi's,  huitiènic  scigrunir  (!«•  Coui'villi'. 

2"  Etifuiie,  chevalier,  si'i^nieur  de  Courville  en  partie, 
époux  (le  Luee,  viv;iiit  en  \'2'.V.K 

:i"  Isat>t'lle,  l'eiiiiue  (le  Heniartl  111  seigneur  tle  la  Kerté, 
dont  le*  «leseemlaiits  ont  possédé  la  Ferté- Bernard 
jusqu'en  131Î); 

i"  Alicic,  It'iiiiiir  (le  (ïeofroy  d'illiers. 

\'.  Ivcs  (le  \'i('il\|)iilil  .  lillilii'iiic  sci^-nciw  de  Courville. 
liiîiirr  (•(nuiiie  iciiiiiiii  xiii.v  le  iimii  d'hftnncl,  en  mars  1l'(MI 
dans  une  cliarle  de  Louis,  cuniie  de  lilois  cl  de  ("leruiont, 
relative  aux  loires  de  la  Madeleine.  -  Kn  TJ'JI  il  sert  do 
témoin  ii  <iiiaid  de  cliarlros.  ^  l'",n  mai  1^^.")  il  coidirnie  aux 
religieux  di-  Sainl-.lraii  la  d<iiiaiiiin  du  Mnuliii  <'harvel  «lue 
leui-  lail  <;miin  de  Friai/.e.  —  Kn  a\ril  rj;{n  Ives  et  Isalxdlo 
de  la  Ferle-H«'rnard  ',  sa  leniine,  s'accordent  avec  le.srtdi}i,i('ux 
lie  Cluiisnes.  —  Il  ((Uici'de  en  l'JlL  -<•  sols  de  rente  dcuiin's  ii 
Saint -Jean  par  Marie  autrefois  comtesse  de  \'»'ndonie,  sa 
niere.  —  Kn  deceinhi-e  de  la  nn'ine  aum'c  il  i-atilie.  avec  l'assen- 
liuieul  d "^'saheau  .  sa  leinuie,  de  lvi)lierl.  I\cs.  (iuillaïunc, 
l'hilippe.  .lean.  Marie.  Aj^iiiès  et  Marguerite,  ses  enfants,  la 
ilonation  laite  aux  h  pieux  de  lîeaulieii  |iai-  (lantior  de  Friaizo 
et  (luillaiiiiie  de  N'icuxpiuit,  son  a\ cid.  -  La  \('illi'  di-  r;K|iii's 
\'J\'.'>.  l'ii  iirésonce  de  sa  rcinine  <.'t  de  ses  enfanls.  il  dunne 
:.'U  sols  de  l'ente  à   lîeaulieu. 

Ives  eut  (Tlsahelle  de  la  l''ci-t(''-l!ei'iiard  : 

l"Holierl  dr  Xii'uxpoid,  umvinne  sei^^'in-ur  de  ('oui-- 
ville: 

'2"  Ives  de  \'iiMl\"pMii1  : 

3"  (  luilhiiiiiii'  lie  \'irii\piiiil  ,  clievalier,  sei<;iiein'  de 
(JMuvillf  et  ilr  N'irnxpdiit  cii  parlic,  éi>ou\  dr  Maliile: 

V'  l'hilippr  lie  \ii'U\pniii,  clirvalicr,  seigneur  de  Cour- 
ville  en  partie,  cpd  l'onde,  le  prennei-  samedi  tli'  juin  ll'Stt, 
moyeuuaid  cpunze  livres  de  rente  à  prendre  sur  la  prevtMe 
de  CiMUville,  une  messe  (pintidimnr  de  Notre-Dame.  — 
Fait  en  ll'ST  des  lihéralités  en  l'avfur  d»  Il  lotrl  1  (ini  de 
(  iliarin's  et  de  celui  de  Coiirville; 

'  l.a  Ki'rli'-itciii;iiil  n  Kicsiifl  ikmIi-iiI  ;  diM  .'i  un  aii^lr  de  nin'iilc  lieciiin'ir  n 
iiH'iiiliri-  d';!/!!!-,  rcirli'h-  ilf  Mciill.iiil  :  ilr  -.ililc  ;mi  iii'ii  (l'.iri;fiil .  i.i  (pinif 
fouicluir  ft  piissn-  i-ii  saiiliiir. 


—  250  — 

5<»  Jean  de  Vieiix]M»iii .  i|u;ilifii'  clerc  en  son  testament 
de  décenibi'e  12G5  par  lequel  il  donne  quarante  sols  do 
rente  à  l'ég-lisc  de  Courvillc  11  meurt  le  11  des  nones  de 
décembre  ; 

6"  Marie  de  Vieuxpont  ; 

7°  Agnès  de  Vieuxpont; 

8°  Marg-uerito  de  Vieuxpont. 

YI.  Rohei-I  (le  Vieuxponl.  neuvième  seig'ueurde  Courville, 
ck-uier  en  1252,  est  ({ualilië  chevalier  en  125G.  ^En  mai  1256 
ses  frère  et  belle-s(pur  «iuillaunic  et  ]\Iabile  font  avec  lui  et 
sa  femme  Isabelle  de  Maillcbois  écliang'c  de  tout  leur  droit 
en  la  Seig'neui'ie  de  Courville,  ;i  Texception  de  vingt  livres 
de  rente  sur  h'  prévôt  de  Courville  et  sur  Cuillaunie  le 
Bastard  leur  bourgeois,  contre  tout  le  bois  de  feu  Ives,  la 
terre  de  Kimberdière  et  celle  de  La  J-oupe  sui'  les([uelles 
Robert  a  la  haute  justice.  —  lùi  décembre  r2(')5,  Isabelle 
de  Maillebois  est  veuve.  —  Avant  1272  (die  est  remariée 
k  Geofroy  de  Rochefort,  seigneur  de  Rochefort  sur  Charente 
ainsi  que  nous  l'apprend  un  contrat  de  vente  de  cent  livres 
de  rente  sur  le  fief  de  Rochefort  en  Saintonge  consenti  en 
avril  1272  par  Geofroy,  seigneur  de  Rochefort.  et  Isabeau, 
dame  de  Courville,  on  faveur  de  .Jean  vSarrazin.  —  Itu  1300, 
.leaiine  de  Rochefort,  dame  de  Foras,  vend  à  Isabeau, 
dame  d(>  Maillebois,  sa  mère,  trois  cents  arpents  de  bois.  — 
Enlin  en  I.'305  Isabeau  de  Maillebois,  veuve  de  Geofroy  de 
Rochefort,  chevalier,  cède  au  roi  le  droit  ([u'elle  a  sur  la 
seigueui'ie  de  Foras.  Jean  de  Vieuxpont,  sire  de  Courville, 
lils  de  ladite  Isabeau  est  mentionné  dans  ce  dernier  acte. 

Robert  avait  eu  (Tlsabeau,  dame  de  Maillebois  : 

1"  Jean  de  Vieuxpont,  dixième  seigntnu'  de  Courville; 

2°  Guillaume  de  Vieuxpont,  seigneur  de  Courville  en 
partie,  qui  parait  e]i  1280  dans  une  sentence  de  l'ofiieialité 
de  Chartres  rendue  entre  lui  et  le  prieur  de  Courville, 
puis  en  1299  dans  une  sentence  du  l»ailly  de  Chartres, 
et  en  IIJIK)  dans  un  contrat  passé  sous  le  seel  de  la  chà- 
tellenie  de  Chartres  entre  ledit  i>rieur  et  lui.  La  même 
armée  Charles  de  Valois  lui  fait  remise  de  (pielques  droits 
qu'il  avait  sur  Courville  moyennant  trois  cents  livres 
parisis.  En  13U7,  le  mercredi  avant  la  Pentecôte,  Béatrice, 


—  -'1  — 

flamiMli'  Biiry,vcuvi'  de  (iiiilhiuiiic  Huirl  alias  l<-  Bortlii  ' 
tlii-valifr.  si'ig-iu'ur  dr  Hiiry,  ildiiiii-  audit  «Jiiiilauiiic  son 
iifvcii.  chevalier,  sfij^nifiir  de  Ciourville.  sous  réserve  de 
rusiifiml  sa  vie  dînant,  la  eiiiqiiièitie  pai-lie  de  tous  les 
coiHiuèfs  (ju'elle  lient  avnii-  au  lieu  et  terrilitire  de  Hury. 
et  ce  «  eu  iccouilieuse  de  jilusieui's  liinités.  services  Ot 
«  courtoisies  (pie  ledict  (iuillauiiie  liiy  avait  faicts  et 
>»  qu'elle  esiti'iait  eu  recevoir  »  ; 
3"  Adam  de  \ieuxpoiit  mort  eu  'l'erre  Sainte  : 
i"  Jeanne  de  \'ieuxiiont,  femuH-  de  I^ierre  du  M»'e. 

\11.  .Icaii  de  Mcuxpnnt.  ilie\aliri-.  dixième  sci_LrilcllI-  de 
Conr\illi'.  l'ail  altaiidoii  en  TJT'.t  ii  Saint -.leau-eii-N'alh-e  de 
<|ii(d(|iies  lerrcs  dont  les  reliiiii'iix  se  ]ir(''ieiident  |iro])i'i(''- 
laires.  —  Fait  hommage  de  ("(Hirville  ;i  lMiilip|ie  le  \U'\  eu 
i:!OS.  —  FiLîurc  en  l:'.!'^'  dans  mi  euuirai  de  cessidii  et  Iraiis- 
leri  du  lief  de  ("liainpi-oiit  en  laveur  de  ("iiarles  de  N'alois 
ruinte  de  ('liaii res.  —  Eli  l'-W.)  il  (-(mIo  au  iiiôiiie  ses  droits  au 
lier  de  Pierre  du  .M(''e,  ériiier.  —  11  avait  épousi' la  lille  de 
.leaii  du  (  'lia tel  ci  de  -leainie  lie  'iallai'diin.  daine  de  < lallardoii 
et  Soiilaires. 

(Juchpies  auteurs  le  niarioiit  ;i  (lilletie  de  l>iey.  lille  de 
l'ierre  lie  hicy.  chevalier  et  conseiller  du  roy,  mais  cidle-ci 
('•tait  i'emine  d'un  autre  Jean  (h;  \'ieux[n)iit.  ('cuier. 

Les  eliraiits  de  Jean  de  \ieuXlioilt  riirelll   : 

1°  Rohert.  onzième  seijjfueur  de  (idiirvilie; 

:;i"  Jean  (h-  ^'ieux]tonl,  chevalier,  mari  de  Jeanne  de 
Rouvra_\-  dame  de  Monljardin  ijui,  veuve,  rend  aveu  en 
13(i'.l  pour  le  lief  Martel: 

3»  Jean  de  \'ien\|i(>iil  le  jeune  ; 

\°  Adam,  chevalier.  sei,L,'-neur  des  Vys,  l'ait  prisonnier 
au  (-(tinhat  dAuray  par  Pierre  Houcher,  mort  sans 
eiirants  en  1370. 

\'Ili.    Pdliert   de  \'iellXp<)lll,   nn/ièlue  seii^Iieiir  (le  ('ii||!-\  iHe. 

l.e'Jdaxril  P'.IT    Philippe    \'.   par   lellre-^   dal(''es   de    l''<Mi- 

luiiics-la-.Sorel,  l'ait  une  (huiatioii  pour  r('C()in|ieiisc  de  services 

au    chevalier    RoheiM    (h'   X'ieiixpitiit.   sei;jiieur  de    < 'liailluiK'. 


'  lîiiidii,  Niir  i|i'  lliiry  :  Ita/iir  .m  i  lief  iriirvciil  cliiir;;!''  dr  IntiN  iiiciirllcs  de 
..l.lr. 


—  252  — 


—  Le  joiuii  après  la  Sainte-Luce  1330,  Robert  confirme  aux 
religieux  de  Saint-Jean  les  droits  octroyés  au  i)rieur  de 
Courville  par  feu  Guillaume  de  Vieuxpont,  son  oncle,  le  lundi 
d'après  la  Quasimodo  1289.  —  Le  4  mai  1334  Jean  de  Vieux- 
pont,  chevalier,  fait  hommage  à  l'évoque  de  Chartres  de  ce 
qu'il  possède  à  Charré,  en  présence  de  Robert  de  Vieuxpont, 
seigneur  de  Courville,  et  de  Jean  son  frère.  11  est  encore 
cité  dans  une  lettre  de  Philippe  de  Valois  au  bailly  de  Caen  ' 
datée  de  Breteuil  en  Normandie  le  24  juillet  1337,  portant 
Iransacliou  avec  les  religieux  de  Saint-Jean  au  sujet  du 
prieuré  de  Courville.  —  En  1338  il  parait  dans  une  transaction 
avec  les  religieux  de  Marmoutier.  —  En  1349  Robert,  sire  de 
Vieuxpont  et  de  Courville,  est  dit  prisonnier  des  ennemis.  Il 
est  i)résumable  que  sa  captivité  fut  de  longue  durée,  puisque 
dans  un  titre  de  1350  nous  trouvons  (Hiillaume  de  Vieuxpont, 
seigneur  de  Mauny,  qualifié  châtelain  de  Courville.  —  Le 
mercredi  veille  de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  1357  les  abbé 
et  couvent  de  Tiron  s'engagent  en  faveur  de  Messire  Robert 
de  Vieuxpont,  de  Madame  sa  femme  et  de  leurs  successeurs,  à 
les  associer  à  leurs  prières  et  oraisons,  eî  promettent  en 
outre  de  faire  dire  à  chacun,  le  jour  de  la  fête  Sainte-Croix, 
au  mois  de  mai,  une  messe  de  Saint-Esprit  dans  l'église  de 
leur  couvent  en  une  chapelle  peinte  aux  armes  desdits 
seigneur  et  dame  pendant  leur  vie,  et,  après  leur  mort  une 
messe  de  requiem  annuellement  le  jour  de  leur  décès,  en 
considération  des  bienfaits  dont  ils  avaient  comblé  le  cou- 
vent-. Par  lettres  données  à  Calais  le  24  octobre  13G0  le  roi 
Jean  promet  à  Edouard  III  d'Angleterre  «  luy  bailler  en  ostage 
»  Robert  de  Vieuxpont  ou  son  fils  à  faulie  de  luy  délivrer 
»  le  comte  de  Montfort  ». 

Robert  de  Vieuxpont  eut  de  Mathilde  de  Tilly  : 

1»  Ives  de.  Vieuxpont,  doyen  d'Avranches,  qui  hérita 
Thury  de  son  frère  Jean  do  Vieuxpont  le  jeune,  décédé 
sans  enfants  ; 

2°  Jean  de  Vieuxpont  i'ainé,  douzième  soigneur  de 
Courville  ; 


*   Bibl.  nat.,  ms.  fr.  634. 
-  Idem. 


3»  Jean  do  Vieuxpont  le  jt'um-,  soigiiour  dr  Cliailloué 
et  (le  'lliury  on  S(>lni,nic,  ijui  vcrulil  nvi  i-oi  Cluirli-s  \',  fii 
mai  137!t,  six  viii^ct  <iiiiii/.i'  livres  ilc  ri'uti'  à  iirciidic  sur 
les  li'sta^^t's  (le  Bt'au^^'iicy-sui--Litir(',  nioy<'iiiiaMt  sept 
conts  li*'res  d'or  ; 

>  Marj^niciitc  dr  N'icuxponl,  dame  de  Kresnay-le- 
Giliuert  et  des  Yys,  (jui,  de  Adam  le  nnm.  seiirneui-  de 
Palaiseau  et  Mt»iiivilit'-Ia- Jeulaiii,  eut  :  1"  .lacques  le 
Hiuu  tué  à  Azaincourt;  2"  Jeanne  le  Bnm  mariée  1"  en 
1:M>  à  (iuillaume  di-  Harville  le  jeune,  éclianetdi  du  voy, 
seigneur  de  Clianhoudiy,  Leiahle,  les  Bordes,  Beanniont 
et  Voise,  tué  à  Azaineourt  en  1  Uô,  d'où  les  sei<.,^neurs  de 
Palaiseau;  2°  à  Anllioine  de  (;ui,'nac,  si'i<^neur  de  Bellin- 
eouit.  iliiu  les  si'ij^neuis  de  Dampierre,  barons  (rVmon- 
ville  : 

>  Jeanne  de  Meuxpoiit.  dame  de  Vaujolly.  alliée  à 
Louis  d'Estouteville,  seiy;neur  de  Vilhdxm  et  du  Bouscliet, 
dont  raiTière-petite-lille  au  •cimjniéme  <leiri-é,  Marie  de 
Beaumauiiir.  épousera  FrHnc;ois  de  Hilly,  son  cousin, 
seigneui-  ^de  Cfun-ville.  Jeanm-  avait  été  mariée  en 
premières  noces  à  Mathieu  de  Trie,  seiijfnenr  de  Konten;iy 
et  de  Hadeval  avec  le(iuel  elle  vivait  en  lii^'j.  En  1300 
elle  était  veuve  pour  la  seconde  fois. 

IX.  Jean  de  N'icnxpdiil  .  chovalitT,  douzième  sei;^iicui-  tic 
Courville,  seigneur  de  XiiMixpont,  Cliaillouc  et  de  Bni-y.  — 
Un  arrêt  de  i:',ï.\  nienlionin'  un  dillerond  .survonu  entre  le 
comte  (\*'  Hlnis  et  Jean  de  \'icuxi)oiit ,  chevalier,  seittnenr  de 
(.'iiaillouc,  con.jointenH'iil  a\ec  Ciiy  de  Manvoisin.  l'iei-rc  de 
Gracoy,  Jourdain  et  Jean  de  Hcauvillicrs,  Kcnaud  de  l'ish'. 
chevaliers  et  (iii(!(iiies  ecuyei-s.  —  V.w  \:\(\i'>.  ciinime  seii^-neur 
de  ("()ur\  ille.  il  ri-iid  axcu  an  roi  Charles  \'  poin'  les  cliastel 
etchastelleiiiede  Cou  r\il  le,  s'excusa  ni  (le  lie  pouvoir  dé'clarer 
plusieui-s  de  ses  ai'rière-vassaux  «  attendu  (pie  le<  adveux 
■>  hailh's  il  ses  pi"<''d(''cessoiirs  ont  este-  ars  au  lieu  de  la  Forêt 
"  oii  denienroit  l'eu  son  p("M'e  lors  de  la  coin"se  (pu'  lit 
"  Monsejiiiieiir  l'hilipite  de  .\.i\  arre  et  ses  com|»lices  '  ••.  — 
Jean  UMîurt  le  .")  di^s  noties  de  mai   l.'îTl  -  et,  des    le  "JCi   mai 

'  Vdir  II'  tc\ti'  lie  l'iiM'ii,  ;iiiiii'\c  il. 

'■'  Nnioloyc   (le   S.iiiil-Nicdia^  de   C(iuimIIi',  (()iiiiiiiiiii(|iir    |i.ir  M.  le  iliaiiuiik' 

M.'tais. 


—  254  — 

Joanno  <lo  Veiitlônio.  (l;iiiic  de  \'it'iix])ont  (^t  de  IJury.  sa 
voiivo,  accordo  jioiir  {'lie  ainsi  ((iic  puiii-  Jeanne.  Jac([ueline 
et  Yvonnet,  ses  enfanls  mineurs,  aux  chanoines  de  l'éiilise  et 
hôpital  Saint-Jacques  nouveUcnieni  Condc'  à  Bloys.  le  t(>rnie 
de  quatorze  ans  jiour  lui  l'aire  li(>ninia;^-e  du  lieu  de  Mont- 
g-autier,  paroisse  de  Saint -Luhin- de -A'erg'og'uois,  tenu  en 
fief  de  Bury,  moyennant  20  florins  d'or.  —  Le  3  mai  i:!81. 
Jeanne  de  Vendôme,  alors  \(muc  de  Messirc  ('haiics  dlvry, 
chevalier,  comme  ayant  le  gouvernementd'Yvonnetde Vieux- 
pont,  écuier,  seigneur  de  Courville,  son  fils  mineur,  frère 
aîné  de  demoiselle  Jeanne  de  Vieuxpont.  femme  de  Pierre  de 
Malvoisin,  écuier,  seigneur  de  Serquigny,  cède  audit  seigneur 
de  Malvoisin,  à  cause  de  sa  femme,  la  terre  de  la  Mott(^  et  le 
droit  qu'elle  a  siu'  la  terre  de  Vieuxpont-en-Auge,  i)our  lein- 
tenir  lien,  pendant  la  minorité  dudil,  d'assiette  de  200  li\ .  de 
rente  promise  au  trait(' ,  de  leur  inariage.  —  Kn  1:!<S2.  le 
dimanche  18  mai.  Jean  le  Sénéchal  le  jeune,  seigneur  de 
Lyniési,  mari  de  Jeanne,  paravant  femme  de  noble  homme 
Monseigneur  Charles  d'Ivry  et  femme "^aussi  jadis  de  feu 
Monseigneur  de  Vieuxpont,  seigneur  de  Courville.  en  son 
nom  «  comme  au  nom  de  ladicte  damoiselle  Jehan  ne  comme 
»  douiere  et  comme  ayant  le  bail  de  ses  enfans  et  enfans 
))  dudit  feu  seigneur  de  Viezpont  »  avoue  tenir  Courville  du 
roy.  ^  Le  9  septembre  1398,  Hector  de  Vendôme,  seigneur 
de  la  Chartre.  quitte  Messire  Yon  de  Garancières  des  foy  et 
hommage  de  la  terre  de  Louvaines,  ci-devant  donnée  à  la 
sœur  dudit  seigneur  de  Vendôme,  mère  de  ^Fessire  Ives, 
seigneur  de  Vieuxpont.  en  la  main  du(jmd  ladite  terre  était 
écheue. 

Jeanne  de  Vendôme  était  lille  (h'  Am;iury.  seigneur  de  la 
Chartre-sur-Loir,  La  Fej't(''-l']rnault  et  \illepreux,  et  de  Marie 
de  Dreux.  Elle  avait  doniK'  ;'i  Je.in  de  \'ienK|i()n(  son  prenner 
mari  : 

1"  Ives,  li'oiziènie  seigiieui'  de  Courville; 
2°  Jeanne  de  Nieiixjiont,  mariée  le  3  mars  1387  à  Pierre 
do  Mauvoisin,  seigneui'  de  Serquigny.  Par  ])artage  du 
23  juillet  1393,  intitulé  (iuillaunie  Mauvinet,  bailly  de 
Chartres,  son  frère  Ives  lui  donne  riiébergement  de  la 
Forêt,  près  I^uilgouin  et  eehii  de  Clemars ,  sauf  cent 
livres  de  cens,  les  l'oy  et  lionnoan'e  et  2(i  livres  de  rente. 


—  ^55  — 

s'ongfafTft'aiit  ;i  lui  assurci-  î»7  livns  10  sols  clf  rciiti'  à  la 
iiKirt  (le  Ji'aiiin'  (If  W'iidùiin',  Iciic  im'it',  fi'iiiiiii'  <lt'M.  le 
Sr-iu'i-hal  (IKii. 

3"  Jamui'liiM'  tic  \itMi\|iiiiit,  ffiiiiiu'  «le  Iliitiii  le  liavi'ux, 
st'iy-iicjit'  (Ir  Maillchois.  Par  cession  du  "JS  mars  i;{!i'.l, 
l'ilo  ri'(joil  de  son  frère,  pour  sa  i)art  de  succession,  les 
seigneuries  de  \'illej)riMix  etde  Ha/eniont.  Kn  si'|itend»re 
li-.'V.i,  elle  dduiu'  (luitlaiiei'  à  Laur4'nt,  (iuillaunie  et  Lnuis 
de  N'ieuxpont.  ses  neveux  .  de  la  souuue  de  cinq  cents 
livres  dOr  ijnr  liiir  avait  |irètées  son  niai'i  pour  Icin- 
permettre  de  recouvrer  la  lern-  du  NeuhourLT  ipi''  déte- 
nait le  cdinte  d'IIarcourt,  leur  oncle. 


X.  1\<'S  (Ir  N'icuxiioiit.  tr('i/i(MU('  seiiiin-ur  de  ("durx  illc  d('s 
i;>7i  elail  encofe  mineur  en  liiSl.  —  Il  fut  dans  sa  Jeunesse 
«Tuyer  tranchant  de  Louis  de  France  alors  (pi'il  eiaii  duc  do 
Touraine.  comte  de  N'ajois  et  de  Heainiioiii  .  puis  pr<imu 
('haiid)ellan  (piand  il  (lc\iMl  duc  d*  )il(''ans.  en  i:}*.)."}.  —  Ivos 
remplit  aussi  rotlice  de  capitaine  du  clialeau  de  lîayeux.  — 
Le  11  Juin  1101),  le  roi  lui  l'ail  remise  de  7(K»  francs  (juil  luy 
de\ail  poui'  le  I-elief  de  sa  |iai-t  de  la  terre  du  Neuhourii'.  — 
Le  11  août  1  ISl  ,  l\('s  ei>ouse  Hlanche  de  llai'Cdurt  .  lille  de 
IMiilippe, soigneur  de  l>(»nnetal>le  et  de('liall(»nay,et  de. Jeanne 
de  l'illy.  (pM  lui  a|ip(Mie  en  mariaju'e  :><)(>  livres  di'  rentes 
et  ."îtMKl  francs  (lOr.  --  Le  11  avril  lliiT.  Ives  ('chauii'e  avec 
I  inillaiinie  (rivscdhar  ''  la   (erre  de  <  liai're  c(inlre   celle   de  la 

\|(tlle   tenue  (le    l 'i  ill  I  Lli  Ml  i  n  .   (  pie  -lea  U    de    \  iellXpi  Mit -\  (MK^'iUie 


'  I.C  N  juin  I  iOK.  Ciiiillainc  dKscdliar  «'  iiicii  de  lies  liiaiid  cl  all'ccliiciisc 
dévotion  (MiviTs  la  liciioistc  cl  glmiciisc  vicr^ic  Marie,  iik'tc  de  iiosire  sauveur 
.lesiiv-('.lni>l,  Ioik'c  et  servie  (•Oiil\iiiiclleiiicnl  en  fej,'lisc  de  Cliailrcs  ciiiicii- 
senieiit,  (lesiiant  |iiiiir  W  salut  des  àiiies  de  l'en  iKddc  et  luiiutié  seii^neiir 
iiiessn-c  .Icliaii  de  \  ieii\|ionl,  chevalier,  et  de  loiis  les  hoirs  de  \ieiis|iOiil  eu 
ilolaiicc  dudil  (iiiillaiiiue  ajir.'s  sou  trespasscincnl  cl  de  ses  |iai'culs.  aiiiys  et 
|iri'(ii'i'cssi'in's  i|ui  (Mil  iiiiceddc  et  tenu  le  cliaslel  et  cliaslellei'ii'.  inaiioir  cl 
a|i|iaileuaiices  (le  la  Icire  de  (lliaii('--en-l)iiii(iis  cslre  iic((iui|iai};iie/  cl  |iaiii- 
(  i|i|iaiit  eu  (ievdies  cl  pures  oraisons  et  messes  qui  seniiit  dites  cl  faities  eu 
ladicle  e;ilisi'  de  jniir  eu  jour,  did  oïdniiiic  Iniider  une  messe  hassc  csll'c  thclc 
ci  celleliree  |iei|ieluelleineiil  |iar  cliacnii  jour  en  Il0>lic  diclc  i%\\^i'  a  Ull^' 
autel  (|iii  scia  nouvellement  lait  cl  edilti(''  en  iidstre  dite  (''jiUse  juste  le  cd-ur 
diccllc  par  delidis  du  ciote  du  rcveslicre  de  iiostre  dirle  église  aii-iic^soiis  lu 
chapelle  Saint  Jehan  rKvaiiH('hste  iioiuiik'  et  appeli-  faiitcl  de  VieiKpoiit  a 
f heure  et  tant  KMmne  on  chanteia  flieiire  de  pivme  en  ii(i>trc  dicte  ci^lise  par 
fini  ou  plusieurs  de  nos  chappclaiiis  \Anlnifs  ilr  l'Fiin\  fond^  de  li 
l'igiieiirie  (lu  r,liaiiip-(le-|{alaillc,  caildii  M,  1). 


—  250  — 

lui  avait  donnée  en  1393.  —  En  août  1408,  Charles  \l  adresse 
au  bailly  d'Evreux  des  lettres  patentes  en  favenr  de  son 
leal  et  anié  chevalier  et  chambellan  Ives  de  Vieuxpont  et  de 
Courville  an  sujet  de  la  tierce  partie  de  tous  les  châteaux, 
villes,  forteresses,  bois,  garennes,  forêts,  eaux,  rentes, 
hommes,  hommages,  patronages  d'églises  et  antres  héritages. 
—  Par  contrat  du  20  décembre  1412,  intitulé  Pierre  des 
Essars,  prévôt  de  Paris,  Ives  vend  à  discrette  personne 
M"  Jean  Perler,  conseiller  et  avocat  (hi  roi  en  son  Parlement 
il  Paris,  00  livres  de  rentes  à  prendre  en  quatre  termes  sur 
sa  terre,  châtel  et  châtellenie  de  Courville,  moyennant  000 
livres  tournois.  —  Les  comptes  delà  châtellenie  du  Nenbourg 
constatent  en  1415,  (n.  s.)  à  la  date  du  1)  février,  l'envoi  d'une 
somme  de  cent  livres  par  le  receveur  duNeubourgàlves,  en 
son  hôtel  de  Chaillonai,  et  enregistrent  la  même  année  une 
dépense  de  XL  sols  «  i)our  le  salaire  de  six  hommes  qui 
»  portèrent  des  torches  à  convoier  le  corps  de  Madame 
»  dont  Dieu  et  (sic)  l'âme,  du  château  de  Sainte-Vaubourg 
»  jusques  à  Courville  ;  à  chacun  YI  sols  "Mil  deniers.  «  — 
Fait  prisonnier  à  Azaincourt,  Ives  meurt  enVaptivité  laissant 
cinq  enfants  en  bas-âge. 

Le  28  avril  1410,  Charles  VI,  sur  l'exposé  fait  par  son  cher 
et  bien  aimé  cousin  Philippe  de  Harcourt,  chevalier,  seigneur 
de  Bonnétable,  demoiselle  .Jeanne  de  Vieuxpont,  Richard  de 
Tournebu,  chevalier,  seigneur  d'Auvilliers,  Hutin  le  Baveux, 
chevalier,  seigneur  de  Maillebois,  Jean  de  Vendôme ,  cheva- 
lier, seigneur  de  Chaulviëre,  Galerand  de  Montigny,  chevalier, 
seigneur  de  Beaulien,  et  Jean  de  Coûtes,  dit  Minguet,  écuier, 
et  d'autres  parents  et  amis  de  son  aimé  et  féal  conseiller  et 
chambellan  Ives ,  seigneur  de  Vienx]iont  et  de  Courville  et 
baron  du  Neubourg,  (jue  poui-  le  i)ayeiiienl  de  certaines 
sommes  d'argent  qu'il  avait  fallu  payer  pour  sa  rançon  (juand 
il  avait  été  pris  par  les  Allemands,  ledit  Ives  de  Nieuxjiont 
avait  engagé  ses  terres,  avant  qu'il  allât  en  voyage  en  armes 
au  pais  de  Picardie,  où  il  était  demeuré  à  la  bataille  qu'il  y 
avait  eue  au  mois  d'octobre  de  l'année  précédente,  et  comme 
on  ne  savait  s'il  était  mort  ou  prisonnier  et  que  le  retrait  de 
ce  qui  était  engagé,  notamment  de  la  somme  de  3.200  liv.  de 
rentes  (juil  devait  partie  en  rente  et  partie  à  vie  audit  sieur 
comte  de  Harcourt,  les  dits  enfants  s'il  n'y  était  prévu  étaient 


—  257  — 
on  voie  de  perdre  toutes  leurs  terres  et  sei|ïneuries,  en  quoy 
il  y  aurait  d'autant  plus  de  <loniniage  pour  eux.  qu'ils  était'iit 
de  noble  et  grande  génératiun,  iiiainlo  au  Parlcnit-nt  de  créer 
(les  tuteurs  et  •administrateurs  au  gouvernement  des  per- 
sonnes et  hieifs  di'sdits  mineurs  et  de  leur  dit  père.  Le  len- 
demain le  Parlement  ordonne  que  ces  letln's  seraient 
registrées  ce  qui  lui  exécuté  le  22  mai  1110.  Sur  l'avis  desdits 
parents  et  amis  la  tutèle  l'ut  donnc'O  à  Jean  de  Coûtes  dit 
Mingnet  '  et  ordonné  que  M.  de  iJoniK'tahle  leur  ayenl  et 
M.  d'Auvilliers.  h'ur  nncle,  lui  ser\  iraieul  de  conseil  et  (pie, 
comme  ledit  Jean  de  Coules  avait  été  l'ait  prisonnier  par  les 
Anglais  à  la  prise  de  TIaidenr  et  qu'il  était  nécessaire  qu'il 
allât  en  Angleterre  ou  ailleurs  tenir  jirison,  lesdits  seigneurs 
de  Honm'table  et  d'Auvilliers  demeureront  pendant  ce  temps 
chargés  de  ladite  tutide  et  qu'enlin  s'il  arrivait  qu'il  l'allul 
vendre  ou  engager  quelques  héritages,  la  vente  ou  l'engage- 
ment s'en  ferait  par  le  conseil  desdits  sieurs  de  Bonnétable, 
d'Auvilliers  et  <Ie  M.  de  .Maillebctis  qui  avait  épousé  la  tante 
desdits  mineurs.  —  I.e  2:i  septembre  1110,  Jean  comte 
d'Harcourt  et  d'Aul)igny,  vicomte  de  Chàtellerault,  en  pré- 
sence de  Philippe  de  Harcourt,  son  oncle,  chevalier,  seigneur 
de  lionnc'table,  Richard  de  Tournebu  et  Hutin  le  Baveux, 
donne  quittance  ii  J(>an  de  Contes,  dit  .Miuguet,  écuier, 
lulein-ei  curateui' (les enfants  d'Yves  de  Vicuxpont-Courville, 
cousin  dudit  comte  d'Harcourt,  [)uur  principal  et  intérêts 
dune  somme  de  20.000  livres  que  ledit  Ives  avait  empruntée 
ainlit  c()mte  et  Jean  d'Harcourt,  son  fils, 

'  Miii},ni''l  l'iail  seigneur  de   l'resii;iy-le-(,il rt ,   fils   de   ("lauviii   i\v.   (loiilles 

sel},Mieiir  de  la  (iadelièie,  près  Saiiil-Limerce,  et  épmix  de  Oallieriiie  l.e  l^lercier 
de  Novioii  qui  lui  donna  cinij  enl'aiils  :  Lnuis,  seigneur  de  Notent;  .\rnie,  feiiuiit; 
de  Cuillamne  de  llarville,  seigneur  de  l'alaisean  ;  Jeanne,  lenniie  de  Klorenl 
dlllieiv  ;  Jean,  seigneur  du  l'Iessis,  |irès  Pnnlgmiin,  el  lîaouilin.  Son  tcslanienl 
pxisle  aux  Archives  d"Kine-et-l.nir,  série  (J,  .sous  la  ade  M'A'l.  Les  Archives 
de  fJMire  possèdent,  attachée  à  l'inventaire  des  l)iens  Iniuvés,  en  lilC»,  à 
Paris,  en  riiolel  du  séné(  liai  d'Ku ,  une  reconnaissance  porlanl  la  signature 
anlograplie  «  .Minguel  ■,  ainsi  conçue  :  a  Saidieiit  Ions  que  je  Jehan  de  C.ouUes 
"  dit  Mniguel,  thaudiellan  de  .Monseigneur  le  duc  d'Urliens,  cduguois  et  confesse 

de\oir  et  estre  loyauhnenl  tenu  à  .Monseigneur  de  Vieponl,  con.seiiler  et 
"  charnliellan  du  ros,  la  --onuiie  de  .--ept  cents  i|iiatiir/e  livres  toiunois  lesnueK 
»  il  ma  preslez  a  mon  liesoing  el  lesijueK  je  lin  proniecl  jiaier  a  sa  votilente 
)»  souhz  l'(ddigali(ui  de  tons  mes  biens  meuhles  et  héritaiges  presens  et  advenir. 
»  Tesnioiiig  mon  scel  et  .seing  niamiel  c\  mis  le  \VI'  jour  de  inillet.  l'an  nul 
■  quatre  cens  et  quin/.e.    >< 

T.  \11,  .»/.  17 


—  258  — 

Liiiventaire  des  biens  appartenant  ;i  Ives  de  Vieuxpont, 
trouvés  à  Paris  en  l'hôtel  du  Sénéchal  d'Eu  en  141G,  est  très- 
intéressant,  les  bijoux  estimés  à  974  livres  9  deniers  y  étant 
minutieusement  décrits.  ^ 

Les  Archives  de  l'Eure  possèdent  aussi  une  copie  informe 
des  lettres  patentes  du  roi  Charles  VII  obtenues  par  les 
enfants  do  Ives  de  Vieuxpont-Harcourt.  Nous  rei)roduisons 
la  première  partie  de  ces  lettres  qui  contient  l'historique  de 
leurs  infortunes  : 

w  Charles  etc. ,  à  tous  ceulx  etc. . . ,  humble  supplication  de 
»  nostre  bien  amé  escuier  et  chambellan  Laurens,  seigneur 
»  de  Vielz-Pont,  Guillaume  et  Loys  de  Yielz-Pont,  escuiers, 
»  ses  frères,  et  de  François  de  Beaumont,  chevalier  et  Marye 
»  de  Vielz-Pont  sa  femme,  sœur  desdits  de  Vielz-Pont  enfans 
»  de  feu  Yves  de  Vielz-Pont,  en  son  vivant  chevalier,  et  de 
»  feue  Blanche  deHarcourt,  sa  femme,  mère  desd.  supplians, 
»  contenant  que  en  l'an  mil  IIIP  et  XIII  ou  environ  ladite 
»  Blanche  ala  de  vie  a  trespassement,  la^issie  ledit  Yves,  son 
))  mary,  et  lesdits  supplians  ses  enfans  ei^  minorité,  et  ledit 
»  Laurens,  qui  est  l'aisné  estoit  seulement  aagié  de  vu  à  viii 
»  ans  ou  environ  et  les  autres  de  v,  iiii  et  ii  ans  ou  environ 
»  et  domouroient  souz  la  garde  et  gouvernement  dudit  Yves, 
»  leur  père,  qui  par  la  coustume  gardée  entre  les  nobles  list 
»  tous  leurs  biens  meubles  siens,  et  a  la  bataille  d'Agincourt 
))  qui  fut  en  l'an  mil  IIII'^  et  XV  ledit  Yves  lina  ses  jours,  et 
»  ausdits  suppliants  qui  estoient  demeurez  orfenins  de  père  et 
»  de  mère  et  mineurs  en  bas  aage  fut  baillé  tuteur  et  curateur 
»  Jehan  de  Gouttes  dit  Minguct  et  tantost  après  ladite  bataille 
»  d'Agincourt  les  Anglois  qui  par  force  invaderent  Norman- 
»  die,  occupèrent  la  terre  et  seigneurie  dudit  Neufbourg,  de 
»  Yielz-Pont,  Cailloiieai,  appartenant  aux  fcuz  père  et  mère 
»  desdits  supplians,  et  tantost  après  lesdits  Anglois  par  siège 
»  prindrent  le  chastcl  et  seigneurie  de  Courville,  appartenant 
»  audit  feu  Yves  do  Vielz-Pont,  et  les  dites  terres  et  seigncu- 
»  ries  qui  appartenoient  ausdit  père  et  mère  destlits  supplians 
»  ont  détenues  lesdits  Anglois  et  les  ont  desmolies  et  abatues 


*  Col  iiivcnfain'  a  ôli'  |Mil)li(''  par  M.  (Ji'orgcs    lioiirhon ,   anliivistr  de  l'Eure, 
dans  le  Itiillfliii  (lu  Cuniilé  tics  Travaux  liisloriijucs  (Arcliédlogif)  ii»  3  di'  IN84.. 


—  2.V.»  — 

..    cl  (liccllrs  oui  Joy  t'I   use  |»;ir  rcspac»'  (le   XVll   (ill    XVIII  .llis 

•  OU  environ,  ot  pour  l'iulvorsito  des  j^uenvs  ledit  Miu-riu-l 

(le  Coûtes,   U'ui-  tutrur   ci    curateur,   les  traliist    «lc(;a    la 

ii\  icrc  i\('  Lwii"'  cm  nostre  obéissance,  en  la(iuellc  ilz  ont 

esl(''    nom-ris    d    (Iciuoiiic'    duraiii    Iciii-    niin<>i-it(''   et   esté 

nom  lis  pal'  leurs  jiarans  et  amis  tenans  nostre  olx'issance 

et  a  l'an  mil  IIII'  XXXllI  ou  environ  (piand  nostre  ville  de 

(  iiarlres  lui  rcdiiiclc  en  nostre  obéissance  et  lois  (juc  li'dil 

Lanren.sestoil  de  1  aa.ni'  de  xxvans  ou  environ  et  ses  autres 

iVeres  et  sœm-  encore  ndneurs,  nostre  cher  (d  anie  cousin 

le  bastard  d<  )il('ans.  prisi  sur  les  Aniilois  par  siège  ledit 

Chastel  de  Corville  (pii  est  en  frontière  et  toujours  a  este 

et  le  l)ailla  audit  Laui'ens  et  le  commist  ;i  la  iiard<'  et  gou- 

vernemeiil  de  par  nous,  et  nagueres  et  ung  pou  au  devant 

-  des  trieves,  Robinet  de  Fl(t([ues,  dit  Flo(pu>t,  eseuier,  nostre 

»  bailly  d'Kvreux  ',  réduisait  a  force  darnu,'s  ladite  tern^  du 

Nenfbourc    a    nostre    obéissance    que    deteuoient   lesdits 

Angl(»is    et    deimis    par   certains    moyens    la    bailla    ledit 

Floquet  audit   Laurens  de  \iei/-l'oul  el  \v  <-oiumisl  ii   la 

ganle  ;  est  ledit  Minguet  aie  du  vie  a  trepassenient  sans 

ce  que  lesdits  supplians  aient  eude  lui  couqite  ne  reliqua de 

»  leur  tutelle  et  curacion  ne  oncques  des  biens  meubles  de 

»  leurs  père  el  uu're  iianiaudei-eiit  eu.  Neantmoins  iilusieurs 

"  que  se  dient  creauci(  i>  des  pt-re  cl  mère  desdils  suppliaiis 

les  veuUant  dire  lu  liliers  de  leurs  feux  père  et  uiei-e  les 

•  ml    assailli/    de  procès  ci    leur    demandent    bien    mil    ou 

XII'    li\i-es   touruois   de    rente    et  grans    sommes    d'or    et 

d  arucul,  eu  quoy  il/  dieiit  ledit  l'eu  \ves  leur  père  et  aussi 

»  b'urdite  feu  lueic  eslr(!  obliuez--.  » 

hcsde  \ieu\piMii  ci  lUauclic  d'I  larcourl  a  valent  laissé  : 

!"  .Ii'.iii,  tlécédé  jeune  ; 

2"  Lauicul.  cliiiudirllau  du  roi,  baron  de  Neubourg,  né 
eu  \U)7. —  Par  contrat  du  S  août  l'i-'»^:}.  iuliluié  .leliaii  de 
la  IMiuie.  pi-evôt  de  Torcy-en-Hrie,  passé  par  l'ieiie 
Millart,  Laurent,  alors  écuii-r,  lecut  à  liti'c  (U-  prêt  île 
Mi's.sire  Guillaume  do  Broullart,  sire  de  liadonville  et  de 


'  Km  juillet  lin,  l..iiiii'iil,  st'it,'iinir  ijr  \  iiii\|ioiit ,  ri  .MrsMif  Hurriil 
tl'lllirrs,  rlicv;ilii-r,  iiv.iiriil  |iriiiiiis  ;'i  liiilicrt  l'liii|iii-|,  |i,iill\  cl  (  .ipilaiiii-  if  K\rcii\, 
IhiiI  (  (■iit>  >alu/  d'iM'  |iiiiir  la  ilt-inranir  dr  la  |il,ii'i.-  du  ,\(-uli(itM>;. 


—  200  — 

Thorigny,  et  de  Marguerite  d'Orgemont,  sa  femme 
((  deux  fermeillez  d'or  en  lun  desquelx  a  trois  dyamans 
»  pointus,  trois  grosses  perles,  ungrubizetuneesmeraude 
»  estime  six  vings  saluz  d'or,  et  en  lautre  trois  perles, 
»  trois  ballaiz  et  ung  safîîre  prise  huit  vins  saluz  dor  » 
s'engageant  les  rendre  àla  Saint-Jean-Baptisteprocliaine. 
—  Le  19  mars  1469,  à  la  montre  générale  de  la  noblesse,  il 
se  présente  «  armé  de  brigandines  honnestes,  salade, 
»  harnois  de  jambes,  ganteletz,  vouge  et  haches  d'armes, 
»  accompagné  de  Jehan  de  Vieuxpont,  son  fils,  en 
1)  abillement  de  homme  darmes,  et  deulx  archiers  et 
»  ung  paige  montez  de  six  chevaulx.  »  —  Laurent  compa- 
raît en  1484  à  l'échiquier  de  Normandie.  Il  avait  épousé 
en  premières  noces,  le  30  novembre  1442,  Marie  de 
Husson  ',  fdle  d'Olivier,  comte  de  Tonnerre  et  de  Mar- 
guerite de  Chalon  ;  en  secondes  noces,  en  1466,  Guillemette 
de  Tournebu,  dame  d'Auvillars  ; 

3°  Guillaume,  écuyer,  seigneur  de  Mauny,  Chailloué 
et  Courville  en  partie,  époux  :  1"  de  Marguerite  d'Estou- 
teville,  veuve  dt^  Jacques  de  Bethencourt;  2"  de  Jeanne 
de  Beuzeville,  dame  des  Moutiers-en-Auge ,  restée  sa 
veuve,  fille  de  Hue  de  Beuzeville  et  de  Jeanne  d'Hareourt; 

4«  Louis,  quatorzième  seigneur  de  Courville  ; 

5°  Marie  de  Vieuxpont,  femme  de  François  de  Beau- 
mont,  seigneur  de  Marroy,  qui  eut  Bui'y  en  mariage 
pour  deux  cents  livres  de  rente. 

XI.  Louis  de  Vieuxpont,  écuier,  quatorzième  seigneur  de 
Courville,  seigneur  aussi  de  Prunay-le-Gillon.  Il  reçoit  par 
partage  du  î]0  décembre  1451,  intitulé  Thibault  d'Armignac 
dit  de  Ternes,  bailly  de  Chartres,  le  château  et  dépendances 
de  Courville,  Laurent,  son  frère  aîné,  se  réservant  le  patro- 
nage de  l'hôtel-dieu  et  les  aumônes  de  Courville.  —  Par  accord 
du  19  octobre  1452,  Louis  obtient  encore  de  son  aine  les 
terres,  lief  et  seigneurie  d'Avon  et  appartenances.  Le  Père 


^  Charins,  duc  d'Orlcans  et  de  Valois,  comte  de  Rlois  et  de  Bcaumniit, 
seigneur  d'Assé  et  de  Coiicy,  par  IcLtrcs  du  8  février  1  ii;2  (v.  s.)  en  considé- 
ration des  bons  et  agréables  services  que  lui  avait  faits  et  à  la  duchesse  son 
épouse,  danioiselle  i\larie  de  Ilussoii  a  présent  lernnie  de  Lani'enl  de  Vieux|ioiil, 
écuier,  lui  donne  toutes  les  rolies  nuptiales  ipTelle  avait  en  épousant  ledit  de 
Vieuxpont,  ne  voulant  pas  qu'elles  soient  à  la  charge  de  Jean  de  Husson,  son 
frère,  qui  était  tenu  de  la  n  vestir  selon  l'étal  de  sa  personne.  » 


—    L'C.l    — 

Ansolnie  assigne  à  son  mariage  avec  Jacqueline  de  Brouillari 
de  Brie,  Tannéo  1475,  alors  qu'une  permission  de  célél)rer  la 
messe  en  date  du  20  mai  1105  «  coram  ea  in  pucrpcrio 
decubante  »  p;i^"iit  nous  indiquer  la  naissance  de  leur  fdle 
unique  Louise. 

Louise  de  Viouxpont,  leur  fillo,  épousa  :  1»  Claude 
Rnuik't  (alias  Rousseli,  L'cuior  d'écurit;  du  n»i,  duquel 
elle  eut  trois  filles,  religieuses  toutes  trois  à  Saint- 
Sauveur  dEvreux;—  2"  Perceval  de  Billy,  seigneur 
d'Yvort  ',  lils  de  Jean  de  Billy  et  de  Marguerite  d'Or- 
gemont. 

MI.  Perceval  de  Billy  devient,  par  son  mariage  avec  Louise 
de  \'ieuxpont,  (piiu/ième  seigneur  de  Courville.  Le  Père 
Anselme,  en  rectiliautav(>c  raison  Larroque  au  sujet  des  père 
et  mère  de  Perceval  de  Billy,  se  trompe  à  son  tour  en  disant 
(jue  celui-ci  ac(juitde  son  y;('<7;/-/>v'yc  Guillaume  de  Vieuxpout, 
seigneur  de  Mauuy.  le  G  septembre  1-11)5,  les  prévôté,  juri- 
diclinii.  etc.,  de  Courville.  Guillaume  de  \iouxpont  était 
J'oijclf  et  non  le  frère  de  Louise.  —  Le  jeudi  18  février  1 11)0 
(n.  s.),  Perceval  est  reçu  en  foy  pour  raison  de  Tachât 
anciennement  jiar  luy  fait  de  Guillaume  de  Vieuxpnni, 
écuier,  seigneur  de  Mauuy  c  de  la  prevoslé,  jurisdictiou  et 
»  siège  prevostoire  de  la  ville  et  chastellenie  de  Courville. 
»  amendes,  delfaulx  diceUes,  sentences,  et  de  la  rivien;  des 
»  Marais  dépendant  de  ladite  prevoste  assize  en  la  rivière 
»  d'Kure  coniineneaiil  an  moulin  Genestay  jusques  an  pont 
»  de  la  Chaussée.  ->  —  Le  10  décend)i*e  1505,  par  lettres 
datées  de  Bloys,  Louis  XII  mande  au  l)ailly  de  Chartres  (\uo 
>'  sa  chère  et  bien  ani(''(>  Loyse  de  \'iel/.|)out.  danu' de  Coui- 
"  ville,   veuve   (\i-  l'on   Parceval  de   Billy  luy  a  fait  aujoui'- 

d'hui  le;:;  foy  et  hommage  lige  en  sou  nom  et  comme  ayant 
)>  gai'(h'  de  ses  enlaiis  niincnrs  |ionr  laisoii  dn  chaslel  d 
»  chastelleine,  ville»  et  baronnic  de  <  dnr\  illc  icnnc  de  sa  corde* 
»  de  Chartres.  »  —  Le  20  uovembi'e  1507,  comiiositi'ui  de 
rachat  en  fav(Mw  de  Loysc  de  Vieuxixml,  dann'  de  Courville 


'  i..i  .s(>ii,'iieiiri('  (rYviirl  rljiil  l'clicuc  à  la  m.iisoii  de  llilly  connnr  (Icscrmlin' 
d'iiiu-  fillr  ilii  lomtf  de  V.ilnis,  d'in'i  la  cniix  ijirils  poiLiH'iil  <'ii  leurs  amu's  : 
«'  K'oi  à  iiciil'  |i.il>  vairt's  d'a/iir  liaiirs  de  giirnlc  avrr  tiiii>  croix  dazur.  » 


—  262  — 

pour  raison  de  la  prevosté  de  Courville,  ensemble  le  péage 
acquis  de  Guillaume  de  Vieuxpont,  le  manoir  et  garenne  de 
Mauny  et  les  festages  et  four  et  ban  de  Courville  tenus  en 
fief  du  roy.  —  Louise  assiste  en  1508  à  la  rédaction  des  coutu- 
mes de  Chartres. 

De  Perceval  de  Billy  et  Louise  de  Vieuxpont  : 

1"  Jean  de  Billy,  abbé  de  Ferrières  et  de  Saint-Michel 
en  TErm,  renommé  pour  sa  violence,  usait  volontiers  de 
son  bâton  qu'il  appelait  rost  de  Billy  ; 

2°  François,  seizième  seigneur  de  Courville  ; 

3°  Louis  de  Billy,  chevalier,  seigneur  de  Prunay-le- 
Gillon,  Crossay  et  Genainvilliers,  gouverneur  de  Guise. 
Il  eut  onze  enfants  de  Marie  de  Brichanteau,  veuve  de 
Gilles  d'Anglure,  seigneur  de  Givry,  et  fille  de  Charles 
de  Brichanteau  et  de  Marie  de  Vères  ; 

4°  Charlotte  de  Billy,  femme  :  1°  de  Jean  de  Gaston, 
seigneur  de  Menainville  et  de  Chassant  ;  2»  de  François 
de  Meaucé  ; 

50  Claudine  de  Billy,  mariée  :  1°  à  "Guillaume  Poignant, 
seigneur  d'Auneau  ;  2»  à  Laurent  de  Lknguedoue,  écuier, 
seigneur  de  Chavannes  et  de  Gaudigny  ; 

6°  Anne  de  Billy,  mariée  le  11  juillet  1506  à  Jamet  de 
Condé,  seigneur  de  Chantereine. 

XIII.  François  de  Billy,  chevalier,  seigneur  d'Yvort  et  de 
Vaujolly,  lieutenant  d'une  compagnie  de  cent  hommes 
d'armes  sous  le  connétable  Anne  de  Montmorency,  seizième 
seigneur  de  Courville,  s'allie  à  Marie  de  Beaumanoir,  sa 
parente,  lille  do  Jean  de  Boaumanoir-Lavardin  et  de  Hélène 
de  Villei)ranche.  sa  seconde  femme.  —  Le  2  mai  1517,  Fran- 
çois r""  mande  au  bailly  de  Chartres  que  «  son  aimé  et  féal 
»  François  do  Billy,  chevalier,  seigneur  de  la  terre,  seigncu- 
»  rie  et  baroniiie  de  Courville  a  luy  escheuo  pm-  le  trespas 
»  de  damoiselle  Loyse  de  Vieuxpont,  sa  mère,  a  fait  les  foy 
»  et  hommage  pour  ladite  terre  et  ce  tant  pour  les  propres 
)>  de  sadite  mère  que  de  l'acquêt  par  elle  fait  de  partie  de  lad. 
«  seigneurie  mouvant  de  Chartres.  «  Le  P''  juin  1517,  par 
contrat  devant  Jehan  Hermier,  tabellion  à  Courville  il  aban- 
donne à  Charlotte  et  Claudine,  ses  sœurs,  et  à  Louis  son  frère, 
les  terres  de  Vaujolli,  la  Haie  près  Villebon  et  le  fief  de  Curé. 


—  Par  tran.sacliou  Caito  en  1510  avec  FraïKjois  »k'  Beamuaiiuir, 
son  fn're,  seigneur  Wr  Lavardin.  Anthony  el.  Heauchesne, 
ladite  Mai'ie  reçoit  ponr  sa  part  en  la  snccession  de  lenr  {mto 
la  terre  cl  sciLiflciii-ir  de  Hcancliêne.  —  François  nuMirt  avant 
[7>:v.K  rar  Ijtuis  de  Hilly,  son  Irère,  |)ass('  procnralion  le  'Sj 
janvier  irj;>'J  (ii.  s.)  «  jionr  ('lire  cni-atenr  anx  l'nfens  de 
»  Messii-e  Fi'aneois  de  Hilly,  chevalier,  haron  de  ('onrville, 

iiiilijc  Ikhiiiih'  l'"i-aiic(iis  (icM(>anssé,  seigneur  de  j-'i-iincay  >>. 

—  Le  '2  avril  l.')!;;.  Michel  Hregent ,  prévôt  de  ("ourville,  au 
nom  de  Marie  de  Heaunianoir,  ayant  la  gaide  di^  ses  enfants 
nnnenrs.  donne  anx  doyen  et  Chapitre  de  Chartres  quittance 
de  .".  ir.  li  \res  IS  sols  s  deiners. 

François  de  Hilly  et  Maiie  de»  Beaninanoir  ont  laissé  : 

1"  Louis,  dix-si'ptiéiue  seii^nieur  de  Ciuu'ville  ; 

2"  Françoise  de  Hilly.  feuiine  do  Pierre  li'  Vavasseur, 
chevalier,  seigneur  dKguilly,  gouverneur  de  Chartres; 

3°  Denise  de  Hilly,  mariée,  le  15  février  lôW),  à  Pierre 
des  Noues,  seigneur  du  IMcssis-Roniain. 

i°  Artuse  de  Hilly,  religieuse. 

5"  Anne  de  Billy,  religieuse. 

XIV.  Louis  de  Hilly,  seigneur  dlvort,  Launay  et  Vaujolly, 
'  hevalier.  baron  et  dix-septième  seigneur  de  Courville,  lieu- 
lenaiii  lie  la  gendarmerie  de  M.  le  Connétable,  épouse,  le 
•J2  fevi-ier  1557,  Félice  de  Rosny.  (ille  de  Messire  Lancelot  de 
Kosny, seigneur  de  Brunelles,  issu  des  Comtes  de  Dreux,  et  de 
Mai'ie.\nhi-y,de  la  maison  de  Radrets,  sa  premièi'e  femme. — 
Louis  assiste  en  ]r).~)S;i  la  r(''daclioii  de  la  coutume  du  Perche. 
-Le  (»  oclohie  l.")(i;;,  il  racheté  du  prieui'  de  Saint-Michel  de 
Chartres,  poui-  5(M)  livres,  la  nn>iti('  du  nu)ulin  du  Nouvet-les- 
Mayes,  pr(''s,  aunaies,  appartenances  dudil  valant  "JO  livi'es 
lie  revenu.  -  Par  son  teslameni  du  P.i  juillel  ITiiii;,  il  (dil  sa 
sepnltm'e  près(h>  ses  j)ère  et  niere  en  l'église  de  Saint-Nicolas 
de  Courville  et  (h'signe  pou  !•  tuteurs  de  ses  enfants  les  seigneurs 
deHrnnelles.d'Fguillyet  de  i'runay.  —  lAdicede  Ixosny,  veuve, 
donne  i^d<''cemltr<'  15(»(»  .  (pdtlance  de  sept  vingt  dix  li\res 
tournois  pour-  Testât  d'enseigne  de  Louis  de  Hilly  à  la  compa- 
giue  de  \L  le  Coum'dahh'.  pom-  les  (piarliersd'avril-inai-Juin. 
V.w  l.'.CS.  elle  (tait  remari('e  ;'i  .lacfpu's  Barat,  seigneur  (!<• 


—  264  — 

Montraversier  et  des  Chaises,  duquel  elle  eut  un  fds.  —  Le  27 
avril  1572,  M"  Lancelot  de  Rosny,  comme  tuteur  de  Marie  et 
Françoise  de  B'iUy,  obtient  contre  le  gré  de  Guillaume  de 
Brie  et  Denise  de  Billy  la  mise  en  adjudication  du  bail  de  la 
terré  de  Courville  moyennant  3.500  livres  par  an. 

Louis  de  Billy  avait  eu  de  Félice  de  Rosny  : 

1°  Denise  de  Billy,  dame  de  Launay,  mariée  :  1°  à 
Guillaume  do  Brie,  chevalier,  seigneur  de  la  Mottc- 
Serrant  ;  2»  à  Charles  de  Jouvin,  chevalier,  seigneur  de 
la  Brosse. 

2»  Françoise  de  Billy,  dame  de  Billy,  Courville  et  Saint- 
Jean  de  la  Forêt,  femme  de  Théodore  des  Ligneris,  à 
cause  d'elle  dix-huitième  seigneur  de  Courville  ; 

3°  Marie  do  Billy,  qui  épouse  le  22  janvier  1578,  mossire 
Jean  de  Nicolaï,  seigneur  de  Goussainville  et  do  Preslos, 
fils  d'Antoine  de  Nicolaï,  seigneur  d"Orville. 

XV.  Théodore  des  Ligneris  \  seigneur  des  Ligneris,  de 
Morancez,  Ormoy,  Chauvigny  et  Fontaine-la-Guyon,  né  vers 
1554,  était  fils  de  Jacques  des  Ligneris,  chevalier,  et  do 
Jeanne  de  Calligault.  —  Le  17  juillet  1569,  Pierre  Hoteman, 
bourgeois  de  Paris,  procureur  de  Adrien  de  Gallot,  chevalier 
de  l'ordre,  capitaine  de  50  hommes  d'armes  des  ordonnances 
de  sa  majesté,  seigneur  de  Fontaine-la-Guyon,  tuteur  et 
curateur  de  Théodore  de  Ligneris,  fils  mineur  de  feu  messire 
Jacques  des  Ligneris ,  conseiller  du  roi  et  président  en  sa 
court  de  Parlement  à  Paris,  et  de  damoiselle  Jeanne  do 
Challigault,  sa  femme,  donne  à  François  de  Vigny,  receveur 
de  la  Ville  de  Paris ,  quittance  de  50  sols  tournois ,  pour  un 
quartier  de  rente  échu.  —  Le  25  août  1576,  Théodore  dos 
Ligneris,  écuier,  gentilhomme  ordinaire  de  Monseigneur, 
frère  du  roi,  donne  quittance  au  même.  —  En  1577,  il  épouse 
Françoise  de  Billy,  par  contrat  passé  à  Nogent-le-Roirou ,  le 
16  février,  par  devant  Julien  du  Pin,  en  présence  de  Félice 
de  Rosny,  demeurant  à  Brunclles,  mère  de  la  future,  Messire 
Lancelot  de  Rosny,  seigneur  de  Brunclles,  gentilhomme 
ordinaire  du  roi,  son  aïeul,  tuteur  et  curateur,  et  de  Jean  de 


'  Dos  Litjnoris  :  De  gueules,  fretté  d'argent,  au  franc  canton  d'or,  chargé  d'un 
lion  de  sable  et  d'un  lunibel  d'azur. 


—  L^(Î5  — 

Rosiiy,  son  onde.  —  Devenu  j^'ouverneur  de  Verneuil, 
Thérxlore  «les  Lij^'noris  vend  son  {gouvernement  au  comte  de 
Soissons.  ce  (jni  le  |»('nl  dans  respi'it  de  llrmi  III.  (jtii 
s'opposera  à  |on  (dection  aux  Ktats-(;énéraux  de  ir)SS.  — 
Par  i-epré."<aflles,  sans  doute,  l'aiin<''e  suivante,  il  l'ait  prison- 
nier et  met  à  rançon  le  i»rociii-eur  ^'•('iKM-al  de  la  (îucrle  (jui 
se  rendait  à  Tours  pour  répondre  au  dc'sir  du  r(»i.  Des  Li^Mieris 
intri<ruait  alors  aui)rès  de  Réelainvillc  pour  ohleidr,  au  [)rix 
de  six  iiiillc  (''ciis.  le  ,ii'nu\crnement  de  «liaiiiTs.  —  Dans  une 
déclaration  en  date,  à  Chartres,  du  'i'.)  mars  Killl.  Tiu'odore 
des  Li^neris  est  dit  :  «  chevalier,  sei.uneur  de  Chauvi«;ny  et 
»  Fontaine-la-Guyon ,  conseiller  du  roi  et  capitaine  de  cin- 
»  (juante  hommes  d'armes,  demeurant  ordinairement  en  son 
»  chasteau  de  Fontaine-la-Uuyon,  de  piv'sent  loiic-  an  r'lia|»eau- 
»  Rouge.   » 

Théodore  des  Ligneris  et  Françoise  de  Hilly  ont  laissé  : 

1°  Louis,  dix-nouvième  seigneur  lic  Courvillt?  ; 

2"  Jacques,  clievalii-r.  seiL^iicur  de  Fontaine,  éj)0ux  do 
Lucrèce  de  Fourmenti»''res.  II  habitait  Courville  en  lOlî) 
et  Chuisnes  en  Ki^.'i; 

3°  Geoft'roy,  clievalier  de  Malte  de  lOidre de  Saint-Jean 
de  Jérusalem  qui,  le  Kl  jaiivii-r  I<)22,  constitue  son 
procureur  ^^énéral  Nicolas  de  Daiii,a'id,  son  beau-frère, 
pour  recevoir  annuelli'ment  de  Louis,  Jacques,  Alljcrt, 
Jeanne,  veuve  de  Louis  de  Fontenay,  et  de  Lancelot  de 
Kaerbont  et  Marie  des  Ligneris,  sa  femme,  ses  frères  et 
sœurs,  les  huit  cents  livres  de  la  pension  à  lui  par  ses 
père  et  mèi-e  accordée  par  contrat  devant  Nicolas  (  )Ilivier, 
tabellion  à  Courville,  du  1!S  novend)re  Kili; 

■i°  Albert  des  Ligneris,  seigneur  de  Saint-Jean,  époux 
de  Geneviève  du  Lorens  ; 

Ti"  Jeanne  des  Ligneris,  dame  de  Saint-Jean  de  la  Forêt, 
épouse  de  Louis  de  Fiaiteiiay.  clievaliei-,  seiL,''neur  de  la 
Fresnaye. 

()"  Marie  des  Li_i,Mieris,  reimnedi'  Lancelot  de  Kaeiliouiit, 
(alias  de  rEscail)otj  chevalier,  seignein-  deCennnasst'. 

7°  Aufjfélique  des  Ligneris,  fenune  de  Nicolas  de 
Dangeul,  clii'Valiei-,  si'igiieur  de  Soins. 

XVI.     Louis    des     Liiî-lielMS,     chevalier,     pli  lid     le     lille    de 

seigneur  de  CouiviHe  ;i  la   mort  do  Françoise  de  Milly.  sa 


—  •2m  — 

mère,  du  vivant  de  son  père.  —  Dès  1G29,  il  aliène  ce 
domaine  qui,  pendant  six  siècles  au  moins,  avait  ai)partenu  à 
la  même  famille.  Nous  ignorons  les  causes  qui  ont  déterminé 
la  vente  de  Courville  survenue  toutefois  à  la  suite  d'une 
séparation.  En  effet  en  1680,  «  dame  Anne  de  Fourmentières, 
»  épouse  de  Messire  Louis  des  Lygneris ,  chevalier  seigneur 
»  baron  de  Courville,  autorisée  par  justice,  demanderesse  et 
»  requérante  en  exécution  des  sentences  par  elle  obtenues 
»  contre  Michel  An vray,  fermier  du  havage;  Jehan  Jollye, 
»  fermier  du  grefïé  de  Courville;  Loys  Lesmellin,  fermier 
»  du  péage;  AP  Robert  Ollivier,  fermier  du  tabellionné; 
•»  Blaize  Therault,  fermier  du  courtage  ;  Mathurin  Bouthry, 
»  fermier  des  poids  et  mesures;  Estionne  Rocu:  Pasquier  du 
»  Teilleur,  fermier  de  la  boucherie  ;  Gilles  Bouschet,  meusnier 
»  du  moullin  du  Chappitre  ;  Jacques  Joullet,  Pierre  et 
»  Guillaume  les  Colletz,  meuniers;  Georges  Gouppil  ;  Michel 
»  Baugis,  meusnier  du  moullin  du  Prieuré,  Mathurin  Gou- 
»  geon;  Loup  Marie,  fermier  de  la  sergenterie,  tous  fermiers 
»  partie ulliers  du  revenu  de  la  terre,  seigneurie  et  baronnie 
»  dudit  Courville ,  débiteurs  et  redevant  h  13  dite  seigneurie 
»  par  devant  et  encore  en  continuant  »  —  fait  condamner 
messire  François  de  Bethune,  chevalier,  comte  d'Orval,  acqué- 
reur, aluy  payer  les  arrérages  de  sa  pention  qui  sont  echeus 
et  continuer  icelle  tant  qu'elle  aura  lieu. 

Il  appose  en  1022  sa  signature  sur  le  martyrologe  de  Cour- 
ville <. 

Nous  donnons  en  annexe  :  1°  les  origines  de  la  famille  de 
Vieuxpont,  telles  que  nous  les  avons  trouvées  dans  les 
manuscrits  de  la  collection  des  Titres  à  la  Bibliothèque 
nationale,  nous  contentant  de  rejeter  en  notes  les  rensei- 
gnements qui  ne  peuvent  trouver  place  dans  la  descendance  ; 
2°  l'aveu  de  1366. 

Roger  Durand. 

'  Communication  do  M.  le  chanoine  Môtais. 


207  — 


ANNKXK    I 

I.  Hodo  soijLrriciii-  de  \('ilii(iiii.  ihcN.ilici-.  cui  di-  Hn-ii.iî-dr 
de  Orantcnifsnil  : 

II.  Anslec,  seiîjriioiir  (le  Vcil{M»iil,  chovalijM-  <'ii  77(i.  <'|>()ii\ 
(k'  Aloïso  (lo  Mmifctri,  liUc  <lr  I.olo,  chcvjilior,  sei^Miciii-  dr 
Moiitrorl  ot  do  Aiisloclhi'  dr  lîriiiiiclior.  d'm'i  : 

III.  Ainaiill  de  \\'il]t()iit,  iiioii  en  S02  cpoiix  de  Ancello  de 
Doiircaiii .  lille  de  Herbert,  sei;^nenr  de  I)<iurcaiii  e(  dr 
Thiliiir;L;<'  de  Heauiiioiit  '  d'oii  : 

I\'.  Ilii.iriies.  seigneur  de  \'eiliiont,  vivant  en  870.  <'|>niix  de 
lIei-iii('ii;L:arde  de  Dreux  fille  de  Huâmes-  seii:netir  de  Dreux 
ot  de  Hilswiiide  de  (Miàtoanlorl  •',  d'oii  : 

V.  fJaiitiiM-  do  \'eil]if)nt,  vivant  en  870,  eut  de  r,odlivdr  de 
Soez.  lille  de  Kichai'd  de  Soe/,  '  cl  de  rnilride  la  Danoise^: 

Aliiiiie  'tu  Adeloiso  do  Voilpont  (|ui.  de  Rutnul  (loyet,  des 
rjoths  iiii  de  «iiiihie,  sei_n-neui'  ihi  l'ciclie-Goyet,  aurait  ou 
Eirtuoud  (ioyot,  scignoui-  du  l'orclio-Goy. 


'  HtTltert  (Icsccndait  ili'  ("icoliiiy  dr  KoiiiTam  et  dr  Maliainl  d'Arj^oiigcs; 
ThilMirt^e,  dn  Dorf  do  HcaiinKint  ri  di-  Maiiildi-  de  Mocssay. 

'  Hiimii's,  lils  df  Rolicil  de  Dri'iix  cl  de  Adrli'  di-  Mmitloil ,  iiclil  fils  de 
Lolliairi' s('ii,'iiciir  de  Dn-iix  ri  de  Ji'hannc  de  Hoiidaii,  ot ,  par  si  inèrf,  de 
(iérard,  seigneur  de  Monlfort  et  de  Hernieiilriide  de  Clievreiise. 

^  Hilswinde,  lille  de  Alard  ,  seii,'iieiir  de  Cliâteaiifort ,  rt  de  Alix  île  Duurdan 
petite-fille  di>  liimliaiid,  sci;:iieiir  de  ('.liàliMiil'orl  ri  de  Adi'iiiic  d"Ks|M'iiioii  ; 
et  |iar  sa  mèii-  de  Pialiol,  si-igiinir  de  llnurdan  et  île  lliKiiliiplie  dr  l'illiiviro. 

*  Richard  de  Seez,  fîls  de  liegiiidioid  dr  Seez.  elievalier,  i|iii  riait  fils 
de  Iiigrr^er,  eniiilr  du  Maiiir  r|  de  Alix  de  Moutroil-l!retaL;iie,  el  petit-fils  : 
1"  de  (liishert,  lOiiitr  du  Mainr  et  di'  llutrude,  tillr  dr  Cliarleriiapiie  et  de 
Sairitr-llililrgaide  de  Souahe;  2"  de  Aiidraii,  sire  dr  Montlorl  rt  dr  (inet  el  de 
(iuiotir,  iirinirssr  dr  Vruiirs.  —  Alix,  Illèrr  de  HiclianI,  fille  ^de  T(»r(|ualus, 
rlir\alier  roiiiaiii.  maître  loreslier  du  roi  es  maiclirs  il  Anjou  rt  dr  Itifta-^iie, 
jîouvenieur  de  Iteniies,  et  de  Aldiiiie  de  Vennaudois,  el  |ietite-lille  :  l"de  l.iirius 
Tori|ualii>.  ri  de  Manilie;  2"  dr  lljerosnie  roiiitr  dr  \  rnneiidois  r|  de  Narre- 
ronde  de  llasley. 

''  l'rnfride,  fille  de  (iodlrov  Ir  l»aiioi>;  ri  de  (lisles  fille  dr  l.otliaire,  roi  de 
Lorrainr  et  de  Waldiade  dr  Susr.  fillr  dr  Mainlhiid,  iiian|Uis  dr  Sum- ,  ronilr 
du  Palais  sous  (',harlrs-le-Cliauve. 


—  268  — 


AVEU  DE   1366. 

Du  ro}^  notre  sire  à  cause  de  son  chastel  et  chatellenie  de 
Chartres  je  Jehan,  sire  de  Vieuxpont  et  de  Courville,  cheva- 
lier, advoue  atenir  les  choses  qui  ensuivent  : 

Premièrement  le  chastel  et  chastellenie  de  ladite  ville  de 
Courville,  avec  tous  les  droits  appartenans  à  ladite  chastellenie 
et  qui  auxdits  chastel  et  chastellenie  peuvent  et  doivent 
appartenir,  avec  tous  péages,  travers  et  toutes  autres  redeb- 
vances  quelconques  appartenans  à  tous  chemins,  péages  et 
es  fins  et  mixtes  de  ladite  chastellenie  durant  ou  allant  dudit 
chastel  de  Chartres  jusques  ou  val  par  font  et  du  chastel  en 
allant  à  Illiers  jusques  aux  terres  de  Brehen ville  et  d'autre 
part  en  allant  à  Belhomer  par  la  ville  de  Pontgoing  jusques 
à  l'orme  appelé  Ferré,  et  en  allant  au  chasteau  neuf  jusques 
à  l'orme  de  Goin ville.  Et  semblablement,  de  Pontgoing  à 
Chartres  jusques  au  droit  de  la  Mothe-Rlchart,  ai  sur  tous 
les  lieux  dessusdits  toute  la  justice  haulte,  moyenne  et  basse, 
punition  sur  tous  malfaiteurs  tant  desdits  péages,  trespassés, 
comme  autres  en  tous  cas. 

Et  audit  chastel  sont  et  appartiennent  les  choses  qui  en- 
suivent, c'est  à  scavoir  : 

La  prevosté  vallant  par  an  tant  esdits  péages,  coutumes, 
havaiges  et  autres  choses  appartenans  à  icelle  comme  es 
exploicts  du  bailliage  et  de  la  prevosté,  cent  livres  tournois 
ou  environ  rabattues  les  charges. 

Item  le  feistage  des  maisons  de  lad.  ville  vallant  par  an 
trente  livres  ou  environ. 

Item  les  cens  de  lad.  ville  et  de  la  ville  de  Chuisnes  vallant 
par  an  vhigt-deux  livres  tournois  ou  environ. 

Item  lo  four  de  ladite  ville  vallant  par  an  dix  livres  tour- 
nois ou  environ. 

Item  le  couvert  de  la  halle  de  ladite  ville  vallant  par  an 
quatre  livres  tournois. 

Item  six  minots  d'avoine  sur  plusieurs  hostises. 

Item  un  moulin  foullends  à  draps  et  à  tan  vallant  par  an 
dix  livres. 


—  200  — 

Item  trois  moulins  à  Ijlcd,  Iiiii  appelé  Gennestay.  l'autre 
Nouvet-le-Chelir.  et  l'autre  Qui^nievert,  vallant  par  an  tous 
ensemble  huit  muiils,  rabatues  les  charf^es. 

Item  neuf  ajjiens  de  prez  en  {plusieurs  pièces  vallant  ddu/e 
livres  par ^n  ou  environ. 

Item  huit  riviiires  appelés  gours  vallant  par  an  vingt  livres 
ou  environ. 

Item  la  garenne  dudit  chastel  à  touttes  manières  de  bestes 
et  oizeaux.  qui  tiennent  et  doivent  tenir  garenne  durant  ladite 
ville  en  allant  selon  la  rivière  Jusques  au  pont  de  la  liische, 
et  d'iceluy  pont  en  allant  ii  Billoncelles  Jusques  ii  la  eroix  de 
ladite  ville  de  liilloncelles  et  de  ladite  croix  en  venant  tout(!S 
les  vallées  jusques  à  la  ville  du  Couldray,  et  de  ladite  ville 
du  Couldray  en  venant  à  l'orme  appelé  l'orme  de  Haraumont 
jusques  à  un  fessez  abutant  à  la  rivière  appelée  la  rivière  de 
Haraumont. 

Item  la  haye  du  Guichet  et  le  bois  du  Tronchay-Macruel 
avecq  les  hayes,  gaz  et  bruyères  à  la  haye  de  Uilloncelles 
ains}'  comme  elles  se  comportent  esquelles  a  garennes  jurées 
et  anciennes  à  toutes  besles  et  oizeaux. 

llem  audit  chastel  appartient  les  mestairies  qui  ensuivent: 

La  mestayrie  de  la  Touche,  de  Crochay  et  du  Tartre  o 
leurs  appartenances  avec  neuf  muyds  de  terres  que  gast  que 
gaignable  et  cinq  arpens  de  bois. 

Item  la  mestairie  de  Rozeux  o  ses  appartenances,  quatre 
ariiens  de  bois  et  deux  septiers  de  terre. 

Item  la  mestairye  de  Manj^  avec  cinq  muiils  de  icvvo  i[ue 
gast  que  gaignable,  deux  arpens  de  i)rez  (^t  tous  les  bois 
ai)i)artenans  à  ladite  mestairye  et  garenne  Jurée  et  antienne 
en  tous  bois  dessusdits  à  toutes  bestes  et  oizeaux. 

Item  iiu  lerrouer  du  lliniicci-dii  ri  du  lîrcuil  sept  muids  de 
terre  gaignable  ou  environ  en  plusieurs  pièces  el  ileux 
arpens  de  noë  ou  environ  tenans  aux  dites  leires. 

Item  à  Hetaincourt  sur  deux  (jstis(!S  six  gcdynes  jiar  chacun 
an  avec  trente  sols  de  cens. 

Item  sur  plusieurs  héritages  abonnes  ;i  vingt-deux  septiers 
de  grain  cest  ascavoir  les  deux  parties  bled  ef  le  tii'rs 
avoine. 

Item  ;i  liassigny  tant  en  champarl   coniiue  en   avoine  len- 


—  270  — 

demain  de  Noël,  cinq  septiers  que  bled  que  avoyne,  quatre 
pains,  quatre  gelynes  et  quatre  deniers  de  fournement. 

Item  trente  deux  sols  de  cens  sur  plusieurs  héritages  du 
terroir  de  Dangiers  et  de  Tessonvillo  paies  par  chacun  an 
au  chapiteau  de  l'église  de  Dangiers. 

Item  le  banaige  de  ladite  ville  trois  l'ois  Tan,  à  Noël, 
Pasques  et  Pantecoste  durant  chacun  trois  semaines,  payant 
chacun  tonneau  de  vin  vendu  audit  banaige  trois  sols, 
vallant  pour  chacun  an  sept  livres  dix  sols  tournois,  une 
année  plus,  l'autre  moins. 

Item  le  prollit  des  places  pour  le  chainge  fait  en  ladite 
ville  vallant  soixante  sols  tournois  par  an  ou  environ. 

Item  le  protlit  de  la  cervoise  et  autres  breuvaiges  vallant 
vingt  sols  par  chacun  an  ou  environ. 

Item  de  chacun  vendant  sel  à  destail  ou  en  gros  en  ladite 
ville  de  Gourville,  un  minot  de  sel,  par  an  quatre  septiers  de 
sel  ou  environ. 

Item  cinq  sols  de  cens  en  la  ville  de  Serez  paies  chacun 
an,  receus  par  le  maire  dudit  lieu  pour  les-  voieries  et  pour 
les  places  des  fumiers.  ^ 

Item  la  mestairye  de  Prunay-le-Gillon  qui  jadis  fut  feu 
Thibault  le  Roux  si  comme  elle  se  comporte  avec  cinq  muids 
et  demi  de  terre  gaignable. 

Item  dix  septiers  de  terre  qui  ne  furent  oncques  audit  feu 
Thibault  assis  à  la  croix  appelle  la  croix  de  pierre. 

Item  trois  septiers  et  trois  minots  de  terre  qui  jadis  furent 
feu  Gillot  Raveneau. 

Item  cent  dix  sols  de  cens  ou  environ  en  ladite  ville  de 
Prunay  sur  plusieurs  terres  gaignables  deubs  par  chacun  an 
à  la  feste  de  Saint  Remy. 

Item  la  mestairye  de  Crossay  et  ses  appartenances  en  la 
paroisse  de  Prunay  qui  jadis  fut  feu  Monseigneur  Guy  de 
Yillebon  avecq  onze  muidz  et  demi  de  terre  ou  environ, 
assis  en  plusieurs  pièces,  avec  phisieurs  places  vuides  qui 
jadis  furent  hébergées,  et  deux  ari)ens  de  vignes  ou  environ 
et  les  hayes  d'alentour  de  ladite  vigne  avec  la  garenne  de 
connins. 

Item  la  moitié  d'une  disme  à  Gesainville  vallent  huit 
septiers  de  grain  par  an,  aucune  fois  plus,  aucune  fois 
moins. 


—  271  — 

Itom  iiiif  ilisiiic  ;i  l'i  iiiiay  vallanl  six  scpticrs  de  irrain, 
aucune  luis  plus,  aucune  lois  moins. 

Item  un  liel"  Ixjurcier  ;i  Frtinay-lc-dillon  vallanl  ><tti\anie 
sols  quand  le  «eiy:neur  cliainiic  d<»iil  'riiihault  llurtaull  poi-te 
la  bouise,,et'sonl  dépondents  dutlil  liel" les  hoirs  feu  'i't»ulbien. 
les  hoirs  feu  l'ierre  Savouri'.  les  hoirs  feu  Simon  Mihjchau, 
Jehan  «Unlleiuin.  les  in)ii's  l'en  .lehan  !«•  Mareschal  d  |ilu- 
sieurs  autres  ddiii  nous  ne  im»ii\(mis  avoir  coiinoissance. 

Item  par  les  domaines  dessusdils  Je  Jehan  dessusdit 
garendist  les  vassours  (pu  s'ensuivent  : 

Messire  Adam  de  \'ie/,ponl  sire  des  Vs  (pii  en  lient  le  lieu 
des  Vs  o  toutes  ses  ajipartenances  tant  en  terres  ^-aiynahles 
comme  non  gaii^nables,  bois,  estangs,  prez.  cens,  rentes, 
gai'ennes.  en  ci>s  domaines  et  plusieurs  autres  domaines  par 
lesquels  il  «jaremlisl  (Mivers  mo\  plusieurs  \assoursel  rieri'e- 
vassours  lesquels  je  ne  peux  jilainemenl  déclarer  pour  ce 
que  ledit  messire  Adam  est  au  saint  voiaj^^e  et  aussi  que  ne 
peux  a\(tir  cognoissance  des  vassours  pour  ce  (pU'  les  uns 
sont  morts  [)ar  les  guerres,  et  les  terres  en  Irische.  et  par  ce 
n'y  pust  assigner.  Kt  en  tous  ces  lieux  a,  ledit  messire  Adam 
toutes  justices  haulte.  iiKiyemic  et  basse. 

Item.  Messire  Pierre  d'<>\n\ille.  chexalier,  a  cause  de 
Madame  Jehauue  de  la  Haye  sa  remiiie.  (pu  en  tient  le  dit 
lieu  fie  l;i  Haye  avec  loiiles  les  aiipartenances  iliceluy,  sem- 
blableiueiit  comme  le  dessusdit  messire  Adam,  sauf  (jnanx 
dessusdits  il  n'a  Justice  ipie  de  simple  vasseur. 

Item  la  mestairie  de  Lancey  o  toutes  appartenances  qid  est 
tenu  lie  moy  o  toutes  ses  appartenances,  dont  je  n'ai  point 
d'homme,  la(iu(dle  Je  tiens  en  ma  main  tant  terres  gaignables 
comme  non  gaiguables.  cens,  rentes,  vignes,  rivières,  et 
plusienis  aiilics  domaines  par  Icsijiiels  doivent  être  gareudits 
plusieurs  vassours  ou  rieri'evassours.  laipndle  chose  je  ne 
pins  (h'clarer  |iar  le  ddfant  dessusdil.  el  justice  comme  ;i 
simple  vassoiir. 

Item  messire  lùienne  iv<tger.  chaiioiiu'  de  <  liarires.  (pd  en 
tient  le  lien  app(d<''  'l'hivars  o  t(»utes  les  a|)partenances  tant 
en  terres,  pi-e/,.  cens,  renies,  moulins,  rivières,  foni-  de 
bannye  et  antres  (hnnaim-s  |tlusienrs  par  le^tpuds  gar<Midii 
quatre  vassonrs.  c'est    a   scavoii'  :  Jeli.ni   Morean  ipii  en  lient 


272 


à  deux  foys,  tant  en  son  nom  comme  ayant  la  garde  de  ses 
enfans  vassours  dudit  Roger.  —  Item  Jehan  de  Houville,  vas- 
sour  dudit  Roger  qui  en  tient  à  deux  foys  le  four  de  Thivars 
et  plusieurs  autres  choses.  —  Item  Isabel  jadis  femme  feu 
Jehan  Lambert,  comme  gardienne  de  ses  enfans  qui  en 
tiennent  une  disme  à  Thivars  vallant  par  an  quinze  septiers 
de  grain  les  deux  parts  bled  et  le  tiers  avoyne,  aucune  fois 
plus,  aucune  fois  moins. — Item  messire  Jehan  le  Goret ', 
chevalier  qui  en  tient  une  noë  de  moulin  assise  à  Thivars 
avec  le  profit  qui  appartient  a  ladite  noë,  terres,  cens,  rentes, 
prez  et  autres  rivières  par  lesquels  ils  garendit  plusieurs 
vassours  et  rierre vassours,  lesquelles  choses  je  ne  puis 
déclarer  par  le  défaut  de  son  aveu  non  baillé,  et  pour  ce  je 
tiens  les  choses  dessusdites  en  ma  main. 

Item  feu  Jehan  Chauveau  qui  en  tient  un  prez  qui  fut  jadis 
Pierre  du  Vory  à  cause  de  sa  femme,  assis  à  Thivars,  terres, 
cens  et  rentes  sans  aucuns  vassours. 

Item  Regnault  Gouffler  qui  en  tient  à  Prunay-le-Gilon 
vingt-cinq  livres  de  cens  sur  plusieurs  hostises  et  terres 
assises  au  terrouer  de  ladite  ville  de  Prunay -paies  par  chacun 
an  à  la  saint  Remy  et  onze  livres  tournois  vingt-neuf  gelines 
paiées  par  chacun  an  en  ladite  ville  de  Prunay  le  jour  de  la 
feste  aux  morts  avecq  huit  sols  quatre  deniers  tournois 
chacun  an  paiée  le  jour  saint  Georges  et  vingt  septiers 
d'avoyne  le  lendemain  de  Noël  paies  par  chacun  an  en  ladite 
ville  de  Prunay  et  un  muid  de  bled,  vingt  gelines  et  cinq  sols 
deus  chacun  an  abonnagés  lendemain  de  Noël  à  Prunay.  — 
Item  ledit  Regnault  en  tient  à  Thivas  dix-huit  septiers  de 
terre  ou  environ  assis  audit  lieu.  —  Item  quatorze  septiers 
d'avoine  paies  le  lendemain  de  Noël  audit  lieu  de  Thivars. 
—  Item  les  dismes  de  Thivars  qui  vallent  chacun  an  vingt- 
sept  septiers  de  grain  aucune  fois  plus  aucune  fois  moins.  — 
Item  une  oustise  assise  audit  lieu  de  Thivars  qui  vaut  par  an 
huit  sols  quatre  deniers  tournois  païés  le  jour  saint  Rémy. 

Item  dix  livres  sur  la  [)révosté  de  Courbeville  de  rente 
païés  a  la  feste  aux  Morts. 

Item  le  péage  de  Cernay  et  les  travers  qui    vallent  de 


Certaines  copies  portent  Jehan  le  Hoef. 


27:  i 


rente  s(^])t  li\ft's  uii  niviruii  ,ivrc  les  j>r(»(îits  ipii  y  .iiiiiai'- 
ticnnent  pur  us  et  par  couluinc. 

Item  IMcrre  (Jabillo  ii  cause  de  sa  feuiiiic  cl  de  ses  onfans 
jadis  enfants  de;  feu  Jchaii  de  lit-rou  et  d'elle  qui  en  tiiMit  son 
h(!'beriienient  df'  Oesanville  oses  appartenances  quatre  inuyds 
et  demi  de  terre  ou  environ  assis  en  plusieurs  pièces  audit 
teri'oir,  plusieiu's  rv\[<.  et  r(>ntes  en  deniers  par  lesquels  il 
garendist  plusieurs  vassours  et  rierevassours  audii  lieu  de 
Prunay-le-Gillon. 

Item  Baudoiiyn  de  Souplainville  ecuj^er  à  cause  de  sa 
femme  ijui  en  tient  à  une  foy  et  hommaiife  les  domaines  qui 
ensuiven!  c'est  à  scavoir  un  liel)er^ement  assis  en  la  ville 
d'Alloué  suivant  eue  il  se  poursuit  et  un  moulin  h  tlian  et  à 
bannie  enclos  audit  heberc:ement.. 

Item  les  vergers  enclos  deriere  ledit  heberi^ement  tenant 
aux  oustises.  Iiem  deux  oustisesassises  devant  ledit  héberge- 
ment entretenant  l'une  à  l'autre. 

Item  quatre  arpens  tant  en  vignes  comme  en  vergers  et 
un  enclos  auquel  clos  est  assis  un  colombier.  Hem  une 
garenne  assise  au  bout  dudit  clos. 

Item  sept  muyds  de  terre  semeure  appartenant  audit 
hébergement  assis  au  terroir  d'Allonnc  eu  plusieurs  jtieces. 

Iii'iii  les  cens  de  dix-iieul  arpens  et  demy  de  vigne  assis 
audit  lieu  d'Alonne,  pour  chacun  arpent  cinq  sols  de  cens  et 
une  gelyne  paies  lendemain  de  Noël,  et  s'ils  delïaillent  de 
paier  il  les  peut  exécuter  de  sejjt  sols  six  dt-iiieis  (rameiide 
lîe  cens  non  paies. 

Item  neuf  livres  quatre  sois  douze  gelynes  et  un  ([uarl  de 
gelyne  de  rente  assises  sur  vingt-neuf  septiers  et  mine  de 
terre  aux  champs.  Item  d'autre  part  quatre  livres  (juinze 
>ols  six  deniers  tournois  et  trois  gelynes  et  demye  assises 
•stu-  plusieurs  oustises  d'Allonne  pa'ies  à  la  S' Christophe  sept 
^ols. 

lleni  il  la  d(-c<dation  S"^  .Jehan-Baptiste  soixante  sept  sols 
ili'ux  deniers  maille  onze  gelyne  et  un  cjuai'l. 

Item  lendemain  vingt  et  un  sols  trois  deniers  oboUe  deux 
gelynes  et  un  (piart  paiees  par  les  habitans  desd.  oustises 
il  plusieurs  paiemens  et  Testes.  Kl  au  cas  (piils  dellaudraienl 
le  paiement  ih  ilciiieurent  en  sej)tsolssix  deniers  d'amende 
'li.iriiii  cil  vei's  ledit   |{aiiiliiii\  n. 

T.  \il,    t/  H* 


—  27 1  — 

Itoiii  une  oiiche  assizo  au  droit  de  la  trirouair  de  Tirepault 
auquel  il  y  a  poisson  et  garenne  de  poisson  et  toute  pesche- 
rie  prise  et  chasse  de  poissons. 

Item  plusieurs  vassours  qui  tiennent  dudyt  Baudouyn  c'est 
àscavoir  je  Jehan  dessusdit.  Item  Monsg''  Maupin  de  Marolles 
chevalier  premier  vassour.  Item  les  hoirs  feu  Monsieur  Hue 
Goulart  second  vassour.  Item  Thomas  d'Alonne  tiers  vassour. 
Item  la  femme  feu  Geoffroy  Robert  quart  vassour.  Item  Jean 
Guiard  quint  vassour.  Item  Marie  d'Alonne  sixième  vassour. 
Item  Jean  Pottier  septième  vassour.  Item  Jean  Gaucher  le 
jeune  huitième  vassour.  Item  Aubin  Gaucher  neuvième  vas- 
sour. Item  Perrin  le  Royer  dixième  vassour.  Item  les  hoirs 
feu  Girard  le  Royer  onzième  vassour.  Item  Petit-Jehan  Gou- 
lardeau  douzième  vassour.  Item  Jehannot  Phelippeau 
treizième  vasfeour.Item  Arnould  Girard  quatorzième  vassour. 
Item  Thenot  le  Bourrelier  quinzième  vassour.  Item  Jehan 
Boutaint  seizième  vassour.  Item  Richard  le  Couturier  dix- 
septième  vassour.  Item  Jehan  Hemery  dix-huitième  vassour. 
Item  Jehan  Debas  dix-neuvième  vassour.  Item  Guillaume 
Georges  vingtième  vassour.  Item  Jehan  ^ouslart,  boucher 
vingt  et  unième  vassour.  Item  Guillemete,  femme  de  feu 
Naveau  vingt-deuxième  vassour.  Item  Lorin,  vingt-troisième 
vassour.  Item  Jehan  des  Grandies  vingt- quatrième  vassour. 

Item  avec  les  fermes  domaines  pre  valable  des  susd.  vassours 
il  tient  en  domaine  de moyJehan dessusdit tousles  marchands 
devin  en  bannie  manans  et  habitans  delad. villed'Allonneet 
es  lieux  dessusd.  que  nul  ne  nulle  taverniers  en  taverne 
vendant  vin  à  destail  ne  peut  vendre  ne  faire  vendre  vin  à 
taverne  dès  le  samedy  veille  des  grandes  pasques  jusqu'à 
l'autre  samedy  ensuivant  et  aussy  de  la  veille  de  l'assomption 
notre  Dame  jusques  au  huitième  d'icelle  ensuivant.  Et  aussy 
le  samedy  veille  de  Penthecoste  jusqu'au  samedy  d'icelle  en 
suivant  si  ce  n'est  par  la  licence  dudit  Beaudouyn  ou  de  ses 
députés.  Ne  ou  aucun  ferait  le  contraire,  le  vin  qui  serait 
dedans  le  tonneau  de  droit  s'en  ap})lique  ou  ;i  nioy  si  le  cas  y 
escheoit  ou  il  rachepteroit  de  soixante  sols  un  denier.  Ne 
aussy  nul  ne  nulle  des  manans  et  habitans  de  ladite  ville 
d'Allonne  ne  peut  achepter  pain  ne  cuire  pain  hors  de  ladite 
ville  d'Alonne  pour  sen  user  si  le  bled  n'est  moulu  au  moulin 
de  bannie  dudit  Baudouvn  et  cuit  en    son  four  de   bannie 


lcs(iuols  four  cl  iiiciiiliii. son!  assis  (Ml  ladite  villrirAli)iiiio  fl  les 
liont  tlo  inoy  coinnie  les  doniainos.  Et  au  cas  qu'ils  Coroiout 
le  contraire  ledit  Iiaud(juyii  {louroit  prendre  ledit  paincoinnie 
sien  acquis  ou  :Cnioy  si  le  cas  y  echeoil.  Et  aussy  ledit  Haudouyu 
a  touttes  chasses  de  connins  i)ar  tous  les  verijers  d'Alonne 
cxcept*'  celles  qui  aux  hoirs  de  feu  M""  Hue  r.oullard  appar- 
tenent.  Itoni  tous  cris  subaltations  (riu'rilaLres  et  pour  lui-ce- 
uieut  sur  tous  les  nianans  ethal)ilaus  de  ladite  ville  d'Ahuine 
et  sur  tous  tenans  de  luy  en  ticf  et  en  censive  de  eux  luouter 
et  fer  monter  en  armes  et  en  chevaux  chacun  selon  son  estât 
touttes  et  quantes  fois  que  mestier  en  sera,  toute  voierie  par 
toute  ladite  ville  d'Allonne  et  au  terroir  d'Allonne  esquelles 
voiries  et  chemins  nul  ne  nulle  desd.  manans  et  habitans  ne 
|)euvent  faire  fumiers  s'ils  ne  asseurent  la  place  dudit  Hau- 
douyu ou  de  moy.  Et  ou  cas  qu'ils  ne  le  feroient  ledit  Hau- 
douyu pouroit  prendre  et  appliquer  par  devers  luy  lesd. 
fumiers  en  payant  à  celuy  qui  l'auroit  fait  quatre  deniers 
tournois  pour  chacune  charete  ou  à  moy  si  le  cas  y  echeoit. 
item  sur  tous  les  domaines  et  vassaux  dessusd.  sauf  en  ce 
(jue  je  suis  vassour  comme  dit  est  ledit  Baudoin  a  en  la  ville 
dessusdite  toute  justice  haute  moyenne  et  basse  et  par  touttc 
ladite  ville  dAllonne  es  chemins  et  boys,  fiefs  et  arrière  liefs 
et  par  tout  le  terroir  dicolle. 

Item  Monseitrneur  Thibault  deFrainville  chevalier  vassour 
de  moy  Jehan  dessusdit  qui  en  tient  la  mairye  de  Prunay-le- 
Gillou  avec  plusieurs  domaines  cens  rentes  et  autres  choses 
dont  nous  ne  pouvons  avoir  cognoissance  parce  que  les  terres 
sont  en  friche  et  par  ce  ny  pouvons  assigner. 

Item  Jehan  Langlois  qui  tient  la  moitié  d'un  hébergement 
a  'Jezauville  avec  la  moiti(''  cy  comme  il  se  comporte  avec 
lanioitii'îde  sept  livres  tourn..  quatre  sols  de  cens  et  dix-huit 
gelyues  deus  sur  plusieurs  outizes  et  terres  assize  a  Gesan- 
ville.  aux  Vaux,  lui  revenans  avec  Simon  de  Croce  écuyor 
•  lu(|ii(l  il  lieu!  l'autre  moitié.  Lesquelles  choses  dessusd. 
furent  ii  l'i-n  Geoffroy  de  Lestourville  et  après  h  Robinet 
fl'Izy  son  |iii(|ecesseur. 

Itciii  SyiiKiiiei  de  Croce  ecuycr,  vassour  de  moi  Jehan 
dessusdit  cpii  en  lient  en  ddUiaiue  son  hébergement  de  Croce 
cy  comme  il  se  poui'suit  et  compoite.  et  les  plantes  et  les 
liois.  Item  ûi)U\  muyds  de  terre  assis  en  pliisicms  pièces  au 


—  270  — 

terroir  de  Croce  avec  cens  rentes  et  [jlusieiirs  domaines  et 
par  les  domaines  dessusd.  il  garendist  plusieurs  vassours  et 
rierevassours. 

Item  Gaultier  de  Chartres  qui  tient  de  moy  Jehan  dessusdit 
à  trois  foys  les  choses  qui  ensuivent  c"est  à  sçavoir  à  la 
première  foy  vingt  six  septiers  et  mine  de  terre  en  plusieurs 
pièces  assis  au  terroir  de  Croce.  Item  à  la  seconde  foy  dix- 
sept  septiers  de  terre.  Item  à  la  tierce  foj' un  muyd  de  terre 
en  une  pièce  que  l'on  appelé  le  chamj)  de  la  Ferté.  Item  par 
les  domaines  dessusd.  il  garendist  plusieurs  vassours  et 
rierevassours  et  censiers. 

Item  Pierre  Gabille  à  cause  de  sa  femme  qui  en  tient  un 
hébergement  cy  comme  il  se  comporte  avec  un  colombier 
enclous  audit  hébergement  assis  à  Loulappes.  Item  un  muid 
de  terre  en  une  pièce.  Item  seize  septiers  assis  audit  terroir 
d'autre  part  et  par  les  domaines  dessusd.  il  garendist  plu- 
sieurs vassours. 

Item  les  hoirs  de  feu  Loys  de  Mesrobert  qui  en  tiennent  à 
deux  foys  c'est  à  scavoir  vingt  septier§  de  terre  assis  au 
terrouer  de  Loulappes.  Item  de  la  seconde^foy  cinq  septiers 
de  terre  assis  audit  terroir  par  lesquels  domaines  il  garendist 
plusieurs  vassours  et  rierevassours. 

Item  les  hoirs  de  Marion  qui  en  tiennent  vingt  deux  septiers 
de  terre  assis  es  ousches  et  audit  terroir  do  Prunay-le-Gillon. 

Item  plusieurs  autres  mes  vassours  audit  lieu  de  Prunay- 
le-Gillon. 

Premièrement  .Jehan  Morize  qui  en  tient  trois  septiers  à 
Prunay. 

Item  Michau  de  la  Forge  qui  en  tient  cinq  mines  à  Prunay- 
le-Gillon. 

Item  Thibault  Hurthault  qui  en  tient  trois  mines  de  terre 
audit  terroir  de  Prunay. 

Item  Michault  d'Autebiu  qui  en  tient  une  houssoye  à  Prunay 
contenant  trois  arpens. 

Item  .Jehan  Hurtault  qui  en  tient  trois  minots  audit  lieu  de 
Prunay. 

Item  Pierre  Germain  qui  en  tient  cinq  mines  de  terre  audit 
lieu. 

Item  .Jehan  le  Portier  qui  en  tient  un  septier  de  terre  audit 
lieu. 


—  277  — 


Item  les  hoirs  feu  Jehan  Chapellicrqiii  en  tiennent  une  mine. 

Item  Monsieur  Jehan  de  la  Barre  qui  en  tienttrois  mines  de 
terre  et  garendist  plusieurs  vassours. 

Item  les  hoii^  IVu  Jchaiinot  do  riumit-prc  (jui  tu  liennent 
une  niync. , 

item  Jehan  l>uubl('i  quientitni  deux  septierscic  icrrc  audit 
terroir. 

lesquels  en  tienneni  plusiciiis  lu'rita|j:es  comme  lerre  cens 
rentes  et  autres  chmiaincs  pai-  lesquels  il  irareudist  plusieurs 
vassoiiis  ei  rierevassuurs.  l)es  domaines  et  vassours  nous 
n'en  pouvons  avoir  ni  tuilier  par  déclaration  parce  que  les 
lerres  sont  (mi  friche  el  partie  des  personnes  chaui^ees  et 
allées  de  vie  il  Irepassement  el  par  ce  iMo,\"en  nous  n'en  jiou- 


vons  avoir  co^noissance. 


Ileni  Jehan  de  Lan^uedoue  qui  tient  a  une  Iny  un  heber^^e- 
nient  cy  comme  il  se  poursuit  vij^nes  vergers  tout  encloux 
et  vini^jt  muis  sept  septiers  de  terre  et  bois  en  plusieurs 
pièces  par  lesquels  domaines  \\  garendist  plusieurs  vassours 
et  rierevassoui's. 

Item  les  hoirs  Geollroy  de  Lestourville  jadis  ecuyer  qui  en 
tient  il  deux  l'oys.  c'est  il  scavoyr  la  pi-emiere  foy  vingt  sep- 
tiei's  el  myne  de  terre,  l'autre  en  domaine  poin-  c(î  que  c'est 
lie  ancien  par  lesquels  liefs  il  garendist  plusieurs  vassours  et 
rensiers  c'est  à  scavoir  Monsieur  Thibault  de  Frainville  che- 
valier, llein  'luillainne  Roger.  Item  Mit  liaull  de  Francour- 
ville.  lieiii  Jehan  (]r  ("liautcpie  par  lesquels  sont  garendist 
les  riere vassours  et  censiers. 

Item  les  hoirs  feu  Pierre  Savoure-  qui  en  tient  ii  une  foy 
quatre  se|)liers  et  trois  nnnesen  ])lusieurs  i)ièces  par  les(|uels 
il  garendist  les  vassours  ((ui  ensuivent.  C'est  ii  scavoir 
Kegnaull  «Jerniain.  Aul)in  le  llucher,  Liger  Thil»aull. 

Hem  Kegnaull  |)cspoi-les  de  lioissay  qui  en  tient  ii  li'ois 
l'oys  egallemeni.  l'remieremeiii  \  ingt  cinii  septiers  (h-  |ei-|-e 
'Il  domaines  assis  en  plusieurs  pièces  par  i|Uoy  il  gareinlisl 
phisieurs  vassours,  c'est  ii  scavoii-  :  Sainxol  Huel,  Jehan 
iiouguiei-.  !)eiiis  Mace.  l'ellill  iMcJielh'.  R<'gnault  Despoi'tes. 
la  veint'  de  l'eu  (iuillaume  de  Heliiancourt.  Ilem  les  hoirs 
J«'han  i'hilippol  seitlieme  \assal.  Item  Jeiian  de  la  Ri\iei-e 
écuyer  huilieme  vassour  pai-  lesquels  vass«un's  son!  iraren- 
dils  plusieuis  ricrcvas.s(uirs  dudit  I)es[)ortes. 


—  278  — 

Item  Philippe  Delaporte,  bourgeois  de  Chartres,  qui  en 
tient  à  deux  foys  ce  qui  ensuit  :  C'est  k  scavoir  la  première 
foj'^  quatorze  septiers  de  terre  en  une  pièce  au  terroir  de 
Crocey.  Item  à  la  seconde  foy  quatorze  septiers  de  terre  en 
plusieurs  pièces  audit  terroir  et  une  disme  assise  en  icoluy 
sur  plusieurs  héritages  par  laquelle  seconde  foy  il  garendist 
les  vassours  qui  ensuivent.  C'est  à  scavoir  d"*^  Isabelle  jadis 
femme  de  feu  Huet  de  Bouves  qui  en  tient  quatre  livres  treize 
sols  quatre  deniers  de  menus  cens  sur  plusieurs  héritages. 
Item  Jehanne  de  Launoy  jadis  femme  Huet  de  Bouves 
qui  en  tient  deux  arpens  de  prez  assis  en  la  rivière 
de  Chuisnes  et  deux  arpens  de  pâture  fauchables  tenant 
à  une  foy. 

Item  Gillot  Baron  qui  en  tient  demi  muyd  de  bled  de  rente 
par  chacun  an  sur  le  quart  du  moulin  de  Nouvet  des  Hays  et 
par  quoy  il  garendist  Michault  de  Chaillozau  son  vassour. 

Item  les  héritages  qui  furent  feu  Regnault  Chollet  pour  un 
vassour  à  deux  foys  lesquels  en  tient  par  deflfaut  d'homme 
c'est  à  scavoir  son  hébergement  et  ses  a"ppartenances  assis 
au  Brosseron  et  colombier,  contenant  ledit  lîebergement  trois 
septiers  de  terre.  Item  vingt  neuf  septiers  et  mine  de  terre 
en  plusieurs  pièces  à  une  seule  foy  et  à  la  seconde  foy  un 
arpent  et  demy  de  prez. 

Item  les  hoirs  feu  Thibault  Quatresols  qui  en  tiennent  dix 
septiers  de  terre  en  plusieurs  pièces  au  terroir  et  en  la 
paroisse  de  Meignay. 

Item  le  quart  des  champarts  qui  jadis  furent  feu  Macot  de 
Chautionart  et  Monsg""  Guillaume  de  Thiville  assis  au  terroir 
des  Vaulx  de  Jorran  et  le  quart  de  trois  sols  de  menus  cens 
qu'il  a  avec  les  dessusd.  rendus  par  chacun  an  à  la  Pomme- 
roye  sur  Cernoy  tous  tenu  à  une  foi. 

Item  Jehan  de  Villete  qui  en  tient  à  une  foy  c'est  à  scavoir 
son  hébergement  de  Challoiau  cy  comme  il  se  comporte 
o  toutes  ses  appartenances.  C'est  à  scavoir  trois  arpens  et 
demy  de  bois  juxte  ledit  hébergement  et  six  septiers  et  mine 
de  terre  par  lesquelles  il  garendist  les  hoirs  feu  Guillaume 
Langlois  de  environ  cinq  septiers  de  terre  et  deux  arpens  et 
demy  de  bois  ou  environ. 

Item  Jean  Simart  comme  garde  des  enfans  feu  Jehan  le 
Bastart  à  cause  de  sa  femme  qui  en  tient  trois  septiers  de 


—  27ÎI  — 

terre  assis  au  terroir  de  Bienfoiil.  Item  trois  septiers  de  terre 
audit  terroir.  Iit'iii  «iciix  sciitiers  dr  tcrn*  audit  terroir. 
Item  deux  sepiiers  de  terre  au  terroir  de  (leiinestay  et  une 
noue  coiilenanC  trois  niuis  a.ssise  entre  Xouvay  et  (îenestay. 

Item  nuiHennn  Barltou,  Ijonrireois  de  Chartres,  à  rau.se  de 
>a  l'emme  (jui  eu  tient  un  lieheriiement  appeh'  lietelasse  ry 
comme  il  se  poursuit  <>  toutes  ses  appartenances  ei  sept 
iiiuyds  ([uatre  septiers  de  terre  en  {ilusieurs  pièces  envii-un 
ledit  lieber<^enienl.  Kl  par  ce  irarendil  deux  vassours.  C'est 
à  scavoir  les  hoirs  feu  Simon  Chollet  et  Jehan  de  Kliemalanl 
à  deux  Toys. 

Item  la  femme  feu  .lelian  Lory  comme  irarde  de  ses  enfants 
((ui  en  tiennent  un  lieberg-ement  cy  comme  il  se  poursuit 
assis  h  Tencloux. 

Item  cin(|  septiei-s  et  mine  de  terre  audit  terroir  et  deux 
arpens  et  un  (juariier  ([ue  bois  que  noue  et  par  ce  f^arendit 
deux  vassours  c'est  à  scavoir  Jehan  Lartreur  et  Jehan  Delaloge 
il  une  foy. 

Item  (Tuillaume  Jacquclin  qui  en  tient  ii  une  foi  un  arpent 
de  noue. 

Item  quatre  arpens  de  bois  assis  à  la  clousierc  des  Char- 
mois  et  sept  septiers  et  demy  minol  de  terre  en  plusieui's 
pièces  et  deux  deniers  de  rente  assis  à  Chermoy  par  lesipuds 
il  irarendit  trois  vassours.  C'est  à  scavoir  Etienne  Descnre. 
riie\cniu  Thomas  et  Jehan  Larcreur  ses  vassours. 

Item  les  hoirs  l'eu  Jehan  Hubert  (jui  en  tiennent  ;i  une  foy 
six  septiers  de  tern^  assis  au  terroir  de  Loidappes. 

lleiu  Nor-l  'rrouillnnl  (jui  eu  lient  une  placer  assise  ;i  la 
Touche  et  quatre  septiers  cl  mine  de  terre  assis  audit  lieu  et 
par  ce  ^l'arendit  les  hoirs  feu  CTilloJ  Throuillard. 

Kem  Jehan  (Jaig'uon  demeni-ant  audit  l'riiuay  le  (lillou  (pii 
en  tient  une  nnne  de  terre  a  Piiinay  le  (lillou. 

Iieui  Anlbin  <iuillni  (pii   eu   tient   nue  iioi"'  assis  ;i  Macelin. 

Ilem  .leliau  Letrras  (jui  eu  lient  un  miiyd  de  ter-i-eassisaudil 
teiToir  d'eUN  iiou  le  uioulin  de  Nou\  cl  le  (  'bel  il  a  une  foy. 

Item  M"  Aiidre  La^rue  i|ui  eu  tient  ;i  quati'e  l'ois  ci'  (pii 
ensuit  c'est  ii  scavoir  six  muyds  de  terre  tant  uaiirnable  comme 
n()n  i/aiiTiiable  assis  en  |ilusieurs  |)ieces  an  tei"i"oir  lU's  cures. 

Item  li-ois  arpens  de  bois  et  trois  de  noe. 

Item  a  la  seconde  foy  son  heberprementdu  'ii'onchay  juxte 


—  28(:)  — 

Coiirbeville  o  ses  appartenances   avec  vingt  septiers  trois 
minots  de  terre  ou  envii-on  led.  hébergement. 

Item  trois  muyds  en  une  autre  pièce  et  arpent  et  demy  de 
noë  et  un  hébergement  qui  fut  feu  Jehan  du  Tronchay  et  par 
ce  garendit  un  vassovu*  c'est  à  scavoir  Colin  Jougan. 
/  Item  il  la  tierce  fois  dix  so])tiors  do  terre  assis  an  terroir 

de  Broceron. 

Item  à  la  quarte  foy  trois  septiei's  de  teire  assis  au  terroir 
de  la  Noë. 

Item  Michault  Regnault  à  cause  de  sa  femme  qui  en  tient 
à  deux  fois  :  Premièrement  à  la  première  foy  quatre  septiers 
de  terre.  Item  à  la  seconde  foy  six  septiers  de  terre  et  un 
vassour  c'est  à  scavoir  Louis  Lucas  qui  en  tient  quatre 
septiers  de  terre  lequel  vassour  garendit  plusieurs  rier- 
vassours. 

Item  Jean  Gouceaume  qui  en  tient  dix  septiers  de  terre  au 
terroir  de  la  Prestriere  par  lequel  domaine  il  garendit  plu- 
sieurs censiers. 

Item  Sainxot  Bourault  qui  en  tient  quin'^e  septiers  de  terre 
au  terroir  de  Serez  et  par  ce  garendit  deu??  vassours,  c'est  à 
scavoir  Jehan  Louste  et  Jehan  Surot. 

Item  Jehan  Louste  qui  en  tient  à  deux  foys  c'est  k  scavoir 
à  la  première  foy  quatorze  septiers  de  terre  au  bordeau  de 
Chuisnes.  Item  dix-sept  septiers  en  plusieurs  pièces  à  la 
seconde  foy  au  terroir  d'environ  le  Tertre. 

Item  Jehan  Moreau  qui  en  tient  six  septiers  de  terre  assis 
au  terroir  des  Bordes. 

Item  Simon  Le  Chat  qui  en  tient  quatre  septiers  de  terre 
assis  au  terroir  d'Occonville. 

Item  Jehan  du  Charmoy  qui  en  tient  trois  mines  déterre  au 
terroir  de  Charmoy. 

Item  Jehan  de  Merobert  ecuyer  qui  en  tient  un  prez  api)elé 
le  prez  de  la  place.  Et  par  ledit  prez  garendit  Noël  Trouillard 
vassour  entier  de  la  moitié  dn  moulin  de  la  Place. 

Item  les  hoirs  feu  Thomas  Rousseau  qui  en  tiennent  trois 
arpens  au  terroir  de  Thivas.  Item  trois  minots  audit  terroir. 
Item  quatre  deniers  oboUe  de  cens  et  rente  par  chacun  an 
le  jour  de  la  S'  Remy  avec  les  prol^Hts  qui  en  peuvent 
dépendre  et  par  ce  garendist  M^  Estienne  Bellot  son  vassour 
de  cinq  mines  de  terre  audit  terroir. 


—    L'Sl    — 

Item  les  hoirs  ou  ayaiis  cause  do  l'eu  .Ichaii  df  Kichanl  qui 
en  liennenl  six  septiers  de  terre  ;ui  li-rmir  du  rciii-c. 

Item  Jacques  Lefebvre  à  cause  de  s.t  femme,  serj^'ciii  du 
roi  notre  sire  fetjuol  en  tient  (juatrc  miu\  ds  it  dciny  tir  terre 
avec  une  l+ofde  qui  est  dans  l.Klitc  tcrrrci  it.ii-ccLr.irciidil  un 
vassour  c'est  il  sca\(»ir  Maco  ilc  la  Harrc  i|ui  m  licul  qn;iii-c 
sepliors  de  terre  à  une  loy. 

Item  les  hoirs  Icu  Cidin  Lr  l-'clivrc  qui  en  licuucui  rinq 
muis  et  un  seplier  de  terre  en  plusieurs  pièces  assis  an  h  rr«iir 
d'entre  Boissay  et  le  Coudray  et  par  ce  ^arendit  'Guillaume  de 
la  Beurriere,  vassour  desd.  hoirs  qui  en  liennenl  vinirt-ti'ois 
septiers  de  terre  audit  terroir ii  une  loy. 

Item  Rohin  le  Camus  à  cause  de  sa  femme  (pii  eu  lieiii  a 
une  foy  six  s»q»tiers  de  lerre  assis  dexaul  le  moulin  df  (im- 
nestay  et  par  ce  ^arendist  .Jehan  Qualremaillc  de  drux 
septiers  de  lerr<'  audit  teri'oir. 

Item  les  hoirs  de  feu  .lehan  Sainxe  tpii  eu  tieuurui  dix 
st'piicrs  assis  a  l'oruie  du  Couldrean  sui'  la  louiaine  ei  parce 
Liarcinhl  i-\\\i[  \assouis  c'est  assavoir  Liihiii  du  Burreau  qui 
en  tient  trois  septiers  un  nnnot  de  terre.  Item  Thieunot  .lac - 
(piel  (pli  en  tient  trois  sejitiers  un  minot  de  terre,  item  (drard 
\'i(dle  (pli  en  tieiil  une  mine  de  terre  item  Lucas  du  Coiil- 
ilreaii  (pii  eu  lieiil  une  mine,  llem  Jehan  des  \'aiix  ipii  fii 
tient  une  mine. 

lleiii  Colin  .luLiaii  i|ui  eu  ticiil  a  une  foy  ciiui  mines  de  lerre 
assis  derrière  la  \ille  de  CdmlicN  ijle. 

Item  les  hoirs  ou  ayaiis  cause  de  feu  .Mail in  iMicliesu.iy  (pii 
en  liennent  trois  mines  de  terre  assises  au  terroir  de'l'hivas. 

Item  J(dian  du  Charmoy  ({iii  en  lient  deux  seplier^  de  ien-e 
assis  au   terrctir  du  hois   feu  Vxcs  a  une  foy. 

Item  les  hoirs  feu  .Michelel  de  la  Ki\iere  (pli  en  tielilielll 
(juatorze  septiers  sceis  en  la  paroisse  de  Chnisnes  Jnxie  la 
vcjye  (pli  \ieiii  de  lîelaincouri  a  cjiuisne. 

Item  les  hoirs  l'hilippe  de  l.i  l'olle  (pli  eu  lielllielit  a  (plaire 
l'oys  (plaire  septieis  de  leric  cl  mine  assis  an  terroir  if  \c|ii-. 

Item  l'erot  Na/.arl  (pii  eu  lieiii  ;i  une  lois  un  ludieriicineiil 
et  .ses  appartenances  assises  à  Bienlol  Item  cin(|  deniers 
de  cens  de  rente  deus  par  chacun  en  ladite  \ille  paies  par 
Ciaucher  de  Chartres  trois  deniers  loiunoiN.  ei  jiai-  Colin 
d'Orouer  deux   deniers. 


—  282  — 

Item  Xocl  Trouillard  ({ui  en  tient  à  une  ïoy  dix  huit  sep- 
tiers  de  terre  assis  :  un  muid  au  vau  de  la  Charentonne  et 
six  septicrs  au  terroir  de  Maillibort.  Item  dix  septiers  de 
grains  les  deux  paris  hled  et  le  tiers  avoyne  en  la  grande 
disme  de  S'  Germain.  Et  par  ce  garendit  trois  vassours  c'est 
à  scavoir  les  hoirs  de  feu  Nicolas  et  Jacques  les  Trouillart  et 
Belon  femme  feu  Guillot  Trouillart  lesquels  conjointement 
en  tiennent  autant  de  grains  sur  ladite  dame  de  S^  Germain 
comme  ledit  Noël. 

Item  Colin  Boudon  qui  en  tient  trois  mines  de  terre  assises 
aux  Vaux  en  la  paroisse  de  Prunay  le  Gillon. 

Item  ISP  Gilles  de  l'Aubépine  à  cause  de  sa  femme  lesquels 
tiennent  à  trois  foys  c'est  assavoir  à  la  première  foy  cinq 
mines  de  terre  au  terroir  de  Bienfol.  Item  à  la  seconde  foy 
cinq  mines  audit  terroir.  Item  à  la  tierce  foy  quatre  septiers 
trois  minots. 

Item  Supplice  Bernier  qui  en  tient  la  moitié  d'un  prez 
assis  environ  de  la  Noë  contenant  demy  arpent  et  un  quar- 
tier. 

Item  Jehan  Estienne  qui  en  tient  la  moitié  d'un  arpent  et 
demy  joignant  à  mes  prez. 

Item  les  hoirs  ou  ayans  cause  de  Jehan  de  Bré  qui  en  tient 
cinq  septiers  de  terre  en  deux  pièces  au  terroir  de  la  place. 

Item  Jehan  Boulehart  qui  en  tient  à  une  foy  seize  septiers 
de  terre  assis  au  terroir  de  Pommeroy  en  plusieurs  pièces. 

Item  Lucas  des  Ouches  qui  en  tient  un  hébergement  et 
ses  appartenances  assis  à  Thivars. 

Item  Colin  Jugan  qui  on  tient  trois  arpens  de  terre  assis 
au  terroir  du  Broceron. 

Item  Perret  Beraudier  qui  en  tient  7  boisseaux  et  domy 
de  terre  assis  au  terroir  de  Prunay-lo-Gillou. 

Item  les  hoirs  de  feu  Etienne  de  la  Henriero  qui  en  tient 
la  sixième  partie  de  tous  les  champarts  du  Tielin  et  de  touttes 
les  appartenances  d'iceluy  lieu  (pii  souloient  monter  pai' 
chacun  an  riiii  paf  l'autre  environ  ;i  irois  nniyds.  Item  la 
sixième  partie  de  la  vente  des  dismes  et  des  cens  sur  tous 
iceux  champarts  qui  vallent  ou  peuvent  valloir  à  chacun  an 
l'un  ])ar  l'autre  de  rente  environ  deux  sols.  Item  demy  quar- 
tier de  terre.  Item  quatre  septiers  de  grain  de  rente  sur  la 
sixième  i)artie  do  Robert  Garnier.  Item  quatre  septiers  de  rente 


—  v»s;;  — 

sur  la  iiarlic  roliii  N'ivicii  jt.u-  laismi  i\v  (.'ollcle  sa  iViiiino 
et  toute  en  une  loy. 

Item  M'  Robinet  de  Vieuxpont  chlr  qui  on  lient  trois  niuids 
(le  terres  au  Çernur  de  Courbeville  l(jiil  environ  la  justice 
dudit  lieu  U  une  loy. 

Item  Madame  Jehannc  de  Nit-uxiionl  jadis  iVinint-  l'eu 
Monsieur  Louis  d"Kstouteville  jadis  chevalier  (|ui  en  tient  la 
nietayriedii  \n\  .luly,  le  plossis.  colombier,  estan^' et  vivieret 
vin^Mdeuxmuidsde  terre  on  <'n\  ironassis  eni>lusieurs  pièces 
avec  un<^s  éperons  doré  ou  cinq  sols  pour  la  valleur  pris  sur 
une  maison  devant  la  halle  de  Courbeville  qui  jadis  lut  feu 
(Uiillaume  le  Cointereau  barbier  et  la  haye  de  Bethancourt, 
la  haye  Tronchet  (»  la  haye  aux  malades,  le  bois  feu  Yvon. 
la  L^^arennc  neufve  juxte  les  bois,  et  irarenne  a  connins  par 
tous  les  lieux  dessusd.  Item  deux  mailles  de  cens  sur  le 
\)vr  de  Nouvet  (jui  jadis  fut  feu  Colin  Badin  avec  les  prez 
(jui  ensuivent  c'est  à  scavoir  le  pré  appelé  le  gain  de  Nouvet 
la  noe  More  juxte  la  mestayrie  et  les  prez  et  pastures  au 
dessus  (lu  moulin  de  Ganelon  par  lesquels  il  trarendit  deux 
vassours  c'est  à  scavoir  Jehan  Michon  d'un  muid  de  terre  ou 
environ  assis  derrière  le  Tronchay.  Item  Jehan  (Jlhopin  (jui 
en  tient  en  la  paroisse  de  Chuisue  et  ailleurs  plusieurs  lieri- 
tai^'es.  Item  Jehan  de  Many  qui  en  tient  à  Chuisne  a  une  foyla 
iiioitif'  de  la  noue  More  par  deriere  la  croix.  Itt'ni  la  iiioiti('' 
(le  lieux  gelynes  rendue  à  Noël  pour  le  retcjur.  Hem  la 
moitié  dudit  retour  du  [)onl  ({uardeux.  Item  deux  muids 
de  terre  aux  bois  Aubert.  Et  par  ces  domaines  garenditdeux 
\assours  c'est  à  scavoir  Perrot le  Chandelier  ((ui  en  tient  audit 
terroir  deux  septiers  et  mine  de  terre.  Item  Jacques  Follet 
qui  en  tient  à  cause  de  sa  femme  deux  septiers  et  mine  audit 
terroir. 

Item  Robert  de  \'i,uiiay  quien  tienteii  la  paroisse  du  Faivril 
la  inoilii'  (lu  liois  carreau  avec  les  friches,  ^'as  et  lirieres 
aiijjres  lenans  au  dessus  des  dessusdites  friches. 

Item  l'icrre  <iabille  ;i  cause  de  sa  feiniiie  comme  ayaiil  le 
l)ail  des  enfans  feu  (Mlhd  ("ourol  de  l'oiitudiu^- (pii  en  tient  la 
moitié  du  bois  carreau,  friches,  i^as  et  lii-uyei"es  aupi-es 
tenans  au  dessous  des  dessusdites  friches. 

Item  les  hoirs  feu  Simon  des  Bois  ilinoisl  pour  le  iem|is 
qu'il  etoit  hébergé,  la  mothe  et  tgus  les  fos.ses  sus  nommes  c\ 


—  284  — 

comme  ils  se  comportent  à  Tenviron  de  ladite  mothe  avec  un 
arpent  de  bois  tenant  aux  fosses  dessusdits.  —  Item  la  terre 
appelée  le  censsement  que  plusieurs  censiers  tiennent  desdits 
hoirs  à  cens  et  avenaiges  paiëes  le  dimanche  après  S*^  Remy 
vallant  en  argent  cinq  sols  et  on  arrérages  neuf  septiers 
d'avoine  à  tels  droits  comme  il  pourroit  appartenir  et  sont 
tenus  à  trois  foys. 

Item  les  hoirs  ou  ayans  cause  de  feu  Perrot  de  Rothux  qui  en 
tiennent  plusieurs  domaines  par  lesquels  sont  garendis  plu- 
sieurs vassours  lesquels  nous  tenons  et  sont  en  nostre  main 
par  le  doffaut  d'homme  et  par  ce  n'en  poures  faire  décla- 
ration, generallement  les  domaines  et  vassours  appelés  les 
Roseaux  étant  en  la  paroisse  et  terroir  de  Bailleau  le  Pin. 

Item  Michelet  de  Geouville  ecuyer  qui  en  tient  à  une  foy 
son  hébergement  de  (jehouville  o  ses  appartenances.  Item 
sa  part  de  l'aunoy  dudit  lieu  qui  contient  un  arpent.  Item 
Lino  pièce  de  rivière  aux  planches  de  Meauce.  Item  trois 
arpens  de  bois  audit  lieu.  Item  cinq  arpens  de  bois  aux  champs 
du  pays.  Item  trois  arpens  de  bois  assis  ii  la  Corveerie. 
Item  cinq  arpens  de  pré  au  bout  de  la  h^-e  de  Bellomer. 
Item  cinq  septiers  de  terre  assis  aux  Boissieres.  Item  neuf 
septiers  de  terre  au  Chemin-Ferré.  Item  vingt  septiers  de 
terre  vers  les  planches  de  Meaucé.  Item  denu  arpent  de  pre 
audit  lieu  de  Meauce.  Item  le  champ  du  Murger  contenant 
deux  septiers.  Item  trois  mines  de  terre  sur  la  fontaine 
de  Geouville.  Item  un  courtil  contenant  trois  mines  abutant 
aux  courtilles  Jehan  de  Geouville.  Item  une  pièce  de  place 
contenant  un  quartier  de  terre.  Item  en  la  paroisse  de  Bail- 
leau le  Pin  deux  septiers  de  terre  delez  Collin  Ferrant  et 
juxte  Perinneau  d'autre.  Item  une  mine  audit  terroir  et  par 
les  domaines  garcndit  le  vassour  Jehan  de  Geouville  pour 
deux  septiers,  Jehan  des  Avaux  et  Jehan  de  la  Breviere. 

Item  Jehan  des  Courtils  à  cause  de  sa  femme  qui  en  tient  k 
([uatre  foys  les  héritages  qui  ensuivent  en  domaine.  Premiè- 
rement à  la  première  foy  vingt  arpens  de  terre  assis  au  ter- 
roir de  Cheville  en  plusieurs  i)ieces.  Item  à  la  seconde  foy 
sept  arpens  et  demy  de  terre  assis  à  lasausaie  Chauvelle  en  plu- 
sieurs pièces.  Item  à  la  tierce  foy  cinq  arpens  et  demy  de 
terre  assis  au  terroir  du  Broceron  en  plusieurs  pièces.  Item 
k  la  quarte  foy  demy  de  terre  assis  au  terroir  du  Daulemont 


—  285  — 

en  iiiif  pioce  et  par*  les  tloinaiiies  dessusdils  prarendist  les 
vussours  qui  ensuivent.  (J'est  à  scavoir  Massot  et  (tillot  les 
Bidaux  d'une  mine  et  un  boissel.  Item  Ouillot  lilsde  (eu  Jehan 
Bidault  de  (juaire arpents  de  terre.  Item  le  lilsde  l'eu  Pliilipnt 
Bidault  et  jes- vassours  de  feu  (Juillot  liidault  qui  enticiicn- 
nent  un  sciiiicr  de  tori'c. 

Iiciii  les  liojis  dr  Icu  l't'i'iu  Cotliei'eaii  qui  «'H  tienueul  une 
mine  de  terre. 

Item  (iuillaume  de  Rivci-aiii  ijui  en  liciii  deux  aipcns  de 
terre. 

Item  les  hoirs  de  feu  'iilloi  h\il)iii  t\\\\  en  lienncnl  trois 
arpens  et  demy  quartier  de  terre 

Item  les  hoirs  et  la  femme  feu  .!<  liaii  de  la  Kivicrc  (pu  en 
tiennent  trois  arpfus  et  demy  de  icri'c 

llciii  fiuci-iii  ('(iilicrcau  (pii  en  liciil  la  iiioilii'  d'un  ai'pfiit 
et  dciiiy  de  terre. 

Item  h's  hoirs  fcMi  .Icliaii  iîidaiili  qui  en  tiennent  un  arpent 
de  terre. 

Item  .Jehan  lils  feu  (Jillot  IJidaull  qui  en  tient  deux  arjtens 
et  demy  quartier  de  terre. 

Item  les  hoirs  de  feu  Louis  Bidault  (pii  en  tiennent  l'autre 
moitié. 

Item  .Jehan  d'Houarl  (pii  en  tient  se])t  arpens  de  terre. 

Item  Guillaume  Laniilois  qui  eu  lient  trois  arpens  de  terre. 

Item  .lehan  Quatremaille  qui  en  tient  (pialre  arpens  de 
terre. 

Item  les  hoirs  (eu  .Jehan  de  la  l'uHe  (pii  en  tiennent  demy 
arjx-nt  de  terre. 

Item  <'iprien  Drouarl  qui  en  lient  en\iron  trois  quartiers 
de  noe. 

Item  les  hoirs  1(11  l'ieire  de  Beauinonl  (pii  <mi  tiennent  à 
une  foy  dix  septiers  de  tei'i-e  an  icrniji-  i\[[  lîimil. 

Item  les  hoirs  l'en  Monsieur  .Michelel  Michon  |trestr<'  seiz»' 
septiers  de  terre  en  plusieurs  [)ieces  c'est  ;i  scavoir  <lou/e 
septiers  au  chemin  chartrain  (d  (pialrese]diers  au  terroir  de 
Bosmonl.  Hem  un^'  heg  hourcier  au  (ei-roir  de  .M(jndon\  ilh- 
ou  il  n'a  rien  laboure  et  par  ce  ne  le  puis  bonnement 
déclai'er  car  Je  n'en  ai  point  doiimc. 

Item  la  femme  feu  «Miillaunie  d.'  l'.izay  laiii  en  son  nom 
comme  ayant  la  Ljai-de  de  se<  eufans  qui  en  lient  a  trois  loys 


—  28(»  — 

c'est  à  scaA'oir  à  la  première  t'oy  trois  mines  de  terre  assis 
au  terroir  de  Girou ville  eu  plusieurs  pièces.  Item  à  la 
seconde  i'oy  vingt  septiers  audit  terroir  au  long-  deHuet  Lan- 
g'uedoue.  Item  à  la  tierce  foy  seize  septiers  de  terre  tenant  au 
long  du  chemin  par  lequel  Ton  va  de  Houville  à  Guignon- 
ville. 

Item  les  hoirs  et  ayans  cause  de  feu  Jehan  de  la  Loge  qui 
en  tiennent  à  une  foy  quinze  septiers  de  terre  au  terroir  du 
Vau  de  la  Charentonne. 

Item  Richard  le  Barbier  qui  en  tient  trois  septiers  de  terre 
en  une  pièce  au  terroir  de  Brueil. 

Item  Jehan  Poirier  qui  en  tient  cinq  mines  de  terre  juxte 
la  haye  Robinet.  •>"'  ''  ' 

Item  les  hoirs  ou  ayans 'cause  de  feu  Simon  de  la  Ferté  qui 
en  tient  demy  muid  de  terre  assis  entre  Pommeray  et  le 
Charmoy. 

Item  les  hoirs  feu  Gillot  d'Ancey  qui  en  tient  trois  septiers 
au  terroir  de  Bizon. 

Item  Thomas  Lepronnier  qui  en  tient  vi«gt  septiers  au  ter- 
roir devers  Champeloux  en  deux  pièces.      -^ 

Item  Jehan  de  Courville  qui  en  tient  à  une  fois  onze  sep- 
tiers de  terre  et  un  arpent  de  noe  avec  une  place  et  le 
courtil  tout  à  la  closure  en  plusieurs  pièces. 

Item  Agnes  Laperière  qui  en  tient  cinq  septiers  de  terre 
assis  entre  Angerville  et  Prunay  le  Gillon  par  lequel  domaine 
elle  garendit  plusieurs  vassours  c'est  à  scavoir  Mathurin  de 
la  Forge,  Colin  Boudon  et  autres  dont  nous  ne  pouvons  avoir 
connoissance  parce  que  les  terres  sont  en  friche  à  une  foy. 

Item  Regnault  Retel  qui  en  tient  cinq  septiers  de  terre  assis 
au  terroir  de  Houville  à  une  foy. 

Item  Léger  Le  Clerc  qui  en  tient  un  arpent  assis  à  Prunay- 
le-(iillon  et  par  ce  garendit  AF  Thibault  de  Frainville  qui  en 
tient  un  verger  audit  lieu  de  Prunay-le-Gillon. 

Item  Simon  Milochau  fini  en  tient  une  mine  de  terre  assise 
au  terroir  do  Prunay. 

Item  Martin  Doublet  qui  en  lient  cinq  minots  audit  terroir 
à  une  foy.  —  Item  à  une  autre  foy  deux  septiers  de  terre 
audit  terroir. 

Item  Guillemin  de  Mongerville  ecuyer  qui  en  tient  comme 
son  propre  domaine  ;i  trois  foys  c'est  à  scavoir  un  beberge- 


—  287  — 
mont  assis  au  'roctro  vy  coiiihh'  il  se  iioiirsuii  ri  dix  MrjK'iis 
de  boistenaiis  audit  licbcrjitMiuMit.Iloiii  \  iii;j:l-cinqst'ptii'rs  de 
terre*  assis  au  terroir  du  Tartre  un  iilusicurs  piccos.  Kcin  ti"<»is 
sols  de  cens  el^deux  .irclynes  pai<''es  le  Jour  de  S'  Kcniy  et  par 
ces  duniaines.iîarendil  ]ilusieni-s  vass(tui's  (•■(>st  à  scavoir  les 
hoirs  tt'u  Macol  l'iclicnc  v.issdiir  l'iilici-.  iii'in  les  li(tii-s  Irii 
Saix(jt  entier  vassdur.  lleni  Irs  li(.irs  feu  Monsieur  Cordelle. 
Hem  les  hoirs  feu  Colin  Kstienne.  Item  Mirji.inli  |c  pileur. 
Ileni  feu  Clément  Suert . 

llem  .M'  Pierre  de  l'Haii  <he\  aller  (pii  en  tient  les  domaines 
censivement  c'est  à  scavoir.  Preuiiei'einent,  s(»n  heljeriicment 
de  Helhaincourl  oses  appartenances,  l'ousche  et  le  C(»loml)ier 
juxte  ledit  lieberii-enient  avec  vini;'t-huit  sepiiers  de  terre  en 
|iliisieurs  pièces  et  deux  arpensdenoë  (Mieuxiinn  et  li'sdcux 
paris  (lu  pre  de  Laidimy  o  ses  api)arl(.'nances,  do  mintes 
et  de  ladite  fusse  longue.  Item  viniit-six  deniers  de  rente 
sur  certains  héritages  paiez  le  Jour  de  la  Toussaint  par 
chacun  an  de  dismes  sm-  i>lusieurs  iieriiancs  appartenant  a 
Sainxe  de  la  Porte  ou  son  i>reneur  et  aux  terres  dessus 
liourdeharelles  et  au  },'rand  courlil  de  Hetaincourl.  Item 
six  sols  de  iciite  païeos  le  .i<)ur  de  la  Toussaint  poin-  un  si'ptier 
de  terre.  Item  onze  sols  de  cens  sur  les  cdurlils  de  laCresso- 
idere  de  Courbeville  et  vinj>-t  corvées  pcuir  faner  ses  près  par 
les(pu'ls  domaines  il  garendit  un  vassour  c"est  ii  scavoir  les 
hoirs  l'eu  Vvarl  de  IKaii  qui  en  tient  le  tiers  d'un  pr*'-  appeh' 
le  |)re  de  lauluay  desdiles  milites  ei  (!<•  lad.  fosse  loneue  et 
deux  sols  de  rente  paiees  le  ,j<mii'  de  la  Toussaint  sur  |»lu- 
sieui's  heritag-es. 

Item  le  prieur  (In  rrand)lay  c(jmme  ayaui  le  iiail  des 
enfans  feu  (iuilla.ume  de  <'hartres  à  cause  de  sa  feiume  (pu 
en  tiennent  ;i  une  loy  :  l'remii'remeiit  nu  hebei-gemenl  assis 
il  r'roce.  une  gai'enne  et  un  arpent  de  vignes.  M<'ni  six  livres 
de  menus  cens  et  dix-sepi  g(dynes  assis  ;i  Croc('  à  prendre^ 
siw  plusieurs  oustises  et  héritages  et  amendes  de  cens  non 
paiee.  Item  sept  muyds  ou  environ  de  terre  assis  au  teri-oir 
de  Croc('  et  ailleurs  en  plusieurs  pièces.  Item  je  eu  liens 
justice  haute  m(i\eniie  et  liasse.  Ileiii  un  arpeiii  de  vigm's 
et  une  place  de  garenne  eu  la  \  Iliuc.  llem  un  lief  bourcier. 
Item  plusii'urs  \  assoiu's  ei  riersassours  (pii  en  tienueiit 
plusieurs  héritages  assis  en  plusieurs  lieux   et  en   plusieurs 


—  288  — 

pièces  c'est  à  scavoir  Monsieur  Guy  de  Villoboii  qui  en  tient 
deux  heborgemens  assis  a  Crocé.  Item  Guillaume  Roger 
vassour  entier,  Pierre  Bellon  vassour  dudit  clievalier  et 
Thomas  de  Crocé  et  ledit  Jehan  vassour  dudit  chevallier. 
Item  ledit  chevalier  a  justice  par  partie  de  freiage.  —  Item 
ledit  Pierre  Belon  vassour  dudit  prieur  et  Thibault  de 
Crocé  l'aîné  et  le  jeune  qui  en  tiennent  héritage. 

Item  Jehan  Michon  qui  en  lient  huitmuyds  huit  septiers  et 
mine  de  terre  ou  environ  assis  en  plusieurs  i)ièces  et  en  plu- 
sieurs lieux.  Item  la  moitié  du  moulin  de  la  Place  o  ses  appar- 
tenances et  la  moitié  de  la  pescherie  avec  une  noue  appelée 
la  noue  aux  bœufs.  Item  la  place  d'un  hébergement  et  ses 
appartenances  appelé  le  Pallis.  Item  sur  la  disme  de 
S^  Germain  appelée  la  grande  disme  autant  de  septiers  de 
grain  bled  et  mars  par  chacun  an  comme  ladite  disme  estbaillée 
de  muis  par  chacun  an  à  la  mesure  de  Courbeville  paiees 
par  la  main  des  tenans.  Item  une  pièce  de  pré  appelé  le  pré 
de  la  Barre  juxte  la  rivière  de  Haraumont  avec  douze  deniers 
de  cens  sur  deuxhoustises  à  Courbeville.  Jtem  un  pré  appelé 
le  pré  Bellat  tenant  à  mes  près.  Et  par  les  d^omainesdessusd. 
garendit  plusieurs  vassours  c'est  à  scavoir  Pierre  Gabille  qui 
en  tient  à  cause  de  sa  femme  quatorze  septiers  de  terre  avec 
un  pré  assis  au  moulin  de  la  Place  et  trente  sols  de  cens  sur 
plusieurs  houstises  en  la  rue  Saint  Pierre  de  Courbeville 
avec  justice  de  simple  vassour  avecq  deux  vassours  :  Perot 
le  Chandelier  et  Jehanne  Estienne.  Item  Perin  Picherete  vas- 
sour dudit  Michon  qui  en  tient  deux  muydsde  terre  et  garen- 
dit Jehan  Avril  de  demy  muyd  de  terre.  Item  Jehan  Brebion 
vassour  dudit  Michon  qui  en  tient  dix  septiers  de  terre  à 
cause  de  sa  femme  par  lesquels  il  garendit  Pierre  Gabille  à 
cause  de  sa  femme  d'un  muyd  de  terre.  Item  Jean  Lebeauqui 
en  tient  sept  septiers  de  terre.  Item  Martin  des  Vaux  qui  en 
tient  troisarpens  de  terre.  Itemles  hoirs  feu  LubinChiquot  qui 
en  tiennent  demy  muid  de  terre  en  friche.  Item  Guillemin  de 
Magenville  qui  en  tient  dudit  Michon  une  disme  appelée  la 
disme  de  l'Erable  vaut  par  an  dix-huit  septiers  de  grain  une 
année  plus  autre  moins  et  tient  ladite  disme  à  cause  de  sa  femme. 
ItemM''  Audr('  Lagrue  qui  en  tient  ;i  cause  de  sa  femme  cinq 
arpens  de  terre.  Item  Guillemin  Barbou  qui  en  tient  à  cause 
de  sa  femme  cinq  arpens  de  terre.  Item  Jehan  Lescuyer  comme 


—  289  — 

ayant  le  bail  dr  sa  lillo.  (jui  en  lient  ciiui  ininots  do  terre. 
Item  Martin  Houtanno  (jni  en  tient  cinq  niinots.  Item  .Ichan 
Loustequien  tient  trois  mines  de  terre.  Item  Geoirroy  Duchesne 
qni  en  tient  dudtt  Miclion  trois  mines  de  terre.  Item  Perrotle 
Chandelier  qni  en  tient  trois  septiers  de  terre  sur  le  moulin  de 
Nouvel  les  llays.  Item  Simon  Moreau  (pii  en  tient  la  moitié 
d'une  maison. 

Item  les  hoirs  de  l'i'U  .lehan  de  l'Kau  ecuyer.  jadis  sire  du 
l'iessis,  (jui  en  lient  :i  domaine  ;i  une  l'oy,  par  dellaull  de  1m 
garendii,'  de  l'eu  M""  l'ierre  Le  -lay  jadis  chevalier,  de  qu(»y  il 
était  en  la  loy  île  l'eu  Bury,anll  Le  .lay.  deniy  niu.\(l  de  terre 
assis  devant  le  Plessis  feu  Yves.  Kem  trente-quatre  deiders  de 
cens  assis  ;i  la  Belle  Teste  sur  plusieurs  censiers  et  censives 
paiees  il  la  teste  de  la  Nativité  S'  Jehan  Baptiste  et  h  la 
Toussaint.  Item  un  [uc  juxto  lepron  le  Fouxard.  Item  demy 
aipent  de  terre  ou  environ  a.ssisauxGounardieres.  Et  par  les 
domaines  de.ssusd.  garendit  les  vassours  qui  ensuivent,  c'est 
a.scavoir  Berin  l'ichette  vassour  dudit  ecuyer  qui  en  tient  cinq 
septiers  de  terre  audit  terroir  et  garendit  Jehan  Avrilde  cinq 
septiers.  Item  Guillemin  de  la  Loge  vassour  desd.  hoirs  qui 
en  tient  sept  sejjtiers  de  terre  assis  au  terrcjir  du  Boys  feu 
Yvon  à  vingt-cinq  deniers  obolle  de  cens.  Item  U's  hoii's  feu 
Gast  deCharmoy  (pli  en  tiennenttroisminesde  terreau  teiroir 
de  la  'rouelle  à  six  deniers  de  cens.  Item  les  hoirs  de  feu 
.Michauli  de  Chaillioii  (pii  en  tiennent  unseptier  de  ii'i-re  sur 
la  vigne  de  la  N(uie  ii  six  deniers  obolle  de  cens.  Hem  Noël 
1  iduillard  (pii  en  lient  quatre  septiers  de  terre  assis  à  la  noue 
(le  la  Chardonniei-e  ;i  deux  sols  six  deniers  et  une  oye  blanche 
de  cens.  Item  les  hoirs  feu  Mairot  l'ichetle  (jui  en  tiennent 
riiKi  mines  de  terre  devant  lagarenne  de  Courbeville  ;i  (juati-e 
deniers  oholle  decens'.  Item  le  maistre  de  Taumosne  à  quatre 
deniers.  Item  h.'s  hoirs  feu  <luillauiiie  A\ril  (pu  <'n  tiennent 
trois  septiers  de  terreau  terroir  de  Gennestayà  neuf  deniers 
de  cens.  Item  les  hoirs  feu  Gillot  Ilerart  (jui  en  tiennent  desd. 
hoirs  sept  septiers  de  terre  en  i)lusieurs  pièces.  Kt  par  co 
garendit  envi-rs  lesd.  hoirs  du  iMessis  ^\t'\\\  vassours,  c'est 
à  scavoir  .la<(pi(dine  (b'  la  Loge  (pu  en  lient  un  sejjtier  de 
terre  an  terroir  des  l'orles  et  <;uillaniu(>  Langloys  (pii  en 
tient  deux  septiers  assis  audit  lerioir.  lii'in  Noël  Trouillard 
T.  Xil,  M.  19 


—  290  — 

vassour  qui  en  tient  dix  septiers  de  terre  au  terroir  de 
Bethaincourt.  Item  Oudar  Prevosteau  vassour  desd.  hoirs 
qui  en  tient  à  cause  de  sa  femme  deux  septiers  de  terre. 
Item  les  hoirs  feu  Colin  Galette  qui  en  tiennent  desd.  hoirs 
du  Plessys  trois  septiers  déterre  au  terroir  des  Poutres.  Item 
les  hoirs  Pierre  Roger  qui  en  tiennent  deux  septiers  de  terre 
au  terroir  du  Parc.  Item  Simon  Boullet  à  cause  de  sa  femme 
qui  en  tient  six  muids  quatre  septiers  de  terre  en  plusieurs 
lieux  et  en  plusieurs  pièces.  Item  il  en  tient  quatre  arpens  et 
trois  quartiers  do  bois  aux  Vieux  Roseux  avec  un  jardin  qui 
est  clos  de  roseux.  Item  un  vassour  c'est  à  scavoir  Jehan  de 
Villelequi  en  tient  six  septiers  déterre  au  terroir  des  Roseux. 
Item  Olivier  d'Orouer  qui  en  tient  à  une  foy  un  hébergement 
cy  comme  il  se  poursuit,  assis  à  Befoul,  avec  troys  arpens  et 
demy  de  bois  tenant  audit  hébergement.  Item  une  place 
assise  à  Cernoy  tenant  au  cimetière  de  Cernoy.  Item  la  moi- 
tié des  avenaiges  et  nombrages  des  Vaux  de  Cernoy  sauf  la 
huitième  partie  que  les  hoirs  feu  .Jehan  Estienne  en  tiennent, 
vallantpar  an  la  part  dudit  Olivier  deux  septiers  de  grain  ou 
environ  une  année  plus  l'autre  moins  avec  \a  moitié  des  vins 
et  des  ventes  appartenans  ausd.  héritaiges  quand  ils  sont 
vendus  avec  tel  profit  côe  ils  se  poursuivent.  Item  ledit  d'O- 
rouer en  tient  trente-quatre  septiers  de  terre  assis  en  plusieurs 
pièces  et  en  plusieurs  lieux  et  par  les  domaines  dessusd. 
garendit  les  vassours  qui  ensuivent,  c'est  à  scavoir  les  hoirs 
feu  Jehan  Estienne  qui  en  tiennent  huitième  de  disme 
et  champart  des  Vaux  de  Cernay  quien  tient  vingtseptiersde 
terre  en  une  pièce.  Item  Jehan  fds  feu  Thenot  Aubert  qui  en 
tient  un  septier  de  terre.  Item  les  hoirs  feu  Robin  Hellot  qui 
en  tiennent  deux  septiers  tenans  audit  Olivier.  Item  Monsieur 
Berthault  Courthieau  qui  en  tient  le  quart  des  avenaiges  et 
nombrages  des  Vaux  de  Cernay  avec  les  proffits  qui  en 
appartiennent  vallans  par  an  un  septier  de  grain  ou  environ 
une  année  plus  l'autre  moins.  Item  NoelBrcthoau  qui  en  tient 
à  cause  de  sa  femme  la  quarte  partie  des  avenaiges  et  nom- 
brages dessusd.  o  leur  appartenances.  Item  les  hoirs  feu  Louis 
de  Montaudoyn  qui  en  tiennent  un  fief  bourcier  appelé  le  fief 
bourcier  de  Dollemont  à  une  foy,  et  quatre  septiers  de  terre  en 
domaine  dudit  d'Orouer  avec  tels  droits  de  mairie  comme  k 
maire   appartient,  avec    les  dépendances   et    apartenances 


—  291  — 

auilil  fiol"  bourcier,  lesquels  en  tiennent  iilusieiirs  héritages 
cens  rentes  et  autres  choses,  c'est  à  scavoir  Jehan  deMerubert 
l'aiiK'  qui  en  tient  onze  minots  et  deniy  de  terre.  Item  Henry 
(If  Montaudou.Un  qui  en  tient  trois  arpens  deux  boisseaux  de 
terre.  Ul'Iii  Tlicnot  Breniont  (jui  en  tient  \  in|.,^t  boisseaux  de 
terre.  Item  ^Hiillol  Groust  qui  en  tient  une  mine  de  terre. 
Itfiu  lliiri  (le  IJeniave  uiie  mine  do  terre.  Item  les  hoirs  feu 
|)enise  jadis  sœur  de  l'eu  M'"  Lanjjrlois  (ini  cm  tient  un  septier. 
Item  les  gaigers  de  l'église  de  S^  Georges  qui  en  tiennent 
un  minot  de  terre  et  le  curé  de  S' Georges  un  nnnot.  Item  Louis 
Macé  qui  en  tient  un  septier.  Item  les  hoirs  dudit  Louis  de 
Montaudouyn  c<»mme  appartenant  dudit  (ieC  qui  en  tiennent 
deux  boi.sseaux.  Item  (iillol  de  .Montaudouyn  qui  en  lient  huit 
boisseaux.  Item  Michault  le  Moyne  quatorze  septiers.  Item 
Perrot  des  Banges  qui  en  tient  minot  et  demy  de  terre.  Item 
Guillotle  relieur  (pii  en  tient  quatre  boisseaux  de  terre,  item 
•Jehan  Morisequien  tient  un  septier  de  terre.  Item  Jehan  Pioche 
•pu  en  tient  dix  septiers  de  terre  en  plusieurs  pièces  et  une 
mine.  Item  Thiennot  Perier  qui  en  tient  une  mine  de  terre. 
Item  Thienot  Pische  qui  en  tient  tnns  minot's  de  terre  et  demy. 
Item  Legierdu  Val  (pii  en  tient  une  mine  de  terre.  Item  Macé 
Gcrvaise  qui  en  tient  onze  minots  déterre.  Item  Michault 
Hervé  qui  en  tient  trois  septiers  de  terre  et  un  minot  en  plu- 
sieurs pièces.  Item  Jehan  le  Couturier  qui  en  tient  un  septier. 
Item  Perrin  Hervé  quien  tientcinqminots.ItemledilMichault 
Hervé  qui  en  tient  outre  ce  que  dessus  est  dit  cinq  minots  de 
tt-rre.  Item  Guillot  Jac(iuet  quien  tientcin(i  minots  de  terreen 
[dusieurs  pièces.  Item  LubLn  Pische  qui  (Mi  tient  neuf  minots. 
Item  Thienot  son  lils  une  mine.  Item  Jehan  Pische  un  seiitier. 
Hem  Tenot  Pische  trois  septiers  en  plusieurs  pièces.  Item 
Kobeii  Loyson  une  ntine.  Item  Pcrot Perier  neuf  minots.  Item 
Perrot  Piche  un  septier  etdemi  minot.  Item  Jean  Jacquet  (pui- 
torze  boisseaux  avec  un  liebergementcontenanttrois  minots. 
Item  Perrot  Frain  cimj  minots.  Item  Jehan  le  Moyne  septminots 
deux  boisseaux.  Item  Michault  le  MoiîU'  une  mine.  Item  Iluet 
le  Faucheur  une  mine.  Item  'riiienot  ilei-V(''  le  jeune  trois  minots 
et  demy  boisseau.  Item  Jehan  Divon  r\in[  minois.  Hem  C^ilin 
Rousseau  un  lu-bergemenl.  Item  .\gnes  le  Helli(>  un  lieberge- 
iiient.  Hern  les  hoirs  ;i  Lidile  Agnes  un  lirhcfLîenicnl.  Hem 
l'ierre  Jourdain  un    liebergenuint.    Item   la   Gebarde  et  ses 


—  292  — 

enfants  un  hébergement.  Item  Robert  Cheron  un  hébergement 
avec  trois  septiers  de  terre  et  un  septier  d'avoine  qui  luy  est  dû 
chacun  an  lendemain  de  Noël  sur  les  hchorgemens  à  Jehan 
Begain,  Pérot  Jourdain  et  Jehanne  sa  femme  avec  trois  sols 
deuxgelyncs  qui  lui  sont  deus  audit  jour  pour  chacun  an  sur 
Thebergement  Colin  Rousseau.  Toutes  les  choses  dessusd. 
ou  en  fief  de  Daulemont. 

Item  Perrin  Pischelle  qui  en  tient  à  deux  foys  :  la  première 
foy  en  domaine  un  aulnoy  en  l'isle  de  la  Chaussée  en  Courbe- 
ville.  Item  quarante  sols  de  menus  cens  deus  chacun  an  à  la 
S'  Remy  sur  plusieurs  courtils  et  houstises  et  noe  avec  les 
proflits  qui  y  peuvent  appartenir  avecques  la  simple  j  ustice  sur 
les  ccnsiers.  Item  un  arpent  et  demy  de  prés.  Item  cinq  mines 
déterre  assis  au  Tronchay.  Item  à  la  seconde  foy  quatre  sep- 
tiers de  terre  assis  à  Betaincourt,  et  par  les  domaines  dessusd. 
garendit  deuxvassours  c'estàscavoir  Jehan  Avril  qui  en  iient 
le  tiers  du  moulin  de  Charonniau  et  une  petite  noë.  Item  Colin 
Badiere  à  cause  de  sa  femme  qui  en  tient  un  arpent  et  demy 
de  pré.  Item  Jehan  Avril  qui  en  tiont^  deux  planches  de 
courtilles.  Item  Jehan  Estienne  qui  on  ti^înt  trois  mines  de 
terre  au  chemin  Chartrain.  Item  la  moitié  d'un  pré  contenant 
un  arpent  ou  environ.  Item  Supplice  Bcrnier  à  cause  de  sa 
femme  qui  en  tient  l'autre  moitié  de  pré  dessusdit  comme 
ledit  s'  Etienne.  Item  Isabelle  la  Trouillarde  qui  en  tient  cinq 
arpens  de  terre  à  la  Haye  Tronchee.  Item  Macé  de  la  Barre 
qui  en  tient  quatorze  septiers  de  terre  au  terroir  de  Herville. 
Item  deuxoustises  que  petit  Mareau  tient.  Item  Jehan  Badiere 
l'aisné  ([ui  en  tient  en  domaine  onze  septiers  et  mine  de  terre 
en  plusieurs  pièces  et  en  plusieurs  lieux  et  par  le  domaine 
dessusdit  garendit  Jehan  Michon  vassour  dudit  Badiere  qui 
en  tient  six  septiers  de  terre  assis  au  terroir  du  Val-Jolis. 
Item  Lorin  Lucas  qui  ou  tient  deux  septiers  de  terre  en 
domaine  et  par  ce  garendit  Jehan  du  Charmoy  qui  en  tient 
quatre  septiers  de  terre  assis  au  droit  (hi  Charmoy.  Item  les 
hoirs  feu  M.  Guillaume  de  Prez  qui  en  tenoit  une  censive  et 
une  pièce  de  bois  que  Jehan  dessusdit  tiens  en  ma  main  par 
(Uillault  d'homme  et  par  ce  n'en  ai  point  d'homme  Je  ne  les 
puis  plus  pleinement  déclarer. 

Et  touttes  les  choses  dessusd.  je  Jehan  dessusdit  ad  voue 
ate.nir  à  une    foy  <'l  un  hommage  dudit  notre  sire  le  Roy  à 


—  2f«  — 

rachapt  et  cheval  «le  service  par  la  coutuiiic  du  pais  toute 
lois  que  le  cas  y  echooit. 

Et  ne  puis  déclafer  plus  pleinement  les  choses  «lessusd.  et 
plusieurs  autre»  vassours  qui  doivent  tenir  de  nioy  pour  ce 
(pie  partie  dex  aveux. ja  i)ieça  bailles  h  nu'S  j)i"edécesseurs  et 
les  rei^istres  anciens  ou  ils  étoient  contenus  lurent  ars  au 
lieu  de  la  Foret  au(juel  denieuroit  feu  M""  iiutn  père  |ioui 
le  teni[)s  de  la  chevauchée  et  course  (pie  list  feu  Monsieiw 
rliilippe  de  .\.i\ai-i'e  et  SCS  coiiiplices,  et  aussy  que  p.irlje 
des  vassours  sont  morts  tant  par  les  mortalités  comme  pai-le 
fait  des  iruerres  et  les  terres  sont  demeurées  en  friche  et  en 
pfas  pour  (pioy  je  n'ai  seu  ni  ne  [luis  encore  avoir  eu  con- 
noissance  niavoyemenl.  Kt  toutes  lois  que  je  les  pourrai 
avoir  et  scavoir  je  ferai  mon  pouvoir  et  mon  devoir  de  les 
bailler  ainsy  comme  il  appartiendra.  Et  es  choses  dessusd. 
qiu'  j"avoue  tenir  à  mon  propre  domaine  et  es  domaines  de 
mes  vassours  et  rierevassours  qui  iioni  liante  justice, 
j'avoue  a  tenir  toute  justice  haute,  moyenne  et  basse,  et  tous 
droits  de  chastollenie  à  cause  de  mondit  chastelet  chastelle- 
nie  et  aussi  tous  droits  de  chast(dleuie  et  ressort  et  soiive- 
iaiiiet(''  en  mes  vassours  hauts  justiciers  (pii  tiennent  de  moy 
leur  justice  haute  moyenne  et  basse  en  la  manière  que 
dessus  est  dit. 

En  témoin  de  ce  j'ay  scellé  le  présent  adveu  de  mon  propre 
scel.  Donné  l'an  de  fçrace  mil  trois  cens  soixante  et  six  le 
vendredy   suivant    la    leste   Saint    Clément  (27  novembre). 


Ro^^er  DruANii. 


HISTORIQUE 


DE    LA 


SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    D'EURE-ET-LOIR 


Fondation. 


Le  16  mai  1856,  M.  de  Caumont,  directeur  de  la  Société 
Française  pour  la  conservation  des  monuments,  donnait  une 
conférence,  en  présence  d'un  public  nombreux  et  choisi, 
dans  la  salle  des  réunions  du  Conseil  munir^ipal  de  Chartres. 
Le  savant  archéologue  fît  ressortir,  avec  tant  d'évidence  et 
de  conviction,  l'intérêt  que  présentent  les  antiquités  locales, 
les  avantages  qu'on  trouverait  à  les  mieux  étudier,  la  néces- 
sitté  de  les  conserver,  que,  séance  tenante,  il  constitua  une 
Commission  do  16  membres,  avec  mission  de  préparer  un 
plan  de  Chartres  gallo-romain. 

Le  21  mai,  la  Commission  se  réunit,  et,  sur  la  proposition 
de  M.  Lucien  Merlet,  se  transforme  en  Société  Archéolo- 
gique avec  ce  programme  :  on  s'occupera  d'archéologie  sans 
doute,  mais  surtout  d'histoire  locale  ;  on  admettra  la  littérature 
et  les  beaux  arts  ;  on  ne  franchira  pas  la  limite  do  1780.  Le 
24,  elle  décide  qu'elle  s'étendra  non  seulement  à  la  ville, 
mais  à  tout  le  département. 

Le  4  juin  1856,  réuniou  d'ouverture  avec  53  membres.  Le 
19,  la  nouvelle  Société  se  donne  un  règlement,  adopte  la 
devise:  Antiqua  voncrfiri^jjror/ri'dj  ud  incUorn,  et  compose  son 
sceau  des  armes  dos  quatre  villes  cliefs-lieux  d'arrondisse- 
ment d'Eure-et-Loir.  Le  5  février  1857,  elle  est  autorisée  par 
décret,  et  ses  statuts  sont  aj^prouvés  par  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique.  —  Dix  ans  plus  tard  on  s'aperçut  que 


—  -^.W)  — 

corlains  arliclos  avaient  besoin  d'étrr'  modifiés  ;  le  20  (ié- 
cembre  18()f»,  on  les  remplaça  par  un  lè^Mement  qui  lut 
abi"o^(''  en  IS'.U).  Le  nouveau  rèfjlemenl.  (|iii  \ii'nl  lientrer  en 
vif^ueur,  est  ^nncu  dans  le  même  esprit  ipie  l'ancien  ;  il  no 
fait  que  i-orri.u'er  ce  (juMl  y  avait  de  ilcWectueux  dans  la 
Ici  tic  de  c(dui-ci  ;  plus  iJiécis  et  plus  elaii-,  il  est  le  fruit  d<^ 
i;;  ans  d'expérience.  La  Société  on  se  lo  donnant  a  eu  l'espoir 
d'éviter  les  errements  du  passé  et  de  réj^ulariser  son  fonction- 
nement et  son  administration. 

La  Société  Arché<do^M(iue  d'Euro-et-Loii-  a  été  reconnue 
d'utilil(''  i)ubli(ine  le  1  Juillet  1808.  Elle  conqde  anjoin-dlnii 
:;2(>  membres;  elle  se  réunit  dix  fois  l'an.  L*(''tat  de  ses 
linances  lui  a  pei-mis  d'entreprendre  et  de  mener  à  bonne  lin 
de  nombreuses  et  iuqiortantes  pul)lications.  et  elle  se  pro- 
pose de  faire  mieux  encore  à  l'avenir,  conformément  à  sa 
devise  :  l'ruijrcdi  lui  nwlioru. 


Récompenses. 

180L  —  Le  25  novembre  180L  on  lui  décerne  le  1'-'^  prix 
du  (.'oncours  des  Sociétés  Savantes  :  .M(''daille  d'or  et 
•JOO  francs,  pour  la  i)ul)lication  du  Ificfioiiiinii-c  /o/iot/r;i/ihii/iic 
iil''iirf-cl-ljiii\  par  M.  Merlet.  Le  ra[)i)orteur  l'annonce  en 
ces  termes  :  «  Chartres  l'enq^orto  sur  toute  la  ligne  «,  et, 
en  remettant  la  iiK-daille  au  l*résident  de  la  Société  en 
-éance  pid)lique.  le  Ministre  lui  serre  la  main  et  lui  dit  : 
>.  Monsieur  le  Lrc'sident,  Je  vous  f('licit(^  des  succès  ijlorieiix 
(11-  la  S(ici<''l(''  Arch(''(d(tL;ique  d'Kure-el-Loii".  " 

1S0<».  l'iix  de  la  Section  d'histoire  du  coucnurs  di'  LSCm, 
décern(''  h  la  réunion  des  Sociétés  savantes  h»  7  avril  1S('»(». 
|>our  le  Ciirliil.iirr  ilr  \'olrc-lhiiiir  i/f  Clnirl  i-rs  |iar  MM.  Meidet 
el  de  L<''|iiiiois  :  i.'jnii  francs  et  {W\\\  nn'daillrs  de  lironzo 
aux  auleui-s  :  une  MK-dailIc  de  luonze  el  ;!00  iVaucs  ;i  la 
Socié't/'. 

1S78.  —  Prix  dr  L<>()n  iVancs  à  la  i-(''union  des  >joci(''lf>s 
savantes. 

lS8'.t.  .Médaille  d'ai-^cul  pour  l'ensciiilile  des  publications 
envoyées  ii  l'Exposition  universelle. 

18'.M.   -    :V  .Mi'daille  dar,L;('iil   d('-cernée  par  lAcadé-mie  des 


—  296  — 

Inscriptions  et  Belles-Lettres  pour  la  publication  (VUn  niaims- 
crit  cbartrain  du  A7«  siècle,  par  M.  l'abbé  Clerval  et  M.  René 
Merlet. 

1895.  —  2^  Prix  Gobert  pour  Les  Ecoles  de  Cluirtrcs  an 
moyen-H(fe  par  M.  Tabbé  Clerval. 

De  plus,  de  nombreuses  subventions  ont  été  accordées  par 
le  Ministère  de  l'Intérieur,  pour  aider  certaines  publications 
de  la  Société  jugées  très  utiles,  et  aussi  pour  récompenser 
ses  autres  travaux. 

1801.  —  Subvention  de  300  francs. 

1864.  —  400  francs. 

1880.  —  400  francs. 

1883.  —  800  francs  (pour  la  publication  du  Cai'Lulaire  de 
rini'on). 

1890.  —  1,000  francs  (pour  la  publication  des  Pierres 
tombales). 

1892.  —  500  francs  (pour  la  publication  d'Un  manuscrit 
char  train  du  XP  siècle). 

Personnalités  marquantes. 

La  Société  archéologique  d'Eure-et-Loir  doit,  en  grande 
partie,  son  intelligente  organisation,  son  extension  rapide, 
les  meilleurs  de  ses  premiers  travaux  et  ses  nombreux 
succès,  à  des  esprits  éminents.  Citons  : 

M.  de  Boisvillette,  son  président  pendant  dix  ans,  qui 
connaissait  de  visu  tous  nos  monuments  historiques  et  pré- 
historiques, qui  savait  mettre  sa  science  d'archéologue  à  la 
portée  de  tous,  dans  des  comptes  rendus  qu'on  peut  regarder 
comme  des  modèles  du  genre,  l'auteur  enfin  de  cette  savante 
Statistique  Archéologique  d'Eure-et-Loir ,  qui  n"a  peut-être 
pas  son  égale  en  France. 

Le  docteur  Paul  Durand,  l'orientaliste  hors  de  pair,  le 
voyageur  infatigable,  dont  la  science  archéologique  n'était 
surpassée  que  par  son  extrême  modestie. 

M.  Lejeune,  le  précurseur  de  nos  archéologues  modernes. 

M.  Doublet  de  Boisthibaut,  dont  l'esprit  investigateur  a 
scruté,  souvent  avec  plus  de  bonne  volonté  que  de  succès, 
tous  les  recoins  obscurs  de  notre  histoire  chartraine. 


—  207  — 

M.  1  ;iljli(''  Calliict,  chez  lequel  lo  ciilto  do  la  poésie  iTavait 
[)as  étoiillr'  1  aiiKttir  dr  Ihistoire  locale. 

Doux  universitaires  de  iiiarcjuc  :  M.  hcuain.  iiispcclcur 
d'Acad<''Uiie.  h»  litt(''raleur  au  shie  iuipcccaldc,  et  M.  Pors(»ii. 
dii'octeur  ilo  1  Ecole  normale.  (|ui  joiiLi'nait  ;i  la  science  jieda- 
L;(t,ui(pie  la  pratifpie  assidue  de  la  nietc'orologio. 

M.  l'abl)*'  lîrière.  curé  de  Notre-Dame  de  Cliartros,  un 
écrivain  du  L^rand  siècle  é<î:aré  dans  un  temi)s  peu  lit1«''raii'e. 

'^l.  Le<()C([.  rincarnalion  de  1  aiili(''oloy:io  locale,  un  savant 
(|uel(|ue  peu  Iruste.  dont  la  science  était  ind(''Cociiltlo,  et  qui 
possédait  son  vieux  Chartres  nnenx  qu'un  l)un  ««oldat  sa 
thc'orie. 

MM.  les  abbés  Bulleau  et  Brou,  auteurs  de  la  MoiiiKinijiliii' 
i/i-  In  Cil/u'i/rulc  do  Chnrtn-s. 

M.  Alexandre  de  Saint-Laumer,  numismate  et  historien, 
qui  apportait  plus  do  soin  à  cacher  sa  science  que  d'autres 
n'en  apportent  à  montrer  la  leur. 

Enlin.  M.  Lucien  Merlet,  alors  aTchiviste  ot  chartraiii  de 
Iraîche  date,  mais  iiui  déjii  promettait  le  docte  et  fécond 
hist(»rieii  que  nous  avons  connu  dei>ins,  et  (jui  a  ét(>  la  tête 
et  la  main  de  la  Société.  Jusqu'au  joui-  n'ceid  encore  oii  une 
mort  presque  inopinée  a  priv('>  c(dle-ci  des  lumières  et  duiu! 
expérience  auxquelles  (die  n'avait  jamais  en  vain  fait  apjxd. 

Ces  maîtres  ont  eu  des  disciples  qui  se  sont  l'ail  Lihtire  de 
iiiarcjicr  sur'  leurs  traces  et  de  conserver  leui's  traditions.  La 
discr<''ti(tn  ne  permet  pas  de  nommer  ceux  (pu  s(»nt  eucoi-e 
vivants:  mais,  parmi  ceux  qui  ne  sont  plus,  on  peut  signaler 
M.  l'ablx'  II(>naull.  (pu.  [lar  ses  connaissances  techniipms  et 
son  îj;-oi'it  artisti(iue,  a  rendu  jdus  d'un  service  ii  la  cause  de 
l'aridieoloyie. 


'o* 


Moyens  d'action. 

1.  —  Di's  son  (h'iiut  (1S.")())  (die  re(li<.!-e  un  ipiesiiounaire  sur 
toutes  les  particularités  arch(''olot;i(pies  (pii  peuvent  se  ren- 
contrei"  dans  une  commune,  et  (die  l'envoie  ;i  tous  les  maires 
(d  instituteurs  du  département,  comme  à  tous  les  curés  du 
diocèse. 

2.  —  Kilo  ('«tablii  un  concours  sur  des  (piesiions  d'archéo- 
hj^'io  et  de  liLlératuro. 


—  2<.)8  — 

3.  —  Elle  dresse  lo  plan  de  Chartres  avant  la  Révolution, 
puis  celui  de  Dreux. 

4.  —  Elle  organise  chaque  année  une  séance  publique,  à 
laquelle  elle  donne  plus  d'attrait,  en  l'accompagnant  d'une 
conférence  faite  par  une  des  illustrations  de  la  science  ou  de 
la  littérature.  C'est  ainsi  qu'elle  a  procuré  à  la  ville  de 
Chartres  l'honneur  et  le  plaisir  d'eniendro  MM.  Le  Verrier, 
Dumas,  Charles  Blanc,  Wurtz,  Félix  Hément,  de  Montaiglon, 
¥r.  Lenormant,  Léon  Gautier,  de  Lasteyrie ,  Emile  Chastes, 
La  Fenestre,  Gaston  Tissandier,  dont  les  noms  font  autorité 
dans  le  monde  savant  ;  puis  des  littérateurs  comme  MM.  Phi- 
larète  Chastes,  Emile  Deschanel,  Talbot,  Legouvé,  Sully- 
Prudhomme,  Antonin  Rondelet,  le  Chinois  Ly-Chao-Pee,  et 
les  archéologues  de  Caumont  et  Raymond  Bordeaux.  Une  de 
ces  séances  réunit  à  Chartres  14  membres  de  l'Institut  et 
presque  toutes  les  illustrations  scientifiques  et  artistiques  de 
Paris.  Ce  fut  un  beau  jour  pour  notre  vieille  cité. 

5.  —  Elle  a  tenu  pendant  plusieurs  ""années  des  cours 
publics  de  science  et  d'histoire.  "* 

6.  —  Elle  a  transporté  plusieurs  fois  le  lieu  de  ses  séances 
hors  de  Chartres  ;  c'est  ainsi  qu'elle  a  tenu  des  séances 
publiques  à  Dreux,  à  Châteaudun,  à  Nogent-le-Rotrou,  à 
Bonneval,  à  Anet,  à  Illiers,  à  Maintenon,  à  Nogent-le-Roi,  à 
Gallardon,  à  Auneau. 

Elle  a  visité  en  corps  des  localités  qui  olfraient  un  intérêt 
particulier  au  point  de  vue  de  l'archéologie,  comme  Villebon, 
Le  Breuil-Benoît,  Saint-Sulpice-de-Favières. 

7.  —  Elle  a  fait  explorer  des  souterrains,  exécuter  de 
nombreuses  fouilles  et  en  a  encouragé  d'autres  par  des  sub- 
ventions. 

8.  —  Elle  a  établi  un  concours  d'histoire  et  de  géographie 
entre  les  instituteurs. 

0.  —  Elle  a  pris  sous  son  patronage  des  travaux  historiques 
dont  elle  avait  reconnu  le  ménio(I)icli(imi;iirr  /(>/in(/r;i/ilii/iui' 
(T Kiire-ol-Loir,  Invnsioti  /u'iissieniic  :  /l'n/i/io/-/  i/cs  Mnirns, 
etc.)  ;  elle  a  favorisé  la  publication  de  plusieurs  autres  par 


—  2Î)9  — 

ses  souscriptions  (Lettres  do  suint    )  vrs,  l'Ancienne  Maîtrise 
de  Notre-Dame  de  Chartres). 

lu.—  Ellcia  édité  olle-ménie  «les  ouvraLrog  de  valeur 
(Statisliqur  .■ifi-elji'-uJo(/i({ue  d'Knre-et-Loir,  Stuiistiifiie  scien- 
tilique  d'Eure-et-Loir,  Cartiiluire  de  Notre-Dame  de  Chartres, 
Histoire  du  diocèse  et  de  la  ville  de  Chartres,  par  <l.-ll.  Sou- 
chet,  Un  mainiscril  cliarlrain  ilii  .M"  siècle,  etc.). 

11.  —  Elle  a  i)ul)lié  H  volumes  tic  Procès- Verbaux  et 
Il  volumes  de  Mémoires,  et  ces  deux  publications  continuent 
ré^'ulièrement. 

12.  —  Elle  a  établi  un  .Musée  archéologique  qui  lui  a  permis 
de  sauver  de  la  destruction  de  nombreux  débris  des  temps 
passés,  cl  nu  .Musée  d'histoire  naturelle  vient  de  .s'y  ajouter 
par  suite  d'un  don  qui  lui  a  été  lait. 

i;>.  —  Elle  a  pris  part  aux  réunions  des  Sociétés  savantes 
en  y  déléjj^uant  chaque  année  quelques-uns  de  ses  membres 
dont  plusieurs  ont  présenté  des  Mémoires  et  des  réponses 
aux  questions  du  programme. 

14.  —  Elle  a  mis  ii  la  disposition  du  public  de  Chartres  un 
monumental  baromètre. 

15.  —  Elle  a  fait  relever  et  graver  de  nombreuses  pierres 
tombales,  qu'elle  réilnit  dans  un  album  avec  texte;  un 
premiei"  volume  a  paru  et  le  siscond  est  en  cours  <le  publi- 
cation. 

10.  —  Elle  a  favorisé  par  des  subventions  la  vocation  d'un 
artiste  i)eintre  ;  elle  favorise  la  jjoésie  en  ouvrant  ses  Bulle- 
tins aux  vers  composés  par  (jiicbjues-uns  de  ses  membres, 
quand  ils  lui  paraissent  méritci-  cet  honneur.  Elle  a  admis 
ainsi  de  belles  poc'sics  de  M.M.  Joliet,  Le  (Joux,  Houi-del, 
de  Chabot,  Tas.set,  Touche,  de  M""  Rabot  des  Portes. 

17.  —  Elle  est  intervenue  pour  empêcher  la  (b'stniciinn  de 
plusieurs  curiositc's  ai'cln'olo^'-ifjiics,  v.  g.  la  l'oiie  t\r  l'OlIh-ia- 
lité  il  Chartres,  le  portail  (hi  château  de  Snrel.  lé'glise  du 
Chamixh'  à  Ch;Ueau<hiii  ;  elle  a  luit»'  (b'j)uis  (pi'elle  existe 
pour  la  conservation  de  la  Porte-Guillaume  ii  Chartres  et, 


—  300  — 

grâce  à  la  ))onno  volonté  du  Conseil  municipal,  elle  vient  de 
rendre  cette  conservation  définitive,  en  prenant  cette  Porte 
à  loyer  et  en  y  établissant  sa  résidence. 

18.  —  Elle  a  organisé  trois  expositions  rétrospectives  des 
beaux  arts,  et  deux  expositions  de  peinture,  Tune  consacrée 
aux  œuvres  de  tous  les  peintres  chartrains,  l'autre  réservée 
à  l'œuvre  de  Mathieu  Cochereau,  peintre  Dunois. 

Assurément  il  serait  possible  d'allonger  encore  cette  liste, 
en  y  donnant  place  à  des  moyens  d'action  d'ordre  secon- 
daire ;  mais,  telle  qu'elle  est,  elle  prouve  jusfpi'à  l'évidence 
que  la  Société  qui  a  tant  de  travaux  à  son  actif  n'a  pas  été 
stérile. 


Influence. 

Si  elle  avait  été  proportionnée  au  nombre  et  à  l'importance 
des  moyens  d'action,  l'influence  exercée  autour  d'elle  par  la 
Société  Archéologique  d'Eure-et-Loir  aurait  dû  être  considé- 
rable. Le  respect  de  la  vérité  ne  nous  permet  pas  de  nier  la 
disproportion  entre  l'effort  et  le  résultat.  Elle  a  beaucoup 
semé,  et,  sous  le  rapport  de  l'influence,  elle  a  assez  peu 
récolté. 

Dans  son  rapport  annuel  sur  l'état  de  la  Société,  un  de  ses 
présidents  reconnaissait  discrètement  cet  état  de  choses,  et 
il  croyait  en  dévoiler  la  cause  en  disant  :  «  Nous  sommes 
ignorés.  »  Il  y  a  plusieurs  années  déjà  que  ces  paroles  ont 
été  prononcées,  et  la  situation  est  restée  la  même,  parce  que 
la  cause  invoquée  n'a  pas  disparu.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de 
rechercher  pourquoi  cette  Société  est  ignorée;  pourquoi  elle 
est  victime  d'une  sorte  de  conspiration  du  silence  ;  mais  il 
était  nécessaire  de  constater  le  fait  pour  expliquer  comment 
son  action  n'a  pas  répondu  à  ce  qu'on  était  en  droit  d'at- 
tendre. 

Qu'on  ne  croie  pas  tontefois  que  cette  action  ait  été  nulle, 
que  la  Société  archéologique  d'Eure-et-Loir  ait  été  frappée 
d'impuissance,  qu'elle  ait  toujours  passé  inaperçue  de  tous 
ceux  qui  n'en  font  pas  partie,  qu'elle  réalise  à  la  lettre  la 
malicieuse  boutade  de  Voltaire  contre  une  académie  de  pro- 


—  :301  — 
vince'de  son  temps  :  «  C'est  une  h(»ini('t('  Jillo.  qui  iia  jamais 
lait  parler  d'elle.  »  Si  l'iiilluence  exercée  par  celte  Société 
n'a  ]ias  ét('*  aussi  comjjlèle,  aussi  (N'-cisive  (ju'elle  aurait  pu 
rêtrc,  elle  a  <-('|)cu(lant  été  bic-n  réelle,  elily  aiii-ait  injustice 
llagrante  à  .vr)uloir  la  contester. 

Grâce  aux  cours  jiublics  ci  aux  dillV-rents  concours  (ju'ello 
a  établis,  elle  a  rc'pandu,  dans  le  clerg'é  et  le  corps  enseignant, 
le  lioûi  des  recherches  historiques,  l'étuile  du  pass(;  de  notre 
sol  beauceron.  KUe  a  mis  des  matériaux  aux  mains  des  tra- 
vailleurs, en  favorisant  la  publication  des  sources  de  l'his- 
toire, et  il  y  a  peu  di'  provinces  qui  possèdent  anjoui'd'hui 
autant  de  documents  imprimés  et  (rinslruiin'iiis  de  li'avail 
({u'en  possède  notre  Bcauce  charlraine. 

KUe  a  mis  en  honneur  l'archéologie,  qui  auparavant  avait 
Ideii  peu  d'adeptes  iianiii  nous.  V.n  visitant  avec  apparat  les 
localités  les  plus  intéressantes  du  déitartement,  elle  a  appris 
aux  populations  qui  les  habitent  la  valeur  des  vieux  débris 
du  passé  dont  elles  sont  les  gardiennes.  Elle  a  provo([né  la 
création  de  la  Société  Dunoise,  qui  a  tant  fait  d(''.ià  pour 
mettre  en  relief  le  j)assé  de  la  contrée  à  laquelle  elle 
consacre  ses  soins.  Elle  a  appris  aux  administrations  locales 
;i  apprécier  et  à  respecter  les  monuments  et  autres  souve- 
nirs confiés  il  leur  sollicitude  ;  par  ses  lumières,  et  au  besoin 
par  s(ni  concours  hnancier,  elle  a  aidé  ;i  la  conservation  de 
plusieurs  de  ces  monuments. 

Par  des  expositions  successives,  intelligemment  organisées, 
elle  a  entr<'tenn  i)armi  nos  concitoyens  le  goût  des  chosi's  de 
l'art,  et  ceux  (jui  connaissent  le  peu  de  ressources  intellec- 
tuelles rpi'oirre  notre  modeste  cit(''  charlraine  se  demamient 
il  (pielle  distancer  elle  aiii  ail  suivi  les  progrès  accomplis 
ciiaipie  jour  dans  les  arts  comme  dans  la  littérature,  si  elle 
n"a\ait  pas  eu  le  concours  si  précieux  de  la  Société  archéo- 
logi(pU'. 

Ce  n"esi  la  (piun  aperçu  de  l'action  exercée  par  cette 
Soci(''t('',  un  expose-  sommaire  du  bi(.'u  (pi'cdle  a  fait  et  qu'elle 
continue  de  faire,  l^llc'  compte  4'->  ans  d'existence  ;  c'est  l'âge 
de  la  maturit(''  chez  riiomme,  on  ne  prc-tenilra  pas  (jue  ce 
dois  e  éirc  r.ige  (le  la  (h'-crepilude  pour  une  association.  La 
nôtre  sait  (pie  son  passé  l'oblige,  et  elle  ne  faillira  pasiicittte 
obligation.  I<'lle  \ieiii  de  reiioiiv  eler*  sou   pilote  par  l'édeclion 


—  302  — 

(ruii  ]irosi(lont,  ot  sou  armature  par  Tadoptiou  d'un  nouveau 
règlement  ;  elle  espère  ainsi  pouvoir  se  lancer  à  pleines 
voiles  dans  le  siècle  dont  nous  allons  prochainement  saluer 
Taurore. 

L'abbé  SAINSOT, 

Cuvé-doyen  de  Terininievs, 
Vice-Président  de  la  Société  Archéologique  d'Eure-et-Loir. 


LE    SÉMINAIRE 

DU    GUAND-iîKAULIEU-LÈS-CHAUTUES 

(Suite) 


VI 


LE    GRAND-BEAULIEU 
SOUS   l/ÉPISCOPAT   DE   M^^  GODET   DES   MARAIS 

Le  Kraïul  sôminaire  de  Beaulieu  se  trouvait  en  vacances, 
lorsque  le  successeur  de  M^"  de  Neuville  fit  son  entrée  solen- 
nelle à  Chartres,  (1"  septembre  l(;i)2).  Le  nniivcau  PonlilV 
apjiartenait  pai-  sa  naissance  au  diocèse  qu'il  venait  ré<j;ir  '. 
Contemporain  de  rétablissement  des  premiers  séminaires  en 
France,  Me'"  flodct  des  Marais,  Jeune  encore,  avait  profité  du 
bienfait  de  cette  institution.  Saint-Sulpicc  avait  achève''  sa 
l'ormation  cléricale,  tandis  qu'en  Sorbonne,  à^é  seulement 
de  vin^t  ans,  il  recevait  le  bonnet  de  docteur.  L'éclat  de  sa 
naissance,  sa  forlune,  les  honneurs  (piOn  lui  [irodiyuait 
n'avaient  point  r(''us*si  il  rc'bloiiir.  il  consacrait  ses  revenus 
.Mix  pau\res  et  aux  prisonnieis.  cl  préférait  a  la  société  des 
1,'rands,  la  solitude  de  Saint-Cyr  où  Madame  de  Maintenon 
l'avait  fait  venir  comme  confesseur  el  directeur  siiiriluel. 
Ses  vei'lus  l'aNaient  même  rendu  si  recommaiidable  paiani 
le  clerj^é,    (pie    rai-che\é(pie    de    l'aiis    lavait    choisi    pour 


'  T;il(  y.  jin-s  lilois,  lien  (foriuiiif  de  .\1><''  (imlt'l  tics  M;irais.  f;iisait  |i;iitii'  ilu 
illucësc  (le  (lliailics,  duiil  il  fui  disliail  l'ii  Ki'J",  lui.-  di-  la  turiiialioii  du  dio- 
I  est'  de  hlois. 


—  304  — 
gouverner  le   Séminaire   des   Trente-Trois,   établi    dans  la 
capitale. 

Do  tels  antécédents  devaient  lui  rendre  chère,  dès  la  pre- 
mière heure,  l'œuvre  du  Grand-Beaulieu,  comme  ils  devaient 
rendre  cher  au  Séminaire  un  prélat  si  accompli.  Le  recru- 
tement du  clerg-é  et  la  formation  des  ordinands  furent  en 
effet  l'une  des  premières  sollicitudes  de  Mg*"  des  Marais.  L'on 
se  souvient  qu'à  l'époque  de  l'établissement  du  Grand  Sémi- 
naire, MS'"  de  Neuville,  tout  en  exhortant  les  ordinands  à 
profiter  des  avantages  que  leur  offrait  le  nouvel  institut, 
n'avait  pourtant  point  fait  de  la  résidence  à  Beaulieu  une 
condition  nécessaire  de  la  réception  des  Ordres.  Subir  un 
examen  et  faire  la  retraite  préparatoire  en  commun,  voilà 
lout  ce  que  la  sagesse  du  prélat  pensait  pouvoir  exiger. 
Certes  ce  minimum  répondait  peu  aux  désirs  du  fondateur 
de  Beaulieu.  Que  voulait-il  en  effet  en  établissant,  au  prix  de 
tant  d'efforts,  son  Séminaire,  sinon  d'y  faire  résider  tous  les 
ordinands  ? 

Ms»"  Godet  des  Marais  n'était  pas  homme  à  temporiser 
conmie  son  prédécesseur.  Exercé  à  une  \néié  austère,  et  plus 
âpre  à  la  leçon  que  condescendant  pour  la  faiblesse,  il  allait 
droit  au  but  que  lui  désignait  sa  conscience  d'évèque.  Quand 
donc  il  eut  assisté  pendant  une  année  scolaire  au  fonc- 
tionnement du  Grand-Beaulieu,  et  qu'il  eût  compté,  en  regard 
des  cinquante  ou  soixante  séminaristes  résidants,  le  grand 
nombre  des  ordinands,  qui  prétendaient  arriver  au  sacerdoce 
sans  passer  par  le  Séminaire,  il  résolut  d'agir  '. 

Une  lettre  épiscopale  en  date  du  l"  octobre  16f)3  fut  en 
effet  adressée  à  tous  les  curés  du  diocèse  :  «  Comme  il  n'y  a 
rien  de  plus  important  pour  le  bien  de  l'Eglise,  disait  le 
prélat,  que  de  lui  choisir  de  fidèles  ministres,  j'ai  dessein  de 
n'admettre  personne  à  la  tonsure,  ni  aux  SS.  Ordres,  sans 
m'ôtre  auparavant  assuré,  i)ar  une  longue  épreuve,  de  la 
conduite  de  ceux  qui  se  présentent  pour  les  recevoir.  C'est 


'  IjC  Z(Mo  fie  M?''  (îodot  des  Marais  panil  toiijdiirs  iin  pou  âpre  à  ceux  qui 
(■Il  fiirpiil  roliji'l,  et  alii'na  au  prélal  iiii  grand  lutiiiltir  d^îsprils.  On  rclroiivc 
fôclio  de  (■(ilc  disjuisitidii  dans  qiichiiii's  phrases  coninic  celle-ci,  extraite  du 
journal  de  Michel  Anvray  :  "  Itei^retté  de  peu  de  personnes,  n'ayant  |)as  su  se 
tain;  aimer  lu  jieuple  et  de  la  ville,  pendant  sou  épiscopat.  »  Journal  de  Michel 
Auvray.  Mss.  apparteiiani  à  M.  Merlet. 


—  :jr)5  — 

ce  qui  in'obli<,'e  d'exifrcr  «le  tons  ceux  qui  aspirent  à  l'état  oc- 
«•lésiasli(|iie.  (^uo  dans  deux  mois,  ils  s'adressent  à  M.  Félil)ien, 
chanoine  do  ma  cathédrale,  s'ils  ('tndient  à  Chartres;  an 
Itrincipal  on  i;eclenr  du  coll»'<'(.  ,i,.  X(,(ront-le-R<»trou,  de 
Dreux  ou  de 'Jtiyron,  s'ils  y  demeurent;  au  président  (h*  la 
conférence  ecclésiastique,  s'ils  sont  dans  «luelquo  autre 
endroit  de  mon  diocèse,  et  ;'i  M.  Houcher  en  Sorhonn<'.  sils 
sont  il  Paris.  Ces  Messieni's  leur  diront  !<>  rèj^demenl  ([ue  Je 
(h'sire  qu'ils  observent  exactenieiii .  laiulis  qu'ils  ne  sont  point 
dans  mon  S(Miiinaire,  et  leur  i)rescriront  ce  qu'ils  juLreront  a 
lini|ios.  jionr  le  rendre  plus  utile  et  iilus  commode,  par  rapport 
aux  lieux  où  ils  se  trouveront.  Et  pour  ce  qui  est  de  ceux  (pii 
pourraient  être  dans  quelque  autre  diocèse,  hors  de  l'aris, 
on  dans  ([uelqne  autre  endroit  (h'  mon  diocèse  où  il  \i'\  aurait 
p,i>  de  conférence  établie,  sur  lax  is  ((nils  me  donnei-oni  du 
lien  de  leiii-  denieiii-e.  je  les  adresserai  à  (juehiue  personne 
de  conliance  qui  me  rendra  comi)te  de  leur  conduite.  V(tus 
donnerez.  Monsieur,  incessamment  ces  avis  à  tous  les  Clercs 
de  votre  paroisse,  et  ;i  ceux  (pu  voudront  ensuite  se  présenter 
à  la  cléricature,  à  laquelle  Je  ne  les  recevrai  point,  s'ils  n'ont 
été  du  moins  éprouvés  durant  six  mois,  par  quelqu'une  des 
personnes  que  Je  viens  de  jjroposer.  J'attends  de  votre  piété 
et  de  votre  zèle  (pie  vous  veillerez  à  l'exécution  dim  dessein 
que  J'espère  que  Dien  l^'iiira  et  rendra  utile  pour  le  bien  de 
son  H}.i'lise  »  '. 

Ainsi,  pour  tons  les  ordinands  qui  se  refusaient  ;i  entrer 
au  irrand  S(Mninaire,  six  mois  de  ctjuln'jle  étaient  iinp(»sés 
sur  l'observation  d'un  règlement  déterminé  par  l'Évèque  lui- 
même.  En  outre.  M«''  des  Marais  faisait  rédig-er  par  le  savant 
théohjgal  du  (  li.ipiire.  .lean  Baptiste  Mareschaulx,  un  caté- 
chisme ii.ii-  (leiiMiidcs  et  réponses  sur  la  tonsure,  catéchisme 
(piil  lit  impi-imcr  et  ajouter  à  celui  (piil  [niltlia  pour  lins- 
irnction  des  enfants  et  imposa  ii  tout  le  diocèse  en  Kï'.K». 
l'ont  asjiii-ant  à  la  ch'ricature  devait  l'aiipi-eiidre  ei  le 
|)oss(''(ler  pour  y  être  admis. 

Dans  la  pensi'-e  du  ponlil'e,  ces  régleineiitalions  n'é'laient 
qu'un  acliemiiienieiil  a  ce  qu'il  avait  en  vue,  la  ri'sidence 
obligatoire    des    futurs   iirétres  de  Chartres  au  grand  St-mi- 

*   Mss.  (Ir  liiiiloii.  llibl.  munie.  Mss.  ii"  KHli. 

T.  .\II,  M.  20 


—  300  — 

naire  de  Boaulieii.  En  effet,  une  ordonnance  épiscopale  vint 
bientôt  faire  avancer  d'un  pas  la  question.  Elle  prescrivaii  ;i 
tous  les  prêtres  nouvellement  pourvus  d'une  cure,  dans  le 
diocèse,  de  venir  faire  huit  jours  de  retraite,  et  trois  mois  de 
Séminaire  à  Beaulieu,  avant  d'entrer  en  fonctions.  C'était  un 
commencement  timide.  Oserons-nous  dire  qu'il  y  avait  quel- 
que chose  de  mieux  à  faire  que  d'obliger  les  prêtres  à  venir 
faire  un  trimestre  de  Séminaire,  quand  on  laissait  aux  jeunes 
ordinands  la  faculté  de  recevoir  les  SS.  Ordres,  sans  y  rési- 
der plus  de  huit  jours?  Y  avait-il  vraie  chance  de  recueillir 
de  ces  trois  mois  un  changement  notable,  une  préparation 
sérieuse  pour  des  hommes  déjà  avancés  dans  la  vie,  ayant 
des  habitudes  faites  et  généralement  peu  disposés  à  se 
remettre  à  un  régime  de  noviciat?  L'entreprise  devait 
échouer  et  Më'"  des  Marais  contribua  lui-même  à  son  naufrage  ; 
car  comme  il  l'avouait  douze  ans  plus  tard,  «  les  besoins  de 
la  campagne  et  la  difficulté  de  trouver  des  desservants,  ne 
lui  avaient  pas  permis  de  presser  l'observance  de  son  décret  ». 
De  ce  côté  rien  n'était  donc  fait.  ^ 

Le  prélat  comprit  alors  que  le  recrute^ient  normal  du 
Séminaire  était  attaché  à  une  autre  œuvre,  celle  que  le 
concile  de  Trente  avait  tant  recommandée  aux  Évoques, 
l'œuvre  des  petits  Séminaires.  Réalisant  les  désirs  et  déve- 
loppant les  essais  de  ses  prédécesseurs,  il  eut  la  joie  de  voir 
s'élever  tout  près  de  sa  maison  épiscopale,  l'école  cléricale 
connue  plus  tard  sous  le  nom  de  Petit-Séminaire  de  Saint- 
Charles  (lOtH)).  Bien  plus,  Nogent-le-Rotrou,  Saint-Cyr, 
Fresnes  voj^aient,  presqu'en  même  temps,  s'élever  d'autres 
petits  Séminaires,  semblables  à  celui  de  Chartres,  d'où  les 
jeunes  enfants,  élevés  dans  la  discipline  et  le  travail,  devaient 
tout  naturellement  et  sans  contrainte  passer  au  grand  Sémi- 
naire de  Beaulieu, 

L'œuvre  des  retraites  marchait  de  pair  avec  celle  des 
vocations  et  tendait  à  faire  du  Grand-Séminaire  le  véritable 
centre  du  clergé  chartrain.  L'on  se  souvient  que,  dans  la 
charte  de  fondation  de  Beaulieu,  Ms»'  de  Neuville  avait  stipulé 
que  tous  les  prêtres,  curés  et  bénéiiciers  du  diocèse,  qui  en 
auraient  le  désir,  pourraient  être  reçus  au  Séminaire  pour 
s'y  renouveler  et  perfectionner  dans  la  connaissance  pratique 
de  leurs  devoirs  d"état.   Cette  vague   invitation    n'avait  pas 


—  307  — 

eu  (If  i(''siill;it .  Sur  les  instaïKM's  du  n<»u\rl  <'v(''4U('.  pliisiciirs 
cédèrciit,  iii.iis  visiblement  contrainls.  11  rallailoiicorc  sur  ce 
point  (;n  venir  ;i  une  mesure  décisive.  M»?'"  (Jodet  des  Marais 
n'hésita  point.'En  IC/.ll»,  (jueliiue  temps  avant  l'ordination,  il 
prévint  le>;  Ordinands  qu'il  ne  leur  eonlV'rerail.  et  qu'il  no 
conférerait  désormais  h  iiersonne  l'ordre  de  la  prêtrise 
«  sans  avoir  reçu  de  chacun  la  promesse  de  venii-  faire 
chaque  année,  à  Beaulieu.  les  exercices  de  la  relrain-,  ;i 
moins  d'eu  éli'e  h'Liitiniement  empêché  jiar  maladie  ou  autre- 
ment »  '. 

Il  est  toujours  dillicile  de  changer  les  haiutudes  invétérées. 
Ce  procédé  si  radical,  et  «  extra  Jnridiriue  »  au  Jug-ement  de 
jilnsieurs,  n'aboutit  à  aucun  résultat,  tellement  que  cincj  ans 
ajirès,  le  Pontife  devait  confesser  puldicpunnent  ii  son  clergé 
l'insuccès  comi»let  de  ses  eff'orts.  Loyal  dans  son  zèle  et 
condescendanl.  pour  cette  fois,  sur  les  faiblesses  du  passé, 
il  vnului  iiii  joui-  discuter  avec  ses  prêtres  les  motifs  de  leur 
abstention  et  les  semblants  d'excuses  de  leur  né^'llgence. 
Les  uns.  disait-il.  se  sont  abstenus  <>  par  déi^'oût  de  retraites 
(pli  n'(''taient  jtoint  donn(''es  en  comnum  »,  sysli'ine  qui 
paraissait  en  etfet  peu  acc(unmodé  aux  exigences  spirituelles 
du  |)lus  grand  nombre;  les  autres  ne  sont  point  venus  <  par 
crainte  d'éire  i"egardés  comme  uns  en  [x'uitence  »,  crainte 
(pli  n'(''tait  pas  absolumenl  (•liinieri(pie,  puisque  M^''de  .Neuville 
a\  ait  fait  du  rTraml-Beaulieu  une  soiMe  de  p('Mntcii(i(i'  |hiiii-  les 
prêtres  (i('lin(piants.  I»aiili-es  enlin  s'étaient  abstenus  parce 
(pie,  faute  de  local  pour  tous  les  l'etraitaiits.  il  leur  ('tait 
ai'ri\(''  d'être  congédic's  el  reinis  ;i  un  autre  temps. 

Ce  (lefaiil  (rorgaiiisaiioii  constituait  une  xcrilahle  e.\ciise. 
M^"'"  Godet  des  .Marais  le  coin|)rit  et.  dans  sa  nouvcdle  oi'doii- 
iiance.  en  ddiiiiaiil  ralisdlution  pour  le  passe'-,  il  statua  (pie 
desoiliiais  '■  tous  les  eccl(''siasti(pU'S  coiislitlies  dans  les  o|'dr(\S 
sacrés  viendrmit  clia(pieaiiii(''e  an  S(''!iiiiiaire  de  jîeaiilieiil'aire 
iim.'  retraite  (pii  durera  liuil  .jours,  sans  compter  les  Joui's  de 
l'eiiti-c'e  et  di;  la  sortie  ».  l'oiir  obvier  ;'i  toute  dillicnltf''.  il 
annonça  (pie  les  ])rêtres  de  la  Congrégation  de  la  .Mission, 
directeurs  du  .sé-uMiiaire.  doiiiieraient  eux-mêmes  les  exer- 
cices d(^  la  retraite,  ce  (pii    etail    nu    secoui's   d'autant    plus 

'    r.iill.Mi.  liihl.  munir.  Mss.  N"  lUlU. 


—  308  — 

précieux  que,  par  un  Bref  du  Souverain  PontifC;  de  précieuses 
indulgences  venaient  d'être  accordées  à  ions  ceux  qui  feraient 
les  exercices  spirituels  sous  la  conduite  de  ces  religieux. 
Tous  les  exercices  devaient  se  faire  en  commun.  Enfin,  pour 
éviter  les  encombrements,  un  avis  du  vicaire  général  convo- 
querait douze  ou  quinze  retraitants  à  la  fois,  ou  même  un 
plus  grand  nombre  suivant  le  local  disponible  (1701)  ^ 

En  même  temps  et  de  concert  avec  les  directeurs  de 
Beaulieu,  l'évêque  de  Chartres  établissait  le  règlement  à 
suivre  pendant  ces  retraites  communes  :  Trois  demi-heures 
d'oraison  chaque  jour  (à  cinq  heures  et  demie,  neuf  heures 
trois  quarts  et  quatre  heures),  deux. conférences  spirituelles 
(à  six  heures  du  matin,  et  quatre  heures  et  demie  du  soir), 
deux  examens  de  conscience  (à  onze  heures  et  à  huit  heures 
un  quart),  l'office  en  commun,  la  grand'messe  quotidienne, 
selon  l'usage,  le  silence  absolu  sans  aucune  récréation  ;  enfin 
deux  conférences  de  morale  chaque  jour  (de  huit  heures  à 
neuf  heures  et  demie  et  de  deux  heures  à  trois  heures  et 
demie)  -. 

Ce  fut  la  gloire  de  Mgi'  Godet  des  Marais  H'avoir  toujours 
le  premier  mis  en  pratique  les  rigoureuses  observances  qu'il 
imposait  à  son  clergé  diocésain.  Chaque  année,  lors  de  l'une 
des  retraites  communes,  il  montait  au  Grand-Beaulieu,  y 
suivait,  comme  simple  retraitant,  tous  les  exercices,  et  retrem- 
pait son  âme  dans  la  méditation  de  ces  vertus  de  pauvreté  •', 


<  Ibid. 

-  Rituale  Carnot.  de  17/t2.  p.  !2i(i.  —  Recueil  de  pièces  concernant  l'épis- 
copal  de  Mff""  (iodet  des  iMarais.  Bilii.  du  Grand-Séminaire  de  Chartres,  li  B  ; 
p.  !tl  i.  Le  Chapitre  de  Notre-Dame  avait  décidé  que  ceux  de  ses  UK^mhres  ipii 
s'ahsenteraient  pour  taire  leur  retraite  ou  donner  des  entretiens  aux  ordinands 
seraient,  sur  hmv  demande,  tenus  présents.  On  trouve  dans  les  registres  capitu- 
laires  de  frétpientes  mentions  à  ce  sujet.  Par  exemple,  en  170U,  M.  le  Chamhrier 
et  M.  de  Camhoii  sont  U'.uua  pour  présents  pendant  (pi'ils  sont  à  lieaulieu,  le 
second  pour  doimei'  les  entretiens,  le  premier  {lour  faire  sa  retraite.  Le  chanoine 
Brillon  a,  dans  s(!S  extraits,  toute  une  liste  de  ces  absences  pour  retraites, 
liihl.  Connu.  Registres  Capilul aires,  au  17U0,  p.  -JHG  et  seq.  —  Lirillon,  Mss. 
n»  1010  p.  "29,  2e  col. 

^  A  Paris,  sa  cliainhre  n'avait  pour  tout  mobilier  (|u"nne  table,  une  chaise, 
et  une  carte  de  Palestine.  Onand  il  deviiU  évèijue,  il  n'eut  d'autre  argenterie 
qu'une  cuillère  et  une  fourchette.  Encore  les  garda  t-il  peu  de  temps,  car  en 
1693,  les  besoins  des  pauvres  étant  devenus  très  graiuls,  il  vendit  ces  deux 
objets  pour  les  secourir.  Doyen,  Hisl.  de  Chartres,  l.  I,  p.  /iOi. 


—  ;i()i)  — 

irassidiiitf'  mm  travail,  de  rcniioti'  à  dcfondi"»'  la  floclriiio  ' 
(loin  il  (liiiiiia  toute  sa  vit-  iiii  si  ^rand  cxciiiplc. 

Ce  n'était  pas  tout  ce  que  M"'"  Godet  des  Marais  rêvait  jioui" 
lîeaulieu.  Il  voijlait  vu  lairc  le  Inyci'  d'une  autre  (puvre  toute 
aussi  fiière  à  son  cu'ur  d'Kvèque,  la  ^^rande  onivre  des 
iiiissiftMs  diocésaines.  Nous  avcms  vu  couinient.  sous  Tj-piscopat 
de  M*-''' iTHstauiiies.  le  v«''nérable  M.  lînurdoisc.  M.  (  Jlicr  et 
Ifurs  compagnons  avaient  parcouru  le  diocèse  de  Chai'tres. 
|ii'échant  la  parole  ilr  hieiici  r.iisaiil  les  plus  iirands  fruits 
de  conversion.  Saint  \  inceni  de  l'aul.  en  ('-taldissaut  sa 
coniiTC'Lration,  s'était  proposé  l'évauiicdisatiou  des  canipairnes; 
d(''jii  ses  prêtres  r(''pandus  i)ar  toute  la  France  avaient  obtenu, 
[lar  les  armes  de  la  douceur  chrétienne,  ce  que  Louis  XIV 
avait  vainement  exi.ué  en  plusieurs  provinces  par  les  armes 
de  ses  draii'ons.  Le  diocèse  de  Chartres  n'était  pas  demeuré 
étran^^er  à  ce  mouvement. 

De  irénéreuses  donati(Uis  seinldaient  provoquer  l'éta- 
Idissement  d'une  o'uvre.  I)('J;i,  nous  l'axons  dit  plus  haut,  une 
personne  anonynu'  de  Scnonches  avait  donné  au  Séminaire 
un  capital  de  Kiim  livres,  produisant  KMI  livres  de  rentes, 
pour  être  emi)loyées  à  la  pension  d'un  Sc-minariste  de  cette 
paroisse,  et,  tout  sujet  faisant  défaut.  ;i  donm-r  ii  Senonches 
i\ne  mission  de  7  ans  en  7  ans  (I(»81).  Quati'e  ans  plus  tard, 
c'était  le  vénérable  curé  de  Frétii^ny,  M.  Michel  (rouin.  qui. 
de  ses  propres  deniers,  fondait  par  testament  une  mission 
décennale,  pour  sa  paroisse.  Une  rente  annuelle  de  20  livres 
recevable  par  le  grand  archidiacre  et  les  curés  ses  successeurs 
devait  en  couvrir  les  frais  (*.)  mars  1085)  -. 

Il  s'ayi.ssait  maintenant,  dans  l'esprit  de  l'Kvêqne  de 
<  hai'tres.  d'orti-aiiiser  cettt'  (jMivre.  de  lui  douiiei- un  fonc- 
tionnement rc'-iiidier,  de  lui  assurer  enlin  pour  l'avenii"  des 
ressources  sutlisantes  pour  la  mettre  à  l'abri  des  éventua- 
lités. 

'l'ont  naturellement  les  Lazaristes  se  présentaient  comme 


'  Mi«'f  (lodct  des  Marais  di'l'ciidil  tour  à  tour  la  doririiie  (•alholiiim-  ((mire  les 
nniiv('aiili''s  (1rs  Jaiis('iiist('s  et  les  |»it'ii\  (■\(i''s  des  Oiiirtislcs.  l'Viiflnii.  \r 
iiii'illiMir  (le  SCS  amis,  iic  lui  pas  (■|iaiu:m''.  dans  les  t(iii|i><  vii,'niirfii\  ipd- {'rsi-ipif 
fit"  (ihariri's  [Miila  aux  [larlisaiis  d(i  Qiii('-lismi'. 

-  Arcli.  (l(''parl.  biviiil.  ilii  (iraiid-Hcaiilifii.  Missions.  O.  M>\.  (Oiiiiii.  Ms>i. 
"2-  |iai-|.  Il"  1  IS'i. 


—  310  — 

les  agents  de  cette  entreprise,  et  dès  lors  le  Grand-Beaulieu 
était  indiqué  comme  leur  résidence  à  Chartres.  Pendant  cinq 
ans  MS''  Godet  des  Marais  mûrit  son  dessein  et  en  prépara 
l'exécution.  Enfin,  ayant  pris  toutes  les  dispositions  conve- 
nables avec  les  supérieurs  de  Saint-Lazare,  il  publia  en  1704 
(21  mai)  une  ordonnance  qui  devait  pendant  près  d'un  siècle 
assurer  au  diocèse  l'insigne  bienfait  des  missions  périodiques. 
Pour  cela  le  prélat  faisait  un  pressant  appel  à  la  générosité 
des  fidèles;  il  demandait  aux  pasteurs  de  diriger  de  ce  côté 
les  fondations,  et  il  désignait  les  Lazaristes  de  Beaulieu  pour 
centraliser  les  capitaux,  les  administrer  et  pourvoir  à  l'exé- 
cution des  charges  annexées,  en  procurant  les  missions  on 
tem])S  voulu.  Enfin  il  leur  adjoignait,  pour  commencer  l'œuvre, 
un  prêtre  et  un  frère  de  la  même  congrégation,  tous  deux 
spécialement  consacrés  aux  missions  ^ 

Ce  fut  le  curé  d'Argenvilliers.  M.  Michel  Mauclerc,  qui 
répondit  le  premier  à  l'appel  épiscopal.  Le  9  octobre  1705,  il 
fondait  pour  sa  paroisse  une  mission  «  à  trois  missionnaires  » 
et  d'un  mois  entier  de  durée.  Elle  devait  être  donnée,  dans 
ces  conditions,  tous  les  douze  ans,  et  pour  ?ela  le  Séminaire 
de  Chartres  recevait  une  rente  foncière  de  22  livres,  et 
160  livres  en  argent  -.  M.  Michel  de  la  Porte,  curé  de  Boissy- 
en-Drouais,  suivit  bientôt  cet  exemple  en  donnant  600  livres 
au  Séminaire,  à  charge  de  faire  donner,  tous  les  dix  ans,  une 
mission  dans  sa  paroisse  (27  juin  1711)  ^. 

Le  clergé  chartrain  se  signalait  vraiment  pour  cette  entre- 
prise, et  nous  lui  devons  cette  louange  qu'il  fit  presque  seul 
toutes  les  fondations  de  nos  missions  diocésaines.  C'était  par 
exemple  M.  Marquentin,  curé  de  Saint-Eliph,  qui  par  acte 
passé  devant  M''  Collet,  notaire  à  Pontgouin,  donnait  au 
Séminaire  un  capital  de  800  livres  pour  procurer  tous  les 
dix  ans  une  mission  à  sa  paroisse.  (18  décembre  1726). 
Malheureusement  le  bon  curé  comptait  sans  la  dépréciation 
de  l'argent  et  renchérissement  des  denrées.  Le  Séminaire 


'  Arch.  départ.  Inventaire  de  Beaulieu,  T.  I,  |t.  315. 

'  Ibid.  CeUe  mission  fut  supprimée  on   1704   (I"''  sept.)   et  la  fabrique 
d'Argenvilliers  reçut  du  Séminaii'e  le  remlioiirsement  du  capilal. 

^  CeUi;  mission,  pour  hupiclle  on  avait,  déhoursé  107  livres   14  s.   en   1740, 
coûta  "243  livres  en  1760  cl  300  livres  en  1774.  Ibid. 


—  :U1  — 

fut  biontût  en  retour  et  rKvêqiie  «le  Cliai-lros  dut  i-r-duirc  l;i 
tuiid.ilinii  '.  ('('tait  encore  !<'  cui'é  de  Moiitainvillc,  M.  Ab<d 
<iillol,  qui  l'oudaii  eu  IT."'."»  |m»iu' sa  paroisse  uue  uiissi<ui  <'Lra- 
leuient  déceMiW'le  ei  chariii'ait  h^  (îraud  Séiuinairt-  de 
rac(juitler  niofeuuani  un  capital  de  .")(«!  livres.  Le  S(''iui- 
iiaire  eut  d'altord  ]ilii>  (|iii'  le  nécessaire  pour  se  couvrii'  de 
la  «lépense,  lorscpiou  donna  jjour  la  première  l'ois,  la  mission 
en  IT.'.r..  Mais  ciiupiante  ans  plus  tard,  il  fallait  il"»  livres 
poui-  celle  (euvre  qui  en  coûtait  alors  25'J  :  il  iallut  encore 
jirocéder  à  des  rcducliiuis  de  char.u'es. 

Un  respectai)!»'  doyen  du  diocèse  se  moniraii  idiis  n'enei'eiix 
encore.  C'était  M.  Nicolas  'l'allier,  curé  de  Notre-I>anie  de 
.\o^^ent-le-Kotrou.  Kii  17  11  JlaNril  il  avait  donné  KMMilivres 
<le  capital  au  ( iraiid-lîeaidieu  pour  iiiir  mission  de  dix  en 
dix  ans.  dans  sa  paroisse.  Mais  encore  i<i  les  désirs  du  l)ou 
prêtre  devaient  être  frustrés.  At)rès  avoir  été  senhunent 
doniu-e  uue  fois,  en  1751,  dix  ans  aj)rès  la  mort  du  fondaleiw, 
elle  fut  ('teinte  par  acte  authenti(pie  passe'' d(îvant  M"'  Chevard, 
notaire  ;i  Chartres,  h'  19  octobre  178»).  De  graves  raisons 
avaient  imposé  au  Séminaire  cette  néce.s.sité.  Ce  ne  lut  pas 
toutefois  sans  i\v^  protestations  énergiques,  des  paroi.ssieus 
de  Notre-Dame,  (pii  savaient  ajtprécier  le  bienfait  de  la 
mission  -. 

Le  prêtre  qui  l'emporta  sur  tous,  dans  cette  série  de  libé- 
l'alités  saccu'dolales,  était  un  des  directeurs  même  du  S(''nii- 
naire  de  Beaulieu,  le  procureur  ou  économe  de  la  maison, 
M.  Nicolas  Darret.  Son  long  ministère  à  Chartres  l'avait 
initié  à  toutes  les  œuvres  diocésaines,  et  il  avait  conçu  pour 
celle-ci  une  |iarticulière  adéctioii.  Par  son  testament  olo- 
graphe du  2S  octobre  i'rJ'.K  il  avait  légiu'  au  Séminaire  une 
connue  de  <S(>;8  livres,  l'.i  sols,  11  deniers,  pour  procurer  ties 
uiissicjus  diocésaines,  laissant  a  l'évêcpie  de  Chai'tres  d'en 
déterminer  plus  spf'cialement  l'eniiiloi.  ("('-tait  avec  ces  rentes 
et  (mehpies  autres  <lous,  \ cuus  dans  la  suite,  (jne  clKupie 
année  ou  pouvait  procurer  à  plusieurs  paroisses  de  campagne 


'  iJétrt'l  lir  M^'''  de  Flciiiy  rlX  (Incmltn'  IT'Ui  t''l  liilis^.nii  i|iii-  le  Séminaire 
ne  devra  la  niissinn  i|iii-  lursijiii'  lc>  renies  auronl  altinil  le  rlnlln' de  la  dépense. 

-  Areli.   dé|tart.    Knnds  du   liraiid-lteaiilieii,    n"   Ti!),  i|in  Kinlienl  le  texte  de 
'elle  |iii)leslalii)ii.  1,1.   lidil.  eoniinnnale,   M.ss.   I  INI. 


—  312  — 

le  bienfait  d'une  sérieuse  évangélisation  '.  Pendant  tout  le 
dix-huitième  siècle,  le  diocèse  lut  .sillonné  par  ces  jjieuses 
caravanes  de  missionnaires,  et  partout  de  nombreuses 
conversions  signalaient  leur  passage.  La  mission  durait  tantôt 
trois  semaines  comme  à  Saint-Aubin-des-Bois  en  ITCJ:}  et  1776, 
tantôt  quatre,  comme  à  Nogent-le-Phaye,  à  Bailleau-rÉvéque 
et  à  Ymonville  en  1776,  tantôt  cinq  comme  à  Voves  en 
1774. 

L'on  peut  imaginer  quoi  intérêt  le  Séminaire  tout  entier 
prenait  à  cet  apostolat;  comme  on  aimait  ;i  interroger  les 
Pères  à  leur  retour  au  Grand-Beaulieu  et  comme  on  les 
écoutait  avec  avidité  quand  ils  racontaient  leurs  travaux, 
les  incidents  de  la  mission  et  les  succès  de  leur  ministère. 

Quelques  laïques  apportaient  aussi  leur  concours.  C'étaient 
les  bonnes  demoiselles  Recoquillé,  qui,  ayant  déjà  fait  une 
fondation  en  faveur  des  Séminaristes  pauvres,  ajoutaient 
60  livres  de  rente  povu'  des  missions  de  huit  en  huit  ans  à 
Coltainville,  à  Morancez  ou  à  Ver.  C'était  une  personne 
désirant  rester  inconnue  qui,  en  1777,  donnait  au  Séminaire 
un  capital  de  1200  livres  pour  des  missions  à  faire  dans  les 
paroisses  du  Perche. 

Au  milieu  de  ces  œuvres,  les  années  scolaires  se  succé- 
daient paisiblement  sur  la  colline  de  Beaulieu  agrémentées 
de  ces  mille  incidents  qui  font  événement  dans  l'évolution 
monotone  d'une  vie  de  Séminaire.  Un  jour  c'était  un  com- 
mencement d'incendie  qui  se  déclarait  dans  la  ville  :  et 
comme  on  était  bien  placé  aux  fenêtres  de  Beaulieu  pour 
juger  du  sinistre  et  on  suivre  les  phases  !  C'était  un  accident 
arrivé  au  grand  clocher  de  Notre-Dame  :  la  croix  de  fer 
abattue  par  un  cou})  de  vont  -.  Avec  de  bons  yeux  on 
pouvait  suivre  du  Séminaire  les  travaux  d'échafaudage  et 
de  réparations.  C'était  quelque  trouvaille  faite  dans  les  dé- 
blaiements nécessités  par  les  nouvelles,  constructions,  un 
denier  chartrain,  par  exemple,  qu'on  recueillit  en  16914  dans 


^  C'est  avec  ces  capitaux  que  le  Sémiuaire  de  Beauliru  pui,  à  cette  époque, 
prêter  au  Pctit-Sémiiiaire  Saint-Charles  nue  somme  Ho  ï^U, 0X0  livres,  mdyenuant 
<SUIj  livres  4  s.  de  n-iites.  Jusqu'à  la  ruine  du  Séminaire,  ce  revemi  liu  alléclé 
à  Fœuvn!  des  missions.  Arch.  départ.  Inventaire  de  Beaulieu,  l.  I.  Mmionx. 

-  Doyen,  Hist.  de  Chartres,  t.  11,  p.  ïJ13. 


•>lo 

les  anciennes  Iniulalions  '.  A  l'inspection  di:  relliy:ic  on 
établissait  son  .intiqnilc'.  Il  remontait  au  xir  siècle,  peut-être 
au  XI*,  à  l'origine  même  de  la  Léproserie. 

Des  événements  plus  sérieux  se  produisaient  a  licaulieu. 
A  M.  de  Chovrf'iiiniit.  premier  supériem-  lazariste,  avait  succè- 
de, en  lOST,  .M.  l)enis  Regnanl,  qui  lui-même,  tout  en  de- 
meurant au  Séndnaire,  avait  été  remplacé  dans  sa  chage  par 
M.  Charles  Doriiioiii  .  16ÎKÏ. -.  Celui-ci  n'était  resté  que  cinti 
ans  dans  ses  fonctions,  ri  M.  Nicolas  Piciion.  ipii  lui  avait 
succédé  en  1005,  avait  iln  Ini-mème  quitter  bientôt  le(Trand- 
Beaulieu  i>our  remplir  rimp<»rtante  charge  de  supérieur 
gc'uéral  tle  la  Congrégation  (1(V.»7).  Le  sup(''riorat  suivant,  au 
Séminaire  de  Chartres,  devait  illustrer  Beaidieu  en  le  ren- 
dant le  théâtre  de  l'un  des  premiers  et  plus  éclatants 
miracles  de  saint  Vincent  de  Paul. 

M.  Jean  Bonnet,  du  diocèse  de  Sens,  avait  pris  la  direction 
ilu  Séndnaire,  au  déjtart  de  Nicolas  Pierron.  Il  |y  apportait, 
avec  toutes  ses  éminentes  qualités,  une  inlirmit(''  corporelle, 
qui,  dei>uis  dix  ans.  déconcertait  la  science  des  médecins  les 
plus  renommés  •'.  11  venait  d'arriver  à  Beaulieu,  lorsqu'il  y 
rcçiU  la  [trennère  circidaire  de  M.  Pierron,  supérieur  général 
enjoignant  à  tous  les  supérieurs  locaux  de  rechercher  et  de 
lui  signaler  les  laits  ou  écrits  susceptibles  de  servir  ;i  la 
béatilication  de  saint  \incent  de  Paul.  Le  vertueux  malade, 
pal-  amour  pour  la  sonlfrance,  n'avait  jamais  voidu  jusque-là 
demander  un  miracle  à  son  saint  fondateur.  Mais  à  cette 
heure,  presse  par  une  impulsion  surnaturelle,  il  s'(''cria  : 
••  Seigneur,  si  c'esi  voire  volont(''.  et  qu'il  y  aille  de  voire 
trluire  et  de  celle  de  votre  serviteur.  N'incenL  de  Paid,  je 
vous  prie  de  me  guérir  de  ce  mal  par  son  intercession  et  de 


'   iiilil.  loiiiin.  JaiiviLT  de  l-'hiiiivillf.  lieilieirhes...  au  uu>l  Muiinuifs,^.  TiT. 

2  Archives  des  Lazaristes  de  Paris.  —  Arcliiv.  cuniiiuiii.  Regixlie  de.s  svpul- 
lurrs  ilii  Giitnd-lkauUeu,  11.  I  i,  \. 

•'  <'  il  y  avait  dix  ans  i|ii'il  avait  uni'  dr  <  !•>  Iicniics  cnniplètes  ail\(|iielles  la 
desiciitc  de  rintt'stiii  et  de  l'r|ii|)l(iii  a  l'ail  duiiiicr  ii'  nom  (rfnléni-é|H|doci'lli'. 
l'.r  mai  le  raliL;iiail  si  (  riiclli'nieiit  (|iie  dans  ses  voyages  il  était  iiiieliineldis 
"Idigé  de  descendre  de  cheval,  de  chercher  un  l'ossé  mi  (|uel(|ne  endrml  en  pente 
et  de  s'y  metire  les  pieds  en  haut  \mW  se  smdaiier.  1,'esjièce  d  nuiiel  i|U  un 
baiidai.'e  tonjdurs  trop  lâche  an  t,'ré  de  la  rupture,  avait  lait  sur  sa  chau-  él.ul  .m 
profond  (|ue  plus  de  trente  ans  après,  il  en  portail  encore  les  marques.  »  Vif 
lie  Snitil  Vinrent  ilr  l'nul.  iii-i°,  171S,  p.  .Vi'». 

r.  xii,  M.  a 


—  314  — 

m'envoyer  plutôt  quoique  autre  incomnioditc'.  pour  que  je  ne 
sois  pas  sans  souffrance.  » 

Sa  prière  n'était  pas  achevée  qu'il  sentit  que  le  mal  avait 
disparu.  iMalgré  sa  vive  émotion  et  le  désir  de  proclamer  le 
miracle,  il  garda  le  silence  et  voulut  éprouver  de  la  manière 
la  plus  rigour(nise  sa  guérison.  Tous  les  appareils  exigés  par 
son  infirmit(''  riircnl  laissés,  de  longues  courses  entreprises, 
soit  à  pied,  soit  ii  cheval,  les  exercices  les  plus  violents  et 
presque  excentriques,  furent  pratiqués  sans  la  plus  petite 
douleur.  C'était  donc  bien  vrai,  un  miracle  venait  de  s'accom- 
plir au  Grand-Beaulieu.  Alors  le  digne  supérieur  révéla  la 
merveille.  On  pense  quelle  émotion  et  quelle  joie  ce  furent 
pour  tout  le  Séminaire,  quelles  actions  de  grâces  on  rendit  au 
vénérable  Vincent  de  Paul,  quelle  confiance  on  eut  désor- 
mais dans  son  intercession  '. 

D'autres  événements,  et  ceux-lii  d'une  note  moins  gaie, 
s'accomplissaient  à  cette  même  époque  au  Grand  Séminaire 
de  Chartres.  L'année  1093  avait  été  désastreuse  pour  l'agri- 
culture, la  suivante  n'était  pas  meilleura.  Le  blé  valait  27  et 
28  livres  le  setier  :  de  mémoire  d"homme'i)n  ne  l'avait  payé 
aussi  cher-.  A  Chartres,  Monseigneur  des  Marais  provoquait 
des  assemblées  de  charité,  centralisait  les  secours,  organisait 
des  distributions,  ordonnait  des  processions  solennelles.  Au 
Séminaire,  comme  partout,  le  fléau  se  faisait  sentir,  et 
d'autant  plus,  qu'à  cette  date  le  fameux  procès  avec  les  che- 
valiers du  Mont-Carmel  était  encore  pendant,  et  Beaulieu 
privé  de  la  moitié  de  ses  revenus.  Mais  si  l'on  souffrait,  l'on 
savait  aussi  compatir  et  soulager.  Non  content  d'ouvrir  sa 
bourse,  si  réduite  qu'elle  fût.  lo  Séminaire  ouvrit  encore  ses 
portes.  11  avait  ainsi  recueilli  rc'cciumonl  un  pauvre  vigneron 
du  Petit-Beaulieu.  veuf,  malade.  aiiaiiddniK'  et  sans  res- 
sources. De  ses  deux  enfants  aucun  ne  jxuivail  ni  le  recevoir, 
ni  le  secourir.  .Iac(iues,  son  (ils,  n'était  encore  qu'apprenti 
chez  un  cordonnier  de  Chartres,  et  sa  fille  était  petite  ser- 
vante chez  un  bourgeois  de  la  ville.  Jean  Montmirault  — 
c'était  son  nom  —  avait  trouvé  à  Beaulieu,  avec  une  abon- 


'  Arcliiv.  Xalioiialcs.  LcUrc  dn  .M.  lioniiet  ['M  oct.  Ki'JT).  —  l'rocès-vi'iii.il 
de  1728,  11°  6. 


-  Doyen  :  Hist.  (h'  Charlres.  I.  I.  p.  .105. 


—  .115  — 

(lance  relative,  tous  les  soins  nécessaires  à  son  état.  Il  y 
trouva  quelque  chose  de  plus  précieux  :  la  |/ràce  île  la  iV'iii- 
lence,  du  saint  Viatique,  de  rKxtrénie-Onction,  il'une  bonne 
uiort  enfin.  ('e*pauvre,  cet  abandonné  du  monde  reçut  de 
notre  rouunûiiauté  l'hospitalité  justpraprès  son  trépas.  Au 
milieu  i\vs  prêtres  e(  des  séminaristes  (jui  (h'Jii  reposaient 
(Luis  la  iiel'de  la  chapelle,  on  creusa  pour  Itd  une  tombe  ;i  six 
pieds  (lu  mur  occidt'iital  et  à  quatre  du  mur  méridional.  C'est 

la  (pie.  le  S \cml)i<'  (le  cette  année  1(>93,  M.  Denis  Reg- 

nard  dc'-posa  son  corits  avec  les  cérénioides  accoutumées. 
Touchaul  témoignage  de  fraternité  chrétienne  :  avec  les 
su])érieurs,  les  vicaires  généraux,  avec  l'illustre  évêque  de 
Chartres,  reposaient  dans  cette  terre,  au  uu'*me  titre  de 
chrétien,  les  domesticiues  de  la  maison,  les  artisans  (H  jus- 
qu'à cet  indigent,  recueilli  par  charité  '. 

Deux  mois  ne  s'étaient  pas  écoulés  (piim  acolyle,  Guil- 
laume .Moriette,  venait  prendre  sa  place  dans  le  caveau 
funèbre  ;i  côté  du  pauvre  vigneron  (24  Juin  1004).  Un  peu 
]ilus  tard,  après  un  rt'pil  de  quinze  mois,  la  mort  frappait 
encore  un  coup  sur  le  Séminaire.  C'était  François  Dupuis,  né 
à  Rosny.  près  Mantes,  ari'ivé^  récemment  à  Reaulieu.  Il  avait 
2'.»  ans.  et  lidèle  à  l'appel  de  son  év("'((iie.  il  était  M'UU  au 
Séminaire,  avant  ua-me  il'aAoir  reçu  la  l(jiisure,  pour  y  par- 
I oui-ir  au  complet  le  cycle  des  préparations  sacerdotales. 
Dieu  se  contenta  de  ses  pieux  désirs,  et  tandis  ((ue  l'Eglise, 
dans  sa  liturgie,  cc'débrait  par  ses  joyeux //o.s-.v/;//,/  Tentréo 
triomphale  de  Jésus  à  Jérusalem,  la  Communauté,  ra.ssemblée 
aidour  de  ce  cercueil,  jiriait  pour  l'entrée  du  séminariste 
ib'funt  dans  la  Jérusalem  (\\\  ciel  (l.")  aviil  K')'.).')). 

Les  actes  de  s(''pn]lMre.  (pli  nous  mil  cunserve  l'es  (U'iails, 
;i  la  diir(''r('nce  île  ce  (pii  se  pratiipiait  alors  dans  les  paroisses, 
nut  r(''dig(''s  avec  beaucoup  de  soin  et  très  circonstanciés. 
Non  seulement  le  lieU  (le  la  dé'posit i( ill  flIlK'lire  y  esl  nette- 
ment indi(pi(''  par  la  dislance  des  deux  murs  les  plus  Noisins 
"M  dauti'es  iudicati(Uis  analogues,  mais  rncere  le  preire  ipii 
a  fait  riuhumatii>n,  cidiii  (pii  a  enleiidii  la  confession  ou 
administre''  les  derniers  Sacreim-nts,  ipiebpielnis  la  maladie 
du  defunl .  sdii  ancienneté  dans  la   maison,   ses  (piailles,   ses 

^   Anliiv.  (oiiiiniiii.  Heqis/.  drs  si'pulhirpx  ilu  il.  fteniilieii.  Aniu'f  inUD. 


—  :110  — 

vertus,  sont  mentionnés.  Il  n'y  a  pas  jusqu'à  la  physionomie 
extérieure  qu'on  j^  trouve  décrite,  comme  par  exemple  pour 
ce  Germain  Touchard,  domestique  depuis  trois  mois,  dont 
l'acte  porte  qu'il  était  «  d'une  1  aille  médiocre,  d'un  teint 
picoté  de  vérole,  et  à  poil  châtain.  »  Il  n'était  âgé  que  de 
18  ans  et  avait  pris  son  rang  à  chapelle  parmi  les  morts,  au 
commencement  de  mai  169G. 

M.  Darrest,  le  procureur  do  la  maison,  qui  l'avait  assisté 
dans  sa  dernière  maladie,  venait  de  mener  à  bonne  fin  une 
entreprise  d'intérêt  plus  général,  dont  nous  avons  mainte- 
nant à  parler. 


VII 


ORGANISATION    INTERIEURE    DU    GRAND -BEAULIEU 

Avec  la  simplicité  du  système  légal  qui  régit  aujour- 
d'hui la  propriété  foncière,  nous  nous  faisons  difficilement 
une  idée  exacte  des  mille  embarras  de  touie  sorte  qui  nais- 
saient de  l'enchevêtrement  du  système  féodal.  De  nos  jours, 
dans  la  vie  d'un  sage  propriétaire,  un  procès  est  une  chose 
relativement  rare.  Il  en  était  alors  autrement.  Une  commu- 
nauté, comme  Beaulieu,  qui  possédait  des  biens-fonds  dans 
plus  de  trente  paroisses,  soit  à  l'occasion  des  loyers,  soit 
pour  les  limites  des  terrains  ou  pour  les  censives  actives  et 
passives,  les  dîmes,  les  redevances,  devait  s'attendre  à  avoir 
constamment  un  ou  plusieurs  procès  sur  les  bras.  Sans  doute 
on  commençait,  en  France,  à  placer  ses  capitaux  sur  des 
particuliers  ou  sur  l'Etat,  système  qui  a  pris  de  nos  jours  un 
développement  si  exagéré.  Mais  au  xvir  siècle  ce  n'était 
encore  (^u'iin  commencement  :  on  y  allait  avec  précaution. 
D'ailleurs  à  l'époque  oii  nous  sommes  arrivés,  les  finances  de 
l'Etat  étaient  loin  d'être  prospères,  et  l'on  sait  à  quelle  épou- 
vantable banqueroute  les  hommes  les  plus  experts  devaient 
bientôt  entraîner  le  pays  (1720).  Quand  donc  on  avait  du 
bien  au  soleil,  on  aimait  à  le  gardei',  sauf  à  plaider  un  peu 
plus  souvent  devant  les  baillis.  Les  religieux  de  la  Mission, 
voués  à  une  vie  de  recueillement,  se  résignaient  difficile- 
ment à  cette  nécessité,  surtoul    ([uand   il   fallait   porteries 


—  ;J17  — 

(lilléreiuls  dans  des  ressorts  éloi^niés.  Déjà  la  Congrégation 
avait  obtenu  de  Louis  XI\  en  K'.SO  1 28  février),  des  lettres 
patentes  qui  autorisaient  les  Lazaristes  ii  porter  devant  le 
rjrand  Conseil  tous  les  procès,  litiges  et  difTéronds,  concer- 
nant leur^  maisons  établies  ou  à  établir  en  France  ou  hors 
de  France,  dans  les  lieux  soumis  a  sa  Majesté.  Kt  défense 
expresse  était  faite  h  tout  autre  juge  d'en  connaître  '.  Le 
Grand-Bt'aulicu  profitait  naturellement  de  ce  privilège  géné- 
ral, mais  il  se  trouvait  par  ailleurs  <lans  nue  situation  excep- 
tionnelle qui  fit  concevoir  aux  directeurs  du  Séminaire  le 
dessein  dobtenir  mieux  encore. 

Dès  l'origine  de  la  Léj)roserie.  nos  rois  avaient  eu  k  cœur 
de  témoigner  leur  sympathie  jiour  les  pauvres  malades  en 
leur  assurant  par  des  actes  publics  leur  souveraine  pro- 
tection. Piiilippo  VI  de  Valois,  par  ses  lettres  patentes 
«h'  1332,  avait  i)ris  *<  en  sa  iiiaiii.  |iiotection ,  domaine  et 
commune  <h'  France  pour  lui  et  les  Rois  ses  .successeurs  à 
l'avenir,  la  maison  et  maladrerie  de  Beaulieu  avec  toutes  ses 
possessions,  desquels  les  lépreux  pourraient  jouir  à  l'avenir 
comme  de  toute  ancienneté,  user  de  leurs  droits,  privilèges 
et  franchises,  élection  des  prieurs  et  directeurs.  »  Toutes 
choses  que  Jean  II  avait  confirmées  (1353),  y  ajoutant  pour 
Unii  contrevenant  l'ordre  exprès  de  réparer  sur  le  chanij) 
tout  trouble  apporté  dans  cet  institut.  Charles  VI  à  son  loin- 
avait  renouvelé  les  mêmes  privilèges  (21  avril  1390)  en 
accordant  de  plus  aux  Lépreux  vingt  sergents  jiour  garder 
leurs  domaines.  En  144*.»,  Charles  Vil  avait  spécialement 
défenilu  aux  gens  de  guerre  de  molester  en  rien  la  lépro- 
.serie,  ni  do  rimi)Oser.  Ses  successeurs  Louis  XI,  Charles  VIII, 
Louis  XII,  François  I"  avaient  successivement  élevé  la  voix 
dans  ce  concert  de  protection  ei  de  Imianges.  Miles  dllliers, 
évè(pie  de  Chartres,  laissait-il  ses  gens  augmenter  la  laxe  du 
Grand-Heaulieu  de  17  a  ISiio  livres,  Charles  VIII  jtrotestait 
aussitôt  îllS'.i)  déclarant  (pie  cette  maladrerie  uCtait  point 
taxalde,  mais  fraiu-]\e  de  Ions  di-oits  -. 


'  (lailiiliilir  ili's  pi  irlli'fjrs  ri  dfs  hifiis  il>'  lu  lr/iiii.\ri  ii'  nun'  ilii  Gmii'l- 
Hfiiiilii-ii.  Itililiolli.  iiiiiiimiii.  Mss.  107'.»;  Artliiv.  (Irparl. /HicH/fli/r  </« '.'"i/k/- 
heiiulini.  I.diiis  W  ioiiriiiii;i  ri  rniniivela  rcs  IrMIifs  pat^'iitrs  en  \'\H. 

•  Aitli.  ili'iiarl..  Archives  du  Crawl-lkuuUfu.  l.  I,  \k  <•;>. 


—  318  — 

Au  XYi*-'  siècle,  la  léproserie  étant  sur  son  déclin  et 
presque  vide,  il  n'y  avait  pas  lieu  de  solliciter  la  rénovation 
de  ces  privilèges.  Les  règnes  suivants  se  passèrent  donc  sans 
que  la  voix  du  souverain  s'élevât  en  laveur  de  Beaulieu. 
Mais,  avec  le  Séminaire,  une  raison  nouvelle  et  d'un  ordre 
supérieur  se  présentait.  La  tranquillité  et  la  paix  nécessaires 
aux  lépreux  n'étaient-elles  pas  aussi  instamment  exigées 
pour  le  l'oncnionnement  régulier  (Tuii  noviciat  sacerdotal? Si 
le  Roi  avait  à  cœur  la  formation  du  clergé  de  son  Royaume, 
ne  lui  appartenait-il  pas  de  le  tenir  spécialement  à  l'abri  des 
vexations  qui  pouvaient  le  distraire  de  la  grande  œuvre 
qu'il  poursuivait  dans  la  solitude  de  Beaulieu?  Enlin  le 
Séminaire  succédant  à  la  Léproserie  et  étant  entré  dans 
toutes  ses  charges,  n'était-il  pas  en  droit  de  demander  de 
lui  succéder  dans  les  faveurs  royales?  Ces  raisons  amenèrent 
Ms'"  Godet  des  Marais  et  les  directeurs  du  Séminaire  à  solli- 
citer de  Louis  XIV  ces  lettres  de  protection  connues  sous  le 
nom  de  Lettres  de  ;/firde- gardienne,  qui  devaient  non- 
seulement  assurer  à  notre  communautés  un  respect  plus 
grand  de  ses  droits,  mais  encore  lui  obte«iiir  le  privilège 
d'évoquer  tous  ses  procès  et  différends  devant  un  tribunal 
déterminé. 

Le  moment  était  bien  choisi.  Le  Séminaire,  depuis  20  ans 
tracassé  et  injustement  dépouillé  par  les  chevaliers  du 
Mont-Carmel  venait,  après  des  démarches  infinies,  d'ob- 
tenir justice.  Il  y  avait  vraiment  lieu  de  prévenir  pour 
l'avenir  de  semblables  vexations.  On  le  comprit  à  la  Cour,  et 
la  demande  fut  octroyée.  Les  lettres  «  scellées  en  cire  verte 
sur  lacs  de  soye  rouge  et  verte  »  furent  signées  par  le 
Monarque,  le  5  mars  1696  '. 

«  La  nécessité  d'établir  un  Séminaire  dans  le  diocèse  de 
Chartres,  y  était-il  dit,  et  l'utilité  qu'il  en  devait  tirer  ayant 
engagé  sa  Majesté  d'entrer  dans  les  bonnes  et  pieuses  inten- 
tions de  feu  sieur  Ferdinand  de  Neuville,  évèquc  de  Chartres, 


'  Inventaire  général  de  tous  les  titres,  paniers  et  archives  du  Grand  Sémi- 
naire de  Chartres,  t.  I,  Arch.  départ.,  G.  292L  Cf.  Bibl.  comm.  Janvier  de 
Fkiiiiville,  Recherches  chartraines,  au  mot  Séminaires.  Ces  lettres  furent 
euregistrées  au  Parlenieul  le  2X  août  1731  et  au  baillage  île  Cliartres  le 
9  novembre  suivant. 


—  :M\)  — 
et  pour  cet  effet,  tie  supprimer  1»^  lim-  «le  Prieuré  du  Grand- 
Beaulieu,  (jui  était  à  sa  noniinatioii,  jiour  l'unir  au  dit  S(''nii- 
iiaire,  eu  couséqueucr  du  décret  du  dit  de  Neuvilk*,  par 
lettres  patent(?s  du  imtis  de  d«'ceinl»re  l(;rv.>,  un  si  iiieux 
dessein  aiu'ait  ete  troid)le  dans  la  suite  par  les  jJiM'tentions 
de  l'ordre  de  Saint  Lazare,  qui  sons  prétexte  ijue  le  dit 
prieini'  du  <irand-Iieaulieti  uni  andit  St'ininaire  ('tait  autre- 
lois  charffé  d'un  Impiial  de  Lépi-eux.  aurait  voulu  se  préva- 
loir lie  redit  du  mois  de  tlécenibre  I(»7l\  et  les  proteetions 
(pie  If  dit  ordre  aurait  tniuvc-es  ayant  contraint  ledit  d(''luiit 
>ienr  de  Neuville  d'ahandonin^r  la  nn»itié  des  revenus  du  dit 
prienr('  à  l'ordre  de  Saint  Lazare,  par  nue  transaction  contre 
laquelle  niènie  il  aurait  l'ail  des  prijtestations,  le  sieiu'  l*aul 
'iodet  des  Marets  ;i  présent  évoque  de  Chartres  ayant  connu 
ijue  cette  transaction  avait  enlevé  le  inoy<'n.  à  son  Séminaire, 
de  subsister,  s'était  pourvu  contre  icelle  de\ani  sa  Majesté  et 
les  commissaires  h  ce  déimtés,  en  conséquence  des  édits  et 
déclarations  du  mois  de  mars  et  15  avril  KiU.".  portant  révo- 
cation de  l'f'dii  du  mois  de  décembre  1(»72  et  fait  voir  l'in- 
justice  de  cette  transaction.  S.  yi.  aurait  remis  et  r(''int(''i!,'ré 
le  dit  Sc-minaire  dans  la  possession  et  Joidssance  des  reve- 
nus diidit  prieuré  de  Beaulieu,  par  arrêt  du  1'.)  novembre  1693. 
ii.  parce  que  ce  prieuré  ayant  toujours  été  sous  la  protection 
du  roi,  comme  en  iccUc  de  ses  jjrédécesseurs,  le  dit  Sémi- 
naire qui  est  au  lieu  du  dit  prieiii(''  de  Beaulieu  n'a  i)as  moins 
besoin  de  celle  qu'il  doit  attendre  de  son  autorité  royale,  ils 

les  directeurs  du  Si-niiiiaire'  ont  remontre''  que  les  l)iens  et 
revenus  du  Seniinaiic  sont  situi'-s  en  divers  lieux  et  que 
])0ur  les  conservations  diceux,  ils  se  l  mu  veut  oldigés  de 
procéder   en   autant  de  juridictions  dillerentes  qu'ils   sont 

onlrainls  diidenter  d'actions  ei  de  ilclciiilre  a  celles  qui 
leur  seront  faites,  le  |ilns  sou\  cni  en  liiiix  éloiii'uc's.  ce  qui  les 

nrcliar;re  non  scuIihk  ni  de  peines,  soins  et  .urands  frais  do 
voyages,  salaires  de  plusieurs  persoiun's  «pli  font  les  pour- 
suites, mais  enroi-e  cfuisomme  la  iiieilleui'e  |>artie  ilii  temps 
«pi'ils  «'inploi«'raient  beaucoup  iiiieiix  en  prières  etoraisons. 
tb'Vots  et  liiell.V  «'X«'r«'ices  de  li-ii|-  profession.  l*our  éviter 
les  «lits  iiicoiivéni«'nts  «pii  eiilin  poiiri-aieiil  causer  la  ruine  du 
^•'•niiiiaire.  ils  mii  supplie-  Sa  Majeslc  de  1rs  |irendre  sous  sa 
protection  et  sauveg'ar«le   et   ilaltrilinei'  l;i  coniiaissan«'e  do 


—  320  — 

leurs  causes  et  différends  à  un  seul  et  même  juge...  A  ces 
causes...  voulant  faciliter  aux  exposants  les  moyens  de  faire 
avec  quiétude  leurs  prières,  veilles  et  oraisons  pour  notre 
prospérité  et  celle  de  notre  famille  royale,  la  grandeur  de 
cet  état  et  vaquer  plus  aisément  à  Tinstruction  des  ecclé- 
siastiques qui  leur  sont  commis...  nous  avons,  les  dits  expo- 
sants, leurs  serviteurs  et  domestiques,  maisons,  biens, 
domaines,  terres,  fiefs,  cens  et  rentes,  droits,  usages  et 
possessions  pris  et  mis,  prenons  et  mettons  en  notre  protec- 
tion et  garde  spéciale,  })oiir  marque  de  laquelle  notre  auto- 
rité, leur  permettons  de  le  faire  savoir,  publier  partout  ou 
besoin  sera,  afficher  avec  nos  armes,  pannonceaux,  et  bâton 
royaux,  en  leurs  maisons,  terres,  seigneuries  et  autres  lieux 
qu'il  appartiendra,  à  ce  que  personne  n'en  ignore...  »  Les 
lettres  se  terminaient  en  attribuant  au  bailli  de  Chartres 
juridiction  pour  toutes  les  causes  du  Séminaire  de  Beaulieu, 
tant  en  demandant  qu'en  défendant,  avec  défense  à  tous 
autres  juges  d'en  connaître,  et  ordre  aux  mêmes  de  les  lui 
renvoyer,  pourvu  que  les  débiteurs  ne  fussent  éloignés  que 
de  huit  lieues  de  Chartres.  -^ 

Ces  lettres  eurent  sans  doute  un  bon*  résultat,  car  sous  le 
règne  suivant,  le  Séminaire  en  demanda  la  confirmation  et 
rénovation,  que  Louis  XV  accorda  en  juillet  1731.  Des  placards 
avec  armes,  pannonceaux  et  bâton  royaux,  affichés  dans  les 
fermes  et  métairies  de  Morancez,  Sours,  Theuville,  Boisvil- 
lette,  Néron,  Angerville  et  autres  lieux  notifièrent  aux  inté- 
ressés l'acte  royal.  En  1732,  un  fermier  récalcitrant,  celui  de 
la  métairie  de  Sours,  un  nommé  Texier,  s'étant  avisé  de 
contrevenir  à  ces  lettres,  le  Séminaire  se  pourvut  aussitôt 
contre  lui  au  baillage  de  Chartres  et  l'obligea  à  se  désister 
de  ses  prétentions. 

La  monarchie  devait,  jusqu'à  la  fin,  maintenir  ces  faveurs. 
En  avril  1775,  Louis  XVI  renouvela  les  Lettres  de  Garde- 
Gardienne,  dans  les  mêmes  termes  que  ses  prédécesseurs.  Ce 
fut  le  dernier  anneau  de  cette  longue  chaîne  de  privilèges 
dont  Beaulieu  avait  été  l'objet  depuis  quatre  siècles.  Si  l'on 
y  joint  les  concessions  accordées  par  les  comtes  de  Chartres, 
les  donations  des  évêques,  chanoines,  princes  et  seigneurs, 
surtout  les  bulles  de  plusieurs  souverains  Pontifes,  Inno- 
cent II.  Eugène  III,  Alexandre  III,  en  faveur  c  des  amis  de 


—  321  — 
Dieu  >'  les  lépreux,  el  pour  les  iirindre  sous  leur  proleclion 
et  «<  celle  des  apôtres  Pierre  et  Paul,      ou  conrevra  que  la 
maison  ilu  f^raïKl-Hcaulicii  [luiivaii   à   Imn  di-oii  rii'r  II'-it  <1i' 
son  passé  '.    » 

Ces  sollicitudes  extérieures  n'empêchaient  p(»int  le>  direc- 
teurs du  Séminaire  de  poursuivre  activement  r<puvre  de 
lorganisation  intc'rieure  de  la  Communaut('.  11  y  avait  l)ien- 
|nt  quarante  ans  (pic  M^""  de  Neuville  avail  ti-ansporté  sur  la 
cnlline  la  peliii'  t'ondatioii  delà  l'orte-Cendreuse  ;  les  Laza- 
ristes comi»taient  seize  ans  de  résidence  et  depuis  lors,  que 
d'efForts  et  de  sacrilices  avaient  été  laits  pour  donner  à 
lillustre  diocèse  de  Chartres  un  noviciat  sacerdotal  (Uirne 
de  lui. 

Deux  choses,  dans  un  rTrand-S(''minaire .  sollicitent  princi- 
l»alement  le  zèle  de  ceux  (jui  en  ont  le  trouvernement.  C'est 
d'altord  la  «iKipelle  avec  tout  ce  qui  tient  au  culte  divin,  puis 
la  bibliothèque  pour  la  formation  intellectuelle  des  clercs. 
Pour  inspirer  aux  jeunes  ecclésiastiques  le  respect  que  doit 
un  prêtre  aux  choses  saintes,  pour  les  former  à  des  habi- 
tudes de  tenue,  de  dignité  et  de  rcdigion  dans  l'accoiuplis- 
sement  des  fonctions  liturgiques,  il  est  de  toute  nécessité  que 
la  chapelle  du  Séminaire,  la  .sacristie,  les  vases  sacrés,  les 
ornements,  les  cérémonies  .se  présentent  à  eux  aver  un 
cachet  d'ordre,  de  netteté  et  nu-me  do  splendeur  i|ni  les 
frapjie,  leur  impose  le  res^jectet  demeure  comme  une  pin'pé- 
tuelle  leçon.  C'est  dans  cette  pensée  que  M^'""  de  Neuville 
avait  remplacé  l'antique  et  pauvre  ('glise  de  la  hqtroserie  par 
une  nouvelle  chapelle  que  son  épitaphe  qualilie  de  .Kdes 
miKjnilicu.  Les  (objets  nécessaires  au  culte  répondaient-ils  ii 
cette  splemleur.  Nous  sommes  portés  h  croire  que  de  ce  côté 
il  y  avail  encore' beauconii  ;i  faire.  Car  hu'sipie  vers  cette 


'  Anh.  ili'pjiii.  Invenlaire  i/cni'njl .  I.  I.  liilil.  (oiiiiii.,  .M>>.  ii"  1U7!) 
f'.iirtuliiire  des  privUrf/is  ft  df.s  biens  tic  ht  l.i'fiiosrrie-Mfir  du  Gr/ind- 
Hi'iiulii'u.  Li  hiillr  dliiiioci'iil  II  psI  (ialrc  (l'Aiixom'.  i:t  scpl.  I  Mil  ;  (('Ile 
«l"Kiigt''iif  III  lie  VitiThc,  2  jiiillfl  Hi(i;  crllr  (rAli'Xiiiidic  lli  dr  C.ltitilrrs  iiiriiir 
'2  mai  1  \iV.i.  Cl.  Wiinculiitih.  |„i  i  ojiii'  fir  <i's  Inilli-s  si-  Iioiim'  il.m^  li-  Carlii- 
laiif  (lr  la  iy'|iroscru'  du  diaiul-iSrauliiMi,  coiiscrvi'  a  la  Kilil.  nation,  à  Pans, 
.Mss.  latins  nouvi'llciiiriil  urmiis,  ii"  I  i<)S.  L*>  iliss.  lUT!'  de  la  Itild.  i'(tiiini.  d)* 
Chartres  altrilnii'  iv>  |iullr>  ;i  >;aiiil  CIriiii'iil  II.  Kii^i'ih'  IV  cl  AliA.nnirf  III  II 
y  a  là  di'iix  rririiiN  dr  liaiiM  ri|itinn  ;  Si.  (.Iniitiil  |i()iii  liitioreiil  >'\  Euijeif  llll 
|Miiir  Kii}.'t''iii'  111. 


—  322  — 

cpoqiK}  le  procureur,  M.  Darrest,  transcrivit  sur  son  registre 
{riiivciii.iii'cs,  l'acte  d'union  par  moitié,  au  Séminaire,  du 
revenu  du  prieuré  de  Choisy-aux-Bœul's,  étant  arrivé  à  faire 
menlion  du  mobilier  de  l'église  prieuriale  supprimée,  il 
ajouta  en  appendice  cette  note  où  se  reflète  l'état  précaire 
de  la  sacristie  de  Beaulieu  :  «  Monseigneur  de  Chartres  s'est 
réservé  d'en  disposer  (des  meubles  et  vaisselle  de  l'Eglise  de 
Choisy  et  son  annexe)  après  le  décret  d'extinction  du  titre 
de  cette  église,  en  faveur  de  quelque  autre  qui  en  aurait 
plus  besoin  dans  son  diocèse.  Il  serait  plus  juste  que  ces 
meubles  et  vaisselle  d'église  soient  remis  au  Séminaire  qui 
en  a  plus  besoin  que  tout  autre  endroit  '.  »  Ms''  de  Neuville 
avait  voulu  [)Ourvoir  à  cette  indigence  lorsque  par  son  tes- 
taijiciil  il  avait  donné  à  son  cher  Beaulieu  son  parement 
d'autel  de  brocard  d'or,  son  pluvial  de  cérémonie  et  les  deux 
chapes  que  portaient  les  dignitaires  qui  l'assistaient  dans  ses 
solennelles  fonctions.  Son  exemple  devait  trouver  des  imi- 
tateurs. 

En  attendant,  la  Bibliothèque  faisait  l'ol^jet  de  soins  tout 
particuliers.  Sur  ce  point  tout  était  à  créer. -xLe  prieur  de  la 
Léproserie ,  pas  plus  que  les  deux  prêtres  et  les  quatre  ser- 
vants, n'avaient  songé  k  monter  une  bibliothèque.  Leurs  solli- 
citudes étaient  ailleurs.  De  fait,  en  grande  majorité,  les 
livres  possédés  par  le  Séminaire  à  l'avènement  de  Ms*'  Godet 
des  Marais,  étaient  des  livres  nouveaux.  Quelques-uns  remon- 
taient au  siècle  précédent  (xvi^  siècle).  Pas  un  incunable. 
A  part  un  missel  gothique,  écrit  à  la  main  sur  vélin,  les 
autres  manuscrits,  peu  nombreux  d'ailleurs,  étaient  récents 
et  sans  valeur.  Si  l'on  considère  qu'à  cette  époque  les  livres 
étaient  fort  chers,  et  que  le  Séminaire,  privé  depuis  20  ans 
de  la  moitié  de  ses  revenus  n'avait  pu  élever  bien  liant  le 
btulget  de  son  bibliothécaire,  il  y  a  lieu  d'admirer  avec 
quelle  rapidité  cette  œuvre  s'était  développée.  La  divine 
Providence,  en  cela  comme  en  toutes  choses,  avait  suscité  de 
généreux  donateurs,  comme  l'ancien  supérieur,  M.  de 
Bagnols,  dont  tous  les  livres  étaient  venus  se  joindre,  en 
IGCO  ,  au  petit  fonds  d'ouvrages  acquis  par  le  Séminaire.  En 
1G07,  15  à  IGOO  ouvrages,  formant  nu  total  de  4,000  volumes 

'  Bibl.  comm.,  rass.  n»  1079,  p.  63  et  109. 


:î2:; 


enviroii,  coniposaienl  la  IjiblioilRMiiU'  du  (^iraml-BcaulkMi.  On 
y  Voyait  do  {grandes  (■olltMlions  coiiiine  \<d^  (juiiriliu  (iciirmlin 
(h'  Biiii,  en  10  iii-luliu  '.  irimiiMiiaiits  coimiHMitaiivs  «-(imine 
Cornélius  ii  Lipide  en  1'.»  iu-lolio,  les  jjrjncipaux  lli(''nln^'-i(Mis: 
Albert  le  Crrand  i  12  in-lolio),  Saiiil  Thomas.  Suarez.  \as(iuez, 
Grt'y:oire  do  Valenco,  Bollarniin,  Kstius,  ]iresque  tous  les 
Pores  irrecs  et  latins  ;  j)lusieurs  liihles  An  roinnienccnieni  du 
sièclr.  duul  uin'  di-  Kulx-ri  Miiciinc:  une  concordaneo  de 
lôoc».  le  plus  ancien,  eroyons-noiis,  {\r<.  livi-es  iuipriniés  do 
cette  hihliotlii'quo  -. 

Mais  le  livre  île  beaucoup  le  jtlus  précieux  sans  contredit 
('lait  ce  Missith'  vf/iis,  manuscrit  dont  nous  avons  ])arle  plus 
haut,  et  qui  jusqu'en  17'.»;;  occupa  le  numéro  1'''  du  casier  Y. 
dans  la  bibliotlièque  du  «irainl-lJeaidieu.  l>e  l'orniai  i^rand 
in-8",  relié  en  liuis,  écrit  on  g-othique  noire  et  rouii-o.  sur  un 
velin  ili'  toute  lirauté,  onriclii  d'enluminures  au  ]iremier 
reuillel.  a  la  nu'sse  ihl  jour  de  l'àques  et  aux  [irincipalos 
majuscules,  co  missel  était  iiour  la  Inldiothéiiue  de  Beaulieu 
un  vérital)lo  trésor.  11  ])ortait  au  itremior  feuillet  on  carac- 
ti'ros  Li'othi(pu's  les  doux  mois:  J/I<-i-oji\jiiiis  Frnsso/iis.  C'était 
sans  doute  le  nom  do  l'un  do^  anciens  propriétaires.  Sur  le 
second  feuillet  on  avait  récemment  écrit  :  «  A'.v  lihris  Sriiii- 
iinrii  (  '.ni-noli-iisis  »  ot  au-dossous  «  Missalc  \ fins  ciriiolciist'.  » 
Vraisoml)lablemont  rautoiu-  de  celte  dernière  inscription 
n'avait  i)arcouru  ni  le  calendrier,  ni  Ir  l'iopic  (h>s  Saints  de 
rv  Missel.  Car  a[)res  une  rapide  insiieciion,  il  eut  »''l(''  facile 
de  reconnaiti'o  que  jamais  ce  li\  re  liturLi'iqne  n"a\ait  ('-te  à 
Insaire  de  l'Eiilise  de  Ciiartres.  On  n'y  lisait  ni  le  nom  de 
saint  Lubin  ni  celui  ûl'  saint  Choron.  Saint  Yves  y  (Mail 
deux  fois  luontioinK'  dS  mai  et  28  octobre),  mais  c'était  '\ves 
de  Brota^'no.  et  non  celui  (lu'honorr  aujourd'liui  le  cleryc  char- 
train,  point  d'auiiix  ersairo  de  la  |)(''dicace  de  la  cathédrale  de 


'  .Si-VL-riii  lîiiii,  tli.iiioiiM'  ili'  Ciilomii',  iliiiiii:i  iiih'  |in'iiiirn'  •'■ilihoii  de  ses 
(lûiM-iles  g(Mi('iaii\  (mi  i  iii-tol.  iHIOt'»!,  iiih'  (lt'ii\i<"'iiii'  rii  !l  iii-lnl.  iKHSi  i-l  iim- 
lioisiiMiif  fil  Ht  iii-fol.  iKiiiSi. 

-  (>^  iiHlicalioiis  Miiil  liirfs  ilii  inss.  I  Ki'.l  ili-  la  liiltl.  ci'iiiiii.  ili-  Cliailrcs, 
|)ortaiil  le  lilic  :  Calalof/tt.s  libniruin  bihliul/iem'  (/ohk/.v  ('.uiigirgalwnis  Mis- 
siiiiiis,  l'iecUr  in  Sniiitiui  id  (-ItiinDlensi ,  viihjn  ilii  (îniiut  llraiiliru.  jnopr 
Ctirniiluni.  ihhmi  i/ilu>.  nttiio  Ihiii  iiiillrsiiiiu  .stMtcrt/cw/Hn  iiiiiiiiij'simi)  \rj>tiiiiu. 
\  \0\.  (If   II'.)  pagrs  ri  7  ri'uilli'ls. 


—  324  — 

Chartres,  célébré  cependant  depuis  le  xiiP  siècle  dans  cette 
église,  mais  en  revanche,  à  la  date  du  29  octobre,  la  Dédicace 
de  l'église  de  Saint-Malo,  avec  Octave  ;  la  fête  solennelle  de 
Saint  Malo  lui-même,  au  15  novembre,  avec  Octave  ;  la  fête 
de  Saint  Méen,  abbé  du  monastère  de  Gaël  en  Bretagne 
(21  mai)  ;  celles  de  Saint  Samson,  évèque  de  Dôle  (28  juillet^, 
de  Saint  Paul,  évèque  de  Léon  (10  octobre)  ;  de  Saint  Corentin 
(12  décembre).  Toutes  ces  indications  suffisaient  à  certifier  la 
provenance  malouine  de  ce  vénérable  missel. 

Les  directeurs  du  Séminaire  pouvaient  d'ailleurs  savoir 
sûrement  à  cette  époque  ce  que  nous  ne  pouvons  que  conjec- 
turer aujourd'hui.  Ce  livre  liturgique  de  Saint-Malo  n'avait-il 
pas  appartenu  à  Mê""  de  Neuville;,  naguère  coadjuteur,  puis 
évèque  de  cette  église  ;  et  dès  lors  transporté  à  Chartres 
avec  les  autres  livres  du  prélat,  n'avait-il  pas  été  donné  à 
Beaulieu  par  les  exécuteurs  testamentaires,  selon  la  volonté 
de  ce  pontife  à  qui  le  Séminaire  était  si  cher  ^  ?  Cette  suppo- 
sition est  si  vraisemblable  que  nous  n'hésitons  pas  à  nous  y 
arrêter  et  le  «  Missalo  vêtus  Carnotensoo) ,  don  de  Ms""  de 
Neuville ,  explique  à  lui  seul  la  présence  d^  si  nombreux  et 
si  précieux  ouvrages  dans  la  bibliothèque  naissante  du 
Grand-Séminaire  de  Chartres  ^. 

Cependant,  à  cette  belle  collection  de  livres,  dont  l'avenir 
s'annonçait  plus  beau  encore,  il  fallait  trouver  un  local  et 
donner  une  organisation  capable  de  guider  vite  et  bien  les 
travailleurs.  Au  point  le  plus  central  de  la  maison,  sous  la 
coupole  du  pavillon  qui  occupait  le  milieu  du  grand  bâtiment 
était  un  espace  libre  et  de  facile  accès.  C'est  là  que 
furent  installés  casiers  et  tablettes.  Restait  à  faire  le  cata- 
logue. 

On  s'y  mit  avec  courage.  Une  main  exercée  en  fit  la  rédac- 
tion sur  un  registre  in-folio  solidement  relié  en  pleine 
basane,  et  dès  l'année  1697  les  chercheurs  purent  facilement 


'  Fisquet,  La  France  Ponlificak,  Chartres,  p.   193. 

-  Co  missel,  ciilf'vé  avoc  le  roslo  de  la  Bihliothêquc ,  à  l'époque  de  la  Révo- 
lution, fut  déposé  à  kl  Bibliothèque  commuiiah;  de  Chartres,  où  il  est  coté  sous 
le  11°  536,  sous  le  titre  de  Missel  à  l'usage  de  Saint-Malo.  Les  folios  10  à  15 
sont  consacrés  an  calendrier.  Le  missel  hh-nième  a  '^15  feuillets  à  2  colonnes, 
il  mesure  21^  sur  I  U)  mil!.  L'écriture golhi(pie  est  fuie,  le  vélni  est  très  fin,  les 
miniatures  indiquent  que  le  mss.  est  du  xv  siècle. 


—  n25 


s'orienter.  Ce  premier  catalogue  était  disposé  suivant  des 
titres  généraux  rédigés  en  latin  et  répondant  aux  dilléientes 
branches  d'études  ecclésiastiques  :  Sci-ij)lurn  Snci-n,  Sarri 
iulcf/jretes ;  I^ilrcs  latiiti :  l'utn-s  finrci  ;  (loncilin  ;  tlifolor/i 
jtoli'Ujiri ,  pcholn^tici ,  inorulrs  ;  Jiis  (lunniiicuni ,  ,/iis  civile; 
llistoi'if'i  siii-i-i,  proDiiii ;  l'olihislorrs,  /'/jiIosaj)/ii,  /Iinnunislu\ 
(loiivioniilorf's  cl  Calecliistir  ;  l'ii  cl  Asrciid  ;  Sncronmi 
lîilniini  liilci-jirclos  ;  Lihri  /'/oy/yy//'//.  Des  subdivisions  suivant 
le  Coiinat  des  volumes,  ren\<).\;int  aux  casiers,  au  moyen  de 
lettres  capitales  et  de  numéros  d'ordre,  achevaiojil  la  classi- 
(ication. 

Dans  la  suite  on  senlit  le  besoin  d'uii  catalou'uc  alphalx-- 
tique.  L'exécution  en  fut  confiée  ii  uu  bibliothécaire  qui 
n'avait  ni  la  main  ni  lesprit  d'ordre  du  précédent.  Sur  le 
même  registre,  et  à  la  suite  du  catalogue  précédent,  un 
dressa  la  liste  des  ouvrages  selon  un  ordre  alphabétique 
approximatit  :  à  la  suite  lurent  inscrits  les  nouveaux  livres 
reçus.  De  là  une  grande  confusion.  C'est  pensons-nous  ce 
qui  empêcha  l'achèvement  de  cette  seconde  partit'.  De  fait, 
un  certain  nombre  d'ouvrages  contenus  dans  la  prendère  n'y 
sont  point  inscrits. 

La  l)ibliotli('qu(',  ainsi  constituée,  s'enrichissait  chaque 
année  de  quelque  nouveau  lions.  Le  xviir  sièclr  devait  lui 
apporter  successivement  .sept  à  huit  cents  ouvrages  dont 
plusieurs  fort  imiiortants:  \n  IHJiHolliccu  Vclerum  l'nlrnni,  en 
27  volumes  in-folio  édit.  l(»77j,  le  (ilossnriiiin,  de  du  «'ange, 
les  iloiicilin,  de  Labbe,  en  18  in-folio,  les  Viltv  Sniicini-iiiii, 
de  Surins,  le  commentaire  tout  récent  de  Bernardin  de 
IMcqidgny  (17(J(;),  de  grands  théologiens  comme  Rijialda, 
Lessius,  Cajetan,  Bannes;  un  grand  nomljTf  de  iuccii-ux  scr- 
monaircs,  en  lalin;  du  x^■|'■  sii'clr  et  ciiliii  imis  les  menus 
ouvrages  de  |iarcii('ti(|uc,  ascétisme,  ii.istorale  et  contro- 
verse gallicane  et  Janséniste,  ('dites  |ieii(i,iiil  le  x\iii" 
sii'de. 

.Vinsi,  en  moins  d'un  deiiii-sieclc.  la  hiiilioilie(pi<'  du 
tlrand-Séminaire  p(jss(''dail  2,)5(i<>(ju\  rages,  |(ai'mi  les(|nels  on 
comptait  les  plus  bidles  publications  |iai'ues  depuis  Idi-igine 
de  rimpriiiieiie.  .\|iiis  l.i  bibliotlii'i|iie  (In  \  ('nei  able  et  savant 
chapitre  (b-  Noiic-hanic.  il  ii\  m  avait  |ias  d'aus.si  impttr- 
tnnte,  ni  de  miniv  c(iiii|ios<''e  dans  toute  la  \  ille  île  Chartres, 


—  320  — 

ot  l'antique  abbaye  do  Saint-Père  se  voyait  elle- même  de 
beaucoup  dépassée  sur  ce  point  '. 

Il  arrivait  quelquefois  que,  par  donations  ou  autrement, 
d'importants  ouvrages  se  trouvaient  en  double  ou  on  triple 
à  la  bibliotlu'que  du  KSéniinaire.  Alors  on  tâchait  do  les  céder, 
et  avec  le  prix  qu'on  on  recevait,  de  nouveaux  ouvrages 
étaient  achetés.  Ainsi,  quand  le  Séminaire  Saint-Charles 
organisa  à  son  toui-  une  bibliothèque.  Le  Séminaire  de 
Beaulieu  lui  vendit  l'un  de  ses  deux  Corncliiis  n  f.njtidi'. 

Toutes  ces  opérations  étaient  soumises  au  contrôle  du  Père 
visiteur,  délégué  chaque  année  pour  inspecter  au  nom  du 
Supérieur  général  de  Saint-Lazare  quelques-uns  des  établis- 
sements de  la  province.  Or  il  était  d'usage  que,  la  visite  de  la 
bibliothèqueachevée,  et  les  notesprisespour  le  rapport,  le  Père 
visiteur  donnât  acte  de  son  inspection.  A  Beaulieu  c'était  le 
plat  intérieur  du  catalogue  dont  nous  avons  parlé  qui  servait 
à  ces  constatations  sommaires.  AL  Watel  y  mit  le  premier 
son  nom.  (<  Ce  présent  catalogue,  écrivit-il  de  sa  main,  a  été 
véritié  dans  le  cours  de  la  visite  de  1700.  {Siffuô)  AA'atel, 
indigne  prêtre  de  la  Congrégation  de  la  AHssion.  »  11  fit  la 
même  vérification  on  1701,  mais  étant  devenu,  en  1704,  supé- 
rieur général,  ce  fut  M.  Fauro  qui  lui  succéda  comme  visi- 
teur. Celui-ci  vint  à  Beaulieu  et  signa  sur  le  catalogue  en 
cette  même  année  1704,  revint  en  1706,  puis  on  1709. 
M.  Huchon  le  remplaça  et  fit  la  vérification  de  la  bibliothèque 
en  1712  et  1713;  M.  Jomond  on  1735.  Ce  fut  la  dernière  visite 
mentionnée  sur  le  catalogue  de  la  bibliothèque  du  (Irand- 
Beauliou  -. 

Le  local  oii  l'on  venait  d'installer  cette  belle  bibliothèque 
avait  ét('  achevé  depuis  pou.  11  ('tait  le  couronnement  de  la 
grande  oeuvre  de  reconstruction  ontropriso,  dix  ans  aupa- 
ravant, par  Ms'"  de  Neuville. 

Boaulieu,  nous  l'avons  dit,  s'était  renouvelé  tout  entier  et, 
des  bâtiments  de  l'ancienne  léproserie,  il  ne  restait  guère  que 
les  fondements.  Mg,.de  Neuville,  qui  avait  commencé  ces  trans- 


'  En  1791,  la  l)ilili(illir(|iii'  de  Taliliavc  do  Saiiil-Prn'  ne  iTiil'crmail  que 
2,40(1  volumes,  dont  SOd  iii-lolio,  -j.".!!  îii-i.o,  1,|()0  iii-So  ot  iii-]-J.  Arcliiv. 
coniinun.  Inventaire  du  15  mai  1791. 


^  liilil.  coinni.  mss.  1169. 


a27 


roriiiafions,  ('tailiuorl avant  d'cMi avoir  vurachèvoiiioiit,  mais 
sou  aHeclioii  pour  le  S('uiiuairo  lui  avait  sui'vécu  au  moyeu 
de  g-énércusos  libéralités.  Suivant  Ihistoricu  Challincs,  il 
avait  laissé  ynv  testament  »  (),()( m  livres  ikuu-  achever  un 
bâtiment  eouitueneé  par  son  ordre.  »  Le  (estament  dont  nous 
avons  donné  le  texte  plus  li;mt  ne  contient,  il  est  vrai,  aueun 
legs  exprime  dans  ces  termes,  mais  nous  pouvons  penser  (pie 
Mk''  de  Neuville  avait  doiiiK'  de  \  ive  voix  ces  explications  ;i 
SCS  exécuteurs  testamentaires  anxcinels  le  testament  authen- 
tique laissait  le  soin  de  régler  rem[»loi  de  la  somme  qu'il 
donnait  an  (Iraml-Beaulieii  '.  (Jràce  h  ces  i-essources,  les 
travaux  s'étaient  i>oursuivis  sans  relâche.  I]ii  i()'.»7,  é})o({ue  ;i 
laquelle  nous  sommes  arrivés,  les  vœux  du  vénérable  pon- 
tife se  trouvaient  en  grande  partie  réalises.  l)c  la  ville  et 
des  villages  voisins  on  venait  adndrer  ces  superbes  édifices 
(pli  cDiironuaient  si  (ièrement  la  c(dliiie  et  iiaraissaient 
lame  de  cette  solitude. 

Le  Grand-Séminaire  se  composait  alors  de  trois  corps  de 
bâtiments  contigus.  Le  plus  vaste  <'tail  orienté  du  nord-est 
au  sud-ouest.  Il  mesurait  5(>  mètres  de  longueur  sur  11  île 
largeur  -.  Le  milieu  et  les  deux  extrémités  étaient  construits 
en  l'orme  de  pavillon,  ce  (pii  lui  (Imiiiaii  tiii  aspect  grandiose. 


'  La  soiiimc  in(li(|U(''('  dans  le  toslaiTKMil  de  Mk'"  de  Niniville  pst  dt^sfizc  mille 
livres,  il  est  à  croire  r]iii'  li'  niss.  de  Clialiiies  porte  6,(X)0  Unes  |iar  une 
erreur  de  Iranseriptiiiii.  (A.  (ilialiiies.  Histoire  sur  l'hislitirc.  de  Cliarlres, 
|).  :ilS.  hil,l.  f.omimiii.  Mss.  ITOi. 

-  iJoycii,  dans  son  Histoire  de  (Jiartres  sendde  dire  que  ce  Ijàtiinent  l'ut 
riciivri'ili'  M^'i'dc  M(''iiiivillr,  ilmil  il  nril  :  ■■  Il  fil  lifiliià  ses  Iriis  tout  le  c(ir|isdc 
ItuluniMil  l'ii  laii',  au  Sciiiiiiain'  de  liiaulifii.  'j  ///.s/,  de  (]liiirtres,  I.  L  P-  '•  I  I . 
tandis  (]ue  d'autres  altriltnent  au  iiii  iiir  pii'lat  la  construcliim  d'un  liàtinient 
latéral.  "  Il  fit  liàlii'  à  ses  (rais  une  aile  au  (iiand-Sc'niinain'  de  lii-aulicu.  » 
L(''piii<tis,  Hist.  de  CJidrtres.  t.  Il,  p.  i(S'i.  I,a  |)!ii|iarl  des  luslorioi;iaphes 
chartrains  parlent  diiii  liàlinient  ('leYf''  par  MK'  de  .M(''rin\dle,  sans  pn'ciser 
davantai,'e.  «  Il  fit  bâtir  à  ses  Irais  tout  un  corps  de  liàtiinenl.  »  Kis(|uel, 
Frnme  l'uittif.  (lltnrtres.  |i.  rid.'i.  ■•  Il  avait  lait  consith'raltlenieiit  auj^'uienler 
les  liàtinients  du  (irainl-Séininaire.  -  C.lievanl,  t.  "1,  p.  ."ilîT.  ■•  Il  fil  con<lnnre  à 
ses  trais  une  i^rande  partie  du  (iraiid-S(''iniiiaire  de  Beanlieii.  •■  U/.eray,  t.  H, 
p.  oll.  .Nous   piV-n-rons   le   t('ni(ti};iiai,'e  de  Pinlanl    ipii  lut  ti'inoiii  oculaire  de 


ce»  con^-lniitiitiis  et  (|in  dit  dans  son  liisloire  :  ><  Il  iMi^'"  de  Neuville,  releva  à 
neid  rKiili>e  et  un  ^rand  liàlinienl  sur  d'anciens  liindenieiils.  et  il  lit  c(Mis|niire 
un  autre  liàtinienl  (|ui  devait  taire  lace  à  un  autre  itareil,  si  le  il(''iiieinhreinciit 
du  diocèse  n'empéi  liât  (pion  réalisât  ce  prujel.  ••  liist.  de  Chartres,  nw.  KmT. 
Ce  sdiit  ces  con>trii(  lioii-^  de  Mk'r  de  Neuville  (pie  M^îc  de  ,M(''rinvil|e  citiiipléla  et 
agrandit  à  ses  frais. 


—  328  — 

Les  murailles,  élevées  sur  les  solides  foudements  de  la  lépro- 
serie, élaieut  capables  de  braver  les  ravages  du  temps,  si  elles 
n'avaient  eu  à  compter  avec  les  ravages  des  hommes.  Les 
montants  des  fenêtres  et  des  portes  offraient  à  l'œil  un  gra- 
cieux mélange  de  pierres  taillées  et  de  briques.  Tout  y  avait 
été  soigné.  Au  rez-de-chaussée,  à  la  droite  du  grand  vesti- 
bule du  milieu,  était  la  salle  d'exercices,  éclairée  par  trois 
fenêtres  sur  le  parc  ;  de  l'autre  côté  se  trouvaient  deux 
vastes  salles  destinées  probablement  aux  supérieurs  visi- 
teurs et  personnages  de  distinction.  Vingt-deux  cellules  au 
premier  étage,  et  à  peu  près  autant  au  second,  permettaient 
de  loger  dans  ce  bâtiment  la  plus  grande  partie  des  sémina- 
ristes. Elles  donnaient  toutes  sur  un  large  corridor  qui  se 
prolongeait  dans  toute  la  longueur  et  recevait  la  lumière 
aux  deux  extrémités. 

Le  second  bâtiment,  construit  perpendiculairement  au  pré- 
cédent, présentait  la  même  disposition,  quoique  dans  de 
moindres  proportions.  Long  de  ;J8  mètres  environ  sur  8  de 
large,  et  élevé  d'un  étage  seulement,  il  cqntenait  de  20  à 
25  cellules.  Le  rez-de-chaussée  était  occupé  p^r  le  réfectoire 
et  une  salle  d'étude.  C'est  à  l'extrémité  de  cette  construction 
et  en  retour,  que  se  trouvait  la  chapelle  à  laquelle  on  com- 
muniquait de  l'intérieur  par  une  porte  latérale,  donnant  dans 
le  bas  de  la  nef.  Nous  connaissons  déjà  l'histoire  et  le  plan 
de  cette  église.  Ms»"  do  Neuville  y  reposait.  Bien  plus  élo- 
quemment  que  l'épitaphe  de  son  tombeau,  ces  nouveaux 
édifices  honoraient  sa  mémoire. 

Cependant  si  magnifiques  qu'ils  fussent,  le  cadre  dans 
lequel  ils  s'offraient  aux  regards  ajoutait  encore  à  leur 
beauté.  Il  fallait  voir  le  Grand-Beaulieu  par  une  belle 
matinée  de  printemps,  inondé  de  lumière,  perdu  au  milieu 
de  ses  jardins  en  fleurs,  de  ses  avenues,  de  ses  bosquets  et 
de  ses  bois.  C'était  surtout  du  côté  du  midi  que  s'étendait  son 
vaste  parc  de  18  hectares.  Une  grande  allée,  borilée  de 
charmilles,  partait  de  la  porte  principale  et  se  prolongeait 
en  droite  ligne  sur  une  longueur  de  250  mètres  i)our  aboutir 
à  un  roiid-[(uin(,  où  (U's  bancs,  disposés  eu  demi-cercle^ 
offraient  aux  promeneurs  un  (k^licieux  repos.  Près  de  là,  se 
trouvait  la  maisonnette  du  vigneron,  et  le  pressoir  pour 
l'exploitation  des  vignes.   Car  le  parc   contenait  jilusieurs 


—  329  — 

l)lants  de  vigne,  qui,  à  droite  et  à  gauche  de  la  grande  allée, 
s'étendaient  en    lignes    serrées,   entourées  elle-inènies  de 
terre  labourables  et  de  taillis  de  bois.  Une  vaste  pièce  d'eau, 
très  poissonnoiise,  se  trouvait  au  milieu  du  bois.  Enfin  le 
jardin  pota^tH"*  occupait  le  terrain  longeant  la  route  d'Or- 
léans; il  était  muni  de  puits,  réservoirs,  canaux  d'irrigation, 
jjarfaitement  di.sposés  pour  combattre    la  sécheresse  natu- 
relle (il'  ce  plateau.  C'était  entre  ce  Jardin   potager  et  le 
parc  qu'était  située  la  basse-cour  et  toutes  ses  dépendances. 
Car    Beaulieu    comme    toutes    les   communautés  vivant   à 
If'cart  ('tait  un  petit  monde  qui  s'alimentait  de  ses  produits. 
Quand    Chartres    eût    été    investi    et    les   communications 
coupées,  le  Séminaire   pouvait  vivre  encore.  Cette   basse- 
cour  n'était  rien  moins  (jue  tout  un  groupe  de  petites  cons- 
tructions ou  la  divine  Providence  préparait  aux  séminaristes 
la  vie  matérielle  de  cluniue  jour.  Buanderie,  four,  écurie, 
grange,  vacherie,  toit  à  porcs,  colombier,  poulailler,  rien 
n'y  manquait.  Et  ce  n'était  pas  tout.  Le  Séminaire  avait  là  sa 
forge,  son  atelier  de  menuiserie,  ses  magasins,  ses  bûchers. 
Un  pouvait,  sans  recourir  au  forgeron  du  village  ferrer  les 
chevaux  de  labour  et  la  monture  plus  modeste  qui  chaque 
Jour   descendait    à   Chartres,    traînant    la    «    Kariole    »    du 
Séminaire.  C'est  l;i  (jii'on  cuis.iii  le  pain  et  i[\\'n\\  faisait  le 
cidre  et  le  vin. 

La  cour,  plantée  de  charmes,  où  les  élèves  prenaient  leur 
récréation,  était  au  couchant  du  côté  du  hameau  des  Chaises, 
et  un  i)eu  en  avant  (hi  grand  bâtiment.  Elle  était  séparée 
(hi  potager  par  une  avenue,  plantée  d'arbres,  qui  du  chemin 
des  Chaises  conduisait  au  Séminaire.  C'était  une  superbe 
alh'-e.  Entre  les  énormes  [liliers  de  pierre  ipii  en  loi-maieiii 
l'entrée,  les  i)assanls  apercevaient  an  fond,  enlre  les 
Ijranches  des  arbres,  le  pavillon  central.  Cette  avenue  ('lait 
même  accessible  au  public  cai-  il  fallait  la  suivre  jn-esciue 
jus(prau  bout  jioiw  an-i\('i'  ;i  la  chapelle  dont  la  façade  était 
-III' la  gauche,  un  [leu  avant  d'arriver  a  la  cour  du  SiMuinaii-e. 

Il  y  avait  dansTeiisemlile  tlerettedis]iosilion,  aussi  bien  (pie 
(hms  le  site,  une  harmonie  du  plus  grand  idlét.  La  cathediale 
de  Chartres  y  ajoutait  encore  :  car  elle  se  jjrésentait  comme 
le  point  (le  (b'part  et  la  raison  de  tous  ces  plans,  fn  oltseï-- 
vateur  place''  sui-  le  péristyle  de  reiitr(''e  |iriiicip;ile  du  Seiiii- 
T.  Xll.   M.  '-'- 


—  330  — 

naire  et  regardant  dans  la  direction  de  notre  avenue,  ren- 
contrait à  rextrëmité  l'église  Notre-Dame  de  Chartres.  Elle 
lui  apparaissait  au-delà  de  la  vallée,  à  la  même  hauteur  que 
Beaulieu,  encadrée  par  les  arbres  de  l'allée  comme  une 
douce  et  réconfortante  vision.  Tout  était  si  bien  harmonisé 
que  la  nef  de  la  cathédrale  et  le  grand  bâtiment  du  Sémi- 
naire se  trouvaient  parallèles,  tandis  que  la  ligne  des  deux 
clochers  se  confondait  presque  avec  celle  de  l'avenue  du 
Séminaire.  Ainsi,  au  regard  de  notre  spectateur,  le  clocher 
neuf  était  tout  entier  masqué  par  le  clocher  vieux  :  on  n'en 
apercevait  que  l'extrême  pointe  qui  semblait  comme  le  pro- 
longement aérien  de  la  vieille  pyramide  romane.  A'isiblement 
tout  avait  été  disposé  pour  que  le  berceau  du  clergé  char- 
train  demeurât  sous  le  regard  de  l'Eglise  mère  du  diocèse. 
On  avait  voulu  que  partout,  dans  le  Grand-Beaulieu,  aux 
cellules  comme  dans  la  cour  de  récréation,  la  chère  église 
de  Notre-Dame  apparût  aux  ordinands  comme  le  phare  au 
voj^ageur.  Combien  de  fois  en  traversant  par  la  voie  ferrée, 
ce  plateau  aujourd'hui  ruiné,  morcelé  et  (Jèsert,  combien  de 
fois  nous  avons  par  la  pensée  rendu  à  n^tre  Beaulieu  ses 
magnificences,  ses  couleurs,  sa  vie  !  De  tant  de  belles 
œuvres  il  ne  reste  plus  que  quelques  débris  sur  lesquels 
plane,  comme  une  malédiction,  le  souvenir  de  la  spoliation. 
Les  chapiteaux  des  pilastres  de  l'avenue  gisent  à  terre,  à 
moitié  ensevelis;  la  cour  des  charmes  est  devenue  un  champ 
nu  ;  deux  petits  pavillons  subsistent  à  moitié  ruinés  :  c'est  la 
maison  du  concierge  et  le  parloir;  des  grands  bâtiments,  il 
ne  reste  pas  pierre  sur  pierre.  Le  chemin  de  fer  a  coupé  en 
deux  ce  qui  était  naguère  le  beau  parc  percé  dallées 
fraîches  et  mystérieuses  ;  la  grande  pièce  d'eau  est  à  sec  au 
milieu  du  petit  bois,  et  sous  le  sol  de  l'ancienne  chapelle, 
retourné  cent  fois  par  le  soc  des  charrues,  reposent  mécon- 
nues et  oubliées  les  cendres  de  nos  morts  ^ 


'  Les  détails  de  cette  description  sont  enipninlés,  pour  la  plus  î;rande  partie, 
à  un  acte  de  «  visite  de  Laurent  Marin,  expci'l-arcliitecte,  juré  au  Baillage  et 
siège  présidial  de  Chartres,  les  iO  et  11  janvier  1782.  »  Arch.  d('/j.,  (i.  2930. 


i  VUI 

> 

Dernières  années  de  M8'"  Godet  des  Marais. 

Pour  revenir  il  la  fin  du  wir  siècle,  disons  que  ces  restau- 
rations inagiiiliques  n'avaient  pourtant  point  réalisé  les  plans 
(le  Mk""  (le  Neuville.  Le  Innilateur  du  Séminaire  avait  rêvé 
un  nionunient  ré<i:ulior.  un  vaste  corps  de  bâtiment.  Manqué 
de  ses  deux  ailes,  et  déterminant  avec  elles  une  cour  d'iiun- 
neur  fermée  du  coté  de  Tavcnue  par  une  grille  monumentale. 
Jusqu'en  1005,  les  travaux  furent  exécutés  suivant  ce  dessein 
et  tout  en  faisait  espérer  la  réalisation.  Mais  tout  à  coup 
survint  un  événement  qui  semlila  anéantir  pour  toujours  ces 
belles  espérances.  Depuis  son  arriv<''e  au  siège  de  Chartres, 
.Mg''  Godet  des  Marais  .sentait  sa  conscience  chargée  de 
l'administration  de  son  vaste  diocèse.  Il  lui  semblait  que  les 
1)17  paroisses  qui  le  composaient,  avec  les  nombreu.ses 
abbayes,  les  chapitres  et  prieurés,  étaient  un  fardeau  trop 
lourd  pour  un  seul  pasteur.  Dans  une  pensée  très  louable  et 
un  parfait  désintéressemcul.  le  prélat  en  était  venu  à  solli- 
citer le  démembrement  de  son  propre  diocèse,  en  vue  de 
l'érection  duii  nouvel  évêché,  celui  de  Blois  (101)5).  La 
question  demeura  [)endante  jusqu'en  1(>97,  et  secrètement 
l'on  espérait  qu'elle  n'aboutirait  point.  N'était-ce  pas  déso- 
lant de  voir  morceler  le  beau  diocèse  de  Notre-Dame  de 
Chartres  et  sur  la  demande  même  de  son  propre  pasteur'.' 
Cet  espoir  fut  troiniic.  Le  L' juillet  de  cette  année  1007  fut 
donnée,  par  le  jiaiie  Innocent  .\ll.  la  Indle  (!'(  rection  du 
nouvel  évêchi-  '.  Chartres  y  perdait  les  deux  arcliidiaconés 
de  Blois  et  de  Vendôme,  et  une  partie  de  celui  de  Dunois, 
c'est-ii-dire  cinq  abbayes,  pins  de  soixante  prieurés,  trois 
églises  collégiales  et  cent  (pialre-vingl-iiouze  paroisses. 
C'était  une  diminution  dans  le  nombre  des  cures,  et  des  lors 


'  V.  (cllf  Hulli-,  .ivri-  |c<  |irorrs-vcrliaii\  ir<'m|iii'l.'.  (Iaii>  li-v  A/cf/cH/fs  ilu 
Cleiif-  df  t'niint,  t.  II.  |).  lil-l'IS.  (.1  Itil.l.  n.iiiiii..  l'iiilanl.  lierueil  de 
documents,  inss.  n"  101  i. 


—  332  — 

une  diminution  dans  le  nombre  des  séminaristes  à  trouver. 
Les  vastes  édifices  projetés  pour  Beaulieu,  par  Ms""  de  Neu- 
ville, dépassaient  manifestement  les  exigences  du  recrute- 
ment sacerdotal.  Le  grand  bâtiment  du  fond  avec  l'aile  qui 
s'achevait,  du  côté  du  levant,  paraissaient  plus  que  sullisants. 
On  abandonna  le  reste. 

Les  directeurs  du  Séminaire  n'avaient  rien  à  voir  dans 
cette  mesure  d'administration,  et  même,  à  la  rentrée  de 
novembre,  rien  ne  parut  changé.  Tous  les  élèves  apparte- 
nant désormais  au  nouveau  diocèse  étaient  revenus,  car 
l'évoque  de  Blois,  Ms""  de  Bertier,  n'ayant  ni  évèché  ni  sémi- 
naire, avait  obtenu  du  Saint-Siège  que  les  ordinands  de  son 
diocèse  fissent  leur  séminaire  au  Grand-Beaulieu  jusqu'à 
l'achèvement  des  bâtiments  qui  leur  étaient  destinés  ^  Cet 
état  de  choses  dura  deux  ans.  Le  regret  ne  fut  pas  moins  vif 
dans  le  clergé  de  Chartres  et  tout  spécialement  parmi  les 
archidiacres  dépossédés.  M.  Vuanet,  l'ancien  supérieur  de 
Beaulieu,  avait  été  atteint  dans  son  archidiaconé  de  Dunois. 
Ce  fut  pour  lui  une  rude  épreuve  et  il  -s'en  montra  fort 
blessé.  Ce  fut  en  vain  qu'on  lui  conserva,  ain^i  qu'aux  archi- 
diacres de  Vendôme  et  de  Blois,  son  rang  et  son  titre  dans 
le  chapitre  de  Notre-Dame,  en  vain  que  sur  l'abbaye  de 
Joyenval  -,  donnée  par  le  pape  à  révêché  de  Chartres  en 
compensation  du  démembrement,  on  lui  avait  assuré,  comme 
à  ses  deux  collègues,  trois  cents  livres  de  rente  annuelle. 
Ses  collègues  acceptèrent.  Pour  lui,  il  protesta  qu'il  ne 
consentirait  à  aucune  compensation,  qu'il  n'abandonnerait 
rien  de  ses  droits  antérieurs,  qu'il  continuerait  comme  par  le 


*  Slaluiiinis  quoqm  ut  donec  scminan'um  ad  prœscriptuin  ConcUii  Iridcn- 
tini  instihiluin  fiicril,  clerici  sacris  initiandi  si'ii  el  initi(ili\  in  snniiiario 
Carnatcnsi  edncari  el  inslrid  jwtcnnil.  liulle  (rércclion  du  dincès»!  de  Filois. 
CI.  l'iocès-rerbal  d'enquéle.  Ad  oclarum,  dans  les  Mnnoiies  du  clerijé,  t.  II, 
|i.  m  et  scq.  Le  nouvel  cvèque  de  Blois  vint  dès  le  début  de  son  épisropat, 
vcnûiv  visite  à  Ms""  Oodet  des  .Marais.  11  y  a  lieu  de  pens(!rqu'il  visita  le  Gi'and- 
Beaulieii,  pendant  l(;s  jours  (lu'il  passa  à  Chartres.  Nous  n'avons  pu  trouver 
aucun  document  relatif  à  sa  visite.  A  cette  époque,  les  lazaristes  finissaient  une 
mission  à  Morancez.  Le  jour  de  la  flôtni-e,  (î  août  UiilS,  les  deux  prélats  se 
rendirent  à  l'éirlisc  de  ce  villai;e.  Mgr  Codet  des  Marais  prêcha,  donna  la  com- 
munion pascale  et  fil  taire  la  première  communion  aux  entants.  L'évèque  de 
Blois  administra  la  confirmation  à  près  de  500  personnes.  Arcli.  dép.,  G.  !2933. 

2  L'abbaye  de  Jovenval  était  située  entre  les  forêts  de  Saint-(ierniaiu  et  de 
Marly.  Son' revenu  était  de  10.000  livres.  Pouillé  de  1738,  p.  6. 


—  ;333  — 

passé  ses  visites  dans  tout  le  Dunois,  démembré  ou  non  '.  En 
lace  de  cette  opposition,  les  évèques  de  Chartres  et  de  Blois 
préférèrent  temporiser.  Sur  leur  demande,  le  Souverain 
Pontife  inst'-iti  pour  M.  Vunnet  une  clause  toute  spéciale  dans 
la  Bulk'  d  érection,  laulorisant  ;i  conservei' jusipi'ii  sa  mort 
ses  droits  et  sa  juriiliction  sur  la  partie  démenibn'o  de 
Tarchidiaconé  de  Dunois.  C'est  ce  qui  eut  lieu  -. 

La  iiioii  mil  lin  à  ce  contlil.  M.  \ii;iii('t  ;i\  ;iii  hicii  rrnijiU 
sa  lon^rue  carrière.  Successivement  chanoine,  archidiacre  de 
Dunois,  supérieur  du  Séminaire,  puis  i^rand  pénitencier, 
supérieur  des  Ursulines  de  Chartres,  il  avait,  dans  ces  diffé- 
rents ollices,  si  bien  conquis  la  confiance  des  prêtres,  qu'il 
avait  été  nommé  par  eux  député  à  l'assemblée  générale  du 
clergé  de  France.  Ces  nombreuses  sollicitudes  ne  l'empè- 
chi'rent  jioint  de  conserver  à  son  œuvre  de  Beaulieu  un 
attachement  de  prédilection.  C'est  là  qu'il  voulut  recevoir  la 
sépulture.  Décédé  le  mercredi  11  avril  1708,  à  Chartres, 
«  dans  sa  maison  canoniale  »,  il  fut  déposé  le  surlendemain 
dans  le  caveau  funéraire  de  la  chapelle  du  Séminaire,  à  coté 
de  sonprédéce.sseuren  cette  maison,  M'  Camus  de  Baguols^. 


'  l'ouillr  miiiiu.scril  )hm  cun'  de  CouiUons.  liiiil.  du  (Irand-Srminnirp 
Sl-(^liailf-  tlf  (^liaitios.  —  Mémoires  du  rleri/i'.  I.  c.  t.  Il,  p.  ISI,  '/'/  triiinin 
i'(  ad  (luarlum.  —  liiillnii,  Addiliims  à  la  Hibl.  rltarl.  I.  I,  cahier  7,  p.  86. 
iJilii.  .nniiii..  iiiss.  IUT:^  :  (1.  lUid.,  iiiss.  Klli;,  fol.  IIS. 

'  Et  rasu  fjuo  mo^/c/vii/.s  airindiaconus  dunensis,  e.r  nunc  dishaclloni  et 
disineinbralioni  partis  seu  porlionis  sui  arcliidiucuiialus  cnusentire  el  tali 
conipeiisiilidiii  nrquiesrere  reiiuerit.  nos  jura  el  jurisdielinneni  ipsiiis  iti  illn 
parle  seu  porlwne  sui  arrhidiaconalus,  ul  prœferlar,  distracld  el  distncin- 
bratd,  (jiitimdin  rixeril,  el  dictum  archidiaconaliim  oblinueril,  reservamus. 
liiiili'  il'nrclioii.  Cf.  MéiiKiires  du  clerip-,  l.  ^2,  \).  llKî,  cul.  I.  Louis  \IV 
ri|iroiliiisil  it-llc  t'\cc|ilioii  ilaiis  ses  leUics  patentes  pour  l'éicctioii  du  nouvel 
évèclié,  mars  l(l!)S.  .Noms  ne  savons  si  c'est  à  loccasinn  de  ces  prétentions,  ou 
pour  d'antres  raisons,  iprun  conllit  aii^ii  s'éleva  entre  Ms-t  (Jodel  des  Marais  cl 
M.  Vuanet.  dont  il  est  écrit  dans  inie  note  additionnelle  au  mss.  de  C.laudi! 
.Iiiiiit|ne|  :  ..  Eu  ladite  anuee  \~(\-l\  la  jierh'  du  Sieur  Vuanel,  etuiuoiite,  un 
des  ijnalre  anliidiacres  el  pénitencier,  l'a  l'ait  interdire  de  la  confession  et  de 
la  ctiarf/e  de  pénitencier  par  ledit  Sieur  Lvèque.  »  Hild.  du  Ciranii-Séiuinaire. 

■'  Dans  la  séance  capilulain-  du  1:2  avril  (issue  de  matines),  M.  (Jobinet  rap- 
pelle ipie  M.  Vuanet  est  mort  la  vi-ille  à  II  heure-;  du  soir,  ■'  fpi'étant  Inmhé  en 
apiiplexie,  sur  les  sij^nes  (pi  il  donna  dnn  grand  reiirel  d'aviur  nllensé  Hicn.  \\ 
lui  diiima  labsolnlion  (pi'il  reçut  avec  de  jrrandes  niar(|nes  de  piété  :  ipion  lui 
adinniislra  ensuite  rexlrème-omtion...  Chapitre  ordonne  (pie  aujoiird  luii  à  10 
heures  et  demie  du  matin  \e.  c(ir|is  du  déinnt  sera  apfiorté  à  l'é^'hse  où  il  lui 
sera  fait  un  service,  (pi'ensuile  il  sera  mis  en  dép(H  dans  la  chapelle  Vciidosnie; 


—  334  — 

Plusieurs  de  ses  confrères  du  chapitre  étaient  venus  de  la 
ville  pour  lui  rendre  les  derniers  devoirs  :  M.  Jacques  Félibien, 
l'ancien  professeur  d'Ecriture  Sainte  et,  depuis,  chanoine  et 
archidiacre  de  Vendôme,  MM.  François  de  la  Flèche, 
Jacques  de  Ganeau,  Mathurin  Perrault  ',  tous  trois  chanoines 
de  Notre-Dame,  et  M.  Jean  Gobinet,  docteur  de  Sorbonne, 
chanoine  et  chantre  en  dignité,  lequel  présida  la  céré- 
monie -. 

En  venant  reposer  au  milieu  des  séminaristes,  M.  Vuanet 
laissait  au  grand  Beaulieu  un  autre  témoignage  de  son 
affection.  Plus  que  personne,  il  avait  compris  la  grande 
œuvre  du  recrutement  sacerdotal.  Plus  que  personne  aussi  il 
avait  pu  comprendre  l'opportunité  de  l'œuvre  des  pensions, 
et  combien  de  fois  sans  doute  il  avait  gémi  de  voir  des 
enfants  arrêtés  au  seuil  du  Séminaire  parce  que  toutes  les 
fondations  avaient  reçu  leur  application.  Aussi ,  lorsque 
quatre  ans  avant  sa  mort  (14  juin  1704),  il  écrivit  son  testa- 
ment, un  de  ses  premiers  soins  fut  d'y  insérer  trois  articles 
pour  Beaulieu  :  le  premier,  pour  s'assurer  d-€s  Messes,  l'autre 
en  faveur  de  l'œuvre  des  pensions,  le  troisième  pour  la 
bibliothèque  du  Séminaire. 

M.  Vuanet  donnait  d'abord  au  Grand  Beaulieu  300  livres 
«  pour  un  annuel  de  Messes  basses  »  que  les  supérieurs 
devaient  faire  célébrer  immédiatement,  et  tous  les  jours 
pour  le  repos  de  son  âme.  De  plus,  le  Séminaire  devait  faire 
célébrer  à  perpétuité  une  messe  anniversaire  aux  mêmes 
intentions,  à  la  date  de  son  décès.  Il  était  spécialement  men- 
tionné que  toutes  ces  messes  devaient  être  dites  dans  la 
chapelle  du  Séminaire,  lieu  de  sa  sépulture  ^. 


fUrapi'ès  midi,  après  coiniilie.s  le  corps  sera  porté  à  la  Forte-Moral,  ou  il  sera 
remis  à  Messieurs  du  Séminaire.  »  Bibl.  Commun.  Mss.  1008-100!).  Registre 
(les  délibérations  capitulai res.  An.  1708. 

'  Il  signe  Péiot.  On  app((rtait  alors  très  peu  de  sdin  à  r(irtli()iira|ilie,  et  en 
particulier  à  fortliograplie  des  noms  propres.  Ainsi  le  nom  de  M.  Wanet,  iiinsi 
signé  par  lui,  est  écrit  ailleurs  Vuanet  et  Vanel.  Le  nom  de  M.  de  Bagnols  se 
trouve  écrit  Baif/nols. 

^  Refjislre  des  sépultures  du  Grand  Séminaire  de  Beaulieu .  Avdiw .  (Commu- 
nales E,  14.,  1. 

3  Testament  de  M.  Vuanet.  Archiv.  Départ.  G.  2935.  Le  testament  spécifiait 
(juc  ces  300  livres  devaient  être  prises  sur  Madame  Grenet  et  M.  Grenet,  son 


—  .i-iô  — 

Un  capital  de  30CKJ  livres,  protliiisanl  anmiellomont  150 
livres  de  rente,  devait  servir  «  à  la  nourriture  d'un  pauvre 
séminariste  »  qui  devait  rtre  rjioisi  ii  perjK'tnilc'  par  MM.  les 
archidiacres  (fc'  Dunojs.  dans  la  jj.irtic  de  cet  ai-clddiaconé 
restée  au  ^diocèse  de  ("liartr<'s,  a[trt's  le  di'nM'nilircnu'nt  de 
1C.07,  €  en  sorte  néanmoins  que  ceux  qui  seront  natifs  de  la 
paroisse  d^t'vres  seront  toujours  prêt  erc's  aux  autres,  en  cas 
qu'il  s'en  tniiivc  »  Aux  termes  du  testaineiii.  !<•  uiëiiie  sf'-mi- 
nariste  ne  ixmvait  Jouir  d(^  cette  «  demi-ltourse  yxpie  peiidani 
deux  ans.  dui'ée  réj^nlière  du  stage  ch'-rical  :  et  comme  ces 
l.')!)  livres  ne  repi-(>senl aient  que  la  moiti(''  de  la  pension 
alors  exijj^t'e,  .M.  \'uanet  stipulait  ([ue  les  sémiuai'istes  titu- 
laires de  cette  fondation,  ou  bien  achèveraient  ;i  Beaulieu 
l'année  scolaire  «  en  y  passant  une  demi-année  à  leurs 
dépens  »,  ou  bien  n'y  demeureraient  (luc  les  six  mois 
auxquels  il  était  i)our\  u  jiar  le  Iclis,  «  n'ayant  pas  le  moyen 
dy  ajouter  du  leur.  >-  ' 

Kntin  M.  Vuanet  avait  pensé  à  la  Bibliothèque.  Le  Sémi- 
naire, nous  l'avons  vu.  avait  déjii  dans  ses  rayons  de  nom- 
breux et  impctrtants  ouvrages.  M.  ^'uanet  en  possédait  mi 
d'une  grande  valeur,  qui  Justement  manquait  k  lîeaulieu. 
C'étaient  les  (loinilin  (îciicnilin  du  1'.  Labbe,  en  17  volumes 
in-folio;  superbe  collection  ('ditée  en  10(52  et  beaucoup  plus 
comi)lète  (pie  celle  de  Hini.  Le  Séminaire  reçut  avec  recon- 
naissance ce  souvenir  de  son  bienfaiteur,  auquel  le  testament 
adjoignait  l'ouvrage  alors  estimé  de  Crespet  «  Siiinni;i  cittlio- 
lii-;r  liilci.  »  - 

Ce  fut  le  28  Juin  sui\  anl,  aiirès  la  lev(''e  des  scellés,  que 
MM.  De  la  Flèche  et  Gobinet,  légataires  univei^els.  «  frères 
et  conchanoines  p)  (lu  (b'I'iint .  par  devant  MM.  Dorinière  et 
de  j'ardien.  notaires  capitulaires.  (Ieli\  rèrent  au  .Supérieur  et 
au  Procureur  du  (iiand  Sénùnaire  les  legs  mentionnés  par 


•il>.  |Miiii-  (li'iix  ;iiiiiuit('>(l'arii'r;(gfS(riiiifn'iil(Moiislilii(''i'cii  tavcdr  ilc  .M.  Viiaiid. 
L«'  «apilal  (If  cettii  reiiU'  (Hait  une  soiiiiikt  de  l{IH)(l  livics,  (|iii  devait  (Uic  ilfHiiit'e 
par  les  (It'IiiltMics  au  Si'iiiiiiairc,  pour  la  pension  loiidée. 

'  tbitl.  aiiirlr    1(1''    (1(1   Teslaiiieiil.    Nous  avons  vaineint'iit  iIhti  lié  |,i    i.i^oii 
de  la  piélérenii' donnée  à  ini  jeune  lioiiinie  d'Vèvres. 

-  l'ieiTC  Crospet,  ieli},'ieux  (léleslin,  iiatir  de  Sens,  inoii  en  I.Vll,  auteur  de 
|tluMenr^  ouvrages  de  théologie. 


—  336  — 

le  testament  '.  A  Beaulieu,  (Failleiirs,  on  n'avait  pas  attendu 
ce  temps  pour  commencer  la  célébration  des  Messes  deman- 
dées et  déjà  depuis  quelques  semaines  Labbe  et  Crespet 
avaient  pris  place  dans  les  rayons  de  la  bibliotlièque.  Quant 
à  la  fondation  de  pension,  nous  verrons  bientôt  comment 
l'exécution  en  fut  assurée. 

Le  Séminaire  avait  alors  pour  supérieur  M.  Pierre  Fabre, 
qu'assistait,  dans  le  gouvernement  de  la  maivson,  l'ancien 
supérieur,  le  vénérable  M.  Denys  Regnard.  Le  miraculé  de 
S.  Vincent  de  Paul,  M.  Jean  Bonnet  avait  quitté  Beaulieu 
pour  devenir  vicaire  général  de  la  Congrégation  -,  et 
M.  André  Cottard,  qui  lui  avait  succédé  en  1703,  n'avait  pas 
fait  au  Séminaire  un  long  séjour.  Le  temporel  était  déjà  au 
mains  du  zélé  procureur,  M.  Nicolas  Darrest,  qui  pendant  de 
longues  années  devait  rendre  au  Séminaire  de  si  éminents 
services.  Le  quatrième  directeur  était  alors  M.  Antoine-Louis 
Mareschal,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Jean-Baptiste 
Mareschal  ou  Mareschaux,  doyen  du  chapitre.  ^ 

En  cette  même  année  (1708),  un  mois  seulement  après  la 
mortdeM.  Vuanet,  l'on  ouvrit  de  nouveau  le  «ol  de  la  chapelle 
pour  y  déposer  le  corps  d'un  séminariste;  décédé  le  matin 
même  (16  mai),  le  sous-diacre  Guillaume  Durand,  originaire 
de  Meaulle,  dans  le  doj'enné  de  Poissy.  C'était  le  premier 
séminariste,  dans  les  ordres  sacrés,  qui  mourait  au  Grand- 
Beaulieu. 

Après  les  vacances,  le  Séminaire  rentra,  comme  de  cou- 
tume, à  l'automne  de  1708,  et  paisiblement  on  passa  le  pre- 
mier trimestre,  sans  prévoir  les  terribles  épreuves  qui,  dès 
le  commencement  de  l'année  suivante,  devaient  fondre  sur 
tout  le  pays,  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  redire  le  cruel  et 
désastreux  hiver  de  1709,  que  tous  les  historiens  de  Chartres 
ont  raconté  :  l'Eure  glacée  jusqu'au  sable,  les  pauvres  mou- 
rant de  froid  dans  leurs  lits,  les  voyageurs  gelés  sur  les  che- 


'  Séance  capitulaire  du  U  juin.  Bihl.  Coiiim.  Mss.   IOO.S-1009  Anii.  170S. 

-  Archives  de  la  Conf/rof/ation  de  la  Mission.  VA'.  Registre  des  Sépultures 
Bibl.  Comrn.  E.  li,  \.  M.  Boiiiiel  devint,  en  1711,  supérieur  de  la  ("congré- 
gation. 

'  Pouillé  de  1738,  p.  86.  —  Aivh.  Conim.  Registre  de  Sépultures.  — 
Merlet,  Biblioth.  Chart raine,  Mareschal 


—  as?  — 

niins,  les  cadavres  des  oiseaux  Jonchant  la  terre,  presque 
tous  les  enfants  morts  de  froid  en  naissant,  les  semences 
entii'renicnt  perdues.  Une  horrible  famine  suivit  ce  dôsastre... 
Dans  Chartres  et  la  banlieue  o.K.Ki  pauvres  ('taient  sans 
pain  '. 

Quand  de  pareils  fléaux  sévissaient,  rEvéïpU'  de  Chartres 
avait  coutume  do  réunir  au  palais  épiscopal.  en  assemblée 
extraordinaire,  tous  les  curé's  de  la  ville  et  de  la  banlieue, 
ainsi  (jue  les  di<4iiitaires  du  clei-g-é.  Le  supérieur  de  IJeaulieu 
s'y  rendait  fidèlement,  ainsi  (pie  le  curé  du  Coudray.Au  nom 
du  Séminaire,  et  selon  les  ressources  disponiljles,  il  souscri- 
vait pour  lassistance  des  malheureux,  et  ainsi  les  pauvres 
(hi  village  de  Beaulieu,  ceux  du  Coudray  et  des  Chaises,  que 
le  Séminaire  devait  plus  spécialement  secourir,  se  trouvaient 
compris  dans  les  distributions  trénérales  de  secours.  Nous 
verrons  plus  tard  les  curés  de  la  ville  s'opposer  à  cet  ordre 
de  choses  et  exclure  des  secours  les  pauvres  de  la  banlieue. 
Pour  le  moment  l'on  s'en  tint  à  l'usage,  ce  qui  n'empêcha  pas 
les  supérieurs  du  séminaire  (]o  soulagei-  direct eniont  plus 
d'une  infortune  -. 

A  cette  misère,  s'ajoutait  |)our  le  diocèse  de  Chartres  une 
nouvelle  épreuve.  Son  Kvèque,  M^'  Godet  des  Marais,  était 
mourant.  Un  travail  opiniâtre  pour  maintenir  la  pureté  de  la 
doctrine,  des  sollicitudes  toujours  crois.santes  pour  ses  œuvres 
diocésaines,  un  lamentable  coutlit  avec  son  chapitre  de 
Notre-Dame,  enlin  sa  vie  toute  d'austérités  et  de  privations 
avaient  achev(''  de  ruiner  sa  santé  depuis  longtemps  ('liranlée. 
Tout  espoir  de  le  sauver  avait  disparu. 

Pourtant  avant  de  quitter  la  brèche  sur  laquelle  il  luttait 
si  vaillamiueiii .  le  zéh'  l'oiitii'e  \  oidui  porier  iiinlernier  coup 
il  l'ennemi,  l/oi-.itôrieii  .liieiiiii,  professeiii-  de  théologie  eu 
renom,  venait  de  r(''paiidr<'   le   venin  du  .laiiseiiisme  dans  un 


'  Jiiitrniil  ilf  Michel  Auri fil/.  .Mss.  a|i|(aili'n;iiil  ;'i  M.  !!.  Mrilri. 

-  Celte  asseinidéc  eut  lieu  le  il\  in.ii  ITOtl.  Les  soiiscriplioiis  du  rleiçê  élaiil 
insuffisantes,  les  cuirs  des  p;uiiisscs,  assistés  (fuii  iiieudiic  du  Miireau  dfs 
pauvres,  coiiunencèreiil  le  lundi  suivant,  une  qnèlf  à  dunurde.  il  y  rui  d'aduii- 
raldes  exemples  de  générosité  r-i  de  désinléiesseineiit.  l'Iusieiirs  rirlies  lialiitaiils 
de  Cliarires,  ipii  niiiunuenl  m  (cilf  année,  avaient  f'spiinié  leur  V(doiité  déire 
enterrés  à  la  nianiéic  des  piuivri's,  alin  ipic  It-  pn\  di'>  irniun'v  i-l  du  linninairi' 
lui  consacré  au  soulagement  des  indigents. 


—  338  — 

ouvrage  destiné  à  la  formation  théologique  des  ordinands. 
Déjà  les  histitiilionos  theologicœ  ml  iisiuii  Seinhiiirloriiin 
(7  volumes  in-12)  avaient  eu  quatre  ou  cinq  éditions  ;  plu- 
sieurs prélats  les  avaient  louées  et  même  les  avaient  adop- 
tées pour  leurs  Séminaires.  Le  cardinal  de  Noailles,  arche- 
vêque de  Paris,  à  qui  le  livre  avait  été  déféré,  se  prononçait 
au  fond  pour  l'orthodoxie,  et  demandait  seulement  quelques 
additions  dans  la  forme.  Alors  Ms»"  des  Marais  éleva  la  voix, 
et  dans  une  magistrale  et  savante  Instruction  pastorale  qui 
n'a  pas  moins  de  320  pages  in-4",  il  condamna  les  lustilutionrs 
Thi''olo(jica'  (25  juin  1708). 

«  Les  Insli/ulions;  7'/it'olo(/i//tics,  disait  le  prélat,  composées 
par  le  P.  Juénin  pour  l'usage  des  Séminaires  et  imprimées 
plusieurs  fois  sous  ce  titre,  faisaient  espérer  qu'on  trouverait 
dans  cet  ouvrage  un  i)récis  de  la  plus  saine  et  de  la  plus 
exacte  théologie.  Le  titre  seul  semblait  promettre  un  corps 
de  doctrine  conforme  aux  décisions  de  l'Eglise,  fort  éloigné 
des  pernicieuses  maximes  de  ces  derniers  temps  et  propre 
enfin  à  former  ceux  qu'on  destine  à  l'Instruction  des  fidèles 
et  à  défendre  la  Religion  contre  les  novateurs.  Mais  en 
approfondissant  cet  ouvrage,  nous  l'avons  trouvé  si  favorable 
aux  erreurs  de  Jansénius  que  nous  aurions  tout  lieu  de 
craindre  les  suites  des  préventions  fâcheuses  qu'il  laisserait 
dans  plusieurs  esprits  de  notre  clergé,  si  nous  ne  les  précau- 
tionnions contre  une  si  subtile  et  si  dangereuse  séduction, 
par  une  instruction  particulière  qui  leur  en  découvre  l'ar- 
tifice et  le  venin  ^ .  » 

Le  prélat  entrait  ensuite  dans  l'examen  du  livre,  réfutait 
les  évasions  subtiles  de  l'auteur  pour  se  soustraire  aux 
condamnations  de  Rome,  et  démontrait  qu'en  réalité  le  liATe 
renfermait  les  cinq  propositions  de  Jansénius. 


'  Ordonnance  et  instruction  paslorale parlant  rondamnadon  des  Institutions 
théologiques  du  P.  .Iwnin  ["lo  juin  1708),  Cliard'cs,  Aiidir  Nicolazo,  1708, 
in-i".  Le  P.  Juéiiiii  répondit  à  MS''  (îodet  des  Marais,  par  des  Remarques  sur 
rOrdonnanee  de  lEvèque  de  Chartres  touchant  les  Inslitutinns  théologiques 
de  Juénin.  Il  publia  ciisuile  une  Dénonciation  des  théolot/ies  de  Bécan,  Abely, 
etc.,  aux  évéques  de  Chartres  et  de  Noijon,  dans  laquelle  le  P.  Juénin  appor- 
tait dos  textes  de  théologiens  en  laveur  de  sa  doctrine.  Au  nom  de  Më^  des 
Mai'ais,  le  vicaire  !j;énéral.  M.  Mareschal,  réj^ndit.  La  mort  de  FEvèque  de 
Chartres  mit  fin  à  ce  conflit. 


—  3:30  — 

Ils  gémissait  en  termiiiaiil  sur  «  lo  scandale  où  il  df  P. 
Juéniii  a  lait  toiiibor  do  Jeunes  onlinands  ot  peut-étr«'  plu- 
sieurs des  niaitn^s  qui  les  oui  instruits.  >  Il  Hétrissait  «  l'aiMi- 
lice,  les  équivéciues  cl  le  déyuisciucnt  odieux  pratiquj's  en 
tant  d'endioi-ls  de  cet  ouvrage,  par  lesqu(ds  «  celte  perni- 
cieuse doctrine  s'est  introduite  dans  les  Sénnnaires.  » 

L'fui  pense  bien  (pic  le  viL;ilaiih''\  c(pic  n'a  va  il  pasperniis  que 
lc(;raiid-Heaiilieurùtilece  n(»inl»i"c.  I  >'. lil leurs,  la Congrégalion 
de  la  Mission  recevait  encore  tle  trop  près  rinlliience  de  son 
saint  fondateur  j)<)ur  (pie  sa  doctrine  se  ressentit  des  noii- 
\eautcs.  Aussi,  lorsipie.  jxmw  olx'ir  à  Tordonnance.  llnstruc- 
lion  tut  lue  puldiipicuicnl  au  Si^Muinaire,  personne  neùt 
tiesoin  île  l'aire  ni  rc'tractation  ni  soumission. 

("e  l'ut  le  dernier  CMiiih.it  de  (•<>  l'ontih'.  (lui  en  avait  glo- 
rieusement soutenu  tant  (raiiiri>.  I, heure  était  venue  de 
déposer  les  arnu's.  M«'  des  Marais  voulut  les  remettre  lui- 
UR'nie  aux  mains  plus  vigoureuses,  sinon  jikis  vaillantes, 
d'un  homme  de  son  choix  Son  neveu,  «  ;'i  la  modi^  de  Bre- 
tagne ».  M.  Chaides  de  Mérinville,  occupait  depuis  deux  ans 
dans  l'église  de  Chartres  la  charge  d'archidiacre  <le  Pinse- 
rais.  Sa  jeunesse. semblait  devoir  l'éloigner  ]m.ui-  plusieurs 
années  encore  de  l'Kpiscopat  ',  mais  il  était  de  ceux  en  (pii 
les  vertus  supplc-eiit  les  années.  Son  oncle  le  demanda  au 
Roi  comme  coadjuteur,  et  l'obtinl.  (10  avril  1700). 

On  était  alors  au  plus  fort  de  rép(»uvanlable  hiver.  Le 
moment  était  bien  choisi  pour  (''le\ci-  h  l'f'piscopat  cet  autre 
S'Charles,  (piise  dévoua,  en  eflel,  cuniine  mi  pouvait  l'attendre 
de  sa  vertu.  Ce  l'ut  lui  (pii  jjrésida  la  icMinion  de  charité 
tenue  il  r(''V("'ch(''.  car  MK'  (iodet  des  Marais,  décidiMiiciil 
.iiieiiii  d'iiii  ulcère  aux  iioiiiuons,  avait  ét('  (lein.iiiilci-  .mx 
eaux  de  Hourlinii  (|iiili|iie  soulageiiiciii  L(>  vénéré  malade 
revint  ;i  Chartres  |miiii'  faire  nii  suprême  appel  à  la  Charité, 
puis  il  se  jirépara  ;i  mourir  -. 

peux  jours  avant  sa  mort,  «  étant  au  lil  malade  de  corps 
<t  sain  d'espril  )>,  en  pri'sence  i\\\  t\i>\i'\\  du  cliapiire,  du 
>ous-doyen,  du  grand  archidiacre  et  d  un  prèire  de  S' Sulpice 


'   M.  (Il'  M(5rinvillt'  ('lail  aioi>  ày<!'  de  "21  ans. 

'  Lrilre  pastuiuk  au  cleigr  t>t  aux  fidrirs  de  san  iliorew,  du  l'.t  jiim  ITcO. 


—  340  — 

de  ses  amis,  M.  Dizerand,  il  dicta  an  notaire  royal  Panl 
Gonssard   ses  dernières  volontés. 

Sa  première  pensée  fnt  pour  son  digne  coadjutenr  :  «  Pre- 
mièrement ledit  seigneur  testateur  a  dit  que  la  grâce  que  le 
Roi  a  faite  au  diocèse  de  Chartres  en  lui  accordant  pour 
coadjutenr  et  successeur  M.  l'abbé  de  Mérinville,  ayant  fait 
un  grand  changement  par  rapport  an  dit  diocèse,  en  fait  un 
aussi  par  rapport  aux  anciens  projets  dn  dit  seigneur 
testateur,  lequel  a  cru  ne  pouvoir  rien  faire  de  plus  utile 
pour  le  bien  du  troupeau  que  la  Providence  a  confié  à  ses 
soins,  que  de  mettre  son  coadjuteur  et  successeur,  M.  l'abbé 
de  Mérinville,  abbé  de  S'  Calais,  en  état  de  servir  ledit  diocèse 
et  de  faire  les  aumônes  et  bonnes  œuvres  qu'un  bon 
prélat  doit  à  son  troupeau  ;  que  dans  ses  vues  et  les 
assurances  que  mondit  Seigneur  a  de  son  zèle,  de  sa 
piété,  de  son  désintéressement  et  de  sa  grande  charité 
pour  les  pauvres,  mondit  Seigneur  a,  par  ces  pré- 
sentes, déclaré  qu'il  donne  et  lègue  à  mondit  sieur  abbé  de 
Mérinville,  son  coadjuteur,  généralement  tous  ses  biens, 
meubles,  effets,  dettes  actives  et  tout  ce  qu'il^peut  lui  donner 
par  testament,  le  faisant  son  légataire  universel  et  exécuteur 
du  présent  testament,  à  la  charge  par  ledit  sieur  de  Mérin- 
ville, payer  toutes  ses  dettes  mobilières  et  immobilières  dont 
sa  succession  sera  trouvée  chargée,  si  aucune  s'en  trouve  au 
jour  de  son  décès,  et  d'exécuter  toutes  les  autres  dispositions 
ci-après  énoncées,  même  celles  qui  i)Ourraient  être  après 
faites  par  codicilles..  J. 

L'une  de  ses  dispositions  concernait  sa  sépulture.  Le  Prélat 
ordonnait  que  s'il  mourait  à  Paris,  son  cœur  fût  porté  à  la 
maison  de  S'Cyr,  dont  il  était  resté  le  directeur  et  le  conseiller 
et  que  son  corps  fut  inhumé  dans  l'église  S'  Sulpice.  Il  voulait 
au  contraire  que  s'il  décédait  à  Chartres,  son  corps  fut 
déposé  dans  l'église  do  son  Grand  Séminaire  de  Beauliou. 
«  Et  en  l'un  et  l'autre  desdits  lieux  oîi  il  décodera,  ledit 
Seigneur  Testateur  ordonne  que  ce  soit  le  plus  simplement 
et  aux  moins  de  frais  qu'il  se  pourra.  » 

Avec  ce  témoignage  d'affection,  M^'''  des  Marais  donnait 


'  Testament  ffeil/s'■Go(/e/des^7«/•rt^s (26 septembre! 709). Aroli.  Dépai't.  G.  2. 


—  341  — 

encore  milU'  livres  à  son  Séniinaii'e.  Si  Ion  compare  ce  don 
aux  autres  contenus  dans  le  testament,  <»n  est  poi'té  à  se 
demander  pourquoi  il  était  le  moins  élevé  de  tous.  Le  Prélat 
donnait  en  eftpt  3000  livres  au  Bureau  des  Pauvres,  2(MX)  ii 
l'Holel-Dieu^  5000  à  la  catlu''(li;ilc  ■  pinir  axolr  iiii  ninement 
complet,  »  6000  aux  pauvres  des  paroisses  dont  il  ('lait  le 
Seigneur.  Mais  il  faut  se  rappeler  que,  pendant  son  épiscopai, 
Mb'  des  Marais  avait  beaucoup  dépensé  pour  r(''recti(ni  de  ses 
quatre  petits  Séminaires  ii  Chartres,  à  S'-Cyr.  ii  Fresnes  et  à 
Nogent-le-Rotrou;  qu'il  y  entretenait  à  ses  frais  trente  ou 
quarante  ijauvres  séminaristes;  et  que  bien  sûr,  en 
léguant  à  M.  de  Mérin ville  tous  ses  biens  «  pour  faire  les 
aumônes  et  bonnes  œuvres  quim  prélat  doit  à  son  troupeau  », 
il  l'avait  charg(''  verbalement  de  pourvoir  avant  tout 
aux  besoins  de  ses  Séminaires  et  de  continuer  ce  qu'il 
avait  fait  lui-même  pour  rciilretien  (b^s  ordiuaiuls  peu  for- 
lun(''s. 

C'était  le  20  septembre  1700.  Eu  parlant  dans  son  testa- 
ment de  dispositions  «  qui  pourraient  être  ci-après  faites  par 
codicilles  »,  le  vénéré  malade  ne  pensait  pas  être  si  proche 
de  sa  tin.  Le  surlendemain  il  rendait  son  àme  à  Dieu,  après 
avoir  reçu  solennellement  les  derniers  sacrements  en  pré- 
sence de  tout  son  chapitre,  auquel  il  eut  encore  le  courage 
de  faire  une  suprême  exhortation.  '  Il  mourait  dans  la  joie 
d'une  vie  bien  remplie  et  du  bon  combat  soutenu  Jusqu'à  la 
lin.  Quelques  Jours  auparavant,  le  Bref  de  Clément  XI  le 
félicitant  de  son  Inslniclion  contre  le  livre  de  Juénin, 
avait  (liinn<''  une  solennelle  sanction  à  tous  ses  ensei- 
gnements et  comblé  de  Joie  le  vénérable  mourant  (7  sep- 
teuibre  1700). 

Les  c('r('monies.  des  funérailles  ;i  l'Kvéché  et  à  la  cathé- 
drale u'enlrenl  pas  dans  le  cadre  de  n(»tre  histoire.  Elles  fureut 
digues  duu  si  éndnenl  prélat.  Toutes  les  coiumunautes 
viureiit  a  leur  tour  psalmodier  Tollice  des  morts  près   du 


'  CfUf  r\li(irl;iliitii  lui  iiicitlniUM'  triiii  Irait  qui  lil  iiiiiit'iii-  ikiiis  k'  ck-i-gé 
cliarlraiii.  M.  FinivclitT,  cliarioiiu',  qui  faisait  soiis-diacro  à  rclli'  cériiiioiiii',  se 
li'iMivaiil  |in''s  liii  lil,  lt>  l'ivlat.  au  milieu  ilc  sou  rxlioilatioii.  n-inarqna  iju'il 
(lorlail  uni'  Mrs  riclic  |)eirut|uc.  (Ir  {|uc  vovaul  avcr  (Iqilaisii-.  il  m- nul  à  |iailrr 
Loiilrc  les  iKTiiiqucs  cl  fil  une  sévère  sditie  eoiilie  le  cliaiioiiie.  il  inoiiriil  peu 
a|iiès.  Janvier  lie  Hiiiiville,  Erèfiiics.  Mihl.  (loinni.  iii^s  n»  Uill.  IV. 


—  342  — 

corps,  exposé  dans  la  chapelle  ëpiscopale  sur  un  lit  de 
parade,  revêtu  de  la  mitre  et  de  la  chasuble  violette  '. 
Four  le  Séminaire,  il  se  trouvait  alors  dispersé  par  les 
vacances;  seuls,  les  prêtres  présents  à  Beaulieu,  et  les  Sémi- 
naristes voisins,  vinrent  rendre  k  leur  évêque  les  derniers 
devoirs. 

Ce  fut  dans  l'après-midi  du  2  octobre  que  la  dépouille 
mortelle  du  prélat  fut  transportée,  suivant  sa  Vdlonté,  au 
Grand  Séminaire.  Tous  les  corps  officiels,  qui  le  matin 
avaient  assisté  à  la  messe  solennelle  à  la  cathédrale  se 
réunirent  de  nouveau  à  trois  heures  pour  la  procession 
funèbre.  C'était  un  superbe  cortège.  En  tête  marchait  le 
Vidame  avec  des  tambours  garnis  de  drap  noir.  La  maré- 
chaussée suivait  en  habit  d'ordonnance,  accompagnée  de 
tous  ses  officiers,  et  tous  les  archers  étaient  armés  de  leurs 
mousquetons.  Venaient  ensuite  dans  l'ordre  réglé  pour  les 
processions  générales,  toutes  les  œuvres  de  charité  de  la 
ville  ;  le  clergé  séculier  et  régulier.  Derrière  le  cercueil, 
MSI"  de  Mérinville  conduisait  le  deuil;  il  était  accompagné 
d'un  chanoine.  Un  valet  le  suivait  «  portant  sa  robe.  »  Deux 
autres  neveux  du  défunt  marchaient  ;'i  sa  suite;  M.  l'abbé 
Guenet  et  M.  l'abbé  de  l'Isle,  également  vêtus  de  robes  trai- 
nantes.  que  soutenaient  des  serviteurs.  Douze  chanoines 
deuillants  suivaient  en  camail  ;  enfin  le  Présidial  marchant 
sur  la  droite  et  le  corps  de  ville  sur  la  gauche,  l'élection,  les 
administrateurs  du  Bureau  des  Pauvres  et  tous  les  corps 
constitués.  Le  cortège  s'arrêta  à  la  porte  Saint-Michel  ou  de 
nombreux  caresses  attendaient.  Lun  d'eux  reçut  le  cercueil 
et  deux  prêtres  du  Séminaire  se  placèrent  de  chaque  côté, 
récitant  les  prières  des  morts  ^.  Dans  les  autres  voitures 
prirent  place  Mg'  le  coadjuteur  et  les  deux  autres  neveux 
ainsi  que  plusieurs  chanoines. 

A  Beaulieu,  on  avait  dressé  une  estrade  funèbre  dans  la 


'  Les  religieux  de;   Siiiiil-l'ère  ii'élaiil  (|iii'  (|\iatre  icrusèreiil  de  leinplir  cet 
olfice . 

2  Cos  deux  prêtres  du  Séminaire  étaient  M.  Pierre  Fabre,  supérieur  et 
M.  Antoine  Mareselial,  don!  les  noms  se  trouvent  dans  facte  de  sépulture  avec 
ceux  de  MM.  Coliinet,  Mareselial,  doyen,  et  Florent  de  (iaiieau,  sous-doyen. 
Reyislrf  des  Sépiilt .  du  G.  lienitlieii.  Arch.  C.nmni.  E.  l'i.  (i.  —  Journal  de 
b.  Le  Feron.  appartenant  à  M.  Mi'rlet  :  —  Registres  capihil.  An  !7(tV). 


—  rîi3  — 

cour  dhoiiiu'ur.  A  rairi\ée  «lu  ct»iley;e  le  corps  y  lu  L  déposé, 
ol  après  quelques  prières  liturgiques,  ou  le  iransporta  ii  la 
chai)elle  où  devait  avoir  lieu,  le  lendeniaiu  à  10  heures,  le 
service  d'iuhuuiation.  Ce  fut  M.  Gobinet.  chautre  eu  diyuilé, 
(pli  célébra»la  Messe,  à  laquelle  deux  autres  idiauoiues 
lireut  di'acre  et  sous-diacre,  et  deux  autres  «  porte-chapes  ». 
Les  corps  otliciels  n'y  assistèrent  ixiini.  Cepoudaut  le  preuiit'r 
président,  M.  Nicole,  le  maire  de  Chartres.  M.  Noël, 
M.M.  (ioaull  et  Auvray.  jjrésidents  de  l^declion,  et  phi>ieni"s 
autres  dignitaires,  tinrent  à  y  être  présents,  honorant  en 
uiênie  temps  la  mémoire  du  défunt  et  le  digne  pn'dat  qui 
présidait  ce  deuil  solennel.  Mb""  de  Merinville  ('tait  en  ellet 
revenu  a  Beanlieu.  poiii-  la  sépulture.  Kl  quelles  pensées 
devaient  remplir  son  cœur  à  la  vue  de  ce  Séminaire,  dont  il 
devenait  dès  lors  le  prender  su[>érieur  et  le  Père?  En  voyant 
descendre  dans  le  caveau  de  la  çlia{)elle  celui  dont  il  avait 
si  bien  connu  le  zèle  pour  la  l'itiiualion  des  clercs,  quels 
ilésirs  il  concevait  lui-même  de  poursuivre  cette  grande 
œuvre,  soit  ii  Beanlieu,  soit  a  .s.  (.'haries,  et  parinul  nii  il  y 
avait  des  vocations  à  souteiur! 

Par  ordre  de  M?""  de  Merinville,  un  diuer  avait  été  préparé 
dans  le  réfectoire  du  Sénnnaire  et  tous  les  assistants  de  dis- 
tinction avaient  él('  priés  de  s'y  rendre  après  rollicc.  il  s'y 
trouva  plus  de  soixante  personnes.  Un  des  chanoines  pré- 
sents nous  a  laissé  une  note  manuscrite  sur  le  menu  même  de 
ce  diner.  Dans  sa  naïveté,  elle  a  une  couleur  locale  (jui  nous 
la  rend  i»r(''cieuse  :  «  Le  réfectoire  dans  lequel  on  a  manii'('' 
était  pres(jue  reuqjli.  Tons  ont  mangé  k  la  portion,  comme  il 
se  prati(pU'  dans  les  S(''niinaires.  Ou  a  s(.'r\  i  d'alioid  nue 
soupe  a  chacun.  a\('c  un  |iig'eou  dessus,  sans  aiilic  lioiiiUi. 
Ensuite  deux  pigfons  a  la  comi)ote,  \umv  entrée,  l'i  un  gros 
p(julet  pour  tout  ser\  ice.  Pour  dessei-t.  deux  |»etits  biscuits, 
avec  un  morceau  de  iVomage.  On  a  lail  la  lecture  pendant 
tout  le  repas.  »  '. 

Par  les  soins  du  nouvel  évêcpie  de  cliaiMn-s.  un  nHUiiinienl 
linii'lire  lui  pl.ice  dans  le  cJKenr  de  la  cImIm'IIc,  en  l'eg-.ird 
de  celui  de  M*»''  de  Neu\ille.  L'épitapiie  suiv.inte,  |ieut-('ire 
un  peu  iougin-.  i'(!tra(.;ail  en  alii'ég('-  la  \  ie  du  Pontife  dejunl  : 

'   Journal  df  Mirhil  Anvifii/. 


—  344  — 

Hic  exspectat  beatam  spem 
Goui'us  III.  ac  Reverendiss.  in  Christo  Patris 

DD.  Pauli  Godet  des  Marais 
Episcopi  Garnotensis 
qui  clericali  militiae,  cœlo  vocante,  adscriptus 

VlTAE  INTEGRITATE  DILEGTUS  DeO 
DOCTRIN.'E    LUGE    AC    PURITATE    ECCLESI/E    PERUTILIS 
RelIGIONIS  STUDIO  S.   S.    PONTIFICIBUS    PROBATUS 

Omnibus  bom  antistitis  virtutibus  régi  acgeptus 

Umverso  gregi    gharus   vixit. 

Regio  y.  Cyrici  Parthenoni  moderando  pr.^îpositus 

GoNsiLio  AC  Sapientia 

MaJORI  se  ADMINISTRATIONE,  DIGNUM  PR/EBUIT 

huic  dioecesi  episcopus  divino  benefic10  concessus 

Sacros  ministros  egenos  urbem  provixgiam 

Optimis  moribus  et  sanctiore  disciplina 

Propriis  fagultatibus  et  exemplis 

Insïruxit  pavit  juvit  excitavit  confirmavit 

Glero  Garnotensi  canomcam  institutionem 

eruditionem  negessariam  utriusque  perennitatem 

proyidit  atque  in  posterum  asseruit 
Antiqu^î:  fidei  depositum  vigilantissime  servavit 

PeRITISSIME    ac    STRENUE  DEFENDIT 

EjUSDEM  FIDEI  hostes  summa  sagacitate  detexit 

Pari  animo  ac  scientia  debellavit 

Frequens  verbi  divini  pr^edicatio,  condita  seminaria 

Atque  in  tenuiorum  clericorum  subsidium  dotata 

Institut/e  inter  parochos  de  fidei  morumque  doctrina 

disgeptationes  assidu.e 

Pr/escripta  eisdem  in  nos  ascetarum  segessu  exercitia 

Ad  revocandum  pietatis  ardorem  identidem  repetenda 

Egregi/e  lucubrationes 

HONORIFICENTISSIMUM  DE  ILLIS  GhRISTI  ViCAHII  JUDICIUM 

Affecta  semper  valetudine  cura  ovium  indefessa 

Mors  ipsa  agriori  larore  accelerata 

Et  pie  inter  pastoralis  officii  functiones  obita 

VI  Kal.  Octob.  An.  Ghristi  MDGCIX   ktat.  LXII 

Episcopat.  XX 

Mtxti  suae  Paui.um  commexdarunt 

Posteritati  transmittent 

Garoeus  Franciscus  des  Monstiers  de  Merinville 

Pauij  in  sede  successor  avunculo  reneficentissimo  mœrens  posuit. 

« 

Abbe  Renard. 


INVENTAIRE 


DES 


UEGISTIIES,  TITRES  ^   PAlMKlîS 

DE    L'HOTEL    DE   VILLE    DE    DREUX 
Fnil  fil  l'iiniiéc  17 Go. 


-5|e- 


AVANT-PROPOS 


Les  arrliivos  do  la  ville  de  Dreux  ayant  été  détruites  pen- 
dant la  Révolution  de  179:J,  et  les  Arc/iivi's  fh-pnrlfiiirnlnlrs 
ne  possédant  j^iiére  sinon  i)oint  de  documents  sur  notre  Ville, 
nous  i»ensons  faire  œuvre  utile  en  publiant  aujourd'hui 
dans  toute  rétendue  du  texte  que  nous  avons  irou\c  et  avec 
la  reproduction  lidrlr  do  son  orthograiiiic .  V /nvciilnirc  des 
Ilt'i/islri's,  Tilri's  et  J'njticrs  ilr  l'/fôlrl- ilr-]'illr  ilr  Hrm.w 
fait  en  l'année  1705,  dans  lequel  on  trouve  de  précieux  ren- 
seignements pouvant  servir  à  Thistoiro  de  notre  vieille  Cité, 
sur  le  salaire  des  fonctionnaires  et  des  ouvriers,  ainsi  que 
sur  le  prix  des  denrées  et  des  matériaux  aux  xvi''  et  xvii« 
siècles,  et  notamment  sur  la  construction  de  notre  Hôtel 
de  \ill('.  ce  l)iJon  de  la  Renaissance,  tant  admiré  des  archéo- 
logues et  des  artistes. 

Mais  laissons  laulcur  nous  prc'senter  lui-même  son  travail  : 
'<  Le  présent  inventaire  contient  l'état  de  tous  les  registres, 
>.  titres  et  papiers  de  IHÙtel  île  Ville  de  Dreux,  trouvés 
"  existans  dans  les  archives  en  lannc-e  17(»5.  en  hupudlo 
"  étoieni  olliciers  MM.  Ilciir>  Cairnic'.  maire,  l'icrre-MiuMin 
■•  Bureau,  pninicr  <■(  lio\  in.  .Iac(|iics  .\n\i\-.  second  ('chevin 
..  et  i;  ni  lia  11  II  II"  (lui  II  II'.  |in.cnienr  vimlii-.  dressé  en  l'état  cy- 

T.   XII,  .»/.  -iJ 


—  34f)  — 

»  après  par  Laurent  Dosjardins,  greflier  du  dit  Hôtel  de  Ville, 

»  pour  satisfaire  à  l'édit  du  Roi  du  mois  d'août  1704,  concer- 

»  nant  la  nouvelle  nomination  d'otiiciers  municipaux  et  l'ad- 

»  ministration  dos  affaires  des  villes  et  bouru's  du  Rovaunie. 


■  O" 


»  A  commencer  par  les  comptes-rendus  aux  maires,  pairs 
»  et  échevins  de  la  Ville  et  à  la  Chambre  des  Comptes  à 
»  Paris,  en  présence  des  commissaires  qui  étoient  alors 
»  nommés,  de  la  recette  et  dépenses  faites  par  les  receveurs 
»  des  deniers  d'octrois  et  patrimoniaux  do  ladite  Ville,  depuis 
»  l'année  1495  jusqu'à  l'année  1074;  les  dits  comptes  ont  été 
»  liés  et  mis  en  12  registres  en  1704,  desquels  il  en  manque 
«  plusieurs  qui  apparemment  ont  été  perdus  ou  autrement. 

»  La  recette  consistoit  dans  l'octroi  nommé  Droit  de  Cho- 
»  (iiict  ou  iip}ii'tissrinriii  de  la  dixième  partie  de  la  mesure 
»  des  vins  et  autres  boissons  vendues  en  détail  dans  la  ville, 
»  fauxbourgs  et  Château  de  Dreux,  accordé  à  la  ville  par 
»  lettres  patentes  données  par  les  Rois  de  France. 

»  Dans  d'autres  droits,  aussi  accordés  à  la  ville  par  lettres 
»  patentes,  à  percevoir  sur  chaque  septier  otu  minot  de  sel 
»  vendu  au  grenier  à  Dreux  et  dans  les  villes  de  Nogent  et 
)>  Chàtoauneuf,  lesquels  ont  existé  plus  de  100  ans  et  ont  été 
»  ensuite  supprimés. 

»  Dans  les  loyers  et  fermages  des  caves  sous  F  Hôtel  de 
»  Ville,  boutiques  de  la  poissonnerie,  des  tourelles,  de  la 
»  tour  Hannequin,  du  pontage  et  pavage,  de  l'essai  des  che- 
»  vaux,  du  chantelage  des  vins,  du  greff'e  de  la  Ville,  lors- 
»  qu'il  a  eu  lieu,  du  moulin  des  Bleuras,  des  terres  du  champ 
))  d'Allouettes,  etc. 

»  La  dépense  consistoit  dans  les  r('paratioiis  à  faire  aux 
»  murs  et  fortifications  de  la  Ville,  des  fossés,  des  ponts  et 
parages  à  faire  à  la  rivière  neuve  de  Dreux  à  Fermain- 
court,  pour  la  rendre  navigable,  à  faire  ;i  l'Hôtel  de  A'ille, 
aux  portes  de  la  Ville,  aux  tourelles,  aux  boutiques  de  la 
poissonnerie  et  généralement  en  ce  qui  convenoit  faire 
tant  pour  Teutretien  de  la  Ville  (juc  pour  soutenir  les 
guerres  qui  se  sont  trouvées  fortes  et  fréquentes  ;  comme 
aussi  à  payer  les  charges,  les  taxes  qui  ont  été  demandées, 
à  soutenir  les  procès,  etc. 


—  347  — 

»  Ensuite  du  présont  inventaire  sont  plusieurs  remarques 
»  tirées  par  extrait  de  plusieurs  sortes  de  choses  qui  ont  été 
"  faites  et  passées  en  différentes  années  ainsy  'lu'il  est 
»  «'nonce  darns  les  comptes  rendus  par  les  receveurs  de  la 
»  ville,  qur  pourront  l'aire  plaisir  à  qucbiucs  lecteurs  et  d«»nt 
"  quelques  unes  peuvent  devcnii"  utiles  pour  les  intérêts  de 
..  la  Ville. 

»  Et  il  la  lin  il  y  a  un  extrait  de  n()iirni;itions  de  Maires, 
"  Echevins  et  Procureurs  sindics  de  la  \ille,  ainsi  que  des 
»  nrrelliers  à  commencer  de  l'année  17(J0,  n'ayant  pu  en 
»  trouver  au  dessus,  attendu  les  manques  des  registres  et  des 
»  actes,  h 

Nous  avons  trouvé  une  note  indiquant  qu'en  juillet  177:5, 
Laurent  Desjardins  a  donné  copie  de  cet  inventaire  àMM.  Le 
Prince.  Maripiis.  Cornu.  Delaloge,  maire,  echevins  et  asses- 
seurs alors  en  charge,  en  présence  du  S""  Dumesnil.  syndic- 
receveur  et  qu'il  leur  aurait  remis  en  même  temps  tous  les 
titres,  jiapiers  et  registres,  même  les  matrices  de  la  Ville  et 
les  clefs  des  armoires  renfermant  les  archives,  celles  du 
colfre-foM  (pli  est  construit  dedans,  et  celles  de  la  porte  de  la 
Maison  de  \ille,  des  portes  du  pied  de  lescalier  et  de  la 
Chambre  du  (V)nseil.  —  Il  ajoiHe.  d'ailleurs.  «  du  loui  ils 
»  m'avoient  lu'oinis  de  me  (loiinei'  une  (h'charge,  ce  iiu'ils 
»  n'ont  pas  l'ait,  dont  J'en  suis  fort  pvn  en  peine.  » 

Une  de  ces  copies,  sinon  l'original  introuvable  (pi.int  a 
présent,  existait  encore  dans  les  archives  de  la  mairie  de 
Dreux  en  LS77.  —  M.  Lucien  Merlei.  le  regretté  et  savant 
archiviste  d'Kure-et-Loir  la  signale  et  en  donne  un  expose'' 
sommaire  dans  son  fnvi'iilnirc  i/i's  .l/vA/'rc.s-  I h'-pnrlcinru- 
Inlt's  L  avec  cette  indication  qui  aidei'a  peut-être  ii  la 
retrouver  : 

«  AA.  1    Registrei.  —  In-folio.  |in]"iiei-.  7S  feuillets  ". 

Est-ce  une  auiic  de  ces  copies  que  nous  aurions  eue  enli'e 


'    Anliivcs    civiles.    Série    K  iSiip|il('meiit,    Toriic    IV    ISTTi,    |i.if;e    "it^'t 
|2''  col(iiiiie). 


—  348  — 

les  mains?  Je  ne  le  crois  pas.  —  C'est  cependant  un  manus- 
crit déjà  ancien  que  M.  Batardon,  ancien  maire  de  Dreux, 
avait  recueilli  de  la  succession  Louvet-Julienne  —  vieille 
famille  drouaise,  —  et  c'est  grâce  à  l'obligeance  de  sa  parente 
et  héritière,  M'""^  veuve  Letartre,  qui  nous  en  a  permis  la 
publication,  que  nous  pouvons  offrir  ce  documenta  la  Sociétâ 
ArcJiéolo(/iqiie  d7'Jiirc-cl-Loir.  —  Qu'elle  reçoive  ici  avec  nos 
sincères  remerciements  l'hommage  de  notre  bien  vive  recon- 
naissance ^ . 

G.  C. 

Juin  1899. 


*  Un  peu  plus  tard,  dans  le  Rapport  qu'il  adresse  annuellement  au  Conseil 
général,  .M.  René  Merlet,  le  sympathique  archiviste  d'Eure-et-Loir,  s'exprimait 
ainsi  sur  le  mime  sujet: 

«  Relativement  aux  archives  de  la  municipalité  de  Dreux,  M.  l'Inspecteur 

»  général  atlirait,il  va  trois  ans,  mon  attention  sur  la  disparition  d'un  manuscrit 
coté  AA.  I,  et  renfermant  un  ancien  inventaire  des  litres  de  l'Hotel-de-Ville. 
Lors  d'un  voyage  que  je  fis  à  Dreux  pour  rechercher  ce  registre,  le  secré- 
taire de  la  mairie  me  répondit  qu"en  raison  des  travaux  d'aménagements  qu'on 
faisait  à  l'Hôtel  de  ville,  ce  volume  avait  pu  être  égarée  mais  que,  quand  les 
travaux  seraient  terminés,  il  s'efforcerait  den  retrouver  la  Irace.  J'ai  su  depuis 
que  le  maimscrit  disparu  n'avait  pas  encore  ttiit  retour  aux  archives  munici- 
pales; j'ai  appris  en  même  temps  qu'un  collectionneur  de  Dreux  avait  découvert 
chez  un  particulier  une  copie  de  ce  même  maimscrit  et  (|u'il  s'apprêtait  à  la 
publier  en  entier.  Cette  publication  aura  l'avantage  de  suppléer  piovisoirement 
à  la  perte  du  registre  original » 


(Rapp.  du  Préfef,  1899,  p.  252-253. 


—  340  — 


9 


REGISTRES 


Le  promior  Roffi^lro  contient  les  comptes  rendus  de  la 
recette  des  droits  du  Choquet  et  du  Sel  et  de  la  dépense  par 

MM.  Pierre  de  Saint-Aulbiii.  des  années  Ml»5.  1400.  14i)7; 
Guillaume  Percheron,  1501,  1502,  1503; 
Renault  Le  Charpentier,  1504.  1505.  1506; 
Pierre  Badouk-au.  1512,  1513; 
Thibaut  Prunier,  1510. 

Le  douxirjijc  Ilcf/isti-c  contient  les  comptes  de 

MM.  Guillaume  Buhot,  1G29  ; 
Pierre  Buhot  ; 
Martin   Marbras; 
Pierre  Secourct; 
Guillaume  de  La  Censerie  ; 
La  veuve  Michel  Brisset  ; 
François  Renou  ; 
Nicolas  QuiquebœuC; 
Guillaume  Brisset  (dernière  année  1674). 

Un  autre  registre,  etc.,  de  délibérations,  etc. 


—  350 


TITRES     ET     PAPIERS 


PREMIERE    LIASSE 

Les  Chartes  * 

Une  copie  imprimée  en  latin  et  françois  des  Chartes  de 
la  Ville,  des  droits  et  privilèges  donnés  par  les  Comtes  de 
Dreux  aux  bourgeois  et  habitans  de  la  Ville  en  1180,  1269, 
1274  et  autres  années  ;  ensemble  la  coi)ie  des  lettres  patentes 
confirmatives  des   dits   droits  et  privilèges. 

Armes  de  la  Ville  ^     ^ 

La  représentation  des  armes  de  la  Ville  en  or  et 
azur  sur  deux  quarrés  do  parchemin  données  aux  habitans 
l)ar  les  anciens  comtes  do  Dreux,  au  dos  de  l'un  est 
écrit  :  »  Robert  de  France,  lils  do  Louis  VI,  roi  de  France, 
»  comte  de  Dreux,  faisant  ordinairement  sa  demeure  dans  la 
»  ville  de  Dreux,  aima  tant  les  habitans  qu'après  leur  avoir 
»  octro^'é  ijlusieurs  privilèges  il  leur  donna  encore  ses  armes 
»  qui  sont  YEcii  ('chit/iicti'  d'or  ot  d'nzur,  ne  réservant  que  le 
«  bord  de  gueule  et  au  lieu  du  bord  de  gueule,  il  fit  mettre 
»  une  branche  de  chesne  à  Tentour,  lequel  chesne  les  Druides 
)>  [)orlent  en  champ  d'argent  avec  le  gui  sortant  d'icelui. 

»  Depuis  ce  tems  les  habitans  ont  toujours  porté  et  portent 


^  Les  Charles  de  la  ville  de  Dreux  sont  datées  des  armées  1 1 80- 1269- 1:27 'i - 
i:ii7-[?»8;)  cl  1472  cl  les  leUres  ]»alonlrs  du  roi  Lraiis  XIV  les  coiifiimanl. 
nul  été  dénuées  à  Paris,  au  luois  d'oitoliie  Ki'ii).  Elles  oui  été  inipiiniées, 
ainsi  que  les  lettres  de  confiiuialidu  et  l'ari'èl  de  véi'ilicatiou,  eu  vertu  d'uue 
délibéralidu  du  Conseil  de  la  ville,  «  niaislre  Jean  le  .Maresclial,  maire  de  Dreux, 
.leaii  Vic(juet.  Charles  linliet,  Pierre  Cerlxinoys,  ('>ézar  (<nu|)i)é,  Michel  Ménesli'el 
et  Pierre  .lnnveiin,  Pairs  et  Ksclievins  dndil  Dreux,  luaistre  Claude  lintniu, 
l'nicureur  du  Uoy  en  l'hoslel  et  maison  comnume  dudit  Dreux  et  maître  Chicstien 
Adam,  advocat  ordinaire  de  ladite  ville,  le  douziesme  jour  de  mars  1657  ». 


—  351   — 
»  encore  ces  armes  tellement  que  léchiquier  environné  de 
■  chesne  est   iiin'  conjonction  di-s  armes  des  Druides  avec 
»  celles  du  Sciiincur  Comte  df  Dreux. 

■  Par  ord(Jnnance  rendue  le  14  février  l(\US  \k\v  MM,  les 
)'  (."«iinmtss'airL's  «généraux  (\\\  Conseil,  députi-s  sur  le  fait 
»  ûvs.  armoiries  les  armes  ttdles  (^ui-lles  sont  ici  peintes 
»  et  ligtirées.  ajirès  avoir  été  reçues  ont  été  enreirislrées  à 
"  1  "armoirial  i<éii(''ral  dans  le  registre  cotte»  Oc'méralité  de 
»  i'aris.  en  conse'quence  du  i)ayemcnt  des  droits  réglés  par 
'  le  tarif  et  arrêt  du  Con.seil  du  -jo  novembi'e  lOlKi.  en  fi.i  de 
"  quoi  le  présent  brevet  a  été  délivré  par  nous  Charles 
')  dHosier,  conseiller  du  Roi  et  garde  de  lai-iiiorial  général 
"  de  France,  à  Paris  le  IJ  avril  1G*JS,  signé  dHosier.  » 

1512.  —  ici;;.  —  1711.  —  i;oisE.\r  de  l.v  VnxE  - 

Une  ordonnance  des  Maire  et  Pairs  de  la  Ville  de  Dreux 
pour  être  payé  du  droit  accordé  au  Roi  de  l'Oiseau  (appelé 
anciennement  papeguay)  du  25  avril  1512. 

Une  co}iie  collationnée  des  lettres  patentes  données 
aux  habitans  de  la  Ville  de  Dreux  sur  la  requête  jtar  eux 
présentée  au  mois  de  mars  1013.  par  laquelle  le  Roi  accorde 
h  celui  qui  abattera  le  papeguay  lexemption  des  tailles, 
aides  et  autres  impots  pendant  Tannée. 

Une  délibéraiiuii  des  Maire  et  Echevins  et  partie  des 
40  pairs  de  la  Ville.  .ippi'ouvéeparM,  d'Argenson,  intendant, 
en  date  du  1<S  janviei-  17  il.  qui  accorde  la  suppression  de 
roiseau.    Cotte  2U). 


'  lJ'apn'<  le  iiiamisciil  de  A.  Doiiiiaiil,  les  anciennes  armuiries  de  la  ville  de 
de  |(ren\,  reni|ilaiées,  èornini'  nous  le  voyuns,  an  xn''  siècle,  par  celles  (|ni 
existent  encore  aiijonrd  hni,  étaient  :  •■  un  rhcne  de  synujile  sur  un  i  iiump 
(l'azur  >  avec  celle  léi;cnde  :  u  Au  ijuji  l'un  neuf  ». 

-  Il  existait  antrel'ois,  dans  nn  i;rand  nnndire  de  villes  dn  nord  et  nolani- 
nient  dans  notre  contrée,  à  Drenx,  Chartres,  (jiiàteainienl'-en-Tli\ nierais  et 
f'.liàtt'andini  des  (',i)ni|iaL'Mie>  d'Ailialétriers  diti'S  de  lOiseuu  l{i)i/iil.  mi  (.oinpn- 
ijnons  (lu  l'ain-ijudii.  i|in  élaienl  élaldies  mu-  |c  pied  nnlitaire,  tmijoins  prèles, 
an  nioyen-àge,  à  marcher  en  Rnerre.  an  premier  sii.'nal  de  leur  chef  (Capitaine^ 
mais  (pii  devinrent,  par  la  suite,  lieaiicoiippliis  pacitii|iies,  ne  se  lidniant  même, 
r'ii  dernier  lien,  i|n  à  l'aire  es((nte  an  (iorps  de  \ille  ilaiis  les  cérémonies 
d'apparat. 

Celle  de  l(reii\  sciidde  a\oir  formé  nue  cdinpauiiii'  lrè>  liii*ii  nr^tanisée, 
Klles  liirent  tnnles  snp|iriinées  vers  le  milien  du  xvin"  sièrk*. 


—  352  — 

1532.  —  Bulle  d'indulgence  a  la  Charité  ' 

Une  copie  imprimée  de  rindulgence  plénière  accordée 
en  1532  par  le  Pape  Urbain  VIII,  aux  Irères  de  la  Charité  de 
Dreux.  (Cotte  21). 

1282.  —  Prieuré  de  Fermincourt  - 

Une  copie  sur  papier,  non  signée,  de  la  fondation  du  Prieuré 
de  Notre-Dame  des  Sept  .Joies  à  Fermincourt  de  Tordre  des 
Prémontrés,  par  Robert  comte  de  Dreux  et  de  Montfort  et 
Béatrix,  sa  femme,  en  Tannée  1282,  avec  plusieurs  biens 
laissés  pour  la  fondation.  (Cotte  22). 

1G04.  —  Chemin  de  Saint-Martin  a  Saint-Denis  ^ 

Une  délibération  en  papier,  non  signée,  du  4  août  1G04, 
touchant  Téchange  faite  avec  M.  Pasquier  Neveu  et  le 
procureur  sindic  de  la  Ville,  d'un  chemin  qui  conduit  de 
S^-Martin  à  S'-Denis.  (Cotte  26). 

Inondation  en  1077 

Procès-verbal  du  16  janvier  1677,  signé  Rotrou,  de  la  visite 
faite  des  désordres  arrivés  dans  la  ville  et  fauxbourgs  en  la 
dite  année  par  l'inondation  des  eaux  qui  a  été  terrible.  Les 
ponts  ont  été  emportés,  les  murs  dégradés,  beaucoup  de 
maisons  et  jardins  mis  en  ruines,  ainsy  qu'il  parroit  par  ledit 
procès-verbal.  (Cotte  27). 

'  On  trouvera  le  Icxto  tic  cette  laille  dans  ini  ouvrage  (|ue  nous  préparons, 
sous  ce  titre  :  Documents  inédils  sur  la  Confrérie  de  la  Charité  de  Dreux 
(1550-1793). 

-  Fcrniaincdini,  village  situe  à  'i.  kilomètres  de  Dreux,  au  pied  delà  forêt  de 
ce  nom,  dépeiidanl  des  connnunes  d'Abondant,  Cliérisy  el  .Monirenil,  élail  autre- 
fois une  ville  ganlnise  d'une  cei'taine  importance  et  le  cenli'c  de  plusicm's  étaldisse- 
menls  du  culte  druidicpie.  Il  s'y  trouvait,  coninie  à  (lliai'Ires,  un  aulel  dédie  à  la 
Vieri^e  qui  devait  enfanter  i/7^/  olini  altare  Virf/ini  paiiturx  dicdluiiiK 

lidheit  IV,  fondateni- du  prieiu'é  de  Noirc-Dame  des  Sept  .liûes,  l'octroNa,  ainsi 
(\u('  celui  de  IN'ulre-Danie  des  i'ézeries,  fondé  au  même  lieu  par  son  ancêtre 
Rolierl  II,  en  1 1S5,  aux  moines  de  Saint-Yves  de  Brainc,  avec  une  rente  perpé- 
tuelle de  100  sols  pour  la  céléliration  d'un  service  amuu'l. 

Il  ne  reste  plus  aujonrd  Imi  (pie  (piehjues  ruines  de  la  chapelle. 

•'  ('e  chemin  a  été  supprimé  lors  de  la  construction  de  la  i^are  du  chemin  de 
1er,  et  remplacé  par  les  rues  dites  de  la  (iare  et  des  Rochelles. 


—  353  — 

Chartres.  —  Appp:l 

Pièces  el  procédures  t|iii  déchariicnt  la  ville  rie  Dreux 
(l'aller  j)nr  .-i^ipel  à  ('harli'es.  iCott(»  :^S). 

1070.  —  Nominations 

:!l  mai  1070.  noniinalioii  de  .M.  Cliarle.s  Caaiiyc' pour  Maire. 
■J  Juiu  1(;70.  uouiiualiuu  de  Louis  Leiuciieslrel  pour  procu- 
reur .syndic.  iCotle  29'. 

1077.  —  Composition  du  Corps  de  i.a  \ii,lk 

25  Juin  1077.  arrél  du  Conseil  qui  orddiuie  (pie  le  corps  de 
la  \ill<'  ih'  Dreux  sera  (■onii)os('' duu  Maire,  de  deux  Echevius 
el  du  11  procureur  slndic.  (Coite  30). 

DEUXIEME  LIASSE 

Octrois  Ciioquet 

28  leltres  patentes  données  et  accordées  par  les  Rois  de 
France  aux  Maire,  pairs,  échevins  el  habitaus  de  la  Ville  de 
Dreux,  ensenibleO  lettres  d'enre^Mslrement  à  la  Chambre  des 
Comptes  de  Paris  et  une  en  Télection  de  Dreux,  les  dites 
lettres  dallées  de  1-154  à  1029,  par  lesquels  est  accordi'  par 
continuation  pendant  une,  deux,  trois,  quatre,  six.  liiiii  el 
neuf  aniu'es  de  levés  sur  eux  un  aide  nommé  Choquel  ou 
appetilement  de  la  dixième  partie  de  la  mesure  des  vins  et 
autres  boi.ssons  nommées  breuvag-es,  vendus  en  détail  dans 
la  Ville,  fauxl)ourtis  et  (.'hâleau  de  Dreux,  ;i  la  charge  que 
les  deniers  seront  employés  aux  ré[)aralions.  edilices.  forli- 
licaiions  et  i'emi)arls  et  autres  allaires  de  ladite  Ville,  ainsy 
qu'il  rilotel  de  Ville  et  à  l'horloge. 

10.38-1010 

l'iie  eopie  collalioniK'c  il'iiii  arri'i  du  Conseil  du  "J  I  Jnillcl 
lOiJS.  (•(julirmaiil  aiilres  ari'(''ts.  (pii  orduiiiic  p.ir  siip|i|cment 
la  lc\(''c  (rinic  SMiiiiiic  v|||-  Icv  (M'iniis  de  <lia(pic  \'illc  d  iiiic» 
quittance  dalec  du  1"  ja  II  \  iir  h  1  lu  il"  •;!.."»<  >(l  livres.  ;i  laipielle  la 
\'ille  de  Dreux  a  ét(''  lixée  et  p.iyee  au  sieur  «iiu-negaud.  tlir-f'-- 


—  354  — 

sorier  des  Epargnes  du  Roi.  par  les  Maire  et  Echevins;  au 
moyen  de  ce  payement  les  octrois  ont  été  confirmés  et  conti- 
nués pendant  12  ans. 

1478 

Un  acte  du  13  octobre  1478  par  lequel  le  Bailly  de  Chartres, 
accompagné  de  son  greffier,  commissaire  député  par  le  Roi, 
à  la  roquôie  d'Antoine  de  Yilliers.  maire,  Renauld  Jabin, 
procureur  de  la  Ville  et  des  pairs  communs,  à  faire»  rendre 
compte  aux  fermiers  des  droits  d'aide  nommés  Choquet, 
ordonne  que  les  deniers  restant  seroient  employés  aux  répa- 
rations et  fortifications  de  la  Ville.  (Cotte  38). 

De  1483  A  1555 

15  baux  du  droit  de  Choquet  depuis  1483  jusqu'en  1555,  à 
la  charge,  outre  le  prix  de  l'adjudication,  de  payer  par  an 
14  liv.  parisis  pour  le  luminaire  de  S'-Pierre  '.  (Cotte  39), 

1644.  —  Octrois  sur  les  Marchandises  et  denrées 

2  copies  en  papier  ordinaire,  non  signées,  des  25  mai  et 
3  décembre  1(344  où  il  est  ordonné  sur  la  requête  présentée 
au  Roi  en  son  conseil,  de  lever  pendant  6  années  les  droits 
d'entrée  sur  diverses  marchandises  et  denrées  vendues  et 
consommées  dans  la  Ville,  énoncées  au  tarif  présenté  par  les 
Maire,  pairs,  echevins  et  habitans,  pour  aider  à  acquitter  les 
dettes  delà  Ville. 


'  Dans  rori!.;iiic  celtç  éij;list'  n'clail  (lu'um'  cliapellc,  dcdiùo  à  SaiiiL-Scbiisticii, 
df'iiciidaiitc  (riiii  couvent  de  IxMiédiclins,  qui  occupait  toute  la  partie  de  la  ville 
roni|ii'is('  entre  l'impasse  Tillot,  les  l'iies  du  Mur,  jîoi'dclet,  (lodeau  cl  partie  di' 
la  placi^  .Mélézeau. 

Ou  li'ouve  déjà  le  vocable  de  SainL-i'ieri'e  au  M''  siècle.  Au  XIV  elle  élail 
paroissi!. 

Cet  édifice,  iloul  la  longueur  en  o'uvre  est  de  6S  m.  .M)  et  la  hauteur  d'envinin 
17  luèii'es,  est  llan(|ué  à  (Iniite  et  à  liauche  de  deux  !.;rosses  tours  carrées.  Celle 
du  nord,  la  lonr  Saint- Vinrent,  s'élève  à  liO  mètres  au-dessus  du  sol;  l'autre, 
la  tour  Sainte-Anne,  <[yn  lui  est  parallèle,  n'a  jamais  été  achevée  et  n'atteint  qu'à 
peine  la  moitié  de  sa  liauteur. 

Connueiicée  au  NU*^  siècle,  l'église  Saint-l'ierre  de  t»i'en\  ne  ini  terminée 
que  vers  la  fin  du  xvr-.  Elle  est  classée  comme  monument  historique. 


—  355  — 

Première  moitié  des  Octrois  payée  ai*  Roi 

Uiio  (•(>i)\i-  iiiiiiriiiK'c  (II'  l'anTl  ilii  ronscil  du  lô  noveiubre 
1657.  par  Icqrlil  le  Hui  orilomic  411c  la  pii-iiiière  moitié  des 
octrois  sera  payée  à  son  profit  és-inaiiis  do  roriniers  pour  ce 
iioiimiés. 

Tarif  dh  i.  Octroi 

Vn  tarif  fait  vu  17 Ti.  vu  et  siiiiu''  [lar  .M.  Hi^iioit.  alors 
inlcudaut.  du  tlroil  d'octroi  ii  prendre  sur  les  niai'chanilises 
\  dfiiDiiiiiiées. 

loiiiai  173:5.  sentence  de  rélection  de  Dreux  au  itrolii  di'  la 
veuve  Bernard  Reiinaut,  contre  le  lerniier  des  dits  octrois 
pour  les  entrées  des  bois  verts,  saules  et  autres  bois  d'aulnes 
propres  ii  l)n'der.  rColte  40). 


TKUISIK.MK  IdASSE 

Chantelage  et  Chargeage  des  vins 

10  baux  de  la  ferme  du  Chantelage  et  chargeage  des  vins 
appartenants  à  la  Mlle,  faits  depuis  1508  jusqu'en  1()(»2.  la- 
(pudle  l'eruie  la  \ille  110  fait  plus  \aloir  depuis  longtemps. 

(("nllf    11). 

Pontage  et  Pavage 

.  '22  baux  à  loyer  do  la  ferme  du  pontage  et  pavage  appar- 
tenant il  la  \  illi'.  depuis  1500  jiis(preu  1<»<^»7.  lacpielle  dans 
fpielques  années  a  el(''  airei-mée  21HJ  liv..  sans  expli<-ation 
SIM'   (|Uelles  choses  les  drcjils  doivent  ètl'e  per(;us. 

11  esl  s<'uleinent  dit  :  la  ferme  du  pontage  et  pavage:  on 
voit  dans  (pielques  baux  la  cliai-p-e  par  l'adjudicataii-e  de 
jiayei'  aux   (piatre    sergens    de    \  ille    et    au    soum-ur  de    la 

elnclie  il  cliaeuu    ein(|    ^ol-.   cl     ([Ualic    livres    di-   eire    |iuurles 

torches,  et  autres  jietiles  choses,  enseudde  un  tai  if  im|»i-inH'. 
(h-oils  de  la  dite  fi'riue.  (Cotte  -12]. 

Nota.  —  Ou  I  roux  t  la  Mir  les  registres  de  la  \ille  tons  les 
baux  faits  depuis  17nii. 


—  356  — 
Fermage  de  l'essai  des  Chevaux 

3  baux  (le  la  ferme  de  l'essai  des  chevaux,  faits  en  1620, 
1023,  1042,  dans  lesquels  il  n'est  point  expliqué  les  droits  à 
percevoir,  excepté  dans  celui  de  1620  oii  il  est  dit  deux  sols 
tournois  par  chaque  cheval  suivant  l'usage. 

Une  procédure  par  laquelle  les  chevaliers  de  l'ordre  de 
Notre-Dame  du  Mont-Carmel  et  de  S^-Lazarre  *  prétendoient 
avoir  le  droit  le  jour  de  la  foire  de  S'  Giles  et  le  Comman- 
deur de  Malte  -  le  jour  de  la  foire  S'^-Denis. 

Nota.  —  On  trouvera  sur  les  Registres  de  la  Yille  les 
baux  faits  de  la  ferme  de  l'essai  des  chevaux  depuis  1700 
jusqu'à  présent.  (Cotte  43). 

Baux  des  Corps  de  garde  et  Boutiques  de  la  poissonnerie^ 

Plusieurs  Baux  à  loyer  des  corps  de  garde,  des  portes  et 
des  boutiques  de  la  poissonnerie  en  1578,  1020  et  1623,  etc. 

'  L'ordro  de  Saint-Lazare  fut  fondé  on  Palestine  par  de'^ Ohi't'tiens  tliaiilaldes 
et  vaillants  qui  se  consacrèrent  en  uiènie  temps  à  la  défense^les  Lieux-Saints  et 
au  soulagement  des  pèlerins  malades  et  plus  particuliènMiient  des  lépreux.  — 
C'est  vers  tlo'i  qu'il  lut  établi  en  Fiance,  par  Louis  VII  le  Jeune,  Icipnd  avait 
ramené  de  Terre-Sainte  un  certain  nombre  de  Lazaristes,  et  leur  avait  lait  don 
de  son  chcàteau  de  Boigny,  près  Orléans,  qui  fut  le  siège  de  Toi'dre. 

Pendant  pi'ès  de  trois  siècles,  l'institution  comblée  des  faveurs  des  papes  et  des 
rois  de  Fiance,  vit  croître  sa  puissance  et  sa  prosjiérité;  puis,  les  lépreux  dis- 
jiaiaissant  peu  à  peu,  elle  parut  de  moins  en  moins  utile.  —  La  dissolution  de  cet 
Ordre  était  presque  un  fait  accompli,  lors(pie  le  11  octobre  IdOS,  Henri  IV 
l'incorpora  à  l'ordre  de  Notre-Dame  du  Mont-t^armel  (ju'il  avait  créé  l'année 
précédente. 

La  décoration  consistait  en  une  croix  d'or  à  buit  pointes  perlées,  émaillées 
alternativement  de  pourpre  et  de  vert,  anglée  de  fleurs  de  lis  d'or  ayant  en  outré 
d'un  c()té  relfi.yie  de  la  Sainte-Vierge,  de  l'autre  la  résurrection  de  Saint-Lazare 
avec  cette  devise:  Atavis  et  Armis. 

-  L'Ordre  de  .Malte  fut  londé  ni  lO'iX,  sous  le  nom  de  Saint-Jean  de  Jéru- 
salem. 

Après  la  prise  de  Jérusalem  par  les  Croisés  en  lOlli)  l'institution  fut  richement 
dotée  par  Godefroy  de  iJouilloii.  Les  chevaliers  s'engageaient  à  recevoir  les 
pèlerins  et  à  débMidre  les  Lieux-Saints  contre  les  infidèles. 

Ajirès  avoir  transféré  son  siège  à  Saint-Jt^an-d'Acre,  puis  dans  les  îles  de 
Chypre  et  de  Rhodes,  l'ordre  s'installa  définitivement  dans  celle  de  i\lalte  qui  leur 
fut  donnée  |iar  ('harles-Oiiiiit  en  \7>?A). 

La  décoration  consistait  et  consiste  encore  en  une  croix  d'or  éinaillée  de  blanc, 
à  huit  pointes,  anglée  de  fleurs  de  lis  et  suspendue  à  un  large  ruban  noir. 
La  devise  est  Pro  Fide. 

•■'  .\u  nombre  de  neuf,  elles  étaient  placées  sur  le  boulevard  ou  terre-plein  de  la 


—  :357  — 

Nota.  —  On  trouvera  les  Baux  laits  depuis  170()  jusqu'au 
tenis  que  ces  objets  ont  été  vendus  à  cens  et  rentes,  ainsi 
que  les  tourelles,  sur  les  registres  de  la  Ville.  (Cotte  -M). 


Caves  .suis  lIIutel  dk  Ville 


5  baux  à  loyer  des  caves  .sous  l'Hùtel-de-Ville,  des  années 
1500  il  l(Vj:i 

Les  Key:istres  de  la  Ville  depuis  1700.  contiennent  les 
Baux  de  ces  objets.  (Cotte  45j. 

Construction  de  la  Malson  et  Beffroy  de  la  ^'1LLE 

La  grosse  en  parchemin  d'un  marché  fait  devant  Couttet, 
Molaire  à  Dreux,  le  21  avril  1510,  par  lequel  Jean  Desmou- 
lins. Miaitre  maçon,  s'est  obligé  envers  les  Maire,  pairs  et 
communs  de  la  Ville,  de  faire  et  parachever  la  maison  et 
bellroy  de  la  Ville  qui  a  été  commencé  par  Etienne  Chéron. 

Copie  d'un  autre  marché  fait  le  23  janvier  1522  devant  le 

Prévôt  de  Vernon,  par  lequel  Jean  Darmonville  et Basic 

ont  ven(hi  à  Jean  Badoulcau,  bourgeois  de  Dreux,  véritica- 
teur  des  œuvres  et  réparations  de  la  Ville,  une  l)attclée  de 
I)ierres  à  iirendre  au  pont  de  Vernon,  avec  obligation  de 
livrer  la  pierre  sur  le  quai  de  Dreux',  appelé  le  grand  jardin, 
et  en  cas  de  manque  d'eau  d'en  lai.sser  un  tiers  près  la  tour 
de  Fermincourt.  (Cotte  40;. 


QUATRIEME  LIASSE 
Droits  sur  le  sel  vendu  au  grenier 

Plusieurs  lettres  patentes  accordées  à  la  Mlle  de  Dreux 
par  les  Rois  de  France,  pour  lever  sur  chaque  minol  de  sel. 


Pcpitc-I'liartraiiir  aiii(iiii(]"liiii  plan'  Saiiil-Marliii.     ■   iS'til  m-  /louviiit  rendre  de 
liuren;/,  morue  ou  saumon,  s'il  n'avoil  une  de  ces  boutiques.  » 

'  Ce  quai  se  trouvait  à  rcMiplacenienl  aitiiel  de  la  |iro|iriéli''  de  M.  je  luarmiis 
d'Alvniiarc  de  Feu(|uièrcs,  me  Saiul-.lean,  ii"  t.'i.  Il  lui  >u|i|miiiii'\  i'm  17  <S, 
lors  delà  ronstnirtioii  île  cette  mai^^oii. 

(l'est  sur  ri'Uj|)lari'iiii'iil  de  la  |ilare  Luuis-l>luli|i|ie,  dnnt  l'Iialutaliou  d'Alviuian- 
Inliiie  lui  n'ili'',   i|iir   l'iiii   |i, lisait  aiirirum'Mifiit   la  rivière  à  gué.   (ie  ii'e";!  (|u"i'M 


—  :',58  - 
même  siirchaqno  sopticr.  vorulu  au  îi'T'ciiior  à  sel  de  Dreux  ', 
un  droit  de  dix  deniers  par  niinut  el  davantage  dans  dilîe- 
rentes  années,  et  même  sur  le  sel  vendu  dans  les  villes  de 
Nogent  -  et  Châteauneuf^,  pour  les  deniers  en  provenant,  être 
employés  aux  édifices,  remparts  et  fortifications  de  la  Ville; 
la  perception  de  ce  droit  a  commencé  en  1534  jus(|u;i  1034. 
(Cotte  47).  11  a  été  suppriinc'  depuis. 

Droits  d'entrée  sur  le  vin 

Plusieurs  lettres  patentes  obtenues  du  Roi,  en  1003,  pour 
lever  pendant  six  années  un  droit  d'entrée  de  quinze  sols 
par  muid  do  vin,  tant  du  cru  que  d'achat,  au  profit  de  la 
Ville.  (Cotte  48). 

Engagement  du  domaine  de  Dreux  en  1707 

Les  articles,  en  parchemin,  tirés  du  contrat  d'engagement 
que  le  Roi  a  fait  du  domaine  de  la  Ville,  en  1580,  au  sieur  Le 
Vassor  pour  20  années  et  les  lettres  patentes  ei  autres  pièces 
concernant  le  dit  engagement,  ensemble  une  copie  non 
signée  du  contrat  d'engagement  du  dit  domaine  fait  par  le 
Roi  à  M.  le  duc  de  Vendosme^  en  septembre  1707,  avec  aussi 


l(Si()  qiio  ie  poiil  lui  coiistriiil  cl  l;i  place  iiivclce.  Il  cxislail  aloi's.  pour  les 
liiétoiis,  une  petite  passerelle  en  bois,  établie  dans  le  prolougenieni  de  la  rue 
des  (laves  et  aboutissant  à  l'angle  de  la  maison  du  maréchal-ferrant. 

'  Oe  fut,  selon  quel(|ues  auteurs  Philippe  IV  (i-2X(>)  selon  d'antres  l'inlippi'- 
k'-Long  (I81(!j  eniin,  suivant  l'upinidu  la  plus  gcnéi'alc,  l'iulippe  VI  \',','1X  qui 
institua  ou  plutôt  qui  régla  l'admiiustralion  de  l'impôt  sur  le  sel,  car  une  ordon- 
nauce  de  saint  Louis  entrait  déjà  iin'ntion  eu  lî^'id.  (l'était  d'ailleurs  iin  tribut 
des  empereurs  romains  (|ui  a  survécu  à  lein-  domiiialion.  bien  (pi'il  ait  été 
souvent  modilié  depuis. 

Dreux,  ville  royale,  ne  lut  pas  une  des  dernières  à  posséder  son  grenier  à  sel, 
mais  loin  d'éprouver  les  vexations  auxquelles  cet  inijiôt  donnait  lieu  dans  d'autres 
contrées  et  les  troubles  (|ui  en  fui-ent  la  suite,  elle  >  trouva  uni' sinnve  de  revenu 
pour  alléger  ses  charges. 

Il  était  situé  au-dessous  des  murs  du  cliàteaii,  piès  la  rue  irthissoii,  sur  la 
place  qui  porte  encore  son  nom. 

-  Nogent-le-Roi,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Dreux. 

3  Chàteauneuf-en-Thymerais,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Dreux. 

*  Louis-Joseph,  dur  de  Vendôme,  arrière-petit-(ils  de  Henri  IV  et  de  Oabrielle 


—  :i59  - 

un  arrùl  pour  n<'luyc'r  cl  ocurer  les  lossés  de  la  \'ille  par 
lequel  les  liabitaiis  des  villayes  à  1  lieues  à  la  ronde  sont 
obligés  d'y  conlribuer.     Il»  . 

IJettres  des  Kuis  L>K  France  et  autres 

Plusieurs  lettres  des  Rois  François  I"^  Charles  IX,  Henry  IV. 
Louis  XII  et  Louis  XIV  et  de  plusieurs  olliciers  généraux  et 
auti-es,  ('crites  aux.  Maires,  Kciievins,  pairs  et  habitans  de  la 
ville  de  I>reux,  (anl  pour  les  i)réveiMr  détenir  des  logeiueus 
et  Iburnitures  pour  les  troupes,  etc..  qu'en  réponse  aux 
jiriëres  qui  avoient  été  laites  en  demandant  du  soulagement 
dans  les  misères  où  ils  étoicnt  réduits,  causées  par  les 
guerres  et  pour  des  publications  de  paix.  (50). 


CINQUIEME  LIASSE 

Acquisition  du  Moulin  du  Bléras  en  1(103 

Plusieurs  pièces  et  procédures  entre  Dame  Olimpe  Dulbur. 
veuve  de  Michel  Hurault  de  Lhopital,  seigneur  de  Bu',  etc., 
et  les  Maire  et  Echevins,  procureur  sindic  et  habitans  de  la 
Ville  pour  raison  des  loyers  dus  par  la  Ville  à  cause  du  Mou- 
lin du  Clos-Reignier  ^,  et  pour  chaumage  tant  d'iccdui  que  du 
Moulin  du  Bléras  ^,  causés  par  les  eaux  de  la  rivierre   (pii 


d'I^tivis,  ii;u|iiit  à  Paris  en  10,51  ot  mourut  dans  lo  royaume  île  Valenro,  le 
11)  juiu  17l:i,  à  l'àye  tic  ."iS  ans. 

Il  avait  é|»(iusé  le  1.")  mai  1710  MaiIrmoisHle  d'Eiigliii'ii  .Marie-Anne  de 
honilion-C.undé,  fille  de  Henri-Jules  de  Itourlidii,  jirince  de  Ciindé  et  dWnne, 
priiieesse  l'alaline  de  jî.ivière. 

l'rinee  dWnel,  il  fit  l'aire  au  eliàteau,  pendani  les  i:!  ans  i|n'il  le  |iosséda, 
beanron|i  d'aUi;nienlalions  et  d'endjellissemcnls. 

Il  acheta  le  eonité  de  l>ren\.  à  litre  d'engai^ement.  par  eontial  du  2<t  sep- 
temlire  1707,  mfiyennanl  2nn,(l()()  livres  de  iiiiani  >■  |irnii  ipale  et  |(i. UUd  livres 
pdiir  le  radial  des  charités  loeales. 

'   liù,  ciiniminie  importanle  du  cantun  dWiiei,  arrondissement  île  Ureu\. 

■•*  Situé  |Mès  des  O.smeaux,  innunune  de  (lliérisy,  eanton  de  Dreux. 

■'  lie  mnulin  doit  son  nom,  ainsi  que  le  i|uartier  nù  il  se  trouve,  au  murs 
d'eau  ibras  de  la  HIaise)  (pii  l'alimente. 

il  n'est  plus  propriélé  (omnnniaie  de|iiiis  une  i  l'nlaine  damiécs. 


—  360  — 
avoient  été  détournées  dans  les  années  1599.  1600,  1601, 1602, 
etc.,  ensemble  une  expédition  de  la  transaction  passée 
devant  Haudessaint  et  Herbin,  notaires  au  Châtelet  de 
Paris,  le  dernier  février  1603  entre  lad.  dame  veuve  L'hôpi- 
tal et  les  Maire  et  habitans  de  Dreux,  portant  acquisition  du 
moulin  du  Bléras,  moyen'  cinq  cent  cinquante  livres  de 
rente  par  chaque  année.  (Cotte  51). 

Phisieurs  pièces  du  procès  entre  les  seiji-neurs  de  Beu,  les 
Maire,  échevins,  procureur  sindic,  habitans  et  autres  parti- 
culiers des  quelles  pièces  est  une  production  de  la  procédure 
pour  qu'il  soit  fait  une  visite  de  l'état  de  la  rivière  du  Bléras. 
(Cotte  52). 

Le  procès-verbal  de  visite  de  l'état  de  la  rivière  du  Bléras, 
de  la  rivière  des  Teinturiers  ^  et  de  celle  qui  passe  le  long  des 
murs  de  la  Ville.  (Cotte  53). 

Plusieurs  autres  pièces  et  procédures  entre  lad.  dame  de 
Beu  et  les  Maire,  Echevins  et  habitans  de  Dreux  auxquels 
elle  demande  le  payement  de  plusieurs  années  d'arrérages 
de  la  rente  de  550  liv.,  due  sur  le  moulin  du  Bléras,  un  titre 
nouvel  et  aussi  le  payement  du  chaumage  du  moulin  du  Clos 
Reignier,  ensemble  celui  des  rapports  d'Experts  pour  la 
visite  de  l'état  de  la  rivière.  (Cotte  54). 

Plusieurs  baux  à  loyer  du  Moulin  du  Bléras  appartenant  à 
la  Ville.  (Cotte  55). 

Terres  du  Champ  d'Allouettes  - 

Trois  baux  à  loyer  des  terres  du  Champ  d'Allouettes, 
appartenant  à  la  Ville,  faits  en  1615,  1620,  1664. 

Nota.  —  On  trouvera  les  baux  du  moulin  et  ceux  des 
terres  du  Champ  d'Allouettes  faits  par  adjudications,  sur  les 
Registres  de  la  Ville  depuis  1700  jusqu'à  présent.  (Cotte  56). 


'  Ce  bras  de  la  Biaise,  ainsi  iiomnié  paire  iiu'il  servail  aux  Iravaiix  de  plu- 
sieurs ateliers  de  leiiilure,  lorsque  la  ialirique  de  draps  lloiissait  à  Dreux,  venant 
du  Louvet,  passe  enire  les  rues  MériiJiol  el  des  Teinluiiers  el  sous  la  place 
Saint-Martin,  pour  se  réunir  au  bras  dit  de  l'Ecluse,  en  l'ace  do  l'abreuvoir  de 
la  rue  Sainl-Deiiis.  Il  servait  autrefnis  à  l'einplir  les  fossés  du  corps  de  irarde  et 
d(;s  fortifiratioiis  élaldies  en  avant  du  pont-levis  de  la  poi'te  Cdiartraine. 

2  Ces  terres,  qui  n'appariiennenl  plus  à  la  ville  depuis  longlenips,  se  trou- 
vaient sur  le  plateau  appelé  (((nimunémenl  le  iiléras,  entre  le  lionlevard  de  ce 
nom  el  la  ligne  des  cbemins  de  Ter. 


—  :iOi 


SIXIEMK  LIASSE 


PLAIDOVERS  1»EVANT  mm.  de  I,A  Vll.LE.  — RÉCEPTION 

DES  MaItres  de  tous  les  Etats  et  Métiers 

Plusieurs  actes  d'assemblées  faites  à  l'Hùtel  tic  Ville,  tant 
pour  les  délibérations  que  pour  les  sentences  et  plaidoyer 
faits  devant  les  Maire  et  Kchevins,  lorsqu'ils  en  avoient 
droit,  ensemble  les  actes  des  Réceptions  qu'ils  ont  faits  des 
Maîtres  de  tous  les  Etats  et  métiers  de  la  Ville,  gardesjurés, 
nominations  des  collecteurs  en  l'année  1G89  jusqu'en  IGOD. 
(Cotte  57). 

Les  comptes  des  octrois  de  la  Ville  des  années  1744  jus- 
qu'en 1750  rendus  par  M.  I)alvimart.  directeur  des  aides, 
par  autorisation  de  M.  l'Intendant.  (Cotte  58). 


SEPTIEME  LIASSE 

Deniers  Patrimoniaux 

Les  comptes  des  deniers  patrimoniaux  rendus  par  M.  Clé- 
ment, receveur  desdits  deniers,  à  commencer  de  l'année  1707 
jusqu'au  1'^'"  janvier  1705  que  la  charge  du  Receveur  a  été  sup- 
primée, desquels  comptes  il  y  en  a  un  rendu  en  l'année  174;5. 
le  15  mai,  des  années  1707  jusqu'en  1741,  que  M.  Coutier,  son 
oncle,  avoit  été  Receveur  et  les  autres  comptes  sont  par  lui 
rendus  de  sa  recette  et  dépense.  (Cotte  59). 

JIUITIK.MI':  IJASSE 
DÉFENSES    de    laisser   ALLER  LES    MOUTONS    DANS    LES    VIGNES 

Plusieurs  pièces  de  procédure  et  un  arrêt  contre  Léonard 
Brochand,  b(nicher,  pour  avoir  lassé  aller  ses  moutt>ns  dans 
les  vignes  après  vendanges;  par  cet  ai-rêt  défenses  lui  sont 
faites  de  récidiver  et  le  coiidaiiUK'  :i  l'anicndr  cl  en  tmis  les 
dépens.  (Cottii  OOj. 

T.  XII,  .V.  i.'i 


—  3G2  — 

NEUVIÈME  LIASSE 
Titres  de  l'Ecole  des  Pauvres 

La  grosse,  en  parchemin,  d'un  acte  de  vente  passé  devant 
M"  Houard,  notaire  à  Dreux,  le  21  janvier  1741,  par  les 
sieurs  Principal  du  Collège  \  Maire  de  la  Ville,  administra- 
teurs de  l'Ecole  des  pauvres,  d'une  maison  et  dépendances 
située  au  Grand  Carrefour  de  Dreux-,  dont  jouissoit Charles 
Cochet,  moy'  60  liv.  de  rente  à  Noël  Brion  et  sa  femme  pour 
la  dite  rente  de  GO  liv.,  et  autres  charges;  sont  joints  plu- 
sieurs pièces  et  procédures  contre  le  dit  Cochet  et  la  copie 
du  testament  d'Yves  Dupré  et  Anne  Turpin,  sa  femme,  en 
date  du  22  décembre  1G83,  par  lequel  ils  ont  donné  la  dite 
maison  et  lieux  pour  être  enseignés  30  enfans  mâles  par  un 
maître  d'école.  (Cotte  Gl). 

Miliciens  ^ 

Plusieurs  procès-verbaux  des  miliciens  ton^bés  au  sort  pour 
la  Ville  depuis  1748.  (Cotte  G2). 

22  août  1725,  procès-verbal  fait  par  les  inspecteurs  des 
contrôleurs  des  actes  des  Notaires,  à  Louis  Lefevre,  notaire  à 
Dreux,  pour  les  actes  trouvés  en  contravention ,  énoncés 
au  procès-verbal.  (Cotte  G3). 

'  L'uucicu  Lollî'go  de  Dreux  lui  loiulé  par  Robert  Lemiisnier,  contrôleur  au 
grenier  à  sel  de  Dreux,  et  par  Catherine  Herbin,sa  femme,  qui  donnèrent  à  cet 
efTcl,  par  acie  de  l.j.lO,  la  maison  (|ui  fait  l'angle  des  mes  Cilienevotte  et  Dorée, 
dans  la  rue  d'Oiiéans,  on  il  resta  jns(|u'à  sa  suppression  en  17*.t'i. 

Après  avoir  été  successivement  allecté  à  divers  services  mimieipaux  et  même 
transloimé  en  caserne,  pendant  la  lîévtdution,  il  devint  en  IHOli,  à  l'arrivée  de 
noire  premier  sous-prét'et,  le  chevalier  Mars,  Hôtel  de  la  Sons-Dréfeclure,  et 
conserva  cette  deslination  juscpi'à  raclièvernent  de  l'Hôtel  actuel  en  1806.  H  l'st 
occupé  depuis  par  un  pensionnat  de  jeunes  filles. 

-  Ce  lieu  s'appelle  depuis  1832,  carrefour  de  Billy,  en  mémoire  du  général 
de  Billy,  (pii,  tué  à  léna,  na(iuit  en  170:]  dans  la  maison  qui  lait  fani^le  de  la 
Grande  Uni'  l'IdclAnœ Parisis.  Ces  deux  rues,  ainsi  que  celles  des  Tanneurs, 
û'Orisson  et  Hotroii^  viennent  y  aboutir. 

3  Sous  le  nom  de  milice  on  désigna  d'abord  l'art  de  la  guerre ,  la  profession 
des  ai'mes,et  aussi  les  furces  militaires  d'un  Etat  en  général.  Au  XV^  siècle  il  fut 
a|i|di(|ué  aux  levées  temporaires  de  bourgeois  et  de  paysans  laites  par  la  voie  du 
sort  dans  diverses  circonstances ,  puis  aux  troupes  bourgeoises  organisées  dans 
certaines  villes  pour  veiller  à  la  sûreté  publique  et  au  maintien  des  franchises  de 
la  cité. 


—  3G3  — 

Tarif  pour  l'Hùtel-Diei"  ' 

Un  laril"  jniprinié  des  droits  do  1  Ilnlt'l-l)icu  ;i  percevoir 
tous  les  aus'aux  luires  S'-Giles  ot  S'-Deiiis.  (Cotte  04). 

Transport  gratis  du  pavé 

Une  ordonnance  de  M.  du  Harlay,  Intendant,  pour  faire 
achetter  du  pav(''  et  le  i'a'wo  apporter  t/nitis  de  Houdan  à 
Dreux  et  pour  l'aire  payer  la  main  d'onivre  du  [)avafji:e  par 
les  habitans  chacun  au  droit  soi  (le  pavé  étoit  tiré  de  lagrais- 
serie  de  Gressey-.  (Cotte  05). 

Une  ordonnance  des  Maire  et  Echevins  pour  porter  les 
immondices  aux  endroits  y  dénommés,  datée  du  \2  avril 
1730.  (Cotte  00). 

Une  ordonnance  de  M.  du  Ilarlay,  Intendant,  contre  le 
nommé  Poncelet,  sergent  au  régiment  de  Vermandois,  pour 
avoir  mal  à  propos  engagé  deux  jeunes  gens  de  la  Ville. 
(Cotte  G7j. 

Procès  dp:  la  dîme  des  Vignes 

Un  état  des  sommes  avancées  par  plusieurs  bourgeois  de  la 
Ville  y  dénommés,  pour  le  procès  contre  les  chanoines,  en 
17  17.  pour  la  diiiio  t\('^  Vignes.  (Cotte  08^. 

Séance  des  Ofeiciers  de  Vu, i. h  dans  le  chœur  de  S'-Etienne^ 
Une  copie  du  procès-verbal  lait  aux  chanoines  de  S'-Etienne 


'  Suivant  Uorat  de  Ghameulles,  liLstorieii  de  Dreux,  la  fondation  de  celte 
Maisdn-iiinu  n'inontt-rait  au  in»  siècle  E.  I.efèvre,  dans  ses  Dncumciils  hixlo- 
riijuea  sur  Ir  (lomlr  et  lu  Ville  de  Dreux.  au(|U('l  nous  emiirunlons  iticn  des 
rcuspi^'neniciits,  en  fixe  rorit,'iiic  au  vr  siècle.  Cluoi  qu'il  en  suit,  nous  voyons, 
au  roniiniMKcmcut  du  \U'-  siècle,  la  .Maisoii-itieu  de  Mn'ux  ^^ouvcriièc  par  des 
frères  //oA/;//«//e;vs',  sous  la  conduite  d'un  |ii(}lie,  relij,'ieux  cdinniei'ux,  qui  dèjten- 
daient  des  Chanoines  de  Saint-Ktieniie. 

Louis  VI,  le  {',vi)S,  son  fils  Rolieil  l'""  et  les  autres  comtes  de  Dreux  firent  des 
dons  uniiorlanls  à  notre  liotel-Dieu  ;  mais  ils  ne  ((insistaient,  pour  la  plupart, 
qu'en  droits  féodaux  supprimés  par  la  Révolution  et  dont  les  litres  oui  élé  brilles 
à  celle  époque. 

^  (ji-essey,  commune  du  canton  de  Houdan  (Seinc-et-Oisc). 

3  La  Colléj^'iale  Saiiit-Kticniie.   .iiicieliiie  l'gliM'  du  (".li;\teail  de  Dreux,  vendue 


—  304  — 

par  les  Maire  et  Echevins  pour  la  séance  dans  le  chœur  de 
leur  église  le  jour  de  la  procession  de  l'Assomption  et  aux 
processions  générales.  (Cotte  G9). 

Puits  dans  les  rues  comblés 

1780.  Une  ordonnance  de  MM.  les  trésoriers  de  France, 
grands  voyers ,  sur  la  requête  à  eux  présentée  par  les  Maire 
et  Echevins,  pour  les  puits  dans  les  rues  être  remplis  et 
bouchés.  (Cotte  70). 

Ecuries  des  chevaux  des  Gardes  du  Roi 

Ordonnance  de  M.  du  Harlay,  Intendant,  qui  fixe  le  prix 
du  loyer  des  Ecuries  pour  les  chevaux  des  gardes  du  Roi, 
avant  la  construction  des  nouvelles  écuries  ^  (71). 

Les  copies  des  adjudications,  des  réparations  locatives  et 
d'entretien  des  nouvelles  écuries  faites  à  Noël  le  Comte, 
maçon,  et  a  son  déchet  et  folle  encherre^Ji  Jean  Masset. 
(Cotte  72).  ^  ^ 

Le  devis  et  les  mémoires  des  portes  et  croisées,  bancs, 
réparations  d'entretien  des  écuries  et  autres  en  1740  (74). 

Porte  d'Horisson  - 

27  août  1738,  placet  présenté  à  M.  du  Harlay,  Intendant,  et 
par  lui  répondu,  pour  abattre  la  porte  d'Horisson. 


et  démolie  en   1708,  ('tait  située  dans  reiiceiiite  même  diuiit  Château.  La  cha- 
pelle de  la  iamillc  d'Orléans  a  été  élevée  sur  ses  ruines, 

^  Ces  nouvelles  écuries,  qui  servirent  ensuite  pour  la  poste  aux  chevaux, 
furent  bâties  sur  la  place  qu'on  nommait  anciennement  le  Marché  aux  Bœufs, 
près  les  murs  de  la  ville,  proche  la  porte  d'OrissDU,  dans  la  rue  de  ce  nom. 

C'est  sur  leur  einplacemcut  ipToiit  été  construits  l'ancien  tribunal  civil 
(aujourd'hui  maison  d'arrêt)  et  la  caserne  de  gendarmerie. 

-  Il  y  avait  là  deux  jtortes.  —  La  |irennère  était  llanquée  de  deux  tourelles 
rondes  qui  se  reliaient  par  des  courtines,  d'un  côté  à  une  i^rosse  tourc\lindri(|ue 
de  l'enceinte  du  château,  de  l'autre  côté  à  la  muraille  qui  rejoij^nait  la  porte  de 
la  Ih'iulc.  La  seconde  porte  tenait  à  la  muraille  qui  limtîcait  la  rue  des  Embûches 
(aujdiud'liui  la  pailie  de  cette  rue  s'appelle  rue  des  A'co/c.s),  et  allait  rejoiudr(^  la 
porte  Ckartraiue.  En  avant  de  la  première  porte  d'Orissou,  un  bastion  carré, 
correspimdant  à  la  porte  d'entrée  du  château  (pii  était  alors  à  cet  endroit,  proté- 
,yeait  les  abords  de  la  place. 


—  305  — 
l'oKTK  S'-DEJÎIS,  l'u.NT  UU  CARREFOUR 

Le  devis  et  lordonnance  de  M.  de  Haiiay  du  1"  octobre 
1735  pour  «battre  la  portt'  du  Caubiiurj:;  S'-I)cni.s  '  poui-  cons- 
truire on  pierre  le  i»(iiit  sui-la(J<miiiiuii('-,  eiilrL'  le  carrefour  et 
la  rue  d'Horisson,  à  la  place  de  celui  eu  Itois  qui  ne  couvroit 
que  le  tiers  du  passage.  (Cotte  75). 

DÉMOLITION  DE  LA  PORTE  NEUVE  ^ 

17S7.  Autorisation  de  M.  1  Intendaiil  pour  (b'inolir  et 
abattre  la  l'orle  Neuve  et  reconstruire  le  pont  en  bois  neuf. 

Ensemble  plusieurs  mémoires  de  quittances  des  répara- 
tions faites  aux  portes  de  S'-Martin,  S^-Denis,  S'-Jean,  S'-Tlii- 
baut,  de  la  porte  Parisis  et  autres  endroits  ordonnés  par 
M.  lldu.ird.  procurour-sindir.  en  Yl'.y.)  et  171(».  (Cotte  7G;. 

Services  de  M.  le  duc  du  Malne  et  du  Gouverneur 

Juillet  17 SU.  Mémoires  de  la  dépense  du  service  de  M.  le 
duc  du  Maine*  et  pour  celui  de  M.  de  Sabrevois  d'Ecluzelles, 
gouverneur  de  Dreux.  (Cotte  77). 


*  I,.i  vill.'  lie  |iii'ii\  ('t;iit  l'iitoiirco  d'iiiic  miiraillc  t;arnip  de  onze  tours  ou 
toiiivllis  i^ainics  lie  liailiai  aunes;  six  portes  y  donnaient  accès.  La  porte  Saiiil- 
llenis,  du  ci'ilé  du  unili,  se  trouvait  dans  le  lanbnnr.i;  de  ce  nom. 

-  Kl»  aval  du  moulin  de  Vcruouillet,  la  biaise  se  partaife  eu  deux  hras  :  celui 
de  droite,  f|ui  conserve  le  nom  de  Biaise,  vA  le  plus  important,  celui  de  gauche 
(|ui  prend  le  nom  de  ('(imiiiunc,  traverse  la  ville  de  Dreux  eu  passant  dans  la  partie 
sud  de  1.1  rue  Sainl-Tliiiiaull,  ainsi  ijue  sous  les  maisons,  coté  nord,  des  rues  aux 
Taniu'urs  et  Parisis  el  se  réunit  au  bras  de  la  Biaise,  dit  de  l'Ecluse,  au  moidin 
de-  Promenades. 

•'  dette  portf  «  ijui  l'ioil  toujours  ouverte  »  se  trouvait  rue  de  Séiiarnionl, 
près  la  rue  du  Mm. 

Klle  l'ut  l'erméi'  aprè>  le  ciii(|nième  siège  de  Dreux,  en  l.'t'.HI.  d  on  y  établit 
mn,'  caseniate  ou  coip-.  de  i,'arde. 

^  Louis-Aut;usle  de  liouilton,  prince  ilAmt  et  île  Dondies,  duc  du  .Maine  et 
il  Aumale,  comte  dKu.  pair  et  irrand-maîtie  de  lartilleric  de  Krance,  lieulen.int- 
1,'énéral  des  Suisses  el  (irisons  et  liouverneiir  du  l.ani,'iiedoc.  (ils  de  Louis  \|V 
et  de  .Miidame  de  Moiitesp.in,  m;  à  Versadies  en  DiTlI.  léL;ituné  p.ir  letlie  du 
I!)  si'pli'iidiii'  l<')7-L  lut  élevé  par  Madame  d*'  MainliMion.  i-t  jonil  lii-  r.iireclH)n 
particulière  du  roi.  —  Déclaré  prnice  du  sauf;  et  lialnleà  succéder  au  In'iin'  eu  171  l,  il 
reiiil  le  coimnandemenl  de  la  maison  du  Uni  par  le  lestameiil  de  Louis  \|\  . 
I7I.">.    (le  (leiincr  lut  cassé   |iar  le  l'ailrmcnl  à  rinstiKalion  du  duc  d'Orléans  à 


—  366  — 

RÉPARATIONS  DE  L'HORLOGE 

Copie  de  l'adjudication  des  réparations  avec  garantie  de 
rhorloge  pendant  dix  ans,  faite  à  Retou  le  7  juin  1749. 
(Cotte  78). 

Saisie  de  Poinçons  de  fausse  jauge 

1738.  Plusieurs  pièces  de  la  saisie  faite  de  45  poinçons  neufs 
de  fausse  jauge  sur  Pierre  Hervé,  tonnelier  à  Germainville, 
qui  ont  été  confisqués  par  l'ordonnance  de  M.  de  Harlay, 
intendant.  (Cotte  79). 

Comptes  de  Dépenses 

Deux  comptes  des  dépenses  en  1747  et  1748  faites  par 
M.  Thubeuf,  procureur-sindic  et  un  ancien  compte  de  1654. 

(Cotte  80). 

Lettres  diverses 

Plusieurs  lettres  de  M.  le  Gouverneur  de  L'IsJ^e  de  France, 
de  M.  l'Intendant  et  autres,  pour  réjouissances,  avertisse- 
mens  de  passages  de  troupes,  etc.  (81). 


DIXIEME  LIASSE 

Rente  de  17  liv.  12  s.  due  a  la  Ville 

Une  quittance  du  13  juin  1724,  signée  Paris  deMontmartel, 
donnée  aux  Maire  et  Echevins  de  la  Ville  de  Dreux  de  la 
somme  de  1760  liv.  en  billets  de  banque.  Cette  quittance  a 
été  remise  aux  archives  le  8  août  1725  par  M.  Mallet. 


(|ui  il  avait  (lis|nilr  sans  succès  la  régence.  Entré  dans  la  conspiration  de  Cella- 
mare,  il  fut  découvert  et  enfermé  dans  la  citadelle  de  Doulleiis  (1718). 

Remis  en  liliei'lé  il  se  réconcilia  avec  le  Régent  et  fut  revètn  de  liantes  dii!:iiités, 
(]n"il  conserva  jusqu'à  sa  mort  i  1736). 

Ce  [irinie  avait  de  belles  qualités,  mais  son  apathie  et  sa  liniidilé  le  rendaient 
incapable,  d(!  grandes  choses.  11  avait  épousé,  en  l()i):2,  Aime-Louise-Bénédict(!  de 
Bourbon,  petite-fille  du  grand  Condé,  qui  devint  comtesse  de  Dreux  en  1733, 
après  le  partage  fait  à  cette  date  des  biens  de  sa  mère  Anne,  Palatine  de  Bavière. 
Elle  eut  également  la  principauté  d'Anet  et  la  chàtellenie  de  Sorel. 


—  3G7  — 

Cette  somme  de  ITOU  liv.  a  été  consiiiuée  en  rente  au 
denier  5<J  sur  les  tailles  et  réduite  à  présent  au  denier  l()(i 
qui  produit  17  liv.  12  sols  par  an.  (82). 

*  Rentes  dues  a  la  Ville 

Une  note  sur  papier  ordinaire  de  plu.sieurs  parties  de 
rente  dues  à  la  Ville  par  divers  particuliers  à  cause  de  bail 
à  cens  et  rente  des  boutiques  de  la  poissonnerie,  tour  Hanne- 
quiu  ',  tourelles  et  places. 

Les  trois  grosses  des  rentes  de  Le  Roux,  Lr»ndnut.  nu  lieu 
de  M.  Ménestrel,  Corbonnois  et  une  expédition  en  papier  de 
la  rente  de  15  liv.  10  s.  duo  par  Charles-Louis  Londaut, 
une  autre  expédition  de  la  transaction  passée  entre  la  dame 
de  Novice  et  la  Ville  pour  la  teras.se,  en.semble  plusieurs 
pièces  et  procédures  contre  la  veuve  Maillard ,  qui  est 
condamnée  faute  de  payement  ;i  déguerpir  des  cinq  bou- 
ti({ues  qu'elle  avoit  acquises,  lesquelles  ont  été  revendues  à 
Raphaël  Pauvert  qui  les  a  vendues  à  Martial  Quéret,  dit 
Bretêche.  (Cotte  83). 

Rentes  dues  par  la  Ville 

Deux  copies  collationnées  par  extrait  des  titres  de  la  rente 
ili'  7  liv.  10  s.  due  sur  les  patrimoniaux  de  la  \  illo  ;i  Nicolas 
Brisset,  héritier  de  la  veuve  Neveu. 

l'ne  expédition  du  contrat  de  constitution  de  137  liv.  10  s. 
do  rentes  ducs  et  crées  par  la  Ville.  Savoir  :  55  liv.  10  s.  au 
Collège  de  Dreux  et  82  liv.  au  sieur  Charles  Bureau  et  les 
deniers  du  |jiincii)al  ont  été  employés  au  rachat  de  \' lioiiinw 
idi  liai  lionne  pour  les  o/Hces  municipaux, sui\  an l  la  (piittance 

• 

'  I..I  tiiiir  lli'riiir'(|iiin  on  Haimofiiiiii  est  la  soûle  des  deux  loiin'llcs  df  l,i  l'mte 
C.li.irlraiiir,  i|iii  existe  encore  anjoiinriini.  Elle  sert  d'Iialiitalioii  pailiiiilière 
liiireaii  di-  laliac  dit  de  la  Tourelle)  et  les  ouvertures  et  di>lriliulioiis  intérieures 
(innii  y  a  faites  eu  ont  erdevé  tout  le  caraclère  anliilerlinal.  Il  ne  reste  plus  â 
\oii'  arliielleuieni  i|iie  i'evralier  en  liniaioii,  con^lruil  Inut  eu  pierre  et  dont  cliaipie 
marche  porte  sa  pnrlinii  de  rampe,  et  ijunik;  partie  de  la  xoùte  à  nervine,  de  la 
salle  qui  seivail  aulreOds  de  i,'e('de  ;  les  murs  ont  environ  I  m.  .M)  dépaisseiu'. 
Il  existe  sur  la  l'açade  l(ini,'eaMl  l.i  rue  l'oiic-l.'.liaitraiiie,  iucrusié  dau^  l,i  niaçnnne- 
rie,  un  écusMiu  sniilenu  p.u'  deux  an;4es  ^ro->ii'ieuieut  scidptés,  ipii  sendile  être 
des  xur  <ni  XIV  siècles.  Les  armoiries  ipu  y  élaienl  re|)ré.s('nlées  ayant  été 
mart'déps  on  en  ignore  l'origine. 


—  368  — 

de  finance  du  21  avril  17G3,  signé  Berlin  et  arrêt  du  Conseil 
du  17  mai  17G0.  (Cotte  84). 

Rachat  de  l'Homme  au  Roi 

lia  quittance  de  finance  du  21  avril  17G3  du  rachat  de 
l'homme  au  Roi  fourni  par  les  cjfliciers  municipaux  des 
Villes,  ensemble  l'arrêt  et  la  lettre  de  M.  l'Intendant.  (85). 

Transaction  pour  la  dîme  des  Vins 

Une  expédition  en  papier  d'une  sentence  en  forme  de  tran- 
saction et  règlement  entre  les  chanoines  de  S^-Etienne  et  les 
habitans  de  la  Ville  de  Dreux,  pour  cause  de  la  dime  des 
Vins.  La  grosse  en  parchemin  de  la  d.  transaction  a  été 
déposée  par  M.  le  procureur  des  Bénédictins  de  Couloiiibs  ', 
chez  Chantier,  notaire  à  Chartres,  le  12  juillet  1747.  (Cotte  86). 

Une  expédition  d'un  acte  passé  devant  Thubeuf,  notaire  à 
Dreux,  le  29  mai  1756,  entre  M.  Le  Veillard,  médecin  et 
Jean  Lasne,  meunier  du  Bléras,  pour  cause  d'un  droit  d'eau 
à  prendre  près  le  moulin;  dans  lequel  acte-est  fait  mention 
du  Maire  et  des  Echevins.  (Cotte  87).  > 

ONZIÈME  LIASSE 

Cessation  de  la  taille  arbitraire  - 

Plusieurs  anciens  et  nouveaux  édits,  arrêts  et  déclarations 
du  Roi,  concernant  différentes  aff'aires  pour  la  Ville.  (88). 


'  L'abbaye  Notre-Damo  de  Coulombs,  ordre  de  Saint  lîeiioît,  était  située  dans 
un  vallon  où  coule  la  rivière  d'Eure,  borné  au  nord  par  un  coteau  au  pied 
(ln(|n('l  est  le  liour.n  de  Coulombs,  au  nndi  |iar  un  aulic  côIimu  sni'  liMpiel  était 
liàti  le  cliàteau  des  si'igueurs  de  Nogcnt-le-Roi. 

On  ne  connaît  pas  exactement  répo(|ue  de  sa  fondation  mais  on  suppose 
(pielle  fut  instituée  |)ar  les  seigneurs  de  Nogent  antérieuremenl  à  Cbarles-Marlei. 

Ven(lu(>  comme  bien  national  en  17!)l  elle  l'ut  en  partie  dém(die  et  il  ne  resl(! 
plus  aujourd'hui  que  les  ruines  du  portail  et  dune  partie  du  cloître. 

2  Cet  impôt  se  divisait  en  ordinaire  et  extraordinaire.  I,a  taille  ordinaire 
était  levée  |)ar  le  Seigneiu',  sui'  les  serfs  de  sa  terre,  une  on  plusieurs  fois  |»ar 
année.  La  taille  extraordinaire,  dont  les  vassaux  libres  n'étaient  pas  exempts, 
était  due  au  Seiiiiienr  ilans  ipuilre  circonstances  principabis  :  I"  lors(|u"il 
picnait  la  croix  pour  aller  combattre  en  Terre-Sainte  ;  "1"  lorsrpi'il  était  fait 
|irisonnier  en  guerre;  l>  loisqu'il  mariait  sa  lllle  ainée  ;  enlin,  i"  lors(pie  son 
fils  aîné  était  fait  chevalier. 


—  309  — 

Les  grosses  en  paiTheiiiiii  des  arrêts  du  conseil  de? 
8  septembre  lîS.'î,  17  mai  17  l<i,  17  lévrier  1750,  qui  changent 
la  taille  arbitraire  de  la  Ville  en  une  taille  proportionnelle 
et  autres  pièces  y  relatives.  (89). 

La  grosse  d'un  arrêt  du  Conseil  du  10  février  1701,  qui 
déclare \M.  Bureau,  Echevin  en  titre,  déchu  de  la  prétention 
d'être  élu  maire  en  vertu  des  prérogatives  desonollice.  (90). 

Provisions  des  Offices  municipaux.— .M.  le  Prince  acquiert 

LES  CHARGES  1>E  LA  XUA.E 

7  février  1760.  Lettres  patentes  en  forme  de  provisions  de 
douze  odlces  municipaux  remis  au  corps  de  la  Ville  de 
Dreux,  au  nom  du  s""  Charles  Bureau,  comme  homme  au  liai 
vivant  et  mourant,  ensemble  les  quittances  de  payement 
faits  en  conséquence  et  l'arrêt  du  11  août  1747,  portant  tarif 
des  droits  qui  seront  perçus  dans  les  Villes  de  la  généralité 
de  Paris,  ensemble  les  commi.ssions  de  plusieurs  charges 
municipales  obtenues  en  1735  et  la  signilication  jiar  M.  Le 
Prince  de  l'arrêt  du  Conseil  portant  aciiuisition  par  lui  des 
charges  municipales  de  la  Ville  de  Dreux  en  1772.  (Cotte  91). 

Droits  st-r  les  boissons 

Un  placet  présenté  en  1747  à  M.  Hertier  de  Sauvigny, 
Intendant,  par  les  habitans  et  vignerons  de  Dreux  pour 
cause  des  droits  que  le  feimici'  des  aides  perçoit  sur  les 
boissons,  enseiublo  le  ménmiri'    du  fermier  en  réponse  au 

placet. 

Airet  et  lelU-es  patentes  îles  1'''  el^Uauùl  1741  ([ui  (H'ilunne 
que  t(jutes  les  boissons  payeront  le  droit  dentréc  et  h  la 
vente  cdiiuiic  le  vin.  cxcciili'  les  h((iss(tiis coiiniosées de  mari- 
pressuré  et  enlunc<''  avec  de  1  Cau.  (92). 

PoNT.\GE  ET  Pavage 

Une    l'cquclc     |  ilU'seil  t  ('■(•     par     A  II  l' lilH'1 1  !•      iMirniii-,      veUVO 

Charles  Colletetà  présent  \cii\i-  l-'iaiicdis  Boudard.  feiiMii'ro 
de  la  feriuf  ilii  Pnntai^t'  ri  p.ivage,  riisi'inlilr  iiliisirui's 
mémoires  tendant  ii  obtenir  nue  |)ancarte  (b's  diuiis  (b;  la  d. 
ferme  h  percevoir.  (93;. 


—  370  — 

Echange  du  Comté  de  Dreux 

Une  copie  de  la  déclaration  faite  par  les  Maire  et  Echevins 
à  MM.  les  Députés  de  la  chambre  des  comptes  à  Paris,  en 
vertu  de  la  commission  à  eux  donnée  pour  l'évaluation  du 
Comté  de  Dreux,  à  cause  de  l'échange  faite  par  le  Roi  et 
M.  le  Comte  d'Eu  '  pour  la  principauté  de  Dombes2.(Cotte  94). 

Etat  des  Octrois  et  Biens  Patrimoniaux 

Déclaration  du  dit  Roi  du  11  février  1764  qui  ordonne  que 
les  Villes  et  communautés  du  Royaume  enverront  à  M.  le 
Contrôleur  général  et  à  M.  le  Procureur  général  à  chacun  un 
état  de  tous  leurs  biens,  revenus,  charges,  etc.,  tant  des 
octrois  que  des  patrimoniaux,  ensemble  les  copies  des  états 
qui  ont  été  envoyés  et  la  lettre  de  M.  l'Intendant  à  ce  sujet 
et  pareille  copie  fournie  à  M.  le  Lieutenant  en  1783  et  1787. 
(Cotte  95). 

DOUZIÈME  LIASSE 

Don  gratuit  et  Comptes 

Un  arrêt  et  une  déclaration  du  Roi  pour  la  levée  de  6,000 
livres  de  don  gratuit  par  an,  pour  six  années,  dans  la  Ville  de 
Dreux,  ensemble  plusieurs  lettres  de  M.  l'Intendant  et  des 
modèles  de  projet  pour  en  faire  la  levée. 

Ensemble  les  comptes  rendus  par  le  Receveur  du  d.  don 
gratuit.  (90). 

TREIZIÈME  LIASSE 

Baux  des  Octrois 

Plusieurs  baux  des  octrois  de  la  Ville  depuis  1750,  faits 
par  adjudication  devant  MM.  les  Trésoriers  de  PYance  en 


'  Louis-Charles  de  Bourbon,  comte  d'Eu  et  de  Dreux,  prince  de  Dombes. 

-  Dombes  (Principauté  de).  Dutnbensis  pagus.  Comprise  aujourd'hui  dans 
l'arrondissement  de  Trévoux  (Ain),  elle  faisait  partie  anciennement  du  gouverne- 
ment de  Bourgogne. 


—  371  - 

l'Election  de  Dreux;  ensemble  les  publications  et  pièces 
justificatives,  avec  un  arrùt  du  Conseil  d'Etat  du  M  juin  1(j80 
concernant  les  ilroits  d'octroi  des  villes  et  une  lettre  de 
M.  l'Intendant  à  ce  sujet.  (Cotte  97). 


QUATORZIEME  LIASSE 

Mariage  de  quatkk  filles  —  1752 

Plusieurs  comptes  des  dépenses,  tant  pour  réjouissances 
que  pour  réparations  extraordinaires  approuvées  par 
M.  l'Intendant  jusques  et  y  compris  I7Gt;  ensemble  une 
copie  du  contrat  de  mariage  des  quatre  filles  qui  ont  été 
mariées  par  la  Ville  en  janvier  1752  '. 

Poids  et  Mesures 

La  reconnoissance  des  poids  et  mesures,  matrices  de  la 
Ville,  données  à  M.  Delangle  par  le  S' Desjardins,  secrétaire- 
greffier  de  la  Ville,  en  vertu  de  l'acte  d'autorisation  du 
9  mai  1732.  (Cotte  98). 


'  Ces  mariagps,  réli-lirés  à  l'occasion  (i<>  la  naissann^  du  dur  de  rioiiigopnp, 
cuiTiit  lieu  II'  'i.'»  jaiivior. 

Par  (If'liliéiatioii  de  rassombléo  tnnup  en  la  Cliaiidirc  du  Conseil  de  \']h'>U-\  de 
Ville,  le  7  de  ee  même  mois,  sous  la  présidence  de  Jean  Julienne,  seigneur  de 
Saint-Cir-la-Uo/.ière  et  antres  lieux,  lieutenant  i;énéral,  civil  et  criminel,  au  had- 
liai,'e  et  sièi^e  mvil  de  Dreux,  et  maire  de  ladite  ville,  il  l'ut  (OiiYeiiii  que  les 
quatre  jeunes  filli's  pauvres  :  Françoise  Ualoii  et  Marie  Hi'scomldes  de  la  jjaroisse 
Sainl-l'iciTe;  Marie  Milcent  et  Louise  Moinel,  de  celle  Saint-Jean  ;cli(tisies  et  présPii- 
téesparle  sii'in-C.iiiJl.iinni'  Clu'ddé,  piiMiirriir  syndic,  aii'"''i''ii^  cliacune  une  dot  (le 
trois  cetils  livres,  fournie  p.u'  la  \illc,  dont  il  devait  cire  employé  celle  de  ciii- 
qnanlc  livres  jiour  les  lialnts  luipliaiix  :  le  surplus  de  la  somme  devait  leur  être 
remis  enlre  mains  la  veille  du  ii:aiia^;e. 

Ce  fiirciil  les  olliciers  di-  la  ville  ipii  conduisin-nt  les  jeunes  mariées  à  i'éi,'lise 
cl  qui  les  ranienèreiil  à  la  luiorie,  précédés  des  deux  serments  de  ville  en  c(ts- 
tumr-,  avec  la  lialleliarde,  et  des  lainlionrs,  violons  et  autres  instruments  eiii^a- 
gés  à  cet  ell'et.  l'n  déjeiiner  auquel  assistèrent  les  maire,  édievins,  ofliciers  et  les 
quaraiile  de  la  ville  ainsi  que  les  lannlles  des  jeunes  époux,  l'ut  si'rvi  inunédia- 
tenieiit  après,  et  les  danses  commeiicèieiit  aussitôt  le  rejias  fini. 

11  tut  décidé  en  conseil  que  Ion  prendrait  sur  rorlroi  une  somme  de  deux 
mille  livres  pour  couvrir  toutes  les  dépenses. 


372  — 


QUINZIEME  LIASSE 

Devis  de  Réparations  diverses 

Plusieurs  expéditions  de  devis  de  réparations  faites  à 
riiorloge,  au  moulin  du  Bléras,  aux  écuries,  aux  ponts  et 
autres  endroits  de  la  Ville,  approuvées  par  M.  l'Inten- 
dant. (99). 

SEIZIÈME  LIASSE 

Droits  de  Minage  et  Halage  des  Grains 

Toutes  les  pièces  et  procédures  entre  S.  A.  S.  M.  Le  Comte 
d'Eu,  seigneur  de  Dreux,  et  les  Maire  et  Echevins  de  Dreux 
et  plusieurs  laboureurs  des  paroisses  voisines,  concernant 
les  droits  de  minage  et  halage  de  tous  les  grains  vendus, 
réglés  par  arrêt  de  la  Cour  du  Parlement  du  11  août  1769. 

Ensemble  deux  significations  et  une  copie'-imprimée  du  d. 
arrêt.  ^ 

Nota.  — La  copie  de  cet  arrêt  est  sur  le  registre  de  la 
Ville  en  la  même  année  1769,  page  514,  pour  y  avoir  recours 
dans  le  besoin.  (Cotte  100). 

DIX-SEPTIÈME  LIASSE 

Taille  et  Logement  de  Troupes 

Significations  faites  à  la  Ville  depuis  1748  jusqu'en par 

différentes  personnes  pour  raison  de  la  taille  et  logement  de 
gens  de  troupes.  (Cotte  101). 

DIX-HUITIÈME  LIASSE 

Lettres  a  mm.  les  Officiers  de  la  Ville 

Plusieurs  lettres  adressées  à  MM.  les  ofl^cier.s  de  la  Ville 
par  M.  l'Intendant  et  autres  personnes.  (102). 


—  :5" 


DIX-NKUVIKMK  LIASSE 
Plusieurs  significations,  placets  renvoyés  à  M.  llntendanl. 

(io;ii. 

VINGTIÈME  LIASSE 

Comptes  dos  octrois  et  patrimoniaux  depuis  1704.    KU  . 


—  374  — 


REMARQUES 


DE  PLUSIEURS  SORTES  DE  CHOSES  QUI  ONT  ETE  FAITES  ET  PASSEES 
AINSY  qu'il  EST   PORTÉ   DANS  LES    COMPTES    RENDUS  PAR    LES 

Receveurs  de  la  Ville  et  dans  quelques  titres  et  papiers 

CITÉS  DANS  l'inventaire  CI-DESSUS. 


Registre,  Cotte  P' 
Comptes  de  M.  Pierre  de  S'-Aulbin 

Dans  les  comptes  de  M.  Pierre  S'-Aulbin  des  années  com- 
mencées le  l^r  février  1495  jusqu'en  l'année  1497, 

la  recette  a  été  faite  du  droit  de  50  s.  à  prendre  sur  chaque 
muid  de  sel  vendu  au  grenier  de  Dreux. 

Les  lettres  patentes  sont  citées  dans  la  qifatrième  liasse. 
(Cotte  47.) 

Ancien  Hôtel  de  Ville  ' 

Les  deniers  ont  été  employés  aux  réparations  des  fossés 
de  la  Ville,  aux  portes  Chartraines,  Dorisson  et  Parisis,  à 
rétablir  l'ancien  Hôtel  de  Ville,  à  faire  les  fondemens 
d'un  batardeau,  le  long  de  la  maison  de  Dieu,  pour  empêcher 
l'eau  d'entrer  dans  la  Ville,  à  la  réparation  des  ponts,  pour 
les  poutres  et  solives  qui  y  étoient  nécessaires  et  à  paver 
dans  différons  endroits  de  la  Ville  et  à  autres  ouvrages. 

De  plusieurs  articles  des  d.  comptes  a  été  extrait  ce  qui 
suit. 

Serrurerie 

Payé  à  Jean  Fardeau,  serrurier,  7  Jiv.  4  s.  11  d.  pour  avoir 
baillé  à  la  Ville  neuf  vingt-quatre  livres  de  fer  employées  à 


'  Il  y  a  peu  de  renseignements  sur  cet  ancien  Hôtel  de  Ville,  qui  fut  en  partie 
consumé  par  le  feu  du  ciel  vers  la  fin  du  xv"  siècle.  Il  devait  se  trouver  au- 
dessus  de  la  l'orte  Chartraine. 


—  375  —  . 
ferrer  le  pont-levis  de  la  l*(3rte  Chartraine  et  pour  avoir 
baillé  deux  lerrures,  lune  à  lliuie  du  beflroid  et  l'autre  mise 
à  riiuie  de  la  prison  nommée  la  tourellf  Ilannequin,  un 
couplet  de  k'v  au  guichet  de  la  porte  d  une  <li-r  et  un 
crampon  de  fer. 

A  Jean  Fardeau,  serruriei-,  ccnl  sols  ])our  avoii' répandu  la 
grosse  cloche  de  la  maison  de  Ville,  pour  M  chevilles  de  fer 
et  deux  chaînes  de  fer;  et  doiixo  sols  pour  deux  serrures, 
l'une  mise  au  2'"  sollier  et  l'autre  au  3'"  sollier  du  Helfroiil  de 
la  \ille. 

Couverture 

A  Jean  r;uillaume  Panou,  la  somme  de  ccnl  sols,  deux 
ilcnirrs,  pour  avoir  vacMpii'  ii  redresser  la  couverture  en 
ploml)  de  la  maison  (!<■  Ville. 

Ci.orTS 

A  Michaud  Pourchet,  cloulier,  la  somme  de  viiKit  sols 
pour  un  cent  de  clouts  employés  ii  clouer  le  dit  plMinb. 

Gages  des  Gardes  Portes 

A  Jean  Fardeau  dix  sols  pour  ses  gages  d'avoir  gardé  cette 
année  présente,  les  clefs  de  la  Porte  Chartraine  et  avoir 
fermé  et  ouvert  la  d.  porte. 

A  Gilles  Feron  dix  sols  pour  id.  à  la  porte  d'Orisson. 

A  Jean  Le  Mercier  dix  sols  pour  id.  à  la  porte  Parisis. 

Prédicateurs 

Au  Cordelier  (pii  a  prèclii-  iiendaiil  le  carême,  qiudro 
livi'i's. 

Au  Cordelier  (jui  a  préclK'  pendant  l'aN  enl,  li-<iis  livres. 

Gages  du  Receveur 

A  Pierre  de  S^  Aull)iu,  receveur,  pour  ses  gages  accoutumés 
qui  sont  de  six  ilruin-s  jjoiir  li\  rr  de  la  recette. 

Gages  du  Vérifieur 
A  Pierre  Chaillou,   vei-ilieui',  pour  ses  gages  nccoutumés 


.     —  370  — 
qui  sont  de  semblable  somme  de  six  deniers  pour  Jivrr  de  la 
recette. 

Prix  du  Vin 

A  Léonard  Jabin,  grcnctier,  la  somme  de  ilix  livres,  dix 
sols  pour  trois  poinçons  de  vin  merveille  qui  ont  été  donnés 
à  M.  Delebret,  capitaine  du  dit  Dreux,  à  sa  bienvenue  au  d. 
lieu,  quand  il  est  venu  prendre  possession  de  sa  d.  qualité 
après  qu'il  l'a  retirée  des  mains  de  M.  d'Argenton. 

Comptes  de  M.  Guillaume  Percheron 

Dans  les  comptes  de  M.  Guillaume  Percheron,  des  années 
1501,  1502,  1503: 

La  recette  a  été  faite  des  droits  sur  le  sel  et  de  la  ferme 
du  Choquet. 

La  dépense  a  été  faite  pour  les  réparations  des  fortifica- 
tions, murailles,  remparts,  ponts,  portes,  à  netoyer  les  fossés 
du  boulevart  de  la  Porte  Chartraine,  à  la  couverture  de 
l'ancien  Hôtel  do  Avilie  et  fournitures  de  pierres  pour  les 
ponts.  -^ 

De  plusieurs  articles  de  ces  comptes  a  été  extrait  ce  qui 
suit  : 

Maçons  et  Charpentiers 

Payé  à  Antoine  Delorme  et  Jacquet  Allain,  maçon  et 
charpentier  jurés  de  la  Ville,  cinq  sols  tournois  pour  leur 
salaire,  peines  et  vacations,  avoir  vacqué,  monté  et  visité  la 
maison  de  la  d.  Mlle  et  geôle  et  en  faire  par  eux  le  rapport. 

Plombier 

A  Thibaut  Talon,  plombeur,  demeurant  à  Evreux,  douze 
livres  tournois  pour  ses  peines  et  salaires  et  vacations  pour 
être  venu  dud.  Evreux,  lui  deuxième  pour  besogner  à  la 
couverture  de  plomb  de  la  maison  et  beflroi  de  la  d.  Ville  de 
la  quelle  il  étoit  tombé  une  partie  considérable,  etc. 

CORDIER 

A  Jean  Robin,  cordier,  cinq  sols  pour  avoir  baillé  au  dit 
plombeur  douze  livres  de  cordages  pour  s'échafauder. 


—  .i/  /   — 


Etamier 


A  Jean  Bàdoulleau,  viiif/t-six  sols,  un  denier  oliole  pour 
neuf  livres  et  demie  d'étain.  baillées  au  ploinbeur  pour  faire 
la  soudure  pour  la  d.  couverture  de  idomb. 

Comptes  de  M.  Renault  Le  Charpentier 

Dans  les  comptes  de  M.  Renault  Le  Charpentier,  des 
années  1504,  1505  et  1500  : 

La  recette  a  été  faite  des  droits  sur  le  sel  et  de  la  ferme 
de  Choquet. 

La  dépense  a  été  pour  les  réparations  aux  ponts,  portes  et 
autres  endroits  de  la  Ville,  et  à  faire  creuser,  i)endant  les 
trois  années,  la  rivière  neuve  qui  va  de  Dreux  àFernnncourt 
pour  la  rendre  navigable,  et  pour  la  fourniture  des  bois  pour 
la  porte  à  bateau. 

Rivierre  de  Fermincoirt 

La  dite  rivierre  a  été  commencée  en  1504  et  portoit  bateau 
en  1500,  Les  ouvriers  (lui  travailloiont  à  la  creuser  gagnoient 
r///'//  i/ruici-s  jini-  Jour  et  les  maçons  deux  sols. 

Dans  les  premiers  comptes,  on  lit  : 

Payé  il  Jean  Deiilly  et  autres  manouvriers  la  somme  d(^ 
renl  deux  sols,  six  deniers  lournins  pour  soixante  et  une 
journées  et  demie  de  manœuvres  ii  vini/l  ileniers  tournois 
par  jour,  les  quelles  journées  ont  été  employées  au  cours  de 
la  rivière  nouvellement  faite  etédillécMJepuis  la  Ville  jusqu'à 
Fermincourt,  pour  faire  passer,  dessendre  et  avaller  les 
bateaux  <*t  marcliandises  par  icelui  coui's.  iimir  le  l»ien 
liillilie  (le  la  Mlle  et  aiiisy  (pi'ij  a  été  ordoillK'. 

Dans  les  comptes  de  la  rei-iiie  de  ('inxinet  est  aussy  payé  à 
Jean  Detilly  et  autres  manouvriers,  la  somnu>  de  //"  liv.  /Os. 
tournois  jiour  huit  vingt-huit  journ(''es  et  douze  de  maiieuvres. 
employ(''(îs  et  faites  au  coiu-s  de  la  rivière  navigalile  de 
nagueres  conmiencée  à  faire  depuis  PY'rmiuc(»urt  jusipfaux 
fossés  de  la  Ville  de  Dreux. 

T.  XII,   M.  25 


—  37  cS  — 

Premier  bateau  qui  a  monté  la  rivière  en  1500 

A  Pierre  Plomb,  bourgeois  diid.  Dreux,  la  somme  de  six 
livres  tournois  pour  la  dépense  laite  en  sa  maison  des  bate- 
liers de  Silvestre  Duchesne  et  autres  qui  ont  conduit  et  amené 
le  premier  bateau  au  quai  de  rivière  navigable  de  lad.  ville. 

A  Sénéchal,  de  Fermincourt,  3  s.  0  d.  pour  avoir  baillé  du 
vin  aux  bateliers  conduisant  le  premier  bateau  venu  en  cette 
ville. 

Les  deux  articles  sont  du  compte  de  1500.  La  Ville  fournis- 
soit  aux  ouvriers  tous  les  outils  nécessaires. 

Sable,  Chaux,  Pierres 

La  chaux  coutoit  20  s.  le  muid. 
Le  banneau  de  pierre  2  s. 
Le  banneau  de  sable  1  s. 

Nota.  —  Les  comptes  depuis  1500  jusqu'en  1512  n'existent 
pas. 

Comptes  de  M.  Badouleau-- 

Dans  les  comj^tes  de  M.  Badouleau  des  années  1512  et  1513 
finissant  au  dernier  septembre  : 

Recette  des  droits  du  sel  et  de  la  ferme  du  Choquet. 

Dépenses  :  —  Achat  de  pavé  pour  paver  le  faubourg  S*^- 
Martin,  la  rue  de  la  Porte-Neuve,  façon  des  fondements  de 
l'Hôtel  de  la  Ville  actuel,  dont  les  eaux  ont  été  difficiles  à 
épuiser  à  cause  des  sources,  achat  et  taille  des  pierres  pour 
le  construire. 

Nouvel  Hôtel  de  Ville 

Pierre  Caron,  M"  maçon',  a  commencé  à  travailler  aux  lun- 
demens  de  l'Hôtel  de  A'ille  en  1512,  il  est  mort  en  1510.  Jean 
Desmoulins  et  Clément  Métézeau-,M''''  maçons,  ont  repris  les 
ouvrages  en  1510  et  y  ont  travaillé  jusqu'à  la  fin. 

<  L(î  vrai  nom  de  cet  architocto  paraît  être  Picnv  Cliéron. 
I.a  prciiiiiuc  iiicrre  de  rihMcl  de  Ville  lut  posée  en    1512,  par  Pierre  de 
Ilauteterre,  sieur  de  la  IMeigiie,  au  temps  d'Alain  d'Aliirel,  comte  de  Dreux. 


-  Ce  (Clément    .Métézeau,  (|ni  est  le   premier  connu  de  celte  illustre  famille 
d'arcliitecles,  na(|uit  vers  la  fin  du  W  siècle  cl  niourul  v\\  ITj^G. 

■fils  du  précédent,  né  à  Dreux  le 
C'est  lui  qui  éleva  le  transept  et 


u  arcnuecies,  na(]uu  vers  la  nu  ini  xv  siecie  ci  monrni  < 

Le  plus  célèbre  est  un  autre  Clément,  petit-fils  du  précédent,  né  à  Dreux  le 
0  février  1581  et  mort  à  Paris  vers  1650.  —  C'est  lui  ( 


—   37Î)  — 

1510.  —  Marché  de  la  Construction  du  nou\tl  Hôtel  de 

Ville 

Le  dit  Dèsmoiiliiis  a  fait  un  marché  avec  les  Maire,  pairs 
et  habitaiis  ûv  la  Villo  de  Dreux,  en  date  du  21  avril  15H'). 
après  Pasques.  dutiuel  la  g:rosse  est  dans  la."V"  liasse,  coltéelO, 
de  parachi'ver  le  d.  Hùtel  de  Ville  au  niôvcn  que  tous  les 
matériaux  et  outils  lui  seroient  fournis  par  la  \  ille  et  qu'il 
lui  si'roit  payé  ô  sols  jiar  Jniii\  •>  s.  0  </.  à  ses  inaitrcs  maçons 
et  /  s',  f!  il.  il  ses  maneuvres. 

Piax  DES  Matérl\lx  et  des  journées  des  Ouvriers 

La  i>ierre  de  taille  a  été  achetée  à  Vernon  '  et  apportée  })ar 
eau  jusqu'au  quai  de  S'-Jcan  à  Dreux,  ap[)elé  Je  gruud  Jiwdin 
et  en  cas  de  manque  d'eau,  dans  la  rivière,  il  est  dit,  par  le 
marché,  qu'on  en  laisseroit  un  tiers  proche  la  tour  de  Fermin- 
court,  sans  diminution  de  prix.  On  achetoit  aussi  la  pierre  de 
grèsàS'-Martin  de  Nigèle-,ellc  servoittant  à  la  construction 
de  l'Hotol  de  Ville  qu'il  celle  des  trois  portes  et  des  ponts;  on 
y  achetoit  aussi  le  pavé  pour  paver  la  Ville  et  les  faubourgs, 
il  coutoit  7  //» .  /'■  iiiillirr,  le  banncau  de  sablon  un  sol,  le 
muid  de  chaux  :^<f  s.,  leniillierde  thuilesi-'O  .s.,  le  banneau  de 
petites  pierres  I(J  deniers. 

Gages  des  Gardes  Portes 

Les  trois  gardes  qui  ouvroient  et  fermoient  les  3  portes 
Chartraine.  d'Orison  et  Parisis  •'  et  qui  gardoient  les  clefs 
avoient  chacun  L^O  s.  pur  nn. 

Il'  poiliiil  sud  (le  I  T'i^li-si;  (le  DriMix  ;  —  la  Vdi'itc  de  ce  Iraii^ipt,  Irgi'Ti'  l't  siir- 
baissre,  passe  i)Oiir  une  œuvre  (fart  remarqiiahle  et  un  vérilahlc  tour  de  force 
(l'anliifcitiiri'.  C"<'St  aussi  sur  ses  dessins  (pie  le  inagnifiipii'  liidl'el  (ruri^m-s  de 
celle  t'^lisi'  lui  s(ul|)ti',  eu  1(11  i,  par  un  sieui- I'oiImt.  Mais  c'ot  la  ( oiislruclinn 
de  la  (auieuse  (li.i,nie  de  La  Uoehelle  en  |li:i7-l():2S.  mii  coutriliiia  le  jdus  à 
étalilir  sa  réputation.  Il  fut  alors  nommé  architecte  du  nui,  eut  uni'  peii>iou  de 
1,NIHI  livres  et  .--iiu  lniieineiit  au  Louvre 

'   Wnidii,  clief-lieu  de  caiihin,  arnuidissemenl  d'Evreux  (Rure). 

*  Sailli- .Martin-de-Nij,'elles,  commune  du  canton  de  Nogeiil-le-Roi.  à  "tl  k. 
de  Dreux. 

••  Cette  porte,  (nrti'mi'iil  rnddiiniiaicée  IdCs  du  sièi^e  de  Dreux,  par  lii'iin  l\. 
en  irjl(l{,  ainsi  d'ailleurs  (|iic  lis  Im  iilicalious  ipii  ravoisiiiaienl,  ne  lui  point  réparée. 

F.ii  17:57  riiili'iidaiit  lie  Dniix  en  autorisa  la  démolition  <'i  It-s  matériaux 
lurent  emiiloyés  à  la  réparation  des  pouls  de  la  ville. 


—  380  — 

Horloge 
L'entretien  de  l'horloge  coutoit  quarante  sols. 

Présents  de  Ville 

A  été  fait  présent  au  Général  de  Normandie,  qui  passoit 
par  Dreux,  deux  cailles,  deux  bécaces  et  quatre  pots  de  vin 
pour  77  sols. 

Au  capitaine  de  Bonneval,  venu  armé  avec  sa  compagnie, 
12  pots  de  vin,  0  chapons,  trois  cannes  et  six  bécaces.  Le 
tout  a  conté  cin</iiante  sols  huit  deniers,  plus  six  livres  payées 
pour  la  dépense  faite  par  les  commissaires  du  Roi  qui  ont 
logé  lad.  compagnie  dans  la  Ville. 

Sable 

Payé  à  Pierre  Dupuis,  voiturier,  la  somme  de  cent  onze 
sols  tournois  pour  livraison  par  lui  faite  de  111  banneaux  de 
sablon  à  12  deniers  l'un,  emploj^és  tant  au  ^pavement  de  la 
rue  Porte  Neuve  qu'à  l'édifice  de  la  maison  de* Ville. 

Chaux 

Au  sieur  Belot,  chauchaire,  la  somme  de  huit  livres  quinze 
sols  tournois  pour  avoir  baillé,  vendu  et  livré  huit  muids 
neuf  septiers  de  chaux  employés  tant  aux  fondements  du 
nouvel  édifice  de  la  Ville  qu'ailleurs. 

Fer 

A  Jean  Deshayes,  maréchal,  pour  deux  marteaux  de  fer 
pesant  29  liv.,  dix-hnil  sols  Ion  mois,  pour  deux  coints  de  fer 
pesant  34  liv.,  vinyt-un  sols  quatre  deniers  et  i:)Our  le  ressu- 
rage  des  d.  trois  coints  de  fer,  par  trois  fois  et  pour  la  façon 
de  deux  autres  coins,  six  sols  tournois  avec  neuf  pointes  de 
pic  à  J 4  deniers  chaque  pointe,  dix  sols  six  deniers. 

BOISSELLERIE 

A  Jean  Moreau,  boisselier,  pour  trois  selles  neuves  et  pour 
l'enfonçure  de  trois  autres,  trois  sols  tournois,  lesquelles 


—  HHl   — 

choses  ont  été  employées  tant  à  creuser  les  terres  des  fonde- 
ments de  la  maison  de  Ville  que  pour  iceux  maçonner,  sur- 
monter et  épuiser  les  eaux  qui  sortoient  desd.  londemens. 


» 

Pierres 


A  Matry  'Servais  et  Jean  Guillo  la  somme  de  fri'iilt'-six 
sols  lournois,  savoir  au  d.  Gervais  ilix  sols  six  ilenifrs,  pour 
sept  bauneaux  de  pierres  à  maçonner  et  au  d.  'luille  »//;///- 
six  sols  pour  20  banneaux  de  semblables  pierres  pour 
t'Uiployer  ii  l'aire  les  londemens  de  l'édilice  qu'on  fait  de 
nouveau  à  la  maison  de  la  d.  Ville. 

Compte  de  M.  Thibault 

Dans  le  conijiie  de  M.  Tiiibauli,  1"  de  raunéeii  la  Trinité. 
1510  à  1517.  qui  est  pour  les  patrimoniaux. 

Il  a  été  employé  en  recette  les  sommes  cy-après  : 

Pour  la  ferme  du  pontage  et  pavage  de  la  ville  de  Dreux, 
de  deux  années, 

l'une  de Ki  liv.  parisis 

l'autre  de L^O  —      — 

Une  année  de  loyer  de  la  tourelle  de 
la  porte  Chartrainc »  JOs. 

id.  de  la  porte  d'Orisson »  6  s. 

id.  de  la  porte  Parisis »  Os. 

id.  de  celle  S' Thibault »  is. 

id.  de  la  porte  Haton  qui  est  celle  du 
Tourniquet' »  i'.v. 

La  maison  des  tourelles  de  la  \ille  donnée  au  conducteur 
de  rhni-lop.-e. 

La  tourelle  (hi  Boullevard  de  la  porte  dUrisson  «-si  n'i.'iiii.- 
pour  déposer  les  pavés  de  la  Ville. 

Gages  des  Maire,  Proclreir  sindic.  Receveur,  etc. 
A   été  pay(''   ;i  liouoraljle   hoiiinie  très  sage.   ^L  l'ii'iT''  '!'• 

'  (Test  |tai'  ccllf  |iorli',  ijiii  M'  Iruiivail  à  rcxln'iiiité  arturllc  de  la  riif  ilii 
Touniiqin't,  que  l'on  comiiMiiii(|iiait  de  riiiléricur  de  la  ville  à  la  |iremièie 
l'iicciiiir  du  cli.itfaii  ili'  Pieux,  au  nioycu  d'iiu  du  luin  i  ouvert  nu  galerie  sou- 
If'rrauie,  convtTli  aujourd  liui  l'W  caves. 


—  382  — 

Oravelle,  Maire  de  la  Ville  de  Dreux,  pour  ses  gages  d'avoir 
exercé  l'office  de  Maire,  16  liv. 

A  honorable  homme  très  sage,  M.  Jacques  Le  Charpentier, 
pour  avoir  exercé  l'office  de  procureur,  pour  ses  gages,  h'  liv. 

Au  Receveur  pour  ses  gages,  4  liv. 

A  chacun  des  quarentes  *  par  le  conimandenient  de  M.  le 
Maire,  baillé  au  prétoire  la  somme  de  dix  sols  tournois  pour 
leur  dépense  du  mardy  d'après  la  Trinité,  la  quelle  somme 
leur  auroit  été  ordonnée  payée  par  le  dit  receveur,  pour 
éviter  à  la  grande  dépense,  qu'on  vouloit  faire  le  d.  jour  au 
diné  et  soupe  des  d.  quarente  qui  se  faisoient  aux  dépens  de 
la  Ville. 

A  quatre  hommes  qui  ont  porté  les  quatre  grosses  torches 
de  la  Ville  le  jour  et  fette  du  S"-  Sacrement,  S  s.  (S  d. 

A  Etienne  Branslard  huit  livres  pnrisis  pour  avoir  des 
médicamens  à  subvenir  aux  malades  de  la  peste. 

A  Jean  Chastignier  pour  avoir  de  la  graisse  pour  oindre 
les  paillets  de  la  cloche  du  Beffroi  et  aussi  pour  avoir  des 
chandelles  la  nuit  de  Noël,  vingt-deux  deniei's. 


REGISTRE,  COTTE  DEUXIEME 

Comptes  de  M.  Robert  le  Meunier 

Dans  les  comptes  de  M.  Robert  Le  Meunier  des  années 
1514,  1515,  1516,  1517,  1518,  1519, 

La  recette  a  été  faite  des  droits  de  sel  et  de  la  ferme  de 
Choquet. 

La  dépense  a  été  faite  pour  les  réparations  ordinaires  et  le 
surplus  pour  la  construction  do  l'Hôtel  de  Ville. 


'  Li'S  (Jiiaïaiilc  roiii|ii»saient  le  cor|).s  de  ville.  Elus,  chaque  année,  le  mardi 
(le  la  Penlecôle  par  lOU  ou  120  liahitanls,  choisis  à  la  re(|uèle  du  Procureur 
syndic,  en  sorte  qu'il  y  eu  ait  de  chaque  rue  ou  faubouri,%  ils  prêtaient  le  ser- 
ment de  ('  lidèlcmenl  servir  le  Roy  et  la  Ville»  et  élisaient  six  d'entre  eux,  parmi 
lesquels  le  Maire  était  choisi. 

Après  les  autres  fornialités  de  l'élection  du  Maire,  qui  avait  toujours  lieu  le 
jour  de  la  Trinité,  le  Gouverni'ur  avec  les  Quarante  allaient  chercher  le  nouveau 
Maire,  pour  le  conduire  à  la  graiid'messe  pai'oissiale.  —  La  messe  dite,  ils  le 
reconduisaient  à  son  hôtel  où  il  leur  doimait  à  dîner.  —  Les  Quarante  allaient 
ensuite  par  toutes  les  maisons  faire  la  quête  pour  les  pauvres  auxquels  la  ville 
distribuait  aussi  ce  même  jour  la  valeur  d'un  muid  de  blé  en  petits  pains. 


■  ><Vj     

Construction  de  la  Maison  de  Ville 

Dans  un  (ics  ariiclcs  du  l"''  (■(tniptc  de  ir>ir>  de  la  recolle  do 
la  Ternie  tJ4t*Clio4Uel.  il  est  dil  :  les  d.  jouiMiées  eniijlijyc'cs 
tanl  à  conduire  l'œuvre  quà  tailler  la  jiierre  du  portail  de  la 
Maison  de  \  illc  et  dans  un  autre  article,  j)ayé  ii  Antoine 
Amlif'  et  Bernard  les  Cornets  /^'  </i'iiiri-s  pour  leur  salaire 
d'avoir  vac(|U('  chacun  quatre  jours  et  demi,  employés  tant  à 
monter  le  grand  Enirin  sur  la  maison  d'icelle  Ville  qu'à  lever 
et  dresser  la  platti'  forme  des  ceintres  d(>  la  premier*'  voûte 
de  la  d.  maison. 

Payé  à  Jean  Decour.selle  et  Colas  Fourcaull,  maçons,  la 
somme  de  fj  li\ .  1:1  s.  tournois  pour  avoir  fait  de  leur  métier 
les  traverses  de  deux  croisées  de  bas  de  la  maison  d'icelle 
Ville,  c'est  ii  savoir  la  croisée  de  devant  la  grande  halle  et 
l'autre  du  coté  de  la  maison  ou  pend  pour  enseigne  h'  lU)vr]i'v^ . 

A  Jean  Co.slin,  menuisier,  la  somme  de  Sî)  s.  pour  avoir 
baillé  et  livré  sept  toises  de  carreau  employées  à  échafauder 
à  l'entour  des  tourelles  de  la  maison  de  Ville. 

A  Michaud  Delisle,  serrurier,  pour  son  salaire  d'avoir  ferré 
et  assis  partie  des  croisées  de  la  première  chambre  de  la 
maison  de  la  d.  \ille. 

Pavage  de  la  rue  Saint-Pierre,  etc. 

On  voit  dans  les  autres  comptes  dud.  sieur  Robert  Le 
Meunier  que  la  dépense  a  toujours  été  faite  pour  le  payement 
des  ouvriers  qui  travailloient  ;i  l'ilotcl  de  ^'il!e  et  pour  les 
matériaux  nécessaires,  ainsy  que  pour  le  i)avage  des  rues 
S'-Pierre.  la  Porte-Neuve,  le  faubourg  S'-Martiu.  la  répara- 
tion des  murailles,  des  ponts,  et  des  portes  de  la  Ville. 

Dans  le  compte  premier  rendu  par  les  tuteur  et  curaieui- 
des  enfans  de  Matliurin  Mussard.  de  15'J0  et  1521,  la  recette 
a  ele  faite  de  la  fcniic  de  Clioipict.  (pii  ('toit  alTermée  en 
(•etl(-'  année  •■'^'^W/'i. /////•/s/s  qui  \aliMit  JOO  liv.  Ioiii-ihu's.  L;i 
dépense  a  été  en   paili<'   pour  la    i'(parati(Ui  «les   oulils  drs 

'  Sur  [■  aiiricniif  rin-  des  Changes  idf  In  (àatidi'  nie  ;"i  la  placf  Méli'/ean  à  l'aiiglr 
lie  lame  ilr  l.i  l'orh' (iliaitiainc  iloiil  il  ne  reste  plu-  aiiiniini'liiii  que  les  inaisiiii>  de 
droite,  (ejlev  de  ^Miielie  avant  été  dé|iiidies  en  I S.'iK  |iiiiir  ra^raiidi.s>eiiieiit  de  la 
jilaee  Métt'/.eau  et  le  déga;;eiTieiil  de  l'Hôtel  de  \dle. 


—  38 1  — 

ouvriers,  pour  les  poutres,  les  solives,  les  cordages  pour  les 
monter  et  pour  échafauderet  le  surplus  pour  autres  ouvrages 
et  réparations  dans  la  Ville. 
Est  extrait  dud.  compte  ce  qui  suit  : 

Croisée  de  la  Maison  de  Ville 

Payé  à  Pierre  Bordier,  vitrier,  la  somme  de  8  liv.  tournois 
pour  avoir  par  lui  livré  six  panneaux  de  verre  pour  mettre  à 
la  croisée  de  la  maison  de  Ville,  dont  il  y  a  à  un  les  armes 
du  Roi,  notre  sire,  avec  bordure  à  Tentour,  à  un  autre  les 
armes  de  la  Reine,  à  un  autre  les  armes  de  Monseigneur  et 
les  armes  de  la  Ville. 

Pavés,  8  sols  le  100. 

Payé  à  Jean  Hervé,  paveur,  la  somme  de  huit  livres  pour 
avoir  par  lui  vendu  et  livré  au  lieu  de  la  carrière  du  Boulay- 
Thiéry  '  deux  charretés  de  pavés  à  raison  de  Iiiiit  sols  le  100, 
employés  à  paver  la  rue  S'  Martin,  faubourg'^dudit  Dreux. 

Cloche  de  l'Horloge 

A  Mathieu  Gendron,  la  somme  de  100  liv.  pour  la  façon  de 
la  cloche  de  l'horloge. 

A  Pierre  Mussard,  pour  avoir  baillé  cinq  pots  de  vin  à  ceux 
qui  ont  aidé  à  descendre  lad.  cloche Os.    8  cl. 

Plus  pour  un  pain 16 

Plus  pour  le  souper  de  ceux  qui  ont  nus  la 
cloche  en  place 15  s. 

Nota.  —  Est  observé  que  cette  cloche  n'est  pas  celle  qui 
est  aujourd'hui,  mais  bien  colle  qui  servoit  dans  l'ancien 
Hôtel  de  Ville,  car  l'Hôtel  de  Ville  actuel  n'était  pas  achevé. 

On  le  verra  par  la  suite  dans  le  compte  troisième  do  Pierre 
Le  Meunier,  année  1531. 

Comptes  (le  M.  Guillmimo  HrochRud. 

Dans  les  comptes  de  M.  Guillaume  Brochaiid,  des  années 
1521  et  1522. 

'  BouUay-Thicrry,  commune  du  canton  de  Nogenl-le-Roi,  à  13  k.  de  Dreux. 


—  385  — 

La  recette  a  été  faite  des  droits  du  sel  et  de  la  ferme  du 
Choquot. 

La  dépense  a  été  pour  avoir  payé  les  ouvriers  qui  ont  tra- 
vaillé à  la  njaison  do  Villf.  avoir  payé  les  pierres  de  ^rès  et 
le  pavé  lichette  à  S'-.Marlin  de  Nliridc.  cniployé  à  paver  le 
faubour}^^  S'-Martin,  à  réparer  les  ponts  et  les  portes  et  autres 
endroits  de  la  Ville,  etc. 


REGISTKE  COTTE  :*. 

Comptes  (le  M.  Pirrrr  ih'  Ilinitloro,  (1rs  tiniié(\s  lô^o  cl  /Ô^L 
La  recette  :  droits  du  sel,  ferme  Choquot. 

L'HOTEL  DE  \1LLE  AI"  DKrXlÉ.ME  ÉTAUE.  —    KÉTAULISSEMENT  Itl" 

Presbytère  et  de  i/École 

Los  deniers  ont  été  employés,  une  partie  à  IHôtol  de  Ville 
qui  pouvait  être  au  moins  au  deuxiènu^  éta<j;'o  et  l'autre  partie 
à  payer  les  pierres  de  grès  et  autres  matériaux,  le  pavé  pour 
paver  la  ville  et  les  faubourgs,  à  rétablir  la  maison  du  presby- 
tère et  celle  ou  tenait  l'école  et  à  payer  les  croisées  de  la 
maison  de  Ville. 


A  été  extrait  des  comptes  ce  qui  suit  : 

Charpentiers 

Payé  il  Pierre  Alain  ot  son  sorvitoiir.  charpontiors,  pour 
trois  journéos  par  eux  employées  à  mettre  ii  point  le  pres- 
bitf'ro  on  vont  de  pri'sont  los  cnfans  de  cctlc  ville  ii  l'c'crdo; 
i/iiiii/i'  suis. 

Serrurier 

A  Michaux  do  Lisl(\  serrurier,  pour  ;i\(iir  par  lui  b.iilh'* 
scj)/  yiiii/l  dix  livi'rs  rf  i/niiir  l'oi"  ouvre''  eu  crampons  pdur 
entretenir  los  pierres  ilcs  saillies  des  Tourelles  de  la  maison 
de  \ille,  relit  liiKf  suis  tuuriwis. 


386 


Voitures  par  eau 

A  Jean  Delahaye  et  Pierre  de  la  Croix,  voituriers,  cin- 
quante-sept livres,  dix-sept  sols  tournois  pour  la  voiture  par 
eau  par  eux  faite  depuis  Vernon  jusqu'en  cette  Ville,  de 
trrntc-neuf  tonneaux  huit  pieds  et  20  marches  de  pierre  de 
Vernon. 

REGISTRE  COTTE  4 

Comptes  de  M.  Pierre  Rotrou,  1525,  1526,  1527. 

La  recette  :  droits  du  sel,  ferme  Choquet. 

Les  deniers  ont  été  employés  une  partie  à  la  construction 
de  l'Hôtel  de  Ville  et  l'autre  aux  réparations  des  murailles, 
portes,  fortifications,  etc. 

Comptes  de  M.  Thibaut  Birpt,  1525,  1526 

-\ 
La  recette  provenant  des  amandes,  revenus  patrimoniaux, 
ferme  du  pontage  et  pavage,  de  ceux  de   chenetelage   de 
quelques  parties  de  rentes. 

Les  deniers  ont  été  employés  en  présents  faiis  aux  Sei- 
gneurs qui  faisaient  leur  entrée  à  Dreux  et  autres  affaires  ne 
concernant  point  les  ouvrages  et  réparations. 


De  ces  comptes  a  été  extrait  ce  qui  suit  : 

Chasse  du  Maire 

Payé  à  Philippe  Caperon  la  somme  de  douzr  livres,  dix 
sols,  6  deniers  tournois  pour  les  frais  de  la  chasse  du  maire, 
faite  en  l'an  de  ce  présent  compte,  suivant  le  mandement  de 
M.  le  Maire,  du  20  mars  1525. 

Roi  DE  l'Arbalètre 

Au  Roi  des  Arbalétriers  et  compagnons  de  l'arbalêtre  de 
cette  Ville  de  Dreux  la  somme  de  soixante  sois  tournois. 


—  387  — 


Comptes  (le  M.  Pierre  Le  Meunirr  l ■'>:>!),  Iô:j(j,  I5.']l 

» 

La  recette  :  droits  sur  le  sel,  renne  Choquel. 

Les  deniers  ont  été  employés  à  achellcr  des  pierres  pour  la 
maison  de  Ville,  du  pavé  pour  paver  le  faubourg  S'-.Ioan,  le 
bois  de  charpente  pour  faire  le  comble  de  la  lanterne, 
achetter  l'ardoise,  la  latte,  pour  couvrii-  l.uliie  maison  de 
Ville  et  payer  les  ouvriers  et  pour  travailler  aux  cloches  de 
la  Ville,  etc. 

Du  compte  de  lo-W  a  été  extrait  :  Payé  à  Jean  Guérin, 
charpentier,  dO  sols  tournois  qui  lui  a  été  ordonnée  par  les 
Maire  et  pairs  de  la  Ville  pour  être  venu  de  Nonancourt  pour 
voir  et  visiter  la  besogne  qu'ils  entendoient  être  faite  sur  le 
Bed'roi  de  ladite  Ville  et  pour  en  marchander  avec  eux  le 
portrait  qu'il  leur  a  laissé. 


Lanterne  de  l'Hôtel  de  Ville 

AThomasBuchin.maitre  charpentier  des  œuvres  à  Chartres 
et  Malhuriii  de  la  Borde,  maitre  maçon  audit  lieu,  la  somme 
de  sr)i.\;i/ite-(fiiiiixe  sols  tournois,  qui  leur  a  été  ordonnée  par 
les  Maire  et  Pairs  de  cette  ville  de  Dreux,  pour  être  venus 
voir  et  visiter  l'édifice  et  lanterne  qiu'  entendoient  faire  les 
dits  pairs  sur  la  maison  de  Ville,  aussi  pour  voir  et  visiter  un 
pan  de  gresserie  nouvellement  construit  à  côté  du  pignon  de 
l'église  S'-Pierre  dudil  Dreux.  i)<)ur  convenir  (hi  marché 
(ludit  édilice  et  aviser  comment  on  pourra  réparer  le  dit 
pan. 

A  l'ierre  Allaiii,  cliaritenlier,  dix  sols  tournois  pour  avoir 
vaccpié  et  rapporter  par  ('crit  avec  deux  pourtrait  de  la 
charpeiiterie  de  la  maison  ilr  ladite  ^■ille. 


l'KlN     m      l'AVAOK 

A  David  Petit  el  a  son  (diiipa-iion.  pav  .m,  la  somme  rie 
six  livrrs,  (/iinirr  suis  poiii'  a\oii-  pa\é'  IJ:^  lois's  dr  |'avi-  au 
l'aul)ourg  S'-Jean,  an  prix  de  ■"/  s.    /'  '/.  /un-  tnisr. 


—  388  — 

Présent  au  Roi  de  Navarre  ' 

A  honorable  homme  Jean  Moinet,  la  somme  de  dix  livres 
tournois  pour  un  poinçon  de  vin,  lequel  a  été  présenté  et 
baillé  au  Roi  de  Navarre  passant  par  ladite  Ville  en  allant  à 
Alençon. 

Présent  a  la  Reine  de  Navarre 

A  Pierre  Le  Meunier,  la  somme  de  seize  sols  tournois  pour 
le  poisson  présenté  à  la  Reine  de  Navarre  passant  par  ladite 
Ville. 

DÉPENSES  DES  ARCHERS  DE  LA  GaRDE  DU  ROI 

A  la  veuve  Guillaume  Brochand,  dame  du  Plat  d'Etain, 
trente-cinq  sols  qui  ont  été  dépensés  en  sa  maison  et  hôtel- 
lerie par  les  archers  de  la  Garde  du  Roi,  notre  sire,  venus 
en  cette  Ville,  pour  vins,  foin  et  avoine  pour  la  provision 
dudit  Sire. 

Malades  de  la  Peste  en  153Q 

A  Antoine  Braulard,  chirurgien,  la  somme  de  quarente- 
deux  livres  pour  six  mois  à  subvenir,  soigner,  médicamenter 
et  panser  les  malades  de  peste  régnant  l'année  de  ce  compte 
en  la  Ville  de  Dreux. 

A  Allain  Vion  et  à  Lison,  à  chacun  quarente  sols  par  mois 
pour  leur  salaire  au  gouvernement  des  malades  de  peste. 

30  sols  pour  le  loyer  de  la  maison  et  jardin,  près  la  Porte- 
Neuve  2,  pour  y  mettre  et  loger  Etienne  Braulard,  chirurgien, 
pour  visiter  les  malades  de  la  peste. 

A  Catherine  Bassarde,  la  somme  do  cinii  sols  pour  coucher, 
héberger  et  fournir  de  linge  à  deux  petits  enfans  orphelins, 

'  Hciiii  11,  (rAil)i('t,  Roi  (le  Navarre,  Prince  dt:  Héai'ii,  Comte  de  Foix, 
acquil  les  duchés  d'Alciiçoii  cl  de  Hcrri  et  les  eoiiilés  d'Aniiagiiac  et  de  Rodez. 

Né  en  avril  1503,  il  épousa,  le  [\  jauvier  15;2(),  Marguerite  de  Valois,  sœur 
de  François  I»"",  dont  il  eut  Jeanne  dAlhret,  la  mère  de  Henri  IV,  et  mourut 
à  Pau,  le  25  mai  1555. 

2  Cette  me  s'appela  primitivement  rue  Neuve,  ensuite  vue  Povle-Neure,  à 
cause  de  l'une  des  portes  de  la  Ville  qui  se  Irouvait  à  son  extrémité  sur  la  Biaise. 

Par  déiiliératiiin  du  2(1  janvier  1X;î2,  le  Conseil  ninnieipal  décida  (|u'elle  |ii'en- 
drait  désormais  le  nom  'le  Senannont,  eu  mémoire  de  la  lamille  de  SéuarmonI, 
originaire  de  Dreux,  qui  a  donné  à  la  France  deux  célèbres  généraux. 


—  389  — 
mis  sUr  le  pavé,  pour  cause  de  la  mort  de  leur  mère,  morte 
de  la  peste. 

A  discrète  personne.  M.  Jean  Manger,  prêtre,  procureur  et 
proviseur  de,rHi»lel-Dicu  la  somme  de  ilix  livres  tournois 
pour  aider  ù  tiourir  les  pauvres  malades  de  peste  étant  de 
présent  en  la  maison  Dieu  des  Prés. 

Charpente  du  Beffroi  et  de  la  Lanterne 

Payé  il  Tiiomas  Le  Brécheu  dix  sols  pour  être  venu  de  la 
Ville  de  Chartres  en  celle  de  Dreux  afin  de  voir  et  visiter  le 
bois  (lu  lU-lli-di  étant  en  place  pour  le  besogner. 

A  .lean  Malles,  la  somme  de  i/unlrc  livres,  t/iiiii/.c  st)ls  en 
rabatant  sur  la  somme  de  t/iiiirnnlr-niif  livres  à  lui  promise 
pour  une  pièce  de  bois  par  lui  vendue  poiii-  la  Ville. 

A  Tliomas  Le  Brécheu,  maitre  des  cliarpciitiers  de  la  Ville 
de  Chartres,  la  somme  de  deux  cenl  viii(jl-i-in({  livres  tour- 
nois, il  laquelle  somme  il  auroit  composé  et  fait  marché  pour 
l'ouvrage  et  charpenterie.  tant  du  Bellroi  et  Hôtel  de  ladite 
\'illc  (le  Dieux  ({ue  pmu-  faire  la  lanterne  sur  icelui. 

A  Pierre  Gallois,  charpentier,  la  somme  de  viii/jl  livres 
tournois  pour  avoir  fourni  le  bois  de  la  lanterne  du  Belfroi, 
aussi  les  coyaux  qui  n'étoient  pas  à  son  premier  marché, 
ensemble  huil  iii('C(>s  i\e  l)ois  ])niir  faire  le  lîcll'rni  dii  lirniiloi'a 
la  grosse  cloche. 

A  Giles  Rogeard  ilou/.r  suis  pour  avoir  aiiiciK'  parcliarroy, 
depuis  la  foret  jusqu'à  cette  ville,  un  inillicr  deux  bottes  de 
lattes. 

Lattes  a  ardoises 

A  Guillaiiiiic  Ualcl  la  soiiiiin' de  ■'>/  sols  tournois  \)onv  n\()\V 
baillé  trois  niillicis  Iniiiaiis  de  laiics  ;i  ardoise  poiii'  la  \ille. 

Ardoises  pour  le  Beffroi 

A  Malry,  l'ardoisiei'.  ■')()  sols  tournois  pour  avoir  vacqué  ;i 
aller  ;i  Koiien  achelter  l'ardoise  pour  le  Bolfroi  et  l'avoir  mis 
à  point. 

A  Thomas  Delaitre,  pour  sei/.r  volages  :i  avoji-  amené  la 
dite  ardoise  depuis  le  (juai  jus(|u'au  dil  Helfroi. 


—  390  — 

Clodts  a  lattes  et  a  ardoises 

A  Jean  Mary  vingt-dciix  sols,  six  deniers  pour  quatre  milliers 
et  demi  de  clouts  à  lattes  et  à  ardoises  à  cinq  sols  le  millier. 

Cordages 

A  Guillaume  Thiennot,  cordier,  onze  sols,  six  deniers  pour 
neuf  livres  de  cordages  pour  servir  aux  ardoisierspour  écha- 
fauder  et  pour  monter  une  partie  du  bois  du  Beffroi. 

A  Michaux  Delisle,  six  livres,  deux  sols  tournois  pour  avoir 
baillé  cent  deux  livres  de  fer  en  œuvre  pour  pendre  et  mettre 
la  cloche  de  l'horloge  en  la  maison  de  Ville  et  une  bande  de 
fer  à  la  lucarne. 

Plomb  pour  la  Lanterne 

A  Michaux  Rancier  la  somme  deiniit  livres,  douze  sols  pour 
avoir  baillé  et  livré  cent  soixante-douze  livres  de  plomb 
neuf  en  tables  pour  employer  et  plomber  la  lanterne  du  Bef- 
froi, au  prix  de  douze  deniers  tournois  la  livré*. 

Voitures  de  pierres  de  Saint-Leu  et  ardoises  ' 

A  Gillet  Rogeard,  la  somme  de  soixante-onze  livres,  quinze 
sols  pour  i^5  tonneaux  de  pierres  S'-Leu  et  pour  avoir  amené 
trente  et  un  milliers  d'ardoises  de  Rouen  jusqu'au  quai  de  la 
Ville  vin/jl  livres,  dix  sols  tournois. 

Couverture  en  ardoises  du  Beffroi 

A  Mahy  Auger,  maître  couvreur  d'ardoise,  la  somme  de 
soixante-cincf  livres  tournois  pour  avoir  par  lui  couvert  et  mis 
en  état  le  Beff'roi  et  la  chambre  de  la  Ville  de  Dreux,  de  son 
métier  d'ardoisier. 

REGISTRE,  COTTE  5. 

Compte  de  M.  Thibaut  Chaillou  des  années  1532,  16S3,  1534, 

1535;  1530,  1537 

La  Recette.  — Droits  de  sel,  forme  de  Clioquet. 

Les  deniers  ont  été  emploj^és  à  la  plus  grande  partie  du 

'  Saint-Leu  d'Esséront,  canton  ne  Creil,  arrondissement  de  Senlis  (Oise). 


—  391  — 

plomb,  au  moins  trois  milliers  à  couvrir  la  lanterne  et  les 
lucarnes  de  la  maison  de  Ville,  à  payer  les  ouvriers,  le 
clou  à  ardoises,  les  bois  de  charpente  pour  les  planchers, 
les  bois  de  menuiserie  pour  les  croisées,  les  ouvriers 
qui  ont  placé  l'horloge,  à  la  dépense  des  écluses  qui  ont  été 
faites  pour  retenir  les  eaux,  à  récurer  et  nétoyer  les  fossés, 
paver  le  faubourg  S'-Denis,  à  achetter  des  arquebuses  et  de 
la  poudre  à  canon  et  autres  nécessités,  etc.,  etc. 

Plomb 

Du  compte  de  la  première  année  1532  est  extrait  : 

Payé  à  Michel  Rancier  quatre  livres,  six  sols  pour  avoir 

fourni  80  livres  de  plomb  pour  aider  à  couvrir  partie  des 

lucarnes  de  la  cour  carrée. 

Maçons 

A  Robert  Marchand  vinrji  sols  pour  huit  journées  de  beso- 
gne qu'il  a  baillées  à  aider  à  faire  la  cheminée  de  ladite  tour. 

Ardoises 

A  Gillet  Rogeard,  marchand  à  Dreux,  la  somme  de  neuf 
viiKjt-six  livres  tournois  pour  31  milliers  d'ardoise  au  prix  de 
<)  liv.  chin/ue  millier  qu'il  a  fournies  et  baillées  pour  être 
employées  à  couvrir  ladite  tour  carrée. 

A  Matry  Auger,  maître  couvreur  d'ardoises  et  autres  per- 
sonnes, la  somme  de  vingt-neul'  livres,  dix-neul'  sols  tournois 
de  convention  faite  avec  lui  pour  monter,  rasseoire  la  fer- 
raille et  banvole  qui  ont  été  mises  et  rassises  sur  ladite  lan- 
terne. 

Fer 

A  Michaux  Delisle,  pour  200  de  fer  mis  en  œuvre  et 
employés  esdites  Banvole  dix  livres,  seize  sols,  huit  deniers. 

Menuiserie 

A  Jean  Papin,  menuisier,  cent  sols  pour  avoir  fait  le  lam- 
brissage  et  plancher  et  mis  une  huye  au  coupeau  de  ladite 
tour. 


—  392  — 

Ban  VOLE 

A  Jean  Coiidray,  <iuarenle-c,iii(j  sols  pour  la  façon  de  la 
bannière  et  banvole  mise  sur  la  lanterne  de  ladite  tour. 

Peinture  de  la  Banvole 

A  Jean  Michel,  peintre,  quatre  livres  dix  sols  pour  la  façon 
et  peinture  de  deux  écussons  d'armoiries.  Tune  de  l'armoirie 
de  TEcu  et  Tautre  de  l'armoirie  de  la  Ville. 

Cloche  du  Tocsin 

A  Michaux  de  Lisle,  serrurier,  neuf  livres  tournois  pour 
vingt-neuf  livres  de  fer  en  œuvre  pour  ferrer  et  enhuner  la 
cloche  du  tocsin  séant  en  ladite  tour  carrée. 

A  Jacques  Lefèvre,  tailleur  dïmages,  douze  livres  tournois 
pour  avoir  par  lui  taillé  et  fait  de  son  métier  trois  effigies 
des  trois  vertus  lesquelles  ont  été  mises  et  apposées  sur  la 
porte  principale  entrée  de  ladite  tour  carrée. 

A  Jean  Guérin,  marchand  de  bois,  .s7A'  lîyres  quatre  sols 
tournois  pour  avoir  par  lui  fourni  et  livré  deuî? grosses  pièces 
de  bois  oii  est  suspendu  le  tocsin. 

A  Gilles  Gallois  Iniit  livres  tournois  pour  avoir  par  lui  des- 
sendu  le  tocsin,  icelui  rehuné  et  rependu  et  fourni  gens  pour 
le  faire. 

Compte  de  la  deuxième  année  1533 

Plomb  pour  les  lucarnes 

Payé  à  Jean la  somme  de  23  liv.,  3  sols,  0  den.  pour 

avoir  l)aill(>  et  livré  523  liv.  de  plomb  en  table  pour  faire  la 
terasse  dos  lucarnes  de  ladite  tour.  Il  a  été  fourni  encore  une 
autre  fois  100  liv.  de  plomb  et  une  autre  fois  204  liv.  1/2. 

Bois 

A  Matry  Poignant  la  somme  de  huit  livres,  ipiinze  sols  pour 
25  solleaux  à  mettre  aux  planches  de  la  tour  carrée,  plus 
quatre  livres,  dix-huit  sols  pour  quatorze  solleaux,  plus  quatre 
livres,  quatre  sols  pour  douze  solleaux. 


—  308  — 


Menuiserie 


A  Papin.  iiienuisier,  viin/l  sols  pour  avoir  moulé  huit  sol- 
k'iiux  pour  illettré  aux  plauchos,  plus  viiKjt-scjjt  sols,  six 
deniers  pour  avoir  moulé  onxo  sollonux. 

HOKLOGE 

A  Blaïuliel  Muraiid ,  liorloycM',  liciiieuraul  à  Paris,  la 
somme   de   seize  livres  pour  avoir  réparé  et   mis  en  état 

l'horlog-e. 

Bois 

A  Guillaume  Ménestrel  (/naraiile  sols,  six  (Jonicrs  pour 
(fii;itrc  luises  rf  demie  de  bois  qu'il  a  baillées  pour  éclialauder 
l'horloge. 

Cadran  iie  i/IIorloge 

A  Louis  Lesourd,  étaniier,  vingt -se}il  sols,  six  deniers  pour 
avoir  mis  en  état  le  cadran  de  l'horloge, 

A  Clément  Métezeau,  maitre  maçon,  sept  sols,  six  deniers 
pour  une  journée  et  demie  omi»loyée  ii  percer  et  faire  un 
trou  pour  passer  les  contrepoids  de  la  dite  horloge  en  la 
voûte  de  ladite  tour  carrée. 

Cadran 

A  Guillaume  Gueronet,  peintre  à  Dreux,  cent  dix  sols  pour 
avoir  peint  et  étoffé  le  cadran  de  ladite  horloge. 

A  Blancliet  Morand,  horloger,  sept  livers  poiir.ivoir  dressé 
et  rétabli  au  cadran  les  mouvcmens  de  la  hune  étant  audit 
cadran  et  autres  choses  \  nécessaires. 


Compte  de  la  troisième  année  lôSi 

Charpentier 

Payé'  il  Pierre  All.iin.  ni;iiti<'  rli.ii-jienticr  ;i  I)i'(M1X.  la 
soiiimc  de  iiriil'  \  lin/l  ll\  i-rs  luiifiiiiis.  a  lui  duc  |iarfiiiiveiilii>ii 
et  accord  l'ait  avec  lui  jiar  les  Maiic  ci  [lairs  de  la  \  illc.  jMuir 
avoir   lait    la  charpcntcric  d«'s  niaisiais  cl  cdun  crliires  «les 

T.  XII,  M.  'iii 


—  :V.)4  — 

tours  et  tourelles  do  la  porte  Parisis  et  pour  avoir  fourni  Umi 
le  bois  de  ladite  charpenterie,  icelle  levée,  dressée  et  ren- 
due prête  de  son  métier  à  son  propre  coût  et  dépenses. 

Ardoises 

A  Gillet  Rogeard  la  somme  do  ceni  naïf  livn-s,  t/iinlre  sols 
tournois  pour  avoir  par  lui  l'ourni,  rendu,  baillé  et  livré  sur 
le  quai  dudit  Dreux,  dix-sept  milliers  six  cents  d'ardoises  à 
six  livres,  cinq  sols  le  millier  qui  ont  été  employées  à  couvrir 
ladite  charpenterie  des  tours  et  tourelles. 

Plomb 

A  Thibaut  Lecourt,  soixantc-si'j/t  sols  pour  84  liv.  de  plomb 
mis  sur  la  lucarne  de  la  porte  Parisis. 

VOUTE  DE  LA  PORTE  PARISIS 

A  Pierre  Le  Guai  et  Denis  Frichct,  maçons  à  Dreux,  la 
somme  de  six  livres,  six  sols  à  rabattre  sur  les  six  livres 
tournois,  pour  le  marché  et  convention  faite  à  eux  de  faire 
de  leur  état  la  voûte  de  la  porte  Parisis. 

Couverture  de  ladite  Porte  Parisis 

A  Guillaume  Auger,  maître  couvreur  d'ardoises,  la  somme 
de  qu;irente-(I('iix  livrrs,  cinij  sols  à  lui  due  par  convention  et 
accord  fait  avec  lui  pour  avoir  couvert  d'ardoise  la  porte  et 
tourelle  de  la  porte  Parisis  et  i)()ur  la  plomberie  faite  aux 
lucarnes. 

A  Jean  Martin  et  autres  à  chacun  cinn  sols  pour  avoir 
vacqué  deux  journées  ensemblement  à  ôter  et  vuider  les 
pierres  étant  dedans  le  quai  ;  lesquelles  pierres  ont  été 
employées  à  faire  édifier  le  pont  des  caves. 


(loni})le  ffualrirnii'  année  1535 

Pavés 

Payé  à  Jean  Ives  et  Jean  Rousseau,  demeurants  à  S^-Mar 
tin-do-Nigelle,  la  somme  de  '.l'i  liv.  0  sols  /ournnis\)om'  avoir 


—  :105  — 
fourni  11,350  pavé.s  ixS  ]i\.  h-  mille  et  pour  2(i  uiarclies  de 
[tierres  on  {jrrès  qui  ont  été  employées  à  faire  la  montée  de  la 
porte  Parisis. 

•  Pavage 

A  Noël  Vahni.  paveui",  la  somme  «le  sitixuiiU'-dix  suis  pour 
2()  toi.ses  de  pavés  qu'il  a  faites  au  faubourg  S'-Jean  à  •'/  sols, 
6  deniers  par  toise. 

Compte  cinquième  année  lôSO 

Curage  des  Fossés 

Payé  à  Tliibaud  Hiti'ot,  Jean  Piiou  et  (iuillaume  Fouland. 
conducteurs  des  manœuvres  ordonnées  par  MM.  les  Maire, 
pairs  et  procureur  sindic  de  la  \'ille  ii  curer  les  fossés  étant 
à  Tentour  d'icelle  pour  la  munition,  fortilication  et  édifice  de 
la  \'illi'.  la  somme  de  i:28  liv.  pour  le  payement  de  250 
hommes  pauvres  et  maneuvres  qui  auroient  travaillé  à  curer 
les  dits  fossés  pour  cinq  jours  entiers  au  prix  de  deux  sols 
foiirnois  par  jour  compris  le  salaire  des  dit:<  conducteurs. 
Aux  mêmes  ini  liv.  1^  s.  pour  250  h. 

Id.       six  vini/t-sejjt  livi'es  pour  250  h. 

1(1.  /'/.  pour  250  h. 

Id.       •>/  liv.  7  s.  pour  plusieurs. 

1.1.       f!<>  liv.  1(1. 

1(1.       un  liv.  pour  221. 

ARQrEliUSES 

A  ('té  acheté,  en  cette  année  là  soixante   arcpiebuses   au 

UKtins  ;i  -V.)  sols  des  nommés  .lean   Paris  et  Henr\' de 

Blevy  et   en\  irons  une  douzaine    de  crochets  ;'i  -î  liv.  10  s. 
pièce. 

(Joni/ile  sixiriiii'  .innée  l''>S7 . 

Pavés 

Payé  à  George!  Beaugrand  la  somme  de  yinijl  livres,  t/uutre 
sols  tournois  poui"  deux  ndllc  ciiKi  ccnl  a  ingt-six  paves. 


—  :î90  — 

À  Jean  Allais,  28  Jiv.  4  s.  tournois  pour  3.525. 

A  Colas  Foulon  li  liv.  11  s.  tournois  pour  dix-huit  cent  et 
quarteron  et  demi. 

Plus  32  liv.  12  s.  pour  4,450. 

Plus  il  liv.  i  s.  pour  5.100. 

Plus  il  liv.  pour  5.125. 

Plus  S8  liv.  4  s.  pour  4.150, 
employés  dans  le  faubourg  Saint-Denis  et  ailleurs. 

Refonte  de  la  Cloche  du  Tocsin,  168  liv.  15  s. 

Payé  à  Jean  Prudhomme,  marchand  fondeur  de  cloches, 
demeurant  à  Mantes-sur-Seino,  la  somme  de  21  sols  tournois 
pour  sa  peine,  salaire  et  vacation  d'être  venu  exprès  pour 
aviser  et  amener  avec  lui  un  nommé  M^  Jean  Le  Royer, 
aussi  fondeur  de  cloches,  du  prix  de  la  fonte  et  refaçon  du 
tocsin  de  la  Ville  qui  avoit  été  cassé  de  nouvel. 

A  Jean  Le  Royer,  maitre  fondeur,  la  somme  de  huit  vingt- 
huit  livres,  quinze  sols  tournois  en  deux  parties> savoir  :  pour 
le  prix  et  convention  faite  avec  lui  d'avoir  refomlu  et  refait 
à  son  déchet  coût  et  dépense,  le  tocsin  delà  Ville,  la  somme 

de 90  liv.   »  s. 

et  pour  450  liv.  de  métal  qu'il  auroit  fournies 
et  employées  pour  grossir  et  augmenter  ledit 
tocsin 78       15 


108  liv.  15  s. 


Pour  deux  grosses  cordes  à  sonner  ledit  tocsin  vingt-trois 
sols,  trois  deniers. 

A  Michaux  Delisle,  serrurier,  la  somme  de  dix  livres  pour 
avoir  fourni  et  enhuné  ledit  tocsin,  icelui  monté  au  haut  de 
ladite  tour  carrée  et  rendue  prête  à  sonner  en  branle,  le 
tout  à  ses  coût  et  dépens. 

Menuisier 

A  Jean  Papin,  menuisier,  la  somme  de  dix  livres  prix  et 
convention  faits  avec  lui  pour  avoir  fait  et  fourni  le  bois  des 
fenêtres  et  châssis  de  l'une  des  croisées  de  la  première 
chambre  haute  de  la  tour  carrée  de  la  Ville. 


—  307  — 

Piques  et  Hallebardes 

A  Joîiii  Pi<iuet.  arlillour.  la  somniu  tle  lu  livri's.  Kf  sols 
pdiir  la*  lacoii  de  2S  Tiits  de  pifiiies  et  sept  vintri  quatorze 
autres  fûts,  tant  demies  piques.  Javelines  que  hallebardes  et 
six  livres  pour  la  raç<ju  de  six  cents  garrots  d'anionition, 
pour  la  défense  et  fortilication  de  la  Ville. 


(^onijilcs  (le  M.  lie  Sniiif-Thomas 

Pavage  du  Faubourg  Saint-Tiiibaud,  Rue  Évkciik 
et  Grande  Rue 

Dans  les  comptes  de  M.  do  S'-Thomas,  des  années  15:38  et 
1530  icelui  de  1539  ne  se  trouvant  pas)  dont  la  recette  con- 
siste dans  le  produit  du  droit  du  sol  et  celui  de  la  forme  de 
Choquot,  on  voit  que  les  deniers  ont  été  employés  la  plus 
Jurande  partie  à  payer  le  pavé  pour  le  faul)oury:  S'-Thil)aud, 
pris  à  Brissac'  et  à  Servillo -,  ;i  A'  llv.  lo  KHX)  et  II'  s.  de 
voiture,  à  paver  la  rue  Evèché  ■'  et  la  Grande  Rue  et  le  surplus 
des  deniers  à  autres  affaires  nécessaires. 

Kxiriiil  lie  ces  Comptes 

l'ayt'  à  Jean  Chamans,  six  livres,  quatre  sols  tournois  pour 
775  pavés. 

A  Pierre  LeFevre,de  Brissac,  sejil  livres,  dix  sols  tournois 
pour  037  jiavés. 

A  Jean  Lo  Fovre  dudil  lieu,   tl   In.   Ki  s.  pour  1  175  pavés. 

A  Pierre  Le  Fevr<'.  'V  liv.  pour  niillo  pavé's. 

'  Brissard,  liamt'iui  ilc  la  Cdiiiiiniin-  irAlioiidanl,  lanlmi  (l'Aiiet.  à  7  kiliii. 
tic  Dreux. 

-  Servillt',  coininiiiii'  ilii  caiitoii  d'Am-t,  à  1 1  kilin.  de  liiriix. 

■'  OUr  nie,  i|iii  s'ainii-lail  priiiiilivi'iiiciit   rue  iln   l'iiis  de  lu  ClieMi-    .<  ..i.i-. 

d"iiii  piiils  à  llciir  dt:  Icirc  (|iii  s'y  tnnivail  ri  d'i ihaiiic  de  Icr (|uc  Ion  tnidail 

Ir  soir,  ajifès  le  ((iiivre-fi'ii,  a  rliaqiic  t-xlirmili'  de  ladite  me,  |iiiiir  en  iiilrne|iter 

le  passai^e,  prit  ensuite  le  nom  de  rue  lùrsclir  ru   r>!-""   d'in...  Ii  iIhI  iimr \ 

|iiissédail  rKvèiiiie  de  (lliaities. 

Le  niiin  dr  Luflenii  i\\\'r\U-  |inrlr  aujuurd'lnii  <'^l  ulin  tlu  niciiri'  iNr,|iii  .i. 
«ira.sse  et  Verne,  premier  tauleml  de  l'Académie  Kram.uise,  né  à  Preux  en  ItlU.'». 


)08 


>> 


A  Pierre  BrëaiiL  /  Hv.  pour  500  pavés. 

A  Blanchct  Aiigibout,  de  Serville,  8  liv.  02  s.  pour  1075. 

Pavage 

Payé  à  Noël  Valou,  paveur,  (jiinlrc  livres,  seize  sols  tour- 
nois pour  24  toises  de  pavé  mis  et  assis  en  la  rue  S'-Thibaud 
à  un  carrefour  devant  la  maison  ou  pend  pour  enseigne 
l'image  S'-Crépin,  du  côté  de  la  rivierre  tirant  sur  le  pont 
devant  la  maison  et  tannerie  de  Pierre  Touzet,  ii  f/un/re  sols 
la  toise. 

Cloche  du  Tocsin 

Payé  à  François  Cochet,  charpentier,  vin;//  sols  lonnwis 
pour  quatre  jours  qu'il  auroit  vacqué  et  besogné  à  dessendre 
la  grosse  cloche  ou  tocsin  de  la  Ville,  icelle  dehunée,  retail- 
ler la  hune,  et  après  l'auroit  enhunée,  pour  la  faire  battre 
en  autre  sens  qu'elle  ne  faisoit  au  précédent,  parce  qu'il  y 
avoit  une  paille  à  l'endroit  où  elle  battoit.  ^ 

Au  Compte  de  lu 40 

Payé  à  Guillaume  et  Jean  Les  Cornets,  charpentiers,  cent 
huit  sols  tournois  pour  neuf  toises  d'ais  à  faire  un  plancher 
sur  les  grosses  poutres  qui  sont  en  la  grosse  tour  carrée,  les- 
quelles poutres  portent  et  soutiennent  le  befïroy  de  bois  où 
est  assis  et  pendu  la  grosse  cloche  et  tocsin  de  la  dite  Ville, 
iceux  ais  là  mis  pour  aller  et  tourner  autour  du  tocsin. 

(Comptes  de  M.  deun  Barbier 

Dans  les  comptes  de  M.  Jean  Barbier,  des  années  1541, 
1542.  La  recette  a  été  faite  de  la  ferme  de  Choquet  et  les 
deniers  ont  été  employés  la  plus  grande  partie  aux  répara- 
tions des  murs  de  la  Ville,  aux  i)ortcs  et  ponts  et  à  faire  le 
pavage  de  la  rue  des  Caves,  et  le  surplus  à  construire  la  Cha- 
pelle des  Ecoles,  à  présent  la  chapelle  du  Collège  ' . 

'  Elle  était  située  à  ranti;le  des  rues  d'Orléans  et  Clienevotte.  On  voit  en- 
core dans  cette  dernière  rue  les  nervures  d'une  grande  i'enrtre  plein-dntre  de 
l'abside. 


—  300  — 


Comjjti-  (Ir   l't  il 


Chapelle  m  Collège 


Voyez  cy  après  compte  de  M.  Antoine  IMiiiiicr.  Registre 
Cotte  Oe.  Compte  im- 
payé tiJcaii  Yves,  pour  'M  quartiers  degrés  qu'il  a  baillés 
et  fournis  pour  emjjloyer  ii  la  Chapelle  commencée  à  ('diiier 
près  les  Ecoles. 

A  Robert  Rivier,  (/mu-ciitc-iicul'  sois,  six  deniers  jiour  dix- 
huit  banneaux  de  pierre,  partie  employée  à  faire  des  murs, 
près  les  ponts  de  la  Porte  Neuve,  et  l'autre  partie  à  la  Cha- 
pelle des  écoles,  iiour  b.'iiir  icelle. 

Pierres  de  Salnt-Leu 

Payé  à  Mathurin  Ouérin,  dit  Tratlielin.  marchand  voiiu- 
rier  par  la  livierre  d'Eure,  la  somme  de  scixc  sols  tournois 
pour  huit  tonneaux  de  pierre  S'-Leu,  par  lui  bailh's  et  livrés 
au  lieu  de  Fermincourt,  sur  la  dite  rivière  d'Eure,  pour 
employer  à  la  construction  de  la  chapelle  des  Ecoles. 

Chaux 

Payé  à  Jean-Thomas,  chauxerre,  demeurant  à  Fermin- 
court, la  somme  de  i/unirc  livi-rs,  six  sols,  (/mitre  deniers 
loni-iiois  [tour  vingt-trois  septiei's  de  chaux  jiar  lui  l)aillés  et 
tournis  pour  employer  à  la  construction  et  édilication  de  la 
(•hai)elle  prochaine  des  écoles  de  cette  ville. 

Payé  à  Jean 'Le  Beau,  menuisier,  imiir  liois.  par  lui  fijunii 

|iiini'  l'aire  les  liiolljes  (les  vilres  de  la  dite  cliapelli'. 

.\  Jean  Cornet,  charpentier,  six  sols  tournois  pour  avoir 
l'ait  le  ceiiifre  ikmii-  eiitrei'  les  \  ilres  (le  la  chapelle. 

(Jonipies  do  M.  ,/;ici/nrs  Miissurd 

I)ans  les  ((iiiiples  de  M.  Ja((iues  Muss.ird,  des  années  1."»I7, 
l.")i8,  1510,  1Ô.")0.  1551,  la  recette  a  été  faite  de  la  ferme  du 
Choquet  et  des  patrimoniaux  de  1550  et  1551. 


—  400  — 

Subvention  de  Guerre  de  2600  livres 

Les  deniers  ont  été  employés  une  partie  à  payer  les  deux 
mille  six  cents  livres  demandées  par  le  Roi,  pour  partie  des 
1,200,000  livres  que  les  villes  closes  dévoient  fournir  pour  la 
solde  de  50,000  hommes  de  pied,  levés  en  la  présente  année 
et  l'autre  partie  employée  à  payer  les  pavages  du  faubourg 
S'-Jean,  la  rue  Parisis,  le  faubourg  du  Yalgelé  et  autres 
dépenses. 

Au  Compte  do  1651   est  dit  : 

Convoi  de  M""*  la  duchesse  de  Nevers  ' 

Le  vendrcdy  huit  novembre  1547  a  été  député  par  assem- 
blée du  Conseil  de  la  Ville  six  du  nombre  dudit  Conseil, 
accompagnés  de  deux  hommes,  tous  en  habit  de  deuil,  pour 
aller  au  convoi,  recevoir  le  corps  de  Madame  la  Duchesse  de 
Nevers,  Comtesse  de  Dreux.  -- 

Comptes  de  M.  Jean  de  Sainf-Alhin 

Dans  les  comptes  de  M.  Jean  de  S'-Albin,  curateur  de  Thi- 
bault de  S'-Aulbin,  des  années  1550,  1551,  1552,  1553  et  1554, 
la  recette  a  été  faite  de  la  ferme  du  Choquet  et  des  droits 
sur  le  sel.  Les  deniers  ont  été  employés  aux  réparations  des 
ponts  et  portes  de  la  Ville,  à  l'arche  de  la  Canette  et  autres 
affaires  de  la  Ville. 

Comptes  de  M.  Pierre  C haillon 

Dans  les  comptes  de  M.  Pierre  Chaillou.  année  1554, 
recette  des  deniers  des  Patrimoniaux,  on  lit  : 

'  -Marie  d'Albret,  couilessc  tic  Dreux  et  de  Rctlid,  dame  d'Orval  el  de 
Boisbelle,  fille  el  liéritière  de  Jean  (fAlbret  et  de  Charlotte  di;  Bourgogne,  fut 
mariée  le  25  janvier  ir)Oi  à  Charles  de  Clèves,  comte  puis  duc  de  NencVs. 

De  la  Plane  cite  un  auteur  latin,  originaire  de  Dreux,  qui  vivait  de  son  temps, 
rapportant  que  celte  princesse  était  d'un  mérite  au-dessus  de  toute  expression, 
qu'elle  aimait  fort  les  Druides,  et  qu'elle  fit  au  château  des  comtes,  au  donjon  et 
aux  hàtiments  qui  les  joignaient  des  réparations  considéral)les. 

Elle  avait  marié,  en  1538,  son  fils  François  de  Clèves  avec  Marguerite  de 
Bourbon,  fille  de  Charles  de  Bourbon,  duc  de  Vendôme,  et  de  Françoise'd'Alençon 
auquel  elle  laissa  par  sa  mort  le  comté  de  Dreux. 


-  1(11  — 

Jettons  donnés  aux  quarante 

A  Messieurs  les  quarente  Echevins  et  ^'ens  du  Conseil  de 
ladite  Vill(i  pour  leurs  gages  ordinaires,  d'assister  audit 
Conseil,'a  été  payé  à  chacun  un  jett(jn  valant  ow/o  sols,  i/iintrn 

liniii-rs  foiiriiois.  qui  fci-oit  potir  1<)ns  les  quarento  jottons 

RÉJOUISSANCES  A  LA  FÊTE  SaINT-FIERRE 

l^uyé  la  sunuiic  de  sci/r  sols  pm-isis  pour  aclial  île  crème 
l'raises,  cerises,  pain  et  vin  et  autres  choses  portées  le  lende- 
main do  la  léte  de  Monsieur  S'-Pierre,  sous  l'orme  de  l'église 
Monsieur  S'-.Iean  en  la  plaigne  les  Druides  ',  pour  donner  aux 
lilles  et  femmes  de  cette  ville,  comme  il  est  accoutumé  de  faire. 

A  certains  menestriers  et  joueurs  pour  avoir  par  eux  joué 
de  leurs  instrumens  durant  la  fête  S'-Pierre,  patron  de  lad. 
ville,  il  a  été  payé  soixinih'-qnimi,'  sols  tournois. 

REGISTRE,  COTTE  6°"^ 

Complos  (le  M.  Antoine  Prunier 

Dans  les  comptes  de  M.  Antoine  Prunier  des  années  155G, 
1557,  1558,  1551),  I5<»(),  1501.  1502.  La  recette  a  été  faite  de  la 
ferme  de  Choquet  et  des  droits  sur  le  sel. 

Les  deniers  des  cinq  premiers  comptes  ont  ét(''  employés 
auN.  réparations  des  ponts,  murailles,  fossés,  pavages,  curage 
de  la  Commune,  aux  ceintres  et  aux  vouttes  des  onze  tou- 
relles attachées  aux  murs  de  la  Ville  et  autres  nécessités  de 
la  Ville. 

15C)I .  —  Grosse  Cloche  cessée  et  refondue 
Les  deniers  du  O"  compte,    employés  en    partie    [lour  la 

'  L'f'iilisc  S:iiiil-.l"'aii,  m-ihIui'  romiiic  liifii  niiliuii.il  i-ii  ITiK!  cl  drlniiti'  ni 
ITIH),  SI'  liouvail  dans  raiiiilf  fnriiié  |tar  la  l'i'iiciiiitrc  <li's  nn's  Saiiil-Ji'aii  <'l  des 
Oaputiiis. 

Di'  fondation  inmiiiHir,  m  I  IT'i  rllc  riait  >iiriiirsalc  de  Tt-glisr  Saiiit-Pit'm'; 
agrandit-  de  nidlir  l'ii  I.MJT.  rllc.  soiilVril  licau(iiu|i  di's  deux  siestes  iiiic  la  ville 
de  hiciix  cul  à  sii|i|Miilcr  en  l.'i'.Ml  et  I.V.i;!.  cl  ne  t'iil  éii;;ée  en  |Kii'(iisse  (jiieii 
Hili'.l.  O'csl  dans  eeUe  étîlise  que  la  CoiilVérie  de  la  Cliarilé  de  Dreux  avait  sa 
rliapelle. 

il  ne  icvic  plus  .iiijiinid'lini  i|iie  des  (lr|iii>  iiisii^iiifiaiils  iruii  pilier  du  i  luelier. 
C'est  la  chaire  de  >aiiil-Jeaii  (|ui  est  dans  la  iief  de  Saiiit-l'ierre. 


—    102  — 

grosse  cloche  qui  auroit  été  cassée  et  refondue  et  augmentée, 
qui  est  celle  cVaujourd'hui,  et  ceux  du  ?•=  compte  employés  à 
fortider  la  ville  et  les  forteresses  pour  soutenir  contre  les 
ennemis  huguenots  contre  lesquels  la  bataille  de  Dreux  a 
été  gagnée  en  1562. 

Au  5«  Compte  1560  est  dit  : 

Payé  à  Antoine  Godeau  et  Alexandre  Prunier  //////  livj-es, 
neuf  sols  tournois  pour  avoir  fourni  et  baillé  le  bois  (pi  il  a 
convenu  pour  faire  les  ceintres  des  onze  tourelles  étant  es 
murs  de  la  Ville  et  pour  faire  le  plancher  pour  la  voûte. 

A  la  fabrique  de  Monsieur  S*-Pierre,  la  somme  de  cent  un 
sols,  trois  deniers  pour  vingt-sept  banneaux  de  pierres  pour 
employer  à  voûter  trois  des  dites  tourelles. 

Payé  à  Jacques  Seigneury,  chauchere  de ,  la  somme  de 

dix-sejit  livres,  dix  sols  tournois  pour  sept  muids  de  chaux 
pour  emploj'er  à  voûter  huit  des  tourelles  étant  es-murs  de 
la  Ville,  etc. 

Tourelles  ^ 

Suivant  les  articles  dudit  compte,  il  parroit  que  les  tou- 
relles de  la  Ville  ont  été  achevées  de  faire  et  de  voûter. 


Au  compte  6*^  de  l'année  1561  on  voit  que  : 

Grosse  Cloche 

Par  ordonnance  faite  en  la  chambre  de  la  Ville  de  Dreux, 
le  28  septembre  1561,  signée  Harel,il  auroit  dit  que  la  grosse 
cloche  étant  en  la  tour  carrée  et  maison  de  ladite  Ville, 
appelée  le  tocsin,  seroit  refondue  pour  autant  été  cassé  pour 
servir  tant  pour  les  affaires  du  Roi  de  notre  sire  et  faire 
les pour  les  baux  et  fermes  du  dit  Sire  que  pour  com- 
munes et  affaires  de  la  Ville  et  que  les  deniers  qui  convien- 
droient  pour  ce  faire  seroit  baillés  et  délivrés  par  ledit 
Comptable,  et  alloués  en  son  compte  comme  plus  amplement 
est  porté  et  contenu  par  ladite  ordonnance. 

MOTT.E  DE  LA  GROSSE   CLOCHE 

Suivant  laquelle  ledit  comptable  auroit,  le  22  octobre  1561, 


—    iii:î  — 

payé  ([iiinzi'  sols  lournois  pour  deux  hommes  auxquels  on 
auroit  marchandé  pour  faire  la  fosse  pour  faire  le  moule  de 
ladite  cloche. 

Payé  il  Jacques  Marie  pour  carreau  de  liois  de  poirier  pnur 
faire  la  pjanc'lie  a  laire  le  <lil  moule,  dix  sols  tournois. 

A  Jean  Dejarsaj-,  menuisier,  pour  avoir  plané  le  dit  car- 
reau,  i/ii;ilrr  sols  lournois. 

A  Thibault  Chaillou.  \iii(/(-si.v sols  tournois  pour  deux  cents 
de  chaume. 

Lattes 

A  la  veuve  De  laCenserie,  pour  une  botte  de  i.rrandes  lattes 
et  une  botte  de  petites  lattes,  i/untro  sols,  huit  ilaiicrs. 

Clodts 

A  la  veuve  Jean  Marrais,  pour  deux  cents  declouts  à  lattes 
et  douts  emidoyés  ;i  faire  une  couverture  sur  la  fosse  du 
moule  de  ladite  cloche,  doux  sols,  </ii;ilrr  deniers. 

A  la  même  trois  sols  tournois  pour  un  ([uarteron  de  clouts 
de  quarente  pour  clouer  le  calibre  en  planche  du  moule  de 
ladite  cloche. 

Briques 

Au  Commissaire  de  l'Hotel-Dieu  vin;/t-huit  sols,  six  driiiers 
tournois  pour  trois  cents  de  grosses  t)ri(pies  employées  audit 
moule. 

Charbon 

A  Jean  Perricr,  trente-sept  sols,  six  i/f'niers])oui-  ciiKi  poin- 
çons de  chari)on  employés  k  faire  sécher  ledit  moule  et  cinij 
poinçons  de  sablon  Irru/f-i/rux  sols,  six  deniers. 

A  Thibaut,  i'runier.  ipour  neuf  livivs  de  bouri'e  à  poil  six 
sols  tournois. 

«'IIANVKK 

A  la  veuve  Matiy.  Mailre-.Iean,  pour  (piatre  li\res  di» 
chanvre,  //'///  sols. 

Briques 

\  l'asquier  Delailre,  thuilier,  \  lin/l-hiiil  sols  lournois  pour 
sept  cent  de  briques  employées  à  faire  le  moule. 


—  404  — 

A  Thomas  Robert,  maçon,  et  Thibaut  Moreau,  maneuvre  la 
somme  de  seize  livras,  quatre  sols,  Irais  deniers  tournois  pour 
avoir  vacqué  et  besogné  de  leur  état  plusieurs  journées  à 
ôter  les  vitres  de  l'une  des  croisées  de  ladite  maison  de  Ville 
et  à  croître  le  trait  pour  passer  la  dite  cloche. 

3213  LIVRES   1/2  MÉTAL 
500  LH-RES   ÊTAIN   POUR  AUGMENTER  LA   CLOCHE 

A  Sire  Pierre  Fauteuil,  marchand  de  métal  demeurant  à 
Paris,  la  somme  de  sept  mil  viuf/l  deux  livres,  quatorze  sols, 
trois  deniers  tournois  pour  avoir  par  lui  fourni  à  ladite  Ville 
trois  milliers,  deux  eenis  treize  livres  et  drinir  de  nudid  em- 
ployées à  ladite  cloche. 

Au  même  trente  quatre  livres,  deux  sols,  six  deniers  tournois, 
pour  le  nombre  de  cinq  cents  livres  d'étaim  pour  atïiiier  le 
dit  métal. 

Frais  de  transport  de  Paris  a  Dreux 

A  été  payé  par  ledit  comptable  la  somnTc  do  cinquante  six 
livres,  doux  sols,  six  deniers  tournois  k  plusfburs  charretiers 
qui  ont  amené  et  voiture  ledit  métal  depuis  Paris  jusqu'à 
Dreux. 

Fonte  de  la  Cloche 

A  M.  Charles  de  la  Boutique',  Maitre  fondeur,  la  somme  de 
l.llP^  x' tournois  qui  lui  étoient  dus  pour  avoir  pour  lui 
fondu  par  doux  fois  ladite  cloche  comme  est  porté  par  sa 
quittance  passée  par  devant  Michel  Delaplanne,  tabellion,  le 
XXJe  jour  de  novembre  1501. 

A  Guillaume  et  Jean  Les  Cornets,  charpentiers,  la  somme 
de  trente  livres  tournois  pour  avoir  par  eux  mené  la  cloche 
(le  la  dite  Ville,  du  lieu  ou  elle  avoit  été  fondue  jusqu'à  la 
maison  de  ladite  Ville,  iccllc  montée  et  enhuné. 

Cordes  pour  la  Cloche 

A  Klionne  Touruadc  la  soinuie  do  drux  cent  deux  sols  pour 
deux  cordes  par  lui  fournies  de  son  métier  de  cordier,  pour 
sonner  la  dite  cloche. 

'  Il  faut  lire  (le  la  Boutick'. 


—    105  — 

Observations  sur  la  Cloche 

Elle  a  été  mesurée  le  12  décembre  1755.  lursqu'il  a  lallu  y 
Illettré  un  toriHoii  qui  étoit  cassé. 

t 

Elle  contient  de  hauteur  du  haut  en  bas  par  dehors  (/ii.i/rr 
jiirds,  lui  il  poiici'sei  par  dedans  ifiinlrt'jiit'ds,  ihiix  {joiives  cl  ilvini. 

De  diamettre  en  haut  par  dehors  doux  pieds,  onze  pouces; 
du  milieu  par  dehors  trois  })ieds,  trois  pouci.'s,  i/ualrc  lii/ucs; 
(lu  milieu  par  dedans,  deux  jiinls,  iii'iil' pouces. 

Au  pourtour  hnil  jiieds,  trois  jjourcs\  diamètre  d'en  bas  riijf/ 
pieds,  tjuiitre pouces. 

Au  pourtour  aussi  d'en  bas  seize  pieds. 

Le  battant  est  long  de  quntrr  j)icds,  ciiuf  pouces. 

Le  milieu  a  huit  pouces  de  tour. 

La  pomme  vingt-un  pouces. 

Inscription  autour  de  la  cloche  dans  le  Haut' 

l'an  mil  cinq  cent  SOIXANTK  un  le  rKEMIEK  IiKCEMBKE  DU  KliGNK 
DE  CHAULES  IX  PAK  LA  GRASSE  DE  l'IEU  ROY  DE  FRANCE  ET  COMTE 
DE  DREUX  FUT  FONDUE  AU  MOIS  DE  NOVEMBRE  PAR  M  CHARLES  DE 
LA  ROUTINE  POUR  l'HONNEUR  DE  DIEU  LE  SERVICE  DU  ROI  ET  LA 
COM.MUNAUTÉ  DE  DREUX  LORS  MESSIRE  ROTROU  LIEUTENANT  GÉNÉRAL 
JACQUES   CIIAILLOU    MAIRE    ET    PllILlPl'K    PETIT    PROCUREUR    SINDIC 

<  Voici  l'inscription  exacte  (pu  trois  lijïnf'si  qu'aucun  liistorieii  n'a  reproduite 
fuit-lement  : 

i  LAN    MIL  vC  LXI    i?»    LE  PIlEMIEU   QV    REGNE    QE  CHARLES  IX  •'  PAR  LA 

GRACE  QE  (IIEU  ROY  QE  FRANCE  ET  CONTE  DE  DREVX  lE 

I     FVS    FVNDVE  AV  MOYS    DE    NOVEMBRE    PAR    â    M '^'    k    CHARLES    DE 

LAHOVTICLE  j|  POVR  LHONEVR   DE   DIEV  SERVICE  QV  ROI  ET 

i    COMVNITE    DE     DREVX     LORS    M'ES     PIERRE    ROTROV    LIEVTETÎ    GNaT 

lACOVES  CHAILLOV  MAIRE  ET  PHILIPPES  PETIT  PROCVTT  SCINOIC 

Entre  c»,'tte  inscriplinii  el  le  lias-relief  re|iréseiitaiit  la  profession  des  Flam- 
baiis  sont  placés  (piatre  écussons  diamétralenienl  Ojtposé^  ilont  deux  porteiit  les 
armes  de  Franco  et  les  deux  autres  celles  de  Dreux. 

Il  existe  aussi  cette  autre  inscription  sur  une  couronne  contournant  les  anses: 
urloiK  oin   rcst  mon  brotl  nom  faictr  a  brrur  pour  tifiuir  fl)rcun 
fon^ur   par  matl)ifu  prrubnr  m   lan   mil  v'  vri 

Siii    la  cloche  aclui'lie  (|iii  ;i  reuiplacc  celle  de  I.M'iJ.  MM.  Maliuel  père  et  fils 


-  400  — 
Au  dessous  de  cette  inscription  est  un  cordon  tout  autour 
de  la  cloche,  représentantsoixanto  quatorze  personnes,  figures 
d'hommes  et  femmes,  portant  des  flambards  allumés  sur 
répaule  et  d'autres  qui  les  allument  en  marchant  a  ceux 
qui  sont  allumés. 

Voyez  le  compte  de  M^  Barbier,  année  1541,  Reg.  cotté  5" 

Dans  le  même  C  compte,  année  1561,  est  aussi  dit  : 
Payé  à  Jean  Dadou  la  somme  de  neuf  livres  pour  avoir  par 
lui  baillé  et  fourni  pour  ladite  Ville  le  nombre  de  quarente 
huit  quartiers  de  grès  pour  faire  la  Chapelle  des  Ecoles. 

Payé  il  Jean  Garnier  la  somme  de  dix  Iniit  livres,  douze  sols 
[lour  quatre  vingt  douze  quartiers  de  grès,  pour  employer  à 
ladite  Chapelle,  etc.,  ainsy  qu'il  est  porté  à  plusieurs  articles 
dudit  compte. 

Chapelle  du  Collège  parachevée 

Laquelle  chapelle  auroit  été  ordonnée  être  parachevée  par 
ordonnance  faite  en  assise  de  la  Ville  tenue  le  même  jour 
d'octobre  audit  an  1561.  '^ 

Payé  à  (luillaume  et  à  Jean  Les  Cornets,  charpentiers,  la 
somme  de  Jiuif  livres  tournois  pour  avoir  fait  de  leur  métier 
et  état  de  charpentiers  trois  ouvoirs  pour  servir  aux  poisson- 
fondeurs  à  Dreux,  ont  reproduit  très  fidèlement  les  inscriptions  ci-dessus,  sauf 
cependant  celle  des  anses,  les  armoiries  et  la  procession  des  Flambarls,  et, 
grâce  à  une  heureuse  inspiration  de  M.  Lamésange,  ancien  maire  de  Dreux,  ils 
y  ont  ajouté  deux  médaillons  de  Jean  Rotrou,  entourés  de  branches  de  gui  de 
chêne,  symbole  de  l'origine  druidique  de  la  Ville,  surmontés  d'une  étoile,  em- 
blème de  rinimorlalité,  et  entourés  dans  fexergue  de  cette  légende  :  «  Il  fut 
magistrat  et  poëte  et  mourut  victime  de  son  patriotisme.  » 

Enfin  au-dessous  on  lit  encore  : 

LAN  lX;i<)  LE  <)^  or  HEfiXE  DE  LOUIS  PHILIPPE  I-  UOI  DES  FRANÇAIS 
CETTE  CLOCHE  A  ETE  REFONDUE  AVEC  LES  DENIERS  DE  LA  COMMUNE 
ET  LES  DONS  FAITS  PAR  S.  M.  A  LOCCASION  DE  LA  NAISSANCE  DU  COMTE 
DE  PARIS  SON  PT  FILS  J.; 

SOUS-PREFET  DE  MENTQUE  -II.  MAIRE  DEMONFERRAND  =  ADJOINTS 
LAMESANGE  —  CLAYE  =  CONSEILLERS  —  MUNICIPAUX  "  BROCHAND 
THOURETTE  —  MARECHAL  —  BIGNON  —  CROIX  —  RUELLE  —  LOISELEUR 
DESLONCHAMl'S  —  AVISSE  -  FESSARD  — 

BERTROU  -  DE  LA  BOISSIERE  —  CAILLE  DE  S^  1»ERE  —  AMOREAU  — 
MAILLIER  —  LACOSTE  —  MESIRARD  —  SEIGNEURY  —  SANSON  -  HELLOIN 
—   BAUDRAN  —  ELUS  PAR  LEURS  CONCITOYENS 


—    |(i7 

niers.  édifiôs  au  Boiilev.iid  <li'  l.i  l'uitc-cli.irtiaiiic  «'oiilrc  la 
niaisoii  de  Robort  Bitroii. 

Bois 

Payé  à Qewrges Guérault la  soiiiiiio  de  .\'.\.\//  li\  i-rs,  îu  sais 
tournois  pour  bois  et  chaulattcs  omphn'ées  à  faire  les  dits 
ouvojis  des  poissouniers  de  la  l'ortc-cliarlraiue. 

Sablox 

Payé  à  Alcxaiidic  INuuici'  la  soinnio  do  soixtiiifr  srjil  sols, 
six  (li'iiirrs  loiirnois  pour  avoir  par  lui  l)aillé  et  livré  ;i  ladite 
\'\\\i'  le  uoml)re  et  (pmntiK'  de  \  iiiiii  scpl  liainioaux  de  sablou 
<Miipli)y<''S  ;i  luacoiiuci'  It'sdils  ouvoirs. 

Planches 

A  Mailhjl  (Jrippdii,  luciiuisicr.  la  souiiiic  de  rhii/u;iiilf  ilciix 
sols  loitrnois  pour  avoir  par  lui,  fait  et  l'ourni  des  liays  et 
fenêtres  desdits  ouvoirs. 

l)aiis  le  iiioiiic  (»'■  compte  est  employée  la  d(''pense  des  ou- 
vrages extraordinaires  faits  pour  la  défense  de  la  Ville  contre 
les  ennemis  avant  la  bataille. 

.Mi  NITIoNS    KT    l'IiKl'AUATlFS    DK    DKFKNSK    DK   LA   \lLLK 
PENDANT   LA    GIERRE   EN    LA    BATAILLE    DE    1502 

Payé  il  Pierre  ("auchoix,  salpelrier.  la  somme  de  ciiiffimiilr 
liiiil  livi-fs,  six  sols  tournois  pour  avoir  i)ar  lui  baillé  et  fourni 
poui-  la  Ville  cent  six  livres  de  pcmdre  à  canon  pour  être  dis 
niliu('e  aux  gardes  des  portes  et  gendarmes  étant  dans  ladite 
\ille. 

A  Jean  Land.  (charron,  la  somme  i]('  snixmilr-sr'jil  snis  tour- 
nois pour  avoir  IVmrni  la  montui-e  de  mues  et  essieux  de  Inùs 
pièces  d'artillei'ie. 

A  Marin  Moulin,  Noéd  (iirai'd  et  iilnsicui's  antres  qui  au- 
roient  ijescjgné  ii  faire  les  ('cluses,  batardeaux  el  <liauss('es 
et  fo.ssés  de  ladite  Ville  alin  de  rendre  ladite  \  ille  [dus 
forte. 

A 'l'homas  l^»l»erI  et  autres  maçons  pdur  a\<Mi'' besogné  à 
etniipei-  et  bouclier  lililsiclirs  lions  i-l  l'enéli'rs  étant  aux 
mnraillfs  île  riloicl  ilc  \  illc 


—  408  — 

A  Marin  Grossetête,  Marin  Torquet  et  à  plusieurs  autres 
mancuvres  et  maçons  six  livres,  i/imlro  sols  pour  avoir  netoyé 
la  rivière  de  la  Commune  pour  mettre  l'eau  dans  les  fossés 
pour  rendre  la  ville  plus  forte. 

Prix  de  la  chandelle 

A  la  veuve  Etienne  Tournade,  ringt-sepl  sols,  six  deniers 
pour  neuf  livres  de  chandelle  par  elle  baillées  et  fournies  aux 
personnes  qui  étoient  à  faire  le  guet  à  la  porte  Parisis  pour 
éviter  et  de  peur  que  la  Ville  ne  fut  surprise  par  les  gens  de 
guerre  étant  lors  sur  les  champs. 

A  été  payé  à  Pierre  Touzet,  faiseur  de  poudre  à  canon,  la 
somme  de  neuf  livres  tournois  pour  avoir  été  lui  et  un  homme 
quinze  jours  pour  faire  poudre  à  canon  pour  la  défense  et 
fortification  de  ladite  Ville. 


A  été  payé  la  somme  de  douze  livres,  douze  sols  à  Lucas 
Fournaise  et  autres  personnes  pour  avoir  par-,  eux  vacqué  à 
oter  et  netoyer  les  pierres  et  immondices  et  o«^dures  étant 
es  tourelles  de  ladite  Ville  qui  empêchoient  les  barbacannes 
desdites  tourelles  et  à  faire  des  barrières  aux  fauxbourgs  de 
la  Ville. 

A  Robert  Blondin,  salpetrier,  la  somme  de  treize  livres, 
trois  sols  pour  avoir  baillé  et  fourni  six  vingt -neui'  livres  àe 
poudre  à  canon  dont  partie  auroit  été  distribuée  aux  soldats 
et  gardes  de  portes  de  la  Ville. 

Menuisier.  —  Prix  d'un  cercueil 

A  Louis  Lelièvre,  menuisier,  la  somme  de  vinyt  sols  pour 
avoir  fait  un  cercueil  pour  inhumer  Jean  Lefèvre  qui  auroit 
été  tué  à  la  garde  de  la  porte  Chartraine. 


Compte  de  la  septième  année  1562. 

Poudre  a  Canon 

De  ce  compte  est  extrait  ce  qui  suit  : 

Payé  à  Guillaume  Binoi,  marchand  salpetrier.  la  somme  de 


—    100  — 
viii'ijl-uiif  livres,  (/iiitlurxc   suis   loiiriiois    pour   avoir    fourni 
218  livres  de  poudre  à  canon. 

A  Simon  Pollcrin.  la  somme  de  sojjt  viii;/(  dix  si-jjt  livres, 
dix  sols  pn^u-  150  L.  (le  peindre  à  canon. 

A  été  pnyù  suivant  mandement  de  MM.  Le  lientenanl-j^'éné- 
ral  et  Maire  de  Dreux  et  Faveroles,  «Gouverneur,  en  date  du 

•Jl  décembre  150:^  h   imiIiIc  1 inif  -Jacques-Nicolas  Larcher, 

de  la  compagnie  de  M.  Martii^ue.  la  somme  de  rt'iit  ciin/uniili: 
livres  pour  avoir  par  lui  liaillé  et  livré  pour  la  \ille,  cent 
livres  de  poudre  il  canon. 

A  été  payé  od/.c  livres,  iieiil'  sols  à  Pierre  Guillard  et  autres 
pour  avoir  vacqué  à  mettre  et  reconder  '  la  poudre  à  canon 
dans  la  chapelle  Saint-Vincent-  et  avoir  bouché  les  huis  cl 
l'enestres  de  ladite  chapelle. 

A  jjicas  Fournaise,  voiturier,  la  somme  de  vingt-deux  sols, 
six  deniers  pour  avoir  mené  et  voiture  cent  deux  sacs  de 
poudre  à  canon  que  le  commissaire  de  l'artillerie  du  Roi 
avoit  délaissés  au  garde  de  la  Ville. 

A  été  payé  à  M.  .Jà(jues  Gastel  la  somme  de  quin/.r  livres 
tournois  pour  un  poinçon  de  vin  par  lui  baillé  à  MM.  Les 
commissaires  des  vivres  du  camp  du  Roi  lors  étant  en  cette 
^ill<■  ili'  l»ivii\.  pour  lors  de  la  bataille  alin  de  supporter  le 
peuple  (le  l;i  \  ille. 

A  Claude  Delisle  et  Claude  Bourguignon  et  autres  jusqu'au 
nombre  de  trente  un  Jy.r  .se/y/ //v/'cs- pour  salaire  d'avoir  vacqué 
chacun  deux  Jours  à  faire  un  pont  au  chastel  vers  le  Valgelé 
pour  i)lacer  quatre  pièces  d'artillerie,  mises  audit  chastel. 

A  été  ordonné  par  mandement  signé    Rotrou,    Chaillou, 


'  iNjiir  rniiiiulrc,  vii-iix  mut  fraiirais,  du  latin  n'i-ondcre,  renfermer,  caclier. 

-  L'église  Sainl-Vincent  se  trouvait  dans  la  cour  basse  du  Château,  au- 
dessous  de  la  plale-liiniie  sur  laquelle  il  sélevait,  dans  le  {|uartier  du  llouifi- 
l'.liis  iiu  Cjienii'v  à  S<-l.  An  .Moyni-Ai-'e  les  actes  n'étaient  vaialiles  (jne  lorsqn'ds 
avaient  été  solennellement  et  |ini)li(|uenient  conliiniés  devant  le  portail  île  saint 
Vincent;  c'était  daus  son  enceinte  que  se  traitaient  les  affaires  ini|iortanles  de  la 
cominnne.  Les  cliaiinines  de  Saint-Klienne,  de  (pii  elle  ilépendait.  y  chantaient 
leur  (ilfiee,  en  hiver,  quand  le  cliennn  de  la  ('.()lléi,'i,de  Saint-Ktienne  était  deveini 
inqiraticahle.  A  drnite  de  l'église  s(;  triiuvail  lein-  maîtrise  et  à  gauche  la  maison 
de  l'aldié  ;  les  maisons  canoniales  environiian'ut  le  parvis  et  en  taisaient  une 
place  lérniée. 

Sainl-Vincent  eut  heancoiq)  à  sduHhr  des  i^neires  de  religion  iiriliri);  le  siège 
de  Dreux  par  Henri  1\  ITiiKii  miiI  lin  jiorter  le  dernier  coup.  Llle  tonilia  en  1717 
et  fut  complèieiiient  rasée  en  I7i!i. 

T.  Xli.  M.  27 


—  Uo  — 

Gravelle,  Petit  et  Cornet  être  payé  à  M.  Bernard  Coupé  la 
somme  de  trente  sept  livres,  dix  sols  pour  faire  un  voiage  par 
devers  le  Roi  et  la  Reine  mère  '  et  leur  présenter  les  clefs  de 
la  Ville,  afin  que  ce  fut  leur  plaisir  de  décharger  et  exempter 
la  Ville  et  Fauxbourgs des  compagnies  du  sieur  deFaveroles 
et  du  capitaine  de  Molianbourg  étant  en  garnison  en  la  dite 
Tille  et  fauxbourg. 

A  été  payé  à  différentes  personnes  leur  salaire  d'avoir  fait 
le  gué  tant  dans  l'Hôtel  de  Ville  qu'aux  portes  et  autres  en- 
droits, et  aussi  autres  payemens  faits  occasionnés  par  les 
ennemis  comme  il  est  expliqué  par  ledit  compte  et  pour  les 
fortillcations  et  réparations  des  murs,  tourelles,  pont,  faire 
des  batardeaux  dans  les  rivières,  même  faire  tenir  les  fossés 
pleins  d'eau  pour  la  défense  de  la  Ville. 


REGISTRE  COTTE  7" 

Comptes  de  M.  Philijipe  l'elii 

Dans  les  comptes  de  M.  Philippe  Petit  des  années  15G6, 
15G7,  1568,  1569,  1570,  1571. 

La  recette  a  été  faite  de  la  ferme  du  Choquet  et  des  droits 
sur  le  sel. 

Les  deniers  ont  été  employés  aux  réparations  des  ponts, 
fossés  et  autres  endroits  de  la  Ville. 

Pavage  du  Valgelé 

Le  faubourg  du  Valgelé  a  été  achevé  d'être  pavé  en  l'année 
1567. 

Après  la  bataille  a  été  posé  pendant  l'année  un  garde  dans 
la  lanterne  de  l'Hôtel-de-Ville  et  un  autre  au  Donjon  -  du  Châ- 
teau pour  faire  le  guet  jour  et  nuit,  pour  voir  si  aucuns  des 
ennemis  ne  viendroient  pas  surprendre  la  Ville  ;  ces  gardes 

*  Charles  IX  et  Galiierino  de  Médicis,  régente  de  France. 

-  Ce  donjon,  qui  porta  les  noms  de  (jnisse  Tour  et  de  Tour  Grise,  construit 
en  122'i  par  liobert  III,  comte  de  Dreux,  lut  détruit  par  Sully,  lors  du  dernier 
siège  de  Dreux,  en  159.'».  C'est  là  fjue  le  grand  ministre  d'Henri  IV  fil  pour  la 
première  l'ois  l'emploi  de  la  mine  pour  faire  sauter  les  lorlifications.  L'épisode 
de  ce  siège  est  raconté  dans  ses  mémoires. 


—  411   — 

étoient  payés  chacun  ciiui  sols  et  il  leur  étoit  rourni  par  l;i 
Ville  de  la  chandelle  et  du  bois. 

•  Taxes  sur  les  plus  riches 

Suivant  un  état  do  MM.  los  receveurs  p-onéraux  des  linances 
du  4  septenihri'  l'ûo  a  élé  ordonné,  par  lettres  patentes,  être 
levée  à  constitution  de  rente  au  denier  douze  sur  vintrt  des 
habitans  riches  de  la  Ville  de  Dreux  dénommés  aiulit  état 
pour  la  subvention  des  urg-entes  affaires  du  Roi,  la  somme  ils 
avoient  été  taxés  montante  k  rim/  inillf  Irais  cinl  ijn;irenl<-- 
Iniil  livres. 

Dans  les  comptes  de  MM.  Pierre  Chaillou  des  années  1572, 
1573,  1574  (Les  comptes  depuis  1534  jusqu'en  1594  sont  })vr- 
rliis  ou  nutreincnt  \  (Uins  ceux  de  Jacques  Brochard  1504  et 
1595,  et  de  Thibaud  Corbonnois  1590,  1597  et  1598  et  1599. 

La  recette  a  été  faite  de  la  ferme  Choquet  et  des  droits  sur 
le  sel. 

Les  deniers  ont  été  employés  aux  réparations  des  fossés, 
ponts,  murs,  pavé,  aux  boutiques  de  la  poissonnerie  et  autres 
endroits  de  la  Ville. 


REGISTRE  COTTE  8-^ 

Comjdes  de  M.  (llumlc  l'ineuu 

Dans  les  comptes  de  M.  Claude  Pineau  des  années  1003, 
1004,  1005. 

La  recette  a  elé  faite  des  droits  sur  le  sel  et  de  hi  terme 
Choquet,  et  encore  (h's  sommes  jirises  en  coustitidion  i)ar  la 
Ville,  sommes  consideraljles,  poui'  payer  M""-'  La  ConUesse  de 
Hii,  des  sommes  qui  lui  étoient  dues  tant  ;i  cause  du  moulin 
du  lîléras,  celui  (Iim1o>  K('iinier  ([uc  des  Irais  qui  ont  (''t(''  faits. 

\'oyc/  i-y  lijirrs  l;uiiclf  i/ii  h'i-i/is/iw  cdUi'  Il  nu  eniiijili'  île 
M.  Ilrrlrniii/  I ! rarlinuil  el  nu  roiii/ilf  dudil  sieur  l'iuenu 
lîet/islre  colli-  <S ,  niiin'r  ll'>:J^>, 

Les  (leniei's  de  la  recette  ont  servi  ii  |iayei-  les  Irais  (pu  oui 
ét(''  laits  par  ladite  dame  comtesse  de  Heu.  ainsy  (|Ue  ceux 
laits  pai"  les  ollici<'rs  de  \'ille  et  n  ont  i)as  v\v  siubsaiis  pour 


—  412  — 
payer  tout  ;  il  a  cependant  été  l'ait  quelques  ouvrages  et  répa- 
rations nécessaires  de  la  Ville. 

Service  pour  Henri  IV 

Dans  le  2*  compte  de  M.  Thibault  Corbonnois  de  l'année 
IGUl  —  le  service  de  Henri  IV  a  été  fait  dans  l'église  Saint- 
Pierre  de  Dreux. 

Dans  les  comptes  de  MM.  les  autres  Receveurs  depuis 
l'année  IGOO  jusqu'en  1641.  Les  receveurs  faisoient  la  recette 
et  la  dépense  alternativement  les  uns  au  bout  d'un  an  et  deux 
ans,  les  autres  au  bout  de  deux  ou  trois  ans,  quelques-uns  au 
bout  de  quatre. 

Les  deniers  servoient  à  acquiterles  charges  et  arrérages  de 
rente  et  à  soutenir  les  procès  qui  étoient  fréquens,  très  peu 
de  réparations  et  point  d'augmentations. 

REGISTRE  COTTÉ  9''       ^ 

Les  recettes  et  les  dépenses  ont  été  faites  à  peu  près  par 
les  receveurs  de  la  même  manière  que  ceux  ci-dessus  et  pour 
les  mêmes  occasions  depuis  l'année  1640  jusqu'en  1GG4  au 
quel  tems  ou  environ  le  Roi  s'étant  réuni  à  son  domaine  la 
première  moitié  des  octrois,  la  seconde  a  été  reçue  diflerem- 
ment,  mais  il  ne  s'est  trouvé  aucuns  registres  ni  papiers  jus- 
qu'en 1700  ou  environ. 


REGISTRE  COTTE  10« 

Dans  les  comptes  des  Receveurs  depuis  l'année  1557  jus- 
qu'en 1600.  La  recette  a  été  faite  des  deniers  patrimoniaux 
qui  étoient  la  ferme  à.\\  pont  âge  et  pavage,  celle  du  clmrgcage 
des  vins^  des  amendes,  avec  celle  de  l'essai  des  chevaux,  des 
boutiques  de  la  poissonnerie,  des  tourelles,  des  dessus  de  porte, 
de  la  tour  hannerpiin.  Le  loyer  du  moulin  de  Bléras  a  été  mis 
dans  la  recette  des  octrois  ;  le  tout  cliacun  au  temps  do  leur 
commencement. 

Les  deniers  étoient  employés  aux  alfaircs  de  la  Ville.  Les 
volages  pour  les  soutiens  des  procès.  Les  passages  i\o  troupes 


—  i\:\  — 

et  autres  nécessités  et  le  surjjlus  des  deniers  servoient    à 
payer  les  réparations. 

•  Cumpli'  (If  M.  Hichiinl  Mtihillr 

On  voit  au  compte  de  M.  Richard  Mabille  année  1502: 

DÉrUAROF.    DKMANDKH    Dl'    l'AIN    RKQIIS    Poru    LKS   TRoIPKS 

Plus  a  été  baillé  par  ledit  comptable  au  sieur  Dublanc-Fossé, 
la  somme  de  (jiinfn'  livi-rs,  un  sol,  liiiil  dniiers,  pour  aller 
par  devers  M.  le  Conétable^  étant  au  camp  du  Roi,  près  cette 
ville  de  Dreux,  i)our  lui  porter  requête  pour  diminution  du 
pain  demandé  par  les  commissaires  du  Roi,  pouila  nouriture 
du  camp  du  Roi  contre  les  huguenots. 

Inhumation  et  service  nr  eils  de  M.  le  Conetable 

Le  2^3  décembre  1502.  lorsque  le  cœur  et  les  entrailles  du 
Baron  de  Montbrun  -,  lils  de  M.  le  Conetable,  furent  mis  et 
inhumés  dans  léiilisc  de  M.  Saint-Pierre  de  Dreux  et  aussi  le 
lendemain  turent  portées  les  quatre  torches  de  la  Ville  au 
service  et  pour  ce  il  lut  payé  au  porteur  d'icelles  ciui/  suis. 


REGISTRE  COTTE  11« 

Dans  les  comptes  des  Receveurs  depuis  1600  jusqu'en  1017. 
La  recette  a  été  aussi  faite  des  deniers  et  revenus  patrimo- 
niaux ei  les  deniers  ont  aussy  été  employés  comme  ci-dessus. 

De  quelques  comptes  a  été  extrait  ce  (pii  suit. 

Dans  le  conqjle  de  M.  r.ei-lrand  Urocliand,  année  1003, 
rendu  en  lOd.").  ce  coniplalile.  sui\ant  ra\is  ihi  conseil,  se 
sei'oit  achemine  jnsiprii  Heu.  ;(\(.'c  lioiioraliles  hommes 
M.  Thibaut  Corboiiiiois,  M.  .lean  Morel  et  Miclud  Loison  pour 
s'accorder  avec  la  dame  comtesse  de  Heudet»tus  lesdillérens 
«lui  étoient  entre  elle  ei  les  iialiilans  de  Dreux. 

'  .Moiiliiniiciii  y  (Aiim- ili-  m'  en  I  i!):2.  iimrt  on  lâllT,  foiiii.i  ,ivn-  Kiaiirois 
(II'  (iiiiM'  cl  \r  Miiirilial  (le  S.iiiil-Aiiilir'  le  Tiiiiinviral  catliuliiiin' t|iii  piil  la  direc- 
tidii  (les  allaiips  au  coniinciicemfiit  du  rt'î,'nc  df  (.liaih's  l\  ilô<>l). 

Il  gaj;iia  la  batailli'  do  Dreux  ;  il  y  l'uJ  iiranindins  l'ail  iirisnniii'M'. 

-  Tui'-  II'  l'.l  ilrcfiiiliri'  à  la  liatailli-  de  Diriix. 


—  114  — 
M.  Brochand  arrêté  a  Paris  faute  de  payement 

DES  RENTES  DUES  PAR  LA  YiLLE 

Le  mercredy  20  janvier  1003  a  été  ledit  comptable  par 
faute  de  payement  par  le  corps  de  ladite  Ville,  à  dame  Olimpe 
Dufour,  veuve  de  Messirc  Huraull  do  VHôjMtal,  de  la  somme 
de  cintf  mille  doux  reni  ciiitfnin/c  li\  rrs  luiirnois,  apréhendé 
ilans  la  grande  salle  du  Palais  k  Paris,  pris  et  mené  par  un 
huissier  aux  prisons  du  Fort-l'Evêque,  etc., 

La   mise   EN   LIBERTÉ 

Et  le  cinquième  jour  de  février  audit  an,  à  six  heures  du 
soir,  a  été  ledit  comptable  mis  hors  desdites  prisons,  à  la 
caution  de  Claude  Pineau  qui  Tauroit  pris  à  sa  garde  et  au- 
roit  payé  ladite  somme  à  deux  notaires  du  Châtelet  qui  en 
auroient  déchargé  ledit  Greffier  dudit  Fort-rp^vêque. 

Voyez  le  dit  compte  il  donne  plus  longue  iu.struction. 

Transaction  portant  acquisition  du  moulin  du  Bléras 

Et  après  toutes  les  contestations  ladite  dame  De  Beu  a 
transigé  avec  Claude  Pineau  devant  M"  Haudessus  et  Herbin, 
notaires  au  Châtelet  de  Paris,  le  dernier  jour  de  février  1003 
par  laquelle  transaction,  dont  extrait  d'une  expédition  est  à 
rinventaire  ci-devant  sous  la  cotte  51,  ladite  dame  de  Beu  a 
vendu  audit  sieur  Pineau,  pour  et  au  nom  do  la  Ville,  le  mou- 
lin du  Bléras  moyennant  la  somme  de  rint/  crus  Ihi-cs  do 
rente  foncière  par  chacun  an  ;  a  été  payé  comptant  une  ])ar- 
tie  des  sommes  qui  lui  étoient  dues,  pour  lesquelles  elle  auroit 
obtenu  arrêt  du  Conseil  et  elle  auroit  accordé  du  temps  pour 
l'autre  partie.  Lesdites  sommes  ont  été  payées  au  moyen  des 
emprunts  qui  ont  été  faits,  ainsy  qu'il  est  ci-devant  dit  au 
compte  dudit  sieur  Claude  Pineau,  Registre  cotté  S''. 

Droits  perçus  a  l'entrée  et  a  la  sortie  des  prisons 

Payé  i)ar  ledit  comi)table  pour  le  droit  de  geôle,  d'entrée 
et  de  sortie,  la  somme  de  //"o/s- /i  rrt'.s- et  aux  guichetiers  de  la 
dite  geôle,  pour  la  sortie,  la  somme  de  /rois  livres.   : 


—    115  — 


M.    LK    DOYKN    DE    CHARTRES   OFFRE   MILLE    ECUS 

i'OlR   BATIR    TN    COUVENT    AUX    CaI'UCINS 

• 

Dans'locoiiiptcdf  M.  KotioiL  .m  iiirmc  Re;j:is(ri'  1'".  on  voit 
que  par-  Didniiiiaiicc  de  la  Xillc  (Ifll  I  il  aiiroit  fait  un  voia^o 
il  Chartres  vers  .M.  !<•  I>m\(|i  iiom-  le  remercier  au  nom  de  la 
^'ille.  de  roft're  par  lui  l'aile  de  mille  Kciis  pour  aider  à  l»;Uir 
un  couvent  aux  |iéres  capucins  '. 

REGISTRE  COTTK  l'i" 

Dans  les  comptes  des  Receveurs  depuis  1029jusquen  1034. 
La  recette  a  été  pareillement  faite  des  deniers  et  revenus 
patrimoniaux  comme  celles  ci-dessus  et  la  dépense  a  été  aussi 
pour  les  mêmes  choses  que  celles  ci-dessus. 

Peste  a  Dreux  :  établissement  de  maisons  de  santé 

AU    CHAMP    d'ALLOUETTES 

On  voit  dans  les  comptes  de  ^^.  Pierre  Buhot,  tuteur  de 
Cuillaume  Buliot.  de  l'anuc'e  lO.'.o.  (pi'il  a  été  achetté  un  quar- 
tier de  terre  au  champ  dAllouettes,  proche  les  maisons  (h:*  la 
santé.  i)ai-  conliat  [>assé  devanl  Vavasseur,  tabellion  ;i  Dreux, 
le  25  Juillet  Ki^o,  sur  lequel  ont  (Hé  bâties  quatre  maisons  de 
la  Santé  adjugé  à  Jacques  Avisse,  charjjentier.  pour  driix  rcnl 
si-i/.r  livres,  sans  y  comi>rendre  la  nuujonnerie  et  autres  ma- 

'  (le  couvent  qui  ;iv;iit  été  loiidé  par  li'S  seigneurs  ilc  la  maison  de  Soissoiis, 
(oiiili's  ('iigai.'i-;tcs  (If  Difiix.  fui  coiislniil  avec  li's  ni.ili'Ti.iux  |ii'Ovciiaiil  de  la 
(li-iiiiiiition  des  iliàlcaux  de  h'iiii;iiiif(inii  cl  de  la  liolnTlii'ii'  (dans  l.i  liTiM  df 
Dreux I  ainsi  que  de  celle  de  la  Tour  (irise. 

Avec  ses  dépendances  il  cnntenail  environ  deux  lii'r(,ire>.  vinirl-cimi  .ires,  et 
oicnpail  liml  l'espaie  cnnipris  entre  la  rue  dps  ('.;ipucin<.  jusqu'à  Sainl-.leau,  la 
ruelle  drs  l'rrs  et  |a  nie  des  l'Iéras. 

Il  tu!  vendu  en  I T'.M)  l'urunie  liien  nalional  à  un  nuuuné  Itouquillaid,  ancien 
cidon,  niovennaiil  trente  mille  Irancs  en  assignats.  Thus  les  liàtinieiils  lurent 
ili'inidis  à  I  excepliiiii  de  l'église,  qui  l'ilt  trouée  (hiis  le  milieu  de  sa  loniiueur, 
|iour  la  foruialiiin  de  la  nouvelle  rue  appelée  encore  aciuellemeul  rur  .\rurr  (Ifs 
l'irs.  Avec  les  matériaux,  iiouquillanl  lit  construire  les  diverses  maisons  de  niéine 
app.irence.  (pii  exi>>li'nt  de  chiique  n'ilé  de  celle  me,  prolongée  il  y  a  une  ving- 
lanie  d'iuuiées  par  M.  Viclnr  hulims,  dépnlé,  ancien  Maire  de  Preux,  pour 
rejoindre  le  niai^uiliqin*  lioulevard  qu'il  lit  percer  ilaus  les  prés  des  [lieras,  dépr'ii- 
danl  en  [lartie  de  l'ancienne  propri^-lé  des  Capucins. 


—  416  — 

tëriaiix.  lesquelles  maisons  ont  été  faites  pour  servir  a  reti- 
rer les  malades  de  la  contagion  qui  y  étoient  sollicités  par  un 
chirurgien  et  par  des  personnes  mises  à  cet  effet. 

Plusieurs  maisons  de  la  Ville  ont  été  muraillées  et  les  ha- 
bitans  mis  dans  les  maisons  de  Santé. 

On  ne  voit  d'autres  remarques  que  celles-ci  depuis  1600 
Jusqu'en  1700,  si  ce  n'est  qu'il  n'y  a  aucuns  registres,  ni  pa- 
piers, depuis  1074  jusqu'en  1700,  et  depuis  1700  jusqu'à  présent 
les  registres  et  papiers  sont  existants  ainsy  qu'il  est  porté 
par  l'Inventaire  ci-devant. 

Emprunt  fait  par  la  Ville  en  1710 

A  été  seulement  remarqué  ce  qui  suit  : 

Dans  le  Registre  cotté  13"  par  acte  des  20  février  et  11  mars 
1714.  Les  sieurs  François  Mallet,  maire,  Martin  Le  Ménestrel, 
lieutenant  de  maire,  Nicolas  de  Ruffln,  commissaire,  Nicolas 
Mariette,  échevin  et  Louis-Jacques  Devallois,  procureur  du 
Roi,  ont  été  autorisés  par  un  grand  nombre  d-^habitans  d'em- 
prunter à  constitution  au  denier  vingt,  la  soramo  de  huit  mille 
cinq  cent  trente  deux  livres,  pour  payer  la  taxe  demandée  par 
le  Roi,  par  arrêt  du  Conseil  du  28  octobre  1713. 

De  là  vient  l'emprunt  fait  au  nom  de  la  Ville  à  l'église 
Saint-Pierre,  à  l'église  de  Montreuil  '  et  à  THôtel-Dieu  de 
Dreux. 

GOUATERNEUR  DE   DREUX  INSTALLÉ 

Le  17  mars  1714,  M.  De  Sabrevois  d'Ecluzelles  a  été  installé 
et  reçu  gouverneur  de  la  Ville  de  Dreux. 

Nota.  —  Il  est  mort  à  Paris  le  20  septembre  177.2,  âgé  de 
70  ans. 

Ecuries  pour  les  chevaux  des  Gardes  du  Roi 

Par  acte  d'assemblée  à  la  Ville,  du  G  mars  1729,  la  construc- 
tion des  écuries  pour  les  chevaux  des  gardes  du  Roi,  ({ui 
étoient  alors  en  garnison  à  Drcnix,  a  (Hé  proposée  à  faire  sur 
deux  projets  et  notamment  sur  celui  où  elles  ont  été  bâties  en 
1736  et  pour  le  payement  d'icelles  il  a  été  pris  pendant  quel- 

'  Montreuil,  commune  du  ciuiton  de  Dreux. 


—    JIT   — 

qiie.s  aniuk'.s,  siii-  les  (Iciiicrs  de  hi  capilaiioii  ili-  1  ClLH-iiuii  de 
Dreux,  la  sonimo  de  -i^.OOO  liv.  ii  quoi  elles  ont  été  adju^'ées  et 
une  somme  de  i. nui)  liv.  j)our  augmentations  qui  y  ont  été 
ajoutées.  • 

Taille  arbitrairk  cflvngée  en  taille  proportionnelle 

Par  arrêt  du  Conseil  du  8  septenihre  IT.'io.  la  taille  arbi- 
traire de  la  Villi'  di'  Dreux  a  été  chang'ée  en  taille  propor- 
tionnelle. 

Démolition  de  la  porte  du  fauxeourg  Saint-Denis 
Construction  du  Petit  Pont 

Par  acte  d'adjudicatinn  du  8  octobre  17.'}.5,  il  aété ordonné 
que  la  porte  du  tauxbour<r  Saiiil-Dcnis,  qui  étoit  en  très  mau- 
vais état  et  ce  qui  en  restoit,  seroit  démoli,  que  les  pierres  de 
grès  et  autres  matériaux  seroient  employés  à  la  construction 
d'une  arche  sur  la  Commune,  enli'o  le  Carrefour  et  la  rue 
d'Orisson,  oii  il  y  avoit  un  petit  iiout  en  bois  d'environ  six 
piedsde  large  le  long  des  bouti(iues,  appelé  le  pont  des  Etaux. 

Démolition  de  la  Porte  Neuve 
La  Porie  Neuve  a  été  démolie  en  rann(''e  1737. 

Dîmes  des  Vignes.  Procès 

Par  acte  du  12  janvier  1744,  les  Maire  et  Echevins  et  pr<>- 
curciu'  siiidic  ont  été  autorisés  de  se  pourvoir  par  devant 
M.  rintcud.iiit.  pniii-  (''li-c  p;ii-  lui  autorisc's  de  (h'femlrc  d 
contester  la  dciiiaiidc  de  la  diiiic  {\r'<.  vignes  eu  essence  par 
les  sieurs  ciianoiuede  Saiut-lstienue.  prieur  de  Saint -Léonard  ' 
et  lie  Saint-Martin  '-'. 


'  Le  piitïun''  (If  Saiiil-I.niiiard,  ordre  ilc  Saiiil-Uciioit,  passait  pour  avoir  rlô 
fdiidr  par  Rolicil  I"",  ioiiilc  de  Drriix,  vers  I  KiU.  Dapn-s  A.  l>oiiiiaiil.  la  cha- 
pi'llr  niirail  !•[(•  rniisliiiili-  à  la  place  d'imi'  i,'iiiiij;iii'Ui'  iHiiiiiiirr  |Io>Imii.  Les 
ri'lii,'i('iix  de  (loulniiilis  avaient  cinmiaiile  livres  de  rente  à  prendre  sur  ce  prienn^ 
«pil  relevait  de  leur  aldtaye.  La  cli.ipelle  tut  démolie  en  \~')'l  et  la  propriél»' 
venilue  ini  peu  pins  tard.  O  prieuré  si;  Iniuvail  sur  la  roule  de  Paris,  près  du 
pont  (|ui  porte  encore  son  nom. 

-  Le  prieuré  de  Saiut-.Martin,  ipn  a  donné  son  nom  au  cpiarlier,  lialiite  pai 


—  418  — 

Naissance  de  M.  le  duc  de  Bourgogne 
Mariage  de  quatre  pauvres  filles 

Par  acte  du  7  janvier  1750,  en  exécution  des  intentions  du 
Roi  à  l'occasion  de  la  naissance  de  M.  Le  Duc  de  Bourgogne, 
au  lieu  de  faire  des  dépenses  extraordinaires  pour  dos  réjouis- 
sances publirpios,  ont  été  mariées  en  cette  ville  quatre  pauvres 
filles  auxquelles  a  été  donné  pour  dot  à  chacune  trois  cents 
livres  des  deniers  des  octrois,  dont  partie  employée  en  habits 
de  noces,  tant  pour  les  filles  que  pour  les  garçons  et  le  sur- 
plus en  argent,  les  frais  de  noces  et  de  réjouissance  ont  été 
faits  à  l'Hôtel  de  Ville  des  soins  de  Messieurs  les  Maire  et 
Echevins. 

DÉMOLITION   DE   LA   CHAPELLE   SAINT-LÉONARD 

Par  acte  du  30  aoiît  1752,  les  maire,  échevin^s  et  procureur 
sindic  et  quarente  conseillers  pairs  alors  présent  sur  l'infor- 
mation faite  par  M.  Alleaume,  chanoine  de  Dreux,  commissaire 
nommé  par  M.  l'Evéque  de  Chartres,  de  la  commodité  et  in- 
commodité à  la  chapelle  Saint-Léonard,  suivant  l'ordonnance 
de  M.  l'Evêque,  rendue  sur  requête  à  lui  présentée  par  le 
Prieur  de  ladite  Chapelle,  lesdits  officiers  de  Ville  et  con- 
seillers pairs,  après  avoir  pris  lecture  de  l'arrêt  du  Parlement 
ont  consenti  à  la  démolition  de  ladite  chapelle. 

Service  de  M'"''  la  duchesse  du  Maine 
Par  acte  du  11  mars  1753.  il  a  été  ordonné  que  le  service  de 


les  .Moines  de  l'ordre  de  Saiiil-nenoisl.  (de  CiileauM  était  une  demeure  cisteiriemie. 
Il  en  est  fait  mnntion  dans  un  Icsiament  de  \?>K]  «  Prior  Sanrii  Martini  /)rope 
Drocan  ».  Ces  ri'ligicux  (l(''|H'ii(laiciil  des  clianoiiies  de  la  collt'iiialc  de  Di'cnx, 
mais  coninic  ils  n'avaient  pas  un  revenu  sulfisani  à  leurexistenc'c  ils  furent  inniis, 
avec  Icui'  chapelle,  à  l'abliayc  d'Ivry-la-ltalaille. 

D'après  im  manuscrit  de  la  liildictlluMpie  de  (lliartres,  la  chapelle S«/«/-iW«/'//w 
('■lait  l'iitonrée  de  noniliicnx  lii'ilinicnis  et  possédait  de  grands  revenus  (pie  Inu- 
cliaient  les  religieux  de  Conhuidis. 

Le  Pouillé  du  diocèse  de  Chartres  de  17IW  indiipie  qwr  ce  prieuré  étail  à  la 
collation  de  l'Ahlié  de  Saiiil-rierniani-des-1'rés  et  (jiie  son  revenu  était  de 
-M)  livrer. 


—  410  — 

feu  Madame  La  Duchesse  du  Maine,  seroit  célébré  en  l'Eglise 
Saint-Pierre  de  Dreux. 

^>i:rvice  iik  m.  li;  I'kintk  dk  r>()MBEs  ' 

l'ar  acte  du  10  octobre  175.").  il  a  clé  ordonné  que  le  service 
do  feu  M.  Le  Prince  do  Donibos,  seroit  dit  et  célèbre  dans 
TE^^lisc  (le  Saiiil-Picrri'  ilr  I)rciix. 

Lanternes.  1757 

l'ar  acte  du  '2'.\  novembre  1757,  et  raiijimbation  de  M.  l'In- 
tendant, les  lantornos,  au  nombre  de  trente  quatre,  ont  l'-té 
établies  dans  la  \ille  de  Dreux,  pour  être  entretenues  des 
deniers  des  octrois. 


Porte  Pari  sis  dé.mulie 

Par  autre  acte  dudit  Jour  et  l'autorisation  de  M.  l'Intendant, 
la  i)orte  Parisis  a  été  démolie,  pour  les  pierres  et  matériaux 
servir  h  la  rc'paration  des  jjonts. 

l7C-i.   RKCEiNSEMENT 

En  l'année  mil  sept  cent  soixante  quatre,  MM.  les  maire, 
échevins  et  procureur  sindic  [)our  exécuter  les  dispositions 
de  l'Edit  du  mois  d'août  audit  an,  concernant  la  nouvelle 
iioiuinalion  d'ol'liciers  et  administrateurs  des  Villes  et  Bourii-s 
du  Royaume  ei  s'assurer,  en  xcrtu  de  lai-l.  !  "  (ludil  Edil.  de 
ce  (]U'il  y  a  d  lialtilans  dans  la  \illc.  i-'aiixlioiii'Lis  <•!  Hameaux 
depiMniaiis  (Icv  (Iciix  jiaroisses.  prendre  leur  declaralion  du 
noml)re  de  toutes  les  personnes, y  c(jm|)i'is  U-s  enlans  an  ber- 
ceau et  les  (b)m est i (pies,  et  en  ont  dl'<'ss(''  étal  qu'ils  ont  eli\  oyi- 
il  .M.  le  Controleur-gcneral,  coiil'ormemeiii  audit  l^lit.  e..n- 
tenant  le  nombre  cy-après. 

'  Loiiis-Aii.ç'iislff  (le  Itdiirlioii,  l'iiini'  tli-  DoiiiIh's,  roiiitr  il'lùi.  surri'da  à  sa 
mn-r  M.iil.iiiic  la  (IikIic-m'  du  Maine  coiimir  cointi'  «le  lirctix  en  I7ri!l  ;  il  riioii- 
rul  m  ITÔÔ  >aiis  (.'iilaiil^. 


420  — 


Ville.  .  .  . 
Fauxbourgs . 
Hameaux .    . 


Hommes . 

Femmes. 

Garçons. 

Filles. 

417 

448 
118 

493 
510 
135 

435 

181 
202 

437 

483 
102 

083 

1 .  138 

1.118 

1 .  132 

Capucins. 


Religieuses.  . 

Sœurs  de 

Commun  auté. 

Orphelines.   . 


Domestiques. 


,) 


Pères 

Frères  

Religieuses.    .    . 
Sœurs  converses, 
à  r Hôtel-Dieu.   . 
à  la  Communauté 

la  Sœur 

Orphelines  .    .    . 
dans  la  Ville..    . 


Employés. 


/ 


dans  les  Fauxbourgs 
dans  les  Hameaux 
aux  Capucins.  . 
aux  Religieuses, 
aux  Orphelines  . 
aux  Aides.  .  .  . 
au  Tabac .... 
au  Cuir 


Total  lîénéral 


0 
0 

10 

4 

5 

4 

^  1 

7 

150 

71 

13 
o 

2 

1 

0 

4 
o 


4.371 


6 

14 

9 

8 


248 


15 


4.071 


Dans  l'Etat  ci-dessus  sont  compris  les  enfans  depuis  leur 
naissance  jusqu'à  l'âge  de  sept  ans. 


Enfans  .jusqu'à  l'âge  de  sept  ans 

Dans  la  Ville 309  ) 

Dans  les  Fauxbourgs 424  ' 

Dans  les  Hameaux 13^^ 


810 


* 


—  421  — 
Chanoines,  Curés.  Vicaii-os.  I'iiii(i[t.il  ilu  Collt-i^-o, 

Régents  et  Prêtres "i'» 

Clercs  tonsurés 3 

Nobles  et  Ollieiers  militaires 'M 

OMiciers'du  Hailliaiic  dr  Police  et  de  iKlcction..  12 
Olliciers  du  Sel,  des  Aides,  des  Coches  cl  autres 

par  Commissions " 

Kiuployés  aux  ailles,  au  tabac,  aux.  cuirs 15 

Impusôs  il  lu  J'iiillf. 

Dans  la  Ville 2'.)(»  \ 

Dans  les  Fauxbourgs 424  >       SIC 

Dans  les  Hameaux 132  ) 

Pauvres  mis  à  ubole 228 

Gens  sans  aveu 50 

Maisons  hnliitri's  oii  il  y  ;i  bru  jmr  luis. 

Dans  la  Ville 423  \ 

Dans  les  Fauxbourgs 524  ,   l.lDl 

Dans  les  Hameaux • 157 


Cliunihrcs  hniitcs  oit  il  y  u  niriinffcs. 

Dans  la  Ville 138  |       ,.., 

Dans  les  Fauxltourgs 33  ) 


Maisons  vacantes  dans  la  \ilU' 12  , 


Cli.iiiilii'cs  li.iiili'S  vacantes. 


5)         '■ 


Par  ari'i'-i  du  l'.ii'lcinciii  du  1!  .mm'iI  ITC.'.».  cnrcgislri' sur  h; 
registre  dv  la  \  illc  le  2it  m.irs  177(i.  les  droits  de  h.avage  et 
minage  (les  grains  vendus  il  la  balle  de  Dreux.  [n>\w  r.aisons 
desquels  il  y  a  eu  instance  entre  son  Altesse  Sén'uossime 


422  — 

Monseigneur  le  Comte  d'Eu  ',  et  les  Maire,  Echevins,  habitans 
de  Dreux  et  laboureurs  des  paroisses  voisines,  ont  été  régies. 

Pont  en  pierres  de  la  Porte  Chartraine 

Pendant  les  années  1770  et  1771,  les  maisons  des  sieurs 
Vigneron,  menuisier,  et  Breieche  et  le  dessus  de  la  porte  Char- 
traine ont  été  abattues  ainsi  que  la  terrasse  du  sieur  Claude 
Thubeui"  et  à  leur  lieu  et  place,  le  second  pont  de  la  porte 
Chartraine  a  été  construit  en  pierres;  il  a  été  adjugé  moyen- 
nant hnil  jjiillc  livres,  non  compris  d'autres  réparations  de  la 
Ville,  ainsy  qu'il  est  porté  par  plusieurs  actes  sur  le  registre 
des  délibérations  pendant  lesdites  deux  années. 

<  Louis-Jean-Marie  de  Bourbon,  duc  de  Penthiévre,  dernier  comte  de  Dreux. 


—   12: 


•)•> 


►  .\()MI.\AT1()XS 

KT  (nNTINrATION  DES  MaIRKS,  LlKrXKNANTS  DK  ^^A1RE,  LORS- 
(jril.  V  A  EU  LIEU  d'en  NoM.MEK.  KcIIEVINS.  iMtOCIREIRS 
SlNDICS,    ReCEVEIRS  et    GREI-I'IERS,  sans    y  CO.Ml'RENDRE    LES 

Commissaires,  C(»NTRoLErRs,  Assesseurs,  etc.,  a  commen- 
cer   1)K    ITl.KJ.    SUIVANT   LES  ACTES   CI-APRÈS. 


ITCKI 

Le  sieur  François  Mullet  avoit  acquis  la  charge  de  ^faire 
avant  17U0,  après  sa  création  de  1092.  On  ne  voit  pas  l'acte 
d'enregistrement  de  ses  provisions,  non  plus  que  les  nomina- 
tions d'Echevins.  Procureurs-Sindics  et  de  Grelliers  et  autres 
otticiers.  Les  actes  n'ayant  ])oint  été  remis  en  registres,  se 
sont  trouvés  perdus  ou  autrement. 

1704 

Par  acte  du  8  octobre  1701  le  sieur  Mallet,  en  sa  qualité  de 
Maire  perpétuel,  a  reçu  Cltiudr  Lcnirv  pour  Grellier  de  la 
Ville  au  lieu  et  place  du  sieur  Josaphat  Dulrenoy  qui  avoit 
acquis  cette  charge. 

Par  acte  du  2:3  décembre  1704,  le  sieur  Mallet,  maire  perpé- 
tuel, le  sieur  Mnrlin  J.i-  Mi-in-slrcl,  Lieutenant  de  Maire, 
Louis  HiucI,  procureur  du  Koi.  ont  reçu  et  installé  ^^  l'icn-i' 
Krrnrd,  pourvu  de  lollicc  de  I"""  Kchevin  et  ont  lait  enregis- 
trer les  lettres  patentes  par  lui  détenues,  le  7  septembre  1701, 
après  lui  avoir  fait  attester  de  ses  vie  et  mœurs  et  .M.  Fnni- 
çois  Giiillcl  a  resté  second  Echevin. 

1704,  —  Miliciens  tombés  au  sort 

Par  acli'  (lu  diniaiichc  28  <léceml)rc  1701,  les  sieurs  Mallet, 
Maire,  Martin  Le  Menestrcd,  lieutenant,  de  Maire.  Ki-rard, 
l'""  Echeviu  <i  Louis  Hiuei.  [inicurcui-  du  ivc»i,  ont  l'ail  asst.Mu- 


—  424  — 

bler  les  garçons  des  deux  paroisses  de  la  Ville,  suivant  les 
ordi-es  du  Roi,  pour  fournir  quatre  miliciens  et  le  sort  est 
tombé  sur  Pierre  Flii/uull,  le  sieur  Le  Chorpy,  François 
Adrien  çt  Martin  Blin. 

1705 

Par  acte  du  13  May  1705,  les  sieurs  Mallet,  Maire,  Errard, 
premier  Echevin  et  Louis  Binet,  procureur  du  Roi,  ont  sur  la 
requête  à  eux  présentée  par  M.  Pievre-Josoph  Rofroii,  fait 
registrer  la  commission  ;i  lui  expédiée  pour  la  Recette  des 
deniers  de  Toctroi  et  patrimoniaux  de  la  Ville  au  lieu  et  place 
des  sieurs  Cervol  et  Aubert,  Receveurs  des  tailles. 

Par  acte  du  11  Juin  1705,  les  sieurs  Mallet,  Maire,  Martin 
Le  Ménestrel,  lieutenant  do  Maire,  Errard,  premier  Echevin 
et  Louis  Binet,  procureur  du  Roi,  a  été  nommé  le  sieur  Thibault 
Donnante  pour  second  Echevin  à  la  place  du  sieur  François 
Guillet. 

1710 

Par  acte  du  28  août  1710,  le  sieur  Mallet,  Mair^,  Martin  Le 
Ménestrel,  lieutenant  de  Maire  et  Louis  Binet,  procureur  du 
Roi,  ont  fait  registrer  par  le  sieur  Allcaumo,  leur  greffier,  les 
lettres  de  commission  obtenues  par  Michel  Blanche,  pour 
Echevin  alternatif. 

1712 

Par  acte  du  5  janvier  1712,  les  sieurs  Mallet,  Maire,  Martin 
Le  Ménestrel,  lieutenant  de  Maire  et  Michel  Blanche,  Eche- 
vin, ont  fait  registrer  les  lettres  de  provisions  du  Procureur 
du  Roy  de  la  Ville,  obtenues  par  Louis-Jurf/nos  de  Valois. 

1713 

Par  acte  du  30  mars  1713,  les  sieurs  François  Mallet,  Maire 
et  Louis-Jacques  de  Vallois,  procureur  du  Roi,  ont  fait  regis- 
trer la  commission  d'Echevin  alternatif  obtenue  par  M.  Airolas 
Mariette,  procureur. 

1716 

Par  acte  du  13  août  1716,  les  sieurs  Mallet,  Maire  et  Louis- 
Jacques  de  Vallois  procureur  du  Roi,  lequel  a  remontré  que 


—  1-^"'  — 

le  corps  (les  nilicicrs  tir  \  illc  ciuil  (lc|><»iiivii  (ruilicici's  ])ar  la 
mort  do  pliisuMirs.  ont  {'U'  uoiimiés  l-'i-nin-ois  l-'iul.  I'VIicn  iii 
pour  un  aa  et  Clnmle  /{oli-ou,  Kchovin  pour  deux  ans. 


Par  aclf  du  'S>  uiivcnilirc  1717  cii  rassoiiihlt'-c  i^UMU-ralo 
Ii-iiiio  par  M.  l-'rrdinanl  de  l'ink'ri's  ',  seiiiiieur  de  Molclle, 
j^^rand  Hailly.  acconipaj^nié  des  sieurs  (le  Rolrou,  Lioutonant- 
Gënéral.  de  Baiu'iiolos,  lieutenant  iiarliculin-,  J.cLirand.  pio- 
eurcui- du  Kni.  cl  IV////;////,  avocat  du  Roi.  tons  du  corps  du 
Hailliay:e,  où  étoieut  les  sieurs  Rolrou.  premier  Kchevin, 
François  Fiot,  second  Echeviu  et  de  Vallois,  procureur  du 
Roi,  pour  r<'lection  et  nomination  d'un  Maire  et  autres  oïli- 
ciers  de  Ville,  suivant  les  ordres  envoyés  par  M.  Uiiinnit,  In- 
tendant, ladite  assemblée  a  été  remise,  attendu  les  contesta- 
tions de  part  et  d'autre. 

ITLS 

l'ar  acte  du  7  nii\ cnibrc  17ls.  les  sieurs  ("lande  Ivniidn. 
premier  Kche\  in,  et  François  Fiot,  second  Fchevin.  le  sicui- 
PYançois  MalU't  a  demande'-  reni'e<iistremeiit  des  lettres 
patentes  du  •^o  octoluc  audit  an.  par  lui  oldenfTC's,  i|iii  le  reta- 
Ijlissent  Maire  de  la  \  illc  de  hi'cux. 


I7U> 

l'ar  acl<'  du  IJ  jnillci  17l'.t.  les  sieurs  François  Mallet. 
Maire,  Fran(;ois  l-'ioi.  i-iclicxin.  nui  laii  enregistrer  les  lettres 
patentes  (jui  leur  ont  ele  présentées  par  Louis-.Iacfjues  de 
\allois  et  par  lia  obtenues  du  Roi.  jiour  la  charLic  de  pi'ocu- 
reui-  A\\  Roi  de  la  \ille. 

1725 

l'ar  .•icle  du  "Jv*  Mai  \~'^T).  les  (piarentes  conseillers  pairs  ont 
été   de  nou\can   nommes.  |<'  .sicni'  l-'rancois  Mallet  demeuré' 


'  Li^cz  h'iiiiiiaiiii  (II'  l'illii'is.  Kii  oiilii'  ilr  la  scjtîiifiini'  ilf  Molclic  (ciic 
laniillf  |ioss('(lail  ciicon'  cfllps  d'AlLiiiivilIf.  de  l.ailirr,  cii .  {),•  PiHicrs  |torl.iil 
|Hiiii-  amidirif'»^  :  li'or  au  vhi'vnm  il'uziir. 

T.   Xll,  M. 


—  42f)  — 
Maire  perpétuel,  le  sieur  François  Brochand  nommé  premier 
Echevin  et  le  sieur  Charles  Le  Ménestrel  second  Echevin  et 
le  sieur  Pierre-Charles  Giiillet,  procureur  sindic. 

1720 

Par  acte  du  IS.juin  1720,  les  sieurs  Mallet,  .Maire,  Le  Ménes- 
trel, Echevin  et  Guillet  procureur  sindic.  Le  sieur  Charles 
Bureau  a  été  nommé  2^  Echevin. 

1727 

Par  acte  du  10  Juin  1727  en  l'assemblée,  les  sieurs  Mallet, 
Maire,  Charles  Bureau,  Echevin,  et  Guillet,  procureur  sindic. 
Le  sieur  de  Bair/nolcs  a  été  nommé  second  echevin,  qui  a  pro- 
testé de  sa  nomination,  et  à  l'instant  la  compagnie  a  délibéré 
que  les  parties  se  pourvoiraient  par  devers  sa  Majesté,  qui 
après  a  ordonné  une  nouvelle  nomination,  laquelle  a  été  faite 
de  la  personne  du  sieur  Claude  Le  Prince. 

1728  ^ 

Par  acte  des  23  et  25  mai  1728  en  l'assemblée  générale,  le 
sieur  Le  Grand,  procureur  du  Roi  au  Bailliage,  a  été  élu  Maire, 
le  sieur  Antoine  Lecomte  élu  second  Echevin  et  le  sieur 
Xicolas  Ménestrel  procureur  sindic. 

M.  PÉTEIL  GREFFIER 

Le  5  septembre  1728.  François  Peteil  a  écrit  pour  la  pre- 
mière fois  en  qualité  de  Greffier  de  ladite  Ville. 

1729 

Par  acte  du  14  juin  1729,  le  sieur  Le  Grand  a  été  continué 
Maire,  le  sieur  Antoine  Le  Comte  premier  Echevin,  le  sieur 
Nicolas  Le  Ménestrel,  ])rocureur  sindic.  le  si(Mir  Flirmie 
Antoaunie  a  été  élu  second  Echevin. 

1730 

Par  acte  du  OJuin  1730,  le  sieur  Le  Grand  a  été  continué 
Maire,  le  sieur  Etienne  Anteaume,  Echevin  et  le  dit  Nicolas 
Le  Ménestrel  procureur  sindic.  Le  sieur  Anne  Mallard  a  été 


—    127  — 
ôlii  soCDiid  Jvlic\  in  cl.  |i;ir  li-  luèmo  acte,  le   sieur  Conthici-, 
receveur  de  la  \ille,  a  i)réleu(lu  avoir  la  jiréséauco  a])rès  le 
Maire,  ce  qui  lui  a  été  contesté. 


1731 


Par  acte  des  20  et  22  uiai  17;!1.  le  sieur  Mntliiiriii  Jouvrlin, 
procurtiir  du  Koi  des  eaux  el  lorèts.  a  été  élu  Maire,  le  sieur 
MuUard  reste  [ireuiier  éclu-vin.  le  sieur  C/i.ir/fs  Le  Mriirsln'l, 
marchand,  élu  second  Eclievin,  et  le  sieur  Clniiih'-Murir 
Lr  lu-iiicr  (du  procureur  sindic. 

1732 

Par  acte  des  3  et  lU  juin  1732,  le  sieur  Jouvelin  a  été  conti- 
nué Maire,  les  dits  sieurs  Pierre->'icolas  Le  Ménestrel,  pre- 
mier Eclievin  et  Leprince,  procureur  sindic,  et  le  sieur 
Pii'iri--.\nloii}i'  /'ri il,  éjjicier,  a  été  élu  second  eclievin. 

1733 

Par  acte  des  20  mai  et  2  juin  1733,  le  sieur  .Tuiiv(din  a  été 
continué  Maire,  le  sieur  Pierre-Nicolas  Le  Ménestrel,  premier 
Eclievin.  et  le  sieur  Leprince,  procureur  sindic  et  le  sieur 
Antoine  Petit,  second  échevin. 


Par  acte  sans  date,  page  00.  entre  les  actes  du  11  novembre 
1731  et  22  juillet  17:;.').  du  Keg-isire  cotté  1  1,  le  sieur  l'imu' 
Li'  <loinlf,  chii-urgien.  a  été  reçu  Oreflier  de  la  \'ille  par 
Messieurs  Mallet,  commis  h  l'exercice  de  Maire,  Urhiii  Mur- 
(/tis,  lieuteiiaiii  de  Maiii'.  Etienne  Anteaume,  Echevin  et 
l'ii-rri-  llniuii-il,  de  même  commis  à  l'oflicede  iirocun-uî-  sindic 
Le  sieur  .Xicolns  Jif/f/furd  a  C(jmparu  en  qualité  d'avocat  du 
Roi  et  Anselme  ]<•  ....  (•(uilinleni-. 

1738 

Par  acte  du  l'"  jan\  ier  I7:î8,  en  v<'iMu  de  l'arrei  duCouseil 
du  1  dé'ccmlire  17;J7,  (pu  ordnuni'  rexeciiliuu  du  lunis  de  no- 
veud)i-e  173:5  portant  r<'lahlisseuieul  des  urijcicrs  municipaux, 
le   si(.'ur   ('.hni-li-^    [.'•   Mrm-^irrl  a   été  <'lii    M.iire.   h's  sieurs 


—  ri8  — 

Etienne   Anleaiuue,    [ireiiik-]'    (•cheviii.     (iiiillnmiu-    Cin-ihh'', 
second  Echevin  et  Pierre  Honard,  procureur  sindic. 

Le  24  janvier  1738,  les  provisions  des  Receveurs  des  deniers 
d'octrois  et  patrimoniaux  de  la  Mlle,  obtenues  par  le  sieur 
Nicohis-Aiihi'mi'  Clihui-nt,  au  mois  de  novembre  1737  ont  été 
registrées  sur  le  reu,'istre  des  délihéralions  de  la  AMlle. 

1739.  Gouverneur  de  la  Ville. 

Le  12  mai  1739,  les  provisions  de  i^ouverneur  delà  Ville  de 
Dreux,  obtenues  par  M.  do  Sti/u'ovois,  ca]>itaine  au  Régiment 
Royal  carabiniers,  le  27  février  17.38.  ont  été  enregistrées  sur 
le  registre  de  la  Ville. 


Par  acte  du  20  mai  17:]'.)  on  l'assemblée  tenue  par  M.  Le 
Grand,  pour  l'absence  de  M.  le  Lieutenant  Général,  oii  étoient 
les  sieurs  Charles  ^lenestrel.  Maire,  Choddé,  Echevin  et 
Houard,  procureur  sindic.  Le  sieur  Louis  l'etil,  procureur,  a 
été  élu  echevin  à  la  place  dn  sieur  Etienne  Ant^ieaume  dont 
le  tems  étoit  fini. 

1740 

Par  actes  des  7  et  14  Juin  1740,  les  sieurs  Charles  Le  Ménes- 
trel, Maire,  Louis  Petit,  Echevin,  etHouart,  procureur  sindic; 
le  sieur  ChnrJrs  Thiihciif  a  été  élu  second  Echevin  à  la  place 
du  sieur  Cheddé. 

1741 

Par  actes  des  28  et  30  mai  1741,  le  sieur  C hurles  Brissemi 
a  été  élu  Maire,  le  sieur  Thubeuf  resté  premier  Echevin,  le 
sieur  Michel  Musson  élu  second  Echevin  et  le  sieur  Xicoks 
Le  Menestri'l  élu  procureur  sindic  ;  mais  il  paroit  par  les  actes 
d'après  la  nomination  du  sieur  Le  Ménestrel  pour  procureur 
sindic,  qu'il  n"a  point  exercé  et  que  le  sieur  Houart  a  conti- 
nué l'exercice. 

1745 

En  l'année  1745  registrement  des  provisions  d'Echevin  mi 
triennal  et  alternatif  mi  triennal,  obtenues  le  23  janvier  1745 
par  les  sieurs  Jemi  CouteJlier  et  Piei've-Mavtin  Bureau. 


—   120  — 

1717.  M.   Dks.iardins,  Greffier 

Par  aclr  «lu  VU  st'iitciiilnf  17  17.  If  siciir  ("liarlos  Brisst'an. 
Maire,  a  fi^rn  l.i  [n'isoiiiic  de  /.;iiiri-iil  Ifcsjni-diiis,  [lour  Grel- 
fier  (le  rilôtol  d.'  Ville. 

l'ar  acte  du  '•)  ncllini-c  17  17  d  cii  ciiiisiMjuencc  de  l'arrêt  du 
Conseil  d'Etat  du  I  I  août  audit  au,  (jui  onUuine  (^ue  les  orii- 
ces  niuuicipaux  dt'  la  cri'atiou  de  l'ivlit  de  Uf)veuilii-e  17:}:i 
restaut  ii  Nciidre.  serout  rcMiuis  aux  curiis  des  ^■illes.  le  sieur 
ifiiliciiiir,  Lieiileuaut  <iéuéral.  a  été  élu  Maire,  les  sieurs  Jean 
Coutellier  et  Pierre-Martin  Bureau,  restés  Echevinsen  titre, 
le  sieur  l'ifrrr-.Xii-olns  l.r  Mnirs/i-rl  a  0{r  (du  troisième  Eche- 
vin  et  le  sieur  Clinrlvs  Tliulmil' n  été  élu  procureur  sindic. 

Par  actes  des  il»  et  VC)  mai  175(J,  le  sieur. lulienne,  Lieutenant 
Général,  a  (''t('' (•oiitinu<''  Maire,  les  sieurs  Coutellier  et  Bureau 
restés  Echevins  en  litre  et  le  sieur  Charles  ThubeuC  continué 
procui'eur  siinlic  et  au  lieu  et  place  du  sieur  Nicolas  Le  Ménes- 
trel, trojsii'Mie  Eclievin  le  sieur /'/e/ve  ^',7///;/r'a  été  élu  lieute- 
nauL  (le  Maire. 

Par  actes  des  l"""  et  S  juin  I7r)l.  le  dit  sieur  Julienne  a  été 
continué  Maire,  le  ditsieiu-  Pierre  Cai^iiié  continué  lieutenant 
de  Maire,  les  sieurs  Coutidlier  et  Bureau  restés  Echevins  eu 
titre  et  le  sieur  (iiiiUmuur  (lltcddé  a  été  élu  procureur  siiulic. 

1752 

Le  S  a\  lil  17.")2.  re.uMst renient  a  (''t(''  lait  des  provisions 
d'Echeviii  cil  litre,  (djlenues  par  le  sieiir  ,/;n-i/iics  Ainry  le 
IT)  d(''ceiulirc  I7.')0,  à  cause  de  rac(inisiti(iii  (pi'il  en  avoit  faite 
du  sieur  (  'outcllier. 

1752 

Par  acte  du  21  luiii  1752.  ledit  sieur  Jidieune  a  de  (  onu- 
uu('>  Maire,  le  siciir  Pierre  CaLiiiic'  lieut(>nant  de  Maire,  les 
sieurs  Bureau  et  Au\ry  rest(''s  Kclieviiis  en  liti'c  et  le  si(MU' 
('liedd(''  (-(Uitinué  procureur  sindic. 


—  4:J0  — 


1754 


Par  acte  du  14  juin  1751,  ledit  sieur  Julienne  a  été  continué 
Maire  pour  trois  ans,  les  sieurs  Bureau  et  Auvry  restés 
PX'hevins  en  titre,  et  le  sieur  Cheddé  continué  procureur  sin- 
dic,  pour  trois  ans. 

1757 

Par  acte  du  31  mai  1757,  le  dit  sieur  t/«//e/;/ie  a  été  continué 
Maire  pour  trois  ans,  les  sieurs  Bureau  et  Auvry  restés  Eche- 
vins  en  titre  et  le  sieur  Cheddé  aussi  continué  procureur  sin- 
dic  pour  trois  ans. 

17G3 

Par  actes  des  29  et  31  mai  1763,  le  sieur  Henry  Cagnié  a 
été  élu  Maire,  les  sieurs  Bureau  et  Auvry  restés  Echevins  en 
titre  et  le  sieur  Pierrc-Cbarles-Fruunois  Guillet  a  été  élu 
procureur  sindic.  -. 


Nominations  et  administrations  nouvelles  ordonnées 
par  édits  des  mois  d'Août  1764  et  mai  1765. 

17G4 

'  Par  acte  du  19  décembre  1764  et  en  exécution  de  TEdit  du 
mois  d'août  1764,  le  sieur  Henry  Cagnié  a  été  élu  Maire,  les 
dits  .sieurs  Pierre-Martin  Bureau  et  Jacques  Auvry  élus  Eche- 
vins, le  sieur  Guillaume  Cheddé  élu  procureur  sindic  et  le 
sieur  CJiarles  Bureau,  de  Saint-Denis,  nommé  Receveur  des 
deniers  d'octrois  et  patrimoniaux  de  la  Ville  et  le  sieur  Charles 
Le  Ménestrel  nommé  Notable  et  le  sieur  De.sjardins  a  continué 
d'exercer  les  fonctions  de  Greffier. 

1765 

Par  acte  du  16  juillet  1765,  en  exéctilioii  do  l'édii  du  mois 
de  mai  audit  an.  Messieurs  Henry  Cagnié  a  continué  l'exer- 
cice de  Maire,  Pierre-Martin  Bureau  et  Jacques  Auvry  celui 
d'être  Echevins  et  ont  été  élus  pour  Notables  : 


—  4.S1  — 

MM.  !)(' Sailly.  chanoiiio  ;  Honiiol.  curé  de  Saint-Pierre; 
Le  Cornu  de  Loinvillc;  Julienne,  ancien  Lieutenant-Général; 
Guillet;  Tcjurette  ;  Leprince  ;  Cagnyé  (Pierre);  Thubeuf 
(Antoine)V])i)bineau  :  Colette  de  Chanipseru  ;  Gentil  Dunies- 
nil  ;  Hiiat  et  Nivernois  au  Thivernay. 

Par  acte  du  17  dudit  mois  dejuilli'l  audit  an,  en  exécution 
du  inênie  Edit  Messieurs  Jncf/iics-Jcun  Cîii'oiix  tics  fJrosscs  et 
\icohis  Le  Menesli-el ont  été  élus  3"  et  4*  Echevins.  Messieurs 
Le  DiKjh'  (le  Lorinc,  premier  conseiller  de  Ville,  (lliurîr  Tliiihruf 
second,  ('Jiurles  Le  Ménestrel 3"  ;  Xicolus  Rogeard  4°;  Xieolas 
André  5^,  et  Sébasl ien-Frnnçois  Mnllet  Cf.  La  place  de  sindic 
receveur  n'a  point  été  remplie  attendu  la  difficulté  qui  s'est 
trouvée  et  qui  a  été  renvoyée  à  ^L  le  Contrôleur  g'énéral. 
Laurent  Desjardins  qui  a  exercé  la  place  de  Greffier  depuis 
l'année  1747.  a  été  élu  Secrétaire  Greffier. 

17G3 

Par  acte  du  3  août  1705,  M.  Guillaume  Cheddé  a  été  élu  et 
nommé  Sindic  Receveur,  en  conséquence  de  la  lettre  de 
M.  le  rontroleur  irc'néral. 

17G7 

Par  acte  du  10  Juin  1707,  Messieurs  Le  Bugle  de  Lorme  et 
Charles  Le  Ménestrel  ont  été  élus  et  nommés  S*"  et  4*  Echevins 
au  lieu  et  place  de  Messieurs  Bureau  et  Auvry. 

1708 

Par  acte  du  '^.)  mai  17()S,  Jour  de  la  'ri-iiiilé.  MM.^'//''y//.\  des 
ISrosses,  Honnet,  curé  de  Saint-Pierre,  et  ^'//cc/f/é ont  été  élus, 
pour  un  des  trois  être  nommé  i)ar  le  Roi  Maire,  en  \ crtu  de 
redit  du  mois  de  mai  17(j5. 

Peu  après  le  Roi  a  nomm*'  M.  (Iheddr  pour  être  Maire. 

Par  le  même  acte  du  dit  Jour  20  mai,  MM.  Ciiilli-I  et  André 
ont  ("té  élus  et  nommc's  '.Y  et  1"  Echevins  et  MM.  Le  Hu-j-l'-  d«' 
l>orme  et  Le  Menestivl  sont  devenus  V  et  2"  Echevins. 

Par  acte  du  17  juillet  170S.  M.  Louis  Centil  Dinnesnil  a  été 
nommé  sindic  receveur  à  la  place  du  sieur  Cheddé. 


132 


1769 


Par  acte  clii  21  mai  1709,  Messieurs  /j-prim-r.  avocat,  et 
l'irrro  Civjini'  ont  été  élus  2,"  et  4'^  Echevins,  au  lieu  et  place 
(le  >nr.  Delorme  et  Ménestrel;  M.  Cheddé  a  resté  Maire  et 
^[.M.  (Uiillel  et  André  P^  et  2"  Echevins. 

1770 

Par  acte  du  10  juin  1770,  Messieurs  iJohincmi  et  IhiUoynu 
ont  été  élus  Echevins,  savoir:  M.  Dobineau  pour  un  an,  au 
lieu  et  place  de  M.  Cagnié,  mort  en  charge,  et  les  sieurs  Ro- 
iji'nrd  cl  IliiUoynn,  :><=  et  4-  Echevins;  M.  Cheddé  a,  resté  Maire 
et  M.  Lejirince,  avocat,  et  Dohiin-nii  pour  premier  et  deuxième 
Echevins. 

1771 

l^ai'  acte  du  21  mai  1771,  mardy  de  la  Pentecôte,  Messieurs 
Giroiix  dos  Brosses,  GuilleL  et  Le  Ménestrel  ont  été  élus  pour 
l'un  des  trois  être  Maire. 

Ledit  jour  MM.  Bonnet,  curé  de  Saint-Pierre,  et  Brisset  ont 
été  élus  3"  et  4*^  Echevins  et  MM.  Rogeard  et  Dalloyan  sont 
restés  l*"''  et  2*^  Echevins. 

Dans  le  courant  de  juillet  en  suivant  M.  Gironx  des  Brosses 
a  été  par  le  Roi  choisi  et  nommé  Maire. 

1772 

A  la  Trinité  1772,  il  n'y  a  eu  aucune  nomination,  ailcndu 
la  suppression  des  places.  Suivant  TEdit  de  novembre  1771. 
MM.  (liroul  des  II  rosses,  Bof/enrd,  B;dlo}  cnii,  /.<■  niri'  de  Sniid- 
/'icri-t'oi  /Irissri  on\  continué  leurs  fonctions  de  Maire  et 
dEchovins.  Le  sieur  Diunesnil  pour  Receveur  et  Drsjnrdins 
Tainé  pour  Secrétaire  Greflier. 

Le  mardi  dix-sept  novembre  1772.  M.  /j'/irincc,  ancien 
Lieutenant-Général  au  Bailliage  de  Dreux,  a  l'ail  signifier  au 
grefïe  de  la  Ville,  l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  Roi  du  3dudit 
mois  do  novembre,  par  lequel  il  a  obtenu  de  sa  Majesté  tous 
les  offices  municipaux  di'  la  Aille,  nioyennani  la  >(ininir  t][' 
30.100  livres  poni-  en  jouir  et  disposer,  connue  il  avisera  bon 
être. 


—  4:w  — 

Le  lo  ilécciiibrc  iiiulii  ;tii  1T7J,  les  pinvisions  et  quittances 
de  finances  ohtcniies  par  M.  .W;ii-</itis.  diiii  ollicc  trKclievin 
sur  la  (léuiission  ipic  lui  en  a  faite  M.  Lrjiriinr,  ont  été  regis- 
trées  suries  Reiristres  de  la  \illr. 


1 


/   (O 


Le  rj  jaiiN  ici'  177:!.  les  jhhn  isioiis  et  (juitlauces  de  Huauces 
<)l)tenues  y.w  M.  Cornu  tVww  i<\'\\rt-  d'assesseur,  sur  la  df'iuis- 
sion  (jue  lui  eu  a  laite  M.  l.'-jiriii<r.  dnt  aussi  (''!(•  rej^-istrées 
sui'  les  Keuisli'es  de  la  \  illi'. 

Le  17  uiars  177."!.  les  in-ovisious  (jl)leuues  par  M.  i/anjiirs 
J)rsl;iiiih-fs  de  lieutenant  de  Maire  delà  ^'ille,  sur  la  démission 
i|iii'  lui  eu  a  faite  M.  l.i'priuce,  oui  pareilleuieut  (Hé  reg:istrées 
sur  les  Kep:istres  de  la  \ille. 

!.<■  il  a\ril  177:'..  les  jirovisions  obtenues  par  .M.  /'/ry/v 
DcJfiluijr  d'un  oflice  d'assesseur  a  la  Ville,  sur  la  déujission 
que  lui  en  a  faite  M.  Leprince,  <»ut  aussi  ('te  reiiistrées  suries 
Registres  de  la  Ville. 


('erlili(''  le  iir(''seut  registre  couroruie  a  l'oi-igiual  déposé  aux 
arrliives  de  la  \  illr  de  hreux.siir  la  renuse  (jui  eu  a  ('te  faite 
vohuitaii'euient  pailesieiu"Eutr(»pe  La  Mésange,  lils.qui  l'ax  oii 
eu  propriété  (!<■  la  inaiu  même  des  héritiers  de  ISL  Desjardius 
et  qui  en  a  fait  lioiumage  à  la  Ville,  par  attachement  \un\v  s(ui 
pays  et  par  /.ele  pour  la  e(Uiservalion  de  tout  ce  (pn  iieul 
coutril)iii'r  a  la  l'oi-uiati(tn  de  l'histoii'e  de  Dreux. 

A  lu  Muirif  de  Droux,  le  28  octobre  t^il. 
sign<3  :  Holrou,  .Maire. 


(I.   (  u.\Ml-A(iNi:. 


ÉTUDE 


SUR    LA 


FAÇADE  DE  LA  CATHEDRALE  DE  CHARTRES 

Du  Xr  au  Xlir  siècle 


Tant  d'archéologues  autorisés  ont  déjà  écrit  sur  la  cathé- 
drale de  Chartres  qu"il  semble  téméraire  de  vouloir  en 
parler  de  nouveau;  et  pourtant  aucun  d'eux  n'a,  jusqu'à  ce 
jour,  établi  la  suite  complète  de  ses  transformations. 

L'étude  de  l'ensemble  du  monument  serait^  un  travail 
tellement  considérable  qu'une  vie  tout  entière  n'y  sutiirait 
peut-être  pas;  aussi  avons-nous,  dans  cette  notice,  borné 
nos  recherches  à  la  façade  principale,  cherchant  avant 
toute  chose  à  établir  la  continuité  des  transformations 
qu'elle  a  subies  plus  que  les  dates  rigoureuses  de  ces  travaux. 
Nous  nous  sommes  contenté  de  mettre  les  faits  en  rapport 
avec  les  dates  connues,  nos  moyens  d'investigation  ne  nous 
permettant  pas  d'en  contrôler  l'exactitude. 

Jusqu'en  l'année  1020  le  travail  très  approfondi  de 
M.  labbé  Clerval  et  de  M.  Merlet  nous  renseigne  d'une 
façon  exacte  sur  l'origine  de  la  cathédrale.  Puis,  continuant 
cette  étude  dans  Icui'  Mmiuscrit  Chartniin  ihi  XI''  sirclr.  ils 
reconstituent  la  nef  de  Tévèque  Fulbert  avec  d'autant  plus 
de  précision  qu'ils  avaient  pour  base  la  nnniature  d'André 
de  Mici,  dont  ils  ont  pu  établir  une  concoi-dance  avec  les 
substructions  encore  visibles  aujourd'hui. 

Aussi,  renvoyant  le  lecteur  à  cet  excellent  ouvrage,  })0ur 
cette  période,  commencerons-nous  notre  éttulc  au  sixième 
incendie  cjui  endonuuagea  la  nef  de  Chartres,  le  11  sep- 
tembre 1030. 


—   i:{5  — 

A  celte  époque,  la  ealliédralf  dt-  Fulliert  se  composait 
(riiiic  al)si(le  avec  déaiiibulatoire  ettrois  absidioles.  d'un<»  nef 
avec  bas-côtés,  c(>iii|iri'ii,iiii  dii/c  tiavées  éjj;ales.  et  de  deux 
clochers  fl'iiii  an  nord,  près  du  elioMir.  l'autre  au  sud.  contre 
la  lactutc  occidentale. 

^  Dans    sa    i"('C(»nstituti«>n    de  la    ncl'   de    r(''vê(|ue 

/lm\   Fulljerl.  M.  Mei'lel   place  ce  deinier  cloclier  i-<»ni- 
plètenient  isolé  de  Tc-iilise. 

Outre  (piil    n'apporte    aucune    preuve  ;i    l'apimi 

de    cette    assertion.    ;i    laipielje. 

d'ailleurs,     il    n'attache    (pie    [mmi 

d'importance,  il  est,  croyons-nous. 

VvS'^'v'  3-^^^  a^to'ii,^     Cil    désaccord    avec    la    miniature 


S^ 


I  : 


d'André  de  Mici,   doni   nous  d(»n- 
noiis    ci-Joint     lïu:.    1     le    cro(piis 

■  mm  •'■""  i"i'''^-"'f''it- 

Le    cloclier    y    esi     représenté 

collé   contre    la    façade,    dans   le 

Il  ihi   l)as-côtt*  sud.  et   nous 


Il  colk'   c 

♦^,  prolonLi'enieii 


P".-C^ï:^U^H'-'         voyons  (pie  .sa  partie  inférieure.  ré?5er- 

LiV^N"*^?^'     v('e    aux    femmes,    formait    avec    le    porche 

yWf^  I        l'i'^'  «*'i"l<-'  i'»-'  vestibule  ou  narthex.  prinutif. 

Fie.  1.  C'est    celte    disposition    que    nous    avons 

établie  iH'g-ulièremenl    dans  le  plan   fit!:.  2i  rei)résentant  les 

in'emièrcs  travées  ih'  la  uel'.  le  clocher  et   le    porche   tels 

qu'ils  devaient  être  en  lo;;o. 


KlC.  •-'.    —    1(120   a    lil.lil 


Kijii 


Le     dessin     i  Ijti'.    ;;)   re|)reselile    le    M'heiiia    (h'   la    facaih'   a 
cette  éi)oque  et  n'a  nnllemeiii  la  prétentitjn  d'une  recoiisti- 


FiG.  4. 


inso  à  11(10 


—  4:î()  — 

tution  exacte,  mais  nous  l'avons  cru  nécessaire  pour  expli- 
quer la  suite  des  transformations. 

Le  11  septeml)re  lOliO  le  feu  attaqua  pour  la  première 
fois  la  iief  de  Fulbert.  Il  ne  semble  pas  que  cet  incendie  ait 
atteint  le  gros  œuvre,  iniisquenous  voyons,  en  1():>7,  Thierri, 
évêque  de  Chartres,  en  faire  de  nouveau  la  dédicace.  Mais, 
comme  le  fait  remarquer  M.  Merlet.  on  s'expliquerait  dillici- 
lement  qu'il  eût  employé  sept  ans  à  reconstruire  les  combles 
seuls  de  l'édifice,  comme  l'indique 
son  épita[)lie;  aussi  ne  borna-t-il 
pas  là  ses  travaux  :  outre  les  deux 
transepts,  il  augmenta  la  nef  de 
deux  travées  et  construisit  une 
nouvelle  façade  à  l'aplomb  de  la 
face  ouest  du  clocher  (fig.  4). 

Mais  l'épaisseur  de  celui-ci  était 
trop  ('li'oite  pour  (in'il  fût  possible 
de  donner  k  ces  travées  la  même 
largeur  qu'aux  précédentes,  aussi  n'ont-elles- (juo  r)"'28  et 
0'"_;U,  alors  que  la  dernière  de  Fulbert  avaihO"'87et  les 
autres  7 '"05;  de  plus,  le  bas-côté  nord  ne  fut  pas  prolongé, 
soit  que  déjà  la  pensée  fût  venue  d'y  construire  un  second 
clocher  eu  remplacement  de  celui  du  transept  détruit  par 
l'incendie,  soit  que  les  deux  travées  n'eussent  été  construites 
que  pour  remplacer  le  narthex  brûlé,  laissant  ;i  l'extrémité 
(hi  l);is-côté  une  |ioi-te  d'entrée  à  la  crypte. 

La  tlgure  5  donne  le  scliéma 
approximatif  de  cette  façade 
telle  qu'elle  dut  être  vers  1050. 

Nous    remarquerons    que,    si 

nous  conservons  l'axe  intérieur 

|)our  établir  la  porte  et  les  trois 

baies  qui  la  surmontent,  réi)ais- 

seur  des  contreforts  du  clocher 

_  forcent  la   fenêtre   adjacente  à 

ètr(>  plus  étroite  que  celle  oppo- 

is  loin  la  suite  de  cette  observation. 

nn   événement    considi'raltle 

donnci'  nn   immivcI  essor 


1  IG.  5.  —   103U  a   lliHi 

sée.  Nous  retrouverons  p 

Vers  le  niilien  du  W    sii'ch 
de\;iil  inllinMicei'  lonh 
it  reniliellissenienl  de  l;t  c-'il iK'drale 


a  région  e 


Kii  ln:;-j.  (IchUiiin  M.nlil.  lils  de  Fuiihjiirs  .\cii-a.  :i\  ;iit  r;iil 
élever  il  \  ciKldinc.  jHiur  lis  l'.iiMMliciins,  une  ahbaye  qui  Tut 
dédi(''e  en  inid  |(,ii-  Ic-vriiur  lliiiiii  '.  l'iiis.  ayant  ainsi 
satisfait  sj  conscience  peu  liainiuillc  il  lui  appel)'  par  l'eni- 
pen-ur  Miilii-l  l'aplilaiiouicu  cl  partit  en  Sicile  c(Mubattre  les 
Sarrazins. 

Revenu  vaiinpU'Ui'.  il  ra|i|tnrla  cnuiuie  i-(''cnuipeuse  un 
reliiiiutirc  contenant  une  lai-nie  du  christ.  )|Ue  lui  .a.iit 
(lonn(''  l'empereur. 

Cette  précieuse  reliipic  ne  lai  il;i  jias  ii  l'aire  de  nonihreux 
miracles:  aussi,  tant  |Minr  lui  l'aire  lioiiiieur  (jua  cause  du 
•^raml  iininlire  de  dmis  reçus  par  l'ahliaye.  les  travaux  lurent 
repris  en  iU4T  et  bieiilol  l'on  commença  ;'i  élevei-  le  maLini- 
lique  clocher  qu'on  voit  encore  aujourd'hui  -. 

Il  est  certain  (pie  la  pn'senc'c  de  celte  relique  aussi  pr(»che 
(le  Chartres  détourna,  an  prolit  de  \'eu(l<')me.  une  partie  des 
tidèles  et  inquiéta  le  chapitre,  qui  chercha  aussit(jt  ;i  embellir 
et  auiiinenter  la  cathediale  peur  _\  ramener  ratlention  un 
instant  détournée  ^. 

Kn  lo.")!».  uous  voyons  l'oliii  du  clianniiu'  Rainil)anlt  ///// 
(If^dil  nini/mun  p/irtein  suc  possfssiuiiiiis  ml  i-ililirulifuirni 
ypstihiili  /'roulis  lui  jus  (vclcsi;r). 

Kniiii.  comme  le  W  siècle  louchait  a  sa  lin.  nous  voyons 
pom-  la  prenni'i-e  fois  (pi  il  est  fait  mention  du  projet  (U'  la 
construction  d  un  neuveau  clocher.  Le  20  août  l^î)L^  nninrut 
le  doyen  du  chapitre.  Adalard  (y///  lioc  ('Rj)iliiliiin  roiistruxit) 
(pu   avait   construit    ce  chapitre  hi  :iil  .i-di/irntionciii    liirris 


'  L'alilii'  Udoii.  (|ui  vivait  an  .\ll'  sit'-ilc  m  a  (loiiiir  Ir  coiiiiilf  midii  ainsi 
i|ii('  It'S  l'ciistMijiK'incnls  sur  les  autres  (!'V(''iieni('iits  i|iii  vont  >nivn'.  (  ViMitl(>iiie, 
liililiotliè()iip). 

*  Vdir  à  l'f  siiji'l  : 

1"  L'Hisliiirr  du  Vcmlnmois,  par  l'alii)('  Simon. 

■i''   \'ruili'iiui\  |iar  île  l'assac. 

;!"  Mniiniirs  hisioiiiiues  et  rhnmolnniqurs  du  Vmdoiiiois,  par  Diiiiicmin  de 
la  (Ihcsnais,  ouvrai,'e  non  pnlilié,  cnlic  les  mains  du  concspondanl  du  minis- 
tère (!(;  riiislrnelion  pnlili(|ne. 

i"  l{,ip|Miil  de  M.  I,<  iiiirin.iiid.  an\  .Vrcliives  des  Mimunienls  liislnri(|Ues. 

:<  l.r  rl.irlirr  dr  VeiiiInnU'  élail  I.tiiiiim'  en  I  H'.:!.  aniM  ijne  r.iUesIe  l'inscrip- 
(iim  dn  inailn-  iliar|H'nlifr  r.renni''ie  >\w  nne  de^  |ii(nlre>  dn  liellmy. 


—  i:«  — 

phirinium  profuit),  ol  laissa  beaucouii  de  biens  pour  la  cons- 
truction d'une  tour.  «  Il  no  faut  pas  confondre  cette  tour 
avec  Tune  de  celles  qui  subsistent  encore  aujourd'hui  près 
de  la  façade  occidentale,  dit  M.  Merlet,  et  que  l'on  n'érigea 
que  quarante  ans  plus  tard,  après  l'incendie  de  1104  ».  Nous 
ne  sommes  pas  de  cet  avis.  Lorsque  M.  Merlet  écrivait  ces 
lignes,  l'étude  de  M.  Lanore  n'avait  i)as  encore  paru, 
établissant  la  priorité  du  clocher  nord  sur  le  clocher  sud,  et 
il  était  convenu  (juc  les  dcnix  clochers  avaient  été  construits 
à  la  môme  époque.  Nous  donnerons  plus  loin  l'étude  compa- 
rative des  moulures  de  ces  deux  clochers,  mais,  ce  que  nous 
pouvons  faire  remarquer,  c'est  l'énorme  rapport  qu'il  y  a 
entre  le  clocher  de  Vendôme  et  la  base  du  clocher  nord  de 
Chartres.  Ce  sont  les  mêmes  moulures,  les  mêmes  détails, 
dans  les  deux  la  même  hésitation  entre  l'arc  plein  cintre  et 
l'arc  à  peine  brisé.  Certain  chapiteau  de  Chartres  porte 
deux  griffons  que  nous  retrouvons  dans  la  frise  de  celui  de 
Vendôme,  mêmes  archivoltes,  mêmes  bases.  Car  il  ne  faut 
pas  croire  que  les  travaux  du  clocher  étaient  sommencés  du 
temps  d'Adalard,  mais  il  en  est  parlé  comme -^d'un  projet 
(liirris),  sans  qu'il  soit  précisé  comme  il  est  fait  pour  le  cha- 
pitre (Hoc  cHpiliiliim).  Peut-être  est- 
ce  même  pour  une  tour  symétrique 
à  celle  de  Fulbert. 

C'est  seulement  vers  1100,  croyons- 
nous,  que  fut  élevée  la  tour  nord, 
et  elle  devait  être,  vers  ll.'iO,  ;i  peu 
près  terminée  dans  son  premier 
projet,  c'est-à-dire  jusqu'au-dessus 
du  glacis  des  contreforts  (tig.  6). 

Une  flèche   en  bois   analogue   à 
celle  de  Saiut-Ccrniain-des-Prés,  (i(\ 
Paris,  la  t-erminait  sans  doute. 

En  même  temps,  saint  ^'ves,  évêquc  de  Chartres,  faisait 
réparer  la  toiture  et  la  couvrait  en  partie  de  plomb. 

Enlin,  de  IPiO  à  11:34  fut  construit  un  vaste  porche  accolé 
contre  la  façade  et  le  clocher  nord  et  décoré  des  trois 
magnifiques  portails  que  nous  pouvons  admirer  encore 
aujourd'hui  (fig.  7). 

M.  Lanore,  et  avec  lui  plusieurs  auteurs,   ont  cherché  à 


llOd  ;l    ll:i'l 


—  130  — 
établir  lisfilomont  roniidcl  du  clochor  nord,  à  l'oxoniplo  do 
celui  de  Veiidonie, 

Il  est.  Je  crois,  tout  à  fait  iiiipossible  do  comparer  ces  doux 
clochers  ji  ce  point  do  vue.  l'un  ("tant  celui  d'une  abbaye 
(exoiuplo  d'ailleurs  uni(iiu'  on  Franco  .  Vautre  faisant  partie 
d'uiir  cathédrale  ot  (''vidciiiiiimt  construit  pour  faire  pondant 
au  clochor  do  FuHiort. 

_  D'autre  |iart,  si  nous  pouvons 

Im  aihiiettro  que  les  faits  invoqiu's 

■  Il  1''"'  ^'-   1-anoro  pniuvcnt  ris<i- 

loniont  du  cldciior  jirés  du  bas- 
cntc  actuel,  tel  qu'il  est  indi- 
(pu'  dans  le  plan  (tig.  7).  la  fac<> 
sud  a  toujours  été  accolée  jus- 
(pi'au-dossous  des  doux  baies 
jiros(pi('  {iloiii -cintre,  aujuur- 
d'hui  bouchées,  qui  se  voient 
h  l'intérieur. 

1 1.1.  T.  —  iino  ;i  ini  En  eflet.  alors  qu'il  Vendonio 

les  faces  sont  semblables,  sauf  celle  de  l'escalier,  à  Char- 
tres, seules  les  faces  nord  et  ouest  otFrent  dans  la  partie 
basse  une  certaine  ré'oularité. 

La  face  sud  (lig.  14),  présente  une  disposition  toute 
spéciale.  ])eu\  arcs  cautounés  de  dix  colounos  supportent  le 
mur  de  face  ot  laissent  la  lil)re  circulation  à  l'intérieur. 
l>eux  colonnes  en  A  et  B,  rigoureusement  liées  ii  la  ma(;on- 
nerie,  et  dont  la  mouluration  concorde  d'ailleurs  avec  tout 
le  reste,  portaient  do  A  on  H  et  en  ('  deux  doubloanx  dont 
on  voit  parfaitement  la  trace.  Au-des>iis  do  la  colonne  H.  les 
pierres  on  l)outisso  forment  corbeaux  et  reçoivent  la  retom- 
bée d'un  arc  î)erpendiculairo  H-K,  tout  en  maintenant  la 
base  du  contrefort,  dont  la  Ini-iue  spéciale  etamincio  prouve 
l)arfaitomont  sa  destination  promièro. 

Si  nous  reconstituons  par  le  tract'  le  |ilaii  de  ce  porche, 
dont  les  bases  existent  on  A  I!  <'  i)KK(;  11,  nous  nous  trou- 
vons en  |ir<''Sonco  d'un  naiMlio.x.  semblable  on  tout  jioint  a 
celui  de  Saint-i5eiinisi-siir-I,oii-e  Loii'ol  .  Ce  nartliex  avait  une 
l'act-  >uil  ainsi  ipi  il  esl  indique  dans  h-  plan  ii^r.  7),  ol  lut 
dc'cori',  peu  de  temps  apri's  sa  con-^liiU'titMi,  «les  admirabh'S 
liiiuros  (pli  l'orneul  anjoin-d  liui. 


—  I  m  — 

Plusieurs  auteurs  oui  émis  l'opiiiidn  (jue  ces  sculptures  ont 
été  (li'iiiontées  et  proviennent  (fun  autre  |)oi'tail.  Nous  ne 
croyons  pas  que  cette  opiui(^n  juiisse  tenir  à  un  examen 
sérieux.  D'abord,  il  faudrait  trouver  l'emplacement  de  cette 
ancienne  façade.  Celle  de  Thierri  existait  encore,  puis,  en 
admettant  qu'elle  eût  été  remplacée  par  ces  sculptures,  la 
largeur  entre  murs  ('tail  de  15.50,  alors  (pic  la  laçade  actuelle 
a  10.28,  il  y  aurait  donc  0.78  c.  en  trop  :  or  nous  voyons  au 
contraire,  nous  rcxi)li(iuerons  ])lus  loin.  (|uc  la  l'acadc  a  du 
être  raccourcie.  Nous  aurions,  en  outre,  des  traces  nom- 
breuses de  remontage,  et  si  du  c<')té  nord  nous  voyons  une 
(•oupur(^  nette  de  la  pierre,  ce  qui  est  forcé,  puisque  le  clo- 
cher est  en  pierre  de  Berchëres,  alors  que  celle  du  porche 
est  en  pierre  de  Normandie;  les  cintres  des  deux  portes  ne 
présentent  aucune  trace  de  disjointoiement  complet.  Tous 
les  constructeurs  savent  comlnen  il  est  ditlicile,  pour  ne  pas 
dire  impossible,  de  réemployer  des  sculptures  sans  retouches 
ni  retailles. 

De  plus,  la  porte  centrale  n'a  pas  et  n'a  jam-ais  eu  de  tru- 
meau. Cet  usage,  qui  dura  tout  le  moyen-àge.  ét;^it  nécessité 
par  le  manque  de  procédé  [)our  maintenir  une  porte  à  deux 
vantaux  fermée  sans  espagnolette  ni  crémone  et  aussi  pour 
soulager  le  linteau.  Les  feuillures  actuelles  ont  été  retaillées 
au  XIIP  siècle  en  recoupant  toute  la  mouluratiou. 

Ces  portes  étaient  donc  bien  faites  pour  être  ouvertes 
sans  vantaux,  comme  un  porche.  On  accédait  sur  ce  porche 
formant  terrasse  par  les  deux  arcades  du  clocher  nord, 
aujourd'hui  bouchées,  car  la  partie  basse  n'était  pas  voût(''e. 
mais  seulement  fermée  d'un  plancher,  et  peut-être  au  début 
le  porche  fut-il  seulement  couvert  en  char|)ente.  Il  est  évi- 
dent que  pour  subvenir  à  tous  ces  travaux  on  ne  put  attendre 
les  libéralités  posthumes,  aussi  eut-on  r(>cours  à  des  quêtes 
imuK'diates,  c'est  [lourquoi  les  obits  de  cett(^  époque  sont 
muets  sur  ces  donations.  Ce  n'est  que  plus  tard,  lors  de  la 
mort  des  donateurs,  qu'elles  furent  signalées  mais  sans  pré- 
ciser depuis  quand  elles  avaient  été  faites. 

Nous  voici  donc  en  1134,  le  clocher  est  achevé,  le  porche 
vient  de  l'être.  Chartres  peut  rivaliser  avec  Vendôme.  Mais 
un  nouveau  sinistre  éclate  et  met  partout  la  laiineet  la  déso- 
lation. 


—  m  — 

Le  7  soptombro  1131,  «  la  (•ii(''  lui  in'osque  eiUièrcinent 
(h'tiuiic,  mais,  i»ar  la  miséricorde  (!<'  lùcii,  le  sanctuaire  do 
N<)lrc-I)aiii('  l'ut  pn-scrN  ('•  dos  (lammos  qui  rcnvironiiaiont.  » 

D'ai)rc|  .M.  Mcrlcl,  les  déf^^àls  lurout  relativement  peu 
importants,  eu  ce  (jui  concerne  la  nef  même.  «  Toutefois, 
dit-il.  il  est  certain  (pie  les  parties  occidentalesde  cet  ('dillce 
euri'ui  il  soutlrir  de  l'intensité  du  l'eu,  car  l'Hôtel-bieu  du 
chapitre,  situé  h  quelques  mètres  seulement  au  sud-ouest  do 
réifli-se,  fut  entièrement  ruine  par  l'incendie.  » 

Voici  donc  encore  une  fois  la  façade  endommagée.  Le  clo- 
cIkm- de  Fulbert,  (pli  dc'Jii  avait  en  lo.'iO  résisté  à  l'incendie 
et  peut-être  ;'i  celui  de  liijtt.  u(''taitplns  qu'une  masse  informe 
roniLi'ée  par  les  llammes;  alors, 
pour  la  priMuière  fois,  l'architecte 
coïK^'ut  un  parti  d'ensemble  digne 
du  monument  (lîg.  8). 


l'io.   8.  —    ll.l'i  ;i  119't 


Fld.  0.  —  IKI'i  .1   ll'J'i 


Il  démolit  le  clocher  de  FuUiei-i,  compléta  les  deux  travées 
de  li»:;(i.  (|t''monla  la  fac(;  et  l.i  porte  sud  du  porcjie;  jinis, 
syniétri(iueiueut  au  cIihIici-  uoid.  ('■1c\  a  le  clocher  sud  actuel 

(iiii--  '••)• 

11  ne  Ic'deva  pas  d'un  seul  Jet,  son  but  elaiii  e\ideiuuieul 
de  faire  juMidant  axcc  le  cldclier  uord.  il  s"air<"'(a  d"ab«ii'd  en 
.\  15,  au  ni\('au  d(''J;'i  ciuistruil  de  ce  dernier  clocher  ipi'il 
avait  ('•yalis(''  de  A"  en  .\,  travail  (pii  dura  Jus(pu'  vers  H  Hi. 
car,  pendant  toute  celte  p(''riode,  il  n'est  mentioinK' au  nécro- 

r.  xii,  .1/. 


—  442  — 

loge  que  des  dons  pour  une  seule  tour.  Après  cette  époque 
il  éleva  symétriquement  les  fenêtres  jusqu'au  niveau  C  D. 
Là,  nouvel  arrêt.  La  tour  sud  fut  seule  continuée  par  la 
flèche  actuoll(\  mais  certaiuenuMit  après  quol(iues  hésita- 
tions. L'examen  allontif  du  i)lan  de  la  Uèchc  montre  qu'elle 
ne  concorde  ])as  ri^-oureusement  avec  le  plan  inférieur,  il  y 
eut  évidemment  un  changement  dans  le  parti  primitif.  Peut- 
être  le  projet  comportait-il  seuh'menl  des  flèches  en  bois. 
Mais  devant  la  llèche  do  Vendôme,  qui  s'élevait  à  la  même 
époque,  puisqu'elle  fut  finie  en  IKm.  'h^  nérrologc  nous 
api)ren(l  que  celle  de  Chartres  fut 
continuée  jusqu'en  1104,  don  (hi 
chantre  Hugues,,  rarehitecte  conçut 
cette  achnirable  flèche,  au  moins 
égahs  sinon  supérieure,  à  sa  rivak; 
de  Vendôme. 

Avant  d"aller  plus  loin,  examinons 
avec  soin  les  moulurations  des  par- 
ties  que   nous    venons   de   citer    et 
voyons  si  nous  pouvons  y  trouver  la         j 
même  suite  que  dans  les  dates  que        j 
nous  venons  d'établir. 

La  ligure  10  représente  les  profils 
des  bases  du  clocher  nord,  du  porche 
et  du  clocher  sud. 

Nous  voyons  d'abord  ({ue.  si  nous 
pouvons  attribuer  les  mouhires  in- 
formes do  la  base  nord  aux  pre- 
mières années  du  XIl"  siècle,  la  l)ase  su(L  au  contraire,  par 
ses  mouhires  (''(u(ii('(\s  et  ses  talons,  a  tous  les  caractères  de 
la  seconde  moitié  du  XIP. 

Celle  (ht  porclu'.  ])his  pondérée,  presque  encore  romane 
comme  jjrolil,  fait  bien  la  transition,  de  phis  nous  voyons 
que  du  côtf'  nord  le  ])orcli(>  a  été  plaqué  contre  le  clocher  sans 
qu'aucune  moulure  s'y  rattache,  alors  qu'au  côté  sud  toute 
la  base  du  clocher  a  été  moulurée  pour  se  raccorder  avec  celle 
(In  poi-clie.  On  j)eut  \<»ir  sur  ])lace  (pie  la  moulure  (\\\  clo- 
cher nord  traverse  derrière  le  }>orclie  et  ressort  on  Cdn  plan 
(fig.  14),  alors  que  celle  de  base  du  clocher  sud  s'arrête  et  se 
retoni'iie  sur  le  porche  en  M  du  in(''iue  plan,  ceci  concordant 


^ 


^ 


—  443  — 

avec    la    marcli»'    du    tfavail    tell'-    «im'    nous    lavons    imli- 


fin(''('  '. 


i5>  .,^    <=•    El    <=■         C   T_T     C_^  T_  'O   C  T-^  •e.-Fi  INJ 


co  FI.  ir> 


S 


I.r.r,.-- 

H.H      de      C' •"♦««# 


£  «rer  .c  u*- 


v?^ 


< 


/ 


0   •"• 


S' 


i^^r 


1  ^  f*r<eur 


E.f»» 


B 


lie.  H 


■urD 


Comparons  niainlcnant  Irs  deux  clocliors.  La  liii,'.  11  donne 
la  suite  comparative  par  étage  des  bases  des  rr.lonncs  ot. 
colonnettes  qui  s'y  rencontrent. 

An  rc/.-de-chaussée  du  clocher  nord,  nous  ti-ouvons  (Tabord 
;i  rintérienr  (en  A  ot  I'.  du  plan.  lig'.  1  li  et  ;i  rcxtériour 
les  l)ases  ii  boudins  cannelés,  bien  caractéristiques  du  com- 
mencement dii  XII''.  An  premier  étage,  même  moulnratiou 
sans  canneluro,  mais  encore  très  grossière  comme  protil.  Ici 
il  faut  nous  arrête^-.  Nous  retrouvons  les  l)ases  des 
colonnettes  extéi-ienres  i\\\  jiorche  sans  fii-ides  et  celles  inté- 
rieures fl)  ei  K  (In  pl.iii.  li-.  I  I  de  même  prolil.  mais  avec 
grilles  iiidiiiMiitaircs  et  grossièrement  striées.  Nous  sommes 
au  preniiei'  (piart  du  XII''  siècle.  La  b.ase  du  cjoclier  sud  nous 
donne  le  mènu'  pnilil  -i  re\t(  rieuc  comme  à  rint(''rieiM'. 
mais  avec  tirilles  déjà  pai'Iailes.  le  pidiii  s'écrase,  la  scotie 


t 


'  Il  \  a  lif  <liai|iii'  (l'ilr  ili'iiN  |irhl^  ii'^s.iiil^  il. 111^  li'^  iiioiiliin'S  Ikism-s,  les 
traiTS  (le  srrll.inriit  cl  de  nuiillc  miiiMiiiI  imlnitn  r  rriii|il;iii'iiiciil  (iuiu'  giillf 
ou  (if  porlc-lianiiif'ic. 


—  444  — 

se  creuse  et  le  boudin  inférieur  s'aplatit,  c'est  le  plein  XIP, 
Au  premier  étage,  même  profil.  Au  deuxième  étage,  nous 
trouvons  le  même  profil  pour  les  deux  clochers  et,  du  côté 
nord,  une  seule  base  avec  une  griffe,  preuve  que  ces  deux 
parties  ont  été  réparées  simultanément  ainsi  que  nous  l'avons 
expliqué. 

La  comparaison  que  nous  venons  de  faire  pour  les  bases 
peut  se  répéter  pour  les  chapiteaux  et  pour  toutes  les  autres 
moulures,  mais  nous  croyons  inutile  de  prolonger  une  suite 
de  remarques  que  chacun  peut  faire  sur  place. 

Reprenons  l'étude  des  transformations  où  nous  l'avons 
laissée,  c'est-à-dire  à  la  construction  des  clochers,  pour 
nous  occuper  du  porche. 

Nous  avons  vu  (fig.  8),  que  la  face  sud  fut  supprimée  par 
suite  de  la  construction  du  nouveau  clocher  ;  il  fallut 
évidemment  démonter  la  partie  adjacente  pour  pouvoir 
construire  en  M  du  plan  (fig.  14) ,  le  contrefort  d'angle  du 
clocher.  C'est  ce  qui  nous  est  confirmé  par  l'examen  du  por- 
tail. ». 

L'ouverture  de  la  porte  (2.25  au  lieu  de  2.32)  îvété  rétrécie 
de  0.17.  Les  trois  statues  adossées  au  clocher  ont  été  dépo- 
sées et  assez  mal  remontées  à  des  niveaux  différents. 
Le  linteau  qui  était  resté  scellé  à  gauche  a  été  coupé 
à  droite  ',  le  tympan  démonté  et  les  archivoltes  sciées  à  la 
clef.  Mais,  une  fois  ce  travail  fait,  le  bas-relief  du  tympan  se 
trouva  trop  grand,  il  fut  alors  coupé  en  trois  morceaux.  Les 
deux  anges  purent  resservir,  mais  la  partie  centrale  dut  être 
refaite.  Ce  fut  l'archidiacre  de  Cliâteaudun,  Richer,  mort  en 
1150,  qui  en  fit  don  ainsi  qu'il  est  dit  au  cartulaire  (ilccoravit 
cliniii  iiilroiliiiii  liujiis  ccclosiiv  imagine  hcutc  Mni-ic  niiro,  dcvcn- 
ter  ornai n).  Cette  Vierge,  évidemment  celle  qui  existe  aujour- 
d'hui, était  peinte  et  dorée,  on  on  retrouve  des  traces.  Enfin 
du  retour  d'angle  il  restait  inoccupée  une  figure  d'ange; 
c'est  celle  qui  mainionant  forme  cadran  solaire  -,  et  diffc- 


'  Ce  (jiii  pst  prouvé  par  le.  fait  (|u'il  y  a  IomI  l'espace  iiéeessaii'e  à  droite;  à 
gauclie,  au  contraire,  un  personnage  a  clé  scié  en  deux,  si  le  linleau  eût  été 
démoulé  en  coupant  de  chaiiue  côté  les  jiarties  inutiles,  la  scène  serait  restée 
complète. 

-  Le  cadran  l'st  du  WI"  si(''cle. 


—  1 1.".  — 

reiits  rragiuoiils  coimiu'  los  Itasos  cl  1rs  cliaititcaux  île  la 
|Miiii'  iiiiii<''('.  lacr  sui\  (lu  cliiciiiT.  ainsi  (|iic  ràiic-iiui-vicUc 
et  les  j^rotesiiiirs.  le   luui    en   |piiiif   de   Ndiinaiidir. 

Quand  titns  ces  travaux  liirenl  Ici  mines,  au  inilicn  de  la 
niaLîliiticenee  de  ces  deux  lours  et  du  |i<ii(||('.  la  l'acadc  d».- 
Tliieri-i.  m  rcliail.  iiarul  Iiup  sini|ili'.  Iiuii  \  icillc  ;  elle  lut 
dcuKjlie  dans  Inulc  la  |iarli('  dfs  trois  Icnêtres  (llir.  C»  et 
!-f|>()rt(''e  sur  le  |Mirtail  '. 

On  ic|ila{;a  les  verrières.  Inuifs  nouvellenient  laites,  dans 
les  nouvelles  liaies,  mais  le  nicinr  ddaut  i|Ui'  iinus  a\tins 
(léjii  lait  t)bserver  se  produisit  :  la  l)aie  de  droite  se  trouva 
trop  resserrée  jiar  le  clocher,  il  l'allut  non  seulement  en 
clian,u-er  la  moulure  mais  encore  l'entailler  pour  y  loger  la 
verrière:  cette  l»aie  a  O.lîl  cent,  de  moins  (pie  lauli'e. 

Un  tirand  arc  de  d(''cliarii'e,  aujourd'hui  coup('',  supportait 
une  y-alerie  h  laipidli'  on  descendaii  par  un  petii  escalier 
nuuiilenant  bouché.  T(uite  la  j)arlie  entre  les  deux  clociiers 
fut  voûtée  et  l'on  voit  encore  les  amorces  de  ces  voûtes  qui 
lurent  retaillées  au  XIIT  siècle  en  l'orme  de  corbeaux,  ainsi 
«jne,  sur  le  clocher  sud.  le  l'ut  d'une  (]('>  coloniu's  rpii  i-ece- 
vaient  les  arcs  ilu  coté  de  ICylisi',  l'ornianl  ainsi  au-dessus 
i\{\  porche  une  vaste  tribune. 

Le  planclier  de  bois  du  clocher  nord   lui    remjdace  par  la 

\oûte  actuelle,   après    avoir  caiitonn(''  dans  les  anij'les  trois 

I  colonnes    [lour    les    doulijeaiix.    les    deux    baies 

('  donnant   sur  la  terrasse    l'ui'eni    mur(''es  et    dans 

Il  les  aniiles  du  porche  les  colonnes  en  C  et  F  du 

^;)Ç  ])lan  'lig.   Il  .  lurent  enlev('es  et  rem])lac('es  par 

/^  deux    escaliers    desservant   celle    iriliuiie.    Les 

R-.pj..       colonnes  actuelles  ont  (''t('  remises  au  WT"  siècle 

comnn'    le    iirou\cnl    les    hases  {{ïu:.  \'J  .   pour  y 

reconstruire  une  trilunie  d'oriiiies. 

Après  et  penl-('ii('  |M'ii(l,Mil    la  construction  du 

rid,  r2        clocher    sud.    les   traxces    Acs    lias-côtés    l'urenl 

|ir(donj.''ees  _ius(pi  aux   clochers,    ainsi   (pie  la  ci*ypte.  <Mi  \oit 

encore  au-dessus  du  loit  actuel,  sur  la    l'ace  est  des  clochers. 


c  ri  r 


*     l'illll.N    IIUII   |tli'\ll    i|III    lil'V.lll    ll'ilillflll'^    |llll-     l;iol     I  'il.'    Iin^i  I      \r     lllilc  .111    cl 

causer  de  ^'ravcs  ({l'-sonlics  dans  les  aitliivollo. 


—  4  1(1  — 

la  trace  des  revers  d'eau  do  la  loitiiro  du  XIT'  .siècle  et  celle 
du  XIIP.  Celle  actuelle  n'ayant  pas  la  niciue  disposition. 

Tels  furent,  autant  du  moins  ([u"(ui  pcul  en  conjec- 
turer, les  grands  changements  subis  par  la  façade  de 
Chartres  jusqu'à  la  (in  du  XII''  siècle.  Mais  là  ne 
devaient  pas  s'arrêter  ces  transformations. 

Le  10  juin  1104,  alors  qu'on  allait  peut-être  édilier 
la  llèclie  nord,  un  sixième  incendie    détruisit  cette 
fois  de  fond  en  comble  la  nef  de  lAdbert.  11  ne 
resta  debout  (jue  la  façade  et  les 
deux  clochers.  Aussi  lorsque  les^ 
constructeurs    infatigables   repri- 
rent le  travail,  il  fut  décidé  qu'on 
voûterait  l'église  pour  supprimer 
la   charpente,  cause   de  tous  ces 
désastres. 

Ce  que  fut  l'église  alors,  telle 
elle  nous  est  restée  depuis  (fig.  13). 
Toute  la  nef  et  les  bas-côtés  furent  ^''''-  "•^-  •'•"'"  "''* 

refaits  (flg.  14),  la  nef  fut  surélevée,  la  grande  ro^e  construite 


riG.  l'i 


a  reniplacciiit'iil  de  la  Uibiiiic  (iiii  ik-  (loiiiiail  aiiciiu  Jour,  t-l 
le  nai'thc'X  suiiiiriiiu'.  I)('s  laiiilxiurs  [m'oiit  laiic('*s  dans  les 
cloc'liers. pour  porter  Irsii'iis  en  dtlii  des  CMluiiiK'ttes  rece- 
vaiii  Ics.ciiitrcs  di's  iioiix clU's  voiiU's  el  sur  If  l<»iit  s'i''l«'\a  la 
«Jialerie  des  rois  et  li-  [liLiiion. 

An  XIV"  siècle,  une  lléchc  en  plonih  d(''C(jra  la  tour  nord, 
Jus((u"an  .i<»nr  nii  .hdian  de  Hcanssc  \iiil  1  acln'Vcr  par  le  nicr- 
\  rilli'ux.  cliiclicr  iiruf  (pli  drvail  être  sa  dernière  adjunclinn. 

A.   M.WF.rx. 


1"  Aunl   l'.iiio. 


TAllLK    liKS    (11;A\  riîKS 

p 

,  •  l'UBLIÉKS  DANS  LE  TOME  POIZIÉME 

des  Mémoires  de  la  Sociclc  Archéoloi/ji/iic  d'Eurc-vl-Luir 


Carte  de  l'oraoro  de  1788 entre  les  pai;es     IfjO-KU 

Monuiiieni  clcvr  u  Maixcau  par  le  ronite  de  Reiset,  pi^ees- 

i^n  1802 17-.' 

La  Façade  de   la  Cathédrale  de  Chartres   du  XI"  au 
XIIl'  siècle  : 

Fig.  1 ,  croquis  d'un  fragment  de   la  miniature 

d'André  de  Mici 135 

Fig.  2,  plan,  de  1020  à  1030 i35 

Fig.  3,  façade,  de  1020  t\  1030 435 

Fig.  4,  plan,  de  1030  à  1100 436 

Fig.  5,  façade,  de  1030  à  1100 43f) 

Fig.  0,  façade,  de  IKX)  à  1134 438 

Fig.  7.  plan,  de  1100  ;i  113i 430 

Fig.  8,  pian,  de  li;{i  à  ir.ii- lll 

Fig. '.»,  façade,  d."  113'i- ù  ll'.li Vil 

Fig.  10,  profils  de  la  base  des  clochers îi„' 

l-'ig.  11,  hases  du  clochiT  sud i  i;{ 

Fig.  12,  profil  des  ])a.scs  du  porche \'^'^ 

Fig.  13,  façade,  après  llili VIO 

Fig.  14,  plan  actuel i  »0 


, 


TABLE    DES    NnïICES 

•  PUBLIÉES   DANS   LE  TOME  IKilZIÉMK 

des  Mfiiinijis  lie   ht   Suclclr  Arc/ji'-ohxjii/nr  li  l'Airi'-''-!  ■if 


Los  Cdiiites  (le  Chartres,  ck' CliiUoaudun  cl  (h-  Blois,         pa^''^- 
aux  IX"  et  X"  siècles,  par  M.  Hi'ué  Merlel  lù  suivre)  l-8t 

L'École  Cliarlraine  de  Sculplure  au  XII'  sicilr.  d'après 
les  Orùfiiirs  du  Slylr  iiioiiiiini-iiliil  nu  moyen  ihjv  par 
II-  !)'■  Vofje;  —  exliaits.  par  M.  Henry  Lelir     ....  S5-l'Ht 

L'Orage  do  1T88,  par  M.  labbé  Sainsot lil-172 

La  Mort  de  Marceau,  jiar  M.  le  Comte  do  Roiset  .    .    .        173-1X0 

Hedevances  au  Pays  Chartiain  durant  1(^  moyen  àt,^', 
{uviH-  t!il)l('\  par  M.  Lucien  Merlet 181-221) 

l'n  diicunicnt  du  XV''  siècle  concernant  la  Heauce,  par 

.M.  l'abbè  Sainsot 23()-2il 

Chronologie  des  jM'omiers  soigneurs  do  Couiville: 
Courville  et  \ieu\pont,  notice  généalogique,  jiar 
M.  Hngrr  Duraml 2i3-2î)3 

Ilistiiriiiur  de  la  Société  Arcliei)ltigii|ui'  d"I'Àn-e-el-L(iir, 
lS.-)(j-l'.M»(».  par  M.  Talibé  Sainsot  .    , 21)i-302 

Lr  Séndnaire  du  (jrand-lieauiieu-lès-(;liarlres  {suilL'\ 
par  M.  ra])bé-Henard 3(I3-3U 

inventaire  des  Hegistres,  Titres  et  Papiers  de  l'Hôtel 
de  \'illc  de  Dii-ux,  l'ait  en  ITIi.'),  jiar  M.  Geoi-ires 
Cliampagui- .'!i-.'i-'j.3.3 

Mlildi'  sur   la    l''acade  de  la  C.alhedralr  de  (]|i:irti-.'--    du 

XI'  au  Xll!"  siècle,  par  .M.  .Vlbert  Mayeux i:U-U7 


PUBLICATIONS 


DE    LA 


f  f 


SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE  D'EURE-ET-LOIR 

(1856-1900) 


1.  —  MEMOIRES  DE  LA  S.  A.  d'E.-et-L.;  12  in-8»,  grav.  ;  le  volume  .... 

Épuisés  :  tomes  I,  II,  III,  IV,  VI.  —  Le  tome  VIII  est  formé  des  LETTRES 
DE  SAINT  IVES,  publiées  par  M.  Lucien  Merlet,  et  le  tome  XI 
des  ÉCOLES  DE  CHARTRES  AU  MOYEN  AGE,  par  M.  l'abbé 
A.  Clerval,  docteur  es  lettres. 

2.  —  PROCÈS-VERBAUX  de  la  S.  A.  d'E.-et-L.,  9  in-8°,  grav.;  le  volume 

Épuisés  :  tomes  I,  III.  V,  VI,  VII.  —  En  cours  :  t.  X. 

3.  —  STATISTIQUE  ARCHÉOLOGIQUE  d'E.-et-L.<  Indépendance  gauloise 
et  Gaule  romaine,  par  M.  de  Boisvillette,  1  in-8°,  grav.,  2  cartes  .    .    .    . 

4.  —  STATISTIQUE  SCIENTIFIQUE  d'E.-et-L.  :  Botanique,  par  M.  Ed. 
Lefisvre,  1  in-8» 

Zoologie,  Ichtyologie,  Ornithologie,  par  MM.  Marchand  et  Lamy,  1  in-S» 
Lépidoptères,  par  M.  Ach.  GuÉnÉe,  1  in-S» 

5.  _  INVASION  PRUSSIENNE  DE  1870-1871,  Rapports  des  Maires  du 
département  [d'Eure-et-Loir]  sur  les  événements  qui  se  sont  passés  dans 
leurs  communes,  publiés  par  M.  Lucien  Merlet,  1   petit  in-8' 

—  ESSAI  SUR  IVES  DE  CHARTRES  d'après  sa  uorrespcndance  ,  par 
M.  l'ahlié  A.  Foucault,  docteur  en  théologie,  1  in-8» 

—  LA  MAITRISE  DE  NOTRE-DAME  DE  CHARTRES  du  y^  au  xvi» 
siècle,  par  M.  l'abbé  A.  Clerval,  1  in-8° 

—  MONOGRAPHIE  DE  LA  CATHÉDRALE  DE  CHARTRES,  par 
M.  l'abbé  Bulteau,  2  in-8»,  grav.  [Historique,  Extérieur],  le  vol 

En  cours  :  t.  III  [Intérieur] 

—  HISTOIRE  du  diocèse  et  de  la  ville  DE  CHARTRES,  par  le  chanoine 
J.-B.  Souchet  (XVII»  s.),  publiée  d'après  le  manuscrit  original  de  la  Bi- 
bliothèque Municipale  de  Chartres,  4  in-8» 

10.' —  Un  Manuscrit  Chartrain  du  XI»  Siècle  [Biblioth.  de  Saint- 
Élienne],  Fulbert  et  sa  Cathédrale,  martyrologe,  nécrologe,  chartes  et 
pièces  liturgiques,  publié  par  MM.  René  Merlet  et  l'abbé  A.  Clerval, 
1  in-4°,  chromolilh.  et  grav 

11.  —  PLAN  de  la  ville  DE  DREUX  EN  1750 

12.  —  PL.AN  de  la  ville  de  CHARTRES  EN  1750 

13.  —  TABLEAU  do  la  ville  DE  CHARTRES  EN  1750  [Noms  anciens  des 
Rues],  par  MM.  P.  Buisson  et  P.  Bellier  de  la  Ciiavignerie,  1  in-8*,  grav. 

14.  —  CARTULAIRE  DE  NOTRE-DAME  DE  CHARTRES  [chapitre  de 
la  Cathédrale],  publié  par  MM.  E.  de  LÉpinois  et  Lucien  Merlet,  3  in-4" 

15.  —  CAKTULAIRE  delà  Sainte-Trinité  DE  TIRON  [abbaye bénédictine], 
publié  ])ar  M.  Lucien  Merlet,  2  in-i» '. 

16.  —  CAIVTULAIRE  de  Notre-Dame  DE  JOS.APHAT  [abbaye  bénédictine, 
près  Chartres],  publié  par  M.  l'abbé  Gh.  MÉtais,  1  in-4»  (t.  I»',  achevé, 
moins  l'Introduction) 

17.  —  DALLES  TUMULAIRES  et  Pierres  Tombales  D'EURE-ET-LOIR, 
1  in-4°  (04  notices  et  G4  pl.inolies).  En  cours  :  tome  II,  le  vol 

18.  —  BIBLIOGRAPHIE    D'EURE-ET-LOIR,     répertoire    périodique ,  par 
^    M.  l'abbé    Langlois  ;   édition   sur   fiches   séparées   ou   édition    sur    fiches 

réunies  en  volume  (au  choix).  Depuis  le  tome  II  (fiche  577).  En  cours  : 
t.  II.  On  trouve  en  librairie  le  tome  1°''  (fiches  1  à  576)  .  .  les  24  fiches 
10.  —  CATALOGUES  D'EXPOSITIONS  rétrospectives  d'objets  d'arts  à 
Chartres  (1858, 189G),  Catalogues  d'Expositions  départementales  des  Beaux- 
Arts,  à  Chartres  (18C9,  1893),  4  in-12 


10  fr. 


8  fr. 


Épu 


8  fr. 
8  Ir. 
4  fr. 


hpuisé. 


5  fr. 
6 

8  fr 


ffW3 


"% 


T 


48  fr. 


24  fr. 
5  fr. 

Epuisé . 


10  fr. 

hpuiié . 
24  fr. 

12  fr. 
24  fr. 


'^$ï[>- 


» 


GETTY  CENTER  LIBRARY 


3  3125  00697  5987 


^  ¥«.,-> 


-—  w 


¥>  l 


'Vv-  ^H 


K>-^ 


•fl*2 


KJ-:  -^ 


V  -  \ 


.JS^- 


^^:. 


\   *^  i.'. 


V* 


€K 


-^i 


w---