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MEMOIRES
DE LA
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SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
D'EURE-ET-LOIR
A
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TOME XH
(IB05- 1900)
CHARTRES
IMIMIIMEHIK GARNI EH
l'i. Rue (lu Grand-Cerf, 15
1001
MÉMOIRES
TOME XII
'18 9 5-1900^
■ MÉM()lUi:S
l)K I.A
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S(m:ii:tk AriCiii:oL(i(;ioiE
D^EIRE-ET-LOIH
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(1895- 1'. M »())
ciiA i:ti:ks
I M l'i; I M i;i; 1 !•; (i a i; N i i:i;
l"i. Uni' ilii (iiMml-Cfif, |."t
r.Mii
UBRARy
SOCIÉTÉ
Al{CHÉOLO(ilQUE
D ELUE-EÏ-LUIK
MÉMOIRES
-«•»-
LES COMTES DE CHARTRES
DE CHATEAUDUN ET DE BLOIS
Aux IX" et X" siècles
CHAPITRE I«^
OÉOORAI'JIIK HISTORIQUE DU PAYS OIIARTUAIN
ANTKRIEUREMENT AU IX" SIÈCLE
Dans les sii-cles (|iu précédèrent la naissance du (.'hrist, au
temps où la Gaule était indépendante, Chartres, qui se nom-
mait alors Aiilririiiii, fut le chef-lieu d'une grande peuplaile
celtifpit'. Cette ]it'U|)la(l('. appi'h'c Cu-iiiitcs, avait son terri-
toire au cœur même île la Gaule '. Outre Autricum. capitale
des ('arnntos, on connait une \ill«' importante, comprise
dans les frontières do cette tribu : (Uwsur, est -il dil dans les
' Cf. Ci'sar. Ciiiiiiiinitaiirs , I. (i. i . i : in finihus ('.tiiiiutum (/(/"' ». «/To
loliits Ijallidf iiifilia hahflur.
r. XII, ,U. 1
•)
Commentaires, in oppido Carimlum, Genabo, castra ponif \
Geimbuiu est aujourd'hui Orléans-.
Le territoire, qu'occupait on Gaule chaque tribu indépen-
dante, analogue à celle des Carnutes, est désigné par César
sous le nom de civitas ou citr. Cette expression fut celle
qu'adoptèrent les empereurs romains comme titre des cir-
conscriptions administratives qu'ils créèrent en ce paj'^s
après la conquête.
L'empereur Auguste, par une sage mesure politique,
conserva généralement aux petits Etats gaulois leurs ancien-
nes limites qui devinrent celles des cités. Il en fut ainsi pour
le pays chartrain. C'est ce que l'on peut induire en partie du
témoignage des géographes Strabon et Ptoléméo.
Le premier, qui écrivait sous Auguste et sous Tibère, nous
apprend qu'à cette époque Orléans dépendait encore de la
cité des Carnutes^ ; le second, qui vivait environ cent ans
plus tard, nous montre que l'état des choses n'avait pas
changé * : les deux villes principales des Carnuies sont, dit-
il, Autricum et Genabum.
On peut donc présumer que , pendant les deux premiers
siècles de notre ère, la contrée, appelée civitas Curniilum par
les Gallo-Romains, représentait assez exactement celle qu'oc-
cupait, au temps de César, la peuplade gauloise des Carnutes.
Dans le cours du IIP siècle, la cité chartraine fut démem-
brée en deux circonscriptions '' . Lune conserva la ville
< L. <S, c. 5.
- L'idêiiliU'' (le (ieiiabiim cl crOrléaiis est aiijoiird'liiii (If'moiilréc. — Cf.
Bulletins de la Socielc Archéolor/i(jue de F Orléanais . ISti,"). p. 'i'M et ssv.;
L'oiiclicr (II! Molaiuloii, ISuurelles éludes sur l'iiisiriptioit rumuiite trouvée à
Mesve (Mémoires lus à la Sorbonne, avril 1867), etc.
•' r//vc<,3ov, To Tôjv Kufj-jo-jzwj zu-Tooilo-j . ("f. (lom noii(|U('t, Recueil des
Historiens des Gaules et de la France, \, "li.
dom Bouquet, livre cité, I, 7i.
' Ou ne |ieut préciser davaiilage l"é|io(|ui' à lafjuellc cul lieu li' dcrnenihrcnicut
de la civilas Carnutum. Au II'' siècle df notre ère. d'ajirès l'tolciiicc, Orléans
dépendait encore de la cité chartraine. D'autre part, dès le début du IV« siècle,
le démcnilircment était o|iéré; car, lorsque les évèchés furent constitués en
cette région, dans la |ir<'niicrc nioilié du IV'' siècle, Orléans dcviiU le clicl-lieu
d'un diocèse répondant au Icrriloire de la civitas Aurriianoruni. Ce dut donc
être dans le courant du III'' siècle (|ue la civilas Aurelianoruni fut constituée et
séparée de la civitas Carnutum.
— 8 —
(rAiitriciiiii pniir chof-lieu avfc le titre de ri\i/;is Curnu/inn,
l'autre oitt pour capitale rancieiiiH- ville de (Jenahuin, (pii
devait t^re dès lorscomniunéuient appeh'e Aiii-cli.niis* : d'où
le litre de civilns Ain-rlinnoiiini, donne ii cette seconde cir-
conscription.
La ligne de démarcation des deux nouvelles cités i)eut être
encore aujourd'hui partiellement rétablie grâce à un certain
nombre de villages, qui, s'étant créés sur cette frontière,
tirèrent de leur situation les noms caractéristiques de Fines,
Ail Fines '-.
C'est ainsi que du côté de la Beauce on peut citer les bour-
gades ou lieux- dits de Fains, d'Aulïains, de Terminiers
TrrniiiiiiriinnÇ?j, de Fins ; et du coté de la Sologne, le village
de Feings avec le hameau dit Maison de Fins •''.
D'autres raisons permettent du reste de tracer avec plus
de précision cette ligne de démarcation.
Dans le temps où fut démembrée la civitns (Jurniilii/n,
c'est-à-dire dans lo cours du 111* siècle, le christianisme se
répandait déjà en cette contrée : il y fit môme bientôt de
grands [irogrès et, sous les gouvernements protecteurs de
* Vue idée très répandue est que la ville de Geualiuni aurait été nommée
Amrlianis, a|tri''S avoir été reconstruite jiar remprrtMir Aurélicii, lors d'un
séjour dr tf |irinri' eu (',:m\i\ Vers "HA. (j'Ue liypollièsc uc repose sur aueiui
loiidemeut liistoriipie. et, quoique séduisante, elle n'est pas admissilde. Si
Aurélieu avait imjiosé sou nom à (jenabuui , telle ville aurait été appelée
Aureliana et non Aureliiinis (Cf. Augusta d'Augustus, Cuiislanlia de
l.oiistanlius. elei. On doit plnlôt reiDini.ulre . suivant .M. Aug. Loni^tidu, dans
le iiint Aurclianis , un eouipnsé ilu sulli\e j.ilni anus el du genlilne liieii coinni
Aureliwi. Il est possible (|u'uu i'auliourg de (lenalmm portât re nom d'Aureliauis
à raiise des domaines ipi'v aurait possédés la lamille Aurélia; |iuis le nom
romain ilu lauliourg se serai! étendu peu à peu à tonte la ville et aurait ellacé
lanlique appellation de l'oppidum gaulois.
- Il sultit de parrourir la laide de l'eiitinger poiu' voir rombieu de villages,
s'étant lormés dans la (iauli' romaine sur les Imiites des dilléreules eilés. avaient
tiré de leur siInalHui le nom de AV/ie.v. l'ieancoup de res au< ieunes JKMU'gades
ont lomplélennnt disparu : mais il n'y a pas un pays en Krance qui en ail
conservé un aussi grand nondire qin> la région cliarl raine.
3 Fniiis-lii-Fiilie, Kiire-el-Loir, arr' C.liarlres, c"" Voves.
Aull'iiins hameau 1, c" ISaignolel. Kiu'e-el-Loir, arr' Chartres, c" Voves.
TiTiitiniiis, Kure-el-j.oir, an' Chàli-ainlini, c" Oi-gères.
Fins li.uneau , c"' de Coucriers, Loir-el-Cher, arr' jîlois, i" Man h. mur.
Frhii/s, l.oir-el-Cher, arr' Mlois , r<"' Contres.
Miii.sdii ilr /•Vri.v, liameau mari|né sur la tarie de ( assun , à deux kdoni' ir' s
environ au nonl-esl île lougères. Loir-ei-Cliei , arr' l'.ltiis, c" l.onlres.
_ 4 —
Constance-Chlore et do Constantin (292-337), il s'y organisa
(léfînitiYement.
On possède pour Chartres et Orléans deux documents qui
peuvent servir à déterminer approximativement l'époque où
furent régulièrement constituées les églises diocésaines de
ces cités. Ce sont deux catalogues ou listes d'évêques^ :
transcrits seulement au XP siècle, ces catalogues paraissent
être dérivés des anciens diptyques des deux cathédrales.
Malgré leur extrême sécheresse, ils ont une réelle valeur
historique, en ce sens que là où l'on peut les contrôler par
des titres originaux, ils n'offrent ni erreur, ni lacune, et que
par suite on peut leur supposer une semblable précision pour
la succession des quelques pontifes qu'ils sont seuls à nous
faire connaître.
La liste épiscopale d'Orléans indique comme aj^ant été le
premier évêque de cette ville Diclopetus, qui signa les actes
du Concile de Sardique en 343 sous cette forme, AvixXoTreToç-.
A Chartres, le premier évêque de la cité fut A^ventus qui
semble avoir été contemporain de Diclopetus ^.
Ces deux diocèses ne furent donc organisés que dans la
première moitié du IV^ siècle, vraisemblablement sous l'em-
pereur Constantin, alors que ce prince eut autorisé l'exercice
du culte chrétien dans tout l'empire.
* Le catalogue des évoques de Cliarlres se trouve au folio 137 d'un manuscrit
du XI« siècle, conservé à la Bibliothèque nationale sons le n" 13758 latin.
Il a été pnlilié dans les Mémoires de la Société Archéologique d'Etire-et-Loir,
t. IX, p. .ir)3-i6(). Quant au manuscrit qui contient le catalogue des évèques
d'Orléans, il n'est plus en France aujourd'hui : on le conserve à la hihliothèque
du Vatican , parmi les manuscrits de la reine de Suède , sous le n» -it)5 ; il date
également du XP siècle. La listi; qu'il renferme a été publiée dans les Bulletins
de la Société Archéolof/ique de l' Orléanais, t. IV, p. 55.
- Sur Diclopetus voir rintcressanle notice consacrée à cet évêque par
M. Cuissard dans son travail sur les preniieis évèipies d'Orléans (^lémoires de
la Société Archéologique de l'Orléanais, t. XXI, p. liii-l i3).
3 C'est ce que rend fort probable le tableau que j'établis ici d'après les deux
catalogues du XI« siècle.
PIîEMIEUS ÉVH:QUES D'oriLÉANS PftEMIErtS ÉVÈQUES DE CHARTRES
1. l)iclopetus(conc. de Sardique, 3i3). 1. Adventus.
2. Alitas. 2. Optatus.
3. Desinianus. 3. Valcntinus.
•i. Evurtius. 4. Martinus.
5. Anianus. 5. Anianus.
G. .Magnus, 6. Severus.
Quant il rthendue donnée à ces diocèses, tout tend à
prouver ^uc ce lut précisément celle des cités romaines do
Chartres et d'Orléans. L'Église, qui trouvait en Gaule des cir-
conscriptions territoriales toutes tracées et acceptées par
les po[)ulati(tns , ne pouvait sonjuer à en créer de nouvelles.
Un tait analof^'ue s'est jirijduit de nos jours, quand, après
la Révolution, la hYance ayant été divisée en départements,
l'un attribua aux diocèses rétablis les limites mêmes de ces
départements.
Par conséquent tant (pie la cité et le diocèse coexistèrent,
leurs frontières se confondirent : lorsque la cité romaine eut
disjiaru par suite de la conquête franquc, le diocèse religieux
demeura. Car, si les jïremiers rois mérovingiens imposèrent
de grands changements à l'administration impériale, ils
adoptèrent la religion chrétienne et respectèrent ses insti-
tutions. Aussi, tandis que la cité était le plus souvent frac-
tionnée en piKji, le diocèse put en général traverser le moyen
âge sans être modilié dans son étendue '.
C'est ce qui eut lieu en particulier pour les diocèses de
Chartres et d'Orléans. Si l'on trace en efl'et la ligne de dé-
marcati(»n des deux églises au XIII" siècle -, on voit que cette
7. Irliatiis. 7. (laslor.
X. (iratiaiiiis. S. Arricaïuis.
'.I. Moiiitor. '•. l'osM'ssor.
je. l'iu>|itT. 10. l'oloLliioiiiiis.
1 1. Flosruliis. 1 1. l'alladiiis.
\'l. Itapo. St. Aiiioaslus.
lu. Kusf'hiiis (coiicilt' (l'Orléans, 51 1). Kl. Flavius.
II. Solicmiiis.
IT). A(lvi'iiiiiniS(i(iiic. (rOrl<'aiis,r»l 1).
Si Iriii |irrii(| coinini' point df ( omparaison 1rs ('vi'miiics Eusi-hius ri Advriiiiims
qui assislrn-nl tous dt'ux au concile d'Orléans en .Ml , on voit que \v pn-micr
eut \'l préiléri-sscnrs. i-i le second I i. Adveiitns devait donc vivre à la même
époque que Diclojieliis; car on sail que les évèques d'Orléans, K\nrlnis et
Ainanns, occupèrent le sièj;e épiscojial (le celle ville pendanl de longues années
(!{70 environ à iriOi, el il u'esl pas surprenant di' trouver à (lliarlres, dans tni
même espate de !em|is, deux évi'-ques de plus (lu'à Orléans.
Pour rrtte clironoiojîie. je SUIS Kinipii'linienl (lacc-ird avi-c M.rahlié Duchesne.
t,f. Fastes l'iiificiifiiinx ilr l'uncieniu' liaute, Paris, Tlioriu, |K'.(1, ni-S", p. II.
' Les décrets des conciles coulriliuèrent pour niw grande part .'i f.iire res-
pecter les limites primitives de chaque diocèse.
^ On peut intégralement reconstituer ceUe ligne {routière grAce au pouillé du
dion'-se (je (.liarires au Mil" siérlc. puldié par (luérard dans le Cniiiildin' ilr
Saint-l'crc, p. (:(:\t.\ ll-i.CliXLlV.
— fi —
ligne passe près des A'illages signalés plus haut comme ayant
dû délimiter primitivement les deux cités romaines, c'est-à-
dire prés de Fains, Aullains, Terminiers, Fins, en Beauce ;
près de Maison-de-Fins et de Feings en Sologne. On est donc
en droit de rétablir la carte des deux cités d'après colle des
deux diocèses ^
Connaissant l'étendue des cités romaines de Chartres
et d'Orléans, on en tire celle de la primitive civitas Cnrim-
liiin, et approximativement celle du pays des Carnutes au
temps de l'indépemlance gauloise.
Ce vaste territoire se trouvait ainsi traversé par la Loire
sur une étendue de plus de cent kilomètres ^, et l'on comprend
comment Tibulle, après un voyage en Gaule dans les années
qui suivirent celles de la conquête de César, pouvait par
souvenir appeler la Loire « le fleuve bleu du blond Carnute. »
Cariiuti et îlavi caenila lyinpha l.i;jer^.
Au cours du V siècle, les peuplades germaines s'étant
jetées sur la Gaule parvinrent à y renverser de fond en
comble la domination romaine. Vers l'année 495, le pays
chartrain tomba au pouvoir du roi des Francs Clovis \
* Sur les limites de la cité roni;iiiic de CIimiIivs, on pnit siiiiialcr t'iicnri' : li'
liarncaii df Fins, n-prcsciité aujourdliiii par les lieux dits du drand-Fins et du
Pclil-Fins, eommiiiie de Teriiav (Loir-et-Cher) , arrondissement de Vendùme,
canton de .Monldonlilcan. (le lien, à Irpoqur gallo-romaine, devait avoii' une
certaine importance, il était à rexli'èmc limite de la i,'rande forêt de (làlinc, (pii
servait alors de iroidière commune aux (rois cités du Mans, de Chartres et de
Tours. Par suite des défrichemenls ultérieurs cliacune de ces trois cités,
devenue diocèse, s'agrandit aux dépens de la l'orèl. ("est ainsi i|ue le diocèse du
Mans, englobant le village de Fins, s'étendit à (piehpics lieues au-delà. ^ Sur
la forêt de Gàtine, cf. Mahille, Divisions teriiloriulcs rie la Touraine, liiblio-
thè(]iip (le l'Ecdle des Charli's, ISCti, ji. "Ï.V.)). — L'on peut aussi luen-
lionucr un village du nom de Fi'iuf/s (Jrtie, arrondissement e( canton de
iMorlague), sur la frontière des cités de Cliarlrcs cl de Sées.
- De|)nis Sidly jns(prà IJmeray.
■^ Tihulle. livre I, élég. X.
'• Le siège de la ville de Chartres par Clovis est luenlionné par un aiilenr
|U"es(pie contemporain, je veux parler du disciple de saiid Laumer, ipii écrivit la
vie (le cet ahhé, el ipii ra|i|)orle que Laumer naipiit dans le temps où l'armée
(les Lrancs assi(''geail hi cilé cliartraine. Bctilns LauiioiiKirus, leiiiporc qiio
Frrinronim l'xercitus Caniolensium vallabat cirHaleni, cxortus est (Mahillon,
Acld SS. nril. S. Hcnedirli, Siec. f, p. '.)',]'*). Ca' lexle imporlani a éili;ippé
aux miniUieuses reclierclies de M. lunghans, (jui, outre le témoignage de l'Iiis-
Co prince et ses premiers successeiirs iransformèrenl peu
à pou l.'i (fivisioii territoriale établie en notre pays par les
Romains, lis avaient trouvé le (erriloire divisé tout entier
en civilii/rs. A la rivifns, ils substiturrent au point de vnr<
administratif le ji;i;/iis. La Gaule sur toute sa surlace lut bien-
tôt morcelée en />''///.
« A l'orii^ine, le ////////.s cmiirunte le plus souvent les limites
.' de la ri\it;is : mais dans les contrées <»ii dominent les
'• hommes de race riamiiii' nu bourg'uignonne, les /i;i(/i se
" multiplient par le morcellemeul des cité's. et il semble que
" leur n(jmbre s(»il en i-appnii a^('e celui de la pii|mlalion
» j/ernumique ' ..
La région environnant Chartres aui'ait été au nombre de
celles où les Francs s'établirent en grand nondsre, car ils
démembrèrent la cité romaine en plus de six pagi.
Les documents originaux des siècles postérieurs permet-
tent en ellet de constater que le territoire de la civifns i'.nr-
iiiiliim 'd\i\\{ servi iilorimM': le /mi/iis Ciinioti'iiiis, chef-lieu
Chartres; le yy,7////.s- IJiirocussiinis, clief-li<Mi Dreux; une partie
i\H /hii/iis M;i(l/-iti(i'iisis, chef-lieu Mérey - : ]o juiifiis l'inisrin-
i-i'iisis, chef-lieu Poissy •' ; une partie Au /i.ii/ns S/nnijiciisis,
chef-lieu Ktampes ; le pn/jas Ihiiicnsis, chef-lieu Chàteaudun;
h' jitiifus Viiidorini'nsis, chef-lieu Vendôme; le pinjus liJrsni-
sis, chef-lieu Hlois.
I>c ces jiujt pagi, quatre étaient dé'jii certainement consti-
tues au \ T sit'cle. Grégoire (h^ Tours nu-ntionue en eU'ei le
Chartraiii, le jiuuois. le lîU'sois et ]'l']tam]iois.
I>(*s le \\\V .siècle, les linntes du toutes ces circonscriptions
loiii'ii l'rniopf. n'a iiiiiiiii ijiii' dnix iloniinrnis ilii Vl*- sirtlt', où il soit fait
riifiiiiiiii (Ir l:i liitli- t|iir Clovis l'iil à sftiilriiir roiilrc It-s riti's (rciitii' Si'iin' cl
Loue, l(irsi|iril i'iitic|inl la roiiiiiii'li' dr rv |ia\>. l/iiii ilc ces (liiniiiirnls est la
l'/V (/(• siiiiili: (jriii'vinY , où est rai(»iil<'' t-n drlail If sirj,'c de Paris i|iii dura
riiu| ans; l'aiitrf fst un l'-pisodr du sii''i;<' di> Nant<>s |iar rarnirc fraiii|U)>, nlô
iinidi'Uirni'iil |i;ir liiv'jiiiii' de Tours dans If llr Cliniu Maiiunnii . 1, c. (>tt.
(.t. luiij;liaii>. Illsliiirr irilKiur f/c.v m/zicv île l'.hilili'iiili ri ilc CJtloilnVi'tli ,
traduit df ralldnand par (i. Miiuod. Paris. Vii-wcg, IN"*.), in-S» (('.oUnlion dr
lu Itibliiilki'ijiir lie l'Etnlr (1rs Hautrs Etildi's).
' {'.!• pa>saj;i- ^•^t emprunt»'- au lu-au tra\ail dr M. Au^. Longtion sin U'< pai/i
de la (ianli- (Atlas hisltiiiiiiw ilr lu Fnnur, p. Sîl. '.Itli.
^ Mrro (Kurt"), arritndissciiiful dKvn-iix . tanlnn df l'acv-sur-Kurr.
•' l'olssy ScuM'-Pl-Ois»'), arrondisscnifut df Vfrsaillfs.
— 8 —
étaient fixées et elles ne changèrent plus jusqu'à la fin du
X* siècle.
On a pu, grâce aux chartes octroyées par les rois et les
particuliers pondant cette longue période de temps, reconsti-
tuer d'une manière précise l'étendue de chacun de ces huit
pn([i. M. Longnon, dans son Al lus historique de la France, a
fort bien résumé, en les rectifiant souvent, les travaux
consacrés à cette question par ses devanciers. Aussi bien les
résultats auxquels on est arrivé aujourd'hui sont assez
définitifs, pour que je n'aie pas à revenir après tant d'autres
sur cette étude ^ .
Je me contenterai de relever, dans un document daté de
l'année 615, les noms de plusieurs localités de la région
chartraine, afin de montrer que, dès cette époque reculée,
les paffi étaient constitués, et que, pour ainsi dire, on plaçait
alors tel village dans tel territoriuni^ on pngiis, comme
aujourd'hui nous plaçons telle commune dans teMépartement.
Le document, dont je veux parler, est le testament de
Bertrand, évêque du Mans, en date du 27 mars 015^.
Par ce testament, Bertrand, entre autres donations, lègue
à l'un de ses neveux, Sigechelmus, deux villas dans le terri-
toriiim Dunense. Il les désigne simultanément sous les noms
de Vilkm Pannonio et de Macerias*. J'avais cru pendant
longtemps que Villam Pai2;2o«7o était le hameau de Plainville,
près de la commune de Coudreceau^, hameau qui, vers l'an-
^ 11 sulfil (li; renvoyer quicoïKiiu^ voudrait connaître l'état de la question à
ï Atlas historique de M. Longnon, pages 108 et 109.
- Le mot territorium est alors souvent employé comme synonyme de par/us.
Ce dernier terme effaça presque entièrement dans la suite toute autre appellation.
^ L'authenticité du testament de H(!rtrand a été admise par les plus grands
érudits d(!S siècles derniers. Mabillon et Le Cointe ont jugé que (;et acte était
un des monuments les jdus |iréci(!iix (pie nous ait légués le VI1« siècle. De nos
jours, Pardessus, dans son recueil des DIpIomata charlae , s'est rangé à la
même opinion. Tout récemment un érudit, qui s'était acquis une grande répu-
tation dans l'étude des questions mérovingiennes et qu'une mort prématurée a
enli'vé à la science, M. .lulien Ilavet, préparait sur le leslanient de i'ierliand luie
étiule, dans laquelle il devait conclure à rautlu'nticité de ce docinnent, comme
il nous l'écrivait à nous-même à la date du 17, juillet iSill. CI'. Les actes des
évêques du Mans dans la BilAiotlièque de l'Ecole des Charles, année IHOl,
p. IS.
'' Cf. Pardessus, Diplomata, chartœ..., l, !2I0.
^ Coudrcceau (Eure-el-Loii|, arrondissement de Nogenl-le-Rotrou, canton de
Thiron.
— 0 —
née 1120, ost appolé Priirin\iH(i\ vers 1130, /'rlriinilln-, d'où
est direct^nont ilérivc' ]«• nom de Plaiiivilk'. Mais ce hameau
était il quelque distance en dehors des (Vontières du juKjns
Dunriisis, e( du reste aucun villaLic du noui de Mézières
{Mucf'i'iiis) n'cxislc dans les environs. .l'.ii retrouvé dans la
partie méridionale du pays dunois, non loin de ScMucrvillc •',
les deux villas qui ai>partenaient en ()15 à l'évëque du Mans,
Bertranil. Mt/ccrins est aujourdhui Mézières \ jirèsde Sémer-
ville, et la IV/Âv Punuonio est l'I.iin ville ^ situé à un kilomè-
tre environ de Mézières.
Le lon'iloriiijii S/nmpotisi' est également mentionné dans
le testament de Bertrand. On y lit: Vilhnn h'ntiloiip, silnni in
Stnin/K-nsr, smis Aot/ii;ilin;i^. liiniloiic est aujourd'hui Bnl-
lion ^ qui an XIII'^' siècle se nommait //oo/o// ". En ir)ll ce
village est appelé IJoiillon^; en 1052 lioukm^^. Entre les années
1052 et 17(11 Boulon changea son nom en celui de liullion ".
La situation de cette commune est encore aujourd'hui telle
que la représente le testament de Bertrand, c'est-à-dire à
c«'»té de la forêt Iveline ou de Kand)Ouillet, .sêc//.s- Ai'iiiinliim.
' ('.tirliilaire di' ÎS'.-I). de Chartres, par .MM. ih' I.('|iiiiois cl .Mcilci. III. |i. 'ri.
2 Carlulalri' de Tiron, par M. L. .Mcilrt, I, I il».
3 St'nKTvill»' (Loir-ct-C.licri, airoiulissfmnit de Mlois, caiiloii (rOii/.oii'-i-li'-
.Manli»'.
* MrziiMvs, liairif'au. idniiiiiiiic de NCrdi-s (Loir-cl-Chcr), arioiulisscnu'iil df
Klois, canton d'Ouzoui'r-l<'-.Marth('.
' r*lain\illt' est niariiur sur Its carlrs (!•• (lassiiii il de l'Htat-major; mais il
ne se troiivi' |ia.s dans k Du liotiunire des l'usles.
* l'ardcssiis, liv. rlh\ p. "H)'!. lîrrlrand donna tfllc villa à sou parent
I^i-nthramuns.
^ hidiion (Scinc-ct-Oisc), arrondis.scnipnl dr ItanilMiiiillfl, canldii di' Pnurdan.
* .1/»»/'/ Ijiiif/dtii Qiieiruin deriniiiin rliiee. ijne silu e.sl inler rillniii et niitii
fjiie ilitiil ad liniiltni (('.art. des Wiiix-de-Ceniaïf, |iar .M.M. .MonlH' cl Mirlil .
T. L p. 'I\i'>}. I^on^'rhfsnt* est ini lianii'aii d*> la roniinunc ilf Itullion.
^ L'abbai/e des Vanx-de-Cernan possède Ut i/nindte diineresse di l.iniif-
C.liesne ;//7/i, la ininliè pur indivis de tii'iles les diriiies de tpuiiis et vins
sur le fief de Hiiniiuiiir [U.uw.iw , runnninii- de jiniliim); item nue pièce de
pré en In t/ninde prairie de lUiullou [Curt. des Vaux-de-Ceinaji, II, OJdl.
'" Itnilion fsl ainsi di'sij,'n<'' Mir la rurle de Uenuee parN. .'Nansun d'.VIdii'vdli',
prograpiir (In Hny, à l'aris. rlicz l'irm- Marirlli-, l(i.V_>.
" C.'i'sl sons rrllc fitrnir «piil a niron- aiijonrd'hin, mn- Itnllmur^i piirlr Mir
la larlc du diotôsc di- (diurlns par Jadlul, en dalr dr I <u|.
— 10 —
En môme temps que Biillioiu le testament de Bertrand
mentionne inihi... loceUum de Fontnnklo. C'est le villaçre de
Fonfenay-lés-Briis, non loin de Bullion '. Fontenay est éga-,
loment placé dans le pnr/iis S/fiin/irnsis par un acte orip'inal
de l'année 670 -.
Une autre villa est encore attribuée au territoire étaïupuis
par ce même document : Villnni nohfino, qiine est in fcrrilorio
Stampense, sujut llnvio i '.nihi •'. \'ill;nu ilolmiif est aujourd'hui
Boinville *. Le renseignement (pu' fournit ici le testament
de Bertrand est précieux en ce sens qu'il fait connaître l'an-
cien nom du ruisseau qui passe à Boinville. — La Chale
(Calln) n'est point arrivée sous ce nom jusqu'à nous. Elle coule
en eii'et tout à côté d'une autre petite rivière, appelée la
Louette, qui vient se confondre avec elle auprès d'Etampes
avant de se jeter dans la Juisne. La langue vulgaire, qui re-
cherche les consonnances, fondit en un seul les noms de la
Chale et de la Louette et désigna par Chalouette le ruisseau
qui arrose Boinville, Chalou-Moulineux et Chalo-Sî^int-Mars^,
tandis qu'elle conservait le nom de Louette*^ à l'autre cours
d'eau.
' Pardessus, livre cité, I, 202. Foiitfinay-lés-Briis (Sciiie-ft-Oisc ) , arroiidis-
scmciit de Raml)()uillol, caiitoii de Limoiirs. — CcUe villa Ait donnée j)ai- Uct-
Irand en partie à féglise de Saiiit-I'ierre et Saint-Paul du Mans, en jiartie
à son j)arent Lenihraimuis.
- Pardessus, livre cité, II, 1 19. Aux VII, VIII et IX' siècles, toute la vallée
(le rOrije, au-dessus d'Arpajon , dépi-ndait du patins Stampeiisis. Plus tard, les
villas de Liuiours, Bruyères-h'-Cliatel et Souzy-la-liriche, couune celle de
Koutenav-lés-I3riis, lurent rattachées au Châtrais. Cf. Longnoii, Atlas historique,
p. lus èl 112.
•' Pardi'ssus, livre cité, l, 2(12. P)ei'liand donna Hninville à l'alihaye de Saiut-
Cieruiain de Paiis.
* lioinville. liameaii, coinnnnie de Clialo-Sainl-Mars (Seine-et-Oise). aïKin-
disseinenl el lanliin (rKlauipes. I.e h, placé dans les mots latins entre deux
voyelles dont la première est nn o nu un », a le plus souvent disparu dans le
Irançais moderne. C'est ainsi ipie de robirjinare, devenu robiilare, est sorti le
verlie rouiller. D'un mol harhai'e iiiibalicum est dérivé notre ninl iiwif/e. De
même Bobftiie villa s'est Iranslormé en Boainvitle. éci'it aujoniillini lioinville.
^ C'est la Chale ipii a du donnei' son nom au\ deux villages de Cihalou et de
Chalo.
^ An VIl"^ siècle, alors ipu' la C/i''/"«e//e s"a|i|ielail dalld, la fjiue/le s'appelait
LiKi : Tlieudericus Slaiiipas jier jluviuiu Ijki jierreiiil iFrédégaire, cli. 2(), dom
Pioui|nel. H. (lesHist., II, 'i22). Le diininulil (le Louette, m\)A\\.w |)luslard au nom
de la Loue (Loa) dut correspondre à inie diminution dans le cours de celle rivière.
Le déhoisement considérable (pia subi ce coin de la Beauce, pendant des si(!;clcs,
- 11 —
Kn toriiiiiiaiit cette courir t'iiKlr siii- le test.-imciii di- B<t-
tr;iM(l . il c^iivifiit de laii-c i-oinar(|iu-i- i|iii' Irs \illafros do
liullion, do Fontoiiay-los-Briis ot de llniiix illc ('•laiciil situés
daus lo y/.7////.s N7./////«'/v.sy.s tel que nous lo ("ont connaitro les
docunionts dos \in" et IX'' siocjos. La iliUiiintation dos difré-
ronls imiji dr la çit('' cliartraiiic romonto donc au teiniis inonie
qui suivit la conquôlo {\q la Gaulo ji.tr les Francs.
Le /Av//^/.s- était une circonscripiinn ,ii|iiiiiiisfrati\c. Les [ire-
niicrs rois Francs s'y liront i-('|ii-(''s('ntii- y.w \\\\ ol'ticior apjiolc'
ronios, comte, auquel ils délépfuèrent h' ilmii d'oxercer ;i la
fois, dans ](' /t;i;/iis.\(' {louvoir judiciairf. Icpouxoii- iiiililaire
et le pouv(»ir administratif.
Par suite do cette triple autorit(', dès Ir NT siôcle, les
comtes de la ré^non chartraine avaient acc^uis une inlluence
considérable sur la population de cette contrée.
Kn 584. un violent conflit s'était ('levé entre les habitants
des pagi Orléanais ot blésois d'une paît, ot conx des pa.U'i
dunois et chartrain di' lantrr. L'on on ('tait venu aux mains
et la Heauce tout ciiticrf avait ét('' jtillée et .saccagée. Les
i-omtos, chargés do la gardo dos pays dévastés, intervinrent
alnrs, et ordonneront une suspension darmos jusqu'au Jour
oii ils p(»urraiont Juger par eux-mêmes do quel cote'' ('tairiit
les torts ot qui paierait les dégâts '.
pruduiMl fil l'Il'rl Mir Imili's lo rivirrcs di- la r<''i,'ii)ii iiiicrvaporalioii tirs sciisililr
rt par suit*' un aliaissmiciil (le niveau, ('/est ainsi (|iii' la Ciiiiif, ilaiis lt> iUniois,
l'sl aujoiinllnii (Icvcniii- iiilriniilli'iili'. J'ai imi niiii-iiii'nii' l'en rasion (roliscrvcr iiii
lilii-nonièiif sinmilii-r relalit an ilrssrclicnii'nl ili- la (.liaidin-Mc. — hans le
romani de ISN7, «jn ilnnnvril à Oilti, sur le canloii (l'Auiifau, de vastos
soiitcnains, «pic Tnii pn'lriidil InnI dalioid avnir ('It' ciciisrs par Ir'S prciniiTS
lialiilanls dr la (iaiilr. Kn ;iiinl ISSS, ,ivn- plusieurs nieinliies de la Smiélé
.iicliénlnuiipie d'Kiiie-e|-|.<iir. j'allai visiter ces soiilerrains, doiil l'orilite se
Irouvail an milieu des i'liam|is et nii Inii deçieendail par nii pnils d'environ dix
mètres de profondenr. Il lut reroinm an premier roiip-trieil ipie ees longues
^'aleries n'avaient pnint été rreiisées p;ir la main de ilinmme, mais on ronslala
ipTelles étaient le résultat dn passa^'e eonlinii d'nn rouis d'ean ipii s'était
Iravé peu à peu son lit dans le ealiaire. Après avoir étudié la direetion de ce
riiiNseaii dessérlié, l'on ju^'ca f|n'il devait snrlii aiieieniieinent de terre ilans une
petite vallée on la l.lialoiielle |iiend .lujiinrd liiii sa soiiire. à ileiiv lieiies en aval,
près de l'.lialoii-Moiilineiix. il di'vinl ainsi évident mie t'était la l'.lialonetle elje-
mèine, l'ani ieniie Calhi. ipii avait aiilrelois roulé ilans les sonlerrains d'Oiln.
' Ainilninriifiis , nim lilrsrusilins jiiiirti, snjiir liunnisi-s inniuiif, rov/yMc
in»iniiiinli'.s pinli-runl : iIhiiids iiuihiiiumiiii' , vrl ijunt' tmnriv fui île non
ftfilnnnl , inri-uilin Irn'hint . finurn <liri/iiiiiil . nliiur n's quns Irvuir iiulrninl ,
siisUtliiHiil : ifmliiis ilisii-ilrnlibiis, ninjuncli lhin>-nsi.\ niiii nUijuis (.miio-
— 12 —
Au commencement de l'année suivante, en 585, l'histoire
mentionne le comte de Châteaudun. A cette date le roi Gon-
tran envo3-ait à Tours un émissaire, chargé de faire périr
Évroul, qui était accusé d'avoir assassiné le roi Chilpéric.
L'émissaire de Gontran, étant passé par Châteaudun, avertit
le comte de la ville, cornes loci, de mettre à sa disposition
trois cents hommes d'armes, pour garder toutes les portes et
issues de la cité de Tours, afin qu'Évroulne pût s'échapper ^
Ces récits, empruntés à Grégoire de Tours, montrent que
la situation politique et administrative des pagi chartrains
était telle à la fin du YV siècle qu'elle apparait au commence-
ment du IX^
Toutefois, durant cette période de deux siècles, l'usage
s'introduisit de confier souvent au même comte la garde de
plusieurs pngi.
En 584, les villes de Blois, de Chartres et de Châteaudun
avaient chacune un comte, cornes loci. Depuis lelX^ siècle, au
contraire, le Dunois, le Chartrain et le Blésois furent presque
toujours unis en un seul comté. On peut même dire que,
depuis Tan 025 environ, ce fut une règle constante qui dura
jusqu'au XIII^ siècle.
Ces trois pagi néanmoins restèrent distincts les uns des
autres ; le comte qui les gouvernait, tout en ayant à Blois sa
résidence principale, maintint à Châteaudun et à Chartres le
siège d'une administration particulière.
CHAPITRE II
LE COMTE DE BLOIS, GUILLAUME
Vers l'année 830, sous le règne de l'empereur Louis le Pieux,
la majeure partie de la région qu'occupait autrefois la irihu
tcnis (le vestif/io suhse(j!(unliir, simili sorte cos adlicicnles , qiia ipsi adfecli
fueranf , nihil in domihus, vcl cxlra doiiios , vcl de domibus relinqiientes.
(Iniwjue adliuc , inlcr se juruia roniinoveiUes, desaevirenl ,... inlercedenlilms
comilibus, pax usque in audienliam data est, seilicet ut in die qm judiciiun
erat futur um, pars, quae contra partem injuste exarserat , justifia medianle,
rompoiieret. Et sic a hello cessatum est ((îrégoire de Tours, Historia Fran-
coruin, I. 7, c. H).
* Grégoire de Tours, ibidem, liv. 7, cli. XXIX.
— 13 —
gauloise des Carnutes était administrée par deux personnages
appartenaift à une puissante famille de race franque. Tous
deux avaient le titre de comte ; ils étaient frères, et se nom-
maient Guillaume et Kudes. (Juillaume avait re^u de l'empe-
reur la garde îles pays de Hlois et de Cliàteaudun ' ; Eudes
celle du pays Orléanais. D'ailleurs chacun de ces gouverne-
ments était d'étendue à peu près égale, et ils confinaient l'un
à l'antre. Le premier avait Blois- itour ville principale, le
chef-lieu du second était Orléans.
On ne sait pas qui était le père d'Eudes et de Guillaume,
mais il est certain que c'était un personnage de haute nais-
sance. Le comte Guillaume, en effet, dans un poème composé
en son honneur, est représenté comme surpassant tous les
Francs par l'antiquité et la noblesse de sa maison ,
Francigi'niiw primo. i)roayis nbavisque pcrallo ,
(iuilh-liiio ■•.
En faisant la part de l'exagération poétique il reste certain
< Outre les pays de Blois et de Chàtt-auduii , le cônitr (uradiniiiislrait Guil-
laume (:oni|inMiait <aiis dnulr le pays de Chailifs. Va\ cHel . à datiT df ri'|MH|Ut>
où les Ifxlcs anlii('iili(|u<'s rnuiiiissciit des iciisfii^rifiiicnls ctMtaiiis . r'fsl à iliic
dès le dt'liul du .V siècle, on coiistale que les pays de Cliàlcauiiuiu'l de Chartres
fiut liiuinurs été gouvernés par un seul et niènie comte. 11 y a tdul lieu de sup-
poser. Lien que la rareté des chartes du W"^ siècle enipcclie de ratfiinicr, (|ue
cet état de clmses était plus ancien et (pie le Cliarirain et le Unnois se trou-
vaient déjà réunis au temps de Louis le l'ieuxsous ladministralion du c(pnitc de
lUois, (juillaunie. On verra dans la suite de ce travail que plusieurs indices
srnddeni an<si prniivei- (pi'Kudes, cdinte de Cliàteaudun sous Charles le Chauve,
était en niènie temps cimite de Chailres.
2 Pendant toute là période où Chartres, Chàti'audini et hlois furent entre les
mains d'un même comte, ce fut à Iflois que le comte étaldit sa résidence liahi-
lui'lle. Chartres cejiendant était alors luie ville plus inipurlanle (pie Hhiis; mais
elle était le séjoiu' de lévi'ipie, dimt la puissance pnilait (inilirai;e à celle du
comte. Aussi celui-ci ne résidail-il (pie rarement dans la cité cliaitraiiie, et c'est
ponniiKii les év(''(pies, au ,\lll'' >iècle. imaginèrent et prétendirenl (pie, jus(pie
vei-s l'an mil, c'était à eux qu'avait apparleiiu le ((iiiilé de Chartres. Ils lireiil
rédi^rer en laveur de celte théorie, «pii ne suppmie pas re\ainen. de l(iii^;ue<
di^M'italions, dmit (piehpies-unes lurent insérées dans les i ai lulaires du cliapiire
de la (-athédrale. On peut lire en particulier celh; ipii se trouve dans la l'ici//c
chroitiiiuf yC.aiint. de î\'.-l). dr ('.lia rires, par de l.épinnis .1 I . Miil.i. I. îi
el i.'. .
•' l.a pièce de vers, à la(|Uelle est eiiipninit'e celle citation, est rédigée souS
foiliie d'acriistiche. Klle a été ciuiiposée par iiii moine du nom de Co/lierl et
dédiée ad duillclmiim, Itlisnisiuin nmilnii. Ct. Ihieminler. l'oehtr Inliiii (levi
niroliui, t. I. p. lr2(Mi-J-J.
— 14 —
qu'Eudes et Guillaume étaient issus, sinon de la plus noble,
du moins d'une des plus nobles familles de l'empire franc.
De même que les Hugues de Tours, les Mafroi d'Orléans, les
Lambert de Nantes et tant d'autres, ils devaient être origi-
naires de cette contrée, voisine des bords du Rhin, qu'on
appelait alors Fnniciit. Leurs ancêtres avaient été les compa-
gnons, les égaux des aïeux de Charlemagne et do Louis le
Pieux : quand la famille carolingienne fut montée sur le
trône, ils formèrent l'entourage de cette nouvelle cour cl
devinrent les agents exécutifs du pouvoir central.
J'ai dit que le comté, confié par Louis le Pieux à Guillaume,
comprenait les pays de Blois et de Châteaudun, qui étaient
unis au point de vue administratif. En effet, du temps
que Guillaume exerçait à Blois ses fonctions de comte, l'em-
pereur, dans un diplôme, émané de sa chancellerie et daté
de Chouppes', en Poitou, le 19 novembre 832-, désigne à
plusieurs reprises la circonscription civile ou [myus dont dé-
pendait la villa de Chambon ^, près de Blois, sou« le nom de
payiis Bk'scnsis vel Diiuvnsis. Les deux pagi étaient donc
alors confondus en un seul.
D'ailleurs, le titre de comte du pays de Blois et Château-
dun n'était pas la seule distinction dont Guillaume se pouvait
honorer. Il occupait à la cour impériale une haute charge
militaire, celle de connétable, et, dans le poème, qui lui est
^ Cliuuiipt's , Vieillie, air' Louduii, c"" Munis.
2 Yok pièces justificatives, n" II.
•' Chaiiilxiii, Loir-et-Cher, c'^'" Herliaiill, an' l'.lois. Dans ce iliplùme, l.imis
le l'ieiix, à la prière de rini|iératrice Jiidilli, eoiiliriiie à fahliaye de Marnionlier,
vilknn numine Cianbunein, quae est in puf/o Blisense vel Uuneiise... cuin locellis,
quae ad eam pertinere videnlur,id est Galliaro, Lurarias, Vairnnas, Cttlturas
Villdin Aitardi. On lit encore plus loin : Villam Camhonem, qiaie in presrriplo
paijii liliscnse vel Diinense silam esse dixinius. — On peut idenlilier les villas
dont il est ici ipieslion : toutes sont situées dans le pagus Blesensis proprenutiit
dit. Lurarias est l.diirières, c"'^ ('lianibdii ; Vnrennas, Vareniies, c'"^ Chaniliiiii;
Culttiras, r.Diiliire, c'"' .Maves, an' liluis, c"" .Mer; Villani Aitardi, Villeiard,
c"" .Maves. Quant à Galliaco, je pense ipiil laiil l'identilier avec la villa de
Gilliaco, in pafjo Blesiurinse, où révè(|ue de Paris, Renaud, donna diverses
terres à .Mannonlier, en i)95. (Cf. Mabille, Cartiil. de Marmuiilier pour le
Danois, cliarle ii" ',»(>). ("est aujdiird'lini le lien-dil (lély, c'"' de Clionzy, air'
Blois, c"" llerbanll. — Ia's comtes de Blois et leurs vassaux usurpèrent plus
lard les biens de .Marinoulier à Coulure elà Villeiard. On a conservé les chartes
de restitution de ces liions. (Voir alilié Mêlais, Carlulaire de Mariiunilier pour
le Blésuis, charte ii" i ; et .Mahille, Carlulaire de Marntoulier pour le Uunois,
cliarle ii« 98).
— 15 —
ih'diô, se troiivo un passage qui lail sans iloute allusion ;i ccl
(tllice : •
/T/-.V fujus vi'.xillti tjrris revtundu \ alentor.... '.
Au 1X« siècle. (11 cllct, le cniiiK'ialilc (levait porter l'éten-
dard royal a l'arniée -, et, bien (pie le ini. dont il est ici ques-
tion, soit le Roi du ciel, il est |>r(''siiiiial)le (pie la dii:iiit('' olîl-
cielle de «iuillaunie a inspire ce vers au poète.
Le cr('-dit dont 'Juillauine jouissait pri's de leniitereiir
i'Xpli(ine la pari inijxtrtanle (piil prit, ainsi que son Irère
Kudes, ;iux liueires civiles (pii dés(»li'rent le règne de Louis
le iMeux.
A la iii(»rt de son père Charleniai^iie, reniiiereiir Louis
s'était eiU(»ure diiii Lir.iiid nombre de conseillei-s et de favoris.
Parmi ces derniers, les plus célèbres lurent Iliiiiiieset Malroi.
l'un comte de Tours, l'autre conde d'Orléans. Ils étaient rapi-
dement arrivés tous deux pi-ès du nouveau souverain au
comble de la faveur; leurs contemporains sont unaninu's ii
ténioi^qier de la grande inilueuce qu'ils avaient acquise sur
l'esprit de ce prim-e facile ii capter-'.
Kn 8'JL Louis le Pieux avait donné en mariage à son fils
ain(''. Lothaire, Krnieiigaide. lilledu comte Hugues '. Mais le
* L)> tilic (li> (Miiiiii'talili* est (loiiii('> ail lomlc (aiillaiimc par un (°iiiili'iii|ii)raiii,
r.AstroiioiiH" . aiiti'iir de la Vif de Louis le Pieux : Inira liiiju.s hiemis dura-
tio'iem . i/refjalim pn/iuli laiii Fruniiin' tjiinni Hunjuudide urniou A(^itilant(U'
M'il et (inmaiiiiir iDcutilcs, <al(iiiiili>sis (jurirlis ilr imperaloris infitiUiuio que-
rehautur. El quidem in Frnnrium Eui/rhurdus iurnes ri Willeliiius coiurs
.sliibuli ifuus imlerant silii in uninnc nilunlitlis reslituendi imperaloris coadu-
nnhniil. hoiii l!(tii(|m'l . Iterueil drs llisl., VI, Il il. Ola se |tassai! |M-ii(laiit
riii\i!i s;j;!-X;{i. Le /.l'Ic (|iit' driiloic l'ii ci'ltc (ircoiislaiicc le toiiiit'-lalilf liiiil-
laiiiiie lait riTUiiiiaitn* en lui le coiiiti' ilc Itlois du nit'iiii' iiuiii, ce dt'viiin'-
|iarli<aii dr Louis jt- i'icu\. i|ui . i|ii('li|iii's mois plus i.nil. jifidail la vie en
riiinliallaiil ronlic les i iiinjdiifs de j.olliam- ir\(dli''.
- La loiMlioii d)' |iiirlc-('tciidai'(l lui alIriliiK'c plus lard au S('ii('('hal , (|ui, au
IX' sii'-clc. n'avait à la cour i|iu' do iii(np.iliiin>< d(Miii'slit|iH's. l'cndant toiil le
moyen à;;i', en icrtains pa\s, le i(Hm('"lalilc con^i-rva \r tilrc et les loin lion^ de
signifer. Voir Du Caille, au mot Cornes stubuli.
:• Cl. (loin Itompu-I. livre cité. Vi. l:;, .".!l. -J.V.I. il.V.I.
* Poni \aissrie. d.in> une uoti- de \ Hislunr du Luiii/uidixwoiw . cd.. II. ATt'i
et s. . sesl etlon é à Iml de pnMlver iilie iiujjlie^. i (illlle de I ouïs, ii élail pa> le IIK"'-
me (pie llu^'iit's, l)(Mii-p(''re (le Lotliaii'c. ('.<* (pli l'a indiiil en erreur est un pass,'if!e
de la \if dr Liiuis Ir l'ieux , (uniposée par r.\s|iiiiioine. Il y est dit (iiiVii HX>
niiiuinl lli'reii^'er. fil^ de leii le ((Utile lliHinuxli il'eil/., Siriplorr.s , II, (llit.
Les iiiaiiuscrits portent en cet endroit : llurunici ijmnulaw rinnilis ; dom
— 16 —
mérite du comte de Tours n'était point à la hauteur de son
crédit. Thégan le peint comme poltron par-dessus tous les
hommes ; sa poltronnerie était même devenue légendaire, et
ses familiers en avaient fait le sujet d'une chanson ^
Du reste, il donna bientôt des preuves manifestes de son
incapacité. Dans le courant de l'année 827, il fut envoyé,
ainsi que Mafroi, à la frontière d'Espagne menacée par les
Sarrasins. L'empereur les avait investis tous deux du com-
mandement suprême sur les troupes cantonnées dans les
marches de Septimanie. Mais ils se conduisirent en cette cir-
lîouqiipl avilit cru devoir lire H. Turonici (juondam comifis , et avait jnétendu
qu'il était ici question de Fluyues, comte de Tours. Dum Vaissète, adoptant
cette version , conclut que Hugues , comte de Tours , mort en 835 d'après ce
texte, ne peut être le même que Hugues, Iteau-pèrc de Lothaire, que Ton sait
avoir péri de la peste en Italie dans le courant de Tannée 8.36. Mais M. Simson
a montré qu'il n'y a pas lieu d'altérer le texte de l'Astronome et que Bérenger
était fils d'un comte Hunruoch connu d'ailleurs {lahrbiicher, II, 300). Ajoutons
que la théorie de doni Vaissète, distinguant l'un de l'autre le comte de Tours et
le beau-père de Lothaire, tomhe devant le témoignage positif d'uTi contemporain.
On lit dans la partie des Annales Xantenses, composée vers 850 : anno 821...
Ludewicus imperator dédit filio suo Lothario régi ad conjiigium fûiam Hugonis,
comilis Turonicorum (Pertz, Scriplores, II, :2^i). — Eu résumé, Hugues,
comte de Tours, lut le père d'Ermengarde, tèumie de Lothaire; il resta comte
de Tours jusqu'en Tannée 828, époque où il fut privé de ses honneurs à l'assem-
blée d'Aix-la-Chapelle. Il mourut de la peste en Italie pendant Tannée 836.
iMabille, dans l'introduction aux Chroniques des comtes d'Anjou, a adopté
Tavis de dora Vaissète relativement à Hugues, comte de Tours. Il prétend que
dès 825 Hugues de Tours était mort et remplacé par le comt(^ Robert que men-
tionne un capitulaire de Louis le Pieux. .Mais ce Robert est simplement désigné
par le capitulaire de 825 coninie missus dominicus dans la ])rovince de Tom's.
La division teri'itoriale , adoptée comme l'épartitiitii des missi dans la Gaule on
cette année 825 , fut l'ancienne division romaine de ce pays en provinces : on
n'a pour s'en convaincre qu'à parcourir l'adresse du CapituJare missorum (Peilz,
Leges, I, 2-46), dû chaque province est désignée par sa métropole. Robert eut
donc à exercer ses fonctions sur la province de Tours qui comprenait les six
l)agi de Tours, Angers, Nantes, Vannes, Rennes et le .Mans. Il est certain que
l'empcrcui' jirenait généralement ses niissi parmi les comtes de la région où
était oi'donné le missatieum. En 825, Hugues était comte de Tours, Lambert,
comte de Nantes, (lui et Rorigon, comtes du Maine, chargés en même temps
de la surveillance des marches de Bretagne, l'un dans le comté de Vannes,
Tanire dans le comté de Rennes : Robeit devait donc être comte d'Angers.
Robert a été considéré par plusieurs InsUiriens comme frère de Guillaume
de Blois (Du Bouchet, Origines de la Maison de France, pages 165-170).
Cette hypothèse me paraît assez plausible, mais ou ne saurait Ta|)pnyer d'aucune
preuve.
^ Lotharius . . . suscepit in conjugium filiam Hugonis comilis , qui erat de
stirpe rujasdam ducis, itomine Edith, qui erat tiinidus super omnes homines.
Sic enini cecinerunt ei domestici sui, ut aliquando j)cdem foris sepem ausus
ponere non fuisset (Thégan, ad an. 821 , dom Bouquet, livre cité, VI, 80).
— In-
constance avec wuo lâchoté si i(''vi)ltante qu'ils soulevèrent
contre eu» l'opinitin publiijue el s'.ittirri-cnl le lilànic de
l'cniiiereui" lui-niênic'. ('<• fui jKtur eux la i-ausi- d'uiK' dis-
yràcc coiiiiilètc et |M.ur Louis le IMeux le coniuieuci'UK'Ut
d iiiic lou;4:ue si'rie de uiallicuis douicstiijucs.
Kii iV'vrier 8l*8, Huj^ues et MalVoi lurrnt d(''|iouill<''s de leurs
di^Miités à rassemblée d'Aix-la-Cliapelle -, et, taudis que Her-
iiard. dur de Seiitiuiauie, ré|iaiait leurs laules par ses succès
eu Ks[ta^'ue, le comté dUrléaus. enlevé ii Mal'roi, était donut'
à KiMJes, frère du comte de Blois, (Tuillaume •'.
Suivant l'opinion de leurs contemitorains, Hugues et Ma-
Iroi avaient nn-i-ile la mort, et l'empei'eur avait montré la plus
jjrrande udséricorde en ne les faisant [las périr'. .Mais Louis
le l'ieiix eut bientôt il se repentir de sa clémence. Les deux
comtes disjjrràciés ne lui pardonnèrenl Jamais d'avoir été
pi'ivés de leurs honneurs, et. dès ce Jt>ur. ils n'eurent point
lie relâche (piils n'eussent i)rovuqué les plus gramls désor-
dres ilans l'Kmiiire.
Taudis (pie Iluirues. usant de sr)n influence sur l'esprit de
Lothaire. s(jn jj-endre, l'excitait contre le jeune prince Char-
les, Mis lie la nouvelle impératrice Judith \ Mafroi, demeuré
en Aquitaine. a{j:issait près du frère de Lothaire, Péiiiu, (pii
^rouvernail cette pr(jvince, et le poussait ;i se révolter contre
la puissance toujours grandissante ilii duc de Septimanie,
liei'uard.
• Koiii hdiKiiK't. ibidem. \| . ION.
-• Ibid.. VL :!i-i.
' Siijuiilem Mulfriilo , loniih' (iitundaiii Aiiirliunnisi , tih ntlpitn» iiicili<ir
priifuii^ hiniiiriliu.s pritiilo , U'Io m ejus lotinii .siili.sllliiiliir \ Minicula saiiili
ftetieilirli ^ r«lil. «le la Sor. de l'Ilist. de haïKi', p. îT.I
' Hi)$ Tf/i) siihiiiêiiKnli) hiiiinriliiis (nlcinplis lurir jiissil iiii/n'itilnr culpniii
htijwi iffiKiviui'. K(]iii(liiit iiiipiidiuris tininius, util uni iiiixrricunlu^niiiiiis,
sempi'r jn'irantilm.s misrricordiam prcnif/aix studuit. At vi'io lit, in ijuiUu.s
Inliii /in.slllu siinl , (fiiiiminl» rlnnrnliu illiiis ulmsi suiil in i riidililuleni /msl
piiiira piililiil , rinn vliinieril (jKoinndu pio viliic lirinjiiiit siimiiiaiii i( , ijuan-
tum in *<■ fiiil, imporlarerint iladi-m I AsIniiioiiK', (loin ltoiit|iifl , VL io'.lj.
' Nitli.inl laconlf (|iir l.iilliaiic avait |ir()iiii> à siiii |h'ti'. j.diii^ le l'u-iix. iji-
|iii'iiili(' soiiv sa |ii°oliTlioii siiii jniiii' livre Cliaiics, mais iiu'iiit ilê à la jal()ii>-ii'
|iar lliiniifs et Malidi , il sYtait liiciitôl n'|iciiti de sa luoiiicssc. /ha7///'/h/c
iiiilnn Huijiiiie, niju-s filinm in vidliimaiiiiiiii l.nillitiiiiis diurnil , iir Mulli-
fridti rrlfristiiii' , aint vc Imc InifiSf piniluil , ri ijunnuiimoiluni illud i/uod
fereral annullnre poisel quaereùal [\). |!oiii|ii*-l , M, (>7, t»H).
l. Xll. M
— 18 —
Louis le Pieux, au milieu du mois d'août 829, coiivotiua à
Worms une assemblée de la nation. Là, instruit dos machi-
nations clandestines ourdies contre lui par ceux auxquels il
avait conservé la vie, il résolut d'opposer à leurs sourdes
menées le duc Bernard, qu'il éleva à une des plus hautes
charges de son palais. « Ce qui. dit l'Astronome, n'étoufïa
» point le germe des discordes, mais le développa bien plu-
» tôt^ »
La révolte en effet ne tarda pas à éclater ouvertement.
Elle s'organisa dès le début de l'année suivante, 830, pendant
le Carême, et tandis que Louis le Pieux, sur les conseils de
Bernard, dirigeait une expédition en Bretagne -. Hugues et
Mafroi étaient enfin parvenus à se concilier de puissants
alliés. Forts de cet appui, ils vont trouver Pépin en Aquitaine,
lui i-eprésentent son abjection et l'insolence de Bernard
qu'ils accusent d'être l'amant de l'impératrice Judith. Ils lui
disent qu'un bon fils ne peut sujjporter de-.sang-froid le
déshonneur de son père, et qu'en renversant Bernard il
accroîtra non seulement la renommée de sa vertu, mais
aussi son roj^aume terrestre. Séduit par leurs paroles, Pépin
se décide à les suivre. — Mafroi cependant ne perdait pas de
vue ses propres intérêts. Ayant entraîné Pépin contre l'em-
pereur, il le conduit par Orléans, et, après avoir chassé Eudes
de cette ville, il se fait restituer le comté •^.
^ In eo eliam coiweniu comperiens dandestinas conlra se eorinn quos viiae
reservarevat niachinaliones more cancri serpere d mitllorum aiumns r/uasi per
quosdam cuiiiculos .sollicilare, siatnit conlra eos quoâdinn prapufjnaciiiuiii
erigere. Nam Bernardum, eatenus Hispaniarum parliiim cl limilum coinilem,
carnerae suae prucfecil. Qiiae res non seminariiiin discurdiue exliiixit, sed
poilus aufjmentum creavit (Aslroiiomc, doiii iioïKjiirl , VI, 1 10).
2 Anno 830. — Conventus [Aquisgrani] fadtis est, in quo \mperator]
slaluil cAim nniversis Francis hoslililer in parles Brilanniae profirisri, mit.vi-
meque hoc persuadante Bernardo camerario. El non uiullo posl Aquis e.viril ,
id est IV feria, quae dicitur caput Jejunii (!2 mars 83(1) (Ann. Berlin.,
dom Houquct, VI, 192).
^ Freli ergo multitiidine el assensn phirimorum filium impcratoris, Pippi-
num, adeunt , prelendenles abjerliouem sui, Bernardi insolent iam el caete-
rorum despedionem , asserenles etiani eum, tpiod die lu ne fus est, lliori inces-
talorem paierai, porro palrcni adeo quibusdani dnsum presligiis, ut haec non
modo non vindicare, sed nec adverlere possel. Oporlerc ergo dicebanl honuni
filium indigne ferre dedecus palerninn pntremque resliluere el menli el digni-
tati, el haec agentem non solutn fama prosequerelur virtulis,sed eliam ampli-
ficalio regui lerrestris, hoc nomine pretexentes culpam. His ergo alledus
— 10 —
La (•()iis(''quoncc' de cet acte lui de ci-c'cr en Xou.strio doux
partis d«''.s«)^nKiis irréconriliablcs: d ini cnlc Iluirueset .Nfalmi.
(jui avaient su y:a{j:nor à liur cause J.auibort, roiute do Nan-
tes ; de lautre, Eudes et (luillaunie, (jui devinrent dès lors
et restèrent jusqu'à loui" niurt les jilus /('h'-s ddonseurs de
reuiiterour.
l»()rléans, les révoltés se dirigèrent sur Coniiiiègne. où
Louis le Pieux, ayant renoncé à son exi)édition de Bretagne,
s'était retiré avec (luelques lidèles. Hugues et Malroi pensè-
rent un instant h d(''[i<»ser l'empereur, mais ils en furent
d(''t<iurii(''s par Louis le 'Jermanique, son second lils '.
'l'outofois rinip('-ratrice Judith lut contrainte de prendre le
Voile: le duc Hernar(L prévenu il temps, s'c'tait enfui vers
l'Kspagno. A ces nouvelles. Lolliairo. (pii. l'année i)récé-
donte, avait été envoyé en Italie par son i>ère, arriva on
toute hâte ;i Conipiègne (mai 83U) : aussitôt toute la faction
hctstile il l'empereur se donna ii lui -.
Lothaire semble s'être sur-le-champ emparé du pouvoir:
il sé'vit imnK'diatement contre ceux qui didendaienl la cause
ih' Judith et (\i' Hernard, dont les relations i)rétendues trop
intimes avaient servi \\o prétexte ii la révolte. Kiidos, qui
venait d'être dépouillé j)ar Mafroi do son C(uut('' d'Orh'ans,
fut d(''gradé et envoyé en exil, coiumo ayant ouvertement
protesté contre les ennemis de riinpératrico et ûo Bernard^.
Ceprudaiit toutes ces persécutions, accomplies contre le
gré de ij)iiis Ir l'inix. nuisirent au parti des révoltés; elles
soulevèrent ('(>ulro eux bleu des gens, notamineul les peii-
iiinliiiiif hli^ , itiiiiiis iitiii eis el stiuriiin mullis lapils per Aiirelinnrusetn
uihfiii. Miilalii unir Odouf et resliliilu Mnl/iiiln, Weriiiibridiii iisijUi' vi-miiiiil
I Asiroiiniiii- . tloin liiiiii|i)fl . VI, IIU).
' On lil (l.iiis TIhVmii fjiic, l'ciii|i('ifiir rl.iiit ;'i ('.oiii|ii<''i,'iii', vrinl ci dhiitim
l'ipiiiitiis, /ilius cjiis, luin tiidijualibus priinis patris xiii , Ihliluitio nnliicd-
prlluno el Jc.sse, Aiiihiaiieiusi rpiscopo , Hui/one vt Mallifrido cl mullis aliis
pcr/i'lis, cl vnliiiriitil (liniiiiiinn itiijn l'ilurciii de rciftin cipcllcrc. quod piolii-
biiil ddvclits actpm'iicus jdtus cju.s ilinn |!oii(|iir| , \|, S(l .
^ C.irrii niiiiiim porro viriisem filins iiiipcralorix ^ l.tiiliarius ci Ihilia vcuil
euinipic in l'.umiiciidin icpcril. Ad ijticm viiiicnlcm tnlii se ilhi vonlulil factio
impcralori numira i A^lmiioiiir . dorii l!tiiii|iiil , \l, il! i.
•' llerihertus . lirrunrili /niler, lumnium amissmue mulcltiliis fsl coiilni
volinii iwpcriitoris ; Odo , miisobrinus illiu.s , annis ablolis, rxilio deporlalus ,
ItiiKptiim ciiiiit», ipti Itcriiardo et rc;/intie adrlamalinnliir . cnuscii ri f'aulnrrs.
I A'-iioiiiiini' . ilmii |!iMii|nrl. \|, III i.
— 20 —
pics de la région rhénane restés étrangers à ces dissensions.
Bientôt même l'empcrenr ent recouvré assez d'autorité ponr
faire décréter la tenue d'une assemblée générale à Nimëgue,
chez des populations qui lui étaient dévouées. La diète eut
lieu au mois d'octobre 8;>0 ; elle nuirqua la fin de cette pre-
niière discorde civile. Louis le Pieux, s'y sentant appuyé par
le plus grand nombre, agit avec énergie : il fit arrêter les
principaux séditieux qui avaient excité contre lui ses fils
I^othaire et I*éi)in. Au mois de février 831, Hugues, Mafroi
et plusieurs autres étaient condamnés à mort par l'assemblée
d'Aix-la-Chapelle: l'empereur leur ht encore grâce de la vie
et se contenta de les exiler ou emprisonner sous bonne garde.
Le comte Eudes revint en faveur : il reçut à nouveau le comté
d'Orléans et le conserva depuis lors jusqu'à la fin de sa vie^
La paix ne fui pas de longue durée. Il paraît constant que
là oii se trouvait Mafroi, l'esprit de sédition était avec lui.
Détenu en Allemagne par ordre de l'empereury il sut obtenir
sa liberté de Louis le Germanique '. On le voit,xlès le début
de l'année 8.32, inspirant à ce prince des idées de révolte
contre l'autorité paternelle -^ Louis était jusque-là le seul des
fils de l'impératrice Ermengarde qui eût conservé pour son
père le respect qu'il lui devait ; mais, sous l'influence perni-
cieuse de Mafroi, il se corrompit peu à peu. Quant à Mafroi,
dès qu'il se vit libre, son premier soin fut de reformer la
ligue rompue par l'assemblée de Nimëgue. La haine qu'il
avait vouée à Louis le Pieux était implacable.
Il serait trop long de dire comment se réorganisa la révolte
dont les promoteurs principaux furent encore Hugues, Mafroi
et Lambert, le comte de Nantes. Les trois fils de Louis le
^ Ailrcviild lions ;i|i)ir(Mi(l t'ii clli'l (jifEiulcs ('lait encore coiiili^ d'Oi'léans,
lorsqu'il péi-it dans un coudtal contre iMalroi, Hugues et Lambert en H',]'i. VA'.
Mivacula sancti Bcnedicti , édition de la Société de l'IIisloire de l-Vancc . |i. 'i<S
et suivantes.
2 Hi [Lodhuivicus] et Pippinus... Walanmn, Elimchar, Mathfridum cete-
rosqiie, qui in exilium retrusi fiieranl , custodia cmitlunt (Nitliai'd, doni liou-
quel, VI, (;.S).
•' A cette date, un ciuoiiiqneur contemporain inontic Mafroi excitant fouis
le Germanique contre son père : Et hoc maxime Malhfridus dolose mcdilalits
cl machnKitus est , rui domnits iinpcrfilor , aiino priore. cuiii ad inorlein diju-
dicalu.s fiwrat, viUim et membru et lirredilatem habeve coiicesxit [Aiin. Bert.
ad an S32 , doni Bouquet, VI, l',).i.).
— 21 —
IMciiK y lifiii|ii'iTiii. cl rmi s.iil tdiiiiiKMil. an mois de jiiiiiS:'.:;.
ils s'oiiipai^Tont do leur jx'tc. ii Kothrcld près roliiiar '. Ils
lui (Mih'vèrciit tonte autorité'' cl !■• ilnnncrciM cii Lianic h
L«»thaire, apri's avoir iiai'ta<j:c rKiiipii-i.' entre eux.
Lotliairo. conmio ain<'' <lc ses iVèi-es, s'attribua letitro et la
|iuissan<-c (le l'enipcreui- : il prit pour conseillers Lanii»crl et
MalVoi. (pli s"altaclicrent dcsorniais entii-reincnl à lui. Mais
la uintin-lle auil)iti(Mi do ces deux conitos lonr(lc\iiit Inneste:
les disputes inccssantos (pii s élevaient entre eux furent une
des causes prenii('r('s de la cliulc de I.niliairc d du rcxire-
inent ((ui s'opéra dans l'osiu-it du |i(iiple et des antres lils do
Louis le l'ionx. « Taudis (jne Laniliert et MalVoi. (Hi'il
• Nitliard. se (lis|»ntaiont pour savoir (pii d'eiilrc eux serait
•' dans IKinpire le sec(Uid apri's Lolhaire, cl (juils clior-
•) chaieut avant l(uit leur propre int(''r(''t, ils nÔLili^oaiont
■> c(unpl('teniont les aU'aires pnl)li(pu's ; ce (jne voyant, le
■ peuple en était indigné-. »
hans toutes ces circonstances, le i<ilr de linj^nies. comte
d<' Toui-s, senililo avoir été assez ollacé. Lotliairo faisait sans
doute |M'U de cas du nn-i'ito do son beau-père. et. de fait, ou
devait f(»rtenient nié-prisoi'. on ces leni|is où la bravoure
('•lait coninie de r('i.'le . un lioniiuo traité pulili(pioniout de
poltron.
hurani les (pu'biuos mois (pm Lolliaire fui an pouxuir.
MalVoi |iai"ait aNoii' ('•t('' trop ^ravoment prooccnp('' pour iii-
(pni'ter de nouNcan landes, son ancien ennemi, (pii se main-
tint en possession dw coinlé d'(Jrléans. Kndes. du i-esto, ne
demeurait point inactif. I)e concei-t avec (luillaïune. son iVi-ro,
et (pu'bpies autres puissants peisoiinaLros. il soutenait (nncr-
lenient le parti do remiierenr. et. ](arc(»urauL sans relâche,
les pays sitiK's au nord de la Loire, il excitait la coli'ro du
j»eu|i|e contre les traitements indiques (pie Lotliaire faisait
subir à son père '.
' \(iii l!inil\ . W'iiln ri Louis Ir Dfboniifiiir . papN l.">2 à H><>.
-' Insiifirr iiHh m . ihnn liin Lumln-iiiis ulijuc Mdlhfriilus , ijuis illnriiiii sr-
I iiiiiliis /inyl l.oilliinuiiii m inijx I in lialirieliii\ amliii/rirnl , (li.ssiderr ci'juruiil.
Et iiuoniiim ijuisiiui' i-oniin inujirtu iiiii'n'bal , rcmpiiUiram pi'uilus iieglif/e-
hiiiil : ifimil ifiiidriii i)i>iiiihis nriifiis , molrsliis rnit (Nilli.iid, lioiil |l(illi|iH'l .
M. (l'.l .
' Noir plus li.iiil . |i;i^'i> ITi, noie I
ç>o
(iiiillaiime, ainsi (iiruii comte nommé Eggcbanl, oinployè-
renl même une partie de l'hiver 833-834 à rassembler une
petite armée destinée à tenter un coup de main en temps
opportun. Au mois de février 834, une occasion favorable se
l^résenla. Lothaire revenait du Hasbain vers Paris, emme-
nant son père avec lui : Eggebard et Guillaume s'apprêtaient
à arracher l'empereur des mains de son fils. Louis le Pieux,
insiruit de leur dessein, les fit supplier de renoncer à un
projet qui eût entraîné TefFusion du sang.
Lothaire parvint ainsi sans coup férir au monastère de
Saint-Denis K Cependant de tous côtés les plaintes s'élevaient
contre lui. Au commencement du Carême (février 834), les
partisans de Louis le Pieux députèrent à Paris plusieurs
d'entre eux : on enjoignit à Lothaire de mettre en liberté son
père qu'il traitait comme un prisonnier. Eudes d'Orléans prit
part à ces pourparlers "-, dont le résultat fut que I^othaire,
se voyant iiioii;ic('' d'un côté par les seigneurs Indignés de sa
conduite, de l'autre par ses frères jaloux de s^ puissance,
prit la fuite tout ;i coup et ne s'arrêta qu'en Provence. En
même temps, Mafroi et Lambert, oubliant des querelles per-
sonnelles dans un péril commun, se retirèrent promptement
tous deux vers l'ouest de la Gaule. Mais ils ne voulurent à
aucun prix se rendre h Louis le Pieux ; ils demeurèrent sur
le pied de guerre et désolèrent le pays oii ils avaient fui avec
leurs complices.
C'était, comme nous l'apprend Nithard, la marche de Bre-
tagne-'. Lambert étant comte de Nantes, sa première pensée
avait été de chercher refuge en cette réirion. La marche de
' I'jI (jiiifh'.m iii Franciam Efjgebardus cornes et Willelmus cornes slahiili ,
quos poterant sibi in unione volunlatis restiluendi imperatoris coarhinabant...
Hiemr aulcm exacla et vere adpropiiKiiifrnlr^ Lotharius, paire assiimplo , prr
pnjpim Ihislitinicnsem iler arrijmit cl l'arisiKs iirbcin pcliit, iibi obvitnii sibi.
cuuclos lidcles fareprecepil. (lui Efji/ebardiis cornes et alii alius jx/gi pvoccres
cnm magna conclu manu, obviant , pro liberalione imperatoris pugnaturi ,
processerunl , pervenissettjne res ad ejj'eclum nisi piissinius imperalor, cavens
et multorum pcriculum simul cl pi'oprifan, ab hoc inccplo prcccplo et obtcs-
tatione ces inliibuisset. Tandon crgo pcrccnlum csl ad nioïKfsleriuni Sancii
Djionisii martyris {Xslvomme, doiii lîoiiqiicl , VI, lli, II.")).
2 Concmaudali sani Guerinus cornes et Odo, necnon Fulco et Hugo ablmtes
ad se vcnireni i Aslroiioiiic. (loin IJoiiqiict, VI, 11,")).
■' Per idem lenipus Malhfndus et Lambcrlus , cetcriipic a parle Lodhani
pênes marcam Britannicam morabanlur (L)oiii Bouquet, VI, 6i)).
23
Bretap:ii«' s'iUendiiit .-ilors non scniloiucnt sur le Nantais, mais
encore .sur Jlne {jrrande partie du pays do Vannes oiuonmian-
dait (iui. parent de Lambert '. Soit du consentement ck' (iui,
soit contre son i^^ré, les deux partisans de Lotliairc occupè-
rent ce territoire et s'y apprctèrent ;i la résistance.
Louis le Pieux, irrité, ordonna h Kuiles ilOrléans de se
mettre avec Gnillauino, son frère, à la tête des fidèles d'entre
Seine et Loire poui' rc'duire à rimjjuissance Lambert et Ma-
Iroi-. Eudes assembla son armée dans les environs (["Orléans.
Adrevald. moine de Saint-Benoit-sur-Loire, raconte les bri-
^andaires aux(iuels se livrèrent en toute cette contrée les
soldats ([uv le comte d'Orléans avait fait venir de la Bour-
i.nt^Mie sup(''rieure '. I/oii se mit en marche trois jours après
rairi\ée des auxiliaires b(»uriini^nons. Confiant dans leur
nomljre l)ien supérieur ii celui des ennemis, les troupes de
l'empereur agirent sans prudence aucune: le (b'sordre et les
dissensions se irlissèrent dans leurs rani^s, tandis (jue la fai-
blesse même des re\olt(''s. rendant nécessaire pour eux une
union parfaite, les lit redoutables '.
Le pi-ojel du comte Ludes ('tait de chasser Laml)eri el Ma-
froi du pays (piils occupaient * : pai- suite, la rencontre des
deux jiartis devait avoir lieu sur les marches de BretaLtue.
Mais les alliés de Lotliaire ne laissèrent pas leurs adversai-
res parvenir au l»ut. ils fondirent sur eux à limproviste ^ et
les mirent en complète déroute.
Suivant tonte vraisemblance, l'eniraffement eut lieu en
'»'
' \(Mr (le l.( lî(H(l(ïiii'. f-^xamm rlnonolofiiiim- ilvs rhaiirs du l'.firlul. ilr
liitliin, liihliolliiiiiif lie l'Emir (les Chuilis i.iiiiin' IS(ii, |i. :27l . (!iii ,i|i|iii-
i.iil jiixi|ii rii K.',-2 (l.'iiis les iliailcs du iiiiliihiin- ilf linlmi. On doit , je nois.
riili-iiitliiT ;ivci' (iiii. ronilc du .Miiiiic, Um|iii-I |i('ril . rn s:!i. d.itis li> *'OiiiIkiI où
rilictil liii'-s (îiiill;itiiiii' de lll()i< ri Kiidi's (f()iii'-aii<.
- A't ijtins Miithfridiaii et Litmlieitiuii pellenilns, misstis rsl lodo el omîtes
tiilrr Seijuiiniim el IJf/eriiii ileijeules i NillianL iloiil r.oii(|iirl . VI, (i!l).
•' Mimeulit sawli Iteiiediill . \i. \X.
* Hl liiis 'iniilrm fiiitieihis ne fier luf siimwn iierrssilii.s unanimes lU'rril.
l'iuldiiem (iiilem el .siios muximn iiiultitiidn seriiros , discordes el iiiordiiidlos
reddidil NilliaitL doiii |!iiiii|iii-| , VL <itl).
* Oïlii rnmes el alii mulli impenitnns narlilnis fnveiiles conlni «'(«s arma
Ciirripiiiitl rnsfiuiiiillere illis iiiteliaiilur loris, nul eerle ciim eis nnit/redi
A^liotioiiii' , dniii |liMii|iic| , VL 111)1.
'• Ihim enim insiieniln illis Imsles sii/ierrenireiil flbiilem).
— 24 —
Touraine *. Eudes et son frère Guillaume y perdirent la vie ;
d'après Nithard, le nombre des morts lut considérable. On
comptait parmi eux Théoton, abbé de Marmoutier et chan-
celier de Louis le Pieux, les comtes Vivien, Fulbert. Gui et
bien d'autres - (juin 8:34).
Il me reste à dire comment se termina cette guerre civile.
Lothaire, rapidement averti du succès inespéré remporté par
les siens, quitta Ih Provence pour venir sejoindre à Lambert
et k Mafroi. Quant à ceux-ci, ne trouvant i)lus désormais
d'obstacles à leurs envahissements, ils se répandirent dans
les pays proches de la Loire et particulièrement dans le
Blésois, le Dunois et le Chartrain, privés alors de leur défen-
seur, le comte Guillaume.
L'empereur forma en toute hâte, vers le milieu du mois
d'août, une armée à Langres et la conduisit lui-même dans
les régions envahies. Après avoir chassé les révoltés hors
de la Beauce, il les poursuivit dans le Maine ^ Mors Lothaire,
arrivé de Provence, se mit à la tête des troupes\le Lambert
et de ]Mafroi. Il établit son camp près de celui de son père,
tout à côté de Saint-Calais *, et y demeura quelques jours
' La lialaillc diil se livrer liors la niarclie de Bretagne qu'occupaient Lamliert
et .Mafroi. Adrevald ia|)|)orte qu'un fuyard qui avait assisté au combat arriva
deux jours plus tard au uionastèrc de Saint-Benoît -sur-Loire. On peut supposer
que ce fuyard avait fait en ces deux jours une quarantaine de lieues : c'est à
peu près la distancf! qui sépare Saint-Beiioit-sur-Loire de la Touiaine. De jdus,
la présence de Vivien, comte d(> Tours, et surtout de Théoton, abbé de Mar-
moutier, pai'mi les rombattants, ditniiei-ait à penser que le lieu de la bataille
n'était pas ti'ès éloii^^né de Tnuis. — Sur la date de ce combat, voir Simson ,
lahrbiichcr... tinter Ludivig dem frommen, II, 105, note i.
2 Ccci'lil Uodu cl Odo, VivianuSj Fulhriiiis ne pli'bis huuinwra mullihtdo
(Nilbard, dom Bdiiquet, VI, ti'J). — Inteifecli sunt Udu et WilleliiiKs , fiuter
ejus , ac Fulbertus, comités, et Theoto, monasterii Saucti Martini ahbas, et
alii quainpluvps {Ann. Berl.. ad an. 834, dom Bouquet, VI, \\)G). — Diic-
tori's bclli, Ddancni, fralremijfic il lias Guillclmam , cumitvni Blesensinm ,
Teutonem dcnixjve, abbatem Sancti Martini, Giiidoncm, comitem Cenomanen-
sem... tnoitem ' oppetierunt] (Miracida Sancti Benedicti, p. 51).
•' Imperator ronvocavit exercitum Linfjonis , medio mense aiti/iisto... ail
liberandum populum contra invasores regni...per Tricassinorum et Carnotum
ac Dunensium rcgiones juxta Blisum rastellum... perrenit (Ann. Berl.. ad
an. 834, ibidem).
* A Matuali.f. L'enqilacenienl de celte villa n'est pas exaclcinenl cnnnu ,
mais il est certain que ce lut sur son leniUmc (pie lut (Oiistinile l'abbaye de
Saint - (lalais, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement du (b'parlement de la
Sai-tlie.
25
sans rien Iciitcr ; [iiiiv. uni- nuii. il s"<''l(ii^''na tout ;i (•onp et
r(''lro<;ra{la*vors le sud', l/omporr-ur. acrompa^Miô do son
(ils, L<p)ii^ 11' <M'nnani(Hi('. 1<' ponrsuivil de pri's cl l'accnla
dans une soric de proscjnilc Ioi'mk'O par la Loire «4 par la
risso, à l'ondroit où so trouve le villap'e d<' <"h(Hizy-.
iJi, i'épin. à son loni*. \\u\ iirossir de ses lron|M's raiiin'e
iniiiériale. Lolliaire. ne Noyanl plus le moyen de D'sisler ii
des foi'cos sni)érieuros aux sionnos, so rendit. ;i condition
qu'on lui permit de >e i-ctircr aii-delii des Al|>es. Tlié.uan l'a-
eonte avec détail comment Lotliaire lit sa soumission à son
pèi'e dans le camp de «'liouzy :
•■ I/empereiir. dit-il, était assis sur un trône élevé, au
" nnlieu ilune urande ]daine, d'oii son armée entilTO pou-
" \ait le contempler; ses Mis lidJdes avaient jiris place ;i ses
•' coli's. Al(»i's ari'iva Lothaii'e (pli se Jeta aux jiieds de l'em-
•> pereiir ; Hugues le poltr<m, beau-père de Lo||iaii'<>, puis
M.dVoi cl les autres cheCs de la i-evolte IIicmI de méiix' :
• ils confessèrent tous avoir frravemont failli ii leur dev<»ii".
I.otliaii-e jui-a lid('lil('' :i l'empereur, cl pnunit qu'il allait
■ imiiMMliatement passer en Italie, d'où il ne sortirait (jifavec
" la perndssi(»ii patei'nellc: li-s autres pi-êtèi-ent un semldahle
" sci'uient. Après (juoi, Louis le Pieux, toujours induliient.
' Lothariiis iude Aiirviniiinm uibvin fi'i n-uil ; ddude in ixii/uin (.iiiiiiunit-
liinait , in villum riijiis vmnliiiliini r.st MnliKilis, ilncnit... LnllidiiKs, jnni
suis ifieplis. niin inullu iiilerrullo a palir ra.stia fixil ; iliiifui' i/U(ilii(ii<licliu.'<,
Iff/ntis intnrurivnlibus , moratum est. Qutirhi snnr norli- , Liilhdritts ciini
snis iimiiihits rcfriie prclfin in pnsleriorn ri'pil i A^I^(lll(Hlll• . dom |!iiii(|int ,
Vl. IH;. MTi.
* (.lii.iiz), 1,1)11 -rt-(,lii'i-, .in' r.liiis, (■"" irilniiaiill. — l/iilnilifn mIJoii ilti
lifii 011 Louis !•' i'iriiv ci i.iilliiiiir m* iciicoiiliïiriil iiM pas rlr l;iili' |i;(r les
liistoririis allrtiiaiiils (|iii se soiil 0((|||h's (it- la vii* de rcinpnriir Louis je l'iciix.
i'.r lii'ii l'sl (l'.ijilriiis ilrsi;;!!!' il IIIH' liiaiiir'ir rril.iiiir par ji-s liivris rliioiiiipiciirs
ilii li'iiip>N. On lit il,iii>. Nilliaiil : jiisld villuni ijuiir C.dlvinciis dirilnr nislrtt
piinunl. L A'-liciiiiiiiii' pircisf crllc iiidiraliiiii : l'irn'nlum rsl ad /hiriinn l.iip'-
riin, piopi- nislinin lilr.si-nsr , tpui C.iza /luvitis l.ii/rri iimjhiit. L,i t'.izn ol la
C.issr, rivirri- nui ainifiiiirini-iil avail mmi tonllni'nl piV'^; dr i!!iii> à t'.lMni/\.
(!tilriiiru.s !•'-[ CImmi/v. I>an^ un ivril dr liaiisi.ilioii dr irlii|ni'> ('tiil au l\"' xinii',
(Hi Vint iiirni <Si7 ili-naiid. aliiu' de Maïuiuiilirr. rapporlanl de linnir les
irliipirs )li' saiul ^;o^^;lMl sarirla rulrc OriraMs r| Tnnrs a Calviiirum . villuin
Mujiiiis Mnmislnii Mal.illoii . Aria SS. nrd. S. Itmiul., sa-f. IV. par> I. p.
.V.l.'i . I)i l.i riiiili- dOiiiMn^ .'i Toin'<> ^mi la salii')- dr i.i Lime cl, .'i nii-< Ikumu
i*n\iitMi,sr trouve l',hon/\ , où l'aliliayr de Marinnulii-r av.iit un priruiv. Mu
ii'^lf. au point di- \\\r philoloajjpir , la irauvlonn iIumi dr ilnhinrum v\\ (',lioii/\
s'iNpIiipir a>sc/. nVidi<''irniriil.
— 26 —
» leur pardonna ; et Lothairc, (luiltaiil la rour, so dirig-ea
» aussilùt vers Tltalie avec ses complices '. »
Deux ans plus tard, une affreuse peste, qui ravagea l'Italie
entière, enlevait à la l'ois les comtes Mal'roi. Hugues et Lam-
bert (septembre-octobre 830) -. La mort des deux frères
Eudes et Guillaume fut ainsi vengée tout d'un coup^.
CHAPITRE ni
LE COMTE EUDES ET SES FILS
Le pays qu'avait administré le comte de Blois, Guillaume,
fut, après sa mort, démembré en deux comtés. A lilois,
Guillaume eut pour successeur le comte Robert, devenu
célèbre sous le nom <le Robert le Fort; à Châteaudun, il fut
remplacé par le comte Eudes, qui joua également, sous le
règne do Charles le Chauve, un rôle politique important.
-J'ai déjà exposé ailleurs^ les raisons qui me font considérer
Robert le Fort etp]udes comme étant fils tous deux du comte
de Blois, Guillaume. A la vérité, aucun document, contem-
l)orain do ces personnages, ne permet d'affirmer que c'est
l;i un fait certain : il est extrêmement rare en ces époques
reculées de trouver des témoignages positifs, indiquant
nettement la filiation des divers représentants de l'aristo-
' Poslquam veuil Lolharius , ubi erat imperalor , paler cjiis, sedens in
p(ipilio)tr SUD qui erat l'xlensus valde in allum in campo magno , ubi cum
cxercihis omnis c(inkmpU(b(tiur, cl filii cjus fidèles steleruiil jiixfti euiii. Ttitic
Malhfridus et e.eteii oiiincs qui primi erant in facimire illo . poslquam sun-e-
xei'unt de lerra, confessi sunt se vcdde deliquisse. Post haec Lotlutrius juravit
pritri suit fidrlit/ileiii..., et ut iret in Ilaliani et ihi nianerel, et inde non exiret
nisi permissione pnlris : tune juravernni et eeteri. l'ost huée piissinnis
princeps indulfjenliain dédit eis... Diviserunt se ibi, et Lolharius perrexil m
Itoiiam cum eonsentaneis suis (Th(;i;;iii, cloni Houquot, VI, Si et (S,")).
- ('!'. AslioiioiiK!, (lom Houfjiiol, VI, II!).
•' Jf me suis iiiiiqiieiiiciil occupé daus (oui ee inil de luontici- le lùlc |ioli-
lique (|ue jourrcul de H30 à 83i les conilcs d'Oiicaiis, de Hlois, de Tnui's et
de Nanles. Eu ce qui rei^arde Hui;ues el Mal'roi, les liisloiieus fraucais ou alli;-
uiaiuls, (|ui oui éludié celle époque, pai'aissenl i^éuéraleiuenl ue pas avoii' élé
Irappés de ce l'ail que la liaiiir, vouée par ces deux coiules à fouis le l'ieux,
l'ut la cause preuiiére de t(»us les uiallicius (jui l'oudireul aloi's sur i'Kiu|)ir(;.
* Origine de Robert le Fort daus les Mélanges j. Havet ( Paris, Lcioux,
IS'.C, iu-S"), p. !)7-IOtl.
27
criitio IVaiKiuo; mais un certain iKHiilnt' <riii(li<('s, (lisséniint's
dans k's (•hf(>ni(in('s ot Ic-^ chartes, indici's ({n'il serait iio|.
hn\y; d'éniiniérer ici ot (jue je si^rnalerai dans la suite de ce
r('cit. tendent ;i créer dans Tesprit la conviction ([u'iùides et
Koliert étaient l'rères. Si donc le comté' de Hlois, ;ipri's la
mort de «Jinllaume. l'ut sciiulé en deux parts, et si cette
scission lut opéi'ée en laveur dos deux frères. Kudes et
Robert, c'est (péen i-('-alil('' ceux-ci étaient (ils de (inillaume '.
•If le n'pète, il n'y a pas la certilude absolue, niais je pense
«pie cette hypothèse recevra une certaine force grâce à la
lumière (pi'oUe jette sur des événements assez obscurs.
l)e la sm-cession du c«»mte <iuillaume, Robert le P'ort re(;ut
donc le ij:ouvernenieut du pays blé'sois-. Kudes celui du l>ays
dunois •* et aussi, suivant tontes probabilit(''s. du jtays cliar-
' ('.fUf filiation ;i(li''jài'li' adiiiix' |i;ir iiii ,i;iaii(l iioiiiliri' (rniidil^. Dr nos jouis,
M. An. (Ir Harllii-li-my, lians nnc inir'rfss;nil(' énuit'. inlilnltr Oriifincs de la
Maisiin (II- Frtinre lier. îles ijio'sl. Iiisl.. aiim'i' ISTl»'. a savainniciil sdiilcini
(|ilt' UkIh'iI II' hiil rlail lils (je liniilaiiiiii', i iiiiili- lit' Hlois. — H'anlrc |)ail , rn
ce i|iii conn'iiK' le ronili' Kntics. Ions h's liisloiions se sont acconh's à lui
(loiMiiT (inillainiii- ponr |iimi' (Cf. Dn l!oiiiin'l. I.a irritahle origine de Ui Maison
de France, \'.ii\>, l(»l(i. iii-lolio ; Hcniii'i-. Histoire de Hlois, l'aiis, |liX:i.
in-l", clr. . — N'rlanI |ioinl le lucinicr à |iro|iost'r ci'ltt' -«ojniioii iriiii piolilrinr
i|iii a |iiVMMtii|M' l)i'anron|) ili' savants, y. niCIfoiToiai siniiih-nicnt (rajontfr do
nouv)'an\ ar.cnMlcnts à n'iix i|ni ont /'Ir (Irjà loniiiis en favenr dt- trlic ilirsi'.
^ lioltrit le Koit est, apW's (inillaniiie, le premier comte de Hlois sitrnal»'
daii< li's cliailfs. An mois df mai S(»."i, il r'iliaiii.'i'a avee Attard. r'vôfjiit' île
Nanirs. diverse»; |crri'< ili'iicndaiiifs de son ((inilt' ili' lîiois. Cd atlc d"étlian;:c
a ••Ir |iln<ii'iirs l'ois tinlilii'' : la inrillenie rililioii en a été donnée par Maliillc
\liilroiliirlion au.r ('Àroniiiiies des rouîtes d'Anjou, p. S'.MM;. Dans les aiinres
(pii Miivin-nt la iiuirt <li' Kolti-rt le fort. I<' eoinli' dr i^lois lut adiniiii^lié,
sendili'-l-il, par -on lils aine, Kndes. Oiiaiid Kudes lut élu roi i-n SSS . il aliaii-
doiina rcltr eliar^'f à son livre iJoltcrt. (!t'lni-ii resta t ointe de lijois jnsiin'eii
l'année '.(:J:2, époipie où il devint Ini-inèine roi des Kraiies. .M. Kd. l-avre
s'e-t inniilié liieii seepliipie à l'éi^aid de celle Iraiisniissioii >i iiallirelle du
lonilé di' jilois an\ Dis de Kolierl le hirl iC.I. Ewli-s. rmiite île l'aris el roi dr
Franre, l'.tri-. IK'.t:!. in-S". p. I -_' .1 i:;. noie li.
•' Tons le- In-loîieii» lilésois ont jnsipraiijnurd liui préiendii a tort ipiKiides
avait été eointe de Itlois après son père tiiiill ninie. Celle erreur ri'inoiite à
Ihi Hoiii'liet, (pii a piililié une eliarte, trompiée et rorronipue à dessein, où
Kiidi'» >e dil ronile de Hlois 'Orli/ine de lu }liiisitii de /■V(»i(c, preuves, p. i.'ij).
I,e tilre de mines hiesrii.six, atliijiiié ,1 Knili'- par eelle rliaile, aurait dn de
prime alord |iaraitre suspect ; c;ir, dans les actes dn l\" siècle, les comtes
s'iiilitiileiit ;;éiiéialemeiit ronies, sans .ijoilter de ijiiel pai/iis ils sont comtes, (^n
a d ailleurs la preuve ipie Dn j'oucliel a l'ait un lanv en lelle circonstaiiie. I..1
iliaili' ipi'il a édilée se trouvait aullienliipu' dan- la l'uncarte noirr de Saiiil-
Maitni de Tours. l'Iiisieiirs copies nous ihi ont été loiiservées (\oir plus
loin, pièces juslifiralirex, n» 111 1. Kndes v prend simplemeiit le litiv de comte :
— 28 —
tr;iin'. Ces trois comtés furent, aiiros la imn-l de Guillaiiine,
successivement réunis aux royaumes que l'empereur Louis le
Pieux forma pour son 'fils Pépin en 835, puis pour Charles le
Chauve en 888 -. Deux ans plus tard, Louis le Pieux mourait près
de Mayence (20 juin 840). De violentes dissensions éclatèrent
alors entre ses quatre fils au sujet du partage de l'Empire;
elles durèrent jusqu'au jour (iii fut conclu le traité de Verdun
(août 843). Aux termes de ce traité, la région d'entre Seine
et Loire, dont dépendaient les pays de Blois, de Châteaudun
et de Chartres fut attribuée à Charles le Chauve.
Ce prince, fils de Louis le Pieux et de l'impératrice Judith,
dont Guillaume de Blois avait autrefois vaillamment défendu
la cause, combla de ses faveurs les comtes Eudes et Rol)ert,
et il ne tarda pas à en faire deux des plus puissants dignitaires
de ses Etats. Dès les premières années de son règne, il leur
avait concédé, serable-t-il, divers biens, dépendants de
l'évêché de Reims, alors vacant. Hincmar, élti archevêque
do Reims le 3 mai 845, se fit restituer, quelque? mois après
son élection, les villas épiscopales que Charles le Chauve
avait illicitement données à ses fidèles. Dans le diplôme de
restitution sont mentionnés Eudes et Robert, ainsi que Donal,
comte de ^lelun •^ et plusieurs autres *.
La première fois que l'on voit le comte Eudes intervenir
dans les atfaires politiques de ce temps, c'e.st durant les
guerres qui eurent lieu en Aquitaine entre Charles le Chauve
et son neveu Pépin.
l'acte est passé piil)liquf'niciit à CliàlcaïKliiii . au mois de mai 8i(î, t'ii pn'sonce
(les boni hommes (pii y soiisnivciil. Eudes y [v/\{ comiiie comte de Cliàtean-
dun et non comme comte de Blois.
' Voir plus haut, p. K!, note. I. — i.a suite de ce récit montrera ipie l'au-
torité du comte Kudes n(! s'étendait pas seulement au |)aYs de CliàtiMudiui .
Jiiais sans doute aussi au pays de Chartres, et ([\\v ces deux comtés dcv, licnt
être dès lors unis au point de vue administratif.
- Cf. A. Louiiudu, Allas historique de la France, i». (lit et 70.
•* Donat avait été gratifié de la villa de Neuilly-Saiut-Front, duiil il ne voulut
pas se dessaisir eu Xio. liincmai' a écrit à ce sujet un ti'aité intitidé iXoliria
de villa Novilliaco (Voir dom lioiapiet, lier, des hisl. Vil, 1215). Ou sait par
les miracles de saint l'enoit d'Adcrvald que Donat était comte de .Melun
{Miiaciila sanvli Ikimlicli, édit. de la Soc de l'ilisl. de France, p. ntii.
* Quidr/uid ex eodein episcopolu [Renicnsi] Odo cornes habuil, seu et illa
quae... Rolbeiius... vel Uonatus hahiicrunt (dom Houquet, VIII, .178).
— -iO —
l'(''liiii avait OU'' (lt'i)Ossc''(l('' par le (i-aitô do Vcnliin en 8i:!
(lu luyauiiK^d'Aiiuitaiiit'. (lu'avail Jadis ^oiivoriM' son j^'mc
l'cjiiii I"'. iiMirl le 1."'. il«'M-('iiil»r(' S;'.S. Ccltr iirande proviiico
«'tait «'cliiM' il Charles le (Jliaiivc'. l'<'|)iii. dont le nom ('tait
tr('s jiopidairi' au midi de la (Jaidc, aitrcs sètic assure laj»-
l»ui du duc de Seiiliuiauie, Beniai-d-, iiensa dis|)uter au roi
son r>nele les états paternels. Toutefois il lui (N'-c ii dans ses
espérauees. Dès le coiumeuceiuent de l'année 811. ^ix mois
il l)eine après le trait('' de Verdun, le duc Bernard, son plus
l»uissant allié, tombait au pouvoir du roi des Francs. <|ui le
condamnait il mort et le faisait exécutersurde-chamir'. l'epiu.
de son c(>l(''. mali^ré une victoire éclatante, remport(''e sur
l'aruM'e «le Charles près dAnmoulème, était forcé, rann(''e
suivante, de venir prêter serment de li(l«''lité ii son oncle
dans le iuonastère de Saint-Benoit-sur-Loire Juin 815) ^ Mu
reconnaissance de .sa .soumis.siou . il conservait la Jouissance
d'uni' jj^rande partie de l'Aipiitaine, ii condition de ue iioinl
cJH'rcher ii s'y ren«lre inilépendant.
Aussil()t «{ue Charles le Chauve eut fait ju'rir le duc Bernard
«pli était il la tète des marches «l'Ksjjaiiue , il avait mtmini'',
pour le remplacer dans ce commamlemenl , Sunifred, comte
«l'L'r^el*. Ce|»einlant Bernard a\ait laissé un lils, (Juillainne,
âgé (!«• «lix-huit ans. Désireux de veny:er la mort «le son i»ère,
<Juillaiim«', ai>res avoir ca|it('' la fa\t'urde Pc'pin , excita ce
prin«'e it .secoiierde luiUNcau leJoULî'dii l'oi Charles. Mais hien
«les obstacles se dressèrent entre lui et sa vengeance. Le prin-
cipal vint des sei.LTnenrs «r.\(pii1aine«iui, Jaloux de voir un tout
Jeune homme plus avance (preux-mèmes dans les bonnes
' [Lulli<iiius (■/ Ulu'loiiiriis reîera iisqiir fid llispaniaiii ijtroUi cesserunt
(/1«M. lieil.. uil tiHH. Si:!, (loin ltoiii|iicl, VII, \\-b.
* (le Kerriard, tim' de .'^•■|itiiii.iiiii'. t-sl o-liii ({iii avait ('ti- arnisi' aiilrftoi>
«IV'ire ramant de riiniM'rali'iii* .Imlitli. Il avait jii^i'; sans ddiilc ipiil aurait inii>
iidlut'iirc plus altsuinc à la cour du jcnni- j'rjiin (|u'à ci'llc du roi Cliailfs je
r.liaiivi'.
•' l.fs Annulées Kirtmiennes tonl inuiirir le duc Hcrnard avani le jta|M'
(Ir/'^'iinc IV (janvier Kllj.
♦ Aun. Ilirt., (iil nu. SiTi. doiii ltitU(|Ui'l. VII. (ill.
' l.i' i'.l mai Sil, SiiMitn'd |ii)rlc dt'-ja le nom de iiKtrrhio dans im t'dit ilc
(.liailiN if (Jiaiivc, l'i-latit an\ ^.^|•a;^nld^ rt^ru^'n'-s m ."^l'iilimanic idnin \.éi--i'Ii .
Ilislinif ili- LniKjuedor, nouv. ('dil., lomc 11, |tn'uvcs, col. iiH).
— 30 —
grâces de leur suzerain, se soulevèrent de toutes parts contre
le nouveau favori et, refusant de s'associer aux projets am-
bitieux de Pépin, vinrent en grand nombre à Orléans prêter
serment de lidélité à Charles le Chauve (848) '.
Charles soupçonnait depuis quelque temps d('j;i les idées
de révolte qui germaient dans l'esprit de Péi)in ; il partit
aussitôt pour l'Aquitaine, afin d'y affermir son autorité-. Il
ne resta d'ailleurs que peu de semaines en ce pays. Au mois
de janvier 841», il était revenu dans le nord de son royaume;
mais, avant de se retirer, il avait eu soin de nommer un
successeur au duc de Septimanie , Sunifred, qui venait de
mourir-''. Comme il lui fallait en cette région lointaine des
agents dévoués, il donna le commandement des marches
d'Espagne à l'un de ses fidèles, Aleran, comte de Tro3^es''.
^ Ann. Beri., ad an. SiS, doin Hoiiquet, VII, 65.
- Cliron. Fontand., ad an. H'iH, doiii Bouquet, VII, il."
3 Les nouveaux éditours de YHistoire de Languedoc oiu, diiiis mw note
rectificative, contredit à toit dom Vaissète qui faisait inouiir Suiiiired en 8i8 ;
ils reculent cette mort jusqu'en Hï}[ ou N,j;2. (lonune preuve, ils renvoient à un
(li|ilnme (le 850 environ, où il Ji'est point question de Sunilied, mais de
Siniiaiic, comte de Roussillon (Cf. Hist. de Languedoc, nouv. édit. II, preuves,
col. 128()). Leur second argument est qu'Aleran, sii^nalé en 849, comme comte
des maiclies d'Espagne , n'est nulle part apiielé duc de Septimanie ; ils le sup-
posent simplement comte de Barcelone : de sorte qu'Aleran n'aurait pas, en
848, succédé au duc de Septimanie, Sunifred [ibidem, II, 317). Mais ils n'ont
pas remarqué sans doute mi diplôme publié par eux-mêmes. Le 18 octolire 84'J,
C.liai'les le (Jliauve , étant à Alhi, ddiine à un de ses vassaux, Etienne, les
domaines de Villerouge (!t de Védillan, dans le comté de Narhonne : à la fin du
diplôme, on lit : Aledrans ambasciavit (ibidem, II, preuves, col. "IHli).
Aleian joue certainement ici le rôle de duc de Septimanie ; un comte de Barce-
lone n'aui'ait point eu à intervenir officiellement pdur des biens situés en Nar-
boniiais. Si donc Aleran, en 84*,), était duc de Septimanie, c'est que Sunifi'cil
était mort ; car on ne peut supposer que le roi ait disgracié Sunifred , puisque,
(piehpies amiées plus lai'd , il comblait d'iKiiineurs les fils de ce. comte, Wil'red,
Siniilied et \\ivo\i[ibide>n,\\, Î^D!!). Disons en terminant (ju'Aleran est a|i|ielé par
un contemporain custos limitis Hispanici [Cliron. FontaneL ad an. 8ill)et que
ce même titre est domié par l'Astronome au duc de Septimanie, Bernard [coiiics
Hispaniaruiu hniituiii, ditni Buii(]iie|, \I^ 110).
■* L'identification d'Aleran, comte de Troyes, avec Aleran, duc de Septimanie,
seml)le très probable: ils sont cnntiMnpni'ains, tons deux fidèles de Charles le
Cliauve, ils poi'tent un même nom. rare chez les comtes carolingiens, et de
plus ils meurent tous deux dans le même temps. Enfin , la suite de ce récit
montrera qu'après la mort d'Alei'an , le comté de Troyes revint à Eudes de
Cbàteaiidun et (pie cette succession parait avoir été réglée en Septimanie lors
de l'expédition (pie fil Charles le Chauve en cette contrée au mois d'octobre 841).
— Rien d'ailleurs n'était plus fréquent à cette épo(pie que d'opposer aux inva-
sions sarrasines des comtes de pays éloignés : c'est ainsi que Louis le Pieux,
— M —
A poino n'iitic' dans ses Etats, ("liarlcs aii|irii ((iic (liiil-
laiiiiic, (ils (tu (lue Bernard, s'était cniiiaïc (rAiiiiuirias cl dr
Haicolonc, après on avoir chassé Aloran i^cuninitMUonKMil
de l'année 84l»i '. Il fonvoqua au mois de juin un urand jilaiil
;i Charti-es. où il Conua son armée : de lii. il se ndt en marche
vers le midi. Le comte Eudes i)artit avec lui. Ils traversèrent
la Loire, arrivèrent rapidement à Limoiros et y reçurent la
plupart des <j:rands d'Aquitaine, qui venaient renouveler ii
Cliai'les leur acte île soumission ; puis ils se dirigèrent direc-
tement sur la ville de Toulouse, qui lut emportée après
quelques Jours de siège. Le comte Eudes avait été charge''
avec H<'rl)ert, abbé de Saint-Wandrille. de surveiller la
porte Narl>onnaise. et de l'attaquer par le l'eu-. Ils sacipiil-
ti'reut bravi'iuent de cet oflice et contribuèrent pour une
grande [tart à la i^'ise do la ville.
Ce succès rendit Charles le Chauve maître de toute rAcfui-
(aine. et. d'après l'rudeni'e. il [ml dès Inrs disposer ii sa
guise de la marche dEspagiu- : il y rt-taldii aussitôt le comte
Aleran-'.
I7u de >«-> premiers soins l'ut égalomont de récompenser
les services de son lldèle. Eudes de ('hàteaudnn. Le 11 octo-
bre Hli», étant encore ;i .\arbonne, il lui (h.mna.dans le pays
d'umois, la villa de Nogent, près do Château-Thierry '.
•'Il X'I'i, avait nivoyi'î aux marclics (IKsiuigiir Ihigiies, comii' ilf Tours, vl
Malroi . rnnil»' (l'Orli'aii^. Alnaii. par sa grandi- ir-piilatioii ili' luavoiin'.
|iaraiss;iil iii''>t}^iir- |iuiir Ir poste pi-rilli-iix ipii- lui loiiliait l.liaili's li- C.liauvr :
i'rpopr-c |iopulairi' rliaiitait i-iiroir si's i-xploits au XI!*' sinlr. Kaiis li- puriiif
il'Ay ilAvigiioii. il l'sl i)Urslioii. à |ilusirurs rcprisi's. il Alnaii , roiiilr ili*
Troii'siii. i|ui sr liai Vaillaminnit Aije il'Aviijnun , rilitioii (iiirssanl '■' M- vr.
IN(H, p. NI;.
' Cf. C.hnmicon Fonlaïu'I., ad mm. Xi!) (loin fiouipirl , \ll. il. 'lii.
- In (jua iilisi<llviir iimimissti islinnid quiif niralur Mai liiiiiin.\is irnrnilnli
viro Hriilnrlii, (iHkiII Fiiiilinrllriiiiis niuimsliiii, siiiiultjuf Oiluiii, viro illu.slii,
(1(1 rusloilieiidum. Umiiines (iuo(jue Hcrihcrli ahhdti.s, iitjirto i(jnc, iinicdirlnm
fiiniani xjiii i ri'muveruiil niu.rima fv iKirtr (('.liinn. Fautnurl .. nd mm. Si!t.
iloiii lîituipirl . \ll, \'1\. I.i' ri'i il lie loiili- irtlr caiiipagiir iioiis a l'ii* iiiiisci m-
par If iiioiiir (le Sailli -Waiiilrilli'. aiitriir ilu C.hromcon FonlimeUrusi' ; il
ilfvait li> li-iiir ili' la liourlii' inriiif illInluTt . aliln- ilr Saiiil-\Vaiiilrill<-. ipii
joua un n'ili- assi-/. important dans rrttc r\pi'diliiiii.
' Manant (fiioqui- Uisfianirain jini libilu ilispoiiil Aim. Itcrl.ad an. Nl'.'i.
* Voir dom llouipift, Vil!. .'»(»,'(. - Nogent, e"" de Itaiilne. .\isne. an' de
CliàliMU-TliiiTi), I de Ciiiidé. — Sur le pa\>; d'Omois. \oir Loiigiinii. Hmie
Aiiliinlnif., isV.N. I. ;!l'i| cl ssv.. el Allas hi>.liiii(]i(i\ p. \'2[ .
— 32 —
Cotte donation laite à Eudes * d'un domaine peu éloigné
du comté do Troj'es, et la présence simultanée d'Eudes et
d'Aleran- auiirès du roi, pendant ce mois d'octobre 849, me
portent à croire qu'on régla en cette occasion la succession
du comté de Troyes, dont Eudes hérita trois ans plus tard,
à la mort d'Aleran.
Quoi qu'il on soit, au mois de décembre 849, le r(ji revint
vers la Loire eu passant par Bourges. Il reçut peu après la
nouvelle du châtiment du comte CTuillaume. Au début même
de Tannée 850, les partisans d'Aleran s'emparèrent do ce
rebelle qui l'ut aussitôt décapité ; sici/iii' iiliiis iiii(/iiila/is
periil, ajoute le moine de Saint- Wandrille -^
De graves intérêts avaient rappelé Charles le Chauve dans
le nord de la Gaule.
Le chef des Bretons, Nominoé, qui venait de se faire pro-
claîner roi, avait profité de l'absence do Charles pour se jeter
sur l'Anjou et désoler toute la contrée. Le comte^d'Angers était
alors Lambert, très habile capitaine, qui parvint; à repousser
cette attaque inopinée. Charles, revenu d'x\quitaine (vers
février 850), confia aussitôt à Lambert le commandement mili-
taire de la région d'entre Seine et Loire *. Mais , peu de temps
après, par un brusque changement de politique difficile à
expliquer, Lambert trahissait la cause des Francs et passait
tout à coup avec son frère Garnier dans le camp de Nominoé
(vers juillet 850). La situation devenait très critique pour
Charles le Chauve : il lui fallait d'abord veillera la sûreté du
comté d'Anjou, (j[ue la défection de Lambert livrait sans
^ 11 est certain que le comle Eudes, à qiu le roi eoiicéde en <Si9 la vilhi (I(ï
Nogent en Omois, est le même qu'Eudes, comte de Chàteaudun. Endes , comte
de ("iliàteandun , en eilet, dans la charte de (S.i(3 citée ]ilus haut, apparaît avec
sa femme ('iuaiid('lmod(! {Xo'w pièces jiisl., ii" III). Or, en (S7I, Eudes, jiropriélaire
de Noi^ent en Oiiiois, donna par teslament, pour le repos de Tàmo de la même
(luandelniode, sa femme, cette villa de Nogent au chapitre de Saint- .Marliu de
Tours (Voir jilu.s loin pièces jitstif., n» IV).
- Aleran se trouvait près de Charles le Chauve ;\ Alhi , le \H octohre 849,
jour où il intervint en faveur d'iui vassal du rdi , udiumé Elienne, qui Sdilicitait
de (iharles divers biens dans le comté de iS'aibouiie. \oir plus haut, page liO,
note 3.
3 Clironicon Fontanel, ad an. 840, dom Bouquet, VII, 42.
* iSur Lambert el sui' Noniimié, cf. lî. Merlet, Guerres (l'indépendance de la
Brctaçjne suns Nanumié el Erispoé , dans la Revue de Bretagne, de Vendée el
d'Anjou, année 1891.
— 33 —
défense aux Bretons. Les circonstances exigeaient en cette
contn'-e un ijouinic brave et expérimenté: le comte Eudes, qui
venait de Taire ses preuves dans la dernière expédition
d'A(iuitaine, parut au roi remplir ces conditions'. Charles
ré'uuit lui-même une armée et partit pour la Bretai,nie. 11 se
rendit directement ;i Rennes oii il établit une i:aruison ; mais à
peine s'était-il éloigné de cette ville que Nominoé et Lambert
vinrent en taire le siège. La garnison se rendit sans coup
rérir elles murailles de Rennes furent aussitôt rasées par les
assiégeants.
I)e là les deux rivaux de Charles le Chauve se dirigèrent
sur Nantes, défendue par le comte Amauri : la ville tomba
en leur pouvoir et subit le même sort que Rennes. Puis ils se
jetèrent avec une indicible fureur sur lAnjun. Le comte
Eudes fui forcé de reculer devant eux; il se replia, en
remontant la vallée du Loir, sur le comté de Chartres -,
suivi de près par les Bretons qui arrivèrent promptement
dans le Maine. Un chroniqueur du XV" siècle, Pierre Le Baud,
nous a conservé, d'après d'anciennes annales aujourd'hui
perdues, le récit de cette invasion bretonne en Neustrie.
i' Quand Nominoé, dit -il, eut ainsi dégastée celle cité
» ^d'Angersj, il s'en di'partii . et conduisit son exercite selon
'• les rives du lleuve de Loir, (pii se plonge en Mayenne au-
•> dessus de la dite cité, et bruslant et détruisant les territoires
■ d Anjou, du Maine et de Neustiie, depuis L(»ire jusques à
» Neustrie, |iarvint;'i Vendosme,ou il s'arresta, attendant y rc-
• cueillir ses ost (jui estoientespandus par les dits territoires,
■' alin d'assaillir le pa'is de Chartres : nuds, connue jii partie
'» de son «'Xercite commençast à gaster celle grande plaine
•• qu'on a|tpelle la iieausse, il de\ inl somiainement inlirme,
' Kiulcs ;ip|»;iiait romiiii' conilr d'Anjou dans dnix dipirniics royaux, l'un du
!> jnilli'i , l'aulii' du K» aoùl S,"»l i Voir It. Mt-rlrl , (liicin:< iriniiijii'nilainf de
lu lirrlaijiir, rm'ni. nlr, iiirrc justificativf n" III, <•[ doin l!(Mii|nil, \III. .MS^.
- Il y a, s)>iuldr-l-il , dans ii- l'ail liislurii|iii', un imlin' iiu'Kudcs, conitu
d An^i-rs <>( de Cliàli-audun , devait vive aussi rliar^t' de radiiiini^lr.ilion du
romir di' Cliarln-s. Cliarli's le Ch.iuvf, au mois de janvier S.'jI, riail à Cliarlres;
Cl- (|ui nihfirmr (|Ui' < file ville élail alors menacée jiar l'armée bretonne. Il est
également à unln' i|ue «''i->l en parlant de (',||;n°tre^ pour i'Ai|nil.nne i|iie le
roi, en St*.l, ;i\.iit emmené .ivre lui le i onile Kndes. (Voir plus liinl. p. itil.
T. Ml, .1/. .;
— 34 —
» et par gravité de doleiir finit dedans briefs jours sa vie ' »
(7 mars 851).
La mort subite de Nominoé sauva Charles le Chauve d un
grand danger ; car elle eut pour effet d'obliger l'armée bre-
tonne à rentrer en Bretagne, et le royaume franc tout entier
semble avoir joui pendant quelques mois dune tranquillité
relative. Charles retourna dans ses villas orientales, tandis
qu'Eudes rentrait en possession de son comté d'Anjou.
Mais la paix ne fut pas de longue durée. Vers le mois de
juin, le roi convoquait à Roucy une assemblée où fut décidée
une nouvelle expédition en Bretagne. Charles voulait prendre
sa revanche et croyait le moment favorable. Le nouveau
chef des Bretons était Erispoé, fils de Nominoé : Cliarles
espérait contraindre aisément ce jeune prince à abandonner
les pays que Nominoé, dans sa dernière campagne, avait
conquis sur les Francs.
Le commandement des troupes d'entre SeiiTe et Loire fut
confié au comte de Tours, Vivien, qui eut M charge de
conduire l'expédition. Charles lui-même se dirigea vers
Tours, et de là en Anjou, oii il séjourna quelque temps. Le
3 juillet 851, il confirma un acte passé entre le comte Eudes
et Doon, évêque d'Angers; c'était un échange, aux termes
duquel Eudes abandonnait à Doon l'emplacement sur lequel
était bâti le palais des comtes, ses prédécesseurs, et recevait
en retour une terre sise à l'intérieur des murs d'Angers pour
y construire sa nouvelle résidence -. Le IG août, le roi, se
trouvant à Juvardeil^, accorda, à la requête du comte Eudes,
un diplôme à l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers \ Six jours
plus tard, le 22 août, et par conséquent non loin de -luvardeil,
eut lieu la rencontre des armées franque et bretonne.
Erispoé remporta une victoire complète ; le duc Vivien et
plusieurs autres grands personnages périrent dans le combat.
• Hisloirc de Bretagne, Paris, 16.38, iii-lolio, |i. III.
- Dédit Dodo episcopus... par/inam krrue inlra muruin civilatis Andecavis,
in qua opportunitan jam dicti coin i fis mansurae sedis suorumque successoriim
esse rofptoscilur, et in compensai ione liiijus rei dedil Odo conics ex comilaln
suo It'iram..., in qua praedecessovum suorum comilum sedes fuisse memoralur
(Gall. Christiana, XIV, Inslr., col. 115).
3 Juvardeil, Maine-el-Loiie, arr' Segrô, c"" Chàleauncuf-siir-Sarllie.
* Doiii Uoiiquft, VIII, 518.
— 3.-) —
Après coltc (h-lailc, ('harlcs nv scjn^^oa plus ([u'ii traiter avoi-
son vaiiiquo>(ir. Revenu il Auj^ors, il lit faire à KrisjKté des
propositions de paix avaiitaijreuses. Hiispoê arriva aussitôt
en cette \ill«' : il lut reronnu par Charles comme roi des
Hretons; les pays de Rennes, de Nantes el de lietz, dont
Nnminoé s'était emparé l'année précédente et que Charles
n'avait pu recouvrer, furent délinitivemcnt i-éunis ;i la lire-
taiiue. I)e son rniv, Krisiioé promit au roi des Francs de
forcer son allié Lambert à abandonner le pays de Nantes (jù
ce comte rebelle s'('tait établi en maître. Instruit du danjier
qui le menaçait, Lambert n'attendit pas ((u'on lui siitniliàt sa
disjj'ràce ; il (piitta précipitamment la ville de Nantes et
s'enfuit à Craon en Anjou. Lambert était un j^uerrier de
{.,'rand talent ; avec les quelques hommes qui l'avaient suivi
dans sa fuite, il jiarvint à se créer un petit état indépendant
dans les environs de Craon. Il mit en déroute le comte du
Maine, Oui, qui voulait le chasser de ce territoire : il se
construisit un chàteau-fort sur l'une des rives de l'Oufhm
et s'empara <mi ([U(d(pH>s mois «le iouU' la partie de lAuJou.
située à r(tuest de la Mayenne. Il ne domina du reste que peu
de temps sur cette contrée ; <-ar il fui [\ir le 1 "■ mai sr/i par
Gauzbert, comte du Maine *.
(Je (pu conti"il)Ue ii ex[)li(iuer les succès rapides de Laml)«.'rt
en Anjou pendant les premiers mois de Tannée 852, c'est
l'absence forcée du comte Kudes, alors retenu dans l'est du
royaume par les allaires <le succe.ssion du comte de Troycs,
Aleran. (pii venait d»- niourii- en Kspa|j:ue.
De graves changements .se i)roduisirciil m ed'et, dès le
df'but de cotte année 802, dans la situation [ioJiti(iue respec-
tive di's comtes Kudes et Roljert le Fort.
Après sa malhcureu.se expf'dition eu Lrctagne. le roi
(Jharles, rentré dans ses États, tint un plaid ii Compiègne
(vers février 852). Ayant eu sans doute, au cours des tler-
nières campagnes, l'occasion d'apprécier- les talents militair<'s
du comte de lîliijs, Ivolieri, il lui doiin.i. du consentement des
grands, les charges du duc \i\ieM. lu»' d.iu^ le cond»at du
22 août pi-<''C(Mlent. Ces charges se comitosaieiii du g«Mi\er-
nemeiit de Toiiraine et du couimaudement eu chef de^
' (.1. li. Mt-rlfl, Giinirs il'inilfiirnildiirr il,- la Itnlnyne . liu'm "'■'
— 36 —
troupes d'entre Seine et Loire. Il était on effet indispensable
de ne pas laisser sans titulaire deux offices aussi importants:
malgré le traité d'Angers, les invasions bretonnes étaient
toujours à craindre, et il fallait se tenir prêta tout évé-
nement ^
Vers le même temps, le duc de Septimanie, Aleran, proche
parent de Robert le Fort et d'Eudes-, périt à Barcelone, lors
^ Le seul liislorieii contemporain qui ait mentionné Fassemliiée où fnt éln le
successeur ilii duc d'entre Seine et Loire, Vivien, est l'alihé de Priim, Réginon.
•Mais ce chroniqueur écrivait cinquante ans après les événements (!t il ne tenait
ses renseignements que de sources orales, si bien qu'il a complètement inteiverti
l'ordi'e chronologique dans son récit. Après avoir rapporté à l'année 860 la moit
de Vivien et celle de Lumherl, qui diicatiDii tenebat intev Ligerim et ScqiKinnm,
Réginon s'exprime ainsi à la date deNOl, Caivlus placitum hahuil in (lonipeii-
dio , ibique , cum optimatum consilio, Rodberto corniti ducalum inter Litjarim
et Sequanam adversum Brittones cominendavit ; qiiem inr/enli industrin per
aliquod Icnipus vexit. Pour Réginon la nomination de Rolieit le Fort est une
conséquence immédiate de la mort de Lamliert, qui auparavfuit tenait le duché.
Aussi, s'il est certain que Lambeit et Vivien ne moururent jj^s en (SIR), csl-il
impossible d'ajouter foi à la date de 861 attribuée par Réginon à la nomination
de Robert. Etant donnée la gi'avité des circonstances, Charles le Chauve ne
pouvait pas laisser le duché d'entre Seine et Loire vacant pendant dix ans,
depuis 851, date de la mort de Vivien, jusqu'en 861, date dn plaid de
Compiègne suivant Réginon. A l'année 862, Réginon rapporte la mort de
Nominoé qui eut lieu en 851 ; à l'année 863, il raconte l'avènement d'Fjispoé,
le combat du 22 août et le traité d'Angers, événements qui se passèrent aussi
en 851 (Pertz, Scriptores, I, 571). Ce qu'il faut donc retenir, c'est que, d'api'ès
Réginon, le plaid de Compiègne fut à peu pirs contemporain delà mort de
JN'ominoé, de Lambert et de Vivien. — Vivien, duc d'entre Seine et Loire, fut
tué le 22 août 851. Peu de temps après, Charles le Chauve, ayant signé le
traité d'Angers, revint dans l'Est de son royaume. Les diplômes le montrent
résidant à Tours, le 6 novembre 851. à Saint-Denis près Pai'is, le 29 décembre,
à Rrienne (Ardennes, arr'' Rétliel, co" Asfeld), le 10 lévrier snivani, à Onierzy,
le 24 février; enfin on voit qu'il était encore à Quierzy le 3 avril 852. A cette
dernière date, Robert le Fort, devenu abbé de Marmoutier près de Tours,
obtenait du roi plusieurs villas pour son monastère l CI. doni lîouipiet. \T11,
517, 519, 520 et Lex, Documents originaux antérieurs à l'an mil des
Archives de Saône-et- Loire, p. i). — Entre le mois de février et le mois
d'avril 852, Charles le Chauve résida donc dans les environs de Compiègne. De
plus, antéi'ieurement au 3 avi'il, Robert le Fort avait été gi'alifié de l'abbaye de
Viarmoulier lès Tours. De là il résulte, à mon avis, que le roi, à son retour de
Bretagne, dut convoquer à Compiègne, en février ou eu mars 852, le plaid
dont parle Réginon, et où Robert le Fort fut créé duc d'enire Seine et Loire,
en remplacemenl du comte de Tours, Vivien, (né le 22 aoùl de raniiée jurcédente.
- On ignore ijuel lien de, parenté unissait Robert et Eudes à Aleran ; mais
cette parenté même paraît certaine. Vers l'année 030, le duc de France, Hugues,
petit-fils de Robert, donnait à Saint-Martin de Tours l'alleu de Lachi (Marne,
arri d'Épernay, C" de Sézanne), sis au comté de Meaux. La cbarle de Hugues
apprend que Lachi, du temps de Chaiiemagne, ajipartenait au conile de Troyes,
Aleian, et que ce domaine, à la mort d'Aleran, était entré par voie d'héritage
— 37 —
«lu sac (If fftto Aille [lar les Sarrasins, au commonconiont de
l'aniit'O 852*'. Aleran ne laissait sans doute pas d'entants; le
conile p]ndes fut appelé à lui succéder dans le cdMiU- «le
Troyes \
Celte nouM'Ile lonclitui naurail plus permis a Kudes de
s'occuper assez activement de son comté d'Anjou, devenu
marche •!<' IJretagne depuis le dernier traité entre Charles
et Krispoé : aussi est-ce à cette éii0(pu' «piil laiii vraisem-
lilalilemi'Ut attribuer la substitution «le Koljert à Eudes dans
ce poste périlleux •'. Kt . de lail . en novembre 85.'), le ca[»i-
tulaire de Servais nous montre, d'une part Robert le p'ort
nommé inissiis doniiniriis dans la Touraine et l'Anjou, de
l'autre Kmles apjielé au même otlice dans les pays de Troyes
et de Meaux *.
Kn résumé, vers le milieu «le l'année 852, voici quelles
étaient respectivement les charges officielles de Robert le
Fort et du comte Kudes. Robert était à la tête de plusieurs
pays se tenant les uns les autres, la Touraine, l'Anjou, le
Hh'sois: en outre, le duchc' d'entre Seine et Loire qu'il venait
d'tibtenir le rendait le plus puissant i)ersonnage de cette
!"é-iri«tu. Ku«les. <I.' sdu e«".t«'. s«' trouvait préi)osé à la gardedu
ilans la maison «les diu's «If Kraïue , veluti hères ip.sius Alrdraiimi in en
exish-ns idoneus, «lit lliigiifs {Pièces jusiif. \\° VI). M. «l'Ailiiiis «le Jiiliaiiiviil«î,
(|iii n'a |i«iiiit sii.'nali'' n'tli- «'liarlc, a m««iilré, an moyen «laiiln-s «lotium'nls,
«|ir.M«'iaii «'l.iil «li'-jà comte de Troyis an li-nips «l«' (■.li.iil(inai,MU' i Histoire des
romtiw dr ('.humpinjne. i. p. ,'»Ni, Oiiainl ic «nmlc nininiil l'ii S.'iti , «•«'•lait
lloltiTl le lorl i|in ic|itVM'nlail la maison «les ilms «le l'raiitc. Holtfii «-ni «lon«'
iiarl à riiiTilagf «lAli^ian. Nons savons «l'nn antre eCt\è «in'à la mi-me «'|io«|iie
Kii«les sii«('('«la .'i Aleian «lans l«' ««imti'' «le Troyes. — Cette ««imnnnie |iarenl«'
di' Hiiliert l't (IKiules •ave«- Ali'ian ««mrnine ««■ «jne j'ai «l«'-j;'i «lit à jenc miji-I : si
Kntles et [«oIh'iI sont l'rèn-s, il «-st naliip'l «jii'ils aient ht'iit«'' tons «lenx
ensenilile dii « Ointi" «le Tloyi'S.
' Uisluiri' dr Laiif/urdoc, luaiv. «'dit., I, |(l(i.">. \)i> le |(l M|)leniliii' N.VJ, li*
succ«'s.seur «i'Aleran «'ii Septimanie, 0«lalri«', est «•it«' «lans ini luW ilbitlnn. H,
pii'uves, col. "2X1}.
^ l.e 'iTt avril S.M . Kn«les, «levenn comte «li' Trii\i>-. nliiinail «lu lui un
«lipl'ime en laveiM- «le l.ililiayi' «le Monliéiamey. On y voit «prAleian, son pn'tlé-
« «•«•seiM', l'iail alors etlei livenient «|i''««'«l«' : lempore fireileressvris siii Alednniiiii,
ijiKiiiduin fidiiis ctunitis nosiri («l'Arltois «l«' .Inliaiiiville, Histoire des nnntes de
Chumpiifjiie, I, iiU^
•* llivers textes contemporains, «-ntn' antr«'s les Atiiiiiles de Saitil-lierlin
\ ad (11111. Stli et SC»,"»), atti-stent «pie Itidiert lut «ointi- «l'Anjou, sans «lire a
«pii'lle •'■|iO«pie il le «lexillt.
* CI. ilom l!om|iiet, \ll. (.|ti, (il 7.
— 38 —
pays de Troyes, ainsi qu'à celle du Diinois et probablement
du Chartrain.
Il eût été difficile à Eudes d'administrer à lui seul des
comtés aussi éloignés les uns des autres; mais, depuis un
certain temps déjà, l'habitude qu'avaient prise les successeurs
de Charlemagne de confier à un même officier plusieurs
gouvernements, avait insensiblement conduit les comtes à
se faire remplacer dans chacune de leurs villes par un
lieutenant qu'ils nommaient eux-mêmes, et qui, appelé
d'abord niissns coniitis, prit bientôt le titre de viceconies,
vicomte. Cette institution fut de bonne heure acceptée par
les rois carolingiens, et, au milieu du IX'' siècle, elle fonc-
tionnait régulièrement. Eudes, qui, à partir de 852, semble
avoir séjourné de préférence dans le pays de Troyes, se fît
représenter dans son comté d'outre -Seine par un vicomte
qu'il établit à Châteaudun. La Cbroniqiw de l'abLave do
Bonneval en Dunois nous apprend que, vers l'année 865, il y
avait à Châteaudun un vicomte du nom de Rampon ^
Eudes n'administra donc l'Anjou que deux ans à peine, et
néanmoins, durant son court séjour en ce pays, il y acquit de
grands domaines que l'on retrouve plus tard entre les mains
de ses descendants. Devenu comte de Troyes, il se consacra
d'abord entièrement à son nouvel office. En 853, comme je
l'ai dit, le roi le nommait niissns doniinicus dans la province
de Sens; en 854, Eudes intervenait lui-même auprès de
Charles le Chauve en faveur d'une abbaye récemment fondée
dans le Troiesin et qui prit plus tard le nom de Montiéramey-.
Cependant, comme la majeure partie de ses possessions était
entre la Seine et la Loire, il se trouvait intéressé à tous les
graves événements qui avaient lieu en cette contrée, et
l'intimité incontestable qui existait entre lui et Robert le
Fort fit qu'il suivit toujours la même politique que ce puissant
comte neustrien.
^ Cf. Reiiô Mcriot, Petite Chronique de rabbaije de Bonneval (Extrait des
Mém. de la Soc. Arc. d' Eure-et-Loir, année J89Uj.
'•^ Le diplôme original de Cliarles le Chauve, obtenu par Eudes pour
Rlfintiéramey, est encore conservé aux Archives de IAul)e : il es! daté du
2.') avril 8.ji. Voir d'Ariniis de Juhaiiiville, Histoire des comtes de Cluiiiipagne,
I, iii). — Dans ce diplôme le loi appelle Eudes, Karissiniiis iiobis alrjue
satis dilectissimus Odo.
— 30 —
A rc-poquo où iKius soiniucs .irrivô, iino gravo révolto
contre le v^i était prête il éclater dans toute la ré^MOU <'ii
Robeil !<■ Fort exerçait son oflice de duc. Cette révolte ,
fonientt'e dahord en Aquitaine, s'était étendue peu à peu
dans les pays plus seitteutrionaux et elle p:randit ii tel point
qu'elle faillit causer l;i perte de Charles le Chauve.
Chai-les, dans le courant tlu mois de septembre 85'i, était
parvenu ;i s'emparer de la iiersonnede Pépin d'Aquitaine ' et
l'avait fait enfermer au monastère de Saint -Mc-dard de
Soissons. Les partisans de IN-pin. privés de leur chef,
tachèrent do se créer de nouveaux, appuis pour résister au
roi des Francs. Dès le commencement de 85:5, ils députèrent
plusieurs d'entre eux vers Louis, roi de Bavière, le sollicitant
de venir lui-même ou d'envoyer son lils se mettre h leur
tète; autrement ils seraient contraints peut-être de demander
aux pirates normands un secours qu'ils ne pouvaient Inmver
auprès de rois chrétiens -.
Kn même temps, ils profitaient du mécontentement pro-
voqué en Neustrie contre Charles le Chauve par la condam-
nation imprévue et l'excMution du comte du Maine, (lau/.bert
(mars Sr>.'J; ^. Celui-ci avait de innubreux parents et allii's,
qui occnpait'ut de hautes charges et qui s'uinrent au ]iarti
des séditieux *.
Malgré ce secours inespi-i-c-, les Aquitains comprirent (pi'ils
n'é'laient pas encore de foice i\ lutter avec avantage contre
Charles le Chauve. Aussi, lorsque Louis, lils du roi de Havière,
arriva en Aquitaine l'année suivante, il ne fut reçu que par
les parents de (iauzbeiM. (huit les troupes trop faibles ne lui
peruMi'ent |»as (h' tenir tête ii celles du roi dvs l*'rancs. et.
i\l'^ l'.iiitoiiiiic t\f S.'l. il ('lait forc(' (h> rejiasser le Rhin '.
' C.hniu. .!(/«//. , ildiii. |!oil<|iirl , \ IL --^î-
- .1/in. Fiilileiisr.s, ml nu. X7>'.\, iloiil |{iim|iii( , Ml, Mil.
•' Cliiou. Aijuil.. (Idin l?oiu|iicl. Vil, ±2'.).
» K.ilrksl.iii, IMiert der Tupfere, p. 'X), 'A\ <l :{/.
•• Aiin. Herl , ml an. S."»i. — Ann. Fiilili'tisfx . ml an. S.M. iloni lt(ui(|in-l.
Vil. Miri. Ulu'liiuiriis. lilius illmlniclrl ri-ijis, ml AijHitnuiiim jkhjH. l•l•^(l^
ixiiiiiii SI nia es.senl tiiiiif pntri sim fier l'Hitlos ijrnlis pioiinKcIniului . (uni
rrifo venissH et mm es.sel siutreplus . tiisi nb en Inntiim xnla coijmitiom' <iHmn
Knrliis miixiinr offi-mlil proplir inliilntiimriii C,i):l>irli eot uni jintfùmiui ijUi-m
jui.sil oiciili, ri-li IIS nninibiis ml .MiAOpliciuni cj'm.v ilis.simuJniitiliu.s, mhrntuni
— 40 —
Cette première révolte avait été rapidement apaisée, et,
sans doute, elle ne se serait pas renouvelée, si Charles ne
s'était aliéné ceux des seigneurs de Neustrie qui lui avaient
été jusque-là le plus dévoués. La puissance considérable
que le duc Robert le Fort avait acquise en cette contrée
commençait peut-être à inquiéter le roi. En 856, Charles le
Chauve constitua en faveur de son fils Louis un duché
juxtaposé à celui de Robert. Ce duché, appelé duché du
Maine, s'étendait à toute la partie septentrionale de la
Neustrie; il était séparé du duché d'entre Seine et Loire par
la grande route de Paris à Tours K C'était une atteinte portée
à la suprématie de Robert, qui se trouvait désormais soumis
à l'autorité du jeune prince Louis: car, comme nous l'apprend
un auteur du temps, outre le duché du Maine, Charles avait
conféré à son fils la puissance souveraine sur tout le reste
de la Neustrie -.
Toutefois cette marque de méfiance n'aurait peut-être pas
suffi pour déterminer Robert à se révolter ouvertement;
mais elle fit éclater en lui contre le roi une "irritation mal
contenue et ayant une autre cause. Depuis quelques années
déjii, les pirates normands ravageaient sans relâche les
bords de la Loire , et les trois villes comtales de Robert,
Angers, Tours et Blois, avaient été successivement sacca-
gées. Or, les progrès de ces brigands auraient été moins
rapides si Charles le Chauve eût mis plus d'empressement à
suinn illo siipcrvacmim fuisse ratus, ctim suis se civca tempus autumni in
Franciam recepit.
^ Kaiius rex cum Rcspofjio, Britunum principi\ paciscens , filiaiii rjus filio
suo Hludotvicn dcspomkf, (lato illi ducatu (Icnomunnico usrjue ad viam quae a
Luiftin Parisiorum Q'sarcdunum Tuvonum ducit (Ann. Berlin. , ad aun.
85(i, (loin Bouquet, VII, 71).
- 11 est certain que Chai'lcs le Ciianve avait iicrmis à son fils de iupudic le
titre de roi. En effet, Flincmar, dans ses Annales, nous dit qu'en 8G5 Charles
délégua de nouveau son fils en Neustrie sans lui interdire de reprendre son titre
de roi, ncc rcddilo nec inlerdicto sibi nnniinc icf/io (doiu l!ou(|iiel , \1I, !•! I.
Nous avons du nste à cet égard le lémoigniitic [lositil' de fauteur contemporain
qui a écrit la Translation de saint Rcgiudicrt et qui raconte incidemment ce!
événement de l'année X~A} : In villani (jue Vetera Domus vocatur veniens
[Karlus], renit ad l'iiin ihl Britanum HUispofjius priuccps , rinn filio pri'fati
suijiissinri Karti rrrjis, Hluduviclio noniinc, ihidrnKiui' , \Hilispoyii] cunsilio,
cum proccribus Francorum nobilibus, Hludovico, filio suo, regnum Neustrie
dédit, et in har reani parte euni reonandum constituit 'i\'Xr\m\, Siiicilegium,
II, 1». 1 :];]].
— 11 —
les combattre. Robert reprochait an roi sa lenteur h -.v/w. et
il se servit de ce prétexte pour doiiiier ii sa révcjlte un»'
api>arence de niotil" légitime.
Charles Ji'eut donc pas plus lot créé le (hu-hé' du Maine en
laveur- dé sou lils, que la idus ^ranile partie des sei^nieurs
neustriens, laisanl cause commune avec les A(piitains mc-con-
tents, sollicitèrent Louis le TTermanique de venir à leur aid(.' ',
Mais le roi de Bavière était en ce h nips trop occupé par des
fruerres personnelles pour pouvoir passer en Gaule. Décou-
ragées par ce refus, les révoltés tirent la i)aix avec Charles,
et tout rentra de nouveau dans Tordre-.
Sauvé de ce péril, Charles aurait dii mettre tous ses soins
à reconquérir la conliance de ses sujets : il aurait dû snrt(»ut
ne pas avoir de trêve qu'il n'eût chassé les pirates normands
de son royaume. liien loin de Va : Jamais l'audace des enva-
his.seurs ne fut pou.ssée impunément au.s.si loin ([ue dans
l'année qui suivit ces événements. Non contents de ravager
les rives de la Loire, ils dévastèrent celles de la Seine : ils
pillèrent encore une fois Tours et Blois, les villes de Robert ;
Paris même fut incendié, et personne ne semble s'être
opposé k leurs incursions ^.
On trouve comme un écho des mui-mnres ([ui s'élevaient
de toutes parts contre le roi, dans ces phrases de Paschase
Radbert, écrites en cette année 857, peu de temps après que
les Normands se furent emparés de Paris : «< Qui croirait
» Jamais, je le demande, que d'ignobles bandits aient pu avoir
» une telle auihice? Qui pourrait admettre qu'un royaume
» si glorieux, si fort et si vaste, si p(tj)uleiix et si puissant, ait
' Ce fui si liii'ii la promolioii di' buiiis, (ils du lui, coniinc dur du .Maim-, (|ui
causa !«' soulrvfmt'iit de H'A'}, que, drux aus jtlus lard, lorsque les s»'it;in'uis
iifustiinis se reMillririit |p.-iur la sccoiidi' fois, ils u'i'Uienl licn de plus iHcssé
mil- de (liasscr du .Maiiir le iiriinc I.nuis. (".T. Ann. BciL, ail iiun. SfiS. dnni
iSouquet, MI. 7.\.
- C.ODiili-.s pnie oiiine.s ex irnnu Kiirli rei/is cuin Atiuilnnis fnlvcrsiis eum
ronjurutil , iniiluitles lllu<linviciiiii , iri/i'iii Gennaiinriiiit , (til suiiiii roiisiliiim
iurliriruiluni. Qiio iliuliiis in rx/inliliiinr Srlnriiriitit dftiulo, uhi ri niiiifiiuiii
piirtriii .sui rxrrrilu.s ninisil. isli iiioros lllii/s non friiiilrs Kiiilo iriji irroini-
liuiiliir (Ann. Uvii., ml ann. xrili, dom lîou(iu;l , \ll. Th.
■* Charles le Chauve eependant ne niaïKpiait ni de réilesiou ni de roiuap*.
V.u maintes eirconstances de son règne, il lit preuve dinlel|ii,'enie et d'artivilt^
Il V a. dans son inaclion vis à vis des Normands de H'ÙS à S,"iS, un l'ail anormal,
dont il sérail intérexsanl de rerlierilier la cause.
— 42 —
» été Iniiuilié etsali parles altcMiitcs de tels hoiiiiiios? Assuré-
» ment aucun des rois d(> la terre ue pourrait le penser, et
.) aucun liabitaut du globe ne se laisserait persuader que
« rennenii ait pu entrer dans notre Paris '. »
Si un homme d'église, en ces circonstances, ressentait une
telle indignation, on s'imagine quelles plaintes pouvait faire
entendre un liouime de guerre hardi comme Robert le Fort.
Dès le commencement de Tannée 858, une révolte plus
violente que les autres éclatait pour la seconde fois enNeus-
trie : Roberl la (Urigoait, et son premier acte de rébeUion
fut (le chasser du Maine son rival, le prince Louis, qu'il
contraignit à iiasseï- la Seine et à se réfugier près du roi son
père -.
Jusque-là, le comte Eudes n'avait i)ruhablenient pas pris
une part active à tous ces troubles ; mais il est hors de
doute que ses sympathies étaient déjà acquises aux révoltés.
Bientôt de nouveaux brigandages des Normands le déci-
dèrent à se jeter ouvertement dans la sédition dont il
devint l'un des chefs •'.
Au mois (le juin 858*, les pirates fondirent si'h' Chartres,
' Quis linquam, queso, crederet, qiiod latrones promiscuar fientis nnquam
la amkrciit? Xi'l quis csliiuair pofiiissct qiiod lain j/loriosnm reuiiiiiii,
laliL -, , , .... / ; ■
tamqui' munilum et lalissinium, tam populosum cl finiiissniium, luliuin iiomi-
num humiliavi vel sordibus foedari debcret ? Falcor mim quod nullus ex
irqibNs Irrrac ista ro(ji(airl nvque iillus habitaUir orbls nostri audire potiussct
qùud Purisiiiin nuslrum lioslis inirarel ( l'ascli. Radlicrl , lih. ï. in lnmrnUi-
tiones Jeremiae, dom Bouquet, VII, T2, note c).
- Coin i lis Karli rcfjis cum Brilonibiis juncii . dclirienles a Karlo, jiHum
ejus Uludm'inim ejusque scquao's, a partibiis Cnwwnnnicis dctcrntiiiii ,
Sequanam transire atque ad palrcm refugere compellunt [Ann. Berlin., ad
ann. S5K, dom fîouquet, VII, 7:5 1.
3 Ce (jui pioiive que Rol)erl, et Eudes furent les cliefs de cette sédition qui
faillit faire perdre le trùne à Cliai'les le Chauve, c'est que, dans la lettre
adressée l'année suivante aux révoltés par les pères du concile de Savonnières,
Robert et Eudes sont nommés en lèli' des autres rebelles. Univemilis sijnodus
ex diversi.s paiiibus, in nomine Ihniini , ad virinuni loram TuUcnfH iirbi,
qui dicilur Saponarias . ronqreqala , ulinam bonis jiliis Hulln'iio, Odmn .
Heriveo, Trunndo, Inr/elboldo', Frolinundo, ilem Heriveo, Mufjenardo, Cadoloni
et céleris in veslra societate conjunclis, salutarem conversioncni (dom r.ou(|ue[,
VII, 5Hi).
* La prise de CJiartres iiai' les A'orniands est rapjiorlée à (ort dans les Annales
de Sainl-I'.eilin à la fin de l'amiée X,". Ces amiales conlieniient du reste pour
la même époipie i|ueli|nes erreurs cln'onologi(iiies. C'est ainsi qu'à raiinée S,)!),
elles relatent la morl d'Immon, évè(pie de Noyon, cl celle (rCrmenlrni,
évèipu' de Heauvais, lesquels vivaient encore en S(i(» (Cf. dom lîouquet. Ml,
75, note d).
— 41', —
et iiiirciit la ville ii Icii et à .saii}j: : l'évêquc Frotlmld cl un
grand iioiiKlrc di- l'Iiartrains fiironl niassacrôs sans iiilié'.
Quant il lùuU's, retenu sans doute dans son comté deTroyes,
il ne put enf|iêe]ier ce (h'-sastre, mais tout son mécontente-
ment se- tourna contre le roi (jui laissait s'accomi>lir de sem-
Mahles horreurs. Le pillairc de Chartres avait eu lieu lo
\'J Juin, et. dè>^ le mois de Juillel suivaul. l'iiides. accumpai^nié
(TAdalarl . alilK- de Saiiil-lieiMin . était de l'auti-e côté du
Rhin au]irès de Louis de (rernianitjue et le sollicitait instam-
ment de venir deli\ ici- le |ieiiiile de (Jaule si mal protégé
contre les Normands. Les deux (l(''|»ut<''s rei)r(''sentèrent k
Louis le triste état de leur l'ays : personne ne résistant aux
I)auois et n'opposant la force ii la force, ces brigands pre-
naient, Ncndaient, pillaient ou massacraient tout; ceux (pii
é'chappaienl à leurs coups n'étaient i»as mieux traites par
li'ur souverain -.
Ce récit était certainement exagéré; mais il fallait frapper
fortement lesprit du roi de Bavière ponr le décider ii marcher
conti'e s(ui frère. Louis linii par ct'der aux instances dKudes
et d'.Vdalart, et. ayant assemhh' une ariiK'e. il partit pour la
<iaule.
Cei)endant CJiarlesle Chauve s'était résolu ;i tenter i^elcjuo
chose Contre les Normands. Il («tait alh' au mois de juillet
assiéger les pirates dans une des Iles de la Seine, et était
encoi'e occupé h ce siège, loi'sipie Louis le Cei-maniipie
ai'i-i\a le l'"'' septemlire ;i l'oiitliiou •'. Le mi de Bavière
' // idu.s jiiiili, antm iuranialionis doininirc DVJ]CL\ lll . iiiiliclimif 17, a
piiffiiiiis Si'fJ'ifinfusihiis fiicla est iiiat/iui rcdvs ('.(iinalis, in ijua iiitrirm/ili
snril : Frollmlilus rplxcopiis , Ste.pliaiiiis prabllrr, Tiliilfiis pivsbitrr c/
iiutniichus, Ti'lhniuA- pretibiler, Haiiiulfiis piexbili'r, Adalt/diidus clrrirus,
L(tndrtininiis .siibilincanus , l.clrtininu.s subdidioiiiis , Ahiiaiidiis subdidcnniis ,
('If/iirius subdidcontis , Addihrrids rli-rinis . Cddbrrliis rlrricus, l'I rrteni
iiiulliludu. pnt ijiiihiis rxordle Dnniinuiii R. .Mrilcl et althr CIcrvaL l'n
tiidndsnit cltdilniiii du A/'' siècle, \>. |(i()>.
- Mcnse niili'iH jdliu. Ictjuli ab otcidente mtrniiil , Addlhdiius iibbiis .7
Oli) raiiirs, poslnldiilrs eum ul papulu periclildiiti cl in uufinstid pnsilo
pmesmlid sud subvciiirrl : liirdiiiiidrin niini Kdndi sr dinlius fnrr nmi
pusse Irsidli suiél , ipiia ijiiinl v.r ris patjdni i.xlnnserus , nrniiiie nsislente
fiitl sruluni iippitiienle , preduudiK Cdplivdiido , orridciido aUpie rendeudo rrli-
(/uissrnl, ille iulnusenis subdiile sevieitdt) ilispetdrrel ( Aiiu /•uhleusrs , nd
diiti. H'tX, ildin |'iuiii|iii't , VIL H'iTj.
•' l'oiilliioii, .Miuiir, an' Vilry-le-l''rain;ois, c" Tliirblriiioiil,
— 44 —
passanl par les pays de Châlons, de Queudes ' et de
Sens, parvint en Orléanais, où il reçnt d'Aquitaine et de
Neustrie tous ceux qui depuis cinq ans déjà lui deman-
daient de se mettre à leur tête-. Cette jonction effectuée,
ramené par le comte Eudes vers la ville do Troyes, Louis,
au cœur mémo du royaume do son frère, se trouvait en
pays soumis.
Charles le Chauve abandonna alors son entreprise contre
les pirates danois et accourut à la rencontre do ses nouveaux
ennemis; il s'avança jusqu'à Brienno-^ non loin de Bar-sur^
Aube; mais, apprenant chaque jour la défection de quelqu'un
des siens, il n'osa engager le combat et s'enfuit en Bour-
gogne où les grands lui étaient demeurés fidèles ( 12 no-
vembre 858). Louis le Germanique de son côté se rendit à
Troyes et y distribua à ceux qui l'avaient appelé en Gaule
les comtés, les monastères, les domaines royaux; puis il alla
à Attigny, à Reims, à Laon, et célébra les fôtes de Noël dans
le monastère de Saint-Quentin.
Le triomphe du roi de Bavière avait été trop rapide pour
pouvoir être durable. Il était dû surtout à l'intervention des
comtes mécontents de la Neustrie et de l'Aquitaine ; quand
ceux-ci furent retournés dans leurs provinces, Louis perdit
avec eux son plus puissant soutien.
Pendant les premiers mois qui suivirent l'époque de la fuite
de Charles en Bourgogne, Louis résida exclusivement dans
les parties orientales de la Gaule; mais, malgré sa présence
en cette région, il ne put empêcher qu'il ne s'y manifestât en
faveur du roi légitime une réaction provoquée par tout le haut
clergé, sous l'inspiration de l'archevêque Hincmar. Cette
réaction fut même si complète que Charles le Chauve, moins
de trois mois après sa retraite forcée de Brienne , rentrait
victorieusement dans les provinces occupées par son frère
' Qiiciules, Marne, arr' Epornay, c"" Sézaniio.
- Inleriin comités ex rcfjnn Kriroli re/jis UliidoiviniDi, Gcrmnnoriim rcgein,
rjui'ni pcr quinquc annos invilaveranl, (iddurunl. Qui Kalcndis Scpiciiibvis
Ponteonem, lefjiam villam, (idvt'iiicns , per Catalaunos et Ciipedenses ,
Afjedinruiii SenDiiuni pcrvenit. Inde Aurclianonscm par/uni adiens, leccplis ab
Aquilania el NiiLsIria (il(iur Hrilonibiis (jui ad eiiin se vcntuios spopaiulerant,
eadnii pciw via iisf/iK' ad (lupedenses remeal (Ann. Hcriiii.. ad ,iiiii. sr)S,
(loin lioii(|aft, VII, 7i).
3 iJricnuc-lc-Cliùteau , Aube, arr' Bar-sur-Aubc.
et lo forçait à s'onCuir en (Teniianie presque sans coup iV'i'ir
(janvier ou février 850j '.
Cet échec inattendu nahaliii \)us le jjarti des seij^nieurs
révoltés de Js'eustrie : sous le coiniiiaiidcnu'nt de Hobert et
dKu(k's< ils continuèrent la lutte; il semble n1en1e4uils.se
maintinrent en possession des pays avoisinant la Breta^nie ^.
ils eurent pour princiiiaux. auxiliaires les Bretons; (pianl
aux Aquitains, effrayés de ne plus être soutenus ji.ir Louis
de Havière, ils se retournèrent du côté de Charles le Chauve.
iV'piii (pli, dès l'année 854, s'était évadé du monastère de
Sai!il-.M(''dard de Soissons. lit alors alliance avec le comté
Robert et les Bretons •'.
Au mois de juin 85U, Charles le CliauM' coinoqua un
concile h Savonnières, près de Toul, et fit adresser par cette
assemblée une lettre comminatoire à Robert, à Eudes et ;i
leurs complices.
Cette lettre fort curieuse nous a été conservée ^ « Nous
» nous sommes réunis, disent les évoques, à cause des dis-
•) sensions et des luttes de toutes sortes qui se sont («levées
» dans vos régions '. — Vous n'iu-norez pas, ajoutent-ils, et
» les sages de ce monde l'ont toujours enseigné, que les
>■ petites choses croissent par la concorde et que les plus
' (larolus et ÎUwlowicus cominus, prcparalis ulrinque aniialoium niiieis et
ereclis vexillis, secits loniiii (jiii llrnina iliriiur comcnerunl ; pi)piilus ijiii mm
(liiinno Kiinilo irai ex purir iinixiiiia illuin reliquil, sidjue fuimlcni regrin
Karuluiii priilie idus ituretiibris inde ahire coegil. Tertio aulrni iiieiim',
Kuroln n'ierli'ule, ipii riini (hiiiiiio Uluilowivo rraiil ah eo si'punili, et sulilario
pria' rrliclii, inscqueuli' illuin (jiroln, de pai/o Lamluticnai ud propria redire
deslilulioue sua feeeniiit (Lettre d'Hincmur, (loin lloii(|iict. Vil, 5i(t).
* Lt's conit(''s (le Rolicrl, par cxcmiilc, sciiililcnl irt'lrc pas ininirtlialfini'nt
loinbi's au pouvoir du roi. Car, lors(|ii(' liohfit se ircoiicilia avec C.liarlo. il
it'iilia en possfS>ioii de ses i,'oiiV('riiciiiciils li'Aiijou , de Toiiiaiiic l'I de Itlrsois.
Si l(i loi s'rtail ciiipan'' loiil d'aliord de ces pays, il en aiirail sans doiitf dispos(''
cil faveur df (jiii'hpii's-iiiis de sis lidt-li'S, coinnii' il li- lil pour les pays de
Troycs cl de Cliàtcaudiiii , (|ui (Haiciil à Kudcs cl t^i'il donna aux comtes llaoul
cl Laiiiltcrl.
•' .\ijuiliiiii ml Karhiiii piieruiii iiiiiiies juin ronrertuntiir. l'ippiiiiis Hollerto
CDiiiili ri llrildiiibiis Minalur (Ami. lirrliu., ad ami. S.V.I, doiii Itouipicl .
VU. 75), Ce Knrlus hiier, dont il csl ici (jiicslioii , est un des lils de (iliarles le
(;iiauv(!. Il avait cl(' (léjà, en S'm, accepte coinnic Sduveraiii par les Aipiilains.
* Cf. (loin liouipicl, VII, .'.Si.
^ l'ropter dissrnsioiir.s rt diversas nmlmliones ipuir in vrstris rrijiuuilius
exurtae .m<h/ (ibidmi).
— 40 —
» grandes périssent par la discorde. La vérité de cette
» sentence est apparue en ce royaume que nous vîmes toii-
» jours grand, (piaiid y régnait la concorde, et qu(> nous
» voyons maintenant presque anéanti, depuis que la discorde
» y est entrée. ' » Vient ensuite un tableau de tous les excès
auxquels, dans Touost de la Gaule, se livraient les troupes
des révoltés, et, à latin, une menace d'excommunication
générale contre les séditieux sïls ne dissolvaient au plus
tôt leur fatale société. Cette lettre ne contenait ni promesse
ni li'arantie pour Robert et ses alliés, au cas où ils se fussent
soumis au roi : aussi ne pensèrent-ils pas encore à se rendre.
L'année suivante, 800, Louis de Bavière et Charles le
Chauve se réconciliaient publiquement à Coblentz. Charles,
comprenant qu'il devait faire dos concessions aux Neustriens
révoltés, s'il voulait les soumettre, fît insérer la clause sui-
vante dans les capitulaires promulgués ii cette occasion :
« Quant à ceux qui dans ce royaume se sont soulevés contre
» notre seigneur le roi Charles, s'ils reconnaissent leurs
» torts, Charles veut leur pardonner tout ce ï^u'ils ont méfait
» contre lui , par égard pour Dieu et pour fen prières de
» Louis, son frère ; et, dans ce cas, ainsi qu'il l'a décrété, il
» leur rendra tous leurs alleux, héréditaires ou acquis, même
» ceux qui leur furent donnés par l'empereur, son père,
» sauf toutefois les alleux qu'il leur a concédés lui-même -. »
Cette promesse pouvait paraître avantageuse aux sédi-
tieux; mais ils ne s'en contentèrent pas encore ; ils voulaient
rentrer en possession de leurs anciennes charges, ou obtenir,
en compensation de leurs comtés perdus, do nouveaux gou-
vernements.
Charles le Chauve en efï'et avait, dès 859, disposé en faveur
do son entourage de la plupart des bénéfices ayant appar-
' Quod verum esse prohalnv in nabis (jtii refjnnin Franconim , ctiiii in
concordifi essct , magnum viilimus, et mine, cum est in discordia , jom pêne
nullum videmus (doni L)OU(|ii('l, VII, 5Hi).
- Et nt un homines qui in islo reçpm contra smiorcm nostvum dumnum
Karolum niisprisernnf, si se reeognoverint, propter Deuni et proptcr fratris sui
depreealioncm , (juieqiiid contra eum misfeceruni , ris mil indidijcre , et, sicut
praescripinm est, alodes illurum de liereditate et de cunqiiisitu , quod tamen
de donalione sua non venit, sed et illos alodes quos de donatione domni
imperatoris Hltidowici hahueriint, eis concedit, si talent firmitntem ei fererint,
sieul praedixintus (Dora LioïKiiicl , VII, GUi).
— 17 —
tonu aux seigneurs qui s'élaiont jetés dans la révolte. Nous
ou avons la preuve pour Adalarl cl jiour Eudes, les deux
anil»assailonrs (|ui , an mois de jnillel SÔS, étaient allés clier-
clier le r<ii lîouis en «Jernianie, et il est assez naturel iiue la
eolère de Charles le Clianve se soit d'abord exercée contre eux.
Le 21 mars <Sijl), Charles a\aii ddinn'' ii IhiiJiues, sou cousin-
liermain. l'abbaye de Saint-Hertin (jni appartenait <lepuis
(pdnze ans (h'jà à Adalart '. A la même ('luMpie il (h'-pniiillait
Kniles de ses comtés de Châteaudun et île Troyes, accordant
le premiei- à Lambert '-. et le second ;i Raoul, son oncle-'.
Lndes avait dune en pailicnlièrenient à sonllrir de la ven-
ireance du roi. 11 i-iait avec Rdbert le Fort le principal chef
de la révolif. Charles crnt ({nil ne parviendrait Jamais à
triompher di' «ette faction, s'il ne faisait ih' nouvelles conces-
sions ;i l'enx ipii la dirigeaient. An mois de Juin SiKi, il leur
' Iijilur piisl haec, amin iloinin icae nnlivitutis DCCCL \ III |X.')',I h . \. et prarfati
régis Karoli AA , uvarfulus abbus Adulai dus upud cundfui refjnii iiicu.sdiu.'i ,
uiiun ri'i/lniiitis sui A 17. ubhuliu ah ro est ubslrurta aUjuc lluiimii juiuOii est
dutu \ llll Kalfiidu.s tiprilis. ijui evnl lUiuniicus cl jxliiis Chmirudi et avun-
luhis Kaivli régis fl^urlul. de Sairil-lkrliii |i;ir Giiéianl , p. 107 . Iliigiirs,
i|iii vfiiait d'èlrn ainsi gratifia de faltbayo de Saiiit-Hoiliii, rtail l'un des |iliis
|Miis^anls scii^iicurs Itoiiriiiiigiioiis. pivs (li'S(|iii'ls Cliaiirs avait, m K>X. trouvé
\vU\iii' ••( luotrilioii. CI'. ICm. lîoiirgi'ois, Hugues l'abbé iC.ai'ii, ISS.')).
- La petite l'hroiiitpn- ilr liinincval m lliuiois iiioiitre (piVu X(»3 Landierl
lemplaiail Kudcs coninie comte dr Ciiàtrauduii. A ei'llr date, Lamheit donna
an\ nligirnx de lîninievaL l'onr lein- servir de rol'nge contre f invasion des
Normands, un pré et des grottes |)rali(iuées dans le roc sous les murs de
C.li.ilfandini. Dejfnnrlo regf Kurolo et germuno ejus Ijidovicn sutcetlfuli'. uiiiio
priiuu regiii ejus . fu'l guiduiu cornes i'.uslruduueitsiuiii , Luntbcrlus mnitiite ,
qui... dedil .. ud refugium infra Cuslridunum de prulo agripeiinos duos et
diniidiuui in propriuni... Iiubendos, et crijdns desubtus usque in ui/nus
I HiMié Mrrlrt, l'etilc ('.liriiuique de IWbbuge de liouuevul, p. 15, 'i\ cl 'l'I).
L.iMiliert porte ici le lilre de cornes Caslrodunensium. et cela se conçoit, pnisipie
c'c>t connue comte de C.liàfeandini qu'il ai^il. Je pense (piil recul, avec le |)iniois,
le goiivernenieni du Cliarlrain ; car, de|inis le conuuencemeni du IX*' siècle, ces
deii\ |ia\s semUenl avoir été entre les inaiii> ifini même comte, comme ils le
l'ineiit toujoin'N dans la suite.
•• KaonI apparaît comme comie de Troyes dans deux diplômes royaux, ipi il
oitlini en lavein- de l'alih.iye de .Monliéiamey. Le premier, daté du l.'ijudlet S(i;{.
a été pulilié jijii' M. A. (iiry (Ihicuiiiculs cnrulingieus île l'ubliuge de Mouliennncg,
<l.ins Eludes d'Iiisloirc du mogeu 'ige dédiées a Gabriel Mumid. l\tri<. IS'.Mi,
ili-X", p. Iri.'ii. — Li' >econd diplùme, où liaonl iiilervienl comme cnmle de
Troves, e^l daté du I.") mars Slii. Le roi, à la prière de son oucli-llaoul,
confirme aux religieux de Mmitiérauiey les essarts que les iimiiies ont faits
sur un terrain dépendant du comté de Troyes Cl', dont l'ouipiet . VIII. 7>\H\i.
llanul, connue ilu;;nes laldié , était re>ié fidèle à l.liarli» le (. hanse pendant
la révolte de S.'iS iVcnr une IcUre d'Ilincmar, dans duni |{on(|uet, VM, 'd\\\.
- 48 —
avait assuré à Coblentz la rentrée en possession de toutes
leurs terres allodiales ; on SOI, il lil plus encore. Il promit de
leur rendre celles de leurs charges qui seraient vacantes ou
de leur conférer d'autres honneurs en échange de ceux qui
seraient perdus.
Ces avances du roi mirent fin à la sédition. Vers le milieu
de l'année 801 , la plus grande partie des factieux se soumi-
rent k Charles, qui les combla de ses faveurs. Peu de temps
après, Charles, traversant la Seine, allait lui-même recevoir
à Meung-sur-Loire ^ Robert, qui, au dire d'Hincmar, obtint
du roi tout ce qu'il voulut-. Et, de fait, depuis ce jour, la
puissance de Robert, alla toujours en grandissant : il fut
réintégré dans tous ses offices, et, jusqu'à sa mort, il domina
plus complètement que jamais sur la Neustrie.
Quant à Eudes, qui était très problablement présent à l'as-
semblée de Meung , le roi ne se montra pas moins généreux
à son égard. Une nouvelle période s'ouvre dès lors dans sa
carrière politique. Les gouvernements du Dunois et du
Troiesin ne pouvaient lui être restitués; mais- tous les alleux.
qu'il avait jadis possédés en ces contrées et ^pii lui étaient
rendus aux termes du traité de Coblentz, lui garantissaient
ainsi qu'à ses descendants une inffuence considérable dans
ces deux pays. D'autre part, il fut bientôt appelé à de nou-
velles fonctions.
Charles le Chauve méditait alors de s'emparer de la
Provence, où régnait son neveu, Charles •\ prince encore
jeune et affligé d'une maladie épileptique. Quelques mois
après l'assemblée de Meung-sur-Loire , le roi des Francs,
pour réaliser ses projets, levait une armée et marchait sur
Lyon, séjour habituel de son neveu. Mais il rencontra dans
le duc Girart, principal conseiller du roi de Provence, un
* Mining-sur-Loire, Loiret, ari-i d'Orléaiis, ch. 1. c"".
- Pou- oiniics, qui nuper a Krirolo ad Hliidoivicum (Icfcrcrnnt, ad Karolum
7'evertuiilur, cl iib ea faiiiiliarilale cl litiitunhus vcikiuuntiir. — Karolus
Rvdheituin cuin placilis lionoribus reeipU {A)in. Berlin., ad ann. 801,
(lom l'.oii(|ii('t , VII, 77). Nous voyons par le carliilairc de Saiiit-Bertiu que, le
"lô juillet X(il , Adalarl lut réintégré par Ciiarles le Chauve dans la jouissance
de rabbaye ((Juérard, Cartul. de Sainl-lieitin, p. 10!l).
3 Cliai'les, roi de Provence, était fils de l'empereur Lotliaire. Il avait deux
frères: Louis, empereur et roi d'Italie, et Lotliaire, roi de Lorraine.
— 40 —
redoutable adversaire. Son année ne put aller plus loin que
Màcon '. et, après plusieurs revers, elle lut forcée de rétro-
•^H'ader vers le nord iliu de l'année 8(Jlj.
A cette C(yiirte et infructueuse exiiédition se rattache lori-
y:ine de Tautorilé déléguée au comte Kudes sur t<uite la
rt'yion adjacente à la Saoue. Depuis lors, Kudes Joua un rùle
prépondérant en Bourg'ogne, où la présence d'un agent
éprouve'' devenait indispensable à Charles le Chauve pour
faire face ii toute tentative d'hostilité de la part des Proven-
çaux; car. de l'autre coté de la Saône, s'étendait le duché de
J.y«»n où commandait le vaillant comte Girart.
La prennère fois que les textes contemporains nous mon-
trent Euiles établi en cette contrée, c'est dans le courant de
l'année SG:î. Les moines de Glanfeuil, en Anjou uuijourdhui
Saint-.Maur-sur-Loirej-, ayant voulu, par crainte des Nor-
mands, mettre en lieu sûr les reliques de leur patron saint
Maur, les avaient transportées près du Mesle ^ au diocèse de
Sées, où elles étaient demeurées un an et demi. Après ce
la^js de temps, en 8fô, les moines se virent de nouveau
contraints par les incursions des pirates danois d'abandonner
leur refuge ; ils ne savaient plus oîi aller, (piand l'idée leur
vint d'imphirer l'aide du comte Kudes, alors tout puis.sant en
liourgogne, et ([u'ils avaient connu autrefois comme comte
d'Anjou. Kudes leur accorda aussitôt, en deçii de la Saône,
un graïul domaine oîi le corps de saint Maur resta quelque
temps en sûreté *.
' i-l;//i. Berlin., ml uim. Sfil , doiii HoiKiiii'l , VII. "7.
- Saiiil-M;Mii-siii-l,oiri', hameau de la (•oiiiiiiiiiie de Saiiit-Georges-des-Sepl-
Voies, .Maiiie-el-Loire, an' .Saiiiiiur, e"" Geimes.
•' Mesle-sur-Sarllie (le|, Orne, arr' Aleiieoii, di. I. t"".
* Tous ces reiisei!,niemeiits se tiouveiil dans le réeil dr la Translation de
saint Maiu' par Kndes , alilié de (ilanienii. Ce réril a été |iidilié |dusieiirs lois:
la nieillenre édition est relie donnée par Maliillon ^ ,l(7(/ .S.S'. Oïd. S.ltfitfduli,
xipr. IV. pars "1, p. I7i{i. I.a liihlirillièi|ne niinneipale de la ville de C.liartres
possède nn mannsiril de la fin dn W' siècle cnnlenanl la Nie et la Translalinii
•II- sanit Manr par l'aldié Kndes. (ie inamisriit send)l<' avoir été lopié dans lr
l'-inps même on Kudes vivait : il doit dériver direi-lement du manuscrit original.
J'ai emprunté à ei- mss. le passage suivant ipii lait partie de la préjaie mi^e |iar
Knde> en tète de la vie de sanit Maiu'. ('.iiiii iiiillus juin iispiinii nluifii iinOis
lutii.s su/irrejisfl lunt.s... rum rorpore ejusdim xunrli Muuri ttarles liurfjinitline
pcli-rr (lerri'vimus. ('.uiikjw in prrillinn inliisiris vin Antlouis roniiliM, nlrn
lluvium ijufnt Arnnni vinanl , ilivini.ssemu.s , (ftiud uoliis. ob n'iiiriiliuni il
T. Xli, .V. 4
— 50 —
Le 25 janvier de cette même année 803, Charles, roi de
Provence, était mort subitement a Lyon sans laisser d'enfant.
Ses deux frères, rcmpereur Louis, roi d'Italie, et Lothaire;
roi de Lorraine, se partagèrent sa succession : Louis eut
la partie méridionale de l'ancien royaume de Provence,
Lothaire en eut la partie septentrionale et devint ainsi sou-
verain de tous les pays situés à l'est de la Saône, depuis la
source de cette rivière jusqu'à Lyon, c'est-à-dire souverain
de ce qu'on appelait en ce temps la Bourgogne cisjurane.
Girart conserva la garde du duché de Lyon qui (•(jmprenait
la plus grande partie de ce territoire.
Ce voisinage importunait Charles le Chauve, qui ambition-
nait de donner à ses Etats les limites naturelles du Jura et
des Alpes. Aussi, jusqu'en 801), année oîi mourut Lothaire,
ces deux rois furent-ils toujours sur le pied de guerre, et ils
en seraient certainement venus aux mains sans l'interven-
tion réitérée du pape.
Dès 803, la situation politique était des plus tendues de
part et d'autre sur les rives de la Saône. Outre le témoi-
gnage que nous en donne Réginon V Hincn^ar en fournit
la preuve dans ses Annales. Vers le mois de mai 803,
Charles le Chauve revenait de Neustrie - , quand se présen-
tèrent à lui trois députés des rois Louis et Lothaire, lui
demandant de ne pas troubler la paix générale. Cette paix,
dit Hincmar, Charles voulut toujours la conserver, tant que
les hostilités de ses ennemis le lui permirent, fjinin/um iu/'os-
tatio conlrin'ioi'uin sihi pci-uiisil ^. Hincmar lait- ici allusion
aux événements des années 803 et 804. Los ron/i-;ii-ii *,
(UHorcni srnirfi rorporis sive etiaiii pro actcvna rnniimcrationr. aliqnandiu ad
hahilanduiii concesserul , hcnigno j'avore ibidem coininoranlium ac munifica
largitale excepti, anno dominicae incamationis oclingenlesimo schcagesinio
ti'i'lio, indictiotie dcciiua, diipio ciiiii honore, roiu/nio illiid el /iplo coiididiinus
loco (iiis. (S!) de la liih. coin, de Ciiarlrcs). 1/abbé Kiides écrivait ces lignes
vers H(hS. •
■• (jiniliis rex, fdiiis Hlolarii iinpernlnris, movituv, ipii Provineiain i-ef/ebrit,
el ex refpio quud tcnuerat fada est non modica contruversia inler lUolarium
reaem el avimculum ejus Carolum (Reoinonis chronicon, Pcrt/ , Seriuloies ,
T. I, p. 059).
- Charles avait célébré, le II avril <S(i;5, la l'ète de Pâques an .Mans.
■^ Cf. dom houquet, VII, 81.
* On retrouve les seigneurs boui'guignons du myanme de I.nlliaire ainsi
— ."1 —
dont il parle, ce sont les seigneurs do Bourgo^jno cis-
jnniiic dont le dur (iiiait ('-taii le clief. La idiipart (rentre
enx possc'daieiil des (kiniaiiies dans le royanine di' ("liarlos
lo ClKUive Vt i-efiisaienl cependant de i>rèter à ce prince
le sernionl de lidelité, ne vonlaiit en aucune Cacjon recoii-
naitre son autorité. Charles irrité ordonna la conliscation
lie tous leurs biens. «Qu'il ne s(»it permis, dit-il dans un
de ses capilulaires, en 805, ;i aucun de ceux (^ui nous rel'u-
" seul serment de lidelité, iii/n/clrs vcl coiilrni-ii iitjs/i-i, s'ils
" sont hommes libres, de demeurer en notre royaume et iVy
■ ]tosséder quoi que ce soit '. ■>
Le duc (iirart ('tait le plus en \ ue parmi ces iiilidi-lrs ou
i-unlrurii. Flodoard, dans son Jlisloirc df l'k';/lisc dr /U-ijus ,
nous a conservé le résumé fort curieux d'une lettre que
(Iirart adressait ii cette époque à l'archevêque Hincmar. Lo
c(»nile de Lyon avait, dans le royaume de Charles le ('hauv(N
aux eii\ irniis d'Auxerre et de Langres, de vastes possessi(nis
et y avait fondé, vers l'année 800, deux abbayes, l'une à
\'ézelay, l'autre il Pothières. Ayant ajipris que tous ses biens
allaient (''tre conlisqués par le roi, ainsi (pU' les deux monas-
tères qu'il venait de mettre sous la protection du Saint-
Sii'ore, il écrivit à Hincmar, le priant d'avertir Charles le
('liau\e(pie. si les deux abbayes n'étaient jtas respectées,
lui (Iirart s'emparerail de tout ce qui poux ail aiiparteiiir au
roi des Francs dans la Bourgogne cisiurane-.
Comme h; prouve cette lettre du duc (îirart, les biens d'un
certain noml)re de seip-neurs boui'pniiî'nons diu"(Mit (''ti'e alors
(ii'sijîiiL's par Oliarics h' (^.liaiivo lui-inriiic , dans les ca|iiliilaires (lu'il iMivoya en
lîoin'tiOiiin' ail mois df IV-vrior St»5 : nostri in/ideles et roiumuws coniiarii
(ra|t. Il : iili'in i(a|iit. XIIL. Voir ilum l!oin|iii't. VII, (KiT cl (Kl!*.
' l'rupcijiimus... ul uiniics i{ui /iilililnli'iii niihis uillitn: pivmissdin non
hiihrnl. fùlelilalem nobis proniillani ; ... ni qui fidelilnlrm nobis itroniisininl,
l'I fiitsi iUnd snnnnii'ntitni ad in/iilrir.s naslios i)i nnslnini dnninnm se ronjnnxe-
rniil, jinijinrlds illnmni in nnslruni indnniiniialnni irniiinlnr ; ... ut nuUns
infidrlinni mistronini , ijui liberi liontinrs siint , m noslru rei/nn innnnriiri tri
jintjiiivtalvni linbere prrniitlatnr, nisi /idrlitulmi mdiis firuntiserit, rt nuster
(lut noxlns fidilis litmia divi'niiil (loin i{(»iii|iicl , Vil, (itiS|.
- De hoc rllnni (jnod srripserat [ Hincmaro j hie ronies { Gerardus] se
audi.ssr ijuitd nw isie hornlns nionnsleiia rrllvl usurnnir i/nae liento rétro
npostidi) idi'iii Cenirdus trndidcntf , et iinia si rrs ipstus, (jiinr in hoc nipio
conj lierre II t , nb en forent (ibhilae, ipse , licel inrilus . res hnjus rei/ni ijuiie in
illo hiibebiiiilnr leipm pniesiimeret d'IiHlo.iid, llist. eeil. Ilem . I. III, f. "Ht,
IVrlz, Seriptores/\\\\ . .".iU).
— 52 —
mis sous séquestre. Les fonctions, (juc le comte Eudes exer-
çait en Bourgogne, le désignaient pour présider à l'exécu-
tion des ordres de Charles le Chauve , et nous voyons en
effet (luil fut chargé de veiller à la conliscation des domaines
des seigneurs infidèles ^
Ces violentes dissensions, qui éclatèrent vers 803-8G4 entre
Charles le Chauve et les seigneurs bourguignons du royaume
de Lothaire, faillirent amener une guerre générale. Lothaire
prit fait et cause pour ses sujets. Vers le mois de mai 8G4,
il eut, à Orbe en Suisse , avec son frère l'empereur Louis ,
une entrevue oii ils durent s'entendre sur les moyens
à prendre pour empêcher Charles le Chauve de porter la
moindre atteinte à l'ancien roj'aume de Provence.
A dater de cette entrevue , l'empereur Louis ne manqua
pas une occasion de témoigner à son oncle Charles le Chauve
le plus mauvais vouloir. Un mois à peine s'était écoulé, qu'il
refusait aux députés de Charles l'entrée en Italie ; peu après,
il défendait au Pape de lui envoyer des ambassadeurs ^.
* Un bûiirgiiignon , nommé Evrard, possédait, près de Màron, la villa do
Sennecé. Ce seigneur, ayani refusé de pnMcr serment de fidélité à Charles le
Chauve, sa villa fut confisquée au profit dn fisc royal. Quand la paix lut faite,
Evrard réclama de Charles la restitution de Sennecé: Charles y consentit, et
Evrard se dessaisit aussitôt de ce domaine en faveur d'un de ses neveux,
Adalart ; mais il n'avait pas eu la précaution de se inunii- d'un diplôme royal
constatant sa rentrée en possession. Le comte Eudes, dans une de ses tournées,
voyant Adalai't détenir indûment une villa récemment mise sous séquestre, s'en
saisit de nouveau au nom du roi. L'affaire ne fut terminée que le X juin S7I. A
celte date, Charles le Chauve accorda à Adalart un dijilôuie (pii Un conlirmail
la possession de Sennecé. C'est dans œ diplôme (jue se lrouv(.'nt les quelques
renseignements relatifs à ce différend: Aledrannus, dit le roi, ...intiilit quaUter
Hevrardus rcs sue proprielalis , silas in camilalii Malisroneiisi. in villa (j>/c
vocalur Senisciacus.,. contra nos, a noslrti /idclilfitc dcviando, forfeceril et
oh id (ïd fiscum nostrum ipse res devenerunt . . . Nos easdein res... Hevrardo...
reddiderimtis , et ipse eas nepofi siw... Adalardo Iradiderit... Oddo cornes
easdem res tid nostrum fiscum rcceperit, quia Hevrardus..., cui ipsas res
reddiinus, preceplum... non exinde oblinuerit (iiruel, Cart. de Cluny, T. I,
p. iiU).
- Lolkarius ohviam fratri suo ad locum qui Urha diritur vadit. Carolus
cum epislolis, per Rodbertuni, Cinomannicae tirbis episcopum, lioniam, sicul
Apostolicus jusserat, Ilothaduiu dirlgit... quihus Hludowirus transilum
denef/at (Ann. Bert., ad ami. (S(_i'i. , dom lîouquet, Vil, XI). — Hludowirus a
IS'icolao, Romanae sedis poutifice, per Arsenium apocrisarium petilur ut
eidem papae legatos suos lireat pro quibusdam causis ecclesiasticis ad Caroluni
mitlere ; sed credens quia non sincera inlentione ailversus euni velil in
Franc iam niissos suos dirigcre, contradicit (Ann. Bert., ad a un. 804,
dom Bouquet, Vil, 88).
— o-> —
De son coté, Charles, vers le iiiilieii du mois de l'evrierSOô,
eul. il Toiisey*, près de Vaucoiileurs. une conlerence avec
son frère Louis le Gernianique. Il envoya de là en Bourjjfo^'ne
plusieurs c^i»itulaires qui nous ont été conservés. Les dispo-
silions'qui y sont contenues ollrent le plus haut intérêt : elles
nous montrent quelle était alors la situali(»n politique des
marches buurij,uiy,'nonnes, situation sur hupudle les historiens
ont ji;ardé le silence le plus absolu. D'après ces cajùtidaires,
les États de Charles le Chauve étaient, semble-l-il, sur le
pcjint d'être envahis.
'< Si ceux qui nous sont infidèles, dit le roi, s'apprêtent à
» dévaster notre royaume, nous voulons que tous nos fidèles,
» tant évéfiues qu'abbés, comtes, hommes des abbesses et
» vassaux, s'unissent entre eux dans l'étendue d'un missa-
» ticum; que nos missi veillent à ce que chaque évéque, abbé
» et abbesse envoient, au temps et lieu indiqués, leurs
■ hommes tout armés sous la conduite d'un gonfaloniei-. Et
" si un seul missaticum ne suffit pas à repousser les ennemis,
i|iie nos missi réclament au i)lus vite l'aiile du missaticum
» voisin : si cela n'était pas suffisant, qu'ils aient alors recours
» à notre personne pour que nous leur apportions par nous-
-> même ou par notre fils le secours nécessaire. Quant à nos
'• missi, évêques, comtes et vassaux, résidant sur les fleuves
■ ipie doivent traverser nos ennemis, qu'ils fassent en sorte
• de bien Cartier leurs navires pour emi»êcher toute descente
• préjudic-iable il notre royaume. Et si, dans la siiiie. par la
'» néjjrlijjrencc de (luehpruii , ces dits navii'es n"(''taient pas
» bien gardés, qu'on nous le fasse savoir pour que nous
» agissions h l'égard du contempteur de nos oi-dres comme
» il l'i'irard d'un traiti-e au |iays-. ••
' Toust'v, (•"■' Viuicoiilfiirs, Mfiisc, ;iri' Coiniiicirv.
^ l'iaecipimus... ni si in/idrlcs no.slri se (idunuvriiiil (ul (leritsliiliinirm
irgni inisln , /iilrlrs ntisiri . Inm rnistopi (jiiiiiii (ihlmlcs ri catnili's l'I iihhd-
lissai uni lioiiiiiiis, snl ri ipsi comilcs <ir rassi uoslii sfit ii'irri iiiiiaiir fidclis
Ihi ac nostri de uno missulieo se in uiiiini udiinare pruciiirnl. El tiiissi imslri
de ipso iiiissdlini providenliam linhenul ijinililer iiiiiistiuisipie epismpiis, vel
iihbiis seu iihhiilissii , ciiin iniiiii jileiiiludine et iieressiiriii Imslili iipiidiatu
et nd lempiis . miiis liutnines illiic Iniiisiiiiseril euiii ijiiiil[iiiiiirii)... hl si </«•
uno missuliro ad hue priievulrre non piilueiinl , nd aliuin niissalirum celeriler
missus suos dirif/nnt , el nmnes, sicul pniedixiinus , de iilio tnissiilico ad iUiks
qui inditji'ul pniijuiniti nrruiiiiiil . Kl si illi diinmis^iiliei nd hur non sulfvrenul ,
nobis nd Innpus lior niaiidiul . ipinliler nul jirr ims , nul per /ilniin
— 54 —
Ces di.sx^osilions, on le voit, sont loin (rètre pacifniucs.
Lolhaire se montra extrêmement effrayé de l'entrevue de
Tousej' : il crut que ses oncles méditaient d'anéantir son
propre royaume. Sans perdre un instant, il écrivit à son
frère Louis d'obtenir du paj)o qu'il intervint auprès des deux
rois pour le maintien do la paix et la sauvegarde du royaume
de Lorraine ^
Le pape Nicolas consentit aisément ;i remplir ce rôle de
pacificateur. Dès le mois de juin 805, il envoyait au-delà des
Alpes le légat Arsenius -. Nous possédons les lettres du [lape
annonçant l'arrivée d'Arsenius aux évêques de Gaule : il les
invite entre autres choses à avertir le roi Charles de renoncer
à sa téméraire ambition, de ne plus convoiter le royaume
de l'empereur Louis ni de menacer les frontière du roi
Lothaire •'. Faut-il attribuer à l'influence du pape Nicolas P""
la paix qui suivit de près la venue en Gaule du légat Arsenius?
Vers le mois de juillet 865, Charles et Lothaire se réconci-
lièrent solennellement à Attigny% et, depuis cette époque,
leurs rapports restèrent assez pacifiques. Charles cependant
nostrum, aul sicut viderimus , ds necessariuin solatium transmiUmus... Et
missi nosiri , cum episcopis et comitibus ar vassis tiostris, qui super arjiias
i-ommitiu'iil , per (jnas infiddes tiostri ad rcr/nnin uostriim Iranscunt, ovdimnl
(jiialilcr illdf mives citsfudiaiiliir, ne in/ideles noslri ad regniim nostnim
devasiandnm transire pos.sint. El per cttjus nejjleclum ipsav nave.s postea hrne
cuslodilne non fuerint , nobis rcnimfictnr , ut tios decernanius (jualiter de illo
co)il('i)tpl(ire jiraeccpti noslri ijuasi de prodilore patriae arji debeat (doin
]5oiiqiii'l, VII, m\) et (iTO).
^ Lolharius , vero putans qiiod sibi re[/ni/m subripcre et intrr se vellent
dividere, lAulfriduin aviincnlnm suiim ad fratrem et llaliae impcralorem
Iransntittil , pelens iUuni apitd Apusiolicnm obtinere qualemis pro co palrnis
suis epistolas mitleret ut, pacem servantes, de régna suo nullum ei impedimrn-
tum facerent ; quod et Hludowicus imperaior obtinuit (Ann. Bert., nd iiiiii.
8(i5, (loin BoiHiiR'l, VII, S!»).
- Arsenius episcopus, Nicolui, papae Romanae urbis, legatus , ob parent
et roncordiam inicr Hiudowicuni et Karolum fralrem rjus . necnoii Hltilariuin
nepolem eoruni, rcnovandani atque constituendam missus est in Franciani
(Ann. Fvid., ad ami. S()5, doni Houqiiet, VII, I7'2).
■' Cessel lemeraria prnrsumptio, et avidi aiilielilus niedullitus rouiprinmiilur,
maxime finibus dilccti filii nostri exrellentissimi Augiisti, vel a métis regni
iilerini ejus longe distantis (dom iîoiiqiict , VII, iUi).
•* Inlerea Lotliarius missos suos ad (larnluni dirigit, volens et pctens ut mulua
firmilati' inter eus amicitia foederarentur: qund. et Irmentrude regina inlerre-
niente, oblinuit. El veniens in Atiiniacum, amicabilitcr et finnorifice a llarolo
est susreplus et foedere postulato receplus (Ann. Bert., ad ann. Ni;."), dnin
Boiiqucl, VII, !)]).
— Oi) —
iir rciKtiiça jamais, ((iiiinic la suite tlos événoincnts lo jn'oii-
vera, au désir de joindre à ses Ktals raneieii royaume de
Provence; mais peut-être l'attitude r<'soluo dos soi^nieurs de
cette r(''i:ion*, et peut-être aussi (pu'lques revers (jue n'(»nt
point si.uiuales les liistorien.s, le déterminèrent-ils ii accepter
une ti-êve temporaire. Il est certain qu'en S»;S le duc (lirai-l
rt Charles le Cliainr étaient dans les meilleui's ternu's,
comme le prouve nu diplôme oîi Charles ajjpelle <Jirart
riirissiiiiiis \;ililriiiir ;iin;iiil issiiiiiis im/iis '.
Ajirès la cnnclnsion de cette ]iaix. il lut loisible au coude
l'Iudes de se relâcher iiendant ipu-hpie temps de l'active sur-
veillance (juil avait du exercer Justine Vu en Iiour,Li(»!H'm'.
Dans les premiers mois de l'année S()(», l'oncle du roi, Katud,
coude de Troyes. mound subitement. Kndes . ((ui avait été
déponilh' en S,")'.! du comt('' de Troyes. |iiit alors rentrer eu
possession d<' ce i^ouveruemcut-, et cela explique comment,
aussitôt après la mort de Raoul, il eut à inter\ciiir d.ius les
contrées voisines de la Seine. Les isormands, ayant remonté
le cours de ce (leuve. s'(Haient avancés jusiprii Mcdnn. Pour
empêcher leur débariiuement , Charles le Chauve diri.ij,('a
contre eux plusieurs troui)es : h la tête de la plus imporlaide,
il pr<''posa Robert le l'oil et le comte Kndes. I.a renomiiK-e
lie K(d)ert et d'Kndes lnill.iii alms du plus vif ('dat ;
mais cette expédition n'ajouta i-ieu a lein- izloire. S'étaut
trouvi's trop iid'érieurs eu iiondjre, iN aiuièreui luieux
reculer ipie li\i'er combat aux Normands, et les pirates,
chari:('s de l)Utin, purent impun<'Muenl re.i;a<.i-ner leiu's navires.
.\ la suite île cet ('■chec. Charles le Cjianve dut acheter la paix
de ces pillards mo\euiiaut quatre mille livres d'arijeut •'.
' Voir .\\['j.. L(iiii;iioii , (iiiail dr lliiussillnii dans l'hisloirc ( llvvue
hisloriqup , iiiim'i' IX"S, p. :2(iO).
- (le i|iii doiiiK' lii'ii (II' croin' (in'rii S(i(i. Kiidcs rniliii en posscssimi du
roiiili' (Ir Tio\rs, c'csl i|iir, a[)y!'^ s.i mort, se- driiy fils lui .siirn'dt'iciil l'iiii
a|uvs r.iiiln' diiiis rctlc tliai},'!'.
•' liniliilfiix. C'iiiili lofjis (tvuiiriiliis . fuissintic ndini iiinritiir. Norfmaniii
pi-r iih'i'iim Si'ijK'iiiui' tiscfiiilrnles u.sijur tid nisliKiii Milidiniuiii , ri sriinir
K'iruli l'x iilnuini' parle ipsiiis lliiminis priffuiil ; cl, e;irrssis eisileiii
Niirlintinnts <i ikivUiks . super scnrum ipiar nitijnr cl forliiir vidrlialiir, nijiis
priif/'iili rriitU Itiidhrrliis cl Odo , stuc nm/lirlu cdiii m fuipiiu willuiil, cl,
mitislis prurilii niirihii\, ail suiis rcdcunl. Kundits mm cisdcm Mnritiiiiiinis in
ipiiilnor millmin lihris nn/cnli ud pensum curnni ptnis, iiur M//// Uni.,
ad iinn. SlK», dnm l'.(tiii|uc| , Vjl, ".12;.
— 56 —
Le comte Eudes continua d'ailleurs d'exercer jusqu'à sa
mort les fonctions que le roi lui avait c()iili(''('s dans toute la
région adjacente à la Saône. A la fin du mois de décembre 860,
en compagnie d'Isaac, évêque de Langres, il présidait à Lux ',
comme missus domiuicus, un i)laid de justice. A ce plaid
comparut l'avoué du monastère de Saint-Bénigne de Dijon,
portant plainte contre un certain Hildederno, qui avait t'ait
abattre par ses fermiers des chênes de la forêt de Saint-
Bénigne sur les territoires de Cessey ^ et de Bressey^.
Hildoberne fut assigné à compar-aître dans les quarante
nuits par devant Eudes et Isaac qui s'apprêtaient à poursuivre
leiir tournée d'inspection dans l'Attouar et ^Oscheret^ Les
quarante nuits expirées, au mois de février 867, le comte
Eudes et Isaac se trouvaient à Couzon, in (Jiiraf/oiic-\ sur les
frontières des pays de Langres et d'Attouar : l'avoué de
Saint-Bénigne se représenta devant eux. Hildeberne ne ré-
pondit pas à l'assignation et fut condamné par défauts Deux
ans plus tard, Eudes était encore appelé en cette contrée par
ses fonctions de missus ilomiincns. Comino \\ était à Cou-
ternon ^ pour y rendre la justice, le procès ent?e Hildeberne
et l'avoué {\o Saint-Bénigne fut définit ivciiKMit terminé '.
'&'
' Lux, C.ùlc-d'Oi-, aiT' Dijon, C" Is-sur-Tille.
2 Cessey-sur-Tille , Côte-d'Or, ;irri Dijon, (■<"' (if.'nlis.
•* Bressey-sur-Tille , (^(Mo-d'Or, an' fl c"" Dijon.
* Posl XL nocles , in proximo mnllo qiiod in Uscarensc et, in Alloeriis ipsi
missi icnent. — Sur l(!s deux iiagi ilAllouar cl (rOsclicirl, \uir Ang. Loiignou,
Allas historique, p. '.)(>.
^ Couzon, Haute-Marne, arrt Langres, c°" Praullioy.
" Les deux actes relatifs à cette afïîiire se li'oiivaicnt dans le cartnlaii'e de
Sainl-Dénilînc de Dijon; ils ont été publiés )(arl'érard, Reaicil de plusieurs
pièces curieuses servant à l'histoire de Houri/nf/ne , \k I i7 et l'iS. Le pi'eniicr
de ces actes, jiassé à Lux, est ainsi daté : Die marlis in. mense decembris, in
anno XXVII retjnanle Karolo rege, c'est-à-dire le mois de déceniiji'c <S(i(i. Le
second acic piisléiirui' de 'iO jours an |U'i>niii'i' est de février X(i7. I-c copislc du
carlidairi' de Sainl-l!('Mngni' Ta daté du mois de lévrier de la XXVIil" année du
règne de (Jliarles le Chauve ; c'est la XXVIJe année qu'il faut lire. Les erreurs de
transcriplioM <b. ee gom-e. ne sont pas rares dans les carlulaires. Pent-élre même
n'y a-t-il pas erreur de Iranscriplion ; il est possihie (pie le rédacteur de la eliarle
ail ajitulé une unité à l'année du règne en même temps qu'à l'année de Fincar-
nation , et (pi'il ait l'ail son calcul comme si Cliai-les le Cliauve élail devenu roi
le l""" janvier HW.
' Coiilernon, Côte-d'Or, arr' et e"" Dijon.
'* l'érard, ihid., p. I 'i*,l. Ol acie est ainsi daté: Die marlis, iii (jirlaitoiin,
anno XXX régnante domino noslro Karolo regc.
Oi
L'iiifliuMico (lu coiiil»' Eudes sur la rt-uioii supériourc du
C(»urs do la Saône est doue certaiuo; mais elle s'étendait
tjoaucoup jihis bas jusqu'en .Maçonnais ot on Autunois. Nous
avons (h'Jà *u eoninient Eu(l<>s intervint vers cette épofjue
dans le ronité do Màcon, où il conlistiua an nom du roi la
villa de Sonnec<'. Vu antre document du même tiMups nous
le montre pris comme arlnlre dans le C(Mute d'Autun pour un
diirérend (jui s'était élovi' au sujet do la villa do Porrecy'.
L'archovè(ph' di' Ronriios. ^'ul^ald, et le comte Eccard se
disi»utaieiit la pi'opri(''té du domaine de Perrecy. ^'ull■ald
intenta un procès ii Eccard : l'airaire lut jtortée devant
révêquo d'Autun, Leudo, ot le comte Adalart -, (pu, comme
iiiissi (loiiiiniti , tenaient un plaid dans le vilhiLiX' de Mont -'.
Les doux i»arties produisii'ont divers témoins : l'un d'entre
eux, nommé Mauron, i»rélendit qu'on avait déjà eu recours
au comte Prudes relativement à la possession de Perrecy;
mais il ignorait ce (pii eu ('tait advenu '.
Le comte Eudes, avant de moiirir, lut encore enq)l(jyé ii
diverses missions par Charles le Chauve. Le 8 août cSOO,
Lothairo. roi de Lorraine, Unissait misérablement ses Jours ii
Plaisance, en Italie. Ce l'ut une occasion pour Charles de dé-
tourner il son prolit un héritage si lon,utem|)s convoite''. Un
mois ne s'était pas ('coulé depuis la morl de Lothairo qu'au
méjiris dos droits do l'omperour Louis, frère et hf'ritier du
({('■funl , Cliarles le Chauve faisait d<''J;i acte d'aui(iril('' en
Provence. 11 dt'iiiiiaii a Vienne le comte Eudes et signiliait à
rarchevo(pU' do cotte ville. Adon, de sacrer Bornier comme
évoque de (ll'enoble ^.
' i'cmTV-lcs-Koigrs, S;i('iiir-cl-l,iiiic, an' Ciiaiollcs, c"" Toiiloii-siii-Aiioiix.
- Le comte KftanI gai;iia son |»ro((''s coiilro Viilfald , car, en S7(>, il (ioiiiiail
la villa lie l'criccv à laliliavr dt; Saiiil-l{ciioil-sur-Loir(î (Gallia Clirixliana,
T. VilL roi. ir.i'n.
•' Mont, .*>ai"in('-('l-i,(iin' . an' Cliarollcs, c"' Honrlion-l-aiicv.
* Ihi/nlr aiiiliril i/ikhI vi'iiiI ail Oduiio cnmili pin ifisd nilioiit', scil tiesrirbiil
ijuiiil inile ffrif : innjiliiis illi rni/iiiliim imn crut l'i'iani, ibitl., (t. !!!{)• '•'''
acte n'i'sl |ioint dalr : >a irdarlion se |dair cnlri' Irs anriri's S(i(') cl NT I . l'.ii
••fl'cl Viill'ald lui ar(li('V("'(|ii(' de lîonr^fs de Slili à S7(i ; d'aiilii' part , li- • (inilc
Kiidf's tnoiiiiit en S7I .
' l,a li'llif (II- Cliaili's le CliaiiM' ordoiniaiil à Adon de .sacrer rr'vn|uc ilc
lln-noltlc lut reçue |iar Adon le '11 aoùl , acre pi a 17 knl. scpti'mlnis iduni
l!itui|ue|, VII, ."■iCiUi. |'',udi'> ('{.lit di'ià ili'|MMs iiiii'li|Mes j(tnrs à \ leinii- : /Vr
ihlitwm li iiliii.s fiili h's iiiisliii!) niliiiiliilrin nnslnnn inhis iipiiiiimiis (iliiilfiii).
— 58 —
Touleluis Charles ne lui pas sans renconlrei' d'ubslacles
dans la réalisation de ses projets. Une grande partie des sei-
gnenrs provençaux, et surtout le comte de Lyon, Girart, Ini
opposèrent la plus vive résistance. D'autre |)ar( , l'empereur
Louis, dont les droits à l'héritage fraternel étaient indiscu-
tables, fit intervenir le pape Adrien en sa faveur '.
Charles le Chauve ne pouvait plus triompher que par la
violence. Mais, avant de marcher sur Lj^on les armes à la
main, il voulut s'assurer la neutralité de son frère, Louis de
Bavière. A cet effet, il consacra l'année 870 presque iout
entière à des négociations qui amenèrent la conclusion du
traité de Mersen (8 août 870). Aux termes de ce traité, Charles
et Louis de Bavière partageaient entre eux les Etats de leur
neveu, le roi Lothaire^. La majeure partie de la Bourgogne
cisjurane, les comtés de Lyon, de Vienne, de Viviers et d'Uzès
échurent à Charles.
L'empereur Louis comprit alors que toutes ces provinces
allaient lui échapper : il tenta une dernière fois d'employer
contre^ rusur[)ateur l'influence du pai)e et les'îuenaces d'ana-
thème-^ Vers le mois de novembre, Charles le^Chauve mar-
chait sur Lyon, s'en emparait, et, avant le 25 décembre , la
ville de Vienne, longtemps défendue par Berthe, la
vaillante femme du comte de Lyon, tombait au pouvoir du
roi des Francs. Toute résistance était désormais inutile :
Girart vint lui-même se livrer à Charles, qui lui accorda
trois navires pour se retirer par le Rhône, en emportant
tous ses meubles"'.
Après la prise de Vienne , le gouvernement du comté fut
donné à Boson, beau-frère du roi ^. Le comte Eudes paraît
avoir rempli à Lyon une mission analogue à celle de Boson
à Vienne. Il fit en effet restituer alors à Rémy", archevêque
' Ann. Uni., ;ul ami. N(i!). dom nnuqiiot . VH , 107 et lOS.
- Ann. Bcrf., ad ami. 870, ibidm, Ml, lOS cl 10!).
3 Ann. Bert., ad ann. 870, ibidem, VII, 1 1 L
* Cnrolus, tribus navibus Gerardo datis, per Rhodanum , cuin sua uxore
lirrla et mobilibus suis a Viciina prrmisif absrcdrir (Ann. Bert., ad ami. 871,
doiii llom|iicl, VII , I \1>).
^ Ipsam Viennam Bosoni, fratri uxoris siiae, commixit (ibidem).
'■ l.i' (li|ilùi)i(' de Cliai'Ics le CJiaiivo coiifiriiiaiit («'Ile icstitiilioii ii'fst pasdatç.
11 diil clic accorde en 871, |uiis(jiic (jliarles n'eiilra à Lyon que vers
— 511 —
(le I,\ oiK les villas (le Chaiijiy en Atitunois ' cl irÈfuellcs en
Chaloiinais -'.
Je (Tdis (|iu' vers la iiirinc éixxjiK' Kiidcs rentra <'ii jiosses-
sioii (lu cointt (le Châteaiiiliin (jiii lui avait été enlevé en H50.
Lambert,' (liii l'avait renii>lac(' dans cette chai-ire, semble être
iiKtrt on (lu nmiiis avoir (iuitt('' la (Janlc xcrs STo-'; le roi au-
rait alors rendu a Eiules, lidcle exécuteur de ses coiunum-
dements, fidrii/ulis sln-jiniis cxfciitor, les ollices ([i\e ce comte
avait autrefois possédc's*. Qu(d(|ues aniu-es plus tard, en
etlét, le lils ain('' d'Kudes est sij^nalé coniiiK» exerçant son
autorit('' sur les pays de Châteaudiiii cl de Chartres.
l'jides ne survécut iyuère à la concpiètc du duché de Lyon
par Charles le Chauve. Siiiualé une dernière l'ois le 8 juin 871 ',
il mouiut le 10 aoùl de la même année*, h'iiuant au chapitre
dt'ci'mlire ^fTO el iinKnilcs inoiinil li' 1" .mm'iI nTI. ('.<• ili|iirmu' a ('ti' |iiilili(' par
doin |{nii(|ih'l , Vlll, i't'iii: Eudes y est ainsi (k''sigii('' : Ùihln ilhislris eûmes el
iw.slrae fiilelitali.s slreiuius exeeiilor.
' Chani^y, Sa(iiic-ct-Loire , an' cl c"" Cliarolli's.
- Kriicllcs, Sai'tiK'-et-LoiiT , c»" Vcrdiiii-sur-lc-Doiilis, an' (".li;iloii-siir-Sa(^iio.
•' Le comli- Liinlicil ap|iart<'iiail . suivant toiiU^ vraisc^mliianco, à la lainilh;
des {.amliiTls et di's (luis, |inissantr en Nrii^trii' au \\' sièrlc . r| à la(|Ui'll(' se
lallarliail la liraurlic ilalicinie des dues di; SpoK-k'. l'u alleiiiaud, .M. Wiislcnlrld,
a pidilitî un impoilanl travail sur celte laniille dans les Forsclinni/cn itir
(leitlsrhen Ge.sehir/ile T. III, année |S(i:!, p. :»,S;î-'i:rn. M. Wu-^tenfeld a
si},'nalé la prt'sence en Italie, dans le courant de Taniu'e S7I , d'un comte de
(Jaule, noiiinié Laudierl , leipiel se trouva nièlt"' aux luttes (jiie snulint ainrs le
duc de Sp(»li''te, Land)ert, contre renipereur Louis II, lirreeilé, p. 'lOiet 'i(>5).
l'oin- distiiiiiin'i' ces deux hoinouynn's , llincniar dans ses ainiales appela; le
comte de (iaide, Luiulbeiiits (jilvux. Ce (pii prouve, cnnmie l'a juslemeul l'ait
ohserver M. Wiistenleld, (pie ce peisonnaj^e (!'tail hieu comni en deçà des Alpes.
On pourrait peiit-(itre reconnaître dans ce conite de (Jaide, smiioinuK'- par
llincmar. L.imliert le Cliaiive, notre comte de Cliàteanduti , l.amiierl , (pii
ainait été altiié eu Italie pai' la haute l'ui'lnne et la renounuée de son parent, le
duc de Spolète. Lambert le (lliaiive mourut dans le sud de l'Italie, en STii
(.\nu. herliii., ad ami. Hl'.i, dom Houqin'l , VU. IH>1.
' A cette ('iiofpie le roi s(! plaisait à aicinniiier entre les mains de ses favoris
honneiUN sur lionneins. C'est ainsi (jiie |îo^on, d(''jà coinl(^ en ltomi;oj,Mie, ('tait,
en S7I , .u'ralilié rlu comté de Vienne; eu Hl'2, du comté de Hommes ; rn S7(>,
du diiclié de l'avie ^/1/iH. Iterl., à ces dates). Hans le même temps, llnmies
laldié ('tait à la l'ois comte de Tours, d'Angers, d'Orlc^ans el due des pays
d'entre Seine el Loire iCl'. Km. l'onri^'eoi^ , IIiKjHes l'Ahhr).
'•' Il s'agit ici (In diplôme de Charles le Chauve, daté du S juin N7 1 , où
Kiides esl mentionné conmie dé|éL;u(5 du roi en M;'icnnnai>^ (ItriU'l, ('.art. de
Cliiini, I, -iU).
'^' On lit dans r(dMlu.nre du chapitre de Sanit-Marlni dr loins an l\ de^ Mi'>
d'août ^IU août : itbiil Fredeifisus , ubbn , el Od» , ruines iNécrologe de
— en —
de Saint-Martin de Tours la villa de Nogent en Oniois, que
le comte Boson et Bernard, ses exécuteurs testamentaires,
remirent entre les mains de l'abbé Hugues, en ce même mois
d'août 871 ^
Eudes avait épousé Guandilmode : il eut de son mariage
deux fils, Eudes et Robert, Au mois de mai 840, Eudes et
Guandilmode avaient fait ensemble une donation au chapitre
de Saint Martin de Tours : leurs deux fils ne devaient pas
être encore nés -. Guandilmode mourut avant son mari. Le
testament d'Eudes en faveur du chapitre Saint-Martin de
Tours nous apprend en effet qu'Eudes avait, à la mort de
Guandilmode, aliéné déjà une partie de la villa de Nogent en
Omois, villani Novienliim, exceplo quod olitn Odo dedernt tid
sepulturam uxoris suae ^.
Le comte Eudes en mourant laissait sans titulaire plusieurs
charges importantes, dont ses deux fils semblaient appelés à
hériter : la plus considérable de ces chaa^ges était celle
qu'Eudes avait eue comme représentant du roi ^n Bourgogne.
Mais, de même que Robert et Eudes, les fils de Robert le
Fort, avaient été, en 866, jugés trop jeunes pour succéder à
leur père dans le duché d'entre Seine et Loire*, de même
Saint-Martin de Tonrs, P.ililiollii'iiuc Nalionalc, <'olI. lîaluze, T. 77, f» .i33 l'o)
Frédégisc , al)l)é de Sainl-Mai'liii , nioiinil le Kl août KM. Quant à Eudes, dont
il est ici question , on doit y reconnaître notre comte Eudes , qui légua à Saint-
IMartin de Tours la villa de Nogent à condition que les chanoines priassent pnin-
le repos de son àme. — Diverses raisons concourent à prouver ([ue c'est iiieii de
lui (jn'il s'agit ici. En ellet, il n'y eut jamais que deux comtes de Tours du nom
d'Eudes, et ils ne moururent ni l'un ni l'autre an mois d'août. Le premier, qui
fut comte de Tours et de Chartres, décéda le j!2 mais U!)5 (obituaire de Saint-
Père de Chai'li'es, ms. I()3X di; la jiiiil. communale de (■hai'lres); le second, qui
lut comte de Tours, de Chartres et de Troyes , l'ut tué le 15 novembre 1(KJ7
dans un combat célèbre contre Gothclon, duc de Lorraine (Cf. d'Arbois do
Jubainville, Hist. des comtes de ChornjKif/ne, I, p. 3-43). Ce n'est donc pas
un comte de Tours qui est mcnliouné au 10 août dans le nécrologe de Saint-
.Martiii. — Ajoutons (jn'il est certain que notre comte Eudes, encore vivant
le 8 juin 871, était mort avant la fin d'août suivant, épo(|ue où ses exécuteurs
testamentaiivs donnèrent en son nom la villa de Nogent au chapitre de Saint-
Martin de Tonrs.
^ \o\y pièces justificatives, w" IV.
-' Cf. ibidem, \\" IIL
3 Cf. ibidem, n" IV.
* Siquidem Odo cl Ruotbertus, filii Riiulberti, adhue paindi eraiit
[Réfiuion, ad aiiit. 8(>7, f'erlz, Srrij)tores , I, 578).
— Gl —
Eudes et Robert, fils du comte Kuilcs, l'ureut. eu S71. consi-
dérés par Charles le Chauve coimiiic incapables tk' roniiilir
eu Bour^o^ue la mission autrefois C(»uliéc ii leur père.
A la mort ilc Robert le Fort, Huiîues lAbbé avait été
envoyé eu Neustrie pour le remplacer ' : (juaud Eudes mou-
rut, ce fut l'un de ses exécuteurs testaïuentaires, le comte
Bosou, (pli le remplaça eu liourj^t'oyiif-.
Quant aux comtés de Chateauduu ei de Troyes, ils furent,
semble-t-il, réservés aux lils du dcliinl, (pii. jiour cause de
minorité, n'en furent pas aussitôt mis en possession. Ce
fut peut-être le duc d'entre Seine et Loire. Hugues l'Abbé,
(|ui eut la g-arde provisoire du pays Dunois-'. l)'autre part, on
voit par les titres que Eoson administrait temporairement le
comté de Troyes pendant les années qni suivirent immédia-
tement la mort du comte Eudes*.
La dernière fois que Boson intervient ofliciellement dans
le pays de Troyes, c'est le 29 mars 877 *, époque oii il obte-
nait de Charles le Chauve, en faveiu' de l'abbaye de Montier-
la-Celle, la foret de Jeug-ny " et 2 manses et demi à Lirey
dans le Troiesin ^ Quelques mois plus tard, son pupille, le
j<'une Eudes, agissait personnellement comme comte de
' Uuijitnem in Neuslriam loco Hotberti diriijit {Ann. Dert., (Ituii lioïKiiict ,
Vil, «il;.
- Ili'puis N7I , cil ('(['(•[, P.osoii jiiii.i fil Hoiirgotriic un rôle jiii.iloi^ut' à (•■lui
qu'y ;iv;iil jinir jiiMiiic là li; conili' Kiiiles. On li" voit (lt''S lois ni |iossf'Ssioii tIfS
plus riclu's ahlniyi'S des hords de la Saùiie (de Giii!,Miis la Sana. Ihsuuide.s ,
l..iiisaiiiie. IS.")I ," iii-Ko. p. il ). — Entre Hl\) et SSO, Hosmi mia à sou Irèie
liirlianl tiiute sou autorité sur la Kouii^Oi^iie (de (liiigiiis, ibidem, p. ('»7).
lîicliaid a toujours été til«'' par les liistoiiens loniiiie le preiiiier dm' de
r.nuii,'o.mif , mais, d'après ce ipie j'ai dit préccdemiiieiil , il y a lieu de conclure
rpiavaiit d appartenir à Ricliard, le duché de l!ourg(ii,nie, créé par Cliailes le
C.liaiivf pour l'aire l'ace an \ attaipies des seii,'iieiiis (rdiilie Saùiic. fut confié
vers XCii à Kiides, |iuis , de S" I à <S7ll environ, an couile lîosciii.
■' Au couiuieiicement de l'aïuiée N7S, c'est Hugues l'Aldté ipii appelle eu
Nciistric le 101 Lduis le j'.èiiuc, pour olileiiir son iiiterveiitinii coiitir les lils de
(ieoU'nii du .Maine qui s'étaient riiiparé> de (iliàteandini cl avaient usurpe les
honneurs du jiMine comte Kiides. Voir plus loin, |). (i:{, notes "2 et 15.
' ll'Arliois de Juhainville. Histoire di's coiiiles dr Cluini/Kiniir , T. I.
p. tll, ti.-).
^ Vers la même époque, Uosoii idilini , pour l'ahhaye de .Monliéramey au
comté de Troyes, nu diplôme de Charles le Chauve. C.ï. A. Cir\. Ktudvs raiv-
liiKjii'iines. dans Eludes... dèdires à 0. Moiiod., p. l:iS.
* Jeiigiiy et Liiey, Aiilie, an' Troyes, t"" l'umlly,
' Cl. dom liouqnri. \|!l. (1.7.».
— 02 —
Troyos. C'ost à M. dArhois de Jubaiiivillo que revient le
iiiérite d'avoir découveii le curieux docuiiieiii où Eudes est
signalé pour la première fois avec son ïvova Robert'. Le
25 octobre 877 ^, Eudes, comte de Troyes, met son frère
Robert en possession du villa.G'e de Chaource ^.
Dans cette charte, Eudes scnil est qualifié de comte ; Robert
n"y porte encore aucun litre*. Cette supériorité honorifique
d'Eudes sur son frère ne peut s'expliquer que par une supé-
riorité d'âge. Étant l'aîné de Robert, Eudes dut être d'abord
seul chargé des dignités paternelles. Aussi, h la même
époque, le voil-on intervenir dans les comtés que son père
avait eus en Neustrio.
Louis, fils de Charles le Chauve, avait été sacré roi à
Compiègne le 8 décembre 877. Les premiers mois de son
règne furent signalés par les révoltes de plusieurs comtes
qui lui étaient hostiles. La plus importante de ces révoltes
fut celle qui éclata, immédiatement après son sacre, dans les
pays d'entre Seine et Loire. GeofFroi, comte du Maine, et ses
fils, ainsi que ses neveux, Bernard et Emenon ^ furent les
promoteurs de cette sédition. On se souvient qi^ le roi Louis
' Histoire des comtes de Champagne, t. I, |i. iid. M. d'Arliois, en publiant
ce texte, n'a pas reconnu les pcrsonnatfes qui y figui'aicnl. 11 a confondu Eudes
et lîohcrt, fils du ronite Eudes, avec les fils de j'iolifit le Koit. Son erreur a
déjà été signalée pai' M. de Barthélémy dans sou ai'tide sur les Origines de la
Maison de France {Revue des Quest. historiq., année \Hl\i, T. I. p. \ti).
^ Vingt jours au|»ara\ant , le (> orlolire S77. ('Iiailes le Chauve, revenant
dhalii', était nioit miséiablenieiit dans un village de Savoie.
•' Chaource (Auhe, arri lîar-snr-Seiue, ch. I. c"") appartenait, au IX'' siècle,
au p(/giis Tornodorensis ou Tonnerrois ; mais depuis l'an S59 au plus tard le
pagus Tornodorensis était uni au comté de Troyes. C'est ce que prouve un
(lij)lùine de Charles le Chauve en date du 10 janvier (SoQ. La villa de Silviniacus
(anjoui'd'hni Sainte-Vertu, au sud de Tonnerre), y est dite (li'pendre du comté
de Troyes, (|Uoi(|u"étant dans le Tonnerrois ; l'rerepimiis... quandain villain de
comitatu et dominio Trecassine urhis... restitni... Voratur siquidetn eadem
villa... Silviniacus, et est in pago Tarnodorensi... sahditu pnteslati comitalus
ejus urbi.'i [ Trecassine]. Cf. doni ISoïKinel. VIII. p. ."t'iT. C'i'st donc (dnime
comte de Troyes qu'Eudes, en S77, mit son frère Rolicri l'ii possession de la
villa de Ciiaource.
"* C'est à la prière de sa lènnne, lîichilde, la sunn- du duc lloson, tuteur
d'Eudes et de Robert, que Charles le Chauve, empereur, avait concédé la villa
de Chaource au jeune Robert. Cf. Ciry, Etudes caroling., liv. cité, p. 127.
^ Les deux frères, Bernard et Emenou, étaient Dis di' Blichilde, Sd'ur de
Gcoffi'oi du .Maine (Cf. Histoire du Languedoc, nouv. édition, note rectificative,
T. Il, p. iSU).
— (T. —
avait été autrolois «iratinô par son pèro Charles le Chauve
(hi (hicht' (Ui Maiiio, et qu'il s'était alors alic'né tous les soi-
«.••iieurs (l(^ la réiiiou. Aussi le soulèveuicul (jui eut lieu eu
Neustric ;i Iw nouvelle de son avènement au Iniiit' n a-t-il
rien qui jiuisse surpendre.
Flodoard, dans son Jlistoii-r tic l'J'j/lisr de Id-ims, cite une
lettre tiu'lliiuinar, en ces circonstances, écrivit ii <iozlin,
frère de (icolTroy ihi .Maine, l'exhortant à détourner son fi-èro
ainsi que son neveu, Bernard, de leur révolte contre le roi '.
Mais cette lettre l'ut sans eU'et. Tandis ({u'Huienon, l'rère de
Bernard, s'emparait d'Evreux et ilévastait les environs, les
hls de (ieoil'roi, se jetant sur les comtés voisins, se rendaient
maîtres de Châteaudun -, et dépouillaient île ses honneurs le
Jeune comte Kudes.
J.e duc d'entre Seine et Loire, Hugues l'Abbé, retenu ii
'l'ours par une attaque iiiiiiiiueiite des Normands, ne pul
inler\(iiir contre les envahisseurs des pays commis ;i sa
li-arde. 11 a]ipela à son aide le roi Louis le Bègue qui était
alors a Saint-l)enis près de Paris. Le roi traversa la Seine et
se rendit à Tours où il tomba malade. Contraint par la
gravité des événements à user de prudence, Louis consentit
il recevoir en grâce le comte Geoff'roi et ses fils, auxquels il
conhrma les honneurs du comte Eudes ^ (878).
' Scrihil Hinrmurus CiuzUno pro llcrnartla nepotc qui seditiunem loiitnt
reçjfm iiioliri fi'rehalur, horlmis ut ah liac iiitcnlinnc sludral eum m'orare, et
ut ipsi' Ciizinuis fiit) iiullii carniili alfirlu a inln vin ({l'clliicl, fralirni ijuaque
suum , GozI'ikIuih , anninuncal ut uiiibn , mciiiorcs jjaientuin suurum, a /iilei
siucerilate non àrgenerenl (dom lioiiqiict, Vlll, 154).
- IliiHiii.ir riiji|iorli' qiio les lils de (icullroi ilii M;iiiii' s"riii|i.ir<"'r('iit .ilois (11111
iii.sli'llum ;i|)|i;irlniaiit -iii lils du déruiit coiiili' lùules, castrlluiu filii Udunis ,
quondam romitis, invaserunt. Or le comte JMides ne possi-ihiit en ci'llc \r</m\
•|ii(' ('.li;iltaiidiiii cl |t/'iil-rli(' Clijirlrcs; Cliailics avait litre de vivitas, le
ruslellum , dniit il t-st ici iiiieslimi, ne jieiit doue être (jut- Ciiàteandiiii, ijui
avait elli'cliveiiieiil dès lors le lilre do castellum : sur les deniers carolinf^iens
lin IX'' siècle, cette ville est a|i|ielée CASTKL l»VN() , liVMS CASTKI.I.d.
•' Ludoviius , suiidi-nlr Huijiini', alihutr et iiitirkiunr , prirexil ullni
Sequnnum , tum prti auxilin Uuijnnis contra Niirtmaunos quam cl pnt en qutnl
/ilii Coifridi tnstrUnin et hnnnrfs /ilii Odoiiis, qunndaiit ciimitis, inrasrraut,
i-t Iniuii), f'niter Ik-rnardi. iiiurkiunis , Kbnirt'usi-m (iritnlfin usurpans,
niullus drpiiiedalidues rirrumrirra in ilhx reijinnihus exi-i'cchal... El venicns
Ludinirus usquc l'uronis, inliimatus est usque ad desperationem vitae; seil...
aliquanluluni ronviilfsrens... renit ad runi Citzfiidus , nildurens seeum filios
.suo.v, ca ciiuditiiiiir ut caslrllum et liniiorrs quns ntrusrrant. l.udiiviia rerji
reddi-imt, el pustea prr rancessinnini illins Imliireiit ,1//// Idiliii.. ad ami.
S7S, (Iniii ilnlKinrl, VIII, "IH).
— 04 —
Moins d'une année s'était écoulée que Louis le Bègue mou-
rait H Corapiëgne, le 10 avril 879, à l'âge de trente-trois ans.
Il avait épousé, encore tout jeune, Ansgard, la sœur d'un
comte de ses amis (mars 862) *. De ce mariage il avait eu une
lillc Gisla, et deux fils, Louis et Carloman, qui, après sa mort,
fiu'ent sacrés rois au mois de septembre 879 et se partagèrent
ses États en mars 880.
Louis et Carloman étaient fort jeunes ; ils avaient à peine
quinze ans l'un et l'autre lorsque leur père mourut. Aussi
est-il naturel qu'ils aient recherché la société de jeunes gens
de leur âge : cela explique la haute faveur dont jouirent sous
le règne de ces princes les deux fils du comte Eudes. Robert
semble avoir été lié d'une amitié toute particulière avec le
roi Carloman, qui lui donna sa sœur Gisla en mariage -. Gisla,
d'ailleurs , peu de temps après avoir épousé Robert, mourut
à peine âgée de vingt ans.
Robert n'avait ni titre ni honneur lorsque son frère Eudes,
comte de Troyes, le mit en possession de la villa de Chaource
en 877 ; mais, après son union avec la sœur des rois Louis et
* Ce comte s'appelait Eudes. Ansgard et Eiuhis étaient les enfants du comte
Hardouin. Eudes, flls d'Hardouin, ne peut être confondu avec le comte Eudes
de Cliàte.iudnn, mort en S7I. Le 13 janvier S.")l), Eudes, fils d'Hardouin,
doinia, du conseutemeut de sa mère, ^Varinll)urge, diverses terres à Fiddjaye
de Sain(-Alaur-des-Fossés pour le repos de l'àme de son père, Hardouin.
(Cf. Tardif, Monuments liisloriqurs). La charte est datée de la li)"" année du
règne de Charles le Chauve. Or, eu janvier NÔ!», Eudes de Cliàteandnn, révolté
contre Charles le Chauve et dévoué à la caus(! alors trioni|ihaiite de Louis le
(Germanique, n'aurait pas daté une charte du règne de Charles le Chauve. —
Ce doit être le comte Eudes, fils d'Hardouin, que Charles envoya eu ambassade,
avec un antre comte Hardouin , auprès de Louis le Germanique eu X7(J
(Cf. Aiin. Beii., ad ann. <S70, doni iJouquet, Vil, lOil).
2 Gisla, fille de Louis le Bègue et d'Ansgard , n'a pas été mentionnée par
l'Art (le vérifier les dates ni par aucun auteur moderne. Sou existence cependant
a été connue des auteni's de. la fin du XVT'^ siècle et tin comnieuc(>meut du
XVH'' siècle. Gisla, eu elfet, était signalée dans le cartulaiie de .Moiiliéramey ;
mais ce cartulaire fui perdu vers le milieu du XVH" siècle, la lrac(^ de Gisla liit
effacée et les historiens postérieurs nièrent l'existence de cette princesse. Grâce
à la précieuse analyse du cai'tulaire de Montiéramey qui nous a été conservée
par Andi'é Duchesne, il est maiulenaiil eertain (pie Louis le Itègue eut une fille
de ce nom (Cf. A. Giry, Eludes rarolinj/., livre cité, p. Gîl)). — On sait que
Carloman, frère de Gisla, mourut à l'âge de dix-huit ans eu 884 [Annales de
Saiiil-Vaast} ; il était donc né eu 8(j(i. Son frère aîné. Louis, mort en 88ïJ,
dut naiti'e dans Tainiée (pii suivit le maiia^e de Louis le l!ègu(;, c'est-à-dire
en 8(10. Quant à Gisla, morte avant Carloman, elle naipiit vraisemlilahlenieut
en 804 ou 805. Tous les enfants de Louis le Bègue et d'Ansgard mourui'cut
donc avant d'avoir accompli lem' viniitiènie année.
— fi5 —
Carloiiian'. il sc-leva rapidement aux plus hautes charf,'es. Il
devint daljord comte de Troyes : son frère Eudes lui céda
ce <j^ouvern<'mcnt vers 880. lorsque lui-même lut rentré en
possession (Us honneurs du I)uuois et du ("iiiirtrain qui lui
avaient été- e*nlev<''s par les hls do Geolli'Hi. comU' du Maine -.
Plus tard, Robert devint ministre j^alatiii : il portait ce titre
quand il donna à l'abbaye de Montiéramey sa ^ illa de
Chaource^. Sa fortune était donc à sou condjlc lorsfpiil périt
à la Heur de l'âge dans un combat contre les Normands.
Tout le monde connaît la lutte mémorable que les Pari-
siens soutinrent en 880 contre les pirates ilanois. Cette lutte
a été curieusement racontée par le poète Abbon, moine de
Saint-Germaiu-des-Prés, et ténu)in occulaire des diverses
' M. F. I.ol m";! liiil oliserver que, d'après ma tlirso, Robert ilf Troyes cl
(li.-la ('laieiit cousins au 7*^ degré, connue l'étalilil li' t.ihliaii i;énéal(igi(|ne
suivant :
N
I
Eudes, eomtc d'Orléans, (iuillaume, eimile de Itlois,
t s:ii. t ^31.
I I
H( rnieutrude Eudes, comte de Troyes,
épouse le r(»i Charles le Chauve. f S7I.
I I
Louis le hègue Roliert de Troyes
épouse Ans!,Mrd. épouse Gisla.
I
Cisia
épouse Rohi'il de Troyes.
Je crois hon de noter, à ce propos, que l'Église, au iX« siècle, se montrait
bien moins sévère qu'elle ne le lut dans la suite à l'égard des unions entre
prothrs parents. Kn rctlr matJt'Ti', les rè),des canoniques étaient encore loin
d'être fi\éi's. i)'apn''s Ualian .Manr, son! scids e\|ii'essénii'iil interdits les
niaria^res jusqu'à la ïi-^ génération icousins au \' degréi. Hahan Maur s'enqiresse
d'ajouter (me, si l'on vent s'abstenir de se marier nn'me jns(]u'à la ô''. 11" ou
7° génération, il ne tailt pas ICmpècher, mais pinloi lapprouver. C'est là un
conseil et non pas un ordre iC.t. ilaban Manr, Lh' cimsiiuiiuiiu-orum iiiipliis ,
.Migne, /*. A., t. 111), col. \W.i el ssv.i. — Celle opinion de l'un des |iliis
fameux prélats du IX"^ siècle suffit à prouver (jne Holiert de Trctyes, en épousant
Cisla, n'avait pas connnis (rinl'raclion an\ lois de l'Kj^lise, ijni n'él.iient jias, à
cette époipie el sur cett(! «piestion, ce (pi'elles lurent an\ Xf' et XII'' siècles.
- La première fois que Ton trouve Hobert nienti( • comme comte de
Troyes, c'est le 17 novendire SS-J i(iii\, Ktndis anvliug.. liv. cité, p. CUl.
— Il est bien certain (ju Kinles ne se serait pas dessaisi du lonilé de iro\es s'il
n'avait riTU d'antres honneurs en retour. Sa rentrée en cliart;e (lans le
pays charirain n'e^l pas d'ailleurs i bspothèse : en XSC», l'hislcnre nous
montre IJules délendaiit en |ier>onne la ville de Charlres (onlre les .Noiiuaiids.
3 Cf. Cil), liv. cité, p. \±).
T. Xil, .V. 5
— 00 —
péripéties de cet épisode des guerres normandes'. Dans son
poème, Abbon nous a conservé le souvenir des deux frères,
Eudes et Robert de Troyes, et les a peints sous le jour le
plus favorable.
Le siège de Paris par les Normands commença au mois de
novembre 885 et ne fut levé qu'au mois de novembre 880.
On sait avec quelle énergie se défendirent les Parisiens sous
la conduite de leur comte Eudes, fils de Robert le Fort.
Aussi, après plusieurs assauts infructueux, un grand nombre
d'assaillants se décidèrent-ils, en février 880, à s'éloigner des
murs de Paris. Ils se répandirent dans les contrées voisines
pour s'y livrer au pillage. Le pays de Troyes fut le but d'une de
leurs premières expéditions ; d'après Abbon, aucun Normand
n'y avait encore pénétré. C'est alors que le jeune comte
Robert, surpris par une troupe de pirates, trouva la mort dans
sa propre maison. Voici comment le poète Abbon raconte l'évé-
nement : « Les Normands montent sur leurs coursiers plus
rapides que l'oiseau et se dirigent vers les contrées qui res-
taient seules à la triste France encore exemptes de ravages.
Ils détruisent toutes les habitations dont les^naîtres ont fui
devant eux et attaquent celle de l'illustre Robert, surnommé
) le Porte-Carquois (Phnrctraliis). Un seul chevalier était
avec lui pour le servir ; une seule maison les renfermait
tous deux. — Je vois, dit le chevalier à son seigneur, je
vois des Normands accourir à grands pas. — Robert veut
prendre son bouclier ; mais il ne le voit plus, sa troupe
) l'avait emporté en allant par ses ordres à la découverte
) des Danois. Cependant il s'élance sur eux l'épée nue, en
) perce deux et lui-même succombe à la mort le troisième,
) car personne ne vint à son secours. Son neveu Alleaumc
> était alors avec la troupe de ce comte : grandement
) attristé, il s'écrie : — Allons, braves guerriers, prenez vos
) boucliers et vos armes, et courons venger la mort de mon
> oncle. — Il dit, et marche sur. la villa, attaque les infâmes
) brigands, les bat, les massacre et remplit toute l'habitation
> de leurs corps expirants - » (février. 880j.
^ Récerainent, riiisloirc du siège de Paris par les Normands a élé étudiée
d'iiiK; Façon 1res r('mai'(|iial»lc jiar .M. ImI. Favrc dans son livre snr le roi Eudes,
Eudes, comte de Paris et roi de Frame, t'ai'is, 1(S!);^>, in-S".
- Aldion, 1. I, vers 438-460, traduclion Taraniie, 1129- 131. La inésence de
Alleaumo, qui vongca si ônorgiqiioiiiciil la mort do sou <>n<k'
Robert, lui succéda aussitôt daus le couité de Troyes'. Eudes,
ïvl'H- du défunt, aurait du recevoir cet héritage; niais il
était lui-iuèni^' occupé à repousser les Noruiauilsdu Char train,
et le pays de Troyes ne pouvait, eu ces circonstances,
deuH'urcr sans défenseur-.
Oaiis le niênic temps, une .luiic intupc de .Noruiauds s'(''tait
éloignée de Paris pour ,i11it piller les jiays occidentaux de
la (Jaule. Ce lui le < li.uirain et le Maine ({ui eurent (labord
à soulliir lie leurs brigandag-es. Le comte Eudes, de Chartres^,
Koliorl . comle de Troyes, et lie son neveu, Alleaunie, dans le poème d'AltIjon,
m'a été sitriialéi- par)!. .\iii,'. I,oiii,'ii(tii. l'iie cliai'lc du cn'lidaire de .Monliéraim-v
rend certaine l'iilentilicalion dn ronilc iîolii'il duiit il i-st ici (|uestioii avec
llohert, comte de Troyes. Dans celle charte, datée de Ml)3, Alleaunie, comte de
Troyes, appelle son prédécesseur, lîolieit, aviinriilus nosh'r, connne il le fait
dans le poème ((iiry, Elwlcs caniliiiijieuiies , liv. cité, p. \?>',)).
' Alleaume, devenu comte de Troyes, est signalé de nouveau dans le poème
d'.Mdion connue accompagnant Eudes, comlc de l'aiis, (pii, au mois de juin SX(î,
revenait d'Allemai^nc, où il avait été deniandei' des secours à l'empereur (.\lilion,
I. Il, vers !20!I-!2I(), p. IN|-ISI>,. La dernière fois que nous voyons .VIleanme
agir dans les cliaitcs connue comte de Troyes c'est an mois de lévrier S!i:î. A
celle date, il confirme à l'aldiave de .Monliéraniey la villa de Cliaource ipie son
oncle lloltert avait autrefois donnée à ce monastère. Cet acte nous apprenil (lue
la l'emme d'Alleaume se nonmiait Ernieiiganle (Ciiry, El mies ca roi.. \). ilK>).
I)'après le iiécrologe de .Monliéraniey, Alleaunie mmiml le ilii aviil d'inie année
inconnue, A Kalendiis maii, obiil Adelcnnus. cornes [WM. Nat., rollert.
Uurliexne, T. .\M, i" 7). An mois de décenilii-e ',l;2(i, le successeur d'Alleannie,
Richard, comte de Troyes, est nommé dans un diplôme du roi Raoul itiiry,
ibiilnii , p. i;Ui. — .M. d'Arliois de .Inliainville , dans son Hisloire des comles
de Cltuiupaiiiie, a nié à tort lexislence d'Alleaume et de Richard en tant cpie
comles de Troves. M. Ed. Favre n'a pas mieux réussi daus l'essai qu'il a fait
pour reconvlilner la liste des comles de Troyes à la fin du W" siècle. Ci'. Eudes,
comte (le l'aiis el roi de Fraïuv. p. 'l^)'l-:i[)[\ .
^ Vers l'année l(l:iU, le cdmli- de Troyes étant deMim vaianl pu la mort
d'Etienne de Verinandois, le comte de Idiarlres, lùides II, malijré l'opposition
dn roi Rohert le Pieux, recueillit la succession du comle définit. 11 est possihie
qu'il ail lait valoir eu celle occasion les dmils dont son aïeul. Eudes de rjiarires,
avait été frustré en SS(>. Jusqu'à ce joiu', la succession d'iùides au comié de
Troyes vers IU:2U a paiii dillicile à comprendre. 1/explicatioii que j'en
propose peut fairi- disparaître en partie cc'lle dillicnllé.
■' AIiIkoi, en parlant de (ieolVioi du Maine el d'Euiles de Chartres, s'exprime
ainsi il. I, v. 11.");} : IklUyeri fueruitt l'dduiiis consulis iniihu. C.'élail donc,
il'après Ahhon, Eudes, comle de Paris, (jm avait chargé Eudes de Chartres
de comhaltre les pir.ites danois. Ahlmu écrivait c(^s vers alors qu'Eudes de Paris
avait éié élu roi. Du reste, dès le mois de lévrier SSIi , le conili' de l'aris était
en réalité l'àiiie de la résislance faite aux Noriiiands, el comme il lut,
quelipies moi> pins tard, nommé duc d'entre Seine el Loire, il devint , depuis
lors, chef imniédial dn comle de Charlres.
— 68 —
aide du comte Geoffroi, du Mans\ vint à leur rencontre pou
de jours après que son frère Robert eut perdu la vie en
voulant chasser leurs congénères du pays de Troyes. Mais
Eudes fut plus heureux que Robert. Un combat terrible eut
lieu près de Chartres, et les Normands taillés en pièces
laissèrent plus de quinze cents morts sur le champ de
bataille (février 886) 2.
Les pirates n'eurent pas un meilleur succès dans le Maine,
et aucune ville de Neustrie ne céda devant eux ^. Abbon, en
racontant ces événements , a consacré à Eudes do Chartres
quelques vers qui nous sont précieux, parce qu'ils témoi-
gnent que ce comte n'avait pas dégénéré de ses aïeux : « Cet
» Eudes, dit-il, lutta bien des fois dans la suite contre les
» Normands, et toujours il en fut vainqueur. Il avait autre-
» fois perdu à la guerre sa main droite et l'avait remplacée
» par une main de fer qui ne le cédait pas en vigueur à la
» première*. » — Abbon écrivait cela vers 896. Par consé-
quent, depuis 886 jusqu'en 896, Eudes s'était signalé par ses
victoires contre les Normands. ^
Je ne puis ajouter aucun détail à cette simj^le assertion du
* On a vu précédemment qu'eu Tannée 878 la ville de Cliàteaudun est
signalée par Hiiicmar comme appartenant au jeune comte Eudes. 11 y a, dans
le fait de la déteuse de (lliartres par le même Eudes en XS(1, un indice impor-
tant (pril est bon de mettre en lumière;, indice qui tend à pi'ouvei' (|u"à cette
époque les pays de Cliàteaudun et de Chartres étaient détendus et administrés
par le même comte. Cela confirme également, en une certaine mesure, la
supposition que j'ai déjà faite poni' plnsi{>urs antres motifs, à savoir ipTEudes,
comte di' Cliàteaudun en NiO et père de celui dont il est ici question, était aussi,
très probablement, comte de Chartres.
- Carnoleno innumeros ronflirtus ripplicuennil
AUophijU., rcrnm litjiierc aidavcrii m il le
Hic qnini/enla si m ni, rtibco populante diiello :
Una (lies islum voluit sic ludere Itidum,
His ducibiis, Godefredo necnon et Odone.
(Abbon, 1. I, vers lU8-65'2).
^ Nec satins quidquam sortili apud hi Cinomannos,
Ihiud equidem reliquae cessenint suavius urbes.
(Abbon, 1. I, V. 658-659).
* Idem Odo praelerea opposuil se saepitis illis,
Et vieil jiigiter rietur. Heu ! liquerat illuiii
Dextra manus bello quondain, cujus loca cinxit
Ferrea peiie vigore ni h il infirmior ipsa.
(Abbon, I. I, V. G54-G57).
— 69 —
iiioine (le Saint-Oormain-des-Prés; car je ne sais rien do
plus positif sur les expéditions qu'Kudes put Taire à cette
époque contre les pirates danois. Los récits d'auteurs con-
temporains îonl presque entit'ronioiit défaut pour toute la
partie de iintrc liistoirc (pii s'f'tcinl de SIH» ;i '.>"J() environ.
Kt pourtant, durant ti's irciitf années, Jamais tant
d'événements importants ne dun-nt se succéder les uns aux
autres. C'est la [lériode [tendant latiuellc les Normands
exercèrent le idus de ravages, pendant laquelle le pays
chartrain lui-même eut le plus à sonllrir. Peut-être est-ce en
raison de l'étendue de ces désastres qu'il ne se trouva
personne poui" les raconter. Quoi qu'il en soit, avec les
(piehpies chartes (pie l'on possède, avec les récits des écri-
vains postérieurs, il faut suppléer à cette pénurie de docu-
ments et s'efï'orcer de reconstituer l'histoire de ces temps de
trouble, en se tenant toutefois en garde contre les nom-
breuses légendes qu'enfantèrent les guerres incessantes de
cette triste époque.
11 est tout d'abord nécessaire de réfuter une opinion
admise par plusieurs historiens relativement à un prétendu
comte de Chartres de la (in du IX'' siècle. On a souvent
répété que le comté de Chartres avait été. vers l'an 880, cédé
par le roi ;i un chef normand bien connu, Hasting, et que
celui-ci s'en serait peu ajirès (h'pouillé au profit dun comte
du iioiii de Thiliaut. — Pour saAoir (ptel cas on doit faire de
ces as.sertions, il est in(lispensal)le de réunir les renseigne-
ments positifs que les chroiiiqiieiu's nous ont laissés sur
Hasting.
La présence d'Hasting, danois d'origine, n'est signalée
pour la [tremière fois en Gaule, d'une manière certaine, que
dans le courant de l'année 8()(). A celte date, Réginon rap-
porte que Hasting- était il la tête des pirates (pu tuèrent, dans
l'église de Hrissarthe ', Ir dut- Kolierl le i-'oii. l>e SC.T à SS-,\
Hasting |)araît ne pas avoir (piitt('' les pays riverains de la
Loii'e, cai' il les l'avagea ;'i di\crses repris(>s. V.u SS"J, le roi
Louis 111. a foice (rarg<'nl, (»liliut ([u'HastiiiL;- fit re|>rendre la
mer ;'» ses compagnons. Les Annales de Saint-\aast ajoutent
(pie le roi, non content de traiter avec le chef normand,
' l!ri^'<;uilir, Maiiic-ii-Loirc, an' Scjjn' , c"" Cliàloauiicuf-sur-SarlIic
— 70 —
conclut alors une étroite alliance avec lui, volens AJslingum
in tuiticilinm rccipere, (/iiod t't focit\
Ce dernier fait est pleinement confirmé par ce que raconte
Dudon de Saint-Quentin - : « Dans ce temps, dit-il, la France
.)) était presque réduite en un désert; on tremblait à Tap-
» proche des Normands comme aux sourds mugissements de
» la foudre ; le roi des Francs ne savait que tenter pour
» résister à l'audace des païens. En ces circonstances, il prit
» une décision salutaire et résolut de faire un pacte d'alliance
» avec Hasting, le plus redoutable des pirates, afin que la
» paix conclue entre eux régnât dans tout le royaume...
« Des députés sont envoyés au féroce chef normand, qui,
» adouci par les sommes d'argent qu'on lui propose, consent
» à accepter la paix pour une durée de quatre ans. Pendant
» cette période, le roi de France et Hasting, étroitement
» alliés l'un à l'autre, vécurent en parfaite concorde, et le
» royaume n'eut plus à craindre de nouveaux ravages ^. »
Dudon devait tenir ces informations de personnes bien
instruites sur la vie et les actions d'Hasting. Tout ce qu'il dit
ici est confirmé par les annalistes contemporaî^is. D'abord, il
< Annales Vedast., ad ann. 882. Cf. Ann. Berlin., ad ann. 882.
2 Dudon de Saiiit-Oueutin , loiiglomps mis à l'écart comme nan-ateur pou
(ligne de foi, a été justement réhabilité par M. J. Lair en 1805. Aujourd'hui on
né saurait plus nier tout ce que le récit de Dudon contient de vérités cachées
sous un fatras de développements oratoires. J'ai eu moi-même à constater a[)rès
IM. J. Lair combien de cet ouvrage on peut tirer d'utiles renseignements pour
riiisloire d'Hasting. Tout récemment encore, un danois, M. Steenstrup, a été
amené à avouer que ce que l'on connaissait de plus certain sur l'origine du
fameux duc normand, Rollon, se trouvait dans l'ouvrage de Dudon iSteenstriq),
Etudes préliminaires pour servir à l'histoire des Normands, Caeii, 1880, in-8",
p. !)8-llt)).
■' Interea, dum quasi solitudo Francia déserta haheretur, dumque, veluli
tonitrualis mugitus rugientia arcana, pavidi Northmannorum ailrculus
formidarenfur, rexque Franeorum unde nudaciae pagannrum lio.stititer
resisteret non haheret, reperit consiliuni valde sihi suisque saluhcrrimum, ut
cum Alstigno nequiorum nequissiino focderaretur, paxque iotius iripii,
serenata ingruentium depopulalionniii tenipeslatc, inter utrumque haheretur...
Ijiriguntur legnti ad atrocem Alslignum pacifici. Dehinc vectigali pensorum
tributorum suuima mitigatus, et a Fraurigeuis crarli muneris pondère sensim
placatus, pacem qiiae postulabalur non abdieul diutius, rerum dut iillroncus.
Inconvulsa igilur praesulum pace firmata, ducitur ad regem, pepigitaue
inextrienhili foedere ohjmpiadis eum eo munera pacis. Qui imperialibus
compelenliis muluaque voluntate vieissini foederati , rtmcordes uuinniniter
sunt ejl'ecti, quievitque Francia, multimoda antehac ilepopuhttiDue af/lictif ,
cursuque illius temporis , hoslili peste privata , intumeseentium pagunoruni
vaslatione est libcrata (Dudon, édit. J. Lair, p. 13G et 137).
— 71 —
raconte comment le roi sallia avec Hasting; nous avons vu
que ce traité d'alliance eut lieu en 882. On sait de jilus par
les Annales de Fulda ' ([uà la même dale l'empereur Charles
le Gros achcjait la paix de deux autres puissants c-liel's nor-
mands, (iodcl'rui t'I Sigel'rui. Aussi est-il hors de tluute que,
pendant plusieurs années, comme le prétend I)udon, la ma-
jeure partie de la Gaule fut délivrée des incursions des pirates.
11 n'y fiil plus (pic les contrées septentrionales, telles que
celles voisines de la Somme, qui eurent à soull'rir des ra-
vaires de Danois venus d'Angleterre. I)mlon ajoute que la
paix entre Hasting et les Francs fut de (piatre ans « t'ofilcrc
ol\/iijii;itlis. n Ou ne peut s'empêcher d'être frappé de la
vraisemblance de cette assertion.
Il est en efl'et digne de remarque que, la même année
(pillasting (882), le chef normand, Sigefroi, tiaita avec les
Francs. Sigefroi, depuis ce temps, vécut à la cour des rois
carolingiens. En 884, il était auprès de Carloman et s'entre-
mettait entre ce prince et les païens qui désolaient alors les
rives de la Somme-. Deux ans plus tard, en 88t>, c'est-à-dire
quatre ans après le traité de 882, Sigefroi abandonne les
Francs et retourne tout à coup se Joindre à ses compatriotes
occupés à faire le siège de Paris ^.
D'après Dudon , Hasting suit la même ligne de conduite.
Ajjrès avoir conclu en 882 une trêve de quatre ans, il passe
ce laps de temps en boum' intelligence avec les Francs et
s'entremet entre eux et les Normands de la Seine. Puis, (piel-
ques années i)lus tard, l'histoire le montre combattant de
nouveau à la tête des pirates dan(jis. Le témtjignage de Dudon,
en ce qui concerne cette période de la vie du chef normand,
mérite donc toute créance.
•l'ai (lit (prUasting, à l'exemple de Sigefroi, s'entremii
entre les Francs et les Danois. Ce fut en l'année 885.
Au mois de Juillet de cette année, les pirates, (pu désolaient
le nord de la Gaule, abandonnèrent les rives de la Somme et
p('Mi(''trt'i-ent dans le cours <le la Seine: ils enti-èrenl le 'Si
Juillet a Rouen. Les Francs, sous la conduite de Renaud, iluc
' Ami. Fiihl., 11(1 itun. SS-J, doin lîoïKimi , Mil, \'l.
- .\un. Vriltist , (1(1 (iiiii. SSi, ihidrm . VIII. s;;.
•' Anit. Fuld., ad ann. HHij, ibidem, \lll, iH.
(lu :N[aine, tentèrent de s'opposer à leur envahissement; mais
ils lurent battus et Renaud fut (ur dans le combat ^ (vers
août 885). — Le récit de Dudon [)ermet de compléter ce
simple exposé des événements. Quand les Danois eurent pris
Rouen, ils descendirent le cours do la Seine jusqu'au villag-e
des Danips-, près Pont-de-l'Arche-'. Les Francs, ixyàni aussi-
tôt mandé Hasting, partirent sous la conduite du duc Renaud
à la rencontre des pirates et vinrent occuper le cours de
l'Eure près de son confluent avec la Seine. Renaud décida
alors Hasting à aller trouver les Danois pour leur persuader
de se retirer. L'entrevue de l'ancien chef normand avec ses
compatriotes a été rapportée par Dudon en des termes fort
curieux : « Les comtes francs, dit Hasting aux pirates, vous
» prient de dire qui vous êtes, d'où vous êtes, ce que vous
w voulez. — Nous sommes Danois, répondent ceux-ci; nous
» venons de Dacie ; nous voulons conquérir la Gaule. — Quel
» nom porte votre chef? — Aucun, car tous nous sommes
» égaux. » Hasting, voulant savoir ce qu'ils pensaient de lui,
leur demande : « Avez-vous jamais entendu parler d'un cer-
» tain Hasting, votre compatriote, qui vint auû-efois ici avec
» une grande flotte? — Oui, répondirent-ils, cet Hasting a eu
» de glorieux débuts, mais il s'est mal comporté dans la
)) suite et il a mal fini. — Voulez-vous, reprit Hasting, vous
» soumettre au roi Charles* et recevoir do lui on retour de
» grands bénéfices? — Jamais, dirent-ils, nous ne nous sou-
» mettrons à personne, et ce bénéfice seid peut nous plaire
>) que nous conquérerons par les armes. » Après ces pour-
parlers inutiles, Dudon raconte le combat qui s'ensuivit, la vic-
toire des Danois, la fuite d'Hasting et des comtes francs,
enfin la mort du duc Renaud (éd. Lair, p. 154 et ssv.).
Ce récit de Dudon, très vraisemblable, fut repris, une cinquan-
taine d'années plus tard, dans la seconde moitié du XP siècle,
parl'abréviateur de cet historien, (Tuillaume de Junnègcs, qui
amplifia et dénatura la narration de son devancier. Renaud,
' Ann. Vcdasl., ad ann. HH~t, dom l>uii(|iiet, Vlll, Si.
2 Los Damps, Eure, arr' Louviers, c"" Poiit-de-l'Arche.
•' Ihllo , (i Rotomo divulsis navUms, snbvelii/ur ad Archas usque qnae. as
Dans diciliir (Dudon ^ ('d. J. Liir, p. 153 et \'^^'\). Comme on le voit, suivant
Dudon, Rollou auiait l'ait partie de cette expédition.
* C'était Charles le Gros qui gouvernait alors la Gaule.
— 7:î —
ayant établi son caiiii» prrs du <<iiirs de rKurc. (Mi\ oie vers les
Danois Hastinj/. (lui, daiirés Guillaunic, donicnrait alors dans
la ville de Chartres, ([ni in Cnrnotonn tirhr inonilniliir '. Après
ICntrevue dJlIasIin^M't des pirates, après la bataille (pii ent
lien sur les bords de lEiirc , après la fnitc des Fi-ancs et
d'Hastinfr. événements qnc (inillanmc a rapportés pr('S(pi('
mot il mot d'ai^rès Dudon, se présente un passai/e ([ui appar-
tient vu projire an moine de .liimiè<j:es. Le comte Thibaut, dit
(inillaume, croyant (jiir l'occasion était favorable pour trom-
per Hasting", vint trouver le chef normand et lui dit sour-
noisement: « Ignores-tii (huic que le roi Charles veut te faire
« p(''i'ir pour se \ cnger de toi et te faire expier ce que tu as
» fait s(jullrir autrefois aux chrétiens : sois sur tes gardes si
» tu ne veux subir les plus terribles châtiments. » Hasting,
ed'rayépar ces paroles, vendit aussitôt sa \ ille de Chartres à
Thibaut, et depuis ce temps on ne le vit [iliis en Gaide-.
Ce marché conclu entre Thibaut et Ilasting est fal)uleux
et invraisembla])le. Et d'abord, il était contraire aux usages
do ce temps qu'un comte vendit à un autre sa ville ou son
comté : quand le roi confiait une ville h un comte, il ne lui
en (humait pas la ideine proprié't(' et il n'aurait pas toléré
(h' semblaljles contrats •'. (Guillaume dv Jumièges ajoute
(prilasting, après ces événements qui se passaient en 885,
ne reparut plus en Gaule : cela est faux, car les clininicpieurs
contemp<»rains le uKjntrent ravageant les rives de la Somme
pendant les années 8'.K), 801 et 802 (cf. Annules de Siiinl-]';i;isl,
' Tunr linin/ihliis, latins Franrii' diix. (ti/iiilu pariniioriim repciiliiio
(l'Ivi'iilii , Clan riiliila exi'rriluKiii virlitle, super Auluic /liiviiiiii ris nhviii^
prncessil, Haslinfjum , qui in ('.arnolma urhc murali(ilui\ oh pcrilinm lini/ui:
rum aliis Irf/alis pirmillens. ir clic le li-xlc de (iilillaiinii- tir .lllliiii'jïi's tel (jiit'
rolli'f if iiiN. latin l.^li'iT ilf la |iililiollii''i|iic iiatioiiaji'. l'.r iiiaiiiisii'il t-st un «les
seuls ijiii nous ait conscrvr rd-iivri- ilc (iiiillaiMni- df Jnniirijcs sans inl<'r|iola-
lions. (le passai;*' s'y trouve an lolio l'.M i". Cl. doni ltniii|iiet. Vill. :i.").*i.
- (lonsitlrrnns erijo Trboldus ronu's se (t-nipus rrppciissf uppnrlunum ml
(Itripirndnm Htislini/uni . Iulibu.s vrrbis falso apprit I illuni : If/uonis iri/ein
Kfinilum le relie niitiic uppi-lm' nh vhristiuuurnin sani/ninmi ti le nlini J'usnm
injuste'... Ilonsule nuleni tibi uf initinsullus puniniis. {Jnibus tri bis
Hiistinf/us tenitns, ninfestiin Cdriiolenitnt uibriii l'ethdlilo vriiilnlil, rt,
(lisirarlis luiinibus . iieirijir pitiferlus disparuil (l',utlhiuiiie dr Juinirtjrs,
ins. lat. i:)(ti7 de la IliM. Nat. I" l!l| r". iW. dmii |!)Mi<|n''l. Vill, 2.V.).
•'' Ces soiles de niairlié aniaieiit |mi , à la rii^neiir, s'ariomplir vers la fin du
XI" sièrie, an ternp< nù écrivait Cnillannie de .IninièLies. ruais, an |\'' xièele.
le roi seul pouvait disposer ainsi d'un ( oiiilé.
— 74 —
à ces dates). Il est en outre historiquement impossible qu'en
885 Hasting ait vendu Chartres à un comte Thibaut : la
Pet il e chronique de ïnhlmye de Bonne val en Danois nous
apprend on eftbt (pie TJiibaut le Tricheur, mort en 975, fut
le premier comte de Chartres ayant porté le nom de Thibaut ^ ;
ce serait donc à lui qu'Hasting aurait vendu la ville en 885,
et il faudrait supposer que Thibaut le Tricheur aurait vécu
plus de cent dix ans et qu'il avait déjà cent ans quand, en
905, il combattait contre Richard, duc de Normandie -. Enfin,
en 88(5, il y avait à Chartres un comte qui était Eudes et qui
tailla en pièces les Normands sous les murs mêmes de la
ville.
Il me reste à dire quelques mots des dernières invasions
danoises en Gaule, car le dénouement de ces luttes sanglantes
eut pour théâtre le pays chartrain.
Durant les six années qui suivirent celle où Paris fut
assiégé par les Normands (887-892), jamais notre pays n'eut
tant à souffrir de la férocité de ces pirates. Le résultat de
leurs brigandages fut d'amener la disette daïis le Royaume :
une famine terrible éclata en 892. Les Normands abandon-
nèrent alors le continent, traversèrent la Manche à l'au-
tomme et portèrent leurs ravages dans les Iles Britanniques^
' Le chroniqueur de Bonneval, qui vivait au commencement du XI^ siècle,
s'exprime ainsi eu piuiaul de Tliibaut le Tricheur, cornes Thelbaliliis prinius.
Ces mots, tirés d'une chronique locale presque contemporaine, montrent que
Thibaut le Tricheur fut le premier comte de Chartres de ce nom. Cf. René
Merlet, Petite, chronique de Bonneval, p. 19 et 'io.
- Ciuillaume de Jnmières est le |iremier auteur qui mentionne cette possession
de Chartres par Hasting. On peut s'expliipier comuient le récit de ihidoii a pu
ramener à taire cette su|ipositiou. Duddii montre Hasting vivant au milieu des
comtes traucs : (]uillanm(; eu aura induit (ju'Hasting, après avoir tait sa pai\
avec le roi , reçut un comté en retour ; et comme ce fut siu' l'Eure qu'eut lieu
Triilrevue dTlasting el des Danois, (iuillaume en a conclu qu'llasting était comte di>
(Chartres. L'idée de faire vendrt! Chartres à Thibaut devait se présenlei- à
l'esprit de Guillaume : car c'était une occasion de présenter sous un jour
défavorable Thibaut le Tiiclieur, lrom|iant par ses ruses le chef nuriiiand,
l'clidldiis ruines ad dccijiicndiiin llastiiit/iiiii talihiis vcrbis falso appel il i II uni.
— Aubri des Trois-Fontaiues a euiprinilé à Cnillaume de .lumiègcs le récit de
la vente de Chartres à Thibaut et a mis cet événement dans sa Cdu'onique à
l'année DOi : De IIaslin(/o veru diriliir fjiiod , eu m essel ei jiersuasiii» (jiiod oh
SKspiriiineni favendi Normanriis Karolo ref/i fuit invisus, prae timoré vendita
civilak Carnolo Turonensi eoniili, Theobaldo, clnni dtseessit elpost in Francia
non est visas {Chronicon Alherici, ad ann. 9()/(, dom Bouquet, IX, 03).
■' JSorthmanni, videntes omue regnum famé atteri, relicla Francia, tempore
(O —
Pendant |»r<'s de (luativ ans, on ne les revit [ihis en Ganle
(8t>:}-80(ji«.
Hastin.u- (|iii. de 890 ;i 8î>2, avait dévasté le bassin de la
Soninie, ai)i);(rait dès SUo, à la tète des Danois, établis ;i l'ciii-
bouchnre d<' la Tamise. Les chrdnifiuenrs aniz'b'-saxons
rae(tnttMit a\i'c détail les ({('faites (jne le loi AllVrd lui (it
éprouver dans le pays de Kent -.
Dans le même temps qu'Haslin^-, vers 802, HoUon avait
rpiitté la (Janle; Dndoii de Saint-Quentin ténioiy:ne (pie Rollon,
(pudques années après le sièuc de Paris, s'en alla avec ses
compaj/nons jj,uerr(jyer dans la (irande-13reta}j:ne^.
Mais les échecs (pi'ils éprouvèrent en Angleterre rame-
nèrent en Tiaulc un tii'aiid nombre de Normands. A'crs ]o mois
de novembre SIM», une llotille danoise reparaissait a l'cntréG
delà Seine sons la conduite d'Ilunedeus, et, avant Noël,
une muliiiude d'antres barrpies étaient venues se joindre à
elle*. Rollon était du iioinlirc de ces envahisseurs, mais il
n'était [las encore reconnu par eux comme chef suprême.
C'est ce ([ui ressort d'une noie liistori(pie d'origine ac^uitaine
aiitiiinul, mare Iransicrunf (Annal. Vedasl., ml uun. sr)2, dom bouquet,
Vlll, X!)).
' l'i'iuhiiil ce laps de temps aucun iliioiii(|U('ur contemporain ne menlioinn' la
pn'seiice des Nomiands en Gaule .
- Cf. .1. I.air. Inlnuliiriiiiii à rnlilldii ilc Dmliin de Stiinl-Qm'iilin ,
p. l.Vit). — Km SiKi, lliisinii; dispurait (l"An.i;lelenr ; il icvinl dans la suite sur
le coiilinent. Cf. Vila sancti Vivenlii, dom liouquel , IX, lltU.
•' Voir Duilan, éd. I„nr, p. l.'xS-HK). — Uudon laiipnrle l'expédilion de
Rollon ilaiis la (iiande-lîretagne après les si(''f,'es de baveux et d'Kvreux. iitii
eurent lieu vraisemhialdement en SilO, (piand les Normands allèrent |iiller
le Ciileiitin Ann. île S'iiiil-\'(i'isl , ad ann. SilUi. Rollon suivit donc le coin'aiit
qui, en K!l| ri X\\-2 , chtiainait les pirates en Ani;leteire. M. I.air, qin parait
n'avoir pas remarqué (|n"à celte épo()ue les Normands aliandoiuièrenl en masse
la (laiile |M-iidant rpialre années, a prétendu à toit qu'il fallait intervertir, dans
le récit de ItiKJon, i'ordic des ex|iédili(nis de liniion et placer lexpédition
d'Angleterre avant celles de baveux et d'Kvreux. Ihidon. ici i onune .nlleins,
n'est pas à reprendre. Il est vrai que, d'après lui. Rollon aurait été appelé en
(irande-Rn'l;iHne p;u' (inllnini-Allielslan . leiniel. suivant la C.hruuiijite siixunne,
serait mort enS'.Ml: mais ilaulres annalistes mettent cette mort en S!i:i
{('A. .1. Lair. Iiitinihirlion, p. .V.Mll;. Oiioi qu il en soit, il reste certain
(jnen XUi Rollon. cumnie Inus les autres chefs danois, avait quille la (iaule et
H,i\\ passé eu Anglelerie.
* l'rr idiiii lenipiis lleruni Nurliniinni , iiiiii iliiie niiiiin , Hiinedea imniine,
fl 111111111116 bnicliis ileruiii Setjiittiinm iiif/ressi Sorlnnniui vent, juin niitlli-
lipliifili^ jifiuris unir Sulivilnhin Ihiiiiini ilieliKs . liisam inifresAi (Ann.
\ediist., (id iinn. N!l(i, dom bnnqiiel . \lll. 'Jll .
— 76 —
où sont résumées avec précision les expéditions normandes
de cette époque. « Les pirates, y est-il dit, après avoir dévasté
» le nord de la Gaule, abandonnèrent, d'abord avec BaretS en-
)> suite sous la conduite d'Hasting, les régions maritimes du
» continent et se mirent à ravager la terre voisine de France -;
» mais ils furent taillés en pièces par les ducs de ce pays. Alors
» de nouvelles troupes de Danois entrèrent dans la Seine, et
« leurs chefs, trouvant Rouen et les cités d'alentour dépour-
)> vues de défenseurs, s'en emparèrent et s'y établirent. Puis
» ils élevèrent au-dessus d'eux et créèrent roi Rollon , qui
» était de leur race et qui fixa sa résidence à Rouen •"*. »
La conquête de la province do Rouen fut accomplie par les
pirates dans le cours des années 897 à 900 environ *. C'est
' Baret revint (i'Aiii;ieterre en Gaiilc, (■(imiiie l.i |)liiiiart des autres chefs
danois, car, le 30 juin 903, ce fut lui qui brûla la ville de Tours : Anno incarnati
Verhi DdCCCIfl. pridir Kalnidas jnlii , fcsto Sancti Pauli, refînante Car olo,
filio Ludoviri Balbi , post obituin Odonis reçjis in anno VI el Robert i abhatis
anno XV, iterum succensa est basilica Sancti Martini ctim XXVIII aliis
eccksiis ab Heric et Baret, Nortnmnnis , cum tolo cuatro (Cliron. de Saint-
Martin de Tours, dom Bouquet, VllI, 317). -^
- Il s'agit ici de l'Angleterre.
3 Et Nortniannoriim aliae cohortes Franciam siiperiorem dernslantes,
primtim cum duce Bareto, deinde cum reçje Astenco oras maritimas désertantes,
post(jN(im desolaverunt terram vicinam Francie , prosfrati sunt a vicinis
ducibus Francie. Deinde cum alia miiUitudinc Norlmannoruni Rodomum urbs
et vicine sibi civilates inventue vucuae vindicafe sunt ad habilandum a
ducibus eorum, qui elevaverunt super se ex eorum geute regeni nomine Rosum,
qui sedem sibi in Rodoma conslituit (Pertz, Scriptores , IV, l'23). Ces lignes
ont élé n-ritcs par un moine de Saint-.Martial de Limoges, au XII^ siècle. Elles
olïreni un résumé véridiquc des expéditions normandes de 800 à 000 environ.
On y voit que Rollon n'était qu'un chef secondaire avant l'invasion de <Si)G.
C'est |)récisém('i!t le résultat auquel M. Lair était arrivé au sujet de Rollon dans
son Introduction à PHistoire de Dudon de Saint-Quentin, p. W. Le moine de
Limoges a empiiuiié vraisemblablement ce passage à une ancienne source d'ori-
gine aquitaine anjourd'bui perdue.
"* Eu l'année 000, le roi Charles le Simple, in(iuiel d(! voir les pirates
s'établii' malgré lui dans son royaume, avait mandé à sa coui' les ducs Robert
et liicliaid, ainsi qu'liei'berl . conUe de Vermandois , et .Manassès, comte de
Dijon. Il voulait avoir leur avis sur la conduite à tenir vis à vis des envahisseurs.
Mais des disputes s'élevèrent entre Robert et Manassès; la conl'éi'ence n'aboutit
à aucun résultat, et personne ne songea plus à inquiéter les Normands dans
leur ciniijiièle. Rex cum Robcrto et Ricardo alque Heriberlo coepit sermocinari
quid de Norlmaunis arjercnt. Unde couti(/il (juudum die ul Manasses, quiilam
ex fidelUms Ricardi, régi loquens, quae illi non conveniebant de Roberto
locutus est. Quod ubi Roberto numialum est, ascenso equo , rediit in sua,
atque ita omncs discordantes sine ullo clj'eclu reversi sunt unusquisque in
$ua [Ann. Vedasl., ad an. '.M)U, dom l!oii(|uel, Vill, 03).
I I
alors que Rolloii lut proclaiiu' rlicl" par les autres capitaines
danois d(jnt les troupes étaient cantonnées dans la région
ronuKiisc '.
Kollon samiliipia daburd à asseoir solitlenicnt la ctUMpiéte
que ses compaynous avaient faite des pays riverains de la
Bas.se-Seine. Aussi, pendaiii une di/aine (rannées(900en\ in»n
;il»H» . la 'uiule septentrionale rm-cllc peu inquiétée par les
incursions des Danois.
<;ràci' ;i ce répit, pour ne citer qu'un cxeni[)le, Hervé, élu
archevêque de Reims le <> Juillet IHJU, pouvait consacrer les
prenners teniiis de son épiscopat ;i relcA er les murailles des
places fortes de son diocèse et ii réédilier un y:rand nombre
d'églises autrefois bridées par les Normands. Le 29 décembre
IKX), rassuré par la contenance des pirates, il transféra hors
des murs de sa cité de Reims le corps de saint Rend, qui
avait ét('' mis, (iuel([ues années auparavant, h lintérieur de la
ville par crainte des incursions danoises-.
Ce ne fut ([uc lorsque Rollon sentit sa domination sûrement
établie ;i Rouen (piil résolut de l'étendre plus loin. On était
alors en l'année UlU. Gui, archevêque de Rouen, venait de
mourir^. Ce prélat avait su prendre sur les pirates danois
' Rolloii n"cxori,'a jamais raiitorilé souveraine que sur les Normands de la
Seine. Pans le lem|is ni("'nie on eenx-ri le elioisissaicnt pour cliel', d'autres
piralrs, élal)lis à rrnihoinliure df la Ltire, ravageaient li' rentre de la (iaule.
Kn !Mi;}, iJaret et lléric |iillèrent et lirnièreiit la villi' de Tours ; ils |tonssèrent
Irins incursions jusqu'en Herry, où ils détruisirent labliaye de Penvre (c'"' de
Sainl-deorues-sin-la-Prée*. Cf. pièces jiislif. n" V. Ilastini;, de son eolé,
c'Iiassé d'Aiitrleterre, était rentré en (ianle. l'n auteur du \" siècle mentionne
une invasion de ce (errilde capitaine en i!oingOi;ue, peu d'années avant ^a
lialaille qui eut lieu à Cliarlies le "H) juillet iU I. .\u cours de celte expédition,
llastiui,' dévasta les rives de la Saune et ruina de fond en coiulile le iiKMi.i^lère
de Saint-Vivanl-eu-Ainous i.Iura). Cf. Vilu S. Mviiilli, doni Hoinpiel, 1\. CÎU.
Aucun de ces c.liels n'obéissait à lioliou. Plus dt- quinze ans après le traité
lonchi à Saint-Clair-snr-Kpte entre linilon et Charles le Siirqde, les Normands
de la Luire, snus la conduite di- leiu' duc Rai;nold, désolaient encore noire
pays (Flodoard, ad annus l):2;{-!i;{(l!.
- Cf. KIodoard. Hisl. eccl. /?e//)., I. IV, c. C!. dnm HoMipiel , VIII, p. IC.-i,
note fi et p. Ki;}. — Le récit de Pndon de Sanil-Hui'nlni nie i onlirnie dans
l'opinion que, de *.)()() à iljO, les Normands de la Seine tirent peu d'incm-sions
hors de i;i léj^ion ronmoise on ils étaient étalilis. Pudnn. en ellet . après avoir
montré (jne liollon avait fixé sa résidence à Itonen, d'où il ddiinnait sur toute la
roiilrée (éd. Lair. p. Htii , ne nienlionne aucune expédition de ce chef des |iirates
avant la tameuse campagne d)- UltMIJI que je raconterai dans la suite.
•• (iiii est si;.'iialé pour la dernière fois li- i(i juin '.Ki'.l, jour où il souscrivit les
décrets du concile de Trosli , près de Soissons.
— 78 —
un certain ascendant ; il en avait converti beaucoup à la foi
chrt'tienne \ et avait dû contribuer pour une grande part à
réprimer les projets belliqueux de Rollou. Mais le successeur
de Gui, Francon, se trouva impuissant à s'opposer à la lutte
qui était imminente entre les Normands et les Francs.
Vers la fin de l'année 910, Rollon vint assiéger Paris et se
mit à désoler les pays environnants -. Le roi Charles le
Simple, effrayé par cette brusque attaque, manda à lui l'arche-
vêque Francon et obtint par son entremise une trêve de trois
mois •'. Plusieurs puissants comtes de Gaule s'indignèrent
de voir le roi solliciter ainsi des pirates une paix déshono-
rante. Richard, duc de Bourgogne, et Ebles, comte de
Poitiers, lui firent savoir qu'ils étaient prêts à accourir ii son
secours et qu'il ne fallait à aucun jirix transiger avec les
Danois *. Rollon, instruit de l'alliance prête à se former contre
lui , n'attendit pas que ses ennemis eussent réuni leurs forces ;
il ronqjit la trêve et fondit à Timproviste sur les Francs :
puis, pour terrifier le duc Richard, il envoya ses navires par
le cours de la Seine et de l'Yonne portei' leurs ravages
jusqu'en Bourgogne ^ A Auxerre, les Normandes furent taillés
en pièces par les habitants qui (Haicnt allés à la rencontre
des pirates sous la conduite de leur évêque Géran ". Trois
' On possède une longue épître (rHervé, archevêque de Reims, en réponse à
une lettre dans laquelle (hii lui avait demandé eoiiseil sur la conduite à tenir
vis à vis des Normands nouvellement conveitis (Cf. Labbe, Concilia, T. IX,
col. iHi-W-i).
• 2 [l\ollo\, Parisius veniem, cocpit urbem oppugnare et terram super
inimicos siios devaslare {Dudon, éd. Lair, p. IGO).
3 Francon, au rapport de Dudon , était alors assujetti à Rollon. Karolus rex
rofjavil ad se ve)iire Franconcm , Hotoiiiagcnscm episropum, HolUmi jam
aùrihulitm [Dudon, édit. Lair, p. 1(10). C'est une nouvelle preuve que Rollon
dominait souverainement à Rouen bien avant le traité de Saint-Clair-sur-Kpte.
1 Dudo7i, édit., Lair, p. IfiO-lOI.
^ Illico Rollo... coepil laniare et af/liijen: atqiicdclcre populuin. Sui (luleiii
in Bmi/utidiam percjentes , perque lonum in Sigonum navigantes, tenusque
amnibus affines us(]ue Clarum Moiilew undiqnc seciis devasiaitics, Smonis
pivvinciam invaserunt , atque cunclu dcpupiilanlcs ad Sanctiiin licucdiclum
contra Hollonem revenerunt... Stampas eqicidem adiens, [Rollo] totatn terram
adjaccnton pcrdidif, quaniplurinws captivavit. Inde, ad Vilemetz veniens,
fiuilinias taras praedavil , kiucque l'arisius rcmcare ucceleruvil {Dudon,
éd. Laii', p. 1(31.)
'^ Géran avait été élu évêque d'Auxerre le li janvier 910.
— 70 —
étendards furent pris, deux chels laits prisonniers ; on pré-
cipita l'un d'entre vn\ du liant des murs de la ville'.
Toutclois celte résistance di^s Auxt-rrois ne fut <.;uère (piun
t'ait isolé. Après avoir dévasté la li<nir^oyne supérieure, les
Normands «lescendirent la Saône, puis remontèrent vers la
province de Sens, en sui\ant la Luiii'; ils séjoui'uèrent au
monastère de Fleury oîi ils rejoiy:nireni Knllon ; de lii ils .se
dii'i^èrent sur Etampes, ensuite sur I»reux, campi-rent à
A'illemenx ■-, près du cours de l'Eure, enlin revinrent vers
Paris, ne laissant sur leur passaije que la ruine et la mort.
Entre I)reux et Paris, RoUon l'ut arrêté dans sa marche
par un obstacle inatten<lu. Les paysans des reliions sacca^ifécs,
s'étant rasseml)lés en grand nombre, voulurent barrer la
roule aux Normands; mais la i)lu[)art étaient sans armes, cl
ceux qui en portaient ne savaient même pas les manier :
Kollon en lit un uraud carnage et mil les survivants en
(h'route •*.
Ces événements se passaient vers le milieu de l'année '.>11.
A la nouvelle de l'apprijclie des Danois, le comte Robert, lils
de Robert le Fort, s'était jeté dans Paris avec Manassès,
comte de Dijon, l'ini des plus bi'aves cai)ilaines de l'époiiue*.
Décidés à tenter un effort sui»rênic contre Rollon, ils écri-
virent au duc de Bourgogne. Ivicliai'd. [lour ([uil \iiil unir
SCS forces aux leurs : « Sachez, lui dirent-ils, que nous
» .sommes sortis de Paris [lour aller à la rencontre des
' [Gerannu.s , ciiiii mis tnnlum urbc cgressus, spenilatorcs pideiiiillil ,
Aos^CAf/Mf iuvenil : niilur belluiii , jKililnr Victoria , eî , pro/lifidlis ailversariis,
Iri't illonim n-irliKnlnr Inljuni. Dun illic hoslium iiohiles ranli siinl. iiuuntiii
uniis il' iiiuro ciritutis ijntisi ipilaliis periil Vilu sanili (icniiiiii , ituclore
anonyiiio roaevo, Hollaiulislos, Acla Sanctorum, tome XWili, \>. .V.lSi.
* Villcmctix, ^'ll^'-L•^Loi^, arr' Dreux, c"" Ndgeiit-le-Roi.
•' L'IiisliMif iiiriiiioiiiii' |)liisiciirs soiilrvemciils aiiaioi;iii'S di-^ paysans trciilre
Sciiii- f't Loire toiilri' les Noriiiamls. Kii i'uiiiiée S."»!l, viilijua pinmisi uuiii iiitvr
Sequaunm vt Ugeiim inler se conjuraiis adversus Uaiios in St'(]uana consis-
tfnU'.s , finlidr ii'xislit ; si'd , ipiia inraulr .siisicplit r.st eiiium nniJHrdliii . a
polfulionbus nnslris ftnilc lulfificiiinliir {Ann. Ilrrliii., ad an. S.V.t, dnni
lîoïKjUfl . VII, 7 II. — Km Hi')"!. ijuand les moines de .*>aint-.\laur-sur-Loire se
n'-lngirrent au .Mesie, au pays de .Secs, l'évriiuc de Sées , llildehrand, élail
occupé à dirij.'er une expédition };éuérale du peuple contre les Danois, et il ne
pnl venir recevoir le< relicpies de saint .Maur que les moines apportaient avec
eux (lioin l!un(|uet, Mil, ii'iT).
* l»uclie>ne, dans son Hislniir ilr la maisim de Vfi'ipj, a tort bien résumé
tout re i|ue l'on sait sur u* comte de Dijon.
— 80 —
» Normands: mais ne les ayant pas trouvés, nous sommes
» l'onlrés dans la ville, o\ nous vous faisons demander si oui
» ou non vous viendrez ;i nous '. ■> Comme on le verra par la
suite, Richard répondit à cet appel.
Cependant RoUon s'était arrêté dans sa marche sur Paris -.
Pour enlever aux paysans de la Beauce toute pensée de
tenter contre lui une nouvelle attaque , il fît brusquement
volte-face, envahit les comtés chartrain et dunois, et y
mit tout à feu et à sang. Puis il se dirigea sur la ville de
Chartres, résolu à la détruire de fond en comble-'.
De même que, Tannée précédente, Tévêque Géran avait
été forcé d'organiser la défense à Auxerre , de même l'évêque
de Chartres, Gousseaume *, était alors seul pour défendre la
cité. Dès (pi'il l'ut averti des intentions de Rollon , il manda
au comte Robert d'accourir h la rencontre des Normands ^
' Cottfî letlre est transcrite en marge d'un manuscrit de l'église cathédi'ale
de Chartres (Bibl. commun, de Chailres, ms. i)2, l'J dH V). Les auteurs
du (Attalojjuc des manuscrits de la Bibliothèque de Chartres ont, en 1890,
édile ce curieux documcnl ; mais ils n'y ont ajoulé aucune note et ne
scmideni pas en avoir compris Initérèt. Ils ont sans ddfete cru que le duc
Richard, dont il est question ici, était un duc de Normandie, cai' ils attribuent
cette lettre au XI'' siècle. Leur erreur est évidente. L'écriture de cette courte
missive appartient au conmiencenient du X'' et non tm XL" siècle. L'époque où
elle fut transcrite est déterminée par ce fait que, dans la même marge, ont été
ajoutés, d'une écriture contemporaine, ces mots : Galterius arcliipresul, Gautier,
archevêque de Sens, de 887 à !)'23. Voici en quels termes esl conçue cette
lettre: Botlicrlus, cornes, et dux Mariasse Richarde romiti, salulem. Scitote
(juoniavi fuiinus perrecti contra JSorniannos, sed non invenientes , regressi
smnus Parisius, millentes ad vos, et requirimus ulrum vos necne venielis ad
nos. — On coniprrnd aisément la raison qui, en l'année 1>II sans doute, fit
copier, dans un mannsciit de l'église de Lharlres, cette lettre à hupielle la cité
dut son salut; car ce fut grâce à la venue du duc Richard que Rollon et ses
compagnons purent être nqioussés de Chartres par les Francs.
- (le doit être à cause de ce brusque changement de direction dans la marche
de l'armée danoise que Robert et iManassès ne rencontrèrent pas les Normands
dont (111 leur avait amioncé raj)j)roche.
^ Poslea liollo, niniio furoris aestii inhians et flagrans, super suas
inimicos, civilateui Carnolis hostililer expeliit , atque Dunenscni contilaium et
Carnotensem vastans , cum nnn/uo exercitu obsedil (Dudon, éd. Lair, p. 10:2).
'* Le souvenir de révè([ue (ionsseaume était encore vivant à Chartres an
XIIL' siècle (Cf. Le livre des miracles de ISotrc Dame de Chartres, par Jehan
Le Marchant, édit. Gratet-Duplessis, p. 181 i. Dans les chroniques latines
imprimées, cet évè(|iic est ajipelé Watti'tmus. .Mais la forme populaire du
Xlil'' siècle, (ioiisseanme, monti'e que son vrai nom était Walr.elinus.
^ Misit ad Francos hujus maestiferae teyaliunis ntinlios. Dudon ajoute (pie
Gousseaimic écrivit aussi an duc Richard et à Ebles de Poitiers ; mais ces
î
— 81 —
Robert vouait (ropôrer sa joiictinn avoc lo duc Hicliaid.
Los doux ariuôos trauquo ot bour^ui^nutuuo attoi<j:uirout
f'hartros lo sauiodi 20 juillet '.Ul. Counut' elles ai'rivaieut .
Rollou (''tail»sur le poiut do s'eiuit;irer de l.i ville '. Lecouibat
fut acliajMK' dos deux côtés; luais, taudis que les troupes do
RoUou élaioutauxprisosavcc collosdo Richard ot do Robert,
l'evéiiui' Goussoauuie, revêtu dos habits poutilicaux, outouré
dos honiuîos dariuos de la cité, sortit de ("hartros touaut ou
uiaiu la croix et le \()ilc de la vioriifo Mario -. Tous les habi-
tauts et les clercs le suivaiout. Ils foudiront par derrière sur
les païous, et ootto iutorveutiou iuatteu<lue (h'cida du sort do
la journc'e''. l'i'is entre deux ennemis, les Normands se mirent
c;i|iilaiiics lievaifiit avoir ctr prévenus aupaiavaiil ; sans cfla ils naiiraii'nt pas
l'ii If tcmiis d'aiiiviT. On a vu que c'était Uohei t qui avait l'ail venir KielianI
(et. pins liant, p. SI), imtc I i ; il ''n fut sans (lnule tle nirnie pnnr le coniic Klilrs.
j.e nmine l'anl, anlmi' dn lailiilaiie île Saint-Père de (lliailres, alliinie ipie
l'évèque (Jousseannie écrivit alors non seulement au duc de Honrgogne et au
eonile de Poitiers, mais aussi à deux puissants comtes des hancs, duos
iitileiili.\.siiiios Fruiiciiii- rdiniloi : il s'aj^it sans donte des lonili'S Kolicrl et
Glanasses. Ce renseii,Miemeiit , qui ne se trouve |)as dans l'ouvraije de Pudmi,
prouve ([ue le moine l'aul ne s'est pas contenté de copier le récit du doyen de
Saint-Ont'iilni d quil a eu à sa disposition (pielque antre document, prolia-
lilcmcnt d'origine locale [Carliil. <lc Saitil-I'èrr. y. 't~ i.
' ItCC.C.C.XI. Hoc aniio, XII \l \ lùilendas aiti/iisli. in sabhalo, cum nhsi'Irrent
Noiiinaniii Cunioliiuim urbrm , et jum iimilKs csscl rapinidn^ sui/errriiifiilcs
liicardiis ri linthhi'rlus comilcs, uiiiiiijxdrnlis Dci auxilio et hratue Muriuc
patroriniu lobtirali, fvcenutt slnigcin maximum jinijanovum , a paucix qui
remauserant ub.sides capieuli's \Aiiii. Sanriac Coluiiibnc Si'tioiwiisis, l'ert/,
.S'N. 1, IIH). — l'Ins de vingt clnuniqneurs des siècles suivants incnlionneiil If-
siège de (lliartres; mais ils ont tons pnisé leurs renseignements à deux somces
qui sont certainement dorigine contemporaine: les Annales de Sainte-Colombe,
que je viens de citer, et la (Jiniiiiqitr de S'iitit -Maurice d\\iii/ers , ipii
s'i-xprinii- ainsi : l)l',('.(i(",Xl. apinl ('.(trunlum innelialum est die nabbiili nuit ni
pafffinos per Hichardum atipie Hntbertiim duces, et peicmpti sutil fartissimi
piKfunorum 17 millin iH'AJ.C {('.liraiiii/. des éi/lises d'Aujnti. par Marcliegav et
.Malnllc, p. S .
^ Celle antique relique, encore conservée à Chartres aujourd'hui, aurait été
donnée, suivant la traditinii, à Téglise de No!r:'-l)ame par Charles le Chauve.
Oiioi qu'il en soit, il est hini certain qu'elle était déjà lurl vénérée dans la cité,
il y a près di' mille ans, comme le prouve l'usage (pi'i-n lit l'évèque Cousse.nune
pour eiitrainer les Chartrains au comhal. Les annales de Sainte-Colonihe de
Sens font sans donte allusion à cette intervention de l'évèque len.nit en niani'« la
croix et le voile de la vierge Marie, lorsqu'elles disent (pie les .Normands l'nrenl
taillés en pièces Dci auxilio et beatac Miiriae patnninio (vuir la nnle pré-
cédeiilei.
•' C.aesis eifjo christ ianoiuni ne pnijanorum pluribus, stnbat uteraue in
pnielio rxereitus mutuuiis vitam ullernis irtibus, ipiiiin subito tiuallelnius
episcopus , quasi missum eelebruturus iufulalus , bajulansque rrueein nique
T. XII, .V. 6
- 82 —
à fuir et se frayèrent comme ils purent un passage au travers
(le leurs adversaires ', Ils laissèrent plus de six mille cinq
cents morts sur le champ de bataille, sans compter ceux de
leurs compagnons qui se noyèrent dans l'Eure ou qui mou-
rurent des suites de leurs blessures 2.
L'issue de ce mémorable combat ne fut pas un simple effet
du hasard. Depuis plus d'un an, les Francs ne cherchaient
qu'une occasion d'engager une lutte sérieuse avec les Nor-
mands. C'est surtout au comte de Paris, Robert, que revient
riionneur d'avoir organisé contre les pirates cette résistance
qui finit par délivrer le pays de leurs incursions ^. Dès l'an
tunicam sacrosanctae Mariac virrjinis maniius, prosequeiite clero rum civibus,
ferratisfpie aciebus ronslipaius , exsiliens de civifale, patjanorum lerga telis
verberat et mucronibus {Uiidon, éd. Lair, ]). 1()'2).
D'après le moine Paul, (|iii nous ra))|iorte Topiiiioii du doii;!' cliarlrain de la
fin du XI'' siècle, révè(|ut' Cioussraumc aurait joué, en ceUe journée du
!20 juillet 'JM, un rôle dillérenl de celui {|ui lui est atlrilnié par Dudon.
Gousseaume n'aurait pas (piitté la ville : seuls les habitants de (lliartres
anraicnl opéi'é une sortie ; Févèque serait demeuré sui' les mui's d'enceinte, se
coulcnlaiit d'exposer aux retfards des assaillants, du liaut-tje la Porte-Neuve, le
voile de la vieri^e Marie {Cart. de Saint- Père , p. A-1). On avait peine à
admelire au XI" siècle que févèque eût pris une part active a la mêlée. Le récit
de Dudou cependant paraît prélérable à la tradition cliaitraiue. On ne peut
(iiililier en effet (jue févèque d'Auxerre, Gérau, condiattil en persoiuic, sous les
nnus de Cliartres (Vita sancti Geranni., Acla SS., t. XXXIII, p. 51)S). Les
évè(pies, aux IX" et X" siècles, ne craii^naient pas de se joindre aux expéditions
dirigi'cs contre les pirates danois, et ils ne se croyaient pas obligés à s'éloigner
des champs de bataille.
' Le lieu du cond)at lut, suivant toute vraisemblance, la prairie connue
aujoui(fbui sous le nom de Grunds-I'rés. Cette prairie, qui s'étend entre
Gharlies et Lèves, le long de la rivière d'Eure, est implicitement désignée par
les divers clu'0ui(pieurs comme fendioit où se livra la bataille. Ou sait eu elTet
(pie beaucoup de Noi'inands se noyèrent en voulant traverser l'Eure, et ipic
(l'autres s(' réi'ugièrent en grand nombre sur les collines de Lèves après le
combat [Dudon, éd. Lair, p. IG-i).
- Maxima parjanornm raedes acta est, in lantiim ut inventi sint jufjulalorum
cndavera plus (juani VI millia D, exceplis Iris quos vorcn/o flunrinis Audurae
(ibsorbiiil, Umijusque fuf/ae tractus silraruin'ptc vastiins vuliicralus cl cxaiiimes
obiinuit [Vita sanrli Geranni, Acta sanctorum, T. XXXIII, |i. 51)8).
•' Robert, cbai'gé pai- Charles le Simple d(' la défense du royaume contre les
Normands, ne put quitter Paris pendant près deux ans (!)I(M)I:2). Une cliarte
de .Marmoutier nous apprend, en efl'et, que les occupations diverses qui lui
incondiaieiit le forcèrent à rester dui'ant ce laps de temps éloigné de sa ville de
Tours. Anni) inrariialionis doniinice DCCGGXU , mm... ilomnus Hùtbertus,
abbii et cornes, propler diversa i-ef/norum Franriae atqiie Ni'uslriae ncgolia,
quibns a refje praeposilus erat, ab urbe Turonica fereper biennium defuisset
(.Mabille, Invasions normandes dans la Loire, Bibl. de l'Ec. des Charles,
année IXd'J, p, 451).
— 83 —
«MM», laniialisto de Saiiit-Vaast nous montrait Robert, ii la
cour (le Charle.s le Simple, (ii'lilx'rant avec Ki<hanl i\i- l'.mir-
goj^Mie, Ilerberi de Vermandois et Manassès do Dijon sur les
moyens ;i eippluyer im.ui- chasser de (ianle les N(»i"mands.
Une disiHité survenue enlri^ Koliert et Manassès avait eni-
péclié cette conlerence d'aboutir. Plus tard, les relations
andcales do cos deux comtes se renouèrent. En 'Jll , lioljort
avait a[»pelé près de lui Manassès, et nous les avons vus
allant de comiia,L,niie il la rencontre des pirates. Dans le même
temps, Robert écrivait ;i Ivichanl de Bourf,^og-ne et à Eblesdc
Poitiers, leur rappidant la pidiiiesse qu'ils avaient laite au
roi, lannée précédente, de marcher contre les Danois au
premier appel. Richard était accouru en toute hâte avec ses
troupes; rc-vècpie d'Auxerre. (;(''i"an . ('lait avec lui, et il se
battit bravement sous les murs de Chartres'. Quant à Ebles
de Poitiers, il n'arriva que le soir de la bataille, alors (^ue les
Normands étaient déjà dispersés de toutes parts -.
Le combat (le Chartres lui un des n-rands événements de
notre histoire nationale. Les auteurs contemporains sont
unanimes à reconnaître (piil marqua la lin des incursions
des Normands de la Seine-'. Les Danois, comme les Francs,
comprirent (pie tout sentiment patrioti([ue n'était point éteint
on (ianlo. Rolhjii ne .songea i)lus (pi'à s'assurer la possession
paci(i((ue des provinces qni lui ai)i)artenaient on lait depuis
dix ans déjii, et, après une autre tentative infructueuse*, il
* Gfiaiini viclrix dextra. iiiia ciiiii Hirhardo et Hvherto, diinbiis inaximis
proceribus, pmeHo , (juod apud (jinidlKin iiibem (jeutiim fuit, inlerfiiil
{Vita sancti Geranni , loco cilalo).
- Finilo tali et tain mafjno cerlamiiic lirlli , Ebalun vespcrc (tdvciiil cum
suis \budttH, ('■(!. Lair, p. Kiij.
•' Quidam Franroruni ac Hurf/iindionum primores, dure Hicbardo
pn'finilr... iirurruiil in A'«n//««Ho.v in piiijn (Minotensc , luntaqur .slrai/r
illos dclnerunl ni ullrrius in rxleruruni /(/es niinimr niplini rxirr tcnltiimt
{ Vita sancii Viventii, doiii l!oiii|ii<'l, IX, \>. \'.\\). — l'ost brlluni ipuul liolinlus,
vîmes, nmliti Surmnnniis ('.nrnutenus (ji'ssit, lidem Cliiisli susiivcre
riteperunt llndoiiiil, Uisl. ml. limi., I. IV, c. lii. Vmr aii>si Ihidun ri l /7a
sHiiili Gminni, locis rilulis,
* .\pn'S la (li'lailf (|irils cssiiyrri'iit à Ciiaitrcs, li > Noriiiamls Inili'-n'iil nirmi'
iiiir lois ilt> iK'iH'lii'r fil l!()iiri,'Oi,'iir. mais ils l'iiifiil tailU-s en |iint's par le duc
llirliaid dans le .NiviTiiais. cl, d.puis lois. Itcdidii cl ses roinpapH'iis no se
iis(|iiciciil plus à sortir de la pioviiirc de iioiicii i 1/7'/ snnrtl Ctrianni\. Noir
aussi Uuilon, t'd. Lair, p. Km.
— 84 —
conclut avec Charles le Simple lo traité de Saint-Clair-sur-
Epte (912).
Les diverses chroniques sont muettes sur la part que prit
le comte Eudes aux événements dont le pays chartrain fut le
théâtre en 911. Subordonné au duc d'entre Seine et Loire,
Eudes devait combattre à Chartres sous le commandement
de Robert, et il se trouvait ainsi confondu avec les autres
belligérants ^ Son rôle avait dû être tout différent quand ses
comtés de Chartres et de Châteaudun avaient été ravagés
par Rollon - ; car c'était à lui surtout qu'incombait alors le
soin de les défendre. Dudon, malheureusement, ne nous a
laissé aucun détail sur la manière dont le comte de Chartres
agit en ces circonstances.
On ignore l'époque exacte à laquelle Eudes mourut. Il est
certain qu'il avait cessé de vivre avant l'année 920, date à
laquelle Thibaut le Tricheur apparaît comme comte de
Chartres •'.Je crois qu'Eudes avait épousé RichildC, qui se
fit religieuse après le décès de son mari, et qu'il fut le père
du célèbre comte de Chartres, Thibaut le Tricheur et de
Richard ^ archevêque de Bourges. lùules aui'^it eu en outre
une 1111e qui épousa dans la suite lo duc de Bretagne, Alain
Barbe-Torte.
' Déjà, en 8S6, lorsqu'Euiles repoussa de Chartres les Normands, il
conibiiUail sous les ordres du comte de Paris, Eudes, Irèrc de Robei't. Bellif/eri
fucranl Uddonis consniis (nnbo {Abbon , I. 1, vers 653).
2 Rollo, nimio furoris ueslu inhians,... atque Dunensein comilatum et
Cafnotensem vastans (Dudoii, éd. Lair, \k 162).
^ Cf. pièces justificatives, n" V.
'' Il y avait à Chartres, au moyeu ài^c, un (juartier que fou ajiiielail la Cour-
Rictieux, Curia liivhihUs. Ci; (jiiarliei', alteiiaut au Cliàtelet, \\w parait avoir
tiré son nom de Richilde, femme du ((tuite Eudes, aucune autre comtesse de
Chartres ne s'étant appelée ainsi.
'' Sur Richilde et ses fils Tliihaul et Richard, voir une charte de !IS(I environ,
publiée par d'Arbois de Jubainville, Histoire des comtes de Champagne, I, iGl,
462.
(A suivre). R. Merlet.
L'£COL£ CHARTHAIM: HE SCU.l'TlHI':
AU
DOUZIEME SIECLE
d'après Les Orif/ines du Slijle iiionunu'iildl au Muijen Af/e; ctudi' sur lu pre-
miére jhnaiaou dr lu jilasliquc française, |i;ir If [)'" Willicliu Vogc. —
Slrusbour.i; , J. II. VA. Ilni/ (llcitz cl Muiuldi. IS'.li.
«• Une étiKlt' sur Taii IVançais au moyen âge se Justifio
» (relk'-iiièiiie. Le foyer de culture le plus éclatant du moyen
» âge, ce n'est pasTEmpire germauiciue avec son souverain,
» c'est la France ; là se déploie la vie la plus intense de cette
» ép0(iue ; l;i se constituent en tin de compte ses caractères et
» son art classiques. 11 est imp(jssible de résoudre, en se
•) rundant sur les monuments allemands et italiens, les
» questions élémentaires de lari au moyeu âge. ayant trait
» notammentà llHTii.iLif (IrTAntiquitc', ii la [lai-l dr lOricui,
» aux induences artistiques des nations occidentales. Et pour
» étudier le problème de la formation du style du moyen
» âge, c'est en déliuitive toujours au sol français qu'on en
)> revient; là seuloiiicnl . se dévoile le secret ilu génie du
» moyen âge. ..
'l'el est le (l(''l)ut du li\ re du I)'' Voge, qui après aMiir re-
marqué il ([Uel point le problèiue de l'orii^ine du style gotlii(pU'
tient une place jirepoudérante d.iii^ les recherches de nos
arcln'ologues, se deuiaude si leurs conclusions ne reposent
pas sur des idées préc(nK;ues, si, en pai'tiiiilici-. \'iiilli'i-li' I>uc
ne s'est pas fait illusinn sur les v(''rital)ies (iri.i;iiu's du style
du xir' sii'cle. A[»res a\oir fortement alliruie la pleine origi-
nalit('', la prioi'ité aitsolue du style golhi(iue français, .M.Viigi^
relève, ajjrès M. Louis (ionse, l'extrême importance; du
portail occidental de la cathédrale (U' (.'harlres, « premier
— 86 —
» coup d'aile dn génie français émancipé. » C'est à ce portail
que M. Voge ramènera toute son étude, l'abbaye de Saint -
Denis ne venant qu'au second plan.
CdlVIPTE RENDU DE LA PREMIERE PARTIE
La première partie du livre est consacrée à la plastique
romane de la Provence, du Languedoc et do la Bourgogne
envisagée dans ses rapports avec l'école du nord do la
France. Elle commence par une description circonstanciée
de la « Porte royale de Chartres. » L'auteur, relevant l'unité
de ce remarquable morceau, n'hésite pas à le déclarer « sorti
» d'une seule tête, ce qui n'empêche du reste nnllement d'y
» distinguer plusieurs mains ; par exemple , les statues pla-
» cées tout à fait à droite et tout à fait à gauche sont d'une
» autre main que les groupes centraux contigus. Ainsi
» s'explique une suite d'incohérences de style et d'ordon-
» nance. » L'une des plus frappantes est l'inégalité des
statues et des socles de la porte centrale. Bien que ces
disproportions concourent avec un rare bonheur à attirer les
regards sur la figure dominante du Christ, ^L Yoge n'y voit
pas l'effet d'un calcul et les attribue à ce simple fait qu'on
avait fourni aux sculpteurs des blocs inégaux.
« Il faut toujours dans les arts trouver un point de départ «
a dit Yiollet-le-Duc. « L'efïbrt que marque le portail de
Chartres.... met en évidence, par sa supériorité, un groupe
d'œuvres,.... une école; » tel est l'avis de M. Louis Gronse,
et cet archéologue ajoute que « les origines profondes de
l'école chartraine se rattachent vraisemblablement à la
célèbre école romane de l'Aquitaine (Toulouse, Moissac)
avec un fort appoint bourguignon, ou mieux clunisien
(Vézelay, Charlieu, Avallon); style mixte, qui paraît avoir
évolué autour de Paris, en passant d'abord par les })ortes
latérales de Bourges, lesquelles semblent le trait d'union
entre les types méridionaux et l'école chartraine. » M. Yoge
ne croit pas cette (jpinion absolument juste. Selon lui,
M. Gonse « n'a pas nommé l'école qui précisément aurait
» dû occuper le premier rang : l'école de Provence. » Il
s'attachera donc à prouver que « sans aucun doute, les carac-
S'
» tères essentiels de l'art chartrain viennent de lii. et qu'en
» première li^nie. c'est avec le portail occidental «le l'église
» Saint-Trophinie d'Arles, si richement décoré, que notre
.. maîtresse-iïuvre de Chartres se relie par les liens les plus
» nonil)reux. Juscpi'à présent, on n'avait pas reconnu ces
)» rapports [larcc (pTciitre les deux (cuvres la did'ércnce de
» style est Irappanlr. Mais est-on bien en tlroit de tabler
» uniquement sur des rapports de technique et de style? » ....
■ N'cniMis-cn d"('ml)l(''e à la comparaison : faisons un
» examen approloiidi des deux compositions de Chartres et
» d'Arles. Le tyuipan (hi portail de Saint-Trophime i>résente,
» comme le tympan central de Chartres, un Christ trônant,
» environné des .symboles des quatre Evang'élistes. Le tympan
» est entouré d'une doul)le ranii'ée de demi-liiiiires d'anges;
» sur le linteau, apparaissent les douze ajiotres assis. Le
» tympan orné du Christ est .séparé du liulcau par une
.> moulure décorée de feuilles d'acanthe; celle-ci emi)iète à
» droite et ii gauche sur les chambranles que Ton a décorés
» de ligures d'apôtres et de saints de grandeur naturelle en
» haut relief; ces figures .sont .séparées par des [lilastres
« ornementés. Au dessus de ceux-ci, se développent deux
•> bandes en reliel", celle d'en haut maintenue à la largeur du
>' linteau, auquel elle est d'ailleurs intimement reliée, celle
» d'en bas, la plus étroite, ornée de .scènes bibli(pies '. »
Même disposition à Chartres, « figure par figure! » Rien
n'y manque. La même (jbservation s'impose si, au lieu du
p(trtail de Saint-Tr<q»hinu', on jn'end celui de Saiiil-<;illes.
<< Rien de |dus \ raisemidable, \k\v conséquent, que de
» cousich'rei'le riche programme iconographi(iue desartistes
» chartrains cniiinie conçu par une aulri^ ('cole ; on en
•> ti'ouverait une nouvelle preuve dans le rapiiort intime et
'• spécial entre la décoration plasticpie et l'appareil ai'chitec-
» tonique.... Nous trouvons donc, connue on h- \oit. au boi'tl
» (hi Rhône une ('•cdje |ilasli(|Ue (|iii a piiidnii, a en Jugei' |iar
» ses deux nionninenis les plus inqxu'tants, un syslèuu» bien
» (h'fini (h' (b'coi-aiiou plasti(pie; dans presque tous ses
» caractères essentiels, ce .système présente a\ec lesou\ fages
» chartrains des rapjxiris (pii sautent aux yeux. » Cette
' I'
— 88 —
concordance avait déjà frappé M. Henry Revoil, mais il
attribuait à l'influence de Byzance les différences d'aspect
entre les statues de Chartres, plus longues, plus raides, et
celles d'Arles, dans lesquelles l'influence de la statuaire
romaine se fait encore sentir. « Il dénie toute originalité à
« l'œuvre des artistes chartrains ^ . » M. Voge n'a guère do
peine à démontrer qu'il s'est grossièrement trompé. Dans
leurs créations, les artistes chartrains tirent avec une
rigoureuse logique les conséquences de leur principe de
construction ; « le style chartrain n'est pas moins français
» que la composition chartraine ! Il n'y a là aucune relation
» directe avec des ouvrages byzantins ou grecs ; cette école
» s'élève, si j'ose m'exprimer ainsi, sur les épaules de sa
» devancière autochtone et ses sources coulent sur le sol
» national. Ce qui distingue ses ouvrages de ceux de la
» Provence, c'est l'habileté et la linesse de la main française,
» le tour d'esprit français, le sérieux de la première étude de
» hi nature. C'est le souffle du génie français qui a fait des
» reliefs d'Arles les rois de Chartres. » ^
Nous ne suivrons pas M. Voge dans ^a minutieuse
description « des statues des portails du Mans, de Paris,
» d'Etampes, qui ont avec celui de Chartres une étroite
» parenté. » De ce qu'à Chartres les ressemblances avec les
ouvrages du Midi sont plus visibles qu'ailleurs, notre auteur
tire cette conclusion : u Chartres est de tous les ouvrages
» appartenant à cette école le plus ancien. » Les rapproche-
ments à faire entre ces ouvrages, les comparaisons avec
l'école de Provence portent sur plusieurs points. Et d'abord,
le type des personnages. Comme Yiollet-le-Duc, dont il cite
iiu passage célèbre, M. Voge est frappé du caractère
essentiellement français de ce type. Mais il fait observer que
sous cette uniformité apparente, on distingue de nombreuses
variétés; « or, la variété des types, par laquelle l'art du
» xir siècle tranche si complètement sur celui (hi xiir, (pu
» s'est fait un type uniforme, repose au moins en grande
» partie sur ce fait que la vieille tradition est encore vivace
» à ce moment. Ce qui rend vivantes les têtes comme ceUes
» dont nous parlons , c'est en premier lieu le souffle original
* l\ IH.
— su —
n qui anime le ciseau .sûr et presque ffénial dt.' l'artiste, c'est
. sou d'il ouvert sur les formes oryianiqucs (jui l'('nl<»urcnt.
■< Assurément, ces artistes de Chartres ont \u ilr [a-vx la \ ic
•- ils ont une .compréhension originale (h' ses formes, mais,
. comme nous le verrons, leurs IJLîurcs tout cntién's <jul
■ autant ce caractère que lours tètes; rien ne leur est plus
. ('tran^cr ([ue le portrait, la tète (rex^trcssion modelée
. d'après nature; ils étudient la structure, l'anatomie des
■ formes orii:aniques. ils rètudiiiii s((us toutes ses faces ; la
physiognomonie ne les intéresse pas'. » En ceci. M. Voge
>e sépare de Viollet-le-lHic. (pli considérait les statues de
Chartres comme des portraits.
I,'(''tude du costume conduit à des conclusions analoiiues :
a Arles et à Chartres, même vêtement de dessous ii manches
étroites , même « robe de dessus k manches un peu i)lus
■ lar^^es, qui, relevée de côté, s'élève par des plis en escalier
jusqu'au dessus du ti'enou-. » Enlin. par (h'ssus le tout.
■ une jx'-nula eu fnnnc de cloche. » (jui (ic\ iciil a Clianio un
manteau drapé sur l'épaule. Dans la coill'ure, les sandales,
dans l'attitude, dans le geste toujours identique de cette
main ([ui tient un livre, les difterences d'ex('culion ne- sau-
raient dissimider une évidente parenté.
Mais comment exjjlifiuer (pie l'art si ori;j;inal et si puissant
du xu" siècle soit issu de l'école de Provence au moment où,
liieii près de sa décadence, celle-ci enfantait Saint-TropiiiuMi
d'Arles et Saint-Hernanl de i\oiii,iiis? \iipllct-le-I»iic dt''clarait
<•{' ndracle inipos>ililc. l-",i pnuriant. dii M. Noyé*', unt^ source
.1 jailli de là ! « Le développemenl de la i)lasti(iue au co'ur
■ de la France, de cette plasti((ue (pu mené diojt à l'art du
■ Xin" sii'cle. se rattache aux scul|>lui-es de l.i Provence;
c'est il ces (l'uvres du .Midi, sans drsccndance proprement
dite, sans continuation dans la l'rovence UM'-me . <pie
s'allume 11' iiciiic ju\(Miile (!<• rilc-dc-i-'raiice. (/onniie imus
■ rav(Uis(lii. le détail n'est pas ici moins signihcalif (pi<- le
thème ordinaire i\r la c<Muposition ; les statues d'Arles et
"le Ivomanssont peurainsi dire les a\ant-c<uireurs de celles
' I'. -JC.
- !'. '11.
■' I'. i7 ss.
— 90 —
» de Chartres; et ce n'est pas seulement les œuvres du
» Grand Maître de Chartres', mais aussi leurs dérivations
» qui ont en Provence leur origine évidente, leur source
» propre. Chartres même a été le point de départ de
» rinrtuence provençale, non point parce que c'est le
» monument le plus notable que nous ayons sous les yeux,
» mais parce que c'est comme nous le verrons, le centre le
» plus important de l'école du Nord; de là, elle se ramifie
» de tous côtés. Je ne crois donc pas que l'influence dv la
» Provence sur les ateliers chartrains se soit produite par
» des intermédiaires, comme pourrait l'être Bourges, quand
» même ce fait serait en accord avec la situation géogra-
» phique. Le phénomène dont il est ici question n'est
» nullement comparable à la crue constante d'un flot de
» marée , mais à l'irruption d'une étincelle ; l'étincelle saute
» directement à Chartres.
» Il ne faudrait cependant pas en conclure que précisément
» les œuvres dont nous nous sommes servi pour mettre en
» lumière les rapports entre les deux écoles (par exemple
» les portails d'Arles et de Romans et quelques figures iso-
« lées du cloître d'Arles) soient en même temps les agents
» directs de ces influences. N'oublions pas à quel point nous
» sommes ignorants des voies et moyens, de la marche qu'a
» suivie la tradition des formes et des motifs en se transmet-
» tant, soit dans le sein même des ateliers (lu moyen âge,
» soit d'un de ces ateliers dans l'autre. A côté de copies et
» d'esquisses d'après des œuvres achevées, les modèles, les
» collections de dessins jouent évidemment leur rôle; ce
" sont eux sans doute les colporteurs entre les deux écoles ;
» il n'est pas nécessaire d'admettre une filiation avec des
» monuments achevés, ni des rapports entre ceux d'entre
» eux (pii nous ont été conservés, mais bien des relations
» vivantes entre les ateliers et les maîtres que ces monu-
>y monts supposent.
» Selon toutes les vraisemblances, ou un pas, alors,
» appelé au Nord d'artistes provençaux, car les sculptures
» de Chartres uo sont pas l'ouivre de niaius proven-
' Des Charlrerer HaupImi'isU'v; M. V. (Irsii^iic sdiis ci! nom l'urtislc iiicoiiiiii
qui a conçu et cxéculc l'ordonnance du |iorli(|iit' royal de Cliarlrc!^. H. L.
— 01 —
» raies. Ce ({lU' la curporatioii tics maçons «le Chartres a
» cherrlK' en l'rovence, c'était rins|iirati()n et non le secours,
» Désireux dadaiiter à nue façailr ilii Nmd inic (l(''corati(»u
» de {jrand stjie. ils se sont en(iuis d un i)ro<j:rauiiue de déco-
» ration li[iur(M'. de modèles, de ["ormes, des conditions
» roudameulales du style iiiiiniiiiieutal . de uidlirs et i\o
» types, »
>> Le moiiieut est maintenant venu de clierrlier les
» rapporis des ateliers de Cliartres avec les ('((des de sculp-
» ture du I-aiiiiuedoc ei dr la l!(»ur}j:oijrne . ([U< Ton a consi-
» d('rées, ainsi qu'il a ('lé dit plus haut, coiimie le point de
" (N'part de l'art charlrain. Sans doute, i)ersoune na très
■ explicitement soutenu cette thèse, mais il ne serait pas
•> aduiissihle (pie l'on ciil sii^iialé des ressemblances, si beau-
•> coup d'arguments ne militaient en faveur dune telle suj)-
" position. Si mt-me il est pi-oiivé (pU' Timpidsiou principale
•■ est venue d'un autre côté, il est liien possible que lin-
- Iluence des deux autres centres puissants de la plasti(iue
') se soit fait sentir.
" On trouve dans le Lanj^niedoc, vers la (in du xr' siècle
• et dans les premières années du xii". un atelier d'une
• ('('condilé extraordinaire, à Idnivre en même temps ;i
•' Toulouse et à Moissac, et (pii use de la plastique Mj^urale
■ il irraude échelle avec de solides jtiimipes techniques et
• une unit('' do style achevée '. »
» Jirusquement, le style de cette école chan^-e; » son
travail, tel (pie le révî-leiil les statues conserv<''es au Musée
de Toulouse, se rajjproche de celui des maîtres de Chartres,
" Sui' le socle de la statue de saint Thomas, on lit : (Hlnhcrlus
' /■'•/•/■/,■ - le même nom se retrouve sur la statiu» di' saint
André; (piatre autres d(> ces li<^ures j)euveut être attribiw'es
a Ce (;il,il»ci-| . (pli s'intitule paiMois. aNcc niic modestie tuuic
-rasconiie : !//• iimi iiicrriiis, <• moi. (pli ne suis pas le |ire-
iiiiiT \eiiu. '■ " il est clair ciimnic le Jour (pic (iilaln'ii prend
■ |iour pniiii de dcpaii rancicii style de son pays » ainsi (pie
l'atlesleiit les attitudes des pers(MiiiaL:('s, moins raides ([ue
ceux de ChaiMres. mais il n'est pas moins clair (pi'il a sul)i
des iiilluencus du dulKjrs.
' 1'. li»; ».
— 92 —
M. Yoge voit ici rinlluence évidente et directe des grands
maîtres chartrains ; c'est par le moyen de Gilabert que cette
influence se serait propagée dans le sud-ouest. « La puissante
» école du nord de la France, qui a fait de tous côtés de
» rapides conquêtes, allant de cathédrale en cathédrale,
» prend aussi pied sur les bords de la Garonne. » Ce n'est
donc pas Gilabert qui a enseigné aux Chartrains les secrets
de son art, mais bien plutôt l'école de Chartres qui lui a
donné de grandes leçons. En effet, comparé aux maîtres du
nord de la France, il n'est qu'un artiste de second ordre '.
(i Essayons maintenant de déterminer s'il est vrai
que l'école de sculpture bourguignogne ait eu, comme on
l'a dit, de l'influence sur Chartres. Il faut de nouveau
prendre pour point de comparaison le grand Maître de
Chartres. Nous ferons ici la même observation qu'au sujet
du Languedoc : entre les œuvres originales , fonda-
mentales, de la Bourgogne, comme par exemple les
sculptures de Vézelay et d'Autun, et les créations de
l'artiste chartrain, il n'y a pas l'ombre de parenté. Le
tympan de Yézelay est un curieux morceauM'iconographie,
d'un style étrange et parfaitement original. A la longueur
démesurée des statures s'allie, dans cette vieille école
bourguignonne, une frappante maigreur des membres et
beaucoup de vie dans les gestes des mains ; ces figures
sont d'un autre tempéramment. Sans doute, les draperies
sont fines, mais d'une autre manière que celles des artistes
chartrains; elles flottent ça et là en lignes ondulées, bouil-
lonnent, se gonflent, puis soudain redeviennent plates.
Ni Charlieu, ni Cluny, ni Mâcon ne fournissent d'analogies
avec Chartres, soit pour l'iconographie, soit pour la
technique ; et l'ornementation , dont le caractère revêt la
même énergie que les figures, est différente par ses motifs
et par ses masses.
« L'artiste chartrain , qui a donné l'occasion de supposer
des relations entre la Bourgogne et Chartres, est le Maître
des trois dernières statues de gauche du portail royal
En effet, on y découvre des rapports de tocliiii(/iic avec les
sculptures de Vézelay ; c'est de la manière tranchante de
< Voir les figures 22 et 23.
— 93 —
.) traitor los draporios qu'il est iri (luostion. Los plis arrondis
» sur la poitrine rappellent ceux en spirale de Vézelay, (pie l'on
» retrouve d'ailleurs, là aussi, sur les cuisses. Cependant ce
» détail manque aux fiirures debout de Vézelay, qui ont été
» dressées le lonti' des (''l)raseu»ents. et n'est-ce pas précisé-
)• nient l;i ipie l'on devait s'attendre ii le retrouNcr? La
» teclini(pn' elle-même semble ici diUérente. Je ne [mis
>) entièrement me déijarrasscr de lidc'e (jne ces statues de
» Chartres ont été exécutées par une main bourj^'uiynonne,
» mais il seraii aussi vi-aiscinlil.ililc (pie cette manière se
» soit spontanément développée dans le l)assin de la Seine.
-> Ainsi, dans le courant du xii'" siècle, on voit éclore en
» Boiirji'ogne comme en Lanii'nedoc des œuvres de sculpture
« qui ont avec celles du (irand Mailre de Chartres des
» analo.yies frappantes. Bien que par sa conception i^randiosc
» et la pui.ssance de ses formes le portail occidental de
» Saint -Bénig'ue de Dijon, soit un fruit spontant' du sol
» bourg-idynon , sa décoration lo classe dans le Lï-roiipe
') chartrain. C'est un poi'tail à statues comme celui de
» Chartres; sur le tympan, ajiparail !<• <'hrist sur son troue,
)» et quant au type des statues, il est malaisé de le distinyiier
» des figures de l'école chartraine. Nous sommes enc<jre une
» fois en droit de nous demander s'il ne faut pas voir là
» bitii [ihitot des descendants que des ancêtres de Chartres. »
Sur les ({('-Iji-is (pii ont été conservés de 1 ('glise Saint-
Béniime, ou lit le lunn d'un certain abbé Pierre. <■ ou ;i riô
» ameiK' à voir dans cet abbé Pierre... le troisième du nom, »
ce (pli reporterait à la (in du xii" siècle la date du monument.
Mais, fait remarquer ^L ^■(iu■e. c'est led(Mixièiue al)lH'' t\\\ lumi
de l'ierre (pli entre li;iii el 111.") a fait subir ;i leylise » une
» importante restauration. Même dans ce cas, cet ouvrage
» serait, selon toute vraisemblance, de date jdus récente que
» Chartres'. »
• La (pu'stion des l'apporls entre les s('nli»tui'es du \'<ii\ de
» la I-'rance et celles du Langiied(»c el de la Bourgogne est,
» comme on le voit, diduile-, » nous sommes en ceci iileim^-
' ('.Diiimc (Ml le vciia |iliis lias, M. Vnp' lail erreur ici; la laïade de r.liarlrcs
est Jiliis rrrciilc de (jiiel(|iie>; .iiim'es i|iril ne le (•[•dil. - II. L.
- |.. HU ss.
— 94 —
ment d'accord avec M. Voge ; « les fils se sont entrecroisés, »
comme il le dit. En revanche, les rapports entre Arles et
Chartres « ne laissent place à aucun doute sur la situation
» respective do celui qui a donné et de celui qui a reçu. »
Et notre auteur démontre, dans un chapitre, que malgré son
haut intérêt nous ne croyons pas devoir reproduire, comment
l'école provençale, « qui apparaît rajeunie à Chartres » s'est
formée sur place, par une combinaison d'inspirations locales
et de réminiscences de l'antiquité ; c'est en somme un art de
décadence. Il y a, dans certaines figures du cloître de
Saint-Trophime, « une singulière faiblesse de dessin », et pour-
tant, l'ensemble est grandiose, les figures sont exquises de
finesse et débordantes de vie, la décoration est bien comprise :
les principes de l'antiquité gallo-romaine ne sont pas oubliés.
Il reste, cependant, à élucider un certain nombre de
(fifiicultés chronologiques ^ « Si, en fait, l'école du Midi est
» la partie donnante, et celle de Chartres la partie prenante,
» cette dernière est évidemment la plus jeune des deux.
>) L'atelier d'Arles devait être florissant lorstiue sa féconde in-
» fluence se propagea vers le Nord. Irons-nous^n conclure que
>) nécessairement le portail de Chartres est plus récent que
» celui d'Arles? J'accorde que si on pouvait l'établir par des
» dates solidement appuyées , ce serait un fait d'une très
» grande valeur. Mais quand bien même ce ne serait pas le
» cas, quand bien même quelqu'un s'aviserait de prouver le
» contraire, notre thèse n'en serait pas pour cela réfutée.
)> Malheureusement, nous ne saurions, en nous basant sur
» l'héritage littéraire ou sur les indices archéologiques,
» arriver à une chronologie certaine des deux monuments.
» Le Nécrologe delà cathédrale de Chartres 2, si riche en noms
» de bienfaiteurs, ne nous a pas laissé les noms de nos
» sculpteurs : nous n'y trouverons pas une notice qui puisse
» être sûrement rapportée au portail occidental actuel, et
» dans les nombreux relevés d'olfrandes en faveur des doux
» tours occidentales, il est à peine possible d'obtenir des
» dates précises. A la vérité, dans la rédaction la plus
» ancienne, que malheureusement, sans donner leurs raisons,
< P. 117 i'[ ss.
- Publié par MM. E. de Lépinois et Lucien Merlcl. — Nulc de rauteur.
— 05 —
.) les éditeurs placent en lljo, il nfst «luestiou (juc de la
• tour méridionale, du ■ cloclirr \ iciix ' »; c'est seuleiucut
• dans la sccoudi' l'c-dactioii, (|ui de lavis des éditeurs serait
■> de IISU, qua Inii trouve à cùlé des luruiules nd ojjiis lin-ris,
•< iul rdi/icitliohi-iii tiii-ris, ml rcslniii-nfioiH'in liirris, cotte autre
.. ml ojnis titrriiiiii. Mais raiiiK'c ;i la(]U('lle se rapporte la
première ollramle «?^/ oy>»//\ liirrimn, en dautres termes, la
■ date de la Inndation du «' clocher neuf », nous ne l'aijpreiwuis
> pas. Kt pourtant ce serait dune iniiiortance particulière,
car imus pniu-rions en tirer une conclusion sur làge de
notre [loriail. Kn coni[)arant sans parti pris la partie
■ inl'eiMeure des deux tours avec le iiorlail, ou a l'impression
■ très nette <pu' le portail se rapproche plutôt du clocher-
• vieux (pie du cloclier-neul-.
• Au sud du |ii-eiiiier se trouve un petit portail aujeurd'liui
• mnr<'. dont le socle est traité exactement connue ceux du
portail de Chartres; à TauLile sud-est de la tour est
•' accolée une (iiii'ui'e d'aniic dont le socle et le haldarpiiu
•■ jiaraissenl ap[)arlenir a l'appareil primitif de la tour, et
• cette statue est certainement de la main du Grand Maitre
de Chartres; les chapiteaux (pu se trouvent dans la salle
• l)asse de la loin" se rattachent de mènie. par leur caracti're,
il ceux du iiortail; c'est presque exclusivement des chapi-
■ leaux à feuille d'acanthe; dans la « chapelle des P'onts •>,
• sous le clocher neuf, il n'y en a plus trace. Ainsi, selon
■ toutes les appariMices, le portail occidental est ;i peu près
(•(jnt(Mnporain de la partie inférieure de la tour méri-
• dionale.
■■ Or nous savions ;i la \(''rit('' (pie la coiislriiclidn de celle-
ci a avaiic('' foii lentement; vers lljtt.i.n parait èli-e en
■ plein clKimage, -et vin^t ans plus tard le clochei- \ieiix
n'f'tait pas encore achevé jus(prau faite. .Mais sommes-
nous en droit d'admettre ({n'en l'an 1115, cni {^-ràce au
ciun-ours empress('' de la iiopnlalidii , les travaux de la
■ façade furent repris, le chn-her n'était pas sorti di' terre
' M. V();;r lOItlIIll'l ni une Cliliril-ioil , COIIlllli' (lll le MIT.l (laiis la siiili- lie
I !• tlia|iilii'. II. !..
-' ^'.i'\W iiii|ii('>Moii iKiiis |iar;iil iiiliiiiiin'iii wuww'. iii'llf i|ii'.'i M. Viinc. (|iii
• iiiiilf axtir l'Ii' à son insu uillui m r pai la ronliision iclcvrc dans la iiolt*
|»mnlcnlc. - II. 1.
— 96 —
» au-dessus des fondations. Est-ce que sa construction n'était
» pas alors à l'ordre du jour depuis près d'un demi-siècle ' ?
» Et dans les textes qui nous ont livré la date de 1145, n'est-
» il pas question de deux tours? Les travaux furent alors,
» non pas commencés, mais continués, il faut donc cousidé-
» rer au moins les étages inférieurs du clocher-vieux comme
» antérieurs à 1145. Il s'ensuit que, contrairement à l'opinion
» courante, le portail occidental do Chartres ne peut être
» rattaché à la période qui commence seulement en 1145; il
» est antérieur. Le maître qui a taillé les statues du portail
» central do Saint -Denis a été, selon toutes les apparences,
» appelé de Chartres ; il a dû l'être dans les dernières années
» de la quatrième décade, car, en 1140, le portail de Saint-
» Denis était achevé dans ses parties essentielles ; j'en
» conclus que vers cette époque , les travaux du portail de
» Chartres étaient en pleine activité.
» Maintenant, on peut se demander commentée résultat
» s'accorde avec ce que nous savons de la date des sculptures
» d'Arles.
» Les hypothèses que l'on a émises sur "l'âge du portique
» d'Arles reposent de préférence sur la figure de saint
» Trophime dressée à une place apparente du portique. Elle
» se trouve à main gauche ; en face , on voit la lapidation de
» saint Etienne. On a souvent pensé que jusque vers le
» milieu du xii*^ siècle, l'église avait été exclusivement placée
» sous l'invocation de saint Etienne ; en 1152, quand les
» reliques de saint Trophime furent solennellement appor-
» tées dans l'église, elle aurait reçu le titre de Saint-Tro-
» phime. On en conclut que le portail décoré de la statue de
» saint Trophime n'a pu être ajouté à l'église qu'après cette
» année, et qu'il a été élevé précisément en souvenir de la
» solennité de la translation. Si plausible que semble cette
» hypothèse , le fondement sur lequel elle repose n'est pas
» tenable. Les chroniques d'Arles nous apprennent que la
» cathé(h'alo de cette ville, dédiée à l'origine à saint Etienne
» seulement, a porté, depuis l'époque de l'archevêque Pon-
» tins, c'est-à-dire depuis le commencement du xi'^ siècle, le
' Colti! liy|iollièse aiirail besoin (rèlrc mieux appuyée (pie par un simi)le point
d'inleiTOgatibn. — H. L.
— \)1 —
» double nom Snik-ti Stojihani et Snncli Trojjhiini; cotto déiio-
') iiiiiialiftii est restée dominante jusque dans le couranl du
•> xir' sir'cl»'; mais à côté de cela, apparaît dc'-jà dans la [)!•(•-
» luifTc luoitp' de ce siècle et même au xi", la dcnumiualinu
•> sinijililiée : « Saint -Tr<^pliime ». Il n'est donc nullement
- queslidu dune modilication ollicielle du nnm en llû'J, S'il
■> était permis de tirer une conclusion chronologique de la
' présence simultanée des imaj^es des deux patrons sur la
■> façade, ce serait celle-ci : (jua une épo([ne donnée, lé^dise
■' a i)orté les deux noms. Quand bien même cette désignation
• se retrouverait encore dans les dernières décades du
■ xii" siècle, il ne faudrait pas crier victoire. L'an 1152 n'est
" pas plus un Icriniiius uii/c qu'un (rriiiiiiiis jjost.
■> L'archéologie arlésienne locale soutient obstinément une
deuxième hypothè.se, en vertu de laquelle le portail d'Arles
» remonterait au deuxième quart du xiii" siècle (!) «
Des argunients mis en campagne, un seul mérite d'être
examiné : c'est la présence de la nuire cornue sur la
(igure de saint Trophime ; or cette coitlure ne figure qu'à
partir de 1225 sur les sceaux des évèques d'Arles. Mais
M. Voge n'a pas de peine à démontrer qu'en réalité, dans les
ligures des monuments provençaux de cette époque, les unes
ont la ndtre cornue et les autres pas.
«< Toutes les fois qu'on a c<nnparé les façades d'Arles et de
■ Saint-Gilles, un n'a pas manqué d'affirmer que l'ordon-
■ nance d'Arles était une copie de Saint-Gilles. Je considère
') cette opinion comme erronée, et les conséquences qu'on
« en a tirées ne valent pas la peine d'être rombattues. » Le
iHsposilif de la façade d'Arles, avec sf>n fronldU, ses colonnes
dc'gagées et son soubassement, dérive en eilèt directenu'nt
des portiques des temples païens, tandis (pi'ii Saint-Gilles on
a suivi un tout autre système. A Saint-Trophime. luniti- de
composition est frappante, «< on a rim[)ressioii diin art mûri
et achevé, tandis ((ue l'examen de Saint-(iilles révèle la
• diversité dans le travail et l'iulhience de l'école (Ui Laii-
" guedoc... Il est certain que Saint-Gilles dénote l'avène-
" ment dun style ranimé et rajeuni.
» Oi nous savons que la reconstruction de r«''glise a com-
nuMicé en 1110. •> Kt le portail n'a pas été entre[)ris en dernier
lieu. Il comnu" il arrivait sou\«'iit dans les cathc'drales du
T. Xli, M. 7
— OR —
» xiii" siècle, » puisqu'il est la seule partie de l'éf^lise supé-
w rieure qui ait été achevée. Il me semble donc délinitive-
» ment prouvé que cette composition, dans son état actuel,
» date des environs de 1150. » M. Voge est donc en droit de
conclure que « le sort de sa thèse ne dépend pas de cette
» question. »
Nous avons tenu à citer ce chapitre de chronologie presque
;■;; extenso et à ne pas l'interrompre par les observations qu'il
pouvait nous suggérer. D'ailleurs, bien loin d'infirmer les
conclusions de M. Yoge, nos observations les appuient plutôt.
Dans la détermination des dates relatives à la cathédrale de
Chartres, le savant archéologue allemand a un moment
d'hésitation ; il est à court de documents ; il rencontre une
époque ténébreuse qui l'embarrasse. Nous savons cependant
que cette époque a été marquée, pour la ville de Chartres,
par des événements d'une haute importance , qui peuvent
éclaircir bien des points obscurs de l'histoire de la Cathé-
drale.
En 1134, un incendie dévore la plus grande partie de
Chartres. Sans doute, au dire des témoiifs oculaires, la
cathédrale n'est pas détruite, mais divers indices certains
permettent d'affirmer qu'elle a été plus ou moins endom-
magée. Dans tous les cas, après cet incendie, « on jeta par
terre ce qui restait de l'ancienne façade ^ » et on se mit k en
bâtir une nouvelle. Cette date de 11.34 est donc, pour ainsi
dire, le pivot de toute la chronologie de l'édifice à cette
époque.
Auparavant, il existait une façade construite vers 1028 et
une tour élevée aux environs de 1075. C'est à elle que se
rapportent les mentions « ad ojms /nrris » du nécrologe.
» Il ne faut pas confondre cette tour avec l'une de celles
» qui subsistent encore aujourd'hui près de la façade occi-
» dentale - (M. Voge fait précisément cette confusion) et que
» l'on n'érigea que quarante ans plus tard. »
Ainsi, voilà la date trouvée : c'est après 1134 qu'a été
commencée la façade principale de la cathédrale de Chartres;
^ Un Manuscrit charlrain du Xl'^ Siècle, par MM. 1». xMerlcl et l'abbé
Clerval.
2 Ouvrage cité, p. 84.
— 99 —
la construction en a donc été menée assez rapidement. Nous
savons en elfet qu'elle a été achevée avant 115<), date de la
mort de rarcliitli.K Tc Kicher, qui avait donné la statue de la
Vierj^c suniiÀntant le jjortail de dmite. C'est à peu près la
date il laquelle arrive M. \'oge : ses hypothèses se trouvent
donc aljs<jlument continuées par les faits, les objections et
les dillicultés tombent d'elles-mêmes, et sans plus nous pré-
occuper de ces questions de date, nous pouvons, avec notre
auteur, aborder de plus près l'étude du portail royal et des
maîtres qui l'ont sculpté.
n
CHARTRES ET L\ PLASTIQUE DU NORD ET DU CENTRE DE LA
FRANCE A L'ÉPOQUE DU STYLE DE TRANSITION.
Jusqu'à présent, M. Voge s'est demandé d'où l'art qui se
déploie dans le portail de la cathédrale de Chartres lirait son
ori{j:ine. Il va maintenant établir comment cet art s'est pro-
pagé, et, tout d'abord, l'étudier attentivement dans ses
caractères, distinguer la main de ses divers maitres dont
nous ne savons pas même les noms, et reconstituer ainsi, par
leurs œuvres immortelles, leurs personnalités disparues.
« En recherchant les origines de l'art chartrain, nous avons
» déjii obtenu une esquisse à grands traits du jeu d'ensemble
» des forces mises en œuvre dans le portail occidental; le
» moment est venu d'achever le tableau ébauché.
» Ce qui frappe dès l'abord le regard dans la comparaison
»> critique de ces sculptures, c'est l'unité, le caractère i)arfai-
» tenient arrêté du style du Grand Maître de Chartres;
» comme nous l'avons dit, il est l'auteur, non seulement des
» statues du portail central et di-*; parties contigiies des
» portails latéraux, mais encore du tympan et du chand>ranle
» de ce portail cciitr;!]. Comme un coin puissant, ce ^n*oupe
» central se dresse en les dominant entre les o'uvres des
» deux autres ateliers, placées syméti-iquemeiit Ji ses cAtés.
» Le modeh- et h; coup de ciseau ne laissant aucun doute sur
» l'unité de la main, nous avons bien ici le style dans son
» expression classique; le groupement des statues révèle dos
— 100 —
principes arrêtés, qui ne se retrouvent chez aucun des
autres maîtres de l'école, et l'artiste est parvenu bon gré
mal gré à leur imposer aussi l'ordonnance de son tympan.
La statue d'ange accolée au clocher vieux est du mémo
maître.
» Chez les deux maîtres des portails latéraux, le style n'est
pas en relation aussi étroite avec l'architectonique. Ainsi,
les statues ont été orientées moins strictement par rapport
aux colonnes ; aussi la direction des épaules n'est-elle pas
symétrique. Les têtes se séparent ici et là du système des
colonnes, les coudes sont moins serrés, moins appliqués au
corps, les robes des femmes sont moins canelées comme des
colonnes , les longues tresses tombent en lignes plus natu-
relles, elles ne descendent pas d'à-plomb des épaules, et le
mouvement est dépourvu de ces articulations régulières et
comme géométriques. Il n'est nullement question , ici , de
disposer les figures en perspective, de sorte qu'au point de
vue iconographique, on observe \m certain flottement.
A côté des figures nimbées, on en trouve- qui n'ont pas de
nimbe ; c'est là aussi que se rencontre la^seulo figure à
pieds nus. Les socles sont tantôt en demi-cercle, tantôt
échancrés, tantôt zoomorphes, tandis que le Grand Maître
ne connaît que la première de ces formes; les colonnes
socles ne sont pas, comme celles de ce maître, revêtues de
simples ornements, mais elles sont aussi masquées par des
figures d'hommes et d'animaux. Entre les deux groupes
latéraux, les détails communs ne manquent pas, comme on
l'a déjà dit, mais quant à les attribuer tous deux au même
maître, c'est absolument inadmissible; ils sont de deux
artistes différents ; on a déjà relevé les fines particularités
de style qui les rapproclient du Languedoc et de la
Bourgogne ; comme nous avons d'excellents motifs de le
supposer, ces deux maîtres, ou sont venus de deux côtés
absoluinents différents, ou ont reçu deux influences absolu-
ment différentes.
« A un quatrième maître se rapportent les sujets des archi-
voltes ainsi que les arcs latéraux, dont les parties inférieu-
res ont été exécutées par des élèves ; le Maître des
archivoltes est digne de fixer l'attention ; il nous occupera
plus longuement.
— Ml —
■ .le tiens ici ù insister sur ce fait : à cette répartition du
» travail entre diverses mains, telle qn une étude sou-
)' vent répétée de toutes les parties df l'uMure nous l'a
» su^^y:érée, les vraisemblances internes ne l'ont pas défaut.
)• On ne Saurait s'étonner de ce que le fondateur classique de
» r(''C(de, le rrrand Maitre de Chartres, ait été certainement
» |iréféré aux autres au moment où les parties les jilns
» importantes de l'œuvre, celles (pii dès l'abord tombaient
» sous le rej,Mrd, lui ont été attribuées, tandis que les artistes
» moins biens formés ont été chargées d'exécuter les parties
') lat(Tales ; il est de plus très vraisemblable en soi que des
•> talents de moindre importance aient trouvé leur emploi
•- dans les i)arties secondaires des tympans latéraux.
-> M. Emeric David a déjà établi que panni les artistes
» charlrains, c'est le maitre des archivoltes qui mérite la
» palme. >«ous trouvons chez lui une largeur et une liberté
» de style que nous chercherions en vain dans les statues du
» Grand Maître: de plus, il .juiiil ;i mi sens du style iimi
>- moins cl.iir une observ.itinu supérieure de la nature. Que
» l'on ('tndie. à droite. !<■■- philosophes assidûment ;i|ipiiyés
•> sur leurs })Uj)itres, on le délicieux groupe des Jumeaux;
■• les vieillards regardant en l'air, du pnrt;ii! central, ou,
•' a gauche, la naïveté ingt-nue du /odiaipic . on y découvre
" une grande adresse de ciseau, une grande sûreté de style,
-> et aussi une jieureuse observation et de l'habileté de com-
" jiosition.
" Les parties supérieures des portails latéraux, le Christ de
" gauche accompagné d'anges avec le groupe de (inatre
•' anges au-dessous, enfin, de l'autre côté, la Madone sur son
■ trône sont certainement du même ciseau; nous avons ici,
■ comme une ("tude (h'taillée nous le fera mieux connaiti-e,
■ un ^l'ijupe d'un caraclèi-e non moins (U'Iini (pu- celui du
' (li-aiid Maitre.
" Kh bien, ce sculpteur des archi\olics di' «'iiarlres a aussi
■ Iravailh' ;i l'ai-is; le (•('•li'bre groupe de la Madone de la
• |iorte Sainle-.\nne de .Notre-ltame. est l'o-nx re ib' ses uuiins.
VA c'est pl"(''cis(''menl ce cliefd'teux re, <'troilemenl appai'ente
• n\\\ imap'es de CliaiMre.N. qui \a nous donni'r le cara<lere
■• d'ensemble de tout ce gl'ollpe d'olH l'ages.
>> Nous l)ornerons notre (Hude aux (eu\ res du maitre qn il
— 102 —
» est possible d'obtenir en photographie. Ces points de com-
» paraison fournis par le hasard valent certes d'autres
» témoignages. Plaçons par exemple à côté de la madone de
» Paris l'un des vieillards apocalyptiques du poi-iail royal
» de Chartres.
» Les analogies les plus évidentes sautent aux yeux, bien
» que nous soyons en présence de deux sujets d'espèce et
» d'échelles difïerentes. J'étudie d'abord les draperies. L'étoffe
» semble finement striée, comme si elle était d'une texture
» très molle et si elle se repliait toute seule sur elle-même.
» La masse finement plissée est disposée en houppes épaisses,
» plusieurs couches se superposent, et tandis que, dans le bas,
» des motifs se déroulent en tuyaux d'orgues, dans le haut
» ils apparaissent plus larges et comme aplatis. Pour
» remarquer à quel point tout ceci est caractéristique, il suffit
» de jeter un coup d'œil sur telle figure d'un autre maître,
» par exemple sur les figures du chambranle du portail de
» droite de Chartres, qui sont, comme nous l'avons déjà dit,
» d'un élève du Grand Maître.
» Et la tète de la madone nous montre le même type
» merveilleux que celle du roi : le crâne dolichocéphale, le
» front large et proéminent, les yeux et les sourcils remontant
» vers les tempes comme ceux des Chinois , le nez de forme
» détachée. La couronne elle-même est placée de la même
» manière dans les deux figures, plus haut derrière que devant,
» il est facile de le voir même à la tête du roi, qui est levée.
» Les cheveux du roi sont coupés court devant et ramenés
» vers le front ; quatre mèches semblables à des tresses
» passent sous la couronne La statue de l'enfant Jésus,
» à Paris, présente le même motif, delà même forme carac-
» téristique. Un pan relevé du manteau de la madone
» retombe, à gauche, sur le siège du trône; le même se
» retrouve dans l'image du roi !
» Il faut aussi remarquer, dans ces ouvrages, la finesse
» tout à fait exceptionnelle du rendu de tous les ornements ;
» les bordures sont d'un fini remarquable, les bijoux ciselés
» avec une netteté parfaite ; les nimbes eux-mêmes sont
» entourés d'un rebord ornementé, ce que, par exemple, les
» statues du Grand Maître n'ont pas. Les deux couronnes se
» ressemblent jusque dans les détails ; que l'on fasse de
— lo:3 —
» nouveau la comparaison : coiubion est dillérento la couronne
» dans la scène de la Visitation !
» Prétendre dos lors identifier les deux maîtres, c'est
» faire une proposition inconiiiatihle avec la iiotion d'iiiio
» saine crili([iie.
>> Comnii' on l'a dit. ('(.•si de ce nirnic arlisic que procèdent
» les parties hautes du jiortail latéral de Chartres. Lii éclate la
» preuve de la coni[)lète concordance des deux madones.
» L'exemplaire de Chartres est malheureusement mal
» conservé; cependant, la reproduction qui existe au musée
» de Chartres permet de s'en faire une idée très précise '. J'ai
» été absolument stuitéfait de retrouver l;i les traits caracté-
» risliques de la madone do Paris, que par suite de l'éloignc-
» ment, je n'avais pu di.scerner aussi facilement dans
» l'original. La concordance va jusqu'à des traits accessoires,
•) des détails de facture : les doux madones portent, au doigt
») du milieu de la main diniic. un anneau; la chevelure
» soyeuse, légèrement ondulée, est ramenée .sous l'ourld du
» vêtement qui enserre le cou , comme pour le préserver du
» froid ; c'est un de ces motifs heureux dont cet artiste est si
» riche. Le caractère et la disposition des draperies concor-
)• dent. A Chartres aussi, la ligure i)ortait un sceptre de la main
>» gauclie, l'enfant levait sa main droite pour bénir, la gauche
» reposant, à Chartres, sur un globe, tandis (ju'ii Paiis ce
») glol)e était remplacé par un petit li\ re. La chevelure de
» l'enfant présente à Chartres la même disposition . un jieu
» en perruque, qu'à Paris.
«> La comi)osition do l'ensemble ne pouvait se déployer
» aussi lai-i^-emenl a Chartres, où la tête couronnée de la
» maihjue atteint pres([ue la clé de l'arc, tandis qu'il Pai'is il
» restait encore de la place pnur la raxissante couitole du
» baldaiiuiu. A Chartres, le groupe était évidemment cuunMiU(''
•• d'une simple arcadi* trilobée (pii reposait ;i droite et à
» gauche sur une cdlonne. Aux côtés des deux madones, se
» tiennent deux anges (jui agitent l'encensoir ; la pose est la
•> luêtue, il ('liarli'es ils ressoi'tent plus lHu'emeuL et les ailes
" suul eu uiouNcmenl. il i'aii^ ils sont deljout , serrés entre
' .M. V. iloil sans doiilc cctlr ,i|t|(ir(i;ili()ii à s;i iiiyniiif. Il u'csl pas iiéce.ssiiirc,
|»our jiij,'cr ûc c.i'llf staliic, df recourir à uiu' n'|iroilii(tioii. — II. L.
— 104 —
un roi agenouillé à droite et l'évèque de Paris avec un
ecclésiastique à gauche. Il faut considérer le groupe de
i) Chartres comme une image de l'enfance du Christ, phicée
en face de son ascension, qui est représentée sur le tympan
de gauche. Une couronne de feuillage borde la scène, les
anges s'avancent pour adorer l'enfant. C'est une scène de
l'Evangile, jouée sur une verte prairie ; le récit évangélique
de l'enfance du Christ continue sur les deux frises du
') tympan. A Paris, la scène est devenue une figure de dévo-
tion d'un plus grand style ; c'est Notre-Dame qui sert ici
de thème; entourée de nuages, encensée par les anges,
elle apparaît au roi de France et à son évêque. Les scènes
bibliques placées au-dessous sont traitées, comparativement
au groupe central, à une plus petite échelle; aussi en
sont-elles séparées par des motifs d'architecture, tandis
qu'à Chartres, les scènes ne sont divisées que par de
minces arcades de feuillage. »
M. Voge, regrettant de ne pouvoir reproduire dans son
livre « la profusion d'images qui décoreïlt le portail de
Chartres », s'en tient à un ou deux exemples^ il montre, en
particulier, dans les personnages des mois d'avril et de juillet
des signes du zodiaque , « le type bien connu du maître des
deux madones. » Puis il poursuit : « Les parties hautes du
» tympan de gauche sont malheureusement, comme celles
» du tympan de droite, assez mal conservées; la tête du
» Christ est complètement effacée ^; mais si l'on examine par
» exemple, le groupe des quatre anges au-dessous du Christ,
« on y distingue cette même direction oblique des yeux, qui
» se relèvent en arrière vers les tempes, les cheveux ramenés
» sur le front, comme ceux de l'Enfant Jésus du tympan de
» Paris ; les bordures mêmes des vêtements présentent
» distinctement les motifs que nous avons découverts sur le
« trône et les vêtements de la madone de Paris. »
» Paul Durand a déjà relevé avec raison l'étroite parenté
» entre les deux iiiadoues. Moins heureux me semble son dire
' Lo tympan de gaucho, coiiiinc celui de droite, est au coutraii'e en fort lion
état; aju'ès avoii' reçu toutes les |i!ines tomliées pendant 750 ans, c'est à peine
si la trie (In (linisl est léi;èrenieiil usée. Nous eni^.igi'ons vivement .M. Vdijc à
s'en assurer au moven d'une lori^nellc — 11. L.
— ion —
" au .siijcl (les lignes en relier 411! sallonii:('iit. dans les deux
.. portails, au-dessous du ^'roupe du laite. A la vérit*'», il
-) remarque .avec raison qu'à Chartres une antre main s'y
„ i-ôvèle cerjaineinent : mais les conclusions (juMl en tire
» sont tout à fait erronées : AV/r.s- ont fhi rfn- n-fiiUrs njtrrs
» COU}), rt copii'i's il'iijn-i's un iiioilrir niiririi iun/uol on se
» cont'orinn, rnr cHos sont conijilrlnni'nl pni-rillrs nii.v srrnes
.) </ur l'on voit .s///' /e lynijuin ilc In purlc iiuintc-Annc, ù Autre-
» Diiinc (Ir Piirj.s.
» Il n'est pas douteux pour moi (pU' ce ne soit pas la des
» copies dépoipie postérieure; comme style, elles sont en
.. relations aussi étroites que possible avec les statues du
.. (irnnd Maitre de Chartres; c'est sans aucun doute, non ii
» lui-même, mais à son atelier qu'elles appartiennent. Que
» l'on place seulement la petite Madone de la scène tle la
.) Visitation ou le Saint Joseph de la ÎS'ativité à côté de l'une
«. ou l'autre des statues du portail princiiial 1
» Et dans sa conception (hi r('Mit bihlit^ue, cet artiste de
.) second ordre déploie une originalité bien attachante. La
» scène de la Présentation an temple a été augmentée du
» cortège des ancêtres de l'enfant; ils arrivent des deux
» cotés, l'un derrière l'autre, chargés de présents. Dans la
» représentation de la nativité, l'ange conduit les bergers à
» l'enfant. La composition de cette frise est également très
» habile : la présentation au temple remplit à elle seule le
» compartiment supérieur; l'enfant se tientau milieu, debout
» sur l'autel ; dans la zone intérieure, l'enfant et la mère
» .sont (h' nouveau plai(''s au centre. La composition stricte-
» nuMit symétrique du gronj»' du faite est (b'Jà pr('-|iaree dans
» ces bas-reliefs.
» T^necriti(pU' plus exacte (h'-moiitre ici plutôt le contraire ' :
'• selon toutes les apparences, ces parties inférieures .sont plus
» anciennes que la madone et que les archivoltes qui entou-
• rent le tout. (';ii' au l»as-relief d'en haut, on a aj(tut('' à
» droite et à gaïKlic une ligui-e, et ces deux ligun\s sont sans
• aiiciiii doiiic (lu M.iilic (les driix madftues. Hraperir. type,
1) forme des yeux, personm- m- reconnaiti'a ici la même main.
" il s"en>uit ijUr |i|é'i'ist''mclil Ir scilllitcur di's ,i|chi\ olle> a
* lir ro|iiiiioii ili' I'. Iiinaiiil. Il I
— 106 —
» mis la dernière main à ces reliefs , qui avaient été laissés
» inachevés, ou bien qui, tels qu'ils étaient, n'entraient pas
» dans le cadre du portail. Ce que Durand attribuait à un
» achèvement tardif (et moins habile) , doit être mis sur le
» compte d'irrégularités qui, selon toute apparence, se sont
» produites lorsque le portail a été monté à sa place
» actuelle ^ : les deux blocs sculptés ont été portés un peu trop
» à droite, car tandis que du côté gauche, les sujets repré-
» sentes n'atteignent pas tout à fait le pied-droit, et que par
» conséquent la surface n'est pas remplie, la dernière figure
» do droite est coupée par l'archivolte. On a tâché de corriger
)) sommairement la négligence commise lorsque l'on a déplacé
» les blocs. Mais comment prétendre que les sujets eux-
» mêmes aient été retravaillés à ce moment !
)) Durand fonde son hypothèse sur des analogies avec la
« porte Sainte-Anne ; c'est sur elle que les scènes bibliques
» auraient été copiées. C'est l'opinion d'un dilettante
» d'archéologie -. Ces représentations de sujets bibliques des
» deux portails n'ont aucun rapport les uneâ' avec les autres ;
» même une scène aussi simple que celle de la Visitation,
» pour laquelle on peut à peine remarquer des différences
» de type , présente à Chartres d'autres nuances ; les repré-
» sentations de la Nativité appartiennent à deux types
» d'iconographie différents, le saint Joseph de la scène de
» Paris est assis, morose à côté du lit, comme dans les images
» byzantines, et il n'est pas jusqu'au choix des sujets qui ne
)) soit pas le même.
» Pour nous, l'intérêt porte ici sur une autre question. Les
» autres parties sculptées du portail do Paris, dans la mesure
» où elles datent du xii" siècle (ainsi les bas-reliefs placés
» au-dessous de l'arc et la plus grande partie des sujets de
« l'archivolte), sont-elles de la main du maître des deux
» madones ; est-il aussi l'auteur des huit statues de grandeur
» naturelle qui décoraient autrefois les ébrasements? J'avoue
» que je me sens ici pris au dépourvu; je ne découvre ni
' « ApW's riii(eiKli(! de 1 lili » (Noie de. railleur). Nous Ijiissous à M. Vôge
la responsabilité de celle assertion. — H. L.
2 Das ist die aussicht eines archœologischen Dilctlantcu. Nous traduisons,
nous n'ajuirécions pas. — H. L.
— 107 —
» dans les scènes bibliques, ni dans los archivoltes lo type
» de tête idéal do ce niaitre , et Je n'iiiarinu' aussi dans les
» draperies des traits étranjj:ers. Si les sujets des archivoltes
» étaient du iurnic artiste que ceux de Chartres, il faudrait
» bien que des ressemblances intimes y apparussent. Les
» statues des ébrasements ne nous ont été conservées que
» dans les gravures de Montlaucon. dont l'exactitude est
» reconnue. D'après elles, ces statues étaient en très étroite
D parenté avec les fifxures des archivoltes et des scènes
M bibliques; elles n'avaient rien à faire avec le maître des
» deux madones. Dans tous les cas, ce deuxième maître est
» aussi venu des grands ateliers de Saint-Denis et de Chartres,
» il a passé comme l'autre par l'école sévère du Grand Maître
j) de Chartres. Aux montants du portail central de Chartres,
» on rcmiarque du reste i)lusieurs ligures d'anges dont les
11 draperies sont mouvementées d'une façon particulière,
» complètement absente dans les motifs des anges du portail
» parisien. Celui des maîtres postérieurs de l'école qui
» ressemble le plus à ces artistes de Paris, c'est le Maître do
» Corbeil.
)) Hornons-nous à établir que le maître dont le talent peu
)) ordinaire a décoré de scènes et de ligures les archivoltes
» «les trois i)ortails de Chartres, a aussi exécuté le tympan
» de la porte Sainte-Anne; il a mis la dernière main au por-
» tail de Chartres ; il n'a pas ciselé seulement les parties
» hautes du tymiian latéral , mais a aussi achevé les parties
» inférieures, (pii ont été commencées pai- un antre artiste.
» Le tiiplc jiortail de la façade actuelle i\r Notre-Dame de
» Paris date })robablement du commencement du xiii" siècle,
» seule la porte de droite, celle de Sainte-Anne, est en grande
» partie du xii'' ; elle a été incorporées dans les constructions
» du Xiir et comph'tée h cette époque par des adjonctions.
» Le portail Sainte-Marie, à gauche, est aussi des premières
1) aniM'CS dn XIll'' siècle, el il \;i (le Sdj (jlle l^ellV l'e classiepie
• de celle Ijeureuse renaissance d(''i>asse de lieauc<(Up les
n s<'*v«'res cri'ations de la \ ieille ecolr. >.
«'ilaiil ro|iinion de plusieurs archeulognes, entre antres de
M. Mortel, en \erlll de la(pl(dle la |i(irte de Sailite-Aime
remonterait an premier (piart du \\v ^iecle. \l. \'<»Lre
s'écrie :
— 108 —
» Je tiens cette opinion pour erronée. Le point de départ
» de ce style n'est pas à Paris mais à Chartres ; le Maître des
» deux madones a été appelé de Chartres à Paris, et non
» l'inverse ; car les racines de son style se trouvent
» à Chartres. Dernier venu, il se rëg-le sur les maîtres char-
» trains qui ont travaillé avant lui. il combine le style du
» Grand Maître avec le naturalisme dont notamment la
» statue de la Vierge, au portail de gauche de Chartres,
» donne un exemple frappant. Plus tard, il a subi à Chartres
» d'évidentes influences de l'école de Toulouse.
» Comment donc pourrait-il être plus ancien que ces artis-
» tes chartrains et avoir produit à Paris son chef-d'œuvre
» avant que ceux-ci fussent à l'œuvre? » D'oii il faut conclure
que la reconstruction de Notre-Dame de Paris « a été entre-
» prise par Maurice de Sully dès le début de son épiscopat,
» en 1160. »
Les considérations qui suivent présentent un haut intérêt ,
mais elles nous éloignent un peu de Chartres ; elles ont trait
plutôt à l'histoire de Notre-Dame de Paris, et d'ailleurs
M. Yoge lui-même « ne prétend nullement avoir dit le dernier
» mot dans ces questions de chronologie. » Nous nous garde-
rons d'être plus hardi que lui.
Il ajoute les observations suivantes :
» Les noms des deux grands artistes chartrains , le Grand
» Maître et le Maître des deux madones ne nous ont pas été
)) conservés ; les documents, soit chartrains, soit parisiens ne
» nous fournissent sur ce point aucun renseignement. En
» revanche, nous connaissons le nom d'un des artistes de
» second ordre qui ont travaillé au portail : Rogovus. Ce
» nom est écrit en lettres capitales sur l'un des piliers ornés
» de petites figures, à droite, au-dessus de la tête de la
)) statuette supérieure ; elle représente un homme qui immole
» un bœuf. Il n'est pas possible de déterminer exactement
)) si Ton est ici en présence d'une signature d'artiste ou d'une
» légende expliquant le sujet de cette petite figure de genre ;
» je suis disposé à y voir une marque de tailleur de pierre
» l)lus achevée, telle qu'on en trouve aussi dans les i)arties
» supérieures du clocher vieux, et telle que M. Revoil en a
» relevé plusieurs dans les édifices du Midi de la France. La
» question est seulement de savoir à qui cette marque doit
— 100 —
» ôtre attribu(:''0 ^ Il est permis i\o supposer que ce Rouror
» a exécuté des détails d'un caractère et d'une fonction
;inal()}^uos, ainsi, quelques-unes des statuettes qui (h'-corent
« les nmnlaiijs des jtortes et les deux piliers en saillie.
» Soiunics-nous certains (jue la scul[>ture des archivoltes
M ait été confiée à un seul artiste? Cette opinion serait
» erronée : les sujets des montants et des pilastres ne se
» distinguent i)as seulement par un dessin varié, on y aperçoit
encore très distinctement plusieurs mains. Certes, nous y
reconnaissons sûrement la main des «leux artistes qui ont
travaillé. ;'i côté du Grand Maître, aux grandes statues des
ébrasements, et précisément, leurs statuettes sont placées
du même côté que leurs grandes statues ! Mais outre ces
» deux -là, on reconnaît encore bien d'autres mains, Roger
» est donc en nombreuse comi)ag-nie; selon toute a[»parence,
» il faut lui attribuer la plupart, sinon tous les sujets du pilier
de droite, OÙ se trouve la signature. Le profit pour l'histoire
. (le lait est ici bien mince : cependant, la conclusion géné-
» raie qu'on peut en tirer est plus importante : la répartition
» des rôles parmi les ouvriers du grand atelier n'était nulle-
» ment systématique. Les Maîtres des grosses œuvres plas-
» tiipies, par exemple des statues, se sont réparti les multi-
B pies détails plus petits de la composition. On ne travaillait
" pas en fabrique: ainsi, l'on ne chargeait pas exclusivement
.) l'iui lie toutes les colonnes ornementées, l'autre de tous les
.) chapiteaux, un troisième de tous les tailloirs, un qua-
» triènié des baldaquins, un cinquième de la décoration des
» piliers et des montants. Si même il n'était pas impossildo
» qu'un tel cas se présentât, ce n'était cependant jamais le
» princii)e de la production. Cette remaniue saute aux yeux
» .seulement si l'on s'en tient à la critii^ue des parties pure-
» nu'ut ornementales, comme, notamment, les tablettes de
o chapiteaux décorés de feuilles d'acanthe. La disj)osition
» de ces feuilles, pri.ses séi>arément , est manifestement
» vari('e; ainsi, dans Ir pnilail latéral de gauche, le style
h n'est pas (hi tout celui du portail central, et tlans celiu-ci
» même, il y a itlusieiiis nuances. Lfi aussi, lieauc<iup d'ou-
' " il iir -^.iiiiail •'■tro (|uo.slion d'y voir le nom de ranliilt'ctf du portail ou
celui du (iraiid Mailn- ». — Note de l'auteur.
— 110 —
» vriers ont été à l'œuvre et l'on peut supposer que les grands
» maîtres leur ont prêté leur concours même dans ces parties.
» Les baldaquins dont le maître du portail do gauche a
» surmonté ses statues, doivent être nettement distingués de
» ceux du grand maître; ils sont certainement du même style
» que les statues placées dessous; et comme nous l'avons
» déjà dit, les colonnes-socles donnent lieu à la même obser-
» vation. Ainsi donc, le maître de ces statues a mis lui-même
« la main aux parties accessoires qui en dépendaient. Je ne
» saurais trouver de preuve plus convaincante de ce jeu
» d'ensemble des forces que les colonnes d'apparat revêtues
» de rinceaux et de figures qui séparent les grandes statues,
» enserrant comme d'un cadre précieux leur sévère beauté.
» Quelle étonnante richesse de motifs ! Comment un seul
» homme aurait-il pu concevoir tout cela ? L'ornementation
» ne varie pas seulement d'une colonne à l'autre , dans le
» môme ouvrage, la décoration se modifie d'un bloc à l'autre.
» Nous trouvons donc à côté de la sévérité, de la rudesse
» même des grands traits des figures et "des attitudes qui
» distingue tout ce travail artistique, la diversité des forces
» isolées, la personnalité dans l'action commune. Si celle-ci
» assure à la composition la direction uniforme, le calme, le
» style, le mode d'exécution du travail apporte dans cet
» ensemble la variété, le mouvement changeant. Et c'est ce
» qui fait le charme des œuvres du moyen âge.
» Comme on le voit, les secrets de la façade de Chartres
» se dévoilent peu à peu. La netteté avec laquelle nous
» envisageons maintenant l'histoire de la création de l'œuvre
» nous permet une plus sûre critique de l'iconographie. Bien
» que jusqu'à présent, on ait considéré ce portail presque
» uniquement au point de vue iconographique (comme on
» avait tort I) les deux énigmes qu'il nous présente sont
» restées sans solution : je veux dire le tympan de gauche
» et les statues. Les diverses opinions restent l'une en face
» de l'autre sans se joindre et l'on n'a pas essayé de fonder
» l'une ou l'autre sur des bases solides.
» Si pour le tympan de gauche, on n'avait formulé jusqu'à
» ces derniers temps des suppositions très dilïérentes et
» très aventurées, on comprendrait à peine que l'on y trouvât
» une énigme. Tout est si simple, si logique, que l'on ne
— 111 —
B conçoit pas la (olio de refuser h ce sujet des rapports avec
» renseniblo ou de tonner obstinément les yeux sur les
» dillV'rences (le sljie. Il es! hors de doute qu'il s'aj^il ici
» dune Ascension.
r> Avec-quoi doit-on comparer ce tympan? Non avec tel ou
» tel texte, mais avec le tympan correspondant du côté droit!
» Car, où verrait-on se déployer plus largement l'art avec
» lequel tout l'ensemble est composé, que dans ces deux
» tympans? Les deux sont à triple étage.
» La répartition du sujet entre le faîte et les deux bandes
> en bas-relief placées au dessous, n'était pas plus dillicile
• du côté droit, car on avait à y représenter un groupe de
» scènes faciles à intercaler dans plusieurs compartiments.
» A gauche, des images correspondantes devaient trouver
» place dans les mêmes compartiments, de sorte que la
» scène devait être conçue conformément à ces exigences
I) d'espaces. L'artiste introduisit entre le Christ et la rangée
» des apôtres une bande chargée de quatre anges, qui, sortant
» de nuages, se joignent aux apôtres.
» Ce motif des quatre anges est constant dans les repré-
» sentations de l'Ascension de cette époque; on le retrouve
» nettement figuré sur le tympan de Cahors, seulement les
» anges y sont placés de manière à fermer le tableau par le
» haut. Comment s'étonner encore de ce qu'à Chartres, ils
0 se trouvent sur des bandes spéciales et placées ailleurs 1
» Nous en arrivons à la scène principale. Ce qu'il y a de
» remarquable, c'est que le Christ n'y apparaît pas en ligure
n complète, comme dans toutes les autres représentations
» de 1" Ascension, mais qu'il surgit de derrière les nuages
» senddable ;i une ligure ag<Miouillée. Comme on sait, les
» champs des deux tynqians latéraux sont l'œuvre du maître
» des deux madones. Quelle linesse dans son sentiment de la
» sym(''lrii', dans sa luauicic de composer! Le motif central
n ai>parail. sur 1rs deux tympans, eiitnurc' d'une paire d'anges
n et les deux ligures centrales sont à li iuèui<> écjielle !
» A droite, il lallail jjlacer um- ligure assise de Madone;
» il gauciie, sur le même <'space, un Christ deb(uil. Si on
n l'avait li^-m-('' tnul entier, il aurait ét('' à une beaucoup plus
» petite écludle (pu* la .Madone; alors, on ne le montre (pie
» jus(pi'aux genoux et à dend couvert de nuages. Paul Durand,
— 112 —
» qui abordait avec moins de bonheur les énigmes iconogra-
» phiqucs que les restaurations d'églises, a prétendu que ce
» chi'ist se ten.iit (Iniis l"(';iii.(|iril s'arrosait avec les anqjhores
» tenues par les anges; de celle-ci, il n'y a pas trace. Cette
» attitude des anges prosternés d'une manière particulière, le
» jeu de leurs mains, qui n'a remarqué cela cent fois dans
» les représentations de l'Ascension ?
» On voit combien facilement les considérations d'esthéti-
» que éclairent et résolvent les problèmes d'iconographie !
» Ce qui peut encore nous étonner, c'est la rangée des
» apôtres ; ils ne sont pas debout, mais assis ; l'on a introduit
» ici un motif qui devait à l'origine figurer dans la représen-
» tation du Christ trônant. Cependant, on trouve beaucoup de
» faits analogues dans la plastique française; mais, dans ce
» cas particulier, il n'y a pas à se demander laquelle des deux
» scènes est représentée, puisque le portail central est orné
» du Christ sUr son trône. Et n'avons-nous pas déjà reconnu
» que justement à cette place, le style même de nos repré-
» sentations est rompu? Le linteau décoré d'apôtres est delà
» main d'un élève qui n'a pas encore appris \ tenir compte
» des dispositions des masses données ! Une anomalie ico-
» nographique n'est donc rien moins qu'étonnante à cet
» endroit.
» De plus, la représentation de l'Ascension n'est pas seule-
» ment un des motifs préférés de la plastique des portails
» français , on la retrouve également dans plusieurs autres
» œuvres de l'école chartraine. Une image comme celle du
» portail sud de Notre-Dame d'Etampes suffirait à prouver
» que sur le portail de Chartres, on n'a pas représenté autre
)i chose qu'une Ascension.
» Maintenant, abordons le problème capital : quels person-
» nages représentent les rois et les reines, et les figures sans
» couronnes des ébrasements?
» Augmenter sans nécessité • la foule d'hypothèses émises
» sur cette question, ce serait pécher contre les convenances
» littéraires et donner une pierre au lieu de pain. La solution
» est-elle vraiment possible? N'est-on pas en présence d'une
» inconnue irréductible.
» A Chartres, pas une seule ligure n'est déterminée par
» une inscription, et le caractère de l'iconographie est encore
— 113 —
» vague, tâtonnant même. Ce sont des types de création
» récente, dans les têtes et les attributs desquels se retrouvent
» encore en partie des réminiscences des Anciens. A qui
demander iji la critique de l'iconographie? M. lîultoau
place ici, ;i titre de conjecture, une copieuse liste de noms.
" Mais cela a-t-il le sens commun' de baptiser une statue:
■ Cliarlemagne, — même par conjecture, — simplement parce
qu'elle représente un homme de haute taille? Et comment,
par exemple, peut-on voir un saint Pierre dans la ligure
de droite, à côté du portail de la Madone, quand on ne
peut s'appuyer ni sur le type de la tête, ni sur aucun autre
» critère?
)) Cherchons maintenant le nom de famille du groupe tout
'• entier.
.) CesL le vénérable père de l'archéologie française, Lebeuf,
qui nous trace la véritable route. Sans se livrer beaucoup
» à l'étude des détails, il s'appuie sur des bases plus larges ,
et conclut des allinités de la composition entière qu'il s'agit
ici de figures de la Bible, et non de personnages du moyen
âge.
» Lebeuf avait d'ailleurs sous les yeux les portails
.. analogues de Paris. Pour Chartres, on peut objecter que
.. le groupe manque dunilé. Durand et Bulteau ont remarqué
avec rais(jn que quelques-unes des statues sont restées
sans nimbe, et les deux en concluent qu'il faut y voir des
» portraits de bienfaiteurs et non des personnages bibliques.
Mais liiii cl l'autre ne se sont pas aperçus que dans cette
rangée de statues, outre les différences d'iconographie, on
distingue fort bien des dilférences de style, de composition ;
■• (^ue les ligures sans nimbe conlinent aux portes latérales,
■ dont les maîtres" ont un style moins soutenu, d'autres
l>rincii)es d'ordonnance, et même toutes sortes de particu-
larités iconogra[)hi(pies, ainsi, à gauche, ces longs sceptres
descendant jusqu'aux pieds. Ils ne voient pas qu'il ne
' Li! mot est un peu dur, (iiio M. raltlié Hiilteau ail tort, ce (jiii n'est apn^s
Innt pas irn|i(i>sililc, (ni i|iril ait raison; rlaiil (Iniiin' le point tic ilcpait, nous ne
\o\ons pas ce (|ur sa supposition peut avoir di' conlrairr, non-snilrninit au sens
rominnn, mais même à la simple vraisemblance. Ce n'est lias à l'épotpie dr la
f.liaiison d.' Kolaiid ipic la prést'iic- d une statue de Charlema^'ue au porli(pio
io\al lie Chartres pouvail eu elle-même surprendre. — II. L.
T. \11, M. «
— 114 —
» s'agit pas seulement, ici, de divergences iconographiques
» considérables, mais des différences d'habitudes et de
» traditions des divers ateliers qui ont travaillé côte à côte
» à cette façade. Il est permis de rafîirmcr, car des œuvres
» nous ont été conservées à Etampes et à Saint-Denis, oii ces
» ateliers ont, ou travaillé seuls, ou agi de concert ; et dans
» ces œuvres, se trouvent précisément des statues sans nimbe !
» Laissons cependant à rarrière-plan les statues des côtés,
» et tournons nos regards vers le seul groupe central. N'est-
» il pas probable que ce Grand Maître de Chartres, si logique
» dans l'exécution de chaque partie de son œuvre , ait aussi
» poursuivi, d'une manière claire et conséquente, son thème
» iconographique ?
» Comment peut-il être question , ici , de rois de France ?
» D'abord, les figures ne sont pas toutes couronnées, et
» quelques-unes seulement tiennent des sceptres ; plusieurs
» sont tête nue et, deux fois, on voit au lieu de la couronne
» un bonnet rond à côtes. Quels personnages l'artiste a voulu
» désigner par ces bonnets, c'est ce que ré^-èlent, à ce que
» je crois, les scènes bibliques du tympan dë^ droite, œuvre,
» comme nous le savons, d'un élève du Grand Maître ou
» d'un de ses compagnons d'atelier ; on retrouve ce chapeau-
» melon ' dans lïmage des ancêtres du Christ, qui décore les
» bas-reliefs supérieurs. Saint Joseph le porte aussi dans la
» scène de la Nativité. Nous supposons que les grandes
» statues représentent aussi les saints ancêtres, la généalogie
» du Christ.
» Et quelle scène serait plus à sa place, ici, que celle-là?
» Des doux textes bibliques qui ont pu servir de thème à
» ces images - , celui de saint Matthieu semble avoir été
» préféré. Car le iyAcr^eije/'a/io/ivs ne constitue pas seulement
» le chapitre premier du récit biblique, il joue aussi un rôle
» dans la liturgie du moyen âge, et, comme Corblet nous
)) l'apprend, c'est aussi ce récit, et non celui de Luc, qui a
» servi de base à la représentation do l'Arbre de .Jessé.
» L'artiste ne pouvait pas donner intégralement la liste des
' Diescn mcloïKMirormigen Hut.
- « Malh. I, I et Luc lil, '23 ss. » Note de r.'nitour. — Les passages de saint
IVIatlliieu qui vont être cités se lisent aux versets 5 et (3 du chajjitre premier; la
généalogie comprend les versets 1 à 16. — H. L.
— 11." —
ancêtres, il a tlii l'aire un choix. Mais comme son choix,
«levait toujours être judicieux, il fallait réserver une place
dans le portrait central, aux pieds du Christ trùiianl , :i
l)a\ id et ii^alonion. les illustres tondaleiu's de la luaisnu
royale Juive. I»c \>\\\^. il est vraisemblable (pr^u a placé
dans le portail de i^auche leurs ascendants, dans celui de
droite leurs descendants; de cette manière, ces tableaux
s'eiK-hainent avec le récit de renfance du Christ. Nous en
tirons cette conséquence, que les [ij^nires du portail principal
doivent se suivre de gauche à droite, onde droite à gauche
si l'on suit l'arbre généalogique en remontant.
» Eh bien, il est remarquable au plus haut point que l'on
trouve dans le portail principal une suite de statues
couverte figure par ligure par le passage do saint >ratthieu
dont il est question,
» Si nous désignons par le nom de Salomon la ligure de
roi placée tout à fait à droite, et que nous allions, à la fois
de droite à gauche et en remontant l'arbre généalogique,
nous pouvons placer un nom sur chaque figure. La femme
k gauche de Salomon estBethsabé, puis vient David: Ifnviii
ttiilrm rcx illr tjciiiiit Salomont'ui ex en qine iixor Urhe. A
gauche de David, devrait venir .Jessé : nous voyons en off'et
tout à coté de l'ouverture de la porte, un personnage barbu
.sans couronne : c'est le suivant. La figure à gauche de .Jcssé
(nous passons au côté gauche du portail), doit représenter
obrd : Ohi'diis tintein t/miiil ,/rss,ii. Puis viennent de
nouveau un hoiiiiiie et une femme; cela correspond de
même au texte: Uoo/.us iitilrm ;/i'iiiii/ Oheduiii ex Uiithu;
ainsi, B<joz et Ruth. La figure suivante n'a pas été con.servée ;
ensuite vient une femme ; à mon avis, il est hors de doute
qu'entre les deux femmes, il y avait un homme. Voici donc
«1(! nouveau un couple ; on lit <lans le texte : Snhno i/rniiil
iloo/inn rx llnrhiihn; ainsi, Salmon et Rachab. Notre
opinion est donc bien établie : ilummes et femmes, rois et
ancêtres, se suivent dans le môme ordre dans l'image et
dans le t«'Xte. Si le texte de saint Matthieu a été .seul nus
en avant, c'est bien à cet endroit ; car en dehors des trois
femmes «h'-jà nommées, le pa.ssage tout entier n'eu cite
qu'une auti-e, riiamar, l.nidis (pie dans saint Luc aucune
femme n'est désignée.
— 110 —
» On pourrait souhaiter de trouver à l'appui une inscrip-
» tion.
» On en chercherait vainement une à Chartres , mais il y
» en a une au portail méridional de la cathédrale du Mans,
» dont le maître est directement sorti de l'atelier du Grand
» Maître de Chartres. »
Cette inscription, encore lisible en 1850 et aujourd'hui
presque effacée, contient le mot SALOM. et se rapporte à la
statue « d'un jeune roi imberbe ». M. Voge, parlant de ce
Salomon, a trouvé la même succession de figures qu'à Chartres
ce qui confirme son hypothèse ; le portail d'Angers , qui est
d'ailleurs plus récent, lui apporte des preuves plus convain-
cantes encore : « David y est représenté comme psalmiste ,
» il tient une harpe. »
Mais poursuivons la citation :
« Aux ébrasements voisins du portail principal de Chartres,
» dont les statues sont encore du Grand Maître, deux figures
» seulement ont été conservées ; toutes deux sont des figures
» d'hommes ; l'une porte le bonnet à côtes déjà décrit, l'autre
» était sans couronne, à en juger par le dessin de Gaignières ;
» en face, à droite, on a placé, outre une figure barbue, deux
» statues couronnées. Sauf erreur, il n'y a plus d'images de
» femmes, quoiqu'on fait saint Matthieu en nomme encore
» une, comme nous l'avons déjà dit : très probablement, le
» Grand Maître a poursuivi sur les portails latéraux l'exé-
» cution de son plan, concordant avec le texte qu'il avait
» pris comme base : à gauche, il avait à placer les ancêtres
» mentionnés dans le P'' verset de saint Matthieu, à droite, la
» suite des rois de Juda et tel et tel des prédécesseurs du
» père nourricier.
» Faut-il s'attendre à voir le programme tlu Grand Maître
» repris et poursuivi selon sa pensée par les Maîtres des
» portails latéraux? Ne savons -nous pas que certainement
» ils ont travaillé pour leur propre compte à ses côtés?
» N'ont-ils pas protesté contre ses principes de composition,
» revêtant leurs colonnes de motifs choisis selon leur goût,
» donnant à leurs socles d'autres formes, à leurs personnages
» d'autres attitudes ? Et la représentation de l'Ascension sur
» le tympan de gauche ne prouve-t-elle pas avec évidence
» qu'il y a, comme nous l'avons dit, dans les œuvres des
— 117 —
» niaitrcs des ateliers latt'raiix, un style moins soutenu, unu
» icono^a'aphie réglée plus par la fantaisie que par la réflexion,
» i)lus d'imlividualité que do vues d'ensemble? N'ont-ils pas
» l'ait un linteau, conçu trop y:rand par sa masse et placé hors
). de rôle par son icono^i^raphie ?
» L'artiste de ji'auche a placé dans la parlic des ébrasements
» qu'il avait à décorer deux rois et une femme couronnée.
«> l'rétendait-il par ce moyen exécuter le plan du (Irand
» Maitre? Alors il faudrait s'en rapporter aux ancêtres de
» la g:énéalofrie, et vnir dans cette femme la seule dont saint
» Matthieu parle encore: Thamar. Ou bien,a-t-il simplement
» compris plus largement le programme qui lui était tracé,
» eta-t-il fabriqué un certain nombre d'ancêtres, sanschercher
» une allusion jirécise aux textes? Dans tous les cas, le
» maitre de droite a aussi sculpté un couple royal, bien que
» les textes ne nomment plus aucune femme. En revanche, la
» troisième ligure me semble absolument à sa place : l'ex-
>' pression un iteu morose. Ir iy[)e de la tête, garnie d'une
» barbe de longueur moyenne, les pieds nus, tout cela fait
» penser au père nourricier saint Joseph, le dernier anneau
» de la chaîne, ([uc nous nous attendions a priori à trouver
» à ce portail.
>> Une question se pose : le Grand Maître de Chartres ne
» serait-il pas plus jeune que les autres, et les incohérences
» de l'œuvre ne s'expliqueraient-elles pas par le fait que les
» divers ateliers et maîtres se sont succédé ? Alors les ano-
» malies (hi lintcni de gauche n'étonneraient plus, ntnis
» admettrions que ce morceau, abandonné par les anciens
» maîtres , n'était pas destiné primitivement à la place qu'il
» occupe, mais peut-être au portail principal. Le défaut de
» coh('.si(»n de la rangée de statues s'(^xi)li(|U('rait sans peine.
» L'atelier plus récent du Grand Maître aurait relégué aux
'> iHtrtails latéraux les morceaux déjà achevés des maîtres
» précédents, et aurait entrepris pour son propi-e compte
» toute la i)artie centrale. Nous avons déjà dit que les
» sculptni'es du Grand Maître pénètrent comme un coin entre
» les œuvres des maîtres d'à cMi':.
•> Si séduisante (pie j)araisse cette hypothèse, elle a contre
» elle ce fait que les statues des c61(''s ont (''t(''dress(>es d'après
» d'auti-es i)i-incipcs que ceux du Grand Maître, et (pie par
— 118 —
» conséquent, elles auraient été déplacées par les maîtres
>) mêmes qui les avaient faites. D'ailleurs, si à l'époque où
» les parties basses du portail ont été construites, le Grand
» Maître avait été pour ainsi dire seul à l'œuvre, les parties
» accessoires, par exemple les colonnes-socles, seraient
» moins dissemblables. Il est donc hors de doute que les
» divers ateliers ont travaillé ensemble, et que les anomalies
» proviennent du conflit de leurs individualités. »
M. Yoge, après avoir donné une solution si intéressante et
si plausible de ce diflîcile problème, identifié les personnages
du portail de Chartres, se garde bien d'étendre sa proposition
à tous les portails qui de près ou de loin dérivent du nôtre.
Il fait observer avec raison que « dans le sein même de
» l'école, les types ont avant tout une signification comme
» motifs d'art, » et que, par conséquent, on peut donner à
chacun d'eux plusieurs noms. Les personnages varient donc
d'un portail à l'autre , mais partout on retrouve , en plus ou
moins grand nombre, les ancêtres du Christ.
» Si l'on se demande pour quel motif, àClîartres etàSaint-
» Denis , le cortège des rois et des ancêtres a pris la place
» occupée, dans le Languedoc et la Provence, par les apôtres,
» il faut se souvenir du rôle important que joue le liliev
» yenerationis dans la liturgie française du temps. Comme
» nous l'apprennent, entre autres, des manuscrits chartrains
» de la haute époque du moyen âge, ce texte était solen-
» nellement lu ou chanté dans la nuit de Noël. On le trouve
» fréquemment annoté ou accompagné d'instructions pra-
» tiques dans les évangéliaires ou les dernières pages des
» missels. On lisait aussi le liber gencrntionis le jour de la
» Nativité de la Vierge et à la fête de sainte Anne ; aucun
» passage des Evangiles n'était à ce point mis en lumière,
» car il tombait en même temps au début du récit biblique. »
Plus loin, notre auteur ajoute ^ :
« Il est probable qu'au point de vue de l'iconographie le
» portail de Chartres est le premier de son espèce, le premier
« portail royal. » Nulle part, la relation avec le texte bildique
» n'est aussi distincte que dans l'œuvre du Grand Maître de
» Chartres. Cependant, il est possible que ce thème ait déjà
' V. 183.
— 110 —
» été familier à la décoration intérieure, aux frcsciues, avant
» d'avoir été développé sur les portails. » M. \ o^o cite
notamment les fresques de l\\u:lise Saint-Martin de Laval.
Il rechercha ensuite ({uelle a été « la part des artistes dans
» les compositions iconojjrraplii(jnes. Certainement, dit-il,
» que dans la rè^le ils ne travaillaient pas à leur «ifuisc; : les
» nouveaux ^-enres et f^roupemenls détoilés, les cycles
» d'imay:es n'ont en ^^énéral pas été inventés par l'artiste;
» ici recclésiastiquc a dirigé la main du laïque possédant des
<) connaissances techni(iues. D'autre part, rien ne serait plus
» faux que la prétention de rapprocher chaque composition
» j»rise il part, d'une source littéraire, de l'isoler et de la
-. rattacher directement à tel ou tel écrit. Lorsqu'une école
» d'art produit son plein, par conséquent ii l'époque de sa
» floraison, cette école est une puissance indépendante ; elle
» est comme un arbre qui se ramiiie, porte une profusion de
» fruits; les rejetons isolés ne surgissent plus directement du
.. sol (le la cnliure littéraire. Les petites œuvres se font à
" limage des grandes, les composées sortent des simples, et
• iiiNcrsément. On voit où l'on veut en venir : à reconnaître
" les rapports réciproques des monuments de l'art, c'est-à-
• dire, puistiue nous ne possédons plus les plans ni les études,
■' à conq)arer entre elles les o'uvres achevées, dans la mesure
- où elles sont comparables. Dans ce cas, la situation de
■' l'artiste est bien autrement indépendante, il est le porteur
» de la tradition de son art ; il ne crée pas souvent à la fois
-> le dessin et le contenu des compositions, mais il les inter-
" prête et les élargit à son idée. L'auteur du programme
■' règle peut-être les contours de l'o^n rc et met tel on tel
■ dc'tail dans le ton. »
Il r(''sulle de là que des o'Uvres comme le {lorlail sud de la
catlK'drale du Mans ne sauraient être la traduction en images
des « Sermons de l'c-vèque llilil('l)ert. » Hien ([ue ce portail
-oit du ;i un artiste chai-ti'aiii. nous ne siii\ roiis pas M. Vogo
dans la description ({uil en fail ; Ixuiioiis-iions ;i l'tdover la
iVappanle analogie de ce poitail a\t'c celui de ("liai-tres. Ou
|touirail faire, au sujet du poiiail iiKjins imp(»rtaii( do l'c-glisc
Saint-Lf»u[i de IS'aud , la niomc observation. C'est la une de
ces (l'uvres secondaires qui attestent, avec beaucoui» d'aidres
du reste, la puissance de l'école de Chartres.
— 120 —
Dans un chapitre intitulé Œuvres de l'atelier du Grand
Maître de Chartres au Mans, à Saint-Denis , à Paris, à Pro-
vins et à Saint-Loup-de-Naud , M. Voge prétend nous donner
une idée soit de l'activité exubérante du Grand Maître do
Chartres et de ses compagnons, soit de l'étendue de son
influence: les deux points extrêmes, Le Mans et Provins,
sont à environ 30 lieues de Chartres à vol d'oiseau. A vrai
dire, les relations qui existent entre les portails d'églises
de ces difiorentes localités n'avaient pas toujours été
relevées avec une précision suffisante. Dans bien des cas,
les idées de M. Voge diffèrent de celles de nos archéologues,
qui, d'ailleurs, ne concordent pas toujours entre elles.
Notre auteur compare à « de nombreux satellites groupés
« autour de l'œuvre du Grand Maître » les monuments
énumérés dans le titre du chapitre. Ce ne sont pas les seuls,
du reste ; un chapitre subséquent nous entretiendra de la
Madeleine de Châteaudun, et une note, placée au bas de la
page 191, fait allusion au portail de l'ancienne église Saint-
André , à Chartres , œuvre contemporaine de la façade de la
cathédrale et qui présente avec elle de nombreux rapports.
Nous avons déjà eu l'occasion de mentionner le portail
méridional de la cathédrale du Mans. Un peu plus récent que
celui de Chartres, il est, comme on sait, l'œuATe d'un élève
du Grand Maître , et diffère complètement du portail occi-
dental, plus ancien, de l'édifice.
Si l'on compare une à une les statues du Mans avec celles
de Chartres, on trouve bien aux unes et aux autres le même
type, un peu moins allongé au Mans, à cause des proportions
du portail, mais on ne saurait attribuer aucune supériorité
aux figures du Mans ; la manière est un peu différente , les
draperies plus simples ; un examen attentif semble révéler la
collaboration de deux artistes. En revanche, il y a dans
l'ordonnance des figures un notable progrès : les statues sont
placées dans des sortes de niches; cette disposition n'existe
pas à Chartres, où le nouveau type de portail , essayé pour
la première fois, conserve encore dans son ordonnance
quelque chose d'inachevé, de provisoire.
Quant aux trois statues de rois du cloître de Saint-Denis,
dont Montfaucon nous a laissé le dessin et la description ,
« elles nous prouvent que le Grand Maître de Chartres, ou
— 121 —
.) tout au moins un de ses élèves directs, a travailh' ;i Sainl-
» Denis'. » On voit ;i Chartres des fii^aires identiques. A la
vérité, Suj^'er ne parle pas de travaux entrepris dans le
cloître de l'aêbaye, mais, ainsi que le fait observer M. Voge,
ces travatix ont fort bien i)U se placer entre la clôture, en
1147, (In lil»'r f/f l'rhiis in nihiiiiiislrnfioiif siin r/t'sfis, et la
mort de Suger en 1 152.
« Il est très regrettable que les deux œuvres parisiennes
» de l'école de Chartres nous soient parvi'uues dans un aussi
» pitoyable étal de conservation. Nous en sommes encore
» plus fâché pour le portail occidental de Saint-Germain-de.s-
» Prés que pour la porte Sainte-Anne. Car non seulement,
» on a détruit la décoration des ébrasements. mais encore,
» après le moyen âge, les parties hautes de la composition
» ont été bouleversées autant qu'il était possible-. » Et les
gravures parfois inexactes de Montfaucon ne sauraient
combler cette lacune : elles se bornent d'ailleurs, dans l'espèce,
«' à reproduire la gravure de Dom Ruinart » (lOliO). En
revanche, la gravure de Dom Bouillart, dans son Histoire de
ïnlilittvi' royale do Sftijjt-Gerinaiii-des-Prés (Paris 1724) est
tombée dans un injuste ouldi. Elle sutht à convaincre M. Voge
'( que le Maitre du portail de Saint-Germain-des-Prés tient
» plus (lu Grand ]Mailre de Chartres que du Maitre des deux
» madones^. »
Les chapiteaux de la façade présentaient avec ceux du
chonu- uiu- étroite ressemblance. Comme l'église a été
consacrée en 1103, « on peut considérer cette date comme
» celle de rachèvement du itortail ; c'est au même moment
«> ([ue Maurice de Sully oiitrèin'il la construction delacalhé-
» drale *.
» On retrouve le style (hi portail central de ('hartres au
» delii de Paris, jusque dans le département de Seine-et-
» Marne. La façade h triple iiortail de Saint-Ayoul. ;i l'rovins,
>> n'est pas autre chose qu'uni' d'nxre de l'i-cole de notre
'• Grand Maitre. Mais c'est une prodm lion de second ordre.
' P. I!»S.
- I'. -jOd.
•'' r. -jifj.
M'. Ml ss.
— 122 —
» Pas de trace, ici, du travail gracieux du monument cliar-
)) train. » L'ordonnance est la même, mais quelle rudesse
dans les statues et les ornements ! Si l'on est bien en présence
de la pensée du Grand Maître, on ne retrouve pas son talent.
« Non loin de Provins , également dans le département de
» Seine-et-Marne , se trouve la petite localité de Saint-Loup-
» de-Naud. On est surpris d'y trouver une œuvre de plastique
» aussi ravissante que celle de la façade occidentale de
» l'église, dont nous avons déjà mentionné le portail orné
» de statues. » C'est l'œuvre d'un artiste du pays, qui n'a
pas joué un bien grand rôle , mais « que son talent n'éloigne
» guère des Grands Maîtres de l'école : le « Maître des deux
» madones, » le « Maître de Corbeil, » voire même le
» Grand Maître de Chartres .... Ses têtes sont pleines d'une
» saine vigueur, mais sans âme. » Elles rappellent un peu
celles du maître de Corbeil.
« Cette œuvre n'est donc pas, comme on l'a dit, antérieure
» au portail occidental de Chartres et n'est pas la première
» de son espèce. » Mais elle est pleine d'originalité ; « au
» point de vue architectonique , elle sort ^ de la sphère
» ordinaire du développement. » Le maître qui l'a construite
« s'est jeté avec ardeur dans la voie du progrès, » il a l'un
des premiers employé l'ogive. Mais, en somme, il dérive di-
rectement de l'école de Chartres, sans avoir passé par Provins.
« L'influence directe du grand atelier de Chartres s'étend
» du Mans à Provins, elle est visible à Saint-Denis, ainsi que
» dans la métropole parisienne. Les maîtres secondaires de
» Chartres eux-mêmes ont laissé dans d'autres endroits des
» traces de leur activité ou de leur influence. Il faut rapporter
» au merveilleux artiste qui a ciselé les trois statues supé-
» rieures du i)ortail do gauche de Chartres et quelques
» détails isolés dans l'ensemble, les sculptures du portail
» méridional de Notre-Dame d'Etampes et quelques autres
» statues qui ont trouvé place dans l'intérieur de cette église,
>) dans une des chapelles chorales.
» Il est étonnant qu'on n'ait presque jamais ra]»proché le
» portail d'Etampes de celui de Chartres ', car aucune œuvre
* Il faut cependant citer de Beuzelin, Notes sur la statistique monumentale
de Seine-et-Oise. — (Note de l'auteur.)
— 123 —
» lie mérite, mieux que celle-ci, <ré(ic appelée: œuvre de
»> l'école chartraine.On y trouve, en eflet — ce qu'on ne voit
» nulle part ailleurs, — la parenté la jilus complète dans
» toute l'ordoiyiance. Un pilastre en saillie, du même plan
» que celui de Chartres, enserre le portail de chatpie côté,
» les chapiteaux s'alif^nent , comme ;i Chartres, en une frise
.. continue à sujets bibliijues, qui se prolonge éj^^alement par
. dessus le pilastre ; les scènes se retrouvent sous les ranj^'ées
» d'arcades garnies d'architectures minuscules ; les tailloirs,
au-dessus, sont ornés des mêmes feuilles d'acanthe ; au-
dessus des statues, on retrouve les baldaquin^ taillés dans
(les blocs antiques; au-dessous d'elles, les socles canelés.
» A la hauteur du tympan, sur l'angle du portique en saillie,
» sur le retrait de la muraille, ou a placé une statue,
» également sous baldaquin ; elle rappelle l'ange du clocher
vieux de Chartres.
■) Comme il est curieux de voir le maître d'Etampes
» choisir précisément une Ascension, et l'entourer des vieil-
lards de l'apocalypse ! Son maître n'avait-il pas précisément
» travaillé au portail à l'Ascension de Chartres ! Comme on
» voit clairement que les artistes avaient leur part dans les
» compositions iconographi(iues ; ils avaient des images ii
1) profusion, ils en composaient des groupes. De plus, on
» découvre sur un des côtes du portail trois statues (jui
» correspondent figure par figure aux trois de l'artiste
» chartrain ; nous avons ici, dans les figures d'hommes, le
» même costume caractéristique , la même forme échancrée
» du socle, le même sceptre descendant jusqu'aux pie<ls, les
n pieds tournés sensiblement en ilehors. De même, la femme
n (pli est k droite est la même à Étampes qu'à Chartres ;
» cependant, le maître transporte sur la ligure de femme le
système de draperies de ses figures d'hommes: il la tatoue;
» de i)lis circulaires sur la poitrine;, le ventre et les cuisses.
('(Mument s'étonner que cette manière se montre plus
exclusivement là (pi'ii Chartres? l'artiste était, ;i Ktampes,
<• c()m|»lètemeut livre'' <à lui-même, tandis f|ue le maître d(;
)■ rh;irti-es avait direclemeut sous les yeux les (euM'es du
» <;rand Maître, cesl d'aprJ's s(>s iiuages qu'il a sculpte sa
» figure de femme.
» Kn fait, le monument d'Klampes est d'une unité de style
— 124 —
» achevée : les figures des chapiteaux , des tympans , des
» archivoltes sont de la même main. Aux trois statues de
» droite, correspondent, à gauche, trois autres du même
» caractère, et l'on peut en conclure avec certitude que
» l'artiste chartrain avait projeté, sinon déjà mis en œuvre,
» des figures de même nature pour le second côté de son
» portail, lorsque le Grand-Maître de Chartres lui coupa la
» route.
» Il semble qu'à Étampes on ait à l'origine conçu une
» décoration plastique d'une plus large envergure, car on
.) remarque deux nouvelles statues de la même espèce
» dressées dans l'intérieur de l'église, à gauche et à droite de
» l'autel du chœur.
» On les a baptisées saint Pierre et saint Paul ; mais l'une
» des figures est très certainement un Christ. Au point de
» vue iconographique, ce ne sont donc pas des pendants, et
» dans tous les cas, elles n'étaient pas destinées, à l'origine,
» comme on l'a prétendu, à ce rôle descendants dans un
» recoin de l'intérieur. De Guillermy a supposé que c'étaient
» des restes d'un portail détruit : il me paraît plus vraisem-
» blable que ces statues ne sont jamais parvenues à desti-
» nation. S'il n'est guère possible d'admettre qu'on ait
» voulu percer ici, à l'origine, un triple portail occidental,
» comme celui de Chartres , on peut cependant avoir eu en
» vue un deuxième portail, du côté du nord.
» Les sculptures d'Etampes sont des ouvrages de second
» ordre, comme celles de Provins. A côté de ces figures de
» femmes, de quel éclat resplendit la beauté classique de
» telle image féminime de Chartres, quelle merveilleuse
» finesse d'exécution, avec quelle intelligence achevée le
» détail du costume est traité ! On sent bien que ce courant
» latéral a sa source à Chartres.
» Il vaut la peine d'observer que cette disposition en
» escalier des statues, propre au Grand Maître de Chartres,
» est aussi absente à Étampes que dans les figures chartraines
» du même auteur ; on renuirque ici , à gauche , la même
» singulière manière de dresser les images que là : la figure
)) centrale est placée le plus en haut, mais celle placée à
» sa droite , tout à côté de l'ouverture , est beaucoup plus
» grande et domine sa voisine . C'est une nouvelle preuve
— 125 —
» que Tnême sur ces matières, chaque atelier avait ses habi-
» tudes, et que la manière spéciale dont les images de Chartres
» sont (h'cssées est bien celle du maître même qui les avait
)) faites : le Gr^nd Maître et les maitres secondaires étaient
» il l'oiuvre en même temps.
» D'Etampes, une lumière inattendue tombe sur le deuxième
» grand cycle de statuaire ([iii ;i[iparaît à cette époque dans
» le département d'Eure-et-Loir, je veux parler des figures
» de rois do la façade nord de l'ancienne église abbatiale de
la Madeleine, à Châteaudun. Les merveilleux originaux ne
» nous sont pas parvenus' ; mais les archéologues du siècle
» dernier les avaient encore sous les yeux. Montfaucon a
n pris la peine d'en faire faire une vue pour ses Moininwnts
» ih' In Monarchie française. En 1733, Lancelot, accompagné
» d'un dessinateur, entreprit un voyage à Châteaudun,
» spécialement dans le but d'étudier ces sculptures. Grâce à
» lui. nous possédons dans le neuvième volume de Y Histoire
« do l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, une
» description circonstanciée des ligures qui sont sur la façade
» de f église de fA Lhave Royale de la Magdeleine de Chasteaudun,
T> ainsi que les deux gravures de Simonneau, qui, en dt'pit
» d'une exécution assez peu soigneuse, peuvent cependant
» nous donner des indications, soit sur l'ordonnance, soit sur
» le style et le caractère des figures. On se demandera
n jxjurquoi je raconte si longuement tout cela : c'est pour que
» nous nous souvenions de ces vaillants devanciers et que
n nous suivions leur exemple.
>' Il ne s'agissait pas ici, comme d'iialjitudi' dans réc<ilc
» chartraine, de décorer de sculptures un portail : l'ornemen-
» tation plasti(pie s'étendait beaucoup plus sur la façade tout
» entière. On avaiC mis deux figures à droite et à gauche, à
y côté des archivoltes du portail |>iiii(ipal. ([uatre à la hauteur
'- de la rangée supérieure des rciiètres, à côté d'une rosace ^ ;
)' cinfj autres se distribuaient sur autant de consoles ; elles
" étaient h peu i)rès au même niveau (pie les quatre
* Assritioii très cxaiîf'iV'C ; les statues île la Madclfiiic sont vu fort maiivais
l'Uit, mais l'Ik-s sont hifii loin d'aviiir totalcnu'nt tlis|iani. — il. !..
- C.f's six fi^nrfS ont laissé des traces parrailenienl dislincles ; la dét or.ition
des arcinvolles est, de niênn', très visdde par plare. — 11. L.
— 120 —
» précédentes. Encore plus haut, disposée sans symétrie d'un
» seul côté, une scène historique en grandes figures. En
» revanche, des trois portails, celui du milieu seul avait été
» décoré de figures. Dans la struclui'o architectonique, dans
)) la distribution de la décoration, il n'y a, comme on le voit,
» aucun point de contact avec Chartres.
» Par suite, j'avais eu impression qu'une toute autre école
» avait travaillé là, car les figures ont aussi, en quelque
» mesure, des particularités iconographiques inconnues,
» partout ailleurs, à l'école de Chartres; plusieurs person-
» nages ont une épée ; ils la tiennent nue dans la main droite,
» ou au fourreau, sur le flanc ; l'un a une hache de combat,
» quelques-uns sont munis d'éperons, et au-dessus de la tête
» de la figure de gauche , à côté du portail central, on avait
» placé un cor de chasse ou de bataille.
» Mais , malgré tout , il y a d'étroites ressemblances avec
» l'atelier d'Etampes. Sans aucun doute, il a exécuté une partie
» de CCS ligures.
» Les statues que nous allons envisager sont celles qui
» étaient dressées sur des consoles. Il y a uAe figure d'hom-
» me et deux de femmes qui ressemblent jusqu'aux moindres
» détails à celles du portail sud de Notre-Dame d'Etampes.
» La statue d'homme, que Lancelot a par erreur qualifiée de
» femme, est exactement celle qui se trouve, à Etampes, à
» droite , à côté de la porte : à Chàteaudun , elle est placée
» sur un socle échancré de la même manière, elle tient le
» long sceptre de la main droite, le rouleau delà gauche.
» Les motifs du costume et le dessin des plis concordent —
» La femme placée à côté, à droite, est à classer avec celle
» qui se trouve du même côté du portail d'Etampes. Les plis
» de la draperie sur les cuisses semblent ciselés par la même
» main. On reconnaît même, sur le dessin, les bandes qui
» descendent sur le vêtement entre les genoux, motif tout à
» fait caractéristique de l'atelier d'Etampes. Cette figure est
» aussi dressée sur un socle échancré. Enfin , la deuxième
» figure de femme a son pendant sur le portail d'Etampes; et
» là encore, on découvre sur la gravure les bandes entre les
» genoux !
» Cependant, on ne saurait en aucune manière attribuer à
» l'atelier d'Etampes tout ce groupe de statues ; autant que
— l-,>7 —
» les î>ravures permettent d'en Ju^rer, il Ini reviendrait, outre
)) les trois (i<,nires déjà décrites, une autre (îi^^urc di>
» reniiiie. qui se trouvait à côté d'elles, à droite, sur la qua-
» triènie console (et proljal)l(Mii(Mi( aussi la scène hisfori(|iu^
» représentée tout eu haut, à drtjile). L;i, on V(»yait à
» j^auche une lig'ure a.ssisc ' en lace d'une autre debout,
» évidemment suppcsées en conversation. Lancelot fait
» observer qu'il ce moment déjà, limage était incomplète;
» il en avait sous les yeux un dessin plus ancien, (pii la
» reproduisait plus exactement : « Kii JfJôi on voyait une
» uutrc liijui'c vtcndiic le loiuj de lu j)linthc, don! In main portail
» .S7//" II' jticd de In /iijuro assise, dette H(jure est touillée, et il
» n'i'ii reste plus (/ne la main posée sur ce pied. » Il opine —
I) non sans e.sprit — jtour le Christ et la pècheresese, un
» sujet qui certes était à sa place dans une église Sainte-
» Madeleine.
)) A la vérité, dans les autres statues, on remarque ça et
» là dans les draperies des analogies avec les groupes cor-
» respondants d'Etampes. Mais il semble que les draperies y
» aient été traitées avec moins de tinesse que dans ceux-ci ;
» on ne retrouve pas les détails de costume caractéristi([ues
» d'Etampes, et au point de vue de l'iconographie, il faut
'iter les particularités dont il a déjà été question. Il i-st
» regreltal)lc (lunii ne puis.se mieux élucider la composition
» de ces deux groupes. Ne trouvons-nous pas cependant,
dans cette dérivation si intéressante de l'Ecole chariraine,
» uiu; communauté de style évidente avec l'atelier (pii a h^s
» mêmes particularités ? Peut-être (pu- l'histoire de cette
» manière merveilleuse s'éclairerait pour nous, si nous
avi<nis encore les originaux sous les yeux.
» Je mentionne encore (pu> depuis [)eu l'on a découvert
» sur la façade méridi<»nale de l'église un portail décoré do
» sculptures; les archivoltes sont ornées de personnages et
» d'animaux fanlasli(jues ; il parait antérieui' à la (It-coralion
» plasti(|ii(' (hi coté noril -.
' r.ciic fiijiin' siihsisti' ciicon' ilcnirTc le roiilrcrort di' ilroili- du imrlail ; cllf
<'sl (lLT.i|iiln' , mais, à pari cclii, ri'lativriiiciil liicii coiistTM't". — II. h.
2 Ces pprsoiiiiaj;rs cl aiiiinaiix , (riiiic lacliin' iiaihari' fl ili'i)c»mviis ilr tout
carartm' religieux, soiil cvidcmim-nl Itcaïuoiiii plus aniieus que la décoralioii tir
— 128 —
» Nous ne pouvons rien dire de précis au sujet de la date
» de nos statues. M. Lefèvre-Pontalis attribue au niiliou du
» xii" siècle les constructions attenantes. »
De l'église de la Madeleine de Châteaudun , M. Voge passe
à l'étude de l'église abbatiale de Saint-Denis.
Le triple portail de Saint- Denis, orné de statues comme
celui de Chartres, « est le second exemple de ce système
» qui nous soit parvenu dans le domaine de cette école. »
Mais , tandis que le portail de Chartres forme un tout , « une
» création géniale, dans laquelle tout a été calculé en vue
» de l'effet d'ensemble , « il n'y a rien de pareil à Saint-
Denis. Les trois portails n'y forment pas un monument
unique, ils sont simplement juxtaposés avec symétrie. « Deux
» puissants contreforts, nus et frustres, les séparent. » La
décoration est un peu incohérente , à cause de l'intervention
fâcheuse de l'instigateur des travaux, qui a lié les mains
aux artistes. Il faut reconnaître cependant que ces malen-
contreux contreforts étaient nécessaires, puisqu'à Saint-
Denis, l'ordonnance du portail déborde sur les deux tours.
A Chartres, au contraire, elle est comprise tcXit entière entre
celles-ci. M. Vôge les considère comme un « hors-d'œuvre »
un reste de l'ancienne église qu'on n'a pas voulu jeter à bas.
Nous avons déjà eu l'occasion do combattre cette opinion.
Elle ne tient pas devant les textes : la façade de la Cathé-
drale de Chartres devait comprendre, telle qu'elle a été
conçue par le Grand Maître, un portail triple, d'une merveil-
leuse richesse, surmonté de trois grandes fenêtres et encadré
de deux tours dont l'architecture austère et les surfaces nues
devaient servir de repoussoir au portail. M. Voge nous accor-
dera qu'une telle conception n'est pas faite pour ravaler le
mérite du Grand Maître , bien loin de là ; elle rentre d'ail-
leurs pleinement dans l'esprit du livre que nous analysons,
et nous pouvons dire avec son savant autour : Ce n'est pas ù
» Sidnl-JJenis, c'est ù Chartres que naît l'idée (/éniale de cette
» ordonnance qui, appliquée ici pour la première fois, ne repa-
» raît qu'au XIII^ siècle, à Reims \ »
la façade nord. Dans tous les cas, ils ne sauraient être attribués à la même
école. — II. L.
) p. 224.
— 129 —
Nous ne pouvons ici nous livrer à une étude circonstanciée
(les statues de Saint- Denis. D'une nuiiiière générale. <■ le
» style des grandes statues est moins serré, moins logique ;
les sculpturiC's restées en place aux tympans, aux archi-
voltes, aux pieds-droits sont exécutés avec un faible relief,
» elles n'ont pas cette vigoureuse tendance à la ronde l)osse
• fpii se montre ;i Chartres dans toutes les images et mémo
dans les petites ligures des archivoltes et des piliers.
Comme l'art de Chartres est bien le devancier de celui du
Xlir siècle ! M.ii^ poiiisiiivoiis : Quel abime entre les deux
» figures du Christ '. Comme l'une parait rude et maniérée à
côté de la te(liiii(pie achevée, du stylo élevé et serré de
l'autre ! Comme les rois apocalyptiques de Saint -Denis
" semblent sans vie, « schématicjues, » sans expression, h
» coté des figures correspondantes du « Maître des deux ma-
» dones ! » Qu'elles sont insignifiantes, ces figures de pou-
» pées des mois et du zodiaque de Saint-Denis ! »
« La technique des parties conservées est inégale. » Les
parties purement ornementales sont supérieures aux figures;
elles trahissent une main plus exercée. Quant aux belles tètes
conservées an musée du Louvre, M. Voge croit qu'elles
proviennent (h' la i)orle des Valois, et non du portail occi-
dental, dont elles n'ont pas le style et aux torses duquel
elles ne s'adaptent pas bien. Elles remontent d'ailleurs, d'après
M. Courajod. h la lin du xir" siècle ou aux premières annéi's
(hi xiir. taudis que «■ le portail i-oyal » était achevé
avant 1150.
)» Nous avons déjà dit que l'auteur des statues du portail
» centi-al de Saint -Denis tient pi-obablement de très près à
» l'artiste chartrain au(iuel on doit les trois statues de droite
du p(»rtail de la madone... Je rends attentif à ce fait que
» les statues de Saint- Denis reijosaient sur des socles oriu''s
d inuiges d hnmuies et d animaux, di'tail fauMlier an inaitre
• bartrain, mais (priHi ne i-cli'uuxc jias dans les oMi\res dn
•» Grand .Maître -. » Cet artiste venait probal)lement du
Languedoc; il (Hait second*' par deux autres maîtres. (|ui
s'('-taient (■ha!'g(''s des portails lat<''raux . tamiis (|u'il avait
' l><' Sailll-I)^lli^ cl (ji; CliaillTS.
M'. HWO-H:',] .
T. xii. .ly. y
— 130 —
gardé pour lui le portail central. L'influence directe du
Grand Maître de Chartres est facile à discerner dans ses
œuvres.
Quant à la figure assise de Dagobert, qui se trouvait au
rez-de-chaussée de la porte du nord, elle ressemble aux
statues du portail de gauche de Chartres, et pourrait être
des mêmes artistes.
De Saint-Denis à Corbeil, la distance est peu considérable.
» Avec sa sagacité habituelle, Viollet-le-Duc a rapproché
» des tj'pes du Grand Maître de Chartres les têtes des doux
» merveilleuses statues qui ont subsisté du portail principal
» de Notre-Dame de Corbeil. » Il a pris comme point de
comparaison la première figure de gauche du portail central
de Chartres, en partant de la porte. De son judicieux travail,
M. Voge retient les résultats généraux,
« Le maître de Corbeil est plus fin, plus distingué. D'un
» ciseau plus délicat, il sait revêtir comme d'une peau tendre
» et veloutée même un corps de structure sévère ; par la
» finesse de leurs formes , l'élévation de leur style , ses têtes
» donnent la plus haute idée de son talent. ^
» Ce maître est certainement postérieur au Grand Maître
» de Chartres; à côté des figures du portail de Chartres,
» celles de Corbeil sont comme la fleur à côté du bouton. On
» y trouve cette souveraine maîtrise du style , cette science
» achevée dans le rendu du détail et l'interprétation des
» motifs traditionnels qui caractérise le maître des deux
» madones. Ces deux artistes sont supérieurs à l'auteur des
» grandes statues de Chartres.
» J'ai déjà fait observer que le sculpteur de la porte
» Sainte-Anne avait des points de contact avec le maître de
» Corbeil; il en est de même du deuxième maître parisien »,
celui de Saint-Germain des Prés. Toutefois, il n'est plus
possible de porter un jugement précis, puisque l'église Sainte-
Marie de Corbeil est aujourd'hui détruite. Les deux statues
que Legendre a sauvées se trouvent aujourd'hui à Saint-
Denis; « on les a dressées à l'intérieur de la porte des
» Valois, à gauche et à droite. Nous possédons en outre une
» description du portail, faite peu avant la démolition de
» l'église » , ainsi que des dessins. Les scènes représentées
ne sont pas toutes les mêmes qu'à Chartres , cependant on y
— 131 —
retrouve le Christ trônant et les vieillards de l'apocalypse.
En résumé, c'est là une winro do réjjoi/iiv dt- lu /nutiirilc de
l'vrolo de Clmrlres.
M. V('»|j:e iT^ous transporte maintenant à quarante lieues au
sud de Ohartres , à Houri^fes, où nous trouvons une nouvelle
preuve de l'extension (juavait prise l'école de sculpture de
notre ville, car les portails nord et sud de la cathédrale de
Bourges, « enchâssés dans un édifice complètement {3a)thique »,
appartiennent à l'école chartraine. Quoi qu'en dise Mérimée,
ce sont bien l;i les restes d'une église plus ancienne.
« MM. Trirardot et Durand étaient d'avis que ces sculptures
» décoraient à l'origine la façade occidentale de cette église. »
Telle n'est pas l'opinion de M. Voge. « Nous ne savons
» rien, dit-il, de la taçade occidentale; il est possible qu'elle
» n'ait reçu aucune décoration plastique » et, d'ailleurs, les
portails en question n'auraient pu, en raison de leurs dimen-
sions, y trouver place ; on n'aurait pu les placer tous deux
sur la même façade. Ils semblent avoir été, non des portails
de transept, mais de simples entrées latérales de la nef.
Les dispositions générales sont bien celles de Chartres, mais
la manière de comprendre l'ornementation trahit l'intluence
de la Bourgogne, qui serait venue, à Bourges, contrebalancer
l'inlluence directe des ateliers chartrains. Comme on l'a déjà
dit, malgré sa situation au centre de la France, Bourges
n'est pas une étape intermédiaire de l'art d'Arles se propa-
geant vers le nord, et quant à des rapports avec les
sculptures du Languedoc, « il ne saurait en être question » '.
En comparant les portails de Bourges avec celui du Mans,
on a l'impression que ce dernier est de beaucoup le plus
ancien. Ceci est d'ailleurs confirmé par les documents histori-
ques : on n'a travaillé à la cathédrale de Bourges que tout
il la lin du XII" siècle. Les deux portails nord et sud ne
sont donc pas très antérieurs à la masse de la cathédrale
actuelle. Les types superbes du portail de Chartres disparais-
sent dé'jà dans cette œuvre plus récente, et en résumé, « il
>» faut placer les sculptures de la catln-drale (de Bourges) dans
n une école locale >< ipij ;i de nombreux pointsd';dtache avec
l'école chartraine.
' P. 217.
— 132 —
Cette écolo locale de Bourges « nous a laissé une deuxième
» œuvre de grand style, les sculptures du portail occidental
» de Notre-Dame du château de Loches. » AI. Vôge leur
consacre un court chapitre, le VIH'" do la seconde partie de
son livre ; nous ne croyons pas nécessaire d'en parler.
S'il ne fallait considérer que les distances, nous ne ferions
peut-être pas le voyage d'Angers, malgré l'intérêt que pré-
sente encore ce portail de la cathédrale Saint-Maurice, si
souvent réparé et défiguré. Mais au point do vue particulier
de cette étude, il mérite une mention toute spéciale : M. Voge
n'hésite pas, en efïét, à l'attribuer à un élève du maître des
doux madones, dont le style exquis s'y déploie dans toute sa
beauté.
Cet élève « qui nous a laissé à Angers même une deuxième
œuvre ^ » est le digne émule de son maître, dont il possède
la finesse d'exécution et la suavité. Ce n'est d'ailleurs plus
dans les motifs de l'école qu'il a travaillé ; son sj^stème de
décoration est exempt des tâtonnements et des maladresses
dont, malgré sa splendeur, le portail de Chartres offre d'assez
nombreux exemples.
Cependant, les sujets traités sont à peu près les mêmes:
(( les vieillards apocalyptiques des archivoltes sont <le la
» même famille que ceux du portail principal de Chartres ; il
» en est de même des petites figures d'anges qui tiennent,
» soit un rouleau, soit un livre, soit un disque. Au-dessus de
» la tête du Christ trônant, se trouvent, à Angers, deux anges
» tenant une couronne placée entre eux. Nous avons
» à Chartres le même groupe identiquement. Il y a d'indubi-
» tables parentés dans les types, une foule de points de
» contact dans les motifs de décoration, le môme goût dans
» les draperies. Que l'on compare avec le baldaquin de la
» madone de Paris le rendu des chapiteaux à feuilles
» d'acanthe et des tailloirs d'Angers ! - »
Quant aux statues — assez mal conservées — de l'ancienne
église Saint-Martin, elles offrent une complète analogie avec
^ Les douze statues du chœur de Saiut- .Martin, ancienut! éijiise aujourd'luii
convertie en dépôt de tabac. — H. L.
2 P. 261-262.
cclK'S lie la callu'drak'. l/alulicr (lui les a lailliTs a ditiic ou
autant (ractivité que d'ôolat.
'( l'iiiir la urciiiièrc lois, nous avons une iniaLre prôciso de
» la Jurande écolo : imus apercevons distinctement dans son
B sein pltisieurs i-ainilicalions de style.
» Au portail occidental de Chartres, elles apparaissent nel-
j> tenient circonscrites, dissemblables, juxtaposées. A côté du
» (Jraiid Mailre de Chartres, se tient le maitre des trois
» li<4:ures du jiortail gauche. D'espèce {tins line, mais faciles
» a apercevoir, sont les nuances du style dans les romarqua-
» blés li<iures de droite.
» Au |)orlail du Mans, on sent encore de lég'ères ditl'érences
» dans lfs(jiielles les contrastes entre les maîtres do Chartres
» V(jnt sëvanouissaiii.
n II est iniiiossiblo (h- luoUro aucun groupe do telle autre
j) û'uvro vu relation, soit avec le (Irand Maitre de Chartres,
)i soit avec celui du portail latéral de gauche, ni de délimiter
u leurs sphères d'influence.
» Les tendances du maitre unique du portail do Liauche
» étaient assez faciles à discerner ii (3hàteaudun et ii Etampos,
» avec moins de certitude k Saint-Denis; le rôle du Grand
» maître de Chartres était autrement important. Nous
') retrouvons dans le portail principal de Suyer le iiiaiti'r des
" trois liî4'ures de droite (ju ses tendances.
» Nous avons établi qu'à ])roprement parler l'ecok- avait
" son sièg'o à Chartres. Si la place de Saint-Denis dans cette
» école est moins facile ;i fixer, c'est bien en jiartie à cause
" du lamentable état de conservation du iiniiiniiicnl. Dans
'■ l'histoire de l'école, il faut faire une large i)arl aux
" influences du Languedoc , très visibles à Saint- Denis;
" ai»i'('s nvoJT- lu les développements qui vont suivre, on se
rendi'a mieux compte de limportanee des sculptui'os île
" Saint-Denis, (-((mme point île départ d'un dé\eloppomeiit
» ultérieur.
» Le si vil' des Liiaiids iiiailres de recule: le maître (|(\s
tli'iix madones, je maiti'o de Corlieil, est un ilc'voloppe-
' ment des germes des ateliers les jjIus anciens. Ils se ratta-
■ cheni ;i l'i'cole du 'irand Maiti-e di- Chartres, mais leur
» influence s'(''leiiil ail dehors.
" Lu particulier le maitre di's deii.x. madonos était, ;i ce
— 134 —
» qu'il parait, un artiste dont l'intluence est parvenue fort
» loin ; l'atelier d'Angers dérive de lui.
» Déjà dans la première partie (de ce livre), nous avions
j> pu jeter un coup d'œil d'ensemble sur les rapports entre la
» grande école du nord et les autres écoles de sculpture du
» territoire français; nous avions essayé de discerner où elle
» avait pris , où elle avait donné. Il convient ici de toucher
» encore à ce dernier point. L'art de Gilabert de Toulouse
» nous était apparu comme un rejeton du tronc chartrain,
» bien que nous ne fussions pas tout à fait sûr qu'il ne fût
» pas issu des racines de la vieille école de Toulouse , sans
» apport du dehors. Le portail occidental de Saint-Bénigne
» de Dijon, cet ouvrage qui offre tant de rapports avec les
» sculptures de Chartres, nous avait paru, selon toute appa-
» rence, également conçu sous l'influence du nord de la
» France. Les rapports nous avaient semblé assez grands
» pour que l'hypothèse d'une influence directe n'ait pu être
» écartée d'emblée. Rien ne nous autorise à admettre que
» les influences venues du midi aient atteint Chartres en
» traversant la Bourgogne ; nous concluons, ici encore, bien
» plutôt à des importations du nord de la France.
» D'autre part, les sculptures des portiques de Bourges
« montrent combien l'influence de l'école bourguignonne
» a été étendue, puisqu'elle semble ici se croiser avec les
» influences du nord de la France. Bourges — et il était
» important de l'établir — ne joue pas dans l'histoire do la
» plastique française le rôle de médiateur qu'on a prétendu
» lui attribuer. La route allant des bords du Rhône et de la
» Garonne au bassin de l'Eure et de la Seine ne passe pas par
» Bourges et la cathédrale Saint-Etienne ^ ».
III
l'enchaînement avec le développement subséquent
ET l'importance DE L'ARCHITECTONIQUE DANS LA SCULPTURE
FRANÇAISE DU MOYEN AGE
Cette partie (hi livre, la dernière, est de beaucoup la plus
courte et forme en quelque sorte la conclusion. C'est aussi,
* P. 265.
— i;j5 —
a cerlaiu> égards, la parlic la laoin.s orig:iiialo dv l'œuvre, en
ce sons que l'opinion do M. Voy:e nedilKTopassonsiblcniont,
en ces niatièrçs, de celle de ses prédécesseurs, et notamment
de Viollet-le.-»uc.
Il reconnaît mémo que '< liorsonno n'a mieux compris la
» relation, voire même la confusion do l'architecture et de la
' sculpture au moyen àg-e que Viollot-lo-r)uc, et que personne
" no la oxiirimôo on tormos i)lus clairs. Contrairement à
» celle dos anciens et des modernes, la plastique du moyen
' âge ne su sépare pus de l'iircliitevliire '... iJttiis les moim-
inriifs ilr l'iiuti([uité tjrecqiie, (fui conservent les traces do la
taluaire qui les décorait, eellc-ei ne se lie pas absolument avec
l'architecture. L'architecture l'encadre, lui laisse certaines
jilaces njais ne se mêle point avec elle... L'alliance entre ces
deux arts est bien plus intime au moyen àfje.
Cependant, d'après M. V<)t;o. VioUot-lo-Duc aurait ou tort
de passer sous silence « rovidentc inlluence de l'architecture
» du moyen âge sur le développement du stylo de la statuaire
» de cette époque », ou du moins, sans méconnaître absolu-
mont cette inlluence, il l'aurait attribuée à d'autres causes
que « la liaison absolue de la statue et de la muraille. »
I).iiis rc'colo chartrainc, en effet, la plastique dérive dirocte-
meiil iUi l'architoctonique; c'est ce fait que Viollot-le-Duc
avait méconnu, lorsqu'il a dit que c'est au XllL siècle (/ue
cette réunion est le jjIus intime. « Viollet-le-Duc fait commen-
cer le développement indépendant du style de la statuaire
» au moyen âge avec le style émancipé du XIII" siècle, il
» dénie l'originalité de l'hiératisme du iiKiyon âge ! »
Il allirnie (pi'à partii" de la révolution radicale du XIII" siècle,
l'architecture et la ,sculjjture abandonnèrent complètement les
rrrcniciits de l'école byzantine ; l'artiste repoussa l'hiéi-atisnw.
M. Vdge se demande « comment on peut concevoir a priari
iiiir idée aussi invraisemblable, i)uisquo l'école de sculi)ture
» plus ancienne, qui s'est alors dévolopjiée, n'était ni byzan-
» tine, ni iraditidunoUe, ni monacale, mais ([u'ello est au
• •unli-aire la première création originale do l'osiirit français;
• et (pic rincorpoi'ation de l.i staluain^ dans les ('d«''ments
iii<"'iiic (le la coiisliMiclioii , c'est-à-dii"e la l"">niiali<iii d'un
' P. "l'X). Les parlies souli^'iiées suiil di; Violii'l-io-lJiif.
— 136 —
» stj^le indépendant, parfaitement conforme à rarchitecture,
» a précisément été pleinement réalisée dans cette vieille
» école ? Qui est-ce qui aurait soulevé contre elle la généra-
)> lion suivante, comme contre un ennemi héréditaire, alors
» que justement elle lui ouvrait la voie? Comment aurait-on
» abandonné sans nécessité le terrain conquis, les solides
» principes d'un style monumental indépendant, les considé-
» rant comme des méthodes surannées et des erreurs ?
» En fait, combien nombreux sont les liens qui rattachent
» cette vieille école à la plastique gothique subséquente ' ».
Et notre auteur n'a pas de peine à montrer que toutes les
dispositions qui distinguent l'art chartrain du XIP siècle, et
en constituent à la fois les innovations et les caractères, se
retrouvent développés, précisés, agrandis, assujettis à des
règles plus sûres dans l'art merveilleux des trois siècles
suivants. Sans quitter Chartres, et par conséquent sans sortir
de l'objet de cette étude, il suffira de comparer entre elles
les différentes parties de la cathédrale pour que ces relations
sautent aux yeux, et il nous paraît bien^ improbable que
Viollet-le-Duc mérite le reproche de les avoir méconnues ,
ou à plus forte raison, de ne pas avoir su les voir. Quand il
parle des grands changements survenus au xiii^ siècle dans
les arts plastiques, il prend le moment où les principes
nouveaux sont partout admis , où Ton a partout su en tirer
les conséquences, il ne se préoccupe pas de leurs origines.
Si l'école de Chartres a régné sur une vaste région, elle n'a
cependant pas exercé une influence directe sur tout le nord
de l'Europe: elle a été l'initiatrice, peut-être ignorée, incom-
prise, méconnue ; elle est lanière d'une génération tellement
brillante que son éclat a fait oublier un peu ses origines
plus modestes.
Il a dû se passer là un phénomène analogue à celui dont
l'art grec nous offre un exemple — Les découvertes récentes
ont révélé, à Tiryntho et à My cènes principalement, un
art merveilleux, profondément original, juvénile, puissant,
parfois inexpérimenté, comme l'a été l'art chartrain du
xii" siècle. Comparez le style des palais do Mycènes avec
celui du Parthénon, ou avec tel autre modèle achevé de
< P. 299.
— i;;7 —
la inervoilleuso périod*- cLi^siqui-: loiis les caractères du style
(loi'i<iuc s'y révèlent iiial|j;T('' de très grandes dillerences
apparentes ; ils s'y révèlent connue les caractères de l'archi-
tecture gotlii(^ue se révèlent déjii dans les uionuinents du
stvle de tnmsition.
C'est par des dei,a'és insensibles que de nionumoni en
iiHUiunient la transloriuation s'est opérée : Notre-Dame de
Manies, les cathédrales de Sens, de Senlis, de Laon — que
nomme M. Voge — en sont des exemples. — Et toute cette
discussion se termine par une longue citation de ^■iollel-le-
I)uc. dans le([uel le savant auteur allemand retrouve toutes
ses idées : nous avions soupçonné dès le début que dans cette
querelle il y avait avant tout un malentendu.
Les considérations qui suivent, sur le développement
ultérieur de l'architecture gothique, sur les relations entre
le c(jstume du temps et celui des ligures, les attitudes que ce
costume impose à ces figures, présentent un grand intérêt,
mais ainsi que nous lavons déjà dit, M. Voge suit, dans cette
voie, les traces de Viollet-le-Duc et cesse de nous parler de
Chartres.
A[»rès cela, viennent deux appendices, dont nous nous bor-
nerons il énoncer le conteim: dans le premier, rauteui"
recherche les monuments, aujtuu'd'hui disparus, ([ui ajip.ir-
tenaient à l'école chartraine ou dérivaient d'elle à un titre
quelconque: le portail méridional de Notre-I)ame-en-Vaiix à
Chàlons-sur-Marne, ceux des abbayes de ('liàteaii-Clialon
lura), Nesle-la-Reposte (Marne), celui de Sainl - l'ienf de
Nevers, et enliii celui de l'église paroissiale de S.iin! l'uur-
çain (Allier).
Le second ajjpendice est consaci-('' aux statues de Cemnu^s.
Kt (naintenant . (pielle est liiUte (pu se dégage de tout le
livre?
M. \'oge s'est senti attiré, comine i.mt d'cHitres arcin-olo-
gnes. p.ir le capiiNanl et diliicili' |iruhl«'iiic des origines de
l'art gothi(|iii'. Il admci (pie cel art est U(' en {'"rance. el jilus
l'Xactemeut aux euvii"(»ns de l'aris; mais sa conceplinii «tOVe
irctis caracti'res abs(dnment originaux :
1" Jusfpraloi's. coiisidf'i'ant les foi-nies archilect<Mii(|nes el
les |iroc(''d(''s de conslriiction comme l'essentiel, ou avait
établi entre les styles roman et gothi(pie deux diirérouccs
— 138 —
principales : l'une toute extérieure, la substitution de l'arc
brisé au plein cintre ; l'autre beaucoup plus profonde , la
substitution à la voûte en berceau, et par conséquent aux
jours étroits et aux murs épais appuyés de contreforts, de la
voûte d'arête , permettant , commandant même l'ouverture
de larges baies et l'emploi des arcs boutants ^ . Quant à la
sculpture, dont on ne songeait à méconnaître l'union intime
avec l'architecture de ce temps, on l'avait placée au second
rang; on avait considéré son développement comme dicté
par celui de la construction. M. Voge, au contraire, donne à
la sculpture la première place, et sans s'occuper grandement
de la théorie des courbes ni de la transformation de la ma-
nière de bâtir, prend pour point de départ l'ordonnance
et la décoration des portails; il y trouve des procédés
nouveaux, dont il recherche l'origine; il y voit surtout
l'indice d'une prodigieuse poussée du génie national, facteur
moral auquel il attribue exclusivement la naissance de l'art
nouveau.
2° Personne ne contestait les relations q^ui unissent la
sculpture du nord do la France au xii'' siècle aux illustres et
puissantes écoles qui étaient alors, sur plusieurs points de
notre territoire, soit en pleine floraison, soit sur leur déclin.
Mais ces relations n'avaient peut-être pas été étudiées à
fond ; on paraissait même ne pas les avoir toujours bien
suivies et bien comprises. M. Voge, frappé do l'importance
de ces problèmes, les aborde avec une haute compétence,
une grande sûreté de coup d'œil et une grande richesse d'in-
formations. Il présente une solution nouvelle et inattendue :
pour lui , la sculpture du nord de la France dérive directe-
ment , sans aucun intermédiaire , de la vieille école proven-
çale, alors en décadence.
3° Enfin, c'est jusqu'alors à Saint -Denis qu'on plaçait le
berceau de notre architecture nationale. M. Yoge enlève cet
honneur à la vieille abbaye et le décerne à Chartres, où il
révèle l'existence d'une école de sculpture très importante
' On a (lil, en oiilrc, (|U(! li; slvlc rniiiaii, |ircs(jiii' iil('iili((iic à liii-inniic
pciidaiil tout»' sa ilui-ée, varie (ruiic province à i'aiilic, tandis qne rairliilecUire
gotliifiiie, presque identique à elle-même dans tout le nord de l'Europe, varie
d'une ('iMique à l'antre. Il faut voir dans ce fait une siiuple conséquence de
rimmcnse succès de l'école du noid de la France.
— L'A) —
dans la première inoilie du xir siècle. Il circonscril le do-
maine de cotte école, détermine les limites de sa zojie din-
lluence, et laisse entrevoir que sa mort a été la naissance de
l'art merveilleux du xiii" siècle.
Qu'y a-t-il de vrai dans ces théories et dans la manière
dont elles sont présentées? sans donto, elles prêteront ii la
<riti(iue, comme toutes les idées neuves; et, ne visant jias
directement l'architecture , elles ne répondent pas toujours
aux (piestions qu'elles stnilèvent de ce côté-là. Mais il nous
■st impossible de croire (pie le résultat autpiel est arrivé le
savant antenr s'éloiijnie beaucoup de la V('iit('. dni-on y par-
v<'iiir. dans la suite, par d'antres voies, dût-on se montrer,
sur certains points, moins alHrmatif; en somme, dans cet
ouvrage, la part des conjectures est assez faible. Quant aux
erreurs que nous avons eu l'occasion do relever, elles por-
leiit sur des points de détail et souvent n'iiilirmont en rien
la thèse fondamentale du livre. Elle doit donc contenir au
moins une très grande part de vérité.
Le livre de M. Voge est d'une lecture intéressante; nous
lui souhaitons beaucoup de succès dans notre pays. Il en dit
long sur notre passé, que nous connaissons parfois si mal;
sur notre force et notre influence, que souvent nous ne soup-
çonnons pas. Le peuple du cœur do la France a enfanté au
moyen âge un stylo qui a conquis non seulement toute la
vieille terre des Gaules, mais tout le nord df l'Europe et qui
a exercé sur l'an du midi mie inllui'nce indiscutable. En
Angleterre, eu Allemagne, notre art national s'est imi>lanté
si Iden , qu'on a \)\\ . au-delii de la Manche et du KMiin, le
croire autochtone,, et ([uo plus d'un français tienl même
'•ette opinion pour exacte '.
Le li\ i-c de M. \(fj:>' a ('té é<lit(' il Sli'asbourg : comnu'Ul
ne |ias se rajipeler ((uc la merveilleuse catlK'diale de cette
\ille liasse poni- èlic le modèle le plus ache\<'de r.irf des
bords du Khjn? Lans celte Ijeciie d'un prolil uni(pn', dans
'■elte iii(iiibliald<' façade, l'arl dn xiii" siècli- se di'ploie dans
' Voir, il iic Mijct, ccrUiinc iiios.iïijiic récciilc du Louvir.
— 140 —
toute sa luxuriante splendeur, dans toute la force de sa
pleine maturité. Eh bien, lorsque Erwin de Steinbach enfanta
son chef-d'œuvre, il en avait été chercher — à son insu peut-
être — l'inspiration en France : dans sa géniale création,
il y avait une pensée française, une vieille pensée chartraine.
Henry Lehr.
L'ORxVGE DE 1788
Le registre de la paroisse SaiIlt-^■al(■I•i(■ll de Cliàteniidiiii
pour rannée 1788 se lerniine par cette remarque, (pii aujour-
d'iiui paraîtra certainement énigmatique : « Le souvenir de
celte ann<''e tristement célèbre sera peut-être plus dui-ahle
que l'empreinte de ces caractères. >>
En dépit de cette prédiction, les caractères tracés par
laiiienr de cette réflexion durent encore; mais Tannée 1788
est rangée au nondjre des années dont on ne parle pas, et
son souvenir uDllre rien de parliculier au commun des mor-
tels. Si celui qui a écrit ces mots avait été quelque peu
prophète, il aurait pr('vn que Tannée 1781), avec ses immor-
tels princi[)es, e1 laiMK'e 171K>, avec ses sanglantes exécutions,
dépasscraienl de beaucoup la triste célébrité qu'il croyait
a.ssurée à Tannée dont il faisait ainsi Toraison funi-bre.
On se demande (pidlc calamiti'. ipid ('vénemenl a\ait eu
à subii' l'ail de grâce 1788. pnur meiaiei' d'être regai'dé
comme une aniu'e de maiheui-. L'histoire i)olitiqne nous
ai>prend (ju'on Temploya à i>r(''parer laborieusement les
l%tats-(;t''n(''raux de 178U, et elle ne nous y signale d'ailleurs
.aucun l'ait de quelque importance. L'histoire éc(»n(uni(pu>
nous dit Iden qu'il y eut disette de grains, et par suite chertc''
et misère ; mais ce n'est point là une chose ex(ra(»r<Mnaire à
letic (■■p(Mpir. cl (l.iiis je \\\\\' sièclo uii c<MMain noud)re
d'années aui'aient m(''i-it(''. .aulaiil el plus (pie ctdle-ci. de
laisser sous ce rap[>ort (h- peiiildes soii\eiiii-s.
.Si l'histoire générale, la grande histoire c(uunu' «m Tappidle
aujoni'd'hiM. ne nous donne p,is le mut d<' celte ('•iiigme. nous
serons plus lieiireiix en i-oiisiiilaiil l'histoire locale. .Notre
pays en ellel Mihii celle aniu-e-là un (h'sastre s.ans muii. un
cataclysme si ('pouvantable (pie la Heauce n'en vit jamais de
— 142 —
pareil, depuis le commencement des temps historiques. Ce
désastre était connu de nos pères sous le nom d'orage de
i7H8, et l'impression qu'il avait laissée dans les souvenirs
était toile que Ton disait Vannée du rfrnnd orage, comme on
avait dit longtemps Vannée du grand hiver, pour désigner
l'année 1709, comme nous disons encore aujourd'hui Vannée
de la guerre, pour désigner l'année 1870.
Mais depuis lors plusieurs générations se sont succédées,
et le temps, qui tout détruit, a effacé ces souvenirs que les
contemporains croyaient ineffaçables. Il m'a semblé que je
ferais chose agréable non moins qu'utile, en les faisant re-
vivre. L'orage est toujours l'ennemi redouté du cultivateur
beauceron, tant que les biens de la terre ne sont pas récoltés;
il verra que ses ancêtres ont connu ce fléau avant lui, et il
apprendra par leur exemple qu'il n'est point de désastre, si
complet qu'il paraisse, dont on ne puisse se relever avec le
temps et du courage.
I
L ORAGE
Le dimanche 13 juillet 1788, à 7 heures et demie du matin,
un orage parti du sud-ouest, c'est-à-dire du Bas-Maine et du
Perche-Gouet, venait s'abattre sur la Beauce. Eclairs effra-
yants, roulements de tonnerre presque incessants, vent de
tempête, grêle énorme, tout se réunissait pour contribuer à
l'horreur de cet ouragan. Mais, ce qui le rendait surtout
terrible, c'était la grêle qui tombait avec fracas, et était
mêlée de glaçons énormes dont quelques-uns pesaient jus-
qu'à 6, 8 et 11 livres. Cette tempête continua avec la même
violence pendant environ un quart d'heure. On se figure
facilement l'épouvante des malheureux spectateurs de ce
cataclysme ; les plus intrépides n'étaient pas éloignés de
penser qu'on touchait à la fin du monde.
L'orage sévissait avec la même violence sur un espace de
4 à5 lieues de large. Quant à la longueur de son parcours on
l'évalue à 50, à 80, et même à 120 lieues. Une relation dit
qu'il couvrit de ruines un tiers du royaume ; une autre, beau-
coup plus modérée, parle seulement d'un dixième de la
— 14?. —
France, ce qui est encore consicU-rablo. Il est certain quil
liarcounit le Maine, le Perche, le Pays chartrain, la Beauce,
le Pinserais et les provinces qni séparent notre contrée ilr la
Flandre, oîi il^iilla épuiser les derniers ellorts de sa rajj:e. l'n
des meilleur^ Récits qui nous aient été faits de cet événement
semble dire que l'orage qui ruina la Flandre était distinct de
celui de la Beauce, bien qu'ils aient eu lieu le même jour.
Quoi qu'il en soit, les désastres que celui-ci a laissés après
lui, dans notre région seulement, sont sullisants pour le l'aire
regardi'r comme un épouvantal)le tléau. Un aura une iih'e de
rétendue de ces désastres quand on saura que 84 paroisses
lurent frappées dans la seule élection de Chartres ' et 107
dans les élections de Chàteauduii. Dourdan ci Poissy. Une
autre statistique dit qu'il y eut en tout GOO paroisses grêlées,
dont 274 pour le diocèse de Chartres,
II
EFFETS DE L'ORAGE
Quand le calme fut rétabli, après le passage de celte hor-
rible trombe, les habitants épouvantés restèrent quelque
lenqjs comme frappés de stupeur. Ils étaient étonnés de se
retrouver vivants, et ils se demandaient avec anxiété s'il
leur était resté quelque chose de ce qu'ils possédaient, moins
iVwuo heure auparavant. Il leur fallut pourtant bien regarder
en face le malheur qui les frappait et se rendre compte de la
triste réalité. Mêlas! celle-ci dépassait encore leurs prc'vi-
sions les plus pessimistes. La terre, si riche le matin enct)re,
('■tait (h'pouillée de tout ce qui faisait sa richesse : couverte
de di'bris de toute natuie, elle présentait l'aspect de la plus
comiilète désolation.
Pans la partie centrale de l'orage, les récoltes étaient
anéanties, lui// rtnil jiHi- : « La moisson est faite », disaient
tristement les pauvres cultivateurs. Là où l'oi-age n'avait
li'iiiit i)ass(''. la iiHiissiin cninmença cette année-l:i h- 1<» Jnil-
' l//'l('(lmii rlail mil' division a(llllllll^ll.lhvl• rtalilic |niiir la |i('ir('|ilioii des
laillcs l'I galifllcs. Kllt's avaient à peu pivs la riri(MiM riptuin de nos a^^on(ll^^t'
monts actuels.
— 144 —
lo( : les Yictimes du 13 juillet étaient donc frappées à la
Teille de mettre la faux dans leurs blés. Voici les apprécia-
tions des pertes de quelques paroisses, appréciations dont la
plupart sont oflicielles, aj'ant été établies par les procureurs-
syndics du bureau intermédiaire du département de Chartres
et de Dourdan * , M. Bêchant, chanoine de Notre-Dame,
archidiacre de Blois, et M. Bouvet, grand-Juge consul. La
paroisse de Saint-Loup eut 62,024 livres de perte ; le Gault-
Saint-Dcnis 80,000 livres ; Montainville (la moitié de la
paroisse seulement fut grêlée) 20,000 livres. Total pour l'é-
lection de Châtoandun, 700,000 livres, pour l'ensemble des
provinces grêlées, 12 millions. Il ne faut pas oublier que
l'argent n'a plus aujourd'hui la valeur qu'il avait à cette
époque; pour avoir l'importance réelle des pertes en ques-
tion, on devra doubler le chiffre des sommes qui sont portées
ici.
Si les dégâts subis par les récoltes furent les plus considé-
rables, ils ne furent pas pourtant les seuls dont on eut à se
plaindre. Los jardins étaient dévastés ; les^vignes, les arbres
étaient brisés ; on dit même qu'une forêt dé^châtaigniers fut
anéantie. Les bâtiments avaient eu beaucoup à soullrir ; les
toitures étaient enlevées ou découvertes. Dans la seule ferme
de Chaunay (Fontenay-sur-Eure) il y avait 10,000 tuiles à
remplacer. Le clocher de Gallardon fut enlevé par la tem-
pête et celui de Logron faillit avoir le même sort.
Mais au lieu d'un récit assez incolore de cet émouvant
drame atmosphérique, on préférerait sans doute connaître
les impressions de ceux qui en furent les témoins, on pourrait
presque dire de ceux qui y furent acteurs. Voici donc quel-
ques relations contemporaines puisées dans les registres
paroissiaux de cette année fatale.
.J'avais eu d'abord l'intention de choisir parmi ces relations
celles qui paraîtraient plus riches en détails ; mais , en les
étudiant et en les comparant, je me suis convaincu qu'un
choix était dillicile à faire. Les plus concises contiennent
parfois quelque trait qu'on ne retrouve pas dans les autres,
* Le (Iriiarlt'inciit (l'Eiirc-cl-Ldir porta (Falionl co. nom. Le liiireau iiitonné-
diairo était iiim' coiiiinissum (|iii ioiictidiiiiail dans riiitcrvallo des sessions de
l'assemblée provinciale de l'Orléanais.
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— M.-) —
et, en somme, il en est bien peu qui n'ollrenl quelque parti-
cularité intéressante à signaler. .ImI donc admis sans distinc-
tiun tout ce que j'ai trouvé dans les anciens registres de
paroisses. cetl<^ mine si féconde en renseignements de toute
nature '. -Vy ai ajouté queiipies passages eniprunl(''s aux
cahiers de doléances rédigés pour les Ktals-(;énéraux <le 17Kl>.
l,c iiHii ini'mei'.i un ensemlili' (pii [nrini'Ura de se faire une
idff [ilus juste de r»''p(iuvautable malheur qui s'abattit alors
sur notre Beauce chartraiuc.
Une carte de la contrée ravagée m'a semblé le complé-
ment nécessaire de ce travail. Kn regardant cette carte de
lias en haut <>n pourra suivre la marche de l'orage. Les
limites ne sonl pas aussi précises qu'on l'aurait désiré ; la
grêle s'est permis de faire des pointes dans des localités
qu'elle aurait laissées indemnes, si elle avait suivi sans
déviation les lignes qu'elle semblait avoir adoptées. Les
récits d'ailleurs manquent eux-mêmes de précision : le voisi-
nage immédiat de la trombe a semblé à plusieurs narrateurs
assez fortement endommag*' pour pouvoir être confondu avec
les lieux où elle avait exercé toute sa rage.
"»'
Alluves. — Le dimanche 13 juillet 1788, à 7 lieures du matin,
le mt^me jour que l'année précédente -,
Un fléau qui répand la terreur,
Fléau que Dieu dans sa fureur
Inventa pour punir les crinu's de la terre,
La ,t,''rêle, puisqu'il faut l'appeler de son nom,
a dévasté, ruiné, anéanti l'espérance de toutes les espèces de
récolte en plusieurs provinces, et particulièrement dans notre
Beauce et notre diocèse. Il est difficile de se peindre la désolation
et le malheur des pauvres grêlés, surtout de ceux des paroisses
nus voisines, Saunieray, Bonville. Vitrai, Montemain, qui épi-oii-
vaieiit pour la seconde fois de suite cette alfreuse calamité. Il
' La jii>ti(t' me (ail un devoir de reeoiiiiaiUe iiiie j'ai eoiiié la lilii|iait de ces
relations dans les extraits des registres |iaroissiaux que M. Liitien Merlot,
aichisisli- d'Knre-et-I,oir, a insérés dans Vlnvi'iitdiri'-Somtndiir (Ifs archives
<lfj)iiiiimiuliiles, anlnves eivijes, série K sniipl. ii! vol. iii-i").
- Par une eoïnridenre ninarqiiahle, le \'.i juillet I7S7, les paroisses nonink'es
dans ceUe note avaient déjà été ravagées par ini ora^'e presipu' aussi désastreux
qui' relui du \'.\ juillet \~HH. il laut aeeepler avec réserve le (|ui est dit iei des
serours ; le rédaeteur de cette note donna dans les idées révolutionnaires.
T. Xll, .1/. IH
— 146 —
s'est trouvé des grains de grôle d'une grosseur incroiable, du
poids de plusieurs livres dans les environs de Rambouilk't. Ce
n'a été d'abord que plaintes et mémoires présentés de tous les
cantons au Roy et aux premiers ministres ; mais le mal étoit
ti'op grand jiour espérer des secours efficaces. Le Gouvei'ucnuMit
a commencé par distribuer une foible portion de secours aux
plus pauvres cultivateurs pour encourager les semences pro-
chaines. La paroisse d'AUuye a reçu au total la quantité do
30 septiers de blé, mesure de Chàteaudun, puis une somme do
500 livres dans le fort de l'hiver pour les plus nécessiteux, culti-
vateurs ou non, plus une somme de 200 livres. Les gros fermiers,
ceux dont les pertes montent à des 5, 6, 7, 10,000 livi'es sont
encore à attendre des secours : il parait qu'on se repose sur les
propriétaires, qui sont dans l'impossibilité de subvenir à tout le
mal.
MoNTBOissiER. — Le 1 4 juillet 1788 ', grôle épouvantable le
dimanche, à 7 heures du matin, qui a détruit toutes les récoltes
dans cette paroisse et autres voisines, dans un rayon ou étendue
de plus de 50 lieues de pays.
Chàteaudun. — Paroisse de Saint-Médard, A sept heures du
matin, horrible grêle qui a désolé une étei^due de plus de
40 lieues, depuis environ Vendôme jusque par de là Paris. Dans
le seul diocèse de Chartres la perte est de près de 12 millions :
celle de l'élection de Chàteaudun, qui a été la moins maltraitée,
monte à environ 700,000 livres. Ce terrible fléau s'est fait en
môme temps sentir en d'autres provinces.
Mézières-au-Perche. — - Une grôle considérable accompa-
gnée d'un tonnerre épouvantable a dévasté dans le seul diocèse
de Chartres 274 paroisses. Elle a porté ses ravages jusque dans
la Flandre et peut-être au delà. La perte qu'elle a occasionnée à
cette paroisse a été estimée à environ 30,000 livres, par des
experts nommés par MM. les députés de la Commission inter-
médiaire de Chartres et de Dourdan. Le même malheur étoit
arrivé l'année dernière, le même jour 13 juillet, à trois heures
après-midi, mais avec beaucoup moins de perte.
LoGRON. — Le terrible oin^agan du 13 juillet dont pareil ne fut
vu en notre continent, et plaise à la Providence de ne plus acca-
' Le l/i juillet est mis ici pour le 13 juillet : on remarquera plusieurs autres
erreurs de même j^enre sur le joui' el l'heure, ce ipii piouve (pie cerlaines notes
ont été écrites longtemps api'ès révénement.
2 Pour abréger, nous omettons désormais la date et l'heure, quand la clarté
du récit le permettra, car celle l'épélition n'aurait aucune utilité.
— 117 —
bli'i' (le pareil tléau notre Roiauino, dont plusieurs provinces
liiri'iit ravagées, cet ouragan, dis-je, (jui avait renversé des
églises nous lit craindre le même sort pour la nôtre. Occupés
que nous étionè pendant la tempête à considérei- le clocher, nous
iToiniis it ilia<^ui' iiistani voir l'i-glisi- écrast-e ]»ar sa eliute (jui
serait indul)itablenient ai-rivée, si cette ti-mpéte eût été aussi
vinlmtc ici (pi'cii Iteaucoup il'cndroits.
Saint-Clol'D. — Le i;{ juillet ITSS, il y a eu 85 paroisses du
diocèse lie Chartres entièrement grêlées.
Douv. — A six heures et demie du matin, il s'éleva un horrihle
Duragan (pii lit îles ravages terribles : bûtiments renversés,
arbres arrachés, coupés, vitres brisées, moissons enterrées, bes-
tiaux tués ou blessés, honnnes et femmes blessés. Ce n'étoit pas
dans j)lusieurs endroits île la grêle, cï'toient des glaçons qui
bondissoient sur terre et portoient quatre ou cinq coups meur-
triers à ce (juils rencontroienl. ( )n en a pesé à Chambourcy '
qui se sont trouvés du poids de 10 livres; une forêt de clultai-
gniers a été ruinée. Icy, toute la plaine du Haut-Douy a été
perdue ; il n'y resloit pas un boisseau d'avoine ; dans plusieurs
champs, le fourrage même étoit enterré, les méteils de même,
les froments couchés ou égrainés aux trois quarts, quoique la
grêle ne fût pas plus grosse pour ainsi dire que celle du 29 mai '-.
La rose du pignon de l'église a été brisée. L'autre partie de la
par( tisse n'a pas été si nudtraitée. On a évalué la perte d'ici à
ln,| 17 li\ les. Les gazettes annoncent que Chartres, Rambouillet,
Saint-Germain, Maily, Clermont-en-Beauvoisis ont eu le même
ouragan ; le bruit est qu'il a été jusqu'à Donny, en PMandre. On
m'a assuré que mon piédécesseur qui a été icy W ans, tenoit de
M. Ledevin. son oncle, cuié dicy pendant plus de 20 ans, que de
imnioin' d homme cette paroisse n'avoit été grêlée. Il y a une
lotterie à Paris dont le fond estde 30,(MIO,000 livres^» en faveur des
grêlés. Le (JouverniMnent a fait distribuer du bled aux plus
pauvres cultivateui'spoiu' ensemencei' : cette pai'oisse en a eu un
niuid et 120 livres d'argent. Dans le mois de janvier on reçut
iiicore 100 francs qui furent distribués en pain aux pauvres ; le
pain valoit, pesant i) livres, 22 soûls. Dans le mois île mars on
ie<.;ut 27 septiers d'avoine (pii furent distribués pour la senienci";
' r.li.iiiiliouicN, |Mroi>s(' |nrs df .'>aiiil-(icnM;iiii-i'ii-L.ty(' (."^riiic-cl-Oisi'l.
- boii) avait vW- ^irlr Ir 2'.l fl Ir 'M) mai iin'crdciils. I.a j^irlt! du :J'.I mai
l'tail grosse coiiim»' des hallt'.s.
•' (le rliilVii- |iarail iiotalilcmi'iil cxaiit'iv ; on ne jonglait |ias aver les iiiillioiis
alors, comiiii' on le lail aiijoiinriiiii. Il rv| |ii'o|i;di|r i|ti'il Lmi lire ;in.(MMI li\rcs.
— 148 —
les terres de la Mainferme, Gergué et Frileuse, comme plus
grêlées, en eurent chacun 3 septiers. Dans le mois de mai on
reçut 30 livres qui furent distribuées en pain.
Dambhox. — a 8 ht'iu'es et (li-iiii du matin, a éclaté un ouragan
terrible et inouï meslé d'éclairs, de tonnerres atîVeux, qui a,
presque en même temps et dans l'espace d'un quart d'heure,
ravagé, détruit, abysmé moisson, luzernes, l'ruits, légumes,
arbres fruitiers, et cela dans toute l'étendue des deux tiers de la
Beauce, du Perche, du Chartrain. A Anneau, Sours, Gallardon,
Bellegarde ^ et plusieurs autres endroits les plus écrasés, on a
vu des glaçons de gresle pesants jusqu'à 7 livres. Les toits des
maisons emportés, les charpentes brisées, les édifices, même les
églises, découverts, écroulés. Les autres endroits, sauf le Gasti-
nais et la Sologne qui n'ont souffert presque aucun dommage,
les moins malheureux ont encore perdu les deux tiers de leur
récolte tant de bleds que d'avoine. Ces environs-ci un peu moins
attaqués n'ont recueilli que pour les frais.
Levainville. — Un ouragant affreux, accompagné de grêle
épouvantable, a ravagé toute la campagne, ^létruit toutes les
toitures en ardoises et thuilles. 11 n'y a eu aucune espèce de
récolte en quoy que ce soit. Ce dommage a été fait en cinq mi-
nutes, à une heure et demie du matin -.
OiNViLLE-sous-AuNEAU. — Une grêle moissonna toutes les
espérances du laboureur ; étant décimateur, je partageai leurs
pertes. Ce fléau fut d'autant plus mortel qu'il frappa 84 paroisses.
Sans doute on n'avoit point d'exemple d'une semblable calamité.
Le découragement étoit dans tous les cœurs, j'aurois presque dit
le désespoir, si la religion ne l'eût point empêché de naître. Ce
ne fût là que la moitié du mal ; la famine qu'on avoit ni prévue,
ni soupçonnée, fut réelle au mois de juillet et août 1789.
Umpeau. — Entre 7 à 8 heures du matin, cette paroisse a été
grêlée de manièr(> que l'on n'a pu rien récolter. La perte a été éva-
luée à plus de 200, 000 livres. Cette grêle a perdu 05 paroisses de
cette Élection. Elle a tombé fort dru icy et grosse comme des
œufs de pigeon ; elle a cassé beaucoup de tuiles et presque toutes
les vitres. Elle a abattu, avec la foudre qui l'accompagnoit, le
clocher de Gallardon, l'église de Sours, 3 à 4 moulins à vent.
Proche Saint-Germain-eiî-Laye, on a pesé des morceaux de
' Belleganic, canton du Loiret, arrondissement de Montargis.
- Erreur manifeste qui prouve que la note fut rédigée longtemps après l'évé-
nement.
— 149 —
grùle qui ont pesé depuis 8 jusqu'à lU livres : c'étoit des mor-
ceaux de glace. Jamais on a vu tant de dommages dans les
campagnes i-t dans les villes, et plusiiMU's pcrsonm's y ont pôri,
et il en seroitij^cry davantage si cet accident fust arrivé un jour
de travail : piflin c'est une désolation. On dit, mais je doute fort
de la vérité* de ce récit, (lurn i;{S(i jimcil accident est arrivé.
Dieu veuille que cela n'arrive jamais 1 '
CoLTAiNviLLr:. — il y a eu un si terrible orage mêlé d'une
grêle si forte, si grosse et si généralle qu'elle a ravagé toute la
belle Beauce. Cette paroisse a été grêlée à moitié ; le clocbé de
Gallardun a été renversé et tous les fermiers de la belle Beauce
ont été ruinés. Les vignes ont beaucoup souH'ert : le grain a
augmenté considérablement, surtout après la semence ; le vin
fort cher.
Ver-les-Cmartres. — Ad pevpctiiam calamitosff? vei memoviain.
— L'année 1788 a été des plus désastreuses. 11 ni a point eu
d'hiver ; le printemps assez beau, l'été affreux. Le dimanche
VA juillet, vers les sept heures et demie, il (it un orage affreux,
un ouragan terrible qui ravagea la maison de l'abbaye de l'Eau,
renver.sa l'église de Sours, et une grêle qui, en moins de cinq
minutes, dévasta nos campagnes, au point que je n'ai fait
aucuni' récolte et que je fis remise totale à Nicolas Hamard, mon
fermier. 11 paroit que cet orage, qui a dévasté spécialement
l'Election de Chartres, a eu 100 lieues de long sur 4 de large. Les
mémoires du temps feront sans doute mémoire de cette horrible
journée -.
Boisvilli:tti;. — Vers les sept heures et demie du matin, il a
paru un orage considérable et terrible, qui a donné uiir gresle
ti'és grosse et nniltiiiliée poussée par un vent violent tl'environ
un quart d'heure qui a tout brisé dans les champs et jardins. Cet
orage avoit environ i- lieues de large sur plus de 80 lieues de
long : ce qui a fait rehausser le prix des grains dans fort peu.
Brossard, cuvé de lioisvillctlo.
Saint-Loi;i'. — A sept heures et lieniie, il est tomlie pendant
l'esjiace de trois minutes, une gresle qui a luiné aux deux tiers
les moissons de cette paroisse, a ruiné tout à fait phisiems pa-
' L'Iiisloirtî cliailiaiiie n'a lias signait'- ccllf lfiii|i('|f de 1380; i-llt* signait'
rdifs (If i:,K|. |.-„s!l, |(;(l-_>. \A\ h' I7i>7.
- M. il- liai'oii (le Tuliciit, sci^;ni'tir di' Vit. donna .'i l'iiivir l.iOO jivrfs pour
former un liuifaii di.' t liarilt".
— 150 —
roissos, a renverse Tég-lisc de Sours, la tour de Téglise de Gal-
lardon, plusieurs bâtiments, causé un dommage considérable
dans près de 600 paroisses. La perte de cette paroisse a été esti-
mée à 65,624 livres.
Oinville-Saint-Liphard. — A huit heures du matin, un orage
furieux s'est élevé du côté du sud-ouest ; le tonnerre, le vent, la
grêle, formaient tous ensemble un bruit effroyable. Depuis
Paris jusqu'à Barmainville dans la largeur de Gasville à Cham-
pillory ', tout a été battu en ruine. Le dégât a commencé au
bourg et s'est étendu bien au delà de Paris. Cet ouragan a ruiné
un grand nombre de paroisses, depuis la Croix-Briquet -, route
d'Orléans, en remontant vers le nord, à l'orient et à l'occident.
La Beauce, l'Ile-de-France, la Picardie et, dit-on aussi, la Bre-
tagne, ont ressenti ses effets désastreux. La perte qu'il a causée
est immense. On a rapporté avoir trouvé dans des registres
anciens que pareil ouragan avoit occasionné, à môme jour, à
môme heure, il y a 400 ans, de semblables ravages. Par une
suite funeste de l'ouragan, on n'a presque rien recueilli dans la
partie grêlée de la paroisse, et c'étoit celle qui donnoit le plus
d'espérance. Dans le reste de la paroisse, le niànque de produc-
tions a produit le môme effet, de telle sorte ^ue la récolte en
bled et en toute espèce de mars et de menus grains a été très
mauvaise.
Sours. — Le dimanche 13 juillet 1788, à sept heures et demie
du matin a commencé le plus affreux des orages, le plus désas-
treux de tous les ouragans, venant du Sud-Ouest. En cinq
minutes tout a été perdu, bleds, mars, fruits de toute espèce ont
été généralement et entièrement hachés par la grêle. La moisson,
qui devait commencer quelques jours après, a entièrement été
détruite, en sorte que elle coûtera à ramasser plus qu'il ne vault.
De quatre moulins celuy de pierre est resté seul et fort endom-
magé ; dans celuy du château, où six personnes s'étaient
réfugiées, deux ont été tuées et inhumées le lendemain. Plu-
sieurs bâtiments renversés, un très grand nombre d'endommagés,
beaucoup de personnes dangereusement blessées. Notre pauvre
église a été renversée depuis le pignon jusqu'au clocher, qui,
resté seul a garanti le bout du rond-point, si fort ébranlé qu'on
n'a osé sonner les cloches. La voûte de la Vierge, la charpente,
tout a été brisé ; le banc-d'œuvre, la chaire entièrement encom-
brés ; tous les bancs cassés, les confessionnaux brisés. Si le sieur
< Cliaiii|iiIorv, Iniiiiraii (rOiiivilN^-Saiiit-Lipliard.
- La r,i'oix-l!i'i(iiit't, liamcau de Clievilly (Loiret).
— 151 —
curé eût été dans k- sien, comme il étoit dans la sacristie lors de
loiage, il étoit écrasé : heuiensement qii'élourdy par la chute
de la fenêtre eiitierre du ronil-point et par la pi-odigieuse quan-
tité de grêle (jiji tonihoit sur luy par cette ouverture, il suivit
ridée que Dieii luy inspira de se réfugier sous la voûte de la
fontaine de la sacristie et d'y appeler la personne qu'il coid'essoit
et une autre qui étoit à la porte. S'ils eussent cherché à se sau-
ver ih étoiont écrasés et ensevelis sous les ruines ; jamais ils
n'auraient pu gagner la porte, puisque deux lilles qui étoient
tout auprès ont eu toute la peine du monde à y arriver et non
sans être dangereusement blessées.
"Vaugeois, virairo de Sours.
Bau.lfau-sgus-Gallardon. — Le 13 juillet 1788, la grêle a
traversé la France (4 a ravagé dans son cours cette paroisse.
DuoLE. — Une grêle telle que nos clinials n en éprouvèrent
peut-être jamais a ravagé, le 13 juillet 1788, plusieurs provinces
ilu Royaume. Dans la seule élection de Chartres, sur l'étendue
de 8i paroisses, la récolte a été comme broyée sans qu'il en res-
tât aucun vestige. Des églises, un grand nombre d'autres édifices
publics ou d'autres habitations particulières ont été renversées
ou endonunagées ; et ces ravages, étendus avec une fureur
presque égale sur 170 autres paroisses des élections de Chàteau-
lun, de Dourdan et de Poissi. font monter au-delà de 12 millions
la perte que le diocèse de Chartres a éprouvée.
Raisin, curé.
Eper.non. — Le 13 juillet 1788 est tombée une grêle affreuse
dont on n'a pas d'exenq^les dans l'histoire. A 7 heures 1/2 du
matin, on eut ime obscurité presque égale à une éclipse ordinaire.
Il commen<;a à tomber quelques grains de grêle, mais sans
lucunc^ suite, à Epernon ; une légère tempête l'enleva jusqu'ù
Chaleine, paroisse d'Emancé'jOû tout fut saccagé. La nuée com-
meii(;a à Hrezolles, parccjurut une jiartie du Perche, la majeuri'
partie de la Beausse, JanvilK-, Etampes et au-delà, Saint-<Jer-
inain-en-Laye et tous les adjacents, partie de la Brie, de la
Bfuirgogne, de la Pii-ardie, de la Flandi'e, de la Hollande et un
peu i-n Angleterre, et tous les ravages j)resqu(î à la même heure,
l'resque aussitôt le ble<l doubla de prix et tle 18 livres monta à
près di- 30; le jM-tit bled ipii valoit lo à 12 livres augmenta jus-
qu'à 22. Pour surcroit d'arilietion , les terres épargnées n'ont
' Kiii.iiuT, anliffois paroisse du dioc^st; de Cliarlics, aiijourd'liui lOiiiimiiii-
lie i'aiTOiidissi'iiient df llainltouiilrt (Scinc-ct-Oise).
— 152 —
produit en général que 2 septicrs... La misère est devenue exces-
sive : les propriétaires ont été obligés de remettre les loyers et
de donner de quoi ensemencer les terres.
SouLAiRES. — Au matin sur les 7 et 8 heures, il a paru sur
l'occident une nue d'orage qui en moins de 2 heures a greslé plus
de 80 paroisses, l'espace au moins de 20 à 30 lieues sur au moins
3 lieues de large. On a dit qu'on a pesé des grains de grêle qui
pesaient jusqu'à 11 livres. Par où elle a passé, elle a tué tout le
gibier et jusqu'aux lièvres.
MoNTAiNviLLE. — La paroissc a été grêlée partie, savoir le
terroir de Montainville et de Chavernay. La perte a été de plus
de 20,000 livres : il y a eu plus de 20 paroisses qui ont plus
souffert que la nôtre.
Broué. — Le registre de 1788 signale à la date du 21 septembre
le Mandement de M'?'" TEvèquc de Chartres « pour ramasser des
questes pour secourir les infortunés habitants , qui , à compter
depuis Poissy jusqu'à Chartres et Chàteaudun , on compte près
de 200 paroisses dans le diocèse de Chartres^qui ont esté gres-
lées et ravagées par une énorme gresle, avec ^ne tempeste et
orage violent... ; ainsy près de 200 paroisses dans le diocèse de
Chartres sont perdues entièrement par ce fléau..., dont on évalue
la perte au-delà de 12,000,000.
Chérisy. — Le \i juillet ' 1788, il y a eu un orage qui a été
accompagné d'une grôle qui a dévasté 140 paroisses de la Beauce
et les a laissées sans aucune ressource. Trois autres provinces
ont éprouvé le môme sort.
Brezolles. — Cette année est remarquable par le dégât causé
par la grêle en plusieurs provinces et notamment dans la Beauce
et la Picardie. Dans la seule élection de Chartres, il y eut
99 paroisses ravagées. Les grains de toute espèce furent pillés
sans qu'il en restât aucun vestige ; les vignes et les arbres
furent brisés et même arrachés... Ces ravages... ont causé une
perte de plus de 12 millions dans le diocèse de Chartres.
J'ai cru devoir admettre, au même titre que les autres,
l'extrait suivant que j'emprunte aux registres de la paroisse
d'Oigny près de Mondoubleau. Si cette paroisse n'appartient
pas au diocèse de Chartres, l'auteur de la note était un
' Erreur de date : il est visible que cette note a été rédigée assez longtemps
après l'événement.
— 153 —
compatriote et les détails qui s'y trouvent ne nous permettent
pas de la laisser de côté *.
OiGNY. — Ll'M3 juillet 1788 .sur k-s V> h. 1,2 du matin on a
vu paraitro une nuée qui annonçait tout le désastre qu'elle a
causé. Elle a fait beaucoup de ravages dans la Bretagne, dans
le Maine, dans le BlésoLs, dans le pays chartrain, autom* do
Paris, dans la Brie et dans beaucoup d'autres endrciits, de
manière (juil y eut plus de GtK) paroisses victimes de celle mal-
heureuse grêle. Le pays chartrain a été le plus maltraité : il y
eut 1()<J et quelques paroisses dans le seul évéché de Chartres
qui ont été ravagées. La foudre était si grande qu'elle a renversé
quantité d'édilices, déraciné quantité darbrt's, coupé les i)ranchcs,
ôté l'écorce de ceux qui sont restés.
Dans la paroisse de Sours, mon pays natal, elle a renversé
toute la nel' de l'église, de manière (juil y aurait eu plus de
3tHJ personnes écrasées, si cet accident fui arrivé trois quarts
d'heure plus tôt. Trois moulins ont été renversés ot brisés, dans
l'un desquels deux personnes ont été écrasées. La flèche de
Gallardon remarquable par sa hauteur a été coupée à la hauteur
de l'église. Dans le seul évéché de Chartres qui a été le plus
ravagé on a estimé la perte à 12.(XH).(K>() : cette affreuse nuée a
paiTouru toutes les provinces et les pays susdits dans l'espace
de trijis heures ; par f)ii elle passait, elle avait jeté toute sa furie
dans l'espace de cinq nnnutes. On a vu des grains de grêle
pesant jusqu'à dix livres, elle était ordinairement de la grosseur
d'un œuf de jjigeon. De mémoire d'honnnes on n'a jamais lu
quelque jtart (pi'il ait paru sous notre sphère un pareil ouragan.
Deux autres témoignages contemi)orains me semblent, à
cause de leur origine, faire une suite naturelle de ces rela-
tions emprunt('os aux registres paroissiaux. Le jjrcmier est
consigne'" dans le Registre des délibérations du Chapitre de
Notre-Dame de Chartres en ces termes :
1788. H» juillet. — Il est doiuié lecture d'une lettre du sieur
curé d'L'mpeau, pai- laquelle il prie la Compagnie de vruir au
secours de sa paroisse plus à ))laiii(lri' ([Ui' jamais après les
malheiii's ijiic la grrji' a eausés.
(''est ;i la lin ilii Cirlulaire de labba^c de Saint-Chei-on
que .se trouve le second h'iiiojguagt', dans une sorli' di' J<'ur-
' l.a Soi irl(' ;inln''iiloi,'i(|iii' en ;i jii^r de im'^iiii', car f\\r a iiiM'-ir fi-llr iinli-
dans if loiiic \ 111 (II.' ses |iroers-vcrJiaiix, p. îOT.
— 154 —
liai où sont relatés, année par année, les faits intéressant
cette maison religieuse. L'orage eut (railleurs une consé-
quence dont les clianoines de Saint-Clieron ne durent pas se
plaindre, ainsi qu'on va le voir :
L'année 1788 fera longtemps époque dans le pays chartrain à
cause des malheurs qui y sont arrivés. ( Après avoir raconté les
démêlés des religieux avec leur abbé commandataire, qui deman-
dait les 2/3 des revenus, l'annaliste ajoute :) Les pourparlers
durèrent jusqu'au 13 juillet, jour à jamais mémorable par la
grêle épouvantable qui a ravagé les deux tiers du pays chartrain.
Comme les biens sur lesquels on se disputait se sont trouvés à
peu près détruits, on a parlé de paix... Il est inutile d'entrer dans
le détail des malheurs arrivés par la grêle ; les annales en par-
leront assez '. Voilà la liste des paroisses, où les chanoines
réguliers ont des biens, qui ont été ravagées : Barjouville, Bou-
ville, Berchères-l'Evèque, Gellainville, Frainville, Francourville,
Prunay-le-Gillon, Saint-Cheron-du-Chemin et les environs du
Bois-Baudry, Allonnes, Sours, Voise, Thivars, Lucé, le Bois-de-
Fugères, Nogent-le-Phaye. Notre ferme d'Archévilliers a eu une
pièce d'avoine de 28 setiers absolument perdue. La désolation a
été si complète qu'on a remis aux fermiers le fermage de l'année,
et qu'on a été obligé d'avancer des semences aux fermiers de
Prunay, de Nogent et de Bouville. Pour combler le vide on a
exploité les chênes du Bois-Baudry dont le produit a été de
4.000 livres.
Cahiers des doléances. — On parla longtemps de cette
funeste journée, non seulement sous le manteau de la che-
minée pour charmer les loisirs des soirées d'hiver, mais
encore dans les actes publics, et dans toutes les circonstances
où il était permis au peuple d'exposer sa misère. Les cahiers
de doléances pour les Etats-Généraux de 1789 ont été pré-
parés en cette malheureuse année 1788, c'est-à-dire lorsqu'on
était encore sous le coup de l'émotion causée par ce désastre.
Il ne faut donc pas s'étonner si l'orage du 13 juillet s'y trouve
fréquemment signalé, comme une des principales causes des
souffrances de la cnUiire. En voici quelques preuves.
Mcsl;i\-l('~]'ii/;iiii(' met sous les yeux du Koi l'étal (i('plo-
' Le bon religieux a été trompt'' dans ses prévisions : 1 789 et ses suites ont
(li'lonrnt' l'allcntion do l'oi^aiic de I7SS. Chevard. nn l'onteniporain, n'iMi dit
pas un mot dans son Histoire de Chartres.
— l.-).-) —
labli- iruiK' partie des iiaroissos du liailliaLTe do ("liartres,
notaninit'iil de cette paroisse de Meslay (pii a essuyé le
1.') juillet 1787 et 1788 deux oura^'ans qui ont ravagé toutes
les moissons de»yrains de toute espèce ; en consétiuence, il
sollicite la remise des impositions de 1787 et 17X8.
Amli'vilh-, petite paroisse aujourd'hui annexc'e ;i Meslay-
le-^'idame, el Cernelles. autre paroisse aujourd'hui annexée
au (iault-Saint-Denis, l'ont les mêmes observations d à peu
près dans les mêmes termes.
/'.'i-mnioin illr-l;i-(ii-;iii>lr ("ait cette (loléance : "Tous les
habitants de cette paroisse vivent dillicilemeiil. ayant été
allliiifés par la grêle du 1.*. juillet dernier. Ils se sentiront au
moins K» ans de la perte (pi'ils oui l'aile, ayant (''l('- obligés
d'emprunter beauc-oup pour ensemencer les terres, ayant
[lerdu une Lirande partie des [)aillis nécessaires aux engrais,
ce qui ilélruit l'espoir de grande récolte. »
RÉCL.\MATioNs. — La misère (ut grande pendant la période
ri'volutionnaire, mais cela n'empêcha jtas la culture beauce-
ronne d'être accablée d'im})ots et surtout de réquisitions
cx<trbitantes. Les réclamations étaient nombreuses, et . au
nombre des raisons que faisaient valoir les cultivateurs aux
abois, se trouve souvent l'orage (h^ 1788, dont les ravages
n'étaient point réparés encoi'e. Voici ce (juc nous lisons au
R<'gistre des délibérations du Direcloirc du d(''i)artement
d'Kure-et-Loir :
2 aofit 17'.>n. -M. Bunel. cur('' de hammarie, deuiaiidi' ;i
être déchargé de ses impots, parce qu'il a été grêle en 178S.
- Ilrjrlr.
15 octobre 17*.'(i. — 11 .sera sursis pour le recouvrement des
|ires(ations dans les paroisses grêlées le 1."'. juillet 178S. dans
IKleclion de <"hâleaiuluii.
•J7 octolire 17'.K». — M. (le .Moiilboissier a remis ?('•, I."»! IV. a
^es CeruMers à cause des grêles de 1787 et de 1788; il
demamb' ;i être (b-chargé' de ses \ ini^lièiues proportiouiielle-
meut à ses remises. — llruvay'' ;iii (/.irdr i/ihicrni ilr^ milIllIi'S
ilr l'illl/itil ^/r,s ^ff\
2:M'évrier 17îtl. — Monilouet grêle en 1788, 178'.i. 17'.«i.
demande (b'-charii-e de ses impositions. — Ajniii-iir.
Ki juin 17'.»1. — Les députés di-s paroi.sses grêlées en 1788
— 156 —
du district de Chàteaudun présentent au Directoire du
Département une lettre du ministre faisant espérer du
secours. — Le recouvrement des impositions de 1788 sera
suspendu.
12 mars 1791. — Jacques Dupont, menuisier à Oinville-
sous-Auneau, demande la remise de ses impôts de 1789,
attendu la perte qu'il a faite par la grêle du 13 juillet 1788.
— Renvoyé au district.
Fatigué de ces demandes qui se renouvelaient sans cesse,
le Directoire du Département d'Eure-et-Loir en référa à
l'Assemblée Nationale. Dans la séance du 29 mars 1791, ses
délégués, de retour de Paris, racontent qu'ils ont été mal
reçus. On leur a répondu : « Le peuple paiera et on ne fera
point de remise : la cause est vidée. » Les amis du peuple
commençaient à laisser voir de quelle nature était leur
amitié.
Je ne crois pouvoir mieux terminer ces citations concer-
nant notre ouragan beauceron que par le récit littéraire que
nous en a laissé un personnage de granct mérite, M. l'abbé
Moisant, qui après avoir été professeur lui séminaire de
Beaulieu, émigra en Russie, où il donna des leçons do langues
mortes et vivantes dans de nobles familles, et revint mourir
curé d'Alluyes (1814) ^
« Le roi chassait dans la forêt de Rambouillet ' quand tout à
coup un ouragan parcourt, avec la rapidité de Féclair, 100 lieues
de pays dans sa longueur, sur environ 4 à 5 de large.
Dans cet espace, le ciel semble avoir rompu une partie de la
voûte azurée, qui tombait en morceaux de glace dont la dureté
égalait celle du cristal. Tout fut détruit par ce fléau dévastateur;
les hommes mêmes qui se trouvent dans les champs ne peuvent
s'y soustraire qu'en gagnant avec la plus grande vitesse les
' Ce récit a élô rédigé plusieurs auiiées après l'événement, comme il est
facile (le le voir pai' certains détails el |)ar une erreur de date qui a fait
intituler ce récit Ouvnijdii du I i juillel 178H. On reniai^quera que l'auteur ne
s'est pas contenté de consulter sa mémoire ; il a eu aussi recours à son imagi-
nation, ce qui explique comuieni il nous montre les paysans Ijeaucerons s'abri-
tant dans les cavités des rochers.
2 Le idi Louis XVI et son frère le comte de i'i'ovence, (jui fui plus tard
Louis XVIll, surpris p;ii' forage en revenant de Handiouillel h Vcisaillcs, furent
heureux de iiouvoir se réfugier sous un hangar ; ils virent toniher des grêlons
du poids de 2 livres.
— ir,7 —
cavit^'S dos rochers ; les troupeaux sont «écrasés ; la cime
orf^mei lieuse du chùne est abattue et brisée par ces morceaux de
place, comme U- plus faible arbrisseau. Kmbléme trop fi-appaut
de ce qui aii iva «laiis le cours de lamiée (jui suivit celle-ci.
il ne ivsta, d«fis l'étendue dont je viens de parler, rien qui pût
ilédonnuap'r le laboureur de son ti'avail. Les blés prêts î'i rece-
voir la l'aucille étaient non seulement hachés, mais la terre avait
fté tellement déchirée par la chute de ces grèltjns, (il y en avait
du pdids de 10 livres), que les racines étaient étendues sm- le
sol. Rien n'était comparable à la désolation que cotte tempête
laissa après elle et ([ue la bienfaisance seule des riches proprié-
taires adducit.
M. le duc de Pentliiévre non seulement remit à ses fermiers
leurs redevances, il fit encore distribuer dos secours considé-
rables ; Madame de Lamballe y joignit des dons particuliers.
J'étais à cette funeste époque au séminaire de Beaulieu, à une
lieue de (Chartres. Au bruit du tonnerre se (joignit le feu nmlti-
plié des éclairs.
Cet ouragan était si affreux que mes séminaristes n'osaient
traverser un eoriidor pour arriver à ma cluunbre. La cour ihi
sénnnaire était couverte de gréions à un demi-pied de hauteur
Les blés des champs (au milieu desquels est située cette aimable
solitude; étaient haches connue la paille que l'on destine à la
nouniture des chevaux de trait, ou comme le chaume (ju a
déraciné la chaumclte. On ne voyait plus l'épi, on ne voyait que
des racines dont l'épi avait pris la place, enfoncé dans la terre
par la pesanteur des gréions dont la tempête redoublait le jtoids
et préci])itait la chute. Les fermiers du séminairi', rendus insen-
sibles par la douleur, apportent leurs baux au procureur de la
conmiunauté : « Nous sommes ruinés sans ressource. Voyez ce
que vous vovdez faire ; nous ne pouvons tenir ce que nous avons
jn-omis '. »
Le tableau est complet ; ICiisemblo comme les di'tails
prouveiit jusqu'à révidenco que lorage de 1788 ne res.semble
il aucun de ceux dont nous pouvons avoir connaissance. Le
Bureau des Longitn(h'S le cite comme un des cataidysmcs l(»s
plus terribles (huit les annales de la France fassent mention.
Ses ravages, on l'a vu, s'étendirent plus loin (juc la lîeauce
et eurent d autres conséquences (pie la ruine des cultivateurs.
' Sur M. raliid'' Mois.iiil, vnir jr Mi-ssui/rr ilf lu Itfaiiic il du l'iirlic. aiiin'f
IK71. (l'est là riiif j'ai lioiivé i-,cltf Irltrc.
— 158 —
Dans un rapport présenté le 8 décembre 1792, par Creuzé-
Latouchc à la Convention Nationale, en faveur de la liberté
entière des commissaires des grains, nous lisons ces paroles :
« Le fléau d'une grêle sans exemple avait ravagé nos moissons
en 1788, surtout dans les provinces les plus fertiles telles que
la Krio, la Beauce, le Soissonuais, la Normandie, la Picardie,
le Hainault, la Flandre, la Champagne et beaucoup d'autres.
L'approche des Etats-Généraux, l'attente des plus grands
événements, le sentiment confus que le peuple commençait
déjà à avoir de ses droits excitèrent partout d'avance une
certaine agitation. A ce mouvement se joignit quelque
inquiétude produite par l'évidence d'une mauvaise récolte. »
Il ne faut donc pas s'étonner si un des hommes qui ont le
plus étudié, à notre époque, la Révolution française ne craint
pas de nommer, parmi les incidents qui ont contribué à
amener ce grand événement, l'orage de 1788 ^
III
SECOURS
En face de cette immense calamité, quelle fut l'attitude des
victimes et de leurs concitoyens ? Au premier moment, les
cultivateurs demeurèrent comme anéantis sous le coup qui
les frappait si durement ; il leur semblait qu'ils ne se relève-
raient jamais d'une catastrophe aussi terrible. « Le découra-
gement était dans tous les cœurs, écrit un contemporain ;
j'aurais presque dit le désespoir, si la religion ne l'eût pas
empêché de naître. » La religion qui soutint leur courage
dans cette épreuve leur rendit un autre service non moins
précieux, en suscitant en leur faveur un admirable élan de
charité chrétienne.
Déjà les philosophes avaient prêché la [)liilantropie, et
leurs disciples allaient bientôt inventer la fraternité démo-
cratique ; mais, à la veille de la Révolution, la société toute
entière était encore fortement imprégnée d'esprit chrétien,
et, à ceux que visitaient le malheur ou la souffrance, elle
' Charles d'Héricault. Almaiiach de la Révolution, 1887, p. 13.
— 159 —
savait offrir des consolations jilns ellicaces que les sensible-
ries déclamatoires des tribuns d('Miia|jro«2:ues, et des secours
plus oitportuns ijue ceux des lûtes luxueuses do iu)s modernes
comités do bieiéfaisance.
Dès le leud4:'main du dc'sastre, les dcHails les iilu> navrants
arrivèrent h Chartres de tous côtés. Sans perdre de temps,
tout le monde se mil ii lieuxi'e pour en altt'-iiuer. il.iiis la
mesure du |i<tssible. les tristes conséquences. Nos pères
savaient mettre en pratique le con.seil du vieil ada^i-equi dit:
Ct'liii (/ni (loiinr vite doinio rlciix t'ois. Les démarches, les
sacrihces, les ellorts (pi'ils lii-ent pour secourir les victimes
de la •rrèle ne sont peul-èlre pas le c(Mé le moins intéressant
de ce mémorable épisode de notre histoire locale.
Aflniinisfrnlions civilos. — La fatale nouvelle était à peine
connue, que le Corps municipal de Ciiartres se réunissait en
assemblée tiH'uéi-ale i\ô Juillel . ^'oici le i)rocès-verbal de sa
délibération : « Sur les représentations qui ont été faites que
dans les circonstances actuelles de calamit('' (pii \ient de
subvenir dimanche dernier dans cette province par la {j:rèle,
il serait très intéressant de frapper i»romptement les oreilles
du f,^ouvernement pour venir au secours des infortunés
laljoureurs qui sont sans ressources et de députer en Cour
trois de .Messieurs... : il a (''(('' unanimement arrêté cpu'
MM. ïriballet du (Jorl, maire de cette ville, drandet de la
\illette. cduseiller asses.seur de cet hôtel-de-ville, et l'abbé
iJuplessis du Colombier, notable, se transporteraient en
<'nur le plus tôt (pie faire se pourra, munis diin mémoire
circonstancié des malheurs qui vienncni d'accabler la plus
grande partie des paroisses les jilus fertiles de la Beauce.
Comme aussi a été arrêté qu'il serait ;i l'instant écrit quatre
lettres jiar le Corjjs municiiial, ;i M. le principal ndnistre, ;i
M. le Contrôleur «iéiu'i-al, ;i M. le Chancelier de Myr le I»uc
d'Orléans, et à M. rint<'n(laut. »
La lettre envoyée» à ces quatre personuag'es a été transcrite
-ui- il- re^nstre des di-libérations : elle est connue en ces
termes :
Cliailtcs, Cl- tr. jnillol I7KS.
MO.NSF.IG.NEUR,
Da)is une circonstance désastreuse dii la plus fj;ran(le |)artie
des ruitivati-nrs est absnjnmrnl ruinée, nu la l'ertune d'un
— 160 —
nombre îmmonse de propriétaires est en dang'er, il appartient
au Corps municipal de la ville de Chartres de porter les plaintes
de la province et de solliciter les secours nécessaires pour pré-
venir encore de plus grands maux.
Un orage dont il n'y a jamais eu d'exemple vient, le dimanche
treize du présent mois, sept heiu"es et demie du matin, de ravager
nos contrées au moment de la moisson. Des églises renversées,
des fermes presque entièrement détruites, des hommes morts
de ce cruel fléau ; il est impossible de tracer ici tout ce qui a
accompagné ce fatal ouragan. On ignore où il a commencé ses
désastres, et dans quel endroit il s'est amorti. Mais ce que nous
savons, c'est que déjà soixante-quatre paroisses, sur deux cents
dont l'élection est composée, sont venues nous faire part de ses
ravages et de leurs pertes; tout y est pilé et dévasté ! Il n'y a
pas le moindre espoir d'y récolter ; tous les laboureurs, dont la
plupart sont obérés par des fermages arriérés, sont sans res-
sources. Ils viennent ici en foule pour remettre leurs baux ou
demander des remises totales, et exiger de plus qu'on leur
fournisse des deniers et des grains pour ensemencer, pour
vivre, eux et leurs familles, et pour la subsistance de leurs bes-
tiaux. Plusieurs, abattus et consternés, sont-déterminés à quitter
leurs exploitations. Dans une occurence aussi^f àcheusc , la Pro-
vince a besoin des secours les plus pressants et les plus abon-
dants ; elle est trop intéressante pour rester sans cultivateurs.
Des plaines fertiles deviendraient bientôt un friche ; nous
n'osons pas prévoir tous les malheurs qui ne manqueraient pas
d'en résulter.
Nous comptons, Monseigneur, sur votre bienveillance pour
prévenir tant de calamités, et pour apporter le plus prompt
remède au désastre dont nous ne venons de vous donner qu'une
faible idée. Nous laissons à votre sensibilité et à votre humanité
à faire donner les ordres les plus efficaces, pour que des secours
abondants parviennent très promptement dans les campagnes
et y préviennent les suites et les effets du désespoir. Nous som-
mes prêts à faire tout ce qui sera en nous povu' assurer le succès
des mesures que vous croirez convenables.
Nous sommes avec respect,
Monseigneur
Vos très humbles et très obéissants serviteurs,
Les officiers du corps municipal de la ville de Chartres K
^ La copie n'est pas signée dans le registre ; mais les signataires de l'origi-
nal devaient être : IVli\I. Triballet dn {m-{\. Le Tellicr. Petey-Vallet. Langlois.
— 101 —
Commo dans une semblable détresse les secours ne pou-
vaient pas être trop abondants, on résolut do s'adresser au
roi lui-même, et les porteurs de la lettre précédente furent
en mémo tommj chargés de présenter à Sa Majesté le placet
suivant :
PLACET AU ROI
Sire, les olticieis municipaux de lu, ville de Chartres viennent
au pied du trône exposer c\ Votre Majesté le plus grand des
lléaux dont leur Province vient d'ùtre la victime, et lui deman-
der des secours prompts dont elle est dans rimpossibilité de se
passer. (L'énoncé de révènement est presque textiiellement le
même que dans la lettre précédente.) Tout ne présente que
l'image du bouleversement, de la mort et de la stérilité.
Nous ne pouvons, Sire, rester tranquilles spectateurs d'un
tel désastre. Nous en envisageons les suites et elles sont
horribles. Tous les cultivateui's sont ruinés sans ressource, et
ils sont au désespoir. Nous avons vu une paroisse entière
r«'gretter que l'ouragan qui a détruit son église ne soit pas arrivé
pendant la grand'messe. La mort, comparée à la situation
actuelle, eût été un bienfait pour elle. L'extrémité accablante
où ces infortunés sont réduits les porte à toutes sortes d'entre-
prises. Dans limpuissance où ils sont de continuer leur culture,
ils se liguent entre eux, et, par des traités de confédération,
arrêtent, ou que les propriétaires reprendront leurs baux, ou
qu'ils leur donneront le moyen de cultiver, d'ensemencer et de
vivre, eux et leurs familles et leurs bestiaux, jusqu'à l'année
pntchaine. Ils viennent, avec la fierté et l'audace que donne
l'extrême malheur, faire ces propositions à des propriétaires
presque aussi malheureux qu'eux. Tout est à redouter dans celte
occm-ence fâcheuse. Tous les excès, tous les crimes sont voisins
du désespoii'. Pour les prévenir, Sire, nous osons venir avec
conliance intéresser votre sensibilité et implorer votre bonté
paternelle. En 1727, votre auguste ayeul, fra}>pé d'un événement
senddable, mais dont les circonstances étaient sûrement moins
déchirantes, fit paivenir promptement dans notre pi'ovince des
deniers, des grains, des fourrages. Nous venons demantler à
Voti'e Majesté , d'abord provisoii'ement, les mêmes bienfaits.
Nous la supplions de nous les accorder tout d'un coup. Si nous
nous en retournions sans être en état di' procurer ces premiers
secours à nus <Miltivateui's, ils verniraient sur le chani|i à vil
Graiulcl (le l.t VilliU.'. !).• i;;iill()ii di' Koi-r. I'. ilr l!(ir\illi'. Hii Ti'iii|i|.'. A>;'i<'liii,
Foisy.
T. XII, M. n
— 102 —
prix leurs bestiaux et leurs meubles ; ils abandonneraient leurs
exploitations, se fermeraient à jamais la facilité d'y rentrer,
laisseraient la province stérile, et nous livreraient à tous les
malheurs qui suivraient nécessairement une catastrophe de cette
nature. Daii^nez, Sire, la détourner et vous laisser toucher. Nous
vous apportons les pleiu's et les gémissements d'une partie pré-
cieuse de vos sujets. C'est déjà une consolation pour eux de
savoir que nous sommes aux genoux de Votre Majesté. Ils vous
béniront et reviendront à la vie, dès que nous leur annoncerons
que votre cœur a été ému à la vue de leur détresse et que nous
leur apportons de votre part des soulagements, sans lesquels ils
ne peuvent susbsister^.
Les solliciteurs furent bien accueillis en cour royale et ils
reçurent les promesses les plus consolantes. Le duc d'Orléans,
possesseur du duché de Chartres, promit un secours de
12,000 livres. Dès que ces bonnes nouvelles furent connues à
Chartres, le Corps de ville envoya aux délégués des félicita-
tions pour l'heureux succès de leurs démarches, les priant
de continuer leurs bons offices auprès des ministres pour
obtenir l'exécution des promesses qui avaient été faites. Par
ses soins également, les Affiches chavtraines ^— ainsi s'appe-
lait le seul Journal de la ville — publièrent cet avis au
public :
BIENFAISANCE
Ms"' le duc d'Orléans touché de la situation désastreuse dans
laquelle se trouvent les malheureux habitants d'un grand nombre
de paroisses de l'Election de Chartres par l'afîreux ouragan du
13 de ce mois, a bien voulu leur accorder un secours de 12,000
livres... Cet acte de bienfaisance, dont les officiers municipaux
sont pénétrés, et qu'ils s'empressent d'annoncer, leur fait espérer
que les âmes sensibles et généreuses viendront également au
secours de ces infortunés...
Le Tellier. Parent. Petey de la Charmoys.
Le 20 août, le Corps municipal choisissait MM. Le Tellier
et de Milleville de Bouthonvilliors, tous deux échevins, pour
se concerter avec les membres du Bureau intermédiaire, qui
avaient visité 91 paroisses grêlées, et s'étaient fait remettre
^ J'ai vu quoique ));irt çf'XU' supplique citée, oomme uu l'chanlUUm de mauvais
(joûl el (le maladresse. Son succès la justifie du reproche de maladresse; quant
au mauvais goût c'était celui de l'époque.
— ir»:{ —
les états dos pertes de chaque laboureiir. Ils avaient à dis-
tribuer les secours accordés ii;ir le duc d'Orléans, plus GOU
livres que M. de Hernard (h' l'achainvillc avait donné dès
les premiers ^ours.
Plus tard lis s'occupèrent de i)rocurer aux cultivateurs les
semences ([ui leur niauquaient ; je ne crois pas ilevoir les suivre
dans toutes les (U'Uiarches (jue lein- inspira leur bienfaisante
activité.
Au cniirs de ce récit, ,j"ai eu deux fois occasion de parler
des nuMubres du Bureau intermédiaire «lu departenient ; ils
ont joué un rôle si important dans cette circonstance que je
crois devoir les signaler nommément à la reconnaissance de
la posti'rité. — M. Bf'cliant (Pierre-François), procureur-
syndic <ie ce Hui-eaii, était du diocèse de Tonl. Chanoine de
N.-I). de Chartres depuis le 28 avril 1783, il a\ ait été nommé
chapelain de la grande chapelle du roi le 15 janvier 1787, et
archidiacre de Blois le 18 juin 1788. 11 fut élu député supplé-
mentaire à la Constituante, et siégea au défaut do M. de
Gauville. C'était un publiciste distingué : il ua point reparu
dans le diocèse après la Révolution.
M. Bouvet (Pierro-Etienne-Nicolas), marchand à Chartres
et grand-juge consul, fut (du par le Tiers-Klat d(''pnt('' aux
Ktals-Généraux de 1780.
Tous deux se tran.sportèrent de leur personne dans les
localités visitées par la grêle ; ils distribuaient des .secours et
des consolations, et faisaient le relové dos pertes. M. Bêchant
a l'ait un rapjiort «iiconstancié sur cette inspection <»(lici(dle;
je regrette de n'avoir pu le consulter.
Tout le monde rendit homnuige au zèle et an dévouenu'ul
avec les(pi(ds ces deux hommes de bien s'ac(|uit1èrent de
cette pi'nible foncli(jn.
A Jinhiistnition ccclôsiastiiiiit'.
Qn(dque diligence ([ue la municijialiti' chartraine ait
dé'jiloyée en cette occuncnce, elle fut d<'\aucée par h; Cha-
pitre d<» Notre-Dame de Chartres. Dès le lemlemaiu de l'orage,
les vt'-nérables chanoines nommeul une comndssion pour
s'occuper des doiiuuages consideral)les ([Ue le Chapitre vient
d'c'jirouvi'r dans ses domaines et biens, par la grêle du V.\ du
prc'sent mois 'séance du hindi I 1 juillet;. Le même j<»ur et
— 164 —
les jours suivants, les régents de prébende se colloquent avec-
leurs prébendes afin d'aviser aux mesures à prendre pour
remédier au mal.
Le 28 juillet, le Chapitre avance à ses fermiers grêlés
60 muids de blé et 30 muids d'avoine pour semence. « Puis
sur la proposition du sous-doyen, attendu les malheurs ex-
traordinaires et sans exemple que viennent d'éprouver les
fermiers, la Compagnie autorise Messieurs delà commission,
nommée le 21 pour les choses de la grêle, à faire aux dits
fermiers les remises qu'ils jugeront suivant leurs lumières et
leurs prudences, devoir leur être faites, leur avancer les
sommes qui seront nécessaires... et les dits sieurs priés de
prendre toutes les instructions et tous les éclaircissements
qu'ils croiront utiles et nécessaires à leurs opérations. »
Le 23 août « pour rendre le courage et l'activité aux fer-
miers abattus par leurs pertes. Messieurs de la commission
sont autorisés de les assurer que le Chapitre est dans le
dessein de leur faire les remises convenables et les avances
nécessaires pour ensemencer leurs terres et continuer leur
culture. »
Le 2 octobre, le Chapitre accorde, aux malheureux du dio-
cèse qui ont été affligés par la grêle du 13 juillet, une somme
de 0,000 livres que ses agents emprunteront. Sa bienfaisance
ne se limite donc pas à ses seuls fermiers. Un peu plus tard,
c'est une somme de 20,000 livres qu'il emprunte pour le
même motif.
Le 8 novembre, il avance 3,000 livres aux chanoines de
Saint-Piat. Ces chanoines n'étaient autres que les musiciens
de la cathédrale qui étaient trop pauvres pour secourir leurs
fermiers.
On disait jadis en Allemagne : Il fait bon vivre sous la
crosse. Nos ancêtres de Beauce pouvaient bien dire : Il fait
bon vivre sous l'enseigne do la chemisette de Notre-Dame ^
Les autres Chapitres et les maisons religieuses du diocèse
imitèrent le généreux désintéressement du chapitre cathé-
dral. Les curés, qui partageaient la misère de leurs parois-
siens et perdaient leurs droits de dîmes et champarts, furent
^ Uno chemisette était et est encore la marque du Chapitre Notre-Dame de
Chartres.
— 105 —
leurs consolateurs dans cette immense détresse. Ce fut grâce
k leur concours que l'on put se rendre compte de l'étendue
des pertes ; ce lut par leurs soins (lu'uno partie des secours
parvint aux victimes les plus dignes d'intérêt.
Quand foiit son clergé se montrait si admirable de diarité,
le premier Pasteur du diocèse ne pouvait pas se montrer
indiirérent au malheur de ceux dont il se disait le Père. Il
faut dire à sa louange que Mer de Lubersac se montra le
digne successeur de Me"" de Mérinville et de Me"" de Fleury,
de si charitable mémoiie. I»ès qu'il eut connaissance de la
catastrophe, il n'épargna rien pour venir en aide à ses dio-
cé.sains si durement éprouvés. Dans une notice que lui a
consacrée un érudit chartrain. M. Roullier, on lit ces paroles :
» La grèlo ayant ravagé, le 13 Juillet 17SS, toutes les récoltes
de la Beauce, M. de Lubersac lit des démarches inouïes et
obtint des secours très considérables pour ses concitoyens '.
Il crut qu'il ne lui suffisait pas de payer ainsi de sa personne,
il employa son autorité à stimuler la charité des autres.
Quand la moisson fut terminée, il ordonna une quête partout
son diocèse ; elle eut lieu au mois de septembre et fut aussi
fructueuse qu'on pouvait l'espérer dans les tristes circons-
tances que l'on traversait -.
Qu'on me permette une réflexion en terminant. Une cer-
taine école, qui se prétend historique, n'a pas assez de nuilé-
dictions contre Yancion roijimo, c'est-à-dire contre le temps
qui ,1 piécédé la Révolution de 1780. On vient de voir à
lu'uvre cet ancien régime tant décrié ; il me semble qu'il
' Mi:ssaiier ilc lu Ikituce cl ilit l'cirhc, /86'.'?. p. it). L'aiiiit'i' siiivaiiti- fut
uiif ariiin- (II- |ii(»roiiilc iiiisi''!!' |ioiir \v pays eliiiitraiii. Li' roips iiiiiim ipal dr
Cliarlrt-s ayant ordonné qu'un»; qutMe serait faiti- dans la vilk- lous les nmis jus-
quà la moisson, Mtjr do I.idifisac s'cn^'a^fa à verser ;î(IU livres par mois.
- On a VII prérédeniiiieiit une cilliision à ce .Mandement ; en voici deu\ autres
relevés aussi dans les lei^islies paroissiaux. — Saiiil-Médanl de ('.liàteaiidiin. —
(I Le "l'I septembre 17SS, en exécution du .Mandement de M. IKvécpie de
C.liartri's ipii ordnnne une qiièle pour les t;rèlés, nous avons, M. le Curé et moi,
lait la qiièle daii>; la paraisse. Nous avons lidiivé idS livres. Si^'iié : !•'. !•'. ilé-
rliaiit, chanoine archidiacre de Itlois.
Saiiil-Cloinl. — l(aii.s la présente année, au rapport du .Maiideiiient eii\o\c
dans toutes les paroisses par M^r laihersac, évèqiie du diocèse, il y eut dans la
seule élection de Charlres Xi paroisses eiilièieineni ruinées par la uréle et
"U .inlie> dans les élcdiim- de l'Iiiieaudun, L'ourdan et l'oissy.
— 106 —
s'est acquitté honorablement de son devoir dans une circons-
tance aussi critique.
Si, ce qu'à Dieu no plaise, un pareil malheur s'abattait
encore sur notre contrée, croit-on que la municipalité du
chef-lieu du département prendrait en main la cause de
toutes les communes ravagées ? Croit-on que les propriétaires
du sol, imitant la générosité des chanoines, des religieux et
des curés, remettraient à leurs fermiers leurs redevances
pour cette année désastreuse, et avanceraient des semences
pour l'année suivante? Croit-on enfin que les paysans dans
leur détresse rencontreraient partout cette chaude et frater-
nelle sympathie qui relève le courage abattu, et qui est un
baume souverain pour les plus grandes douleurs?
Assurément on se montrerait sensible au malheur des
sinistrés ; on se donnerait même beaucoup de mouvement
pour leur être utile. Secours de l'Etat, fêtes mondaines, quêtes,
souscriptions, loteries, rien ne serait épargné de ce qui pour-
rait provoquer la commisération et exciter l'intérêt. Mais
outre que ces moyens d'action ne produisent, pas toujours ce
qu'ils promettent, leurs résultats ne seraient pas durables,
parce qu'ils auraient pour source une émotion passagère, et
les cultivateurs se retrouveraient bientôt seuls en face de
leur misère, plus abandonnés que ne le furent leurs pères,
après l'orage de 1788. Ne regrettons donc point de l'ancien
régime ce qui a disparu sans espoir de retour ; mais souhai-
tons d'en retrouver ce que le régime nouveau aurait eu inté-
rêt à conserver; et pour ne parler que du sentiment qui s'est
si noblement manifesté dans la calamité dont on vient de lire
le récit, souhaitons que la charité chrétienne et française de
nos aïeux rentre en souveraine dans notre moderne société.
APPENDICE
Ce Mémoire était terminé et imprimé, lorsque j'ai pu obte-
nir communication du rapport de M. l'abbé Bêchant, rapport
que j'ai signalé plus liant en exprimant le regret de n'avoir
pas pu le consulter. L'intérêt qu'il présente demanderait sa
reproduction intégrale; mais ce récit déjà bien long serait
ainsi démesurément allongé. J'en consigne donc ici quelques
— ir.T —
extraits seuleineiit, i)ei-.siia(k' que des extraits provi-iianl
d'un (locunient ofliclel, donnentiU iilus d'autorité à tout ce
qui a ét(' dit- sur l'étendue du désastre, l'enipressenient
général ;i y j*ort<'r remède, et la cliarili' du eleryfé et des
seigneurs 'qui savaient faire autre chose que .s'''/y///v//.v.sey ^/e
lu siinir ilii jH-iiji!t\
KAPPoirr
Sur la rcfHttc et la dépense du linraiu iiiterwcdiiiire du dcpurte-
mont de Clin rires et Dourdun n l' occasion de la grélc du I-'J Juil-
let J /iiS, par M. l'ahhé liédiant, procureur-syndic '.
La première année de votre administration, Messieurs, a été
marquée par un événement jjien désastreux, et l'ouragan du
18 juillet dernier laissera un souvenir pénible et douloureux
dans noli'e départeinenl. l'ne étendue tle (pialre-vinjrt-(|ualurze
l»aruisses, dont plus de quatre-vingt perdues ^ans ressources,
vnihi la scène de désolation dont vous avez été les témoins ;
les liahitanls de ces quatre-vingt-quatorze paroisses, voilà les
malheureux (|ui vous ont environnés sans cesse ihqiuis cette
Irisie journée. Combien de l'ois, Messieui's, au milieu de ces
circonstances accablantes, aurais-je été découragé, si vous ne
m'aviez soutenu de vos exemples !
Le JDiir môme <le l'orage, vous vous assemblez extraordinai-
remeut ; dès le lendemain vous pai-tez |:ioui' aller, dans chacune
de ces paroisses ravagées, porter quel(|ues espérances de sou-
lagemenl et de consolation.
Que! voyage. Messieurs! Des campagnes <pii présentaient
l'imaj-M' du deuil el ib' la nioi'j, des habitants prêts à se livrer
au désespoii', le même spectacle se renouvel.inl pour vous
dans (diaque paroisse... Qu'on apprécie. Messieurs, notre sen-
sibilité, el (pi'ttn Juge combi(m le commencement de noire
carrière a été rem|»li de peines et d amertumes...
Cependant, Messieurs, vous vous occupiez déjà de pr<icurer
des secours aux pauvi-es mallieureux qui' vous visitiez ; des
détails inséivs dans le journal de Paris annoncèrent nos désas-
tres, et ils louchèrent les Ames sensibb^s. .Vvec quelle inquié-
tude mêlée d'es[)érauce, nous (miniiuus (diaque jour cette
feuille de Paris ; el cli.ique jdur |iendaul environ cinq semaines.
' A Cliiirtii's. rln7, IV. I.i' Ti'llicr, liiipriirnMir du hui cl ilii clcruc', nie dos
Trois-.Maill.ts MIK'.CI.NWIX, :!:! \>. iii-'c.
— 168 —
nous eûmes la douce consolation de voir la capitale nous offrir
des soulagements. Nous recueillîmes de cette source 13,869 livres
12 sous.
Déjà le zèle de MM. les Officiers municipaux de Chartres
avait porté au pied du trône le tableau de nos malheurs...
Je ne vous dirai point, Messieurs, toutes les démarches que
fit à la capitale pour nous obtenir des soulagements l'illustre
Prélat qui préside à notre assemblée de département' ; il m'en
coûte de respecter la loi du silence qu'il m'a imposée, mais je
lui suis trop attaché pour lui désobéir. Messieurs les officiers
municipaux ont raconté avec quel empressement il avait
appuyé leurs efforts près du trône et de M^'' le duc d'Orléans.
Alors je touchai une somme de 1,200 livres que M. l'abbé de
Bouville avait léguée pour les pauvres, à la disposition de
Me'- l'Evêque. Je touchai de M. le N. 600 livres, de Madame
48 livres, de M. 24 livres.
Aux approches du temps des semences, le gouvernement
nous fait donner pour cet objet un secours provisoire de
24,000 livres; il devait être distribué aux petits cultivateurs de
notre département, à raison de leur peu 4<^ ressources. Nous
arrêtâmes alors. Messieurs, de faire une^ distribution de
25,000 livres; les inconvénients de donner ce secours en argent
vous frappèrent, l'embarras d'acheter le blé, les difficultés de
le répartir ne vous etTrayèrent pas. (Suit l'exposé de la méthode
employée pour arriver à une répartition équitable).
Monseigneur avait projeté, dès le moment même du désastre,
d'ordonner une quête en faveur des grêlés, dans toute la
partie de son diocèse qui avait échappé à ce terrible fléau.
Mais il avait sagement compris que, pour la rendre plus abon-
dante, il fallait l'ordonner dans les campagnes en nature de
denrées, et attendre le temps oi^i le cultivateur, inquiet jusqu'au
moment de la récolte, eût enfin dans ses greniers ou la moisson
de ses champs, ou le produit de ses vignes, etc. Monseigneur,
pour rendre son mandement plus efficace par son exemple me
fit remettre 24,000 livres.
Je me souviens avec attendrissement. Messieurs, de la joie
que vous éprouvâtes à la nouvelle d'un secours si nécessaire à
votre position, et qui vous donna l'espoir de porter plus de
consolation dans les campagnes dévastées. Le Chapitre de
l'église cathédrale fut aussi touché de vos malheurs ; il oublia
la grandeur de ses pertes, les remises, les avances faites à ses
' .Miii (l(î Liil)orsa( lut iiomnn' imi I7SH président de l'asscmliltM; |)rovincialc
du département de Ciiaitres el iJourdaii.
— 100 —
fermiers; il ne se souvint fjue ilt*s pauvres, el, i);ii' une «lèlibé-
ration digne de sa charité généreuse, il vous donna 6,000 livres
pour les semences des malheureux cultivateurs du diocèse....
Aucune |)ré(faution ne vous a été étrangère; vous avez
reconinianUé ïiu.v syndics dr ne pas délivrer le blé sans l'avoir
mis préalablement en chau.\, tie veiller à ce qu'il ne lût ni
vendu, ni converti en lai-ine, mais employé en semence sui-
vant sa tiestinalion.
Au milieu de ces dislrit)utions, Messieui's, combien de
plaintes il a laliu écouler... il a donc lallu entendre <'l l'épondre
à cluKiue babilanl de ces 94 paroisses.
Cependant plusieurs Cliapitres du diocèse et plusieurs Com-
munautés religieuses s'empressèrent de nous envoyer leurs
aumônes |)our les malheureux. Messieurs les Bénédictins An-
glais de Paris pour le prieuré de Honncdle' me remirent
600 livres. M. Jabbé de Morlet -, de l'Académie française, me-
(il passer 240 livres. Une émulation louable semblait s'être em-
l>arée de toutes les |)aroisses du diocèse, et les plus petites
disputaient de générosité; la jielile paroisse de Faings, avec la
plus mauvaise récolte, a fourni une somme considérable-*.
Sans doute c'est un voile «lonl a voulu couvrir son aumône
un patriote vertueux el modeste, aussi digne d'une couronne
civique que des récunqjenses militaires ([ui le décorent....
Vous vous réjouissiez. Messieurs, d'avoir trouvé des res-
sources de travail pour le pauvre, quand le froid le plus ri-
goureux et le plus long est venu redoubler encore nos calami-
tés en enchaînant les travaux que vous aviez fait. commencer.
Sans doute ils relenlironl loni:lemi)s dans vos cœurs, Messieurs,
ces cris perçants du malheureux au désespoir qui venait à vos
portes solliciter ilu pain, et vous saviez que le désespoir traîne
à sa suite tous les crimes. La seule consolalion que vous éprou-
viez, dans des conjonctures aussi cruelles, était d'ap|)rendre
que plusieurs seigneurs tiienfaisants nourrissaient, habillaient,
chaull'aienl leurs vassaux ; vous les connaissez, .Messieurs, et
je ne ternirai pas par des louanges la noblesse de leur conduite.
' Los ht'iiédicliiis di' S;iiiit-.M;iitiii-(l('s-(',li;ini|)s de Paris avaii-iit iiii |iri<'iiié
à liitum'llcs, |ianiissc du dioa'sc dr CImiIi'i's . aujoiiiil'liiii comimiiii' du raiitoii
dt; boiiidaii iSciiir-cl-dist').
^ L'alilii'- .Mon-lict, (rirhrc |diiloso|)lio cl lilli'ralnir, deniiri prieur di- Tliiimil
près df! ('■liàlcauiK'uf.
•' Kaiiis {aujourd'hui rains-la-Kidici donna l.ridO. KvidcMiiiicnl rcllf olliandt'
«'lait dur f'ii i^randf iiartir au sci.ynrur. .M. df Kains. |li'u\ paroisses voisines,
Hainnollcl et Vialmn. (Innnèrrnl. la |in'inièrr IS livres el la secomie tii livres;
la nioyi.'uue des oll'raiides ne dépassail pas TiU livres par paroisse.
— 170 —
Vous devinez sans doulo qu'à cùlé de si belles actions je
vais placer celle d'un citoyen honnête et charitable qui m'ap-
porta une aumône de 2,400 livres pour donner du pain aux
malheureux pendant une saison aussi sévère.
... C'est à cette époque que le gouvernement vous accorda
une somme de 7,000 livres pour les semences de mars, et que,
pour le même objet, MM. les Officiers municipaux vous remirent
9,000 livres de celle que leur zèle et leurs prières avaient obte-
nue de Mg'' le duc d'Orléans.
Sans doute une récolte abondante viendra terminer la misère
qui ne lail qu'accroître tous les jours; mais l'intervalle est
long... Cette considération a l'rappé l'illustre prélat qui gou-
verne ce diocèse et son zèle a prévalu sur les ménagements
qu'il devait à sa santé. La quête ordonnée par son mandement
n'était pas encore faite dans la ville de Chartres; il l'entre-
prend avec courage ; des ecclésiastiques respectables l'accom-
pagnent; les dames distinguées par leur mérite s'empressent
de le seconder dans une si bonne œuvre; il la commence par
un grand acte de générosité; les citoyens, touchés par son
exemple, oublient qu'ils n'ont plus de i^essources, et leur
aumône est féconde. Il a visité la cabane du pauvre, mais il l'a
visitée, moins pour y recevoir le denier de la veuve, que pour
savoir où il aurait des aumônes à répandre. Cette démarche
était digne de la sensibilité de son cœur, et les bénédictions
de son diocèse en seront la récompense; déjà, Messieurs, vous
avez entendu les citoyens de cette ville publier ([u'il était véri-
tablement le père et l'ami du peuple.
Cette quête, Messieurs, dont le tiers a été remis à MM. les
Curés de la ville a produit pour le diocèse une somme consi-
dérable... En récapitulant tous les articles de recettes pour le
diocèse nous aurons une somme de 63,349 livres à partager
entre tous les départements, au marc la livre de leur perte...
qui est au total pour le diocèse de 8,917,744 livres. En compa-
rant à cette somme celles qu'ont produites les quêtes, c'est un
marc la livre d'un denier, obole et les quatre cinquièmes d'une
pite, un ])eu plus'.
Cette somme (44,409 livres des quêtes pour le déparlement
de Chartres) vous a donné quelques facilités pour augmenter
le nombre et les fonds de vos ateliers de charité: vous avez
senti tout le prix de ces moyens (|ui avaienl un objet d'utilité
|)ulili(|ue; vous avez ordonné (pi'on réparai les rues de plu-
' Oliolf. moiiii;iif viilaiit nnviron i,') contimes : pito ou plutôt pittc, moitié
(ruiic oIjoIc et le quart d'un ileuicr.
— 171 —
sieurs viliaf^es, qu'on améliorai les communications avec les
grandes routes '.
Pour concourir à «les vues aussi sages, le Chapitre de l'église
calhédrak' upi-é:? avoir déjà donné 6,000 livres [)oui" les se-
mences de J)lè, a|uvs avuir donné Ix'aucuui) '^ux [jauvrt's dt*
ces paroisses pendant l'extrême rigueur du froid, s'est em-
{)ressé de vous ntlijr encore une somme de 'i,(XX) livres. Vous
l'avez acceptée avec admiration, et c'est avec une joie lirofonde
(|uc j'ai été l'interprèle «le votre reconnaissance, l'our les
mêmes lins un ecclésiasli(|ue respectalilt.' m'a ri'mis UX) livres,
et un ecclésiastique encore, avec qui les relations me sont pré-
cieuses, m'a donné un ouvrage dont, par le secours d'une lote-
rie, j'ai tiré 25Ô livres 12 sous.
Vous auriez désiré. Messieurs, pouvoir comprendre dans ce
talileau ' la remise sur les impositions que le gouvernement
accordera sans doute à ces paroisses grêlées. Il est déjà déter-
miné que celle sur la prestation représentative de la corvée
sera pr<jportionnelle à la perte... Les considérations puissantes
que vous avez développées, avec tout l'inlérèl que vous inspire
la misère allreuse des canqjagnes, toucheront sûrement le mi-
nistre vertueux et éclairé qui préside aux linances, et, en nous
accordant une remise en mesure de nos perte^ il fera bénir le
nom du Koi.
Vient ensuite létal des quêtes par paroisses, puis le talileau
des secours en hié, avoine, pain, riz, et travaux des ateliers de
charité. Je cite comme exemple D.immarie :
Perle 28(3,771 livres, secours en blé 85 setiers, en avoine
350 minos, en pain 4,800 livres, fonds du gouvernement
2,500 livres.
Avis. — .Après l'impression du compte, le Chapitre l'ail
• ncore remettre l,8rMj livivs pour les ateliers de charité.
Iléeapilulaliun : pour le diocèse, recettes et dépenses, (i3.3il»
livres; pour !•• df|»arrement, 108,739 livres.
Le ra[)port est ajtprouvé et sigm- par MM. de Beaurepaire,
ahhé Thierry, (ii-andet de la Villelle, Iloreau, Le Vassorl,liai-iv,
secrétaire. (La date man(pie; mais rimpressi(»n fut f/iile au
mois de mars 1780i.
' Lis liominos g.ipii.iiL'iil ["1 sons, les vieillards cl les rcniiiii's (i, les cnfaiils
•II' l'iiii ri l'aiiirc si-xc (i, 7, 8, *.( sons snivaiil Iriir iiin'. (l'ap* 1 1 ilf ce
Ra|i|ioili.
■^ !.<• ia|i|Mirl csl suivi d'un lalilcaii dn |iroiluil dr< i|ni'(fs |iar paioisscs ; à la
viiii.' vc iionvt' le talilcan d<'s soninn's ii'|iailii'>. à i lia(|iii' paroisse ^rrlôe.
in FUT BLESSE
kt 1» Sf PTEMBRE 1 791
rAARCEAU
GÉNÉRAL FRAN(.a:s
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1
i Jel-' ,n*
Monument clovc à Marceau pur le Comte de Reiset, ministre de France à Darmstadt
et à Wiesbaden, en 1802.
LA MOUT DE MARCEAU
A l'ouverturo do la canipag-ne, au printemps de 1790, le
général François-Séverin Marceau reçut du directoire de la
Réi»ul)li(iu(' Française le conimandeuient supérieur de l'année
du Rhin et de la .Moselle, forte de 70,000 hommes, tandis
que Jourihin ciait nommé £i-énéral en chef de l'armée de
Sambre-et-Meuse, forte de 80,000 hommes.
Après (jue Marceau avec l'aide de .loiirdan eût jiassé le
Rhin ;i Kchl le "J.") juin 17VH». ce dernier vint sur ce Meuve le
2 juillet entre Dusseldorf et Reuwind, prit Francfort le
If, piillcl 1700, entra de force dans Wtirzbourg, mais fut
enliercment séjjaré de Marceau, et ajjres plusieurs violents
combats ii Teiminir. Amberg et Vlirzbourij,' fut rejeté sur la
rive gauche du Rhin par l'Archiduc Charles dAutriche.
Marceau, après le passage du Rhin ii Kehl, se Jeta aussitôt
sur les corps ennemis dispersés, battit le général Latour, le
5 Juillet 170<; il Rasladt. le 9 l'Archiduc Charles à Ettlingen,
et força les Autrichiens à repasser le Danube. L'Archithic le
laissa vis-k-vis de Latour et se tourna avec l'autre partie de
son armée contre .lonrdan qui opérait en Bavière. .lourdan
ayant été battu à Teiming, ;i Aml)erg et ;i Wiir/bdurg,
M;irceaii craignit dèti'e e()uj)é sur le Rhin; il luit donc la
r('solulion, au milieu de tontes les di(licult(''s. (h' regagner co
Menve avec S(ui arnié-c. Il iV.iiichji. entoun'' (rennemis, et en
combattant, les ({('•liU's de l;i Foret Xoiro, et parvint m.ilgré
d"innombral)les dangers à regagm-i- h- Rhin qu'il i'<'passa il
Fumingen dans la nuit du 21 octobre i71K;.
Le gcMK'ral François-S<''verin Marceau-Desgraviers, m'" h
Chartres le 1"' ni.n-s 17(»9, reçut dans la camiiagne ih' 1701. le
cuinmandemcul d une division de l'armée des Ardeniies, puis
— 174 —
de celle de Sambre-et-Meuse. Le 26 juin 1794, il décida la
Tictoiro de Flcurus à la tête de l'aile gauche, prit en automne
Aix-la-Cliapelle , Bone et Coblentz et força les Autrichiens à
se retirer de l'autre côté du Rhin. A la retraite de l'armée
française sur la rive gauche de ce fleuve dans la campagne
de 1795, il conduisit l'arriëre-garde avec courage et habileté.
Dans la campagne de 1796 il commanda sous Moreau dans les
bras du Khin. Avec l'aile gauche forte de 30,000 hommes, il
bloqua Mayence, mais il dut, par suite des défaites de Jourdan
à Teiming, à Amberg et à Wurzbourg, suivre le mouvement
rétrograde de ce général et se retirer également à Limbourg
avec l'armée de Sambre-et-Meuse.
Jourdan lui donna la mission de se jeter avec l'arriëre-
garde contre l'Archiduc Charles qui cherchait à gagner les
défilés d'Altenkirchen avant l'armée Française et qui, par là,
voulait lui couper la retraite. Marceau remplit cet ordre avec
la plus grande énergie et sauva ainsi l'armée française qui se
trouvait en pleine déroute. Il atteignit, avec son armée, au
commencement de septembre 1790, la Lahn à Runkel,
Limbourg et Diez et tint plusieurs jours iî\u'ant, malgré les
attaques violentes de l'ennemi.
Le 16 septembre eut lieu une attaque générale des Autri-
chiens contre les Français, de Runkel jusqu'à Balduinstein.
Le centre Autrichien qui s'avançait de Mennfeld à Limbourg
et Diez était conduit par l'Archiduc Charles.
Marceau fit contre l'ennemi une résistance héroïque, mais
ne put tenir la route contre la supériorité des forces de
l'ennemi et se retira en bon ordre, combattant sur le côté
droit du chemin , il fit sauter le pont, se plaça encore sur les
hauteurs qui dominent le côté droit de la route , fut repoussé
au-delà de Freilingen jusqu'aux rochers de Steinen, où, pro-
tégé par des étangs qui se trouvent dans le voisinage, il for-
ma un camp avec son armée le 17 septembre au soir , sur la
grande route de Francfort à Cologne qu'il couvrait; et lui-
même passa la nuit dans la cour de la maison Hochborn. Le
18 septembre il fut attaqué par l'avant-garde Autrichienne,
attaque qui fut repoussée par lui , et l'ennemi mis en pleine
retraite.
Par cette persistance héroïque contre un ennemi bien supé-
rieur en nombre, il assura la retraite sur le Rhin de l'armée
— 175 —
(le Joiirdan qui cherchait, par Giessen, Wetzlar, Dilleinbourjjr,
Horboiii , llachoiiibour*;:, Alteiikirchen à gay:ner hi Sieg et le
Rhin a ("ol<»<,'-no, et rei)uussa renneiui du Xeckar.
i>;iu> la nuit Au IS ;iu lU .septcnihi-c IT'.k; (jucbiut-s irouiics
h'gères AuU'icliiciiiies sous k's ordres du <ji;éuéral Ilot/,*',
composées [)riu<ipaleiuent de Hussards-Hongrois et de chas-
seurs Tyroliens dont Taisait partie la couipay:nie liorke du
chasseur I.cloup. avaient cherché à envelopper .Marceau, rn
(juilianl la grand'route devant Freilingen, ils tâchèrent,
j)artic par Vreileld-Steinibach, jiartie par Mundersbach et
Hochstenibach, à atteindre les Français, cei)endant ils furent
repoussés le lU seplendjre, et la retraite des Français s'opéra
en bon ordre sur Allenkirchen, protégée i)ar une batterie
amenée dans la cour de la maison Hochborn. La route de
Francfort à Cologne va de Hochborn à Hochstenibach, petit
endroit situé dans le Duché de Nassau, très entouré par une
épaisse foret sur les hauteurs assez importantes du Wester-
^v,•lM.
Cette foret se termine devant Hochstenibach, elle coupe
d'une manière escarpée la route tle ce dernier endroit, pour
s'amoindrir de l'autre coté sur les hauteurs de W'ahlend à
Alleiikirciien.
A la lin de la foret de Hochstenibach se trouvaient quel-
ijucs vieux chênes sous lesquels on aperçoit la route de
Francfort à Cologne, de iiiémc ([ue celle de Hachembourg ii
Altenkirchcn.
Marceau se tnjuvait là à cheval, le matin du 19 septembre,
l)our guidci- la retraite de son armée. 11 fut attaqué vers dix
heiwes du malin par la compagnie Borke du chasseur Leloup
(chasseurs tyroliensi, qui s'était glissée par le \\'indbaclithal
elles hussards Hongrois qui avaient pénétré par Herschbach
dansles llant-s de l'arrière-garde Française, l'avaient attaquée
sur la lisière de la f(jrét en question et avaient commencé à
la nu'ttre en déroute.
Marceau se ndt alors lui-même ;i la tôle d'une partie de ses
troupes, consistant en hussards bruns et un bataillon diiifan-
lerie, se porta contre l'ennemi pour assurer sa retraite et
celle du gros de l'armée. Ce gémirai, dans cette atta(|ue
violente, fut appiorhe >i près par plusieurs ennemis princi-
palement par les cliasseius Fr<''d(''ric Holdei' vi Rolof tU' la
— 170 —
compagnie Borke qui se tenaient cachés dans un fossé
derrière des buissons, que Holder ne se trouvait qu'à vingt
pas de lui, mais frappé de sa beauté extraordinaire, il baissa
son fusil et tua d'un coup de feu le cheval du général qui
tomba sur le champ.
Les Français furent donc arrêtés dans leur marche, et
plusieurs chasseurs hongrois qui, profitant de la confusion,
voulaient s'emparer de Marceau , furent taillés en pièces par
l'entourage de ce général.
L'ennemi se retira et les Français purent tranquillement
pendant quelque temps continuer leur retraite. Marceau
remonta à cheval sur le plateau devant Hochstembach, d'où
il pouvait apercevoir tous les environs, et d'où il opéra la
retraite de son armée en bon ordre. Il se tenait à l'ombre des
arbres, entouré de son état-major, tenant avec courage tête
à l'ennemi qu'il avait repoussé à environ cinquante pas.
Alors lu] coup de feu, tiré à peu de distance, renversa de cheval
Marceau mortellement blessé d'une halle au côté droit de la poi-
trine. ^
Deux chasseurs Tyroliens, c'est-à-dire , l^s chasseurs déjà
nommés Frédéric Holder et Rolof de la compagnie Borke, qui
connaissaient très bien les environs, avaient quitté la grande
route à Freilingen avec leur compagnie à laquelle ils servaient
de guides; ils s'étaient glissés à travers le Windbachthal au
milieu des buissons de la forêt jusqu'à la lisière du côté de
Hochstembach et étaient restés, lorsque leur compagnie avait
été repoussée par les Français, cachés dans ce fourré, puis
après que les Français eurent continué leur retraite, ils
avaient de nouveau pénétré dans la forêt , s'étaient couchés
dans un fossé, sans être vus de l'ennemi, à la lisière de la
forêt, derrière un épais buisson, pour y attendre l'arrivée
des Autrichiens. Marceau avec son état-major s'était avancé
à 60 pas de ces chasseurs sans se douter qu'il y avait un
ennemi si près et là il fut atteint d'une balle mortelle.
Frédéric Holder, né à Reuwiud, le 23 janvier 1772, entra
dans l'année 1702 dans un régiment de dragons Hollandais
sous le prince de Wind-Runkel ; il se trouva le 17 mai à la
bataille de Charleroy avec les hussards de Blankenstein, fut
fait prisonnier le 18 mai, envoyé à Cambray, puis de là à
Paris et conduit à l'hôtel du Luxembourg. Là se trouvaient
1 / /
beaucoup de prisunuiois Allcuiands. entr'autrcs: un comte de
Collorcdo Mauslcld. dfiix ((natesde Lluau^re Westerburirmid.
le |ti-iiic(' di- W'iiid-Ruiikid. S.i fuilr pri'MiK'diU'c ainsi (pie
celle de ces sf iiLiiieurs lut ciupèclM'c p.ii- la survcillanir dun
Jeune s-eiyerit.
Dans la nuit du 17 juin 17i»;;, lloldcr se sauva pourtant en
soci(''t('' du comte de CoUorcdo Mansfeld, dun (-((Uitc de
Linau^-e M'esterburiiund et ilu prince de \\ind-Hriukcl. 11
entra alors dans le réiiiment des chasseurs L<doup, cnlii-i-t'-
nicnt composé de Tyroliens, avança comme chasseur d'élite
et lit partie de la couipauuie IJorke (pii. le LSseptemhre 171HJ,
formait la tète de l'avaut-garde Autrichienne, et (jui depuis
la iN'Iaite à la liahn, suivait les Français sur les tahuis.
Comme llolder et son camarade Rolof caclK'S sur les hau-
teurs de Hochstembach derrière d'épais buissons, virent les
odiciers Français (pu se tenaient auiirès d'eux, Holder crut
reconnaître dans Marceau, ([ui montait un cheval blanc, eu
ayant jierdu un noir dans lattacjue contre les Autrichiens, le
serg-ent (jui s'('tait ointo-së à son projet de liiiie de riinir] du
Luxembour^i- <d avait par h' fait proloug'é sa captivité.
C'est i>ourquoi il doit, dans ce même moment, avoir juré>
de se ven}j,-er l't être convenu avec son camarade Itolof que
ce dernier tirerait sur l'adjudant du général qui se tenait
•jirès (le Marceau en l)rillant uiiilorme et qu'ils prenaient pour
le frénéral. tandis (pie lui-nuMue tirerait sur Marceau avec
le([U(d, selon son expression, il avait une noix ii casser. Aprbs
d'autres arrang-ements, Rolof doit avoir d(''clar('' à ilojder
« Maintenant je le jetterai ;i bas de^son cheval blanc »
(Mai-ceauj, tandis (pie llolder disait : il est vraimeuttrop beau
et tro}) jeune pour devoir déjii mordre la poussii-re. Ils toni-
bi'rent d'accord, (Te sorte qu(^ tous deux, llolder et Rolof,
lirent feu en même temps, et Marceau blesse moriellemeiit
loin lia (II' clicxal.
llolder et Rolof se sauvèrent alors en luiiie bàle à travers
les l)uissons de la forôt, mais ils trouvèrent dans le bois les
tirailleui's de raniK-e Autrichienne desfpnds ilss^cdoif^'ui-reut.
(irlii fiil lirii le l'J scjili'iiilirc it midi, /.n liiilli- /'r;i/ijiii .]f,'irci'iiii
ou rnir dr In pDi/riiir iliiiis In iliri'rf iuii du ciriir (/ni lui jinr lii
ii'sr , il II' \ nvnil fins n liuniVff de liK'dt'ciii, dr surir ijiii' Ir
T. \ii, .1/. v:
— 178 —
génrnd <lnl se si-rvir de son jn-oj/rc iiioiiclioii- do poche poiiv
arrêter la perle du sanff.
Mnrcean fat porté à Altenkindicii dans la maison du gouver-
neur de PuUuitz. Des soldats de l'iid'aulevie Franraise s'étaient
proriiré une éclielle qu'ils avaient l'nil \riiir dr Ilochsteinhnch,
et ils en avaient fait un brancard sur leijuel ils avaient placé
leur l)ien-aimé général mortellement blessé et l'avaient trans-
jiorté- di' leurs propres mains aussi rapidcmcnl (jiic sou état le
periucllnil et nvcc mitant de lué-nagemeuf ipir jiossiLlc à
AltenkirclK'ii. Il avait pour escorte des hussards Français
bruns. Après la chute de Marceau à Hochstembach, la retraite
des Français prit le caractère d'une fuite, parce que les
Autrichiens, qui arriA-aient d'Altenkirchen , menaçaient de
leur couper le chemin.
Auprès de Gielotth, petit village situé à une lieue en deçà
d'Altenkirchen, il y avait déjà une telle foule que Marceau
fut obligé d'être transporté par un chemin latéral. A son
arrivée à Altenkirchen la masse des Français qui fuyaient
était si forte à la porte de la ville , qui était entourée d'une
muraille, qu'il fut impossible de songera trahsporter le blessé
plus loin, mais lorsque les soldats reconnurent leur chef chéri,
ils s'écrièrent les uns, les autres, « Faites place pour ce brave
Général ».
Marceau, comme nous l'avons dit, fui transporté au premier'
étage de la maison du Gouverneur de Poellnitz , après quoi on
fit venir plusieurs médecins militaires et le chirurgien de
l'arrondissement Mager qui examinèrent la blessure du
Général, et bien qu'ej^lo fut reconnue mortelle, ils donnèrent
les plus grands soins au blessé. Lorsqu'au matin du 20 septem-
bre, les Autrichiens parurent sur les hauteurs d'Altenkirchen,
les Français se retirèrent. Mnrceau ne jiouvmil èlvc transporté
l'iil abandonné à la générosité de l'ennemi. On ne laissa auprès
de lui i/u'une garde de (/uatre honnnes. Le matin du !^0 septem-
bre les jjremières colonnes Autrichiennes entrèrent à Altenkir-
chen, et l'Archiduc Gliarles donna l'ordre de soigner Marceau
nvi'c lu jihis grande sollicitude ; en cfjiisidénd ion fin mnlheur
arri\i'' ii ce brave gihii'r.il, on conebil une Iri've de trois j'/iurs.
Marcenu expira le '■21 sejilenibre entre '7 el (> heures du inulin.
Son corps lut Ir.iiispdi'h' à Andermicb \):ir des soldats
Français et Autrichiens, avec tous les honneurs dus à un
— 170 —
rw'iu'ral on rhof. A Andornach, amis et onnoiiiissc n'uiiirciit
polir lui faire 1rs ohsrt/iii's les jilns solrniirllrs. Sôll riïl'\)S l'ut
déposé plus t^ird sur A' /V7r/-.sy>r/-//y;/-r.v i/c CuJjIrnlz et lors-
qu'un fort (,1e Tort I^Yançais) fut construit dans ce lieu, sa
dépouillp'niorteijr lui transportée dans une vallée adjacente.
Marceau avait un extérieur oxtrênieiuent beau, il ('-tait
d'uni' santé très rohuste, son esprit était ardent, se distiu-
j^uanl par une l'ernielé de volont('' au-dessus de son â^a^, il
était reniarquahle jjar son courau'»' ixM'sonnel et pai- son
caractère plein d'iiuniaiiile.
Ce général fut au nombre de ceux ([ni par leur ('nergie
aussi bien (lue [lar des sentiments d'humanité parvinrent à
rétablir la discipline dans l'armée qui était sous leurs oi'dres
et qui surent étal)lir une dilférence entre des citoyens paisi-
bles et ile^ Iniinines de iiuerre.
Ses ad es de honlé et de (/rnérosiliî s (''tendaient Jnsqn'nn.v
ennemis; k Coblentz surtout oii il a fait un assez lono> séjour.
on conserve de lui le: souvenir le meilleur. 11 a sauvi- plus
d'une ville des désastres atlreux de la guerre, tandis (pie
dans les campagnes antérieures, les actes d'inhumanité
commis dans ces mômes villes trAllemagne, avaient fait
maudire le souvenir de plus d'un gtUH'ral Français.
Marceau ('lait estini('' de ses ennemis aussi bien que de ses
amis; c'est iiour([uoi le gouvernement Prussien lui a fait éri-
ger un monument honorable dans renceiute des fortifications
de Coblentz et (pie les Autrichiens avec la coop(''rati()n de
j)lusienrs olliciei-s Framjais ont placé an printemps de l'année
IT'.iT. il ren(h<iit même où la carai)ine d'un chasseur tyrolien
l'avait moiiclli'iiieni Itlessé, une table de mariu'e inunnnieii-
tale, dont rinscri[)tion, en langue Fraïu^-aiso, est ainsi commue:
1<"1 Kl T HLKSSK
l.K r.' SKI'TKMHRK ITDC.
M.\RCEAn
OKNÉKAL FRANÇAIS
IL MOURUT ESTIMÉ, PLKl'RK DU SOLDAT
HK i.'iivniTwr kt iik l'kvnkmi. ■
l.a faux dn temps a l'ait senlii' son ell'el à fcWi' inscription
et la jeunesse , dans ses ébats, s'est sei\ ie de celle labicde
marlire comme d'une glissoile. de smle (pie ce liioliument
— 180 —
tombo on ruines, bioii qu'on 18.'>7 la coniniuno de Hôchslom-
bacli l'ait fait entourer à ses propres frais d'un treillage en
bois de chêne. La population de ces contrées bénit encore le
souvenir de Marceau, et sa mort tragique est encore aujour-
d'hui racontée de la même manière que nous venons de le
faire. Sa mémoire vit encore parmi ses contemporains.
Encore quelques années et la génération sous les yeux de
laquelle ont eu lieu ces événements historiques ne sera plus,
et le lieu où un héros, que le plus beau trône de l'Europe
semblait attendre, a subi une destinée inexorable sera couvert
de ronce et voilé aux yeux de la postérité , si le monument
qui lui a été érigé n est pas restauré ou rciionvt'lé , bien que le
Gouvernement de Nassau ait recommandé à toutes les auto-
rités du Duché de protéger cette pierre monumentale. Le
même jour où l'étoile de Marceau, qui jusqu'alors avait brillé
d'un éclat plus vif que tous les autres de la même époque,
vint à s'éteindre une nouvelle étoile paraissait à l'horizon ,
celle de Napoléon Bonaparte né le 15 août 1709. Le 19 septem-
bre 1790, ce jour fatal où Marceau fut mortellement blessé à
Hôchstembach, ce même jour Bonaparte mettait en déroute
aux portes de Mantoue l'armée Autrichienne sous les ordres
de Wùrmser et commençait ainsi une série de victoires qui le
menèrent au trône de France où comme empereur Napoléon P""
procura aux Français l'époque la plus glorieuse de leur his-
toire, et où de nos jours son digne successeur Napoléon III
qui, semblable au chef de sa djnastie, a su mettre fin aux
troubles civils, a de nouveau conduit la France à une élévation
d'où elle commande aux destinées des nations même au-delà
de l'Europe. "
Seltors, le 17 août 18G2. Lk Comte DE REISET,
Ministre de Frnuco ii Diinnstudl
ot dans le Din-lià do Nassau.
JiKVAXCES .\r l'AYS CIIAIHIIAIN
DUliAM" Ll:: MuVb:,N AGK
I>;iiis une liimihIc |i.irtii' dfs (li.ii-lcs de (Idiialinii ilu \i' au
xiil*^^ siècle, on tioiiNc (M-ttc roiiiiiilc -•/// nmiii (■onsiiclinliiio et
l'Mii-lioiir /iliffiiiii cl iniiiiiiiii'iii , Ini'iiiiilc (jiic l'un a tDiiJoiir.s
traduit»' ainsi >< libre ci exoini)t de toulc (■iniliiiiic cl de toute
cxaciiiiii. •> C'est là assurément l'interprélalion la jilus natu-
relle i\i's expressions latin(^s. mais cette traduction littérale
rend-elle le sens (jn'atlachaienl a ces mots les donateurs du
moyen iiL^e? Nous ne le pensons pas : coutume, i)asse encore;
mais exaction n'est pas le mol propre. La vraie traduction
[Ktiir nmis est celle-ci : « liljrc et exempt de toule n-ili--
» vance ordiiiair*- et extraordinaire. »
\'uil;i (|(»nc. d('s Taliord. une L!r;iii(|(' tli\ isioii ('lalilic pai'uii
les divei's di-oiis ipii pesaient au moyen ài;'e sur la iiro[)riété
et les individus : dune jiarl , les redevances ordinaires,
rdiisnrlinliiirs , i-nusluiii:r . les ciiutuiues. jMtur conserver
l'aijpellation ^énéralemeiiL adoptée; de laulre, les rede-
vances extraordinaires, oxnctionos, tpii ne répondent |)as
loujoni's, comme on le verra, à noti"e mot modci-nc,
exai'lioiis. Nous iioiis occn]icroiis d'altoril *\vs couiumos,
et, sons l<'ur midtiplicité, nous l'econnaiirttns ipi'oii pcul
It's i-amencr a (jnchpu-s l\'pos principaux.
I
La |ilus auciciinc cl la [iliis rc'pandui' (\i's couliiines était
« le cens, » COUSUS, soUMiiir do l'ancien im|»ol public Ars
Romains, transfoi-UM' pai- les con(pié'i-auts An sol en un droit
priv(''. ('"('tail une n-ulc due au seiLiiieur en l'aison de sa su-
zeraineté sur U'- lenamier. Souvml . pour l'aljolition d'un
— 182 —
service ou la concession diiu inivilègc, lo roturier iircxait
sa terre ou sa maison déjà chargées du cens, d'un second
cens, siipei'i-rijsns , u surcens ou crois do cens. » On enten-
dait au contraire par '< menu cens » une somme minime,
sorte de symbole par lequel le tenancier reconnaissait que
la i)ropriété du fonds appartenait au seigneur. Enlin, indé-
pendanimenl du cens qui frappait les propriétés, il en était
un autre, « la capitation, » cousus cnpUnlis, ctïpita(jiuni, cuva-
(jinin . (pii atteignait la personne môme du censitaire'.
Ce n'était pas au reste seulement les terres, les maisons
qui devaient payer le cens, mais aussi en général tout ce
(pli servait à Texercice d'une industrie privée. Nous pour-
rions en citer de nombreux exemples ; nous ne rappellerons
qu'une charte de Geoffroi 111, vicomte de Chàteaudun (vers
lUo8) dans laquelle il dit posséder dans le faubourg de Cha-
mars le cens des chaudières des teinturiers -.
Synonymes de cens, nous rencontrons dans plusieurs
chartes les mots ohhtin', ohliatœ. En 1173, Hubert de Péron-
villo déclare qu'il reçoit sur chaque maisoli de Péronville,
pour droit d'oblage , 2 pains, 2 poules, 2 deniers et 2 mines
d'orge^. En IIGO, les moines de Tiron partagent avec le sei-
gneur de Langey le champart, la dîme, les oblages et le
cens de Langev*.
Dans un sens plus restreint, appliqué sjDécialement aux
bourgeois des villes, le cens prenait parfois le nom de Jjiirde-
sfi;/iiiiii. Au mois de décembre 1214, Robert de lîapaume
donne à l'Aumône de Chàteaudun 12 deniers de cens, avec
tout droit de bourgage appartenant à la censive^. Le droit
de « fouage, » ffiiarfium , était synonyme do J)ur(lrs;if/iiiii!.
^ Nec de terra lanlum, verum ctiam de .suis propriis capitihiis census
annui redditiis debctur.
- Censum caldariarum linrturuni vcl linrtricuin , de iaiii(]ii(i(jiic laldaria
deiiarios llll (Arcli. (rEiirc-el-L(iir, II. tTi'i).
•' Ohlnlas pro singulis mastiris, duos panes, dnas f/itiliuas, duos denarios,
duas minas ordei ad magnam mcnsuraw (Arrli. de la Maison-llieu de
Cliàleuadnn, ji. 15).
* Campars et décima, oldiale et census apud Langeium [Cart. de Tiron,
II, !.. 5)4).
'•' Duodrrini denarios rensus , euin oinni burdesagio et ohnoxietalr ad eam-
dcm censivain pcrlinentibus [Arcli. de ta Maison-Dieu de Cliâteuudun,\). 74).
^ l.s:; —
N'ors l'an Uni), le priciii- de Saiiil-I)riiis de .NoLrciil-li'-Kotrtui
(loiiiic aux lils (le lioiioii lo iiii'iiiiii'r la maison (|u"t)ccn|iail
jcdii lîonon, libre et exeniiite de cens et dr fona^'-e '.
()ii ilnnnait le nom de \Hli-iiii;fiiiiii ;i la toniii'c il'iin vilain
qni la [)o."<?ié(lail sous la redevance du cens, et par suite le
mot de vH/riini/iuin l'ut [iris pour le cens lui-ménio : .Vas Imc-
/iiiis in \ ilIfinKiiuiii . il/ rst ud crnsiiiii.
Se rapportant au droit seiiiiieurial im]ios('' sni* les im-
mt'uiiles, nous devons moniionner les droits de i lods d
" ventes et de li'ants, » Iciidiiinitr , vcntir, \ fiidi/ioiics , vciuln-
;/iiim, ;/;iiiiii, correspondant ;i notre droit de mutation actuel.
Les lods et ventes étaient la somme jtayée au suzerain pour
ivoir le droit traliéner une terre df'pcmlante <ie sa sei-
i,nieurie; les ^^ants étaient une redevance, souvent payée en
nature, comme épini^les d'un marché. Au mois d'avril l'^Ml,
(luillaume de Samoessel abandonne au chapitre de Saint-
Spire lie Corbeil les lods et ventes dans la terre de Seine-
Port-. Au mois de mai 1235, Aimcry Oison, comme maire
d'ilapponvilliers. rc'clamc le treizième denier de toutes les
ventes laites dans retendue de sa mairie-'. \'ers llln. les
reli^iieux de Saint-Père donnent k Geollroi d'Arrou, maire
de iJoisruIlIn, les i^-ants des ventes laites dans la teire de
lioisruriin *.
C'est encore dans le même ordre d idées (piil faut classer
le droit de ^> rehnat^'C » ou de rachat . rc/ew/Z/o. /v////,// /////,
payé par tout tenancier à son suzerain au monieiil oii il attei-
i;nait sa majoriti', \<>>\\v èire remis en possession de sa pro-
priété tombée en caducité. An mois de juillet 1200, (Jui de
hévis, sei^-neui- de Mirepoix, donne a ral)liaye de S.iim-.Iean,
poiu' construire l'église d'Acheres, un héberyement libre de
l'tut cens et de tout relevaii'e''. Au mois de mai \J'2\, Aiuaury
' Vrojiriam plnlciini dirli ISiiitniiis, lihrrain l'I ijuktitm ah (iiiiiii censii rt
l'i-iiagio \Curt. de Suitil-Uniis, p. H',\\.
- In Irrnr ilr S'irid-I'niiii vmlr ^ laudiimir , iiivestilurc [Cuit, de liinbril,
p. '••!].
■• Terriiim di'ciiiiiim ilniiui iiiin Im lus rcinliiiDiiis iirinmis ri Icrraïuin ilr
lldiponrilleir. ijnociem cniilinijnrl en ixiidi .II. ;{!{() l.
' Gninios (7 dislililiirii.s in Irrrii de Hosoi-liufini \(''trl. dr Suinl l'rrr,
p. iSi .
■■' llerherquiiifulum (luoddnni liln'iuni ah nnini cmsii, irlrruliitm-, exurlione,
redihi'ntia seu costuma ijuacumifnv II. iîiiiiiJ,'.
— 181 —
de Fréiuoiil cxeiuple du druil de radial les liouimcs de
Pré^.
Presque aussi ancien (jiie le cens, le droit de « dime, »
(Iri'iinn, lut constitué dans le priiici|>e ]m)ui- ponrNoir aux
besoins de rEg'lise. L'obligation de payer la dune, le dixième
des fruits, tut un précepte pour les fidèles plutôt qu'une loi
pour les Francs jusqu'à Cliarlemagne qui la prescrivit à tous
ses sujets en même temps qu'il s'y astreignait lui-même. Peu
à peu, les seigneurs usurpèrent ce droit ou le reçurent en
lief, ce qui donna naissance aux dîmes inféodées et aux
dîmes seigneuriales.
A la dîme se rattachaient les « prémices, >> pi-imitin', droit
ecclésiastique qui se prélevait sur les premiers fruils et sur
les premières portées des animaux. Vers 1130, CTuillaume,
abbé de Tiron, déclare que toutes les dimes de P'ontaine-
Raoul, tant menues dîmes que prémices, lui appartiennent-.
Les dîmes elles-mêmes se distinguaient en « grosses et
menues dîmes, » t/rossir et iniiiiitn' ili'/-iin;r. Les premières
se prélevaient sur les champs ensemencés en blés, ^lois ou
vesces, guède, garance, etc.; les menues dîmes frappaient
les animaux domestiques •'^, le lin, le chanvre, la vigne, les
fruits et légumes des jardins, etc. On disait aussi « les vertes
dîmes » pour celles des menues dîmes qui se percevaient sur
les légumes. En 1709, le président de Meslay reconnaît que
les terres de l'abbaye de Saint-Avit à Yitray-en-Beauce sont
exemptes « de tous droits de dixnies grosses, uu'uues et
» vertes, de charnage et autres dixmes sous quelque (l("no-
» mination que ce soit. » (nhli. de Sninl-Avil ). Enlin on dis-
tinguait, encor(^ « les «lînu's des U(jvales, » c'est-à-dire les
dîmes (W)< lei'i-es nouvellement nnses en culture. Celles-ci
n'appartini'ent jamais exclusivement il l'Église : créées ;i une
époque plus récente, elles furent dès le principe seigneii-
' .1 rachuto d hovtujio \\\. "2317).
- Quod décime omnes homiiiuin de Foiilc-Hfidiilli , liini unnulr ijikhii /iri-
milie voraiititr, ijinnii aîie, suc projiric .siiiit (Cjirt. du l\.-D. de Chartres,
I, p. t^iX).
■' l'iiinii les ilmils (liniiirs en Hir>ri ,iii |iririiir de l.iancdurl , on xoil rih'u la
iiii'iiiic (lîiiir (les lnMi|ii'aii\ cl des clirvaiix , miiniUnn di'riniiiin pfcialnm cl
juincnluniiH [Cari, de SaiiU-l'èrc, p. ïiUU).
— IS5 —
l'iales, in'opriéu'' du .seij4:neiir, (iii'il lin lauiiic dU L'cck'sias-
tiquo.
Chacuiii' (le (.Ts (liiiio.s* recevait iiii ikhu particulier. La
(lime sur les ui'aius s'appelait hluilcntiiuin . iin-ssio, jticsli\,i.
NCrs ll'.M», (IcolfVdi ]\\ vicomte de «'liàtcauduu , duiiiic à
laldiavc de la Madeleine de ("hàleauduii ladiuKM-l le lei-raire
de tout le domaine de la < hauvelirre el la meslive dudil
territoire'. Ou lit dans le registre des cens <lu comté de
l'hartres : » Les coutumes di's portes de Chartres appartieu-
» ueiii ;i la l'révosté, c'est assa^■oir le deauplaii-e. le touli et
le liuscha<j:e et les mestives de Heaiice ; mais le pr(''\dst
paie lors le [lasl aux mères, (pu doivent avoir rhaciin ;i
dislier le Jour (jue les uiestives sont assises. ..
Le '■ iVoiiieiitaiic. » /'rinnriif;i;/iiuii . ("tait la dime sur le
l'romeiil. La dime sur l'orbe s"aj)pelait oi-ilc;iriiiii ; sur les lèves
et haricots i'ahiwuni : sur la vesce vicitu-mii-; sur les pois
jiisiuriniii : siii' les lentilles Iriil icnhiriuiii'-K
La dinie siii- les aiiiniaiix en li'énéral était dite « charuage, »
.inifi/iriim Sur les hètes à cornes on percevait ■ le coruay:e, »
rorinif/iiiin. Kn 11'.':;. Louis, comte de Blois, al)aiidoiiiie ;i
rahl)aye de .^aiiit-A\ii le coi'uati'e de sa terre, tel (piil Lexi-
treait de ses hommes et de ses autres abl)ayes'. Les Ixi'iils
payaient le droit de « bouvag-e, » hov.-ii/imn. Au mois de
d(''ceml)re IlM 1 . labbi' de Coiilomlis exemi>te les Imniims de
Marville de la taille et dn InHiNauc ([iiils lui payaient'". La
dime sur les vaches sajipelaii i //.sr-w/y'/zy// ", sur les mout(Uis
' Ufiiiiiitm cl Ifinif/iuiii lui lus Irrrilorii dv (]hav(iler'i<i, tant ilr liihrnini/iii
iiuiiiii lie iircim . ri nifstivdiii dr prriliciti Iririlurit) \l',<iii. de ht Mtideleini\
- Kii mais \'2\lî , Klirnnc , inairc de Cliain|isrni , \rnil ,iii (liaiiniiic (icdllroi
il Auiiraii vicitirum , l'abiitcitiit , ordi'dciiin {l'.nii. dr .W-l). r/c Cliurtirs . Il,
|i. ('.:!,.
^ haiis le l'oly|ilii|iii' (le r('|,'lisi' dr Cliarlics ^ liUlUi . nous vovoiis <|iir les
|iri'liriiilit'is tic j!niii;laiiival |io<S(''ilaii'iil Dvdciiiiiiiu, l'dhiiriinn, pisiariiini,
rrriittiiim, Iruticulariuin [Ihidfiii, H, p. riUi i.
* Coiniifiiiim Irrre sur, sirni <i cetnis nhhiiliis suis ri Imut imbus exitjebut
Abli. dr Sainl-Aril .
* .1 Itillid el bdViiijiu ijund sihi irddcbunt il '.art. dr Sniiil-l'Uirnni' dr
hrrux, ('• \',',, r"i.
' i.f li jaiivlir plil). (irnllioi. ((iiiilc (rAiiiiiii, (liniiic aii\ rliaiioiiu-s de Saiiil-
.Maiirici' d .\ii;,'i'r>. /'// (•///•/(' Sam li-lhonisii iiirrii<iluiii lnliiiii.rl /) unir ni '11/111111,
i"! uiullonufjiuni. ri /risriui/dijiuiu [l'.url. dr lu Triu. de \rud()Uh\ I. |i. IliTi.
— 180 —
iiiiil/niini/iiiin , suv les jcuiies brebis hii/rniiiiini , sur les porcs
fresccjiii!i;/iiiiii r\ l'risciiii/,-i(/iiiiii , sur lo chaiivi'c r,7/y,7/>//.s//////,
sur le lin lineshiiu ^ ; sur les chardons « charderonnago. »
Toutes CCS dénominations se renconlront rrc-quemniont dans
nos chartes et nos cartulaires.
11 serait trop long d'énuniérer tous les objets sur lesquels
se percevait la dîme : nous en citerons seulement deux
exemples. En 1135, (luillaume de Vaupillon donne à l'abbaye
de Tiron le droit de dîme sur tout ce (jui se faisait dans ses
bois, dans ses alleux, dans ses landes, dans ses marais, c'est-
à-dire la dîme du pasnage, des charpentiers, des charbon-
niers, des novales et do toute autre nature-. En 1097,
Hamelin , seigneur de jNIontigny, fait don au prieuré de
Saint-Ililaire-sur-Yerre de la dîme de tous les produits de sa
chasse ^.
La perception, l'aménage de la dinie dans les granges
dîmeresses se faisaient par des agents spéciaux « métayers, »
mcsfivnrii, délégués par le seigneur, et des droits particu-
liers pesant sur les tenanciers étaient affectés à ces otîices.
Le collecteur recevait le dixième de la dime, rodocimn, et
quelquefois forrui/itini. En 1131, Hervé de Gallardon donne
à l'abbaye de Josaphat la dîme de la dîme de la terre qu'il
possédait à Soulaires^ Le charroyeur recevait « le trait de
dîme, » tractas ilci-inuc Cette redevance, d'abord réservée
au charroyeur, fut dans la suite possédée par le propriétaire
même de la dîme ou i)ar d'autres personnes étrangères au
fait matériel du charriage. En octobre 1232, Girard de Luisant
' Au mois de mai 1213, un accord iiitciviiit ciitir li-s religieuses de Saiiit-
Avit (;t (ieoiïroi, maii'i; de Rameau, ce dernier iiiriciidant avoir le droit d'aller,
avec le serviteur de l'ahbave, |ieicevoir la diiuc dans le fiel' de lîameau, cl
exindc hahere tmuin agnum et unum vellus , et canabi et Uni canabusium et
iinesium {Abb. de Saint-Avit].
- Dcciiitaiii omnium (jne in hosris , sive in dcfensis, au! moriolis, vcl in
!/r(tluii tune fiebani, sciliccl ilc ptisnaf/iis , de. rai/ienlariis, de rarbonaiiis, de
novalibus, sive de ([uocumque alio labore in iji.sis faclo [Curl. de Tiron,
1. |.. 22.',).
•^ Drrimam omnium venalionum suarum , quolibet modo capte sunt
(H. 2iUli.
* Redecimam luliiis Icrir sue que est apud Solicrnum, lam in luco quani in
piano (Car t. de Jonaphut, p. !)(>).
— 187 —
lucicinl qu ;i lui aitpjirliont un trail de diiiic ot un uiôtayer
dans la p-anjjre des reliij^ioux de Saint-Jean a Linc '.
La valeur île l.a dinie variait inliniincnt. l>ans le ininripe,
comme son nom.rindique. ce devait être la dixième partie
des IVuits ; ninis (piand la dinie eut pass(' entn; les mains des
seiiiiieurs, s(in aj)i)lication sul)it de nombreuses modilications.
La (lime des céréales se disting'uait en « dimc nomlirc'c et
portée, » iiiiincnitit, ilhifn, c'est-à-dire comi)t<M' par l'agent
du [tropriétaire et enî^ranp:ée ]>ar les soins du lenancier-, et
en « (lime laissée dans les champs, » rclidu in mui/iis, c'est-
à-dire à ren^^ran^emeiit de laciuelle les lenanciers restaient
étranirers. Généralement, ces dîmes se payaient h la
onzième i:'ei"l)e : pourtant, certaines terres ne devaient a
titre de dime (juiine ou deux gerbes par setier ; d'autres
ac(piittaient seulement une demi-dime. c'est-ii-dire la vingt-
uidèmo gerbe.
\(nis citerons (pielques exemples tirés du ricin- diartrier
de labbaye de Saint-Avit, aliii de iiinntrer quelles variations
sid)issail la perception de la dime. Au mois de mai l'J19,
Henri d(.' MontreuiL séni'clial de Mondoubleau. c(tnsent t[\u\
poiu" droit d(> mestive, il lui soit payé i)ar les hommes de
Saint-ALiil. par chaque habitant cultivant avec ses proi)res
bestiaux, un setier de seigle et une mine d'avoine, et par
ceux qui ne < ultivent qu'avec des l)estiaux d"eiiijirunl une
mine de seigle et une mine d'avoine^. — Au mois de no-
vembre 1211, il est conxeiiu que les liniii mes possi'dant des
vignes depuis Saint-Denis-le.s-Ponts Jusqu'il ("hateaudun. e( ;i
Séglaiid et il Hotain. jiaieront pour la dîme 5 sous |»ar ai-pent,
tamlis (pie ceux qui ont des vignes au-del;i de Saint-Denis,
-•» 'l'oriau et ii la Chajjelle-du-Xoyer ne paieront que -1 sous.
' (^hidil flrhehal hulirrc trarliim (Irriiiic et uiiiim mexlivariiini in uriinchiii
miiniiilioniiii Saticli-Jolmunis tjur silit rst tipttd l.iicfiiim iCart. ilf Sainl-
Jean, [■< \'2 v" .
- Km {■JI'J. .Iimm irAu/.aiiivillc iccoiiii.iît <|iii- l;ilili;iy(! dr Saiiil-Jcaii doit avoir
II' rliaiii|p;irl l'I l.i iliiiii' iKtiiilin'c sur une Inic ipril lui a \cmliii', /// /(•;/•(/ vfn-
diln cdiniiiparUii/ium cl ilntiiinnt uiiiiicnilain mm tniini iliniiiiini W. ;!:i7.')i.
••/'>•() tni'.stivii , iih uniKjUdqui' liospicium Irurnli' (jui ruiii propriis besliis
leiram eirohi iiuiim sexlarium silifjinis ri uiiaiii mitiiim iivrur,i-l ah alin
hoininr qui stiiini Inrinii prr (irroiiinioiluliiiiirm hrstianini l'Xialet uunm
mauiiii siiiijinis vl uiiain uvcnc.
— 188 —
Kii 1759, les religieuses de Saiiit-Avit l'ont un accord avec
1(> président de Mcslay pour les dîmes de la paroisse de
Vitray-en-Beauce : il est arrêté entre les parties que le pré-
sident percevra les grosses dîmes à raison de 4 gerbes pour
chaque setier ensemencé en blé ou en mars et 4 roulions pour
chaque setier ensemencé en pois ou vesces ; que les menues
(limes des lins, cheneviëres, chanvres et clausages se paie-
ront à la treizième gerbe; les menues dîmes de veaux à
raison d'un fromage par chaque vache ; les menues dîmes
des cochons et oies à raison du treizième ; les menues dîmes
des vignes à raison do 4 pintes i)ar poinçon ; les menues
dîmes des bêtes à laine sur pied d'un sou par mouton, brebis
ou agneau.
Le paiement de la dîme et des autres redevances se faisait
ordinairement à la Saint Rémy : cependant, nous voyons
indiqués dans certaines chartes les termes de Noël et de la
Saint Jean-Baptiste, et aussi, quand il est question des droits
appartenant à des abbayes, les jours de fête de patrons de
ces abbayes, Saint Avit, Saint Etienne, etc.
Ce que la dîme était pour rÉglise, « l^champart, » cnm-
pars, canipijmrs, l'était pour le seigneur. Les mêmes terres
étaient d'ailleurs souvent assujetties à l'un et à l'autre droit,
et il arrivait fréquemment des discussions entre le champar-
teur et décimateur. Pour prévenir ces constestations, les par-
ties intéressées exigeaient que les serviteurs chargés de la
perception offrissent toutes les garanties de probité. Adam
d'Ouarville possédait le champart à Ouarville de plusieurs
terres dont la dîme appartenait au prieur du lieu : au mois
d(> mars 1212, il fut convenu ([u'avant de recevoir les gerbes
(hi champart, le serviteur du seigneur d'Ouarville prêterait
serment au prieur de lui faire connaître exactenuMit le
uoml)rc de gerbes recueillies (H. :j467). Le salaire de ce ser-
viteur était réglé à l'avance et payé [)ar le tenancier ' ; c'était
une redevance appelée uuincnKjiiini-.
' Serviims caiiipipuiiur iinuiit (niumn: scxiarium pm r(iiiij»i])<irliii)io habcbd
[Cart. de Josapliat, p. 50).
2 Au mois (l'itoùl \l>'M<. Raoul .M.iiiiiiiiiry aliaiKldimc à faliliayc (!<■ Saiiit-
JiMii luiiiieriK/inin ri cfiiiipiparlriii cl ijviicnti'dvr oui ne jus (pad hahebal (ipml
Amcrvillam'iH. IWïil»).
— ISO —
Le chanipart avait iioiir synonymos « le tci-ratro, » trrni-
f/iiiiii, Iri'fudiiiiii K « lairrier, ■> ni/i'nri;/. Ir (lr;m|il;i':i' . ■•
iJiiihIii;/iii/ii. \'('is IKM». RoIxM't. prc-vùt do Cetoii , dniiiu' au
prieuré de Saiiit-^)('iiis de Noi^riii-lc-Kolrou le icrr.i^c et la
diiiii' de rolii'Mioiil -. ^\•I•s irjo. les ndiLticiix de S.iiiit-l'i'rc
baillent il rente une terre à Knclierville. à ((Uidilion iiue
chaiiue année ils en recevront Ta^rier •'. Tlnhant <laudin, en
l'j;!(». donne il l'abbaye de Marnioutier le dcauiilaire <ju'il
percevait an tnroii- de Marolles'.
Les trois coutiinies dont nous venons de p.irjri-. le cens,
la (lime et le chanipart pesaient sans excei)lion sur toutes
les proj)ri(''t(''s du tenancier : elles étaient dues ii tous les
snzei-ains. (pnds ([irils lussent. 11 n"en cdait })as de luéinc
d'une foule d'autres droils, soumis le plus souvent ii la vohtnté
arbitraire du seiijrnenr. Plusieurs chartes, fabriquées au
XV" siècle et ayant la prétention de remonter an XIII" siècle,
nous donnent une énnméralion de coutumes dont les sei-
jrneurs exenii)lent les hommes des abbayes demeiuant dans
leurs domaines. Nous V(mlons jtarler des chartes soi-disant
octroyées ii l'abbaye de 'l'iron par les comtes (]u Pcrcjie, les
vicomtes de Chàteaiulun. les seigneurs dlUiers, dAlluyes,
etc. (Voir dirl. dr Tirmi , II, p. 39). Par ces actes, les
Inmimes du monastère de Tiron sont affranchis n jirdnf/iis,
trnvrrsihus, J);i/-i-;H/iis, rotai/iis , jiorluiu/ii.i , tninsitilms, chiin-
h'hitfiis, corvciis, titlUis, poiitinii//iis, coi-v;i;/iis, foliu/iis,
hiitiinis, foiH/is , lnlirrn.-iifiis , nieiisuntt/iis , poiideriJjiis rf pou-
ilmiifiis , fonit/iis, viiii vriiditioniJms , sliilnt/iis, lonlriis,
jihih'niiiis, Ji;iv;i;/iis , tollnris, J)l;iflr;i(/iis , jumif/iis , lioisst'luf/iis,
iiKiltin-is, con-odiis, corniliKjiis, vcnd/ti/iis, jjnslis prociiritlioiii-
hiisi/nr, iinnih-ii/nifiis, snlnffiis, t'ni-iiofitiii. innii'iidiuornni, fnlii'f-
iiufiii/i, lorciilnriiiiii Imiiiiis, vicDruiii , jioiiliiiiii , ifinmiiii,
villnfiiiii cl ciislroriiiii /■c/hii-nlioniJins , ri corii/ii riislodiis ,
viijiliis cl f/nclo.
' « TfTT.igt' <'t »liain|iait , i|iii rsl la nn'inc cliosc » ((loulimif dr ïlunois).
- Terradium ri detimtnii iii villn 'Ir C.ii.slinmntw (Caii. tir Suint Ihnis,
f. '.ITi.
•• Quoi! ex en at/niriu niiiiiin irvolullonr rrdilnlur (('.urt. dr Siiint-I'ère,
' 7(i/m;h denlilfuiium ijNtid prvrijirrr snirbtil in lnln Irri ilnnu dr Murrtdrs
(Cail. nié.sois. |».-J|(i
— 100 —
Voilii luio (''numération ({111 assurément peut effrayer tout
d'abord ; mais un grand nombre de ces droits ne sont que la
répétition les uns des autres, et la plupart n'étaient exigés
que dans des cas particuliers. Nous tâcherons de définir en
quoi consistaient ces diverses redevances ; mais, parnd
celles-ci, il en est quatre qui offrent un caractère plus général
et sur lesquelles nous devons davantage nous appesantir, ce
sont le tonliou, le terceau, la voirie et la monte.
Le « tonlieu, » leloneiim, était un droit de douane perçu
exclusivement dans le principe sur les marchandises trans-
portées par eau^ On trouve également dans le même sens
le mot vuUnçfium. Vers 1110, Pierre le Baube donne à l'abbaye
de Marmoutior le vulhit/ium des navires et de toutes les
choses qui seraient apportées à Marmoutior-.
Le droit de tonlieu s'étendit bientôt sur toutes les mar-
chandises, qu'elles fussent amenées par terre ou par eau.
Dans un accord passé entre Guillaume Gouet et les religieux
de Saint-Romain de Brou vers 1115, il est dit que Guillaume
Gouet prendra le tonlieu sur tous les étr'angers qui apporte-
ront des marchandises dans le bourg (\q Saint- Romain,
tandis que les religieux le percevront sur les objets vendus
et achetés par les hommes dudit Guillaume ^ Vers la même
date, Joslein, fils d'Henri, vicomte de Mortagne, donne au
prieuré de Saint -Denis de Nogent le tonlieu de tout ce qui
sera vendu ou acheté à Flacey^
Plus tard , le tonlieu s'entendit des droits de marché et fut
imposé sur les bestiaux et autres objets vendus dans les
marchés et dans les foires. « Tonlieu, c'est coustume de
marché. » (Citrl. du Bec). Vers 1229, Thibaut IV, comte de
^ Vers l'année 1100, Adèle, comtesse de Chartres, donne :'i Tabbaye de
Marmoutier teloimim quod erat solita una nnvis rcddere ad portuiii Blesensem
{Cart. Blésois, p. 10).
- Vulluffiuin de navif/iis H omnibus rébus que ad Majus Monasterium
apportarmtur [Cart. Blésois, p. 110).
•^ Ab (minibus extra voncniibus , si aliquid wnidc attulerint et in burgo
Sancti- Romani vendidcrini , Guilltrmus ab ipsis Icloncum arcipiel; mouarhi
vero a burgensi Guillermi, si orner il vel vcndiderit [Cart. de Saint-Père,
p. i7:{).
* Teloneium de omnibus quienmque apud Fbtiiaeum aliquid vendiderint
vel emerint {(jirt. de Sainl-Deuis, p. 100).
— 101 —
Champaj^no, donne à son clerc, Ktionnc dr Provins, le ton-
lion des ponmios, de la basanne et de la pelleterir de Provins.
« Le i)éag'e , » ]niii(/iiini, jjfdiii/iiiin, r.vittis, ('(ait une lorine
du tonlieii, et ni^nio en certains cas était pris pour le toidiou
lui-nicnio. tcJoncuin ijiiod viih/uri/fi' (lii-iltir jhhii/iiiiii. hans s»in
sens priniitir. le pc-auc était nn droit de circulalinn dû pour
les niaicliandises transportées h dos d'hommes on d'animaux,
jiai' opjxtsition an rouaife, tjui se percevait sur les voitures.
Plus tar<l, le ijéage s'entendit de tout droit de circulation.
Kn IP.H), Ives de Vieuxpont ahamionne au prieure'' de
Cliuisnes le ]U'aL!'e que devaient les liomnn's dudit prieur»',
p(''aii"e ipH' l'on ajipelle sortie '. Le 17 avril PJS'.». (Inillanme
di' \'ieuxp(Mil, seigneur de Courville. accorde au prieuré do
Saint-Nicolas de Courville. > pendant ( inq sepmaines, Tas-
» sielte des paages, de prendre toutes manières do consinmes
» et toutes manières de paa,i.;'es. ])ar tous lieux oii l'en peut
» et doit recevoir paaii'e hors la \\]]r h clicinin paauci". »
(II. .".102). Le péa.i^e n'était {)arl'ois que temporaire. Au nujis
de mars 12'')2, Thibaut V, comte de rhami)aL;ne. voidant se
j)rocurer la somme nécessaire pour rcqiarer les rues de
Meaux, l'ait jioser dans cette ville des chaînes et y établir
de.s péaii:es (pii (le\ aient durer six ans.
Un titre de 142.'j, conservé dans le chartrier de l'abbaye de
B(jnneval el relalil' an |irienfe de Saint-Sauveur de Bray,
membre (Icpemlaiii de cette abbaye, nous renseigne complète-
ment sur le droit de péage. Nous voyons i)ar là que c'était,
il peu d"excej)tions jirès, notre di-oit d'oclroi. i-epn'seuté
avant la Révolution pai' ce (pidn appelait les Païu'artes des
seigneiuMes. Nous croyons intéressant de rejjroduire ce
ilocumenl. « (""esl le dioii ijiic rt'glise de Saint-Saiivenr a
n accMlsIinn»'- de tout temps de prendre et lever au p(''age de
» la ville de Hazoches. PrcniiiTcinent. clhMpie cbcN al jioi'taut
»> bat passant par les rives dn (lit [«'âge 1 don. ; une Jument
M ob. : un IxenC on loreau deii.: la ^a(■ln•. sojt iji-ando oii
' l'i'diiiiiiim (jiiitd (il) Iniminlhiis ('.liiniif illi ii'ddrhaliir, quiid hiniiiiirs l'jiis-
ilein nllr r.iiltiiii vniiiliinil II. "JiJlO . i.i' iimt rriliis se icii((»iilii" aillnirs.
\iTs mn.'i, C.lin'lini, |iii''\Mt (le Itdlii'il (Ir l'ii llriiic, piV'li'iiiiait |ici(cvt)ir le
ilroil (le SdrlH- Mil- les IlllIllllU'S l|lli .iclirl.lli'lli llu lilr llail- ji- i Initie (II- S.lllll-
i,i'oii:iril (ir l!cll('iii(\ in Iniiiiiiiiliiis (im iiiniiiiinin in riatt.tlio Saniti Lennaidi
emrlidnt esilum arcijii'ir raliiil ('.(tri iimir /»• l'en lie, \i. 'M)).
— 102 —
» petite, ob.; la vache à veau qui allaite, la mère acquitte le
» veau; le porc ni;il(> dcii. ; la femelle oh. ; un uiduIou don.;
» une brebis ob. : un char, quelques denrées qu'il meine,
» 8 don.; une charrette, quelques denrées qu'elle moine,
» 4 don. ; un lit estant en charrette ou en char ou sur un
» cheval 4 don. ; un bouc ou un daim don. ; une chèvre ob. ;
» une pelle ferrée ob. ; un trépied ob. ; un grez ob. ; une
» seille à eau ob. ; une civière ol). ; un berceau pour coucher
» un enfant ob. « (H. 1200).
Ces redevances perçues sur tous les charretiers, roulierset
autres, venant, traversant et sortant chargés des lieux
soumis au péage, portaient le nom de « grosses coutumes, »
par opposition *aux « menues coutumes, » qui frappaient les
menues marchandises étalées et vendues aux halles et
marchés.
ce Le travers, » lr;insversum, était un droit perçu sur les
marchandises transportées à travers les terres d'un seigneur,
d'un lieu dans un antre, principalement au passage des
rivières. En 1218, Thibaut \l, comte de Blois, confirme à
l'abbaye de Saint-Laumer de Blois 10 li^"l'es parisis sur le
péage et le travers de Creil ^ Avec le même sens que le
travers, nous rencontrons le droit de « passage, » passnr/iuiu.
En 1122, Henri, roi d'Angleterre, affranchit les lépreux du
Grand-Beaulieu du tonlieu, du passage et toute autre coutume^.
Le tonlieu perçu spécialement pour le passage des ponts
s'appelait ponfinngium , celui pour la traversée des places
plntengiuin, pour le débarquement des marchandises, jiovtun-
giiun et caiiujiinii.
Si nous examinons maintenant le tonlieu dans son sens le
plus moderne , le droit dos foires et marchés , nous verrons
qu'on payait un droit <> d'étalage, » aslahu/iiini , shihKjiuni,
pour l'usage des étaux et boutiques. Vers 1100, Aimery
Guimard, seigneur de Lavardin, donne au prieuré du dit lieu
l'étalage du i)ain vendu à Lavardin ^. En 1470, les roliu'ieux
^ Deccm iibras parisiens} uni in prdnf/io et transverso de Creiliitio {Hist. de
Saint Laumer, p. lOXi.
- De theloneo et passaoio et omni consuetudine (Cari, du Grand-lieaulieu,
p. ?.6H).
•^ Astalagium de pane quud colliyilar per lotam casiriim Laveriini (Cart.
'endômois, p. ?>''2'i).
— Il»:; -
(I(,' Saint-(';il;iis (U'clarciit posséder !<■ ilidit ■ de lr\ci- la
» coustuiiif iiii cslalaij^c an Ixtiiru <lr Monlaillci" des dciiri'cs
» vendues et estaléos a rassemblée du dit hoiir^'- » (C.tirt. <lr
» Siiiii/-(:al{iis,l\). 71 j. Kn icm. charlotte dos l'i-siiis,
conitesse d'Anehy. avoue avoir droit de prendre, ii rause do
sa chàtcdleiiie de Ferrières. « sur tous les niaisti'es <lu inestier
»> de boucher du bonr}i' de ('haud)rais p(»ur leurs estaux et
» «'stalla^^'s 12 solz i)ar chascun an. sur los boidlentrers,
drapiers, eordonniers, niercieis. diaiidcdliers et autres
Miesliers d'eslalliers. aussi au dii liouri^-. I s(d/ 2 deniers
r> jjour estalla54:o. »
Los niarohandisos ({u'on exposait en vente dans dos
l)on(i(pu's ('taient soumises au di'oil de « t'onostrn|jfO , •>
friirs/nii/imii. Kn l;;02. nous trouvons cette mention : " h
•> Chasteauneul, le leiiostraj'e se paie pai- chascune {)ersoiiiie
» (jui vent pain à i'onestre. » Ailleurs, on voit ce droit perçu
|iour des Ironiaj^es, (eufs et harengs, « vendus ii fencstre
» bâtarde.
Le droit sur le poisson s'api»elail « niaraige. » Une place
assise au ^■ieux Marché de Chàteaudun , aiipelée « Tostau au
» maraige. » ('tait charucc de 1:5 s. (> den. de luaraige envers
le vicomte de Chàteauiiun ( Aolniz-rs de ('.hiitcniultm , année
1;{71). S;iliii/iiiiii était le droit perçu sur le sel; lorrnliuiimn,
sur les cuirs.
n'autres redevances étaient encore payées pour les ol)jots
ajiportes au marche : c'était d'abord h' droit de x pesage. »
/iDiiiIrnn/iiiin, nommé' y//'/7/M7/ à Chartres \ /i/iiin/i;i/;i ;i Xogeiit-
le-Rotron -. Avec le droit de pesage (Haient lierons los droits
de " mesiu'age, » mciisnnii/iiuii , do « minage, » inin;i;/inni ■'.
' Vntpe /tiirliini (Inilhlnii, rsl ijiiiilam Inriis qui vtiraliir l'rrretja, iihi n-u-
iliiiitiir ri niiiiiléTinilur laiif que loniiilur ;ii_i;iH'liiis ; qur piircua fsl iniiiilis
raninti'u.sis (Cari, de fs.-lK ilr Chartres, IL |i. liOl. — l.c dmit lif imtiVt
•'Mslait r-nait'iiit'iit à j'niviiis. << I,cs ollicicrs des comli'S ilr ('.liain|ia^;iif |H'<aii'iil
» h's laiiii's ilaiis iiriif iiiai>oiis (lillrrciilcs. six dans la vallrf v\ tniis an rliàli-l .
" fl le romli' pcncvail à llnilrl des dm lus un denier \n\w rhaijue iiifrrf île
» poiils ■> [Hist. tli' l*niviitx, par |{(Miri|iie|(i| , I, p. iitS'.
^ Lr 20 scplt'fidMf l:il((, .larqiies, soij-ntnr de (".liiUcaii-tiniilh'r. monnail
ipi'd rt'<,-iiit des hôtes du prifiir»' de Saint-Denis île Nojient eiiieiilihus in villu
lie Niiijenlit, in die niemili , ad pondus quml pUuiduilu vuliptriter uppellulur,
duos Milidiis pru unu plumbula Ciirl. de Suinl-llmis, p. »'"J(I .
^ Au mois de juin \'H'i'>, Jean de Oliàtillon dérlare <|ue le> iiioint's de Sninl-
T. Ml, M. i;{
— 194 —
parce qu'on se servait de la mine pour mesure, de
M boisselage » hoessaluritim ', mot qui dérive du boisseau qui
était employé dans le mesurage.
« Le terceau, » tevcohujiuiii, était une redevance généra-
lement i')rélevée en nature par le soigneur sur la vendange
ou le vin nouveau de ses tenanciers. Au mois de juillet 1250,
Barthéleni}^ le Drouais donne à Renaud, maire de Saint-Prest,
le terceau de quatre arpents de vigne sis au Puits-Drouet -.
Le droit payé pour la vendange elle-même s'appelait \ indc-
iiihiç/hini •'. On nommait i* pressurage, » ju-cssorni/iiuii , la
redevance que chaque tenancier devait au seigneur pour
faire son vin au pressoir banal. Au mois de juillet 1221, les
religieux de Saint-Vincent-aux-Bois cèdent à ceux do Saint-
Père la dîme et le pressurage à Sèche-C(jte^
Dans presque toutes les seigneuries existait le droit de
'( ban-vin, » c'est-à-dire que, pendant un certain temps (40
jours généralement), le seigneur avait seul droit de vendre
du vin, il Texclusion de tous autres. Pour proclamer ce ban,
pour annoncer chaque jour le prix aitquel le vin serait
vendu, pour faire la livraison du vin, le .'Iteigneur avait un
serviteur spécial appelé « tavernier, » et à ce serviteur était
allouée une redevance supportée par les tenanciers ; cette
redevance est mentionnée dans nos chartes sous le nom de
« criage, » crint/iiiui, Icv;t(/iiini (/olionuii ^.
Père sont en droit percipiendi coustumas que vorantur lonleium et minagium
de omiiihiis rébus vendilis et mensuratis in domibus et plateis eoriim (Curl.
de Saint-Père^ p. 707). — En 1:2(13, Jean, scigiiciii' de Beiuigencv, accorde
aux religieux du Saint-Sépulcre de Jleaugency le droit de pei'cevoir m/nrt^f/MHJ
omnium lc;/uminum, vicie et milionis, cum mina et hoissellis suis ilkrt. de
la Trin. de Vendùnie, III, p. lij. — Le .servilcni' qui percevait le minage s'ap-
\n'h\\l minafjiator, c'est lui (|ni, en rémunération de son travail, percevait la
redevance.
' Vers MM), ïliiliaut IV, cdmle de lilois, déclare qu'il possède dans la ville
de lionneval Ijoessalarium , t/iitid , quandit primo fuit imposilum , sulvebatur
una mina de niodio et dimidia bladi , ordei , avene, pisorum , falxirum et
et cujusr.innqiic (jrani, modo aeripilur de modio una mina (H. 6K>)-
2 Terrolafjiutn vini quatuor arpentorum vinearum sitarum apud Puteum
iJrueti (Al)baye de l'Eau).
^ En ItHi, Rallier de Monligny abandonne à labliaye d(! Marmoutier censum
et fenaoium et vindemiaqium hnrqi monachorum apud Montiniacum
(H. 2J:i5!)).
* Decimam et pressoragium in territorio de Sicca-Crusta (H. 3iHl;2).
* Rallier de Moutigny, en donnant à Marmoutier en 1184 le bourg de
— 11».") -
Le (•(•luiiiorcc (lu \iii ('tait (raillciii's soumis à plusiciii-s
droits (luil est assoz (lillicilc de distiiiLTUcr les nus des
autres et qui ne dliréraieul |ifiit-('iif ((iic de nom. ('('laii les
droits de ■■ JuuLjeage, » ou de jalaii- '. ■• de <■ vinaj^e, »>
yiinii/iniii -, de « courtage, » <-ui-/;i/,-i//iiiiii , de « chautela<.r<', "
c/itm/rhii/iiiiii -^ , de « forage, « /oi'.it/iiiin , de •■ ii('rluisa!J'(^, »
j>i'rtiiis;ii/iiii/i. de u boutage, » J)ot!i;/liii/i * .
Les dr-oits de toulieu et de terceau, a\cc leur di\crs sviio-
nynu's mi loiii ,iii moins Iciiis divers analo<i:u(^s fi^Mirciit dans
un nombre de tili'cs assez, grand |iiiiii- ]iron\ci" comhien ils
étaient unixci'sellement répandus. Une autre redevance, assez
frécjuente aussi, est la >• voirie, » viiirin, vinluriu. Ce
tenue s'entendait pour tout ce (jui concernait la voirie en
général, et la redevance était due à tout seigneur " voyer. ■
c'«'st-;i-dire ii tout seigneur ayant la basse Justice sur les
terres des tenanciers. En 111)1. .lean de Friaize abandonne au
Chajdtre de Chartres tout le droit de voirie ({uil avait dans
la teire de r<'glise (le Notre-Dame*. Vers 112."), Armand de
Chevillon exempte la terre de l'abbaye de Sainl-.Iean à
Miiiiliu'iiy, se icseive, quamlo banniim siiiim rril , co.sluiiiani de li(imiiiihus
buiyi Majons-MiiUdsterii el iriiii/ium labcnuirii sui (II. '237}\)j. -- Kii
1:JII7. .ItMii, loiiiti' ili' VciKJi'imi' , (loiiiii- an iiiicun' de Lavardiii cridi/iuin vini,
Ivv'iijniiit dolidiKiii el ipsiiis vnii , et innnes lonsuetuiliiies el cosliiiiKts Imii
viiii quant bidili iipud Liivarziariiiii lluii. Vendôinuis, p. 'M'2).
' Kii li5X, 11- piiciir d(; .Mcsiaiid avoue « avoir iiiig droit s|it'(ial iioiiini)'
» jalaie, (jiii est tel, c'est assavoir (|(ie, (jiiaiit auciiii vend ou l'ait vendre en la
•> justice diidit prieur tmnieau de vin à deslail, il est tenu |i;iier an dit prieur
" une jalaie de vin lonlcnanl «S pintes « {(Itirl. lilcsois, ji. i;!l >.
- n L(îs droits de vinage se doivent paier à Imrd de cuves, et ne. peut tirer le
» dt'tentcnr sun vin sans avoir premi("'reinent |iai(' le dit vinage. » Curl. de
lu Tiiii. de Vendume, III, p. MiTi.
^ F'n \'i',i'i, les relijjieux de llonncval aliandonnent à l'aldiaye de Sainl-Pi'-re
chitntelaiiiiiiii ijitiid iielebaiit de vino abbutie Suneti-I'elri nuiid Itiinuiiivullem
jMrl. de Siiiitt-l'eie , p. iVM), — << Se mis Itoingoys de l.iris a( lii'-le vin a
i l'aris dedans la vill(! et le vend dedans la ville, il dnil drnit de rlianlai;e :
» tdiis ceux ijui paient l>' (ii.uitelage ont ilinil drilcr le i li.uilil de Irnr loinie.in
)' el la lie viiider. »
* .Vu mois daoùl \'li',\, Simon, sei^tneur t\r. Iteaugency. reconnail devoir à
l'althaye de |{eau;,'en( y quatuiir madiiix viui iii buldi/in de 'l'rdveis et (jttdilra-
(jintd sididns in peilagia Lii/eris ytlnrt. de lleduijeneii , p. "l'I . — ■• Le "«ei-
I' f;ni-nr de l.ii;nii'-ri's en linry a droit de lioulaL:!-, ipiand les hommes du dit
» lieu veiiili lit en gros OU en (l('tail un timnean on pmm.on de vin. i
* Ttddiii vidildtn ijudin in terra ereb'sie lieale-Murie C.ttnudensis hdbebiit
(Cari, de N.-D. dr Churlres, !, p. ^liU .
— IIXJ —
î:inorville du droit de voirie et de toutes coutumes '. Au
mois daoîit 1211, Foucaud de Hauville renonce en faveur des
religieux de Saint-.Tean ;i la voirie qu'il avait à Hauville"-.
Une des formes les plus ordinaires de ce droit de voirie
était la redevance appelée « rouage, » rutntieuni, votiKjiuni.
C'était à i)roi)rement parler une taxe levée sur les voitures à
titre (riiidemnitë i)Our les dommages que les roues causaient
aux chemins. Dès 924, Raoul, roi de France, donne à l'abbaye
de Saint-Laumer de Blois toutes les coutumes par terre et
par eau, la vicairie, le tonlicu, le rouage, le ban •'. En 117G,
Henri, comte de Champagn(\ aumône au chapitre de Saint-
Quiriace de Provins le rouage des charrettes api)ortant des
vins du dehors*. Dans la confirmation par Louis VI à l'abbaye
de Saint-Père du prieuré de Saint-Paterne d'Orléans, en
1115, le roi défend de réclamer le rouage aux hôtes dudit
prieurés En 1557, le prieur du Saint-Sépulcre de Chàteaudun
baille pour 12 livres par an la ferme du rouage et du lignage
qui lui api)artiennent en la ville de Châteaudnn (^H. 2000).
Au droit de voirie nous rattacherons la redevance appelée
faîtage, » f'osta(/imn, une des i)lus souvent nientionnées dans
nos chartes. C'était une certaine somme payée pour la faculté
de construire et de posséder une maison dans une ville ou
dans un bourg. Au mois d'avril 1230, Jean de Friaize donne
au [)rieuré de la Bourdinière 5 sous de rente sur ses cens et
faîtages de Charray ".
Tous les moulins étaient soumis à un droit appelé w monte »
ou « moulage, » molla, molturn, multurciirjiti, et aussi t'arina-
ijiniii, inonntKjijini et iiif)liirr!if/i!iiii\ droit ([ui était payé par
^ A hannearia et viaria et omnibus consiietudinibns (H. 3229).
- Viatoriain qtiam huhvhat (ipud Hauvillam (H. M2t()).
•' Omncs cunswiudines i/jsins terre et aijue, videlicet vicariam, titeloneiim,
rotaticum, bannum [Hist. de Saint-Laumer, p. 95.)
'* hotaijium quadrigarum aliunde vina deferentium (Cart. de Saint-
Quiriace de Provins).
•' Ut nullus présumât rlauiitre rotayiiim , forai/ittiii , Imnnum , tallinm in
liospititius qui ibi luispitahunlur {(kirt. de Saiut-Père , ji. '156).
''• Quinque solidos in censibus et f'estagiis suis de Karreto (Prieuré de la
liourdinière).
' LY'xprcssioii mnliieriKjium s'.ijiplMiiiiiil aussi ;"i rotlict' de iTit'iiiiicr et avait
pour s\uou\inii jundrdi/iuDi. Moleudinurum niram sive custodiam quud moine-
— l'.»7 —
les llsafroi'S ilrs dits liiolllilis. Tdlll le lili" rccnll)- (l.ins
rôtoiidiic (le la scii^iiciiric <lf\ail rire iimiilii an iiioiiliii
banal: si, avjiiit d'êtrp Iransformô on Cariiic. le hl(' ('tait
l'xport*' h<n"s ^lii liaii. il n'en dcvail |ias niuins le di'nii d«'
monte an proi^rif-taiic dn niouliii.
La monte s«; disiin^iiail. en <> nnintc nninill<''r. ■• pesant sur
les personnes et les hal)itati(MJS, et « et en monte sèche, •> dnc
par les ieri-es labonrc'es '. On disait anssi •• la monte
» cliel-ciiée. » liioltii ifilti'silu , ainsi n(»nimee pai-ce (pie. le
nimilin n'étanl |tas banal, le mennier avait la charjjfe daller
solliciter la |iiati(|ne el de rai^iiorter la mai-cliandise. |»ar
opposition il ■• la monte mm dierclKM^ » iiinl/.i ntm (/inrsiln,
perçue dans les monlins banaux <ni les tenanciers étaient
tenus de conduire eux-mêmes leurs grains.
En \'SV2 . le cl(»rc Hngiies vend an prieuré de Krezolles le
quart iln droit de monte (juil iiercevait sni* deux mmilins ;i
Hrezolles -. Au mois d"octol)re l'Jl'J, les ndigieux de Saint-
Vincent-aux-Hois con.sentent à remettre aux boulauiicrs »le
Chàteauneiil' un l)oissenn sur trois (pie lesdits relig-ienx
avaient coutume de prendre par six setiers pour droit de
monte sur le moulin de Momieanx •'. 1-ji lL^25. Ilamelin.
sei^Mieiir de 1.1 Milesse, aciiele des meuniers de Nenville-sur-
Sartlie le tjeis de la moule i\('s moulins dudil Neuville *.
Ce n'elail pas seiileiiieiil sur la Cai-iiie (pie se percevait le
droit de immte. mais sur loiil ce (pii elaii oiivr<'' dans les
moulins. Le .'> mai l'Jlc. 'rieiiiias. comte du l'erclie. donne k
Kndes 'iraiidiii la iiioiile des monlins du bonri^' .Nenl' el du
ragiuiit siir juiidiinjuiiii diiilur (jiil. dr Saint l'ne, p..LliHi;. l'iic piirlic
(In droit (le iiioiilc «'tait pnrl'ois .illriliiK'c ;iii iiiciiiiicr.
' Kii PiU'i, r.lMildilr (les (Jrsiiis (lit .ivnir " (linicliiic de iiioiillcs sèches sur
» les li'iiciuo fie la liaiomiic de KiMiK-rcs. |fs(|ii('llt'.v iiKiidIcs ><• |ia\)'iil aii\
» Iniis lolcs (If l'an, savoir est l'as(|(ifs, iiiy-adiist il Nocj : kii niovcii de (|ii(ii
') ses lioiniiics siilijcci/ aii\ dites iiuiiillcs (iiil dniicliirc de iiiiiiijdrc à cliai iiiif
u rlfs dites tètes Kl hoesseaiix de Mcd on aiillic pain. »
- (Junrîam jxiitnii iniilhiir siv liinii'ii/ii ijuniii liiilnlint in (hi()l>u\ mulrn-
dini.\ tijiHil Itiuniliis II. ill .
•• De Irihiift hitssrllis ijui- ilr sfx sexlariis in molcndimi Molnrl /int moliliiia
rnpiehanl \\\. ;!'.i;',;{).
* Tertiiim puiirni nionnuijii niiilrndini>runi apud ÎS'nnim-Villani-siiiirr-
S'irtiim (.mi. dr l'irnii. II. y. \'.'A'} .
— 108 —
boiirp: dos Prés à Nogent-le-Rotrou , tant sur les draps que
sur les blés '.
Nous rattacherons au droit de nioutc dû })our le bh' moulu
dans les moulins le droit de « fournag'O, » l'oi'uiKjiuin , l'iinin-
l/iiiiii, redevance que les sujets banniers payaient au l'ournier
ou boulanger du lotu' banal i)our la cuisson de leur pain.
Vers 1100, Gautier de Montmirail accorde aux religieux de
Saint-Denis do Nogent le privilège de cuire leur pain h son
four sans })ayer le droit de fournago-. Vers 1115, les religieux
de Saint-Père conslruisent un tour à Champhol et décident
que, par chaque fournée, il sera payé un pain, alternativement
blanc ou bis •'. Dans une charte de 1202, nous voyons que la
maison oii demeurait la mère de Jean le Roux, seigneur de
la Moutonnière, devait aux religieux de Vieuvicq le fournage
et la monte de tout le blé qui sera employé pendant une nuit
dans la dite maison *.
Le droit de fournage était quelquefois perçu directement
sur les boulangers. En 1418, le prieur de Lavardin « a droit
» de prendre sur chacun talmenier, boulanger, pannetier,
» demeurant à Lavardin, qui font pain pour vendre à détail,
» par chacune sepmaine oii ilz ont fait le dit pain, une maille
>) de rente ou une maillée de pain » {(Uu-t. Vcndômois,
p. 200).
Ce sont là les coutumes les plus généralement répandues;
mais il en était un grand nombre d'autres que nous devons
également signaler. Prenons d'abord le régime des bois et
des forêts, et nous allons voir combien de redevances diverses
étaient attachées à la jouissance de cette sorte de propriété.
Il était interdit à tout possesseur de bois de faire aucune
coupe, de vendre aucune parcelle ou de la mettre en culture
sans l'autorisation jjréalahlo du seigneur suzerain : c'est
* Mohicnifjhnn iiwlendinorum de No(jeitto-Rotrodi nerundum consueludinem
ville, cl nioltam de biirijo Novo et dr burgo de Pratis , Inin in drapis qitam
in hiadis {(jirl. des Clairel.s, p. 7(»).
- Piinem eoriim in furno suo coqmre sine fornagio {Cari, de Saint-Denis,
p. 167).
•"' Ut quecumquc fiirnein , sive nnus sive plures raiii farianf, iinuin pam-m,
altéra vice de albo, altéra hiso, rcddat [('.art. de Saiiil-l'én', p. oON).
* Furnagium et mullnram de Iota annona que in una nocte in dicta domo
fueril (H. ÏJ502).
— r.)'.t —
ce qu'on appelait le (ln»il de - daii^^cr. » il;iii;/ri-iiiiii ou
de « j^ruerie, » (ji'inriii, (/fi;i;/iiii/i. An nmis <|r in.us i:;i'.K
IMiilijtpc l\' rocoiiiiait ([\w les clianoincs «le Cliarlres
jtossèdonl les l^ois d'In^ré libres de y^nicrie, de danj.'er et de
((dite r<Ml('vaiic(' (|iiclc()iujnc '. Au mois de mai TJ'J'J. Amauiy.
sci^'ueur de .Moullort, cousent ;i ne rc'clamer aucun dr<»it de
«jfarde ou de i^ruerie dans les hois apparlenant aux reliirieux
des Moulineaux -. I.c 11 mai rjS'J. Kaoul, sei^nieur de Heau-
^M'ticy. renonce, en l'axcnr du [nieure du Saiut-Sc'pidci'e de
Meauii-encN , au didii aiipelc' tiTuerie en la paroisse de Saint-
Laurenl-des-Kaux ■'.
I/ahandon de ces droits se traduisait ordiuairoment par
une l'edevance pavf'e au seiirneur: mais ce iif-tait pas la seule
ciMilume pesant sur les projiric'taires roturiers des forêts. Kn
i-etour de la i)ermission que le seii.ineur leur accordait de
couper du bois [lour leur usage ou poni' la vente, ils devaient
payer le droit « de lii^'uage, » lii/iiiiifiiiin. .\u mois d aoiii PJIS.
Isabelle, comtesse de -Chartres, donne ii l'Iiiliiipe t'ouiiaud
l(.K)sousà i)rendre sur le liunai^c quelle reçoit ;i la jtorte des
l']pai"s *. N(ms ti'onvons dans le chartriei' de l'abljaye de
Saint-.\vit une \(''ritalile pancarte du ilroii de li^n;ii^-(..
Kn 1 lOS, (iuyol de (,'ourtalain vend ii Jeanne di' Chantemesle
i< tout et tel droit de liiinaii'e que le dit (Juiot avoit et |irenoit
' chacun an a l'ons. en la pai'oisse de Saint -A\y enipi'i's
" Chasteaudun : premiéi-enn'nl . pour nue cliarresie ipii mai ne
bois carr('' 1 den.; pour une cbarrestc (pu maine h.irdi-au
1 ih'ii. ; pour une cliari-esle (pii inaine essaime maille; poiu'
nm- charreste qui maine jiouldre maille ; poui' une charreste
• (pli maine bois ;i feu 1 biische; poni- chacun cbeval, Junu'Ut
» ou asue (pu mainent bois pour vendre, chacune discelles
' Alisijur gritiijio vel dniKjerhi et redihniiin iir ilimiiitii) ijuiliusciimijin-
H'miL (le N.-h. (Ir rjiiiilns,'\\, |i. 1>{\\\.
- QiiofI i/urdiim ici ijniirunii vel (iliwl //^^ //"// fiolnil irclnniarr H'.arl. rfc.v
Miiitliwaiix, |i. 1i»).
•' .liiii ifuiid viiriitiir i/riiii/l'iiii , in jmrnuhiti Smti li-l.diiniilii-d'-Krrulis,
vidiliiet iiwid minutrln mm pidminl vriiflfn\ ilunuic iliclu m'iimni, nrv dirlas
Irrrns ri'durrri' ad rulluniiii, sine vjm assensu ri ndiinlalr (C.uii. de In Tnii.
'/'■ Vnidiinir, III, p. 1 7U|.
* l'en ipiriidiis in lii/ndi/in siiu (jiind irciinlnr m /iniln dr t.xjinni''
(Abhag
Il ipirmlds
I' di- i ICuii)
— 200 —
» bostes à somme doivent 1 tizon ; quand ilz ne mainent que
)) ])(»iii- leur user il/ ne doivent rien; une charreste qui maine
1) fagoz 1 l'agot; une charreste qui maine seilles ou boessaiilx
« peliez doit ung chef-d'œuvre pour toute rannée ; cheval,
» jument ou asne qui mainent seilles, boessaulx, barilz ou
» penniors peliez doivent ung- chef-d'œuvre pour toute
1) rannée ; une charreste qui maine charnier pour vignes
» doit demi-cent de bastons : cheval, jument ou asne qui
» ni.iincut charnier doivent 1 chiquet, lequel fait 13 bastons;
>) charreste, cheval, jument ou asne (jui iiiainciii balaiz
« doivent 1 ballay ; charreste, cheval, jument ou asne qui
1) mainent corbeilles ou corbeillons doivent un chef-d'œuvre
» pour toute l'année : une charrest(> qui maine huches doit
I) 1 deiiici'. "
Sur k's charbons et les fagots se percevait le droit de
« buschage, » (Rf'ff- des c(uis du comté de Chartres ). « Le
» plessage, « iilrssiujinni , était imposé sur les liranchages
destinés aux haies et aux clôtures. Enfin une redevance que
nous n'avons trouvée mentionnée qu'une fois, le ntol;in;i(/iiini,
se payait pour la permission d'enlever de 1^ tourbe dans les
bois. Au mois de mai 1221, Hugues de Saint-Agil remet àl'ab-
baye de Saint-Avit la coutume que l'on appelle motannage '.
Un des privilèges le plus souvent accordé par les seigneurs
aux communautés d'habitants et aux monastères est l'auto-
risation de faire paître dans les forêts les porcs et les autres
animaux, à l'exception des chèvres. Pour reconnaître ce
privilège, les tenanciers devaient un droit de « panage, » de
« paisson « ou de « glandée, » pnsinyjiniii, pnsniuUnm, jitisntiti-
cuiii. En 1104, Adèle, comtessse de Blois, reconnaît que les
hôtes du prieuré de Clamars doivent le panage de leurs porcs,
non pas à ses agents , mais aux religieux du prieuré -. En
1202, Renaud, seigneur d'Alluyes, donne à l'abbaye de Saint-
Avit la dîme des panages des porcs, paiiages qui sont payés
deux ou trois fois [)ar an, soit que les porcs paissent dans les
bois ou les champs, ou qu'ils soient nourris dans les maisons ^.
' Cousue tudinem iUam que molanagiuin voratur (Abbajji' de Saint-Avit).
- lieddanl pasiiaf/iioti de porcis suis, non minislris comitisse, sed monachis
[Cart. Dunuis, p. 7()j.
•' Dcximani pasnaijiorum porcorum, que coUifjuniur l)is aut ter unoquoque
— -An —
I)ans raccord ilnni ikhis a\iiiis dcja pai'lc passt' ciilrc
(îiiillaiimc (Joiiot cl les religieux de Saiiil-Hmiiaiii de Rrrm.il
est ciiii\('iiii (HIC si !(•-< liMiiiiiifs des r('liL.Mriix riivninii lcui>
pui'cs dans le*; hois de (Jinliaiiiiic (idilct. le dil si'i;,'n('Ul"
réc('\i\i le |iaiiai,''(' : les moiiics ii l«>ur t<»iir aurnni If [laiia^rc
qui <'st aii|t('li'' slipnlaLic ' . cCst-ii-diro 1«> druii pcrcn pniir le
[lauairc «lu «liaiiiiic. Le cliaiiiiic jntiail en rtlct un iii-aud rùlc
dans la culture de la Bcauce au Moyeu A_l;c La ui(»iss(ui se
Taisait ;i la Caucillc. coninu' elle se l'ait encore en Hi'elaLrne
par exeui]ile , et le chauiiu» assoz lon,!^\ UomUK' •• esloulie, ..
on .. ('-tueil. " ('tait laiss('' dans les champs, pour ri'nle\ ei-, les
tenanciers |ia\ aient une redevance sp('-ciale. •■ rec<nilila|j:o, »
rsc()/i/ii(/iiiiii, sans cesse nienlionnée particulièrement dans les
chai'tes du pays du Perche.
Si le suzerain acc(»rdait le privileire de chasseï" dans ses
bois. <'t ce i)rivilè_u"e ('tait rare, il exii^eait en l'etour le droit
•' (l'épauIaL!:e, » rsjniH.if/iiini , consistant ordinairement en une
épaule des bêtes abattues.
l'oiir sni'veiller les l»ois. pour en recevoir les rcNcnus. les
sei^'iieurs avaient de noml)i"eux " l'oi-esliers ■> (ui <- verdiers, •>
et le principal iKUK'lice de ceux-ci ('tait le droit de
.' l'oi'estati'e . » l'»i'rstfi;/iiiiii . perçu pai' eux dapri's le nomlire
des chevaux et (\('s chari(tts dont se sei'vaieiit les usaiicrs.
Kn IKM. Adèle, coinlesso (le Hlois. accorde aux li(')les du
pi-ii'ur('' de Clianiars diisor p-ratuitement et sans l"orestajj:e de
la For('t L(Ui;^ue ponr Ions leurs besoins-. T'est dans le in("'nie
sens (pi'on IritUNc le nom de loresta^^e, /hi'rsl.-n/iinii In/iiihiin ,
employé pour expriinei- je droji (pii a|ipartenait à l'evèipie de
Chartres sur les chai-iots tiaiis|iorlaut les pierres extraites
(h'S car'rii'res de I!ei'chèl'es-ri']\ èi(in' <l;irl ilr .\.-/>. tli'
Clinrtrrs. 11. p. -Ji;; .
Parmi ces a^-eiits l'oresliers. il en etail appeh- ■• aurillenrs,
» l)ij;rc.s, » iijiirnlni'ii , hl;/ri . et (pli ('taient parliculieretnenl
ainiii , sire prirurreiil nriiioni tri rampas, sivi' pasn-nliir in ilumibiis < Ahhinji'
fie Suint-. \i<il).
' Si imnits xudv in nrrnuni (luillrrnii Imniincs monnihinuni milliir mlur-
rinl, (iiiillrrnins iKismu/inm nrniaris iniijiirl . niiinorhi rrn> i>iisiiit'iiuni
hiihrbinit (juml slipiihiinni ilirilur \('.(iil. ili: Siiinl l'rrr. \>. ITiîi.
- i^hiDfl lit' tiiiii l'nifslii Sihil.itifiiic i/nilis il sinr foreslufiio iillu i ii/nriil ad
omnex .\ui>s nn essai i us (juuniln vulurrinl iCfjrt. Ihitinis, p. 7m .
— 202 —
chargés de récolter le miel trouvé dans les forêts. Roger de
Toény, seigneur de Nogent-le-Roi, donne a l'abbaye de
l'Estrée un bigre, c'est-à-dire le droit de prendre les abeilles
dans la forêt de Couches ' ; mais cette autorisation de recueil-
lir le miel sauvage était soumise à une redevance appelée
nwlii(/iinn. KonH n'avons vu ce droit cité qu'une seule fois, avec
une autre coutume nommée (/nUiiinffium, dime sur les poules.
La culture dans la Beauce au Moyen Age ne dilférait pas
beaucoup de celle d'aujourd'hui : c'était surtout les céréales
qui faisaient la richesse du colon , et parmi celles-ci l'avoine
était alors, comme aujourd'hui, une des plus répandues.
Aussi une redevance spéciale, « l'avenage, » fu'cnfif/iiiin ,
frappait-elle les champs ensemencés en avoine. Rien de
plus fréquent que la mention de ce droit, et du champ
cultivé il semble s'être étendu au grain déjà récolté. Au mois
de juin 1221, (tuillaume, comte du Perche, exempte les
animaux des religieuses des Clairets de toute coutume qu'elle
soit appelée avenage ou de tout autre nom-. 11 est évidem-
ment question ici du grain transporté par les animaux. On
ne se contentait pas d'ailleurs de prendre "^un droit sur le
grain, on en percevait aussi sur les sacs qui les contenaient.
En 1209, Jean, maire de Mévoisins, donne au Chapitre de
Chartres tout ce <|u"il possédait en la grange de Mévoisins,
excepté une mine d'avoine qu'il a retenue pour le prêt des
sacs ^.
Nous avons parlé de la dîme et du champart, perçus sur
les champs ensemencés en blé. Une fois le blé engrangé et
battu, si le tenancier l'apportait en vente, il devait une
nouvelle redevance au seigneur : c'était « le havage, » h/nn-
(jiiiiji, et « l'éminage, » eniinni/iimi. Vers 1080, Geoff'roi, comte
de Mortagne, abandonne au prieuré de Saint-Denis de Nogent
le havage et toutes les autres coutumes qui lui appartenaient
dans le bourg de Saint-Denis'*. Le Registre des cens du comté
' Unum bigrum, id est acquisitiones apuin in forestu tnea de Conrhis.
- Ah ornai coiwielndinn, sive avenagium sive alio vocabuh censeatur {(lari.
des Chiirets, [\. S7).
^ Excepta iina niiiid tivruc ipiani retinuil pro suhinonitione saccorum
{Cari, de N.-D. de Cliurires, 11, p. 4.(3).
* Havadium et omties alias cansneludines rpias in Inu-go Sancli-fJitmisii
accipiebat [Cari, de Sainl-Dcnis. p. '29).
— -jo:; —
(le Chartres nous donne «les renseij,'nenients sur la manière
dont se iiercevait le liava^^e : " Le li.iv.i;i-(' «le cliascun setjer
" ilr lilf Ni'iidii en la ville ^\i' ('liailic^; iinis iViinchise. se cil
• (|in 1<' \ cnl Iji acheté, il doit un hava^^Mau ; se il ;i ci-cu dans
s.i l<'rr('; il d<tit dou sesticr uu dcuii-havaLriaii , el do tout
■ ^rain aulri'ssi fort ((ue iravninc, ol l'avoinr paie au
■ doulde. »
LcMuinafro est cit('' dans l'accord entre (Juillaunie (loiiei et
les reli^neux de Saiiil-Kuinaiii de lii-mi. il est cnii\ eiiu , (pie .
sur le Ide apporti' au iiiai-cjie, 'luillauuie (Jniiel prendra
l'eiuinaLit' dans le Ixmrii' de Saint-Rouiaiu depuis la neiixieuie
heure du mardi jus(iu";i la preudère heure du jeudi ; lors(pi'au
contraire le ld('' sera conserve'' dans les greniers, l^'unnaiic
appartiendra aux moines'.
Si les champs, si les hh's «'laient soumis ;i diNcrses rede-
vances, les prés n'en «'daient pas exemi»ts. Outre le dmii de
<* l'enaLî'e. ■> Irnuifiiiiii , payé au seiii'iieur lors de la recolle du
loin, il etail daiilres i-edevances destinées à payer les
sei"\ileurs cliari^'és de la sni'\cillan<'e des prairies. I,e pins
impftrtanl de ces serviteurs etail. " le maréchal, » «jui avait la
haute direction des chevaux, (jui r(''izlait les distrihutions de
l'ourra^-es. Un droit apixde <■ marechauss(''e, ■■ intirrsclinin-in ,
/inirrscnlrifilii, était attache'' à cet ollice. Parfois aussi la
niar(''chaussée était i»erçue directement |iai- le seii;ueur. Au
nioi> ded('(end)i-e rjiJU, GeollVoi, seif::nenr dlUiers, abandonne
a 1 ahhaye de Saiid-l*èi'e une coutume apptdt'e mar(''chaussée,
perene sur les près de Thivars et consistant dans le di'oit de
pi'endre pour ses besoins riierhe (d le loin existant dans les
dits pi-é's-.
Sons les oi-des du mareedial étaient d'autres serviteurs (pu,
avec h' maii'e, devaient veiller a la r(''colle des foins.
A ceux-ci ('tait aussi attribuée une rede\ance spéciale,
' In ilir tiinrali, luiiiiingiidii rapirl l'iuilli'ninis in Iniiiin Saiirli-Hoiiiuiii, uh
Imiii iiiitid ilin wttilis umjih' ml iiiiininn iliri juris. . .. (hnnrs n'in hnmiue.s ifut
hdhrhiiul innitinfis in hiiifin Siiik ti-llnninni, ijui voirni ihi (iinionns sniis
I itnsrniin\ siur nmlrailirlinnf lioc farient ri niiiia'iiniii icildftil ninnniUi^
('.art. lie Siiiul-I'rir, p. 17!!. i
- Jus (juiidilnm (jhikI viiralnr mavfschiiitini m pralis npiid revuxiiiin,
sriliri't iiuitii Kijnrliiil rt ra/ii fm irlnil livilmin ri /rnutn cji.v/cw.v m ilu (is
pittlis l'.iirl. ilr S(inil-I'rn\ ji. ("H,"» .
— 204 —
« le ràtelage, » rcsinbHjiiuii, c'est-à-dire le droit de racler les
prés après renlèvement des foins ou leur mise en menions et
de s;i|ii>r()pnor l'herbe ainsi récoltée. Au mois de novembre
1265, Jean, maire de Thivars, réclame sur le Grand-Pré sis à
Thivars, «la place des muions et un faix d'iiorbo tani fpie les
faucheurs seraient dans le dit pr(' '. »
Une contume, très souvent mentionnée aux. XP, XII" et
XIIP siècles comme étant payée en nature, mais qui fut géné-
ralement convertie en une certaine somme d'argent k partir
du XW" siècle, était le droit de « past, » de « gite, « ou de
<( procuration, » jmstiis, (festiim, pnvutn, procurntio, licrhcrr/n-
(finni, cnryndiiiin-. Vers 1090, Barthélémy Boël, vidame de
Chartres, remet à l'abbaye de Saint- Père la mauvaise
coutume appelée gîte, en vertu de laquelle il pouvait loger
avec ses gens dans l'abbaye à son départ pour une expédition
ou à son retour dans ses foyers ^ En 1153, Louis VII exempte
le prieuré de Lian court de la coutume qui lui appartenait de
loger dans le dit prieuré , retenant son hébergement sur les
habitants de la dite ville'. En 1207, Philippe, archidiacre de
Pinserais, dispense les religieux de Neaufle-le-Vieux des
procurations qu'il exigeait des dits religieux pour les maisons
possédées par eux hors l'abbaye dans son archidiadoné'.
Quand le seigneur passait une année sans se rendre dans
les localités où il avait droit de gîte, il forçait les tenanciers
k lui payer une somme équivalente k la dépense que sa visite
leur eût causée. En 1223, Thibaut IV, comte de Champagne,
' Restalagium, scdein mulhmorum et unum onus herbe qiiandiu falcalores
in diclo pralo existèrent (H. 1U5).
- Il est assez (lil'ficilc d'étahlir des disliiiclidns pn'ciscs entre, ces (lilléiriils
termes, et poiirlaiil ils ne sont pas absoluiiieiiL synonymes. Dans nn liail de la
|M'év(Mo de Chablis, dn mois d'avril l;2il, il est 'établi que les droits de garde
et de gile apparlienniMil à r.lanebe de Navarre, comtesse de ('.liampai,nie, tandis
(jnc le droit de procnralion est réservé an Hoi. Il tant sans donle entendre ici
par gîte le droit de logement, et jiar procuration le dmil de nourriture.
•' Priivas ronsuetudincs ftas viilgo (jestn dicimus , miia ihi jncere et des-
cenderc cm» suo l'ijiiitatii , proficisr'cnx in rxpcditionem vel revertens, constie-
veral [Cart. de Sainl-l'èrc, p. 'ôlH)).
* A consuetudine jacendi, retento herberijagio sni> super ruslieos ville
{Cart. de Saint-Père, p. (iW).
■• Prorurntionrs (juas in doniihiis illoruni extra ahhulifnn, in arrhidiaronatu
l'insiarenxi constitulis, ab ipsis nionarhis exifjebat [i\. :!1.)!2).
— -.^(ir) —
.ihaïKlniiin' a llii^Miorraud, soijruoiir do r(»uc'y, la tailU' \KiV lui
lever [lolll' ilmil de <^\\{\
Nous a\()iis dit (jiii' 11' droit de jiast t-n nalurt" lut ((imcrti
|K*u il peu eu aijifiii. Ku l'JiMi, |M)iir ('trc d(divr('' de la prucu-
ralidii que devait le jd-icuit' df S.uiit-llilaii'e-sui"-"\('rn' au
seiji"ii('ur de Muuti^iix , lahlte ilc A'aniKtiiticr donna ;i .Ican.
soifriM'ui' df MoiitiiiiiN , l<Mi li\ rcs auî^cviiH's et ."> couitcs
d'ar<i('iit . et le dit .Ican rctiul 'Jti sous sur U» priouré roinnio
icconnaissailCO de ladilc |i|-ocurati(iii ' . Les conitrs dr l'.lni's
avaient ii (.'ouloninuers c"' de Scloninies un droji appeli-
le pa'sl de Couloniiniers, >- (jni. des le XIX" siècle. a\aii ete
clian;^^é pour une rente annuelle. Le 27 Juillet l:'.Jl , (iui do
('liàtillon (h'clare être en possession >• d'avoir se\anto sous
.. jiour un pasl . chascun an. sur los couchanl, levant ot
» manant en la ville de ("olloinnnors en \'ondosnioys » {Cnrl.
(Il' lu J'riii. (le \'rij(liiiiir . 111. [). 2U'A). Le i)rieur du Sainl-
S<''[)ulcre de Châteaiidiiii devait au vicninto de Chàtoaudun lui
diner le jour de Saint-André : au X\" siècle, ce droit lut
converti en une rente de in livres, tju'on api)olait « le droit
» do nianii,(!r » {H. 2(j53).
C'est dans un sens analoiiiio ;i l'expression de pasl que nous
devons enteiidic U' mot nionni-nhis . la (piantit('' de jiain et de
\in donnée cliacpie jour ;i un nmluc. Kn llT.'l, Aiis(dil 1(^
forestier abamionne au prieure de ('liau\iL:n\ le service et le
repas ipiil r(''clamait sur la terre diidil prieun'' -.
Ce n"(''lait jias seulement pmn' eux-mêmes (pie les soiL!:neurs
ré'clamaient le past. cc'tail aussi pour leurs chiens de chasse
et pour k'urs veneurs, et cette redevance particulière s'ap-
pelait hfriiiinifiii/ii ou jii'rniidiniitio. Vax 1 lOS, Louis \\ exem]((e
de toute redevance la tei'i'e de Nids, said' de la moitié (hi
lorraji<' et de cette coutume ({u'ou apitelle hrennai'-e-'. Kn 12<t2.
Louis, comte de lîlois, accorde aux reli;.;ienx de Marmoiitier
toute exemption de prociu'ation. de past. de peranchnation ou
' lu jinDiiitii itio ri(/iiili siilidus iisiutlis iiiinirli' m iicin/iiiliiinfiii uniiKirutr
jnni iinilioiiis (II. l^'i."»! <.
- Surviinlidiii ri niouardluin iiuiul rrcl(liiiiili(il m Inra munavUuruiii ilr
l'.nhii/uidn, ' il. ir.'M'v.
' Miilieliihvi litntuiii h'iidi/ii it loiisurlinliuriii illuiii ijuniii Inniidifium
vuiaiil sihi nliiiiit-, Cuil. île Sitiiil-I'iii\ \<. W>\ .
— 206 —
(lu logement de ses chiens et de ses \eneurs dans leurs
granges * .
Pour prix de toutes ces coutumes (lonl nous venons de
parler, les seigneurs devaient à leurs tenanciers aide et
protection ; mais cette protection ils ne la leur accordaient
que sous le bénéfice d'autres redevances, coniinviidisia ou
commandiUitia, tensamenlmn , conductiis. En 1041, Hervé,
vicomte de Blois, remet à l'abbaye de ]\Iarmoutier la recom-
mandation et toutes les autres coutumes qu'il possédait à
Chouzy-. Vers 1150, les hommes de Baigneaux reconnaissent
devoir ;i Bourreau de Conan le droit de recommandation,
c'est à savoir que ceux qui possèdent des bœufs doivent un
setier d'avoine, ceux qui n'ont pas de bestiaux une mine
d'avoine-'. Au mois de mars 1209, Hervé, comte de Nevers,
afïi'anchit les hommes du Chapitre de Chartres, demeurant à
Génarville, la Ronce, Côulommiers et le Houssay, de toute
corvée et exaction quelconque, à l'exception des revenus du
tensement qui lui est dû chaque année pour la protection de
la terre*. Une charte de 1198 du chartriel- de Bonneval nous
apprend que tous les ans, huit jours avant la Saint Réni}', le
sergent du comte se rendait dans les villes oîi se devait le
tensement, et là, devant le maire du lieu, on arrêtait la
somme à laquelle devait monter la redevance ^. Au mois de
Juillet 1265, Jean de Chàtillon, comte de Blois, exempte
l'abbaye de Saint-Père de toute redevance de coutume, de
rouasse et de conduit ^
< Ut a procuratione et perandinalione seu pastu, aut jacere canum suorum
et canireriorum et venatonim in gvangus ipsorum, iinmnnes liabeantur
iCart. HIésois, j). 1S8).
2 Commeiidatitiam et omnes alias coiisueludines tpiax habehat in villa que
GiltiacHS apjiellata est (Cart. Dunois, p. 9()).
•' Commendisidin , nniisquisque videlicet qui loves ha lie t nnum sextarium,
qui vero baves non liabel unam niinam uvene [Cart. de la Trin. de Vendôme,
II, p. 180).
^ Ab omni ronsuetudine, rorveia et exactione qualibet^ retentis tantummodo
redditibus tensamenti quos pro terra tensanda sinijulis (innis Itabet [Cart. de
N.-D. de Chartres, II, p. U).
" (Jelo diebus aiite festum Sanrti Reiniffii , serviens romitis per villas in
quibus est tensamentum veniebat , et quuntitas tensamenti rorain majore loci
computabatur (H. 015).
" A prestatione coustumie, rotagii et conductus (Cart. de Saint-Père,
p. 707).
— 207 —
Non contents des droits qu'ils peirevaiont sur lours tenan-
ciers, les seijjfuours avaient encore soum ni recours à des
emprunts forcés, roijn conclu, iinju-uiirlns, jirenant pour leur
usaire les cheN'aux . les chai-rettes et autres nuMililes, avec
*
pi-oniess(Mle les rendre s'il n'arrivait aucun accident. V.u
l'JlO. Kudes Hoiwrean. seinncnr de ('oui'lalaiii . exempte les
li(inini('S de Sainl-l'ellerin dv toute lolte. eniprnnl de clu-vaux,
de charrettes et de tous auti'es objets, prêt forcé, charroi ',
Kn us:;, 'i'hilt.iiil \ , comte di- Hlois. renonce, à la pi'ière dos
reli^'ieux de Honne\al. a la coiilumc (pril a\ait d'iMniuamter
d;ins l;i \ illc de Honneval i\('s couêtes, îles naiipes, des plats,
des chaudières et des tréteaux-. Une ordonnance du roi .lean
de l'année 1:1.") porte: " Nostre* ti'ès chicre comp.iLriie et
» nostre lils alleu/ par chemin par nosirc royaume, no/,
» maisti-es dostel pour nous pourront hors bonnes villes faire
[irendi-e par la justice des licus fournies, tables, tresteaux,
coustes, cousins, leurres. »
Telles sont les redevances ordinaires (pii ('taient perçues
d.ms le pays chartrain. En parcourant celte lon^nu' (''nnnK'ra-
tion, on jx'ut justement être au premier ab(U-d elfrayc' de la
multipliciU' des charires qui iiesaient sur le roturier. Les
moindre actes de sa vie semblent alteinis par les droits du
seiL,nieur. 11 ne i)ouvait sortir de s.i demeure sans être exposé
aux rf'clamations des a<;ents sei^aienriaux : on e\ii^<'.iil même
|»arf(jis (b- lui une i-edevance appeb'e rrimiiirnliu pour lui
permettre <rhabiter la maison (piil avait reçue de ses pères.
Voulait-il tirer prolii des pi-odniis de ses terres ou de son
industrie? Après avoir payé le péa^c <ai le travers pour leur
iranspfirt. il lui fallait acipiitter les divei's droits de loidieu
etaldis sur les moimlres denrées. La comlitioii du \ilain
parait encore un i-este de l'ancien servatre. Aussi iw faut-il
pas s'é'tonnei- de la révolte des l'asioureaux et Ar> (le>or(U"es
lie la .iacquerie.
Kt pourtant, il ne faut pas trop s'exa}j;érer la lourdeur de
ces redevances : beaucoup n"(''taient (pie lictixes et la repeti-
' Ah oiiini lollii, il imprunrto equoniiii , ijundruftnutn ri uUirius iiinili.
fogacoacta, churreiu dl. l'iTiUi.
•^ l'imsuiluilineiii iiwiin in rilla lliiiirvullis liuhrhiil iniitniiilituili mlnlnc^
et hm/ju.v ri itutellas sur nildaruis uU^hc ti ififltns II, l.| ii.
— 2(_)8 —
tioii d'im soûl et mémo droit sous des appollatioiis (liirérente.s.
Et puis, les exemptions étaient nombreuses : exemptions pour
des communautés d'habitants, exemptions ])our des individus.
C'était surtout les hôtes des éj^iises et des communautés
reliii'ieuses qui étaient i)articulièrement favorisés. Là, comme
ailleurs, l'Eglise avait pris en main la cause des opprimés,
et, en retour de ses prières, elle obtenait des seigneurs les
privilèges qu'elle souhaitait pour ceux qui se mettaient sous
sa protection. Faute de renseignements positifs, il est assez
difficile de se rendre un compte exact de la situation maté-
rielle des tenanciers ; nmis nous croyons pouvoir dire que si
pour beaucoup les charges étaient intolérables, pour d'autres
au contraire elles étaient fort légères et leur permettaient
d'arriver peu à peu ii une plus grande aisance et à une plus
grande liberté.
II
Nous avons à examiner maintenant la seconde nature des
redevances qui nous sont signalées par les chartes de l'époque
dont nous nous occupons, les exnctiones. Nous avons déjà dit
que cette expression exactio ne nous paraît pas correspondre
absolument au sens de notre mot actuel « exaction , » et que
nous considérions plutôt les charges comprises sous cette
appellation comme des redevances extraordinaires.
Il est vrai que parfois ces redevances extraordinaires
étaient de véritables exactions. On les trouve désignées sous
le nom de consiictndhios iiuiL-r [Cirt. Ihinois, p. 1(54), consiie-
tiidines iortir (Cart. de Saint -Père, p. 227), exactiva^
coi}!^iiofiidiiics (H. 2012). Ces coutumes mauvaises sont
indiquées sous le nom générique de u tolte, » tolln, tolfiira.
En 1137, Louis VII exempte la ville de Fresnay de toute
coutume, c'est à savoir de la tolte, de la taille, de toute
violence et exaction'. En 1202, Catherine, comtesse de Blois,
abandonne à l'abbaye de Eroidnidiid un (lu.iii de vin (pTclle
' Ab omui consmludinc , a lolla scilicel cl lalliu ri oui ni vident tu cl exac-
tione [Cart. de N.-D. de Chartres, 1, p. 1 i3).
— 20'. I —
recevait chaque année do rexactioii Yul}4:aireiiient aiii)eli''e
lolto '.
La toUe ôtaitsi bien une exaction que, jusqu'à la Rr vol ut ion,
le nom de « iifaltôtiors « dunné à jeux qui iicrccvaicnl cette
i-edevaiice, tut un sii^ne de haine et de MU'pris. Nous voyous
la nialtote citée dès 1222 dans une charte de Jean dOisy,
coude de Chartres : ce sei^neui" consent (juc la uiallote
iiiiliosée au lieu de taille sur les ('toiles des l)oui*;^f(»is de
la Rivière de Chartres soit suiiiiriuiée à p.niir de l.i Saiut-
Micliel suivante-.
Des serviteurs spéciaux appelés <• toulaiers » étaient
chai'ji'és de recevoir les toiles ou redevances i)ayées par les
uiai'chands. Un acte de 121K) nous apprend (luii Orh-aus. tniis
les samedis, ;i la nuit tombante, ils allaient aux [xtrles de la
ville recueillir les recettes faites par les portiers pendaiii la
semaine.
Laissant de coté ces exactions véritables, examinons s'il
lien était pas d'autres qui, levées dans des cas exceptionu(ds,
formaient des redevances extraordinaires. L'e.v,v/7/V> eu ellét
l»niir nous était ce (pii se faisait hors de la rèii'le commune
ir.\ nriii) : elle (U'vait. dans son iiriiicipe, u"ètre que teuipo-
raii'e, créée jtoiir des besoins iiarticuliers. ('(da dit, et le sens
du imit indicpH' i»ar nous tel que nous le c(iiiipi-euons, mi iimis
|iardiiiiiifia . |ii)iii- la clarti- de notre exposition, de iimis
servir du iiml exaction comme nous nous sommes sei'\ i de
cdiii de ((lutiime.
Deux exaclidiis ddiniiieiii (diiies les autres : « la taille » et
u la corvée. » Ces redevances, orij^'inairement seij:neni'iales.
devinrent ih'':^ imjx'tts royaux, et, [ilus (pie t<tul autre, exci-
ti'rent la rancune des contribuables. Que de fois n'a-t-on |>as
exphtité la fanieu.<e formule : « taillable el (•or\(''able à
>• merci ! •• ^L•^s nous naMnis pas ii les coiisiih'rer comme
imp('»ts, contentons-iioiis de dire ce qu'elles étaient au Moyeu-
A^c.
La taille était bi(Mi mie exaclion : cela ress(»i-t d'une charle
' Vnum iiiKirlrriuiii riiii ijmut niinwitiw illi reildrlxilur ilr ixaitioin', nm-
vulijit iljijii'lluhti liilltr.
- l,hi(itl main liislit, ijur luni In lie irai impnsiUi sufti'r paiiiios UHnjriisiuiit
ranuili'Hsiiim de lijtnnn . n frslu Snncli Michdflis /inirimii n'uluni inaiilrn
uulUi mollit I ii]iiiiliii .
T. Xli, ;V. >*
— 210 —
d'Henri-Étienne, comte de Chartres, de l'année 1100 environ,
par laquelle ce seigneur supprime l'exaction appelée taille
qui . à la mort des évêques, était imposée sur les serviteurs
et les colons du défunt ^ La taille n'était pas réi,nilière ; elle
se percevait on argent dans dos cas spéciaux. En 1109, Adèle,
comtesse de Chartres, renonce en laveur de l'abbaye de
Bonneval à l'argent nommé taille qu'elle avait ordonné de
percevoir dans le bourg de Bonneval -. En 1236, Alexandre
de Long-Chêne abdique le droit de faire la taille et d'en fixer
à son gré la valeur sur les hommes de Paray -K Vers 1160, les
religieux de Saint-Jean reconnaissent qu'ils ne pourront rien
exiger des habitants de Brou, excepté la taille si elle est
imposée sur tout le domaine do l'abbaye pour quelque néces-
sité évidente*. Vers 1175, Eudes Bourreau, seigneur de
Courtalain, déclare que les hommes du Gault-Saint-Denis
devront tous les quatre ans s'imposer la taille ordinaire, sans
être contraints à aucune autre taille, même pour le rachat de
son corps ^. En 1324, k la requête de Gruillaume, abbé de Gra-
mont, les prieurs du dit ordre imposentune taille sur tous les
prieurés de l'ordre de Gramont pour pourvoir aux besoins de
douze frères envoyés aux Universités*.
Les serviteurs des hommes d'église étaient exemjjts de la
taille comme leurs maîtres ; les femmes étaient laillables
aussi bien que les hommes, mais si elles épousaient un
homme libre de la taille elles en devenaient elles-mêmes
* Exactionem quam rulgo talliam vocatif, que, defunclis episcopis vel dece-
dentibus, fieri solet in servientes episcopi vel rusticos {Cart. de IS.-I). de
Chartres, 1. p. 104).
^ Pectmiam quam, que conswludinarie tallia nominatur, in burf/o Bone-
vallensi percipi pn'ccperat (H. 6(H1|.
3 Jui'i faciendi talliam et taxandi ad voluntutem suam super homines de
Pareio (H. 2263).
* Prêter talliam, si fada fucrit communiter in terra Sancti Johannis
propter eridentem aliquam necessitatem (Cari, de Saint-Jean, f" ïi v").
* Quarto fjuoqiic anno, [orient talliam conveiiicntcm ; aliam talliam non
faciciit, nec cliampro redempliunc corporis sui [Cari, de N.-D. de Chartres,
I, |.. l'Ji).
^ Talliam universis prioribus ordinis Grandimontis ad provideudum duo-
decim fralribus professis ttiiltendis ad studia littcrarum {Cart. des Mouli-
neaux, p. 33).
— 211 —
exciiiptos. Dans une dôpositiuii de 11".)1. nmis voyons (jin-
Brelel dv Heainoir. dabonl serviteur du clianlic de Charlres
Aniaury. était libre et exempt de la laillt- : mais, h la mort
du chantre. If* dit Bretel, étant juissé dans la b()ur}j:eoisie,
devint taillable. Plus tard, [iressé jiar la n(''cessité, il entra
au service du sous-doyen (Jisleljert, et par ce lait lut libre de
la taille; pendant qu'il (Hait ainsi en service, il ('pousa une
femme taillable, (pii. du lait de ce mariage, devint libre et
exempte '.
Dans le même sens (pic la taille, nous devons entendre
M la quête. » (/ui-shi, « la proie, » jjr.rtln, que nous rencontrons
dans (pi(d(iues documents. En 115o, Louis Vil déclare que les
habitants de Sceaux en (lâtinais sont exempts de tout(^ taille,
exaction et quête -. Vers ll.'iO, Raoul .Mauv(»isin s'en^^a.u:e h
ne réclamer sur la terre d'Ormoy ni exaction, ni proie, ni
taille, excepté dans le cas où son fils serait fait chevalier ou
bien où il marierait sa lille s.
La corvée, corvcin, rurviuli/i, s'entendait en général de
tous les services en nature exigés des roturiers. Si nous
classons ce <lroit parmi les redevances extraordinaires, c'est
qu'il ne s'acrjuittait (pw dans des circonstances particulières
et qu'il variait singulièrement suivant les dillérentes seigneu-
ries. Pris dans son sens le plus large, nous le voyons cité
dans un<' charte du roi Henri L"^ di' l'année U)~)i) environ, par
laquelle ce pi'ince défend de grever les hommes de labbaye
de Saint-Père d'aucune corvée, de ban, detonlieu. de vigne-
rie et de toute autre exaction *. \'ers 1215, les hommes du
prieuri' de Saint-Jean-de-P>roii (pii possèdent t]os b(eufs ou
' liiPteJlus de liello-Videre , m servicio canlniis Amtiuiici existens , iliu
lilifi fuit fl itninnnis, et. eo miirtui) , irdiit ad l)Uii/enri(iiii il tulliiiliilis fuit,
l'iislfii ii'ii) i/iiiiiiltis , ad senirixm Gislrhrrli snlulfinni iciliil , il faillis est
Uhfv et immunis, et in eit servicio diixit uxinem talliuliilem , ijiie per initulinii
ejus fada est immunis et libéra ('.art. de N.-D. de Chartres, I. p. iHv,.
^ Ab omni tallia. rxaitioiie et quista (II. (illl).
^ Neque exartiiineni inijne jiredam iieijiie talliam , ciTC/y/o ijuod si jUiuiii
suum iiiiliteiii farerel^ lel liliam suam niali iuiiiiijiniijerel [('.art. de ('.nuiomhs,
p. lOI).
* Ne Saneti l'elri homines corredis aliquis premal, netjue Itanim, neijue
telotieo, iieiiue I leariii, iieifue exai tiuiie nliiiuii (fraret [('.art. de Saintl'ére.
— OIQ
des chevaux reconnaissent devoir à Eudes du Thoreau une
corvée d'un jour par an ^
Il serait trop lonii,- d'énuniéror tous les services imposés
aux roturiers : il nous suffira de citer quelques exemples pris
dans nos chartes et nos cartulaires. Vers 1050, Salomon de
Lavardin déclare qu'il a le droit de prendre chez ses tenan-
ciers des vendangeurs pour faire sa vendange, des faneurs
pour couper ses foins, et, s'il le veut, une corvée des ânes -.
En 1141), les prévôts du Chapitre de Chartres font le serment
de ne point exiger des paysans des épaules de porcs, ni des
tourteaux ou des œufs, ni des corvées pour le labour ou pour
la tonte des moutons -^ Vers 1120, Gilbert, chefcier de Saint-
Père, ayant acheté la terre de Fournoisis, la donne à culti-
ver, à condition que les preneurs feront avec leurs animaux
une corvée en nuirs et une aux guérêts, et aideront à couper
et à herser le blé *. Au mois de juillet 1223, les hommes du
prieuré de Maintenon reconnaissent devoir au seigneur de
Maintenon trois corvées pour la réparation des chaussées et
des biefs des moulins \ En 1141, Rogerle Baube donne la
ville des Autels à l'abbaye de Coulombs, en^se réservant la
monte, les corvées et les aides pour faire et réparer les
fossés, les clôtures et les fortifications de son castel de Saint-
André ^
Les corvées n'étaient pas absolument gratuites, presque
toujours les hommes qui les accomplissaient étaient hébergés
aux frais de celui qui les employait. Au mois de septembre
^ Qui boves rel equos hahuerint una die per annitm corveiam facient {Cart.
de Saint-Jean, (^ 'i?> v»),
2 Ui singulos vindemiatoies ad vindemias suas faciendas toUoei, et fena-
tores tempore sectionis, corvatam quoque,si vellet , de asinis {Cart. Ven-
dômois, p. 1295).
^ Nec humeras porcorum, nec tortellos aut ova, neque correias aliquas
arature aut lanificii {Cart. de N.-D. de Chartres, I, p. 15H).
* Corveias terre facerent de animalihus suis in martio et ad yaredta et
resecanda et ad cooperiendum (Cari, de Saint-Père, p. 'i3V)).
^ Très correias ad molendinorum hezia reparanda et ad eorum eaiccias
reparandas {Cart. de Maintenon , ji. f'i(i).
^ Exceptis molta, corveiis et auxiliis hominuni ad facienda et reparanda
f'ossata, sepes et palaiia castri sui de Sancto Andréa (Cart. de Coulombs,
p. "lïH).
— n.) —
1:^15, Kamil de Ht-aiiMiir, cliaiiihi-icr de l'cLilisc de ''liai'U'cs,
tlédaro (juc les liotos du Chapitre ii Adey, possédant clievaux
et chareties, .sont tenus envers lui en un joiir dr («irvéo
cluKiue anné(*, ;i condition (pi'ils puissent le même jour re-
tom-iier à leur demeure, et (itiil leur donne, an retour, ilu
pain et du vin seulement, ;i moins que, de sa ^ràce spéciale,
il ne consente à leur donnei" davantaji-e '. Le L'O mars \'JC>ô,
les hommes d'.\l)onville reconnaissent (U'voir aux i-eliirienx
de Saint-Père la dime, le champarl, le chari-oi et drnx
corvcTs par an. en mars et aux li'uérêts ; mais les religieux
doi\('iil ilmiiier ;i celui ({iii fera la cor\ ('-e du pain, (hi vin et
trois (l'uls tant ijn'il lra\ aillera-. Kn 1 11 I. le prieur de M'>rée
a droit à trois corvées des habitants de .Moree, 1 une pour
biner les terres, une autiv jjoui' herser ou semer les blés,
une troisième pour l'aire les avoines et les autres blés en
mars, et il est tenu de donner aux travailleurs autant de pain
qu'ils en peuvent maniifer et un faix de vin •'.
Aiii/!iri;i est le nom qudn donnait ordinairement ;i la
corvée dans les temps les }ilus anciens, et ce mot resta hinjj:-
temps .synonyme de corvée. En IK»:?, Adèle, comtesse de
Chartres, conlirme les libeiu's du Ikhii'i!' de Saint-Père et
(h'Iend d'imposer aucune corvée aux hommes de Tabltaye *.
Kn 1"J(»1, Jean de la Roche donne à Tahliaye du Trésor les
corvées (pie les lionimes de Fouryes lui iloivent pour la
fenaison de ses prés *.
' L'iiu.siiiiinfjiii' linsiics , si lialjrt en nos cl (luadriijdiii , ilehrl ciincium iiiiiiis
diei per nnnuiit . ita fjuod eodem (lie pnssit reverli ail doiiiitm sikiiii , «7 ///c
dfhi'l ri, in redlln . diiii' itd nmirdnidiiiii jiniti'iii ef linunt tiinlum , itisi /dus
fi fniinl dr ijidliu C.nrt. de N.-lK de Uidilirs, 11. ji. T'.lj.
- Derimas , iitiiipipuiies, rharreiuni , rorvrias his in antio, ridclicrl nnnm
nniriani in mrnir imirtio el iilinm in (fiindis, ita lanicu iinml irlii/msi truc-
bnniur dair scnienti . dnni faricl ronriani , jtitnnn n linuni et Iria uni
{('.art. de Saml-l'crr, p. 71 Ij.
•' i'num jornalr pro hinandu in tnris prioiis , idind pio cuopriieniln rrl
srmiuundo hlndu , Irn ium pin fdrirndu armas l'I nlin Idnda in niarrni ; jirn
'/«'( lahiirafjiij jinur Irnelar ininisinirr liiltinanliliiis lanlnni dr jninr ipinntum
possrnt ronii-dcrr , ri darr crrtani iiuaulitalrni rini dictani f/iilliir un W- i\v
vin {('.art lilr.sois, \>. iiUi.
* Qitiid niin lirral Imniinrs Sanili-I'ilri ml ipiamlilnl iniiini mm nmipillrrr
(Cart. dr Sl-l'érr. p. 'Ati).
■' Ani/arias tjnas Imminrs dr Fnri/is illi ilrhrhanl ad pnila [manda ((.ail.
du TrrsnrJ.
— 214 —
Un des synonymes de corvée est aussi liiciimiin, « le hian,
» corvée tant d'hommes que de bestes, » comme le définit la
coutume de Poitiers. En 1237, Ursion de Meslay, seigneur de
Fréteval, affranchit pour un an du droit de bian les religieux
de Saint-Hilaire-la-Gravelle ^ Vers 1197, Hervé, seigneur
d'Alluyes, reconnaît que les hommes du prieuré de Saint-Jean
de Brou sont exempts de toute exaction, de sorte qu'il ne
peut exiger d'eux le bian ou autre redevance, sauf les aides
qui lui sont dues-. En 1181, Thibaut V, comte de Blois,
déclare avoir reçu mille livres des chanoines de Chartres, de
telle sorte que si, à l'avenir, les murs de la ville venaient
[)ar un accident quelconque à tomber ou à être détruits, ou
les fossés à être comblés, les chanoines ne seraient plus
tenus à réparer les dégâts, mais seraient quittes et exempts
du bian qu'il avait droit d'exiger d'eux •'.
Le droit de « charroi » pour les- blés et pour les vins,
vinericia, charrcium, ({unrrngiiim , était également une des
formes de la corvée. En mai 1209, Geoffroi, vicomte de
Châteaudun, dit qu'il a droit dans le bief^de Boursay à un
charroi et à un bian de quinze jours, et excepte de cette re-
devance les hommes de Boursay, moyennant 6 sous par an
pour ceux qui cultivent avec une charrue et 3 sous pour ceux
qui ne possèdent pas de charrue *.
Le charroi et le bian étaient soumis à certaines restric-
tions : le seigneur ne pouvait exiger qu'ils fussent faits hors
certaines limites, et ils devaient être réclamés à des époques
déterminées. Vers 1175, Eudes Bourreau, seigneur de Cour-
talain, reconnaît ne pouvoir exiger des hommes du Gault-
Saint-Denis le charroi que dans des lieux oii la sécurité est
certaine, à Châteaudun, Vendôme, Mondoubleau, Montmirail
' A biennio usque in unum anmim {Cari. Blésois, p. 223).
- Ah omni exact ione, quod ah eis non potest cxifjere hienniuin urr aliml,
prêter justa auxilia {Cart. de St-Jcan, p. 05).
•* In tali conditione quod si deinrcps qiwquo modo mnrum cadeienut dirui,
vi'l fossdios Iniplrri lonlif/rrif , non Imranlur amplins vel in tntiris rel in
fossf/lis itHijuid millrr(\ si'd ah omni hirnno quod in l'is liahrhnl qiiiti
rematieant cl tihsoluti [Cart. de N.-D. de Chartres, I, p. 2(l(>).
* Q'iod prr qninderim dies hahehat charreium et tolidem hiei/nium in feodo
de liurseio {Ahhaije de Sainl-Avit).
— 215 —
et Brou '. En llT'.i. il est acconh' (jut- Irs lioiiiiiM's du l'iia-
pitre (lo Cliarti'cs à Lutz ot à Hoauvillicrs devront (Muiduirc
pour h' sei^iK'ur de Beauvillicrs un uniid de hlc' a Chartres
ou il HoniiovjJ ou au ruisct. pnuiNu (juils en soient requis
avant la (t^to de la Toussaint ; auticinent, ils seront dispensés
(\o la corvée pour l'année courante -. En llâo, Arcliainbaud
de Sully exij^^e de ses tenanciers (piils lassent huit jours de
bian par an. (juati'e jours en lévrii'r pour l'aire les haies, et
quatre Jours en mai pour les fossés; mais si à ces deux
ternu's le bian n'a jias été requis, il sera remis à l'année sui-
vante •'.
Le droit de charroi s'apjiliiiuait le ])lus ordinairement au
vin el au blé, mais on le trouve pourtant parfois emjjloyé
pour le transport du bois et dv^ niatc'riaux. Au mois de sep-
tembre l.îUi», les iiabitants d'Alluyes, Saumeray, Bouville et
Moriers reconnaissent « qu'ils doivent le charroy a l'édilica-
» lion et il la réparation du chastel d'Aluie et des ponts du
» dit chastel et des ponts de la ville. <« (Ahh. ilc Hoinn-vul).
Tout ce (ju'on appelait les « secvices vilains » ('tait donc
compris sous le nom },'én(''ri(pie de corvc-e; mais il elaii
d'autres services ipu^ l'on désignait sous le nom de« nobles»,
|>arce ipi'ils faisaient en (juehjue sorte particijx'r les vilains
il ce (jui était la i)lus importante pr(''roL!atiAe de la noblesse,
le droit de se d(''fendre et de c<<nquérir. A ces epoipies de la
féodaliti' où clia([ue scii^neur se considi'rait comme un |iclit
souvei'aiu, oii l'on ('lait sans cesse sur le pit-d de i^iierre pour
(h'fendre sa proiiriiHc- ou poui' s'einpaicr de ccdle de son
voisin, où souveni même «m pi'enail les ai'uies |)our cniKpK'i'ir
un butin dont on avait besoin pour vivre, les seijiiienrs
devaient a\Mir' recours aux servi<-es de leurs teiianciei's pour
être aidés dans leurs entreprises. l)e lii les droit'^ " d'<'\p('"-
' (Jiiftnai iiiiii nisi siriini Imn , vi'li'licrl nd Casli idinnim . ml Vin'lnriiium ,
ml Mimlnii Ihilililli/iii, ml }liniiiiiiiiilii(iii rrl ml Hniiiiluiii ('.ml. de î\.-l). dr
l'.hitrlivs. I. p. l'.li;.
- Miidium innidiii' ('.muni uni rrl fhiniifriilinti rrl l'itsim uni durerr , dum
liiiiirn dr liiir ipsii iiifrii f'rslinii Omni uni, Smirliniini rrijuirmilur , alliis nli
illius mini durlu driiilii jtmilus iilisitlniiilur Ihidrui. I. |i. l'.H'i.
•' Qund fiinrtil III tu (lirs ilr hirniiii m iiinin. ijUdlHnr in frhrunri» in iiiis
(mimdis ri (juiiluiii in niuin in In.^sulis, ri si in dunlius Irrniinis dr liirnn
rriiui.siliii jmlii mm furril, iisifur ml iillrntni uiinum mm rrsfiiimliliuiii >i
— 210 —
dilion, )j vxpediliu, cxrn-itus, « d'iiost, » hoslis, do «i chevau-
chée, » equilntus, cubtiUicntio, cdlvacatii, tyrociiiiiiiii.
Souvent ces droits sont mentionnés sans aiicuiio restriction.
En 1115, Louis VI reconnaît qu'il no pourra contraindre les
hôtes du prieuré de Saint-Paterne d'Orléans h jiucun hosl ni
à aucune chevauchée ^ Vers 1125, le même roi allkincliit un
hôte de l'abbaye de Tiron à Mantes de toute taille et exaction,
de la chevauchée, de l'expédition, en un mot (h' toute cou-
tume ^. Eu 11<S<S, Hugues, vicomte de Châteaudun, exempte
la terre des Tronchais appartenant à rAumône de Château-
dun (In charroi, du liian, de l'expédition, de la chevauchée,
de la (aille, de la corvée ^. Au mois de septembre 1215,
Raoul do Beauvoir avoue que les hôtes de Fontaine no lui
doivent ni expédition, ni clievaucliée, ni taille *.
Mais souvent aussi les droits d'expédition, d'host, de che-
vauchée, étaient soumis à certaines conditions. Ils n'étaient
dus que pour la défense du seigneur si sa terre était attaquée
par ses ennemis. Le 20 avril 1085, Raoul de Beaugency
consent ;i n'imposer aucune corvée, aucune chevauchée sur
les hommes de l'abbaye de la Trinité de Vendôme, à moins
qu'on ne vienne piller ses domaines ou que quelque ennemi
veuille construire un château fort sur sa terre ^ En 1185, les
hommes de l'abbaye de Vendôme reconnaissent devoir une
corvée de quinze jours pour la réparation des fossés de la
ville et être dans l'obligat-ion de secourir le comte en host et
en chevaucliéo pour la défense de sa terre *. D'un accord
fait au mois de mars 1293 entre Gui, seigneur d'Anneau, et
* Ire in suam rahallalionem neque in hostem (CmH. <k Sl-Pèir, \\. i56).
-Ah umni talliala et exaction!', ah equiialu et expedilione rt ub omni
penitus consuetidune [Cart. de Tiron, 1, p. 95).
■* De chdircio, de liiennio, de e.reirilii, de eqnilatione, de lallia, de rorveia
[Airlt. de la Maison-IHeu de (llidleaudun, p. ii).
* ISeque exercitiim, nec calvacatam nec talliam [Cart. deN.-D. de Chartres,
II, p. SI).
^ Quod de huniinihus monarhorum nullum faciet ire in lianniini rel
(toiveiam sive eqi/ilatnm, nisi forte aliqni in terram ejiis venient dejnedaturi,
nul si quis ininiii'us raslellum roluerit faeere in terra sua [Cart. de la Trin.
de Vendôme, il, |i. 3S).
" Délient qiiinileeini diehiis per annuni reparare fossala Vitidoeini. roniilem
jurare in i/uerru et equitaliune pro terra defendcnda [Ibidem, 11, i». i'û).
— 217 —
les iiioiii(.'.«s (le BoiiiK'val, il icsulic ■< qm- les iKtiniucs «les
» reli.y:ieiix (rAimeaii sont tenus à aller en osl <in en elievau-
» clK'e avec le. coniiniin de la vilji' (rAuiicaii, un assaut d'cn-
» neniis fet eiii honte et donia^'e de la chatcdlenic d'Auneau. »
a. ;;iir)i.
l)autres actes indi(iuent les limites dans lesquelles sont
dus les services nobles et siK'cilienl (|iu> le seiiriieui- ne iicut
les exi^'-er que si lui-njènie acconiiiaiiue ses t<Mianciers. Kn
lllS. Louis VI consent que les honinies de rahhayc de Sainl-
S|iire de ("orbeil n aient ii se rendre à son ex|>(''dition ijn'en
cas de «^^lerre, et cela seulement deux lois par année: (pie si
(tii les ai)pelle en chevauchée, ils ne pourront s'(''loi.uner plus
de douze lieues de ('orl)eil'. NCi's 1120, les nmiiies de
Saint-Romain de Hmu reconnaissent devoir ii rTuillaunie(»ouet
la i^arde de ses places fortes si elles sont assiéii'ées par ses
ennemis, en sorte qu'ils ne puissent être entrainésà la ^nu'rre
hors des dites |)laces. mais ({u'ils restent seulement a
lintérieur |i<iiii- lev ih fendre-. Kn 1131, Thibault IV. comte
de IJlojs. declai-e (pi'ij a le droit de mener avec lui en exj»'-
dilion les hommes du liiniro- de Chamars : s'il veut y lortilier
un château, ils renlmu-erunl de pieux et de fascines, mais
ils ne sei-onl tenus h autre chose (pi'ii veiller à sa propre
sûreti' dans le château •'. Kn 112<l. jjar un accord avec
(Inillaume <louet, les moines de Saint-Père consentent (lue si
le dit (iiiillaume veut aider avec ses i>-ens le roi ou le comte
dans une exjtédition, il pourra emmener les hommes de
Hois-Rulliii poni' la ^'arde de son corps, mais ceux-ci ne
>ei-onl tenus au service (pi'antanl ([ue (Juillaiime sera
lui-même présent*, l^ii llTCi. Ileni'i comte de ('liampaiine,
* .\»r i.vjirdiliniir.s iidslrris, iiisi siihniniirtiiitur in iinniinr hrlll. l'iiiil. li hoc
Miliniiniiiilii his III itiiiiii : in rtiniliiirii.s iiiilrni nnstii.s, si snliminiiniilur ,
vitdniil, sril \ll li'iiins n raslro ('.nrlioUo non l'.vmli'nt i(!arl. de llmhi'il ,
y. r. .
- Iiiiminiriiin nhsidiniir raiisti ictus , nd n/iiiidu mih riishidiriidii , ilii Iniiirn
ni r.iliii iip/iidii iid hrlliuii nioi iintiiiiiccmiliir, scd inlin, ud ciidcm dcfcndinilti
Cint. de Sl-I'èic, |i. M'A,.
•' {)iiiid linniincs liiiriji de ('.liiinuirlln jieiijuiil iiitii en in e.reccilum et in
exjiediliiiiiem , et ai ilii ciisliinn /il iiiucci il , ilhid clnudent de nuits et cici/is,
el in Castro niclill plus fiicienl nielei hoc iiiiod cornus ejus e.rcuhiihuni
M. -Ji'T:! .
* Si ipse in e.rpediliiine reijis lel mniitis, cuni ouiiii i/enle suii, ire viduerit
— 218 —
prescrit que quiconque moudra dans les moulins ou cuira
dans les fours du chapitre de Saint-Quiriace de Provins paiera
la taille au dit chapitre et lui rendra à lui le service d'expé-
dition à condition qu'il soit présent '.
Il faut encore classer parmi les services nobles le droit de
« garde » ou de guet, //arr/a, c.xcuhin, r/ftifnffiiin], chnitr/rifn, que
l'on rencontre dans quelques documents. Vers 1050, Salomon
de Lavardin déclare être en possession de prendre tous les
ans sur chaque maison de Lavardin G deniers pour le droit
de garde, vulgairement appelé guet -. En février 1283, Jean
d'Aumale, seigneur d'Epernon, confirme aux religieux des
Moulineaux le don fait par Simon de Montfort d'un serviteur
à Epernon, libre de toute taille, vente, corvée, expédition,
chauguette et de toutes autres exactions et coutumes-*. Dans
une charte de 1222, Philippe-Auguste dit qu'il possède au
bourg de Saint Germain et au clos Bruneau à Paris les droits
d'expédion et de chevauchée, ou la taille imposée pour ces
droits, et le guet comme dans le reste de la ville de Paris*.
Outre les services, il était une sorte de redevance, auxilium,
qui , d'après la coutume généralement adii\ise , était due au
seigneur dans trois occasions, lorsqu'il était prisonnier,
lorsque son fils était reçu clievalier, lorsqu'il mariait sa fille.
C'est ce qui est expressément indiqué dans un accord passé
en l'année 1150 environ entre le chevalier Bouard et les
religieux de l'abbaye de Coulombs^. Dans la charte de 1222
déjà citée par nous, Philippe-Auguste dit qu'il possède dans
homines Boaci Rufini , piv rustodia corporis sut, rluri'ir potcrit ; hnmincs
loiiicii ahsquc pirsriilia coipiiri.s cjus mmqwiin ihiint [(Idrl. deSt-Père, j). 4<SI|.
* Bmlo Quiriaco talliam, mihique exerciium cum personna mea persolvel
(dart. (le Sl-Quiriace de Provins).
- De iDiiKjHiKjHt' domo nnniiat'nn sex drnarios de excuhia quam vtilgo
i/uitatjium (ippellunl [(lart. Vcndùimns, p. ïJ!*,")!.
3 Liherum ah omni laliia, rciida , rorrtida, exercitu, rhanf/eifa et ab
omnibus (iliis exactionihus, ronsuetudinibtis, costumis {Cari . drs Moiilineatix,
\k'M).
' Exvrrituin cl ciinitiilidiirm, rrl lalliam propter hor f'iictani, et !/i«'li(iii
sicnl in romniuni rillr l'iirisiiis [Cari, de Paris, I, p. I^IÎI.
* .Auxilium in tribus, srilicet in corporis sui redemplimir , nul in (ilii sui
arnuinnii prcparaliiinr , tiiil in filie sur nialrinionii rourmlionr (Ahliaijr dr
Coulombs),
— -Jl'.» —
les terres (le l'ovrijuc (Ir r.uis Ir droit dr taillr (juand il clcve
ses (ils ii la diy:nit(' de ehevalicr, ijuaiid il iiiai'ic ses tilles on
(jiiaiid il a besoin de se racheter de caiitivitt' '.
Mais ces troin occasions n'étaient jias tftujonrs les senlesoù
les seijxneilrs s'arro*;eaient Ir dinii de rf-clanicr ;i leurs
tenanciers le secoiiis d(»nt ils avaient Itesoin. Au umis d'oc-
tdlire l^.'S, TÎULrnes de Châteaiinenf, seiirneur de l!fe/(dles,
déclare (jue les hommes de Hoissy lui doivent un secours
\)()ur sa réception et celle de s(»n lils en chevalerie, pour le
niaria}î:e de son lils ou «le sa Mlle, pour sa rançon on celle de
son fils on de ses héritiers^. En 11('»(». lin.u;iu\s, vicomte de
Chateaudnn. moyennant une rente de dix livres, abandonne
aux reli^'ieux du Saiiit-Sc'pulcre de Chàteaudtm le secours
(prils lui (levaient pour le niai'ia,<j:e de son lils on de sa (ille
ou de sa sœur, pour sa rançon, i)our l'achat d'uni' terre-'. Au
mois de février 121"). Thomas, comte du Perche, ri'clauie de
ses homm<>s la taille jiour sa réception comme chevalier, poin-
sa pri'inière rançon, jiour la chevalerie de son (ils aiué, p(»nr
le mariaife de sa premii-re lille *.
Plus dune l'ois aussi les seiii'ueurs prolitèrent de leur
(h'part pour la croisa<le alin d'obtenir un secours extraordi-
naire. C'est ce qui ;iriiv;i en IP.Mi poni' '!'hil)aut V, comte de
Hlois, qui reçut des hommes de l'abbaye de Saint-Lanmer une
taille pour le s(>conrs de sa croisade» ': en IIUO, pour Louis,
comte de Hlois, amiuel les relij^ieux de Honneval consentirent
;i accorder un secours à cause de la croix (piil avait i)ri.se
pour la dél'ense de .h'-rusalem *.
' Ttilliiiiii (juaiidn lilid.s imslnts fiiciriiins iiiims iiiililes, ri (jiiainlo films
uitstids mtiriliihlniii.s, ri riiiiw si rrilimtiriiiiis ilr rapliiiiir jimpi li nnporis
unslii l'iirld in (jurnu [Cnrt. ilr l'aris, I, J). 1^15).
- Aii.rilium wilicir sur el jilii siti, tiii.rilium nifiriliii/ii filii siii rt filir ,v«c,
nuxilinm rrdnitutinuis raplionis sur rrl filii sui vi l lirinluiii sumum ('.ml.
lin Gi'tiitl-Hruuliru, p. itOO .
•' Au.iiliuw ad filiuni rrl filinm rrl simirrni inurilaiidus , ad rrdrmplionnii
nirpnris sui. ad terrain anjHirriidaui [l'.arl. dr Sl-hrnis, |i. ii)).
' Vri> prima milicia sun , prit prima raplioiir sua dr i/arrra , pm milinn
filii sui primoi/riiili. pm prima filia sua marilanda i l'.art. pour Ir l'rrrlir.
|i C.tl .
* Talli'iw ad auxilnini sur nuris llist. dr l'nlili. dr Sl-Laumrr, \i. ltiU|.
'■ Aurilium pmplrr rrurrui iphnii ad sulariiliniirui Irrrr .Irnisultmilaur
rrrrprrut ,\\. (il.'»].
— 220 —
Enfin, sous le nom « d'aide, » uiiliu, on entendait des dons
volontaires et temporaires faits par les tenanciers dans des
circonstances exceptionnelles. En 11'.)<S, les habitants de
Saint-Hilaire-sur- Yerre donnent à Jean, seigneur de
Montigny, 15 livres angevines, volontairement, en don
gratuit, pour la réparation du château de Moniigny '. En
1209, Simon, comte de Monlt'ort, reconnaît que l'aitU- qu'il a
reçue de la communauté des habitants d'p]pernon pour la
clôture de la ville n'a pas été et ne peut être un droit, mais
qu'elle a été toute libérale et volontaire ^.
Là semblent devoir s'arrêter nos citations pour ce qui
regarde les coutumes et les exactions seigneuriales :
pourtant, avant de clore ce chapitre, nous voulons signaler,
au milieu de beaucoup d'autres, quelques-unes des pratiques
bizarres usitées dans les rapports du tenancier avec son
seigneur.
Le jour de la fête de sainte Soline (16 octobre), les usagers
de Ver devaient présenter à l'offrande de la grand'messe de
l'abbaye de Saint-Père une oie blanche a\ec un ail pendu au
cou (H. 41). — Le seigneur des Gués ét^it tenu envers le
prieur de Brezolles, chaque fois qu'il en était requis,
d'envoyer un valet à cheval pour l'accompagner et porter
sa malle (H. 424). — Le prieur d'Epernon devait au seigneur
de Gazeran « une soullée de pain et de vin, deux fois, à
» Pasques et à Nouel , et le devoit faire apporter au château
» de Gazeran sur le cheval du dit prieur, sans qu'il y faille
» ne fer ne clou » [Cavt. d Epevnon , p. 105). — Le même
prieur, « le lendemain de Pasques, estoit tenu apporter au
» chasteau do Montorgeoil, à heure de dix heures du nuitin,
» ung gasteau d'un boisseau de fleur de froment, avecques
» ung pot de vin, mesme que celuy prieur boit, l)on et sulfi-
» sant, et iceulx porter sur ung cheval, un chapeau de
» pervenche sur sa teste, une espée ceinte à son costé, une
» blanche touaille ou tablier à tenir le dit gasteau, avecques
' Quiiulctim lilinis (/ndrf/iiri'iisis nioiicli' , spouk situ , 'loiio cl (/rali.s , ad
reparalioitem casiri Moidif/iiiaci (II. '245!2).
- Quod aidia illn, quant liahnil de rummnnihiis hominibiis Sparnonis ad
ejii.idem raslii rlaiislnrani, iiaii fait ncquc poleul esse ex dcbito, immo fuit
lihcralis atqiie rulonUiria ^11. "So'ilj.
— -^-Jl —
• i\os jçrants noufs en ses mains, son rhoval bien ferré, sans
(jiic lui l'.iillc lin te!' <•! clou ■' l'.nri. il' /'.'jirriioii , \\. 1 TJ . V.\
ces conditions étaient rij4"<)Ui"eus('Mient ohserviM's ; car, en
l'année 1515, ccjninie il Cnt reconnu (ju'il nian(iuail au clicNal
un clou au [lied de devant hors le nnuitoir, le dit cheval lui
<-omIIs([U('' et \ (Midn au prolit du seigneur de Montoi-^Micil. —
Le piicur de ("hou/.y avait droit d'avoii- <> par les ^^ai-cons de
» ("hoii/.y. Tune des testes de Noël, uu oiseau appeh' i-oitdct
autrenient bourillon, qui lui iliùi cstrc présentf' pai* deux
I) tfarçons sni- deux basions, ciiloiirc/ de juric/ lie/ et attachez
» de ruliaiis de soye. » — De même, le Jour de la l'entecôte,
le dit prieur avait droit « do l'aire bai}.rner deux des ^Mrçons
» de la paroisse par lui choisis, par trois fois dans la rivii're de
» Loire, et sont obliiic/ de lui rapporter ciuuiue fois de l'eau
» de la dite rivière dans chacun un verre. Et est octroyé aux
dits garçons par le dit prieur la ])ermission de faire payer
» il tous les nouveaux mariez de la paroisse du dit Cliouzy,
» ([ui iTonl [loint eu (rciilanl dans l'an de leur nniivean
nuiria^'e, cliacun 5 sous, et après icelui bain de faire courir
n l'étenf aux nouveaux mariez. » {J'nrl. lilrsuis, p. :V2\h. —
.Ins((n';i la R(''Volution , le prieur de H(\iu,iiencv otfrit au sei-
gneur de Beaui>eiicy, le Jour de Xoëd. ■ 1.'. petits pains blancs
)» s'entretenant en forme de courcmiie, '2 [>intes d(> i)on vin
» clairet dans 2 i)etits pots en terre, \'.\ œufs bouillis, frits
» dans l'huile, dans un |iot de terre recouvei'l diin autre. »
Nous jiourrioiis mnlliplier ;i rinlini les exemples de ce
genre; mais nous pensons que ces seules citations sulliioni
pour donner une idc-e des naïfs usages (pii existaieiil an
Mo\('n Aiic.
Toutes les ledevances dont ihmis nous sommes occnpé
Jusipiici ('-lai»'!!! dues indillV'ieiniiieiit au seipiieiii-. (pi'il fut
laiipie ou ecclesiastiiple. 11 en itail d'autres specialemeiil
all'ec|(''es .lU ser"\ ice ilil ciille. ;i l'enlrelieu de r(''vé(|Ue el des
cui't's. Nous avons dit ipie lel a\ ait et('' a l'oiàirine le but de l.i
dmie et des pi'émices. Lois(jue celles-ci eur«'nt «dé détournées
990
de leur affoclation primitive, il resta un certain nombre de
droits, dont beaucoup subsistent encore et qui forment
aujourd'hui le « casuel » des curés et des desservants ; c'est
ce qu'on appelait le viiirlniffimn au Moyeu Age, feviiiii prrshi-
lei'ulo qiiod viiulniginin vorniit (H. 2429).
Mais, avant de dire quelques mots de ces redevances que
nous retrouvons dans nos mœurs actuelles, nous devons
parler de quelques droits aujourd'hui disparus: d'abord ceux
appartenant aux évêques ou archidiacres, calbedralicnm,
circada, synoduus. Par calliodrtiticum, on entendait la pension
payée aux évêques par les églises en signe de subjection.
En 1208, Renaud de Mouçon, évêque de Chartres, affranchit
la chapelle d'Aigremont des droits de synode, de visite et de
tout vnUiedi'Hlicuni ' .
La redevance appelée circada, « visite, » était dans le
principe le droit qu'avaient l'évêque et les archidiacres d'être
hébergés, lors de leurs tournées pastorales , par les curés et
les maisons religieuses, Dans la suite, ce droit fut converti en
une redevance fixe ; elle tirait son nom du mot civcumirc, qui
rappelait la visite diocésaine, objet de la pi'ostation. Circada
avait le même sens que l'expression parala, qui s'entendait
des frais préparés pour la réception des envoyés royaux et
des officiers publics. Aussi, dans une charte de Ragenfroi,
évêque de Chartres, de l'année 949 environ, trouve-t-on cette
désignation, circadas qiias alii parai as; nominant [Cart. de N.-D.
de Chartres, I, p. 81).
« Le synode, » synodiis , était la taxe imposée aux ecclé-
siastiques que l'évoque réunissait cliaque année en synode
au siège épiscopal. Cette taxe représentait une partie des
frais faits par l'évêque pour la réception de ceux qu'il
convoquait : qu'ils vinsssent ou non, tous devaient personnel-
lement cette redevance. Cependant, nous voyons qu'en 1195,
Gui, seigneur d'Auneau, s'engagea envers les religieux des
Moulineaux à payer chaque année le synode sur les cens
qu'il recevrait à la fête de Saint Rémy -.
^ Ah omiii synodo cl ciirada el ah omiii cathcdrnlko et ah omnibus
consuetudinihus cl cxaclionibus (II. o3;](>).
- Doiiiiiius caslclli irddcl synodum siu//iilis annis de ccnsibus qui suul iid
f'estum Sancti HcMifjii {Cart. des Moulineaux, p. 4).
— 22:5 —
Panrii les droits réservés aux curés et aux ('tablisscuicuts
rt'lij4:i('ux. uous en aMins reconnu princiitalcnieut deux (|ui
sont touibé's eu «h'suetude. Le premier est appelé' nlluir,
tilluriiiiit, nlhiliiifiiiin, el une cliarte de lir>7 nous apprend (pi'il
(•(lusislail parfois dans les <iinies {\v<. a^nieaux , des eoclious de
lail, du lin et du chanvre altrihiK'es au prêtre '. Faut-il donner
toujours un sens aussi étendu au droit d'aulel? Nous ne le
cro\ons pas. ci peut-être doit-on seulenu'ut s(uivfiit le
consid('rer coiunie synouNiur de vimlriiifinni. \rvs l(»2it.
Allier! , lils du \i(laiiM' de Chartres, veui (pic les pi-êti-es de
("halcaUfhin aient le casuel et les odVaiidcs pendant tout le
cours de raunc'e *.
Le second droit dont uous voulons parler est celiu de
morta^^e », inort.K/iuiii. qui se jiayait aux éirlises sur les leg-s
laits par les défunts. An mois d'août 127S. les h'jireux du
Grand-Heaulieu exemptent (iuiard de Villeia\ . leur hôte, de la
redevance dii inortage qu'il devait à cause de sou héher<j:e-
uient-'.
« Les ofï'randes », oliln/ioiifs, existent encore, volontaires,
il est vrai, tandis ([u'ii certains jours elles ("taient oliliyatoires
au Moyen A^e : elles étaient alors beaucoup plus importantes,
et excitaient de fréquents et longs procès entre les moines et
les prêtres séculiers. Les plus considi'rahles se faisaient aux
^■\l\^[ fêtes aniinelles, No(d , TEpiplianie. la l'urilication ,
l'à(pies et la l'oussaint*. Elles consistaient <'u |)ains, appelés
jtniirs i-oiisiiliii'(iijiiiril. (pii ('laieiit pi"ésent<''S le lendemain de
iS'oid, le lendemain de i'âcpies et le jour de l'Ascensioir, les
prenders ajipcdés ('paiement torti-lli , ji;uics Kitli-mlurii , ceux
de lAscension nommés parfois y^/z/cs- Ilot/.-i/ioniiiii (Ari'li.ili' In
Mtiison-lHiii ilr a/ni/rniiiliiii , p. l-'U)); en chandelles de cire
' lirllijiiit ijHi- nlliiiid jii'rlinriil, jure sticrnli)liili\ slruli (ii/m>s cl poirflli>s, ri
ileciiiinm Uni el cliniirn' J'jtrl. tir A.-/', dr ('.liaiirrs, 1, |i. H»."»).
^ lliihranl tilliiir ri itffrieinhis prr rirruliim aiiiii {(liirl . dr Sl-l'èn\ |i. 'i\''2).
•• Ah unrir sru srrriliilr wiirluiiii nilioiie hrrhvri/iimrnti .\ui ((i. ïi'.C»!li.
* hr iihliiliiiiiihus ({iir In \ fr.sl if liai Unis iniiiiKililnix, in \'iiliviltilr srilirrl.
Tliriiiilitiniii , l'iiiiliriilionr Sunrlr Mnrir , l'asiha , (hnniuw Siinrlorum
jrslirildtr iilfriunlur <('.uil. ilr Sl-I'èir, |i. (il:ii.
'*/><• piinihits consurlii(linaiiis, qui in niistinn Mnlirilulis iloniinnr m
ciiislimt sttnrtr l'iisrhr rt die Ascensiunis himiini siail idilnli di. iiUJU
— 224 —
dues particulièrement aux cinq fêtes de Pâques, de la
Toussaint, de Noël, de la Purification et de l'Assomption ; —
en toisons de brebis, etc.
Lorsque Gontier, comte du Voxin . donne à rabbayo de
Saint-Pèro Tég-lise do Liancourt, au mois de février 1055, il
spécifie parmi les droits attachés à cette église la chandelle,
le pain et la sépulture^ Ce droit do « sépulture « , le même
qui se perçoit aujourd'hui pour les enterrements, est en effet
souvent cité. Plusieurs chartes prouvent qu'il était propor-
tionnel à l'âge et à la condition des défunts. En 1080, Foulques,
en donnant à l'abbaye de Saint-Père le tiers de l'église d'Arrou,
ne lui abandonne que les sépultures de quatre derniers,
c'est-à-dire celles des enfants baptisés -. La même charte
indique un autre droit, nvchadiuni^, qui s'appliquait aux
revenus des « troncs ».
En 1163, le curé d'Orchaise atteste qu'à lui appartient
l'offrande des femmes lors de leurs relevailles, l'offrande
aussi faite par la nouvelle mariée lorsqu'elle vient entendre
la messe le lendemain de son mariage *. --
Tout le casuel appartenant aujourd'hiti aux églises se
trouve rapporté dans les chartes énumérant les droits des
curés de Saint-Sauveur et de Saint-Martin de Bellême : on y
voit des redevances supprimées depuis, comme celle pour les
confessions de Carême. En 1127, le curé de Saint-Sauveur
reçoit de Jean, évêque de Sées, la liberté de percevoir le
tiers des offrandes et les messes d'obit, et la moitié des
confessions do Carême, et toutes les autres prières faites pour
les infirmes et les défunts'. Vers 1185, Lisiard, évêque de
Sées, déclare qu'au curé de Saint-Martin du Vieux-Bellême
appartiennent les deniers des fiançailles, et la quête du
' Candelam et panem et sepidturam hominum ibitlem habitantium (Cart. de
St-Père, p. 200).
- Sepnltuvam II U denanorum , scilicet pueromm albalorum {Cari, de
Sl-Père, p. 208).
•• Medietatem archadii ipsius ecclesie.
* Ohiadouem mulieris que purificfila est, ohiationem cum , pust cch'hrtiliis
iiuptias, die crastina, nora sponsa adreiiil ad missam {Cart. Blésois^ p. 159).
■' Tulam (eiriam jiartciii idddtiimutn, et priratas missas defuncloruiii , et
diinidids e.otifessioiies Qundnif/esime. el ceteras niniicx iufiniiorum et omnes
urationea mortuorum {Cart. pour le Perche, p. 12).
22r)
(limancho, ot l'arfronf et la cliamlclb' des hapjAiiios. o{ l'artrf'nt
i'[ le i)ain des relcvailli'.s'.
Une charte do 11-15 nous fail cniiiiailri' deux rcdcvaiici'S
aiijoiii-dliui coMiplètoinont dispanics du casnol dos orclôsias-
li(|iii's. l.'nûQ, peni, consistait dans rollraiidc laite an protro
ponr la lj(''nô(Iiction dn mantoan (jnc le V(»yajj:onr oniportait
pour sa route; l'autre . rcffriin niDrliinrimi , nous seinhlo
concerner la l'c'-rectinn, je repas dn an prèti'e après l'enlei're-
nn'ut -.
Nous avons Aonln imns en tenir ;i notro profiTaniUM" et no
nous occuper (pie ii^^^- redevancos proproniont dites, c'osl
donc vidontairenieiii (pie nous n'avons i-jeii dit des aniondos,
l'rrdiini, l'oi'isl'nctunt, appliquées si souvent, et parfois si
arl)itraireinent . sinon ]iar les seiiiiieurs, au moins par leurs
(jlliciers. C'était d'abord la viniri;/, ajjpartenant au viiiuier,
la si'i'fjrntoriii, hnnuatria, ilistri<-turn , droits dos serj^onts de
l'aire les citations, d'arrêter les d(''liu(piants, de percevoir les
amendes, 'l'ont cela r(''snltait du (iioii de '(Justice ». jiistii-iu,
apparteiiaiii au seiu'uour suzerain , ot nos chartes nous tout
connaître les cas princi[)aux, où dt'vait s'exercer cette justice
et oîi ramondo était i)orcuo ])ar le seigneur: ////•. lilra. ■ le
vol » \ iiimn/iiiiii , « rincon<iio »: nijtfiis, « le rapt » <»u <( le
viol " ; iiiiinlnini, hoiiiii-idiiini, «. l'assassinat », « riiomicide » ;
suniinis. H lo sang- réjjandu » ; cm-is, le meurtre do renl'ant
dont une l'eiiiiue est enceinte; diicllum, « h» duel », ramondo
(jne devait la partie vaincue.
Ce n'(''tait i»as là, ;i pioprciueiit parler, des redevances,
pnis(pn' c'était rexpialioii de crimes (Ui de (h'iits, mais ces
amendes n'en posaient pas nndns lourdement sui" lo tonancioi".
\ ces ('poipios aux imours rudes et hiaitalos. les (pu'i-elles,
!(.< \<>iiu-,.;,iice.s étaient rr(''(pn'ntes : aussi la .justice ('tait un
' hrniirios p.r sponxnliliiis . ri in fliv dinninirn iliiitiiluni tir niiilntr,
tlniiii luiii l'I ciiiitiriniii liiijiliziilni uni , ri ilrnm iiiiii ri jinunii piii ifiralimiis
(Oui. jiinir Ir l'rirlir, \t. 'lih,
' r'oH/m/oHc.v , prnis , iiu/ilius, irronrilinlioiirs nmliriiini, ituiiinuis ilr
nnilnlr, rrl'rrlioiirni moiiuornm H'iiil. ilr Monlirniiiirii, \\. ."l'.l .
r. XII. M. 15
— 22r, —
(les droits dont les seigneurs se iiioiilraieul le })lus Jaloux,
non pas seulement à cause du prestige justement assuré au
pouvoir de condamner ou d'absoudre, mais bien aussi à cause
du prolit (|ui [tour eux résullail des amendes, don) la valeur
était laissée à leur bon i)laisii'.
•J-^l
TAIU.E ALPIIAP»F/ri()[ 1^:
DES niVERSES liEDEVANCES
A-rraria. l.Sl».
\i.lia. 220.
\ltarium, altaro, altalap^iuni,
223.
AiiKaiia. 21.3.
ArcliadiuMi, 22k
Astala.niuin, v. Stala<.fiuni.
Aiixiliiun, 212. 21 i, 218, 210.
Avi-nai^iuiu, 202.
Hamicaiia, l'.Ki, 22.'».
Haira^^iiuii, IS'.I.
Midi'iiiiiuiii. ISd.
liiciiiiuni, Biaiiimm, Bicf^^iiiiiiii,
IHl), 2U, 215, 21G.
Hladfa.Lciuiii. v. Mcstiva.
Hnissclaj^iuiii , Hi)t'ssalaiiiiiii .
18Î), li>'K
M(»ta},nimi, li).').
H(»vaj.,'iiiin, 18'f, 1X.'>.
liri'iiiiaLri'iin. 205.
Hurdi'sa^iimi, 182.
/hisrlutfjf, 1H5. 2(M).
(laia},'iiiiii. v. l'orUiajJi'iMiii.
(laiiijiais, (•anijtii)ai's . canipi-
parta^nuiii. 1X2. 1X7, |ss, 1X!>,
213.
< laii.iliiisiiilii, lX(i.
Oaiid.'la. 22 1, 225.
<'.apita}.!:iiuii, v.dciisiiscajiifajis.
Caniaticiiiii. 7. 8.
Callicdraticuni, 222.
Cava5,nuiu, v. d'iisiLs capitalis.
Cavalcata, caballicalin, 21(),
217.
Ccnsus, 181, 182, 183, r.)(J. 222:
— ccnsus capitalis, 182.
Chantclaji^iiini, 18i», li)5.
Ciiairt'imn, 207, 213, 21 'k 215.
21(i.
C.Iiauiifoita, v. (iiictuni.
Circada, 222.
Commcndisia, commendalilia ,
20().
Coiidiu'tiis, 20(i.
('(Hifcssioncs, 22k 225.
C<trnai,^iuin, 185.
OnTafaj^iuin, 189, l'.»3, l'.(5.
(liinudiuiii, V. Paslus.
Corvida, c(irva<.,^i;i', corvata,
18!), 20(», 2()!l, 211 , 212. 213,
21k 21 C, 2 IX.
(lriaii:iiiiii, lîli.
Daiif^'^ciiiiiii, i'.t'.i.
D.'ciiiia, IXk 1X5, IXC, 1X7, IXX,
IX'.), l'.)'i-; décima ^'•l'ussa.
IX'f, IXX; — ([.•ciiiiaillata,lX7;
dcciliia miiuita, IXk ISX;
— drciiii.i de iÉiivalil»us, IXi,
lX(i ; — décima miiiierata .
1S7; décima relicta iii
— 228 —
campis, 187 ; — tractus deci-
mœ, 186.
Diablagium, 189.
Districtura, 183, 22.5.
Eniinagium, 202, 203.
Equitatus, v. Cavalcata.
Escoblagium, 201.
Espallagiuni, 201.
Excubia, v. Guotum.
Exercitus, v. Expeditio.
Expeditio, 216, 217, 218.
Exitus, V. Pedagium.
Fabiacum, fabarium, 185.
Farinagiiim, v. Molta.
Fenagium, 194, 203.
Fenestragium, 193.
Festagium, fetagium, 189, 190.
Feuagium, foagium, 182, 183,
189.
Foragium, 195, 196.
Forestagium, 201.
Forisfactura, v. Fredum.
Fornagium, furnagium, 198.
Forragium, v. Redecima.
Fredum, 225.
Frescennagium , friscinga -
gium, 185, 186.
Frumontagium, 185.
Gaitagium, v. Guetuin.
Gallinagium, 202.
Ganni, 183.
Garda, 189, 218.
Gestum, 204.
Griaria, Griagium, 199.
Guetum, 189, 218.
Havagium, Havadium. 189,
202, 203.
Herbergagium, 204.
Hostis, 216.
Imprunctus, 207.
Jnlaie, Jaugeage, 195.
Jundragiuni, 196.
Lenticulariuin, 185.
Leuduiniic, 183.
Levagium, doliorum, 194.
Lignagium, 199.
Linesium, 186.
Mnraigi; 193.
Mareschaucia , marescalciata ,
203.
Melagium, 202.
Mensuragium, 189, 193.
Messio, V. Mcstiva.
Mestiva, 185, 187, 189.
Minagium, 193.
Molneragium, v. Molta.
Molta, molitura, moltura, mol-
turengia, multiira, 189, 196,
197, 198; — molta quœsita,
197; — molta non qiisesita,
197; — moulte sèche, 197; —
moulto mouillée, 197.
Monacatus, 205.
Monnagium, v. Molta.
Mortagium, 223.
Motanagiun?, 200.
Multonagium, 186.
Numeragimii, 188.
Oblatœ, obliatœ, 182.
Oblationes, 223, 224.
Ordeacum, 185.
Paagium, v. Pedagium.
Panes consuetudinarii, 223, 225.
Parata, 201, 222.
Pasnagium, pasnadium, pas-
naticum, 200.
Passagium, 192.
Pastus, 189, 204, 206.
Pavagium, 189.
Pedagium, 189, 191, 192, 195.
Pora, 225.
Perandinatio, v. Brennagium.
Perreya, v, Ponderagium.
Pertuisagium, 195.
Pisiacium, 185.
Plat(>agium, 189, 192.
Plessagium, 200.
Plumbata, v. Ponderagium.
l'onderagluni, 181», VXi.
Pontina^Muiu, IK'J, 19:.'.
Portua^'uiiii, l«ll, 1U2,
Pm-da, 21.
l'rt'ssoragiuiu,*r.»i.
Primilkf, IHi.
Procuratio, 189, 2<U, 205.
Piuifirationes, 224, 225.
(Jnadii^^aj^^iuiii, 18!t.
tjuarragiiiiii, v. Cliarrciuiu.
(Jufsla, 211.
liachatum, v. Relevatio.
lit'dt'cinia, 18tj.
Hfk'vatio, 183, 18i.
Hi'Miaiirntia, 2<J7.
l{estalai,àum, 203, 204.
Koga coacta, 207.
Hotaj^ium, rotaticum, 180, lîKi,
20<).
Sala},'ium, 18!>, 1!)3.
Sopultura, 224.
Serjonteria, 225.
StalaKinia, 18'.), I'.l2, l'.)3.
StipulaLciuiii, 201.
Siibniùiiitio saccoruiu, 2o2.
Suporcensus, 182.
Synodus, 222.
Tabiînia^iuiii, 18'. t.
Tallia, 185, 181», l'.if,. 2(ili, 21(i,
211, 21»;. 218, 21'.».
'rfloiii'imi, tt'loiifiuiii, 1S5, UH).
l'.»l, l'.»2, l'.»i, I'.m;, 211.
TcnsamtMituiri. 20<;.
Tercola^'iuiii. r.»'K
Toiraf^iuin, k'rradiuin , 185,
18'.», 205.
lolla, tolluia, 18'.», 207,2o'.i.
Tonleium, v. Ti'loneuni.
Transvorsurn , traversus, 18!»,
1!)2.
Tyrociuiiim, v. Cavali-ala.
Vacfa{.îiuiri, 185.
Vondagium, v. Ventœ.
Vcnditioncs, v. Ventœ.
Vcntii', 183.
Viaria, viatoria, l'.»5, l'Jf).
Vicaria, l'.»H, 211, 225.
Viciacum, veciacium, 185.
Villena^ium, 183.
Viiia^num, 11»5.
Viiidt'iiiia^''iuin, r.ii.
Vindraf,'iniii, 222.
Vinericia, v. Cliarreiuni
Vullagiuni, IIM).
Lucien Merlet.
m DOCUMEiNT DU XF SIÈCLE
CONCERNANT LA BEAUCE
Parmi les pièc(?8 justilicaiives d'un livre assez récent, qui a
pour titre : Cninpngne des Anglais dans l'Orléanais, la Beaiiee
chartraine et le Gàlinais (1421-1428) \ j'ai été heureux de
retrouver un document que j'avais vu autrefois, et qui
m'avait paru alors assez important pour désirer qu'on l'insé-
rât dans nos Bulletins. Je ne sais quelle préoccupation
m'avait fait perdre de vue ce projet; nKiis en rencontrant
naguère à nouveau cette pièce historiqu(^ il me sembla,
comme la première fois, qu'elle avait pour l'histoire et pour
la géographie de notre pays, une importance capitale, et que,
dans nos Procès- Verbaux ou dans nos Mémoires , elle serait
à sa place mieux que partout ailleurs. De peur d'un nouvel
oubli, j'ai aussitôt-copie ce document, je l'ai annoté, et c'est
lui que je présente aujourd'hui à l'appréciation de notre
Société.
Ce court préambule suffit pour faire comprendre que je
n'ai point la prétention d'apporter un document inédit. Il
s'agit en effet d'une pièce connue dans l'histoire de France
sous le nom de Lettre du comte de Salishury aux Maire et
aldermens de la cité de Londres; ou plutôt, ce qui nous inté-
resse, c'est moins cette lettre elle-même qu'une liste (pii lui
est annexée, et qui contient le nom des villes que le cajji-
taine anglais se vante d'avoir emportées de vive force, sur
les troupes de l'infortuné Charles VII. La lettre n'a pour
nous qu'une importance secondaire ; mais la liste nous inté-
< Par .M'i« Amicif do Villarct, 1(18 |i. iii-S". II. Ilnliiisoii, Orléans, 1S03.
N" 1,079 de la Bibliothèque de la Soc. archéol. d'E.-ct-L.
— •2M —
resse au premier chel'. |iiiis(jiic sut- :;s imiiis. 'Jl d |i('iil-otre
nièiiie 22 ou 2'.i, appartieiiiiciit au territoire couipris auj«>ur-
d'hui dans le il(''pai'teiiieiit d'I^ure-et-Loir '.
('ell(^ liste ai'K' publiée polU" la preuiièfe lois par M. .iules
Delpit, dans lu C.olh'i-tion f/rmh'nh' drs tlociinirnls l'rnnrnis i/iii
sff troiivriif l'ii Aiii/Irtcrrr (p. 2^37). M. Aut;. Louirnoii, arclii-
viste aux Archives iiati(»nales, la lui a ciiipi-untc'e pour son
savant nu-moire sur /.rs limites tir In hriinn' (Revue des
(piestioiis hislori(|ues. Octoijre 187."), p. 1.S7). M"" A. de \illa-
ret l'a donnée en pièce Justilieative dans la Cun/ini/iio tli's
Aiii/lnis, (p. 1 12 . Il ne sei'ait donc ni \rai, ni loyal de vouloir
attriliuei' à cette |»i('ce la saveur de rini'dit. Si. ajiri's les
trois pul)licali(ins pré'cc'dentes. j'en i)ropos(> uiu- (piati-ii-mo,
c'est ipic c(dle-ci sera, non jias //'/ iisinii Iicliihinl, mais .id
iisii/ii ( '.nriiiilriisitiin, c'est-ii-dirc (pi'illc sera laite il un point
de \ ne exclusivement local, et iwvo. des annoiatioiis qui ne
peuvent a\oir d'intérêt ({ue pour ^Ir^ ('liai'li'ains.
M. Loui^non a cherché' à ideutilier les noms de celle liste,
(pu sont presque tous d(''liiiur(''s et mécounaissahles dans
l'original. Son expérience de paléograijhe l'a heureusement
servi dans ce dillicile travail, et il faut dire à sa louaufre
(pi'uu étranger à la lieauce ne poM\ ail ]ias l'aire mieux. Tou-
lefois, sans Miuloir mettre en |)aralléle mon incompétence
en jiareille matil-re avec la science de ce niailre consommé,
je me permets de conirôh'r- plusieurs de ses identilicalions,
d'eu contredire quelf(ues-unes, et d'émettre des doutes sur
d'autres. La partie neuve de ce travail consiste donc dans les
commi'Utaires doui Jaccomiiaj^'iie la plupart des noms de
cette liste.
l'oiii- remire ;i cliai'im ce (pii lui esi di'i, sans confusion
|iossil)le. j'ai adopté- la disposition suivante. I-]ii [uemii're
ligne, soid les noms tels (pi'on le^ jji dans rorJLjinal anglais;
les |»ai'entliéses accoh'cs ;i plusieurs de ces noms sont l'fiMivre
de M. LoMLîiion, (jiii redresse ainsi rim'orreclioii du prender
copiste, j'ji regai'd sont les noms modernes a\ec lesipnds
M. Longufui croit jjouvoir ideutilier les n<uns du texte
' La Irftrr' (!<■ S.iiisliiiiv ii;i\.iiil |i;i>- iiii r;i|i|i(iil ilm-cl avec Ir |Pi("-riii iim iiiiiirf,
ji- n'ai |ioiiil II II ili-Miir fs iiisriri' ; iiiai> iihiiiik' il <-s| tait alliiNinn |i|iisiriti-s
Ibis à (clir ji'tlrc, mi la Iroiivria f.'ii appciMiicr', sons ioriiu' dr |ii<''ti' jnsliliiativi'.
232 —
anglais. Avant chaque nom, j'ai placé un chiffre auquel cor-
respond on note un chiffre semblable, sous lequel se trouve
Tobservation que j'ai cru devoir faire sur le bien-fondé de
l'identification proposée, pour Tappuyer ou la combattre,
selon mon appréciation personnelle. Le lecteur appréciera k
son tour; ayant ainsi sous les yeux les pièces du procès, il lui
sera facile de formuler son jugement, qui pourra bien n'être
en faveur d'aucun des deux interprétateurs.
1. Nogent-le-Roy.
2. Sacha-Nœf.
3. Movmteney-Ie- Gavoron
(Mounteney-le-Ganeron) .
4. Mono (Meno).
5. Laffarte, Veemillc ( Laf-
ferté-Veenulles),
6. Seint-Simond.
7. Percheras.
8. Larey ne ville.
9. Machevillc.
10. Patoye.
11. Euville (On vile).
12. Envyle.
13. Laposott.
14. Towdy (Towry).
15. Basscosse-la-Galarand.
16. Prapcryc.
17. Harteney.
18. Saint-Ely.
lii. Emondvillc.
20. Introvillc (Intrcville).
21. Roveray, Seint - Dcnys
(Roveray-Saint-Dcnis).
22. Aleyit (Ablyt).
23. Rochofort.
Nogont-le-Roi (Eure-et-Loir).
Chàteauneuf-en-Thimerais (E.-ct-L.).
Montigny-le-Gannolon ( Eure-et-Loir).
Manon (Eure-et-Loir).
La Ferté-Villencuil (Eure-et-Loir).
Samt-Sigismond (Loiret).
Porcheresse, château, commune de
Saint-Sigismond.
Renneville, h., commune de Saint -
Péravy-la-Colombe (Loiret).
Marchéville (Eure-et-Loir).
Patay (Loiret).
Honville, commune de Boisville-la-
Saint-Père (Eure-et-Loir).
Houville (Eure-et-Loir).
Le Puiset (Eure-et-Loir).
Toury (Eure-et-Loir).
Bazoches-les-Gallerandes ( Loiret) .
Poupry (Eure-et-Loir).
Artenay (Loiret).
Santilly (Eure-et-Loir).
Ymonville ( Eure-et-Loir ) .
Intrcville (Eure-et-Loir).
Rouvray-Saint-Dcniis ( Eure-et-Loir).
Ablis ( Seine-et-Oise ).
Rochefert (Seine-et-Oise).
24. Bruk'court. Bivlciicourt, coiunnini' de Saiiit-Martin-
dt'-Brék'ncourt ( Sfiiif-f t-Oisi').
25. Lanioti'-do-.Mcrcoyc.
26. .\nij^'t'rvill<' -»la - Gati* Anj^t.'rvillc (Sfiuc-ft-Oise).
(.\iiii^'fi-yiHf!.
;.'T. Etrt'villt' (Otrt'villi'i. < (yiicvillc, liaiiir.ui il .Vii^'t-ivillf Scine-
ot-( )is(').
2S. Saiiitt'lyoïî iSaint-El [erj Saint-Ililarinn |Sc'iiic-et-Oiso i.
you ■.' )
21). Ti'veinc (Tevernon). Tivernon (Loiret).
3<>. Terinenerys. Terminiers-en-Bi-auce (Eure-et-Loir).
3L Sowche. Soug:y (Loiret).
32. Nowy. Neuvy-en-Boauce (Eure-et-Loir).
33. Gratelync.
3t. Cranys (Tranys). Troy^ny, conuiiune d'IIutHre (Loireti.
35. Cran j,'re ville (Tranj^^re- Trancrainville (Eure-et-Loir),
ville).
3(). .Mansuflera. La Mancelière (Eure-et-Loir).
37. Yenville. Janvillo (Eure-et-Loir),
38. .Meuu-.sur-Loire. Meung-sur-Loire ( Loiret |.
1. .\()^''i'iit-le-H()i. loinhe aux mains des Auj^lais eu Ik'l. repris
par (liraud de La l^allière en 1427, fut emporté par Salisbury au
ililuil de la eampayfiie de 1428, c'est-à-dire vers le mois de
juillet.
2. Chàteauueuf a partagé les différentes fortunes de Noj^ent-
lo-Roi.
3. Monti}^'ny-le-Gaiiiirl((ii. ^vàvv à sa position et à une enceinte
de nuu'ailles, était (•(iiiiiur une petite place forte.
4. M. l,niij.îiitiii a lu M.iijun ]i(iur Mniioii, (\\n, je ciois, n'est pas
en cause ici. 11 est facile de voir (ju il y a un certain ordre topo-
^Taphitpie dans cette nomenclature ; il n'est dune j^uère adnds-
siltle ipie le nom placé enli'e ceux (le .Monli^'ny et de la Kerlé
indique une localité du Perche, h'ailleurs, on connaît l'ilinéraii'e
■'Uivi |»ar l'armée de Salishury, et le i'erclie est complètement
en ileliors de cet itineiaire.
5. Le ti'Xle orij^Mnal faisait deux places dilTel-eiites de I .iilïitrti'
t de Vccnullc. M. Longnon a uni les deu.x noms pour n'i-n faire
— 234 —
qiruiii' place. 11 est hors de (Idutc que I;i Fcrté-Villoneuil, alors
ville fortifiée, après avoir été occupée une première fois par le
roi d'Aug'leterre en 1421 , fut prise de nouveau en 1428 par
Salisbury. (Histoire de Charles VII par Vallet de Virville, I,
p. 273.)
6. L'auteur do la liste a écrit ce nom tel qu"il l'avait entendu
prononcer par les habitants du pays. On dit encore aujourd'hui
plus fréquemment Saint-Simond que Saint-Sigismond, qui est
le nom authentique.
8. Dans son savant Mémoire sur le Compte de l'armée anglaise
au siège d'Orléans (1428-1429) M. L. Jarry propose, au lieu de
Bciiiwvillc, La Rai n ville, paroisse de Villampuy, qui avait alors
château et tour fortifiée. (Mémoires de lu Société archéologique de
l'Orléanais, XX II I, p. 514.)
9. Le môme auteur, loco ci tut o, propose de lire Machelai mille,
commune de Péronville, au lieu de Marchéville, qui est en effet
bien éloigné de la Beauce orléanaise, dont font partie les loca-
lités qui précèdent et qui suivent. Machelainville était un manoir
féodal, flanqué de demi-lunes, entouré de larg-es fossés. Un aveu
de 1587 dit que cette tour « était une forteres&ye renommée dans
les guerres intestines.» Quoique les fortifications soient détruites,
Machelainville conserve encore quelques vestiges de son passé ;
on l'appelle communément le « Chàteau-Rasé ». Je partage
entièrement l'avis de M. .larry pour cette identification et pour
la précédente.
10. J'ai trouvé dans des actes notariés de 1550 la preuve que
Patay avait encore fossés et murailles de défense au XVI» siècle.
Salisbury, en prenant cette petite ville, était loin de penser que
Fannée suivante, l'armée anglaise subirait non loin de là une
défaite qui vengerait Azincourt.
11. 12. Ces deux attributions doivent être acceptées sous béné-
fice d'inventaire. L'armée de Salisbury ne parait pas avoir
pénétré dans le Chartrain, et cette pointe, en dehors de la ligne
(lui'llc a suivie constamment, est d'autant moins admissible
qu'il n'est fait aucune mention des localités intermédiaires entre
la Beauce orléanaise et ces deux villages, qui sont au cœur du
pays chartrain. Li^s noms de lieux terminés en ville sont assez
communs dans cette contrée, pour que le scribe anglais, les
confondant les uns avec les autres, n'ait écrit qu'approximati-
vement les noms qu'il voulait consigner.
13. Le Puisct conservait encore à cette époque quelque cliosc
lie cette foire qui lui avait permis dr tenir Itni^^temps en t-ehec
larmée de Louis-le-Gros. Mais sa i,Mniis(ni rtait trop pt-u nom-
ln'fUSf pour ivsistiT à une ai'nit'M'. Salisltuiv. abusant df sa vie-
toiic, lit pi-ndii^tous ses déffusi-urs.
14. La petite plaec de Toury avait p(Hir citnnnamlant (icrard
(iii (iiraud de la Pallit'ic qui, lanuri' pii-ccdcnti'. avait ••nlcv»''
plusieurs places aux Anj^lais. Maigri'*' !^;i bravoure éprouvt'i', il
prit la liiiti' jutui- des raisons <pic riustoirc ne dnimc point,
laissant la «jfarnison à la nierc-i tluii vainipn-ur qui ne connaissait
^'uèn' la eléniencc. Toury ofliit di- cajiitulfr. mais Salisbury
préféra le IxMubarder et le brùlci-.
15. Bazoelifsdes-Gallerandes, d.KM) hab.i canton dUularvillc.
arrondissement de l'ithiviers 'Loiret).
16. l'oupry. connue Sanlilly, Ynionville etc., n'avait probable-
ment pas d"aulre moyen de défense qu'une rglisi' t'ortilit'-c, s(don
lexpressicui de la lettre de Salisbm-y. (>ertains clocbers de Heauce,
tels que celui de Kouvray-Saint-Denis, sont des tours massives
dans les(pielles une poi_t,mée de soldats déternunés pouvaient
impunément résister aux elTorts dune troupe ennenne; mais ce
n'étaient pas des obstacles capables d'arrêter une armée
entière.
17. Artenav, (l.(J<MJ liab.i, chefdieu de canton, arrondissement
d'(.)rléans.
18. Saint-Ely. Si le texte porte ce nom iMiit ainsi m deux
mots, ne désiti^nerait-il pas plutôt Saint-Lyé (Loiret), qui est aussi
jtrés d'.\rtenay que Santilly ".'
21. Houvray-Saint-Denis. Le texte avait fait de Rouveray et
de Saint-DeiMs deux localités différentes. En rappidcbant les
noms, M. Lonu^non n'en a fait qu'une ; celle-ci devait Tannée
MÙvante être le théâtre de la Jonnit'o des Havoims.
22. Le premier copiste avait lu Muyit . M. Loniruon en exann-
Mioit le texte plus attentivement y a lu Ahlyt i\\\"\\ traduit avec
raison par Ablis |!MI() bab.) canton de Dourdan. arrondissement
de Mamboniili't iSeine-et-Oise). La prendére lecture aurait plutôt
senddé indicpier .MInyes (pu «>st beaucoM]i plus éloij^nie de cette
li.Lrne d<'s opérations.
23. Hochefort, (OUO bab.), canton di- iJourdaii, arrond. .|r
i{and>onillet. fSeine-et-« )ise).
24. Hretenconit. .\iijourdliui S;unt-Marlin - de- lUétencourt
^y'U) iiab.), canton de Dourdan, arrondissement de |{and»ouillel.
— 230 —
25. Lamote-de-Mercoye. M"" de Villaret écrit />« Mnlc ,■ lautre
version seml)le plus probable, quoique Ton ne puisse appliquer
ce nom à aucune localité connue aujourd'hui. Le département
d'Eure-et-Loir compte 16 hameaux du nom de la Motte, mais
aucun ne se trouve dans cette contrée de la Beauce ; le plus
rapproché est près de Bazoches-en-Dunois. Le surnom Morcoyo
fait penser à Mérasville (Frasiiay-F Evoque), à Mérouvilliers
{Ymonville) et à Muvvay, [Guilleville) ' qui sont dans le voisinage;
mais la terminaison ne permet pas de s'y arrêter. Il est probable
qu'il s'agit d'une localité du Loiret, ce qui nous rend l'identifica-
tion impossible.
26. Angerville, (L500 liab.) canton de Méréville, arrondisse-
ment de Rambouillet, a porté le surnom de la Gâte jusque dans
les premières années de ce siècle.
27. Oytreville étant un hameau d'Angerville, il est assez
naturel de penser que c'est ce nom qui correspond au nom
Otreville du texte anglais. Pourtant ce nom pourrait tout aussi
bien convenir à Outrouville, hameau d'Allaines, qui s'est long-
temps écrit Outreville.
28. Saint-Hilarion près d'Epernon me semble i?i peu admissible.
Le texte porte Saintelyon ; M. Longnon suppose les lettres er
entre el et yon, probablement parce que l'original a une lacune,
un blanc en cet endroit : il arrive ainsi à avoir Saint-Eleryon
qu'il traduit par Saint-Hilarion. Mais je crois que Saint-Hilarion
étant un peu loin, il vaut mieux chercher plus près et proposer
Santilly par exemple, Saint-Lyé, ou encore Lyons-en-Beauce
qui sont dans le voisinage, et dont la consonnance se rapproche
de Saintelyon autant que Saint-Hilarion.
29. Tivernon, (500 hab.) près Toury, commune du canton
d'Outarville, arrondissement de Pithiviers (Loiret.)
30. 31, 34. Terminiers (Eure-et-Loir), Sougy (1.000 hab.) et
Trogny, hameau de Huôtre (Loiret) se trouvaient sur le chemin
' On sera surpris que je trouve une cerlaiiu; ress(!uiblaiic(î entr(^ Marray et
Mercoye. Je base le r;tp|)rocliein(Mit de ces deux noms sur les observations sui-
vantes. Dans cette partie de la lieance, le son cr est très souvent reniplacr. par
le son ar : on dit encore aujourd'lini Taimiuiers, Jarmignonville pour Termi-
niers, Germignonvilk' . De pbis la terminaison ny, ai s'écrivait pres(|ue toujours
oi : il était. Nous en avons une preuve dans ce document même où Patay est
écrit l'aloyc. Mercoye peut donc très bien être écrit ici pour Marcay dont la
parenté avec Marray est visible. 11 n'y a plus qu'une lettre ijui dilÏÏTe. L'écrivain
anglais ou sou copiste ont pu l'aire cette erreur.
•2'M
(le Janvillf à Patay. i-t par consL'qufiit sur li' clicmin de rariin'c
aiif^laisi', foiiiini' laiinri' suivante, ils se Irouvèn'nl sur le che-
min de Jeanne d'Ai-c, l()rs(]n'cllc rt>eonduisit pi-t'cipilannni'nt la
in('*nie ai-niée dç Falay à Janviile.
32. Nenvy-ôn-Beauce nous ramène fort en arrière, et pourtant
il est dillieilc d'intiTprt'lt'r autrcnn-nt le Nowy du texte anglais.
Il est certain d'ailleurs quun cure de Neuvy fut pendu par les
Anglais à cette époque; mais on ne sait s'il s'agit île Neuvy-en-
Beauce.
33. Aucun nom de localité beauceronne ne rappelle aujourd'hui
le nom <le Cratelyne. La lin de ce mot pourrait faire penser à
Allaines, mais le commencement ne permet pas de s'y arrêter.
36. Miinsiillt'ra ne se rajiporte à aucune des localités qui (existent
aujourdliui dans cette partie de la Heauce. et il vaut nneux ne
pas ideiitilier ce nom (jue daller chercher La Mancelière sui' les
contins de la Normandie. Pt!ut-étre pourrait-on y voir Le Mnzti-
rirr. mannh- seigneurial de la paroiss»> de Loigny, qui est devenu
|>ai- la suite des temps le château de Goury ; nuiis je ne ]iropose
que hien tunidement cette interprétation'.
37. .lanville fut attaquée par le gros de l'armée , pendant que
des colonnes volantes allaient s'emparer de places moins impor-
tantes, (jette ville se défendit et se laissa h(uuharder. La résis-
tance, orgaidsée par Prégent de Coétivy , fut acharnée, si on en
juge i)ai- la lettre même de Salisbury qui dit s'être appi'oché
plusieurs fois de cette ville, et ne l'avoir emportée qu'après le
plus fort assaut qu'il vit jamais. La jilace se rendit le Dimanche
2U août ; c'est du moins la (hite la plus jirohahle, car les dates
précises des (q)érations de cetti' can)pagne n'ont jxiint été
conservées par l'histoire. Les soldats qui défendaii'ut la ville se
retiièrent dans la tom-, mais ils furent liientAt forcés de se
rendre à disci'étion.
L'armée anglaise lit de Janvilli' le centre de ses appitivision-
nements ; mais le h-ndemain de la bataille de Patav. les vaincus
' On III' doit poiiil |iii'iiiln' lio|i à l.i lettre ci; que je (loiiiie coiiiiiie iiii|tio-
Itahle ;'i i;\n>r île réloi.mieiiiriil île la li<,Mie i|iie siii\ail Salisliiii y. On |ieiit ailiiiellre
en elli't i|iie des ra|(ilaiiie> il:- roiilieis aii\i|ih'U on lai>Nait nue certaine iiiilé-
|iehilanre ont pu, |iar un hardi i'Oii|i de iiiiiii, s'eni|iai'ei- de La Maiirelière,
an délinl de la ram|ta;^ne, et Salislmry, ayaiil oiililiéde |ilaeer ce iiniii aii|irës de
eeliii de (■.liàtiMiiiieiit, l'a eon^ij^iié iii à liiiit liavard. (l'est sans doute à eaiise
dr l.a Manielièie ijiie M. h(iii;,'iiiiii donne l'Avre roiiime |i()iiil initial de retle
iain|ianiie loco rihiln. \i. 'iH(i.) Ce (jiii est certain, c'evi i|iii' le |M'iiici|ial iHnrl
des .\iij{lais s'est |iiitiii|ileinenl poilé vers la Heaiice.
— 238 —
s'étant sauvés précipitamment jusqu'à Janvillo, les habitants
leur en fermèrent les jjortes.
38. Salisbury ne s'empara pas en personne de la ville de
Meung. Un détachement de son armée alla chevaucher de ce côté
dans les premiers jours de septembre, et la ville se rendit sans
résistance.
Salisbury, dans sa lettre, parle de 40 villes ou châteaux
conquis par ses armes ; il n'y en a en réalité que 38, mais on
remarquera qu'ayant séparé Saint-Denis de Rouvray, et Vil-
leneuil de la Ferté, il devait trouver exactement le nom-
bre quarante. Dans le nombre des 38 places tombées alors en
sa possession, on n'en trouve guère que 5 ou 6 qui soient
dignes du nom de ville, et autant qui étaient des lieux plus
ou moins fortiliés. Les autres n'étaient que des villages sans
défense dont la prise nous rappelle la réflexion si juste d'un
de nos poètes :
A vaincre sans péril on triomphe sans gloirq.
A la lecture de cette lettre, les honorables fonctionnaires
de Londres ont pu croire que leur compatriote était un émule
de César et venait de renouveler les exploits racontés dans
le livre De hclJo r/nllico ; la liste qu'il a dressée réduit ses
hauts faits à leur juste valeur, et nous permet de conclure
que le capitaine anglais avait la gloriole facile.
Tel est donc ce document qui m'a semblé n'être pas sans
intérêt pour l'histoire de notre province beauceronne.
L'orthographe plus que fantaisiste des noms qu'il nous a
conservés ne nous permet pas d'en tirer tout le profit que
nous aurions désiré. Quelques-uns seulement de ces noms
sont reconnaissables à première vue ; d'autres sont déchif-
frables après quelques recherches, mais i)lusieurs sont si
singulièrement défigurés qu'où les croirait étrangers à notre
contrée, si on n'avait pas la certitude qu'ils n'appartiennent
pas à une autre.
J'ai donné mon opinion à leur sujet, non pas pour contre-
dire les interprétations précédentes, mais parce qu'il m'a
semblé qu'un beauceron avait bien le droit de dire son mot
dans la ({uestion. lùiliH' r()[)ini()ii de M. Longnon cl la mienne.
— •j:;'.i —
quand il y a dix t'i'iiciicc. If Icciciir i)(»iirra choisir: iinil-rtic
iiiriiH- (loniicra-l-il l<»ri à ruiic <'t h raiilro, en en |)r(>i)osaiit
une iroisièiuc* ((u'il croira plus ratioiiiicllt'. l-]ii «c (|ui inc
concerne. Je ifc If troiivei'ai pas mauvais, el je serai uièuie
reconuaisMant ;i cet heureux o'dipe, s'il veut hieii nie faire
connailre hi solution ({u'il aura iloiiiK'e à ces curieux ]iro-
blènies onoinasti(iues.
Puisque l'occasion sen prt'seute, J a[)p(dlerai latteiiticui
(les Jeunes travailleurs de notre Société sur Iftudf des noms
anciens (lu pays cliarlrain. ils uni eu des pr(''curseurs dans
cette voie. M. Lucien Mcrlfi a consacré à ces n(jnis une de
SOS premières œuvres, sous le titre de niclioiinnirc Iojkxh'h-
j)lii</iir (In (li'jiiii-h-niriil <l' Hiirc-cl-Luir ' et M. Ed. Lelevre.
dans s(vs Documents histori(iues el statistiques sur les com-
munes - aixtrde incidennnent celte (question toutes les l'ois
que le nom de (pielque localité se présente sons sa plume. •)»•
connais ces onvray,'es et Je rends Justice à leurs mérites res-
pectifs ; pourtant Je crois qu'autres eux il reste encore beau-
coup à faire, et (lu'il y a lii une veine dont on a commencé
l'exploitation, mais (pii est loin d'être épuisée. T'n diction-
naire étymoloiii(pie et interi)rétatif des noms anciens de la
Heauce rendrait les plus L;-rands services,
Ce (pli le i)rouve. c'est l'embarras où se trouvent tous ceux
qui ont a tiaduire ou à commenter quelque vieux texte
contenant des noms de localités. Malgré toute sa science de
paleopraplie el le concours éclairé de son jti're. (pii ne lui a
pas lait dfiaut. M. Kfn(' Mcrlcl s'est vu dans ce cas. lors(pril
a publie- la l'riiir i-lifoiili/iir (II- /yo/yyvcr.v/ (Mémoires X. p. "JcS).
Il donne en ap[iendice le commencement du texte de la
l'rliir chi-oiiii/iic où fourmillent les noms de localit(''s. il a
i(lentili('' un ^raiid nombre de ces noms, mais iiarfois il ne la
fait (pi'en h(''silant. et itlusieurs ont écha|i|i('' ;i toute identi-
lication.
Depuis les travaux de M. L. Mrrlel el de M. Lef<'\ re. on a
(''dit('' plusieui's carlulaii-es (pli uni apporte de iiou\eaii\ ele-
' "J.'ii \\. iii-'i". I';iri^, iiii|iniiiciii' iiii|n'ri;i|('.
- riil(li('-i (I.Éiis h- \iiiiii,iirc>^ (lu (i('|(,iilriiifiil (fKiii('-('l-Lnii' il'' isiii;i IS77.
puis iiMiiii> fil Miiiiiiir. Olli' |iiililir,iliiiii a t'ir iiiIrmiiiipiH' a\aiit ifrlri'
coiii|iIi;Il'.
— 240 —
ments à la topoi?raphie ancienne de la Beauce, du Perche et
(lu Danois. Ces savantes publications sont toujours complé-
tées par des tables, où les noms de lieux cités dans les docu-
nienls originaux sont consciencieusement étudiés ; mais les
rédacteurs de ces tables ne connaissent qu'imparfaitement
les pays où sont situés ces différents lieux, parfois très éloi-
gnés les uns des autres, et comme ils n'ont aucun guide pour
les diriger et éclairer leurs recherches, ils n'avancent que
d'un pas incertain dans ces régions où les voies ne sont pas
tracées, et malgré toute leur prudence il leur arrive de com-
mettre de véritables erreurs '.
Il me semble donc incontestable qu'un travail approfondi,
raisonné, et autant que possible documenté, sur les noms
anciens, serait un auxiliaire très apprécié de ceux qui se
livrent à l'étude des vieux textes. Ce travail, du reste, sans
se borner exclusivement aux noms de lieux, pourrait
s'étendre à tout ce qui fait partie de l'archéologie topogra-
phique, aux lieux d'habitation disparus, aux limites desy^v///,
aux traces de demeures souterraines, etc. La statistique
archéologique de M. de Boisvillette n'embrasse que les pé-
riodes de l'indépendance gauloise et de la Gaule romaine; on
pourrait la continuer et la conduire jusqu'à la fin du moyen-
âge. Il est vrai que certaines parties de cette statistique n'ont
subi aucune modification en traversant les siècles, telles sont
l'hydrographie, l'orographie et en grande partie la stratigra-
idiie (voies militaires et publiques). Mais d'autres ont subi des
modifications profondes, ou bien elles sont postérieures aux
époques précédemment étudiées v. g. les monuments, ces
curieux témoins de son passage que chaque siècle a laissés
après lui avec des marques qui le caractérisent. De plus la
statistique de M. de Boisvillette a laissé de côté l'histoire
naturelle et presque tout ce qui s'y rattache ; or plusieurs de
ses branches pourraient rentrer dans une étude sur la topo-
graphie ancienne, comme la paléontologie et même la géolo-
gie; on pourrait en un mot donnera ce travail jjresque toute
l'extension qu'on donne aujourd'hui à la géographie, et
l'appeler Géographie de l'ancienne Beauce.
* Sans avoir la scieiicf des ('diteurs de nos cartidaiiTs, je émis avoir décou-
vert quelques erreurs de ce i^enre, couceriiaut les lieux que je coiuiais parti-
culièrement, dans les cartulaires les plus récents.
— 211 —
Cetto proposition. Je le crains, nv paraîtra (piiiiic iilopic
plus on moins irrôalisablc. Klle ponrrait i-cpcndant aincnor
(les résultats ntilos, si rllc («tait firisc au sôrionx par {pu'l(|uo
Jeune travaillcjir (pii n a point cncon' de l)ut (létcrinin»-. Il
sortirait dosés recherches un travail (pii ne serait ni sans
l>rn(it i)i)iir la science ni sans ji-loirc j)oui* son auteur.
I. 2. LETTHK DT COMTE DE SALlSBlin AIX MAIHK HT
ALDEIHMKN DE LA CllK DE LONDRES'.
Très fidèles ot très chors amis, nous vous saluons très eordia-
leniont, et connaissant parfaitement votre inii)atience d'avoii- de
bonnes nouvelles de la j^uerre «pie notre souverain sei_t,'neur
a entreprise pour conquérir le pays ennemi où nous sommes
présentement, nous vous informons (pie (lei»uis notre retour en
France, nous avons remporté des avantages considérables dont
je ne cesse de remeirier Dieu, le suppliant aussi de nous conti-
nuer ses miséricordieuses faveurs. Après nous être emparés de
plusieurs villes, cluUeaiix et forteresses, nous sommes allés
mettre le siège devant la place de .lanville et, après divers tra-
vaux d'approche, huit jours après, le dimanche 111, nous avons
conquis ladite place de Jaiiville après le plus formidable assaut
que Udus ayons jamais vu. Après quoi nous avons également
sounns à robéissance du Hoi un grand nombre d'autres villes,
(•lu\teaux et églises fnrtidèes. Dieu en soit IdUi- ! Quelques-uns
.se sont rendus, d'autres ont été pris de vive force ou de tout
autre manière, Ils sont au nombre de H)\ Dieu en soit béni. El
aussi clia(pie jour nous regagnons à force de peine et île fatigue
qufiquc nouvelle portion du tei"i"itoii'e. Nous serions heureux
d'être soutriiu ilans notre hiin'in- |i;ir i|iiil(|ii(s-unes de vos lettres
et nous vous demandons île nous continuer votre bon vouloir,
comme nous aussi, ferons, comme pai- le |)assé. ce (pie nous
pournms pour le méi-iler. Nous pricms la Sainle Trinité de vnus
gardi-r snus sa pnitcctidu.
Ecrit à .lanvillr \r \ " jnui- de septendu'e.
Lk coMii-; m; S.\i.ism un i r m i'inciii .
' Jf lie ilomii' il I i|iii' Il Ir.iihii liiiii ilr ir ilociiriii'iil niil rii iiii aiiclai-
arcliiiïi|iic assc/ ililtinii' à riiiii|in'mlif. il, ilc plus, fntl nlisciiit'iiu'iil ivdi^'t'
(Noie ilf i>|i''- ili- Villaifl à la(|Ui'll.- ci-llf IrailinUnii r>t riii|Hiiiil«M'.)
T. Xil. ,1/. ir.
242
Item, nous vous infoniions qu'apivs avoir ôcrit ce qui précède
nous avons su que notre frère, sir Hicluinl Hankeford, que nous
avions envoyé devant les ville et château de Meunfi^-sur-Loire
s'y est, par la g-ràce de Dieu, si bien employé, qu'il a mis la
ville, le château et les habitants en robéissance de notre Souve-
rain Seig'in'ur. dette ville et c(' château étaient abondamment
fournis de défenseurs et suffisamment approvisionnés. Dieu en
soit loué ! et nous retrouvons en cette circonstance la continvui-
tion de la protection divine. Cette ville a vm très beau jjont sur
la Loire et est située à environ cinq lieues d'Orléans.
Abbé Sainsot.
(:iIl!')\i)L()(iIK
Il F. s
mr.MiEns si:iG\Kur,s de cour.v
NOTICE GENHAIOr.KHK
-s»<j-
COUHVILLE ET VIEUXPOXT
La |ii<'((' la plus aiifieiino cl la jilus iin|i(trlaiit(' du (oikIs
de la sciiriu'urio de Courvillo, aux Archives (IKuic-ol-Loir,
esl un aveu de l.'îCiC) (pic Udus avons rollalKMinc sur dinV-rciilcs
(•(»|ii('s pou (orrcclcs i-l que nous d(jnnuns in extenso ;i la lin
de ee travail.
Les Aicliives i\\\ Calvados ne reuremient pas de docuuienls
anciens felatils à la seliiueurie de \ieuxpont-en-Au^'e, Ix-r-
rcaii ili' la famille (jui nous occupe. Ctdles du depaiMenieiit
de l'Kure |»ossèdelit le fonds très riche de la SeiiiUeurie ilil
('haniii-de-Halaille dont le chàleau servail de n'sideuce aux
seiLîiu'Ui's du Neuhour;.!'. Nous y avons trou\ ('■ (\r>^ pièces du
plus haut inU-rèl relatives à hes de ^■ieuxllonl-Harc<ulrI.
Les archives (h- la famille avaient suivi, au château du
«haiiip-dc-Hataille. rain(' des lils ih' ce l\es. (pu, «hdaissant
<'uui-\ilie il ses fii'res. a\ail coiiscr\c le NculMtui'ii'. Mallieu-
l'eusemenl ces archives ne reimuilent pas au-delà (hi
\V sii'ch'.
i'arnd les sources auX(iuelles nous avons eu recums, U'ui^
pouvfUis citer les nianusciits de la Collection des 'l'ilres de la
l!ililioihi'(pie nali(uiale. les Cartulaiies de imv ancirunes
dil)a\'es. el jr l'iicur (h' Momhuivilh'.
— 244 —
M. Bourbon, archiviste do l'Eure, a obligeamment mis à
notre disposition les notes (ju'il avait prises sur certaines
pièces des dossiers du fonds dn Champ-dc-Iiataillo, non
encore classés, et M. de Lyéo de Helleau, conseiller général
du Calvados, allié à la famille de Vieuxpont, nous a confié
les documents que M. Bénct, archiviste du Calvados, avait
rassemblés à son intention. Nous adressons tous nos remer-
ciements à ces Messieurs.
Les auteurs qui se sont occupés des Vieuxpont-Courville,
y compris Larroque, sont unanimes à aliirmer que les
membres de cette famille portaient «■ confusément » ces
deux surnoms. Néanmoins, d'accord avec les titres de nos
cartulaires, nous préférons établir une distinction.
SEIGNEURS DU NO:\r DE COURVILLE
I. Le nom du ])romier seigneur de Cuurville ne nous est pas
parvenu. Il vivait dans la seconde partie du x'' siècle, était
un des fidèles et probablement des proches de Thibaut-le-
Tricheur; il relevait de lui, et la forteresse de Courville,
comme la plupart des places fortes des environs, se rattachait
au système de défense des frontières de son comté.
De ce Seigneur :
1° Ives, deuxième seigneur de Coin-villo, ci-après;
2° Otran, qui donne naissance : 1" à Gautier ; 2° à Ives,
mari de Basilissc, ncn^ou et futur héritier de Gaston de
Cliàtoauneuf, (ils du grand Gaston, ainsi mentionné dans
une charte de Coulombs non datée, relative à la dime
dt> (^ludct.
II. Ives, deuxième seigneur de Courville, se trouve men-
ti(niné vers 1025-18 dans la charte de donation de l'église de
Chuisnes, puis en 1042-44 dans le titre de fondation du
prieuré de Saint-Hilaire-sur-Yerre avec Raoul, son fils, et
Ives son petit-fils, fils de Ives de Beaumont. Dans cette charte
(xxii" <hi cart. de Marninuliei' pour le Duiiois) le seing de
— -il." —
Ives est i)l;ic('' le troisii'iiic. le si'iiiy; du roi (•i.iiii If itrciiiicr
et relui du comte Thih.iult le second ; (ju.int au seiu^^ de
Ivaoïil, il \icni.lr cintiuièiue avant celui dr iluirnes. vidanie
de Charlros. — » Dans la charte de Villeberlbl <le l(il'J-r)-J. du
uu'Mue cartlilaire, Ives de Courville, seijjfneur dominant ,
ll^ui-e avec ses entants : flii'oie. Raoul, Ives et llu}^'ues. — En
jti.V). il fait donation à Cliuisnes du moulin de Tranchesac
|iour le reiios de son àme. de c(dle de oirau. son iVere. de
Aiiallii'. sa femme, el de tous ses lils et lilles.
De sa femme Agathe, ives eut. entre autres enfants :
1° (liroie, troisième soigneur de Courville :
2" Ives, ti^e des comtes de Beaumonl-sur-( lise, qui
souscrivit la charte de confirmation accordée par le roi
Rohert à lahhaye de Coulondjs, mort en lOlll ;
3° Raoul ;
4° Hugues, dont le fils Hugues est mentionné en W'M^
dans le Cartulairc de Tiron ;
5° Thibault ;
fio Simon.
III. Giroie, troisième seigneur de Courville. époux de
riiilippi'. dont la filiation. i»récédemnient (Hahlie, se trouve
conlirmée par l'acte de cession (ItHK) des di'oits de supé-
riorité qui lui appartiennent sur les huit chanoines fondés jiar
Ives son |ii'rc. — 11 se (pialilie de ])ossesseur de la forteresse
de Courville dans une donation (ju'il fait vers li)77-SO. à
rahlx" Barthélémy et ses religieux, de l'église de Saint-
Ni<-(das de Coin\ illr. du consenteiiiciii de sa femme l*hilii>pe
et de ses frères Thibault et Simon. — La date de KUt.VDS
attribu(''e par M. Mabille ;i la ch?irte d<' donaliiui de l't'glise
de Sainl-Avit, du conseuteiiiciit i\f ('.jroic ,\r Courville. ne
peut être post(''i-ii'ure :i lO'.)."), i)uis(pie. \)Ai- une autre charte
de Saiiil-l'('re-eu-\allé-(' du 11> mars 101)1 'v. st.>, IMiilippe i\o
<'our\ille et Ives son lils donnent ;i l'abbé Kustache le ban
iprives et (riroie leurs prédécesseurs, possiMJaient k la
l'uiiiiiK'i'aye.
Ciroie cl l'iiiliftpe ont laissé :
1" Ivrs, quatriéuie seigneur de Coin-ville;
2" Une mil' maiiei- ;ï Ives lils de llci-bert.
— •,^4() —
I\'. l\(>s, (jiiati'irinc soiu'iicnr de ('(mi'\ illc ({ui. ;iiusi ([uc
nous rayons \ii. ('tail luinciir a la niori dr fiiroio sou \)'vve,
douno (Ml présoiu-c do sa rcuiiiic. postërieui'ouiout ;i 1101. aux
moines do Saint-Pè^o-(Ml-^■allét^ les coulunies que Giroie et
Philippe ses père et mère avaient sur leurs terres. — Résigne
en 1115, entre les mains de TÉvèque de Chartres, l'ég-lisc
Saint-Nicolas de Courville. — Consent vers 1117 la donation
de la moitié de l'église d'Anet. — Vers 1118, donne aux
moines de Tiron sa terre d'Augervillo. — Kn 1127 Ives,
renonçant au uioiide, at)andonne au comte Tliiliaull . iiioyen-
nant deux cents marcs d'argent, Conrville avec ce ([uil tieut
en fiet de lui et du vicomte de Chartres sous condition de les
rendre à Robert de Vieuxpont et à son défaut au tils de
Guillaume de Tourouvre, neveu dudit Robert, contre rem-
boursement de ladite somme. — Vers 1128, Ermesende ou
Hermenfrede, sa veuve, donne à Marmoutier l'église de
Saint-Martin-de-Clmisnes. Ives est ici désigné avec le surnom
do (lotellu u gonelle ».
Dans une charte datée de 1120-1127 et ptJrtant le n" 28 du
cartulaire de Saint-Jean que M. R. Merlet publie actuelle-
ment, les moines constatent que Foulques, seigneur de Cour-
ville, que nous avons trouvé dénommé tantôt Foulques du
Chesne, tantôt Foulques de Courville, a concédé diverses
possessions au ])rieuré de Courville moyennant dix livres.
Ives de Courville figure parmi les témoins avec le qualificatif
d(^ ilomiitiis.
Nous n'avons mentionné que les noms dont le rattachement
nous paraît indiscutable écartant ;i dessein ceux dont la
l)arenté ne se trouve pas établie : Gontier é])Oux de Odeline,
dont le fils Aimery fait en 10G6 avec Bonne, sa femme, une
concession aux religieux de Chuisnes; Roscelin, Girand.
Constant. Raoul, cliainiiricr de l'Evêque d(> Chartres, mort
le K» septembre* lllC); «jne la mise an jour de documents
ignorés aujonrd'lini permettra un Jour d'identifier.
— 217 —
II
SKICNKIRS I»r .\((M IiK VlKrXI'ON'l'
Aniiniiies : l);injcitl ;i dix imiirlris ilr ;/iirnlc. — Siipiiorts :
Diiix Ivvretk's nu tiuhifrl m-i-olros île ijut'uh', Imnlri-s, rlum'-rs,
cl honi-Iôefi d'of ri nriin'-cs ilc i/ticiilc. — Cimier : iiiio tôle de
Minirr !ni iinlui-rl Imitdi'c d'nxni-. — Devise : Sur ce vieux
/K/iil Ji- inr repose.
I. Robert de Xieiixiioiit dut. après le d«'|i.iii de Courville
de Oraiid-.Iean le Friaize (jui avait occupe la forlercsse
jx'udaut liiivasiou aui^iaise, .icctMh'i- au désir exprinu' par
Ives de Courville, car, si nous ne le l'encontrons jias men-
tionné avec le litrcMle seig'n^'ur de Coinxille, n(»us voy(»ns
M.n UN :
II. (Jnillaiiine de \irn\piinl . cimpiiènn' seiLi'neur. appa-
l'aitre lU'^ 1 1.")'» dans les titics de Josa]tliat. au sujet de la
rennse du droit ([uil avait sur ladiine donnée à cotte abbaye
par Eudes de P)oisville. — \'ers la même ('jioque, assiste'' de
Ives et Koltert, ses lils. il aliandonne aux nu'nies rt-liLiieux
les droits d'eutrc'e ipiil prcdevail aux porlc^s de Courville sur
les denrées leur appartenant. — Kii IKJS (titre de Heaulieu)
il consent, c((miue sei_u,iieui' dn lie!', la donation du liois de
Le\ es laite par (laiitier de Friaize. — Ivnlin dans les première.s
auiK'es du rè^'iie de l'hili|)pe-Aui;'nste, <iuillannie de \ienx-
poiit, alors chevalii'r, se trouve compris avec Cirard, sou
l'ri-re. dans une assiette l'aile aux hoirs de Robert, c(unte
d'Alençon, de la terre d'Ecochay l'U eclianp^c de celle dKstau.
Cuillaunie de \'ienX|ionl eut de l'el-l'onnelle :
I " Ives <l(' \"iiMi\p(iiit, sixi»"'mt' sri^nienr de (ioni'villc;
2" Robert de \icuxpont, sfij^^ueui' di- Courville après son
frère ;
."{" (iuillainne de X'iiMixpiiiii . tlii'v;dier, e|)onx de Mar-
^uei'ile de Chartres, lille de (iirard et di' Isulielle de
llnlivillo.
— 248 —
m. Ivcs de Vieuxpont, sixième seigneur de Courville
épouse en premières noces Albérède d'Anet, puis en secondes
Perronnelle. — En 1185 il fait aux religieux de Marnioulier,
du consentement de Robert et Guillaume ses frères et de
Albérède sa femme, une donation ratifiée en janvier 1235
par un autre Ives alors seigneur de Courville et sa sœur
Isabelle, veuve du seigncnr de laF'erté-Bernard, et confirmée
par Marie mère de ce Ives.— Albérède vivait encore en 1187.
— En 1190 Ives, de concert avec Perronnelle sa femme, Robert
et Guillaume ses frères, confirme la remise qu'il a faite à
Marmoutier, pour l'anniversaire de son frère Guillaume, d'un
droit de i)éage qui lui était dû.
IV. Robert de Vieuxpont', fr<'re du précédent, septième
seigneur do Courville, épouse Marie de Chàtillon, fille de
Guy de Chàtillon ci de Alix de Dreux. — Marie de Chàtillon
était veuve de Jean III de Montoire, comte de Vendôme, et
avait épousé eu premières noces Renaud, comte de Dam-
martin, qui l'avait répudiée. — Nous trouvons Robert men-
tionné avec son titre de seigneur de Courvilje en 1190 dans
la charte cciii du cartulaire de Marmoutier pour le Dunois.—
En 1197 (titre de Saint-Jeanj il fait abandon , en présence de
son frère Guillaume, de toutes ses prétentions sur l'église et
le prieuré de Saint-Nicolas de Courville et confirme tous les
droits octroyés par ses prédécesseurs. — La même année il
confirme aux religieux de Beaulieu la donation qu,e Ives de
l'Eau leur fait d'un bois près Hattonvillc.
Marie de Chàtillon, dame de Courville, donne, en avril 1230,
à l'aumône de Chàteaudun, cinq sols de rente sur la prévôté
de Courville, du consentement du chevalier Ives son fils,
pour le repos de son âme. de celle dudit Ives et de Robert
de Vieuxpont, autrefois son mari. Son anniversaire était
célébré le 3 des ides de mars en l'église de Saint-Nicolas de
Courvilhv
De Robert et de Marie de Vendôme :
' Matliini Paris l'ait niciilioii, on son histdiir (l'Anglolcrrc, de Rnhorl de Vieux-
pont el Ives son frère, conseillers du roi d'Angleterre en l'2ll. Robert est
encore nommé en I':2l7, parmi ceux (jui s "assemliièrent pour faire le siège du
château dv MontiVirt.
— ^111 —
1" Ivi's, huitiènic scigrunir (!«• Coui'villi'.
2" Etifuiie, chevalier, si'i^nieur de Courville en partie,
époux (le Luee, viv;iiit en \'2'.V.K
:i" Isat>t'lle, l'eiiiiue (le Heniartl 111 seigneur tle la Kerté,
dont le* «leseemlaiits ont possédé la Ferté- Bernard
jusqu'en 131Î);
i" Alicic, It'iiiiiir (le (ïeofroy d'illiers.
\'. Ivcs (le \'i('il\|)iilil . lillilii'iiic sci^-nciw de Courville.
liiîiirr (•(nuiiie iciiiiiiii xiii.v le iimii d'hftnncl, en mars 1l'(MI
dans une cliarle de Louis, cuniie de lilois cl de ("leruiont,
relative aux loires de la Madeleine. - Kn TJ'JI il sert do
témoin ii <iiiaid de cliarlros. ^ l'",n mai 1^^.") il coidirnie aux
religieux di- Sainl-.lraii la d<iiiaiiiin du Mnuliii <'harvel «lue
leui- lail <;miin de Friai/.e. — Kn a\ril rj;{n Ives et Isalxdlo
de la Ferle-H«'rnard ', sa leniine, s'accordent avec le.srtdi}i,i('ux
lie Cluiisnes. — Il ((Uici'de en l'JlL -<• sols de rente dcuiin's ii
Saint -Jean par Marie autrefois comtesse de \'»'ndonie, sa
niere. — Kn deceinhi-e de la nn'ine aum'c il i-atilie. avec l'assen-
liuieul d "^'saheau . sa leinuie, de lvi)lierl. I\cs. (iuillaïunc,
l'hilippe. .lean. Marie. Aj^iiiès et Marguerite, ses enfants, la
ilonation laite aux h pieux de lîeaulieii |iai- (lantior de Friaizo
et (luillaiiiiie de N'icuxpiuit, son a\ cid. - La \('illi' di- r;K|iii's
\'J\'.'>. l'ii iirésonce de sa rcinine <.'t de ses enfanls. il dunne
:.'U sols de l'ente à lîeaulieu.
Ives eut (Tlsahelle de la l''ci-t(''-l!ei'iiard :
l"Holierl dr Xii'uxpoid, umvinne sei^^'in-ur de ('oui--
ville:
'2" Ives de \'iiMl\"pMii1 :
3" ( luilhiiiiiii' lie \'irii\piiiil , clievalier, sei<;iiein' de
(JMuvillf et ilr N'irnxpdiit cii parlic, éi>ou\ dr Maliile:
V' l'hilippr lie \ii'U\pniii, clirvalicr, seigneur de Cour-
ville en partie, cpd l'onde, le prennei- samedi tli' juin ll'Stt,
moyeuuaid cpunze livres de rente à prendre sur la prevtMe
de CiMUville, une messe (pintidimnr de Notre-Dame. —
Fait en ll'ST des lihéralités en l'avfur d» Il lotrl 1 (ini de
( iliarin's et de celui de Coiirville;
' l.a Ki'rli'-itciii;iiil n Kicsiifl ikmIi-iiI ; diM .'i un aii^lr de nin'iilc lieciiin'ir n
iiH'iiiliri- d';!/!!!-, rcirli'h- ilf Mciill.iiil : ilr -.ililc ;mi iii'ii (l'.iri;fiil . i.i (pinif
fouicluir ft piissn- i-ii saiiliiir.
— 250 —
5<» Jean de Vieiix]M»iii . i|u;ilifii' clerc en son testament
de décenibi'e 12G5 par lequel il donne quarante sols do
rente à l'ég-lisc de Courvillc 11 meurt le 11 des nones de
décembre ;
6" Marie de Vieuxpont ;
7° Agnès de Vieuxpont;
8° Marg-uerito de Vieuxpont.
YI. Rohei-I (le Vieuxponl. neuvième seig'ueurde Courville,
ck-uier en 1252, est ({ualilië chevalier en 125G. ^En mai 1256
ses frère et belle-s(pur «iuillaunic et ]\Iabile font avec lui et
sa femme Isabelle de Maillcbois écliang'c de tout leur droit
en la Seig'neui'ie de Courville, ;i Texception de vingt livres
de rente sur h' prévôt de Courville et sur Cuillaunie le
Bastard leur bourgeois, contre tout le bois de feu Ives, la
terre de Kimberdière et celle de La J-oupe sui' les([uelles
Robert a la haute justice. — lùi décembre r2(')5, Isabelle
de Maillebois est veuve. — Avant 1272 (die est remariée
k Geofroy de Rochefort, seigneur de Rochefort sur Charente
ainsi que nous l'apprend un contrat de vente de cent livres
de rente sur le fief de Rochefort en Saintonge consenti en
avril 1272 par Geofroy, seigneur de Rochefort. et Isabeau,
dame de Courville, on faveur de .Jean vSarrazin. — Itu 1300,
.leaiine de Rochefort, dame de Foras, vend à Isabeau,
dame d(> Maillebois, sa mère, trois cents arpents de bois. —
Enlin en I.'305 Isabeau de Maillebois, veuve de Geofroy de
Rochefort, chevalier, cède au roi le droit ([u'elle a sur la
seigueui'ie de Foras. Jean de Vieuxpont, sire de Courville,
lils de ladite Isabeau est mentionné dans ce dernier acte.
Robert avait eu (Tlsabeau, dame de Maillebois :
1" Jean de Vieuxpont, dixième seigntnu' de Courville;
2° Guillaume de Vieuxpont, seigneur de Courville en
partie, qui parait e]i 1280 dans une sentence de l'ofiieialité
de Chartres rendue entre lui et le prieur de Courville,
puis en 1299 dans une sentence du l»ailly de Chartres,
et en IIJIK) dans un contrat passé sous le seel de la chà-
tellenie de Chartres entre ledit i>rieur et lui. La même
armée Charles de Valois lui fait remise de (pielques droits
qu'il avait sur Courville moyennant trois cents livres
parisis. En 13U7, le mercredi avant la Pentecôte, Béatrice,
— -'1 —
flamiMli' Biiry,vcuvi' de (iiiilhiuiiic Huirl alias l<- Bortlii '
tlii-valifr. si'ig-iu'ur dr Hiiry, ildiiiii- audit «Jiiiilauiiic son
iifvcii. chevalier, sfij^nifiir de Ciourville. sous réserve de
rusiifiml sa vie dînant, la eiiiqiiièitie pai-lie de tous les
coiHiuèfs (ju'elle lient avnii- au lieu et terrilitire de Hury.
et ce « eu iccouilieuse de jilusieui's liinités. services Ot
« courtoisies (pie ledict (iuillauiiie liiy avait faicts et
>» qu'elle esiti'iait eu recevoir » ;
3" Adam de \ieuxpoiit mort eu 'l'erre Sainte :
i" Jeanne de \'ieuxiiont, femuH- de I^ierre du M»'e.
\11. .Icaii de Mcuxpnnt. ilie\aliri-. dixième sci_LrilcllI- de
Conr\illi'. l'ail altaiidoii en TJT'.t ii Saint -.leau-eii-N'alh-e de
<|ii(d(|iies lerrcs dont les reliiiii'iix se ]ir(''ieiident |iro])i'i(''-
laires. — Fait hommage de ("(Hirville ;i lMiilip|ie le \U'\ eu
i:!OS. — FiLîurc en l:'.!'^' dans mi euuirai de cessidii et Iraiis-
leri du lief de ("liainpi-oiit en laveur de ("iiarles de N'alois
ruinte de ('liaii res. — Eli l'-W.) il (-(mIo au iiiôiiie ses droits au
lier de Pierre du .M(''e, ériiier. — 11 avait épousi' la lille de
.leaii du ( 'lia tel ci de -leainie lie 'iallai'diin. daine de < lallardoii
et Soiilaires.
(Juchpies auteurs le niarioiit ;i (lilletie de l>iey. lille de
l'ierre lie hicy. chevalier et conseiller du roy, mais cidle-ci
('•tait i'emine d'un autre Jean (h; \'ieux[n)iit. ('cuier.
Les eliraiits de Jean de \ieuXlioilt riirelll :
1° Rohert. onzième seijjfueur de (idiirvilie;
:;i" Jean (h- ^'ieux]tonl, chevalier, mari de Jeanne de
Rouvra_\- dame de Monljardin ijui, veuve, rend aveu en
13(i'.l pour le lief Martel:
3» Jean de \'ien\|i(>iil le jeune ;
\° Adam, chevalier. sei,L,'-neur des Vys, l'ait prisonnier
au (-(tinhat dAuray par Pierre Houcher, mort sans
eiirants en 1370.
\'Ili. Pdliert de \'iellXp<)lll, nn/ièlue seii^Iieiir (le ('ii||!-\ iHe.
l.e'Jdaxril P'.IT Philippe \'. par lellre-^ dal(''es de l''<Mi-
luiiics-la-.Sorel, l'ait une (huiatioii pour r('C()in|ieiisc de services
au chevalier RoheiM (h' X'ieiixpitiit. sei;jiieur de < 'liailluiK'.
' lîiiidii, Niir i|i' lliiry : Ita/iir .m i lief iriirvciil cliiir;;!'' dr IntiN iiiciirllcs de
..l.lr.
— 252 —
— Le joiuii après la Sainte-Luce 1330, Robert confirme aux
religieux de Saint-Jean les droits octroyés au i)rieur de
Courville par feu Guillaume de Vieuxpont, son oncle, le lundi
d'après la Quasimodo 1289. — Le 4 mai 1334 Jean de Vieux-
pont, chevalier, fait hommage à l'évoque de Chartres de ce
qu'il possède à Charré, en présence de Robert de Vieuxpont,
seigneur de Courville, et de Jean son frère. 11 est encore
cité dans une lettre de Philippe de Valois au bailly de Caen '
datée de Breteuil en Normandie le 24 juillet 1337, portant
Iransacliou avec les religieux de Saint-Jean au sujet du
prieuré de Courville. — En 1338 il parait dans une transaction
avec les religieux de Marmoutier. — En 1349 Robert, sire de
Vieuxpont et de Courville, est dit prisonnier des ennemis. Il
est i)résumable que sa captivité fut de longue durée, puisque
dans un titre de 1350 nous trouvons (Hiillaume de Vieuxpont,
seigneur de Mauny, qualifié châtelain de Courville. — Le
mercredi veille de Saint-Pierre et Saint-Paul 1357 les abbé
et couvent de Tiron s'engagent en faveur de Messire Robert
de Vieuxpont, de Madame sa femme et de leurs successeurs, à
les associer à leurs prières et oraisons, eî promettent en
outre de faire dire à chacun, le jour de la fête Sainte-Croix,
au mois de mai, une messe de Saint-Esprit dans l'église de
leur couvent en une chapelle peinte aux armes desdits
seigneur et dame pendant leur vie, et, après leur mort une
messe de requiem annuellement le jour de leur décès, en
considération des bienfaits dont ils avaient comblé le cou-
vent-. Par lettres données à Calais le 24 octobre 13G0 le roi
Jean promet à Edouard III d'Angleterre « luy bailler en ostage
» Robert de Vieuxpont ou son fils à faulie de luy délivrer
» le comte de Montfort ».
Robert de Vieuxpont eut de Mathilde de Tilly :
1» Ives de. Vieuxpont, doyen d'Avranches, qui hérita
Thury de son frère Jean do Vieuxpont le jeune, décédé
sans enfants ;
2° Jean de Vieuxpont i'ainé, douzième soigneur de
Courville ;
* Bibl. nat., ms. fr. 634.
- Idem.
3» Jean do Vieuxpont le jt'um-, soigiiour dr Cliailloué
et (le 'lliury on S(>lni,nic, ijui vcrulil nvi i-oi Cluirli-s \', fii
mai 137!t, six viii^ct <iiiiii/.i' livres ilc ri'uti' à iirciidic sur
les li'sta^^t's (le Bt'au^^'iicy-sui--Litir(', nioy<'iiiiaMt sept
conts li*'res d'or ;
> Marj^niciitc dr N'icuxponl, dame de Kresnay-le-
Giliuert et des Yys, (jui, de Adam le nnm. seiirneui- de
Palaiseau et Mt»iiivilit'-Ia- Jeulaiii, eut : 1" .lacques le
Hiuu tué à Azaincourt; 2" Jeanne le Bnm mariée 1" en
1:M> à (iuillaume di- Harville le jeune, éclianetdi du voy,
seigneur de Clianhoudiy, Leiahle, les Bordes, Beanniont
et Voise, tué à Azaineourt en 1 Uô, d'où les sei<.,^neurs de
Palaiseau; 2° à Anllioine de (;ui,'nac, si'i<^neur de Bellin-
eouit. iliiu les si'ij^neuis de Dampierre, barons (rVmon-
ville :
> Jeanne de Meuxpoiit. dame de Vaujolly. alliée à
Louis d'Estouteville, seiy;neur de Vilhdxm et du Bouscliet,
dont raiTière-petite-lille au •cimjniéme <leiri-é, Marie de
Beaumauiiir. épousera FrHnc;ois de Hilly, son cousin,
seigneui- ^de Cfun-ville. Jeanm- avait été mariée en
premières noces à Mathieu de Trie, seiijfnenr de Konten;iy
et de Hadeval avec le(iuel elle vivait en lii^'j. En 1300
elle était veuve pour la seconde fois.
IX. Jean de N'icnxpdiil . chovalitT, douzième sei;^iicui- tic
Courville, seigneur de XiiMixpont, Cliaillouc et de Bni-y. —
Un arrêt de i:',ï.\ nienlionin' un dillerond .survonu entre le
comte (\*' Hlnis et Jean de \'icuxi)oiit , chevalier, seittnenr de
(.'iiaillouc, con.jointenH'iil a\ec Ciiy de Manvoisin. l'iei-rc de
Gracoy, Jourdain et Jean de Hcauvillicrs, Kcnaud de l'ish'.
chevaliers et (iii(!(iiies ecuyei-s. — V.w \:\(\i'>. ciinime seii^-neur
de ("()ur\ ille. il ri-iid axcu an roi Charles \' poin' les cliastel
etchastelleiiiede Cou r\il le, s'excusa ni (le lie pouvoir dé'clarer
plusieui-s de ses ai'rière-vassaux « attendu (pie le< adveux
■> hailh's il ses pi"<''d(''cessoiirs ont este- ars au lieu de la Forêt
" oii denienroit l'eu son p("M'e lors de la coin"se (pu' lit
" Monsejiiiieiir l'hilipite de .\.i\ arre et ses com|»lices ' ••. —
Jean UMîurt le .") di^s noties de mai l.'îTl - et, des le "JCi mai
' Vdir II' tc\ti' lie l'iiM'ii, ;iiiiii'\c il.
'■' Nnioloyc (le S.iiiil-Nicdia^ de C(iuimIIi', (()iiiiiiiiiii(|iir |i.ir M. le iliaiiuiik'
M.'tais.
— 254 —
Joanno <lo Veiitlônio. (l;iiiic de \'it'iix])ont (^t de IJury. sa
voiivo, accordo jioiir {'lie ainsi ((iic puiii- Jeanne. Jac([ueline
et Yvonnet, ses enfanls mineurs, aux chanoines de l'éiilise et
hôpital Saint-Jacques nouveUcnieni Condc' à Bloys. le t(>rnie
de quatorze ans jiour lui l'aire li(>ninia;^-e du lieu de Mont-
g-autier, paroisse de Saint -Luhin- de -A'erg'og'uois, tenu en
fief de Bury, moyennant 20 florins d'or. — Le 3 mai i:!81.
Jeanne de Vendôme, alors \(muc de Messirc ('haiics dlvry,
chevalier, comme ayant le gouvernementd'Yvonnetde Vieux-
pont, écuier, seigneur de Courville, son fils mineur, frère
aîné de demoiselle Jeanne de Vieuxpont. femme de Pierre de
Malvoisin, écuier, seigneur de Serquigny, cède audit seigneur
de Malvoisin, à cause de sa femme, la terre de la Mott(^ et le
droit qu'elle a siu' la terre de Vieuxpont-en-Auge, i)our lein-
tenir lien, pendant la minorité dudil, d'assiette de 200 li\ . de
rente promise au trait(' , de leur inariage. — Kn 1:!<S2. le
dimanche 18 mai. Jean le Sénéchal le jeune, seigneur de
Lyniési, mari de Jeanne, paravant femme de noble homme
Monseigneur Charles d'Ivry et femme "^aussi jadis de feu
Monseigneur de Vieuxpont, seigneur de Courville. en son
nom « comme au nom de ladicte damoiselle Jehan ne comme
» douiere et comme ayant le bail de ses enfans et enfans
)) dudit feu seigneur de Viezpont » avoue tenir Courville du
roy. ^ Le 9 septembre 1398, Hector de Vendôme, seigneur
de la Chartre. quitte Messire Yon de Garancières des foy et
hommage de la terre de Louvaines, ci-devant donnée à la
sœur dudit seigneur de Vendôme, mère de ^Fessire Ives,
seigneur de Vieuxpont. en la main du(jmd ladite terre était
écheue.
Jeanne de Vendôme était lille (h' Am;iury. seigneur de la
Chartre-sur-Loir, La Fej't(''-l']rnault et \illepreux, et de Marie
de Dreux. Elle avait doniK' ;'i Je.in de \'ienK|i()n( son prenner
mari :
1" Ives, li'oiziènie seigiieui' de Courville;
2° Jeanne de Nieiixjiont, mariée le 3 mars 1387 à Pierre
do Mauvoisin, seigneui' de Serquigny. Par ])artage du
23 juillet 1393, intitulé (iuillaunie Mauvinet, bailly de
Chartres, son frère Ives lui donne riiébergement de la
Forêt, près I^uilgouin et eehii de Clemars , sauf cent
livres de cens, les l'oy et lionnoan'e et 2(i livres de rente.
— ^55 —
s'ongfafTft'aiit ;i lui assurci- î»7 livns 10 sols clf rciiti' à la
iiKirt (le Ji'aiiin' (If W'iidùiin', Iciic im'it', fi'iiiiiii' <lt'M. le
Sr-iu'i-hal (IKii.
3" Jamui'liiM' tic \itMi\|iiiiit, ffiiiiiu' «le Iliitiii le liavi'ux,
st'iy-iicjit' (Ir Maillchois. Par cession du "JS mars i;{!i'.l,
l'ilo ri'(joil de son frère, pour sa i)art de succession, les
seigneuries de \'illej)riMix etde Ha/eniont. Kn si'|itend»re
li-.'V.i, elle dduiu' (luitlaiiei' à Laur4'nt, (iuillaunie et Lnuis
de N'ieuxpont. ses neveux . de la souuue de cinq cents
livres dOr ijnr liiir avait |irètées son niai'i pour Icin-
permettre de recouvrer la lern- du NeuhourLT ipi'' déte-
nait le cdinte d'IIarcourt, leur oncle.
X. 1\<'S (Ir N'icuxiioiit. tr('i/i(MU(' seiiiin-ur de ("durx illc d('s
i;>7i elail encofe mineur en liiSl. — Il fut dans sa Jeunesse
«Tuyer tranchant de Louis de France alors (pi'il eiaii duc do
Touraine. comte de N'ajois et de Heainiioiii . puis pr<imu
('haiid)ellan (piand il (lc\iMl duc d* )il(''ans. en i:}*.)."}. — Ivos
remplit aussi rotlice de capitaine du clialeau de lîayeux. —
Le 11 Juin 1101), le roi lui l'ail remise de 7(K» francs (juil luy
de\ail poui' le I-elief de sa |iai-t de la terre du Neuhourii'. —
Le 11 août 1 ISl , l\('s ei>ouse Hlanche de llai'Cdurt . lille de
IMiilippe, soigneur de l>(»nnetal>le et de('liall(»nay,et de. Jeanne
de l'illy. (pM lui a|ip(Mie en mariaju'e :><)(> livres di' rentes
et ."îtMKl francs (lOr. -- Le 11 avril lliiT. Ives ('chauii'e avec
I inillaiinie (rivscdhar '' la (erre de < liai're c(inlre celle de la
\|(tlle tenue (le l 'i ill I Lli Ml i n . ( pie -lea U de \ iellXpi Mit -\ (MK^'iUie
' I.C N juin I iOK. Ciiiillainc dKscdliar «' iiicii de lies liiaiid cl all'ccliiciisc
dévotion (MiviTs la liciioistc cl glmiciisc vicr^ic Marie, iik'tc de iiosire sauveur
.lesiiv-('.lni>l, Ioik'c et servie (•Oiil\iiiiclleiiicnl en fej,'lisc de Cliailrcs ciiiicii-
senieiit, (lesiiant |iiiiir W salut des àiiies de l'en iKddc et luiiutié seii^neiir
iiiessn-c .Icliaii de \ ieii\|ionl, chevalier, et de loiis les hoirs de \ieiis|iOiil eu
ilolaiicc dudil (iiiillaiiiue ajir.'s sou trespasscincnl cl de ses |iai'culs. aiiiys et
|iri'(ii'i'cssi'in's i|ui (Mil iiiiceddc et tenu le cliaslel et cliaslellei'ii'. inaiioir cl
a|i|iaileuaiices (le la Icire de (lliaii('--en-l)iiii(iis cslre iic((iui|iai};iie/ cl |iaiii-
( i|i|iaiit eu (ievdies cl pures oraisons et messes qui seniiit dites cl faities eu
ladicle e;ilisi' de jniir eu jour, did oïdniiiic Iniider une messe hassc csll'c thclc
ci celleliree |iei|ieluelleineiil |iar cliacnii jour en Il0>lic diclc i%\\^i' a Ull^'
autel (|iii scia nouvellement lait cl edilti('' en iidstre dite (''jiUse juste le cd-ur
diccllc par delidis du ciote du rcveslicre de iiostre dirle église aii-iic^soiis lu
chapelle Saint Jehan rKvaiiH('hste iioiuiik' et appeli- faiitcl de VieiKpoiit a
f heure et tant KMmne on chanteia flieiire de pivme en ii(i>trc dicte ci^lise par
fini ou plusieurs de nos chappclaiiis \Anlnifs ilr l'Fiin\ fond^ de li
l'igiieiirie (lu r,liaiiip-(le-|{alaillc, caildii M, 1).
— 250 —
lui avait donnée en 1393. — En août 1408, Charles \l adresse
au bailly d'Evreux des lettres patentes en favenr de son
leal et anié chevalier et chambellan Ives de Vieuxpont et de
Courville an sujet de la tierce partie de tous les châteaux,
villes, forteresses, bois, garennes, forêts, eaux, rentes,
hommes, hommages, patronages d'églises et antres héritages.
— Par contrat du 20 décembre 1412, intitulé Pierre des
Essars, prévôt de Paris, Ives vend à discrette personne
M" Jean Perler, conseiller et avocat (hi roi en son Parlement
il Paris, 00 livres de rentes à prendre en quatre termes sur
sa terre, châtel et châtellenie de Courville, moyennant 000
livres tournois. — Les comptes delà châtellenie du Nenbourg
constatent en 1415, (n. s.) à la date du 1) février, l'envoi d'une
somme de cent livres par le receveur duNeubourgàlves, en
son hôtel de Chaillonai, et enregistrent la même année une
dépense de XL sols « i)our le salaire de six hommes qui
» portèrent des torches à convoier le corps de Madame
» dont Dieu et (sic) l'âme, du château de Sainte-Vaubourg
» jusques à Courville ; à chacun YI sols "Mil deniers. « —
Fait prisonnier à Azaincourt, Ives meurt enVaptivité laissant
cinq enfants en bas-âge.
Le 28 avril 1410, Charles VI, sur l'exposé fait par son cher
et bien aimé cousin Philippe de Harcourt, chevalier, seigneur
de Bonnétable, demoiselle .Jeanne de Vieuxpont, Richard de
Tournebu, chevalier, seigneur d'Auvilliers, Hutin le Baveux,
chevalier, seigneur de Maillebois, Jean de Vendôme , cheva-
lier, seigneur de Chaulviëre, Galerand de Montigny, chevalier,
seigneur de Beaulien, et Jean de Coûtes, dit Minguet, écuier,
et d'autres parents et amis de son aimé et féal conseiller et
chambellan Ives , seigneur de Vienx]iont et de Courville et
baron du Neubourg, (jue poui- le i)ayeiiienl de certaines
sommes d'argent qu'il avait fallu payer pour sa rançon (juand
il avait été pris par les Allemands, ledit Ives de Nieuxjiont
avait engagé ses terres, avant qu'il allât en voyage en armes
au pais de Picardie, où il était demeuré à la bataille qu'il y
avait eue au mois d'octobre de l'année précédente, et comme
on ne savait s'il était mort ou prisonnier et que le retrait de
ce qui était engagé, notamment de la somme de 3.200 liv. de
rentes (juil devait partie en rente et partie à vie audit sieur
comte de Harcourt, les dits enfants s'il n'y était prévu étaient
— 257 —
on voie de perdre toutes leurs terres et sei|ïneuries, en quoy
il y aurait d'autant plus de <loniniage pour eux. qu'ils était'iit
de noble et grande génératiun, iiiainlo au Parlcnit-nt de créer
(les tuteurs et •administrateurs au gouvernement des per-
sonnes et hieifs di'sdits mineurs et de leur dit père. Le len-
demain le Parlement ordonne que ces letln's seraient
registrées ce qui lui exécuté le 22 mai 1110. Sur l'avis desdits
parents et amis la tutèle l'ut donnc'O à Jean de Coûtes dit
Mingnet ' et ordonné que M. de iJoniK'tahle leur ayenl et
M. d'Auvilliers. h'ur nncle, lui ser\ iraieul de conseil et (pie,
comme ledit Jean de Coules avait été l'ait prisonnier par les
Anglais à la prise de TIaidenr et qu'il était nécessaire qu'il
allât en Angleterre ou ailleurs tenir jirison, lesdits seigneurs
de Honm'table et d'Auvilliers demeureront pendant ce temps
chargés de ladite tutide et qu'enlin s'il arrivait qu'il l'allul
vendre ou engager quelques héritages, la vente ou l'engage-
ment s'en ferait par le conseil desdits sieurs de Bonnétable,
d'Auvilliers et <Ie M. de .Maillebctis qui avait épousé la tante
desdits mineurs. — I.e 2:i septembre 1110, Jean comte
d'Harcourt et d'Aul)igny, vicomte de Chàtellerault, en pré-
sence de Philippe de Harcourt, son oncle, chevalier, seigneur
de lionnc'table, Richard de Tournebu et Hutin le Baveux,
donne quittance ii J(>an de Contes, dit .Miuguet, écuier,
lulein-ei curateui' (les enfants d'Yves de Vicuxpont-Courville,
cousin dudit comte d'Harcourt, [)uur principal et intérêts
dune somme de 20.000 livres que ledit Ives avait empruntée
ainlit c()mte et Jean d'Harcourt, son fils,
' Miii},ni''l l'iail seigneur de l'resii;iy-le-(,il rt , fils de ("lauviii i\v. (loiilles
sel},Mieiir de la (iadelièie, près Saiiil-Limerce, et épmix de Oallieriiie l.e l^lercier
de Novioii qui lui donna cinij enl'aiils : Lnuis, seigneur de Notent; .\rnie, feiiuiit;
de Cuillamne de llarville, seigneur de l'alaisean ; Jeanne, lenniie de Klorenl
dlllieiv ; Jean, seigneur du l'Iessis, |irès Pnnlgmiin, el lîaouilin. Son tcslanienl
pxisle aux Archives d"Kine-et-l.nir, série (J, .sous la ade M'A'l. Les Archives
de fJMire possèdent, attachée à l'inventaire des l)iens Iniuvés, en lilC», à
Paris, en riiolel du séné( liai d'Ku , une reconnaissance porlanl la signature
anlograplie « .Minguel ■, ainsi conçue : a Saidieiit Ions que je Jehan de C.ouUes
" dit Mniguel, thaudiellan de .Monseigneur le duc d'Urliens, cduguois et confesse
de\oir et estre loyauhnenl tenu à .Monseigneur de Vieponl, con.seiiler et
" charnliellan du ros, la --onuiie de .--ept cents i|iiatiir/e livres toiunois lesnueK
» il ma preslez a mon liesoing el lesijueK je lin proniecl jiaier a sa votilente
)» souhz l'(ddigali(ui de tons mes biens meuhles et héritaiges presens et advenir.
» Tesnioiiig mon scel et .seing niamiel c\ mis le \VI' jour de inillet. l'an nul
■ quatre cens et quin/.e. ><
T. \11, .»/. 17
— 258 —
Liiiventaire des biens appartenant ;i Ives de Vieuxpont,
trouvés à Paris en l'hôtel du Sénéchal d'Eu en 141G, est très-
intéressant, les bijoux estimés à 974 livres 9 deniers y étant
minutieusement décrits. ^
Les Archives de l'Eure possèdent aussi une copie informe
des lettres patentes du roi Charles VII obtenues par les
enfants do Ives de Vieuxpont-Harcourt. Nous rei)roduisons
la première partie de ces lettres qui contient l'historique de
leurs infortunes :
w Charles etc. , à tous ceulx etc. . . , humble supplication de
» nostre bien amé escuier et chambellan Laurens, seigneur
» de Vielz-Pont, Guillaume et Loys de Yielz-Pont, escuiers,
» ses frères, et de François de Beaumont, chevalier et Marye
» de Vielz-Pont sa femme, sœur desdits de Vielz-Pont enfans
» de feu Yves de Vielz-Pont, en son vivant chevalier, et de
» feue Blanche deHarcourt, sa femme, mère desd. supplians,
» contenant que en l'an mil IIIP et XIII ou environ ladite
» Blanche ala de vie a trespassement, la^issie ledit Yves, son
)) mary, et lesdits supplians ses enfans ei^ minorité, et ledit
» Laurens, qui est l'aisné estoit seulement aagié de vu à viii
» ans ou environ et les autres de v, iiii et ii ans ou environ
» et domouroient souz la garde et gouvernement dudit Yves,
» leur père, qui par la coustume gardée entre les nobles list
» tous leurs biens meubles siens, et a la bataille d'Agincourt
)) qui fut en l'an mil IIII'^ et XV ledit Yves lina ses jours, et
» ausdits suppliants qui estoient demeurez orfenins de père et
» de mère et mineurs en bas aage fut baillé tuteur et curateur
» Jehan de Gouttes dit Minguct et tantost après ladite bataille
» d'Agincourt les Anglois qui par force invaderent Norman-
» die, occupèrent la terre et seigneurie dudit Neufbourg, de
» Yielz-Pont, Cailloiieai, appartenant aux fcuz père et mère
» desdits supplians, et tantost après lesdits Anglois par siège
» prindrent le chastcl et seigneurie de Courville, appartenant
» audit feu Yves do Vielz-Pont, et les dites terres et seigncu-
» ries qui appartenoient ausdit père et mère destlits supplians
» ont détenues lesdits Anglois et les ont desmolies et abatues
* Col iiivcnfain' a ôli' |Mil)li('' par M. (Ji'orgcs lioiirhon , anliivistr de l'Eure,
dans le Itiillfliii (lu Cuniilé tics Travaux liisloriijucs (Arcliédlogif) ii» 3 di' IN84..
— 2.V.» —
.. cl (liccllrs oui Joy t'I use |»;ir rcspac»' (le XVll (ill XVIII .llis
• OU environ, ot pour l'iulvorsito des j^uenvs ledit Miu-riu-l
(le Coûtes, U'ui- tutrur ci curateur, les traliist «lc(;a la
ii\ icrc i\(' Lwii"' cm nostre obéissance, en la(iuellc ilz ont
esl('' nom-ris d (Iciuoiiic' duraiii Iciii- niin<>i-it('' et esté
nom lis pal' leurs jiarans et amis tenans nostre olx'issance
et a l'an mil IIII' XXXllI ou environ (piand nostre ville de
( iiarlres lui rcdiiiclc en nostre obéissance et lois (juc li'dil
Lanren.sestoil de 1 aa.ni' de xxvans ou environ et ses autres
iVeres et sœm- encore ndneurs, nostre cher (d anie cousin
le bastard d< )il('ans. prisi sur les Aniilois par siège ledit
Chastel de Corville (pii est en frontière et toujours a este
et le l)ailla audit Laui'ens et le commist ;i la iiard<' et gou-
vernemeiil de par nous, et nagueres et ung pou au devant
- des trieves, Robinet de Fl(t([ues, dit Flo(pu>t, eseuier, nostre
» bailly d'Kvreux ', réduisait a force darnu,'s ladite tern^ du
Nenfbourc a nostre obéissance que deteuoient lesdits
Angl(»is et deimis par certains moyens la bailla ledit
Floquet audit Laurens de \iei/-l'oul el \v <-oiumisl ii la
ganle ; est ledit Minguet aie du vie a trepassenient sans
ce que lesdits supplians aient eude lui couqite ne reliqua de
» leur tutelle et curacion ne oncques des biens meubles de
» leurs père el uu're iianiaudei-eiit eu. Neantmoins iilusieurs
" que se dient creauci( i> des pt-re cl mère desdils suppliaiis
les veuUant dire lu liliers de leurs feux père et uiei-e les
• ml assailli/ de procès ci leur demandent bien mil ou
XII' li\i-es touruois de rente et grans sommes d'or et
d arucul, eu quoy il/ dieiit ledit l'eu \ves leur père et aussi
» b'urdite feu lueic eslr(! obliuez--. »
hcsde \ieu\piMii ci lUauclic d'I larcourl a valent laissé :
!" .Ii'.iii, tlécédé jeune ;
2" Lauicul. cliiiudirllau du roi, baron de Neubourg, né
eu \U)7. — Par contrat du S août l'i-'»^:}. iuliluié .leliaii de
la IMiuie. pi-evôt de Torcy-en-Hrie, passé par l'ieiie
Millart, Laurent, alors écuii-r, lecut à liti'c (U- prêt île
Mi's.sire Guillaume do Broullart, sire de liadonville et de
' Km juillet lin, l..iiiii'iil, st'it,'iinir ijr \ iiii\|ioiit , ri .MrsMif Hurriil
tl'lllirrs, rlicv;ilii-r, iiv.iiriil |iriiiiiis ;'i liiilicrt l'liii|iii-|, |i,iill\ cl ( .ipilaiiii- if K\rcii\,
IhiiI ( (■iit> >alu/ d'iM' |iiiiir la ilt-inranir dr la |il,ii'i.- du ,\(-uli(itM>;.
— 200 —
Thorigny, et de Marguerite d'Orgemont, sa femme
(( deux fermeillez d'or en lun desquelx a trois dyamans
» pointus, trois grosses perles, ungrubizetuneesmeraude
» estime six vings saluz d'or, et en lautre trois perles,
» trois ballaiz et ung safîîre prise huit vins saluz dor »
s'engageant les rendre àla Saint-Jean-Baptisteprocliaine.
— Le 19 mars 1469, à la montre générale de la noblesse, il
se présente « armé de brigandines honnestes, salade,
» harnois de jambes, ganteletz, vouge et haches d'armes,
» accompagné de Jehan de Vieuxpont, son fils, en
1) abillement de homme darmes, et deulx archiers et
» ung paige montez de six chevaulx. » — Laurent compa-
raît en 1484 à l'échiquier de Normandie. Il avait épousé
en premières noces, le 30 novembre 1442, Marie de
Husson ', fdle d'Olivier, comte de Tonnerre et de Mar-
guerite de Chalon ; en secondes noces, en 1466, Guillemette
de Tournebu, dame d'Auvillars ;
3° Guillaume, écuyer, seigneur de Mauny, Chailloué
et Courville en partie, époux : 1" de Marguerite d'Estou-
teville, veuve dt^ Jacques de Bethencourt; 2" de Jeanne
de Beuzeville, dame des Moutiers-en-Auge , restée sa
veuve, fille de Hue de Beuzeville et de Jeanne d'Hareourt;
4« Louis, quatorzième seigneur de Courville ;
5° Marie de Vieuxpont, femme de François de Beau-
mont, seigneur de Marroy, qui eut Bui'y en mariage
pour deux cents livres de rente.
XI. Louis de Vieuxpont, écuier, quatorzième seigneur de
Courville, seigneur aussi de Prunay-le-Gillon. Il reçoit par
partage du î]0 décembre 1451, intitulé Thibault d'Armignac
dit de Ternes, bailly de Chartres, le château et dépendances
de Courville, Laurent, son frère aîné, se réservant le patro-
nage de l'hôtel-dieu et les aumônes de Courville. — Par accord
du 19 octobre 1452, Louis obtient encore de son aine les
terres, lief et seigneurie d'Avon et appartenances. Le Père
^ Charins, duc d'Orlcans et de Valois, comte de Rlois et de Bcaumniit,
seigneur d'Assé et de Coiicy, par IcLtrcs du 8 février 1 ii;2 (v. s.) en considé-
ration des bons et agréables services que lui avait faits et à la duchesse son
épouse, danioiselle i\larie de Ilussoii a présent lernnie de Lani'enl de Vieux|ioiil,
écuier, lui donne toutes les rolies nuptiales ipTelle avait en épousant ledit de
Vieuxpont, ne voulant pas qu'elles soient à la charge de Jean de Husson, son
frère, qui était tenu de la n vestir selon l'étal de sa personne. »
— L'C.l —
Ansolnie assigne à son mariage avec Jacqueline de Brouillari
de Brie, Tannéo 1475, alors qu'une permission de célél)rer la
messe en date du 20 mai 1105 « coram ea in pucrpcrio
decubante » p;i^"iit nous indiquer la naissance de leur fdle
unique Louise.
Louise de Viouxpont, leur fillo, épousa : 1» Claude
Rnuik't (alias Rousseli, L'cuior d'écurit; du n»i, duquel
elle eut trois filles, religieuses toutes trois à Saint-
Sauveur dEvreux;— 2" Perceval de Billy, seigneur
d'Yvort ', lils de Jean de Billy et de Marguerite d'Or-
gemont.
MI. Perceval de Billy devient, par son mariage avec Louise
de \'ieuxpont, (piiu/ième seigneur de Courville. Le Père
Anselme, en rectiliautav(>c raison Larroque au sujet des père
et mère de Perceval de Billy, se trompe à son tour en disant
(jue celui-ci ac(juitde son y;('<7;/-/>v'yc Guillaume de Vieuxpout,
seigneur de Mauuy. le G septembre 1-11)5, les prévôté, juri-
diclinii. etc., de Courville. Guillaume de \iouxpont était
J'oijclf et non le frère de Louise. — Le jeudi 18 février 1 11)0
(n. s.), Perceval est reçu en foy pour raison de Tachât
anciennement jiar luy fait de Guillaume de Vieuxpnni,
écuier, seigneur de Mauuy c de la prevoslé, jurisdictiou et
» siège prevostoire de la ville et chastellenie de Courville.
» amendes, delfaulx diceUes, sentences, et de la rivien; des
» Marais dépendant de ladite prevoste assize en la rivière
» d'Kure coniineneaiil an moulin Genestay jusques an pont
» de la Chaussée. -> — Le 10 décend)i*e 1505, par lettres
datées de Bloys, Louis XII mande au l)ailly de Chartres (\uo
>' sa chère et bien ani(''(> Loyse de \'iel/.|)out. danu' de Coui-
" ville, veuve (\i- l'on Parceval de Billy luy a fait aujoui'-
d'hui le;:; foy et hommage lige en sou nom et comme ayant
)> gai'(h' de ses enlaiis niincnrs |ionr laisoii dn chaslel d
» chastelleine, ville» et baronnic de < dnr\ illc icnnc de sa corde*
» de Chartres. » — Le 20 uovembi'e 1507, comiiositi'ui de
rachat en fav(Mw de Loysc de Vieuxixml, dann' de Courville
' i..i .s(>ii,'iieiiri(' (rYviirl rljiil l'clicuc à la m.iisoii de llilly connnr (Icscrmlin'
d'iiiu- fillr ilii lomtf de V.ilnis, d'in'i la cniix ijirils poiLiH'iil <'ii leurs amu's :
«' K'oi à iiciil' |i.il> vairt's d'a/iir liaiirs de giirnlc avrr tiiii> croix dazur. »
— 262 —
pour raison de la prevosté de Courville, ensemble le péage
acquis de Guillaume de Vieuxpont, le manoir et garenne de
Mauny et les festages et four et ban de Courville tenus en
fief du roy. — Louise assiste en 1508 à la rédaction des coutu-
mes de Chartres.
De Perceval de Billy et Louise de Vieuxpont :
1" Jean de Billy, abbé de Ferrières et de Saint-Michel
en TErm, renommé pour sa violence, usait volontiers de
son bâton qu'il appelait rost de Billy ;
2° François, seizième seigneur de Courville ;
3° Louis de Billy, chevalier, seigneur de Prunay-le-
Gillon, Crossay et Genainvilliers, gouverneur de Guise.
Il eut onze enfants de Marie de Brichanteau, veuve de
Gilles d'Anglure, seigneur de Givry, et fille de Charles
de Brichanteau et de Marie de Vères ;
4° Charlotte de Billy, femme : 1° de Jean de Gaston,
seigneur de Menainville et de Chassant ; 2» de François
de Meaucé ;
50 Claudine de Billy, mariée : 1° à "Guillaume Poignant,
seigneur d'Auneau ; 2» à Laurent de Lknguedoue, écuier,
seigneur de Chavannes et de Gaudigny ;
6° Anne de Billy, mariée le 11 juillet 1506 à Jamet de
Condé, seigneur de Chantereine.
XIII. François de Billy, chevalier, seigneur d'Yvort et de
Vaujolly, lieutenant d'une compagnie de cent hommes
d'armes sous le connétable Anne de Montmorency, seizième
seigneur de Courville, s'allie à Marie de Beaumanoir, sa
parente, lille do Jean de Boaumanoir-Lavardin et de Hélène
de Villei)ranche. sa seconde femme. — Le 2 mai 1517, Fran-
çois r"" mande au bailly de Chartres que « son aimé et féal
» François do Billy, chevalier, seigneur de la terre, seigncu-
» rie et baroniiie de Courville a luy escheuo pm- le trespas
» de damoiselle Loyse de Vieuxpont, sa mère, a fait les foy
» et hommage pour ladite terre et ce tant pour les propres
)> de sadite mère que de l'acquêt par elle fait de partie de lad.
« seigneurie mouvant de Chartres. « Le P'' juin 1517, par
contrat devant Jehan Hermier, tabellion à Courville il aban-
donne à Charlotte et Claudine, ses sœurs, et à Louis son frère,
les terres de Vaujolli, la Haie près Villebon et le fief de Curé.
— Par tran.sacliou Caito en 1510 avec FraïKjois »k' Beamuaiiuir,
son fn're, seigneur Wr Lavardin. Anthony el. Heauchesne,
ladite Mai'ie reçoit ponr sa part en la snccession de lenr {mto
la terre cl sciLiflciii-ir de Hcancliêne. — François nuMirt avant
[7>:v.K rar Ijtuis de Hilly, son Irère, |)ass(' procnralion le 'Sj
janvier irj;>'J (ii. s.) « jionr ('lire cni-atenr anx l'nfens de
» Messii-e Fi'aneois de Hilly, chevalier, haron de ('onrville,
iiiilijc Ikhiiiih' l'"i-aiic(iis (icM(>anssé, seigneur de j-'i-iincay >>.
— Le '2 avril l.')!;;. Michel Hregent , prévôt de ("ourville, au
nom de Marie de Heaunianoir, ayant la gaide di^ ses enfants
nnnenrs. donne anx doyen et Chapitre de Chartres quittance
de .". ir. li \res IS sols s deiners.
François de Hilly et Maiie de» Beaninanoir ont laissé :
1" Louis, dix-si'ptiéiue seii^nieur de Ciuu'ville ;
2" Françoise de Hilly. feuiine do Pierre li' Vavasseur,
chevalier, seigneur dKguilly, gouverneur de Chartres;
3° Denise de Hilly, mariée, le 15 février lôW), à Pierre
des Noues, seigneur du IMcssis-Roniain.
i° Artuse de Hilly, religieuse.
5" Anne de Billy, religieuse.
XIV. Louis de Hilly, seigneur dlvort, Launay et Vaujolly,
' hevalier. baron et dix-septième seigneur de Courville, lieu-
lenaiii lie la gendarmerie de M. le Connétable, épouse, le
•J2 fevi-ier 1557, Félice de Rosny. (ille de Messire Lancelot de
Kosny, seigneur de Brunelles, issu des Comtes de Dreux, et de
Mai'ie.\nhi-y,de la maison de Radrets, sa premièi'e femme. —
Louis assiste en ]r).~)S;i la r(''daclioii de la coutume du Perche.
-Le (» oclohie l.")(i;;, il racheté du prieui' de Saint-Michel de
Chartres, poui- 5(M) livres, la nn>iti(' du nu)ulin du Nouvet-les-
Mayes, pr(''s, aunaies, appartenances dudil valant "JO livi'es
lie revenu. - Par son teslameni du P.i juillel ITiiii;, il (dil sa
sepnltm'e près(h> ses j)ère et niere en l'église de Saint-Nicolas
de Courville et (h'signe pou !• tuteurs de ses enfants les seigneurs
deHrnnelles.d'Fguillyet de i'runay. — lAdicede Ixosny, veuve,
donne i^d<''cemltr<' 15(»(» . (pdtlance de sept vingt dix li\res
tournois pour- Testât d'enseigne de Louis de Hilly à la compa-
giue de \L le Coum'dahh'. pom- les (piarliersd'avril-inai-Juin.
V.w l.'.CS. elle (tait remari('e ;'i .lacfpu's Barat, seigneur (!<•
— 264 —
Montraversier et des Chaises, duquel elle eut un fds. — Le 27
avril 1572, M" Lancelot de Rosny, comme tuteur de Marie et
Françoise de B'iUy, obtient contre le gré de Guillaume de
Brie et Denise de Billy la mise en adjudication du bail de la
terré de Courville moyennant 3.500 livres par an.
Louis de Billy avait eu de Félice de Rosny :
1° Denise de Billy, dame de Launay, mariée : 1° à
Guillaume do Brie, chevalier, seigneur de la Mottc-
Serrant ; 2» à Charles de Jouvin, chevalier, seigneur de
la Brosse.
2» Françoise de Billy, dame de Billy, Courville et Saint-
Jean de la Forêt, femme de Théodore des Ligneris, à
cause d'elle dix-huitième seigneur de Courville ;
3° Marie do Billy, qui épouse le 22 janvier 1578, mossire
Jean de Nicolaï, seigneur de Goussainville et do Preslos,
fils d'Antoine de Nicolaï, seigneur d"Orville.
XV. Théodore des Ligneris \ seigneur des Ligneris, de
Morancez, Ormoy, Chauvigny et Fontaine-la-Guyon, né vers
1554, était fils de Jacques des Ligneris, chevalier, et do
Jeanne de Calligault. — Le 17 juillet 1569, Pierre Hoteman,
bourgeois de Paris, procureur de Adrien de Gallot, chevalier
de l'ordre, capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances
de sa majesté, seigneur de Fontaine-la-Guyon, tuteur et
curateur de Théodore de Ligneris, fils mineur de feu messire
Jacques des Ligneris , conseiller du roi et président en sa
court de Parlement à Paris, et de damoiselle Jeanne do
Challigault, sa femme, donne à François de Vigny, receveur
de la Ville de Paris , quittance de 50 sols tournois , pour un
quartier de rente échu. — Le 25 août 1576, Théodore dos
Ligneris, écuier, gentilhomme ordinaire de Monseigneur,
frère du roi, donne quittance au même. — En 1577, il épouse
Françoise de Billy, par contrat passé à Nogent-le-Roirou , le
16 février, par devant Julien du Pin, en présence de Félice
de Rosny, demeurant à Brunclles, mère de la future, Messire
Lancelot de Rosny, seigneur de Brunclles, gentilhomme
ordinaire du roi, son aïeul, tuteur et curateur, et de Jean de
' Dos Litjnoris : De gueules, fretté d'argent, au franc canton d'or, chargé d'un
lion de sable et d'un lunibel d'azur.
— L^(Î5 —
Rosiiy, son onde. — Devenu j^'ouverneur de Verneuil,
Thérxlore «les Lij^'noris vend son {gouvernement au comte de
Soissons. ce (jni le |»('nl dans respi'it de llrmi III. (jtii
s'opposera à |on (dection aux Ktats-(;énéraux de ir)SS. —
Par i-epré."<aflles, sans doute, l'aiin<''e suivante, il l'ait prison-
nier et met à rançon le i»rociii-eur ^'•('iKM-al de la (îucrle (jui
se rendait à Tours pour répondre au dc'sir du r(»i. Des Li^Mieris
intri<ruait alors aui)rès de Réelainvillc pour ohleidr, au [)rix
de six iiiillc (''ciis. le ,ii'nu\crnement de «liaiiiTs. — Dans une
déclaration en date, à Chartres, du 'i'.) mars Killl. Tiu'odore
des Li^neris est dit : « chevalier, sei.uneur de Chauvi«;ny et
» Fontaine-la-Guyon , conseiller du roi et capitaine de cin-
» (juante hommes d'armes, demeurant ordinairement en son
» chasteau de Fontaine-la-Uuyon, de piv'sent loiic- an r'lia|»eau-
» Rouge. »
Théodore des Ligneris et Françoise de Hilly ont laissé :
1° Louis, dix-nouvième seigneur lic Courvillt? ;
2" Jacques, clievalii-r. seiL^iicur de Fontaine, éj)0ux do
Lucrèce de Fourmenti»''res. II habitait Courville en lOlî)
et Chuisnes en Ki^.'i;
3° Geoft'roy, clievalier de Malte de lOidre de Saint-Jean
de Jérusalem qui, le Kl jaiivii-r I<)22, constitue son
procureur ^^énéral Nicolas de Daiii,a'id, son beau-frère,
pour recevoir annuelli'ment de Louis, Jacques, Alljcrt,
Jeanne, veuve de Louis de Fontenay, et de Lancelot de
Kaerbont et Marie des Ligneris, sa femme, ses frères et
sœurs, les huit cents livres de la pension à lui par ses
père et mèi-e accordée par contrat devant Nicolas ( )Ilivier,
tabellion à Courville, du 1!S novend)re Kili;
■i° Albert des Ligneris, seigneur de Saint-Jean, époux
de Geneviève du Lorens ;
Ti" Jeanne des Ligneris, dame de Saint-Jean de la Forêt,
épouse de Louis de Fiaiteiiay. clievaliei-, seiL,''neur de la
Fresnaye.
()" Marie des Li_i,Mieris, reimnedi' Lancelot de Kaeiliouiit,
(alias de rEscail)otj chevalier, seignein- deCennnasst'.
7° Aufjfélique des Ligneris, fenune de Nicolas de
Dangeul, clii'Valiei-, si'igiieur de Soins.
XVI. Louis des Liiî-lielMS, chevalier, pli lid le lille de
seigneur de CouiviHe ;i la mort do Françoise de Milly. sa
— •2m —
mère, du vivant de son père. — Dès 1G29, il aliène ce
domaine qui, pendant six siècles au moins, avait ai)partenu à
la même famille. Nous ignorons les causes qui ont déterminé
la vente de Courville survenue toutefois à la suite d'une
séparation. En effet en 1680, « dame Anne de Fourmentières,
» épouse de Messire Louis des Lygneris , chevalier seigneur
» baron de Courville, autorisée par justice, demanderesse et
» requérante en exécution des sentences par elle obtenues
» contre Michel An vray, fermier du havage; Jehan Jollye,
» fermier du grefïé de Courville; Loys Lesmellin, fermier
» du péage; AP Robert Ollivier, fermier du tabellionné;
•» Blaize Therault, fermier du courtage ; Mathurin Bouthry,
» fermier des poids et mesures; Estionne Rocu: Pasquier du
» Teilleur, fermier de la boucherie ; Gilles Bouschet, meusnier
» du moullin du Chappitre ; Jacques Joullet, Pierre et
» Guillaume les Colletz, meuniers; Georges Gouppil ; Michel
» Baugis, meusnier du moullin du Prieuré, Mathurin Gou-
» geon; Loup Marie, fermier de la sergenterie, tous fermiers
» partie ulliers du revenu de la terre, seigneurie et baronnie
» dudit Courville , débiteurs et redevant h 13 dite seigneurie
» par devant et encore en continuant » — fait condamner
messire François de Bethune, chevalier, comte d'Orval, acqué-
reur, aluy payer les arrérages de sa pention qui sont echeus
et continuer icelle tant qu'elle aura lieu.
Il appose en 1022 sa signature sur le martyrologe de Cour-
ville <.
Nous donnons en annexe : 1° les origines de la famille de
Vieuxpont, telles que nous les avons trouvées dans les
manuscrits de la collection des Titres à la Bibliothèque
nationale, nous contentant de rejeter en notes les rensei-
gnements qui ne peuvent trouver place dans la descendance ;
2° l'aveu de 1366.
Roger Durand.
' Communication do M. le chanoine Môtais.
207 —
ANNKXK I
I. Hodo soijLrriciii- de \('ilii(iiii. ihcN.ilici-. cui di- Hn-ii.iî-dr
de Orantcnifsnil :
II. Anslec, seiîjriioiir (le Vcil{M»iil, chovalijM- <'ii 77(i. <'|>()ii\
(k' Aloïso (lo Mmifctri, liUc <lr I.olo, chcvjilior, sei^Miciii- dr
Moiitrorl ot do Aiisloclhi' dr lîriiiiiclior. d'm'i :
III. Ainaiill de \\'il]t()iit, iiioii en S02 cpoiix de Ancello de
Doiircaiii . lille de Herbert, sei;^nenr de I)<iurcaiii e( dr
Thiliiir;L;<' de Heauiiioiit ' d'oii :
I\'. Ilii.iriies. seigneur de \'eiliiont, vivant en 870. <'|>niix de
lIei-iii('ii;L:arde de Dreux fille de Huâmes- seii:netir de Dreux
ot de Hilswiiide de (Miàtoanlorl •', d'oii :
V. fJaiitiiM- do \'eil]if)nt, vivant en 870, eut de r,odlivdr de
Soez. lille de Kichai'd de Soe/, ' cl de rnilride la Danoise^:
Aliiiiie 'tu Adeloiso do Voilpont (|ui. de Rutnul (loyet, des
rjoths iiii de «iiiihie, sei_n-neui' ihi l'ciclie-Goyet, aurait ou
Eirtuoud (ioyot, scignoui- du l'orclio-Goy.
' HtTltert (Icsccndait ili' ("icoliiiy dr KoiiiTam et dr Maliainl d'Arj^oiigcs;
ThilMirt^e, dn Dorf do HcaiinKint ri di- Maiiildi- de Mocssay.
' Hiimii's, lils df Rolicil de Dri'iix cl de Adrli' di- Mmitloil , iiclil fils de
Lolliairi' s('ii,'iiciir de Dn-iix ri de Ji'hannc de Hoiidaii, ot , par si inèrf, de
(iérard, seigneur de Monlfort et de Hernieiilriide de Clievreiise.
^ Hilswinde, lille de Alard , seii,'iieiir de Cliâteaiifort , rt de Alix île Duurdan
petite-fille di> liimliaiid, sci;:iieiir de ('.liàliMiil'orl ri de Adi'iiiic d"Ks|M'iiioii ;
et |iar sa mèii- de Pialiol, si-igiinir de llnurdan et île lliKiiliiplie dr l'illiiviro.
* Richard de Seez, fîls de liegiiidioid dr Seez. elievalier, i|iii riait fils
de Iiigrr^er, eniiilr du Maiiir r| de Alix de Moutroil-l!retaL;iie, el petit-fils :
1" de (liishert, lOiiitr du Mainr et di' llutrude, tillr dr Cliarleriiapiie et de
Sairitr-llililrgaide de Souahe; 2" de Aiidraii, sire dr Montlorl rt dr (inet el de
(iuiotir, iirinirssr dr Vruiirs. — Alix, Illèrr de HiclianI, fille ^de T(»r(|ualus,
rlir\alier roiiiaiii. maître loreslier du roi es maiclirs il Anjou rt dr Itifta-^iie,
jîouvenieur de Iteniies, et de Aldiiiie de Vennaudois, el |ietite-lille : l"de l.iirius
Tori|ualii>. ri de Manilie; 2" dr lljerosnie roiiitr dr \ rnneiidois r| de Narre-
ronde de llasley.
'' l'rnfride, fille de (iodlrov Ir l»aiioi>; ri de (lisles fille dr l.otliaire, roi de
Lorrainr et de Waldiade dr Susr. fillr dr Mainlhiid, iiian|Uis dr Sum- , ronilr
du Palais sous (',harlrs-le-Cliauve.
— 268 —
AVEU DE 1366.
Du ro}^ notre sire à cause de son chastel et chatellenie de
Chartres je Jehan, sire de Vieuxpont et de Courville, cheva-
lier, advoue atenir les choses qui ensuivent :
Premièrement le chastel et chastellenie de ladite ville de
Courville, avec tous les droits appartenans à ladite chastellenie
et qui auxdits chastel et chastellenie peuvent et doivent
appartenir, avec tous péages, travers et toutes autres redeb-
vances quelconques appartenans à tous chemins, péages et
es fins et mixtes de ladite chastellenie durant ou allant dudit
chastel de Chartres jusques ou val par font et du chastel en
allant à Illiers jusques aux terres de Brehen ville et d'autre
part en allant à Belhomer par la ville de Pontgoing jusques
à l'orme appelé Ferré, et en allant au chasteau neuf jusques
à l'orme de Goin ville. Et semblablement, de Pontgoing à
Chartres jusques au droit de la Mothe-Rlchart, ai sur tous
les lieux dessusdits toute la justice haulte, moyenne et basse,
punition sur tous malfaiteurs tant desdits péages, trespassés,
comme autres en tous cas.
Et audit chastel sont et appartiennent les choses qui en-
suivent, c'est à scavoir :
La prevosté vallant par an tant esdits péages, coutumes,
havaiges et autres choses appartenans à icelle comme es
exploicts du bailliage et de la prevosté, cent livres tournois
ou environ rabattues les charges.
Item le feistage des maisons de lad. ville vallant par an
trente livres ou environ.
Item les cens de lad. ville et de la ville de Chuisnes vallant
par an vhigt-deux livres tournois ou environ.
Item lo four de ladite ville vallant par an dix livres tour-
nois ou environ.
Item le couvert de la halle de ladite ville vallant par an
quatre livres tournois.
Item six minots d'avoine sur plusieurs hostises.
Item un moulin foullends à draps et à tan vallant par an
dix livres.
— 200 —
Item trois moulins à Ijlcd, Iiiii appelé Gennestay. l'autre
Nouvet-le-Chelir. et l'autre Qui^nievert, vallant par an tous
ensemble huit muiils, rabatues les charf^es.
Item neuf ajjiens de prez en {plusieurs pièces vallant ddu/e
livres par ^n ou environ.
Item huit riviiires appelés gours vallant par an vingt livres
ou environ.
Item la garenne dudit chastel à touttes manières de bestes
et oizeaux. qui tiennent et doivent tenir garenne durant ladite
ville en allant selon la rivière Jusques au pont de la liische,
et d'iceluy pont en allant ii Billoncelles Jusques ii la eroix de
ladite ville de liilloncelles et de ladite croix en venant tout(!S
les vallées jusques à la ville du Couldray, et de ladite ville
du Couldray en venant à l'orme appelé l'orme de Haraumont
jusques à un fessez abutant à la rivière appelée la rivière de
Haraumont.
Item la haye du Guichet et le bois du Tronchay-Macruel
avecq les hayes, gaz et bruyères à la haye de Uilloncelles
ains}' comme elles se comportent esquelles a garennes jurées
et anciennes à toutes besles et oizeaux.
llem audit chastel appartient les mestairies qui ensuivent:
La mestayrie de la Touche, de Crochay et du Tartre o
leurs appartenances avec neuf muyds de terres que gast que
gaignable et cinq arpens de bois.
Item la mestairie de Rozeux o ses appartenances, quatre
ariiens de bois et deux septiers de terre.
Item la mestairye de Manj^ avec cinq muiils de icvvo i[ue
gast que gaignable, deux arpens de i)rez (^t tous les bois
ai)i)artenans à ladite mestairye et garenne Jurée et antienne
en tous bois dessusdits à toutes bestes et oizeaux.
Item iiu lerrouer du lliniicci-dii ri du lîrcuil sept muids de
terre gaignable ou environ en plusieurs pièces el ileux
arpens de noë ou environ tenans aux dites leires.
Item à Hetaincourt sur deux (jstis(!S six gcdynes jiar chacun
an avec trente sols de cens.
Item sur plusieurs héritages abonnes ;i vingt-deux septiers
de grain cest ascavoir les deux parties bled ef le tii'rs
avoine.
Item ;i liassigny tant en champarl coniiue en avoine len-
— 270 —
demain de Noël, cinq septiers que bled que avoyne, quatre
pains, quatre gelynes et quatre deniers de fournement.
Item trente deux sols de cens sur plusieurs héritages du
terroir de Dangiers et de Tessonvillo paies par chacun an
au chapiteau de l'église de Dangiers.
Item le banaige de ladite ville trois l'ois Tan, à Noël,
Pasques et Pantecoste durant chacun trois semaines, payant
chacun tonneau de vin vendu audit banaige trois sols,
vallant pour chacun an sept livres dix sols tournois, une
année plus, l'autre moins.
Item le prollit des places pour le chainge fait en ladite
ville vallant soixante sols tournois par an ou environ.
Item le protlit de la cervoise et autres breuvaiges vallant
vingt sols par chacun an ou environ.
Item de chacun vendant sel à destail ou en gros en ladite
ville de Gourville, un minot de sel, par an quatre septiers de
sel ou environ.
Item cinq sols de cens en la ville de Serez paies chacun
an, receus par le maire dudit lieu pour les- voieries et pour
les places des fumiers. ^
Item la mestairye de Prunay-le-Gillon qui jadis fut feu
Thibault le Roux si comme elle se comporte avec cinq muids
et demi de terre gaignable.
Item dix septiers de terre qui ne furent oncques audit feu
Thibault assis à la croix appelle la croix de pierre.
Item trois septiers et trois minots de terre qui jadis furent
feu Gillot Raveneau.
Item cent dix sols de cens ou environ en ladite ville de
Prunay sur plusieurs terres gaignables deubs par chacun an
à la feste de Saint Remy.
Item la mestairye de Crossay et ses appartenances en la
paroisse de Prunay qui jadis fut feu Monseigneur Guy de
Yillebon avecq onze muidz et demi de terre ou environ,
assis en plusieurs pièces, avec phisieurs places vuides qui
jadis furent hébergées, et deux ari)ens de vignes ou environ
et les hayes d'alentour de ladite vigne avec la garenne de
connins.
Item la moitié d'une disme à Gesainville vallent huit
septiers de grain par an, aucune fois plus, aucune fois
moins.
— 271 —
Itom iiiif ilisiiic ;i l'i iiiiay vallanl six scpticrs de irrain,
aucune luis plus, aucune lois moins.
Item un liel" Ixjurcier ;i Frtinay-lc-dillon vallanl ><tti\anie
sols quand le «eiy:neur cliainiic d<»iil 'riiihault llurtaull poi-te
la bouise,,et'sonl dépondents dutlil liel" les hoirs feu 'i't»ulbien.
les hoirs feu l'ierre Savouri'. les hoirs feu Simon Mihjchau,
Jehan «Unlleiuin. les in)ii's l'en .lehan !«• Mareschal d |ilu-
sieurs autres ddiii nous ne im»ii\(mis avoir coiinoissance.
Item par les domaines dessusdils Je Jehan dessusdit
garendist les vassours (pu s'ensuivent :
Messire Adam de \'ie/,ponl sire des Vs (pii en lient le lieu
des Vs o toutes ses ajipartenances tant en terres ^-aiynahles
comme non gaii^nables, bois, estangs, prez. cens, rentes,
gai'ennes. en ci>s domaines et plusieurs autres domaines par
lesquels il «jaremlisl (Mivers mo\ plusieurs \assoursel rieri'e-
vassours lesquels je ne peux jilainemenl déclarer pour ce
que ledit messire Adam est au saint voiaj^^e et aussi que ne
peux a\(tir cognoissance des vassours pour ce (pU' les uns
sont morts [)ar les guerres, et les terres en Irische. et par ce
n'y pust assigner. Kt en tous ces lieux a, ledit messire Adam
toutes justices haulte. iiKiyemic et basse.
Item. Messire Pierre d'<>\n\ille. chexalier, a cause de
Madame Jehauue de la Haye sa remiiie. (pu en tient le dit
lieu fie l;i Haye avec loiiles les aiipartenances iliceluy, sem-
blableiueiit comme le dessusdit messire Adam, sauf (jnanx
dessusdits il n'a Justice ipie de simple vasseur.
Item la mestairie de Lancey o toutes appartenances qid est
tenu lie moy o toutes ses appartenances, dont je n'ai point
d'homme, la(iu(dle Je tiens en ma main tant terres gaignables
comme non gaiguables. cens, rentes, vignes, rivières, et
plusienis aiilics domaines par Icsijiiels doivent être gareudits
plusieurs vassours ou rieri'evassours. laipndle chose je ne
pins (h'clarer |iar le ddfant dessusdil. el justice comme ;i
simple vassoiir.
Item messire lùienne iv<tger. chaiioiiu' de < liarires. (pd en
tient le lien app(d<'' 'l'hivars o t(»utes les a|)partenances tant
en terres, pi-e/,. cens, renies, moulins, rivières, foni- de
bannye et antres (hnnaim-s |tlusienrs par le^tpuds gar<Midii
quatre vassonrs. c'est a scavoii' : Jeli.ni Morean ipii en lient
272
à deux foys, tant en son nom comme ayant la garde de ses
enfans vassours dudit Roger. — Item Jehan de Houville, vas-
sour dudit Roger qui en tient à deux foys le four de Thivars
et plusieurs autres choses. — Item Isabel jadis femme feu
Jehan Lambert, comme gardienne de ses enfans qui en
tiennent une disme à Thivars vallant par an quinze septiers
de grain les deux parts bled et le tiers avoyne, aucune fois
plus, aucune fois moins. — Item messire Jehan le Goret ',
chevalier qui en tient une noë de moulin assise à Thivars
avec le profit qui appartient a ladite noë, terres, cens, rentes,
prez et autres rivières par lesquels ils garendit plusieurs
vassours et rierre vassours, lesquelles choses je ne puis
déclarer par le défaut de son aveu non baillé, et pour ce je
tiens les choses dessusdites en ma main.
Item feu Jehan Chauveau qui en tient un prez qui fut jadis
Pierre du Vory à cause de sa femme, assis à Thivars, terres,
cens et rentes sans aucuns vassours.
Item Regnault Gouffler qui en tient à Prunay-le-Gilon
vingt-cinq livres de cens sur plusieurs hostises et terres
assises au terrouer de ladite ville de Prunay -paies par chacun
an à la saint Remy et onze livres tournois vingt-neuf gelines
paiées par chacun an en ladite ville de Prunay le jour de la
feste aux morts avecq huit sols quatre deniers tournois
chacun an paiée le jour saint Georges et vingt septiers
d'avoyne le lendemain de Noël paies par chacun an en ladite
ville de Prunay et un muid de bled, vingt gelines et cinq sols
deus chacun an abonnagés lendemain de Noël à Prunay. —
Item ledit Regnault en tient à Thivas dix-huit septiers de
terre ou environ assis audit lieu. — Item quatorze septiers
d'avoine paies le lendemain de Noël audit lieu de Thivars.
— Item les dismes de Thivars qui vallent chacun an vingt-
sept septiers de grain aucune fois plus aucune fois moins. —
Item une oustise assise audit lieu de Thivars qui vaut par an
huit sols quatre deniers tournois païés le jour saint Rémy.
Item dix livres sur la [)révosté de Courbeville de rente
païés a la feste aux Morts.
Item le péage de Cernay et les travers qui vallent de
Certaines copies portent Jehan le Hoef.
27: i
rente s(^])t li\ft's uii niviruii ,ivrc les j>r(»(îits ipii y .iiiiiai'-
ticnnent pur us et par couluinc.
Item IMcrre (Jabillo ii cause de sa feuiiiic cl de ses onfans
jadis enfants de; feu Jchaii de lit-rou et d'elle qui en tiiMit son
h(!'beriienient df' Oesanville oses appartenances quatre inuyds
et demi de terre ou environ assis en plusieurs pièces audit
teri'oir, plusieiu's rv\[<. et r(>ntes en deniers par lesquels il
garendist plusieurs vassours et rierevassours audii lieu de
Prunay-le-Gillon.
Item Baudoiiyn de Souplainville ecuj^er à cause de sa
femme ijui en tient à une foy et hommaiife les domaines qui
ensuiven! c'est à scavoir un liel)er^ement assis en la ville
d'Alloué suivant eue il se poursuit et un moulin h tlian et à
bannie enclos audit heberc:ement..
Item les vergers enclos deriere ledit heberi^ement tenant
aux oustises. Iiem deux oustisesassises devant ledit héberge-
ment entretenant l'une à l'autre.
Item quatre arpens tant en vignes comme en vergers et
un enclos auquel clos est assis un colombier. Hem une
garenne assise au bout dudit clos.
Item sept muyds de terre semeure appartenant audit
hébergement assis au terroir d'Allonnc eu plusieurs jtieces.
Iii'iii les cens de dix-iieul arpens et demy de vigne assis
audit lieu d'Alonne, pour chacun arpent cinq sols de cens et
une gelyne paies lendemain de Noël, et s'ils delïaillent de
paier il les peut exécuter de sejjt sols six dt-iiieis (rameiide
lîe cens non paies.
Item neuf livres quatre sois douze gelynes et un ([uarl de
gelyne de rente assises sur vingt-neuf septiers et mine de
terre aux champs. Item d'autre part quatre livres (juinze
>ols six deniers tournois et trois gelynes et demye assises
•stu- plusieurs oustises d'Allonne pa'ies à la S' Christophe sept
^ols.
lleni il la d(-c<dation S"^ .Jehan-Baptiste soixante sept sols
ili'ux deniers maille onze gelyne et un cjuai'l.
Item lendemain vingt et un sols trois deniers oboUe deux
gelynes et un (piart paiees par les habitans desd. oustises
il plusieurs paiemens et Testes. Kl au cas (piils dellaudraienl
le paiement ih ilciiieurent en sej)tsolssix deniers d'amende
'li.iriiii cil vei's ledit |{aiiiliiii\ n.
T. \il, t/ H*
— 27 1 —
Itoiii une oiiche assizo au droit de la trirouair de Tirepault
auquel il y a poisson et garenne de poisson et toute pesche-
rie prise et chasse de poissons.
Item plusieurs vassours qui tiennent dudyt Baudouyn c'est
àscavoir je Jehan dessusdit. Item Monsg'' Maupin de Marolles
chevalier premier vassour. Item les hoirs feu Monsieur Hue
Goulart second vassour. Item Thomas d'Alonne tiers vassour.
Item la femme feu Geoffroy Robert quart vassour. Item Jean
Guiard quint vassour. Item Marie d'Alonne sixième vassour.
Item Jean Pottier septième vassour. Item Jean Gaucher le
jeune huitième vassour. Item Aubin Gaucher neuvième vas-
sour. Item Perrin le Royer dixième vassour. Item les hoirs
feu Girard le Royer onzième vassour. Item Petit-Jehan Gou-
lardeau douzième vassour. Item Jehannot Phelippeau
treizième vasfeour.Item Arnould Girard quatorzième vassour.
Item Thenot le Bourrelier quinzième vassour. Item Jehan
Boutaint seizième vassour. Item Richard le Couturier dix-
septième vassour. Item Jehan Hemery dix-huitième vassour.
Item Jehan Debas dix-neuvième vassour. Item Guillaume
Georges vingtième vassour. Item Jehan ^ouslart, boucher
vingt et unième vassour. Item Guillemete, femme de feu
Naveau vingt-deuxième vassour. Item Lorin, vingt-troisième
vassour. Item Jehan des Grandies vingt- quatrième vassour.
Item avec les fermes domaines pre valable des susd. vassours
il tient en domaine de moyJehan dessusdit tousles marchands
devin en bannie manans et habitans delad. villed'Allonneet
es lieux dessusd. que nul ne nulle taverniers en taverne
vendant vin à destail ne peut vendre ne faire vendre vin à
taverne dès le samedy veille des grandes pasques jusqu'à
l'autre samedy ensuivant et aussy de la veille de l'assomption
notre Dame jusques au huitième d'icelle ensuivant. Et aussy
le samedy veille de Penthecoste jusqu'au samedy d'icelle en
suivant si ce n'est par la licence dudit Beaudouyn ou de ses
députés. Ne ou aucun ferait le contraire, le vin qui serait
dedans le tonneau de droit s'en ap})lique ou ;i nioy si le cas y
escheoit ou il rachepteroit de soixante sols un denier. Ne
aussy nul ne nulle des manans et habitans de ladite ville
d'Allonne ne peut achepter pain ne cuire pain hors de ladite
ville d'Alonne pour sen user si le bled n'est moulu au moulin
de bannie dudit Baudouvn et cuit en son four de bannie
lcs(iuols four cl iiiciiiliii. son! assis (Ml ladite villrirAli)iiiio fl les
liont tlo inoy coinnie les doniainos. Et au cas qu'ils Coroiout
le contraire ledit Iiaud(juyii {louroit prendre ledit paincoinnie
sien acquis ou :Cnioy si le cas y echeoil. Et aussy ledit Haudouyu
a touttes chasses de connins i)ar tous les verijers d'Alonne
cxcept*' celles qui aux hoirs de feu M"" Hue r.oullard appar-
tenent. Itoni tous cris subaltations (riu'rilaLres et pour lui-ce-
uieut sur tous les nianans ethal)ilaus de ladite ville d'Ahuine
et sur tous tenans de luy en ticf et en censive de eux luouter
et fer monter en armes et en chevaux chacun selon son estât
touttes et quantes fois que mestier en sera, toute voierie par
toute ladite ville d'Allonne et au terroir d'Allonne esquelles
voiries et chemins nul ne nulle desd. manans et habitans ne
|)euvent faire fumiers s'ils ne asseurent la place dudit Hau-
douyu ou de moy. Et ou cas qu'ils ne le feroient ledit Hau-
douyu pouroit prendre et appliquer par devers luy lesd.
fumiers en payant à celuy qui l'auroit fait quatre deniers
tournois pour chacune charete ou à moy si le cas y echeoit.
item sur tous les domaines et vassaux dessusd. sauf en ce
(jue je suis vassour comme dit est ledit Baudoin a en la ville
dessusdite toute justice haute moyenne et basse et par touttc
ladite ville dAllonne es chemins et boys, fiefs et arrière liefs
et par tout le terroir dicolle.
Item Monseitrneur Thibault deFrainville chevalier vassour
de moy Jehan dessusdit qui en tient la mairye de Prunay-le-
Gillou avec plusieurs domaines cens rentes et autres choses
dont nous ne pouvons avoir cognoissance parce que les terres
sont en friche et par ce ny pouvons assigner.
Item Jehan Langlois qui tient la moitié d'un hébergement
a 'Jezauville avec la moiti('' cy comme il se comporte avec
lanioitii'îde sept livres tourn.. quatre sols de cens et dix-huit
gelyues deus sur plusieurs outizes et terres assize a Gesan-
ville. aux Vaux, lui revenans avec Simon de Croce écuyor
• lu(|ii(l il lieu! l'autre moitié. Lesquelles choses dessusd.
furent ii l'i-n Geoffroy de Lestourville et après h Robinet
fl'Izy son |iii(|ecesseur.
Itciii SyiiKiiiei de Croce ecuycr, vassour de moi Jehan
dessusdit cpii en lient en ddUiaiue son hébergement de Croce
cy comme il se poui'suit et compoite. et les plantes et les
liois. Item ûi)U\ muyds de terre assis en pliisicms pièces au
— 270 —
terroir de Croce avec cens rentes et [jlusieiirs domaines et
par les domaines dessusd. il garendist plusieurs vassours et
rierevassours.
Item Gaultier de Chartres qui tient de moy Jehan dessusdit
à trois foys les choses qui ensuivent c"est à sçavoir à la
première foy vingt six septiers et mine de terre en plusieurs
pièces assis au terroir de Croce. Item à la seconde foy dix-
sept septiers de terre. Item à la tierce foj' un muyd de terre
en une pièce que l'on appelé le chamj) de la Ferté. Item par
les domaines dessusd. il garendist plusieurs vassours et
rierevassours et censiers.
Item Pierre Gabille à cause de sa femme qui en tient un
hébergement cy comme il se comporte avec un colombier
enclous audit hébergement assis à Loulappes. Item un muid
de terre en une pièce. Item seize septiers assis audit terroir
d'autre part et par les domaines dessusd. il garendist plu-
sieurs vassours.
Item les hoirs de feu Loys de Mesrobert qui en tiennent à
deux foys c'est à scavoir vingt septier§ de terre assis au
terrouer de Loulappes. Item de la seconde^foy cinq septiers
de terre assis audit terroir par lesquels domaines il garendist
plusieurs vassours et rierevassours.
Item les hoirs de Marion qui en tiennent vingt deux septiers
de terre assis es ousches et audit terroir do Prunay-le-Gillon.
Item plusieurs autres mes vassours audit lieu de Prunay-
le-Gillon.
Premièrement .Jehan Morize qui en tient trois septiers à
Prunay.
Item Michau de la Forge qui en tient cinq mines à Prunay-
le-Gillon.
Item Thibault Hurthault qui en tient trois mines de terre
audit terroir de Prunay.
Item Michault d'Autebiu qui en tient une houssoye à Prunay
contenant trois arpens.
Item .Jehan Hurtault qui en tient trois minots audit lieu de
Prunay.
Item Pierre Germain qui en tient cinq mines de terre audit
lieu.
Item .Jehan le Portier qui en tient un septier de terre audit
lieu.
— 277 —
Item les hoirs feu Jehan Chapellicrqiii en tiennent une mine.
Item Monsieur Jehan de la Barre qui en tienttrois mines de
terre et garendist plusieurs vassours.
Item les hoii^ IVu Jchaiinot do riumit-prc (jui tu liennent
une niync. ,
item Jehan l>uubl('i quientitni deux septierscic icrrc audit
terroir.
lesquels en tienneni plusiciiis lu'rita|j:es comme lerre cens
rentes et autres chmiaincs pai- lesquels il irareudist plusieurs
vassoiiis ei rierevassuurs. l)es domaines et vassours nous
n'en pouvons avoir ni tuilier par déclaration parce que les
lerres sont (mi friche el partie des personnes chaui^ees et
allées de vie il Irepassement el par ce iMo,\"en nous n'en jiou-
vons avoir co^noissance.
Ileni Jehan de Lan^uedoue qui tient a une Iny un heber^^e-
nient cy comme il se poursuit vij^nes vergers tout encloux
et vini^jt muis sept septiers de terre et bois en plusieurs
pièces par lesquels domaines \\ garendist plusieurs vassours
et rierevassoui's.
Item les hoirs Geollroy de Lestourville jadis ecuyer qui en
tient il deux l'oys. c'est il scavoyr la pi-emiere foy vingt sep-
tiei's el myne de terre, l'autre en domaine poin- c(î que c'est
lie ancien par lesquels liefs il garendist plusieurs vassours et
rensiers c'est à scavoir Monsieur Thibault de Frainville che-
valier, llein 'luillainne Roger. Item Mit liaull de Francour-
ville. lieiii Jehan (]r ("liautcpie par lesquels sont garendist
les riere vassours et censiers.
Item les hoirs feu Pierre Savoure- qui en tient ii une foy
quatre se|)liers et trois nnnesen ])lusieurs i)ièces par les(|uels
il garendist les vassours ((ui ensuivent. C'est ii scavoir
Kegnaull «Jerniain. Aul)in le llucher, Liger Thil»aull.
Hem Kegnaull |)cspoi-les de lioissay qui en tient ii li'ois
l'oys egallemeni. l'remieremeiii \ ingt cinii septiers (h- |ei-|-e
'Il domaines assis en plusieurs pièces par i|Uoy il gareinlisl
phisieurs vassours, c'est ii scavoii- : Sainxol Huel, Jehan
iiouguiei-. !)eiiis Mace. l'ellill iMcJielh'. R<'gnault Despoi'tes.
la veint' de l'eu (iuillaume de Heliiancourt. Ilem les hoirs
J«'han i'hilippol seitlieme \assal. Item Jeiian de la Ri\iei-e
écuyer huilieme vassour pai- lesquels vass«un's son! iraren-
dils plusieuis ricrcvas.s(uirs dudit I)es[)ortes.
— 278 —
Item Philippe Delaporte, bourgeois de Chartres, qui en
tient à deux foys ce qui ensuit : C'est k scavoir la première
foj'^ quatorze septiers de terre en une pièce au terroir de
Crocey. Item à la seconde foy quatorze septiers de terre en
plusieurs pièces audit terroir et une disme assise en icoluy
sur plusieurs héritages par laquelle seconde foy il garendist
les vassours qui ensuivent. C'est à scavoir d"*^ Isabelle jadis
femme de feu Huet de Bouves qui en tient quatre livres treize
sols quatre deniers de menus cens sur plusieurs héritages.
Item Jehanne de Launoy jadis femme Huet de Bouves
qui en tient deux arpens de prez assis en la rivière
de Chuisnes et deux arpens de pâture fauchables tenant
à une foy.
Item Gillot Baron qui en tient demi muyd de bled de rente
par chacun an sur le quart du moulin de Nouvet des Hays et
par quoy il garendist Michault de Chaillozau son vassour.
Item les héritages qui furent feu Regnault Chollet pour un
vassour à deux foys lesquels en tient par deflfaut d'homme
c'est à scavoir son hébergement et ses a"ppartenances assis
au Brosseron et colombier, contenant ledit lîebergement trois
septiers de terre. Item vingt neuf septiers et mine de terre
en plusieurs pièces à une seule foy et à la seconde foy un
arpent et demy de prez.
Item les hoirs feu Thibault Quatresols qui en tiennent dix
septiers de terre en plusieurs pièces au terroir et en la
paroisse de Meignay.
Item le quart des champarts qui jadis furent feu Macot de
Chautionart et Monsg"" Guillaume de Thiville assis au terroir
des Vaulx de Jorran et le quart de trois sols de menus cens
qu'il a avec les dessusd. rendus par chacun an à la Pomme-
roye sur Cernoy tous tenu à une foi.
Item Jehan de Villete qui en tient à une foy c'est à scavoir
son hébergement de Challoiau cy comme il se comporte
o toutes ses appartenances. C'est à scavoir trois arpens et
demy de bois juxte ledit hébergement et six septiers et mine
de terre par lesquelles il garendist les hoirs feu Guillaume
Langlois de environ cinq septiers de terre et deux arpens et
demy de bois ou environ.
Item Jean Simart comme garde des enfans feu Jehan le
Bastart à cause de sa femme qui en tient trois septiers de
— 27ÎI —
terre assis au terroir de Bienfoiil. Item trois septiers de terre
audit terroir. Iit'iii «iciix sciitiers dr tcrn* audit terroir.
Item deux sepiiers de terre au terroir de (leiinestay et une
noue coiilenanC trois niuis a.ssise entre Xouvay et (îenestay.
Item nuiHennn Barltou, Ijonrireois de Chartres, à rau.se de
>a l'emme (jui eu tient un lieheriiement appeh' lietelasse ry
comme il se poursuit <> toutes ses appartenances ei sept
iiiuyds ([uatre septiers de terre en {ilusieurs pièces envii-un
ledit lieber<^enienl. Kl par ce irarendil deux vassours. C'est
à scavoir les hoirs feu Simon Chollet et Jehan de Kliemalanl
à deux Toys.
Item la femme feu .lelian Lory comme irarde de ses enfants
((ui en tiennent un lieberg-ement cy comme il se poursuit
assis h Tencloux.
Item cin(| septiei-s et mine de terre audit terroir et deux
arpens et un (juariier ([ue bois que noue et par ce f^arendit
deux vassours c'est à scavoir Jehan Lartreur et Jehan Delaloge
il une foy.
Item (Tuillaume Jacquclin qui en tient ii une foi un arpent
de noue.
Item quatre arpens de bois assis à la clousierc des Char-
mois et sept septiers et demy minol de terre en plusieui's
pièces et deux deniers de rente assis à Chermoy par lesipuds
il irarendit trois vassours. C'est à scavoir Etienne Descnre.
riie\cniu Thomas et Jehan Larcreur ses vassours.
Item les hoirs l'eu Jehan Hubert (jui en tiennent ;i une foy
six septiers de tern^ assis au terroir de Loidappes.
lleiu Nor-l 'rrouillnnl (jui eu lient une placer assise ;i la
Touche et quatre septiers cl mine de terre assis audit lieu et
par ce ^l'arendit les hoirs feu CTilloJ Throuillard.
Kem Jehan (Jaig'uon demeni-ant audit l'riiuay le (lillou (pii
en tient une nnne de terre a Piiinay le (lillou.
Iieui Anlbin <iuillni (pii eu tient nue iioi"' assis ;i Macelin.
Ilem .leliau Letrras (jui eu lient un miiyd de ter-i-eassisaudil
teiToir d'eUN iiou le uioulin de Nou\ cl le ( 'bel il a une foy.
Item M" Aiidre La^rue i|ui eu tient ;i quati'e l'ois ci' (pii
ensuit c'est ii scavoir six muyds de terre tant uaiirnable comme
n()n i/aiiTiiable assis en |ilusieurs |)ieces an tei"i"oir lU's cures.
Item li-ois arpens de bois et trois de noe.
Item a la seconde foy son heberprementdu 'ii'onchay juxte
— 28(:) —
Coiirbeville o ses appartenances avec vingt septiers trois
minots de terre ou envii-on led. hébergement.
Item trois muyds en une autre pièce et arpent et demy de
noë et un hébergement qui fut feu Jehan du Tronchay et par
ce garendit un vassovu* c'est à scavoir Colin Jougan.
/ Item il la tierce fois dix so])tiors do terre assis an terroir
de Broceron.
Item à la quarte foy trois septiei's de teire assis au terroir
de la Noë.
Item Michault Regnault à cause de sa femme qui en tient
à deux fois : Premièrement à la première foy quatre septiers
de terre. Item à la seconde foy six septiers de terre et un
vassour c'est à scavoir Louis Lucas qui en tient quatre
septiers de terre lequel vassour garendit plusieurs rier-
vassours.
Item Jean Gouceaume qui en tient dix septiers de terre au
terroir de la Prestriere par lequel domaine il garendit plu-
sieurs censiers.
Item Sainxot Bourault qui en tient quin'^e septiers de terre
au terroir de Serez et par ce garendit deu?? vassours, c'est à
scavoir Jehan Louste et Jehan Surot.
Item Jehan Louste qui en tient à deux foys c'est k scavoir
à la première foy quatorze septiers de terre au bordeau de
Chuisnes. Item dix-sept septiers en plusieurs pièces à la
seconde foy au terroir d'environ le Tertre.
Item Jehan Moreau qui en tient six septiers de terre assis
au terroir des Bordes.
Item Simon Le Chat qui en tient quatre septiers de terre
assis au terroir d'Occonville.
Item Jehan du Charmoy qui en tient trois mines déterre au
terroir de Charmoy.
Item Jehan de Merobert ecuyer qui en tient un prez api)elé
le prez de la place. Et par ledit prez garendit Noël Trouillard
vassour entier de la moitié dn moulin de la Place.
Item les hoirs feu Thomas Rousseau qui en tiennent trois
arpens au terroir de Thivas. Item trois minots audit terroir.
Item quatre deniers oboUe de cens et rente par chacun an
le jour de la S' Remy avec les prol^Hts qui en peuvent
dépendre et par ce garendist M^ Estienne Bellot son vassour
de cinq mines de terre audit terroir.
— L'Sl —
Item les hoirs ou ayaiis cause do l'eu .Ichaii df Kichanl qui
en liennenl six septiers de terre ;ui li-rmir du rciii-c.
Item Jacques Lefebvre à cause de s.t femme, serj^'ciii du
roi notre sire fetjuol en tient (juatrc miu\ ds it dciny tir terre
avec une l+ofde qui est dans l.Klitc tcrrrci it.ii-ccLr.irciidil un
vassour c'est il sca\(»ir Maco ilc la Harrc i|ui m licul qn;iii-c
sepliors de terre à une loy.
Item les hoirs Icu Cidin Lr l-'clivrc qui en licuucui rinq
muis et un seplier de terre en plusieurs pièces assis an h rr«iir
d'entre Boissay et le Coudray et par ce ^arendit 'Guillaume de
la Beurriere, vassour desd. hoirs qui en liennenl vinirt-ti'ois
septiers de terre audit terroir ii une loy.
Item Rohin le Camus à cause de sa femme (pii eu lieiii a
une foy six s»q»tiers de lerre assis dexaul le moulin df (im-
nestay et par ce ^arendist .Jehan Qualremaillc de drux
septiers de lerr<' audit teri'oir.
Item les hoirs de feu .lehan Sainxe tpii eu tieuurui dix
st'piicrs assis a l'oruie du Couldrean sui' la louiaine ei parce
Liarcinhl i-\\\i[ \assouis c'est assavoir Liihiii du Burreau qui
en tient trois septiers un nnnot de terre. Item Thieunot .lac -
(piel (pli en tient trois sejitiers un minot de terre, item (drard
\'i(dle (pli en tieiil une mine de terre item Lucas du Coiil-
ilreaii (pii eu lieiil une mine, llem Jehan des \'aiix ipii fii
tient une mine.
lleiii Colin .luLiaii i|ui eu ticiil a une foy ciiui mines de lerre
assis derrière la \ille de CdmlicN ijle.
Item les hoirs ou ayaiis cause de feu .Mail in iMicliesu.iy (pii
en liennent trois mines de terre assises au terroir de'l'hivas.
Item J(dian du Charmoy ({iii en lient deux seplier^ de ien-e
assis au terrctir du hois feu Vxcs a une foy.
Item les hoirs feu .Michelel de la Ki\iere (pli en tielilielll
(juatorze septiers sceis en la paroisse de Chnisnes Jnxie la
vcjye (pli \ieiii de lîelaincouri a cjiuisne.
Item les hoirs l'hilippe de l.i l'olle (pli eu lielllielit a (plaire
l'oys (plaire septieis de leric cl mine assis an terroir if \c|ii-.
Item l'erot Na/.arl (pii eu lieiii ;i une lois un ludieriicineiil
et .ses appartenances assises à Bienlol Item cin(| deniers
de cens de rente deus par chacun en ladite \ille paies par
Ciaucher de Chartres trois deniers loiunoiN. ei jiai- Colin
d'Orouer deux deniers.
— 282 —
Item Xocl Trouillard ({ui en tient à une ïoy dix huit sep-
tiers de terre assis : un muid au vau de la Charentonne et
six septicrs au terroir de Maillibort. Item dix septiers de
grains les deux paris hled et le tiers avoyne en la grande
disme de S' Germain. Et par ce garendit trois vassours c'est
à scavoir les hoirs de feu Nicolas et Jacques les Trouillart et
Belon femme feu Guillot Trouillart lesquels conjointement
en tiennent autant de grains sur ladite dame de S^ Germain
comme ledit Noël.
Item Colin Boudon qui en tient trois mines de terre assises
aux Vaux en la paroisse de Prunay le Gillon.
Item ISP Gilles de l'Aubépine à cause de sa femme lesquels
tiennent à trois foys c'est assavoir à la première foy cinq
mines de terre au terroir de Bienfol. Item à la seconde foy
cinq mines audit terroir. Item à la tierce foy quatre septiers
trois minots.
Item Supplice Bernier qui en tient la moitié d'un prez
assis environ de la Noë contenant demy arpent et un quar-
tier.
Item Jehan Estienne qui en tient la moitié d'un arpent et
demy joignant à mes prez.
Item les hoirs ou ayans cause de Jehan de Bré qui en tient
cinq septiers de terre en deux pièces au terroir de la place.
Item Jehan Boulehart qui en tient à une foy seize septiers
de terre assis au terroir de Pommeroy en plusieurs pièces.
Item Lucas des Ouches qui en tient un hébergement et
ses appartenances assis à Thivars.
Item Colin Jugan qui on tient trois arpens de terre assis
au terroir du Broceron.
Item Perret Beraudier qui en tient 7 boisseaux et domy
de terre assis au terroir de Prunay-lo-Gillou.
Item les hoirs de feu Etienne de la Henriero qui en tient
la sixième partie de tous les champarts du Tielin et de touttes
les appartenances d'iceluy lieu (pii souloient monter pai'
chacun an riiii paf l'autre environ ;i irois nniyds. Item la
sixième partie de la vente des dismes et des cens sur tous
iceux champarts qui vallent ou peuvent valloir à chacun an
l'un ])ar l'autre de rente environ deux sols. Item demy quar-
tier de terre. Item quatre septiers de grain de rente sur la
sixième i)artie do Robert Garnier. Item quatre septiers de rente
— v»s;; —
sur la iiarlic roliii N'ivicii jt.u- laismi i\v (.'ollcle sa iViiiino
et toute en une loy.
Item M' Robinet de Vieuxpont chlr qui on lient trois niuids
(le terres au Çernur de Courbeville l(jiil environ la justice
dudit lieu U une loy.
Item Madame Jehannc de Nit-uxiionl jadis iVinint- l'eu
Monsieur Louis d"Kstouteville jadis chevalier (|ui en tient la
nietayriedii \n\ .luly, le plossis. colombier, estan^' et vivieret
vin^Mdeuxmuidsde terre on <'n\ ironassis eni>lusieurs pièces
avec un<^s éperons doré ou cinq sols pour la valleur pris sur
une maison devant la halle de Courbeville qui jadis lut feu
(Uiillaume le Cointereau barbier et la haye de Bethancourt,
la haye Tronchet (» la haye aux malades, le bois feu Yvon.
la L^^arennc neufve juxte les bois, et irarenne a connins par
tous les lieux dessusd. Item deux mailles de cens sur le
\)vr de Nouvet (jui jadis fut feu Colin Badin avec les prez
(jui ensuivent c'est à scavoir le pré appelé le gain de Nouvet
la noe More juxte la mestayrie et les prez et pastures au
dessus (lu moulin de Ganelon par lesquels il trarendit deux
vassours c'est à scavoir Jehan Michon d'un muid de terre ou
environ assis derrière le Tronchay. Item Jehan (Jlhopin (jui
en tient en la paroisse de Chuisue et ailleurs plusieurs lieri-
tai^'es. Item Jehan de Many qui en tient à Chuisne a une foyla
iiioitif' de la noue More par deriere la croix. Itt'ni la iiioiti(''
(le lieux gelynes rendue à Noël pour le retcjur. Hem la
moitié dudit retour du [)onl ({uardeux. Item deux muids
de terre aux bois Aubert. Et par ces domaines garenditdeux
\assours c'est à scavoir Perrot le Chandelier ((ui en tient audit
terroir deux septiers et mine de terre. Item Jacques Follet
qui en tient à cause de sa femme deux septiers et mine audit
terroir.
Item Robert de \'i,uiiay quien tienteii la paroisse du Faivril
la inoilii' (lu liois carreau avec les friches, ^'as et lirieres
aiijjres lenans au dessus des dessusdites friches.
Item l'icrre <iabille ;i cause de sa feiniiie comme ayaiil le
l)ail des enfans feu (Mlhd ("ourol de l'oiitudiu^- (pii en tient la
moitié du bois carreau, friches, i^as et lii-uyei"es aupi-es
tenans au dessous des dessusdites friches.
Item les hoirs feu Simon des Bois ilinoisl pour le iem|is
qu'il etoit hébergé, la mothe et tgus les fos.ses sus nommes c\
— 284 —
comme ils se comportent à Tenviron de ladite mothe avec un
arpent de bois tenant aux fosses dessusdits. — Item la terre
appelée le censsement que plusieurs censiers tiennent desdits
hoirs à cens et avenaiges paiëes le dimanche après S*^ Remy
vallant en argent cinq sols et on arrérages neuf septiers
d'avoine à tels droits comme il pourroit appartenir et sont
tenus à trois foys.
Item les hoirs ou ayans cause de feu Perrot de Rothux qui en
tiennent plusieurs domaines par lesquels sont garendis plu-
sieurs vassours lesquels nous tenons et sont en nostre main
par le doffaut d'homme et par ce n'en poures faire décla-
ration, generallement les domaines et vassours appelés les
Roseaux étant en la paroisse et terroir de Bailleau le Pin.
Item Michelet de Geouville ecuyer qui en tient à une foy
son hébergement de (jehouville o ses appartenances. Item
sa part de l'aunoy dudit lieu qui contient un arpent. Item
Lino pièce de rivière aux planches de Meauce. Item trois
arpens de bois audit lieu. Item cinq arpens de bois aux champs
du pays. Item trois arpens de bois assis ii la Corveerie.
Item cinq arpens de pré au bout de la h^-e de Bellomer.
Item cinq septiers de terre assis aux Boissieres. Item neuf
septiers de terre au Chemin-Ferré. Item vingt septiers de
terre vers les planches de Meaucé. Item denu arpent de pre
audit lieu de Meauce. Item le champ du Murger contenant
deux septiers. Item trois mines de terre sur la fontaine
de Geouville. Item un courtil contenant trois mines abutant
aux courtilles Jehan de Geouville. Item une pièce de place
contenant un quartier de terre. Item en la paroisse de Bail-
leau le Pin deux septiers de terre delez Collin Ferrant et
juxte Perinneau d'autre. Item une mine audit terroir et par
les domaines garcndit le vassour Jehan de Geouville pour
deux septiers, Jehan des Avaux et Jehan de la Breviere.
Item Jehan des Courtils à cause de sa femme qui en tient k
([uatre foys les héritages qui ensuivent en domaine. Premiè-
rement à la première foy vingt arpens de terre assis au ter-
roir de Cheville en plusieurs i)ieces. Item à la seconde foy
sept arpens et demy de terre assis à lasausaie Chauvelle en plu-
sieurs pièces. Item à la tierce foy cinq arpens et demy de
terre assis au terroir du Broceron en plusieurs pièces. Item
k la quarte foy demy de terre assis au terroir du Daulemont
— 285 —
en iiiif pioce et par* les tloinaiiies dessusdils prarendist les
vussours qui ensuivent. (J'est à scavoir Massot et (tillot les
Bidaux d'une mine et un boissel. Item Ouillot lilsde (eu Jehan
Bidault de (juaire arpents de terre. Item le lilsde l'eu Pliilipnt
Bidault et jes- vassours de feu (Juillot liidault qui enticiicn-
nent un sciiiicr de tori'c.
Iiciii les liojis dr Icu l't'i'iu Cotliei'eaii qui «'H tienueul une
mine de terre.
Item (iuillaume de Rivci-aiii ijui en liciii deux aipcns de
terre.
Item les hoirs de feu 'iilloi h\il)iii t\\\\ en lienncnl trois
arpens et demy quartier de terre
Item les hoirs et la femme feu .!< liaii de la Kivicrc (pu en
tiennent trois arpfus et demy de icri'c
llciii fiuci-iii ('(iilicrcau (pii en liciil la iiioilii' d'un ai'pfiit
et dciiiy de terre.
Item h's hoirs fcMi .Icliaii iîidaiili qui en tiennent un arpent
de terre.
Item .Jehan lils feu (Jillot IJidaull qui en tient deux arjtens
et demy quartier de terre.
Item les hoirs de feu Louis Bidault (pii en tiennent l'autre
moitié.
Item .Jehan d'Houarl (pii en tient se])t arpens de terre.
Item Guillaume Laniilois qui eu lient trois arpens de terre.
Item .lehan Quatremaille qui en tient (pialre arpens de
terre.
Item les hoirs (eu .Jehan de la l'uHe (pii en tiennent demy
arjx-nt de terre.
Item <'iprien Drouarl qui en lient en\iron trois quartiers
de noe.
Item les hoirs 1(11 l'ieire de Beauinonl (pii <mi tiennent à
une foy dix septiers de tei'i-e an icrniji- i\[[ lîimil.
Item les hoirs l'en Monsieur .Michelel Michon |trestr<' seiz»'
septiers de terre en plusieurs [)ieces c'est ;i scavoir <lou/e
septiers au chemin chartrain (d (pialrese]diers au terroir de
Bosmonl. Hem un^' heg hourcier au (ei-roir de .M(jndon\ ilh-
ou il n'a rien laboure et par ce ne le puis bonnement
déclai'er car Je n'en ai point doiimc.
Item la femme feu «Miillaunie d.' l'.izay laiii en son nom
comme ayant la Ljai-de de se< eufans qui en lient a trois loys
— 28(» —
c'est à scaA'oir à la première t'oy trois mines de terre assis
au terroir de Girou ville eu plusieurs pièces. Item à la
seconde i'oy vingt septiers audit terroir au long- deHuet Lan-
g'uedoue. Item à la tierce foy seize septiers de terre tenant au
long du chemin par lequel Ton va de Houville à Guignon-
ville.
Item les hoirs et ayans cause de feu Jehan de la Loge qui
en tiennent à une foy quinze septiers de terre au terroir du
Vau de la Charentonne.
Item Richard le Barbier qui en tient trois septiers de terre
en une pièce au terroir de Brueil.
Item Jehan Poirier qui en tient cinq mines de terre juxte
la haye Robinet. •>"' '' '
Item les hoirs ou ayans 'cause de feu Simon de la Ferté qui
en tient demy muid de terre assis entre Pommeray et le
Charmoy.
Item les hoirs feu Gillot d'Ancey qui en tient trois septiers
au terroir de Bizon.
Item Thomas Lepronnier qui en tient vi«gt septiers au ter-
roir devers Champeloux en deux pièces. -^
Item Jehan de Courville qui en tient à une fois onze sep-
tiers de terre et un arpent de noe avec une place et le
courtil tout à la closure en plusieurs pièces.
Item Agnes Laperière qui en tient cinq septiers de terre
assis entre Angerville et Prunay le Gillon par lequel domaine
elle garendit plusieurs vassours c'est à scavoir Mathurin de
la Forge, Colin Boudon et autres dont nous ne pouvons avoir
connoissance parce que les terres sont en friche à une foy.
Item Regnault Retel qui en tient cinq septiers de terre assis
au terroir de Houville à une foy.
Item Léger Le Clerc qui en tient un arpent assis à Prunay-
le-(iillon et par ce garendit AF Thibault de Frainville qui en
tient un verger audit lieu de Prunay-le-Gillon.
Item Simon Milochau fini en tient une mine de terre assise
au terroir do Prunay.
Item Martin Doublet qui en lient cinq minots audit terroir
à une foy. — Item à une autre foy deux septiers de terre
audit terroir.
Item Guillemin de Mongerville ecuyer qui en tient comme
son propre domaine ;i trois foys c'est à scavoir un beberge-
— 287 —
mont assis au 'roctro vy coiiihh' il se iioiirsuii ri dix MrjK'iis
de boistenaiis audit licbcrjitMiuMit.Iloiii \ iii;j:l-cinqst'ptii'rs de
terre* assis au terroir du Tartre un iilusicurs piccos. Kcin ti"<»is
sols de cens el^deux .irclynes pai<''es le Jour de S' Kcniy et par
ces duniaines.iîarendil ]ilusieni-s vass(tui's (•■(>st à scavoir les
hoirs tt'u Macol l'iclicnc v.issdiir l'iilici-. iii'in les li(tii-s Irii
Saix(jt entier vassdur. lleni Irs li(.irs feu Monsieur Cordelle.
Hem les hoirs feu Colin Kstienne. Item Mirji.inli |c pileur.
Ileni feu Clément Suert .
llem .M' Pierre de l'Haii <he\ aller (pii en tient les domaines
censivement c'est à scavoir. Preuiiei'einent, s(»n heljeriicment
de Helhaincourl oses appartenances, l'ousche et le C(»loml)ier
juxte ledit lieberii-enient avec vini;'t-huit sepiiers de terre en
|iliisieurs pièces et deux arpensdenoë (Mieuxiinn et li'sdcux
paris (lu pre de Laidimy o ses api)arl(.'nances, do mintes
et de ladite fusse longue. Item viniit-six deniers de rente
sur certains héritages paiez le Jour de la Toussaint par
chacun an de dismes sm- i>lusieurs iieriiancs appartenant a
Sainxe de la Porte ou son i>reneur et aux terres dessus
liourdeharelles et au },'rand courlil de Hetaincourl. Item
six sols de iciite païeos le .i<)ur de la Toussaint poin- un si'ptier
de terre. Item onze sols de cens sur les cdurlils de laCresso-
idere de Courbeville et vinj>-t corvées pcuir faner ses près par
les(pu'ls domaines il garendit un vassour c"est ii scavoir les
hoirs l'eu Vvarl de IKaii qui en tient le tiers d'un pr*'- appeh'
le |)re de lauluay desdiles milites ei (!<• lad. fosse loneue et
deux sols de rente paiees le ,j<mii' de la Toussaint sur |»lu-
sieui's heritag-es.
Item le prieur (In rrand)lay c(jmme ayaui le iiail des
enfans feu (iuilla.ume de <'hartres à cause de sa feiume (pu
en tiennent ;i une loy : l'remii'remeiit nu hebei-gemenl assis
il r'roce. une gai'enne et un arpent de vignes. M<'ni six livres
de menus cens et dix-sepi g(dynes assis ;i Croc(' à prendre^
siw plusieurs oustises et héritages et amendes de cens non
paiee. Item sept muyds ou environ de terre assis au teri-oir
de Croc(' et ailleurs en plusieurs pièces. Item je eu liens
justice haute m(i\eniie et liasse. Ileiii un arpeiii de vigm's
et une place de garenne eu la \ Iliuc. llem un lief bourcier.
Item plusii'urs \ assoiu's ei riersassours (pii en tienueiit
plusieurs héritages assis en plusieurs lieux et en plusieurs
— 288 —
pièces c'est à scavoir Monsieur Guy de Villoboii qui en tient
deux heborgemens assis a Crocé. Item Guillaume Roger
vassour entier, Pierre Bellon vassour dudit clievalier et
Thomas de Crocé et ledit Jehan vassour dudit chevallier.
Item ledit chevalier a justice par partie de freiage. — Item
ledit Pierre Belon vassour dudit prieur et Thibault de
Crocé l'aîné et le jeune qui en tiennent héritage.
Item Jehan Michon qui en lient huitmuyds huit septiers et
mine de terre ou environ assis en plusieurs i)ièces et en plu-
sieurs lieux. Item la moitié du moulin de la Place o ses appar-
tenances et la moitié de la pescherie avec une noue appelée
la noue aux bœufs. Item la place d'un hébergement et ses
appartenances appelé le Pallis. Item sur la disme de
S^ Germain appelée la grande disme autant de septiers de
grain bled et mars par chacun an comme ladite disme estbaillée
de muis par chacun an à la mesure de Courbeville paiees
par la main des tenans. Item une pièce de pré appelé le pré
de la Barre juxte la rivière de Haraumont avec douze deniers
de cens sur deuxhoustises à Courbeville. Jtem un pré appelé
le pré Bellat tenant à mes près. Et par les d^omainesdessusd.
garendit plusieurs vassours c'est à scavoir Pierre Gabille qui
en tient à cause de sa femme quatorze septiers de terre avec
un pré assis au moulin de la Place et trente sols de cens sur
plusieurs houstises en la rue Saint Pierre de Courbeville
avec justice de simple vassour avecq deux vassours : Perot
le Chandelier et Jehanne Estienne. Item Perin Picherete vas-
sour dudit Michon qui en tient deux muydsde terre et garen-
dit Jehan Avril de demy muyd de terre. Item Jehan Brebion
vassour dudit Michon qui en tient dix septiers de terre à
cause de sa femme par lesquels il garendit Pierre Gabille à
cause de sa femme d'un muyd de terre. Item Jean Lebeauqui
en tient sept septiers de terre. Item Martin des Vaux qui en
tient troisarpens de terre. Itemles hoirs feu LubinChiquot qui
en tiennent demy muid de terre en friche. Item Guillemin de
Magenville qui en tient dudit Michon une disme appelée la
disme de l'Erable vaut par an dix-huit septiers de grain une
année plus autre moins et tient ladite disme à cause de sa femme.
ItemM'' Audr(' Lagrue qui en tient ;i cause de sa femme cinq
arpens de terre. Item Guillemin Barbou qui en tient à cause
de sa femme cinq arpens de terre. Item Jehan Lescuyer comme
— 289 —
ayant le bail dr sa lillo. (jui en lient ciiui ininots do terre.
Item Martin Houtanno (jni en tient cinq niinots. Item .Ichan
Loustequien tient trois mines de terre. Item Geoirroy Duchesne
qni en tient dudtt Miclion trois mines de terre. Item Perrotle
Chandelier qni en tient trois septiers de terre sur le moulin de
Nouvel les llays. Item Simon Moreau (pii en tient la moitié
d'une maison.
Item les hoirs de l'i'U .lehan de l'Kau ecuyer. jadis sire du
l'iessis, (jui en lient :i domaine ;i une l'oy, par dellaull de 1m
garendii,' de l'eu M"" l'ierre Le -lay jadis chevalier, de qu(»y il
était en la loy île l'eu Bury,anll Le .lay. deniy niu.\(l de terre
assis devant le Plessis feu Yves. Kem trente-quatre deiders de
cens assis ;i la Belle Teste sur plusieurs censiers et censives
paiees il la teste de la Nativité S' Jehan Baptiste et h la
Toussaint. Item un [uc juxto lepron le Fouxard. Item demy
aipent de terre ou environ a.ssisauxGounardieres. Et par les
domaines de.ssusd. garendit les vassours qui ensuivent, c'est
a.scavoir Berin l'ichette vassour dudit ecuyer qui en tient cinq
septiers de terre audit terroir et garendit Jehan Avrilde cinq
septiers. Item Guillemin de la Loge vassour desd. hoirs qui
en tient sept sejjtiers de terre assis au terrcjir du Boys feu
Yvon à vingt-cinq deniers obolle de cens. Item U's hoii's feu
Gast deCharmoy (pli en tiennenttroisminesde terreau teiroir
de la 'rouelle à six deniers de cens. Item les hoirs de feu
.Michauli de Chaillioii (pii en tiennent unseptier de ii'i-re sur
la vigne de la N(uie ii six deniers obolle de cens. Hem Noël
1 iduillard (pii en lient quatre septiers de terre assis à la noue
(le la Chardonniei-e ;i deux sols six deniers et une oye blanche
de cens. Item les hoirs feu Mairot l'ichetle (jui en tiennent
riiKi mines de terre devant lagarenne de Courbeville ;i (juati-e
deniers oholle decens'. Item le maistre de Taumosne à quatre
deniers. Item h.'s hoirs feu <luillauiiie A\ril (pu <'n tiennent
trois septiers de terreau terroir de Gennestayà neuf deniers
de cens. Item les hoirs feu Gillot Ilerart (jui en tiennent desd.
hoirs sept septiers de terre en i)lusieurs pièces. Kt par co
garendit envi-rs lesd. hoirs du iMessis ^\t'\\\ vassours, c'est
à scavoir .la<(pi(dine (b' la Loge (pu en lient un sejjtier de
terre an terroir des l'orles et <;uillaniu(> Langloys (pii en
tient deux septiers assis audit lerioir. lii'in Noël Trouillard
T. Xil, M. 19
— 290 —
vassour qui en tient dix septiers de terre au terroir de
Bethaincourt. Item Oudar Prevosteau vassour desd. hoirs
qui en tient à cause de sa femme deux septiers de terre.
Item les hoirs feu Colin Galette qui en tiennent desd. hoirs
du Plessys trois septiers déterre au terroir des Poutres. Item
les hoirs Pierre Roger qui en tiennent deux septiers de terre
au terroir du Parc. Item Simon Boullet à cause de sa femme
qui en tient six muids quatre septiers de terre en plusieurs
lieux et en plusieurs pièces. Item il en tient quatre arpens et
trois quartiers do bois aux Vieux Roseux avec un jardin qui
est clos de roseux. Item un vassour c'est à scavoir Jehan de
Villelequi en tient six septiers déterre au terroir des Roseux.
Item Olivier d'Orouer qui en tient à une foy un hébergement
cy comme il se poursuit, assis à Befoul, avec troys arpens et
demy de bois tenant audit hébergement. Item une place
assise à Cernoy tenant au cimetière de Cernoy. Item la moi-
tié des avenaiges et nombrages des Vaux de Cernoy sauf la
huitième partie que les hoirs feu .Jehan Estienne en tiennent,
vallantpar an la part dudit Olivier deux septiers de grain ou
environ une année plus l'autre moins avec \a moitié des vins
et des ventes appartenans ausd. héritaiges quand ils sont
vendus avec tel profit côe ils se poursuivent. Item ledit d'O-
rouer en tient trente-quatre septiers de terre assis en plusieurs
pièces et en plusieurs lieux et par les domaines dessusd.
garendit les vassours qui ensuivent, c'est à scavoir les hoirs
feu Jehan Estienne qui en tiennent huitième de disme
et champart des Vaux de Cernay quien tient vingtseptiersde
terre en une pièce. Item Jehan fds feu Thenot Aubert qui en
tient un septier de terre. Item les hoirs feu Robin Hellot qui
en tiennent deux septiers tenans audit Olivier. Item Monsieur
Berthault Courthieau qui en tient le quart des avenaiges et
nombrages des Vaux de Cernay avec les proffits qui en
appartiennent vallans par an un septier de grain ou environ
une année plus l'autre moins. Item NoelBrcthoau qui en tient
à cause de sa femme la quarte partie des avenaiges et nom-
brages dessusd. o leur appartenances. Item les hoirs feu Louis
de Montaudoyn qui en tiennent un fief bourcier appelé le fief
bourcier de Dollemont à une foy, et quatre septiers de terre en
domaine dudit d'Orouer avec tels droits de mairie comme k
maire appartient, avec les dépendances et apartenances
— 291 —
auilil fiol" bourcier, lesquels en tiennent iilusieiirs héritages
cens rentes et autres choses, c'est à scavoir Jehan deMerubert
l'aiiK' qui en tient onze minots et deniy de terre. Item Henry
(If Montaudou.Un qui en tient trois arpens deux boisseaux de
terre. Ul'Iii Tlicnot Breniont (jui en tient \ in|.,^t boisseaux de
terre. Item ^Hiillol Groust qui en tient une mine de terre.
Itfiu lliiri (le IJeniave uiie mine do terre. Item les hoirs feu
|)enise jadis sœur de l'eu M'" Lanjjrlois (ini cm tient un septier.
Item les gaigers de l'église de S^ Georges qui en tiennent
un minot de terre et le curé de S' Georges un nnnot. Item Louis
Macé qui en tient un septier. Item les hoirs dudit Louis de
Montaudouyn c<»mme appartenant dudit (ieC qui en tiennent
deux boi.sseaux. Item (iillol de .Montaudouyn qui en lient huit
boisseaux. Item Michault le Moyne quatorze septiers. Item
Perrot des Banges qui en tient minot et demy de terre. Item
Guillotle relieur (pii en tient quatre boisseaux de terre, item
•Jehan Morisequien tient un septier de terre. Item Jehan Pioche
•pu en tient dix septiers de terre en plusieurs pièces et une
mine. Item Thiennot Perier qui en tient une mine de terre.
Item Thienot Pische qui en tient tnns minot's de terre et demy.
Item Legierdu Val (pii en tient une mine de terre. Item Macé
Gcrvaise qui en tient onze minots déterre. Item Michault
Hervé qui en tient trois septiers de terre et un minot en plu-
sieurs pièces. Item Jehan le Couturier qui en tient un septier.
Item Perrin Hervé quien tientcinqminots.ItemledilMichault
Hervé qui en tient outre ce que dessus est dit cinq minots de
tt-rre. Item Guillot Jac(iuet quien tientcin(i minots de terreen
[dusieurs pièces. Item LubLn Pische qui (Mi tient neuf minots.
Item Thienot son lils une mine. Item Jehan Pische un seiitier.
Hem Tenot Pische trois septiers en plusieurs pièces. Item
Kobeii Loyson une ntine. Item Pcrot Perier neuf minots. Item
Perrot Piche un septier etdemi minot. Item Jean Jacquet (pui-
torze boisseaux avec un liebergementcontenanttrois minots.
Item Perrot Frain cimj minots. Item Jehan le Moyne septminots
deux boisseaux. Item Michault le MoiîU' une mine. Item Iluet
le Faucheur une mine. Item 'riiienot ilei-V('' le jeune trois minots
et demy boisseau. Item Jehan Divon r\in[ minois. Hem C^ilin
Rousseau un lu-bergemenl. Item .\gnes le Helli(> un lieberge-
iiient. Hern les hoirs ;i Lidile Agnes un lirhcfLîenicnl. Hem
l'ierre Jourdain un liebergenuint. Item la Gebarde et ses
— 292 —
enfants un hébergement. Item Robert Cheron un hébergement
avec trois septiers de terre et un septier d'avoine qui luy est dû
chacun an lendemain de Noël sur les hchorgemens à Jehan
Begain, Pérot Jourdain et Jehanne sa femme avec trois sols
deuxgelyncs qui lui sont deus audit jour pour chacun an sur
Thebergement Colin Rousseau. Toutes les choses dessusd.
ou en fief de Daulemont.
Item Perrin Pischelle qui en tient à deux foys : la première
foy en domaine un aulnoy en l'isle de la Chaussée en Courbe-
ville. Item quarante sols de menus cens deus chacun an à la
S' Remy sur plusieurs courtils et houstises et noe avec les
proflits qui y peuvent appartenir avecques la simple j ustice sur
les ccnsiers. Item un arpent et demy de prés. Item cinq mines
déterre assis au Tronchay. Item à la seconde foy quatre sep-
tiers de terre assis à Betaincourt, et par les domaines dessusd.
garendit deuxvassours c'estàscavoir Jehan Avril qui en iient
le tiers du moulin de Charonniau et une petite noë. Item Colin
Badiere à cause de sa femme qui en tient un arpent et demy
de pré. Item Jehan Avril qui en tiont^ deux planches de
courtilles. Item Jehan Estienne qui on ti^înt trois mines de
terre au chemin Chartrain. Item la moitié d'un pré contenant
un arpent ou environ. Item Supplice Bcrnier à cause de sa
femme qui en tient l'autre moitié de pré dessusdit comme
ledit s' Etienne. Item Isabelle la Trouillarde qui en tient cinq
arpens de terre à la Haye Tronchee. Item Macé de la Barre
qui en tient quatorze septiers de terre au terroir de Herville.
Item deuxoustises que petit Mareau tient. Item Jehan Badiere
l'aisné ([ui en tient en domaine onze septiers et mine de terre
en plusieurs pièces et en plusieurs lieux et par le domaine
dessusdit garendit Jehan Michon vassour dudit Badiere qui
en tient six septiers de terre assis au terroir du Val-Jolis.
Item Lorin Lucas qui ou tient deux septiers de terre en
domaine et par ce garendit Jehan du Charmoy qui en tient
quatre septiers de terre assis au droit (hi Charmoy. Item les
hoirs feu M. Guillaume de Prez qui en tenoit une censive et
une pièce de bois que Jehan dessusdit tiens en ma main par
(Uillault d'homme et par ce n'en ai point d'homme Je ne les
puis plus pleinement déclarer.
Et touttes les choses dessusd. je Jehan dessusdit ad voue
ate.nir à une foy <'l un hommage dudit notre sire le Roy à
— 2f« —
rachapt et cheval «le service par la coutuiiic du pais toute
lois que le cas y echooit.
Et ne puis déclafer plus pleinement les choses «lessusd. et
plusieurs autre» vassours qui doivent tenir de nioy pour ce
(pie partie dex aveux. ja i)ieça bailles h nu'S j)i"edécesseurs et
les rei^istres anciens ou ils étoient contenus lurent ars au
lieu de la Foret au(juel denieuroit feu M"" iiutn père |ioui
le teni[)s de la chevauchée et course (pie list feu Monsieiw
rliilippe de .\.i\ai-i'e et SCS coiiiplices, et aussy que p.irlje
des vassours sont morts tant par les mortalités comme pai-le
fait des iruerres et les terres sont demeurées en friche et en
pfas pour (pioy je n'ai seu ni ne [luis encore avoir eu con-
noissance niavoyemenl. Kt toutes lois que je les pourrai
avoir et scavoir je ferai mon pouvoir et mon devoir de les
bailler ainsy comme il appartiendra. Et es choses dessusd.
qiu' j"avoue tenir à mon propre domaine et es domaines de
mes vassours et rierevassours qui iioni liante justice,
j'avoue a tenir toute justice haute, moyenne et basse, et tous
droits de chastollenie à cause de mondit chastelet chastelle-
nie et aussi tous droits de chast(dleuie et ressort et soiive-
iaiiiet('' en mes vassours hauts justiciers (pii tiennent de moy
leur justice haute moyenne et basse en la manière que
dessus est dit.
En témoin de ce j'ay scellé le présent adveu de mon propre
scel. Donné l'an de fçrace mil trois cens soixante et six le
vendredy suivant la leste Saint Clément (27 novembre).
Ro^^er DruANii.
HISTORIQUE
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE D'EURE-ET-LOIR
Fondation.
Le 16 mai 1856, M. de Caumont, directeur de la Société
Française pour la conservation des monuments, donnait une
conférence, en présence d'un public nombreux et choisi,
dans la salle des réunions du Conseil munir^ipal de Chartres.
Le savant archéologue fît ressortir, avec tant d'évidence et
de conviction, l'intérêt que présentent les antiquités locales,
les avantages qu'on trouverait à les mieux étudier, la néces-
sitté de les conserver, que, séance tenante, il constitua une
Commission do 16 membres, avec mission de préparer un
plan de Chartres gallo-romain.
Le 21 mai, la Commission se réunit, et, sur la proposition
de M. Lucien Merlet, se transforme en Société Archéolo-
gique avec ce programme : on s'occupera d'archéologie sans
doute, mais surtout d'histoire locale ; on admettra la littérature
et les beaux arts ; on ne franchira pas la limite do 1780. Le
24, elle décide qu'elle s'étendra non seulement à la ville,
mais à tout le département.
Le 4 juin 1856, réuniou d'ouverture avec 53 membres. Le
19, la nouvelle Société se donne un règlement, adopte la
devise: Antiqua voncrfiri^jjror/ri'dj ud incUorn, et compose son
sceau des armes dos quatre villes cliefs-lieux d'arrondisse-
ment d'Eure-et-Loir. Le 5 février 1857, elle est autorisée par
décret, et ses statuts sont aj^prouvés par M. le Ministre de
l'Instruction publique. — Dix ans plus tard on s'aperçut que
— -^.W) —
corlains arliclos avaient besoin d'étrr' modifiés ; le 20 (ié-
cembre 18()f», on les remplaça par un lè^Mement qui lut
abi"o^('' en IS'.U). Le nouveau rèfjlemenl. (|iii \ii'nl lientrer en
vif^ueur, est ^nncu dans le même esprit ipie l'ancien ; il no
fait que i-orri.u'er ce (juMl y avait de ilcWectueux dans la
Ici tic de c(dui-ci ; plus iJiécis et plus elaii-, il est le fruit d<^
i;; ans d'expérience. La Société on se lo donnant a eu l'espoir
d'éviter les errements du passé et de réj^ulariser son fonction-
nement et son administration.
La Société Arché<do^M(iue d'Euro-et-Loii- a été reconnue
d'utilil('' i)ubli(ine le 1 Juillet 1808. Elle conqde anjoin-dlnii
:;2(> membres; elle se réunit dix fois l'an. L*(''tat de ses
linances lui a pei-mis d'entreprendre et de mener à bonne lin
de nombreuses et iuqiortantes pul)lications. et elle se pro-
pose de faire mieux encore à l'avenir, conformément à sa
devise : l'ruijrcdi lui nwlioru.
Récompenses.
180L — Le 25 novembre 180L on lui décerne le 1'-'^ prix
du (.'oncours des Sociétés Savantes : .M(''daille d'or et
•JOO francs, pour la i)ul)lication du Ificfioiiiinii-c /o/iot/r;i/ihii/iic
iil''iirf-cl-ljiii\ par M. Merlet. Le ra[)i)orteur l'annonce en
ces termes : « Chartres l'enq^orto sur toute la ligne «, et,
en remettant la iiK-daille au l*résident de la Société en
-éance pid)lique. le Ministre lui serre la main et lui dit :
>. Monsieur le Lrc'sident, Je vous f('licit(^ des succès ijlorieiix
(11- la S(ici<''l('' Arch(''(d(tL;ique d'Kure-el-Loii". "
1S0<». l'iix de la Section d'histoire du coucnurs di' LSCm,
décern('' h la réunion des Sociétés savantes h» 7 avril 1S('»(».
|>our le Ciirliil.iirr ilr \'olrc-lhiiiir i/f Clnirl i-rs |iar MM. Meidet
el de L<''|iiiiois : i.'jnii francs et {W\\\ nn'daillrs de lironzo
aux auleui-s : une MK-dailIc de luonze el ;!00 iVaucs ;i la
Socié't/'.
1S78. — Prix dr L<>()n iVancs à la i-(''union des >joci(''lf>s
savantes.
lS8'.t. .Médaille d'ai-^cul pour l'ensciiilile des publications
envoyées ii l'Exposition universelle.
18'.M. - :V .Mi'daille dar,L;('iil d('-cernée par lAcadé-mie des
— 296 —
Inscriptions et Belles-Lettres pour la publication (VUn niaims-
crit cbartrain du A7« siècle, par M. l'abbé Clerval et M. René
Merlet.
1895. — 2^ Prix Gobert pour Les Ecoles de Cluirtrcs an
moyen-H(fe par M. Tabbé Clerval.
De plus, de nombreuses subventions ont été accordées par
le Ministère de l'Intérieur, pour aider certaines publications
de la Société jugées très utiles, et aussi pour récompenser
ses autres travaux.
1801. — Subvention de 300 francs.
1864. — 400 francs.
1880. — 400 francs.
1883. — 800 francs (pour la publication du Cai'Lulaire de
rini'on).
1890. — 1,000 francs (pour la publication des Pierres
tombales).
1892. — 500 francs (pour la publication d'Un manuscrit
char train du XP siècle).
Personnalités marquantes.
La Société archéologique d'Eure-et-Loir doit, en grande
partie, son intelligente organisation, son extension rapide,
les meilleurs de ses premiers travaux et ses nombreux
succès, à des esprits éminents. Citons :
M. de Boisvillette, son président pendant dix ans, qui
connaissait de visu tous nos monuments historiques et pré-
historiques, qui savait mettre sa science d'archéologue à la
portée de tous, dans des comptes rendus qu'on peut regarder
comme des modèles du genre, l'auteur enfin de cette savante
Statistique Archéologique d'Eure-et-Loir , qui n"a peut-être
pas son égale en France.
Le docteur Paul Durand, l'orientaliste hors de pair, le
voyageur infatigable, dont la science archéologique n'était
surpassée que par son extrême modestie.
M. Lejeune, le précurseur de nos archéologues modernes.
M. Doublet de Boisthibaut, dont l'esprit investigateur a
scruté, souvent avec plus de bonne volonté que de succès,
tous les recoins obscurs de notre histoire chartraine.
— 207 —
M. 1 ;iljli('' Calliict, chez lequel lo ciilto do la poésie iTavait
[)as étoiillr' 1 aiiKttir dr Ihistoire locale.
Doux universitaires de iiiarcjuc : M. hcuain. iiispcclcur
d'Acad<''Uiie. h» litt(''raleur au shie iuipcccaldc, et M. Pors(»ii.
dii'octeur ilo 1 Ecole normale. (|ui joiiLi'nait ;i la science jieda-
L;(t,ui(pie la pratifpie assidue de la nietc'orologio.
M. l'abl)*' lîrière. curé de Notre-Dame de Cliartros, un
écrivain du L^rand siècle é<î:aré dans un temi)s peu lit1«''raii'e.
'^l. Le<()C([. rincarnalion de 1 aiili(''oloy:io locale, un savant
(|uel(|ue peu Iruste. dont la science était ind(''Cociiltlo, et qui
possédait son vieux Chartres nnenx qu'un l)un ««oldat sa
thc'orie.
MM. les abbés Bulleau et Brou, auteurs de la MoiiiKinijiliii'
i/i- In Cil/u'i/rulc do Chnrtn-s.
M. Alexandre de Saint-Laumer, numismate et historien,
qui apportait plus do soin à cacher sa science que d'autres
n'en apportent à montrer la leur.
Enlin. M. Lucien Merlet, alors aTchiviste ot chartraiii de
Iraîche date, mais iiui déjii promettait le docte et fécond
hist(»rieii que nous avons connu dei>ins, et (jui a ét(> la tête
et la main de la Société. Jusqu'au joui- n'ceid encore oii une
mort presque inopinée a priv('> c(dle-ci des lumières et duiu!
expérience auxquelles (die n'avait jamais en vain fait apjxd.
Ces maîtres ont eu des disciples qui se sont l'ail Lihtire de
iiiarcjicr sur' leurs traces et de conserver leui's traditions. La
discr<''ti(tn ne permet pas de nommer ceux (pu s(»nt eucoi-e
vivants: mais, parmi ceux qui ne sont plus, on peut signaler
M. l'ablx' II(>naull. (pu. [lar ses connaissances techniipms et
son îj;-oi'it artisti(iue, a rendu jdus d'un service ii la cause de
l'aridieoloyie.
'o*
Moyens d'action.
1. — Di's son (h'iiut (1S.")()) (die re(li<.!-e un ipiesiiounaire sur
toutes les particularités arch(''olot;i(pies (pii peuvent se ren-
contrei" dans une commune, et (die l'envoie ;i tous les maires
(d instituteurs du département, comme à tous les curés du
diocèse.
2. — Kilo ('«tablii un concours sur des (piesiions d'archéo-
hj^'io et de liLlératuro.
— 2<.)8 —
3. — Elle dresse lo plan de Chartres avant la Révolution,
puis celui de Dreux.
4. — Elle organise chaque année une séance publique, à
laquelle elle donne plus d'attrait, en l'accompagnant d'une
conférence faite par une des illustrations de la science ou de
la littérature. C'est ainsi qu'elle a procuré à la ville de
Chartres l'honneur et le plaisir d'eniendro MM. Le Verrier,
Dumas, Charles Blanc, Wurtz, Félix Hément, de Montaiglon,
¥r. Lenormant, Léon Gautier, de Lasteyrie , Emile Chastes,
La Fenestre, Gaston Tissandier, dont les noms font autorité
dans le monde savant ; puis des littérateurs comme MM. Phi-
larète Chastes, Emile Deschanel, Talbot, Legouvé, Sully-
Prudhomme, Antonin Rondelet, le Chinois Ly-Chao-Pee, et
les archéologues de Caumont et Raymond Bordeaux. Une de
ces séances réunit à Chartres 14 membres de l'Institut et
presque toutes les illustrations scientifiques et artistiques de
Paris. Ce fut un beau jour pour notre vieille cité.
5. — Elle a tenu pendant plusieurs ""années des cours
publics de science et d'histoire. "*
6. — Elle a transporté plusieurs fois le lieu de ses séances
hors de Chartres ; c'est ainsi qu'elle a tenu des séances
publiques à Dreux, à Châteaudun, à Nogent-le-Rotrou, à
Bonneval, à Anet, à Illiers, à Maintenon, à Nogent-le-Roi, à
Gallardon, à Auneau.
Elle a visité en corps des localités qui olfraient un intérêt
particulier au point de vue de l'archéologie, comme Villebon,
Le Breuil-Benoît, Saint-Sulpice-de-Favières.
7. — Elle a fait explorer des souterrains, exécuter de
nombreuses fouilles et en a encouragé d'autres par des sub-
ventions.
8. — Elle a établi un concours d'histoire et de géographie
entre les instituteurs.
0. — Elle a pris sous son patronage des travaux historiques
dont elle avait reconnu le ménio(I)icli(imi;iirr /(>/in(/r;i/ilii/iui'
(T Kiire-ol-Loir, Invnsioti /u'iissieniic : /l'n/i/io/-/ i/cs Mnirns,
etc.) ; elle a favorisé la publication de plusieurs autres par
— 2Î)9 —
ses souscriptions (Lettres do suint ) vrs, l'Ancienne Maîtrise
de Notre-Dame de Chartres).
lu.— Ellcia édité olle-ménie «les ouvraLrog de valeur
(Statisliqur .■ifi-elji'-uJo(/i({ue d'Knre-et-Loir, Stuiistiifiie scien-
tilique d'Eure-et-Loir, Cartiiluire de Notre-Dame de Chartres,
Histoire du diocèse et de la ville de Chartres, par <l.-ll. Sou-
chet, Un mainiscril cliarlrain ilii .M" siècle, etc.).
11. — Elle a i)ul)lié H volumes tic Procès- Verbaux et
Il volumes de Mémoires, et ces deux publications continuent
ré^'ulièrement.
12. — Elle a établi un .Musée archéologique qui lui a permis
de sauver de la destruction de nombreux débris des temps
passés, cl nu .Musée d'histoire naturelle vient de .s'y ajouter
par suite d'un don qui lui a été lait.
i;>. — Elle a pris part aux réunions des Sociétés savantes
en y déléjj^uant chaque année quelques-uns de ses membres
dont plusieurs ont présenté des Mémoires et des réponses
aux questions du programme.
14. — Elle a mis ii la disposition du public de Chartres un
monumental baromètre.
15. — Elle a fait relever et graver de nombreuses pierres
tombales, qu'elle réilnit dans un album avec texte; un
premiei" volume a paru et le siscond est en cours <le publi-
cation.
10. — Elle a favorisé par des subventions la vocation d'un
artiste i)eintre ; elle favorise la jjoésie en ouvrant ses Bulle-
tins aux vers composés par (jiicbjues-uns de ses membres,
quand ils lui paraissent méritci- cet honneur. Elle a admis
ainsi de belles poc'sics de M.M. Joliet, Le (Joux, Houi-del,
de Chabot, Tas.set, Touche, de M"" Rabot des Portes.
17. — Elle est intervenue pour empêcher la (b'stniciinn de
plusieurs curiositc's ai'cln'olo^'-ifjiics, v. g. la l'oiie t\r l'OlIh-ia-
lité il Chartres, le portail (hi château de Snrel. lé'glise du
Chamixh' à Ch;Ueau<hiii ; elle a luit»' (b'j)uis (pi'elle existe
pour la conservation de la Porte-Guillaume ii Chartres et,
— 300 —
grâce à la ))onno volonté du Conseil municipal, elle vient de
rendre cette conservation définitive, en prenant cette Porte
à loyer et en y établissant sa résidence.
18. — Elle a organisé trois expositions rétrospectives des
beaux arts, et deux expositions de peinture, Tune consacrée
aux œuvres de tous les peintres chartrains, l'autre réservée
à l'œuvre de Mathieu Cochereau, peintre Dunois.
Assurément il serait possible d'allonger encore cette liste,
en y donnant place à des moyens d'action d'ordre secon-
daire ; mais, telle qu'elle est, elle prouve jusfpi'à l'évidence
que la Société qui a tant de travaux à son actif n'a pas été
stérile.
Influence.
Si elle avait été proportionnée au nombre et à l'importance
des moyens d'action, l'influence exercée autour d'elle par la
Société Archéologique d'Eure-et-Loir aurait dû être considé-
rable. Le respect de la vérité ne nous permet pas de nier la
disproportion entre l'effort et le résultat. Elle a beaucoup
semé, et, sous le rapport de l'influence, elle a assez peu
récolté.
Dans son rapport annuel sur l'état de la Société, un de ses
présidents reconnaissait discrètement cet état de choses, et
il croyait en dévoiler la cause en disant : « Nous sommes
ignorés. » Il y a plusieurs années déjà que ces paroles ont
été prononcées, et la situation est restée la même, parce que
la cause invoquée n'a pas disparu. Ce n'est pas ici le lieu de
rechercher pourquoi cette Société est ignorée; pourquoi elle
est victime d'une sorte de conspiration du silence ; mais il
était nécessaire de constater le fait pour expliquer comment
son action n'a pas répondu à ce qu'on était en droit d'at-
tendre.
Qu'on ne croie pas tontefois que cette action ait été nulle,
que la Société archéologique d'Eure-et-Loir ait été frappée
d'impuissance, qu'elle ait toujours passé inaperçue de tous
ceux qui n'en font pas partie, qu'elle réalise à la lettre la
malicieuse boutade de Voltaire contre une académie de pro-
— :301 —
vince'de son temps : « C'est une h(»ini('t(' Jillo. qui iia jamais
lait parler d'elle. » Si l'iiilluence exercée par celte Société
n'a ]ias ét('* aussi comjjlèle, aussi (N'-cisive (ju'elle aurait pu
rêtrc, elle a <-('|)cu(lant été bic-n réelle, elily aiii-ait injustice
llagrante à .vr)uloir la contester.
Grâce aux cours jiublics ci aux dillV-rents concours (ju'ello
a établis, elle a rc'pandu, dans le clerg'é et le corps enseignant,
le lioûi des recherches historiques, l'étuile du pass(; de notre
sol beauceron. KUe a mis des matériaux aux mains des tra-
vailleurs, en favorisant la publication des sources de l'his-
toire, et il y a peu di' provinces qui possèdent anjoui'd'hui
autant de documents imprimés et (rinslruiin'iiis de li'avail
({u'en possède notre Bcauce charlraine.
KUe a mis en honneur l'archéologie, qui auparavant avait
Ideii peu d'adeptes iianiii nous. V.n visitant avec apparat les
localités les plus intéressantes du déitartement, elle a appris
aux populations qui les habitent la valeur des vieux débris
du passé dont elles sont les gardiennes. Elle a provo([né la
création de la Société Dunoise, qui a tant fait d(''.ià pour
mettre en relief le j)assé de la contrée à laquelle elle
consacre ses soins. Elle a appris aux administrations locales
;i apprécier et à respecter les monuments et autres souve-
nirs confiés il leur sollicitude ; par ses lumières, et au besoin
par s(ni concours hnancier, elle a aidé ;i la conservation de
plusieurs de ces monuments.
Par des expositions successives, intelligemment organisées,
elle a entr<'tenn i)armi nos concitoyens le goût des chosi's de
l'art, et ceux (jui connaissent le peu de ressources intellec-
tuelles rpi'oirre notre modeste cit('' charlraine se demamient
il (pielle distancer elle aiii ail suivi les progrès accomplis
ciiaipie jour dans les arts comme dans la littérature, si elle
n"a\ait pas eu le concours si précieux de la Société archéo-
logi(pU'.
Ce n"esi la (piun aperçu de l'action exercée par cette
Soci(''t('', un expose- sommaire du bi(.'u (pi'cdle a fait et qu'elle
continue de faire, l^llc' compte 4'-> ans d'existence ; c'est l'âge
de la maturit('' chez riiomme, on ne prc-tenilra pas (jue ce
dois e éirc r.ige (le la (h'-crepilude pour une association. La
nôtre sait (pie son passé l'oblige, et elle ne faillira pasiicittte
obligation. I<'lle \ieiii de reiioiiv eler* sou pilote par l'édeclion
— 302 —
(ruii ]irosi(lont, ot sou armature par Tadoptiou d'un nouveau
règlement ; elle espère ainsi pouvoir se lancer à pleines
voiles dans le siècle dont nous allons prochainement saluer
Taurore.
L'abbé SAINSOT,
Cuvé-doyen de Terininievs,
Vice-Président de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir.
LE SÉMINAIRE
DU GUAND-iîKAULIEU-LÈS-CHAUTUES
(Suite)
VI
LE GRAND-BEAULIEU
SOUS l/ÉPISCOPAT DE M^^ GODET DES MARAIS
Le Kraïul sôminaire de Beaulieu se trouvait en vacances,
lorsque le successeur de M^" de Neuville fit son entrée solen-
nelle à Chartres, (1" septembre l(;i)2). Le nniivcau PonlilV
apjiartenait pai- sa naissance au diocèse qu'il venait ré<j;ir '.
Contemporain de rétablissement des premiers séminaires en
France, Me'" flodct des Marais, Jeune encore, avait profité du
bienfait de cette institution. Saint-Sulpicc avait achève'' sa
l'ormation cléricale, tandis qu'en Sorbonne, à^é seulement
de vin^t ans, il recevait le bonnet de docteur. L'éclat de sa
naissance, sa forlune, les honneurs (piOn lui [irodiyuait
n'avaient point r(''us*si il rc'bloiiir. il consacrait ses revenus
.Mix pau\res et aux prisonnieis. cl préférait a la société des
1,'rands, la solitude de Saint-Cyr où Madame de Maintenon
l'avait fait venir comme confesseur el directeur siiiriluel.
Ses vei'lus l'aNaient même rendu si recommaiidable paiani
le clerj^é, (pie rai-che\é(pie de l'aiis lavait choisi pour
' T;il( y. jin-s lilois, lien (foriuiiif de .\1><'' (imlt'l tics M;irais. f;iisait |i;iitii' ilu
illucësc (le (lliailics, duiil il fui disliail l'ii Ki'J", lui.- di- la turiiialioii du dio-
I est' de hlois.
— 304 —
gouverner le Séminaire des Trente-Trois, établi dans la
capitale.
Do tels antécédents devaient lui rendre chère, dès la pre-
mière heure, l'œuvre du Grand-Beaulieu, comme ils devaient
rendre cher au Séminaire un prélat si accompli. Le recru-
tement du clerg-é et la formation des ordinands furent en
effet l'une des premières sollicitudes de Mg*" des Marais. L'on
se souvient qu'à l'époque de l'établissement du Grand Sémi-
naire, MS'" de Neuville, tout en exhortant les ordinands à
profiter des avantages que leur offrait le nouvel institut,
n'avait pourtant point fait de la résidence à Beaulieu une
condition nécessaire de la réception des Ordres. Subir un
examen et faire la retraite préparatoire en commun, voilà
lout ce que la sagesse du prélat pensait pouvoir exiger.
Certes ce minimum répondait peu aux désirs du fondateur
de Beaulieu. Que voulait-il en effet en établissant, au prix de
tant d'efforts, son Séminaire, sinon d'y faire résider tous les
ordinands ?
Ms»" Godet des Marais n'était pas homme à temporiser
conmie son prédécesseur. Exercé à une \néié austère, et plus
âpre à la leçon que condescendant pour la faiblesse, il allait
droit au but que lui désignait sa conscience d'évèque. Quand
donc il eut assisté pendant une année scolaire au fonc-
tionnement du Grand-Beaulieu, et qu'il eût compté, en regard
des cinquante ou soixante séminaristes résidants, le grand
nombre des ordinands, qui prétendaient arriver au sacerdoce
sans passer par le Séminaire, il résolut d'agir '.
Une lettre épiscopale en date du l" octobre 16f)3 fut en
effet adressée à tous les curés du diocèse : « Comme il n'y a
rien de plus important pour le bien de l'Eglise, disait le
prélat, que de lui choisir de fidèles ministres, j'ai dessein de
n'admettre personne à la tonsure, ni aux SS. Ordres, sans
m'ôtre auparavant assuré, i)ar une longue épreuve, de la
conduite de ceux qui se présentent pour les recevoir. C'est
' IjC Z(Mo fie M?'' (îodot des Marais panil toiijdiirs iin pou âpre à ceux qui
(■Il fiirpiil roliji'l, et alii'na au prélal iiii grand lutiiiltir d^îsprils. On rclroiivc
fôclio de (■(ilc disjuisitidii dans qiichiiii's phrases coninic celle-ci, extraite du
journal de Michel Anvray : " Itei^retté de peu de personnes, n'ayant |)as su se
tain; aimer lu jieuple et de la ville, pendant sou épiscopat. » Journal de Michel
Auvray. Mss. apparteiiani à M. Merlet.
— :jr)5 —
ce qui in'obli<,'e d'exifrcr «le tons ceux qui aspirent à l'état oc-
«•lésiasli(|iie. (^uo dans deux mois, ils s'adressent à M. Félil)ien,
chanoine do ma cathédrale, s'ils ('tndient à Chartres; an
Itrincipal on i;eclenr du coll»'<'(. ,i,. X(,(ront-le-R<»trou, de
Dreux ou de 'Jtiyron, s'ils y demeurent; au président (h* la
conférence ecclésiastique, s'ils sont dans «luelquo autre
endroit de mon diocèse, et ;'i M. Houcher en Sorhonn<'. sils
sont il Paris. Ces Messieni's leur diront !<> rèj^demenl ([ue Je
(h'sire qu'ils observent exactenieiii . laiulis qu'ils ne sont point
dans mon S(Miiinaire, et leur i)rescriront ce qu'ils juLreront a
lini|ios. jionr le rendre plus utile et iilus commode, par rapport
aux lieux où ils se trouveront. Et pour ce qui est de ceux (pii
pourraient être dans quelque autre diocèse, hors de l'aris,
on dans ([uelqne autre endroit (h' mon diocèse où il \i'\ aurait
p,i> de conférence établie, sur lax is ((nils me donnei-oni du
lien de leiii- denieiii-e. je les adresserai à (juehiue personne
de conliance qui me rendra comi)te de leur conduite. V(tus
donnerez. Monsieur, incessamment ces avis à tous les Clercs
de votre paroisse, et ;i ceux (pu voudront ensuite se présenter
à la cléricature, à laquelle Je ne les recevrai point, s'ils n'ont
été du moins éprouvés durant six mois, par quelqu'une des
personnes que Je viens de jjroposer. J'attends de votre piété
et de votre zèle (pie vous veillerez à l'exécution dim dessein
que J'espère que Dien l^'iiira et rendra utile pour le bien de
son H}.i'lise » '.
Ainsi, pour tons les ordinands qui se refusaient ;i entrer
au irrand S(Mninaire, six mois de ctjuln'jle étaient iinp(»sés
sur l'observation d'un règlement déterminé par l'Évèque lui-
même. En outre. M«'' des Marais faisait rédig-er par le savant
théohjgal du ( li.ipiire. .lean Baptiste Mareschaulx, un caté-
chisme ii.ii- (leiiMiidcs et réponses sur la tonsure, catéchisme
(piil lit impi-imcr et ajouter à celui (piil [niltlia pour lins-
irnction des enfants et imposa ii tout le diocèse en Kï'.K».
l'ont asjiii-ant à la ch'ricature devait l'aiipi-eiidre ei le
|)oss(''(ler pour y être admis.
Dans la pensi'-e du ponlil'e, ces régleineiitalions n'é'laient
qu'un acliemiiienieiil a ce qu'il avait en vue, la ri'sidence
obligatoire des futurs iirétres de Chartres au grand St-mi-
* Mss. (Ir liiiiloii. llibl. munie. Mss. ii" KHli.
T. .\II, M. 20
— 300 —
naire de Boaulieii. En effet, une ordonnance épiscopale vint
bientôt faire avancer d'un pas la question. Elle prescrivaii ;i
tous les prêtres nouvellement pourvus d'une cure, dans le
diocèse, de venir faire huit jours de retraite, et trois mois de
Séminaire à Beaulieu, avant d'entrer en fonctions. C'était un
commencement timide. Oserons-nous dire qu'il y avait quel-
que chose de mieux à faire que d'obliger les prêtres à venir
faire un trimestre de Séminaire, quand on laissait aux jeunes
ordinands la faculté de recevoir les SS. Ordres, sans y rési-
der plus de huit jours? Y avait-il vraie chance de recueillir
de ces trois mois un changement notable, une préparation
sérieuse pour des hommes déjà avancés dans la vie, ayant
des habitudes faites et généralement peu disposés à se
remettre à un régime de noviciat? L'entreprise devait
échouer et Më'" des Marais contribua lui-même à son naufrage ;
car comme il l'avouait douze ans plus tard, « les besoins de
la campagne et la difficulté de trouver des desservants, ne
lui avaient pas permis de presser l'observance de son décret ».
De ce côté rien n'était donc fait. ^
Le prélat comprit alors que le recrute^ient normal du
Séminaire était attaché à une autre œuvre, celle que le
concile de Trente avait tant recommandée aux Évoques,
l'œuvre des petits Séminaires. Réalisant les désirs et déve-
loppant les essais de ses prédécesseurs, il eut la joie de voir
s'élever tout près de sa maison épiscopale, l'école cléricale
connue plus tard sous le nom de Petit-Séminaire de Saint-
Charles (lOtH)). Bien plus, Nogent-le-Rotrou, Saint-Cyr,
Fresnes voj^aient, presqu'en même temps, s'élever d'autres
petits Séminaires, semblables à celui de Chartres, d'où les
jeunes enfants, élevés dans la discipline et le travail, devaient
tout naturellement et sans contrainte passer au grand Sémi-
naire de Beaulieu,
L'œuvre des retraites marchait de pair avec celle des
vocations et tendait à faire du Grand-Séminaire le véritable
centre du clergé chartrain. L'on se souvient que, dans la
charte de fondation de Beaulieu, Ms»' de Neuville avait stipulé
que tous les prêtres, curés et bénéiiciers du diocèse, qui en
auraient le désir, pourraient être reçus au Séminaire pour
s'y renouveler et perfectionner dans la connaissance pratique
de leurs devoirs d"état. Cette vague invitation n'avait pas
— 307 —
eu (If i(''siill;it . Sur les instaïKM's du n<»u\rl <'v(''4U('. pliisiciirs
cédèrciit, iii.iis visiblement contrainls. 11 rallailoiicorc sur ce
point (;n venir ;i une mesure décisive. M»?'" (Jodet des Marais
n'hésita point.'En IC/.ll», (jueliiue temps avant l'ordination, il
prévint le>; Ordinands qu'il ne leur eonlV'rerail. et qu'il no
conférerait désormais h iiersonne l'ordre de la prêtrise
« sans avoir reçu de chacun la promesse de venii- faire
chaque année, à Beaulieu. les exercices de la relrain-, ;i
moins d'eu éli'e h'Liitiniement empêché jiar maladie ou autre-
ment » '.
Il est toujours dillicile de changer les haiutudes invétérées.
Ce procédé si radical, et « extra Jnridiriue » au Jug-ement de
jilnsieurs, n'aboutit à aucun résultat, tellement que cincj ans
ajirès, le Pontife devait confesser puldicpunnent ii son clergé
l'insuccès comi»let de ses eff'orts. Loyal dans son zèle et
condescendanl. pour cette fois, sur les faiblesses du passé,
il vnului iiii joui- discuter avec ses prêtres les motifs de leur
abstention et les semblants d'excuses de leur né^'llgence.
Les uns. disait-il. se sont abstenus <> par déi^'oût de retraites
(pli n'(''taient jtoint donn(''es en comnum », sysli'ine qui
paraissait en etfet peu acc(unmodé aux exigences spirituelles
du |)lus grand nombre; les autres ne sont point venus < par
crainte d'éire i"egardés comme uns en [x'uitence », crainte
(pli n'(''tait pas absolumenl (•liinieri(pie, puisque M^''de .Neuville
a\ ait fait du rTraml-Beaulieu une soiMe de p('Mntcii(i(i' |hiiii- les
prêtres (i('lin(piants. I»aiili-es enlin s'étaient abstenus parce
(pie, faute de local pour tous les l'etraitaiits. il leur ('tait
ai'ri\('' d'être congédic's el reinis ;i un autre temps.
Ce (lefaiil (rorgaiiisaiioii constituait une xcrilahle e.\ciise.
M^"'" Godet des .Marais le coin|)rit et. dans sa nouvcdle oi'doii-
iiance. en ddiiiiaiil ralisdlution pour le passe'-, il statua (pie
desoiliiais '■ tous les eccl(''siasti(pU'S coiislitlies dans les o|'dr(\S
sacrés viendrmit clia(pieaiiii(''e an S(''!iiiiiaire de jîeaiilieiil'aire
iim.' retraite (pii durera liuil .jours, sans compter les Joui's de
l'eiiti-c'e et di; la sortie ». l'oiir obvier ;'i toute dillicnltf''. il
annonça (pie les ])rêtres de la Congrégation de la .Mission,
directeurs du .sé-uMiiaire. doiiiieraient eux-mêmes les exer-
cices d(^ la retraite, ce (pii etail nu secoui's d'autant plus
' r.iill.Mi. liihl. munir. Mss. N" lUlU.
— 308 —
précieux que, par un Bref du Souverain PontifC; de précieuses
indulgences venaient d'être accordées à ions ceux qui feraient
les exercices spirituels sous la conduite de ces religieux.
Tous les exercices devaient se faire en commun. Enfin, pour
éviter les encombrements, un avis du vicaire général convo-
querait douze ou quinze retraitants à la fois, ou même un
plus grand nombre suivant le local disponible (1701) ^
En même temps et de concert avec les directeurs de
Beaulieu, l'évêque de Chartres établissait le règlement à
suivre pendant ces retraites communes : Trois demi-heures
d'oraison chaque jour (à cinq heures et demie, neuf heures
trois quarts et quatre heures), deux. conférences spirituelles
(à six heures du matin, et quatre heures et demie du soir),
deux examens de conscience (à onze heures et à huit heures
un quart), l'office en commun, la grand'messe quotidienne,
selon l'usage, le silence absolu sans aucune récréation ; enfin
deux conférences de morale chaque jour (de huit heures à
neuf heures et demie et de deux heures à trois heures et
demie) -.
Ce fut la gloire de Mgi' Godet des Marais H'avoir toujours
le premier mis en pratique les rigoureuses observances qu'il
imposait à son clergé diocésain. Chaque année, lors de l'une
des retraites communes, il montait au Grand-Beaulieu, y
suivait, comme simple retraitant, tous les exercices, et retrem-
pait son âme dans la méditation de ces vertus de pauvreté •',
< Ibid.
- Rituale Carnot. de 17/t2. p. !2i(i. — Recueil de pièces concernant l'épis-
copal de Mff"" (iodet des iMarais. Bilii. du Grand-Séminaire de Chartres, li B ;
p. !tl i. Le Chapitre de Notre-Dame avait décidé que ceux de ses UK^mhres ipii
s'ahsenteraient pour taire leur retraite ou donner des entretiens aux ordinands
seraient, sur hmv demande, tenus présents. On trouve dans les registres capitu-
laires de frétpientes mentions à ce sujet. Par exemple, en 170U, M. le Chamhrier
et M. de Camhoii sont U'.uua pour présents pendant (pi'ils sont à lieaulieu, le
second pour doimei' les entretiens, le premier {lour faire sa retraite. Le chanoine
Brillon a, dans s(!S extraits, toute une liste de ces absences pour retraites,
liihl. Connu. Registres Capilul aires, au 17U0, p. -JHG et seq. — Lirillon, Mss.
n» 1010 p. "29, 2e col.
^ A Paris, sa cliainhre n'avait pour tout mobilier (|u"nne table, une chaise,
et une carte de Palestine. Onand il deviiU évèijue, il n'eut d'autre argenterie
qu'une cuillère et une fourchette. Encore les garda t-il peu de temps, car en
1693, les besoins des pauvres étant devenus très graiuls, il vendit ces deux
objets pour les secourir. Doyen, Hisl. de Chartres, l. I, p. /iOi.
— ;i()i) —
irassidiiitf' mm travail, de rcniioti' à dcfondi"»' la floclriiio '
(loin il (liiiiiia toute sa vit- iiii si ^rand cxciiiplc.
Ce n'était pas tout ce que M"'" Godet des Marais rêvait jioui"
lîeaulieu. Il voijlait vu lairc le Inyci' d'une autre (puvre toute
aussi fiière à son cu'ur d'Kvèque, la ^^rande onivre des
iiiissiftMs diocésaines. Nous avcms vu couinient. sous Tj-piscopat
de M*-''' iTHstauiiies. le v«''nérable M. lînurdoisc. M. ( Jlicr et
Ifurs compagnons avaient parcouru le diocèse de Chai'tres.
|ii'échant la parole ilr hieiici r.iisaiil les plus iirands fruits
de conversion. Saint \ inceni de l'aul. en ('-taldissaut sa
coniiTC'Lration, s'était proposé l'évauiicdisatiou des canipairnes;
d(''jii ses prêtres r(''pandus i)ar toute la France avaient obtenu,
[lar les armes de la douceur chrétienne, ce que Louis XIV
avait vainement exi.ué en plusieurs provinces par les armes
de ses draii'ons. Le diocèse de Chartres n'était pas demeuré
étran^^er à ce mouvement.
De irénéreuses donati(Uis seinldaient provoquer l'éta-
Idissement d'une o'uvre. I)('J;i, nous l'axons dit plus haut, une
personne anonynu' de Scnonches avait donné au Séminaire
un capital de Kiim livres, produisant KMI livres de rentes,
pour être emi)loyées à la pension d'un Sc-minariste de cette
paroisse, et, tout sujet faisant défaut. ;i donm-r ii Senonches
i\ne mission de 7 ans en 7 ans (I(»81). Quati'e ans plus tard,
c'était le vénérable curé de Frétii^ny, M. Michel (rouin. qui.
de ses propres deniers, fondait par testament une mission
décennale, pour sa paroisse. Une rente annuelle de 20 livres
recevable par le grand archidiacre et les curés ses successeurs
devait en couvrir les frais (*.) mars 1085) -.
Il s'ayi.ssait maintenant, dans l'esprit de l'Kvêqne de
< hai'tres. d'orti-aiiiser cettt' (jMivre. de lui douiiei- un fonc-
tionnement rc'-iiidier, de lui assurer enlin pour l'avenii" des
ressources sutlisantes pour la mettre à l'abri des éventua-
lités.
'l'ont naturellement les Lazaristes se présentaient comme
' Mi«'f (lodct des Marais di'l'ciidil tour à tour la doririiie (•alholiiim- ((mire les
nniiv('aiili''s (1rs Jaiis('iiist('s et les |»it'ii\ (■\(i''s des Oiiirtislcs. l'Viiflnii. \r
iiii'illiMir (le SCS amis, iic lui pas (■|iaiu:m''. dans les t(iii|i>< vii,'niirfii\ ipd- {'rsi-ipif
fit" (ihariri's [Miila aux [larlisaiis d(i Qiii('-lismi'.
- Arcli. (l(''parl. biviiil. ilii (iraiid-Hcaiilifii. Missions. O. M>\. (Oiiiiii. Ms>i.
"2- |iai-|. Il" 1 IS'i.
— 310 —
les agents de cette entreprise, et dès lors le Grand-Beaulieu
était indiqué comme leur résidence à Chartres. Pendant cinq
ans MS'' Godet des Marais mûrit son dessein et en prépara
l'exécution. Enfin, ayant pris toutes les dispositions conve-
nables avec les supérieurs de Saint-Lazare, il publia en 1704
(21 mai) une ordonnance qui devait pendant près d'un siècle
assurer au diocèse l'insigne bienfait des missions périodiques.
Pour cela le prélat faisait un pressant appel à la générosité
des fidèles; il demandait aux pasteurs de diriger de ce côté
les fondations, et il désignait les Lazaristes de Beaulieu pour
centraliser les capitaux, les administrer et pourvoir à l'exé-
cution des charges annexées, en procurant les missions on
tem])S voulu. Enfin il leur adjoignait, pour commencer l'œuvre,
un prêtre et un frère de la même congrégation, tous deux
spécialement consacrés aux missions ^
Ce fut le curé d'Argenvilliers. M. Michel Mauclerc, qui
répondit le premier à l'appel épiscopal. Le 9 octobre 1705, il
fondait pour sa paroisse une mission « à trois missionnaires »
et d'un mois entier de durée. Elle devait être donnée, dans
ces conditions, tous les douze ans, et pour ?ela le Séminaire
de Chartres recevait une rente foncière de 22 livres, et
160 livres en argent -. M. Michel de la Porte, curé de Boissy-
en-Drouais, suivit bientôt cet exemple en donnant 600 livres
au Séminaire, à charge de faire donner, tous les dix ans, une
mission dans sa paroisse (27 juin 1711) ^.
Le clergé chartrain se signalait vraiment pour cette entre-
prise, et nous lui devons cette louange qu'il fit presque seul
toutes les fondations de nos missions diocésaines. C'était par
exemple M. Marquentin, curé de Saint-Eliph, qui par acte
passé devant M'' Collet, notaire à Pontgouin, donnait au
Séminaire un capital de 800 livres pour procurer tous les
dix ans une mission à sa paroisse. (18 décembre 1726).
Malheureusement le bon curé comptait sans la dépréciation
de l'argent et renchérissement des denrées. Le Séminaire
' Arch. départ. Inventaire de Beaulieu, T. I, |t. 315.
' Ibid. CeUe mission fut supprimée on 1704 (I"'' sept.) et la fabrique
d'Argenvilliers reçut du Séminaii'e le remlioiirsement du capilal.
^ CeUi; mission, pour hupiclle on avait, déhoursé 107 livres 14 s. en 1740,
coûta "243 livres en 1760 cl 300 livres en 1774. Ibid.
— :U1 —
fut biontût en retour et rKvêqiie «le Cliai-lros dut i-r-duirc l;i
tuiid.ilinii '. ('('tait encore !<' cui'é de Moiitainvillc, M. Ab<d
<iillol, qui l'oudaii eu IT."'."» |m»iu' sa paroisse uue uiissi<ui <'Lra-
leuient déceMiW'le ei chariii'ait h^ (îraud Séiuinairt- de
rac(juitler niofeuuani un capital de .")(«! livres. Le S(''iui-
iiaire eut d'altord ]ilii> (|iii' le nécessaire pour se couvrii' de
la «lépense, lorscpiou donna jjour la première l'ois, la mission
en IT.'.r.. Mais ciiupiante ans plus tard, il fallait il"» livres
poui- celle (euvre qui en coûtait alors 25'J : il iallut encore
jirocéder à des rcducliiuis de char.u'es.
Un respectai)!»' doyen du diocèse se moniraii idiis n'enei'eiix
encore. C'était M. Nicolas 'l'allier, curé de Notre-I>anie de
.\o^^ent-le-Kotrou. Kii 17 11 JlaNril il avait donné KMMilivres
<le capital au ( iraiid-lîeaidieu pour iiiir mission de dix en
dix ans. dans sa paroisse. Mais encore i<i les désirs du l)ou
prêtre devaient être frustrés. At)rès avoir été senhunent
doniu-e uue fois, en 1751, dix ans aj)rès la mort du fondaleiw,
elle fut ('teinte par acte authenti(pie passe'' d(îvant M"' Chevard,
notaire ;i Chartres, h' 19 octobre 178»). De graves raisons
avaient imposé au Séminaire cette néce.s.sité. Ce ne lut pas
toutefois sans i\v^ protestations énergiques, des paroi.ssieus
de Notre-Dame, (pii savaient ajtprécier le bienfait de la
mission -.
Le prêtre qui l'emporta sur tous, dans cette série de libé-
l'alités saccu'dolales, était un des directeurs même du S(''nii-
naire de Beaulieu, le procureur ou économe de la maison,
M. Nicolas Darret. Son long ministère à Chartres l'avait
initié à toutes les œuvres diocésaines, et il avait conçu pour
celle-ci une |iarticulière adéctioii. Par son testament olo-
graphe du 2S octobre i'rJ'.K il avait légiu' au Séminaire une
connue de <S(>;8 livres, l'.i sols, 11 deniers, pour procurer ties
uiissicjus diocésaines, laissant a l'évêcpie de Chai'tres d'en
déterminer plus spf'cialement l'eniiiloi. ("('-tait avec ces rentes
et (mehpies autres <lous, \ cuus dans la suite, (jne clKupie
année ou pouvait procurer à plusieurs paroisses de campagne
' iJétrt'l lir M^''' de Flciiiy rlX (Incmltn' IT'Ui t''l liilis^.nii i|iii- le Séminaire
ne devra la niissinn i|iii- lursijiii' lc> renies auronl altinil le rlnlln' de la dépense.
- Areli. dé|tart. Knnds du liraiid-lteaiilieii, n" Ti!), i|in Kinlienl le texte de
'elle |iii)leslalii)ii. 1,1. lidil. eoniinnnale, M.ss. I INI.
— 312 —
le bienfait d'une sérieuse évangélisation '. Pendant tout le
dix-huitième siècle, le diocèse lut .sillonné par ces jjieuses
caravanes de missionnaires, et partout de nombreuses
conversions signalaient leur passage. La mission durait tantôt
trois semaines comme à Saint-Aubin-des-Bois en ITCJ:} et 1776,
tantôt quatre, comme à Nogent-le-Phaye, à Bailleau-rÉvéque
et à Ymonville en 1776, tantôt cinq comme à Voves en
1774.
L'on peut imaginer quoi intérêt le Séminaire tout entier
prenait à cet apostolat; comme on aimait ;i interroger les
Pères à leur retour au Grand-Beaulieu et comme on les
écoutait avec avidité quand ils racontaient leurs travaux,
les incidents de la mission et les succès de leur ministère.
Quelques laïques apportaient aussi leur concours. C'étaient
les bonnes demoiselles Recoquillé, qui, ayant déjà fait une
fondation en faveur des Séminaristes pauvres, ajoutaient
60 livres de rente povu' des missions de huit en huit ans à
Coltainville, à Morancez ou à Ver. C'était une personne
désirant rester inconnue qui, en 1777, donnait au Séminaire
un capital de 1200 livres pour des missions à faire dans les
paroisses du Perche.
Au milieu de ces œuvres, les années scolaires se succé-
daient paisiblement sur la colline de Beaulieu agrémentées
de ces mille incidents qui font événement dans l'évolution
monotone d'une vie de Séminaire. Un jour c'était un com-
mencement d'incendie qui se déclarait dans la ville : et
comme on était bien placé aux fenêtres de Beaulieu pour
juger du sinistre et on suivre les phases ! C'était un accident
arrivé au grand clocher de Notre-Dame : la croix de fer
abattue par un cou}) de vont -. Avec de bons yeux on
pouvait suivre du Séminaire les travaux d'échafaudage et
de réparations. C'était quelque trouvaille faite dans les dé-
blaiements nécessités par les nouvelles, constructions, un
denier chartrain, par exemple, qu'on recueillit en 16914 dans
^ C'est avec ces capitaux que le Sémiuaire de Beauliru pui, à cette époque,
prêter au Pctit-Sémiiiaire Saint-Charles nue somme Ho ï^U, 0X0 livres, mdyenuant
<SUIj livres 4 s. de n-iites. Jusqu'à la ruine du Séminaire, ce revemi liu alléclé
à Fœuvn! des missions. Arch. départ. Inventaire de Beaulieu, l. I. Mmionx.
- Doyen, Hist. de Chartres, t. 11, p. ïJ13.
•>lo
les anciennes Iniulalions '. A l'inspection di: relliy:ic on
établissait son .intiqnilc'. Il remontait au xir siècle, peut-être
au XI*, à l'origine même de la Léproserie.
Des événements plus sérieux se produisaient a licaulieu.
A M. de Chovrf'iiiniit. premier supériem- lazariste, avait succè-
de, en lOST, .M. l)enis Regnanl, qui lui-même, tout en de-
meurant au Séndnaire, avait été remplacé dans sa chage par
M. Charles Doriiioiii . 16ÎKÏ. -. Celui-ci n'était resté que cinti
ans dans ses fonctions, ri M. Nicolas Piciion. ipii lui avait
succédé en 1005, avait iln Ini-mème quitter bientôt le(Trand-
Beaulieu i>our remplir rimp<»rtante charge de supérieur
gc'uéral tle la Congrégation (1(V.»7). Le sup(''riorat suivant, au
Séminaire de Chartres, devait illustrer Beaidieu en le ren-
dant le théâtre de l'un des premiers et plus éclatants
miracles de saint Vincent de Paul.
M. Jean Bonnet, du diocèse de Sens, avait pris la direction
ilu Séndnaire, au déjtart de Nicolas Pierron. Il |y apportait,
avec toutes ses éminentes qualités, une inlirmit('' corporelle,
qui, dei>uis dix ans. déconcertait la science des médecins les
plus renommés •'. 11 venait d'arriver à Beaulieu, lorsqu'il y
rcçiU la [trennère circidaire de M. Pierron, supérieur général
enjoignant à tous les supérieurs locaux de rechercher et de
lui signaler les laits ou écrits susceptibles de servir ;i la
béatilication de saint \incent de Paul. Le vertueux malade,
pal- amour pour la sonlfrance, n'avait jamais voidu jusque-là
demander un miracle à son saint fondateur. Mais à cette
heure, presse par une impulsion surnaturelle, il s'(''cria :
•• Seigneur, si c'esi voire volont(''. et qu'il y aille de voire
trluire et de celle de votre serviteur. N'incenL de Paid, je
vous prie de me guérir de ce mal par son intercession et de
' iiilil. loiiiin. JaiiviLT de l-'hiiiivillf. lieilieirhes... au uu>l Muiinuifs,^. TiT.
2 Archives des Lazaristes de Paris. — Arcliiv. cuniiiuiii. Regixlie de.s svpul-
lurrs ilii Giitnd-lkauUeu, 11. I i, \.
•' <' il y avait dix ans i|ii'il avait uni' dr < !•> Iicniics cnniplètes ail\(|iielles la
desiciitc de rintt'stiii et de l'r|ii|)l(iii a l'ail duiiiicr ii' nom (rfnléni-é|H|doci'lli'.
l'.r mai le raliL;iiail si ( riiclli'nieiit (|iie dans ses voyages il était iiiieliineldis
"Idigé de descendre de cheval, de chercher un l'ossé mi (|uel(|ne endrml en pente
et de s'y metire les pieds en haut \mW se smdaiier. 1,'esjièce d nuiiel i|U un
baiidai.'e tonjdurs trop lâche an t,'ré de la rupture, avait lait sur sa chau- él.ul .m
profond (|ue plus de trente ans après, il en portail encore les marques. » Vif
lie Snitil Vinrent ilr l'nul. iii-i°, 171S, p. .Vi'».
r. xii, M. a
— 314 —
m'envoyer plutôt quoique autre incomnioditc'. pour que je ne
sois pas sans souffrance. »
Sa prière n'était pas achevée qu'il sentit que le mal avait
disparu. iMalgré sa vive émotion et le désir de proclamer le
miracle, il garda le silence et voulut éprouver de la manière
la plus rigour(nise sa guérison. Tous les appareils exigés par
son infirmit('' riircnl laissés, de longues courses entreprises,
soit à pied, soit ii cheval, les exercices les plus violents et
presque excentriques, furent pratiqués sans la plus petite
douleur. C'était donc bien vrai, un miracle venait de s'accom-
plir au Grand-Beaulieu. Alors le digne supérieur révéla la
merveille. On pense quelle émotion et quelle joie ce furent
pour tout le Séminaire, quelles actions de grâces on rendit au
vénérable Vincent de Paul, quelle confiance on eut désor-
mais dans son intercession '.
D'autres événements, et ceux-lii d'une note moins gaie,
s'accomplissaient à cette même époque au Grand Séminaire
de Chartres. L'année 1093 avait été désastreuse pour l'agri-
culture, la suivante n'était pas meilleura. Le blé valait 27 et
28 livres le setier : de mémoire d"homme'i)n ne l'avait payé
aussi cher-. A Chartres, Monseigneur des Marais provoquait
des assemblées de charité, centralisait les secours, organisait
des distributions, ordonnait des processions solennelles. Au
Séminaire, comme partout, le fléau se faisait sentir, et
d'autant plus, qu'à cette date le fameux procès avec les che-
valiers du Mont-Carmel était encore pendant, et Beaulieu
privé de la moitié de ses revenus. Mais si l'on souffrait, l'on
savait aussi compatir et soulager. Non content d'ouvrir sa
bourse, si réduite qu'elle fût. lo Séminaire ouvrit encore ses
portes. 11 avait ainsi recueilli rc'cciumonl un pauvre vigneron
du Petit-Beaulieu. veuf, malade. aiiaiiddniK' et sans res-
sources. De ses deux enfants aucun ne jxuivail ni le recevoir,
ni le secourir. .Iac(iues, son (ils, n'était encore qu'apprenti
chez un cordonnier de Chartres, et sa fille était petite ser-
vante chez un bourgeois de la ville. Jean Montmirault —
c'était son nom — avait trouvé à Beaulieu, avec une abon-
' Arcliiv. Xalioiialcs. LcUrc dn .M. lioniiet ['M oct. Ki'JT). — l'rocès-vi'iii.il
de 1728, 11° 6.
- Doyen : Hist. (h' Charlres. I. I. p. .105.
— .115 —
(lance relative, tous les soins nécessaires à son état. Il y
trouva quelque chose de plus précieux : la |/ràce île la iV'iii-
lence, du saint Viatique, de rKxtrénie-Onction, il'une bonne
uiort enfin. ('e*pauvre, cet abandonné du monde reçut de
notre rouunûiiauté l'hospitalité justpraprès son trépas. Au
milieu i\vs prêtres e( des séminaristes (jui (h'Jii reposaient
(Luis la iiel'de la chapelle, on creusa pour Itd une tombe ;i six
pieds (lu mur occidt'iital et à quatre du mur méridional. C'est
la (pie. le S \cml)i<' (le cette année 1(>93, M. Denis Reg-
nard dc'-posa son corits avec les cérénioides accoutumées.
Touchaul témoignage de fraternité chrétienne : avec les
su])érieurs, les vicaires généraux, avec l'illustre évêque de
Chartres, reposaient dans cette terre, au uu'*me titre de
chrétien, les domesticiues de la maison, les artisans (H jus-
qu'à cet indigent, recueilli par charité '.
Deux mois ne s'étaient pas écoulés (piim acolyle, Guil-
laume .Moriette, venait prendre sa place dans le caveau
funèbre ;i côté du pauvre vigneron (24 Juin 1004). Un peu
]ilus tard, après un rt'pil de quinze mois, la mort frappait
encore un coup sur le Séminaire. C'était François Dupuis, né
à Rosny. près Mantes, ari'ivé^ récemment à Reaulieu. Il avait
2'.» ans. et lidèle à l'appel de son év("'((iie. il était M'UU au
Séminaire, avant ua-me il'aAoir reçu la l(jiisure, pour y par-
I oui-ir au complet le cycle des préparations sacerdotales.
Dieu se contenta de ses pieux désirs, et tandis ((ue l'Eglise,
dans sa liturgie, cc'débrait par ses joyeux //o.s-.v/;//,/ Tentréo
triomphale de Jésus à Jérusalem, la Communauté, ra.ssemblée
aidour de ce cercueil, jiriait pour l'entrée du séminariste
ib'funt dans la Jérusalem (\\\ ciel (l.") aviil K')'.).')).
Les actes de s(''pn]lMre. (pli nous mil cunserve l'es (U'iails,
;i la diir(''r('nce île ce (pii se pratiipiait alors dans les paroisses,
nut r(''dig(''s avec beaucoup de soin et très circonstanciés.
Non seulement le lieU (le la dé'posit i( ill flIlK'lire y esl nette-
ment indi(pi('' par la dislance des deux murs les plus Noisins
"M dauti'es iudicati(Uis analogues, mais rncere le preire ipii
a fait riuhumatii>n, cidiii (pii a enleiidii la confession ou
administre'' les derniers Sacreim-nts, ipiebpielnis la maladie
du defunl . sdii ancienneté dans la maison, ses (piailles, ses
^ Anliiv. (oiiiiniiii. Heqis/. drs si'pulhirpx ilu il. fteniilieii. Aniu'f inUD.
— :110 —
vertus, sont mentionnés. Il n'y a pas jusqu'à la physionomie
extérieure qu'on j^ trouve décrite, comme par exemple pour
ce Germain Touchard, domestique depuis trois mois, dont
l'acte porte qu'il était « d'une 1 aille médiocre, d'un teint
picoté de vérole, et à poil châtain. » Il n'était âgé que de
18 ans et avait pris son rang à chapelle parmi les morts, au
commencement de mai 169G.
M. Darrest, le procureur do la maison, qui l'avait assisté
dans sa dernière maladie, venait de mener à bonne fin une
entreprise d'intérêt plus général, dont nous avons mainte-
nant à parler.
VII
ORGANISATION INTERIEURE DU GRAND -BEAULIEU
Avec la simplicité du système légal qui régit aujour-
d'hui la propriété foncière, nous nous faisons difficilement
une idée exacte des mille embarras de touie sorte qui nais-
saient de l'enchevêtrement du système féodal. De nos jours,
dans la vie d'un sage propriétaire, un procès est une chose
relativement rare. Il en était alors autrement. Une commu-
nauté, comme Beaulieu, qui possédait des biens-fonds dans
plus de trente paroisses, soit à l'occasion des loyers, soit
pour les limites des terrains ou pour les censives actives et
passives, les dîmes, les redevances, devait s'attendre à avoir
constamment un ou plusieurs procès sur les bras. Sans doute
on commençait, en France, à placer ses capitaux sur des
particuliers ou sur l'Etat, système qui a pris de nos jours un
développement si exagéré. Mais au xvir siècle ce n'était
encore (^u'iin commencement : on y allait avec précaution.
D'ailleurs à l'époque oii nous sommes arrivés, les finances de
l'Etat étaient loin d'être prospères, et l'on sait à quelle épou-
vantable banqueroute les hommes les plus experts devaient
bientôt entraîner le pays (1720). Quand donc on avait du
bien au soleil, on aimait à le gardei', sauf à plaider un peu
plus souvent devant les baillis. Les religieux de la Mission,
voués à une vie de recueillement, se résignaient difficile-
ment à cette nécessité, surtoul ([uand il fallait porteries
— ;J17 —
(lilléreiuls dans des ressorts éloi^niés. Déjà la Congrégation
avait obtenu de Louis XI\ en K'.SO 1 28 février), des lettres
patentes qui autorisaient les Lazaristes ii porter devant le
rjrand Conseil tous les procès, litiges et difTéronds, concer-
nant leur^ maisons établies ou à établir en France ou hors
de France, dans les lieux soumis a sa Majesté. Kt défense
expresse était faite h tout autre juge d'en connaître '. Le
Grand-Bt'aulicu profitait naturellement de ce privilège géné-
ral, mais il se trouvait par ailleurs <lans nue situation excep-
tionnelle qui fit concevoir aux directeurs du Séminaire le
dessein dobtenir mieux encore.
Dès l'origine de la Léj)roserie. nos rois avaient eu k cœur
de témoigner leur sympathie jiour les pauvres malades en
leur assurant par des actes publics leur souveraine pro-
tection. Piiilippo VI de Valois, par ses lettres patentes
«h' 1332, avait i)ris *< en sa iiiaiii. |iiotection , domaine et
commune <h' France pour lui et les Rois ses .successeurs à
l'avenir, la maison et maladrerie de Beaulieu avec toutes ses
possessions, desquels les lépreux pourraient jouir à l'avenir
comme de toute ancienneté, user de leurs droits, privilèges
et franchises, élection des prieurs et directeurs. » Toutes
choses que Jean II avait confirmées (1353), y ajoutant pour
Unii contrevenant l'ordre exprès de réparer sur le chanij)
tout trouble apporté dans cet institut. Charles VI à son loin-
avait renouvelé les mêmes privilèges (21 avril 1390) en
accordant de plus aux Lépreux vingt sergents jiour garder
leurs domaines. En 144*.», Charles Vil avait spécialement
défenilu aux gens de guerre de molester en rien la lépro-
.serie, ni do rimi)Oser. Ses successeurs Louis XI, Charles VIII,
Louis XII, François I" avaient successivement élevé la voix
dans ce concert de protection ei de Imianges. Miles dllliers,
évè(pie de Chartres, laissait-il ses gens augmenter la laxe du
Grand-Heaulieu de 17 a ISiio livres, Charles VIII jtrotestait
aussitôt îllS'.i) déclarant (pie cette maladrerie uCtait point
taxalde, mais fraiu-]\e de Ions di-oits -.
' (lailiiliilir ili's pi irlli'fjrs ri dfs hifiis il>' lu lr/iiii.\ri ii' nun' ilii Gmii'l-
Hfiiiilii-ii. Itililiolli. iiiiiiimiii. Mss. 107'.»; Artliiv. (Irparl. /HicH/fli/r </« '.'"i/k/-
heiiulini. I.diiis W ioiiriiiii;i ri rniniivela rcs IrMIifs pat^'iitrs en \'\H.
• Aitli. ili'iiarl.. Archives du Crawl-lkuuUfu. l. I, \k <•;>.
— 318 —
Au XYi*-' siècle, la léproserie étant sur son déclin et
presque vide, il n'y avait pas lieu de solliciter la rénovation
de ces privilèges. Les règnes suivants se passèrent donc sans
que la voix du souverain s'élevât en laveur de Beaulieu.
Mais, avec le Séminaire, une raison nouvelle et d'un ordre
supérieur se présentait. La tranquillité et la paix nécessaires
aux lépreux n'étaient-elles pas aussi instamment exigées
pour le l'oncnionnement régulier (Tuii noviciat sacerdotal? Si
le Roi avait à cœur la formation du clergé de son Royaume,
ne lui appartenait-il pas de le tenir spécialement à l'abri des
vexations qui pouvaient le distraire de la grande œuvre
qu'il poursuivait dans la solitude de Beaulieu? Enlin le
Séminaire succédant à la Léproserie et étant entré dans
toutes ses charges, n'était-il pas en droit de demander de
lui succéder dans les faveurs royales? Ces raisons amenèrent
Ms'" Godet des Marais et les directeurs du Séminaire à solli-
citer de Louis XIV ces lettres de protection connues sous le
nom de Lettres de ;/firde- gardienne, qui devaient non-
seulement assurer à notre communautés un respect plus
grand de ses droits, mais encore lui obte«iiir le privilège
d'évoquer tous ses procès et différends devant un tribunal
déterminé.
Le moment était bien choisi. Le Séminaire, depuis 20 ans
tracassé et injustement dépouillé par les chevaliers du
Mont-Carmel venait, après des démarches infinies, d'ob-
tenir justice. Il y avait vraiment lieu de prévenir pour
l'avenir de semblables vexations. On le comprit à la Cour, et
la demande fut octroyée. Les lettres « scellées en cire verte
sur lacs de soye rouge et verte » furent signées par le
Monarque, le 5 mars 1696 '.
« La nécessité d'établir un Séminaire dans le diocèse de
Chartres, y était-il dit, et l'utilité qu'il en devait tirer ayant
engagé sa Majesté d'entrer dans les bonnes et pieuses inten-
tions de feu sieur Ferdinand de Neuville, évèquc de Chartres,
' Inventaire général de tous les titres, paniers et archives du Grand Sémi-
naire de Chartres, t. I, Arch. départ., G. 292L Cf. Bibl. comm. Janvier de
Fkiiiiville, Recherches chartraines, au mot Séminaires. Ces lettres furent
euregistrées au Parlenieul le 2X août 1731 et au baillage île Cliartres le
9 novembre suivant.
— :M\) —
et pour cet effet, tie supprimer 1»^ lim- «le Prieuré du Grand-
Beaulieu, (jui était à sa noniinatioii, jiour l'unir au dit S(''nii-
iiaire, eu couséqueucr du décret du dit de Neuvilk*, par
lettres patent(?s du imtis de d«'ceinl»re l(;rv.>, un si iiieux
dessein aiu'ait ete troid)le dans la suite par les jJiM'tentions
de l'ordre de Saint Lazare, qui sons prétexte ijue le dit
prieini' du <irand-Iieaulieti uni andit St'ininaire ('tait autre-
lois charffé d'un Impiial de Lépi-eux. aurait voulu se préva-
loir lie redit du mois de tlécenibre I(»7l\ et les proteetions
(pie If dit ordre aurait tniuvc-es ayant contraint ledit d(''luiit
>ienr de Neuville d'ahandonin^r la nn»itié des revenus du dit
prienr(' à l'ordre de Saint Lazare, par nue transaction contre
laquelle niènie il aurait l'ail des prijtestations, le sieiu' l*aul
'iodet des Marets ;i présent évoque de Chartres ayant connu
ijue cette transaction avait enlevé le inoy<'n. à son Séminaire,
de subsister, s'était pourvu contre icelle de\ani sa Majesté et
les commissaires h ce déimtés, en conséquence des édits et
déclarations du mois de mars et 15 avril KiU.". portant révo-
cation de l'f'dii du mois de décembre 1(»72 et fait voir l'in-
justice de cette transaction. S. yi. aurait remis et r(''int(''i!,'ré
le dit Sc-minaire dans la possession et Joidssance des reve-
nus diidit prieuré de Beaulieu, par arrêt du 1'.) novembre 1693.
ii. parce que ce prieuré ayant toujours été sous la protection
du roi, comme en iccUc de ses jjrédécesseurs, le dit Sémi-
naire qui est au lieu du dit prieiii('' de Beaulieu n'a i)as moins
besoin de celle qu'il doit attendre de son autorité royale, ils
les directeurs du Si-niiiiaire' ont remontre'' que les l)iens et
revenus du Seniinaiic sont situi'-s en divers lieux et que
])0ur les conservations diceux, ils se l mu veut oldigés de
procéder en autant de juridictions dillerentes qu'ils sont
onlrainls diidenter d'actions ei de ilclciiilre a celles qui
leur seront faites, le |ilns sou\ cni en liiiix éloiii'uc's. ce qui les
nrcliar;re non scuIihk ni de peines, soins et .urands frais do
voyages, salaires de plusieurs persoiun's «pli font les pour-
suites, mais enroi-e cfuisomme la iiieilleui'e |>artie ilii temps
«pi'ils «'inploi«'raient beaucoup iiiieiix en prières etoraisons.
tb'Vots et liiell.V «'X«'r«'ices de li-ii|- profession. l*our éviter
les «lits iiicoiivéni«'nts «pii eiilin poiiri-aieiil causer la ruine du
^•'•niiiiaire. ils mii supplie- Sa Majeslc de 1rs |irendre sous sa
protection et sauveg'ar«le et ilaltrilinei' l;i coniiaissan«'e do
— 320 —
leurs causes et différends à un seul et même juge... A ces
causes... voulant faciliter aux exposants les moyens de faire
avec quiétude leurs prières, veilles et oraisons pour notre
prospérité et celle de notre famille royale, la grandeur de
cet état et vaquer plus aisément à Tinstruction des ecclé-
siastiques qui leur sont commis... nous avons, les dits expo-
sants, leurs serviteurs et domestiques, maisons, biens,
domaines, terres, fiefs, cens et rentes, droits, usages et
possessions pris et mis, prenons et mettons en notre protec-
tion et garde spéciale, })oiir marque de laquelle notre auto-
rité, leur permettons de le faire savoir, publier partout ou
besoin sera, afficher avec nos armes, pannonceaux, et bâton
royaux, en leurs maisons, terres, seigneuries et autres lieux
qu'il appartiendra, à ce que personne n'en ignore... » Les
lettres se terminaient en attribuant au bailli de Chartres
juridiction pour toutes les causes du Séminaire de Beaulieu,
tant en demandant qu'en défendant, avec défense à tous
autres juges d'en connaître, et ordre aux mêmes de les lui
renvoyer, pourvu que les débiteurs ne fussent éloignés que
de huit lieues de Chartres. -^
Ces lettres eurent sans doute un bon* résultat, car sous le
règne suivant, le Séminaire en demanda la confirmation et
rénovation, que Louis XV accorda en juillet 1731. Des placards
avec armes, pannonceaux et bâton royaux, affichés dans les
fermes et métairies de Morancez, Sours, Theuville, Boisvil-
lette, Néron, Angerville et autres lieux notifièrent aux inté-
ressés l'acte royal. En 1732, un fermier récalcitrant, celui de
la métairie de Sours, un nommé Texier, s'étant avisé de
contrevenir à ces lettres, le Séminaire se pourvut aussitôt
contre lui au baillage de Chartres et l'obligea à se désister
de ses prétentions.
La monarchie devait, jusqu'à la fin, maintenir ces faveurs.
En avril 1775, Louis XVI renouvela les Lettres de Garde-
Gardienne, dans les mêmes termes que ses prédécesseurs. Ce
fut le dernier anneau de cette longue chaîne de privilèges
dont Beaulieu avait été l'objet depuis quatre siècles. Si l'on
y joint les concessions accordées par les comtes de Chartres,
les donations des évêques, chanoines, princes et seigneurs,
surtout les bulles de plusieurs souverains Pontifes, Inno-
cent II. Eugène III, Alexandre III, en faveur c des amis de
— 321 —
Dieu >' les lépreux, el pour les iirindre sous leur proleclion
et «< celle des apôtres Pierre et Paul, ou conrevra que la
maison ilu f^raïKl-Hcaulicii [luiivaii à Imn di-oii rii'r II'-it <1i'
son passé '. »
Ces sollicitudes extérieures n'empêchaient p(»int le> direc-
teurs du Séminaire de poursuivre activement r<puvre de
lorganisation intc'rieure de la Communaut('. 11 y avait l)ien-
|nt quarante ans (pic M^"" de Neuville avail ti-ansporté sur la
cnlline la peliii' t'ondatioii delà l'orte-Cendreuse ; les Laza-
ristes comi»taient seize ans de résidence et depuis lors, que
d'efForts et de sacrilices avaient été laits pour donner à
lillustre diocèse de Chartres un noviciat sacerdotal (Uirne
de lui.
Deux choses, dans un rTrand-S(''minaire . sollicitent princi-
l»alement le zèle de ceux (jui en ont le trouvernement. C'est
d'altord la «iKipelle avec tout ce qui tient au culte divin, puis
la bibliothèque pour la formation intellectuelle des clercs.
Pour inspirer aux jeunes ecclésiastiques le respect que doit
un prêtre aux choses saintes, pour les former à des habi-
tudes de tenue, de dignité et de rcdigion dans l'accoiuplis-
sement des fonctions liturgiques, il est de toute nécessité que
la chapelle du Séminaire, la .sacristie, les vases sacrés, les
ornements, les cérémonies .se présentent à eux aver un
cachet d'ordre, de netteté et nu-me do splendeur i|ni les
frapjie, leur impose le res^jectet demeure comme une pin'pé-
tuelle leçon. C'est dans cette pensée que M^'"" de Neuville
avait remplacé l'antique et pauvre ('glise de la hqtroserie par
une nouvelle chapelle que son épitaphe qualilie de .Kdes
miKjnilicu. Les (objets nécessaires au culte répondaient-ils ii
cette splemleur. Nous sommes portés h croire que de ce côté
il y avail encore' beauconii ;i faire. Car hu'sipie vers cette
' Anh. ili'pjiii. Invenlaire i/cni'njl . I. I. liilil. (oiiiiii., .M>>. ii" 1U7!)
f'.iirtuliiire des privUrf/is ft df.s biens tic ht l.i'fiiosrrie-Mfir du Gr/ind-
Hi'iiulii'u. Li hiillr dliiiioci'iil II psI (ialrc (l'Aiixom'. i:t scpl. I Mil ; (('Ile
«l"Kiigt''iif III lie VitiThc, 2 jiiillfl Hi(i; crllr (rAli'Xiiiidic lli dr C.ltitilrrs iiiriiir
'2 mai 1 \iV.i. Cl. Wiinculiitih. |„i i ojiii' fir <i's Inilli-s si- Iioiim' il.m^ li- Carlii-
laiif (lr la iy'|iroscru' du diaiul-iSrauliiMi, coiiscrvi' a la Kilil. nation, à Pans,
.Mss. latins nouvi'llciiiriil urmiis, ii" I i<)S. L*> iliss. lUT!' de la Itild. i'(tiiini. d)*
Chartres altrilnii' iv> |iullr> ;i >;aiiil CIriiii'iil II. Kii^i'ih' IV cl AliA.nnirf III II
y a là di'iix rririiiN dr liaiiM ri|itinn ; Si. (.Iniitiil |i()iii liitioreiil >'\ Euijeif llll
|Miiir Kii}.'t''iii' 111.
— 322 —
cpoqiK} le procureur, M. Darrest, transcrivit sur son registre
{riiivciii.iii'cs, l'acte d'union par moitié, au Séminaire, du
revenu du prieuré de Choisy-aux-Bœul's, étant arrivé à faire
menlion du mobilier de l'église prieuriale supprimée, il
ajouta en appendice cette note où se reflète l'état précaire
de la sacristie de Beaulieu : « Monseigneur de Chartres s'est
réservé d'en disposer (des meubles et vaisselle de l'Eglise de
Choisy et son annexe) après le décret d'extinction du titre
de cette église, en faveur de quelque autre qui en aurait
plus besoin dans son diocèse. Il serait plus juste que ces
meubles et vaisselle d'église soient remis au Séminaire qui
en a plus besoin que tout autre endroit '. » Ms'' de Neuville
avait voulu [)Ourvoir à cette indigence lorsque par son tes-
taijiciil il avait donné à son cher Beaulieu son parement
d'autel de brocard d'or, son pluvial de cérémonie et les deux
chapes que portaient les dignitaires qui l'assistaient dans ses
solennelles fonctions. Son exemple devait trouver des imi-
tateurs.
En attendant, la Bibliothèque faisait l'ol^jet de soins tout
particuliers. Sur ce point tout était à créer. -xLe prieur de la
Léproserie , pas plus que les deux prêtres et les quatre ser-
vants, n'avaient songé k monter une bibliothèque. Leurs solli-
citudes étaient ailleurs. De fait, en grande majorité, les
livres possédés par le Séminaire à l'avènement de Ms*' Godet
des Marais, étaient des livres nouveaux. Quelques-uns remon-
taient au siècle précédent (xvi^ siècle). Pas un incunable.
A part un missel gothique, écrit à la main sur vélin, les
autres manuscrits, peu nombreux d'ailleurs, étaient récents
et sans valeur. Si l'on considère qu'à cette époque les livres
étaient fort chers, et que le Séminaire, privé depuis 20 ans
de la moitié de ses revenus n'avait pu élever bien liant le
btulget de son bibliothécaire, il y a lieu d'admirer avec
quelle rapidité cette œuvre s'était développée. La divine
Providence, en cela comme en toutes choses, avait suscité de
généreux donateurs, comme l'ancien supérieur, M. de
Bagnols, dont tous les livres étaient venus se joindre, en
IGCO , au petit fonds d'ouvrages acquis par le Séminaire. En
1G07, 15 à IGOO ouvrages, formant nu total de 4,000 volumes
' Bibl. comm., rass. n» 1079, p. 63 et 109.
:î2:;
enviroii, coniposaienl la IjiblioilRMiiU' du (^iraml-BcaulkMi. On
y Voyait do {grandes (■olltMlions coiiiine \<d^ (juiiriliu (iciirmlin
(h' Biiii, en 10 iii-luliu '. irimiiMiiaiits coimiHMitaiivs «-(imine
Cornélius ii Lipide en 1'.» iu-lolio, les jjrjncipaux lli(''nln^'-i(Mis:
Albert le Crrand i 12 in-lolio), Saiiil Thomas. Suarez. \as(iuez,
Grt'y:oire do Valenco, Bollarniin, Kstius, ]iresque tous les
Pores irrecs et latins ; j)lusieurs liihles An roinnienccnieni du
sièclr. duul uin' di- Kulx-ri Miiciinc: une concordaneo de
lôoc». le plus ancien, eroyons-noiis, {\r<. livi-es iuipriniés do
cette hihliotlii'quo -.
Mais le livre île beaucoup le jtlus précieux sans contredit
('lait ce Missith' vf/iis, manuscrit dont nous avons ])arle plus
haut, et qui jusqu'en 17'.»;; occupa le numéro 1''' du casier Y.
dans la bibliotlièque du «irainl-lJeaidieu. l>e l'orniai i^rand
in-8", relié en liuis, écrit on g-othique noire et rouii-o. sur un
velin ili' toute lirauté, onriclii d'enluminures au ]iremier
reuillel. a la nu'sse ihl jour de l'àques et aux [irincipalos
majuscules, co missel était iiour la Inldiothéiiue de Beaulieu
un vérital)lo trésor. 11 ])ortait au itremior feuillet on carac-
ti'ros Li'othi(pu's les doux mois: J/I<-i-oji\jiiiis Frnsso/iis. C'était
sans doute le nom do l'un do^ anciens propriétaires. Sur le
second feuillet on avait récemment écrit : « A'.v lihris Sriiii-
iinrii ( '.ni-noli-iisis » ot au-dossous « Missalc \ fins ciriiolciist'. »
Vraisoml)lablemont rautoiu- de celte dernière inscription
n'avait i)arcouru ni le calendrier, ni Ir l'iopic (h>s Saints de
rv Missel. Car a[)res une rapide insiieciion, il eut »''l('' facile
de reconnaiti'o que jamais ce li\ re liturLi'iqne n"a\ait ('-te à
Insaire de l'Eiilise de Ciiartres. On n'y lisait ni le nom de
saint Lubin ni celui ûl' saint Choron. Saint Yves y (Mail
deux fois luontioinK' dS mai et 28 octobre), mais c'était '\ves
de Brota^'no. et non celui (lu'honorr aujourd'liui le cleryc char-
train, point d'auiiix ersairo de la |)(''dicace de la cathédrale de
' .Si-VL-riii lîiiii, tli.iiioiiM' ili' Ciilomii', iliiiiii:i iiih' |in'iiiirn' •'■ilihoii de ses
(lûiM-iles g(Mi('iaii\ (mi i iii-tol. iHIOt'»!, iiih' (lt'ii\i<"'iiii' rii !l iii-lnl. iKHSi i-l iim-
lioisiiMiif fil Ht iii-fol. iKiiiSi.
- (>^ iiHlicalioiis Miiil liirfs ilii inss. I Ki'.l ili- la liiltl. ci'iiiiii. ili- Cliailrcs,
|)ortaiil le lilic : Calalof/tt.s libniruin bihliul/iem' (/ohk/.v ('.uiigirgalwnis Mis-
siiiiiis, l'iecUr in Sniiitiui id (-ItiinDlensi , viihjn ilii (îniiut llraiiliru. jnopr
Ctirniiluni. ihhmi i/ilu>. nttiio Ihiii iiiillrsiiiiu .stMtcrt/cw/Hn iiiiiiiiij'simi) \rj>tiiiiu.
\ \0\. (If II'.) pagrs ri 7 ri'uilli'ls.
— 324 —
Chartres, célébré cependant depuis le xiiP siècle dans cette
église, mais en revanche, à la date du 29 octobre, la Dédicace
de l'église de Saint-Malo, avec Octave ; la fête solennelle de
Saint Malo lui-même, au 15 novembre, avec Octave ; la fête
de Saint Méen, abbé du monastère de Gaël en Bretagne
(21 mai) ; celles de Saint Samson, évèque de Dôle (28 juillet^,
de Saint Paul, évèque de Léon (10 octobre) ; de Saint Corentin
(12 décembre). Toutes ces indications suffisaient à certifier la
provenance malouine de ce vénérable missel.
Les directeurs du Séminaire pouvaient d'ailleurs savoir
sûrement à cette époque ce que nous ne pouvons que conjec-
turer aujourd'hui. Ce livre liturgique de Saint-Malo n'avait-il
pas appartenu à Mê"" de Neuville;, naguère coadjuteur, puis
évèque de cette église ; et dès lors transporté à Chartres
avec les autres livres du prélat, n'avait-il pas été donné à
Beaulieu par les exécuteurs testamentaires, selon la volonté
de ce pontife à qui le Séminaire était si cher ^ ? Cette suppo-
sition est si vraisemblable que nous n'hésitons pas à nous y
arrêter et le « Missalo vêtus Carnotensoo) , don de Ms"" de
Neuville , explique à lui seul la présence d^ si nombreux et
si précieux ouvrages dans la bibliothèque naissante du
Grand-Séminaire de Chartres ^.
Cependant, à cette belle collection de livres, dont l'avenir
s'annonçait plus beau encore, il fallait trouver un local et
donner une organisation capable de guider vite et bien les
travailleurs. Au point le plus central de la maison, sous la
coupole du pavillon qui occupait le milieu du grand bâtiment
était un espace libre et de facile accès. C'est là que
furent installés casiers et tablettes. Restait à faire le cata-
logue.
On s'y mit avec courage. Une main exercée en fit la rédac-
tion sur un registre in-folio solidement relié en pleine
basane, et dès l'année 1697 les chercheurs purent facilement
' Fisquet, La France Ponlificak, Chartres, p. 193.
- Co missel, ciilf'vé avoc le roslo de la Bihliothêquc , à l'époque de la Révo-
lution, fut déposé à kl Bibliothèque commuiiah; de Chartres, où il est coté sous
le 11° 536, sous le titre de Missel à l'usage de Saint-Malo. Les folios 10 à 15
sont consacrés an calendrier. Le missel hh-nième a '^15 feuillets à 2 colonnes,
il mesure 21^ sur I U) mil!. L'écriture golhi(pie est fuie, le vélni est très fin, les
miniatures indiquent que le mss. est du xv siècle.
— n25
s'orienter. Ce premier catalogue était disposé suivant des
titres généraux rédigés en latin et répondant aux dilléientes
branches d'études ecclésiastiques : Sci-ij)lurn Snci-n, Sarri
iulcf/jretes ; I^ilrcs latiiti : l'utn-s finrci ; (loncilin ; tlifolor/i
jtoli'Ujiri , pcholn^tici , inorulrs ; Jiis (lunniiicuni , ,/iis civile;
llistoi'if'i siii-i-i, proDiiii ; l'olihislorrs, /'/jiIosaj)/ii, /Iinnunislu\
(loiivioniilorf's cl Calecliistir ; l'ii cl Asrciid ; Sncronmi
lîilniini liilci-jirclos ; Lihri /'/oy/yy//'//. Des subdivisions suivant
le Coiinat des volumes, ren\<).\;int aux casiers, au moyen de
lettres capitales et de numéros d'ordre, achevaiojil la classi-
(ication.
Dans la suite on senlit le besoin d'uii catalou'uc alphalx--
tique. L'exécution en fut confiée ii uu bibliothécaire qui
n'avait ni la main ni lesprit d'ordre du précédent. Sur le
même registre, et à la suite du catalogue précédent, un
dressa la liste des ouvrages selon un ordre alphabétique
approximatit : à la suite lurent inscrits les nouveaux livres
reçus. De là une grande confusion. C'est pensons-nous ce
qui empêcha l'achèvement de cette seconde partit'. De fait,
un certain nombre d'ouvrages contenus dans la prendère n'y
sont point inscrits.
La l)ibliotli('qu(', ainsi constituée, s'enrichissait chaque
année de quelque nouveau lions. Le xviir sièclr devait lui
apporter successivement .sept à huit cents ouvrages dont
plusieurs fort imiiortants: \n IHJiHolliccu Vclerum l'nlrnni, en
27 volumes in-folio édit. l(»77j, le (ilossnriiiin, de du «'ange,
les iloiicilin, de Labbe, en 18 in-folio, les Viltv Sniicini-iiiii,
de Surins, le commentaire tout récent de Bernardin de
IMcqidgny (17(J(;), de grands théologiens comme Rijialda,
Lessius, Cajetan, Bannes; un grand nomljTf de iuccii-ux scr-
monaircs, en lalin; du x^■|'■ sii'clr et ciiliii imis les menus
ouvrages de |iarcii('ti(|uc, ascétisme, ii.istorale et contro-
verse gallicane et Janséniste, ('dites |ieii(i,iiil le x\iii"
sii'de.
.Vinsi, en moins d'un deiiii-sieclc. la hiiilioilie(pi<' du
tlrand-Séminaire p(jss(''dail 2,)5(i<>(ju\ rages, |(ai'mi les(|nels on
comptait les plus bidles publications |iai'ues depuis Idi-igine
de rimpriiiieiie. .\|iiis l.i bibliotlii'i|iie (In \ ('nei able et savant
chapitre (b- Noiic-hanic. il ii\ m avait |ias d'aus.si impttr-
tnnte, ni de miniv c(iiii|ios<''e dans toute la \ ille île Chartres,
— 320 —
ot l'antique abbaye do Saint-Père se voyait elle- même de
beaucoup dépassée sur ce point '.
Il arrivait quelquefois que, par donations ou autrement,
d'importants ouvrages se trouvaient en double ou on triple
à la bibliotlu'que du KSéniinaire. Alors on tâchait do les céder,
et avec le prix qu'on on recevait, de nouveaux ouvrages
étaient achetés. Ainsi, quand le Séminaire Saint-Charles
organisa à son toui- une bibliothèque. Le Séminaire de
Beaulieu lui vendit l'un de ses deux Corncliiis n f.njtidi'.
Toutes ces opérations étaient soumises au contrôle du Père
visiteur, délégué chaque année pour inspecter au nom du
Supérieur général de Saint-Lazare quelques-uns des établis-
sements de la province. Or il était d'usage que, la visite de la
bibliothèqueachevée, et les notesprisespour le rapport, le Père
visiteur donnât acte de son inspection. A Beaulieu c'était le
plat intérieur du catalogue dont nous avons parlé qui servait
à ces constatations sommaires. AL Watel y mit le premier
son nom. (< Ce présent catalogue, écrivit-il de sa main, a été
véritié dans le cours de la visite de 1700. {Siffuô) AA'atel,
indigne prêtre de la Congrégation de la AHssion. » 11 fit la
même vérification on 1701, mais étant devenu, en 1704, supé-
rieur général, ce fut M. Fauro qui lui succéda comme visi-
teur. Celui-ci vint à Beaulieu et signa sur le catalogue en
cette même année 1704, revint en 1706, puis on 1709.
M. Huchon le remplaça et fit la vérification de la bibliothèque
en 1712 et 1713; M. Jomond on 1735. Ce fut la dernière visite
mentionnée sur le catalogue de la bibliothèque du (Irand-
Beauliou -.
Le local oii l'on venait d'installer cette belle bibliothèque
avait ét(' achevé depuis pou. 11 ('tait le couronnement de la
grande oeuvre de reconstruction ontropriso, dix ans aupa-
ravant, par Ms'" de Neuville.
Boaulieu, nous l'avons dit, s'était renouvelé tout entier et,
des bâtiments de l'ancienne léproserie, il ne restait guère que
les fondements. Mg,.de Neuville, qui avait commencé ces trans-
' En 1791, la l)ilili(illir(|iii' de Taliliavc do Saiiil-Prn' ne iTiil'crmail que
2,40(1 volumes, dont SOd iii-lolio, -j.".!! îii-i.o, 1,|()0 iii-So ot iii-]-J. Arcliiv.
coniinun. Inventaire du 15 mai 1791.
^ liilil. coinni. mss. 1169.
a27
roriiiafions, ('tailiuorl avant d'cMi avoir vurachèvoiiioiit, mais
sou aHeclioii pour le S('uiiuairo lui avait sui'vécu au moyeu
de g-énércusos libéralités. Suivant Ihistoricu Challincs, il
avait laissé ynv testament » (),()( m livres ikuu- achever un
bâtiment eouitueneé par son ordre. » Le (estament dont nous
avons donné le texte plus li;mt ne contient, il est vrai, aueun
legs exprime dans ces termes, mais nous pouvons penser (pie
Mk'' de Neuville avait doiiiK' de \ ive voix ces explications ;i
SCS exécuteurs testamentaires anxcinels le testament authen-
tique laissait le soin de régler rem[»loi de la somme qu'il
donnait an (Iraml-Beaulieii '. (Jràce h ces i-essources, les
travaux s'étaient i>oursuivis sans relâche. I]ii i()'.»7, é})o({ue ;i
laquelle nous sommes arrivés, les vœux du vénérable pon-
tife se trouvaient en grande partie réalises. l)c la ville et
des villages voisins on venait adndrer ces superbes édifices
(pli cDiironuaient si (ièrement la c(dliiie et iiaraissaient
lame de cette solitude.
Le Grand-Séminaire se composait alors de trois corps de
bâtiments contigus. Le plus vaste <'tail orienté du nord-est
au sud-ouest. Il mesurait 5(> mètres de longueur sur 11 île
largeur -. Le milieu et les deux extrémités étaient construits
en l'orme de pavillon, ce (pii lui (Imiiiaii tiii aspect grandiose.
' La soiiimc in(li(|U(''(' dans le toslaiTKMil de Mk'" de Niniville pst dt^sfizc mille
livres, il est à croire r]iii' li' niss. de Clialiiies porte 6,(X)0 Unes |iar une
erreur de Iranseriptiiiii. (A. (ilialiiies. Histoire sur l'hislitirc. de Cliarlres,
|). :ilS. hil,l. f.omimiii. Mss. ITOi.
- iJoycii, dans son Histoire de (Jiartres sendde dire que ce Ijàtiinent l'ut
riciivri'ili' M^'i'dc M(''iiiivillr, ilmil il nril : ■■ Il fil lifiliià ses Iriis tout le c(ir|isdc
ItuluniMil l'ii laii', au Sciiiiiiain' de liiaulifii. 'j ///.s/, de (]liiirtres, I. L P- '• I I .
tandis (]ue d'autres altriltnent au iiii iiir pii'lat la construcliim d'un liàtinient
latéral. " Il fit liàlii' à ses (rais une aile au (iiand-Sc'niinain' de lii-aulicu. »
L(''piii<tis, Hist. de CJidrtres. t. Il, p. i(S'i. I,a |)!ii|iarl des luslorioi;iaphes
chartrains parlent diiii liàlinient ('leYf'' par MK' de .M(''rin\dle, sans pn'ciser
davantai,'e. « Il fit bâtir à ses Irais tout un corps de liàtiinenl. » Kis(|uel,
Frnme l'uittif. (lltnrtres. |i. rid.'i. ■• Il avait lait consith'raltlenieiit auj^'uienler
les liàtinients du (irainl-Séininaire. - C.lievanl, t. "1, p. ."ilîT. ■• Il fil con<lnnre à
ses trais une i^rande partie du (iraiid-S(''iniiiaire de Beanlieii. •■ U/.eray, t. H,
p. oll. .Nous piV-n-rons le t('ni(ti};iiai,'e de Pinlanl ipii lut ti'inoiii oculaire de
ce» con^-lniitiitiis et (|in dit dans son liisloire : >< Il iMi^'" de Neuville, releva à
neid rKiili>e et un ^rand liàlinienl sur d'anciens liindenieiils. et il lit c(Mis|niire
un autre liàtinienl (|ui devait taire lace à un autre itareil, si le il(''iiieinhreinciit
du diocèse n'empéi liât (pion réalisât ce prujel. •• liist. de Chartres, nw. KmT.
Ce sdiit ces con>trii( lioii-^ de Mk'r de Neuville (pie M^îc de ,M(''rinvil|e citiiipléla et
agrandit à ses frais.
— 328 —
Les murailles, élevées sur les solides foudements de la lépro-
serie, élaieut capables de braver les ravages du temps, si elles
n'avaient eu à compter avec les ravages des hommes. Les
montants des fenêtres et des portes offraient à l'œil un gra-
cieux mélange de pierres taillées et de briques. Tout y avait
été soigné. Au rez-de-chaussée, à la droite du grand vesti-
bule du milieu, était la salle d'exercices, éclairée par trois
fenêtres sur le parc ; de l'autre côté se trouvaient deux
vastes salles destinées probablement aux supérieurs visi-
teurs et personnages de distinction. Vingt-deux cellules au
premier étage, et à peu près autant au second, permettaient
de loger dans ce bâtiment la plus grande partie des sémina-
ristes. Elles donnaient toutes sur un large corridor qui se
prolongeait dans toute la longueur et recevait la lumière
aux deux extrémités.
Le second bâtiment, construit perpendiculairement au pré-
cédent, présentait la même disposition, quoique dans de
moindres proportions. Long de ;J8 mètres environ sur 8 de
large, et élevé d'un étage seulement, il cqntenait de 20 à
25 cellules. Le rez-de-chaussée était occupé p^r le réfectoire
et une salle d'étude. C'est à l'extrémité de cette construction
et en retour, que se trouvait la chapelle à laquelle on com-
muniquait de l'intérieur par une porte latérale, donnant dans
le bas de la nef. Nous connaissons déjà l'histoire et le plan
de cette église. Ms»" do Neuville y reposait. Bien plus élo-
quemment que l'épitaphe de son tombeau, ces nouveaux
édifices honoraient sa mémoire.
Cependant si magnifiques qu'ils fussent, le cadre dans
lequel ils s'offraient aux regards ajoutait encore à leur
beauté. Il fallait voir le Grand-Beaulieu par une belle
matinée de printemps, inondé de lumière, perdu au milieu
de ses jardins en fleurs, de ses avenues, de ses bosquets et
de ses bois. C'était surtout du côté du midi que s'étendait son
vaste parc de 18 hectares. Une grande allée, borilée de
charmilles, partait de la porte principale et se prolongeait
en droite ligne sur une longueur de 250 mètres i)our aboutir
à un roiid-[(uin(, où (U's bancs, disposés eu demi-cercle^
offraient aux promeneurs un (k^licieux repos. Près de là, se
trouvait la maisonnette du vigneron, et le pressoir pour
l'exploitation des vignes. Car le parc contenait jilusieurs
— 329 —
l)lants de vigne, qui, à droite et à gauche de la grande allée,
s'étendaient en lignes serrées, entourées elle-inènies de
terre labourables et de taillis de bois. Une vaste pièce d'eau,
très poissonnoiise, se trouvait au milieu du bois. Enfin le
jardin pota^tH"* occupait le terrain longeant la route d'Or-
léans; il était muni de puits, réservoirs, canaux d'irrigation,
jjarfaitement di.sposés pour combattre la sécheresse natu-
relle (il' ce plateau. C'était entre ce Jardin potager et le
parc qu'était située la basse-cour et toutes ses dépendances.
Car Beaulieu comme toutes les communautés vivant à
If'cart ('tait un petit monde qui s'alimentait de ses produits.
Quand Chartres eût été investi et les communications
coupées, le Séminaire pouvait vivre encore. Cette basse-
cour n'était rien moins (jue tout un groupe de petites cons-
tructions ou la divine Providence préparait aux séminaristes
la vie matérielle de cluniue jour. Buanderie, four, écurie,
grange, vacherie, toit à porcs, colombier, poulailler, rien
n'y manquait. Et ce n'était pas tout. Le Séminaire avait là sa
forge, son atelier de menuiserie, ses magasins, ses bûchers.
Un pouvait, sans recourir au forgeron du village ferrer les
chevaux de labour et la monture plus modeste qui chaque
Jour descendait à Chartres, traînant la « Kariole » du
Séminaire. C'est l;i (jii'on cuis.iii le pain et i[\\'n\\ faisait le
cidre et le vin.
La cour, plantée de charmes, où les élèves prenaient leur
récréation, était au couchant du côté du hameau des Chaises,
et un i)eu en avant (hi grand bâtiment. Elle était séparée
(hi potager par une avenue, plantée d'arbres, qui du chemin
des Chaises conduisait au Séminaire. C'était une superbe
alh'-e. Entre les énormes [liliers de pierre ipii en loi-maieiii
l'entrée, les i)assanls apercevaient an fond, enlre les
Ijranches des arbres, le pavillon central. Cette avenue ('lait
même accessible au public cai- il fallait la suivre jn-esciue
jus(prau bout jioiw an-i\('i' ;i la chapelle dont la façade était
-III' la gauche, un [leu avant d'arriver a la cour du SiMuinaii-e.
Il y avait dansTeiisemlile tlerettedis]iosilion, aussi bien (pie
(hms le site, une harmonie du plus grand idlét. La cathediale
de Chartres y ajoutait encore : car elle se jjrésentait comme
le point (le (b'part et la raison de tous ces plans, fn oltseï--
vateur place'' sui- le péristyle de reiitr(''e |iriiicip;ile du Seiiii-
T. Xll. M. '-'-
— 330 —
naire et regardant dans la direction de notre avenue, ren-
contrait à rextrëmité l'église Notre-Dame de Chartres. Elle
lui apparaissait au-delà de la vallée, à la même hauteur que
Beaulieu, encadrée par les arbres de l'allée comme une
douce et réconfortante vision. Tout était si bien harmonisé
que la nef de la cathédrale et le grand bâtiment du Sémi-
naire se trouvaient parallèles, tandis que la ligne des deux
clochers se confondait presque avec celle de l'avenue du
Séminaire. Ainsi, au regard de notre spectateur, le clocher
neuf était tout entier masqué par le clocher vieux : on n'en
apercevait que l'extrême pointe qui semblait comme le pro-
longement aérien de la vieille pyramide romane. A'isiblement
tout avait été disposé pour que le berceau du clergé char-
train demeurât sous le regard de l'Eglise mère du diocèse.
On avait voulu que partout, dans le Grand-Beaulieu, aux
cellules comme dans la cour de récréation, la chère église
de Notre-Dame apparût aux ordinands comme le phare au
voj^ageur. Combien de fois en traversant par la voie ferrée,
ce plateau aujourd'hui ruiné, morcelé et (Jèsert, combien de
fois nous avons par la pensée rendu à n^tre Beaulieu ses
magnificences, ses couleurs, sa vie ! De tant de belles
œuvres il ne reste plus que quelques débris sur lesquels
plane, comme une malédiction, le souvenir de la spoliation.
Les chapiteaux des pilastres de l'avenue gisent à terre, à
moitié ensevelis; la cour des charmes est devenue un champ
nu ; deux petits pavillons subsistent à moitié ruinés : c'est la
maison du concierge et le parloir; des grands bâtiments, il
ne reste pas pierre sur pierre. Le chemin de fer a coupé en
deux ce qui était naguère le beau parc percé dallées
fraîches et mystérieuses ; la grande pièce d'eau est à sec au
milieu du petit bois, et sous le sol de l'ancienne chapelle,
retourné cent fois par le soc des charrues, reposent mécon-
nues et oubliées les cendres de nos morts ^
' Les détails de cette description sont enipninlés, pour la plus î;rande partie,
à un acte de « visite de Laurent Marin, expci'l-arcliitecte, juré au Baillage et
siège présidial de Chartres, les iO et 11 janvier 1782. » Arch. d('/j., (i. 2930.
i VUI
>
Dernières années de M8'" Godet des Marais.
Pour revenir il la fin du wir siècle, disons que ces restau-
rations inagiiiliques n'avaient pourtant point réalisé les plans
(le Mk"" (le Neuville. Le Innilateur du Séminaire avait rêvé
un nionunient ré<i:ulior. un vaste corps de bâtiment. Manqué
de ses deux ailes, et déterminant avec elles une cour d'iiun-
neur fermée du coté de Tavcnue par une grille monumentale.
Jusqu'en 1005, les travaux furent exécutés suivant ce dessein
et tout en faisait espérer la réalisation. Mais tout à coup
survint un événement qui semlila anéantir pour toujours ces
belles espérances. Depuis son arriv<''e au siège de Chartres,
.Mg'' Godet des Marais .sentait sa conscience chargée de
l'administration de son vaste diocèse. Il lui semblait que les
1)17 paroisses qui le composaient, avec les nombreu.ses
abbayes, les chapitres et prieurés, étaient un fardeau trop
lourd pour un seul pasteur. Dans une pensée très louable et
un parfait désintéressemcul. le prélat en était venu à solli-
citer le démembrement de son propre diocèse, en vue de
l'érection duii nouvel évêché, celui de Blois (101)5). La
question demeura [)endante jusqu'en 1(>97, et secrètement
l'on espérait qu'elle n'aboutirait point. N'était-ce pas déso-
lant de voir morceler le beau diocèse de Notre-Dame de
Chartres et sur la demande même de son propre pasteur'.'
Cet espoir fut troiniic. Le L' juillet de cette année 1007 fut
donnée, par le jiaiie Innocent .\ll. la Indle (!'( rection du
nouvel évêchi- '. Chartres y perdait les deux arcliidiaconés
de Blois et de Vendôme, et une partie de celui de Dunois,
c'est-ii-dire cinq abbayes, pins de soixante prieurés, trois
églises collégiales et cent (pialre-vingl-iiouze paroisses.
C'était une diminution dans le nombre des cures, et des lors
' V. (cllf Hulli-, .ivri- |c< |irorrs-vcrliaii\ ir<'m|iii'l.'. (Iaii> li-v A/cf/cH/fs ilu
Cleiif- df t'niint, t. II. |). lil-l'IS. (.1 Itil.l. n.iiiiii.. l'iiilanl. lierueil de
documents, inss. n" 101 i.
— 332 —
une diminution dans le nombre des séminaristes à trouver.
Les vastes édifices projetés pour Beaulieu, par Ms"" de Neu-
ville, dépassaient manifestement les exigences du recrute-
ment sacerdotal. Le grand bâtiment du fond avec l'aile qui
s'achevait, du côté du levant, paraissaient plus que sullisants.
On abandonna le reste.
Les directeurs du Séminaire n'avaient rien à voir dans
cette mesure d'administration, et même, à la rentrée de
novembre, rien ne parut changé. Tous les élèves apparte-
nant désormais au nouveau diocèse étaient revenus, car
l'évoque de Blois, Ms"" de Bertier, n'ayant ni évèché ni sémi-
naire, avait obtenu du Saint-Siège que les ordinands de son
diocèse fissent leur séminaire au Grand-Beaulieu jusqu'à
l'achèvement des bâtiments qui leur étaient destinés ^ Cet
état de choses dura deux ans. Le regret ne fut pas moins vif
dans le clergé de Chartres et tout spécialement parmi les
archidiacres dépossédés. M. Vuanet, l'ancien supérieur de
Beaulieu, avait été atteint dans son archidiaconé de Dunois.
Ce fut pour lui une rude épreuve et il -s'en montra fort
blessé. Ce fut en vain qu'on lui conserva, ain^i qu'aux archi-
diacres de Vendôme et de Blois, son rang et son titre dans
le chapitre de Notre-Dame, en vain que sur l'abbaye de
Joyenval -, donnée par le pape à révêché de Chartres en
compensation du démembrement, on lui avait assuré, comme
à ses deux collègues, trois cents livres de rente annuelle.
Ses collègues acceptèrent. Pour lui, il protesta qu'il ne
consentirait à aucune compensation, qu'il n'abandonnerait
rien de ses droits antérieurs, qu'il continuerait comme par le
* Slaluiiinis quoqm ut donec scminan'um ad prœscriptuin ConcUii Iridcn-
tini instihiluin fiicril, clerici sacris initiandi si'ii el initi(ili\ in snniiiario
Carnatcnsi edncari el inslrid jwtcnnil. liulle (rércclion du dincès»! de Filois.
CI. l'iocès-rerbal d'enquéle. Ad oclarum, dans les Mnnoiies du clerijé, t. II,
|i. m et scq. Le nouvel cvèque de Blois vint dès le début de son épisropat,
vcnûiv visite à Ms"" Oodet des .Marais. 11 y a lieu de pens(!rqu'il visita le Gi'and-
Beaulieii, pendant l(;s jours (lu'il passa à Chartres. Nous n'avons pu trouver
aucun document relatif à sa visite. A cette époque, les lazaristes finissaient une
mission à Morancez. Le jour de la flôtni-e, (î août UiilS, les deux prélats se
rendirent à l'éirlisc de ce villai;e. Mgr Codet des Marais prêcha, donna la com-
munion pascale et fil taire la première communion aux entants. L'évèque de
Blois administra la confirmation à près de 500 personnes. Arcli. dép., G. !2933.
2 L'abbaye de Jovenval était située entre les forêts de Saint-(ierniaiu et de
Marly. Son' revenu était de 10.000 livres. Pouillé de 1738, p. 6.
— ;333 —
passé ses visites dans tout le Dunois, démembré ou non '. En
lace de cette opposition, les évèques de Chartres et de Blois
préférèrent temporiser. Sur leur demande, le Souverain
Pontife inst'-iti pour M. Vunnet une clause toute spéciale dans
la Bulk' d érection, laulorisant ;i conservei' jusipi'ii sa mort
ses droits et sa juriiliction sur la partie démenibn'o de
Tarchidiaconé de Dunois. C'est ce qui eut lieu -.
La iiioii mil lin à ce contlil. M. \ii;iii('t ;i\ ;iii hicii rrnijiU
sa lon^rue carrière. Successivement chanoine, archidiacre de
Dunois, supérieur du Séminaire, puis i^rand pénitencier,
supérieur des Ursulines de Chartres, il avait, dans ces diffé-
rents ollices, si bien conquis la confiance des prêtres, qu'il
avait été nommé par eux député à l'assemblée générale du
clergé de France. Ces nombreuses sollicitudes ne l'empè-
chi'rent jioint de conserver à son œuvre de Beaulieu un
attachement de prédilection. C'est là qu'il voulut recevoir la
sépulture. Décédé le mercredi 11 avril 1708, à Chartres,
« dans sa maison canoniale », il fut déposé le surlendemain
dans le caveau funéraire de la chapelle du Séminaire, à coté
de sonprédéce.sseuren cette maison, M' Camus de Baguols^.
' l'ouillr miiiiu.scril )hm cun' de CouiUons. liiiil. du (Irand-Srminnirp
Sl-(^liailf- tlf (^liaitios. — Mémoires du rleri/i'. I. c. t. Il, p. ISI, '/'/ triiinin
i'( ad (luarlum. — liiillnii, Addiliims à la Hibl. rltarl. I. I, cahier 7, p. 86.
iJilii. .nniiii.. iiiss. IUT:^ : (1. lUid., iiiss. Klli;, fol. IIS.
' Et rasu fjuo mo^/c/vii/.s airindiaconus dunensis, e.r nunc dishaclloni et
disineinbralioni partis seu porlionis sui arcliidiucuiialus cnusentire el tali
conipeiisiilidiii nrquiesrere reiiuerit. nos jura el jurisdielinneni ipsiiis iti illn
parle seu porlwne sui arrhidiaconalus, ul prœferlar, distracld el distncin-
bratd, (jiitimdin rixeril, el dictum archidiaconaliim oblinueril, reservamus.
liiiili' il'nrclioii. Cf. MéiiKiires du clerip-, l. ^2, \). llKî, cul. I. Louis \IV
ri|iroiliiisil it-llc t'\cc|ilioii ilaiis ses leUics patentes pour l'éicctioii du nouvel
évèclié, mars l(l!)S. .Noms ne savons si c'est à loccasinn de ces prétentions, ou
pour d'antres raisons, iprun conllit aii^ii s'éleva entre Ms-t (Jodel des Marais cl
M. Vuanet. dont il est écrit dans inie note additionnelle au mss. de C.laudi!
.Iiiiiit|ne| : .. Eu ladite anuee \~(\-l\ la jierh' du Sieur Vuanel, etuiuoiite, un
des ijnalre anliidiacres el pénitencier, l'a l'ait interdire de la confession et de
la ctiarf/e de pénitencier par ledit Sieur Lvèque. » Hild. du Ciranii-Séiuinaire.
■' Dans la séance capilulain- du 1:2 avril (issue de matines), M. (Jobinet rap-
pelle ipie M. Vuanet est mort la vi-ille à II heure-; du soir, ■' fpi'étant Inmhé en
apiiplexie, sur les sij^nes (pi il donna dnn grand reiirel d'aviur nllensé Hicn. \\
lui diiima labsolnlion (pi'il reçut avec de jrrandes niar(|nes de piété : ipion lui
adinniislra ensuite rexlrème-omtion... Chapitre ordonne (pie aujoiird luii à 10
heures et demie du matin \e. c(ir|is du déinnt sera apfiorté à l'é^'hse où il lui
sera fait un service, (pi'ensuile il sera mis en dép(H dans la chapelle Vciidosnie;
— 334 —
Plusieurs de ses confrères du chapitre étaient venus de la
ville pour lui rendre les derniers devoirs : M. Jacques Félibien,
l'ancien professeur d'Ecriture Sainte et, depuis, chanoine et
archidiacre de Vendôme, MM. François de la Flèche,
Jacques de Ganeau, Mathurin Perrault ', tous trois chanoines
de Notre-Dame, et M. Jean Gobinet, docteur de Sorbonne,
chanoine et chantre en dignité, lequel présida la céré-
monie -.
En venant reposer au milieu des séminaristes, M. Vuanet
laissait au grand Beaulieu un autre témoignage de son
affection. Plus que personne, il avait compris la grande
œuvre du recrutement sacerdotal. Plus que personne aussi il
avait pu comprendre l'opportunité de l'œuvre des pensions,
et combien de fois sans doute il avait gémi de voir des
enfants arrêtés au seuil du Séminaire parce que toutes les
fondations avaient reçu leur application. Aussi , lorsque
quatre ans avant sa mort (14 juin 1704), il écrivit son testa-
ment, un de ses premiers soins fut d'y insérer trois articles
pour Beaulieu : le premier, pour s'assurer d-€s Messes, l'autre
en faveur de l'œuvre des pensions, le troisième pour la
bibliothèque du Séminaire.
M. Vuanet donnait d'abord au Grand Beaulieu 300 livres
« pour un annuel de Messes basses » que les supérieurs
devaient faire célébrer immédiatement, et tous les jours
pour le repos de son âme. De plus, le Séminaire devait faire
célébrer à perpétuité une messe anniversaire aux mêmes
intentions, à la date de son décès. Il était spécialement men-
tionné que toutes ces messes devaient être dites dans la
chapelle du Séminaire, lieu de sa sépulture ^.
fUrapi'ès midi, après coiniilie.s le corps sera porté à la Forte-Moral, ou il sera
remis à Messieurs du Séminaire. » Bibl. Commun. Mss. 1008-100!). Registre
(les délibérations capitulai res. An. 1708.
' Il signe Péiot. On app((rtait alors très peu de sdin à r(irtli()iira|ilie, et en
particulier à fortliograplie des noms propres. Ainsi le nom de M. Wanet, iiinsi
signé par lui, est écrit ailleurs Vuanet et Vanel. Le nom de M. de Bagnols se
trouve écrit Baif/nols.
^ Refjislre des sépultures du Grand Séminaire de Beaulieu . Avdiw . (Commu-
nales E, 14., 1.
3 Testament de M. Vuanet. Archiv. Départ. G. 2935. Le testament spécifiait
(juc ces 300 livres devaient être prises sur Madame Grenet et M. Grenet, son
— .i-iô —
Un capital de 30CKJ livres, protliiisanl anmiellomont 150
livres de rente, devait servir « à la nourriture d'un pauvre
séminariste » qui devait rtre rjioisi ii perjK'tnilc' par MM. les
archidiacres (fc' Dunojs. dans la jj.irtic de cet ai-clddiaconé
restée au ^diocèse de ("liartr<'s, a[trt's le di'nM'nilircnu'nt de
1C.07, € en sorte néanmoins que ceux qui seront natifs de la
paroisse d^t'vres seront toujours prêt erc's aux autres, en cas
qu'il s'en tniiivc » Aux termes du testaineiii. !<• uiëiiie sf'-mi-
nariste ne ixmvait Jouir d(^ cette « demi-ltourse yxpie peiidani
deux ans. dui'ée réj^nlière du stage ch'-rical : et comme ces
l.')!) livres ne repi-(>senl aient que la moiti('' de la pension
alors exijj^t'e, .M. \'uanet stipulait ([ue les sémiuai'istes titu-
laires de cette fondation, ou bien achèveraient ;i Beaulieu
l'année scolaire « en y passant une demi-année à leurs
dépens », ou bien n'y demeureraient (luc les six mois
auxquels il était i)our\ u jiar le Iclis, « n'ayant pas le moyen
dy ajouter du leur. >- '
Kntin M. Vuanet avait pensé à la Bibliothèque. Le Sémi-
naire, nous l'avons vu. avait déjii dans ses rayons de nom-
breux et impctrtants ouvrages. M. ^'uanet en possédait mi
d'une grande valeur, qui Justement manquait k lîeaulieu.
C'étaient les (loinilin (îciicnilin du 1'. Labbe, en 17 volumes
in-folio; superbe collection ('ditée en 10(52 et beaucoup plus
comi)lète (pie celle de Hini. Le Séminaire reçut avec recon-
naissance ce souvenir de son bienfaiteur, auquel le testament
adjoignait l'ouvrage alors estimé de Crespet « Siiinni;i cittlio-
lii-;r liilci. » -
Ce fut le 28 Juin sui\ anl, aiirès la lev(''e des scellés, que
MM. De la Flèche et Gobinet, légataires univei^els. « frères
et conchanoines p) (lu (b'I'iint . par devant MM. Dorinière et
de j'ardien. notaires capitulaires. (Ieli\ rèrent au .Supérieur et
au Procureur du (iiand Sénùnaire les legs mentionnés par
•il>. |Miiii- (li'iix ;iiiiiuit('>(l'arii'r;(gfS(riiiifn'iil(Moiislilii(''i'cii tavcdr ilc .M. Viiaiid.
L«' «apilal (If cettii reiiU' (Hait une soiiiiikt de l{IH)(l livics, (|iii devait (Uic ilfHiiit'e
par les (It'IiiltMics au Si'iiiiiiairc, pour la pension loiidée.
' tbitl. aiiirlr 1(1'' (1(1 Teslaiiieiil. Nous avons vaineint'iit iIhti lié |,i i.i^oii
de la piélérenii' donnée à ini jeune lioiiinie d'Vèvres.
- l'ieiTC Crospet, ieli},'ieux (léleslin, iiatir de Sens, inoii en I.Vll, auteur de
|tluMenr^ ouvrages de théologie.
— 336 —
le testament '. A Beaulieu, (Failleiirs, on n'avait pas attendu
ce temps pour commencer la célébration des Messes deman-
dées et déjà depuis quelques semaines Labbe et Crespet
avaient pris place dans les rayons de la bibliotlièque. Quant
à la fondation de pension, nous verrons bientôt comment
l'exécution en fut assurée.
Le Séminaire avait alors pour supérieur M. Pierre Fabre,
qu'assistait, dans le gouvernement de la maivson, l'ancien
supérieur, le vénérable M. Denys Regnard. Le miraculé de
S. Vincent de Paul, M. Jean Bonnet avait quitté Beaulieu
pour devenir vicaire général de la Congrégation -, et
M. André Cottard, qui lui avait succédé en 1703, n'avait pas
fait au Séminaire un long séjour. Le temporel était déjà au
mains du zélé procureur, M. Nicolas Darrest, qui pendant de
longues années devait rendre au Séminaire de si éminents
services. Le quatrième directeur était alors M. Antoine-Louis
Mareschal, qu'il ne faut pas confondre avec Jean-Baptiste
Mareschal ou Mareschaux, doyen du chapitre. ^
En cette même année (1708), un mois seulement après la
mortdeM. Vuanet, l'on ouvrit de nouveau le «ol de la chapelle
pour y déposer le corps d'un séminariste; décédé le matin
même (16 mai), le sous-diacre Guillaume Durand, originaire
de Meaulle, dans le doj'enné de Poissy. C'était le premier
séminariste, dans les ordres sacrés, qui mourait au Grand-
Beaulieu.
Après les vacances, le Séminaire rentra, comme de cou-
tume, à l'automne de 1708, et paisiblement on passa le pre-
mier trimestre, sans prévoir les terribles épreuves qui, dès
le commencement de l'année suivante, devaient fondre sur
tout le pays, Ce n'est pas ici le lieu de redire le cruel et
désastreux hiver de 1709, que tous les historiens de Chartres
ont raconté : l'Eure glacée jusqu'au sable, les pauvres mou-
rant de froid dans leurs lits, les voyageurs gelés sur les che-
' Séance capitulaire du U juin. Bihl. Coiiim. Mss. IOO.S-1009 Anii. 170S.
- Archives de la Conf/rof/ation de la Mission. VA'. Registre des Sépultures
Bibl. Comrn. E. li, \. M. Boiiiiel devint, en 1711, supérieur de la ("congré-
gation.
' Pouillé de 1738, p. 86. — Aivh. Conim. Registre de Sépultures. —
Merlet, Biblioth. Chart raine, Mareschal
— as? —
niins, les cadavres des oiseaux Jonchant la terre, presque
tous les enfants morts de froid en naissant, les semences
entii'renicnt perdues. Une horrible famine suivit ce dôsastre...
Dans Chartres et la banlieue o.K.Ki pauvres ('taient sans
pain '.
Quand de pareils fléaux sévissaient, rEvéïpU' de Chartres
avait coutume do réunir au palais épiscopal. en assemblée
extraordinaire, tous les curé's de la ville et de la banlieue,
ainsi (jue les di<4iiitaires du clei-g-é. Le supérieur de IJeaulieu
s'y rendait fidèlement, ainsi (pie le curé du Coudray.Au nom
du Séminaire, et selon les ressources disponiljles, il souscri-
vait pour lassistance des malheureux, et ainsi les pauvres
(hi village de Beaulieu, ceux du Coudray et des Chaises, que
le Séminaire devait plus spécialement secourir, se trouvaient
compris dans les distributions trénérales de secours. Nous
verrons plus tard les curés de la ville s'opposer à cet ordre
de choses et exclure des secours les pauvres de la banlieue.
Pour le moment l'on s'en tint à l'usage, ce qui n'empêcha pas
les supérieurs du séminaire (]o soulagei- direct eniont plus
d'une infortune -.
A cette misère, s'ajoutait |)our le diocèse de Chartres une
nouvelle épreuve. Son Kvèque, M^' Godet des Marais, était
mourant. Un travail opiniâtre pour maintenir la pureté de la
doctrine, des sollicitudes toujours crois.santes pour ses œuvres
diocésaines, un lamentable coutlit avec son chapitre de
Notre-Dame, enlin sa vie toute d'austérités et de privations
avaient achev('' de ruiner sa santé depuis longtemps ('liranlée.
Tout espoir de le sauver avait disparu.
Pourtant avant de quitter la brèche sur laquelle il luttait
si vaillamiueiii . le zéh' l'oiitii'e \ oidui porier iiinlernier coup
il l'ennemi, l/oi-.itôrieii .liieiiiii, professeiii- de théologie eu
renom, venait de r(''paiidr<' le venin du .laiiseiiisme dans un
' Jiiitrniil ilf Michel Auri fil/. .Mss. a|i|(aili'n;iiil ;'i M. !!. Mrilri.
- Celte asseinidéc eut lieu le il\ in.ii ITOtl. Les soiiscriplioiis du rleiçê élaiil
insuffisantes, les cuirs des p;uiiisscs, assistés (fuii iiieudiic du Miireau dfs
pauvres, coiiunencèreiil le lundi suivant, une qnèlf à dunurde. il y rui d'aduii-
raldes exemples de générosité r-i de désinléiesseineiit. l'Iusieiirs rirlies lialiitaiils
de Cliarires, ipii niiiunuenl m (cilf année, avaient f'spiinié leur V(doiité déire
enterrés à la nianiéic des piuivri's, alin ipic It- pn\ di'> irniun'v i-l du linninairi'
lui consacré au soulagement des indigents.
— 338 —
ouvrage destiné à la formation théologique des ordinands.
Déjà les histitiilionos theologicœ ml iisiuii Seinhiiirloriiin
(7 volumes in-12) avaient eu quatre ou cinq éditions ; plu-
sieurs prélats les avaient louées et même les avaient adop-
tées pour leurs Séminaires. Le cardinal de Noailles, arche-
vêque de Paris, à qui le livre avait été déféré, se prononçait
au fond pour l'orthodoxie, et demandait seulement quelques
additions dans la forme. Alors Ms»" des Marais éleva la voix,
et dans une magistrale et savante Instruction pastorale qui
n'a pas moins de 320 pages in-4", il condamna les lustilutionrs
Thi''olo(jica' (25 juin 1708).
« Les Insli/ulions; 7'/it'olo(/i//tics, disait le prélat, composées
par le P. Juénin pour l'usage des Séminaires et imprimées
plusieurs fois sous ce titre, faisaient espérer qu'on trouverait
dans cet ouvrage un i)récis de la plus saine et de la plus
exacte théologie. Le titre seul semblait promettre un corps
de doctrine conforme aux décisions de l'Eglise, fort éloigné
des pernicieuses maximes de ces derniers temps et propre
enfin à former ceux qu'on destine à l'Instruction des fidèles
et à défendre la Religion contre les novateurs. Mais en
approfondissant cet ouvrage, nous l'avons trouvé si favorable
aux erreurs de Jansénius que nous aurions tout lieu de
craindre les suites des préventions fâcheuses qu'il laisserait
dans plusieurs esprits de notre clergé, si nous ne les précau-
tionnions contre une si subtile et si dangereuse séduction,
par une instruction particulière qui leur en découvre l'ar-
tifice et le venin ^ . »
Le prélat entrait ensuite dans l'examen du livre, réfutait
les évasions subtiles de l'auteur pour se soustraire aux
condamnations de Rome, et démontrait qu'en réalité le liATe
renfermait les cinq propositions de Jansénius.
' Ordonnance et instruction paslorale parlant rondamnadon des Institutions
théologiques du P. .Iwnin ["lo juin 1708), Cliard'cs, Aiidir Nicolazo, 1708,
in-i". Le P. Juéiiiii répondit à MS'' (îodet des Marais, par des Remarques sur
rOrdonnanee de lEvèque de Chartres touchant les Inslitutinns théologiques
de Juénin. Il publia ciisuile une Dénonciation des théolot/ies de Bécan, Abely,
etc., aux évéques de Chartres et de Noijon, dans laquelle le P. Juénin appor-
tait dos textes de théologiens en laveur de sa doctrine. Au nom de Më^ des
Mai'ais, le vicaire !j;énéral. M. Mareschal, réj^ndit. La mort de FEvèque de
Chartres mit fin à ce conflit.
— 3:30 —
Ils gémissait en termiiiaiil sur « lo scandale où il df P.
Juéniii a lait toiiibor do Jeunes onlinands ot peut-étr«' plu-
sieurs des niaitn^s qui les oui instruits. > Il Hétrissait « l'aiMi-
lice, les équivéciues cl le déyuisciucnt odieux pratiquj's en
tant d'endioi-ls de cet ouvrage, par lesqu(ds « celte perni-
cieuse doctrine s'est introduite dans les Sénnnaires. »
L'fui pense bien (pic le viL;ilaiih''\ c(pic n'a va il pasperniis que
lc(;raiid-Heaiilieurùtilece n(»inl»i"c. I >'. lil leurs, la Congrégalion
de la Mission recevait encore tle trop près rinlliience de son
saint fondateur j)<)ur (pie sa doctrine se ressentit des noii-
\eautcs. Aussi, lorsipie. jxmw olx'ir à Tordonnance. llnstruc-
lion tut lue puldiipicuicnl au Si^Muinaire, personne neùt
tiesoin île l'aire ni rc'tractation ni soumission.
("e l'ut le dernier CMiiih.it de (•<> l'ontih'. (lui en avait glo-
rieusement soutenu tant (raiiiri>. I, heure était venue de
déposer les arnu's. M«' des Marais voulut les remettre lui-
UR'nie aux mains plus vigoureuses, sinon jikis vaillantes,
d'un homme de son choix Son neveu, « ;'i la modi^ de Bre-
tagne ». M. Chaides de Mérinville, occupait depuis deux ans
dans l'église de Chartres la charge d'archidiacre <le Pinse-
rais. Sa jeunesse. semblait devoir l'éloigner ]m.ui- plusieurs
années encore de l'Kpiscopat ', mais il était de ceux en (pii
les vertus supplc-eiit les années. Son oncle le demanda au
Roi comme coadjuteur, et l'obtinl. (10 avril 1700).
On était alors au plus fort de rép(»uvanlable hiver. Le
moment était bien choisi pour (''le\ci- h l'f'piscopat cet autre
S'Charles, (piise dévoua, en eflel, cuniine mi pouvait l'attendre
de sa vertu. Ce l'ut lui (pii jjrésida la icMinion de charité
tenue il r(''V("'ch(''. car MK' (iodet des Marais, décidiMiiciil
.iiieiiii d'iiii ulcère aux iioiiiuons, avait ét(' (lein.iiiilci- .mx
eaux de Hourlinii (|iiili|iie soulageiiiciii L(> vénéré malade
revint ;i Chartres |miiii' faire nii suprême appel à la Charité,
puis il se jirépara ;i mourir -.
peux jours avant sa mort, « étant au lil malade de corps
<t sain d'espril )>, en pri'sence i\\\ t\i>\i'\\ du cliapiire, du
>ous-doyen, du grand archidiacre et d un prèire de S' Sulpice
' M. (Il' M(5rinvillt' ('lail aioi> ày<!' de "21 ans.
' Lrilre pastuiuk au cleigr t>t aux fidrirs de san iliorew, du l'.t jiim ITcO.
— 340 —
de ses amis, M. Dizerand, il dicta an notaire royal Panl
Gonssard ses dernières volontés.
Sa première pensée fnt pour son digne coadjutenr : « Pre-
mièrement ledit seigneur testateur a dit que la grâce que le
Roi a faite au diocèse de Chartres en lui accordant pour
coadjutenr et successeur M. l'abbé de Mérinville, ayant fait
un grand changement par rapport an dit diocèse, en fait un
aussi par rapport aux anciens projets dn dit seigneur
testateur, lequel a cru ne pouvoir rien faire de plus utile
pour le bien du troupeau que la Providence a confié à ses
soins, que de mettre son coadjuteur et successeur, M. l'abbé
de Mérinville, abbé de S' Calais, en état de servir ledit diocèse
et de faire les aumônes et bonnes œuvres qu'un bon
prélat doit à son troupeau ; que dans ses vues et les
assurances que mondit Seigneur a de son zèle, de sa
piété, de son désintéressement et de sa grande charité
pour les pauvres, mondit Seigneur a, par ces pré-
sentes, déclaré qu'il donne et lègue à mondit sieur abbé de
Mérinville, son coadjuteur, généralement tous ses biens,
meubles, effets, dettes actives et tout ce qu'il^peut lui donner
par testament, le faisant son légataire universel et exécuteur
du présent testament, à la charge par ledit sieur de Mérin-
ville, payer toutes ses dettes mobilières et immobilières dont
sa succession sera trouvée chargée, si aucune s'en trouve au
jour de son décès, et d'exécuter toutes les autres dispositions
ci-après énoncées, même celles qui i)Ourraient être après
faites par codicilles.. J.
L'une de ses dispositions concernait sa sépulture. Le Prélat
ordonnait que s'il mourait à Paris, son cœur fût porté à la
maison de S'Cyr, dont il était resté le directeur et le conseiller
et que son corps fut inhumé dans l'église S' Sulpice. Il voulait
au contraire que s'il décédait à Chartres, son corps fut
déposé dans l'église do son Grand Séminaire de Beauliou.
« Et en l'un et l'autre desdits lieux oîi il décodera, ledit
Seigneur Testateur ordonne que ce soit le plus simplement
et aux moins de frais qu'il se pourra. »
Avec ce témoignage d'affection, M^''' des Marais donnait
' Testament ffeil/s'■Go(/e/des^7«/•rt^s (26 septembre! 709). Aroli. Dépai't. G. 2.
— 341 —
encore milU' livres à son Séniinaii'e. Si Ion compare ce don
aux autres contenus dans le testament, <»n est poi'té à se
demander pourquoi il était le moins élevé de tous. Le Prélat
donnait en eftpt 3000 livres au Bureau des Pauvres, 2(MX) ii
l'Holel-Dieu^ 5000 à la catlu''(li;ilc ■ pinir axolr iiii ninement
complet, » 6000 aux pauvres des paroisses dont il ('lait le
Seigneur. Mais il faut se rappeler que, pendant son épiscopai,
Mb' des Marais avait beaucoup dépensé pour r(''recti(ni de ses
quatre petits Séminaires ii Chartres, à S'-Cyr. ii Fresnes et à
Nogent-le-Rotrou; qu'il y entretenait à ses frais trente ou
quarante ijauvres séminaristes; et que bien sûr, en
léguant à M. de Mérin ville tous ses biens « pour faire les
aumônes et bonnes œuvres quim prélat doit à son troupeau »,
il l'avait charg('' verbalement de pourvoir avant tout
aux besoins de ses Séminaires et de continuer ce qu'il
avait fait lui-même pour rciilretien (b^s ordiuaiuls peu for-
lun(''s.
C'était le 20 septembre 1700. Eu parlant dans son testa-
ment de dispositions « qui pourraient être ci-après faites par
codicilles », le vénéré malade ne pensait pas être si proche
de sa tin. Le surlendemain il rendait son àme à Dieu, après
avoir reçu solennellement les derniers sacrements en pré-
sence de tout son chapitre, auquel il eut encore le courage
de faire une suprême exhortation. ' Il mourait dans la joie
d'une vie bien remplie et du bon combat soutenu Jusqu'à la
lin. Quelques Jours auparavant, le Bref de Clément XI le
félicitant de son Inslniclion contre le livre de Juénin,
avait (liinn<'' une solennelle sanction à tous ses ensei-
gnements et comblé de Joie le vénérable mourant (7 sep-
teuibre 1700).
Les c('r('monies. des funérailles ;i l'Kvéché et à la cathé-
drale u'enlrenl pas dans le cadre de n(»tre histoire. Elles fureut
digues duu si éndnenl prélat. Toutes les coiumunautes
viureiit a leur tour psalmodier Tollice des morts près du
' CfUf r\li(irl;iliitii lui iiicitlniUM' triiii Irait qui lil iiiiiit'iii- ikiiis k' ck-i-gé
cliarlraiii. M. FinivclitT, cliarioiiu', qui faisait soiis-diacro à rclli' cériiiioiiii', se
li'iMivaiil |in''s liii lil, lt> l'ivlat. au milieu ilc sou rxlioilatioii. n-inarqna iju'il
(lorlail uni' Mrs riclic |)eirut|uc. (Ir {|uc vovaul avcr (Iqilaisii-. il m- nul à |iailrr
Loiilrc les iKTiiiqucs cl fil une sévère sditie eoiilie le cliaiioiiie. il inoiiriil peu
a|iiès. Janvier lie Hiiiiville, Erèfiiics. Mihl. (loinni. iii^s n» Uill. IV.
— 342 —
corps, exposé dans la chapelle ëpiscopale sur un lit de
parade, revêtu de la mitre et de la chasuble violette '.
Four le Séminaire, il se trouvait alors dispersé par les
vacances; seuls, les prêtres présents à Beaulieu, et les Sémi-
naristes voisins, vinrent rendre k leur évêque les derniers
devoirs.
Ce fut dans l'après-midi du 2 octobre que la dépouille
mortelle du prélat fut transportée, suivant sa Vdlonté, au
Grand Séminaire. Tous les corps officiels, qui le matin
avaient assisté à la messe solennelle à la cathédrale se
réunirent de nouveau à trois heures pour la procession
funèbre. C'était un superbe cortège. En tête marchait le
Vidame avec des tambours garnis de drap noir. La maré-
chaussée suivait en habit d'ordonnance, accompagnée de
tous ses officiers, et tous les archers étaient armés de leurs
mousquetons. Venaient ensuite dans l'ordre réglé pour les
processions générales, toutes les œuvres de charité de la
ville ; le clergé séculier et régulier. Derrière le cercueil,
MSI" de Mérinville conduisait le deuil; il était accompagné
d'un chanoine. Un valet le suivait « portant sa robe. » Deux
autres neveux du défunt marchaient ;'i sa suite; M. l'abbé
Guenet et M. l'abbé de l'Isle, également vêtus de robes trai-
nantes. que soutenaient des serviteurs. Douze chanoines
deuillants suivaient en camail ; enfin le Présidial marchant
sur la droite et le corps de ville sur la gauche, l'élection, les
administrateurs du Bureau des Pauvres et tous les corps
constitués. Le cortège s'arrêta à la porte Saint-Michel ou de
nombreux caresses attendaient. Lun d'eux reçut le cercueil
et deux prêtres du Séminaire se placèrent de chaque côté,
récitant les prières des morts ^. Dans les autres voitures
prirent place Mg' le coadjuteur et les deux autres neveux
ainsi que plusieurs chanoines.
A Beaulieu, on avait dressé une estrade funèbre dans la
' Les religieux de; Siiiiil-l'ère ii'élaiil (|iii' (|\iatre icrusèreiil de leinplir cet
olfice .
2 Cos deux prêtres du Séminaire étaient M. Pierre Fabre, supérieur et
M. Antoine Mareselial, don! les noms se trouvent dans facte de sépulture avec
ceux de MM. Coliinet, Mareselial, doyen, et Florent de (iaiieau, sous-doyen.
Reyislrf des Sépiilt . du G. lienitlieii. Arch. C.nmni. E. l'i. (i. — Journal de
b. Le Feron. appartenant à M. Mi'rlet : — Registres capihil. An !7(tV).
— rîi3 —
cour dhoiiiu'ur. A rairi\ée «lu ct»iley;e le corps y lu L déposé,
ol après quelques prières liturgiques, ou le iransporta ii la
chai)elle où devait avoir lieu, le lendeniaiu à 10 heures, le
service d'iuhuuiation. Ce fut M. Gobinet. chautre eu diyuilé,
(pli célébra»la Messe, à laquelle deux autres idiauoiues
lireut di'acre et sous-diacre, et deux autres « porte-chapes ».
Les corps otliciels n'y assistèrent ixiini. Cepoudaut le preuiit'r
président, M. Nicole, le maire de Chartres. M. Noël,
M.M. (ioaull et Auvray. jjrésidents de l^declion, et phi>ieni"s
autres dignitaires, tinrent à y être présents, honorant en
uiênie temps la mémoire du défunt et le digne pn'dat qui
présidait ce deuil solennel. Mb"" de Merinville ('tait en ellet
revenu a Beanlieu. poiii- la sépulture. Kl quelles pensées
devaient remplir son cœur à la vue de ce Séminaire, dont il
devenait dès lors le prender su[>érieur et le Père? En voyant
descendre dans le caveau de la çlia{)elle celui dont il avait
si bien connu le zèle pour la l'itiiualion des clercs, quels
ilésirs il concevait lui-même de poursuivre cette grande
œuvre, soit ii Beanlieu, soit a .s. (.'haries, et parinul nii il y
avait des vocations à souteiur!
Par ordre de M?"" de Merinville, un diuer avait été préparé
dans le réfectoire du Sénnnaire et tous les assistants de dis-
tinction avaient él(' priés de s'y rendre après rollicc. il s'y
trouva plus de soixante personnes. Un des chanoines pré-
sents nous a laissé une note manuscrite sur le menu même de
ce diner. Dans sa naïveté, elle a une couleur locale (jui nous
la rend i»r(''cieuse : « Le réfectoire dans lequel on a manii'(''
était pres(jue reuqjli. Tons ont mangé k la portion, comme il
se prati(pU' dans les S(''niinaires. Ou a s(.'r\ i d'alioid nue
soupe a chacun. a\('c un |iig'eou dessus, sans aiilic lioiiiUi.
Ensuite deux pigfons a la comi)ote, \umv entrée, l'i un gros
p(julet pour tout ser\ ice. Pour dessei-t. deux |»etits biscuits,
avec un morceau de iVomage. On a lail la lecture pendant
tout le repas. » '.
Par les soins du nouvel évêcpie de cliaiMn-s. un nHUiiinienl
linii'lire lui pl.ice dans le cJKenr de la cImIm'IIc, en l'eg-.ird
de celui de M*»'' de Neu\ille. L'épitapiie suiv.inte, |ieut-('ire
un peu iougin-. i'(!tra(.;ail en alii'ég('- la \ ie du Pontife dejunl :
' Journal df Mirhil Anvifii/.
— 344 —
Hic exspectat beatam spem
Goui'us III. ac Reverendiss. in Christo Patris
DD. Pauli Godet des Marais
Episcopi Garnotensis
qui clericali militiae, cœlo vocante, adscriptus
VlTAE INTEGRITATE DILEGTUS DeO
DOCTRIN.'E LUGE AC PURITATE ECCLESI/E PERUTILIS
RelIGIONIS STUDIO S. S. PONTIFICIBUS PROBATUS
Omnibus bom antistitis virtutibus régi acgeptus
Umverso gregi gharus vixit.
Regio y. Cyrici Parthenoni moderando pr.^îpositus
GoNsiLio AC Sapientia
MaJORI se ADMINISTRATIONE, DIGNUM PR/EBUIT
huic dioecesi episcopus divino benefic10 concessus
Sacros ministros egenos urbem provixgiam
Optimis moribus et sanctiore disciplina
Propriis fagultatibus et exemplis
Insïruxit pavit juvit excitavit confirmavit
Glero Garnotensi canomcam institutionem
eruditionem negessariam utriusque perennitatem
proyidit atque in posterum asseruit
Antiqu^î: fidei depositum vigilantissime servavit
PeRITISSIME ac STRENUE DEFENDIT
EjUSDEM FIDEI hostes summa sagacitate detexit
Pari animo ac scientia debellavit
Frequens verbi divini pr^edicatio, condita seminaria
Atque in tenuiorum clericorum subsidium dotata
Institut/e inter parochos de fidei morumque doctrina
disgeptationes assidu.e
Pr/escripta eisdem in nos ascetarum segessu exercitia
Ad revocandum pietatis ardorem identidem repetenda
Egregi/e lucubrationes
HONORIFICENTISSIMUM DE ILLIS GhRISTI ViCAHII JUDICIUM
Affecta semper valetudine cura ovium indefessa
Mors ipsa agriori larore accelerata
Et pie inter pastoralis officii functiones obita
VI Kal. Octob. An. Ghristi MDGCIX ktat. LXII
Episcopat. XX
Mtxti suae Paui.um commexdarunt
Posteritati transmittent
Garoeus Franciscus des Monstiers de Merinville
Pauij in sede successor avunculo reneficentissimo mœrens posuit.
«
Abbe Renard.
INVENTAIRE
DES
UEGISTIIES, TITRES ^ PAlMKlîS
DE L'HOTEL DE VILLE DE DREUX
Fnil fil l'iiniiéc 17 Go.
-5|e-
AVANT-PROPOS
Les arrliivos do la ville de Dreux ayant été détruites pen-
dant la Révolution de 179:J, et les Arc/iivi's fh-pnrlfiiirnlnlrs
ne possédant j^iiére sinon i)oint de documents sur notre Ville,
nous i»ensons faire œuvre utile en publiant aujourd'hui
dans toute rétendue du texte que nous avons irou\c et avec
la reproduction lidrlr do son orthograiiiic . V /nvciilnirc des
Ilt'i/islri's, Tilri's et J'njticrs ilr l'/fôlrl- ilr-]'illr ilr Hrm.w
fait en l'année 1705, dans lequel on trouve de précieux ren-
seignements pouvant servir à Thistoiro de notre vieille Cité,
sur le salaire des fonctionnaires et des ouvriers, ainsi que
sur le prix des denrées et des matériaux aux xvi'' et xvii«
siècles, et notamment sur la construction de notre Hôtel
de \ill('. ce l)iJon de la Renaissance, tant admiré des archéo-
logues et des artistes.
Mais laissons laulcur nous prc'senter lui-même son travail :
'< Le présent inventaire contient l'état de tous les registres,
>. titres et papiers de IHÙtel île Ville de Dreux, trouvés
" existans dans les archives en lannc-e 17(»5. en hupudlo
" étoieni olliciers MM. Ilciir> Cairnic'. maire, l'icrre-MiuMin
■• Bureau, pninicr <■( lio\ in. .Iac(|iics .\n\i\-. second ('chevin
.. et i; ni lia 11 II II" (lui II II'. |in.cnienr vimlii-. dressé en l'état cy-
T. XII, .»/. -iJ
— 34f) —
» après par Laurent Dosjardins, greflier du dit Hôtel de Ville,
» pour satisfaire à l'édit du Roi du mois d'août 1704, concer-
» nant la nouvelle nomination d'otiiciers municipaux et l'ad-
» ministration dos affaires des villes et bouru's du Rovaunie.
■ O"
» A commencer par les comptes-rendus aux maires, pairs
» et échevins de la Ville et à la Chambre des Comptes à
» Paris, en présence des commissaires qui étoient alors
» nommés, de la recette et dépenses faites par les receveurs
» des deniers d'octrois et patrimoniaux do ladite Ville, depuis
» l'année 1495 jusqu'à l'année 1074; les dits comptes ont été
» liés et mis en 12 registres en 1704, desquels il en manque
« plusieurs qui apparemment ont été perdus ou autrement.
» La recette consistoit dans l'octroi nommé Droit de Cho-
» (iiict ou iip}ii'tissrinriii de la dixième partie de la mesure
» des vins et autres boissons vendues en détail dans la ville,
» fauxbourgs et Château de Dreux, accordé à la ville par
» lettres patentes données par les Rois de France.
» Dans d'autres droits, aussi accordés à la ville par lettres
» patentes, à percevoir sur chaque septier otu minot de sel
» vendu au grenier à Dreux et dans les villes de Nogent et
)> Chàtoauneuf, lesquels ont existé plus de 100 ans et ont été
» ensuite supprimés.
» Dans les loyers et fermages des caves sous F Hôtel de
» Ville, boutiques de la poissonnerie, des tourelles, de la
» tour Hannequin, du pontage et pavage, de l'essai des che-
» vaux, du chantelage des vins, du greff'e de la Ville, lors-
» qu'il a eu lieu, du moulin des Bleuras, des terres du champ
)) d'Allouettes, etc.
» La dépense consistoit dans les r('paratioiis à faire aux
» murs et fortifications de la Ville, des fossés, des ponts et
parages à faire à la rivière neuve de Dreux à Fermain-
court, pour la rendre navigable, à faire ;i l'Hôtel de A'ille,
aux portes de la Ville, aux tourelles, aux boutiques de la
poissonnerie et généralement en ce qui convenoit faire
tant pour Teutretien de la Ville (juc pour soutenir les
guerres qui se sont trouvées fortes et fréquentes ; comme
aussi à payer les charges, les taxes qui ont été demandées,
à soutenir les procès, etc.
— 347 —
» Ensuite du présont inventaire sont plusieurs remarques
» tirées par extrait de plusieurs sortes de choses qui ont été
" faites et passées en différentes années ainsy 'lu'il est
» «'nonce darns les comptes rendus par les receveurs de la
» ville, qur pourront l'aire plaisir à qucbiucs lecteurs et d«»nt
" quelques unes peuvent devcnii" utiles pour les intérêts de
.. la Ville.
» Et il la lin il y a un extrait de n()iirni;itions de Maires,
" Echevins et Procureurs sindics de la \ille, ainsi que des
» nrrelliers à commencer de l'année 17(J0, n'ayant pu en
» trouver au dessus, attendu les manques des registres et des
» actes, h
Nous avons trouvé une note indiquant qu'en juillet 177:5,
Laurent Desjardins a donné copie de cet inventaire àMM. Le
Prince. Maripiis. Cornu. Delaloge, maire, echevins et asses-
seurs alors en charge, en présence du S"" Dumesnil. syndic-
receveur et qu'il leur aurait remis en même temps tous les
titres, jiapiers et registres, même les matrices de la Ville et
les clefs des armoires renfermant les archives, celles du
colfre-foM (pli est construit dedans, et celles de la porte de la
Maison de \ille, des portes du pied de lescalier et de la
Chambre du (V)nseil. — Il ajoiHe. d'ailleurs. « du loui ils
» m'avoient lu'oinis de me (loiinei' une (h'charge, ce iiu'ils
» n'ont pas l'ait, dont J'en suis fort pvn en peine. »
Une de ces copies, sinon l'original introuvable (pi.int a
présent, existait encore dans les archives de la mairie de
Dreux en LS77. — M. Lucien Merlei. le regretté et savant
archiviste d'Kure-et-Loir la signale et en donne un expose''
sommaire dans son fnvi'iilnirc i/i's .l/vA/'rc.s- I h'-pnrlcinru-
Inlt's L avec cette indication qui aidei'a peut-être ii la
retrouver :
« AA. 1 Registrei. — In-folio. |in]"iiei-. 7S feuillets ".
Est-ce une auiic de ces copies que nous aurions eue enli'e
' Anliivcs civiles. Série K iSiip|il('meiit, Toriic IV ISTTi, |i.if;e "it^'t
|2'' col(iiiiie).
— 348 —
les mains? Je ne le crois pas. — C'est cependant un manus-
crit déjà ancien que M. Batardon, ancien maire de Dreux,
avait recueilli de la succession Louvet-Julienne — vieille
famille drouaise, — et c'est grâce à l'obligeance de sa parente
et héritière, M'""^ veuve Letartre, qui nous en a permis la
publication, que nous pouvons offrir ce documenta la Sociétâ
ArcJiéolo(/iqiie d7'Jiirc-cl-Loir. — Qu'elle reçoive ici avec nos
sincères remerciements l'hommage de notre bien vive recon-
naissance ^ .
G. C.
Juin 1899.
* Un peu plus tard, dans le Rapport qu'il adresse annuellement au Conseil
général, .M. René Merlet, le sympathique archiviste d'Eure-et-Loir, s'exprimait
ainsi sur le mime sujet:
« Relativement aux archives de la municipalité de Dreux, M. l'Inspecteur
» général atlirait,il va trois ans, mon attention sur la disparition d'un manuscrit
coté AA. I, et renfermant un ancien inventaire des litres de l'Hotel-de-Ville.
Lors d'un voyage que je fis à Dreux pour rechercher ce registre, le secré-
taire de la mairie me répondit qu"en raison des travaux d'aménagements qu'on
faisait à l'Hôtel de ville, ce volume avait pu être égarée mais que, quand les
travaux seraient terminés, il s'efforcerait den retrouver la Irace. J'ai su depuis
que le maimscrit disparu n'avait pas encore ttiit retour aux archives munici-
pales; j'ai appris en même temps qu'un collectionneur de Dreux avait découvert
chez un particulier une copie de ce même maimscrit et (|u'il s'apprêtait à la
publier en entier. Cette publication aura l'avantage de suppléer piovisoirement
à la perte du registre original »
(Rapp. du Préfef, 1899, p. 252-253.
— 340 —
9
REGISTRES
Le promior Roffi^lro contient les comptes rendus de la
recette des droits du Choquet et du Sel et de la dépense par
MM. Pierre de Saint-Aulbiii. des années Ml»5. 1400. 14i)7;
Guillaume Percheron, 1501, 1502, 1503;
Renault Le Charpentier, 1504. 1505. 1506;
Pierre Badouk-au. 1512, 1513;
Thibaut Prunier, 1510.
Le douxirjijc Ilcf/isti-c contient les comptes de
MM. Guillaume Buhot, 1G29 ;
Pierre Buhot ;
Martin Marbras;
Pierre Secourct;
Guillaume de La Censerie ;
La veuve Michel Brisset ;
François Renou ;
Nicolas QuiquebœuC;
Guillaume Brisset (dernière année 1674).
Un autre registre, etc., de délibérations, etc.
— 350
TITRES ET PAPIERS
PREMIERE LIASSE
Les Chartes *
Une copie imprimée en latin et françois des Chartes de
la Ville, des droits et privilèges donnés par les Comtes de
Dreux aux bourgeois et habitans de la Ville en 1180, 1269,
1274 et autres années ; ensemble la coi)ie des lettres patentes
confirmatives des dits droits et privilèges.
Armes de la Ville ^ ^
La représentation des armes de la Ville en or et
azur sur deux quarrés do parchemin données aux habitans
l)ar les anciens comtes do Dreux, au dos de l'un est
écrit : » Robert de France, lils do Louis VI, roi de France,
» comte de Dreux, faisant ordinairement sa demeure dans la
» ville de Dreux, aima tant les habitans qu'après leur avoir
» octro^'é ijlusieurs privilèges il leur donna encore ses armes
» qui sont YEcii ('chit/iicti' d'or ot d'nzur, ne réservant que le
« bord de gueule et au lieu du bord de gueule, il fit mettre
» une branche de chesne à Tentour, lequel chesne les Druides
)> [)orlent en champ d'argent avec le gui sortant d'icelui.
» Depuis ce tems les habitans ont toujours porté et portent
^ Les Charles de la ville de Dreux sont datées des armées 1 1 80- 1269- 1:27 'i -
i:ii7-[?»8;) cl 1472 cl les leUres ]»alonlrs du roi Lraiis XIV les coiifiimanl.
nul été dénuées à Paris, au luois d'oitoliie Ki'ii). Elles oui été inipiiniées,
ainsi que les lettres de confiiuialidu et l'ari'èl de véi'ilicatiou, eu vertu d'uue
délibéralidu du Conseil de la ville, « niaislre Jean le .Maresclial, maire de Dreux,
.leaii Vic(juet. Charles linliet, Pierre Cerlxinoys, ('>ézar (<nu|)i)é, Michel Ménesli'el
et Pierre .lnnveiin, Pairs et Ksclievins dndil Dreux, luaistre Claude lintniu,
l'nicureur du Uoy en l'hoslel et maison comnume dudit Dreux et maître Chicstien
Adam, advocat ordinaire de ladite ville, le douziesme jour de mars 1657 ».
— 351 —
» encore ces armes tellement que léchiquier environné de
■ chesne est iiin' conjonction di-s armes des Druides avec
» celles du Sciiincur Comte df Dreux.
■ Par ord(Jnnance rendue le 14 février l(\US \k\v MM, les
)' (."«iinmtss'airL's «généraux (\\\ Conseil, députi-s sur le fait
» ûvs. armoiries les armes ttdles (^ui-lles sont ici peintes
» et ligtirées. ajirès avoir été reçues ont été enreirislrées à
" 1 "armoirial i<éii(''ral dans le registre cotte» Oc'méralité de
» i'aris. en conse'quence du i)ayemcnt des droits réglés par
' le tarif et arrêt du Con.seil du -jo novembi'e lOlKi. en fi.i de
" quoi le présent brevet a été délivré par nous Charles
') dHosier, conseiller du Roi et garde de lai-iiiorial général
" de France, à Paris le IJ avril 1G*JS, signé dHosier. »
1512. — ici;;. — 1711. — i;oisE.\r de l.v VnxE -
Une ordonnance des Maire et Pairs de la Ville de Dreux
pour être payé du droit accordé au Roi de l'Oiseau (appelé
anciennement papeguay) du 25 avril 1512.
Une co}iie collationnée des lettres patentes données
aux habitans de la Ville de Dreux sur la requête jtar eux
présentée au mois de mars 1013. par laquelle le Roi accorde
h celui qui abattera le papeguay lexemption des tailles,
aides et autres impots pendant Tannée.
Une délibéraiiuii des Maire et Echevins et partie des
40 pairs de la Ville. .ippi'ouvéeparM, d'Argenson, intendant,
en date du 1<S janviei- 17 il. qui accorde la suppression de
roiseau. Cotte 2U).
' lJ'apn'< le iiiamisciil de A. Doiiiiaiil, les anciennes armuiries de la ville de
de |(ren\, reni|ilaiées, èornini' nous le voyuns, an xn'' siècle, par celles (|ni
existent encore aiijonrd hni, étaient : •■ un rhcne de synujile sur un i iiump
(l'azur > avec celle léi;cnde : u Au ijuji l'un neuf ».
- Il existait antrel'ois, dans nn i;rand nnndire de villes dn nord et nolani-
nient dans notre contrée, à Drenx, Chartres, (jiiàteainienl'-en-Tli\ nierais et
f'.liàtt'andini des (',i)ni|iaL'Mie> d'Ailialétriers diti'S de lOiseuu l{i)i/iil. mi (.oinpn-
ijnons (lu l'ain-ijudii. i|in élaienl élaldies mu- |c pied nnlitaire, tmijoins prèles,
an nioyen-àge, à marcher en Rnerre. an premier sii.'nal de leur chef (Capitaine^
mais (pii devinrent, par la suite, lieaiicoiippliis pacitii|iies, ne se lidniant même,
r'ii dernier lien, i|n à l'aire es((nte an (iorps de \ille ilaiis les cérémonies
d'apparat.
Celle de l(reii\ sciidde a\oir formé nue cdinpauiiii' lrè> liii*ii nr^tanisée,
Klles liirent tnnles snp|iriinées vers le milien du xvin" sièrk*.
— 352 —
1532. — Bulle d'indulgence a la Charité '
Une copie imprimée de rindulgence plénière accordée
en 1532 par le Pape Urbain VIII, aux Irères de la Charité de
Dreux. (Cotte 21).
1282. — Prieuré de Fermincourt -
Une copie sur papier, non signée, de la fondation du Prieuré
de Notre-Dame des Sept .Joies à Fermincourt de Tordre des
Prémontrés, par Robert comte de Dreux et de Montfort et
Béatrix, sa femme, en Tannée 1282, avec plusieurs biens
laissés pour la fondation. (Cotte 22).
1G04. — Chemin de Saint-Martin a Saint-Denis ^
Une délibération en papier, non signée, du 4 août 1G04,
touchant Téchange faite avec M. Pasquier Neveu et le
procureur sindic de la Ville, d'un chemin qui conduit de
S^-Martin à S'-Denis. (Cotte 26).
Inondation en 1077
Procès-verbal du 16 janvier 1677, signé Rotrou, de la visite
faite des désordres arrivés dans la ville et fauxbourgs en la
dite année par l'inondation des eaux qui a été terrible. Les
ponts ont été emportés, les murs dégradés, beaucoup de
maisons et jardins mis en ruines, ainsy qu'il parroit par ledit
procès-verbal. (Cotte 27).
' On trouvera le Icxto tic cette laille dans ini ouvrage (|ue nous préparons,
sous ce titre : Documents inédils sur la Confrérie de la Charité de Dreux
(1550-1793).
- Fcrniaincdini, village situe à 'i. kilomètres de Dreux, au pied delà forêt de
ce nom, dépeiidanl des connnunes d'Abondant, Cliérisy el .Monirenil, élail autre-
fois une ville ganlnise d'une cei'taine importance et le cenli'c de plusicm's étaldisse-
menls du culte druidicpie. Il s'y trouvait, coninie à (lliai'Ires, un aulel dédie à la
Vieri^e qui devait enfanter i/7^/ olini altare Virf/ini paiiturx dicdluiiiK
lidheit IV, fondateni- du prieiu'é de Noirc-Dame des Sept .liûes, l'octroNa, ainsi
(\u(' celui de IN'ulre-Danie des i'ézeries, fondé au même lieu par son ancêtre
Rolierl II, en 1 1S5, aux moines de Saint-Yves de Brainc, avec une rente perpé-
tuelle de 100 sols pour la céléliration d'un service amuu'l.
Il ne reste plus aujonrd Imi (pie (piehjues ruines de la chapelle.
•' ('e chemin a été supprimé lors de la construction de la i^are du chemin de
1er, et remplacé par les rues dites de la (iare et des Rochelles.
— 353 —
Chartres. — Appp:l
Pièces el procédures t|iii déchariicnt la ville rie Dreux
(l'aller j)nr .-i^ipel à ('harli'es. iCott(» :^S).
1070. — Nominations
:!l mai 1070. noniinalioii de .M. Cliarle.s Caaiiyc' pour Maire.
■J Juiu 1(;70. uouiiualiuu de Louis Leiuciieslrel pour procu-
reur .syndic. iCotle 29'.
1077. — Composition du Corps de i.a \ii,lk
25 Juin 1077. arrél du Conseil qui orddiuie (pie le corps de
la \ill<' ih' Dreux sera (■onii)os('' duu Maire, de deux Echevius
el du 11 procureur slndic. (Coite 30).
DEUXIEME LIASSE
Octrois Ciioquet
28 leltres patentes données et accordées par les Rois de
France aux Maire, pairs, échevins el habitaus de la Ville de
Dreux, ensenibleO lettres d'enre^Mslrement à la Chambre des
Comptes de Paris et une en Télection de Dreux, les dites
lettres dallées de 1-154 à 1029, par lesquels est accordi' par
continuation pendant une, deux, trois, quatre, six. liiiii el
neuf aniu'es de levés sur eux un aide nommé Choquel ou
appetilement de la dixième partie de la mesure des vins et
autres boi.ssons nommées breuvag-es, vendus en détail dans
la Ville, fauxl)ourtis et (.'hâleau de Dreux, ;i la charge que
les deniers seront employés aux ré[)aralions. edilices. forli-
licaiions et i'emi)arls et autres allaires de ladite Ville, ainsy
qu'il rilotel de Ville et à l'horloge.
10.38-1010
l'iie eopie collalioniK'c il'iiii arri'i du Conseil du "J I Jnillcl
lOiJS. (•(julirmaiil aiilres ari'(''ts. (pii orduiiiic p.ir siip|i|cment
la lc\(''c (rinic SMiiiiiic v|||- Icv (M'iniis de <lia(pic \'illc d iiiic»
quittance dalec du 1" ja II \ iir h 1 lu il" •;!.."»< >(l livres. ;i laipielle la
\'ille de Dreux a ét('' lixée et p.iyee au sieur «iiu-negaud. tlir-f'--
— 354 —
sorier des Epargnes du Roi. par les Maire et Echevins; au
moyen de ce payement les octrois ont été confirmés et conti-
nués pendant 12 ans.
1478
Un acte du 13 octobre 1478 par lequel le Bailly de Chartres,
accompagné de son greffier, commissaire député par le Roi,
à la roquôie d'Antoine de Yilliers. maire, Renauld Jabin,
procureur de la Ville et des pairs communs, à faire» rendre
compte aux fermiers des droits d'aide nommés Choquet,
ordonne que les deniers restant seroient employés aux répa-
rations et fortifications de la Ville. (Cotte 38).
De 1483 A 1555
15 baux du droit de Choquet depuis 1483 jusqu'en 1555, à
la charge, outre le prix de l'adjudication, de payer par an
14 liv. parisis pour le luminaire de S'-Pierre '. (Cotte 39),
1644. — Octrois sur les Marchandises et denrées
2 copies en papier ordinaire, non signées, des 25 mai et
3 décembre 1(344 où il est ordonné sur la requête présentée
au Roi en son conseil, de lever pendant 6 années les droits
d'entrée sur diverses marchandises et denrées vendues et
consommées dans la Ville, énoncées au tarif présenté par les
Maire, pairs, echevins et habitans, pour aider à acquitter les
dettes delà Ville.
' Dans rori!.;iiic celtç éij;list' n'clail (lu'um' cliapellc, dcdiùo à SaiiiL-Scbiisticii,
df'iiciidaiitc (riiii couvent de IxMiédiclins, qui occupait toute la partie de la ville
roni|ii'is(' entre l'impasse Tillot, les l'iies du Mur, jîoi'dclet, (lodeau cl partie di'
la placi^ .Mélézeau.
Ou li'ouve déjà le vocable de SainL-i'ieri'e au M'' siècle. Au XIV elle élail
paroissi!.
Cet édifice, iloul la longueur en o'uvre est de 6S m. .M) et la hauteur d'envinin
17 luèii'es, est llan(|ué à (Iniite et à liauche de deux !.;rosses tours carrées. Celle
du nord, la lonr Saint- Vinrent, s'élève à liO mètres au-dessus du sol; l'autre,
la tour Sainte-Anne, <[yn lui est parallèle, n'a jamais été achevée et n'atteint qu'à
peine la moitié de sa liauteur.
Connueiicée au NU*^ siècle, l'église Saint-l'ierre de t»i'en\ ne ini terminée
que vers la fin du xvr-. Elle est classée comme monument historique.
— 355 —
Première moitié des Octrois payée ai* Roi
Uiio (•(>i)\i- iiiiiiriiiK'c (II' l'anTl ilii ronscil du lô noveiubre
1657. par Icqrlil le Hui orilomic 411c la pii-iiiière moitié des
octrois sera payée à son profit és-inaiiis do roriniers pour ce
iioiimiés.
Tarif dh i. Octroi
Vn tarif fait vu 17 Ti. vu et siiiiu'' [lar .M. Hi^iioit. alors
inlcudaut. du tlroil d'octroi ii prendre sur les niai'chanilises
\ dfiiDiiiiiiées.
loiiiai 173:5. sentence de rélection de Dreux au itrolii di' la
veuve Bernard Reiinaut, contre le lerniier des dits octrois
pour les entrées des bois verts, saules et autres bois d'aulnes
propres ii l)n'der. rColte 40).
TKUISIK.MK IdASSE
Chantelage et Chargeage des vins
10 baux de la ferme du Chantelage et chargeage des vins
appartenants à la Mlle, faits depuis 1508 jusqu'en 1()(»2. la-
(pudle l'eruie la \ille 110 fait plus \aloir depuis longtemps.
(("nllf 11).
Pontage et Pavage
. '22 baux à loyer do la ferme du pontage et pavage appar-
tenant il la \ illi'. depuis 1500 jiis(preu 1<»<^»7. lacpielle dans
fpielques années a el('' airei-mée 21HJ liv.. sans expli<-ation
SIM' (|Uelles choses les drcjils doivent ètl'e per(;us.
11 esl s<'uleinent dit : la ferme du pontage et pavage: on
voit dans (pielques baux la cliai-p-e par l'adjudicataii-e de
jiayei' aux (piatre sergens de \ ille et au soum-ur de la
elnclie il cliaeuu ein(| ^ol-. cl ([Ualic livres di- eire |iuurles
torches, et autres jietiles choses, enseudde un tai if im|»i-inH'.
(h-oils de la dite fi'riue. (Cotte -12].
Nota. — Ou I roux t la Mir les registres de la \ille tons les
baux faits depuis 17nii.
— 356 —
Fermage de l'essai des Chevaux
3 baux (le la ferme de l'essai des chevaux, faits en 1620,
1023, 1042, dans lesquels il n'est point expliqué les droits à
percevoir, excepté dans celui de 1620 oii il est dit deux sols
tournois par chaque cheval suivant l'usage.
Une procédure par laquelle les chevaliers de l'ordre de
Notre-Dame du Mont-Carmel et de S^-Lazarre * prétendoient
avoir le droit le jour de la foire de S' Giles et le Comman-
deur de Malte - le jour de la foire S'^-Denis.
Nota. — On trouvera sur les Registres de la Yille les
baux faits de la ferme de l'essai des chevaux depuis 1700
jusqu'à présent. (Cotte 43).
Baux des Corps de garde et Boutiques de la poissonnerie^
Plusieurs Baux à loyer des corps de garde, des portes et
des boutiques de la poissonnerie en 1578, 1020 et 1623, etc.
' L'ordro de Saint-Lazare fut fondé on Palestine par de'^ Ohi't'tiens tliaiilaldes
et vaillants qui se consacrèrent en uiènie temps à la défense^les Lieux-Saints et
au soulagement des pèlerins malades et plus particuliènMiient des lépreux. —
C'est vers tlo'i qu'il lut établi en Fiance, par Louis VII le Jeune, Icipnd avait
ramené de Terre-Sainte un certain nombre de Lazaristes, et leur avait lait don
de son chcàteau de Boigny, près Orléans, qui fut le siège de Toi'dre.
Pendant pi'ès de trois siècles, l'institution comblée des faveurs des papes et des
rois de Fiance, vit croître sa puissance et sa prosjiérité; puis, les lépreux dis-
jiaiaissant peu à peu, elle parut de moins en moins utile. — La dissolution de cet
Ordre était presque un fait accompli, lors(pie le 11 octobre IdOS, Henri IV
l'incorpora à l'ordre de Notre-Dame du Mont-t^armel (ju'il avait créé l'année
précédente.
La décoration consistait en une croix d'or à buit pointes perlées, émaillées
alternativement de pourpre et de vert, anglée de fleurs de lis d'or ayant en outré
d'un c()té relfi.yie de la Sainte-Vierge, de l'autre la résurrection de Saint-Lazare
avec cette devise: Atavis et Armis.
- L'Ordre de .Malte fut londé ni lO'iX, sous le nom de Saint-Jean de Jéru-
salem.
Après la prise de Jérusalem par les Croisés en lOlli) l'institution fut richement
dotée par Godefroy de iJouilloii. Les chevaliers s'engageaient à recevoir les
pèlerins et à débMidre les Lieux-Saints contre les infidèles.
Ajirès avoir transféré son siège à Saint-Jt^an-d'Acre, puis dans les îles de
Chypre et de Rhodes, l'ordre s'installa définitivement dans celle de i\lalte qui leur
fut donnée |iar ('harles-Oiiiiit en \7>?A).
La décoration consistait et consiste encore en une croix d'or éinaillée de blanc,
à huit pointes, anglée de fleurs de lis et suspendue à un large ruban noir.
La devise est Pro Fide.
•■' .\u nombre de neuf, elles étaient placées sur le boulevard ou terre-plein de la
— :357 —
Nota. — On trouvera les Baux laits depuis 170() jusqu'au
tenis que ces objets ont été vendus à cens et rentes, ainsi
que les tourelles, sur les registres de la Ville. (Cotte -M).
Caves .suis lIIutel dk Ville
5 baux à loyer des caves .sous l'Hùtel-de-Ville, des années
1500 il l(Vj:i
Les Key:istres de la Ville depuis 1700. contiennent les
Baux de ces objets. (Cotte 45j.
Construction de la Malson et Beffroy de la ^'1LLE
La grosse en parchemin d'un marché fait devant Couttet,
Molaire à Dreux, le 21 avril 1510, par lequel Jean Desmou-
lins. Miaitre maçon, s'est obligé envers les Maire, pairs et
communs de la Ville, de faire et parachever la maison et
bellroy de la Ville qui a été commencé par Etienne Chéron.
Copie d'un autre marché fait le 23 janvier 1522 devant le
Prévôt de Vernon, par lequel Jean Darmonville et Basic
ont ven(hi à Jean Badoulcau, bourgeois de Dreux, véritica-
teur des œuvres et réparations de la Ville, une l)attclée de
I)ierres à iirendre au pont de Vernon, avec obligation de
livrer la pierre sur le quai de Dreux', appelé le grand jardin,
et en cas de manque d'eau d'en lai.sser un tiers près la tour
de Fermincourt. (Cotte 40;.
QUATRIEME LIASSE
Droits sur le sel vendu au grenier
Plusieurs lettres patentes accordées à la Mlle de Dreux
par les Rois de France, pour lever sur chaque minol de sel.
Pcpitc-I'liartraiiir aiii(iiii(]"liiii plan' Saiiil-Marliii. ■ iS'til m- /louviiit rendre de
liuren;/, morue ou saumon, s'il n'avoil une de ces boutiques. »
' Ce quai se trouvait à rcMiplacenienl aitiiel de la |iro|iriéli'' de M. je luarmiis
d'Alvniiarc de Feu(|uièrcs, me Saiul-.lean, ii" t.'i. Il lui >u|i|miiiii'\ i'm 17 <S,
lors delà ronstnirtioii île cette mai^^oii.
(l'est sur ri'Uj|)lari'iiii'iil de la |ilare Luuis-l>luli|i|ie, dnnt l'Iialutaliou d'Alviuian-
Inliiie lui n'ili'', i|iir l'iiii |i, lisait aiirirum'Mifiit la rivière à gué. (ie ii'e";! (|u"i'M
— :',58 -
même siirchaqno sopticr. vorulu au îi'T'ciiior à sel de Dreux ',
un droit de dix deniers par niinut el davantage dans dilîe-
rentes années, et même sur le sel vendu dans les villes de
Nogent - et Châteauneuf^, pour les deniers en provenant, être
employés aux édifices, remparts et fortifications de la Ville;
la perception de ce droit a commencé en 1534 jus(|u;i 1034.
(Cotte 47). 11 a été suppriinc' depuis.
Droits d'entrée sur le vin
Plusieurs lettres patentes obtenues du Roi, en 1003, pour
lever pendant six années un droit d'entrée de quinze sols
par muid do vin, tant du cru que d'achat, au profit de la
Ville. (Cotte 48).
Engagement du domaine de Dreux en 1707
Les articles, en parchemin, tirés du contrat d'engagement
que le Roi a fait du domaine de la Ville, en 1580, au sieur Le
Vassor pour 20 années et les lettres patentes ei autres pièces
concernant le dit engagement, ensemble une copie non
signée du contrat d'engagement du dit domaine fait par le
Roi à M. le duc de Vendosme^ en septembre 1707, avec aussi
l(Si() qiio ie poiil lui coiistriiil cl l;i place iiivclce. Il cxislail aloi's. pour les
liiétoiis, une petite passerelle en bois, établie dans le prolougenieni de la rue
des (laves et aboutissant à l'angle de la maison du maréchal-ferrant.
' Oe fut, selon quel(|ues auteurs Philippe IV (i-2X(>) selon d'antres l'inlippi'-
k'-Long (I81(!j eniin, suivant l'upinidu la plus gcnéi'alc, l'iulippe VI \',','1X qui
institua ou plutôt qui régla l'admiiustralion de l'impôt sur le sel, car une ordon-
nauce de saint Louis entrait déjà iin'ntion eu lî^'id. (l'était d'ailleurs iin tribut
des empereurs romains (|ui a survécu à lein- domiiialion. bien (pi'il ait été
souvent modilié depuis.
Dreux, ville royale, ne lut pas une des dernières à posséder son grenier à sel,
mais loin d'éprouver les vexations auxquelles cet inijiôt donnait lieu dans d'autres
contrées et les troubles (|ui en fui-ent la suite, elle > trouva uni' sinnve de revenu
pour alléger ses charges.
Il était situé au-dessous des murs du cliàteaii, piès la rue irthissoii, sur la
place qui porte encore son nom.
- Nogent-le-Roi, chef-lieu de canton, arrondissement de Dreux.
3 Chàteauneuf-en-Thymerais, chef-lieu de canton, arrondissement de Dreux.
* Louis-Joseph, dur de Vendôme, arrière-petit-(ils de Henri IV et de Oabrielle
— :i59 -
un arrùl pour n<'luyc'r cl ocurer les lossés de la \'ille par
lequel les liabitaiis des villayes à 1 lieues à la ronde sont
obligés d'y conlribuer. Il» .
IJettres des Kuis L>K France et autres
Plusieurs lettres des Rois François I"^ Charles IX, Henry IV.
Louis XII et Louis XIV et de plusieurs olliciers généraux et
auti-es, ('crites aux. Maires, Kciievins, pairs et habitans de la
ville de I>reux, (anl pour les i)réveiMr détenir des logeiueus
et Iburnitures pour les troupes, etc.. qu'en réponse aux
jiriëres qui avoient été laites en demandant du soulagement
dans les misères où ils étoicnt réduits, causées par les
guerres et pour des publications de paix. (50).
CINQUIEME LIASSE
Acquisition du Moulin du Bléras en 1(103
Plusieurs pièces et procédures entre Dame Olimpe Dulbur.
veuve de Michel Hurault de Lhopital, seigneur de Bu', etc.,
et les Maire et Echevins, procureur sindic et habitans de la
Ville pour raison des loyers dus par la Ville à cause du Mou-
lin du Clos-Reignier ^, et pour chaumage tant d'iccdui que du
Moulin du Bléras ^, causés par les eaux de la rivierre (pii
d'I^tivis, ii;u|iiit à Paris en 10,51 ot mourut dans lo royaume île Valenro, le
11) juiu 17l:i, à l'àye tic ."iS ans.
Il avait é|»(iusé le 1.") mai 1710 MaiIrmoisHle d'Eiigliii'ii .Marie-Anne de
honilion-C.undé, fille de Henri-Jules de Itourlidii, jirince de Ciindé et dWnne,
priiieesse l'alaline de jî.ivière.
l'rinee dWnel, il fit l'aire au eliàteau, pendani les i:! ans i|n'il le |iosséda,
beanron|i d'aUi;nienlalions et d'endjellissemcnls.
Il acheta le eonité de l>ren\. à litre d'engai^ement. par eontial du 2<t sep-
temlire 1707, mfiyennanl 2nn,(l()() livres de iiiiani >■ |irnii ipale et |(i. UUd livres
pdiir le radial des charités loeales.
' liù, ciiniminie importanle du cantun dWiiei, arrondissement île Ureu\.
■•* Situé |Mès des O.smeaux, innunune de (lliérisy, eanton de Dreux.
■' lie mnulin doit son nom, ainsi que le i|uartier nù il se trouve, au murs
d'eau ibras de la HIaise) (pii l'alimente.
il n'est plus propriélé (omnnniaie de|iiiis une i l'nlaine damiécs.
— 360 —
avoient été détournées dans les années 1599. 1600, 1601, 1602,
etc., ensemble une expédition de la transaction passée
devant Haudessaint et Herbin, notaires au Châtelet de
Paris, le dernier février 1603 entre lad. dame veuve L'hôpi-
tal et les Maire et habitans de Dreux, portant acquisition du
moulin du Bléras, moyen' cinq cent cinquante livres de
rente par chaque année. (Cotte 51).
Phisieurs pièces du procès entre les seiji-neurs de Beu, les
Maire, échevins, procureur sindic, habitans et autres parti-
culiers des quelles pièces est une production de la procédure
pour qu'il soit fait une visite de l'état de la rivière du Bléras.
(Cotte 52).
Le procès-verbal de visite de l'état de la rivière du Bléras,
de la rivière des Teinturiers ^ et de celle qui passe le long des
murs de la Ville. (Cotte 53).
Plusieurs autres pièces et procédures entre lad. dame de
Beu et les Maire, Echevins et habitans de Dreux auxquels
elle demande le payement de plusieurs années d'arrérages
de la rente de 550 liv., due sur le moulin du Bléras, un titre
nouvel et aussi le payement du chaumage du moulin du Clos
Reignier, ensemble celui des rapports d'Experts pour la
visite de l'état de la rivière. (Cotte 54).
Plusieurs baux à loyer du Moulin du Bléras appartenant à
la Ville. (Cotte 55).
Terres du Champ d'Allouettes -
Trois baux à loyer des terres du Champ d'Allouettes,
appartenant à la Ville, faits en 1615, 1620, 1664.
Nota. — On trouvera les baux du moulin et ceux des
terres du Champ d'Allouettes faits par adjudications, sur les
Registres de la Ville depuis 1700 jusqu'à présent. (Cotte 56).
' Ce bras de la Biaise, ainsi iiomnié paire iiu'il servail aux Iravaiix de plu-
sieurs ateliers de leiiilure, lorsque la ialirique de draps lloiissait à Dreux, venant
du Louvet, passe enire les rues MériiJiol el des Teinluiiers el sous la place
Saint-Martin, pour se réunir au bras dit de l'Ecluse, en l'ace do l'abreuvoir de
la rue Sainl-Deiiis. Il servait autrefnis à l'einplir les fossés du corps de irarde et
d(;s fortifiratioiis élaldies en avant du pont-levis de la poi'te Cdiartraine.
2 Ces terres, qui n'appariiennenl plus à la ville depuis longlenips, se trou-
vaient sur le plateau appelé (((nimunémenl le iiléras, entre le lionlevard de ce
nom el la ligne des cbemins de Ter.
— :iOi
SIXIEMK LIASSE
PLAIDOVERS 1»EVANT mm. de I,A Vll.LE. — RÉCEPTION
DES MaItres de tous les Etats et Métiers
Plusieurs actes d'assemblées faites à l'Hùtel tic Ville, tant
pour les délibérations que pour les sentences et plaidoyer
faits devant les Maire et Kchevins, lorsqu'ils en avoient
droit, ensemble les actes des Réceptions qu'ils ont faits des
Maîtres de tous les Etats et métiers de la Ville, gardesjurés,
nominations des collecteurs en l'année 1G89 jusqu'en IGOD.
(Cotte 57).
Les comptes des octrois de la Ville des années 1744 jus-
qu'en 1750 rendus par M. I)alvimart. directeur des aides,
par autorisation de M. l'Intendant. (Cotte 58).
SEPTIEME LIASSE
Deniers Patrimoniaux
Les comptes des deniers patrimoniaux rendus par M. Clé-
ment, receveur desdits deniers, à commencer de l'année 1707
jusqu'au 1'^'" janvier 1705 que la charge du Receveur a été sup-
primée, desquels comptes il y en a un rendu en l'année 174;5.
le 15 mai, des années 1707 jusqu'en 1741, que M. Coutier, son
oncle, avoit été Receveur et les autres comptes sont par lui
rendus de sa recette et dépense. (Cotte 59).
JIUITIK.MI': IJASSE
DÉFENSES de laisser ALLER LES MOUTONS DANS LES VIGNES
Plusieurs pièces de procédure et un arrêt contre Léonard
Brochand, b(nicher, pour avoir lassé aller ses moutt>ns dans
les vignes après vendanges; par cet ai-rêt défenses lui sont
faites de récidiver et le coiidaiiUK' :i l'anicndr cl en tmis les
dépens. (Cottii OOj.
T. XII, .V. i.'i
— 3G2 —
NEUVIÈME LIASSE
Titres de l'Ecole des Pauvres
La grosse, en parchemin, d'un acte de vente passé devant
M" Houard, notaire à Dreux, le 21 janvier 1741, par les
sieurs Principal du Collège \ Maire de la Ville, administra-
teurs de l'Ecole des pauvres, d'une maison et dépendances
située au Grand Carrefour de Dreux-, dont jouissoit Charles
Cochet, moy' 60 liv. de rente à Noël Brion et sa femme pour
la dite rente de GO liv., et autres charges; sont joints plu-
sieurs pièces et procédures contre le dit Cochet et la copie
du testament d'Yves Dupré et Anne Turpin, sa femme, en
date du 22 décembre 1G83, par lequel ils ont donné la dite
maison et lieux pour être enseignés 30 enfans mâles par un
maître d'école. (Cotte Gl).
Miliciens ^
Plusieurs procès-verbaux des miliciens ton^bés au sort pour
la Ville depuis 1748. (Cotte G2).
22 août 1725, procès-verbal fait par les inspecteurs des
contrôleurs des actes des Notaires, à Louis Lefevre, notaire à
Dreux, pour les actes trouvés en contravention , énoncés
au procès-verbal. (Cotte G3).
' L'uucicu Lollî'go de Dreux lui loiulé par Robert Lemiisnier, contrôleur au
grenier à sel de Dreux, et par Catherine Herbin,sa femme, qui donnèrent à cet
efTcl, par acie de l.j.lO, la maison (|ui fait l'angle des mes Cilienevotte et Dorée,
dans la rue d'Oiiéans, on il resta jns(|u'à sa suppression en 17*.t'i.
Après avoir été successivement allecté à divers services mimieipaux et même
transloimé en caserne, pendant la lîévtdution, il devint en IHOli, à l'arrivée de
noire premier sous-prét'et, le chevalier Mars, Hôtel de la Sons-Dréfeclure, et
conserva cette deslination juscpi'à raclièvernent de l'Hôtel actuel en 1806. H l'st
occupé depuis par un pensionnat de jeunes filles.
- Ce lieu s'appelle depuis 1832, carrefour de Billy, en mémoire du général
de Billy, (pii, tué à léna, na(iuit en 170:] dans la maison qui lait fani^le de la
Grande Uni' l'IdclAnœ Parisis. Ces deux rues, ainsi que celles des Tanneurs,
û'Orisson et Hotroii^ viennent y aboutir.
3 Sous le nom de milice on désigna d'abord l'art de la guerre , la profession
des ai'mes,et aussi les furces militaires d'un Etat en général. Au XV^ siècle il fut
a|i|di(|ué aux levées temporaires de bourgeois et de paysans laites par la voie du
sort dans diverses circonstances , puis aux troupes bourgeoises organisées dans
certaines villes pour veiller à la sûreté publique et au maintien des franchises de
la cité.
— 3G3 —
Tarif pour l'Hùtel-Diei" '
Un laril" jniprinié des droits do 1 Ilnlt'l-l)icu ;i percevoir
tous les aus'aux luires S'-Giles ot S'-Deiiis. (Cotte 04).
Transport gratis du pavé
Une ordonnance de M. du Harlay, Intendant, pour faire
achetter du pav('' et le i'a'wo apporter t/nitis de Houdan à
Dreux et pour l'aire payer la main d'onivre du [)avafji:e par
les habitans chacun au droit soi (le pavé étoit tiré de lagrais-
serie de Gressey-. (Cotte 05).
Une ordonnance des Maire et Echevins pour porter les
immondices aux endroits y dénommés, datée du \2 avril
1730. (Cotte 00).
Une ordonnance de M. du Ilarlay, Intendant, contre le
nommé Poncelet, sergent au régiment de Vermandois, pour
avoir mal à propos engagé deux jeunes gens de la Ville.
(Cotte G7j.
Procès dp: la dîme des Vignes
Un état des sommes avancées par plusieurs bourgeois de la
Ville y dénommés, pour le procès contre les chanoines, en
17 17. pour la diiiio t\('^ Vignes. (Cotte 08^.
Séance des Ofeiciers de Vu, i. h dans le chœur de S'-Etienne^
Une copie du procès-verbal lait aux chanoines de S'-Etienne
' Suivant Uorat de Ghameulles, liLstorieii de Dreux, la fondation de celte
Maisdn-iiinu n'inontt-rait au in» siècle E. I.efèvre, dans ses Dncumciils hixlo-
riijuea sur Ir (lomlr et lu Ville de Dreux. au(|U('l nous emiirunlons iticn des
rcuspi^'neniciits, en fixe rorit,'iiic au vr siècle. Cluoi qu'il en suit, nous voyons,
au roniiniMKcmcut du \U'- siècle, la .Maisoii-itieu de Mn'ux ^^ouvcriièc par des
frères //oA/;//«//e;vs', sous la conduite d'un |ii(}lie, relij,'ieux cdinniei'ux, qui dèjten-
daient des Chanoines de Saint-Ktieniie.
Louis VI, le {',vi)S, son fils Rolieil l'"" et les autres comtes de Dreux firent des
dons uniiorlanls à notre liotel-Dieu ; mais ils ne ((insistaient, pour la plupart,
qu'en droits féodaux supprimés par la Révolution et dont les litres oui élé brilles
à celle époque.
^ (ji-essey, commune du canton de Houdan (Seinc-et-Oisc).
3 La Colléj^'iale Saiiit-Kticniie. .iiicieliiie l'gliM' du (".li;\teail de Dreux, vendue
— 304 —
par les Maire et Echevins pour la séance dans le chœur de
leur église le jour de la procession de l'Assomption et aux
processions générales. (Cotte G9).
Puits dans les rues comblés
1780. Une ordonnance de MM. les trésoriers de France,
grands voyers , sur la requête à eux présentée par les Maire
et Echevins, pour les puits dans les rues être remplis et
bouchés. (Cotte 70).
Ecuries des chevaux des Gardes du Roi
Ordonnance de M. du Harlay, Intendant, qui fixe le prix
du loyer des Ecuries pour les chevaux des gardes du Roi,
avant la construction des nouvelles écuries ^ (71).
Les copies des adjudications, des réparations locatives et
d'entretien des nouvelles écuries faites à Noël le Comte,
maçon, et a son déchet et folle encherre^Ji Jean Masset.
(Cotte 72). ^ ^
Le devis et les mémoires des portes et croisées, bancs,
réparations d'entretien des écuries et autres en 1740 (74).
Porte d'Horisson -
27 août 1738, placet présenté à M. du Harlay, Intendant, et
par lui répondu, pour abattre la porte d'Horisson.
et démolie en 1708, ('tait située dans reiiceiiite même diuiit Château. La cha-
pelle de la iamillc d'Orléans a été élevée sur ses ruines,
^ Ces nouvelles écuries, qui servirent ensuite pour la poste aux chevaux,
furent bâties sur la place qu'on nommait anciennement le Marché aux Bœufs,
près les murs de la ville, proche la porte d'OrissDU, dans la rue de ce nom.
C'est sur leur einplacemcut ipToiit été construits l'ancien tribunal civil
(aujourd'hui maison d'arrêt) et la caserne de gendarmerie.
- Il y avait là deux jtortes. — La |irennère était llanquée de deux tourelles
rondes qui se reliaient par des courtines, d'un côté à une i^rosse tourc\lindri(|ue
de l'enceinte du château, de l'autre côté à la muraille qui rejoij^nait la porte de
la Ih'iulc. La seconde porte tenait à la muraille qui limtîcait la rue des Embûches
(aujdiud'liui la pailie de cette rue s'appelle rue des A'co/c.s), et allait rejoiudr(^ la
porte Ckartraiue. En avant de la première porte d'Orissou, un bastion carré,
correspimdant à la porte d'entrée du château (pii était alors à cet endroit, proté-
,yeait les abords de la place.
— 305 —
l'oKTK S'-DEJÎIS, l'u.NT UU CARREFOUR
Le devis et lordonnance de M. de Haiiay du 1" octobre
1735 pour «battre la portt' du Caubiiurj:; S'-I)cni.s ' poui- cons-
truire on pierre le i»(iiit sui-la(J<miiiiuii('-, eiilrL' le carrefour et
la rue d'Horisson, à la place de celui eu Itois qui ne couvroit
que le tiers du passage. (Cotte 75).
DÉMOLITION DE LA PORTE NEUVE ^
17S7. Autorisation de M. 1 Intendaiil pour (b'inolir et
abattre la l'orle Neuve et reconstruire le pont en bois neuf.
Ensemble plusieurs mémoires de quittances des répara-
tions faites aux portes de S'-Martin, S^-Denis, S'-Jean, S'-Tlii-
baut, de la porte Parisis et autres endroits ordonnés par
M. lldu.ird. procurour-sindir. en Yl'.y.) et 171(». (Cotte 7G;.
Services de M. le duc du Malne et du Gouverneur
Juillet 17 SU. Mémoires de la dépense du service de M. le
duc du Maine* et pour celui de M. de Sabrevois d'Ecluzelles,
gouverneur de Dreux. (Cotte 77).
* I,.i vill.' lie |iii'ii\ ('t;iit l'iitoiirco d'iiiic miiraillc t;arnip de onze tours ou
toiiivllis i^ainics lie liailiai aunes; six portes y donnaient accès. La porte Saiiil-
llenis, du ci'ilé du unili, se trouvait dans le lanbnnr.i; de ce nom.
- Kl» aval du moulin de Vcruouillet, la biaise se partaife eu deux hras : celui
de droite, f|ui conserve le nom de Biaise, vA le plus important, celui de gauche
(|ui prend le nom de ('(imiiiunc, traverse la ville de Dreux eu passant dans la partie
sud de 1.1 rue Sainl-Tliiiiaull, ainsi ijue sous les maisons, coté nord, des rues aux
Taniu'urs et Parisis el se réunit au bras de la Biaise, dit de l'Ecluse, au moidin
de- Promenades.
•' dette portf « ijui l'ioil toujours ouverte » se trouvait rue de Séiiarnionl,
près la rue du Mm.
Klle l'ut l'erméi' aprè> le ciii(|nième siège de Dreux, en l.'t'.HI. d on y établit
mn,' caseniate ou coip-. de i,'arde.
^ Louis-Aut;usle de liouilton, prince ilAmt et île Dondies, duc du .Maine et
il Aumale, comte dKu. pair et irrand-maîtie de lartilleric de Krance, lieulen.int-
1,'énéral des Suisses el (irisons et liouverneiir du l.ani,'iiedoc. (ils de Louis \|V
et de .Miidame de Moiitesp.in, m; à Versadies en DiTlI. léL;ituné p.ir letlie du
I!) si'pli'iidiii' l<')7-L lut élevé par Madame d*' MainliMion. i-t jonil lii- r.iireclH)n
particulière du roi. — Déclaré prnice du sauf; et lialnleà succéder au In'iin' eu 171 l, il
reiiil le coimnandemenl de la maison du Uni par le lestameiil de Louis \|\ .
I7I.">. (le (leiincr lut cassé |iar le l'ailrmcnl à rinstiKalion du duc d'Orléans à
— 366 —
RÉPARATIONS DE L'HORLOGE
Copie de l'adjudication des réparations avec garantie de
rhorloge pendant dix ans, faite à Retou le 7 juin 1749.
(Cotte 78).
Saisie de Poinçons de fausse jauge
1738. Plusieurs pièces de la saisie faite de 45 poinçons neufs
de fausse jauge sur Pierre Hervé, tonnelier à Germainville,
qui ont été confisqués par l'ordonnance de M. de Harlay,
intendant. (Cotte 79).
Comptes de Dépenses
Deux comptes des dépenses en 1747 et 1748 faites par
M. Thubeuf, procureur-sindic et un ancien compte de 1654.
(Cotte 80).
Lettres diverses
Plusieurs lettres de M. le Gouverneur de L'IsJ^e de France,
de M. l'Intendant et autres, pour réjouissances, avertisse-
mens de passages de troupes, etc. (81).
DIXIEME LIASSE
Rente de 17 liv. 12 s. due a la Ville
Une quittance du 13 juin 1724, signée Paris deMontmartel,
donnée aux Maire et Echevins de la Ville de Dreux de la
somme de 1760 liv. en billets de banque. Cette quittance a
été remise aux archives le 8 août 1725 par M. Mallet.
(|ui il avait (lis|nilr sans succès la régence. Entré dans la conspiration de Cella-
mare, il fut découvert et enfermé dans la citadelle de Doulleiis (1718).
Remis en liliei'lé il se réconcilia avec le Régent et fut revètn de liantes dii!:iiités,
(]n"il conserva jusqu'à sa mort i 1736).
Ce [irinie avait de belles qualités, mais son apathie et sa liniidilé le rendaient
incapable, d(! grandes choses. 11 avait épousé, en l()i):2, Aime-Louise-Bénédict(! de
Bourbon, petite-fille du grand Condé, qui devint comtesse de Dreux en 1733,
après le partage fait à cette date des biens de sa mère Anne, Palatine de Bavière.
Elle eut également la principauté d'Anet et la chàtellenie de Sorel.
— 3G7 —
Cette somme de ITOU liv. a été consiiiuée en rente au
denier 5<J sur les tailles et réduite à présent au denier l()(i
qui produit 17 liv. 12 sols par an. (82).
* Rentes dues a la Ville
Une note sur papier ordinaire de plu.sieurs parties de
rente dues à la Ville par divers particuliers à cause de bail
à cens et rente des boutiques de la poissonnerie, tour Hanne-
quiu ', tourelles et places.
Les trois grosses des rentes de Le Roux, Lr»ndnut. nu lieu
de M. Ménestrel, Corbonnois et une expédition en papier de
la rente de 15 liv. 10 s. duo par Charles-Louis Londaut,
une autre expédition de la transaction passée entre la dame
de Novice et la Ville pour la teras.se, en.semble plusieurs
pièces et procédures contre la veuve Maillard , qui est
condamnée faute de payement ;i déguerpir des cinq bou-
ti({ues qu'elle avoit acquises, lesquelles ont été revendues à
Raphaël Pauvert qui les a vendues à Martial Quéret, dit
Bretêche. (Cotte 83).
Rentes dues par la Ville
Deux copies collationnées par extrait des titres de la rente
ili' 7 liv. 10 s. due sur les patrimoniaux de la \ illo ;i Nicolas
Brisset, héritier de la veuve Neveu.
l'ne expédition du contrat de constitution de 137 liv. 10 s.
do rentes ducs et crées par la Ville. Savoir : 55 liv. 10 s. au
Collège de Dreux et 82 liv. au sieur Charles Bureau et les
deniers du |jiincii)al ont été employés au rachat de \' lioiiinw
idi liai lionne pour les o/Hces municipaux, sui\ an l la (piittance
•
' I..I tiiiir lli'riiir'(|iiin on Haimofiiiiii est la soûle des deux loiin'llcs df l,i l'mte
C.li.irlraiiir, i|iii existe encore anjoiinriini. Elle sert d'Iialiitalioii pailiiiilière
liiireaii di- laliac dit de la Tourelle) et les ouvertures et di>lriliulioiis intérieures
(innii y a faites eu ont erdevé tout le caraclère anliilerlinal. Il ne reste plus â
\oii' arliielleuieni i|iie i'evralier en liniaioii, con^lruil Inut eu pierre et dont cliaipie
marche porte sa pnrlinii de rampe, et ijunik; partie de la xoùte à nervine, de la
salle qui seivail aulreOds de i,'e('de ; les murs ont environ I m. .M) dépaisseiu'.
Il existe sur la l'açade l(ini,'eaMl l.i rue l'oiic-l.'.liaitraiiie, iucrusié dau^ l,i niaçnnne-
rie, un écusMiu sniilenu p.u' deux an;4es ^ro->ii'ieuieut scidptés, ipii sendile être
des xur <ni XIV siècles. Les armoiries ipu y élaienl re|)ré.s('nlées ayant été
mart'déps on en ignore l'origine.
— 368 —
de finance du 21 avril 17G3, signé Berlin et arrêt du Conseil
du 17 mai 17G0. (Cotte 84).
Rachat de l'Homme au Roi
lia quittance de finance du 21 avril 17G3 du rachat de
l'homme au Roi fourni par les cjfliciers municipaux des
Villes, ensemble l'arrêt et la lettre de M. l'Intendant. (85).
Transaction pour la dîme des Vins
Une expédition en papier d'une sentence en forme de tran-
saction et règlement entre les chanoines de S^-Etienne et les
habitans de la Ville de Dreux, pour cause de la dime des
Vins. La grosse en parchemin de la d. transaction a été
déposée par M. le procureur des Bénédictins de Couloiiibs ',
chez Chantier, notaire à Chartres, le 12 juillet 1747. (Cotte 86).
Une expédition d'un acte passé devant Thubeuf, notaire à
Dreux, le 29 mai 1756, entre M. Le Veillard, médecin et
Jean Lasne, meunier du Bléras, pour cause d'un droit d'eau
à prendre près le moulin; dans lequel acte-est fait mention
du Maire et des Echevins. (Cotte 87). >
ONZIÈME LIASSE
Cessation de la taille arbitraire -
Plusieurs anciens et nouveaux édits, arrêts et déclarations
du Roi, concernant différentes aff'aires pour la Ville. (88).
' L'abbaye Notre-Damo de Coulombs, ordre de Saint lîeiioît, était située dans
un vallon où coule la rivière d'Eure, borné au nord par un coteau au pied
(ln(|n('l est le liour.n de Coulombs, au nndi |iar un aulic côIimu sni' liMpiel était
liàti le cliàteau des si'igueurs de Nogcnt-le-Roi.
On ne connaît pas exactement répo(|ue de sa fondation mais on suppose
(pielle fut instituée |)ar les seigneurs de Nogent antérieuremenl à Cbarles-Marlei.
Ven(lu(> comme bien national en 17!)l elle l'ut en partie dém(die et il ne resl(!
plus aujourd'hui que les ruines du portail et dune partie du cloître.
2 Cet impôt se divisait en ordinaire et extraordinaire. I,a taille ordinaire
était levée |)ar le Seigneiu', sui' les serfs de sa terre, une on plusieurs fois |»ar
année. La taille extraordinaire, dont les vassaux libres n'étaient pas exempts,
était due au Seiiiiienr ilans ipuilre circonstances principabis : I" lors(|u"il
picnait la croix pour aller combattre en Terre-Sainte ; "1" lorsrpi'il était fait
|irisonnier en guerre; l> loisqu'il mariait sa lllle ainée ; enlin, i" lors(pie son
fils aîné était fait chevalier.
— 309 —
Les grosses en paiTheiiiiii des arrêts du conseil de?
8 septembre lîS.'î, 17 mai 17 l<i, 17 lévrier 1750, qui changent
la taille arbitraire de la Ville en une taille proportionnelle
et autres pièces y relatives. (89).
La grosse d'un arrêt du Conseil du 10 février 1701, qui
déclare \M. Bureau, Echevin en titre, déchu de la prétention
d'être élu maire en vertu des prérogatives desonollice. (90).
Provisions des Offices municipaux.— .M. le Prince acquiert
LES CHARGES 1>E LA XUA.E
7 février 1760. Lettres patentes en forme de provisions de
douze odlces municipaux remis au corps de la Ville de
Dreux, au nom du s"" Charles Bureau, comme homme au liai
vivant et mourant, ensemble les quittances de payement
faits en conséquence et l'arrêt du 11 août 1747, portant tarif
des droits qui seront perçus dans les Villes de la généralité
de Paris, ensemble les commi.ssions de plusieurs charges
municipales obtenues en 1735 et la signilication jiar M. Le
Prince de l'arrêt du Conseil portant aciiuisition par lui des
charges municipales de la Ville de Dreux en 1772. (Cotte 91).
Droits st-r les boissons
Un placet présenté en 1747 à M. Hertier de Sauvigny,
Intendant, par les habitans et vignerons de Dreux pour
cause des droits que le feimici' des aides perçoit sur les
boissons, enseiublo le ménmiri' du fermier en réponse au
placet.
Airet et lelU-es patentes îles 1''' el^Uauùl 1741 ([ui (H'ilunne
que t(jutes les boissons payeront le droit dentréc et h la
vente cdiiuiic le vin. cxcciili' les h((iss(tiis coiiniosées de mari-
pressuré et enlunc<'' avec de 1 Cau. (92).
PoNT.\GE ET Pavage
Une l'cquclc | ilU'seil t ('■(• par A II l' lilH'1 1 !• iMirniii-, veUVO
Charles Colletetà présent \cii\i- l-'iaiicdis Boudard. feiiMii'ro
de la feriuf ilii Pnntai^t' ri p.ivage, riisi'inlilr iiliisirui's
mémoires tendant ii obtenir nue |)ancarte (b's diuiis (b; la d.
ferme h percevoir. (93;.
— 370 —
Echange du Comté de Dreux
Une copie de la déclaration faite par les Maire et Echevins
à MM. les Députés de la chambre des comptes à Paris, en
vertu de la commission à eux donnée pour l'évaluation du
Comté de Dreux, à cause de l'échange faite par le Roi et
M. le Comte d'Eu ' pour la principauté de Dombes2.(Cotte 94).
Etat des Octrois et Biens Patrimoniaux
Déclaration du dit Roi du 11 février 1764 qui ordonne que
les Villes et communautés du Royaume enverront à M. le
Contrôleur général et à M. le Procureur général à chacun un
état de tous leurs biens, revenus, charges, etc., tant des
octrois que des patrimoniaux, ensemble les copies des états
qui ont été envoyés et la lettre de M. l'Intendant à ce sujet
et pareille copie fournie à M. le Lieutenant en 1783 et 1787.
(Cotte 95).
DOUZIÈME LIASSE
Don gratuit et Comptes
Un arrêt et une déclaration du Roi pour la levée de 6,000
livres de don gratuit par an, pour six années, dans la Ville de
Dreux, ensemble plusieurs lettres de M. l'Intendant et des
modèles de projet pour en faire la levée.
Ensemble les comptes rendus par le Receveur du d. don
gratuit. (90).
TREIZIÈME LIASSE
Baux des Octrois
Plusieurs baux des octrois de la Ville depuis 1750, faits
par adjudication devant MM. les Trésoriers de PYance en
' Louis-Charles de Bourbon, comte d'Eu et de Dreux, prince de Dombes.
- Dombes (Principauté de). Dutnbensis pagus. Comprise aujourd'hui dans
l'arrondissement de Trévoux (Ain), elle faisait partie anciennement du gouverne-
ment de Bourgogne.
— 371 -
l'Election de Dreux; ensemble les publications et pièces
justificatives, avec un arrùt du Conseil d'Etat du M juin 1(j80
concernant les ilroits d'octroi des villes et une lettre de
M. l'Intendant à ce sujet. (Cotte 97).
QUATORZIEME LIASSE
Mariage de quatkk filles — 1752
Plusieurs comptes des dépenses, tant pour réjouissances
que pour réparations extraordinaires approuvées par
M. l'Intendant jusques et y compris I7Gt; ensemble une
copie du contrat de mariage des quatre filles qui ont été
mariées par la Ville en janvier 1752 '.
Poids et Mesures
La reconnoissance des poids et mesures, matrices de la
Ville, données à M. Delangle par le S' Desjardins, secrétaire-
greffier de la Ville, en vertu de l'acte d'autorisation du
9 mai 1732. (Cotte 98).
' Ces mariagps, réli-lirés à l'occasion (i<> la naissann^ du dur de rioiiigopnp,
cuiTiit lieu II' 'i.'» jaiivior.
Par (If'liliéiatioii de rassombléo tnnup en la Cliaiidirc du Conseil de \']h'>U-\ de
Ville, le 7 de ee même mois, sous la présidence de Jean Julienne, seigneur de
Saint-Cir-la-Uo/.ière et antres lieux, lieutenant i;énéral, civil et criminel, au had-
liai,'e et sièi^e mvil de Dreux, et maire de ladite ville, il l'ut (OiiYeiiii que les
quatre jeunes filli's pauvres : Françoise Ualoii et Marie Hi'scomldes de la jjaroisse
Sainl-l'iciTe; Marie Milcent et Louise Moinel, de celle Saint-Jean ;cli(tisies et présPii-
téesparle sii'in-C.iiiJl.iinni' Clu'ddé, piiMiirriir syndic, aii'"''i''ii^ cliacune une dot (le
trois cetils livres, fournie p.u' la \illc, dont il devait cire employé celle de ciii-
qnanlc livres jiour les lialnts luipliaiix : le surplus de la somme devait leur être
remis enlre mains la veille du ii:aiia^;e.
Ce fiirciil les olliciers di- la ville ipii conduisin-nt les jeunes mariées à i'éi,'lise
cl qui les ranienèreiil à la luiorie, précédés des deux serments de ville en c(ts-
tumr-, avec la lialleliarde, et des lainlionrs, violons et autres instruments eiii^a-
gés à cet ell'et. l'n déjeiiner auquel assistèrent les maire, édievins, ofliciers et les
quaraiile de la ville ainsi que les lannlles des jeunes époux, l'ut si'rvi inunédia-
tenieiit après, et les danses commeiicèieiit aussitôt le rejias fini.
11 tut décidé en conseil que Ion prendrait sur rorlroi une somme de deux
mille livres pour couvrir toutes les dépenses.
372 —
QUINZIEME LIASSE
Devis de Réparations diverses
Plusieurs expéditions de devis de réparations faites à
riiorloge, au moulin du Bléras, aux écuries, aux ponts et
autres endroits de la Ville, approuvées par M. l'Inten-
dant. (99).
SEIZIÈME LIASSE
Droits de Minage et Halage des Grains
Toutes les pièces et procédures entre S. A. S. M. Le Comte
d'Eu, seigneur de Dreux, et les Maire et Echevins de Dreux
et plusieurs laboureurs des paroisses voisines, concernant
les droits de minage et halage de tous les grains vendus,
réglés par arrêt de la Cour du Parlement du 11 août 1769.
Ensemble deux significations et une copie'-imprimée du d.
arrêt. ^
Nota. — La copie de cet arrêt est sur le registre de la
Ville en la même année 1769, page 514, pour y avoir recours
dans le besoin. (Cotte 100).
DIX-SEPTIÈME LIASSE
Taille et Logement de Troupes
Significations faites à la Ville depuis 1748 jusqu'en par
différentes personnes pour raison de la taille et logement de
gens de troupes. (Cotte 101).
DIX-HUITIÈME LIASSE
Lettres a mm. les Officiers de la Ville
Plusieurs lettres adressées à MM. les ofl^cier.s de la Ville
par M. l'Intendant et autres personnes. (102).
— :5"
DIX-NKUVIKMK LIASSE
Plusieurs significations, placets renvoyés à M. llntendanl.
(io;ii.
VINGTIÈME LIASSE
Comptes dos octrois et patrimoniaux depuis 1704. KU .
— 374 —
REMARQUES
DE PLUSIEURS SORTES DE CHOSES QUI ONT ETE FAITES ET PASSEES
AINSY qu'il EST PORTÉ DANS LES COMPTES RENDUS PAR LES
Receveurs de la Ville et dans quelques titres et papiers
CITÉS DANS l'inventaire CI-DESSUS.
Registre, Cotte P'
Comptes de M. Pierre de S'-Aulbin
Dans les comptes de M. Pierre S'-Aulbin des années com-
mencées le l^r février 1495 jusqu'en l'année 1497,
la recette a été faite du droit de 50 s. à prendre sur chaque
muid de sel vendu au grenier de Dreux.
Les lettres patentes sont citées dans la qifatrième liasse.
(Cotte 47.)
Ancien Hôtel de Ville '
Les deniers ont été employés aux réparations des fossés
de la Ville, aux portes Chartraines, Dorisson et Parisis, à
rétablir l'ancien Hôtel de Ville, à faire les fondemens
d'un batardeau, le long de la maison de Dieu, pour empêcher
l'eau d'entrer dans la Ville, à la réparation des ponts, pour
les poutres et solives qui y étoient nécessaires et à paver
dans différons endroits de la Ville et à autres ouvrages.
De plusieurs articles des d. comptes a été extrait ce qui
suit.
Serrurerie
Payé à Jean Fardeau, serrurier, 7 Jiv. 4 s. 11 d. pour avoir
baillé à la Ville neuf vingt-quatre livres de fer employées à
' Il y a peu de renseignements sur cet ancien Hôtel de Ville, qui fut en partie
consumé par le feu du ciel vers la fin du xv" siècle. Il devait se trouver au-
dessus de la l'orte Chartraine.
— 375 — .
ferrer le pont-levis de la l*(3rte Chartraine et pour avoir
baillé deux lerrures, lune à lliuie du beflroid et l'autre mise
à riiuie de la prison nommée la tourellf Ilannequin, un
couplet de k'v au guichet de la porte d une <li-r et un
crampon de fer.
A Jean Fardeau, serruriei-, ccnl sols ])our avoii' répandu la
grosse cloche de la maison de Ville, pour M chevilles de fer
et deux chaînes de fer; et doiixo sols pour deux serrures,
l'une mise au 2'" sollier et l'autre au 3'" sollier du Helfroiil de
la \ille.
Couverture
A Jean r;uillaume Panou, la somme de ccnl sols, deux
ilcnirrs, pour avoir vacMpii' ii redresser la couverture en
ploml) de la maison (!<■ Ville.
Ci.orTS
A Michaud Pourchet, cloulier, la somme de viiKit sols
pour un cent de clouts employés ii clouer le dit plMinb.
Gages des Gardes Portes
A Jean Fardeau dix sols pour ses gages d'avoir gardé cette
année présente, les clefs de la Porte Chartraine et avoir
fermé et ouvert la d. porte.
A Gilles Feron dix sols pour id. à la porte d'Orisson.
A Jean Le Mercier dix sols pour id. à la porte Parisis.
Prédicateurs
Au Cordelier (pii a prèclii- iiendaiil le carême, qiudro
livi'i's.
Au Cordelier (jui a préclK' pendant l'aN enl, li-<iis livres.
Gages du Receveur
A Pierre de S^ Aull)iu, receveur, pour ses gages accoutumés
qui sont de six ilruin-s jjoiir li\ rr de la recette.
Gages du Vérifieur
A Pierre Chaillou, vei-ilieui', pour ses gages nccoutumés
. — 370 —
qui sont de semblable somme de six deniers pour Jivrr de la
recette.
Prix du Vin
A Léonard Jabin, grcnctier, la somme de ilix livres, dix
sols pour trois poinçons de vin merveille qui ont été donnés
à M. Delebret, capitaine du dit Dreux, à sa bienvenue au d.
lieu, quand il est venu prendre possession de sa d. qualité
après qu'il l'a retirée des mains de M. d'Argenton.
Comptes de M. Guillaume Percheron
Dans les comptes de M. Guillaume Percheron, des années
1501, 1502, 1503:
La recette a été faite des droits sur le sel et de la ferme
du Choquet.
La dépense a été faite pour les réparations des fortifica-
tions, murailles, remparts, ponts, portes, à netoyer les fossés
du boulevart de la Porte Chartraine, à la couverture de
l'ancien Hôtel do Avilie et fournitures de pierres pour les
ponts. -^
De plusieurs articles de ces comptes a été extrait ce qui
suit :
Maçons et Charpentiers
Payé à Antoine Delorme et Jacquet Allain, maçon et
charpentier jurés de la Ville, cinq sols tournois pour leur
salaire, peines et vacations, avoir vacqué, monté et visité la
maison de la d. Mlle et geôle et en faire par eux le rapport.
Plombier
A Thibaut Talon, plombeur, demeurant à Evreux, douze
livres tournois pour ses peines et salaires et vacations pour
être venu dud. Evreux, lui deuxième pour besogner à la
couverture de plomb de la maison et beflroi de la d. Ville de
la quelle il étoit tombé une partie considérable, etc.
CORDIER
A Jean Robin, cordier, cinq sols pour avoir baillé au dit
plombeur douze livres de cordages pour s'échafauder.
— .i/ / —
Etamier
A Jean Bàdoulleau, viiif/t-six sols, un denier oliole pour
neuf livres et demie d'étain. baillées au ploinbeur pour faire
la soudure pour la d. couverture de idomb.
Comptes de M. Renault Le Charpentier
Dans les comptes de M. Renault Le Charpentier, des
années 1504, 1505 et 1500 :
La recette a été faite des droits sur le sel et de la ferme
de Choquet.
La dépense a été pour les réparations aux ponts, portes et
autres endroits de la Ville, et à faire creuser, i)endant les
trois années, la rivière neuve qui va de Dreux àFernnncourt
pour la rendre navigable, et pour la fourniture des bois pour
la porte à bateau.
Rivierre de Fermincoirt
La dite rivierre a été commencée en 1504 et portoit bateau
en 1500, Les ouvriers (lui travailloiont à la creuser gagnoient
r///'// i/ruici-s jini- Jour et les maçons deux sols.
Dans les premiers comptes, on lit :
Payé il Jean Deiilly et autres manouvriers la somme d(^
renl deux sols, six deniers lournins pour soixante et une
journées et demie de manœuvres ii vini/l ileniers tournois
par jour, les quelles journées ont été employées au cours de
la rivière nouvellement faite etédillécMJepuis la Ville jusqu'à
Fermincourt, pour faire passer, dessendre et avaller les
bateaux <*t marcliandises par icelui coui's. iimir le l»ien
liillilie (le la Mlle et aiiisy (pi'ij a été ordoillK'.
Dans les comptes de la rei-iiie de ('inxinet est aussy payé à
Jean Detilly et autres manouvriers, la somnu> de //" liv. /Os.
tournois jiour huit vingt-huit journ(''es et douze de maiieuvres.
employ(''(îs et faites au coiu-s de la rivière navigalile de
nagueres conmiencée à faire depuis PY'rmiuc(»urt jusipfaux
fossés de la Ville de Dreux.
T. XII, M. 25
— 37 cS —
Premier bateau qui a monté la rivière en 1500
A Pierre Plomb, bourgeois diid. Dreux, la somme de six
livres tournois pour la dépense laite en sa maison des bate-
liers de Silvestre Duchesne et autres qui ont conduit et amené
le premier bateau au quai de rivière navigable de lad. ville.
A Sénéchal, de Fermincourt, 3 s. 0 d. pour avoir baillé du
vin aux bateliers conduisant le premier bateau venu en cette
ville.
Les deux articles sont du compte de 1500. La Ville fournis-
soit aux ouvriers tous les outils nécessaires.
Sable, Chaux, Pierres
La chaux coutoit 20 s. le muid.
Le banneau de pierre 2 s.
Le banneau de sable 1 s.
Nota. — Les comptes depuis 1500 jusqu'en 1512 n'existent
pas.
Comptes de M. Badouleau--
Dans les comj^tes de M. Badouleau des années 1512 et 1513
finissant au dernier septembre :
Recette des droits du sel et de la ferme du Choquet.
Dépenses : — Achat de pavé pour paver le faubourg S*^-
Martin, la rue de la Porte-Neuve, façon des fondements de
l'Hôtel de la Ville actuel, dont les eaux ont été difficiles à
épuiser à cause des sources, achat et taille des pierres pour
le construire.
Nouvel Hôtel de Ville
Pierre Caron, M" maçon', a commencé à travailler aux lun-
demens de l'Hôtel de A'ille en 1512, il est mort en 1510. Jean
Desmoulins et Clément Métézeau-,M'''' maçons, ont repris les
ouvrages en 1510 et y ont travaillé jusqu'à la fin.
< L(î vrai nom de cet architocto paraît être Picnv Cliéron.
I.a prciiiiiuc iiicrre de rihMcl de Ville lut posée en 1512, par Pierre de
Ilauteterre, sieur de la IMeigiie, au temps d'Alain d'Aliirel, comte de Dreux.
- Ce (Clément .Métézeau, (|ni est le premier connu de celte illustre famille
d'arcliitecles, na(|uit vers la fin du W siècle cl niourul v\\ ITj^G.
■fils du précédent, né à Dreux le
C'est lui qui éleva le transept et
u arcnuecies, na(]uu vers la nu ini xv siecie ci monrni <
Le plus célèbre est un autre Clément, petit-fils du précédent, né à Dreux le
0 février 1581 et mort à Paris vers 1650. — C'est lui (
— 37Î) —
1510. — Marché de la Construction du nou\tl Hôtel de
Ville
Le dit Dèsmoiiliiis a fait un marché avec les Maire, pairs
et habitaiis ûv la Villo de Dreux, en date du 21 avril 15H').
après Pasques. dutiuel la g:rosse est dans la."V" liasse, coltéelO,
de parachi'ver le d. Hùtel de Ville au niôvcn que tous les
matériaux et outils lui seroient fournis par la \ ille et qu'il
lui si'roit payé ô sols jiar Jniii\ •> s. 0 </. à ses inaitrcs maçons
et / s', f! il. il ses maneuvres.
Piax DES Matérl\lx et des journées des Ouvriers
La i>ierre de taille a été achetée à Vernon ' et apportée })ar
eau jusqu'au quai de S'-Jcan à Dreux, ap[)elé Je gruud Jiwdin
et en cas de manque d'eau, dans la rivière, il est dit, par le
marché, qu'on en laisseroit un tiers proche la tour de Fermin-
court, sans diminution de prix. On achetoit aussi la pierre de
grèsàS'-Martin de Nigèle-,ellc servoittant à la construction
de l'Hotol de Ville qu'il celle des trois portes et des ponts; on
y achetoit aussi le pavé pour paver la Ville et les faubourgs,
il coutoit 7 //» . /'■ iiiillirr, le banncau de sablon un sol, le
muid de chaux :^<f s., leniillierde thuilesi-'O .s., le banneau de
petites pierres I(J deniers.
Gages des Gardes Portes
Les trois gardes qui ouvroient et fermoient les 3 portes
Chartraine. d'Orison et Parisis •' et qui gardoient les clefs
avoient chacun L^O s. pur nn.
Il' poiliiil sud (le I T'i^li-si; (le DriMix ; — la Vdi'itc de ce Iraii^ipt, Irgi'Ti' l't siir-
baissre, passe i)Oiir une œuvre (fart remarqiiahle et un vérilahlc tour de force
(l'anliifcitiiri'. C"<'St aussi sur ses dessins (pie le inagnifiipii' liidl'el (ruri^m-s de
celle t'^lisi' lui s(ul|)ti', eu 1(11 i, par un sieui- I'oiImt. Mais c'ot la ( oiislruclinn
de la (auieuse (li.i,nie de La Uoehelle en |li:i7-l():2S. mii coutriliiia le jdus à
étalilir sa réputation. Il fut alors nommé architecte du nui, eut uni' peii>iou de
1,NIHI livres et .--iiu lniieineiit au Louvre
' Wnidii, clief-lieu de caiihin, arnuidissemenl d'Evreux (Rure).
* Sailli- .Martin-de-Nij,'elles, commune du canton de Nogeiil-le-Roi. à "tl k.
de Dreux.
•• Cette porte, (nrti'mi'iil rnddiiniiaicée IdCs du sièi^e de Dreux, par lii'iin l\.
en irjl(l{, ainsi d'ailleurs (|iic lis Im iilicalious ipii ravoisiiiaienl, ne lui point réparée.
F.ii 17:57 riiili'iidaiit lie Dniix en autorisa la démolition <'i It-s matériaux
lurent emiiloyés à la réparation des pouls de la ville.
— 380 —
Horloge
L'entretien de l'horloge coutoit quarante sols.
Présents de Ville
A été fait présent au Général de Normandie, qui passoit
par Dreux, deux cailles, deux bécaces et quatre pots de vin
pour 77 sols.
Au capitaine de Bonneval, venu armé avec sa compagnie,
12 pots de vin, 0 chapons, trois cannes et six bécaces. Le
tout a conté cin</iiante sols huit deniers, plus six livres payées
pour la dépense faite par les commissaires du Roi qui ont
logé lad. compagnie dans la Ville.
Sable
Payé à Pierre Dupuis, voiturier, la somme de cent onze
sols tournois pour livraison par lui faite de 111 banneaux de
sablon à 12 deniers l'un, emploj^és tant au ^pavement de la
rue Porte Neuve qu'à l'édifice de la maison de* Ville.
Chaux
Au sieur Belot, chauchaire, la somme de huit livres quinze
sols tournois pour avoir baillé, vendu et livré huit muids
neuf septiers de chaux employés tant aux fondements du
nouvel édifice de la Ville qu'ailleurs.
Fer
A Jean Deshayes, maréchal, pour deux marteaux de fer
pesant 29 liv., dix-hnil sols Ion mois, pour deux coints de fer
pesant 34 liv., vinyt-un sols quatre deniers et i:)Our le ressu-
rage des d. trois coints de fer, par trois fois et pour la façon
de deux autres coins, six sols tournois avec neuf pointes de
pic à J 4 deniers chaque pointe, dix sols six deniers.
BOISSELLERIE
A Jean Moreau, boisselier, pour trois selles neuves et pour
l'enfonçure de trois autres, trois sols tournois, lesquelles
— HHl —
choses ont été employées tant à creuser les terres des fonde-
ments de la maison de Ville que pour iceux maçonner, sur-
monter et épuiser les eaux qui sortoient desd. londemens.
»
Pierres
A Matry 'Servais et Jean Guillo la somme de fri'iilt'-six
sols lournois, savoir au d. Gervais ilix sols six ilenifrs, pour
sept bauneaux de pierres à maçonner et au d. 'luille »//;///-
six sols pour 20 banneaux de semblables pierres pour
t'Uiployer ii l'aire les londemens de l'édilice qu'on fait de
nouveau à la maison de la d. Ville.
Compte de M. Thibault
Dans le conijiie de M. Tiiibauli, 1" de raunéeii la Trinité.
1510 à 1517. qui est pour les patrimoniaux.
Il a été employé en recette les sommes cy-après :
Pour la ferme du pontage et pavage de la ville de Dreux,
de deux années,
l'une de Ki liv. parisis
l'autre de L^O — —
Une année de loyer de la tourelle de
la porte Chartrainc » JOs.
id. de la porte d'Orisson » 6 s.
id. de la porte Parisis » Os.
id. de celle S' Thibault » is.
id. de la porte Haton qui est celle du
Tourniquet' » i'.v.
La maison des tourelles de la \ille donnée au conducteur
de rhni-lop.-e.
La tourelle (hi Boullevard de la porte dUrisson «-si n'i.'iiii.-
pour déposer les pavés de la Ville.
Gages des Maire, Proclreir sindic. Receveur, etc.
A été pay('' ;i liouoraljle hoiiinie très sage. ^L l'ii'iT'' '!'•
' (Test |tai' ccllf |iorli', ijiii M' Iruiivail à rcxln'iiiité arturllc de la riif ilii
Touniiqin't, que l'on comiiMiiii(|iiait de riiiléricur de la ville à la |iremièie
l'iicciiiir du cli.itfaii ili' Pieux, au nioycu d'iiu du luin i ouvert nu galerie sou-
If'rrauie, convtTli aujourd liui l'W caves.
— 382 —
Oravelle, Maire de la Ville de Dreux, pour ses gages d'avoir
exercé l'office de Maire, 16 liv.
A honorable homme très sage, M. Jacques Le Charpentier,
pour avoir exercé l'office de procureur, pour ses gages, h' liv.
Au Receveur pour ses gages, 4 liv.
A chacun des quarentes * par le conimandenient de M. le
Maire, baillé au prétoire la somme de dix sols tournois pour
leur dépense du mardy d'après la Trinité, la quelle somme
leur auroit été ordonnée payée par le dit receveur, pour
éviter à la grande dépense, qu'on vouloit faire le d. jour au
diné et soupe des d. quarente qui se faisoient aux dépens de
la Ville.
A quatre hommes qui ont porté les quatre grosses torches
de la Ville le jour et fette du S"- Sacrement, S s. (S d.
A Etienne Branslard huit livres pnrisis pour avoir des
médicamens à subvenir aux malades de la peste.
A Jean Chastignier pour avoir de la graisse pour oindre
les paillets de la cloche du Beffroi et aussi pour avoir des
chandelles la nuit de Noël, vingt-deux deniei's.
REGISTRE, COTTE DEUXIEME
Comptes de M. Robert le Meunier
Dans les comptes de M. Robert Le Meunier des années
1514, 1515, 1516, 1517, 1518, 1519,
La recette a été faite des droits de sel et de la ferme de
Choquet.
La dépense a été faite pour les réparations ordinaires et le
surplus pour la construction do l'Hôtel de Ville.
' Li'S (Jiiaïaiilc roiii|ii»saient le cor|).s de ville. Elus, chaque année, le mardi
(le la Penlecôle par lOU ou 120 liahitanls, choisis à la re(|uèle du Procureur
syndic, en sorte qu'il y eu ait de chaque rue ou faubouri,% ils prêtaient le ser-
ment de (' lidèlcmenl servir le Roy et la Ville» et élisaient six d'entre eux, parmi
lesquels le Maire était choisi.
Après les autres fornialités de l'élection du Maire, qui avait toujours lieu le
jour de la Trinité, le Gouverni'ur avec les Quarante allaient chercher le nouveau
Maire, pour le conduire à la graiid'messe pai'oissiale. — La messe dite, ils le
reconduisaient à son hôtel où il leur doimait à dîner. — Les Quarante allaient
ensuite par toutes les maisons faire la quête pour les pauvres auxquels la ville
distribuait aussi ce même jour la valeur d'un muid de blé en petits pains.
■ ><Vj
Construction de la Maison de Ville
Dans un (ics ariiclcs du l"'' (■(tniptc de ir>ir> de la recolle do
la Ternie tJ4t*Clio4Uel. il est dil : les d. jouiMiées eniijlijyc'cs
tanl à conduire l'œuvre quà tailler la jiierre du portail de la
Maison de \ illc et dans un autre article, j)ayé ii Antoine
Amlif' et Bernard les Cornets /^' </i'iiiri-s pour leur salaire
d'avoir vac(|U(' chacun quatre jours et demi, employés tant à
monter le grand Enirin sur la maison d'icelle Ville qu'à lever
et dresser la platti' forme des ceintres d(> la premier*' voûte
de la d. maison.
Payé à Jean Decour.selle et Colas Fourcaull, maçons, la
somme de fj li\ . 1:1 s. tournois pour avoir fait de leur métier
les traverses de deux croisées de bas de la maison d'icelle
Ville, c'est ii savoir la croisée de devant la grande halle et
l'autre du coté de la maison ou pend pour enseigne h' lU)vr]i'v^ .
A Jean Co.slin, menuisier, la somme de Sî) s. pour avoir
baillé et livré sept toises de carreau employées à échafauder
à l'entour des tourelles de la maison de Ville.
A Michaud Delisle, serrurier, pour son salaire d'avoir ferré
et assis partie des croisées de la première chambre de la
maison de la d. \ille.
Pavage de la rue Saint-Pierre, etc.
On voit dans les autres comptes dud. sieur Robert Le
Meunier que la dépense a toujours été faite pour le payement
des ouvriers qui travailloient ;i l'ilotcl de ^'il!e et pour les
matériaux nécessaires, ainsy que pour le i)avage des rues
S'-Pierre. la Porte-Neuve, le faubourg S'-Martiu. la répara-
tion des murailles, des ponts, et des portes de la Ville.
Dans le compte premier rendu par les tuteur et curaieui-
des enfans de Matliurin Mussard. de 15'J0 et 1521, la recette
a ele faite de la fcniic de Clioipict. (pii ('toit alTermée en
(•etl(-' année •■'^'^W/'i. /////•/s/s qui \aliMit JOO liv. Ioiii-ihu's. L;i
dépense a été en paili<' pour la i'(parati(Ui «les oulils drs
' Sur [■ aiiricniif rin- des Changes idf In (àatidi' nie ;"i la placf Méli'/ean à l'aiiglr
lie lame ilr l.i l'orh' (iliaitiainc iloiil il ne reste plu- aiiiniini'liiii que les inaisiiii> de
droite, (ejlev de ^Miielie avant été dé|iiidies en I S.'iK |iiiiir ra^raiidi.s>eiiieiit de la
jilaee Métt'/.eau et le déga;;eiTieiil de l'Hôtel de \dle.
— 38 1 —
ouvriers, pour les poutres, les solives, les cordages pour les
monter et pour échafauderet le surplus pour autres ouvrages
et réparations dans la Ville.
Est extrait dud. compte ce qui suit :
Croisée de la Maison de Ville
Payé à Pierre Bordier, vitrier, la somme de 8 liv. tournois
pour avoir par lui livré six panneaux de verre pour mettre à
la croisée de la maison de Ville, dont il y a à un les armes
du Roi, notre sire, avec bordure à Tentour, à un autre les
armes de la Reine, à un autre les armes de Monseigneur et
les armes de la Ville.
Pavés, 8 sols le 100.
Payé à Jean Hervé, paveur, la somme de huit livres pour
avoir par lui vendu et livré au lieu de la carrière du Boulay-
Thiéry ' deux charretés de pavés à raison de Iiiiit sols le 100,
employés à paver la rue S' Martin, faubourg'^dudit Dreux.
Cloche de l'Horloge
A Mathieu Gendron, la somme de 100 liv. pour la façon de
la cloche de l'horloge.
A Pierre Mussard, pour avoir baillé cinq pots de vin à ceux
qui ont aidé à descendre lad. cloche Os. 8 cl.
Plus pour un pain 16
Plus pour le souper de ceux qui ont nus la
cloche en place 15 s.
Nota. — Est observé que cette cloche n'est pas celle qui
est aujourd'hui, mais bien colle qui servoit dans l'ancien
Hôtel de Ville, car l'Hôtel de Ville actuel n'était pas achevé.
On le verra par la suite dans le compte troisième do Pierre
Le Meunier, année 1531.
Comptes (le M. Guillmimo HrochRud.
Dans les comptes de M. Guillaume Brochaiid, des années
1521 et 1522.
' BouUay-Thicrry, commune du canton de Nogenl-le-Roi, à 13 k. de Dreux.
— 385 —
La recette a été faite des droits du sel et de la ferme du
Choquot.
La dépense a été pour avoir payé les ouvriers qui ont tra-
vaillé à la njaison do Villf. avoir payé les pierres de ^rès et
le pavé lichette à S'-.Marlin de Nliridc. cniployé à paver le
faubour}^^ S'-Martin, à réparer les ponts et les portes et autres
endroits de la Ville, etc.
REGISTKE COTTE :*.
Comptes (le M. Pirrrr ih' Ilinitloro, (1rs tiniié(\s lô^o cl /Ô^L
La recette : droits du sel, ferme Choquot.
L'HOTEL DE \1LLE AI" DKrXlÉ.ME ÉTAUE. — KÉTAULISSEMENT Itl"
Presbytère et de i/École
Los deniers ont été employés, une partie à IHôtol de Ville
qui pouvait être au moins au deuxiènu^ éta<j;'o et l'autre partie
à payer les pierres de grès et autres matériaux, le pavé pour
paver la ville et les faubourgs, à rétablir la maison du presby-
tère et celle ou tenait l'école et à payer les croisées de la
maison de Ville.
A été extrait des comptes ce qui suit :
Charpentiers
Payé il Pierre Alain ot son sorvitoiir. charpontiors, pour
trois journéos par eux employées à mettre ii point le pres-
bitf'ro on vont de pri'sont los cnfans de cctlc ville ii l'c'crdo;
i/iiiii/i' suis.
Serrurier
A Michaux do Lisl(\ serrurier, pour ;i\(iir par lui b.iilh'*
scj)/ yiiii/l dix livi'rs rf i/niiir l'oi" ouvre'' eu crampons pdur
entretenir los pierres ilcs saillies des Tourelles de la maison
de \ille, relit liiKf suis tuuriwis.
386
Voitures par eau
A Jean Delahaye et Pierre de la Croix, voituriers, cin-
quante-sept livres, dix-sept sols tournois pour la voiture par
eau par eux faite depuis Vernon jusqu'en cette Ville, de
trrntc-neuf tonneaux huit pieds et 20 marches de pierre de
Vernon.
REGISTRE COTTE 4
Comptes de M. Pierre Rotrou, 1525, 1526, 1527.
La recette : droits du sel, ferme Choquet.
Les deniers ont été employés une partie à la construction
de l'Hôtel de Ville et l'autre aux réparations des murailles,
portes, fortifications, etc.
Comptes de M. Thibaut Birpt, 1525, 1526
-\
La recette provenant des amandes, revenus patrimoniaux,
ferme du pontage et pavage, de ceux de chenetelage de
quelques parties de rentes.
Les deniers ont été employés en présents faiis aux Sei-
gneurs qui faisaient leur entrée à Dreux et autres affaires ne
concernant point les ouvrages et réparations.
De ces comptes a été extrait ce qui suit :
Chasse du Maire
Payé à Philippe Caperon la somme de douzr livres, dix
sols, 6 deniers tournois pour les frais de la chasse du maire,
faite en l'an de ce présent compte, suivant le mandement de
M. le Maire, du 20 mars 1525.
Roi DE l'Arbalètre
Au Roi des Arbalétriers et compagnons de l'arbalêtre de
cette Ville de Dreux la somme de soixante sois tournois.
— 387 —
Comptes (le M. Pierre Le Meunirr l ■'>:>!), Iô:j(j, I5.']l
»
La recette : droits sur le sel, renne Choquel.
Les deniers ont été employés à achellcr des pierres pour la
maison de Ville, du pavé pour paver le faubourg S'-.Ioan, le
bois de charpente pour faire le comble de la lanterne,
achetter l'ardoise, la latte, pour couvrii- l.uliie maison de
Ville et payer les ouvriers et pour travailler aux cloches de
la Ville, etc.
Du compte de lo-W a été extrait : Payé à Jean Guérin,
charpentier, dO sols tournois qui lui a été ordonnée par les
Maire et pairs de la Ville pour être venu de Nonancourt pour
voir et visiter la besogne qu'ils entendoient être faite sur le
Bed'roi de ladite Ville et pour en marchander avec eux le
portrait qu'il leur a laissé.
Lanterne de l'Hôtel de Ville
AThomasBuchin.maitre charpentier des œuvres à Chartres
et Malhuriii de la Borde, maitre maçon audit lieu, la somme
de sr)i.\;i/ite-(fiiiiixe sols tournois, qui leur a été ordonnée par
les Maire et Pairs de cette ville de Dreux, pour être venus
voir et visiter l'édifice et lanterne qiu' entendoient faire les
dits pairs sur la maison de Ville, aussi pour voir et visiter un
pan de gresserie nouvellement construit à côté du pignon de
l'église S'-Pierre dudil Dreux. i)<)ur convenir (hi marché
(ludit édilice et aviser comment on pourra réparer le dit
pan.
A l'ierre Allaiii, cliaritenlier, dix sols tournois pour avoir
vaccpié et rapporter par ('crit avec deux pourtrait de la
charpeiiterie de la maison ilr ladite ^■ille.
l'KlN m l'AVAOK
A David Petit el a son (diiipa-iion. pav .m, la somme rie
six livrrs, (/iinirr suis poiii' a\oii- pa\é' IJ:^ lois's dr |'avi- au
l'aul)ourg S'-Jean, an prix de ■"/ s. /' '/. /un- tnisr.
— 388 —
Présent au Roi de Navarre '
A honorable homme Jean Moinet, la somme de dix livres
tournois pour un poinçon de vin, lequel a été présenté et
baillé au Roi de Navarre passant par ladite Ville en allant à
Alençon.
Présent a la Reine de Navarre
A Pierre Le Meunier, la somme de seize sols tournois pour
le poisson présenté à la Reine de Navarre passant par ladite
Ville.
DÉPENSES DES ARCHERS DE LA GaRDE DU ROI
A la veuve Guillaume Brochand, dame du Plat d'Etain,
trente-cinq sols qui ont été dépensés en sa maison et hôtel-
lerie par les archers de la Garde du Roi, notre sire, venus
en cette Ville, pour vins, foin et avoine pour la provision
dudit Sire.
Malades de la Peste en 153Q
A Antoine Braulard, chirurgien, la somme de quarente-
deux livres pour six mois à subvenir, soigner, médicamenter
et panser les malades de peste régnant l'année de ce compte
en la Ville de Dreux.
A Allain Vion et à Lison, à chacun quarente sols par mois
pour leur salaire au gouvernement des malades de peste.
30 sols pour le loyer de la maison et jardin, près la Porte-
Neuve 2, pour y mettre et loger Etienne Braulard, chirurgien,
pour visiter les malades de la peste.
A Catherine Bassarde, la somme do cinii sols pour coucher,
héberger et fournir de linge à deux petits enfans orphelins,
' Hciiii 11, (rAil)i('t, Roi (le Navarre, Prince dt: Héai'ii, Comte de Foix,
acquil les duchés d'Alciiçoii cl de Hcrri et les eoiiilés d'Aniiagiiac et de Rodez.
Né en avril 1503, il épousa, le [\ jauvier 15;2(), Marguerite de Valois, sœur
de François I»"", dont il eut Jeanne dAlhret, la mère de Henri IV, et mourut
à Pau, le 25 mai 1555.
2 Cette me s'appela primitivement rue Neuve, ensuite vue Povle-Neure, à
cause de l'une des portes de la Ville qui se Irouvait à son extrémité sur la Biaise.
Par déiiliératiiin du 2(1 janvier 1X;î2, le Conseil ninnieipal décida (|u'elle |ii'en-
drait désormais le nom 'le Senannont, eu mémoire de la lamille de SéuarmonI,
originaire de Dreux, qui a donné à la France deux célèbres généraux.
— 389 —
mis sUr le pavé, pour cause de la mort de leur mère, morte
de la peste.
A discrète personne. M. Jean Manger, prêtre, procureur et
proviseur de,rHi»lel-Dicu la somme de ilix livres tournois
pour aider ù tiourir les pauvres malades de peste étant de
présent en la maison Dieu des Prés.
Charpente du Beffroi et de la Lanterne
Payé il Tiiomas Le Brécheu dix sols pour être venu de la
Ville de Chartres en celle de Dreux afin de voir et visiter le
bois (lu lU-lli-di étant en place pour le besogner.
A .lean Malles, la somme de i/unlrc livres, t/iiiii/.c st)ls en
rabatant sur la somme de t/iiiirnnlr-niif livres à lui promise
pour une pièce de bois par lui vendue poiii- la Ville.
A Tliomas Le Brécheu, maitre des cliarpciitiers de la Ville
de Chartres, la somme de deux cenl viii(jl-i-in({ livres tour-
nois, il laquelle somme il auroit composé et fait marché pour
l'ouvrage et charpenterie. tant du Bellroi et Hôtel de ladite
\'illc (le Dieux ({ue pmu- faire la lanterne sur icelui.
A Pierre Gallois, charpentier, la somme de viii/jl livres
tournois pour avoir fourni le bois de la lanterne du Belfroi,
aussi les coyaux qui n'étoient pas à son premier marché,
ensemble huil iii('C(>s i\e l)ois ])niir faire le lîcll'rni dii lirniiloi'a
la grosse cloche.
A Giles Rogeard ilou/.r suis pour avoir aiiiciK' parcliarroy,
depuis la foret jusqu'à cette ville, un inillicr deux bottes de
lattes.
Lattes a ardoises
A Guillaiiiiic Ualcl la soiiiiin' de ■'>/ sols tournois \)onv n\()\V
baillé trois niillicis Iniiiaiis de laiics ;i ardoise poiii' la \ille.
Ardoises pour le Beffroi
A Malry, l'ardoisiei'. ■')() sols tournois pour avoir vacqué ;i
aller ;i Koiien achelter l'ardoise pour le Bolfroi et l'avoir mis
à point.
A Thomas Delaitre, pour sei/.r volages :i avoji- amené la
dite ardoise depuis le (juai jus(|u'au dil Helfroi.
— 390 —
Clodts a lattes et a ardoises
A Jean Mary vingt-dciix sols, six deniers pour quatre milliers
et demi de clouts à lattes et à ardoises à cinq sols le millier.
Cordages
A Guillaume Thiennot, cordier, onze sols, six deniers pour
neuf livres de cordages pour servir aux ardoisierspour écha-
fauder et pour monter une partie du bois du Beffroi.
A Michaux Delisle, six livres, deux sols tournois pour avoir
baillé cent deux livres de fer en œuvre pour pendre et mettre
la cloche de l'horloge en la maison de Ville et une bande de
fer à la lucarne.
Plomb pour la Lanterne
A Michaux Rancier la somme deiniit livres, douze sols pour
avoir baillé et livré cent soixante-douze livres de plomb
neuf en tables pour employer et plomber la lanterne du Bef-
froi, au prix de douze deniers tournois la livré*.
Voitures de pierres de Saint-Leu et ardoises '
A Gillet Rogeard, la somme de soixante-onze livres, quinze
sols pour i^5 tonneaux de pierres S'-Leu et pour avoir amené
trente et un milliers d'ardoises de Rouen jusqu'au quai de la
Ville vin/jl livres, dix sols tournois.
Couverture en ardoises du Beffroi
A Mahy Auger, maître couvreur d'ardoise, la somme de
soixante-cincf livres tournois pour avoir par lui couvert et mis
en état le Beff'roi et la chambre de la Ville de Dreux, de son
métier d'ardoisier.
REGISTRE, COTTE 5.
Compte de M. Thibaut Chaillou des années 1532, 16S3, 1534,
1535; 1530, 1537
La Recette. — Droits de sel, forme de Clioquet.
Les deniers ont été emploj^és à la plus grande partie du
' Saint-Leu d'Esséront, canton ne Creil, arrondissement de Senlis (Oise).
— 391 —
plomb, au moins trois milliers à couvrir la lanterne et les
lucarnes de la maison de Ville, à payer les ouvriers, le
clou à ardoises, les bois de charpente pour les planchers,
les bois de menuiserie pour les croisées, les ouvriers
qui ont placé l'horloge, à la dépense des écluses qui ont été
faites pour retenir les eaux, à récurer et nétoyer les fossés,
paver le faubourg S'-Denis, à achetter des arquebuses et de
la poudre à canon et autres nécessités, etc., etc.
Plomb
Du compte de la première année 1532 est extrait :
Payé à Michel Rancier quatre livres, six sols pour avoir
fourni 80 livres de plomb pour aider à couvrir partie des
lucarnes de la cour carrée.
Maçons
A Robert Marchand vinrji sols pour huit journées de beso-
gne qu'il a baillées à aider à faire la cheminée de ladite tour.
Ardoises
A Gillet Rogeard, marchand à Dreux, la somme de neuf
viiKjt-six livres tournois pour 31 milliers d'ardoise au prix de
<) liv. chin/ue millier qu'il a fournies et baillées pour être
employées à couvrir ladite tour carrée.
A Matry Auger, maître couvreur d'ardoises et autres per-
sonnes, la somme de vingt-neul' livres, dix-neul' sols tournois
de convention faite avec lui pour monter, rasseoire la fer-
raille et banvole qui ont été mises et rassises sur ladite lan-
terne.
Fer
A Michaux Delisle, pour 200 de fer mis en œuvre et
employés esdites Banvole dix livres, seize sols, huit deniers.
Menuiserie
A Jean Papin, menuisier, cent sols pour avoir fait le lam-
brissage et plancher et mis une huye au coupeau de ladite
tour.
— 392 —
Ban VOLE
A Jean Coiidray, <iuarenle-c,iii(j sols pour la façon de la
bannière et banvole mise sur la lanterne de ladite tour.
Peinture de la Banvole
A Jean Michel, peintre, quatre livres dix sols pour la façon
et peinture de deux écussons d'armoiries. Tune de l'armoirie
de TEcu et Tautre de l'armoirie de la Ville.
Cloche du Tocsin
A Michaux de Lisle, serrurier, neuf livres tournois pour
vingt-neuf livres de fer en œuvre pour ferrer et enhuner la
cloche du tocsin séant en ladite tour carrée.
A Jacques Lefèvre, tailleur dïmages, douze livres tournois
pour avoir par lui taillé et fait de son métier trois effigies
des trois vertus lesquelles ont été mises et apposées sur la
porte principale entrée de ladite tour carrée.
A Jean Guérin, marchand de bois, .s7A' lîyres quatre sols
tournois pour avoir par lui fourni et livré deuî? grosses pièces
de bois oii est suspendu le tocsin.
A Gilles Gallois Iniit livres tournois pour avoir par lui des-
sendu le tocsin, icelui rehuné et rependu et fourni gens pour
le faire.
Compte de la deuxième année 1533
Plomb pour les lucarnes
Payé à Jean la somme de 23 liv., 3 sols, 0 den. pour
avoir l)aill(> et livré 523 liv. de plomb en table pour faire la
terasse dos lucarnes de ladite tour. Il a été fourni encore une
autre fois 100 liv. de plomb et une autre fois 204 liv. 1/2.
Bois
A Matry Poignant la somme de huit livres, ipiinze sols pour
25 solleaux à mettre aux planches de la tour carrée, plus
quatre livres, dix-huit sols pour quatorze solleaux, plus quatre
livres, quatre sols pour douze solleaux.
— 308 —
Menuiserie
A Papin. iiienuisier, viin/l sols pour avoir moulé huit sol-
k'iiux pour illettré aux plauchos, plus viiKjt-scjjt sols, six
deniers pour avoir moulé onxo sollonux.
HOKLOGE
A Blaïuliel Muraiid , liorloycM', liciiieuraul à Paris, la
somme de seize livres pour avoir réparé et mis en état
l'horlog-e.
Bois
A Guillaume Ménestrel (/naraiile sols, six (Jonicrs pour
(fii;itrc luises rf demie de bois qu'il a baillées pour éclialauder
l'horloge.
Cadran iie i/IIorloge
A Louis Lesourd, étaniier, vingt -se}il sols, six deniers pour
avoir mis en état le cadran de l'horloge,
A Clément Métezeau, maitre maçon, sept sols, six deniers
pour une journée et demie omi»loyée ii percer et faire un
trou pour passer les contrepoids de la dite horloge en la
voûte de ladite tour carrée.
Cadran
A Guillaume Gueronet, peintre à Dreux, cent dix sols pour
avoir peint et étoffé le cadran de ladite horloge.
A Blancliet Morand, horloger, sept livers poiir.ivoir dressé
et rétabli au cadran les mouvcmens de la hune étant audit
cadran et autres choses \ nécessaires.
Compte de la troisième année lôSi
Charpentier
Payé' il Pierre All.iin. ni;iiti<' rli.ii-jienticr ;i I)i'(M1X. la
soiiimc de iiriil' \ lin/l ll\ i-rs luiifiiiiis. a lui duc |iarfiiiiveiilii>ii
et accord l'ait avec lui jiar les Maiic ci [lairs de la \ illc. jMuir
avoir lait la charpcntcric d«'s niaisiais cl cdun crliires «les
T. XII, M. 'iii
— :V.)4 —
tours et tourelles do la porte Parisis et pour avoir fourni Umi
le bois de ladite charpenterie, icelle levée, dressée et ren-
due prête de son métier à son propre coût et dépenses.
Ardoises
A Gillet Rogeard la somme do ceni naïf livn-s, t/iinlre sols
tournois pour avoir par lui l'ourni, rendu, baillé et livré sur
le quai dudit Dreux, dix-sept milliers six cents d'ardoises à
six livres, cinq sols le millier qui ont été employées à couvrir
ladite charpenterie des tours et tourelles.
Plomb
A Thibaut Lecourt, soixantc-si'j/t sols pour 84 liv. de plomb
mis sur la lucarne de la porte Parisis.
VOUTE DE LA PORTE PARISIS
A Pierre Le Guai et Denis Frichct, maçons à Dreux, la
somme de six livres, six sols à rabattre sur les six livres
tournois, pour le marché et convention faite à eux de faire
de leur état la voûte de la porte Parisis.
Couverture de ladite Porte Parisis
A Guillaume Auger, maître couvreur d'ardoises, la somme
de qu;irente-(I('iix livrrs, cinij sols à lui due par convention et
accord fait avec lui pour avoir couvert d'ardoise la porte et
tourelle de la porte Parisis et i)()ur la plomberie faite aux
lucarnes.
A Jean Martin et autres à chacun cinn sols pour avoir
vacqué deux journées ensemblement à ôter et vuider les
pierres étant dedans le quai ; lesquelles pierres ont été
employées à faire édifier le pont des caves.
(loni})le ffualrirnii' année 1535
Pavés
Payé à Jean Ives et Jean Rousseau, demeurants à S^-Mar
tin-do-Nigelle, la somme de '.l'i liv. 0 sols /ournnis\)om' avoir
— :105 —
fourni 11,350 pavé.s ixS ]i\. h- mille et pour 2(i uiarclies de
[tierres on {jrrès qui ont été employées à faire la montée de la
porte Parisis.
• Pavage
A Noël Vahni. paveui", la somme «le sitixuiiU'-dix suis pour
2() toi.ses de pavés qu'il a faites au faubourg S'-Jean à •'/ sols,
6 deniers par toise.
Compte cinquième année lôSO
Curage des Fossés
Payé à Tliibaud Hiti'ot, Jean Piiou et (iuillaume Fouland.
conducteurs des manœuvres ordonnées par MM. les Maire,
pairs et procureur sindic de la \'ille ii curer les fossés étant
à Tentour d'icelle pour la munition, fortilication et édifice de
la \'illi'. la somme de i:28 liv. pour le payement de 250
hommes pauvres et maneuvres qui auroient travaillé à curer
les dits fossés pour cinq jours entiers au prix de deux sols
foiirnois par jour compris le salaire des dit:< conducteurs.
Aux mêmes ini liv. 1^ s. pour 250 h.
Id. six vini/t-sejjt livi'es pour 250 h.
1(1. /'/. pour 250 h.
Id. •>/ liv. 7 s. pour plusieurs.
1.1. f!<> liv. 1(1.
1(1. un liv. pour 221.
ARQrEliUSES
A ('té acheté, en cette année là soixante arcpiebuses au
UKtins ;i -V.) sols des nommés .lean Paris et Henr\' de
Blevy et en\ irons une douzaine de crochets ;'i -î liv. 10 s.
pièce.
(Joni/ile sixiriiii' .innée l''>S7 .
Pavés
Payé à George! Beaugrand la somme de yinijl livres, t/uutre
sols tournois poui" deux ndllc ciiKi ccnl a ingt-six paves.
— :î90 —
À Jean Allais, 28 Jiv. 4 s. tournois pour 3.525.
A Colas Foulon li liv. 11 s. tournois pour dix-huit cent et
quarteron et demi.
Plus 32 liv. 12 s. pour 4,450.
Plus il liv. i s. pour 5.100.
Plus il liv. pour 5.125.
Plus S8 liv. 4 s. pour 4.150,
employés dans le faubourg Saint-Denis et ailleurs.
Refonte de la Cloche du Tocsin, 168 liv. 15 s.
Payé à Jean Prudhomme, marchand fondeur de cloches,
demeurant à Mantes-sur-Seino, la somme de 21 sols tournois
pour sa peine, salaire et vacation d'être venu exprès pour
aviser et amener avec lui un nommé M^ Jean Le Royer,
aussi fondeur de cloches, du prix de la fonte et refaçon du
tocsin de la Ville qui avoit été cassé de nouvel.
A Jean Le Royer, maitre fondeur, la somme de huit vingt-
huit livres, quinze sols tournois en deux parties> savoir : pour
le prix et convention faite avec lui d'avoir refomlu et refait
à son déchet coût et dépense, le tocsin delà Ville, la somme
de 90 liv. » s.
et pour 450 liv. de métal qu'il auroit fournies
et employées pour grossir et augmenter ledit
tocsin 78 15
108 liv. 15 s.
Pour deux grosses cordes à sonner ledit tocsin vingt-trois
sols, trois deniers.
A Michaux Delisle, serrurier, la somme de dix livres pour
avoir fourni et enhuné ledit tocsin, icelui monté au haut de
ladite tour carrée et rendue prête à sonner en branle, le
tout à ses coût et dépens.
Menuisier
A Jean Papin, menuisier, la somme de dix livres prix et
convention faits avec lui pour avoir fait et fourni le bois des
fenêtres et châssis de l'une des croisées de la première
chambre haute de la tour carrée de la Ville.
— 307 —
Piques et Hallebardes
A Joîiii Pi<iuet. arlillour. la somniu tle lu livri's. Kf sols
pdiir la* lacoii de 2S Tiits de pifiiies et sept vintri quatorze
autres fûts, tant demies piques. Javelines que hallebardes et
six livres pour la raç<ju de six cents garrots d'anionition,
pour la défense et fortilication de la Ville.
(^onijilcs (le M. lie Sniiif-Thomas
Pavage du Faubourg Saint-Tiiibaud, Rue Évkciik
et Grande Rue
Dans les comptes de M. do S'-Thomas, des années 15:38 et
1530 icelui de 1539 ne se trouvant pas) dont la recette con-
siste dans le produit du droit du sol et celui de la forme de
Choquot, on voit que les deniers ont été employés la plus
Jurande partie à payer le pavé pour le faul)oury: S'-Thil)aud,
pris à Brissac' et à Servillo -, ;i A' llv. lo KHX) et II' s. de
voiture, à paver la rue Evèché ■' et la Grande Rue et le surplus
des deniers à autres affaires nécessaires.
Kxiriiil lie ces Comptes
l'ayt' à Jean Chamans, six livres, quatre sols tournois pour
775 pavés.
A Pierre LeFevre,de Brissac, sejil livres, dix sols tournois
pour 037 jiavés.
A Jean Lo Fovre dudil lieu, tl In. Ki s. pour 1 175 pavés.
A Pierre Le Fevr<'. 'V liv. pour niillo pavé's.
' Brissard, liamt'iui ilc la Cdiiiiiniin- irAlioiidanl, lanlmi (l'Aiiet. à 7 kiliii.
tic Dreux.
- Servillt', coininiiiii' ilii caiitoii d'Am-t, à 1 1 kilin. de liiriix.
■' OUr nie, i|iii s'ainii-lail priiiiilivi'iiiciit rue iln l'iiis de lu ClieMi- .< ..i.i-.
d"iiii piiils à llciir dt: Icirc (|iii s'y tnnivail ri d'i ihaiiic de Icr (|uc Ion tnidail
Ir soir, ajifès le ((iiivre-fi'ii, a rliaqiic t-xlirmili' de ladite me, |iiiiir en iiilrne|iter
le passai^e, prit ensuite le nom de rue lùrsclir ru r>!-"" d'in... Ii iIhI iimr \
|iiissédail rKvèiiiie de (lliaities.
Le niiin dr Luflenii i\\\'r\U- |inrlr aujuurd'lnii <'^l ulin tlu niciiri' iNr,|iii .i.
«ira.sse et Verne, premier tauleml de l'Académie Kram.uise, né à Preux en ItlU.'».
)08
>>
A Pierre BrëaiiL / Hv. pour 500 pavés.
A Blanchct Aiigibout, de Serville, 8 liv. 02 s. pour 1075.
Pavage
Payé à Noël Valou, paveur, (jiinlrc livres, seize sols tour-
nois pour 24 toises de pavé mis et assis en la rue S'-Thibaud
à un carrefour devant la maison ou pend pour enseigne
l'image S'-Crépin, du côté de la rivierre tirant sur le pont
devant la maison et tannerie de Pierre Touzet, ii f/un/re sols
la toise.
Cloche du Tocsin
Payé à François Cochet, charpentier, vin;// sols lonnwis
pour quatre jours qu'il auroit vacqué et besogné à dessendre
la grosse cloche ou tocsin de la Ville, icelle dehunée, retail-
ler la hune, et après l'auroit enhunée, pour la faire battre
en autre sens qu'elle ne faisoit au précédent, parce qu'il y
avoit une paille à l'endroit où elle battoit. ^
Au Compte de lu 40
Payé à Guillaume et Jean Les Cornets, charpentiers, cent
huit sols tournois pour neuf toises d'ais à faire un plancher
sur les grosses poutres qui sont en la grosse tour carrée, les-
quelles poutres portent et soutiennent le befïroy de bois où
est assis et pendu la grosse cloche et tocsin de la dite Ville,
iceux ais là mis pour aller et tourner autour du tocsin.
(Comptes de M. deun Barbier
Dans les comptes de M. Jean Barbier, des années 1541,
1542. La recette a été faite de la ferme de Choquet et les
deniers ont été employés la plus grande partie aux répara-
tions des murs de la Ville, aux i)ortcs et ponts et à faire le
pavage de la rue des Caves, et le surplus à construire la Cha-
pelle des Ecoles, à présent la chapelle du Collège ' .
' Elle était située à ranti;le des rues d'Orléans et Clienevotte. On voit en-
core dans cette dernière rue les nervures d'une grande i'enrtre plein-dntre de
l'abside.
— 300 —
Comjjti- (Ir l't il
Chapelle m Collège
Voyez cy après compte de M. Antoine IMiiiiicr. Registre
Cotte Oe. Compte im-
payé tiJcaii Yves, pour 'M quartiers degrés qu'il a baillés
et fournis pour emjjloyer ii la Chapelle commencée à ('diiier
près les Ecoles.
A Robert Rivier, (/mu-ciitc-iicul' sois, six deniers jiour dix-
huit banneaux de pierre, partie employée à faire des murs,
près les ponts de la Porte Neuve, et l'autre partie à la Cha-
pelle des écoles, iiour b.'iiir icelle.
Pierres de Salnt-Leu
Payé à Mathurin Ouérin, dit Tratlielin. marchand voiiu-
rier par la livierre d'Eure, la somme de scixc sols tournois
pour huit tonneaux de pierre S'-Leu, par lui bailh's et livrés
au lieu de Fermincourt, sur la dite rivière d'Eure, pour
employer à la construction de la chapelle des Ecoles.
Chaux
Payé à Jean-Thomas, chauxerre, demeurant à Fermin-
court, la somme de i/unirc livi-rs, six sols, (/mitre deniers
loni-iiois [tour vingt-trois septiei's de chaux jiar lui l)aillés et
tournis pour employer à la construction et édilication de la
(•hai)elle prochaine des écoles de cette ville.
Payé à Jean 'Le Beau, menuisier, imiir liois. par lui fijunii
|iiini' l'aire les liiolljes (les vilres de la dite cliapelli'.
.\ Jean Cornet, charpentier, six sols tournois pour avoir
l'ait le ceiiifre ikmii- eiitrei' les \ ilres (le la chapelle.
(Jonipies do M. ,/;ici/nrs Miissurd
I)ans les ((iiiiples de M. Ja((iues Muss.ird, des années 1."»I7,
l.")i8, 1510, 1Ô.")0. 1551, la recette a été faite de la ferme du
Choquet et des patrimoniaux de 1550 et 1551.
— 400 —
Subvention de Guerre de 2600 livres
Les deniers ont été employés une partie à payer les deux
mille six cents livres demandées par le Roi, pour partie des
1,200,000 livres que les villes closes dévoient fournir pour la
solde de 50,000 hommes de pied, levés en la présente année
et l'autre partie employée à payer les pavages du faubourg
S'-Jean, la rue Parisis, le faubourg du Yalgelé et autres
dépenses.
Au Compte do 1651 est dit :
Convoi de M""* la duchesse de Nevers '
Le vendrcdy huit novembre 1547 a été député par assem-
blée du Conseil de la Ville six du nombre dudit Conseil,
accompagnés de deux hommes, tous en habit de deuil, pour
aller au convoi, recevoir le corps de Madame la Duchesse de
Nevers, Comtesse de Dreux. --
Comptes de M. Jean de Sainf-Alhin
Dans les comptes de M. Jean de S'-Albin, curateur de Thi-
bault de S'-Aulbin, des années 1550, 1551, 1552, 1553 et 1554,
la recette a été faite de la ferme du Choquet et des droits
sur le sel. Les deniers ont été employés aux réparations des
ponts et portes de la Ville, à l'arche de la Canette et autres
affaires de la Ville.
Comptes de M. Pierre C haillon
Dans les comptes de M. Pierre Chaillou. année 1554,
recette des deniers des Patrimoniaux, on lit :
' -Marie d'Albret, couilessc tic Dreux et de Rctlid, dame d'Orval el de
Boisbelle, fille el liéritière de Jean (fAlbret et de Charlotte di; Bourgogne, fut
mariée le 25 janvier ir)Oi à Charles de Clèves, comte puis duc de NencVs.
De la Plane cite un auteur latin, originaire de Dreux, qui vivait de son temps,
rapportant que celte princesse était d'un mérite au-dessus de toute expression,
qu'elle aimait fort les Druides, et qu'elle fit au château des comtes, au donjon et
aux hàtiments qui les joignaient des réparations considéral)les.
Elle avait marié, en 1538, son fils François de Clèves avec Marguerite de
Bourbon, fille de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et de Françoise'd'Alençon
auquel elle laissa par sa mort le comté de Dreux.
- 1(11 —
Jettons donnés aux quarante
A Messieurs les quarente Echevins et ^'ens du Conseil de
ladite Vill(i pour leurs gages ordinaires, d'assister audit
Conseil,'a été payé à chacun un jett(jn valant ow/o sols, i/iintrn
liniii-rs foiiriiois. qui fci-oit potir 1<)ns les quarento jottons
RÉJOUISSANCES A LA FÊTE SaINT-FIERRE
l^uyé la sunuiic de sci/r sols pm-isis pour aclial île crème
l'raises, cerises, pain et vin et autres choses portées le lende-
main do la léte de Monsieur S'-Pierre, sous l'orme de l'église
Monsieur S'-.Iean en la plaigne les Druides ', pour donner aux
lilles et femmes de cette ville, comme il est accoutumé de faire.
A certains menestriers et joueurs pour avoir par eux joué
de leurs instrumens durant la fête S'-Pierre, patron de lad.
ville, il a été payé soixinih'-qnimi,' sols tournois.
REGISTRE, COTTE 6°"^
Complos (le M. Antoine Prunier
Dans les comptes de M. Antoine Prunier des années 155G,
1557, 1558, 1551), I5<»(), 1501. 1502. La recette a été faite de la
ferme de Choquet et des droits sur le sel.
Les deniers des cinq premiers comptes ont ét('' employés
auN. réparations des ponts, murailles, fossés, pavages, curage
de la Commune, aux ceintres et aux vouttes des onze tou-
relles attachées aux murs de la Ville et autres nécessités de
la Ville.
15C)I . — Grosse Cloche cessée et refondue
Les deniers du O" compte, employés en partie [lour la
' L'f'iilisc S:iiiil-.l"'aii, m-ihIui' romiiic liifii niiliuii.il i-ii ITiK! cl drlniiti' ni
ITIH), SI' liouvail dans raiiiilf fnriiié |tar la l'i'iiciiiitrc <li's nn's Saiiil-Ji'aii <'l des
Oaputiiis.
Di' fondation inmiiiHir, m I IT'i rllc riait >iiriiirsalc de Tt-glisr Saiiit-Pit'm';
agrandit- de nidlir l'ii I.MJT. rllc. soiilVril licau(iiu|i di's deux siestes iiiic la ville
de hiciix cul à sii|i|Miilcr en l.'i'.Ml et I.V.i;!. cl ne t'iil éii;;ée en |Kii'(iisse (jiieii
Hili'.l. O'csl dans eeUe étîlise que la CoiilVérie de la Cliarilé de Dreux avait sa
rliapelle.
il ne icvic plus .iiijiinid'lini i|iie des (lr|iii> iiisii^iiifiaiils iruii pilier du i luelier.
C'est la chaire de >aiiil-Jeaii (|ui est dans la iief de Saiiit-l'ierre.
— 102 —
grosse cloche qui auroit été cassée et refondue et augmentée,
qui est celle cVaujourd'hui, et ceux du ?•= compte employés à
fortider la ville et les forteresses pour soutenir contre les
ennemis huguenots contre lesquels la bataille de Dreux a
été gagnée en 1562.
Au 5« Compte 1560 est dit :
Payé à Antoine Godeau et Alexandre Prunier ////// livj-es,
neuf sols tournois pour avoir fourni et baillé le bois (pi il a
convenu pour faire les ceintres des onze tourelles étant es
murs de la Ville et pour faire le plancher pour la voûte.
A la fabrique de Monsieur S*-Pierre, la somme de cent un
sols, trois deniers pour vingt-sept banneaux de pierres pour
employer à voûter trois des dites tourelles.
Payé à Jacques Seigneury, chauchere de , la somme de
dix-sejit livres, dix sols tournois pour sept muids de chaux
pour emploj'er à voûter huit des tourelles étant es-murs de
la Ville, etc.
Tourelles ^
Suivant les articles dudit compte, il parroit que les tou-
relles de la Ville ont été achevées de faire et de voûter.
Au compte 6*^ de l'année 1561 on voit que :
Grosse Cloche
Par ordonnance faite en la chambre de la Ville de Dreux,
le 28 septembre 1561, signée Harel,il auroit dit que la grosse
cloche étant en la tour carrée et maison de ladite Ville,
appelée le tocsin, seroit refondue pour autant été cassé pour
servir tant pour les affaires du Roi de notre sire et faire
les pour les baux et fermes du dit Sire que pour com-
munes et affaires de la Ville et que les deniers qui convien-
droient pour ce faire seroit baillés et délivrés par ledit
Comptable, et alloués en son compte comme plus amplement
est porté et contenu par ladite ordonnance.
MOTT.E DE LA GROSSE CLOCHE
Suivant laquelle ledit comptable auroit, le 22 octobre 1561,
— iii:î —
payé ([iiinzi' sols lournois pour deux hommes auxquels on
auroit marchandé pour faire la fosse pour faire le moule de
ladite cloche.
Payé il Jacques Marie pour carreau de liois de poirier pnur
faire la pjanc'lie a laire le <lil moule, dix sols tournois.
A Jean Dejarsaj-, menuisier, pour avoir plané le dit car-
reau, i/ii;ilrr sols lournois.
A Thibault Chaillou. \iii(/(-si.v sols tournois pour deux cents
de chaume.
Lattes
A la veuve De laCenserie, pour une botte de i.rrandes lattes
et une botte de petites lattes, i/untro sols, huit ilaiicrs.
Clodts
A la veuve Jean Marrais, pour deux cents declouts à lattes
et douts emidoyés ;i faire une couverture sur la fosse du
moule de ladite cloche, doux sols, </ii;ilrr deniers.
A la même trois sols tournois pour un ([uarteron de clouts
de quarente pour clouer le calibre en planche du moule de
ladite cloche.
Briques
Au Commissaire de l'Hotel-Dieu vin;/t-huit sols, six driiiers
tournois pour trois cents de grosses t)ri(pies employées audit
moule.
Charbon
A Jean Perricr, trente-sept sols, six i/f'niers])oui- ciiKi poin-
çons de chari)on employés k faire sécher ledit moule et cinij
poinçons de sablon Irru/f-i/rux sols, six deniers.
A Thibaut, i'runier. ipour neuf livivs de bouri'e à poil six
sols tournois.
«'IIANVKK
A la veuve Matiy. Mailre-.Iean, pour (piatre li\res di»
chanvre, //'/// sols.
Briques
\ l'asquier Delailre, thuilier, \ lin/l-hiiil sols lournois pour
sept cent de briques employées à faire le moule.
— 404 —
A Thomas Robert, maçon, et Thibaut Moreau, maneuvre la
somme de seize livras, quatre sols, Irais deniers tournois pour
avoir vacqué et besogné de leur état plusieurs journées à
ôter les vitres de l'une des croisées de ladite maison de Ville
et à croître le trait pour passer la dite cloche.
3213 LIVRES 1/2 MÉTAL
500 LH-RES ÊTAIN POUR AUGMENTER LA CLOCHE
A Sire Pierre Fauteuil, marchand de métal demeurant à
Paris, la somme de sept mil viuf/l deux livres, quatorze sols,
trois deniers tournois pour avoir par lui fourni à ladite Ville
trois milliers, deux eenis treize livres et drinir de nudid em-
ployées à ladite cloche.
Au même trente quatre livres, deux sols, six deniers tournois,
pour le nombre de cinq cents livres d'étaim pour atïiiier le
dit métal.
Frais de transport de Paris a Dreux
A été payé par ledit comptable la somnTc do cinquante six
livres, doux sols, six deniers tournois k plusfburs charretiers
qui ont amené et voiture ledit métal depuis Paris jusqu'à
Dreux.
Fonte de la Cloche
A M. Charles de la Boutique', Maitre fondeur, la somme de
l.llP^ x' tournois qui lui étoient dus pour avoir pour lui
fondu par doux fois ladite cloche comme est porté par sa
quittance passée par devant Michel Delaplanne, tabellion, le
XXJe jour de novembre 1501.
A Guillaume et Jean Les Cornets, charpentiers, la somme
de trente livres tournois pour avoir par eux mené la cloche
(le la dite Ville, du lieu ou elle avoit été fondue jusqu'à la
maison de ladite Ville, iccllc montée et enhuné.
Cordes pour la Cloche
A Klionne Touruadc la soinuie do drux cent deux sols pour
deux cordes par lui fournies de son métier de cordier, pour
sonner la dite cloche.
' Il faut lire (le la Boutick'.
— 105 —
Observations sur la Cloche
Elle a été mesurée le 12 décembre 1755. lursqu'il a lallu y
Illettré un toriHoii qui étoit cassé.
t
Elle contient de hauteur du haut en bas par dehors (/ii.i/rr
jiirds, lui il poiici'sei par dedans ifiinlrt'jiit'ds, ihiix {joiives cl ilvini.
De diamettre en haut par dehors doux pieds, onze pouces;
du milieu par dehors trois })ieds, trois pouci.'s, i/ualrc lii/ucs;
(lu milieu par dedans, deux jiinls, iii'iil' pouces.
Au pourtour hnil jiieds, trois jjourcs\ diamètre d'en bas riijf/
pieds, tjuiitre pouces.
Au pourtour aussi d'en bas seize pieds.
Le battant est long de quntrr j)icds, ciiuf pouces.
Le milieu a huit pouces de tour.
La pomme vingt-un pouces.
Inscription autour de la cloche dans le Haut'
l'an mil cinq cent SOIXANTK un le rKEMIEK IiKCEMBKE DU KliGNK
DE CHAULES IX PAK LA GRASSE DE l'IEU ROY DE FRANCE ET COMTE
DE DREUX FUT FONDUE AU MOIS DE NOVEMBRE PAR M CHARLES DE
LA ROUTINE POUR l'HONNEUR DE DIEU LE SERVICE DU ROI ET LA
COM.MUNAUTÉ DE DREUX LORS MESSIRE ROTROU LIEUTENANT GÉNÉRAL
JACQUES CIIAILLOU MAIRE ET PllILlPl'K PETIT PROCUREUR SINDIC
< Voici l'inscription exacte (pu trois lijïnf'si qu'aucun liistorieii n'a reproduite
fuit-lement :
i LAN MIL vC LXI i?» LE PIlEMIEU QV REGNE QE CHARLES IX •' PAR LA
GRACE QE (IIEU ROY QE FRANCE ET CONTE DE DREVX lE
I FVS FVNDVE AV MOYS DE NOVEMBRE PAR â M '^' k CHARLES DE
LAHOVTICLE j| POVR LHONEVR DE DIEV SERVICE QV ROI ET
i COMVNITE DE DREVX LORS M'ES PIERRE ROTROV LIEVTETÎ GNaT
lACOVES CHAILLOV MAIRE ET PHILIPPES PETIT PROCVTT SCINOIC
Entre c»,'tte inscriplinii el le lias-relief re|iréseiitaiit la profession des Flam-
baiis sont placés (piatre écussons diamétralenienl Ojtposé^ ilont deux porteiit les
armes de Franco et les deux autres celles de Dreux.
Il existe aussi cette autre inscription sur une couronne contournant les anses:
urloiK oin rcst mon brotl nom faictr a brrur pour tifiuir fl)rcun
fon^ur par matl)ifu prrubnr m lan mil v' vri
Siii la cloche aclui'lie (|iii ;i reuiplacc celle de I.M'iJ. MM. Maliuel père et fils
- 400 —
Au dessous de cette inscription est un cordon tout autour
de la cloche, représentantsoixanto quatorze personnes, figures
d'hommes et femmes, portant des flambards allumés sur
répaule et d'autres qui les allument en marchant a ceux
qui sont allumés.
Voyez le compte de M^ Barbier, année 1541, Reg. cotté 5"
Dans le même C compte, année 1561, est aussi dit :
Payé à Jean Dadou la somme de neuf livres pour avoir par
lui baillé et fourni pour ladite Ville le nombre de quarente
huit quartiers de grès pour faire la Chapelle des Ecoles.
Payé il Jean Garnier la somme de dix Iniit livres, douze sols
[lour quatre vingt douze quartiers de grès, pour employer à
ladite Chapelle, etc., ainsy qu'il est porté à plusieurs articles
dudit compte.
Chapelle du Collège parachevée
Laquelle chapelle auroit été ordonnée être parachevée par
ordonnance faite en assise de la Ville tenue le même jour
d'octobre audit an 1561. '^
Payé à (luillaume et à Jean Les Cornets, charpentiers, la
somme de Jiuif livres tournois pour avoir fait de leur métier
et état de charpentiers trois ouvoirs pour servir aux poisson-
fondeurs à Dreux, ont reproduit très fidèlement les inscriptions ci-dessus, sauf
cependant celle des anses, les armoiries et la procession des Flambarls, et,
grâce à une heureuse inspiration de M. Lamésange, ancien maire de Dreux, ils
y ont ajouté deux médaillons de Jean Rotrou, entourés de branches de gui de
chêne, symbole de l'origine druidique de la Ville, surmontés d'une étoile, em-
blème de rinimorlalité, et entourés dans fexergue de cette légende : « Il fut
magistrat et poëte et mourut victime de son patriotisme. »
Enfin au-dessous on lit encore :
LAN lX;i<) LE <)^ or HEfiXE DE LOUIS PHILIPPE I- UOI DES FRANÇAIS
CETTE CLOCHE A ETE REFONDUE AVEC LES DENIERS DE LA COMMUNE
ET LES DONS FAITS PAR S. M. A LOCCASION DE LA NAISSANCE DU COMTE
DE PARIS SON PT FILS J.;
SOUS-PREFET DE MENTQUE -II. MAIRE DEMONFERRAND = ADJOINTS
LAMESANGE — CLAYE = CONSEILLERS — MUNICIPAUX " BROCHAND
THOURETTE — MARECHAL — BIGNON — CROIX — RUELLE — LOISELEUR
DESLONCHAMl'S — AVISSE - FESSARD —
BERTROU - DE LA BOISSIERE — CAILLE DE S^ 1»ERE — AMOREAU —
MAILLIER — LACOSTE — MESIRARD — SEIGNEURY — SANSON - HELLOIN
— BAUDRAN — ELUS PAR LEURS CONCITOYENS
— |(i7
niers. édifiôs au Boiilev.iid <li' l.i l'uitc-cli.irtiaiiic «'oiilrc la
niaisoii de Robort Bitroii.
Bois
Payé à Qewrges Guérault la soiiiiiio de .\'.\.\// li\ i-rs, îu sais
tournois pour bois et chaulattcs omphn'ées à faire les dits
ouvojis des poissouniers de la l'ortc-cliarlraiue.
Sablox
Payé à Alcxaiidic INuuici' la soinnio do soixtiiifr srjil sols,
six (li'iiirrs loiirnois pour avoir par lui l)aillé et livré ;i ladite
\'\\\i' le uoml)re et (pmntiK' de \ iiiiii scpl liainioaux de sablou
<Miipli)y<''S ;i luacoiiuci' It'sdils ouvoirs.
Planches
A Mailhjl (Jrippdii, luciiuisicr. la souiiiic de rhii/u;iiilf ilciix
sols loitrnois pour avoir par lui, fait et l'ourni des liays et
fenêtres desdits ouvoirs.
l)aiis le iiioiiic (»'■ compte est employée la d(''pense des ou-
vrages extraordinaires faits pour la défense de la Ville contre
les ennemis avant la bataille.
.Mi NITIoNS KT l'IiKl'AUATlFS DK DKFKNSK DK LA \lLLK
PENDANT LA GIERRE EN LA BATAILLE DE 1502
Payé il Pierre ("auchoix, salpelrier. la somme de ciiiffimiilr
liiiil livi-fs, six sols tournois pour avoir i)ar lui baillé et fourni
poui- la Ville cent six livres de pcmdre à canon pour être dis
niliu('e aux gardes des portes et gendarmes étant dans ladite
\ille.
A Jean Land. (charron, la somme i](' snixmilr-sr'jil snis tour-
nois pour avoir IVmrni la montui-e de mues et essieux de Inùs
pièces d'artillei'ie.
A Marin Moulin, Noéd (iirai'd et iilnsicui's antres qui au-
roient ijescjgné ii faire les ('cluses, batardeaux el <liauss('es
et fo.ssés de ladite Ville alin de rendre ladite \ ille [dus
forte.
A 'l'homas l^»l»erI et autres maçons pdur a\<Mi'' besogné à
etniipei- et bouclier lililsiclirs lions i-l l'enéli'rs étant aux
mnraillfs île riloicl ilc \ illc
— 408 —
A Marin Grossetête, Marin Torquet et à plusieurs autres
mancuvres et maçons six livres, i/imlro sols pour avoir netoyé
la rivière de la Commune pour mettre l'eau dans les fossés
pour rendre la ville plus forte.
Prix de la chandelle
A la veuve Etienne Tournade, ringt-sepl sols, six deniers
pour neuf livres de chandelle par elle baillées et fournies aux
personnes qui étoient à faire le guet à la porte Parisis pour
éviter et de peur que la Ville ne fut surprise par les gens de
guerre étant lors sur les champs.
A été payé à Pierre Touzet, faiseur de poudre à canon, la
somme de neuf livres tournois pour avoir été lui et un homme
quinze jours pour faire poudre à canon pour la défense et
fortification de ladite Ville.
A été payé la somme de douze livres, douze sols à Lucas
Fournaise et autres personnes pour avoir par-, eux vacqué à
oter et netoyer les pierres et immondices et o«^dures étant
es tourelles de ladite Ville qui empêchoient les barbacannes
desdites tourelles et à faire des barrières aux fauxbourgs de
la Ville.
A Robert Blondin, salpetrier, la somme de treize livres,
trois sols pour avoir baillé et fourni six vingt -neui' livres àe
poudre à canon dont partie auroit été distribuée aux soldats
et gardes de portes de la Ville.
Menuisier. — Prix d'un cercueil
A Louis Lelièvre, menuisier, la somme de vinyt sols pour
avoir fait un cercueil pour inhumer Jean Lefèvre qui auroit
été tué à la garde de la porte Chartraine.
Compte de la septième année 1562.
Poudre a Canon
De ce compte est extrait ce qui suit :
Payé à Guillaume Binoi, marchand salpetrier. la somme de
— 100 —
viii'ijl-uiif livres, (/iiitlurxc suis loiiriiois pour avoir fourni
218 livres de poudre à canon.
A Simon Pollcrin. la somme de sojjt viii;/( dix si-jjt livres,
dix sols pn^u- 150 L. (le peindre à canon.
A été pnyù suivant mandement de MM. Le lientenanl-j^'éné-
ral et Maire de Dreux et Faveroles, «Gouverneur, en date du
•Jl décembre 150:^ h imiIiIc 1 inif -Jacques-Nicolas Larcher,
de la compagnie de M. Martii^ue. la somme de rt'iit ciin/uniili:
livres pour avoir par lui liaillé et livré pour la \ille, cent
livres de poudre il canon.
A été payé od/.c livres, iieiil' sols à Pierre Guillard et autres
pour avoir vacqué à mettre et reconder ' la poudre à canon
dans la chapelle Saint-Vincent- et avoir bouché les huis cl
l'enestres de ladite chapelle.
A jjicas Fournaise, voiturier, la somme de vingt-deux sols,
six deniers pour avoir mené et voiture cent deux sacs de
poudre à canon que le commissaire de l'artillerie du Roi
avoit délaissés au garde de la Ville.
A été payé à M. .Jà(jues Gastel la somme de quin/.r livres
tournois pour un poinçon de vin par lui baillé à MM. Les
commissaires des vivres du camp du Roi lors étant en cette
^ill<■ ili' l»ivii\. pour lors de la bataille alin de supporter le
peuple (le l;i \ ille.
A Claude Delisle et Claude Bourguignon et autres jusqu'au
nombre de trente un Jy.r .se/y/ //v/'cs- pour salaire d'avoir vacqué
chacun deux Jours à faire un pont au chastel vers le Valgelé
pour i)lacer quatre pièces d'artillerie, mises audit chastel.
A été ordonné par mandement signé Rotrou, Chaillou,
' iNjiir rniiiiulrc, vii-iix mut fraiirais, du latin n'i-ondcre, renfermer, caclier.
- L'église Sainl-Vincent se trouvait dans la cour basse du Château, au-
dessous de la plale-liiniie sur laquelle il sélevait, dans le {|uartier du llouifi-
l'.liis iiu Cjienii'v à S<-l. An .Moyni-Ai-'e les actes n'étaient vaialiles (jne lorsqn'ds
avaient été solennellement et |ini)li(|uenient conliiniés devant le portail île saint
Vincent; c'était daus son enceinte que se traitaient les affaires ini|iortanles de la
cominnne. Les cliaiinines de Saint-Klienne, de (pii elle ilépendait. y chantaient
leur (ilfiee, en hiver, quand le cliennn de la ('.()lléi,'i,de Saint-Ktienne était deveini
inqiraticahle. A drnite de l'église s(; triiuvail lein- maîtrise et à gauche la maison
de l'aldié ; les maisons canoniales environiian'ut le parvis et en taisaient une
place lérniée.
Sainl-Vincent eut heancoiq) à sduHhr des i^neires de religion iiriliri); le siège
de Dreux par Henri 1\ ITiiKii miiI lin jiorter le dernier coup. Llle tonilia en 1717
et fut complèieiiient rasée en I7i!i.
T. Xli. M. 27
— Uo —
Gravelle, Petit et Cornet être payé à M. Bernard Coupé la
somme de trente sept livres, dix sols pour faire un voiage par
devers le Roi et la Reine mère ' et leur présenter les clefs de
la Ville, afin que ce fut leur plaisir de décharger et exempter
la Ville et Fauxbourgs des compagnies du sieur deFaveroles
et du capitaine de Molianbourg étant en garnison en la dite
Tille et fauxbourg.
A été payé à différentes personnes leur salaire d'avoir fait
le gué tant dans l'Hôtel de Ville qu'aux portes et autres en-
droits, et aussi autres payemens faits occasionnés par les
ennemis comme il est expliqué par ledit compte et pour les
fortillcations et réparations des murs, tourelles, pont, faire
des batardeaux dans les rivières, même faire tenir les fossés
pleins d'eau pour la défense de la Ville.
REGISTRE COTTE 7"
Comptes de M. Philijipe l'elii
Dans les comptes de M. Philippe Petit des années 15G6,
15G7, 1568, 1569, 1570, 1571.
La recette a été faite de la ferme du Choquet et des droits
sur le sel.
Les deniers ont été employés aux réparations des ponts,
fossés et autres endroits de la Ville.
Pavage du Valgelé
Le faubourg du Valgelé a été achevé d'être pavé en l'année
1567.
Après la bataille a été posé pendant l'année un garde dans
la lanterne de l'Hôtel-de-Ville et un autre au Donjon - du Châ-
teau pour faire le guet jour et nuit, pour voir si aucuns des
ennemis ne viendroient pas surprendre la Ville ; ces gardes
* Charles IX et Galiierino de Médicis, régente de France.
- Ce donjon, qui porta les noms de (jnisse Tour et de Tour Grise, construit
en 122'i par liobert III, comte de Dreux, lut détruit par Sully, lors du dernier
siège de Dreux, en 159.'». C'est là fjue le grand ministre d'Henri IV fil pour la
première l'ois l'emploi de la mine pour faire sauter les lorlifications. L'épisode
de ce siège est raconté dans ses mémoires.
— 411 —
étoient payés chacun ciiui sols et il leur étoit rourni par l;i
Ville de la chandelle et du bois.
• Taxes sur les plus riches
Suivant un état do MM. los receveurs p-onéraux des linances
du 4 septenihri' l'ûo a élé ordonné, par lettres patentes, être
levée à constitution de rente au denier douze sur vintrt des
habitans riches de la Ville de Dreux dénommés aiulit état
pour la subvention des urg-entes affaires du Roi, la somme ils
avoient été taxés montante k rim/ inillf Irais cinl ijn;irenl<--
Iniil livres.
Dans les comptes de MM. Pierre Chaillou des années 1572,
1573, 1574 (Les comptes depuis 1534 jusqu'en 1594 sont })vr-
rliis ou nutreincnt \ (Uins ceux de Jacques Brochard 1504 et
1595, et de Thibaud Corbonnois 1590, 1597 et 1598 et 1599.
La recette a été faite de la ferme Choquet et des droits sur
le sel.
Les deniers ont été employés aux réparations des fossés,
ponts, murs, pavé, aux boutiques de la poissonnerie et autres
endroits de la Ville.
REGISTRE COTTE 8-^
Comjdes de M. (llumlc l'ineuu
Dans les comptes de M. Claude Pineau des années 1003,
1004, 1005.
La recette a elé faite des droits sur le sel et de hi terme
Choquet, et encore (h's sommes jirises en coustitidion i)ar la
Ville, sommes consideraljles, poui' payer M""-' La ConUesse de
Hii, des sommes qui lui étoient dues tant ;i cause du moulin
du lîléras, celui (Iim1o> K('iinier ([uc des Irais qui ont (''t('' faits.
\'oyc/ i-y lijirrs l;uiiclf i/ii h'i-i/is/iw cdUi' Il nu eniiijili' île
M. Ilrrlrniii/ I ! rarlinuil el nu roiii/ilf dudil sieur l'iuenu
lîet/islre colli- <S , niiin'r ll'>:J^>,
Les (leniei's de la recette ont servi ii |iayei- les Irais (pu oui
ét('' laits par ladite dame comtesse de Heu. ainsy (|Ue ceux
laits pai" les ollici<'rs de \'ille et n ont i)as v\v siubsaiis pour
— 412 —
payer tout ; il a cependant été l'ait quelques ouvrages et répa-
rations nécessaires de la Ville.
Service pour Henri IV
Dans le 2* compte de M. Thibault Corbonnois de l'année
IGUl — le service de Henri IV a été fait dans l'église Saint-
Pierre de Dreux.
Dans les comptes de MM. les autres Receveurs depuis
l'année IGOO jusqu'en 1641. Les receveurs faisoient la recette
et la dépense alternativement les uns au bout d'un an et deux
ans, les autres au bout de deux ou trois ans, quelques-uns au
bout de quatre.
Les deniers servoient à acquiterles charges et arrérages de
rente et à soutenir les procès qui étoient fréquens, très peu
de réparations et point d'augmentations.
REGISTRE COTTÉ 9'' ^
Les recettes et les dépenses ont été faites à peu près par
les receveurs de la même manière que ceux ci-dessus et pour
les mêmes occasions depuis l'année 1640 jusqu'en 1GG4 au
quel tems ou environ le Roi s'étant réuni à son domaine la
première moitié des octrois, la seconde a été reçue diflerem-
ment, mais il ne s'est trouvé aucuns registres ni papiers jus-
qu'en 1700 ou environ.
REGISTRE COTTE 10«
Dans les comptes des Receveurs depuis l'année 1557 jus-
qu'en 1600. La recette a été faite des deniers patrimoniaux
qui étoient la ferme à.\\ pont âge et pavage, celle du clmrgcage
des vins^ des amendes, avec celle de l'essai des chevaux, des
boutiques de la poissonnerie, des tourelles, des dessus de porte,
de la tour hannerpiin. Le loyer du moulin de Bléras a été mis
dans la recette des octrois ; le tout cliacun au temps do leur
commencement.
Les deniers étoient employés aux alfaircs de la Ville. Les
volages pour les soutiens des procès. Les passages i\o troupes
— i\:\ —
et autres nécessités et le surjjlus des deniers servoient à
payer les réparations.
• Cumpli' (If M. Hichiinl Mtihillr
On voit au compte de M. Richard Mabille année 1502:
DÉrUAROF. DKMANDKH Dl' l'AIN RKQIIS Poru LKS TRoIPKS
Plus a été baillé par ledit comptable au sieur Dublanc-Fossé,
la somme de (jiinfn' livi-rs, un sol, liiiil dniiers, pour aller
par devers M. le Conétable^ étant au camp du Roi, près cette
ville de Dreux, i)our lui porter requête pour diminution du
pain demandé par les commissaires du Roi, pouila nouriture
du camp du Roi contre les huguenots.
Inhumation et service nr eils de M. le Conetable
Le 2^3 décembre 1502. lorsque le cœur et les entrailles du
Baron de Montbrun -, lils de M. le Conetable, furent mis et
inhumés dans léiilisc de M. Saint-Pierre de Dreux et aussi le
lendemain turent portées les quatre torches de la Ville au
service et pour ce il lut payé au porteur d'icelles ciui/ suis.
REGISTRE COTTE 11«
Dans les comptes des Receveurs depuis 1600 jusqu'en 1017.
La recette a été aussi faite des deniers et revenus patrimo-
niaux ei les deniers ont aussy été employés comme ci-dessus.
De quelques comptes a été extrait ce (pii suit.
Dans le conqjle de M. r.ei-lrand Urocliand, année 1003,
rendu en lOd."). ce coniplalile. sui\ant ra\is ihi conseil, se
sei'oit achemine jnsiprii Heu. ;(\(.'c lioiioraliles hommes
M. Thibaut Corboiiiiois, M. .lean Morel et Miclud Loison pour
s'accorder avec la dame comtesse de Heudet»tus lesdillérens
«lui étoient entre elle ei les iialiilans de Dreux.
' .Moiiliiniiciii y (Aiim- ili- m' en I i!):2. iimrt on lâllT, foiiii.i ,ivn- Kiaiirois
(II' (iiiiM' cl \r Miiirilial (le S.iiiil-Aiiilir' le Tiiiiinviral catliuliiiin' t|iii piil la direc-
tidii (les allaiips au coniinciicemfiit du rt'î,'nc df (.liaih's l\ ilô<>l).
Il gaj;iia la batailli' do Dreux ; il y l'uJ iiranindins l'ail iirisnniii'M'.
- Tui'- II' l'.l ilrcfiiiliri' à la liatailli- de Diriix.
— 114 —
M. Brochand arrêté a Paris faute de payement
DES RENTES DUES PAR LA YiLLE
Le mercredy 20 janvier 1003 a été ledit comptable par
faute de payement par le corps de ladite Ville, à dame Olimpe
Dufour, veuve de Messirc Huraull do VHôjMtal, de la somme
de cintf mille doux reni ciiitfnin/c li\ rrs luiirnois, apréhendé
ilans la grande salle du Palais k Paris, pris et mené par un
huissier aux prisons du Fort-l'Evêque, etc.,
La mise EN LIBERTÉ
Et le cinquième jour de février audit an, à six heures du
soir, a été ledit comptable mis hors desdites prisons, à la
caution de Claude Pineau qui Tauroit pris à sa garde et au-
roit payé ladite somme à deux notaires du Châtelet qui en
auroient déchargé ledit Greffier dudit Fort-rp^vêque.
Voyez le dit compte il donne plus longue iu.struction.
Transaction portant acquisition du moulin du Bléras
Et après toutes les contestations ladite dame De Beu a
transigé avec Claude Pineau devant M" Haudessus et Herbin,
notaires au Châtelet de Paris, le dernier jour de février 1003
par laquelle transaction, dont extrait d'une expédition est à
rinventaire ci-devant sous la cotte 51, ladite dame de Beu a
vendu audit sieur Pineau, pour et au nom do la Ville, le mou-
lin du Bléras moyennant la somme de rint/ crus Ihi-cs do
rente foncière par chacun an ; a été payé comptant une ])ar-
tie des sommes qui lui étoient dues, pour lesquelles elle auroit
obtenu arrêt du Conseil et elle auroit accordé du temps pour
l'autre partie. Lesdites sommes ont été payées au moyen des
emprunts qui ont été faits, ainsy qu'il est ci-devant dit au
compte dudit sieur Claude Pineau, Registre cotté S''.
Droits perçus a l'entrée et a la sortie des prisons
Payé i)ar ledit comi)table pour le droit de geôle, d'entrée
et de sortie, la somme de //"o/s- /i rrt'.s- et aux guichetiers de la
dite geôle, pour la sortie, la somme de /rois livres. :
— 115 —
M. LK DOYKN DE CHARTRES OFFRE MILLE ECUS
i'OlR BATIR TN COUVENT AUX CaI'UCINS
•
Dans'locoiiiptcdf M. KotioiL .m iiirmc Re;j:is(ri' 1'". on voit
que par- Didniiiiaiicc de la Xillc (Ifll I il aiiroit fait un voia^o
il Chartres vers .M. !<• I>m\(|i iiom- le remercier au nom de la
^'ille. de roft're par lui l'aile de mille Kciis pour aider à l»;Uir
un couvent aux |iéres capucins '.
REGISTRE COTTK l'i"
Dans les comptes des Receveurs depuis 1029jusquen 1034.
La recette a été pareillement faite des deniers et revenus
patrimoniaux comme celles ci-dessus et la dépense a été aussi
pour les mêmes choses que celles ci-dessus.
Peste a Dreux : établissement de maisons de santé
AU CHAMP d'ALLOUETTES
On voit dans les comptes de ^^. Pierre Buhot, tuteur de
Cuillaume Buliot. de l'anuc'e lO.'.o. (pi'il a été achetté un quar-
tier de terre au champ dAllouettes, proche les maisons (h:* la
santé. i)ai- conliat [>assé devanl Vavasseur, tabellion ;i Dreux,
le 25 Juillet Ki^o, sur lequel ont (Hé bâties quatre maisons de
la Santé adjugé à Jacques Avisse, charjjentier. pour driix rcnl
si-i/.r livres, sans y comi>rendre la nuujonnerie et autres ma-
' (le couvent qui ;iv;iit été loiidé par li'S seigneurs ilc la maison de Soissoiis,
(oiiili's ('iigai.'i-;tcs (If Difiix. fui coiislniil avec li's ni.ili'Ti.iux |ii'Ovciiaiil de la
(li-iiiiiiition des iliàlcaux de h'iiii;iiiif(inii cl de la liolnTlii'ii' (dans l.i liTiM df
Dreux I ainsi que de celle de la Tour (irise.
Avec ses dépendances il cnntenail environ deux lii'r(,ire>. vinirl-cimi .ires, et
oicnpail liml l'espaie cnnipris entre la rue dps ('.;ipucin<. jusqu'à Sainl-.leau, la
ruelle drs l'rrs et |a nie des l'Iéras.
Il tu! vendu en I T'.M) l'urunie liien nalional à un nuuuné Itouquillaid, ancien
cidon, niovennaiil trente mille Irancs en assignats. Thus les liàtinieiils lurent
ili'inidis à I excepliiiii de l'église, qui l'ilt trouée (hiis le milieu de sa loniiueur,
|iour la foruialiiin de la nouvelle rue appelée encore aciuellemeul rur .\rurr (Ifs
l'irs. Avec les matériaux, iiouquillanl lit construire les diverses maisons de niéine
app.irence. (pii exi>>li'nt de chiique n'ilé de celle me, prolongée il y a une ving-
lanie d'iuuiées par M. Viclnr hulims, dépnlé, ancien Maire de Preux, pour
rejoindre le niai^uiliqin* lioulevard qu'il lit percer ilaus les prés des [lieras, dépr'ii-
danl en [lartie de l'ancienne propri^-lé des Capucins.
— 416 —
tëriaiix. lesquelles maisons ont été faites pour servir a reti-
rer les malades de la contagion qui y étoient sollicités par un
chirurgien et par des personnes mises à cet effet.
Plusieurs maisons de la Ville ont été muraillées et les ha-
bitans mis dans les maisons de Santé.
On ne voit d'autres remarques que celles-ci depuis 1600
Jusqu'en 1700, si ce n'est qu'il n'y a aucuns registres, ni pa-
piers, depuis 1074 jusqu'en 1700, et depuis 1700 jusqu'à présent
les registres et papiers sont existants ainsy qu'il est porté
par l'Inventaire ci-devant.
Emprunt fait par la Ville en 1710
A été seulement remarqué ce qui suit :
Dans le Registre cotté 13" par acte des 20 février et 11 mars
1714. Les sieurs François Mallet, maire, Martin Le Ménestrel,
lieutenant de maire, Nicolas de Ruffln, commissaire, Nicolas
Mariette, échevin et Louis-Jacques Devallois, procureur du
Roi, ont été autorisés par un grand nombre d-^habitans d'em-
prunter à constitution au denier vingt, la soramo de huit mille
cinq cent trente deux livres, pour payer la taxe demandée par
le Roi, par arrêt du Conseil du 28 octobre 1713.
De là vient l'emprunt fait au nom de la Ville à l'église
Saint-Pierre, à l'église de Montreuil ' et à THôtel-Dieu de
Dreux.
GOUATERNEUR DE DREUX INSTALLÉ
Le 17 mars 1714, M. De Sabrevois d'Ecluzelles a été installé
et reçu gouverneur de la Ville de Dreux.
Nota. — Il est mort à Paris le 20 septembre 177.2, âgé de
70 ans.
Ecuries pour les chevaux des Gardes du Roi
Par acte d'assemblée à la Ville, du G mars 1729, la construc-
tion des écuries pour les chevaux des gardes du Roi, ({ui
étoient alors en garnison à Drcnix, a (Hé proposée à faire sur
deux projets et notamment sur celui où elles ont été bâties en
1736 et pour le payement d'icelles il a été pris pendant quel-
' Montreuil, commune du ciuiton de Dreux.
— JIT —
qiie.s aniuk'.s, siii- les (Iciiicrs de hi capilaiioii ili- 1 ClLH-iiuii de
Dreux, la sonimo de -i^.OOO liv. ii quoi elles ont été adju^'ées et
une somme de i. nui) liv. j)our augmentations qui y ont été
ajoutées. •
Taille arbitrairk cflvngée en taille proportionnelle
Par arrêt du Conseil du 8 septenihre IT.'io. la taille arbi-
traire de la Villi' di' Dreux a été chang'ée en taille propor-
tionnelle.
Démolition de la porte du fauxeourg Saint-Denis
Construction du Petit Pont
Par acte d'adjudicatinn du 8 octobre 17.'}.5, il aété ordonné
que la porte du tauxbour<r Saiiil-Dcnis, qui étoit en très mau-
vais état et ce qui en restoit, seroit démoli, que les pierres de
grès et autres matériaux seroient employés à la construction
d'une arche sur la Commune, enli'o le Carrefour et la rue
d'Orisson, oii il y avoit un petit iiout en bois d'environ six
piedsde large le long des bouti(iues, appelé le pont des Etaux.
Démolition de la Porte Neuve
La Porie Neuve a été démolie en rann(''e 1737.
Dîmes des Vignes. Procès
Par acte du 12 janvier 1744, les Maire et Echevins et pr<>-
curciu' siiidic ont été autorisés de se pourvoir par devant
M. rintcud.iiit. pniii- (''li-c p;ii- lui autorisc's de (h'femlrc d
contester la dciiiaiidc de la diiiic {\r'<. vignes eu essence par
les sieurs ciianoiuede Saiut-lstienue. prieur de Saint -Léonard '
et lie Saint-Martin '-'.
' Le piitïun'' (If Saiiil-I.niiiard, ordre ilc Saiiil-Uciioit, passait pour avoir rlô
fdiidr par Rolicil I"", ioiiilc de Drriix, vers I KiU. Dapn-s A. l>oiiiiaiil. la cha-
pi'llr niirail !•[(• rniisliiiili- à la place d'imi' i,'iiiiij;iii'Ui' iHiiiiiiirr |Io>Imii. Les
ri'lii,'i('iix de (loulniiilis avaient cinmiaiile livres de rente à prendre sur ce prienn^
«pil relevait de leur aldtaye. La cli.ipelle tut démolie en \~')'l et la propriél»'
venilue ini peu pins tard. O prieuré si; Iniuvail sur la roule de Paris, près du
pont (|ui porte encore son nom.
- Le prieuré de Saiut-.Martin, ipn a donné son nom au cpiarlier, lialiite pai
— 418 —
Naissance de M. le duc de Bourgogne
Mariage de quatre pauvres filles
Par acte du 7 janvier 1750, en exécution des intentions du
Roi à l'occasion de la naissance de M. Le Duc de Bourgogne,
au lieu de faire des dépenses extraordinaires pour dos réjouis-
sances publirpios, ont été mariées en cette ville quatre pauvres
filles auxquelles a été donné pour dot à chacune trois cents
livres des deniers des octrois, dont partie employée en habits
de noces, tant pour les filles que pour les garçons et le sur-
plus en argent, les frais de noces et de réjouissance ont été
faits à l'Hôtel de Ville des soins de Messieurs les Maire et
Echevins.
DÉMOLITION DE LA CHAPELLE SAINT-LÉONARD
Par acte du 30 aoiît 1752, les maire, échevin^s et procureur
sindic et quarente conseillers pairs alors présent sur l'infor-
mation faite par M. Alleaume, chanoine de Dreux, commissaire
nommé par M. l'Evéque de Chartres, de la commodité et in-
commodité à la chapelle Saint-Léonard, suivant l'ordonnance
de M. l'Evêque, rendue sur requête à lui présentée par le
Prieur de ladite Chapelle, lesdits officiers de Ville et con-
seillers pairs, après avoir pris lecture de l'arrêt du Parlement
ont consenti à la démolition de ladite chapelle.
Service de M'"'' la duchesse du Maine
Par acte du 11 mars 1753. il a été ordonné que le service de
les .Moines de l'ordre de Saiiil-nenoisl. (de CiileauM était une demeure cisteiriemie.
Il en est fait mnntion dans un Icsiament de \?>K] « Prior Sanrii Martini /)rope
Drocan ». Ces ri'ligicux (l(''|H'ii(laiciil des clianoiiies de la collt'iiialc de Di'cnx,
mais coninic ils n'avaient pas un revenu sulfisani à leurexistenc'c ils furent inniis,
avec Icui' chapelle, à l'abliayc d'Ivry-la-ltalaille.
D'après im manuscrit de la liildictlluMpie de (lliartres, la chapelle S«/«/-iW«/'//w
('■lait l'iitonrée de noniliicnx lii'ilinicnis et possédait de grands revenus (pie Inu-
cliaient les religieux de Conhuidis.
Le Pouillé du diocèse de Chartres de 17IW indiipie qwr ce prieuré étail à la
collation de l'Ahlié de Saiiil-rierniani-des-1'rés et (jiie son revenu était de
-M) livrer.
— 410 —
feu Madame La Duchesse du Maine, seroit célébré en l'Eglise
Saint-Pierre de Dreux.
^>i:rvice iik m. li; I'kintk dk r>()MBEs '
l'ar acte du 10 octobre 175."). il a clé ordonné que le service
do feu M. Le Prince do Donibos, seroit dit et célèbre dans
TE^^lisc (le Saiiil-Picrri' ilr I)rciix.
Lanternes. 1757
l'ar acte du '2'.\ novembre 1757, et raiijimbation de M. l'In-
tendant, les lantornos, au nombre de trente quatre, ont l'-té
établies dans la \ille de Dreux, pour être entretenues des
deniers des octrois.
Porte Pari sis dé.mulie
Par autre acte dudit Jour et l'autorisation de M. l'Intendant,
la i)orte Parisis a été démolie, pour les pierres et matériaux
servir h la rc'paration des jjonts.
l7C-i. RKCEiNSEMENT
En l'année mil sept cent soixante quatre, MM. les maire,
échevins et procureur sindic [)our exécuter les dispositions
de l'Edit du mois d'août audit an, concernant la nouvelle
iioiuinalion d'ol'liciers et administrateurs des Villes et Bourii-s
du Royaume ei s'assurer, en xcrtu de lai-l. ! " (ludil Edil. de
ce (]U'il y a d lialtilans dans la \illc. i-'aiixlioiii'Lis <•! Hameaux
depiMniaiis (Icv (Iciix jiaroisses. prendre leur declaralion du
noml)re de toutes les personnes, y c(jm|)i'is U-s enlans an ber-
ceau et les (b)m est i (pies, et en ont dl'<'ss('' étal qu'ils ont eli\ oyi-
il .M. le Controleur-gcneral, coiil'ormemeiii audit l^lit. e..n-
tenant le nombre cy-après.
' Loiiis-Aii.ç'iislff (le Itdiirlioii, l'iiini' tli- DoiiiIh's, roiiitr il'lùi. surri'da à sa
mn-r M.iil.iiiic la (IikIic-m' du Maine coiimir cointi' «le lirctix en I7ri!l ; il riioii-
rul m ITÔÔ >aiis (.'iilaiil^.
420 —
Ville. . . .
Fauxbourgs .
Hameaux . .
Hommes .
Femmes.
Garçons.
Filles.
417
448
118
493
510
135
435
181
202
437
483
102
083
1 . 138
1.118
1 . 132
Capucins.
Religieuses. .
Sœurs de
Commun auté.
Orphelines. .
Domestiques.
,)
Pères
Frères
Religieuses. . .
Sœurs converses,
à r Hôtel-Dieu. .
à la Communauté
la Sœur
Orphelines . . .
dans la Ville.. .
Employés.
/
dans les Fauxbourgs
dans les Hameaux
aux Capucins. .
aux Religieuses,
aux Orphelines .
aux Aides. . . .
au Tabac ....
au Cuir
Total lîénéral
0
0
10
4
5
4
^ 1
7
150
71
13
o
2
1
0
4
o
4.371
6
14
9
8
248
15
4.071
Dans l'Etat ci-dessus sont compris les enfans depuis leur
naissance jusqu'à l'âge de sept ans.
Enfans .jusqu'à l'âge de sept ans
Dans la Ville 309 )
Dans les Fauxbourgs 424 '
Dans les Hameaux 13^^
810
*
— 421 —
Chanoines, Curés. Vicaii-os. I'iiii(i[t.il ilu Collt-i^-o,
Régents et Prêtres "i'»
Clercs tonsurés 3
Nobles et Ollieiers militaires 'M
OMiciers'du Hailliaiic dr Police et de iKlcction.. 12
Olliciers du Sel, des Aides, des Coches cl autres
par Commissions "
Kiuployés aux ailles, au tabac, aux. cuirs 15
Impusôs il lu J'iiillf.
Dans la Ville 2'.)(» \
Dans les Fauxbourgs 424 > SIC
Dans les Hameaux 132 )
Pauvres mis à ubole 228
Gens sans aveu 50
Maisons hnliitri's oii il y ;i bru jmr luis.
Dans la Ville 423 \
Dans les Fauxbourgs 524 , l.lDl
Dans les Hameaux • 157
Cliunihrcs hniitcs oit il y u niriinffcs.
Dans la Ville 138 | ,..,
Dans les Fauxltourgs 33 )
Maisons vacantes dans la \ilU' 12 ,
Cli.iiiilii'cs li.iiili'S vacantes.
5) '■
Par ari'i'-i du l'.ii'lcinciii du 1! .mm'iI ITC.'.». cnrcgislri' sur h;
registre dv la \ illc le 2it m.irs 177(i. les droits de h.avage et
minage (les grains vendus il la balle de Dreux. [n>\w r.aisons
desquels il y a eu instance entre son Altesse Sén'uossime
422 —
Monseigneur le Comte d'Eu ', et les Maire, Echevins, habitans
de Dreux et laboureurs des paroisses voisines, ont été régies.
Pont en pierres de la Porte Chartraine
Pendant les années 1770 et 1771, les maisons des sieurs
Vigneron, menuisier, et Breieche et le dessus de la porte Char-
traine ont été abattues ainsi que la terrasse du sieur Claude
Thubeui" et à leur lieu et place, le second pont de la porte
Chartraine a été construit en pierres; il a été adjugé moyen-
nant hnil jjiillc livres, non compris d'autres réparations de la
Ville, ainsy qu'il est porté par plusieurs actes sur le registre
des délibérations pendant lesdites deux années.
< Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthiévre, dernier comte de Dreux.
— 12:
•)•>
► .\()MI.\AT1()XS
KT (nNTINrATION DES MaIRKS, LlKrXKNANTS DK ^^A1RE, LORS-
(jril. V A EU LIEU d'en NoM.MEK. KcIIEVINS. iMtOCIREIRS
SlNDICS, ReCEVEIRS et GREI-I'IERS, sans y CO.Ml'RENDRE LES
Commissaires, C(»NTRoLErRs, Assesseurs, etc., a commen-
cer 1)K ITl.KJ. SUIVANT LES ACTES CI-APRÈS.
ITCKI
Le sieur François Mullet avoit acquis la charge de ^faire
avant 17U0, après sa création de 1092. On ne voit pas l'acte
d'enregistrement de ses provisions, non plus que les nomina-
tions d'Echevins. Procureurs-Sindics et de Grelliers et autres
otticiers. Les actes n'ayant ])oint été remis en registres, se
sont trouvés perdus ou autrement.
1704
Par acte du 8 octobre 1701 le sieur Mallet, en sa qualité de
Maire perpétuel, a reçu Cltiudr Lcnirv pour Grellier de la
Ville au lieu et place du sieur Josaphat Dulrenoy qui avoit
acquis cette charge.
Par acte du 2:3 décembre 1704, le sieur Mallet, maire perpé-
tuel, le sieur Mnrlin J.i- Mi-in-slrcl, Lieutenant de Maire,
Louis HiucI, procureur du Koi. ont reçu et installé ^^ l'icn-i'
Krrnrd, pourvu de lollicc de I""" Kchevin et ont lait enregis-
trer les lettres patentes par lui détenues, le 7 septembre 1701,
après lui avoir fait attester de ses vie et mœurs et .M. Fnni-
çois Giiillcl a resté second Echevin.
1704, — Miliciens tombés au sort
Par acli' (lu diniaiichc 28 <léceml)rc 1701, les sieurs Mallet,
Maire, Martin Le Menestrcd, lieutenant, de Maire. Ki-rard,
l'"" Echeviu <i Louis Hiuei. [inicurcui- du ivc»i, ont l'ail asst.Mu-
— 424 —
bler les garçons des deux paroisses de la Ville, suivant les
ordi-es du Roi, pour fournir quatre miliciens et le sort est
tombé sur Pierre Flii/uull, le sieur Le Chorpy, François
Adrien çt Martin Blin.
1705
Par acte du 13 May 1705, les sieurs Mallet, Maire, Errard,
premier Echevin et Louis Binet, procureur du Roi, ont sur la
requête à eux présentée par M. Pievre-Josoph Rofroii, fait
registrer la commission ;i lui expédiée pour la Recette des
deniers de Toctroi et patrimoniaux de la Ville au lieu et place
des sieurs Cervol et Aubert, Receveurs des tailles.
Par acte du 11 Juin 1705, les sieurs Mallet, Maire, Martin
Le Ménestrel, lieutenant do Maire, Errard, premier Echevin
et Louis Binet, procureur du Roi, a été nommé le sieur Thibault
Donnante pour second Echevin à la place du sieur François
Guillet.
1710
Par acte du 28 août 1710, le sieur Mallet, Mair^, Martin Le
Ménestrel, lieutenant de Maire et Louis Binet, procureur du
Roi, ont fait registrer par le sieur Allcaumo, leur greffier, les
lettres de commission obtenues par Michel Blanche, pour
Echevin alternatif.
1712
Par acte du 5 janvier 1712, les sieurs Mallet, Maire, Martin
Le Ménestrel, lieutenant de Maire et Michel Blanche, Eche-
vin, ont fait registrer les lettres de provisions du Procureur
du Roy de la Ville, obtenues par Louis-Jurf/nos de Valois.
1713
Par acte du 30 mars 1713, les sieurs François Mallet, Maire
et Louis-Jacques de Vallois, procureur du Roi, ont fait regis-
trer la commission d'Echevin alternatif obtenue par M. Airolas
Mariette, procureur.
1716
Par acte du 13 août 1716, les sieurs Mallet, Maire et Louis-
Jacques de Vallois procureur du Roi, lequel a remontré que
— 1-^"' —
le corps (les nilicicrs tir \ illc ciuil (lc|><»iiivii (ruilicici's ])ar la
mort do pliisuMirs. ont {'U' uoiimiés l-'i-nin-ois l-'iul. I'VIicn iii
pour un aa et Clnmle /{oli-ou, Kchovin pour deux ans.
Par aclf du 'S> uiivcnilirc 1717 cii rassoiiihlt'-c i^UMU-ralo
Ii-iiiio par M. l-'rrdinanl de l'ink'ri's ', seiiiiieur de Molclle,
j^^rand Hailly. acconipaj^nié des sieurs (le Rolrou, Lioutonant-
Gënéral. de Baiu'iiolos, lieutenant iiarliculin-, J.cLirand. pio-
eurcui- du Kni. cl IV////;////, avocat du Roi. tons du corps du
Hailliay:e, où étoieut les sieurs Rolrou. premier Kchevin,
François Fiot, second Echeviu et de Vallois, procureur du
Roi, pour r<'lection et nomination d'un Maire et autres oïli-
ciers de Ville, suivant les ordres envoyés par M. Uiiinnit, In-
tendant, ladite assemblée a été remise, attendu les contesta-
tions de part et d'autre.
ITLS
l'ar acte du 7 nii\ cnibrc 17ls. les sieurs ("lande Ivniidn.
premier Kche\ in, et François Fiot, second Fchevin. le sicui-
PYançois MalU't a demande'- reni'e<iistremeiit des lettres
patentes du •^o octoluc audit an. par lui oldenfTC's, i|iii le reta-
Ijlissent Maire de la \ illc de hi'cux.
I7U>
l'ar acl<' du IJ jnillci 17l'.t. les sieurs François Mallet.
Maire, Fran(;ois l-'ioi. i-iclicxin. nui laii enregistrer les lettres
patentes (jui leur ont ele présentées par Louis-.Iacfjues de
\allois et par lia obtenues du Roi. jiour la charLic de pi'ocu-
reui- A\\ Roi de la \ille.
1725
l'ar .•icle du "Jv* Mai \~'^T). les (piarentes conseillers pairs ont
été de nou\can nommes. |<' .sicni' l-'rancois Mallet demeuré'
' Li^cz h'iiiiiiaiiii (II' l'illii'is. Kii oiilii' ilr la scjtîiifiini' ilf Molclic (ciic
laniillf |ioss('(lail ciicon' cfllps d'AlLiiiivilIf. de l.ailirr, cii . {),• PiHicrs |torl.iil
|Hiiii- amidirif'»^ : li'or au vhi'vnm il'uziir.
T. Xll, M.
— 42f) —
Maire perpétuel, le sieur François Brochand nommé premier
Echevin et le sieur Charles Le Ménestrel second Echevin et
le sieur Pierre-Charles Giiillet, procureur sindic.
1720
Par acte du IS.juin 1720, les sieurs Mallet, .Maire, Le Ménes-
trel, Echevin et Guillet procureur sindic. Le sieur Charles
Bureau a été nommé 2^ Echevin.
1727
Par acte du 10 Juin 1727 en l'assemblée, les sieurs Mallet,
Maire, Charles Bureau, Echevin, et Guillet, procureur sindic.
Le sieur de Bair/nolcs a été nommé second echevin, qui a pro-
testé de sa nomination, et à l'instant la compagnie a délibéré
que les parties se pourvoiraient par devers sa Majesté, qui
après a ordonné une nouvelle nomination, laquelle a été faite
de la personne du sieur Claude Le Prince.
1728 ^
Par acte des 23 et 25 mai 1728 en l'assemblée générale, le
sieur Le Grand, procureur du Roi au Bailliage, a été élu Maire,
le sieur Antoine Lecomte élu second Echevin et le sieur
Xicolas Ménestrel procureur sindic.
M. PÉTEIL GREFFIER
Le 5 septembre 1728. François Peteil a écrit pour la pre-
mière fois en qualité de Greffier de ladite Ville.
1729
Par acte du 14 juin 1729, le sieur Le Grand a été continué
Maire, le sieur Antoine Le Comte premier Echevin, le sieur
Nicolas Le Ménestrel, ])rocureur sindic. le si(Mir Flirmie
Antoaunie a été élu second Echevin.
1730
Par acte du OJuin 1730, le sieur Le Grand a été continué
Maire, le sieur Etienne Anteaume, Echevin et le dit Nicolas
Le Ménestrel procureur sindic. Le sieur Anne Mallard a été
— 127 —
ôlii soCDiid Jvlic\ in cl. |i;ir li- luèmo acte, le sieur Conthici-,
receveur de la \ille, a i)réleu(lu avoir la jiréséauco a])rès le
Maire, ce qui lui a été contesté.
1731
Par acte des 20 et 22 uiai 17;!1. le sieur Mntliiiriii Jouvrlin,
procurtiir du Koi des eaux el lorèts. a été élu Maire, le sieur
MuUard reste [ireuiier éclu-vin. le sieur C/i.ir/fs Le Mriirsln'l,
marchand, élu second Eclievin, et le sieur Clniiih'-Murir
Lr lu-iiicr (du procureur sindic.
1732
Par acte des 3 et lU juin 1732, le sieur Jouvelin a été conti-
nué Maire, les dits sieurs Pierre->'icolas Le Ménestrel, pre-
mier Eclievin et Leprince, procureur sindic, et le sieur
Pii'iri--.\nloii}i' /'ri il, éjjicier, a été élu second eclievin.
1733
Par acte des 20 mai et 2 juin 1733, le sieur .Tuiiv(din a été
continué Maire, le sieur Pierre-Nicolas Le Ménestrel, premier
Eclievin. et le sieur Leprince, procureur sindic et le sieur
Antoine Petit, second échevin.
Par acte sans date, page 00. entre les actes du 11 novembre
1731 et 22 juillet 17:;.'). du Keg-isire cotté 1 1, le sieur l'imu'
Li' <loinlf, chii-urgien. a été reçu Oreflier de la \'ille par
Messieurs Mallet, commis h l'exercice de Maire, Urhiii Mur-
(/tis, lieuteiiaiii de Maiii'. Etienne Anteaume, Echevin et
l'ii-rri- llniuii-il, de même commis à l'oflicede iirocun-uî- sindic
Le sieur .Xicolns Jif/f/furd a C(jmparu en qualité d'avocat du
Roi et Anselme ]<• .... (•(uilinleni-.
1738
Par acte du l'" jan\ ier I7:î8, en v<'iMu de l'arrei duCouseil
du 1 dé'ccmlire 17;J7, (pu ordnuni' rexeciiliuu du lunis de no-
veud)i-e 173:5 portant r<'lahlisseuieul des urijcicrs municipaux,
le si(.'ur ('.hni-li-^ [.'• Mrm-^irrl a été <'lii M.iire. h's sieurs
— ri8 —
Etienne Anleaiuue, [ireiiik-]' (•cheviii. (iiiillnmiu- Cin-ihh'',
second Echevin et Pierre Honard, procureur sindic.
Le 24 janvier 1738, les provisions des Receveurs des deniers
d'octrois et patrimoniaux de la Mlle, obtenues par le sieur
Nicohis-Aiihi'mi' Clihui-nt, au mois de novembre 1737 ont été
registrées sur le reu,'istre des délihéralions de la AMlle.
1739. Gouverneur de la Ville.
Le 12 mai 1739, les provisions de i^ouverneur delà Ville de
Dreux, obtenues par M. do Sti/u'ovois, ca]>itaine au Régiment
Royal carabiniers, le 27 février 17.38. ont été enregistrées sur
le registre de la Ville.
Par acte du 20 mai 17:]'.) on l'assemblée tenue par M. Le
Grand, pour l'absence de M. le Lieutenant Général, oii étoient
les sieurs Charles ^lenestrel. Maire, Choddé, Echevin et
Houard, procureur sindic. Le sieur Louis l'etil, procureur, a
été élu echevin à la place dn sieur Etienne Ant^ieaume dont
le tems étoit fini.
1740
Par actes des 7 et 14 Juin 1740, les sieurs Charles Le Ménes-
trel, Maire, Louis Petit, Echevin, etHouart, procureur sindic;
le sieur ChnrJrs Thiihciif a été élu second Echevin à la place
du sieur Cheddé.
1741
Par actes des 28 et 30 mai 1741, le sieur C hurles Brissemi
a été élu Maire, le sieur Thubeuf resté premier Echevin, le
sieur Michel Musson élu second Echevin et le sieur Xicoks
Le Menestri'l élu procureur sindic ; mais il paroit par les actes
d'après la nomination du sieur Le Ménestrel pour procureur
sindic, qu'il n"a point exercé et que le sieur Houart a conti-
nué l'exercice.
1745
En l'année 1745 registrement des provisions d'Echevin mi
triennal et alternatif mi triennal, obtenues le 23 janvier 1745
par les sieurs Jemi CouteJlier et Piei've-Mavtin Bureau.
— 120 —
1717. M. Dks.iardins, Greffier
Par aclr «lu VU st'iitciiilnf 17 17. If siciir ("liarlos Brisst'an.
Maire, a fi^rn l.i [n'isoiiiic de /.;iiiri-iil Ifcsjni-diiis, [lour Grel-
fier (le rilôtol d.' Ville.
l'ar acte du '•) ncllini-c 17 17 d cii ciiiisiMjuencc de l'arrêt du
Conseil d'Etat du I I août audit au, (jui onUuine (^ue les orii-
ces niuuicipaux dt' la cri'atiou de l'ivlit de Uf)veuilii-e 17:}:i
restaut ii Nciidre. serout rcMiuis aux curiis des ^■illes. le sieur
ifiiliciiiir, Lieiileuaut <iéuéral. a été élu Maire, les sieurs Jean
Coutellier et Pierre-Martin Bureau, restés Echevinsen titre,
le sieur l'ifrrr-.Xii-olns l.r Mnirs/i-rl a 0{r (du troisième Eche-
vin et le sieur Clinrlvs Tliulmil' n été élu procureur sindic.
Par actes des il» et VC) mai 175(J, le sieur. lulienne, Lieutenant
Général, a (''t('' (•oiitinu<'' Maire, les sieurs Coutellier et Bureau
restés Echevins en litre et le sieur Charles ThubeuC continué
procui'eur siinlic et au lieu et place du sieur Nicolas Le Ménes-
trel, trojsii'Mie Eclievin le sieur /'/e/ve ^',7///;/r'a été élu lieute-
nauL (le Maire.
Par actes des l""" et S juin I7r)l. le dit sieur Julienne a été
continué Maire, le ditsieiu- Pierre Cai^iiié continué lieutenant
de Maire, les sieurs Coutidlier et Bureau restés Echevins eu
titre et le sieur (iiiiUmuur (lltcddé a été élu procureur siiulic.
1752
Le S a\ lil 17.")2. re.uMst renient a (''t('' lait des provisions
d'Echeviii cil litre, (djlenues par le sieiir ,/;n-i/iics Ainry le
IT) d(''ceiulirc I7.')0, à cause de rac(inisiti(iii (pi'il en avoit faite
du sieur ( 'outcllier.
1752
Par acte du 21 luiii 1752. ledit sieur Jidieune a de ( onu-
uu('> Maire, le siciir Pierre CaLiiiic' lieut(>nant de Maire, les
sieurs Bureau et Au\ry rest(''s Kclieviiis en liti'c et le si(MU'
('liedd('' (-(Uitinué procureur sindic.
— 4:J0 —
1754
Par acte du 14 juin 1751, ledit sieur Julienne a été continué
Maire pour trois ans, les sieurs Bureau et Auvry restés
PX'hevins en titre, et le sieur Cheddé continué procureur sin-
dic, pour trois ans.
1757
Par acte du 31 mai 1757, le dit sieur t/«//e/;/ie a été continué
Maire pour trois ans, les sieurs Bureau et Auvry restés Eche-
vins en titre et le sieur Cheddé aussi continué procureur sin-
dic pour trois ans.
17G3
Par actes des 29 et 31 mai 1763, le sieur Henry Cagnié a
été élu Maire, les sieurs Bureau et Auvry restés Echevins en
titre et le sieur Pierrc-Cbarles-Fruunois Guillet a été élu
procureur sindic. -.
Nominations et administrations nouvelles ordonnées
par édits des mois d'Août 1764 et mai 1765.
17G4
' Par acte du 19 décembre 1764 et en exécution de TEdit du
mois d'août 1764, le sieur Henry Cagnié a été élu Maire, les
dits .sieurs Pierre-Martin Bureau et Jacques Auvry élus Eche-
vins, le sieur Guillaume Cheddé élu procureur sindic et le
sieur CJiarles Bureau, de Saint-Denis, nommé Receveur des
deniers d'octrois et patrimoniaux de la Ville et le sieur Charles
Le Ménestrel nommé Notable et le sieur De.sjardins a continué
d'exercer les fonctions de Greffier.
1765
Par acte du 16 juillet 1765, en exéctilioii do l'édii du mois
de mai audit an. Messieurs Henry Cagnié a continué l'exer-
cice de Maire, Pierre-Martin Bureau et Jacques Auvry celui
d'être Echevins et ont été élus pour Notables :
— 4.S1 —
MM. !)(' Sailly. chanoiiio ; Honiiol. curé de Saint-Pierre;
Le Cornu de Loinvillc; Julienne, ancien Lieutenant-Général;
Guillet; Tcjurette ; Leprince ; Cagnyé (Pierre); Thubeuf
(Antoine)V])i)bineau : Colette de Chanipseru ; Gentil Dunies-
nil ; Hiiat et Nivernois au Thivernay.
Par acte du 17 dudit mois dejuilli'l audit an, en exécution
du inênie Edit Messieurs Jncf/iics-Jcun Cîii'oiix tics fJrosscs et
\icohis Le Menesli-el ont été élus 3" et 4* Echevins. Messieurs
Le DiKjh' (le Lorinc, premier conseiller de Ville, (lliurîr Tliiihruf
second, ('Jiurles Le Ménestrel 3" ; Xicolus Rogeard 4°; Xieolas
André 5^, et Sébasl ien-Frnnçois Mnllet Cf. La place de sindic
receveur n'a point été remplie attendu la difficulté qui s'est
trouvée et qui a été renvoyée à ^L le Contrôleur g'énéral.
Laurent Desjardins qui a exercé la place de Greffier depuis
l'année 1747. a été élu Secrétaire Greffier.
17G3
Par acte du 3 août 1705, M. Guillaume Cheddé a été élu et
nommé Sindic Receveur, en conséquence de la lettre de
M. le rontroleur irc'néral.
17G7
Par acte du 10 Juin 1707, Messieurs Le Bugle de Lorme et
Charles Le Ménestrel ont été élus et nommés S*" et 4* Echevins
au lieu et place de Messieurs Bureau et Auvry.
1708
Par acte du '^.) mai 17()S, Jour de la 'ri-iiiilé. MM.^'//''y//.\ des
ISrosses, Honnet, curé de Saint-Pierre, et ^'//cc/f/é ont été élus,
pour un des trois être nommé i)ar le Roi Maire, en \ crtu de
redit du mois de mai 17(j5.
Peu après le Roi a nomm*' M. (Iheddr pour être Maire.
Par le même acte du dit Jour 20 mai, MM. Ciiilli-I et André
ont ("té élus et nommc's '.Y et 1" Echevins et MM. Le Hu-j-l'- d«'
l>orme et Le Menestivl sont devenus V et 2" Echevins.
Par acte du 17 juillet 170S. M. Louis Centil Dinnesnil a été
nommé sindic receveur à la place du sieur Cheddé.
132
1769
Par acte clii 21 mai 1709, Messieurs /j-prim-r. avocat, et
l'irrro Civjini' ont été élus 2," et 4'^ Echevins, au lieu et place
(le >nr. Delorme et Ménestrel; M. Cheddé a resté Maire et
^[.M. (Uiillel et André P^ et 2" Echevins.
1770
Par acte du 10 juin 1770, Messieurs iJohincmi et IhiUoynu
ont été élus Echevins, savoir: M. Dobineau pour un an, au
lieu et place de M. Cagnié, mort en charge, et les sieurs Ro-
iji'nrd cl IliiUoynn, :><= et 4- Echevins; M. Cheddé a, resté Maire
et M. Lejirince, avocat, et Dohiin-nii pour premier et deuxième
Echevins.
1771
l^ai' acte du 21 mai 1771, mardy de la Pentecôte, Messieurs
Giroiix dos Brosses, GuilleL et Le Ménestrel ont été élus pour
l'un des trois être Maire.
Ledit jour MM. Bonnet, curé de Saint-Pierre, et Brisset ont
été élus 3" et 4*^ Echevins et MM. Rogeard et Dalloyan sont
restés l*"'' et 2*^ Echevins.
Dans le courant de juillet en suivant M. Gironx des Brosses
a été par le Roi choisi et nommé Maire.
1772
A la Trinité 1772, il n'y a eu aucune nomination, ailcndu
la suppression des places. Suivant TEdit de novembre 1771.
MM. (liroul des II rosses, Bof/enrd, B;dlo} cnii, /.<■ niri' de Sniid-
/'icri-t'oi /Irissri on\ continué leurs fonctions de Maire et
dEchovins. Le sieur Diunesnil pour Receveur et Drsjnrdins
Tainé pour Secrétaire Greflier.
Le mardi dix-sept novembre 1772. M. /j'/irincc, ancien
Lieutenant-Général au Bailliage de Dreux, a l'ail signifier au
grefïe de la Ville, l'arrêt du Conseil d'Etat du Roi du 3dudit
mois do novembre, par lequel il a obtenu de sa Majesté tous
les offices municipaux di' la Aille, nioyennani la >(ininir t]['
30.100 livres poni- en jouir et disposer, connue il avisera bon
être.
— 4:w —
Le lo ilécciiibrc iiiulii ;tii 1T7J, les pinvisions et quittances
de finances ohtcniies par M. .W;ii-</itis. diiii ollicc trKclievin
sur la (léuiission ipic lui en a faite M. Lrjiriinr, ont été regis-
trées suries Reiristres de la \illr.
1
/ (O
Le rj jaiiN ici' 177:!. les jhhn isioiis et (juitlauces de Huauces
<)l)tenues y.w M. Cornu tVww i<\'\\rt- d'assesseur, sur la df'iuis-
sion (jue lui eu a laite M. l.'-jiriii<r. dnt aussi (''!(• rej^-istrées
sui' les Keuisli'es de la \ illi'.
Le 17 uiars 177."!. les in-ovisious (jl)leuues par M. i/anjiirs
J)rsl;iiiih-fs de lieutenant de Maire delà ^'ille, sur la démission
i|iii' lui eu a faite M. l.i'priuce, oui pareilleuieut (Hé reg:istrées
sur les Kep:istres de la \ille.
!.<■ il a\ril 177:'.. les jirovisions obtenues par .M. /'/ry/v
DcJfiluijr d'un oflice d'assesseur a la Ville, sur la déujission
que lui en a faite M. Leprince, <»ut aussi ('te reiiistrées suries
Registres de la Ville.
('erlili('' le iir(''seut registre couroruie a l'oi-igiual déposé aux
arrliives de la \ illr de hreux.siir la renuse (jui eu a ('te faite
vohuitaii'euient pailesieiu"Eutr(»pe La Mésange, lils.qui l'ax oii
eu propriété (!<■ la inaiu même des héritiers de ISL Desjardius
et qui en a fait lioiumage à la Ville, par attachement \un\v s(ui
pays et par /.ele pour la e(Uiservalion de tout ce (pn iieul
coutril)iii'r a la l'oi-uiati(tn de l'histoii'e de Dreux.
A lu Muirif de Droux, le 28 octobre t^il.
sign<3 : Holrou, .Maire.
(I. ( u.\Ml-A(iNi:.
ÉTUDE
SUR LA
FAÇADE DE LA CATHEDRALE DE CHARTRES
Du Xr au Xlir siècle
Tant d'archéologues autorisés ont déjà écrit sur la cathé-
drale de Chartres qu"il semble téméraire de vouloir en
parler de nouveau; et pourtant aucun d'eux n'a, jusqu'à ce
jour, établi la suite complète de ses transformations.
L'étude de l'ensemble du monument serait^ un travail
tellement considérable qu'une vie tout entière n'y sutiirait
peut-être pas; aussi avons-nous, dans cette notice, borné
nos recherches à la façade principale, cherchant avant
toute chose à établir la continuité des transformations
qu'elle a subies plus que les dates rigoureuses de ces travaux.
Nous nous sommes contenté de mettre les faits en rapport
avec les dates connues, nos moyens d'investigation ne nous
permettant pas d'en contrôler l'exactitude.
Jusqu'en l'année 1020 le travail très approfondi de
M. labbé Clerval et de M. Merlet nous renseigne d'une
façon exacte sur l'origine de la cathédrale. Puis, continuant
cette étude dans Icui' Mmiuscrit Chartniin ihi XI'' sirclr. ils
reconstituent la nef de Tévèque Fulbert avec d'autant plus
de précision qu'ils avaient pour base la nnniature d'André
de Mici, dont ils ont pu établir une concoi-dance avec les
substructions encore visibles aujourd'hui.
Aussi, renvoyant le lecteur à cet excellent ouvrage, })0ur
cette période, commencerons-nous notre éttulc au sixième
incendie cjui endonuuagea la nef de Chartres, le 11 sep-
tembre 1030.
— i:{5 —
A celte époque, la ealliédralf dt- Fulliert se composait
(riiiic al)si(le avec déaiiibulatoire ettrois absidioles. d'un<» nef
avec bas-côtés, c(>iii|iri'ii,iiii dii/c tiavées éjj;ales. et de deux
clochers fl'iiii an nord, près du elioMir. l'autre au sud. contre
la lactutc occidentale.
^ Dans sa i"('C(»nstituti«>n de la ncl' de r(''vê(|ue
/lm\ Fulljerl. M. Mei'lel place ce deinier cloclier i-<»ni-
plètenient isolé de Tc-iilise.
Outre (piil n'apporte aucune preuve ;i l'apimi
de cette assertion. ;i laipielje.
d'ailleurs, il n'attache (pie [mmi
d'importance, il est, croyons-nous.
VvS'^'v' 3-^^^ a^to'ii,^ Cil désaccord avec la miniature
S^
I :
d'André de Mici, doni nous d(»n-
noiis ci-Joint lïu:. 1 le cro(piis
■ mm •'■"" i"i'''^-"'f''it-
Le cloclier y esi représenté
collé contre la façade, dans le
Il ihi l)as-côtt* sud. et nous
Il colk' c
♦^, prolonLi'enieii
P".-C^ï:^U^H'-' voyons (pie .sa partie inférieure. ré?5er-
LiV^N"*^?^' v('e aux femmes, formait avec le porche
yWf^ I l'i'^' «*'i"l<-' i'»-' vestibule ou narthex. prinutif.
Fie. 1. C'est celte disposition que nous avons
établie iH'g-ulièremenl dans le plan fit!:. 2i rei)résentant les
in'emièrcs travées ih' la uel'. le clocher et le porche tels
qu'ils devaient être en lo;;o.
KlC. •-'. — 1(120 a lil.lil
Kijii
Le dessin i Ijti'. ;;) re|)reselile le M'heiiia (h' la facaih' a
cette éi)oque et n'a nnllemeiii la prétentitjn d'une recoiisti-
FiG. 4.
inso à 11(10
— 4:î() —
tution exacte, mais nous l'avons cru nécessaire pour expli-
quer la suite des transformations.
Le 11 septeml)re lOliO le feu attaqua pour la première
fois la iief de Fulbert. Il ne semble pas que cet incendie ait
atteint le gros œuvre, iniisquenous voyons, en 1():>7, Thierri,
évêque de Chartres, en faire de nouveau la dédicace. Mais,
comme le fait remarquer M. Merlet. on s'expliquerait dillici-
lement qu'il eût employé sept ans à reconstruire les combles
seuls de l'édifice, comme l'indique
son épita[)lie; aussi ne borna-t-il
pas là ses travaux : outre les deux
transepts, il augmenta la nef de
deux travées et construisit une
nouvelle façade à l'aplomb de la
face ouest du clocher (fig. 4).
Mais l'épaisseur de celui-ci était
trop ('li'oite pour (in'il fût possible
de donner k ces travées la même
largeur qu'aux précédentes, aussi n'ont-elles- (juo r)"'28 et
0'"_;U, alors que la dernière de Fulbert avaihO"'87et les
autres 7 '"05; de plus, le bas-côté nord ne fut pas prolongé,
soit que déjà la pensée fût venue d'y construire un second
clocher eu remplacement de celui du transept détruit par
l'incendie, soit que les deux travées n'eussent été construites
que pour remplacer le narthex brûlé, laissant ;i l'extrémité
(hi l);is-côté une |ioi-te d'entrée à la crypte.
La tlgure 5 donne le scliéma
approximatif de cette façade
telle qu'elle dut être vers 1050.
Nous remarquerons que, si
nous conservons l'axe intérieur
|)our établir la porte et les trois
baies qui la surmontent, réi)ais-
seur des contreforts du clocher
_ forcent la fenêtre adjacente à
ètr(> plus étroite que celle oppo-
is loin la suite de cette observation.
nn événement considi'raltle
donnci' nn immivcI essor
1 IG. 5. — 103U a lliHi
sée. Nous retrouverons p
Vers le niilien du W sii'ch
de\;iil inllinMicei' lonh
it reniliellissenienl de l;t c-'il iK'drale
a région e
Kii ln:;-j. (IchUiiin M.nlil. lils de Fuiihjiirs .\cii-a. :i\ ;iit r;iil
élever il \ ciKldinc. jHiur lis l'.iiMMliciins, une ahbaye qui Tut
dédi(''e en inid |(,ii- Ic-vriiur lliiiiii '. l'iiis. ayant ainsi
satisfait sj conscience peu liainiuillc il lui appel)' par l'eni-
pen-ur Miilii-l l'aplilaiiouicu cl partit en Sicile c(Mubattre les
Sarrazins.
Revenu vaiinpU'Ui'. il ra|i|tnrla cnuiuie i-(''cnuipeuse un
reliiiiutirc contenant une lai-nie du christ. )|Ue lui .a.iit
(lonn('' l'empereur.
Cette précieuse reliipic ne lai il;i jias ii l'aire de nonihreux
miracles: aussi, tant |Minr lui l'aire lioiiiieur (jua cause du
•^raml iininlire de dmis reçus par l'ahliaye. les travaux lurent
repris en iU4T et bieiilol l'on commença ;'i élevei- le maLini-
lique clocher qu'on voit encore aujourd'hui -.
Il est certain (pie la pn'senc'c de celte relique aussi pr(»che
(le Chartres détourna, an prolit de \'eu(l<')me. une partie des
tidèles et inquiéta le chapitre, qui chercha aussit(jt ;i embellir
et auiiinenter la cathediale peur _\ ramener ratlention un
instant détournée ^.
Kn lo.")!». uous voyons l'oliii du clianniiu' Rainil)anlt /////
(If^dil nini/mun p/irtein suc possfssiuiiiiis ml i-ililirulifuirni
ypstihiili /'roulis lui jus (vclcsi;r).
Kniiii. comme le W siècle louchait a sa lin. nous voyons
pom- la prenni'i-e fois (pi il est fait mention du projet (U' la
construction d un neuveau clocher. Le 20 août l^î)L^ nninrut
le doyen du chapitre. Adalard (y/// lioc ('Rj)iliiliiin roiistruxit)
(pu avait construit ce chapitre hi :iil .i-di/irntionciii liirris
' L'alilii' Udoii. (|ui vivait an .\ll' sit'-ilc m a (loiiiir Ir coiiiiilf midii ainsi
i|ii(' It'S l'ciistMijiK'incnls sur les autres (!'V(''iieni('iits i|iii vont >nivn'. ( ViMitl(>iiie,
liililiotliè()iip).
* Vdir à l'f siiji'l :
1" L'Hisliiirr du Vcmlnmois, par l'alii)(' Simon.
■i'' \'ruili'iiui\ |iar île l'assac.
;!" Mniiniirs hisioiiiiues et rhnmolnniqurs du Vmdoiiiois, par Diiiiicmin de
la (Ihcsnais, ouvrai,'e non pnlilié, cnlic les mains du concspondanl du minis-
tère (!(; riiislrnelion pnlili(|ne.
i" l{,ip|Miil de M. I,< iiiirin.iiid. an\ .Vrcliives des Mimunienls liislnri(|Ues.
:< l.r rl.irlirr dr VeiiiInnU' élail I.tiiiiim' en I H'.:!. aniM ijne r.iUesIe l'inscrip-
(iim dn inailn- iliar|H'nlifr r.renni''ie >\w nne de^ |ii(nlre> dn liellmy.
— i:« —
phirinium profuit), ol laissa beaucouii de biens pour la cons-
truction d'une tour. « Il no faut pas confondre cette tour
avec Tune de celles qui subsistent encore aujourd'hui près
de la façade occidentale, dit M. Merlet, et que l'on n'érigea
que quarante ans plus tard, après l'incendie de 1104 ». Nous
ne sommes pas de cet avis. Lorsque M. Merlet écrivait ces
lignes, l'étude de M. Lanore n'avait i)as encore paru,
établissant la priorité du clocher nord sur le clocher sud, et
il était convenu (juc les dcnix clochers avaient été construits
à la môme époque. Nous donnerons plus loin l'étude compa-
rative des moulures de ces deux clochers, mais, ce que nous
pouvons faire remarquer, c'est l'énorme rapport qu'il y a
entre le clocher de Vendôme et la base du clocher nord de
Chartres. Ce sont les mêmes moulures, les mêmes détails,
dans les deux la même hésitation entre l'arc plein cintre et
l'arc à peine brisé. Certain chapiteau de Chartres porte
deux griffons que nous retrouvons dans la frise de celui de
Vendôme, mêmes archivoltes, mêmes bases. Car il ne faut
pas croire que les travaux du clocher étaient sommencés du
temps d'Adalard, mais il en est parlé comme -^d'un projet
(liirris), sans qu'il soit précisé comme il est fait pour le cha-
pitre (Hoc cHpiliiliim). Peut-être est-
ce même pour une tour symétrique
à celle de Fulbert.
C'est seulement vers 1100, croyons-
nous, que fut élevée la tour nord,
et elle devait être, vers ll.'iO, ;i peu
près terminée dans son premier
projet, c'est-à-dire jusqu'au-dessus
du glacis des contreforts (tig. 6).
Une flèche en bois analogue à
celle de Saiut-Ccrniain-des-Prés, (i(\
Paris, la t-erminait sans doute.
En même temps, saint ^'ves, évêquc de Chartres, faisait
réparer la toiture et la couvrait en partie de plomb.
Enlin, de IPiO à 11:34 fut construit un vaste porche accolé
contre la façade et le clocher nord et décoré des trois
magnifiques portails que nous pouvons admirer encore
aujourd'hui (fig. 7).
M. Lanore, et avec lui plusieurs auteurs, ont cherché à
llOd ;l ll:i'l
— 130 —
établir lisfilomont roniidcl du clochor nord, à l'oxoniplo do
celui de Veiidonie,
Il est. Je crois, tout à fait iiiipossible do comparer ces doux
clochers ji ce point do vue. l'un ("tant celui d'une abbaye
(exoiuplo d'ailleurs uni(iiu' on Franco . Vautre faisant partie
d'uiir cathédrale ot (''vidciiiiiimt construit pour faire pondant
au clochor do FuHiort.
_ D'autre |iart, si nous pouvons
Im aihiiettro que les faits invoqiu's
■ Il 1''"' ^'- 1-anoro pniuvcnt ris<i-
loniont du cldciior jirés du bas-
cntc actuel, tel qu'il est indi-
(pu' dans le plan (tig. 7). la fac<>
sud a toujours été accolée jus-
(pi'au-dossous des doux baies
jiros(pi(' {iloiii -cintre, aujuur-
d'hui bouchées, qui se voient
h l'intérieur.
1 1.1. T. — iino ;i ini En eflet. alors qu'il Vendonio
les faces sont semblables, sauf celle de l'escalier, à Char-
tres, seules les faces nord et ouest otFrent dans la partie
basse une certaine ré'oularité.
La face sud (lig. 14), présente une disposition toute
spéciale. ])eu\ arcs cautounés de dix colounos supportent le
mur de face ot laissent la lil)re circulation à l'intérieur.
l>eux colonnes en A et B, rigoureusement liées ii la ma(;on-
nerie, et dont la mouluration concorde d'ailleurs avec tout
le reste, portaient do A on H et en (' deux doubloanx dont
on voit parfaitement la trace. Au-des>iis do la colonne H. les
pierres on l)outisso forment corbeaux et reçoivent la retom-
bée d'un arc î)erpendiculairo H-K, tout en maintenant la
base du contrefort, dont la Ini-iue spéciale etamincio prouve
l)arfaitomont sa destination promièro.
Si nous reconstituons par le tract' le |ilaii de ce porche,
dont les bases existent on A I! <' i)KK(; 11, nous nous trou-
vons en |ir<''Sonco d'un naiMlio.x. semblable on tout jioint a
celui de Saint-i5eiinisi-siir-I,oii-e Loii'ol . Ce nartliex avait une
l'act- >uil ainsi ipi il esl indique dans h- plan ii^r. 7), ol lut
dc'cori', peu de temps apri's sa con-^liiU'titMi, «les admirabh'S
liiiuros (pli l'orneul anjoin-d liui.
— I m —
Plusieurs auteurs oui émis l'opiiiidn (jue ces sculptures ont
été (li'iiiontées et proviennent (fun autre |)oi'tail. Nous ne
croyons pas que cette opiui(^n juiisse tenir à un examen
sérieux. D'abord, il faudrait trouver l'emplacement de cette
ancienne façade. Celle de Thierri existait encore, puis, en
admettant qu'elle eût été remplacée par ces sculptures, la
largeur entre murs ('tail de 15.50, alors (pic la laçade actuelle
a 10.28, il y aurait donc 0.78 c. en trop : or nous voyons au
contraire, nous rcxi)li(iuerons ])lus loin. (|uc la l'acadc a du
être raccourcie. Nous aurions, en outre, des traces nom-
breuses de remontage, et si du c<')té nord nous voyons une
(•oupur(^ nette de la pierre, ce qui est forcé, puisque le clo-
cher est en pierre de Berchëres, alors que celle du porche
est en pierre de Normandie; les cintres des deux portes ne
présentent aucune trace de disjointoiement complet. Tous
les constructeurs savent comlnen il est ditlicile, pour ne pas
dire impossible, de réemployer des sculptures sans retouches
ni retailles.
De plus, la porte centrale n'a pas et n'a jam-ais eu de tru-
meau. Cet usage, qui dura tout le moyen-àge. ét;^it nécessité
par le manque de procédé [)our maintenir une porte à deux
vantaux fermée sans espagnolette ni crémone et aussi pour
soulager le linteau. Les feuillures actuelles ont été retaillées
au XIIP siècle en recoupant toute la mouluratiou.
Ces portes étaient donc bien faites pour être ouvertes
sans vantaux, comme un porche. On accédait sur ce porche
formant terrasse par les deux arcades du clocher nord,
aujourd'hui bouchées, car la partie basse n'était pas voût(''e.
mais seulement fermée d'un plancher, et peut-être au début
le porche fut-il seulement couvert en char|)ente. Il est évi-
dent que pour subvenir à tous ces travaux on ne put attendre
les libéralités posthumes, aussi eut-on r(>cours à des quêtes
imuK'diates, c'est [lourquoi les obits de cett(^ époque sont
muets sur ces donations. Ce n'est que plus tard, lors de la
mort des donateurs, qu'elles furent signalées mais sans pré-
ciser depuis quand elles avaient été faites.
Nous voici donc en 1134, le clocher est achevé, le porche
vient de l'être. Chartres peut rivaliser avec Vendôme. Mais
un nouveau sinistre éclate et met partout la laiineet la déso-
lation.
— m —
Le 7 soptombro 1131, « la (•ii('' lui in'osque eiUièrcinent
(h'tiuiic, mais, i»ar la miséricorde (!<' lùcii, le sanctuaire do
N<)lrc-I)aiii(' l'ut pn-scrN ('• dos (lammos qui rcnvironiiaiont. »
D'ai)rc| .M. Mcrlcl, les déf^^àls lurout relativement peu
importants, eu ce (jui concerne la nef même. « Toutefois,
dit-il. il est certain (pie les parties occidentalesde cet ('dillce
euri'ui il soutlrir de l'intensité du l'eu, car l'Hôtel-bieu du
chapitre, situé h quelques mètres seulement au sud-ouest do
réifli-se, fut entièrement ruine par l'incendie. »
Voici donc encore une fois la façade endommagée. Le clo-
cIkm- de Fulbert, (pli dc'Jii avait en lo.'iO résisté à l'incendie
et peut-être ;'i celui de liijtt. u(''taitplns qu'une masse informe
roniLi'ée par les llammes; alors,
pour la priMuière fois, l'architecte
coïK^'ut un parti d'ensemble digne
du monument (lîg. 8).
l'io. 8. — ll.l'i ;i 119't
Fld. 0. — IKI'i .1 ll'J'i
Il démolit le clocher de FuUiei-i, compléta les deux travées
de li»:;(i. (|t''monla la fac(; et l.i porte sud du porcjie; jinis,
syniétri(iueiueut au cIihIici- uoid. ('■1c\ a le clocher sud actuel
(iiii-- '••)•
11 ne Ic'deva pas d'un seul Jet, son but elaiii e\ideiuuieul
de faire juMidant axcc le cldclier uord. il s"air<"'(a d"ab«ii'd en
.\ 15, au ni\('au d(''J;'i ciuistruil de ce dernier clocher ipi'il
avait ('•yalis('' de A" en .\, travail (pii dura Jus(pu' vers H Hi.
car, pendant toute celte p(''riode, il n'est mentioinK' au nécro-
r. xii, .1/.
— 442 —
loge que des dons pour une seule tour. Après cette époque
il éleva symétriquement les fenêtres jusqu'au niveau C D.
Là, nouvel arrêt. La tour sud fut seule continuée par la
flèche actuoll(\ mais certaiuenuMit après quol(iues hésita-
tions. L'examen allontif du i)lan de la Uèchc montre qu'elle
ne concorde ])as ri^-oureusement avec le plan inférieur, il y
eut évidemment un changement dans le parti primitif. Peut-
être le projet comportait-il seuh'menl des flèches en bois.
Mais devant la llèche do Vendôme, qui s'élevait à la même
époque, puisqu'elle fut finie en IKm. 'h^ nérrologc nous
api)ren(l que celle de Chartres fut
continuée jusqu'en 1104, don (hi
chantre Hugues,, rarehitecte conçut
cette achnirable flèche, au moins
égahs sinon supérieure, à sa rivak;
de Vendôme.
Avant d"aller plus loin, examinons
avec soin les moulurations des par-
ties que nous venons de citer et
voyons si nous pouvons y trouver la j
même suite que dans les dates que j
nous venons d'établir.
La ligure 10 représente les profils
des bases du clocher nord, du porche
et du clocher sud.
Nous voyons d'abord ({ue. si nous
pouvons attribuer les mouhires in-
formes do la base nord aux pre-
mières années du XIl" siècle, la l)ase su(L au contraire, par
ses mouhires (''(u(ii('(\s et ses talons, a tous les caractères de
la seconde moitié du XIP.
Celle (ht porclu'. ])his pondérée, presque encore romane
comme jjrolil, fait bien la transition, de phis nous voyons
que du côtf' nord le ])orcli(> a été plaqué contre le clocher sans
qu'aucune moulure s'y rattache, alors qu'au côté sud toute
la base du clocher a été moulurée pour se raccorder avec celle
(In poi-clie. On j)eut \<»ir sur ])lace (pie la moulure (\\\ clo-
cher nord traverse derrière le }>orclie et ressort on Cdn plan
(fig. 14), alors que celle de base du clocher sud s'arrête et se
retoni'iie sur le porche en M du in(''iue plan, ceci concordant
^
^
— 443 —
avec la marcli»' du tfavail tell'- «im' nous lavons imli-
fin(''(' '.
i5> .,^ <=• El <=■ C T_T C_^ T_ 'O C T-^ •e.-Fi INJ
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lie. H
■urD
Comparons niainlcnant Irs deux clocliors. La liii,'. 11 donne
la suite comparative par étage des bases des rr.lonncs ot.
colonnettes qui s'y rencontrent.
An rc/.-de-chaussée du clocher nord, nous ti-ouvons (Tabord
;i rintérienr (en A ot I'. du plan. lig'. 1 li et ;i rcxtériour
les l)ases ii boudins cannelés, bien caractéristiques du com-
mencement dii XII''. An premier étage, même moulnratiou
sans canneluro, mais encore très grossière comme protil. Ici
il faut nous arrête^-. Nous retrouvons les l)ases des
colonnettes extéi-ienres i\\\ jiorche sans fii-ides et celles inté-
rieures fl) ei K (In pl.iii. li-. I I de même prolil. mais avec
grilles iiidiiiMiitaircs et grossièrement striées. Nous sommes
au preniiei' (piart du XII'' siècle. La b.ase du cjoclier sud nous
donne le mènu' pnilil -i re\t( rieuc comme à rint(''rieiM'.
mais avec tirilles déjà pai'Iailes. le pidiii s'écrase, la scotie
t
' Il \ a lif <liai|iii' (l'ilr ili'iiN |irhl^ ii'^s.iiil^ il. 111^ li'^ iiioiiliin'S Ikism-s, les
traiTS (le srrll.inriit cl de nuiillc miiiMiiiI imlnitn r rriii|il;iii'iiiciil (iuiu' giillf
ou (if porlc-lianiiif'ic.
— 444 —
se creuse et le boudin inférieur s'aplatit, c'est le plein XIP,
Au premier étage, même profil. Au deuxième étage, nous
trouvons le même profil pour les deux clochers et, du côté
nord, une seule base avec une griffe, preuve que ces deux
parties ont été réparées simultanément ainsi que nous l'avons
expliqué.
La comparaison que nous venons de faire pour les bases
peut se répéter pour les chapiteaux et pour toutes les autres
moulures, mais nous croyons inutile de prolonger une suite
de remarques que chacun peut faire sur place.
Reprenons l'étude des transformations où nous l'avons
laissée, c'est-à-dire à la construction des clochers, pour
nous occuper du porche.
Nous avons vu (fig. 8), que la face sud fut supprimée par
suite de la construction du nouveau clocher ; il fallut
évidemment démonter la partie adjacente pour pouvoir
construire en M du plan (fig. 14) , le contrefort d'angle du
clocher. C'est ce qui nous est confirmé par l'examen du por-
tail. ».
L'ouverture de la porte (2.25 au lieu de 2.32) îvété rétrécie
de 0.17. Les trois statues adossées au clocher ont été dépo-
sées et assez mal remontées à des niveaux différents.
Le linteau qui était resté scellé à gauche a été coupé
à droite ', le tympan démonté et les archivoltes sciées à la
clef. Mais, une fois ce travail fait, le bas-relief du tympan se
trouva trop grand, il fut alors coupé en trois morceaux. Les
deux anges purent resservir, mais la partie centrale dut être
refaite. Ce fut l'archidiacre de Cliâteaudun, Richer, mort en
1150, qui en fit don ainsi qu'il est dit au cartulaire (ilccoravit
cliniii iiilroiliiiii liujiis ccclosiiv imagine hcutc Mni-ic niiro, dcvcn-
ter ornai n). Cette Vierge, évidemment celle qui existe aujour-
d'hui, était peinte et dorée, on on retrouve des traces. Enfin
du retour d'angle il restait inoccupée une figure d'ange;
c'est celle qui mainionant forme cadran solaire -, et diffc-
' Ce (jiii pst prouvé par le. fait (|u'il y a IomI l'espace iiéeessaii'e à droite; à
gauclie, au contraire, un personnage a clé scié en deux, si le linleau eût été
démoulé en coupant de chaiiue côté les jiarties inutiles, la scène serait restée
complète.
- Le cadran l'st du WI" si(''cle.
— 1 1.". —
reiits rragiuoiils coimiu' los Itasos cl 1rs cliaititcaux île la
|Miiii' iiiiii<''('. lacr sui\ (lu cliiciiiT. ainsi (|iic ràiic-iiui-vicUc
et les j^rotesiiiirs. le luui en |piiiif de Ndiinaiidir.
Quand titns ces travaux liirenl Ici mines, au inilicn de la
niaLîliiticenee de ces deux lours et du |i<ii(||('. la l'acadc d».-
Tliieri-i. m rcliail. iiarul Iiup sini|ili'. Iiuii \ icillc ; elle lut
dcuKjlie dans Inulc la |iarli(' dfs trois Icnêtres (llir. C» et
!-f|>()rt(''e sur le |Mirtail '.
On ic|ila{;a les verrières. Inuifs nouvellenient laites, dans
les nouvelles liaies, mais le nicinr ddaut i|Ui' iinus a\tins
(léjii lait t)bserver se produisit : la l)aie de droite se trouva
trop resserrée jiar le clocher, il l'allut non seulement en
clian,u-er la moulure mais encore l'entailler pour y loger la
verrière: cette l»aie a O.lîl cent, de moins (pie lauli'e.
Un tirand arc de d(''cliarii'e, aujourd'hui coup('', supportait
une y-alerie h laipidli' on descendaii par un petii escalier
nuuiilenant bouché. T(uite la j)arlie entre les deux clociiers
fut voûtée et l'on voit encore les amorces de ces voûtes qui
lurent retaillées au XIIT siècle en l'orme de corbeaux, ainsi
«jne, sur le clocher sud. le l'ut d'une (]('> coloniu's rpii i-ece-
vaient les arcs ilu coté de ICylisi', l'ornianl ainsi au-dessus
i\{\ porche une vaste tribune.
Le planclier de bois du clocher nord lui remjdace par la
\oûte actuelle, après avoir caiitonn('' dans les anij'les trois
I colonnes [lour les doulijeaiix. les deux baies
(' donnant sur la terrasse l'ui'eni mur(''es et dans
Il les aniiles du porche les colonnes en C et F du
^;)Ç ])lan 'lig. Il . lurent enlev('es et rem])lac('es par
/^ deux escaliers desservant celle iriliuiie. Les
R-.pj.. colonnes actuelles ont (''t(' remises au WT" siècle
comnn' le iirou\cnl les hases {{ïu:. \'J . pour y
reconstruire une trilunie d'oriiiies.
Après et penl-('ii(' |M'ii(l,Mil la construction du
rid, r2 clocher sud. les traxces Acs lias-côtés l'urenl
|ir(donj.''ees _ius(pi aux clochers, ainsi (pie la ci*ypte. <Mi \oit
encore au-dessus du loit actuel, sur la l'ace est des clochers.
c ri r
* l'illll.N IIUII |tli'\ll i|III lil'V.lll ll'ilillflll'^ |llll- l;iol I 'il.' Iin^i I \r lllilc .111 cl
causer de ^'ravcs ({l'-sonlics dans les aitliivollo.
— 4 1(1 —
la trace des revers d'eau do la loitiiro du XIT' .siècle et celle
du XIIP. Celle actuelle n'ayant pas la niciue disposition.
Tels furent, autant du moins ([u"(ui pcul en conjec-
turer, les grands changements subis par la façade de
Chartres jusqu'à la (in du XII'' siècle. Mais là ne
devaient pas s'arrêter ces transformations.
Le 10 juin 1104, alors qu'on allait peut-être édilier
la llèclie nord, un sixième incendie détruisit cette
fois de fond en comble la nef de lAdbert. 11 ne
resta debout (jue la façade et les
deux clochers. Aussi lorsque les^
constructeurs infatigables repri-
rent le travail, il fut décidé qu'on
voûterait l'église pour supprimer
la charpente, cause de tous ces
désastres.
Ce que fut l'église alors, telle
elle nous est restée depuis (fig. 13).
Toute la nef et les bas-côtés furent ^''''- "•^- •'•"'" "''*
refaits (flg. 14), la nef fut surélevée, la grande ro^e construite
riG. l'i
a reniplacciiit'iil de la Uibiiiic (iiii ik- (loiiiiail aiiciiu Jour, t-l
le nai'thc'X suiiiiriiiu'. I)('s laiiilxiurs [m'oiit laiic('*s dans les
cloc'liers. pour porter Irsii'iis en dtlii des CMluiiiK'ttes rece-
vaiii Ics.ciiitrcs di's iioiix clU's voiiU's el sur If l<»iit s'i''l«'\a la
«Jialerie des rois et li- [liLiiion.
An XIV" siècle, une lléchc en plonih d(''C(jra la tour nord,
Jus((u"an .i<»nr nii .hdian de Hcanssc \iiil 1 acln'Vcr par le nicr-
\ rilli'ux. cliiclicr iiruf (pli drvail être sa dernière adjunclinn.
A. M.WF.rx.
1" Aunl l'.iiio.
TAllLK liKS (11;A\ riîKS
p
, • l'UBLIÉKS DANS LE TOME POIZIÉME
des Mémoires de la Sociclc Archéoloi/ji/iic d'Eurc-vl-Luir
Carte de l'oraoro de 1788 entre les pai;es IfjO-KU
Monuiiieni clcvr u Maixcau par le ronite de Reiset, pi^ees-
i^n 1802 17-.'
La Façade de la Cathédrale de Chartres du XI" au
XIIl' siècle :
Fig. 1 , croquis d'un fragment de la miniature
d'André de Mici 135
Fig. 2, plan, de 1020 à 1030 i35
Fig. 3, façade, de 1020 t\ 1030 435
Fig. 4, plan, de 1030 à 1100 436
Fig. 5, façade, de 1030 à 1100 43f)
Fig. 0, façade, de IKX) à 1134 438
Fig. 7. plan, de 1100 ;i 113i 430
Fig. 8, pian, de li;{i à ir.ii- lll
Fig. '.», façade, d." 113'i- ù ll'.li Vil
Fig. 10, profils de la base des clochers îi„'
l-'ig. 11, hases du clochiT sud i i;{
Fig. 12, profil des ])a.scs du porche \'^'^
Fig. 13, façade, après llili VIO
Fig. 14, plan actuel i »0
,
TABLE DES NnïICES
• PUBLIÉES DANS LE TOME IKilZIÉMK
des Mfiiinijis lie ht Suclclr Arc/ji'-ohxjii/nr li l'Airi'-''-! ■if
Los Cdiiites (le Chartres, ck' CliiUoaudun cl (h- Blois, pa^''^-
aux IX" et X" siècles, par M. Hi'ué Merlel lù suivre) l-8t
L'École Cliarlraine de Sculplure au XII' sicilr. d'après
les Orùfiiirs du Slylr iiioiiiiini-iiliil nu moyen ihjv par
II- !)'■ Vofje; — exliaits. par M. Henry Lelir .... S5-l'Ht
L'Orage do 1T88, par M. labbé Sainsot lil-172
La Mort de Marceau, jiar M. le Comte do Roiset . . . 173-1X0
Hedevances au Pays Chartiain durant 1(^ moyen àt,^',
{uviH- t!il)l('\ par M. Lucien Merlet 181-221)
l'n diicunicnt du XV'' siècle concernant la Heauce, par
.M. l'abbè Sainsot 23()-2il
Chronologie des jM'omiers soigneurs do Couiville:
Courville et \ieu\pont, notice généalogique, jiar
M. Hngrr Duraml 2i3-2î)3
Ilistiiriiiur de la Société Arcliei)ltigii|ui' d"I'Àn-e-el-L(iir,
lS.-)(j-l'.M»(». par M. Talibé Sainsot . , 21)i-302
Lr Séndnaire du (jrand-lieauiieu-lès-(;liarlres {suilL'\
par M. ra])bé-Henard 3(I3-3U
inventaire des Hegistres, Titres et Papiers de l'Hôtel
de \'illc de Dii-ux, l'ait en ITIi.'), jiar M. Geoi-ires
Cliampagui- .'!i-.'i-'j.3.3
Mlildi' sur la l''acade de la C.alhedralr de (]|i:irti-.'-- du
XI' au Xll!" siècle, par .M. .Vlbert Mayeux i:U-U7
PUBLICATIONS
DE LA
f f
SOCIETE ARCHEOLOGIQUE D'EURE-ET-LOIR
(1856-1900)
1. — MEMOIRES DE LA S. A. d'E.-et-L.; 12 in-8», grav. ; le volume ....
Épuisés : tomes I, II, III, IV, VI. — Le tome VIII est formé des LETTRES
DE SAINT IVES, publiées par M. Lucien Merlet, et le tome XI
des ÉCOLES DE CHARTRES AU MOYEN AGE, par M. l'abbé
A. Clerval, docteur es lettres.
2. — PROCÈS-VERBAUX de la S. A. d'E.-et-L., 9 in-8°, grav.; le volume
Épuisés : tomes I, III. V, VI, VII. — En cours : t. X.
3. — STATISTIQUE ARCHÉOLOGIQUE d'E.-et-L.< Indépendance gauloise
et Gaule romaine, par M. de Boisvillette, 1 in-8°, grav., 2 cartes . . . .
4. — STATISTIQUE SCIENTIFIQUE d'E.-et-L. : Botanique, par M. Ed.
Lefisvre, 1 in-8»
Zoologie, Ichtyologie, Ornithologie, par MM. Marchand et Lamy, 1 in-S»
Lépidoptères, par M. Ach. GuÉnÉe, 1 in-S»
5. _ INVASION PRUSSIENNE DE 1870-1871, Rapports des Maires du
département [d'Eure-et-Loir] sur les événements qui se sont passés dans
leurs communes, publiés par M. Lucien Merlet, 1 petit in-8'
— ESSAI SUR IVES DE CHARTRES d'après sa uorrespcndance , par
M. l'ahlié A. Foucault, docteur en théologie, 1 in-8»
— LA MAITRISE DE NOTRE-DAME DE CHARTRES du y^ au xvi»
siècle, par M. l'abbé A. Clerval, 1 in-8°
— MONOGRAPHIE DE LA CATHÉDRALE DE CHARTRES, par
M. l'abbé Bulteau, 2 in-8», grav. [Historique, Extérieur], le vol
En cours : t. III [Intérieur]
— HISTOIRE du diocèse et de la ville DE CHARTRES, par le chanoine
J.-B. Souchet (XVII» s.), publiée d'après le manuscrit original de la Bi-
bliothèque Municipale de Chartres, 4 in-8»
10.' — Un Manuscrit Chartrain du XI» Siècle [Biblioth. de Saint-
Élienne], Fulbert et sa Cathédrale, martyrologe, nécrologe, chartes et
pièces liturgiques, publié par MM. René Merlet et l'abbé A. Clerval,
1 in-4°, chromolilh. et grav
11. — PLAN de la ville DE DREUX EN 1750
12. — PL.AN de la ville de CHARTRES EN 1750
13. — TABLEAU do la ville DE CHARTRES EN 1750 [Noms anciens des
Rues], par MM. P. Buisson et P. Bellier de la Ciiavignerie, 1 in-8*, grav.
14. — CARTULAIRE DE NOTRE-DAME DE CHARTRES [chapitre de
la Cathédrale], publié par MM. E. de LÉpinois et Lucien Merlet, 3 in-4"
15. — CAKTULAIRE delà Sainte-Trinité DE TIRON [abbaye bénédictine],
publié ])ar M. Lucien Merlet, 2 in-i» '.
16. — CAIVTULAIRE de Notre-Dame DE JOS.APHAT [abbaye bénédictine,
près Chartres], publié par M. l'abbé Gh. MÉtais, 1 in-4» (t. I»', achevé,
moins l'Introduction)
17. — DALLES TUMULAIRES et Pierres Tombales D'EURE-ET-LOIR,
1 in-4° (04 notices et G4 pl.inolies). En cours : tome II, le vol
18. — BIBLIOGRAPHIE D'EURE-ET-LOIR, répertoire périodique , par
^ M. l'abbé Langlois ; édition sur fiches séparées ou édition sur fiches
réunies en volume (au choix). Depuis le tome II (fiche 577). En cours :
t. II. On trouve en librairie le tome 1°'' (fiches 1 à 576) . . les 24 fiches
10. — CATALOGUES D'EXPOSITIONS rétrospectives d'objets d'arts à
Chartres (1858, 189G), Catalogues d'Expositions départementales des Beaux-
Arts, à Chartres (18C9, 1893), 4 in-12
10 fr.
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